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Full text of "Jacme I, le conquérant, roi d'après les chroniques et les documents inédits"

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JACME  1 


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LE    CONQUÉRANT 


ETUDES 

SUR   LA    MAISON    DE     BARGKLONE 


JACME  I 


ER 


LE  CONQUÉRANT 

COITK  Dl  BAIGILORI ,    SII6NIDR  IK  lOHTPELLlER 

D'AJPRÈS  LES  CHRONIQUES  ET  LES  DOCUMEI^TS  INÉDITS 


PAR 


Ch  de  tourtoulon 

Membre  correspondant  de  rAcadémle  royale  d'Histoire  de  Madrid 


SECONDE  PARTIE 


(1238  II  1276) 


MONTPELLIER 

JMIMUMIJUK    TUHHiUArinnI  I-:    !)K    «iflAS  ,     KlUTKi  II 

MDGCCLXVII 


^(a<flt/^  H-5S.7''o 


Des  circonstances  indépendantes  de  notre  volonté 
ont  retardé  la  publication  de  ce  volume.  Ce  retard 
n'aura  pas  été  sans  profit  pour  notre  œuyre  ;  le  temps 
seul  devait  nous  permettre,  en  effet,  de  résoudre 
quelques  difficultés  imprévues.  De  nouvelles  re- 
cherches nous  ont  fourni  les  moyens  de  compléter 
notre  travail ,  et  de  prouver  comment  nous  compre- 
nions les  obligations  que  nous  imposait  Taccueil  ines^ 
péré  fait  en  France,  en  Espagne  et  en  Allemagne^  à  la 
première  partie  de  cette  étude. 

Nous  ne  saurions  trop  remercier  les  écrivains  qui 
ont  bien  voulu   s'occuper  de  notre  ouvrage.    JNous 


n 

avons  puisé  de  précieux  encouragements  dans  leurs 
éloges ,  et  plus  encore,  peut-être,  dans  leurs  bienveil- 
lantes critiques. 

Un  de  nos  juges  les  plus  indulgents*  a  semblé 
s^étonner  du  développement  que  nous  donnons  à 
l'histoire  de  Jacme  1"  ;  nous  espérons  que  cette  se- 
conde partie  nous  servira  de  justification. 

Si  nous  n'avions  voulu  écrire  que  la  biographie  du 
conquérant  des  Baléares,  de  Valence  et  de  Murcie ,  un 
volume  eût  suffi  certainement.  Mais,  quelque  in- 
fluence que  les  événements  de  ce  règne  aient  exercée 
sur  les  destinées  de  l'Espagne  et  de  la  France  méri- 
dionale, un  intérêt  plus  général  les  domine,  et  dans 
l'histoire  des  pays  d'Aragon  et  de  langue  d'Oc,  comme 
dans  celle  de  l'Europe  entière  au  xm'  siècle ,  il  est 
une  étude  plus  fructueuse  que  celle  des  faits  :  c'est 
celle  des  idées  qui  s'élaborent  durant  cette  époque 
féconde. 

Au  temps  de  saint  Louis  et  de  Jacme  1",  le  choc  des 
armées  a  moins  d'importance  que  le  choc  des  prin- 
cipes. Cette  dernière  lutte  offre  partout  à  peu  près  les 
mêmes  caractères;  mais  nulle  part  elle  ne  se  pré- 
sente avec  la  physionomie  saisissante  que  lui  donnent, 

dans  les  Etats  de  la  maison  de  Barcelone,  les  vieilles 

* 

traditions  de  liberté  du  pays  de  Sobrarbe ,  la  diversité 

<  M.  Ch.  de  Mouy,  dans  la  Presse  du  24  août  4863. 


III 
des  mœurs  des  peuples  soumis  au  sceptre  aragonais , 
le  génie  essentiellement  pratique  et  conciliant  du 
souverain.  11  n^est  pas  une  seule  des  grandes  idées 
qui  ont  agité  le  xiii*  siècle  qui  ne  vienne  s'offrir  à 
nos  regards,  durant  les  soixante-huit  années  de  la  vie 
du  Conquistador.  La  lumière  jetée  sur  ce  point  se  re- 
flète sur  l'ensemble  du  tableau  et  éclaire  l'histoire  de 
la  civilisation  européenne. 

Compris  ainsi ,  le  règne  de  Jacme  1"  a  une  plus 
grande  importance  que  ne  le  ferait  supposer  Tétendue 
des  possessions  de  ce  prince  • 

Tels  sont  les  motifs  qui  nous  ont  fait  insister  sur 
Tétude  de  législation  que  Ton  trouvera  dans  ce  vo- 
lume. C'est,  croyons-nous,  un  travail  entièrement 
oeuf.  Nous  ne  connaissons  du  moins  aucune  étude 
comparative  des  divers  codes  en  vigueur  sous  Jacme  I". 

Pour  les  lois,  comme  pour  les  institutions  et  les 
mœurs  des  peuples  de  la  couronne  d'Aragon ,  une 
étrange  confusion  règne  chez  presque  tous  les  histo- 
riens. Quelques-uns ,  il  est  vrai — ce  ne  sont  guère  que 
des  Espagnols  —  reconnaissent  en  principe  la  division 

*  Les  pays  sur  lesquels  Jacme  I*'  domina  directement  occupent  une 
superficie  d'environ  175,000  kilomètres  carrés  et  renferment  de  nos 
jours  une  population  de  plus  de  trois  millions  et  demi  d'habitants  ; 
mais,  en  réalité,  l'influence  du  souverain  aragonais  s'exerçait  en 
Espagne  et  en  France,  comme  on  le  voit  par  le  traité  de  Gorbeil,  sur 
une  étendue  de  plus  de  270,000  kilomètres  carrés,  peuplés  aujour- 
d'hui d'environ  neuf  millions  d'habitants. 


tv 

des  pays  dépendants  des  monarques  aragonais  en 
plusieurs  Etats  distincts.  «  La  Catalogne ,  TÂragon  et 
Yalenee ,  dit  par  exemple  Modesto  Lafoente  ^  ces  trois 
^œurs  vivant  sous  une  même  couronne,  constituaient 
comme  trois  états  anséatiques,  régis  par  des  lois  et  des 
institutions  particulières^  ^.  Mais  la  plupart,  faisant 
un  singulier  mélange  des  noms,  des  lois,  des  lan* 
gages  et  des  mœurs  de  ces  peuples,  peignent  sous 
de  fausses  couleurs  ce  qu^ils  appellent  le  royaume 
d'Aragon. 

Afin  de  réagir  contre  une  erreur  par  trop  accré** 
ditée,  nous  nous  sommes  attaché  adonner  autant  que 
possible  aux  choses  et  aux  hommes  la  dénomination 
sous  laquelle  ils  étaient  connus  dans  leur  pays;  à  dis* 
tinguer,  par  exemple,  les  corts  des  cartes,  les  richs 
homens  des  ficos  homes ,  les  personnages  titrés  de  Ven 
catalan  de  ceux  qui  avaient  droit  au  don  aragonais  ;  à 
restituer  enfin   à  notre  héros  son   nom  tel   qu'il  Ta 

« 

presque  toujours  porté. 

11  eût  été  puéril  de  s'attacher  à  ces  détails  si  nous 
n'avions  voulu  mettre  sans  cesse  le  lecteur  en  garde 
contre  une  confusion  dont  il  est  difficile  de  se  dé- 
fendre, et  qui  a  enfanté  de  nombreuses  erreurs. 
Parmi  les  plus  graves,  il  faut  compter  la  fausse  appré- 
ciation du  mouvement  législatif  qui  signale  te  règne 
de  Jacme  I". 

*Historia  gênerai  deEspana^  Discursopreliminar,  IX. 


La  plupart  àes  historiens  ont  tu  dans  les  F^êeroê  de 
Hoeoea  la  loi  commone  de  tons  les  Etats  araf  onais,  et 
ont,  par  eonsëqneiit,  ignoré  l'existence  d'on  code 
spécial  an  royaume  valeocien;  or,  comme  les  jF'Was 
sont  fort  en  retard  sur  la  eirilisation  du  nn*  siècle , 
tout  le  mérite  de  Jacroe  eonime  législateur  s'est  trouvé 
réduit  à  une  imitation  mal  réussie  des  Partida»  et  des 
EuMisêemenU, 

Mais ,  si  Ton  remarque  que  le  roi  conquérant  n'a  ja- 
mais songé  à  donner  ii  ses  peuples  Tonité  législative  , 
tout  aussi  irréalisable  de  son  temps  que  Punité  poli- 
tique, on  reconnaîtra  aisément  dans  les  Ftieras  le  code 
de  TAragon  proprement  dît,  dans  les  Constitutions  de 
Catalogne  celui  du  comté  de  Barcelone ,  et  Ton  sera 
inévitablement  conduit  à  rechercher  le  recueil  légal 
du  royaume  de  Valence,  que  Ton  découvrira,  comme 
nous  Pavons  fait,  dans  la  prétendue  charte  municipale 
c[ui  porte  le  nom  de  Ftirs. 

En  étudiant  ces  divers  codes  jusque  dans  leurs 
moindres  détails,  en  comparant  leurs  dispositions  sur 
une  même  matière,  nous  avons  vu  le  Conquistador  se 
transformer  peu  à  peu,  et  le  soldat  couronné  des  chro- 
niques et  des  histoires  devenir  pour  nous  un  politique 
profond,  un  souverain  aux  idées  larges  et  progres- 
sives. 

Ce  n^est  point  là  du  reste  une  découverte,  mais 
seulement  la  confirmation  d'une   tradition  qui  vit 


TI 

encore  de  nos  jours  dans  les  pays  où  dominait ,  il  y  a 
six  cents  ans,  le  législateur  de  Valence.  Les  historiens 
Pont  acceptée  àprimH;  mais,  par  une  contradiction 
singulière,  leurs  récits  et  leurs  appréciations  semblent 
destinés  à  la  combattre  bien  plus  qu^à  Tappuyer. 

La  faute  nVii  est  point  à  ces  écrivains,  que  le  carac- 
tère même  de  leurs  ouvrages  a  emoèchés  de  recourir 
aux  documents  originaux;  mais  aux  biographes  du  roi 
Jacme ,  qui  ne  se  sont  guère  préoccupés  que  de  ses 
faits  d^armes  et  de  ses  conquêtes. 

Un  seul  livre  nous  a  offert  un  jugement  d'une  exac- 
titude frappante  sur  le  grand  monarque  aragonais ,  et 
ce  nVstpoint  un  livre  d'histoire.  M.  Cambouliù,  retra- 
çant le  tableau  des  origines  et  du  développement  de 
la  littérature  catalane ,  consacre  à  Jacme  1"  cette  page, 
qui  n^est  pas  la  moins  remarquable  de  son  excellent 
livre: 

«  Contemporain  d'Alfonse  X  de  Castille  et  de  saint 
Louis ,  à  côté  desquels  il  ne  faut  pas  craindre  de  le 
nommer,  guerrier  et  législateur  comme  eux,  il  fit  peut- 
être  encore  plus  qu'eux  pour  hâter  la  grande  révolu- 
tion qui  devait  fonder  dans  toute  l'Europe  le  pouvoir 
royal  et  l'unité  nationale  sur  les  ruines  de  la  féodalité. 
Moins  spéculatif  que  le  premier,  moins  chevaleresque 
que  le  second,  il  l'emporte  sur  tous  les  deux  par 
l'étendue  de  ses  vues  politiques,  par  la  hardiesse  de 

r    éformes,  par  son  aptitude  gouvernementale.  Tout 


vu 

jeune  encore >  il  dompte  une  révolte  de  la  noblesse.. . / 
Il  s'appuie  sur  le  peuple,  sur  la  bourgeoisie;  il  s'as- 
sied à  la  table  des  marchands  de  Barcelone,  et  les 
associe  à  ses  projets  de  conquête.  11  réforme  et  régula- 
rise la  législation.  11  ordonne  que là  où  la  loi  est 

mnette  on  v  supplée,  non  par  le  droit  canon  ou  le 
droit  romain ,  mais  par  la  raison  naturelle.  Enfin  il 
met  en  honneur  la  langue  nationale  %  négligée  ou  dé- 
daignée jusqu'à  lui,  en  l'employant  dans  sa  correspon- 
dance, dans  ses  ordonnances  de  justice  et  dans  ses 
œuvres  littéraires.  On  lui  a  reproché  d'avoir  toléré  l'éta- 
blissement de  l'Inquisition  dans  ses  Etats,  et  d'avoir 
abandonné  à  ses.  rigueurs  les  hérétiques  qui  avaient 
cherché  un  refuge  au  delà  des  Pyrénées  :  reproche 
injuste,  si  l'on  songe  que  la  puissance  de  l'Eglise 
était  alors  à  son  apogée  et  qu'elle  venait  de  faire  sur 
un  Etat  voisin  le  plus  terrible  exemple.  11  faudrait, 
en  outre ,  lui  tenir  compte  des  eiîorls  qu'il  fit  pour 
atténuer  les  effets  da  cette  concession  ,  soit  en  récom- 
pensant magnifiquement  les  efforts  des  missionnaires 
chargés  de  convertir  par  la  parole,  soit  en  établissant  à 
Barcelone  des  conférences  publiques,  où  les  docteurs 
juifs,  arabes étaient  admis  à  discuter  contre  les 

*  Nous  avons  supprimé  quelques  phrases  renfermant  des  Inexac- 
titudes  de  faits  qu'il  ne  faut  pas  reprocher  à  M.  Gamhouliù,  mais 
aux  historiens  qui  les  ont  acci éditées. 

'Il  faudrait  ajouter:  de  la  Catalogne. 


ihéologieiiB  catholiques.  Ajoutonft  ^^au  concile  de 
Lyon  il  refusa  formellement  de  renouveler  Thommctge 
que  ses  ancêtres  avaient  jadis  prèle  an  SainVSiëge ,  an 
qualité  de  rois  d'Aragon  \  » 

Pour  arriver  À  reconstituer,  avec  un  art  remar- 
quable ,  la  vraie  physionomie  du  règne  de  Jaome  I^ , 
à  Taide  des  traits  épars  dans  les  monuments  littéraireis 
du  temps ,  Tauleur  des  lignes  qui  précèdent  a  dû  se 
dégager  des  idées  mises  en  circulation  avant  lui ,  et 
rechercher  la  vérité  avec  la  plus  grande  indépendance 
d^esprit.  C'est  aussi  ce  que  nous  nous  sommes  efforcé 
de  faire f  et  ce  qui  nous  a  conduit  à  un  résultat  afna- 
logue. 

Pénétré  de  cette  conviction ,  que ,  pour  cenx  qui  se 
sont  donné  la  tâche  de  reconstruire  pièce  à  pièce  le  passé 
de  rhnmanité  «  la  vérité  est  un  patrimoine  commun 
dont  nul  n'a  le  droit  de  garder  pour  lui  seuL  la  plus 
minime  parcelle,  nous  avons  considéré  comme  un 
devoir  de  n'omettre  aucun  fait  nouveau  se  rattachant^ 
même  indirectement ,  à  notre  sujet  ;  sans  nous  in- 
quiéter d'ailleurs  de  l'effet  qu'il  pourrait  produire,  sans 
rechercher  dans  la  vérité  autre  chose  que  la  vérité  elle- 
même,  sans  désirde  plaire  ou  de  déplaire,  sans  arrière- 
pensée  de  flatterie  ou  de  critique.  Le  même  sentiment 
nous  a  fait  relever,  avec  une  entière J)onne  foi,  les  er- 

*  Essai  sur  Vhistoire  de  la  liUérature  catalane  0858)ohap.  IIL 


Il 

reurs  souvent  inévitables  d'écrivains  dont  nous  esti- 
mons et  dont  nous  respectons  le  talent. 

Nous  avons  puisé  à  des  sources  qui  leur  étaient  incon- 
nues. Le  premier,  peut-être,  nous  avons  interrogé  des 
milliers  de  documents  contemporains  du  roi  Jacme\ 
et  Ton  ne  doit  accuser  que  notre  faiblesse  si  nous  nV 
vous  pas  traduit  exactement  leurs  réponses  pleines 
de  révélations  sur  Tune  des  périodes  les  plus  intéres- 
santes pour  l'histoire  de  la  génération  des  idées  mo- 
dernes. 

Août  i867. 


*  Les  archives  d^Aragon  fournissent  à  elles  seules,  pour  le  règne 
de  Jacme  I",  2,300  acles  sur  parchemin  et  36  registres  sur  papier, 
dont  le  plus  ancien  est  le  livre  de  répartition  de  Valence.  H  nous  a 
été  Impossible >  on  le  comprend,  de  lire  ou  même  de  parcourir  tous 
ces  documents;  mais  leur  excellent  classement,  les  index  qui  les 
analysent  et  les  copies  modernes  d'un  certain  nombre  d'entre  eux, 
tout  imparfaites  qu'elles  sont ,  nous  ont  permis  de  faire  un  choix 
au  milieu  de  ces  richesses. 


On  trouve  en  tète  de  quelques  vieux  livres ,  à  côté  de  Ténu- 
méralion  des  sources  écrites ,  un  paragraphe  qui  porte .  à  quel- 
ques variantes  près^  le  titre  suivant  :  Quorum  opéra  sum  ddjutus, 
quique  mihi  libros  suppeditarunl.  C'est  un  hommage  rendu  à  la 
douce  confraternité  de  ces  auxiliaires  bienveillants  sans  lesquels 
un  travail  historique  de  quelque  étendue  serait  certainement 
impossible.  Le  chercheur  désintéressé  qui  met  au  service  d'autrui 
les  résultats  qu'il  a  obtenus ,  le  savant  qui  éclaire  le  dédale  des 
archives  et  des  bibliothèques,  le  bibliophile  qui  indique  et  rend 
facile  à  consulter  l'ouvrage  où  se  trouve  le  renseignemenl  cherché, 
sont  autant  de  collaborateurs  auxquels  l'auteur,  s'il  a  quelque 
succès,  le  lecteur,  si  le  livre  lui  procure  quelque  plaisir,  doivent 
une  bonne  part  de  remercîments. 

Voilà  pourquoi ,  nous  souvenant  du  vieil  usage ,  nous  sommés 
heureux  de  consacrer  celte  note  à  payer  le  tribut  de  notre  recon- 
naissance à  ceux  qui  ont  bien  voulu  rendre  notre  tâche  moins 
aride  par  leur  secours  obligeant  et  leurs  gracieuses  communi- 
cations. 

Ce  sont  : 

A  Barcelone ,  D.  Manuel  de  BofaruU  y  de  Sarlorio ,  archiviste 
en  chef  de  la  couronne  d'Aragon  ;  D.  Antonio  de  Bofarull ,  des 
mêmes  archives;  D.  Manuel  Milà  y  Fontanals,  professeur  à  la 
Faculté  des  lettres  ; 

A  Madrid,  D.  Modeste  Lafuenle ,  des  Académies  royales  d'his- 
toire et  des  sciences  morales  et  politiques;  D.  José  Âmador  de 


XII 

los  Rio8  et  D.  Valentin  Carderera  y  Solano,  des  Académies  d'his- 
toire et  des  beaux-arls  ;  D.  Emilio  Lafuenle  y  Alcanlara ,  de 
rAcadémie  d'histoire,  directeur  delà  bibliothèque  deSan-Isidro; 
D.  Juan-Eugenio  Hartzenbusch,  de  l'Académie  espagnole,  direc- 
teur de  la  bibliothèque  nationale  de  Madrid;  D.  José -Maria 
Escudero,  de  la  même  bibliothèque; 

A  Saragosse,  D.  Pascual  Savall  y  Dronda,  avocat  général 
(  teniente  fiscal);  D.  Santiago  Penen  y  Debesa,  avocat; 

A  Valence ,  D.  Pedro  Salva ,  bibliophile  ; 

A  Mayorque,  D.  José-Haria  Quadrado ,  archiviste  du  royaume 
de  Mayorque  ;  D.  Joaquin-Maria  Bover  ;  D.  Fernando  Weyier  y 
Laviûa; 

A  Stuttgart  (Wurtemberg),  M.  le  baron  Léo  deReîschach, 
chambellan  de  S.  M.  le  roi  de  Wurtemberg; 

A  Marbourg  (ancienne Hesse-Électorale),  M.  le  docteur  Lemcke, 
professeur  à  l'Université ,  directeur  du  Jahrbuch  fur  romanische 
und  englische  Literatur  ; 

A  Paris,  M.  Claude,  de  la  Bibliothèque  impériale; 

A  Montpellier,  MM.  Kûhnholtz-Lordat ,  professeur  agrégé  et 
bibliothécaire  de  la  Faculté  de  médecine  ;  Mondot,  professeur 
à  la  Faculté  des  lettres;  Blanc  ,  Gandin  etLéotard  ,  de  la  biblio* 
thèque  du  musée  Fabre  ;  l'abbé  Laplagne,  supérieur  du  grand 
séminaire;  Desmazes,  archiviste  de  la  mairie; 

A  Carpentras ,  M.  Lambert ,  conservateur  de  la  bibliothèque 
de  la  ville  ; 

A  Rodez ,  M.  Att're ,  archiviste  du  département  de  l'Aveyron  ; 

A  Garcassonne,  M.  Mouynès,  archiviste  du  département  de 
l'Aude. 


JACME  I 


ER 


LE     G  ONQUÉR  ANT 

ROI  D'ARAGON 
GOITB  DE  BARCELONE,  SEIGNEUR  DE  MONTPELLIER 


LIVRE  TROISIÈME 

JACME  A  L'APOGÉE  DE  SA  PUISSANCE  (1238  a  1258) 


CHAPITRE  PREMIER 

État  de  la  France  méridionale  et  de  la  seigneurie  de  Montpellier.  — 
Hostilités  entre  le  comte  de  Toulouse  et  le  roi  d'Aragon.  —  L'opinion 
publique  dans  le  Midi.  —  Rôle  politique  des  troubadours.  —  Jacme 
i  Montpellier.  —  Conspiration  réprimée.  —  Entrevue  du  roi  d'Aragon 
et  des  seigneurs  méridionaux.  —  Corts  catalanes,  à  Girone. 

Au  moment  de  la  prise  de  Valence ,  il  n*y  avait  pas  en 
Europe  un  souverain  dont  la  gloire  militaire  pût  être 
comparée  à  celle  de  Jacme  I".  Fernand  III  de  Castille,  le 
seul  qui  semblât  vouloir  rivaliser  avec  son  voisin  d*Âra. 
gon  ,  ne  comptait  en  1238  qu'une  conquête  importante, 

T.  n.  1 


2  LITRE  III,   CHAPITRE  I 

celle  de  Cordoue,  etc*était  peu  à  côté  des  expéditions 
des  Baléares  et  de  Valence. 

Le  Conquistador  dut,  à  plus  d'un  titre,  s'estimer  heu- 
reux de  ses  succès ,  car,  sans  raldmiration  et  le  respect 
que  son  nom  inspirait  à  tous,  les  événements  qui  se  pas- 
saient au  nord  des  Pyrénées  au  moment  même  où  il 
gagnait  un  royauuie,  auraient  pu  lui  donner  des  craintes 
sérieuses  pour  ses  possessions  de  la  France  méridionale. 

On  sait  qu'à  la  suite  d'une  lutte  acharnée  entre  Ray- 
mond VII  et  Humbertde  Beanjeu,  «  estant  dans  ces  pays 
de  la  part  du  seigneur  roi  de  France*  »  un  traité,  négocié 
à  Meaux,  avait  été  signé  et  juré  à  Paris,  devant  le  grand 
portail  de  Notre-Dame,  le  jeudi  saint,  12  avril ,  de  l'an 
1220.  Depuis  que  le  comte  avait  souscrit  à  cette  désas- 
treuse capitulation  ,  qui  le  dépouillait  en  l'humiliant  *, 

*  Voyez  noire  tome  I,  p.  220,  note  1. 

2  Par  ce  trnitê.  Ray  moud,  après  s'Alre  engngé  à  fnvorispr  de  (oui 
son  pouvoir  l'Eglbe  rontaiite,  à  pour.Miivre  rexUncliuii  de  ^llélé^ie 
cl  à  prendre  la  croix  contre  les  Sarrasins  d'outre- mer.  promet  de 
remetlie  sa  fille  au  roi  de  France,  qui  la  mariera  à  un  de  >es  frères. 
Ce  dernier  lieriiera,  à  l^exclusion  des  enfants  du  comte,  du  diocèse 
de  Tuulou^e  que  le  roi  consent  à  laisser  au  vaincu,  à  l'exception  de 
'a  torre  du  maréchal  do  Lhvis.  Si  la  flile  de  Raymond  meurl  sans 
po>îerilé,  Toulouse  el  son  diocèse  appartiendront  au  roi  de  Frafire. 
I/Ag*  nois,  le  Rouer^^ue,  la  pa'iie  de  l'Albigeois  située  au  iiord  du 
Tarn  el  le  Quercy,  à  rexceplion  de  la  ville  de  Cahors,  sont  laissés  au 
comte  pour  retourner,  si  celui-cî  meurl  !-aiiS  antres  enfants,  à  fa  Olle, 
qui  aura  épousé  le  frère  du  roi.  Tous  les  autres  pays  du  patrimoine 
louiou>ain  a  la  droile  du  Rhône  restent  au  roi  de  France;  ceux  qu[ 
sont  ^iluésà  la  gauche  de  ce  fleuve  sont  cédés  à  FEgli^o.  Raymond 
s'oblige,  en  outre,  à  détruire  les  mursel  à  conihlcr  les  fo-sésde  Tou- 
louse, à  traiter  de  même  trente  autres  de  ses  Tilles  ou  châteaux ,  en 
prenant  rengagement  de  ne  jamais  con^t^uire  de  forteresse.  (Voyez 
ce  traité  au  tome  lll,  Pr.,  n'  hSi  de  VHistoire  de  Languedoc,  édil 
in-f».;  aXîaisàquel  jeu,  dit  un  vieil  historien  de  Provence,  b  Pape  el 
le  Roy  ont-ils  gagné  de  si  belles  terres  que  celles  que  Raimond 
comte  de  Tolose  leur  remet  aujourd'huy  ?  Certes,  je  suis  bien  en 


RAYMOND  Vil  ET  RAMON  BERENGCEE  3 

les  murmures  de  son  peuple  livré  à  la  «  tyrannie  des  gens 
de  France  «et  aux  rigueurs  deTInquisition,  lacooscience 
de  son  abaissement,  peut-élre  aussi  de  perfides  conseils, 
Pavaient  poussé  à  essayer  de  laver,  à  tout  prix,  les  souil- 
lures ineffaçables  que  venait  de  recevoir  sa  couronne 
comtale,  vain  simulacre  laissé  sur  son  fronl;  comme  par 
une  insultante  pitié. 

En  ce  moment,  Raroon  Berenguer  de  Provence  était 
en  hostilité  avec  plusieurs  villes  de  ses  Etats.qui  s'étaient 
déclarées  indépendantes,  et  s'attirait  la  colère  de  l'empe- 
reur Frédéric  II,  son  suzerain  ,  soit  pour  avoir  soustrait 
la  ville  d'Arles  à  Tautorité  impériale  \  soit  à  cause  de  sa 
sympathie  évidente  pour  la  Papauté  dans  la  guerre  qui 
se  rallumait  entre  TEmpire  et  le  Saint-Siège. 

Par  $uite  de  cette  fatale  rivalité  de  deux  princes 

auxquels  leur-  propre  intérêt  commandait  Tunion,  Ray- 

'  mond  VII ,  dont  TinteUigence  politique  était  loin. d'égaler 

peine  de  trouver  un  nom  propre  à  celle  sorle  d'accord  ou  de  conlral 
failà  ParisTan  1228  (4229)  et,  pour  l'honneur  et  la  conscience  du 
Pape  et  du  Roy,  de  trouver  aussi  un  bon  et  valable  titre  pour  leur  faire 
justement  posséder  un  bien  qui  leur  est  aujourd'iiuy  délaissé  par  un 
prince  dansTextrême  nécessité  de  ses  affiûres.  »  (Bouche,  Histoire  de 
Provence^  i,  II,  p.  224.)  «  Le  roi  saint  Louis,  écrit  dom  Vaissèle, 
réunit  à  la  couronne  par  le  traité  ce  l'an  422d  ,  le  domaine  médiat 
ou  immédiat  de  plus  des  deux  tiers  de  la  province....  L'Eglise  ro- 
maine ne  proûia  guères  moins  des  dépouilles  do  Raymond...  Mais 
le  papeGrég'iire  IX  eut  honte  enfin  de  s'être  prévalu  de  la  situation 
violenleoCi  se  trouvait  le  comte  Raymond  pour  s'enrichir  à  ses  dé- 
pen<i,  et  il  lui  rendit,  en  1 234,  le  marquisat  de  Provence,  que  ce  prince 
avait  cède  d'ailleurs  à  l'Eglise  romaine  sans  la  participation  de  l'au- 
torité de  l'empereur  Frédéric,  souverain  du  pays.  »  (Histoire  de 
Languedoc^  liv.  xxiv,  chap.  xlvi.J  En  vertu  des  conventions  do  1229, 
Jeanne  de  Toulouse,  fille  de  Raymond  Vil,  fut  mariée  à  Alphonse 
de  France,  comte  de  Poitiers  et  d'Auvergne,  frère  de  saint  Louis. 

<  Histoire  de  Languedoc,  liv.  XXIV,   chap.   Lxxiv  et  Pr.,  t.  III, 
col.407,  édit.  in-f*. 


4  LITRE  Illy   CHAPITRE   I 

le  courage,  espéra  s'enrichir  des  dépouilles  de  Ramon 
Berenguer.  Il  accepta  la  donation  des  comtés  de  For- 
calquier  et  de  Sisteron ,  que  Tempereur  lui  fit  après  les 
avoir  enlevés  au  comte  de  Provence  \  et  alla  secourir  la 
ville  libre  de  Marseille,  assiégée  par  son  ancien  seigneur'. 

m 

La  guerre  entre  les  deux  comtes,  apaisée  par  Tinter- 
vention  de  saint  Louis,  au  moment  du  mariage  du  roi 
avec  Marguerite  de  Provence  (1234),  fut  reprise  en  1237«. 
Jacme  ne  répondit  qu'avec  très-peu  d'empressement  aux 
demandes  de  secours  de  son  cousin  de  Provence.  Avant 
de  se  jeter  dans  des  luttes  stériles,  il  importait  au  roi 
d'Aragon  d'acquérir,  par  ses  hauts  faits  et  ses  conquêtes, 
l'influence  à  laquelle  il  avait  droit  dans  les  affaires  de 
l'Europe  chrétienne.  Il  tenta  cependant  une  diversion  sur 
Millau,  que  le  traité  de  Paris,  au  mépris  de  ses  droits, 
avait  donné  au  comte  de  Toulouse.  Ses  troupes ,  secon- 
dées probablement  par  les  habitants  \  s'emparèrent  de 

*  Hist.  deLang»  t.  III,  Pr. ,  col.  407,  édil  in-^. 

■  ^  Les  Maràeillais,  reconnaissants  envers  le  comte  de  Toulouse ,  qui 
les  avait  djUvrés  des  attaques  de  Ranion-Berenguer,  donnèrent  à 
Raymond  la  possession  viagère  de  la  paitie  basse  ou  vicomtale  de  leur 
ville.  (Hist.  de  Lanj.,  édil.  in-f,  l.  lil,  Pr.  n*202.) 

^  Le  20  mai  4237,  Grégoire  IX  écrivit  à  saint  Louis  pour  le  prier 
d'empêcher  le  comte  dé  Toulouse  de  secourir  les  Marseillais.  Le 
Saint-Père  avait  appris  Tagression  de  Raymond  par  a  son  très- cher 
ûis  Jacme,  roi  d'Aragon,  et  le  noble  comte  de  Provent;e  s  qui  l'avaient 
prié  d'intervenir,  Jacme  ne  pouvant  abandonner  le  siège  de  Valence 
pour  aider  son  cousin  par  les  armes.  Le  Souverain  Pontife  énumère 
ensuite  quelques  griefs  particuliers  qu'il  a  conire  le  comte  de  Tou- 
louse et  pour  lesquels  il  demande  réparation  par  l'intermédiaire  du 
roi  de  France.  Grégoire  IX  écrivit  encore  pour  le  même  objet  à  la 
reine  de  France,  aux  comtes  de  Bretagne  et  de  la  Marche  et  à  Ray- 
mond VII  lui-môme.  L'intervention  du  Pape  suspendit  la  guerre 
pour  quelque  temps.  (Voyez  RnynMi,  Annales  ecclés.,  adann.  1237, 
n»»  34,  35, 36  et  37.) 

*  Voyez  notre  tomel,  p.  220,  note 2.  —  Dans  un  acte  qu'on  peut 
lire  au  tome  III  (Pr.  n*  320)  de  VHist.  de  Lang,^  Alphonse  de  France, 


JACME   ET  BATliO!n>  TII  5 

cette  yille  ;  mais  Raymond  ne  tarda  pas  à  la  reprendre  ^ 
A  quelque  temps  de  là  ,  une  occasion  de  représailles 
se  présenta  au  comte.  L'évéque  de  Maguelone  venait  de 
déclarer  la  seigneurie  de  Montpellier  tombée  en  commise* 
pour  cause  de  félonie.  Jacrae,  en  effet,  tout  en  paraissant 
courber  la  tête  sous  Tordre  du  Pape ,  qui  le*  forçait  à  re* 
connaître  la  suzeraineté  épiscopale  ',  avait  recommencé 
une  lutte  plus  opiniâtre  que  jamais  contre  le  prélat  assez 
audacieux  pour  se  mesurer  avec  le  vainqueur  des  Sarra* 
sins.  Tandis  que  le  royal  seigneur  de  Montpellier  battait 
en  brèche  Tautorité  de  son  adversaire  par  des  règle- 
ments et  des  ordonnances,  ses  officiers,  soutenus  par  les 
habitants  de  la  ville,  toujours  prêts  à  combattre  leurs 
supérieurs  féodaux.,  procédaient  d'une  façon  plus  bru- 
tale et  en  venaient  aux  voies  de  fait  contre  les  représen- 
tants de  Tévéque. 

Jean  de  Montlaur,  poussé  à  bout  par  ces  attaques  et 
sollicité,  sans  doute,  parle  comte  de  Toulouse,  donna 
à  celui-ci ,  par  un  traité  conclu  à  Millau  le  28  août  1238  \ 
la  seigneurie  qu*il  enlevait  au  roi  d*Aragon. 

Raymond  ne  parait  pas  avoir  songé  en  ce  moment  à 

comte  de  Toulouse,  réclamant  la  garantie  de  son  frère  Louis  IX 
contre  les  prétentions  du  roi  d'Aragon  an  sujet  de  la  vicomte  de 
Millau,  s*exprime  en  ces  termes:  «  Qnod  post  pacem  parUiensem  et 
poêt  quitationem  factam  a  D.  regecomiti  Tolosœ  de  episcopatu  ruthe- 
nensi,  lam  in  feudis  quam  in  domaniis ,  idem  rex  Aragonum  qui 
nunc  est  obsedit  dictam  villamde  Amiliano  et  cepit.  » 

*  Le4  des  kalendesdcjuillet(28  juin)  1237,  le  comte  Raymond 
reçut  un  hommage  au  camp  devant  Millau.  (Hist.  de  Lang.^  édit. 
in-^,  t.  III,  Pr.  n«  320.) 

3  La  commise  était,  selon  le  droit  féodal,  la  saisie  du  fief  par  le 
suzerain  pour  certains  délits. 
»  Voyez  notre  tome  I,  p.  369. 

*  Gallia  chri^iana^  t.  VI,  Instr.  col.  368  etGariel,  Séries  prœsu 
lum  Magalan,,  V  partie,  p.  351. 


6  LITRE   ni,   CHÂPITnB   I 

faiire  valoir  les  droits  que  cette  donation  lui  conféralit  ; 
mais  il  ne  fat  certainement  pas  étranger  à  l'agitation  que 
produisirent  à  Montpellier,  vers  le  même  temps,  les 
menées  d*un  parti  hostile  au  pouvoir  seigneurial. 

Quelques  bourgeois  de  cette  ville ,  devenus  riches  et 
influents,  avaient  senti  leurs  tendances  démocratiques 
augmenter  avec  leur  importance.  La  puissance  du  sei- 
gneur leur  faisait  ombrage,  et,  suivant  le  procédé  usité 
en  pareil  cas,  ils  avaient  recruté  des  adhérents  dans  les 
classes  inférieures,  sous  le  prétexte  que  le  peuple  se  trou- 
verait  bien  d'un  affaiblissement  de  Tautorité  seigneuriale, 
tandis  qu*au  fond  ils  avaient  pour  but  de  rabaisser  ce  qui 
était  au-dessus  d*eui  tout  juste  assez  pour  se  trouver  les 
premiers.  Heureusement  le  bon  sens  pratique  et  les  sen- 
timents loyaux  de  la  plus  grande  partie  de  la  population 
triomphèrent  de  ces  excitations  perfides,  et  les  factieux  se 
firent  plus  remarquer  par  leur  turbulence  que  par  leur 
nombre. 

On  comptait  à  la  tête  de  ce  parti  Pierre  Bonifazi  ouBo- 
niface,  «  qui ,  en  ce  temps,  était  réputé  Thomme  le  plus 
puissant  de  la  ville  *  »;  Guerau  de  la  Barca,  d'une  fa- 
mille alliée  à  celle  des  anciens  seigneurs  de  Montpellier; 
Berenguer  de  Regordana ,  «  bon  clerc  en  lois  >  ;  Ramon 
Bessède;  Guillem  de  Anglada  ou  de  Langlade  et  Guillem 
de  Regordana  *.  Depuis  pi  usieurs  années,  la  ville  de  Mont- 


*  Chronique  de  Jacme,  ch.  cxcyiii. 

^  La  Chronique  royale  (chap.  cxcxixj  nementionoe  ni  Guillem  de 
Anglada  ni  Guillem  de  Regordnna.  Elle  aUribue  aux  quatk^  autres 
la  qualitéde  consuls  de  Montpellier  en  4239.  Aucun  d'eux  cepen- 
dant ne  figure  comme  investi  do  ces  fonctions  durant  cette  année , 
dans  la  liste  chronologique  des  consuls,»  publiée  dans  V Histoire  de  la 
commune  de  Montpellier  (t.  I,  p.  377),  d'après  le  Petit  Thalamus, 
Peut-èire  leurs  noms  ont-ils  été  omis  à  dessein  sur  la  Iisl6  afûoielle, 


COKSriBATIOA  DE.  MONZPSLMER  7 

pellior  était  sourdement  agitée  par  ces  meneurs.  Ils 
avaient  pris  pour  point  de  mire  la  juridiclLon  du  bayle^ 

• 

dont  il^  voulaient  affaiblir  Timportance;  leur  haine  pour- 
suivait lebayle  Albrand,  avec  d*aulant  plus  de  vioiçnce 
que  ce  magistrat  éiait  leur  compatriote  et,  dit  le  roi,  «  Tan 
des  hommest  tes  plus  bonorés  et  du  meilleur  lignage  de  la 
ville  ^.» 

Atbrand  exerçait-il  les  fonctions  de  bayle  ou  celles  de 
lieutenant  du  roi  ?  I(  y  a  quelque  incertitude  sur  ce  point. 
Dans  la  liste  des  bayles^,  le  nom  d*Âlbrand  est  mentionné 
eu  123â  et  12â8 ,  mais  non  en  1239,  époque  où  se  sont 
passés  les  faits  racontés  par  la  chronique  royale.  D -après 
cette  liste,  P.  de  Mûries  était  alors  investi  de  celte  ma- 
gistrature. Uu  document  des  archives  d'Aragon  prouve 
que  deux  années  auparavant  Atbrand  était  lieutenant  du 
roi  à  Montpellier^.  D*un  autre  côté  ,  il  est  appelé  bayle 
dans  la  chronique,  et  un  acte  du  17octobre  1239,  qui  mit 
fin  aux  troubles  dont  nous  parlons  ,  lui  donne  à  la  fois 
les  qualifications  de  bayle  et  de  lieutenant  du  roi.  Quoi 
qu*il  en  soit,  comme  bayle  ou  comme  lieutenant,  Atbrand 


où  Ton  aura  mentionné  seulement  les  noms  de  ceux  qui  leur  succé- 
dèrent après  leur  pro?cnplion.  Remarquons  cependant  que  Pierre 
Bontfazi  était  consul  en  1238,  ce  qui,  aux  tornics  de  |a  charte  com- 
munale de  Montpellier,  l'cxcluaildu  con>ulat  pour  Tannée  suivante. 

*  Le  bayle  élailà  Monlpellicrler.ht'firune  cour  de  jusiicequi  con- 
naissait de  toutes  les  causes  civiles  et  criminelles  dans  retendue  do 
la  seigneurie;  il  était  nommé  annuellement  par  le  seigneur,  d'après 
ravis  des  consuls.  (Y.  plus  bai,  cliap,  vi.) 

^  Chron.  de  Jacme,  cbap.  cxcix. 

*  Germain,  Histoire  de  la  commune  de  Montpellier,  lomo  I,  p.  377. 

*  On  lit  dans  cetacto,  daté  de  la  veille  des  ides  de  juin  (12  juin) 
1237  : 

«  Atbrandus  gerens  vices  et  locum  tenens  in  Montepessulano  et 
eftJLt  dominaciQne  tota  D.omini  Jacobi  Dei  gracia  régis  ArQgonum.  » 
(Parchemins  do  Jacme  1",  n»  697.; 


g  LITRB   III  ,   CUAPITRB  I 

étaitle  représentant  du  pouvoirseignenrial,  et  c'est  contre 
ce  pouvoir  qoe  les  conjurés  dirigeaient  leurs  attaques. 
Dans  son  agression  contre  la  suprématie  de  l'évéque  de 
Maguelone,  le  roi  d*Aragon  oubliait  qn*un  souverain  ne 
donne  jamais  impunément  Texemple  du  mépris  de  Tau- 
torité;  ses  vassaux,  profitant  de  la  leçon,  semblaient  vou- 
loir le  faire  repentir  de  sa  faute,  en  essayant  leurs  forces 
contre  lui-même. 

Ainsi ,  tandis  que  Tépée  du  roi  conquérant  traçait  sur 
le  sol  de  la  Péninsule  Tépopée  grandiose  que  nous  nous 
sommes  efforcé  de  raconter,  de  Tautre  côté  des  Pyrénées, 
l'autorité  des  princes  nationaux  du  Midi  recevait  de  pro- 
fondes atteintes. 

Ici  la  noble  lignée  des  comtes  de  Toulouse  s'éteignait 
dans  une  agonie  sans  gloire  ;  là-bas  la  maison  de  Provence 
tournait  toutes  ses  forces  contre  l'esprit  d'indépen- 
dance que  le  voisinage  de  ritalie  inspirait  aux  grandes 
villes  de  ses  États,  sans  prendre  garde  que  sa  royale 
alliance  avec  la  dynastie  française,  présage  de  ruine  bien 
plus  que  de  régénération  ,  Téblouissait  en  lui  cachant  le 
côté  d'où  venait  pour  elle  le  véritable  danger.  Le  roi 
d'Aragon  ,  mêlé  malgré  lui  à  cette  lutte  aveugle  qui 
achevait  de  détruire  l'une  par  l'autre  les  deux  grandes 
races  méridionales ,  Toulouse  et  Barcelone  * ,  souffrait 
d'une  situation  qu'il  n'avait  pas  faite,  et,  au  milieu  de  ces 
déchirements,  la  puissance  capétienne  ,  représentée  par 
un  roi  juste  et  bon,  mais  servie  par  des  hommes  haineux 
et  violents,  s'appesantissait  chaque  jour  davantage  sur 
les  pays  de  la  langue  d'oc.  Désolées  par  la  guerre  ci- 
vile ,  opprimées  par  les  hommes  d'outre-Loire,  écrasées 


*  Une  faut  pas  oublier  que  les  comtes  de  Provence  étaient  de  la 
maison  de  Barcelone, 


ROLE   POLITIQUE  DES  TROUBADOUBS  9 

par  rinquisition,  ces  malheureuses  provinces  s'agitaient 
dans  de  suprêmes  convulsions. 

La  poésie  provençale,  cette  liberté  de  la  presse  des 
temps  féodaux,  suivant  Texpression  d'un  éloquent  écri- 
vain S  la  poésie  provençale  apportait  aux  princes  méri- 
dionaux les  prières  et  les  imprécations  de  leurs  peuples 
abandonnés.  Aujourd'hui  encore,  la  voix  des  troubadours 
nous  fait  entendre  à  travers  les  siècles  les  cris  de  douleur 
et  de  révolte  d'une  nationalité  expirante  *. 

«  Je  ne  veux  plus  garder,  dit  Tardent  Bernard  de 

*  Villemain ,  Tableau  de  la  littérature  au  moyen  âge, 
^  C'est  à  l'époquo  delà  croisade  contre  les  Albigeois  que  se  des- 
sine le  rôle  politique  et  national  des  troubndours.  Nous  avons  parlé 
(t.  I,  p .  403  et  4 16)  de  la  Canzo  de  la  crozada  contr^els  ereiges  d^Al- 
beges;  les  mêmes  événements  inspirèrent  une  quantité  de  poèmes 
d'une  bien  moindre  importance,  empreints  des  mêmes  sentiments. 
Tandis  que  Jacme  était  encore  entre  les  mains  de  Simon  de  Mont- 
fort.  Tomiers  et  Palazis  de  Tàrascon,  chantaient,  dans  les  sirventes 
qu'ils  composaient  en  commun,  la  réaction  méridionale  et  la  déli- 
vrance du  flis  de  Pierre  lo  Catholique.  Mais,  avouent-ils  dans  un 
moment  de  découragement,  a  auprès  des  Âragonais,  j'ai  perdu  mes 
efforts  et  mes  sirventes,  et  en  Catalogne,  le  roi,  qui  est  jeune,  ne 
trouve  personne  qui  Texcite.  »  (  Voyez  VHistoire  littéraire  de  la 
France,  publiée  par  TAcadémie  des  inscriptions  et  belles-lettres  , 
t .  XVJl,  p.  597  ;  VHist.  liltéraire des  Troubadours,  par  Pabbé  Millot, 
t.  III,  p.  45,  et  rintéressant  travail  intitulé  :  De  los  Trovadores  en  Es- 
pana,  parD.  Manuel  Miià  y  Fontanals,  professeur  à  rUniversité  de 
fiari'elone,  p.  165.)  Vers  le  même  temps,  Bertrand  do  Born  ,  fils  du 
célèbre  poifte  de  ce  noin,  interpellait  en  ces  termes  les  sujets  du  mo- 
narque âragonais:  a  Maintenant,  dites-moi ,  Catalans  obtus  ,  où  est 
votre  valeur  d'autrefois.  Vdus  vivrez  sous  l'opprobre  jusqu'à  ce  que 
la  guerre  vous  excuse  envers  le  bon  roi  qui  vous  tenait  honorés.  Vous 
plaignez  son  malheur  et  ne  le  vengez  point,  et  celui  qui  Ta  tué  dort 
à  votre  côté.  Quel  quUl  fut  et  quel  qu'il  soit,  celui  qui  s'en  souvient 
peut  maintenant  condamner  votre  conduite.  Aragonais,  ne  faites  pas 
les  irrités  tant  que  je  n'en  dirai  pas  davantage.  Mais,  du  moins,  je 
veux  que  vous  sachiez  combien  vous  avez  perdu  avec  le  roi  et  com- 
bien vos  honteux  propos  sur  sa  mort  ajoutent  à  vos  torts.  »  (V.  Milà, 
De  los  Trovadores,  p.  466.) 


Roveohac,  don  ni  faveur  ni  bienfait  des  riche»  à  la  fausse 
sagesse,  car  j'ai  à  cœur  de  les  réprimander  sur  leurs 
actions  viles  et  maladroites;  etjeneveu]^  pas  qu^  mon 
sirventd  soit  agréable  aux  lâches  paresseux,  pauvres  de 
cœur  et  puissants  d*avoir. 

>  Jb  prie  le  roi  anglais  de  m'entendre,  car,  pour  trop 
craindre,  il  fait  déchoir  le  peu  de  mérite  qu*il  a;  et  il 
ne  lui  plait  pas  de  défendre  les  siens;  au  contraire,  il  es! 
si  lâche  et  si  faible  qa*il  parait  endormi,  tandis  que  le  roi 
français  lui  enlève,  avec  plein  pardon,  Tours  et  l'Anjou, 
et  Normands  et  Bretons. 

»  Le  roi  d* Aragon,  sans  conteste,  doit  bien  avoir  nom 
Jacme  \  car  trop  il  veut  rester  couché,  et  qui  que  ce  soit 
qui  lui  prenne  sa  terre,  il  est  si  lâche  et  si  déchu  qu'il  ne 
le  contredit  même  pas;  et  chèrement  il  vend  là  bas  aui 
Sarrasins  félons  la  honte  et  le  dommage  qu'il  recueille  ici 
vers  Limoux. 

»  Tant  qu'il  n'aura  pas  fait  payer  chèrement  (la mort 
de)  son  père  ',  il  ne  peut  guère  valoir;  et  qu'il  ne  pense 
pas  que  je  lui  dise  des  choses  agréables  jusqu'à  ce  que  le 
feu  embrase  et  consume  et  que  de  grands  coups  soient 
frappés.  Donc,  il  sera  (homme)  de  bon  et  parfait  mérite 

*  Jacme,   je  suis  gisant. 

3  Liltéralement  :  jusqirù  ce  qu'il  vende  chèrement  son  père , 

Ja  tro  son  payre  car  venda. 

La  slrofhe  précédente  finit  par  ces  deux  vers: 

E  ca^^  ven  lay  aïs  sarrazis  fellos 
L'anta  e'I  dan  que  pren  sai  vas  Limos. 

Malgré  Tautorité  de  noire  savant  ami  D.  Manuel  Milà  y  Fontanals 
(delos  Trovadaresen  Espana,  p.  178),  les  deux  temps  ven  et  venda 
nous  paraissent  appartenir  au  verbe  oendre,  vendre,  et  non  au  verbe 
vengar  ouvenjar,  venger.  M.  Milà,  comme  l'avait  déjà  fait  Fabbé 
MWloi  (Ilist,  Un.  des  Troubadours,  t.  II,  p.  312),  a  reculé  sans 
doute  devant  la  hardie^se  de  IMmage  Ja  tro  son  payre  car  venfia. 


si  du  roi  français  il  restreint  les  possessions  ;  car  en 
Anfos*  veut  hériter  de  son  fief. 

>  Comte  de  Toulouse,  la  rente  que  vous  aviez  à  Beau* 
Caire  vous  doit  douloir;  si  pour  réclamer  vous  faites^  lon- 
gue attente,  vous  et  le  roi  qui  vous  est  allié,  Tentreprise 
sera  honteuse,  si  nous  ne  voyons  dès  à  présent  tentes  et 
pavillons,  et  murs  crouler  et  hautes  tours  s* abattre. 

*  Riches  hommes  mal  avisés,  tout  le  monde  voit  le 
mal  qu*on  peut  dire  de  vous*;  je  vous  laisserais  (en  repos) 
si  je  vous  voyais  hardis  et  preux;  mais  je  ne  vous  crains 
pas  tant  que  vous  me  laissez  quelque  chose  i  dire  '.  > 

Tandis  que  Bernard  de  Rovenhac  flagellait  les  seigneurs 
méridionaux,  le  mantouan  Sordello  s'attaquait  à  tous  les 
souverains  de  la  chrétienté  dans  sa  célèbre  complainte 
sur  la  mort  de  Blaeas  *.  Cette  amère  satire  a  une  trop 
grande  importance  historique  pour  que  nous  ne  la  repro- 
duisions pas  ici  en  entier. 

^  Je  veux  en  ce  rapide  chant,  d*un  cœur  triste  et  marri, 
plaindre  le  seigneur  Blacas,  et  j*en  ai  bien  raison.  Car, 
en  lui,  j*ai  perdu  un  seigneur  et  on  bon  ami;  et  les  plus 
nobles  vertus  sont  éteintes  en  lui.  Le  dommage  est  si 
grand  que  je  n'ai  pas  soupçon  qu'on  le  répare  jamais,  à 

'  Alphonse  de  Poitiers. 
'  Cestainsi  que  M.  Milà  traduit  levers  : 
En  vey  hom  vostres  malz  ditz 

en  ayant  soin  d'indiquer  que  le  sens  en  est  obscur. 

'  Le  texte  complet  de  ce  .>irvente  se  trouve  dans  Raynouard,  Choix 
de  poésies  des  Troubadours,  t.  IV,  p.  204,  et  dans  Mile,  De  los  Trw. 
en  Esp.y  p.  478. 

*  Quoique  né  en  Italie,  Sordello,  à  Texemple  d'un  grand  nombre 
de  poëtds  de  son  pays,  avait  adopté  la  langue  et  les  idées  des  Pro- 
vençaux. Pendant  la  guerre  des  Albigeois,  U  avait  bU  trouver  des 
acceuls  indignés  pour  flétrir  ravidité  des  compagnons  de  Monlfort. 


i  2  UTBB   III,  GHAPITREI 

moins  qu*on  ne  lui  tire  le  cœur  et  qu*oa  ne  le  fasse  man- 
ger à  ces  barons  qai  vivent  sans  cœur;  et  alors  ils  en 
auront  beaucoup. 

>  Que  (l*abord  Tempereur  de  Rome  *  mange  de  ce  cœur; 
il  en  a  grand  besoin,  s*il  veut  conquérir  par  la  force  les 
Milanais,  qui  maintenant  le  tiennent  conquis  lui-même; 
et  il  vit  déshérité  malgré  ses  Allemands. 

>  Qu*aprè3  lui  mange  de  ce  cœur  le  roi  français,  et  il 
recouvrera  la  Castille  qu*il  a  perdue  par  niaiserie  ;  mais 
s*il  pense  à  sa  mère  il  n*en  mangera  pas;  car  il  parait  bien 
par  sa  conduite  qu*il  ne  fait  rien  qui  lui  déplaise. 

»  Je  veux  que  le  roi  anglais  mange  de  ce  cœur,  et  il 
deviendra  vaillant  et  bon,  et  il  recouvrera  la  terre  que  le 
roi  de  France  lui  a  ravie  parce  qu*il  le  sait  faible  et  lâche. 

>  Et  le  roi  de  Castille,  il  convient  qu*il  en  mange  pour 
deux,  car  il  tient  deux  royaumes  et  n*est  pas  assez  preux 
pour  un  seul;  mais  s*il  en  veut  manger,  il  faut  qu1l  en 
mange  en  cachette;  car  si  sa  mère  le  savait  elle  le  battrait 
avec  des  verges. 

•  Je  veux  que  le  roi  d*Aragon  mange  de  ce  cœur.  Gela 
le  délivrera  de  la  honte  qu*il  recueille  à  Marseille*  et  à 
Millau,  car  il  ne  peut  s^honorer  autrement  en  actions  ou 
en  paroles. 

>  Je  veux  ensuite  que  Ton  donne  de  ce  cœur  au  roi 
navarrais,  qui  valait  mieux  comte  que  roi;  je  Tentends 
dire  ainsi.  G*est  un  mal  quand  Dieu  fait  monter  un 
homibe  à  haute  puissance  et  que  le  défaut  de  cœur  le  fait 
baisser  de  prix. 

^  L'empereur  Frédéric  II. 

*  Le  roi  d'Aragon,  cbef  delà  maison  qui poss<*dait  la  Provence,  se 
prétendant  suzerain  et  héritier  de  ce  pays  à  défaut  de  descendants 
màles  de  son  cousin  »  était  considéré  comme  atteint  par  les  coups  qui 
ébranlaient  l'autorité  de  Ramon  Bérenguer.  ' 


L'oPimON  PUBLIQUE  DANS  LB   MIDI  18 

>  Au  comte  de  Toulouse  il  inoporte  d'en  manger 
aussi,  s*il  se  souvient  de  ce  qu'il  avait  et  de  ce  qu'il  lui 
reste,  car  s'il  ne  recouvre  sa  perle  à  l'aide  d'un  autre 
cœur,  il  me  semble  bien  qu'il  ne  la  réparera  jamais  avec 
celui  qu'il  porte  maintenant  ^ 

>  £t  le  comte  provençal,  il  convient  qu'il  en  mange  s'il 
lui  souvient  qu'un  comte  déshérité  vit  malheureux  et  ne 
vaut  rien.  Et  b:en  quavec  courage  il  se  défende  et  se 
conduise  ,  il  est  besoin  qu'il  mange  de  ce  cœur  pour 
soutenir  ce  pesant  fardeau. 

>  Les  barons  m'en  voudront  de  ce  que  je  leur  dis 
si  bien,  mais  qu'ils  sachent  que  je  les  estime  aussi  peu 
qu'ils  m'estiment. 

>  Belh  RestaurV  je  souhaite  qu'auprès  de  vous  je 
puisse  trouver  merci .  A  me  fai  re  du  tort  contribu^  chacun 
qui  ne  me  tient  pas  pour  ami  '.» 

A  l'exception  de  quelques  poètes  courtisans  qui  cher- 
chaient, en  se  faisant  les  adulateurs  des  grands,  une 
servitude  plus  productive  que  le  <  doux  vasselage  d'à. 
mour  *,  les  troubadours,  chevaliers  ou  plébéiens,  cou. 
rant  le  pays  pour  combattre  ou  pour  chanter,  accueillis 
hier  dans  la  maison  du  bourgeois,  aujourd'hui  dans  le 
manoir  seigneurial,  demain  peut-être  dans  la  chaumière 


*  C'est  ici  que  M.  Villemain  arrête  sa  traduction,  que  nous  avons 
empruntée  à  son  remarquable  Tableau  de  la  littérature  au  moyen 
âge, 

^  Surnom  que  le  troubadour  donne  à  sa  dame. 

^  Le  texte  de  celte  étrange  complainte  a  été  publié  par  Kaynouard 
[Choix  de  poésies ,  t  lY,  p.  67.).  Dans  une  autre  pièce  composée  9 
selon  toute  évidence,  au  moment  où  le  roi  d'Aragon  venait  de  rem- 
porter son  éphémère  succès  à  Millau,  Sordello  loue  Jacme  d'avoir 
recouvré  cette  viile^  et  le  comte  de  Toulouse  d'avoir  obtenu  le 
pardon  de  l'Eglise.  (Miilot,  Histoire  littéraire  des  Troubadours,  1. 11, 

p.  ^.} 


14  UVRB/UI,    OHAPIfRE  I 

da  paysan ,  entoorés,  interrogés,  consultés  sur  les  affaires 
du  jour,  témoins  des  regrets,  des  vœux  et  des  espé- 
rances de  toutes  les  classes,  puisaient  dans  ce  commerce 
continuel  le  sentiment  national,  profond  et  exalté  qui 
prenait  une  forme  dans  leurs  sirvontes  et  revenait  animer 
ceux  mémo  qui,  à  leur  insu,  Tavaient  inspiré. 

Les  chantres  de  la  nationalité  méridioncile  dirigeaient 
et  interprétaient  à  la  fois  Topinion  publique;  car  cette 
puissance  existait  alors  dans  nos  provinces,  n*en  déplaise 
à  rillustre  écrivain  qui,  après  avoir  si  bien  caractérisé 
le  rôle  de  la  poésie  provençale  par  le  rapprochement 
heureux  que  nous  rappelions  tout  à  Theure ,  nie  d'une 
manière  trop  absolue  Texistence  de  Topinion  publique 
au  moyen  âge.  Elle  est  pourtant  manifeste,  cette  force 
de  Topinion  dans  notre  libre  Midi ,  libre  quand  on  com- 
pare ses  mœurs  tolérantes  avec  la  rigidité  du  joug  qui, 
dans  le  Nord^  asservit  à  la  fois  les  corps  et  les  esprits. 

Comment  les  sentiments  de  ces  populations  à  l'in- 
telligence prompte,  au  cœurardent,  chez  qui  les  rigueurs 
et  les  supplices  ne  parvenaient  point  à  étouffer  les 
manifestations  de  la  pensée  ;  comment  les  appréciations 
que  répandaient  autour  d*eux  les  bourgeois  éclairés  de 
nos  grandes  villes  ;  comment  les  relations  commerciales 
et  politiques  continuellement  établies  entre  de  floris- 
santes ci  lés  :  Barcelone,  Toulouse,  Narbonne,  Montpel- 
lier, Nîmes,  Marseille,  Nice;  comment  tant  de  causes 
agissant  sans  relâche  n*auraient-elles  pas  produit  dans 
le  Midi  un  irrésistible  courant  d'idées  que  contrariaient 
seules  les  rivalités  aveugles  des  princes,  sans  parvenir 
à  l'arrêter  ou  à  le  dévier?  Cette  puissance  de  l'opinion 
se  manifeste  dans  les  mouvements  spontanés  et  tout 
populaires  qui,  en  dehors  de  l'influence  de  la  noblesse, 
éclatent  sur  divers  points  à  la  fois  contre  les  institutions 


ROLE   PilEmOUE    DKS    IIHmBADOURS  <l5 

îôiposées  par  Ifts  Frawçate;  elle' se  ïnaaifësle  dans  le  rôle 
peliUqac  deâ  troubadours,  dans  la  violence  de  leurs 
attaques,  si  éloignée  de  la  malignité  naïve  et  contenue 
des  trouvères  ,  dans  la  conviction  qu'ils  montrent  d'être 
soutenus  par  une  force  contre  laquelle  viendraient  écbouer 
les  armes  des  plus  puissants  barons. 

Chaque  leiïtalivede  réaction  trouve  un  chantre  pour 
l'en'coufager  ou  la  célébrer  ;  chaque  progrès  de  la  domi- 
nation capétienne  soulève  Tindignation  des  poètes  contre 
la  faiblesse  ou  Tincapacité  des  seigneurs  impuissants  à 
l'arrêter. 

«  Seigneur  comte ,  disait  Guy  de  Cavaillon,  poussant 
Raymond  VII  à  une  lutte  à  outrance,  seigneur  comte  ^ 
je  voudrais  savoir  lequel  vous  tiendriez  pour  meilleur 
si  fapostolo^  vous  rendait  votfe  terre  par  amour,  ou  si, 
par  chevalerie,  vous  la  conquerriez  avec  honneur,  souf- 
frant froid  et  chaleur.  Et  je  sais  bien  lequel  je  voudrais, 
si  j'étais  homme  de  si  grande  valeur;  c'est  que  la  peine 
tournât  en  pfaisir.  » 

Le  comte,  qui  cultivait  aussi  la  poésie  provençale, 
tépondil  au  couplet  qui  précède  : 

«  Par  Dieu,  Gui,  mieux  aimerais-je  conquérir  mérite 
et  valeur  que  toute  autre  richesse  qui  me  tournât  à 
déshonneur.  Je  ne  dis  pas  ceci  contre  le  clergé  ni  ne  le 
rétracterai  par  peur ,  mais  je  ne  veux  château  ni  tour 
si  je  ne  les  acquiers  par  conquête,  et  que  mes  honorés 
défenseurs  sachent  que  le  gain  est  pour  eux  *.  » 


<  Le  Pape. 

*  Voyez  Rochegude  (Parnasse  occitanien,  t.  I.p.  271);  Raynouard 
^Choix  de  poésies,  l.  V,  p.  123  el  473;,  ^WHisi.  litt.  de  la  France  , 
publif^e  par  rAcadémie  des  inscriptioas  et  belles  lettres.  Dans*  ce 
dernier  ouvrage,  on  attribue  ce  couplet  à  Rn)^ond  Vf,  par  ce  motif 
que  «  les  Etats  de  ce  comte  fureilt  reconquis  nvant  sa  mort  et  que 


16  LIVBB  III ,   CHAPITBE  I 

Les  événements  ne  justifièrent  pas  ces  paroles ,  car  ce 
ne  fnt  pas  en  conquérant  mais  en  vainca  gracié  que 
Raymond  rentra  en  possession  du  Comtat  Venaissin  ^ 
à  la  restitution  duquel  ces  couplets  font  évidemment 
allusion. 

  mesure  que  Tautorité  des  hommes  du  Nord  s'en- 
racinait plus  fortement  dans  nos  provinces,  les  appels 
aux  armes  des  troubadours  devenaient  plus  énergiques, 
et  leur  indignation ,  croissant  avec  les  souffrances  du 
pays ,  atteignait  le  ton  d'exaspération  brutale  dont  Ber- 
nard de  Rovenhac  nous  a  donné  un  exemple. 

Ces  attaques  hardies  avaient  pour  but  évident  de  pro- 
voquer une  alliance  des  seigneurs  du  Midi,  auxquels  devait 
se  joindre,  à  plus  d*un  titre,  le  roi  d'Angleterre,  suc- 
cesseur des  ducs  d'Aquitaine,  gendre  du  comte  Ramon 
Berenguer*  et  ennemi  naturel  du  roi  de  France.  Voir 
Toulouse,  la  Provence,  1* Aragon  et  l'Angleterre  solide- 
ment unis  contre  l'adversaire  commun,  c'élait  le  vœu 
dont  les  troubadours  se  faisaient  les  chaleureux  inter- 
prètes. 

Un  prince  plus  actif  et  moins  incapable  que  Henri  III 
aurait  certainement  profité  de  ces  dispositions  pour  se 
mettre  à  la  tête  d'une  ligue  méridionale ,  et  relever  la 

Raymond  VII,  son  ûls,  les  obtint  par  droit  d'héritage.  9  II  nous  pa- 
rait plus  naturel  d'admettre  que  Gui.  seigneur  de  Cavail|on,  au 
Comiat-Yenaissin,  et  Pun  des  plus  zélés  partisans  de  la  maison  de 
Toulouse  dans  la  guerre  faite  par  Raymond  Vil  à  Ramon  Rerenguer, 
se  préoccupait,  en  adressant  son  couplet  au  comte,  du  sort  du  mar- 
quisat de  Provence,  son  pays,  et  composait  ces  yers  au  moment  où 
Tempereur  Frédéric  et  le  roi  saint  Louis  essayaient  d'obtenir  du 
Papeuno  restitution  à  laquelle  Grégoire  IX  ne  se  montrait  pas  encore 
disposé.  (V.  Hist,deLang,,  liv.  XXIV,  ch.  lxxxi.) 

*  Le  roi  Henri  III  d'Angleterre  avait  épousé,  en  1236,  Léonor  de 
Provence»  fille  de  Ramon  Bérenguer. 


JAGltB  A  HORTPELLIER  17 

DatioDalité  de  la  langue  d*oc  au  profit  de  sa  propre  in- 
fluBDce  ;  mais  oous  verrous  bientôt  une  tentative  de  ce 
genre  avorter  au  détriment  du  monarque  anglais.  A  défaut 
de  Henri,  c'est  à  Jacme  qu'appartenait  le  rôle  de  chef  de 
la  confédération  :  nous  connaissons  les  motifs  qui  jusqu'à 
présent  ont  obligé  le  roi  d'Aragon  à  concentrer  toute  son 
attention  et  toutes  ses  forces  sur  la  Péninsule  ^  ;  mais, 
lorsqu'il  eut  rendu  sa  nouvelle  conquête  définitive  par 
une  sage  organisation  ,  soin  qui  le  retint  à  Valence  jus- 
qu'à la  fin  de  mai  lâ39,  les  bruits  sinistres  qui  lui  arri- 
vaient du  côté  de  la  France  l'engagèrent  à  aller  observer 
les  événements  de  plus  près  et,  avant  tout,  à  rétablir  dans 
sa  ville  natale  l'ordre  troublé  parles  manœuvres  dont  nous 
parlions  tout  à  l'heure. 

*  L'abbé  MiHot  (Hist,  litt.  des  Troub  ,  t.  H,  p.  229),  aUribue  à 
Durand,  tailleur  de  la  petite  ville  de  Pernes ,  au  Gomtat-Venaissin  , 
un  sirvente  contre  les  Français,  qui  contiendrait  une  allusion  à  la 
conquête  de  Valence  par  Jacme  I.  M.  Raynouarda  donné  le  texte  de 
cette  pièce  {Choix  de  poésies  des  Troubadours,  t.  IV,  p.  263),  sous  le 
nom  de  Bertrand  deBorn,  le  père  Ce  chant  de  guerre,  par  son  éner- 
gie, son  éclat,  ses  tournures,  ses  expressions  même,  rappelle,  en 
effet,  ia  manière  de  ce  valeureux  chevalier-poëte.  H  serait  donc  an- 
térieur au  règne  de  Jacme.  Quant  à  la  prétendue  allusion  au  siège 
de  Valence,  nous  ne  savons  comment  Tauteur  de  VHistoire  littéraire 
des  Troubadours  a  pu  la  voir  dans  ces  vers  : 

Ges  non  crei  Frances  ses  deman 
Tengan  lo  deseret  que  fan 
  tort  a  mant  baron  presan  ; 
Pero  meravilha  m  don  gran 
Del  seinhor  dels  Aragones, 

Quar  ab  lor  dan  non  destacha 

Pues  sai  nos  ades  a  pacha 
Desmandat  a  coms,  duc,  marques. 

L'expression  de  comie^  duc,  marquis  pour  désigner  le  comte  de 
Toulouse,  n'était  plus  employée  depuis  que  le  duché  de  Narbonne 
avait  été  enlevé  au  comte  Raymond  VIL  Ce  ne  fut  qu'en  4242,  au 
moment  de  sa  révolte  contre  le  roi  de  France,  que  Raymond  reprit 
pendant  quelque  temps  le  titre  de  duc  dei^arbonne. 

T.  n.  2 


16  Liy&i  III,  goâpitbb  i 

«  Nous  fîmes,  dit-il ,  armer  une  galée ,  parce  qae  ooas 
YOulioQS  aller  à  Moatpellier  lear  demander  de  qous  aider 
eo  quelque  chose,  car  nous  avions  beaucoup  dépensé  à  la 
conquête  de  Valence  V  • 

Le  royal  chroniqueur  passe  sous  silence  les  principaux 
motifs  de  son  voyage.  S*il  raconte  en  détail ,  quelques 
lignes  plus  bas ,  la  dernière  phase  de  la  conspiration  de 
Montpellier  pour  constater  son  propre  triomphe,  il  semble 
éviter  avec  soin  de  consigner  dans  ses  mémoires  celles  de 
ses  tentatives  politiques  qui  n*ont  pas  été  couronnées 
de  succès.  Quant  à  ses  démêlés  avec  Tévêque  de  Mague- 
lone ,  on  comprend  que  le  pieux  et  fidèle  ami  du  Saint- 
Siège  ait  été  peu  désireux  d*en  transmettre  le  souvenir 
à  la  postérité. 

Le  jeudi  2  juin  1239,  la  galée  qui  portait  le  roi  d'Ara- 
gon aborda  au  port  de  Lattes^,  où  Tattendaient  les  douze 
consuls  de  Montpellier,  accompagnés  d'une  centaine  des 
plus  notables  bourgeois ,  tous  à  cheval ,  et  suivis  d'une 
foule  immense,  qui  Qt  éclater  sa  joie  en  recevant  au  milieu 
d'elle  son  glorieux  compatriote^.  L'arrivée  du  roi  et  le 
prestige  que  sa  personne  seule  exerçait  avaient  déjà 
enlevé  aux  factieux  tout  ascendant  sur  cette  population 
enthousiaste.  Mais  les  chefs  du  complot  n'étaient  pas 
assez  maladroits  pour  s'at laquer  au  Conquistador  lui- 
même;  c'est  en  protestant  de  leur  attachement  pour  sa 
personne  qu'ils  voulaient  l'amener  à  se  dépouiller  d'une 
partie  de  son  autorité. 

Le  roi ,  entouré  de  la  foule  qui  était  venue  à  sa  ren- 


*  Chronique  de  Jacme,  chap.  >cxctii. 

*  Lattes  est  aujourd'hui  un  petit  ytllage  à  7  kilomôtres  de  Mont- 
pellier. Son  port,  ensablé  depuis  longtemps,  communiquait  avec  la 
mer  par  des  étangs  et  des  canaux. 

3  Voy.  Zurita,  Anales,  \iy.  NI,  chap.  xxxvi. 


contre,  prit  le  chemin  de  Montpellier,  ayant  à  ses  côtés 
le  rico  home  don  Pedro  Feroandez  de  Azagra  et  le  me^ 
maûferodon  Assalit  de  Gudal.  Lorsque  Pierre  Bonifazi, 
le  chef  delà  conspiration,  vit  le  roi  entre  les  deux  sei- 
gnears  Aragonais ,  il  dit  à  don  Assalit  : 

«  —  Laissez-noQs  le  roi  à  noas  antres ,  car  il  y  a  moult 
temps  que  nous  ne  Tavons  vu  ,  et  pour  cela  nous  devons 
aller  à  côté  de  lui  \  » 

Le  fier  bourgeois  invoquait  un  ancien  usage  en  verjt^ijL 
duquel  le  seigneur,  en  mettant  le  pied  sur  le  territoire 
de  Montpellier,  ne  devait  avoir  à  ses  côtés  que  des  habi- 
tants de  la  seigneurie. 

On  ne  pourrait  blâmer  Pierre  Bonifazi  d'avoir  réclanp^é 
contre  la  hautaine  aristocratie  d* Aragon  un  privilège  qui 
rapprocl^ait  le  vassal  du  seigneur,  si  le  vr^i  but  de  ses 
paroles  n'eût  été  de  provoquer  dans  la  foule  une  mani- 
festation dirigée  conti*e  tous  les  représentants  de  Tautorité 
royale.  Jacme,  sans  paraître  prendre  garde  à  la  discus- 
sion engagée  à  ses  côtés,  pensait  cependant  que  «  grand 
était  Torgueil  d*e»  Pierre  Bonifazi^;  >  mais  ce  ;i'était 
pas  le  moment  de  laisser  deviner  son  opinion  ,  e.t  sur  un 
signe  du  roi,  le  mesnadero  dut  céder  la  place  au  bourgeois 
de  Montpellier,  un  peu  désappointé  sans  doute  de  son  trop 
rapide  triomphe. 

Le  roi  mit  pied  à  terre  devant  la  maison  d'Atbrand, 
où  il  avait  fait  préparer  son  logement,  pour  donner  sans 
doute  une  nouvelle  marque  de  sa  confiance  à  celui  qui  le 
représentait,  et  prouver  qu'il  était  prêt  à  le  soutenir  dans 
la  lutte.  La  haine  contre  Atbrand  était  poussée  à  ce  point 
qu'on  avait  résolu  «  dans  le  consulat  >  de  détruire  sa 


*  Chroniq.  de  Jacme,  chap.  cicviii. 
»  Ibid, 


20  LIVRE  III ,  CHAPlTaB  I 

maison  et  celles  de  ses  principanx  adhérents.  Des  ma- 
chines avaient  été  préparées  dans  ce  bat;  la  présence  de 
Jacme  arrêta  seule  Texécution  de  ces  projets. 

Le  roi  était  à  peine  arrivé,  qu'âne  vingtaine  d*individQS, 
ayant  à  leur  tête  Pierre  Bonifazi  et  Guerau  de  la  Barca, 
demandèrent  à  lui  parler  en  secret. 

«  Nous  montâmes  alors ,  dit  le  chroniqueur,  à  une 
petite  terrasse  d'en  Atbrand,  qui  était  un  lieu  convenable 
pour  cela,  et  en  Père  Bonifazi  se  leva  en  pied  et  nous 
dit:  c  Seigneur,  les  consuls  et  une  partie  du  conseil  de 
Montpellier  sont  venus  ici,  et  votre  arrivée  nous  plaît 
fort.  Maintenant  nous  voulons  vous  dire,  et  je  vous  le 
dis  pour  eux  et  pour  nous,  que  nous  avons  à  cœur 
de  vous  honorer  et  de  vous  garder  notre  amour  ainsi 
que  nous  devons  le  faire  pour  notre  seigneur.  Et 
maintenant ,  nous  savons  qiïen  Atbrand  vous  fait  croire 
qu'il  peut  vous  donner  Montpellier;  or,  sachez  que 
cela  n'est  pas  vrai,  il  n'a  pas  le  pouvoir  de  faire  le  tort 
ou  le  droit  dans  Montpellier  pas  plus  qu'un  autre  habi- 
tant de  la  ville  ;  car  en  vous  est  ce  pouvoir  et  vous  l'avez. 
Et  si  ce  n'était  pour  vous,  il  n'y  a  pas  si  puant  cloaque 
dans  cette  ville  d'où  on  ne  le  fit  sortir  lui  et  ceux  qui 
voudraient  le  défendre.  Et  tout  ce  que  fious  souffrons, 
nous  le  souffrons  pour  vous,  car  nous  sommes  puissants 
d'hommes  et  d'armes  et  de  richesses,  et  tout  son  pou- 
voir ne  serait  rien  à  côté  du  nôtre.  Et  tout  cela  nous 
vous  prions  de  le  croire.» 
Et  sur  cela,  Guerau  de  la  Barca  se  leva  et  parla  de  la 
même  manière.  Quand  ils  eurent  parlé,  nous  leur  répon- 
dîmes ainsi  : 

«  Barons,  ces  paroles  que  vous  nous  avez  dites  mainte- 
»  nant  sont  paroles  que  vous  n'auriez  pas  dû  nous  dire, 
•  car  nous  croyons  bien  que  vous  avez  à  cœur  de  nous 


JACME    A    MONTPELLIER  21 

servir:  maison  Atbrand  ooasa  servi  et  nous  sert  autant 
qnMllepeat,  et  il  est  votre  concitoyen  et  Tundes  hommes 
les  plas  honorés  et  du  meilleur  lignage  de  cette  ville. 
Et  si  vous  voulez  bien  faire,  voici  la  route  que  vous 
devez  suivre  vous,  lui  et  tous  ceux  qui  pourront  le  faire: 
c*est  de  garder  nos  droits  et  notre  autorité  de  seigneur, 
car  vous  êtes  unis  avec  nous  très-étroitement  par  les 
liens  naturels  que  nous  avons  avec  vous  et  que  vous 
avez  avec  nous.  Et  à  cause  de  notre  autorité  et  aussi 
parce  que  la  ville  s* est  améliorée  depuis  que  Notre 
Seigneur  a  voulu  qu'elle  vint  en  notre  pouvoir,  il  ne  doit 
point  y  avoir  lutte  entre  vous,  si  ce  n'est  pour  notre 
service,  c'est-à-dire  pour  que  chacun  nous  serve  du 
mieux  qu'il  pourra.  Et  nous  agirons  avec  vous  comme 
on  doit  le  faire  avec  ses  hommes  et  ses  compatriotesV > 

Pierre Bonifazi  elles  siens  se  retirèrent  mécontents. 
Cependant  Atbrand,  à  qui  Jacme  communiqua  ce  qui 
s*était  passé  dans  cette  entrevue,  voulut  prouver  au  roi 
qu'il  n'était  pas  aussi  impopulaire  que  les  factieux  l'a- 
vaient affirmé:  «  Bientôt,  dit-il  à  Jacme,  vous  pourrez 

vous  venger  de  ceux  qui  veulent  vous  enlever  la  ville 

—  Nous  lui  répondîmes,  ajoute  le  roi,  que  bon  était  ce 
qu'il  disait;  mais  qu'il  agit  doucement  et  avec  prudence 
jusqu'à  ce  que  nous  fussions  assuré  de  tout  notre  pou- 
voir*. > 

Jacme  par  ces  paroles,  comme  dans  tout  le  récit  qu'il 
nous  a  laissé  de  cet  événement,  fait  voir  clairement  com- 
bien la  conspiration  de  Montpellier  lui  inspirait  de 
craintes  pour  son  autorité. 

A  l'instigation  d' Atbrand,  quelques-unes  des  échelles  * 

*  Chron.  de  Jacme,  chap.  cxax. 
3   Chron.  de  Jacme,  chap.  ce. 

*  Pour  rendre  plus  faciles  et  plub  réguliers  Texercice  des  droits 


22  LttiiE  ni  ;  cj^APrhtË  i 

dé  la  ville  avaient  organisé  ane  manifestation  en  favéui^  du 
roi  et  de  son  bayle.  Dès  que  la  nuit  fut  venue,  des  dépu- 
tations  des  divers  corps  de  métier  se  présentèrent  Tune 
après  Tautre  devant  la  maison  d*Âtbrand  pour  dire  à  leur 
seigneur  qu'il  était  «  le  bienvenu  cent  mille  fois  comme 
le  beau  jour  de  Pâques*  > ,  etprotester  de  leur  affection  et 
de  leur  fidélité.  Atbrand  les  présentait  au  roi  :  celui-ci  ré- 
pondait par  quelques-unes  de  ces  paroles  qui  lui  gagnaient 
les  cœurs. 

Les  terrassiers  et  les  corroyeurs  furent  reçus  le  pre- 
mier soir;  le  lendemain,  à  la  nuit,  les  potiers  etleshabi- 
tants  du  quartier  de  la  Saunerie*  se  succédèrent  à  l'au- 
dience royale.  Cette  démarche  d'un  grand  notiibre  des 
habitants  de  la  ville  fut  agréable  à  Jacme  et  lui  persuada 
«  que  si  Montpellier  manqUaitàsauvegardet^sès  droits,  ce 
n'était  pas  que  en  Atbrand  n'eût  réglé  leschoses  du  mieux 
possible.  »  • 

Le  surlendemain  de  son  arrivée,  le  roi,  sortatit  de  la 
chapelle  des  Frères  prêcheurs,  où  il  venait  d'entendre  la 
messe,  se  trouva  en  face  d'une  foule  qu'il  ë\^àlueàcinq 
mille  personnes  de  différentes  classes,  et  qui,  à  sa  vue , 
démanda  à  grande  cris  la  poursuite  et  la  punition  des 
conjurés.  Jacme  calma  cette  effervescence  par  quelques 
paroles  affectueuses;  il  manda  devant  lui  les  chefs  de  la 
conspiration,  qui,  loin  d'obéir  à  cette  injonction,  se  hi- 
tènenl  de  quitter  la  ville. 

Trois  jours  après  l'arrivée  du  roi  à  Montpellier,  la  con- 

muDÎcipaux  et  raccomplissemeat  des  obligations  qui  en  résultaient , 
les  habitants  de  Montpellier  étaient  répartis  d'après  leur  profession 
en  sept  catégories  ou  échelles  (escalas).  (Voy.  Petit  Thalamus  de 
Montpellier, p.  95.) 

*  Cfaron.  de  Jacme,  chap.  ccn. 

^  Quartier  où  étaient  situés  les  greniers  à  sel. 

^  Cbron.  de  Jacme,  chap.  cciv. 


JAGHE   A  BOnrPILLIIB  2S 

juratioD  était  rédaite  à  néant.  On  procéda  contre  les  chefs 
selon  les  formes  jadiciaires.  lis  farent  sommés  à  son  de 
trompe  d*aYoir  à  comparaître  devant  le  tribunal  du  roi 
dansledélai  d*un  mois.  Le  délai  expiré,  lenrs  biens  furent 
confisqués,  et,  avec  la  même  machine  qu'ils  avaient  pré- 
parée pour  s* en  servir  contre  Atbrand,  on  détruisit  trois 
ou  quatre  maisons  des  principaux  coupables. 

Le  17  octobre  suivant,  une  amnistie  fut  proclamée, 
dont  furent  seuls  exceptés  les  chefs  que  nous  avons  nom- 
més plus  haut,  tandis  que,  pour  donner  une  certaine  satis* 
faction  à  ce  qu'avaient  de  légitime  quelques  réclamations 
de  la  commune,  le  roi,  par  la  même  ordonnance,  confir- 
mait en  plusieurs  points  la  charte  octroyée  le  15  août 
1204  par  son  père  Pierre  H  ^ 

Atbrand  triompha  donc,  et  ce  fut  parmi  ses  adhérents 
qu'à  partir  de  ce  moment,  dit  la  chronique  royale,  furent 
choisis  les  consuls,  les  conseillers  et  le  bayle,  «  à  la  place 
de  ceux  qu'on  nommait  auparavant  V  > 

Cependant,  sept  ans  après  ces  événements,  un  Pierre 
Bonifazi  était  bayle  de  Montpellier,  et,  en  1253,  un  Gueran 
de  la  Barca  remplissait  les  mêmes  fonctions*.  Etaient«ce 
les  factieux  de  1239  qui,  rentrés  en  gr&ce  auprès  de 
leur  seigneur,  avaient  accepté  cette  dignité  contre  laquelle 
ils  s'étaient  acharnés  avant  d'avoir  pu  l'obtenir? 

La  participation  du  comte  de  Toulouse  au  mouvement 
que  Jacme  venait  d'étouffer  n'était  un  mystère  pour  per- 
sonne. Dans  un  sirvente  de  l'année  1240,  sur  lequel  nous 


*  Archives  municipales  de  Montpellier  ,  Grand  Thalamus,   fol.  36 
et  Livre  noir  y  fol.  45.  —  Gariel^  Ser.  prœsul.,  1^*  partie,  p.  355. 

>  Ghron.  de  Jacme,  chap.  gcyi. 

*  Voyez  la  liste  des  oonsuis  «t  bayles  de  If ontpellter.  (  Germain , 
Hiit.de  la  commune  de  MotUp.y  L  1,  p.  386  61387.) 


24  LiTBB  m ,  diàPiniB  i 

aurons Toccasion  de  reyenir,  Bertrand  de  Born,  le  fils, 
s*exprime  en  ces  termes  : 

<  Je  ferai  un  sirvente  plus  nouvel  et  plaisant  que 
jamais  je  ne  fis,  et  je  ne  serai  pas  retenu  par  la  peur  de 
répéter  ce  que  j'entends  dire  parmi  nous  de  notre  roi  \ 
qui  perd  si  malheureusement  là  bas  à  Millau  ce  qu*il  pos- 
sédait. Carie  comte  (de  Toulouse)  le  dépouille  sans  droits 
et  à  grand  tort,  et  lui  enlève  Marseille  avec  grand  mépris 
(de  ses  droits),  et  a  pensé  lui  prendre  Montpellier  l'an 
passé  '.  » 

Raymond,  vojant  s'évanouir  l'espoir  qu'il  avait  pu 
caresser  un  instant  d'enlever  Montpellier  au  roi  d'Ara- 
gon, craignit  sans  doute  d'avoir  excité  la  colère  d'un 
adversaire  aussi  redoutable;  il  se  h&ta  de  se  rendre  auprès 
de  lui  pour  essayer  peut-être  de  se  justifier  et  pour  renon- 
cer au  bénéfice  de  la  donation  qu'il  tenait  de  Tévéque  de 
Maguelone.  Les  velléités  de  résistance  du  pauvre  prélat 
n'aboutirent  donc  qu'à  le  priver  d'une  prérogative  de 
plus  :  celle  d'assister  à  l'élection  des  consuls  et  de  rece- 
voir leur  serment.  Ce  droit  d'intervention  de  l'autorité 
épiscopale ,  consacré  par  un  long  usage,  fut  aboli  par 
l'ordonnance  du  17  octobre  1239. 

Jacme,  qui  devait  donner  bientôt  des  preuves  plus 
manifestes  encore  de  son  désir  d'entretenir  l'union  parmi 
les  seigneurs  du  Midi ,  accueillit  favorablement  Ray- 
mond VII,  alors  en  paix  avec  le  comte  de  Provence. 

Ramon  Berenguer  alla  visiter  aussi  son  royal  cousin,  et, 
à  l'exemple  des  deux  comtes,  les  principaux  seigneurs 
des  pays  environnants  accoururent  auprès  du  grand  roi 

*  Quoique  originaire  du  diocèse  de  Périgueux,  Bertrand  de  Born 
vivait  dans  les  Etats  du  roi  d'Aragon. 

^  Voy.  Raynouard,  Ckoiœ  de  poéHes  des  Troub..  t.  IV,  p.  484,  et 
Milà,  De  los  Trov.  enEep.,  p.  170  et  171. 


GOBTS  DE  GmORB  25 

qu'ils  regardaient  comme  leur  suzerain  naturel.  Des 
projets  d*alliance  contre  les  septentrionaux  et  de  déli- 
vrance du  Midi  durent  être  certainement  agités  dans  ces 
entrevues,  sons  Finspiration  du  monarque  aragonais. 
C'est  en  ce  moment  que  Théritier  des  comtes  de  Barce- 
lone commence  à  prendre  d'nne  manière  active  le  rôle  de 
souverain  de  la  France  méridionale  que  lui  ont  légué  ses 
ancêtres,  et  prépare  les  plans  dont  il  va  tenter  bientôt  la 
réalisation. 

Après  un  séjour  d'environ  cinq  mois  dans  sa  ville 
natale  ^,  Jacme  partit  à  bord  d'un  navire  de  Montpellier 
«  qui  était  bien  de  quatre-vingts  rames  >  et  alla  débarquer 
à  Collioures,  dans  le  Roussillon,  d'où  il  se  rendit  à  Girone. 
Au  mois  de  février  1240,  il  tint  dans  celte  ville  les 
corts  de  Catalogne,  qui  édictèrent  entre  autres  mesures 
utiles,  des  lois  contre  l'usure  * ,  et  retourna  à  Valence, 
où  l'impatiente  ardeur  de  quelques  chefs  chrétiens  ren- 
dait sa  présence  nécessaire. 

*  Ghron.deJacme,  chap.  ce  vu. 

3  Le  roi  rapporte  dans  sa  chronique  qu'une  éclipse  de  soleil  eut 
lieu  pendant  quUl  se  trouvait  à  Montpellier,  un  vendredi,  entre  midi 
et  rheure  de  nones.  Ce  fut  la  plus  complète  que  ceux  qui  vivaient 
alors  eussent  jamais  vue,  a  car  la  lune  couvrit  tout  le  soleU,  et  Pon 
pouvait  voir  sept  étoiles  au  ciel.  9  Ce  fut  le  vendredi  3  juin,  le  len- 
demain de  l'arrivée  du  roi,  qu'eut  lieu  ce  phénomène  astronomique, 
ainsi  que  le  constate  la  chronique  romane  du  Petit  Thalamus^  dans 
laquelleon  lit  :  a  En  Tan  1239,  le  premier  vendredi  de  juin,  le  soleil 
mourut  entre  midi  et  l'heure  de  none.>.  » 

'  Voyez  Marca  hispanioa,  col.  528,  et  Appendix,  col.  4433. 


CHAPITRE  ÏI 


Stpèdition  de  Ouilletn  de  Aguilô  dôntre  les  Maures  du  royauniè  de 
Valence.—  Le  miradedes  sainte  corpotaui.  —  Reddition  ib\h  Tallée 
de  Bairen. —  Première  conquête  dans  le  royaume  de  Murde. —  Mariage 
d'Yolande  d'Aragon  avec  Alîonse  de  Castille.  —  Premier  siège  de 
Xativa;  reddition  de  Castellô.  —  Droit  d'asile  des  chevaliers  d'Aragon; 
la  tente  de  don  Garcia  Romeu.  —  Tentatives  du  roi  contre  la  puissance 
des  rieos  bornes.  —  Les  légistes  en  Aragon.  —  Le  favori  ](iïA6no 
Perez.  -^Qoup  d'État;  création  des  rieos  haines  de  mestalidi. 

Tandis  qae  le  roi  d'Aragon  s* occupait  de  rétablir 
l'ordre  à  Montpellier  et  tentait  d'amener  une  alliance 
durable  entre  les  seigneurs  du  Midi,  Guillem  de  Âguilô, 
s*étant  mis  en  campagne  à  la  tête  d'une  troupe  de  cava- 
liers, de  fantassins  et  d'almogavares,  avait  enlevé  le  châ- 
teau de  Rebolledo  aux  Maures  voisins  de  Valence,  et  leur 
avait  détruit  celai  de  Gbio.  Devant  cette  dernière  place 
se  serait  opéré,  dit-on,  le  miracle  célèbre  des  sairUs  cor- 
porauxs  pieuse  tradition  dont  les  chroniques  contempo- 
raines n'offrent  pourtant  aucune  trace. 

Sii  chevaliers  allaient,  dit  la  légende,  reoen)ir  la  to/m- 
munîôû;  c'étai^bt  GbilteMi  de  Aguilô  et  cinq  dô  ses  coïn- 
pagnons:  Berenguer  de  Entenza,  Pernand  Sancho  de 


28  LITRB  ni  »  CHAPITAB  II 

Ayerbe,  Pedro  Ximen  de  Carroz,  Pedro  et  Raimando 
de  Luna.  Tout  à  coap  une  attaque  imprévue  de  rennemi 
oblige  les  chrétieus  à  courir  aux  armes.  Le  prêtre  enve- 
loppe daus  les  corporaux  les  six  hosties  qu'il  vient  de 
consacrer,  et  les  cache  ;  mais  lorsque ,  après  une  victoire 
longtemps  disputée  par  un  ennemi  supérieur  en  nombre, 
les  chevaliei^  reviennent  s'agenouiller  au  pied  de  l'autel, 
on  trouve  les  hosties  adhérentes  aux  corporaux  et  tachées 
de  sang.  Ces  linges  sacrés  furent  portés  à  Daroca;  on  les 
vénère  encore  aujourd'hui  dans  l'église  collégiale  de  cette 
ville*. 

Lalgarade  de  Guillem  de  Aguilô  ne  paraissait  dirigée 
d*abord  que  contre  les  Sarrasins  insoumis;  mais,  pour 
beaucoup  dechrétiens  de  cette  époque,  les  infidèles  même 
alliés  étaient  des  ennemis  qu'il  n'était  pas  bon  de  laisser 
en  paix  ;  aussi  la  troupe  de  Guillem  pilla-t^elle  indistinc- 
tement tous  les  biens  des  musulmans  qu'elle  trouva  sur 
son  passage. 

En  arrivant  à  Valence,  le  roi  reçut  les  plaintes  des 
victimes  de  ces  dévastations  ;  il  cita  les  coupables  à  son 
tribunal  ;  mais  ils  prirent  tous  la  fuite ,  à  l'exception  de 
Guillem  de  Aguilô,  qui  offrit  de  réparer  les  torts  qu'il 
avait  occasionnés.  Une  ordonnance  de  confiscation  de  ses 
biens  ne  put  être  mise  à  exécution,  car  tous  ses  domaines 
du  royaume  de  Valence  étaient  engagés  pour  le  payement 
de  ses  dettes;  néanmoins  la  conduite  du  roi  en  cette  cir- 
constance et  les  assurances  loyales  qu'il  donna  aux  musul. 
mans  rendirent  la  sécurité  au  pays ,  confiant  dans  la  jus- 
tice de  son  souverain. 

Pour  la  première  fois  depuis  qu'il  avait  entrepris  sa 

*  Voyez  Bouter,  Cor<mica  gênerai  de  Espafia  ;  Zurila  ,  Anale* , 
1. 1,  fol.  456  ;  Miedes,  Vida  de  donJayme,  Ub.  XlIT;  Raynaldi,  Ann, 
écoles.^  ad  annum  4240,  n"  26. 


LA  VALLÀB  DB  BâIBEM  29 

croisade  contre  les  Sarrasins  «  Jacme  venait  de  passer 
plus  d*ane  année  hors  de  la  tente,  et,  quoique  ce  temps 
D*ent  pas  été  consacré  au  repos,  il  n'avait  pas  eu  pour 
les  armes  aragonaises  des  résultats  qui  pussent  suffire  à 
contenter  le  cœur  du  ConquisUzdor.  Aussi  la  guerre  fut- 
elle  reprise  sous  la  direction  du  roi.  Il  ne  s'agissait  pour 
le  moment  que  de  soumettre  quelques  gouverneurs  de 
places  fortes  qui ,  malgré  la  cession  faite  par  Ben  Zeyan 
au  roi  d'Aragon  lors  de  la  capitulation  de  Valence ,  con- 
tinuaient la  résistance  pour  leur  propre  compte,  espérant 
rester  indépendants.  La  petite  armée  aragonaise  com- 
mença ses  opérations  dans  la  vallée  de  Bairen ,  où  se 
trouvaient,  outre  le  château  de  ce  nom,  ceux  de  Villa- 
longa,  Borrô,  Vilella  et  Palma. 

En  ce  moment,  Ben  Zeyan  demanda  à  Jacme  une 
entrevue  qui  eut  lieu  à  la  Ràpita  de  Bairen ,  où  l'émir 
vint  débarquer.  Là,  il  offrit  à  celui  qui  lui  avait  enlevé 
sa  capitale  de  lui  céder  encore  te  château  d*Âlicante  en 
échange  d'une  somme  de  cinq  mille  besants  et  de  la  sei- 
gneurie de  Minorque  >  qu'il  s'engageait  à  tenir  en  fief  du 
roi  d'Aragon. 

Jacme  remercia  le  Sarrasin  «  du  dévouement  et  de 
l'affection  qu'il  lui  montrait  >;  mais,  en  vertu  des  traités 
par  lesquels  les  princes  chrétiens  de  la  Péninsule  s'étaient 
partagés  éventuellement  les  pays  à  conquérir,  Alicante 
était  de  la  conquête  de  Gastille  et  non  de  celle  d'Aragon, 
et  Jacme ,  décidé  à  respecter  scrupuleusement  ces  con- 
ventions, dut  refuser  l'offre  de  Ben  Zeyan. 

Cependant,  à  la  suite  des  négociations  suivies  avec 
les  alcaydes,  ou  gouverneurs  des  châteaux  de  la  vallée  de 
Bairen ,  on  avait  obtenu  d'eux  la  promesse  de  se  rendre 
dès  que  Bairen,  «  qui  est  un  bon  château  *  «,  aurait  capi- 

*  Chron.  de  Muntaoer,  cbap.  ix. 


tulé  ;  mais  ee  fut  seulement  après  de  long^  pourparlers 
que  Ton  parvint  à  faire  coDseDtir  le  gouverneur  de  cette 
dernière  place  à  se  rendre  dans  le  délai  de  sept  mois, 
et  à  donner  comme  arrhes  une  tour  isolée  appelée  Albar- 
rana,  devant  laquelle  les  Sarrasins  durent  construire  des 
ouvrages  de  défense.  Le  roi  d'Aragon  promit  en  échange 
trois  chevaux  et  un  vêtement  d*écarlate  à  Talcayde  appelé 
Àbencedrel ,  un  vêtement  vert  à  chacun  de  ses  deux  ne- 
veux, nngi jonadas*  de  terre  pour  Talcayde,  ses  neveux  et 
leur  Camille .  et  des  vêtements  de  laine  incarnats  pour 
cinquante  hommes. 

Malgré  ces  conventions ,  ce  ne  fut  pas  sans  quelque 
hésitation  que,  au  mois  d*août  1240,  à  Texpiration  du 
délai  accordé ,  le  chef  sarrasin  consentit  à  livrer  la  place 
après  uo  nouveau  traité  de  capitulation. 

Vers  cette  époque,  Tûàfant  don  Fernand,  les  cheva- 
liers de  Calatrava,  Pedro  Cornel,  Artal  de  Luna  et 
Rodrigo  de  Lizana  échouèrent  dans  une  expédition  diri- 
gée contre  Villena,  ville  du  royaume  de  Murcie,  que,  peu 
de  temps  après  la  conquête  de  Valence ,  Ramon  Folch 
de  Gardona  avait  attaquée  vainement. 

Mais  le  commandeur  d*Alcaniz ,  de  Tordre  de  Cala- 
trava, revint  bientôt  avec  quelques-uns  de  ses  chevaliers 
et  un  corps  d'almogavares  mettre  une  troisième  fois  le 
siège  devant  la  place  qui  se  déclara  enfin  prête  à  capituler, 
à  la  condition  que  le  roi  lui-même  lui  en  adresserait  la 
sommation.  Tel  fut  le  premier  pas  des  Aragonais  dans  le 
royaume  de  Murcie. 

Jacme ,  obligé  de  retourner  en  Catalogne  et  en  Aragon, 
nomma  Rodrigo  de  Uzauason  lieutenant  da,ns  le  royaume 

*  La  jovada  ou  yugada,  correspond  au  jugerum  des  Romains  ; 
c^est  rétendue  de  terrain  quUm  couple  de  bœufs  peut  labourer  en 
un  jour. 


tiias  M  xAfiVÀ  SI 

da  Valence.  €e  départ  parait  avoir  été  motifé  par  le  ma- 
riage projeté  entre  Yolande ,  fille  du  roi  d'Aragon ,  avec 
rinfant  de  Castilie ,  Alfonse ,  fils  et  héritier  présomptif 
du  roiFemand  III.  D'après  ZurilaS  cette  union  aurait 
été  célébrée  à  Valladolid,  au  mois  de  novembre  1246; 
Miedes  '  place  après  la  prise  de  Yilletia ,  c'est-à-dire  en 
1240 ,  le  mariage  des  deux  filles  de  Jacme ,  Yolande  et 
Constance,  avec  les  deux  fils  du  roi  Fernand  de  Castilie , 
Alfonse  et  Manuel . 

Dans  son  testament  du  l*'  janvier  1242 ,  Jacme  men-* 
tionne,  en  effet,  sa  fille  «  Yolande,  femme  d' Alfonse, 
premier  né  de  l'illustre  roi  Fernand  de  Castilie'»;  il 
nomme  aussi  Constance,  mais  sans  indiquer  qu'elle  soit 
mariée.  Il  est  évident  par  là  que  le  mariage  d^olaDde 
fut  conclu  en  1240  ;  mais  il  ae  lut  célébré  qu'en  1246, 
à  cause  du  jeune  âge  de  la  princesse  *. 

Le  roi  ae  tarda  pas  à  revenir  à  Valence,  où,  Maures  et 
chrétiens,  sans  trop  s'inquiéter  des  trêves  conclues,  con- 
tinuaient leurs  attaques  réciproques.  Un  cousin  de  Ro- 
drigo de  Lizana,  Pedro  de  Alcala,  avait  pillé  et  ravagé 
plusieurs  fois  la  campagne  des  environs  de  Xativa ,  ville 
importante  de  l'ancien  émirat  de  Valence,  située  au  sud 
du  Xncar.  Dans  une  de  leurs  expéditions,  Pedro  de 
Alcala  et  cinq  obevaliers  de  sa  compagnie,  surpris  par 

^  Anahs  e\  Indices  adannum  1246. 

<  Vida  de  don  Jayme,  lib.  XlII.  Au  livre  XIV,  Miedes  parle  delà 
célébration  de  ce  mariage  à  Yalladodid,  en  4246. 

•  Voy.  Pièces  justifie,  n*  V. 

^  Yolande  devait  avoir  quatre  ans  en  4240.  Une  double  erreur 
typographique  nous  a  fait  dire  (t.  1,  p.  377,  note;,  au  moment  eu 
nous  racontions  les  événements  de  l'année  4238  et  quelques  pages 
après  avoir  parlé  du  deuxième  mariage  de  Jacme,  célébré  en  423^, 
que  rinfante ,  aînée  des  enfants  issus  de  cette  union,  avait  environ 
trois  ans  en  4237  ;  il  faut  lire:  deuao  ans  en  4238. 


Si  LIVRE   m  ,  CHAPITRE  II 

uoe  sortie  de  la  garnison,  avaient  été  faits  prisonniers. 

De  leur  côté ,  les  habitants  de  Xativa  faisaient  des 
incursions  sur  le  territoire  chrétien,  guidés  par  un  che- 
valier aragonais,  Berenguer  de  Entenza,  qui,  après 
avoir  secondé,  ainsi  que  nous  Tavons  vu,  Guillem  de 
Âguilo  dans  ses  attaques  contre  les  Maures  soumis  des 
environs  de  Valence ,  s'était  réfugié  à  Xativa  pour  échap- 
per à  la  justice  de  son  roi  et  pillait  les  chrétiens  à  la  tête 
des  troupes  musulmanes.  L'histoire  de  la  Péninsule  à 
cette  époque  nous  offre  malheureusement  plus  d'un 
exemple  de  ces  tristes  défections. 

Jacme ,  à  la  prière  de  Rodrigo  de  Lizana  et  de  l'arche- 
vêque de  Tarragone,  Pedro  de  Albalat  \  résolut  d'aller 
délivrer  Pedro  de  Âlcala  et  ses  cinq  compagnons.  Il  se 
mit  donc  en  marche  sur  Xativa  avec  un  petit  corps  de 
troupes,  et  somma  le  gouverneur  de  cette  ville  de  lui 
rendre  les  captifs  en  proposant,  pour  prouver  son  désir 
de  respecter  la  trêve,  de  faire  indemniser  les  Sarrasins 
des  dommages  qui  leur  avaient  été  causés. 

On  a  reproché  à  Jacme  l'attaque  de  Xativa  comme  une 
violation  du  traité  conclu  avec  Ben  Zeyan  au  moment  de 
la  capitulation  de  Valence.  La  trêve  stipulée  dans  cet 
acte  *  ne  concernait  que  les  villes  de  Dénia  et  de  GuUera 
avec  leur  territoire;  il  n'y  est  fait  aucune  mention  des 
autres  districts  de  l'ancien  émirat  de  Valence ,  situés  au 
sud  du  Xucar ,  qui,  d'ailleurs ,  s'étaient  à  peu  près  tous 
constitués  en  États  indépendants  sous  le  gouvernement 
de  leurs  alcaydes.  La  trêve  que  le  roi  se  déclare  prêt  à 


*  Pedro  de  Albalat  était  le  successeur  de  Guillem  de  Montgriu,  ar- 
chevêque élu,  qui  avait  renoncé  à  la  dignité  archiépiscopale.  (Voyez 
t.  1,  p.  36S.  ) 

^  Voyez  ce  traité  dans  les  Pièces  justificatives  de  notre  4'*  partie , 
1. 1,  p.  464. 


I 


SIEGE  DE  XATIYâ  53 

respecter  résultait  saos  doute  d'un  traité  particulier 
conclu  avec  le  gouverneur  de  Xativa.  L'alcayde,  mal 
inspiré,  fit  répondre  qu'il  ne  pouvait  mettre  les  prison- 
niers en  liberté,  parce  qu'ils  avaient  été  vendus  à  un 
particulier  qui  demandait  pour  leur  rançon  une  somme 
exorbitante. 

«  Cela  nous  plut  beaucoup  lorsqu'il  nous  le  dit,  avoue 

Jacme car  mieux  nous  convenait  le  ch&teau  que 

les  chevaliers*.  » 

Le  roi  avait  fait  la  nuit  précédente  une  reconnaissance 
dans  les  environs ,  et  le  spectacle  qui  s'était  offert  à  ses 
yeux  l'avait  saisi  d'admiration.  Du  haut  d'une  colline,  son 
regard  avait  pu  embrasser  la  plus  belle  et  la  plus  fertile 
partie  de  la  belle  et  fertile  huerta,  appelée  par  les 
Maures  le  Paradis  de  V Occident.  Cette  délicieuse  plaine 
se  déroulait  au  pied  de  Xativa,  la  seconde  ville  du 
royaume  de  Valence,  bâtie  sur  le  versant  d'une  mon- 
tagne du  sommet  de  laquelle  une  imposante  forteresse 
commandait  à  tout  le  pays.  «  Ce  château,  dit  Muntaner, 
est  un  des  plus  beaux  que  possède  aucun  roi  ;  la  ville 
est  grande,  bonne,  riche  et  entourée  de  fortes  mu. 
railles  V  »  «  Il  n'y  a  pas  au  monde,  d'après  l'opinion  de 
d'Esclot,  de  château  si  fort  ni  si  royal.  Ce  sont  deux 
châteaux  sur  une  montagne,  et  la  montagne  est  si  forte 
qu'aucun  homme  ne  peut  y  monter,  si  ce  n'est  par  un 
endroit  que  garderaient  vingt  hommes  à  pied  contre 
dix  mille ,  et  il  est  bien  clos  de  fortes  murailles  et  de 
fortes  tours. . . . ,  et  la  ville  est  moult  bonne  et  grande*.  » 

Dès  ce  moment,  Jacme  ne  désira  qu'un  prétexte  qui 
lui  permit  de  se  rendre  maître  de  cette  riche  contrée , 

<  Chron.  de  Jacme,  chap.  ccxiii. 

3  ChroD.  de  Muntaner,  trad.  de  M.  Buchon,  chap.  ix. 

2  Chron.  de  d^Esclot,  chap.  xlix. 

T.  u.  3 


Don^seQlemeDt ,  ditii,  a&i  de  délivrer  Pedro  de  Atoala , 
mais  eocore  afin  de  conquérir  le  château  au  profit  du 
nom  chrétien ,  et  de  faire  honorer  Dieu  dans  un  aussi 
beau  pays  \ 

Aussi  la  réponse  de  Talcayde  de  Xativa  lui  causi-I^Ue 
une  joie  qu*il  ne  chercha  pas  à  dissimuler.  Lorsque  le 
Sarrasin  vit  les  Aragonais  décidés  à  commencer  leurs 
opérations  contre  la  ville,  il  voulut  revenir  sur  son  refus 
et  proposa  de  rendre  les  captifs  ;  le  roi  rejeta  cette  offre, 
retrancha  ses  troupes  dans  une  forte  position,  et,  ne 
pouvant  entreprendre  un  siège  en  règle  à  cause  du  petit 
nombre  d'hommes  qu'il  avait  sous  ses  ordres ,  fit  ravager 
la  campagne,  attaquer  les  châteaux  des  environs,  dé- 
tourner les  cours  d*eau  qui  alimentaient  Xativa,  détruire 
les  moulins  qui  servaient  à  l'approvisionner  ;  si  bien  que, 
au  bout  de  quelque  temps ,  la  nombreuse  population  de 
la  ville  commença  à  souffrir  de  la  famine.  La  garnison  « 
malgré  sa  supériorité  numérique,  n*osait  attaquer  le 
camp  chrétien,  protégé  par  la  présence  du  Conquistador 
plus  encore  que  par  ses  retranchements.  Une  nouvelle  dé- 
marche de  Talcayde  pour  obtenir  la  paix  moyennant  la 
restitution  des  prisonniers  fut  accueillie  par  un  nouveau 
refus;  enfin  Jacme,  ayant  déclaré  qu'il  ne  cesserait  pas 
les  hostilités  avant  de  s'être  rendu  maître  du  château  de 
Xativa  ou  tout  au  moins  de  celui  de  Castellô ,  situé  dans 
les  environs ,  le  chef  maure  offrit  au  roi  de  lui  céder 
cette  dernière  place,  de  le  reconnaître  pour  son  seigneur, 
de  s'engager  à  ne  rendre  Xativa  qu'à  lui,  et  de  remettre 
en  liberté  Pedro  de  Alcala  et  ses  compagnons.  Ces  con- 
ditions furent  acceptées;  l'alcayde,  accompagné  des  prin- 
cipaux de  la  ville ,  se  rendit  au  camp  ;  le  roi  le  reçut 
dans  la  tente  de  l'évêque  de  Valence,  où  le  traité  fut 

*  Chron.  de  Jacme,  cbap.  ccxui. 


LV  IM^  ^  ^S  94CP0   HOMES  S5 

concla  et  le  âenueait  4e  ^délité  prMé  pa^  lU  gom^erpftajr 
sàr^astiQ^ 

Tout  autre  que  le  héros  aragoûais  !n*eût  ppÂnt  osé 
espérer  nn  pareil  résultat  d*une  expédition  .entreprise 
avec  des  forces  inssUjEfisantes  ;  m^is  Jacme ,  gâté  par  la 
fortune»  n'était  pas  satisfait;  son  ioteotiçn  avait  d'abord 
été  de  se  rendre  maître  de  Xaliya  et  de  tQO^  le.terTitoîr0 
de  cette  ville ,  la  cr^n^te  de  se  voir  jLrahi  pa.r  .un  ,d^  ses 
ricos  homes  l'avait  seule  contraint  d'abrégeir  la  Jjutle  ^t 
de  se  contenter  de  la  pos^ssÂon  ài&  Cast^Uo. 

L'aristocratie  d'A^ragon  ressentait  profondément  )e 
coup  que  Je  joi  lui  av^U  porté  naguèriO  en  p^cceptant 
malgré  elle,  et  po^r  ainsi  dijre  contre  elle,  la  capitula- 
tion de  Valence.  Si  elle  ne  s'était  pas  révoltée  .en  recevant 
cette  grave  al,teinte.,  c'est  que  le  temps  n'était  plus  .où 
les  barons  pouvaient  faire  .ropqntir  Jlçur  rpi  enfant  de  ses 
velléités  d'indépendance;  pour  le  moment,  ils  avaient 
du  se  soumettre  ;  mais  ils  ne  parvenaient  point  à  cacher 
la  rancune  qui  s*amass2^it  dans  leur  cœur,  attendant  une 
circonstance  favorable  pour  faire  explosion. 

C'est  ainsi  qu'après  la  capitulation  de  Valence  ils 
avaient  forcé  le  roi  à  nommer,  comme  répartiteurs  des 
terres  conquises ,  deux  prélats  et  deux  ricos  homes  à  la 
place  de  deux  mesnaderos  qu'il  avait  d'abord  désignés  *  ; 

*  D'après  Zurita,  la  reddtion  de.Castellô  aurait  eu  lieu  en  Pan- 
née  1^0.  Diago  (Anales  delReyno  de  Valenoia^  lib.  VII,  cap.xxxvi) 
place  cet  événement  en  4244. 

>  Ces  deux  mesnaderos  étaient  iXimeno  Ferez  de  Tarazona,  alors 
trésorier  du  royaume  d'Aragon ,  et  Âssalit  de  Gudal ,  tous  deux 
a  bons  et  savants  en  droit  i>  ;  sur  les  instances  des  ricos  homes  et 
des  prélats,  le  roi  dut  les  remplacer  par  Pedro  Fernandez  de  Aza- 
gra,  Ximeno  de  Urrea,  Tévêque  de  Barcelone  et  celui  de  Huesca  ; 
maiS|  comme  don  Assalit  et  don  ](imeno  Ferez  se  plaignaient  d'avoir 
été  mis  (le  côté  d'une  manière  humiliapte  pour  eux,  a  Nous  savons, 


36  LITRE  III  9  CHAPITRE  n 

c'est  ainsi  qae,  quelque  temps  avant  la  reddition  de 
Bairen,  une  mésintelligence,  dont  on  ignore  les  motifs, 
était  survenue  entre  le  roi  et  cinq  de  ses  barons ,  Pedro 
Fernandez  de  Azagra,  Pedro  Gornel,  majordome  d* Ara- 
gon, Artal  de  Luna,  Garcia  Romeu  et  Ximeno  de 
UrreaS  et  que,  enfin ,  au  siège  de  Xativa,  la  colère  du 
rico  home  Garcia  Romeu  avait  fait  craindre  un  instant 
pour  le  succès  de  Texpédition.  Voici  le  fait  qui  avait 
motivé  rirritation  de  don  Garcia: 

Le  roi ,  traversant  un  jour  le  camp ,  avait  vu  un  adalid, 
dans  une  violente  discussion  avec  un  soldat,  frapper  son 
adversaire  de  son  épée  et  prendre  la  fuite  vers  la  tente  de 
Garcia  Romeu.  Jacme  indigné  s'était  mis  à  la  poursuite 
du  coupable,  l'avait  saisi  par  les  cheveux  au  moment 
où  il  posait  le  pied  sur  le  seuil  de  la  tente ,  et,  le  tirant 
violemment  au  dehors,  l'avait  fait  conduire  en  prison. 

leur  répondit  Jacme,  que  les  lerres  ne  suffisent  pas  pour  toutes  les 
donations,  et  ils  (les  répartiteurs)  seront  forcés  de  renoncer,  ne  sa- 
chant comipeni  faire.  »  C'est  ce  qui  arriva  en  effet  :  les  quatre  pré- 
lats et  ricos  homes,  no  trouvant  pas  le  moyen  de  concilier  les  dona- 
tions excessives  faites  par  le  roi  avec  rétendue  insuffisante  des 
terres  à  partager,  mécontentèrent  tout  le  monde  et  furent  obligés 
de  donner  leur  démis>ioQ.  Jacme  nomma  de  nouveau,  pour  les  rem- 
placer, les  deux  mesnadêros  qu'il  avait  choisis  dans  le  principe.  — 
«  Maintenant,  dit-il  à  ces  derniers,  nous  vous  montrerons  comment 
vous  devez  faire  la  répartition  et  vous  la  ferez  de  la  môme  manière 
qu'on  la  fit  à  Mayorque,  car  c'est  la  seule  qui  puisse  être  adoptée. 
Vous  diminuerez  la  jovadd  de  six  cahiz,  ainsi  elle  aura  le  nom  de 
;ot;adaet  ne  le  sera  pas,  et  d'autre  pari,  tous  ceux  à  qui  nous  avons 
trop  doimé  se  verrou  l  forcés  de  mesurer  de  nouveau  et  auront  à  se 
conformera  la  nouvelle  valeur  que  nous  donnons  à  la  terre,  t  Cet 
expédient  mit  fin  aux  difficultés  qu'avait  fait  naître  le  partage  de  la 
conquête  et  qui  menaçaient  de  dégénérer  en  troubles  sérieux.  (Voy. 
les  chap.  cxciii  et  cxciv  de  la  Chron.  de  Jacme.) 

*  L'acle  par  lequel  le  roi  d'Aragon  se  réconcilie  avec  ses  ricos  ho* 
mese^i  daté  du  7  des  kalendes  d'aoClt  (26  juillet)  4240.  11  est  con* 
serve  aux  archives  d'Aragon,  parchemins  de  Jacme  1*%  n*807. 


I 


DOn  .  GAfifiU  ROMED  37 

Or,  eD  vertu  des  fueros,  la  demeure  d'un  chevalier  était 
lien  d*asile;  il  est  vrai  que  la  teute  occupée  par  don 
Garcia  appartenait  au  roi,  à  qui  elle  avait  été  envoyée 
par  le  sultan  d*£gypte,  et  qui  Tavait  prêtée  à  son  rico 
home*;  malgré  cette  circonstance,  malgré  les  faveurs 
qu'il  avait  reçues  «  en  honneurs  et  argent  » ,  le  fier  baron 
n'était  pas  homme  à  laisser  échapper  une  occasion  de 
tenir  tête  à  son  souverain ,  et  il  envoya  sur-le-champ 
deux  de  ses  chevaliers  signifier  à  Jacme  qu'il  se  quittait  ' 
de  lui.  En  vain  le  roi  lui  reprocha- t-il  de  compromettre 
le  succès  d'une  expédition  aussi  importante  que  celle  de 
Xativa  en  cherchant  des  prétextes  de  discorde,  don 
Garcia  fut  inflexible  et  abandonna  le  camp  chrétien  avec 
les  cent  chevaliers  qu'il  avait  amenés  à  sa  suite.  Sur  ces 
entrefaites ,  des  sarrasins  de  Xativa  firent  dire  au  roi  que 
Garcia  Romeu  avait  l'intention  de  passer  de  leur  côté  et 
de  défendre  la  ville  contre  son  suzerain.  «  Nous  donnâmes 
à  entendre,  dit  le  chroniqueur,  que  nous  regardions  cela 
comme  chose  de  peu  d'importance  et  que  c'était  la  même 
chose  pour  nous  que  don  Garcia  allât  dans  la  ville  ou 
restât  dehors.  »  Ce  fut  néanmoins  à  partir  de  ce  moment 
que  les  agents  du  roi  amenèrent  avec  adresse  l'alcayde  de 
Xativa  à  proposer  le  traité  qui  fut  accepté.  Pour  l'hon- 
neur de  don  Garcia ,  rien  ne  prouve  que  le  rico  home 
eut  réellement  la  pensée  de  trahir  son  souverain  et  sa 

*  «  D'ailleurs,  dit  Miedes,  un  camp  ne  doit  pas  être  considéré 
comme  une  réunion  d^babitations  appartenant  à  divers  individus, 
mais  bien  comme  la  demeure  seule  du  général,  sous  les  ordres  du- 
quel tous  les  autres  combattent  et  à  qui  ils  doivent  obéir.»  (L.  XIII.) 
C'est  le  développement  de  ces  paroles  de  la  chronique  royale  :  «  Ce 
lieu  n'était  pas  la  demeure  de  don  Garcia  Romeu,  mais  bien  une 
tente.  •  (Chap.  ccxiv.j 

>  Voyez  ce  que  nous  avons  dit  du  droit  de  desnaturalizaeUmf 
Ul,p  2^7et278. 


TS  hmm  iB,  eaânmn 

foi  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est  qu'il  ne  tarda  pas  à  se 
réconcilier  arec  le  roi,  et  qve  son  fils,  appelé  Oarcia 
comme  lui,  fat  marié  par  Jacme ,  qui  voulait  s'attacher 
cette  famille,  à  Teresa  Ferez ,  fille  naturelle  de  l'infant 
Pierre*. 

Le  roi,  qui  atait  subjugué  les  armées  sarrasines, 
essayait  vainement  de  tous  les  moyens  pour  réduire  à 
l'inaction ,  par  la  persuasion  ou  par  la  force ,  cette  caste 
redoutable  des  rieos  homes,  qui  élevait  satis  cesse  4es 
obstacles  sous  ses  pas  pour  entraver  sa  marche  de  Con- 
quérant et  de  réformateur. 

Tantôt  il  cherchait  à  les  rallier  à  sa  politique  en  )euf 
prodiguant  les  richesses  et  les  honneui's  que  leâ  barons 
acceptaient  comme  des  faveurs  dues  à  leur  position , 
sans  se  croire  liés  par  la  reconnaissance,  puisqu'il  étaH 
de  leur  devoir  de  défendre  la  nation  contre  la  royauté. 
D'autres  fois  Jacme  tentait  d'amoindrir  leur  influencei 
de  les  éloigner  de  ses  conseils,  de  s'appuyer  sur  les 
mesnaderos,  les  chevaliers ,  les  légistes,  mais  les  fueros 
l'obligeaient  à  garder  auprès  de  lui  ces  dangereux  sur- 
veillants ,  à  les  consulter  dans  les  affaires  de  haute  im- 
portance, à  laisser  se  concentrer  dans  leurs  mains  la 
puissance  territoriale  et  militaire.  Qu'il  essayât  de  les 
flatter  ou  de  les  combattre,  les  douze  ricos  homes*  étaient 
toujours  là,  Impassibles  et  menaçants,  s'appuyant  sur 
les  fueros  et  sur  leur  épée ,  et  suivis  de  la  foule  de  pré- 

*  Ce  Garcia  Romeu  mourut  sans  enfants  ;  Teresa  Pères ,  s8( 
véùve,  hérita  de  ses  domaines  et  épousa  en  secondes  noces  Artal  dé 
Âlagon. 

3  Nous  avons  nommé  (t.  ],  p.  436)  les  neuf  maisons  dont  W 
chefs,  avec  ceux  de  deux  branches  cadettes  des  Luna  et  de  Itt 
deuxième  branche  des  Urrea,  constituaient  la  classe  des  douze  Hooè 
homes  dé  Mturù^lêza.  (Voyez  Blancas ,  Rerum  aràgomnHtM  cdm- 
ment.) 


lats,  de  noblea»  de  bourgeois:,  qui  se  Eaageaieni  sous  lear 
bannière. 

La  constitQtion  aragonaise,  chef^d'osuvre  de  Tesprit 
aristocratiqae ,  donnait  le  beau  rôle  à  ces  barons  défen- 
seurs de  la  loi  contre  un  souverain  qui ,  emprisonné  dans, 
de  rigides  prescriptions ,  ne  pouvait  faire  un  mouvement 
sans  se  heurter  aux  fueroset  à  leurs  implacables  gardiens. 

Ofi  comprend  combien  un  prince  tel  que  le  Conquis^ 
tador  devait  souffrir  impatiemment  de  pareilles  entraves. 
Jacme,  comme  tous  les  esprits  élevés,  aimait  à  s'entourer 
d'hommes  intelligents  et  éclairés;  il  aurait  voulu  assu- 
rer l'influence  aux  nobles  instruits  qui  abondaient  à  sa 
cour  et  dans  ses  États^ ,  et  même,  autant  que  l'esprit  de 
l'époque  le  lui  permettait,  aux  bourgeois  et  aux  plébéiens 
distinguée  par  leurs  connaissances.  Il  seconda,  l'un  des^ 
premiers  parmi  les  souverains  de  l'Europe,  le  mouvement 
en  faveur  des  études  judiciaires  qui  se  manifesta  avec 
tant  de  force  an  XIIP  siècle,  et,  en  cela ,  il  parait  avoir 
devancé  Louis  IX. 

Nous  avons  vu  Jacme  à  Valence  préférer  aux  barons , 
pour  les  fonctions  de  répartiteurs  de  la  conquête^  deux 
chevaliers  de  sa  mesnad(t  «!  savants  en  droit  » .  L'un  d'eux, 
Ximeno  Ferez  de  tarazona,  était  en  grande  faveur  auprès 
du  roi,  qui  estimait  son  talent  et  son  dévouement  et  lui 

*  c  Les  gens  de  la  plus  haute  qualité  et  de  la  position  la  plus 
éniineDte  se  faisaient  gloire,  dit  Zurita,  de  posséder  la  science  du 
droit  et  des  lois  civiles  et  canooiques.  »  (Annaleê^  lib.  IIJ,  cap. 
xxxiv.)  Voyez  aussi,  pour  ce  qui  concerne  le  nombre  et  rimporlanre 
des  légistes  en  Aragon  au  XtU*  siècle,  le  remarquable  Discours  pr^lt- 
minaire  de  l'édition  des  Fueros  y  ob$erpancias  del  reino  de  Aragon^ 
publiée  dans  ces  derniers  temps  par  D.  Pascual  Savall  y  Dronda  etD, 
Santiago  Penen  y  Debesa.  L'influence  accordée  aux  légistes  est  l'un 
des  gnet^  principaux  que  les  rioos  homes  invoquecont  plus  tard  dans 
une  de  leurs  révoltes  contre  le  roi. 


40  LIYBE  III ,  CHAPITRE  II 

avait  doDDé  plusieurs  fois  des  preuves  de  sa  confiance  V 
Pedro  Ferez,  frère  de  Ximeno,  était  jmticia  d'Aragon; 
Ximeno  lui-même  avait  été  créé  trésorier  général  du 
royaume  ;  sa  haute  naissance  pouvait  lui  permettre  de  mar- 
cher de  pair  avec  les  grands  seigneurs  du  pays:  mais  il  n'é- 
tait pas  rîco  home,  il  ne  possédait  pas  de  baronnie  à  titre 
d^honneur,  et  ne  pouvait,  par  conséquent,  comme  conseil- 
ler de  la  couronne  ou  comme  seigneur  féodal,  prêter  au 
roi  un  secours  de  quelque  importance  contre  les  adver- 
saires de  l'autorité  souveraine. 

Ce  qui  faisait  la  force  de  cette  aristocratie  d'Aragon , 
si  peu  nombreuse  et  si  puissante ,  c'était  son  caractère  de 
caste  inaccessible  qui  ne  pouvait  ni  diminuer  par  le  défaut 
de  postérité  de  l'un  des  siens  \  ni  s'augmenter  par  l'ad- 
jonction d'un  nouveau  membre.  Si  le  roi  avait  eu  le  droit 
de  créer  des  ricos  homes  ,  et  de  faire  entrer  dans  Vesta- 
mento  de  la  haute  noblesse  des  hommes  dévoués  à  ses 
idées,  Tindépendance  de  cet  ordre  eût  été  profondément 
atteinte,  sa  puissance  considérablement  amoindrie.  Con- 
quérir ce  droit,  que  lui  refusaient  les  fueros,  tel  fut  le  but 
que  se  proposa  l'ambition  deJacmeT'. 

Le  Conquistador  avait  montré  plusieurs  fois  son  dessein 
arrêté  de  se  dégager  des  liens  qui  gênaient  l'action  du 
pouvoir  souverain  ;  mais,  au  lieu  de  les  relâcher  par  des 
efforts  successifs,  il  voulut  essayer  de  les  rompre  d'un 
seul  coup  ;  au  lieu  d'arracher  et  d'anéantir  une  à  une  les 
prérogatives  de  la  haute  noblesse ,  il  résolut  de  lui  en- 
lever par  un  coup  d'Etat  une  partie  de  sa  force  et  de  son 
prestige,  et  de  mettre,  dans  les  mains  de  la  royauté,  cette 
épée  de  Damoclès  suspendue  sur  sa  tête. 

*  Voyez  notre  tome  I,  p.  345  et  347. 

^  Le  rico  home  pouvait  transmettre  sa  rica  hombria  à  un  de  ses 
proches  parents. 


COUP  d'état  41 

Après  le  traité  codcIq  avec  Talcayde  de  Xativa ,  Jacme, 
glorieux  et  fort,  avait  assuré  à  ses  Etats  une  paix  qui 
ne  devait  pas  être  de  longue  durée,  laais  dont  il  parais- 
sait le  seul  arbitre.  Il  choisit  ce  moment  pour  la  ten- 
tative qu'il  méditait.  En  confiant  à  Ximeno  Ferez  le 
gouvernement  de  son  royaume  de  Valence,  qu'il  allait 
quitter  pour  quelque  temps  S  il  éleva  son  favori  à  la 
dignité  de  rko  home  et  lui  donna  la  baronnie  d*Arenos, 
dont  Ximeno  et  ses  descendants  portèrent  le  nom  *. 

Devant  cette  innovation  sans  précédent,  les  barons  se 
récrièrent,  «  moins  pour  le  fait  en  lui-même  que  pour 
le  danger  que  cet  exemple  pouvait  avoir  dans  Tavenir'  »  ; 
mais  ils  ne  paraissent  pas  avoir  voulu,  dès  cette  époque, 
rappeler  le  roi  à  l'observation  ie^fiseros.  Dans  la  lutte 

*  Ximeno  était  lieutenant  du  roi  à  Valence  depuis  la  prise  de 
cette  ville.  Nous  trouvons  en  effet,  à  la  date  du  U  des  kalendes  de 
janvier  de  l'année  de  rère  espagnole  4276(19  décembre  4238),  une 
confirmation  royale  des  donations  et  établissements  faits  et  à  faire 
par  Ximeno  Ferez.  (Voyez  Privilèges  de  Valence ^  f*  If,  n*  5.) 

*  Zurita,  préoccupé  de  justifier  le  roi  du  reproche  de  violationdes 
fueras  aragonais  admet,  comme  existant  de  temps  immémorial, 
l'usage  de  créer  des  ricos  homes  pris  dans  la  classe  des  mesnaderos. 
Ce  qui  prouve  Terreur  de  rannaliste  aragonais,  c^est  non-seulement 
la  protestation  des  barons  qu'il  mentionne  lui-même  a  l'année  4264 
{Annales^  lib.  111,  cap.  lxvi.),  mais  aussi  le  livre  de  Geronimo  de 
Blancas,.  son  successeur  dans  la  charge  d'historiographe  d'Aragon. 
Blancas  s'est  particulièrement  occupé  des  institutions  de  son  pays,  et 
il  résulte  clairement  de  plusieurs  passages  de  ses  commentaires , 
qu'on  ne  peut  pas  citer  un  seul  exemple  de  la  création  d'un  rtco 
home  avant  Jacme  !•%  et  que  la  faveur  accordée  à  Ximeno  Ferez  de 
Tarazona  souleva  les  réclamations  de  la  haute  noblesse  dès  qu'elle 
fat  connue,  bien  qu'on  ne  trouve  qu'à  partir  de  4264  des  traces 
d'une  protestation  régulière  contre  cette  usurpation.  (Voyez  Blan- 
cas, i^rapon^n^ttim  rerum  commentarii,  dipwd  Hispania  illustrata , 
t.  III,  p.  737,  739, 742  et  795.) 

*  Bilnness^Âragonensiumrer,  comment,  apud  Hisp^illust,,  U  III , 
p.  795. 


4t  UTBft  Vf.  CHAMniB  n 

qui  se  coati  noait  entre  un  sonveraiB»  yictodenx  et  ane 
aristocratie  puissante ,  la  preoûàre  condition  de  succès 
était  desavoir  profiter  des  circoustaoces.  En  ce  moment , 
UM  protestation  appuyée  par  les  armes ,  comme  savai^it 
en  {aiire  les  rico»  homes^  n'aurait  serri  qu*à  assurer  un 
triomphe  plus  complet  et  peut-être  définitif  à  leur  glo- 
rieux adversaire.  Les  barons  se  contentèrent  de  montrer 
individuellement  leur  mécontentement,  et  ajoutèrent  ce 
nouveau  grief  à  ceux  qu'ils  se  promettaient  bien  de 
faire  valoir  quand  1* heure  favorable  aurait  sonné*  Cette 
heure  se  fit  attendre  plus  de  vingt  ans  ;  mais  les  ricos 
homes  n'oubliaient  pas;  nous  les  verrons  en  1264  se 
redresser  menaçants  devant  leur  roi  et  lui  imposer  une 
rétractation  qui  ne  sera  qu'apparente.  En  fait,  avec  le 
nouveau  baron  d'Arenos,  la  classe  des  ricos  homes  de 
mesnada  est  créée  et  s' accroît  rapidement*.  Dès  que  sa 
composition  est  soumise  an  bon  plaisir  dn  souverain , 
le  premier  e«tom6n(o  deTÂragon,  malgré  les  sièges  séparés 
qu'il  conserve  aux  Gortès,  a  perdu  sa  puissante  indivi- 
dualité. Dans  le  vieux  royaume  héritier  de  Sobrarbe,  il  y 
aura  désormais,  comme  partout  ailleurs  en  Europe,  des 
chefs  de  la  noblesse  luttant  avec  la  royauté ,  tantôt  peur 
le  bien  de  la  nation  ,  tantôt  à  son  détriment  ;  mais  la 
fica  hombria  n'est  plus  l'antique  magistrature  qui  faisait 
et  défaisait  les  rois  »  la  caste  sacrée  gardienne  séculaire 
des  fueros^  l'inébranlable  soutien  des  privilèges  et  des 
libertés  publiques  contre  lequel  venaient  se  briser  la 
puissance  du  temps  et  celle  des  souverains.  Jacme  vient 
de  porter  le  premier  coup  de  hache  dans  les  racines  de 
la  vigoureuse  constitution  aragonaise. 

*  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  (t.  I,  p.  276),  que  six  ricos  ho- 
mes de  mesnada  figurent  dans  un  document  de  Tannée  1260. 


CHAPITRE  III 


Caraôtère  du  comte  Raymond  VII .  —  Reprise  de  la  guene  entre  le  comte 
de  Toulouse  et  le  comte  de  Provence.  —  Tentative  avortée  de  réaction 
méridionale.  —  Le  vicomte  de  Wziers.  —  Soumission  stibite  de 
Raymond  VIL  —  Donation  du  comtat  Vcnaissin  èi  Gédle  de  Baux.  — 
Sirvente  politique  de  Bertrand  deBorn,  le  fils. —  Réclamations  du  comte 
d'Urgel.  —  Transaction  entre  Jacme  et  Tévêque  de  Maguelone.  — 
Tentative  pour  relever  la  maison  de  Toulouse.  —  Sancha  d'Aragon  et 
Sancha  de  Provence.  —  Espérances  ruinées.  —  Coalition  contre  le  roi 
de  France. —  Conduite  durci  d'Aragon.—  Défaite  du  roi  #  Angleterre 
et  du  comtede  la  Marche.  —  Soumission  du  comte  dé  Toulouse. 

La  présence  dû  roi  d'Aragoû  semblait  nécessaire  au 
maÎDtien  de  la  paix  dans  la  France  méridionale.  A  peine 
Jacme  avaitMl  quitté  Montpellier,  en  1339,  que  le  comte 
de  Toulouse  se  faisait  de  nouveau  Tagresseur  de  Ramon 
Berenguer  de  Provence. 

An  milieu  des  brillantes  qualités  qui  rendent  si  sympa-» 
tbique  sa  noble  infortune ,  Raymond  VII  avait  un  im-* 
mense  défaut ,  celui  d'être  dépourvu  de  toute  capacité 
politique. 

On  n'a  pas  assez  insisté,  croyons-nous,  sur  la  légèreté 
de  cet  esprit  ardent,  inégal ,  excessif  en  toutes  choses , 
prompt  à  entreprendre,  plus  prompt  à  se  décourager, 
agissant  par  caprices ,  cédant  sans  réfleiioa  m%  iDspir»* 


44  LIVRE  III 9  CHAPITRE  lU 

lions  da  moment ,  sans  plan  déterminé,  sans  ligne  de 
conduite  arrêtée ,  sans  prévision  de  Tavenir.  C*est  dans 
ce  caractère,  et  non  comme  Ta  fait  un  écrivain  trop  sé- 
vère pour  ce  malheureux  prince,  dans  un  mélange  odieax 
de  lâcheté  et  d'égoïsme  *,  qu'il  faut  chercher  l'explica- 
tion des  inconséquences  étranges  de  Raymond  VII,  de  ses 
révoltes  inconsidérées ,  de  ses  humiliations  volontaires , 
et  surtout  du  prompt  abaissement  des  pays  de  Langue- 
doc, qui  conservaient  encore  assez  de  vitalité,  sinon 
pour  reconquérir  leur  indépendance,  du  moins  pour 
opposer  aux  éléments  destructeurs  une  résistance  plus 
régulière  et  plus  soutenue. 

La  honte  que  lui  avait  infligée  le  traité  de  Paris  sem- 
blait avoir  ôté  à  Raymond  tout  reste  de  discernement. 
Dominé  par  deux  idées  opposées ,  le  désir  de  se  relever 
à  tout  prix  et  la  crainte  de  se  voir  arracher  les  derniers 
lambeaux  de  sa  puissance ,  il  saisissait  avec  un  empresse- 
ment fatal  le  moindre  prétexte  de  guerre  ou  de  conquête, 
puis  s'arrêtait  brusquement  comme  épouvanté  de  sa 
propre  audace. 

Le  roi  d'Aragon ,  médiateur  naturel  entre  ses  deux 
parents  de  Toulouse  et  de  Provence ,  et  véritable  chef  de 
la  France  méridionale,  usait  de  toute  son  influence  pour 
modérer  et  diriger  le  fougueux  comte  toulousain.  Mais, 
dès  que  Jacme  avait  repassé  les  Pyrénées ,  Raymond, 
obéissant  à  de  mesquines  rancunes,  à  des  inspirations 
aveugles ,  se  jetait  tête  baissée  dans  des  entreprises  qui 


<  Mary-Lafon ,  Histoire  politique ,  religiewe  et  littéraire  du  Midi 
de  la  France,  \.  m. 

Il  est  à  regretter  que  Pauteur  de  cet  ouvrage  ait  laissé  entièrement 
dans  Tombre  le  rôle  si  important  qu'a  joué  le  roi  Jacme  dans  l'his- 
toire de  no»  provinces. 


RATMOIfl)  TU  ET  RAMON  BERBNfiUER  45 

ne  pouvaient  avoir  d'autre  résultat  que  celui  de  précipiter 
sa  chute. 

En  1239,  l'empereur  d'Allemagne ,  plus  que  jamais 
irrité  contre  Ramon  Berenguer,  allié  fidèle  du  Saint-Slége, 
mettait  pour  la  seconde  fois  son  vassal  au  ban  de  l'empire, 
et  renouvelait  en  faveur  du  comte  de  Toulouse  la  donation 
des  comtés  de  Forcalquier  et  de  Sisteron,  qu'il  lui  avait 
déjà  faite  neuf  ans  auparavant. 

Les  deux  comtes  rivaux  se  trouvaient  donc  engagés  dans 
la  grande  querelle  des  Guelfes  et  des  Gibelins,  qui  pas- 
sionnait et  divisait  la  chrétienté. 

En  héritant  des  traditions  libérales ,  de  l'esprit  sage , 
des  goûts  éclairés  de  ses  ancêtres,  les  comtes  de  Barcelone, 
le  doux  et  populaire  Ramon  Berenguer,  qu'un  célèbre 
historien  appelle  assez  mal  à  propos  l'oppresseur  des 
communes  \  avait  hérité  aussi  de  la  sympathie  des  princes 
de  laCatalogoe  et  de  l'Âragon  pour  la  papauté,  leur  amie 
et  leur  bienfaitrice.  Son  intérêt,  d'ailleurs,  lui  traçait  la 
route  à  suivre.  Avec  le  secours  du  Pape  et  l'appui  moral 

^  c  11  fut  si  louable  en  sa  vie,  tant  valeureux  en  tous  ses  gestes  et 
ses  héroïques  faits  d-armes,  que  le  saint  et  grand  roy  Louis,  qua*- 
rante-quatriesme  monarque  des  François,  son  gendre,  soûlait  dire 
plusieurs  fois  que  Berenguier  estoit  digne  d^estre  mis  au  rang  des 
plus  sages  et  des  plus  illustres  princes  du  monde....  Ce  grand  et  ma- 
gnanime prince  fut  plein  de  toute  douceur,  clémence  et  humanité.» 
(Gaesar  de  Nostradamus,  Hisl.  etchron,  de  Provence.) 

Les  attaques  de  Ramon  Berenguer  contre  les  cités  libres  de  Pro- 
vence n'avaient  pas  pour  but  d'enlever  à  ces  villes  leurs  libertés  et 
leurs  coutumes  pour  les  soumeUre  au  pouvoir  absolu  du  comte.  Ce 
que  demandait  Berenguer,  c'était  la  reconnaissance  de  sa  suzerai- 
neté comme  seigneur  de  la  Provence,  et  c'est  ce  que  refusaient  les 
républiques. 

N'est-ce  pas  se  montrer  trop  sévère  pour  un  prince  du  XIH*  siècle 
que  de  le  flétrir  du  nom  d'oppresseur  parce  qu'il  n'a  pas  spontané- 
ment renoncé  à  toute  espèce  d'autorité  sur  les  plus  belles  parties  du 
territoire  dont  ses  ancêtres  lui  avaient  transmis  l'héritage  ? 


46  ^ui^B  m^  OHàVW  ni 

4e  ses  deoxigôndres,  les  cots  de  France  et  d'Angleterre, 
il  opposait  aax  ordres  de  l*empereiir  une  résistanoe  pas- 
sive sans  rapture  ouverte,  car  le  comte  de  PfX)veQce 
cherchait  à  vivre  en  p^w  avec  tous,  bien  qa*il  eût  sau- 
vent donnéides  preuves  de  son  courage  et  de  son  habileté 
dans  la  guerre. 

Raymond  VII,  voyant  se  rapprocher  et  s*unir  le  roi  en 
faveur  duquel  il  avait  été  dépouillé ,  le  Saint-Siège,  qui , 
presque  involontairement  et  sans  la  .comprendre ,  avait 
aidé  à  cette  grande  injustice ,  Oit  le  comte  pour  lequeil  il 
ressentait  une  de  ces  haines  de  voisin  doutant  plus  vi- 
vaces ,  dans  certains  esprits ,  qu'elles  prennent  ordinai- 
rement leur  source  dans  des  sentiments  de  jalousie  per- 
sonnelle ,  Raymond  YII  se  rangea  instinctivement  dans 
le  camp  opposé.  Ce  n*est  pas  .qu'il  fût  réellement  ennemi 
de  l'Église ,  quoi  qu'en  ait  dit  le  chroniqueur  Mouskes\ 
jugeant  des  affaires  méridionales  comme  pouvait  le  faire 
au  XIII*  siècle  un  habitant  de  Tournay  ;  mais ,  sans  cal- 
culer la  portée  de  ses  actes ,  sans  peser  les  .ch^^nces  de 
succès ,  Raymond  se  crut  assez  fort  de  l'appui  éloigné 
de  Tempereur  pour  reprendre  la  guerre  contre  Ramon 
Berenguer  *. 

Vers  le  même  temps,  un  secours,  dont  tout  autre  que 
le  comte  toulousain  eût  certainement  tiré  profit ,  arriva 
à  Raymond  VU  du  côté  de  l'Espagne.  Le  vicomte  spolié 
de  Béziers  ,  d'Âlby,  de  Garcassonne  et, de  Rasez,  le  fils 


'  Et  si  vint  li  quens  de  Saint-GiUe 

Qui  n'amoit  mierEvangilie. 

Vers  30697 et 30698  delà  Gbronique  rimée  de  Philippe  Mouskes. 
publiée  par  le  baron  de  Reiffemberg. 

3  Chronique  de  Guillaume  de  Puy-Laurens,  chapelain    de  Ray- 
mond YII,  chap.  jun. 


LB  nCOKTE  4IB  BÉIIBRS.  47 

da  vaillant  et  iofortané  Raymand  Roger  \  Raymond 
Trencaval  II ,  quittait  subitement  la  Catalogne  «t  passait 
les  Pyrénées  à  la  tète  d'nne  troupe  dans  laquelle  les  Lan- 
guedociens proscrits  (faydUs),  yictimes  de  la  guerre  des 
Albigeois ,  se  mêlaient  aux  Catalans  et  aux  Aragonais  *. 

Durant  Tété  de  l'année  1240,  tandis  que  le  comte 
de  Toulouse  remportait  des  succès  sur  le  comte  de 
Provence  et  sur  quelques  seigneurs  français  venus  en 
aide  au  beau-<père  de  leur  roi;  au  moment  où  l'on  pou<- 
vait  croire  saint  Louis  occupé  de  porter  secours  à  Ramon 
Berenguer,  la  petite  armée  de  Trencavel  envahissait  les 
diocèses  de  Narbonne  et  de  Carcassonne.  A  l'approche  de 
leur  seigneur,  les  vassaux  des  vicomtes  de  Béziers  se 
soulevèrent  par  un  mouvement  spontané ,  et,  en  un  clin 
d'oeil ,  le  fils  de  Raymond  Roger  eut  reconquis  une  partie 
des  États  de  son  père.  Des  Pyrénées  aux  Alpes ,  le  midi 
de  la  France  était  en  feu  ;  mais  le  comte  de  Toulouse , 
après  avoir  à  dessein  allumé  l'incendie ,  ne  sut  pas  pro- 
fiter du  trouble  qu'il  avait  fait  naître.  Effrayé  de  se  voir 
en  face  d'adversaires  dont  il  semblait  n'avoir  jamais  encore 
mesuré  la  force ,'  redoutant  la  colère  du  Pape  et  celle  du 
roi  de  France ,  il  recula  tout  à  coup,  retira  son  armée  et 
revint  à  Toulouse.  Bien  qa'il  fût  certainement  de  conni- 
vence avec  le  vicomte  de  Béziers ,  il  l'abandonna ,  comme 
il  l'avait  déjà  abandonné  en  d'autres  circonstances  ;  mais 
il  refusa  cependant  de  se  joindre  au  sénéchal  de  Carcas- 


*  V.  notre  tome  1,  p.  409,  note. 

»  Dans  une  première  expédition  (4220  à  4227),  Trencavel,  aidé  de 
son  tuteur,  le  comte  de  Foix,  avait  repris  la  plus  grande  partie  des 
domaines  de  sa  famille;  mais  bientôt,  vaincu  par  les  Français,  il  s'était 
refusé  à  tonte  transaction  avec  ses  spoliateurs  et  avait  été  contraint 
dechercher  un  refuge  dans  les  Etats  du  roi  d'Aragon. 


48  LIVRB  m  ,  CHAPITRE  Ul 

soDne  pour  le  combattre  \  Louis  IX ,  débarrassé  de  tout 
souci  du  côté  de  la  Provence,  eut  bientôt  raison  de  Tren- 
cayel,  qui,  pour  la  seconde  fois  proscrit  et  déshérité, 
retourna  chercher  un  asile  dans  les  États  hospitaliers  du 
roi  Jacme  d'Aragon.  Quant  à  Raymond  VII ,  il  se  h&ta  de 
conclure  avec  le  Pape  un  traité  par  lequel  il  promit  de 
seconder  l'Église  romaine  contre  Frédéric,  a  se  disant 
empereur  *  » ,  puis  il  courut  à  Montargis  prêter  à  saint 
Louis  serment  d'homme-lige,  et  fit  la  paix  avec  le  comte 
Ramon  Rerenguer.  Mais,  comme  s'il  eût  prisa  tâcha  de 
faire  douter  de  la  sincérité  de  tous  sea  actes  et  de  toutes 
ses  paroles ,  il  choisit  le  moment  où  il  allait  porter  aux 
pieds  de  Louis  IX  ses  protestations  de  fidélité ,  pour 
donner  une  preuve  du  peu  de  sympathie  que  lui  inspirait 
la  maison  de  France.  En  passant  à  Monteil  (aujourd'hui 
Montélimart),  le  6  des  kalendes  de  mars  1240  (26  février 
1241),  Raymond  fit  donation  à  sa  petite-nièce  Cécile  de 
Baux,  fille  de  Barrai  de  Baux ,  de  tous  les  domaines  qu'il 
possédait  ou  devait  posséder  sur  la  rive  gauche  du  Rhône 
t  dans  l'empire  >,  pour  en  prendre  possession  seulement 
dans  le  cas  où  il  mourrait  sans  enfant  mâle. 

Cette  donation ,  constatée  par  un  acte  qui  parait  avoir 
échappé  aux  historiens  de  la  Provence  ',  est  un  nouvel 

^  Chronique  de  Guillaume  de  Puy-Laurens,  chap.  xuii. 

^  Histoire  de  Languedoc,  in-^,  l.  fU,  pr.  n*  234. 

'  Nous  donnons  ce  document  dans  nos  Pièces  jusliflcatives(n*f), 
d'après  Toriginal  que  nous  avons  retrouvé  dans  les  archives  de  la 
couronne  d'Aragon.  II  nous  a  semblé  utile  pour  l'histoire  méridio- 
nale d'appuyer  sur  un  document  authentique  el  inédit  ce  que  nous 
avons  avancé  au  sujet  des  idées  et  de  la  conduite  du  dernier  des 
comtes  de  Toulouse.  Cécile  de  Baux  éleva  plus  tard  des  prétentions 
sur  le  comtat  Venaissin,  se  fondant,  disent  les  historiens  de  ce  pays, 
sur  les  droits  de  son  aïeule  maternelle,  Constance  de  Toulouse,  sœur 
de  Raymond  YII.  L'acte  que  nous  publions  ne  fut  pas  étranger,  sans 
doute,  à  celte  revendication- 


SIRTENTE  DE  BERTRAND   Dti  BORN  49 

exemple  des  contradictions  continuelles  du  comte  de 
Toulouse  sans  cesse  ballotté  entre  ses  désirs  et  ses  craintes. 
I.e  traité  de  Paris,  en  enlevant  à  Raymond  la  libre  dispo- 
sition des  biens  qu*on  lui  laissait,  n'avait  pas  prévu  le  cas 
où  le  comtat  Yenaissin  serait  rendu  parle  Saint-Père.  Cette 
restitution  accomplie  par  Tintervention  de  saint  Louis, 
Raymond  profita  de  Toubli  des  rédacteurs  du  traité  pour 
enlever  le  comtat,  seul  domaine  dont  il  pût  disposer,  à  sa 
fille  et,  par  suite,  à  la  maison  de  France,  et  le  donner  à  la 
fille  de  Barrai  de  Baux  TexcommuniéS  de  Barrai  qui 
l'avait  puissamment  secondé  dans  ses  tentatives  contre  le 
Pape  et  contre  Ramon  Berenguer.  Ce  qui  mérite  d*étre 
remarqué,  c'est  que  le  comte  de  Toulouse  fit  cette  dona- 
tion précisément  à  Tépoque  où  il  cherchait  à  se  réconci- 
lier avec  le  Saint-Père,  Louis  IX  et  le  comte  de  Provence. 

Cet  acte,  que  révoqua  d'ailleurs  le  dernier  testament 
de  Raymond  YII,  fut  sans  doute  tenu  secret,  car  sa  divuU 
galion  aurait  rendu  moins  facile  la  réconciliation  du 
comte  avec  ses  puissants  adversaires. 

Le  nom  de  Jacme  n'est  prononcé  par  aucun  historien 
à  propos  de  l'imprudente  expédition  dont  nous  venons  de 
parler  ;  le  roi  d'Aragon  ressentait  cependant  le  contre 
coup  de  toutes  les  attaques  dirigées  contre  la  Provence 
Ses  droits  sur  ce  pays,  rendus  illusoires  par  l'accroisse 
ment  de  la  puissance  capétienne  et  presque  ignorés  au 
jourd'hui,  n'en  étaient  pas  moins  alors  réels  et  fondés; 
aussi  n'est-cepassansraisonqu'au  sujet  de  ces  événements, 
Bertrand  de  Born,  le  fils,  disait  dans  le  sirvente  dont  nous 
^vons  cité  plus  haut  la  première  strophe  V 

^  Barrai  de  Baux,  sénécbal  du  comte  deToulouse  pour  le  marqui- 
sat de  Provence,  fut  excommunié  par  le  légat  du  Pape  pour  avoir 
tenté  de  reconquérir  le  comtat  Yenaissin,  lorsque  le  Saint-Siège  hé- 
sitait a  le  restituer. 

*  V.  ci-dessus,  p.  24. 

T.  n.  «  4 


50  LiyRB  Ifl ,  GHAPITIE  Hl 

t  Comte  de  Toalonse,  mauvaise  récompense  atteod 
celai  qui  vous  sert,  d'où  je  vois  naître  grande  douleur  ; 
car  servir  mérite  quelque  récompense.  Or,  bien  vous  a 
servi  le  vaillant  roi  Pierre  qui  avec  ses  gens  vous  alla  sou- 
tenir et  mourut  là-bas,  et  ce  fut  un  grand  deuil.  Mais  à 
ceux  qui  lui  firent  du  tort  vous  allez  donnant  des  forces, 
et  affaiblissant  le  roi  Jacme. 

»  Au  comte  de  Provence  je  dis  qu'il  n*ait  crainte,  que 
bientôt  il  aura  secours  de  notre  roi  qui  grandement  est 
désireux  de  Taider,  quand  il  sera  maitre  de  Chiva.  Car 
je  lui  fais  savoir  que  en  Bereoguer  '  lui  a  pris  ce  ch&teau, 
et  je  lui  dis  qu*un  roi  qui  va  donnant  son  bien  et  s'en 
retourne  fait  action  d^enfant. 

>  Comte  d*Urgel,  ajoute  le  poète,  vous  avez  assez  de 
froment  et  d'avoine  et  de  bons  châteaux  avec  des  tours 
pour  que  vous  ne  soyez  pas  craintif  de  cœur.  Demandez 
au  roi  tout  l'honneur  qu'au  delà  d'Urgel  vous  teniez 
et  ne  lui  laissez  champ,  ni  vigne,  ni  jardin.  Et  si  vous  ne 
le  faites  (je  souhaite)  que  vous  ne  voyez  pas  l'autre  (fête 
de)  Saint-Jean,  si  auparavant  vous  ne  réclamez. 

>  Notre  roi  a  assez  de  force  avec  les  Sarrasins,  mais 
là-bas,  du  côté  de  Mootfort,  je  voudrais  voir  aujourd'hui 
encore  sa  bannière  (marcher)  contre  tous  ceux  qui  vont 
rabaissant  son  honneur  *.  > 

Les  paroles  du  troubadour,  ami  et  probablement  vas- 
sal du  comte  d'Urgel,  nous  révèlent  de  nouvelles  préten- 
tions de  la  turbulente  maison  de  Cabrera.  Pons,  non  con- 


^  Berenguerd«  Entenza  qui,  au  moment  du  siège  de  lativa,  se 
trouvait  en  guerre  avec  le  roi  d'Aragon  (V.  ci-dessus,  p.  32).  Le 
baron  révolté  s'était  fortifié  dans  le  château  de  Chiva,  que  Jacnielui 
avait  donné  autrefois;  mais  il  ne  tarda  pas  à  se  soumettre. 

^  Kiky  noudifà^  Choix  de  poésies  des  Troubadours  y  i.  IN  fP  484,  et 
Milà,  de  los  Trovadores  en  Espana^  p.  470. 


TBANSACTION  AVEC  l'ÉVÊQUE   DE   VAGCELONE  51 

tent  d'ayoir  obteau  en  fief  Théritage  de  la  comtesse 
Aurembiaix,  regrettait  les  concessions  qu'il  avait  été 
obligé  de  faire  au  roi  et  réclamait  sans  doute  les  villes  de 
Lérida  et  de  Balaguer*.  A  cet  événement  parait  se  rap- 
porter un  accord  du  4  des  ides  de  février  1240  (10  fé- 
vrier 1241)  par  lequel  un  Guerau,  qui  s'intitule  vicomte 
de  Cabrera,  promet  d'empêcber  ses  hommes  de  taire 
aacuQ  mal  aux  hommes  du  roi  '. 

Les  réclamations  du  comte  d'Urgel  se  renouvelèrent 
en  1242,  époque  où  Jacme,  pour  y  mettre  fin,  céda  à  Pons 
de  Cabrera  le  château  et  la  ville  de  Balaguer  '.  Mais ,  -en 
1241,  ce  débat  ne  préoccupait  pas  assez  le  roi  d'Aragon 
pour  lui  faire  perdre  de  vue  ce  qui  se  passait  en  Langue- 
doc et  en  Provence.  Aussi,  à  peine  eut-il  quitté  le  royau- 
me de  Valence  après  la  reddition  de  Castello  et  l'élévation 
de  Ximeno  Perez  à  la  dignité  de  rico  home,  qu'il  accou«' 
rut  en  toute  bâte  à  Montpellier.  Lorsqu'il  arriva  dans 
celle  ville,  le  comte  de  Toulouse  était  à  Montargis  auprès 
du  roi  de  France. 

Le  12  mars  124 1\  Jacme,  par  la  médiation  de  Bernard 
de  Cuxac,  évéque  de  Béziers,  signait  un  accord  qui  ter- 

*  V. notre  tome  1,  p.  364. 

^  Archives  d'Aragon,  parchemins  de  Jacme  1",  n*  829. 

*  Diego  Moofar  y  Sors,  Historia  de  los  coudes  de  Urgel,  dans  la 
Colleçicn  de  doeumentos  ineditos  del  archiva  de  Aragon. 

*  a  Quarto  Idus  Martii  anno  Domini  12ii.  n  Telle  est  la  date  de 
ce  document.  D'après  ces  expressions ,  et  en  tenant  compte  de  l'usage 
le  plus  général,  qui  était  de  dater  d'après  les  années  de  l'incarnation 
commençant  au  25  mars,  cet  acte  paraîtrait  se  rapporter  à  l'année 
4242.  Dom  Yaûisète  lui  assigne  cependant  la  date  de  4244 ,  par  ce  mo- 
tif concluant  que  Bernard,  évêque  de  Béziers,  qui  y  est  mentionné, 
mourut  le  23  janvier  de  l'an  4242  de  la  Nativité.  D'ailleurs  il  est 
constant,  par  un  document  des  archives  d'Aragon  (Parchemins  de 
Jacme  I*',  n*  878),  que  le  roi  se  trouvait  dans  ses  Etats  de  la  Pénin- 
sule, le  44  mars  4242. 


52  ^JVRB  m,  CHAPITBB  III 

minait  ses  différends  avec  l*évêque  de  Magaelone  d'une 
façon  qae  Ténergie  déployée  jusqu  à  ce  moment  par  Jean 
de  Montlaur  était  loin  de  faire  prévoir.  Le  prélat,  content 
de  quelques  concessions  de  peu  d*importance  et  de  la 
reconnaissance  de  sa  suzeraineté,  renonce  par  cet  acte 
à  tous  les  droits  qu*il  pourrait  avoir  sur  le  consulat  de 
Montpellier,  àtoute  immixtion  dans  la  juridiction  seigneu- 
riale; bien  plus,  il  cède  au  roi  non-seulement  le  droit  de 
rendre  la  justice  criminelle  et  de  percevoir  certaines  rede- 
vances dans  Monlpelliéret,  partie  épiscopale  de  la  ville  de 
Montpellier  qui  n*avait  jamais  été  soumise  au  seigneur, 
mais  encore  celui  de  recevoir  le  serment  de  fidélité  de  ses 
habitants  et  de  les  forcer  au  service  àeVhost  en  même 
temps  que  les  bourgeois  de  la  ville  seigneuriale.  Le  roi 
s*oblige  à  tenir  le  tout  en  fief  de  Tévéque.  «  sous  h  même 
forme  qu  il  tient  le  fief  de  Montpellier.*» 

Jacme  triomphait  de  Tévéqup  de  Maguelone  ;  mais  ce 
n*était  pas  le  plus  redoutable  des  adversaires  qu*il  était 
venu  combattre  au  nord  des  Pyrénées.  11  était  autrement 
difficile  d'arrêter  les  progrès  de  la  maison  de  France,  de 
guérir  ou  d'adoucir  les  blessures  faites  à  la  nationalité 
méridionale  par  le  traité  de  1229,  et  d'empêcher  les  dé- 
plorables écarts  par  lesquels  le  comte  de  Toulouse  sem- 
blait se  plaire  à  compromettre  sa  propre  cause. 

Un  prince  moins  scrupuleux  que  Louis  IX  n'eût  pas 
manqué  de  profiter  des  prétextes  que  lui  fournissait 
Raymond  lui-même  pour  consommer  la  ruine  du  vassal 
insubordonné  ;  mais  le  saint  roi  accepta  les  protestations 
du  comte ,  bien  que  leur  sincérité  put  lui  paraître  dou- 
teuse. Personne  n'ignorait,  en  effet,  que  Tunique  préoc- 


*  Voyez  cet  accord  dans  le  Spicilegium  de  d^Àchery  ;  édit.   in-f^, 
t.  III,  p.  622. 


SANGHA   d' ARAGON  53 

cnpatioD  de  Raymond  était  d'éluder  le  traité  de  Paris 
lorsqu'il  perdait  Tespoir  de  le  déchirer.  Il  ne  pouvait  se 
résigner  à  Tidée  de  ne  laisser  après  lui  qu'une  iille ,  cette 
Jeanne  de  Toulouse  qui  devait  faire  entrer  le  riche  patri- 
moine de  sa  maison  dans  la  famille  des  rois  d'outre- 
Loire. 

Raymond  aurait  supporté  ses  malheurs  avec  plus  de 
calme,  s'il  avait  pu  léguer  à  un  lils,  avec  les  quelques 
domaines  dont  il  lui  était  permis  de  disposer,  sa  haine  des 
septentrionaux ,  ses  désirs  de  vengeance  et  ce  rôle  de 
prince  du  Midi  si  peu  fait  pour  sa  faiblesse.  Il  suffisait 
que  la  bannière  de  Toulouse  restât  debout  au  milieu  de 
ces  pays  qu'elle  avait  si  longtemps  protégés  de  son 
ombre,  pour  que,  dans  un  moment  favorable,  on  put  voir 
les  populations  méridionales  se  serrer  tout  à  coup  autour 
d'elle  et  repousser,  par  un  violent  effort,  la  domination 
étrangère. 

Cet  héritier  de  ses  droits  et  de  ses  haines ,  Raymond 
n'espérait  plus  l'avoir  de  sa  femme,  Sancha  d'Aragon, 
plus  âgée  que  lui  ^  aussi ,  peu  de  temps  après  le  traité 


*  Sancha  était  fille  du  roi  d'Aragon,  Alfonse  II,  le  Chaste,  qui 
avait  eu  pour  enfants  :  1*  Pierre  il,  roi  d'Aragon;  2*  Alfonse,  comle 
de  Provence  et  père  de  Ramon  Berenguer  V  ;  3*  Fernand,  abbé  de 
Montaragon,  dont  nous  avons  souvent  fait  mention;  4*  Constance, 
mariée  en  premières  nocesà  Emeric,  roi  de  Hongrie,  puisa  l'empereur 
Frédéric  II,  et  morte  en  1222;  5*  Léonor,  femme  de  Raymond  VI, 
comte  de  Toulouse;  6"  Sancha,  femme  de  Raymond  VU;  T  Dulcia, 
religieuse. 

Sancha  d'Aragon,  comtesse  de  Toulouse,  était  donc  la  tante  du  roi 
Jacme  et  du  comte  Ramon  Berenguer.  Elle  devait  avoir  dix-huit 
ou  vingt  ans  lorsqu'elle  épousa,  en  4211,  Raymond  VU,  qui  n'en 
avait  que  quatorze.  (V.  notre  tome  I,  p.  63;  BofaruU,  los  condes  de 
Barceloiiay  t.  H,  p.  2U  ;  Histoire  de  Languedoc,  édit.  in-f^,  t.  III, 
note  35.) 


54  LITRE  III,  CHAPITRE  111 

de  Paris,  avait-il  résolu  de  la  répudier  et  s'était-il  séparé 
d'elle  *. 

La  princesse  aragonaise,  chassée  par  son  époux, 
s'était  réfugiée  auprès  de  son  neveu  le  comte  de  Provence, 
bien  décidée  à  s'opposer  de  toutes  ses  forces  à  l'annu- 
lation de  son  mariage. 

Les  instances ,  les  ordres  mêmes  du  Souverain  Pontife 
n'avaient  pu  décider  le  comte  à  se  rapprocher  de  sa 
femme  *.  Il  alléguait  que  son  père ,  Raymond  VI ,  avait 
tenu  Sancha  sur  les  fonts  baptismaux ,  ce  qui  constituait 
une  parenté  spirituelle,  incompatible  avec  les  liens  du 
mariage.  Le  Pape  avait  ordonné  une  enquête,  qui  n'abou- 
tissait point  par  suite  du  défaut  de  preuves.  La  séparation 
des  deux  époux  était  consommée  de  fait  depuis  onze  ans , 
le  scandale  avait  éclaté  sans  profit  pour  personne ,  lorsque 
Jacme ,  convaincu  qu'il  n'y  avait  plus  rien  à  attendre  de 
la  légèreté  de  Raymond  VU ,  se  décida  à  prêter  les  mains 
à  une  combinaison  qui  seule  encore  pouvait  sauver  la 
cause  méridionale ,  mais  devant  laquelle  il  avait  long- 
temps hésité  par  attachement  ou  par  respect  pour  la  sœur 
de  son  père.  Il  s'agissait  d'obtenir  du  Saint-Siège  l'annu- 
lation du  mariage  du  comte  de  Toulouse  avec  Sancha 
d'Aragon  et  de  marier  Raymond  à  Sancia  ou  Sancha  de 
Provence,  troisième  fille  du  comte  Ramon  Rerenguer. 

La  réalisation  de  ce  plan  eût  menacé  d'un  coup  formi- 
dable la  puissance  capétienne  dans  le  Midi.  Malgré  le 
mariage  de  la  fille  aînée  du  comte  de  Provence  avec  le 
roi  Louis  IX,  un  fils  né  du  comte  de  Toulouse  et  de  la 
princesse  provençale  eût  hérité,  non-seulement  des  do- 
maines de  son  père,  que  le  traité  de  Paris  ne  réservait  pas 

*  Raymond  et  Sancha  étaient  du  moins  séparés  au  mois  d'août 
'1Î30.  (V.  Hist.  de  Long.,  liv.  XXTV,  chap.  LXXii.) 
•2  \oy.  Hist,  de  Lan^.,  iiv.  XXIV,  chap.  Lxxii. 


TRAITÉS   ERimE  JACMB  ET  RAYMOND  VU  5K 

eKclasiTement  à  ïa  femme  d'Alfonse  de  Poitiers,  mais 
aossi  de  tons  les  États  de  Hamon  Berenguér,  Jacme,  qui 
avait  rintentioD  de  réclamer  la  Provence  si  son  cousin 
moarait  sans  enfants  mâles ,  aorait  certainement  con- 
senti, dans  ce  cas ,  à  ne  conserver  d'antres  droits  sur  ce 
pays  que  ceux  de  simple  suzerain.  La  dynastie  de  Ton* 
lo»e,  régénérée  par  sa  fusion  avec  celle  de  Provence,  se 
serait  redressée  en  face  de  la  maison  de  France.  Sous  son 
ombre  et  sous  la  protection  de  TAragon ,  le  Midi ,  qui 
n'oubliait  ni  son  passé  glorieux ,  ni  ses  vieilles  affections , 
aurait  vu  ses  forces  épuisées  renaître  peu  à  peu  jusqu'au 
jour  où  toutes  ses  parties ,  sortant  tout  à  coup  de  leur 
torpeur  et  unissant  leurs  efforts ,  auraient  mis  en  pièces 
le  traité  de  Paris ,  acclamé  leurs  princes  nationaux  et 
rx^QStîtué  enin,  après  tant  de  luttes  et  de  déchirements, 
une  nation  unie  et  compacte. 

G*est  pour  tenter  la  réalisation  de  ce  rêve  que  Jacme 
était  accouru  à  Montpellier,  où  il  attendait  le  moment 
d'avoir  une  entrevue  avec  le  comte  de  Toulouse.  Celui-ci, 
eu  quittant  Montargis,  se  dirigea  vers  Marseille  ;  il  devait 
s'embarquer  dans  le  port  de  cette  ville  pour  aller  recevoir 
à  Rome  même  son  absolution  définitive  et  sceller  sa  ré- 
conciliation avec  le  Saint-Siège. 

A  son  passage  à  Lunel ,  Raymond  trouva  le  roi  d'Ara- 
gon, qui  désirait  avoir  avec  lui  une  conférence  dont  les 
résultats  sont  constatés  par  an  certain  nombre  de  docu- 
ments datés  de  Montpellier  les  18,  23  avril,  5  et  7  juin 
1241. 

Par  le  premier  de  ces  actes ,  le  roi  et  le  comte  font 
alliance  <  eu  toutes  choses  et  spécialement  pour  la 
défense  de  la  foi  catholique  et  de  la  Sainte  Église 
romaine^  ,  qu'ils  s'engagent  à  secourir  de  tout  leur  pou- 
voir «  contre  tous  ses  adversaires  et  contre   tous  les 


56  LITRE  III,  CHAPITRE  III 

hérétiques  des  terres  et  lieux  qui  sont  sous  leur  dépen* 
dauce.  >  Ils  promettent  de  s'aider  envers  tous  et  contre 
tous ,  excepté  contre  les  rois  de  France  et  de  Gastille  et 
le  comte  de  Provence.  Raymond  ajoute,  d'ailleurs,  cette 
restriction  :  «  sauf  toutefois  la  volonté  et  les  ordres  du  roi 
de  France  en  ce  qui  nous  concerne  V  » 

L'acte  du  23  avril  est  une  trêve  jurée  par  les  deux 
princes  pour  deux  ans  à  partir  de  la  Toussaint  *,  et 
celui  du  7  juin,  un  engagement  pris  par  Jacme  d*agir 
auprès  du  Saint-Siège  pour  obtenir  l'absolution  du  comte, 
les  dispenses  nécessaires  au  mariage  de  ce  dernier  avec 
Sancba  de  Provence ,  la  sépulture  ecclésiastique  pour  le 
feu  comte  Raymond  YI ,  la  dispense  pour  Raymond  YII 
de  prendre  la  croix  et  d'exécuter  certaines  clauses  secon- 
daires du  traité  de  Paris ,  enfin  des  réformes  destinées  à 


^  Dom  Yaissète  (Hist  de  Lang.^  liv.  XXV,  chap.  ilit)  mentionne 
un  traité  conclu,  le  48  avril,  à  Lunel,  et[qui  réunirait  aux  clauses 
de  celui-ci  celles  de  Tacte  du  7  juin.  Ce  document  se  serait  trouvé, 
d'après  Thistorien  du  Languedoc,  parmi  les  manuscrits  de  M.  de 
Coislin,  sous  le  n*  686.  Nos  recherches  pour  le  découvrir  dans  le 
fonds  Goislin,  à  la  Bihliothèque  impériale,  sont  restées  infruc- 
tueuses. 

Les  traités  du  48  et  du  23  avril,  dont  on  trouvera  le  texte  dans  nos 
Pièces  justificatives  (n<"  II  et  III) ,  figurent  dans  la  coHeetion  de 
manuscrits  delà  bibliothèque  de  Garpentras.  M.  Lambert,  conserva- 
teur de  ce  riche  dépôt,  a  bien  voulu,  avec  une  obligeance  dont  nous 
ne  saurions  trop  le  remercier,  nous  envoyer  la  copie,  faite  par  ses 
soins,  de  ces  deux  documents  si  importants  pour  Thistoire  du  midi 
de  la  France. 

L'acte  du  7  juin  est  conservé  aux  archives  de  TEmpire ,  carton  J, 
587.  (Voy.  Pièces  just.,  n*>  IV  bis.) 

*  Les  lieux  compris  dans  la  trêve  sont  ainsi  désignés  .  a  La  terre 
du  roi  d'Aragon  et  des  siens  du  Rhône  à  Valence  ;  tout  le  royaume 
de  Valence  et  tout  le  royaume  de  Mayorque  par  mer  et  par  terre  ; 
toute  la  terre  du  comte  de  Toulouse  et  des  siens  en  deçà  du  Rhône 
et  au  delà,  quelle  qu'elle  soit,  et  spécialement  Marseille  et  !c  châ- 
teau de  Braganson,  par  mer  et  par  terre.» 


SEIfTBIfCB  CONTRE   SÀNGHA  D'aRAGON  57 

rendre  l'inquisition  <  tolérable  à  la  terre  »  da  comte. 

Si  le  roi  ne  réussit  pas  dans  ses  démarches  >  Raymond 
sera  dégagé  de  la  promesse  qu'il  a  faite  à  Jacme  de  se 
liguer  avec  lui  pour  défendre  l'Eglise  contre  l'empereur. 

Les  traités  que  nous  venons  d'analyser  s'attachaient 
habilement  à  désarmer  les  deux  principaux  adversaires 
du  comte ,  et  particulièrement  le  roi  de  France,  contre 
lequel  ils  étaient  secrètement  dirigés.  Le  projet  d'union 
avec  la  princesse  provençale  semblait  n'être  qu'une 
affaire  de  famille  à  laquelle  les  étrangers  devaient  rester 
indifférents.  C'était  là  cependant  le  vrai  motif  de  l'al- 
liance; mais  l'exécution  de  cette  clause  était  rendue  diffi- 
cile parla  résistance  obstinée  de  Saucha d'Aragon,  qui 
opposait  les  dénégations  les  plus  formelles  au  fait  sur 
lequel  le  comte  de  Toulouse  appuyait  sa  demande  de 
divorce. 

Peu  de  jours  avant  l'acte  du  7  juin,  Ramon  Berenguer 
était  venu  rejoindre  à  Montpellier  Jacme  et  Raymond  VU, 
qui  avait  renoncé  à  son  voyage  à  Rome.  Les  trois  princes 
s'étaient  occupés  d'assurer  le  succès  de  la  demande 
qu'on  allait  porter  aux  pieds  du  Saint-Siège,  et,  pour 
atteindre  ce  but,  ils  n'avaient  pas  reculé  devant  l'injustice 
et  la  violence  des  moyens.  Le  roi  d'Aragon ,  Raymond 
Gaucelin  ou  Gaucelm,  seigneur  de  Lunel,  et  un  troi- 
sième arbitre,  désigné  seulement  sous  le  nom  d'Albeta\ 
avaient  rendu,  le  jour  des  nones  de  juin  (5  juin)  1244, 

*  Le  nom  de  ce  personnage  est  Âlbeta  et  non  Albesa,  comme  l'ont 
dit  par  erreur  Zurita,  Miedes  et  Dom  Yaissète.  Un  sceau  d^Albeta  de 
Tarascon,  conseiller  du  roi  Charles  !•'  d'Anjou,  comte  de  Provence, 
a  été  publié  par  M.  Blancard  dans  son  Iconographie  des  sceaux  et 
bulles  des  archives  du  département  des  Bouches-du  Rhâne  (texte,  p.  60, 
et  planche  XXX).  Ce  sceau  est  apposé  à  un  acte  de  4250.  L'individu 
auquel  il  appartient,  évidemment  le  même  qu'Âlbeta  de  Tarascon  . 
Tun  des  conseillers  de  Ramon  Berenguer  V  qui  préparèrent  l'avéne- 


SB  LnmB  ni,  gbapitrr  m 

UM  sentence  qai  ordonnait  :  1*  au  comte  de  Provence, 
d'en^ger  la  reine*  Sancba  à  demander  elle-même  la 
cassation  de  son  Qiariage  et,  si  elle  refusait,  delà  chasser 
de  la  Provence,  de  lai  enlever  ce  qu'il  lui  avait  donné  et 
de  ne  lai  accorder  aucun  secours,  soit  public,  soit  secret  ; 
â""  au  oomte  de  Toulouse,  de  solliciter  de  son  côté  la 
déclaration  de  divorce  et  de  donner  à  Sancba  d* Aragon, 
pour  remplacer  son  douaire,  une  somme  de  mille  marcs 
d'argent  et  une  pension  viagère  de  cent  marcs  par  an; 
3""  aux  deux  comtes  conjointement,  de  faire  demander  au 
Saint-Siège,  par  des  ambassadeurs  spéciaux,  les  dispenses 
«  qui  leur  paraîtront  nécessaires.  *  >  On  évitait  avec  soin 
de  mentionner  en  termes  exprès  le  projet  de  mariage  de 
Raymond  VII  avec  la  fille  de  Ramon  Berenguer. 

Le  comte  de  Provence  et  le  comte  de  Toulouse 
avaient  approuvé  la  décision  des  arbitres  et  promis  de  s'y 
conformer.  C'est  pour  faciliter  l'exécution  de  cette  sen- 
tence que,  le  surlendemain,  7  juin,  le  roi  d'Aragon  avait 
pris  l'engagement  dont  nous  parlions  tout  àl'heure. 


menl  de  la  maison  d^Anjou  en  Provence,  n^est  probablement  pas  dif- 
férent de  celui  qui  a  figuré  dans  la  sentence  arbitrale  du  5  {ain 
1244.  Des  fautes  de  copie  et  des  erreurs  de  lecture  ont  fait  donner 
aussi  au  conseiller  du  comte  de  Provence  les  noms  d'Albera  et 
d'Albert. 

^  Le  titre  de  reine  était  quelquefois  porté  par  des  filles  de  roi. 

^  Voyez  cette  sentence  dans  nos  Pièces  justificatives,  n*  IV.  Dem 
Vaissète  a  commis  quelques  erreurs  en  essayant  de  rectifier,  par 
les  vagues  indications  de  la  chronique  de  Puy-Laurens,  le  passage 
très-précis  dans  lequel  Zuriia  {Anales^  1. 1,  f*  45S^  a  rendu  compte 
delà  décision  arbitrale  du  Bjuin  1241  qu'il  avait  certainement  sous 
tes  yeux.  L'historien  du  Languedoc  donne  à  cet  acte  le  caractère  d'un 
traité  dont  Jacme ,  Raymond  Gaucelin  et  Albeta  auraient  été  les  ga- 
rants, et  y  fait  figurer  l'évêque  de  Toulouse,  bien  que  oe  prélat  ait 
toujours  refusé  de  s'associer  aux  actes  d'injustice  dont  Sancha  d'Ara- 
gon était  la  victime. 


SEIfTEmSE    CONTRE   SAfICHA  d'aBAGON  59 

Dominé  par  ses  idées  de  reconstitaticm  nationale, 
entraîné,  aveuglé  par  le  désir  de  réaliser  les  rêves  qu*il 
avait  caressés,  Jacme  venait  de  fonler  aux  pieds  dans  un 
intérêt  politique  les  sentiments  et  les  devoirs  les  pins 
sacrés.  Il  ne  s'agissait  plus  d'obtenir  par  dés  moyens 
loyaux  nne^  de  ces  sentences  de  divorce  si  fréquentes  à 
cette  époque,  on  osait  employer  les  menaces  pour  con- 
traindre une  malheureuse  femme  à  agir  contre  elle-même 
et  à  suppléer  par  ses  instances  à  ce  qu'avaient  d'insuffi* 
sant  et  de  suspect  les  témoignages  invoqués  devant  Tau- 
torité  ecclésiastique. 

Vainement  Miedes  essaye-t*il  de  justifier  le  roi  d'Ara- 
gon par  ces  raisons  naïves  que  les  prières  importunes  des 
deux  comtes  et  la  crainte  de  mettre  en  danger  la  vie  de  sa 
tante,  l'avaient  forcé  de  souscrire  malgré  lui  à  celte 
«  inique  et  cruelle  sentence  \  » 

L'histoire  ne  peut  admettre  de  pareilles  excuses  pour 
un  prince  dont  la  volonté,  clairement  et  énergiquement 
manifestée,  eût  suffi  à  empêcher  cette  injustice,  et  qui 
pouvait  recueillir  chez  lui  sa  parente,  chassée  par  le 
comte  de  Provence.  On  ne  peut  oublier,  d'ailleurs,  que 
Jacme  a  joué  le  principal  rôle  dans  cette  affaire ,  où  repa- 
rait la  politique  matrimoniale  de  la  maison  de  Barcelone; 
c'est  Jacme  qui ,  allant  trouver  Raymond  VII  à  Lunel , 
reprit  le  projet  de  divorce  ;  c'est  lui  qui  servit  d'inter- 
médiaire entre  le  comte  de  Toulouse  et  Ramon  Beren** 
guer  ;  c'est  chez  lui,  à  Montpellier  même,  que  fut  arrêtée 
l'inique  décision  dans  laquelle  il  figure  comme  premier 
arbitre,  et  ce  n'est  pas  là,  nous  le  verrons  bientôt» 
que  s'arrêta  son  intervention  beaucoup  trop  laissée  dans 
l'ombre  parles  historiens  modernes. 

^  Miedes,  Vida  d^dùn  Jayme,  ïïb.  Xlil. 


60  LITRE  III  ,  CHAPITRE  IH 

L' amour  de  la  patrie  méridionale ,  le  désir  de  rendre 
l'indépendance  à  nos  provinces,  sont  les  seules  excuses 
que  Ton  puisse  invoquer  pour  atténuer  les  torts  du  roi 
d'Aragon  et  de  tous  ceux  qui  participèrent  à  l'acte  du 
5  juin  1241. 

Cette  convention,  «  honteuse  et  marquée  du  sceau  de 
l'infamie*  »,  souleva  l'indignation  dans  ces  pays  mêmes 
qu'elle  voulait  affranchir  de  l'oppression  étrangère.  Le 
peuple  ne  comprend  guère  la  morale  à  double  face  des 
hommes  politiques  ;  il  ne  vit  dans  cette  circonstance  que 
l'insulte  infligée  à  la  parente,  à  l'épouse,  à  la  femme, 
et  son  instinct  de  justice  se  révolta. 

«  Comte  provençal,  dit  le  troubadour  Rambaud 
d'Hières  à  Ramon  Berenguer,  comte  provençal,  sidona 
Sancha  s'en  va,  nous  ne  vous  tiendrons  pas  pour  homme 
d'autant  de  valeur  ni  d'autant  de  prix  que  nous  le  ferions 
si  elle  séjournait  ici  parmi  nous ,  préférant  la  Provence 
à  l'Aragon.  Cette  dame  est  belle,  courtoise  et  franche, 
et  elle  embellira  toute  notre  contrée.  Bien  prospère 
l'arbre  duquel  naît  si  belle  branche  ;  qu'il  se  maintienne 
tel  qu'il  est  avec  une  saison  favorable*.  > 

<  Zurita ,  Indicés  apud  Hispania  illuatrata^  t.  III,  p.  85. 

^  Voyez  Raynouard,  Choix  de  poésies  des  Troubadours^  t.  V, 
p.  404  ;  Hist.  litt.  de  la  France^  publiée  par  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres,  t.  XVIII,  p.  671.  —  Don  Manuel  Milà  y  Fon- 
tanalsesl  le  seul  qui  donne  {de  los  Trov,  en  Esp.,  p.  60)  le  texte 
complet  de  cette  pièce,  différent  en  quelques  points  de  celui  des 
deux  ouvrages  qui  précèdent.  D'après  le  savant  professeur  de  Barce- 
lone, ce  couplet  aurait  été  adressé  à  don  Sanche  d'Aragon,  comte 
commandataire  de  Provence,  dans  une  occasion  où  sa  femme,  San- 
cha Nudez  de  Lara,  se  disposait  à  passer  en  Aragon.  Â  notre  avis, 
le  vers  :  No  vos  tenrem  tan  valen  ni  tan  pro^  ou,  selon  la  version  de 
M.  Milà,  No-us  tenrem  mais  per  gaillart  ni  per  pro,  renferme  un 
blâme  trop  sévère  à  l'adresse  du  comte,  pour  quUl  puisse  se  rappor- 
ter à  un  événement  aussi  simple,  auquel  d'ailleurs  don  Sanche  paraît 


DIVORCE  DE  RAYMOND   VU  61 

Ces  protestations  D^empéchërent  pas  les  princes  mé- 
ridionaux de  poursuivre  leur  œuvre.  L*enquôte  ayant  eu 
lieu  devant  les  juges  désignés  par  le  Saint-Père ,  des 
témoins  établirent  que  Raymond  YI  avait  tenu  Sancba 
d'Aragon  sur  les  fonts  baptismaux.  Il  est  vrai  que  la 
sincérité  de  ces  déclarations  fut  révoquée  en  doute  par 
l'évéque  de  Toulouse,  et  que  ce  prélat  refusa,  malgré  les 
prières  du  comte  Raymond ,  de  prendre  part  à  Tenquéte  ; 
mais  rintimidation  qui  n'avait  pu  forcer  Sancba  à  témoi- 
gner contre  elle-même  lui  ôta  du  moins  le  courage  de 
se  défendre;  la  sœur  de  Pierre  le  Catholique  comparut 
devant  les  juges  ecclésiastiques  accompagnée  de  ses  deux 
neveux,  le  roi  d* Aragon  et  le  comte  de  Provence,  dont 
la  présence  était  plutôt  une  menace  qu*un  appui  ;  son 
silence  répondit  seul  aux  affirmations  des  témoins,  et  le 
divorce  fut  prononcé*- 

Le  principal  obstacle  ainsi  renversé,  il  ne  s'agissait 
plus  que  d'obtenir  du  Saint-Siège  les  dispenses  néces- 
saires pour  que  Raymond  VU  pût  épouser  Sancba  de 
Provence.  Des  ambassadeurs  furent  envoyés  à  cet  effet 
auprès  de  Grégoire  IX;  mais  le  roi  d'Aragon  et  les  deux 
comtes,  confiants  dans  les  bonnes  dispositions  du  Saint- 
Père  à  leur  égard ,  avaient  une  telle  hâte  d'assurer  le 
succès  de  leur  combinaison ,  qu'ils  résolurent  de  célé- 
brer le  mariage  sans  attendre  la  décision  pontificale,  et, 
le  3  des  ides  d'août  (il  août)  1241,  le  roi  Jacme  r%  en 
qualité  de  procureur  fondé  du  comte  de  Toulouse,  épousa 
à  Aix ,  en  Provence ,  la  fille  de  Ramon  Berenguer,  sous 

avoir  été  à  peu  près  étranger.  Nous  n'hésitons  pas  à  nous  ranger  à 
i^opinion  de  l'abbé  Papon  (Histoire  générale  de  Provence,  t.  Il, 
p.  327),  et  de  l'auteur  de  l'article  Raimbaud  d'Hières,  dans  VHist, 
litt.  de  la  France, 

4  Voyez  la  Chronique  de  Guillaume  de  Puy-Laurens,  chap.  xlit. 


62  UVRB  lU  ,  GHiPlTA£  Ul 

U  coaditiiOD  cependant  que  la  dispense  serait  accordée 
avant  la  Septaagésime  ^ 

Le  roi  d*Âragon  et  ses  alliés  touchaient  au  but,  lors^ 
qu'un  événement  inoprévu  vint  renverser  l^édifice  qu*iU 
avaient  si  péniblement  écbaffaudé  sur  une  injustice.  En 
arrivant  à  Pise,  les  ambassadeurs  de  Jacme,  de  Raymond 
et  de  Ramon  Berenguer  apprirent  que  Grégoire  IX  venait 
de  mourir.  Le  siège  pontifical  resta  vacant  pendant  vingt 
mois  environ;  dans  cet  intervalle,  Sancha  de  Provence 
épousait  Richard ,  frère  du  roi  d'Angleterre ,  et,  tandis 
que  Jacm6  retournait  en  Catalogne,  Raymond  VII,  livré 
à  lui-même,  changeait  encore  une  fois  de  ligne  de  con- 
duite. 

C'était  le  moment  où  saint  Louis ,  essayant  de  faire 
reconnaître  dans  le  Poitou  Tautorité  de  son  frère  Al- 
phonse ,  soulevait  les  haines  des  barons  de  ce  pays ,  à  la 
tète  desquels  se  plaçait  Hugues  de  Lusignan ,  comte  de 
la  Marche.  La  femme  de  Hugues ,  Taltlère  Isabeau  d'Ao- 
gouléme ,  mère  du  roi  d'Angleterre ,  essayait  de  former 
une  puissante  coalition  de  tous  ceux  qui  avaient  contre 
le  roi  de  France  un  sujet  de  mécontentement  ou  de  haine. 
Raymond  se  laissa  prendre  aisément  aux  avances  de 
l'ambitieuse  comtesse.  On  lui  promit  en  mariage  la  fille 
du  comte  de  la  Marche ,  et,  au  mois  d'octobre  1241  %  un 
traité  secret  le  liait  à  Hugues  de  Lusignan. 

Raymond  se  chargea  d'entraîner  dans  la  ligue  le  roi 
d'Aragon  et  le  vicomte  Trencavei  ;  il  fit ,  à  cet  effet ,  un 
voyage  en  Catalogne  qui  eut  un  plein  succès  auprès  de 


^  Cet  acte  de  mariage  a  été  publié  pardom  Luc  d'Achéry,  dans  son 
Spicileginm,  édil.  in-f,  t.  Ilï,  p.  621. 

^  Chronique  de  Guillaume  de  Puy-Laurens,  chap.  xlv,  el  Hist,  4e 
Lang,^  l.  XXV,  chap.  lu. 


»  ( 


GOALItlOfl  GOlVTitB   LE  HÛI   DB   FRANCE  6S 

raDciea  vkomtede  Béziers^  mais,  malgré  le»  assertioos 
de  quelques  contemporains,  il  nous  est  permis  de  douter 
que  le  comte  de  Toulouse  ait  aussi  bien  réa&si  auprès  de 
Jacme  et  obtenu  de  celui-ci  une  promesse  formelle  de 
secours  contre  le  roi  de  France. 

La  prudence  du  roi  d'Aragon ,  la  sâreté  de  son  juge- 
ment «  les  idées  de  conciliation  que ,  par  un  remarquable 
contraste,  Tinfatigable  guerroyeur  des  Sarrasins  appor- 
tait dans  ses  relations  avec  les  princes  chrétiens ,  la  né- 
cessité de  surveiller  sans  cesse  les  Musulmans  imparfai- 
tement soumis  de  ses  nouveaux  royaumes,  tout  enfin 
dans  sa  conduite,  comme  dans  son  caractère,  contredit 
cette  affirmation  hasardée.  Autant  il  est  aisé  de  recon- 
oaltre  les  traditions  catalanes  dans  la  combioai^n  ma- 
trimoniale qui  venait  d'échouer,  autant  il  est  difficile  de 
croire  que,  avec  une  caution  telle  que  rincooséquent 
Raymond  VII,  Jacme  se  soit  lancé  dans  une  guerre  dont 
Tissue  était  plus  qu'incertaine,  dont  la  durée  et  la  violence 
pouvaient  atteindre  des  proportions  désastreuses.  Les 
vœux  du  roi  d'Aragon,  comme  ceux  des  rois  de  Gastille 
et  de  Navarre,  étaient  certainement  favorables  à  la  cause 
du  Midi  ;  mais  il  y  a  loin  de  là  à  une  promesse  d'inter- 
vention. Le  bnut  se  répandit  pourtant  que  ces  princes 
étaient  entrés  dans  la  coalition;  propagées  sans  doute 
habilement  par  Raymond  et  le  comte  de  la  Marche ,  ces 
rumeurs  vagues  et  sans  fondement  prirent  un  corps  dans 


^  Par  un  acte  en  date  du  46  des  kalendes  de  novembire  (47  octobre) 
4244 ,  «  Trencavel,  par  la  grâce  de  Dieu,  yicorate  de  Béziers  »  ,  s'en 
remet  à  la  décision  et  à  la  volonté  du  roi  d'Aragon  et  du  comte  de 
Toulouse,  jurant  de  ratifier  ce  qu'ils  délermineront  à  son  sujet  et» au 
sujet  de  sa  terre  et  de  ses  hommes.  11  fait  hommage  manuel  à  Jacme 
selon  les  fueros  d'Aragon  (Voyez  EUtoire  de  Lang,^  liv.  XXV,  chap. 
Ln.) 


64  UtRB  III  ,  CHiPlTHB  Ht 

quelques  écrits  de  l*époque.  Nous  pouvons  citer  cepeo* 
dant  à  l'appui  de  notre  opinion  la  chronique  de  Guillaume 
de  Puy-Laurens,  chapelain  de  Raymond  YII,  qui  ne 
mentionne  point  les  rois  espagnols  au  nombre  des  alliés 
du  comte  S  et  les  paroles  que  Mathieu  Paris  prête  à 
Hugues  de  Lusignan  dans  la  discussion  que  celui-ci  eut 
avec  le  roi  d'Angleterre  au  moment  de  la  bataille  de 
Taillebourg  : 

«  —  Où  sont,  demandait  Henri,  ces  nombreuses 
troupes  qui  pouvaient  s'opposer  aisément  au  roi  de 
France  et  lui  résister  sans  frayeur?. . . .  Est-ce  là  ce  que 
tu  m'as  promis? 

»  —  Jamais  pareille  chose  n'a  été  promise  de  mon 
aveu,  répondit  Hugues,  prenez-vous-en  à  votre  mère, 
ma  femme.  Par  la  gorge  de  Dieu  !  tout  cela  a  été  machiné 
à  mon  insu*.  > 

Lorsque  le  comte  de  la  Marche  et  Raymond  se  crurent 
assurés  de  l'appui  des  principaux  barons  de  Poitou, 
d'Aquitaine  et  de  Languedoc,  ils  commencèrent  les  hos- 
tilités contre  saint  Louis  et  appelèrent  à  leur  secours  le 
roi  d'Angleterre. 

c  Adont  avinl  apriès  la  Paske , 
De  cuer  boiséour  et  de  laske  ' 
Li  quens  de  la  Marce  et  li  sien , 


*  «ilnterea  oriuntur  contractus  inter  eosdem  eomites  Tolosœet  Mar- 
chiœ  et  regem  Angliœ,  de  facienda  yuerra  régi  Franciœ,  pluribus 
aliis conseniientibus in  idipsum,^  (Guillaume  de  Puy-Laurens,  chap. 
XLV.)  Plus  bas  le  chroniqueur  nomme  les  adhérents  du  comte  de 
Toulouse  :  Âmalric  de  Narbonne,  Raymond  Gaucelin  de  Lunel,  les 
comtes  d'Armagnac  et  de  Foix  ;  il  ne  mentionne  pas  les  rois,  qui  au- 
raient dû  figurer  au  premier  rang. 

'  Mathieu  Paris,  Grande  Chronique,  ad  ann.4242. 

'  De  cœur  trompeur  et  lâche. 


SOULÈVEMENT   DU   MIDI  65 

Ki  le  roi  n'amoient  de  rien , 
Mandèrent  au  roi  d'Engletière 
Qu'il  passast  il  r'aroit  sa  tière. 
Le  roi  d'Arragonne  en  estoit 
Voellans  et  bien  s'i  asenloit*, 
El  li  rois  de  Navarre  ausi , 
El  li  quens  de  Toulouse  ensi  ; 
C'esloit  auques'  sor  la  fiance 
De  l'Empereur,  mais  deffîance^ 
N*ot  pas  mandé  à  Loeys^.  » 

On  sait  comment  Henri  III ,  cédant  aux  instances  de 
la  comtesse  de  la  Marche,  sa  mère,  passa  en  France, 
malgré  ses  barons ,  avec  un  corps  de  troupes  peu  nom- 
breux, se  mit  à  la  tête  des  Poitevins  et  des  Gascons  et 
vint  se  faire  battre  à  Taillebourg  et  à  Saintes  (juillet 
1242). 

Pendant  ce  temps,  une  grande  partie  du  Midi  se  sou- 
levait à  la  voix  de  ses  seigneurs  :  Amalric,  vicomte  de 
Narbonne  ;  Trencavel  de  Béziers ,  les  comtes  de  Foix , 
deComminges,  d* Armagnac,  de  Rodez,  et  se  rangeait 
sous  l'autorité  de  Raymond  VII,  qui  avait  repris  le  titre 
de  duc  de  Narbonne  ^  Mais ,  tandis  que  le  comte  de  Tou- 

^  Voulant  et  bien  y  consentait. 

^  Aussi. 

3  Défi,  gage  de  combat. 

*  Chron.  rimée  de  Philippe  Mouskes,  publiée  par  M.  le  baron  de 
Reiftemberg,  vers  30841  à  30853. 

s  Si  le  sirvenle  dont  nous  avons  parlé  plushaut  (page  il  ,nole  1) 
est  de  Durand  de  Perneâ  et  non  de  Bertrand  de  Born,  c'est  à  celte 
datequMl  faut  le  placer  : 

a  Guerre  rend  le  vilain  courtois^  dit  le  troubadour,  et  pour  cela 
me  plall  guerre  bien  faite,  et  j'aime  quand  la  trêve  est  rompue  entre 
les  sterlings  et  les  tournois. 

9  Slerlings  et  tournois  changeant,  prenant,  mettant  et  donnant , 
nous  verrons  avant  un  an,  ù  mon  avis,  lequel  des  deux  rois  est  le 
moins  lâche . 

»  Pourtant  le  seigneur  comte,  duc,  marquis  a  bien  jeté  son  gage 
T.  n.  5 


66  LivKB  III ,  t!&jLprrRB  m 

louse  poursuivait  le  cours  de  ses  succès ,  Hugues  de  la 
Marche,  vaincu,  s'humiliait  aux  pieds  de  saint  Louis  et 
promettait  même  de  joindre  ses  armes  aux  armes  fran- 
çaises pour  combattre  son  allié  de  la  veille.  Bientôt  celui 
des  conseillers  de  Raymond  qui  Tavait  le  plus  vivement 
poussé  à  la  révolte,  le  comte  de  Foix ,  se  détacha  de  la 
coalition  méridionale  et  fut  suivi  dans  sa  défection  par  le 
comte  de  Rodez.  C'est  en  ce  moment  que  le  troubadour 
Guillem  de  MontagnagoP  s*écriait  : 

«  Il  m'est  agréable  d'entendre  les  fanfares  des  trompes 
des  hommes  d'armes  au  milieu  du  combat,  quand  les 
meilleurs  archers  des  deux  armées  tirent  avec  adresse  et 
que  je  vois  se  confondre  les  bannières.  Alors  tressaille  le 
cœur  du  vassal,  si  bien  que  son  corps  s'enhardit. 

»  Comte  de  Toulouse,  là  où  l'on  éprouve  les  puissants, 

(de  combat),  mais  on  dit  que  Gascons  et  Anglais  le  font  mettre  pour 
sentinelle. 

»  Bientôl  nous  verrons  lesquels  pourront  le  mieux  souffrir  la  fa- 
tigue et  le  fracas  ;  nous  verrons  maint  dieval  bai  et  maint  gris,  et 
maint  heaume  et  mainte  épée,  et  niniut  coup  frappé  fort  et  ferme, 
maint  bras,  mainte  tele  fracassée,  mainte  muraille,  mainte  tour 
détruite,  maint  château  forcé  et  conquis. 

»  Personne  ne  croit  que  sans  réclamalion  les  Français  gardent  ce 
qu'ils  ont  ravi  injustement  à  maint  baron  e^limé.  Mais  je  suis  gran- 
dement étonné  (de  la  conduite)  du  seigneur  des  Âragonais  ;  car  pour 
leur  (faire  du)  dommage  il  n'abandonne  pas  (ses  entreprises)  et  il 
n'adhère  pas  ici  au  traité  que  propose  le  comte,  duc,  marquis.» 

Celte  dernière  phrase  prouverait  que  Jacme  n'entra  point  dans 
la  coalition  de  4241,  si  toutefois  c'est  à  ces  événements  qu'il  faut 
rapporter  la  pièce  qui  précède.  (V.  Raynouard,  Choix  de  poésies  des 
Troub,,  t.  IV,  p.  263.) 

*  Ce  Iroubadour  est  appelé  dans  les  manuscrits  Montagnagoul, 
Monlagnaçot  et  Montanhagol  Je  Toloza.  Muntanerlui  doime  le  nom 
de  Munleyagol.  C'est  probablement  lui  qui  figure  à  iJlusieurs  re- 
prises dans  la  répartiiion  du  royaume  de  Valence  sous  le  nom  de  G. 
deMontaynagol.  (V.  à  la  lin  de  volume,  Nomenclature  des  familles  des 
Elatsdelaciûel".—Voy.  aussi Milà, de t<w  Trovadores,  p.  473et259.) 


SOULEYEMENT   EU  M»l  67 

je  TOUS  vois  au  faite  de  Thonneur,  et  je  prie  que  Dieu  me 
dooue  son  amour  aussi  certaioemeut  que  votre  richç 
renommée  s*éiève  au  milieu  des  louanges.  Mais  que  oelyi 
qui  maintenant  vous  fait  défaut  ne  trouve  jamais  pr^s  de 
vous  bon  accueil. 

«  Nous  avons  vu  la  Marche ,  Foix  et  Rodez,  faillir  les 
premiers  à  nous  porter  secours;  c*est  pourquoi  je  les 
flagelle  au  nom  de  Tbonneur  et  du  courage  dont  ih  se 
sont  dépouillés;  car,  dans  une  telle  cloche,  ils  ont  mis 
le  battant^  qu'ils  ne  peuvent  plus  espérer  bon  renom. 

»  Je  ne  crois  point  que  jamais  ils  effacent  leur  crime  ; 
car  il  se  charge  d*un  forfait  pire  que  celui  de  Caïn ,  celui 
qui  maintenant  se  sépare  du  puissant  seigneur  de  Tour 
louse.  Il  est  difficile  que  celui  qui  fait  défaut  et  manque  à 
son  seigneur  ne  soit  point  puni. 

»  Si  le  roi  Jacme,  à  qui  nous  n*avQns  point  menti,  tient 
ce  que  lui  et  nous  nous  sommes  promis ,  â*après  ce  que 
j'ai  ouï  dire*,  grand  chagrin  et  pleurs  auront  les  Français, 
en  dépit  de  tous  ceux  qui  voudraient  Tempécher.  Mais, 
comme  il  fait  défaut  et  qu'il  ne  parait  pas ,  tout  le  monde 
le  regarde  de  mauvais  œil. 

>  Anglais,  de  fleurs  et  de  feuilles  couronnez^vous;  ne 
vous  donnez  point  de  peine,  ne  prenez  point  garde  à  qui 
vous  attaque,  jusqu'à  ce  qu'on  vous  ait  entièrement  dé- 
pouillés ^  > 

^  Expression  proverbiale  qui  sigEifie:  ils  ont  prêté  leur  aide  a  une 
t6i]e  cause. 

2  Le  doute  exprimé  par  ces  paroles  prouve  que  Texistence  du 
prétendu  traité  avec  le  roi  d'Aragon  était  loin  d'être  admise  par  les 
contemporains. 

»  Voy.  pour  le  texte  de  ce  sirvenle  :  Rochegude,  Parnasse  occtta* 
ffiûn,  p.  âl78  ;  Raynouard  ,  CKoix  de  poésies  des  Troub<idours,  t.  lY, 
p.  212  ,  et  pour  te  texte  et  la  Iraduction  espagnole,  Milà,  de  Iùs 
Trovadares  ^  p.  173. 


68  LIVRE  III ,   CHAPITRE  III 

Henri  III ,  on  effet ,  réfugié  à  Bordeaux  après  ses 
désastres,  dépeusait,  au  milieu  des  plaisirs,  Tor  qu'il 
avait  apporté  pour  la  guerre,  et  négligeait  de  profiter  du 
secours  inattendu  que  venaient  lui  donner  la  maladie  et  la 
famine,  s*abattant  tout  à  coup  sur  Tarmée  de  saint  Louis. 
Le  comte  de  Toulouse  était  accouru  pourtant  dans  la 
capitale  de  la  Guyenne  pour  s'assurer  l'aide  du  roi  d'An- 
gleterre ;  un  traité  avait  été  conclu^ ,  mais  il  resta  sans 
effet.  Les  rois  d'Aragon ,  de  Navarre  et  de  Castille  ne 
firent  aucun  mouvement  qui  pût  prouver  leur  connivence 
avec  les  adversaires  de  Louis  IX,  et  Raymond,  abandonné 
de  tous,  fut  contraint  d'implorer  humblement  la  paix  et 
de  s'en  remettre  à  la  miséricorde  du  roi  de  France. 
Celui-ci ,  usant  d'indulgence,  se  contenta  d'exiger  du 
vaincu  le  serment  de  fidélité  et  la  confirmation  du  traité 
de  1239  (janvier  1243). 

Sur  les  bords  du  Rhône  comme  au  pied  des  Pyrénées, 
la  triste  issue  de  cette  campagne  fit  gronder  dans  les 
cœurs  les  vieilles  passions  méridionales,  qui  inspirèrent 
probablement  alors  au  tailleur  de  Pernes*  ce  chant  vigou- 
reux : 

€  J'ai  à  cœur  d'encocher  un  sirvente  pour  le  décocher 
sur  ceux  qui  ont  renversé  l'honneur,  car  ils  soutiennent 
le  non  et  ont  trahi  le  oui,  et,  puisque  j'ai  arbalète  et  croc, 
je  piquerai  des  éperons  pour  tirer  sur  les  plus  hauts  lieux  : 
sur  le  roi  anglais,  que  l'on  tient  pour  sot,  car  il  souffre 
honteusement  qu'on  le  dépouille  de  son  bien;  aussi  ai-je 
à  cœur  de  l'atteindre  le  premier.  J'aurai  toujours  ressen- 

*  Voyez  l'analyse  de  ce  traité  dans  VHistoire  de  Languedoc,  liv. 
XXV,  chap.  Lxi. 

*  Le  troubadour  Durand,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  à  propos 
d^un  autre  sirvente  que  M.  Raynouard  attribue  avec  raison,  selon 
nous,  au  célèbre  Bertrand  de  Born. 


SIBTEIVTE  DE  BUBAND  DE  PEBNES  69 

timeDt  et  haine  pour  le  roi  Jacme ,  qui  tient  mal  ses  pro- 
messes: les  serments  qu'il  fait  sont  lâches  et  perfides. 
  mon  avis,  Amalric^  de  Narbonne  a  mieux  tenu  les 
siens;  c'est  pour  cela  que  je  suis  son  ami.  Sa  conduite 
est  celle  d*un  homme  riche  en  courage  ;  l'autre  a  agi 
comme  un  roi  pauvre  de  cœur  ;  c*est  pourquoi  je  serais 
content  s'il  lui  venait  dommage  et  malheur.  Son  secours 
nous  aurait  fortifiés  et  délivrés,  et  les  Français  en  auraient 
été  déconfits,  pris  et  tuésV  » 


*  Les  textes  imprimés  de  ce  sirvente  portent  Aimerics;  mais  41- 
meri,  vicomte  de  Narbonne,  était  mort  en  4239,  et  les  paroles  du 
troubadour  paraissent  se  rapporter  au  mouvement  de  4242.  Nous 
pensons  qu'il  doit  y  avoir  là  une  erreur  de  copiste  et  quUl  faut  lire 
Amalrics. 

^  Raynouard,  Choix  de  poésies ,  t.  V,  p.  437  ;  Milà,  de  los  Trov,, 
p.  469. 


CHAPITRE  IV 


Soucis  domestiques  duroi  d'Aragon.  —  Testament  inconnu. —  Importance 
de  ses  dispositions.  —  Mort  de  Njmyo  Sanchez.  —  Ses  domaines  font 
retour  au  roi  d'Aragon,  —  Expédition  sur  les  bords  du  Mijares  et  dans 
les  sierras  d'Eslidaet  d'Espadan.  —  Prise  d'Alcira.  —  Voyage  du 
roi  à  Montpellier.  —  Naissance  de  l'infant  Jacme.  —  Prétenduç  con- 
férence avec  saint  Louis,  —  Intentions  du  roi  d'Aragon  relativement  au 
partage  de  ses  États.  --  Exigences  de  la  reine  Yolande.  —  Nouveau 
partage.  —  Cortès  de  Daroca.  —  Difficultés  pour  la  délimitation  de 
rÀragon  et  de  la  Catalogne.  —  Menaces  de  guerre  civile.  —  Expli- 
cation de  la  conduite  duroi.—  Erreur  des  historiens  sur  les  sentiments 
de  Jacme  pour  son  fils  Alfonse.  —  Influence  du  roi  Femand  et  de 
Tinfant  Alfonse  de  Gastille.  —  Siège  de  Xativa.  —  Hostilités  avec  l'in- 
fant de  Gastille.  —  Entrevue  d'Almizra.  —  Capitulation  de  Xaliva.— 
Siège  et  reddition  de  Biar.—  Le  Conqaisladof  maître  de  tout  le  royaume 
de  Valence. 

Le  roi  d'Aragon ,  rentré  en  Catalogne  vers  le  mois  de 
septembre  de  Tannée  1241,  suivait  des  yeux  cette  guerre 
imprudente  à  laquelle  il  avait  refusé  de  se  mêler  active^ 
ment,  et,  tandis  que  son  âme  de  prince  s'attristait  des 
échecs  au  devant  desquels  Raymond  VU  semblait  courir, 
de  plus  vives  souffrances  se  préparaient  pour  son  cœur 
de  père. 

Bientôt  va  s'ouvrir  une  période  douloureuse  pour  le 
héros  que  la  fortune  a  jusqu'ici  comblé  de  se^  faveurs. 


72  LITilE  TU  ,  CHAPITRE  IT 

Dès  l'année  4242,  il  prélude,  par  un  nouveau  partage  de 
ses  Etats,  aux  peines  et  aux  discordes  domestiques  qui 
vont  empoisonner  ses  derniers  jours,  et  faire  une  triste 
compensation  aux  succès  inespérés  de  ses  jeunes  années. 

En  épousant  la  fille  du  roi  de  Hongrie,  Jacme,  con- 
traint d'assurer  aux  enfants  à  naître  de  cette  alliance  un 
patrimoine  digne  des  deux  races  royales  qui  s'unissaient, 
avait  dû  modifier  son  testament  de  Tannée  1232  et  for- 
merde  ses  conquêtes  de  la  Péninsule  et  de  ses  possessions 
d^outre-Pyrénées  un  lot  distinct  de  TAragon  et  de  la 
Catalogne,  réservés  à  son  fils  aine  Alfonse*.  En  1241, 
trois  enfants  étaient  nés  de  la  princesse  de  Hongrie, 
Yolande,  dont  le  mariage  avec  Alfonse,  héritier  pré- 
somptif de  la  couronne  de  Castille,  était  conclu  sinon 
célébré  ;  Pierre,  né  en  1239',  et  Constance,  qui  devait 
épouser  plus  tard  l'infant  de  Castille^  don  Manuel.  Le 
moment  était  donc  venu  de  transformer  en  un  partage 
ou  en  un  testament  solennel  les  promesses  faites  par  le 
roi  à  l'époque  de  son  mariage.  La  reine  l'y  poussait  et 
usait  de  toute  son  influence  pour  que  la  part  de  ses 
enfants  s'accrût  au  préjudice  du  fils  de  Léonor.  Mais 
Jacme  résistait  à  ces  suggestions  qui  tendaient  à  lui 
arracher  un  acte  impolitique.  C'était  compromettre  gra- 
vement l'avenir  de  ses  Etats  que  d'aller  au  delà  de  ses 
engagements  de  1235;  aussi  se  borna-t-il  à  leur  donner 
une  nouvelle  sanction  par  un  deuxième  testament,  rédigé 
à  Barcelone  le  jour  des  kalendes  de  janvier  1241  (l""'  jan- 
vier 1242). 

Cet  acte  n'était  point  aux  archives  d'Aragon  lorsque 
Zuritâ  écrivait  ses  Anales,  car  l'exact  historiographe, 

*  Voy.  noire  tome  I,  p.  358 et  359. 

^  Miedes  (Vida de  donJayme,  lib.  XIY)  donne,  par  erreur,  huitans 
à  Pinfant  Pierre  en  4243. 


DE17XIÈIIE  TBSTAMEPiT  DC  ROI  75 

et,  après  lui,  tous  les  auteurs  aragonais  et   catalans 
ne  l'eussent  pas  entièrement  passé  sous  silence*. 

Par  ce  testament,  Alfonse,  fils  de  Léonor,  doit  avoir 
«  tout  le  royaume  d'Aragon  et  toute  la  Catalogne,  Riba- 
gorza,Pallars,  Aran  et  la  suzeraineté  du  comté  d'Urgel  », 
c'est-à-dire  un  Etat  fort  et  prospère  en  lui-même,  mais 
qui,  enclavé  de  toutes  parts,  ne  pourra  s'étendre  ni 
vers  la  France,  ni  vers  les  terres  des  Sarrasins;  car 
Pierre,  fils  d'Yolande,  possédera,  d'un  côté.  Valence  et 
les  Baléares,  de  l'autre,  la  seigneurie  de  Montpellier 
avec  toutes  ses  dépendances,  les  droits  de  la  maison  de 
Barcelone  sur  le  Carcassez  ,  le  Termenois ,  le  Rasez ,  les 
pays  de  Fenoillèdes,  de  Millau,  de  Gevaudan,  et,  après 
la  mort  deNunyo  Sanchez,  le  Roussillon,  la  Cerdagne, 
le  Gonflant  et  le  Valespir.  Les  deux  infants  sont  sub- 
stitués l'un  à  l'autre,  dans  le  cas  où  l'un  d'eux  n'aurait 
pas  de  postérité,  et,  s'ils  meurent  tous  les  deux  sans 
enfants ,  leur  sœur  Yolande ,  femme  d'Alfonse  de  Cas- 
tille,  et  ses  descendants  légitimes,  sont  appelés  à  la  suc- 
cession de  tous  les  Etats  du  roi  d'Aragon . 

Après  avoir  donné  à  sa  fille  Constance  une  somme  de 
soixante  mille  morabatins  ;  fait  de  nombreux  legs  pieux  '; 
ordonné  le  payement  de  ses  dettes  et  la  réparation  de 
ses  torts;  prescrit  à  ses  fils  de  garder  auprès  d'eux  les 
«  hommes  de  sa  cour  »  ;  désigné  l'archevêque  de  Tar- 
ragone ,  l'évoque  de  Barcelone ,  avec  les  frères  prêcheurs 

*  Lesarcbives  d'Aragon  doivent  sans  doute  la  possession  de  cet  im- 
portant document,  que  nous  publions  pour  la  première  fois  (Pièces 
juiitificatives,  n°  V},  au  zèle  éclairé  et  infatigable  de  don  Prospère 
deBofarull. 

^  Au  milieudes  legs  faits  par  le  roi  pour  le  repos  de  son  âme,  on 
remarque  celui-ci  :  a  Au  monastère  de  Saint-Victorlen...  mille  mora- 
batins pour  le  repos  de  l'âme  de  doua  Toda  Ladron,  que  nous  lui 
avons  promis  selon  sa  dernière  volonté.» 


74  LITRB  illy  GHAPITEB  I¥ 

Ramon  de  Penyafort,  Berenguer  de  Castellbisbal ,  G,  de 
Barbera  et  Miguel  de  Fabra,  pour  veiller  à  TexécutioD 
de  certaines  clauses,  et  prié  les  infants  et  <  les  reines  • 
de  ne  point  attaquer  ses  dispositions ,  Jacme  met  son 
testament  sous  la  protection  du  Saint-Père,  avec  prière 
d*excommunier  ceux  qui  y  contreviendraient ,  il  confie 
à  son  oncle  Fernand,  infant  d*Aragon  ,  son  fils  Pierre 
jusqu'à  ce  qu*il  ait  atteint  Tâge  de  quinze  ans,  délai 
pendant  lequel  la  reine  Yolande  devra  percevoir  les 
revenus  du  royaume  de  Valence ,  et  recommande  enfin 
l'infant  Pierre  et  la  reine  Yolande  au  roi  Fernand  de 
Gastille. 

Outre  certains  détails  chronologiques  jusqu'ici  discutés, 
tels  que  la  date  de  la  mort  de  Nunyo  Sanchez  ,  l'époque 
approximative  du  mariage  de  Tinfante  Yolande,  celle  de 
la  naissance  de  Constance,  pour  lesquels  ce  document 
fournit  des  données  irrécusables ,  nous  trouvons  dans  ce 
testament,  en  le  comparant  à  celui  de  1232,  Tindice 
d'un  changement  notable  qui  s'opéra  vers  cette  époque 
dans  l'opinion  publique  et  que  reflètent  les  dernières  dis- 
positions du  roi.  Jacme  n'y  nomme  pas  une  seule  fois  les 
Templiers  et  les  Hospitaliers,  auxquels  il  donnait  un  si 
grand  rôle  dix  années  auparavant.  C'est  que  les  ordres 
militaires,  trop  avides  des  biens  de  ce  monde  ,  perdent 
chaque  jour  en  force  morale  ce  qu'ils  gagnent  en  puis- 
sance matérielle;  tandis  qu'à  leurs  côtés  les  Frères  prê- 
cheurs, par  leur  pauvreté,  l'ascendant  de  leur  parole, 
l'autorité  de  leur  vie  austère  ,  croissent  en  popularité  et 
en  influence. 

Une  révolution  tend  à  s'opérer  au  proUt  de  la  démo- 
cratie du  monde  monastique ,  et  à  relever  les  religieux 
qui  portent  la  besace  au  préjudice  de  ceux  qui  ceignent 
leurs  flancs  d'une  épée.  Lus  richesses  amassées  par  ces 


DEtroèME  TEBTAMENT  DU  AOI  75 

derniers ,  en  excitant  l'envie  dans  les  hautes  régions  du 
clergé  et  de  la  noblesse ,  sont  une  cause  d'isolement  pour 
les  ordres  militaires,  en  butte  à  des  attaques  qui,  dans 
moins  d'un  siècle,  doivent  entraîner  la  chute  du  plus  puis- 
sant d'entre  eux. 

Jacme  n'oubliait  pas  ce  qu'il  devait  aux  guides  de  sa 
jeunesse,  mais  il  ne  pouvait  plus  sans  danger  confier  aux 
Templiers  une  autorité  qui  certainement  leur  aurait  été 
contestée.  L'appui  moral  du  Saint-Siège  leur  eût  même 
fait  défaut ,  car  les  faveurs  de  la  cour  de  Rome  se  por- 
taient presque  exclusivement  sur  les  Dominicains,  investis 
depuislâ33  des  fonctions  inquisitoriales.  Le  roi  agit  donc 
sagement  en  donnant  à  cet  ordre  une  preuve  de  sa  con- 
fiance ,  à  défaut  d'un  rôle  politique  apparent  qui  ne  pou- 
vait convenir  aux  humbles  fils  de  saint  Dominique. 

Des  quatre  Frères  prêcheurs  nommés  dans  le  testa- 
ment royal,  deux  s'étaient  fait  remarquer  au  siège  de 
Mayorque:  c'était  Berenguer  de  Gastellbisbal,  bientôt 
évêque  de  Girone,  et  Miguel  de  Fabra,  fondateur  du  cou- 
vent des  Dominicains  de  la  capitale  des  Baléares^;  G.  de 
Barbera  appartenait  à  une  famille  dont  plusieurs  membres 
s'étaient  distingués  dans  les  armées  aragonaises  ;  enfin, 
au-dessus  de  ces  noms  connus  et  aimés,  rayonnait  le  nom 
vénéré  de  l'illustre  Ramon  de  Penyafort. 

Après  avoir  professé  avec  éclat  la  philosophie  et  la 
jurisprudence,  après  avoir  refusé  l'archevêché  de  Tarra- 
gone  et  s'être  démis  des  hautes  fonctions  de  général  de  son 
ordre  qa'il  n'avait  acceptées  qu'avec  des  larmes,  Ramon, 
parent  du  roi  et  autrefois  grand  pénitencier  de  Gré- 
goire IX,  venait  de  reprendre  à  soixante-six  ans  ses  tra- 


*  Voy.  notre  tome  I.  p.  289.  C'est  par  erreur  que  Miguel  de  Fabra 
est  quelquefois  appelé  Miguel  de  Fabia. 


76  LIYBE  III ,    CHAPITRE  IT 

vaux  évaDgéliqaes ,  dans  lesquels  brillaient  d*un  vif  éclat 
ses  lumières  et  ses  vertus. 

Une  autre  mesure  habile  fut  la  désignation  de  don  Fer- 
nand  d'Aragon  comme  tuteur  de  Tinfant  Pierre.  Lorsque 
Jacme  n'avait  encore  qu'un  fils,  il  se  garda  bien  de  le 
confiera  son  oncle  ,  dont  la  réputation  n*était  pas  pure  de 
tout  soupçon  de  crime  ^  mais  Pierre  n'était  pas  Tunique 
enfant  du  roi,  et  sa  mort  n'eût  ouvert  en  faveur  de  Fer- 
nand  aucun  droit  à  la  succession  de  la  couronne.  En 
accordant  spontanément  à  l'ambitieux  abbé  une  préroga- 
tive qu'il  n'eût  pas  hésité  à  réclamer  les  armes  à  la 
main ,  on  lui  ôtait  un  prétexte  de  jeter  le  trouble  dans 
l'État. 

Enfin  il  ressort  avec  évidence  du  testament  de  1242 
que  la  séparation  de  TÂragon  et  de  la  Catalogne  n'était 
point  dans  les  projets  du  roi.  Il  fallut  les  arguments  des 
légistes,  joints  aux  pleurs  et  aux  supplications  de  la  reine 
Yolande,  pour  triompher,  après  une  longue  résistance  , 
des  sages  résolutions  du  monarque  aragonais.  Mais,  dans 
l'intervalle  qui  sépare  la  rédaction  du  testament  que  nous 
venons  d'analyser  de  l'annulation  du  même  acte ,  se  pla- 


'  Voy.  notre  tome  I,  page  95.  Nous  trouvons  un  singulier  exemple 
de  la  façon  dont  Tabbé  de  Montaragon  entendait  les  devoirs  de 
son  état  dans  un  acte  par  lequel  Fernand,  ayant  reçu  en  don  de  son 
neveu  la  ville  et  le  cbâteau  de  Liria,  et  >oulant  lui  en  témoigner  sa 
gratitude,  ordonne  que  ce  domaine  fera  relour  au  donateur,  si  le 
donataire  meurt  sans  enfants  issus  d^un  légitime  mariage,  0  legali 
matrimonio.  (Ârch.  de  la  couronne  d'Aragon,  parch.  de  Jacme  I", 
no  78o.)On  pourrait  supposer,  d'après  ces  paroles,  que,  malgré  le  tes- 
tament d'Àlfonse  II,  son  père,  qui  le  destinait  à  être  moine  de  Poblet 
(Voy.  ce  testament  dans  Touvrage  de  BofaruU,  los  condes  de  Barce- 
lona^  t.  II,  p.  2t6),  Fernand  n'embrassa  pas  l'état  ecclésiastique,  et 
fut  seulement  abbé  laïque  de  Montaragon.  Tous  les  historiens  le  con- 
sidèrent cependant  comme  engagé  dans  les  ordres.  Il  parait,  du 
reste,  qu'il  ne  se  maria  point. 


NUNYO  SANGHEZ  77 

cent  des  événements  d'une  certaine  importance,  auxquels 
nous  devons  restituer  leur  vraie  date,  méconnue  par  la 
plupart  des  historiens  *. 

Les  pays  de  Roussillon,  Cerdagné,  Gonflant  etValespir, 
dont  le  roi  d'Aragon  n'avait  encore  que  la  suzeraineté  le 
V  janvier  4242,  et  qu'il  laissait  à  son  fils  Pierre  pour  en 
prendre  possession  seulement  à  la  mort  de  son  cousin 
Nunyo  Sanchez,  firent  retour  quelques  jours  plus  tard 
à  la  couronne  d'Aragon  par  la  mort  de  don  Nunyo  ,  qui 
ne  laissait  pas  d'enfant. 

On  sait  que  le  domaine  utile  de  ces  pays  avait  été  donné 
en  apanage  parAlphonse  le  Chaste  à  son  frère  don  Sanche, 
qui  devait,  paraît-il,  en  jouir  seulement  durant  sa  vie*. 
Plus  tard  cette  donation  fut  renouvelée  en  faveur  du  fils 


*  Arrivé  au  milieu  de  l'année  1241,  Zurila,  n'ayant  plus  à  sa  dis- 
position des  documents  suffîsanls,  perd  pour  quelque  temps  le  fil 
conducteur  de  son  récit  et  commet  de  graves  erreurs  chronolo- 
giques. Diago,  plus  heureux,  en  écrivant  l'histoire  du  royaume  de 
Valence,  d'après  les  archive^  de  ce  pays,  trouve  l'occasion  de  redres- 
ser en  partie  les  erreurs  de  son  collègue  d'Aragon  et  de  combler 
quelques  lacunes.  Uest  à  remarquer  que  Zurita,  nous  ne  savons  pour 
quels  motifs,  s'éloigne  notablement  des  données  de  la  chronique 
royale,  à  laquelle  pourtant  il  accorde  en  général  une  grande  con- 
fiance. Diago  s'en  rapproche  au  contraire  et,  non  content  d'appuyer 
ses  assertions  sur  les  actes  authentiques  qu'il  a  consultés,  il  invoque 
aussi,  pour  rétablir  certaines  dates,  le  texte  même  de  la  chronique 
deJacme.  Pour  nous,  bien  que,  ù  l'exemple  de  presque  tous  ceux  qui 
se  sont  occupés  sérieusement  de  cette  œuvre,  nous  n'ayons  aucun 
doute  sur  son  authenticité,  nous  avons  cru  devoir  puisera  d'autres 
sources  les  indications  chronologiques,  qui  demandent  une  précision 
toute  particulière.  Les  documents  des  archives  de  Valence,  cités  par 
Diago,  ceux  que  nous  avons  eus  sous  les  yeux  à  Barcelone  et  ailleurs, 
nous  permettent  de  renouer  la  chaîne  des  événements,  et  il  est  à  re- 
marquer que  le  résultat  auquel  nous  arrivons  de  cette  manière  con- 
corde parraitement avec  le  récit  delà  chronique  royale. 

*  Voy.  notre  tome  I,  p.  439,  note  1,  et  Chronique  de  Jacme, 
cbap.  }ux. 


78  LIVRE  Itl ,   CHAPITRE  1? 

de  Sanche ,  ce  Nunyo  Sanchez  *  que  nous  avons  vu  quel- 
quefois parmi  les  adversaires ,  souvent  parmi  les  amis 
dévoués  de  son  roi.  Soldai  intrépide,  il  avait  été  armé  che- 
valier surle  champ  de  bataille  de  las  Navas  par  Pierre  II, 
son  cousin  germain,  et  sa  conduite  aux  conquêtes  de 
Mayorque,  d*Iviza  et  deValence  avait  été  digne  d'un  aussi 
brillant  début.  Mais,  dans  la  guerre  des  Albigeois ,  la 
crainte  de  perdre  ses  domaines  ou  le  désir  de  les  aug- 
menter lui  inspira  une  coupable  faiblesse.  Après  avoir 
d'abord  embrassé  le  parti  de  son  suzerain  le  roi  Pierre*, 
et  combattu  Simon  de  Montfort,  pour  l'obliger  à  rendre 
Jacme  enfant  à  ses  peuples,  il  avait  tout  à  coup  déserté  la 
cause  du  Midi  et  agrandi  ses  domaines  aux  dépens  de  ses 
compatriotes,  en  se  soumettant  l'un  des  premiers  à  l'au- 
torité des  rois  de  France.  A  la  fin  de  ses  jours ,  Nunyo , 
dont  la  santé  était  déjà  ébranlée  à  l'époque  de  la  conquête 
de  Valence,  entra  dans  les  ordres  et  mourut'  chanoine  du 
chapitre  d'Elne ,  en  Roussillon  ,  le  19  janvier  1242 '*.  Le 

*  \.e  plus  souvent  Nunyo  s'Intitule  seulement  seigneur  de  Rous- 
slMon,  de  Confiant,  etc.;  il  ne  prend  ie  litre  deeomleque  dans  quel- 
ques acles  postérieurs  à  la  transaclion  conclue  avec  le  roi  en  4i3o. 
(Voy.  noire  loine  I,  p.  364 ,  note.) 

^  lacme,  racontant  ia  bataille  de  Muret,  dit  au  chapitre  viii  de  la 
Chronique  : 

«  Don  Nunyo  Sanchez  et  en  Guillern  de  Moncada,  fils  de  Guilleni 
Ramon  et  de  Guillerma  de  Castellvi,  envoyèrent  un  message  au  roi 
afin  qu'il  les  attendit  :  mais  le  roi  ne  ie  voulut  pas,  et  ainsi  ils  ne 
se  trouvèrent  pas  à  la  bataille.  » 

^  La  mort  de  Nunyo  Sanchez  a  inspiré  ù  Aimeric  de  Belenoi  , 
troubadourdu Bordelais  établi  en  Catalogne,  un  chant  empreintd'une 
profonde  et  pieusi'  tristesse.  La  valeur  de  coite  composilion,  la  place 
occupée  par  celui  qui  en  e>l  ie  Iwro.^  dan?  l'histoire  de  la  Catalogne 
et  de  la  province  aujourd'hui  française  de  Roussillon,  nous  enga- 
gent à  donner  à  la  fin  de  ce  volume  la  traduction  de  celte  remar- 
quable «complainte.  »  (Voy.  Appendice,  noie  C.) 

*  La  date  du  jour  nous  est  donnée  par  D.  loaquin-Maria  Bover,  dans 
son  Historia  de  la  casa  real  de  Mallorca  (p.  20}  ;  nous  ne  savons 


NOtrVfiLLCS  e&P^DlTtONB  79 

surlendemain,  21  janvier,  Bernard,  évéque  d'Agde, 
et  les  autres  exécuteurs  testamentaires  de  Nunyo  San- 
chez  *,  mettaient  le  roi  d'Aragon  en  possession  du  Rous- 
sillon ,  de  la  Cerdagne,  du  Gonflant ,  du  Valespir  *,  et  le 
5  des  ides  de  mars  1241  (11  mars  1242),  Jacme  se  trou- 
vait à  Malioles  en  Roussiilon  ,  où  il  faisait  jurer  paix 
et  trêve  aux  seigneurs  de  ses  nouveaux  domaines  entre 
les  mains  de  Guillem  de  San-Roman ,  chanoine  de  Barce- 
lone ^. 

Deux  mois  après,  le  Conquistador  continuait  la  guerre 
dans  le  royaume  de  Valence,  en  attaquant  quelques  places 
situées  au  nord  de  la  capitale,  sur  les  bords  du  Mijares  et 


d*où  est  extraite  cet  te  indication,  fort  vraisemblable  du  reste,  si  l'on 
considère  que  le  24  janvier  Jacme  était  mis  en  possession  des  biens 
de  Nunvo  par  les  exécuteurs  testamentaires  du  défunt.  Quant  ù  la 
date  de  l'année,  à  peu  près  tous  les  historiens  sont  tombés  dans  la 
même  erreur.  M.  Bover  et  M.  Henry  [Histoire  de  lioussiUonA  I, 
p.  403).  trompés  par  une  assertion  erronée  de  Bosch  (Titols  dehonor 
de  Cathalunya,^  p.  195),  et  par  une  inadvertance  de  dom  Vaissôle 
(Histoire de  Languedoc^  liv.  XXV,  chap  xxx),  n'ont  pas  pris  garde  à 
leur  tour  que  les  documents  sur  lesquels  ils  s'appuyaient  se  rappor- 
taient au  mois  de  janvier  4  2i4  de  l'Incarnation,  correspondant  au 
mois  dejdnvier1242,  d'après  la  manière  de  compter  adoptée  de  nos 
jours.  Le  le>lamenl  du  roi  du  jour  des  kalendes  de  janvier  4  2il 
(4*  janvier  4212),  dans  lequel  Nunyo  Sanchezest  mentionné  comme 
vivant,  ne  peut  laisser  aucun  doute  à  cet  égard.  Beuler  seul  (Coro- 
nica  gênerai  de  Espana,  lib.  Il,  cap.  37)  fait  vivre  don  Nunyo  jus- 
qu'en 4243. 

'  Don  Nunyo  avait  fait  son  testament  le  4  6  des  kalendes  de  jan- 
vier  (47  décembre)  4244.  —  (Henry,  Hwfoirc  de  Roussiilon,  \.  I, 
p.  105.) 

2  Si  Ton  en  croit  Bosch,  qui  s'appuie  sur  des  documents  des  ar- 
chives de  Perpignan,  le  roi  Jacme  aurait  agi,  dès  1240,  en  qualité  de 
comte  et  seigneur  de  Roussiilon,  ce  qui  ferait  supposer  que,  en  em- 
brassant la  vie  ecclésiastique,  Nunyo  Sanchez  avait  remis  au  roi  le 
gouvernement  de  ses  domaines. 

'  Henry,  Bist.  de  Rouss.,  t.  I,  p.  40b. 


80  LIVRE  III ,  CHAPITRE  IV 

dans  les  Sierras  d'Eslidaetd'Espadan.  Après  s* être  emparé 
d'Artana,  il  reçut  la  soumission  des  maures  d'Eslida,  d*A- 
hin,  deVeo,  de  Sengueyr,  de  Pelmes  etdeZuera,  qui,  par 
acte  passé  à  Artana,-  le  4  des  kalendes  de  juin  (29  mai) 
1242,  se  rangèrent  sous  Tautorité  du  roi  chrétien  à  des 
conditions  dont  une  seule  clause  peut  donner  une  idée  : 
il  fut  stipulé  qu* aucun  homme  professant  une  autre  reli- 
gion que  celle  de  Mahomet  ne  pourrait  être  reçu  dans 
ces  territoires  et  y  demeurer  sans  la  permission  des 
habitants,  fùt-il  envoyé  par  le  roi  lui-même  ^ 

Toute  la  partie  du  royaume  de  Valence  située  au  nord 
du  Xucar  était  soumise  aux  armes  aragonaises;  Jacme 
songea  dès  lors  à  pousser  activement  la  conquête  au  delà 
de  ce  fleuve.  La  première  place  qui  se  présentait  à  lui 
était  Alcira  *,  ville  forte,  située  «  entre  deux  cours  d'eau 
navigables',  et  où  nul  homme  ne  peut  entrer  qu'en  tra- 
versant des  ponts  ■  *. 


^  Cet  acte  était  conservé  au  temps  de  Diago,  dans  les  archives  de 
la  Baylie  de  Valence,  premier  grand  livre  des  aliénations  du  patri- 
moine royal,  f°  238.  Les  témoins  furent  les  maîtres  du  Temple  et  de 
rilôpital,  Guillem  de  Entenza,  Ladron,  Ximeno  Ferez,  Ximeno  de  las 
nozes  et  le  commandeur  d' Alcaniz.  (Voy.  Diago,  Hist.  del  reyno  de 
Valencia^  f»  334,  recto.)  Ce  document  confirme  le  passage  suivant 
delà  chronique  royale:  a  Après  cela  (la  reddition  de  Castello  en 
liit)  nous  allâmes  en  Aragon.  Dans  ce  royaume  et  en  Catalogne, 
nous  restâmes  plus  d'un  an,  ayant  laissé  à  Valence  Ximeno  Ferez  de 
Tarazona,  pour  tenir  notre  place  pendant  notre  absence  ,  et  au  bout 
de  ce  temps,  nous  retournâmes  à  Valence  pour  terminer  ce  qui  était 
commencé. )D  (Chron.  de  Jacme,  chap.  ccxvii.) 

Zurita  place  le  retour  du  roi  dans  le  royaume  de  Valence  en  1244, 
c'est-à-dire  trois  ans  environ  après  la  prise  de  Castello. 

'^  Alcira  ou  Alziia,  appelée  aussi  Alzezira  ou  Algizira,  a  été  quel- 
quefois confondue  avec  Algesiras  en  Andalousie,  sur  le  détroit  de 
Gibraltar. 

^  Deux  bras  du  Xucar. 

^  Chron.  de  Bernai  d'Esclot,  chap.  XLix. 


NAISSANCE  DE  l'iNFANT  JACME  81 

Bien  qa'Alcira  fût  delà  conquête  crÂragon,  le  roi  de 
Castille  désirait  ardemment  s*en  rendre  maître:  il  avait 
entamé  à  ce  sujet  des  négociations  avec  le  commandant  de 
la  placée  mais,  en  apprenant  que  le  roi  d'Aragon  s'avan- 
çait, le  Maure,  saisi  de  terreur,  abandonna  la  ville.  Les 
habitants  se  rendirent  à  Jacme  sous  la  double  condition 
qu'ils  conserveraient  le  libre  exercice  de  leur  religion, 
et  que  tout  captif  Sarrasin  qui  mettrait  les  pieds  sur  le 
sol  d'Alcira  deviendrait  libre  sans  que  le  roi  lui-même 
put  le  réclamer.  (Juillet  1242)  *. 

De  retour  à  Valence  au  mois  d'août  suivant  %  Jacme, 
après  avoir  séjourné  quelques  mois  dans  cette  ville,  se 
dirigea  vers  les  pays  d'outre-Pyrénées,  où  il  devait,  disent 
quelques  historiens,  avoir  une  entrevue  avec  le  roi  de 
France  *.  Il  était  accompagné  dans  ce  voyage  de  la  reine 

*  Varraez^  arrayaz  onarraz.  Le  premier  de  ces  noms  s'appli- 
que plus  parliculièrement  au  capitaine  d'un  navire  ;  le  second,  au 
commandant  d'une  place  frontière. 

^  Zurita  assigne  à  la  prise  d'Alcira  la  date  de  4245.  Mais  cet  auteur, 
d^accord  en  cela  avec  tous  les  historiens,  place  col  événement  envi- 
ron un  an  et  demi  avant  le  dernier  siège  de  Xativa,  et  nous  prouve- 
rons plus  bas  que  ce  siège  eut  lieu  en  4244. 

3  Le  45  des  kaiendes  de  septembre  (18  août)  4242,1e  roi  cédait  à 
révéquede  Valence  plusieurs  des  maisons  qu'il  possédait  dans  cette 
ville  en  échange  d'une  somme  de  5,000  besans  d'argent.  Le  3  des 
kaiendes  de  décembre  (29  novembre)  de  la  môme  année,  il  donnait 
un  château  en  fief,  selon  la  coutume  de  Barcelone ,  à  Pedro  Sanz  , 
frère  de  Jacques  Sanz  (Archives  de  la  Baylie  de  Valence,  4*  grand 
livre  des  aliénations  du  patrimoine  royal»  f°499.  —  Diogo,  f°  336.) 

*  Peut  êVe  est-ce  à  ce  voyage  qu'il  faut  rapporter  les  paroles  de 
Ifuntaneria  Lorsqu'il  eut  fait  toutes  ces  conquêtes  et  miset  rétabli 
le  bon  ordre  partout,  il  voulut  aller  visiter  les  royaumes  d'Aragon 
et  de  Catalogne,  les  comtés  de  Roussillon,  de  Gerdagne  et  de  Con- 
fiant ,  que  son  cousin,  le  comte  Nunyo  Sanchez,  qui  était  passé  à 
Mayorquo  avec  lui,  lui  avait  laissés.  Ilalia  aussi  visiter  Montpellier, 
visite  quMl  avait  grand  plaisir  à  faire.  Dans  tous  les  lieux  où  il  se  ren- 
dait, il  faisait  do  grandes  processions  et  rendait  grâces  au  Seigneur, 

T.  n,  6 


89  UTRS  lU  ,  CHAPITRB  IT 

Yolande,  sa  femme,  qui>  arrivée  à  Montpellier,  mit  an 
monde  un  fils,  le  20  mai  1243. 

<  En  Tan  de  M  e  CC  e  XUII,  la  vigilia  de  Pantacosta, 
nasquet  à  Montpellier  en  Jacme  lo  bon  rey,  »  dit  la  Chro- 
nique romane  de  celte  ville  V  Cet  enfant  fut,  en  effet, 
appelé  Jacme  ou  Jacques,  comme  son  père,  et  cen*esl 
peut-être  pas  sans  intention  que  le  fils  de  Marie  de  Mont- 
pellier, désireux  de  ne  point  laisser  se  relâcher  les 
liens  qui  unissaient  sa  famille  à  sa  ville  natale,  voulut 
qu*un  de  ses  enfants  au  moins  naquit  dans  la  cité  des 
Guillem.  Les  événements  devaient  faire  de  ce  fils  le  suc- 
cesseur de  son  père  dans  la  seigneurie  de  Montpellier,  le 
royaume  de  Mayorque  et  les  Etats  de.Roussillon. 

Quelques  jours  après  la  naissance  du  jeune  prince,  si 
Ton  en  croit  dom  Vaissète,  s*appuyant  sur  un  document 
cité  par  Marca  ',  le  roi  d'Aragon  se  serait  rendu  au  Puy- 
en-Velay,  où  il  aurait  rencontré  saint  Louis  de  France. 
Aucun  historien  contemporain  ne  parle  de  cette  entrevue 
restée,  sans  doute,  à  Tétat  de  projet. 


quiTavail  garanti  de  tous  les  dangers.  Parloia  on  îuî  offrait  des  jeux, 
des  bals,  des  fêles,  car  chacun  s'empre.Nsail  de  Phonorer  et  de  lui 
plaire.  Do  son  côlé ,  il  accordait  des  faveurs  el  faisait  des  présents 
en  si  grande  quaniilé  que  ceux  qui  les  ont  reçus  ou  leurs  héritiers  en 
ressentent  encore  les  bons  effets  »  (Chron.  de  RamonMnn!aner,ch.ix.) 
Le  2^'ï  février  124^5.  Jacme  se  trouvait  à  Perpignan  et  faisait  don  aux 
Frères  prêcheurs  de  la  léproserie  de  cette  ville  pour  y  fonder  une 
maison  de  leur  ordre.  (Voy.  Marca  Hispanica,  col.  5Î9.) 

*  Chronique  romane  du  Petit  77ia{amti«  de  Montpellier,  adannum 
1243. 

^  On  trouve  à  la  colonne  529  de  la  Marca  hispanica^  la  mention 
du  leslamenl  fait  le  jour  des  nones  de  juin  ;5  juin)  1243,  par  Pons, 
comte  dlJrgel,  personaliier  pergens  ad  curiam  venerabilium  Régis 
Francorum et  Régis  Aragonum  apud  sanctam  Mariam  de  Podio.  Zu- 
rita  fixccetts  entrevue  à  Tannée  4245,  sans  indiquer  sur  quelles  bases 
Il  appuie  Tauthenticité  du  fait  et  l'exactitude  de  la  date. 


SODCIS  DOMESTIQtES   Dt;  KOI  S3 

Oatre  les  difficultés  néesentre  les  deax  rois  dès  1234*, 
il  y  avait  certâiDement  à  cette  époque,  dans  le  midi  de  la 
France,  dans  toute  l'Europe  et  jusqu*en  Orient,  bien  des 
sujets  de  préoccupation  qui  devaient  faire  désirer  une 
entente  des  deux  grands  princes  chrétiens  ;  mais  est-il 
permis  de  croire  que  les  contemporains  aient  gardé  te 
silence  sur  un  fait  de  cette  nature?  Quoi  qu'il  en  soit, 
iacme  était  à  Montpellier  le  29  juin  1243,  car  ce  jour 
là,  par  son  ordre,  les  consuls  et  le  peuple  de  la  ville 
prêtèrent  serment  de  fidélité  à  Tinfant  Pierre,  comme 
héritier  présomptif  de  la  seigneurie  et  à  la  reine  Yolande, 
comme  régente,  en  cas  de  mort  du  roi,  avant  la  majorité 
du  prince*. 

La  naissance  d*un  nouvel  enfant  n*avait  donc  pas 
d'abord  madiOé  les  dispositions  de  Jacme  au  sujet  du  par- 
tage  de  ses  Etats;  mais  h  reine  exigeait  que  son  second 
fils  pût  aussi  porter  une  couronne,  et  ses  plaintes  sur  la 
préférence  dont  Alfonse  était,  d'après  elle,  l'objet,  vin- 
rent de  nouveau  assaillir  son  royal  époux  «  Aussi  disait- 
il  souvent  que  les  soucis  du  gouvernement,  en  guerre 
comme  en  paix,  sont  beaucoup  plus  tolérables  que  ceux 
àe  la  famille;  car  les  premiers  permettent  à  l'esprit  de  se 
reposer  par  intervalles  et  de  reprendre  haleine;  les  autres, 
au  contraire,  ne  donnent  aucune  trêve.  Au  milieu  de  ses 
ennuis  domestiques,  il  ne  pouvait  souvent  s'empêcher  de 
sourire  en  pensant  que,  maître  de  tant  de  royaumes,  il 
éprouvait  beaucoup  plus  de  peines  et  de  déboires  à  régler 
le  sort  des  cinq  enfants  qu'il  avait  alors,  que  n'en  aurait 


*  Voy.  notre  tome  I,  p.  363. 

^  a  Item  eodem  anno  (12l3j  infesto  B.  B,  Pétri  et  Pauli,  consuîeM 
et  populus  hujusvUlœ,mandato  domini  régis  juraverunt  ,Petro  filio 
ipsius  domini  régis  etreginœ  Yoles,  9  (Cbron.  du  Petit  Thalamus  de 
MontpeUier.; 


84  LITRE  Illf  CHAPITRE  IV 

éprouvé  certainement  un  pauvre  homme  chargé  d'une 
nombreuse  famille  >  ^  Jacme  céda  enfin  devant  la  téna- 
cité dTolande,  à  laquelle,  par  flallerie  ou  par  conviclion, 
les  légistes  de  la  cour  prêtèrent  sans  doute,  comme  nous 
le  verrons  bientôt,  le  secours  de  leur  opinion  ;  à  son 
retour  en  Aragon,  il  résolut  d*enlever  la  Catalogne  à  son 
fils  aîné,  Alfonse,  afin  d*en  accroître  la  part  de  Pierre 
qui,  de  son  côté,  devait,  selon  toute  probabilité,  céder 
une  partie  de  ses  Etats  à  Jacme  son  frère  nouveau*né  *. 

Pour  consacrer  ce  nouveau  partage,  les  cortès  arago- 
naises  furent  convoquée»  à  Daroca  dans  les  derniers  mois 
de  Tannée  1243.  Elles  durent  reconnaître  Tinfant 
Alfonse  pour  héritier  présomptif  du  royaume  d*Aragon  , 
tandis  que  les  corts  catalanes,  que  le  roi  se  proposait 
d*assembler  peu  de  temps  après,  devaient  jurer  fidélité  à 
Pierre  comme  héritier  de  Tancien  domaine  des  comtes 
de  Barcelone. 

Les  syndics  de  la  ville  de  Lérida  assistèrent  aux  cortès 
de  Daroca  et  prêtèrent  serment  à  Alfonse.  C'était  recon- 

*  Miedes,  Vida  de  don  Jayme,  lib.  XIV. 

^  Aucun  historien  n'a  encore  aperçu  le  rapport  qui  existe  entre 
la  naissance  de  iUnfant  Jacme  el  la  convocation  des  corlès  de  Da- 
roca en  i243.  C'est  que  le  testament  de  42i2est  resté  ignoré  jusqu'à 
aujourd'hui,  et  que  le  partage  de  4243,  considéré  comme  le  premier 
qui  ait  eu  lieu  depuis  le  mariage  du  roi  avec  Yolande,  semble  n'être 
que  la  mise  en  pratique  d'une  idée  arrêtéedans  l'esprit  de  Jacma  de* 
puis  le  jour  où  il  voulut  se  séparer  de  Léonor.  iVoy.  notre  tome  1 , 
p.  251.)  Mais,  si  l'on  fait  attention  que  le  Conquistador^  maître  du 
royaume  de  Mayorque  et  d'une  partie  de  celui  de  Valence,  renonce, 
en  4235.  àsiiparer  la  Catalogne  de  TAragon  (t.  1,  p.  358);  qu'en  4242, 
il  persiste  dans  i>a  nouvelle  résolution,  et  qu'en  4243,  quelques  mois 
après  la  naissance  de  son  troisième  ON,  il  revient  à  son  fdlal  projet 
de  morcellement,  qu'il  doit  exagérer  encore  dans  son  testament  de 
42i8,  on  restera  convaincu  que  notre  manière  d'expliquer  ces  revi- 
rements est  la  seule  vraisemblable,  la  seule  qui  puisse  se  justifier  à 
l'aide  des  documents  de  l'époque. 


TROCBLCS  EN  ARAGON  85 

naitre  que  leur  ville  appartenait  à  TAragon  et  assigner 
la  Ségre  pour  limite  à  ce  royaume.  Les  Catalans  protes- 
tèrent avec  énergie  contre  cette  atteinte  portée  à  l'inté- 
grité de  leur  territoire;  dans  les  corts  tenues  à  Barce- 
lone au  mois  de  janvier  1244,  le  roi  se  vit  contraint  de 
déclarer  solennellement  que  la' Catalogne  s'étendait  de 
Salsas  à  la  Cinca ,  et  TÂragon  de  la  Cinca  à  la  ville  de 
Hariza;  que,  par  conséquent,  la  ville  de  Lérida  et  tout 
le  territoire  compris  entro  la  Ségre  et  la  Cinca  faisaient 
partie  de  la  Catalogne  et  devaient  appartenir  à  l'infant 
Pierre  *. 

A  cette  nouvelle,  les  réclamations  éclatèrent  en  Arrigon. 
Alfonse,  sourdement  irrité  depuis  qu'il  voyait  diminuer 
sa  part  d'héritage,  profita  du  mécontentement  des  Ara- 
gonais  et  du  secours  que  lui  promettait  sous  main  la 
Castille,  pour  rompre  ouvertement  avec  son  père. 

Au  mois  de  février  1244,  il  était  à  Calatayud  à  la 
tête  d'un  corps  de  troupes,  dans  lequel  figuraient  aux 
premiers  rangs,  outre  l'abbé  de  Montaragon,  toujours 
prêt  à  la  révolte,  l'infant  don  Pedro  de  Portugal ,  Pedro 
Fernandez  de  Azagra  et  un  grand  nombre  de  seigneurs 


*  Voyez,  aux  archives  de  la  couronne  d'Aragon,  parchemins  de 
iacme  !•%  n«*  935,  936  et  937,  divers  documents  relalifs  à  celte 
affaire.  Par  le  premier  (n°  935),  en  date  du  42  des  kalendes  de  février 
4243  {21  janvier  1244),  le  roi  fixe  les  limites  de  la  Catalogne  et  celles 
de  TAragon  ;•  par  le  second  (n"  936),  il  donne  la  Catalogne  ainsi 
délimitée  à  son  fils  Pierre  ;  par  le  troisième  enfin  (n*  937),  il  déclare 
que  dans  les  cortès  tenues  à  Daroca,  où  se  trouvaient  alesévéques, 
les  nobles  et  les  conseils  des  cilés  d'Aragon  et,  entre  autres,  les 
hommes  delà  cité  de  Lérida»,  il  n'a  pas  eu  rintenlion  de  donner 
celte  dernière  ville,  ni  le  territoire  compris  entre  la  Sègt*e  et  la 
Cinca,  à  son  fils  Alfonse,  et  que,  d'ailleurs,  il  annule  ce  quMl  aurait 
pu  faire  dans  ce  sens.  Ces  deux  derniers  actes,  rédigés  le  même  jour 
que  le  premier,  sont  datés  de  a  la  veille  de  la  fôte  de  Saint-Vincent 
4243  9,  qui  correspond  également  au  24  janvier  42U. 


86  LIVBB  III,  CBAPITRB  H 

aragonais  et  castillans.  Toutes  les  villes  d'Aragon,  la 
plupart  de  celles  du  royaume  de  Valence,  embrassèrent 
la  cause  d'Alfonse.  Il  ne  fallait  qu'une  étincelle  pour 
allumer  la  guerre  civile  préparée  par  Timprudence  du 
roi ,  mais  non  par  son  injustice. 

En  distribuant  à  ses -fils  des  États  distincts  que  les 
successions  ou  les  conquêtes  avaient  réunis  sous  un 
sceptre  unique ,  Jacme  usait  d'un  droit  reconnu  à  tous 
les  souverains  de  son  temps,  et  croyait  remplir  une  obli- 
gation légale.  Au  moment  de  son  divorce  avec  Léonor 
deCastille,  il  n'avait  promis  à  Alfonse  que  le  royaume 
d'Aragon  *  ;  il  avait  voulu  cependant  à  plusieurs  reprises 
aller  au  delà  de  sa  promesse,  et,  en  lâ43  encore,  les 
syndics  de  Lérida  s'étaient  présentés  aux  cortès  arago- 
naises  sans  qu'il  y  Tit  aucune  opposition.  Mais,  en  pré- 
sence des  anciens  édits  de  paix  et  de  trêve  qui  fixaient 
les  limites  de  la  Catalogne,  il  ne  fut  plus  possible  de 
soutenir  que  Lérida  appartint  à  l'Aragon ,  et  l'infant  se 
trouva  réduit  à  la  stricte  portion  qui  lui  avait  été  réservée 
en  1229. 

Il  est  essentiel  de  remarquer  que ,  au  temps  et  dans 
les  pays  qui  nous  occupent,  les  mœurs  et  la  loi,  bien 
loin  d'être  favorables  au  droit  d'ainesse,  prescrivaient 
le  partage  des  biens  du  père  entre  les  enfants*.  Il  ne 

«  Voy.  notre  1. 1,  p.  250  et  ^54. 

^  En  4307  seulement,  aux  cortès  d'Àlagou,  Jacmc  II,  sur  les  in- 
stances des  «  barons,  tnesnaderos^  chevaliers  et  tn/anz<mes»,  afin  de 
remédier  aux  inconvénients  qu'entraîne  le  partage  des  domaines  , 
permit  aux  noblesde  toutes  classes  detransmeUre  leur  héritage  à  un 
seul  de  leurs  fils.  La  même  permission  fut  accordée,  en  43M,  aux 
a  bourgeois  et  aux  autres  hommes  des  villes  et  villages  d'Aragon.  » 
(Voy.  Fuerosde  Aragon,  t.  I,  Ub.  VI,  tit.  de  TestamentU  nobUium  et 
de  Testamentis  çivium;  voyez  aussi  les  chapitres  que  nous  con:^aeroQs 
plus  bas  à  l'élude  des  diverses  législations  en  vigueur  dans  ie*  Etau 
de  la  couronne  aragonaise.) 


JACSe   IT  L'ilfFANT  ALFONSE  M 

fant  pas  oublier,  en  oatre,  combien  la  position  de  Jacrae 
était  différente  de  celle  d'un  souverain  placé  à  la  tôte 
d*une  nation  unifiée.  Maître  de  divers  royaumes,  comtés 
ei  seigneuries  unis  par  un  seul  lien,  la  communauté  de 
chef,  il  était  obligé,  à  en  croire  les  légistes  qui  confon- 
daient aisément  les  devoirs  de  la  souveraineté  avec  ceux 
de  la  propriété ,  de  distribuer  à  ses  fils  ces  domaines 
distincts  et  indépendants.  Pour  n'avoir  pas  eu  ces  deux 
observations  présentes  à  Tesprit,  tous  les  historiens  qui 
ont  voulu  juger  la  conduite  de  Jacrae  sont  tombés  dans 
la  même  erreur.  Persuadés  que  le  roi  d'Aragon  était 
soumis,  pour  l'ensemble  de  ses  États  »  aux  exigences  du 
droit  d'aines&e,  ils  ont  cherché  à  expliquer  une  déro* 
gation  qu'ils  ne  comprenaient  peint,  par  de  prétendus 
sentiments  d'aversion  de  Jacme  à  l'égard  de  son  fils  aîné. 
On  est  allé  jusqu'à  dire  que  l'injustice  du  roi  et  les 
dégoûts  dont  il  aurait  abreuvé  Alfonse  n'auraient  pas 
été  étrangers  à  la  mort  prématurée  de  l'infant.  Il  est 
inutile  d'avoir  recours  à  de  pareilles  suppositions  pour 
comprendre  une  situation  si  simple  en  elle-même,  que 
nous  nous  étonnons  d'être  le  premier  à  attirer  l'attention 
sur  ce  point*. 

Jacme  se  trouvait  placé  entre  sa  sagesse  instinctive, 
qui  lui  faisait  voir  les  dangers  du  morcellement  de  ses 
possessions,  et  les  prières  d'Yolande,  secondées  par  les 
arguments  légaux  que  nous  venons  de  rapporter.  Sa  faute 
fut  de  ne  pas  savoir  ou  de  ne  pas  oser  dégager  suffisam- 
ment Tintérêt  politique  de  l'intérêt  de  famille,  et  de  se 
laisser  trop  facilement  persuader,  comme  le  prouvent 

*  La  conduite  du  roi  paraissait  si  naturelle  aux  anciens  auteurs  , 
qu'aucun  d'eux  ne  songe  à  la  blâmer  ou  à  la  justifier.  Quelques 
moderne^  seuls  se  sont  faits  âoeuiioleurs,  nous  ne  savons  sur  quelles 
présomptions,  et  leur  opinion  a  été  trop  vite  acceptée. 


88  LIVRE  III,  CBAPITBE  1¥ 

d'aillears  les  passages  de  Miedes  mentionnés  pins  haut , 
qu*il  était  soumis  pour  le  partage  de  ses  biens  aux  mêmes 
lois  et  aux  mêmes  devoirs  qu*un  «^  pauvre  homme  chargé 
d*une  nombreuse  famille.  >  Après  une  longue  résistance 
inspirée  par  son  instinct  politique,  il  céda  par  respect 
pour  la  loi  et  par  affection  pour  la  reine.  Il  voulut  être 
trop  juste  comme  homme  privé  et  commit  une  grave 
faute  comme  souverain. 

En  invoquant  le  partage  de  1243  pour  prouver  Tin- 
justice  du  roi  d'Aragon  envers  le  fils  de  Léonor ,  on  ne 
songe  pasqu*en  4248  un  nouveau^testament,  pour  assurer 
Tavenir  des  deux  jeunes  infants ,  Jacme  et  Fernand ,  va 
enlever  à  Pierre  le  royaume  de  Valence,  le  Roussillon,  le 
Gonflant,  la  Gerdagne ,  la  seigneurie  de  Montpellier,  et 
tous  les  droits  de  la  maison  d'Aragon  au  nord  des  Pyré- 
nées. Verra-t-on  dans  cet  acte  une  preuve  de  l'aversion 
du  roi  pour  son  fils  Pierre?  N'est-ce  pas  plutôt  l'indice 
d'une  sollicitude  très-naturelle  chez  un  père,  bien  que 
regrettable  chez  un  souverain  ? 

Le  partage  de  1248  et  celui  de  1243  sont  dictés  par 
les  mêmes  sentiments.  Âlfonse  comprenait  si  bien  qu'il 
n'avait  nul  droit  à  se  plaindre  des  dispositions  du  roi, 
que,  en  1244,  sa  rébellion  eut  pour  unique  prétexte  la 
revendication,  dans  un  intérêt  purement  national,  des 
comtés  de  Ribagorza  et  de  Pallars,  compris  entre  la 
Ségreet  laGinca,  et  que  les  Âragonais  réclamaient  comme 
partie  intégrante  de  leur  pays^ 

Le  fils  de  Léonor  parait  cependant,  nous  devons  l'a- 
vouer, avoir  été  moins  sympathique  à  son  père  que  les 
enfants  d'Yolande  ;  mais  il  y  a  loin  de  là  aux  sentiments 


*  Zurita,  Anales  et  lndiee$,  ad  annum  1244  ;  Miedes,  Vida  dé  don 
Jayme,  Ub.  XIY. 


SHiGB  DE  XATIVA  89 

qnel'on  prête  aa  Conquistador.  La  position  exception- 
nelle où  le  divorce  de  ses  parents  avait  placé  AITonse 
dès  ses  premières  années  développa  chez  lui  un  caractère 
sombre  et  concentré,  qui  contrastait  avec  les  qualités  bril- 
lantes de  l'infant  Pierre*.  Il  se  trouvait,  en  outre,  entiè- 
rement soumis  à  rinfluence  de  laCaslille,  qui  n'était  pas, 
nous  Tavons  dit,  étrangère  à  sa  rébellion.  On  assure,  il 
est  vrai,  que  l'intervention  du  roi  don  Fernand  arrêta 
cette  révolte  prête  à  éclater.  11  est  permis  de  croire  tou- 
tefois, sans  vouloir  méconnaître  la  modération  et  l'esprit 
de  justice  du  saint  roi  de  Gastille,  qu'Âifonse  d'Aragon 
recula  de  lui-même  au  moment  d'attaquer  son  père,  si 
Ton  songe  surtout  que  Fernand  fut  impuissant  à  empê- 
cher les  actes  d'hostilité  commis  par  son  propre  fils 
contre  T Aragon. 

L'infant  héritier  de  Gastille,  intraitable  pour  Jacme  son 
beau-père,  envenimait  les  difficultés  qui  s'étaient  élevées 
entre  les  deux  grandes  monarchies  espagnoles.  L'Aragon, 
se  développant  dans  le  royaume  de  Valence,  et  la  Gastille 
dans  celui  de  Murcie,  avaient  rapproché  leurs  frontières 
à  forient  de  la  Péninsule.  Il  s'agissait  de  déterminer, 
d'après  les  anciens  traités,  la  ligne  exacte  jusqu'à  laquelle 
chaque  souverain  pouvait  étendre  ses  conquêtes. 

Après  avoir  essayé  d'enlever  Alcira  à  l'Aragon  , 
AlfonsedeCastille  voulait  s'emparer  de  la  belle  et  riche 
cité  deXativa.  A  la  fin  de  novembre  1243,  le  Conquista- 
dor était  venu  pour  la  seconde  fois  mettre  le  siège  devant 
cette  place. 

Les  habitants  de  Xativa  avaient  attaqué  sans  juste  motif 
an  corps  de  cavaliers  et  d'almogavares ,  que  Rodrigo  de 
Lizana  conduisait  contre  des  Sarrasins  insoumis.  L'al- 

<  Miedes,  Vida  dêdonJaymê,  Hb.  XIV. 


M  LITRE  IH,  CHàPim  r? 

cayde,  soutenu  par  llnfaot  de  CasUlle,  refusa  les  satis- 
factions exigées  par  le  roi  d'Aragon  \  et  la  ?iUe  fut 
assiégée  V 

Dès  les  premiers  jours  du  siège,  un  parent  de  Tévéque 
de  Cuenca  obtint  de  Jacmela  permission  d'entrer  dans 
Xativa  sous  le  prétexte  d*y  faire  fabriquer,  pour  Tinfant 
Alfonse  de  Castille,  une  de  ces  tentes  barbare$ques  si 
recherchées  des  seigneurs  occidentaux,  mais  en  réalité 
pour  négocier  la  reddition  de  la  ville  au  prince  castillan. 
Instruit  de  ces  menées,  le  roi  fitpublierune  défense  abso- 
lue à  tout  chrétien  d*avoir  aucun  rapport  avec  les  assiégés. 
A  quelques  jours  de  là,  Tagent  de  la  Castille,  surpris  en 
couférence  avec  des  Sarrasins  de  la  place,  fut  fait  prison- 
nier etamené  au  camp.  A  ses  protestations,  Jacme  se  con- 
tenta de  répondre:  «  Puisque  c'est  vous  qui  nous  avez 
apporté  des  lettres  de  Tévéque  de  Cuenca,  qui  faisiez 
construire  la  tente  pour  don  Alfonse  ,  et  qui,  sous  ce 
prétexte,  traitiez  avec  les  Maures  à  notre  préjudice  pour 
que  la  ville  capitulât  avec  lui,  ce  que  nous  savons  d'une 
manière  certaine  par  les  assiégés  eux-mêmes,  vous  con- 


*  Avnnt  d'attaquer  Xativa,  Jacme  ordonna  â  Talcayde  de  compa- 
raître devant  lui  à  Aleira.  Le  Sarrasin  s'y  rendit;  le  roi,  lui  ayant  fait 
des  reproches  sévères,  le  somma  de  livrer  la  ville  et  le  château.  Le 
Maure  se  crut  prisonnier  et  la  frayeur  Tempecha  de  prononcer  un 
seul  mot.  Mais  Jacme,  remarquant  son  émotion,  lui  dit  :  a  Alcayde, 
voes  ne  devez  rien  craindre,  car  en  sûreté  vous  êtes  ici  anssi  bien 
que  dans  le  château  de  Xativa.  Et  vous  devez  >avoir  que,  si  cou- 
pables qu'ils  soient,  jamais  nous  ne  retenons  captifs  ceux  à  qui  nous 
ordonnons  de  comparaître  pour  avoir  avec  eux  une  entrevue.  » 
(Cbron.  de  Jacme,  chap.  ccxx.  ) 

3  Les  chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  sous  la  conduite  de 
Hugues  de  Forcalquier,  châtelain  d'Ampo^ta,  figuraient  dans  Tar- 
méc  royale.  Pedro  de  Vilargut,  chevalier  de  cet  ordre,  Ximeno  Ferez 
de  Pina,  Garcia  de  Aguero  et  Guillem  de  Pax  se  distinguèreot  au 
siège  do  Xativa.  (Voy.  Zuritaj  Amies  ^Iniiçêê,) 


BÉIIBLXS  AYBC  ALF0N4E  DE  GASTILLB  04 

naissez  Tordre  que  nous  avons  donné  et  que  ne  peut  i{no* 
rer  aucun  de  ceux  qui  se  trouvent  dans  Vhoêt;  pour  cala 
et  en  punition  de  ce  que  vous  avez  fait,  et  puisque  nous 
ne  pouvons  plus  nous  fier  à  vous,  nous  vous  châtierons 
de  manière  que  vous  puissiez  bientôt  servir  d'exemple  à 
quiconque  essayerait  de  nous  enlever  laplacedeXativa.» 
Cela  dit,  ajoute  le  chroniqueur,  nous  ordonnâmes  à  nos 
huissiers  de  le  saisir,  de  le  faire  confesser  et  communier  et 
de  le  pendre  à  un  arbre*.  » 

Les  projets  de  Tinfant  de  Castiile  sur  Xativa  étaient 
déjoués;  mais  Enguera,  place  située  à  une  très^petite 
distance  de  celle  que  Jacme  assiégeait,  se  rendit  à 
AlfoDse  ;  le  roi,  irrité  de  voir  son  gendre  empiéter  sur 
ses  droits  «  presque  en  sa  présence  «>,  envoya  un  corps  de 
cavalerie  contre  Enguera.  Dix-sept  Sarrasins  furent  pris. 
Jacme  alla  en  personne  sommer  les  habitants  de  la  ville 
de  se  rendre  s'ils  ne  voulaient  élre  cause  de  la  mort  de 
leurs  compagnonscaptifs.  Les  Sarrasins  refusèrent,  et  les 
prisonniers  furent  mis  à  mort.  Il  ne  faut  pas  oublier  que 
les  habitants  d'Enguera  étaient  considérés  comme 
traîtres  pour  s'être  rendus  à  la  Castiile  au  mépris  des 
droits  de  l'Âragon.  Par  suite  des  traités  qui  limitaient  la 
conquête  de  chaque  royaume  chrétien  ,  les  Sarrasins 
étaient  devenus,  soit  en  réalité,  soit  fictivement,  les 
sujets  du  souverain  dans  la  part  duquel  ils  se  trouvaient. 
On  admettait  comme  loyale  la  lutte  soutenue  par  eux 
pour  défendre  leur  indépendance,  mais  on  considérait 
comme  un  crime  toute  tentative  faite  pour  se  donner  à  un 
souverain  chrétien  dans  la  conquéle  duquel  leur  pays 
n'était  pas  situé. 

Bientôt  le  roi  d'Aragon  s'empara  par  représailles  de 

*  Chronique  de  Jacme,  chap.  ccxxui. 


93  LITBE  III,    CHAPITRE  IV 

quatre  places  de  la  conquête  de  Castille  :  Villena,  Saii, 
Gapdets  et  Bugarra,  et  consentit  à  une  entrevue  que  son 
gendre  lui  demandait. 

Jacme  et  AUonse  se  rencontrèrent  à  Almizra;  la  reine 
Yolande  y  vint  pour  interposer  sa  médiation.  L*infant 
réclama  Xativa  comme  faisant  partie  de  la  dot  que  lui 
avait  promise,  disait-il,  Ovieto  Garcia,  négociateur  de  son 
mariage  avec  la  princesse  aragonaise. 

— »I1  est  certain,  répondit  le  roi  aux  envoyés  d'Alfonse, 
que  tant  nous  que  la  reine  avons  bien  marié  notre  fille, 
mais  il  ne  Test  pas  que  nous  ayons  dit  à  Ovieto  Garcia 
ni  à  personne  au  monde  ce  qu*on  prétend  que  nous 
avons  dit,  c'est-à-dire  que  nous  donnerions  en  dot  Xativa 
ou  tout  autre  lieu.  Est-ce  que,  lorsque  nous  avons  épousé 
la  tante  de  Tinfant,  la  reine  dona  Léonor,  on  nous  a 
donné  terres,  Iwnors  ou  bien  quelconque?  Par  notre 
foi  ,  nous  ne  croyons  pas  être  tenu  à  donner  à  aucun 
roi  avec  notre  fille  plus  qu*on  ne  nous  a  donné  avec  notre 

première  épouse Dieu  et  nous,  ajouta-t-il ,  savons 

combien  il  est  certain  que  l'infant  n'a  aucun  droit  à  nous 
demander  des  terres  comme  dot  de  notre  fille.  S'il  a 
besoin  d'autres  secours ,  grands  et  importants  sont  ceux 
que  nous  pouvons  lui  donner  pour  son  honneur  et  son 
profit,  car  nous  sommes  prêt  à  le  servir  avec  mille  et 
même  deux  mille  chevaliers,  non  pas  une  fois,  mais 
deux ,  trois  et  dix  fois  s'il  en  a  besoin  ,  et  certes  plus 
lui  vaudra  cela  avec  notre  amitié  que  de  devenir  notre 
ennemi  pour  ce  qu'il  nous  demande  ^  »  Dans  ces  der- 
nières paroles  se  trouve  en  germe  l'idée  qui  amènera 
plus  tard  les  armées  aragonaises  et  catalanes  dans  le 
royaume  de  Murcie  au  profit  de  la  Castille. 

Chronique  de  Jacme,  chap.  ccxxvi. 


D^MÊL^S   AVEC  ALPHONSE   DE   GASTILLB  93 

I^s  pourparlers  furent  longs;  les  envoyés  de  l'infant, 
qui  étaient  le  maître  de  Tordre  de  Saint-Jacques  et  don 
Diego  de  Haro ,  seigneur  de  Biscaye ,  eurent  la  mal- 
adresse de  menacer  le  roi  de  prendre  Xativa  malgré 
lui. 

—  •  Nous  n'avons  aucune  crainte  qu'on  nous  l'enlève, 
répliqua  le  roi  avec  colère,  l'alcayde  n'osera  pas  la 
livrer  et  personne  ne  sera  assez  hardi  pour  la  prendre  ; 
car  sachez  bien  que  sur  notre  corps  devra  passer  qui- 
conque prétendra  entrer  dans  Xativa.  Quoique  vous  autres 
Castillans  croyiez  effrayer  tout  le  monde  avec  vos  menaces, 
mettez-les  en  œuvre  et  vous  verrez  le  cas  que  nous  eu 
faisons.  Donc  ,  si  vous  avez  autre  chose  à  nous  dire , 
dites-le ,  et  qu'on  ne  parle  plus  de  cette  affaire.  Nous 
poursuivrons  notre  chemin,  faites  ceque  vous  pourrez  *.  » 
Et  il  ordonna  à  sa  suite  de  se  préparer  au  départ,  tandis 
que  la  reine  fondait  en  larmes. 

Les  chevaux  étaient  sellés  et  le  roi  allait  reprendre 
la  route  de  Xativa  lorsque  Tinfant  fit  une  nouvelle 
démarche,  qui  fut  appuyée  par  la  reine.  Alfonse,  renon- 
çant à  ses  prétentions,  se  bornait  à  réclamer  Yillena , 
Saix,  Capdets  etBugarra  ,  offrant  de  céder  en  échange 
Enguera*  etMuxent.  Ces  propositions  furent  acceptées, 
on  dressa  acte  de  la  délimitation  des  deux  conquêtes,  et 
les  deux  priuces  se  séparèrent  amis  ^  Ce  ne  fut  point 


*  Chroniquede  Jacme,  chap.  ccxxvn. 

'  Le 25  mars  4244,  le  roi,  se  trouvant  à  Almizra,  donna  Ënguera 
à  Tordre  d'Uclès  ou  de  Saint-Jacques,  représenté  par  son  grand- 
maître  Pelay  Ferez  Correa ,  le  même  probablement  qui  avait  servi 
dlnterroédiaire  dans  les  pourparlers  dont  il  est  ici  question  (Dlago, 
Anales  del  reyno  de  Valencia ,  ^339;  Zurïitiy  Anales.)  C'est  une 
présomption  de  plus  à  l'appui  de  la  date  que  nous  assignons  à  l'en- 
trevue d'Almizra. 

*  En  vertu  de  cet  acte,  l'infant  eut  Âlmansa,  Sarazull  et  la  rivière 


M  LiTIt  111,    CHâMTRK  It 

pour  sceiller  une  réconciliation  ,  comme  le  prétend 
Zurita,-  mais  pour  exécuter  les  conventions  matrimo- 
niales depuis  longtemps  arrêtées  d*une  manière  irrévo- 
cable, que  deux  ans  plus  tard,  en  novembre  4^:46, 
Tinfante  Yolande  d'Aragon  fut  conduite  à  Valladolid  et 
remise  solennellement  à  son  époux. 

La  bonne  intelligence  rétablie  entre  Tinfant  de  Cas- 
tille  et  son  beau-père  laissait  Alfonse  d'Aragon  privé 
de  son  secours  le  plus  puissant  ;  aussi ,  en  attendant 
qu*nne  occasion  se  présentât  de  prendre  Toffensive  ,  se 
borna«t4i  à  un  rôle  passif  en  apparence,  encourageant 
sous  main  les  habitants  de  Lérida  à  refuser  le  serment 
de  fidélité  à  son  frère  Pierre.  C'est  ce  qui  eut  lieu  en 
effet  ;  mais,  en  1246,  une  sentence  arbitrale,  qui  nous  est 
inconnue,  parait  avoir  terminé  la  première  phase  de 
cette  affaire,  destinée  à  renaître  bientôt  avec  plus  de 
violence  *. 

En  quittant  Almizra,  le  roi  et  la  reine  d'Aragon  étaient 
retournés  devant  Xaliva,  et,  deux  mois  après,  Talcayde 
demandait  à  capituler.  Il  offrit  de  livrer  Tun  des  deux 
châteaux  de  la  ville,  se  réservant  l'autre  pendant  deux 
ans  â  partir  de  la  fête  de  la  Pentecôte,  et  demanda  en 
échange  les  places  de  Montesa  et  de  Vallada.  Un  conseil 

deCabriol,  el  le  roi,  Castalla,  Riar,  SeKona,  Âlareh,  Flneslrat , 
Torres,  Polop  ,  la  Mola,  près  d'Aynès,  Allea ,  Tormos  et  leur  terri- 
toire. (Chronique  de  iacme,  chap.  ccxxviii.) 

^  Le  8 des  kalendes  d'octobre  (2i  septembre)  4246,  à  Lérida  , 
Jacme  déclare  de  nouveau  qu'il  n*a  entendu  donner  à  son  fils 
Alfonse  ni  celle  ville  ni  le  lerriloire  compris  entre  la  Séf^re  et  la 
Cinca,  et  a  comme  les  habitants  de  Lérida  refusent  de  prêter  bom- 
mas:e  et  serment  de  fidélité  à  son  fils  l'infant  Pierre,  créé  comte  de 
Barcelone  et  seigneur  de  la  Catalogne  de  Salsas  à  la  Ginca  d  ,  il 
nomme  pour  décider  la  question  deux  arbitres  qui  sont  Mathieu, 
archidiacre  deGirone,  et  Gueraude  Cervera.  (Arch.  d' Aragon,  par- 
chemins de  Jacme  1*%  n<^  4054  et  4055.) 


CAPITULATION   DE   XATITA  95 

fat  tena  dans  le  camp  chrétien.  La  reine ,  Hugues  de 
Forcalquier,  maître  *  de  Saint-Jean  de  Jérusalem, 
Guillem  de  Moncada  ,  Ximeno  de  Foces  ,  Marco  Ferriz, 
Pedro  de  Alcala,  Ximeno  Ferez  de  Arenos  ,  et  en 
Carroz,  seigneur  de  ReboUedo,  y  assistèrent  ;  la  reine 
donna  d*abord  son  avis ,  qui  était  d'accepter  les  proposi- 
tions du  Sarrasin.  Les  autres  conseillers  Tapprouvèrent, 
et  le  traité  fut  conclu  (mai  1244  y. 


*  La  Gbronîqoe  royale  désigne  sous  le  nom  de  maUre  d'un  ordre 
militaire  le  chef  de  cet  ordre  en  Aragon.  Hugues  4e  Forcatt|aier, 
châtelain  d'Amposta,  était  chef  de  la  langue  d'Aragon  dans  l'ordre 
des  Hospitaliers  de  Sainl-Jean  de  Jérusalem. 

^  Zurita  place  la  reddition  de  Xntiva  en  4248  et  Beuter  en  4254. 
L' ignora nc<?de  Pépoqueoù  futréellemenl  conclu  le  mariage  d'Alfonse 
de  Castille  avec  Yolande  d'Aragon  a  causé  Terreur  des  deux  histo- 
riens. Il  est  certain  que,  lors  de  l'entrevue  d'Almrzra  et  du  traité 
inten'enu  à  cette  ocea^ion  entre  l'Âragon  et  la  Castille,  Alfonse  était 
déjà  le  gendre  du  roi  d'Aragon.  Or  Beuter  et  Zurita  ,  ne  faisant 
dater  le  mariage  de  Tinfant  que  de  la  cérémonie  qui  eut  lieu  à 
Yalladolid  en  4246,  ont  été  obligés  de  placer  après  cette  date  les 
événements  que  nous  venons  de  raconter.  En  face  des  actes  qui  con- 
statent la  présence  de  Jacme  devant  Xativa  en  42  i4,  Zurita  a  sup- 
posé que  le  roi  avait  fait  à  cette  époqoe  une  deuxième  tentative  in- 
fnictueuse  contre  cette  ville.  Diago,  et  avant  lui  Viciana  (  Cronica 
de  la  inclyta  y  coronada  ciudad  de  Valencia ,  part.  Il,  Libro  de  las 
familias ,  art.  Sanz)^  ont  assigné  au  dernier  siège  deXativa  sa  vraie 
date  que  Schmidta  adoptée.  Voici,  du  reste,  les  faits  sur  lesquels  nous 
nous  appuyons,  elqiii  nepeuvent,  selon  nous,  laisser  subsister  aucun 
doute  à  ce  sujet  : 

4*  Tous  les  historiens  s'accordent  à  reconnaître  que  la  reddition  de 
Xaliva  a  précédé  lesiégede  Biar.  Or  nous  avons  eonstaté  l'existence 
aux  archives  d'Aragon  (Parchemins  de  Jacme  1*',  n«  907)  d'un  acte 
de  concession  en  faveur  des  habitants  de  Casais,  daté  du  joar 
des  nones  de  septembre  (5  septembre)  4244,  m  emercitu  de 
Biar, 

f^  Le  7  des  îdes  de  janvier  1243  (7  janvier  4244  )  in  obeidionê 
Xmiivm,  le  roi  fit  une  éonation  à  Hiôpilal  de  Saint- Vincent, 
martyr,  à  Valence.  (Archives  de  la  Bayiie  de  Valence,  ^  grajid  liœ 


%  UYRE  111,  CHAPITRE  IV 

Quelques  mois  plus  tard ,  les  Sarrasins  de  Biar  ,  ville 
forte  située  sur  la  frontière  du  royaume  de  Murcie  , 
firent  savoir  à  Jacme  qu*ils  étaient  prêts  à  se  rendre  s*il 
venait  en  personne  devant  leurs  murs.  Le  roi  y  vint  en 
effet,  «car,  dit-il,  jamais  aucun  Sarrasin  qui  nous  avait 
promis  de  nous  livrer  un  château  n'avait  manqué  à  sa 
parole  ^  »  ;  mais  il  trouva  la  garnison  de  Biar  sur  la 
défensive;  un  siège  dut  être  entrepris,  et,  après  cinq 
mois  d'une  vigoureuse  résistance,  Talcayde  appelé,  dit 
la  chronique ,  Muza  Almoravid ,  se  rendit  aux  conditions 
ordinaires  faites  par  le  roi  aux  Sarrasins  qui  se  soumet- 
taient (février  1245  •). 

des  aliénations  du  patrimoine  royal,  ^  429.  —  Diago,  Anales  del 
reyno  de  Valencia,  f-  327  et  338.) 

3®  On  lisait  dans  le  livre  de  répartition  du  territoire  de  Xativa 
conservé,  au  temps  de  Diago,  dans  les  archives  de  cette  ville,  que 
ce  travail  ne  put  être  terminé  qu'en  4247  à  cause  de  son  importance. 
(Diago, /•  340.) 

4^  La  découverte  du  testament  de  4242,  prouvant  qu'à  ceUe  date 
le  mariage  d'Yolande  d'Aragon  avec  Àlfonse  de  Gastiile  était  conclu, 
permet  de  placer  l'entrevue  d'Almizra  et  la  reddition  de  Xativa  bien 
avant  4246. 

La  Chronique  royale  dit  que  cette  dernière  place  fut  assiégée 
seize  mois  après  la  prise  d'Âlcira,  et  ajoute  que  le  roi  s'en  rendit 
maître  la  seconde  fois  qu'il  l'assiégea,  ce  qui  coïncide  parfaitement 
avec  ce  que  nous  avançons. 

^Ciironique  de  Jacme,  chap.  ccxxxui. 

'  D'après  Zurila,  le  siège  de  Biar  aurait  eu  lieu  en  1253  et,  d'après 
Beuter,en  4254.  La  date  do  cet  événement  est  Ûxée  d'une  manière 
certaine  par  l'acte  des  archives  d'Aragon  (Parchemins  de  Jacme  I^, 
n^  967)  que  nous  avons  déjà  mentionné  et  qui  porte  la  date  du 
5  septembre  Mii^inexercitude  Biar.  Le  roi  dit,  dans  sa  Chronique, 
que  ce  siège  dura  du  mois  de  septembre  au  mois  de  février  (chap. 
ccixiiii).  Quelque  temps  après  la  reddition  de  Biar,  Ximeno  Perez 
de  Arenos,  qui  tenait  la  villa  de  Caslalla  pour  Abou-Seid,  oiïril  de  la 
livrer  au  roi ,  du  consentement  de  l'émir ,  qui  reçut  en  échange 
les  châteaux  de  Chest  et  de  Villamarxant  (Chronique  de  Jacme* 
chap.  ccxxxiv). 


JACME  MAITRE  DU   ROYAUME  DE   VALENCE  97 

Lorsque  le  roi  d'Aragon  fut  maître  de  Xativa  et  de 
Biar ,  les  autres  places  sarrasiues  du  royaume  de  Valence 
renoncèrent  à  la  résistance  et  firent  spontanément  leur 
soumission.  Dénia  et  Cullera  ,  qui  avaient  été  laissées  à 
Ben-Zeyan  lors  de  la  capitulation  de  Valence ,  parais- 
sent avoir  imité  cet  exemple,  car  rien  ne  prouve  l'asser- 
tion de  Conde,  qui  fait  conquérir  Dénia  par  le  roi 
d'Aragon  après  un  long  siège  en  l'année  1243  S 

Peu  de  temps  après  la  reddition  de  Biar,  et,  quoi  qu'en 
disent  Zurita,  Miedes  et  quelques  autres,  bien  avant 
l'année  1253 ,  Jacme  put  se  dire  maître  de  tout  le 
royaume  de  Valence.  «Il  le  peupla  de  chrétiens ,  c'est-à- 
dire  dans  les  cités,  dans  les  villes,  et  fortifia  les  châteaux 
et  les  confia  à  des  chevaliers  chrétiens  qui  en  étaient 
châtelains  et  en  avaient  la  garde.  Il  laissa  les  Sarrasins 
dans  les  plaines ,  dans  les  montagnes  ,  dans  les  vallées; 
ils  labouraient  la  terre  et  donnaient  un  droit  au  seigneur- 
roi  pour  ce  qu'ils  cultivaient  *.  » 

*  Historia  de  la  dominacion  de  los  Arabes  en  Espafia,  t.  IH.  —  Ce 
troisième  volume,  publié  après  la  mort  de  Tauteur,  contient  des 
erreurs  sans  nombre.  (Voy.  Rosseeuw  Sainl-Hilaire,  Hist.  d'Es- 
pagne, liv.  Xl,chap.  VI.)  La  trêve  de  sept  ans,  conclue  en  1238,  entre 
Jacrae  et  Ben^Zeyan,  expirait  en  1245  ;  il  n'y  a  pas  de  raison  pour 
croire  qu'elle  ait  été  violée  par  Tune  ou  l'autre  des  deux  parties.  On 
accuse  parfois  trop  légèrement  les  rois  chrétiens  de  ne  pas  avoir 
observé  leurs  traités  avec  les  inûdèles.  Nous  avoas  trouvé  à  chaque 
pas  dans  i- histoire  de  Jacme  la  preuve  du  contraire.  En  ce  qui  con- 
cerne la  prise  de  Dénia,  il  serait  étonnant  que  la  chronique  royale,  si 
exacte  à  relater  dans  tous  leursdétails  les  faits  de  guerre  du  Conquis- 
tador, passât  entièrement  sous  silence  le  siège  de  cette  ville.  Pres- 
que tous  les  auteurs  sont  muets  sur  ce  point;  il  nous  parait  pins 
naturel  de  croire  avec  Schmidt  {Geschichte  aragonien's,  p.  157.), 
qu'à  Texplration  delà  trôve,  l'ancien  émir  de  Valence,  se  voyant 
dans  l'impossibilité  de  résister,  se  soumit  spontanément  au  roi 
d'Aragon. 

^  Chronique  de  Bernât  d'Esclot,  chap.  l. 

T.  n.  7 


9S  tiTRB  in^  eiÂflTRB  IT 

En  moins  de  vingt  ans,  le  fils  de  Pierre  le  Catholique 
avait  presque  doublé  Théritage  quMl  avait  reçu  de  ses 
pères.  Il  avait  étendu  ses  conquêtes  aussi  loin  que  le 
lui  permettaient  les  traités  conclus  avec  les  autres  puis- 
sances chrétiennes  de  TEspagne.  Dès  lors  il  songea  à 
tourner  son  activité  vers  la  France  méridionale  et  vers 
les  travaux  de  la  paix.  Affermir  sa  prépondérance  sur 
le  littoral  méditerranéen  des  Pyrénées  aux  Alpes,  en 
réunissant  par  les  liens  d*une  forte  solidarité  la  maison 
de  Toulouse  et  les  deux  branches  de  la  maison  de  Bar- 
celone ,  doter  ses  peuples  d'une  bonne  législation  , 
faire  prospérer  le  commerce,  les  arts  et  les  lettres ,  tels 
étaient  ses  désirs  et  son  but.  Ce  qu*il  a  tenté  prouve  ce 
qu*il  eût  été  capable  de  faire,  si  ses  généreuses  intentions 
n'eussent  été  paralysées  par  les  querelles  domestiques, 
les  révoltes  de  ses  sujets  musulmans  et  l'opposition 
aveugle  du  parti  féodal. 


CHAPITRE  V 


Mariage  du  comte  de  Toulouse  aveo  Marguerite  de  la  Marche.  —  Rela- 
tions de  Raymond  VII  avec  le  Pape  et  l'Empereur.  —  Le  roi  d'Ara- 
gon et  la  cour  de  Rome.  —  Politique  de  Jacme  avec  les  princes 
chrétiens.  —  Le  comte  de  Toulouse  et  le  comte  de  Provence.  —  Tes- 
tament' de  Ramon  Berenguer  V.  —  Réconciliation  des  deux  comtes.  — 
Projets  de  mariage.  —  Mort  de  Ramon  Berenguer.  —  Conduite  de 
Jacme  et  de  Raymond  VII.  —  Echec  de  la  politique  méridionale  en 
Provence.  —  Le  comté  de  Provence  démembré  de  la  nationalité  du 
Midi.  —  Plaintes  et  regrets  des  Provençaux.  —  Droits  du  roi  d'Aragon 
à  la  succession  de  Ramon  Berenguer.  —  Jacme  fait  couper  la  langue  à 
Févêque  de  Girone.  —  Excommunication  et  absolution.  —  Teresa  Oil 
de  Vidaure. 

Les  affaires  de  la  France  méridionale  étaient  restées  à 
pea  près  slationnaires  pendant  que  Jacme  achevait  la 
conquête  du  royaume  de  Valence. 

Le  comte  de  Toulouse,  après  sa  réconciliation  avec 
saint  Louis,  n*en  avait  pas  moins  donné  suite  à  son  projet 
d alliance  avec  la  fille  du  comte  de  la  Marche;  mais, 
comme  les  futurs  époux  étaient  parents  du  troisième  au 
quatrième  degré ,  le  mariage  avait  été  célébré  sous  la 
réserve  de  Tobtentiou  des  dispenses  nécessaires  dans  le 
délai  d*un  an.  Cette  condition  ne  fut  pas  exécutée ,  on  ne 


100  LITRE  III,  GHiPITRB  T 

sait  ponr  qnelle  cause.  Les  parties ,  on  tout  au  moins 
Raymond  VII,  conservaient,  sans  donte,  quelque  arrière- 
pensée  de  divorce  ;  car  si ,  durant  la  vacance  du  Saint- 
Siège,  les  dispenses  ne  purent  être  obtenues,  Tavène- 
ment  d*Innocent  IV  et  la  liaison  qui  ne  tarda  pas  à 
s*ètablir  entre  le  nouveau  Pontife  et  le  comte  de  Toulouse 
auraient  dû  lever  toutes  les  difficultés. 

A  la  fin  de  Tannée  1243 ,  Raymond  avait  été  absous  de 
toutes  les  censures  ecclésiastiques  qu*il  avait  encourues. 
Le  Pape,  à  la  sollicitation  de  saint  Louis,  s*élait  h&té 
d'accorder  cette  absolution  au  comte,  <i:qui,  suivant  les 
expressions  mêmes  du  Souverain  Pontife ,  tenait  un  des 
premiers  rangs  entre  les  princes  du  monde  > .  Dès  cet 
instant ,  Raymond ,  grâce  à  la  souplesse  de  son  carac- 
tère, plutôt  qu*à  son  habileté,  sut  se  tenir  dans  un 
parfait  équilibre  au  milieu  des  agitations  produites  dans 
le  monde  chrétien  par  la  querelle  du  sacerdoce  et  de 
l'Empire.  Bien  qu'il  eût  été ,  avec  Pierre  des  Vignes  et 
Thadée  de  Sessa,  l'un  des  plénipotentiaires  de  l'empe- 
reur dans  la  conférence  de  1244,  essai  de  conciliation 
qui  ne  fit  qu'envenimer  les  hostilités  ,  le  comte  conserva 
l'amitié  du  Saint-Père  sans  rompre  les  liens  d'intimité 
qui  l'unissaient  à  Frédéric  V 

Rien  n'était  plus  difficile  pour  un  prince  du  midi  de 
la  France  que  de  rester  à  la  fois  l'ami  du  Pape  et  de 
l'Empereur;  rien  n'était  plus  dangereux  que  d'avoir  pour 
ennemi  l'un  ou  l'autre  de  ces  redoutables  adversaires. 
Cette  difficulté  et  ce  danger  paraissaient  être  moins  grands 
pour  un  roi  comme  Jacme  le  Conquérant,  dont  les  États 
étaient  éloignés  du  théâtre  de  la  lutte  et  dont  les  grandes 


*  Dom  Yaissôte,  Histoire  de  Languedoc,  liv.  XXV,  chap,  lxxvui 
et  Lxxix. 


JACNE  ET  LE    SAINT-SIEGE  101 

entreprises  contre  les  Sarrasins  d*Espagne  justifiaient  la 
neutralité  dans  les  affaires  de  TEurope.  Malheureu- 
sement pour  l'indépendance  des  rois  d'Aragon,  mais 
heureusement  sans  doute  pour  Jacme  P^,  que  la  Papauté 
soutint  durant  les  pénibles  années  de  son  enfance,  Pierre 
le  Catholique ,  jaloux  d'ajouter  à  l'autorité  royale  le 
caractère  sacré  que  lui  imprime  l'onction  sainte ,  était 
allé  recevoir  sa  couronne  des  mains  d'Innocent  III,  et, 
en  échange  ,  avait  rendu  la  royauté  aragonaise  vassale  et 
tributaire  du  Saint-Siège.  Nous  avons  vu  *  le  Pape  Gré- 
goire IX  réclamer  le  secours  de  Jacme  en  vertu  de  ce 
serment  de  fidélité  ,  et  le  Conquistador  conclure  un  traité 
que  des  entreprises  plus  utiles  pour  la  civilisation  l'em- 
pêchèrent d'exécuter  *. 

Cet  imprudent  engagement  est  le  dernier  acte  du  règne 
de  Jacme ,  —  nous  pourrions  presque  dire  le  seul ,  — 
où  l'esprit  d'aventure  naturel  à  la  maison  de  Barcelone 
ne  soit  point  modéré  par  un  jugement  droit  et  sûr.  Dès  ce 
moment ,  nous  verrons  toujours  le  grand  roi,  dans  ses 
relations  avec  les  autres  puissances  comme  dans  ses 
réformes  intérieures,  fuir  les  utopies  dangereuses ,  s'éle- 
ver an-dessus  des  susceptibilités  de  l'amonr-propre , 
éviter  tout  ce  qui  pourrait  le  faire  accuser  de  vaine  ambi- 
tion ,  dédaigner  la  renommée  stérile  de  ces  conquérants 
qni  mesurent  leur  gloire  au  sang  qu'ils  font  répandre  , 
et  leur  puissance  aux  lambeaux  de  terre  qu'ils  arrachent  à 
leurs  voisins  sans  aucun  profit  pour  la  civilisation. 

*  Tomel,  p.  384. 

^  Jacme  devait  passer  en  Italie  avec  2,000  chevaliers  et  faire  la 
guerre  à  lempereur,  moyennant  150,000  livres  et  le  payement  via- 
ger des  revenus  et  droits  annuels  levés  par  Pempire  sur  la  Lombar- 
die.  Les  villes  lombardes,  ajoute  Zurita,  s^engagèrent,  en  outre,  à 
reconnaître  le  roi  d'Aragon  pour  a  leur  seigneur,  défenseur  et  gou- 
verneur durant  sa  vie.  »  (Anales  de  Aragon,  lib.  III,  cap.  xxxn-} 


102  LITKE  UI,  GBAPITAB  ▼ 

Avant  de  se  lancer  dans  une  entreprise  quelque  sédui- 
sante qu'elle  se  montre ,  il  en  embrasse  du  regard  toute 
la  portée ,  oubliant  ses  droits  personnels  pour  ne  se 
souvenir  que  de  ses  devoirs  de  prince.  Faire  régner 
Tordre ,  la  paix ,  la  justice  dans  ses  États ,  avant  de 
chercher  à  en  reculer  les  limites ,  étendre  Tempire  de  la  . 
civilisation  chrétienne  plutôt  que  sa  propre  domination, 
et,  pour  cela,  se  montrer  aussi  conciliant  avec  les 
princes  chrétiens  qu*il  est  intraitable  avec  les  Musulmans 
insoumis  ,  telle  est  la  double  mission  qu'il  s*est  donnée. 
Si  les  résultats  probables  d'une  guerre  sont  hors  de 
proportion  avec  les  sacrifices  qu'il  devra  imposer  à  ses 
sujets ,  il  cède  avec  une  générosité  qui  le  grandit ,  même 
à  un  simple  comte  de  Champagne;  mais,  s'il  voit  un  pou- 
voir étranger  essayer  de  s'immiscer  dans  l'administration 
de  ses  États  ,  s'il  craint  de  compromettre  la  tranquillité 
de  son  pays  ou  de  faire  peser  une  nouvelle  charge  sur  son 
peuple,  il  sait,  comme  le  saint  roi  Louis  de  France, 
résister  avec  fermeté  même  à  son  souverain  spirituel ,  à 
ce  Pontife  suprême  dont  la  main  donne  et  retire  les 
couronnes. 

Après  le  traité  signé  au  camp  de  Valence,  Jacme  fut 
une  fois  encore  sur  le  point  de  se  trouver  mêlé  à  la 
grande  querelle  du  Pape  et  de  l'empereur.  On  se  sou- 
vient, en  effet,  de  l'alliance  qu'il  conclut  à  Montpellier, 
en  1241,  avec  Raymond  VU,  pour  la  défense  de  l'Église- 
Mais  il  s'agissait  alors  de  se  concilier  la  bienveillance  du 
Saint-Siège,  afin  d'obtenir  la  sentence  de  divorce  et  les 
dispenses  qui  devaient  favoriser  les  projets  des  princes 
méridionaux.  Le  roi  d'Aragon  n'eut  pas  cru  payer  trop 
chèrement  par  le  secours  de  ses  armes  la  réalisation  de 
ces  espérances  si  chèrement  caressées.  Trompé  dans 
son  attente,  il  évita  dès  lors  de  confondre  ^  cause  avec 


celle  daSaaFeraÎQ  Pontife.  Lorsque  loDocent  lY,  fuyant 
Jlome,  lui  fit  demander  rbospitalité  que  lui  refusaient 
les  rois  de  France  et  d'Angleterre ,  le  monarque  arago* 
nais  n'hésita  pas  à  décliner  ce  dangereux  honneur^  c'est 
alors  que  le  chef  de  la  chrétienté  se  réfugia  à  Lyon,  ville 
indépendante  et  neutre,  où  il  tint  le  concile  qui  déposa 
Tempereur  Frédéric.  A  cette  occasion ,  les  deux  comtes 
Raymon  de  Toulouse  et  Ramon  Berenguer  de  Provence 
se  trouvèrent  réunis  auprès  du  Souverain  Pontife. 

Depuis  que  le  mariage  de  Sancha  de  Provence  avec  Ri- 
chard d'Angleterre  lui  avait  ôté  l'espoir  d'être  le  gendre 
et  le  successeur  de  Ramon  Berenguer,  Raymond  était 
redevenu  l'ennemi  du  comte  provençal.  Cependant  la  mé- 
diation de  l'archevêque  d'Arles,  celle  du  roi  d'Aragon  et 
rinlerventionduPapelui^même  avaient  retardé  la  reprise 
des  hostilités  V  II  est  permis  de  croire  que  pendant  ce 
temps  les  négociations  se  poursuivaient  pour  reprendre , 
dans  l'intérêt  des  provinces  méridionales,  les  projets  de 
fusion  des  deux  races  de  Toulouse  et  de  Provence. 
Ramon  Berenguer  avait  une  quatrième  fille,  Béatrix,  avec 
laquelle  pouvait  s'effectuer  le  mariage  qui  n'avait  pas 
réussi  avec  Sancha. 

Eu  vertu  d'un  testament  de  l'an  1238,  Béatrix  devait 


<  Jacme,  tout  en  refusant  au  Pape  ses  Etats  piéninsulaires,  lui 
offrit  pour  asile  la  seigneurie  de  Montpellier,  ou  permit  du  moins 
aux  consuls  de  sa  ville  natale  de  faire  une  démarche  dans  ce  sens 
auprès  du  Saint-Père.  C'est  ce  qui  résulte  d'une  lettre  dans  laquelle 
Innocent  lY  remercie  les  cousuls  et  leur  fait  espérer  sa  visite  pour  le 
moment  où  il  quittera  Lyon.  Cette  promesse  ne  fut  pas  exécutée. 
(Archives  municipales  de  Montpellier,  armoire  E>  casette  Y,  liasse 
2bis,  no 2.) 

*  Dom  Yaissète,  Hist.de  Languedoc,  lir-  XXV,  chap.  Lxxviet 
Freuv.  du  tome  III,  éd.  in-f»,  q»  25^.  —  Rayaaîdi,  Ann.  eeclee.,  ad 
ann.  4244,  n*  47. 


104  LITRE  III ,  CHAPmtB  ▼ 

hériter  de  tons  les  États  de  son  père.  Ce  n*est  point, 
comme  le  dit  Mathieu  Paris,  qne  les  autres  filles  du 
comte  «  étant  montées  plus  haut  qu'on  ne  pouvait  Tespé- 
rer,  et  ayant  contracté  des  mariages  qui  faisaient  Tadmi- 
ration  de  tous  les  chrétiens  *  >,  Béatrix  seule  eût  besoin 
d'une  dot;  ce  n'est  pas  non  plus  que  Ramon  Berenguer 
ait  voulu  éviter  de  semer  un  nouveau  germe  de  discorde 
entre  le  roi  de  France  et  le  roi  d'Angleterre*;  le  petit-fils 
des  comtes  de  Barcelone  n'avait  d'autre  but  que  de  ména- 
ger à  la  nationalité  du  Midi  le  moyen  de  reconstituer  son 
unité.  Béatrix  semblait  destinée  à  épouser  un  prince 
méridional  ;  si  elle  n'avait  pas  de  fils,  ce  n'étaient  ni  les 
enfants  de  Marguerite,  reine  de  France,  ni  ceux  de 
Léonor,  reine  d'Angleterre,  que  le  testament  appelait  an 
comté  de  Provence,  mais  bien  ceux  de  Sanchaqui,  n'étant 
pas  souverains,  ne  pouvaient  fondre  les  États  de  Ramon 
Berenguer  dans  une  plus  grande  nation.  Si  Sancha  n'avait 
pas  d'enfant  mâle,  la  succession  revenait  à  la  fille  ainée 
de  Béatrix,  et,  à  défaut,  au  roi  Jacme  d'Aragon  et  à  celui 
de  ses  fils  qui  hériterait  de  sa  couronne  ^  Toutes  ces 
clauses  sont  significatives  et  indiquent  clairement  le  désir 
de  Ramon  Berenguer  d'assurer  soit  l'indépendance  des 
possessions  provençales,  soit  leur  union  à  un  État  méri- 
dional. 

Les  conséquences  du  mariage  de  Raymond  VII  avec 
Théritière  delà  Provence  n'échappaient  à  personne,  et 
l'espoir  de  cette  alliance  n'avait  pas  été  étranger,  sans 
doute,  à  la  négligence  que  le  comte  de  Toulouse  avait 


*  Math.  Paris,  Grande  Chronique,  ad  ann.  4^45. 

*  Papon,  Hi8t.  gén.  de  Prov.,  t.  Il,  p.  324. 

*  Le  testament  de  Ramon  Berenguer  Y  a  été  publié  par  Ruffi 
(Hiit  des  comtes  de  Provence.) 


BÉATBIX  DE  PROVENCE  iOS 

mise  à  faire  régulariser  son  union  avec  Marguerite  de  la 
Marche. 

En  effet,  réunis  au  concile  de  Lyon,  en  présence  d'In- 
nocent IV  et  avec  son  assentiment,  les  deux  comtes  con- 
clurent la  paix  et  convinrent  de  l'alliance  à  laquelle  se 
rattachait  le  dernier  espoir  de  la  France  méridionale. 
Le  Pape  promit  d'accorder  la  dispense  de  la  parenté 
qui  existait  entre  les  futurs  époux  ;  enfin  le  mariage  de 
Raymond  avec  Marguerite  de  la  Marche  fut  annulé  du 
consentement  même  de  la  fille  de  Lusignan\ 

Pour  la  seconde  fois ,  l'union  des  maisons  de  Toulouse 
et  de  Provence  paraissait  irrévocablement  assurée.  Mais, 
Celui  qui,  suivant  l'expression  de  Bossuet,  «  préside  à 
tous  les  temps  et  prévient  tous  les  conseils  '  » ,  a  marqué 
à  la  nationalité  méridionale  le  terme  de  son  existence. 
Nos  provinces  sont  arrivées  à  ce  point  où  un  peuple  » 
poussé  par  une  force  invisible  ,  marche  vers  une  fin  qu'il 
redoute  et  qu'il  est  impuissant  à  éviter.  Alors  tout 
semble  conspirer  dans  l'ordre  moral  et  dans  Tordre 
matériel  pour  hâter  la  crise  fatale  ;  les  causes  ne  pro- 
duisent plus  leurs  effets  probables,  les  calculs  les  plus 
solides  sont  déjoués  par  des  événements  inattendus,  les 
actions  les  mieux  combinées  pour  conjurer  le  danger 
ne  font  qu'en  augmenter  la  violence.  La  France  du 
Nord,  an  contraire,  est  parvenue  à  une  époque  de  rapide 
et  vigoureux  accroissement.  La  nation  de  saint  Louis 
s'avance  d'un  pas  ferme  vers  les  limites  qui  lui  sont  assi-> 
gnées  par  la  Providence ,  sans  qu'un  seul  de  ces  actes 
injustes  qui  marquent  trop  souvent  l'agrandissement 
des  empires  ternisse  la  pure  auréole  dont  le  nom  de 

*  Gbron.  deGoillaume  de  Puy-LaureDs,chap.  xLvn;  ^domVais* 
sète,  Hist.  de  Lang.y  liv.  XXV,  chap.  xa. 

*  Discours  sur  l'histoire  universelle,  3"'  partie,  ebap.  vpii 


I0#  i«if»^  lu,  «i4mi)B  ▼ 

Louis  IX  6ist  antooré.  Cette  pério(le  est  vlm  de  cplles  où 
se  montrent  le  plas  clairement  les  lois  mystérieuses  qui 
président  à  la  formation  des  peuples  :  les  provinces  se 
groupent  autour  d'un  centre ,  les  grandes  races  seigneu- 
riales disparaissent ,  les  races  royales  voient  se  dessiner 
les  limites,  trop  souvent  méconnues,  dans  lesquelles  leur 
puissance  doit  se  renfermer.  La  force  providentielle  qui 
entraîne  les  nations  vers  leurs  destinées  ne  s*est  jamais 
fait  mieux  sentir  qu'au  temps  et  dans  les  pays  que  nous 
étudions  ;  c'est  elle  qui  fait  réussir  dans  la  Péninsule  les 
entreprises  les  plus  audacieuses  de  Jacme  contre  les  Sar- 
rasins» c*est  elle  qui  fait  échouer,  au  moment  où  leur 
succès  semble  le  plus  certain,  les  combinaisons  de  ce 
prince  et  de  ses  alliés  dans  la  France  méridionale. 

Le  comte  de  Toulouse  et  le  comte  de  Provence ,  se 
croyant  assurés  du  bon  vouloir  d'Innocent  IV,  retourné* 
rent  dans  leurs  États  sans  avoir  oblenif  la  dispepse  néces- 
saire au  mariage  projeté,  et  quelques  jours  après  (19  août 
1245)  mourait  à  Âix  ,  en  Provence,  le  comte  Ramon  Be- 
renguer,  a  cet  homme  illustre  et  fameux  qui ,  par  un 
effet  prodigieux  du  caprice  de  la  fortune,  avait  laissé  au 
monde  entier  un  sujet  éternel  d'admiration  dans  Félé- 
¥atioa  de  ses  enfants,  c'est-à-dire  de  ses  filles,  dont  la 
beauté  était  si  éclatante  V  » 


^  Grande  Chronique  de  Mathieu  Paris,  ad  ann.  4246,  traduction  de 
M.  HuilIard-BréoUes,  acoompagnée  de  noteset  précédée  d'une  intro- 
duction par  H-  le  duc  de  Luynes.  —  a  Ce  ^rand  et  magnanime 
prince,  dit  Casar  de  Nostradamus,  fut  plein  de  toute  douceur,  clé- 
mence et  humanité,  éloquent  en  son  parler,  excellent  et  rare  à  com- 
poser en  rithme  vulgaire  provençale  comme  celui  qui  avoit  d'ordi- 
naire à  sa  cour  plusieurs  excellents  et  rares  poètes  prouvençaux  qui 
faisoient  des  belles,  doctes  et  ingénieuses  poésies,  à  Texemple  et 
imitation  de  leurs  antiques  progéniteurs  et  troubadours  avec  les- 
quels ce  comte  se  délectoit  taHeioeut,  qu^it  empk^t  Aiae  bonne 


MOBT  DB  BAMOBT  BBBKNGUEB  4#7 

Il  arait  en  BQoarant  cofifirmé  son  testammt  de  1338  ^ 
et  Dommé  pour  tuteurs  à  sa  fille  Béalrix  et  régeuts  de 
ses  États ,  Romeu  de  Villeneuve  et  Albeta  de  Taras^çon, 
le  môme ,  sans  doute,  que  nous  avons  vu  ^gurer  dans 
la  sentence  arbitrale  rendue  contre  Sancha  d* Aragon \ 

A  la  nouvelle  de  cette  mort ,  Jacme  qui ,  en  sa  qualité 
de  suzerain  de  la  Provence  et  de  cousin-germain  paternel 
de  Ramon  Berenguer,  avait  des  droits  sur  les  États  du 
comte  défunt,  accourut  à  la  tète  d'un  corps  de  troupes, 
et  garda  à  vue  dans  Aix  la  jeune  Beatrix  V  Youlait-M, 
comme  on  l'a  prétendu,  marier  la  princesse  à  un  de  ses 
fils?  Rien  n'autorise  cette  supposition.  Le  but  avoué  de 
cette  tentative  d'occupation  militaire  était  d'assurer  la 

partie  de  son  temps  et  ses  heunç  desdies  à  Pesbat  deTesprit  en  dis- 
putes et  questions  bien  subtiles  et  très-gracieuses.»  [Hist.et  Chron, 
de  Prauvenee,  p.  204.)  H  reste  en  effet,  do  Ramon  Berenguer  V,  deux 
pièces  devers  en  langue  romane  provençale.  L'une  est  un  dialogue  en 
forme  de  tenson,  entre  le  comte  et  son  Adèle  cheval  Cam-et-Ongla  ; 
l'autre,  un  tenson  avec  un  troubadour  du  nom  d'Arnaut.  Celte  dernièFe 
peut  donner  une  idée  du  mélange  do  grossièreté  et  de  délicatesse  qui 
inspirait  souvent  les  discussions  galantes  du  temps.  En  voici  le  sujet: 
eeot  dames  de  baut  parage  entreprennent  un  voyage  d'outre-mer, 
un  calme  plat  arrête  leur  navire.  Les  nobles  voyageuses  ne  peuvent 
ni  poursuivre  leur  route  ni  revçnirau  point  de  départ  à  moins  9;ue, 
dit  le  comte  au  troubadour  , 

• 

Un  pet  fassatz  de  que  mova  tal  vent 
Parque  la  nau  venga  s  a  aaivament  : 
Faretz  o  no,  que  saber  o  volria  t 

Arnaut  répond  affirmativement.  (Voyez  Hilà^  de  IO0  Trovadori^  /sn 
Espana,  p.  450,  d'après  le  manu^crit  7225  de  la  Bibliothèque  impé- 
riale.) 

*  Voy.  diron.  de  ^uiilaume  de  Puy-^^aurens,  chap.  xlvh;  — 
Chron.  MassiL  ap.  Labbe  Biblioth.,  U  1,  p.  342 

*  Mathieu  Paris  (Grandfi  Chraniqi^e,  adann.  4245}  est  Iç  seul  chro- 
DÎquenr  contemporain  qui  parle  du  prétendu  enlèvement  de  Béatrix 
par  un  seigneur  provençal  peu  riche  en  possessions. 


108  LimB  ni ,   CHAPITRE  ▼ 

réalisation  des  projets  de  Raymond  VII.  Qnelqaes  chro- 
niqueurs,  ne  pouvant  s'élever  à  la  hauteur  de  la  politiqae 
aragonaise,  ont  trouvé  naturel  d*expliquer  par  des  motifs 
d'ambition  personnelle  des  actes  qu'ils  ne  comprenaient 
point.  La  vie  entière  du  Conquistador  proteste  contre  ces 
mesquines  interprétations,  qui,  du  reste,  n*ontété  hasar- 
dées que  sons  la  forine  du  doute  par  les  écrivains  méri- 
dionaux de  l'époque.  La  renonciation  à  tous  ses  droits 
sur  la  Provence ,  que  le  roi  d'Aragon  avait  faite  au  mo- 
ment où  se  traitait  le  mariage  de  Sancha  avec  le  comte 
de  Toulouse,  est  une  preuve  du  désintéressement  de 
Jacme.  Ce  qu'il  voulait,  c'était  surtout  s'opposer  aux  em- 
piétements de  la  maison  de  France  sur  les  pays  de  la 
langue  d'Oc  ;  son  union  avec  Raymond  VII,  dans  l'intérêt 
de  la  patrie  méridionale,  était  sincère  et  répondait  aux 
aspirations  populaires  du  Midi. 

Mais  ceux  qui  gouvernaient  la  Provence  au  nom  de  la 
jeune  comtesse  ne  partageaient  ni  la  haine  de  leurs  com- 
patriotes pour  les  Français  \  ni  les  espérances  du  roi 
d'Aragon.  Romeu  de  Villeneuve,  le  plus  illustre  et  le  plus 
influent  des  conseillers  de  Ramon  Rerenguer,  voulut 
peut-être  hâter  un  rapprochement  qu'il  prévoyait  devoir 
s'opérer  inévitablement  entre  la  France  du  Nord  et  la 
France  du  Midi  ;  peut-être  cherchait-il  seulement  à  satis- 
faire l'orgueil  maternel  de  la  veuve  de  Ramon  Berenguer, 
qui  désirait  pour  sa  quatrième  fille  un  époux  de  race 
royale.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  attribuera  l'influence  de 
Romeu  autant  qu'aux  menées  de  la  reine-mère  de  France, 
le  succès  de  cette  œuvre,  qui  a  valu  au  conseiller  de 

*  «  Les  Provençaux  ont  pour  les  Français  une  haioe  inexorable.  » 
(Grande  Cbron.  de  Mathieu  Paris,  ad  ann.  4345.) 


ÉCHEC  BN  PROVENCE  109 

RamoQ  Bereogaer  Thonneur  de  figarer  dans  le  Paradis 
d'Alighieri  *. 

Pendant  que  les  émissaires  de  la  reine  Blanche  cher- 
chaient, par  Targent,  les  promesses  et  les  menaces,  à  créer 
en  Provence  un  parti  qui  soutint  les  prétentions  de  Charles, 
frère  de  saint  Louis,  à  la  main  de  l'héritière  du  comté, 
des  troupes  françaises  s'avançaient  avec  la  double  mission 
d*appuyer,  selon  les  circonstances,  soit  les  projets  du 
prince  Charles,  soit  une  réclamation  de  la  reine  de  France, 
Marguerite ,  en  qualité  de  fille  aînée  du  comte  défunt  ^. 

Au  lieu  d*accourir  en  Provence  à  la  tête  d*une  armée 
et  de  se  joindre  au  roi  d*Aragon ,  qui  avait  fait  preuve 
en  cette  circonstance  d*une  remarquable  activité,  Ray- 
mond Vil ,  avec  le  défaut  de  pénétration  qui  le  carac- 
térise, n'avait  rien  trouvé  de  mieux  à  faire  que  d'im- 
plorer par  lettre  Tappui  du  comte  de  Savoie ,  oncle  de 
la  jeune  comtesse ,  et  celui  de  la  reine  Blanche  elle- 
même. 

Il  vint  cependant  en  Provence  ;  mais,  trompé  par  de 
perfides  conseils,  que  le  seigneur  de  Lunel  lui  avait  donnés 
sous  l'inspiration  de  Romeu  et  d'Albeta,  il  était  seul 
et  sans  armée.  Sur  ces  entrefaites ,  le  Pape,  cédant  aux 
instances  de  la  mère  de  saint  Louis,  refusait  pour  le 
mariage  de  Raymond  et  de  Béatrix  la  dispense  qu'il 


^  Edentro  alla  présente  Margherita 

Lace  la  luce  di  Romeo,  di  oui 

Fu  l*opra  grande  e  bella  mal  gradita  t 

*  Ma  i  Provenzali  che  fer  contra  lui 

Non  hanno  riso  :  e  perd  mal  cammina 

Quai  si  fa  danno  del  ben  fare  altrui. 
Quatre  flglie  ebbe,  et  ciascuna  reina  , 

Ramondo  Berlinghieri  ;  e  ci6 11  fece 

Romeo  persona  umile  e  peregrina. 

(Dante,  Paradiso,  cant  YI.) 
3  Grande  Chron.  de  Math.  Paris,  ad  ann.  4246. 


110  LITIB  Ul  f   CHAPIfAI  Y 

avait  promise  ;  enfin  Charles  se  mettait  à  ia  tète  des 
troupes  envoyées  par  son  frère,  et  marchait  vers  Aix  pour 
s'emparer  de  Béatrix.  Les  quelques  hommes  d'armes  que 
Jacme  avait  rassemblés  à  la  hâte  n'étaient  pas  de  force 
à  résister  aux  Français;  le  roi  d'Aragon  avait  compté 
sur  l'appui  du  comte  de  Toulouse  ;  ce  secours  lui  faisant 
défaut ,  il  dut  battre  en  retraite  et  abandonner  au  frère 
de  saint  Louis  la  riche  proie  que  le  Nord  arrachait  irré- 
vocablement au  Midi\ 

Le  31  janvier  1246,  Charles ,  à  qui  le  roi  son  frère 
devait  quelques  mois  plus  tard  donner  en  apanage  les 
comtés  d'Anjou  et  da  Maine,  épousait  la  fille  de  Ramoo 
Berenguer  Y,  et  le  plus  beau  domaine  de  la  maison  de 
Barcelone  au  nord  des  Pyrénées  tombait  au  pouvoir  de 
la  famille  capétienne. 

La  domination  française  pesa  sur  les  Provençaux 
comme  une  honte.  Tandis  que  les  conseillers  du  dernier 
comte ,  oubliant  les  intentions  de  leur  maitre ,  livraient 
la  nation  à  un  voisin  qui  était  presque  un  ennemi ,  le 
peuple  murmurait  et  espérait,  tournant  ses  regards  vers 
Toulouse  et  surtout  vers  l' Aragon. 

On  ne  pouvait  croire  que  le  vainqueur  des  Sarrasins 
d'Espagne,  le  Conquistador  y  qui  remplissait  l'Europe  du 
bruit  de  ses  exploits,  laissât  les  Français  s'établir  à 
jamais  dans  les  pays  où  avaient  dominé  ses  ancêtres.  On 
pensait  voir  bientôt  le  roi  d'Aragon ,  le  comte  de  Tou- 
louse, le  roi  d'Angleterre,  se  liguer  contre  la  maison  de 
France  ;  on  attendait,  et  cette  attente  explique  le  calme 
apparent  des  premières  années  du  règne  de  Charles 
d'Anjou  en  Provence. 

'  Voyez  Chronique  de  Guill.  de  Puy--Laureas,  obap.  xlvii  ; — Chrtm. 
Massik  apad  Latbe,  Bibliodi.j  p.  342  ;  —  Grande  Chron.  de  llaih. 
Paris,  ad  ann.  4246. 


PLAlMTBS  BBS  PROTBRÇàUX  111 

Les  tronbadoars,  cependant,  parcouraient  le  pays  de 
château  en  château ,  entretenant  dans  le  cœur  des  Pro- 
vençaux le  souvenir  si  cher  de  leurs  anciens  seigneurs, 
et  censurant  indirectement  les  défauts  du  bouillant  et 
impérieux  Charles  par  Téloge  des  douces  qualités  de 
Ramon  BerenguerV.  «  En  quoy  faisant,  dit  Jehan  de 
Nostradamus  à  propos  de  Pierre  Brémont  de  Noves ,  il 
gaigna  un  thrésor.  Hais  pour  ce  que  par  iceiuy  chant  il 
parloit  contre  la  mayson  d* Anjou  et  de  ce  que  la  Prou- 
vence  estoit  tombée  entre  mains  de  ceux  de  France ,  luy 
fut  conseillé  par  ses  grands  seigneurs  et  amis  de  se 
taire  *.  » 

«  Désormais,  chantait  Aimeric  dePegulha,  les  Pro- 
vençaux vivront  dans  la  douleur,  car  d'un  vaillant  sei- 
gneur ils  tombent  sous  un  sire....  Hélas!  Provençaux, 
en  quelle  désolation  vous  êtes  restés  et  en  quel  déshon- 
neur! Vous  avez  perdu  gaité,  jeux  et  plaisirs.  Vous 
êtes  tombés  aux  mains  de  ceux  de  France;  mieux  vous 
vaudrait  élre  tout  à  fait  morts.  Celui  par  qui  vous  pourriez 
être  délivrés  ne  trouve  en  vous  ni  loyauté  ni  confiance. 
Hélas  !  mal  pourvus  de  seigneurs  et  d'honneur ,  on  ne 
vous  bâtira  plus  villes  ni  châteaux-forts.  Serfs  des  Fran- 
çais ,  pour  le  droit  ni  pour  le  tort  vous  n'oserez  porter 
écu  ni  lance*.  > 


^  Jehan  de  Nostradamus ,  Vies  des  plus  oélèhres  et  anciens  poëtes 
provençaux  qui  ont  floury  du  temps  des  comtes  de  Provence , 
pag.  12S. 

*  Âimeric  de  Pegulha  était  fils  d'un  marchand  de  drap  de  Tou- 
louse. Son  allusion  au  seigneur  qui  pouvait  délivrer  les  Provençaux 
peut  se  rapporter  également  à  Raymond  VII  et  au  roi  Jacme  1".  ^ 
VEist.  litt.  de  la  France  (t.  XVIII,  p.  694),  a  donné  pour  la  pre- 
mière fois  le  texte  de  ce  fragment,  que  l'abbé  Millot  avait  inexacte- 
ment traduit.  Celte  pièce  se  trouve  dans  le  manuscrit  n<»  722S  de  la 
Bibliothèque  impériale. 


lli  LIVRE  m,   CHAPITRE  V 

Tout  autre  que  Jacme  n'eût  pas  manqué  de  profiter  de 
pareilles  dispositions;  mais,  soit  qu'il  comptât  peu  sur 
Tappui  du  comte  de  Toulouse  et  du  roi  d'Angleterre, 
soit  que  la  nationalité  méridionale  lui  parût  condamnée 
sans  retour,  et  qu'il  vit  la  main  de  Dieu  dans  les  évé- 
nementsqni  semblaient  conspirer  pour  assurer  l'extinction 
des  dynasties  méridionales\  il  parait  s'être  résigné  aus- 
sitôt à  l'abandon  delà  Provence. 

En  vain  les  troubadours ,  ne  comprenant  pas  qu'un 
roi  conquérant  hésitât  à  en  appeler  aux  armes ,  exci- 
taient-ils le  monarque  aragonais  à  la  guerre;  en  vain 
essayaient-ils  de  produire  un  soulèvement  parmi  les 
Provençaux ,  dans  l'espoir  de  voir  accourir  au  secours 
des  révoltés  les  adversaires  naturels  de  la  maison  de 
France.  Une  sage  politique  conseillait  à  Jacme  l'inaction 
que  l'incapacité  et  la  légèreté  d'esprit  inspiraient  à  Ray- 
mond YII  et  à  Henri  III. 

«  Je  crois  que  le  roi  anglais  a  le  hoquet,  s'écriait 
avec  colère  Boniface  de  Castellane ,  tant  on  le  voit  rester 
muet  pour  demander  ses  possessions....  tandis  qu'il 
devrait  conduire  de  tous  côtés  soldats  et  chevaux  armés 
jusqu'à  ce  qu'il  eût  recouvré  ses  domaines. 

p  Le  lâche  roi  auquel  appartient  l'Âragon  fait  toute 
l'année  procès  à  maint  pauvre  diable  ;  il  serait  mieux ,  à 
mon  avis,  qu'il  demandât  avec  ses  barous  (vengeance  pour) 
son  père,  qui  était  preux  et  bon  et  qui  fut  tué  chez  ses 


voisins  •.  » 


*  Quid  hic  dicam  ?  écrivait  Guillaume  de  Puy-Laurens,  chapelain 
de  Raymond  VII,  jampridem  per  hœc  antecedentia  prœsumi  poterat 
quod  Deo  non  plciceret  quod  ultimus  comês  contraheret  ,  aut  plus  ha- 
béret  eobolem  quam  habebat.  (Gbron.  de  Guili.  de  Puy-Laurens, 
chap.  XLVii.) 

^  Raynouard,  Choix  depoésiee  des  Troubadours,  t.  Y,  p.  408. 


PLAINTES  DES  PROVENÇAUX  113 

NoDs  ne  savons  à  quels  procès  celte  dernière  strophe 
fait  allusion,  mais  les  réformes  législatives  dont  lesirvente 
qui  précède  doit  être  à  peu  près  contemporain,  les  inno- 
vations introduites  dans  la  procédure,  l'influence  crois- 
sante des  légistes  en  Aragon,  pourraient  bien  avoir  inspiré 
la  boutade  du  guerroyeur  Boniface.  Homme  d*épée  avant 
tout,  le  noble  troubadour  avait  voué  une  haine  à  mort 
«  aux  avocats  qu*on  voit  se  démener  à  grand  bruit  » . . . . 
et  à  «  cesconseils  de  prélats  que  nul  homme  ne  vitjamais 
contents  et  qui,  lorsqu'on  leur  explique  son  droit,  disent  : 
«Tout  cela  n'est  rien,  tout  appartient  vraiment  au  comte»\ 
Charles  d'Anjou  faisait  faire  des  recherches  en  Provence 
pour  réunir  à  son  domaine  ce  qui  eu  avait  été  démembré 
par  l'usurpation  des  grands  vassaux  du  pays  ;  de  là  Tirri- 
tation  de  Boniface  de  Castellane,  dont  la  famille,  Tune 
des  plus  puissantes  de  Provence,  était  aussi  Tune  des 
plus  tracassées  par  les  commissaires  du  comte  V 

Le  fougueux  Boniface  flagelle  de  ses  vers  non-seule- 
ment les  princes  qui  abandonnent  la  cause  du  Midi,  mais 
ses  compatriotes  eux-mêmes  qui  n'osent  secouer  un  joug 
odieux  : 

<  Je  ferai  un  sirvente  avec  des  paroles  cuisantes,  dans 
lequel,  à  la  face  de  tous  les  lâches,  je  dirai  aux  Provençaux 
pauvres  et  abattus  que  ces  Français  ne  laissent  même  pas 
leschausses  à  la  gent  paresseuse  et  sans  courage. . .  Si  je 
me  rencontre  un  jour  avec  leurs  chefs  et  qu'ils  m'atta- 

*  Raynouard,  Choix  de  poésies  des  Troubadours,  t.  IV,  p.  âU. 

«  Un  aulre  poêle  genlilhorameparlageraversion  de  Caslellane  pour 
les  gens  de  robe,  c'est  Bertrand  d'Allamanon,  dont  on  peut  voir  les 
sîrvenles  dans  le  recueil  de  M.  Raynouard,t.  IV,  p.  222.  —  Papon 
(Hwt.  génér.  de  Prov.,  t.  lil,  p.  438)  et  Millol  {Hist.  litt.  des  Troub,, 
1. 1,  p.  402.)  ont  donné  la  traduction  de  plusieurs  pièces  de  cetrou- 
badour. 

T.  n.  8 


qaenl,  ils  en  seront  dolenU;  tant  je  les  frapperai  que 
DQOD  épée  en  sera  sanglante  et  qae  de  ma  lance  il  ne  restera 
qa*un  tronçon.» 

«  Lemalhear  des  Provençaux  roeplait,  car  aacnn  d*eax 
n*y  prend  garde.  Les  Français  sont  si  habiles  que  quelque 
jour  ils  les  feront  venir  attachés  avec  un  lien  d* osier.  Ils 
ne  gardent  avec  eux  aucun  ménagement,  tant  ils  les  tien* 
nent  pour  lâches  ^  » 

Un  autre  poète,  qui  ne  parait  pas  avoir  eu  les  mêmes 
motifs  personnels  de  colère  contre  les  nouveaux  domina- 
teurs, Guillem  de  Montagnagol,  s'exprime  en  termes  non 
moins  énergiques  : 

«  Ce  pays  ne  doit  plus  s'appelerProenza  (vaillance), 
mais  il  aura  nom  Falhenza  (l&cheté),  puisqu'il  achangé  une 
domination  loyale  et  douce  pour  une  cupide  tyrannie  V* 
Plus  bas,  Guillem  souhaite  que  le  roi  d* Aragon,  qui  a  mis 
en  déroule  les  Sarrasins  espagnols,  vienne  combattre  les 
Français,  <  puisqu'il  a  vaincu  leurs  vainqueurs  il  en 
triomphera  aisément.  Cependant  la  domination  française 
va  grandissant  ;  le  roi  d'Aragon  et  le  comte  de  Toulouse 
seronldéshoororés  s'ils  ne  tirenlvengeance  de  leurs  humi- 
liations '.  > 

Ce  sirvefite,  évidemment  postérieur  à  la  bataille  de 
Mansourah,  à  laquelle  il  fait  a  lasion,  prouve  que  l'espoir 
des  Provençaux  persistait  après  plusieurs  années  d'attente 
vaine.  Charles  d'Anjou  semblait  d'ailleurs  avoir  pris  à 
tâche  de  jnstifier,  par  la  dureté  de  sa  domination,  les 


*  Raynouard,  Choix  de  poésies  des  Troubadours,  t.  V.  p.  109,  et 
t.  IV  p.  214. 

2  Hist.  liU.  de  la  France,  t.  XIX,  p.  49  t. 

»  Millot,  Hist,  lut.  des  Troubadours,  t.  III.  p.  96  ;  —  Papon, 
Hist.  gén.  deProv.,  t.  111,  p.  447  ;  —  Milà,  de  los  Trov,  en  Espana  , 
p.  475. 


PLAINTES  BBS  PROVENÇAUX  liK 

plaintes  de  ses  nonveani  sujets,  et  de  conserrer  daDS  leur 
coeur  le  souvenir  de  la  palernetle  administration  des 
comtes  de  la  maison  de  Barcelone.  Vingt  ans  s*élaieat 
écoulés  depoîs  la  mort  de  Ramon  Berenguer,  que  la 
Provence  implorait  encore  le  secours  des  princes  arago- 
nais,  comme  le  prouve  la  pastorale  suivante,  dialogue 
entre  une  bergère  et  le  troubadour  Paulet,  de  Marseille  : 

•  Mais  s'il  tous  ptait,  seigneur,  demande  la  bergère  au 
poète,  dites^moi^  au  sujet  du  comte  qui  tient  la  ProveMe, 
pourquoi  il  tue  les  Provençaux  et  les  détruit,  lorsqu'ils  ne 
lai  ont  forfait  en  rien,  et  pourquoi  il  veut  et  pense  ainsi 
dépouiller  le  roi  Manfred  qui  n'a,  je  crois,  aucun  tort,  ne 
tient  de  lui  aucune  terre  et  n'a  été  pour  rien,  je  pense, 
dans  la  mort  du  preux  comte  d'Artois  *, . . 

—  »  Jouvencelle,  répond  le  troubadour,  par  ^orgueil 
qu'il  porte  en  soi,  le  comte  d'Anjou  est  sans  merci  pour 
les  Provençaux,  et  les  clercs  sont  pour  lui  la  pierre  et  le 
fusil  *,  et  pourcela  il  croit  dépouiller  le  roi,  qui  est  habile, 
preux  et  qui  soutient  la  véritable  valeur.  Mais  ce  qui 
m'encourage  (c'est  que)  les  Français  n'arriveront  là-bas*, 
à  ce  qu'il  me  paraît,  que  si  avec  les  leurs  s'aecorde  le 
vaillant  et  puissant  roi  Manfred  ^ 

'  Par  ceUo  allusion,  Paulel  veut  faire  entendre  que  Charles  d'An- 
jou aurait  mieux  fait  de  venger  la  mon  de  son  frère  Robert  d'Ar- 
tois, tué  par  les  Sarrasins,  que  de  jeter  le  trouble  dans  la  chré^. 
tienté. 

^Colzefozil.  (?ot2signifiaitpierreelplus  particulièrement  pierre 
à  aiguiser.  On  appelait  également  fozil^  fusil,  la  pièce  d'acier  avec 
laquelle  on  bat  la  pierre  pour  en  tirer  du  feu,  et  un  morceau  de  fer 
ou  d'acier  qui  sert  à  aiguiser  les  couleaux  ;  on  peut  donc  traduire  ce 
passage  de  deux  manières  :  a  Les  clercs  sont  pour  lui  la  pierre  et  le 
fusil  dont  il  se  sert  pour  allumer  Tincendie  n  ,  ou  bien  :  «  Les  clercs 
sont  pour  lui  la  pierre  et  Pacier  sur  lesquels  il  aiguise  son  glaive.  » 

'A   Naples. 

*  Nous  traduisons  ces  deux  première?  strophes  d'après  le  t^xte 


116  LITRE  III,  GHAPITHE  Y 

*  —  nDites-moi,  seignear,  si  le  noble  infant  d'Aragon* 
demandera  ce  qai  appartient  à  sa  famille.  Puisqu'il  est 
bon  et  brave,  je  voudrais  qu'il  en  donnât  des  preuves  en 
chassant  de  notre  pays  les  usurpateurs  de  son  bien. 

—  »  Nous  devons  beaucoup  espérer  de  l'attachement 
des  Provençaux  p'our  l'infant  dont  ils  revendiqueront  les 
droits.  Il  serait  à  souhaiter  que  le  Pape  fût  pour  lui. 

—  »  Je  voudrais  voir  le  noble  infant  et  Edouard*  bien 
unis  entre  eux.  Avec  leurs  grandes  qualités,  sortis  de  la 
même  tige,  chers  à  leurs  amis,  redoutés  de  leurs  ennemis, 
ils  acquerraient  beaucoup  plus  de  gloire  en  se  soutenant 
l'un  l'autre  et  feraient  de  grandes  conquêtes. 

—  »  Je  souhaite  que  le  roi  d'Aragon,  lui  qui  a  tant 
de  sens,  prenne  garde  au  plus  tôt  à  sa  réputation  et  à  sa 
gloire,  car,  s'il  diffère,  ni  roi  ni  empereur  ne  daignera 
plus  le  regarder.  Les  deux  jeunes  princes,  l'infant  et 
Edouard,  sont  généreux,  habiles,  bien  armés,  il  ne 
convient  pas  qu'ils  restent  dépouillés  de  leur  héritage. 
Que  ne  dresse-t-on  vite  le  jeu  et  la  table  où  maint  heaume 
sera  fendu  et  maint  haubert  démaillé. 

—  »  Seigneur  Pierre ,  dit  la  bergère  s'adressant  au 
prince  aragonais ,  que  par  vous  les  malheureux  Proven- 
çaux soient  protégés  et  honorés. 

—  »  Bergère,  vous  m'avez  comblé  de  joie  par  les 
louanges  que  vous  avez  données  à  l'infant  ;  car  je  ne  sais 
point  de  prince  qui  aime  autant  la  vertu.  » 


qu'en  a  donné  M.  Raynouard  {Choix  de  poésies  des  Troubadnursj 
t.  Y,  p.  277).  Pour  les  suivantes,  dont  le  texte  nous  manque,  nous 
empruntons  la  traduction  de  Tabbé  Miliot  {Hist,  litt.  des  Troub., 
t.  m, p.  443). 

*  Pierre,  fils  aine  de  Jacme  et  d'Yolande. 

*  Edouard,  fils  aine  du  roi  Henri  III  d'Angleterre  et  de  Léonor  de 
Provence. 


LA  PROVENCE  A  LA  MAISON  DE  FRANGE         117 

Lorsque  ces  vers  se  chantaient  en  Provence,  il  y  avait 
longtemps  qae  Jacme  avait  définitivement  renoncé  à  re- 
vendiquer rbéritage  de  son  cousin  Ramon  Berenguer. 
Le  17  juillet  1258,  aussitôt  après  la  ratification  du  traité 
de  Corbeil,  le  roi  d* Aragon  avait  fait,  en  faveur  de  Mar- 
guerite, reine  de  France,  cession  définitive  de  tous  ses 
droits  sur  les  comtés  de  Provence  et  de  Forcalquier*; 
droits  très-réels,  quoi  qu'en  aient  dit  quelques  historiens 
français.  Les  règles  de  succession  féodale  les  consacraient, 
et  Jacme  les  rappelait  encore  dans  une  lettre  ferme  et 
digne  qu'en  Tannée  1262  il  écrivait  à  Charles  d'Anjou 
pour  se  plaindre  de  ce  que  des  troupes  provençales ,  con- 
duites par  Charles  lui-même ,  étaient  venues  poursuivre 
jusque  dans  le  grau  de  Montpellier  des  Marseillais  révoltés 
contre  leur  comte  :  «  Vous  devriez  être  satisfait  de  ce  que 
nous  avons  fait  au  sujet  du  comté  de  Provence,  que  nous 
aurions  pu  avoir  parce  qu'il  avait  appartenu  à  notre 
famille ,  et  que ,  cependant,  à  cause  de  l'amitié  et  de  la 
parenté  qui  nous  lient  à  l'illustre  roi  de  France,  votre 
frère  et  à  vous,  nous  n'avons  pas  voulu  recevoir*.  » 

Les  vers  du  troubadour  Paulet,  que  nous  citions  tout  à 
l'heure,  font  supposer  que  la  cession  du  27  juillet  1258 


*  Les  difficultés  entre  Marguerite,  reine  de  France,  et  Béatrix, 
comtesse  de  Provence,  au  sujet  de  la  succession  de  leur  père,  ne 
furent  terminées  qu'en  4284.  (Voy.  Mémoire  touchant  les  réclama^' 
tions  que  Marguerite,  reine  de  France^  et  Elionor^  reine  d'Angleterre, 
firent  de  leurs  droits  sur  la  Provence,  etc.,  par  M.  de  Bréquigny, 
p.  449  du  tome  XLIII  (ancien)  des  Mém.  de  VAcad.  des  Inscrip.  et 
Belles-Lettres)* 

3  Voyez  cette  lettre  dans  nos  Pièces  justificatives,  n»  XVI.  Elle  ne 
porte  aucune  date  dans  le  registre  des  archives  d'Aragon  où  elle 
existe  en  brouillon,  mais  la  date  des  actes  qui  la  précèdent  et  qui  la 
suivent  dans  le  même  registre,  jointe  aux  événements  auxquels  elle 
fait  allusion,  la  place  à  Tan  4S62. 


ii8  LIYRB  ai  f   GHAPITEB  V 

fut  tenue  secrète,  afin  peut-être  de  laisser  aux  Provençaux 
un  espoir  qui  leur  faisait  supporter  plus  patiemment  la 
domination  étrangère. 

De  1246  à  1258 ,  pendant  tout  le  temps  que  durèrent 
entre  Jacme  et  saint  Louis  les  démêlés  dont  nous  parle- 
rons bientôt,  la  possibilité  d*une  revendication  de  la 
Provence  par  le  roi  d*Aragon  resta  suspendue  comme  une 
menace  sur  la  maison  de  France ,  et  contribua  peut-être  à 
hâter  la  conclusion  du  traité  de  Corbeil  et  du  mariage  qui 
en  fut  la  conséquence. 

Mais,  en  réalité,  dès  le  31  janvier  i 246,  la  Provence 
est  à  jamais  séparée  de  la  grande  nation  méridionale  ; 
après  cette  date,  il  y  a  encore  des  regrets,  des  désirs  et 
des  espérances ,  qui  se  manifestent  par  les  plaintes  des 
troubadours  et  par  les  agitations  du  peuple,  mais  plus 
de  tentative  apparente  d'un  souverain  du  Midi  pour  re- 
conquérir ce  beau  pays  au  profit  d'une  nationalité  dont 
chaque  jour  voit  disparaître  un  lambeau. 

C'est  probablement  au  retour  de  son  infructueuse  expé- 
dition en  Provence,  que  Jacme  fit  à  Montpellier  le  séjour 
dont  parle  Gariel  à  l'année  1246  ^  Le  vicomte  de  Béziers 
Treocavel,  qui  jusqu'alors  était  resté  à  sa  cour,  l'accom- 
pagnait sans  doute  et  demeura  dans  le  pays,  car,  peu 
de  temps  après,  il  fit  sa  soumission  au  roi  de  France, 
qui  lui  donnasix  cents  livres  de  rentes  en  échange  de  tous 
ses  droits  sur  les  six  vicomtes  d'Âlbi,  de  Béziers ,  de  Car- 
cassonne,  deRazez,  d'Agdeetde  Nimes  (4246-1247 '). 

Durant  cette  fatale  année  1246 ,  qui  vit  la  couronne 
comtale  de  Provence  échapper  à  la  dynastie  barcelonaise, 


*  Séries prmultÊm  mog^hn,  p.  3&9- 

*  Voy.  Dom  Vaissôte,  Hist.  de  Lang.^  liv.  XXY,  ehap.  xcvu,  et 
Preuves  du  tome  111,  in-^,  n^  275. 


B&e  llkchë,  qtie  aïs  peut  effacer  l^éclat  mâme  d«  la  gloire, 
▼int  obscarcir  la  renommée  da  Conquistador.  Voici  le 
fait  tel  qu*il  résulte  des  documents  contemporains. 

Berengner  de  Castetlbisbal ,  ce  dominicain  que  Jacme 
avait  désigné  datis  son  testament  de  1343  pour  être  Tun 
des  exécuteurs  de  ses  dernières  tolontés ,  atait  oublié  ses 
devoirs  de  prêtre  au  point  de  révéler  un  secret  que  le  roi 
lui  avait  avoué  en  confession.  Il  aurait  même  conspiré 
contre  son  Bodverain,  si  Ton  en  croit  une  lettre  de  Jacme 
à  Innocent  IV,  que  celui-ci  rappelle  dans  sa  réponse  ^ 

Indigné  de  se  voir  trahi  par  un  homme  qu'il  avait 
comblé  de  ses  faveurs  et  «  traité  presque  comme  le  plus 
honoré  parmi  les  plus  grands  »,  le  roi  exila  le  frère  prê- 
cheur. Mais,  bientôt  après,  Berenguerfut  nommé  évéqué 
de  Girone,  et,  fort  de  sa  nouvelle  dignité,  il  rentra  en 
Catalogne  sans  Tautorisation  royale  pour  prendre  pos- 
session de  son  siège. 

À  cette  nouvelle,  Jacme  irrité  donna  Tordre  de  s*èm- 
parer  du  prélat  et  de  lui  couper  la  langue.  Cette  sentence 
barbare  fut  exécutée;  mais  Rome  ne  fit  pas  longtemps 
attendre  le  châtiment.  L'audacieux  monarque  fut  ex- 
communié et  rinterdit  mis  sur  ses  Etats. 

Ce  n'était  pas  la  première  fois  que  Jacme  attirait  sur 
loi  les  foudres  de  TÉglisei  En  1237,  le  Pape  Tavalt 
frappé  d'anathème  pour  injures  enverà  Tévêqu^  de  Sara- 
gosse.  Une  lettre  de  Grégoire  IX  est  le  seul  document 
qoi  mentionné  cette  excommunication  sans  donner  d'au- 
tre détail  ;  elle  nous  apprend  seulement  que  l'absolu- 
tion, implorée  bientôt  après  par  le  roi  pendant  âne 
maladie,  lui  fut  donnée  par  <  Ramon,  de  l'ordre  des 

'  «  Alias  qoamplura  contra  te  graviamachinando.  »  (Innocent  IV, 
/f6. 111,  0p.  <mr»  27.  -^  Raynaldiy  Annales  eeelesiaet.  ad  annum 
4246.) 


120  LITBK  m  ,  CBAPITBK  ▼ 

Frères  prêcheurs,  chapelain  et  péniteDcier  du  Souve- 
rain Pontife*.  » 

Innocent  lY  se  montra  moins  prompt  à  pardonner  que 
ne  Tavait  été  Grégoire  IX  ;  il  est  vrai  que,  en  sollicitant 
rindulgence  du  Saint-Père,  Jacme  n'avait  pas  abjuré  tout 
sentiment  de  colère  contre  Berenguer  de  Gastellbisbal, 
puisqu'il  demandait  au  Pape  d'éloigner  Tévéque  des  États 
aragonais. 

«  Il  n'est  pas  digne  de  la  sagesse  d'un  roi,  répond  le 
Souverain  Pontife,  de  croire  légèrement  que  l'évéque  ait 
trahi  le  secret  de  la  confession ,  et  de  l'affirmer  avec 
persistance.  Cette  accusation  n'est  pas  vraisemblable, 
et  l'on  y  croit  d'autant  moins  que  la  preuve  en  est 
très-difficile  à  faire Nous  ne  pouvons  ac- 
cueillir votre  demande;  car,  d'après  les  termes  de  votre 
lettre,  vous  ne  paraissez  pas  avoir  l'esprit  de  pénitence, 
mais  bien  plutôt  des  sentiments  de  colère  contre  ledit 

évéque Quand  même  il  vous  aurait  offensé,  il  ne 

vous  était  nullement  permis  d'en  tirer  vengeance,  mais 
vous  deviez  aussitôt  en  demander  justice  à  celui  qui  est 

son  maître  et  son  juge Nous  vous  envoyons 

frère  Didier,  notre  pénitencier,  pour  vous  représenter  la 
grandeur  de  votre  faute  et  vous  donner  un  conseil  salu- 
taire  Revenez  donc  à  vous Humiliez-vous 

devant  le  roi  céleste  par  lequel  vous  régnez  ici-bas 

Nous  espérons  que  Celui  qui  désire  la  conversion  et  la 
vie  du  pécheur,  tenant  compte  de  vos  bonnes  actions 
passées,  daignera  se  souvenir  de  vous  et  vous  accorder  la 
grâce  de  bien  penser  et  de  bien  agir  *...  > 

^  C^est  saint  Ramon  de  Penyafort.  Yoy.  Raynaldi,  Annales  eccUs., 
ad  ann.  i23^  n»  26.  -  Grég,  IX,  «6.  X,  ép,  35Ï. 

*  Donné  à  Lyon  le  «Odes  kaiendes  de  juillet,  an  III  du  pontificat 
d'Innocent  IV.  (22  juin  1246). —Voy.  Innoc.  IV,  «6.  III,  «p.  eur. 
27.  —  Raynald.,  Ann.  eocles» ,  ad  ann.  4246. 


ABSC^LUTIOM    DE  JAGME  431 

Le  roi  se  soamit.  Il  envoya  à  Lyoa  Andréa  de  Âlbalat, 
qai  fat  plas  tard  évéqae  de  Valence  S  porter  aax  pieds 
da  Saint-Père  Texpression  de  son  repentir  *.  Philippe, 
évèqae  de  Camerino,  fat  alors  adjoint  aa  frère  Didier 
poar  terminer  l'affaire.  Une  réunion  des  prélats,  abbés 
et  seignears  da  royaame  fat  con?oqaée  à  Lérida;  là,  en 
présence  de  toat  le  peaple,  le  roi  confessa  son  crime  à 
genoax  en  jarant  de  ne  pins  porter  à  Tavenir  ane  main 
téméraire  sar  <  les  clercs  et  les  personnes  religieuses.  » 
Il  promit,  en  expiation  de  sa  faute,  d*achever  le  monas- 
tère de  Benifaza,  de  l'ordre  de  Giteaux,  de  le  doter  de 
telle  façon  que  quarante  moines  passent  y  être  entrete- 
nus, de  dépenser  deux  cents  marcs  d'argent  pour  la  con- 
struction de  l'église  de  ce  monastère,  d'ajouter  à  la 
dotation  de  l'hôpital  de  Saint- Vincent  de  Valence  ane 
somme  annuelle  de  six  cents  marcs  d'argent,  et  de  fonder 
enfin  une  messe  quotidienne  et  perpétuelle  dans  l'église 
de  Girone. 

À  ces  conditions,  le  Pape,  par  une  bulle  du  22  sep- 
tembre 1246,  conféra  à  ses  deux  légats  le  pouvoir  de 
donner  l'absolution  au  roi;  cette  cérémonie  eut  liea 
solennellement  àLéridale  19  octobre  delà  même  année'. 

Au  récit  que  noas  venons  de  faire,  et  sur  l'authenticité 


*  Quoi  qu'en  aient  dit  Miedes,  Raynaldi  et  quelques  autres  histo- 
riens,  Andreude  Albalat  ne  fut  évoque  de  Valence  que  le  30  octobre 
4  248  (Yoy.  Diago,  Anales  del  reyno  de  Valeneia^  t*  440,  d'après  les 
archives  du  chapitre  de  Valence. } 

'  Miedes  {Vida de  donJayme,  liv.  XIV)  dit  avoir  vu  dans  les  ar- 
chives du  monastère  de  Benifaza  la  copie  de  deux  lettres  adressées 
par  Jacme  au  Souverain  Pontife.  L'une  était  celle  que  porta  Andreu 
de  Albalat,  Tautre  contenait  les  reroerciments  du  roi  à  Innocent  TV 
après  avoir  obtenu  l'absolution . 

*  Voyez  la  sentence  d'absolution  dans  nos  Pièces  justificatives, 
n*  VI. 


dù^ael  lés  lettres  d'Innoôent  lY  ne  peaveni  laisser  planer 
aucun  dbute,  iMiedes,  Mariana  et,  après  eui,  Raynaldt 
et  Tàbbé  Fleury  *  ont  ajouté  des  expiicatiôhs  et  dés 
détails  qui,  faute  de  preuves,  ne  peuvent  être  acceptés 
qu*avec  la  plus  grande  réserve  V 

Au  moment  où  lé  souverain  aragonais  allait  épouser 
Yolande  de  Hongrie,  disent  ces  auteurs,  la  cour  de  Rome 
futsaisie  d*ùne  opposition  faite  par  la  maîtresse  de  Jacme, 
TeresaGil  de  Vidaure,  qui  prétendait  aVoir  reçu  du  roi 
Une  promesse  de  mariage.  Les  preuves  ayant  fait  défaut, 
la  demande  déTeresa  d'û  fut  rejetée.  Il  y  avait  près  de 
dix  ans  C^\ïe  Yolande  était  rei ne  d* Aragon,  lorsque  le  bruit 
se  répandit  que  la  question  du  mariage  de  doâa  Teresa 
allait  être  examinée  de  nouveau,  à  la  suite  de  révélations 
faites  au  Saint-Père.  De  là,  ches  Jacme,  cette  colère  qui 
eut  de  si  funestes  conséquences  pour  Berenguer  de  Cas- 
tellbisbal.  «  Quelques-uns,  dit  Ferreras,  prétendent  que 
ce  fut  le  dessein  qu*il  avait  formé  et  dont  Tévéqueinstrui- 
âtt  lé  Pape,  dé  répudier  Yolande  et  d*épouser  dona  Thé- 
rèse Vidauré  dont  il  était  épris  ;  d*autres  veuUbt  que  c'ait 
été  TeûVie  qu*ll  avait  de  âe  reodarier  atèc  cette  dame  en 
caâ  que  la  reine  Vint  à  mourir  :  plusieurs  enfin  allèguent 


*  Hi$i.  aocMff.,  liv.  LKXXII  »  §  42.  Voyez  aussi  Marca  hispaniea , 
Ub.  IV,  eol.SSr 

*  Mariana  {Hist.  genetal  déBêpana,  Hb.  XIII,  cap.  vi),apTèsavMr 
raconté,  avec  les  plus  grands  détails,  cetépisode  du  règne  de  Jacme, 
dit,  d'une  manière  générale,  et  sans  préciser  aucun  point  en  parti- 
éulier,  4ué  son  récit  est  tiré  des  archirés  du  monastère  de  fienifan; 
«  ittfTîs,  ajoutent*!!,  les  hititoriens  espagnols  gardent  le  silence  à  ce 
^jét;  le  lecteur  verra  ce  qu'il  doit  croire.  »  On  peut  juger  pai"  là  du 
degré  de  confiance  de  l'auteur  dans  les  arehif  es  qu'U  mentionne  en 
passant  <  Mariana  ne  paraît  pas  avoir  connu  Miedes,  dont  le  récit  est 
assez  semblable  au  sien. 


TEBE8A  GIL  DB  TIDAURE  123 

d'autres  raisons,  sans  qa*il  soit  possible  de  découvrir  la 
▼érité  dans  ce  labyrinthe  d'opinions  *  > . 

Quelle  que  soit  la  cause  de  cet  acte  de  barbarie,  il  n'est 
pas  possible  de  le  révoquer  en  doute  *,  et  l'on  doit  blâmer 
Zurita  de  l'avoir  passé  sous  silence.  Plus  vif  est  l'enthou- 
siasme dont  l'historien  se  sent  saisi  en  étudiant  la  vie 
d'un  grand  prince,  et  plus  impérieux  est  son  devoir  de 
ne  rien  cacher  des  imperfections  de  son  héros.  Lorsqu'on 
a  fait  la  part  des  défauts,  des  vices  môme  de  la  nature 
humaine,  on  peut  avec  plus  de  liberté  admirer  ce  qui  est 
digne  d'admiration.  Pour  racheter  quelques  taches,  que 
rien  malheureusement  ne  doit  faire  oublier,  les  splen- 
deurs ne  manquent  pas  dans  le  long  et  magnifique  règne 
de  Jacme  le  Conquérant,  de  Jacme  le  Législateur. 


^  Ferreras,  Histoire  générale  d* Espagne^  trad.  de  d^Hermiily,  par- 
tie VI,  adam.  42i6. 

*  Voyez  les  faibles  objections  rapportées  par  Villaroya  ((/oleccton 
de  carias hisioricO'Critieas,  etc., p.  486). 


CHAPITRE  VI 


Promulgation  des  fucroi  de  Huesca.  —  Mouvement  législatif  du  XIII* 
siècle.  —  Caractère  et  division  des  travaux  législatifs  de  Jacme  I".  — 
Vital  de  Canellas.  -  LÉGISLATION  DES  PAYS  DE  DROIT  ROMAIN. 

—  Montpellier.  —  Perpignan.  —  LÉGISLATION  DES  PAYS  CATA- 
LANS. —  Le  hero  JQzgOy  les  nsalges,  les  lois  de  Jacme  I".—  Influence 
des  principes  romains.  -7  Droit  féodal.  —  Lois  successorales.  —  Dot 
et  screix.  —  Procédure.  —  La  torture,  le  duel  judiciaire.  —  Lois 
d'ordre  public.  —  Lois  somptuaires.  —  Lois  religieuses;  les  Juifs  et 
les  Sarrasins.  —  Organisation  judiciaire. —  La  earla  poebla  de  Figueras. 

—  Le  fœro  de  Mayorque. 


Les  premiers  jours  de  Tannée  1247 ,  la  plus  calme 
peat-ôtre  mais  nou  la  moins  glorieuse  du  règne  agité  qui 
nous  occupe  ,  furent  marqués  par  la  promulgation  solen- 
nelle ,  au  sein  des  certes  réunies  à  Huesca,  du  code  du 
droit  privé  de  T Aragon  *. 

On  connaît  le  mouvement  législatif  qui  se  produisit  en 
Europe  auXIIP  siècle.  A  cette  époque,  la  féodalité  a  , 
presque  partout,  accompli  la  mission  qui  lui  était  dévolue 
dausTœuvredu  progrès  social.  Elle  a  attaché  fortement 

*  Les /îu^rofd^Aragonfiirdot  promulgués  le  8  des  ides  de  janvier 
(6  janvier)deran  delà Natiyité  4247.  (Yoy.Fueros  d'Aragon;  liste 
des  rois  qui  ont  tenu  des  certes  générales.) 


126  LIVRE  III ,  CHAPITRE  YI 

an  sol  les  destructeurs  nomades  des  antiques  civilisations, 
et  en  a  fait  une  digue  puissante  pour  arrêter  de  nouveaux 
envahisseurs.  L'exagération  même  du  principe  de  pro- 
priété a  servi  à  poser  plus  solidement  les  bases  sur  les- 
quelles, après  bien  des  tâtonnements  et  des  reconstruc- 
tions, doit  s*élever  Tédifice  de  la  civilisation  moderne. 

Le  système  féodal  a  donc  rempli  sa  tâche  ;  tout  le  bien 
qu'il  pouvait  faire  est  réalisé;  et,  dès  lors,  sous  son 
action  trop  prolongée ,  les  abus  auxquels  il  a  donné  nais- 
sance grandissent  dans  des  proportions  effrayantes.  Les 
défenseurs^nés  de  la  nation  contre  les  ennemis  du  dehors 
allument  au  cœur  même  du  pays  des  guerres  désas- 
treuses. Oubliant  les  exemples  de  leurs  ancêtres  barbares, 
qui,  eux  du  moins,  obéissaient  à  des  lois,  les  seigneurs 
terriens,  affranchis  de  toute  espèce  d'autorité,  parvien- 
nent à  substituer  à  une  loi  protectrice  la  volonté  du  plus 
fort ,  tantôt  franche  dans  sa  brutalité ,  tantôt  dissimulée 
sous  des  traditions  obscures,  sous  des  coutumes  incer- 
taines, qui  varient  d'un  fief  à  un  autre  ,  d'un  village  au 
village  voisin. 

Afin  de  remédier  à  ces  désorires  ,  les  peuples  et  les 
rois  se  liguent  contre  une  institution  qui  opprime  les  uns 
et  annihile  les  autres.  Mais  il  ne  suffit  pas  de  supprimer 
un  rouage  quelque  imparfait  qu'il  puisse  être ,  il  faut  le 
remplacer;  or  il  restait  encore  à  l'aristocratie  deux  rôles 
qui  ne  manquaient  pas  de  grandeur,  bien  qu'elle  les  ait 
oubliés  trop  souvent  :  défendre  le  trône  et  le  pays  contre 
l'étranger ,  défendre  les  libertés  publiques  contre  le 
trône.  La  réorganisation  des  milices  communales*,  les 

^  On  sait  que  l'origine  des  milices  communales  ou  urbaines  re- 
monte à  Tempire  romain  ,  mais  que  ces  troupes  se  réorganisèrent 
et  acquirent  une  importance  réelle  à  Pépoqjue  de  rétablissement  des 
communes. 


MOCTEMEl^'V  V¥^lS(;A^ir   QU   XI|1«  SIÈCLE  1)7 

tentatives  pour  entretçair  49S  coK)p9gn,ies.  mercenaires 
et  des  troupes  permanentes,  portèrent  des  coups  succès* 
sifs  à  eelle  de  ces  deux  prérogatives  qaç  Tesprit^  militaire 
de  la  noblesse  rendait  la  plus  difficile  à  détruire  ;  Tautre 
fat  attaquée  avec  succès  par  les  réformes  qui  tendaient  k 
donner  àchaque  nation  un  corps  de  lois  fixes  et  générales, 
basées,  autant  que  Tesprit  des  populations  le  permettait, 
sur  les  principes  de  Tabsolutisme  romain  ;  à  instituer  des 
tribunaux  chargés  de  distribuer  équitablement  la  justice 
aux  faibles  comme  aux  forts  ;  à  remplacer ,  en  un  mot , 
par  une  plus  grande  somme  de  garanties  individuelles,  les 
libertés  publiques  confisquées  au  profit  de  la  royauté. 

G*est  au  XIII®  siècle  que  ces  essais  de  rénovation  légis- 
lative, dirigés  presque  partout  contrôla  féodalité,  se 
produisent  dans  les  principaux  États  européens.  En 
France ,  sous  Tinfluence  de  Louis  IX,  le  droit  coutnmier 
cherche  à  se  fixer  et  les  Élabliseemenis  sont  réunis  sous 
la  forme  d*un  code,  sinon  d'après  les  ordres  exprès  du 
saint  roi,  du  moins  conformément  à  ses  idées;  en 
Allemagne ,  Frédéric  II  importe  le  droit  romain  de  toutes 
pièces;  en  Italie,  le  même  empereur  trace  un  nouveau 
plan  de  législation  ;  en  Castille  ,  Fernand  III  lègue  à  son 
fils  ses  projets  de  réforme,  qui  sont  mis  en  œuvre  par 
Alfonse  le  Savant  ;  en  Portugal ,  Alfonse  II  impose  un 
nouveau  code  à  ses  peuples;  enfin,  comme  contre-poids 
à  Tautorité  toujours  croissante  du  droit  civil,  Grégoire  IX 
fait  recueillir  par  le  catalan  Ramon  de  Penyafort  le  corps 
de  décrétâtes  qui  porte  son  nom.  Un  esprit  ami  du 
progrès,  comme  Tétait  celui  du  plus  grand  roi  de  TAragon, 
ne  pouvait  rester  en  dehors  de  ce  courant  ;  aussi  voyons- 
nous  le  conquérant  des  Baléares  et  de  Valence  s'engager 
des  pre.miers  dans  cette  voie  de  réformes,  qui  dt^vait 
infailliblement  conduire  ,  apc^s  ua  temps  plu3  ou  mQiâ$ 


128  LITRE  m  ,  CHAPITRE  VI 

loDg ,  à  rélévation  de  la  royauté  absolue  sur  les  ruines 
du  pouvoir  féodal. 

Les  travaux  législatifs  de  Jacme  1*%  antérieurs  àceni 
de  saint  Louis  etd*Alfonse  X,  plus  complets  et  d'une 
application  plus  générale  que  les  Établissements,  plus 
pratiques ,  mieux  adaptés  aux  besoins  et  aux  mœurs  du 
temps  que  les  Siele  Partidas  do  Castille ,  ont  eu,  sur  la 
plupart  des  recueils  dont  nous  parlions  tout  à  Theure , 
le  double  avantage  de  s*étre  fait  accepter  immédiatement 
comme  lois  de  TÉtat ,  et  de  renfermer  assez  d'éléments 
de  vitalité  pour  que ,  de  nos  jours  encore ,  quelques-unes 
de  leurs  dispositions  soient  invoquées  dans  les  pays  pour 
lesquels  ils  ont  été  promulgués. 

Les  États  sur  lesquels  régnait  Jacme  le  Conquérant 
n*étaient  autre  chose,  nous  Tavons  déjà  dit,  qu'un  groupe 
de  peuples  notablement  différents  entre  eux  de  mœurs 
et  de  coutumes  ,  malgré  une  certaine  communauté  d'ori- 
gine et  de  traditions. 

La  formule  qu'on  lit  en  tête  des  actes  du  Conquistador 
n'est  pas  un  vain  étalage  de  qualifications  pompeuses  , 
comme  beaucoup  de  formules  analogues ,  mais  bien  la 
constatation  d'un  fait  sur  lequel  l'attention  des  historiens 
ne  s'est  peut-être  pas  assez  arrêtée.  Roi  d'Aragon,  roi 
de  Mayorque ,  roi  de  Valence ,  comte  de  Barcelone  , 
seigneur  de  Montpellier,  ce  sont  là  cinq  titres  reposant 
sur  la  même  tête,  mais  n'ayant  d'autre  connexion  entre 
eux  que  ce  rapprochement  pour  ainsi  dire  fortuit  \  Si , 
à  défaut  d'une  expression  plus  exacte  et  aussi  concise , 

^  Nous  devons  cependant  faire  une  réserve  en  ce  qui  touche  le 
royaume  de  Mayorque.  Malgré  quelques  différences  dans  Torganisa- 
lion  et  les  lois,  les  Baléares,  conquises  au  profit  des  Catalans  et  en 
grande  partie  peuplées  par  eux,  peuvent  être  considérées  comme 
réellement  unies  au  comté  de  Barcelone. 


LES  ÉtATS  DB  JkCUE  1*'  129 

on  a  rhabitnde  do  désigner  Tensemble  de  ces  divers 
pays  sous  les  noms  d*États  de  la  couronne  d*Âragon  « 
États  aragonais,  ces  expressions  n*impliquent  aucune 
supériorité  politique ,  administrative  ou  législative 
du  royaume  dont  Saragosse  est  la  capitale  sur  les 
royaumes^  le  comté  et  la  seigneurie  auxquels  il  est  joint 
sans  être  uni ,  et  qui  conservent  chacun  leur  capitale 
indépendante.  Il  n*est  donc  possible  d'établir  aucune  ana- 
logie entre  les  effets  de  cette  juxta- position  de  plusieurs 
sceptres  dans  les  mains  du  même  roi  et  ceux  de  la  réunion 
de  nos  grandes  provinces  à  la  couronne  de  France. 

Pour  avoir  oublié  cette  vérité ,  on  a  reproché  à  Jacme 
de  prétendues  atteintes  à  Tunité  de  ses  États,  àTindivi- 
sibilitédesa  couronne.  Indivisibilité  chimérique,  unité 
dangereuse,  sinon  impossible,  à  réaliser  entre  des  pays 
qui  ne  voulaient  à  aucun  prix  d'une  absorption  mutuelle. 

Un  éminent  historien,  entre  autres,  a  écrit  à  propos 
des  partages  de  Jacm  e  entre  ses  fils  et  de  la  promulgation 
des  fueros  de  Huesca  que  le  roi  a  par  une  heureuse  incon- 
séquence, résolut  de  doter  TAragon*  de  l'unité  législa- 
tive au  moment  même  où  il  lui  enlevait  l'unité  politique.» 
Or  la  communauté  de  chef ,  caractère  le  moins  essentiel 
de  l'unité  politique,  était  à  peu  près  le  seul  lien  qui  eût 
jamais  réuni  les  divers  Etats  de  la  couronne  aragonaise', 
et,  .quant  à  l'unité  législative,  essayer  de  l'imposer  à  ces 
peuples  eût  été  une  entreprise  insensée,  indigne  du  bon 


^  Le  nom  d'Aragon  ne  peut  désigner  dans  celte  phrase  que  Pen- 
semblo  des  Etats  aragonais,  car  Pidée  de  démembrer  le  royaume 
d'Aragon  proprement  dit  ne  yinl  jamais  à  l'esprit  de  Jacme  I*'. 

2  Nous  avons  indiqué  (t.  I,  p,  428}  comment  l'union  ou,  pour 
mieux  dire,  Tassociation  de  TAragon  et  de  la  Catalogne  tirait  ses 
principaux  avantages  des  différences  mêmes  de  caractère  qui  s'oppo-» 
salent  à  la  fusion  ^es  deux  peuples. 

1  a.  9 


n 


190  LITM  III,  ClâPimi  Tl 

sens  pratique  du  souverain  dont  nous  retraçons  ia  vie. 
•  Sisescodesontvécubeaucoup  ploslongtempsque  les  Eta- 
bliêsements,  s*ils  n*ont  pasété  accueillis  par  des  murmures 
et  des  résistances  comme  celui  d*Alfonse  II  de  Portugal, 
s*ilsn*ont  pas  eu  à  lutter  pendant  près  d'un  siècle  ponr  se 
faire  adopter  par  la  nation  comme  les  Siete  Parlidas^  c'est 
que,  arrivés  en  leur  vrai  temps,  ni  trop  en  avant  ni  trop 
en  arrière  de  la  civilisation  à  laquelle  ils  devaient  s'appli- 
quer, ils  n*ont  pas  tenté  de  faire  passer  sous  le  même 
niveau  des  mœurs  et  des  institutions  souvent  opposées  ; 
c*est  qu'ils  ont  cherché  leur  base  dans  le  droit  tradition- 
nel et  dans  les  coutumes  de  chaque  peuple,  et  qu'enfin 
il  j  a  eu  autant  de  corps  de  lois  distincts  que  de  pays  dif- 
férents à  régir.  Et  cependant,  à  travers  cette  diversité 
forcée,  on  aperçoit  le  désir  de  Tunité  qui  utilise  tous  les 
traits  communs  au  profit  d'une  unification  future.  C'est 
ce  qui  donne  à  l'œuvre  du  roi  conquérant  un  intérêt  tout 
particulier  sous  le  double  rapport  de  l'histoire  et  de  la 
législation. 

A  ce  dernier  point  de  vue,  nous  diviserons  les  États  de 
Jacme  I*'  en  quatre  groupes  distincts  :  T  les  pays  de  droit 
romain  ;  2"*  les  pays  catalans;  3"  l' Aragon  ;  4"*  le  royaume 
de  Valence. 

Le  premier  groupe  comprend  les  possessions  arago- 
naises  du  midi  de  laFrance  :  la  seigneurie  de  Montpellier, 
la  ville  de  Perpignan  et  quelques  autres  localités  du 
Roussillon^  La  loi  romaine  y  formait,  en  effet,  la  basede 
la  législation,  puisqu'elle  servait  à  combler  les  lacunes 
considérables  des  coutumes  locales.  Entre  ces  coutumes 
d'un  côté,  et,  de  l'autre,  un  corps  de  lois  plus  complet  que 

*  Voir,  au  sujet  derautorilédudroit  romain  à  PerpignaOi  l'inlro- 
duction  aux  coutumes  de  cette  ville,  par  M.  Massot-Reynier ,  p.  37. 
(Publ.  delà  Société archéol.  de  Montpellier.) 


TlUTAUi:  LSGI6UTIFS  PS  MC|IE  l^'  194 

les  besoins  de  l'époque  oe  l'exigeaient,  il  n'y  avait  place 
pour  aucun  nouveau  travail  législatif  de  quelque  impor- 
tance. 

La  Catalogne  et  ses  annexes  ;  les  Baléares  et  le  Rous- 
sillon,  moins  les  localités  régies  par  le  droit  romain  , 
reconnaissaient  l'autorité  du  code  gothique  ou  fwrç 
juzgo,  que  le  comte  de  Barcelone  Ramon  Bereoguer 
le  Vieiêx  avait  tenté  de  compléter  par  les  usatg^  ^  dès 
l'année  10C8.  La  rédaction  d'un  nouveau  code  powr  ces 
pays  eut  eu  plus  d'inconvénients  que  d'avantages  ;  il  suf- 
fisait d'ajouter  à  l'ancien  les  dispositions  dont  la  nécessité 
se  faisait  sentir  au  milieu  d'une  société  en  progrés. 

L* Aragon  avait  sa  législation  particulière  dans  ce 
célèbre /ii^ro  de  Sobrarbe,  évidemment  apocryphe  en  tant 
que  loi  écrite,  mais  très-réel  si  Ton  désigne  sous  ce  nom 
l'ensemble  des  coutumes  acceptées  à  diverses  époques 
comme  lois  du  royaume.  Ce  droit  national  aragonais, 
épars  dans  les  ordonnances  des  rois,  dans  les  carUia 
pueblas,  dans  les  traditions  Jocales,  avait  besoin  d'être 
recueilli,  rédigé  et  coordonné;  ce  travail  se  fit  par  les  ordres 
et  sous  la  direction  de  Jacme,  et  donna  pour  résultat  le 
code  de  1247. 

Le  royaume  de  Valence,  où  deux  conquêtes  avaient  fait 
table  rase  de  toute  législation,  où  le  Koran,  «tprès  avoir 
remplacé  le  fuerojuzgo,  était  proscrit  à  son  tour  par  les 
conquérants  chrétiens,  où  des  populations  accourues  de 
tous  les  points  de  l'Europe  n'avaient  pu  encore  établir 
une  coutume,  le  royaume  de  Valence  laissait  à  son  nou- 
veau roi  la  plus  enviable  liberté  dont  il  ait  jamais  été 
donné  à  un  législateur  de  jouir:  celle  d'élever  son  ouvjre 
de  toutes  pièces  sur  un  terrain  déblayé  d'avance  et  où  ni 

^  V.  notre  tomeP',  Introd.j  p.  51. 


1S2  LITRE  m,  CHAPITRE  fl 

droits  acqnis,  ni  usages  antérieurs  ne  pouvaient  entraver 
son  action.  Il  eût  semblé  plus  simple,  dans  rinlérêl  de 
l'unité  législative,  de  réunir  Valence  à  T Aragon,  comme 
on  avait  réuni  les  Baléares  à  la  Catalogne;  c'est  ce  que 
voulait  la  noblesse  aragonaise.  Nous  verrons  plus  bas 
quelles  considérations  de  haute  politique  engagèrent  le 
roi  à  repousser  cette  demande  et  à  faire  rédiger  le  recueil 
Aesfurs*  de  Valence. 

La  division  que  nous  venons  d'établir,  exacte  d'une 
manière  générale,  est  loin  d'être  aussi  nette  dans  la 
pratique.  Les  nécessités  de  la  conquête,  les  antiques 
concessions  de  privilèges,  le  respect  des  droits  acquis, 
les  exigences  de  la  noblesse,  produisent  des  exceptions 
sans  nombre  au  droit  commun  de  chaque  pays;  de  là, 
un  entrelacement  de  législations  à  peu  près  inextricable. 
Dans  le  Roussillon  se  mêlent  les  lois  romaines  et  les  lois 
catalanes;  Mayorque  a  sa  carta-puebla ,  qui  modiCe  en 
plusieurs  points  importants  le  droit  de  la  Catalogne; 
à  Valence,  les  ricos  homes  arrachent  au  roi  l'autorisation 
de  «  peupler  en  fuero  d'Aragon  •»  les  villes  qui  leur  sont 
données  en  honneur.  Mais,  après  avoir  constaté  ces 
différences  pour  qu'on  ne  s'expose  pas  à  attribuer  à  la 
législation  de  cette  époque  une  netteté  qui  lui  manque 
partout,  nous  n'avons  que  peu  de  compte  à  en  tenir  dans 
une  étude  générale. 

Jamais  peut-être  législateur  ne  s'est  trouvé  dans  une 
position  plus  propre  à  faire  ressortir  la  souplesse  de  son 
génie.  Réduit  à  peu  près  à  l'inaction  dans  les  pays  de 
droit  romain,  entièrement  libre  à  Valence,  obligé  en 
Catalogne  d'ajouter  de  nouvelles  assises  à  un  vieil  édifice, 

^  Fur  est  l'équivalent  valencien  du  castillan  et  de  Tatagonais 
fwro. 


VITAL  DE  GANELLAS  133 

et,  en  Aragon ,  de  mettre  en  œuvre  des  matériaux  dès 
longtemps  préparés,  Jacme  sut  comprendre  la  tâche 
multiple  que  lui  imposait  sa  situation,  et  atteindre  le 
seul  but  qu'il  dût  raisonnablement  se  proposer  :  Tutilité 
pratique  de  ses  peuples. 

Il  eut,  comme  on  doit  le  supposer,  des  collaborateurs 
pour  des  travau?c  de  ce  genre  et  de  cette  importance. 
L'initiative,  les  idées  et  les  tendances  générales,  une 
certaine  part  dans  des  innovations  de  détail,  lui  appar- 
tiennent évidemment  ;  mais  il  avait  à  côté  de  lui  un  de 
ces  coopéraleurs  éminents  sans  lesquels  les  hommes  de 
génie  eux-mêmes  seraient  souvent  impuissants  à  réaliser 
leurs  projets  les  plus  grandioses. 

Au  savant  Vital  de  Canellas,  évêque  de  Huesca\ 
parent  et  conseiller  de  Jacme,  revient  l'honneur  d'une 
large  participation  aux  travaux  de  son  souverain.  L'in- 
fluence du  docte  prélat  ne  s'est  pas  exercée  seulement 
sur  le  code  de  l'Aragon  et  sur  celui  de  Valence,  dans  le 
préambule  desquels  figure  son  nom,  mais  certainement 
aussi  sur  tous  les  actes  législatits  du  règne  de  Jacme  I"  V 

Parmi  ces  actes,  il  faut  distinguer,  outre  les  deux 
recueils  fondamentaux    dont  nous  venons  de  parler: 

*  Vital  de  Canellas  ou  de  Gaûellas  fut  Pun  des  hommes  de  son 
temps  les  plus  versés  dans  ^histoire  et  dans  la  science  des  lois  ;  il 
laissa  sur  les  institutions  aragonaises  des  écrits  dont  Blancas  nous 
a  conservé  quelques  fragments  dans  ses  Commentaires. 

3  On  peut  voir  dans  les  préambules  des  codes  aragonais  et  valen- 
cien  que  nous  donnons  dans  nos  Pièces  justificatives  (n**  VII  et 
VIII),  les  noms  de  quelques- uns  des  collaborateurs  du  roi  Jacme  1***. 
Tous  n'y  sont  pas  nommés  cependant.  Les  plus  influents,  tant  à  cause 
de  leur  valeur  personnelle  que  de  leurs  relations  fréquentes  avec  le 
souverain,  paraissent  avoir  été,  après  Vital  de  Canellas  :Ximeno  Fo- 
rez de  Tarazona  et  son  frère  Pedro,  jusHcia  d'Aragon  ;  le  mesnadero, 
Assalit  de  Gudal;  Ramon  Uurfort,  bayle  de  Barcelone  :  Père  Hartell, 
Père  Sanz  et  Ramon  Mufloz. 


134  tlTM  m  «  QftA^lTRB  YI 

r  \^  dispositions  postérieures  à  leur  promulgation  et 
dei^tinées  à  les  corriger  ou  à  les  complétôr;  2*  les  ad* 
ditions  aux  lois  catalanes  ;  3°  les  ordonnances  exécutoires 
à  la  fois  dans  plusieurs  des  États  du  roi  d* Aragon. 

Sans  nous  arrêter  à  ces  distinctions,  et  pour  ne  pas 
scinder  une  étude  dont  les  vues  d'ensemble  sont  le  prin- 
cipal intérêt,  nous  allons,  à  propos  du  code  de  1247, 
examiner  dans  son  entier,  indépendamment  de  tout 
ordre  chronologique,  ToeuTre  législative  multiple  du  roi 
conquérant. 

Dans  les  pays  que  nous  avons  appelés  de  droit  romain, 
cette  œuvre,  nous  venons  de  le  dire,  fut  à  peu  près  nulle. 
Les  lois  impériales,  dont  les  ordonnances  des  rois  wisi* 
goths  avaient  été  impuissantes  à  étouffer  Tesprit  en 
Septioianie,  avaient  repris  une  nouvelle  vigueur  lorsque 
les  Francs  étaient  venus  rétablir  dans  cette  province  le 
libre  usage  des  lois  personnelles.  Aussi,  lorsque  vers  1160 
t^lacentin  créa  à  Montpellier  la  première  école  de  droit 
que  la  France  ait  possédée,  Tillustre  docteur  trouva*t-il 
le  terrain  tout  préparé  à  recevoir  les  doctrines  anti- 
féodales  de  Bologne. 

L'enthousiasme  que  la  législation  romaine  ressuscitée 
inspirait  à  toute  TEurope  eut  à  Montpellier  un  de  ses 
principaux  foyers,  d*où  il  rayonna  sur  le  midi  de  la 
France.  Le  Roussillon  cependant  restait  pays  gothique,  à 
rexception  de  Perpignan,  dont  la  population,  de  race 
romaine  \  conservait  ses  lois  originaires. 

Mais,  durant  la  période  de  confusion  où  la  féodalité 
fractionnait  à  la  fois  les  législations  et  les  territoires, 
un  nouvel  élément  s'était  formé  dans  chaque  ville  des 

*  Yoy.  Mâssat-oReyiiier,  Coutumes  ds  Ferpignaf^f  Introd.,  p.  xl  ;— 
Henri,  Hist,  de  Roumllm^  U  I,  p.  70. 


CODTVIIB    DB    MOirrPEtUSR  IK 

débris  des  vieilles  lois  soumis  à  Tinflaenoe  des  besoins 
locaax  :  c'était  la  coalume,  œuvre  da  peuple  que  le 
peuple  chérissait,  et  qu'il  sentit  le  besoin  de  fixer  et  de 
conserver  par  écrit,  lorsqu'un  droit  général  essaya  de  se 
reformer  dans  chaque  pays  S 

Montpellier,  ville  de  droit  et  commune  presque  repu* 
blicaine,.a  pour  coutume  un  véritable  code  où  se 
retrouvent  les  doctrines  romaines  vivifiées  par  un  souffle 
puissant  de  liberté  V  Liberté  à  chacun  de  tester  selon  ses 
désirs,  liberté  de  manifester  sa  volonté  par  la  parole 
seule  dans  tonte  espèce  d'actes  ou  de  conventions  ', 
suppression  du  formalisme  romain ,  simplification  de  la 
procédure ,  diminution  des  délais  et  des  frais,  r^ermis- 
sement  des  deux  grands  principes  sociaux  de  la  famille 
et  de  la  propriété,  autorité  et  parfois  juridiction  du  père 
de  famille  sur  ses  enfants  non  mariés  et  les  gens  de  sa 
maison,  jouissance  des  biens  de  la  femme  accordée  au 
mari  veuf  *,  retour  des  biens  de  Vintestat  sans  enfants 

*  La  coutume  de  Montpellier  prit  la  forme  sous  laquelle  elle  est 
connue  de  nos  jours,  en  4204,  à  l'occasion  du  mariage  du  roi  Pierre 
d'Aragon.  La  rédaction  de  celle  de  Perpignan,  faussement  attribuée 
iJacme  I**,  se  place,  ainsi  que  Ta  démontré  fil.  Massot-Reynier, 
entre  les  années  4 1 72  et  4 1 96. 

^  Les  coutumes  de  Montpellier  ont  été  publiées  en  latin  et  en 
roman,  par  la  Société  archéologique  de  cette  ville  (Petit  Thafamus), 
D'Âigrefeuille  en  avait  déjà  donné  le  texte  latin  avec  une  traduction 
'  et  un  commentaire  (Hist  de  Montpellier,  1. 1,  p.  647.)-  En  4738,  un 
jurisconsulte  mpntpelliérain  ,  Jean  -  Edmond  Serres ,  publia  une 
Explication  des  articles  du  statut  municipal  de  la  ville  de  Montpel" 
lier  qui  sont  encore  en  usage.  —  Voy.  aussi  Germain ,  Hist,  de  la 
commune  de  Montpellier,  X.  i,  p.  53. 

'  L'influence  du  droit  canon  n'est  pas  étrangère  sans  doute  à  cette 
façon  large  de  considérer  les  engagements  contractés.  (Voy.  Décret, 
de  Grégoire  IX.  liv,  I,  tit.  XXXV ,  cbap.  4  et  3  ;  liv.  III,  tit.  XXV|, 
cbap.  4,  40. 44). 

*  En  Catalogne  et  en  Aragon,  la  veuve  non  remariée  conserve  la 
jouissance  de  l'béritagedu  mari  prédécédé.  M.  Rosseeuw  Saint-Hi- 


136  uniB  m,  ghàpitkb  ti 

à  la  ligne  de  laquelle  ils  lai  sont  écbus  \  exagération  des 
rigaears  contre  les  débiteurs  insolvables  «  voilà  les  prin- 
cipales bases  sur  lesquelles  s'appnie  le  droit  civil  pro- 
prement dit  de  la  contume  de  Montpellier. 

Le  droit  féodal  n*y  est  mentionné  que  pour  réduire 
à  leur  expression  la  plus  simple  les  prérogatives  du  sei- 
gneur de  la  ville.  La  procédure  et  la  pénalité  ont  seules 
gardé  Tempreinte  des  codes  barbares.  En  effet,  tout  en 
constatant  que  les  ordalies  ou  jugements  de  Dieu  sont 
<  désapprouvés  par  les  décrets  et  les  lois  *  > ,  la  coutume 
les  admet  sous  toutes  leurs  formes  et,  dans  tous  les 
cas,  sous  la  seule  condition  du  consentement  mutuel  des 
parties.  «Les  peines  sont  presque  toutes  arbitraires,  c'est- 
à-dire  déterminées  par  le  juge  et  non  par  la  loi  ^  ;  le  droit 
de  vengeance  personnelle,  reconnu  dans  certains  cas,  est 
mitigé  par  Tobligation  d'une  déclaration  préalable  faite 
par  Toffensé  au  seigneur  ou  à  la  cour;  la  composition 

laire  (Hist.d^Espagne^  liv.  11,  chap.  iv),  assure  que,  diaprés  le  code 
gothique,  c  les  biens  de  celui  des  deux  conjoints  qui  est  mort  ab  in- 
testat appartiennent  àTautre  »  ;  mais  la  loi  M  du  titre  H,  liv.  IV  du 
fuerojuzgo^  dit  expressément  que  le  conjoint  n^bérite  qu'à  défaut  de 
parents  au  septième  degré.  C'est  à  peu  près  la  possession  de  biens 
undêvir  etuxor  du  droit  romain.  Par  la  loi  14  du  même  titre  ,  la 
veuve  a  droit  à  l'usufruit  d'une  portion  d'enfant  légitime. 

*  Celte  disposition,  contraire  à  la  fois  à  la  loi  gothique,  à  la  loi 
romaine  et  à  la  loi  salique,  se  retrouve,  comme  nous  le  verrons 
plus  bas,  dans  le  code  aragonais  et  dans  les  constitutions  de  Cata- 
logne. C'est  ce  qu'on  appelait,  dans  certaines  coutumes  françaises  , 
la  succession  des  propres  ou  succession  suivant  la  règle  paterna  pa- 
ternis,  materna  matemis, 

3  Le  droit  canon  et  le  droit  romain. 

'  Une  seule  peine  est  réglée  parla  coutume,c'est  celle  des  adul- 
tères, qui  sont  promenés  nus  dans  la  ville  et  fouettés.  Ce  châtiment 
bizarre  est  le  même  à  Valence,  en  Aragon  et  à  Perpignan;  mais,  dans 
ces  deux  derniers  pays,  les  coupables  peuvent  se  racheter  en  payant 
uoe  amende  au  tribunal. 


COUTUME  DE  PEBPIGNAN  137 

est  admise  pour  les  injures  et  laissée  à  TappréciatioD  du 
juge*. 

La  charte  de  Montpellier  a  été  rédigée  par  des  bour- 
geois à  leur  profit  et  contre  Tunique  seigneur  féodal  qui 
pût  être  partie  dans  cet  acte,  c'est-à-dire  contre  le  sei- 
gneur de  leur  ville.  Â Perpignan,  au  contraire,  on  voit  que 
des  nobles  et  des  clercs  se  sont  ligués  avec  les  bourgeois 
contre  leur  seigneur  commun ,  car  ils  n*ont  pas  oublié 
destipuler  des  privilèges  en  leur  faveur,  et  de  réglementer 
quelques  points  relatifs  aux  fiefs  et  aux  guerres  privées. 
Le  droit  civil  occupe  dans  les  coutumes  de  Perpignan  une 
place  infiniment  restreinte.  Il  n*en  est  guère  question 
que  pour  reconnaître  la  validité  du  testament  verbal,  pour 
admettre,  à  défaut  d'enfants,  les  plus  proches  parents  à 
rhéritage  du  défunt  intestat  sans  aucune  distinction  de 
biens  paternels  et  maternels,  et  surtout  pour  donner  au 
créancier  de  nombreuses  garanties  contre  son  débiteur. 

Sur  ce  dernier  point,  de  même  que  pour  les  ordalies* 
et  le  droit  criminel ,  les  dispositions  de  la  coutume  de 
Perpignan  sont  à  peu  près  semblables  à  celles  du  statut 
de  Montpellier. 

L'organisation  judiciaire  dans  chacune  de  ces  deux 
villes  est  des  plus  simples  :  un  bayle^  juge  toutes  les 

*  Le  fuero  juzgo  a  inspiré  la  règle  inique  dUine  punition  corpo- 
relle pour  la  personne  d'une  condition  inférieure  qui  ne  peut  payer 
la  composition. 

^  Les  coutumes  proprement  dites  ne  parlent  point  des  épreuves 
judiciaires.  11  en  est  question  seulemenl  dans  un  privilège  de  Tan 
4462. 

^  Les  bayles  (bajuli,  tuteurs,  nourriciers  ;  de  bajulare^  porter) 
«sont  ainsi  nommés,  dit  Blancas,  d'uprès Vital  do  Canellas,  parce 
qu'ils  remplacent  les  seigneurs,  recueillent  pour  eux  les  revenus, 
et  nourrissent  ainsi  les  âls  et  les  familles  de  leurs  maîtres.»  Le  carao- 
ère  essentiel  de  leurs  fonctions  est  donc  la  gestion  des  domaines 
royaux  ou  seigneuriaux  et  la  perception  des  revenus,  avec  une  juri- 


111  Limi  RI,  CBAPinB  TI 

causes  en  première  instance;  les  appels  sont  portés 
devant  le  tribunal  du  seignear  ou  de  son  lieatenant  *. 

On  voit  qa'au  moment  où  Jacme  l"  monta  sur  le  trône, 
les  principes  des  lois  impériales  étaient  en  vigaeur  pré* 
cîsément  dans  la  partie  de  ses  Etats  où  ils  ne  pouvaient 
être  d'aucune  utilité  pour  la  puissance  royale.  Tandis 
que  dans  la  Péninsule  ils  auraient  servi  à  battre  en 
brèche  une  féodalité  redoutable,  à  Montpellier,  où  le 
roi  était  seigneur  féodal  bien  plus  que  souverain ,  c'est 
contre  lui  et  au  profit  d'une  oligarchie  bourgeoise  que 
Ton  invoquait  la  loi  romaine.  Nous  avons  vu'  comment 
Pierre  H  s'était  dessaisi  du  pouvoir  législatif  en  faveur 
des  consuls  de  sa  ville  seigneuriale  en  les  autorisant  à 
établir,  &  étendre  et  à  réformer  tout  ce  qui  leur  parai- 
trait  toucher  à  l'utilité  de  la  commune.  Ce  fut  un  droit 
dont  les  consuls  ne  se  firent  pas  faute  d'user.  U  ne  resta 
donc  à  Jacme  que  le  pouvoir  de  confirmer  les  coutumes 
de  la  ville  et  les  privilèges  octroyés  par  ses  prédécesseurs, 
et  celui  de  régler  quelques  points  d'administration  de 
concert  avec  l'autorité  consulaire. 

  Perpignan,  où  la  bourgeoisie  était  moins  puis* 
santé  et  l'esprit  d'indépendance  moins  énergique,  le  roi 
tenta  quelques  modifications  aux  coutumes.  Un  article, 
par  e&emple ,  fut  excepté  de  la  confirmation  royale,  c'est 
celai  qui  reconnaissait  aux  témoins  le  droit  abusif  de  ne 

diction  spéciale  relative  à  leur  administration.  Mais,  à  Montpellier, 
à  Perpignan  et  en  Catalogne,  les  bayies,  oommci  du  reste,  les  bail- 
lis des  rois  de  France,  avaient  Fentière juridiction  civile  et  criminelle 
dans  rétendue  de  leur  baylie. 

*  Les  coutumes  de  Perpignan  parlent  d^un  viguier  auquel  elles 
refusent  toute  juridiction  dans  la  viUeet  son  territoire.  C'était  évi- 
demment le  viguier  de  RoussiUon,  qui  rentre  dans  Torganisation 
judiciaire  de  la  Catalogne. 

3  Tome  I,  p.  99, 


I 


LÉ6I8LATI0M  AS  LA    CATALOGNE  130 

pouvoir  être  forcés  à  prêter  témoignage*.  Plus  tard, 
Jacme ,  approuvant  une  coutume  établie  par  les  habi- 
tants, en  imposa  de  sa  seule  autorité  une  nouvelle  sur 
rappel  des  sentences  interlocutoires,  se  fondant  sur  ce 
motif  «  que  Ton  en  usait  ainsi  dans  toute  la  Catalogne  ^.> 

Ces  paroles  semblaient  présager  une  prochaine  substi- 
tution du  droit  catalan  aux  coutumes  locales  du  Rous- 
sillon;  il  n'en  fut  rien  cependant,  et  Jacme  lui-même 
donna  un  nouvel  empire  au  statut  de  Perpignan  en  Toc- 
troyant  à  quelques  autres  localités  '.  Cette  inconsé- 
quence pourrait  bien  n'être  qu'apparente  et  se  rattacher 
à  l'exécution  du  plan  commun  à  tous  les  législateurs  du 
Xlir  siècle  :  l'introduction  des  principes  du  droit  romain 
dans  le  droit  national  de  chaque  peuple.  Il  eût  été  im- 
possible, en  effet,  d*imposer  aux  Catalans  les  lois  impé- 
riales; mais,  en  profitant  d*un  contact  fortuit  pour  tenter 
une  fusion  qui  paraissait  toute  au  bénéfice  du  droit  de 
la  Catalogne,  on  devait  espérer  glisser  dans  celui-ci 
quelques  idées  romaines  dont  le  temps  développerait  un 
jour  les  conséquences  pratiques. 

Le  comté  de  Barcelone  et  ses  dépendances  avaient 
pour  droit  commun  le  code  gothique  modifié  par  les 
Usalges.  On  a  comparé  les  législations  successives  qui, 
daus  le  cours  des  siècles,  s'imposent  à  un  peuple,  aux 
couches  géologiques  dont  Tensemble  constitue  notre 
globe;  mais  les  législations  font  plus  que  se  superposer: 
elles  s'amalgament,  se  combinent  et  produisent  un  nou- 
veau tout,  dont  les  éléments  générateurs  ne  se  laissent 

*  GeUe  réforme,  qui  paraii  avoir  été  iatroduite  en  Catalogne  par 
la  méflM  souveraiO)  est  intimement  liée,  comme  nous  le  verrons  plus 
bas,  à  la  suppression  du  duel  judiciaire  des  témoins. 

s  Massol-Reynier,  Cautumei  de  Petfngnant  p*  44  et  70. 

'  Idem^  p.  65  et  67. 


140  LITRE  III,  GHAPIXaE  Tl 

souvent  reconnaître  qa*avec  peine.  C'est  ce  qui  arriva 
en  Espagne  lorsque  la  législation  nationale  des  Goths , 
après  avoir  vécu  longtemps  côte  à  côte  avec  celle  de 
Rome,  finit  par  se  Tassimiler  en  grande  partie,  et,  sous 
Faction  dominante  d'un  clergé  presque  tout  romain,  par 
donner  naissance  à  ce  célèbre  forum  judicum*  qui  a  régi 
la  Péninsule  pendant  de  longs  siècles. 

Sous  son  style  boursouflé,  sous  son  naïf  pédantisme, 
on  découvre  dans  le  faero  juzgo  l'esprit  du  Code  de 
Théodose  en  progrès  vers  la  raison  et  l'équité ,  grâce  aux 
lumières  des  évéques  espagnols  ses  rédacteurs*.  Tout  ce 
qui  a  trait  au  droit  civil  y  porte  l'empreinte  romaine  avec 
quelques  réminiscences  germaniques  qui  s'accentuent  plus 
nettement  dans  le  droit  criminel.  La  composition  reparaît 
dans  celui-ci  à  côté  de  quelques  peines  corporelles:  le 
fouet,  la  décalvation ^,  la  réduction  du  condamné  en 
esclavage',  enfin  la  peine  de  mort  dans  des  cas  assez 
rares.  Mais  ce  qui  caractérise  surtout  -cette  œuvre  remar- 
quable, c'est  l'appréciation  du  crime  d'après  l'intention 
du  coupable  et  non  d'après  la  matérialité  du  fait,  l'ap- 

^  Le  code  g^othique  est  désigné  en  latin  sous  les  noms  de  codex 
toisigothorunij  forum  judicum,  et  en  espagnol  sous  ceux  de  fuero 
juxgo,librode  losjueces, 

^  Voyez,  sur  la  législation  des  Wisigoths,  la  remarquable  élude  pu- 
bliée par  M.  Guizot  dans  la  Revue  française  (n*  6—  novembre  4828); 
l'analyse  du  fuero  juzgo  dans  la  Historia  del  derecho  espanol^  de 
don  Juan  Sempere  ;  dans  la  Historia  gênerai  de  Espana^  de  don  Mo- 
deste Lafuenle,  et  dans  V Histoire  d'Espagnol  de  M.  Rosseeuw  Saint- 
Hilaire;  leDiscurso  sobre  la  legislacion  de  los  Visigodos^  pardon 
Manuel  de  Lardlzabal,  en  tête  de  l'éditiondu  code  gothique,  publiée 
en  4815  par  TAcadémie  royale  de  Madrid;  le  discours  préliminaire 
des  codigos  espanoles  concordados  y  anotados,  par  Pacheco  ;  enfin 
V Histoire  du  droit  romain  au  moyen  âge  (Gescbicble  des  Rœmischen 
rechtiiim  Millelalter),par  M.  de  Savigny. 

'  Supplice  qui  consistait  à  enlever  la  peau  de  la  tête  du  con- 
damné . 


LE   FUERO  JUZGO  I4l 

paritioQ  dn  principe  de  Texpialion  dans  la  pénalité  et 
surtout  une  tendance  marquée  versTégalilé  devant  la  loi, 
le  rang  de  l'offensé  libre*  n'ayant  aucune  influence  sur 
la  nature  du  châtiment.  D'ailleurs  pas  de  jury,  pas  de 
jugement  par  l'assemblée  des  hommes  libres,  rachim- 
bourgs  ou  prud'hommes;  aucune  intervention  de  la  na- 
tion ou  de  ses  représentants  pour  empêcher  les  abus 
possibles  de  l'autorité^.  Celle-ci  émane  en  entier  du  roi, 
qui  a  reçu  son  pouvoir  de  Dieu  par  la  main  des  évoques ^ 
En  un  mot,  un  roi  absolu  assisté  par  les  prêtres  «  qui, 
dit  le  fuero  juzgoy  ont  été  établis  par  NotrorSeigneur 

Jésus-Christ  les  recteurs  et  les  hérauts  des  peuples; 

qui  ont  reçu  le  pouvoir  de  lier  et  de  délier,  et  dont  la 
bénédiction  et  l'onction  confirment  les  princes»;  des 
sujets  tous  égaux  légalement,  et  au-dessous  d'eux  des 
esclaves  rejetés  au  rang  des  choses,  bien  que  soumis  à 
une  législation  plus  douce  que  chez  les  Romains  ;  telle 
était,  dans  son  ensemble,  la  société  gothique  aux  yeux  de 
la  loi,  et  il  est  aisé  de  comprendre  que  son  code  devait  mal 
s'adapter  à  Tordre  de  choses  établi  par  les  Francs  dans 
la  Marche  espagnole  après  l'expulsion  des  Sarrasins.  Le 
système  féodal^,  en  s'organisant  en  Catalogne,  se  trouva 
mal  à  l'aise  dans  ces  lois  «qui  jugent  tous  les  hommes 

*  Il  en  était  autrement  de  l'esclave,  qui  ne  comptait  presque  pas 
au  rang  des  hommes. 

*  La  théorie  du  droit  politique  des  Wisigotbs  est  parfaitement 
exposée  par  Pilluslre  auteur  de  V Histoire  de  la  civilisalion  en  Europe, 
dans  les  belles  pages  dont  nous  avons  parié  plus  haut. 

*  L'opinion  qui  considère  les  conciles  de  Tolède  comme  de  véri- 
tables assemblées  nationales  n'est  plus  soulenable  aujourd'hui» 

^  Il  y  avait  chez  les  Goths  des  clients  {buccelarii)  et  des  patrons, 
une  aristocratie  de  cour  composée  de  fidèles  du  roi,  de  grands  {pro- 
ceres)  qui  entouraient  le  prince  et  en  recevaient  des  concessions  de 
terres  et  d'argent  ;  mais  ces  institutions  tenaient  plus  des  traditions 
romaines  que  des  coutumes  germaniques. 


il2  LITBS  III9  GBAPITBB  TI 

également  et  ne  décident  rien  entre  vassal  et  seigneur  S  » 
Avec  de  nouvelles  conditions  sociales ,  des  coutumes 
se  formèrent  pour  suppléer  à  la  loi  et  furent  codifiées 
en  1068  par  le  comte  Ramon  Berenguer  V  le  Vieux*. 

Ce  recueil  tout  spécial  à  la  Catalogne,  et  dans  lequel 
on  aurait  tort,  quoi  qu'en  ait  dit  un  savant  historien  fran- 
çais ,  d'aller  chercher  les  bases  de  la  constitution  civile 
de  TÂragon,  a  eu  pour  but,  d'après  les  paroles  mêmes 
de  ses  rédacteurs,  de  régler  les  droits  et  les  devoirs  réci- 
proques des  seigneurs  et  des  vassaux ,  et  d'adoucir  la 
rigueur  de  la  loi  gothique,  qui  rendait  illusoire  le  bénéfice 
delà  composition,  en  fixant  un  tarif  devenu  exorbitant 
par  suite  de  l'augmentation  des  valeurs  monétaires'. 

La  hiérarchie  féodale  y  est  établie  depuis  le  comte 
souverain,  appelé  aussi  le  Prince  ou  le  Pouvoir  suprême, 
jusqu'au  vilain  (ruslicus).  L'échelle  des  compositions  suit 
l'échelle  des  dignités,  selon  le  système  germanique.  La 
vie  d'un  vicomte  est  évaluée  au  double  de  celle  d'un 
comdor*;  le  coindor,  à  son  tour,  vaut  deux  valvassors^  et 


^  Constitutions  y  altres  drets  de  Cathalunya,  vol.  \,  lib.  1,  tit.  XIII. 
usatge  2.  Nos  renvois  se  rapportent  à  l'édition  de  4588. 

3  Les  Usatges  de  Barcelona  onX  eu  de  nombreuses  éditions.  Hu- 
sieurs  d^enlre  elles  sont  enrichies  de  savants  commentaires,  parmi 
lesquels  nous  citerons  ceux  de  Jaumede  Monjuich^  de  Jaume  et  de 
Guillem  de  Vallseca  et  de  Jaume  de  Callis,  publiés  en  4544;  ceux  de 
Marquiiles,  imprimés  en  4505  ;  ceux  de Mieres et d'Oli va,  postérieurs 
aux  précédents.  On  peut  consulter  encore  la  traduction  castillane 
du  même  recueil,  par  D.  Pedro  Nolasco  Vives  y  de  Cebria  ;  VEssai 
sur  l'histoire  du  droit  français,  par  M.  Giraud  et  Pexcellente  intro- 
duction à  la  coutume  de  Perpignan,  de  M.  Massot-Reynier.  Il  est  à 
regretter  que  ce  dernier  écrivain,  si  compétent  en  pareille  matière, 
n'ait  pas  donné  suite  à  son  projet  dUioe  histoire  du  droit  catalan. 

>  Const.  de  CataL,  yol  1,  liv.  I,  tit.  XIII,  us.  2. 

*  Voir,  pour  les  dignités  féodales  de  la  Catalogne,  notre  tooie  i, 
p.  130. 


LES  USAT«B6  DE  BARGKL^KA  i45 

la  valeur  de  ces  derniers  est  proportionnelle  an  nombre 
de  chevaliers  qu'ils  ont  sous  leur  suzeraineté.  Le  bour- 
geois est  assimilé  au  chevalier  quant  à  la  composition , 
et  au  valvas^or  quant  à  l'amende  à  payer  au  comte\  Le 
meurtre  du  bayle  noble»  «  qui  mange  du  pain  de  froment 
tons  les  jours  et  va  à  cheval  »,  se  paye  deux  fois  autant 
que  celui  du  simple  bayle  V 

Cette  inégalité,  introduite  dans  la  loi  à  l'imitation  des 
barbares ,  est  la  seule  modification  que  les  usalges  aient 
fait  subir  à  la  théorie  du  droit  criminel  gothique.  Celle-ci, 
sauf  cette  exception  ,  est  adoptée  implicitement  dans  son 
entier  par  le  code  de  Barcelone.  La  peine  pécuniaire  n'y 
est  admise  que  pour  les  cas  où  lefuerojuzgo  la  prononce 
loi-méme.  En  effet,  tandis  qu'une  disposition  empruntée 
à  la  loi  gothique  déclare  qu'un  individu  convaincu  d'ho- 
micide et  qui  ne  veut  ou  ne  peut  payer  la  composition 
est  remis  aux  parents  de  la  victime  <  pour  qu'ils  en  fassent 
leur  volonté  >  sans  pouvoir  toutefois  le  mettre  à  mort% 
une  antre  réserve  au  comte  souverain  la  haute  justice 
sur  les  «  homicides,  adultères,  empoisonneurs,  voleurs, 
ravisseurs,  traîtres  et  autres  malfaiteurs  »,  et  le  droit 
de  leur  «  couper  les  pieds  et  les  mains,  arracher  les  yeux, 
de  les  tenir  longtemps  en  prison ,  et ,  s'il  le  faut,  enfin, 
de  pendre  leur  corps.  Pour  les  femmes,  de  leur  couper 


^  On  sait  que,  d'après  les  lois  germaniques,  ta  composition  ou 
toe^r-pe/ddonnéàroffenséou  aux  parents  de  la  victime  était  accom- 
pagnée d'une  amende  {fred)  à  payer  au  juge,  et  qui  variait  diaprés 
les  mêmes  bases  que  la  composition. 

^Const.  de  CataL;  vol.  I,  Uv.  IX,  tit.  XV,  us.  4  à  23.  Un  tarif 
BDaloguo  s'applique  aux  clercs  des  différents  ordres,  de  l'évêque  au 
sooB -diacre.  (Idem,  id.,  id  ,  tit.  III^  us.  4.) 

'  Id..  id.,  id.,  Ut.  Vy  us.  !• 


144  LIYRB  III ,  CHAPITRE  VI 

le  nez ,  les  lèvres,  les  oreilles,  les  mamelles ,  et ,  s*il  est 
nécessaire ,  de  les  brûler  dans  le  feu  *.  » 

Il  résulte  évidemment  de  la  comparaison  de  ces  pas- 
sages que  la  peine  de  mort  s'applique  au  meurtre  accom- 
pagné de  circonstances  aggravantes,  tandis  que  la  peine 
pécuniaire ,  qui  peut  être  modérée  par  le  juge,  punit  les 
autres  espèces  d*homicide.  C*est  donc  à  tort  que  Ton  a 
reproché  au  recueil  de  Ramon  Berenguer  le  Vieux  d'avoir 
fait  rétrograder  la  législation  catalane  jusqu'aux  formes 
les  plus  grossières  de  la  justice  primitive  :  l'amende  et  le 
talion. 

Pour  n'avoir  pas  reculé  jusqu'à  ce  point ,  les  usalges 
n'en  sont  pas  moins  l'expression  d'une  société  moins 
civilisée  que  celle  qui  a  produit  le  fuero  juzgo.  Ils  ont 
emprunté  au  droit  germanique  quelques-unes  de  ses  for- 
mules \  et  le  système  féodal  y  a  introduit  à  sa  suite  plu- 
sieurs de  ces  iniquités  qui  ont  fait  sa  honte  eth&té  sa 
ruine.  Tels  sont  les  droite  d* exorquia  '  et  i^intestatio  qui 

*  Const.  de  CataL,  vol.  I.  liv.  X,  tit.  I,  us.  6.  —  La  cruauté  do 
la  plupart  de  ces  chàliments  n'est  pas  une  innovation  au  code  go- 
thique. 

11  est  inutile,  croyons-nous,  de  faire  remarquer  que  l'attribution 
exclusive  de  la  haute  justice  au  souverain  ,  empruntée  aux  lois  ro- 
maines et  gothiques,  était  déjà,  sans  doute,  contredite  par  la  pra- 
tique, au  temps  même  où  l'on  insérait  cette  disposition  dans  les 
usatges.  Il  est  certain,  du  moins,  qu'au  Xill*  siècle  il  y  avait  en 
Catalogne,  comme  en  France,  des  seigneurs  hauts  justiciers.  Nous 
verrons  en  Aragou  et  à  Valence  Jacme  I'^  revendiquer  de  nouveau 
la  haute  justice  en  vertu  des  mômes  principes. 

^  Ainsi  l'accusation  ne  doltpa^  être  faite  par  écrit,  mais  bien  de 
a  la  propre  voix  de  l'accusateur  d,  en  présence  de  l'accusé.  {Const. 
de  Catal.yYol- 1,  liv.  (X,  tit.  I,  us.  1 .) 

3  Exorc,  stérile,  qui  n'a  pas  de  postérité.  On  serait  tenté  d'attri- 
buer à  rétablissement  du  droit  ù^exorquia^  un  motif  analogue  à 
relui  qui  inspira  les  lois  romaines  contre  les  célibataires  (cœlebes) , 
et  les  mariés  sans  enfants  (or^i),  bien  qu'on  ne  doive  en  rechercher 


LES  dsatgbs  de  barcelona  145 

attribuent  au  souverain  ou  au  seigneur  tout  ou  partie  de 
rhéritage  des  individus  qui  meurent  sans  enfants  ou  sans 
avoir  fait  de  testament  \  Tel  est  encore  le  droit  d'épave  % 
et  celui  qui  donne  au  seigneur  la  moitié  des  biens  de  la 
femme  adultère  ^ 

Les  ordalies ,  qui  figurent  seulement  dans  le  code 
gothique  sous  la  forme  de  Tépreuve  par  Teau  bouillante , 
sont  admises  sans  restriction  par  les  usatges.  Le  duel  à 
cheval  est  réservé  aux  nobles ,  le  duel  à  pied  aux  bour- 
geois ;  les  autres  épreuves,  dites  vulgaires,  restent  seules 
à  ia  disposition  des  vilains  \ 

Chaque  seigneur  juge  les  procès  de  ses  vassaux  <  dans 
la  porte  de  sa  cour  '.  »  Le  tribunal  du  comte  de  Barce- 
lone se  compose  *  d'évéques ,  abbés ,  comtes  *,  vicomtes, 
comdors,  valvassors,  philosophes,  sages  et  juges  '.  »  Voici 
donc,  dès  le  XP  siècle,  les  lettrés  et  les  légistes  occupant 
une  place  importante  à  la  cour  du  souverain  de  la  Marche 
espagnole.  Ils  ont  concouru  évidemment  à  la  rédaction 
des  usatgesj  et  c'est  ce  qui  nous  explique  la  physionomie 


Torigine  que  dans  les  idées  d'une  féodalité  abusive:  mais  ce  qui 
est  remarquable,  c'est  de  voîV  cet  usage  de  la  féodale  Catalogne 
appuyé  sur  l'axiome  romain  :  «  Ce  qui  plaît  au  prince  a  force  de 
loi.  9 

*  Pour  Vexorquia  et  Vintestatio,  que  les  Coutumes  de  Perpignan 
repoussaient  en  termes  exprès,  voir  Const,  de  Catal.,  vol.  111,1.  IV, 
tit.  XI,  us.  4  et  2,  et  liv.  X,  tit.  I,  us.  4. 

*  Const,  de  Catal.,  vol.  I,1iv.  IV,  tit.  XXIX,  us.  2. 

'  Quelquefois  même  la  totalité  si  «  ce  que  Dieu  ne  veuille  i  dit  le 
législateur  catalan ,  la  cugucia  est  commise  par  l'ordre  ou  avec  le 
consentement  du  mari.  j>  [Const.  deCatal.j  vol.  I,  liv.  lY,  tit.  XXIX, 
us.  4.) 

*  Const.  de  Catal.,  vol.  I,  liv.  IX,  tit.  YIII,  us. 2. 
5  Id.,  id.,  liv.  IIl',lit.  II,us.  1. 

*  Vassaux  du  comte  souverain  de  Barcelone. 

7  Const.  de  Catal..  vol.  I,  liv.  I,  tit.  XIII,  us.  4 . 

T.  n.  10 


146  UTBE  lU  ,  CHAPIXBS  TI 

étrai;ige  de  ce  code  féodal  accompagné  d'aoe  théorie 
romaioe. 

L'aristocratie  catalane,  d'origine  franke,  qui  tenait  de 
sa  richesse  territoriale  une  puissance  inconnue  à  la  no- 
blesse gothique ,  impose  sa  volonté  au  peuple  et  au  sou- 
verain ;  mais  cette  volonté,  rédigée  en  articles  par  les  «  phi- 
losophes et  les  sages  > ,  héritiers  des  traditions  impériales, 
emprunte  maladroitement  une  livrée  romaine  qui  con- 
traste avec  son  caractère  de  farouche  indépendance.  Peu 
importe  ;  le  fond  domine  la  forme,  le  fait  écrase  la  théo- 
rie ,  et  Ton  a  beau  décorer  le  comte  de  Barcelone  du  titre 
pompeux  de  Puissance  suprême ,  on  a  beau  proclamer 
comme  un  dogme  Tautorité  absolue  de  son  bon  plaisir, 
il  n*en  restera  pas  moins  un  vrai  suzerain  féodal,  obligé 
de  compter  avec  des  vassaux  plus  puissants  que  lui  \ 

Cependant,  grâce  aux  légistes  catalans ,  le  principe  de 
la  toute  puissance  du  souverain  n*a  pas  péri  en  entier 
sous  le  flot  des  idées  germaniques.  Réduit  à  un  simu- 
lacre, à  une  formule,  il  s*abrite  sous  Tégidemémede 
ses  ennemis.  Les  magnats  lui  donnent  asile  dans  leur 
code,  avecTespoir  sans  doute  de  s'en  servir  pour  assurer 
Tautorité  sans  limites  du  seignepr  sur  le  vassal,  et  sans 


*  Tout  noble  peut  faire  la  guerre  à  la  potesias,  après  l'avoir  défiée. 
(Çonst.  dôCatal.^  vol.  I,  liv.  Yill,  lit.  11,  us.  %,)  Gomme  tout  souve* 
rain  féodal,  le  Prineeps  de  Barcelone  est  obligé  a  de  tenir  cour  et 
grande compagnie,de donner de$  sauf-conduits,  de  distribuer  des 
soldes,  de  redresser  les  torts,  de  rendre  la  justice,  de  juger  selon 
le  droit,  de  servir  d^appui  auxopprimés,  desecourir  les  assiégés,  et, 
quand  il  veut  manger,  de  faire  publier  à  son  décor,  que  tous,  nobles 
et  non  nobles,  s'en  viennent  dîner  ;  et,  en  outre,  de  répartir  des 
vêtements  entre  les  magnats  et  sa  compagnie,  de  conduire  des  ar- 
mées pour  aller  ravager  l'Espagne  (musulmane),  et  de  faire  de 
nouveaux  cbevaliers. 9  {Const  dé  Catal, ,  vol.  1,  liv.  X,  tit.  I,us.  7.) 


LEGISLATION   DE   hk  CATALOGNE  147 

soupçonner  qu'ils  font  ainsi  couver  au  colosse  féodal  le 
germe  qui  doit  le  détruire. 

Bien  que  la  Catalogne  ne  soit  pas  le  point  sur  lequel 
la  réaction  romaine  ait  d*abord  triomphé,  on  ne  peut 
douter  que  les  traditions  impériales  de  ce  pays  n'aient  eu 
une  grande  influence  sur  le  mouvement  législatif  du  règne 
de  Jacme  I"  et,  en  particulier,  sur  la  rédaction  du  code 
de  Valence. 

Entre  Ramon  Berenguer  T' et  Jacme  le  Conquérant,  le 
droit  privé  de  la  Catalogne  ne  subit  aucune  modification 
importante.  Les  quelques  actes  émanés  d'Âlfonse  I"  et  de 
Pierre  II ,  que  renferme  le  recueil  des  Constitutions,  ont 
pour  but,  à  peu  près  tous,  l'établissement  de  paix  et 
de  trêves  et  la  répression  du  brigandage*.  Il  faut  arriver 
à  Jacme  I"  pour  retrouver  un  génie  organisateur  qui 
essaye  de  donner  un  peu  d'unité  à  la  législation  nationale, 
tout  en  la  faisant  servir  à  ses  projets  politiques. 

Les  actes  législatifs  de  ce  roi  qui  concernent  la  Cata- 
logne en  général  sont  de  trois  sortes  : 

l""  Les  usages ,  coutumes  nationales  confirmées ,  rédi- 
gées et  ajoutées  aux  usages  dont  la  promulgation  remonte 
aux  règnes  précédents  ^  ; 

*  Nous  remarquerons  seulement  deux  ordonnances  du  roi  Pierre  II. 
L'une  permet  au  seigneur  de  maltraiter  ses  paysans  (pagesos)  et  de 
leur  enlever  leurs  biens,  pourvu  qu'ils  ne  dépendent  pas  d'un  fief 
relevant  du  roi  ou  d'une  église.  {Const,  de  Catal.^  vol.  1,  liv.  X, 
tit.  YIIl,  const.  5]  ;  l'autre  est  la  fameuse  Constitutio  adversus  hœre- 
ticos,  dont  \qs  Const.  da  ^at.  donnent  une  traduction  en  langue  ro- 
mane. (Vol.  I,  liv.I,  tit.  IX,  const.  4.) 

'  Bien  que  le  recueil  des  Constitutions  y  al  très  drets  de  Catha- 
lunya  donne  sous  le  nom  de  Ramon-Berenguer  le  Vieux^  les  474 
tiiarjfe^  qu'il  contient,  les  commentateurs  rapportent  généralement  a 
Jacme  1*'  ceux  qui  figurent  sous  les  n<"  U4  à  174. 

iCette  attribution  nous  paraît  douteuse  pour  quelques-uns,  par 
exemple  pour  les  n"  446, 460  et  470.  Le  recueil  législatif  de  la  Cata- 
logne renferme,  en  outre,  44  constitutions  et  9  pragmatiques  de 
Jacme  1". 


448  LIVBE  m,  CHAPITRE  YI 

2*  Les  constitutions,  lois  discutées  et  promulgaées  dans 
les  corts; 

S"*  Les  pragmatiques  ,  ordonnances ,  le  plus  souvent 
interprétatives ,  rendues  par  le  roi  seul  sur  la  demande 
d'un  magistrat ,  d*un  corps  ou  d'une  communauté  V 

Ce  n*est  pas  sans  raison  que  Jacme  se  borna  à  édicter 
des  dispositions  isolées  pour  le  comté  de  Barcelone  et 
ses  dépendances.  Refondre  en  un  seul  corps  la  législation 
nationale  de  la  Marche  espagnole ,  œuvre  des  féodaux 
de  la  cour  de  Ramon  Berenguer,  c'eût  été  justement 
donner  une  nouvelle  force  aux  idées  que  le  Conquistador 
eût  voulu  détruire  ;  au  contraire,  faire  dans  le  nouveau 
code  une  large  place  aux  principes  romains ,  c'eût  été 
soulever  la  noblesse  et  la  nation  entière  contre  une  ré- 
forme redoutée  par  les  uns,  incomprise  par  lesautres. 

Jacme  savait  que  les  lois  sont  condamnées  d'avance 
lorsqu'elles  s'engagent  dans  une  voie  où  les  mœurs  ne 
les  ont  pas  précédées.  Tandis  qu'il  faisait  une  concession 
à  l'aristocratie  et  à  l'esprit  national  en  défendant  aux 
avocats  <  d'alléguer  aucunes  lois  là  où  les  coutumes  et 
les  usages  suffisent  et  abondent*»,  puis  en  excluant  en 
termes  exprès  «  des  tribunaux  séculiers ,  les  lois  ro- 
maines et  gothiques ,  les  décrets  et  décrétales  >  et  en 
ordonnant  de  juger  d'après  la  raison  naturelle  dans  les 
cas  non  prévus  par  les  usatges  de  Barcelone  et  la  coutume 
du  lieu%  il  fondait  à  Lérida  une  université  où,  de  même 
qu'à  Bologne  et  à  Montpellier,  on   n'enseignait  que  le 


4 


Nousneparlons  pas  des  privilèges  (prtvato /e^M),  qui  ne  s'ap- 
pliquent qu'à  des  individualités.  On  peut  seulement  trouver  dans 
quelques-uns  d'entre  eux  les  premières  traces  de  dispositions  géné- 
ralisées dans  la  suite. 

3  Corut,  de  Catal^  vol.  II,  liv.  II,  tit.  III,  pragmatique  de  4243i 

'  Id.,  vol.  III,  liv.  I,  tit.  YIII,  const.  de  4254. 


LEGISLATION  DE  LA   CATALOGNE  149 

droit  romaiDetledroit  caDon%  et  il  invoquait  lui-même 
les  lois  impériales  comme  raison  écrite ,  malgré  les  pro- 
testations de  la  noblesse. 

Paraître  éloigner  du  droit  catalan  tout  élément  étranger 
qui  pourrait  lui  porter  atteinte*,  envelopper  dans  une 
même  proscription  apparente  le  droit  canon ,  le  droit 
gothique  et  le  droit  romain ,  mais  laisser  ce  dernier  se 
glisser  dans  les  mœurs  pour  servir  plus  tard  à  une  uni- 
fication législative  au  bénéfice  du  pouvoir  royal ,  tel  était 
le  plan  de  Jacme ,  et,  si  ce  grand  prince  eût  eu  des  suc- 
cesseurs dignes  de  lui ,  le  but  qu'il  avait  marqué  n'eût 
pas  tardé  à  être  atteint. 

Les  principes  romains  se  propagèrent ,  en  effet  «  avec 
rapidité ,  entraînant  avec  eux  leurs  avantages  et  leurs 
inconvénients,  prolongeant  les  affaires ,  compliquant  les 
procédures,  favorisant  la  chicane,  si  bien  que  Ton  dut 
défendre  aux  légistes  de  remplir  l'office  d'avocat  dans  les 
causes  qui  ne  les  concernaient  pas  directement  *,  ce  qui 
n'empêcha  pas  leur  science  de  dominer  dans  les  tribunaux 
comme  dans  les  conseils  de  la  couronne. 

II  y  a  tel  passage  dans  les  lois  édictées  par  Jacme  P' 
pour  ses  États  catalans,  qui  porte  l'empreinte  profonde 
de  Rome,  tel  autre  qui  rappelle  les  gloses  plus  ou  moins 
heureuses  des  docteurs  de  Bologne  et  de  Montpellier  : 

<  celui  qui  affirme  doit  prouver  et  non  celui  qui  nie 

serment  n'est  pas  preuve,  mais,  à  défaut  de  preuves,  il  est 

*  Const.  de Catal,  vol.  I,liv.  II,  titre  YIII,  const.  4  de  Philippe  II. 

>  Const,  de  Catal,  vol.  III ,  liv.  I ,  titre  VIII,  coost.  de  4254.  Le 
cbap.  XXXYI  de  la  Chronique  de  Jacme  nous  offre  Texemple  d'un 
procès  entre  un  légiste,  avocat  de  la  comtesse  d'Urgel,  et  un  sei- 
gneur féodal  qui  traite  dédaigneusement  la  plaidoirie  de  son  ad- 
versaire de  c  bavardage  de  légiste  importé  de  Bologne  9  (Voyez  notre 

X5). 


150  LITRE  m,   CHAPITBE  TI 

déféré  au  demandeur  ou  au  défendeur;  à  celui  des  deux 
que.  le  juge  sait  être  le  plus  véridique  ou  qu'il  croit  res- 
pecter davantage  le  serment.  La  preuve  se  fait  par 
témoins,  ou  par  actes,  ou  par  arguments,  ou  par  indices 
de  vraisemblance  ;  donc  le  serment  n'est  pas  preuve  *.  » 
Mais,  en  somme,  le  temps  n'était  pas  venu  des  emprunts 
essentiels  aux  lois  impériales,  et  l'influence  du  droit 
romain  se  révèle  moins  parles  quelques  dispositions  qu'il 
a  fournies  au  sujet  des  biens  ravis  par  violence,  de  l'acces- 
sion, de  la  défense  d'aliéner  la  chose  en  litige,  de  la  pres- 
cription de  trente  ans,  et  du  serment  de  calomnie  ',  que 
par  je  ne  sais  quel  parfum  que  Ton  respire  dans  les 
usages,  les  constitutions  et  les  pragmatiques  émanées  de 
Jacme  V,  et  par  l'affirmation,  le  plus  souvent  incidente, 
du  pouvoir  suprême  du  souverain  ;  affirmation  moins 
nette  dans  la  forme,  mais  au  fond  plus  efficace  que  celle 
des  usatges  de  Ramon  Berenguer  ^ 

D'un  autre  côté,  le  droit  féodal  déjà  réglementé  par  ce 
comte,  apparaît  à  peine  dans  trois  ou  quatre  usages 
attribués  au  Conquistador  et  relatifs  à  la  saisie  des  baylies 
et  des  fiefs  et  au  combat  judiciaire  \  Mais,  sous  le  règne 
àe  Jacme,  un  chanoine  de  Barcelone,  nommé  Père  Albert, 
recueillit  les  coutumes  relatives  au  droit  féodal  qui 
n'étaient  pas  consignées  dans  les  usatges.  Ce  travail,  sous 
le  titre  de  Costumas  gênerais  de  Cathalunya  entre  las 
senyors  e  vassalls    tenents     castells  e  altres   feus  per 

«  Const.  de  Catal,  vol.  I,  liv.  HI,  litre  XIV,  us.  I. 

^  Voyez  pour  ces  diverses  dispositions,  Const,  de  Catal..  vol.  I , 
liv.  m,  lit.  X,  us.  4  el  const.  1  ;  liv.  VII,  Ut.  I,  us.  4  et  lit.  II, 
us.  2  ;  liv.  Vin,  tit.  I,  us.  4  et  Ut.  VI,  us,  4 . 

'  Par  exemple ,  dans  la  const.  4,  au  Ut.  XXIII  du  liv.  I,  vol.  I. 

♦  Const,  de  Catal,  vol.  I,  liv.  IV.  Ut.  XXVII,  us  47  et  48,  et  liv. 
IX,  Ut.  XII,  us.  3. 


LÉGISLATION   DB  LA  GAtALOGNE  151 

senyùrs  *  fat  inséré  dans  le  recueil  des  Constitutions  et 
obtint  force  de  loi.  Cette  sanction  officielle  donnée  à 
Tœavre privée  d'un  jarisconsuUe  ne  doit  pas  se  rapporter, 
croyons-nous,  au  règne  de  Jacme  le  Conquérant,  mais 
bien  à  la  période  de  réaction  durant  laquelle  la  féodalité 
agonisante  cherchait  à  prolonger,  par  tous  les  moyens, 
on  ordre  de  choses  que  le  progrès  des  idées  avait  irrévo- 
cablement condamné  à  périr. 

jQuelques  principes  d*équité  naturelle,  quelques  soute^ 
nirs  des  vieilles  costumes  indigènes  ou  germaniques,  le 
désir  de  veiller  au  rétablissement  et  au  maintien  de 
Tordre  matériel  et  moral,  la  nécessité  de  favoriser  un 
clergé  puissant  ,  au  joug  duquel  la  royauté  essayait  timi- 
dement de  se  soustraire,  ont  inspiré  les  dispositions  qui 
complètent  le  droit  privé  catalan  deTépoque  de  Jacme  P'. 

La  veuve,  d'après  un  usage  dont  les  commentateurs 
rapportent  la  promulgation  à  ce  règne,  conserve  la  jouis- 
sance des  biens  de  son  mari,  tant  qu'elle  ne  se  remarie 
pas»  qu'elle  vit  honnêtement  et  qu'elle  pourvoit  à  l'en- 
tretien de  ses  enfants  *. 

Une  constitution  de  1260,  dérogeant  aux  «  anciennes 
lois  » ,  c'est-à-dire  aux  lois  romaines,  et  prouvant  par 
cette  mention  même,  le  respect  que  l'on  avait  pour  ce 
droit  qu'on  semblait  proscrire,  règle  la  succession  des 
propres,  c'est-à-dire  le  retour  des  biens  du  défunt  intes- 
tat •  kh  ligne  d'où  ils  lui  sont  venus.  » 

Ce  système  de  succession  des  immeubles,  commun  à 
la  plupart  des  coutumes  françaises,  repoussé  par  le  droit 
romain  et  le  droit  gothique,  reparait  cependant  à  Mont« 
pellier,  en  Catalogne  et  en  Aragon.  Etait-ce,  comme  le 


*  Id.,  id.,  id.,  lit.  XXVIl,  p.  350. 

'  Cimst.  de  Caial,  vol.  I  liv.  V,  tit.  III,  us.  4 . 


152  LIVRE  III ,  CHAPITRE  TI 

prétendent  quelques  auteurs*  une  antique  tradition  des 
pays  gaulois?  Faut-il,  au  contraire,  aller  en  rechercher 
l'origine  dans  les  forêts  de  la  Germanie  ?  Cette  dernière 
opinion,  soutenue  par  Dumoulin,  est  en  contradiction 
évidente  avec  les  lois  des  Francs  et  des  Burgundes,  peu- 
ples auxquels  le  célèbre  jurisconsulte  attribue  cette  cou- 
tume, mais  dont  les  codes  se  bornent  à  donner,  à  des 
degrés  divers,  la  préférence  au  sexe  mâle  dans  les  ques- 
tions de  succession  d*immenbles  \  IjSl  législation  succes- 
sorale des  propres  est  née  spontanément,  croyons-nous, 
dans  les  pays  où  Thomme  et  la  terre  sont  étroitement 
unis,  où  la  famille  et  le  sol  auquel  elle  a  donné  ou 
emprunté  son  nom  sont  confondus  dans  la  même  véné- 
ration et  le  même  attachement.  C*est  là  le  caractère  des 
pays  féodaux;  aussi  ne  devons-nous  pas  nous  étonner  de 
retrouver  des  lois  de  cette  sorte  en  Catalogne  et  en  Ara- 
gon. Leur  présence  dans  la  charte  de  Montpellier  ne  peut 
guère  s'expliquer  que  par  une  importation  catalane. 

La  constitution  qui  établit  la  succession  des  propres 
s'occupe  aussi  de  garantir  à  la  femme  Taugment  de  dot 
fscreixj,  <  qui  lui  est  dû  à  raison  de  sa  virginité,  >  C'est, 
comme  on  le  voit,  une  sorte  de  fusion  de  la  donation  à 
cause  de  noces  des  Romains  avec  le  morgengabe  germa- 
nique*. 

La  torture  n'est  pas  mentionnée  dans  les  usatges ,  et 
l'on  pourrait  croire  à  une  honorable  exception  à  la  légis- 

^  Voyez  Lexêalicaf  cap.  LXII,  de  Alode  ;  lex  Ripuariorum^  cap. 
LXVI,  deAlodibus;  lexBurgund.^c^p.  XIV  deSitceessùmibusetSanO' 
timonialibus. 

3  Const  de  Catal,,  vol.  I,  liv.  VT,  Ut.  II,  coDst.  4 .  L'ensemble  de  celte 
constitution  est  déclarée  applicable  «à  tous  les  sujets»  du  roi  d'Ara- 
gon ;  mais  il  ne  parait  pas  que  la  partie  relative  à  la  succession 
des  propres  ait  jamais  été  mise  en  vigueur  dans  le  royaume  de 
Valence. 


LEGISLATION    DE    LA    CATALOGNE  153 

latioD  générale  dn  temps,  si  une  constitatioD  de  Jacme  T' 
De  constatait  Texistence  de  cette  coatame  barbare  en 
prescri?ant  aux  vigaiers  de  n^appliquer  la  question  on  la 
torture  qu'en  vertu  d*une  décision  du  juge  ou  d*un  ordre 
du  prince  ^ 

En  ce  qui  touche  au  combat  judiciaire,  il  faut  noter  en 
Catalogne  une  restriction  importante  :  les  témoins  ne 
paraissent  pas  y  avoir  été  obligés  de  soutenir  par  les 
armes  la  sincérité  de  leur  déposition.  D*après  des  usages 
dont  on  attribue  la  promulgation  à  Jacme  le  Conquérant, 
nul  ne  pouvait,  en  effet,  se  dispenser  d'apporter  son 
témoignage  à  la  justice  ^  or,  il  était  de  principe  dans  les 
législations  qui  admettaient  le  duel  des  témoins,  que  ceux- 
ci  ne  fussent  point  forcés  à  venir  prêter  témoignage  et, 
par  conséquent,  à  affronter  les  hasards  de  l'épreuve  judi- 


ciaire ^. 


Mais  la  préoccupation  qui  dominait  dans  l'esprit  du 
législateur,  au  milieu  des  agitations  dont  le  Xlir  siècle 
nous  offre  l'exemple,  c'était  le  maintien  de  l'ordre  maté- 
riel et  moral,  la  répression  des  abus  de  toute  sorte  :  abus 
de  la  force,  abus  de  la  richesse,  abus  de  la  ruse,  abus  de 
l'ascendant.  Il  y  a,  à  ce  sujet,  dans  l'œuvre  législative  de 
Jacme  I"  diverses  séries  de  dispositions,  dont  les  unes  ont 
un  caractère  particulier  à  certains  pays,  les  autres  sont 
générales  et  applicables  à  tous  les  Etats  de  la  couroniie 
aragonaise. 

Parmi  les  premières,  nous  en  citerons  deux  relatives 
au  comté  de  Barcelone  et  destinées  à  prévenir  les  per- 
turbations que  les  attraits  des  jeunes  catalanes  et  les 

«  Consi.  de  CataL,  liv.  1,  lit.  XLUI,  const.  6. 
3  Id.  ,id.,  liv.  lil,  Ut.  XV,   us.  5  à  9. 

'  Beaunianoir,  Coutumes  de  Beauvoisis,  édit.  de  la  Société  de 
PHist.  de  France,  chap .  LXl,  g  59, 60  et  64 . 


154  biWE  m  ,  OHAFItlB  ifl 

obannes  encore  plas  grande  des  richesses  de  lenrs  pères 
pouvaient  jeter  dans  la  famille  et  dans  la  société.  A  fea 
prière  des  bourgeois  de  Barcelone,  la  stipulation  pénale 
en  cas  de  refus  de  conclure  un  mariage  est  déclarée  obli- 
gatoire, «  nonobstant  la  loi  qui  la  prohibe  ^,  et  toute 
damoiselle  ou  fille  de  prud*bomme  qui  se  laisse  enlever 
ou  se  marie  sans  le  consentement  de  ses  parents  est  privée 
de  ses  droits  à  la  succession  d^  biens  paternels  et  mater- 
nels, tandis  que  le  ravisseur  est  puni  de  Texil  à  perpé- 
tuité *. 

Un  certain  nombre  de  dispositions  qmî,  à  quelques 
modifications  près,  s'étendent  à  tous  les  Etats  de  la  cou- 
ronne d'Aragon,  réglementent  Tordre  public  tel  qu'où  le 
comprenait  alors,  c'est«à-dire  dans  son  acception  la  plas 
étendue.  Les  édits  de  paix  et  de  trâve,  les  ordonnances 
contre  l'usure,  les  lois  somptuaires,  les  prescriptions  qui 
règlent  certains  rapports  sociaux,  celles  qui  touchent  aux 
questioqs  religieuses,  forment  les  divers  degrés  de  cette 
échelle,  qui  s'élève  de  la  répression  des  délits  les  plas 
vulgaires  à  la  réglementation  de  faits  du  domaine  exclusif 
de  la  vie  privée  ou  de  la  conscience. 

*  Const,  deCatal.j  vol.  I,  liv.  Y,  tit.  1,  const.  4.  Ces  paroles, 
t  nonobstant  la  loi  qui  la  probibe»,  font  allusion  à  ce  passage  du 
Digeste  :  <  Inhanêstwn  visum  est  vinculo  pema  matrimonia  astringi.^ 
(Liv.  XLV,  lit.  1,  1.  Titia).  Le  droit  canon  est  en  cela  conforme 
au  droit  romain.  (Yoy.  Décret,  de  Grég,  IX ^  liv.  IV,  lit.  \y 
cbap.  ^^  et  29.) 

^  Deux  textes  de  cette  ordonnance  se  trouvent  dans  le  recueil  légis- 
latif delà  Catalogne:  l'un,  en  catalan,  est  daté  de  Yaieooe  le  44  des 
kalendes  de  septembre  4249  (vol.  1,  liv.  Y,  tit.  1,  const.  2.  Cf. 
vol.  II,  liv.  V,  lit.  I,  privil.  4);  c'est  une  erreur  évidente,  car  celle 
constitution  ne  peut  être  antérieure  à  4239,  Jacme  y  prenant  le  titre 
de  roi  de  Yalence  et  l'ayant  promulguée  dans  cette  capitale.  Le  se- 
cond texte  est  en  latin  ;  il  est  inséré  dans  le  recueil  des  pragmatiques 
{fiùMt.deCtkial.,  vol.  II,  liv.  IX,  lit.  111,  prag*  1),  et  porte  la  date 
du  19  des  kalendes  de  septembre  4244,  fui  doH  être  la  véritable. 


1.0IS  C0IVr«E  L*USDBE  ,155 

Les  paix  et  les  trêves  proclamées  par  les  rois  .et  par 
rÉglise  ayaient  pour  but,  non-seulement  d'atténuer  le^ 
maux  occasionnés  par  les  guerres  privées ,  piais  aussi 
d'arrêter  les  progrès  du  brigandage  etd'assqrerla  répres- 
sion des  crimes  les  plus  dangereux  par  divers  moyens, 
dont  le  plus  général  fut  la  restriction  du  droit  d*asile  d^ns 
les  églises  ^ 

^L'usure  avait  atteint,  à  Tépoque  des  croisades,  les 
proportions  d*une  calamité  sociale.  La  pénurie  du  ninné- 
raire  mettait  les  possesseurs  et  les  cultivateurs  de  la 
terre,  nobles  ou  colons,  à  la  merci  des  gens  qui  fraisaient 
métiçr  de  prêter  de  l'argent  à  intérêt.  Le  roi  lui*mâme, 
malgré  les  lois  qu'il  édictait  contre  cet  abus,  fut  souvent 
obligé  de  subir  des  exigences  qu'en  fait  il  était  impuis- 
sant à  réprimer. 

Ob  sait  qu'on  désignait  sous  le  nom  d'usure  le  prêt  à 
intérêt,  qui,  d'une  manière  générale,  était  prx>scrlt  par 
l'Église  comme  contraire  aux  sentiments  de  ,1a  charité 
chrétienne  *.  En  France,  Louis  IX,  imbu  des  principes 
du  droit  ecclésiastique,  définit  l'usure,  dans  upe  ordon- 
i^nce  de  1254,  tout  ce  qu'on  exige  en  si^s  du  capital  ^,  et 
l'interdit  sévèrement  aux  chrétiens  et  aux  juifs. 

Il  était  difficile  de  prohiber  absolument  le  prêt  à 

*  Const.  de  Calai.,  vol.  1,  liv.  X,  lit.  VIH,  const.  7  à  11,  et 
vol.  ^U,  liv.  X,  lit.  III ,  const.  1  et  2.  Les  constltutioA$  4  ^ejl  S  .du 
til.  UI,  liv.  II,  vol.  I,  concernent  les  trêves  ,co,nventioi?ne>Jes.  Voyez 
aussi  Marca  hûpanica^  append.,  col.  440^,  1.406,  H\i  et  f  433- 

3  Voyez,  pour  le  prêt  à  Intérêt  s^u  temps  de  Jacme  l*'j  d'après  le 
drqjt  canon  :  Gratiani  decrelum,  pars  I,  diêfinctio  XLyiI,  cawmes  4 , 
2  et  8  ;  pars  II,  causa  XIV,  qucBsHo  4,  canones  7,  9, 40,  44  et  42  ; 
Greg.  IX  décrétai. ,  lib.  V,  cap.  xix  ;  Sext.,  lib.  V,  cap.  v. 

3  c  Toutes  les  convenences  qui  ^unt  fêtes  en  t^le  maniefp  iiue  li 
ereapçiers  ne  ,pot  perdre  ^t  si  pot  gaaigner,  par  le  cpnypi^^nce , 
snnt  ^Lzures et qua^t  ^  biu  »,  dit  ^uman<^ir  f^Çqîftu9i(ifs  i^e  ^ciafi- 
vaisiêj  cap.  Lxvni,  g  47). 


156  LITRE  III,  CHAPITRE  ?l 

intérêt  dans  un  pays  commerçant  comme  la  Catalogne. 
La  loi  civile  semble  le  permettre  aux  chrétiens,  pais- 
qa*ane  constitution  de  4234,  promulguée  dans  les  corts 
de  Tarragone,  auxquelles  assistaient  les  prélats  catalans, 
fixa  rintérét  de  l'argent  à  douze  pour  cent,  en  autorisant 
expressément  les  juifs  à  recevoir  vingt  pour  cent  *.  Hais 
cette  partie  de  la  constitution  de  1234  n*a  pas  été  insérée 
dans  le  recueil  législatif  de  la  Catalogne  *,  tandis  qu'une 
autre  ordonnance  delà  même  année  déclare  nulles,  comme 
usuraires  et  entachées  de  fraude,  les  ventes  faites  pour 
dissimuler  un  prêt  à  intérêt  *  :  c'était  proscrire  la  consti- 
tution de  rente,  que  l'Église  a  presque  toujours  tolérée. 
De  ce  qui  précède  on  peut  conclure  qu'en  Catalogne  le 
prêt  à  intérêt  entre  chrétiens  était  passé  dans  les  mœurs,  ' 
quoique  implicitement  désapprouvé  par  les  lois.  En  Ara- 
gon et  à  Valence ,  la  loi  ne  se  bornait  pas  à  garder  le  si- 
lence à  ce  sujet,  elle  refusait  expressément  aux  chrétiens 
toute  action  en  justice  pour  se  faire  payer  les  intérêts 
d'une  somme  prêtée;  les  nobles  étaient  en  outre  punis  de 
la  confiscation  du  capital,  dont  une  moitié  restait  au  débi- 
teur et  l'autre  était  attribuée  au  roi.  Le  code  de  Valence 
prononce  même  cette  peine  contre  tout  noble  qui  ferait 
un  trafic  quelconque  pour  en  retirer  du  profit,  à  moins 
qu'il  ne  s'agisse  de  vente  ou  d'échange  de  chevaux  ^. 

*  A  Valence,  et  probablement  aussi  en  Catalogne  et  en  Aragon  , 
les  Sarrasins  jouissent  du  même  privilège  que  les  Juifs,  relativement 
au  taux  de  Tintérêt.  (Furs  de  Valenda,  lib.  IV,  rubrica  XIV,  fur  4 .) 

3  Nous  avons  déjà  parlé  (t.  I,  p.  360)  de  Pacte  qui  renferme  ces 
dispositions.  On  n'a  admis,  dans  les  CansiituHons  de  Cathalunya 
(vol.  I,Uv.  X,  titre  VIII,  const.  44}  que  ce  qui  est  relatif  à  la  paix 
et  tréie. 

3  Contt.  de  CataL,  vol.  I,  Hv.  IV,  tit.  XX,  const.  4. 

*  Fueros  de  Aragon,  t.  I,  liv.  IV,  tit.  de  Usuris  et  de  MUUeueura- 
rio  ;  -  Pnvil  de  Val,  fo  IV,  n*  4  3  ;  Fur$  de  Valeneia,  lib.  IV,  rubriea 
XIV, /Vf<4, 40  et  44. 


LOIS  GORTIIB  l'OSURË  157 

Enfin,  dans  ces  deux  royaumes,  les  chrétiens  qai  prêtent 
à  intérêt,  les  Juifs  et  Sarrasins  qui  perçoivent  un  taux 
supérieur  à  vingt  pour  cent,  confondus  sous  le  nom 
d*usuriers,  sont  déclarés  infâmes  et  incapables  de  servir 
de  témoins^ . 

Ce  taux  de  vingt  pour  cent  avait  été  établi  par  une 
ordonnance  de  1228,  avec  cette  restriction  que,  dès  que 
la  somme  des  intérêts  payés  aurait  égalé  le  capital,  celui- 
ci  cesserait  de  produire  intérêt,  ce  qui  limitait  forcé- 
ment la  durée  des  prêts  à  cinq  ans.  Ces  mêmes  règles 
furent  confirmées  par  une  ordonnance  générale  sur  la 
question  de  Tusure,  rendue  à  Girone  le  5  des  kalendes 
de  mars  1240  (25  février  1241),  et  applicable  «  à  tous  les 
sujets  des  terres  et  royaumes  >  du  souverain  aragonais. 
Il  y  est  dit  que,  «  au  moment  où  la  piété  des  chrétiens  se 
décide  à  s*abstenir  des  extorsions  usuraires,  Tinsatiable 
avarice  des  juifs  a  recommencé  à  sévir  au  point,  non-seu- 
lement d*exiger  de  ceux  qui  empruntent  de  l'argent  pour 
leurs  besoins  des  intérêts  excessifs,  dépassant  le  taux 
que  les  constitutions  royales  ont  établi,  mais  encore  de 
ne  pas  craindre,  au  grand  détriment  de  toute  la  terre  du 
roi,  de  réclamer  les  intérêts  des  intérêts.  »  Cette  dernière 
stipulation  est  rigoureusement  prohibée;  des  précau- 
tions sont  prises  pour  éviter  les  infractions  à  cette  ordon- 
nance: il  est  enjoint  aux  juifs  de  chaque  localité  de  pro- 
mettre sous  serment  de  se  conformer  à  ces  prescriptions, 
et  les  notaires  ne  peuvent  rédiger  un  contrat  de  prêt 
qu'après  s'être  assurés  que  le  juif  prêteur  est  compris 
dans  la  liste  de  ceux  qui  ont  juré  l'observation  de  l'ordon- 
nance. S'il  est  prouvé  qu'un  juif  a  enfreint  ou  éludé  ces 


<    Furt  de  Val,  lib.  II,  ruMoa  VU,  fur  5,  el  lîv.  IV,  rubr.  IX , 
/Wr3. 


158  LtY.  m,  cSA^.  n 

prescriptions,  il  perd  le  capital,  qui  est  partagé  par  moi- 
tié entre  le  dénoneiatenr  et  le  trésor  royal  ^ 

En  124i  et  en  1242,  le  roi,  ayant  à  se  prononcer  sur 
quelques  difficultés  spéciales  au  règlement  des  intérêts 
entre  préleur  et  emprunteur,  trancha  toujours  les  ques- 
tions dans  le  sens  à  la  fois  le  plus  équitable ,  mais  le  plus 
favorable  au  débiteur  V 

L'ordonnance  de  Tarragone  de  1234,  dont  nous  par- 
lions tout  à  rheure ,  fixe  le  tarif  du  blé  et  de  Torge,  et 
interdit  l'accaparement  et  Tachât  en  masse  de  la  première 
de  ces  denrées;  elle  essaye  d'imposer  des  limites  au  luxe 
de  la  table  et  des  vêtements.  Le  roi,  non  plus  qu'aucun 
de  ses  sujets ,  ne  peut  manger  de  plus  de  deux  sortes  de 
viande  en  un  jour,  non  compris  les  viandes  salées  et  le 
gibier,  et,  de  ces  deux  espèces,  une  seule  peut  être 
accommodée  en  ragoût.  Il  est  interdit  au  souverain, 
comme  à  tous,  de  porter  des  vêlements  où  l'or,  l'argent, 
la  soie,  les  fourrares,  soient  employés  comme  ornement; 
l'hermine  et  la  peau  de  loutre  sont  seules  autorisées 
dans  le  capuchon  et  à  l'ouverture  des  manches. 

Les  relations  entre  diverses  catégories  de  personnes 
sont  réglées  par  la  même  constitution.  Aucun  noble  ne 

^  Celte  ordonnance  a  été  insérée  :  4<*  dans  les  ConsU  de  Catal.^ 
vol.  m,  liv.  lY,  tu.  VI,  const.  2  (traduction catalane)  ;  ^«'dans  les 
Fupro*  d'Aragon ,  t.  II,  liv.  IV,  tit.  de  Usuris,  p.  105  (texte  latin); 
30  dans  les  Privilèges  de  Valence,  f®  Ilf ,  n*  41  (texte  latin).  On  la 
trouve  aussi  dans itf^arcaftt^amca,  append.,  col.  1433.  Jacine  rendit 
encore  pour  sa  seigneurie  de  Montpellier  (5  avril  1259,  1*'  marô 
1262)  et  pour  la  ville  de  Torlose  (22  janvier  1263),  des  ordonnances' 
qui  renfermaient  des  dispositions  analogues.  (Germain,  Histoire  du 
commerce  de  Mrnitpellier,  t.  I,  Pr.,  p.  240  —  Archives  d'Aragon, 
reg.  XII,  fol.  13  et  39). 

^  Priv,  de  VaL,  ^  IV,  n®  13,  et  Marca  hispanicaf  app. ,  col.  1436. 
Voyez  encore,  pour  la  question  de  Tusupe  en  Catalogne,  Mèroa  hisp.f 
app.,  col.  1415,  1420  et  1437. 


LO»  D^ORDU  PUBLIC  159 

peat  entretefiir  à  sa  suite  pins  d*UD  joofglenr^;  ceux-ci 
ne  doivent  point  s*asseoir  à  la  table  des  chevaliers.  Une 
dame  noble  ne  peut  partager  sa  table  ou  son  lit  avec 
une  jongleuse,  ni  lui  donner  un  baiser.  Le  fils  d*un 
chevalier,  s*il  n'est  lui-même  chevalier  ni  arbalétrier, 
ne  peut  s'asseoir  à  la  table  d'un  chevalier  ou  d'une 
dame,  ni  porter  les  chausses  rouges,  à  moins  qu'il  ne 
soit  seigneur  de  chevaliers.  La  compagnie  d'une  dame 
noble  est  une  sauvegarde  pour  tout  homme,  noble  ou 
non,  coupable  de  tout  autre  crime  que  celui  d'homicide. 
Mais,  de  toutes  les  dispositions  qui  précèdent,  aucune 
n'a  été  insérée  dans  le  recueil  des  constitutions  de  Cata- 
logne*; on  doit  donc  considérer  quelques-unes  d'entre  elles 
comme  des  règlements  transitoires,  et  le  plus  grand 
nombre  comme  des  tentatives  infructueuses  pour  sou- 
n^ttre  à  l'action  de  la  loi  des  faits  qui,  par  leur  nature, 
doivent  nécessairement  lui  échapper. 

Chose  singulière,  et  qui  s'explique  pourtant  si  Ton 
tient  compte  de  l'état  des  esprits  à  cette  époque  de  tran- 
sition ,  la  société,  qui  ne  croit  pas  avoir  le  droit  de  punir 
certains  crimes  s'ils  ne  sont  poursuivis  par  une  accusa- 
tion privée ,  cherche  à  pénétrer  dans  les  actes  les  plus 
intimes  de  la  vie ,  dans  les  replis  les  plus  secrets  de  la 
conscience,  pour  y  détruire  dans  leur  germe  des  maux 
plus  imaginaires  que  réels. 

*  On  désignait  ordinairement  au  Xlli*  siècle,  sous  le  nom  de  jon* 
^Zeur,  des  troubadours  de  second  ordre,  qui  réunissaient  souvent  à 
un  médiocre  talent  de  poêle  une  certaine  habileté  de  bateleur  et  de 
baladin. 

^  Voyez,  pour  le  texte  complet  de  la  constitution  de  Tarragone  de 
1234  yUarca  hisp.^  app.,  col.  U28,  et  la  collection  des  documents 
inédits  des  archives  d'Aragon  (t.  VI,  p.  404),  qui  reproduit  ce  docu- 
meot.  d'après  Toriginal  conservé  dans  ce  dépôt  sous  le  <n^  Gdades 
parchemins  de  Jacme  !«'. 


160  LIVBE    III,    CHAPITBBVI 

Il  faut  le  reconDaiIre  cependant ,  en  ce  moment  où 
TEarope  entière  s'essayait  à  une  réorganisation  qui ,  mal 
dirigée,  pouvait  lui  être  fatale,  certaines  questions,  celle 
de  l'orthodoxie  entre  autres,  touchaient  de  trop  près  à 
l'ordre  public  et  aux  institutions  politiques  pour  qu'un 
roi  chrétien  ne  se  laissât  pas  entraîner  à  des  rigueurs 
contre  les  propagateurs  des  fausses  doctrines.  L'hérésie 
était  alors  un  crime  social  autant  que  religieux,  et  la 
juridiction  séculière  s'unissait  pour  le  frapper  à  celle 
de  l'Église.  La  procédure  se  déroulait  devant  le  juge 
ecclésiastique,  seul  compétent  pour  établir  la  culpabilité; 
mais,  celle-ci  une  fois  constatée ,  et  le  condamné  soumis 
aux  peines  canoniques  qui  n'entraînent  jamais  reiïnsion 
du  sang,  le  coupable  était  repris  par  le  juge  laïque,  qui, 
acceptant  l'instruction  du  premier  juge,  appliquait  la 
loi  écrite  dans  le  code  séculier.  Par  cette  seconde  sen- 
tence, l'hérétique  était  ordinairement  condamné  à  la 
peine  du  feu,  ses  cendres  jetées  au  vent,  ses  biens  con- 
fisqués au  profit  du  seigneur  dominant  ou  du  roi  ;  la 
maison  qui  lui  avait  donné  asile  était  rasée*.  Ces  peines 
sont  édictées  en  ces  termes  exprès  dans  le  code  de 
Valence  et  non  dans  celui  de  la  Catalogne,  qui  ne  parle 
que  de  châtiments  corporels  indéterminés  et  de  la  con- 
fiscation des  biens;  mais  elles  étaient  également  appli- 
quées partout.  Les  constitutions  catalanes  mettent  hors 
la  loi  le  suspect  d'hérésie,  en  l'excluant  du  bénéfice  des 
édits  de  paix  et  de  trêve,  et  en  lui  refusant  l'assistance, 
des  tribunaux  dans  toute  affaire  civile  ou  criminelle; 
elles  instituent  des  commissions  inquisitoriales  compo- 
sées d'un  clerc  nommé  par  l'évéque  et  de  deux  ou  trois 


*  Fursde  Valence,  lib.  IX,  ru6.  VII,  furs  63,  66  et  72  ;  lib.  Ytll, 
r^b.  II,  fur%9. 


LOIS  RELIGIEUSES  161 

laïques  désigQés  par  le  roi;  elles  imposent  enfin  les  obli- 
gations les  plas  rigoureuses  aux  bayles  et  aux  viguiers 
pour  la  poursuite  des  hérétiques  et  des  suspects  d'hé- 
résie *. 

Il  est  essentiel  de  remarquer  que  le  clergé  de  Catalogne 
et  d'Aragon  a,  dans  Tordre  civil  et  politique,  une  im- 
portance qui  est  refusée  à  celui  du  royaume  de  Valence. 
Jacme  a  trouvé  la  suprématie  cléricale  fortement  établie 
dans  ses  États  patrimoniaux.  Ainsi,  par  un  souvenir 
de  l'époque  gothique,  les  évéques  intervenaient,  non- 
seulement  pour  faire  observer  les  paix  et  les  trêves ,  mais 
encore  pour  recevoir  le  serment  de  certains  magistrats 
de  Tordre  civil*;  ainsi  Tacquisition  des  immeubles  par 
les  clercs  { amortizacion)  n'était  pas  prohibée  en  Cata- 
logne comme  elle  le  fut  à  Valence  ^ 

Durant  les  premières  années  de  son  règne ,  le  Conquis- 
tador ne  se  sent  pas  la  force  de  secouer  le  joug  clérical  ; 
en  1234  encore,  au  moment  où  TÉglise  lui  prête  un 
puissant  concours  moral  et  matériel  pour  la  conquête  de 

*  Voyez  les  ordonnances  de  paix  et  de  trêve  mentionnées  ci- des- 
sus, elConst.  de  Catal.,  vol.  I,  liv.  I,  tit.  IX,  const.  2  à  7.  il  est 
curieux  de  rapprocher  des  peines  sévères  édictées  au  XIIK  siècle 
contre  les  hérétiques  le  paragraphe  des  usatges  où  Ramon  Beren- 
guer  1^' déclare  que  «tous  hommes,  nobles  ou  non  nobles,  rois  et 
princes,  magnats  et  chevaliers,  vilains  et  paysans,  marchands  et 
commerçants,  pèlerins  et  voyageurs,  amis  et  ennemis,  chrétiens  et 
Sarrasins,  juifs  et  hérétiques,  peuvent  se  lier  à  lui  et  à  ses  succes- 
seurs, et  leur  recommander  leurs  personnes,  leurs  femmes,  leurs 
enfantset  tous  leurs  biens.  »  {Const,  deCatal-,  vol.  I,  liv.  1,  tit. 
XVIII,  us.  4.)  La  différence  de  rigueur  indique  la  différence  des 
temps.  Ce  qui  n^était  au  XI*  siècle  qu'une  infraction  aux  lois  de 
l'Eglise  est  devenu  auXIlI»  un  danger  pour  la  société,  qui  cherche  à 
s'en  préserver  par  tous  les  moyens  en  son  pouvoir. 

2  Const.  de  Cat.,\o\.  I,liv.I,tit.  XLllI,  const.  4, et  liv.  Vil,  tit.  I, 
us.  4,  et  vol.  111,  liv.  X,  tit.  III,  const.  2. 

'  Idem.^id.  liv.  1,  tit.  III,  us.  4  etcoost.  2. 

T.  u.  Il 


162  LIVRE  111^  dUPITRE  YI 

Valence,  il  se  laisse  dicter,  par  les  prélats  catalans  apx 
corts  de  Tarragone,  quelques  dispositions  qui  n^auraient 
jamais  dû  trouver  place  dans  la  loi  civile. 

Il  est  défendu,  par  exemple ,  à  tout  laïque  de  discuter 
sur  la  foi  catholique,  eu  public  ou  en  particulier,  sous 
peine  d'excommunication  et  de  suspicion  d*hérésie  ;  per- 
sonne ne  peut  avoir  de  traduction  en. langue  vulgaire 
(romanç)  des  livres  de  l'Ancien  ou  du  Nouveau  Testa- 
ment, et  celles  qui  existent  doivent  être  remises  à  Tévéque 
pour  être  brûlées*.  En  présence  des  efforts  que  révèle  le 
code  de  Valence  pour  tracer  nettement  la  limite  qui  doit 
séparer  le  domaine  temporel  du  spirituel*,  il  est  impos- 
sible de  ne  pas  attribuer  les  empiétements  de  ce  dernier, 
si  marqués  dans  les  lois  catalanes  et  même  dans  les 
fueros  aragonais ,  à  la  pression  exercée  sur  la  législation 


*  Const,  de  Cat.^  vol.  I,  liv.  I,  til.  I,  consl.  1  el  2.  Cf.  Marcahispor 
nica^  append.  col.  4425.  Dans  les  mêmes  corls,  les  antiques  privi- 
lèges du  clergé  furent  conûrinës  et  étendus.  (Voy.  Const,  de  Cat., 
vol.  I,  liv.  I,  lit.  IV,  const.  4  el2.)  Le  recueil  Catalan  ne  renferme 
aucune  disposition  de  Jacme  l*""  relative  aux  blasphémateurs.  Nous 
trouvons  cependant  aux  archives  d'Aragon  (Reg.  XIX,  f°  4  62).  une 
pragmatique  datée  de  Barcelone  le  43  des  kalendes  de  septembre 
(20  août)  4274,  rappelant  le  respect  que  «chrétiens,  juifs  el  Sarra- 
sins doivent  au  corps  de  Jésus-Christ  »,  el  défendant  tout  blasphème. 

^  Celte  distinction  préoccupe  la  plupart  des  législateurs  el  des 
jurisconsultes  du  XIII"  siècle:  aBonnecoze  est,  dit  Beaumanoir 
et  porfitavle,  et  selonc  Dieu  et  selonc  le  siècle ,  que  cil  qui  gardent 
le  justice  esperituel  se  mêlassent  de  ce  qui  aparlienl  à  respéritua* 
lilé  tant  .solement  et  laissassent  justicier  et  esploitier  à  le  laie  justice 
les  cas  qui  apartiennent  à  le  temporalité ,  si  que  par  le  justice  espe- 
rituel et  par  le  justice  temporel  droit  fust  fes  à  çascun.  »  (^Cout.  de 
Beauvoisis^  cap.  xi,  §1.)  Voy.  aussi  les  Établissements  de  saint  Louis, 
liv.  I,  cap.  XV,  \yiUf  Lxxxiv,  cxxiii,  el  Andrew  Bornes,  the  Myrror 
of  justice,  ca^.  m  ,  sect  iv.  Seul  Alfonse  X  de  Castille  semble  au 
contraire  vouloir  augmenter  la  confusion.  {Siete  Partidas^  passim, 
el  en  particulier  Partida  /.) 


LES  imVS  ET  LES  SARRASINS  163 

pur  la  puissance  d'un  clergé  féodal  et  la  force  des  tra- 
dîtioDS. 

Jacme  semble  avoir  voula  se  soustraire  à  ces  influences 
dès  qu'il  eut  affermi  son  autorité  par  la  conquête  d*un 
second  royaume  sarrasin  ;  mais,  au  milieu  des  agitations 
intérieures  qui  suivirent  ce  nouveau  triomphe,  une  sorte 
de  rétractation  lui  fut  imposée  par  les  prélats  catalans  et 
aragonais  ;  c*est  du  moins  ce  qui  résulte  de  l'ensemble 
d'une  constitution  largeqient  confirmative  des  privilèges 
du  clergé,  promulguée  à  Lérida  le  2  des  nones  d'aTfil 
(4  avril)  1257*. 

Il  était  un  point  touchant  aux  questions  religieuses 
sur  lequel  l'autorité  séculière  ne  pouvait,  à  cette  époque, 
abdiquer  son  action:  nous  vouloos  parler  de  ce  qui  con- 
cernait les  juifs  et  les  Sarrasins,  tolérés  dans  tous  les 
États  aragonais,  mais  traités  d'une  manière  assez  inégale 
par  les  mœurs  et  par  les  lois.  Nous  parlerons  ailleurs  du 
rôle  de  ces  deux  catégories  d'individus  dans  la  société  de 
ce  temps  et  de  ces  pays  ;  il  nous  suffira  de  dire  ici  que 
les  juifs,  malgré  les  haines  et  les  mépris  populaires  qui 
s'acharnaient  spécialement  contre  eux,  jouissaient  d'une 
certaine  faveur  auprès  du  souverain,  à  cause  de  leur 
science»  de  leur  industrie  et  de  leurs  richesses.  Ils  pour 
vaient  remplir  les  offices  qui  ne  leur  donnaient  aucune 
juridiction  sur  les  chrétiens  ,  tandis  que  tous  les  emplois 
publics  étaient  interdits  aux  Sarrasins*.  Du  reste,  les  uns 


*  Const. de  CataL^  vol.  I,  liv.  I,  tU.  lil,  const,  4  :  Marca  Mapanicaj 
append.,  col.  4444. 

2  Const.  de  Catal.,  vol.  III,  liv.  I ,  tit.  V,  coost.  6.  —  U  parailrail 
qae,  dans  l'esprit  du  code  de  Valence ,  les  juifs  pouvaient  être  Dom- 
inés aux  foDctiooâdehayle;  mais  les  furs  oe  tardèrent  pas  à  être  cor- 
rigés sur  ce  point  par  les  pi»iviléges.  (  Voy.  Furs  de  Val,  liv.  I, 
rubr,,  111,  fur  83;  PHvil.  de  Val.,  f»  Xl¥,  »•  44.) 


164  LITRE  ni,  CHAPITfiE  TI 

et  les  antres  avaient  une  situation  légale,  et  certaines 
garanties  les  protégeaient  dans  leurs  contestations  avec 
les  autres  sujetsdu  roiV 

Il  leur  était  interdit,  il  est  vrai,  d*aYoir  des  esclaves 
chrétiens ,  et  de  garder  chez  eux ,  à  quelque  titre  que  ce 
fût,  des  femmes  chrétiennes*;  un  musulman  ne  pouvait 
se  faire  juif,  un  juif  ne  pouvait  se  faire  musulman  sous 
peine  «  de  la  perte  de  sa  personne'  »  ;  ceux  d'entre  eux 
qui  étaient  hommes  du  roi  ne  pouvaient  se  donner  à  un 
seigneur^;  mais,  en  somme,  malgré  cet  état  d'infériorité, 
il  n'était  pas  de  pays  dans  TEurope  chrétienne  où  les 
sectateurs  de  ces  deux  croyances  fussent  mieux  traités 
que  dans  ceux  où  dominait  le  Conquistador.  D'un  autre 
côté,  leur  conversion  au  christianisme  était  favorisée 
par  Tabolition  de  l'usage  qui  subsista  en  France  jus- 
qu'en 1363,  en  vertu  duquel  les  juifs,  en  embrassant  la 
foi  chrétienne,  devaient  renoncer  à  la  totalité  ou  à  une 
portion  de  leurs  bien3^  Les  nouveaux  convertis  furent 


*  Const.  de  Catal.^  vol.  III,  liv.  III,  lit.  VI  ,  us.  4;  Fueros  de 
Aragon^  t.  11,  liv.  11 ,  de  testibw; Purs  de  Val.^  liv.  IV,  rubr.  IX, 
fur  51.  —On  trouve  aux  archives  d'Aragon  (Reg.  XII,  f*  420)  une 
pragmatique  relative  à  la  forme  des  demandes  en  justice  entre  chré- 
tiens et  juifs  (5  novembre  4263). 

2  Const.  deCatal.^  vol.  III,  liv.  I,  tit.  V,  const.  7.  L^ordonnanco 
de  laquelle  sont  tirées  cette  constitution  et  les  six  qui  la  précèdent 
dans  le  recueil  catalan  se  trouve  dans  Marca  hispanica  ,  append., 
col.  4  445.  —  Voy.  aussi  Furs  de  Val.,  lib.  I,  rubr.  VIII,  fur. 
4"  et  2v 

^  Const.  de  Catal.,  vol.  111 ,  liv.  I,  tit.  V,  const.  8. 

*  Fueros  de  Aragon  y  t.  II.,  liv.  IX,  de  judœis  et  Sarracenis;  — 
Furs  de  Val.,  liv.  I,  rubr.  VIII,  far  3. 

^  Indépendamment  des  contributions  générales  ,  les  juifs  étaient 
soumis  à  un  impôt  particulier,  dont  leur  conversion  privait  le  sei- 
gneur ou  le  roi.  De  là  cette  mesure  inique ,  par  laquelle  on  voulait 
sauvegarder  les  intérêts  du  fisc. 


ORGAlflSATION  JUDICIAIRE  165 

protégés  par  la  loi  contre  les  insultes  de  leurs  anciens 
coreligionnaires;  mais,  dépassant  le  but,  un  édit  décide 
que,  toutes  les  fois  qu'un  prélat,  un  frère  prêcheur 
on  un  frère  mineur  voudra  faire  entendre  la  parole  de 
Dieu  dans  les  villes  et  les  localités  où  se  trouvent  des 
juifs  et  des  Sarrasins ,  ceux-ci  seront  contraints  par  les 
officiers  royaux  d'aller  écouter  leur  prédication ,  et  ne 
pourront  se  dispenser  de  cette  obligation  sous  aucun 
prétexte  * . 

Il  faut  remarquer  encore  que  cette  dernière  disposi- 
tion, bien  que  figurant  dans  une  ordonnance  de  1243 
applicable  «  tant  àl'Aragon,  à  la  Catalogne,  àMayorque 
et  à  Montpellier  qu'au  royaume  de  Valence  > ,  n'a  été 
insérée  ni  dans  les  furs  ni  dans  les  privilèges  de  ce  der- 
nier pays. 

Il  nous  reste  à  parler  de  l'organisation  judiciaire  delà 
Catalogne  ;  c'est  à  peu  près  celle  de  la  France  méridio- 
nale. Les  bayles  et  les  viguiers  se  partagent  les  causes. 
Les  premiers  sont  les  juges  ordinaires,  et,  en  outre, 
comme  les  baillis  français,  ils  exercent  certaines  fonc- 
tions administratives.  A  Barcelone  et  dans  quelques 
villes  ils  ont  sous  leur  dépendance  les  bayles  des  locali- 
tés moins  importantes.  Une  partie  de  leurs  pouvoirs  est 
déléguée  à  des  sous-bayles.  Il  y  avait  desbaylies  inféodées, 
d'autres  étaient  données  à  temps  V 

*  Voy.  la  traduction  catalane  de  la  constitution  du  3  des  ides  de 
mars  \%Vi  (43  mars  4243),  suivie  de  la  bulle  confirmative  du  Pape 
Innocent  lY,  dans  XesConst,  de  Catal,  vol.  I,  liv.  I ,  lit.  I,  const.  3. 
Le  texte  latin  de  la  même  constitution  se  trouve  dans  les  Fueros  de 
Aragon,  t.  I,  lib.  I.  deJudœiset  Sarracenis  baptizandis  ;  lesPrivi- 
légesde  Valence  contiennent  seulement  le  premier  paragraphe  de  cette 
loi  (f«  VI,  nM5). 

^  Les  bayles  avançaient  souvent  au  roi  le»  sommes  dont  la  percep- 
tion leur  était  confiée.  Les  archives  d'Aragon  (  Pi^rch.  de  Jacme  I*' , 


: 


166  UYfii  lii ,  Giuraia  ti 

La  jaridiction  des  vigaiers  élait,  selon  la  yieiile  expres- 
sion, démembrée  de  la  juridiction  ordinaire  des  bayles; 
elle  s^éteodait  sur  les  nobles  et  les  étrangers  pour  les 
questions  de  paii  et  de  trêves,  et  embrassait  quelques 
affaires  civiles  de  peu  d'importance.  Les  viguiers  étaient 
chargés  spécialement  de  veiller  au  maintien  de  Tordre, 
defaireexécuter  certaines  sentences  des  bayles  et  delà 
cour  du  roi;  ils  avaient  quelquefois  sous  leurs  ordres 
des  sous-viguiers;  ils  relevaient  des  bayles  et  étaient  assu* 
jétis  à  la  surveillance  des  évêques  en  matière  de  pour- 
suite des  hérétiques  et  d'observation  des  paix  et  trêves. 

Les  bayles  et  les  viguiers  devaient,  lorsqu'ils  ren- 
daient un  jugement,  être  assistés  des  prud'hommes  du 
lien. 

La  justice  était  publique.  Il  y  avait  deux  appels.  La 


n"*  809,  83:2 ,  83i  )  renferment  divers  comptes  des  revenus  de  la 
baylie  d3  Barcelone  et  des  baylies  qui  en  dépendaient.  Ces  comptes 
sont  présentés  par  Ramon  Dufort ,  bayle  de  Barcelone  ,  auquel  les 
revenus  de  sa  baylie  sont  engagés  par  avance.  Le  document  n*  83&. 
daté  de  Girone  40  des  kalendesde  mars  4240  (20  février  4244)  donne 
des  détails  curieux  sur  les  dépenses  et  Torganisation  de  la  maison 
des  souverains  aragonais.  La  reine  Yolande  y  reconnaît  avoir  reçu  de 
Durfort  :  deux  cannes  et  trois  palmes  de  panno  de  Orvins  (?)  coûtant 
34  sols,  remises  à  Enricus  et  devant  servir  aux  vêlements  de  la  reine; 
86  sols  4/2  de  presseto  ruheo  pour  les  vêtements  a  des  gens  de  la  suite 
et  de  la  chambre  de  la  reine  »  et  pour  ceux  de  Pedro,  majordome;  de 
Garcia  Arnalt,  argentier  de  la  reine;  de  maître  Samzo,  d*une  lavan- 
dière (lavaneria) ,  de  Torrion  ,  ingénieur  (enginierius)  et  de  quelques 
autres;  deux  cannes  parmi  Narbone  pour  l'abbé  de  MinoreUs;  une 
tunique  de  presseto  rubeo  pour  Sancha  Parez  ;  des  vêtements  pour 
Benedict,  diacre  de  la  reine,  et  pour  A.,  son  huissier;  une  tunique  de 
presseto  ruheo  pour  la  reine ,  coûtant  83  sols  6  deniers  ;  dîfTérontes 
sommes  employées  aux  vêtements  d'André,  cuisinier  (cu^ùimio) , 
du  flls  de  la  nourrice ,  de  deux  hommes  de  cuisine  {de  cuzina)^  de 
la  fille  de  Na  Jacometa ,  et  enfin  98  sols  pour  les  vêtements  du  a  fils 
de  la  reine.  » 


CARTÀ-PUEBLA  DE   FIGUERAlS  167 

conrdn  roi  ou  de  son  lieateDant  décidait  les  causes  en 
dernier  ressort. 

En  1265  et  en  i274,  Jacme,  organisant  la  commune  de 
Barcelone,  obligea  les  conseillers  et  les  prud'hommes  à 
prêter  le  secours  de  leurs  lumières  au  bayle  et  au  viguier 
toutes  les  fois  qu'ils  en  seraient  requis,  et  à  veiller  à  la 
bonne  administration  de  la  justice,  avec  pouvoir  d'en 
référer  au  souverain  lui-même  pour  faire  punir  les  juges 
négligents  ou  prévaricateurs  *. 


Avant  de  quitter  les  pays  catalans,  nous  devons  ajouter 
aux  remarques  qui  précèdent,  sur  la  législation  générale 
du  comté  de  Barcelone,  quelques  observations  relatives 
aux  privilèges  ou  cartas-pueblas  qui  modifiaient  le  droit 
commun  en  faveur  de  certaines  fractions  du  territoire. 
Ces  concessions  n'étaient  souvent  que  des  exemptions 
de  services'  on  d'impôts;  d'autres  fois  cependant  elles 
touchaient  au  droit  privé.  Deux  documents  de  ce  genre 
méritent  seuls  d'attirer  notre  attention  pour  la  Catalogne 
et  ses  dépendances:  ce  sont  la  carta-puebla  du  royaume 
de  Mayorque  et  celle  de  la  ville  royale  de  Figueras  *. 

Cette  dernière,  octroyée  en  1257,  ne  contient  en  fait 
de  droit  que  quelques  dispositions  de  peu  d'importance^ 
relatives  à  la  procédure  et  à  la  pénalité.  Il  y  est  fait  men- 

*  Voy.  Archives  d'Aragon,  Reg.  yu,  f  280,  el  n-  19,  f  129; 
Collecc.  de  doc.  ined,,  t.  VIII,  p.  137  et  143. 

'  La  carta-puebla  de  Mayorque ,  conservée  aux  arctiives  de  ce 
royaume  {Libro  de  franquezas  y  privilegios) ,  a  été  publiée  par 
D.  José-Maria  Quadrado,  dans  son  Historiade  la  œnquista  de  Mal- 
lorca,  append.  n»  4  ;  celle  de  Figueras  se  trouve  en  double  copie 
dans  les  Reg.  xv,  f"  56,etxVii,  f  84  des  archives  d'Aragon.  Elle  a 
été  imprimée  dans  la  collection  des  documents  inédits  de  ce  dépôt, 
t.   VIII,  p.  124. 


168  LITRE  III,   CB4P1TBE  TI 

tion  d*un  tribunal  distinct  de  celai  da  bayle  et  da  viguier: 
c*est  celui  de  la  cort^  institué  également  par  Jacme  à 
Mayorque  et  à  Valence,  à  l'imitation  des  ju«/tcîa«  des  villes 
aragonaises.  La  cort  est  investie  de  la  juridiction  ordi- 
naire à  laquelle  ressortissent  toutes  les  causes  civiles  et 
criminelles.  Le  tribunal  du  bayle  ne  conserve  qu'une 
juridiction  attributive  sur  les  affaires  du  patrimoine  et 
des  revenus  royaux. 

Le  privilège  ou  fuero  de  Mayorque^  daté  du  joar  des 
kalendes  de  mars  1230  (1"  mars  i931),  doit  nousarrêter 
plus  longtemps.  C'est  un  diminutif  de  code,  dans  lequel 
les  idées  réformatrices  de  Jacme  ont  pu,  pour  la  pre- 
mière fois  se  manifester  sans  trop  de  contrainte.  Les  ar- 
ticles clairs  et  précis  de  cette  charte  font  pressentir  déjà  la 
législation  de  Valence.  Ils  répondent  à  un  double  besoin 
de  ce  temps  et  de  ce  pays,  à  un  double  désir  du  roi  qui 
les  édjcta  :  attirer  par  l'appât  des  franchises  et  des  liber- 
tés de  nombreux  habitants  chrétiens  dans  l'Ile  conquise; 
affranchir  la  société  et  le  pouvoir  royal  des  entraves 
féodales  si  fortes  en  Catalogne,  sans  manquer  à  l'engage- 
ment d'étendre  aux  Baléares  la  législation  du  comté  de 
Barcelone. 

Les  habitants  de  Mayorque,  leurs  biens,  leurs  denrées 
et  leurs  marchandises,  furent  exemptés  de  tous  droits  et 
de  tous  services  tant  dans  leurs  pays  que  dans  les  autres 
Etats  du  roi  d'Aragon  :  point  d'hosi  ni  de  chevauchée, 
point  de  péages  ni  de  douanes,  libre  jouissance  des  dépais- 
sances,  des  bois  et  des  terrains  communs  ;  droit  de  pèche 
dans  les  eaux  douces  et  salées ,  à  l'exception  des  étangs 
qui  sont  réservés  au  roi. 

La  propriété,  qui,  en  Catalogne  comme  dans  le  midi 
de  la  France,  était  en  partie  féodale,  en  partie. allodiale, 
était  presque  exclusivement  allodiale  à  Mayorque ,  du 


FUERO   DB  MATORQUE  169 

moins  dans  la  portion  royale,  qai  formait  un  peu  moins 
de  la  moitié  de^le^ 

D'après  la  convention  qui  précéda  l'expédition  de 
Mayorqne ,  le  /î6ro  de  repartimiento  et  la  cartapuebhj  le 
roi  ne  se  réserva  le  service  féodal  que  sur  les  terres  attri- 
buées aux  magnats  et  sur  les  chevaleries  *.  Le  reste  fut 
«  franc  et  libre  >;  la  transmission  des  immeubles  ne  fut 
soumise  à  aucune  restriction,  si  ce  n'est  en  ce  qui  con- 
cernait les  aliénations  en  faveur  des  gens  de  main- 
morte ,  nobles  et  clercs,  à  qui  il  fut  interdit  d'acquérir 
des  biens  de  laïques  et  de  non  nobles.  Jacme  s'attachait 
à  morceler  la  propriété ,  à  supprimer  les  intermédiaires 
féodaux  entre  le  possesseur  immédiat  du  sol  et  le  souve- 
rain ;  or  son  œuvre  eût  été  rapidement  détruite  par  l'ac- 
cumulation des  immeubles  entre  les  mains  des  individus 
privilégiés,  qui  auraient  agrandi  leur  influence  aux  dépens 
de  l'autorité  royale ,  et  constitué ,  par  les  concessions  de 
terres  à  charge  de  redevances  et  de  services,  une  féodalité 
presque  indépendante. 

*  Voy.,  pour  la  manière  dont  s'opéra  la  répartition  de  BIlayorque 
el  pour  quelques  particularités  omises]dans  notre  tome  I,  la  note  B 
de  l'appendice. 

'  Voyez  notre  tome  1,  Pièc.  justiâcsrt.,  n»  YllI  ;  Colleccion  de  doc. 
ined.  del  archiva  de  Aragon,  t.  XI ,  Repartitn.  de  Mallorca  ;  Qua- 
drado,  Hist.  de  la  conq.  de  Mallorca,  append.  n<>  4.  —  Nous  avons 
dil  (t.  1,  p.  274}  que  la  chevalerie  (cavalleria)  aragonaise  était  un 
revenu  de  cinq  cents  sols  de  rente  affecté  à  Tentretien  d'un  cheva- 
lier. La  chevalerie  de  Mayorque  représentait  quelque  chose  d'ana- 
lugue;  mais  on  ne  sait  si  elle  consistait  en  terres  ou  en  revenus.  En 
Catalogne,  à  Fépoque  des  premiers  comtes,  d'après  Bosch ,  a  le  fief 
de  chevalier,  qui  était  dit  chevalerie  déterre,  n'était  qu'une  con- 
cession d'une  portion  de  terre  de  la  valeur  de  dix  setiers  de  blé , 
qui  faisaient  80  carterées  ,  chaque  setier  valant  8  carterées.  »  (7Vt. 
de  honor  de  Cathal.,  p.  325).  Lors  de  la  conquête  de  Séviile,  des 
immeubles  furent  concédés  à  titre  de  chevalerie.  (V.  Ortiz  de  Zuniga, 
Anales  de  Sevilla^  ad  ann.  4252;  Sempere,  Hist.  del  derecho  Esp,, 
lib.  II,  cap.  XIV.) 


\ 


170  LIYAE  m,  CHAPlTtlE  ^I 

Le  dnel  judiciaire ,  que  sâiot  Lottis  de  panriDt  pas  & 
détruire  en  France  ,  que  Jacme  n^osa  pas  proscrire  do 
royaume  de  Valence,  est  formellement  aboli  à  Mayorque, 
ainsi  que  les  ordalies  de  toute  sorte. 

Il  est  interdit  d'exercer  dans  aucune  partie  de  l'île 
le  droit  de  naufrage  ou  de  bris. 

Les  personnes  et  les  biens  sont  protégés  par  la  défense 
de  retenir  en  prison  préventive,  si  ce  n'est  pour  «  crime 
énorme  » ,  l'accusé  qui  offre  de  donner  caution;  par  l'obli- 
gation imposée  aux  magistrats  et  aux  ofiiciers  royaux  de 
se  faire  assister  de  deux  prud'hommes  au  moins  lorsqu'ils 
sont  obligés  de  pénétrer  dans  la  demeure  d'un  particulier; 
par  la  suppression  de  la  peine  inique  de  la  confiscation. 

L'organisation  judiciaire  nous  offre  un  nouvel  exemple 
de  cette  remarquable  institution  de  la  cort  fcuriaj,  des- 
tinée à  séparer  le  magistrat  qui  juge  les  affaires  privées , 
de  l'officier  qui  perçoit  et  administre  les  revenus  de  la 
couronne.  De  celte  façon,  le  juge,  affranchi  d'une  gestion 
financière  importante,  n'a  plus  intérêt  à  grossir  les 
amendes  et  les  frais. 

Les  fonctions  du  viguier  sont  les  mêmes  qu'en  Cata- 
logne. 

Les  appels  des  tribunaux  inférieurs  sont  portés  à 
VAhnudaina,  c'est-à-dire  au  palais  du  roi.  Le  souverain 
ou  son  délégué  y  décident  les  causes  en  dernier  ressort. 

Toutes  les  sentences  sont  rendues  publiquement  avec 
l'assistance  des  prud'hommes  du  lieu. 

Enfin  , 'avant  de  recourir  à  la  justice  ,  tous  les  citoyens 
peuvent  taire  décider  amiablement  leurs  contestations 
civiles  ou  criminelles  par  des  prud'hommes  qu'ils  choi- 
sissent. 

Les  autres  articles  de  la  charte  de  Mayorque  sont  in- 
spirés par  le  code  de  Barcelone,  qui  forme  d'ailleurs  le 


FUBfiO   DE   MAYORQUE  i7i 

droit  sappiétoire  des  Baléares  ;  mais,  grâce  à  la  législation 
donnée  par  le  roi  à  ces  iles,  la  féodalité  catalane  ne  par- 
vint jamais  à  s'y  implanter. 

Nous  n'avons  pas  encore  abordé  l'examen  des  deux 
œayres  législatives  fondamentales  de  JacmeP',  et  déjà, 
dans  les  lois  isolées  promulguées  par  ce  prince ,  nous 
voyons  se  dessiner  les  traits  principaux  de  la  réforme  qu'il 
poursuit.  AfBrmation  de  l'autorité  du  souverain  ,  affai- 
blissement des  principes  féodaux  ,  constitution  de  la  pe- 
tite propriété  allodiale  et  roturière  ,  suppression  des 
entraves  qui  gênent  le  commerce  et  les  transactions,  abo- 
lition de  droits  iniques  et  de  coutumes  contraires  à  la 
raison,  tolérance  pour  les  Juifs  et  les  Sarrasins  et  faveur 
pour  ceux  d'entre  eux  qui  se  recommandent  par  quelque 
mérite,  tentatives  pour  séparer  le  pouvoir  laïque  du  pou- 
voir ecclésiatique ,  les  fonctions  judiciaires  de  certaines 
fonctions  administratives ,  et  organiser  des  tribunau^i  in- 
dépendants qui  offrent  des  garanties  égales  à  celles  des 
tribunaux  ecclésiastiques,  supérieures  à  celles  des  jus- 
tices seigneuriales  :  tel  est  le  programme  que  le  Conquis- 
tador parvint  à  réaliser  sans  troubles  et  sans  secousses 
dans  diverses  parties  de  ses  États  catalans. 


CHAPITRE  VII. 


LÉGISLATION  DE  L' ARAGON.  —  Paero  de  Sobrarbe.  -  Origine  du 
droit  ^litique  aragonais.  —  Origine  du  droit  privé.  —  Code  de 
Huesca.  —  Considérations  générales.  —   Organisation  judiciaire. 

—  Lejutieia;  causes  de  T  importance  politique  de  ce  magistral.  — 
Juges  et  officiers  de  justice.  —  Lesjunlasetles jonleros.  —Etat des 
personnes  et  des  terres. —  Les  alleus  et  les  fiefs  en  Aragon.  —  Les 
bourgeois.  —  Les  paysans  et  les  serfs.  —  Les  Sarrasins  et  les  juife. 

—  ftocédure.  —  La  caution  base  de  la  procédure  aragonaise.  — 
Les  actes.  —  Les  témoins.  —  Formes  symboliques.  —  Le  serment 

—  Abolition  des  ordalies  vulgaires.  —  Le  duel  judiciaire.  —  Mino- 
rité ,  adoption  et  tutelle.  —  Desaffliaeion.  —  Régime  de  la  dot.  — 
Successions.  —  Testaments.  —  Donations.  —  Des  contrats;  cau- 
tions et  gages.  —  Prescription.  —  Droit  criminel.  —  Homicide.  — 
Composition;  frednm.  —  Vengeance  privée.  —  Assorements.  — 
Guenes  privées.  —  Trahison,  brigandage,  faux.  — Crimes  divers. 

—  Procédure  criminelle.  —  Coup  d'oeil  d'ensemble  sur  le  code  de 
Huesca. 


«  En  Aragon,  il  y  eut  d*abord  des  lois ,  puis  des 
rois\  >  D'après  la  tradition,  en  effet,  lorsque  les 
chrétiens  retirés  dans  les  montagnes  de  la  Navarre,  tou- 
Inrent  s'organiser  en  Etat  régulier,  ils  posèrent  d*abord 
les  bases  de  la  constitution  qui  devait  les  régir,  et,  avant 

*  Préface  des  Fuérof  d'Aragon,  édit.  de  4576. 


176  LIYilB  m  9   CHAPinS  TIl 

sépare  par  rincompatibilité  des  mœars ,  mot  paissant 
et  populaire  en  Espagne,  mot  souvent  répété  par  les 
étrangers  et  souvent  incompris  par  eux.  For,  tribunal , 
juridiction,  loi,  règle  protectrice  des  droits  publics  et 
privés ,  privilège  d'un  corps ,  d'une  ville ,  d'une  pro- 
vince, décision  souveraine  du  prince,  tradition  non 
moins  souveraine  du  peuple ,  prescription  écrite  et  cou- 
tume orale,  ce  sont  là  autant  de  nuances  du  mot  espa- 
gnol fuero  . 

Le  fuero  d'une  ville  est  la  charte  à  la  fois  politique 
et  judiciaire  octroyée  à  cette  ville  par  le  seigneur  ou  le 
roi.  Les  fueros  d'une  province  sont  les  privilèges  de 
cette  province  et  les  lois  de  toute  sorte  qui  la  régissent 
spécialement.  En  Aragon  et  à  Valence,  la  législation  poli* 
tique,  judiciaire,  administrative,  prise  dans  son  en- 
semble, constitue  les /tiero^  du  royaume;  chaque  pres- 
cription ,  chaque  article  esiun  fuero  distinct;  mais  on 
appelle  encore  ainsi  un  document  législatif  de  peu  d'é- 
tendue, bien  qne  renfermant  des  prescriptions  diverses, 
par  exemple  le  fuero  de  Sobrarbe.  Enfin  le  nom  de 
ville  ou  de  pays  qui  sert  à  désigne^  chacune  de  ces  chartes 
ou  chacun  de  ces  recueils,  indique  tantôt  la  région  à 
laquelle  ils  s^appliquent ,  tantôt  le  lieu  où  ils  ont  été 
promulgués.  Ainsi  les/uero«d'Huescade  1247,  les  fueros 
ou  le  fuero  d'Exeade  1265,  régissent  le  royaume  d'Ara- 
gon en  entier.  Ce  mot  célèbre  n'est  donc  pas  le  syno- 
nyme de  l'expression  privilèges  communaux  ou  provin- 
ciaux, il  ne  désigne  pas  toujours  une  loi  écrite  applicable 
seulement  à  la  ville  dont  le  nom  '  l'accompagne,  et  l'on 
aurait  tort,  par  exemple,  de  prendre  pour  une  charte 
communale,  comme  on  Ta  fait  trop  souvent,  les /iir^  ou 
fueros  de  Valence,  code  du  droit  privé  de  tout  un 
royaume. 


rUEROS   DE   HUESGA  177 

Jnsqa'eD  1247,  il  Q*exista,  pour  les /uero«  politiques 
on  judiciaires  de  TAragoD,  aucun  recueil  général  qui  en 
flxàt  netlement  les  termes  et  la  portée.  Il  n'y  avait  pas 
ici,  comme  en  Catalogne,  un  code  suffisant  pour  le 
plus  grand  nombre  de  cas ,  malgré  ses  imperfections  ; 
les  lois  gothiques  et  les  lois  romaines,  trop  éloignées 
des  coutumes  quasi-germaniques  chères  au  peuple  ara- 
gouais ,  ne  pouvaient  aucunement  servir  de  droit  supplé- 
toire  à  ce  royaume. 

Des  inconvénients  innombrables  naissaient  de  cette 
confusion.  Par  esprit  de  patriotisme,  les  Aragonais 
avaient  une  tendance  marquée  à  exagérer  leurs  coutumes 
dans  le  sens  barbare,  plutôt  qu'à  marcher  vers  les  idées 
romaines,  et  la  ténacité  de  leur  caractère  ne  pouvait 
faire  espérer  des  modifications  assez  profondes  dans 
leurs  mœurs  pour  rapprocher  leur  législation  de  l'idéal 
poursuivi  par  Jacme  I". 

Il  fallut  donc  se  borner  à  remédier  à  la  confusion  des 
lois  en  rédigeant  un  code,  dans  lequel  cependant,  grâce 
à  l'ignorance  de  la  plupart  des  seigneurs  et  des  bour- 
geois appelés  à  le  confirmer,  Jacme  et  les  légistes  glis- 
sèrent quelques-uns  des  nouveaux  principes ,  sous  le 
prétexte  de  détruire  des  abus.  Encore  le  roi  dut-il  déclarer 
qu'en  corrigeant  certains  points  que  les  anciennes  lois, 
«  non  sans  grand  inconvénient  pour  les  choses  tempo- 
relles et  grand  péril  pour  les  âmes,  avaient  faussés, 
moins  par  amour  de  la  justice  que  par  ambition  per- 
verse »,  il  ne  voulait  «  absolument  rien  ajouter  à  son 
pouvoir  ni  rien  retrancher  aux  libertés  acceptables  de 
ses  sujets*  «. 

*  Préambule  de$  Fueros  d^Âragon  «Jaos  nos  Pièces  justificatives 

(n»YII). 

T.  n.  12 


178  LiYAB  lit ,  GttA^itiiE  m 

Mais,  dâûs  ce  travail ,  les  questions  tonchant  directe- 
ment à  Torganisation  politique  furent  prudemment  écar- 
tées. Ce  n'était  qu'en  l'absence  d'une  constitution  nette- 
ment formulée  que  le  roi  pouvait,  dans  ses  moments  de 
force,  se  permettre  des  coups  d'État  pareils  à  ceux  q«6 
nous  avons  eu  l'occasion  de  signaler.  En  fait  de  droit 
privé,  la  prévoyance  des  ricos  homes  n'allait  pas  Jwsqu'à 
se  rendre  compte  des  changements  profonds  qui  peuvent 
naître  d'un  principe,  en  apparence  inoffensif,  introduit 
dans  une  loi  civile;  mais,  quand  il  s'agissait  de  leurs 
fueros  politiques,  les  fiers  barons  étaient  intraitables.  La 
rédaction  de  chaque  article  eût  fait  éclater  une  guerre 
entre  eux  et  le  roi ,  si  celui-ci  n'eût  pas  consenti  à  subir 
toutes  les  exigences  féodales. 

Dans  cette  situation ,  il  était  de  l'intérêt  de  la  no- 
blesse de  demander  la  rédaction  des  fueros  politiques  >  il 
était  de  l'intérêt  du  roi  de  refuser.  Tant  que  Jacme 
domina  les  barons,  il  s'efforça  de  laisser  tomber  dans 
l'oubli  la  constitution  aragonaise*;  mais,  à  la  suite  d'évé- 
nements que  nous  raconterons  plus  tard,  les  tncos  homes 
se  sentirent  assez  forts  pour  imposer  à  leur  souverain 
la  confirmation  expresse  et  la  rédaction  de  quelques-unes 
de  leurs  lois  politiques  :  ce  sont-les  ^iiero5  d'Exea  de  4265. 
Ils  se  composent  de  dix  articles,  dont  le  recueil  des  lois 
aragonaises  nous  a  conservé  le  sens  et  non  le  texte.  Nous 

*  Quelques  auteurs  ont  vu  dans  le  silence  des  fueros  de  Huesea 
sur  les  questions  politiques  un  oubli  prémédité  de  l'évêque  Vital  de 
Canellas,  chargé  de  préparer  le  projet  de  code;  pour  d'autres, 
Fomission  dos  lois  relatives  à  la  succession  de  la  couronne  serait  Te 
résultat  d-une  transaction  entre  le  roi  et  la  nation.  Ces  deux  opinions 
sont  dénuées  de  preuves.  (Voy.  Fueros  d'Aragon  ;  Discours  préli- 
minaire, par  MM.  Savait  et  Penen.  —  Marquis  de  Montôsa  et  Man- 
rique,  Historia  de  la  legislacion  y  reciiationes  d§l  derecho  dvil  de 
Espana.) 


pnopos  d«  14  légisUtipa  g^oérale  4u  royaume  ;  les  ^utr^d 
tron^erop^  leur  j^ace  dans  le  coiirs  de  mivfi  r^it. 

Quant  aux  fuere^  de  Hiiesca,  }eur  tex^  original  $n 
Ungae  aragODaise  estt  perdu  aujow^^d'hui»  e^t  le#rs  idiverseç 
dispositions,  (traduites  ep  ladio,  ^as  avoir  dépoui)i|^  J^r 
physionomie  quAsl -barbare,  (mi  élé  foivdaes  .dan$  j^ 
reeaeil  «iicore  en  jQ^age  .4es  fwtK^e  y  o^ervfmw  ^ 
Aragon.  Il  est  possible  çependi^nt  4^  wtaMir,  d*uAe  pa- 
nière à  jpett  près  oerlaine»  la  a^ri^e.de  lew^  Mvres.et  de 
leurs  titres  ^us  Tordre  primitif;  c'est  ce  que  nous  avQf)s 
faii  dans  nos  fkièces  juâtificaitive$  \  Ia  l^tor^  ^e  <ç^tte 
table  «niât  i  pronfver  comhiein  ie$  rédia^eurs  d^ss  fuefos 
étaient  préoccupés  d'imiter,  aa  moiips  dans  l^fu  iovjfk^  j 
les  fiaoaiiiients  diu  droit  romain.  Oblige»  de  codifier 
musiques  dispositions  qui  A'avaÂeDt  pas  d*analogU9§  d?^ 


*  N»  Vil.  —  Nous  avons  suivi  pour  celle  reconstruction  les  inéi- 
eatioMëeHM.  fiavaHetPdnen  (Discours  çrélinlnaioe  de  teur  Hi- 
iMHi  des  Pmros  y  ofoé^vancio^}  et  ^lles  du  marq^i^  4elRisoo,da!>s 
son  opuscule  intitulé  :  çtd  nonnullos  Aragoniœ  foros  emendationes. 

D'après  cederpierauleur,  le  code  de  Huesca  aurait  été  divisé  en 
quatre  parties.  I^a  première  se  terminerait  afec  le  ii/tre  êe  €(mtrqiti'' 
btuminorum  du  livre  V;  la  seconde  s'^(QO(jifpit  i^y^qiM'^P  MUe  ^ 
Orimaef^Ui  (liv.  yUl)  ;  1^  troisième  ju^^U'à  çelpi  ^e  Tabellionibus; 
tout  ce  qui  suit  ce  dernier  titre  jusqu'à  la  un  du  recueil  formerait 
la  dernière  partie.  Celle  divls;ion,  très  irrégulière  ei  tout  à  fait  nrW- 
traire,  m  nous  parait  avoir  été  iBoUvée,  si  allé  a  r^lteinent  axi^té  « 
qm  par  d^  aâodâ^tés  matérielles  de.eopie.  Les  /L))ïr|qpa';  de^  titres, 
dont  |K)U$  n'avons  que  la  traduction  latine,  ont  dû  être  primitive- 
meut  rédigées  en  aragonais  comme  le  code  lui-même  ;  mais  elles 
n'en  ont  pas  moins  été  calquées  sur  lesriibriqaei  d^s  loi6  romaines. 
Nous  Fenacquer^ps  i  Valence  1^  mèqie  système  de  tr^ft^ic^Qn  en 
langue  vulgaire  des  titres  du  code  de  Juslinien.  Lorsqu'il  a  fallu 
donner  une  forme  au  corps  des  fueros  d'Aragon  ,  celle  des  recueils 
impériaux,  si  familière  aux  légistes  de  l'époque,  s'est  naturellement 
présentée  à  l'esprit  des  légi^lateMcStd^^U^çca. 


180  LIVfiE  III,  CHAPITRE  TU 

les  lois  impériales,  ils  s*e(]forceQt  de  les  ranger,  aa  moyen 
de  rapprochements  puérils,  sous  des  titres  empruntés  au 
code  de  Justinien  ou  au  Digeste.  C'est  dire  que,  pour  la 
méthode,  le  recueil  d*Huesca  est  inférieur  à  ceux  qui  lui 
servent  de  modèles.  Il  est  incomparablement  moins  com- 
plet qu'aucun  d'entre  eux.  Un  titre  ne  comprend  souvent 
qu'une  ou  deux  dispositions  réglant  des  cas  particuliers  ; 
les  principes  généraux  de  la  matière  à  laquelle  ils  se  rap- 
portent n'y  sont -presque  jamais  posés. 

Faut-il  attribuer  les  lacunes  immenses  des  fiieros  à 
l'impuissance  de  ses  rédacteurs?  Non,  car  c'est  aux 
mêmes  hommes  que  Valence  doit  son  code  à  peu  près 
complet  pour  l'époque.  Il  faut  voir  dans  cette  imper- 
fection, d'un  côté,  le  désir  du  roi  de  donner  la  sanction 
des  cortès  et  la  sienne  au  plus  petit  nombre  possible  de 
coutumes  aragonaises;  de  l'autre,  le  refus  des  repré- 
sentants de  la  nation  de  laisser  combler  les  lacunes  de 
leurs  fueroB  au  moyen  d'emprunts  faits  au  droit  romain. 
On  trancha  la  difficulté  en  décidant  que  le  bon  sens  et 
Téquité  seraient  seuls  invoqués  en  cas  de  silence  des 
fueros.  Le  préambule  du  code  déclare  coupables  de  lèse- 
majesté  ceux  qui  contreviendront  à  cet  ordre,  et  appelle 
sur  eux  la  colère  royale  *. 

Le  droit  romain  avait  encore  gagné  sa  cause,  puisque, 
de  par  les  docteurs  de  Bologne ,  de  Montpellier  et  de 
Lérida,  il  était  le  seul  interprète  de  la  saine  raison  et  de 
l'équité.  La  porte  était  ouverte  aux  innovations;  le  pa- 
triotisme jaloux  des  Âragonais  avait  beau  se  tenir  sur 
ses  gardes,  il  pouvait  retarder  mais  non  empêcher  l'in- 
troduction des  idées  romaines  dans  la  législation  na- 
tionale. En  effet ,  la  cour  de  justice  présidée  par  le  roi 

^  Voy.  Préambule  des />Wr(»  dcHuesca. 


jw  _>r      <r 


0BGANI9ATI0N  JUDIGUIBE  181 

continua  à  baser  ses  décisions  plutôt  sur  les  principes  des 
lois  impériales  que  sur  ceux  des  fneros,  et,  en  Aragon 
comme  en  Catalogne,  ce  fut  là  un  des  sujets  de  plainte 
de  la  noblesse  contre  le  Conquistador  \ 

Cette  imperfection  du  Gode  aragonais,  qui,  loin 
d'obscurcir  la  gloire  du  législateur,  rehausse  son  habileté 
politi()ue,  nous  oblige  parfois  à  invoquer  des  secours 
étrangers  aux  fueros  pour  dégager  de  leurs  dispositions 
certains  principes  généraux  qu'elles  cachent  plutôt 
qu'elles  ne  les  exposent  '. 

Avant  tout,  il  convient  de  se  faire  une  idée  de  l'orga- 


*  Lorsque,  en4264,lesrtco«  ^ome«  aragonais  révoltés  reprochè- 
rent an  roi  de  s'entourer  de  légistes  qui  décidaient  les  affaires  d'après 
le  droit  romain  et  les  dérrétales  et  non  d'après  les  fueros,  Jacme 
répondit  «  qu-un  roi  doit  avoir  toujours  à  sa  cour  des  légistes,  dé- 
erélîstes  et  foristes,  pour  l'éclairer  sur  les  nombreux  et  divers  pro- 
cès qu'il  a  à  juger.  Vous  voyez,  ajouta-t-il,  qu'ayant  sous  notre  au- 
torité trois  ou  quatre  royaumes  que  Dieu  nous  a  octroyés,  nous 
avons  àrendre  des  sentences  sur  des  questions  de  nature  très-diverse, 
principalement  parce  que  tous  nos  Etats  ne  se  gouvernent  pas  par 
le  même  fuero  ni  la  môme  coutume,  et  ce  serait  une  honte  que  de  ne 
pouvoir  donner  notre  sentence  faute  de  connaître  le  droit  par  nous- 
même  ou  par  ceux  qui  nous  accompagnent.  Pour  ce  motif,  nous 
avons  à  nos  côtés  les  légistes  et  décrélistes  dont  vous  vous  plaignez; 
mais  est-ce  que  jamais  nous  avons  jugé  par  un  autre  fuero  que  celui 
d'Aragon  lorsque  celui-ci  a  suffi  pour  décider  la  question  ?  »  (Ghro- 
niquede  Jacme,  cbap.ccL ,  voy.  ci-après,  liv.  IV,  chap.  i.) 

*  Les  Observancias  (Observantiw  consuetudinesque  regni  Arago- 
num),  recueil  de  jurisprudence  rédigé  d'après  les  ordres  du  roi  AI- 
fonse  V,  par  le  justicia  Martin  Diez  de  Aux  ,  sont  la  source  la  plus 
authentique  d'interprétation  des  fueros  ]  mais  nous  n'avons  dû  y 
recourir  qu'avec  précaution  pour  ne  pas  nous  exposer  à  donner  à 
certaines  loisde  Jacme  I*'  un  sens  qui  souvent  ne  leur  a  été  attribué 
que  par  la  jurisprudence  des  siècles  suivants  Une  observation  ana- 
logue s'applique  au  Privilegio gênerai,  imposée  Pierre  111,  en  4283, 
et  à  sa  confirmation  par  Jacme  II,  en  4325,  qui  renferment  des 
principes  nouveaux  mêlés  aux  usages  anciens. 


i62  LI?R«  fil ,  GtfiPftHt  m 

DisatioD  jiiéi(>ifilire  de  i* Aragon,  sur  laquelle  le  rdcoMl 
légal  De  fournit  attcones  donnée».  La  seule  indtcalion  (]ne 
Ton  7  roDGontre  est  Ténuraération  qui  lermine  la  for- 
mule exécutoire  du  pl^ambule:  «  Baylea ,  jw(wta«i  çaf- 
médinas j  jurés,  juges ^  atcaydesi  fuuteros  et  officiers 
auKjuels  est  confiée  la  charge  de  donoaitre  les  eausiea  et 
de  les  juger.  » 

Au  soQQHiet  de  la  hiérarchie  judiciaire  se  trouvait  na- 
turellemeul  le  roi,  qui,  selon  la  coutuaie  du  moyeu  à^e, 
rendait  lui-même  la  justice,  et  pouvait  intervenir  d^ins 
toutes  lés  eauses  soit  seul,  soit  assisté  de  son  conseiL 
Seul ,  il  exerçait  le  droit  de  grâce  en  matière  criminelle, 
et  accordait,  dans  certains  cas,  des  délais  aux  débiteurs. 
Tels  sont  à  peu  près  les  seuls  pouvoirs  de  quelque  impor- 
tance que  les  fueros  laissent  à  la  royauté. 

Pour  la  plupart  des  affaires^  le  souverain  assemble 
son  Conseil ,  composé  des  ricos  homes  et  de  tous  tenx 
qu'il  juge  à  propos  de  convoquer.  Les  ricos  hotnês  ne 
peuvent  refuser  de  s*y  rendre,  car  c  ils  doivent  conseil- 
ler leur  roi,  dit  Vital  de  Ganelias  \  suivant  la  sagesse 
que  Dieu  leur  a  donnée.  »  A  ce  tribunal  suprême  appar- 
tient spécialement  la  connaissance  des  questions  rela- 
tives aux  preuves  de  noblesse,  à  la  dégradation  des 
thôvaliérs,  à  la  iilialion  des  Uobles,  à  là  réhabililatiOb 
des  individus  condamnés  à  une  peine  qui  entraîne  avec 
elle  rinfamie  '. 

Un  juge  qui  ne  se  croit  pas  assez  éclairé  pour  rendre 

*  Blancas,  Rerum  aragimensifim  eommehêmrii  «pud  Hisp.  Ulual^  , 
L  IIÏ,  p.  788.     • 

'  Lanote  d'infèmie^châtîment  d'origine  romaine^  a'existait  ^s 
en  Aragok^tiu  temps  de  Jacme  i*'  ;  nwis  il  y  avait  natureilemeatUDe 
infamie  de  fait  que  ropinion  publique»  sinon  la  loi,  tttaelNiit  à  cer- 
taines condamnations. 


une  sentence  peut  s'en  remettre  à  la  décision  c|u  roi  ; 
d'ailleurs  le  fait  seul  de  la  présence  de  ce  dernier  dans 
Qoe  yille  évoque  à  sa  cour  toutes  les  causes  dont  les  jus- 
tices du  lieu  sont  saisies. 

SoQS  Jacme  V\  Tinfant  héritier  de  l2^  couronne  n*a 
pas  encore  les  fonctions  administratives  et  judiciaires  qui 
lui  seront  dévolues  plus  tard.  Le  gouverneur  de  T Aragon 
D*est  pas  institué.  En  l'absence  du  roi,  il  y  a  seulement  un 
lieutenant  général  qui  le  représente,  mais  ne  jouit  pas 
entièrement  de  ses  prérogatives. 

An-dessous  du  roi  se  trouvent  deux  hauts  dignitaires 
dont  nous  avons  parlé  plusieursfois,  le  majordome  d'Ara- 
gon et  le  ;ti«/îm.  Le  premier,  outre  ses  attributions  mili- 
taires\  avait  des  fonctions  judiciaires  étendues;  il  jugeait 
toutes  les  causes  relatives  aux  nobles  qui  n'étaient  pas 
exclusivement  réservées  au  roi,  il  pouvait  faire  compa- 
raître devant  lui  tous  les  laïques  du  royaume.  Tous  les  tri- 
bunaux, excepté  celui  àujusticia  d'Aragon,  suspendaient 
leurs  décisions  dans  les  villes  où  il  se  trouvait,  n^ais  sa 
juridiction  «  se  taisait  »  à  son  tour  en  présence  du  roi. 

On  a  beaucoup  écrit  et  beaucoup  disserté  sur  les  ioùc- 
iion^  an  justicia  d'Aragon  ^  Il  reste  encore  bien  des 
points  à  éclaircir,  et  notre  tâche  est  rendue  d'autant 
plus  difficile,  que  nous  avons  à  nous  occuper  de  cette 
magistrature  durant  une  période  déterminée  de  son  exis- 
tence, à  une  époque  reculée,  et  au  moment  où  elle 

*  V.  notre l.  1,  p.  286. 

*  Parmi  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  avec  le  plus  de  développe- 
ment de  celte  institulion,  nous  citerons  :  en  E^^pagne ,  Vital  de 
Canellas,  Martin  Se^^arra  et  Juan  Xinienez  Cerdan ,  tous  deux  justi- 
das^le  jurisconsulte  Mictiael  del  Molino.  Zurila,  iilancas,  Afso> 
Mudebto  Lafuente ,  Senipere  (Hist,  del  derecho  espanol)  ;  en  Angle- 
terre Uallam,  Robertson  ;  en  Âllen^gne  ,  Schmidt,  Gervinus;  en 
France,  M.  Rosseeuw  Saint-Hilaire. 


184  LITRE  III ,   CHiLpITRE  TU 

commence  à  peine  à  laisser  quelques  traces  dans  les  docu- 
ments écrits. 

Malgré  le  texte  plus  ou  moins  authentique  de  Blancas, 
que  nous  avons  rapporté  plus  haut,  et  d'après  lequel  le 
fuero  de  Sobrarbe  aurait  institué  un  judex  médius^  un 
magistrat  intermédiaire  entre  le  souveram  et  la  nation, 
qui  devait  veiller  au  maintien  des  lois  et  rappeler  au 
respect  des  libertés  le  roi  lui-même,  s!il  venait  à  s'en 
écarter  \  il  est  certain  que  le  ju^^tcian'acquit  une  haute 
importance  politique  qu'au  commencement  du  XIY^ 
siècle,  àTépoque  où,  suivant  les  expressions  de  Blancas, 
<  son  pouvoir,  qui  avait  dormi  jusque-là  commeun  glaive 
dans  le  fourreau,  en  sortit  pour  n'y  plus  rentrer  V  »  Ce 
prétendu  réveil  de  la  puissance  Axijusiicia  ne  fut-il  pas 
plutôt  la  naissance  de  ses  attributions  politiques?  C'est 
l'opinion  qui  nous  paraît  la  plus  probable,  à  en  juger  par 
les  ténèbres  qui  enveloppent  les  premiers  âges  de  cette 
magistrature. 

Sous  Jacme  I",  en  1231  ',  on  trouve  dans  les  docu- 
ments, la  première  trace  duju«/im  d'Aragon;  c'est  Pedro 
Ferez,  frère  aîné  de  Ximeno  Ferez  de  Tarazona,  premier 
rico  home  de  mesnada  *.  Mais  le  juslicia  dut  exister  de 
toute  antiquité  comme  juge  de  la  cour  du  roi.  Malgré  les 
phrases  pompeuses  de  Blancas  et  de  Zurita  à  propos  du 


^  Voy.  la  lettres  de  Juan  Ximenez  Cerdan,  justicia  d'Aragon ,  à 
Martin  Diez  de  Aux,  son  successeur,  dans  les  Faeros  y  observancias 
de  Aragon,éiïii.  SavalletPenen,  t.  II,  p.  81. 

*  Blancas,  apud  Hisp,  illustr. 

3  Voy.  nolret.  I,  Piècesjustific.,p.  458. 

*  La  Chronique  royale,  à  propos  du  siège  de  Burriana,  qui  eut 
lieu  en  1233,  parle  de  Pedro  Perez  «  le  iusticia^  fort  entendu  en  fue' 
ro8  d'Aragon,  à  cause  des  diver;s  cas  qu'il  avait  continuellement  à 
juger.»  (Chronique  de  Jacme,  chap.  xxx.—  Voyez  aussi  notre  tome  I, 
p.  3i7.) 


LA  JU8TIGIA  185 

nom  donné  à  ce  magistrats  c  parce  qn*il  est  la  personnifi- 
cation de  la  justice  > ,  ou  bien  parce  que  les  Aragonais, 
«  par  respect  ponr  la  royauté,  n*ont  pas  voulu  mettre 
entre  eux  et  leur  roi  d'autre  médiateur  que  la  justice 
elle-même  >,  il  est  certain  qu*on  donnait  le  nom  àejus- 
ticia  à  presque  tous  les  juges  ordinaires,  y  compris  ceux 
que  les  ricos  homes  établissaient  dans  les  villes  possédées 
par  eux  à  titre  à'honneurs.  Lorsque,  sous  Pierre  II,  les 
barons  cédèrent  la  haute  justice  en  échange  de  Thérédité 
des  honneurs,  \ejusticia  voyd\,  qu'on  appelait  aussi  jusiù 
cia  mayor  on  justicia  de  Saragosse,  vit  sa  juridiction 
s*étendre,  son  importance  grandir;  c'est  alors  qu*il 
échangea  son  nom  contre  celui  de  justicia  d'Aragon. 
Cependant  ses  attributions  ne  consistaient  encore  qu'à 
examiner  les  causes,  soit  en  présence  du  roi,  soit  par 
son  ordre,  soit  aussi  en  présence  du  majordome;  à  diriger 
la  procédure,  à  donner  son  avis,  et  à  prononcer  la  sen- 
tence que  les  autres  membres  du  tribunal  «  mettent  dans 
sa  bouche  >,  suivant  l'expression  de  l'évéque  Vital.  «  Il 
n*a  à  craindre  aucune  peine,  ajoute  ce  jurisconsulte,  pour 
ce  qu'il  prononce  ainsi,  car  ce  n'est  pas  lui  qui  rend  la 
sentence,  mais  ceux  auquels,  dans  ce  cas,  il  doit  obéir  V  » 
Les  procès  entre  nobles  ',  ceux  où  le  roi  figuraitcomme 

*  Nous  ne  savons  comment  il  se  fait  que  plusieurs  historiens  étran- 
gers à  TEspagne  ont  travesti  ce  nom  en  celui  ùejustiza. 

^  Blancas,  Rerum  aragonensium  comment. ^  apud  Hisp.  illttstr., 
t.  III,  p.  722;  —  Sempere  ,  Hist.  del  derecho  espanol  ^Yib.  III, 
cap.  XX. 

'  Le  tribunal  du  justicia  ne  connaissait  de  ces  causes  que  lorsque 
les  parties  n'étalent  pas  soumises  à  la  juridiction  d'un  seigneur  par- 
ticulier ou  du  juge  d'une  ville  autre  que  celle  où  résidait  la  Cour. 
(Voy.  Blaiicâo  apud  Hisp.  illustr.^  t.  111,  p.  732.)  D'après  le  Privi- 
legio gênerai  de  4283.  qui  invoque  «  le  fuero  et  Panlique  u^agei), 
les  bourgeois  et  les  prud'hommes  des  villes  doivent  aussi  assister  le 
juitida  dans  la  décision  des  affaires.  (Voy.  Fueros  ,  édit.  Savait  et 
PenoD,  t.  I,  p.  12.) 


iM  LITRE    Hl^    CBàFITRE  TII 

partie  étaient  jagés  de  cette  manière  ^  Des  senteoees 
ainsi  rendues  on  appelait  aa  souverain  seul  qai  déléguait 
ordinairement  un  juge  pour  examiner  de  nouveau  Taffaire. 
Après  ce  dernier  arrêt,  on  pouvait  recourir  au  roi  par 
voie  de  supplication  V 

Le  justicia  était  nommé  à  vie  par  le  souverain  et  choisi 
dans  Tordre  des  chevaliers;  il  ne  pouvaitétre  révoqué  que 

è 

pour  des  motifs  graves  ;  il  suivait  la  cour  tant  quelle  se 
trouvait  dans  le  royaume  d'Aragon  et  était  nourri  aux 
frais  du  roi  '. 

Voilà  tout  ce  que  nous  savons  de  positif  sur  cette  magis- 
trature au  temps  de  Jacme  l"  *.  Gomment  un  modeste 

*  Puero  d'Exea;  voy.  Fueros^  1. 1,  lib.  I ,  de  Officio  justitim  Àra- 
gonum.  Dans  toutes  les  éditions  publiées  depuis  1547,  les  fueros  de 
Jacnael*'  encore  en  vigueur  à  cette  derniè'-e  ddte,  ont  été  refondus 
dansunnouTeau  classement;  ceux  qui  étaient  alors  abrogés  ou  hors 
d'usage  ont  été  rejetés  vers  la  fin  du  recueil  en  conservant  leur 
classification  primitive.  11  y  a  donc  deux  séries  de  livres  :  4 <>  celle  des 
lois  en  vigueur  en  1547,  insérée  au  tome  1  de  l'édit.  Savall  et  Penen; 
S<>  celle  des  lois  abrogées  qui  fait  partie  du  tome  H.  Celte  division 
étant  celle  des  éditions  les  plus  répandues  des  fueroi^  nous  Tavons 
adoptée  pour  nos  renvois. 

^  Zurita,  Anales^  liv.  H,  cap.  lxiv. 

*  Fuero  d'Exea.  — Voy.  Fueros,  t.  1,  lib.  I,  de  Officio  jusHtia 
Àragonum;  —  Blancas.p.  722. 

*  Len*  1122  des  Parchemins  de  Jacme  I*'  aux  archives  d'Aragon, 
fait  connaître,  dans  tous  ses  détails,  la  procédure  usitée  devant  la 
/u^a'cta  d'Aragon.  11  s'agit  d^une  cooteslalion  entre  le  précepteur  des 
Templiers  de  Monzon  et  un  infanzon  nommé  Garcia  de  Orciva  qui , 
en  sa  qualité  de  noble,  refusait  aux  Templiers  le  service  de  Vhosi, 
pour  une  vigne  située  dans  le  territoire  de  la  préceptorerie  de  Monzon. 
Après  l'exposé  des  faits  de  la  cause  et  des  diverses  pèases  du  procès, 
parmi  lesquelles  nous  remarquerons  la  défense  faite  par  Térêque 
de  Huesca  à  deux  avocats  de  cette  ville  de  plaider  pour  les  Tem- 
pliers, le  dispositif  de  la  sentence  commence  en  ces  termes: 

«  Nos  vero  M.  Pétri,  jtisiicia  àragonum*  auditis  et  intellectis  ratio 
nibus  et  allegationibus  partium  universis  et  super  bis  omnibus  dili- 
genti  tractatu  adtiièilo  née  non  requisito  diligenter  atque  soUiciC  e 


lA  WSTMIA  487 

âTitîKaîfe  de  la  eonr  da  roi  devint*)!,  dans  les  8ièele8  sui- 
vant!» le  dépositaire  d*un  pouvoir  presque  égal  à  celui  du 
souverain?  Il  nous  parait  facile  de  se  rendre  compte  de 
oette  transformation. 

Au  milieu  de  nobles  et  de  prélats  presque  tous  étran- 
gers i  la  science  du  droit,  de  légistes  imbus  des  princi- 
pes romains,  seul  \ejuslicia  représentait  le  droit  national 
que^  mieux  que  tout  autre,  il  devait  connaître,  car  c*était 
lui  qui  recherchait,  dans  le  dédale  des  fueroa  et  des  cou- 
tumes, les  textes  applicables  à  chaque  affaire,  qui  les 
interprétait  et  éclairait  Topinion  des  vrais  juges.  Ces  lois 
de  leur  pays,  que  les  Aragonais  mettaient  au-dessus  des 
rois,  c'est  par  la  bouche  du  justicia  qu'elles  parlaient; 
aussi  le  culte  que  la  nation  entière  avait  pour  elles  s'élen- 
dait-il  jusqu'à  cette  magistrature  qui  en  était  la  gardienne 
et  l'interprète.  De  là  à  faire  de  celle-ci  le  premier  pouvoir 
politique,  il  n'y  avait  qu'un  pas,  et  les  rois  eux-mêmes, 
à  commencer  par  Jacme  V\  facilitèrent  cette  transition. 

Le  Conquistador  «— «  on  le  voit  par  la  faveur  dont  jouis- 
saient Pedro  Ferez  et  son  frère  Ximeno  — se  servait 
déjà  àxx  justicia  pour  agir  sur  l'esprit  de  la  majorité  dans 
les  conseils  du  royaume.  Aussi,  aux  certes  d'Exea,  les 
seigneurs  voulurent-ils  que  les  abus  de  pouvoir  de  ce 
magistrat  pussent  être  sévèrement  réprimés.  Us  exi- 
gèrent ,  en  conséquence ,  que  le  justicia  fût  toujours 
choisi  parmi  les  chevaliers  et  non  parmi  les  ricos  homes, 
ceux-ci  ne  pouvant  jamais  être  assujettis  à  une  peine 
corporelle  *. 

a  Domino  Hege  Aragonis,  a  dompno  P.  Cornelii  miijore  doropno  et 
tenente  locum  domini  liegis  Aragonis  etab  aliis  quampluriniisjuris- 
^iidentil>us  tam  richis  bominibus  quam  civibus  Aragonis  de  man- 
date «peciaii  domini  Regii>  et  dicU  doxnpni  P.  Cornelii  dicimus 
judioaodo,  quod...  d 
^  Fueros^  4.  \,  iiv,  1^  de  OffiMiusHtiœ  Aragonum;  Hlancas,  p.  756. 


188  LITRE  III,  CHAPITRE  YII 

Jacme  et  ses  successears  augmentent  les  prérogatives 
et  rindépendance  du  juslicia  pour  entraîner,  avec  Taide 
de  ce  puissant  auxiliaire,  les  lois  et  la  nation  dans  une 
voie  toute  favorable  à  la  royauté.  Ils  ne  prévoient  pas 
que  rallié  d*aujourd*hui  sera  demain  un  rival  et  prêtera 
son  concours  à  la  haute  noblesse,  qu*il  est  destiné  à  com- 
battre. Si  nous  ajoutons  .qu*une  série  d'hommes  remar- 
quables par  leur  talent  et  leur  caractère  rehaussa  Téclat 
de  ces  fonctions ,  on  ne  s'étonnera  pas  des  proportions 
grandioses  que  cette  institution  atteignit  insensiblement. 
Si  le  judex  médius  n'existait  pas  dans  le  royaume  de 
Sobrarbe ,  il  fut  de  tout  temps  en  germe  dans  les  fueros 
et  dans  le  caractère  du  peuple  aragonais ,  comme  tout 
ce  qui  personnifiait  la  résistance  de  la  nation  à  Tabsoln- 
tisme  d*un  seul.  Il  en  est  de  même  du  fameux  privilège 
de  Yunion,  qui  autorisait  l'opposition  armée  des  sujets 
aux  empiétements  du  pouvoir  royal.  Il  ne  fut  reconnu 
expressément  par  la  loi  que  de  1288  à  1348,  et  pour- 
tant, bien  antérieurement  à  cette  période,  il  s'affirme 
dans  l'histoire  d'Aragon,  et  en  particulier  durant  le  règne 
qui  nous  occupe. 

La  nation  au-dessus  du  roi ,  les  lois  au-dessus  de  la 
nation,  tel  est  l'idéal  aragonais,  et  tout  ce  qui  flatte 


Gervinus  prétend  que  les  rois  établirent  cette  règle  pour  se  faire 
un  appui  du  justicia  contrôla  haute  noblesse.  Cette  erreur  se  réfute 
par  cette  seule  observation  que  ce  fut  précisément  la  haute  noblesse 
qui  imposa  les  fueros  d'Exea  à  Jacme  1*'.  11  était  de  l'intérêt  de 
tous  que  \e  justicia  pût  être  puni  s'il  employait  des  moyens  coupa- 
bles pour  faire  rendre  des  sentences  iniques.  Que  les  rois  se  soient 
servis  de  ce  magistrat  pour  contre-balancer  la  puissance  des  rieos 
homes,  c'est  incontestable  ;  mais  le  fuero  dont  nous  parlons  a  eu  un 
but  tout  à  fait  opposé.  Il  s'agissait,  au  contraire,  en  ce  moment  d'en- 
lever à  un  allié  de  la  royauté  une  prérogative  dont  il  eût  pu  abuser. 


OBGAfnSATlON  lUDIGlAUE  189 

ces  aspirations  est  revéta  par  l'esprit  public  du  prestige 
qui  environne  les  fueros  de  Sobrarbe*. 

Nous  ne  trouvons  pas  davantage  dans  les  lois  de 
Jacme  V  la  trace  des  «  deux  plus  fermes  remparts  des 
libertés  aragonaises  »,  l^jurisfirma  et  h manifestatio ^ , 
en  vertu  desquelles  le  justicia  pouvait  évoquer  toutes  les 
causes  sur  la  demande  des  intéressés  ;  la  jurisfirma 
s'appliquait  aux  biens ,  la  manifestatio  aux  personnes. 
Par  cette  dernière ,  le  condamné ,  même  à  l'instant  où 
il  va  subir  sa  peine,  peut  invoquer  le  secours  du  premier 
magistrat  du  royaume  par  la  formule  fuerza  !  fuerza  ! 
«  comme  s'il  était  prêt  à  succomber  sous  une  attaque 
Tiolente  »;  dès  lors  il  est  remis  au  pouvoir  du  justicia, 
qui  révise  le  procès. 

Ces  deux  institutions  sont  mentionnées  pour  la  pre- 
mière fois  dans  les  fueros  en  1398,  mais  dans  des  termes 
qui  indiquent  leur  existence  antérieure.  Elles  ne  parais- 
sent pas  cependant  remonter  au  temps  de  Jacme  ^'^ 

Ce  n'est  que  postérieurement  au  règne  de  ce  prince, 
lorsque  les  nobles  et  les  prélats  négligèrent  de  siéger 
pour  la  décision  des  procès  ;  lorsque  le  roi,  absorbé  par 
ses  occupations  politiques ,  se  contenta  de  présider  son 


*  Trois  puissances,  d'après  Blancas,  défendent  les  libertés  arago- 
naises :  le  justicia  y  les  ricos  humes^  Tunion  du  peuple  entier.  «  Le 
premier  de  ces  moyens,  ajoute  rhistorien,  est  juridique;  le  second, 
domestique;  le  troisième,  militaire  et  populaire.  »  Rerum  arag. 
comment.,  apud  Hisp.illust.  p.  794. 

*  Le  nom  latin  a  prévalu  ;  on  disait  en  vieille  langue  aragonaise 
firma  de  dreyto  et  manifestacion. 

'  Schmidt  assure  que  la  jurisfirma  est  mentionnée  dans  le  Privi- 
legio  gênerai  (42S3).  Il  confond  la  firma  de  dreyto,  firma  juris  diyec 
la  fianza  de  dreyto,  fidantia  juris  ^  caution  de  se  présenter  en  jus- 
tice donnée  par  le  défendeur.  Celle-ci  existait  de  toute  antiquité  î 
c^est  une  des  bases  de  la  procédure  dans  les  fueros  même  de  Huesca. 


MO  ufMt  m,  cBAMfM  ra 

tritmnftl  particulier  saas  assister  uk  {rfaîds  Iams  eu 
présence  du  justiciay  qM  s'introdaisit  dans  le  Uriboial 
de  celui-ei  l^usage,  commun  déjà  à  toutes  les  autres 
justices  du  royaume,  en  vertu  duquel  le  juge  décidait 
les  causes  après  avoir  demandé  l'avis  de  tous  les  j«ris<- 
consultes  du  lieu,  convoqués  à  cet  effet.  Plus  tard 
encore,  lorsque  les  procès  se  multiplièrent,  les  lieQto- 
nants  dujusiicia  furent  institués. 

Nous  avons  dit  que,  sur  l'appel  d*une  partie,  use 
affaire  jugée  au  tribunal  du  jnstioU  pouvait  être  porlée 
devant  le  roi  seul.  Dans  ce  cas,  celui^i  déléguait  ordi- 
nairement un  jurisconsulte  pour  connaître  de  la  cause. 
Ce  magistrat  temporaire,  nommé  spécialement  poiir«B 
procès  déterminé,  portait  le  nom  de  juge  délégw  \ 

Dans  chaque  cité,  dans  chaque  localité  de  quelque 
importance,  le  roi  établissait  des  juges  permanents, 
dLipfe\ésjusHcùi9  dans  les  principales  viHes ,  alo^ydes  dM3 
les  autres  ;  «  mais  leur  pouvoir  et  leur  juridictiou  sont 
toujours  les  mêmes  » ,  dit  Vital  de  Ganellas  '.  Ce  sont  les 

*  Ces  juges  sont  appelés  quelquefois  judioes  eurim ,  oftdiUtre^ 
ouriœ.  Les  premiers  prononçaient  des  sentences,  les  seconds  devaient 
seulement  rendro  compte  au  roi  de  ce  qui  avait  été  discuté  devant 
eux  afin  que  le  souverain  put  décider.  (Blancas,  p.  785). 

2  Vital  de  Canellas  ne  parle  ici  de  Valcayde  qu'au  point  de  vue  de 
ses  attributions  judiciaires,  car  le  texte  des  chroniques  et  des  docu- 
ments indique  assez  clairement  que  l'a/cayde  joignait  souvent  aux 
fondions  de  juge  celles  d'administrateur,  de  chef  militaire,  ou,  pour 
mieux  dire,  d'agent  du  pouvoir  exécutif;  il  y  avait  quelquefois 
dans  la  môme  ville  un  alcayde  et  un  juge  ordinaire.  Ainsi,  à  Sara- 
gosse,  le  zalmedina  jure  de  ne  donner  aux  plaideurs  aucun  conseÂi 
qui  «  serve  à  Valcayde  de  la  cour  ou  au  seigneur.  »  (Voir  le  privilège 
accordé,  en  4256,  par  Jacme  1"  à  la  ville  de  Saragosse).  D'autres  fois, 
on  nommait  un  alcayde  pour  juger  les  procès  des  Sarrasins  et  un 
zalmedina  pour  juger  ceux  des  cbrétieiis.  Ue  jour  des  kaleudes  de 
juin  (4^'  juin)  4  245 ,  le  commandeur  de  Mlirabet,  de  l'ordre  du  Temple, 
le  précepteur  de  Tortose,  et  Ramon  de  Moncada  nomment,  du  con- 


ORGAltlSlTIOIl  JUDIClàlM  IM 

chefs  de  ta  justice  ordinaire  dans  leur  ressort;  ils  déci- 
dent toutes  les  affaires  civiles  et  crininelles  avec  Tas- 
sistance  des  jurisconsultes  ou  des  prud'hommes  du  lieu 
où  la  cause  se  juge  ^ 

Lqs zalmedinas  ou  zavalmedinas*  sont,  d*après  Tévêque 
Vital ,  des  officiers  nommés  par  le  roi  dans  les  cités. 
A  cette  explication  fort  insuffisante ,  nous  joindro-os  les 
indications  fournies  par  un  privilège  que  Jacme  T'  con- 
céda, le  15  juin  iâ56,  à  la  ville  de  Saragosse  pour  Télec- 
tion  de  son  zalmedina.  Ce  fonctionnaire,  choisi  annuel- 
lement par  le  roi  sur  une  liste  de  six  candidats  présentée 
par  les  prud'hommes,  n'est  autre  chose  que  le  juge 
ordinaire  de  la  capitale ,  chargé  de  «  juger,  définir  et 
déterminer  toutes  les  causes  *.  » 

Nous  avons  déjà  parlé  des  fonctions  defray/e,  qui,  en 
Aragon  comme  à  Mayorque  et  à  Valence,  se  réduisaient 
à  la  perception  des  cens ,  rentes  et  autres  revenus  royaux 
et  à  la  décision  des  contestations  relatives  à  ces  revenus  ^. 

senlement  de  Vaîjama  (communauté)  des  Sarrasins  deTorlose, 
Talcayde  sarrasin  de  cette  ville,  lui  défendant  de  s'immiscer  dans 
les  questions  qui  sont  du'ressort  de  a  ValmedinaT^  lequel,  à  son  tour, 
doit  s'abstenir  d'empiéter  sur  la  juridiction  de  i'alcaydo  (Archivée 
d'Aragon,  parctiemins  de  Jacme  !•',  n*  43;. 

*  «Afin  d'éloigner  tout  motif  de  soupçon ,  quiconque  a  été  consulté 
par  le  juge  ne  doit  donner  conseil  à  aucune  des  parties ,  excepté  à 
celle  qui  lui  aurait  déjà  demandé  son  avis  une  première  fois  dans 
la  même  cause.  Cela  doit  s'observer  dans  toutes  les  affaires.,  b 
{Fueros  t.  I,  liv.  III,  de  Judiciis]  Cf.  liv.  II,  de  Procuratoribus,) 

^  De  l'arabe  zaval,  seigneur,  et  médina^  cité;  vice-seigneurs  des 
cités. 

*  Archives  d'Aragon,  parchemins  de  Jacme  i",  n*  U49. — CoUeocion 
de  documentas  ineditos,  t.  YIII^  p.  IM. 

*  «Que  le  bayle  ou  ceux  qui  auront  ou  recevront  nos  rentes,  cens 
et  autres  revenus  ou  qui  auront  l'administration  d'une  baylie,n'en^ 
tendent,  ne  décident,  ne  jugent  ou  ne  terminent  aucuns  plaids  cri- 
minels ou  civils,  si  ce  n'est  seulement  les  plaids  et  les  demandes  qui 


192  LIYRB  III ,  GHAPmB  VU 

Les  justictas  et  autres  juges  rendaient  compte  aux 
bayles  de  leur  gestion  sous  ie  rapport  financier,  c'est-à- 
dire  de  la  perception  des  amendes  et  des  frais  de 
justice*. 

Le  préambule  des  fueros  mentionne  encore  les  jurés 
et  les  junteros  :  les  premiers  sont  des  officiers  munici- 
paux qui  n'ont  pas,  à  proprement  parler,  de  juridiction, 
mais  qui  doivent  souvent  faire  exécuter  la  loi;  les 
seconds,  appelés  aussi  sobrejunteros  ',  avaient  des  fonc- 
tions analogues  à  celles  des  viguiers  de  France  et  de 
Catalogne.  De  même  que  la  Marche  espagnole  était 
divisée  en  vigueries ,  une  partie  du  royaume  d'Aragon 
était  divisée  en  districts  appelés  junlas^,  réunions,  parce 
que  tous  les  hommes  du  district  en  état  de  porter  les 
armes  devaient  se  réunir  sous  les  ordres  du  juntero  oa 


porteront  sur  nos  cens  ou  nos  autres  rentes,  lesquels  plaids  el 
demandes  seuls  ils  doivent  ouïr,  juger  et  terminer.»  (Purs  de  Val,^ 
liv.l,  rubr.  III,  fur.  72.) 

^  Schmidtse  trompe  lorsqu'il  dit  que  «  les^u^e^  ordinaires  nom- 
més par  le  roi  dans  ses  villes  et  dans  se^  principaux  bourgs  s'appe- 
laient alcaydeSfZalmedineson  hayles.n  Le  mot  de  hayle  est  pris  quel- 
quefois dans  le  sf'ns  étendu  de  représentant  du  roi.  Par  exemple, 
au  titre  de  Jurisdictione  omnium  judicum  (Fueros^  t.  1,  lib.  ill), 
tt  il  est  défendu,  à  tout  autre  qu'au  roi  ou  à  ses  bayles,  de  faire  des  jus- 
tices de  sang»,  au  {ï{Tededilationibus(i.  1,  lib.  il!),  il  est  parlé  des 
zalmedinas  et  autres  bayles. 

*  Les  £o&r<>juntero5  sont  quelquefois  appelés  pactanï  dans  la  tra* 
duction  latine  des /u£ro5. 

^  C'étaient  \csjuntas  de  Saragosse,  fluesca,  Sobrarbe,  Exea,  Tara- 
zona  et  Jaca;  le  comté  de  Ribagorza,  formant  une  viguerie,  selon  les 
.  constitutions  de  Catalogne,  n'était  pas  compris  dans  cette  division 
par  j'unfa^,  non  plus  que  les  villes  de  Calalayud,  Daroca,  Teruel. 
Celles-ci,  situées  sur  les  frontières  de  Caslille  et  de  Valence,  ren- 
fermaient une  nombreuse  garnison  sous  les  ordres  d'un  chef  mili- 
taire, qui  joignait  à  son  commandement  les  fonctions  de  chef  de 
junta. 


irxi  DES  PEB80N1IBS  KT  DES.TEBRBS  193 

wbrefuntero^  afin  de  poursuivre  les  malfaiteurs ,  d'établir 
Tordre,  de  faire  respecter  les  paix  et  les  trêves ,  d*as* 
snrer  Tesécntion  des  sentences  lorsqu'il  était  nécessaire 
d'aB  déploiement  de  forces.  Les  sobr^unieros  devaient 
toos  être  chevaliers  et  expérimentés  dans  les  armes; 
s'ils  occasionnaient  un  dommage  quelconque  illégale'^ 
ment,  ils  le  payaient  au  double.  Le  juge,  de  son  côté; 
est  responsable  des  ordres  injustes  qu  il  peut  donner  aux 
chefs  des  juntas*. 

Au-dessous  des  officiers  que  nous  venons  d'énumérer 
se  trouvait  le  merino  %  chargé  de  l'exécution  des  ordres 
du  roi  et  des  sentences  des  juges.  Il  faisait  certains  actes 
de  procédure,  mais  ne  rendait  aucun  jugement;  il  aviât 
au-dessous  de  lui  des  agents  appelés  sayones,  sorte  de 
sergents  ou  alguazils. 

Après  avoir  jeté  un  coup  d'oeil  sur  les  interprètes  et 
les  instruments  de  la  loi,  il  convient  de  nous  occuper  des 
objets  —  hommes  et  choses  —  sur  lesquels  s'exerce  son 
action. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  l'état  des  personnes  et  des 
terres  en  Aragon  ^  ;  il  nous  reste  à  compléter  ce  que  nous 


*■  Yoy.  Vital  de  Canellas  ap.  Biancas,  p.  784  ;  Zurita,  Anales  ,  ad 
annum  4260.  —  Les  junlas  et  les  sobrejunteras  ^  existaient  aussi 
dans  le  royaume  de  Valence  (  Voyez  Privil,  de  Valence,  ^  xxvii, 
n*  88). 

*  De  mcnrendo^  diaprés  Vital,  parce  qu'ils  sont  forcés  de  réparer  de 
leur  argent  et  naturellement  à  regret  {mœrendo)  le  dommage  qu'ils 
onl  pu  causer  en  exerçant  leurs  fonctions  ;  ou  bien  encore,  dit  le 
même  auteur,  de  merilo  parce  qu'on  les  récompense  «  suivant  leur 
mérite  en  bien  ou  en  mal.  »  Nous  préférons  à  ces  deux  étymologies 
hasardées  celle  de  mayorinOf  diminutif  de  mayor;  sayon  ou  algua- 
zil  mayor^  mayoHno,  (Voy.  Lafuente,  Hist.  de  Espana,  Part.  11, 
Mb.  1,  cap.  XXV.)  On  appela  quelquefois  merino,  surtout  en  Cas- 
tille,  un  juge  royal ,  juez  mayor,  jwz  mayofino  . 

»  Voy.  n.  t.  1,  p.  434  et  274. 

T«  ik  13 


fM  LtTlB  XU  ,  CBAMnB  Vil 

•si  âvôDs  dît  par  quelqoes  netiooi  qui  se  rappoiimi  pNis 
parlicalièpement  3a  droit. 

H  est  iDooiite3ta|>le  qoe,  dans  le  royanoie  d'Arafoo, 
la  terre  et  l'komiae  sent  aiiis  par  les  Heos  les  plos  étroits. 
Dans  ce  pays  agricole,  tonte  influence,  tout  pouvoir  indi- 
vidaelt  repose  sur  la  propriété  territoriale.  Le  se)  et  son 
possesseur  se  prêtent  un  mutuel  appui  :  leur  séparation 
par  vente,  échange  oi)  donation  ne  se  présume  pas  ;  ainsi, 
tandis  que  l*immeuble  roturier  acquis  d^uo  homme  do 
roi  par  un  infomon\  devieqt  noble,  Vmfanzon,  à  son 
tour,  pour  faire  la  preuve  de  sa  noblesse  {salw  mfbn^ 
itooicB),  doit  le  plus  souvent  joindre  le  témoignage  de  soo 
tnanoir  (coanfo')  an  serment  prêté  par  deux  chevaliers 
sur  les  saints  Évangiles  en  présence  du  souverain*.  La 
seule  preuve  qu*un  immeuble  a  appartenu  à  ra!enl  de 
celui  qui  le  réclame  oblige  le  défendeur  à  établir  la  légi- 
timité de  sa  possession^. 

Cependant ,  malgré  cette  puissance  de  la  terre  et  ee 
respect  que  la  loi  professe  pour  elle,  des  historiens  d^ne 
haute  autorité  ont  nié  l'existence  d'une  vraie  féodalité  en 


*  Le  mot  infanzon  sert  ordinairement  à  désigner  le  simple  noble  qui 
n^st  ni  rko  bome^  ni  memidero,  ni  ct^alier  ;  mais  il  est  pris  |Mr 
les/ÎMrai  dans  son  «oception  la  plus  éteadue  et  s'applique  à  tentea 
lu  catégories  da  nobles,  y  compris  les  riooshomm. 

^  Les  cbevaliers  qui  prêtent  serment  doivent,  «s'il  est  nécessaire, 
contrer  le  manoir  d'où  procède  la  nobl^asede  Tin/MMa.»  {Fmros, 
1. 1,  lib.  VU,  deConditùmêint^anlwn^tua.) 

s  i^fierof,,  1. 1,  lib.  lY,  d$  Pn^UoniXm;  \\b.  VK,  dk  G^miWmê 
infationatw  et  Quomoda  quis  debetU  «tiain  in(9if^ti»niam  MHwrf.  Ge 
dernier  titre  renferme  lui  article  du  ffê0ro  d'Ëiiaa.  Aalérieuremeot  iee 
dernier  acte  législatif,  l^  deux  chevaliers  qui  ati^slaient  la  aoblesaa 
<^^vaiont  Atre  parents  paternels  de  celui  qui  fai:^l  li^  preuve* 

«  FMfr^,  t.  ^,  lib.  m,  FamUim  Imcwundm,  libu  IV,  di  FrwiaHaim 
bus.  11  ne  suffit  pas  4^  prouver  queVimm^vhto  ^  apparteaf  m  Ua* 
aïeul  du  demandeur. 


LA  FliOBiLlMl  SM  ARAGON  |96 

•AimgOD»  It  ne  6*agit,  au  fond ,  que  de  s'entendre  sur  les 
mots. 

De  grands  vassaux  de  la  couronne,  à  peu  près  indé- 
^ndants  4  vWant  dans  leurs  domaines  au  milieu  d*une 
cour  plus  brillante  souvent  que  celle  du  monarque ,  faisant 
battre  nonnaîe,  donnant  des  lois  particulières  à  leurs 
sujets,  levant  des  impôts  arbitraires\  jouissant,  en  un 
nat,  de  la  plénitude  des  droits  régaliens;  c'est  ce  qu'on 
De  v<rft  ni  en  Aragon,  ni  en  Castille,  et  en  cela  ces  deux 
royaumes  diffèrent  profondément  de  la  Catalogne,  où  les 
choses  sont  organisées  comme  en  France.  Si  Âifonse  III 
d*Aragon  disait  qu'il  y  avait  dans  son  pays  autant  de  rois 
que  de  ricos  homee,  il  faisait  allusion  non  pas  à  la  puis*- 
eance  des  barons  en  tant  que  seigneurs  féodaux,  mais  à 
la  part  qu'ils  prenaient  tous  au  gouvernement  de  l'Élat. 
Chacun  d'eux  était,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi , 
une  fraction  de  roi  d'Aragon  et  non  le  souverain  unique 
d*une  portion  déterminée  du  royaume.  En  ce  sens,  on  a 
pn  dire  avec  raison  que  la  vraie  féodalité,  celle  qui  repose 
mr  la  confusion  absolue  des  droits  du  propriétaire  et  des 
droits  du  souverain,  n'a  jamais  existé  en  Aragon.  Il 
est  remarquable  encore  que  le  mot  flef ,  qui  se  trouve  à 
toutes  les  pages  du  code  catalan,  qui  s'est  glissé  dans 
celui  de  Valence,  malgré  le  désir  de  Jacme  de  l'en 
«xclure,  ne  soit  pas  écrit  une  seule  fois  dans  les  fueros 
deHuèsûa^  non  plus  que  dans  ceux  d'Exea. 

L'Aonor^  la  cavalleria,  l'héritage  noble  ou   roturier 


*  lArieohome  ne  peut  im|K>ser  aux  hommes  des  honneurs  et  des 
cbftteaux  qui  lui  ont  été  concédés,  aucune  charge  ou  exaction  inso- 
Ule»  ni  Wô  opprimer  ou  iiggrftver  leur  position,  sous  peine  d'être 
privé  iêkonki  leidooiaiDes  qu*il  iienidu  roi  (  Fueros^  1. 1,  lib.  Vil, 
de  Stipendiis  et  Stipendiuriie), 


196  '  LIVRE  111  f  CHAPITRE  VU 

(  hœredUas  infaniiona  aut  villana^),  sont  les  seuls  modes 
de  propriété  meationnés  dans  la  loi.  Dans  ces  terres 
Dobles,  qai  De  sont  ni  honneurs  ni  chevaleries^  faut-il  yoir 
desalleus,  comme  le  voudraient  ceux  qui  nient  Texistence 
du  fief  en  Aragon  ;  ou  bien  des  fiefs ,  comme  le  croit  ua 
savant  historien  qui  ne  trouve  dans  ce  pays  aucune  trace 
de  propriété  allodiale?  L*un  etTautre,  selon  nous. 

L*alleu  est  tout  à  fait  conforme  au  caractère  aragonais, 
qui  souffre  difficilement  les  entraves  du  vasselage  et 
respecte  trop  la  constitution  du  royaume  pour  favoriser 
l'établissement  de  petits  États  dans  TÉtat.  Mais  là,  comme 
ailleurs,  les  nécessités  d*une  époque  de  lutte  n^ont-elles 
pas  dû  forcer  le  faible  à  rechercher  Tappui  du  fort,  le 
roturier  et  le  simple  noble  à  mettre  leur  alleu  sous  la 
protection  d*un  riche  terrien,  moyennant  fidélité  et  pres- 
tation de  redevances  et  de  services?  Les  terres  nobles 
ainsi  recommandées  ne  sont-elles  pas  de  vrais  fiefs?  C'est 
ce  qu'on  ne  saurait  contester,  et,  s'il  fallait  citer  un 
exemple  remarquable  de  fief  aragonais,  au  milieu  de  tous 
ceux  que  nous  offrent  les  chroniques  et  les  histoires,  nous 
nommerions  la  seigneurie  d'Âlbarracin ,  fief  de  la  Sainte- 
Vierge ,  disaient  d'abord  fièrement  ses  possesseurs,  les 
ticos  homes  de  la  maison  d'Âzagra,  et,  plus  tard ,  fief  de 
la  couronne  d'Aragon  *. 

Les  honors ,  dont  quelques-uns  ,  malgré  leur  nom ,  ne 
sont  autre  chose  que  de  grands  fiefs,  les  cavallerias^ ^  les 


*  Voyez  entre  autres  passages  des  Fuero»^  t.  ],Hb.  VII,  de  Immu* 
nitatemilitum  et  infantionumeorumque  privilegiie  (fuero  à'E}Les)fei 
t.  U,  lîb.  111,  de  Pœna  temere  Utigantium* 

^  Voyez  noire  1. 1,  p.  469. 

3  La  eavaleria  était  tantôt  une  terre,  tantôt  une  simple  rente 
(Voy.  Observaneias  de  Aragon^  lib.  VI,  de  Conditione  infantUmaiue  , 
g  2  et  lib.  IX,  de  Privilégie  generali^  §  23). 


LA   NOBLESSE   EN   ARAGON  197 

fiefs  simples  ou  héritages  nobles  soumis  à  des  devoirs 
de  vasselage  par  rapport  à  d'autres  terres ,  les  allens  no- 
bles, les  allens  roturiers,  les  fonds  assujétis  au  cens, 
aux  redevances  et  aux  services  vils,  tel  est  Tensemble  de 
la  propriété  aragonaise.  On  ne  peut  refuser  d*y  voir  une 
organisation  féodale ,  bien  qu*on  n*y  reconnaisse  pas  tous 
les  caractères  politiques  du  système  en  vigueur  à  la  même 
époque  en  Catalogne  et  en  France. 

I^s  terres  nobles  et  roturières  qui  n'étaient  ni  hon- 
neurs, m  fiefs,  ni  chevaleries,  pouvaient  passer  sans 
aucun  empêchement  dans  les  mains  des  individus  de 
tonte  classe.  Il  semblerait  que  Jacme  essaya  d'introduire 
en  Aragon  les  prescriptions  qui  défendaient  aux  nobles 
d*acqnérir  des  immeubles,  car  le  fuero  d'Exea  revendique 
pour  les  infanzons  le  droit  d'acheterles  terres  des  hommes 
du  roi  et  de  les  posséder  comme  «  nobles,  franches  et 
libres  de  tout  service  royal  *.  »  Mais,  si  la  terre  soumise 
an  cens  est  sous  la  suzeraineté  d'un  autre  seigneur  que  le 
souverain,  elle  reste  roturière  en  passant  dans  les  mains 
d*un  infanzon,  et  celui-ci  doit  en  acquitter  toutes  les 
redevances •. 

Nous  avons  parlé  ailleurs  des  principaux  privilèges 
des  nobles  aragonais,  et  du  droit  de  desnaluralizacion , 
qui  caractérise  si  étrangement  la  féodalité  espagnole  '  ; 

•  Pueros,  t.  1,  lib.  VII,  de  Immunitate  militum  et  infantionum;  cf. 
Ohservancias,  lib.  VI,  de  PrivUegiis  militum^  §  1  el  2. 

•  Fueros,  \.  I,  lib.  IV,rf«  Jure  emphyteotico  el  de  Rerum  Testatione; 
cf.  0bêervanGia8f\ïb,\lfdeGenêralibu$  PrivUegiis  totius  regni Ara- 
goniœ,  g  ^3. 

•  Tome  I,  p.  275  et  suiv.  —  Voy.  aussi  Fueros,  t.  I,  lib.  VII ,  de 
Ccmditiùm  infantionatus,  de  Re  militari  ^  de  Expeditione  infantionis, 
de  Cavalleriis . — Observaneias ,  lib.  VI,  deCondilione  infant.,  de 
PriviUgiis  militum  et  nepotum  militum.  Le  droit  de  se  dégager  des 
liens  du  vasselage  est  en  germe  dans  le  fuero  juzgo  (Liv.  V,  tit.  III, 
1.  4),  et  danslaloi  des  Lombards  (Liv.  III,  tit.  XIV,  1.  unique.)* 


196  uTum,  oBAmBftTii 

mais  nous  devons  faire  remarquer  que,  àé^k  m  temps  d« 
Jacme  r%  le  roi  pouvait  faire  noble  un  individu  isâu  d*ttM 
famille  roturière  :  de  là  une  noblesse  de  création  à  côté 
d'une  noblesse  de  race,  iesinfanzonesdecarta^kcùiéAw 
infanzone8ermunio8\  Le  roi,  ou  son  délégué  spécial  pou» 
vait  fairechevalier  quelqu'un  qui  n'était  ni  noble,  ni  boar* 
geois  d'une  ville  privilégiée*  ;  mais  un  rico  home  qm  an* 
rait  tenté  de  s'arroger  ce  privilège  aurait  perdu  son  honùr 
et  serait  devenu  incapable  d'en  posséder  jamais.  Si  quel- 
ques chevaliers  oublient  «  qu'ils  ont  été  établis  pour  la 
défense  des  autres  hommes  et  renoncent  à  cette  hono* 
rable  prérogative,  dépouillant  toute  crainte  de  Dira, 
ensevelissant  toute  honte,  ne  craignant  pas  de  souiller, 
par  leurs  brigandages  et  leurs  méfaits,  la  dignité  qui  lent* 
a  été  transmise  avec  la  ceinture  militaire,  >  le  pribce^ 
d'après  un  antique  usage  du  pays  de  Sobrarbe,  les  4é^ 
grade  «  en  coupant  leur  ceinturon  parderrière,  au-dessus 
des  reins  ,  de  telle  sorte  que,  la  courroie  divisée,  Tépée 
tombe  à  terre  •.  » 

Tandis  que  la  noblesse  a  son  code  dans  les  ftieros  dé 
Huesca,  et  surtout  dans  ceux  d'Exea,  la  boui'geoisie  a  le 
sien  dans  les  cartas  pueblas  et  les  fueros  municipaux  »  qtii 
accordent  aux  habitants  de  chaque  ville  des  privilèges  par^ 
ticuliersi  Jaca  *,  Arguedas,  Saragosse ,  sont  les  premières 

'  Voy.  Vital  deCanella^,  ap.  Blancas,  p.  7^7.  *^Brmumo  (hêrm^ 
nius  en  latin)  est  synonyme  d'ingénu. 

3  Fueros,  1. 1,  lib.  VU,  d$  Creati&ne  militum.  Sous  Jean  II,  aux 
cortèsdeCalatayud,  en  4451,  le  roî  s'interdit  ce  pouvoir  ainsi  que 
celui  de  créer  des  nobles. 

9  Fueros^  t.  I,  lib.  VH,  dé  Re  militari. 

*  Le  roi  Ramire  II,  le  Moine^  accorda  aux  bourgeois  de  éaea  le 
fuero  de  Montpellier,  dont  les  privilèges  étaient  les  plus  étendus  de 
Pépoque.  (Scbmidl>  Geschichte  aragonien'ê  im  MiUelaltêry  pv  995.) 
Le  fuero  de  Jaca  fut  considéré  en  Espagne  comme  le  type  du  lion 
fuero. 


BOOnOSOiSi  PifflANS  ET  IS11F8  tW 

TÎU«s  de  TAragOD  auxquelles  ait  été  coneôdée  «ne 
€ barto  coDununale.  La  capitale  du  royaume  jouissait  sur- 
tout de  privilèges  étendus  qui  mettaient  ses  habitants  sur 
le  même  rang  que  les  in/nnzims.  Ils  avaient  ^  en  outre  i  le 
libre  usage  des  forêts  royales  «  des  p&turages  et  des  eaux 
qui  avoisinaient  leur  ville.  Ils  étaient  presque  partout 
exempts  des  droits  de  leude ,  et  évitaient  la  prison  et  la 
saisie  en  donnant  caution  de  comparaître  en  justice* 
Enfin  ils  ne  pouvaient  être  cités  que  devant  les  juges 
rojanx  de  leur  ville  ^ 

Les  vilains  se  divisent  en  paysans  (pagmm),  habitants 
des  bourgs  et  des  villages ,  et  en  rustiques  spécialement 
affectés  à  la  culture  du  sol.  On  appelle  ceux-ci  quiAo- 
neros;  ils  sont  soumis  pour  le  lot  de  la  terre  (quinonj^ 
qa*ils  cultivent  à  une  redevance  en  argent  ou  en  nature,- 
nommée ,  suivant  la  manière  dont  elle  se  perçoit,  pr^cana 
oa  novennaria.  Il  y  a  plusieurs  catégories  de  quinoneros 
la  plus  infime  est  celle  des  vUlanos  de  parada  ^  appelés 
primitivement  du  nom  latin  deco/Zatom^  ou  coUati  ien- 
delU  ^  à  une  époque  où  ils  étaient  à  la  merci  de  leurs 
maîtres,  qui  avaient  sur  eux  droit  de  vie  et  de  mort.  Si 
le  sol  était  partagé  entre  les  fils  du  seigneur,  les  collaterii 
pouvaient  être  coupés  en  morceaux  pour  être  divisés 
entre  les  enfants  de  leur  maître  (inter  filios  dominorum 
suorum  gladio  dividendi  ^^ 

*  Fueros^  t.  1,  lib.  Vil,  de  Creatiane  militum,  fuero  de  Jean  11;  — 
Observandatj  lib.  Vl^  de Conditioneinfantionatm,  Ji  ^.—  Ve}.  sur  la 
bourgeoisie  d'Aragon  les  excellentes  recherches  de  Schmidt  (G0#* 
fkichte  aragonien's,  p.  395  et  suiv.j. 

^  ObservanciaSy  lib.  VI,  de  PrivUegiis  dominas  infaniiimx^  g  9. 

'  Observancias,  lib.  VI,  de  PrivUegiis  domin»  infaniionad,  §  9  ;  — 
Blancas,  Rerum aragonensium  comment .^  a|».  Hisp.  illustr.^^.  739. 
—  Schmidl  prétead  que  les  coUaUrii  étaient  lei  dec^cendants  des 
premierâ  Sarrasins  soumis  parles  armes  chrétiennes. 


900  LITBB  m  ,  CHAPITRE  tn 

Hais,  à  la  suite  <I*une  révolte,  ces  infortuoés  obtinrent 
quelque  adoucissement  à  leur  condition  et  changèrent 
leur  nom  en  celui  de  vilains  de  parada  S  Plus  heu- 
reux que  les  serfs  de  poursuite  français  et  catalans,  mais 
plus  malheureux  que  les  solariegos  castillans,  ils  purent 
dès  lors  quitter  leur  seigneur  en  lui  ahandonnant  tout  ce 
qu*ils  possédaient.  Ils  étaient  obligés  de  servir  de  caution 
à  leur  maître  toutes  les  fois  que  celui-ci  en  avait  besoin; 
mais  cette  obligation  cessait  si  le  seigneur  ne  les  îndem- 
sait  pas  de  cequMls  avaient  été  forcés  de  payer  à  ce  titre'. 
On  prélevait  sur  eux  un  impôt  personnel  en  nature,  ap- 
pelé devèria  •. 

Tout  individu  réclamé  comme  serf  doit  prouver  qu*il 
est  libre  par  le  serment  de  deux  infanzons  sur  rÉvangile 
et  la  croix.  Les  enfants  suivent  la  condition  du  père,  ils 
sont  nobles  si  le  père  est  noble ,  serfs  s*il  est  serf,  quelle 
que  soit  la  condition  de  la  mère  ;  mais  si ,  étant  nobles, 
ils  possèdent  des  terres  roturières,  ils  doivent  pour  ces 
terres  les  redevances  et  services  vils.  Le  vilain  qui  épouse 
une  femme  noble  est  libre  tant  qu'il  vit  sur  les  biens  de 
sa  femme.  Celui  qui  demeure  dans  la  maison  d*uo  infanzon 
est  dispensé  A'hosl  et  de  chevauchée,  excepté  pour  les 
terres  qu'il  peut  tenir  du  roi  *. 

A  côté ,  ou  plutôt  au-dessous  du  serf,  se  trouvent  la 
Sarrasin  et  le  Juif.  Ils  peuvent  posséder  et  passer  des  con- 
trats, témoigner  pour  ou  contre  un  chrétien  dans  les 

*  Parada,  séjour,  demeure.  D'après  les  Observaneias  (loco  ettoto), 
ilssont  ainsi  nommés  parce  qu'ils  ont  arrêté  (paraverunt)  \es  coudî' 
lions  avec  leurs  maîtres,  a  De  Parada,  id  est  de  Conventione  »  ,  dît 
Blancas,  p.  732. 

*  Fueros  L  II,  liv.  ÏV,  de  Fidejussoribue . 
'  Blancas,  p.  728  et  729. 

^  Fueros,  t.  I,  lib.  Vil,  de  CondiHone  inftmtionutus  et  de  Procla^ 
mantibus  in  servitutem. 


proeès^  OÙ  Ton  de  leurs  coreligionnaires  est  partie.  Ils 
payent  la  dîme  an  roi  pour  tous  ceax  de  leurs  biens  qai 
ont  autrefois  appartenu  à  des  chrétiens.  Car  les  terres  des 
Sarrasins  nonvellement  soumis  ne  sont  assujéties  qu'aux 
diarges  imposées  par  les  traités.  Ils  ne  peuvent  Tendre 
leurs  biens  à  des  chrétiens  sans  le  consentement  du  roi 
on  de  son  bayle.  Les  Sarrasins  qui  n*ont  pas  été 
amenés  captifs  des  pays  étrangers  par  leur  maître  ont 
le  droit  de  quitter  celui-ci,  en  lui  abandonnant  tout  ce 
({ii*ils  possèdent  V 

Si  des  considérations  générales  sur  les  personnes  et 
les  biens  nous  descendons  à  Texamen  des  formes  judi- 
ciaires, nous  sommes  frappés  d*abord  du  système  adopté 
pour  assurer  la  marche  des  affaires  et  Texécution  des  juge? 
ments.  La  caution  est  le  pivot  sur  lequel  se  meut  toute  la 
procédure  aragonaise:  caution  de  comparaître  en  justice 
comme  demandeur,  comme  défendeur  ou  simplement 
comme  témoin,  caution  de  prêter  serment  ou  d'affronter 
répreuve  du  duel  au  jour  fixé,  caution  de  faire  ou  de  ne 
pas  faire,  telle  est  à  peu  près  Tunique  sanction  des  contrats 
ainsi  que  des  décisions  judiciaires,  qui  ne  sont  au  fond 
qu'une  espècede  contrat,  car  dans  le  peuple  de  Sobrarbe, 
comme  dans  toutes  les  sociétés  primitives,  la  justice  n'a 
guère  que  le  caractère  d'un  arbitrage.  Ainsi  l'actionne 
doit  jamais  être  intentée  par  le  seigneur  représentant 
FÉlat,  mais  par  la  partie  lésée,  et  le  seigneur  doitjager 
d'après  le  fnero  des  deux  parties*.  On  peut   toujours 

*  FueroSy  t.  II,  lib.  VU,  de  Judœis  et  Sarracenis^de  SarracenU 
fugitivU,  de  dedmis  Judxorum  et  Sarracenorum,  de  non  alienandis 
posHSêionitms  tributariis  Judœorum  et  Sarracenorum, 

'  Fueros.  1. 1,  lib.  11,  de Postulando,  a  Si  le  seigneur  du  lieu  dit  à 
quelqu'un  :  a  Tu  as  mal  agi  en  faisant  cela  9,  on  ne  doit  rien  lui  ré- 
pondre, parce  qu'il  est  le  seigneur  du  lieu,  et  il  peut  dire  tout  ce  qui 
luiplalt,  soit  en  bien,  soit  en  mal.  » 


soi  LITBE  Uii  QBàflfBI  TU 

composer»  au  criminel  comme  au  ei?il ,  excepté  daAe  iee 
ca»  d* homicide  manifeste  et  de  trahison  V  La  société  ne 
dispose  d'aacun  moyen  de  faire  respecter  les  Benteocas 
de  ses  représentants;  il  faut  donc  que  tous  ceux  qui  ont  à 
jouer  un  rôle  dans  une  affaire  s'imposent  par  avance 
Tobligation  d*obéir  aux  ordres  du  juge  ;  de  là  les  gages 
ef  les  cautions. 

Dos  qu'une  plainte  est  portée,  le  défende^rou  raccaeé 
donne  caution  de  comparaître  et  de  se  conformer  à  la  iew» 
tence  ;  c'est  la  fianza  de  dreyto  (fidantia  dediteHojl^i  sînM 
le  demandeur  peut  impunément  se  mettre. en  poaseseion 
de  ses  biens.  La  fianza  de  dreyto  donnée  «  le  demandeur 
y  répond  par  la  fianza  de  redra^  caution  de  réparer  le 
préjudice  que  peut  causer  au  défendeur  un  procès  îd« 
joste\  et  de  ne  pas  laisser  reprendre  Tinstance  par  quel- 
qu'un «de  sa  voix»,  c'est-à-dire  soumis  à  son  autorité, 
s'il  s'agit  d'une  action  mobilière,  on  par  quelqu'un  deaa 
descendance  {de  suo  genulh),  s'il  s'agit  d'un  immeuble. 
La  caution  doit  être  un  infanzon  ou  un  bourgeois  d'une 
grande  ville,  dans  les  procès  entre  nobles.  Elle  doit  avoir, 
dans  le  lieu  où  est  situé  l'immeuble  en  litige,  une  maison 
«avec  habitant  qui  y  fasse  du  feu»  et  un  gage  vivant, 
«cheval,  jument,  mule»  mulet»  roussin,  àue  ou  àuesse, 
qui  entre  et  sorte  de  cette  maison.»  Le  cWal  que 
monte  le  chevalier  ne  peut  jamais  servir  de  gage^. 

Le  droit  accordé  au  simple  particulier  de  s'emparer 
des  biens  du  débiteur  qui  refuse  de  comparaître  eu  jnsh 


*  FueroSy  t.  H,  lib.  I,  de  Saiisdando. 

3  Le  malade  n'est  pas  tenu  de  répondre  à  une  action  en  justicei 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  convalescent  et  «  puisse  aller  à  l'église  ».  (Aia^ 
rosy  t.  II,  lib.  I,  quod  cujusque  universitatis .) 

3  Fueros,  t.  11,  lib.  U  de  Satùdando;  lib.  H,  de  Probaiionilm. 

*  /dM»,  t.  Il,  lib.  1,  de  Saiisdando, 


tMt  cosiplète  le  système  des  cautions  et  lai  prête  no 
paissant  secours*. 

Les  ETocat^  sobt  admis  par  les  fuerM  \  le  jage  donne  « 
même  eu  matière  civile,  an  avocat  d*ofQce  à  la  partie  qui 
jure  n'a?w  pu  en  trouver  un^  L* avocat  seul  doit  parler  ; 
ee  Que  toute  autre  personne,  la  partie  elle-même,  pourrait 
dire  ou  avouer,  est  déclaré  non  avenu;  «  la  sentence  est 
rendue  d  après  les  futroê  et  les  dires  de  ravocat\» 

Lé  code  de  Huesca  admet  quatre  sortes  de  preuves: 
tes  actes,  les  témoins,  le  serment  et  le  duel  judiciaire  ^ 

Les  actes,  même  passés  par-devant  notaire,  ne  sont 
valables  que  pendant  vingt  ans ,  lorsque  le  notaire  qui 
a  rédigé  Tacte  et  les  témoins  qui  Tont  signé  sont  toud 
morts'' . 

Pour  établir  la  preuve  testimoniale  d*un  fait,  il  fattt 
«deu&  témoins  légitimes,  faisant  un  témoignage  sufOsant.» 
On  n*exige  que  Tâge  de  sept  ans  si  le  fait  s* est  passé 
daAs  un  lieu  désert,  «où  il  n^y  a  endroit  arrosable  ni  ha* 
bttéV> 

I^s  témoins  doivent  donner  caution  decompabaltre  an 
jour  indiqué  par  le  juge;  ils  sont  entendus  en  présence  des 
parties  ;  il  doit  y  eu  avoir  un  au  moins  de  chaque  religion 
lorsque  les  adversaires  sont  de  religion  différente  ^ 

Au  jour  désigné  pour  Taudition  des  témoins  produits 
par  Tune  des  parties,  si  la  partie  adverse  ne  comparait 

<  Futiros^  1. 1,  Ii)3.  lY,  de  RtrMm  Tesiatiom;  11b.  VIII,  d«  figmrihu»^ 
et  t.  Il,  lib.  I,  de  Pignoribus, 
^  Idem,\.  I,  lib.  Il,  deAâvocatis. 

*  Idem,  X  11,  lib.  I,  d»  Advoeatiê. 

*  Idem,  t.  i,lib.  IV,  de  Tèstibus,  de  Fid$  kiHrumentorum, 
^  Idem,  t.  J,  lib.  IV,  de  Tabellionibus. 

*  Idem,  l.  I,  lib.  IV,  de  Probaiionibu3  et  de  Testibus. 

7  Idem,  t.I,  lib.  IV,  de  Testibuê)  t.  Il,  Kb.  Il,  dé  TesHbnitMIe  Tes' 
HbîueogendU, 


204  LIYRB  III ,    CHAnTRB  TH 

point,  celai  qui  a  amené  les  témoins  doit  attendre  avec 
eux,  avec  les  prud'hommes  et  avec  le  juge,  jusqo^an  mo* 
ment  où  la  première  étoile  apparaît  au  ciel .  Alors  il  appelle 

trois  fois  Tabsent  en  ces  termes:  «  Toi ,  où  es- ta? 

Viens  te  présenter ,  car  je  suis  prêt  à  te  douner  les 
témoins  selon  le  fuero  et  en  vertu  de  la  sentence  rendue 
entre  moi  et  toi.»  Dès  lors,  Tabsent  est  condamné,  à 
moins  qu*il  ne  prouve  un  empêchement  légitime*. 

0,%  fuero,  dans  lequel  apparaît  si  vivement  la  couleur 
germanique,  ou,  pour  mieux  dire,  le  caractère  figuré 
commun  à  toutes  les  législations  primitives,  est  de  ceux 
qui  donnent  au  code  aragonais  sa  physionomie  si  tran- 
chée à  côté  du  code  valencien ,  et  même  du  fuero  juzgo 
et  des  usatges  catalans.  Que  ces  coutumes  symboliques 
soient  passées  d* Aquitaine  en  Aragon ,  ou  qu'elles  soient 
nées  spontanément  dans  le  pays  de  Sobrarbe,  d'une  situa- 
tion  politique  et  d*une  culture  intellectuelle  analogues 
à  celles  des  barbares,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu*en 
plein  XIIP siècle,  au  moment  où  les  législateurs  et  les 
juristes  de  toute  TEurope  faisaient  des  efforts  souvent 
malheureux  pour  s'élever  jusqu'aux  abstractions  et  à  la 
logique  du  droit  de  Jusiinien,  les  mœurs  aragonaises 
obligeaient  les  rédacteurs  des  fueros  à  sanctionner  des 
usages  en  retard  de  bien  des  siècles  sur  la  civilisation 
de  l'époque.  C'est  ainsi  que  l'Aragon  seul,  parmi  tons 
les  États  de  Jacme  I",  conservaitle  dueijudiciaire des  té- 
moins*. C'est  ainsi  que  le  serment  se  retrouve  à  chaque 
page  des /u6ro«  ;  serment  du  demandeur,  serment  du 
défendeur,  serment  de  l'une  des  parties  assistée  de  té- 
moins qui  jurent  avec  elle,  rappelant  jusqu'à  un  certain 
point  les  conjuralores  germaniques  *. 

<  Fuero$,  t.  II,  lib.  II,  de  Tâstibus. 

3  Idem^  t.  Il,  Ub.II,  de  Testibus  cogendis, 

'  Idmn.,  X.  1,  lib.  IV,  de  Teetilm. 


LE  8EBMBIIT  ^5 

Si  an  laïque  réclame  comme  loi  appartenant  un  im- 
meuble  possédé  par  une  église,  <  les  clercs  de  cette 
église  doivent  prendre  de  la  terre  de  cet  héritage  et  la 
mettre  sur  Tautel  de  ladite  église  ;  et  celui  qui  réclame 
jure  sur  Tautel  que  Théritage  d*où  a  été  tirée  la  terre 
qui  est  sur  Tautel  fut  à  lui  et  doit  être  à  lui.  Qu*ii  prenne 
la  terre  qui  estsur  Taute^et  ainsi  Théritage  lui  appar- 
tient. Cependant  les  clercs  de  cette  église ,  lorsque  le 
laïque  vient  pour  jurer,  doivent  dépouiller  Tautel,  Ten- 
toarer  d*épines ,  poser  au-dessus  les  reliques  de  l'église 
et  sonner  les  cloches ,  et  c*est  ainsi  que  le  laïque  doit 
jurer*.  >  Cette  singulière  coutume  parait  avoir  été  em- 
pruntée aux  populations  de  TAquitaine  V 

Le  serment  du  défendeur  est  de  beaucoup  le  plus  fré- 
quent ;  il  décide  le  procès  lorsque  les  actes  et  les  témoins 
font  défaut,  et  que  le  duel  judiciaire  ne  peut  ôlre  admis'. 

Si  le  défendeur  est  noble  de  race  {infanzon  ermunio) , 
sa  parole  seule,  «  sur  sa  bonne  foi  et  son  âme  >,  suffit 
lorsque  Tobjet  du  litige  est  inférieur  à  dix  sols.  De  dix  à 
cent  sols,  il  peut  présenter  «  un  homme  qui  jure  par 
Tâme  de  Yinfanzon  devant  la  porte  de  Téglise  ,  sur  le 
livre  et  la  croix.  >  Au-dessus  de  cent  sols,  Yinfanzon 
doit  jurer  en  personne.  La  femme  noble  est  dispensée, 
dans  tous  les  cas,  de  prêter  serment  en  personne  et  de 
comparaître  devant  le  ju^fîm;  elle  reste  dans  Téglise  et 
envoie  son  procureur,  «  qui  jure  devant  le  prêtre  en 
présence  du  juge  *.  > 

*  Pueroêy  1. 1,  lib.  III,  de  Fora  eompetenti. 

^  •Ex  Aquitanis  provenU  »,  dit  Franco  de  Yillalba  {Forortm 
atque  observantiarum  Âragonix  codex)  ;  —  voy.  le  discours  prélîmi* 
naire  de l'édilion  des Fti«fo#  de  MM.  Savait  et  Penen,  gU. 

*  FueroSy  t.  II,  lib.  II,  deSacramento  deferendo. 

*  Fueros^i.  l^  lib.  II,  de  Procuratoribus ,  et  t.  II,  lib.  Il»  deJure^ 
iu/rondo,  L'mfanzon  ne  peut  profiter  qu'une  seule  fois  du  bénéfi($e 


906  LITRE  m,  CBAflTIlB  T1I 

Le  cbrétieo  adversaire  d'un  jtiif  doit  Jnner,  pour  une 
seUAfine  inférieure  à  sIk  deniers,  sar  la  tète  de  sofi  pw^ 
rain;  au-dessus,  sar  l*Éyangile  et  la  croix.  Le  juif  prête 
serment  sar  la  loi  de  Moïse  JQsqa*à  douze  deniers ,  et, 
au-dessus,  sur  Facte  lui-même.  Le  Sarrasin  doit  jurer  au 
chrétien  et  au  juif  •  per  totum  bUle,  ylledi,  leilkha  UU- 
hna  \  > 

Le  serment  peut  être  déféré  par  le  juge  à  Tune  des 
parties  ou  par  l*un  des  plaideurs  à  son  adversaire  ^. 

Il  y  a  dans  chaque  ville  un  autel  sur  lequel  rindividu 
accusé  d*un  crime  capital  prèle  serment  pour  se  laver  de 
raccusation  *. 


du  seroentpar  procureur.  Lorsqu'il  a  repoussé  une  demande  par  ce 
pioyen,  il  doU  jurer  en  pejsonne  pour  toutes  les  autres  demandesqui 
peuvent  lui  Aire  faites  en  justice. 

*  Ffê9rot,t.  H,  lij)  II,  de  TestHms  e\  de  Saeramentodeferendo. 
CI.  UerHy  l,  1(,  lib.  Vlll,  append.  de  Saeramento  Sarracenorwn,  —- 
Les /uifs  ont  deux  formes  de  serment,  l'une  «  sur  la  loi  de  Moïse  ?t 
sur  les  dix  commandements  de  la  loi  »  ;  l'autre,  appelée  serment  des 
malédictions,  établie  par  une  ordonnance  datée  de  Girone  le  26  fé- 
vrier 4332,  se  trouve  en  latin  dans  les  Ftierot  d'Aragon  et  dans  les 
Privilèges  de  Valence,  et  en  catalan  dans  les  Usatges,  Cette  longi|e 
formule  était  lue  au  Juif,  qui,  le  livre  des  lois  de  Moïse  surlecQU 
(rotulum  incollo),  répondait:  Je  le  jure,  ou  Amen,  en  divers  endroits. 
Parmi  les  malédictions,  nous  remarquerons  celle-oi  :  a  Si  tu  saisit 

vérité  et  si  tu  jures  le  mensonge que  l'étranger  qui  se  trouve  avec 

toisur  la  terre  s'élève  au -dessus  de  toi  et  te  domine.  Tu  descendras 
au-dessous  de  lui  ;  il  te  prêtera  de  l'argent  à  Intérêt  et  tu  ne  lui  en 
prêteras  pas....  Mange  le  fruit  de  tes  entrailles  et  Ifi^  obair  de  le«  îQs 

et  de  tes  filles Que  ton  âme  erre  dans  les  lieux   où  les  chiens 

dépêtrent  leurs  ordures,  a  {Con$i.  de  CataL,  vol.  lU,  Hb.  I,  lit.  ?, 
«fi.  4.  -—  jPcMfos,  t.  II,  lib.  VU!,  app.  de  Socramani«  /fM/aorum  ;— 
Prw.drKoi.,  ^v,nM4.) 

^Fueroêf  t.  11,  lib.  Il,  de  Jurejurundo  ei  de  SùcrcutAenio  de- 
ferendo . 

<  «  AUare  in  quo  oonsueliim  «s t  îorare  pro  ho&ijciJio.  a  {Fudros^ 
1. 11^  Ub.  U,  ^0  ProbatUm^im,)  Celte  preuve,  ne  seBlb^  adniMe  par  (e 


PMSCBfmOlf  DB  Là  TOBTURE  209 

aux  serments,  ou  poar  les  corroborer,  les  léglslaltoos  du 
isqyfiD  ^  admettent  généralement  les  épreutes  Judi- 
çîairei  qu  ordalies ,  la  torture  et  parfois  la  procédure  par 
enquête,  innoratioa  empruntée  aux  tribunaux  ecclésiaa^ 
tiques.  A  quel  titre  et  dans  quelle  mesure  ces  diters 
moyens  de  oonyiction  entrent-ils  dans  le  système  de  pr^ 
oédpre  de  chaque  peuple  ?  De  la  réponse  à  cette  question 
$e  déduit  le  degré  de  civilisation  d*une  sociélé  et  le  génie 
4e  ses  législateurs. 

Quaet  au  législateur  de  T  Aragon  ,  c'est  à  Valence  quMI 
iMit,  te  juger  plutôt  qu*à  Huesca.  où  des  usages  inflexibles 
gênent  sqn  action  ;  mais  la  société  aragonaise  nous  appa* 
reit ,  fQ  point  de  vue  de  la  procédure ,  sous  un  jour  plus 
favorable  que  celle  de  la  plupart  des  autres  États  eH" 
f opéena  du  XIII*  siècle.  Ce  n'est  pas  cependant  à  sa  civir 
Ueation  qu*il  faut  en  faire  honneur ,  mais  plutôt  à  son 
génie  indépendant  et  fier ,  antipathique  à  tout  ee  qui 
eeiabte  attenter  à  la  dignité  de  Thomme  ou  à  la  liberté 
de  riedîvidu. 

La  torture  n'est  point  nommée  dans  les  fuerês  de 
Jeoope  I'';  elle  est  évidemment  enveloppée ,  comme  le 
prouvant  des  documents  législatifs  postérieurs  \  dans  ia 

texte  des  Fueros  que  dans  le  cas  où  un  noble  est  accusé  du  meurtre 
4'Qn  autre  noble  ;  encore  faut-il  que  ^accusateur  consente  à  accep- 
lir  le  serinent  de  l'acousé.  {Fueros,  t.  II,  lib.  VI,  de  Conditionêinfan^ 
tionaius.)  Nous  croyons  cependant  qu^elledoit  être  étendue  a  d^autret^ 
cas.  La  loi  la  rejette  expressément  lorsqu'il  s'agit  d'un  homicide  par 
trahison . 

^  Un  fuero  de  Jacme  !«'  déclare  qu'il  n'y  a  pas  de  pesquis  a  en 
Aragon  (t.  f,  lib.  IV,  de  Testibus)  ;  le  Privilégia  gênerai  ùe  4283 
(Fueros,  t.  I,  lib.  l,Privilegium  générale  Aragonum)ipro<^crïi  Vinqui- 
sieh  pour  toutes  le^  causes  ;  la  confirmation  du  Privilégia  gênerai 
par  Jacme  II,  en  hZ%ô(FueroSi  t.  T,  lib.  I,  Declaratio privilegii  gêner 
fioii«)i  âéclare  que  la  torture  et  l'tngut>tcio  sont  contraires  au  fuerq 
et  à  l'article  du  Privilégia  gênerai  que  nous  venons  de  Qtea«^ 
lionner. 


M8  LtVR£   III,  CHAPITRE   YU 

proscription  du  système  d'eoqaéte  {infummn  \peêfitka) 
prononcée  par  ce  code. 

On  sait  que,  d'après  le  système  germanique*  lorsque 
les  parties  avaient  exposé  leurs  dires  et  fourni  les  preuves, 
le  juge,  s*il  ne  se  trouvait  pas  assez  éclairé,  ordonnait, 
suivant  les  cas,  le  serment  de  Tun  des  plaideurs  ou  Id 
jugement  de  Dieu.  L*Égli$e,  justement  ennemie  de  ces 
deux  manières  de  procéder,  dont  Tune  favorisait  le  par* 
jure,  tandis  que  l'autre  offensait  à  la  fois  Dieu  et  la  raison, 
introduisit  dans  ses  tribunaux  Tenquéte,  c*est-à«<lire 
l'examen  minutieux  des  circonstances  de  la  cause,  des 
dires  des  parties,  des  preuves  fournies  par  elles,  de 
manièreàformer  chez  le  juge  une  conviction  qui  sefor- 
mulait  en  une  sentence.  Malheureusement,  d'nnexcelleot 
principe  naquirent  des  conséquences  détestables:  les 
juges,  pour  dégager  leur  responsabilité  en  donnant  à 
leurs  décisions  une  base  en  apparence  plus  solide  qae 
leurs  propres  appréciations,  imaginèrent  divers  moyens 
d'arracher  des  aveux  aux  parties  ;  de  là,  les  procédures 
secrètes,  la  torture  des  accusés  et  celle  des  témoins, 
ressuscitée  des  législations  antiques. 

Saint  Louis,  avec  le  sentiment  instinctif  de  Téquité 
qui  caractérise  tousses  actes,  admet  l'enquête  en  rejetant, 
au  moins  implicitement,  la  torture.  Les  mœurs  arago* 
naises  repoussaient  à  la  fois  Tune  et  l'autre,  excepté 
lorsqu'il  s'agissait  du  crime  de  fausse  monnaie  commis 
par  un  étranger  ou  un  vagabond*;  mais  elles  admet- 

^  Des  historiens,  trompés  par  ce  nom  ,  ont  cité  des  textes  ùesfue- 
ros  pour  prouver  que  l'inquisition  religieuse  n'avait  jamais  existé 
en  Aragon. 

^  L'un  des  caractères  de  la  procédure  par  enquête  fut  la  substilu* 
lion  de  la  société  à  rindividu,  pour  la  poursuite  do  certains  délits. 
C^est  dans  ce  sens  évidemment  que  les  fueros  de  Huesca  admettent 
la  pesquisa  pour  le  recouvrement  des  tributs  supérieurs  à  dix  sols. 
{Fu^roê,  t.  1,  Ub.  iV,  de  Testibus.) 


LE  JUGBMBKT  DB  DIEU  209 

talent  à  la  fois,  comme  nous  Tavons  déjà  dit,  le  sermamt 
et  le  jugement  de  Dieu  sous  la  forme  du  combat. 

Les  ordalies  vulgaires,  c'est-à-dire  les  épreuves  de  Teau 
froide,  de  Tean  bouillante,  du  fer  chaud,  du  feu,  de  la 
croix ,  étaient  tombées  en  désuétude  au  Xlir  siècle  \ 
JacmeestTundes  premiers  souverains  qui  lésaient  abolies 
en  termes  formels  *  :  «  En  l'honneur  de  celui  qui  a  dit: 
<  Tu  ne  tenteras  pas  le  Seigneur  ton  Dieu  » ,  nous  abolis- 
sons entièrement,  et  pour  tous  les  cas  quels  qu'ils  soient, 
le  jugement  du  fer  chaud,  de  l'eau  bouillante  et  autres 
semblables,  de  telle  sorte  que  de  cette  heure  à  l'avenir, 
dans  aucun  lieu  soumis  à  notre  juridiction  ou  situé  dans 
les  limites  de  notre  terre,  de  tels  jugements  ne  soient 
jamais  ordonnés,  imposés,  mis  en  pratique,  ni  volontai- 
rement subis'».  La  conséquence  logique  de  cette  dispo- 
sition devait  être  l'abolition  du  combat  judiciaire,  aboli- 
tion qu'Alfonse  X  décréta  en  Caslille,  comme  Louis  IX 


*  Yoy.  Lafuente,  Hist.  de  Esp.^  pari.  11,  Ub.  1,  cap.  xxvi. 

*  Le  législateur  aragonais  a  été  devancé  dans  celte  voie  par  Tem* 
pereur  Frédéric  11,  qui,  dans  ses  conslilutions  de  Sicile/promulguées 
en  4224,  aboli!  non-seulement  les  ordalies  vulgaires,  mais  aussi  le 
dueijudiciaire.  Celle  dernière  épreuve  n'est  conservée  que  pour  les 
aecusalions  de  lèse-majesté,  d^bomicide  par  guel-apens  et  d'em- 
poisonnement ,  a  non  à  litre  de  preuve  juridique,  mais  comme 
moyen  dMntimidation  ;  car  Notre  Sérénité,  ajoute  le  législateur,  ne 
cousidère  pas  comme  juste  dans  ces  occasions  ce  qu'elle  a  déclaré 
injuste  dans  les  autres;  mais  nous  avons  voulu,  pour  le  cbâliment 
des  coupables  et  Pexemple  des  autres,  soumellre  publiquement,  et 
aux  yeux  de  tous,  à  une  épreuve  redoutable  ceux  qui  ne  craignent  pas 
d'attenter,  par  des  moyens  insidieux,  à  la  vie  humaine,  que  la  Provi- 
dence divine  peut  seule  créer.»  {Constitutionum  neapolilanarum  fsive 
stcularum:,  lib.  II,  lit.  XXXIII.)  Le  duel  judiciaire  était  plus  facile  à 
supprlmeren  Italie  qu'en  Aragon  ;  encore  parall-il  que  Frédéric  ne 
parvint  pas  à  en  faire  cesser  Tusage  parmi  les  habitants  des  Deux- 
Siciles,  qui  étaient  d'origine  française  ou  germanique. 

'  Pwros,  1. 1,  lib.  IX,  de  CandetUis  ferri  Judicio  abolendo, 

T. IL  14 


SIC  LfVBE  ni ,   OfAnTRE  Tll 

6Q  France,  et  que  Ton  et  l'antre  farent  impuissants  i 
faire  observer. 

C'est  qu'il  y  avait  dans  eet  usage  qaelque  chose  de 
plus  qu'un  simple  jugement  de  Dieu.  Le  combat  judi- 
ciaire puise  surtout  sa  force  et  sa  vitalité  dans  le  principe 
chevaleresque  du  point  d'honneur  *  ;  aussi  les  législateurs 
du  XIIP  siècle  ne  purent-ils  triompher  des  mœurs  de 
leur  temps,  et,  si  Jacme  parvint  à  réduire  notablement, 
dans  le  royaume  de  Valence,  les  cas  dans  lesquels  le  dnei 
fut  autorisé  par  la  loi,  il  fit  de  vains  efforts  pour  atteindre 
le  même  but  en  Aragon.  Le  combat  ne  pouvait  avoir  liea 
si  un  clerc  ou  un  laïque  voué  à  la  vie  religieuse  était 
partie  au  procès,  non  plus  qu'entre  adversaires  de  reli- 
gion différente,  entre  père  et  fils,  gendre  et  beatf-père, 
entre  les  héritiers  d'une  partie  et  la  partie  adverse,  à  moins 
que  cette  dernière  ne  fut  accusée  d'avoir  tué  son  adver* 
saire  par  trahison.  11  n'était  pas  autorisé  lorsqu'il  s'agis* 
sait  d'un  fait  personnel  à  un  individu  mort,  lorsque  la 
valeur  du  litige  était  inférieure  à  dix  sols,  le  défendeur 
n'étant  pas  noble,  ou  à  cent  sols,  le  défendeur  étant  noble, 
et  dans  quelques  autres  cas,  que  le  juge  avait  souvent  la 
liberté  d'étendre,  puisqu'il  lui  appartenait  de  décider  si 
l'importance  du  procès  permettait  de  recourir  à  ce  genre 
de  preuve*. 

^  a  La  preuve  par  le  combat  singulier,  a  dit  Montesquieu,  avait 
qaelque  raison  fondée  sur  ^expérience.  Dans  une  nation  uniqoemeai 
guerrière,  la  poltronnerie  suppose  d'autres  vices  ;  eWe  prouve  qu'on  a 
résisté  à  Téducalion  qu'on  a  reçue  et  que  l'on  n'a  pas  été  sensible  à 
rhonneur  ni  conduit  par  les  principes  qui  ont  gouverné  les  aylres 
hommes. 9  (  Esprit  des  lois^Wv.  XXVIII.  chap.  17.)  En  faisant  la  part 
du  paradoxe  dans  celte  justification  du  duel  judiciaire,  il  reste  ce- 
pendant quelque  chose  de  vrai  touchant  les  qualités  morales  que  cette 
épreuve  suppose  à  un  bien  plus  haut  degré  que  les  ordalies  vu^ 

gaires. 
3  FueroB,  t.  I,  lib.  IV,  de  ProhtHiêmbus  ;  lib.  Il,  dé  9\M9;  t.  U. 


Lte  B«Ët  ItDIClAtRÊ  M 

£&.  somiiiB,  les  cas  d6  duel  on  de  bataille,  comme  on 
disait  alors,  ét^iieût  à  peu  près  les  mêmes  en  Aragon  qn*en 
France.  Le  combat  pouvait  avoir  lieu  indifféremment 
entfe  hobles,  bourgeois  ou  vilains.  Le  duel  à  cheval  était 
réservé  âtix  nobles,  le  duel  à  pied,  avec  les  armes  dès 
fantassins,  aux  non-nobles,  et  enfin  le  duel  «  au  bouclier 
et  au  bâton  >,  aux  individus  qui  ne  possédaient  pas  ube 
▼aieuf  mobilière  de  six  cents  sols  ^ 

Les  formes  de  cette  épreuve,  dont  les  furs  de  Valence 
s'occupent  minutieusement,  parce  qu'ils  tendaient  à  là 
rendre  aussi  rare  que  possible,  sont  tellement  connues 
de  tous  en  Aragon,  que  le  code  de  Huesca  en  parle  à 
peitie.  Le  défendeur,  disent  seulement  les  fueros,  doit 
amener  avec  lui  deux  hommes  à  pied,  «  lui  troisième, 
s'il  est  apte  à  la  bataille  > ,  le  demandeur  en  amène  autant 
qu'il  le  veut  ;  dans  ce  nombre,  des  «  fidèles  élus  par 
chacQne  des  parties  »  choisissent  un  combattant  de  cha- 
que eôté,  de  façon  à  ce  que  les  deux  champions  soient 
aussi  égaux  que  possible  en  force  corporelle  *. 

Lorsqtte,  après  (rois  jours  de  lutte,  le  résultat  reste 
iûcertain,  le  défendeur  a  gagné  sa  cause  \ 

Pour  terminer  ce  qui  a  rapport  à  la  procédure,  nous 
constaterons  le  silence  complet  des  fueros  sur  la  forme  et 
le  nombre  des  appels  \ 

lib.  Il,  de  Testibus y  de  Jurejurando^  de  Sacramento  deferendo;\.  VllI, 
de  Duêllo. 

*  Fuero$,  l.  lï,  lib.  II,  de  Probationibu3. 

'  Il  y  ûvail  le  duel  per  parem ,  dans  lequel  les  deux  corabaltants 
devaient  êlreég:adx  en  naissance,  on  fortune  et  en  force,  el  le  duel 
perconsimilem^poûv  lequel  on  n'exigeait  que  l'égalité  des  fotces 
pby&iques.  [Fueros,  t.  î,  lib.  IX,  de  Proditionibus .) 

»  Fuerosy  1. 1,  lib.  IX,  de  Duello\  t.  II,  lib.  II,  de  ProbationibUs .  ~ 
Yoyez  aassi  1. 1,  lib.  Il,  et  t.  Il,  Ilb.  I,  Quodôujusque  universi- 

*  Le  titre  de  Àppeîlationibus  (t.  II,  lib.  VIII)  ne  parle  que  dtf  dé^ 
lai  de  l'appel  et  des  frais. 


.*  " 


^ 


312  LITRE  III,  CHAPITRE  TU 

Si  Dons  recherchons  dans  le  code  de  Hnesca  les  prin- 
cipes qni  régissent  la  minorité,  Tadoption,  la  tutelle, 
nons  n*y  trouvons  que  quelques  indications  vagues, 
emprunts  imparfaits  au  droit  romain.  Nous  remarque- 
rons seulement  qu*il  n*est  question  dans  la  loi  aragonaise, 
comme  dans  le  droit  canonique,  que  d*une seule  minorité, 
celle  de  quatorze  ans  ^ 

Gomme  contre-partie  de  Tadoption,  les /tiero«  admet- 
tent la  (ie$a/!/îaeion,  peine  plus  forte  que  Teihérédation, 
et  qui  rompt  tous  les  liens  légaux  du  père  au  fils.  La 
desa/iliacion  ne  peut  avoir  lieu  que  dans  trois  cas:  si 
Ton  attente  à  la  vie  de  son  père  ou  de  sa  mère,  si  roo 
néglige  de  les  délivrer  de  la  captivité,  si  Ton  a  commerce 
avec  la  femme  légitime  de  son  père  '. 

L'émancipation  n'existe  pas  en  Aragon.  La  puissance 
paternelle,  dans  le  sens  romain  de  ces  mots,  y  est  inconnue; 
mais  Tautorité  du  père  de  famille,  qui  la  remplace,  u*est 
pas  plus  réglée,  pas  plus  définie  par  le  code  de  Huescaque 
Tadoption  et  la  tutelle.  La  raison  et  Téquité,  qui  doivent 
seules,  d'après  le  préambule  des  fueros,  suppléer  an 
silence  de  la  loi,  ne  peuvent  combler  de  telles  lacunes.  Il 
fallait  évidemment  recourir  pour  ces  questions  au  droit 
ecclésiastique,  toujours  invoqué  du  reste  pour  les  points 
qui  touchent  à  l'organisation  de  la  famille  et  aux  devoirs 
réciproques  de  ses  membres. 

*  FueroSf  t.  I,  lib.  V,  de  Contractibtu  minorum,de  Natis  exdani' 
nato  coitu;\ïb.y\\\^deAdopti(mibus,  Le  titre  de  Tutoribus,  manu- 
missoribiis ,  spondalariis  et  cabeçalariis  ne  parle  que  des  exécuteurs 
tevStomenlaires.  Les  Observancias  (Lib.  \^de  Tutoribus,  manumiS' 
soribusj  etc.,  §  4i  7  el9)  donnent  quelques  éclaircissements  sur  It 
tutelle,  qui  peuvent  être  acceptés  comme  se  rapportant  au  règne  de 
Jacme  I*'. 

^  Fuerosi  t.  I,  lib.  Vl,  de  Exhxredatione  fiUorum,  La  ocnoOemç  de 
l'ancienne  Grèce  était  à  peu  près,  parait-il ,  la  desafiliacion  des  Ara- 
gonais. 


BB6IME  DE  LA  DOT  2(3 

Le  régime  de  la  dot  rappelle  les  coutumes  germaniques 
reproduites  en  partie  par  le  fuerojuzgo.  Le  mari  consti- 
tae  la  dot  (dos)  de  la  femme;  les  biens  apportés  par  celle- 
ci  sont  nommés  axovar  *;  ce  n'est  pas  d'après  leur  valeur 
que  se  règle  la  dot  constituée  par  le  mari^  mais  bien  uni- 
quement d*après  le  rang  de  la  femme. 

L*épouse  noble  reçoit  en  dot  de  son  mari  trois  héri- 
tages [hoerediiates^)  s'il  les  a,  sinon  il  doit  lui  donner  ceux 
qu'il  possède. 

La  bourgeoise  [francha,  id  est  civitatis)  a  pour  dot  cinq 
cents  sols  au  moins  hypothéqués  sur  les  biens  du  mari; 
mais  lanaissance  d'un  enfant  viable,  quoiqu'il  meure  peu 
de  temps  après,  lui  enlève  ses  droits  à  cette  dot. 

Ia  yihine  {villana)  doit  recevoir  une  maison  couverte 
de  douze  poutres,  un  arpent  (arenzata)  de  vigne,  un 
champ  dans  lequel  on  puisse  semer  une  arro6e^  de  froment 
Comme  la  bourgeoise,  elle  perd  sa  dot  par  la  naissance 
d'un  enfant  viable;  mais,  si  elle  demeure  veuve,'  elle  a 
droitàla  moitié  des  immeubles  acquis  durant  le  mariage'. 

La  femme  ne  peut  renoncer  à  la  dot  que  du  consentement 
de  son  père  et  d'un  autre  parent,  ou  de  deux  de  ses  plus 
proches  parents,  si  le  père  est  mort'. 

Le  mari  ni  la  femme,  qu'ils  aient  ou  non  des  enfants, 
ne  peuvent  aliéner  aucun  de  leurs  biens  que  d'un  com- 

*  Â  Valence  et  en  Catalogne,  on  appelle  axovar  ou  exovar,  une 
vraie  dot  apportée  par  la  femme.  Ce  que  le  mari  assure  à  celle-ci 
est  \ecreix  ou  screiaf^  augment  de  dot.  La  dot  aragonaise  a,  comme 
on  levoit,  plus  d'un  point  de  ressemblance  avec  le  douaire  des  cou- 
tumes françaises. 

^  On  entend  par  héritage,  ainsi  que  l'expliquent  les  Observancias 
(Lib.  Y,  de  Jure  dotium^  g  4),  une  ville,  un  château,  une  maison, 
uo  champ  ou  une  vigne,  selon  le  rang  du  mari. 

*  Trente-doux  livres. 

*  Fueros,  1. 1,  lib.  V,  de  Jure  doHum. 

*  Jdem,  id.,  td.,  de  CorUractUms  conjugum. 


914  UTW  lOi  CBAVRIUlTn 

man  accord.  Quant  à  Yaxovar,  il  est  inaUênal^le  t|nt 
qu'il  D*j  a  pas  d'enfants,  à  moins  de  remploi  garanti  pv 
des  cautions  ^ 

La  veuve,  lorsqu'elle  ne  se  remarie  pas  et  vit  honnê- 
tement, conserve  l'usufruit  des  biens  de  son  mari.  Son 
second  mariage  ou  sa  mauvaise  conduite  la  privent  égale- 
ment de  la  dot  et  de  cet  usufruit  *. 

La  veuve  noble  non  remariée  peut  mettre  en  gage  pour 
vivre  l'un  des  trois  héritages  qu'elle  a  reçus  en  dot^  si 
elle  n'a  pas  d'enfants  qui  veuillent  pourvoir  à  se^  besoins: 
elle  peut  aussi  donner  l'un  de  ces  héritages  à  un  de  ses 
enfants,  un  autre  à  l'église  où  son  mari  est.  inhumé, 
pourvu  qu'elle  y  choisisse  elle-même  sa  sépulture,  et  par- 
tager le  troisième  entre  ses  enfants'. 

Si  la  femme  noble  meurt  avant  son  mari,  les  enfants 
héritent  de  la  dot  ;  cependant,  si  le  mari  veut  contracter 
un  second  mariage  et  qu'il  n'ait  pas  d'autres  biens,  il 
peut  leur  enlever  celui  des  trois  héritages  qui  a  le  moins 
de  valeur,  et,  s'il  se  marie  une  troisième  fois,  il  peut 
encore  leur  prendre  «  le  moins  bon  »  des  deux  héritages 
qui  leur  restent  ^. 

Le  veuf  ou  la  veuye  qui  convole  en  secondes  nocea 
doit ,  en  présence  des  parents  du  conjoint  défunt,  p^rta- 
|[er  tous  les  biens  possédés  en  comniun  durant  ^e  marrl^ge 
et  en  donner  la  moitié  aux  enfants  nés  de  cette  première 
UBion  ,  déduction  faite  des  frais  de  sépulture,  d'un  Ht 
garni  des  plus  belles  étoffes  qu'il  y  ait  dans  la  maison^  <^e 
i&x^Ji  béte^  de  labour  avec  leurs  harpais  ,  des  vétemejpK 
et  joyaux  du  survivant.  La  femme  noble  prélève,  enoutro, 


*  FueroSf  t.  I,  lib.  IV,  Ne  vir  sine  lu^ove  ;  lib.|¥,  d^  J.ux^  (Miêm^ 
^  Idem,  id,,  lib.  V,  de  Jure  dotium, 

*  Idem,  id.,  id,,  id, 
^  Idem,  id,,  id,,  id. 


U»  SUGCGSftlOIfS  M^ 

BU  vase  d'argent ,  mv» captive^  une  mnle  à  chevaDcher , 
UD  ustensile  de  chaque  matière  et  la  moitié  de  tous  lesi 
autres  meubles  \ 

Le  survivant  des  conjoints  ne  peut  rien  donuer  »  même 
de  ses  propres  biens,  à  Tun  des  enfants  issus  du  mariage, 
s*il  y  en  a  plusieurs,  à  moins  que  le  défunt  ne  Vy  ait 
autorisé  par  acte  authentique.  Ces  dons  sont  permis 
cependant  si,  parla  volonté  de  Tépoux  survivant  ou  par 
suite  de  son  second  mariage,  il  a  été  procédé  au  partage 
dont  nous  venons  de  parler  V 

Dans  les  lois  successorales  nous  retrouvons  les  princi- 
paux traits  des  coutumes  françaises  :  la  succession  des 
propres,  la  substitution  pupillaire,  le  retrait  lignager^ 
La  préoccupation  constante  du  législateur  semble  avoir 
été  d*empâcher  le  morcellement  de  la  propriété  immo- 
bilière et  son  passage  d*une  famille  dans  une  autre  *. 
Aiosi  lorsque  deux,  frères  possèdent  par  indivis  un  im« 
meuble  provenant  d'un  ascendant,  la  part  de  celui  qui 
meurt  accroît  au  copropriétaire  à  Texclusion  des  autres 
frères  et  sœurs  ^ 

Le  droit  d*ainesse  n'existe  pas  en  Aragon,  les  eufaDis 
partagent  par  portions  égales  les  biens  paternels  et 
maternels;  Tun  d'eux  néanmoins  peut  être,  du  consente- 
ment commun  du  père  et  de  la  mère,,  avantagé  d'un 
seul  meuble  ou  d'un  seul  immeuble.   Dans  les  familles 


*  FuerWf  I.  I,  Ub.  V,  de  Jure  dotium,  de  Secundis  Nuptiis, 

»  Afom,  td.,  lib.VlIf,  de  Donationibus.  Cf.  Obser-vancias ,  lib.  IV, 
dB  IHmaHombus,  ^  43. 

.  *  FuercSf  l.  I,  Ub.  YI,  (2^  R^us  vinculaiis;  lib.  V,  tf«  Natis  ex  dam- 
nato  coïtu. 

*  Nous  avons  parle  du  fuera  qui  asireiot  celui  qui  réclame  la  pro- 
priété d'un  iounaubie  à  la  saule  preuve  que  l'objet  du  liiige  a  appap- 
teou  à  son  aïeul. 

5  Fueros,  l.  1,  Ub.  III,  de  Communi  dividendo. 


fi«  *•'.'■•  p*-rt  ^-a  ^  n-^r».  I^-mt  f -tJ-îfw  ie  «erseat  n  JK- 
tf*^,  lirr::".«  i>  Irr:rîiir»  p«?rîr»  >«r*  bins,  k«r  douer 
«r«  ^-rx^^ù  p -L  ..:.  ii>§  ii.-ir  par  fes  chevcsx*. 

H  t*>èl  (i^i  -Tae?::>*  dkrs  l«s  /aerai  de  b  saccessioi 
àf^,  ^istt:.  i^M^,  et  lajirlspraletize  an^-3Baise  éuil  sî  pei 
tkrorah.>  a  C'g  gecre  lieso^cessi-jD  qa'eile  aiait  iDterprélé 
ajtiez  arLitraireoieDt  dd  passade  dn  code  de  Hvesca  dans 
\t  itu^  d'o&e  eicia^ioQ  formeiie  du  père  el  de  b  mère, 
ménie  ior^a'îl  s'agisâaît  des  biens  donnés  par  eoi  i 
leur  er.fdDt  d^:^1é  «6  imloMtX  sans  po5térité\ 

Le  code  de  Hoesca  admet  deox  sortes  de  testameot: 
le  krèlament  écrit  et  le  testament  Terbal,  qoe  les  corn- 
mentaleors  dn  droit  romain  ont  ap[  elé  mrnmcmpëhf*  ;  mais 
ces  deox  manières  de  donner  une  faleor  légale  aux  actes 
de  dernière  Tolooté  ont  été  dépouillées  des  formalités  qui 
les  entouraient  encore  au  temps  de  Justinien.  Les  Papes 
donnèrent  les  premiers  Texemple  de  ces  simplifications, 
que  presque  toutes  les  législations  adoptèrent. 

«  Fwrot,  l.  I,  lib.  Vf,  de  Exfurredalwne  /Uiorum:  t.  H,  Hb.  H,  de 

Dcnalionitms, 

'  IfUrrif  id,,  id.,  de  ExharedaiioTU  filiorum. 

*  Idnn,  UL,  id,,  de  Rebut  vinculatis.  Cf.  fuero  de  Jacme  II,  au 
méine  livre,  i\U  de  Surces$oribus  ab  iniestaio,  et  Observaneias ,  lib.T, 
de  Tesiamenliif  g  6.  —  La  loi  aragonaise  s'est  éloignée  en  ee  point 
de  loi.4  frankes,  qui  généralement  lui  servent  de  modèle,  pour  se 
rapprocher  de  celles  des  Burgundes.  (Voy.  Lex  Burgundionum,  cap. 
XIV,  de  SuccrstionibuSf  §  2.) 

*  Aux  XII*  et  XIII*  siècles,  on  appelait  souvent  testament  nuncu- 
patif,  par  opposition  au  testament  olographe,  celui  qui  était  écrit 
sousla  dictée  du  testateur.  (V.  le  Glossaire  de  Du  Gange,  v  Nuneu- 
paiivum,) 


LES  TESTAHENTS  217 

Les  fueros  de  Jacme  V^  ne  s'occupent  que  du  testa- 
ment verbal;  mais  de  leurs  termes  se  déduit  clairement 
l'existence  du  testament  écrit,  pour  la  validité  duquel 
l'intervention  d'un  notaire,  et ,  à  défaut,  du  chapelain  du 
lieu ,  assistés  l'un  et  l'autre  de  deux  témoins,  est  déclarée 
suffisante  par  les  décrétalesV 

Le  testament  verbal  doit  être  fait  en  présence  d'exé- 
cuteurs testamentaires  { spondalarii ,  cabezalariis  manu' 
missores).  Ceux-ci ,  après  la  mort  du  testateur,  jurent 
«  par  Dieu  et  leur  àme  > ,  en  présence  de  deux  témoins 
et  d'un  notaire ,  ^ui  met  le  testament  par  écrit,  que  telle 
a  été  la  dernière  volonté  du  défunt. 

Ces  exécuteurs  testamentaires  peuvent  être,  soit  le 
chapelain  ou  curé  du  lieu  et  deux  habitants ,  majeurs  et 
de  bonne  renommée,  soit  trois  de  ces  derniers,  soit 
encore,  en  cas  de  nécessité,  le  chapelain  assisté  d'une 
femme  de  bonne  renommée,  ou  enfin  ,  dans  les  endroits 
déserts,  deux  enfants  de  sept  ans  au  moins. 

Si  le  testament  écrit  ou  verbal  est  argué  de  faux,  les 
témoins  ou  les  exécuteurs  testamentaires  en  attestent  la 
sineérité  en  levant  les  mains  au  ciel ,  et  en  jurant  sur  la 
croix  et  l'Évangile  devant  la  porte  de  l'église,  en  pré- 
sence du  justicia  de  la  ville  et  des  prud'hommes*. 

La  donation  entre*vifs  ne  peut  être  faite  que  par  acte 
public  avec  l'intervention  de  témoins  et  de  cautions, 
qui  garantissent  l'exécution  des  clauses  du  contrat.  Les 
rois,  les  princes  et  les  membres  du  clergé,  sont  dispensés 


*  Greg.  IX,  Décret,  lib.  IÏI,Ul.  XXVI,  cap.  <0  el  41 .  Cf.  Fueros,  1. 1, 
lib.  V,  de  Tutoribus,  Manumissoribus,  elc. 

>  Pour  tout  ce  qui  concerne  ie  testament,  voyez  Fueros,  t.  I,  !ib.  V, 
de  Tutoribust  Manumissoribus^  etc.,  de  Teslamentis ;  lib.  IV,  de  Fide 
instrumeniorvm,  et  Greg,  TX,  DecreL,  lib.  III,  lit.  XXVI,  cap.  4,  40, 
44  et43. 


MS  LIYU  m  «  GHàHlMBi  TU 

de  donner  caution  dès  qa*ils  apposent  lew  9€ara  à  Tacte 
en  présence  de  témoins  \ 

La  dation  de  caution  est  la  garantie  ées.  conveotions  de 
tout  genre  dans  le  droit  aragonais»  eomme  elle  est  la 
base  de  la  procédure;  aussi  fallait-il,  dans  un  pareil 
système,  pourvoir  à  ce  qu'il  fût  possible  de  trouver  des 
cautions  et  assurer  des  garanties  à  ceux  qui  voulaient  en 
servir.  Voilà  pourquoi  les  vilains  de  parada  étaient  teMS 
d*étre  cautions  des  engagements  de  leur  seigneur,  tant 
que  celui-ci  les  indemnisait  du  dommage  qui  pouvait  en 
résulter  pour  euxV 

Voilà  pourquoi  encore  la  caution  qui  a  payé  pour  le 
débiteur  reçoit  comme  indemnité,  outre  le  montant  de 
k  dette,  le  double  des  frais  et  dép6ns%  et  peut  bypo* 
tbéquer  les  biens  du  débiteur  et  saisir  ses  meubles  eu 
gage. 

On  comprend  aisément  que  le  titre  des  cautions  (  de 
Fideju8soribu8  )  et  celui  des  gages  {de  Ptgtwribu^)^  qui 
se  complètent  Tun  par  Tautre»  soient,  de  tout  te  codj»de 
Huesca,  ceux  qui  renferment  le  pins  grand  nombre  d'ar- 
ticles. Du  dernier,  nous  n*extraironsque  trois  disposifieus 
cacactéris tiques  :  l'une  permet,  daus  un  cas  déterminé, 
de  reprendre  un  gage  •  en  temps  de  jeune  ^omuM:  eu 


*  Le  titre  de  Immensis  et  prohibitis  DonaixonUbus  (\.  11,  lîb.  V)  con- 
teaiit  ou  1\iiBrti  unkjue,  nouvelle  preuvu  du  caraolètu  saeitl  (|ue  la 
(iQiBaixM  i^aitnioooial  avait  aux  yeux  dtt  la  loi  :  «  De  Vbéri^dgu  4e  ae» 
aïeux  nul  ne  peut  faire  donation  s'il  a  une  seule  vigne,  une  seule 
maison  ,  un  seul  champ.  S'il  a  deux  vignes  ou  trois,  deux  maisons 
oe  UQi&»  il  peut  on  donner  une  à  sob  fits  ou  Lsa  OUe  (iiii.caatracCe 
mariage.  Cependant,  quand  il  n'a  qu'une  maison  au  (qu'une  vtgn^,  il 
p^it  an  donnée  quelque  cbose  aux  clercs  ou  aux  égjU6a&,.pai4c  son 
àmdoucaUa  de  sou  père  ou  dâ  sa  mère.  » 

3  Fueroi.,  t.  Il»  Ub.  IV,  de  Fid^uuQribiéâ. 

9  /d.,  Ul,Iib.VllI,id. 


hM»  64GB8  Mt 

^ù^^  ^^^Te  tdoips»;  une  autre  autorise  )e  créskQçidF  qui 
saisit  un  gage  vivait,  ^ne,  molet,  rous^in  ou  cbevaU  à  le 
tuer  ou  à  le  laisser  mourir,  pour  ne  pas  être  oblige  de 
payer  $a  nourriture.  Mais,  une  fois  la  b^le  mort«,  <  il 
doit  eo  garder  le  cuir  entier  avec  la  tdte,  le^  quatre 
sabots,  les  oreilles  et  ta  queue ,  noettre  les  pieda  mr  Le 
cuir,  et  jurer  sur  le  li?re  et  la  croix  que  le  cuir  qu'il 
tient  sous  ses  pieds  e3t  celui  de  la  béte  qu'il  a  saisie  et 
tuée  selon  le  fuero  du  gage  ^  ;  d'après  la  troisième  » 
enfin  ^  le  créancier  que  les  fueros  autorisent  à  saisir  un 
gage  vivant  renfermé  dans  la  maison  du  débiteurt  doit 
envoyer  quelqu*un  <  qui  se  tienne  à  la  porte  de  celt^i  qui 
lui  fait  tort  pendant  trois  jours ,  jusqu'à  ee  que  les  éloilea 
apparaissent  au  ciel ,  et  voie  si  le  gage  sort  pour  le  saisir. 
S*il  ne  sort  pas  pendant  ces  trois  jours,  le  seigneur  de  U 
ville  peut,  sans  injustice,  mettre  le  signale^  sur  la  maison 
du  débiteur  ou  sur  sa  personne,  sMl  n*a  pas  de  maison'.» 

Les  titres  relatifs  à  la  vente,  au  louage,  au  dépôt,  au 
prêt,  au  mandat,  aux  engagements  en  général,  au^  dom- 
mages causés  par  les  hommes  ou  les  animaux,  ne  contien- 
nent aucun  trait  saillant  que  Tbistoire  puisse  qtUiser, 

fin  ce  qui  touche  la  prescription,  nous  nous  bornerouâ 
2^  Caire  remarquer  que,  fidèles  à  leur  rôle  de  gardiens 

*  Les  fueros  appellent  signale  ou  signum  ngis^  uoa  piarqu^  m^^ 
Ton  mettait  sur  les  biens  ou  sur  la  personne  d'un  individu  pour  le 
forcer  à  comparaître  en  justice:  «  S'il  restait  une  nuit  ainsi  marqué», 
c'est-à-dire^  s'il  ne  se  présentait  pas  devant  le  juge  avant  la  fin  de  la 
journée,  il  était  condamné  à  une  amende  de  cinq  sols.  Le  signetk  ne 
peraitavoirété  en  usage  que  contre  les  vicias.  Les  panoiioea»x  aux 
armes  du  roi,  qui  servaient  a  indiquer  ea  Franc»  quhin  inmeulil» 
étai^  jfr  vendre  par  suite  d'une  saisie,  rappeUeni  la  signak  arafiMitia. 
(  "^oyFu^os,  t  I,  lib.  III.  de  Maiionibus;  t.  IJ,  \ïh.  VI,  àe  CêndU 
lio^infarUiomiuseàde  froolamaniibus  m  servUutwn  ;  yih*  VIII|  de 

3  Fueros,  t.  L,  Uh.  VIII,  et  1 1|,  lib.  1,  de  Pignoribus. 


320  UTRB  ni,  GHAPITEB  TU 

sévères  da  principe  de  propriété ,  les  fueros  n'admettent 
pas  l*acqaisition  d*nn  immeable  par  nne  possession  non 
interrompue  de  trente  ans ,  à  moins  que  le  possesseur  ne 
s*appuie  sur  un  acte ,  et  ne  prouve  que  le  réclamant ,  pen- 
dant tout  le  temps  qu*a  duré  la  possession ,  <  entrait  et 
sortait  dans  la  ville  où  est  situé  Théritage^  » 

Le  droit  criminel  de  TAragon  a  gardé  Tempreinte 
germanique  qui  marque  le  fuero  juzgo  et  les  matgcs  de 
Catalogne.  Comme  eux,  il  admet  la  composition ,  la  ven- 
geance privée,  le  talion,  et,  de  plus,  certains  châtiments 
bizarres  ou  cruels,  restes  d'un  état  social  plus  voisin  de 
la  barbarie  que  celui  des  Golbs  de  Recceswinth  ou  des 
Catalans  de  Ramon  Berenguer.  Le  code  de  Huesca  ne 
parle  qu*en  passant*  de  la  composition  proprement  dite, 
du  wehr-geld  payé  à  Toffeosé.  Le  fuero  n'intervient  pas 
pour  en  fixer  le  tarif';  il  se  borne  à  déterminer  le  fredum^ 
amende  qui  semble  représenter  à  la  fois  les  frais  de  jus- 
tice, la  compensation  du  préjudice  causé  au  roi  ou  au 
seigneur,  et,  parfois  aussi,  la  satisfaction  donnée  à  la 
société  pour  le  scandale  occasionné  par  un  crime  notoire. 

Lorsqu'un  meurtrier,  en  effet,  est  pris  en  flagrant  délit 
ou  désigné  par  le  bruit  public  {per  famam),  il  doit, 
bien  qu'il  n'y  ait  pas  de  poursuite  privée ,  payer  an  roi 
on  au  seigneur  l'amende  (calonia)  de  Thomicide;  <  mais, 
ajoute  le  ftÂero,  qu'il  se  garde  des  parents  de  la  victime  > , 

^  Fueros,  t.  1,  lib.  VU,  et  t.  Il,  Ub.  Il,  de  Pr^eriplùmUms. 

*  Idem,  t.  II,  lib.  I,  de  Satisdando. 

*  Gelarifest  élabli  quelquefois  par  les  fueros  locaux  auxqnels  le 
code  général  du  royaume  laissa  toute  leur  force.  Ainsi  la  carta-^puebla 
concédée  à  la  ville  de  Calatayud,  par  Alfonse  le  Batailleur,  détermine 
le  taux  de  la  composition,  qui  se  partage  entre  le  roi,  la  ville  el 
Toffensé,  et  admet  de  plus  comme  moyen  de  défense,  douze  jura* 
tores  qui  attestent  Tinnocence  de  Taccusë.  (Voy.  archives  d'Aragon, 
reg.  LXlv,^  36.  Collece,  de  doc.  inéd^^  t.  VI1I>  p.  9.) 


LB8  GUERRES  PBITÉB8  321 

car»  pendaDt  nn  an  et  ud  jour,  ils  ont  le  droit  de  lui  in- 
fliger la  peioe  da  talion.  Après  ce  délai  seulement,  le 
coupable  peut  demander  à  être  jugé ,  et,  s*il  est  condamné 
à  une  peine  corporelle,  Tamende  est  restituée,  le  même 
délit  ne  pouvant  entraîner  deux  châtiments  *. 

La  peine  de  Thomicide  volontaire  et  prémédité,  lors- 
qu'il y  a  eu  accusation  privée,  est  la  pendaison.  Les  ricos 
homes,  en  vertu  de  Tantique  privilège  qui  les  exempte  de 
tout  châtiment  corporel ,  et  les  chevaliers,  par  une  faveur 
spéciale,  sont  seulement  remis  à  la  merci  du  roi,  qui 
peut  les  retenir  prisonniers  aussi  longtemps  qu*il  le  veut  ^. 

L*bomicide  est  permis  non-seulement  en  cas  de  légi- 
time défense,  mais  aussi  entre  individus  qui  se  sont  régu- 
lièrement défiés.  La  guerre  privée ,  ce  fléau  du  moyen 
âge,  devait  être  plus  fréquente  et  plus  terrible  encore  au 
milieu  des  énergiques  populations  de  1* Aragon. 

Ici,  comme  en  France,  la  royauté  essaya,  par  le 
système  des  trêves  et  des  assuremenls^,  de  réglementer 
une  coutume  qu  elle  était  impuissante  à  détruire. 

A  Valence  et  en  Aragon  ,  la  législation  concernant  les 

♦  FueroSr  1. 1,  lib.  VU,  de  Conditione  infanlionatus  ;  lib>  IX,  de  Ho- 
micidiis]  t.  Il,  lib.  I,  de  Sacro- sanclis  Ecclesiiset  eorum  minislris;  lib. 
YIII,  de  Homicidiis;  —  Observancias  ;  lib.  Vill ,  deHomicidio,  g  2 
et  5. 

•  Fueros,  t.  I,  lib.  IX,  de  Confirmalionepacis  ;  —  Observancias,  lib. 
Vni,  de  Homicidio,  §  2. 

'«Ha  grant  diference  entre  Irive  et  asseurement,  car  trives  sunt 
à  terme  et  asseurement  dure  à  toz  jors.  »  (Beaumanoir ,  Coutume  de 
Beauvoisis,  cap.  lx,  §  4.)  On  appelait  asseurement  on  assurément  (asse- 
euratio)  en  France,  segurelat  à  Valence,  l'assurance  donnée  de  ne 
point  poursuivre  par  lesarmes  la  réparation  d'uneolTense  ou  la  ven- 
geance d^un  crime.  L'assurement  royal  était  la  protection  accordée 
parle  souverain  à  tout  individu  qui,  provoqué  à  une  guerre  privée, 
déclaraits'en  remettre  à  la  justice  du  roi.  Les  Fueros  appellent  cette 
derniôre  espèce  d'assurément  protedio  regalis. 


LtTAB  m  ,  CHAPITRII  Vil 

gaefnes  privées  est  à  peu  près  la  même;  le  code  de  Huescâ 
et  le  liffe  des  furs  se  complètent  Tao  par  Taatre,  et  c*est 
aux  deax  qae  nous  allons  emprunter  les  quelques  mots 
que  nous  avons  à  dire  à  ce  sujet. 

Le  droit  de  guerre  privée  semble  en  Aragon  appartenir 
à  toutes  les  classes ,  d*après  les  termes  du  fuero  qui  règle 
le  défi  entre  nobles,  bourgeois  «  et  autres*  >  ;  les  fnn 
de  Valence ,  au  contraire,  paraissent  ne  l'accorder  qu*aui 
nobles  et  aux  bourgeois  honorés  «  qui  ne  font  œuvre  de 
leurs  mains*.  »  Mais,  dans  les  deux  royaumes,  le  défi 
doit  avoir  lieu  par  l'intermédiaire  de  trois  témoins  du 
même  rang  que  le  provocateur^  et  qui  ne  soient  ni  vas- 
saux, ni  parents,  ni  «  gens  mangeant  le  pain  >  de  Tune 
des  deux  parties.  Dix  jours  sont  accordés  pour  se  pré* 
parer  à  la  lutte.  La  guerre  ne  peut  commencer  qu'après 
ce  délai  ;  dès  qu*il  est  expiré,  les  adversaires,  ainsi  que  les 
parents,  vassaux  et  amis  que  chacun  d'eux  entraine  à  sa 
suite ,  peuvent  s'attaquer  et  se  tuer  «  sans  être  tenus  Tun 
envers  l'autre ,  ni  envers  le  seigneur ,  ni  envers  les 
parents,  ni  envers  la  justice.  >  Mais  <  celui  qui  tue  son 
ennemi  ne  doit  rien  prendre  de  ce  qu'il  trouve  sur 
lui ,  de  peur  qu'il  ne  paraisse  plutôt  un  voleur  qu'un 
ennemi  ^  » 

I.es  personnes  des  combattants  sont  seules  engagées 
dans  la  lutte  ;  leurs  biens ,  leurs  femmes ,  leurs  enfants 
et  leurs  hommes  qui  ne  prennent  pas  part  à  la  guerre, 
sont  placés  sous  la  sauvegarde  du  roi,  ainsi  que  les 
laboureurs,  les  Sarrasins  soumis,  les  clercs,  les  ordres  reli. 
gieux,  les  veuves,  les  orphelins,  les  marchands,  les  voya- 
geurs, tous  les  neutres ,  et,  en  un  mot,  tout  ce  qui  n'est 

«  Ptmros,  t  I,  Ub.  IX,  de  Forma  diffidamentû 
3  Purs  de  Valencia,  lib.  IX,  rubr.  VIIi,lurU. 
*  Fueros,  t.  I,lib.  IX,  (2^  Homicidio. 


Lift  «irSMtES  fRII'fM  SSI$ 

fu  •  gnerrayant,  chevaux  ou  armes  des  guerroyanls.  • 
Qoiconqae  viole  cette  protection  «st,  solvant  lee  cas, 
contraint  de  payer  ie  double  du  dommage  causé ,  ou  puni 
d*QDe  peine  corporelle  et  de  la  confiscation ,  partielle  à 
Valence  et  totale  en  Aragon  \ 

La  guerre  privée  ne  peut  avoir  lieu  que  du  consen*^ 
tement  des  deux  parties.  Si  Tune  d'elles  propose  de  faire 
régler  ie  différend  par  la  justice  royale ,  l'autre  doit  se 
soflmettre  à  cet  arbitrage ,  sinon  le  roi  porte  secours  à 
celai  qui  a  invoqué  son  intervention ,  et  les  biens  de  celui 
qui  rerufid  de  cesser  les  hostilités  sont  même  quelquefois 
livrés  à  son  ennemi. 

D'ailleurs  le  roi  peut  encore  de  son  autorité  arrêter 
toute  guerre  privée  en  enjoignant  aux  deux  adversaires 
de  comparaître  à  sa  cour,  et  en  leur  imposant  un«  ti^éve 
ou  nu  auurement  '. 

Nous  avons  dit  '  comment ,  en  vertu  du  droit  de  desna^' 
htnUzaeiûn ,  on  peut  faire  la  guerre  à  son  seigneur  et  au 
roi  lui-même*  Les  fars  de  Valence  prescrivent  de  ne 
point  «  à  tort  défier  ou  affliger  son  seigneur  » ,  mais  sans 
ajouter  aucune  sanction  à  cet  ordre. 

Tout  individu  qui,  soit  dans  les  dix  jours  qui  doivent 
précéder  les  hostilités ,  soit  après  avoir  conclu  une  trêve 


*  Pueros^  l.  I,  llb.  IX,  de  Pace  et  proieciione  regali,  de  Violatoribu^ 
regalù  proUctionU.  —  Purs,  lib.  IX,  rubr.  VIII,  fur  4  6  et  40,  et  rubf. 
XX,  fur.  42. . 

*  Fueros,  t.  I,  Hb.  IX,  de  Confirmatione  pacis;  —  Furs,  lib.  IX, 
rubr.  XX, fur  44.  —  Au  droit  d'assurément  se  rattache  le  sauf-con- 
doit roynl  oecordé  quelquefois  à  un  individu  en  guerre  avecle roi 
lui-même  ou  sous  le  coup  d'une  poursuite  judiciaire.  Celui  qui  viole 
ee  sauf-  conduit  est  remis  à  la  merci  du  roi  et  peut  même  être  con- 
damné à  la  peine  capitale. 

*  T.  I,  p.  277.  —  Cf.  Fiten»,  l.  I,  Ub.  VII,  de  BfSpedUUme  infan- 
tionum  ;  Furs,  lib.  IX,  rubr.  VIU,  f.  42  et  43,  rubr.  IX^  f.  2. 


S24  LITKE    m,    CHAPITBB  Fil        ^ 

on  accordé  un  assurément ,  tue  son  ennemi,  est  déclaré 
traître  et  puni  comme  tel. 

Il  y  a ,  d'après  les  fueros  de  Hoesca ,  denx  sortes  de 
trahison:  la  première  comprend,  outre  le  cas  qni  précède, 
le  meurtre  de  son  seigneur,  les  relations  adultères  avec 
la  femme  de  ce  dernier  :  la  seconde ,  tout  fait  de  guerre 
privée  non  précédé  d'un  défi  régulier. 

Les  trahisons  de  la  première  espèce  peuvent  être  prou- 
vées par  témoins  et ,  à  défaut ,  par  le  duel  entre  adver- 
saires égaux  en  forces  physiques  :  c*est  le  duel  per  con- 
similem;  celles  de  la  seconde  doivent  être  prouvées  par 
le  duel  per  parem,  c'est-à-dire  entre  combattants  égaux 
en  naissance ,  en  fortune  et  en  forces.  Au  provocateur 
incombeTobligation  defournirun  champion  égalauproTo- 
qué;  s'il  ne  le  peut ,  il  doit  se  dédire  par  trois  fois  dans  le 
champ  du  combat  en  déclarant  que  son  adversaire  <  ne 
mérite  aucun  mal.  » 

La  trahison  prouvée  est  punie  de  la  mort  et  de  la  confis- 
cation des  biensS  elle  est  considérée  comme  offensant  direc- 
tement la  société,  et  compte  au  nombre  des  quatre  délits 
de  ce  genre  que  prévoit  le  code  de  Huesca.  Les  crimes 
d'hérésie,  de  sodomie,  de  blasphème,  de  lèse-majesté, 
qui  apparaissent  aux  premiers  plans  des  législations  du 
moyen  âge  ,  et  contre  lesquels  s'épuisent  ordinairement 
les  rigueurs  de  la  pénalité ,  ne  sont  pas  mentionnés  dans 
les  fueros,  et  c'est  avec  raison ,  car  les  trois  premiers  sont 
du  ressort  de  la  justice  ecclésiastique ,  à  laquelle  les 
mœurs  aragonaises  semblent  refuser  le  secours  du  bras 
séculier;  quant  au  dernier,  dans  un  pays  où  la  personne 
du  rico  home  est  inviolable  comme  celle  du  souverain , 
où  les  révoltes  de  la  nation  contre  le  roi  sont  autorisées, 

<  Fueroê,  1. 1,  lib.  IX,  de  Proditoribus,  de  Prodiliombtu,  de  Cùntir- 
maiione  pacis. 


LIS  dUOlKS  ET  LBS  DÙJTTS  225 

noos  dirions  presque  ordonoées,  par  les /lieras  politiques, 
il  joe  peut  y  avoir  de  lèse^majesté  ;  aussi  ce  mot  ne  parait- 
il  qu'une  seule  fois  dans  le  code  aragonais ,  à  titre  de 
réminiscence  romaine ,  à  la  fin  de  la  formule  exécutoire 
qui  termine  le  préambule. 

Les  délits  contre  la  société  se  trouvent  donc  réduits 
à  quatre:  la  trahison,  dont  nous  venons  de  parler;  la 
violation  de  la  protection  royale,  dont  il  a  été  question 
au  sujet  des  guerres  privées;  le  brigandage  et  le  faux. 

Le  brigandage,  suivant  les  cas,  est  puni  de  la  peine  de 
mort,  d*un  autre  ch&timent  corporel ,  de  la  confiscation , 
de  Texil  perpétuel  ou  d*une  amende  au  fisc  après  répa- 
ration des  dommages.  Mais  le  voleur  de  grand  chemin, 
pris  en  flagrant  délit,  doit  être  sur-le-champ  pendu  sans 
jugement*. 

Dans  le  crime  de  faux  est  compris  le  faux  serment.  Le 
faux  témoin  est  marqué  d'une  double  empreinte  de  croix. 
Uooe,  sur  la  tète,  n'est  qu'une  simple  tonsure  ;  l'autre, 
sur  le  front,  est  faite  avec  un  battant  de  cloche  rougi  au 
feu.  Il  est  ensuite  honteusement  chassé  de  la  ville  où  il  a 
commis  son  crime.  Le  simple  parjure,  que  Jacme  déclare, 
dans  le  code  de  Valence ,  devoir  échapper  à  la  justice  hu- 
maine, est,  en  Aragon,  chassé  de  la  ville,  privé  du  droit 
de  témoigner ,  et  déclaré  incapable  de  remplir  aucune 
fonction  publique*. 

En  ce  qui  touche  aux  crimes  d*un  caractère  purement 
privé,  nous  retrouvons  dans  le  fuero  qui  traite  de  l'em- 
poisonnement une  réminiscence  marquée  de  la  loi  go- 
thique :  si  la  victime  ne  succombe  pas,  le  coupable  |ui  est 
livré  pour  qu'elle  «  en  fasse  à  sa  volonté'» . 

*  Fueros,  t.  ],1ib.  IX,  de  OonfirmiUione  pacis  > 

s  Jdem, id.,  <d.,  et  t.  Il,  Ub.  TIII,  de  CHmine  fàlsi. 

*  Idem^  id.y  lib.  IX,  de  Veneficis. 


fV-  ■i-        •«»» 


LtfHB  m,  OftAMMIl  Ttif 

Celai  qui  ?iote  une  femme  non  mariée  doH  l'épouser  oa 
lui  donner  assez  d'argent  pour  qo'elie  puisse  tfôuf^r  in 
mari  de  son  rang.  La  loi  ne  prévoit  pas  le  cas  oà  cette  dpr* 
niàre  condition  ne  pourrait  être  remplie  ;  il  faut  sans 
doute  compléter  ces  dispositions  par  celles  des  fart  de 
Valence  sur  la  même  matière. 

L'adultère  surpris  en  flagrant  délit,  perd  ses  vé|e« 
ments  et  paye  une  amende. sMl  veut  éviter  la  fusligatîoi 
publique.  La  femme  coupable  de  ce  crime  est  privée  de 
ses  droits  à  la  dot  \ 

Les  coups  suivis  d'effusion  de  sang  sont  punis  d'une 
amende  de  deux  cent  cinquante  sols,  quelque  soit  le  rang 
dé  Toffensé.  La  peine  varie  d'ailleurs  suivani  la  gra- 
vité de  la  blessure ,  l'instrument  avec  lequel  elle  a  été 
faite,  le  lieu  où  le  délit  a  été  commis;  dans  certàias  qm  , 
si  le  condamné  ne  peut  payer  l'amende ,  il  a  le  poing 
eoupé. 

C'est  une  injuredes  plus  graves,  et  qui  s'expie  par  une 
amende  de  cinq  cents  sols ,  que  d'arrêter  par  la  bride  k 
cheval  d'un  noble. 

On  offense  une  femme  noble  en  frappant  qaelqa'aa  » 
sa  présence.  Celui  qui  s'est  rendu  coupable  de  ce  délit 
doit  aller,  avec  douze  de  ses  pairs  ,  trouver  la  dame  qU 
fensée,  et  tous,  en  embrassant  ses  pieds,  implorent  d'elle 
un  pardon  qu'elle  ne  peut  refuser.  Si  l'offenséeest  la  retna, 
le  coupable  doit  <  parer  sa  chambre  de  joyaux  et  d'orse- 
ments  analogues  à  ceux  qu'elle  a  coutume  d'y  avoir  *«« 

La  violation  du  domicile  {intasio  pakêii)  d'un  infimz^ 
est  punie  d'une  amende  de  vingt-cinq  sol^  «i  au  de^  cIq 
la  «terra»,  et  de  soixante  sols  «  en  d^  ,éaeâ  lepiiy^^p 

«  Fueros,  X.  I,lib.  IX,  et  t.  U.  lib.  \m^  de  AdMlterio  et  Stt^io;Ul. 
lib.  y,  de  Juredotiy^ïi. 
*  Jdem,  1. 1,  lib.  IX,  de  Jnjuriis,  ^  fofnis. 


USft  CHIWS  ET  tES  vUjTS  9S7 

pelé  terre  Qoavelle,  c'est-à-dire  noaveUement  acquise  \>» 
L'aatique  pénalité  da  pays  de  Sobrarbe  réparait  avec 
sa  physionomie  de  cruauté  naïve  dans  le  titre  du  vol. 

Si  Tobjet  dérobé  es|  un  chat ,  on  plante  un  pieu  en 
terre*  on  maintient  l'animal  dressé  sur  ses  pattes  de  der- 
rière au  moyen  d'une  corde  qui  le  lie  au  pieu,  et  le  cou- 
pable doit,  en  guise  d'amende ,  couvrir  de  grains  de  mil 
le  corps  entier  de  l'animal  ainsi  attaché.  Le  condamné 
trop  pauvre  poursubir  cette  peine,  doit  traverser  la  ville 
partant  uucbat  sur  ses  épaules  nues,  tandis  que  le  bour- 
reau frappe  à  la  fois  de  coups  redoublés  l'homme  et 
ranimai. 

Quiconque  vole  un  bélier  portant  sonnaille  et  con- 
duisant un  troupeau  <  doit  mettre  la  main  dans  la  clo- 
chette, et  tout  ce  qui  peut  y  entrer  est  coupé  par  ordre  du 

On  serait  étonné  de  voir  respecter  par  des  législateurs 
éclairés  ces  restes  d'une  époque  barbare ,  si  l'on  n'avait 
dans  tws  les  pays  de  nombreux  exemples  de  l'étrange  vi- 
telité  des  lois  pénales.  L'imagination  populaire  s'attache 
avec  une  ténacité  remarquable  aux  formes  de  châtiment 
qui  flattent  son  goût  pour  les  figures  et  les  symboles.  Aussi, 
loin  de  reprocher  à  Jacme  V  son  respect  forcé  pour  quel* 
qces-iines  de  ces  coutumes,  doit-on  plutôt  le  féliciter 
d'être  parvenu  à  déraciner  certains  préjugés  ridicules  ou 
ÎQÎques,  conservés  jusqu'à  lui  dans  la  législation  arago- 
naise.  Tel  est  celui  qui  rendait  les  animaux  et  les  choses, 
<  arbres  ou  maisons  » ,  dit  le  fuero ,  responsables  du  mal 
qu'ils  occasionnaient'';  tel  est  encore  celui  qui  faisait 

*  Fueros^  l.II,  lib.  YI,  de  Conditione  infaniionalus. 
«  /(fcwi,  t.  I,  llb.  IX,  et  l.  U,  Ub.  Vm,  dp  Furto  et  ruminando  an- 
tore. 
'  Idem,  t.  ly  lib.  DL,  de  Homicidio. 


228  LITBE  III  y  GHAPITBB  TH 

porter  à  la  femme  on  aax  parents  d'an  condamné  la  peine 
d*an  méfait  qa'ils  n'avaient  pas  commis.  Lorsque  la  con- 
fiscation est  prononcée,  ce  qui  n*a  lieu,  comme  on  a  pu 
le  voir,  que  pour  les  crimes  qui  attaquent  directement 
Tordre  social,  les  droits  du  conjoint  et  des  créanciers  sur 
les  biens  du  coupable  sont  sauvegardés  par  la  loiV 

La  procédure  criminelle  ne  diffère  pas  essentiellement 
de  la  procédure  civile.  Quelques  points  cependant  méri- 
tent d*étre  notés. 

La  liberté  sous  caution  parait  être  de  droit  pour  les 
cas  de  crime  manifeste  ou  avoué.  Les  Obgervancias  accor- 
dent au  juge  qui  instruit  Taffaire  le  pouvoir  d'ordonner 
l'arrestation  de  l'accusé  dès  que  la  culpabilité  lui  par^t 
suffisamment  démontrée*.  C'est  là  une  restriction  intro- 
duite évidemment  par  la  jurisprudence ,  lorsque  la  pro- 
cédure par  enquête  eut  entièrement  remplacé  le  système 

accusatoire. 
Le  privilège  d'asile  pour  crimes  autres  que  le  vol ,  le 

rapt  et  la  trahison  manifestes,  s'étend  non-seulement 
aux  églises  et  aux  lieux  consacrés ,  mais  encore  aux 
demeures  de  tous  les  nobles  ^ 

Enfin  la  loi  réserve ,  sous  des  peines  sévères,  la  haute 
justice,  ou  plutôt  la  «  justice  de  sang  » ,  au  roi  et  aux  ma- 
gistrats qu'il  a  institués.  Mais,  par  une  atroce  subtilité , 
elle  déclare  que  faire  mourir  un  homme  «  en  prison  de 
faim ,  de  soif  et  de  froid  » ,  n'est  pas  faire  justice  de  sang, 
et ,  en  conséquence ,  elle  autorise  tout  noble  à  punir  de 
cet  horrible  supplice  celui  de  ses  hommes  qui  se  rendrait 
coupable  d'homicide,  pourvu  toutefois  que  la  victime  soit 

*  Fxieros,  id. ,  td.,  id. 

*  ObservandaSj  Ub.  IV,  de  Fidejussortbus^  §  9. 

'  Fueros,  1. 1,  lib.  I,  de  hi^  qui  ad  Eccîesias  confugiurU  vel  pakUia 
Infantionum. 


CONSIDBRATiOllS  G^NIÙIALES  229 

aussi  un  hommod' in fanzon,  car,  en  dehors  de  ce  cas, 
la  justice  appartient  toujours  au  roi  ;  mais  le  seigneur 
du  condamné  ou  celui  de  la  victime  a  droit  à  la  moitié 
de  la  peine  pécuniaire  qui  pourrait  être  prononcée  S 

Après  avoir  groupé  et  mis  en  lumière  les  traits  carac- 
téristiques de  la  législation  aragonaise  au  Xlir  siècle , 
nous  n*avons  pas  besoin  de  réfuter  Terreur  de  ceux  qui , 
trompés  par  la  forme  romaine  des  titres  du  code  de 
Huesca ,  ont  vu  dans  cetle  œuvre  une  simple  compi- 
lation du  droit  de  Justinien  *. 

S'il  fallait  rechercher  dans  TEurope  du  moyen  âge  un 
pays  dont  le  droit  privé  pût  être  rapproché  de  celui  de 
TAragon,  nous  trouverions  dans  ce  que  Beaumanoir  ap- 
pelle <  le  droit  qui  est  communs  à  toz  es  coutumes  de 
France  >,de  nombreux  points  de  ressemblance  avec  les 
lois  de  Huesca'.  Mais  il  est  plus  exact  de  dire  qneTAra- 
gon  ne  ressemble  qu'à  lui-même. 

De  la  barbarie  tardive  où  furent  replongés  les  chrétiens 
que  l'invasion  arabe  refoula  vers  les  monts  de  la  Navarre, 
de  l'énergie  que  donna  à  leur  caractère  une  vie  de  pro- 
scription et  de  lutte,  de  la  ténacité  qu'ils  puisèrent  ensuite 
dans  la  culture  d'un  soi  ingrat ,  auquel  ils  s'attachèrent 

*  Pueras,  1. 1,  lib.  III,  de  Jurisdieiione  cmmixim  judicum;  Ub.  IX, 
de  Homicidio. 

*  Yoy.  par  exemple,  Sempere,  HisL  del  derecho  espagnol,  Ub.  ni, 
cap.  9. 

s  Quelques  auteurs  ont  semblé  croire  que  les  Fueros  généraux 
promulgués  en  1247  avalent  aboli  les  Ftteros  particuliers  des  villes. 
Ce  serait  mal  connaître  Tesprit  du  moyen-âge,  et  en  particulier  celui 
des  populations  aragonaises,  que  de  supposer  possible  l'abolition 
des  coutumes  et  des  privilèges  locaux.  Le  code  de  Huesca,  appliqué 
par  la  cour  du  roi,  par  les  tribunaux  du  majordome  et  du  juslicia 
d'Aragon  et  par  ceux  des  pays  qui  n'avaient  pas  de  FtAcros  parti- 
culiers, suppléait  au  silence  de  ces  derniers.  C'était  le  type  auquel  on 
ramenait  autant  que  possible  la  législation  du  royaume. 


iSO  LtniB  m,  cHÂMnB  ta 

d'autant  plas  qa*ils  Tavaient  arrosé  de  pins  d6  snear  «t 
de  plus  de  sang,  naquit  cette  originalité  saisissante  qni 
marque  les  lois  civiles  des  Aragonais,  comme  leurs  mœure 
et  leurs  institutions  politiques. 

Ainsi  s'explique  cette  organisation  singulière  qui  fait 
résider  Fautorité  dans  Tuniversalité  des  citoyens  plutôt 
que  dans  les  mandataires  d'un  pouvoir  central,  dépouillé 
de  toute  force  coercitive,  et  substitue  à  l'action  de  celui-ei 
les  cautions  et  les  gages,  simples  contrats  entre  particu- 
liers. Il  faut  rapporter  encore  à  la  même  origine  la  pro- 
scription de  la  torture,  non  que  l'atrocité  et  le  vice  radical 
de  cette  institution  apparaissent  à  ces  esprits  barbares  « 
mais  parce  que  la  question  leur  semble  une  offense  à  la 
dignité  humaine  et  à  la  foi  que  l'homme  doit  avoir  dans 
la  parole  de  l'homme. 

De  ces  vieilles  mœurs  aragonaises  et  de  coutumes  im* 
portées  des  pays  septentrionaux  procèdent  la  publicité 
de  la  justice,  la  participation  des  prud'hommes  à  la  déci- 
sion de  la  plupart  des  affaires ,  le  duel  judiciaire,  quel- 
ques traces  du  système  des  conjuratores  ^  certaines  formes 
de  serment,  la  composition  et  surtout  la  vigoureuse 
constitution  de  la  famille  basée  sur  une  certaine  commu- 
nauté de  biens  entre  époux ,  sur  l'usufruit  de  la  veuve , 
sur  l'attachement  au  sol  et  aux  domaines  patrimoniaux. 

Pour  le  régime  de  la  dot ,  la  composition  ,  le  serment 
et  plusieurs  autres  points  de  moindre  importance ,  le 
code  gothique  a  fourni  quelques  éléments  aux  ftteros 
d'Aragon  ;  mais  son  action  se  fait  sentir  principalement 
dans  les  dispositions  qui  ordonnent  le  partage  égal  des 
biens  du  défunt  entre  tous  ses  enfants. 

Enfin  c'est  à  Jacme,  inspiré  tantôt  par  le  droit  romain, 
tantôt  par  des  sentiments  de  justice  et  de  raison  natu- 
relles, qu'il  faut  attribuer  la  suppression  des  ordalies 


GOIfSlDBRATIOIfS   GÊNÉBALES  231 

Tulgaires,  Tabolition  d'antiques  préjugés  ,  des  essais 
de  séparation  du  pouvoir  ecclésiastique  et  du  pouvoir 
laïque,  du  droit  politique  et  du  droit  civil  ;  Tintroduction 
des  principes  tendant  à  fortifier  le  pouvoir  central  ;  les 
lacunes  préméditées  qui  sont  autant  de  brèches  par  les- 
quelles les  idées  romaines  doivent  pénétrer  avec  le  secours 
des  légistes  et  des  juges. 

On  ne  pouvait  plus  habilement  composer  un  code 
de  transition,  qu'il  fallait  rendre  compatible  avec  les  pro- 
grès accomplis  et  à  accomplir,  tout  en  lui  conservant  cette 
physionomie  d'antiquité  et  de  rigidité  nationales  qui 
devait  seule  le  faire  accepter  par  le  peuple. 

Dans  cette  lutte  pacifique,  qui  pouvait  si  facilement 
dégénérer  en  conflit  sanglant,  le  Conquistador  fut  vain- 
queur du  vieil  esprit  aragonais,en  paraissant  subir  ses 
exigences;  et,  dans  ce  sens ,  on  peut  dire ,  avec  un  écri- 
vaÎQ  espagnol,  que  «  pour  ce  haut  fait,  Jacme  mérite 
autant  d'éloges  que  s'il  eut  pour  la  seconde  fois  conquis 
soD  royaume  ^ .  » 

*  Quadrado,  Recuerdos  y  Bellesas  de  Bspana^  Aragon,  p.  44r 


CHAPITRE  VIII 


LÉGISLATION  DU  ROYAUME  DE  VALENCE.-  Les  fun  tombés  dans 
l'oubli. —  Leur  imporiance. —  But  de  lacme  I". —  Préambule  du  code 
de  Valence.  —  Considérations  générales.  —  Lois  religieuses.  —  Lois 
stirle  clergé.  —  État  des  personnes  et  des  terres;  tendances  vers  l'éga- 
lité.—  Droit  de  justice.  —  Organisation  judiciaire. —  Principes  qui  ré- 
gissent la  procédure.  —  Le  serment.  —  Restrictions  au  duel  judiciaire. 
—  La  torture.—  Règles  générales  pour  la  décision  des  affaires.—  Droit 
dvil. —  Filiation,  puissance  paternelle,  minorité,  tutelle,  adoption.  — 
Régime  de  la  dot.  —  Successions.  —  Testaments.  —  Donations.  — 
Vente. —  Obligations. —  Droit  criminel.  —  Vengeance  privée.  —  Inéga- 
lités dans  Tapplication  des  peines.  —  Talion.  —  Amende.  —  Mutila- 
tion.- Respect  de  la  liberté  individuelle. —  Pénalité.  —  Crimes  contre 
la  foi.  —  Crimes  contre  la  société.  —  Crimes  et  délits  contre  les  parti- 
culier.— Parallèle  entre  Tœuvre  législative  deJacme  !•',  celle  de  saint 
Louis  et  celle  d'Alfonse  X. —  Conclusion. 

Moins  original,  moins  curieux  à  étudier  dans  ses 
détails  que  les  fueros  d*Àragon ,  le  code  des  furs  de 
Valence  git  depuis  longtemps  dans  la  poudre  des  biblio- 
thèques, dédaigné  des  historiens  et  des  jurisconsultes, 
qui  n*y  voient  qu*une  pâle  imitation  du  code  deJustinien. 
Et  cependant,  lumière  oubliée  sous  le  boisseau,  c'est  lui 
qui  répand  sur  l'œuvre  législative  de  Jacme  P"  une  clarté 
inattendue.  Par  lui  s'expliquent  les  fueros  de  Huesca, 
comme  par  le  fuero  de  Mayorque,  son  précurseur,  s* ex- 


I 

1/ 


234  LITRE  m  ,  CHAPITRE  VIII 

pliqoeDt  les  constitatioDs  éparses  ajoutées  aux  wtatges 
catalans. 

Jetez  les  yeux  sur  le  code  aragonais,  imparfait  au  fond, 
barbare  dans  la  forme,  et,  si  vous  ignorez  l'existence  du 
recueil  valencien,  le  Conquistador  vous  apparaîtra  comme 
un  législateur  inhabile,  méconnaissant  les  avantages  de 
Tunilé,  s*épuisant  en  efforts  louables  mais  impuissants 
pour  faire  entrer  une  partie  seulement  de  ses  Etats  dans 
le  courant  d'idées  qui  produira  bientôt  \gs  Etablissemenls 
et  les  Sietepartidas.  Jacme  ne  vous  semblera  qu'un  com- 
parse dans  la  grande  réforme  dooi  les  premiers  rôles 
appartiennent  à  saint  Louis  et  à  Alfoose  X« 

Mais  relevez  les  furs  de  la  poussière  «  lisez  ser  lears 
pages  flétries  par  le  temps  tout  un  programme  tégiâlltif 
inspiré  par  le  même  prince,  rédigé  parles  mêmes  hommes 
qui  ont  inspiré  et  écrit  le  code  de  Huesca,  voyez-y  Tessai 
que  monarque  et  légistes  ont  fait  de  leurs  forces»  deman- 
dez-vous pourquoi  ceux  qui  ont  proclamé  c^  principes 
à  Valence  ont  semblé  les  ignorer  en  Aragon,  l'blétoire 
des  mœurs,  mieux  que  celle  des  faits,  vous  répondra,  et 
vous  verrez  briller  de  tout  son  éclat  cette  habileté  politi- 
que qui  place  le  nom  du  conquérant  et  du  législateur  de 
Valence  parmi  les  plus  grands  noms  du  Xlir  siècle. 

Nous  avons  dit*  comment,  dès  la  prise  de  Valence,  le 
roi  avait  résolu  de  donner  des  lois  spéciales  au  royaivme 
qu'il  enlevait  à  Ben-Zeyan.  On  s'attendait  i  le  voir  sou- 
mettre sa  nouvelle  conquête  aux  fueroê  généraux  de 
l'Aragon»  tout  en  lui  accordant,  suivant  Tusage,  des  pri- 
vilèges destinés  à  faciliter  son  repeuplemeat  et  à  assurer 
sa  défense  %  mais,  dès  que  les  nobles  aragouaiscoonureiit 

«  Tome  I,  p.  389. 

«  Los  hisloriôiis  élttingers  à  l'Êâpajne  n'ont  vii'  dans  les  PàT9  fie 
Tlrlén«e  ^t^UM  carta^uebla  ou  ad  fuero  muRMfal.  Siloii 


'  L^S  rats  BB  TALBI^CÈ  S8S 

fîMentiM  de  leur  so^veraiti  de  faire  ^rédiger  tin  bé/àè 
particolier  poor  le  pays  de  Valence ,  ils  protedtèrMtt 
avec  cette  énergie  et  cette  persistance  qa^ils  sataient 
mettre  dans  lootes  lenre  réclamations. 

Eot'il  été  possible  de  ptier  anx  mêmes  lois  des  indi- 
Fidas  accourus  de  tous  les  pays  de  l'Europe  dans  les 
fertiles  campagnes  de  la  ffuerta,  et  des  populations  qui 
semblaient  avoir  pris  racine  dans  le  sol  aride  de  TAragon, 
que  Jacme,  ne  pouvant  faire  avancer  celles-ci  vers  la 
lumière,  n'aurait  eu  garde  de  faire  reculer  ceux-là  vers 
lesténèbresV  II  aimait  mieux,  avec  raison,  établir  dans 
ce  pays  neuf  un  foyer  qui  peu  à  peu  étendit  son  action 
sur  les  législations  voisines ,  que  de  réaliser  brusquement 
ane  unité  illusoire  dans  la  barbarie. 

D'ailleurs  le  droit  civil  aragonais  était  suivi  de  près 
par  ce  droit  politique  si  odieux  à  la  royauté.  Jacme 
résis4adonc;la  lutte  fut  opiniâtre,  et  le  roi  n'en  sortit  pas 
entièrement  vainqueur,  car,  pour  éviter  d'en  venir  aux 
armes,  il  dut  autoriser  les  nobles  aragonais  à  établir  la 
législation  de  leur  pays  dans  les  honneurs  et  les  fiefs  qui 

uns,  l'idiome  employé  pour  la  rédaction  de  celle  prétendue  charte 
municipale  aurait  été  la  seule  cause  des  réclamations  de  fa  noblesse 
aragonaise.  Schmidt  nous  parait  être  le  seul,  à  en  juger  par  les  deux 
phrases  qu'il  consacre  au  code  de  Valence,  qui  ait  compris  rimpor- 
tance  de  ce  recueil  elle  caractère  multiple  de  Tœuvre  législative  du 
Conquistador»  (  V.  Geschichte  aragonien's  im  MiUelallert  p.  4ÎHS.) 

^  Voici  un  passage  souvent  cité,  dans  lequel  Miedes  apprécie  d^une 
manière  assez  exacte  les  trois  principaux  peuples  soumis  au  sceptre 
de&  rois  d'Aragon  :  «  Les  Aragonais,  jaloux  de  leurs  libertés  plus  que 
de  leurs  biens  et  de  leur  vie,  flors  de  la  gloire  de  leurs  ancôtre»,  ne 
s*oceupentquedu  passé;  les  Catalans,  habitant  un  pays  stérile,  na* 
turelleroent  tournés  vers  l'industrie  et  habitués  à  vivre  d'épargnes  et 
de  travail ,  ne  songent  qu'à  l'avenir  ;  enân  les  Valenciens»  au  sein  de 
laurdélicieuse  huerta,  ne  vivent  que  pour  le  présent  et  jouissent  en 
enfants  prodigues  des  dons  de  loutesorte  dont  la  nature  les  a  oom« 
blés.  >  (  Vida  de  don  Jayme.  lib.  XU.) 


336  UfBB  m,  CHAPITRB  Tin 

leur  étaient  échas.  Ce  furent  là«  ponr  employer  une 
expression  de  Tépoque,  des  domaines  peuplés  en  fuero 
d* Aragon.  Par  saite  de  cette  transaction  regrettable  et 
de  la  nécessité  de  déroger  aux  lois  générales  en  faveur 
des  populations  et  des  seigneurs  chargés  de  la  défense 
des  frontières,  le  royaume  de  Valence  dut  renoncer  à  la 
gloire  d*étre  le  premier  royaume  européen  qui  ait  joui 
d*une  législation  unifiée,  sous  Tempire  du  premier  code 
complet  qu'ait  vu  promulguer  le  XIIP  siècle  \ 

Malgré  l'interdiction  qui  termine  le  préambule  des 
furs*,  le  droit  de  1* Aragon,  celui  de  la  Catalogne,  les  carifu- 
pueblasei  surtout  les  idées  féodales,  dans  leur  lutte  déses- 
pérée contre  les  principes  romains,  disputèrent  le  terrain 
pied  à  pied  au  droit  de  Valence ,  si  bien  qu*au  XVP  siècle 
ces  lois,  promulguées  pour  «  tout  le  royaume  et  toutes 
les  villes,  châteaux,  fermes,  maisons  de  campagne  et 
tous  autres  lieux  édifiés  ou  à  édifier  dans  le  royaume  > 
ne  régissaient  plus  guère  que  la  capitale  et  étaient  des- 


*  Le  code  rédige  par  Frédéric  II,  en  4224,  sous  le  titre  de  ConstUu- 
tiones  neapolitana  sive  siculœ,  ne  traite  guère  que  de  la  procédure,  du 
droit  criminel  etdu  droit  féodal.  On  y  voit  qu^à  cette  époque  le  sys- 
tème des  lois  personnelles  était  encore  en  usage  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles,  dont  les  habitants,  a  Français,  Lombards  ou  Romainsi, 
suivaient  la  législation  du  pays  de  leur  origine.  (Voy.,  entre  autres, 
lo titre  XVn  du  liv.  II  et  le  titre  XXIV,  loi  2,  du  liv.  lU.) 

*  A  Valence,  comme  en  Aragon  et  en  Catalogne,  Jacme,  voulant 
préserver  le  droit  du  pays  de  tout  autre  mélange  que  celui  des  idées 
romaines  professées  dans  les  écoles,  défend  «  qu'aucunes  autres  cou- 
tumes dans  la  cité  ou  dans  aucun  autre  lieu  du  royaume  de  Valence, 
soient  invoquées  dans  aucune  cause Car  la  cort  elles  juges  pour- 
ront convenablement  distinguer,  par  les  présentes  coutumes,  la  chose 
Juste  de  celle  qui  ne  sera  pas  juste  et  h  cho^e  licite  de  celle  qui  ne 

sera  pas  liciic Et  là  où  ces  coutumes  ne  pourront  suffire  ,  ceux 

qui  jugeront  pourront  librement  recourir  au  sens  naturel  et  à 
réquité.  «(Préambule  des  /ur*  de  Jacme  l".—  Voy.  Pièces  justifica- 
tives, n-  VUI.) 


LKS  FUB8  DE  TALE5CE  SS7 

cendaes  au  rang  de  fueros  municipaiixV  Si  leur  empire 
a  été  moins  étendu  que  leurs  rédacteurs  ne  l'auraient 
désiré,  on  ne  saurait  méconnaître ,  dès  qu'on  a  jeté  les 
yeux  sur  Tensemble  de  ce  code,  l'importance  capitale 
qne  sa  date,  son  esprit,  sa  perfection  relative,  lui  assignent 
dans  rhistoire  de  la  législation  européenne. 

En  nous  plaçant  à  un  autre  point  de  vae,  nous  trou- 
vons dans  Tœnvre  qni  nous  occupe  l'un  des  monuments 
les  plus  curieux  et  peut-être  les  moins  connus  de  la  litté- 
rature catalane. 

Un  dialecte  de  cette  langue  d'Oc,  si  chère  aux  princes 
de  la  maison  de  Barcelone,  de  cet  idiome  dans  lequel  ils 
aimaient  à  s'entretenir  avec  leurs  sujets,  à  raconter  leurs 
exploits,  à  chanter  leurs  amours,  fut  choisi  pour  servir 
à  la  rédaction  des  nouvelles  lois.  Celles-ci,  à  leur  tour, 
érigèrent  le  «  romanç  »  en  langue  des  tribunaux,  et  pres- 
crivirent son  emploi  exclusif  ponr  les  actes  de  procédure, 
les  plaidoiries  des  avocats,  les  sentences  des  juges  ^  Le 
catalan  était,  en  effet,  plus  généralement  compris  que 
Taragonais;  mais,  outre  ce  motif  d'utilité  pratique,  outre 

*  Voyez  répUre  dédicatoire  et  la  préface  de  Punique  édition  des 
furs  (1547}.  Ainsi  s'explique  Terreur  des  historiens  qui  ont  attri- 
bué à  ce  recueil,  dès  son  origine,  un  caractère  qu'il  n'a  pris  qu'avec 
le  temps,  tes  Valenciens  duXVI''  siècle  ne  paraissent  pas,  d'ailleurs, 
avoir  eu  une  idée  plus  juste  de  leur  code,  etce  n'est  pas  sans  raison 
que  le  notaire  Michael  Fuster  a  dit,  dans  une  pièce  de  vers  imprimée 
en  tête  des  furs  : 

Accipe  nunc  proprias,  generosa  Valentia,  leges, 
Ni  sis  (lU  sdHa  es)  nescia  forte  lui. 

•  Purs,  lib.  n,  rubr.  VI,  f.2;  lib.  Vil,  rubr.  II,  f.  2.  —Privilèges, 
t  xni,  n?  37  ;  ^  xix,  n*  65.  —  Les  avocats,  par  habitude  d'école 
et  probablement  aussi  pour  rendre  leur  ministère  indispensable 
aux  plaideurs»  s'obstinaient,  malgré  les  prescriptions  réitérées  de  la 
loi|  à  faire  les  actes  de  procédure  on  latin  et  à  plaider  dans  la  même 
langue. 


VaffecUoD  de  Jacme  pour  sa  langue  materoelle,  il  est 
difficile  de  ne  pas  voir  dans  ces  mesa^es  rarrière-peosée 
de  repoasser  dans  leurs  limites  naturelles  la  langue  et 
les  institutions  de  T  Aragon  «  de  donner,  au  contraire,  la 
plus  grande  extension  possible  à  la  langue  de  ces  popu- 
lations méditerranéennes  dont  le  fils  de  Pierre  le  Cath(h 
lique  teptait  de  reconstituer  la  nationalité. 

Quoi  qu*il  en  soit,  le  code  valeucien  de  Jacme  V\  plus 
l^eureux  que  les  fueros  de  Huesca,  est  parvenu  jusquà 
nous  sans  de  trop  nombreuses  altérations  V  Ce  n*est  que 
douze  ans  après  la  conquête,  c'est-à-dire  en  Tannée  1250, 
que  le  recueil  des  furs  put  être  achevé  et  mis  en  vigueur. 
Vingt  ans  plus  tard,  il  fut  révisé,  corrigé  et  confirmé  par 

*  Les  furs  de  Valence  ont  été  imprimés  en  45i7  par  les  soins  du 
notaire Joan  Pastor, quia  respecté  l'ordre  et  les  divisions  du  code 
primitif,  en  se  contentant  d'ajouter  après  chaque  fur  les  disposi- 
tio«s  émanées  des  différents  souverains  qui  Tout,  à  diverses  époques, 
complété  ou  modifié.  Les  furs  et  les  ordonnances  qui  n'ont  pu  trou- 
ver place  sous  les  titres  de  Jacme  I"  forment  un  volume  spécial  ap- 
pelé volume  des  furs  extravagants.  La  série  des  livres  et  celle  des 
n^çfues  ou  titres  sont  donc  les  mêmes  qu'au  tevps  de  iaeme  ;  les 
numéros  d'ordre  des  furs  ou  articles,  rangés  sous  chaque  rubrique, 
ont  été  seuls  modifiés  par  suite  de  Tintercallation  des  dispositions 
législatives  promulguées  par  les  successeurs  du  Conquistador.  C'est  à 
ce  code,  ainsi  modifié,  que  se  rapportent  nos  renvois.  Un  autre  re- 
cueil, qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  précédent,  sert  «souvent  à 
éclaircir  et  à  compléter  h?  furs  :  c'est  celui  des  Privilèges  de  Valence, 
imprimé  en  4545î<ous  le  titre  de  Aureum  Opus  regalium  privilegio^ 
rum  civitalis  et  regni  Valentix  Les  actes  qu'il  contient,  presque  tous 
^édigé:^en  latin,  sont  classés  à  pàu  près  par  ordre  chronologique, 
avec  une  série  de  numéros  d'ordre  pour  chaque  règne.  C'est  parmi 
ces  documents  que  se  trouvent  les  véritables  fueros  municipaux  de 
la  Tille  de  Valence.  On  y  rencontre  aussi  des  dispositions  légales  anté- 
rieures à  la  promulgation  des  furs ,  et  qui  ont  été  résumées,  déve- 
loppées ou  simplement  traduites  par  ceux-ci;  des  ordonnances  d'un 
earactère  transitoire;  enfin  des  actes  qui  ne  oonoerneiit  qu'un  indi- 
vidu ou  uo«  ville.  Nous  désignons  VAureum,  Opus,  daas  nos  reavois, 
sous  le  nom  de  Privilèges  de  Valence. 


le  roi,  qsi  décida  qae  toqs  ses  saceessearsseraieut  tenus 
d^ra  jurer  TobserTation  \ 

Le  double  préambule  qui  sert  d'iotroduction  au  code 
de  Yalenoe  en  dessine  bien  nettement  la  physionomie. 
Plus  de  cortès  dont  la  sanction  soit  indispensable  pour 
donner  au  recueil  sa  force  légale,  plus  d'assemblée  na- 
tionale d^auoune  sorte  *  ;  il  n'y  a  qu'un  souverain,  entouré 
de  conseillers  dont  il  peut  accepter  op  rejeter  les  avis. 
Cee  canseiliers,  il  est  vrai,  sont,  pour  la  plupart,  des  sei- 
gfiiursaragonais  ou  catalans  qui  n'ont  que  trop  de  moyens 
d'influencer  la  volonté  royale;  mais,  en  principe  du 
moins,  nous  voilà  revenus  à  Vimperàtor  romain  '  ou  au 
roi  gothique,  qui  tipnt  «du  Seigneur  des  créatures i^  le 
droit  déjuger  les  hommes  et  dont  émane  toute  autorité. 
li  a  daigné  s'entourer  des  lumières  «  des  sages  »  qu'il 
a  pu  réunir  à  sa  cour.  Au  premier  rang  de  ces  sages  sont 
les  prélats,  auxquels  par  déférence  il  demande  «  leur 
assootiment  et  leur  avis»  ;  mais,  dès  qu'il  s'agit  de  ses 
conseillers  laïques,  barons  ou  bourgeois,  le  roi,  pour 
qu'on  ne  se  méprenne  point  sur  leur  rôle,  a  soin  d'iodi* 
qiier  qu'il  agit  seulement  avec  leur  avis. 

Dans  cette  sorte  d'introduction  au  code,  écrite  dans 

*  Vay.  Privilèges  de  Valence,  ^  xxiv,  n»  84 .  —  Les  additions  et  les 
eorrecUons  faites  en  4270  sont  indiquées  dans  le  code  par  ces  for- 
mules :  Enadeix  lo  senyor  rey Aquesl  fur  smena  et  romança   la 

Mnyor  rey, 

'  Ce  fut  seulement  sous  les  suoesseurs  de  Jacme  I*'  qu'il  y  eut 
49ns  le  royaume  de  Valence  des  cortès  investies  des  mêmes  attribua 
lions  que  les  cortès  d'Aragon  et  les  corts  de  Catalogne. 

'  En  droit  romain,  Tempereur  était  censé  avoir  reçu  son  autorité 
1)11  peuple^  en  vertu  de  la  loi  même  qui  constituait  Tempirç  ;  m^isi^e 
n'était  là  qu'une  théorie.  Le  prince  qui  appelait  ses  décisions  «  de3 
ofSH^le^  V^mbés,  de  sa  bouche  divine  0,  qui  autorisait  ses  sujets  <l  à 
invoquQf  sqn  éternité  9,  n'était  guère  disposé  à  considérer  ^n  poH- 
voir  comme  une  simple  délégation  de  celui  di^  ^wlQ- 


340  LmttlII,  CHANTRfiTIN 

le  style  naïvement  sentencieux  que  le  clergé  et  les  écoles 
avaient  mis  en  honnenr,  se  mêlent  des  idées  et  des  phrases 
entières  empruntées  au  Digeste,  an  code  gothique  et  aux 
livres  saints.  Ici  nous  trouvons  une  véritable  homélie  sur 
la  nécessité  de  la  justice,  sur  Tamour  et  la  crainte  du 
Seigneur;  là  le  roi  demande  humblement  pardon  à  Dieu 
des  fautes  qu*il  a  pu  commettre  dans  l'exercice  de  son 
autorité  de  juge;  plus  loin  nous  rencontrons  la  traduc- 
tion catalane  du  précepte  d*Ulpien:  Honesiè  vivere,  alte- 
rum  non  Uedere,  suum  cuiqne  tribuere;  enfin  un  passage, 
où  semble  revivre  Tesprit  des  conciles  de  Tolède,  nous 
fait  connaître  à  quel  point  le  sentiment  du  devoir  mîli- 
geait  les  tendances  absolutistes  inspirées  à  Jacme  par 
l'amour  du  bien  public  et  non  par  une  ambition  égoïste: 
<  La  raison  pour  laquelle  un  roi  doit  régner,  écrit  le 
législateur  de  Valence,  c*est  principalement  pour  la 
justice,  car  elle  lui  est  donnée  S  et,  s'il  n'y  avait  pas 
justice,  les  gens  n*auraient  pas  besoin  de  roi  ».  Ijefuero 
juzgo  avait  dit  :  «  C*est  en  faisant  le  droit  que  le  roi  doit 
avoir  nom  de  roi;  d*où  les  anciens  ont  eu  ce  proverbe: 
c  Roi  tu  seras  quand  droit  tu  feras,  et,  si  tu  ne  fais  droit, 
tu  ne  seras  roi.  »  D'où  le  roi  doit  avoir  principalement  en 
soi  deux  vertus,  justice  et  vérité*.  > 

Entre  le  code  gothique  et  les  furs  il  y  a  la  distance  qui 
sépare  une  monarchie  théocratique,  où  le  roi ,  nommé 
par  les  évéques,  est  menacé  de  «  ne  plus  être  roi  >  s'il  ne 
marche  dans  la  voie  de  la  justice,  que  les  prélats  sont 
chargés  de  lui  indiquer,  et  une  monarchie  héréditaire,  où 


*  Plus  bas  on  lit  que  la  justice  est  une  grâce  cachée  que  Dieu 
accorde  aux  rois. 

^  Voyez  le  texte  espagnol  du  Fuerojup^^o  (édlt.  publiée  par  PAcadé- 
mie  de  Madrid)  ;  Prologue,  l.  I,  loi  4 .  ^  Extrait  des  canons  du  sep- 
tième concile  de  Tolède. 


LBS  PURS  DE  YÀtSnCE  241 

le  souverain,  recevant  da  ciel  les  grâces  nécessaires  pour 
gouverner,  ne  reconnaît  aucun  intermédiaire  entre  Dieu 
et  lui. 

Le  préambule  *  des  fars  de  Valence  est  la  seule  partie 
dececodeoùTon  trouve  ces  dissertations  pédantesques 
qui  s'étalent  à  tontes  les  pages  des  Siete  Partidas,  et  font 
ressembler  Tœuvre  d*Alfonse  X  à  un  traité  de  morale 
beaucoup  pins  qu*à  un  recueil  de  lois.  Jacme  a  su  se 
défendre  de  cet  excès,  et,  après  avoir  payé  un  tribut,  dans 
le  morceau  dont  nous  venons  de  parler,  au  caractère  de 
son  siècle  et  à  ses  propres  goûts,  il  prend,  autant  que 
la  langue  catalane  peut  le  lui  permettre,  le  style  concis, 
le  ton  impératif,  qui  conviennent  au  législateur.  On  ren- 
contre bien  encore  çà  et  là  quelques  tendances  à  accom- 
pagner les  prescriptions  légales  des  motifs  qui  les  ont 
dictées,  quelque  prolixité  dans  la  rédaction,  mais  ces 
défauts  sont  bien  moin^  apparents  dans  l'œuvre  qui  nous 
occupe  que  dans  les  autres  codes  de  la  même  époque. 

Pour  base  et  pour  modèle  de  leur  travail,  les  rédac- 
teurs des /tir«  ont  choisi  le  code  de  Justinien  réduit  à 
ses  neufs  premiers  livres,  les  trois  derniers,  qui  traitent 
de  matières  administratives,  ayant  été,  comme  on  le  sait, 
retranchés  de  l'enseignement  des  écoles.  Pour  être  appli- 
quée au  royaume  de  Valence,  l'c^uvre  impériale  a  dû  être 
extraordinairement  abrégée.  On  en  a  extrait,  et  quelque 
fois  traduit  littéralement,  les  principes  les  plus  saillants, 
négligeant  à  la  fois  les  déductions  trop  subtiles  pour  les 
esprits  du  moyen  âge  et  la  multitude  de  cas  particuliers 
prévus  par  les  empereurs.  Mais,  comme  on  doit  le  penser, 

*  Nous  donnons  dans  nos  Pièces  jusiiûcatives  (n*  VIfl) ,  en  le  fai- 
sant suivre  de  la  table  des  livres  el  des  rubriques^  le  double  préam* 
bule  des  furs  qu'il  est  curieux  de  comparer  avec  celui  des  fueros 

à^Angon. 

T.  n.  16 


912  UTM  m,  CHAVItM  mil 

la  logique  la  plas  rigoureuse  n'a  pas  présidé  à  ce  travail  ; 
on  a  procédé  par  retranchements  plutôt  que  par  conden- 
sation; quelques  rares  essais  de  généralisation  ont  été 
tentés  assez  gauchement  ;  la  suppression  d'un  nombre 
infiniment  considérable  de  titres  et  de  lois  a  rapproché 
sous  la  même  rubrique  des  dispositions  qui  n'ont  aucun 
rapport  entre  elles,  sans  faire  disparaître  toutes  les  répé- 
titions et  toutes  les  contradictions  du  modèle  V 

Il  ne  faudrait  pas  croire  cependant  que,  pour  n'avoir 
pas  stt  éviter  des  imperfections  si  communes  de  leur 
temps,  les  jurisconsultes  de  Valence  n'aient  été  que  les 
imitateurs  maladroits  et  servîtes  du  code  impérial.  Non- 
seulement  ils  ont  mis  à  contribution  avec  discernement 
et  dans  des  proportions  diverses  ,  le  Digeste,  ^es  Insii- 
tutes ,  le  fuerû  juzgo  et  les  traditions  germaniques  ;  mais, 
les  grands  principes  de  droit  naturel  et  d'équité  qui  sem- 
blaient se  conserver  plus  spécialement  dans  les  déoré* 
taies,  le  besoin  de  simplifier  les  formes,  la  nécessité  de 
plier  les  lois  aux  mœurs  du  temps  et  du  pays,  font  sentir 
leur  action  dans  lesfurs.  Jacme,  dominant  de  la  hauteur 
de  son  génie  les  légistes  qui  travaillent  par  ses  ordres, 
combine  ces  éléments,  dirige  ces  influences,  fait  servir 
les  uns  et  les  autres  à  la  réalisation  de  ses  projets,  donne 
à  l'œuvre  Toriginalité,  l'unité,  la  sève  enfin  qui  fait  vivre 
un  code  nation  al  et  qui  manque  toujours  à  une  simple 
compilation. 

Dès  qu'on  aborde  l'étude  de  ce  recueil,  où  se  mêlent. 


*  Après  avoir  suivi  assez  exactemenl  l'ordre  du  code  de  Jusiinien, 
jusqu'à  la  fin  du  droil  criminel,  les  rédacteurs  des  furs  ont  ajouté 
pêle-mêle  au  IX*  livre  des  rubriques  relatives  au  droit  féodal,  àTad- 
roinistratton.  à  Torgantsation  judiciaire,  à  la  police  orbaine  ou 
rurale,  et  aussi  à  des  matières  générales  empruntées  au  Digestei 
qui  eussent  plus  logiquement  trouvé  leur  place  en  tdte  du 


UNf  ■EUCIBDSB8  %IS 

snmùt  rasade  d^  temps,  le  droit  civil  et  le  droit  crimi- 
09I9  l*adoiiaistraUoo  ^et  ia  procédure,  les  principes  de 
l'ordre  le  plii3  élevé  et  d^lDâmes  détails  de  police,  il  est 
impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  l'habileté  avec  la- 
quelle,  an  milieu  de  cette  confusion,  le  législateur  a  co* 
toyé,  sans  y  échouer,  les  deux  écueils  les  plus  dangereux 
poorson  œuvre  :  les  lois  sur  le  clergé  et  les  lois  politiques. 

La  difficulté  n*était  pas  d'éviter  ces  questions,  mais, 
en  réduisant  notablement  l'influence  démesurée  du  clergé 
dans  l'ordre  civil  et  dans  l'ordre  politique,  en  faisant  des 
efforts  remarquables  pour  se  rapprocher  d'une  égalité 
relative  dbs  citoyens  et  des  terres  aux  yeux  de  la  loi,  il 
ne  fallait  blesser  aucune  des  deux  puissances  redou- 
tables (i^i,  durant  tout  le  moyen  âge,  ont  tenu  sous  leur 
dMÛnation  le  monde  matériel  et  le  monde  moral. 

Les  /tir«  empiètent  un  peu  plus  qu'il  ne  conviendrait 
sur  les  matières  qui  touchent  à  la  foi.  On  dirait  que 
Jaciœ  sent  le  besoin  d'affirmer  son  orthodoxie  au  mo- 
ment où  il  porte  la  main  sur  les  abus  cléricaux. 

Pour  se  conformer  aux  prescriptions  du  droit  cano- 
nique, il  autorise  le  fils  à  accuser  son  père  du  crime  d'hé- 
résie \  il  refuse  la  sépulture  aux  hérétiques  ';  il  punit 
les  blasphémateurs  de  peines  pécuniaires  ou  corporelles  ^ 
il  défend  de  sculpter,  de  tracer,  de  peindre  publiquement 


*  Fun,  lib.  VI,  robr.  IX.  fur  ib. 

3  M,  lib.  VIU,  rubr.  Il,  fur  29.  —  C'est  le  seul  cas  qui  légitime  le 
refus  de  sépulture.  Trois  ans  après  la  révision  àesfurs,  au  concile  de 
Lyon  de  4273,  Grégoire  X  défend  de  donner  la  sépulture  ecclésias- 
tique aux  usuriers  qui  n'ont  pas  restiiué.  (Voy.  Se^t, ,  lib.  V,  tit.  Y^ 
eap.  11.) 

*  On  paye  cent  sols  pour  avoir  blasphémé  Dieu  ou  sainte  Marie, 
dnqtiaoïe  sois  pour  a  avoir  mal  parlé  »  des  Apôtres  ,  et  vingt  sols 
pour  avoir  oCbQsé  ie>. saints  mariyrs,  sinon  on  est  exposé  tout  un 
jour  au  pilori.  (Furs^  lib.  ia,rubr.  XKII,  f .  8.) 


244  LITftE  III,  CBAPITRB  TUI 

et  d'exposer  en  vente  les  images  de  Dieu  et  des  Saints  *; 
il  interdit  enfin  anx  juifs  et  aax  musulmans  tout  travail 
public  les  jours ,  fort  nombreux  alors,  de  fêtes  chômées 
par  TEglise;  mais,  dans  Tinlérét  de  Tagricnlture  et  pour 
ne  pas  aggraver  la  position  des  Sarrasins  soumis,  ceux-ci 
peuvent  cultiver  leurs  terres  ou  celles  quMls  ont  affer- 
mées  sans  être  tenus  d'observer  d*autres  fêtes  que  celles 
de  «  Noël,  Pâques  fleuries,  Cinquagesma^ei  Sainte-Harie 
du  milieu  d'août  '  » . 

On  reconnaît  dans  ces  prescriptions  le  prince  ortho- 
doxe, soumis  aux  ordres  partis  de  Rome  en  tout  ce  qui 
touche  au  spirituel;  mais,  dès  qu*il  s'agit  de  régler  les 
droits  et  les  devoirs  des  membres  du  clergé  dans  la  société 
civile,  l'attitude  du  législateur  change  d'une  manière 
d'autant  plus  surprenante  qu'un  èvêque  a  été  sou  plus 
actif  collaborateur  \ 

Nul  clerc,  nulle  personne  engagée  dans  les  ordres, 
nulle  église  ou  <  lieu  religieux  »,  ne  peut  acquérir  à  un 

*  Fu^-s,  ]ib.  I,  rubr.  XV,  f.  unique. 

^  l.a  Pentecôte.  Le  môme  nom  s'est  appliqué  au  dimanche  qui  suit 
la  fête  de  Pâques  de  cinquante  jours  et  à  celui  qui  la  précède  d'au- 
tant. 

a  Furs,  lib.  I,  rubr.  VIII,  f.  2. 

^  Parmi  les  furs  que  nous  passons  sous  silence,  se  trouve  une 
sentence  arbitrale  rendue  en  1268  par  le  roi  entre  <  l'évoque,  le  cha- 
pitre, les  clercs  do  la  cité  et  de  Tévêché  de  Valence  d'une  part,  et 
ifàs  richs  homeru,  cbevaltors,  bourgeois  et  autres  habitants  de  la 
même  cité  et  du  même  diocèse,  d'autro  part,  au  sujet  des  dîmes  et 
prémices  et  des  sacrements  ecclésiastiques.  »  Ce  document,  inséré 
abusivement  au  nombre  doi  lois  lors  de  la  révision  du  code  en  1S70, 
donne  de  curieuses  indicutions  sur  la  nature  des  producttoas  du 
terriloirede  Valence  et  sur  leur  valeur  relative ,  d'après  laquelle  oo 
a  évidemment  établi  la  quantité  à  donnera  titre  de  dime  ou  de  pré- 
mices. Cet  acte  forme  Ietur4  du  titre  XXIV^  liv.  lV;soa  texte  primi- 
tif en  latin,  se  trouve  au  T  xxu,  n*  77  des  Privilèges ,  et  sa  confir- 
mation au  f*  xxvui,  n"*  90  du  même  recueil. 


LOIS  GORTBe  l'àmortizacion  245 

titre  qoelcoDqae  un  immeable,  une  rente  foncière,  cens 
ou  <  tribut  d'argent  ou  de  service  »  grevant  un  immeu" 
ble.  Les  églises  seules  sont  autorisées  à  accepter,  à  titre 
de  legs,  les  immeubles,  à  condition  de  les  vendre  dans 
Tannée,  en  acquittant  les  droits  de  mutation  et  en  parti- 
ealier  celui  de  hysme  ^  si  la  terre  est  tenue  en  censive. 
Les  personnesengagées  dans  les  ordres  ou  entrées  en  reli* 
gion  ne  peuvent  succéder  à  aucun  de  leurs  parents, 
même  à  leur  père  ou  à  leur  mère.  Telle  est  la  règle  rigou» 
rense  posée  lors  de  la  promulgation  des  furs,  mais  qui 
dut  être  adoucie  bientôt  après,  car  le  code  révisé  autorise 
les  constitutions  de  rente  pour  les  fondations  pieuses,  et 
permet  au  clerc  séculier  de  réclamer  sa  légitime  et  de 
succéder  à  tous  les  biens  de  son  père  et  de  sa  mère, 
pourvu  toutefois  qu*il  ne  soit  pas  entré  dans  les  ordres 
contre  la  volonté  de  ceux-ci  ^  La  règle  fut  maintenue  dans 
tons  ses  autres  points;  les  furs  et  les  privilèges  la  rappel- 
lent toutes  les  fois  qu*il  est  question  d'aliénation  d'im* 
meubles  ou  de  rentes  foncières  ^. 

Les  inconvénients  de  Taccumnlation  de  la  propriété 
immobilière  dans  les  mains  des  corporations  avaient  été 
pressentis  de  bonne  heure.  Les  mainmorlables ,  c'est-à- 
dire  les  gens  qui ,  selon  une  expression  de  Tancien  droit, 
avaient  la  main  vive  pour  recevoir  et  la  main  morte  pour 
rendre  ,  privaient  le  roi  ou  le  seigneur  dominant  de  tout 
les  droits  auxquels  la  transmission  d'un  immeuble  pouvait 
donner  lieu  ,  et  mettaient  hors  du  commerce  une  quan- 
tité considérable  de  biens  *  ;  aussi ,   sans  remonter  à 

*  Lausime  ou  hdsen  droit  fraoçais. 

^Furs,  lib.  IV,  rubr.  XIX,  f.  5,  6  el  7;  lib.  VI,  rubr.  V,  f.  5. 
s  Par  exemple,  lib.  IV,  rubr.  XXIII,  f.  48,  et  lib.  VI,  rubr.  IV,  f.  37. 
**  La  fiction  de  riiomme  vivant  r  mourant  et  confisquant,  que  plu* 
sieurs  coutumes  françaises  obligeaient  les  corporations  à  fournir, 


246  uvm  III ,  CBAFim  ym 

TEmpire  romain  et  sans  parler  des  lois  d'Arcadios  et 
d*Honorins,  qni  restreignaient  la  liberté  de  tester  en 
faTenr  des  églises,  tronvons-nous ,  dés  le  Xir  siècle,  en 
Espagne,  des  précautions  prises  par  les  rois  contre 
Vamorlizacion*.  Jacme  avait  tenté  vainement  d*introduire 
des  lois  analogues  en  Catalogne  et  en  Aragon  ;  il  ne  par- 
vint à  les  établir  qu*à  Mayorque  et  à  Valence,  mais  en 
lear  donnant  une  extension  considérable,  puisqu'elles 
ne  s'appliquaient  pas  seulement  aux  corporations,  mais 
encore  aux  individus,  clercs  et  chevaliers. 

Cette  dernière  mesure  se  lie  intimement  à  Thistoire 
des  variations  qu'a  subies  Tiètat  des  terres  dans  le  royaume 
de  Valence.  Les  furs  et  les  privilèges  nous  fournissent 
sur  ce  dernier  sujet  la  matière  d'une  étude  intéressante. 
Il  est  curieux  de  suivre ,  dans  la  législation  qui  régissait 


obviait  au  prerDier  de  ces  inconvénients ,  mais  non  au  second ,  qui 
était  de  beaucoup  le  plus  considérable.  On  sait  que  l'homme  vivant, 
mourant  et  confisquant,  jouait,  par  rapport  au  seigneur  dominant, 
le  rôle  du  vrai  propriétaire  de  Timmeuble.  Les  actes  de  sa  vie  et 
sa  mort  donnaient  lieu  à  l'exercice  des  droits  seigneuriaux;  son 
crime  pouvait  entraîner  la  conflîcalion  du  Ûef. 

*  Voyez ,  entre  autres ,  le  fuero  de  los  hijos  dalgo ,  promulgué  aux 
certes  castillanes  de  Najera  en  4138.  Ce  fuero,  appelé  aussi  fuero 
de  fazaâas  y  alvedrios  (de  sentences  et  arbitrages)  ou  fuero  de  Burgos^ 
parce  qu'il  était  destiné  à  la  Castille,  dont  Burgos  était  la  capitale, 
fut  refondu  plus  tard  dans  le  fuero  viejo  de  CasiiHa,  avec  lequel  i( 
ne  faut  pas  le  confondre.  (Voy.  Lafuento,  Historia  gênerai  de  Espaça, 
part.  II ,  lib.  II ,  cap.  xiu ,  §  3. }  On  lit  dans  le  fuero  de  Cuenca ,  octroyé, 
en  4190,  par  Alfonse  VllI  de  Castille:  a  J'ordonne  qu'aux  hommes 
engagés  dafis  les  ordres  et  aux  moines  personne  n'ait  le  pouvoir  de 
vendre  un  immeuble  :  car,  de  même  que  leur  ordre  leur  défend  de 
nous  donner  ou  vendre  un  héritage,  de  même  le  fuero  et  la  cou- 
tume noua  défendent  la  môme  chose.  »  (Voy.  Marina,  Ensayocritieo 
sobre  la  anligua  legUlacion  y  principales  cuerpos  légales  de  los  reinos 
de  Léon  y  Castilla ,  g  42G.  —  Lafuente,  Historia  gênerai  de  BspaAa  , 
pan.  II,  lib.  U,  cap.  xm,  §3.  ) 


iTkT  DBS  TEftAKS  347 

la  propriété  immobilière ,  les  péripéties  de  la  lutte  eoga-* 
gée  entre  Tesprit  féodal  et  les  tendances  égalitairesde  la 
royauté. 

Dés  les  premiers  temps  de  la  conquête  «  les  propriétés 
distribuées  par  le  roi  furent  de  trois  sortes  :  des  hanors 
aax  barons,  des  fiefs  à  trois  cent  quatre-vingts  chevaliers; 
la  masse  des  immeubles  à  la  foule  de  nobles»  bourgeois 
et  plébéiens  qui  avaient  pris  part  à  Texpédition. 

Les  concessions  A'honors  étaient  le  résultat  d*une 
mesure  à  la  fois  administrative  et  militaire:  il  s'agissait 
de  défendre  les  villes  et  d*y  organiser  la  justice ,  la  per- 
ception des  impôts  ,  etc.  Les  fiefs  n'étaient  que  des  posi- 
tions militaires  à  la  défense  desquelles  il  était  essentiel 
d'intéresser  la  classe  belliqueuse  des  chevaliers.  Honors 
et  fiefs  ne  devaient  être  que  l'exception.  La  plus  grande 
partie  de  la  propriété  immobilière  était  constituée  par 
les  terres  dont  la  distribution  nécessita  les  libros  de  re*^ 
partimiento. 

Celles-ci  ne  furent  d'abord  données  qu'à  la  condition 
du  payement  d'un  cens  de  dix  sols  pavjovala.  La  constitu- 
tion de  la  propriété  allodiale  était  entravée  par  le  désir 
de  fournir  de  l'argent  au  trésor  royal.  Mais  d'aussi  étroites 
considérations  ne  pouvaient  longtemps  arrêter  l'esprit  de 
Jacme  T'.  Cette  redevance  ne  tarda  pas  à  être  abolie^; 
dès  lors  la  généralité  des  terres  du  royaume  fut  tenue  en 
franc  alleu,  et ,  suivant  les  termes  des  furs ,  le  roi  n'eut 
•  cens ,  fadiga  *  y  ni  seigneurie,  ni  loysme,  que  sur  les 
choses  immeubles  pour  lesquelles  il  avait  spécialement , 
expressément  et   nominalement  retenu  cens ,  fadiga, 

*  Privilèges,  ^  xxv,  n°  84,  et  errata,  f»  ccxlyiii. 

^  Prélalion  ;  c'est  le  droit  qu'on  appelait,  en  France ,  retrait  sei- 
gneurial al ceosier ou relrail  féodal,  suivant  qu'il  s'exerçait  sur  des 
biens  roturiers  ou  sur  des  fiefs. 


248  LiTBEUiy  ClUprrBETin 

certaine  part  de  fruits,  tribut  oa  service  annuel*.  » 
Ces  alieux  n*étaient  par  eux-mêmes  ni  nobles  ni  roturiers, 
et  se  trouvaient  soumis,  en  règle  générale,  à  certains 
services  ou  tributs,  tels  que  hosl,  chevauchée,  queste, 
en  un  mot  à  toutes  les  charges  «  royales  et  vicinales  • , 
c'est-à-dire  imposées  dans  Tintérét  général  du  royaume 
et  dans  l'intérêt  particulier  des  villes.  Mais ,  en  vertu 
d*un  privilège  spécial ,  les  chevaliers  et  les  membres  du 
clergé  étaient  personnellement  exempts  de  la  plupart  de 
ces  contributions  en  argent  ou  en  services.  Par  le  fait, 
les  terres  suivaient  donc  la  condition  de  leur  possesseur. 
Un  immeuble  pouvait  ainsi ,  en  passant  de  main  en  mai  ni 
s*élever  de  la  roture  à  la  noblesse  ou  tomber  de  noblesse 
en  roture.  Dès  lors  Taccroissement  de  la  puissance  ter' 
ritoriale  des  chevaliers  et  des  clercs  constituait  à  la  fois 
un  danger  politique  pour  la  royauté,  un  préjudice 
matériel  pour  TEtat  et  pour  les  villes. 

On  remédia  en  partie  à  ces  inconvénients  en  interdisant, 
au  moment  de  la  répartition  des  terres ,  toute  transaction 
immobilière  pendant  une  période  de  cinq  ans.  Cette 
mesure  avait  encore  pour  but  d*empécher  la  dépopula- 
tion du  territoire  nouvellement  conquis.  Elle  ne  fut  point 
observée,  et,  en  1245,  le  roi  dut  approuver  les  transac- 
tions conclues  au  mépris  de  son  ordonnance;  mais  il 
prohiba  pour  Tavenir  les  aliénations  en  faveur  «  des 
clercs ,  des  personnes  religieuses  et  des  chevaliers  *.  » 
L'année  suivante,  il  alla  plus  loin  et  assujettit  aux  charges 
et  contributions  les  biens  ayant  appartenu  à  des  bour- 
geois et  acquis  par  des  membres  des  deux  classes  privilé. 
giées.  Tout  immeuble  passant  des  mains  d'un  chevalier 

*Furs,  lib.  VIII,  rubr.  VIII,  f.  26,  et  lib.  IV,  rubr.  XXIII,  f.  44. 
^  Privilèges ,  f»  vn ,  n*  17. 


ÉTAT  DES  TERRES  249 

ôa  d*UD  clerc  dans  celles  d*uD   bourgeois  perdait  ses 
immonités  san  spou voir  jamais  les  recouvrer  V 

Le  désir  de  favoriser  Textension  de  la  propriété  rotu- 
rière avait  dicté  cet  acte  *;  Tesprit  féodal  réagit  contre 
cette  tendance.  Dans  la  pratique  ,  le  pouvoir  ne  fut  pas 
assez  fort  pour  faire  respecter  ses  prescriptions;  les  che* 
valiers  et  les  clercs  continuèrent  à  acquérir  des  immeubles 
de  bourgeois  et,  en  vertu  de  leurs  privilèges  personnels, 
refusèrent  de  se  soumettre  aux  charges.  Les  choses 
étaient  dans  cet  état  en  1250,  lors  de  la  rédaction  du  code. 
l^sfurs  se  bornèrent  à  renouveler,  en  retendant  à  tout 
le  royaume,  Tinterdiction  d*aliéner  en  faveur  des  indivi- 
dus privilégiés,  «  nonobstant  tout  privilège  ou  permission 
octroyée  par  le  roi*.  »  Les  influences  féodales  et  cléri- 
cales essayaient  cependant  de  reconquérir  pied  à  pied  le 
terrain  gagné  par  la  royauté  au  profit  des  idées  de  progrès 
et  d'égalité.  En  1252,  Jacme  fut  contraint  de  ratifier 
toutes  les  transactions  accomplies ,  de  déclarer  franches 
de  tout  service  les  terres  possédées  par  les  chevaliers  et 
les  clercs ,  et  de  permettre  les  acquisitions  futures  hors 
du  territoire  de  la  capitale,  pourvu  que  Ton  eût  obtenu 
préalablement  une  autorisation  royale.  L'interdiction 
absolue,  telle  que  la  prononçaient  les  fur$,  se  trouva  res- 
treinte à  Valence  et  à  son  territoire  ^  Le  code  révisé 
consacra  cet  échec  de  la  royauté ,  il  Taggrava  même  en 

*  Privilèges ,  f*  vni,  n»  21 . 

,  ^  Ce  privilège  et  celui  de  4245  sont  applicables  seulement  au  ter- 
ritoire de  la  capitale.  Le  roi  semble  avoir  voulu  essayer  sur  cette 
partie  du  royaume  les  mesures  qu'il  devait  généraliser  plus  tar^. 
La  capitale  et  son  district  étaient,  d'ailleurs,  le  point  qu'il  était  le 
plus  essentiel  de  soustraire  aux  empiétements  des  chevaliers  et  des 
clercs. 
«  Fars,  lib.  IV,  rubr.  XIX,  f.  8;  lib.  IX,  rubr.  XIX,  f.  35. 

*  PrivUéges,  ^  xvi,  n-  47. 


250  LIVBB  Ul,   GHàPlTBB  YIU 

aatorisant  les  échaDges  et  les  rachats  entre  eheyaliers  et 
boargeois ,  et  en  déclarant  francs  de  tout  service  les  im- 
meubles acquis  de  ces  deux  manières  par  les  chevaliers  *. 

Si  Jacme  ne  parait  pas  lutter  avec  succès  sur  le  terrain 
pratique ,  il  se  relève  dans  la  théorie ,  et  pose  dans  son 
code,  par  des  moyens  détournés,  des  principes  qui 
devront  porter  leurs  fruits.  Remarquons  d*abord,  comme 
un  premier  pas  vers  Tégalité  des  personnes,  le  silence 
des  furs  au  sujet  des  simples  nobles.  Dans  la  Péninsule, 
le  service  militaire  n*est  pas,  comme  en  France,  Tapa- 
nage  du  corps  de  la  noblesse.  Les  non-nobles,  organisés 
en  milices  toujours  prèles  an  combat  dans  les  pays  limi- 
trophes des  possessions  sarrasines,  sont  une  force  plus 
sérieuse  que  les  simples  nobles,  exempts  à'ho$t  et  de 
chevauchée. 

Dans  la  noblesse ,  les  ricos  homes  et  les  chevaliers  seuls 
représentent  la  puissance  territoriale  et  militaire;  les 
autres,  jouissant  de  quelques  privilèges  sans  avoir  d'in- 
fluence à  mettre  au  service  de  TÉtat ,  n'ont  aucune  raison 
d^élre  distingués  de  la  bourgeoisie,  et  c'est  pour  ce  motif 
que  les  furs  ne  font  d'eux  aucune  mention  spéciale. 

La  tendance  à  l'assimilation  légale  des  nobles  et  des 
non  nobles  se  révèle  clairement  dans  le  passage  suivant: 
«  Nous  autorisons  pour  toujours  les  citoyens  de  la  cité  de 
Valence  et  tous  les  autres  pobladores  *  du  royaume  à 
recevoir  et  posséder  à  titre  de  donation ,  d'échange  et  de 
toute  autre  manière  et  façon ,  à  acquérir  et  à  avoir  terres 
labourées   ou   incultes  et   toutes  antres   possessions, 


^Furs,  lib.  IV,  rubr.  XIX,  f.  9  et  40. 

^Les  pobladores  sont  ceux  qui  ont  fondé  les  premiers  établisse- 
ments dans  un  pdys.  Peut-être  ce  mot  est-il  pris  ici  dans  un  ï^ns 
plus  général,  et  signifie- t*il  tous  les  habitants  fixés  définitivement 
dans  le  royaume  sans  idée  de  départ. 


ehoses  et  rentes  venant  de  quelques  personnes  que  ce 
soit,  chefaliers,  eleres,  bourgeois  et  autres  ^  » 

En  outre,  les /*tfr9  assimilent,  toutes  les  fois  que  cefai 
est  possible ,  les  alleux  aux  fiefs ,  les  domaines  nobles 
aux  non  nobles.  Les  immeubles ,  désignés  le  plus  souvent 
par  énnmération  :  c  maisons,  jardins  «  champs,  vignes» 
fermes,  villages, villes,  châteaux,  forteresses,  honneurs *f 
sont  considérés  comme  appartenant  a  un  seul  genre  de 
propriétaires.  Le  mot  senyor  signifie  à  la  fois  maître , 
propriétaire  et  seigneur. 

Cette  façon  de  considérer  la  propriété  simplifie  con- 
sidérablement les  matières,  si  compliquées  en  France, 
des  fiefs,  du  bail  à  cens,  du  bail  emphytéotique,  du 
bail  à  locatairie  perpétuelle. 

A  Texception  de  quelques  règles  spéciales  aux  fiefs , 
empruntées  à  peu  près  toutes  aux  coutumes  françaises*, 

*  Furs.  lib.  VIII,  rubr.  VUÏ.  f.  5. 

^Tous  les  ûeU  de  Catalogne  et  de  Valence  sont  fiefs  rendables. 
On  appelait  ainsi  en  France  ceux  que  le  seigneur  doroinani  pouvait 
se  faire  remellre,  a  iralusvel  paccatusu,  disent  les  acteà  dUnféoda- 
lion,  e'est-à'dire  mécontent  ou  non  de  son  vassal.  Le  refus  de  ce 
dernier  est  qualifié  trahison  manifeste  et  autorise  le  suzerain  û  s'em- 
parer du  fief  par  la  force.  Si  le  seigneur  dominant  ne  réclame  le 
fief  que  pour  constater  sa  suzeraineté ,  il  doit  le  rendre  dix  jours 
après  ;  sMi  a  un  différend  avec  son  vassal ,  il  peut  garder  le  domaine 
jusqu'à  rentière  décision  du  litige.  Recevoir  ainsi  un  fief,  ctiâteau 
ou  ville,  c^ctait»  suivant  Pexpression  catalane,  reehre  postai  delcastell, 
delà  vila.  recevoir  la  puissance,  Tautorité  sur  ce  cbà'.eau,  sur  œtte 
ville.  (  Voy.  Constitutions  de  Cathalunya,  vol.  1,  lib.  IX,  lU.  XXVII; 
Costumas  gênerais,  etc.,  de  Père  Albert;  Furs,  lib.  IX,  rubr.  XXI, 
f.  4  à  4,  23  à  27.)  Le  fief  rendable  se  rencontrait,  dans  la  France 
méridionale  et  particulièrement  en  Dauphiné ,  avant  le  XVI*  siède. 
(Salvaing,  Traité  de  Vusage  des  fiefs,  1'«  partie,  cbop.  vin.)  Mais 
dans  ces  pays  la  condition  de  reddibilité  no  se  présumait  pas, 
tandis  que,  en  Catalogne  et  à  Valence,  «  il  est  entendu  tacitement, 
bien  que  ce  ne  soit  pas  expressément  dit,  que  le  seigneur  (suzerain) 
du  fief  doit  avoir  et  a —  liostat,  paix,  guerre,  fadiga  et  lousme,  s'il 
n'y  a  expressément  et  nominativement  renoncé,  t  {Purs,  lib.  IX , 
rubr. XXI,  f.  U.) 


•  *.  > 


253  UVIE  111 ,  CHAPITRE  Tin 

€  ce  qai  est  dit  et  établi  poar  la  chose  donnée  à  cens 
doit  être  etiteodu  de  la  même  manière  pour  tontes 
choses  qni  seront  données  à  certaines  portions  de  fruits , 
de  services,  de  gain  ou  de  profit*  ».  L'assimilation  des 
différentes  espèces  de  propriété  immobilière  .est  donc 
aussi  complète  qu'elle  pouvait  l'être  à  cette  époque. 
La  juridiction,  pour  les  contestations  relatives  aux  biens 
tenus  à  charge  de  redevances  ou  de  services ,  appartient 
au  seigneur,  ou,  pour  mieux  dire,  au  propriétaire  do- 
minant  «  senyor  primer  »  de  l'immeuble ,  sans  distinction 
de  possesseui*$  nobles  ou  non  nobles,  de  terres  possédées 
à  titre  d'alleu  ou  à  titre  de  fief*. 

En  résumé,  tout  propriétaire  d'un  alleu  ou  d'un  fief, 
qu'il  soit  noble  ou  non  ,  est  investi  par  la  loi  de  certains 
droits,  sur  lesquels  n'influent  ni  sa  qualité  ni  celle  de 
son  immeuble.  Il  estmaitreet  seigneur  (ces  deux  mots 
sont  réunis  dans  celui  Ae senyor);  «  il  peut  faire  sa  vo- 
lonté de  ses  possessions,  qu'il  ait  des  enfants  ou  n'en 
ait  pas,  qu'il  fasse  ou  non  un  testament,  et  en  tout  autre 
guise  et  manière*  »  ;  il  est  libre  de  les  démembrer  à 
l'infini  en  concédant  chaque  portion  à  charge  de  services 
ou  de  redevances ,  pourvu  que  sa  position  ne  change  pas 
par  rapport  au  souverain ,  c'est-à-dire  qu'il  «  ne  recon- 
naisse tenir  maisons,  jardins,  honneurs,  châteaux,  villes, 
fermes  ou  autre  chose  du  royaume  de  Valence  pour 
aucun  autre  seigneur  on  prince  ;  comme  si ,  par  exemple, 
un  rich  hom,  un  chevalier  ou  un  bourgeois,  reconnaissait 
tenir  quelqu'une  des  choses  susdites  pour  le  roi  de  Cas- 
tille  ou  pour  l'évéque  de  Valence ,  ou  pour  tout  autre 
homme  ecclésiastique  ou  séculier*».  Ainsi  chaque pos- 

*Furs,\ib.  IV,  rubr.  XXIIl,  f.  54. 
2/d.,    id.,    id.J.  45,  46,  47. 
»/d.,  lib.  VI,  rubr.  IV,  f.  25. 

^GeUe  défense  est  faile  «  sous  peine  de  la  peisoone.  »  {Furs, 
lîb.  IV,  rubr.  XXUI,  f.  4.)  .  . 


BBOIT   DE  JUSTICE  253 

sessear  A'honor,  d'alleu  oa  de  fief,  pent  bien  avoir  sous 
sa  dépendance  des  vassaux  liés  à  lui  par  un  ensemble  de 
devoirs  et  de  droits  réciproques  ;  mais  la  hiérarchie 
féodale  ne  peut  s'organiser  dans  les  degrés  supérieurs , 
et  fonder  cet  ensemble  fort  et  compacte  qui ,  dans  les 
pays  septentrionaux  ,  lutte  avec  tant  d'avantages  contre 
le  pouvoir  royal.  Dans  les  degrés  inférieurs,  l'action 
du  seigneur  de  fief  ou  du  propriétaire  d'alleu  sur  ses  vas- 
saux ou  censitaires  est  notablement  affaiblie  par  le  droit 
qu'ont  ces  derniers  de  se  dégager,  soit  en  vertu  de  la 
demaiuralizacion ,  soit  conformément  aux  furs,  qui  auto- 
risent tout  individu  tenant  pour  autrui  un  bien  àcharge 
de  cens  «  de  tribut  ou  de  service ,  à  rendre  au  propriétaire 
l'immeuble  qu'il  en  a  reçu  ^ 

Il  reste  encore  au  propriétaire  un  droit  important , 
c'est  celui  de  juridiction ,  que  les  mœurs  ne  peuvent 
pas  s'habituer  à  regarder  comme  distinct  du  droit  de 
propriété.  Les*  privilèges  de  Valence  proclament  cepen- 
dant que  la  haute  justice ,  <  la  justice  de  sang  ou  jus- 
tice personnelle  > ,  est  «  de  mère  empire ,  et  que  le  prince 
ne  doit  et  ne  peut  la  céder  à  qui  que  ce  soit  »  ;  aussi 
est-il  défendu  à  tout  €  rico  home ,  noble ,  chevalier , 
citoyen,  prélat,  clerc,  et  généralement  à  toute  personne 
religieuse  ou  séculière  »,  de  s'attribuer  une  pareille  juri- 
diction *. 

*  Furs,  lib.  lY,  rubr.  XXIIl,  f.  47  et  24. 

«  Privilèges,  f«  xu,  n-  35;  —  Fur^,  l.  111,  robr.  V,  f.  73.  —Mal- 
gré  rinterdiclion  écrite  en  propres  termes  dans  la  loi,  les  furs  des 
successeurs  de  Jacme  prouvent  que  la  haute  justice  fut  souvent  con- 
cédée à  des  barons,  a  des  cbevaliers  et  à  des  prélats.  Jacme  lui- 
même  donna,  sur  ce  point,  un  démenti  aux  principes  qu'il  avait 
po!^.  (Voy.  Pursj  lib.  IX,  rubr.  XXi,  f.  40.)  Le  code  de  Valence  a 
ooDservé  1  a  trace  des  protestations  de  la  bourgeoisie  contre  cea 
eoQCMsioos  illégales.  (Furs^  lib.  lli|  rubr.  V,  f.  77  et  78.) 


854  LITRB  01,  CHAPITRE  ▼UI 

• 

Le  priocipe  de  Tattribulion  da  droit  de  justice  m 
âouveraia  est  ainsi  nettement  posé^  mais  pour  un  cas 
seulement,  celui  qui  entraine  des  punitions  corporelles. 
S*il  s*agit  d*une  contestation  civile  relative  à  une  presta- 
tion d«  redevances  ou  de  services  fonciers,  le  proprié- 
taire allodial  ou  le  seigneur  dominant  décide  Taffaire. 
S*il  est  partie  au  procès ,  il  assigne  i  son  vassal  ou  cen* 
si  taire  des  juges  non  suspects  pour  le  procès  et  «  toates 
les  appellations  » ,  car,  dit  la  loi,  «  pareille  juridiction 
doit  être  sauve  au  premier  seigneur,  ainsi  que  loy^me 
et  fadiga*  > .  Pour  toutes  les  autres  affaires ,  le  seigneur 
ou  propriétaire  de  la  ville,  du  château  ou  du  lieu,  est 
compétent  en  première  instance,  même  lorsqu'il  s'agit 
de  vignes,  maisons  ou  champs  possédés  en  alleu,  s'ils 
sont  compris  dans  le  territoire  de  sa  seigneurie.  Les 
appels  sont  toujours  portés  devant  lejuslicia  de  Valence*. 

£n  résumé ,  c'est  en  revenant  dans  une  certaine  me- 
sure vers  le  principe  germanique  primitif  de  l'égalité  de 
tous  les  hommes  libres  propriétaires  d'une  portion  du 
sol ,  mais  en  retranchant  aux  droits  quasi-souverains  du 
propriétaire  tout  ce  que  les  mœurs  permettent  d'en  re^ 
trancher,  que  Jacme  essaye  de  reconstituer,  d'après  Je 
modèle  romain ,  l'égalité  de  tous  les  sujets  sous  uo  sou- 
verain absolu. 

Cette  différence  radicale  entre  les  principes  en  vigueur 

<  Le  droU  de  souveraineté,  sousle  nom  de  mère  empire,  est  eaeore 
invoqué  dans  les  fnrs  (iib.  YIII,  rubr.  IV,  f.  9),  k  propos  des  délais 
que  le  roi  peut  accorder  aux  débiteurs. 

a  Furs.  llb.  IV,  rubr.  XXII,  f.  45,  46  et  47. 

•  Pour  ces  règles  de  compélence  un  peu  compliquées,  voyez  Fur*, 
Iib.  III,  rubr.  V,  f.  6,  8,  et  68  à  74 .  —  La  juridiction  attribuée  au 
seigneur  ou  au  propriétaire  allodial  comprend  le  pouvoir  de  faire 
des  actes  d'exécution  sur  les  biens  des  condamnés  avec  riutervention 
des  officiers  royaux.  {Furs, Iib.  III, -fuiv.  ¥,  f.  43et  44.}  - 


OMAXIBAfiail   jrUMCIAIIIE.  SSS 

êû  AragOD  et  ceux  que  proclame  le  code  de  Valence  en 
eotralne  uoe  non  moins  grande  dans  l'organisation  judi- 
ciaire. La  charge  politique  dujta/îaan*a  pas  d*analogQe 
à  Valence  *;  un  magistrat  annuellement  élu,  que  le  code 
appelle  la  corl  et  qui,  dans  les  additions  de  1270  et  dans 
les  furs  des  successeurs  de  Jacme  I",  est  nommé  le  justi- 
cia  de  Valence,  décide  avec  Tassistance  des  prud'hommes 
toutes  les  causes  civiles  et  criminelles*  de  la  capitale 
et  de  son  territoire.  Il  a  le  droit  de  se  choisir  un  as- 
sesseur, s*il  le  juge  nécessaire,  et  de  nommer  des  juges 
délégués  pour  la  décision  de  certaines  affaires,  ou  pour 
le  remplacer  en  cas  d'absence  ou  d'empêchement.  Chaque 
ville  du  royaume  a  son  justida  ou  juge  particulier 
investi  des  mêmes  attributions  et  soumis  aux  mômes 
règles  que  celui  de  la  capitale. 

Les  bayles,  les  junlas  et  les  sobrejunieros  sont  établis 
dans  le  royaume  de  Valence  sur  le  modèle  de  ceux  de 
r  Aragon  ^ 


<  LeroiPierrelVfulcoQlraint,  en  4348,  d'élablir  dans  le  royaume 
de  Valence  un  magistrat  armé  des  mêmes  pouvairs  que  lejusiieia 
d'Aragon.  Cette  institution  ne  parait  pasavoir  survécu  à  VUnion  de 
Valence,  confirmée  par  le  même  acte  et  abolie  quelques  mois  plus 
lard. 

*  Jacme  It  institua  ,  en  1324 ,  un  second  justida  spécialement 
chargé  des  affaires  criminelles.  (Voy.  Privilèges,  ^lxix,  nH23.) 

'  Pour  la  cort  et  le  bayle,  voyez  Furs,  lib.  I,  rubr.  111,  dans  laquelle 
eet  foiiétie  la  rubr.  XVIII  du  lib.  IX.  Pour  les  juntas  et  les  sobre- 
junieros^ Privilèges,  ^  xxvn,  n<>  88.  —  Les  avocats  de  profession, 
d*abord  admis  par  le  code,  ne  tardèrent  pas  à  être  exclus  des  tribu- 
naux, à  cause  «  des  longueurs  et  des  embarras  qu'ils  occai^ionnaieut 
dans  les  affaires,  qui  auraient  pu  se  terminer  plus  facilement  à  Tavan- 
tage  des  plaideurs.  »  Cette  mesure  resta  inexécutée  et  fut  bientôt 
f^nivte  dHm  tarif  destiné  à  mettre  fin  au  la  malice  et  aux  tromperies» 
employées  par  les  avocats  pour  grossir  leur  salaire.  Quelque  temps 
après,  une  nouvelle  ordonnance  de  proscrrption  n^eutpas  plus  d'effet 
i|U6  Ja  première  et  dut  être  rapportée.  Les  avocats  furent  dès  lors 


S56  UTBB  m  »   GHAPITBB  TlIt 

La  procédure  envisagée  dans  son  ensemble  est  à  peo 
près  celle  de  Jastinien  notablement  simplifiée.  Noas  né 
trouvons  ici  ni  le  système  compliqué  des  cautions  arago- 
naises,  ni  la  théorie  des  actions  du  droit  romain. 

Les  symboles  et  la  procédure  orale  du  droit  primitif 
ont  fait  place  à  la  procédure  écrite  ,  secrète  dans  queU 
ques-unesde  ses  parties,  à  Texemple  des  tribunaux  ecclé- 
siastiques. Les  témoins ,  par  exemple,  sont  entendus  par 
le  juge  seul,  assisté  de  son  scribe  ;  Tassignation  en  justice 
et  Taccusation  ne  peuvent  plus  être  orales*. 

Trois  grands  principes  de  la  législation  germanique 
sont  cependant  encore  maintenus  :  la  publicité  des  débats, 
si  ce  n*est  celle  de  Tinstruction  ;  la  participation  des 
prud'hommes  aux  jugements ,  et  le  système  accusatoire 
en  matière  criminelle. 

«  La  cour  ne  doit  entendre  d'aucun  crime  sans  accusa- 
teur ou  dénonciateur*.  » 

«  Nous  ne  pouvons ,  dit  ailleurs  le  roi ,  ni  ne  devons 
par  droit  ni  pour  aucune  raison ,  ni  pour  aucune  chose , 
accuser  nos  hommes  d'aucun  méfait ,  ni  d'injure,  ni  de 
crime,  car  nous  paraîtrions  t  si  nous  faisions  cela ,  tenir 
et  remplir  deux  rôles ,  le  rôle  déjuge  et  le  rôle  d'accu- 
teur;  néanmoins  cela  ne  doit  point  s'entendre  de  nos 
propres  affaires  et  actions  '.  » 

Malgré  les  termes  en  apparence  absolus  de  ces  deux 
fursy  qui  semblent  exclure  la  procédure  par  voie  d'accu* 

astreints  au  serment  d'exercer  leur  ministère  a  bien  et  fldèiement,  et 
de  n'agir  jamais  par  malice,  n  (Voy.  Furs,  \\h.  Il,  rubr.  YI  ;  Privi- 
lèges, r  XIII,  n®  37;fo  XVII,  no56;  ^  xix,  n*65,  ^XXI,  n*70.) 

*  Furs.  Ub.  IV,  rubr.  IX,  f .  30  et  31  ;  iib.  I,  rubr.  VI,  f .  9  ;  et  lib.  IX, 
rubr.  VU,  f.  2. 
«  Idem,  Wh.  IX,  rubr.  4,  f.  21. 
.»  Idem.  id„id.,  t  46. 


Lk  PROCEDURE  A    TALBNGB  257 

satiôD  publique,  les  magistrats  doivent  poursuivre  d*of- 
fice,  noa-seulement  les  coupables  des  trois  délitssociaux, 
pour  lesquels  les  législatioDS  barbares  admettent*  cette 
façon  de  procéder:  lèse-majesté,  fausse  monnaie  et  crime 
contre  nature ,  mais  encore  les  homicides,  larrons,  vo- 
leurs,  ravisseurs,  •  envahisseurs  de  maisons,  brigands 
de  grands  chemins,  dévastateurs  de  champs,  de  vignes , 
de  jardins,  incendiaires,  et  non  autres  >,  ajoute  le  légis- 
lateur  à  la  fin  de  cette  énumération  ^  Mais  il  faut  que 
les  accusés  de  ces  crimes  soient  désignés  par  la  voix  pu- 
blique*. 

Ajoutons,  comme  une  nouvelle  preuve  de  la  tendance 
vers  rintervention  de  la  société  dans  les  accusations  cri- 
minelles,  le  droit  accordé  à  tout  individu  d*arréter  les 
malfaiteurs  surpris  en  flagrant  délit ,  et  Tobligation  de 
prêter  main  forte  aux  officiers  royaux  chargés  d'une 
arrestation  *. 

Pour  les  crimes  que  nous  venons  d'énumérer,  le. légis- 
lateur admet  la  procédure  par  enquête ,  c'est-à-dire  que 
>  le  juge  prononce  d'après  la  conviction  qu'il  s'est  formée 
par  l'examen  des  faits  de  la  cause,  sans  ordonner  le 
combat ,  les  épreuves  judiciaires ,  ni  le  serment  de  Tac- 
cusé*. 

Au  civil ,  à  défaut  de  preuves  écrites  ou  de  témoignages 
suffisants,  le  juge  s'en  rapporte  au  serment  du  défendeur, 

*  Un  fur  ajoute  cependant  à  ces  crimes  celui  d'émeute,  (lib.   £ 
rubr.  lïl,  f.  26.) 

«  Furs,  lib.  11,  rubr.  VllI,  f.  40. 

«  /d.,  lib.  1,  rubr.  Vil,  f.  4  ;  Privilèges,  f"  xii,  n«  35,  et  f"*  xxvii, 
il<»  88.--  Quelques  années  plus  tard,  le  jurisconsulte  français  Beau* 
manoir  écrivait  :  «C'est  li communs  porfls  que  çascuns  soit  sergans 
et  ait  pooir  de  penre  et  d'arrester  les  malfeteurs.  d  (Coût,  de  Beau- 
vàisis^  cap.  XXXI,  §44.) 

*  Fur*,  lib.  II,  rubr.  lU,  f .  26. 

X  n.  17 


<  saûs  que  les  témoins  poissent  ôlre  éproufés  par  la  ba* 
taillé,  par  le  fer  chaud,  ni  d'aacnne  autre  façonS  • 

Cette  foi  dans  le  serment  de  Tune  des  parties ,  héritage 
des  temps  primitirs ,  où  Tbomme  ne  savait  mentir,  in- 
dique le  désir  du  législateur  de  supprimer  les  ordalies. 
Cette  tendance  apparaît  clairement  encore  dans  les  res* 
trictions  sans  nombre  qu*ii  apporte  à  Tusage  virace  du 
duel  judiciaire  *. 

Ce  genre  de  preuve  est  absolument  prohibé  en  matière 
civile;  en  matière  criminelle,  on  ne  peut  jamais  y  re- 
courir contre  les  témoins;  les  adversaires  doivent  toujours 
être  égaux  «  en  lignage  et  eu  richesses;  ils  sont  mesurés 
aux  épaules,  aux  bras,  aux  cuisses  et  en  hauteur  ;  et  il  est 
accordé  (une  différence  de)  un  doigt  de  grosseur  et  deux 
doigts  de  hauteur.  >  Le  combat  per  comimilem  n'existe 
donc  pas  à  Valence.  Le  duel  n*est  admis  qu'à  défaut  d*au* 
très  preuves,  excepté  pour  le  crime  de  trahison  et  les  cas 
très-rares  «  où  il  est  accoutumé  de  faire  bataille  si  les 
parties  sont  d'accord.  »  Enfin  il  est  interdit  pour  toutes 
les  causes  portées  devant  le  roi  ou  sou  lieutenant  '. 

«  FUrs,  lib.  iV,  rubr.  IX,  f.  44. 

*  Dès  le  XI«  siècle,  on  trouve  en  CastiHe  une  tendance  à  abolir 
répreuve  par  le  combat.  De  nombreux  /uerox  communaux  en  dispen- 
sent les  habitants  des  localités  auxquelles  ils  sont  octroyés.  Ailleurs 
la  réglementation  du  défi  et  du  duel  fut  si  minutieuse,  qu'elle  contri- 
bua à  rendre  cet  usage  plus  rare.  (Yoy.  Lafuente,  Hist.  gêner,  de  Esp, , 
part.  II,  lib.  1,  cap.  xxvi.)  La  même  cause  produi;>it  à  Valence  les 
mêmes  effets. 

^  «Fem  fur  nou  que  nos  ne  altre  tenen  nostre  loch  no  puscain 
reebro  baialla  en  nostre  poder  que  aigu  vulla  fer  ab  altre  per  assalt 
ne  per  voluniat.  »  {Purs^  lib.  IX,  rubr.  XXII,  f.  I}0n  a  quelquefois 
interprété  ceA^r,  ajouté  au  code  en  4270,  comme  une  abolition  du 
duel  judiciaire.  Il  nous  paraît  difficile  de  lui  donner  un  autre  sens  que 
celui  que  nous  lui  attribuons.  La  rubrique  XXfl  do  Uvre  IX  détaille 
minutieusement  les  règles  du  combat.  «Ceux  qui  combattronl  àdie^ 
val  porteront  chacun  deux  épées  et  deux  masses  sans  poiiiles.  W^Tïs 


LA  TORTURE  199 

Anx  épreaves  judiciaires  se  rattache  la  torture,  em- 
ployée comme  moyen  de  conviction.  Sous  ce  rapport,  la 
législation  de  Valence  est  bien  inférieure  à  celle  d'Aragon 
qui ,  nous  Tavons  dit ,  proscrit  cette  coutume  barbare. 
En  devançant  les  autres  législations  de  TEurope  dans  la 
voie  des  emprunts  aux  lois  romaines  et  à  la  procédure 
ecclésiastique^  Jacme  n*a  pas  su  éviter  un  abus  qu'ont 
exagéré  des  siècles  encore  plus  éclairés  que  le  sien. 
Lorsque  saint  Louis  se  contente  de  blâmer  la  torture  par 
son  silence,  n*osant  pas  l'interdire  en  termes  exprès; 
lorsque  Alfonse  X  l'admet  dans  les  Siete  Partidas  ;  lors- 
qu'on voit  enfin  cet  absurde  et  atroce  moyen  de  conviction 
souillet  durant  des  siècles  tous  ies  codes  du  monde 
civilisé,  on  doit  blâmer ,  non  le  souverain  qui  Ta  admise 
à  Valence ,  mais  les  mœurs  qui  la  lui  ont  imposée.  Les 
quelques  lignes  qui  traitent  «  des  questions  et  demandes 
faites  avec  tourments  »  sont  une  tache  immense  dans 
les  furs.  Plus  injuste  que  la  loi  gothique,  en  vertu  de 
laquelle  personne  n'était  exempt  de  la  torture,  le  code 
valencien  en  dispense  les  nobles  et  les  bourgeois  honorés. 


revêtent  le  haubert  avec  cap  (bonnel)  de  mailles  et  les  chausses  de 
fer,  et  n'aient  ni  couteau,  ni  miséricorde,  ni  aucune  autre  arme. 
QuUls  ne  mettent  du  sucre  candi  en  aucun  endrpit  de  leur  ëeu  ni 
en  autre  lieu,  et  ne  portent  noms,  brefs,  ni  pierres  précieuses,  ni 
aucune  autre  machination»  (f.  8).  Comparez  les  règles  du  duel  judi- 
ciaire à  Yalence  avec  celles  qui  sont  rapportées  par  les  auteurs  sui- 
vants :  Jean  d^lbelin ,  AssUes  de  Jérusalem  ;  P.  de  Fontoines,  Conseil  à 
mon  amif  cap.  xxi  ;  Beaumanojr,  Coulwn^s  d^  Beauvoisis^  cap.  \m  à 
LXiv  ;  Formulaire  des  comhalsà  outrance,  rédigé  par  ordre  de  Phi- 
lippe-le-Bel,  ap.  Ordonnances  des  rois  de  France,  t.  1,  p.  437;  Mon- 
tesquieu, Esprit  des  lois,  liv.XXVllI,  chap.  xivà  xxiii.  —  Le  porche- 
min  n*  4760  de  la  collection  de  Jacme  1*^  aux  archives  d'Arogon , 
contient  la  décision  d'une  question  relative  aux  formes  du  duel. 
(Voy.  Colleccion  de  documentos  ineditos  del  archvoo  de  Aragon^  t.  VI, 
p.  459.) 


260  LITRE  m  ,   CHAPITRE  VIII 

Les  hommes  libres  de  condition  inférieure  peuvent  y 
être  soumis ,  même  à  raison  de  leur  témoignage  dans  une 
affaire  civile  ,  s'ils  varient  dans  leurs  dépositions  et 
paraissent  être  de  mauvaise  foi  ;  le  serf,  comme  Tesclave 
romain ,  échappe  rarement  à  la  question ,  lorsqu'il  parait 
en  justice  comme  partie  ou  comme  témoin  au  criminel 
ou  au  civil.  11  est  même  permis  dans  les  accusations  de 
lèse-majesté,  d'hérésie  et  de  fausse  monnaie,  d'arracher 
à  la  douleur  du  fils  la  déposition  qui  doit  faire  condamner 
le  père  *. 

Hâtons-nous  de  détourner  les  yeux  de  ce  triste  tableau, 
et,  au  moment  de  quitter  la  procédure,  vestibule  de 
l'édifice  juridique,  pour  pénétrer  plus  avant  dans  la  juris- 
prudence ,  reposons  nos  regards  sur  quelques  axiomes 
de  sagesse  et  d'équité  que  le  législateur  de  Valence  nous 
montre  comme  les  bases  de  son  œuvre  et  comme  les 
règles  à  suivre  pour  la  bonne  administration  de  la  justice. 
«Nous  et  la  corl^   est-il  dit  dans  un  fur,  devons, 
avant  tous  autres,  maintenir  dans  leur  droit  sans  aucun 
subterfuge,  pupilles,  veuves,  hommes  vieux  et  faibles,  et 
tous  ceux  pour  qui  l'on  doit  avoir  merci  lorsqu'ils  sont 
tombés  dans  la  pauvreté  ou  la  faiblesse  par  cas  d'aven- 
ture ;  car  il  ne  doit  y  avoir  pour  nous  ni  pour  la  cort  con- 
sidération de  personnes  ni  de  profit,  et  ainsi  \^cort  ouïra 
le  petit  comme  le  grand  et  le  pauvre  comme  le  riche  *.» 

«En  choses  semblables,  il  doit  y  avoir  même  jugement 
et  même  droit,  et  l'on  doit  procéder  de  choses  sem- 
blables en  choses  semblables  ^• 

«  Personne  ne  doit  être  condamné  pour  crime  ou  méfait 
par  suspicion  ou  présomption,  mais  seulement  lorsque  le 

*  Voy.,  pour  la  torture,  Furs,  Ub.  IX,  rubr.  VI. 
«  Furs,\ib.  I,  rubr.  111,  tà\%. 

•  Idem,  lU).  IV,  rubr.  XVIII,  f.  27. 


FILUTIOrr  ET  PUISSANCE   PATERNELLE  261 

crime  sera  prouvé  [)ar  preuves  vraies,  loyales  et  claires  ;  car 
souvent  il  y  a  des  présomptions  par  lesquelles  un  homme 
croit  que  certaines  choses  sont  vraies,  et  cependant  elles 
ne  le  sont  point.  Aussi  serait-il  de  mauvais  exemple  que 
quelqu'un  fût  puni  comme  s'il  était  coupable  et  qu'il  ne 
le  fut  pas  ;  et  il  serait  mieux  qu'on  laissât  aller  ceux  qui 
sont  coupables  et  à  qui  on  ne  peut  le  prouver  que  si  l'on 
condamnait  sur  soupçon  ceux  qui  ne  sont  pas  coupables*.  • 

Mais  voici  une  conséquence  abusive  d'un  principe  bon 
en  lui-même  : 

«  La  cort  ou  le  juge  ne  doit  point  décider  selon  sa 
conscience  et  selon  ce  qu'il  sait,  mais  selon  ce  qui  est 
légalement  prouvé  devant  lui  *.  » 

En  matière  criminelle,  la  nécessité  d'avoir  une  preuve 
légale,  comme  l'entendent  \esfurs,  conduit  à  l'usage  de 
la  torture. 

Nous  avons  dit,  à  propos  de  la  législation  aragonaise, 
que  les  questions  de  filiation,  comme  celles  de  mariage, 
étaient  de  la  compétence  exclusive  de  la  juridiction  ecclé- 
siastique ^;  mais  le  droit  de  légitimer  les  bâtards  et  de  leur 
conférer  dans  la  société  civile  les  droits  des  enfants  légi- 
times appartient  au  souverain^.  Ce  cas,  qui  n'est  pas 
prévu  par  les  fueros  d'Aragon,  fournit  la  matière  de  plu- 
sieurs articles  du  code  de  Valence  '. 

*  Fursj  lib.  IX,  nibr.  VII,  f.  52. 

>  /(iem,  lib.  I,  rubr.  Iir,f.  M. 

>  «  Quelout  homme  laïque  réponde  au  pouvoir  do  conr  d'Egîisede 
battement  de  clercs,  de  mariage,  d'usure,  de  sacrilège  et  autres  sem- 
blables maléfices.  »  {Furs,  lib.  IIÏ,  rubr.  V,  f.  38.)  La  légilimiléou  la 
bâtardise  n'est  qu'une  conséquence  de  la  validité  ou  de  la  non-vali- 
d lié  du  mariage.  {\oy.  Greg.  IX  Décrétai.,  lib.  IV,  til.  XVII,  cap.  v 

elvii.) 

*  Voy.  Greg.  IX  Décrétai,,  lib.  IV,  til.  XVII,  cap.  xm. 

8  Furs,  lib.  VI,  rubr.  IX,  f.  8  à  ^2.  —  Le  règne  de  Jacme  I*' 
nous  fouruit  un  exemple  remarquable  de  rexercice  de  ce  droit  dans 


262  UTHE  in  ,   CHAPRftB  TUI 

En  ce  qui  touche  à  la  puissance  paternelle»  comme 
pour  le  droit  civil  presque  tout  entier,  les  furs  semblent 
une  sorte  de  transition  entre  la  législation  romaine  et 
notre  législation  moderne.  Le  père  de  famille  a  la  juri- 
diction sur  sa  femme,  ses  enfants,  petits«enfants,  serfs, 
domestiques,  disciples  et  <  tous  hommes  et  femmes  qui 
sont  de  sa  compagnie  » ,  pour  les  vols,  larcins  et  injures 
domestiques.  Il  n*a  pas  droit  de  <  justice  de  sang  >;  il 
peut  seulement  retenir  le  coupable  en  prison  pendant  dix 
jours  V  La  puissance  paternelle  cesse  non-seulement  par 
la  mort  du  père  et  l'émancipation  du  fils,  mais  aussi  par 
le  mariage  de  ce  dernier  ou  sa  majorité.  Il  s*agit  ici  d*une 
majorité  spéciale,  celle  de  vingt-deux  ans  V  À  Valence 
comme  à  Rome  il  j  a,  en  effet,  plusieurs  majorités,  bien 
que  les  conséquences  de  chacune  d'elles  ne  soient  pas  les 
mêmes  dans  les  deux  pays.  D'après  les  furs,  la  majorité 
de  quinze  ans  fait  cesser  la  tutelle  pour  les  deux  sexes; 
c'est  alors  que  X^pufiUe  devient  adulte.  Entre  quinze  et 
vingt  ans,  il  peut  y  avoir  lieu  à  la  nomination  d'un  enra- 
ies leUres  de  légitimation  que  ce  prince  accorda  à  l'un  des  plus 
grands  seigneurs  de  ses  Etats,  Guillem  de  Roquefeuil,  son  cousin.  La 
minute  de  ce  document,  daté  du  jour  des  nones  de  mai  (7  mai)  1263, 
est  conservée  aux  archires  d'Afagon  (regist.  XIl,  V 19).  Un  privilège 
du  42  octobre  1260  (archives  d^Aragon^  Parchemins  de  Jacme  1*^ 
n^  4635),  donnant  une  extension  plus  large  à  cette  prérogative 
royale,  autorise  Pierre  de  Olone,  fils  adultérin  de  Milon  de  Lussano 
et  d'ElissendedeOlone,  femme  de  Berenguer  de  Eril,  à  hériter  de 
son  père  et  de  sa  mère  commes'il  était  légitime;  car ,  dit  ce  docu- 
ment, a  naître  d'un  adultère  n'est  pas  la  faute  de  celui  qui  naît,  mais 
bien  de  celui  qui  engendre,  n  Les  deux  actes  que  noua  venons  de 
mentionner  ne  se  rapportent  pas  au  royaume  de  Valence,  mais  ils 
ont  été  rendus  en  vertu  de  la  souveraineté  de  la  volonté  royale.  Ce 
principe  romain,  admis  à  la  fois  en  Catalogne  et  à  Valence,  est  nette- 
ment repoussé  en  Aragon. 

«  Fur*, lib.  VI,  rtibr.  l,ï.  43 et  44. 

^  /(i.,id.,rubr.  II,f.  3  et  5. 


teor,  si  f  odtito  aâmiaistre  mal  se»  bieoâ  ou  doU  $wte- 
oir  UQ  procès  S  Poor  les  actes  faita  avaût  cette  aee^ûde 
majorité,  la  restitution  est  accordée  daas  lamesare  la  plas 
large,  <  afio  qae%  par  trop  grande  sobtUité,  1^  mioeurs 
ne  paisseot  souffrir  dommage  ^  » 

Les  femmes  sont  ei^eluea  de  la  tutelle,  mè$ie  de  celle 
de  leurs  enfants  ^    . 

L'adoption  par  l'autorité  du  prince  q«  adragatio  du 
droit  de  Justinien  n'existe  pas  à  Valence;  Tadoption  ne 
peut  se  faire  que  de  trois  manières  :  en  présence  de  la 
eorls  par  acte  public  ou  par  testament. 

On  peut  non-seulement  émanciper  ses  enfanta,  mai^ 
encore,  comme  en  Aragon  et  pour  les  mômes  causes,  les 
désaffilier  \ 

Les  règles  de  la  dot  sont  empruntées  en  grande  partie 
au  droit  romain,  sur  lequel  cependant  6nt  déteint,  pour 
ainsi  dire ,  les  coutumes  des  pays  voisins  de  Catalogne 
et  d'Aragon.  La  femme  apporte  la  dot,  mais  le  mari,  par 
une  sorte  de  transaction  entre  l'usage  romain  et  la  ooemp* 
fia  germanique  etaragonàise,  est  tenu  de  constituer  uq 
augment  {creixou  cremment)  équivalent  h  la  moitié  de 
la  dot,  et  qui  n'est  acquis  à  la  femme,  conformément  à 
l'usage  germanique,  qu'après  la  consommation  du  ma- 
riage". Le  mari  ne  se  dessaisit  point  par  cette  donation  de 

«  Purs  y  lîb.  V;  rubr.  VI,  (.  3i  40,  U.  Cf.,  f.  45  ,  promulgué  ^U6 
GharlesQuiot. 
»  W.,  lii).II,rubr.  XlY,  (.  2. 
3  Id.,  lib.  V,  rubr.  VI,  f.  6. 

*  Pour  l'adoption  el  Pémancipation,  voyez  f^rs,  lib.VIlI,  rubr*  VI; 
poar  la  deaafiliaeion^  lib.  VI,  rubr.  IX,  f.  46. 

*  Furs^  lib.  V,  rubr.  I,  f.  44  ^t  46.  —  Un  jurisconsulte  arogonais, 
meotiopoant  cet  usage  comme  particulier  è^  ^Allemagne,  se  félipite 
qu'une  «  aussi  ridicule  formalité  »  n^  soit  pas  exigée  par  les  lois  de 
soD  pay9.  [Manual  del  Abogado  aragmmf  por  uo  jurisconsuUo  de 
Zaragoza,  4S42,  p.  444.)  Gett#  Qb^ry^Uon  e$t  fondée^  en  ee  qui  cpiji-r 


264  LiTXE  m ,  cHAPrniB  tin 

la  propriété  entière  des  biens  qui  en  sont  l'objet,  mais, 
s'il  vient  à  mourir,  Tusafrait  de  Faugment  appartient  à 
sa  venve,  même  si  elle  se  remarie.  A  la  mort  de  celle-ci, 
le  creix  retourne  aux  héritiers  du  mari  qui  Ta  constitué. 

La  dot  appartient  à  la  femme,  le  mari  l'administre 
sans  pouvoir  l'aliéner  ;  mais  les  furs  ne  suivent  pas  jus- 
qu'à sa  dernière  évolution  le  régime  dotal  des  Romains, 
que  notre  droit  s'est  approprié  dans  toute  sa  rigueur,  lie 
législateur  de  Valence  a  reculé  devant  l'inaliénabilité  de 
la  dot;  il  se  borne  à  exiger  de  la  femme  un  serment  qui 
constate  que  son  consentement  ne  lui  a  pas  été  arraché 
par  la  force. 

La  théorie  de  la  dot  profectice,  adventice  ou  receplice 
,est  bannie  du  code  de  Valence  comme  toutes  les  subtili- 
tés romaines.  Les  furs  se  bornent  à  prévoir  et  à  résoudre 
les  principales  difficultés  qui  peuvent  surgir  dans  la  pra- 
tique à  l'occasion  de  la  restitution  de  la  dot. 

Ce  serait  sortir  des  limites  de  notre  travail  et  entrer 
dans  le  domaine  de  la  jurisprudence  que  de  relever  les 
points  secondaires  dans  lesquels  le  code  de  Valence  s'est 
éloigné  des  lois  de  Justinien  en  cette  matière  comme  dans 
toutes  celles  du  droit  civil  V  Le  titre  des  successions  ab 
intestat  mérite  cependant  d'attirer  notre  attention,  à  cause 

cerne  PAragon,  mais  elle  ne  peut  s'appliquer,  comme  on  le  voit,  à 
Valence  non  plus  qu'à  la  Catalogne,  où  iacme,  nous  Tavons  dit  plus 
haut,  établit  la  législation  valencienne  au  sujet  du  a  screix  dû  à  la 
femme  à  raison  de  sa  vi  rginité.  »  Les  Arabes  avaient,  de  leur  côté  , 
introduit  en  Espagne  l'usage  d'un  véritable  morgengahe.  (Voyez  le 
Koran,cbap.  iv,  les  Femmes,)  La  loi  de  Mahomet,  comme  celle  des 
Germains,  a  puisé  cette  coutume  dans  le  droit  primitif,  source  com- 
mune de  toutes  les  législations.  Â  Rome  et  dans  le  droit  gothique, 
c'était  le  baiserdes  fiançailles  qui  attribuait  à  la  future  épouse  survi- 
vante la  moitié  des  biens  composant  la  donation  à  cause  de  noces. 
*  Pour  la  dot  et  les  donations  entre  époux,  voyez  Furi,  lib.  IV, 
rubr.  XIX,  f.  4  et  28  ;  lib.  V,  rubr.  1  à  ?. 


LES  SUCCESSIONS  265 

dn  mélange  d*idé6sjastes  et  d* idées  fausses  qa*il  a  emprun- 
tées aux  traditions  gothiques. 

Rien  n'est  plus  conforme  au  droit  naturel  que  le  prin- 
cipe général  qui  régit  cette  matière  :  «C'est  chose  droite 
et  juste  que  les  biens  des  pères  et  des  mères  morts  intes- 
tats, c'est-à-dire  sans  testament,  soient  partagés  entre 
les  fils  et  les  filles  par  égales  parts  ^  >  ;  mais  rien  ne  s'en 
éloigne  davantage  que  la  suppression  du  droit  de  repré- 
sentation en  ligne  directe  descendante,  de  telle  sorte  que 
les  fils  excluent  les  petits-fils  dont  le  père  est  prédécédé. 
>  Et  ainsi  qu'à  celui  qui  sera  le  premier  en  degré  revien- 
nent les  biens  plutôt  qa'aux  autres  qui  seront  plus  éloi- 
gnés *.  »  Cette  disposition  a  été  empruntée  au  fuero 
juzgo  ^,  de  même  que  celle  qui  règle  la  succession  des 
ascendants  par  têtes  et  non  par  souches,  avec  ces  trois 
différences  essentielles  que  les  frères  et  sœurs  du  défunt 
et  leurs  descendants  sont  appelés  en  concurrence  avec 
les  ascendants  les  plus  proches  ;  que  la  représentation 
est  admise  en  faveur  des  descendants  des  frères  et  sœurs, 
et  qu'il  n'y  a  aucune  distinction  à  faire  entre  les  propres 
00  biens  patrimoniaux  et  les  biens  acquis  par  le  défunt  ^. 

Le  fils  naturel,  s'iln'estni  adultérin  ni  incestueux,  suc- 
cède, à  défaut  de  parents  et  par  préférence,  au  conjoint. 
S'il  n'y  a  ni  parents  ni  conjoints,  ce  n'est  point  à  l'Etat 
que  revient  la  succession,  mais  à  des  églises,  hôpitaux  ou 


•  Fun,  lib.  m,  rubr.  XVIH,  f.  3. 

'^  La  représentation  ne  fut  introduite  dans  le  code  de  Valence  que 
par  le  roi  Alfonse  V  d'Aragon  (III  de  Valence)  en  4418.  (Voy.  Furs, 
lib.  VI,  rubr.  V,  f.  4  et  2.)  Quelque*  coutumes  françaises,  celles  de 
Ponlhieu  ^ntre  autres,  n'admettaient  pas  la  représentation  en  ligne 
directe  descendante. 

»Lib.  IV,til.  11,1.2. 

*  Fursj  lib.  VI,  rubr.  V,  f.  1.  Cf.  Fuero juzgojih.  IV,  tit.  II,  1,  2, 
3,  5,  6, 


M6  LIYRB  Dit  OBimU  THI 

antres  «  lieux  religieux  »  désignés  par  le  justicia  et  deux 
prud'hommes  du  pays  du  défunte 

Il  y  a,  d*après  les  fur$,  quatre  sortes  de  testaments  : 
1*"  le  testament  écrit  par  un  notaire  (scrivapublich)  en 
présence  de  trois  témoins  ;  â""  le  testament  Terbat  ou 
nuncupalif;  S""  le  testament  secret  ou  mystique,  que 
notre  droit  français  a  emprunté,  presque  sans  y  rien 
changer,  aux  constitutions  des  empereurs  romains;  Vie 
testament  olographe,  introduit  dans  \e$  furs  lors  delà 
révision  de  1270.  Les  trois  premières  formes  sont  tirées 
de  la  législation  romaine  notablement  simplifiée;  la  der- 
nière est  passée  du  fuero  juzgo  dans  le  code  valencien  *. 

Conformément  à  Tesprit  des  décrétales ,  la  plus  grande 
latitude  est  donnée ,  comme  on  le  voit ,  pour  la  manifes- 
tation de  la  volonté  des  testateurs.  Le  testament  peut  ne  pas 
contenir  d'institution  d'héritier  ou  ne  contenir  qu'une 
institution  partielle.  Le  codicille,  dans  le  sens  romain  de 
ce  mot,  n'a  donc  pas  de  raison  d'être  à  Valence,  11  y  a 
ici  des  exécuteurs  testamentaires  comme  en  Aragon, 
comme  dans  la  France  coutumière  et  contrairement  aox 
usages  romains.  La  substitution  vulgaire ,  la  substitution 
pupillaire  et  la  substitution  fidéicommissaire,  sont  égale- 
ment admises  par  les  furs.  En  somme,  pour  tout  ce  quia 
rapport  aux  hérédités,  àquelquesexceptionsprès,  le  légis- 
lateur de  Valence,  guidé  par  l'instinct  de  l'équité  et  par 
son  désir  d'éviter  les  complications  de  forme  toujours 
favorables  à  la  chicane,  a  su  fusionner  l'élément  national 


*  En  vertu  des  lois  contre  Vàmortizacion^  les  immeubles  sont  ven- 
dus et  le  prix  seulement  en  est  donné  aux  c  lieux  religieux  ».  — 
Pour  toute  la  matière  des  successions,  voyez  Fursy  lib.  YI,  rubr.  VIUi 
rubr.  III.  f.  6,  et  rubr.  IV,  f.  47  et  50. 

*  Voy.  fuero  juzgo,  iib.  II,  tit.  V,  1.  16  rfe  Holographis  SeripiurU. 


espagnol  avee  lod  lois  impériales  ^  Celles^ti  paraissent 
régir  sans  partage  la  matière  des  donations,  très-incom- 
plélement  traitée  dans  les  furs  V 

Au  titre  de  la  vente ,  les  rédacteurs  du  code  yalencien 
s'élèvent  au-dessus  de  la  matérialité  du  fait  de  la  tradi- 
tion ^  pour  attribuer  la  propriété  de  la  chose  vendue  au 
premier  acquéreur ,  et  non  à  celui  qui  a  été  mis  le  pre- 
mier en  possession  '. 

Nous  remarquons  enfin  «  comme  reste  de  la  rigueur 
romaine  contre  les  débiteurs  insolvables  ^  le  droit  at- 
tribué au  créancier  d'arrêter  et  de  mettre  aux  fers  sans 
jugement  le  débiteur  qui  veut  se  soustraire  par  la  fuite 
à  Tacquittement  de  son  obligation  *. 

En  matière  de  saisie  immobilière  pour  dettes ,  des  pri- 
vilèges égaux  sont  accordés  aux  chevaliers  et  aux  citoyens 
honorés  «  qui  demeurent  dans  les  villes  et  lieux  honorés 
du  royaume  '.  • 

La  pénalité  est  peut-être  la  partie  du  droit  qui  s'en- 
racine avec  le  plus  de  vigueur  dans  les  mœurs  popu- 
laires, et  c'est  seulement  lorsque  celles-ci  se  sont  radica- 


*  Ce  qui  concerne  les  testaments ,  les  legs,  Pacceptation  ou  la 
répudiation  des  hérédités,  les  exhérédations,  les  héritiers  indignes  , 
est  traité  dans  les  ruhr.  111,  IV,  VI,  VII,  VllI^  IX,  I  et  XI  du  liv.  VI  des 
/iir#,  auxquelles  il  faut  ajogter  ]e  fur  9  de  la  ruhr.  V  du  même 
livre. 

«  Pure ,  lib.  Vin ,  ruhr.  VIII . 
»iii.,lih.  III,  ruhr.  XVIIl. 

*  Id.,  lih.  I,  ruh.  VU,  f.  2. 

B  /(i.,  lih.  VIII,  ruhr.  II,  f.  38.  «  Nous  entendons,  dit  un  privilège 
(f*  XVI,  n*  47)  reproduisant  ce  /or,  par  homme  honoré  celui  qui  ne 
fait  œuvre  de  ses  maios.  »  Nous  citerons,  comme  un  nouvel  exemple 
de  rassimitation  des  obevaliers  aux  bourgeois ,  Tohligation  imposée 
aux  premiers  de  se  ranger,  pourPélection  dujt»ftcta,  sous  la  ban- 
nière de  la  ville  ou  du  district  dans  leqtel  ils  habitent,  «mm  (>eitie 
d'dire  dé^hn»  de  leur  droit  d'élection.  {¥urs^  lib.  I^  ruhr.  Ili^  I.  48.) 


268  LITRE  m,  CHAPITRE  TIIl 

lement  transformées,  que  de  nouvelles  pénalités  surgissent 
de  ce  sol  nouveau ,  tandis  que  les  anciennes ,  après  avoir 
donné  trop  de  preuves  de  leur  triste  vitalité,  se  dessccheot 
et  tombent.  Aussi  est-ce  dans  ce  rameau  de  Tarbre  juri- 
dique que  les  réformateurs  ont  le  plus  de  peine  à  faire 
pénétrer  la  sève  vivifiante  des  idées  de  progrès.  L'Europe 
des  derniers  siècles  nous  fournirait ,  s*il  en  était  besoin, 
d'éclatants  exemples  à  l'appui  de  cette  vérité. 

Peut-on  s'étonner,  dès  lors,  que  Jacme,  abolissant 
en  termes  exprès  le  droit  de  vengeance  privée,  soit 
obligé,  quelques  pages  plus  bas>  de  reconnaître  et  même 
d'utiliser  ce  préjugé  barbare  comme  moyen  d'intimi- 
dation, afin  de  suppléer  à  la  faiblesse  des  dépositaires  de 
l'autorité? 

«  Les  héritiers  et  successeurs,  est-il  dit  dans  un  fur, 
qu'ils  soient  parents  ou  étrangers,  ne  sont  tenus  de  venger 
ni  ne  doivent  venger  la  mort  du  testateur  qui  aura  été 
tué  par  autrui ,  ou  de  celui  auquel  ils  succèdent ,  si  ce 
n'est  seulement  en  dénonçant  le  meurtrier  à  la  corl  ou  en 
l'accusant  en  justice  *.  » 

Plus  bas ,  la  loi  autorise  les  parents  jusqu'au  qua- 
trième degré  d'un  individu  frappé  à  mort  dans  une  rixe, 
à  tuer  le  meurtrier  s'il  ne  s'exile  pas  pour  toujours  do 
lieu  où  il  a  commis  le  crime  *. 

Le  noble,  le  bourgeois  ou  le  vilain  qui  refuse  de 
donner  assurément  à  son  ennemi ,  est  mis  <  au  ban  du 
royaume,  et,  s'il  lui  arrive  quelque  mal,  celui  qui  l'a  fait 
n'est  pas  puni  *.  » 

*  Furs,  Ub.  IX,  rubr.î,  f.  26.  —  Personne  ne  peut  Alfe  conlrainl 
de  se  porter  accusateur,  exceplé le  proche  parent  d'un  individu  assas- 
siné appelé  à  recueillir  sa  succession.  (Voyez  Purs,  Uh.  VI,  rubr.  IX, 
f.  \.) 

«  Furs,  lib.  IX,  rubr.  VII,  f.  42. 

'  Id.,id.,  rubr.  XX,  f .  21 .  —La  môme  menaceest  faite  pour  divers 


j 


IlfÉGALITÉS  DàNS  l'aPPLICATION  DES   PEINES  269 

La  composition,  conséquence  du  droit  de  vengeance 
privée,  est  interdite  cependant  pour  les  principaux 
crimes*- 

Dans  la  qualification  des  faits  incriminés  et  dans  la 
répartition  des  peines,  les  furs^  plus  humains  et  plus 
justes  en  certains  points  que  lesSietePartùlas,  paraissent 
plus  arriérés  que  les  Èlablissemcnls. 

Ainsi  régalité  des  coupables  devant  le  châtiment, 
consacrée  par  la  législation  de  saint  Louis,  ne  parait 
guère  dans  le  code  valencien  qu*à  Tétat  de  tendance.  Il 
n*y  a  pas  une  peine  particulière  pour  les  nobles;  mais 
dans  certains  cas  qui  entraînent  la  peine  de  mort,  les 
chevaliers,  <à  cause  des  égards  qu*on  leur  doit  »,sont 
remis  seulement  à  la  merci  du  roi  ^.  Dans  d*autres  furs, 
le  législateur,  qui  assimile  le  «  citoyen  honoré  »  au  che- 
valier, ne  peut  arriver  jusqu'à  admettre  que  le  corps 
d*un  vilain  ait  la  même  valeur  que  celui  d*un  bourgeois 
ou  d'un  noble  ;  il  ordonne  donc  que,  entre  individus  de 
la  même  condition  ,  celui  qui  aura  occasionné  à  l'autre  la 
perte  d'un  membre  subira  la  peine  du  talion  ;  mais,  si  le 
coupable  est  un  «  homme  honoré»  et  la  victime  un  vilain, 
comme  il  y  aurait  disproportion  entre  le  délit  et  le  châ- 
timent, celui-ci  est  laissé  à  la  discrétion  du  juge  '. 

Le  cas  dont  nous  venons  de  parler  est  le  seul  pour 
lequel  le  talion  soit  prononcé  par  la  loi  de  Valence,  à 
moins  qu'on  n'assimile  au  talion  la  {mnition  de  l'accu- 
sateur qui  ne  peut  prouver  les  faits  avancés  par  lui.  La 

cas  analogues  et  pour  le  refus  de  jurer  les  paix  et  trêves  ordonnées 
par  le  roi.  (Voyez  Furs,  lib.  IX,  rubr.  VII,  f.  42;  rubr.  VIII,  f.  U; 
rubr.  XX,  f.-o  ;  Privilèges,  f*  xxvii,  n°  88.) 

•  Privilèges,  f*  xii,  n«  35,  modifiant  le  privilège  n*8,  f»  xi,  et  le 
/"ur  12,  rubr.  IV  du  lib.  I. 

«  Privilèges^  i*  xxyii,n'>  88. 

•  Furs,  lib.  IX,  rubr.  VU,  f.  38. 


S70  LimB  Ht ,  0HAPITB8  TIII 

peine  qai  le  frappe  est  celle  qai  aurait  été  pronoiM^ée 
coDtre  l'accusé  s'il  avait  été  convaincu  ^ 

L'amende ,  laissée  le  plus  souvent  à  la  discrétion  da 
juge  et  des  prud'hommes,  et  que  le  tribunal  peut  tou- 
jours modérer  lorsqu'elle  est  fixée  par  la  loi ,  telle  est  U 
base  de  la  pénalité  dans  le  droit  valencien  comme  dan» 
presque  toutes  les  législations  contemporaines.  Le  retran- 
chement du  coupable  du  milieu  de  la  société  par  la  mort 
ou  l'exil  est  prononcé  dans  des  cas  assez  rares  ;  la  cou* 
fiscation  est  peu  fréquente  aussi ,  et  ne  s'applique  qu'aux 
délits  qui  portent  atteinte  à  Tordre  social  ;  elle  ne  peut 
jamaispréjudicier  aux  droits  duconjointet  des  créanciers, 
quelquefois  même  elle  n'atteint  pas  la  légitime  des  en- 
fants *.  Concurremment  avec  l'amende,  la  note  d'infamie 
frappe  les  usuriers ,  les  meurtriers  ,  les  adultères,  les  vo- 
leurs,^ les  ravisseurs  «  et  autres  semblables  > .  Cette  peine 
flétrit  aussi  celui  qui  ne  restitue  un  dépôt  que  contraint^ 
par  une  sentence  du  juge  *. 

La  mutilation,  reste  des  traditions  barbares,  n'est 
conservée  que  pour  quatre  délits  :  le  vol ,  le  faux  commis 
par  un  notaire ,  les  coups  portés  par  an  fils  à  son  père  ou 
à  sa  mère ,  et  la  fabrication  d'une  batiste  saus  l'autori- 
sation du  roi.  Presque  toutes  les  fois  que  l'amende  est 
prononcée,  h  loi,  pour  assurer  Texécutioii  de  la  sen- 
tence, menace  le  condamné  qui  refuserait  de  payer,  d'un 
châtiment  corporel,  tel  que  la  marqua  du  faux  témoin  sur 
la  langue,  le  fouet,  le  pilori  el  quelquefois  la  mutilation; 
ce  ne  sont  là  que  des  peines  comminatoires,  presque 
toutes  hors  de  proportioa  avec  le  délit  et  avec  la  peine 

•  Fmn.  Ub.  IX,  rubr,  I,  f.  2. 

«  Id.  »  Ub.  I,  nibr.  Y,  f .  ^  et  23;  Ub.  IX,  rubr.  m,  f .  4 ,  M  rubr.  vm, 
fr.  37. 
'  M..  Ub.  U^  rubr.  VU  et  Ub.  1?,  rebr.XY,  f.  M. 


271 

pécuniaire  qu'elles  doivent  remplacer.  Le  joge  use  lar- 
gemeoi  da  pouvoir  de  les  réduire  lorsqu'il  s'agit  d'an 
condamné  trop  pauvre  pour  satisfaire  i  la  condamnation  * . 

Le  trait  caractéristique  par  lequel  les  furs  s'éloignent 
du  droit  romain  et  du  droit  gothique  pour  se  rappro- 
cher des  coutumes  germaines  et  aragonaises ,  c'est  le  res- 
pect de  la  liberté  individuelle.  Il  n'y  a  i  Valence  rien  qm, 
ressemble  aux  travaux  des  mines  des  Romains ,  à  la  perte 
de  la  liberté  prononcée  par  le  fuerojuzgo^  à  la  remise 
du  coupable  entre  les  mains  de  l'offensé,  à  la  dépor- 
tation ,  aux  galères.  La  prison  n'existe  pas  comme  peine  *, 
si  ce  n*est  contre  les  débiteui*s  ou  pour  obliger  un  in- 
dividu â  satisfaire  à  une  condamnation  pécuniaire.  La 
prison  préventive  elle-même,  qui  ne  doit  pas,  sauf  ex- 
ception ,  se  prolonger  au  delà  de  trente  jours*,  n'est 
obligatoire  que  pour  les  crimes  de  trahibon  manifeste  ou 
lorsqu'il  y  a  de  fortes  présomptions  de  culpabilité  dans 
une  accusation  capitale.  Hors  de  cas  deux  cas,  l'accusé 
peut  rester  en  liberté  sous  caution.  Les  femmes  furent 
même  pendant  quelque  temps  exemptées  de  la  prison 
préventive  sur  leur  simple  serment  *. 

Pour  échapper  non-seulement  à  la  prison,  mais  encore 
au  châtiment,  le  coupable  peut  recourir  en  outre  à  l'asile 


*  Parmi  les  peioes  usitées  en  Catalogne,  il  en  estuneqni  fut  appii- 
q«ée  a  Montpellier  en  4239  (voy.  ci-Hles6us,  p.  23),  et  que  la  roi  abo- 
lit à  Valence,  «afin  que  la  cité  n'en  fût  pas  enlaidie»;  c'est  celle  qui 
coiisi>tait  à  raser  les  maisons  des  coupables  du  crime  «Je  lèsie-majesté 
ou  de  celui  de  trahison.  (Voy.  Furs,  lib.  IX,  rubr.  VIII,  f.  33.) 

*  Il  en  était  autrement  en  France.  Beaumanoir  parledu  méfait  qui 
«  doit  estre  vengié  par  longue  prison.  »  {Coutumes  de  Beautwisis , 
cap.  XXX,  §  1 .) 

»  Furs,  lib.  I,  rubr.  VU,  f.  2;  lib.  IV,  rubr.  XV,  f.  2  ;  lib.  IX, 
rubr.  XXVU,  f.22. 

*  W.,  id.,  rubr.  V,  t  20;  fubc.  VU,  C.  6. 


272  LITRE  III,  GHAMTBB  TIII 

dans  les  lieux  saints.  Ce  privilège,  que  toutes  les  légis- 
lations de  répoque  essayaient  de  restreindre ,  n'appar- 
tenait à  Valence  qu'à  l'église  principale  de  chaque  localité 
et  aux  deux  églises  de  Sainte-Marie  et  de  Saint-Vincent 
de  la  capitale.  De  plus,  certains  criminels  ne  pouvaient 
invoquer  ce  droit,  c'étaient  ceux  qui  avaient  tué  un 
homme  dans  un  rayon  de  trente  pas  autour  de  l'église, 
les  coupables  de  meurtre  par  trahison  ,  les  brigands  de 
grands  chemins ,  les  dévastateurs  de  champs ,  et  tous 
ceux  qui  «  tuent  comme  on  ne  doit  pas  tuerV  » 

Voici  maintenant,  pour  terminer  celte  analyse  de 
Tun  des  codes  les  plus  importants  que  nous  ait  laissés 
le  Xlir  siècle,  le  tableau  sommaire  des  principes  qui 
régissent  la  définition  des  crimes  et  l'application  des 

châtiments. 

En  Aragon,  le  roi,  abrité  derrière  les  traditions 
nationales,  pouvait  refuser  le  secours  du  bras  séculier 
aux  sentences  des  tribunaux  ecclésiastiques  contre  les 
crimes  qui  outragent  la  foi;  mais,  à  Valence,  il  ne  pou- 
vait, sans  faire  soupçonner  son  orthodoxie ,  se  soustraire 
aux  exigences  de  l'Église  à  cet  égard.  Aussi  voyons- 
nous  les  furs  frapper  de  la  peine  du  feu  l'hérésie,  l'ab- 
juration du  christianisme,  la  sodomie,  le  commerce 
d'un  Sarrasi^.  ou  d'un  juif  avec  une  chrétienne;  celui 
d'un  chrétien  avec  une  juive;  mais,  par  une  exception 
qu'expliquent  seuls  les  fréquents  rapports  des  chrétiens 
avec  les  belles  captives  qu'ils  enlevaient  aux  infidèles, 
les  relations  d'un  chrétien  avec  une  Sarrasine  ne  sont 
punies  que  du  châtiment  rarement  appliqué  de  l'adultère. 

L'hérésie  et  la  sodomie  sont,  parmi  les  crimes  contre 
la  divinité,  les  seuls  qui  entraînent  la  confiscation  des 

*  Pur8,  Ub.  I,  rubrlX,  f.  4.  —  Privilèges,  ^  xix,  no67. 


LiSE-^MAJESTé  273 

biens  V  Chose  remarquable,  les /brs  a'édictebt  aucune 
peine  contre  la  sorcellerie,  que  les  Etablissements  et  les 
Siete  Partidas  çnmsseni  sévèrement. 

Nous  avons  parlé  du  blasphème  et  du  faux  témoi- 
gnage; le  parjure,  en  dehors  de  ce  dernier  cas,  demeure 
impuni,  «  car,  dit  un  fur,  cette  peine-là  sufQt  que  le 
parjure  attend  de  Notre-Seigneur*». 

Parmi  les  crimes  qui ,  en  dehors  des  délits  religieux  « 
portent  atteinte  à  Tordre  public ,  les  deux  principaux  sont 
le  crime  de  lèse-majesté  et  celui  de  trahison.  Le  fur  qui 
déCnit  le  premier  mérite  d'être  rapporté  ici  en  entier: 

«  Celui-là  commet  le  crime  de  lèse-majesté  qui  veut 
livrer  la  cité'  aux  ennemis,  ou  qui  la  veut  brûler,  ou 
qui  la  veut  entièrement  détruire,  ou  qui  passe  à  Ten- 
nemi,  ou  qui  donne  à  celui-ci  aide  d^armes,  d'argent 
ou  de  conseil,  ou  qui  pousse  à  la  rébellion  les  châteaux 
et  les  villes  qui  sont  soumis  au  prince,  ou  qui  fabrique 
de  la  fausse  monnaie,  ou  qui  bat  monnaie  sans  ordre 
du  prince,  ou  qui  livre  des  forteresses  aux  ennemis,  ou 
qui  communique  avec  eux  par  lettres,  messages  ou  si- 
gnaux. Âce/ur,  le  seigneur  roi  a  ajouté  que  personne 
ne  puisse  passer  du  côté  de  ses  ennemis  dès  que  la  guerre 
sera  commencée,  ou  s'il  est  de  bruit  public  que  la  guerre 
va  être  faite.  Et  celui  qui  fait  cela  et  ce  qui  est  contenu 
dans  les  autres  cas  prévus  par  ce  fur,  nous  jugeons  qu'il 
fait  crime  de  lèse-majesté,  et  il  doit  perdre  la  tête  et 
tous  les 'biens  qu'il  aura  sur  notre  terre,  excepté  la 
donation  à  cause  de  noces  et  les  droits  de  sa  femme  et 
les  autres  dettes.  Dans  les  cas  susdits  seulement,  nous 

*Fur8,  lib.  IX,  rubr.  VII,  f.  63,  66,  72;  lib.  VUI,  rubr.  U,  f.  29; 
lib.  IX,  rubr.  Il,  f .  9  et  4  0.  —  Privilèges,  f»  xii,  n«  35. 
«  Furs,  lib.  H,  rubr.  XVII,  f.  43  ;  lib.  IV,  rubr.  IX,  f.  «4. 
'  Valence. 

X.  n.  18 


9U  LiTBE  Kl,  mMnx  Tin 

disons  qu'il  y  a  oriflie  de  lèeeiipajesté  et  non  dtm 
Vautres  *  » . 

Ainsi  Tattentat  contre  la  personne  da  soBverai«,  qii« 
tous  les  peuples  monarchiques  placent  au  premier  rang 
des  crimes  contre  les  hommes ,  D*est  même  pas  pn^va 
par  I4  code  de  Valence.  C*est  que,  en  présence  d*ane 
noblesse  en  grande  partie  aragonaise ,  Jacme  D*a  piea 
\w\\jl  innover  au  droit  politique  de  Sobrarbe.  Le  roi 
n'est  au  milieu  des  nobles  que  pfnmus  intetf  pare», 
et  les  fittentats  dirigés  contre  lui  ne  sont  pas  d^une 
autre  nature  que  les  crimes  commis  contre  un  autre 
homme  libre.  Seulement,  comme  d'après  les  principes 
de  la  pénalité  ?alencienne.  il  y  a  toujours  lieu  à  tenir 
compte  du  rang  delà  personne  offensée,  il  est  évident 
que,  dans  la  pratique,  la  punition  sera  plus  rigoureuse 
si  Toffensé  est  le  souverain. 

tes  feits  qualifiés  du  nom  de  trahison  sont  bien  pins 
nombreux  d*aprës  les  furs  qqe  d*après  les  fueros  arago- 
nais.  On  distingue  à  Valence  la  trahison  envers  le  sei- 
gneur, qui  sedivisd  eu  «  tralyison  qui  ne  se  peut  amen- 
der et  tr^ihisQn  qui  se  peut  amender  »,  et  la  trahison 
envers  toute  autre  personne. 

Celui  qui  tue  ou  ajde  à  tuer  son  seigneur,  les  enfants, 
la  femme,  le  père  ou  la  mère  de  son  seigneur ,  qui  aban** 
donqe  ce  dernier  sur  le  champ  de  bataille  ou  combat 
contre  lui  en  bataille  rangée ,  qui  a  commerce  avec  sa 
femme  ou  sa  fille,  commet  le  crime  de  trahison,  <  qui  ne 
se  peut  amender  »;  il  tombe  sous  le  coup  de  la  loi  dès 
qu*il  a  commis  le  fait  incriminé.  Si  Ton  refuse  de  livrer 
à  son  seigneur  le  château  ou  la  place  qu'on  tient  de  lui , 
ou  que  l'on  se  serve  de  ce  château  et  de  cette  place  pour 

^  Fur$f  Ub.  EL,  rubr.  IX,  f.  4;  voyez  aussi  mèmeU?re,  rabr.TIi» 
f.  66. 


GHttss  0r  wàun  Mfits  319^ 

hii  faire  la  guerre,  on  est  coupable  de  trabisM*;  idaïs, 
pour  cedélit,  si  fréquent  alors,  leeh&timeQtétaitillusoire/ 
car,  dés  que  le  vassal  rebelle  se  voyait  hors  d*état  ie 
soutenir  la  guerre  contre  son  suzeraifir,  il  se  déclatait 
prêt  à  faire  droit  à^es  réclamatiovis,  et,  par  ce  faîl  seul, 
il  était  «  déchargé  de  la  faute  de  trahison  et  de  Vhtih 
famie  • . 

Dans  tous  les  cas  qui  pré^dent ,  le  traître  est  oov-^ 
damné  à  une  peine  corporelle  indéterminée ,  ses  fiefi 
tombent  en  commise  et  ses  alleux  sont  confisiqisés*. 

La  derrière  espèce  de  trahison  compreiMl'  te  meurtre 
prémédité  d*ttn  parent  et  celui  d'un  compagnon.  CM 
crimes,  ne  porlaut  pas  une  atteinte  difeete  à  YoirAre 
public ,  n'entraînent  pas  \^  confiscation  ;  le  second  eet 
puni  de  la  mort  simple;  mais,  pour  te  premier,,  le  eou*- 
pableest  enterré  vivant  sous  sa  victime'. 

Les  conspirations,  les  émeutes,  l'excitation  à  Ti»- 
eendle  et  au  pillage ,  le  port  d*arraes  cachées^,  la>  fabri*' 
cation  des  armes  et  engins  de  guerre  proMbé»,  te  faux, 
la  prévarication  des  magistrats ,  le  brigandage  SOQS  pré- 
texte de  guerre*  privée ,  les  ruiptares  de  trêves  et  d^as* 
swremenis ,  les  coalitions  cto  B»arciianâs ,  les  outrâgisif 
aux  officiers  du  roi  ou  des  seigneurs,  sont  autaoi  de 
délits  contre  l'ordre  public ,  prévus  par  les/iir<^  et  pu/nis 
de  peines  diverses,  parmi  lesquelles  la  plus  fréquemment 
appliquée  est  une  amende,,  dont  le  taux  eat  laissé  à* la 
discrétion  du  jnsticia  et  des  prud'homme». 

Parmi  les  délits  contre  les  particuliers,  Tempoisônne- 

*  Fiirs,  Mb.  IX,  Fubr.  X,  f.  4,  et  nibr.  XXI,  f,  4,44,  31  ei97.. 

*  Id.,  id.,  rubr.  VII,  f.  78.  —  Cet  horrible  supplice  s'appliqu^ti 
toutes  les  espèoes  dCbomloide  simple  dans  plusiturs  pays  voiÂis  de 
l'Aragon.  (Voy.  Mwti^et,  Ort^îhes  dufdiviàifran^ûi  oK$rchées4$m 
les  symboles  et  les  formules  du  droi^uftitiéicsei^liv.  !¥,  chapu  Ift)< 


276  LITftB  m,  GHAPmiE  VIII 

ment,  Tinfanticide,  rayortement,  sont  panis  de  la  peine 
da  feu;  c*est,  au  moyen,  âge  le  châtiment  de  taas  les 
crimes  qae  Ton  suppose  commis  le  plus  souvent  au  moyen 
de  breuvages  enchantés  et  de  maléfices  ^ 

Le  meurtre  avec  préméditation  est  puni  de  la  pendai- 
son, si  le  coupable  est  d*un  rang  égal  ou  inférieur  à  celui 
de  la  victime.  S*il  est,  au  contraire,  d'une  condition  supé- 
rieure, il  est  remis  à  la  merci  du  roi.  L'amende  et  Teiil 
de  la  ville  où  le  crime  a  été  commis  punissent  le  meurtre 
non  prémédité  V 

La  peine  du  viol  est  la  même  qu'en  Aragon  ;  mais  les 
/iir^ ajoutent  que  le  coupable  qui  ne  peut  ou  ne  veut  don- 
ner à  la  victime  assez  d'argent  pour  trouver  un  mari  de 
son  rang  doit  être  pendu*.  L'adultère  du  mari  n'est  pas 
puni  par  la  loi;  mais  la  femme  mariée  coupable  de  ce 
crime  et  son  complice  «  courent  tous  deux  ensemble  nus, 
mais  sans  être  battus,  dans  toutes  les  places  de  la  cité,  et 
ne  souffrent  aucune  autre  peine  dans  leurs  personnes  ni 
dans  leurs  biens  ^.  > 

Le  bigame  est  exilé  pour  toujours  du  royaume,  après 
avoir  été  promené  dans  la  ville  par  le  bourreau  qui  le 
fouette  en  criant  :  t  Voilà  l'homme  vil  ''.qui  a  sciemment 
épousé  deux  femmes  toutes  deux  vivantes  *.  > 

On  coupe  l'oreille  droite  au  voleur  condamné  pour  la 

*  Furs,  lib.  IX,  rubr.  VII,  f.  77  et  79. 

■  Id.,  td.,  td.,  f.  42  ;  Priv.,  f«xii,  n^36. 

*  Furs,  lib.  IX,  rubr.  II,  f.  4,  3,  4,  5,  41, 12, 43,  45  et  46. 

*  ïd,,  id.,  rubr.  Il,  f.  6.  —  U  femme  qui  c  commet,  disent  les 
fufs^  foriiicaiion  ou  adultère  dans  Tannée  qui  suit  la  mort  de  son 
mari  ou  môme  après  celte  année»  perd  tout  ce  qu'elle  tient  de  son 
mari,  y  compris  la  donation  à  cause  de  noces.  {Fur$,  lib.  Y,  rubr.U, 

f.  8.) 

^  Mal  eatruch,  au  féminin  mal  struga  ;  cette  expression  parai 
avoir  la  même  origine  que  le  mot  français  malotru^ 

*  Furs,  Ub.  IX,  rubr.  VU,  f.  80. 


LES  FDRSy   LES  PÂRTIDA85   I«E8  ÉTABLISSEMBICT8  377 

première  fois;  à  là  deuxième  fois,  il  perd  le  pied  ;  il  est 
pendu  à  la  seconde  récidive  *.  • 

La  nécessité  d*assurer  la  loyauté  des  transactions  dans 
un  État  naissant,  qui  paraissait  appelé  à  un  bel  avenir 
commercial,  a  dicté  des  lois  sévères  contre  les  débiteurs 
et  les  commerçants  de  mauvaise  foi  ;  la  pljis  remarquable 
est  celle  qui  punit  de  mort  les  «  marchands,  banquiers, 
changeurs,  drapiers,  qu'ils  soient  chrétiens,  juifs  ou 
Sarrasins  qui,  à  raison  de  prêt,  de  dépôt,  d'achat  ou  de 
tout  autre  contrat,  seront  devenus  débiteurs  et  obligés, 
s'ils  s'en  vont  avec  la  chose  d'autrui  ou  font  banqueroute, 
à  moins  qu'ils  ne  prouvent  clairement  que,  par  cas  d'aven- 
ture, ils  ont  pei  Ju  cette  chose  par  terre  ou  par  mer  *.  » 

Tels  sont  les  traits  principaux  de  la  législation  valen- 
cienne.  Malgré  leurs  imperfections,  malgré  leurs  lacunes, 
les  fars  sont  encore  le  code  type  du  XIIP  siècle. 

Qu'on  ne  nous  accuse  pas  de  partialité  pour  cette  œuvre 
trop  dédaignée.  Si  l'immortel  recueil  des  Siete  Partidas^ 
que  l'on  n'a  pas  craint  d'appeler  le  plus  complet  et  le  plus 
méthodique  des  codes  connus  ',  est  infiniment  supérieur 
aux  furs  par  l'ampleur  de  la  conception  ,  par  la  profon- 
deur des  vues,  par  l'élégance,  la  correction  et  l'éclat  du 
style,  ce  n'est  en  somme  que  l'utopie  d'un  philosophe 
couronné,  à  laquelle  l'autorité  de  son  origine  parvient, 
après  bien  des  luttes,  à  donner  une  valeur  légale. 

«  Série  de  traités  de  législation,  de  morale  et  de  reli- 
gion ',  >  les  Partidas  ont  eu  le  tort,  comme  l'a  fait  remar- 

«  Privilèges,  f*  xxvh,  n*88. 
3  Furs,  lib.  VII,  rubr.  IX,  f.  4. 

*  Elogio  del  rey  dan  Alfonso  X,  el  Sahio,  por  D.  José  de  Yargas 
Ponce. 

*  Histoire  de  la  littérature  espagnole^  par  Ticknor,  d'après  Pédi- 
tion  castillane  de  dooPascual  de  Gayangos,  membre  dePAcadémie 
royale  d'Histoire,  et  de  0.  Enriquede  Vedia. 


37B  l4fUIB,  CBUUTBE  YBI 

^ér  QO  célèbre  historien  \  <  de  n'avoir  pas  teoa  asses 
de  compte  de  Tétat  du  pays,  d'avoir  traDspIaoté  ea  Espa- 
gpé  des  lois  étrangères,  souvent  en  contradiction  avec^ies 
coutumes  et  les  moeurs  profondément  enracinées  dans  la 
société  iastillane,  de  n'avoir  pas  cherché  à  concilier  ce 
qu'elles  créaient  avec  ce  qui  existait  déjà,  d'avoir  enfin 
donné  une  sanction  légale  aux  doctrines  ultramontaines, 
Mlevant  ainsi  à  la  nation  et  au  trône  leurs  prérogatives 
0t  leurs  droits  essentiels.  >  Aussi  ce  corps  de  lois  n*a4-il 
jamais  servi  que  de  droit  supplétoire  au  Digeste,  aux 
décrétales,  aux  fuera$  nationaux  et  au  droit  gothique. 

AlfonseX,  devançant  son  époque,  tente  une  révolution 
et  dépasse  le  but.  Saint  Louis,  au  contraire,  reste  en  deçà, 
embarrassé  par  des  difficultés  sans  nombre.  Ayant  à  lutter 
contra  une  féodalité  plus  forte,  contre  des  coutnnoes  qui 
échappent  à  toute  action  du  pouvoir  central,  le  pieux 
monarque,  guidé  par  l'admirable  droiture  de  son  cDBur, 
dtfige  ta  législation  française  dans  les  voies  de  Téquité 
•tde  la  raison;  mais  ces  deux  bases  éternelles  de  toute 
législation  ne  paraissent  pas  assez  solides  aux  érudits 
coispilateurs  qui,  sous  le  nom  de  Louis  IX,  ont  rédigé 
les  ÉUiblis»etnent8.  Pour  mieux  asseoir  leur  oeuvre,  ils 
entassent  les  citations  du  droit  canon  sur  celles  du  droit 
impérial,  sans  s'apercevoir  qu'ils  fontainsi  remonter  aces 
deux  sources  l'autorité  qu'un  code  doit  tirer  de  lui-même. 
Les  ÉtaUmements,  comme  les  Parlidas^  ne  sont  qu'un 
recueil  supplétoire  aux  lois  romaines,  aux  décrétales,  au 
droit  féodal  et  au  droit  coutumier.  Ni  Alfonse  le  Savant, 
ni  saint  Louis  n'ont  fait  un  vrai  code. 

Ce  qu'une  science  un  peu  trop  spéculative  n'apprit  pas 
au  premier,  ce  que  la  résistance  des  mœurs  féodales  eldes 

<  Ufuente,  HUtoria  g$tmr9l  40  Cfpfl^i  Part-  IIilU)*  III,  («.  n. 


LES  FIJB8,  III8  ntnMM,  LBB  éTABUSSEMEim  MW 

ooBttnnes  m  ^emii  pas  an  second  ^e  réaliser,  la  sagesse 
prattqae  de  lacfHè  ràccoflaplil  ea  Aragoa^  à  Vaienoe  et 
mâmè  jusqu'à  un  cei'taiD  peint,  en  Catalogne.  Le  Conquis- 
iador  comprit  qa*an  eode  national  doit  s*assifiailer  les 
diyers  éléments  qa  il  va  puiser  dans  les  législations  anté- 
rieures, se  nourrir  en  quelque  sorte  de  la  eubstance  do 
ces  dernières,  se  fortifier  à  leurs  dépens^  puis  se  substi^ 
tuer  entièrement  à  elles.  Voilà  pourquoi  le  premier^  et 
peut-être  le  seul,  parmi  les  législateurs  du  XIIP  siècle, 
il  proscrit  sévèrement  le  droit  romain,  les  décrétales  et 
le  droit  gothique,  non-seulement  dans  les  doux  royaumes 
pour  lesquels  il  a  rédigé  un  code  spécial,  mais  aussi  pour 
la  Marche  espagnole,  on  il  a  fait  siennes,  en  les  complé- 
tant^ les  lois  de  son  illustre  prédécesseur  Ramon  Beren- 
gaer  le  Vieuw. 

Lès  seules  autorités  qu'il  reconnaisse  en  dehors  dm 
recueil  officiel  de  chacun  de  ces  pays,  sont  «  le  bon  sens 
et  Téquité  * . 

Ce  retour  vers  le  droit  naturel  n'est,  pas  seulement  la 
proclamation  d'une  vérité  féconde,  c'est  encore  un  acte 
d'habile  politique;  car  les  principes  romains,  que  la 
royauté  veut  introduire  dans  les  mœurs,  y  pousseront 
ded  racine»  d'autant  plus  profondes  que,  grâce  aux  doc- 
trines de  l'école,  ils  se  présenteront  comme  issus  de  la 
raison  et  de  la  conscience  humaines. 

Jacme  ne  laissa  subsister  à  c6té  de  son  œuvre  que  ce 
qu'il  ne  pouvait  abolir,  les/i^fo^etles  privilèges  locaux, 
législation  d'un  caractère  tout  exeeptionneU  ne  déro- 
geant au  droit  commun  que  dans  ses  détailSf  et  respectant 
presque  touj,oiir»  ses  bases  essentielles. 

Nous  &e  feron»  pas  un  mévifte'  au  Conquistador  d'avoir 
précédé  de  qjuelqoe»  années^  Alfonse  X  et  saint  Louis 
dans  la  ttise  en  praliqiio  dee  principes  qui  dominent  le 
Xm*  siècle. 


2M  uraB  ni,  gbapitrb  Tin  ■    - 

Les  grandes  idées  qui  planent  sur  cette  époque  répon- 
dent à  un  certain  développement  de  V  humanité*  à  un 
certain  degré  de  civilisation  ;  elles  naissent  spontanément 
sur  divers  points  de  TEurope  ;  elles  ont  pour  ap  ôlres  des 
législatenps  et  des  jurisconsultes  étrangers  les  uns  aux 
autres  :  Tévéque  anglais  Brilton  et  le  monarque  castillan 
AlfonseX;  Beaumanoir,  le  bailli  de  Beauvoisis,et  Jacmel*, 
le  héros  de  Valence.  Il  importe  peu  de  savoir  quel  est 
celui  qui  le  premier  lésa  proclamées:  elles  n'appartiennent 
pas  à  un  homme,  elles  appartiennent  à  leur  temps. 

La  nécessité  de  fortifier  le  pouvoir  central  de  façon  à 
en  faire  le  gardien  de  l'ordre  public,  le  distributeur  de 
la  justice,  le  protecteur  des  faibles  ;  l'union  de  la  royauté 
et  du  peuple  contre  les  grands  propriétaires' terriens, 
ayant  à  la  fois  pour  moyen  et  pour  but  l'affranchissement 
des  personnes  et  des  terres,  n'étaient  que  les  effets  d'une 
réaction  nécessaire,  qui  se  produisit  partout  où  le  régime 
féodal  faisait  sentir  le  poids  de  ses  abus. 

Le  droit  romain,  éblouissant  l'Europe  de  l'éclat  de  ses 
doctrines  rajeunies,  parut  à  beaucoup  l'auxiliaire  le  plus 
puissant  de  la  réforme  projetée;  d'autres,  plus  logiques 
mais  plus  difficilement  compris,  parce  qu'ils  n'invoquaient 
pas  une  autorité  visible  et  palpable,  cherchèrent  leur 
secoursdansle  droit  naturel;  d'autres  enfin  combinèrent 
ce  droit  abstrait  avec  les  lois  impériales.  Parmi  ces  der- 
niers,  Jacme  fut  celui  qui  procéda  avec  le  plus  d'habileté. 
Divisant  ses  Etats  en  plusieurs  groupes  afin  d'opérer  dans 
des  proportions  diverses,  selon  les  mœurs  de  chaque 
peuple,  la  fusion  du  droit  national  et  du  droit  romain,  il 
arrive,  à  la  faveur  des  circonstances,  à  réaliser  les  parties 
les  plus  difficiles  du  difficile  programme  posé  par  son 
siècle  ;  nous  n'en  voulons  pour  exemple  que  les  lois  sur 
la  libre  circulation  des  terres  à  Valence  et  à  Mayorque. 


LES  rURS,  LES  PARTIDÂS,   LES  ifTABLISSEVElfTS  281 

Le  code  de  Valence  est,  dans  l'esprit  de  Jacme  P',  le 
centre  vers  lequel,  en  vertu  de  Tirrésistible  attraction  des 
idées  de  progrès,  doivent  converger  les  diverses  législa- 
tions des  Etats  de  la  couronne  aragonaise,  pour  se  fondre 
un  jour  dans  une  durable  unité. 

Mais,  dans  ces  pays,  pas  plus  que  dans  le  reste  de  l'Eu- 
rope, le  XIH*  siècle  n'avait  pour  mission  de  réaliser 
l'unité  législative;  ildevaitluisuffire,  selon  les  expressions 
d'un  vieux  jurisconsulte,  «  de  rompre  la  glace  et  d'ouvrir 
le  chemin  \  >  Malheureusement  les  générations  qui  vin- 
rent après  lui  perdirent  de  vue  le  but  qu'il  avait  mar- 
qué. Exagérant  les  nouveaux  principes  dans  ce  qu'ils 
avaient  de  dangereux,  négligeant  d'en  développer  les 
conséquences  bienfaisantes,  elles  s'égarèrent  dans  cette 
route  si  brillamment  ouverte;  aussi  n'est-ce  pas  sans  rai- 
son que,  témoin  des  abus  de  l'absolutisme  monarchique, 
un  poète  valencien  s'écriait  avec  regre  t  : 

«  Ciiant  ditxôs  fora,  6  Jaume,  si  tornàs 
'  Dn  temps  corn  el  teu  temps!  Ây!  cuant  ditxôs 
Si  el  mon  de  vuy,  el  rnorx  de  Ion  temps  fos; 
Si  el  llibre  de  tas  lleys  vuy  gobernâs  *  !  » 


*  c  C'est  luy  qui  a  rompu  la  glace .  et  ouvert  le  chemin  »,  a  dit 
Antoine  Loysel,  parlant  de  Philippe  deBenumanoir. 

^  «  Quel  bonheur  ce  serait,  ô  Jacme,  s'il  revenait  un  temps  comme 
ton  temps  !  Âh  1  quel  bonheur,  si  le  monde  d'aujourd'hui  était  le 
monde  de  ton  temps,  si  le  livre  dote>  lois  gouvernait  aujourd'hui.» 
—  Ces  vers  servent  d'épigraphe  à  la  Historia  de  la  casa  reaide  Mal- 
lorca,  du  regrettable  D.  Joaquin-Maria  Bover,  qui  nous  a  écrit  les 
avoir  copiés  d'un  manuscrit  anonyme  conservé  dans  la  Bibliothèque 
de  TÂcadémie  royale  d'histoire. 


CHAPITRE  IX 


EnteeRieotoqui  ont  suivi  le  promulgation  du  code  de  Hteia.  -^  Soih 
lavement  des  Maures  de  Valence.  -^  Al  A^ardi.  --  Expulsion  de3 
Sarrasins.  —  Nouveau  testament  du  roi.  —  Différends  de  Jacme  avec 
son  fils  Alfonse.  —  Mort  d* Yolande  de  Hongrie  et  de  Leonor  de 
Castille.  —  Récondliation  du  roi  avec  son  fils,  —  Attitude  du  roi  de 
CafltiUe  Alfonse  X.  —  Soumission  d'Al  Azarch.  —  Affaires  de  Mavarw. 
— Guerre  imminente  avec  la  Castille. —  Paix. —  Mort  de  Raymond  VIL 

—  Ruine  des  espérances  méridionales.  -^  Troubles  à  Montpellier;  les 
onilki  de  Lattes.  —  Progrès  de  TinQu^ce  française  k  Montpellier.  ^ 
Négociations  avec  saint  Louis.  —  Traité  de  Corbeil  et  aotes  afoessoiret. 

—  Droits  réciproques  des  deux  parties,  —  Fin  de  la  nationalité  méri- 
dionale. 

Après  avoir  anticipé  sur  les  années ,  afin  de  ponralr 
embrasser  d*an  seul  coup  d*œil  l'ensemble  des  travaux 
législatifs  de  Jacme  V\  nous  devons  reprendre  le  cours 
des  événements  au  point  où  nous  Tavons  laissé,  c'est-à- 
dire  au  moment  de  la  promulgation  du  code  de  Huesca. 

Comme  si  un  long  repos  avait  dû  suivre  Tachèvement 
de  cette  œuvre  glorieuse ,  les  annales  de  TÂragon  se 
taisent  jusqu'en  1248;  mais,  à  partir  de  cette  année,  les 
événements  se  pressent  et  s'entassent.  Ce  n*est  pas  un 
médiocre  sujet  d'admiration  que  l'infatigable  activité  de 
Jacme  à  mener  de  front  les  graves  affaires  qui  rassailtent 
à  la  fois  de  tous  les  côtés. 

ki  Viutm  AUop$6  d'Araigon  rq^eud  wa,  M\\tn4/i 


284  LITRE  III  y  CHAPITRE  IX 

hostile;  là,  un  redoutable  soulèvement  des  Maures  met 
en  péril  la  domination  chrétienne  ;  en  Navarre,  la  mort 
de  Thibault  T'  réveille  d'anciennes  ambitions;  en  Castille, 
Alfonse  X  se  dresse  menaçant;  puis  c*est  une  guerre  avec 
le  vicomte  de  GardonaS  une  révolte  des  habitants  de 
Montpellier ,  de  nouveaux  démêlés  et  de  longues  négo- 
ciations avec  saint  Louis;  et,  tandis  que  le  roi  d*ÂragOD 
a  Tœil  à  la  fois  sur  Valence ,  sur  la  Catalogne,  sur  la 
Castille,  sur  la  Navarre,  sur  la  France ,  il  trouve  le  temps 
de  faire  rédiger  les  fars  de  Valence,  et  d'ajouter  d'im- 
portantes dispositions  au  recueil  des  constitutions  cata* 
lanes. 

Le  soulèvement  des  Sarrasins  de  Valence  parait  avoir 
ouvert  cette   période  agitée  *.  Un  Maure    nommé  Al 

^  Plusieurs  lettres  du  roi,  relatives  à  cette  affoiro  et  adressées  à 
Ramon  et  à  Gulllemde  Gardons,  se  trouvent  au  f*  70  du  reg-  Vm 
des  archives  d*Aragon. 

'  A  l'exemple  de  Diago,  nous  plaçons  cet  événement  à  la  fin  de 
42i7  ou  au  commencement  de  12i8  etnonen425i,  comme  le  veu- 
lent Beuler,  Zurila  et  Miedes.  L'auteur  des  Atiales  del  reytio  de 
Fa/encta,  s'appuie  sur  un  passage  de  la  Chronique  royale  (chap. 
ccxxxvii)  où  il  est  dit  que,  lors  de  la  révolte  d'Âl  Azarch,  le  siège 
épiscopal  de  Valence  était  occupé  par  Arnau  de  Peralta;  or  ce  pré- 
lat fut  remplacé  par  Andreu  de  Albnlal  le  30  octobre  4248.  (Archives 
du  chapitre  de  Valence.)  L'opinion  de  Diago  est  confirmée  et  celle 
deZurila  détruite  par  deux  actes  des  archives  d'Aragon  (Parcheii)- 
de  Jacme  l*%  n*"^  IU6  ot  4150)  sur  lesquels  nous  reviendrons  bientôt, 
et  qui  prouvent  que  les  Sarrasins  furent  expulsés  du  royaume  de 
Valence  au  commencement  de  l'année  4249.  La  détermination  delà 
datedu  soulèvement  d'Al  Azarch  a  une  importance  considérable  ; 
d'abord  elle  confirme  la  date  de  la  prise  de  Bi^r  et  de  celle  deXa- 
tiva,  antérieures  toutes  deux  à  la  révolte  des  Sarrasins  (Voy.  ci-des* 
sus,  p.  95  et  96);  en  second  lieu,  elle  concourt  à  établir  l'exacti- 
lude  de  la  Chronique  royale  ;  enfin  elle  fait  disparaître  tous  les 
doutes  au  sujet  de  l'époque  de  la  mort  de  la  reine  Yolande.  Le  Chro- 
nicon  Baroinonense  (voy.  Marca  hispanicay  col  •  756)  et  le  Petit  Thor 
lamuê  de  MùfUpêlU»r  placent  cette  mort  en  4254  ;  d'après  la  Chro- 


B^YOLTB  o'aL  AZARCB  285 

Âzarch  ou  Al  Azdrach,  homme  actif,  intelligent  et 
fourbe ,  que  le  roi  connaissait  déjà  pour  avoir  failli  laisser 
la  vie  daDs  un  piège  traîtreusement  préparé  par  lui  S 
s*était  mis  à  la  tête  des  révoltés  et  avait  enlevé  plusieurs 
places  fortes  aux  chrétiens. 

La  cour  était  alors  à  Calatayud;  tout  le  monde  con- 
naissait ces  fâcheuses  nouvelles,  le  roi  seul,  par  une 
imprudence  inconcevable,  n*avait  encore  été  prévenu  de 
rien,  lorsque  son  lieutenant  dans  le  royaume  de  Va- 
lence, don  Ximeno  Ferez  de  Arenos,  accourut  lui  de- 
mander du  secours. 

Après  un  moment  de  pénible  surprise,  Jacme  se  félicita 
de  ces  événements  ;  «  car ,  dit-il ,  le  seul  motif  pour  lequel 
nous  ne  chassons  pas  les  Sarrasins  de  notre  terre,  c*est . 
parce  que  nous  leur  avons  promis  de  les  y  laisser  par  les 
traités  que  nou3  avons  conclus  avec  eux  ;  mais  puisqu'ils 
nous  en  donnent  eux-mêmes  Toccasion,  cela  doit  plaire 
à  Dieu  et  à  nous,  que  là  où  si  hautement  on  prononce  le 
nom  de  Mahomet,  on  n*invoque  plusà  Tavenir  que  le  nom 
de  Jésus-Christ  *.  > 

que  du  roi,  Yolande  aurait  vécu  au  moment  de  la  révolte  d'Âl 
Àzarctv.  Si  Ton  accepte  pour  cet  événement  la  date  da  4254,  il  faut 
qu^il  y  ait  erreur  soit  dans  le  Chronicon  Barcinonense  et  dans  le 
Petit  Thalamus,  soil  dans  la  Chronique  royale.  Dans  ce  dernier  cas, 
raulheiiticilé  de  cette  œuvre  pourrait  être  gravement  suspectée. 
Mais,  au  moyen  des  actes  des  archives  d^Âragon  que  nous  avons  men- 
tionnés, tout  s^éclaire  et  se  justiQe. 

*'  Jacme  raconte  ce  failaucliap.  ccxLde  sa  Chronique.  11  dit  ail- 
leurs (cbap.  ccxxxui)  qu'il  n'a  jamais  été  trahi  que  deux  fois  parles 
Sarrasins.  Zurita  fai<  remarquer  à  ce  propos  que  le  roi  s'aventurait 
souvent  sans  escorte  parmi  les  Sarrasins  du  royaume  de  Valence, 
comme  s'il  se  fut  trouvé  au  milieu  de  ses  vassaux  d'Aragon  et  de 
Catalogne.  Des  Maures  insoumis  l'avaient  plusieurs  fois  attaqué  ; 
mai»  l'action  d'Âl  Azarch  avait  été  plus  qu'un  simple  acte  d'iiosti- 
liiéj  il  y  avait  eu  une  véritable  trahison. 

>  Cliron.royaleyChap.  Gcxixv. 


SM  LITRE  m  ,  CHAPITRE  IX  ' 

ArrÎTô  à  Valence,  il  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  que, 
sons  les  dehors  d*une  entière  soumission,  les  Maures  qu'il 
croyait  les  plus  dévoués  cachaient  un  secret  espoir  de 
voir  triompher  les  rebelles.  La  présence  dans  le  royaume 
d*une  pareille  quantité  d'ennemis  était  un  danger  per- 
manent pour  la  domination  chrétienne  ;  à  cette  coosi- 
dération   se  joignaient   les  scrupules  religieux  que  ta 
piété  intolérante  du  temps  cherchait  à  faire  naître  dans 
la  conscience  du  roi  catholique.  Après  avoir  su  d'abord 
résister  à  ces  suggestions,  Jacme  finit  par  y  obéir  et  par 
s'arrêter  au  parti  décisif  de  l'expulsion  des  Sarrasins. 

Les  ricos  homes  et  les  chevaliers,  se  voyant  menacés 
de  perdre  les  abondants  revenus  que  leur  procurait  l'iD* 
dustrie  de  leurs  vassaux  musulmans ,  s'opposèrent  éner- 
giquement  à  cette  mesure.  Soutenu  par  le  clergé*  et  la 
bouf^eoisie ,  le  roi  fit  comprendre  aux  nobles  que  la 
crainte  d^  voir  diminuer  leurs  rentes  les  exposait  à 
perdre  un  jour  leurs  terres  elles-mêmes ,  «  si  les  Sarra- 
sitis  de  ce  côtè-ci  se  mettaient  d'accord  avec  ceux  de 
l'autre  côté  de  la  mer.  •  Un  seul  baron  refusa  de  sous- 
crire à  la  proposition  de  Jacme;  ce  fut  l'inquiet  et  tou- 
jours mécontent  don  Pedro  de  Portugal,  qui,  en  124*, 
avait  échangé  à  peu  près  tous  ses  droits  sur  les  Baléares 
pour  la  possession  viagère  des  villes  de  Morella ,  Mar- 
viedro,  Alnienara,  Caslellon  de  Burriana  et  Segorbe*. 
Après  de  vives  contestations ,  auxquelles  se  mêlèrent  les 
protestations  armées  des  Sarrasins  de  don  Pedro,  lareiue 


'  Loin  d'imiter  la  noblesse  dans  ses  protestotions,  le  claifé  de 
Catalogne  et  de  VM^ence  céda,  de  l'avis  du  Pape^  une  partie  da  s» 
revenus  au  roi  pour  l'indemniser  de  la  perte  que  rexpulsion  des 
OUiuJmaiu  allait  foire  subir  au  trésor  royal.  (Areh.  d^Aragoo,  1^ 
chemins  de  Jacme  1",  n'^i  i6Q  ;  acte:  du  4â  mars  4â49L} 

'  Archives  d'Aragon,  Parch.  de  Jao«e  H»,  a«*  964'  et  9I&S'. 


BXPCLSfOIf  ràs  SàRRASIflB  SW* 

Yolande  fat  choisie  pour  arbitre  de  ce  différend.  Le  6  des 
kalendes  de  mars  1248  (S4  février  1249),  la  reine, 
assistée  de  P. . . ,  archevêque  de  Tarragone ,  de  frère  A. . , 
évéqae  de  Yatenee,  de  Ximeno  Ferez  de  Arenos  etd«> 
quelques  autres  des  principaux  personnages  du  royaume, 
rendit  une  sentence  en  vertu  de  laquelle  Pinfant  de  Por- 
tugal reçut  dix  mille  sols  royaux  pour  réparation 
du  dommage  que  lui  causerait  Texpulsion  des  Sarrasins. 
Le  roi  dut  tenir  garnison  à  ses  frais,  jusqu'à  l'entière 
répression  de  la  révolte,  dans  les  châteaux  de  don 
P^dro;  celui-ci  fut  dispensé  du  service  militaire  pendant 
Tannée  pour  les  biens  qu'il  possédait  dans  la  ville  et  le 
territoire  de  Tarragone*. 

Cependant  Jacme  ne  perdait  pas  de  vue  Texéculien  des 
mesures  énergiques quil  avait  résolues.  Les  principales 
places  fortas  du  royaume  avaient  été  occupées  par  des 
troupes  chrétiennes ,  et  un  ordre  du  roi,  écrit  en  arabe, 
faisait  connaître  à  tous  les  Sarrasins  que,  dans  le  délai 
d'un  mois,  ils  auraient  à  quitter  les  États  aragonais.  On 
leur  permettait  de  prendre  avec  eux  leurs  vêtements, 
leurs  meubles  et  tout  ce  qu'ils  pourraient  emporter. 

Cette  nouvelle  jeta  la  consternation  dans  la  population 
musulmane.  Supplications,  larmes,  promesse  de  payer 
des  tributs  énormes,  tout  fut  eoiployé  pour  obtenir  la 
révocation  de  cet  ordre  rigoureux  ;  Jacme  resta  inflexible. 
Alors  le  mécontentement  grossit  les  rangs  des  révoltés; 
Al  Azarch  compta  bientôt  une  armée  de  soixante  mille 
hommes. 

Les  chrétiens,  ne  suffisant  plus  à  défendre  toutes  les 
places,  en  laissèrent  tomber  dix  ou  douze  au  pouvoir  (tes 
rebelles. 

*  Arch.  d'Aragon,  Parch.  de  Jacait«kMif  1 4Afi> 


288  tITRB  m,    CftAPITBB  IX 

Néanmoins  la  plus  grande  partie  des  Sarrasins,  deux 
cent  mille  environ,  se  conforma  à  la  volonté  dn  roi 
d*Aragon;  mais,  craignant d^étre  pillés  en  route,  ils 
offrirent  la  moitié  de  ce  qu*ils  emportaient  en  échange  de 
la  protection  royale  jusqu*à  la  frontière. 

—  «  Nous  leurs  dîmes,  raconte  le  roi ,  d*aller  en  toatç 
sûreté  confiants  en  notre  parole  ;  car  nous  ne  devions 
rien  recevoir  d*eui  lorsqu  ils  perdaient  Jeurs  maisons, 
leurs  champs  et  jusqu*à  leur  pays  natal.  Sur  cette  pro- 
messe ,  ils  pouvaient  donc  sortir  sains  et  saufs  de  notre 
terre;  nous  ne  voulions  retirer  d'eux  aucun  avantage; 
car  grand*pitié  ressentions-nous  du  mal  que  nous  leur 
faisiqns,  et  leur  enlever  encore  une  partie  de  ce  qu*ils 
emportaient  était  chose  que  notre  cœur  ne  pouvait  souf- 
frir. Sur  ce,  nous  les  Times  conduire  jusqu'à  Villena,  et 
les  chevaliers  etnco^  homes,  qui  les  escortaient  pour  nous, 
nous  racontèrent  que  Ton  pouvait  certainement  compter 
cinq  lieues  depuis  Tavant-garde  jusqu'à  Tarriëre-garde  ; 
ajoutant  qu'on  n'avait  pas  vu  même  à  la  bataille  d'Ubeda  ' 
une  aussi  grande  multitude  d'hommes,  de  femmes  et 
d'enfants  *.  » 

A  Yillena,  place  castillane,  commandait  donFadrique, 
fils  de  Fernand  III  ;  moins  humain  que  le  souverain  arago- 
nais,  l'infant  de  Gastille  préleva  un  droit  d'un  besant  par 
tête  sur  les  exilés  qui  traversaient  le  territoire  soumis 
à  son  commandement. 

La  troupe  émigrante  se  dirigea  vers  Murcie:  là,  elle 
se  divisa  :  les  uns  se  disséminèrent  dans  les  Etats  da 
roi  de  Gastille,  les  autres  trouvèrent  un  asile  dans 
l'émirat  de  Grenade,  dernier  refuge  de  l'islamisme 
espagnol. 

*  Las  Navas  de  Tolosa. 

*  ChroD.  royale,  chap.  ccxxxvm. 


J 


NOtJVBAV   IteSTAMfiNT'DU  ROI  289 

Quant  aux  Sarrasins  qui  s'étaient  groupés  autour  d'Âl 
Azarch ,  ils  combattirent  avec  une  énergie  désespérée  ; 
les  femmes  elles-mêmes  prenaient  part  à  la  lutte  et 
aboyaient  un  courage  égal  à  celui  des  hommes.  Les 
troupes  royales  subirent  au  début  un  grave  échec,  bientôt 
suivi  heureusement  d*ûne  éclatante  victoire  qui  abattit 
l'ardeur  des  rebelles.' Néanmoins  Thabileté  d*Al  Âzarch 
dervait  encore  prolonger  ■  la  lutte  durant  trois  ou  quatre 
années. 

Presque  en  même  temps  que  le  soulèvement  des  Maures 
valenoiens ,  une  révolte  d'autaut  plus  regrettable,  qu'elle 
partait  du  sein  môme  de  la  famille  royale ,  éclatait  pour 
la  seconde  fois  :  nous  voulons  parler  de  celle  de  l'infant 
Atfbose-,  qui  avait  failli ,  quatre  ans  auparavant ,  allumer 
la  guerre  civile  dans  les  pays  aragooais. 

Le.roi  avait  alors  de  la  reine  'Yolande  quatre  fils  et 
autant  de  filles;  fidèle  à  ses  idées  dMmprudente  équité, 
il  crut  devoir ,  par  un  nouveau  testament  fait  à  Valence 
ield  janvier  4248,  partager  sa  succession  entre  ses 
enfants^-. 

Par  cet  acte,  le  fils  de  Léonor  hérite  de  TAragon, 
dont  la  Cinca  doit  former  la  limite  du  côté  de  la  Gâta. 
logée ,  laissant  en  dehors  les  comtés  de  Ribagorza  et  de 
Pallars  et  la  ville  de  Lérida;  Pierre  reçoit  la  Catalogne 
ainsi  agrandie  et  y  joint  les  Baléares;  à  Jacme  appartient 
le  royaume  de  Valence  ;  à  Fernand ,  le  Roussillon  ,  le 
Gonflent,  laGerdagne,  la  seigneurie  de  Montpellier  et 
tous  les  droits  du  roi  d'Aragon  sur  les  pays  situés  au 
nord  des  Pyrénées;  Sanche  reçoit  trois  mille    marcs 

*  Cet  acte,  mentionné  par  les  historiens,  ne  se  trouve  pins  de  nos 
jours  aux  archives  d'Aragon.  L'index  des  parchemins  en  donne  la 
substance,  et  constate  quil  portait  le  n*  758  de  l'ancien  classe- 
ment. 

T.  n.  19 


390  UTRS  m ,  cBAnxBB  u 

d*argeDt  et  doit  entrer  dans  les  ordres  ;  il  devint  en 
effet  archidiacre  de  Bellchite ,  abbé  de  Valladolid ,  puis 
archevêque  de  Tolède  * . 

Le  roi  substitae  les  quatre  premiers  de  ses  fils  Tan  à 
Tautre;  s*ils  meurent  sans  enfants,  la  succession  doit 
s'ouvrir  au  profit  dTolande,  femme  de  Tinfant  héritier 
de  Castille,  à  la  condition  expresse  que  les  Etats  arago- 
nais  ne  seront  jamais  réunis  aux  Etats  castillans,  et  que 
celui  des  fils  de  Yolande  qui  héritera  des  premiers  ne 
reconnaîtra  point  la  suzeraineté  du  roi  de  Castille. 

Jacme  ordonne  enfin  que,  s*il  lui  naît  encore  un  fils, 
il  soit  chevalier  du  Temple,  et,  s'il  lui  nait  une  fille, 
qu'elle  devienne  religieuse  au  monastère  deXixena*. 

  la  publication  de  ce  testament,  les  ressentiments  de 
rinfant  Alfonse  se  manifestèrent  avec  une  nouvelle  vio- 
lence. Soutenu  par  don  Pedro  de  Portugal ,  qui  fit  sou- 
lever contre  le  roi  ses  villes  du  royaume  de  Valeoce,  le 
fils  de  Léonor  essaya  d'attirer  à  son  parti  le  roi  de  Cas- 
tille. Il  alla  trouver  Fernand  III  sous  les  murs  de  Séville; 
mais  il  ne  rencontra  pas  auprès  du  sage  monarque  le 
secours  que  lui  avait  sans  doute  fait  espérer  Tinfant  hé- 
ritier de  Castille ,  toujours  hostile  au  roi  d'Aragon.  Les 
partisans  d'Alfonse  et  de  don  Pedro  agitaient  sourdement 


*  L^infant  archevêque  de  Tolède  fut  pris  par  les  Sarrasins  el  mou-' 
rutenlre  leurs  inaias  le^l  octobre  4i!75.  (Voy.  Bofarall,  los  Conân 
de  Baroelona^  l.  Il,  p.  236.) 

'  Celte  condition  ne  fut  pas  exécutée ,  puisque  Tinfante  Isabelle , 
née  depuis  ce  testarneutf  épousa  Philippe /e  Hardi,  fils  du  roi  de 
Franco  Louis  iX.  En  12i8,  les  filles  de  Jacme  étaient  :  Yolande  , 
femme  d'Âlfonse  de  Castille  ;  Constance,  qui  devait  épouser  Tinfaot 
Manuel,  frère  d'Alfonse;  Saocha,  qui  dt ^  dit-on,  un  voyage  en 
Terre  Sainte  sous  un  déguisement,  et  mourutà  Jérasalem  en  odeur 
de  sainteté  ;  Marie,  qui  fut  religieuse.  (Voy.  BofaruUi  lot  Condês  àê 
Baroehna,  t.  II,  p.  236.) 


DIFFÉHfiMDS   AVBa  l'iHFàHT  ▲LFONSB  991 

toas  Us  pays  aragODais  ;  pour  la  seconde  fois ,  la  guerre 
civile  était  imminente.  Xacme ,  espérant  la  prévenir  par 
un  acte  qui  mit  sa  respodsabitité  ^  Tabri ,  réunit  leseortès 
d'Aragon  et  de  Catalogne  à  Alcaniz  ,  au  mois  de  février 
1250,  et  leur  demanda  de  nommer  des  arbitres  pour 
terminer  le  différend,  proposant,  si  tes  infants  Alfonse 
et  Pedro  ne  voulaient  pas  accepter  cet  arrangement ,  de 
recourir  au  Pape  et  au  ^tcré^CoUége  \  L'assemblée  envoya 
une  ambassade  solennelle,  composée  de  prélats ,  denobles 
et  de  bourgeois ,  aux  infants,  qui  se  trouvaient  auprès 
du  roi  de  Castille.  La  médiation  des  cortès  fut  acceptée 
et  an  acte  de  paix  et  de  trêve  signé  entre  les  deux  partis, 
le  i5  des  kalendes  de  juin  (48  mai)  t250^ 

Le  roi ,  tout  en  se  tenant  prêt  à  reprendre  au  besoin 
les  hostilités,  ne  négligea  rien  pour  que  son  testament 
ftt  ratifié  par  les  arbitres  que  rassemblée  cataiano-ara* 
gonaise  avait  désignés ^ 

Ceux-ci  rendirent  enfin  leur  sentence  V*  elle  donnait 4 

f  AjcbivAs  d'AragOQ,  Par«h.d9iacroe  I",  n*  1233. 

«  Idem,id.,  nH194. 

'  Aux  démarcbes  faites  par  le  roi  fiour  se  rendre  les  a/bitres  favo- 
rables, se  rapporte  sans  doute  un  acte  des  archives  d'Aragon  (Par-^ 
chemips  4e  iaeme  I«%  qo  I201)  en  date  ,du  6  des  ides  d'aoûii  (8  aoiU) 
iStôO,  par  leqtjielle  roi  «tla  reine  Yolande  prometteat  aide,  protteo- 
tionet  laveur  à  Guiljlem  et  à  Pierre  de  MoncaAa^  à  Pedro  Gornel ,  à 
G.  de  EDleoKa,  à  G.  Roineu,  à  Ximeno  de  Foces,  à  Xiimeno  Ferez  de 
Arenos,  à  S.  dd  Anlillon  et  à  P.  Martinez  de  Luna,  lesquels  pro* 
mettent  en  échange  aide  et  ûdélilé  au  roi,  à  la  reine  et  à  leors  en- 
Caots.  Parmi  les  seigneurs  dont  les  noms  précèdent,  .trois  comp- 
taient au  nombre  des  arbitres  nommés  par  les  cortès  ;  c'était  Pe-r 
éro  Cofuel,  Garcia  iKomeu  et  Ximeno  de  Foees. 

*  Cet  acte  nous  est  connu  seulement  par  un  passagp  de  Zunia,  que 
plusieurs  auteurs  oat  interprété  daosle  sens  d'une  modification  dp 
testamoQt  de  42lk9  iCt  .de  l'adjonction  du  royaume  de  Valence  à  la 
la  purt  d'Alfcmae^  Il  nou3  seoxble  au  oonttraire»  d'après  Iq$  termesid^ 
l'annaliste  aragonais,  que  les  dispositions  du  roi  furent  eoaAciaées  , 


29S  LIVBBmy   GHâMTBftn      -^1(1 

ÂlfoDse  le  gouverDemeot  de  TAragoa  et  da  royaume  da 
Valeoce,  réservaat  la  Catalogne  à  Tialant  Pierre.  Alfoose 
se  soamit,  ainsi  qulls^y  était  eogagé,  et  la  mort  de  la 
reine  Yolande,  survenue  peu  de  temps  après,  rétablit 
rbarmonie  entre  Jacme  et  le  fils  de  LéonorS 

Quoi  qu'en  aient  dit  quelques  historiens,  parmi  lesquels 
il  faut  compter  Zurita ,  c'est  en  1254  qu^  mourut  la  reine 
Yolande,  après  avoir  fait  son  testament  àHuesca,  le  4 
des  ides  d'octobre  (1 S  octobre)  de  la  même  année*. 

«Cette  princesse,  dit  Miedes,  fat  très-verlueose, 
très^sage  et  douée  de  nombreuses  et  éminentes  qualités. 
Le  roi  eut  en  elle,  selon  ses  désirs,  une  épouse  bien 
aimée  et  féconde,  qui  participa  nQu^eulement  à  TaccfAis- 
semeot  de  sa  race ,  mais  encore  à  ses  conseils  et  à  ses 
travaux.  Elle  le  suivit  partout,  en  guerre  comme  en  paix, 
sans  être  retenue  par  ses  continuelles  grossesses  et  ses 

et  que  rinfant  eut  seulement,  en  qualité  d-auié,  le  gouvemernenl  de 
^Aragon  et  du  royaume  de  Valence  pendant  la  vie  de  son  père.  C'est 
ce  qui  expliquerait  comment  Alfonse  n'éleva  point  de  réclamation 
contre  la  donalion  de  ce  dernier  royaume  faite  à  son  frère  Jacme 
en  1264.  .  '      ^ 

^  Fernand,  troisième  iils  d'Yolande,  étant  mort  en  bas  âge  (}uelque 
temps  avant  sa  mère,  sa  portion  fut  divisée  entre  ses  frères,  Pierre  et 
Jacme.  Le  Rous^illon,  le  Oonflent,  la  Gerdagne  et  le  Vallespir  appar- 
tinrent  au  premier  ;  l'autre  eut  Montpellier  et  les  droits  de  la  mai- 
son de  Barcelone  sur  didérentes  parties  du  midi  de  la  France.  (Ar- 
chives de  la  couronne  d*Âragon,  Parcb.  de  Jacme  1**.  n*  4244  ,  acte 
du  7  des  kalendos  d'avril  Mbi.) 

•  Voy.ce  testament  dansnos  Pièces  justificatives,  n*  IX.  —  L'er- 
reur de  Zurita  et  de  ceux  qui  partagent  son  opinion  provient,  comme 
nous  Pavons  déjà  fait  remarquer,  delà  date  erronée  attribuée  à  la 
révolte  d'Al  Azarch.  Le  Chronicon  bareinonense  et  le  Petit  J%alam%t$ 
de  Montpellier  placent  la  mort  d'Y^ilande  à  sa  véritable  date,  du  moins 
quanta  l'année.  Voici  ce  qu'en  dit  le  dernier  de  ces  documents  : 
€  En  lan  M  e  CG  e  LL...  el  mes  de  selembre  mon  la  dona  Yoles  re- 
glna  d'Aragon  molber  del  rei  Jacme  a  Lerida.  9  LUodioation  du  mois 
est  inexacre. 


ifoinrEAu  partâob  293 

couches  fréquentes  (  elle  en  ent  neaf  en  qninze  ans  }^ 
Dans  tes  (entes ,  àa  miliea  du  bruit  désarmes,  elle 
donnait  le  jour  à  ses  enfants.  Elle  fut,  en  un  mot, 
tout  à  fait  digne  de  la  tendresse  du  roi,  et  mérita  de  voir 
ses  fils  enrichis  de  tant  de  royaumes*.  » 

Sans  nous  inscrire  en  faux-contre  ces  éloges ,  il  nous 
sera  permis  de  regretter  que  l'influence  trop  évidente 
d'Yolande  sur  son  royal  époux  ait  jeté  la  désunion  entre 
Jacme  et  l'infant  Alfonse.  De  son  côté,  Léonor  de  Castîlle 
contribuait  peut-être  à  envenimer  ces  dissentiments  par 
les  conseils  qu'elle  donnait  à  son  fils.  Il  est  remarquable , 
en  effet,  que  la  mort  des  deux  femmes  du  Conquistador^ 
ait  élé  presque  immédiatement  suiTîe  d'un  rapproche- 
ment entre  le  père  et  le  fils. 

Le  11  des  kalendes  de  décembre  (21  novembre  1251), 
Alfonse  s'engagea  à  accepter  et  à  confirmer  publiquement 
le  partage  que  son  père  devait  faire  entré  ses  deux  frères, 
Pierre  et  Jacme,  aux  certes  convoquées  pour  la  pro- 
chaîne fête  de  Saint-Jean»Baptiste".  C'est  probablement 
à  cette  assemblée  que  l'infant  Jacme  reçut  pour  sa  part , 
ainsi  que  nous  l'apprend  Zurita,  le  royaume  de  Valence, 
avec  les  Baléares  et  la  ville  de  Montpellier.  Mais ,  peu  de 
temps  après,  le  royaume  de  Valence  fut  enlevé  à  Jacme 


*  lliedes,  Vida  deD.  Jayme\lih.  XIV. 

*  Léonor  de  Gastille,  première  femme  du  roi  Jaome,  mourut  en 
1251  au  monaslère  des  Huelgas  de  Bbrgpes  'où  eUe  s'était  retirée 
Plusieurs  troubadours  ont  cékébré  cette  prineesse;  nous  mentionne- 
rons :  ArnoU  Ptagués,  Gaubert  de  PuegMbot  et  Arnalt  Catalan.  (Voy. 
Milà,  De  los  Trovadores  enEspana^  p.  484  et  3o0;  Raynouard,  Choix 
de  Poésies  des  Troubadours^' X.  V,  p.  bO ',  Hiêtoir»  littéraire  de  la 
France,  i.  XYllï,  p.  535.) 

*  Archives  de  la  couronne  d'Aragon  ,  Parchemins  de  Jacme  I", 
n*  1267. 


904  UYU  m  9  GHAHtBE  U 

pour  être  donné  à  Alfonse*  ;  celai *ci  confirma  la  donation 
que  son  père  avail  faîte  à  Pierre  dn  comté  de  Barcelone , 
ayant  la  Cinca  pour  limite,  et  à  Jacme,  du  royaume  de 
Mayorque  et  de  la  seigneurie  de  Montpelllier  (  sep- 
tembre 1253*).  Peut-être  le  roi  reconnut-il  la  justice  des 
réclamations  du  fils  de  Léonor;  peut-être  voulut-iU  en 
donnant  satisfaction  à  la  fois  à  Alfonse  d* Aragon  et  à  don 
Pedro  de  Portugal,  enlever  deux  alliés  à  la  Gastille,  afoc 
laquelle  une  guerre  paraissait  imminente*. 

Le  30  mai  1252  était  mort  à  Sé?ille  le  saint  roi 
Fernand  III ,  Tun  des  plus  grands  princes  d*un  siècle  qui 
compte  tant  de  héros.  Un  homme  d*un  esprit  supérieur 
lui  avait  succédé;  mais  un  homme  qui  semble  d*autant 
plus  petit  dans  ses  actions  qu'il  est  plusgrand  par  les  con< 
ceptions  de  son  génie. 

Les  qualités  qui  doivent  faire  absoudre  Alfonse  X  de 
ses  fautes  ne  sauraient  les  voiler  aux  yeux  de  rhistoire. 
Philosophe  qui  ne  pouvait  descendre  des  régions  de 
l'idéal  sans  trébucher  à  chaque  pas  sur  le  soi  de  la 
réalité;  législateur  qui  traça  dans  un  code  admirable 
les  règles  de  la  justice  et  obéit  trop  souvent  à  ses  pas- 
sions, à  sa  vanité,  à  son  égoïsme;  historien  qui  légua 

^  Par  un  acte  signé  à  Barcelone  le  42  des  kalendes  d^octobre 
(20  septembre)  4253,  le  roi  scelle  sa  réconciliation  avecÂlfonse  et  don 
Pedro  de  Portugal  ;  il  donne  à  son  fils  le  gouvernement  de  TAragon, 
le  reconnaît  pour  héritier  présomptif  du  royaume  de  Valence,  et  lui 
accorde  une  pension  décent  mille  sols  de  Jaca.  fArcb.d^ila  couronne 
d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  l*^,  n*4346.) 

*  Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  Parchemins  de  Jacme  I*", 
n«  4347  ;  acte  du  9  des  kalendes  d'octobre  (23  septembre)  4253. 

>  En  même  temps  que  le  roi  se  réconciliait  aveosonflls,  il  soute- 
nait contre  ie  vicomte  de  Cardona,  pour  des  discussions  d'intérêt  dé 
peu  d'importance,  uneguerre  qui,  après  avoir  duréeAvifon  iio«n, 
se  termina  en  septembre  4253.  (  Archives  de  la  couronne  d'Ara- 
gon, Parchemins  de  Jacme  I*',  n«*  4305, 4346,  4323,  4349  et  4aM.> 


âtwmm  t  DB  ckpnuLE  S$5 

au  annales  de  son  pays  une  page  faneste;  astronome 
qai  regrettait  de  n'avoir  pas  été  appelé  aux  conseils  du 
régaiatear  de  Tanivers,  et  ne  sut  pas  goaverner  le  coin 
déterre  qui  lui  était  échu  en  partage;  poète  des  can- 
tiques à  la  Vierge,  qui  implora  le  secours  des  sectateurs 
de  Mahomet  contre  les  enfants  de  Jésus-Christ;  homme 
de  génie  et  monarque  incapable,  intelligence  vaste  et 
caractère  mesquin,  Alfonse  le  Savant,  appelé  fort  mal  à 
propos  Alfonse  le  Sage  par  des  traducteurs  inexacts, 
s*éUit  de  bonne  heure  montré  jaloux  des  succès  de  son 
beaa-père  Jacme  le  Conqmrant.  Affranchi  des  sages  con- 
seils de  saint  Fernand  et  devenu  maître  du  royaume,  il 
put  donner  un  libre  cours  à  ses  sentiments  d'hostilité 
contre  la  royauté  aragonaise,  rivale  naturelle  de  la  Cas- 
tille.  Mais  il  n'osa  point  ouvrir  avec  le  Conquistador  une 
lutte  franche,  un  de  ces  duels  grandioses  entre  des  géants 
qui  trouvent  trop  étroit  pour  deux  Tespace  livré  par  la 
Providence  à  leur  ambition  ;  les  attaques  d'Alfonse  ne 
sont  que  les  accès  d'une  envie  mal  contenue  qui  vient  se 
briser  contre  la  modération,  la  sagesse  et  la  fermeté  du 
grand  monarque  de  l' Aragon. 

Plusieurs  historiens  ont  prétendu  qu'à  son  avène- 
ment au  trône,  le  roi  philosophe,  n'ayant  encore  aucun 
eofant  de  la  fille  de  Jacme ,  avait  voulu  répudier  (a  prin- 
cesse aragonaise.  De  ce  projet,  dont  la  grossesse  de  la 
reine  serait  venue  tout  à  coup  arrêter  l'exécution,  aurait 
daté  la  mésintelligence  qui  divisa  longtemps  le  Conquis^ 
tadar  et  son  gendre. 

Le  marquis  de  Mondejar,  dans  ses  Observaciones  à  la 
chronica  antigua  de  don  Alfonso  el  Sabio ,  dont  les  con- 
clusions ont  été  adoptées  par  D.  Modesto  LafuenteS  a 

^  Historia général  de  Espana,  Part.  II,  lib.  in,  cap.  i.  —  Voyez 
aussi  le  savant  ouvrage  intitulé;  Ut^racûmee  à  Mariana^  ^r  D. 


S96  uviBin,  cBàMsnmvL 

combaUn  à  l*aide  de  sérieux  argaments  ce  prétendu 
projet  de  divorce.  Ce  qu'il  y  a  de  certaio,  c'est  que  la 
conduite  d*Alfonse,  iafaut  héritier  de  Castille,  présageait 
la  politique  du  roi  Alfonse  X,  et  qu*à  peine  monté  sur 
le  trône,  le  souverain  castillan  profita  de  la  révolte  d*Al 
Azaroh,  qui  n* était  pas  encore  étouffée,  pour  susciter 
des  embarras  au  roi  d'Aragon. 

Le  chef  des  Sarrasins  rebelles  avait,  en  effet,  trouvé 
protection  et  appui  d'abord  auprès  de  l'infant  don  Manuel, 
frère  d' Alfonse,  puis  aupnès d'Alfoose  lui-même , qai « 
cependant ,  n'osa  point  embrasser  ouvertement  le  parti 
des  musulmans  contre  son  beau-père ,  et  se  borna  en 
apparence  au  rôle  de  médiateur. 

Un  jour,  raconte  la  chrouique,  le  roî  de  Castille  se 
trouvant  aux  environs  d'Alicante,  désira  avoir  uneeo- 
trevue  avec  Al  Azaroh  ;  le  Maure  se  rendit  aux  ordres  du 
fils  de  saint  Feroand,  et  reucootra  le  roi  à  la  chasse. 

—  <  Savez^vous  chasser?  demanda  Alfonse  au  Sar- 
rasin. 

— *  •  Seigneur,  répondit  celui-ci,  sur  un  mot  de  vous, 
je  pourrais  chasser  les  châteaux  du  roi  d'Aragon.  » 

Ces  paroles  furent  rapportées  à  Jacmei,  et,  lorsque  Al 
Azarch  vaincu  quitta  le  royaume  de  Valence,  le  roi 
d'Aragon  écrivit  à  son  gendre  pour  lui  annoncer  la  coai* 
plète  répression  de  la  révolte,  <  et  lui  faire  connaître, 
ajoute  le  chroniqueur,  qu'en  huit  jours  nous  avioDS 
enlevé  seize  châteaux  au  Maure  ;  par  quoi ,  il  pouvait 
voir  que  nous  aussi  nous  savions  chasser,  et  que  la  chasse 
d'Al  Azarch  n'avait  pas  eu  d'autre  résultat  \  >  . 


Pedro  Sabau  y  Larroya,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale 
d'histoire  de  Madrid. 

*  Ghrooique  de  Jacme  ,chap.  ccxu. 


Pour  mettre  fiQ  à  cette  guerre  de  détail  qai  menaçaît 
de  seprolonger  indéfiaiment,  Jacme  avait  dû  employer 
la  rose.  Al  Azarcfa ,  espérant  que  ta  imédiation  da  roi  de 
(kistitle  lai  ferait  obtenir  uoe  trêve  d*tin  an,se  laissa 
persnaderpariin  de'Sescom.pagDot)s,  qui<le  trahissait,  de 
vendre 'le  blé  qu'il  avait  ea  abondance  pour  se  procurer 
de  l'argent;  le  roi  d*Aragoi>  prévemi  refusa  la  trêve,  et 
le  ehef  maure,  dépourvu  de  vivres,  fut  réduit  prompte- 
ment  àcapituler;.  Il  pi^omit  de  quitter  les  États  aragonais. 
po»rn*y  plus  rentrer:  mais  il^lemanda  pouran  de  ses 
neveux  le  château  de  Poloo  ou  Polop,  ce  qui  lui  fut 
accordé.  Ainsi  se  termina,  peu  de  temps  après  P&tfue^ 
de  Tannée  iâ53v  ce  premier  soulèvement  des  >  Maures 
de  Valence*.  Mais  presque  aussitôt  naissait  un  nouveau 
motif  de  discorde  entre  TAragon  et  laCastille. 

Thibault }l\  roi  de  Navarre  et  comte  de  Champagne^ 
auquel  Jacme-,  cédant  aux  vœux  de  la  nation  navarraise* 
etaux  inetanceef  du  Souverain  PonUfe^  avait  laissé  prendre 
possession  de  T héritage  de  Sancbe  U  Reclm,  Thibault  P 
mourut  à  Pampeiune  le  8  juillet  iâS^j 

La  renonciation  tacite  de  Jacme  n'avait  pu  étre-que 
provisoire  et  concernait  seulement  le  comte  de  Gham«* 
pagne;  mais,  avec  une  loyauté  dont  Alfonse  de  Castillè 

*  Voyez  Cl^raniqae  de  Jacme,  chap.  ccxxxv  à  ccxu.  —  Bernât 
d'Esclot  parle  de  quelques  troubles  qui  précédèrent  la  révolte  d'Al 
Azarch.  Un  nègre  nommé  Albocor,  simple  berger  rempli  de  courage, 
essaya  de  faire  soulever  les  Sarrasins  du  royaume  de  Valence;  eett^ 
tentative  avortée  aboutit  à  quelques  actes  de  brigandage  cruelle- 
ment punis  par  les  ha^ilantsd'Aleira.  Albœor,  fait  prisonnier  par 
eux,  lut  promené  dans  le  royaume  et  «^^hacunlui  fil  la  justice  qu'il 
lui  plut ,  jusqu'à  ee  qu'il  f(Û  mort,  et  puis  on  le  fit  tirer  par  tout 
le  pays  par  des  roussins.  »  (Chronique  de  Bernât;  d'Esclot,  chap. 
xux.) 

*  Voyez  M oret,  ÀMhê  d«  Nùtmrra^  lib*  XXI,  cap.  i,  g  4 . 

*  Voy.  notre  tome  1»  p..  363. 


anrait  dA  s'inspirer  en  mainte  circonstance,  le  roi 
d* Aragon  resta  i*anii  sincère  du  monarque  navarrais. 
Ni  le  départ  de  ce  dernier  pour  la  croisade,  ni  le  désac* 
cord  de  Tliibault  et  du  Saint*Siége  au  sujet  de  Févéqae 
de  Pampelune  ne  servirent  de  prétexte  au  Conquiêkulor 
pour  jeter  le  trouble  dans  un  pays  qu*il  regardait  comme 
dépendant  de  sa  couronne.  Aussi  Thibault  T'  mourant 
ne  crut-il  pas  pouvoir  trouver  de  protection  plus  efficace 
pour  ses  fils  que  celle  de  son  chevaleresque  compétiteur. 
Ce  n*était  pas  trop  oser  que  de  compter  sur  la  gén^ 
rositéd*un  prince  chez  lequel  Tambition  n*étouffa  jamais 
le  sentiment  de  la  justice.  En  apprenant  la  mort  de 
Thibault,  Alfonse  de  Castille  trouva  le  moment  opportun 
pour  réveiller  d'anciennes  prétentions  sur  une  partie  de 
la  Navarre ,  et  se  mit  en  marche  vers  ce  royaume ,  goo* 
verné  par  la  veuve  du  roi  défunt,  au  nom  de  son  fils  âgé 
de  quatorze  ans  \  Mais  Jacme  se  hâta  d'envoyer  vers  la 
reine  régente  ripfant  Alfonse  avec  lequel  il  venait  de  se 
réconcilier  et,  le  i'^  août  i253,  un  traité  d'alliance  offen- 
sive et  défensive  fut  conclu  à  Tudela  entre  la  Navarre  et 
l'Aragon.  Par  cetactef  l'infante  aragonaise  Constance  on, 
à  défaut,  sa  sœur  Sancha,  fut  promise  en  mariage  à  celoi 
des  infants  navarrais  qtii  hériterait  de  la  couronne*. 
Chacune  des  parties  s'engagea  à  ne  conclure  aucun  traité 
de  mariage  avec  un  parent  du  roi  de  Castille  ou  «  quelque 
homme  d'Espagne  que  ce  soit,  qui  le  fréquente  ou  lai 
parle*  .» 

*  Thibaolt  !«*  leissait  de  Marguerite  de  l>ainpierr6,  tUe  d'Àrcham- 
boud  deDampierre,  sire  de  Bourbon,  deux  âis,  Thibault  ei  Heiri. 

'  On  voit  qu^en  1^3,  Constance  n'était  pa^  encore  mariée  à  doo 
Manuel  de  CastiUe. 

3  L'engagement  conclu  entre  Marguerite,  reine-régente  de  Navaro, 
et  l'infant  AlfoQsed^Aragen,  a  écééennéen  partie  par  Monet.  {Ana- 
les de  Navarray  lib.  XXII, cap.  i,  g  3.)  U traité  dans  satemt  défi- 


▲IVAMBS  dDB  IIÀVAIRB  '899 

Quelques  mois  aprôs,  Thibault  II ,  ayant  atteint  sa 
quinzième  année,  fut  couronné  à  Pampelnne,  et,  dans  une 
entrevue  qu^il  eut  à  Montagudo  avec  Jacme  T' ^  Talliance 
des  deuK  souverains  fut  confirmée  ^ 

L*Aragon  et  la  Navarre  étaient  prêts  à  recevoir  le  cboc 
de  la  Castille;  Alfonse  X  menaçait  sans  attaquer;  ce* 
pendant  des  prélats  et  des  ricos  homes  s^interposèrent, 
et  une  trêve  fut  conclue  jusqu*à  la  prochaine  fête  de 
saint  Michel. 

Jacme,  avecson  activité  habituelle,  sut  mettre  à  profit 
ce  délai.  Pour  s'attacher  sans  retour  son  fils  Alfonse,  il 
lui  fit  accepter  un  traité  par  lequel  «  Tinfant  premier  né 
et  héritier  d*Aragon»  promettait  à  son  père  de  ne  point 
embrasser  le  parti  du  roi  de  Castille ,  tandis  que  Jacme 
s'engageait  à  ne  jamais  enlever  à  Tinfant  ce  qu'il  lui 
avait  donné  dans  les  royaumes  d'Aragon  et  de  Valence*. 

Vers  la  même  époque ,  il  se  conciliait ,  par  de  riches 
donations  d'Aofifieur^^  Taniitié  d'Alvar  Ferez  de  Azagra, 
seigneur d'Albarracin  ;  il  avait  une  nouvelle  entrevue  avec 
le  roi  de  Navarre  à  Estella  ;  il  contractait  des  alliances 
offensives  et  défensives,'  contre  tous  et  en  particulier 
contre  le  roi  de  Castille» ,  avec  le  puissant  seigneur  de  Bis- 
caye, Diego  Lopez  de  Haro,  avec  Ramiro  Rodriguez  et 
Ramiro  Dies,  ricos  homes  castillans  qu' Alfonse  X  avait 


nitive  existe  aux  archives  de  la  couronne  d'Aragon,  Parchemins  de 
Jaeoie  I*%.n*  1339  ;  il  a  éié  publié  dans  la  collection  des  documents 
inédits  dece  dépôt(t.  YI,  p.  444). 

*  Par  ce  nouveau  traité,  daté  du  5  des  ides  d'avril  (9  avril)  4254,  le 
roi  d'Aragon  s'engage  à  secourir  le  roi  de  Navarre  contre  tous,  ex- 
cepté contre  <t  le  comte  de  Provence,  frère  du  roi  de  France ,  et  ses 
frères.»  (Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  I**, 
n-  4363.) 

*  Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  !*%  n**  4974 
et  4375  ;  actes  du  4S(  juin  4^54. 


300  itfKE  m,  CKànniE  m 

dépoaiHés  de  leur  fiefs  S  et,  à  Texpiration  de  la  tréVe,  il 
se  troavait  à  Tarazona  à  la  tête  de  son  armée.  Le  quartier 
général  du  roi  de  Navarre  était  à  Tadela  ;  Alfonse  X  a?ait 
concentré  ses  troupe^  à  Calahorra  et  à  Âlfaro;  les  arant- 
poâtes  de  Tarmée  castillane  s'avançaient,  au  dire  de  d'Es- 
clot,  jusqu'à  une  demi-lieue  de  Tarmée  aragonaise. 

Alfonse  X,  indécis  ou  manquant  de  confiance  dans  la 
justice  de  sa  cause,  hésitait  à  livrer  bataille.  Ses  goûts 
pacifiques  servaient  mal  son  humeur  inquiète  et  son  am- 
bition irréfléchie.  On  s'en  apercevait  autour  de  lui ,  et 
son  poëte  favori,  le  génois  Boniface  Calvo,  essayait  de  lui 
inspirer  l'ardeur  belliqueuse  qui  lui  faisait  défaut. 

«  Un  nouveau  sirvente  je  veux  adresser  au  roi  de 
CastiUe,  disait  le  troubadour  génois  ;  car  il  ne  me  parait 
pas,  je  ne  pense  ni  ne  crois,  qu'il  ait  le  cœur  à  guerroyer 
les  Navarrais  et  le  roi  d*Aragon  ;  mais  pourvu  que  je  lui 
dise  ce  que  je  dois,  qu'il  fasse  ce  qu'il  voudra.  J'ai  en- 
tendu dire  qu'il  ne  veut  point  les  attaquer,  et  cependant 
il  lui  conviendrait  de  mettre  à  cela  ses  soins  et  sa  pensée, 

son  cœur  et  sou  corps,  son  avoir  et  ses  amis Il  peut 

trouver  les  deux  rois  sur  le  champ  de  bataille,  s'il  en  a  le 
désir.  Et  s'il  ne  fail  voir  son  gonfanon  sur  cette  terre  au 
roi  de  Navarre  et  au  roi  d'Aragon  ,  ceux  qui  disaient  du 
bien  de  lui  auront  raison  de  chanter  comme  ils  le  font 
déjà,  que  le  roi  de  Léon  aime  mieux  chasser  avec  autour 
et  faucon  que  revêtir  haubert  et  cuirasse*.» 

Les  dispositions  d' Alfonse  X  facilitèrent  singnlîè- 
rement  la  lâche  des  prélats  et  des  nobles,  qui  faisaient 

*  Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  Parchemins  de  Jacme  l", 
n**  4382  et  4383  (8  août  4254). 

^  M.  Milà  {De  los  Trovadores  en  Espana,  p.  203),  a  donné  le  texte 
de  ce  fragment  de  poésie  provençale  mêlée  de  français  et  de  cas- 
tiUan. 


AFniRS9  PE  NàVAERB  301 

tous  loors  effort^  pour  arrêter  la  guerre  prête  à  éclater . 
Uq  chevalier  catalan ,  Bommé  Beroat  Vidal  de  Besalu, 
parviqt  à  ménager  une  entrevae  entre  Jacme  et  Âlfonse'; 
les  deux  rois  continrent  d^iy^e  $uspensi.on  d'armes;  mais 
leur  réconcilia tipuQjd  semble  pas  avoir  été  aussi  complète 
que  Je  disent  le  chroniqueur  d*Ësclot  et  »  après  lui ,  TauT 
naliste  Moret^  En  effet,  TÂragon ,  la  Navarre  et  la  Cas- 
tille  ne  cessent  d*armer  et  de  s*observer.  Jacme  resserre 
par  de  nouveaux  traités  les  alliances  déjà  contractées  ef 
rallie  autour  de,  lui  tous  les  ennemis  de  son  gendre.  En 
décembre  1254  ^  Tinfant  Alfonse  d* Aragon,  s'engage  à 
s'en  rapporter  au  jugement  de  Ximeno  de  Foc^s,  de 
Beroat  Guillem  d^  Entenza  et  de  Ximeno  Ferez  de 
Arenos,  pour  le  règlement  définitif  de  ses  anciens  dif- 
férends avec  le  roi  son  père.  Quelques  mois  plus  tard,  le3 
ricos  homes  castillans  Ramiro  Rodriguez  et  Ramiro  Diez 
renouvellent  leur  alliance  avec  Jacme;  Lope  Diaz  de 
Haro,  seigneur  de  Biscaye,  vient,  à  Estella  conclure  avec 
le  roi  d'Aragon  un  traité  qui  confirme  celui  que  son  père, 
mort  récemment,  avait  signé  l'année  précédente;  enfin  le 
frère  même  d' Alfonse  X,  l'infant  Enrique,  brouillé  avec  le 
roi  de  Castille,  offre  son  aide  à  Jacme,  entraînant  avec 
lui  un  grand  nombre  de  seigneurs  castillans  '. 

Cependant  les  négociations  pour  la  paix  se  pour- 
suivaient activement  ;  elles  aboutirent  enfin  à  un  traité 
qui  fut  signé  à  Soria  au  mois  de  mars  1256,  et  con- 
firmé au  mois  d'août  de  l'année  suivante  ^ 

*  Chronique  de  Bernai  d^Esclot,  chap.  l^,  Morel,  Anales  de  Na-- 
varra^,  lib.  XXII,  cap.  ii,  §  6. 

2  Ces  divers  traités  sont  conservés  aax  archives  de  la  couronne 
d'Aragon,  Parchemins  de  Jacme  !•%  n«»  1427,  4428  et  1432.  Voyez 
aussi  Zurita,  Anales  de  Aragon^  lib.  111,  cap.  48  et  49  ;  Moret,  Ana- 
les  de  Havarra,  lib.  XXII,  cap.  m,  g  3  et  4. 

3  Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  reg.  X,  f»  6.  — >  Un  cartel  de 


90%  LITRBItl,    GHAPiniB  S 

AlfonseX,  que  préoceapaitviTemeDtson  élection  con- 
testée à  Tempire  d*Aiiemagne  \  renonça  à  tontes  ses  pré- 
tentions snr  la  Navarre.  Ce  rojanme  resta ,  si  Ton  en 
croit  Znrita,  sonmis  an  protectorat  dn  roi  d*Aragon,  et 
quelques  tentatives  faites  pour  secouer  cette  tutelle 
furent  réprimées  par  Jacme  au  mois  de  novembre  de 
ranoée  1257  V 

Pendant  que  le  roi  d'Aragon  affermissait  son  influence 
dans  la  Péninsule  par  sa  sage  conduite  au  milieu  des 
événements  que  nous  venons  de  raconter,  le  midi  de  la 
France  échappait  chaque  jour  davantage  à  l'action  des 
souverains  d*outre-Pyrénées. 

Le  seul  espoir  que  les  divers  échecs  de  Raymond  VII, 
rétablissement  de  la  domination  française  en  Provence , 
la  soumission  de  Trencavel  à  saint  Louis  n'eussent  pas 
enlevé  au  Midi,  celui  d'un  mariagedu  comte  toulousain  et 
de  la  naissance  d'un  héritier  de  ses  droits,  s'était  évanoui 
par  la  mort  du  dernier  des  Raymond ,  survenue  à  MlUan 


défi  qu^Amalric,  vicomte  de  NarboDoe,  adressa  en  qualité  de  vassal 
du  roi  deCaUllIe,  au  roi  d'Aragon,  le  6  des  ides  de  mars  4256  (  10 
marsli57),  prouve  qu'il  y  eut  encore  quelques  aclesd*hosUlité  entre 
les  deux  rois,  après  le  traité  de  4256«  (Voy.  D.  Vaîsiète»  Histoire  di 
Languedoc,  éd.  in-f',  t.  [Il,  Preuve  sv  GCGXXIl) 

^  On  sait  qu  à  la  mort  de  Guillaume  de  HoJtande  la  majorité  des 
électeurs  de  l'Empire  offrit  la  couronne  de  Gharlemagne  à  Alfonse  X, 
tandis  que  les  autres  élisaient  Richard  d'Angleterre  ;  on  sait  encore 
que,  malgré  Tadhésioa  as  f»aint  Louis,  malgréies  trésors  qu^il  arra* 
cha  à  ses  peuples  pour  les  prodiguer  aux  princes  allemands,  le  roi 
de  Castille  ne  parvint  jamais  à  se  faire  reconnaître  pour  empereur 
légitime. 

2  Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  reg.  IX,  ^  46.  --  Horetet 
d'Esclot  ne  parlent  pas  d'un  protectorat,  mais  seiilementde  la  tutelle 
du  jeune  roi  de  Navarre  pendant  sa  oàiBorité.  Or  TlUbauU  U  avaii 
atteint  en  425i  Tâge  de  quinze  ans,  qui  était  oelui  de  la  oaajArité 
pourie^  souverains  espagnols. 


LB8    MAILLES  DB    LATTES  808 

ea  RoQergae,  le  27  septembre  1249  S  La  famille  cape- 
lienae ,  dans  la  personne  d^Âlfonse  de  Poitiers ,  avait 
pris  possessioQ  de  Théritage  du  comte  défont. 

Qae  restait-il  à  la  maison  de  Barcelone  de  son  ancienne 
inflaence  sur  les  belles  contrées  delà  Gaule  méridionale? 
Les  regrets  du  peuple  étouffés  sous  l'oppression  des 
nouveaux  dominateurs ,  quelques  prétentions  illusoires , 
quelques  droits  impossibles  à  soutenir  en  face  des 
succès  croissants  de  la  maison  de  France.  Au  nord  do 
Roossillon  ,  Montpellier  était  à  peu  près  le  seul  pays  sur 
lequel  Tautorité  du  roi  d* Aragon  fût  reconnue  en  prin- 
cipe, bien  que  minée  sourdement  par  les  intrigues  des 
agents  français  que  secondait  Taveuglement  des  habitants 
de  la  seigoeurie. 

L'imprudence  de  Jacme ,  ou  peut-être  celle  du  gou- 
verneur établi  par  lut  à  Montpellier,  occasionna  des 
troubles  dont  l'avenir  seul  devait  montrer  les  tristes 
conséquences;  car,  à  chacun  de  ses  mouvements,  la  ville 
républicaine  h&tait  la  crise  qui  devait  détruire  à  la  fois 

*  «  Gela  parut  en  effet  de  la  volonté  divine,  dit  Guillaume  de  Puy- 
Laurens  (GhroQ.,chap.  xlviii),  que,  devant  être  transporté  hors  de 
son  pays,  le  dernier  comte  de  Toulouse  dut  descendre  de  la  partie 
orientale  de  sa  terre  vers  Toccident,  laissant  dans  tous  ses  domaines 
sur  son  passage  de  nombreux  regrets.  Son  corps  fut  embaumé,  mis 
dans  un  cercueil  et  gardé  avec  soin.  Conduit  par  Âlby,  Gaillac,  Ra- 
bastens,  Toulouse,  on  le  dirigea  sur  la  Garonne  vers  le  pays  d'Agen: 
il  fut  déposé  au  monastère  de  Tordre  de  Fontevrault,  appelé  le  Para- 
dis, et  le  printemps  suivant,  Thiver  étant  passé,  on  le  transporta  à 
Fontevrault  où  il  avait  choisi  sa  sépulture.  El  c'était  pitié  que  de  voir, 
avant  et  après  le  cercueil,  les  peuples  se  lamenter  et  pleurer  leur 
seigneur  naturel  sans  pouvoir  espérer  un  successeur  de  sa  race.  »  — 
Le  testament  de  Raymond  VU  a  été  publié  par  Catel  {Histoire  des 
comtes  de  Tohse^  p.  373)  ,  et  par  M.  du  liège,  dans  son  édition  de 
V Histoire  de  Languedoc  (additions  au  livre  XXV,  n*  4  8).  Une  copie 
de  eedocumeniest  conservée  aux  archives  de  la  couronne  d'Aragon, 
Pareil,  de  Jacme  I*',  n*»  4173. 


304  LvrkB  m ,  chapitib  ix 

la  domination  aragonatse  et  les  libertés  de  la  fière  com- 
mune. 

Les  consuls  de  mer  de  Montpellier  percevaient  on 
droit  d*nne  obole  ou  maille  (mêalha)  par  Firre  sur  les 
marchandises  transportées  de  Lattes  à  Montpellier  et  de 
Montpellier  à  Lattes.  Le  seigneur  n'avait  point  à  s'im^ 
miscerdans  la  perception  de  cet  impôt,  non  plus  que  dans 
remploi  dos  fonds  qui  en  provenaieni  et  qui  étaienlcoD* 
sacrés*  à  des.  travaux  d'utilité  publique.  Or,  en  Tannée 
1252,  le  roi  tenta  de  percevoirles  mailles  de  Lattes  à 
son  profit.  Les  bourgeois  accueillirent  oette  violation  des 
droits  de  ta  commune  par  une  révolte,  et  leur  troupe  en 
armes  (la  cloqua  dels  armait)  se  remiten  possession  de 
rimpôt  dont  Tautorité  seigneuriale  avait ''cra  pouvoir 
s'emparer  Macme  assigna  les  ^consuls  à  comparaître  en 
sa  cour,  siégeant  alors  à  Barcelone,  afin 4'y faire jugw 
le. différend.  Les  représentants  de  la  commune  répon-* 
dirent  que  le  roi  ne  pouvait  être  juge  dans^cette  cause  ; 
que,  du  reste,  les  habitants  de  MontpeUier  n'étaient  pas 
tenus  de  comparaître  hors  du  territoire  de  leur  ville,  et 
qu'enfin  ils  en  appelaient  à  l'évéque  de  Magueloae, 
suzerain  de  leur  seigneur  *. 

La  lutte  était  déclarée.  Obéissant  à  Tesprit  d^indépen- 
dance  qui,  de  proche  en  proche,  s'était  étendu  des  répa- 
btiques  italiennes  aux  villes  de  Provence,  Montpellier 
coda  au  désir  d'imiter  Marseille,  sa  rivale,  et,  pendant 
quelques  années ,  on  voit  la  cité  des  Guillem  nommer 


^  «  En  l'an  M e  GC e  Lit....  demandet  lo  rey  Jacnae  d'Aragon  tas 
mealhasde  Laïas  e  lendeman  de  l'Apareeilon  cobreron  las  U  bornens 
deMontpeyIer  et  la  cloqua  dels armatz.  »  {Pétii  Thalmmm  de  MnU- 
pellier,) 

*  Voy.  Germain,  Histoire  de  la  commune  de  MoiUpeUier  ,  t.  II, 
Pièces  jusiiûcatives,  p.  329. 


LA  vOLinovB  prâuçaisb  dans  le  midi  305 

8on  bayle  sans  la  participation  dn  seigneur,  s* allier  au 
ficomte  deNarbonne,  vassal  de  la  Gastille  et  ennemi  du 
roi  d'Aragon  \  faire  la  gnerre  aux  Marseillais  et  signer 
la  paix  avec  eux  par  Tentremise  de  Charles  d* Anjou  *  ;  en 
un  mot,  traiter  son  royal  seigneur  avec  un  mélange 
d'hostilité  et  d'indifférence  plus signiGcatif  qu'une  révolte 
déclarée. 

Jacme  n'aurait  peut-être  pas  supporté  aussi  patiem- 
ment de  pareilles  offenses  s'il  ne  s*était  senti  en  ce 
moment  menacé,  d'un  côté  par  les  armes  de  la  Gastille , 
de  l'autre  parles  intrigues  qu'avait  ourdies  la  reine-mére 
de  France.  Blanche  était  morte  en  1252,  mais  sa  poli- 
tique lui  survivait.  La  veuve  de  Louis  YIII  avait  tracé 
ses  plans,  choisi  les  hommes  qui  devaient  les  exécuter, 
mis  en  jeu  les  passions  et  les  intérêts  dont  l'acUon  com- 
binée devait  nécessairement  aboutir  au  résultat  prévu 
par  elle.  La  machine  était  montée  ;  elle  avait  reçu  le 
mouvement:  elle  accomplissait  son  œuvre  sans  avoir 
besoin  de  l'intervention  de  Touvrier.  Tout  marchait  en 
dehors  de  Louis  IX,  dont  la  droiture  retarda  souvent 
l'accomplissement  des  desseins  ambitieux  de  sa  mère. 

Un  délégué  de  Blanche  de  Gastille ,  le  jurisconsulte 
Gai  Foulques  ou  Folcueis,  qui  devait  être  plus  tard  le 
pape  Clément  IV,  agissait  depuis  longtemps  auprès  de 
révéque  de  Maguelone,  afin  de  décider  le  prélat  à  se 
reconnaître  vassal  de  la  couronne  de  France  pour  le 
fief  de  Montpellier.  Ce  fut  seulement  le  15  avril  1255, 

^  11  est  difficUe  de  ne  pas  voir  ane  menace  à  l'adresse  du  roi  d'Ara- 
gon dans  le  traité  par  lequel  Amalric  promet  «  do  faire  la  guerre  à 
tous  ceux  qui  s'opposeront  aux  consuls,  aux  syndics  ou  à  la  commune 
ée  Montpellier,  à  Texception  des  très-illustres  seigneurs  le  roi  de 
Fïmnce,  ses  frères  et  le  roi  de  Gastille.  » 

>  D.  Vaissète,  Hiêi.  de  Languedoc^  1.  XXYl,  cbap.  xxxi. 
T.  n.  70 


#00  UflE  III ,  CHAMIPB  iX 

prè»  de  trois  am  après  la  mort  d^  la  reifle^mère ,  (^ 
Gai  parviot  à  obtenir  cette  reconnaissaoce  de  Tév^ 
Pierre  de  Conques.  Ce  dernier  déclara  sole»Dell£meiit, 
en  présence  du  sénéchal  de  Beaucaira  et  Nîmes  et  de 
Gui  Foulques,  envoyé  du  roi  Louis  IX,  que  la  vîtie  de 
Montpellier  et  le  château  de  la  Palu  ou  de  Lattes  étaietf 
tenus  en  fief  de  la  couronne  de  France  par  les  éféqncs 
de  Maguelone ,  et  en  arrière-fief  par  le  roi  d'Aragon , 
f  non  pas  comme  roi ,  .mais  comme  seigneur  de  Hont- 
pellier*.  • 

Le  roi  d* Aragon,  arrière*yassal  du  roi  de  France! 
Le  roi  d*Aragon ,  forcé  de  subir  la  suzeraineté  directe 
de  son  rival  le  jour  où  celui-ci  sera  parvenu  à  soppriott* 
Tautorité  intermédiaire  de  Tévôque!  H  serait  superflu 
d'insister  sur  les  conséquences  d'une  pareille  déciaratioo, 
provoquée  d'ailleurs,  il  faut  Tavouer,  par  l'imprudente 
conduite  de  Jacme  envers  l'évéque  et  envers  les  habitaits 
de  sa  ville  natale. 

Les  bourgeois  de  Montpellier,  après  s'être  associés  am 
entreprises  du  monarque  aragonais  contre  l'éTêqiu  de 
Maguelone ,  s'unissaient  maintenant  à  l'éTéque  et  ai 
roi  de  France  contre  leur  seigneur,  usant  de  leur  système 
traditionnel  de  bascule  pour  échapper  à  une  dooutatioi 
trop  directe,  jusqu'au  moment  où,  la  balance  penchaat 
tout  à  eoupdu  côté  du  plus  fort,  les  princes  cipétieos 
écraseront  les  derniers  restes  d'indépendance  ie  ladté 
républicaine  sous  le  poids  de  leur  politique  centfalisar 
Irice  *. 

*  Cetaete  a  été  publié  dans  la  Gallia  thriiii^na^  I.  YI,  inrt.  ofll. 
370  et  dans  la  Séries  pranulum  magal<m*nÊium  é9  Gariet,  p.  STI. 

>  La  Galiia  okristiana,  Gariel  {séries  praauliim  fiut^oian.)  él  §. 
Vaissète  ont  donné  tous  les  détails  do  la  lutte  daroà  d'Aragon  cobItq 
révoque  de  Maguelone  et  publié  les  doetunent:»  qui  a*y>  npporieol. 


lÀCMB    ET   SAfRT  LOCIS  897 

Ainsi,  tandis  qae  Jacme  menaçait  Louis  IX  d*QDe  re- 
reodication  de  droits  plas  on  moins  fondés  sar  les  anciens 
États  de  Ramon  Berengaer ,  de  Raymond  VII  et  de  Tren- 
ca;?e1 ,  sur  les  comtés  de  Millau,  de  Foix  et  de  Fenollèdes, 
sur  la  vicomte  de  Gévaudan ,  la  maison  de  France ,  non 
cootMte  d*opposer  au  roi  d'Aragon  ce  que  Ton  appelle 
au  palais  une  demande  reconventionnelle,  en  réclamant 
des  droits  de  suzeraineté ,  depuis  longtemps  périmés,  sur 
la  Catalogne ,  le  Ronssillon  et  leurs  dépendances ,  pré- 
parait, avec  une  habileté  impossible  à  déjouer,  sa  supré- 
matie sur  l'un  des  pays  où  la  domination  aragonaise 
semblait  le  plus  légitimement  établie. 

Pour  sortir  de  cette  complication  de  prétentions  ri<- 
vales ,  une  guerre  paraissait  inévitable.  L'opinion  pu« 
blique  poussait  le  roi  d'Aragon  vers  ce  parti  violent;  en 
ce  moment ,  la  voix  énergique  de  Bernard  de  Rovenhac 
se  fit  entendre  de  nouveau  : 

«  J*ai  grande  et  irrévocable  volonté  de  faire  un  sir^ 
veote,  riches  bommes  sans  courage,  et  je  ne  sais  que 
Toas  dire,  car  la  louange  ne  serait  pas  ici  à  sa  place  et 
je  D*ose  vous  jeter  le  blâme  ;  or  bien  peu  vaut  un  sir- 
vente  qui  loue  quand  il  devrait  blâmer.  Cependant ,  dut 
cela  vous  sembler  folie,  j*aime  mieux  vous  blâmer  en 
disant  la  vérité  que  mentir  pour  vous  être  agréable. 

>  Les  deux  rois,  celui  d'Aragon  et  celui  des  Anglais,  ont 
résolu  de  ne  dévaster  aucune  terre  et  de  ne  faire  aucun 
mal  à  celui  qui  leur  en  fait;  d*avoir,  au  contraire,  pour  lui 
merci  et  courtoisie  ;  car  ils  laissent  le  roi  qui  conquiert 
la  Syrie ^,  garder  en  paix  leurs  fiefs.  Notre-Seigneur  doit 
leur  en  savoir  gré. 

On  acte  du  7  février  4251  fait  voir  que  les  consuls  de  Montpellier, 
lignés  avec  révoque  Guillaume  Christophe,  portaient  devant  le  roi 
de  France  leurs  griefs  contre  leur  royal  seigneur. 

*  Âliusioa  ironique  à  la  défaite  de  saint  Louis  eu  Egypte. 


308  LITRE  111,   CHAPiniE  IX 

»  La  hoDte  me  gagne  quand  je  vois  une  natioa  ?aiDcae 
nous  tenir  ainsi  vaincus  et  conquis.  Pareille  honte  devrait 
aussi  gagner  le  roi  aragonais  et  le  roi  qui  perd  laNor- 
mandie;  mais  ils  estiment  tant  une  pareille  amitié  qa*ils 
refusent  complètement  de  faire  ce  qu'ils  doivent,  et  jamais 
je  ne  vis  personne  mettre  tant  de  persistance  à  accomplir 
son  devoir  ^ 

»  Puisqu'il  (le  roi  d'Aragon)  ne  reprend  pas  la  leade 
tournoise  '^  qu'à  Montpellier  lui  enlèvent  ses  bourgeois 
(il  faut  désirer),  qu'on  ne  lui  prenne  pas  le  pays  de  Car- 
cassoone,  car  il  ne  se  défendrait  point  et  serait  satisfait 
pourvu  qu'on  le  laissât  en  paix.  Seigneur  puissant  ne 
peut  guère  espérer  la  paix  quand  ses  hontes  lui  tournent 
en  nonchaloir. 

»  Je  ne  trouve  rien  à  louer  quand  la  valeur  est  en 
mauvaise  voie  ;  et  je  n'appelle  point  cela  paix,  car  c'est 
une  mauvaise  guerre ,  et  jamais  je  ne  prendrai  pareille 
chose  pour  une  paix.  On  devrait  plutôt  l'appeler  joie  de 
paysan  et  joie  des  puissants,  qui  perdent  chaque  jour 
leur  renom,  et  cela  ne  doit  point  leur  être  pénible,  car 
ils  perdent  peu  et  peu  leur  en  doit  douloir,  car  de  peu  Ton 
ne  peut  ôter  beaucoup. 

>  Le  roi  en  Âlfonse  a  laissé  la  convoitise  aux  autres 
rois;  il  n'en  a  pas  besoin  et,  pour  sa  part,  il  a  pris  la 

*  Sous-entendu  :  quils  en  mettent  à  manquer  au  leur.  Nous  don- 
nons sous  toutes  réserves  cette  traduction  d  un  vers  obscur: 

Et  anc  non  vitz  autre  tan  ben  tener. 

D.  Manuel  Milà  le  traduit  ainsi,  en  indiquant  ses  doutes  :  c  Et 
(cependaut)  jamais  on  ne  vit  quelqu'un  se  présenter  sous  un  meilleur 
aspect.  » 

*  11  s'agit  ici  de  Pimpôtdes  mailles  de  Lattes.  On  étendait  le  nom 
de  leude  k  tout  droit  perçu  à  Toccasion  du  transport  des  denrées  et 
marchandises  et  de  leur  entrée  dans  une  viUe. 


JA'CHB    ET  SAINT  LOUIS  309 

largesse  II  aurail  tort  celai  qui,  dans  ud  jeu-parti  S 
voodrait  Teo  blâmer;  car,  je  vous  le  dis,  cela  me  parait 
Tilaioe  action  que  de  choisir  le  meilleur  thème  dans  un 
jeo-parti.  (Quant  à  Âlfonse)  il  n'a  pas  fait  ce  qui  est 
défendu,  puisqu'il  a  pris  le  rôle  que  personne  ne  veut  *. 

»  Riches  hommes  méprisables^  si  je  connaissais  quelque 
chose  à  louer  en  vous,  je  le  louerais  volontiers;  mais  ne 
pensez  pas  me  faire  mentir,  car  je  ne  veux  ni  votre  amitié 
ni  vos  richesses  *.  » 

Ces  chants  belliqueux  ne  trouvaient  pas  d'écho  sur  le 
trône.  Nous  sommes  arrivés  à  une  période,  malheureu- 
sement trop  courte ,  où  les  rois  n'aspirent  qu'à  la  paix. 
Les  luttes  de  nation  à  nation  s'arrêtent;  l'immense  guerre 
civile  qui  désole  l'Italie  et  l'Allemagne,  les  désordres  au 
milieu  desquels  semble  se  plaire  la  turbulence  des  barons 
de  tous  pays  agitent  encore  l'Europe,  mais  la  royauté 

(Le  jeu-piirti  ou  tenson  étaii  un  dialogue  en  vers  dans  lequel 
deux  troubadours  discutaient  ordinairement  sur  une  question  de 
galanterie.  On  voit,  d'après  ce  passage  de  Bernard  de  Rovenhac,  que 
celui  qui  proposait  le  tenson  ne  devait  jamais  choisir  le  rôle  le  plus 
iiacU6.  (Voy.  à  ca  sujet  Milà,  de  los  Trovadores  en  Espana,  p.  480  , 
noîe.) 

*  Ce  couplet  fait  allusion  à  Texpédition  tentée  par  Alfonse  X ,  de 
concerl  avec  Gaston  de  Bloncada,  vicomte  de  Béarn,  pour  arracher  la 
Gascogne  à  la  domination  anglaise.  Cette  guerre,  commencée  avec 
grand  éclat  et  chantée  avec  enthousiasme  par  le  belliqueux  trouba- 
dour Boniface  Calvo,  se  termina  brusquement  par  la  renonciation 
que  l6  roi  de  Castille  fit  de  tous  ses  droits  sur  la  Gascogne  en  faveur 
d'Edouard,  héritier  présomptif  de  la  couronne  d'Angleterre  ,  auquel 
il  donna  en  mariage  sa  fille  Léonor.  (Voy.  Lafuente ,  HisL  gênerai 
de  EspanOf  Part.  II,  lib.  III,  cap.  i  ;  Milà,  de  los  Trovadores  en  Es- 
pana,  p,  204;  Raynouard,  Choix  de  poésies  des  Troubadours,  t.  IV, 
p.  228.) 

'  Le  texte  de  ce  sirvente  a  été  publié  par  M.  Raynouard  (Choix  de 
poésies  des  Troubadours,  t.  IV.  p.  205)  et  par  M.  Milà  (de  los  Trova^ 
dores  en  Espana^  p.  479),  qui  en  a  donné  en  outre  une  traduction 
espagnole. 


310  ipmm  m,  cbamtw  i% 

sent  partout  le  besoin  de  faire  régner  Tordre  et  la  )a$tiG9t 
seul  moyen  d*âsseoir  solidement  son  autorité ,  de  légi* 
timer  ses  conquêtes»  de  rendre  sa  puissance  populaire. 
Pour  établir  Tordre  au  dedans,  il  faut  avoir  ia  paix  au 
dehors,  du  moins  avec  ses  voisins  :  à  ce  double  résultat 
concourent  les  croisades,  dérivatif  à  la  guerre  entre 
chrétiens  Jes  innovations  législatives,  les  lois  contrôles 
guerres  privées  et  surtout  la  modération  dans  la  politique 
internationale. 

Saint  Louis,  Jacme  V,  Alfonse  X  sont  les  principaux 
représentants  des  tendances  pacifiques  de  cette  partie  du 
XllP  siècle.  Saint  Louis  est  poussé  dans  cette  voie  par  sa 
piété,  Alfonse  X  par  ses  goûts  paisibles;  Jacme,  le  plus 
belliqueux  des  trois  et  celui  qui  a  le  moins  à  gagner  «D 
apparence  aux  traités  conclus  à  cette  époque ,  n*est  guidé 
que  par  son  génie  politique. 

Tout  espoir  de  reconstituer  la  nationalité  de  la  langue 
d*Oc  semble  perdu  sans  retour;  les  droits  mal  déterminés 
de  la  maison  de  Barcelone  sur  divers  points  de  la  Fraûce 
méridionale  ne  peuvent  servir  que  de  prétextes  de 
guerre.  Au  nord  du  Roussillon ,  la  possession  de  Mont- 
pellier a  seule  une  valeur  réelle  pour  T  Aragon ,  et  Jacme, 
espérant  par  une  alliance  avec  saint  Louis  détourner 
de  cette  riche  proie  la  convoitise  des  Français,  se  prête 
aux  négociations  qui  doivent  amener  le  traité  de  Corbeil, 
c'est-à-dire  son  abdication  comme  suzerain  de  la  FraDce 
du  Midi. 

Au  mois  de  juin  1255,  un  compromis  fut  passé  par 
lequel  Jacme  et  saint  Louis  choisissaient  pour  arbitres 
de  leurs  différends,  Hébert,  doyen  de  Bayeux,  et  Guillem 
de  Montgriu,  sacriste  de  Girone,  qui  devaient  rendre 
leur  sentence  dans  le  délai  d*un  an  *.  En  attendant  cette 

*  Voy.  le  texte  de  ce  document,  apud  Marea  ^ûpantca,  oui.  UéO. 


DirpÉnims  a^ic  sahit  unjis  311 

décision  »  le  roî  d'AragOD ,  désirant  receorir  aoi  âmes 
ponr  spamettre  la  ville  de  Montpellier  à  son  autorité,  à^ 
numda  à  Loors  IX  raotorisalion  de  passer  sar  ses  terres, 
de  s'y  pounroir  de  vivres  et  de  recevoir  dans  les  rangs  de 
Tarmée  aragonaise  les  vassanx  da  roi  de  Franee  qui  von* 
draîent  prendre  part  à  Texpédilion.  A  l'exception  de  ce 
dernier  point»  auquel  saint  Loois  refusa  expressément  de 
souscrire ,  la  demande  do  roi  d'Aragon  fat  agréée  ;  mais 
Jacnse  ne  profita  pas  de  cette  autorisation ,  car  ses  dîf- 
ficnltésavec  Alfoose  X  le  retenaient  dans  la  Péninsule. 

Le  roi  de  France,  intéressé  à  la  fois  à  ne  point  se 
rendre  impopulaire  à  Montpellier  et  à  soutenir  le  toi  de 
Catsttlleson  proche  parent,  défendit  à  ses  sujets  d«  Midi 
de  prefidre  part  à  ta  guerre  imminente  entre  te  roî 
d'Aragon  et  la  ville  de  Montpellier,  et  permit  aux  vassaux 
que  le  séuverain  castillan  avait  sur  le  territoire  français 
d'aller  en  personne  servir  leur  suzerain  ^ 

Cependant  le  doyen  de  Bayeux  et  le  sacriste  de  Gîrone 
n'avaient  pu  parvenir  à  régler  le  différend  dont  la  décisioa 
leur  avait  été  confiée  ;  le  délai  d'un  an  expiré,  les  infants 
aragonaLs  Pierre  et  Jacme  %  plus  ardents  que  leur  père 
et  comprenant  peu  sa  politique ,  entrèrent  à  main  armée 
daos  le  territoire  de  Carcassonne  ;  saint  Louis  envoya 
des  ambassadeurs  au  roi  d'Aragon  pour  se  plaindre  de 
ces  hostilités,  que  n'avait  point  précédées  une  décla- 
ration do  guerre  ;  les  seigneurs  de  la  sénéchaussée  furent 
convoqués,  les  milices  communales  mises  sur  pied  ,  mais 
Jacme  rappela  tout  à  coup  les  infants  et  leurs  troupes  '. 

*  Voy.  n.Yaissète,  HisLdeLang.,  Ilv.  XXVI,  cbap.  xxxv.  Nous 
avons  déjà  parlé  du  défi  adressé  au  roi  d^Âragon  par  Amalric,  vicomte 
de  Narbonneet  vassal  de  la  Castille. 

*  L'infant  Jacme  n'élait  âgé  que  de  quatorze  ans. 

»  Voy.  I>.  Vaîasètc,  Hist.  deLang.^ïiv,  XXVI,  chap.  xxxv, et  Preuves, 
t.  m  ,  éd.  in-^,  n*  cccxxui. 


312 


LITRE  lu ,  GHàPITlE  H 


Le  roi  d'Aragon  désirait  arriver  par  des  voies  pacifi- 
ques aa  règlement  de  ces  difficultés;  de  son  côté,  saint 
Louis  ne  tenait  pas  moins  à  éviter  une  rupture.  Sa 
scrupuleuse  loyauté  conservait  quelques  doutes  sur  la 
légitimité  des  moyens  employés  pour  assujettir  à  la 
France  des  pays  ayant  appartenu  à  la  maison  de  Barce- 
lone. Les  négociations  furent  reprises  ;  on  parla  de  ci- 
menter par  un  mariage  Taccord  des  deux  familles  sou- 
veraines de  France  et  d'Aragon  ;  en  effet ,  au  mois  de 
mars  1258 ,  Jacme ,  se  trouvant  à  Tortose ,  nomma  pour 
ses  ambassadeurs  auprès  du  roi  de  France  :  Arnaud , 
évéque  de  Barcelone;  Guillem,  prieur  de  Sainte-Marie- 
de-Corneillan  \  et  Guillem  de  Roquefeuil,  son  lieutenant 
à  Montpellier,  en  les  autorisant  à  transiger  avec  saint 
Louis  sur  les  questions  qui  divisaient  les  deux  princes, 
et  à  conclure  le  mariage  d'Isabelle ,  fille  du  roi  d'Aragon, 
avec  Philippe,  deuxième  fils  du  roi  de  France.  Cette 
union  ne  devait  toutefois  être  célébrée  que  lorsque  l'io- 
fante  aurait  atteint  l'âge  de  douze  ans. 

Les  ambassadeurs  aragonais  trouvèrent  Louis  IX  à 
Corbeil ,  où  fut  signé  le  double  traité  qui  devait  faire 
asseoir  sur  le  trône  de  France  une  princesse  de  la  race 
des  Wifred  et  des  Ramon  Berenguer,  mais  qui  refoulait  à 
jamais  ati  delà  des  Pyrénées  la  souveraineté  de  la  maison 
de  Barcelone. 

Deux  mois  plus  tard ,  l'évéque  Arnaud  ,  le  prieur  de 
Corneillan  et  Guillem  de  Roquefeuil  étaient  de  retour  à 
Barcelone,  accompagnés  de  Raymond  Gaucelin ,  seigneur 
de  Lunel,  qui  s'était  trouvé  à  Corbeil,  et  parait  avoir 
reçu  du  roi  de  France  la  mission  de  faire  ratifier  le  traité 


*  Le  château  et  le  village  de  Corneillan  faisaient  partie  des  anciens 
domaines  de  Trencayel;  ils  étaient  situés  dans  le  diocôsa  de 
Béziers. 


TBAITB  DE  COBBEIL  313 

parle  roi  d*Aragon.  Le  16  juillet  1258,  Jacme  confirma 
ce  qai  avait  été  concla  par  ses  ambassadaurs,  et,  poussant 
jasqu*an  bout  le  désintéressement  dont  il  avait  fait  preuve 
dans  toute  cette  affaire,  il  céda  de  son  plein  gré,  par  un 
mouvement  de  galanterie  chevaleresque ,  tous  les  droits 
qu*il  avait  sur  la  Provence,  à  la  reine  de  France ,  Mar* 
guérite ,  sa  cousine  ^  Dès  lors  les  monarques  aragonais 


*  Le  traité  de  Corbeil  et  ses  annexes  sont  conservés  aux  archives 
de  TEmpire  (carton  J,  587).  Ces  pièces  sont  au  nombre  de  sept  : 

l<»  La  procuration  du  roi  d* Aragon  à  ses  ambassadeurs  pour  régler  ' 
ses  différends  avec  le  roi  de  France,  donnée  àTortose  le  2  des  ides  de 
mars  4257  (U  mars  1258)  ; 

^  Le  traité  principal,  dit  traité  de  Corbeil ,  renfermant  le  texte  de 
la  procuration  qui  précède,  et  conclu  le  5  des  ides  de  mai  (t  t  mai) 
4258; 

3o  fji  ratification  de  ce  traité  par  le  roi  d'Aragon  à  Barcelone  le  47 
des  kaiendes  d'août  (16  juillet)  4258  ; 

40  La  procuration  donnée  par  le  roi  d'Aragon  à  ses  ambassadeurs, 
pourconclure  le  mariage  de  Pinfante  Isabelle  avec  le  fils  de  Louis  IX; 
mars  4258; 

&>  Le  traité  de  mariage  entre  Philippe  de  France  et  Isabelle 
d'Aragon,  conclu  à  Corbeil  a  le  samedi  veille  delà  Pentecôte  de  l'an 
4258  »  ; 

6«  La  ratification  de  cet  acte  par  le  roi  d'Aragon  ;  16  juillet  4258  ; 

70  La  renonciation  du  roi  d'Aragon  à  ses  droits  sur  la  Provence  en 
faveur  de  Marguerite,  reine  de  France  ,  sa  cousine;  Barcelone,  le 
46  des  kaiendes  d'août  (47  juillet)  4258. 

Nous  publions  dans  nos  Pièces  justificatives  (n**  X.  XI et XII)  le  pre- 
mier, le  deuxième,  le  cinquième  et  le  septième  de  ces  documents. 
On  a  imprimé  plusieurs  fois  en  France,  non  pas  le  traité  de  Corbeil 
lui-même,  mais  seulement  sa  ratification  par  le  roi  d'Aragon,  qui 
répèle  du  reste,  à  peu  de  choses  près,  les  clauses  du  traité.  (  Voy. 
Catel,  Mémoires  sur  V histoire  du  Languedoc,  p.  29,  et  Marca  his- 
panica,  col.  4444.)  L'importance  de  cette  transaction  entre  saint 
Louis  et  Jacme  I*'  nous  engage  à  en  donner  le  texte  complet,  d'après 
la  c^pie  qui  existe  aux  archives  d'Aragon,  et  que  D.  Prospère  de 
Bofamll  a  insérée  dans  sa  Coleccion  de  do^^menios  ineditos  del 
arehivo  de  la  corona  de  Aragon,  Le  traité  de  mariage  de'Philippe 
de  France  et  de  l'infante  Isabelle  se  trouve  dans  le  Spieilegiumûe 


314  LiTK  m ,  cHAPirm  n 

n'eoreDt  plus  an  nord  du  RoussilloD  que  te  seigttMiie 
de  MoDtpellier  et  la  suzeraineté  de  la  vteomté  de  Cariât» 
droit  de  peu  de  valeur  que  Jacme  se  réseru,  ooasnesavws 
dans  quel  intérêt  \ 

Le  traité  de  Corbeil  a  été  diversement  apprécié.  Lon 
de  la  réunion  momentanée  de  la  Catalogne  à  la  France , 
sous  le  régne  de  Louis  XIII ,  plusieurs  écrivains  français, 
préoccupés  de  trouver  des  arguments  en  faveur  de  leur 
pays ,  attaquèrent  cette  transaction  avec  une  sorte  d*achaf  • 
nement;  Tun  d'eux  essaya  de  démontrer  la  fausseté  de 
l'acte  de  1258  '  ;  an  autre  assura  que  le  traité  était  préju- 
diciable à  la  couronne  de  France  et  le  déclara  nul,  parce 
que,  dit-il,  il  avait  été  conclu  sans  le  consentement  des 
États  du  royaume  *  ;  on  prétendit  encore  qoe  les  clauses 
n*en  avaient  jamais  été  exécutées^.  Ces  opinions  obtin- 
rent d*abord  quelque  crédit;  la  saine  critique  du  béné* 
dictin  Vaisséte  en  a  fait  justice  %  et  il  serait  siiperfla  de 
les  discuter  aujourd'hui  ;  mais  ce  qui  n'est  pas  sans  im- 


d'Acbery  (éd.  in•^,  1. 111,  p.  634);  nous  le  donnons  d'apràs  l'< 
conservé  aux  archives  d'Aragon.  Le  premier  des  documents  wnm* 
lionnes  ei-dessoi  a  été  publié  par  D.  Vaisséte  (Hist.  êe  LÊa^^t  éd.  ii- 
^,  t.  m,  Preuve  n»  cccxxyu.)  On  le  trouvera  dans  le  préambule  du 
traité.  (Pièces  ju&tiflcatives»  n*  X.)  Nous  remarquerons  ^  ceoime  1^ 
déjà  fait  le  savant  historien  du  Languedoc ,  que  Zurita^  MaricM , 
Ferreras,  Biluze,  Gariel,  le  P.  Daniel,  ausquels  nous  àjoulerdÉs 
Miedes  et  Diago,  ont  commis  de  graves  erreurs  a«  sujet  des  d»* 
positions  du  traité  de  Gorbcil  ei  des  cireonstances  qui  ont  wty- 
compagne  sa  conclusion.  (Voy.  Eist.de  Languedoc»  In-f*,  t. III, 
note  xxxix.) 

*  Voy.  D.  Vaisséte,  Hitt.  de  Long,,  Itv.  XXVI,  chep.  u. 

^  Louis  de  Mesplede,  jacobin,  professeur  à  TufiivorsHé  da  Gaherg, 
dans  sa  GolUa  vtndtcafa,  4643. 

'  P.  de  Ga.<eBeuve,  la  Catalogne  française ,  4644. 

^  Geseneuve,  la  Caêahgnê  française;  FiHeau  de  Laeliaise,  JNft.  éë 
saint  Lsuiê, 

^  Voy.  ^si.  de  Langtsedos,  éd.  in*^,  t.  111,  noie  xatxlx. 


portante  ponr  notre  SQJet,  c'est  TapprédatiM  des  droits 
rdeiproqaes  abandonnés  par  les  deaic  souverains.  Sar  ce 
point,  souvent  controversé,  nous  nous  éloignons  de  la 
manière  de  voir  du  savant  historien  do  Languedoc* 

Une  considération  générale  domine  cette  question*  Il 
est  incontestable  que,  au  XIIP  siècle,  les  pays  échangés 
par  les  deui  souverains ,  ceux  que  saint  Louis  cède  à 
Jacme,  comme  ceux  que  Jacme  abandonne  à  saint  Louis, 
appartiennent  encore  à  la  même  nationalité.  Leur  origine, 
lefor langue,  leurs  traditions,  leurs  sympathies,  les  rap- 
prochent des  comtes  de  Barcelone,  dont  ils  acceptent 
tous  également  la  suzeraineté  ou  Tinfluenee  ,  tandis  que 
tous  répugnent  à  Tunion  avec  la  France  du  Nord. 

Les  désirs  ou  les  antipathies  des  peuples  n'entrent 
pour  rien  ,  il  est  vrai ,  dans  le  droit  public  du  moyen 
âge  ;  mais  il  n'en  fallait  pas  moins  alors,  comme  toujours, 
compter  avec  la  résistance  que  ces  sentiments  opposent 
à  qui  tente  de  leur  faire  violence. 

Si  un  enchaînement  malheureux  d*événements ,  si  le 
défaut  de  chef  et  d'unité  ont  fait  plier  sous  le  joug  fran* 
çais  les  pays  de  la  langue  d'Oc  situés  entre  le  Roussillon 
et  les  Alpes ,  la  Catalogne  et  ses  dépendances  ne  peu* 
vent  craindre  le  même  sort.  Vainement  invoque^t-on  en 
faveur  de  la  France  les  droits  de  Pépin  ,  de  Charlemagne 
et  de  leurs  premiers  successeurs.  Avec  la  féodalité ,  le 
pouvoir  des  souverains  d*outre*Loire  s'est  retiré  vers  la 
Nord  ;  le  peuple  a  oublié  ces  rois  qui  ne  le  protègent 
plus  pour  se  rallier  autour  dos  comtes,  défenseurs  de  ses 
intérêts  et  de  sa  foi.  Aux  arguments  des  juristes  poli^ 
tiques,  la  Catalogne,  identifiée  à  ses  souverains  de  fait, 
peut  opposer  une  prescription  consacrée  par  des  siècles  de 
périls  et  de  triomphes  communs.  Quel  Catalan  ,.plébéien 
on  noblesse  souciait ,  au  Xlir  siècle,  desrois  de  Paris,  et 


316  LIVRE  ni ,   CHAnTRB  IX 

qael  écho  eût  troavé  dans  la  Marche  espagnole  une  re- 
vendication des  droits  périmés  de  Charlemagne  on  de 
Pépin  ? 

Qaels  que  puissent  être  les  raisonnements  des  jaris- 
consultes,  habitués  à  traiter  les  questions  politiques 
comme  de  pures  contestations  d'intérêt  privé ,  il  est  cer- 
tain  qu*en  abandonnant  toute  prétention  sur  les  neuf 
comtés  de  Barcelone ,  Urgel ,  Besalu ,  Roussillon  ,  Am- 
purias,  Cerdagne  ,  Gonflent,  Girone  et  Ausone  ,  saint 
Louisne  renonçai  ta  aucun  droit  qui  eût  conservé  quelque 
valeur;  il  enlevait  seulement  à  ses  successeurs  un  de  ces 
mille  prétextes  que  les  rois  ont  toujours  à'  leur  disposi* 
tion  pour  masquer  les  véritables  motifs  d'une  déclaration 
de  guerre. 

Quant  aux  droits  cédés  par'  Jacme  au  roi  de  (France , 
ils  émanaient  de  sources  diverses.  Sur  le  comté  de  Tou- 
louse et  de  Saint-Gilles,  comprenant  leRonergue,  le 
Quercy,  le  duché  de  Narbonne  et,  en  outre,  TAgenois 
et  le  marquisat  de  Provence  ,  omis  dans  le  traité  ,  les 
prétentions  du  roi  d'Aragon  étaient  à  peu  prés  sans  autre 
fondement  que  les  relations  créées  entre  la  maison  de 
Barcelone  et  celle  de  Toulouse  par  une  communauté 
d'intérêts ,  et  cimentées  par  des  mariages  et  des  al- 
liances. 

Les  vicomtes  de  Béziers ,  Agde ,  Nîmes ,  AIbi ,  Car- 
cassonne  et  Rèdes  ;  le  Lauraguais  ,  le  Termenois ,  le  Mi- 
nervois  et  le  pays  de  Sault,  relevaient  du  roi  d'Aragon 
en  vertu  des  anciens  droits  de  sa  famille  et  de  divers  hom- 
mages rendus  par  les  Trencavel ,  seigneurs  de  ces  pays. 
Mais,  d'une  part,  Raymond  Trencavel  II  avait  cédé  à 
saint  Louis  ce  qu'on  appelait  en  droit  féodal  le  domaine 
utile,  c'est-à-dire  les  droits  de  propriétaire  immédiat; 
d'un  autre  côté ,  la  souveraineté  du  roi  de  France  sur 


TRAITS  DE   GORBEIL  !^17 

ces  pays  était  dÂfficile  à  contester.  Jacme  se  trouvait  doDC 
à  la  fois  suzerain  de  Louis  IX  ,  eu  tant  que  ce  dernier 
représentait  le  vicomte  Trencavel ,  mais  vassal  du  roi 
de  France  »  souverain  du  pays.  Celte  position  singu- 
lière, résultat  de  la  théorie  féodale ,  n'avait  aucun  avan- 
tage pratique  pour  le  roi  d* Aragon. 

Les  pays  de  Fenoillédes  et  de  Pierre-Pertuse  ^  avec  les 
chàtellenîes  de  Queribus  \  Puy-Laurens  et  Castel-Fisel, 
étaient  d'anciennes  possessions  de  la  maison  de  Barce- 
lone *,  jadis  cédées  en  fiefs  au  vicomte  de  Narbonne  et  au 
comte  de  Foix;  mais  Jacme  n'en  conservait  pas  moins  la 
souveraineté  sur  ces  domaines. 

En  Gévaudan,  les  rois  d'Aragon  n'avaient  possédé  que 
la  vicomte  de  Grèzes  ou  de  Gévaudan  %  distincte  du  comté 
de  ce  nom.  Cette  vicomte,  de  même  que  celle  de  Millau 
en  Rouergne,  avait  été  engagée,  comme  on  le  sait,  par  le 
roi  Pierre  II  au  comte  de  Toulouse  Raymond  YI,  et  Jacme 
se  croyait  en  droit  d'en  revendiquer  la  possession  sur 
Alfonse  de  Poitiers. 

Enfin  le  comté  de  Foix,  mentionné  dans  le  traité  de 
Corbeil,  ne  figure  ni  dans  la  procuration  donnée  par  le 
roi  d'Aragon,  ni  dans  la  ratification  du  traité  ^.  Evidem- 
ment les  ambassadeurs  aragonais  avaient  en  ce  point 
outrepassé  leurs  pouvoirs.  Jacme  refusa  d'approuver  cette 
partie  de  la  transaction,  et  conserva  intacts  ses  droits  ou 

*  KeerbuZy  dans  le  traité  de  Corbeil. 

*  Voy.  notre  tome  I,  Introd.,  p.  48  et  54. 

*  Credona  et  vioe-comitatus  credonensis  ,  dans  le  traité  de  Cor- 
beil. Les  noms  de  Gavaldanum  et  comitatus  Gavai  dani  ou  Gtiial- 
dantf  désignent  évidemment  la  vicomte  de  Grczes,  la  maison  de  Bar- 
celone n'ayant  jamais  eu  aucun  droit  sur  le  cumlé  de  Gévaudan. 

*  Le  préambule  seul  de  cette  ratification  mentionne  par  erreur, 
sans  doute,  le  comté  de  Foix. 


SIS  unte  m,  CBirme  ix 

ses  prétenUons  sur  le  pays  de  Foix,  qui  sera  bientôt  Poe- 
casion  de  nouveanx  différends  aTec  la  France . 

A  les  considérer  dans  leur  stricte  taleur,  les  droite 
auxquels  le  roi  d*AragoD  renonçait  n'étaient  guère  supé* 
rieurs,  on  le  Toit,  à  ceux  qu'abandonnait  saint  Louis. 
Mais  Jacme  pouvait  inToquer  autre  chose  que  des  argu- 
neutB  de  légiste  :  il  avait  pour  lui  les  aspirations  et  les 
sympathies  decettenation  méridionale  mutilée,  agonisante 
«t  rédamant  encore  un  chef  pour  la  mener  au  combat. 

Joignez  aux  pays  mentionnés  par  le  traité  de  Corbeil 
le  comté  de  Provence,  héritage  légitime  de  la  maison  de 
Barcelone,  en  vertu  de  la  loi  féodale,  et  vous  verrez 
jusqu'où  s'étend  sous  lacme  I**  l'ioâuence  aragonaise  sar 
la  terre  de  France.  A  l'est,  elle  n'est  arrêtée  que  par  les 
Alpes;  i  l'ouest,  elle  franchit  le  cours  de  la  Garonne  ;  au 
nord,  elle  s'avance  jusqu'aux  montagnes  du  Vetay,  de 
l'Auvergne  et  aux  rives  de  la  Dordogne.  Plus  dedix-sept 
de  nos  départements  actuels,  parmi  lesquels  quelques-uns 
des  plus  riches  et  des  plus  peuplés,  sont  compris  dansces 
limites.  Ces  pays,  qui  attendaient  un  signal  parti  de  Bar- 
celone pour  se  soulever  contre  leurs  dominateurs,  sont 
cédés  gratuitement  par  celui  qu'ils  regardent  comme  leur 
suzerain. 

Le  fils  du  vaincu  de  Muret  ne  trahissait  point  cepen- 
dant la'caase  pour  laquelle  sou  pêne  avait  perdu  la  vie. 
Les  conditions  d'existence  des  nations  étaient  changées 
depuis  qu'un  pouvoir  central,  chaque  jour  plus  fort, 
exerçait  son  action  sur  des  peuples  que  leur  position 
géographique  rapprochait  de  lui.  Avec  la  décadence  de  la 
féodalité,  les  frontières  naturelles,  ces  limites  que  la  Pro- 
vidence semble  avoir  tracées  aux  empires,  reprennent 
toute  leur  importance.  Jacme  te  comprenait-il?  Nous 
n'oserions  l'affirmer;  mais  il  pressentait  du  moins  qu'en 


appeler  au  armes  après  avoir  tu  sa  politiqae  échoaer  par 
lia  iCOQtiOQrs  d^événemaots  proyideotiels,  c'était  jeter  les 
pays  de  la  langue  d*Oc  daas  des  luttes  sauglaotes  et  sans 
issue. 

A  cet  avenir  de  désastres  certains  et  d'avantages  dou- 
teux*  il  préféra  Taiailié  d*un  puissant  voisin,  le  maintien 
de  sas  droits  seigneuriaux  sur  Montpellier,  la  paix  de  ses 
vassaux  et  de  ses  compatriotes^.  L*acte  arrêté  i  Corbeil, 
échange  de  droits  à  peu  près  illusoires,  n'est  au  fond  que 
la  renonciation  de  Jacme  au  rôle  de  souverain  du  Midi  ; 
la  cession  de  la  Provence  le  complète  et  le  caractérise; 
c'est  une  abdication  et  non  pas  un  traité. 

Les  paysde  Provence  et  de  Languedoc  furent  consternés 
en  se  voyant  abandonnés  sans  retoar  aux  Français;  c'est 
alors,  sans  doute,  que  Bernât  Sicart  de  Marjévols  ou  de 
Marvéjols  disait  avec  tristesse  :  «  Partout  où  je  me  tourne, 
j'entends  la  courtoise  gent  qui  crie  humblement  aux 
Français  :  Sire  !  Et  les  Français  ont  merci  pourvu  qu'ils 
voient  des  présents,  car  ils  ne  connaissent  pas  d'autre 
droit.  Hélas!  Toulouse  et  Provence,  terre  d'Âgen,  de 
Béziers  et  de  Carcassonne,  qui  vous  vit  jadis  et  qui 
vous  voit  aujourd'hui  ! 

>  Ainsi  que  l'oiseau  sauvage  fait  entendre  son  chant 
pendant  la  tempête,  ma  résolution  est  de  chanter  désor- 
mais ;  car  la  noblesse  s'en  va  reculant,  les  bonnes  races 
sont  déchues  et  abâtardies  ;  l'iniquité  grandit  et  les  barons 
radoteurs,  trompeurs  et  trompés,  laissent  derrière  enx 
la  valeur  et  font  marcher  le  déshonneur  en  avant.  Le 
riche  lâche  et  méchant  recueille  un  mauvais  héritage  ^  » 

*  Yoy.  Rùynomrd,  Choix  de  poésies  des  Troubadours^  t.  IV,  p.  491; 
Milà,  de  los  Trovadores  en  Espana,  p.  482  ;  Hist.  litt,  de  la  France^ 
t.  XVII,  p.  590.  —  Quelques  auteurs  croient  que  ce  sirvente  fut 
composé  pendant  la  croisade  contre  les  Albigeois. 


320  LiniB  III ,  GHAPITRB  IX 

La  nation  méridionale  est  morte  sans  retour.  C'est  ea 
vain  que  la  Provence  essayera,  sous  la  maison  d*AnjoQ, 
d*an  semblant  d'indépendance,  dont  le  sonvenir  entou- 
rera d*one  auréole  de  popularité  la  mémoire  du  bon 
roi  René;  c* est  en  vain  que  Tesprit  national  égaré,  per- 
verti se  manifestera  encore  en  Languedoc  après  plu- 
sieurs siècles;  rien  ne  peut  plus  s'opposer  à  l'union  de 
la  France  du  Nord  et  de  la  France  du  Midi,  union  len- 
tement, péniblement  opérée,  sans  doute,  mais,  grâces 
à  Dieu,  complète  et  indissoluble. 


i 


LIVRE  QUATRIÈME 


DERNIÈRES  ANNÉES   DE  JACME   (1258  à  1276; 


CHAPITRE  PREMIER 

Politique  du  roi  d'Aragon  après  le  Uaité  de  Corbeil.  —  Événements  i  l'in- 
térieur. —  Projets  sur  l'Italie.  —  Mariage  de  l'infant  Pierre  avec  Con. 
stance  de  Sicile.  —  Mort  de  l'infant  Alfonse.  —  Nouveau  partage  des 
Etats  aragonais  —  Différends  avec  le  roi  de  Castille.  —  Révolte  des 
Sarrasins  de  l'Andalousie  et  du  royaume  de  Murcie.  —  Le  roi  de  Cas- 
tille implore  le  secours  du  roi  d'Aragon.  —  Préparatifs  de  l'expédition. 

'  —  Goris  à  Barcelone.  —  Certes  à  Saragosse.  —  Révolte  de  la  noblesse 
aragonaise.  —  Proclamation  de  l' Union.  •—  Certes  et  fucro  d'Exea. 

Eq  resserrant  les  limites  dans  lesquelles  son  autorité 
effective  devait  s*exercer,  le  roi  d*ÂragoD  avait  étendu 
ses  relations  avec  les  souverains  de  la  chrétienté.  Il  était 
entré  plus  intimement  dans  la  grande  famille  des  princes 
de  l'Europe ,  au  moment  où  les  rapports  internationaux 
se  formaient,  où  la  diplomatie  se  créait^  où  naissait  une 
nouvelle  politique  qui  faisait  pressentir  le  futur  équilibre 
earopéen . 

T.  IL  21 


322  LITRE   IV,    CHAPITRE   I 

Il  n'importait  pas  moins  à  Jacme  d'assurer  à  sa  maison 
le  droit  d'intervenir  dans  les  conseils  des  soaverains.qae 
de  raffermir  son  pouvoir  sur  les  pays  irrévocablement 
soumis  à  son  sceptre. 

Préoccupé  de  ce  dernier  soin ,  il  se  hâte  de  faire  re- 
naître  l'ordre  à  Montpellier  en  acceptant  la  soumission 
de  ses  vassaux  ,  à  la  considération  «  de  son  cher  ami 
Louis  y  illustre  roi  des  Français^  >  ;  il  fait  appel  aux 
sentiments  d'équité  du  saint  roi  de  France  pour  repousser 
une  première  attaque  du  sénéchal  de  Beaucaire  contre  sa 
juridiction  sur  sa  ville  seigneuriale';  il  maintient  le$ 
droits  de  son  fils  Alfonse  sur  certaines  villes  de  l'Aragon, 
après  l'avoir  fait  reconnaître ,  selon  sa  promesse,  ponr 
héritier  du  royaume  de  Valence*;  il  tient  tête  aux  barons 

*  Une  amnistie  générale  fut  proclamée,  le  40  décembre  4258,  par 
Jacme  en  personne ,  revenu  à  Montpellier  «  après  s'être  longtemps 
abstenu  d-y  rentrer.  »  Le  texte  de  la  charte  d'amnistie  a  été  publié 
par  M.  Germain.  (Mis t.  de  la  commune  de  ifoni^Lier  ,  t.  II,  Piéees 
justificatives,  p.  334.)^  «En  Tan  de  M  e  GGLVIIL  el  mes  de  décem- 
bre, dit  la  chronique  du  Petit  Thalamue,  fon  fâcha  la  composition 
entrel  rey  d'Aragon  en  Jacme  e  la  vila  de  Montpeyler  per  lo  fag  de 
las  mealhas  de  Latas.  » 

*  Le  sénéchal  de  Beaucaire  et  Nîmes  avait  interdit  aux  sujets  du 
roi  de  France  de  porter  des  vivres  à  Montpellier.  D.  Vaissète  veut 
voir  danscetle  prohibition  rindicc  do  nouveaux  différends  eiitie  saint 
Louis  et  Jacme.  Le  document  sur  lequel  le  savant  bénédictin  appuie 
celte  assertion  prouve  au  contraire  que  le  roi  de  France  n'était  pour 
rien  dans  les  actes  d'hostilité  du  sénéchal.  (Voy.  Hist.  de  Lang,^ 
liv.  XXVI,  chap.  xu,  et  Pr.  du  t.  111,  éd.  io-i^,  n»  ccgxxxiO  C'est 
là,  croyons-nous,  le  commencement  d'un  conflit  de  juridiction  dont 
nous  aurons  à  parler  bientôt. 

*  Voyez,  dans  les  Analee  de  Zurita  (llb.  Hl,  cap.  S7),  une  lettre  de 
Jiacme  \r  à  son  fils  Alfonse ,  au  si\iei  de  difficultés  survenues  eotfe 
l'infant  el  les  chefs  de  la  maison  de  Luaa  (26  février  4259J.  Quant  aa 
serment  qui  fut  prêté  en  4257  par  les  habitants  du  royaume  de  Va- 
lence au  fils  at  né  du  roi  d'Aragon,  il  e^  ooMaié:  i*parlediMNUMiit 
no  53,  f<>  xTu  des  Privilèges  de  Valence  ;  V  par  la  lettre  m^  la  W 


catalans  révoltés  sous  la  conduite  du  turbulent  vicomte 
de  Cardona,  pour  une  prétendue  violation  des  lois  féo- 
dalas  an  préjudice  du  comte  d'Urgel  *  ;  il  favorise  enfin 
eo  Aragon  la  création  d*une  hermandiid  (confrérie),  asso- 
ciation dont  le  but  était  d*obliger  les  habitants  des  villes 
et  des  villages  à  se  prêter  un  mutuel  appui  pour  arriver 
i  Tei^tioclion  du  brigandage  et  des  guerres  privées*. 

A  l'étranger,  Jacme,  sans  craindre  d*offenser  le  juste 
et  loyal  Louis  IX,  embrassait  la  cause  de  la  maison  de 

éorivit  à  ce  sujet  au  prince  Alfonse,  et  qui  a  été  publiée  dans  la  col- 
lection des  documents  inédits  des  archives  d'Aragon  (t.  Vl,  p.  426J , 
diaprés  le  brouillon  ou  la  copie  originale  conleuue  dans  les  regis- 
tres de  cbancellerie  de  ce  dépôt  (Ueg.  IX,  f»  34)  ;  3*  par  la  formule 
de  œ  serment  qui  se  trouve  au  f"»  3  du  reg.  X  des  mêmes  archives. 

*  Mous  donnons  dans  nos  Pièces  justificatives  (n»  XIII)  une  réponse 
du  roi  à  la  lettre  par  laquelle  le  vicomte  de  Cardona  lui  signifiait 
^U$equiUaU  delui.  Jacme  propose  de  faire  décider  la  contesta- 
tion par  une  assemblée  de  riclis  homens. 

*  On  a  quelquefois  rapporté  à  la  môme  époque,  en  en  faisant  éga*- 
ment  honneur  aux  communes ,  la  création  de  Vhermandad  et  celle 
éesjuntas.  C'estuneerreur.  Dans  les/'a€r(Mde[Iuescade  4247,  il  est 
question  des  ;unto5  comme  d'une  in>tilution  existant  déjà  depuis 
longtemps;  mais  la  faiblesse  du  pouvoir  royal  ne  pouvait  en  assurer 
le  funclionncment  régulier,  c  est  alors  que  l'iniliaiive  privée  Inter- 
vint et  que  les  habilants  des  villes  s'engagèrent  les  uns  envers  les 
autres  àà'aider  pour  la  repression  du  brigandage  et  le  maintien  de 
Tordre  public.  Nous  avons  parlé  ùeijuntas  à  propos  de  Torganisa- 
tian  judiciaire  de  TAragon  eidu  royaume  de  Valence.  En  tant  que 
divisions  administratives,  elles  étaient  remplacées  en  Catalogne  et 
dans  le  comté  de  Kibagorza  par  dos  vigueries.  Jacme  voulant ,  sans 
doute,  faciliter  la  création  d'une  hermandad  en  Catalogne ,  avait 
orduoné,  en  4257,  à  tous  les  paysans  des  environs  de  Barcelone, 
d'avoir  chez  eux  une  arbalète  avec  cent  traits  ou  bien  une  lance  et 
une  épée  pour  se  défendre  mutuellement  contre  les  malfaiteurs.  Une 
amende  était  infiigée  à  celui  qui  refusait  d'aller  au  secours  d'un 
voî>ifi  attaqué.  (Voy.  archives  de  la  couronne  d'Aragon,  reg.  IX, 
f"  44  et  Coleecion  de  doeumentos  ineditos  del  archiva  de  la  corona  de 
Aragon^  X.  Yi,p.  424.) 


524  LIVRE  !▼  «    CBAPITEE  I 

Savoie  contre  les  villes  du  PiémoDt  révoltées,  dont  Charles 
d*Anjou  cherchait  perfidement  à  s'attribuer  la  seigoeorie. 

La  maison  de  France  et  la  maison  d*Aragon  se  relroa- 
valent  donc  en  présence  sur  un  nouveau  terrain.  LItalie, 
terre  arrosée  de  tant  de  sang,  allait  être  le  théâtre  de  ce 
drame,  dont  le  premier  acte,  obscurément  commencé 
sous  les  murs  d*Asti,  devait  finir  au  son  lugubre  de  la 
cloche  des  vêpres  siciliennes. 

Des  projets  ambitieux  s'étaient  emparés  de  Pesprit  du 
Conquistador.  Il  rêvait  de  faire  tourner  au  profit  de  sa 
race  la  Intte  gigantesque  de  la  Papauté  et  de  la  maison 
de  Souabe.  L'Aragon  et  la  Castille  semblaient  vouloir 
se  partager  ladjpouille  des  HobenstauTen;  tandis  qu'Ai- 
fonse  X,  séduit  par  Téclat  du  diadème  impérial,  essayait 
de  se  faire  accepter  comme  successeur  des  Césars  d'Aile* 
magne,  Jacme  prenait  ses  mesures  pour  assurer  à  sa 
famille  ,  dans  un  avenir  plus  ou  moins  prochain ,  la  partie 
italienne  de  l'héritage  de  Frédéric  II.  C'était  la  meillenre 
part  et  la  plus  accessible:  l'avenir  le  prouva,  en  réalisant, 
au  moins  en  partie,  le  rêve  du  grand  monarque  de 
TAragon. 

Au  moment  où  nous  sommes  parvenus,  le  trône  des 
Deux-Siciles  était  occupé  par  le  bâtard  Manfred  ,  prioce 
impie  et  dissolu,  mais  brillant,  chevaleresque,  «vivant 
de  la  manière  la  plus  magnifique. . . .  grand  dans  ses 
actions  et  dans  sesdépensesV  >  Le  Saint-Siège  poursuivait 
en  lui  «  la  race  de  vipères  >  des  Hohenstaufen ,  et  cher- 
chait dans  la  chrétienté  un  prince  disposé  à  accepter  le 
don  périlleux  du  royaume  des  Deux-Siciles.  Pourquoi 
ce  prince  ne  serait-il  point  de  la  famille  d'Aragon,  si 
dévouée  à  la  Papauté ,  si  redoutée  des  Sarrasins  amis 

*  Chronique  de  Ramon  Muntaner,  cbap.  xi. 


PROJETS  SUR  L'ITALIE  325 

de  Frédéric  et  de  Mânfred?  Mais  il  était  pradent  de 
donner  one  apparence  de  légitimité  à  cette  substitution 
aux  yeux  des  partisans  de  la  maison  deSouabe,  et  rien 
06  pouvait  mieux  servir  un  pareil  projet  que  le  marifige 
dd  l'infant  Pierre  d'Aragon  avec  Constance ,  fille  de 
Manfred  et  de  Béatrix  de  Savoie.  Les  relations  d'ami  lié 
que  Jacme  avait  eu  le  soin  de  nouer  avec  le  comte  de 
Savoie  contribuèrent  certainement  à  faciliter  la  négo* 
ciation  de  cette  affaire. 

La  politique  matrimoniale  de  la  maison  de  Barcelone 
ne  se  démentait  pas  en  cette  occasion.  Après  avoir  choisi 
pour  gendre  le  catholique  roi  de  Castille  et  le  saint  roi 
de  France,  s'allier  à  Manfred  le  bâtard,  à  Manfred 
Texcommunié,  ce  n'était  point  une  monstrueuse  incon- 
séquence, mais  bien  un  acte  d'habile  politique,  qui  faisait 
entrevoir  à  l'Italie,  au  Saint-Siège,  à  Manfred  lui-même, 
'apaisement  d'une  lutte  formidable  dans  l'avènement  au 
trône  des  Deux-Siciles  d'un  descendant  des  pieux  mo- 
narques de  l'Aragon. 

En  juillet  1260,  les  ambassadeurs  de  Manfred  arri- 
vèrent à  Barcelone,  et,  le  28  du  même  mois ,  le  traité 
de  mariage  fut  conclu^  au  grand  scandale  de  la  chré- 
tienté. Alfonse  X,  le  premier,  écrivit  à  son  beau-père  et 
lui  envoya  un  de  ses  ricos  Iwmes  pour  le  dissuader  d*une 
pareille  alliance*.  A  ce  blâme  ,  Jacme  opposait  le  désir 
de  Manfred  de  rentrer  en  grâce  auprès  du  Saint-Siège. 
Sur  ces  entrefaites,  Urbain  iV  monta  sur  le  trône  pon- 

*  Archives  de  la  couronne  d'Araq^on,  Parchemins  de  Jacme  !•' ,  ii®» 
4619  et  1620  ;  Cohccion  de  docamenios  inedUos,  t.  VI,  p.  151. 

«  Parla  mômeleUre,ie  roi  de  Camille  ilûsapproiive  un  projet  de 
voyage!  oulre-m  t  dont  Jacme  lui  avait  parlé.  Ce  document  se  trouve 
aux  archivci  d'Aragon,  Parchemins  de  Jacme  I",  n*»  4630.  —  Il  a  été 
publié  dans  la  collection  des  documents  inédits  deces  archives,  t.  VI| 
p.  133. 


826  uTife  IV  9  cHAfmt  I 

tifical,  6t  le  roi  d*Aragon  envoya  à  Rome  Ramoft  dé 
Penyafort  pourobteDirle pardon  da bâtard  de FrédéricH. 
Le  Souverain  Ponlife  se  montra  inexorable.  L*Egli€e, 
répondit  Urbain,  a  pardonné  plusieurs  fois  à  Manfrêd 
et  toujours  il  est  retombé  dans  ses  crimes;  comme  bâtard^ 
il  est  indigne  de  porter  le  sceptre;  comme  rebelle,  dé* 
baucbé,  meurtrier,  oppresseur  de  TEglise,  complice 
des  Sarrasins,  traître  à  sa  tamille,  il  ne  mérite aucone 
pitié.  Que  le  roi  d^Aragon  ,  ajoute  le  Saint^Père ,  prenne 
bien  garde  de  souiller  la  pureté  de  son  antique  et  glo- 
rieuse race  par  une  alliance  avec  un  prince  frappé  de$ 
anathëmes  de  l'Eglise,  et,  après  avoir  combattu  dès 
ses  jeunes  années  les  ennemis  de  la  foi ,  de  rechercher 
maintenant  leur  faveur  et  leur  amitié  V 

Les  instances  du  chef  de  la  chrétienté  ne  purent 
modifier  les  résolutions  du  souverain  aragonais ,  mais 
elles  firent  naître  des  scrupules  dans  la  conscience  de 
saint  Louis,  et  il  fut  question  un  instant  de  rompre  le 
mariage,  non  encore  célébré,  de  Philippe  de  France  avec 
rinfanle  Isabelle.  Jacme  leva  cette  nouvelle  difficulté  eo 
déclarant  que  Tnnion  projetée  entre  Tinfant  Pierre  et  U 
fille  de  Manfred  ne  cachait  aucune  arrière-pensée  hostile 
à  TEglisede  Rome  ou  au  roi  de  France*. 

Saint  Louis  rassuré  consentit  au  mariage  de  son  fils , 
et,  au  mois  de  mai  1262,  la  princesse  Isabelle  d'Aragon, 
qui  atteignait  sa  douzième  année,  épousa,  à  ClermontfD 
Auvergne ,  le  prince  Philippe  de  France ,  devenu  héritier 


*  Voy.  la  leUre  d'Urbain  IV  dans  les  AnnaUt  eceles.  de  Baynaldi, 
adann.  4262,  n<^9à  45. 

*  Voy.  Raynaldi,  Annaleê  eoeleê.,  ad  ann.  4SC2,  m»  46  et  47.  —  U 
déclaration  du  roi  d^Aragon  est  conservée  aux  archives  de  Tenipiret 
carton  J,  587. 


MARIAGB  JDE   h'rSVAfn  PIERRE  329 

delà  cooroooe  par  la  mort  de  Loais*  sanfràre  alné^ 
Le  mois  suivant ,  «  se  trouva  à  Montpellier  le  roi 
d*Aragon  enJaume  avec  grande  chevalerie»  Tiofant^n 
Pierre,  Tinfant  en  Jaume  et  leur  sœur  madame  Marie« 
qui  était  fille  et  des  plus  belles  femmes  du  monde;  U 
cour  fut  moult  grande  et  ri^he^  »  La  fille  de  Maofred 
venait  de  débarquer  au  port  de  Lattes,  accompagnée  de 
Boniface  d*Ângiano ,  comte  de  Montalban,  oncle  de 
Hanfred ,  et  des  ambassadeurs  que  le  roi  d* Aragon  avait 
envoyés  en  Sicile  pour  recevoir  la  princesse  des  mains 
de  son  père:  c*élaient  Fernand  Sancbez,  fils  naturel  de 
Jacme,et  le  chevalier  catalan  Guillemde  Torroella. 

Constance  de  Sicile  avait  quatorze  ans,  et  «  c'était  bieB» 
dit  Muntaner,  la  personne  la  plus  belle ,  la  plus  sage  et 
la  plus  honnête  qu*on  put  trouver.  »  Quant  au  jeune  prince 
d'Aragon ,  il  comptait ,  au  dire  du  même  auteur»  €  parmi 
les  chevaliers  du  plus  haut  et  du  meilleur  cœur  qui  furent 
jamais  an  monde  et  qui  naîtront  jamais'.  » 

Le  mariage  fut  célébré,  le  13  juin  1262,  dans  Téglise 
de  Notre-Dame-des-Tables^,  et  suivi  de  fêtes  magnifiques» 


*  Voy.  Le  Nain  de  Tilleroont,  Vie  de  saint  Louis,  chap.  cccxciv.— • 
D.  Vaissète,  Hist.  de  Long,,  liv.  XXVI,  chap.  u.  *-*  L'acte  par  lequel 
saint  Louis  constitue  le  douaire  d^lsabelle  d'Aragon  existe  aux  arcbi- 
ves  de  l'Empire  (carloii  J.  587}  et  aux  archives  d-Àragon  (Parch. 
de  Jacine  I*',  n<>  1709);  nous  le  [publions  dans  nos  Pièces  justifica- 
tives, n*3UV. 

*  Chron.  de  Bernât  d'Esolot,  chap.  li. 

3  Chron.  de  Ramon  Munlanor,  chap.  x  et  xi. 

*  r^  contrat  de  mariage  de  Pierre  d'Aragon  et  ûe  Constance  de 
Sicile  a  été  publié  par  D.  Vaissète.  {Hist.  deLâng.^  éd.  in«f»,  t.  ill, 
Pr.  n<>cccxLi.)L4n(àDt  d'Aragon  transféra  à  sa  nouvelle  épouse  la  pro- 
priété des  biens  qui  font  l'objet  de  la  donation  à  causedes  noces  en 
lui  éonnafit  un  couteau  fermé  (cultellum  fUxum).  On  trouve  aux  er* 
ehives  d* Aragon  les  actes  suivants  relatifs  à  ce  maiiiage  :  l"»  Pouvoir 
donné  à  Raymond  Gaucelin,  seigneur  de  Lunel,  parent  te  roi  et 


S28  LITBB  IV,  CHAPiniB  1 

car  Pierre  était  depnis  deux  ans  Théritier  présomptif  de 
la  couronne  aragonaise.  L^infant  Alphonse  était  mort  od 
1260 ,  au  moment  ou  venait  de  se  conclure  son  mariage 
avec  Constance ,  fille  de  Gaston  de  Honcada ,  vicomte  de 
Béarn . 

Après  Tunion  qui  venait  d*étre  bénie  dans  l'église  de 
Notre-Dame-des-Tabies ,  le  Conquistador  put  espérer 
voir  bientôt  le  sceptre  de  Tltalie  méridionale  dans  les 
mains  de  son  fils  Pierre.  Mais  on  sait  comment  Ur- 
bain IV ,  «  au  grand  dam  de  toute  la  chrétienté  >,  dit  le 
Catalan  dTsclot ,  donna  le  royaume  des  Deux-Siciles  à 
Charles  d'Anjou ,  et  comment  le  grand  Jacme  descendit 
dans  la  tombe  sans  avoir  pu  assister  au  triomphe  de  ses 
combinaisons ,  que  la  tyrannie  du  meurtrier  de  Conradin 
se  chargea  de  justifier. 

Nous  avons  parlé  de  la  mort  de  Tinfant  Alfonse;  c'est 
dire  qu'un  nouveau  partage  des  États  aragonais  devint 
nécessaire.  Pierre,  prévoyant  qu'il  aurait  à  se  plaindre 
de  cet  acte ,  mais  n'osant  pas  résister  aux  volontés  de  son 
père,  assembla  secrètement,  dès  le  15  octobre  1260, 
quelques  personnes  recommandahles  de  Catalogne  et 
d'Aragon ,  en  tête  desquelles  il  faut  nommer  le  saint  et 
docte Ramon  de  Penyafort,  et ,  en  leur  présence,  pro- 
testa contre  tout  partage  dont  le  roi  son  père  voudrait 

son  lieutenant  à  Montpellier,  pour  traiter  avec  le  roi  de  Sicile  du 
payement  de  la  dot  de  Constance  (Reg.  XI,  f»  226);  —  2«  Procura- 
tion à  Fernand  Saocbez,  fiU  du  roi,  pour  conclure  le  mariage  de 
Pierre  avec  Constance  de  Sicile,  et  Talliance  de  TAragou  et  de  la 
Sicile  contre  la  Casiille  (Reg.  XI,  f.  244);  —  3«  Déclarulioii  de  Bo- 
niface  d'Anglano  au  suj'ii  du  payement  de  la  dot  de  Con5ianoe  (Par- 
chemins de  Jacme  l*',  n«  4708)  ;  —  4«  Donation  à  cause  de  noces  el 
affectation  de  certains  domaines  à  la  garantie  de  la  dol  de  la  pria- 
cesse  de  Sicile  (/dem,  n»  Hoô);  —  5»  Modification  à  Tacte  qui  pré- 
cède (Idem^  no*  4786  et  4787). 


j 


IfOUYEAU   PARTAGE  329 

Ini  faire  jurer  l'observation,  déclarant  que,  si  un  pareil 
serment  lui  était  demandé,  il  obéirait  par  respect  pour 
son  père ,  par  crainte  de  se  voir  déshériter  ou  de  porter 
préjudice  au  royaume,  mais  qu'il  ne  se  croirait  pas- 
engagé  *. 

Ce  fut  le  21  août  1262  ,  à  son  retour  de  Montpellier, 
que  le  roi  procéda  à  un  nouveau  partage  de  ses  États:  il 
donna  à  Pierre  les  royaumes  d'Aragon  et  de  Valence , 
avec  le  comté  de  Barcelone  ;  à  Jacme ,  les  Baléares , 
Montpellier,  le  Roussillon  ,  le  Confient,  la  Cerdagne,  le 
Valespir,  Collioure  et  la  suzeraineté  de  la  vicomte  de 
Cariât.  Mais ,  en  séparant  le  Roussillon  et  ses  dépendances 
de  la  Catalogne ,  il  n'entend  pas  les  soustraire  à  l'empire 
des  lois  catalanes;  il  veut,  en  outre,  que  la  monnaie  de 
Barcelone  ait  cours  dans  ces  pays.  II  substitue  ses  fils 
l'un  à  l'autre,  et,  si  les  domaines  qui  forment  la  part  de 
l'infant  Jacme  viennent  à  passera  des  possesseurs  qui  ne 
soient  pas  descendants  mâles  du  testateur,  ils  devront 
être  tenus  en  fief  du  comté  de  Barcelone.  Pierre  perdra 
ce  droit  éventuel  de  suzeraineté  s'il  attaque  le  partage  sans 
y  être  provoqué  par  son  frère.  A  la  suite  de  ces  disposi- 
tions, les  infants  se  déclarent  satisfaits  et  promettent  de 
s'aimer  et  de  se  défendre  mutuellement  *  ;  promesse  peu 
sincère  de  la  part  de  l'ainé  deâ  deux  princes ,  qui ,  néan- 
moins ,  sut  dissimuler  son  mécontentement. 

Tandis  que  le  roi  mettait  tous  ses  soins  à  assurer  l'ave- 
nir de  ses  enfants  et  à  leur  ôter  tout  sujet  de  discorde, 
il  persistait  dans  sa  politique  de  paix  à  l'égard  des  chré- 

*  Ârch.  de  la  couronne  d'Arngon,  Parch.  de  Jacme  !•',  n*>4636; 
Colleceion  de  documentos  ineditos^  t.  Vf,  p.  455. 

•  Arctiive>de  la  couronne  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  I*',  n*>  4720. 
—  Ce  partage  ou  testament  a  été  publié  par  dWchery  (Sptct/e^ium, 
t.  UI,  in-fo,  p.  638)  et  par  Marlène  et  Durand  {Thésaurus  novus 
anscdot.,  t.  I,  p.  4  439.) 


330  LITmS  Vf  Y  CBAHTIIB  1 

tiens  assez  impradents  poar  essayer  de  faire  sortir  te 
iion  de  son  repos  dédaignenx. 

A  rintériear,  ce  sont  les  barons,  pour  qni  la  réfolteest 
rélénient  vital  *  ;  au  dehors,  c*est  le  roi  de  Castille ,  tou- 
jours mécontent  et  jaloax,  tonjoars  hésitant  entre  là 
paix  qui  Thumilte  et  la  guerre  qu'il  redoute.  Comme 
pour  se  donner  quelque  droit  à  tenir  le  sceptre  de  Charte- 
magne,  Alfonse  X  ressuscite  une  vieille  prétention  dessou- 
verains  castillans  au  titre  d'empereur  des  Espagnes; 
Jacme  proteste  *,  Alfonse  ne  persiste  point;  le  poids  de 
deux  couronnes  impériales  eût  écrasé  ce  front  de  savant, 
trop  faible  pour  soutenir  dignement  la  seule  couronne  de 
Castille. 

Dés  les  premières  années  de  son  règne ,  Alfonse  avait 
paru  décidé  à  [réaliser  un  projet  conçu  par  saint  Fer- 
nand  :   il  s'agissait  de   porter  la  guerre  en  Afrique  et 


*  Le  2  novembre  4259,  le  roi  offre  de  terroineren  justice  sesdiffé- 
rends  avec  plusieurs  seigneurs  qui  sont  prêts  à  lui  déclarer  la 
guerre  ;  il  écrit  à  ce  sujet  au  vicomte  de  Cardona ,  Tun  d'eux.  (Ar- 
chives d'Aragon,  Reg.  XI,  f^  261  et  262.)  Le  49 avril  4260,11  somme 
Alvar,  comte  dTrgel,  d'avoir  à  comparaître  à  Barcelone  pour  sou- 
mettre la  contestation  qui  les  divise  au  jugement  d'Olivier  de  Ter- 
mes et  dePevôque  de  Rircelone.  (Arcb.  d'Aragon,  reg.  XI,  ^278.] 
Le  5  juin  de  la  môme  année/ il  ordonna  aux  officiers  royaux  de 
Perpignan,  d'empêcher  tout  commerce  de  ses  sujets  de  Roussilloe 
avecdiux  qui  lui  font  la  guerre.  (Arch.  d'Aragon ,  reg.  XI,  p.  177.) 
Alvar,  comte  d'Urgei,  qui  figure  au  nombre  des  révoltés,  avait  en  ee 
moment  de  grands  démôlés  avec  l'autorité  ecclésiastique,  pour  avoir 
épousé  Cécile  de  Foix  durant  la  vie  de  sa  première  femme,  Constaoee 
de  Moncada,  dont  il  n'avait  pas  été  régulièreraeni  séparé.  Les  docu- 
ments no»  4740  à  4745,  4731,  4737,  4744, 4778  et  4810  ées  Parche- 
mins de  Jacme  1*'  >  aux  archives  d'Aragon  ,  sooi  relatif  à  oeUe 
affaire. 

*  Quelques  lignes  de  celle  protestation,  datée  de  llora ,  9  des 
kalendds  d'odobre  (23  septembre)  4259,  peuvent  se  lire  encore  an 
f»  248  du  reg.  XI  des  archives  d'Aragon. 


I 


PROJET  DB   CROISADE  GASTltLANE  351 

d*aDéaDtirl6  foyer  de  rislacnisme  occideotal;  mais  lés 
nombreux  événemeols  de  cette  époque  agitée  avaient  à 
plusieurs  reprises  contrarié  l'expédition.  En  1260,  pour 
la  quatrième  fois  depuis  son  avéoement,  le  monarque 
castillan  était  prêt  à  entreprendre  la  croisade.  Les  na* 
vires  qu^il  avait  fait  construire  dans  les  chantiers  de  Se* 
ville  et  de  la  Biscaye  attendaient  pour  mettre  à  la  voile 
la  multitude  de  guerriers  chrétiens  qu'ils  devaient  em- 
porter vers  les  rivages  du  Magreb.  Alfonse  fit  prier  son 
beau-père  d'autoriser  les  seigneurs  aragonais  à  prendre 
part  à  la  guerre  sainte.  Cette  permission  fut  accordée 
seulement  aux  ricos  homes  eismn  chevaliers  qui  avaient 
reçu  du  roi  des  terres  ou  des  rentes.  Jacme  demanda,  en 
outre,  que  la  croisade  ne  fût  pas  dirigée  contre  Témir  de 
Tuois,  avec  lequel  il  avait  conclu  un  traité  de  paix  dans 
rîDtérét  du  commerce  lucratif  que  la  Catalogne  et  le 
royaume  de  Valence  faisaient  avec  les  pays  soumis  à  ce 
prince.  Le  roi  de  Castille  ne  cacha  pas  son  mécontente* 
ment  en  apprenant  ces  restrictions  :  «  Si  nous  vous  avons 
demandé  cela,  écrivait-il  à  son  beau-père,  ce  n'est  point, 
grâces  à  Dieu,  que  nous  ayons  besoin  de  votre  aide,  mais 
parce  que  nous  voulions  que  dans  un  fait  de  celte  impor- 
tance vous  eussiez  une  part Nous  pensons  que  vous 

n'avez  pas  vu  les  lettres  qu'on  nous  a  adressées  en  votne 

nom et  nous  vous  prions  à  l'avenir  de  voir  les 

lettres  que  vous  nous  enverrez  ou  de  les  faire  lire  devant 
vous.'. .  * 

A  ces  aigres  reproches,  le  Conquistador  répondit  avec 
le  ton  de  calme  fermeté  dont  il  se  départait  rare- 
ment :  «  Eu  ce  qui  concerne  le  Miralmofnùnin  \  seigneur 

*  Corruption  du  titre  ù^émir  al  moslêtnin,  chef  des  musulmans , 
dignité  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  celle  à*émir  al  fMmmmnm , 
chef  des  croyants,  que  s'allribuaient  les  kalifes  comme  chefs  spi- 
rituels. 


332  LIVRE   IV9   CHAPITRE  I 

de  Tanis,  vous  savez  qu'il  a  tant  de  relations  avec  nous 
et  qu*il  a  tant  fait  pour  nous,  qu*il  ne  serait  pas  bien  que 
nos  hommes  partissent  de  notre  terre  pour  aller  lui  faire 
du  mal....  La  meilleure  force  qui  soit  entre  les  rois, 
c*est  la  bonne  foi,  et  nous  savons  que  vous  respecterez 
notre  parole  comme  nous  respecterions  la  vôtre*.  Sur  le 
chapitre  de  nos  vassaux  nous  vous  répondons  que,  par  suite 
des  conventions  qui  existent  entre  vous  et  nous,  nous 
voulons  veiller  à  ce  qu  en  aucune  façon  vous  ne  puissiez 
avoir  un  motif  de  favoriser  ceux  à  qui  nous  ne  voulons 
pas  du  bien*.  ♦ 

On  craignit  un  instant  que  ce  désaccord  n'amenât  la 
rupture  de  la  paix  précédemment  conclue  à  Soria  et  dont 
toutes  les  conditions  n'avaient  pas  été  entièrement  accom- 
plies. De  nouvelles  difficultés  surgirent  à  cette  occasion 
au  sujet  des  frontières  de  TAragon  et  de  la  Castille  '. 
Alfonse  renonça  à  sa  croisade,  et  il  aurait  peut-être 
tourné  contre  son  beau-père  les  préparatifs  qu'il  avait 
faits  contre  les  musulmans  d'Afrique,  si,  attaqué  et 
battu  par  les  Sarrasins  espagnols,  il  ne  s*était  vu  obligé 
d*implorer  le  secours  du  roi  toujours  victorieux. 

L*émir  de  Grenade,  Mohamed  ben  Alhamar,  en  appa- 
rence allié  de  la  Castille,  «  voyait  depuis  longtemps, 
disent  les  chroniques  musulmanes,  que  ce  serait  chose 

*  Nous  avons  vu  que  la  conduite  de  Jncme  ne  démentit  jamais 
cette  déclaralion.  Que  deviuiit  le  reproche  de  perHJie,  si  Ic^èroiRâOt 
adressé  au  Cnn{uistadur  comme  à  tou<  les  chrétiens  de  son  temps, 
lorsqu'il  s'agit  de  leurs  rapports  avec  les  miHulmans  ?  C'est  là  uu 
emprunt  malheureux  f.iil  snus  contrôle  aux  chroniques  aralies. 

2  On  trouve  dans  le  registre  X,  f»*  470  et  471  do>  archives  d'Ara- 
gon, quatre  documents  relatifs  à' cette  aiï.iire.  Les  deux  que  nous 
mentionnons  ci-dessus  ont  été  publiés  dans  la  Coleccion  de  docunun-' 
tosinedilos  del  archiva  de  Aragon^  t.  VI,  p.  449. 

•  Archives  d'Aragon,'reg.  XI,  ^  472. 


RÉVOLTE   DB   l'aMDAOUSIEL  533 

difficile  qae  de  faire  durer  son  amitié  avec  les  chré- 
tiens; car,  comme  ils  sont  nos  ennemis  naturels,  pour  le 
moindre  prétexte,  ils  sont  portés  à  nous  faire  du  mal. 
Jamais  Tabsinthe  ni  la  coloqninte  n'ont  perdu  leur  amer- 
tume, et  Ton  ne  doit  point  espérer  que  la  ronce  produise 
des  raisins*.»  Ben  Alhamar  n'avait  jamais  cessé  de  se  tenir 
sur  ses  gardes,  prévoyant  une  lutte  prochaine,  et  encou- 
rageant secrètement  à  la  révolte  les  Maures  sujets  ou  tri- 
butaires de  la  Castille.  En  1261,  insurrection  éclata 
dans  TAndalousie  et  dans  le  royaume  de  Murcie.  L'émir 
de  Grenade  hésita  d'abord  à  soutenir  ouvertement  ses 
coreligionnaires,  puis  il  entra  résolument  en  campagne 
et  battit  Alphonse  X  près  d'Alcala  de  Ben  Zaide,  aujour- 
d'hui Alcala  la  Real. 

Après  avoir  essayé  quelque  temps  de  résister  seul  aux 
rebelles,  le  roi  de  Castiile  se  sentit  impuissante  com- 
primer un  mouvement  dès  longtemps  préparé,  et  au- 
quel des  secours  incessants,  envoyés  par  les  Mériniles 
d'Afrique,  donnaient  chaque  jour  une  nouvelle  force. 
C'est  alors  qu'Alfonse  songea  à  implorer  Taide  du  Con- 
quistador; mais  «  à  cause  des  fauies  dont  il  s'était  rendu 
coupable  envers  son  beau-père*»,  il  n'osa  s'adresser  lui- 
même  à  Jacme  et  fit  agir  la  reine  sa  femme  Yolande 
supplia  son  père  «de ne  pas  souffrir  qu'on  dépouillât  ses 
enfants  de  leur  bien.. .  car  les  Maures  leur  avaient  enlevé 
presque  toutes  leurs  terres,  à  l'exception  d'une  petite 
partie  *.  » 

L'occasion  parut  bonne  aux  conseillers  de  Jacme  pour 
exiger  d'Alfonse  la  satisfaction  de  tous  les  griefs  de 

*  Conde,  Historia  de  la  dominadon  de  los  Arabes  en  Espana , 

t.  m.  p.  43. 

3  Ghron.  de  Jacme,  chap.  ccxui. 
»  Id.,id.,id. 


SS4  Liniv  iv,  GHAriT» 

TAragon  contre  la  Castiiie  ;  mais  le  roi  refusa  de  foire 
tourner  à  son  profit  la  détresse  d*an  prince  cbrétienV 
D*ailleurs,  •  si  le  roi  de  Castiiie  perdait  sa  terre,  dit-il 
à  ses  conseillers ,  nous  serions  peu  en  sûreté  dans  la 
nôtre.  Mieux  vaut  donc  aller  lesecourir  dans  son  royaume 
que  de  nous  Toir  bientôt  obligés  à  défendre  le  nôtre  *.  » 

Il  convoqua  les  corts  catalanes  à  Barcelone  et  les 
cortès  aragonaises  i  Saragosse,  pour  leur  demander  des 
secours,  mais  non  pour  avoir  leur  avis  :  «car  il  n*y  a  pas 
chez  tous  ceux  qui  les  composent  autant  de  sagesse  et  de 
valeur  qn*il  le  faudrait,  et  nous  avons  éprouvé  qu*ils 
sont  toujours  opposés  dans  leurs  opinions,  lorsque  nous 
les  consultons  sur  quelque  fait  d*importance  '.  » 

Sans  attendre  la  réunion  des  deux  assemblées  natio- 
nales, dont  les  délibérations  ne  pouvaient  en  rien  influer 
sur  la  décision  irrévocable  du  Conquistador,  on  travailla 
avec  activité  aux  préparatifs  de  Texpédition.  Une  flotte 
venait  d'être  construite  et  équipée  pour  servir  sans 
doute  à  une  croisade  dontre-mer  que  Jacme  projetait  à 
cette  époque.  Pedro  Fernandez,  Tun  des  fils  naturels  du 
roi,  en  reçut  le  commandement  avec  le  titre  d*amiral  des 
galées  armées  contre  les  Sarrasins^.  Aroaltde  Fontova, 

^  Par  une  lettre  datée  du  3  mai  4263,  Alfonse  de  Castiiie  propose 
a  Jacme  de  régler  leurâdifforeiidsau  moyen  d'une  sentence  arbitrale. 
(Arch.  d^Âragon,  reg.  XU,  f**  33.)  t.e  roi  d'Aragon  avnit  reçu  le  me5. 
nge  de  sa  flile  le  dimanche  des  Rameaux  de  la  même  année ,  à 
Sixena,  «  où  nous  célébrâmes  cette  fôte,  dil-il,  pour  honorer  le  mo- 
na<(tèrequ*y  avait  fondé  notre  aïeule  doua  Sancba.  »  (Chronique  de 
iacme,  chap.  ccxlii.) 

*  Ghron.  de  iacme,  chap.  ccxui. 
'  /d.,  id.,  td. 

*  Cette  nomination  du  S  des  ides  de  février  4i63  (6  février  ISSi], 
se  trouve  dans  le  registre  XII,  ^  Mt  de^  archives  d*Aragon  ;  elle  fut 
renouvelée  le  S  mai  suivant  et  accooipagnée  d^ua  sauf-conduit  en 
faveur  de  tous  ceux  qui  suivraient  Pedro  Fernandezdansion  eapédi- 


PREPARATIFS   DE  l'BXPÉOITIOH   DE   MDRCIE  335 

F4rm  de  Uzanoa,  XimeDO  Ferez  de  Ayerve,  Fortun 
de  Ahe,  Fortun  Per^  de  Isaerre,  furent  mis  à  la  tête  des 
troupes  aragonaises  V 

Les  corts  de  Catalogne  se  réunirent  à  Barcelone,  au 
mois  de  novembre  1204  ;  dès  le  début  de  la  session,  le 
roi  YJnt  se  heurter  contre  le  formalisme  des  représentants 
de  la  nation  catalane. 

Dans  les  assemblées  des  Etats  aragonais,  dès  que  le 
roi  afa^il  prononcé  le  discours  de  la  couronne  (qu'on 
Dous  permette  cette  expression  moderne,  parfaitement 
applicable  aux  assemblées  nationales  du  Xlil*  siècle), 
chaque  ordre  exposait  les  griefs  de  la  partie  de  la  nation 
qu*il  représentait,  contre  le  pouvoir  exécutif  ou  ses 
agents.  La  discussion  sur  ces  plaintes  et  sur  les  satisfac- 
tions à  accorder  devait  précéder  toute  autredélibération; 
mais  le  roi,  impatient  d*aller  combattre  les  infidèles,  crut 
celte  fois  pouvoir  passer  outre.  Le  vicomte  de  Cardona, 
qui  avait  des  griefs  personnels  à  faire  valoir,  réclama 
avec  insistance  contre  cette  violation   des  formes  ré- 
gulières, et  fut  soutenu  par  la  majorité  de  rassemblée. 
Le  roi,  irrité,  leva  brusquement  Ja  séance,   déclarant 
qa*il  allait  quitter  Barcelone  a  aussi  mécontent  qu'un 
seigneur  puisse  Tétre  de  ses  vassaux.»  Les  corts  sup* 
plièrent  Jacme de  ne  pointquitter  la  ville,  lui  promettant, 
s*il  voulait  bien  accéder  à  la  demande  du  vicomte  de 
Cardona,  non-seulement  de  le  servir  de  tout  leur  pou- 
voir dans  l'expédition  projetée,  mais  encore  de  voter 
pour  la  quatrième  fois  l'impôt  du  bovatge,  qui  déjà  lui 

lion.  (Arch.  d'Aragon,  reg.  XIII,  f»  467.}  L\nrchevôque  de  Tarragone 
avait  armé  à  ses  fraisî  une  galère  pour  la  croisade.  Le  13  juillet  4264, 
le  roi  reconnut  qu'il  n  avait  le  droit  de  rien  prélever  sur  les  prises 
que  ferait  ce  navire.  (Ârcii.  d'Aragon,  reg.  XllI,  P  49C.) 

*  Zurita,  Anales,  t.  I,  ^  479. 


336  LIVRE   IV,    CHAPITRE  1 

avait  été  accordé  trois  foisV  A  ces  conditions,  la  paix  fat 
rétablie  entre  Jacme  et  ses  vassaux  catalans  *. 

Trois  semaines  après,  le  roi  ouvrait  les  cortès  d'Ara- 
gon dans  Téglise  des  Frères  prêcheurs  de  Saragosse.  Non 
minor  est  virtus  quœrcre  quam  qwB  sunl  parla  tueri,  tel 
fui  le  texte  du  discours  dans  lequel  Jacme,  exposant  aux 
représentants  de  la  nation  aragonaise  tons  les  périls  de 
la  situation,  conclut  en  leur  demandant  des  subsides 
dont  il  ne  croyait  pas  devoir  indiquer  publiquement  la 
forme.  Il  se  réservait  de  la  faire  connaître  à  deux  ou 
trois  ricos  homes,  qui  communiqueraient  ses  proposi- 
tions à  rassemblée.  Ce  mystère  ne  parut  pas  de  bon  augure 
à  la  méfiante  noblesse,  et,  lorsqu'un  frère  mineur  eut 
pris  la  parole  pour  raconter  qu'un  ange  était  apparu  à 
un  moine  de  son  ordre  et  lui  avait  annoncé  la  délivrance 
complète  de  l'Espagne  par  les  armes  du  roi  d'Aragon, 
les  barons,  malgré  la  foi  vive  de  leur  siècle  ,  ne  virent 
dans  ce  récit  qu'un  moyen  de  surprendre  le  vote  des 
cortès. 

—  «  Tout  cela  est  fort  bon,  dit  Ximeno  de  Urrea, 
mais  il  faut  d'abord  délibérer.  > 

Après  la  séance,  le  roi  réunit  chez  lui  quelques  rico$ 
homes,  et,  leur  ayant  raconté  comment  les  Catalans  lui 
avaient  spontanément  offert  rimpôt  àa  bovalge,  il  cher, 
cba  à  arracher  à  leur  émulation  un  subside  pareil. 

Ennemis  instinctifs  de  toute  nouveauté,  les  Aragonais 
avaient,  comme  tous  les  peuples,  de  puissantes  raisons 
de  se  défier  de  la  nouveauté  en  fait  d*impôts.  On  voit 
naître  des  impôts,  on  en  voit  rarement  mourir;  ceux  qui 

'  ^  Le  bovaige  fut,  en  effet,  voté  par  les  cortès  le  23  novembre  4â6i. 
Cet  impôt  n'était  dû,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  qu^une  foispar 
règne. 
^  Yoy.  Chronique  de  Jacme,  chap.  ccxua. 


RÉSISTANCE  DES  ARAdOMÀIS  337 

TieoDent  au  monde  sous  l'apparence  bénigne  d*ane  con- 
tribution transitoire  sont  quelquefois  les  plus  vivaces. 
C*est  une  tradition  ancienne»  et  TAragon  du  XIII®  siècle 
n'échappait  point  sans  doute  à  son  influence,  puisque, 
non-seulement  les  barons  convoqués  par  Jacme,  mais  tous 
les  nobles  auxquels  la  proposition  royale  fut  commu- 
niquée, déclarèrent  énergiquement  qu'ils  préféraient 
perdre  tous  leurs  biens  que  voter  le  havatge.  Fernand 
Sanchez  lui-môme,  ce  b&tard  du  roi  que  nous  avons  vu 
investi  des  fonctions  d'ambassadeur  auprès  de  Manfrcd  à 
Toccasion  du  mariage  de  l'infant  Pierre,  Fernand  Sanchez 
s* écria  en  s'ad ressaut  à  son  père  :  «  Si  vous  voulez  mettre 
le  feu  à  tout  ce  que  j'ai,  commencez  dès  à  présent  par  une 
extrémité,  je  sortirai  par  l'autre.  » 

—  <  Seigneur,  dit  Bernât  Guillem  de  Entenza,  tout  ce 
qne  vous  voudrez  de  mes  biens  et  de  mes  châteaux,  je 
TOUS  le  donnerai  volontiers,  mais  je  ne  puis  consentir  à 
ce  que  vous  demandez.  » 

—  «  En  ce  pays,  nous  ne  savons  pas  seulement  ce  que 
signifie  bovaige^  ajouta  Ximeno  de  Urrea.  » 

Le  roi  ne  put  contenir  sa  colère  :  «  Vous  êtes  une  mau- 
vaise engeance,  répliqua-t-il,  et  je  m'émerveille  fort  que 

▼ons  soyez  si  durs  à  entendre  raison Par  la  foi  que 

je  dois  à  Dieu,  je  ne  pouvais  m'attendre  à  ce  que  vous  qui 
tenez  de  moi  des  fiefs,  qui  de  vingt,  qui  de  trente,  qui 
de  quarante  mille  sols,  vous  refusiez  d'accomplir  votre 
devoir  en  me  servant,  tandis  que  cette  obligation  est  rem- 
plie par  cenx  de  la  Catalogne,  qui  est  le  royaume  le  meil- 
leur» le  plus  honoré  et  le  plus  noble  qu'il  y  ait  en  Es- 
pagne; car  il  y  a  quatre  comtes,  qui  sont  celui  d'Urgel, 
celai  d'Âmpurias,  celui  de  Foix  et  celui  de  Pallars  ;  on  y 
compte  quatre  barons  pour  un  qu'il  y  a  ici,  cinq  cheva- 
liers, dix  clercs,  cinq  hommes  de  ville  pour  un  ici,  et  l'on 


SE8  ufM.  XT,  cauiRM^  1 

doit  d'autant  plas.s'étonner  de  votre  refnSt.ai  l/oir  eom^ 
dère.  le  béûéfice.qao  Yonis  en  retireriez.  % 

La  colère  de  Jacme  n'eqt.  pa$:  en,  Aragpoje,  résgltat 
qa!eUe  avait  eo  à  Barcelone.  Au  lien  d'eatamerdes  i^- 
cîatioQs,  les  oiembres  des  cortès  sortirent  eo.  niasse  de 
Saragosse  et  se  retirèrent  à  Âlagoo,  ville  forte  af^rtor 
nant  à  un  rico.home  et  situéeà  mi-chemia  delaJroQti^a 
de  Navarre*  Là»  ils  proclamèrent  F I/niofi^  c'est-MîlV .  b^ 
ligue  de<la.aationiContre  la  pouvoir  roy^»  DeofichevaUen 
seulemeut  restèrent  auprès  de .  Jacme,  Abaodoi^Qiè  de  seai 
sujets,  le  roi  dut  faire  le  premier  pas.  Par  la^  bouclie»  de 
r&féque  de  Saragosse,  Arnalt  de  Peralta,  qu*il  euvoja 
auprès  des  révoltés,  ;1  se  déclara  prêt,  à,  réparer  les  torts 
qu'il  pouvait  avoir  envers  soo  peuple.  Inis- rieoê  lunim 
furent  chargés  de  faire  connaître  au  souverain  le^  griefs 
de  ses  sujets  ou,  pour  mieux  dire,  cew  de  U  noblesse^ 
car.  la  nation  aragonaise  identifiait  ses  intérêts .  avec  ceux 
de  Taristocratie,  gardiennejalouse  des  libertés  ptubli^ifes» 

Les  ricos  homes  avaient  de  nombreux-s^jet5.  de  plainte 
contre  le  souverain  qui  mettait  tou3  ses.sQinevà^iafiaîbUr 
leur  influence,  à  s'affranchir  de.  leur^  tutelle,  à,  laisser 
tomber  dans  Toubli  la  constitution  politique  de  TAragep* 
Leur  rancune  lentement  amassée  attendait  deppÎ3  :  loec 
temps  le  moment  favorable  pour  déborder:  TimpAt!  du 
bovatge  ne  fut  qu*nn  prétexte;  ils  pensèrent  qn^à^^^^rai 
qui  demandait  des  subsides  on  pourrait  tarraober-lateoor 
damnation  formelle  de  sa  conduite  politique  passée  «elk-b 
reconnaissance  de  privilèges  si  souvent  méc^o^us  fjèx  lui» 

Bernât  Guillem  de  Entenza,  Artalr  de^Ailagoa^  et 
Fèrriz  de  Lizana,  tons  trois  envoyés  par  les  TebeHes#  alle^ 
rent  trouver  le  roi  àCalatayud.  Jacme  lesireont/damifa. 

*  Quelques  auteurs  disent  Ârtal  de  l4uuu 


(âAfi'édi^ie'dé^  cette' vlll'ë,  oiisé  ^Mài^M  ^ins' dk  idm'é 
pbrsoûi^eâ:  Itiiëîirogés  par  le  roi,  les  ricos  hvthes  sé'plai- 
gDirent  de  la  violation  des  fueros  dti  royaume.  Jacme, 
feignant  dene'cotinaUre  d^autres/ti^ros  que  lé  code  de 
lèiè  civiles  rédigé  par  son  ordre  en  1247,  dit' alors  aux 
envoyée  :  «  Faites-nous  voir  en  quoi  nbus  avons  viole  les 
fuéroil  et  vous  nous  trouverez  pfôt  à  redresser  lô  tort. 
N'eus  aVô'ns  là  le  livre  dù/Uero  d'Aragon,  noué  ordonnons' 
qu'on  le  lise  devant  vblis  chapitre  par  chapitre;  vous  nous 
direz  en  quoi  nous  avons  failli,  afin  que'  nous'  puissions 
réparer  Tinjustice.  » 

--  «C'est inutile  »,  répliquèrent  les'  barons,  et  ils 
rétiiiifèntàu  roi  un  mémoiï'e  dans  lequel  se  trouvaient  énu-' 
nàièrés'les  griefs  et  les  réclamations  de  la  noblesse.  Voici 
la'  nôàienclature qu'en  donne  Ziirita  dans  ses  Anales^  : 

t' Le  roi  distribuait  àès  honora  aux  mesnaderos  et  aut 
étrangers,  tandis  que'lés  domaines  de  cette  sorte  devaient 
être  exclusivement  ré^eirirés  aux  Âfagonais  issus  d'une' 
(diki\të  àericoê' homes  de  nùturàleza.  Aux  prélats  seuls  il 
ériaif  permis  d^en  posséder  dans  certains  cas  dont  les 
cortès  étaient  juges.  Le  baron  devait  pouvoir 'transmettre 
paf  '  testament  son  honàr  à  l'un'  dé  ses  enfants  ou  de  ses 
proches  pki*énts  ;  le  service  de  l'host  et  celuï  de  la  chevau- 
chée ne  pouvaient  être  exigés  des  domestiques  et  des 
côlons  des  rico's  Konies. 

2*  Lé'roi,  au  lieu  d'ajpjpliquer  lé^  /ti^roi^  du  royaume  à 
la^ëcisién  des  pfôcès,  basait  ses  jugements  sur  le  droit 
romain  et  les  décrétale^  ;  il  s'entottratt  de  légistes  ati  lieu 

*  Jacme  parle  seulement  dans  sa  chronique  du  reproche  qu'on  lui 
faUPiU  idle  s'entourer  de  «  sages  en  droit  »  et  de  soumettre  les  affaires 
à  tanaV  déôisioni'Il  traite  tous  les  autres  griefs  des  ricos  homes  de 
«pirétcrittj^sanspiedsni tète,  avec  lesquels  les  rebelles  voulaient 
justifier  leorftnilé  »  (chap/  gcl). 


340  LITRS  lY,  GHAPITBB  I 

d*appeler  les  ricos  homes  à  ses  conseils,  selon  Tantique 
coutume  du  royaume^;  il  nommait  l^justicia  sans  deman- 
der Tavis  des  barons. 

3**  La  solde  des  tnemaderos  était  insuffisante. 

4""  Le  royaume  de  Valence ,  compris  dans  la  conquête 
d*Àragon ,  devait  être  régi  par  les  fueros  aragooais  et 
divisé  en  chevaleries  au  bénéfice  exclusif  de  la  noblesse 
d* Aragon.  En  donnant  à  Valence  des  lois  particulières,  le 
roi  avait  donc  abusé  de  son  autorité. 

5*"  Les  officiers  royaux  vexaient  les  nobles  en  faisant 
des  perquisitions  illégales  dans  leurs  maisons,  que  les/fi6- 
ros  déclaraient  cependant  lieu  d*asile,  en  saisissant  sans 
jugement  les  honneurs  des  ricos  homes,  en  exigeant  des 
infanzons  des  preuves  de  noblesse  arbitraires,  en  ne 
respectant  pas  la  sauvegarde  accordée  par  les  fueros  aux 
biens  et  aux  familles  des  ricos  homes  qui  se  quittent  dn  roi. 

G""  Le  roi  était  tenu  d*élever  les  fils  des  ricos  homes, 
de  les  marier  et  de  les  armer  chevaliers. 

T  Tout  noble  possesseur  de  salines  devait  pouvoir 
transporter  gratuitement  son  sel  et  le  vendre  dans  les 
domaines  dn  roi. 

S"*  La  tentative  d'introduction  en  Aragon  des  tributs 
d'herbatge  ei  de  bovatge,  inconnus  jusqu'alors  dans  le 
royaume ,  était  une  grande  injure  à  la  nation . 

9°  Le  comte  Ramon  Berenguer ,  prince  d'Aragon,  avait 
aboli  illégalement  d'anciens /uero«^  approuvés  jadis  par 
les  Aragonais  dans  le  monastère  de  SanJiian  de  la  Prâa  ; 
la  nation  réclamait  la  mise  en  vigueur  de  ces  lois. 

iO°  Les  ricos  homes  n'étaient  point  tenus  au  service 

*  Yoy.  ci-dessus,  liv.  III,  chap.  vn,  p.  484,  note  4.  — >  Bernât  Goll- 
lem  de  Entenza  accusait  en  particulier  les  légistes  de  l'avoir  fait  frus- 
trer de  certains  droits  auxquels  il  prétendait  comme  petit-fils  du 
dernier  seigneur  de  Montpellier  de  la  maison  des  Goillem. 


6BIBFS  DBS  NOBLES   d'âBAGOH  341 

militaire  hors  dn  royaume  et  pour  une  guerre  qui  n'in- 
téressait pas  directement  la  nation. 

1  TLe  comtéde  Ribagorza  avait  été  illégalement  distrait 
du  royaume  d*Aragon  pour  être  réuni  à  la  Catalogne. 

12^  Les  fils  du  roi  nés  en  légitime  mariage  ne  devaient 
point  posséder  des  honors  V 

Tels  étaient  les  griefs  des  Âragonais  contre  leur  sou- 
verain ;  telles  étaient  les  causes  qui  engageaient  la  noblesse 
à  se  séparer  du  roi  afin  de  le  rappeler  à  l'observation 
des  fueros  «  qui  ne  peuvent  dépendre  d'aucune  autre 
volonté  que  de  la  volonté  de  la  nation.  > 

A  ces  plaintes  et  à  ces  reproches ,  le  roi  répondait  en 
contestant  quelques-unes  des  assertions  des  rebelles,  en 
maintenant  son  droit  sur  certains  points,  en  faisant  des 
concessions  sur  d'autres,  en  donnant  sur  presque  tous 
Texplication  de  sa  conduite. 

D'une  part,  il  niait  avoirjamais  invoqué  dans  les  causes 
civiles  d'autres  lois  que  les  fueros,  toutes  les  fois  que 
ceux-ci  avaient  suffi  à  la  décision  du  procès;  il  niait 
encore  avoir  manqué  aux  obligations  que  la  coutume  lui 
imposait  à  l'égard  des  ricos  homes ,  de  leur  famille  et 
de  leurs  biens.  D'un  autre  côté,  il  affirmait  avoir  le 
droit  d'enlever  à  son  gré  aux  barons  les  honneurs  qu'il 
leur  avait  donnés;  de  s'entourer  de  légistes  afin  de  s'éclai- 
rer de  leurs  conseils  ;  de  nommer  seul  et  sans  l'assen- 
timent desrtco^  homes  \ejusticia  du  royaume;  de  main- 
tenir le  royaume  de  Valence  indépendant  de  T Aragon, 
et  de  lui  donner  des  lois  en  harmonie  avec  l'esprit  de 
ses  habitants;  il  contestait  l'exactitude  de  la  tradition 
relative  au  fuero  de  San-Juan  de  la  Pena ,  et  refusait  de 
revenir  sur  la  prétendue  illégalité  commise  par  Ramon 

*  Zurila  croit  qiiMl  s'agit  seulemenl  des  fils  âe  Jacme  nés  de  la 
reine  Teresa  Gil  de  Vidaare. 


3^  ,VW»  ^' 

BerâDgqer  I¥,  il  y  avait  plus  A'un  siàele.  ilvlin  kfffffi 
déclarait  n'avoir  octroyé  des  domaiiiies  en  iofior  k^  4il^ 
memocfero^  que  parce  qu*il  ne  pouvait  plus  icomplter  lar 
les  ricos  homes,  tonjoars  prêts  à  s'affranchir  de  Jiams 
obligations  envers  le  souverain;  il  renonçait  au  try^pts 
à'herbatgeetdebovatge,  qu'il  n'avait  jam^^is  voulu  iii|i- 
poser  contrôla  volonté  de  la  nation \;  il  cédaîjt  spr  tçus 
les  autres  points ,  et  renouvelait  sa  promesse  d'observer 
^délement  les  fuerof,  dont  il  n'avait  jamais^  4a  reste 
l'intention  de  s'écarter. 

—  <  Barons ,  ajouta-t-il  en^iite  d'un  ton  c^Vjèr|9  *  M  W 
parait  que  vous  en  usez  comme  les  juifs  Mxec  Nôtre- 
Seigneur,  lorsque  ,  l'ayant  pris  le  jeudi ,  la  uuit  àa  ^ 
Cène,  ils  l'amenèrent  devait  Pilate  pour  y  être  jugé  e^ 
crièrent  :  Crucifige!  crucifige  !  Ainsi  faites*vous ,  )orsqu9 
vous  dites  que  je  vous  désafuère ,  sans  me  faire  cppn^^riB 
en  quel  point,  et  lorsque  vous  refuse^  d'accepter  la 
satisfaction  que  je  vous  offre  ;  car  jamais  vas$au;i  n'pn^ 
soulevé  telles  discussions  avec  leur  seigneur.  £t  sachez, 
barons,  que  deux  choses  seulement  favorisent  votre  obsti- 
nation  à  demeurçr  en  révolte  sur  notre  terre  :  la  pre* 
mière,  c'est  Tobligation  où  nous  sommes  d'aller  aider 
le  roi  de  Castille  à  qui  nous  ne  pouvons  faillir  aprè^ 
notre  promesse  ;  la  seconde ,  c'est  notre  sagesse,  qui  nqffs 
empêche  de  marcher  contre  vous  en  cette  çonjoDctucfu 
Car,  si  ce  n'était  cela ,  il  n'y  aurait  au  monde  montagne 
ni  plaine,  muraille  ni  rocher,  dont  vous  ne  fussiez  chassés 
par  nous ,  et  pour  un  chevalier  que  vous  auriez ,  nous  en 
aurions  trois,  qui ,  loin  d'être  de  votre  parti  »  n's^^raient 
point  de  repos  qu'ils  n'eussent  fait  le  plu^  de  ^al  po»- 

*  D'après  D.  Vaissete ,  Jacme  aurait  tenté  à  la  même  époque 
d'établir  la  bovatge  à  Montpellier  (  Hist,  de  Lang..  liv.  JVf\, 
chap.  Lvi). 


BRTJUnfUB  n  GâIiATi.TIID  MS 

sMa  à  ^M|Mrr80DiMS  et  à  T08  biens  ;  et  nous  aurions  en 
oifirb  les  cMfe  d*ÂTagon  et  de  (^tâtogne  qui  se  déclarè- 
raièM  ^(^  enfremies^  et  qai  entendent  antant  qae  vons  ft 
^re^k'gvMte.  Vous  voyez  donc  que,  ayant  povir  nous  le 
pewtôir,  ie  savoir  et  ravoir,  nous  devons  nous  inquiéter 
peu  dé  votre  révolte,  qui  n'a  aucun  fondement  ^» 

Cette  scène,  dont  h  cathédrale  de  Galatayud  fut  l'im- 
posant théâtre ,  peint  sur  le  vif  la  lutte  sociale  du 
Xlli*  siècle  :  Qfte  aristocratie  attaquée  par  la  royauté, 
supplantée  dans  les  tribunaux  par  les  légistes,  égalée  sur 
lei;  éhampsâe  bataille  parles  milices  bourgeoises,  s'atta- 
chantàses  privilèges avecd'autant  plus  de  ténacité  qu'elle 
les  veitplns  sérieusement  menacés,  devenant  d'autant  plus 
inquiète  et  méfiante  qu'elle  se  sent  plus  près  de  sa 
fin  ;  en  faee^  une  royauté  calme,  forte,  sévère,  invoquant 
la  loi  alors  même  qtL'elle  l'élude,  légitimant  la  hardiesse 
desee  réformes  par  la  droiture  de  ses  intentions,  abritant 
derrière  la  violence  de  sei  adversaires  la  calme  illégalité 
de  sa  conduite  ;  comme  témoin  de  la  lutte,  le  peuple, 
instinctivement  sympathiq\ie,  même  dans  cet  immobile 
Aragon,  au  progrès  que  personnifie  la  royauté,  mais 
n'osant  se  pronoucer  contre  les  barons,  défenseurs  du 
vieil  esprit  national  ;  autour  de  ces  agitations,  l'idée  reli- 
gieuse, qâi  les  enveloppe  comme  d'une  atmosphère  sacrée; 
Didtt  se  laissant  entrevoir  au-dessus  des  passions  dé  ce 
monde ,  et  dirigeant  l'humanité  à  travers  les  épreuves 
quMI  lui  a  préparées  :  tel  était  le  Xlir  siècle,  à  quelques 
flttances  près,  su^  tous  les  points  de  l'Europe  chrétienne, 
et  tel  il  nous  Apparaît  dans  la  solennelle  entrevue  dés 
MMns  rebelles  et  de  leur  roi ,  au  milieu  de  la  foule  qui 
reai{itiss&U  la  né^  de  Notrè-Dame-de-Galatàyiid. 

*  Gbroaique  AbJwm,  ebap.  <:tL. 


?44  LITRE  IV ,    CHàPITBB  1 

Après  les  paroles  de  Jacme,  les  trois  envoyés  se  reti- 
rëreDt  sans  cacher  leur  mécontentemeot.  Outre  la  ran- 
cune que  la  haute  noblesse,  prise  en  masse  et  comme 
caste,  nourrissait  contre  un  souverain  réformateur,  la 
plupart  des  ricos  homes  avaient  à  faire  valoir  quelques 
griefs  particuliers  :  c*étaient  des  honors  que  le  roi  avait 
retirés  à  des  barons ,  des  vassaux  révoltés  qu*il  avait  soute- 
nus contre  leur  suzerain,  des  prétentions  à  une  dignité  on 
àun  héritage  qu*ii  avait  refusé  de  reconnaître.  Ces  plaintes 
toutes  personnelles,  qu*on  présentait  seulement  en  seconde 
ligne,  étaient  en  réalité  Tobstacle  le  plus  sérieux  à  la 
réconciliation. 

Parmi  les  ricos  hotnes^  les  plus  ardents  à  la  révolte 
étaient  ceux  qui  tenaient  de  plus  près  au  roi.  Bernât 
Guillem  de  Entenza,  le  fils  du  héros  du  Puig  Sainte- 
Marie,  qui  avait  reçu  de  Jacme  «  tout  ce  qu*il  possédait 
en  ce  monde  > ,  ne  se  souvenait  des  services  et  de  la  fidé- 
lité de  son  père  que  pour  y  trouver  un  grief  de  plus 
contre  son  parent  et  son  bienfaiteur.  Le  bâtard  Fernand 
Sanchez ,  qui  devait  au  roi  son  père,  la  baronnie  de 
Castro  et  de  nombreuses  faveurs,  allait  publiant  partout 
les  prétendus  torts  de  Jacme  à  son  égard,  et  excitant  Tar- 
deur  des  conjurés. 

Cependant  les  négociations  furent  reprises  peu  de 
temps  après  Tentrevue  de  Calatayud  ;  le  roi  fit  de  nou- 
velles concessions  et  proposa  de  soumettre  le  différend  à 
des  arbitres;  mais  les  ricos  homes  restèrent  intraitables. 
Jacme  résolut  alors  d'employer  la  force  pour  réduire  les 
rebelles.  A  la  tête  des  barons  catalans  et  des  milices 
communales,  il  s'empara  de  quelques  places  fortes  et  jeta 
l'effroi  parmi  les  conjurés,  qui  demandèrent  bientôt  à 
négocier.  Les  évéques  de  Saragosse  et  de  Huesca  furent 
acceptés  pour  arbitres;  une  trêve  fut  conclue  pour  per- 


FUBBO  d'bxea  345 

mettre  an  roi  d'aller  au  secours  d*AlfoDse  de  Gastille; 
elle  devait  expirer  quinze  jours  après  le  retour  de  Jacme 
dans  ses  États.  Le  roi,  de  son  côte,  promit  de  rendre 
aux  rebelles  les  biens  qu*il  leur  avait  enlevés. 

Sur  ces  entrefaites,  révoque  de  Huesca  tomba  malade, 
celui  de  Saragosse  refusa  de  se  prononcer.  Jacme  dé- 
sirait cependant  hâter  la  conclusion  de  cette  affaire; 
car,  d'un  côté,  il  importait  de  profiter  des  dispositions 
pacifiques  des  ricos  homes^  et ,  de  Tautre,  Tépoque  de  la 
moisson  étant  arrivée,  les  combattants  des  milices  commu- 
nales désertaient  Tarmée  pour  courir  à  leur  récolte.  Le 
roi  se  décida  alors  à  réunir  les  certes  aragonaises  dans 
la  ville  d'Exea  pour  leur  soumettre  son  différend  avec  les 
barons  (i  5  avril  1265). 

La  décision  de  l'assemblée  fut  rédigée  en  forme  de 
fitero;  voici  la  substance  des  dix  articles  qui  composent 
cette  charte  : 

I"*  Les  honora  seront  exclusivement  réservés  aux  ricos 
homes  de  naturaleza  aragonais  et  non  étrangers  ; 

2*  Les  ricos  homes,  chevaliers  et  in/anzon^  d'Aragon, 
sont  exempts  à  perpétuité  des  tributs  A*herbatge  et  de 
bovatge  ^  ; 

y  Où  ne  pourra  jamais,  dans  les  affaires  judiciaires, 
procéder  par  voie  d'enquête  {inquisicion ,  pesquisa)  contre 
des  nobles  aragonais  ; 

4""  Il  suffira  pour  la  preuve  de  noblesse,  du  témoignage 
de  deux  chevaliers  parents  ou  non  de  la  partie  inté- 
ressée; le  roi  n'aura  d'autre  recours  contre  eux  que  de 

*  Par  un  acte  en  date  du  47deska1endes  de  février  1264  (16  Jan- 
▼ier  4265),  le  roi  avait  reconnu  que  les  Aragonais  devaient  être 
exempU  des  impôts  à'herbatge  et  de  bovatge.  Le  môme  documenl 
règle  l'importation  du  sel  et  en  prohibe  Peiportation.  (Ârch.  d'Ara** 
gon,  reg.  XIII ,  fo  250.) 


916  LIVBÊ  IT,  CBinTRB  I 

prrarer  gif  lis  ont  èt$  parjures  ;  les  droits  à  payer  ponrles 
lettres  confirmatives  de  noblesse  sont  fixés  à  trente  ïoIs^, 

5*  Le  jnsticia  d* Aragon,  assisté  des  ricos  hatneê  et  4es 
chevaliers  présents  à  la  cour  qui  ne  seront  pas  pattiie  au 
procôs ,  sera  juge  des  contestations  civiles  et  criminelles 
entre  le  roi  et  les  nobles.  Avec  la  participalton  du  txA , 
des  ricos  homes ,  chevaliers  et  infanzons  non  intéressas 
dansf  affaire,  il  jugera  tous  les  procès  entre  nobles  ; 

6*  Les  infanzons  pourront  acquérir  les  immeubles  ttei 
hommes  du  roi  et  les  posséderont  en  franchise; 

T  Le  roi  ne  pourra  donner  des  terres  ni  des  hone/fÈii 
ses  fils  nés  de  la  reine  ; 

8*  Les  nobles  possesseurs  de  salines  continueront  aies 
exploiter  d*aprés  Tusage  qu'ils  ont  suivi  jQsqu*i ce  jiMr; 

9*  Le  rico  home  qni  conférera  la  chevalerie  à  un  in- 
digne, devra  être  privé  de  son  honor,  et,  s'il  n'en  apai, 
il  sera  déclaré  incapable  d'en  posséder  à  Tavenif  ; 

lO*"  Le  justicia  d* Aragon  sera  toujours  pris  dans  la 
classe  des  chevaliers. 

On  voit  que ,  sur  presque  tons  les  points ,  les  coftès 
donnèrent  gain  de  cause  aux  ricos  homes^.  Le  fuero 
d*Exea  renferme  dans  ses  dix  articles  la  condamnation  de 
la  conduite  passée  du  roi  et  la  confirmation  des  privi- 
lèges de  la  noblesse.  C'était  un  échec  pour  lacme,  mais 
un  échec  plus  apparent  que  réel  ;  car  aucune  puissance 
humaine  ne  peut  faire  rétrograder  les  idées,  et  il  n'était 
au  pouvoir  de  personne  d'enlever  à  la  royauté  la  force  et 
le  prestige  qu*elle  acquérait  chaque  jour  aux  dépens  de 
l'aristocratie. 

*  Yen  la  niêmeé|KNiii6  le  roi  se  vit  obligé  d'autoristr  les  nobtai 
aragouaispostessloonÀ  dans  le  rôyaniBe  de  Yaienoe  à  appliipMr 
dani  leurs  domaines  te  lois  de  l'Aragoo.  Ge  fut*  dit  Zurîta»  ima 
source  de  quereUes  entre  les  seigneurs  et  les  oflbsiete  rofUix. 


CHAPITRE  II 


Rapports  de  Jacme^vec  lecleijgé  et  le  Sdnt-Siége.  ^-  Vie  privée  ^i^foi* 
'quistador.  —  Ses  bâtards  :  Fernand  Sanchez  de  Castro^  Pedro  Fernande^ 
de  Hijar.  ^-  Ses  maîtresses  :  filanca  de  Antillon ,  Berenguela  Feman- 
dep.  —  Ses  femmes  morganatiques  :  GuiUenna  de  Cabrera ,  Teresa  Gil 
4e  Videiire.  rr  Bei^e^gi^la  Alfonso.  -;-  Confâsaion  duroi.rrf  Repaoebas 
diaPApe.  —  GQrïqpèHfi  ^u  royaume  à^  Mw^jç.  -^  L^  infaa}?  Pierre  i9t 
jacme.  -r  Lettre  de  Clépent  IV. 

JPeqd^Dt  la  querelle  du  roi  et  des  rim  hm^$ ,  d^  se» 
rjja^ç^s  djffiçiflté^  ^'étaioDt  élevées  entre  le  §^iQt-^i4gQ 
ej  la  coRjrpqpe  çJ'Ar^gop. 

Fils  )r^^piBctQeaî  de  VEglisiB  et  fils  repqnnaissaq^,.  JACPia 
oe  çroy^jt  pas  cependant  que  s^gratiti^de  dût  a)lçrjQ^ 
qjfk^  couf  proipeMre  par  uqe  aveqgle  cpnde^cepd^nQû  les 
iotéf éts  (]Qqt  un  ^ouyeraiq  doit  çopapt^  h,  Dieu  etji  ^^ 
peuples.  Qd  ^  t^e^ucqup  parlé  ()ps  efQpiétemeDU  da  la 
cour  de  Rome  ;  le  mQiqeQt  uq  nous  trf^çoos  ces  ligU9$ 
sarf(i(  mal  ol^oi^î  pour  reyenirsurcq  scuet  ;  mais,  à  (optes 
Ips  époques,  l'histoire  impartiale  applaudira  aHji  flffort* 
des  Papes  pour  établir,  môme  au  prix  d*une  centralisa- 
tion eléricale,  l'ordre  moral  et  matériel  dans  le  chaos  du 
moyenâge,  elle  applaudira  aussi  à  la  résistance  opposée 
par  quelques  grands  princes  à  (j^e^  %^us  {[partis  $iÇ|Uven((lo 


348  LITBB  IV,  GHAPITBB  H 

clergé  local ,  quelquefois  de  Rome ,  rarement  da  trône 
môme  du  Souverain  Pontife.  Jacme  fut  de  ces  princes. 
Toujours  préoccupé  de  vivre  en  bon  accord  avec  le  Saint- 
Siège,  il  évite  cependant  de  reconnaître  en  termes  formels 
la  suzeraineté  temporelle  du  Pape  sur  le  royaume  d'Aragon. 
Une  seule  fois,  il  parait  l'avoir  nettement  admise  ;  mais 
il  s'agissait  de  s*abriter  derrière  le  double  pouvoir  de  ce 
suzerain  pour  révoquer,  en  toute  sûreté  de  conscience, 
les  aliénations  du  domaine  royal  trop  libéralement  con- 
senties par  le  prodigue  Pierre  II  ^ 

Dans  tontes  les  autres  circonstancest  Jacme  sait  habl* 
lement  invoquer  les  services  qu*il  rend  à  la  foi ,  pour  se 
dispenser  des  tributs  envers  l'Eglise. 

Au  moment  de  partir  pour  la  conquête  de  Hayorqne, 
il  avait  voulu,  lui  aussi,  recevoir  la  couronne  des  mains  du 
Souverain  Pontife.  Il  avait  envoyé  à  cet  effet  le  catalan 
Joan  Bocbados  auprès  de  Grégoire  IX  ,  se  gardant  bien 
toutefois  de  rappeler  les  engagements  contractés  par 
Pierre  le  Catholiqtte  en  pareille  circonstance.  Le  Pape 
s'était  excusé  en  termes  très-affectueux  de  ne  pouvoir 
souscrire  au  désir  du  roi  d'Aragon,  et  avait  renvoyé  à  des 
temps  plus  calmes  cette  cérémonie,  que  les  troubles  du 
moment,  disait-il,  ne  lui  permettaient  pas  d'accomplir^ 

Les  lettres  des  Souverains  Pontifes  à  Jacme,  celles  même 
qui  contiennent  le  blâme  le  plus  sévère  de  sa  conduite, 
témoignent  de  l'affection  toute  particulière  des  Papes 
pour  cet  infatigable  guerroyeur  de  Sarrasins. 

Le  provençal  Gui  Foulques  ,  élevé  au  trône  pontifical 
sous  le  nom  de  Clément  IV ,  ne  se  départit  point  de  la 


I 


La  bulle  de  Grégoire  IX  qui  révoque  ces  aliénations  est  rappor*- 
tée  par  Raynaldi  dans  ses  Annales  eccles.,  ad  ann.   4237,  n*  26. 

*  Voy.   Gregor,   Papx  IX,  lib.  III,  ep.  9,  et  Raynaldi,  Ânnaki 
êcdes.,  ad  ann.  4229,  n»*  48  et 49. 


LOTTES  ATEG  LB  GLBAO^  549 

bienveillance  élogiease  de  ses  prédécesseurs  tontes  les 
fois  qu'il  eut  à  parler  des  exploits  du  Conquistador  contre 
les  infidèles.  Ainsi,  approuvant  avec  chaleur  l'expédition 
projetée  contre  les  Maures  du  midi  de  TEspagne ,  et  or« 
donnant  de  prêcher  la  croisade ,  il  n'a  pas  assez  d'éloges 
pour  «  le  roi  illustre  qui  combat  depuis  son  adolescence, 
qui  tient  dans  sa  main  le  salut  de  la  foi,  qui  étend  au 
loin  la  gloire  de  son  peuple,  qui,  pareil  au  lion  rugissant 
en  quête  de  sa  proie,  poursuit  les  impies,  recherche  les 
ennemis  de  la  foi ,  courbe  leurs  fronts  sous  son  empire 
et  soumet  à  sa  puissance  les  cités  et  les  royaumesV  > 

Mais,  dès  qu'il  s'agit  des  relations  de  Jacme  avec  les 
évêques  et  les  clercs ,  le  rigide  Pontife  montre  dans  ses 
lettres  une  sévérité  que  ne  mitigent  point  les  louanges. 

Depuis  quelque  temps,  le  clergé  des  États  aragonais  se 
plaignait  de  vexations,  dont  il  se  disait  l'objet  de  la  part 
de  Tautorité  royale.  Le  roi  réclamait,  à  son  tour,  contre 
les  empiétements  du  clergé. 

Peu  de  détails  nous  restent  sur  ces  discussions,  que 
les  historiens  espagnols  ont  prudemment  passées  sous 
silence.  Quelques  documents  contemporains  répandent 
seuls  une  faible  clarté  sur  cette  question.  Ainsi  nous 
voyons  que,  vers  1257,  l'archevêque  de  Tarragone  était 
accusé  de  s'être  emparé  de  la  juridiction  de  cette  ville 
aa  préjudice  du  pouvoir  royal  ;  d'avoir  fait  mettre  en 
liberté  un  homme  détenu  pour  crime;  d'avoir  armé 
des  galées  contre  les  Sarrasins,  au  mépris  des  traités 
conclus  par  le  roi  avec  l'émir  de  Tunis,  et,  enfin ,  ou- 
bliant <  la  réserve  imposée  à  tout  prélat  > ,  de  soudoyer 
des  pirates  qui  écumaient  la  mer  à  son  profit.  Aux  plaintes 

^  Clément.  Papa  IV,  lib.  I,  ep,  II.  —  Voy.  Martône  et  Durand, 
Thésaurus  novus  anecdotorum,  et  Raynaldi,  Annales  eccles,,  ad 
annum4S65,  n^  32,  33  et  34. 


n 


oatiDi»  ;>iMti^^liE^  lioi  jdaidsatt  da  (]fririlége  ié  ne  pùwMt 
élre  frappé  d^atiàlhème  que  pit  le  Pape  ou  son  dêTégfië 
spécftâl,  et  ii'eA  appela  au  Souverain  I^oritifé  <  et  atiî 
apM^s^  »  Qu'adviût-il  de  celle  affaire?  No^s  l'ignortns; 
mms  saYbns  seuteifleAt  '  que ,  vers  cette  époqtte ,  Tévéquè 
de  Girotie  fut  envoyé  à  Rome  par  le  monarque  àragôtiais*. 
Bn  1&60,  le  même  prélat*  reçut  une  nouvelle  mf&sioV 
anprte^tr 'Souverain  Pontife  *,  et  en  1264,  au  môtAient 
o«  se  préparait  rexpédition  contre  les  Maures  du  midi 
de  TEspagne ,  le  roi  déclara  qif  il  n'ihquiéterait  point 
l'arohevéque  de  Tarragèoe  au  sujet  de  la  galée  armée  par 
le^ prêtât  contre  les  Sarrasins,  e(qu*il  ne  prélèverait  rien 
sur  les  priies  dès  hommes  de  Tarchevéque  *. 

Mais  ce  n'était  là  qu*une  querelle  partif^ufiérév  et,  si 
l'on*  en  juge  par  une  lettre  pleine  de  reproches  que  Clé- 
laent IV adressa  àJaem<e  quelques  mois  après  avôtrpris 
possession  de  la  chaire  de  Saint-Pierre',  lé'  clei^^é  toUI 
entier  des  pays»  aragi^ttais  aurait  souffert'  de  graVes 
atteîntesà-sesdroitsetà  ses  libertés.  Atssi,  lorsque  le 
ror  voulut  réclanier '  des  églises  désèk  États  lé^' subsides 
qu'il  avaîtThabitude  d'en  retirer  pôui^  la  guërt-è  conlfe 
lésînfidètes^  reçnt-i^lltt  reAftS  formel.  Par  la  lettre  dont 
DMB pftrlioQS  t(!ratiàrheure<i  le Pâpedotiné  gain'die'eaûse 
aoclergé^en 'droit  strict;  uMis  il  l'éhgagè  néài^m^itis^à 
payer  le  trîbilt  réclamé;  puis»  s'adressant  au  roi  d'Aragon, 
iM'ëxhortè  à  rendre  au^gliâés  leurs  droite  et  léuri  pri^ 
viléges  i  se  réservant  dé  l'y  contraindre  psrr  lé  moyen  qu'il' 

*^Lte 'griefs  dû  roi  sont  énumérés  dans  le  document  n»  4498  des 
PAMK'dri  JabineK  atikài^shtvesd'Aftigod.'^t  acte' béi daté  Aujour 
des  kalendes  d'octobre  (4"*  octobre)  4257. 

«  'A«li.'d»Aragofe,  RèJ.  VIII,  f«  78. 

•m;  R«g.  Xf,f496. 

«  Jd.,  Reg.  XIII,  fo496« 


jpgeiïh  le»  plua^  ai^aatageiix  pour  la  salst  da  ooapalitoi 
«<Gdr.,  ayonte.  ClémeDt  lY ,  dans,  qiaelque  position  que 
nous  noas  soyons  trouvé ,  nos  amis  nous  ont  été  asaei 
(Aers  pour  que  noas  leur  disions  {dos  Tolontiers  ce  qui 
l€^r  est  utile  qjae  ce  qui  leur  est  agréable,  ce  qpi  leur 
déplaît  qae  ce  qui  leur  nuit.\  ^  Le  juste  et  sévère  Pontife 
disait  vrai;  on  sait  les  preuves  qu'il  en  donna  à  l'égard 
d^  sa  propre  famâlle. 

Gr&ce  aux  sagps  conseils  de  Glém^nt  IV',  lai  plupart 
des  clercs  consentirent,  parait-il,  à  accorder  les  sub- 
sidesi  et  la  querelle  fat  assoupie,  sinon  entièrement 
apaisée;  car,  d'un  côté,  nous  voyons. encore  le  Pape, 
dans  plusieurs  de  ses  lettres ,  rappeler  à  Jacme  le  respiset 
qni'on  doit  aux  églises  et  aux  «  personnesrecclésiastiqpes  > , 
et^  l'injustice  de  certains,  tributs  que  le  roi  a  voulu  leur 
imppser  *  ;  d'autre  part ,  quelques  membres  du  clergé 
valencien^  ayant  refusé  de  piayer  à  Jaome  la  dlme  qua  les 
bulles  pontifioales  lui  avaient  accordée  en  faveur  de  la 
ggerre  contre  les  Maures ,  furent  frappés  d'excommufii* 
cation^, et  Clément IV,  voulant  leur  permettre  de  coa« 
courir  à  l'élection^  d'un  nouvel  archevêque,  ne' leur 
donna  l'absolution  qu'à  la  condition  qu'ils  acquitteraient 
Irar  dette  envers  le  roi  *. 

Cane  fut  p^  seulement 4  l'occasion  de  ses  différends 
aiee^  le  clergé  que  Jacme  s'attira  les  remontrancea  dn 
SaiAt*Siég§.  Sa  conduite  privée  lui  mérita ,  vers  laméme 
époque ,  des  réprimandes  pjus  sévères  encore^ 

P«a.  de  temps  appèa  la  mort  de  la  reine  Yolande ,  lea 

^  ^ffûBlikf' Anmal$9  ^ôùleê.^  ad;  ann«  4S65,'  n«  34. 

*  fbÉynMï^  Armalêêeeclês.,  ad  ami;  1S65,  n«  35  ;  4SS6,  n«  29i  ^ 
Martène  et  Durand,  Thoauruinovuê  atiêcdotarumt  t.  II,  col.  240  ef 
244. 

*  Martône  et  Dumtd,  Ti^ua^ruiiiQfvui  anecdoUmm,  t.  U^  €ol.  60&< 


353  LltBE  IT  f  CHAPITRE  II 

faiblesses  du  Conquistador  apparaissent  toat  à  coup  aa 
grand  jour.  Jusqne-là  elles  étaient  restées  dans  Tombre , 
sinon  pour  les  contemporains ,  da  moins  pour  Tbistoire, 
puisque  le  plus  ancien  des  documents  connus  dans  les- 
quels Jacme  désigne  clairement  ses  maîtresses  ou  ses 
bâtards,  date  de  Tannée  1252.  Mais,  depuis  longtemps 
déjà,  le  roi  d* Aragon  avait  deux  fils  naturels,  Fernand 
Sanchez  et  Pedro  Fernandez,  qui  en  1262  et  en  1264  com- 
mencent à  se  mêler  aux  affaires  de  leur  pays ,  Tun  comme 
ambassadeur  auprès  du  roi  Manfred  pour  la  conclusion 
du  mariage  de  Constance  de  Sicile  avec  Tinfant  Pierre, 
Tautre  comme  amiral  des  galées  armées  contre  les  Sar- 
rasins. 

Fernand  Sanchez  était  né  d*une  fille  noble  d* Aragon, 
Blanca  de  Antillon  ;  il  reçut  du  roi  la  baronniede  Castro  S 
nom  sous  lequel  sa  descendance  s'est  perpétuée  et  illus- 
trée en  Espagne*.  D*un  caractère  altier,  envieux  et  tur- 
bulent ,  Fernand  fut  presque  toujours  en  guerre  ouverte 
avec  son  père  ou  ses  frères.  Nous  Tavons  déjà  vu  se 
mettre  à  la  tète  de  la  noblesse  révoltée  ;  la  suite  des 
événements  nous  le  montrera  sous  un  jour  encore  plus 
défavorable . 

D*une  autre  dame  aragonaise,  Berengnela  Fernandez, 
Jacme  avait  eu  Pedro  Fernandez ,  «c  jeune  homme  hardi 
et  vaillant  >  au  dire  de  Miedes ,  et  qui  sut  s'attirer  autant 
de  sympathie  que  Fernand  Sanchez  excita  de  répulsion  et 
dehaine.  Jacme  donna  à  Pedro  Fernandez  la  baronnie 
d'Ixar  ou  Hijar  et  le  maria  avec  Marquise ,  fille  naturelle 

*  Le  5  des  ides  de  mars  (41  mars)  4241,  Blanca  de  Antillon  céda 
au  roi  cerlains  droits  qu'elle  avait  sur  la  ville  el  le  château  de  Cas- 
tro. (Arch.  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  I",n°  878.) 

*  Fernand  Sancbez  fut  marié  à  la  fille  du  rieo  hom$  Ximeno  de 
Urrea.  (Voy.  Ghron.  de  Bernât  d'Esclot,  chap.  Lxvm.) 


i 


MARUfrES  MORGiilfÀTIQDES  DtJ  ROI  355 

da  roi  Thibault  II  de  Navarre.  De  cette  alliance  est  issue 
l'illustre  maison  des  ducs  de  Hijar. 

Une  troisième  maltresse  du  Conquistador  fat  Guillerma 
de  Cabrera ,  la  première ,  à  ce  qu'il  nous  semble ,  que  le 
roi  ait  appelée  publiquement  sa  <  bien  aimée  dame  >. 
C'est  ainsi  qu*il  la  qualifie  dans  un  acte  par  lequel  il  lui 
fait  don  d'une  ville,  pour  elle  et  pour  les  enfants  qu'elle 
aura  de  lui^ 

Une  donation  conçue  en  termes  analogues  nous  avait 
paru  *une  preuve  à  invoquer  en  faveur  du  mariage  de 
Teresa  Gil  avec  le  roi.  L'acte  relatif  à  Guillerma  de 
Cabrera  affaiblit  cet  argument ,  que  de  plus  solides 
rendent  d'ailleurs  superflu.  Mais  est-ce  bien  d'une  mal- 
tresse que  le  roi  parle  ainsi  dans  un  acte  public?  Seront- 
ils  bâtards,  ces  enfants  dont  la  naissance  est  prévue  et 
le  sort  assuré  d'avance?  Ne  doit-on  pas  croire  plutôt 
qu'après  la  mort  de  la  reine  Yolande,  Jacme  voulût 
s'unir  par  des  liens  légitimes  aune  compagne  qui  n'aurait 
ni  le  rang  ni  les  droits  d'une  reine?  Ce  titre  d'épouse 
morganatique,  on  ne  peut  le  refuser  à  Teresa  Gil;  mais 
il  semble  appartenir  aussi  à  Guillerma  de  Cabrera,  et 
nous  verrons  le  roi  s'efforcer  de  le  faire  reconnaître  à 
la  princesse  castillane  Berenguela  Âlfooso  ,  puis  à  cette 
femme  même  qui  abandonna  son  mari  pour  vivre  avec  le 
Conquistador  presque  septuagénaire. 


*  «  Et  si  a  nobis  fllium  vel  filiam  habueritis,  ille  Ûlius  vel  filia  si 
vixerit  habeat  post  obitum  vestrum  dictum  castrutn  et  villam  cum 
omnibas  et  singulls  supradiclis  per  alodium  proprium,  franchum  et 
liberum  in  perpetuuin.  9  (Acte  du  6  août  4252  conservé  aux  Ârch. 
d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  l*%  n»  1304.)  Le  n^  4352  de  la  même  col- 
lection est  un  privilège  accordé  par  le  roi,  le  4*^  octobre  4253, 
«  dilecte  nostr$domne  Guillermede  Capraria,  i> 

>  Tome  I,  p.  357. 

T.  n.  23 


9S4  ufn  ^i  ouifpuia 

Après  Vmiïét  id53«  nous  ne.  troayonB  plus  ancane 
trace  de  Gaillerma  de  Cabrera  »  qui  a«  parall  pts  i?iir 
m  d'enfants  du  roi  d'Aragon.  Peat-étre  GsiHerma 
mourut-elle  vers  cette  époque  ;  peut-être  aussi  les  droits 
antérieurs  de  Teresa  Gil  ayant  été  recoanus  pi^r  TÉf  Use, 
obligèrent-ils  Jacme  à  rompre  une  liaison  qui  ne  poufait 
plus  avoir  même  Tapparence  de  la  légitimité. 

Parmi  les  maltresses  ou  les  femmes  morganatiques  de 
Jacme  le  Conquérant,  Teresa  Gil  a  eu  le  privilège  d'oc- 
cuper particulièrement  les  historiens  ^  Presque  teos 
croient  devoir  lui  donner  un  rôle  dans  la  vie  de  ce  prince 
bien  avant  l'époque  où  les  documents  conlemperakis 
mentiounent  son  nom  pour  la  pre'mière  fois. 

C*est,  disentMls,  pendant  sa  jeunesse  que  te  roi  s*éprit 
de  U  fille  de  Juan  Gil  de  Yidaure  ;  mais,  nourrie  éaas 
des  sentiments  de  sévère  piété,  Teresa  dédaigna  les 
hommages  de  son  royal  adorateur.  Ce  flaonarqua ,  «  si 
beau  qu'il  n'avait  pas  son  pareil  dans  toute  la  ehrè^ 
tienté  >,  n'était  pas  habitué  à  de  pareilles  rigueurs;  il 
jura  de  vaincre  une  résistance  qui  redoablaitsa  passion. 

Un  soir,  accompagné  d'un  chevalier,  sou  coufident, 
il  pénètre  dans  la  maison  de  Juan  Gil,  s'y  cache ,  et,  la 
nuit  venue,  se  glisse  jusqu'à  la  chambre  de  Teresa. 
A  l'effroi  de  la  jeune  fiUe  répondent  d^s  protestatîûBS 
de  tendresse  qui  sont  repoussées  avec  iadigaatioa; 
Jacme  se  voit  déjà  contraint  de  reculer,  lorsque,  dans 
ce  qçiomeat  où  la  violence  de  ses  désirs,  et  rh^milis^tion 
de  sa  défaite  se  disputent  son  cœur,  il  prononce  le  met 
de  mariage.  Sortie  de  la  bouche  d'un  roi,  cette  parole 
ipagique  doit  triompher  de  tons  les  o})stacl6S ,  mais  en- 

*  Yoyez,  entre  autres,  Zurita,  Hiedes,  Ludo  IttrtneaStBdo, 
Diago,  Mariana ,  Ferreras,  Raynaldi . 


côrô  faut-il  qae  le  roi  sait  stncèfe,  et  Teresa  reste  ii^ 
erédale.  Jacme  appelle  alors  le  ehevalier  qui  Ta  sfoivi,  et, 
deYant  lai,  jare  solennellement  de  prendre  pour  femme 
la  fille  de  Jaan  Gil  de  Yidaure.  Mais,  hélas!  ee  prince^ 
si  fidèle  d'ordinaire  à  sa  parole,  crot  pouvoir  reléguer 
ee  serment  au  nombre  des  serments  d*amofir  ;  il  feignit 
de  raroir  oublié  lorsqu'il  youlut  épouser  la  fille  du  roi 
de  Hongrie  \  Teresa  Gil  réclama  vainement  auprès  du 
Saint-Siège  ;  les  preuves  lui  firent  défaut,  car  le  chevalier 
témoin  de  la  royale  promesse  était  mort  depuis  plusieurs 
années.  Elle  persista  cependant,  et  ses  protestations  de^ 
vinrent  si  énergiques,  qu*on  lui  fit  craindre  le  ressen- 
timent de  la  reine  Yolande  pour  elte  et  les  deux  fils 
qa*elte avait  durer.  Afin  de  mettre  ses  enfants  à  l*abri 
de  toute  entreprise  criminelle ,  Teresa  s* exila  volontai- 
refment,  mais  sans  renoncer  à  poursuivre  auprès  du 
Saint-Père  ranuulation  du  mariage  d'Yolande.  C'est 
atofs  qu'ette  parvint  à  mettre  dans  ses  intérêts  le  seul 
homme  qui  pèt  lui  prêter  un  appui  efficace ,  le  confesseur 
davor,  et  qu'elle  décida  Berenguer  de  Castellbisba)  à 
la  révélation  dont  il  fut  si  cruellement  puni. 

Bien  qu'après  la  mort  d'Yolande ,  ajoutent  les  écri- 
vains auxquels  nous  empruntons  ce  récit,  le  Pape  ait 
déclaré  doua  Teresa  épouse  légitime  du  roi  d'Aragon , 
lacme  refusa  toujours  de  lui  reconnaître  ce  titre;  îl  se 
ftorna  à  légitimer  les  fils  ^n'il  eu'  avait  eus. 

Telle  est  l'histoire,  ou,  pour  mieux  dire,  tel  est  le 
ramn  des  aonours  de  Teresa  &il ,  d'après  la  plu^rt  des 

*  Luclo  Marioeo  SicuIoCd^reôtM  Eispan%3s  memorabilihus ,  llb.  X , 
apud  Hispania  illustraPa ,  t.  I  p.  383)  place  la  seène  que  nous 
Tenons  de  raconter  avant  le  mariage  de  Jacme  avec  Leonor  de  Casliller. 
L'Sge  du  roi  à  répoqne  de  son  premier  mariage  ne  permet  pas 
dPacceptor  cette  assertion. 


356  UTBB  IT  ,  CHAPITBB  II 

historioDS  du  roi  Jacme.  Le  crédit  dont  a  joui  cette  sorte 
de  légende  ne  nous  permettait  pas  de  la  passer  sous 
silence.  Gomme  dans  toutes  les  traditions,  il  y  a  sans 
doute  là-dedans  un  fond  de  vérité.  En  appliquant  une 
partie  de  ces  aventures  à  une  autre  qu'à  Teresa  de  Vidaure, 
en  changeant  Tordre  des  événements ,  peut-être  se  rap- 
procherait-on davantage  de  la  vraisemblance,  car  voici 
maintenant  ce  que  nous  apprennent  les  documents  qae 
nous  avons  interrogés  : 

Le  9  mai  1255,  c'est-à-dire  un  an  et  demi  environ 
après  le  dernier  acte  connu  qui  mentionne  Guillerma  de 
Cabrera,  et  trois  ans  et  demi  après. la  mort  de  la  reine 
Yolande,  Jacme  fait  une  donation  à  son  «aimée  dame 
Teresa  Gil>  et  aux  enfants  qu'il  pourra  avoir  d'elle  S 
C'est  encore  une  espèce  de  constitution  de  douaire 
comme  celle  que  nous  avons  signalée  à  propos  de  Guil- 
lerma de  Cabrera.  Le  roi  n'avait  donc  pas  d'enfants  de 
Teresa  en  1255,  et,  après  cette  année,  qui  pourrait  bien 
être  la  première  de  leur  liaison,  il  vécut  avec  elle,  puis- 
qu'il en  eut  bientôt  deux  fils ,  considérés  par  leur  père 
comme  légitimes  et  appelés  à  recueillir  éventuellement 
la  couronne  aragonaise  à  défaut  des  autres  enfants  du 
Conquistador.  Les  archives  d'Aragon  *  renferment  de 
nombreux  actes  de  donation  en  faveur  de  doua  Teresa 
et  de  ses  fils,  Jacme,  qui  devint  seigneur  d'Exerica,  et 
Pierre,  qui  fut  seigneur  d'Ayerve *.  En  1260  encore,  le 

*  Archives  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  I**",  n®  U46  et  Coleccùm  de 
documentos  ineditos  del  archiva  de  Aragon,  t.  VI,  p.  424  ;  voyci 
aussi  notre  t-  I,  p.  357. 

»  Parch.  de  Jacme  I«^  n»'  4473,  4 C02,  4648,  4643,  4647,  2239, 
Reg.  VIII ,  fo  22  ;  Reg.  X ,  f»  459  ;  Reg.  Xï ,  fo  497  et  204  ;  Reg.  XD, 
f«45. 

^  Jacme,  seigneur  d'Exerica,  épousa  Elfa  Alvarez  de  Azagra,  fille 
du  seigneur  d'Aibarracin,  à  laquelle  il  avait  été  fiancé  encore 


ï 


BERENGVELA  iXFONSO  557 

roi ,  snbstitnant  l'un  à  l'autre  dans  les  biens  qu'il  leur 
donne  les  «  infants  »  Jacme  et  Pierre,  nés  de  lui  et  de  sa 
«  très-chère  et  bien-aimée  dame  Teresa  Gil  de  Vidaure  » , 
ordonne  que,  s'ils  meurent  tous  les  deux  sans  enfants, 
leurs  biens  passent  «  aux  autres  fils  ou  filles  nés  ou  à 
naître  de  lui  et  de  Teresa  Gil  \  »  Quelques  mois  plus 
tard ,  l'infant  Pierre ,  héritier  présomptif  du  royaume 
d'Aragon,  confirme  les  donations  faites  par  son  père  à 
doua  Teresa  et  aux  enfants  «  nés  et  à  naître  »  d^lle  et 
du  roi  •. 

Mais  bientôt,  s'il  faut  en  croire  Jacme  lui-même,  la 
lèpre ,  cette  hideuse  maladie  si  commune  au  moyen  âge 
et  si  justement  redoutée,  la  lèpre  vint  infecter  la  mal- 
heureuse Teresa;  le  roi  résolut  alors  de  rompre  son 
union  morganatique  pour  en  contracter  une  nouvelle 
avec  une  princesse  de  Castille ,  Bereoguela  Âlfonso ,  fille 
de  l'infant  Àlfonse,  seigneur  de  Molina  et  de  Mesa,  et 
uièce  de  saint  Fernand.  Berenguela  était  donc  la  cou- 
sine germaine  du  roi  Alfonse  X. 

Sans  trop  se  soucier  du  double  empêchement  cano- 
nique résultant  de  son  mariage  régulier  avec  une  femme 
encore  vivante  et  de  sa  parenté  avec  la  cousine  germaine 
du  roi  de  Castille ,  Jacme  se  sépara  de  Teresa  Gil  et 
vécut  avec  Berenguela. 

Le  souverain  de  l'Aragon  était  arrivé  à  ce  degré  de 
puissance  où  l'homme,  enivré  de  sa  propre  gloire,  se 
regarde  comme  supérieur  aux  lois  que  Dieu  a  imposées 


enfant.  (Arch.  d'Aragon,  Reg.  XIV,  fo  82.)  Pedro,  seigneur 
d'Âyerve,  fut  marié  à  Aldonza  de  Cervera.  D.  Prospère  de  BofaruU 
a  fait  connaître  en  détail  la  postérité  ,de  ces  deux  princes.  (Los 
Condes  de  Barcelona  vindicados ^  t.  II ,  p.  237.) 

*  Archives  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  V',  n»*  4602  et  4618. 

*  Archives  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  I«s  n»*  4643  et  4  647. 


9(8  u?Miv,  cMàsvnmu 

m  commun  des  créatures.  Ses  flatteurs  laîqnei;  ou  clercs 
avaient  tellement  exalté  ses  victoires»  qu'ils  eu  étaieul 
venus  au  point  de  représenter  Dieu  comme  Tobligéde 
celui  qui  avait  conquis  deux  royaumes  au  profit  de  la 
religion  chrétienne  ;  aussi  Jacme  finissait*il  par  se  croire 
des  droits  à  quelques  faveurs  particulières  de  la  part 
du  Souverain  Juge.  Cette  confiance ,  à  la  fois  présomp- 
tueuse et  naïve ,  perce  dans  le  récit  que  nous  donne  la 
chronique  royale  d*une  confession  faîte  par  W  Conquis* 
tador  au  moment  où  il  se  prépare  à  livrer  une  batailto 
dans  le  royaume  de  Murcie. 

«  En  ce  temps  allait  avec  nous  l'évéque  de  Barcelone, 
et  nous  lui  demandâmes  frère  Ârnau  de  Sagarra  qui 
était  frère  prêcheur.  Celui-ci  étant  venu  en  notreprésenca, 
nous  lui  dîmes  que  nous  voulions  nous  oonfasser  à  lui; 
il  nous  répondit  que  nous  pouvions  parler»  et  nous  lui 
dîmes  que  nous  ne  croyions  pas  avoir  commis  d'autre 
péché  contre  Notre-Seigneur  que  celui  de  dona  Beren- 
guela ,  mais  que  notre  désir  était  de  vivre  avec  elle  libre 
de  péché  comme  un  homme  doit  vivre  avec  sa  femme; 
qu*il  savait  notre  projet  de  conquérir  la  cité  et  tout  le 
royaume  de  Murcie»  et  qu'aussi  bonne  oeuvre  que  celle  de 
conquérir  ce  royaume  et  de  le  donner  aux  chrétiens  nova 
devait  valoir  quelque  chose  ;  et  que  nous  étions  assurés 
que  ce  péché  ne  nous  nuirait  en  rien  dans  là  bataille , 
surtout  lorsque  nous  en  demandions  pardon. 

»  —  C'est  chose  grave  que  d*étre  en  péché  mortel, 
répondit  le  frère ,  et  il  ajouta  que»  si  nous  promettions 
de  ne  plus  commettre  ce  péché»  il  nous  pardonnerait. 
Noua  lui  répondîmes  qu'avec  telle  intention  nous  allions 
à  la  bataille,  croyant  que  d'une  façon  ou  d'une  autre 
Dieu  nous  pardonnerait  en  ce  jour ,  pour  le  grand  service 
que  nous  lui  rendions  dans  «ette  cauquéte;  car»  Mcepté 


Mttu  lànte  I  prar  le  reste  personne  ne  pouvait  àivb  ipk% 
B0td  eMfÂOQs  mMVdid  vouloir  eontre  qui  qoe  ce  fût  aa 
nondei  Le  frère  hésitait  en  entendait  nqs  paroles,  îbzik 
flow  Ittî  dlines  âe  nous  donner  sa  bénédiction,  et  que, 
qaattt  à  a#tre  arrab|feâént  avec  Diea  y  il  le  laissât  ft 
Aotre  ebarge  * .  i^ 

AVatit  Tépoqnë  où  fal  faite  cette  confession ,  Jaclne 
avait  tenté  d'arracbel^  &  (a  eonr  de  Rome  tine  décision 
qui  régalarialt  sa  position  scandaleuse.  Oe  n'était  pas 
d*un  Pontife  tel  que  Clément  IV  que  Ton  pouvait  atten^* 
d^a  im  acte  de  servile  complaisance,  c  Loin  de  neus, 
vépondît  le  Pape  i  cette  pensée  criminelle  de  violer  les 
Idls  du  Seigneur  et  dé  plaire  aux  hommes  en  offensant 
tenr  créateur  et  leur  rédempteur  ! . . .  Tous  n'avez  pis  pu 
espérer  faire  autoriser  cette  honte  par  le  vicaire  de 
Jésus'Ghrist  qtii  déteste  tout  ce  qui  est  Honteux.  Si  voufc 
demandez  ce  qu'il  Vous  reste  à  faire ,  puisque  vous  ne 
pouvez ,  sans  mettre  votre  corps  en  péril ,  cohabiter  avec 
la  première  (Tet*esa  Gil),  notre  réponse  sera  prête: 
résignez-'vons  sous  la  main  dd  Seigneur....  Croyez-vous 
que  si  toutes  les  reines  du  ibonde  étaierit  atteintes  de  la 
Idpre,  nous  donnerions  pour  cela  aux  rois  la  permission 
de  prendre  d*autt*es  épouses?  Sachez  bien  qu'ils  essuje- 
raient  tous  le  même  refus ,  dussent  les  races  royales , 
privées  de  rejetons ,  se  dessécher  dans  leurs  racines  et 
dans  leurs  rameaux.  C*est  pourquoi,  très-cher  fils, 
ayant  Dieu  dëvaïit  vos  yeax ,  et  prenant  pour  exemple  le 
trës-vertuêux  roi  de  France  avec  lequel  vous  vous  êtes  lié 
d'amitié,  voyez  combien  votre  puissance  s'est  accrue 
du^àttt  Votre  vie  ;  voyez  les  bienfaits  que  vous  ave^  reçus 
de  la  main  du  Très-Haut  ;  voyez  la  croix  que  vous  avez 


360  LItEB  lY,    GHAPITftB  II 

attachée  sur  yotre  épaule  ;  voyez  tes  périls  de  la  guerre 
auxquels  vous  vous  exposez  avec  courage  ;  D*ajoutez  pas 
Tadultëre  à  Tinceste,  car  vous  rendriez  stériles  vos 
bonnes  œuvres  et  vous  amasseriez  la  colère  du  Seigneur 
pour  le  jour  du  jugement.  Ne  dites  pas  que  vous  ne 
pouvez  observer  la  continence,  car  cette  questiou  est 
vidée  depuis  longtemps.  Comment  le  Seigneur  juste  et 
bon  ordonnerait-il  à  tous  de  s*abstenir  de  rapports  illi- 
cites, si  un  seul  pouvait  objecter  Timpossibilité d'observer 
le  précepte*?...  » 

Nous  venons  de  voir  que  Jacme  ne  tint  aucun  compte 
des  justes  et  sévères  remontrances  de  Clément  IV  ;  pour 
toute  réponse ,  il  fit  hâter  les  préparatifs  de  sa  nouvelle 
expédition  contre  les  Sarrasins ,  et  crut  peut*étre  trouver 
une  demi-absolution  des  scandales  de  sa  vie  privée  dans 
les  éloges  que  le  Pape  fut  contraint  de  donner  bientôt 
après  à  ses  projets  de  conquérant  chrétien. 

Le  temps  approchait  où  il  fallait  tenir  la  promesse 
faite  au  roi  de  Castille.  Après  avoir  obtenu  des  prud - 
hommes  de  Teruel  et  de  Valence  des  secours  en  nature 
que  ces  deux  villes  ne  marchandèrent  pas  à  leur  souve- 
rain; après  avoir  réuni  le  plus  grand  nombre  possible 
de  vassaux  ou  de  combattants  soldés*,  parmi  lesquels 


*  Lettre  du  47  février  4265.  —  Voy.  Raynaldi,  Ànnalei  eceUt.» 
adann.  4266,  n»*27  et  28. 

3  Le  25  juillet  4264,  le  roi  autorise  Guillem  de  Roquefeuil,  son 
lieutenant  à  Montpellier,  à  retenir  tous  les  droits  perçus  sur  les 
chrétiens  et  les  juifs  de  cette  seigneurie  pour  payer  les  frais  d'en- 
tretien des  hommes  que  Guillem  a  doit  conduire  à  la  guerre  de  Gre- 
nade »  (Archives d'Aragon,  Reg.  XIII,  f»  204).  Le  4*^  août  suivant, 
Jacme  reconnaît  devoir  au  même  Guiilem  douze  mille  sols  melgo- 
riens  pour  la  solde  des  combattants  et  arbalétriers  qui  doivent  pren- 
dre part  à  cette  expédition  sous  son  commandement.  (Arch.  d'Ara- 
gon, Reg.  XIV,  fo  60.)  Aux  mêmes  préparatifs  deguerre  se  rattache 


GOMQVftTE  DU  BOTAiniE  M  VimCIB  361 

an  graod  nombre  firent  défaut,  Jacme,  durant  l'automne 
de  Tannée  iâ65,  s*avança  dans  le  royaume  de  Murcie, 
ou  devaient  se  concentrer  ses  opérations,  tandis  que  les 
Castillans  tiendraient  tête  aux  Maures  de  TÂndalousie  et 
du  royaume  de  Grenade  \ 

Les  premiers  succès  du  Conquistador  dans  sa  nouvelle 
expédition  farent  purement  pacifiques:  Villena,  Elda, 
Petrer,  Nompot ,  Elche ,  Grivillente,  en  un  mot  tontes 
les  places  situées  entre  Villena,  Alicante  et  Orihuela  se 
rendirent  sans  coup  férir  après  quelques  négociations 
habilement  conduites  par  Jacme  lui-même. 

—  «  Â  tous  ceux  qui  ont  voulu  vivre  en  paix  avec  nous, 


sans  doute  la  donation  à  titre  à^honor  selon  le  fuero  d'Aragon,  faite 
le  28  octobre  4265  à  Ramon  de  Roquefeuil,  de  la  somme  de  deux 
mille  sols  melgoriens  à  percevoir  sur  les  revenus  de  Montpellier, 
f  Archives  d'Aragon,  Reg.  XIII,  f»  284.)  Ce  Ramon  de  Roquefeuil 
est  probablement  le  deuxième  fils  de  Guillem.  C^est  de  ce  Ramon 
qu'est  issue  la  branche  des  comtes  de  Peralada,  en  Espagne,  éteinte 
en  1712. 

*  Si  l'on  en  croyait  les  historiens  arabes  d'après  lesquels  Gonde 
a  rédigé  la  partie  de  son  livre  où  ces  événements  sont  mentionnés  , 
«  le  roi  Gacum  (corruption  du  catalan  Jacme],  que  d'autres  appel- 
lent Gaymis  (Jayme],  prétendait  faire  la  conquête  deMurcie  pour  son 
propre  compte,  tandis  que  le  roi  Alfonse  dirait  que  cette  terre  était  sa 
première  conquête  .et  voulait  en  faire  roi  son  frère  don  Manuel 
qu'il  aimait  beaucoup.  Cette  rivalité  les  troublant  dans  Texécution 
de  leurs  desseins,  les  deux  rois  résolurent  de  marier  don  Manuel 
avec  la  fille  de  Gacum.  La  reine  lolant,  femme  d'Alfonse,  était  fille 
de  Gacum  et  sœur  de  celle  qu'on  voulait  faire  reine  de  Murcie.  lolant 
était  vaine  et  envieuse  et  moins  belle  que  sa  sœur,  et  elle  se  sentit 
blessée  dans  son  âme  quand  elle  apprit  que  cette  conquête  servirait 
à  4onner  une  couronnée  celle  qu'elle  abhorrait  ;  aussi  n'épargna-t- 
ellerien  pour  Tempêcher.  »  (Conde,  Hisloriadeladominaciondeloi 
Arabes  en  Eapaûa^  Part.  IV,  cap.  viii.)  —  Ce  récit  n'est  autre  chose, 
on  le  voit,  que  l'écho  des  bruits  sans  fondements  qui  durent  circuler 
dans  la  population  musulmane  à  la  nouvelle  de  l'expédition  entr^ 
prise  par  le  roi  d'Aragon  contre  les  Sarrasins  de  Murcie. 


disaitN^il  par  eiemple  ailx  Sarrasins  d'ElcHoi  note  afOM 
accordé  merci  et  mainteou  ce  qae  nons  aVioAs  promis»  4 
moins  qQ*il8  ne  l'aient  perdn  par  leur  fante.  Or  û  tant 
que  TOUS  sachiez  qneeeax  qui  se  sonlëferoat  ocHQtra  Mos, 
refusant  notre  merci,  seront  vaincus  0t  pateés  ao  fil  dé 
répée  ;  mats  à  tfeai  qui  se  soiinettront  à  B9tre  m«rèi , 
nottd  la  Imr  octroierons  de  telle  manière  qa'ils  potr^oot 
Tivre  dans  leurs  maisons  et  posséder  lettrs  biens  seleb 
^r  loi.  Nous  ferons  que  le  roi  de  Gastille  et  don  Manuel 
respectent  les  conventions  conolnes  avec  euK ,  ainsi  qjÊé 
leurs  coutumes^  conformément  aux  traités^  et,  s'ils  y  dnf 
manqué  *  nous  obtiendrons  qu'ils  vous  en  tassetot  satis- 
faction. :»  Puis,  prenant  à  part  l'un  des  chefs,  il  lui 
promit  de  le  faire  nommer  gouverneur  de  la  ville  et  lui 
glissa  trois  cents  besants  dans  la  manche  de  sa  robci  Le 
lendemain,  la  ville  était  rentrée  dans  Tobéissabce  *. 

Avant  de  mettre  le  siège  devant  Murcie,  Jaciné  éttt 
une  entrevue  avec  son  gendre  Alfonse  X  dans  la  petite 
ville  d'Alcoraz.  A  cette  occasion,  le  roi  d'Aragâù  fait 
remarquer  avec  complaisance  qae  plus  de  trois  eèdts 
Chevaliers  et  de  deux  cents  almogavares  marchaient  4  sa 
suitOi —  «  sans  compter,  ajoute-t-il^  que  nous  aurions 
pu  amener  en  outre  trois  cents  chevaliers  que  nous  avions 
laissés  &  Ûrihûela  »,  —  tandis  que  Tescortéf  d' Alfonse  iê 
composait  à  peine  de  soixante  hommes  achevai.  La  reine 
de  Gastille  et  ses  enfants  se  trouvèrent  à  cette  «Étrevmt 
Où  Jacme  parnt  ayant  à  ses  côtés,  Cdtttme  uhe  épàûSë 
légitime,  l'infante  Berenguela  Atfbnso. 

Les  cours  de  Gastille  et  d'Aragon  séjournèrent  aii« 

eeo&iûe  â  Alcora^  ;  le  ai  décembre,  Jacme  retlot  i 

Ûrihuéla,  d'où  il  partit  le  2  janvier  âaiVahl,  i  là  tétâ  dd 
1  Ghron.  dé  Jfâcâcné,  dtt^.  cOtx. 


J 


9MI»  »i  wmfB  un 

8011  armée ,  pour  aller  assiéger  la  capitale  en  royaume 
qu'il  avait  entrepris  d^arracber  aox  Sarrasips. 

La  siège  deMarcie  ne  fut  guère  qa*ao  blaenaV  On 
n'employa  ni  tranchées»  ni  mines,  ni  nàacbines  d« 
guerre  pour  détruire  les  remparts;  on  se  borna  i  coupe? 
les  communications  des  assiégés  avec  le  dehors  et  4 
ravager  la  campagne ,  afin  de  prendre  la  place  par  la 
famine.  Pendant  ce  temps  «  le  roi  traitait  secrètemont 
avec  les  habitants  par  T intermédiaire  de  son  trucheman 
La  Ejea ,  du  juif  en  Astrug  de  Bonsenyor ,  sou  seerétaire 
pour  la  langue  arabe,  etd*un  chevalier  de  Mujrviedro, 
Domingo  Lopez,  qui  parlait  la  même  langue. 

Après  plusieurs  entrevues  du  roi  avec  Vahmr  ou 
alguacil,  chef  de  la  population  de  Mureie,  il  fu4  C0Q« 
venu  que  la  ville  se  rendrait  à  la  condition  d*uo  entier 
pardon  et  du  maintien  des  franchises  dont  Réjouissait 
avant  sa  révolte.  L*alcayde  qui  commandait  la  garnison 
pourTémirde  Grenade  fut  chassé  par  les  habitants ,  et 
bientôt  le  Conquistador  put  contempler  avec  une  pieuse 
émotion  sou  royal  étendard  flottant  sur  TÂIcaaar  de 
llurcie  (février  1266). 

Le  traité  conclu  avec  Talguacil  portait  que  la  ville 
serait  divisée  en  deux  parts»  Tune  pour  les  cbrélieea, 
l'autre  pour  les  musulmans  ;  mais  ce  partage  w  put 
s*opérer  sans  de  vifs  débats.  La  grande  mosquée  fut  sur* 
tout  un  sujet  de  longues  contestations  que  le  roi  traneha 
en  faveur  des  chrétiens. 


*  liM-sipoetes  cbtëtiens  arrivèreat  derint  Marcie,  Pun  des  êéaiids 
chargés  de  marquer  le  eampemenl,  plaça  la  tente  du  roi  à  une  por- 
tée de  baliate  de  la  ville.  —  «  Adalid,  lui  dit  Jacme,,  sottement  lu 
nous  a  logé,  mais  puisque  ainsi  tu  as  fait,  sacbe  bien  que  nous 
resteroni  ici  ou  il  nous  en  coûtera  cher.  »  (Chronique  de  Jacme , 
chap.  GGuuv.) 


564  LITRE  !▼,  CHAPmiB  II 

—  «  Votre  mosquée,  dit-il  aux  Maures  »  est  à  la  porte 
derAIcazar,et,quancl  je  dormirai,  je  ne  veux  pas  entendre 

crier  à  ma  tête  :  Allah  lo  sabba  o  Allah D'ailleurs 

il  vous  en  reste  dix  autres  où  vous  pouvez  faire  vos  orai« 
sons ,  et  il  est  bien  juste  que  nous  ayons  au  moins- une 
église.  » 

Jacme  avait  une  dévotion  particulière  pour  la  mère  de 
Dieu ,  et  à  Murcie ,  comme  dans  toutes  les  villes  où 
il  ramenait  la  croix  triomphante,  il  voulut  que  la  pre- 
mière église  fut  dédiée  à  la  Vierge.  Les  riches  tentures 
et  les  objets  précieux  de  la  chapelle  royale  servirent  aa 
nouveau  sanctuaire ,  qui  fut  consacré  en  grande  pompe 
par  révéque  de  Barcelone ,  Arnau  de  Gurb,  assisté  de 
Tévéque  de  Carthagène. 

Pendant  que  les  prêtres,  «  revêtus  de  chapes  de  velours 
et  de  drap  d*or,  portant  la  croix  haute  et  l'image  de  Notre- 
Dame  >,  entraient  processionneliement  dans  Fancienne 
mosquée ,  où  retentissaient  pour  la  première  fois  les 
belles  prières  du  culte  calholique ,  «  nous  fûmes  pénétré, 
écrit  le  roi ,  d*une  telle  dévotion  pour  la  grâce  et  merci 
que  Dieu  nous  avait  octroyée,  à  la  prière  de  sa  benoîte 
Mère ,  que ,  embrassant  Tautel ,  nous  fondîmes  en  larmes 
et  restâmes  plus  d'un  quart  d*heure  sans  pouvoir  nous 
arracher  de  là  ni  contenir  nos  pleurs.  Et  il  n*y  a  pas  à 
s*étonner  qu'il  en  fût  ainsi,  car  jamais  nous  n'étions  passé 
près  de  Murcie  sans  prier  sainte  Marie  de  nous  permettre 
d'y  voir  son  saint  nom  adoré  ,  et,  par  son  intercession , 
son  bien-aimé  fils  avait  voulu  accomplir  notre  volonté  *.• 

Les  chrétiens  étaient  maîtres  de  la  capitale  et  de  vingt- 
huit  autres  villes  ou  châteaux  du  royaume  de  Murcie. 
Jacme  voulait  pousser  plus  avant  sa  conquête  et  marcher 

*  Ghron.  de  Jacme,  chap.  cclxix. 


LB8  inTAim  pmuiB  bt  jâgmb  365 

sorÂlmeria,  mais  les  barons  refusèrent  de  le  suivre 
dans  une  expédition  qui  leur  semblait  pleine  de  périls. 
Le  Conquistador  dut  rentrer  dans  ses  États,  après  avoir 
loyalement  remis  à  un  rico  home  de  Castille  le  comman- 
dement des  troupes  qu'il  laissait  à  Murcie  en  attendant 
Tarrivée  d*une  garnison  castillane. 

Une  grande  part  dans  les  succès  que  nous  venons  de 
raconter  revient  à  la  bravoure  des  infants  aragonais , 
Pierre  et  Jacme  V  Un  jour,  au  début  de  cette  guerre,  et 
au  moment  où  Ton  se  croyait  sur  le  point  de  livrer  ba- 
taille ,  le  roi  avait  dit  aux  princes  ses  fils,  en  présence  de 
toute  l'armée  :  «  Mes  enfants,  vous  savez  de  quelle  race 
vous  sortez  et  quel  est  votre  père  ;  comportez-vous  donc 
dans  ce  fait  d'armes  de  manière  à  ce  que  tout  homme  au 
monde  puisse  dire  ce  que  vous  valez  et  de  qui  vous  des- 
cendez; sinon,  j'en  jure  Dieu,  je  vous  déshérite.de  tout 
ce  que  je  vous  ai  donné*.  »  Cette  valeureuse  exhortation 
avait  porté  ses  fruits. 


*■  Voy.,  pour  les  détails  de  la  conquête  de  Murcie,  Chronique  de 
Jacme,  chap.  cclv  à  cclxxiii  ;  Chronique  de  Ramon  Muntaner , 
chap.  XII  à  XVII  ;  Chronique  de  Bernât  d'Esclot,  chap.  lxv.  —  Les 
principaux  seigneurs  qui  prirent  part  à  cette  expédition  furent,  outre 
les  deux  infants  Pierre  et  Jacme  :  Pedro  Fernandez  de  Hijar,  fils 
naturel  du  roi  ;  le  maître  de  Tordre  d'Uclôs  ou  de  Saint-Jacques  ; 
GulUem  et  Ramon  de  Roquefeuil  ,*  les  Catalans  Ramon  Folch,  vicomte 
de  Cardona  ;  Ramon  de  Moncada,  Bernât  de  Vilanova,  Hugues  de 
Malavespa ,  maître  des  hospitaliers  de  Saint-Jean-de-Jérusdlem  ; 
Pierre  de  Queralt,  lieutenant  du  maître  du  Temple  ;  Arnau  de  Gurb, 
évêque  de  Barcelone  ;  Hugues,  comte  d'Ampurias  ;  Joffre,  vicomte  de 
Rocaberti  ;  Carroz,  seigneur  de  Rebolledo  ;  Berna t-Arnau  de  Angle- 
sola  et  Galceran  de  Pinos  ;  les  Aragonais  Blasco  de  Alagon,  Artal  de 
Luna  et  Ximeno  de  Urrea  ;  les  Castillans  don  Manuel ,  frère  d'Al- 
fonse  X,  Alonzo  Garcia  et  Pedro  de  Guzroan.  On  voit  qu'ici  encore  les 
Catalans  étaient  les  plus  nombreux. 

'  Ghron.  de  Jacme,  chap.  cclx. 


Bii  qualité  d*fttfié,  Tinfatil  Pierre  roeueHIH  Ift  plu 
beNepart  de  gloire:  <  Soyez  asâorés^dUMuntaner,  qa'iliie 
ftaquit  janais  fils  de  roi  qo!  fat  plus  brave,  pltiscoiirageai, 
phtsbeaa,  plas  ftage  ni  plas  adroit  de  tous  ses  membres. 
Aassi  p6ttl*0Q  dire  de  loi  qa^ii  n'est  ni  ange  ni  diable , 
mais  homme  parfait.  Et  e*est  avec  raison  qQ*on  loi 
applique  ce  vieux  proverbe ,  puisqu'il  est  réellement 
m  homme  accompli  en  toutes  grâces  ^  •  Si  les  éloges 
Au  chroniqueur  à  Tadresse  de  celui  qui  devint  leroi  Pierre 
h  Grand  peuvent  être  suspects  de  flatterie,  il  n*eu  sau- 
rait être  de  même  des  félicitations  de  Clément  lY.  Le 
Pape  écrivit  à  la  fois  à  Tinfant  Pierre  et  au  roi  Jacmie  *; 
mais  le  père  des  fidèles  ne  put  s'empêcher  de  joindre 
MX  louanges  des  conseils  salutaires  pour  le  Conqtnstador^ 
«  vainqueur  des  rois ,  qui  se  laissait  subjuguer  par  une 
fsmmo.» 

•  Considérez,  nous  vous  en  prions ,  disait  Clément  IV, 
qu'il  se  fait  tard  et  que  le  jour  déclin»  pour  vous.  Teae 
courez,  comme  les  autres ,  à  cette  fin  inévitable  que  le 
Seigneur  a  marquée  d'avance  à  toute  créature  charnelle. 
Il  ne  vous  convient  pas  de  souiller  les  derniers  tempe  àt 
votre  vie ,  car,  sr  une  fin  sans  tache  ne  la  rehausse,  vous 
ne  pourrez  être  admis  dans  ce  royaume  où  il  n'entrera 

rîea  d'inpor. ... .  Éloignez  de  vous  cette  adultère 

Renoncez  à  celte  misérable ....  »  Ces  paroles  terent  saM 
effet  sur  r&me  du  vieux  monarque ,  plus  attaché  que 
JMûiais  à.  cette  femme  que  son  illustre  origine  ne  pra* 
Mgeait  pas  contre  l'implacable  sévérité  du  pontifa  de 
Rome. 

^  ChroQ.  4q  Ramoa  Muotaner»  chap.  xv,  tradttclioa  de  M.  Buchoa. 

^  Voy.  Martène  et  Durand,  Thesaurm  novuB  anecdolorum,  t.  U, 
eoL  S40  et  244  ;  Raynaldi,  Annales  eccks.^  ad  aoA.y  4265 ,  n»  36^  et 
4Se6,  h^  25  et  86. 


CHAPITRE  m 

Qv^stioQs  teKgiduses.  -^  L'InquisiUoû.  —  Les  Sarrasins  et  les  juib.  <*^ 
fehwl^>  trésorier  génital  duroyaumQ.  —  Sermons  et  conférences  poux 
la  conversion  des  Sarrasins  et  des  juifs.  —  Saint  Ramon  de  Penyaiort. 
—  Rabbi  Moses  ben  Nachman.  —  FVère  Paul.  —  Rabbi  Bonastnig 
de  Porta.  —  Miracles  rapportés  au  règne  de  Jaeme  !•'.  —  Fèndations 
pieuses.  —  Ordres  religieux.  —  Pierre  Nolasque  et  Perdre  de  la  Ifcm. 
•»^  Prc^^  de  croisade  en  Orient.  -^  Relations  avec  Tempire  xnopgpl — 
4pb&s$ades  d'Abaga-Khan  et  de  Uiohel  Paléologue.  —  Départ  de  Jacme 
jour  la  croisade. — Tempête. —  Retour  du  roi.  —  Les  croisés  aragonais 
en  Syrie. 

A  peu  près  vers  le  temps  où  il  félicitait  Jâcme  de  la 
conquête  du  royaume  de  Murcie ,  Clément  IV  engageait 
Femôo^e  prince  à  expulser  les  Sarrasins  de  tous  les  pays 
aragonais,  à  éloigner  les  juifs  des  fonctions  publiques  et 
«  à  châtier  Taudace  de  celui  qui,  après  avoir  forgé  et 
entassé  des  mensonges  dans  une  discussion  soutenue  en 
pf é$0uca  cta  roi  contre  frère  Paul ,  de  Tordre  des  Pré- 
cli0iir&,  avait  conposé  on  livre  dont  il  répandait  l^s 
exemplaires^.» 

^  Zarita,  tndieeSf  ad  ann.  4265  ;  Raynaldi,  Annales  êêoiu.  adano. 
1266;  Biago,  Anales  del  reyno  de  Yalenûia^  ^  373^  --  Zurita  oWêH 
vtn  passage  dé  cette  lettre  qtii  se  rapporte  aux  torts  de  lacme  en* 
vers  le  clergé,  «  tels  qu'imposition  de  bovatge,  d'alberges  ol  oittrit 
exactions  qui  ne  sont  nuUement  dues,  » 


368  UTIB  IT  ,  GUAPITHB  lU 

De  pareilles  rigueurs  coQYeDaient  peu  à  Tesprit  large 
et  tolérant  de  Jacme  V, 

C'est  surtout  en  matière  religieuse  que  Ton  doit  juger 
les  hommes  avec  les  idées  de  leur  temps.  Aussi  n*est-OQ 
pas  médiocrement  surpris  de  voir  des  écrivains  modernes 
s*élever  contre  l'intolérance  de  princes  qui  ont  eu  le 
tort  de  ne  pas  être  en  plein  moyen  âge  des  philosophes 
du  XVIir  siècle  ou  des  libres  penseurs  du  XIX*. 

<  Le  mérite  de  ceux  qui  dirigent  le  vaisseau  de  l'Etat, 
a  dit  un  éminent  écrivain  espagnol,  c'est  de  gouverner  les 
peuples  conformément  à  leurs  croyances  et  à  leui^  in- 
térêts: les  contrarier,  c'est  les  jeter  dans  l'anarchie  et  le 
désordre^  »  On  ne  saurait  trop  se  pénétrer  de  cette  pen- 
sée lorsqu'on  aborde  l'étude  des  questions  d'histoire  reli- 
gieuse. 

Quand  il  s'est  agi  de  poursuivre  les  hérétiques ,  cent 
fois  plus  redoutables  pour  l'Eglise  et  pour  la  société  que 
les  juifs  ou  les  Sarrasins,  Jacme,  nous  l'avons  vu*, a 
ouvert  les  constitutions  catalanes  et  le  code  de  Valence 
aux  prescriptions  dictées  par  la  cour  de  Rome  à  tous  les 
princes  chrétiens.  En  admettant  qu'il  ait  compris  le  vice 
et  le  danger  des  rigueurs  qu'il  inscrivait  dans  ses  lois, 
croit-on  qu'il  eût  pu  résister  impunément  aux  ordres  du 
Saint-Siège?  N'eût-il  pas  été  insensé  le  souverain  qui 

*  Estudios  historicos^  poHHcos  y  literarios  sobre  los  judios  de  Em» 
pa/¥a,  por  D.  José  Amador  de  los  Rios,  individuo  de  numéro  de  las 
Reaies  academias  de  la  historia  y  nobles  artes  de  San  ^Fernando, 
decano  de  la  Facullad  de  fiiosofia  y  letras  de  la  universidad  cen- 
tral. (Ensayo  I ,  cap.  ix.)  —  Ce  remarquable  ouvrage  du  savant 
doyen  de  la  faculté  des  lettres  de  Madrid  a  été  traduit  en  français 
par  H.  Magnabal,  oorrespondant  de  rAcadémie  royale  d^histoire  : 
nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  d'emprunter  nos  citations  à  cette 
traduction  estimée. 

*  Voy.  ci-dessus,  p.  460  et  34^3. 


J 


L'nvouisiTioif  369 

aarait  tenté  de  soutenir  une  latte  dont  le  sort  de  la  maison 
de  Tonloase  devait  lui  faire  présager  Tissue  ? 

La  Papauté  soufifrait  même  si  peu  la  contradiction  sur 
la  question  deThérésie,  qu'elle  agissait  souvent  en  dehors 
du  pouvoir  séculier,  instituant  directement  les  tribunaux 
d'inquisition,  donnant  à  ses  délégués  le  droit  de  passer 
outre  aux  lois  du  pays  et  de  destituer  les  officiers  nommés 
par  les  princes. 

Nous  avons  fait  remarquer  *  cependant  que,  grâce  à  la 
défiance  de  la  nation  aragonaise  pour  toutes  les  nou- 
veautés, défiance  qui  la  préserva  à  la  fois  du  mal  et  de  son 
terrible  remède,  les  fueros  de  Hnesca  ne  font  aucune 
mention  ni  de  l'hérésie,  ni  des  mesures  destinées  à  la 
réprimer. 

Il  ne  parait  pas  qu'à  Valence  l'inquisition  ait  fonctionné 
d*une  manière  régulière  sous  Jacme  le  Conquérant  :  la 
Catalogne  seule  fut  soumise  à  ses  rigueurs  ;  mais  l'adjonc- 
tion de  laïques  nommés  par  le  roi  aux  clercs  institués 
par  Tévéque  avait  évidemment  pour  but  de  faire  entrer 
dans  les  commissions  inquisitoriales  un  élément  pon- 
dérateur destiné  à  en  modérer  les  excès. 

li  y  eut  néanmoins  dans  la  Marche  espagnole  quelques 
condamnations  sévères.  Les  pays  soumis  aux  comtes  de 
Foix,  anciens  alliés  de  la  maison  de  Toulouse,  eurent 
surtout  à  souffrir  du  zèle  des  inquisiteurs*.  La  responsa- 

^  Voy.  cî-dessus,  p.  224. 

^  En  1237,  plusieurs  hérétiques  de  la  vicomte  de  Oastelbon  pé- 
rirent sur  le  bûcher,  et  les  cadavres  de  dix-huit  individus  furent 
exhumés  pour  être  livrés  aux  flammes.  ;D.  Vaissèle,  Hist.  de  Lang, 
liv.  XXV,  chap.  xvi,  et  Pr.,  t.  III,  n«  ccxxiic  de  Tédit.  in-f°.)  Roger- 
Bernard  II;  comte  de  Foix  et  vicomte  de  Castelbon  ,  plusieurs  fois 
excommunié  et  absous,  fut  poursuivi  même  après  sa  mort  ;  mais  ce 
dernier  procès  se  termina  par  une  sentence  favorable  à  sa  mémoire. 
{nist.de  Long.,  éd.  in-f",  t.  III,  Pr.  n*»  cccxxxix.)  Moins  heureux  que 
T.  II.  24 


I 


370  LIYRI»  Vf,  »   GHàflTRB  III 

bilité  de  ces  actes  ne  remonte  point  jusqu'au  roi  obligé 
de  permettre  ce  qu'il  ne  pouvait  empêcher.  Mais*  si  nous 
considérons  la  conduite  de  Jacme  à  Tégard  des  Sarrasins 
et  des  juifs,  nous  y  trouverons  des  preuves  évidentes  de 
la  tolérance  de  ce  grand  prince. 

Sur  ce  point,  le  Saint-Siège  était  moins  sévère;  lierai* 
gnait  peu  l'influence  religieuse  des  infidèles,  il  exigeait 
seulement  qu'on  facilitât  leur  conversion,  et,  s'il  de- 
mandait quelquefois  des  rigueurs,  il  ne  les  imposait 
jamais. 

Le  récit  des  conquêtes  de  Jacme  l"  nous  a  donné  Toc- 
casion  de  faire  connaître  la  façon  d'agir  du  Conquistador 
à  l'égard  des  musulmans.  Après  la  tentative  d'expulsion 
qui  suivit  la  révolte  d'Al  Azarch  ,  tentative  que  motivait 
seule  la  crainte  de  nouveaux  soulèvements ,  Jacme  s'était 
décidé  à  laisser  en  paix  les  Sarrasins  soumis  qui  restaient 
encore  sur  le  sol  chrétien,  sans  leur  enlever  le  libre  exer- 
cice  de  leur  culte  et  de  leurs  lois  V 


Roger-Bernard,  Ermessende  de  Castelbon,  sa  femme,  et  Arnaad, 
vicomte  de  Gaslelbon,  son  beau-père,  furent  condamnés,  en  4270, 
G^est-à-dire  plus  de  quarante  ans  après  leur  mort,  et  leurs  cendres 
exhumées  furent  jetées  au  vent.  (Zurita,  Anales^  lib.  lil,  cap.  76 
—  Marca  hispanica,  lib.  VIÏI,  cap.  22,  n»  i.  —  Hist.  de  Lang.  » 
lib.  XXIV,  chap.  lxi.)  On  trouve  aux  Archives  d'Aragon  (Parch.de 
Jacme  l«s  n°  940)  une  condamnation  pour  crime  d'hérésie  pronon- 
cée le  30  mars  4243,  contre  A.  de  Mutationibus,  par  frère  Ferrarius, 
de  Tordre  des  Prêcheurs,  inquisiteur  «  des  provinces  de  Narbonne, 
Alby,  Roussillon  et  Auvergne. 

*  Voy.  Coleccion  de  documentos  ineditos  del  Archiva  de  Aragon, 
t.  VI,  p.  445;  —  Privilège  accordé  aux  Sarrasins  de  Saragosse. 
(Arch. d'Aragon,  Reg.  X,  f"  4  38.)  —  Blancas  {Rerum  aragon,  cotor 
ment,  ap.  HUp.illust.,  t.  III,  p.  783)  nous  fait  connaître  le  nom  et 
les  attributions  des  magistrats  chargés  de  rendre  la  justice  entre  les 
Sarrasins.  C'était:  4»  le  Zavalachen  izaval ,  seigneur;  achen^ 
jugement),  è  la  fois  juge  et  tabellion.  Gomme  juge,  il  donnait  les 


ÉTAT  Méiit  DE6  SAlilTASIIfS  571 

Dans  le  pt imipe,  les  mustilcrkafns  ayaienl  été  asstrjettrs 
ao  paiyemeat  d'une  contribntion  particulière  appelée 
impôt  des  basants  ;  mais  les  furs  de  Valence  en  avaient 
bientôt  dispensé  tous  ceux  d*entre  eux  dont  les  seigneurs 
introduisaient  le  nouveau  code  dans  leurs  domaines  V 
Les  pays  peuplés  en  fnero  d'Aragon  étaient  donc  exceptés 
de  cette  faveur. 

Parmi  les  fM^d^res,  —  c'est  ainsi  que  l'on  appelait, 
en  Espagne,  les  musulorans  étaMis  au  milieti  des  con- 
quérants chrétiens,  —  on  ne  remarque  am;ûn  homme 
éminent  quie  l'on  puisse  comparer  à  ceux  que  nous  nom- 
merons tout  à  l'heure  en  nous  occupant  des  juifs.  C'est 
qne  toutes  les  sommités  de  l'islamisme  avaient  suivi  le 
croissant  dans  son  mouvement  de  retraite;  il  était  resté 
aentement  sur  les  terres  conquises,  ceux  qui  ne  sentant 
pas  en  eux  les  qualités  suffisantes  pour  assilrer  leur 
avenir  et  celui  de  leur  famille,  avaient  préféré  vivre 
comme  colons  sur  le  sol  qui  les  avait  vu  naître.  Les  Sar- 
rasins étaient  d'excellents  agriculteurs*  ;  à  ce  titre  ,  ils 


citation^,  rendait  les  sentences  et  les  faisait  exécuter;  2*"  VAlamin 
.langue  fidèle),  juge  des  causes  qui  n'excédaient  pas  deux  sols. 
Gomme  le  précédent,  il  exécutaitses  propres  sentences.  Il  servait  en 
outre  d'huissier  au  Zavalachen  et  veillait  ù  l'exacte  perception  de 
j'impôt  royal  sur  ses  coreligionnaires.  Quelquefois  les  magistrats 
sarrasins  portaient  le  titre  ù^alcayde,  comme  nous  l'avons  vu  ci-des^ 
sus  (p.  490fnote2). 

*  Fursùe  Valence,  lib.  VIII,  rubr.  VIII,  fur  27.  —  Le42avril 
1263,  Jacme  exempta  les  sarrasins  de  Masones  de  tout  impôt  et  de 
tout  service,  excepté  du moneclat^e,  du  6oi;at^e  et  des  amendes  pro- 
noncées par  la  justice,  moyennant  une  redevance  annuelle  de  quinze 
cents  sols  de  Jaca  imposée  à  la  communauté  musulmane.  (Archives 
d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  I",  n*»  4738;  Col.  de  docum.  ineditas  , 
t.  VI,  p.  457.) 

^  Nous  avons  dit  (p.  244)  que  les  furs  de  Valence  autorisent  les 
Sarrasins  à  ^e  livrer  aux  travaux  des  champs  les  jours  de  fôte,  à 


I 


372  LIVAB  IT  f  GHAntlIB  Ut 

rendaient  au  pays  des  services  que  tout  le  monde  était 
à  même  d'apprécier;  les  propriétaires,  nobles,  bour- 
geois et  même  clercs,  les  protégeaient  particulièrement;  le 
peuple  voyait  en  eux  des  producteurs  utiles,  vivantpresqne 
tous  de  leur  travail;  aussi  était-il  loin  de  nourrir  contre 
eux  cette  haine  qui  a  poursuivi  les  juifs  jusqu'à  des  temps 
peu  éloignés  de  nous,  haine  aveugle  dont  on  ne  saurait 
trop  déplorer  les  terribles  effets,  mais  que  ceux-là  mêmes 
qui  en  étaient  les  victimes  semblaient  se  plaire  à  entre- 
tenir et  à  irriter. 

Si  les  juifs,  en  tant  que  race,  avaient  besoin  d'une  réha- 
bilitation, elle  serait  complète  aujourd'hui.  Personne 
plus  que  nous  n'applaudit  à  ce  résultat  de  la  civilisation  ; 
mais  reportons'uous  un  instant  au  moyen  âge.  Loin  de 
chercher  à  passer  inaperçus  au  milieu  d'un  peuple 
grossier,  qui  croit  venger  sur  ces  infortunés  le  meurtre 
de  son  Dieu,  les  fils  d'Israël  acceptent  la  lutte  et,  ren- 
dant le  mal  pour  le  mal,  répondent  à  la  violence  par  la 
ruse. 

Unis  par  les  liens  d'une  forte  solidarité,  formant 
une  nation  dans  la  nation,  ayant  à  leur  service  une  culture 
intellectuelle  supérieure  à  celle  de  la  masse  de  leurs 
adversaires,  doués  d'une  rare  aptitude  au  commerce  et 
aux  sciences,  souples,  astucieux,  vindicatifs,  ils  ne  cher- 
chent pas  à  vivre  en  paix  avec  les  chrétiens;  mais,  con- 
vaincus de  la  supériorité  de  leur  race,  ils  veulent,  eux  les 
moins  nombreux  et  les  moins  forts ,  dominer  la  force 
par  l'intelligence,  écraser  le  nombre  par  la  richesse*.  Le 

l'exception  de  Noël,  Pâques,  la  Pentecôte  et  PÂssomption.  (Fur* , 
lib.  I,  rubr.  VIII, /ur  2.)  Pareille   faveur  n'est  pas  accordée  aux 
juifs,  ce  qui  prouve  que,  quoiqu'on  en  ait  dit,  l'agriculture  n'était 
pas  leur  occupation  habituelle. 
*  Les  Israélites  eu  i( -mêmes  avouent  que  leurs  ooreligioonairos 


ETAT  SOCIAL  BE8  JUIFS  373 

but  n'était  pas  sans  quelque  noblesse  ;  les  moyens  em- 
ployés pour  Fatteindre  furent  trop  souvent  bas  et  vils. 

Les  juifs  n'eurent  pas  exclusivement ,  il  est  vraî ,  le 
triste  privilège  de  l'usure;  mais,  par  goût  ou  par  suite  des 
circonstances  qui  leur  fermaient  la  plupart  des  carrières , 
ils  se  trouvèrent  mêlés  aux  affaires  de  banque,  à  la  per« 
ception  des  impôts,  à  toutes  les  opérations  qui,  à  tort  ou 
à  raison  )  semblaient  peser  sur  le  peuple  au  profit  de 
quelques  individus.  Le  crime  de  leurs  ancêtres,  leur 
duplicité,  leurs  exactions ,  la  supériorité  suspecte  de  leur 
fortune  ou  de  leur  savoir,  les  rendirent  odieux  et  expli- 
quent, sans  les  justifier,  les  mépris  et  les  mauvais  traite- 
ments auxquels  ils  furent  en  butte. 

Il  faut  cependant  le  reconnaître ,  le  XIIP  siècle  fut , 
sous  le  rapport  de  la  tolérance,  bien  supérieur  aux 
trois  siècles  qui  le  suivirent,  comme  les  juifs  de  cette 
époque  furent  supérieurs  à  leurs  premiers  descendants. 

Le  XII*  et  le  Xlir  siècles  constituent  la  période  la  plus 
brillante  de  l'histoire  des  juifs  espagnols.  C'est  le  temps 
où  se  produit  parmi  eux  le  plus  grand  nombre  d'hommes 
remarquables;  où  leurs  savants  jouissent  auprès  des  rois 
d'une  faveur  méritée  ;  où  on  les  voit,  comme  médecins, 
comme  astronomes ,  comme  écrivains ,  comme  philo- 
sophes, comme  commerçants,  comme  financiers ,  rendre 
des  services  signalés  aux  pays  dans  lesquels  ils  vivent  et  à 
la  cause  entière  de  la  civilisation. 

aimaient  à  se  faire  remarquer  par  leur  luxe.  Voy.  Touvrage  publié 
par  M.  J.  Bedarride  sous  le  titre  de  les  Juifs  en  France,  en  Italie  et 
en  Espagne^  p.  191 .  —  En  montionDant  cet  intéressant  travail,  nous 
ne  pouvons  nous  empêcher  de  faire  nos  réserves.  Entraîné  par  un 
enthousiasme  facile  à  comprendre,  Pauteur  nous  parait  un  peu  trop 
disposé  à  peindre  les  juifs  comme  les  seuls  représentants  du  progrès 
moral  et  inleUectuel  au  moyen  âge. 


374  iLTMt  ly,  GHAPiTius  m 

Les  P^pes  vealent  eo  vaio  rçiAeUre  eu  ?îg9ieDr  jlios 
canons  des  conciles  qui  leur  interdisent  Taccès  des  fonc- 
tions publiqiues  et  cherchent  à  les  séparer  des  chrétiens  ; 
malgré  les  préventions  d*one  grande  partie  da  praple 
et  du  clergé ,  les  souverains  et  les  villes  les  accaeilleoi 
généralement  avec  faveur  et  leur  offrent  quelquefois  des 
prérogatives  exceptionnelles. 

En  Castille,  par  exemple,  les  fueros  de  quelques  loca- 
lités les  mettent  sur  le  même  rang  que  les  hidalgo$  V  Ed 
^ragon,  Jacme  P' affranchit  de  tout  tribut  pour  un  temps 
plus  ou  n)oin$  long  les  juifs  de  Uocaslillo ,  de  Tahnste  et 
de  Montclus  * ,  et  concède  à  ceux  de  Lérida  plusieurs 
privilèges  importants  ,  tels  que  celui  de  ne  pouvoir  être 
jugés  que  par  le  roi  ou  son  délégué  relativement  aux  pré- 
tendus blasphèmes  contenus  dans  les  écrits  de  leurs 
rabbins  ;  de  ne  jamais  être  forcés  de  changer  remplace- 
ment de  leurs  synagogues  et  de  leurs  cimetières;  den*étre 
pas  tenus  d*àssister  au:^  sermons  chrétiens  prédiés  hors 
de  leur  jmverie'. 

On  a  dit,  nous  ne  savons  d'après  quelles  données ,  que 
les  rois  d'Aragon  avaient  été  moins  favorables  aux  juifs 
que  ceux  de  Castille^  Ce  n*est  pas  à  Jacme  que  ce  re- 


^  Yoy.  Amador  de  los  Rios,  Estudios  sobre  losjudios  de  Espana^ 
ensayo  I»,  cap.  th.  —  Le  tableau  de  Pétat  des  juifs  en  Gastille  do- 
rant le  moyen  âge  a  été  tracé  par  |f  •  Amador  de  los  Ries  avec  une 
impartialité  et  un  talent  auquel  des  écrivains  de  nations  et  de  reli* 
gions  diverses  se  sont  plu  à  rendre  justice. 

'  Archives  d'Aragon,  Reg.  XI,  f«  153,  et  Parch.  de  Jacme  I", 
n°4346. 

'  Charte  du  9  novembre  4268,  conservée  aux  archives  d'Aragon, 
Parch.  de  Jacme  I«',  n<*  4955.  —  Voy.  Col.  de  documentes  inédites, 
t.  VI,  p.  470. 

^  L'auteur  des  Juifs  en  France^  en  Italie  et  en  Espagne,  ^^nncé 
(p.  495)  qu'à  Barcelone  les  juifs  étaient  exclus  du  commerce.  Nous 


tfrit  èr66fiL  BÉs  stifs  375 

prCKîliepétitB'adrefssér,  car,  dans  lespag^s  qiie  nous  avons 
consacrées  à  la  législation  en  vigueur  sotts  ce  priniôe  ,  on 
a  pu  voir  que  toutes  les  restrictions  apportées  à  la  liberté 
d*es  juifs  dans  les  Etats  aragonais  étaient  générales  en 
Europe,  tandis  que  plusiearsdes  garanties  qui  leur  étaient 
accordées  et  des  droits  qui  leur  étaient  riôtotthus  par  les 
constitutions  catalanes,  les  ftteros  d'Aragon  ou  les  furs  de 
Valence,  étaient  particulières  à  ces  pays  *.  . 

Non-seulement  la  masse  de  la  population  Israélite 
vivait  tranquille  dans  ses  jniveries,  souttiise  le  plus  sou- 
vent à  ses  lois  et  à  ses  magistrats* ,  mais  le  souverain 
veillait  à  ce  qu'elle  ne  fut  exposée  ni  aux  exactions  des 
officiers  royaux,  ni  aux  outrages  des  chrétiens.  Divers 
documents  attestent  cette  haute  protection.  Nous -citerons 
entre  autres  des  lettres  du  23  octobre  1252  *  et  un  privi- 
lège du  21  janvier  1259*  en  faveur  des  juifs  de  Mont- 
pellier ;  un  article  de  la  charte  d'amnistie  octroyée  aux 
habitants  de  la  même  ville,  le  10  décembre  1258*; 
le  privilège  accordé  aux  juifs  de  Lérida,  dont  nous  par- 
lions tout  à  l'heure. 

L^étude  de  la  législation  des  pays  aragonais  nous  a  fait 

avons  vainement  cherché  une  autorité  sur  laqueUe  pat  s'appuyer 
cette  assertion,  que  Capmany  dément  implicitement.  (  Memorias 
sobre  la  marina,  el  commereio  y  artes  de  Barceîana^  t.  III,  part.  %° 
proe<n.,§  %) 

*  Voy.  ci-dessus,  p.  463, 464  ,  20 1  et  244 

^  Les  magistrats  des  juifs  étaient,  d*après  Blancas  (Rerum  arago^ 
nensium  commentarii  ap.  Hispania  illustrata,  t.  III ,  p.  783  et  784.) 
le  ùaien,  qui  jugeait  toutes  les  causes  et  dont  les  sentences  étaient 
exécutées  par  VHédin.  Celui-ci  connaissait  des  litiges  dotit  la  valeur 
n'excédait  pas  cinq  sols  ;  mais  le  demandeur  pouvait,  s'il  le  vou- 
lait, porter  directement  les  causes  de  ce  genre  devant  le  Daien. 

^  Voyez  Germain,  Hist.  du  comm.  de  Montpellier,  t.  I,  pr.,  p.  249. 

*  Arch.  d'Arag.,  Reg.  X,  f«  48. 

^  Voy.  Germain,  Hist.  de  la  comm.  de  Montpellier,  t.  H,  pr.,  p.  339. 


576  LITBB  !▼  f  CaAPlTRB  lU 

connaître  les  garanties  offertes  par  les  tribunaux  chré- 
tiens aux  juifs  et  aux  musulmans  obligés  de  comparadtre 
devant  euxV 

Il  ne  suffisait  pas  au  roi  de  faire  tous  ses  efforts  pour 
mettre  ses  sujets  appartenant  à  ces  deux  classes,  à  Tabri 
de  l'injustice  et  des  vexations,  il  savait  aussi  récompenser 
leurs  services  et  ménager  aux  plus  distingués  d*entre  eux 
les  moyens  de  sortir  de  l'infériorité  à  laquelle  ils  étaient 
condamnés  par  les  mœurs  plutôt  que  par  les  lois. 

Les  registres  de  répartition  de  Mayorque  et  de  Valence 
nous  font  connaître  un  assez  grand  nombre  de  musul- 
mans et  de  juifs  qni  eurent  part  aux  largesses  royales. 
La  profession  des  premiers  n'est  presque  jamais  indiquée  ; 
ce  sont  sans  doute  à  peu  près  tous  des  agriculteurs  \ 
Parmi  les  fils  d'Israël,  il  n'y  apas  seulement  des  usuriers 
ou  des  changeurs  ;  on  y  voit  de  simples  artisans,  tailleurs, 
corroyeurs ,  bouchers  et  surtout  un  grand  nombre  d'aï- 
faquis  ',  interprètes  attachés  souvent  à  la  personne  d*un 

*  Voy.  ci-dessus,  p.  203.  —  Les  lois  des  pays  aragonais  admet- 
taient les  Juifs  et  les  Sarrasins  à  prêter  témoignage.  iConst.  deCat.» 
vol.  ill,  lib.  III,  tit.  VI,  us.  4.  —  Fueros  d^Àragon,  t.  II,  lib.  II,  de 
Testibus.  --Furs  de  Valence,  lib.  IV,  rubr  VIII,  f.  21  et  54.  )  — 
En  cela  elles  étaient  moins  sévères  que  la  coutume  générale  de 
France,  dont  Beaumanoir  s'est  fait  Tinterprète  en  ces  termes  :  tCbil 
ne  doivent  pas  esire  oy  en  tesmongnage,  qui  sunt  hors  de  le  foy  de 
crestienté,  si  come  cil  qui  sunt  juys.  »  {Coustumes  de  Beau^isis , 
cap.  XXXIX,  §  63.) 

3  Les  Sarrasins  étaient  d'excellents  arbalétriers,  et  quelques-uns 
paraissent  avoir  été  employés  à  ce  titre  dans  les  armées  chrétiennes. 
Par  exemple,  un  certain  Mahomet,  «  arbalétrier  »,  dont  le  fils,  appelé 
Faraix,  obtint  un  lot  dans  la  répartition  de  Valence. 

*  Il  ne  faut  pas  confondre  Val  faky^  homme  qui  sait  lire  et  écrire, 
secrétaire,  trucheman,  avec  Val  fakir,  religieux  mahométan  que  Ton 
appelait  aussi  en  espagnol  alfaquù  Le  premier  a  beaucoup  plus  de 
rapport  avec  Val  fakkek  (alfaqueque)  «  homme  de  vérité,  disent  les 
Partidas,  choisi  pour  racheter  les  captifs  et  servir  de  trucheman  avec 
les  infidèles.  » 


ijàr  80GUL  ims  mis  OT7 

seigneur  on  d^an  prince.  Ainsi  les  libros  de  repartimiento 
nomment  entre  autres  maître  David  Abnadayan ,  alfaqui 
de  Tinfant  don  Fernand;  maître  David  et  maître  Salomon, 
alfaquis  du  roi  ;  Astrug  de  Bonsenyor,  principal  secré- 
iaire  de  Jacme  pour  la  langue  arabe ,  plusieurs  fois  men- 
tionné dans  la  Chronique  royale  \ 

La  médecine  était  surtout  une  science  dans  laquelle 
les  fils  d'Israël  excellaient.  «  La  réputation  des  médecins 
juifs  étaitsi  grande ,  a  dit  un  savantprofesseur  de  TÉcole 
de  Montpellier ,  que  l'on  a  cru ,  à  une  certaine  époque  « 
que  pour  bien  faire  la  médecine  il  fallait  être  d'extraction 
hébraïque ^  >  C'est  ce  qui  explique  comment,  malgré 
les  défenses  des  conciles,  tous  les  souverains  du  XIII* 
siècle  avaient  auprès  d'eux  des  médecins  juifs.  L'un  de 
ceux  de  Jacme  P'  s'appelait  JucefAbentrevi.  Le  roi  lui 
accorda,  par  acte  du  13  janvier  1272,  une  pension  an- 
nuelle de  cinq  cents  sols  de  Jaca  '. 

Comme  percepteurs  d'impôts  et  administrateurs,  nous 
trouvons,  en  1225,  Bondia,  trésorier  d'Aragon,  et 
Âbraym ,  trésorier  de  Saragosse  *  ;  en  1244 ,  Vital 
Salomon ,  bayle  de  Barcelone  ^  Mais  le  juif  qui  jouit  à  la 
cour  d'Aragon  du  crédit  le  plus  grand  et  le  plus  mérité, 
fut  Jahuda,  bayle  et  trésorier  général  du  royaume  ^ 

*  Un  certain  nombre  de  juifs  sont  désignés  par  la  seule  qualifica- 
tion de  maître  {magister\  qui  est  probablement  la  traduction  du 
titre  hébreu  rabbi  ;  ainsi  maître  Samzo  faisait  partie  de  la  maison  de 
la  reine,  nous  ne  savons  en  quelle  qualité.  (Arch.  d'Aragon  ,  Parch. 
de  Jacme  I«^  n»  834  ) 

*  Prunelle»  de  VInfluence  de  la  médecine  sur  la  renaissance  des 
lettres. 

s  Arch.  d'Aragon,  Reg.  XIV,  f»  U3. 

4  Arch.  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  I*',  no  250. 

^  Id.,  ûi.,no4420, 

*  Ximeno  Perez  de  Tarazona  avait  été  trésorier  général  du 
royaume.  Il  figure  avec  ce  titre  dans  plusieurs  documents,  et,  entre 


C'était,  dit  Zorita,  le  plus  riche  et  !e  plus  pohsaM 
jaif  des  pays  aragoDais.  Le  roi  le  coosaltait  sottv<eBt  pour 
les  affaires  de  i'État.  «  Il  avait  acquis,  ajoute  ranoaliste, 
tous  les  dons  de  la  fortune ,  et  rien  ne  lui  manquait  qoe 
d'être  né  dans  notre  loi.  »  lahuda  avait  contribué  puissam» 
ment  à  la  construclion  et  à  l-équipemeot  de  la  flotte  qni 
eut  pour  amiral  don  Pedro  Fernandez  de  Hijar ,  ainsi 
qu'à  Tapprovisionnement  de  l'armée  aragonaise  pen- 
dant la  guerre  de  Murcie.  On  sait  d'ailleurs  que,  durant 
to«te  ta  période  des  croisades,  les  sommes  fournies, 
de  gré  ou  de  force,  par  les  juife,  facilitèrent  singuliè- 
rement les  expéditions  des  chrétiens  en  Espagne  et  eu 
Orient. 

Si  Jacme  savait  reconnaître  et  honorer  le  mérite, 
même  chez  ceux  que  les  préjugés  de  son  temps  rejetaient 
dans  les  derniers  rangs  de  la  société,  il  était  trop  pro- 
fondément chrétien  pour  ne  pas  essayer  de  ramener  d&os 
la  bonne  voie  ses  frères  égarés.  Aussi  ne  négllgea-t-ii , 
pour  la  conversion  des  juifs  et  des  musulmans ,  rien  de 
ce  qui  pouvait  se  concilier  avec  ses  idées  de  tolérance  et 
de  douceur.  La  mesure  la  plus  sévère  fut  l'obligation 
d'aller  entendre  les  prédicateurs  chrétiens  ;  mais  nous 
avons  vu  que  les  lois  de  Valence  ne  reproduisirent  pas 
cette  prescription  des  constitutions  catalanes  et  des 
fueros  aragonais ,  et  que  des  privilèges  particuliers  en 

autres  ,  dans  le  libro  de  repartimiiiUo  de  Valence.  Jahuda  TavaiMl 
remplacé  dans  cette  charge  ou  bien  n^était-il  pas  simplement  la  suc- 
cesseur de  dondia,  rapotitariuê  Aragems,  qiri  parait  avoir  reiBf  li  des 
fonctions  différentes  de  celles  qu'exerçait  le  favori  Ximeno  ?  Par  une 
letlre  sans  date,  mais  qui,  d'après  la  place  qu'elle  occupe  dans  un 
des  registres  des  Archives  d'Aragon  (Aeg.  Xn,f«  17)  parait  S3  rap- 
porter aux  derniers  mois  de  U74  ou  aux  premiers  de  1275  ,  le  roi 
donne  l'ordre  à  «  iuhadan  »  de  lui  envoyer  des  armet»  et  des  engins 
de  guerre. 


SAIlfT  lUMOll  AB  i^BKTArORT  9M 

avaient  vénAn  r«xéc«tioo  iplos  iiciie  dans  certaines  villes 
de  Catalogne  V 

£o  fait  de  toiéraace  religieuse ,  Jacme  était  le  digne 
diseîpie  da  tarant  et  ténérabie  Ramon  de  Penyafort.  Le 
MÎDt  religieux  condamnait  sévèrement  les  violences  à 
l'égard  des  juifs  et  des  Sarrasius,  et  demandait  qu'on  les 
ranenàtà  la  vraie  croyance  parla  persuasion  et  la  douceur, 
lignant  l'exemple  au  précepte  ,  il  parcourut  l'Espagne 
et  une  partie  du  littoral  africain  pour  faire  entendre  aux 
jofidèles  la  parole  de  Dieu ,  et  il  opéra  ainsi  des  conver- 
gions nombreuses.  Ceux-là  mêmes  qu'il  ne  parvenait 
pas  à  convaincre  l'entouraient  de  leur  respect  et  lui 
téiMig&aient  leur  reconnaissance ,  car  c'est  lui  qui  avait 
attiré  sur  ces  parias  du  moyen  âge  la  protection  des  lois 
et  celle  des  souverains  *. 

Les  convertisseurs  du  temps  flottaient  d'ordinaire 
entre  deux  systèmes  opposés  quant  aux  moyens ,  mais 
également  déplorables  quant  aux  résultats:  les  uns 
écrasaient  sous  les  rigueurs  les  dissidents  endurcis  ;  les 
antres  promettaient  des  faveurs  exceptionnelles  aux 
néophytes.  Il  n'en  était  pas  ainsi  dans  les  États  aragonais. 
Le  pouvoir  civil,  équitable  envers  to«s,  laissait  aux  pré- 
dicateurs le  soin  de  convaincre  ou  de  toucher  les  infi- 
dèles y  et  de  les  amener  au  christianisme  par  des  moyens 

*  liB  privilège  o€lroyé  aux  juifs  de  Lerida  le  9  novembre  4^es,  les 
dispense  d'aller  entendre  les  sermons  prêches  hors  de  leurs  «  juive- 
ries  »,  afin  de  les  soustraire  aux  outrages  de  la  multitude.  Les  reli-* 
gîeux  qui  voudront  prêcher  dans  les  synagogues  ne  devront  être 
accompagnés  que  de  dix  prud'hommes  chrétiens.  (Archiv.  d^Âragon, 
Parch.  de  Jacme  I^^**,  n^  4955.  —  Voy.  Col.  de  documentos  ineditos  , 
t.  VI,  p.  470.) 

3  Voy.  le  P.  Touron,  Hommes  illustres  de  l'ordre  de  Saint  Domt- 
niçiie,  1. 1,  saint  Raimond  de  Penyafort  ;  —  Basnage,  Histoire  des 
Juifs,  liv.  IX,  cbap.  xvil 


380  UTRB  IV  9  ciiHniE  m 

qai  ne  permissent  pas  de  suspecter  la  sincérité  de  lenr 
conversion . 

Poar  atteindre  ce  bat ,  Ramon  de  Penyafort  engageait 
les  théologiens  chrétiens  à  apprendre  Tarabe  et  Thébreu. 
On  lui  doit ,  assure-l-on ,  la  fondation  de  deux  chaires 
d*arabe ,  Tune  à  Tunis ,  Tautre  à  Murcie. 

Saint  Ramon  fut  ainsi  l'un  des  promoteurs  des  confé- 
rences publiques  dans  lesquelles  les  rabbins  et  les  moines 
discutaient  sur  la  religion.  Pour  les  luttes  de  ce  genre, 
on  choisissait  de  préférence  comme  champion  du  chris- 
tianisme un  rabbin  converti,  désireux  de  prouver  Tardenr 
de  sa  nouvelle  foi.  D*ailleurs ,  comme  Ta  fait  remarquer 
Tauteur  des  Études  sur  les  juifs  (t Espagne,  €  le  peu  de 
rapport  des  théologiens  chrétiens  avec  les  talmudistes 
juifs,  l'intolérance  des  premiers  et  la  manière  subtile 
d'argumenter  des  seconds,  plus  accoutumés  à  ce  genre 
de  dispute,  eussent  créé  une  multitude  d'obstacles, 
rendu  la  discussion  impossible  et  mis  nos  docteurs  en 
danger  d'être  enveloppés  dans  de  spécieux  sophismes  *.  > 

Le  plus  ardent  provocateur  de  ces  discussions  dans  les 
États  du  roi  Jacme  I"  fut  un  juif  converti ,  entré  dans 
Tordre  de  Saint-Dominique  sous  le  nom  de  frère  Paul  *. 

Un  savant  docteur  de  Girone,  rabbi  Moses  ben 
Nachman ,  plus  connu  sous  le  nom  patronymique  lati- 
nisé de  Nachmanides  ,  reçut  un  jour  Tordre  de  se  rendre 
à  Barcelone  pour  y  disputer  sur  la  foi  avec  frère  Paul. 


*  Amador  de  los  Rios,  Etudes  sur  les  juifs  d^spagne,  traduct.  de 
M.  Magnabaly  p.  94 . 

2  Voy.,  à  la  page  54  de  la  DispuUitio  A.  Nackmanidis  eum  fralre 
Paulo  (Wagenseil,  TelaigneaSatanjej  t.  II),  le  passage  où  le  rabbin, 
répondant  à  un  argument  du  dominicain,  lui  dit  :  «Est-ce  lorsque 
tu  étaisjuif  que  tu  as  découvert  ce  nouvel  argument  ?  Est-ce  pour 
cela  que  tu  t'es  laissé  baptiser  ?  » 


J 


COlfPÉaBNQB   DE  BBA  fVACailAN  581 

Si  Voû  s'en  rapporte  aa  compte  reodu  de  cette  confé- 
rence écrit  par  Ben  Nachman  lai-méme  et  publié  en 
hébreu  et  en  iatin  par  Wagenseil  ^ ,  cinq  séances  furent 
tenues ,  dont  une  dans  un  couvent ,  une  à  la  synagogue 
et  trois  dans  le  palais  du  roi.  Jacme  présida  ta  discussion 
entière  et  s'y  mêla  plusieurs  fois  V 

Frère  Paul  se  proposait  de  prouver  au  rabbin ,  en 
s'appuyant  sur  les  livres  sacrés  des  juifs  :  T  que  le  Messie 
est  arrivé;  2""  que,  selon  les  Prophètes,  le  Messie,  vrai 
Dieu  et  vrai  homme ,  devait  souffrir  et  mourir  pour  le 
salut  du  genre  humain  ;  3"  que  les  figures  ont  dû  cesser 
depuis  Tavénement  du  Messie.  Enfin  il  devait  établir 
l'unité  de  l'essence  divine  et  la  trinité  des  personnes. 

Les  deux  adversaires  luttèrent  avec  des  arguments  qui, 
en  général,  font  plus  d'honneur  à  la  subtilité  de  leur 
esprit  qu'à  la  puissance  de  leur  dialectique.  Ben  Nachtnan, 
réduit  au  silence  par  frère  Paul ,  s'attira  les  huées  de  la 
foule  de  chrétiens  et  de  juifs  qui  assistaient  à  la  discus- 
sion ,  et ,  sans  attendre  la  fin  de  la  conférence ,  il  quitta 


*  Tela  ignea  Satanœ^  t.  II. —  Basnage  (Histoire  des  Juifs,  liv.  IX, 
chap.  xvu)  a  élevé  quelques  doutes  sur  l'authenticité  4e  Touvrage 
publié  par  le  savant  orieutaliste  allemand.  Nous  donnons  dans  nos 
Pièces  justificatives  (n*"  XVI)  le  procès-verbal  officiel  de  la  même  confé- 
rence. Ce  document,  trop  succinct  pour  quMl  soit  possible  de  contrôler 
toutes  les  assertions  du  rabbin ,  coïncide  avec  la  Disputatio  Nachma- 
mdis  deWagenseil  quant  aux  points  qui  furent  traités;  il  en  diffère 
quant  au  résultat  de  la  discussion,  qu'il  représente  comme  entière- 
ment favorable  aux  chrétiens,  tandis  que  Ben  Nachmans'attribueune 
complète  victoire. 

*  Ben  Nachman  nomme  encore,  comme  ayant  pris  la  parole  dans 
celte  conférence,  un  maître  Gilbanus,  juge  royal,  et  un  frère  Ramon 
qui  peut  être  Ramon  de  Penyafort  ou  Ramon  Martin,  auteur  du 
Pugiofidei.  (Voy.  Disputatio  Nachmanidis,  p.  24,  31  et  58,  ap.  Wa- 
genseil  ;  —  Basnage,  Histoire  des  Juifs ^  1.  IX,  chap.  xvii,  g  8.) 


38S  uYRB  ffj  ciiApmiB  m 

seerètement  BarceloM.  Telle  est  éa  meîos  la  fersion  da 
procès^yerbal  ofieieL  S'il  fallait  en  croire  le  rabbin ,  aa 
contraire,  le  roi  lui  aurait  peroiis de  retoarner  à  Giirone^ 
en  lui  donnant  trois  ceols  écm  d'w  poar  ses  frais  (ie 
voyage*. 

Un  coreligionnaire  de  Ben  Nachman ,  rabbi  Samuel 
ben  Yirgay  a  écrit  qm  cette  discassioii  fil  tant  d'beuaeur 
aux  juifs,  que  le  Pape  blâma  Jacme  de  ravoir  autorisfée  et 
frère  Paul  de  l'avoir  soutenue*.  Ge  qui  prouve  rinexae* 
titude  de  cette  assertioû ,  c'est  que  le  dominicain  pour* 
suivit  triomphalement  le  cours  de  ses  conférences  contre 
les  rabbins.  Un  mois  environ  après  la  défiaîte  de  Ben 
NachmanS  le  roi  rendit  une  ordonnance  par  laquelle  il 
prescrivait  aux  juifs  d'admettve  frère  Paul  dane  leurs 
maisons  et  dans  leurs  synagogues  pour  y  prêcher  et  y 
discuter  sur  la  foi ,  de  répondfe  à  ses  questions ,  de  lai 
prêter  les  écrits  de  leurs  decteurs  dont  il  aurait  besoin^ 
pottr  les  convaincre,  et  de  payer  les  frais  de  transport 
de  ses  livres ,  en  déduisant  ces  frais  de  leur  quote-part 
d'impôt  *. 

L'année  suivante^  frère  Paul  fut  désigné  pour  recher- 
cher et  faire  effacer  les  blasphèmes  que  renfermaient  les 
livres  des  juifs.  Les  contestations  qui  pouvaient  naître 
de  cette  recherche  durent  être  jugées  par  un  tribunal 

*  Voy.  Disputatio  Nachmanidis,  ap.  Wagenseil,  p.  60.  —  Ben 
Nachman  n'écrit  pas  une  seule  fols  le  nom  de  son  adversaire  sans  le 
faire  suivre  d'une  malédiction  ou  d'une  injure  :  «  Alors,  répèle-t-11 
souvent,  cetàne  ouvrit  la  bouche  et  me  dit...  » 

^  Voy.  Basnage,  Histoire  des  Juifs,  llv.  IX,  chap.  xvu,  §  40. 
^  Le  procès-verbal  delà  conférence  de  Bqïi  Nacbman  est  daté  du 
20  août  4263,  et  cette  ordonnance  du  29  septembre. 

*  Voy.  Lindenbrog,  Codex  legum  antiquarum,  ^  235.  —  Avant- 
propos  de  la  Disputatio  Nachmanidis,  ap.  Wagenseil.  —  Oans  cette 
ordonnance,  le  dominicain  est  appelé  frater  Paulus  christiani. 


J 


GOlCFBRBMCe   DA  BONASSBUtt  DX  PORTA  395 

dont  les  Hiembres  étaient  Té^ôquie  daBarcelow,  frère 
Ramon  de  PeDyafort,  frère  A.  de  Segarra  «  frère  RanioD 
BCartin  et  frère  P.,  da  Gènes ^ 

Ed  1265,  une  nouvelle  conférence  eut  lieu  dans  le 
palais  du  roi  à  Barceloo^^  sous  la  présidence  de  Jacme , 
entre  frère  Paul  et  rabbî  Bonastmg  de  Porta,  de  Girone. 
A  Texemple  de  Ben  Nacbman ,  Bonastmg  rédigea  le 
compte  rendu  de  la  discussion.  Il  en  donna  même  un 
exemplaire  à  Tévéque  de  Girone.  Plusieurs  frères  prê- 
cheurs ,  parmi  lesquels  figuraient  Ramon  de  Penyafort , 
A.  de  Segarra  et  frère  Paul,  accusèreut  le  juif  d'avoir 
proféré  et  écrit  des  blasphèmes  contre  Dieu  et  la  foi 
catholique.  Bonastrug  comparut  devant  le  tribunal  présidé 
par  le  roi ,  et  prouva  que  les  paroles  qu'on  lui  reprochait 
avaient  été  prononcées  par  lui  dans  sa  discussion  avec 
frère  Paul ,  après  avoir  obtenu  du  roi  et  de  frère  Ramon 
de  Penyafort  la  permission  de  parler  librement.  Quant  au 
livre ,  il  avait  été  écrit  à  la  prière  de  l'évéque  de  Girone. 
Néanmoins  les  dominicains  persistaient  à  demander  une 
punition  sévère.  Jacme,  par  une  sorte  de  transaction  , 
voulait  éloigner  pour  deux  ans  le  rabbin  des  États  ara- 
gonais  et  faire  brûler  le  livre  incriminé  ;  mais,  les  frères 
prêcheurs  ne  se  déclarant  pas  satisfaits,  il  ordonna^  sans 
prononcer  ni  condamnation  ni  absolution,  que  Bonastrug 
ne  pourrait  être  poursuivi  pour  les  faits  dont  on  l'ac- 
cusait que  devant  la  cour  de  justice  présidée  par  le  roi 
lui-même.  En  somme,  le  rabbin  était  absous  et  soustrait 
aux  vexations  des  tribunaux  laïques  ou  ecclésiastiques. 

Cette  sentence  mérite  d'autant  plus  d'être  remarquée, 
que  résister   aux  frères  prêcheurs  dans  des  questions 

*-  Arch.  d'Aragon»  Reg.  Xlil,  f*»  456;  Coleccion  de  docummtos 
tneditof,  t.  VI,  p.  467.  —  Diago  ,  Anales  del  reyno  de  Valencia  , 
fo  373. 


384  Livitfi  IV ,  cHAntRE  ni 

de  ce  geare,  c'était  presque  résister  au  Saint-Siège  lui- 
même.  La  lettre  de  Clément  IV,  dont  nous  parlions  au 
début  de  ce  chapitre,  fut  motivée  par  cette  décision  du 
roi. 

Les  paroles  mômes  du  Souverain  Pontife  ne  purent 
faire  dévier  l'équitable  monarque  de  la  ligne  de  conduite 
qu'il  s'était  tracée. 

Parmi  les  hommes  de  son  époque,  Jacme  fut  certai- 
nement Tun  de  ceux  dont  le  zèle  religieux  sut  le  mieux 
éviter  le  fanatisme,  et  dont  la  piété  fut  le  plus  exempte 
de  superstition.  Sa  Chronique  ne  mentionne  qu'un  seul 
des  nombreux  miracles  que  la  tradition  rapporte  à  son 
règne^  :  c'est  celui  de  la  participation  de  saint  Georges  à 
la  prise  de  Mayorque,  raconté  par  le  roi  d'après  le  récil 
des  Sarrasins.  Mais  on  ne  trouve  dans  l'œuvre  royale 
aucune  trace  ni  de  la  triple  apparition  de  la  Sainte  Vierge, 
qui  amena  l'institution  de  Tordre  de  la  Merci  \  ni  de  la 
multiplication  des  sept  pains  à  Mayorque  \  ni  de  la  décou- 

*  D.  Gaspar  Galceran  de  Castro  y  de  Pinos^  comte  de  Guimera,  a 
rappelé  les  principaux  miracles  qui  ont  signalé,  dit*on^  le  règne  da 
Conquistador,  dans  son  écrit  intitulé  :  Exortadnn  à  la  instancia  de 
la  canonizaciùn  del  rey  D.  Jaitne  /*>  de  Aragon^  dont  nous  parlons  en 
détail  à  la  note  E  de  l'Appendice. 

'  Voy.  les  biographies  de  saint  Ramon  de  Penyafort  et  de  saint 
Pierre  deNoiasque,  af)u<i Baillet ,  Vies  des  Saints;  Godescard  ,  Vies 
des  Pères,  des  Martyrs,  etc.,  et  les  Boliandisles,  aux  7  et  29  janvier. 
Consulter  aussi  Helyot,  Histoire  des  ordres  monastiques,  t.  111, 
chap.  xxïiv;  D.  \Si[ssè\Qy  Histoire  de  Languedoc,  1.  XXIII,  ch.  xiv 
et  note  xx  du  t.  III  in-f*>,  et  Thistoire  de  l'ordre  de  la  Merci,  publiée 
par  frère  Manuel  Mariano  Ribera,  religieux  de  cet  ordre,  sous  le  titre 
de  la  Milieia  Mercenaria.  Ramon  de  Penyafort,  Pierre  de  Nolasque 
et  Jacme  l*^^  auraient  eu  simultanément  la  même  vision  le  V'  août 
4218.  Le  roi  avait  alors  dix  ans. 

'  Le  roi,  racontant  l'expédition  qu'il  fit  contrôles  Sarrasins  réfu- 
giés dans  les  montagnes  de  Mayorque,  après  In  prise  de  la  capitale,  a 
écrit  au  chapitre  Lxxxix  de  sa  Chronique  :  <«  Mais  pendant  ce  temps 


1C1BAGLE8  DU  REGNE  DE  JACME  385 

Terte  miraculeuse  d'une  image  de  la  Vierge  au  Puig  de 
la  Cebolla,  près  de  Valence*,  ni  de  la  traversée  de  saint 
Ramon  de  Penyafort,  de  Mayorque  à  Barcelone,  sur  son 
manteau,  avec  son  bâton  pour  gouvernail*,  ni  enfin  du 
prodige  des  saints  corporaux,  dont  nous  avons  déjà  parlé. 
L'écrivain  qui  a  le  plus  vivement  attaqué  l'authenticité 
de  la  Chronique  royale,  D.  José  Villarroya',  trouve  dans 
ce  silence  un  argument  à  l'appui  de  sa  thèse.  Nous  y 
voyons ,  quant  à  nous,  une  preuve  en  faveur  de  l'opinion 
contraire.  De  tous  ceux  à  qui  l'on  peut  attribuer  celte 
remarquable  biographie ,  un  seul  devait  être  sobre  des 

nous  nous  trouvâmes  en  grande  disette,  car  nous  n'avions  qu'un  peu 
de  pain  pour  tous  vivres,  et,  le  dernier  jour,  il  faUut  nourrir  avec 
sept  pains,  Nous,  don  Nunyo  et  cent  hommes  qui  mangeaient  avec 
nous.  »  Là*dessus  certains  chroniqueurs  ont  déclaré  que,  pour  suf- 
fire à  tant  de  personnes,  les  sept  pains  avaient  dû  être  multipliés,  et 
le  miracle  s'est  trouvé  créé.  Puis  Timagination  populaire  l'a  embelli 
et  y  a  ajouté  la  miseen  scène  ;  elle  s'est  représentée  Guillem  de  Mon- 
cada  portant  sur  son  manteau  de  pourpre  ces  pains  réduits  à  six,  qui 
devaient  désormais  former  son  blason  de  gueules  à  six  pains  ou  be- 
sants  d'or  ;  un  prêtre  bénit  cette  insuffisante  nourriture,  et  sous  sa 
main  elle  augmenta  assezpour  pouvoir  être  distribuée,  non  plus  à  cent 
hommes,  comme  le  veut  la  chronique,  mais  à  l'armée  entière.  D.  Juan 
Binimelis,  qui  a  écrit  une  histoire  de  Mayorque  dans  les  dernières 
années  du  XV1«  siècle,  a  contribué  pour  beaucoup  à  accréditer  ce  récit 
merveilleux. 

*  La  voix  des  anges,  dit  la  tradition,  se  faisait  entendre  chaque 
samedi  dans  le  ciel,  au-dessus  du  Puig  de  la  Cebolla  ;  des  lueurs 
su rnatureUes  voltigeaient  sur  un  point  de  la  colline;  les  chrétiens 
firent  des  fouilles  en  cet  endroit  et  y  découvrirent  une  cloche  sous 
laquelle  était  cachée  la  sainte  image. 

*  C'est  après  avoir  tenté  de  vains  efforts  pour  arracher  le  roi  à  une 
liaison  coupable,  que  Ramon,  fuyant  la  cour^  alors  à  Mayorque,  ac- 
complit, raconte  la  légende,  ce  voyage  miraculeux. 

^  Coleccion  de  cartas  historico-criticas  en  que  se  convence  qiu 
et  Rey  don  Jayme  /<'  de  Aragonno  fue  el  verdadero  autor  de  la  cronica 
o  commentarios  que  correnasunombrej  por  D.  Josef  Yillarroya,  Va- 
lencia,  4800. 


386  LIYBE  IJ,  €BA«TBE  lU 

récits  merveilleux  chers  aux  imaginations  du  moyen  iga, 
et  c'est  précisément  le  Conquistador.  Nous  reviendrons 
sur  ce  point  en  traitant,  à  la  fin  de  ce  volume,  del'aa- 
thenticité  de  la  Chronique  royale^  Nous  ne  vouloas  ici 
que  faire  ressortir  la  prudence  et  la  sûreté  de  juj[emeûi 
de  ce  grand  prince  en  matière  de  foi. 

On  connaît  la  piété  de  Jacme  l"  ;  elle  s*exhale,  pour 
ainsi  dire*  de  toutes  les  pages  de  son  livre ,  de  toutes  les 
actions  de  sa  vie  ;  elle  a  marqué  de  traces  glorieuses  le 
sol  de  la  Péninsule  et  celui  du  midi  de  la  France.  Les 
monunirônts  qui  frappent  les  regards  da  voyageur  et 
ceux,  plus  modestes  et  souvent  plus  durables,  que  This- 
torien  découvre  dans  la  poussière  des  archives,  raconteal 
tout  ce  qu'il  y  eut  de  foi  dans  cette  grande  âme,  tout  ce 
qu'il  y  eut  de  solidité  dans  cet  esprit  éclairé. 

Comme  tous  les  monarques  du  moyen  âge,  Jacme  le 
Conquérant  fut  bienfaiteur  de  «  lieux  religieux.  »  On  lai 
attribue  la  fondation  de  plus  de  deux  mille  églises,  monas- 
tères ou  hôpitaux  *.  Il  sut  reconnaître  les  services  rendus 
à  la  civilisation  et  à  l'humanité  souffrante  par  les  ordres 
monastiques  et  les  ordres  militaires.  Dominicains ,  fran- 
ciscains, frères  de  la  Pénitence  de  Jésus-Christ',  sœurs  de 

*  Voy.  à  rAppendioe,  noie  D. 

^  Les  chroniqueurs  et  les  vieux  historiens  d'Aragon,  deCalalogiM, 
de  Valence  et  des  Baléares  se  plaisent  à  rappeler  en  détail  les  Ubéra- 
lues  de  Jacme  aux  églises  de  leur  pays.  Nous  meotionoerons  iol* 
comme  se  rapportant  à  la  province  de  Languedoo,  six  actes  ayant 
pour  objet  la  reconstruction  ou  Pentretien  de  la  chapelle  royale  de 
Montpellier,  du  sanctuaire  de  Noire-Dame  de  Vaavert,  i(u  diocèse 
de  Nimes  et  de  l'abbaye  de  Vàlmagne.  (Arch.  d'Aragon  ,  Reg.  XTVi 
fo  154  ;  Reg.  XXI,  ^  84  ;  Reg.  X,  ^  56  ;  Paroh.  de Jaome  I*%  n^  4Sfe63 
et  Reg.  XII,  f*  88.) 

'  Les  frères  de  la  Pénitence  de  Jésus-Christ  étaient  aussi  appelés 
frères  des  sacs.  Ils  avaient  plusieurs  couvents  en  Languedoc.  (Yoy. 
D.  Vaissète,  Hist,  deLang,,  liv.  XXVI,.  ohtp.  ijxix.}.  Iieor  maiaoD  de 
Valence  est  mentionnée  dans  les  Privilèges  de  cette  viUe,  f°  xvia 
n«  64. 


ORDIIB»  RBLIOninL  887 

Saint6«lf»rie«lUadeiein&  S  hospitaliers  da  Saint-Esprit  de 
HoBtpellier  V  de  Saint-Jean-de-Jérasaiem  %  chevaliers  de 
la  milice  de  Jésn&'Christ  ^,  de  Saiat-Georges-d*Âlfama  % 
de  Calatrava%  de  Santiago,  du  Temple  ^  de  Notre*Dame* 
de-la-M#rci^  reçurent  de  lui  de  nombreuses  favears,  dont 
lee  dooaments  de  son  règne  nous  ont  conservé  le  sou- 
venin 

On  peut  douter  que  Jacme  ait  pris  une  part  directe  à 
la  création  de  Tordre  religieux  et  militaire  de  la  Merci  ; 
mais  il  est  certain  que  cet  ordre,  dont  le  but  était  le 

*  Par  acte  du  46  octobre  4273,  Jacme  fonde  à  Alcira  un  couvent  de 
Sainte-Marie-Madeleine,  dépendant  de  la  maison  du  môme  ordre 
établie  à  Montpellier.  (Pareh.  de  Jacme  !«*-,  n^*  2169.) 

>  Cet  ordre  compta  pendant  un  certain  temps  des  chevaliers  laï- 
ques et  des  religieux  profôs.  II  avait  été  fondé  en  4498  par  Guy,  qui, 
selon  l'opinion  la  plus  répandue,  appartenait  à  la  famille  des  sei- 
gneurs de  Montpellier.  En  4249,  Guillem  de  Moncada  fit  une  dona- 
tion à  Fhôpital  du  Saint-Esprit  de  Montpellier.  (Archives  d'Aragon, 
Pareh.  de  Jacme  I",  n^  426.) 

>  Archives  d'Aragon,  index  des  Parchemins  de  Jacme  I»',  n^  2236 
ancien. 

*  L'ordre  militaire  de  la  milice  de  Jésus-Christ  avait  été  institué 
lors  de  la  croisade  contre  les  Albigeois,  pour  combattre  les  héré- 
tiques. Jacme  fit  en  4258  une  donation  au  recteur  de  cet  ordre  en 
Provence.  (Arch.  d'Aragon,  Reg.  X,  f^'iS.) 

'  Le  roi  d'Aragon  Pierre  II  avait  créé  en  4204  l'ordre  militaire 
deSainU^eorges,  qui  figure  plusieurs  fois  dans  les  registres  de  repar- 
Hmimto  de  Mayorque  et  de  Valence,  et  auquel  le  roi  Pierre  le  Céré- 
mofiieux  donna  de  nouveaux  statuts.  Cet  ordre  fut  réuni  en  4400 
à  celui  de  Notre-Dame  de  Montesa.  (Vôy.  Capmany,  Memorias  sobre 
la  marina,  commercio  y  artes  de  Barcelona,  t.  II,  Appendice, 
n»  xxviu.) 

*  Pour  l'ordre  de  Calalrava ,  nous  mentionnerons  entre  autres  le 
n*  S33  des  Pareh.  de  Jacme  I^'. 

^  Les  Archives  d'Aragon  sont  très-riches  en  documents  relatifs  à 
l'ordre  du  Temple.  Pour  le  règne  qui  nous  occupe  on  peut  citer, 
outre  ceux  dont  nous  avons  déjà  fait  mention,  les  n^  43,  84, 4004  , 
4363,  4445, 4554, 4667,  4805,  2436  et  2437  des  Parch.  de  Jacme  PS 
et  Reg.  Xlli,  f«  S»3. 


388  LITRE  lY,   CH4P1TBE  III 

rachat  des  captifs  chrétiens  tombés  entre  les  mains  des 
infidèles,  fat  institué  en  12i8,  à  Barcelone,  par  Pierre 
de  Nolasqae  S  et  protégé  particulièrement  par  le  roi 
d'Aragon. 

Au  moment  où  notre  récit  est  parvenu,  Jacme  avait 
formé  le  projet  de  mettre  le  couronnement  à  ses  œuvres 
pieuses  et  à  sa  gloire  militaire  par  une  expédition  contre 
les  Sarrasins  d'outre-mer. 

Dès  4245,  Innocent  IV  avait  invoqué  son  aide  pour 
mettre  fin  aux  maux  qui  désolaient  la  Terre-Sainte  V 
Jacme,  retenu  en  Espagne,  ne  put  répondre  à  Tinvitation 
du  Souverain  Pontife;  mais,  en  1260,  nous  le  voyons 
préoccupé  d'un  voyage  outre-mer  que  son  gendre  le  roi 
de  CastiUe  désapprouve  ^ 

Si  Ton  en  croit  Zurita,  le  roi  d'Aragon  voulait  aller 
aider  le  grand  khan  des  Mongols  dans  ses  conquêtes  ou 
dans  la  répression  des  révoltes  de  ses  sujets. 

C'est  une  histoire  pleine  d'intérêt,  mais  obscure  en  bien 
des  points,  que  celle  des  relations  de  l'empire  fondé  par 
Gengis-Khan  avec  les  pays  occidentaux,  auXIIP  siècle*. 

*  Pierre  de  Nolasque  étail  né  en  Languedoc.  On  prétend  qu'il  fut 
donné  comme  gouverneur  au  roi  Jacme.  Si  le  fait  est  vrai ,  ce  ne 
peut  être  que  pendant  que  ce  prince  était  entre  les  mains  de  Simon 
de  Montfort.  La  Chronique  royale  ne  parle  ni  de  Pierre  de  Nolasque, 
ni  de  Ramon  de  Penyafort,  ni  de  la  fondation  de  Tordre  de  la  Merei. 
Dans  la  répartition  de  Valence  figurent  frère  P.  de  Nonasch,  frère 
P.  de  Monasch,  a  ordinis  domus  sanctœ  ËulalûB  Bafxhinonse  »  et 
frère  J.  Veudeta  a  commendator  sanctx  Eulaliœ  Barchinonœ  eapU- 
vorum  A  Le  premier  est  peut-être  Pierre  de  Nolasque. 

'  Voy.  cette  bulle  dans  le  t.  V  des  Mémoires  de  TÂcadémie  royale 
d'histoire  de  Madrid,  n°  XII  de  l'Appendice  delà  Disertacion  hUto^ 
rica  sobre  la  parte  que  tuvieron  los  Espanoles  en  las  guerras  de 
Ultramar f  por  D.  Martin  Fernandez  de  Navarrete. 

*  Voy.  ci-dessus,  p.  35^5,  note  2. 

*  Voy.  les  deux  mémoires  de  M.  Abel  Rémusat  sur  les  relations 
politiques  des  princes  chrétiens  avec  les  empereurs  mongols.  {Mé- 


r 


LES   MONGOLS  389 

Le  flot  dévastateur  de  riovasion  mongole,  grossi  de 
toas  les  peuples  qu'il  entraînait  sur  son  passage,  avait 
menacé  un  instant  d'engloutir  l'Europe  entière.  Ces  Tar-- 
tarins  qui,  suivant  l'expression  d'un  troubadour,  venaient 
terminer  toutes  les  querelles,  imposer  silence  aux  clercs 
et  aux  laïques  et  les  «  mettre  tous  à  la  même  mesure  *  » , 
étaient  arrivés  en  1241  sur  les  frontières  de  l'empire 
d'Allemagne.  Frédéric  II,  que  l'on  accusait  de  les  avoir 
appelés  *,  implorait  pour  les  repousser  le  secours  de 
toutesles  nations  chrétiennes,  tandis  que,  de  leur  côté,  les 
Papes  ordonnaient  aux  fidèles  de  prendre  la  croix  contre 
ces  payons*.  Saint  Louis  attendait  avec  résignation,  et, 
courbant  d'avance  la  tête  sous  le  nouveau  fléau  de  Dieu, 
il  disait  à  sa  mère  :  «  S'ils  viennent,  ceux  que  nous  appe- 
lons les  Tartares,  ou  nous  les  ferons  rentrer  dans  le  Tar- 
tare  d'où  ils  sont  sortis,  ou  ils  nous  enverront  au  ciel.  » 
Mais,  tout  à  coup,  les  hordes  qui  ravageaient  la  Hongrie, 

moires  de  V Académie  des  Inscriptions  et  BeUes*'Lettres.  Nouvelle 
série,  t.  VI  et  VII.)  H.  Rémusat  ne  s-esl  guère  occupé  que  de  ce 
qui  concernait  Rome  et  la  France  ;  il  y  aurait  de  curieuses  recher- 
ches à  faire  sur  le  même  sujet  dans  les  autres  archives  de  l'Eu- 
rope. 

*  «  Mas  er  venon  sai  deves  Orien 

.  Li  Tartari,  si  Dieus  non  o  defen  , 
Qu'els  faran  totz  estar  d*una  mensura.  » 
(Guillemde  Montagnagol.  —  Voy.  Raynouard,  Choix  de  Poésies  des 
TrotU>adours,  t.  IV,  p.  333.) 

*  a  Ë  Hl  par  le  monde  retrait 
Que  l'emperères  pour  son  trait 
Frôdéris,  les  ot  fait  venir 
Pour  crestientô  ahounir.  i 

(Philippe  Mouskes,   vers  30967  à  30970  ;  édit.  de  H.  le  baron  de 
ReifiTenberg.) 

<  Voy.  la  lettre  de  Tempereur  dans  Mathieu  Paris,  ad  ann.  4244^ 
et  ceUes  des  Papes  dans  Raynaldi,  ad  ann.  1259,  n»  40;  1260,  n''39, 
426S,  n*30. 


1 


390  UTBB  lY  ,  CHAPIIBB  HI 

ehâssées  par  la  famine  ou  rappeléds  p»r  les  ré?olotioQS  de 
leurpays,  abandonnent  TEorope,  et  l*on  apprend  bientôt 
après  que  les  ehrétiens  d'Orient  attendent  comme  des 
libératears  les  Mongols  du  Midi  qai  s*a?ancent  vers  eax. 
Bien  plus,  le  bruit  se  répand  qu*an  grand  nombre  de  ces 
conquérants  barbares  professent  la  religion  du  Christ, 
que  leurs  princes  mêmes  sont  chrétiens. 

Le  monothéisme  indifférent  des  Mongols,  leur  alliance 
aVec  les  Arméniens,  le  mariage  de  plusieurs  khans  avec 
des  princesses  chrétiennes  du  pays  des  Keraîtes,  la 
faveur  dont  jouissaient  auprès  de  ces  chefs  plusiears 
prêtres  syriens  et  nestoriens,  un  certain  nombre  de  con- 
versions opérées  parmi  tes  Tartares,  enfin  les  difficultés 
de  langage,  occasionnèrent  entre  les  chrétiens  et  les  Mon- 
gols un  long  malentendu ,  que  les  derniers  avaient  tout 
intérêt  à  entretenir,  afin  de  trouver  en  Orient  et  en 
Europe  de  puissants  alliés  contre  les  musulmaes  y  leurs 
adversaires  immédiats.  Même  lorsqu'on  sut  à  quoi  s'en 
tenir  sur  le  prétendu  christianisme  des  khans,  on  con- 
tinua de  les  croire  disposés  à  se  convertir,  et  Ton  se 
flatta  de  les  voir  abandonner  la  Terre-Sainte  mu  Occi- 
dentaux après  l'avoir  arrachée  aux  Sarrasins.  Tel  était 
l'espoir  qui  faisait  persévérer  les  Papes  et  le  roi  de  France 
dans  leurs  relations  avec  les  souverains  mongols.  Ceux-ci, 
se  considérant  comme  maîtres  du  monde,  ne  voyaient 
dans  les  ambassades  et  les  lettres  vetines  de  TOccidenl 
que  des  hommages  rendus  à  leur  puissance  suprême*. 

*  Pour  les  relations  de  l'Occiâent  arec  Penopire  mongol,  voyez, 
outre  les  Mémoires  de  M.  Rémusat,  dont  ucus  avons  parlé  plus  haut, 
Raynaldi  et  Mathieu  Paris,  à  partir  de  l'année  42i1;  de  Guignes, 
Histoire  des  Huns,  des  Turcs  et  des  Mongols,  etc.;  Bergeron,  Voyagtt 
faits  principalement  en  Asie....  par  benjamin  de  Tudèle,  Carpin, 
BebruquiSf  etc.;  Hayton,  HistoHa  onentolù;  Ibn-Pérat,  ap.  Bi^kh 
thèque  des  Croisades, 


j 


RELAnOlrS  AV£G'  LES  MONGOLS  391 

Cepe&dant,  après  la  mort  d*Houlagou»  khan  des 
Mongols  de  Perse ,  les  successeurs  de  Geogis ,  divisés , 
affaiblis,  comprirent  que,  pour  contracter  avec  les  chré- 
tiens des  allianbes  utiles,  il  fallait  consentir  à  traiter 
d'égal  à  égal  avec  les  souverains  de  l'Europe.  Les  khans 
prirent  môme  plusieurs  fois  l'initiative  des  négociations. 

Abaga ,  fils  d'Houlagou  et  gendre  de  Michel  Paléo- 
logue,  essaya,  de  concert  avec  son  beau- père ,  de  s'attirer 
la  bienveillance  du  Pape  et  des  princes  occidentaux. 
Quoi  qu'en  ait  dit  Zurita,  c'est  seulement  au  règne 
d' Abaga ,  c'est-à-dire  à  l'année  1267 ,  que  remontent  les 
relations  du  roi  d'Aragon  avec  les  Tartares.  Dans  les 
premiers  mois  de  cette  année  \  les  ambassadeurs  mongols 
reoûontrèrent  à  Perpignan  Jacme  qui  revenait  de  Mont- 
pellier, et  lui  remirent  une  lettre  «  moult  amicale  de  leur 
roi  *.  >  Le  souverain  aragonais  répondit  à  cette  démarche 
en  envoyant  auprès  d' Abaga  un  bourgeois  de  Perpignan 
nommé  Jacme  Alarich  ^ 

• 

*  Jacme  était  à  Montpellier  le  4  4  d^  kalendes  de  février  4266  (16 
janvier  4267).  —  Voy.  D.  Yaissôle,  Hist.  de  Languedoc,  Uv.  XXVI, 
chap.  Lxv;  Mahul,  Cartulaireet  archives  de  Vancien  diocèse  de  Car- 
ca$gonne,i.  II,  p.  292.  —  Un  acte  dos  archives  d'Aragon  (Parche- 
mins do  Jacme  1*%  n«  4883)  prouve  qu'il  était  de  retour  à  Barcelone 
le  3  des  nones  de  mars  4266  (5m9rs  4267). 

*  Chronique  de  Jacme.  chap.  cclxxy. 

'  Le  jour  où  il  donna  audience  aux  envoyés  mongols,  Jacme  reçut 
un  cartel  da  déûde  don  Ferriz  de  Lizana.  €e  rico  home,  Fernand 
Sanctbez  et  Bernât  Guiilem  de  Entenza,  n'avaient  pas  accepté  le /uero 
d'Exea  comine  une  satisfaction  suffisante.  Ils  avaient  néanmoins  con- 
clu avec  le  roi  une  trôve  qui  devait  durer  pendant  toute  l'expédi- 
tion deMurcie.  (Arch.  d'Aragon,  Reg.  YIII,  ^69;  Col.  dedoc.ined.. 
t.  Vly  p.  46d.)  Au  retour  de  Jacme,  Ferriz  de  Lixana  fut  le  seul  qui 
recommença  la  guerre.  Le  (^onçut^rador  eut  bientôt  raison  de  son 
Tassai ,  grâce  au  secours  des  milices  communales,  et,  comme  les 
bourgeois  de  Lérida  lui  avaient  reproché  de  pardonner  toujours  à  la 
noblesse  révoltée,  il  traita  avec  rigueur  les  hommes  de  don  Ferriz. 


392  LIVRB   !▼,  CHAPITRE  III 

Environ  deux  ans  plus  tard  ,  le  roi  d*Âragon  se  trou- 
vait en  Castiile,  où  il  venait  d'assister  à  la  première  messe 
de  son  fils  Sanche ,  nommé  archevêque  de  Tolède ,  lors- 
qu'il apprit  qu'Alarich  était  débarqué  à  Barcelone.  L'en- 
voyé catalan  amenait  avec  lui  des  ambassadeurs  du  khan 
des  Tartares  et  de  l'empereur  Michel  Paléologue ,  «  les- 
quels, dit  la  chronique,  apportaient  de  bonnes  non- 
velles.  >  Il  s'agissait  de  la  croisade  en  Terre-Sainte, 
projet  aventureux  auquel  Jacme,  malgré  ses  soixante  ans, 
s'attachait  avec  une  ardeur  toute  juvénile.  Alfonse  X 
désapprouvait  le  dessein  de  son  beau-père  ;  mais,  comme 
celui-ci  s'obstinait  à  voir  un  ordre  de  Dieu  dans  ceUe 
ambassade  qui  lui  arrivait  de  pays  inconnus  pour  l'en- 
gager à  passer  en  Orient,  le  roi  savant  ne  put  faire  pré- 
valoir les  conseils  de  la  prudence,  et,  afin  de  ne  pas 
rester  étranger  à  cette  œuvre  pieuse,  il  offrit  cent  mille 
morabatins  d'or  et  cent  chevaliers. 

C'est  à  Valence  que  Jacme  donna  audience  aux  envoyés 
d'Âbaga  et  à  ceux  de  Paléologue.  Il  fut  convenu  que  les 
troupes  aragonaises  débarqueraient  à  Alayaz  ^  ou  snr 
tout  autre  point  du  territoire  soumis  aux  Mongols.  Le 
khan  promettait  d'aller  lui-même  recevoir  son  nouvel 
allié  et  de  se  joindre  à  lui  pour  marcher  sur  la  Terre^ 
Sainte.  L'empereur  grec ,  de  son  côté,  devait  approvi- 
sionner l'armée  de  tout  ce  qui  serait  nécessaire. 

Avec  ces  assurances ,  Jacme  se  prépara  au  départ,  sans 
se  laisser  arrêter  par  les  supplications  et  les  pleurs  de 
ses  enTants,  accourus  tous  ensemble  auprès  de  lui  pour 

Quelques-uns  d^entre  eux,  a  qui  étaient  de  grand»  malfaiteurs  *,  fu- 
rent pendus  sur  les  murs  du  château  de  Lizana.  (Voy.  Chroniqae  de 
Jacme,  chap.  cclxx,  et  Zurita,  Anales^  lib.  III,  cap.  lxxi) 

^  Probablement  Alafa  ou  Âlanieh,  ville  de  la  Turquie  d'Asie,  dans 
le  pachaUk  d^Adaoa  sur  la  Méditerranée. 


CROISADE  EN  OBIElfT  393 

le  conjurer  de  renoncer  à  son  projet.  Malgré  de  nom- 
breuses désapprobations,  le  roi  se  sentait  soutenu  dans 
son  dessein  par  les  conseils  et  Texemple  de  plusieurs 
princes  chrétiens,  et  par  les  encouragements  d*une 
grande  partie  de  ses  sujets ,  qui  se  plaisaient  à  voir  dans 
le  conquérant  de  Mayorque ,  de  Valence  et  de  Murcie,  le 
libérateur  du  saint  Sépulcre. 

«  Roi  d'Aragon ,  disait  Olivier  le  Templier ,  roi  d'A- 
ragon, qui  faites  peu  de  cas  du  péril,  qui.avez  conquis 
Majorque  et  tout  ce  qui  s'étend  de  Tortose  à  Biar  \  sou- 
venez-vous du  pays  d'outre-mer,  car  nul  autre  n'est  digne 
de  posséder  ce  Temple  que  vous  avez  si  bien  servi.  Et 
puisque  vous  êtes  l'homme  le  plus  hardi  du  monde  en 
faits  d'armes  et  que  Rome  vous  y  convie,  accourez  là  où 
tout  le  monde  vous  appelle.  Si  le  roi  Jacme  avec  une 
compagnie  de  ses  gens  passait  là-bas,  bientôt  il  pourrait 
réparer  la  perte  et  le  dommage  et  recouvrer  le  Sépulcre, 
car  contre  lui  les  Turcs  arment  en  vain.  Il  en  a  tant  dé- 
confits, pris,  garrottés,  tués,  blessés,  détruits  en  bataille 
rangée ,  et  il  a  tant  conquis  de  pays,  pour  les  années  qu'il 
a  vécu  '!.,..  » 

Contrairement  à  ce  qui  se  passait  dans  le  reste  de 
l'Europe,  il  y  avait  en  ce  moment  dans  les  pays  de  la  cou- 
ronne aragonaise  un  redoublement  de  zèle  pour  la  guerre 
sainte. 

«Je  voudrais,  armé  de  toutes  pièces,  passer  la  mer 

*  M.  Milà  dit  Biame^  probablement  par  suite  d'une  erreur  dans 
le  manuscrit  d'où  cette  pièce  est  tirée.  Le  pays  de  Tortose  au  Béarn 
serait  la  Catalogne  et  l'Aragon,  que  Jacme  ne  conquit  pas  sur  les 
Sarrasins  ;  le  pays  de  Tortose  à  Biar  est  le  royaume  de  Valence. 
D'ailleurs  Biar  rime  mieux  avec  outramar  que  Biam  ou  Biame, 

>  Yoy.  Milà,  De  los  Travadores  en  Espana,  p.  366.  M.  Raynouard 
D'à  donné  qu'un  fragment  de. cette  pièce.  {Choix  de  poésies  des  Trou» 
badùursj t.  V,  p. 272) 


âM  LMIE  W,   OHAPmBflI 

avec  les  troî$  rois  • ,  ehantoît  Gaillem  de  Certera^Ces 
trois  rois  étaient  saint  Louis,  Jacme  d* Aragon  et  Thibault 
de  Navarre,  qui ,  par  les  soins  da  Pape  Clément  IV  *, 
avaient  concerté  cette  nouvelle  expédition . 

Louis  IX  désirait  d'ailleurs  voir  sa  seconde  croisade 
appuyée  par  un  prince  de  la  réputation  de  Jacme  le  Con- 
quérant '. 

Dès  le  mois  de  janvier  1269 ,  le  roi  d'Aragon  conclut 
des  trêves  avço  les  émirs  de  Grenade  et  de  Ceuta ,  afin  de 
pouvoir  abandonner  ses  États  sans  craindre  une  attaque 
des  musulmans  d'Espagne  ou  de  cettx  d'Afrique  ^.  Au  mois 
de  mai  suivant,  il  traita  avec  plusieurs  chevaliers,  qui  s*eD- 
gagèrent  à  conduire  sous  ses  ordres  des  compagnies  de 
combattants  à  cheval  ;  il  nolisa  un  certain  nombre  de  na- 
vires ',  et,  après  avoir  obtenu  des  subsides  de  plusieurs 
villes  d'Aragon,  de  Catalogne  et  du  royaume  de  Valence  % 

^  Milà,  De  los  Trovadores,  p.  353.  —  Voy.  aussi  la  jolie  pièce  de 
Guiilem  ou  Galceran  de  San-Didier  oudeSaint-Leyâier,  dans  le  Choix 
depoéiiêideê  Trùubadourê  de  Raypouard,  t.  IV,  p.  433  ;  Gf.  Milà,  Ik 
las  Trovadore9^  p.  497. 

*  Martène  et  Durand,  Thesaums  novus  anecdot,^  t.Il,col.564et574. 

*  Voy.  D.  Vaissôte,  Hist,  de  Lang.j  liv.  XXVI,  chap.  lxxti. 

*  Archives  d'Aragon,  reg.  XY,  (<»  430  et  434. 

^  Les  traités  avec  les  chefs  des  compagnies  et  avec  les  proprié- 
taires des  navires  se  trouvent  aux  archives  d*Aragon,  Parchemins  de 
Jacme  1*',  n*»»  4974  et  suivants.  Deux  d'entre  eux  ont  été  publiés  dans 
la  ColêocUm  de  documentos  ineditoe  (t.  VI,  p.  472  et  475).  Les  noms 
de  oeux  ^ui  ont  passé  ces  contrats  avec  le  roi  sont  meotiofmés 
dans  ce  dernier  recueil  (t.  VI.  p.  474,  note)  et  dans  la  disserlaiion  de 
D.  Martin  Fernaadez  de  Navarrete  (Memorias  de  la  Real  aeadetma  4e 
la  Hi$ioria^\.y).  Celui  de  Bernât  Carbo,  habitant  de  Tortose  et  pro- 
priétaire d'un  navire  y  a  été  omis.  (Arch.  d'Aragon,  Parchemins  de 
Jacme  1*%  n<>  4977.)  Chacun  de  ces  noms  ligure  à  son  rang  alphabé- 
tique dans  notre  Nomenclature  des  familles  et  despersotmesles  plus 
Qonnties  des  États  de  Jacme  /*'. 

^  Barcelone  donna  quatre- vingt  mille  sols  (Appendice,  n"  xin  de 
la  dissertation  deD.  Martin  Fernandez  de  Navarrete)  ;  Morell9,  di^ 
mille  (Diago,  Anales  del  reyno  de  Valenoia^  lib.  VII,  cap.  iix). 


il  passa  à  Majropque ,  dont  les  habitants  lai  donnèrent  de 
bon  gré  cinquante  miïte  sols.  Puis,  revenu  en  Catalogne, 
il  nomma  lieutenant  général  de  ses  États  pendant  son  ab- 
sence ,  riftfant  Pierre,  ^ui  confia ,  à  son  tour,  à  don  Atbo 
de  Foees  le  gouvernement  du  royaume  d'Aragon. 

Le  mercredi  4  septembre  1369,  la  flotte,  composée  de 
trente  gros  vaisseaux,  de  douze  galées  et  d'un  grand 
Nombre  de  navires  de  plus  petite  dimension,  quitta  le 
port  de  Barcelone.  Elle  avait  à  bord,  outre  plusieurs 
milliers  de  fantassins  et  d*aimogavares,  plus  de  huit  cents 
bommes  d'armes  parmi  lesquels  on  comptait  des  Tem- 
pliers, des  Hospitaliers,  des  chevaliers  de  Galatrava, 
Tévèque  de  Barcelone,  le  sacriste  de  Lérida,  plus  tard 
évéque  de  Huesca,  et  les  deux  fils  naturels  du  roi,  Fer* 
nand  Sanchez  et  Pedro  Fernandez. 

On  était  en  mer  depuis  deux  jours  lorsqu'un  vent  con- 
traire s*éleva  et  divisa  la  flotte.  Le  lundi  9  septembre, 
une  violente  tempête  éclata;  pendant  trois  jours  et  trois 
nuits,  la  galée  royale,  ayant  pour  capitaine  le  catalan 
Ramon  Marquet  \  fut  ballottée  <  par  les  quatre  vents  qui 
se  heurtaient  et  se  combattaient.  »  Poussée  vers  les  côtes 
de  Languedoc,  elle  courut  des  bordées  entre  Agde  et 
Aiguesmortes  jusqu'au  moment  où  elle  put  entrer  dans 
ce  dernier  port,  suivie  de  trois  navires  que  montaient  le 
sacriste  de  Lérida,  les  chevaliers  de  Galatrava  et  en  Pierre 
de  Queralt. 

11  faut  lire  dans  la  Chronique  royale  *  le  récit  détaillé 
de  cette  émouvante  traversée,  pour  comprendre  quels 
sentiments  agitaient  le  ConquUtador,  hésitant  entre  le 

*  (Quelques  auteurs  assurent  que  Ramon  Marquet  avait  le  com- 
mandement génératie  la  floUe,  avec  le  titre  d'amiral  de  Catalogne. 
(Voy.  Capmany,  Jlfemoft(w,  t.  I,  part.  I,  p.  \%S.) 

3  Gbap.  ccLxxxui. 


396  LITRE  IT  •    GHAPITBB  III 

désir  de  poursuivre  sou  entreprise  et  la  crainte  d*agir 
contre  la  volonté  de  Dieu,  qui,  plusieurs  fois  déjà,  avait 
semblé  se  montrer  contraire  à  Texpédilion  projetée,  âq 
milieu  de  ses  ferventes  prières  à  la  Mère  du  Sauveur, 
Jacme  se  rappelait  sans  doute  ces  mots  que  le  Souverain 
Pontife  lui  avait  adressés  naguère:  «Bien  que  nous 
ayons  appris  avec  joie  que  vous  vous  proposiez  d'aller  au 
secours  de  la  Terre-Sainte,  nous  voulons  que  vous  sachiez 
que  le  Crucifié  n'accepte  point  les  hommages  de  celui 
qui  le  crucifie  de  nouveau  en  se  souillant  par  une  union 
incestueuse  S  >  La  liaison  qui  avait  motivé  ces  reproches 
n'avait  pas  été  rompue,  et  cette  tempête  qui  rejetait  au 
rivage  le  monarque  coupable,  semblait  se  charger  de 
justifier  la  parole  du  vicaire  de  Jésus-Christ. 

Jacme  ne  consentit  point  cependant  à  se  séparer  de 
Berenguela.  Après  son  débarquement  à  Aiguesmortes,  il 
parut,  pour  quelque  temps  du  moins,  renoncer  à  la 
croisade.  C'est  ce  qui  fit  dire  que  le  roi  d'Aragon,  pareil 
au  Jupiter  de  la  fable,  avait  abandonné  le  ciel  pour  suivre 
une  génisse  V 

Ou  avait  blâmé  Jacme  d'entreprendre  son  expédition, 
on  le  blâma  plus  encore  d'y  renoncer.  L'évéque  de  Ma- 
guelone  et  Rousselin,  fils  du  seigneur  de  Lunel,  allèrent 
le  trouvera  Sainte-Marie-de-Vauvert,  où  il  était  accouru 
rendre  grâces  à  Dieu  d'avoir  échappé  au  danger,  etl'enga- 

*  Voy.  Raynaldi,  Anales  eeclesiast.,  ad.  ann.  4267,  n«  33.  —  Le 
Pape  termine  sa  lettre  en  menaçant  Jacme  des  censures  ecclésias- 
tiques s'il  ne  se  sépare  pas  de  Berenguela  Alfonso. 

^  Guillaume  de  Puy-Laurens  (Ghron.,  chap.  l)  et  Bernard  Guide 
(Annales  pontif.)  donnent  à  Berenguela  une  influence  directe  sur  la 
résolution  de  Jacme  de  renoncer  à  l'expédition.  Ce.^  auteurs  ont  été 
les  interprètes  inexacts  de  Topinion  populaire  qui,  d'après  les  paroles 
du  Pape,  attribuait  l'insuccès  de  la  croisade  aragonaise  à  l'attache- 
ment iUégitime  du  Conquistador, 


LES  ARAG0NAI8  EN  STRIE  397 

gèrent  vainement  à  s*embarquer  de  nouveau  pour  la  Terre- 
Sainte,  lui  offrant  de  l'accompagner,  Tun  avec  vingt 
chevaliers,  Tautre  avec  dix.  Les  habitants  de  Montpellier, 
auxquels  il  demanda  des  secours  en  argent,  se  montrè- 
rent disposés  à  lui  prêter  soixante  mille  sols  tournois  à 
la  condition  qu'il  persévérerait  dans  la  sainte  entreprise; 
mais  le  roi  repassa  les  Pyrénées  fort  mécontent  de  ses 
vassaux,  «  qui  offraient  plus  d'argent  à  leur  seigneur  pour 
le  faire  aller  outre-mer,  où  il  pouvait  être  tué  ou  pris,  que 
pour  le  garder  au  milieu  d'eux  *  » . 

Pendant  que  Jacme  regagnait  par  terre  ses  États  de  la 
Péninsule,  une  partie  de  la  flotte  aragonaise,  séparée  de 
la  galée  royale  et  des  trois  autres  navires  qui  avaient 
abordé  à  Âiguesmortes,  continuait  sa  route  vers  l'Orient. 
Quelques  bâtiments  avaient  péri  dans  la  tempête,  quel- 
ques autres  avaient  jeté  l'ancre  sur  les  côtes  de  Sardaigne; 
mais  un  certain  nombre,  ayant  pour  amiral  don  Pedro 
Fernandez,  arrivèrent  jusqu'à  Saint-Jean-d'Acre.  La 
renommée  du  vainqueur  des  musulmans  d'Espagne  avait 
précédé  en  Syrie  les  armes  aragonaises.  Les  Sarrasins, 
assure  un  historien  catalan  *,  avaient  déjà  fait  un  mouve- 
ment de  retraite  en  apprenant  que  le  Conquistador  s'avan- 
çait vers  eux.  Les  chrétiens,  reprenant  courage,  espéraient 
la  fin  de  leurs  maux.  Ce  fut  en  vain  que  Pedro  Fernandez 


^  Chronique  de  Jacme,  chap.  cclxxxiv.  —  M.  Rosseeuw  Saint- 
llilaire  dit  que  le  roi,  après  son  débarquement  ù  Âiguesmortes,  es- 
snya  de  reprendre  la  mer,  el  qu'une  nouvelle  tempête,  qui  ne  dura 
pas  moins  de  dix-sept  jours,  l'empêcha  de  continuer  sa  roule.  C'est 
une  erreur  causée  par  une  fausse  interprétation  du  chapitre  cclxxxiv 
de  la  Chronique  royale.  Jacme  y  parle  d'une  tentative  de  voyage 
outre-mer  antérieure  à  celle  que  nous  venons  de  raconter.  Un  vent 
contraire  avait  soufflé  pendant  dix-sept  jours  et  avait  empêché  les 
navires  de  quitter  le  port  de  Barcelone. 

^  Narciso  Feliu^  Anales,  t.  H.  lib.  XI,  cap.  xu. 


39S  lilVRB  lY  ,   CHAPITKE  III 

etFatnandSancbiea.aUdnâireAt  leur  père  dont  ik  îgao- 
rai^t  to  sort.  Voyaot  bientôt  que  ni  le  kbaa  des  Tartares 
ni  l'empereur  Paléologue  ne  paraissaient  décidés  à  se 
joindre  à  eux  \  ils  laissèrent  aux  chrétiens  de  Syrie  des 
sec<MLrs  en  bomnàes,  en  vivres  et  en  argent  '  et  reprirent 
la  route  de  l'Espagne,  s'arrétauit  w  Crète  et  en  Sicile. 
Dans  ce  dernier  pays<  Charles  d* Anjou  les  reçut  avec  dis« 
tioction  et  se  lia  d*an;àitié  avec  Fernand  Sanchez,  qa*il 
arma  chevalier.  Cette  liaison  du  b&tard  aragonais  avec 
le  vainqueur  de  Manfred  fit  éclater  entre  Tinfaut  Pierre 
et  PernaDd  Saochez  une  haine  implacable»  dont  nous 
raconteroas  bientôt  les  terribles  effets. 

Quant  à  Jacme,  il  ne  parlait  plus  de  passer  en 
Terre-Sainte,  et  sa  gloire  recevait  une  grave  atteinte 
de  ce  prompt  découragement,  que  Ton  attribuait  à  des 
motifs  peu  louables'.  «Je  prie  Tarchevéque  à  qui  est 


*  L'historien  arabe  Ibn-Férat,  qui  parle  de  rarrivée  des  croisés 
aragonais  en  Syrie,  assure  qu'un  envoyé  chrétien  alla  trouver  le 
khan  des  Tartares  pour  lui  annoncer  le  prochain  débarquement  do 
roi  Jacme.  (Voy.  Michaud,  Bibliot,  des  Croisades,  t.  IV  J  II  parail , 
d'après  un  acte  des  archives  d'A.ragoo  (Reg.  XVII),  que  Vêmpereur 
de  Trébizonde  envoya  un  ambassadeur  à  Saint-Jean-d'Acre.  (Voy. 
la  dissertation  de  D.  Martin  Fernandez  de  Navarrote.) 

3  Le  registre  XVli  des  archives  d'Aragon  (Reg.  X  de  la  collection 
de  Jacme  l*')  contient  plusieurs  documents  qui  indiquent  la  nature 
et  la  quantité  des  secours  laissés  en  Orient  par  les  Aragonais.  D.  Mar- 
tin Fernandez  de  Navarrete  a  analysé  ces  documents.  {Memorias  de 
la  Real  academia  de  la  Historia,  t.  V,  p.  77.) 

^  Voici  en  quels  termes  le  continuateur  de  Guillaume  de  Tyr  ra- 
conte la  croisade  aragonaiso  :  «  En  cel  an  dut  passer  le  roid'Arragon 
en  Surie  et  monta  sor  mer  il  et  ses  os.  Et  quant  vint  au  quart  jor, 
une  forlun  grand  le  prist  et  rompi  sa  nave.  Et  quand  il  vit  ce,  si  s'en 
retorna  arrière  au  port  o  tout  autres  II  naves,  et  toute  l'autre  navie 
vint  en  Acre  et  si  dui  enfant  bastars  car  il  cuidoient  que  le  roi  veoisi 
et  il  estoit  retorués.  Ne  oncques  pus  ne  veut  monter  sor  mer  por  1» 
paor  qu'il  out  de  la  fortune  et  por  l'amer  de  sa  mie  dame  fieren- 


RETOUB   DE  JAGMB  S99 

Tolède  \  disait  le  Catalan  Gnillem  de  Mar,  d'exhorter 
le  bon  roi  d'Aragon  à  se  mettre  en  mer  pour  accomplir 
son  vœu  et  pour  garder  en  paix  son  bon  renom  *.  »  L'amant 
de  Berenguela  resta  sourd  aux  prières  comme  aux  re- 
proches. N'ayant  pas  la  force  d'arracher  de  son  cœur  une 
coupable  passion,  il  craignit  d'affronter  de  nouveau  la 
colère  du  Dieu  qui  repoussait  son  secours. 


guiere.  Dont  ce  fu  a  lui  grant  honte  et  grant  reproche.  »  {Recueil  des 
hietariens  des  Croisades j  publié  par  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles^Lettres  ;  HisUnriens  occidentaux,  t.  II,  p.  457.) 

*  UinfantSanche d'Aragon. 

'  Yoy.  Raynouard,  Choix  de  poésies  des  Troubadours^  t.  V,  p.  SOS; 
Milà ,  De  los  Trov.  en  Esp.y  p.  360. 


CHAPITRE  IV 

Organisation  des  pays  aragonais.  —  La  maison  du  roi.  —  Les  grands 
dignitaires  de  la  couronne.  —  Système  d'administration.  —  Lieutenants 
ou  pnemtenn  généraux.  —  Institutions  municipales  de  Saragosse, 
Perpignan,  Barcelone,  Valence  et  Mayorque.  —  Régime  financier  ; 
impôts.  —  Agriculture,  industrie  et  commerce.  —  Vues  de  Jacme  sur 
la  Sardaigne.  —  Missions  commerciales. —  Relations  avec  l'Egypte  et  les 
Etals  barbaresques.  —  Consuls  à  l'étranger,  consuls  de  mer  et  consuls 
sur  mer.  —  Lois  maritimes  ;  les  Gostames  de  la  mar. —  Monnaies  ;  faux- 
monnayeurs.  —  Les  arts,  les  lettres  et  les  sciences.  —  Efforts  du  roi 
pour  créer  une  langue  nationale.  —  Idiomes  en  usage  dans  les  États 
d'Aragon.  —  Jacme  écrivain  :  la  Chronique,  le  Libre  de  la  savicsa,  les 
Fura.  — Les  troubadours. —  Les  poètes  catalans.  —  Université  de 
Lérida.  — École  de  Valence.  —  Écoles  de  Montpellier.  —  Théologiens, 
philosophes  et  savants  :  frère  Paul,  Ramon  Martin,  Ramon  de  Penyafort, 
Vital  de  Canelas,  Ramon  Lull,  Arnaud  de  Villeneuve.  —  Prospérité 
générale  des  pays  aragonais. 

A  SOD  retour  dans  la  Péninsule,  le  roi  d'Aragon,  en 
paix  avec  ses  voisins  et  avec  la  noblesse,  put  s'occuper  ex- 
clusivement de  l'organisation  de  ses  États  et  de  la  prospé- 
rité de  ses  peuples.  Un  demi-siècle  de  luttes  semblait  lui 
avoir  acquis  le  droit  de  se  consacrer  sans  partage  aux 
travaux  de  la  paix;  mais  deux  ans  s'étaient  à  peine 
écoulés  que  des  préoccupations  graves  et  douloureuses 
venaient  troubler  ce  repos  fécond,  sans  détourner  cepen- 
dant le  Conquistador  de  l'œuvre  de  civilisation  qu'il  avait 
toujours  regardée  comme  le  but  principal  dosa  vie. 

T.  u.  26 


402  LIVRE  I?,   CHAPITRE  lY 

Noas  allons  profiter  de  la  trop  courte  période  de  calme 
qui  s*étend  des  derniers  mois  de  li69  aux  premiers 
de  1272,  pour  compléter  ce  que  nous  avons  à  dire  de  la 
situation  intérieure  des  pays  aragonais  au  temps  de 
Jacme  V\  et  pour  nous  rendre  compte  des  progrès  de 
tout  genre  réalisés  sous  ce  règne. 

Nous  connaissons  le  jeu  dûfi  grandes  institutions 
politiques  et  judiciaires  ;  la  royauté  et  la  nation  se  sont 
montrées  à  nous  dans  leurs  rapports  de  chaque  jour; 
nous  avons  pu  apprécier  les  forces  dont  dispose  ia  pre- 
mière, les  éléments  qui  composent  la  seconde:  nous  les 
avons  suivies  Tune  et  Tautre  dans  les  camps,  dans  les  tri- 
bunaux, dans  les  assemblées  politiques  *  ;  il  nous  reste  à 
jeter  un  coupd'œil  sur  Tensemble  de  rorganisàtion  admi- 
nistrative, —  s*il  est  permis  d*appliquercette  expression 
moderne  au  mécanisme  confus  d'un  gouvernement  du 
XIII®  siècle,  —  à  voir  comment  le  pouvoir  central  exerce 
son  action,  d'une  manière  souvent  fort  indirecte,  sur  la 
masse  des  citoyens,  et  favorise  le  développement  moral, 
intellectuel  et  matériel  de  la  nation. 

Dans  cette  esquisse  trouveront  place  l'administration 
des  finances,  les-institutions  municipales,  le  commerce, 
rindustrie,ragricuUure,  les  arts,  les  sciences  et  les  lettres. 

Au  centre  de  la  machine  gouvernementale,  comme 
moteur  et  surtout  comme  régulateur,  se  trouve  le  roi, 
entouré  d*une  cour  où  la  physionomie  propre  au  régime 
monarchique  pur  commence  à  se  dessiner  sur  le  fond 


*  Ce  que  nous  avons  dit  des  cortès  d'Aragon  et  des  corts  de  Cata- 
logne en  plusieurs  endroits  de  cet  ouvragé  suffit  pour  fairacooDaître 
leur  composition  et  leur  manière  de  procéder  sous  le  règne  de 
Jacme  ^^  â  cette  époque,  les  sessions  de  ces  assemblées  n'étaient 
pas  encore  soumises  au  cérémonial  minutieux  que  Blaocas  a  décrit 
dans  son  Uvre  inlituiié  :  Modo  de  frocêder  en  cartes  de  Aragm, 


MAISON  DU  ROI  405 

des  traditions  féodales.  L'hospitalité  large  da  moyen 
âge  y  réonit  clercs,  barons,  chevaliers,  simples  nobles^ 
bourgeois,  savants,  troubadours.  Dans  ce  nombre,  le 
souverain  choisit  ses  conseillers  ;  mais  il  se  dégage  de 
robligalion  de  n*agir  qu'avec  l'assentiment  des  prélats 
et  des  barons.  Il  compose  son  conseil  privé  en  quelque 
sorte  au  jour  le  jour,  selon  son  bon  plaisir  et  le  besoin 
des  affaires.  Il  y  admet  le  plus  souvent  de  simples  nobles 
et  des  bourgeois. 

A  côté  de  ces  vassaux  sans  fonctions  déterminées, 
vestiges  de  l'ancienne  institution  des  convives  du  roi , 
se  placent  en  premier  lieu  les  grands  dignitaires  de 
la  couronne,  c'est-à-dire  le  chancelier  du  roi,  le 
justicia  d'Aragon,  le  majordome  d'Aragon,  le  sénéchal 
de  Catalogne ,  le  trésorier  général  ;  en  second  lieu,  les 
chevaliers  et  les  écuyers  de  la  mesnada,  espèce  de  maison 
militaire  d'un  monarque  féodal*.  Au-dessous,  s'éche- 
lonnent, d'après  leur  rang  hiérarchique ,  les  différents 
serviteurs  du  roi,  de  la  reine  et  des  princes  :  le  major- 
dome du  palais  *,  le  majordome  de  la  reine  %  les  chape- 

*  11  faut  ranger  dansia  catégorie  des  employés  militaires  Vingénieur 
du  roi.  Magisier  Nicoloso,  ingeniaritAS  domini  régis,  est  mentionné 
dans  la  répartition  de  Valence. — ^Voy.  aussi,  1. 1,  p.  343,  et  1. 11,  p.  466, 
note. 

^  I!  ne  faut  pas  confondre  le  majordome  du  palais,  simple  inten- 
dant de  la  maison  du  roi,  avec  le  majordome  d'Aragon,  haut  digni- 
taire de  la  couronne,  devenu  plus  tard  le  connétable.  Zurita  ,  Elan- 
cas  et  tous  les  historiens  aragonais  qui  ont  écrit  en  latin,  donnent  à 
ce  dernier  le  nom  deau/cB  regiœ  prœfectus,  qui  aide  à  la  confusion. 
La  charge  de  majordome  du  palais  était  un  démembrement  de  celle 
de  sénéchal  de  Catalogne.  Le  sénéchal  nommait  le  majordome  et  lui 
inféodait  ses  fonctions.  (Arch.  d'Aragon,  Parch.  de  Jacme,  n^  1760, 
et  Reg.XIX,  f^  443;  Cf.  Colecdon  des  documentos  ineditoSj  t.  VI, 
p.  159.) 

•  On  lit  dans  le  Libro  de  repartimiento  de  Valence  :  Roigf  major* 
domus  reginœ. 


404  LIVRE  IV  ,    CHAPITRE  IV 

lains  S  les  secrétaires,  les  interprètes,  les  employés  de 
la  chambre',  les  médecins  et  les  chirargiens',  Targentier*, 
le  boQtellier,  le  maitre-queux  {supercocy,  le  roi  des 
ribauds  \  les  huissiers,  les  courriers,  etc.  ' 

Parmi  les  grands  dignitaires  que  nous  avons  énumé- 
rés  plus  haut,  il  n'en  est  aucun  qui  paraisse  chargé  de 
diriger  une  branche  de  l'administration  et  qui  ait  sons 
sa  dépendance  tous  les  fonctionnaires  d'un  certain  ordre. 

Le  chancelier,  qui  est  toujours  un  évéque  né  dans  les 

^  Monso,  chapelain  du  roi,  est  mentionné  dans  la  répartition  de 
Valence.  Jacroe,  dans  ses  codicilles,  recommande  à  ses  fils  son  cha- 
pelain Ârnald  Gaynnot  et  lui  fait  un  legs.  (Voy.  Pièces  justificatives, 
n»*  XXI  et  XXII.) 

*  Pïir  exemple,  Simon,  de  Caméra;  J.  Travi,  de  Camerâ  reginjp 
{Répart,  de  Valence). 

3  Outre  Jueef  Àbeutrevi,  dont  nous  avons  déjà  parlé  (t.  Il  p.  377), 
nous  trouvons  :  maître  Guido,  médecin  du  roi  {Répart,  de  Valence], 
et  maître  Joan,  chirurgien  et  a  physicien  »  du  roi.  (Arch.  d'Aragon, 
Reg.  XIX,  V  95,  et  Reg.  XX,  f«  304.) 

^  Le  25  juillet  4264,  Garcia  Arnalt,  argentier  du  roi,  rend  tous 
les  vases  d'or  et  d'argent  qui  lui  ont  été  confiés.  (Ârch.  d'Arag., 
Reg.  Xin,  ^214.) 

'  Guirald,  boiiller,  et  Guillem,  supercoc,  figurent  dans  la  réparti- 
tion de  Valence. 

^  Get  officier,  qui  avait  dans  ses  attributions  la  police  intérieure 
du  palais  et  de  Vhosi  royal,  avec  la  surveillance  des  maisons  de  jeu, 
des  tavernes  et  des  filles  de  joie,  porte  dans  la  répartition  de  Va- 
lence, le  titre  de  rexarlolorum  ou  irloiorum.  On  voit,  par  le  même 
document,  que  celui  qui  remplissait  ces  fonctions  au  moment  de  la 
conquête  de  Valence,  s'appelait  Garcia.  Quelques-unes  des  femmes 
que  le  rex  arloturum  avait  sous  son  autorité  dgurent  avec  leur  quali- 
fication de  quesluaria  ou  de  meretrix,  dans  la  liste  officielle  des  per- 
sonnes auxquelles  le  roi  distribue  des  maisons  à  Valence. 

^  Nous  avons  analysé  (t.  II,  p.  166)  un  document  des  archives 
d'Aragon  qui  donne  quelques  détails  sur  la  maison  du  roi  et  celle  de 
la  reine.  Nous  mentionnerons  encore  les  actes  suivants  du  même 
dépôt  :  Parchemins  de  Jacme  I",  n*»  249  et  4U6;  Reg.  IX,  f  75; 
Reg.  X,  fo4Set  les  libros  cfer^^'^HimtVn/o  de  Mayorque  et  de  Valence, 
passim. 


GRANDS   DIGNITAIRES  DE   LA   COURONNE  405 

pays  aragonaisS  a  la  garde  da  sceau  royal  ;  il  Tappose 
aux  Charles  et  veille  à  la  transcription  des  documents 
émanés  du  souverain. 

Nous  avons  parlé  des  attributions  dujusticia*,  de 
celles  du  majordome  d*Âragon  et  du  sénéchal  de  Cata- 
logne'. Quant  au  trésorier  général,  au  sujet  duquel  les 
documents  nous  font  défaut,  nous  le  croirions  volontiers 
préposé  seulement  à  la  haute  surveillance  du  trésor 
public,  et  distinct  d*un  autre  fonctionnaire,  appelé  aussi 
trésorier  d'Aragon  ou  trésorier  général,  qui  se  bornait 
sans  doute  à  réunir  dans  sa  caisse  les  sommes  versées  par 
les  divers  agents  chargés  de  la  perception  des  impôts  et 
des  revenus  royaux.  Il  nous  parait  difficile  d'admettre, 
en  effet,  que  Ximeno  Ferez  ,  grand  seigneur  et  favori 
du  roi,  ait  été  investi  des  mêmes  fonctions  que  les  juifs 
Jahuda  etBondia*. 

Ed  dehors  de  leurs  attributions  spéciales ,  les  hauts 
dignitaires  étaient  les  conseillers  ordinaires  de  la  cou- 
ronne. Presque  toujours  appelés  à  donner  leur  avis  dans 
les  affaires  de  quelque  importance,  à  peu  près  tous  nom- 
més par  le  roi ,  leur  influence  était  grande  sur  les  déci- 
sions du  souverain. 

En  ce  qui  concerne  l'impulsion  et  la  direction  à  donner 
aux  affaires,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  la  division  des 
pays   aragonais  en  cinq  États  distincts  :   le  royaume 

*  Nous  citerons  parmi  les  chanceliers  de  Jacme  1*',  Vital  de  Ca- 
nellas,  évèqne  de  Huesca,  l'un  des  rédacteurs  des  Fuef^os  d'Âragoo  et 
des  Purs  de  Valence;  Andreu  de  Albalat,  évêque  do  Valence  (Arch. 
d'Aragon,  Parch.  de  Jacme  P,  n»'  U66  et  4473);  Joan  de  Roca  ou 
de  Za  Roca,  évêque  de  Huesca,  que  le  roi  recommande  à  ses  fils  dans 
un  de  ses  codicilles.  (Voy.  Pièces  justif.,  n'>'  XXI  et  XXII). 

3  Voy.  ci-dessus,  p.  183  et  suiv. 
»  Voy.  1. 1,  p.  286,  et  t.  If,  p.  183. 

*  Voy.  ci-dessus,  p.  377,  noie  5. 


406  LITRE  lY  ,    CBAPITRE  IV 

d* Aragon ,  le  royaume  de  Mayorqoe ,  le  royaume  de 
Valence ,  le  comté  de  Catalogne  et  la  seigneurie  de 
Montpellier.  Lorsque  le  roi  se  trouvait  dans  an  de  ces 
États ,  il  n*y  avait  pas  d'intermédiaire  entre  lui  et  les 
chefs ,  les  magistrats  ou  les  fonctionnaires  des  grands  et 
des  moyens  centres  de  population.  Vassaux  de  la  cou- 
ronne ,  membres  des  Cortès ,  magistrats  municipaux , 
justicias^  bayles  des  villes,  viguiers,  junteros,  recevaient 
les  ordres  immédiats  du  roi.  Ce  n*est  que  dans  le  fief, 
dans  la  commune,  dans  le  district  juridictionnel ,  ordi- 
nairement assez  restreint,  ànjusticia,  du  bayle  ou  du 
viguier ,  que  se  rencontraient  quelques  fonctionnaires  ou 
magistrats  subordonnés  les  uns  aux  autres.  L'adminis- 
tration avait  donc  conservé  un  caractère  essentiellement 
local.  Il  n'y  avait  ici  aucune  de  ces  grandes  divisions  en 
bailliages  ou  sénéchaussées  rendues  nécessaires  en  France 
par  rétendue  du  territoire  et  par  l'œuvre  d'unification  à 
laquelle  travaillait  déjà  la  royauté  capétienne.  Dans  celui 
des  paysd'Âragon,  de  Catalogne,  de  Valence,  de  Mayorque 
ou  de  Montpellier ,  où  le  souverain  résidait ,  sa  surveil- 
lance s'exerçait  directement  et  de  près.  On  a  pu  voir 
combien  Jacme  avait  l'habitude  de  partager  son  temps 
entre  ses  divers  États. 

Lorsqu'il  quittait  pour  quelque  temps  son  comté  ou 
l'un  de  ses  royaumes ,  il  y  nommait  un  lieutenant  ou 
procurateur  général ,  chargé  de  le  remplacer  pendant 
son  absence,  mais  qui  n'avait  pas  la  plénitude  de  l'auto- 
rité souveraine.  Montpellier  ,  moins  souvent  visité  par  te 
roi ,  ne  restait  jamais  dépourvu  de  lieutenant  ;  seulement 
le  pouvoir  de  cet  officier  était  suspendu  dès  que  le  roi 
arrivait  dans  la  seigneurie  *. 

*  Nous  avons  parlé  plusieurs  fois  des  lieutenants  ou  procunUmr^ 
généraux;  nous  mentionnerons  encore  pour  la  Catalogne,  Guillam 


MBimium»  «ÉiiéRAVx  407 

Il  y  afait  n^e  aubère  espèce  de  lientenancè  ob  de  p^eeu- 
ration  générale  :  c'était  celle  âe&  ih  An  roi ,  associés  aa 
geaverfiement  des  États  dont  ils  devaient  hériter. 
Jaeme  ¥'  imangare  cet  excellent  système,  deyenn  après 
lui  une  institatioii  nationate ,  en  vertB  duquel  Tinfant 
héritier  fait,  dès  sa  jeunesse,  l'apprentissage  du  métier 
de  roi  sous  la  haute  direction  de  son  père.  Mavs,  au  temps 
de  Jacme  le  Conquérant,  Vinhvki procura4eur  général  n*a 
pas  d'autres  prérogatives  que  celtes  que  le  souverain  veut 
bien  lui  accdrder.  Ellbs  sont  erdinairemeiit  à  peu  près 
égales  à  celles  du  roi  lui-même. 

Nous  avons  va  déjà  des  exemples  de  cette  prùcuraiion!^ . 
Nous  saurons  roôcasion  d'en  donner  de  nouveaux  dans 
le  obapitre  suivant. 

Quant  à  la  simple  lieutenanoe  générale,  qui  place  un 
seigneur  à  la  tète  de  l'un  des  États  de  la  couronne  d'Ara- 
gon peodant  l'aj^sence  du  roi ,  elleeonstilue  nn  degré  de 
plus  dans  l'addiinistf*aUon  y  le  souverain  conservant  tou- 

deMoDcada  en  4^0.  (AiH^h.  d'Aragon,  Pareb.  de  JaomàV",  n<>  438); 
Ximeno  de  Foces  en  4253  (Id.,  id.,  id.,  n^  4329);  pour  TAragon  , 
l'infant  don  Fernand,  oncle  du  roi,  en  4245  (Id.,  id.,  n"  4044);  pour 
¥alen«e,  Ximeno  de  Poces  en  4257  (Id.,  Reg.  IX,  P  34  ;  Ooleccion  de 
dèomnMtos  inëdilos^  f.  YI,  p.  428)  ;  pour  &fohtpellîer,  Guillem  de 
Pave,  en  4251  (Id.,  Pareh.  de  iacme  1",  \v  4263);  Guillem  de  Roqfue- 
Heuil  6»  4257,  4256  et  4263  (Id.^  Reg.  IX,  ^  32  ;  Reg.  X,  f"  49,  94 
et  407;  Reg.  XII,  ^  30);  Raymond  Gaucelin,  seigneur  de  Lunel, 
6» 4264  (Id.,  Reg.  XI,  P  244);  BerCran  de  Bellpuig,  remplacé  en  4276 
ptr  Arnald  Ferrand(Id.*  Reg.  XX,  f>  348).  M.  Bover  a  donné  la  liste 
chronologique  des  lieutenants  du  roi  à  Bf  ayorque  {NotUias  de  Mal- 
lortAy  2*  édil.,  p.  341). 

*  Yey.  ci-dessas,  p.  291,  note  4;  292,  294,  note  4  et  395. 

kn  commeneement  de  l'année  1 254 ,  la  reine  Yolande  s'intitule  lieu- 
tenante  générale  du  royanm^e.  (Benry,  Histoire  de  Roussillon,  t.  fl, 
p.  497.)  Il  devint  d'usage  en  Aragon  de  donner  oe  titre  à  la  reine 
pendant  ra[bBeiiee  èù  roi,  lorsque  to  prince  bérltier  n'avait  pfas  en- 
oore  l'âge  suffcant  pour  gouverner. 


408  LITRE  Vf  ,  CHAPmS  ÏW 

jours  le  droit  de  réviser  les  décisions  de  tonte  nature 
prises  par  son  lieutenant  V 

Un  certain  nombre  de  magistratures  locales  nous  sont 
déjà  connues  ;  mais  il  n*en  est  pas  de  plus  intéressantes 
à  étudier  que  celles  qui  ont  un  caractère  purement  com- 
munal. 

Dans  les  fueroft  ou  carias  pueblas  octroyés  par  les  sou- 
verains espagnols  aux  villes  et  aux  bourgs  soumis  à  leur 
domination,  il  faut  distinguer  des  dispositions  de  trois 
sortes  :  les  unes  ont  pour  but  d'affranchir ,  dans  une 
mesure  plus  ou  moins  large,  les  personnes  et  les  biens 
des  impôts ,  des  redevances  et  des  services  ;  les  autres 
posent  certaines  règles  de  droit  civil  et  criminel ,  qui 
sont  le  plus  souvent  la  confirmation  d*anciennescoutumes; 
les  dernières ,  enfin ,  instituent  des  magistratures  munici- 
pales et  organisent  Tadministration  communale  propre- 
ment dite.  Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  toutes  lescartas 
pueblas  renferment  ces  trois  espèces  de  concessions. 
Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que  de  celles  de  la  der- 
nière espèce ,  les  moins  nombreuses  de  toutes  '. 


<  La  comparaison  de  deux  documents  conservés  aux  archives 
d'Aragon,  Reg.  IX»  f»*  34  et  36,  et  publiés  dans  le  t.  YI,  p.  4S7  et4SS 
de  la  Coleccion  de  documentos  inedilos,  peut  donner  une  idée  de  la 
différence  des  pouvoirs  conférés  à  Tinfant  héritier  ou  à  un  simple 
lieutenant  général. 

*  Les  cartas'pu^las,  qui  ne  règlent  pas  Torganisation  communale, 
sont  loin  de  l'interdire.  Qu'elles  accordent  en  termes  exprès  aux 
habitants  le  droit  de  «  faire  une  confrérie  entre  eux  selon  les  coo- 
venllons  qu'ils  pourront  arrêter  »,  ainsi  que  nous  le  voyons  dans  la 
charte  accordée  en  4485  par  Alfonse  II,  aux  habitants  de  Villagrassa 
(Arch.  d'Aragon,  Reg.  11,  f»  53;  Coleccion  de  documentos  inédites. 
t.  YIII,  p.  74),  ou  bien  qu'elles  gardent  le  silence  sur  ce  point,  elles 
favorisent  toujours  la  création  des  communes  par  les  privilèges 
qu'elles  octroient  à  presque  tous  les  centres  de  population.  Aussi 
est-il  vrai  de  dire  avec  un  illustre  historien  qu'en  Espagne  «  loute 


ORGANISATION  NDNICIFALE  409 

Le  roi  Pierre  II  fat  peut-être  le  souverain  qui  accorda 
aux  villes  de  ses  États  les  libertés  les  plus  étendues. 
Lorsque  le  besoin  d*argent  lui  faisait  consacrer  Tindé- 
pendance  presque  absolue  de  la  commune  de  Montpel- 
lier \  il  avait  déjà  concédé  aux  habitants  de  Fraga  lo 
droit  d*élire  vingt  prud'hommes  pour  «  diriger,  orga- 
niser et  gouverner  la  ville»',  établi  cinq  consuls  à  Per- 
pignan ,  et  octroyé  aux  jurés  de  Saragosse  le  privilège 
exorbitant  de  faire  tout  ce  qui  leur  paraîtrait  nécessaire 
«pour  le  bien  du  roi  et  pour  l'honneur  d'eux-mêmes  et 
de  tout  le  peuple  >  ,  sans  pouvoir  jamais  être  poursuivis 
même  pour  avoir  mis  quelqu'un  à  mort,  sive  faciatis 
homicidia  sive  quœcumque  alia  '. 

Il  y  avait  de  l'imprudence  à  désarmer  ainsi  le  pouvoir 
royal  en  face  de  la  bourgeoisie ,  lorsqu*il  était  déjà 
impuissant  vis-à-vis  de  la  noblesse.  Jacme  agit  plus  sage- 
ment. Il  procéda  par  essais  successifs  et  posa ,  après  des 
tâtonnements  nécessaires ,  les  bases  de  solides  institu- 
tions. 

Nous  ne  pouvons  étudier  en  particulier  l'organisation 
de  chaque  cité  et  de  chaque  ville  des  États  aragonais  *  ;  il 

viUe  repeuplée  de  chrétiens  devint  une  commune,  c'est-à-dire  une 
association  jurée  sous  des  magistrats  librement  élus,  b  (Augustin 
Thierry,  Dix  ans  d'études  historiques,  2«  partie,  XV. ^ 

*  Voy.  t.  I,  p.  99. 

*  Archivesdela  couronne  d'Aragon,  parchemins  de  Pierre  1*'  (de 
Catalogne),  n»  420;  Goleccionde  document,  ined.,  i.  VIII,  p.  92. 

'  Cet  acte  a  été  publié  par  Miguel  del  Molino  (Bepertorium  foro- 
rum ,  verb.  Privilegium)^  par  Munoz  y  Romero  {Coleccion  de  fueros  y 
ccrtas  puehlasy  p.  456),  et  en  dernier  lieu  par  donModesto  Lafuente, 
d'après  la  copie  conservée  aux  archives  royales  de  Simancas  (Historia 
gênerai  de  Espana^  part.  I],  lib.  u,  cap.  43.) 

*  Le  titre  de  cité  semble  avoir  appartenu  aux  capitales  des  trois 
royaumes,  à  celle  de  la  Catalogne  et,  en  outre,  à  Huesca,  à  laça  et  à 


410  UTRK  IV  ,  GAiPlXBB  IT 

nous  suffira  de  choisir  comme  type  dans  chaque  région 
le  centre  de  population  le  plus  important,  c'est  dire  que 
nous  nous  occuperons  seulement  des  municipalités  de 
Saragosse,  Barcelone  ,  Perpignan,  Valence  et  Majorque. 
La  cooomune  de  Montpellier  a  acquis  tout  son  déTelop- 
pement  avant  Jacme  V ,  et»  sous  le  règne  de  ce  prince, 
elle  échappe  à  peu  près  entièrement  à  Taction  de  la 
royauté  *. 

Pour  Saragosse  et  Perpi|;nan,  les  innovations  de  Jacme 
paraissent  de  peu  d'importance.  Il  ne  fit  que  régulariser 
cequi  existaitdéjà,  en  ordonnant  qu'il  y  eût  dans  la  capi- 
tale de  TAragon  douze  jures  fjuradosj  nommés  annuel- 
lement par  le  roi  sur  la  présentation  des  jurés  sortants*, 
et  qu'à  Perpignan,  l'assemblée  de  tous  les  prud'hommes 
de  la  ville,  appelée  de  temps  immémorial  à  donner  son 


Tarragone.  Les  villes  se  divisaient  en  grandes  et  petites;  Perpignan, 
Girone,  Torieee,  Lerida  paraissent  avoir  été  les  grandes  villea  eala- 
lanes  sous  Jacme  I*'.  Zurita  nous  apprend  que  Ton  reconnaissait 
Galatayud,  Daroca,  Teruel,  Exea  ,  Borja ,  Barbastro  et  Uncaslillo 
comme  viFkis  mayores  d'Aragon,  dès  fë  règne  de  Wefre  II.  Il  résulte 
d'unesentenoa  afbittalo  retotive  aux  Aknos  et  aux  prémisses,  et  insé^ 
rée  dans  le  recueil  des  Privilèges  de  Valence  (f»  xxii,  n°  77),  que  les 
principales  communes  {universitats)  du  rjoyaume  valencien  élaieni 
en  4268,  outre  la  capitale,  les  villes  deXativa,  Murviedro,  Alcira, 
Liria,  Dénia  et  Gandia. 

*  Nous  avons  mentionné  la  tradition  diaprés  laquelle  Ramire  le 
Moine  aurait  concédé  à  la  ville  de  Jaca  le  fuero  de  Montpellier.  Le 
fait  peut  Ure  exact  en  ce  qm  oonterne  le  àtoU  oivit  et  erimiael;  mais 
les  consuls  d»  Jaca  n'eurent  en  aucun  temps  rautorité  des  cbefe  de 
la  eoiBnHine  languedocienne.  Iles!  vrai  (|u'à  Tépoque  de  Ramire  II 
kl  ebarte  de  Montpellier  n'avait  pas  ene(we  pris  )a  forme  sous  lit- 
qiieUe  noua  la  oennaiss^^ns  aujourd'hui. 

^  Friviléfe  ée  l'année  i!r74  (Areh.  d'Arag.,  parcb.  de  Jacme  !••, 
n*  2099;  Coleccion  de  document  ined,,  t.  VI,  p.  477).  D'aprè»  unns»§e 
«neien^  les  bcMtants  de  la  ville  pouvaient  être  quelquefois  féanis 
en  assevUé^gteÉrate. 


MUmCiPALirB  DE  BARCELONE  411 

avis  dans  les  affaires  municipales,  fût  remplacée  par  on 
nombre  déterminé  de  conseillers  \ 

Le  réformateur  aragonais  porta  plus  particulièrement 
son  attention  sur  Barcelone,  la  ville  la  plus  peuplée  et  la 
plus  riche  de  ses  États.  Jadis,  dans  la  capitale  catalane, 
tes  chefs  de  famille,  les  anciens,  réunis  en  assemblée 
publique,  traitaient  les  affaires  de  la  cité  sous  la  prési- 
dence du  représentant  du  comte  souverain.  Lorsque  la 
Catalogne  fut  uuieau  royaume  d*Aragon,  le  nom  de  ces 
conseillers  changea;  ce  ne  furent  plus  les  seniores,  mais 
bien  les  probi  homines  qui  formèrent  rassemblée  com- 
munale. En  1249,  Jacme  l"  nomma  «  quatre  pahers 
(pairs  ')  de  la  cité  et  université  de  Barcelone  »,  lesquels 
étaient  autorisés  à  s'adjoindre  un  certain  nombre  de 
conseillers  pour  l'administration  de  la  ville.  Le  pouvoir 
exécutif  restait  entre  les  mains  du  viguier  représentant 
le  roi.  Cet  acte  ne  statuait  que  pour  une  année,  et  ne 
posait  aucune  règle  pour  l'avenir  '. 

En  1257,  un  privilège  royal  établit  que,  pour  un  temps 
indéterminé  et  tant  qu'il  plaira  au  roi  et  à  ses  succes- 
seurs de  maintenir  cette  concession,  il  y  aura  à  Bar- 
celone «  huit  prud'hommes  conseillers  du  viguier  »  qui 
se  réuniront  chaque  samedi  pour  traiter  des  affaires  com- 
munales. Ces  huit  conseillers  devront,  de  concert  avec 
le  viguier,  élire  une  assemblée  de  deux  cents  membres 
qui  pourra  être  convoquée  toutes  les  fois  que  le  conseil 

ê 

*  Boscby  Titols  de  honor  de  Cathalunya,  p.  410,  d'après  le  Ih'^re 
major  vert  des  archives  de  la  commune  de  Perpignan  ,  f»  45. 

^  Les  pahert  sont  appelés  dans  les  acies  latins  paciarii.  Lerida  a 
aussi  ses  paciarii  et  son  conseil  des  prud'hommes.  (Voy.  MemoHas 
sobre  el  aniiguo  commerciode  Barcelona  parCapmany,  t.  IV,  Coleccion 
diplonuUica,  p.  5.) 

*  Ce  document  a  été  publié  par  Capmany,  MevMyrias,  t.  Il,,  col, 
dipl.^  p.  357. 


412  LIVRE  Vf  ,   CHAPITRE  lY 

des  huit  ou  le  roi  le  jugera  convenable.  Les  huit  con- 
seillers n*exercent  leurs  fonctions  que  pendant  un  an. 
Pour  la  première  fois,  ils  sont  nommés  par  le  roi;  mais  ils 
doivent  à  la  fin  de  Tannée  choisir  leurs  successeurs,  qui, 
en  entrant  en  charge,  nomment  à  leur  tour  les  deux 
cents  membres  du  grand  conseil.  Le  viguier  est  tenu  de 
suivre  en  tout  Tavis  des  prud* hommes  qui  forment  soit 
le  petit,  soit  le  grand  conseil  ^  Parmi  les  huit  conseillers 
nommés  par  la  charte  royale,  la  noblesse  était  représentée 
par  deux  chevaliers,  la  main  majeure  *,  par  trois  bour- 
geois honorés;  la  main  moyenne,  par  un  marchand 
(mercader);  la  main  mineure,  par  un  épicier  et  un  tail- 
leur*. 

De  ce  privilège  date  l'organisation  municipale  qui 
valut  plus  lard  aux  magistrats  de  la  commune  de  Bar- 
celone une  autorité  presque  souveraine  et  des  honneurs 
royaux  \  Cependant  le  nombre  des  membres  des  deux 
conseils  subit  de  nombreuses  variations.  Le  roi  réduisit 
les  conseillers  proprement  dits  à  six,  en  1260,  puis  à 
quatre,  en  1265.  Par  cette  dernière  ordonnance,  il 
autorisa  la  commune  à  choisir  ceux  qui  devaient  exercer 
leur  charge  pendant  la  première  année,  mais  pour 
l'avenir,  les  conseillers  sortants  conservaient  le  droit 
d'élire  leurs  successeurs.  Le  grand  conseil  ne  compta 
plus  que  cent  membres.  Cette  assemblée  prit  dès  lors 
le  nom  de  Conseil  des  cent,  qu'elle  a  conservé  pendant 
plusieurs  siècles,  bien  que  le  nombre  de  ses  membres 


*  Cet  acte  se  trouve  aux  archives  d'Aragon,  Reg.  IX,  f»  44. 11  a  été 
publié  dans  les  Af^mortVu de  Capmany,  t.  Il,  col.  dipLy  p.  464,  et 
dans  la  Colec.  de  document,  ined.,  t.  VIII,  p.  420. 

«  Yoy.  1. 1,  p.  434. 

^  Voy.  Gapmany,  Memorias,  l.  II,  app.^  p.  68. 

♦  /d.,  l.  II,  app,,  p.  408. 


MimiCIPALITÉ   DE  TAlEIfCB  413 

ait  été  augmenté  sous  les  règnes  soivaDts.  La  eharte 
de  1265  obligeait  le  bayle,  comme  le  viguier,  à  n*agir 
qu'avec  rasseotimeot  des  magistrats  municipaux,  et 
attribuait  à  ces  derniers  un  droit  de  surveillance  sur 
les  officiers  royaux  ;  mais  cette  organisation  n*était  pas 
définitive.  Elle  ne  devait  durer  que  dix  ans,  d*après  les 
termes  de  Tacte  même  de  concession  \ 

Avant  Texpirationde  ce  délai,  le  3  novembre  1274,  un 
nouveau  privilège  vint  prolonger  pour  dix  années  encore 
re£fet  de  Tordonnance  qui  précède,  et  éleva  à  cinq  le 
nombre  des  conseillers  ^  Tel  fut,  à  quelques  modifications 
près,  le  système  d'administration  qui  se  maintint  à  Bar- 
celone durant  tout  le  moyen  âge. 

L'organisation  municipale  de  Valence  sous  le  règne 
qui  nous  occupe  est  mal  connue.  Schmidt  ^  a  été  induit 
en  erreur  par  quelques  anciens  auteurs,  qui,  s'intéressant 
fort  peu  à  tout  ce  qui  touche  au  régime  communal,  ont 
évidemment  confondu  les  institutions  nées  à  des  époques 
différentes.  Nous  avons  sous  les  yeux  les  chartes  publiées 
en  1515  dans  le  recueil  des  Privilèges  de  Valence,  et  il 
résulte  clairement  de  leur  texte  que  la  plus  grande  lati- 
tude est  laissée  par  le  roi  aux  habitants  de  cette  capitale 
pour  l'administration  de  leurs  intérêts  communs.  Ici 
plus  de  restrictions  et  presque  plus  de  tâtonnements.  Le 
13  septembre  1245^,  le  roi  autorise  la  nomination  de 


*  Cdpmany,  Memorias,  l.  11,  app,,  p  68,  et  roL  dipl. ,  p.  466:  Colec. 
de  document  ined.,  t.  VIII,  p.  437. 

^  Cet  acte  n'était  pas  connu  de  Capmany.  On  en  trouve  une  copie 
contemporaine  de  Toriginai  dans  le  Reg  IX,  f°  492  des  archives 
d'Aragon.  Il  a  été  publié  dans  le  t,  VIIl  de  la  Col.  de  document, 
ined, 

*  Geschichte  ar agonîmes,  p.  399. 

*  Privilèges  de  Valence,  f®  VII,  n»  18. 


414  U?BB  IV  ,  CHAPITRE  IT 

quatre  magistrats  qui  ne  sont  plus  seulement,  comme  à 
Barcelone,  les  conseillers  d'un  bayle  ou  â*un  viguier, 
mais  auxquels  appartient  le  pouvoir  exécutif  dans  tonte 
son  étendue  pour  ce  qui  concerne  le  gouvernement  de  la 
cité.  Ils  portent  le  nom  de  jurés  (jurais)  et  peuvent 
s'adjoindre  des  conseillers  en  nombre  indéterminé  *,  qui 
sont  contraints  au  besoin  par  le  justicia  de  venir  apporter 
le  concours  de  leurs  lumières  aux  magistrats  munici- 
paux *. 

Les  jurés  et  les  conseillers  délibèrent  et  agissent  en 
dehors  de  toute  interrention  du  pouvoir  royaP.  Ils  ne 
sont  pas  tenus  de  révéler  au  roi  le  secret  de  leurs  délibé- 
rations, ni  de  lui  rendre  compte  des  motifs  qui  ont  dicté 
leurs  décisions.  Ils  ne  peuvent  jamais  être  poursuivis  pour 
les  actes  accomplis  en  vertu  de  leur  charge. 

Les  fonctions  de  juré  sont  gratuites  et  annuelles  ;  ou 
ne  peut  les  refuser  sous  aucun  prétexte;  elles  obligent 
celui  qui  en  est  investi  à  abandonner  ses  propres  affaires 
pour  veiller  à  celles  de  la  cité.  Les  jurés  sortants  choisis- 
sent leurs  successeurs.  Deux  habitants  de  la  même  maison 
ne  peuvent  remplir  à  la  fois  ces  fonctions.  Par  la  der- 
nière clause  de  ce  statut,  le  souverain  se  réserve  le  droit 
de  révoquer  ces  concessions  et  de  retirer,  lorsqu'il  le 
jugera  convenable,  les  libertés  qu'il  vient  d'accorder 

Cette  restriction  ne  fut  pas  maintenue.  Un  privilège 
du  15  avril  1266  mit  la  ville  de  Valence  en  possession 
irrévocable  de  ses  franchises  municipales.  La  charte 
de  1245  ne  fut  modifiée  qu'en  un  point:  les  conseillers 


*  Quot  et  quos  voluennt,  dit  le  Privilège. 

^  Priv.  de  Valence,  f«  xxiv,  n»  82. 

'  Le  bayle  et  la  cort  peuvent  néanmoins  pour  les  actes  de  leur 
adminislralion  requérir  Tavis  des  jurés,  qui  sont  tenus  de  le  leur 
donner. 


MUNICIPALITE  BB  MàTORQVB  415 

cfraisîs  par  les  jurés  en  ex^ereree  furent  appelés  à  con- 
courir avec  ces  deraiers  à  Téleclion  des  aouveaux  jurés*. 

'On  voit,  d'après  ce  qtri  précède ,  combi^  le  système 
d-admifiislration  eommanaleétabli  à  Yalence  par  Jaome  I** 
diffère  de  cetui  que  Schmidt  a  décrit  sur  la  foi  de  Beuter 
et  d^'Escohtio  ^,  et  qui  a  fait  dire  à  un  historien  français  » 
é^ré  à  son  tour,*  qu'à  Yaience  «  Tempreinte  féodale 
efface  toutes  les  autres.  »  L'examen  des /i^rnous  a  montré 
ce  qu'il  faut  penser  de  la  féodalité  vatencienne.  Quant  à 
son  influence  dans  U  commune,  elle  se  serait  exercée, 
d'après  Schmidt,  par  l'intermédiaire  des  quatre  jurés, 
choisis  de  droit,  as8ure-t*il,  parmi  les  chevaliers.  Des 
syndics  représentant  la  haute  noblesse,  la  haute,  la 
moyenne  et  la  petite  bourgeoisie,  auraient  été  chargés 
de  surTeiller  la  gestion  des  jurés,  qui  ne  pouvaient, 
d'ailleurs,  prendre  aucune  décision  sans  l'avis  d'un  con- 
seil composé  de  citoyens  de  toutes  les  classes  ^ 

Ce  que  nous  connaissons  deà  idées  de  Jacme  I"  suf- 
firait pour  nous  faire  hésiter  à  lui  attribuer  l'institution 
d*an  régime  municipal  dans  lequel  la  noblesse  a  une 
prépondérance  marquée  sur  la  bourgeoisie.  Les  docu- 
ments que  nous  avons  analysés  plus  haut  viennent  donner 
raison  à  nos  doutes. 

A  IMby orque,  un  privilège  royal  du  7  juillet  1240'Créa 
six  jurés,  dont  nn  noble,  deux  bourgeois  honorés,  deux 
marchands  et  un  artisan.  Les  jurés  sortants  éliraient  leurs 
successeurs.  Un  grand  conseil,  composé  d'un  nombre 


*  Privil.  de  Val.,  f°  xxi,  n«  71. 

*  HUlona  de  la  ciudad  y  reyno  de  Valencia,  1610. 

^  Geschichiearagoniens,\).  399.  QuelquCï^  lignes  plus  bas,  Schmidt 
fait  remonter  jusqu'à  Jacme  1*'  rinstllullon  du  justieia  criminal, 
qui  date  seulement  de  4321.  (Voy.  Privil.  de  Valence,  f"»  lxix* 
n*»  423.) 


416  LIVRE  IV,    CHAPITRE  IV 

indétermiDé  démembres  de  toutes  les  classes,  prétait  son 
concours  aux  magistrats  municipaux  \ 

Les  traits  généraux  du  système  communal  se  retrou- 
vent, comme  on  le  voit ,  dans  les  États  de  la  couronne 
d'Aragon.  Il  faut  remarquer  cependant  que,  dans  ces 
pays ,  les  attributions  des  magistrats  municipaux  n'em- 
piètent jamais,  du  moins  en  principe,  sur  l'autorité 
judiciaire.  Le  roi  n'abdique  nulle  part  son  droit  de  jus- 
tice en  faveur  des  consuls  ou  des  jurés;  mais  ces  derniers 
comprennent  dans  un  sens  si  étendu  leur  droit  d'admi- 
nistration, qu'à  Barcelone,  par  exemple,  le  pouvoir  exé- 
cutif, réservé  en  théorie  au  viguier,  finit  par  être  tout 
à  fait  annihilé,  et  qu'à  Montpellier  les  consuls  devien- 
nent de  véritables  législateurs  ^  Dans  ces  deux  villes,  les 
représentants  de  la  commune  jouissent,  entre  autres  pré- 
rogatives, du  droit  de  nommer  les  agents  chargés  de 
veiller  aux  intérêts  du  commerce  indigène  dans  les  pays 
étrangers'.  Jacme  T  permet,  en  outre,  aux  conseillers  de 
Barcelone  de  faire  battre  monnaie  V 

Parmi  les  fonctionnaires  municipaux  inférieurs  aux 
consuls,  jurés  ou  conseillers ,  quelques-uns  méritent  une 
mention.  Ce  senties  consuls  des  corporations,  existant 
à  Montpellier  et  à  Barcelone  au  temps  de  Jacme  le  Con- 
quérant*; les  inspecteurs  des  métiers,  institués  à  Valence 

^  Nous  empruntons  ces  indications  à  l'ouvrage  intitulé  :  Noticias 
hisiorico-topographicas  de  la  isUi  de  MaUorca  ,  par  D.  Joaquin-Maria 
Bover,  2*  édil.,  p.  497 et  362. 

^  Voy.  Germain  ,  Histoire  de  la  commune  de  Montpellier  ,  t.  I  , 
p.  445. 

*  Capmany,  MemoHas,  t.  II,  app,,  p.  444  ;  Germain,  Histoire  de  la 
commune  de  Montpellier,  t.  1,  p.  4  47. 

*  Capmany,  Memorias,  t.  II,  app.^  p,  441. 

^On  trouve  aux  archives  d'Aragon  (Reg.  XI,  ^»273  et  274)  Je 
procès-verbal  de  l'élection  des  consuls  de  métier  de  Montpellier, 


FINANCES  417 

par  ce  prince*  ;  les  consuls  de  mer  de  Montpellier*  ;  les 
oaVriers  de  la  commune  clôtare  de  la  même  ville';  les 
réparliteurs  des  impôts^  ;  les  inspecteurs  des  rues,  égouts 
et  canaux';  le  mustazaf  ou  almotacenj  préposé  à  la  sur- 
veillance des  rues,  des  denrées  mises  en  vente,  des  poids, 
des  mesures^  et  chargé  de  «  châtier  les  faussetés  et  trom- 
peries de  tous  les  marchands  et  artisans  de  la  cité*  >;  les 
cequiers,  gardes  des  canaux  d'irrigation  dans  le  royaume 
de  Valence  ^ 

Nous  venons  de  mentionner  les  répartiteurs  d*impôts. 
Bien  que  nommés  par  la  commune,  ils  concourent  aussi 
au  prélèvement  des  contributions  royales.   Ceci  nous 

faite  le  l*'  mars  4259  en  présence  du  roi.  (Voy.,  pour  Barcelone, 
Capmany,  Ifemon'â^,  t.  I,part.  m,  p.  32.) 

*  Privil.  de  Val.,  f*  xxiv,  n»  83.  Ils  doivent  veiller  à  ce  que  les 
marchands  et  ouvriers  ne  commettent  aucune  fraude.  Il  est  pro- 
bable que  l'institution  des  gardes  de  métiers  de  Montpellier  remonte 
aussi  au  XIII*  siècle.  (Voy.  Germain,  Histoire  de  la  commune  de  Mont- 
pelHer.X,  î,  p. 466,  et  t.  III,  p.  478.) 

'  Voy.  Germain,  Histoire  de  la  commune  de  Montpellier  et  Histoire 
du  commerce  de  Montpellier.  —  Les  consuls  de  mer  de  Barcelone  ne 
furent  créés  qu'en  4279.  (Gapmany,.  Memorias,  t.  I,  part,  u^ 
p.  453.} 
'Il  y  avait  à  Valence  une  «œuvre  des  ponts  et  des  murs»  dont  nous 
gnorons  Torganisation.  (  Voy.  Furs,  liv.  I,  rubr.  III,  f.  xvi.)  Il  est 
dit  dans  les  Privilèges  de  cette  ville  (^  xiii,  n»  38)  que  les  nobles  et 
les  clercs  ne  sont  pas  dispensés  de  contribuer  à  la  construction  et  à 
la  réparation  des  murs,  des  fossés  ,  des  chemins,  des  ponts  et  des 
canaux,  les  contributions  de  cette  nature  n'étant  pas  comptées  au 
nombre  des  services  vils. 

*  Priv.  de  Val.,  f°xiv,  n^  43:  et^  xix,  n?  64. 

'  Les  officiers  municipaux  établis  à  Valence  en  ISI57  (Priv.,  P  xvu, 
n*  56)  avaient  aussi  Tinspection  des  corps  de  métiers.  Leurs  attribu- 
tions furent  réparties  en  4270  entre  les  inspecteurs  (vehedors)  des 
métiers  et  le  mustazaf. 

*  Furs,  lib.  IX,  rubr.  XXVI. 

'  Purs,  lib.  IX,  rubr.  XXXI;  Priv.  de  Val.,  ^  xi,  n*  34,  et  f»  xiti, 
n*  38. 

T.n.  27 


418  LIVBK  iV ,  CbA^ITRE  IT 

tiiàène  à  dire  quelques  mots  dn  régime  fmaDcier  des  pftys 
^ragonais  an  XIIP  siècle. 

Le  roi  ne  parait  pas  avoir  un  domaine  privé  ^  Ob  a  pa 
cependant  donner  ce  notn  aux  fiefs  et  aux  honars  dont  le 
souverain  se  réservait  la  jouissance  directe,  et  qui  for- 
maient une  sorte  de  dotation  de  la  couronne.  Les  revenus 
de  ces  biens  peuvent  être  considérés  comme  composant 
le  trésor  particulier  du  rôi ,  tandis  que  les  impârts  levés 
sur  le  reste  du  territoire  formeraient  le  trésor  public. 
Mais  nous  ne  croyons  pas  que  Ton  trouve  des  traces  de 
cette  distinction,  même  en  Aragon,  où  la  nation  séparait 
si  nettement  ses  intérêts  de  ceux  de  la  royauté. 

Les  sommes  qui  devaient  en  temps  ordinaire  faire  face 
aux  dépenses  du  roi  et  à  celles  de  TËtat  provenaient  de 
quatre  sources  différentes  : 

r  Les  revenus  et  redevances  féodales  des  domaines 
possédés  directement  par  le  souverain  en  qualité  de  sei- 
gneur. Parmi  les  plus  importants  de  ces  revenus ,  il  faut 
compter  le  produit  des  salines  royales  ; 

2*"  Les  amendes  et  frais  de  justice; 

3"*  Les  impôts  généraux,  auxquels  on  pourrait  appliquer 
la  division  moderne  en  impôts  directs,  frappant  la  ri- 
chesse acquise  sur  ses  possesseurs  actuels,  et  impôts 
indirects,  frappant  certains  faits  de  production,  de  cir- 
culation ou  de  consommation  de  la  richesse.  Dans  la  pre- 
mière classe  se  rangent  la  taille  {peyta  on  pécha  en 
Aragon),  la  queste,  \esprecaria,  novennaria  et  deveria*^ 
le  droit  de  maravédis',  le  monedatge,  Texemptiou  pécii- 

*  Il  en  était  autrement  en  Gastille,  d'après  lesPartidas  (Part.  II, 
tit.  xvn,  1. 1). 

^  Voy.  ci-dessus,  p.  499.  —  Les  precaria,  novennaria  et  deoaria 
étaient  généralement  assignés  aux  ricos  homes  et  aux  metnaderos  à 
titre  ù^honors  et  (le  cavallerias. 

•  Voy.  notre  t.  i,  p.  368. 


Biaire  de  Vhost  et  de  la  chevauchée ,  les  diverses  taxes 
sur  le  bétail ,  appelées  en  catalan  camalge ,  aseadura, 
herbatge,  bovatgeK  Parmi  les  impôts  indirects,  nous 
mentionn«roi>s  les  droits  de  leude ,  de  péage ,  d'entrée, 
de  passage,  de  mesorage,  de  pesage,  de  rivage*; 

4**  Les  taxes  snr  les  juifs  %  les  droits  de  besant  et 
de  quini  sur  les  Sarrasins  *. 

Quelque  nombreux  que  fussent  ces  revenus,  lear 
produit  était  peu  considérable  à  cause  des  innombra- 
bles franchises  qui  dispensaient  du  payement  des  impôts 
certaines  classes  de  personnes  et  de  biens,  et  quelque- 
fois des  pays  tout  entiers.  Outre  les  nobles  et  les  clercs, 
exempts  de  droit ,  une  grande  quantité  ^e  non  nobles 
laïques  étaient  affranchis  des  charges  publiques  par  con- 
cession royale.  D*un  autre  côté,  Tintérét  du  commerce 
et  celui  de  leur  repeuplement  valurent  souvent  aux  villes 
et  aux  pays  nouvellement  conquis  des  franchises  plus  ou 

*  Vherbatge  et  le  bovaige  sont  particuliers  à  la  Catalogne  (Voy. 
1. 1,  p.  453,  note  4  et  ^38  ;  t.  II, p.  345.}  Le  premier  est  une  taxe  d'un 
denier  par  brebis  ou  par  chèvre.  Le  droit  d'assadura  est  mentionné 
dans  les  Privilèges  de  Valence  (t°  xxvii,  n<*  87),  et  celui  de  camatge 
icamaticum) ,  dans  la  oaria-puebla  de  Mayorque. 

^  Ces  contributions  sont  énumérées  dans  la  carta-puebla  de  Mayor- 
que, sous  les  noms  de  lezda,  pedaticunit  portaticum,  passaticum,  men- 
suraticum,  pensvm,  tibaUcum.  Le  droit  de  rivage  (ribaticum)  est  une 
taxe  sur  Rembarquement  et  le  débarquement  des  marchandises. 
Le  môme  document  parle  aussi  d'un  droit  de  quarentenum  dont 
nous  ignorons  la  nature. 

'  Par  privilège  de  Tannée  1247 ,  les  juifs  a  des  royaumes  de 
Valence,  d'Aragon,  de  Catalogne,  de  Mayorque  et  de  toute  la  juridic^ 
tien  9  du  roi  d'Aragon ,  furent  exemptés  à  perpétuité  des  péages 
avilissants  qui,  dans  plusieurs  pays,  les  assimilaient  à  certains  ani^ 
maux.  (Priv  de  YaL,  f*  x,  n^  24.)  Il  faut  rapprocher  ce  document 
de  eeux  que  nous  avons  d^à  mentionnés  au  chapitre  III  du  présent 
livre,  à  propos  de  l'état  social  des  juifs. 

*  Voy.  ci-de93us,.p.  371  et  Privil.  de  Val.,  foX,;nrX5, 


420  UVRB  I?  9  CHAPITRE  IV 

moÎDS  étendues  en  matière  de  contributions.  Ainsi  «  les. 
habitants  du  royaume  de  Mayorque  furent  exemptés  de 
tout  impôt  dans  les  États  du  roi  d* Aragon  *;  ceux  de 
Barcelone  et  de  la  seigneurie  de  Montpellier ,  des 
droits  de  leude  et  de  péage  *;  ceux  de  Valence»  des 
droits  de  leude,  péage,  pesage,  mesurage,  rivage,  dans 
rétendue  de  ce  royaume  seulement  '.  Presque  toutes  les 
cartas  pueblas  renferment  des  privilèges  de  ce  genre.  Si 
Ton  retranche  maintenant  des  sommes  perçues  la  part 
qui  revenait  aux  communes  et  ce  que  le  roi  concédait 
à  ses  ricos  homes  ou  à  ses  mesnaderos  à  titre  d*honors 
et  de  cavallerias,  on  ne  sera  pas  étonné  que  Jacme  ait 
été  réduit  pendant  toute  sa  vie  à  une  grande  pénurie 
d'argent.  Sa  générosité  ajoutait  aux  embarras  *^  car  elle 
ne  s'arrêtait  jamais  devant  de  pareils  obstacles ,  et  les 
revenus  de  ses  domaines  étaient  ordinairement  dépensés 
longtemps  avant  d*étre  perçus  '. 

Aussi  Tavons-nous  vu,  pour  toutes  ses  conquêtes, 
demander  des  ressources  extraordinaires  aux  cortès  et 
aux  conseils  communaux.  En  1268,  Clément  IV,  écri- 


^  Voy.  la  car<(i-ptc«&/a  de  Mayorque,  ap.  Quadrado,  Historiade  lu 
conquista  de  Mallorca,  p.  424. 

*  Capmany,  Memorias,  t.  H,  col.  dipl.^  P-  44  ;  GerroaiD ,  Histoire  du 
commerce  de  Montpellier ^  1. 1,  pièces  Jostiflcatives ,  p.  494. 

*  Privil.  de  Val.,  f^  ii,  n»  7;  Furs,  lib.  IX,  rub.  XXXIH  f.  4  et  %. 

*  Nous  citerons,  entre  autres,  le  parchemin  n*  2242  de  lacoUection 
de  Jacme  I*'  aux  archives  d'Aragon,  n  contient  des  aumônes  consi- 
dérables aux  pauvres  à  prendre  sur  les  revenus  des  baylies. 

"  On  trouve  aux  archives  d'Aragon  une  quantité  innombrable 
d'actes  d'emprunts  ou  d'engagements  de  rentes  royales.  Outre  les 
documents  dont  nous  avons  déjà  parlé,  nous  mentionnerons  les 
parchemins  de  Jacme  P',  n«*  204 ,  246 ,  444 ,  439 ,  450 ,  832 ,  834, 
4220  ancien,  4574, 4589,  etc.;  les  Reg.  X,  £«442;  Reg.  XI,  f<»  479, 
4^0  ;  Reg.  XIV,  ^  84.  En  4266,  Jacme  fut  obligé  d^engager  son  écu 
royalpourse  procurer  du  blé.  (Voy.  Pièces  justificatives  n«  lYII.) 


RBPABTITlOlf  UB8  IMPÔTS  421 

▼ant  à  saint  Louis  pour  organiser  la  croisade ,  disait 
qne  le  roi  d* Aragon  serait  prêt  à  entreprendre  la  guerre 
sainte  si  Targent  ne  lui  manquait  pas  ^  Le  Sainl-Siége 
aidait  du  reste  aux  expéditions  contre  les  Maures  en 
autorisant  les  souverains  à  percevoir  un  impôt  d'un 
dixième  sur  les  biens  du  clergé.  Cette  contribution  ne  pro- 
duisait dans  les  États  aragonais,  au  temps  de  Jacme  V, 
que  dix  mille  livres*. 

Voici  maintenant  ce  que  nous  savons  sur  la  manière 
dont  s'opérait  la  répartition  et  le  recouvrement  des 
impôts  qui  ne  se  percevaient  pas  au  moyen  d'un  tarif  : 

En  Aragon  et  en  Catalogne ,  lorsque  l'assemblée 
nationale  octroyait  au  souverain  un  impôt  pour  sub- 
venir aux  besoins  de  l'État,  elle  fixait  quelquefois  le 
taux  per  solidum  et  libram  d'après  lequel  chaque  con- 
tribuable aurait  à  participer  aux  charges  publiques.  C'est 
ainsi  qu'elle  avait  établi  le  droit  de  maravédis  à  raison 
d'un  maravédis  par  dix  ducats  de  revenu.  D'autres 
fois,  chaque  membre  faisait  connaître  quel  était  le  secours 
en  argent  ou  en  nature  que  le  pays  qu  il  représentait 
était  disposé  à  fournir.  Ainsi  les  seigneurs  s'enga- 
geaient pour  leurs  fiefs  et  leurs  honors;  les  prélats,  pour 
leur  église  ;  les  membres  de  la  bourgeoisie ,  pour  leur 
commune.  Quelquefois ,  du  reste  ,  les  conseils  des  villes 
n'ayant  pas  été  préalablement  consultés  ,  leurs  représen- 
tants ne  faisaient  qu'une  promesse  indéterminée,  sans 
fixer  le  chiffre  de  la  prestation  '. 

Dans  les  pays  où  il  n'y  avait  pas  d'assemblée  natio- 
nale ,  par  exemple  dans  les  royaumes  de  Mayorque  et 

'  Martène  et  Durand,  Thesaurw  navus  anecdot,  t.  ii,  col.  564. 
>  M.  Id. 

'  Voyez  par  exemple  la  session  des  coris,  qui  décide  la  conquête  de 
Mayorque. 


49B  LIVBE  Vf  9  GRAFim  I? 

de  Valence  »  le  roi  demandait  directemeiit  les  séceurs 
à  chaqae  ville. 

Une  fois  la  somme  à  payer  par  la  eommaoe  déter- 
minée, les  magistrats  municipaux  élisaient  des  pru- 
d'hommes qui  faisaient  la  répartition  individuelle*  entre 
les  habitants  de  la  commune  ,  «  de  telle  sorte ,  dit  un 
privilège  de  Tannée  1251,  statuant  seulement  pour  la 
ville  de  Valence ,  que  Ton  donne  le  double  pour  les 
meubles  que  pour  les  immeubles.  Ainsi,  s*il  faut  donner 
deux  deniers  ou  plus  ou  moins  par  livre  pour  un  im- 
meuble, on  donnera  quatre  deniers,  c'est-à-dire  le 
double  par  livre  pour  un  meuble  V  » 

La  fortune  de  chaque  contribuable  est  évaluée  d'après 
la  déclaration  qu'il  fait  lui-même  sous  la  foi  du  serment. 
Les  dettes  sont  déduites  de  la  valeur  des  biens.  Les 
répartiteurs  perçoivent  l'impôt.  Il  leur  est  interdit,  sous 
peine  de  confiscation  de  leurs  biens,  de  faire  connaître, 
même  au  roi,  quelle  est  la  somme  à  laquelle  chaque  habi- 
tant a  été  taxé  par  eux  '. 

L'argent  recueilli  est  remis  au  bajle  ou  peut-être  à 
l'un  des  trésoriers  freposiUrih  olavigeri)  nommés  par  le 
roi  dans  les  principales  villes  d'Aragon  ^.  Les  bayles 
concentrent  dans  leurs  mains  le  produit  des  justices 
de  leur  circonscription ,  et  les  sommes  perçues  par  les 


*  Le  nombre  de  ces  prud'hommes  a  varié  suivant  les  temps  et  les 
villes.  (Voy.  Privil.  de  Val.,  ^  xiv,  n«  43,  et  /•  xix,  n«  64.) 

*  Privil.  de  Val.,  î*  xiv,  n«43. 

^  Voyez,  pour  la  répartition  et  la  perception  des  impôts  à  Valence, 
le  recueil  de  Privilèges  de  ce  royaume  f<»  xir,  n*>  43,  f«  xvi,  n»  48  et 
f>  XIX,  n**  64.  Un  système  analogue  devait  sans  doute  être  employé 
dans  les  autres  parties  des  États  aragonais. 

^  Nous  avons  déjà  parlé  de  ces  trésoriers  royaux  (t.  I,  p.  2U}. 
k  Ofnnis  villa  in  qua  rex  hahet  clavigerum  est  sedes  ,  »  dit  un  fuero 
d'Aragon.  {Fueros^  t.  II,  liv.  I,  de  Pignoribus.) 


feag$rsi^  les  l^a^^ircis  et  les  s^nlresi  cplfe^^tepi;;  çtes 
iqipôts  que  nous  appeloDs.  indirects  ^ 

S'il  fallait  mesurer  le  chiffre  de  Timpôt  à  la  ricbessj^ 
di)  pays  qui  le  paye,  la  Catalogne,  Mayorque,  Valence , 
Montpellier,  auraient  dû  à  peu  près  sepis  alimenter  le 
trésor  royal. 

Quant  à  TAr^gon ,  auquel  rindépendançe  tenait  lieu 
de  richesse ,  une  agriculti^re  primitive ,  dont  les  procédés 
n'ont  presque  pas  progressé  jusqu'à  nos.  jours,  Télève 
des  troupeau,]^,  Texploitation  des  saline^*,  étaient  se$ 
principales  ressources.  Jacme  I"  essaya.  4.e  les  développe^ 
autant  que  le  |ui  permit  l'immobilité  traditionnelle  dq 
ce  peuple ,  immobilité  qui  n'est  p^s  Timpuissance  du 
mouvement ,  mais  le  dédain  <jlu  mieux  et  la  persuasion 
que  1/a  liberté  mérite  seul^  en  cç  monde  des  sacrifices  et 
des  efforts. 

Par  les  fwros  de  Huesça,  Jacme  donne  les  plus 
grandes  facilités  pour  le  défrichement  des  terres  incultes'; 
par  un  privilège  de  1218.,  il  établit  un  juge  spécial  civil 
et  criminel  ppur  toutes  les  contestations  qui  pourront 
S|' élever  ai^  sujet  des  troupeaux  *;  pa^  une  ordonnança 
de  12Q&  et  par  lefuero  d'Exea,  i,|  réglemente  le  trans- 
port et  le  commerce  du  s§.l  ^ 

*  Voy.  Privil  de  Val.,  P  x,  n'*  25  et  26.  \\  semble  résulter  d'un 
passi|ge  (^  docunieot  n»  94 ,  f»,  ^xvpi  du  recueil  46s  PrivUéges, 
que  le^  impôtsi  iQ^ifiscts  étaient  affermés  apx  agents  chargés  de  le^ 
p^cevoir. 

3  11  y  avait  en  Aragon  un  assez  grand  nombre  de  mines  46  sel 

5c|f9n\e,  ma^  (çs  principales  dei^  l^tats  de  Jacme  Y^  étaient  à  Car- 
ona,  en  Ca^logne. 

3  Fueros,  l\\.  1, 1^).  lU,  de  Scaliis  et  lib.  Vn,  de  ExpedUione  infan- 
iion. 

*  Fua^Qi  u.  oUfs^rvqnd^  deAroc^qn,  édi.  Sai^U  et  I^oen,  D^H^rso 
prélim,  ^  15. 

>^  Yoy.  ci-dessus,  p.  345  note,  et  34§. 


424  LITRB  IV,   GHAPITRB  lY 

L'agriculture  des  pays  de  la  couronoe  d'Aragon  au 
Xlir  siècle  a  atteint  son  plus  haut  degré  de  perfee- 
tionnement  dans  le  royaume  de  Valence.  C'est  aux  sys- 
tèmes  de  culture  importés  par  les  Sarrasins,  presque 
autant  qu'à  sa  fertilité  naturelle,  que  la  Huerta  était  rede- 
vable de  cette  prospérité.  Jacme  s'appliqua  à  la  main- 
tenir par  de  sages  ordonnances  ^.  Les  canaux  d'irriga- 
tion établis  par  les  Arabes  furent  entretenus  avec  soio 
et  soumis  à  une  législation  spéciale  *.  Fidèle  à  son 
système  de  libéralité  bien  entendue,  le  roi  renonça  à 
percevoir  les  droits  de  cequiage  sur  la  plupart  de  ces 
canaux ,  appelés  cequias  dans  la  langue  du  pays.  Nous 
trouvons  encore  à  Valence  des  règlements  relatifs  aux 
troupeaux  *,  à  la  vente  du  sel  \  à  celle  du  vin  '. 

C'est  sur  l'industrie  et  le  commerce  que  se  portait 
surtout  la  sollicitude  d'un  prince  dont  les  États  devaient 
leur  principale  importance  à  leur  position  privilégiée 
Maître  d'une  grande  partie  de  la  côte  orientale  de  l'Es- 
pagne, de  Montpellier  et  des  Baléares,  Jacme  voyait  la 
Méditerranée  s'ouvrir  devant  lui.  Nous*  allons  le  suivre 
rapidement  dans  ses  heureuses  tentatives  pour  disputer 
cette  mer  aux  républiques  commerçantes  de  l'Italie. 

Il  fallait  tout  d'abord,  pour  donner  un  aliment  au  com- 

*  Le /tir  4 ,  rubr.  XXIV  du  livre  IX  du  code  de  Valence,  et  les  docu- 
ments n«>  77,  f<»  XXII,  et  n»»0,  ^  xxviii  du  recueil  des  Privilèges  coo- 
tiennent  l'énumération  de  presque  tous  les  produits  de  lacampag^ne 
de  Valence. 

>  Fursy  lib.  IX,  rubr.  XXXI;  Privil.,  f°  n,  n*>  8  ;  P  xi,  n<»  34;  f<»xni, 
n«  38;  f«xxui,n»78. 

•  Priv.  de  Val.,  fo  n,  n»  9,  et  fo  ccxxxiv ,  Pnfv  in  extra- 
vag.,  n®l. 

^  Priv.,  t>  XII,  n»  36.  Les  salines  de  Valence  appartenaient  au 
roi. 
»  Priv.  de  Val,  fo  xxn,  n»  76,  ^ 


INDUSTRIE  425 

m^rce,  favoriser  la  production  indigène.  Les  ordonnances 
agricoles  dont  nous  venons  de  parler,  l'organisation  des 
corps  de  métiers,  la  surveillance  exercée,  soit  directement 
soit  indirectement,  par  Tautorité  royale  pour  empêcher 
que  la  fraude  ou  la  négligence  ne  fissent  déchoir  Tindus- 
trie  nationale,  furent  autant  de  moyens  employés  pour 
atteindre  ce  but.  Nous  n'énumérerons  pas  ici  les  produits 
que  la  Catalogne  et  Montpellier  jetaient  sur  les  marchés  de 
l'Europe,  du  Levant  et  duHagreb.  Capmany,  dans  son 
beau  travail  sur  Barcelone  S  et  M.  Germain,  dans  son 
Histoire  du  commerce  de  Montpellier,  donnent  sur  ce 
point  des  renseignements  auxquels  il  nous  suffira  de  ren- 
voyer  le  lecteur.  L* Aragon  joignait  aux  productions  dont 
nous  parlions  tout  à  l'heure,  ses  tanneries  d'Albarracin 
et  ses  fabriques  de  drap  de  Jaca  et  de  Huesca.  A  Valence, 
la  fabrication  et  la  teinture  des  draps  et  de  quelques 
autres  étoffes  '  semble  avoir  occupé  à  peu  près  exclusive- 
ment le  peu  d'ouvriers  que  n'absorbaient  pas  les  travaux 
de  l'agriculture  ^  Les  fruits  et  les  denrées  que  les  fertiles 
plaines  de  la  Huerta  donnent  en   si  grande  abondance, 


*  Memorias  historicas  sobre  la  marina,  comercioy  artesdela  an-- 
liffua  ciudad  de  Barcelona,,.  por  D.  Antonio  deCapmany  y  de  Mon- 
palau ,  secretario  perpétue  de  la  real  Academia  de  la  Historia. 

^  [.a  fabrication  et  la  teinture  des  draps  était  une  industrie  im*^ 
portante  à  Montpellier  et  en  Catalogne.  A  Valence,  le  roi  se  réservait 
le  monopole  de  la  teinture  en  ëcarlate  et  en  bleu  des  Indes  (de  Jndi). 
[Furs,  lib.  Vlll,  rubr.  VllI,  f.  ii.) 

'  L.a  grande  quantité  d'objets  manufacturés  qui  sont  dispensés 
par  les  Furs  de  tout  droit  d'importation  est  un  indice  du  peu  do 
variété  des  produits  de  l'industrie  valencienne.  {Furs^  lib  IX, 
rubr.  XXXIY.)  Voyez  encore,  pour  l'industrie  et  le  commerce  du 
royaume  de  Valence,  Furs^  lib.  I,  rubr.  IV,  f.  xxiv;  lib.  II, 
rubr.  111,  f  fu,  lib.  VIII,  rubr.  VIII,  f.  xiv;  lib.  IX,  rubr.  XXIII, 
XXVD,  XXIX  et  XXX  ;  Priv.,  t^  xvi,  n»  46  ;  f«  xix,  n«  66;  f«  xxiv , 
n<»  83  et  84. 


496  LITEB  19  j  QBANnB  I? 

étaient  en  eflétles  principales  productions  de  ce  roy.âiiBe« 
Les  Baléares  avaient  aussi  pour  richesse  lears  champs  et 
leurs  troupeaux. 

Pour  faciliter  les  transactions  commerciales,  nous 
voyons  Jacme  affranchir  an  graiid  nombre  de  s^es  sujets 
des  droits  qui  frappent  la  circulation  des  produits  agri- 
coles et  industriels  S  bien  que  chaque  concession  de  ce 
genre  enlève  au  trésor  royal,  déjà  si  pauvre,  une  partie 
de  ses  ressources.  Des  marchés,  de»  entrepôts  se  créent 
sur  les  points  les  plus  favorables  *.  Enfin,  de  Montpellier 
à  Dénia,  s'ouvrent  au  coimuerce  une  quantité  de  ports  de 
différente  importance  ',  dont  plusieurs  doivent  leur 
agrandissement  à  Jacme  I*'  ^.  Toutes  les  conquêtes  de  ce 
prince  avaient  eu  pour  résultat  d'accroître  la  richesse 
commercialedesÉtats  aragonais.  Resserrés  entre  la  France 


*  Outre  les  documents  de  ce  genre  que  nous  avons  déjà  signalé^;, 
nous  mentionnerons  pour  Valence  le  n<'74,  f»  xxi  et  le  n^  94,  f»  xxviii 
des  Privil.  de  YaleBoe;  pour  Barcelone,  les  privilèges  publiés  par 
Capmany  (Memorias,  1. 11^  col.  dipl.^  p.  12  et  44). 

^  Voy.  Privil.  de  Valence,  f»  xviii,  n«  61 ,  et  f*»  m,  n*»  73.  Tortose 
servait  d'entrepôf  aux  blés  et  aux  vins  qui  descendaient  de  TAragon 
par  PEbre 

'  Un  traité  conclu  en  4270  entre  Jacme  et  Témir  de  Tunis  ooo- 
tient  rénumératîon  suivante^  évidemment  incomplète,  des  villes  el 
bourgs  maritimes  des  piiys  aragonais  :  Montpellier,  Gaoet,  Col- 
lioures,  Cadoffuers  (?),  Roses,  CasIeUon-d^Ampuria^,  Tormelk-de- 
Ifongriu  ,  San-Feliu ,  Bareetone ,  Tamarit ,  Tarragoae ,  Toirtose , 
Peniscola,  Burriana,  Valence ,  Cullera ,  Dénia,  Mayorque  et  Iviaa. 
Ce  doGument  a  été  publié  par  M.  Cbampollion-Figes^e  dans  la  coJleo- 
tion  des  Documents  inédits  de  Vhistoire  de  .  France  (Métonges ,  t.  0). 
Quelques  noms  y  ont  été  altérés.  Plusieurs  des  villes  menlioniiéas 
ci-dessus  ne  faisaient  pas  partie  du  domaine  royal  et  appartenaiaol 
à  des  seigneurs  ou  à  des  ordres  militaires. 

^  Par  son  deraier  testament,  le  roi  recommande  à  son  àls  Jaema 
d'entretenir  le  pert  de  Port-Yendres  et  d'achever  oohii  de  Gol? 
lioures. 


64  la  CastUle^  ces  pays  n'avaient  d'ayenir  qae  pair  tow 
marine  ;  JacHie  I0  compreBait  lorsque,  malgré  le  Pape  et 
te  roi  de  France,  il  {^réparait  la  domination  de  ça  dynas- 
tie sar  la  Sicile,  et  lorsque,  vers  1S67,  il  essayait  de 
mettre  an  pied  en  Sardaigne,  à  la  favem  de  la  latte  dft 
Saint-Siège  avec  la  république  de  Pise. 

GléjaentlY  voulait  reprendre  aux  Pisaus  cette  Ue  qu'ils 
lui  avaient  enlevée.  Charles  d'Anjou.,  roi  de  Sicile,  don 
Elnriquejrère  du  roi  de  Castille,  et  le  roi  d'Aragon,  pour 
le  compte  de  son  second  filsi  Jacme,  se  disputaient  l'bou- 
ueur  lucratif  d'être  en  cette  circonstance  le  champion  de 
l'Église.  L'investiture  du  royaume  de  Sardaigne,  sous  la 
suzeraineté  pontificale,  devait  être  la  récompense  du 
secours  prêté  au  Saint-Siège.  Mais  une  lettre  de  Clé- 
ment IV  au  souverain  de  l' Aragon  nous  apprend  que,  pour 
éviter  de  semer  la  discorde  entre  des  princes  chrétiens, 
le  Saint-Père  refusa  également  aux  trois  compétiteurs 
l'autorisation  d'entreprendre  la  guerre  en  son  nom  \ 

Ne  pouvant  s'agrandir  hors  de  la  terre  espagnole, 
Jacme  chercha  du  moins  à  étendre  ses  rapports  commer- 
ciaux avec  les  nations  étrangères  *.  Il  ne  se  borna  pas  à 

^  Cette  lettre  a  été  publiée  par  Raynaldi  {AnnaUs  eccUs.  ad.  ann. 
4267,  n<>  47)  et  t>ar  Martène  et  Durand  {Thésaurus  rumus  anecdot, 
t.  Il,  coL  509). 

*  On  ne  doit  pas  s'étonner  de  trouver,  dans  les  lois  qui  règlent 
les  rapports  des  sujets  aragonais  avec  les  étrangers,  des  traces  de 
régoîsme  national  dont  les  esprits  les  plus  élevés  du  moyen  âge  ne 
peuvent  se  défendre.  Ainsi,  en  4227,  Jacme  interdit  à  tout  navire 
étranger  de  prendre  cargaison  dans  le  port  de  Barcelone  pour  le 
Levant  et  la  Barbarie  lorsqu'un  bâtiment  national  se  dispose  â  entre- 
prendre le  môme  voyage;  en  4265,  il  expulse  de  la  capitale  cata*- 
lane  tous  les  Lombards,  Florentins ,  Siennois  et  Lucquois  qui  y 
faisaient  la  banque  et  probablement  aussi  l'usure  ;  en  42es,  il  défend 
aux  étrangers  de  tenir  dans  cette  ville  des  comptoirs  decbanga  et  d*y 
charger  des  navires  étrangers  avec  des  marchandises  iniigè.n#s,  (Voy. 


428  LITBB  !▼,  GH4PITIIB  IT 

maintenir  et  à  régalariser  les  relations  de  ses  sajets  avec 
la  NavarreS  laChampagne,  la  France*,  la  Sicile',  les  États 
mnsnlmansde  l'Andalousie*  et  les  républiques  italiennes*; 
il  voulut  disputer  à  ces  dernières  la  prépondérance  dans 
les  marchés  du  Levant,  et  ouvrir  au  commerce  catalan  tous 
les  ports  africains  de  la  Méditerranée. 

Afin  d'atteindre  ce  double  but,  il  se  mit  en  rapport  par 
des  ambassades  fréquentes  avec  les  souverains  de  ces 
pays.  L'Egypte  semble  avoir  surtout  attiré  son  attention. 
Avant  l'année  1241 ,  il  était  déjà  en  bonnes  relations  avec 

Capmany,  Memorias,  t.  UfCol.  dipl.,  p.  H,  34  et  34.)  Ces  mesures 
paraissent  n'avoir  été  que  transitoires  et  n'empècbenl  pas  Barce- 
lone de  coropler  au  nombre  des  villes  les  plus  libérales  du  temps. 

*  Les  produits  de  PAragon  arrivaient  en  Navarre  en  remontant  le 
cours  de  TEbre. 

*  Barcelone,  Valence,  Lérida,  Montpellier,  avaient  des  consuls  ou 
capitaines  de  leurs  marchands  aux  foires  de  France  et  de  Champagne. 
(Capmany  ,  MemoHas,  t.  IV,  col,  dipL,  p.  B  ;  —  Germain ,  Histoire 
du  commerce  de  Montpellier^  t.  I,  Pièces  justificatives,  p.  2<M  ,  tOt 
et  203.) 

>  En  4263,  Jazpert  deCastellnou  fut  envoyé  par  Jacme  auprès  da 
roi  Manfred  de  Sicile  (Zurita,ina^j,  lib.  III,  cap.  LXXIV);  en  mai 
4263,  un  sauf -conduit  fut  donné  à  Ramon  de  Conques,  ambassadeur 
du  roi  d*Aragon  en  Sicile  et  en  Egypte  (Arcb.  d'Aragon ,  Reg.  XIII, 
f«  475)  ;  par  acte  du  24  juillet  de  la  môme  année,  le  roi  se  déclara 
satisfait  de  la  manière  dont  Garcia  Ortiz  de  Azagra  sMtait  acquitté 
d'une  mission  en  Sicile  et  à  Tunis  (Arcb.  d'Arag.  Reg.  XIV , 
f64). 

*  Voy.  Capmany,  Memorias  ,  t.  II.  col.  dipL^  p.  45. 

>  On  trouve  aux  archives  d'Aragon  :  4»  divers  actes  relatifs  à  la 
république  de  Gênes  (Parch.  de  Jacme  I"%  n»*  402,  403,  697; 
Reg.  XXiV.  fo  49  à  57)  ;  2«  un  sauf-conduit  à  Origueto  Spinola, 
marchand  de  Gènes  (Parch.  de  Jacme  l*',no2049);  3<»  des  a^o- 
cessions  et  des  franchises  en  faveur  des  Pisans  (Parch.  de  Jacme  1*^  » 
n*  496;  Reg.  XII,  ^  424);  4»  une  exemption  dedroits  en  faveur  d'un 
certain  nombre  de  marchands  de  Plaisance  (Reg.  XIII,  f»  266). 
Voy.  aussi  Germain,  Histoire  du  commerce  de  Montpellier ,  1. 1; 
justif.,  p.  263. 


▲MBASSADBS  BIf  B6TPTE  429 

les  sqIUds  égyptiens,  puisque  la  tente  qnMl  occupait  au 
premier  siège  de  Xativa  lui  avait  été  donnée  par  un  prince 
ayoubite  ^  Lorsque  les  mamelouks  eurent  renversé  la 
dynastie  des  descendants  d'Ayoub,  Jacme  se  hâta  d'assu- 
rer à  ses  sujets  le  maintien  des  avantages  dont  ils  jouis- 
saient dans  les  ports  égyptiens.  Bernât  Porter,  chambel- 
lan du  roi,  et  Ramon  Ricart,  bourgeois  de  Barcelone, 
tous  deux  marins  expérimentés,  furent  chargés  d'une 
mission  auprès  du  nouveau  Soudan  d'Alexandrie  ou  de 
Babylone;  c'est  ainsi  que  les  Occidentaux  appelaient  indif- 
féremment les  souverains  de  TÉgypte.  Le  chef  musulman 
fit  une  réception  splendide  aux  ambassadeurs  du  conqué- 
rant de  Mayorque  et  de  Valence.  Il  voulut  même  que  son 
fils  fût  armé  chevalier  avec  les  cérémonies  usitées  parmi 
les  chrétiens,  et  Bernât  Porter,  si  Ton  en  croit  Zurita  et 
Miedes  *,  donna  l'accolade  au  jeune  prince,  au  nom  du 
roi  d'Aragon  • 

Cette  mission  eut  un  excellent  résultat  pour  le  com- 
merce des  États  aragonais,  puisque  le  sultan  consentit  à 
ce  qu'à  l'avenir  les  navires  de  ces  pays  fussent  exempts 
de  tout  droit  à  leur  arrivée  dans  le  port  d'Alexandrie  '. 

A  quelques  années  de  là,  Ramon  de  Conques,  bour- 
geois de  Montpellier,  fut  chargé  par  le  roi  d'une  mission 
à  Alexandrie,  avec  pouvoir  d'y  nommer  un  consul  qui  eût 
juridiction  sur  tous  les  sujets  de  la  couronne  d'Aragon 

*  Voy.  ci-dessus,  p.  37 

*  Zurita,  Indicés,  ad.  ann.  <262;  Miedes,  Vida  de  D.  Jayme, 
lib.  XVI. 

'  Cela  résulte  d'un  acte  inséré  au  Reg.  X,  ^  42  des  archives 
d'Aragon,  et  daté  du  4  des  kalendes  de  décembre  (28  novembre) 
4257.  Zurita  et  Miedes  ont  probablement  commis  une  erreur  en 
plaçant  la  mission  de  Bernât  Porter  en  4262.  11  n'y  a  aux  archives 
d'Aragon  aucune  trace  d'une  ambassade  en  Egypte  entrç  les  années 
4257  614264. 


^  > 


4S0  Ltvns  fy,  chapitre  vt 

résidaiït  dans  les  domaines  du  sondan  de  Babylone^. 

En  1266,  une  ambassade  de  ce  prmce  vint  débarquer 
à  Barcelone'',  et,  Vannée  suivante,  le  roi  envoya  de  nou- 
veau en  Egypte  deui  bourgeois  de  Montpellier,  appelés 
dans  )eurs  lettres  de  provisions  Bemardus  de  Molendinis 
et  Bemardus  de  Piano  *. 

Presque  tous  les  souverains  musulmans  ou  chrétiens  de 
rOrient  paraissent  avoir  reçu  des  ambassades  du  roi 
d* Aragon,  si  Ton  en  juge  par  le  nombre  de  pays  avec 
lesquels  les  sujets  de  Jacme  K  entretenaient  dès-relations 
commerciales  suivies  \  Barcelone  et  Montpellier  faisaient 
une  concurrence  sérieuse  à  Gènes  et  à  Pisedaos  taplupart 
des  ports  du  Levant,  mais  elles  étaient  sans  rivales  en 
Egypte  ".  A  plus  forte  raison  en  fut-il  de  même  dans  les 

^RamoQ  de  Conques  reçut  ses  lettres  de  nominalion,  accompagnées 
d'un  sauf-conduit,  au  mois  de  mai  4264  (Ârch.  d'Ârag.,  Reg.  xm, 
f<>  4 75).  A  la  fin  de  juillet  de  la  même  année,  il  fut  chargé  de 
transiger  au  sujet  des  marchandises  perdues  par  des  bourgeois  de 
Barcelone  et  d'exercer  au  besoin  des  représailles  sur  les  habitants 
d'Alexandrie,  {Id.  Reg.  XUl,  f«*  206  et  208.)  C'est  là  l'indice  de 
quelque  acte  de  piraterie  des  Musulmans  contre  les  chrétiens.  Par 
leUres  du  même  mois,  Ramon  de  Conques  fut  autorisé  à  prélever  pour 
son  compte  deux  cents  besants  sur  les  droits  perçus  par  le  consulat 
et  la  chancellerie  ($m6a7ita)  d'Alexandrie,  (/d.,  id,»  f°»  20G  et  209). 
On  trouve  dans  les  Pièces  justificatives  de  VHisloire  du  commerce  de 
Montpellier  (  t.  I ,  p.  253  )  un  document  qui  a  rapport  à  cette 
mission. 

*  Par  acte  du  16  août  4266,  le  roi  reconnaît  devoir  à  Guiiiem  Gruny 
la  somme  de  4856  sols  barcelonais  remise  à  Bernât  de  Bellpuig  et 
aux  ambassadeurs  du  soudan  d'Alexandrie.  (Ârch.  d'Arag. ,  Reg.  XIY, 
f»  83.) 

'  Capmany  ,  Memorias,  t.  lY,  coL  dipl.  ,  p.  6  et  7.  Il  est  accordé 
a  ces  envoyés  5,000  sols  melgoriens  pour  leurs  frais  de  voyage. 

*  Voy.  C»pmmy,  Memorias,  t.  Il,  coL  dipl,»  p.  3,  44,  15,  32  et 
34;  — Germain,  Histoire  du  commerce  de  Montpellier ^  1. 1.  Pièces  jusL, 
p.  220. 

^  Le  commerce  des  chrétiens  avec  les  pays  musulmans  fut  paralysé. 


MMUNK  4SI 

États  barbaresques.  L'habitude  d'anci^DS  rapports  avec 
la  Péniosttle,  Tespoir  d'y  faire  quelque  jour  triompher 
Tislamisme  ou  la  crainte  de  se  voir  poursuivis  jusque 
chez  eux  par  les  souverains  espagnols,  engagèrent  les 
émirs  de  Tunis,  de  TIemcen,  de  Maroc,  à  conclure  avec 
le  Cofkquistador  des  traités  qui  ne  furent  pas  toujours  res- 
pectés par  les  marins  musulmans  ou  chrétiens,  mais 
dont,  en  somme,  les  pays  d'Aragon  retiraient  un  grand 
profit*. 

La  marine  militaire   catalane,  qui  s'organisa  sous 
Jacme  S  et  les  armements  en  course',  autorisés  par  ce 

» 

à  certaines  époques,  par  la  défense  que  firent  les  conciles  et  le  Salnt- 
Siége  d'apporter  chez  les  Sarrasins  des  vivres  ou  des  objets  pouvant 
servir  à  construire  des  machines  de  gruerre.  Néanmoins  des  dis- 
penses furent  souvent  accordées  par  les  Papes.  Le  texte  de  l'une 
d'elles,  datant  du  pontificat  de  Clément  IV,  est  conservé  au  f"*  37  du 
Reg.  XXiy  des  Arch.  d'Arag.  Mais  Grégoire  X  renouvela  Pinterdic- 
tion  avec  plus  de  sévérité.  (Voy.  Capmany ,  Memorias,  t.  1,  part,  n, 
p.  47,  et  t.  Il,  col.  dipL,  p.  36.) 

*  Antérieurement  à  l'année  4260,  Jacme  avait  déjà  conclu  ,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  plus  haut  (p.  331),  un  traité  avec  Témir  de 
l'unis,  à  la  suite  d'une  ambassade  dont  il  est  fait  mention  au  f°  15 
du  Heg.  IX  des  stfehites  d'Aragon.  En  1264,  Garcia  Ottizde  Azagra 
fut  chargé  d'une  mission  dans  le  même  pays.  (Arch.  d'Arag., 
Reg.  XIV,  fo62);  mais  le  plus  ancien  traité  du  roi  d'Aragon  avec  une 
puissance  barbaresque  dont  le  texte  soit  parvenujusqu'à  nous,  est 
celui  que  M.  Champollion-Figeac  a  publié  dans  le  recueil  des  Docu- 
ments inédits  sur  Vhistoire  de  France  (Mélanges,  t.  II).  H  porte  la  date 
du  14  février  4270  et  a  été  conclu  avec  l'émir  de  Tunis  Abou-Abd- 
Allah-Hohamed.  Nous  parlerons  dans  le  chapitre  suivant  d'une 
alliance  entre  Jacme  1*'  et  l'émir  de  Maroc  Abou-Jucef.  Pour  l'émirat 
de  TIemcen,  voyez  Capmany,  Memorias,  t.  III,  p.  216.  Il  y  avait  à 
Bougie,  en  1274,  un  consul  du  roi  d'Aragon  (Arch.  d'Arag., Reg.  XIX, 
f»  423,  448,  et  449.) 

^  Capmany,  Memorias,  t.  I,  part.i,  p.  27  et  57,  et  t.  U,  ooL  dipL, 
p.  30. 

*  Les  armements  en  course  avaient  été  supprimés  en  4250  par 
une  ordonnnance  insérée  au  recueil  des  Privilèges  de  Valence 


432  LIVRE  IV,   CHAPITRE  1? 

prince  contre  les  pirates  des  côtes  de  Barbarie,  firent  res- 
pecter le  pavillon  aragonais  sar  tons  les  points  de  la 
Méditerranée. 

Ce  développement  rapide  de  la  marine  nécessitait toa te 
une  législation  nouvelle  et  la  création  d'une  quantité  de 
magistrats  et  d*agents,.  non-seulement  pour  le  service 
des  ports  nationaux  \  mais  aussi  pour  la  protection  et  la 
surveillance  des  sujets  de  la  couronne  d'Aragon  dans  les 
pays  étrangers. 

Les  consulats  de  mer  de  Barcelone,  de  Valence,  de 
Mayorque  et  de  Perpignan  ne  remontent  pas  cependant  à 
ce  règne.  Celui  de  Montpellier  était  établi  bien  avant 
Jacme  I".  Dans  cette  dernière  ville  et  à  Barcelone  une 
partie  de  l'administration  maritime  est  abandonnée  par 
le  roi  aux  magistrats  municipaux,  qui  ont  le  droit  de 
nommer  les  consuls  ou  viguiers  chargés  de  représenter 
à  l'étranger  les  intérêts  du  commerce  national.  Les  con- 
suls institués  par  la  commune  de  Barcelone  ont  droit  de 
juridiction  sur  tous  les  sujets  du  roi  d'Aragon  *. 

Outre  les  consuls  de  mer  et  les  consuls  à  l'étranger, 
il  y  avait  encore  des  <  prud'hommes  ou  consuls  des 
marchands  qui  vont  par  mer.  .  Ces  magistrats,  embar- 
qués sur  les  navires  qui  entreprenaient  une  longue  tra- 


(f*  xt,  no  32).  Ils  furent  rétablis  plus  tard,  ainsi  que  cela  résulte  d'un 
ordre  qui  fut  donné  aux  corsaires  des  Etats  aragonais  de  respecter 
les  navires  de  Pinfantdoa  Manuel  de  Gastilte;  février  4274  (Arch. 
d'Arag.,  Reg.,  XlX,  f*>  98). 

*  Voy.  entre  autres  Coleccion  de  doc .  xned.  del  archiva  de  Aragon, 
t.  YIII,  p.  449. 

^  Voy.  Capmany,  Memorias,  t.  IF,  col.  dipL,  p.  32,  34  et  366.  Le 
roi  se  réserva  néanmoins  le  droit  de  nommer  les  consuls  des  Etals 
barbaresques,  ainsi  que  le  prouvent  les  provisions  dont  le  texte  se 
trouve  aux  archives  d'Aragon  (  Reg.  XVIII,  f**  34  et  Reg.  XIX , 
f»*423,  448  et  449.) 


COSTUMES  DE  LA   lUR  433 

Tersée,  avaient  autorité  et  jaridiction  sur  Téquipage  et 
les  passagers.  Ils  devaient  veiller,  pendant  toute  la  durée 
du  voyage,  aux  intérêts  communs  des  divers  propriétaires 
de  la  cargaison.  Ils  étaient  élus  à  Montpellier  par  les 
consuls  de  la  ville,  à  Barcelone  par  les  passagers.  Leur, 
création  dans  la  première  de  ces  villes  est  antérieure  à 
1246  *  ;  dans  la  seconde,  elle  parait  dater  d'une  ordon- 
nance rédigée  en  1258  par  les  prud'hommes  de  la 
capitale  catalane  et  sanctionnée  par  le  roi. 

Cette  ordonnance,  dont  Capmany  a  publié  le  texte  et 
la  traduction  castillane  *,  est  un  des  plus  anciens  docu- 
ments législatifs  concernant  la  police  maritime.  Les  Con- 
stitutions de  Catalogne,  les  Furs^  les  Privilèges  de 
Valence*  renferment  à  peine  quelques  dispositions 
applicables  au  commerce  par  mer;  mais  le  plus  beau 
monument  de  ce  genre  est,  sans  contredit,  le  fameux 
recueil  des  Costumes  de  la  mar,  appelé  plus  tard  Llibre 
del  consolât  de  la  mar. 

Cet  ouvrage,  malgré  son  importance,  malgré  l'époque 
et  le  lieu  de  son  origine,  ne  doit  pas  nous  arrêter  long- 
temps, parce  qu'il  n'est  point  une  œuvre  à  laquelle  le  roi 
dont  nous  retraçons  la  vie  ait  pris  une  part  directe.  Les 
Costumes  de  la  mar  ne  sont  pas  un  code,  c'est-à-dire  un 
corps  de  lois  sanctionnées  et  promulguées  par  un  pouvoir 
constitué  ;  c'est  seulement  une  compilation  sans  nom 
d'auteur  des  usages  acceptés  par  les  divers  peuples  mari- 
times. 

*  Germain ,  Histoire  du  commerce  de  Monipellier^  t.  II  ,  p.  85  , 
note  1 . 

^  Memorias ,  l.  II,  col.  dipl,  p.  29,  et  Codigo  de  las  costumbres 
marilimas  de  Barcelona,  app.,  p.  21. 

»Voy.  entre  autres,  Furs,  lib.  I,  rubr.  V,  f.  24;lib.  II,  rubr.XVI; 
lib.  IX,  rubr.  XII,  f.  7;  rubr.  XVII;  rubr.  XX,  f.  40;  rubr.  XXVII; 
-  Privil.  de  Val.,  f  XIV,  n<»  46. 

TU.  28 


434  LITBB   IV,   CHAPITRE  IV 

'    ''^ 

Néanmoins  Jacme  ne  peut  être  considéré  cooaime  tont 
à  fait  étranger  à  ce  travail.  En  montrant  à  ses  sujets 
les  avantages  de  la  codification  .des  lois  et  des  nsages, 
en  donnant  Texemple  de  l'emploi  de  la  langue  vulgaire 
dans  les  documents  officiels,  en  contribuant  puissamment 
à  l'extension  du  commerce  de  la  Catalogne,  en  posant, 
dans  son  ordonnance  de  1258,  les  premières  règles  de 
police  maritime,  il  a,  sans  aucun  doute,  préparé  la 
rédaction  du  Llibre  del  consolât,  s'il  ne  l'a  conseillée  ou 
ordonnée.  Ce  n'est  pas  une  coïncidence  fortuite  qui  a  fait 
naître  ce  recueil  dans  les  pays  et  sous  le  règne  du  rédac- 
teur des  codes  de  Huesca  et  de  Valence  *. 

Il  est  une  question  qui  se  lie  intimement  au  commerce  et 
qui  préoccupa  souvent  au  moyen  âge  les  souverains  et  les 
peuples  :  nous  voulons  parler  de  la  question  des  monnaies. 
Plusieurs  actes  du  règne  de  Jacme  V  se  rapportent  à 
la  réglementation  des  valeurs  monétaires,  parmi  les- 
quelles régnait  une  confusion  très-préjudiciable  aux 
transactions  de  tout  genre.  La  richesse  publique,  que 
Muntaner  se  plall  à  vanter  *,  ne  consistait  certainement 
pas  dans  l'abondance  des  capitaux,  presque  tous  con- 
centrés dans  les  mains  ides  juifs. 

On  a  pu  juger  de  la  rareté  du  numéraire  par  l'élévation 
du  taux  de  l'intérêt.  La  variété  des  espèces  ayant  cours 
et  les  modifications  qu'elles  subissaient  trop  souvent 
^aggravaient  encore  les  inconvénients  nés  de  cette  pénurie. 

*  Les  Costumes  de  la  mar  paraissent  avoir  été  rédigées  entre  les 
années  4258  et  4266.  Leur  texte  primitif  est  calalan;  elles  ont  été 
traduites  dans  presque  toutes  les  langues  de  l'Europe.  Capmany  les 
a  publiées  en  catalan  et  en  espagnol  sous  le  titre  de  Codigo  de  las 
costumbres  marilimas  de  Barcelona.  On  peut  consulter  aussi  les 
Memorias  du  môme  auteur,  t.  I,  part.  II,  p.  470  et  t.  II,  app. 
p.  79. 

*  Ghap.  xxn.  xxm  et  zxix. 


MONNAIEB  435 

Nous  di?iserans  en  trois  catégories  les  moBDâies  en 
nsage  dans  les  Etats  de  Jacme  *  :  V  les  monnaies  qae 
Ton  peat  appeler  nationales,  c'est-à-dire  fabriquées  dans 
l*an  des  pays  de  la  couronne  d* Aragon  et  ayant  une  effîgre 
^t  un  nam  particuliers  à  ces  pays;  2*"  les  monnaies 
étrangères  de  nom  et  d* effigie,  mais  frappées  néanmoins 
dans  les  domaines  du  roi  Jacme  pour  les  besoins  du  com- 
merce extérieur;  S*"  les  monnaies  de  fabrication  étran- 
gère ayant  cours  dans  les  Etats  aragonais. 

A  la  première  de  ces  catégories  appartiennent  la 
monnaie  de  Jaca,  celle  de  Barcelone,  les  réaux  de  Va- 
lence, les  gros  d'argent  de  Montpellier,  et,  à  la  rigueur, 
lamonnaieme]gorienne,qui,  bien  que  frappée  par  Tévéque 
de  Maguelone,  était  en  réalité  une  monnaie  nationale 
pour  la  seigneurie  de  Montpellier  '. 

Nous  avons  déjà  parlé  '  de  la  monnaie  de  Jaca  et  de  sa 
confirmation,  qui  fut  renouvelée  plusieurs  fois  pendant 
le  règne  de  Jacme  le  Conquérant  *.  Celle  de  Barcelone 

*  Nous  n'avons  pas  à  parler  ici  des  monnaies  épiscopales  et  seigneu- 
riales telles  que  la  monnaie  de  Saint-Pierre  d'Ausone,  pour  laquelle 
révêquede  Vich  rendit  une  ordonnance  en  4â56  (Arch.  d'Arag., 
Parch.  de  Jacme  P'',  n^'  U62;. 

<  Si  Ton  en  excepte  le  gros  de  Montpellier,  admis  dans  tous  les 
Ëlats  d^ Aragon,  chacune  de  ces  monnaies  devait  avoir  cours,  à  Tex- 
clusion  de  toute  autre,  dans  le  pays  pour  lequel  elle  avait  été  frappée. 
A  Valence,  avant  la  création  des  réaux ,  les  espèces  aragonaises ,  ^ 
catalanes  et  montpelliéraines  étaient  également  en  usage.  L'exclusion 
ne  parait  pas  d'ailleurs  avoir  jamais  porté  sur  les  monnaies  d'or, 
morabatins  et  mazmodines ,  Nous  verrons  plus  bas  qu'il  y  eut  eiïcore 
une  exception  à  Montpellier  en  faveur  des  tournois  et  des  sterlings. 
Les  autres  monnaies  ne  servaient  que  pour  le  commerce  extérieur. 

»  T.  I,  p.  463. 

*  Arch.  d'Arag.,  Parch.  de  Jacme  P',  n^  220  ;  Fueros  de  Aragon^' 
t.  I,  lib.  IX,  de  Conflrmatione  monetœ ;  Zurita  (Anales,  lib.  III,  cap. 
74);  LucioMarineo  Siculo  (De  rébus  Hisp.  meinorab,,  lib.  X)  et  Blancas 
{Her.  Aragon,  comment,)  donnent  quelques  détails  sur  la  monnaie  de 
Jaca. 


I 


436  LITBE  IT,  CHAPITBB  lY 

varia  souvent  de  titre  et  prit  à  chaque  variation  une  dési- 
gnation spéciale.  C'est  ainsi  qu'en  1221  fut  créée  par 
ordonnance  royale  la  monnaie  barcelonaise  de  duplo, 
et  en  1258,  celle  de  terno  \  Cette  dernière  fut  confir- 
mée ,  dans  l'année  qui  suivit  sa  création ,  par  le  pape 
Alexandre  IV  V 

L'unification  de  la  monnaie  des  pays  de  la  couronne 
d'Aragon  n'était  pas  plus  réalisable  que  celle  de  leurs 
lois,  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  langues  ;  Jacme  essaya 
du  moins  d'obtenir  en  partie  ce  résultat  dans  les  pays 
arrachés  par  lui  aux  Sarrasins.  Tel  fut  le  but  d'une  ordon- 
nance de  l'année  1247  qui  prescrit  la  création  d'une 
monnaie  nouvelle,  dite  monnaie  de  réaux,  qui  doit  rem- 
placer dans  le  royaume  de  Valence  et  dans  les  Baléares 
toutes  les  autres  espèces  d'argent,  de  cuivre  ou  de  billon 
en  circulation  dans  ces  deux  royaumes  '.  Jusqu'à  l'an 
1300,  Mayorque  ne  parait  pas  avoir  eu  de  monnaie  par- 
ticulière. Le  roi  conquérant  et  Tinfant  don  Pedro  de 
Portugal  essayèrent  vainement  d'y  établir  des  ateliers 
monétaires^. 

La  «grosse  monnaie  d'argent»  de  Montpellier  fut  créée 
en  1273,  afin  de  suppléer  à  Tinsuffisance  de  la  monnaie 
melgorienne  pour  les  transactions  commerciales  '. 


^  L'ordonnanée  qui  créa  la  monnaie  de  terno  se  trouve  aux  archives 
d'Aragon,  Parchemins  de  Jacme  I»',  n»  4554  el  Reg.  IX.  f«64  ;  Cf. 
Col.  de  doc,  ined.,  t.  VI,  p.  141.  Voy.,  pour  les  monnaies  de  Barce- 
lone, Capmany,  Memarias,  t.  II,  p.  122. 

■  Raynaldi,  Annales  eclesiast.  ad.  ann.  1259,  n°18. 

'  Privil.  de  Val.,  f«  ix,  n«»  22  et  23. 

*  Voy.  Bover,  Historia  de  la  casa  real  de  Mallorca  y  noiicia  de  las 
monedas  propi-s  de  esta  isla,  p.  29. 

*  Voy.  au  t.  III  des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpel- 
lier,  p.  133,  le  travail  de  M.  Germain  sur  les  anciennes  monnaies 
seigneuriales  de  Melgueil  et  de  Montpellier. 


ifONffÂiBS  437 

Les  monnaies  étrangères  frappées  dans  les  pays  ara- 
gonais  sont  les  morabatins* ^  les  mazmodines  ou  masmu' 
Unes,  les  millares  et  peut-être  les  besants*.  Elles  sont 
tontes  d*origine  arabe  et  destinées  au  commerce  avec  les 
peuples  musulmans.  Les  mazmodines  et  les  morabatins 
étaient  d*or  ;  il  y  en  avait  de  plusieurs  espèces,  dont  les 
plus  répandues  étaient  le  morabalin  alfonsin  et  la  maz- 
modine  jmefie  ^  Le  millares  et  le  besant  étaient  d'ar- 
gent. 

Tandis  que  Jacme  faisait  battre  surtout  les  mazmo^ 
dines  dans  le  royaume  de  Valence  pour  les  besoins  d*un 
pays  d'où  les  usages  sarrasins  n'avaient  pas  encore  dis- 
paru^, il  faisait  fabriquer  les  millares  à  Montpellier,  afin 
de  faciliter  le  commerce  de  cette  ville  avec  le  Levant  ^ 

*  On  a  beaucoup  discuté  sur  le  morabalin  ou  mardbotin.  Les  uns 
veulent  y  voir  une  monnaie  de  l'Espagne  chrétienne,  d'autres  une 
monnaie  mahométane.  Le  nom  A^alfonsius  donné  à  une  espèce  de 
morabatins,  indique  déjà  qu'on  les  frappait  dans  un  Etat  chrétien; 
mais  nous  trouvons  une  nouvelle  preuve  de  ce  fait  au  chapi- 
tre ccLxxvi  de  la  Chronique  royale,  où  Jacme  parle  des  fabricants 
de  faux  morabatins  de  Castille  et  d'Aragon  ;  toutefois  cette  monnaie 
est  très-vraisemblablement  d'origine  muf^ulmane.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  faut  se  garder  de  confondre  le  morabalin,  que  l'on  a  quelquefois 
appelé  par  corruption  marmotin,  avec  la  mazmodine. 

a  Voy.  Furs  de  Valence,  lib.  IV,  rubr.  XXIII,  (^  5  et  53. 

»  Jd,  id,  et  Privil,  de  Val.,  f"  ix.  n°  22.  Il  est  question  dans  ce  docu- 
ment de  la  mazmodine  contrefaite  qui  vaut  trois  sols  six  deniers  de 
réaux  valenciens,  tandis  que  la  mazmodinejuce/S«  vaut  quatre  sols -de 
la  même  monnaie.  Les  mazmodines  contrefaites  pouvaient  bien  être 
celles  qu'on  fabriquait  dans  -les  pays  chrétiens,  et  les  mazmodines 
jucefles  celles  qui  venaient  des  États  musulmans. 

*  Il  existe  aux  archives  d'Aragon  (Reg.  XXI,  f^*  32)  un  acte  de 
Tannée  4272  octroyant  un  sauf-conduit  et  certaines  franchises  aux 
fabricants  de  a  monnaie  masmuline.  » 

^  Voy.  le  travail  de  M.  Germain  sur  la  Monnaie  mahométane  allri- 
quée  à  unévêque  de  Maguelone,  ap.  Mémoires  delà  Société  archéologique 
de  Montpellier,  t.  III,  p.  683.-  On  y  trouvera  quelques .  extraits  des 


438  LITRE  IV,  CH4P1TRÉ  IT 

Parmi  les  moDnaies  entièremeût  étraDgôres  en  usage 
dans  les  Etats  du  roi  d*AragOD,  nous  meûtionoerons, 
outre  les  pièces  d*or  et  d*argent  d*origine  musulmane, 
les  réaux  de  Marseille,  les  génovines,  les  <  grosses  géno' 
trtne« d'argent» ,  les  tournois  et  les  sterlings.  Ces  derniers 
paraissent  n'avoir  eu  cours  qu'à  Montpellier,  où  un  privi- 
lège du  22  mai  1273  autorise  leur  circulation  à  raison  de 
quatre  deniers  melgo riens  pour  un  denier  sterling  ^ 

Un  fléau  dont  l'Espagne  souffre  encore  de  nos  jours, 
sévissait  au  temps  de  Jacme  I*'  sur  les  transactions  com- 
merciales: c'était  celui  de  la  faussemonnaie.  A  uneépoque 
où  les  rois  eux-mêmes  ont  été  flétris  du  nom  de  '  faux* 
monnayeurs,  les  coupables  de  ce  crime  étaient  souvent 
de  hauts  barons ,  qui  abusaient  de  leur  puissance  pour 
se  livrer  sans  péril  à  ce  honteux  trafic.  La  falsifica- 
tion des  pièces  barcelonaises  de  duplo  par  «  des  nobles 
et  des  gens  puissants'»,  avait  entièrement  discrédité 
cette  monnaie,  et  força  Jacme,  qui  en  avait  juré  le  main-, 
tien,  à  se  faire  relever  de  son  serment  par  le  Saint-Siège , 
afin  de  pouvoir  établir  en  Catalogne  la  monnaie  de  temo*. 
Par  l'ordonnance  qui  crée  cette  dernière,  le  roi  et  l'in- 
fant héritier  s'engagent  à  en  poursuivre  les  falsificateurs 
«  de  toutes  leurs  forces»  et  à  les  punir  de  châtiments 


documents  des  archives  d'Aragon  relatifs  à  la  fabrication  des  mii*' 
lares.  Jacme  permit  en  4268  de  frapper  cette  monnaie  à  Mayorque 
uod  illam  legem  quam  voluerint  mercalorts  qui  eam  (mondam)  emere 
vohiêrint,  »  Rien  n^ndique  qu'on  ait  profite  de  cette  autorisation. 

*  Arch.  d'Arag.  Reg.  XXI,  f»  U9.  La  même  ordonnance  admet  les 
tournois  dans  la  seigneurie  de  Montpellier,  et  en  fixe  la  valiur  à  on 
denier  tournois  pour  un  denier  melgorien. 

3  Bulle  du  Pape  Alexandre  IV  (7  Juillet  4257)  rapportée  dans  le 
document  n«  4497  des  Parchemins  de  Jacme  1«"  aux  archives 
d'Aragon. 

*  Ardh.  d'Arag.,  Parch.  de  Jacme  I«,  n«44Q7/ 


FAUX-MONNATEURS  439 

corporels  ^  Nous  ne  savons  si  Jâcme  eut  l'occasion  de 
n&ôttre  à  exécution  cette  menace,  mais  quelques  années 
plus  tard,  il  donna  en  Aragon  un  salutaire  exemple  de 
sévérité  contre  les  faux-monnayeurs. 

Des  quantités  dé  faux  morabatins  de  Gastille  et  d'Ara- 
gon étaient  mises  en  circulation  dans  les  environs  de 
Tarazona.  A  la  suite  d^une  enquête,  ouverte  en  présence 
du  roi%  les  coupables  furent  découverts.  Les  principaux 
étaient  Pedro  Ferez,  seigneur  de  Trasmoz,  et  Blasco 
Ferez,  sacriste  de  Tarazona,  tous  deux  fils  ànjusticia 
Fedro  Ferez;  Fedro  Jordan,  seigneur  de  Santa-Olalla, 
sa  fem'me,donaElfade  Toroella,  et  leurs  enfants  ;  un 
certain  Pedro  Ramirez  et  son  fils.  Fedro  Jordan  venait  de 
mourir';  ses  enfants  avaient  pris  la  fuite  ainsi  que  Pedro 
Feriez;  maisdona  EÏfa,  Fedro  Ramirez  avec  quelques-uns 
de  leurs  complices  furent  condamnés  à  mort,  et,  selon  un 
antique  usage  ^,  cousus  dans  un  sac  et  jetés  dans  TEbre. 
Blasco  Ferez,  en  sa  qualité  de  clerc,  fut  remis  à  Tévéque 
de' Tarazona,  «  qui  le  garda  en  prison  jusqu'à  ce  qu  il  y 
mourut.'  >  Plusieurs  individus  qui  avaient  participé  au 
crime  furent  punis  de  peines  diverses;  tous  les  biens  des 
coupables,  présents  ou  contumaces,  furent  confisqués  ^ 

«  Arcb.  d'Arag.,  Parch.  de  Jacme  1*',  no4554,  etReg.  IX,  f^  64  et 
Col. de  doc,  ined.^X,  VI,  p.  U4. 

^  Jacme  avait  confié  rinstrocUon  de  cette  affaire  à  deux  jugés  délé- 
gués, dont  l^un,  dit  la  Chronique^  s'appelait  micer  UmberL 

*  a  More  majorum  »,  dit  Zurita  (Indices,, 2ià  ann.  1267). 

*  Voy.  le  récit  de  cette  affaire  au  chapitre  cclxxti  de  la  Chronique 
de  Jacme.  —  Blancas  (Rerum  aragon,  comment.^  ap.  Hispania  illus» 
iraia,  t.  III,  p.  794),  confondant  Pedro  Perez  avec  Pedro  RamireZi 
assure  que  le  premier  fut  misa  mort;  mais  on  conserve  aux  archives 
d^Aragon  (Parch.  de  Jac^me  1*%  n*  1905)  la  sentence  qui  condamne 
par  contumace  Pedro  Perez  de  Tarazona,  et  de  laquelle  il  résulté 
que  celui-ci  avait  pris  la  fuite  dès  le  commencement  de  Penqoête. 
Cette  sentence  est  datée  dû  1*'  octobre  126"^. 


440  LITRE  nr,  chapitre  it 

Le  roi  ne  parait  pas  avoir  persisté  dans  ce  système  de 
rigueurs,  insuffisant  d'ailleurs  pour  déraciner  le  mal,  car 
nous  le  voyons,  en  1273,  donner  des  lettres  de  rémission 
pour  le  crime  de  fausse  monnaie  à  un  bourgeois  de 
Montpellier  nommé  Berenguer  de  Conques  *. 

Nous  venons  de  montrer  comment  l'action  bienfai- 
sante de  Jacme  I*'  s*est  exercée  dans  le  domaine  des  inté- 
rêts matériels  ;  ce  grand  prince  va  nous  apparaître  main- 
tenant imprimant  à  la  culture  intellectuelle  de  ses 
peuples  le  cachet  de  sa  puissante  initiative. 

Il  ne  lui  suffit  pas  de  donner  à  la  nation  dont  il  pré- 
pare Tunité  une  organisation  forte,  des  institutions 
utiles,  les  éléments  d'une  bonne  législation,  un  com- 
merce prospère,  une  marine  puissante,  la  sécurité  au 
dedans  et  au  dehors;  il  veut  encore  qu'elle  ne  soit  point 
tributaire  de  l'étranger  pour  les  sciences  ou  pour  les  let- 
tres, qu'elle  ait  ses  foyers  scientifiques  qui  lui  soient  pro- 
pres, qu'elle  possède  sa  langue  et  sa  littérature.  Les  beaux- 
arts  seuls  paraissent  être  restés  en  dehors  de  l'influence 
personnelle  et  directe  du  monarque  réformateur.  Ce 
n'est  point  qu'ils  fussent  privés  sous  son  règne  des  encou- 
ragements dus  à  tout  ce  qui  contribue  au  progrès  et  à  la 
gloire  des  peuples. ^ Jacme,  mieux  que  toutautre,  compre- 
nait et  aimait  ce  qui  est  beau  et  ce  qui  est  grand  ;  aussi 
sa  piété,  comme  fondateur  d'églises,  sa  magnificence, 
comme  souverain,  durent-elles  fournir  aux  architectes, 
aux  sculpteurs,  aux  peintres  \  aux  verriers,  aux  argen- 
tiers, de  fréquentes  occasions  de  lutter  de  talent  et  de 
développer  leur  génie. 

«  Ârch.  d'Arag.  Reg.  XXI,  f»  424 . 

^  Un  fur  du  Code  valencien  (lib.  I,  rub.  XV,  f.  4}  défend,  sous 
peine  d'une  amende  de  vingt  sols,  de  sculpter  ou  de  peindre  en 
public  a  les  figures  et  les  images  de  Dieu  et  des  saints  »,  de  lesexpo^ 
ser  ou  de  les  vendre  dans  les  rue»  ou  sur  les  places. 


BEAUX-ARTS  441 

• 

C'étaient  pent-étre  de  grands  artistes  que  frère  Bernard 
et  maître  Bartolomé,  <  maîtres  de  Tœuvre  »  de  la  cathé- 
drale de  Tarragone^  et  ce  Martin,  <  maître  de  pierres  de 
la  maison  du  roi*»,  que  Jacme  chargea,  en  1258,  de 
reconstruire  Téglise  de  Sainte-Marie  de  Vauvert  et  la 
chapelle  royale  de  Montpellier,  aux  gages  de  quatre  sols 
melgoriens  par  jour';  et  cet  argentier  qui  avait  ouvré 
les  objets  «  précieux  par  la  matière,  plus  précieux  encore 
par  le  travail  »  au  sujet  desquels  le  pape  Clément  IV 
adressa  au  roi  d* Aragon  une  lettre  de  remerciments  \ 
Mais,  quels  que  fussent  les  encouragements  donnés  aux 
individus,  quelle  que  fût  la  réglementation  à  laquelle 
l'art  se  trouvât  soumis  par  son  côté  purement  industriel, 
ce  qu'il  y  a  en  lui  de  supérieur,  de  quasi-divin,  échappait 
à  toute  influence  de  l'autorité  royale  ou  communale.  S'il 
y  avait  des  confréries  d'architectes  et  de  peintres,  comme 
des  corporations  de  merciers  et  de  corroyeurs ,  où  les 
maîtres  enseignaient  leur  métier  aux  apprentis ,  il  n'exis- 
tait et  ne  pouvait  exister  aucune  école  d'art  proprement 
dit,  surtout  aucune  école  d'art  national. 

  une  époque  où  chaque  croyance  se  symbolisait  dans 
ses  monuments,  où  le  chrétien  semblait  communiquer 
à  la  pierre  ses  élans  de  foi  ardente,  ses  aspirations ^vers 

*  Voy.  Piferrer,  Recuerdos  y  bellezas  de  Espana  ;  Caialunat  t.  I, 
p.  234.  235  et  239.  —  Ce  volume  est  dû  à  la  plume  d'un  jeune  écri- 
vain trop  tôt  enlevé  aux  succès  qui  avaient  signalé  son  début  dans 
la  carrière  des  lettres.  On  est  peu  habitué  à  rencontrer,  dans  une 
publication  où  Tœuvre  du  dessinateur  semble  devoir  tenir  la  pre- 
mière place,  les  recherches  sérieuses,  Pérudition  solide  que  don 
Pablo  Piferrer  a  su  revêtir  des  charmes  de  son  style  si  profondément 
empreint  du  sentiment  artistique. 

3  «  De  domo  et  creatione  nostrâ.  » 
«  Arch.  d'Arag.,  Reg.  X,  f»  56. 

*  Cette  lettre  est  du  43  août  4265.  Marténe  et  Durand  Tont  publiée 
dans  le  Thésaurus  novus  anecdot.^  t.  Il,  col.  482. 


riofini,  où  le  mosûlman  cherchait  à  impressioDoer  les 
sens  et  laissart  r&me  insensible ,  où  le  juif,  réservant  ses 
richesses  pour  le  commerce ,  bannissait  de  ses  temples 
toute  représentation  des  imaj^es  sacrées^  Tart  était  re- 
ligieux et  non  pas  national*.  Â  quelques  nuances  près , 
Tart  chrétien  était  partout  le  même.  Des  artistes  voya- 
geurs en  répandaient  les  principes  sur  tous  les  points  de 
TEurope  ;  partout  ses  évolutions  se  faisaient  dans  le  même 
sens  avec  plus  on  moins  de  rapidité ,  suivant  le  géûiB  de 
ses  interprètes  ou  les  ressources  matérielles  dont  ils  dis- 
posaient y  et  il  est  à  remarquer  que ,  parmi  les  peuples 
de  même  croyance,  les  plus  différents  de  mœurs  et 
d*idées  ne  sont  pasceux  dont  les  œuvres  artistiques  offrent 
entre  elles  le  moins  de  ressemblance.  Il  ne  venait  donc 
à  Tesprit  de  personne  que  Ton  pût  nationaliser  ren- 
seignement des  beaux-arts  V  lien  était  autrement  des 
lettres  et  des  sciences  ;  c'est  à  elles  que  Ton  demandait 
surtout  de  développer  le&  forces  intellectuelles  de  la 
nation . 

L'une  des  préoccupations  pHncipales  de  Jacmel*' semble 
avoir  été  de  mettre  un  terme  à  la  diversité  des  langues 

*  M.  Amador  de  los  Rios  a  fait  remarquer  que  les  juif^  n^at  eu  en 
Espagne  ni  peinture,  ni  sculpture,  ni  architecture  qui  leur  fût 
propre.  L'art  architectural  employé  par  eux  est  mudijar,  c^est-à- 
dire  mabométan.  {Estudios  sobre  los  judios  de  Espanà,  ensayo  U 
introd.)  Il  y  avait  néanmoins  dans  les  synagogues  des  sculptures  d'or- 
nementation, ainsi  que  le  prouve  ce  passage  du  Libre  de  la  saviisade 
Jacroe  I*'  :  «  E  per  aquesta  raho  fan  los  juheos  molts  entalaments  en 
les  sinagoges,  els  crestians  fan  moTtes  figures  en  les  eglesieseatressi 
los  Sarrainé  pinteh  les  lurs  mesquiles.  » 

3  La  musique  profane  seule  faisait  exception!  Il  serait  curieut  de 
rechercher  les  caractères  de  la  musique  nationale  des  pays  de  la 
langue  d'oc  dans  les  chants  adaptés  par  les  troubadours  à  leurs 
poésies.  Mais  les  éléments  d'une  pareille  étude  feraient  sans  doute 
défaut. 


LAlfOVE  dViG  t& 

nsitéés  dans  ses  États.  En  cela  il  soivait  les  idées  de 
son* siècle,  auxquelles  saint  Louis  et  Âlfonse  {^  Savant 
obéissaient  de  leur  c6té  lorsqu'ils  favorisaient,  à* des 
degrés  divers,  les  progrès  de  la  langue  vulgaire  en  France 
et  €D  Gastillé.  C'était  encore  une  réforme  dans  le  sens 
de  Tégalité  :  ruuité  de  langage  abaissait  la  barrière  der- 
rière laquelle  s'abritait  là  caste  des  initiés  à  la  langue 
scientifique. 

Entre  les  pays  où  Louis  IX  s'essayait  à  traduire  la 
Bible  en  roman  du'  Nord ,  et  ceux  où  AUbdse  X  écrivait 
\2i,  E^taria  de  Espanna  y  s'étendaient  les  belles  contrées 
qui  ont  donné  à  l'Europe  de  ce  temps  sa  langue  littéraire. 
Ce  <  doux  parler»,  à  la  fois  un  et  multiple,  arrivé  de 
bonne  beure  à  une  perfection  relative,  étouffé  par  le 
développement  en 'sens  inverse  du  Nord  et  du  Midi,  et 
ne  pouVailt  encore,  aprë^  de  longs  siècles,  ni  vivre  ni 
mourir  tout  à  fait,  est  l'image  fidèle  de  Ja  nationalité 
qui  lui  a  donné  naissance.  La  langue'  d'Oc*  semblait  ap- 
pelée à  devenir  l'organe  d'un  grand  peuple.  Ceux  qui 
ont  refnsé  de  lui  -  reconnaître  les  qualités  nécessaires  à 
l'accomplissement  de  cette  destinée  ne  l'avaient  point 
sans  doute  étudiée  dans  son  ensemble',  etcroyàient  trouver 
sa  plus  haute  expression  dans  le  langage  conventionnel 
des  troubadours'. 

*  On  est  vraimeïit  fort  embarrassé  pour  désigner  la  langèé  parlée 
à  l'époqne  qur  nous  occupe  dans  la  France  méridionale  et  la  Gata- 
Idgne.  Rbman,  provençal,  limonsirl  ou  lemosin,  langue  d*Oc,  sont 
des  noms  également  usités  et  également  inexacts.  On  est  bependant 
foreé  de  les  employer  à  défaut  de  meilleurs;  mais  il  e^t  nécessaire 
qoe  le  lecteur  ne  puisse  pas  avoir  de  doute  sur  le  sens  qu'on  leur 
attribue. 

^Daunott,  entre  autres,  dans  son  Discours  sur  Vétat  des  lettres 
au  XMI*  siècle  (HisL  littér\  de  lé  France,  t.'XYi)','juge  la  liangue  delà 
Frsoee  méridionale  sur  les  poésies  des  troubadours. 

'  Il  est  généralement  admis  aujourd'hui  que  la  langue' déS' trou- 


444  LIVRE  I?9   CBAFITIB  IT 

Il  est  impossible  de  porter  on  jugement  exact  sar 
ravenir  qa'aorait  pu  avoir  la  langae  d*Oc  si  Ton  D*em- 
brasse  point  d*an  seul  coap  d*œil  les  divers  éléments  qae 
Tosage  n'a  pas  eu  le  temps  de  combiner  en  un  tout  homo- 
gène. Ce  travail ,  par  lequel  la  physionomie  d'une  langue 
nationale  se  dessine  et  se  fixe,  aurait  certainement 
modifié  le  vague  poétique  et  Téclat  un  peu  superficiel 
de  ridiome  des  troubadours  au  contact  de  la  netteté  et 
de  la  vigueur  catalanes.  C*est  le  «  romanç  >  de  la  France 
méridionale  et  de  la  Catalogne ,  pris  dans  Tensemble  de 
ses  dialectes,  que  Jacme  I*'  voulut  d*abord  élever  an  rang 
de  langue  officielle.  Le  catalan,  parlé  par  une  population 
éminemment  pratique ,  empruntant  une  certaine  dignité 
au  contact  des  Arabes,  des  Aragonais  et  des  Castillans , 
épuré  par  le  roi  et  la  cour,  réunissait  les  qualités  qui 
devaient  le  faire  accepter  par  les  prosateurs;  la  langoe 
des  troubadours,  en  possession  d*une  phraséologie  de 
convention ,  s'adaptant  parfaitement  aux  idées  galantes 
et  chevaleresques  du  temps ,  était  réservée  à  la  poésie*  ; 
les  dialectes  locaux  devaient  servir  aux  relations  ordi- 
naires de  la  vie  dans  leurs  pays  respectifs,  et  étaient 
appelés  forcément  à  se  rapprocher  peu  à  peu  des  deoi 


badours  ne  fut  usuelle  en  aucun  pays.  C'était,  comme  Va  très-bien 
dit  Paulûur  de  V Essai  sur  Vhistoire  de  la  liiléralure  catalane,  «  une 
langue  littéraire  en  possession  d'exprimer  un  certain  ordre  d'idées  et 
de  sentiments,  à  peu  prés  comme  le  latiii  était,  dans  l'opinion  de 
tous,  l'organe  obligé  de  la  science.^  (  Gambouliu,  Essai  surVkistoiré 
de  la  littérat.  calai.  )— Voy.,  eo  outre,  Antonio  de  Bofarull,  laUngua 
caialana  considerada  hisloricamente  (Mémoire  lu  à  l'Académie  royale 
des  Bonnes-Lettres  de  Barcelone;  )  Milà,  de  los  Trovadôres en Espana. 

*  La  langue  des  troubadours  était  considérée  comme  la  langue  poé- 
tique de  toute  l'Europe.  Âu  XIH*  siècle,  les  Italiens  n'écrivaient 
guère  en  vers  que  dans  cet  idiome,  et  en  prose  qu'en  latin  ou  en 
langue  d'oil. 


IDIOMES  DBS  PATS  ARAGOIIÀIS  445 

langues  littéraires ,  destinées  à  se  fondre  un  jour  en  une 
seule.  Telle  est  la  pensée  que  nous  sommes  autorisé 
à  prêter  à  Jacme  I'%  si  nous  en  jugeons  du  moins  par 
ce  que  nous  savons  de  ses  idées,  hostiles  à  toute  brusque 
uni^cation  ,  et  par  Tensemble  de  Thistoire  littéraire  de 
son  règne. 

Mais,  à  mesure  que  Tinfluence  de  ce  prince  se  retire  de 
ia  France  méridionale ,  le  catalan  devient  la  langue  domi- 
nante dans  ses  Etats.  Plus  que  jamais  alors,  Jacme  s'at- 
tache à  en  étendre  Tempire  :  avec  son  aide,  il  espère 
faire  naître,  d*un  débris  de  la  nationalité  de  la  langue 
d*Oc,  une  nouvelle  nation  ayant  Barcelone  pour  capitale 
et  la  Méditerranée  pour  la  première  de  ses  provinces. 

Rien  de  ce  que  nous  venons  de  dire  ne  s'applique  à 
TAragon ,  dont  la  langue  et  la  littérature,  comme  les 
institutions,  les  mœurs,  les  lois,  cantonnées  par  le 
Conquistador  id^ns  d'étroites  limites ,  ont  leur  mouvement 
propre,  mouvement  presque  insensible,  grâce  à  la  rési- 
stance que  ce  pays  oppose  à  toute  action  réformatrice.  Au 
sujet  de  la  langue  et  de  la  littérature ,  nous  déplorerons 
une  fois  encore  l'étrange  confusion  que  la  juxtaposition 
de  l'Aragon  et  de  la  Catalogne,  sous  le  sceptre  du  même 
roi,  a  jetée  dans  l'esprit  de  la  plupart  des  historiens.  Il 
n'est  pas  plus  exact  de  dire  que  l'on  parlait  catalan  à 
Saragosse  ou  à  Huesca*  que  d'aller  chercher  dans  le  code 
d'Aragon  les  lois  qui  régissaient  Barcelone  ou  Valence. 


^  M.  Adolphe  Ebert,  dans  un  article  sur  Phistoire  de  la  liUératura 
catalane,  publié  par  le  Jahrbuch  fur  romanische  und  englische  Lite- 
ratur  (t.  II),  assure  que  lo  catalan  était  la  langue  employée  dans  les 
Certes  générales  des  pays  aragonais.  U  est  probable  que  le  roi  y  par- 
lait en  effet  cet  idiome,  mais  il  est  fort  vraisemblable  aussi  que  cha- 
cun des  membres  de  rassemblée  s'exprimait  dans  sa  langue.  Quant 
aux  actes  des  certes,  ils  étaient,  sous  Jacme  I^',  rédigés  en  latin. 


446  LIVBE  IV,  CHAHVRB  !▼ 

L*aragonais  était  an  idiome  trôs*diffèrent  de  la  langue 
d'Oc  et  presque  identique  avec  le  vieux  navarrais  «et  le 
vieux  castillan  V  Voici ,  du  reste,  quels  étaient  les  prin- 
cipaux idiomes  ou  dialectes  usités  dans  les  États  de 
Jacme  P'  après  le  traité  de  Corbeil  : 

VLq  latin,  langue  de  Téglise,  de  la  science,  des 
relations  internationales ,  des  actes  officiels,  et  souvent 
aussi  des  tribunaux  ,  malgré  les  efforts  du  roi  pour  y 
introduire  la  langue  vulgaire; 

2**  Le  catalan  ,  parlé  dans  le  comté  de  Barcelone  et  ses 
annexes ,  dans  le  royaume  de  Mayorque  et  dans  ia  plus 
grande  partie  de  celui.de  Valence; 

S"*  La  langue  d'Oc  du  nord  des  Pyrénées ,  repré- 
sentée par  le  dialecte  de  Montpellier  ; 

i""  La  langue  des  troubadours ,  employée  Molement  en 
poésie  ; 


^  Dès  le  début  de  nos  études  sur  le  règne  de  Jacme  !•',  la  lecture  de 
la  Chronique  royale  et  de  quelques  documents  de  ce  temps  nous 
avait  réyélé  Terreur  des  écrivains,  assez  nombreux  du  reste,  qui 
regardent  le  catalan  comme  la  langue  nationale  de  tous  les  pays  de 
la  couronne  d^Aragon.  Cette  erreur  ne  pouvait  échapper  au  savant 
auteur  de  la  Historia  cHiiea  de  la  literatura  espanola,  qui  a  donné 
(t.  II,  app.  I,  g  %)  quatre  documents  en  langue  aragonaUe  do 
XIII*  et  du  XIV*  siècles.  En  plusieurs  endroits  de  sa  Chronique,  Jacme 
fait  parler  les  Âragonais  dans  leur  propre  langue.  Voici,  entre  autres, 
les  paroles  qu'il  met  dans  la  bouche  de  Gil  Sanchez  Munoz,  bour- 
geois de  Teruei,  répondant  au  nom  de  ses  concitoyens  à  la  demande 
de  secours  faite  par  le  roi  pour  Texpédition  de  Hurcie:  «Senyor, 
bien  sabets  vos  en  lo  que  vos  mandastes  ne  nos  rogastes  que  nuncba 
trovastes  de  no  en  nos  ni  lo  fizistes  ni  lo  faredes  agora.  Decimosvos 
que  vos  emprestaremos  très  mil  cargas  de  pan  et  mil  de  trigo  edos 
mil  dordio  et  veynte  mil  carneros  e  dos  mil  vaques.  E  si  queredes 
masprendet  de  nos.  »  (Chronique  de  Jacme,  chap.  cclv.)  Comparez 
ce  passage  avec  les  Pièces  justificatives  xif**  vm  et  xiii  du  préseat 
volume,  écrites  en  catalan,  et  les  deux  actes  en  navarrais  publiés  d«09 
notre  1. 1,  Pièces  JusUf.,  n^  x  et». 


IDIQUKS  AB8,PATS  ABAGOlfAIS  447 

5**  L'aragooa^is ,  parféen  Aragon  et  diaqs  l68.?illes 
et  bourgs  du  royaume  de  Valence  peuplés  par  des  Axa- 
gonais  ^  ; 

6**  L'hébreu ,  parlé  et  écrit  par  les  docteurs  juifs  ; 

7*  L'arabe ,  à  Tusage  des  Musulmans  ; 

S^Laljan^ia,  sorte  de  patois  des  Mudejares,  c'est-à- 
dire  des  Sarrasins  établis  depuis  longtemps  au  milieu 
des  chrétiens.  C'était  de  l'^abe  corrompu  au  coqtact  de 
Tune  des  langues  néolatines  V 

Le  latin  ,  l'hébreu  ^t  ^ar4))^  sont  surtout  des  langues 
scientifiques  ;  le  dialecte  de  Montpellier,  au  contraire , 
n'est  guère  employé  comme  langue  écrite  que  dans  les 
actes  émanés  des  magistrats  municipaux  de  cette  ville  ; 
l'aragonais ,  en  usage  dans  les  lettres  et  dans  les  docu- 
qaeqts  d'un  caractère  privé,  tout  spéciaux  à  l' Aragon, 
ne  parait  avoir  produit ,  en  fait  d'œuvres  écrites  de 
quelque  importance ,  que  les  fueros  de  Huesca  dont  le 
texte  original  est  perdu  ;  Yaljamia  était  uniquen^ept  un 
langage  parlé. 

Il  semblait  donc,  à  première  vue,  que  l'avenir  dans 
les  États  d'Aragon  appartint  au  catalan  ,  comme  langue 
de  la  prose ,  au  provençal  des  troubadours ,  comme 
langue  de  la  poésie.  Mais,  en  réalité,  le  rôle  réservé  à 
ce  dernier  idiome ,  depuis  que  l'influence  aragonaise  se 
concentrait  au  sud  des  Pyrénées ,  n'était  sans  doute  que 

^  Les  villes  et  Les  villages  du  royaume  de  Valence  peuplés  au  XIlI* 
siècle  par  des  Âragonais,  se  reconnaissenl  encore  aujourd'hui  à  ce 
que,  bien  que  disséminés  dans  un  pays  où  le  peuple  parle  un  dia- 
lecte catalan,  ils  ont  conservé  la  langue  de  TAragon  .(Voy.  Âmador 
de  los  Rios,  Historia  critica  de  la  literàlura  espanola,  t.  II,  p.  403, 
et  app.  I,  g  %). 

^  Voy.  Âmadèr  de  los  Rios,  Hist.  crit.  de  la  liUrat.  ^spoft.,  \.  il, 
p.  397. 


448  LITRE  IV,   CHAPITRE  I? 

de  façonner  le  catalan  aux  formes  et  aux  idées  poéti- 
ques. C'est,  du  moins,  ce  qu'on  est  tenté  de  supposer 
en  Yoyant  le  «  romanç  >  de  la  Catalogne  faire  sa  première 
apparition  sérieuse  dans  le  domaine  de  la  poésie  sous  le 
règne  de  Jacme  I*'  \ 

Si  maintenant  on  nous  demande  les  preuves  de  la  sol- 
licitude du  roi  conquérant  pour  la  langue  nationale  de  la 
plus  grande  partie  de  ses  peuples ,  nous  le  montrerons 
forçant  cet  idiome  à  la  précision  législative  dans  le  code 
de  Valence,  l'imposant  comme  organe  des  sentences 
juridiques  et  de  l'éloquence  du  barreau  S  le  brisant  en 
aphorismes  philosophiques  dans  le  Libre  de  la  Saviem^ 
lui  donnant ,  dans  ses  mémoires ,  l'allure  ferme ,  la 
souplesse ,  la  couleur  qui  conviennent  au  récit  histo- 
rique. En  trois  genres  différents  ,  Jacme  a  été  le  créateur 
de  la  prose  catalane.  Il  ne  serait  pas  impossible,  en  outre, 
que  la  tradition  vague  qui  lui  attribue  des  vers  proven- 
çaux eût  pour  origine  quelques  essais  poétiques  du  Con* 
quistador  dans  l'idiome  du  comté  de  Barcelone.  Ce  n'est 
là  qu'une  hypothèse  pour  laquelle  militent  seulement 
deux  présomptions  :  la  faveur  accordée  par  Jacme  aux 
poètes,  et  son  désir  évident  de  faire  un  jour  du  catalan 
la  langue  à  la  fois  usuelle ,  scientifique,  officielle  et  litté* 
raire  de  ses  peuples*. 

*  Voy.  Gambouliu,  Essai  sur  Vhistoire  de  la  littérature  catalane, 
cbap.  m. 

^  Voy.  ci-dessus,  p.  237. 

'  La  défense  de  posséder  des  traductions  en  a  romanç  »  des  lirres 
de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament  (Voy.  ci-dessus,  p.  462),  fut 
une  mesure  purement  religieuse  et  qui  s'explique  aisément.  La 
traduction  plus  ou  moins  inexacte  des  livres  saints  en  langue  vuN 
gaire  était  le  plus  puissant  instrument  de  la  propagande  albigeoise. 
Il  était  impossible  de  soumettre  à  la  vérification  du  clergé  chaque 
manuscrit  en  particulier;  on  trouva  plus  sûr  de  proscrire  en  masse 
toutes  les  traductions. 


LA  CHRONIQUE  DE  JAGMB  449 

L'œuvre  la  plus  remarquable  du  royal  écrivain  est, 
sans  contredit,  sa  Chronique  ou  Commentari;  c'est  aussi 
la  plus  connue.  Nous  en  avons  donné  une  idée  générale 
parce  que  nous  en  avons  déjà  dit\  et  surtout  par  les 
larges  emprunts  que  nous  lui  avons  faits  ;  mais  la  lecture 
de  ce  livre  dans  le  texte  original  peut  seule  permettre 
d'en  apprécier  la  simplicité  pittoresque ,  la  fraîcheur  de 
détails,  la  vigueur  et  la  variété  de  style,  l'élévation 
d'idées  et  de  sentiments  exempte  de  toute  recherche, 
l'étonnante  justesse  d'expressions  résultant  d'une  con- 
stante préoccupation  d'exactitude.  Il  se  reflète  dans  ces 
pages  un  héroïsme  naïf  qui  s'ignore  lui-même.  A  l'inverse 
delà  plupart  des  auteurs  de  mémoires,  qui  cherchent 
avant  tout  à  se  grandir  aux  yeux  de  la  postérité ,  Jacme 
se  montre  d'autant  plus  grand  qu'il  s'inquiète  peu  de  le 
paraître.  Sa  Chronique,  du  reste,  n'est  qu'un  récit  d'é- 
vénements et  non  l'explication  ou  la  justification  de  sa 
politique. 

Cette  œuvre  a  fait  naître  deux  questions  :  l'une ,  celle 
de  l'authenticité ,  a  été  soulevée  au  commencement  de 
ce  siècle  par  un  de  ces  esprits  amis  de  la  nouveauté, 
qui  ne  peuvent  résister  à  la  tentation  de  contester  ce  que 
tout  le  monde  admet ,  d'admettre  ce  que  tout  le  monde 
conteste.  Nous  verrons ,  dans  l'appendice  de  ce  volume  *, 
ce  qu'il  faut  penser  de  ses  objections. 

La  seconde  question ,  celle  de  l'époque  où  Jacme  I" 
a  dû  écrire  sa  Chronique ,  n'a  au  fond  qu'assez  peu  d'in- 
térêt. Qu'importe  que  le  Commentari  du  roi  d'Aragon 
ait  précédé  \2l  Estoria  de  Espanna  du  roi  de  Castille  ? 
L'heure  d'une  renaissance  intellectuelle  avait  sonné.  Une 

*  Tome  I,  avanl-prop.,  p.  XII  et  426. 
2  Note  D. 

T.  n.  ^ 


laqgae  4Uit  nécessaire  poqr  qqe  ce  oionvement  des 
çsprits  pût  se  maDifester  ;  les  nwjt  idioipes  agoai^ieat  : 
c*est  la  gloire  d*ÂiphoDse  X  e|  de  Jacme  le  Cçnquérant 
d*avoir  sq  dégager  les  nouveaux  des  langes  de  la  barbarie, 
e(  d'a?oir  obéi  en  cela  à  la  voix  de  leur  siècle  et  noi)  à  un 
d^sir  mesquin  d*iiQitation.  S'il  faut  maintenant  donner 
notre  avis  sur  la  date  que  Ton  doit  assigner  à  la  rédaction 
de  la  Chronique  royale ,  nous  dirons  qu*il  n*est  possible 
de  formuler  sur  ce  point  qu'une  seule  affirmation  :  c*est 
que  le  chapitre  cuv ,  qui  se  trouve  à  peu  près  au  milieu 
du  livre,  n*a  pas  été  écrit  avant  Tavénement  d*Âlfoo8e  \» 
e'e8t*à*dire  avant  Tannée  1252;  puisque  Tauteur»  men* 
tionnant  dans  ce  chapitre  sa  fille  Yolande ,  ajoute  :  <  Qui 
an  moment  ou  nous  écrivons  est  reine  de  Castille.  »  On 
remarquera,  en  outre,  queJacme,  en  parlant  despre^ 
mières  années  de  son  règne,  dit  parfois  qu'il  a  oublié  le 
nom  dequelques-uns  des  personnages  qui  figurent  dansson 
récit.  Mais  à  quel  moment  le  roi  a-t-il  entrepris  de  rédiger 
cette  autobiographie  ?  Â  quel  moment  a-t-il  commencé 
a  raconter  les  événements  jour  par  jour  ?  C'est  ce  qu'on 
ne  pourrait  dire,  même  d'une  manière  approximative, 
saps  se  hasarder  dans  le  domaine  des  pures  hypotbèsea. 
Il  est  plus  difficile  encore  de  donner  quelques  indica- 
tions sur  l'époque  exacte  et  les  circonstances  au  milieu 
desquelles  a  été  écrit  le  Libre  de  la  Savie^a  ou  Libre  d^ 
DoctrtM.Hel  ouvrage  n'a  jamais  été  imprimé.  Des  trois 
manuscrits  dont  nous  connaissons  l'existence,  aucun  ne 
parait  être  complet.  La  bibliothèque  de  l'Escurial  en 
possède  deux  qui  remontent  au  Xlir  siècle  *  ;  le  troisième, 

^  La  meilleure  des  deux  copies  de  TEscurial  est  cotée  J.  H.  29. 
Elles  portent  l'une  et  Tautre  pour  titre:  Le  Libre  de  la  saviez.  — 
Nous  sommes  redevable  à  M.  Âmaior  do  los  Hios ,  non-seulement 
des  indications  que  nous  a  fournies  sa  remarquable  Ilistoria  çritiea 


La  LIBRE  DB  LA  SiYIBaA  451 

datant  sealemeot  duXIV^  siècle,  est  conservé  à  la  biblio- 
tbëqae  nationale  de  Madrid.  C'est  d'après  ce  dernier,  le 
seal  que  nous  ayons  pa  parcourir  avec  soin  \  que  nous 
allons  donner  une  idée  du  deuxième  ouvrage  attribué  à 
Jacme  le  Conquérant. 

Le  livre  débute  par  un  préambule  dans  lequel  le  «  roi 
en  Jacme  d'Aragon  »  fait  connaître  les  motifs  qui  l'ont 
engagé  à  réunir  <  pour  son  profit  et  pour  le  profil  de 
ceux  qui  voudront  les  entendre. . .  les  bonnes  paroles 

des  philosophes  anciens car,  bien  que  l'ensemble 

de  tous  les  bons  conseils  se  trouve  dans  la  théologie,  les 
bonnes  paroles  que  les  anciens  philosophes  ont  dites  et 
les  bons  avis  qu'ils  ont  donnés  ne  sont  pas  nuisibles  à 
nous  qui  sommes  chrétiens;  mais  au  contraire  il  y  a 
profit  à  les  connaître  et  à  s'en  enquérir.  » 

Un  second  préambule  explique  l'utilité  de  «  ce  livre 
de  sagesse  »  qui  sert  à  distinguer  le  bien  du  mal  et  que 
les  «  sages  doivent  apprendre  et  retenir,  et  ceux  qui  ne 
sont  sages  méditer  et  étudier  en  détail,  afin  que  s'ils 
voulaient  faillir,  ce  livro  les  en  empêche.  > 

Cette  double  préface,  dont  nous  publions  le  texte  dans 
nos  Pièces  justificatives,  semble  constituer  la  partie  la 
plus  originale  de  l'œuvre.  Le  reste  n'est  guère  qu'une 
compilation  de  sentences  morales  tantôt  disposées  en 
dialogues  à  peine  esquissés,  tantôt  encadrées  dans  une 

«-•■ 

de  la  ÎUeralura  espanola,  mais  encore  de  plusieurs  renseignements 
qud  réminent  écrivain  a  bien  voulu  nous  donner  par  lettre  avec  la 
plus  gracieuse  obligeance,  et  dont  nous  sommes  heureux  de  le 
remercier. 

^  Ce  maouscril  est  intitulé  :  Lo  Libre  de  Doclrinaf  ainsi  qu'on  peut 
l4  voir  dans  nos  Pièces  justiûcalives,  u»  XVIIl.  Don  José  Maria 
Escudero,  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Madrid,  a  eu  la  bonté  de 
faire  copier  en  entier  pour  nous  ce  précieux  document.  Nous  lui  en 
témoignons  ici  notre  reconnaissance. 


453  LIVBB  lY  ,   CHAPITRE  IV 

ébauche  de  récit,  d'autres  fois  rassemblées  sans  encbal- 
nement  et  sans  ordre.  Dans  Tensemble  informe  de  ce 
livre,  un  examen  minutieux  permet  de  distinguer,  outre 
les  deux  préambules  dont  nous  avons  parlé,  six  parties 
qu'on  croirait  avoir  été  rapprochées  par  un  simple  effet 
du  hasard  ;  ce  sont  : 

1*  La  série  «  des  bons  proverbes  et  des  bons  exemples 
que  les  sages  avaient  écrits  sur  leurs  sceaux  »  ; 

2*  Une  suite  de  dialogues,  dont  les  interlocuteurs  ne 
sont  désignés  que  sous  la  dénomination  générale  de 
philosophes  et  quelquefoisde  <  philosophes  des  Grecs  *  »; 

3*  Un  certain  nombre  de  maximes,  que  Tauteursemble 
attribuer  à  Socrate  ; 

4*"  Le  résumé  d*Qne  lettre  d'Alexandre  à  Âristote  et  la 
réponse  du  philosophe  ; 

5""  La  traduction  d'une  lettre  d'Àristote  à  Alexandre 
renfermant  deux  parties  d'un  traité  sur  les  devoirs  des 
rois  '  ; 

*  Chacun  de  c^s  dialogues  porte  le  titre  de  ajustament,  réunion. 
Quelques-uns  sont  précédés  d'une  véritable  mise  en  scène,  par 
exemple  :  «  Réunion  de  treize  philosophes  des  Grecs  dans  le  doUre 
des  rois.  Et  au  bout  du  cloître  les  cercueils  des  rois  morts  et  sur  les 
cercueils  les  images  des  rois  morts ,  couvertes  d'étoffes  moult  pré- 
cieuses ,  les  capuchons  et  le  tour  des  manches  ornés  d'or,  comme  si 
sur  les  cercueils  étalent  leurs  chairs  bien  faites  et  luisantes.  Pub 
les  philosophes  s'assirent  de  telle  manière  qu'ils  étaient  auprès  des 
rois,  et  ils  dirent  les  uns  aux  autres  :  a  Disons  quelque  chose  de  la 
«sagesse  qui  soit  un  enseignement  et  une  prédication  pour  ceux  qui 
»l'ouîront.  D  Au  milieu  de  ces  dialogues  est  intercalée  une  anecdote 
sur  la  manière  dont  Âristote  enfant  profita  des  leçons  que  Platon 
donnait  à  «  Milaforius,  fils  de  Rafusta,  roi  des  Grecs.» 

3  Cette  partie  est  précédée  d'un  fragment  de  préface,  dans  lequel, 
«Joannicide  Ysach,  celui  qui  a  traduit  ce  livre»,  raconte  qu'il  fat 
chargé  par  le  ^miramomoni  de  chercher  le  livre  écrit  en  lettres 
d'or»,  et  que,  l'ayant  trouvé  dans  un  temple,  grâce  aux  indications 
d'un  sage  ermite,  il  le  traduisit  «du  langage  des  gentils  en  latin  et 


LO  UBBB  DE  LA  SAVIBSA  455 

6"*  Ua  grand  nombre  de  sentences  réunies  pêle-mêle 
sons  la  rubrique  Exemples  de  Socrate. 

A  cette  sixième  partie,  le  copiste  du  manuscrit  de 
Madrid  a  ajouté  une  prédiction  d'éclipsés  pour  les  années 
1290  et  1293,  une  «  oracio  per  V anima  salvar  »  et  huit 
sentences  sur  le  danger  de  révéler  son  secret,  après  quoi 
la  formule  finilo  libro  referamus  gloria  Chrislo  est  venue 
donner  à  cet  exemplaire  l'apparence  trompeuse  d'un 
tout  complet. 

A  TexceptiondeSalomon,  mentionné  dans  le  préam- 
bule, et  de  deux  ou  trois  autres  personnages,  dont  les 
noms  méconnaissables  ont  conservé  cependant  quelques 
traces  de  physionomie  hébraïque  ou  arabe,  les  sages 
nommés  dans  ce  livre  appartiennent  tous  à  l'antiquité 
païenne,  ce  qui  n'empêche  pas  qu'un  grand  nombre  des 
maximes  qu'on  leur  prête  ne  portent  l'empreinte  arabe, 
juive  et  chrétienne  ^ 

L'aspect  général  du  Libre  de  la  Saviesa  est  celui  d'un 
assemblage  provisoire  de  matériaux  qui  devaient  servir 
plus  tard  à  la  composition  d'un  ouvrage.  L'auteur  avait 
pris  pour  modèles  de  son  travail,  resté  inachevé,  des 
recueils  analogues  juifs  et  arabes,  assez  nombreux   e 

du  latin  en  hébreu.»  Joannici  de  Ysach  est,  sans  doute,  PÂrabe 
nestorien  Honaïn  ben  Ishak,  qui  vivait  au  IX«  siècle  et  fut  choisi 
par  les  premiers  khalifes  abbassides  pour  traduire  en  arabe,  et  non 
en  hébreu,  les  ouvrages  scientifiques  des  Grecs.  On  lui  doit  un  livre 
Intitulé  :  ApophUiegmala  philosophorum,  auquel  le  Libre  de  la  Saviesa 
a  dû  faire  de  nombreux  emprunts.  (Voy.  À.  Heifferich,  Raymund  Lull 
und  die  Anfange  der  catalanischen  Lileratur.  Berlin,  1858) 

*  Ainsi  on  peut  lire  sous  la  rubrique  Exemples  de  Socrate,  une 
recommandation  de  dire  les  grâces  après  le  repas,  et  des  pensées  du 
genre  de  celle-ci  :  «  C'est  chose  périlleuse  pour  Thomme  que  de  vivre 
dans  un  état  où  il  ne  voudrait  pas  être  au  moment  de  sa  mort  »  ;  ou 
bien  :  «  Prenez  garde,  pour  les  choses  de  la  terre,  de  ne  pas  perdre 
ceUes  du  ciel.  » 


454  LlfBE  IT,   CfiAMTBK  IT 

Espagne,  OÙ  ils  avaient  introduit  et  popularisé  i^usage  des 
sentences  et  des  proverbes.  Dès  le  règne  de  Fernand  III, 
la  langue  castillane  avait  donné  le  Lihro  de  los  docesabios 
on  tractado  de  la  noblença  et  lealtança  et  les  Flore»  de 
Filosofia.  Sous  Alfonse  X,  on  avait  vu  paraître  el  Bo- 
nium  ^  ou  Bocados  de  oro  et  Poridat  de  Poridades  *  on 
Ensenamiento  et  castigos  de  Alexandre^.  Le  Libre  de  la 
Saviesa  procède  des  mêmes  origines  que  ces  imitations 
ou  traductions  de  traités  orientaux.  Il  ne  serait  pas  impos- 
sible que  Fauteur  catalan  eût  misa  profit  les  travaux  faits 
en  Gastille,  se  dispensant  ainsi  de  recourir  aux  origi- 
naux ;  mais  il  est  plus  probable  que  Jacme  a  été  aidé  par 
des  docteurs  juifs,  chargés  de  recueillir  les  matériaux 
de  son  livre  dans  les  écrits  hébreux  et  arabes. 

On  sait  tout  ce  que  le  progrès  intellectuel  doit  à  la  race 
juive.  La  littérature  rabbi nique,  qui  contribua  à  la  For- 
mation de  la  langue  nationale  de  la  Gastille,  exerça,  selon 
toute  apparence,  une  action  analogue  dans  les  pays  cata- 
lans. C'est  à  elle  que  Ton  peut,  croyons-nous,  rattacher 
jusqu'à  un  certain  point  le  Libre  de  la  Saviesa.  Il  n'est 
pas  trop  téméraire  de  supposer  qu'un  rabbin  prit  une 
part  assez  active  à  la  composition  de  ce  recueil  ;  car  un 
docteur  nommé  Rabbi  Jona  fut  chargé  par  le  roi  Jacme 
d'écrire  deux  traités,  l'un  sur  la  Crainte  de  Dieu,  Tautre 
destiné  «à  instruire  les  hommes  des  devoirs  de  la  religion 

^  C'est  le  nom  du  héros  de  la  action  dans  laquelle  sont  encadrés 
les  préceptes  des  philosophes.  El  Bonium  est  Panagramme  de  Muy 
ndbU;  Tautcur  de  la  iraduction  a  voulu  sans  doute  désigner  le  roi 
Âlfonse  X. 

3  Secret  des  secrets. 

*  Voy.,  pour  les  quatre  ouvrages  qui  paraissent  avoir  servi  de 
modèles  à  Jacme  P*',  Amador  de  los  Bios,  Hisioria  critiea  de  la  Hle- 
ratura  espanola,  t.  III,  chap.  viiiet  x. 


et  de  la  piété  ^  »  Dans  les  ouvrages  de  ce  genre,  le  rôle 
des  rabbiûs  se  borbàit  probablement  &  rassembler  et  à 
traduire  les  passages  des  écrits  en  langues  orleU taies  ^ui 
se  rapportaient  àa  sujet  proposé  ;  des  clercs  faisaient  un 
travail  analogue  sur  les  textes  chrétiens  k  et  de  ceâ  maté*" 
riàat  combinés  sortait  l'œnTrè  définitive.  Tel  est  le  pr6' 
cédé  appliqué  sans  doute  au  Libre  de  Ui  SàvièBây  dont  itt 
rédaction,  telle  qu'elle  est  arrivée  jusqu'à  nous,  peut  être 
attribuée  sans  invraisemblance  à  Jacme  le  Ck)nqdéraut. 
Ainsi  s'6]iplique  la  présence  de  maximes  chrétiennes  au 
milieu  de  citations  des  moralistes  païens,  juifs  oU  musul- 
mans ;  ainsi  se  concilient  Taffirlnation  du  roi,  qui  se 
donne  comme  Tauteur  du  livre  ;  et  Térudition  êteùdUU 
que  suppose  un  pareil  travail*. 

Quoiqu'on  en  ait  dit,  d'ailleurs,  Jactae  n'était  pas 
dépourvu  d'instruclito.  Rien  ne  proure,  il  enivrai,  qu'il 
ait  eu  pour  précepteur  Ramon  de  Pen jafort  on  Pierre  dé 
Nolasque.  Jeté  dès  son  enfance  dans  la  vie  active,  il  dut 
recevoir  une  éducation  plus  négligée  encore  que  celle  défS 
princes  ses  contemporains;  mais  sa  haute  intelligence  et 
ractivité  dé  son  esprit  lui  permirent  d'acquérir  par  lui« 
ttiéme  ce  que  des  maîtres  n'avaient  pu  lui  donner.  Par  la 
lecture  des  livres  saints,  par  ses  conversations  avec  IM 
religieux,  les  savants  et  les  poètes  dont  il  aimait  à  s'eU^ 
tourer,  il  put  se  créer  un  fonds  de  connaissantes  litté*> 
raires  et  scientifiques  dont  il  savait  faire  usage  à  propos. 

<  Ce  dernier  ouvrage  fut  composé  vers  4264.  Voy.  Bariholoccius, 
Bmiaffieca  raèhinica,  el  Basmge^  HUi.  desivifs,  Hv.  IX,  dh«p.  XVII, 

Me. 

*Viltarroya  {Coleccian  à»  carias**,^  p.  S)  ne  peut  admettre  que 
laeme  ait  éeril  un  ouvrage  qui  nécessite  une  si  grande  Instruction. 
Cet  argument,  le  seul  que  Pauteur  des  Garta»  hisioriofhorUicat  tenee 
à  Tadresse  du  Libre  de  la  Saviesa,  n'a  pas,  comme  on  le  voit,  uite 
bien  grande  portée. 


456  LITRE  IV,  GHÀPiniB  lY 

Il  est  peu  de  ses  discours  qui  ne  commencent  par  un  teite 
latin,  le  plus  souvent  emprunté  aux  Écritures  <  qu'il 
savait,  dit  naïvement  un  chroniqueur,  par  don  spécial  du 
Saint-Esprit,  de  lui-même  et  sans  maîtres,  si  bien  qu'il 
prêchait  à  toutes  les  fêtes  de  Tannée ,  citant  à  chaque 
instant  les  textes  sacrés  comme  eut  pu  le  faire  le  meilleur 
maître  de  théologie  ^  > 

On  n'attribue  généralement  au  Conquistador  que  la 
Chronique  et  le  Libre  de  la  Saviesa;  nous  croyons  cepen- 
dant que  le  code  de  Valence  doit  compter  parmi  les 
œuvres  qui  témoignent  des  efforts  de  ce  prince  en  faveur 
de  la  langue  catalane.  Les  Fur^  ont  été  trop  peu  connus 
jusqu'ici  pour  qu'on  ait  pris  garde  à  la  diversité  des 
matières  qu'ils  embrassent,  aux  difficultés  qu'il  a  fallu 
surmonter  pour  donner  à  leurs  articles  le  degré  de  préci- 
sion et  de  clarté  nécessaire  à  un  travail  de  réformation 
législative.  En  effet,  bien  différent  d'une  charte  commu- 
nale, qui  transforme  d'ordinaire  en  loi  écrite,  avec  plus 
ou  moins  de  bonheur,  quelques  usages  déjà  connus ,  ce 
recueil  prévoit  presque  toutes  les  questions  de  droit  et 
leur  donne  parfois  une  solution  inattendue,  qui  demande 
à  être  nettement  comprise.  Les  Furs  ne  sont  pas,  au 
même  titre  que  les  Partidas,  une  œuvre  littéraire;  mais 
ils  ont  leur  place  marquée  dans  l'histoire  de  la  langue 
catalane.  L'analyse  que  nous  en  avons  faite,  et  le  frag- 
ment que  nous  en  publions  dans  nos  Pièces  justificatives  ', 
permettent  d'en  avoir  une  idée  générale.  Il  nous  suffira 

*  Le  vieil  historien  auquel  nous  empruntons  ces  lignes  ajoute  : 
a  Et  jamais  il  ne  voulut  entendre  messe  sous  un  dais;  au  contraire, 
il  restait  tout  le  temps  agenouillé  à  deux  genoux  loin  de  l^autel, 
comme  indigne,  et  il  empochait  que  ceux  de  sa  maison  n'ouïssent 
la  messe  comme  les  femmes  dans  les  tribunes  grillées.  »  (Carbonell, 
Chroniques  de  Ëspanya.) 

»  No  VIII. 


LES  LBTTRE8  SOUS  JÂGME  I*'  457 

de  faire  remarquer  ici  que  le  roi  a  évidemment  pris  à 
leur  rédaction  une  part  au  moins  aussi  active  qu'à  celle 
du  Libre  de  la  Saviesa. 

Après  les  premiers  essais  de  Jacme  pour  ériger  le  cata- 
lan en  langue  officielle  et  littéraire,  il  y  eut  un  moment 
d'hésitation  et  de  résistance.  Les  gens  du  palais,  des 
écoles  et  des  chancelleries ,  qui  formaient  comme  un 
monde  à  part,  initié  aux  mystères  du  langage  abâtardi 
qu'on  décorait  du  nom  de  latin,  ne  purent  se  décider  à  se 
servir  de  la  langue  rude,  mais  pleine  de  sève,  que  le  vul- 
gaire employait,  et  qu'un  roi  venait  d'élever  jusqu'à  lui. 
Nous  avons  vu  que  Jacme  ne  put  contraindre  les  avocats 
à  plaider  en  «romançV  >  Les  livres  des  savants  et  les  actes 
mêmes  de  la  chancellerie  royale  continuèrent  à  être  écrits 
en  latin.  Cependant  l'exemple  donné  par  le  Conquis» 
tador  ne  pouvait  manquer  de  porter  ses  fruits. 

Ce  furent  d'abord  les  marins  catalans  qui,  avec  leurs 
Costumes  de  la  maty  donnèrent  le  premier  travail  de 
quelque  étendue  qui  ait  suivi  les  œuvres  royales  ;  mais,  à 
cette  exception  près,  il  faut  aller  chercher  hors  des  limites 
du  règne  de  Jacme  P'  les  émules  de  l'illustre  écrivain  du 
Commentari.  Bernât  d'Esclot,  Ramon  Muntaner,  Rabbi 
Jahuda  ben  Astrug,  sont  ses  contemporains ,  mais  ils 
n'écrivent  que  sous  ses  successeurs.  Les  chroniques  des 
deux  premiers  '  ne  font  pas  oublier  les  qualités  atta- 
chantes de  la  Chronique  de  Jacme,  et  le  recueil  des 
«  paroles  des  sages  et  des  philosophes  >  extraites  des 


*  Voy.  ci-dessus,  p.  237,  noie  2. 

3  Nous  avons  donné  dans  notre  tome  I  (Appendice,  p.  428)  un 
jugement  comparatif  sur  ces  deux  chroniques,  diaprés  VEssai  sur 
Vhisloire  de  la  littérature  catalane  de  M.  Cambouliù.  Voy.  aussi  Ama- 
dor  de  los  Rios,  Historia  critica  de  la  literalura  espanola»  t.  IV# 
cbap.  XV. 


4Sê  LtTRfe  IV,   CHlMtAÉ  IT 

livres  arabes  par  •  Jahada,  jaif  de  Barcelone,  flii  d'M 
Àstrug  de  Bonsenyor  > ,  n*est  gaëre  sapérieur  pour  U 
langue  aa  Libre  de  la  Saviesa  ^ 

Sous  Jacme  I*',  la  littérature  catalane  a  fourni  setile- 
ment,  outre  les  œuvres  royales,  quelques  pièces  de  Vers, 
dont  les  seules  connues  de  nos  jours  ont  pour  auteùf  lé 
philosophe  Ramon  Lull. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  Tidiome  poétiqne  dû 
XIII*  siècle  était  le  provençal  des  troubadours.  Toutes 
les  cours  de  l'Europe  avaient  entendu  résonner  cette 
langue  harmonieuse  ;  plusieurs  princes  de  la  maisoil  de 
Barcelone  s*étaient  essayés  à  la  modeler  en  cansof. 
Quoi  qu*on  en  ait  dit,  le  conquérant  de  Valence  ne  parait 
pas  avoir  imité  en  cela  son  père  et  son  aïeul.  Mais,  à  leur 
exemple ,  il  combla  de  faveurs  les  poètes  qui  venaient 
chercher  un  asile  dans  ses  États,  étendant  sa  généreuse 
protection  sur  ceux-là  mômes  qui  Pavaient  le  plus  vive- 
ment attaqué  dans  leurs  sirventes.  Il  est  peu  de  trouba- 
dours de  ce  temps  dont  les  œuvres  ne  touchent  à  This- 
toire  de  Jacme  I*'  V  Tomiers  et  Palazis,  Guillem  de  Mon- 


*  Quelques  auteurs  ont  confondu  le  recueil  de  Jahuda  avec  le  Libre 
de  la  Saviesa,  Les  deux  ouvrages  se  trouvent  réunis  à  la  bibliothèque 
nationale  de  Madrid,  dans  le  même  manu<tcri(  (in-f«  L.  S).  Le  pre^ 
roier  commence  au  f<»  83.  Il  y  est  dit  expressément  quUl  a  été  Gom- 
posé  par  les  ordres  de  a  en  Jacme,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  d*ÂragOD, 
de  Sicile,  etc.  »,  c'est-à-dire  de  Jacme  II.  Il  est  possible,  d^ailleurs, 
que  Jatinda  ait  travaillé  au  Libre  de  la  Saxnesa,  et  qo^îl  ait  été 
employé  par  Jacme  le  Conquérant  à  traduire  des  écrivains  arabes, 
ainsi  qu'on  l'a  avancé  en  se  fondant  sur  une  simple  tradition. 

3  Les  troubadours,  dans  leurs  rapports  avec  l'Espagne,  font  Pobjet 
de  Pétude  intéressante  de  don  Manuel  Mila  y  Fontanalf,  que  nous 
avons  mentionnée  plusieurs  fois.  Nous  ne  saurions  mieux  faire  que 
d'y  renvoyer  le  lecteur.  En  éclairant  Thistoire  littéraire  de  la  langue 
d'Oc  par  l'histoire  politique  de  sa  patrie,  le  savtint  professeur  dé 
Barcelone  a  rectifié  en  bien  des  points  importants  les  écrivains  4^ 


LË8  ÏROtBADOtRft  4S9 

tâgnagol  *,  Bernard  de  Rovenhac,  Bertrand  de  Born  le 
fils,  Durand  de  Pernes,  Boniface  de  Castellane,  Bernât 
Sicart  de  Marjévols,  Sordello,  Guillem  Anelier,  Arnalt 
Plaguès,  Elias  Cairel,  Ganbert  de  Puegsibot,  Aimeric  de 
Belenoi,  Nat  de  Mons,  Guiralt  Riquier,  Pierre  Bosô, 
Mathieu  de  Quercy,  tous  nés  hors  de  la  Péninsule,  ont 
nommé  dans  leurs  vers  le  roi  d'Aragon,  les  uns  pour  louer 
ses  hautes  qualités,  les  autres  pour  censurer  sa  conduite  ; 
ceux-ci  pour  se  faire  gloire  de  compter  au  nombre  de  ses 
vassaux,  ceux-là  pour  implorer  ses  bienfaits.  Mais  Uù 
nom  domine  cette  foule  poétique ,  c'est  celui  du  fameux 
Pierre  Cardinal,  qui,  par  la  vigueur  et  Toriginalité  de  ses 
satires,  a  mérité  d'être  appelé  le  Juvénal  du  XIII*  siècle. 
«Il  fut,  dit  un  de  ses  biographes,  moult  honoré  et 
récompensé  par  monseigneur  le  bon  roi  Jacme  d'Ara- 
gon. >  Le  souverain  admit  le  poëte  à  une  telle  intimité, 
que  souvent,  assure  la  tradition,  le  lit  de  Pierre  Cardi- 
nal fut  dressé  dans  la  chambre  royale. 

Les  troubadours  d'outre-Pyrénées  avaient  dans  les 
pays  catalans  des  émules  qui  cultivaient  la  poésie  pro^ 
vençale.  Tels  étaient  Guillem  de  Cervera,  Arnalt  Catalan, 
Guillem  de  Murs,  Serveri  de  Girone,  Olivier  le  Templier. 
Mais  la  langne  des  troubadours,  née  dans  la  France  méri- 
dionale ,  dépérissait  avec  la  nationalité  dont  elle  était 
l'organe  ;  l'idiome  catalan,  au  contraire,  vigoureux  et 

ravalent  précédé.  Ainsi  nous  avons  dû,  diaprés  ses  indications, 
retrancher  de  la  liste  des  poêles  contemporains  de  Jacde  t«^,  tiuUletn 
de  Bergadan  et  Hugues  de  Mataplana. 

*  Un  Guillem  de  Montaynagol,  qui  n'est  probablement  pas  différent 
du  poêle  de  ce  nom,  reçut  des  biens  à  Valence,  lors  de  la  réparlî- 
Uon.  Ferrand,  jongleur,  ei  B.  Carbonell,  figurent  aussi  dans  le  repar- 
limienlo.  Ce  dernier  pourrait  bien  être  le  troubadour  Bertran  Car- 
bonell, conleraporain  de  Jacme,  mais  qui  cependant  ne  parle  dd  ce 
prince  dans  aucune  de  ses  pièces  que  nous  connaissions. 


460  LIYBB  IT ,  CHAPITRE  IT 

jeune,  en  tant  que  langue  écrite,  plus  apte  à  interpréter 
les  idées  nouvelles,  réclamait  sa  place  dans  le  domaine  de 
la  poésie.  Si  Jacme  n'a  pas  travaillé  lui-même  à  la  lui 
faire,  il  a  évidemment  encouragé  tous  les  efforts  tentés 
dans  ce  sens. 

Les  premiers  vers  catalans  dont  Tauteur  soit  connu, 
portent  le  nom  de  Ramon  LuU.  On  sait  que  l'ardeur  des 
passions  avait  troublé  les  jeunes  années  de  l'austère  phi- 
losophe ;  c'est  là  peut-être  le  seul  fondement  de  l'opinion 
qui  lui  attribue  des  poésies  erotiques,  dont  il  ne  resterait 
d'ailleurs  aucunes  traces.  Parmi  ses  vers  religieux  ou  phi- 
losophiques, quelques-uns  seulement  paraissent  avoir  été 
composés,  au  temps  de  Jacme  V  \  Ils  constituent  à  peu 
près  tout  le  bagage  de  la  poésie  catalane  sous  ce  règne  '  ; 
mais  ils  suffisent  à  démontrer  que  l'idiome  du  comté  de 
Barcelone  naquit  à  la  pleine  vie  littéraire  sous  le  prince 
qui  a  écrit  le  Commentaris  les  Furs  et  le  Libre  de  la 
Saviesa. 

Du  reste ,  la  langue  vulgaire  n'eut  pas  seule  le  privi- 
lège d'attirer  les  faveurs  de  Jacme  r%  malgré  la  sympa- 
thie particulière  qu'elle  inspira  à  ce  roi.  Le  latin,  langue 

*  Don  Geronimo  RosseilOi  écrivalo  et  poëte  mayorquin,  a  donné 
en  1859  une  édition  des  poésies  de  Ramon  Lull,  accompagnée  de 
nof^s  intéressantes  sur  la  vie  et  les  œuvres  du  célèbre  auteur  deVArs 
magna.  On  doit  aussi  à  M.  Rossello  une  Biblioteca  Luliana,  restée 
manuscrite,  croyons-nous,  mais  que  M.  Âmador  de  los  Rios  men- 
tionne quelquefois  dans  son  HUloria  critica  de  la  literatura  espanolay 
t.  IV,  chap.  XV. 

2  Muntaner,  auteur  d'un  discours  en  deux  cent  quarante  vers  sur 
la  conquête  de  la  Sardaigne,  adressé  au  roi  Jacme  II,  et  Jaume 
Febrer,  qui  composa,  sur  la  demande  de  Pierre  III,  les  Trobasdels 
linatges  de  la  conquista  de  Valencia^  ne  peuvent  être  comptés  parmi 
les  poètes  du  temps  de  Jacme  le  Conquérant,  bien  qu'ils  aient  vécu 
sous  le  règne  de  ce  prince.  Nous  parlerons  de  l'ouvrage  de  Febreré 
la  note  À  de  PÂppendlce. 


UNITER81TBS  ET  ÉCOLES  461 

internationale  et,  par  conséquent,  langue  scientifique  par 
excellence,  était  à  peu  près  seul  en  usage  dans  les  écoles 
que  Jacme  lui-même  avait  créées.  Deux  centres  princi- 
paux d'enseignement  doivent  leur  existence  au  Conquis- 
tador. L'un,  établi  à  Lérida,  était  une  université  ou, 
comme  on  disait  alors,  une  «  étude  générale  »  (studi  gêne- 
rai, générale  studium  *J.  On  y  professait  le  droit  canon, 
le  droit  civil  et,  probablement  aussi,  les  arte,  c'est-à-dire 
la  grammaire  et  la  dialectique.  Nous  ne  pensons  pas  que 
la  théologie  et  la  médecine  fussent  comprises  dans  ren- 
seignement de  Tuniversité  de  Lérida.  À  Valence,  Jacme 
institua  un  studium  qui  ne  parait  avoir  été  qu'une  école 
de  théologie  annexée  à  la  cathédrale  de  cette  ville.  Inno- 
cent lY  félicita  vivement  le  roi  d'Aragon  de  cette  créa- 
tion, et  dota  l'école  de  Valence  de  privilèges  importants  '. 
Montpellier  était  le  centre  enseignant  le  plus  considé- 
rable dépendant  de  la  couronne  aragonaise  ;  c'était  aussi 
Ton  des  plus  renommés  de  l'Europe.  On  sait  de  quel 
éclat  brillaient  déjà  sous  les  Guillem  ses  Écoles  de  méde- 
cine et  de  droit.  La  Faculté  des  arfo'  y  prit  de  l'impor- 

*  Il  semble  résulter  d^un  passage  de  Zurita  {Anales»  lib.  V, 
c&p.  XLiv)  que  Jacme  II  aurait  créé  PUniversité  de  Lérida,  tandis 
qu'en  réalité  ce  roi  n'en  fut  que  le  réorganisateur,  ainsi  que  cela 
résulte  implicitement  des  termes  d'un  privilège  de  Pan  4300,  publié 
par  M .  Massot-Reynier  dans  l'appendice  des  coutumes  de  Perpignan. 
Une  loi  de  Philippe  II,  insérée  dans  les  Constitutions  de  Catalogne 
(vol.  I,  lib.  II,  tit.  Yui,  const.  1),  attribue  expressément  la  fondation 
de  rUniversité  de  Lérida  à  Jacme  le  Conquérant. 

3  Privilèges  de  Valence,  f»ccxxxYiu,  n*  45;  Raynaldi,  Annales 
eccles,^  ad.  ann.  4245,  n^  76. 

'  M.  Fauciilon ,  membre  de  la  Société  archéologique  et  de  l'Aca- 
démie des  sciences  et  lettres  de  Montpellier,  a  publié  l'histoire  de 
l'École  de  droit  et  celle  de  la  Faculté  des  arts  de  cette  ville.  Pour 
l'École  de  médecine,  voy.  Astruc^  Mémoires  pour  servir  à  VHisloire 
de  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier, 


tance  au  Xlir  siècle  par  les  soins  de  Tévéqne  de  Hague* 
lone  Jean  de  Monllaur,  car  personne  n*ignore  qu*à  cette 
époque  tout  enseignement  était  placé  sons  la  dépendance 
directe  de  raatorilé  ecclésiastique.  Jacme  V  essaya  de 
faire  intervenir  le  pouvoir  laïque  dans  la  nomination  des 
professeurs,  principalement  de  ceux  de  TËcole  de  droit, 
dont  les  doctrines  pouvait  exercer  une  si  grande  ia*^ 
fluencesur  lesquestions  politiques.  Un  maître  nommé  par 
lui,  G.  Seguer,  fut  excommunié  par  Tévéque  de  Magne- 
lone,  et  le  pape  Clément  IV,  approuvant  la  conduite  du 
prélat,  reconnaît  celui-ci  comme  principal  chef  de  TUni- 
versité,  <  episcopmest  capiU  studii  principale^  »  Malgré 
le  principe,  le  pouvoir  royal  avait  une  grande  influence 
sur  les  écoles  de  la  Péninsule;  mais  à  Montpellier,  ou  le 
roi  comptait  pour  si  peu,  même  dans  Tordre  politique,  il 
u*est  pas  étonnant  de  le  voir  rarement  mêlé  aux  questions 
d'enseignement.  Nous  ne  connaissons  en  ce  genre  qu'un 
seulacle  de  Jacme  l"  :  c'est  son  privilège  de  l'année  1272, 
qui  réglemente  l'exercice  de  la  médecine  dans  saseignea* 
rie  languedocienne  '. 

L'importance  de  l'Université  de  Montpellier  et  la  créa- 
tion de  celle  de  Lérida  n'empêchèrent  pas  les  étudiants 
des  pays  aragonais  d'aller  compléter  leur  instruction  à 
Toulouse,  à  Paris  et  en  Italie.  On  accourait  surtout  dans 
les  écoles  italiennes,  et  particulièrement  à  Bologne, 
pour  y  puiser  dans  les  leçons  de  maîtres  renommés  les 
vrais  principes  de  la  jurisprudence  romaine. 

Si  maintenant  nous  embrassons  du  regard  l'ensemble 
des  principales  sciences  cultivées  à  cette  époque,  il  nous 
sera  facile  de  nous  convaincre  qu'aucune  d'elles  n'est 
restée  stationnaire  sous  le  règne  de  Jacme  ¥\  La  démon* 

*  Martèneet  Durand,  Thésaurus  novus  anecdot.,  t.  Il,  col.  603. 
'  Germain,  Histoire  de  la  commune  (k  Montpellier,  i.  Ul,  p.  4^7. 


LES  QGIEPrCES  SOUS  MGME  I*'  46? 

strfttioQ  pourrait  paraître  superflue  en  ce^qui  touche  ^  la 
théologie.  Ce  u'est  pas  au  Xlir  siècle ,  au  temps  de  saiut 
Sonaveuture  etde saiotTboipasd*Âquin,  au  momentoù  les 
QFdresde  Saint-François  etde  Saint-Dominique  brillaient 
de  toute  leur  splendeur,  que  cette  science  put  déchoir 
quelque  part  dans  la  chrétienté?  Mais,  en  Espagne,  les 
conférences  publiques  pour  la  conversion  des  juifs  et  des 
Musulmans  donnèrent  une  physionomie  tonte  particulière 
à  la  controverse  religieuse.  Frère  Paul,  Ramon  Martin, 
auteur  du  Pugio  fidei^  Ramon  de  Penyafort,  étaient 
les  principaux  athlètes  de  ces  joutes,  auxquelles  le  roi 
lui-même,  nous  Tavons  vu  \  ne  craignit  pas  de  se  mêler. 
Les  frères  prêcheurs  et  les  frères  mineurs  d'un  côté; 
4ç  Tautre,  les  écrits  d'Ârislote  et  de  ses  nombreux  com- 
mentateurs, répandus  dans  la  Péninsule  par  les  Arabes  et 
traduits  par  les  juifs,  entretiennent  le  goût  des  éludes 
philosophiques,  et  font  naître,  vers  lafmdu  règne  qui 
nous  occupe,  les  doctrines  du  savant  et  vertueux  Ramon 
Lull  *.  Mais,  avec  le  bon  sens  qui  dirige  toutes  ses  actions, 
Jacme,  laissant  àTécole  les  discussions  abstraites,  s*at- 

*  Yoy.  ci«dessus,p.  381. 

«  Unérudit  roayorquin,  M.  le  docteur  Fernando  Weylery  Lavina, . 
ohef  de  service  de  la  santé  militaire  dans  l^s  îles  Baléares  j  a  publié 
dernièrement  sous  le  titre  de  Raimundo  Lulio  jusgadopor  si  mismot 
un  volume  qui  aUeste  de  sérieuses  et  intelligentes  études.  M.  Weyier, 
rendant  la  justice  qui  est  due  aux  vertus  et  aux  intentions  élevées  de 
l'homme,  ne  trouve  guère  dans  les  œuvres  du  philosophe,  du  savant 
et  4e  récrivain  que  a  des  combinaisons  par  trop  subtiles  et  obscurçs, 
des  prétentions  exagérées  ,  des  conceptions  triviales,  puériles  et 
parfois  ridicules,  un  langage  vulgaire....  »  De  plus  compétents  que 
nous  pourront  apprécier  la  valeur  de  ce  jugement  sévère;  il  suffit  à 
n^re  làohe  de  constater  que  les  doctrines  de  l'auteur  de  VArs  magna, 
auxquelles  on  ne  peut  refuser  une  large  place  dans  Phistoire  du  déve- 
loppement de  Tesprit  humain,  se  sont  produites  pour  la  première 
toi$  d9n$  les  Ëlats  de  Jacme  i*'*,  vers  4272.  Ramon  LuU  avait  été, 
dit-on,  dans  sa  jeunesse,  m^ordome  du  palais  du  roi  d'Aragpn. 


464  LITRE  IV,  CHAnTRE  IT 

tache  à  vaigariser  ceqa'il  y  a  de  réellement  pratique 
daDS  les  enseignements  des  philosophes,  c'est-à-dire  les 
préceptes  de  la  morale.  Ace  genre  de  travaux  se  rattache 
le  ModiÂ8  jmtè  negoUandi,  traité  de  morale  appliquée 
au  commerce,  dont  Tautenr  est  saint  Ramon  de  Penya- 
fort*. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  revenir  sur  la  jurispru* 
dence  après  les  chapitres  que  nous  lui  avons  consacrés. 
L*histoire  des  institutions  judiciaires  doit  à  Vital  de 
Ganellas  un  ouvrage  connu  sous  le  nom  de  livre  In  Ex- 
cekis*^  dont  quelques  fragments  ont  été  sauvés  de  Toubli 
par  les  Commentaires  de  Blancas. 

La  célébrité  de  TÉcole  de  Montpellier ,  le  grand 
nombre  d'écrits  scientifiques  d'origine  arabe  ou  juive  qui 
circulaient  en  Espagne,  le  voisinage  de  la  Castille,  où  ud 
roi  savant  donnait  une  impulsion  extraordinaire  à  l'en- 
semble des  connaissances  humaines,  sont  des  indices 
suffisants  de  l'état  relativement  avancé  dans  lequel  se 
trouvaient  sous  Jacme  V  les  sciences  médicales,  physiques 
et  mathématiques.  Deux  noms  illustres  se  rattachent  à 
ces  études  dans  les  pays  aragonais,  c'est  celui  de  Ramon 
Lullet  celui  de  son  maître  Arnaud  de  Villeneuve,  né  selon 
les  uns  en  Catalogne,  selon  les  autres  au  petit  village  de 
Villeneuve-lez-Magueloue,  près  de  Montpellier. 

L'impression  que  laisse  à  l'esprit  l'étude  d'ensemble  à 
laquelle  nous  avons  consacré  ce  chapitre ,  c'est  que  le 
régne  de  Jacme  le  Conquérant  doit  être  rangé  au  nombre 
de  ceux  qui  caractérisent  le  plus  nettement  cette  ère  de 
progrès  général  et  de  transformation  sociale  que  l'on 
appelle  le  Xlir  siècle,  époque  féconde  qui  a  fait  luire  sur 

*  Gapmaoy,  Meniorias..  X.  I,  part,  ii,  p.  28. 

*  On  a  donné  pour  titre  à  Touvrage  les  premiers  mots  du  préam- 
bule qui  débute  ainsi  :  In  excelsis  Dei  thesauris. 


PROSPÉRITÉ  DES  PATS  ARAG05AIS  465 

la  vieille  Earope  l*aarore  de  la  civilisation  moderne. 
Sage  législation,  qu'anime  le  sonrfle  de  la  liberté,  où 
l'égalité  commence  à  se  faire  jour,  où  la  royauté  n'a 
encore  introduit  que  sa  force  régulatrice  et  non  ses  tyran- 
niques  abus  ;  administration  supérieure  à  celle  de  la  plu- 
part des  États  voisins  S  grâce  aux  principes  qui  la  ré- 
gissent et  à  la  sagesse  qui  dicte  au  souverain  le  choix  de 
ses  agents  ';  commerce  prospère  ;  richesse  publique  rela- 
tivement florissante  en  certains  points  du  territoire  ; 
mouvement  intellectuel  fortement  accusé,  voilà  ce  que  les 
pays  de  la  couronne  d'Aragon  doivent  au  plus  grand  de 
leurs  rois.  Si  l'on  joint  à  ces  avantages  la  loyauté,  la 
franchise,  la  cordialité  des  mœurs  aragonaises  et  cata- 
lanes, la  beauté  du  climat  sur  les  riantes  plages  que  baigne 
la  Méditerranée,  on  ne  sera  pas  surpris  de  voir  des  habi- 
tants de  toutes  les  parties  du  monde  civilisé  venir  de- 
mander à  ces  belles  et  industrieuses  contrées  l'espérance 
d'an  brillant  avenir  ou  l'oubli  d'un  passé  malheureux. 
Nous  ne  parlons  pas  seulement  de  ceux  que  l'appât  de 
la  conquête  attira  à  Mayorque  ou  à  Valence,  mais  aussi 

*  Notamment  à  celle  de  la  Castille.  (Voy.  Lafuente.  Hist.  geiheral 
de  Sspana^  part.  II,  lib.  II,  cap.  43,  g  4.) 

*  c  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  jamais  eu,  ditCarbonell,  un  roi  autant 
aimé  de  son  peuple  que  le  fut  celui-ci.  Car  il  craignait  Dieu,  U  trai- 
tait ses  vassaux  moult  humainement  et  avec  amour,  il  leur  donnait 
force  libertés  et  franchises,  et  il  prenait  bien  garde  à  qui  il  accordait 
les  dignités  et  les  emplois  dans  ses  royaumes  et  terres.  D'abord  il 
examinait  avec  soin  la  vie  do  la  personne  à  qui  il  confiait  direction 
ou  administration ,  et  souvent  il  advenait  que  tel  avait  dignité , 
emploi  ou  bénéfice  qui  ne  le  pensait  point.  Il  les  payait  et  ne  voulait 
pumt  donner  ces  charges  à  hommes  vicieux  ou  de  mauvais  re- 
nom ou  de  qui  il  reçut  de  Targent.  Et,  ainsi,  les  dignités  et  les  em- 
plois restaient  en  tout  temps  dans  les  mains  de  vertueuses  etbonnes 
personnes,  et  chacun  alors  s'étudiait  à  être  bon  et  vertueux  et  les 
choses  publiques  étaient  mieux  régies.» 

T.  n.  30 


466  LITRE  IV,   CHAPITRE  19 

de  ces  marchands  étrangers  qai  sollicitent  Tbonneulr 
d'être  admis  an  nombre  de^  citoyens  de  Barceloïie^;  de 
ces  princesses  auxquelles  les  troubles  politiques  eût  ràti 
une  couronne,  et  qui  trouvent  l'accueil  le  pluscbeya- 
lercsque  dans  les  Etats  du  généreux  souyeraiû.  Irène, 
fille  de  Théodore  Lascaris  le  Jeune,  et  veuve  de  Guiîlaume 
Pierre,  comte  de  Vintimille;  Constance,  sœur  de  Maû- 
fred,  roi  de  Sicile,  et  veuve  de  Jean  Vatace,  empereur 
de  Nicée  \  vinrent  également  se  réfugier  àTombre  dn 
trône  d'Aragon,  et  reçurent  de  riches  domaines*.  Il 
semblait  que  les  Majestés  déchues  ne  pussent  pas  trouver 
un  asile  plus  digne  d'elles  qu'un  pays  dont  les  souverains 
se  glorifiaient,  selon  les  expressions  dû  moine  Fab^icio^ 
d'avoir  pour  sujets  des  rois  et  non  des  esclaves. 


*  Ainsi,  en  4263,  Guillem  Borrel,  de  Narbonne  ,  est  reçu  citoyen 
et  marchand  de  Barcelone.  (Archives  d-Àragon,  Parch.  de  Jacme  K 
n»«  4742  el  4752.) 

^  Voy.  Zurila,  Anales,  lib.  III,  cap.  LXXV;  Indices,  ad.  ann.  4269; 
—  Diago,  Anales  de   Valencia,  Jib.  VII ,  cap.  59. 

'  Les  archives  d'Aragon  (Reg.  XXXV,  f-  46  et  49  et  Reg.  XXXVIl, 
f°  69)  contiennent  des  donations  en  faveur  de  Constance,  «  impéra- 
trice des  Grecs»,  en  Aragon  et  à  Valence.  Le 4 6 août 4 306,  Constance 
cédaà  Jacme  lises  droilsau  trône  de  Conslantinople.  (Â.rch.  d'Arag., 
Reg.  XXIV ,  fo  58.)  Cette  princesse  mourut  à  Valence  et  fut  enterrée 
dans  la  chapelle  des  Hospitaliers  de  cetle  ville. 

*  Voy.  la  chronique  de  Gauberie  Fabricio  de  Bagdad,  citée  par  D. 
Modeste  Lafuente  d'après  Tunique  et  très-rare  édition  de  4499. 


CHAPITRE  V 


Agitations  en  Castille.  —  Conseils  de  Jacme  i  Alfonse  X.  —  Événements 
en  France  et  en  Navarre.  —  Mort  d'Isabelle  d'Aragon,  reine  de  France. 
—  Affaires  de  Montpellier.  —  Projet  d'expédition  de  l'infant  Pierre 
dans  le  comté  de  Toulouse.  —  Querelle  entre  l'infant  Pierre  et  Femand 
Sanchez.  —  Guerre  du  comte  de  Foix  contre  le  roi  de  France.  — 
Mort  de  Berenguela  Alfonso.  —  Dernier  testament  de  Jacme.  —  Dis- 
sentiment avec  les  barons  catalans. —  Succession  du  comté  d'Urgel. — 
Jacme  au  concile  de  Lyon.  —  Conduite  privée  du  roi.  —  Démarches 
pour  l'annulation  du  mariage  de  Teresa  Cil.  —  La  dernière  maîtresse 
du  Gonqmslador.  —  Troubles  en  Catalogne  et  en  Aragon.  —  Rupture 
entre  le  roi  et  Femand  Sanchez.  —  Femand  noyé  par  l'ordre  de  son 
trère.  —  Pacification  de  TAragon  et  de  la  Catalogne.  —  Affaires  de 
Navarre. —  Pierre  d'Aragon  reconnu  pour  héritier  de  la  couronne  de 
Navarre. —  Invasion  des  Musulmans  d'Afrique. —  Révolte  des  Maures 
de  Valence.  —  Mort  d'Al-Azarch.  —  Maladie  du  roi.  —  Défaite  des 
chrétiens.  —  Derniers  conseils  du  roi  à  ses  fils.  — Codicilles.  — Mort 
de  Jacme  I*^  —  Complainte  de  Mathieu  de  Quercy.  —  Conclusion. 

Tandis  que  les  pays  de  la  couronne  aragonaise  s'éle- 
vaient à  un  haut  degré  de  prospérité  sous  Tadminis- 
tration  ferme  et  habile  du  roi  Jacme  I",  la  Castille  était  en 
proie  à  de  sourdes  agitations,  et  déjà  Ton  pouvait  près, 
sentir  les  malheurs  qui  devaient  abréger  les  jours  d' Al- 
fonse le  Savant. 

A  peine  revenu  dans  ses  Etats,  après  sa  tentative  de 
croisade  eu  Terre-Sainte ,  Jacme  avait  été  invité  par  son 


468  LIVBB  IV  ,   CHAPITRE   T 

geodre  à  assister  aa  mariage  de  Tiafant  Fernand  de  Cas- 
tille  avec  Blanche  de  France,  fille  de  saint  Loais.  Le  roi 
d'Aragon,  pendant  son  séjour  à  Bargos,  n*eat  pas  de 
peine  à  s'apercevoir  de  Forage  qui  s'amassait  sur  la  tête 
d'Âlfonse  X.  Les  mécontents  de  Castille  firent  même  quel- 
ques démarches  pour  l'attirer  à  leur  parti  :  mais  Jacme, 
loin  de  se  prêter  à  ces  combinaisons,  essaya  loyalement 
de  réconcilier  les  ricos  homes  castillans  avec  leur  roi.  Ses 
efforts  furent  vains,  et  comme  Alfonse,  que  l'âge,  la  ré- 
flexion et  le  malheur  avaient  définitivement  rapproché  de 
son  beau-pére,  lui  confiait  un  jour  ses  chagrins,  «  nous 
lui  dîmes,  écrit  le  roi  d'Aragon ,  que  nous  le  priions  d*agir 
d'après  nos  conseils  dans  ce  qu'il  voudrait  faire ,  et  que 
s'il  se  trompait  il  nous  le  dit ,  et  que  nous  réparerions  sa 
faute.  De  quoi  il  nous  fut  moult  reconnaissant,  comme  il 
nous  le  prouva  en  nous  assurant  qu'il  ferait  ce  que  nous 

lui  disions Et  son  séjour  avec  nous  fut  de  sept  jours, 

et  dans  ces  sept  jours  nous  lui  donnâmes  sept  conseils, 
pour  qu'il  s'y  conformât  dans  ses  affaires.  Le  premier 
conseil  fut  de  tenir  en  tous  points  sa  parole  lorsqu'il 
l'aurait  donnée  à  quelqu'un  ;  car  il  valait  mieux  avoir 
l'ennui  de  dire  non  à  qui  demande  que  souffrir  la  dou- 
leur de  ne  pouvoir  tenir  ce  qu'on  a  promis.  Le  second 
conseil  fut  de  bien  regarder,  avant  de  passer  ou  d'oc- 
troyer un  acte,  ce  qu'on  voulait  en  faire  ou  n'en  pas  faire. 
Le  troisième  conseil  fut  de  tâcher  de  conserver  tout  son 
peuple  en  son  pouvoir;  car  il  était  bon  et  convenable  que 
tout  roi  sut  conserver  l'amour  et  s'attirer  la  bienveillance 
de  tous  ceux  que  Dieu  lui  avait  confiés.  Le  quatrième 
conseil  fut,  s'il  ne  lui  était  pas  possible  de  conserver 
l'affection  de  tous  ses  sujets ,  de  garder  au  moins  celle 
de  deux  classes,  qui  étaient  Téglise  et  le  peuple  avec  les 
bourgeois  de  sa  terre  ;  car  ce  sont  gens  que  Dieu  aime 


CONSEILS  DE  JAGHE  A  ALPHONSE  X  4C9 

mieax  qoe  les  chevaliers ,  parce  qae  les  chevaliers  sont 
plas  prompts  que  les  autres  à  se  soulever  contre  leur 
seigoeur.  Il  serait  bon,  ajoutâmes-nous,  de  s'attacher 
tontes  les  classes,  s*il  était  possible;  mais,  s*il  ne  le  pou- 
vait, il  devait  conserver  ces  deux  classes,  car  avec  elles 
il  soumettrait  les  autres.  Le  cinquième  conseil  fut  de  lui 
dire  que,  puisque  Dieu  lui  avait  donné  Murcie,  et  que 
nous  avec  Notre-Seigneur  Tavions  aidé  à  la  prendre  et  à 
la  gagner,  il  fit  respecter  les  traités  que  nous  avions 

passés  avec  les  habitants Nous  lui  dîmes  encore 

que  jamais  Murcie  ne  vaudrait  rien  s'il  ne  faisait  une 
chose  que  nous  lui  expliquâmes  ainsi  :  ce  que  vous  devez 
faire ,  c'est  de  laisser  dans  la  ville  centhommes  de  qualité 
qui  sachent  vous  y  faire  l'accueil  qui  vous  convient 
quand  vous  y  allez ,  et  que  ces  cent  hommes  y  vivent  avec 
un  patrimoine  suffisant Le  reste  donnez-le  aux  ar- 
tisans, et  ainsi  vous  ferez  une  bonne  ville. . .  Le  dernier 
conseil  fut  de  ne  jamais  faire  justice  en  secret,  car  il 
n'était  pas  séant  à  un  roi  de  faire  telle  chose  dans  sa 
maison  ^  > 

Ces  remarquables  parolesjustifient  ceque  nous  avons 
dit  de  la  politique  intérieure  de  Jacme  P".  Malheureuse- 
ment Âlfonse  X,  qui  comprenait  la  sagesse  de  ces  con- 
seils, manquait  de  l'énergie  nécessaire  pour  les  mettre  en 
pratique.  Les  chefs  de  la  rébellion,  parmi  lesquels  on 
comptait  don  Felipe,  frère  du  roi  deCastille,  et  le  puis- 
sant rico  homeNuho  Gonzalez  de  Lara,  étaient  parvenus 


*  Chronique  de  Jacme,  chap.  cglxxxt  et  cclxxxvii.  —  Rappro- 
chez du  dernier  conseil  de  Jacme  à  Âlfonse  X  ces  paroles  du  confes- 
seur de  la  reine  Marguerite  au  sujet  de  saint  Louis:  ail  voloit  que 
toute  justice  fût  fête  des  maiféteurs  par  tout  son  royaume  en  apert 
et  devant  le  pueple,  et  que  nule  justice  ne  fût  fête  en  report 
(secret).  » 


470  UTILE  IV,  CSAPITRR  T 

à  former  udo  ligne  de  la  principale  noblesse  casUUaM,  el 
à  s'assnrer  Tappni  delà  Navarre,  du  Portugal  et  de  réi^ir 
de  Grenade  Ben-Alhamar.  On  prétendait  même  que  les 
ricos  homes  aragonais  étaient  d*accord  avec  ceux  de  Cas- 
tille,  et  qu'au  premier  signal,  Maures  et  barons  allaient 
se  soulever  contre  les  deux  rois.  Pour  défendre  sa  puis- 
sance sérieusement  menacée  par  la  royauté,  raristocrati^ 
ne  reculait  pas  devant  une  alliance  monstrueuse.  Cepen- 
dant les  ricos  homes  castillans  eurent  seuls  le  tristes 
courage  d*unir  leur  cause  à  celle  des  ennemis^  du  non 
chrétien,  et,  après avoircombattu  plus  de  trois  ans  sous le«i 
étendards  de  1* islam,  ils  se  réconcilièrent  avec  Alfonse, 
en  même  temps  que  Témir  Mohamed  II,  fils  et  successeur 
de  Ben-Âlhamar  (1274). 

Pendant  que  ces  événements  agitaient  la  Castille,  le 
roi  d^Âragon  jouissait  d*un  repos  auquel  il  était  peu 
habitué.  En  paix  avec  les  Musulmans  d'Espagne  et  avec 
ceux  d'Afrique,  ses  seules  préoccupations  lui  venaient  du 
côté  de  la  France. 

La  funeste  croisade  que  Louis  IX  avait  entreprise  en 
1270  s'était  terminée  par  la  mort  du  saint  roi,  de  Thi- 
bault II  de  Navarre,  d'Alphonse,  comte  de  Toulouse,  et 
de  la  comtesse  Jeanne,  sa  femme.  LMnfante  Isabelle 
d'Aragon,  reine  de  France  depuis  quelques  mois  à  peine, 
venait  également  de  mourir  à  son  retour  d'Afrique  \ 

*  Isabelle,  étant  enceinte,  mourut  d^ne  chute  de  cheval  à 
Gosenza  en  C&Iabre,  le  28  janvier  1274.  Jacme  perdit  quatre  de  ses 
filles  en  quelques  années.  Sancha  avait  trouvé  la  mort  d'une  sainte 
à  Jérusalem,  où  elle  prodiguait  des  secours  aux  malades  de  l'hôpital 
de  Saint-Jean  (Zurita,  Anales,  lib.  III,  cap.  xlvi);  Marie,  qui  avait 
dû  épouser  d'abord  le  fils  de  Jlobert,  comte  d'Artois,  puis  le  fils 
du  duc  de  Bourgogne  (Zurita,  Anales,  lib.  III,  cap.  lxv),  s'était 
faite  religieuse  et  était  morte  à  Saragosse  en  4268.  Le  peuple  de 
cette  ville,  ne  voulant  pas  se  dessaisir  de  la  dépouille  mortelle  de  la 


AFPAIIIBS  p^  )fO?ITPELLIER  4T} 

Gj^t^es^ri^  dQ  nialheufeux  évépeipepts  Q*était  pas  sans 
importance  politique  pour  l*ÂragoD. 

D^pne  part,  Jacme,  qnj  p*avait  pu  défendre  qu'avec 
peine  son  autorité  sur  J^fonlpeilier,  même  au  tepipsdu 
sçrHpulgn^  Louis  V^,  avajt  à  craindre  4e  sérieusjBs  atta- 
ques d*un  souverain  plifs  entreprenant.  En  second  lieu, 
le  roi  de  Navarre  Thibault  II  ne. laissant  pas  d'epfapf, 
Ifppri,  spp  frère,  lui  avait  succédé  saps  opposition  Set 
cettç  transmission  Régulière  et  paisible  {de  }a  couronne 
dans  la  igi^aisop  ^e  Champagne  établissait  un  précédenf 
qui  deyait  renjdre  les  droits  du  roi  d* Aragon*  difficiles  à 
ressusciter,  Ip  jour  où  il  lui  conviendrait  de  les  faire 
v^lpif:.  Enfin  la  mort  sans  héritiers  directs  d' Alphonse 
de  Poitiçrs  et  de  Jeapne  de  Toulouse  réunissait  définiti- 
vement à  la  couronne  de  Frapce  tous  les  domaines  de 
Raymond  Y}!,  en  vertu  dii  traité  de  |221. 

J^cm.ç  se  voyait  de  plus  en  plus  jrefoulé  vers  la  Pénin- 
sule; il  sentait  même  sa  riche  seigneurie  de  Montpellier 
éçbapppr  insensiblement  à  son  autorité.  Vainement  ^ 
av;^t  espéré  que  son  alliance  avec  Louis  IX  et  les  senti- 
ments d'équité  du  roi  de  France  arrêteraient  l'exécution 
des  plans  préparés  par  Blanche  de  Gastille.  Le  traité  de 
Gorbeil  était  à  peine  signé  que  saint  Louis  lui-mcme 
devait  intervenir  pour  mettre  fin  aux  actes  d'hostilité  de 

princesse,  que  le  roi  avait  Tinlention  de  faire  transporter  au  monas- 
tère de  Vallbona,  l'inhuma  de  force  dans  Vëglise  de  San  Salvador 
(Chronique  de  Jacme,  chap-  cclxxvii).  Enfin  Constance,  feihme  de 
don  Manuel  de  Gastille,  ne  vivait  plus  lorsque  le  roi  fit  soh  testament 
de  Tannée  4272. 

*  Zurita  (Anales  de  Aragon,  lib.  III,  cap.  Lxxiii)  assure  qu'à  Pavé- 
nement  de  fienri  I*',  Jacme  se  préparait  à  récfamer  la  Navarre,  maïs 
qu'il  fut  détourné  de  son  entreprise  par  la  querelle  de  ses  fils  Pierre 
et  ('ernand  Sanchez.  Moret  conteste  l'assertion  de  rhistorien  arago- 
nais.  [Anales  de  Navarra^  lib.  XXIII,  cap.  i,  g  5.)   - 


1 


473  LIYIIB  IV  ,   CBAPITBB  T 

son  sénéchal  de  Beaucaire  et  Nimes  contre  le  roi  d'Ara- 
gon \  Hais  le  sénéchal  ne  se  tint  pas  poar  battu,  et  il  ne 
tarda  pas  à  déclarernettement  que  la  seigneurie  de  Mont- 
pellier était  soumise  à  sa  juridiction.  Celait  une  consé- 
quence  de  Tacte  par  lequel  Tévéque  de  Maguelone  avait 
reconnu  que  Montpellier  était  un  fief  de  la  couronne  de 
France  V 

Quoi  qu*én  ait  dit  dom  Vaissëte,  la  prétention  était 
nouvelle.  Arnaud,  évéque  de  Barcelone,  et  le  comte 
d*Ampurias  furent  envoyés  par  Jacme  auprès  de  saint 
Louis  pour  réclamer  contre  cet  empiétement'.  Le  roi  de 
France  «  n*étantpasinstruitdelavérité  dans  cette  affaire, 
d*une  manière  complète  »,  promit  d'en  délibérer 
«  dans  le  prochain  parlement  avec  Tévéque  de  Sabine  \ 
ami  des  deux  rois,  qui  s*était  employé  pour  négocier  la 
paix  entre  eux  et  pour  conclure  le  mariage  de  leurs 
enfants» .  Saint  Louis  ajoutait  «  qu*il  avait  une  telle  affec- 
tion pour  le  roi  d*Aragon  et  qn*il  désirait  si  vivement 
conserver  son  amitié,  qu*il  aimait  mieux  quele  roi  d'Ara- 
gon eût  quelque  chose  appartenant  à  lui,  roi  de  France, 

*  Voy.  ci-de3SU8,  p.  322,  note  2. 

*  Voy.  ci-dessus,  p.  306.  —  La  revendication  de  juridiclion  dont 
il  s'agit  ici  ne  s\')ppiiyail  point  sur  un  prétendu  droit  du  roi  de 
France  comme  héritier  des  comtes  de  Toulouse  et  des  vicomtes  de 
Béziers.  Le  procès-verbal  du  25  mai  I2C4  ne  fait  nullement  porter 
la  discussion  sur  ce  point.  Il  s'agissait,  pour  les  légistes  français»  de 
faire  prévaloir  dans  la  pratique  un  principe  qu'ils  s'efTorgnienl  de 
représenter  comme  ayant  été  de  tout  temps  admis  sans  contestation, 
celui  delà  souveraineté  du  roi  de  France  sur  tous  les  points  du  ter- 
ritoire compris  dans  les  limites  du  royaume,  telles  que  les  souverains 
d'outre-Loire  se  croyaient  en  droit  de  les  tracer. 

»  Il  existe  aux  archives  d'Arai^^on  (Reg.  XIV,  f»  47)  un  acte  da 
4*  janvier  1264,  par  lequel  le  roi  reconnaît  devoir  à  Bcnveni>to  de 
Porta  la  somme  de  quinze  mille  sols  payée  à  Tévêque  de  Barcelooe 
et  au  comte  d'Ampurias  pour  leur  voyage  auprès  du  roi  de  France. 

*  Le  cardinal  Gui  Foulques,  qui  n'était  pas  encore  Pape. 


AFFAIRBS    DB  MONTPBLLIBII  473 

qae  d*avoir,  lui  roi  de  France,  quelqae  chose  qui  appar- 
tint an  roi  d* Aragon  ^  » 

Louis  IX  délibéra,  en  effet,  sur  celte  affaire  dans  un 
parlement  qu'il  tint  en  1264;  on  ignore  la  décision  qui 
fut  prise*.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  l'autorité 
du  sénéchal  de  Beaucaire  s'implantait  chaque  jour  da- 
vantage à  Montpellier,  tandis  qu'une  succession  de 
petites  luttes  entre  le  roi  d'Aragon ,  d'un  côté ,  et  les 
bourgeois  de  cette  ville  ou  l'évéque  de  Maguelone,  de 
l'antre,  affaiblissaient  de  plus  en  plus  l'influence  du 
souverain  d'outre-Pyrénées  sur  sa  seigneurie  languedo- 
cienne  ^  Le  roi  s'en  apercevait,  sans  doute,  et  il  essayait 

^  Voy.  le  procès-verbal  du  25  mai  4264,  constatant  le  résultat  de 
l'ambassade  envoyé,e  par  le  roi  d'Aragon  à  saint  Louis,  dans  V Histoire 
de  Langued,^  éd.  in-f°,  t.  III,  Pr.  n*  cccxlvii 

•  Voy.  D.  Vaissèle,  Histoire  de  Langued.^  liv.  XXVI,  chap.  lvi. 

'  La  question  des  mailles  de  Lattes  avait  été  réveillée  en  4264,  et» 
par  acte  du  23  juillet  de  celte  année,  le  roi  avait  renoncé  a  ses  pré- 
tentions sur  cet  impôt.  (Arch.  d'Aragon,  Reg.  XIII,  f*»  202.— 
Cf.  Chronique  romane  du  Petit  Thalamus,  ad.  ann.  4264,  et  Ger- 
main, Histoire  de  la  commune  de  Montpellier  y  t.  II,  p.  346.)  Le  même 
jour,  Guillem  de  Roquefeuil  reçut  le  pouvoir  de  traiter  avec  les 
habitants  de  Montpellier  relativement  au  «service  »  de  six  mille  sols 
melgoriens  qu'ils  devaient  au  roi.  (Reg.  XIV,  !•  60.)  Le  12  novembre 
suivant,  Jacme  donna  procuration  au  même  Guillem  de  Roquefeuil 
de  régler  les  diiïérends  de  Tautorité  royale  avec  Pévêque  de  Mague- 
lone.  (Reg.  XIII,  f*  244.)  En  4267,  Clément  IV  écrivil  à  Jaeme  pour 
l'engager  à  faire  respecter  par  ses  officiers  le  traité  conclu  avec  les 
batiitanisde  Montpellier,  traité  que  Clément  lui-même  avait  négocié 
avant  son  élévation  au  Pontificat.  (D.  Vaissète,  Histoire  de  Langued., 
liv.  XXVI,  chap.  lxv.)  Enfin,  dans  les  premiers  jours  de  l'année  4273, 
le  roi  d'Aragon  termina  par  une  transaction  ses  différends  avec 
Pévêque  de  Maguelone,  et  pardonna  aux  habitants  qui  s'étaient 
encore  une  fois  révoltés  contre  lui.  (D.  Vaissète,  Histoire  de  Lan" 
guedoc,  liv.  XXVII,  chap.  xtiii.)  On  conserve  aux  archives  d'Aragon 
(Reg.  XXI,  f*  41o)  la  copie  originale  de  la  lettre  qu'il  écrivit  à  son 
fils  Jacme,  le  24  mars  4273,  en  lui  envoyant  divers  actes  relatifs  cà 
l'affaire  de  Montpellier.  > 


474  UKKV  IT»  CVAWfiB  T 

de  resserrer  les  liens  qui  anissaieut  iy[oQ,tpeliUer  à  la^ 
maison  d*Aragon«  en  confiant  de  bonne  heure  le  gouYcr- 
nement  de  celle  ville  à  Tinfanl  Jacme  qai  deyait  en 
hériter  ^  D*un  autre  côté,  le  Conquistador  ne  négligeait 
aucune  occasion  d'affirmer  son  autorité  sur  cette  partie 
de  ses  domaines.  En  1262,  par  exemple,  Charles  d-Aojou, 
en  guerre  avec  les  habitants  de  Marseille,  était  Tenu 
poursuivre  les  hommes  et  les  vaisseaux  de  cette  YÎlle 
jusque  dans  le  port  de  Lattes,  où  ils  avaient  trouvé  ou 
refuge^  grâce  à  Talliance  des  Marseillais  aveo  ta  contmuue 
de  Montpellier.  Instruit  de  cette  violation  de  son  terd« 
toire,  le  roi  d* Aragon  avait  protesté  en  termes  éner- 
giques', et,  le  31  octobre  1262,  un  traité  avait  mis  fin 
au  différend  ^ 


*  L'infant  Jacme  fui  nommé,  à  diverses  époques,  lieufenant  du 
roi,  gouverneur  ou  procurateur  général  des  pays  que  son  père  lui 
avai^  assurés  par  laslamenl.  (Arch.  d'Àrag;.,  Re^.  XII,  ^  96; 
Reg.  XIII,  f»4i;  Reg.  XVI,  f»  454.)  ,Le  49  juillet  4274,  un  privilège 
spécial  lui  attribua  sur  la  ville  de  Montpellier  une  jur|diclion  égale  à 
celle  du  roi.  [Arch.  d'Arag.,  Reg.  XIX,  f«  439. —  Cf.  D.  Yaissèl^, 
Histoire  ^e  Languedoc  ,  liv.  XXVII,  chap.  xXf.) 

3  Voy.,  dans  nos  Pièces  justificatives,  n»  XV,  un  frago^ent  san9 
date  de  la  première  lettre  écrite  à  ce  sujet  par  Jacme  à  Cbarle$ 
d'Anjou.  Le  f*^  2  du  Reg.  XIII  des  archives  d^Aragon  conjtieal  trois 
autres  lettres  du  roi  sur  la  même  affaire.  Deux  sont  adressées  aa 

I  'A 

comte  de  Provence  et  une  à  Tinfant  Jacme. 

'  Ce  traité  a  été  publié  dans  V Histoire  du  commerce  de  Montpellier , 
par  )f .  Gerpnain  (t.  I,  p.  249).  Mais  Tbonorable  écrivain  y  voit  (U  II, 
p.  34)  un  accord  qui  met  fin  à  un  différend  entre  les  habil^Dlsde 
Montpellier  et  ceux  de  Marseille.  Il  résulte,  au  contraire,  ^u  t^xte 
même  de  ce  document,  quePalliance  des  Marseillais  avec  les  vassaux 
languedociens  de  Jacme  avait  attiré  sur  ces  derniers  la  colère  de 
Charles  d'Anjou.  On  lit  dans  la  chronique  du  Petit  Thalamus  :  <£d 
lan  do  M  eCCLXII..  el  mes  de  novembre,  venc  Karles  çoms  de  Proen3a 
contrais  liomes  ^e  Masselba  al  gra  do  Magalona,  els  fes  reculhir  a 
L^tas  f})  lursgaleas:  e  denfra  aquel  ^mes  feron  pas  ab  lo  comte.»  — 
Yoy.,  en  outre,  Gau/ridi,  Hist,  de  Prov,,  liv.  y,  çjtiap.  v. 


SUGCBSSIQIf  Ml  GOUTB  Bf  KOPtOUSE  4T| 

Malgré  ses  efforts  pour  maintenir  Montpellier  sous  sa 
dépendance ,  Jacme ,  lorsqu'il  vit  Philippe  le  Hardi 
monter  sur  le  trône  de  France,  ne  put  manquer  de  pré- 
voir le  moment  où  les  questions  agitées  avec  saint  Louis 
renaîtraient  pour  être  tranchées  dans  un  sens  fav^vi^ble 
à  la  politique  capétienne.  Tout  semblait  d'ailleurs  cona^n 
pirer  contre  le  roi  d'Aragon.  Un  accident  venait  d'd.ter 
la  vie  à  sa  fille  Isabelle,  sur  l'ascendant  de  laquelle  il 
avait  compté  sans  doute  pour  modérer  raipbition  d9 
Philippe,  et  le  simulacre  d'autonomie  qu'avait  conservé 
le  comté  de  Toulouse  sous  Alphonse  et  Jeanne,  s^éva- 
PQuissait  pour  laisser  le  royaume  de  France  étreindre  la 
seigneurie  de  Montpellier  et  menacer  les  pays  pyrén 
néens. 

Il  parait  qu'au  moment  de  tomber  sous  le  sceptre  daa 
souverains  du  Nord,  les  habitants  du  comté  de  Toqlouse 
adressèrent  un  dernier  appel  au  petit-fils  de  celui  qui 
était  mort  à  Muret  pour  la  cause  méridionale.  L'infant 
Pierre,  que  son  père  avait  associé  au  gouvernement 
avec  le  titre  de  procurateur  général  d'Âragqn,  de  Cata*» 
logne  et  de  Valence  \  s'apprêtait  déjà  à  disputer  au  roi 
de  France  la  succession  des  Raymond  —  et  les  forces 
dont  il  disposait  lui  permettaient ,  s'il  faut  en  croire  Zui 
rita,  de  tenter  la  lutte  avec  avantage  —  lorsque  le  roi 
Jaeme,  désireux  de  faire  respecter  le  traité  de  Gorbeil, 
s'opposa  énergiquement  à  cette  expédition  insepsée.  I| 

*  Dès  le  6  septembre  4257,  Pierre  avait  été  nommé  gouverneur 
général  de  la  Catalogne.  Un  acte  de  la  même  date  avait  conféré  à 
Ximeno  de  Foces  des  fonctions  analogues  pour  le  royaume  de 
Yalence,  mais  avec  des  pouvoirs  moins  étendus,  (ArCtb.  d'Ar^g., 
Reg.  IX,  f"*  34  et  36.  —  Coleccion  de  docy,menlos  inediioSy  p.  427 
et  428.)  —  En  4260,  l'infant  Pierre  s'intitule  «bsres  in  Ciilaloni^ 
et  proourator  Aragonum-»  (Arcb.  d'Arag.,  P^rcUemins  de  4ficme  1*^, 
n«  4647.) 


476  LITBE  IT  ,  CBAPITEE   ▼ 

dut  m6me,poarvaincre  Tobstination  de  Tinfant,  adresser 
aux  ricos  homes  et  aux  chevaliers  d*Aragon  une  défense 
formelle  de  le  seconder  dans  son  entreprise  *.  C*est  ainsi 
que,  grâce  à  la  sage  intervention  de  Jacme  le  Conquérant, 
la  domination  française  put  s^établir  paisiblement  dans 
les  domaines  des  comtes  de  Toulouse. 

A  cette  époque,  le  Conquistador  eut  la  douleur  de  voir 
éclater,  au  sein  de  sa  propre  famille,  une  haine  violente 
qui  couvait  depuis  le  jour  où  Fernand  Sanchez,  revenant 
de  la  Terre-Sainte ,  s*était  lié  d*amitié  avec  le  roi  de 
Sicile,  Charles  d*Anjou.  L^antagonisme  des  maisons 
d*Aragon  et  de  Sicile  se  dessinait  déjà.  Tout  ami  de 
Tune  ne  pouvait  être  que  Tennemi  de  Tautre.  De  plus, 
Fernand  Sanchez,  comme  la  plupart  des  cadets  des 
maisons  souveraines  de  ce  temps ,  s'était  déclaré  le  chef 
du  parti  féodal,  se  mettant  ainsi  en  lutte  ouverte  avec  le 
procurateur  général^  héritier  présomptif  de  la  couronne, 

*  Cet  ordre  fut  adressé  le  45  octobre  1274  aux  ricos  homes  et  le  47 
aux  jusHcias  qui  devaient  le  communiquer  à  tous  les  chevaUers 
d'Aragon.  (Arcli-  d'Arag.,  Reg.  XVIII,  f»  82.)  •—  Quelques  jours  plus 
tard,  le  roi  convoqua  les  ricos  homes  y  les  chevaliers  et  les  milices 
communales  pour  combattre  Arlal  de  Luna  qui,  ayant  en  quelques 
démêlés  avec  les  habitants  de  Zuera,  avait  tué  vingt-sept  d*entre  eux. 
Le  roi  avait  prononcé  la  conûscation  des  honors  et  des  fiefs  de  don 
Artal;  mais  celui-ci  refusait  d'accepter  la  sentence  et  en  appelait  au 
sort  des  armes.  Bientôt  après  cependant,  il  consentit  à  se  mettre  à 
la  merci  du  roi,  qui  Tobligea  a  payer  une  amende  de  vingt  mille 
sols,  dont  dix  mille  furent  distribués  aux  enfants  et  aux  veuves  des 
victimes.  Artal  fut  en  outre  condamné  à  un  exil  de  cinq  ans  qu'il  ne 
parait  pas  avoir  subi,  puisque  l'année  même  de  sa  condamnation 
(4272)  il  se  trouva  aux  coi  tes  générales  convoquées  à  Alcira.  Plu- 
sieurs complices  du  rico  home  furent  également  frappés  de  la  peine 
de  l'exil  pour  un  temps  plus  ou  moins  long.  Les  archives  d'Aragon 
(Reg.  XVIII,  fo*  83,  8i  et  85)  renferment  plusieurs  actes  relatifs  à  ces 
événements.  (Voy.  aussi  Chronique  de  Jacmct  cbap.  cclxxxix  ;  Zurila, 
Anales,  liv.  111,  cap.  Lxxx.) 


QORBELLB  ENTRE  PIERRE   ET  FERNAND  SAIfCHEZ  477 

et,  à  ce  double  titre,  le  représentant  le  plus  actif  de 
Tantorité  royale. 

Encouragés  par  le  bâtard  d*Âragon ,  les  barons  re- 
prirent leurs  guerres  privées  et  leurs  brigandages;  Pierre 
prononça  quelques  condamnations  sévères  qui  augmen- 
tèrent le  nombre  des  mécontents.  Fernand,  secondé  par 
son  beau-pèreXimenode  Urrea,  compta  bientôt  autour 
de  lui  presque  toute  la  noblesse  de  Catalogne  et  une 
grande  partie  de  celle  d* Aragon.  L* esprit  ardent  de  Pierre 
s^exagéra  le  danger;  Tinfant  héritier  se  crut  déjà  victime 
d*une  conspiration  ourdie  de  concert  par  Charles 
d*Ànjou  et  Fernand  Sanchez,  qui  en  voulait,  croyait-il, 
à  sa  couronne  et  à  sa  vie.  Obsédé  par  cette  pensée,  il 
D*hésita  pas  à  recourir  à  un  crime  pour  échapper  au 
péril  qui  le  menaçait.  Une  nuit,  suivi  de  plusieurs  de 
ses  hommes,  il  envahit  Tépée  à  la  main  la  maison  où 
Fernand  Sanchez  dormait.  Celui-ci  put  s'échapper  et 
vint  chercher  protection  auprès  de  son  père ,  qui  crut 
devoir  porter  l'affaire  devant  les  cortès.  L'assemblée  fut 
réunie  à  Lérida  ^  (mars  1272).  Pierre  y  comparut  après 
trois  citations  *;  il  se  défendit  mal,  refusa  de  se  récon- 
cilier avec  son  frère  et  fut  privé  de  la  lieutenance  géné- 
rale du  royaume  ^  Par  une  lettre,  dont  une  copie  est 
conservée  aux  archives  d'Aragon  \  Jacme  fit  connaître. 


'  D'après  Zurita,  ces  cortès  auraient  été  réunies  à  Exea,  et,  d'après 
la  Chronique  de  Jactne,  à  Lérida.  L*acte  de  convocation  est  con- 
servé aux  archives  d'Aragon  (Reg.  XVIII,  ^  89);  il  est  daté  d'Exea  ; 
mais  il  assigne  la  ville  de  Lérida  pour  lieu  de  réunion  à  l'assemblée. 
Les  assertions  de  la  Chronique  royale  se  trouvent  donc  confirmées 
une  fois  de  plus. 

«  Archiv.  d'Arag.,Reg.  XVIII,  ^  90. 

»  Archiv.  d'Arag.,  Reg.  XVIU,  ^  84. 

*  Arch.  d'Arag.,  Reg.  XVIII,  f«  75. 


itè  LITRK  n  t   CBAPITBB  T 

aux  villes  de  ses  États  les  motifs  de  sa  rupture  avec  son 
fils  alué. 

Au  fond ,  le  roi  ne  condamnait  chez  ce  dernier  que  la 
violence  des  procédés ,  et  ajoutait  foi  aux  accusations 
portées  contre  Fernand  Sanchez*.  Mais,  afin  de  main- 
tenir la  paix  dans  sa  famille,  il  voulait  que  Pierre  par- 
donnât à  Fernand.  L*infant  refusait.  Deux  tentatives  de 
réconciliation,  faites  par  plusieurs  membres  des  cortès 
réunies  à  Alcira^  n'eurent  aucun  résultat.  Berenguer  de 
Almenara,  maître  des  Hospitaliers  en  Aragon,  essaya  de 
s'entremettre  et  fat  retenu  prisonnier  par  l'infant*.  Enfin, 
celui-ci ,  se  lassant  de  sa  propre  obstination,  vint  se  jeter 
aux  genoux  de  son  père,  et  promit  par  écrit  de  ne  rien 
entreprendre  contre  Fernand  Sanchez*. 

Cependant,  de  l'autre  côté  des  Pyrénées,  quelques 

*  Après  les  corlès  de  Lérida,  des  envoyés  du  prince  héritier  dirent 
au  roi  :  «  Seigneur,  Fernand  Sanchez  ne  mérite  pas  que  vous  inter- 
>»  cédiez  pour  que  l'infant  lui  pardonne  ;  car  il  a  dit  que  vous  ne 
•  deviez  pas  régner,  il  a  essayé  de  faire  empoisonner  Tinfant,  et 
»  enfin  il  a  conspiré  avec  quelques  richs  homens  pour  que  voire  terre 
>  se  soulevât  contre  vous.x>  (Chronique  de  Jacme,  chap.  ccxci.)  Le 
récit  ded'Esclot,  partisan  décidé  de  Tinfant,  est  suspect;  mais  il  est 
évident,  d'après  plusieurs  passages  de  la  Chronique  de  Jacme,  que 
le  roi  avait  de  Fernand  Sanchez  une  opinion  très-  défavorable. 
(Voy.  Chronique  de  Bernât  d'Esdot,  chap.  ixvm  et  Lxix;  Chronique 
do  Jacme,  chap.  ccxc  à  ccxgiy  et  cccv.) 

^  C'est  sans  doute  pour  éloigner  les  cortès  des  pays  troublés  par 
les  discordes  de  ses  fils,  que  le  roi  les  réunit  dans  une  ville  du 
royaume  de  Valence.  On  sait  que  cet  État  n'avait  pas  encore  d'assem- 
blée nationale. 

'  Le  roi  écrivit  à  ce  sujet  une  lettre  à  Parchevêque  de  Tarragone 
et  aux  évoques  d'Aragon  et  de  Catalogne.  (Arch.  d'Arag.,  Reg.  XVIII, 
f°  53.) 

^  Les  archives  d'Aragon  contiennent  l'engagement  de  Pierre  et  la 
lettre  par  laquelle  le  roi  fait  connaître  aux  prélats,  aux  ricos  hoiries, 
aux  chevaliers  et  aux  villes  la  soumission  de  l'infant.  (Reg.  XYIII, 
i^  74  et  75.) 


LE  COMTÉ  DE  FOIX  479 

seignéars  méridionaux  ne  craignaièût  pas  de  s*expàser  à 
une  gnërre  avec  le  puissant  roi  de  France ,  dont  ils  souf- 
fraient impatiemment  le  voisinage  et  la  domination.  Un 
seul  fut  assez  fort  pour  tenir  tête  quelque  temps  à  Philippe 
le  Hardi  :  ce  fut  Roger-Bernard ,  comte  de  Foix ,  qui  se 
croyait  assuré  de  Tappui  d'il  roi  d'Aragon,  son  suzerain , 
et  comptait  sur  la  position  inexpugnable -de  quelques- 
unes  de  ses  forteresses.  Ses  calculs  furent  déjoués,  car, 
d'un  côté,  Jacme  défendit  à  ses  sujets  de  lui  porter 
secours  (!•' mars  1272*),  et,  de  Tautre ,  Philippe,  entré 
en  campagne  avec  une  armée  capable  de  conquérir  un 
royaume,  attaqua  vigoureusement  le  château  de  Foix ,  fit 
couper  les  rochers  qui  s'opposaient  à  ses  opérations ,  et 
entama  jusqu'à  la  montagne  sur  laquelle  la  forteresse 
était  bâtie.  Boger-Bernard,  dont  tes  exigences  avaient 
venàû  infructueuse  une  démarche  conciliatrice  tentée 
par  Jacme  ',  dut  se  rendre  à  discrétion  '. 

Cette  affaire  avait  réveillé  une  difficulté  laissée  sans 
solution  par  le  traité  de  Corbeil  :  c'était  celle  de  la  suze- 
raineté du  roi  d'Aragon  sur  le  comté  de  Foix. 

Jacme  abandonnait  au  roi  de  France  le  bas  pays  de 
iPoix;  mais  il  prétendait  conserver  ses  droits  sur  le  haut 
pays,  partie  montagneuse  du  comté  V  De  Montpellier,  où 
il  s'était  rendu  pour  observer  les  événements  et  pour 


<  Arçhiv.  d'Arag.,  Reg.  XVllI,  f  89. 

2  Le  roi  d'Aragon  alla  trouver  le  roi  de  France  à  Tabbaye  de  Bol- 
bonne,  entre  Toulouse  etPamiers. 

^Yoy.  D.  Yaissète,  Hist.  de  Langued,,  liv.  XXVII,  cbap.  viii,  ix 
et  XI,  et  note  2  du  t.  IV,  éd.  in-^. 

*  Les  droits  du  roi  d'Aragon  en  qualité  de  comte  de  Barcelone  sur 
une  partie  au  moins  du  pays  de  Foix  ne  paraissent  pas  douteux.  Les 
archivés  d'Aragon  contiennent  plusieurs  hommages  des  comtes  de 
foix;  nous  citerons  entre  autres  lesn^^'  998  et  4  959  des  Parchemins 
de  Jacme  !*'•  Le  dernier  est  daté  de  4269. 


480  LIVRB  IV,  .CHAPITRE  Y 

terminer  quelques  différends  avec  1*évéque  de  Magne- 
lone  et  les  habitants  de  sa  seigneurie  S  il  débattit  cette 
question  avec  le  roi  de  France*  ;  cependant  il  finit  par 
céder,  dans  Tintérét  de  Roger-Bernard,  que  Philippe  rete- 
nait prisonnier  (février  13173  '). 

Dans  ce  voyage  au  nord  des  Pyrénées,  Jacme  était 
accompagné  de  Berenguela  Alfonso,  qui ,  arrivée  à  Nar- 
bonne»  y  mourut  le  17  juin  1272  ^  Le  vieux  roi  lui-même 
tomba  dangereusement  malade,  durant  son  séjour  dans  sa 
ville  natale,  et  sa  guérison,  disent  les  anciens  auteurs, 


*  Voy.  ci-dessus,  p.  473,  note  3. 

^  Le  25  et  le  27  octobre  4272,  Jacme  écrivit  à  Gaston  de  Moncada 
vicomte  de  Béarn,  à  Roger-Bernord,  comte  de  Foix,  et  à  Ramon  de 
Cardona  au  sujet  des  châteaux  du  comté  de  Foix.  Ces  lettres  existent 
aux  archives  d'Aragon  (Reg.  XXI,  f""*  438  et  439).  Le  5  novembre  de 
la  môme  année,  il  envoya  révoque  de  Barcelone,  le  maltredu  Temple 
et  Guillem  de  Ga>tellnou  auprès  du  roi  de  France  pour  la  même 
affaire.  (Arch.  d'Arag.,  Reg.  XXI,  ^  72.) 

'  A  peu  près  vers  le  temps  où  le  comte  de  Foix  était  en  guerre  avec 
le  roi  de  France,  Gaston  de  Moncada,  vicomte  de  Béarn,  beau-père 
de  Roger-Bernard,  guerroyait  de  son  côté  contre  Edouard,  roi  d'An- 
gleterre, son  suzerain.  Les  domaines  que  la  maison  de  Moncada  pos- 
sédait  en  Gascogne  étaient  Toccasion  de  fréquentes  dissensions  entre 
les  vicomtes  de  Béarn  et  les  rois  d'Angleterre.  Un  document  des 
archives  d'Aragon  (Reg.  XIX,  T*  88)  prouve  que  Jacme  intervint  dans 
ces  différends  en  4273. 

4  Les  f»  88  et  89  du  Reg.  XVIIl  des  archives  d'Aragon  con- 
tiennent une  note  relative  ù  la  mort  de  Berenguela  Alfonso  et  à  Texé- 
cution  des  clauses  de  son  testament.  Elle  fit  le  roi  Jacme  héritier  des 
domaines  qu'elle  avait  en  Galice.  On  trouve,  dans  les  registres  du 
môme  dépôt  (Reg.  XIV,  f^  8G,  4  03  et  442,  et  Reg.  XXf,  f»  45)  la 
mention  de  diverses  donations  en  faveur  de  Berenguela  et  des  enfants 
qu'elle  pourrait  avoir  du  roi.  Zurita  {Anales,  lib.  III,  cap.  lxxxu; 
assure,  contrairement  à  yLieùes(Vidad€  DJaymcy  lib.XVl)  que  plusieurs 
enfants  naquirent  de  celte  union  irrégulière.  Leur  nom  cependant 
n'est  mentionné  par  aucun  historien,  et  il  n'en  reste  pas  de  trace 
dans  les  documents  de  l'époque.  Berenguela  fut  inhumée  dans  le 
monastère  des  frères  mineurs  de  Narbonne. 


DBRlflER  TESTAMEffT  DB  JAGMB  481 

ne  fat  dae  qu'à  na  miracle  de  la  Sainte-Vierge  V  Pendant 
sa  maladie  «  le  26  août  1272,  il  confirma,  par  nn  nouveau 
testament,  qui  devait  être  le  dernier,  le  partage  de  ses 
États  fait  en  1262,  et  renouvelé  en  1270*.  Mais  cette  fois, 
reconnaissant  expressément  pour  légitimes  les  enfants 
qu'il  avait  eus  de  Teresa  Gil ,  il  les  substitue ,  par  ordre 
de  primogéniture,  à  leurs  frères  nés  d*Yo'ande,  si  ces 
derniers  meurent  sans  enfants.  A  défaut  des  fils  de  Teresa 
Gil  et  de  leurs  descendants  mâles ,  il  appelle  à  sa  succes- 
sion les  fils  d'Yolande,  reine  de  Castille,  puis  ceux  de 
Constance,  femme  de  don  Manuel,  puis  encore  ceux 
d'Isabelle ,  reine  de  France ,  et ,  enfin ,  le  plus  proche 
parent  mâle  issu  en  ligne  directe  et  légitime  de  la  famille 
du  testateur.  Il  exclut  à  tout  jamais  les  femmes  de  sa  suc- 
cession, et  ordonne  que  les  États  qu'il  laisse  à  Pierre , 
son  fils  aîné,  ne  puissent  jamais  être  divisés,  non  plus 
que  ceux  qu'il  donne  â  Jacme,  son  second  fils  '. 

*  Yoy.  Beuter,  Coronica  gênerai  de  Espana^  lib.  II,  cap.  uv. 

a  Ce  renouvellement  de  Tacte  de  4262,  daté  du  27  mars  4270,  se 
trouve  aux  archives  d'Aragon  sous  le  n<>  2048  des  Parchemins  de 
Jacme  1". 

'  Il  faut  remarquer  encore  dans  ce  testament  la  confirmation  de 
donations  faites  à  Fernand  Sanchez  et  à  Pedro  Fernandez,  «  fils  natu- 
rels» du  roi,  quelques  détails  sur  la  manière  dont  se  fit  la  réparti- 
tion des  terres  à  Valence,  et  la  recommandation  d'entretenir  le  port 
de  Port-Vendres  et  d'achever  celui  de  Collioures.  Jacme  veut  être 
inhumé  à  Sainte-Marie  de  Poblet,  à  côté  d'Alfonse,  son  aïeul,  mais 
après  lui,  «  de  sorte  que  le  monument  d'Alfonse  soit  le  premier.  » 
Ce  testament  est  le  neuvième  acte  connu  (y  compris  celui  de  4270) 
par  lequel  Jacme  partage  ses  États  entre  ses  enfants.  (Voyez  dans  le 
présent  ouvrage,  t.  ï,  p.  324;  t.  II,  p.  72,  289,  292,  293,  294  et  329.) 
La  copie  de  ce  document  est  conservée  aux  archives  d'Aragon, 
Parchemins  de  Jacme  I",  n»  2126.  Le  texte  en  a  été  publié  par 
d'Achery  dans  son  Spicilegium,  éd.  in-f°,  t.  III,  p.  673,  et,  d'une 
manière  très-incorrecte,  par  Martène  et  Durand,  dans  le  Thésaurus 
novus  anecdoL,  1. 1,  col.  4439. 

T.  n.  ^^ 


4Sft  Ljnfn  m^  fiHjyvTw  y^ 

Cas  deto  etouses  coRstitapnl  xm  iminense  progn^sor 
les  tesiamenteaniérieDrsdQ  Ja€iB9l*'.  l^n  i242«  il  apgdlait 
sa  fille  Yolaacto  ^  reiDd  de  €as(iHe ,  4  bériler  évaotiieUt- 
meot  de  ses  ro7aaiBe&;  en  ii48,  modi^pt  cea  dispo- 
âiiioDâ,  il  sabstiiaait  directement  à  ses.  fils  les  entajats 
BKàles  dTolande,  àTexcIasioD  de  leor  mère;  mais,  eo 
1372,  il  généralise  et  prononce  en  termes  fonnels  Tex,- 
closien  des  femmes  de  la  succession  au  trône,  garaatîe 
d*ordre  public  dans  un  temps  ou  le  pouvoir  royal  était 
engagé,  dans  une  lutte  corps  à  corps  ^vec  la  féodalité. 
De  plus,  il  établit,  pour  la  première  fois,  rindi?isibili4é 
de  chacune  des  deux  couronnes  d*Aragon  et  de  Majorqoe. 

Ainsi  le  sens  politique  du  législateur  de  Huesc2^  et  de 
Valence  l'amène  à  proclamer  des  principes  encore  noii- 
iieaux  pour  son  pays.  Les  historiens  qui  Taccusent  d* avoir 
Okéconnu  les  avantages  de  Tunité  oublient  sans  donte 
qu*il  en  a  le  premier  posé  les  bases  dans  son  testamept 
de  1272.  Mais  pourquoi  n*en  a-t-il  pas  jusqu'au  bout 
développé  les  conséquences  ?  Pourquoi  n*a*t-il  paa  légué 
à  un  seul  de  ses  fils  tous  ses  États  réunis >  sinon  unifiés? 
Pourquoi ,  devançant  les  siècles,  semble-t-il  assigner  d^jà 
aux  Pyrénées  leur  rôle  de  limite  politique  entre  les  pays 
français  et  les  pays  espagnols  ?  Le  Conquistador  pensait 
sans  doute  que  le  roi  de  Mayorque,  résidant  à  Montpellier 
ou  en  Roussillon,  pourrait  mieux  défendre  ces  domaines 
contre  les  empiétements  de  la  France,  qu'un  roi  d* Aragon 
toujours  occupé  dans  la  Péninsule. 

Jacme  était  complètement  rétabli  au  commencement 
de  Tannée  1273.  Au  moment  de  regagner  la  Catalogne , 
il  adressa  aux  nobles  de  ce  pays  Tordre  de  se  tenir  prêts 
à  le  suivre  <  en  Espagne,  au  secours  de  la  foi  chrétienne 
et  de  son  très-cher  gendre  le  roi  de  Castille ,  contre  les 
Sarrasins  et  les  perfides  chrétiens  ligués  avec  le  roi  de 


GreDâda  >  (30  janvier  1273*).  C'était  le  moment^  en 
effet,  ùik  AlfonseX  luttait  contre  Ben  Alhamar,  que  soa- 
tenaÎMt  le^  ricos  howèe»  castillans  rebelles.  Les  barons 
eatalans ,  à  la  tôte  desquels  était  le  vicomte  de  Cardona, 
refosèrent  d*obéir  à  la  convocation  de  leur  roi ,  alléguant 
qii*ils  n*étaient  pas  tenus  au  service  militaire  hors  des 
Etats  aragonais.  Les  seigneurs  de  Catalogne,  et  princi- 
palement ceux  du  parti  de  Cardona,  s^étaient  fait  remar- 
quer longtemps  par  une  fidélité  qui  contrastait  avec  la 
turbulence  de  leurs  voisins  ,  les  ricos  Iwme$  aragonais. 
Hais,  en  présence  des  progrés  continuels  de  la  royauté, 
la  noblesse  catalane  s'était  prise  à  craindre  pour  sa 
puissance ,  et  avait  dés  lors  cherché  toutes  les  occasions 
de  tenir  son  souverain  en  échec.  Le  comté  dTrgel  avait 
fourni  plusieurs  prétextes  de  révolte  aux  partisans  de 
la  roaisou  de  Cabrera,  parmi  lesquels  le  vicomte  de 
Cardooa  tenait  le  premier  rang*.  Ces  affaires  d*Urgel 
D*étaient  peut-être  pas  étrangères  à  la  lutte  qui  s'enga- 
geait de  nouveau  entre  le  roi  et  ses  barons. 

En  i368,  la  mort  d'Alvar  de  Cabrera ,  comte  d*Urgel, 
avait  mis  en  présence  les  prétentions  rivales  des  enfants 
de  deux  femmes  du  comte  ^  et  celles  de  Guerau,  son  frère. 
Le  roi  d'Aragon  essaya  de  profiter  de  ces  embarras  pour 
ajouter  quelques  avantages  réels  à  sa  suzeraineté  sur  le 
comté  d'Urgel.  Il  prêta  aux  exécuteurs  testamentaires 
d*Alvâr  l'argent  dont  ils  avaient  besoin  pour  payer  les 
dettes  du  défunt ,  et  se  fit  céder  à  titre  de  gage  plusieurs 
places  du  comté,  où  il  mit  garnison  (novembre  t268). 

*  Déjà,  en  4270  et  en  1274,  il  avait  adressé  une  convocation  ana* 
logueaux  seigneurs  aragonais  et  catalans;  mais  l'expédition  dut 
être  différée.  (Arcli.  d'Arag.,  Reg.  XVIII,  f^M  à  45  et  82.) 

^  Voy.  ci-dessus,  1. 1,  p.  21  i,  et  t.  Il,  p.  323  et  330. 

>  Voy.  ci-dessus,  p.  330,  note  4. 


484  LITRB  IT,  CHAPITRE  Y 

Il  obtint  ensuite  de  Gueran  une  renonciation  en  sa  favear; 
dès  lors  il  n*eut  en  face  de  lui  qu'un  seul  ad?ersaire 
de  quelque  importance,  le  vicomte  de  Gardona,  qui 
défendait  les  droits  d*ArmengoL  fils  aîné  d^Ahar  et  de 
Gécile  de  Foix.  Gependant  les  deux  compétiteurs  n'osè- 
rent pas  en  venir  aux  mains  S  et  les  choses  étaient 
encore  dans  cet  état  lorsque  éclata  le  différend  de  1273. 

Nomination  d'un  juge  restée  sans  résultat*;  somma- 
tions réitérées  au  vicomte  de  Gardona  et  à  ses  adbé- 
rents  de  rendre  au  roi  les  fiefs  qu'ils  tenaient  pour  lui; 
refus  du  vicomte,  sous  le  prétexte  que  plusieurs  domaines 
réclamés  étaient  des  alleux  et  non  des  fiefs;  sentence 
interlocutoire ,  à  laquelle  la  partie  condamnée  refusa  de 
se  soumettre  ',  tels  furent  les  premiers  actes  de  cette 
lutte,  pareille  à  toutes  les  contestations  moitié  militaires,  ' 
moitié  judiciaires ,  entre  le  roi  et  ses  grands  vassaux. 
Jacme  cependant  ne  discontinuait  point  ses  préparatifs 
pour  aller  au  secours  d*Alfonse  X  *  ;  mais ,  avant  d*entre- 

*  Le  23  avnl  1274,  Jacme,  craignant  sans  doute  que  Tinfant  Pedro 
de  Portugal  ne  fût  entraîné  dans  le  débat,  exigea  de  lui  la  promesse 
de  respecter  et  de  faire  respecter  les  conventions  conclues  entre  le 
roi  et  la  comtesse  Âurembiaix.  (Arch.  d'Arag  ,  Parch.  de  Jacme  1**, 
n»  2072.) 

>  Le  juge  nommé  fut  l^archevèque  de  Tarragone.  (Ârch.  d'Ârag., 
Parcb.  de  Jacme  1**,  n®  2146  et  Coleccion  de  documentas  xneditos,  t.  VI, 
p.  478.) 

'  La  question  fut  débattue  en  présence  du  roi  devant  lesconseîN 
1ers  de  la  couronne,  au  mois  de  mars  4274.  (Arcb.  d'Arag.»  Parch. 
de  Jacme  I",  n°*  2486  el  2187.) 

*  Diverses  convocations  adressées  aux  seigneurs  et  aux  villes  des 
États  aragonais,  durant  l'année  4273  et  les  premiers  mois  de  4274.se 
trouvcpl  aux  archives  d'Aragon,  Reg.  XVIII,  f»»  50,  61,  52  et  65.  Le 
roi  éiait  à  Miircie  en  janvier  4274.  Il  voulait  se  rendre  compte  par 
lui-môme  des  dispositions  des  habitants  chrétiens  et  musulmans  de 
ce  pays  et  s'assurer  qu'on  n'avait  à  craindre  aucun  soulèvement  de 
ce  côté.  Jacme  fut  reçu  à  Murcie  avec  les  plus  grandes  démoostra- 


JAGMB  AU  CONCILE  DE  LTOlf  485 

prendre  cette  expédition,  il  laissa  à  son  fils  Pierre  Ma 
direction  de  la  guerre  prêle  à  éclater  en  Catalogne,  et  se 
mit  en  route  pour  Lyon,  où  il  devait  assister  au  concile 
œcuménique  convoqué  par  Grégoire  X. 

Tbibaud  Visconti,  successeur  de  Guy  Foulques  sur  le 
trône  pontifical ,  avait  à  cœur  trois  grandes  entreprises  : 
secourir  la  Terre-Sainte,  réunir  TÉglise  grecque  à 
rÉglise  latine ,  réformer  les  abus  qui  s*étaient  glissés 
dans  le  clergé.  Pour  traiter  ces  importantes  questions, 
il  avait  d'abord  songé  à  convoquer  un  concile  à  Mont- 
pellier; mais  Lyon  fut  définitivement  choisi  pour  être  le 
siège  de  Tauguste  assemblée  ,  à  laquelle  furent  appelés 
tous  les  souverains  de  la  chrétienté  ^  Le  Pape  parait 
avoir  surtout  désiré  la  présence  du  roi  d'Aragon.  On 
cooiptait  sur  l'exemple  du  vieux  Conquistador,  l'un  des 

lions  d'enthousiasme.  U  fut  satisfait  en  tous  points  de  Tétat  dans 
lequel  il  trouva  le  royaume,  a  Nous  ressentions,  écrit-il,  une  grande 
joie  de  la  prospérité  de  ses  habilants,  que  nous  regardions  comme 
DOS  propres  sujets,  b  (Chronique  de  Jacme,  chap.  ccxcv.) 

*  On  trouve,  dans  le  Reg.  XYIli  des  archives  d'Aragon ,  les  actes 
suivants:  I®  Ordre  aux  seigneurs  aragonais  et  à  quelques  seigneurs 
catalans  de  se  réunir  sous  le  commandement  de  l'infant  Pierre  pour 
la  guerre  contre  Ramon,  vicomte  deCardona,  et  plusieurs  nobles  ca- 
talans; MontpeUier,  47  avril  4  274  (f**  65  et  66)  ;  2*  Ordre  aux  bayles 
de  plusieurs  villes  de  donner  à  l'infant  Pierre  Targent  qu'il  leur 
demandera;  même  date  (f«  66);  3»  Défense  faite  par  Tinfant  Pierre  de 
vendre  des  vivres  et  des  armes  aux  nobles  qui  sont  eu  guerre  avec  le 
roi  et  l'infant;  Perpignan,  48  mai  4274  (f»*  6tf  et  70);  4*  Convocation 
des  seigneurs  aragonais,  24  mai  4274  (f^  66). 

3  Jacme  fut  le  seul  qui  s'y  rendit  en  personne.  Les  autres  s'y  firent 
représenter  par  leurs  ambassadeurs.  Muntaner  se  trompe  lorsqu'U 
assure  que  le  roi  de  Castille  assista  au  concile.  Alfonse  eut  seulement 
aoe  entrevue  avec  le  Pape  à  Beaucaire,  au  moment  où  Grégoire  X 
revenait  de  Lyon.  Philippe  le  Hardi  alla  trouver  le  Souverain  Pontife 
dans  cette  dernière  ville,  avant  l'ouverture  du  concile.  C'est  alors 
qu'il  consentit  à  céder  au  Saint-Siège  le  comtat  Venaissin  et  une 
partie  de  la  ville  d'Avignon. 


4M  UTRC  IT  9  CHAFITUB  V 

derniers  représentants  de  Tesprit  chevaleresque  des  eroi* 
sades ,  pour  raviver  le  zèle  déjà  éteint  des  antres  princes 
de  t'Earope. 

Jacme  accepta  avec  empressement  Tinvitation  dn  Son- 
verain  Pontife.  Dès  le  20  février  1274,  nous  le  voyons 
cherchant  à  se  procurer  les  sommes  nécessaires  pour 
figurer  dignement  dans  Timposante  réunion*  Il  en  appeito 
aux  ressources  de  toute  espèce  :  contributions  ordinaires, 
taxes  extraordinaires,  emprunts*;  mais  aussi,  en  arrivant 
le  1**  mai  aux  portes  de  Lyon  ,  put-il  jeter  un  regard  de 
satisfaction  sur  la  brillante  cour  qui  l'accompagnait,  et  an 
milieu  de  laquelle  on  remarquait  Tarchevéque  de  Tarra- 
gone,  les  évéques  de  Barcelone,  de  Valence,  de  Mayorqne 
et  de  Maguelone. 

La  réception  faite  an  roi  conquérant  fut  magnifique. 
Les  cardinaux,  les  prélats  et  les  seigneurs  qui  se  trou- 
vaient dans  la  ville,  vinrent  au  devant  de  lui  à  une  lieae 
de  Lyon;  la  foule  couvrait  les  chemins  et  les  rues  sur  le 
parcours  dn  cortège  ;  elle  était  si  compacte,  que  «  pour 
marcher  Tespace  d*une  lieue,  il  fallut  lutter  depuis  le 
malin  jusqu^à  midi.  > 

Le  roi  d*Aragon  raconte  en  grand  détail,  dans  sa  Chro- 
nique,  toutes  ses  entrevues  avec  le  Saint-Père  '. 


•  Arch.  d'Arag.,  Reg.  XVIII,  i^  40^  e(  406;  Reg.  XIX,  f^  4l9el 
410.  Une  laxe  extraordinaire  fut  levée  sur  les  juifs  a  celte  oceasioB. 
(Arch.  d'Arag.,  Reg.  XVIIÎ,  f"**  63  et  64.) 

'  c  En  nous  avançant  vers  Vaposlole,  nous  lui  fîmes  celte  révéreoce 
que  les  rois  font  à  Vaposlole  et  qu*il  est  coutume  de  faire.  On  nous 
avait  préparé  un  siège  à  côté  de  lui  pour  que  nous  nous  y  asseyions 
auprès  du  sien,  du  côié  droit....  Alors  nous  nous  levâmes  en  pied 
et  nous  allions  nous  décou? rlr,  mais  Vapostole  nous  dit  de  ne  le 
point  faire,  de  nous  asseoir  et  de  nous  couvrir  la  tète,  ce  que  les 
cardinaux  nous  dirent  aussi  tous  d'une  seule  voix.»  (Givonique  de 
Jacme,  chap.  ccxcvii.) 


JAGKA  W7  COf^GILV  M  LTOPf  417 

fi(M«t[ilMl  fût  question  4e  la  Terre-Sainte,  Jâome  àp- 
proQTA  arec  feu  4*6  projet  de  croisade  et  pro|)fosa  sm  pUn 
d'exécution.  H  offrit  au  Pape  la  dioie  de  tous  Idt  re- 
venus de  ses  États  ou  bien  son  assistance  en  personie 
àia  tête  de  mille  chefaliers.  Mais  aucun  des  seigneurs 
qm  étaient  pt*êsents  ne  répondit  à  son  euttioustasme.  Le 
gran^  maUré  d^s  Templiers  iui-m^me  n*eat  que  â«B 
paroles  décourageanles.  Le  Canquièiêd&r  se  lëvattt  alors 
avec  dépita  dit  au  Pape:  —  ^  Saint-Pére,  pui^ue  per- 
sonne ne  veut  s'expliquer  clairement,  je  crois  que^e  pui^s 
iHWB  quitter.  » 

—  «  Allët  arec  la  bénédiction  d6  Dieu  »,  répondit  le 
Pontife. 

-^«Barons,  ajoutaiacme  en  s'adressanti  sa  suite,  nous 
pouvons  partir,  car  du  moins  aujourd*boi  nous  laissons 
bien  établi  l'honneur  de  toute  TEspagne  >  ;  et  il  sortit. 

Le  peuple  qui  l'attendait  au  dehors  fut  charmé  de  la 
bonue  grâce  avec  laquelle  ce  roi  de  soixante-six  ans 
»suta  en  selle  et  fit  faire  à  son  cheval  <  des  sauts  monlt 
plaisants  en  le  piquant  de  l'éperon  ;  si  bien  que  les  Frau* 
çais  étonnés  ne  purent  s'empêcher  de  dire:  II  n'est  pais 
tant  vieux  qu'on  nous  l'avait  dit,  ce  roi,  et  il  pourrait 
encore  dé{)arlir  de  bons  coups  de  lance  aux  Turcs  ^  > 

MaisTun  des  motifs  qui  avaient  attiré  Jacme  à  Lyon 
était  le  désir  de  se  faire  couronner  par  le  Pape.  Dans  cet 
espoir,  il  avait  apporté  «  une  couronne  ouvrée  d'or  et 
de  pierreries  valant  plus  de  cent  mille  sols  tournois.  > 

Avant  de  se  rendre  à  la  prière  du  roi,  Grégoire  X 
voulut  exiger  le  renouvellement  du  serment  de  vasselage 
prêtêjadis  par  Pierre  II,  l'engagement  de  payer  exacte- 
ment à  l'avenir  le  tribut  promis  parce  prince  auSaint-Siége 

*  Chronique  de  Jacme,  chap.  ccxcix. 


488  LimE  IV  ,   CHAPITRE  ▼ 

et  racquittement  de  tout  Tarriéré  S  Jacme  avait  trop  de 
souci  de  Tindépendance  de  ses  Étals  pour  accepter  de 
pareilles  conditions.  «  Les  services  que  nous  avons  rendus 
à  Dieu  et  à  TÉglise  de  Ronae,  dit-il,  méritaient  bien,  i 
notre  avis,  que  Ton  renonçât  pour  nous  à  d'aussi  mes- 
quines exigences.  »  Une  nouvelle  démarche  fut  tentée 
auprès  du  Pape,  qui  répondit  d*une  manière  évasive. 
«  Eh  bien  !  répliqua  le  roi,  puisqu'il  ne  veut  nous  cou* 
ronner  sans  cette  condition,  il  nous  importe  peu  de  nous 
en  retourner  sans  couronne  *.  » 

Néanmoins,  dans  la  seconde  session  du  concile,  qui 
eut  lieu  le  18  mai  et  à  laquelle  Jacme  assista,  le  Pape 
prodigua  les  éloges  au  vainqueur  des  Sarrasins  d'Espa- 
gne, exalta  son  zèle  pour  l'expédition  d'outre-mer;  puis 
il  ordonna  d'ajouter,  à  toutes  les  messes  chantées,  une 
oraison  spéciale  pour  le  roi  d'Aragon,  et  de  célébrer  une 
messe  du  Saint-Esprit  pour  attirer  les  bénédictions  do 
ciel  sur  les  entreprises  du  pieux  monarque.  Trois  jours 
après,  Jacme,  voyant  qu'il  n*y  avait  aucun  espoir  d'orga- 
niser la  croisade,  alla  prendre  définitivement  congé  de 
Grégoire  X  '. 

*  Le  tribut  promis  par  Pierre  II  était  de  deux  cents  mazmodines 
jucefles  par  an.  L'arriéré  s^élevait  àplus  de  onze  mille  mazmodioes. 

*  Chronique  de  Jacme,  cbap.  ccxcix. 

*  Leconcile  se  prolongea  jusqu'au  47  juillet.  Ce  fut  le  plus  nom- 
breux qui  ait  jamais  été  réuni.  On  n'y  comptait  pas  moins  de  4600 
prélats  ou  dignitaires  ecclésiastiques,  les  grands  maîtres  des  Tem* 
pliers  et  des  Hospitaliers,  les  ambassadeurs  des  principaux  souve- 
rains de  l'Europe,  ceux  de  Michel  Paléologue,  empereur  d'Orient,  et 
ceux  du  khan  Abaga.  Parmi  ces  derniers,  qui  étaient  au  nombre  de 
seize,  quelques-uns  reçurent  le  baptôme.  —  On  lit  dans  le  continua- 
teur de  Guillaume  de  Tyr,  à  propos  du  concile  de  Lyon  :  «  La  fu  dan 
Jame  le  roid'Arragon  qui  vint  en  espérance  d'eslre  coronésduPape, 
si  comme  si  ancessor  avoient  esté.  Mais  il  i  failli  et  fist  moult,  grant 
offre  selonc  son  pooir  [au  secors  de  la  Sainte-Terre.  »  (Lib.  XXXIY 
cbap.xxv,  ap.  Rec.  des  Historiens  des  Croisades;  Histor.  occident,,  t.  H-] 


.  JACHE  AU  C05CILE  DE  LYON  489 

—  «  Saint-Père,  lui  dit-il,  nous  voulons  partir,  mais 
pour  qu*il  ne  nous  arrive  pas  ce  que  dit  le  proverbe: 
<  Qui  fou  à  Rome  va,  fou  reviendra  »,  et  puisque  nous 
n^avons  jamais  eu  la  satisfaction  de  voir  d'autre  Apostole 
que  vous,  nous  désirerions  nous  confesser  et  prendre 
pénitence  de  vous.  >  Il  nous  répondit,  ajoute  le  chroni- 
queur, qu'il  le  ferait  de  bon  gré,  et  ainsi  nous  lui  décla- 
râmes nos  bonnes  et  nos  mauvaises  actions  autant  que 
notre  mémoire  pût  se  les  rappeler,  et  il  nous  donna 
l'absolution  sans  nous  imposer  d'autre  pénitence  que  de 
persévérer  dans  le  bien  et  de  nous  garder  du  mal.  Sur  ce, 
nous  pliâmes  les  genoux,  et  lui,  nous  posant  la  main  sur 
la  tête,  nous  donna  par  cinq  fois  sa  bénédiction,  et  nous 
lui  baisâmes  la  main  et  nous  primes  congé  de  lui  pour 
revenir  dans  notre  terre  \  » 

*  Chronique  de  Jacme ,  chap.  ccc.  —  Le  même  chapitre  nous 
apprend  que,  pendant  son  séjour  à  Lyon,  Jacme  pria  le  Pape  d^inter- 
céder  auprès  de  Charles  d'Anjou  pour  faire  mettre  en  liberté  Plnfant 
Enrique,  frère  du  roi  de  Castille.  En  4254 ,  Enrique  s'était  révolté 
contre  son  frère.  Nous  l'avons  vu  (p.  304)  faire  alliance  avec  le  roi 
d'Aragon,  au  moment  où  la  guerre  semblait  prête  à  éclater  entreles 
deux  grandes  monarchies  espagnoles.  Mais  la  réconcUiation  de  Jacme 
avec  son  gendre  avait  laissé  don  Enrique  privé  de  secours.  Battu 
par  les  troupes  d'AlfonseX,  l'infant  rebeUese  réfugia  auprès  de  l'émir 
de  Tunis,  puis  en  Italie,  où  il  obtint  le  titre  de  sénateur  de  Rome. 
Il  embrassa  d'abord  le  parti  de  Charles  d'Anjou ,  se  tourna  bientôt 
contre  lui,  combattit  à  Tagliacozzo  dans  l'armée  de  Conradin,  et 
chercha  un  asile,  après  la  défaite  des  siens ,  dans  le  monastère  du 
Mont-Cassin,  dont  l'abbé  le  livra  à  Gharlesd'Anjou  à  condition  qu  il 
aurait  la  vie  sauve.  Charles  le  retint  prisonnier.  Cettevie  d'aventures 
avait  donné  une  certaine  popularité  à  don  Enrique.  On  trouva 
mauvais  qu'Alfonse  X  et  surtout  Jacme  l^',  dont  il  avait  été  l'allié, 
n'exigeassent  point  par  les  armes  sa  mise  en  liberté.  A  ce  sujet,  les 
Castillans  firent  contre  le  roi  d'Aragon  un  chant,  dont  le  refrain,  peu 
intelligible  pour  nous,  était: 

Rey  bello,  que  Deo  confonda, 
Très  son  esta  con'a  Malonda. 

(Vov.  la  Cr<micaabreviadaàe  lUnfant  don  Juan  Manuel  de  Castille, 


4W  uvm  n,  imrifftB  <? 

lacme  arriva  à  MontpeHter  le  29  mai.  Ponr  H  seconde 
foie  il  y  tomba  dangereasement  malade.  On  désest)étilh 
de  le  saaver,  lorsqu'il  voviut,  comne  deox  ans  a«parà- 
vaut,  se  faire  porter  dans  le  sanctuaire  de  Notre-Dame- 
dee-Tables,  pour  y  implorer  de  la  Mère  de  Dieu  une 
guérison  qui  ne  pouvait  être,  assnre-t-on,  que  le  résultat 
d'un  Miracle.  Le  miracle  eut  lieu,  et  le  vieux  roi  reiioo* 
naissant  en  consacra  le  souvenir  par  un  tableau,  qu'on 
voyait  encore  au  XVr  siècle  dans  Téglise  de  Nolrè-DaiiA* 
des-Tables  *. 

Malgré  son  ige,  malgré  la  maladie  qui  semblait  Ta* 
vertirdese  tenir  prêt  à  paraître  devant  Dieu,  le  C&nqnk' 
tador  ne  songeait  nullement  à  réformer  sa  coudnite 
priv^.  Depuis  la  mort  de  Berenguela  Alfousa,  UM  Aoii« 
velle  passion  s'était  emparée  de  son  cceur,  et  il  voulut 
essayer  d'obtenir  de  Grégoire  X  ce  que  Clément  IV  loi 
avait  énergiquement  refusé,  la  rupture  de  son  mariaga 
avec  Teresa  Gil'    Il  avait  sans  doute,  durant  sou  séjour 

neveu  d'AlfonseX;  Amador  de  los  Rios,  Historia  eritica  éf  la  UleNi" 
tura  npoAola,  t.  III,  p.  607;  et,  sur  la  captivité  de  don  Enrique, 
le  sirvente  de  Paulet  de  Marseille,  ap.  HaynouMrd,  Choix  depoéties, 
t.  IV,  p.  72,  et  Milà,  de  lo*  Trovadoree,  p.  214.) 

^Beoter,  Coronica  gênerai  de  Espana,  lib.  Il  ,  cap.  uv;  d'Aigre- 
feuille,  Histoire  de  Montpellier^  t.  I,  p.  89  ;  D.  Vaissète,  Histoire  de 
Languedoc,  liv.  XXVII,  chap.  xxx  ;  Germain,  Histoire  de  la  comnuim 
d4  Montpellier,  t.  II,  p.  31.  Voyez  aussi  l'intéressant  ouvrage  inti- 
tulé :  Notre-Dame  des  Tables»  histoire  détaillée  de  ce  sanctuaire ,  par 
M.  Tabbé  Vinas^  vicaire  générai ,  curé-doyen  de  Nolre-Oame  des 
TableSi 

>0n  peut  conclure  de  deux  lettres  de  Gléroeot  IV^  publiées  à  pce 
près  en  entier  par  Marlène  et  Durand  {Thésaurus  navus  ameedol»' 
rwn^  t.  Il)  col.  tT^  et  448),  que  Jacme  appuyait  sa  demande  ea 
divorce  :  4»  Sur  ce  que  Teresa  Cil  élail  atteinte  de  la  lèpre;  9»  sor 
le  défaut  de  célébration  de  leur  mariage;  a«sur  ee qu'il  avait  eudes 
rapports  avec  une  cousine  de  Tereea  avant  de  connaître  oelle-à. 
Noms  avoD3  vu(j>.  359)  ce  que  Clément  IV  avait  répondu  au  preaitf 


LA  OEBlflJM  HitalBSSB  DtS  JAGMB  4M 

à  Lyon,  arraché  aa  Pape  la  promesse  d'examiner  de  tion- 
veau  sa  demande;  car,  à  peine  arrivé  à  Perpignan,  il 
chargea  Joan  de  Torrefreyia,  chanoine  de  Lérida,  de 
poursuivre  cette  affaire  en  cour  de  RomeV  11  résulte, 
d'une  lettre  de  Grégoire  X,  que,  au  mois  de  septem- 
bre 1275,  aucune  décision  n'avait  encore  été  prise  *. 

Cependant  Teresa  s* était  depuis  longtemps  retirée  au 
couvent  des  Bernardines  de  iaiZûydia  de  Valence,  qu'elle 
avait  fondé.  Elle  y  passa  le  reste  de  ses  jours  dans  les 
pratiques  de  la  plus  austère  dévotion,  et  y  mourut  en 
odeur  de  sainteté'.  Son  corps,  que  Ton  conserve  dans 
l'église  du  monastère,  est  encore  aujourd'hui  l'objet  de 
la  vénération  publique^. 

La  femme  qui  succédait  à  Berenguela  Alfonso  dans  ie 
ccBur  du  vieux  Jacme  avait  abandonné  son  mari  '  ;  mais 
ceiai-ci  était  encore,  assure-t*on,  engagé  daus  les  liens 
d'un  premier  mariage,  lorsqu'il  avait  4^ontracté<e  second, 
ai  l'on  espérait  de  Rome  une  double  sentence  qui  reudit 
libres  à  la  fois  le  roi  et  celle  qu'il  voulait  élever  au  rang 
d'épouse  morganatique. 

de  ces  moyens;  il  avait  repoussé  le  second  par  ce  motif  qu^une  pro- 
messe de  inariuge  suivie  de  cohaiiilalion  équivaut  à  un  mariage 
régulier  ;  quant  au  troisième ,  la  preuve  n'en  avait  pas  élé  laite. 

*  Nous  pul>lions  dans  nos  Pièces  jusUûcalives,  n«  XiX,  la  procura- 
lion  donnée  à  Juan  deTorrcfreyta.  Elle  esl  dalêedu  2  des  kalendes 
de  juillet  (30  Juin)  4^74. 

*  Voy.  Raynaldt,  Annales  ecclesiasi, ,  ad.  ann.  427$,  n*  39. 

'  Teresa  Gil  parait  avoir  survécu  au  roi.  f^  martyrologe  deCiteaax 
en  parle  comme  d'unesainle  sous  la  rubriquedu  45  juillet  Jour  jauni- 
versaire  de  sa  mort. 

^  Voy.  Bofarull,  los  Cjondes  de  Barcelona,  t.  II,  p.  237.  Cf.  DiagO, 
Anales  delreyno  de  ValendCy  lib.  Vif,  cap.  Liv. 

*  On  ignore  lenemdela  dernière  maîtresficde  Jacme.  Ne  :»rait- 
ce  pas  la  «  noble  dame  Sybilla  de  Saga>*,  que,  par  son  eodioille  du 
20  juillet  4276|  il  recommande  particulièremeni  à  son  tis  MerfeV 
(Voy.  Pièces  justificatives^  n«  XXI.) 


498  IITBB  TV  9  CHAPITRE  ▼ 

Le  Pape  n'avait  pas  encore  quitté  la  France  lorsqu'il 
fat  instrait  des  désordres  qui  souillaient  la  vieillesse  da 
souverain  de  l'Aragon.  Il  lui  adressa  à  ce  sujet  une  lettre 
de  paternelles  remontrances,  qui  excitèrent  le  mécon- 
tentement de  Jacme.  Le  roi  essaya  de  se  justifier,  il  eut 
même  la  singulière  pensée  d'alléguer,  entre  autres 
excuses ,  la  beauté  de  sa  maîtresse  ;  mais  ses  explications 
et  ses  plaintes  lui  attirèrent  de  la  part  du  Souverain 
Pontife  des  reproches  plus  vifs  et  Tordre  formel  de  se 
séparer  sur-le-champ  de  sa  concubine,  sous  peine  d'ex- 
communication (septembre  1275*). 

Le  Pape  fut  sans  doute  obéi,  car,  dès  ce  moment,  on 
ne  découvre  plus  rien  d*irrégulier  dans  la  conduite  du 
monarque  aragonais. 

Nous  avons  perdu  de  vue  un  instant  les  affaires  publi- 
ques pour  pénétrer  une  dernière  fois  dans  la  vie  privée 
de  notre  héros;  tournons  maintenant  nos  regards  vers 
la  Catalogne,  où,. durant  l'absence  de  Jacme,  les  barons 
et  le  prince  héritier  avaient  continué  à  s'observer  sans 
en  venir  aux  hostilités  ouvertes.  L'infant  Pierre  avait 
néanmoins  envenimé  le  différend ,  en  essayant  d'intro- 
duire dans  le  comté  de  Barcelone  le  principe  de  Tin- 
capacité  des  femmes  à  posséder  des  fiefs.  Les  seigneurs 
catalans  s'étaient  réunis  à  Solsona,  jurant  de  défendre 
leurs  droits  par  les  armes.  Le  roi  qui ,  de  Montpellier 
et  de  Perpignan  ,  avait  adressé  de  nouvelles  convocations 
aux  Aragonais  et  à  ses  autres  sujets  restés  fidèles  *,  fut 
instruit  en  arrivant  à  Girone  des  prétentions  injustes  de 
son  fils,  et  se  hâta  de  les  désavouer  par  une  lettre  que 

*  Voyez  les  lettres  de  Grégoire  X  à  Jacme,  à  rarchevéque  de  Tarra- 
gone  ei  à  l'évêque  de Tortose  dans  les  AnnaUs  ectUesiasl,  de  Rayoaldl« 
ad.  ann.,  4275,  n»  28  à  34. 

3  Archives  d'Aragon,  Reg.  XYlIl,  i^  67  et  68. 


i 


TROUBLES  EN  CATALOGNE  ET  EN  ARAGON         493 

Bernât  de  Sant-Vicensfut  chargé  de  porter  aux  seigneurs 
réunis  à  SolsonaV  Ceux-ci  répondirent  en  protestant  de 
leur  fidélité  au  roi ,  mais  ils  ajoutèrent  qu'ils  étaient 
décidés  à  faire  respecter  les  droits  qu'ils  tenaient  de 
leurs  ancêtres  et  auxquels  on  ne  cessait  de  porter 
atteinte.  Jacme  renouvela  par  trois  fois  la  sommation  au 
vicomte  Ramon  Foich  d'avoir  à  lui  rendre  le  château  de 
Cardona*.  Non-seulement  l'intraitable  baron  refusa  d'o- 
béir, mais  il  donna  asile  à  Bertran  de  Ganellas,  poursuivi 
pour  avoir  tué  le  justicia  d'Aragon,  Rodrigo  de  Castel- 
lezuelo. 

Tandis  que  presque  tous  les  nobles  catalans,  à  la  tête 
desquels,  outre  le  vicomte  de  Cardona^  on  comptait  les 
comtes  d'Âmpurias ,  de  Pallars  et  d'Urgel ,  renouvelaient 
à  Ager  leur  confédération ,  le  bâtard  Fernand  Sanchez, 
se  concertant  avec  eux,  organisait  à  Estadilla  une  ligue 
aragonaise,  dans  laquelle  entraient  Artal  de  Luna,  Pedro 
Cornel  et  plusieurs  autres  ricos  homes  (septembre  1274). 
L^infant Pierre  commença  lalutte  en  Aragon,  en  assiégeant 

'  CeUe  lettre  est  datée  du  17  des  kalendesde  juillet  (45  juin)  4274. 
Les  barons  y  répondirent  le  2  juillet  suivant.  (Archives  d'Aragon, 
RegXXIl,  l'*  partie,  f»*  44  et  42.) 

>  Arch.  d'Arag.,Reg.  XXII,  I'*  partie,  ^'^  12, 43  et  44.  Des  somma- 
tions analogues  furent  adressées  à  d'autres  seigneurs  (Id.,id.,  1*43). 
A  ces  événements  se  rapporte  sans  doute  un  sirvente  de  Bernât  de 
Rovenhac  que  D.  Manuel  Milà  fait  remonter,  à  tort  selon  nous,  aux 
premières  aimées  du  règne  de  Jacme.  Le  iroubadour  y  excile  les 
barons  catalans,  et  en  particulier  le  vicomte  de  Cardona  «valeureux  à 
régal  d'un  roi»,  à  la  guerre  contre  Tinfanl  d'Aragon,  «appelé  infant 
avec  raison,  car  il  arrive  souvent  aux  enfants  de  faillir.»  Il  est  ques- 
tion, dans  celle  pièce,  d'un  baron  du  nom  de  Ramon  Guillem,  que 
rinfant  aurait  tué  ou,  selon  la  version  de  M.  Miià,  outragé.  Le  poète 
se  plaint  amèrement  que  le  roi  et  le  «  trailre  infant  »  ne  respectent 
pas  les  trêves  (Yoy.  Milà,  de  los  Trouadores,  p.  458,  et  Rayoouard, 
Choix  de  poésies  des  troubad.^  t.  IV,  p.  305) 


194  hVn,E  Vf ,    GBàVITM  f 

ld&  «hàt6aa&  da  acN>  frère.  En  Catalogue ,  le  vicomte  de 
GardoBai  et  ses  aâbérents  envoyèrent  des  lettres  de 
diâMimeni^  aa  roi  et  àriarant  héritier;  puis,  refoiant 
de  soumettre  le  différend  à.  des  arbitres ,  ils  attaquèrent 
et  détrnisirent  de  fond  en  comble  la  ville  de  Fîgaeras 
qui  appartenait  à  Pierre. 

On  eu  voulait  moins  au  roi  qu  à  T infant ,  dans  lequel 
la  noblesse  pressentait  déjà  le  souverain  entreprenant  et 
dominateur  contre  lequel  elle  aurait  à  lutter  bientôt. 

Les  documents  de  Tépoque  prouvent  combien  Jacine 
était  inquiet  des  résultats  possibles  d'une  guerre  civile 
qui  épuisait  les  finances  et  menaçait  le  pays  des  plus 
grands  malheurs*.  Il  proposa  à  Fernand  Sanchez  et  aux 
Aragonaisia  médiation  des  certes;  pour  toute  réponse, 
Fernand  signifia  à  son  père  qu'il  se  quittait  de  lui  (dé- 
cembre 1274).  Jusqu'ici  le  bâtard d* Aragon  s'était  attaqué 
seulement  à  son  frère  Pierre;  mais,  irrité  de  voir  le  roi 
réconcilié  avec  Tinfant^  il  ne  craignit  pas  de  tourner 
ses  armes  contre  sou  père,  qui  l'avait  cependanl comblé 
de  bienfaits'. 

En  Catalogne,  l'évéque  de  Barcelone  et  le  grand-maître 


•  Arch.  d'Arag.,  Reg.  XXU,  1«  partie,  1^  f6,  47  el  48.  — 
nimt  est  le  mot  catalan  qui  correspond  à  Texpression  aragonaise 
dematuraltMtscion, 

'  Les  documents  sur  cette  guerre  abondent  aux  archives  d'Aragon. 
Outre  ceux  quonousavons  déjàciién,  nous  mentionnerons  les  lettres 
de  défl,  réponsesi  eonvocalions  pour  le  service  militaire  et  le>  certes, 
trêves,  demandes  d'argent,  etc.,  qui  se  trouvent  dans  les  Reg.  XVill 
(f^  56  à  63)  ;  XXII,  Ir*  part.  ((•>•  14  à  34),  el  XXIli  {(^  3  à  96)  Entre 
autres  documents  qui  font  connaître  l'état  des  finances  pendant  cette 
périoile,  nous  ferons  remarquer  les  lettres  par  lesquelles  le  rot 
ordonne  aux  baylee  de  suspendre  le  payement  des  dettes  à  rextioc- 
tion  desquelles  les  revenus  de  leurs  baylies  avaient  été  affeclés  ; 
45  septembre  4274  (  Reg.  XVllI,  f»  63). 

>  Arch.  d'Arag  ,  Parch.  de  Jaeme  !«** ,  n»*  4e2M ,  4883  el  244e. 


« 
^ 


TB0UBLB9  BB  OAàLOGIie  WT  EN  ABAGON 

de  rtMrdra^  de  SaiinxJaeqiies  paraissaient  avoir  décidé  la 
pliiparldes  méemileafs  à  s'en  rapporter  au  jagement  des 
Qf»rlësv  Um  trêve  fub  conclue.  Les  barons  n.'avabnt  en 
réalité  nulle  envie  de  se  réconcilier  avec  leur  côi:.  Malgré 
iMMiufs-cooduits  qui  leur  furent  donnés ^  ils  refusèrent 
4e  s«  rendre  aux  certes  générales  réunies  à  Lérida  '.  Ils 
y  envoyèrent  cependant  leurs  députés;  mais  rassemble 
dot  se  séparer  sans  avoir  rien  terminé,  et  la  guerre  reprit 
avee  un  nouvel  acharnement. 

Le  comte  d*Ampurias,  Tun  des  seigneurs  catalans  les 
plus  irritéscoolreTinfant  Pierre,  affectait  de  considérer 
le  Doi  comme  étranger  à  la  querelle;  mais  celui-ci ^  afin 
de  dessiner  franchement  les  positions,  envoya  défier  te 
comte  et,  avec  Taide  de  son  fils  Jacme%  continua  la 

<  Les  letlFes  de  convocalion  de  celle  assemblée ,  conservées  aux 
archives  d^Âragon  (Reg.  XXIII,  f"'  45  et  46J,  sont  dalées  du  7  des 
kalendes  de  février  4274  (26  janvier  4275). 

'  Le  second  ûls  de  Jacme  le  Conquérant  eét  mentionné  rarement 
dans  Thistoire  des  dernières  années  de  son  père.  Les  documents  qui 
concernent  cettç  période  de  la  vie  du  futur  roi  de  Mayorque  n'ont 
'aliène  rapport  qu  ase^projetide  mariage,  asdez  nombreux  du  reste: 
£n  i363,  Guillem  de  Roquefeuil  et  Miguel  Violetla  furent  ciiargés 
de  négocier  le  mariage  de  Tinfant  Jacine  avec  Beatrix,  nièce  du 
oorote  Pierre  do  Savoie  (Arch.  d'Arag.,  Reg.  XII,  f^  33,  et  Reg.  XV, 
f>  24).  La  dot  de  la  jeune  princosse  avait  été  constituée  el  hypothé- 
quée 8ur  le  comté  de  Roussillon  (Id.,  Reg.  XV,  f^  22).  Mais  cette 
ttiiion  n'eut  pas  lieu.  En  4264,  ii  fut  question  de  faire  épouser  à 
riiibnt  un&  fille  du  duc  de  Bourgogne;  Arnaud  ,  évêque  de  Barce- 
lone, et  le  comte  d'Ampurias  devaient  traitée  en  même  temps  le 
mariage  de  la  princesse  Marie  d'Aragon  (Voy.  oi-dessus  p.  470,  note] 
el  celui  de  son  frère  Jacme.  Cette  alliance  ne  s'étant  pas  réalisée,  le 
ni  iacme,  par  lettres  données  à  Barcelone  le  2  aoCit  4269,  permit 
à  son  fils  de  se  marier  avec  la  femme  qu'ilchoisirait.  (Arch.  d'Arag., 
Reg.  XVI,  f»  486.)  En  4269,  le  roi  et  la  reine  de  France  s'occupe*- 
rentdemarierlUnfant  avec  Yolande,  comtesse  de  Nevers.  petite* fille 
du  duc  de  Bourgogne  et  veuve  de  Jean  de  France,  fils  de  saint  Louis. 
Lé2&  aeùi  4^274,  le  roiJaome  confirma  la  donation  à  cause  de  neaes 


r 


496  LITRE  IT  ,    GHAPITEB  T 

guerre  en  Catalogne.  De  son  côté,  Pierre  poursuivait, 
avec  racbarnement  de  la  haine,  Fernand  Sancbez,  que 
de  fréquentes  lettres  du  roi  n'avaient  pu  ramener  dans 
le  devoir*. 

C'était  un  duel  à  mort  entre  les  deux  frères.  Traqué 
par  les  hommes  de  l'infant  et  cerné  dans  son  château  de 
Pomar,  le  b&tard  s'échappa  déguisé  en  pâtre,  tandis  que 
les  assiégeants  se  mettaient  à  la  poursuite  d'un  de  ses 
écuyers,  qui  fuyait  à  toute  bride,  revêtu  de  ses  habits  et 
monté  sur  Asenyallat,  son  meilleur  cheval.  Le  strata- 
gème fut  bientôt  découvert ,  et  Fernand ,  pris  dans  un 
champ  de  blé  où  il  s'était  blotti  après  avoir  tenté  vai- 
nement de  passer  la  Cinca  à  la  nage,  fut  amené  devant 
Pierre  qui  le  fil  noyer  V  Cet  acte  d'odieuse  justice  a 
inspiré  au  roi  des  paroles  d'une  révoltante  dureté,  que, 
pour  l'honneur  de  Jacme,  nous  voudrions  croire  le  ré- 
sultat d'une  erreur  de  copie  dans  ce  passage  de  sa  Chro- 
nique '  :  «  Nous  apprîmes  comment  l'infant  en  Père  avait 

jBile  par  son  fils  à  sa  future  épouse,  (Arcb.  d'Arag. ,  Reg.  XXXVU , 
h  25.)  Ce  projet  échoua  comme  les  précédents,  et,  enfin,  le  4  octobre 
4275,  Théritier  du  royaume  de  Mayorque  épousa  Esdarmonde, 
sœur  du  comte  de  Foix  Roger-Bernard  II. 

*  Les  copies  des  lettres  échangées  entre  le  roi  et  Fernand  Sancbez 
se  trouvent  aux  archives  d'Aragon,  Rcg.  XXII,  P*  partie,  t»*  44,  23, 
24  et  25;   Reg.  XXIIT,  f»»  94  à  96. 

*  «  fi'înfant  en  Père,  dit  d'Esclot,  aurait  bien  voulu  qu'il  s'en  fût 
allé,  mais,  puisqu'il  en  était  ainsi,  il  ne  voulut  pas  quUl  échappât  à 
la  justice  qu'il  avait  violée.  »  (Chronique,  chap.  lxx.} 

'  Quiconque  a  pu  comparer  lescopies  différentes  d'un  môme  texte, 
ne  trouvera  pas  impossible  une  altération  de  ce  genre,  si  Ton 
remarque  surtout  l'analogie  qui  existe,  au  moins  pour  les  yeux, 
entre  le  passé  défini  du  verbe  plazer^  plaire  (pïach)  et  le  même  temps 
du  verbe p/an/i«r,  plaindre  (planch),  et  même  entre  1e>  deux  conjonc- 
tions car,  car,  et  ja  ou  ta,  quoique.  Nous  ne  hasardons,  du  reste, 
cette  explication  qu'à  titre  de  pure  hypothèse.  D'Esclot,  parlant  du 
même  lait,  dit:  «  Et  quand  le  roi  sut  que  l'infant  en  Père  avait  fait 


è 


Pm  DB  LA  GinftRE   ATEG  LBS  BARONS  497 

tenu  assiégé  on  châteaa  de  Ferran  Sanches,  et  avait  pris 
celai-ci  et  l'avait  fait  noyer.  Et  cela  nous  plut  fort  quand 
ou  nous  le  dit,  car  c'était  dure  chose  qu'étant  notre  fils  et 
après  que  nous  lui  avions  fait  tant  de  bien  et  l'avions 
honoré  d'un  si  riche  patrimoine,  il  se  fût  levé  contre 
nons\  > 

La  mort  de  Fernand  Sanchez  apaisa  presque  instanta- 
nément la  révolte  aragonaise,  qui  n'était  qu'une  lulte 
personnelle  entre  les  deux  fils  de  Jacme,  et  toutes  les 
forces  du  parti  royal  purent  dès  lors  être  dirigées  contre 
les  mécontents  de  Catalogne.  Le  comte  d'Xmpurias, 
devenu  le  principal  chef  de  ces  derniers,  ne  tarda  pas  à 
comprendre  que  la  résistance  était  inutile  et  vint  se 
remettre  à  la  merci  du  roi.  Jacme,  toujours  disposé  à 
donner  des  preuves  de  son  respect  pour  la  justice,  con- 
sentit à  faire  décider  par  les  certes  tous  ses  différends 
avec  les  barons*.  Mais  devant  l'assemblée,  réunie  quelque 
temps  après  à  Lérida  ',  de  nouvelles  difficultés  s'éle- 
vèrent. Pierre  de  Berga,  l'un  des  rebelles,  venait  de 

noyer  en  Ferran  Sanches ,  cela  le  chagrina  fort,  parce  qu'il  était 
son  flls.  Et  d'autre  part  il  s'en  consola  bien  parce  qu'il  avait  machiné 
si  grande  mauvaùf^^  contre  lui  et  contre  Tinfant  en  Père,  son  frère.  » 
(Chronique,  chap.  lxx.)  Le  fragment  qui  suit,  extrait  d'un  vieil 
auteur,  semble  bien  fait  pour  justifier  notre  défiance  :  a  H  refusait 
aussi  longtemps  qu'il  pouvait  de  signer  une  sentence  de  mort,  et, 
quand  il  fallait  donner  cours  à  la  justice,  il  était  malade  le  jour  où 
il  condamnait,  et  pleurait  souventes  fois  du  grand  souci  qu'il  avait 
de  faire  mourir  un  homme,  t  (Chronique  de  Gauberte  Fabricio  de 
Bagdad,  citée  par  M.  Rosseuw  Saint-Hiiaire,  Hist.  d^ Espagne,  liv.  XI, 
chap.  IV.) 

*  Chronique  de  Jacme,  chap.  cccv. 

a  Arch.  d'Arag.,  Reg.  XX,  f  282. 

'  Les  certes  furent  convoquées  pour  aie  quinzième  jour  après 
Saint-Michel  de  septembre  >  de  Tan  4275.  Elles  ne  purent  se  réunir 
que  le  l"*  novembre.  (Arch.  d'Arag.,  Reg  XXUI,  ^  33.) 

T.  IL  32 


496  UTRB  lY  ,  CBâFITEE  ▼ 

mourir  saos  héritier  légitime  et  ayait  dooDé  par  testa- 
ment ses  fieiis  au  comte  de  Pallars  ;  on  voulait  que  le  roi 
ratifiât  ces  dispositions.  L'infant  Pierre  s*y  opposa.  Les 
seigneurs  reprirent  lear  attitude  hostile  et  qaittèreDt 
Lérida.  Néanmoins  la  guerre  ne  recommença  pas  pour 
le  moment  ;  mais  le  roi  dut  dissoudre  les  cortès,  après 
avoir,  par  une  double  déclaration,  assuré  la  couronne 
aragonaise  à  Alfonse,  fils  aîné  de  l'infant  Pierre,  quand 
même  celui-ci  viendrait  à  mourir  avant  le  roi  son  père 
(novembre  1275*). 

Nous  Verrons  bientôt  quelles  préoccupations  avaient 
engagé  Tinfant  à  réclamer  du  roi  cette  déclaration  solen- 
nelle en  présence  des  cortès  ;  mais  il  faut  d*abord  revenir 
de  quelques  pas  en  arrière,  afin  de  pouvoir  suivre  les 
événements  qui  se  déroulaient  en  Navarre  et  en  Castille 
parallèlement  à  ceux  que  nous  venons  de  raconter. 

Henri  P',  roi  de  Navarre,  était  mort  le  22  juillet  1274, 
laissant  pour  unique  héritière  sa  fille  Jeanne ,  qu  il  avait 
fait  reconnaître  pour  reine  avant  de  mourir,  et  dont  il 
avait  confié  la  tutelle  à  sa  femme  Blanche,  nièce  de  saint 
Louis.  Trois  partis  se  formèrent  aussitôt  en  Navarre: 
l'un ,  ayant  à  sa  tête  Pedro  Sanchez  de  Montagudo , 
seigneur  de  Chascant,  gouverneur  du  royaume,  désirait 
la  réunion  à  TAragon  et  le  mariage  de  la  jeune  reine 
avec  un  petit-fils  de  Jacme  le  Conquérant;  Tautre ,  dirigé 
par  le  rico  home  Garcia  Almoravid,  travaillait  à  la  con- 
clusion d'un  mariage  castillan;  le  troisième  enfin  était 
d'avis  de  respecter  à  la  lettre  le  testament  d'Henri  I",  et 
de  laisser  à  la  reine  douairière  le  soin  d'administrer  le 
royaume  et  de  marier  sa  fille  à  son  gré.  Il  est  inutile 


*  Archiv.  d'Arag.,  Parchemins  de  Jacme  i",  ii«»  2252  el   22S3; 
Coleccion  de  documentos  ineditos^  t.  YI,  p.  492. 


APFAIR18   DB  NAVARRE  49ft 

d*ajoater  que  la  Dièce  de  Louis  IX  appelait  de  taos  ses 
?œnx  une  réoDÎon  à  la  Franee.  11  ne  s'agissait  plus  pour 
la  Navarre  de  conserver  son  indépendance.  Â  laquelle  de 
ces  trois  monarcbies,  Aragon,  Gastille  ou  France,  sa 
destinée  allait-elie  être  uniefTelle  était  toute  la  question. 
Dan»  ces  conjonctures,  la  communauté  d'origine,  la  res- 
semblance des  moBurs  et  de  la  constitution  politique 
militaient  pour  TAragon,  et  c'était  TAragon,  en  effet, 
qui  paraissait  avoir  le  plus  de  chances  de  succès. 

Malgré  sa  loyale  amitié  avec  les  rois  de  Navarre  de  la 
maison  de  Champagne,  Jacme,  nous  Tavons  vu,  n'avait 
jamais  renoncé  à  ses  droits  sur  ce  pays.  Une  série  de 
traités  et  de  trêves  *  avait  maintenu  entre  les  deux 
royaumes  une  paix  provisoire  qui  n'avait  jamais  été 
sérieusement  troublée.  Cependant,  sur  la  in  du  règne 
de  Henri  V\  l'infant  Pierre,  auquel  son  père  avait  cédé 
ses  droits  sur  la  Navarre  au  moment  d'entreprendre  sa 
croisade  outre-mer  ',  avait  élevé  quelques  réclamations 
pécuniaires*,  qui  auraient  peut-être  amené  une  rupture 
si  la  mort  de  Henri  n'était  venue  donner  à  l'infant  l'es- 
poir d'hériter  d'une  nouvelle  couronne. 

Dès  le  29  juillet  1274,  Pierre  se  rendit  en  Navarre, 
mani  de  lettres  de  son  père  qui  priaient  les  prélats , 


*  Ainsi  l'on  trouve  aux  archives  d'Aragou,  outre  les  traités  de  ce 
genre  que  nous  avons  déjà  mentionnés  (Voy.  ci-dessus,  p.  298  et 
299)  :  4°  Paix  et  trêve  pour  quatre  ans  avec  Thibault,  roi  de  Navarre 
(Thibault  !•'),  septembre  4243  (Parch.  de  Jacme  I«',  n-923)  ;  2"  Lettre 
au  roi  de  Navarre  pour  qu'il  ordonne  à  ses  gens  de  ne  pas  faire  de 
mal  aux  Aragonais,  aoûH263  (Reg.  XII,  fM04);  3*  Trêve  avec  Thi- 
bault, roi  de  Navarre  (Thibault  II),  juillet  4266  (Reg.  XV,  f*  24); 
4«  Trêve  pour  deux  ans  avec  Henri,  roi  de  Navarre,  août  4272 
(Reg.  XXI,  f»  53). 

•  Arch.  d'Arag.,  Parch.  de  Jacme  I«',  n®  1991. 
3  Id.,  id,.  no' 2483  et  2484. 


500  LIVBE  IV,   CHAPITRB  T  ' 

ricos  homes,  seigneurs  et  bourgeois  navarrais  de  recon- 
naître rinfant  d'Aragon  pour  leur  roi  * .  D*un  autre 
côté,  Alfonse  X  crut  faire  un  acte  d'habile  politique  en 
proposant,  comme  mesure  de  conciliation,  de  fusionner 
les  droits  de  l' Aragon  et  ceux  de  la  Castille  sur  la  tête 
de  son  fils  Fernand.  Celui-ci  envoya  même  un  chevalier 
de  sa  maison  auprès  dn  roi  son  aïeul.  Mais  Jacme  n'a- 
gissait pas  seulement  dans  cette  affaire  pour  son  propre 
compte.  On  a  pu  voir  que,  conformément  à  un  usage 
dont  les  souverains  aragonais  ne  doivent  plus  se  départir, 
le  roi,  en  associant  l'infant  héritier  au  gouvernement  de 
ses  États,  lui  accordait  une  très-grande  initiative.  Depuis 
plusieurs  années  déjà,  c'est  Pierre  qui  gouverne  sous  la 
surveillance  de  son  père.  Les  troubles  causés  par  sou 
caractère  entier  ne  le  prouvent  que  trop.  Le  roi  n'inter- 
vient guère  que  pour  rappeler  parfois  l'infant  au  respect 
de  la  justice  ou  pour  modérer  son  ardeur  imprudente. 
La  succession  de  Navarre  était  donc  l'affaire  de  Pierre, 
et  le  prince  au  profit  duquel  devaient  se  faire  les  Vêpres 
siciliennes,  n'était  pas  d'humeur  à  renoncer  aisément  à 
un  royaume.  Jacme  dut  répondre  par  un  refus  à  son 
petit-fils  Fernand  *. 

Cependant  l'infant  aragonais,  par  ses  menées  habiles, 
s'était  fait  un  parti  puissant.  Invoquant  les  droits  de  son 
père  et  ceux  de  ses  aïeux  %  flattant  les  goûts  des  Navarrais 
pour  l'indépendance,  il  parvint  à  obtenir  des  cortèsdu 

*  Archives  d'Arag.,  Reg.  XXin  t^  99  et  400. 

'  Lettres  écrites  par  le  roi  d'Aragon  à  Fernand,  infant  de  CasUile, 
à  Alfonse  X  et  à  Pierre  au  sujet  de  la  Navarre.  (Arch.  d'Arai^., 
Reg.  XXlil,  fo*  96  à  98.) 

'  Pierre  était  allé  rechercher  dans  les  archives  du  monastère  de 
San  Juan  de  la  Pena  les  actes  établissant  les  droits  de  la  maison 
d* Aragon  sur  la  Navarre.  (Arch.  d^Arag  ,  Parchemins  de  Jacme  I*', 
n»  2498.) 


AFFAIRES  DE   NAVARRE  501 

royaame,  réanïQS  k  PuenU  de  laReyna,  ane  décision 
favorable  à  ses  prétentions^  Pois,  tandis  qae  le  roi  Jacme 
réclamait  par  lettre  l'appui  de  Philippe  {^Hardi^,  il  partit 
incognito  pour  la  France,  afin  de  plaider  lui-môme  sa 
cause  auprès  de  son  beau-frère,  qui  avait  donné  asile  à  la 
veuve  de  Henri  T',  et  se  préparait  à  fiancer  la  jeune 
princesse  de  Navarre  avec  l'héritier  de  la  couronne  de 
France.  Philippe  accueillit  Pierre  avec  les  marques  de  la 
plus  vive  amitié.*  Ils  parlèrent  moultes  fois  ensemble 
privément,  sans  que  nul  homme,  pour  si  intimé  qu'ilfut, 
pût  rien  savoir  de  leur  entretien '.  »  «  Il  se  forma  entre 
eux  une  telle  intimité,  dit  Muntaner,  qu'ils  communièrent 
l'un  et  l'autre  d'une  môme  hostie  consacrée.  >  Mais,  bien 
que  le  chroniqueur  fît  partie  delà  suite  de  l'infant^,  il 
parait  s'être  mépris  sur  la  portée  des  témoignages  de 
courtoisie  échangés  entre  les  deux  princes,  lorsqu'il 
assure  qu'ils  firent  serment  de  ne  jamais  s'armer  l'un 


*  La  sommation  adressée  par  l'infant  aux  certes  navarraises,  ses 
engagements  à  leur  égard  et  là  décision  de  l'assemblée  en  sa  faveur 
ont  été  publiés  dans  la  CoUccion  de  documentos  ineditos  (t.  VI,  p.  480, 
4 83  et  4  89),  d'après  les  Parchemins  n<»  2205,  2206  et  2207  du  règne 
de  Jacme  I**,  aux  archives  d'Aragon.  Nous  mentionnerons  encore  les 
documents  suivants:  r  Confirmation  de  la  trêve  accordée  par  l'in- 
fant Pierre  aux  vassaux  de  Navarre,  4  septembre  4274  ;  2*  Commis- 
sion donnée  à  l'infant  Pierre  de  connaître  des  dommages  réciproques 
del'Âragon  et  de  la  Navarre.  (Reg.  XIX,  f<»  468  et  469.)  Moret  s'at- 
tache beaucoup  à  diminuer  l'importance  du  parti  aragonais  (Anales 
<2e  i^Tovarra,  lib.  XXIV,  cap.  m,  g  V.) 

'  Voy.,  dans  nos  Pièces  justificatives,  n»  XX,  la  lettre  de  Jacme  P' 
à  Philippe  le  Hardi. 
>  Chronique  de  Bernât  d'Ësclot,  chap.  lxx. 

*  «  J'ai  vu  de  mes  yeux,  dit  Muntaner,  le  roi  de  France  porter  à  la 
selle  de  son  cheval,  sur  un  canton,  les  armes  du  roi  d'Aragon  en  ^ 
témoignage  d'amitié  envers  ledit  infant,  et  de  l'autre  ses  propres 
fleurs  de  lys;  et  l'infant  en  faisait  de  môme-  »  (Chronique  de  Ramon 
Muntaner,  chap.  xxxvu.) 


contre  Taatre .  Ea  effet,  Pierre  avait  à  peine  refiassé  i«s 
Pyrénées,  qa*on  célébrait  à  Paris  les  fiançailles  de  Phi- 
lippe le  Bel  avec  Jeanne  de  Navarre,  et  qn^une  armée 
française  s*avançait  vers  le  royaume  qui  formait  la  dot 
de  la  princesse.  De  son  côté,  Fernand  de  Castille  com» 
roençait  les  hostilités.  Une  |[aerre  terrible  allait  éclaler; 
car  Pierre,  soutenu  par  les  Nayarrats ,  n'était  pas  dis* 
posé  à  abandonner  la  partie,  lorsqu'un  danger  comma 
appela  subitement  vers  le  sud  toutes  les  forces  de  l' Aragon 
et  de  la  Castille,  et  permit  à  la  France  de  s'agrandir  aui 
dépens  de  la  terre  espagnole  ^ 

Depuis  quelque  temps,  Témir  de  Maroc  Yaoub  Aben 
Jucef,  appelé  en  Espagne  par  l'émir  de  Grenade^ 
Mohamed  II,  attendait  le  moment  favorable  pMr  tenter 
un  débarquement  sur  les  plages  d'Algésiras  et  de  Tarifa. 
AQn  de  masquer  son  projet,  Aben  Jucef  feignait  de  diriger 
ses  armements  contre  l'émir  de  Ceata.  Il  avait  même 
conclu  à  ce  sujet  une  alliance  avec  Jacme  le  Conquérant  V 
Dans  le  mois  d'avril  de  l'année  1275,  tandis  que  l'Aragon 
et  la  Castille  avaient  les  yeux  tournés  vers  la  Navarre,  et 

*  Guillem  Anelier,  troubadour  de  Toulouse,  a  coosacré  à  la  révo- 
lution navarraise  de  4276  un  long  poëme  que  M.  Francieque  Mkbel 
a  publié  avec  la  traduction  française  dans  ia  Collection  des  doomnenU 
inédits  de  Ffiistoire  de  France.  D.  P.  llarregui,  membre  de  la  oora- 
mission  des  monuments  de  Navarre,  avait  donné  une  édition  du  texte 
^original  en  4847.  Voy.,  surGuillem  Ânelier  et  ses  œuvres,  llilà,<ie  /os 
TrovadoreSy  p.  247.  Bien  que  le  troubadour  jette  un  r^ard  rélro* 
spectif  sur  Tbistoire  de  Navarre  et  parle  de  l'adoption  mutuelle  de 
Sancbe  le  Reclus  et  de  Jacroe  I*%  il  passe  sous  silence  les  évéaements 
des  années  4274  et  4275. 

3  Le  traité  d'alliance  de  Jacme  avec  «  iucef,  mtramomefe'n,  seigneur 
de  Maroc  et  de  Fez,  au  sujet  de  la  conquête  deCeuta  »,  ae  irotive 
aux  arcbives  d'Aragon  (Reg.  XIX,  f»  6);  il  est  daté  du  4  4  des  kalendes 
de  décembre  (48  novembre)  4274.  Gapmany  l'a  publié  dans  le  i.  IV 
(Coleccion  diplomatica ^  p.  7)  de  se:^  .^etiiorias  sobre  la  Marina, 
comcrcio  y  arles  de  Barcelona. 


IlfYASION  IM58   MUSCLMANS  dVfRIQUE  505 

qn'Alfonse  X ,  s'acharnant  à  la  poarsnite  d'une  chimère , 
abandonnait  ses  États  pour  aller  supplier  le  Pape  de  con- 
firmer ses  prétentions  à  l'Empire  \  les  Africains  passèrent 
le  détroit,  et,  réunis  aux  Musulmans  de  Grenade,  en- 
vahirent FAndalousie.  Les  premiers  engagements  furent 
désastreux  pour  les  chrétiens.  Les  plus  vaillants  y  per- 
dirent la  vie,  entre  autres  Sanche,  archevêque  de  Tolède 
et 'fils  du  roi  d'Aragon  V 

L'infant  héritier  de  Castille ,  Fernand ,  gouverneur 
général  du  royaume  pendant  l'absence  de  son  père,  accou- 
rait vers  les  pays  attaqués  lorsqu'il  tomba  fualade  et 
mourut  à  Villa^Real' (août  4275). 

On  sait  comment  Sanche,  secondais  d'Alfonse  X , se 
fit  reconnaître  pourhéritier  de  la  couroone  au  préjudice 
des  fils  de  Fernand,  les  infants  de  la  Cerda,  et  légitima 
en  quelque  sorte  son  usurpation  par  les  exploits  qui  lui 
valurent  le  surnom  de  Bravê. 

Les  succès  des  Musulmans  avaient  mis  l'Espagne  entière 

*  On  sait  que  l'entrevue  du  Pape  et  du  roi  de  GaatUle  eut.  lieu  à 
Beaucaire. 

3  L'infant  archevêque  de  Tolède  s'était  mis  à  la  tête  des  milices 
castillanes  pour  défendre  le  pays  de  Jaen  contre  les  Musulmans.  Il 
fat  battu  et  fait  prisonnier.  Les  soldats  d'Àben  Jucef  et  ceux  de 
Mohamed  3e  disputaient  le  précieux  captif  et  allaient  en  venir  aux 
mains,  lorsque  Varraez  de  Malaga,  poussant  son  cheval  contre  l'ar- 
chevêque, le  perça  de  sa  lance  en  s'écriant  :  «  A  Dieu  ne  plaise  que 
pour  un  chien  meurent  tant  de  braves  combattants.  »  (Conde,  His^ 
toria  de  la  dominadon  de  los  Arabes  en  Espana,  t.  III,  cap.  x.)  L'in- 
fant Sanche  a  fut  bon  et  pieux,  dit  Muntaner,  et  réputé  dans  son 
temps  comme  l'un  des  plus  dignes,  des  plus  saints  et  des  plus  hon- 
nêtes prélats  du  monde.  Il  aida  beaucoup  à  accroître  la  sainte  foi 
calholique  en  Espagne,  causa  beaucoup  de  mal  et  d'abaissement 
aux  Sarrasins,  et  finit  par  périr  en  les  combattant;  aussi  peut-on  le 
mettre  au  rang  des  martyrs,  puisqu'il  mourut  en  voulant  maintenir 
el  élever  la  foi  catholique.  »  (Chronique,  chap.  xi.) 

^  Aujourd'hui  Ciudad-Real. 


504  hPm  IV,   GHAPITBB  y 

en  péril.  Le  roi  d'Aragon  ordonna  à  son  fils  alnédemar- 
cher  au  secours  de  la  Castille  contre  Tennemi  commiiD. 
G*esi  alors  qae  Pierre ,  craignant  pour  ses  fils  le  sort  des 
infants  de  la  Gerda,  s'il  venait  à  mourir  dans  cette  expé- 
dition ,  exigea ,  comme  nous  Tavons  dit,  que  son  père , 
en  présence  des  certes  de  Lérida,  reconnut  Alfonse  pour 
héritier  du  trône  d*Âragon  \ 

A  la  fin  de  Tannée  1275,  Tinfant  aragonais  se  mit  en 
marche  vers  la  frontière  de  Grenade,  à  la  tête  d'une 
armée  de  mille  chevaliers  et  de  cinq  mille  fantassins.  Le 
vieux  Conquistador  lui-même,  Teffroi  des  Sarrasins,  se 
préparait  à  venger  la  mort  de  son  fils  Tarchevéque  de 
Tolède,  lorsquMl  fut  obligé  d'aller  à  Valence  réprimer 
une  émeute  dirigée  contre  les  prud'hommes  de  la  capi- 
tale \  et  punir  des  chrétiens  qui  pillaient  les  Sarrasins 
soumis. 

Sur  ces  entrefaites,  le  maure  Al  Azarch,  le  chef  de  la 
précédente  révolte  de  Valence,  rentra  dans  le  royaume 
et  en  fit  soulever  la  population  musulmane.  Ce  mouve- 
ment, concerté  avec  les  émirs  de  Maroc  et  de  Grenade, 
fut  mal  secondé  par  ceux-ci,  qui  conclurent  précisément 
à  cette  époque  une  trêve  avec  le  roi  de  Gastille,  et  ren- 
dirent ainsi  disponibles  les  forces  commandées  par  l'in- 
fant d'Aragon.  Mais,  tandis  que  Jacme  convoquait  les 
seigneurs  et  les  milices  pour  repousser  le  danger  qui 


*  Voy.  ci-dessus,  p.  498  —  Les  craintes  de  Pierre  étaient  d'autant 
plus  fondées  que,  dans  le  Code  de  Valence,  le  roi,  s'inspirant  du 
fuero  jujgo,  s'était  prononcé  contre  le  droit  de  représentation  en 
ligne  directe  descendante-  (Voy.  ci-dessus,  p.  265.) 

*  Âu  commencement  de  Tannée  1275,  des  désordres  de  même 
nature  avaient  ensanglanté  Saragosse  Gil  Tarin,  juré  de  cetle  ville, 
perdit  la  vie  dans  une  émeute.  Les  meurtriers  furent  condamnés  à 
mort. 


SOCLÈVBIIBIIT  DBS  HAUBES  DB  VALENCE  505 

menaçait  la  domination  chrétienne  en  Espagne  \  Pierre, 
par  an  aveuglement  étrange,  réveillait  son  ancienne  que- 
relle avecle  comte  d'Âmparias.  Heureusement  le  comte 
s'offrit  à  porter  le  différend  devant  la  justice,  et,  sur 
Tordre  du  roi,  Tinfant  dut  cesser  les  hostilités. 

Cependant  la  croisade  s'organisait  contre  les  Musul- 
mans révoltés  ';  Le  Pape  avait  octroyé  à  Jacme  les  dîmes 
ecclésiastiques  à  condition  qu'il  expulserait  les  Sarrasins 
de  ses  États.  Le  roi  l'avait  juré  solennellement  sur  l'autel 
de  Notre-Dame  de  Valence,*  ;  la  nouvelle  insurrection  lui 
faisait  craindre  des  soulèvements  continuels  tant  que  tous 
les  Maures  jusqu'au  dernier  ne  seraient  pas  rejetés  hors 
du  territoire  espagnol.  . 

Au  mois  d'avril  1276,  les  troupes  aragonaises  attaquè- 
rent les  rebelles.  Al  Azarch  fut  tué  dans  une  rencontre 
près  d'Alcoy;  mais  les  chrétiens  payèrent  chèrement 
leurs  premiers  succès.  Jamais,  depuis  le  commencement 
du  règne,  on  n'avait  vu  les  Sarrasins  résister  avec  autant 
d'énergie  et  de  bonheur.  C'est  qjie  \e  Conquistador 
n'était  plus  sur  le  champ  de  bataille,  et  nul  ne  savait 
comme  lui  diriger  les  combattants,  ménager  leur  action, 
modérer,  leur  ardeur  imprudente  ou  leur  donner  l'élan 
et  la  confiance  an  moment  décisif,  en  un  mot  décupler 
leurs  forces  par  son  habileté  et  son  calme  courage.  Le 
vieux  roi  venait  d'être  saisi  par  la  maladie  et  s'était  fait 
porter  à  Xativa,  d'où  il  veillait  sur  toutes  les  opérations 
de  l'armée,  que  commandait  son  fils  naturel  Pedro  Fer- 
nandez  deHijar,  secondé  par  les  principaux  barons  et  le 

'  Arch.  d'Ârag.,  Reg.  XXIII,  f°*  48  et  49,  convocations  du  22  mars 
<276. 

>  Voy.  Raynaldi,  Annales  ecclesiasL,  ad.  ann.  1276,  n^  20  et  suiv. 

'  Voy.  le  premier  codicille  de  Jacme  dans  nos  Pièces  justifica- 
tives,'n«  XXI. 


506  LmiE  lY,  oBAPirius  t 

maUre  du  Temple.  Va  jour,  près  de  Lnobente,  les  cbré- 
tians  furent  batUis  avec  ées  pertes  eu  ormes;  plusieurs 
de  leurs  chefs  restèrent  sur  le  ohamp  de  bataille,  et  les 
milices  de  Xativa,  qui  avaient  pris  part  à  Taction,  Airent 
taillées  en  pièces,  au  point,  disent  les  chroniqueurs,  que 
la  ville  en  resta  presque  dépeuplée.  Am  temps  de  Marsilio, 
on  parlait  encore  avec  tristesse  de  ce  jour  néfaste,  qu'on 
appelait  40  mardi  de  malheur. 

«  Aussitôt  que  le  roi,  qai  était  dans  son  lit,  apprit 
cette  défaite,  il  s'écria  :  «  Sus,  sus,  amenez«moi  mon  che- 
-  val  et  préparee-moi  mes  armes  !  je  veux  marcher  contre 
•  ces  traîtres  de  Sarrasins  qui  ne  croient  mort.  Ils  ne  se 

>  doutent  pas  que  je  saurai  encore  les  exterminer  tous.  > 
Et  il  était  si  résolu  que,  dans  sa  colère,  il  voulait  se 
dresser  sur  son  lit;  mais  il  ne  le  put  pas.  Il  leva  alors 
les  mains  au  ciel  etdit  :  «  Seigneur,  pourquoi  permettes- 
»  vous  q«e  je  soie  ainsi  privé  de  mes  forces  ?)Eh  bien 

>  donc  !  ajontatt-il,  puisque  je  ne  puis  me  lever,  faites 
»  .sortir  ma  banniène,  et  qu'onme  porte  sur  une  litière 
»  .jusqu'aux  lieux  où  sont  ces  Maures  perfides.  Ils  ne 

>  pensent  plus  que  je  suis  de  ce  monde;  mais  ils  n'aa- 
»  iront  pas  plutôt .  aperçu  la  litière  qui  me  porte,  qu'à 
»  l'instant  nous  des  aurons  vaincus,  et  tous  seront  bien- 

>  tôt  .pris  eu  tués  \  > 


^  Gbitmi^e  de  Ramon  4funUin6r«  chop.  xxvi  et  xxvii,  trad.  de 
M.Aucbon.  i»e  obroniqueur  ajoute  que  le;Joi  fut  efm  ;  mUs,  lorsque 
la  litière  arriva  sur  le  lieu  du  combat,  Tinfant  Piecre  venait  de 
tailler  en  pièces  les  Sarrasins.  Le  désir  de  dramatiser  son  récit  et 
surtout  de  rehausser  les  exploits  de  Pierre  III,  semble  avoir  inspiré 
a  Mvntaner  ce  passege,  qui  est  en  contradietien  avec  la  Chronique 
royale.  Il  est  vrai  que  les  derniers  chapitres  de  cette  œuvre,  bien 
que  rédigés,  sans  doute,  du  vivant  de  Jaeme,  n'Ont  pu  être  sur- 
veillés par  loi  ;  mais  leur  concordance  parfaite  avec  les  documents 
contemporains  et,  eu  particulier,  avec  le  premier  codieitle  du  roi 


DERIflERS  mùmXWi  BU  OftNQKJISTADOR  WT 

L'iofaot  héritier,  mandé  par  son  père,  vîot  le  re- 
joiDd^re  avecde  nombreux  renforts.  Le  roi  dirigeaift  itoat, 
malgré  ia  jQQLaladle  qui  empirait  cJbiaque  jour.  Il  se  fit 
transportera  Alcira,  afin  de  surveiller  l'ebrai  des  vivres 
à  SM  armée.  Bientôt  îles  progrès  du  mal  ne  laissèrent 
{>l«ts  d'espoir.  Le  C&nquietador  vit  sans  effroi  s'avancer 
cette  mort  qu'il  avait  si  souvent  affrontée.  Il  reçut  les 
sacrements,  fit  venir  auprès  de  lui  l'infaiyt  Pierre,  .qu'il 
avait  laissé  à  Xativa,  et,  devait  une&âmJDreuse  .assemblée 
de  pF^ats,  de  seigneurs  et  de  bourgeois,  il  adressa  ses 
dernières  recommandations  à  celui  qui  allait  Lui  succéder 
dans  la  tâche  glonieuse  et  |>émble  de  gouverner  l'A- 
ragon. . 

Aimer  et  secourir  son  frère  Jacme;  faire  en  sorte 
«  que  ni  traître  ni  adulateur  ne  puisse  semer  entre  eux 
la  discorde»  ;  aimer  et  protéger  tous  ses  sujets,  non- 
seulement  les  clercs,  les  barons  et  les  chevaliers,  mais 
aussi  les  bourgeois  et  le  peuple,  «  car  les  rois  trouvent 
honneur  .et  secours  chez  les  habitants  des  villes  et  des 
villages»;  faire  régner  la  justice  et  veiller  à  ce  que  les 
grands  n'oppriment  pas  les  petits  ;  ne  lever  des  impôts 
que  de  l'assentiment  des  peuples,  et  ne  jamais  accabler 
ceux-ci  de  charges  trop  lourdes,  «  car  une  mauvaise 
domination  détruit  et  perd  les  royaumes  »,  tandis  que  si 
les  rois  aiment  leurs  peuples,  <  Dieu  les  aime  particuliè- 
remeutet  ils  réussissent  dans  leurs  eutrafurises»;  chasser 
les  Sarrasins  du  royaume  de  Valence,  «  de  telle  sorte 
qu'il  n'en  reste  pas  un  seul,  sous  quelque  prétexte  que 
ce  soit  » ,  parce  qu'ils  ont  toujours  trahi  le  roi  >et  cherché 

(Toy.  Pièces  justificatives,  n»  XXI),  est  une  preuve  de  leur  exacti- 
tude. Il  est  possible  que  le  secrétaire  ehargé  d'écrire  ces  mémoires 
sous  la  dictée  du  roi,  ait  continué  seul  le  travail  pendant  la<lernière 
maladie  de  son  maître. 


508  LITRB  IT,  CHAPITBS  ▼ 

à  lui  rendre  le  mal  pour  le  bien»  ;  enfin  retourner  im- 
médiatement à  la  tête  de  son  armée,  poursuivre  la 
guerre  à  outrance  jusqu'à  rentière  pacification  du  pays, 
sans  s'arrêter  même  pour  assister  aux  derniers  moments 
de  son  père  ou  lui  donner  la  sépulture;  tels  furent  les 
conseils  et  les  ordres  que  l'infant  reçut  du  héros  arago- 
nais,  et  quecelui-ci  consigna  presque  en  entier  dans  un  de 
ses  codicilles'. 

Le  2i  juillet,  Jacme  abdiqua  en  faveur  de  ses  deux  fils, 
revêtit  l'habit  des  moines  de  Giteaux  et  fit  le  vœu  de  pas- 
ser sous  la  bure,  dans  le  monastère  de  Poblet,  les  jours 
que  Dieu  voudrait  encore  lui  accorder  *.  Puis,  présentant 

*  Voyez  les  deux,  codicilles  de  Jacme  dans  nos  Pièces  justifica- 
tives, n<>*  XXl  et  XXII.  Il  est  curieux  de  comparer  le  premier  de  ces 
documents  avec  le  chap.  cccix  de  la  Chronique  royale  et  le  chap.  lxxhi 
de  la  Chronique  de  d'Esclot.  Ce  dernier,  préoccupé  de  représenter 
le  roi  Pierre  Ili  comme  le  modèle  des  hommes  et  des  souverains* 
fait  dire  à  Jacme  :  c  Don  infant,  je  vous  ai  fait  moult  mal  et  moults 
torts,  à  cause  de  faux  flatteurs  qui  vous  accusaient  auprès  de  moi,  et 
maintenant  il  m'en  repend,  car  onques  ï\  n'y  eut  roi  qui  eut  meiUeur 
fils  que  vous  ne  l'avez  été  pour  moi,  ni  aussi  obéissant  à  son  père; 
car  onques  en  nul  temps  vous  ne  m'avez  peiné  ni  n'avez  dépassé  ma 
volonté  en  rien...  Âh!  beau  fils,  pensez  à  bien  gouverner  voire 
peuple  et  soyez  miséricordieux,  et  aimez  et  honorez  tous  les  barons 
et  les  chevaliers,  et  tenez-les  en  soin  et  donnez-leur  du  vôtre,  ei 
tenez  la  terre  en  justice  et  en  droiture,  et  faites  votre  pouvoir  pour 
jeter  les  Sarrasins  hors  du  royaume  de  Valence.  »  D'Esclot  n'a  rien 
oublié  de  ce  qui  concerne  la  noblesse,  mais  il  passe  entièrement  sous 
silence  les  recommandations  qui  s'appliquent  spécialement  à  la 
bourgeoisie,  au  peuple  et  même  au  clergé. 

^  Le  24  juillet,  le  roi  fit  connaître  son  abdication  et  son  entrée  en 
religion  à  Tarchevôque  de  Tarragone,  comme  seigneur  de  l'Ile  d'Iviza, 
aux  feudataires  du  royaume  de.  Ma  yorque,  aux  consuls  de  Montpel- 
lier et  à  ceux  de  Perpignan,  afin  qu'ils  eussent  a  reconnaître  son  fils 
Jacme  pour  leur  roi.  (Voy.  d'Achery,  SpicUegium,  éd.  in-f»,  t.  III, 
p.  682;  Blartène  et  Durand,  Thésaurus  novus  anecdoL,  t.  Il,  col. 
4455.)  Une  communication  analogue  dut  être  faite  aux  siyets  de 
l'infant  Pierre,  devenu  le  roi  Pierre  lii. 


MORT  DB  JAGME  1*^  509. 

à  Pierr6;S0Q  épée:  «  Prenez,  lui  dit-il,  et  portez  digne- 
ment ce  fer  avec  lequel,  soutenu  par  la  main  de  Dieu, 
j'ai  été  vainqueur  de  tous  mes  ennemis\  •  et  Tinfant, 
pour  obéir  à  son  père,  dut  retourner  à  Xativa,  tandis 
que  la  cour  s'acheminait  tristement  vers  le  monastère  de 
Ppblet,  où  Jacme  voulait  être  transporté  sans  retard.. 
Mais,  en  arrivant  à  Valence,  Tétat  du  malade  s'aggrava 
an  point  qu'il  fut  impossible  d'aller  plus  avant  *.  L'infant 
Jacme,  les  filles  et  les  petits-enfants  du  Conquistador,  et 


*  Chronique  de  P.  Marsilio.  —On conserve  cette  épée  à  l'hôtel  de 
ville  de  Valence.  Tous  les  cent  ans  ont  lieu  les  fêtes  commémora- 
tives  de  la  conquôte,  pendant  lesquelles  Pépée  du  Conquistador  est 
portée  en  grande  pompe  à  la  cathédrale  et  conduite  processionnelle- 
ment  dans  les  principales  rues  de  la  ville.  Une  autre  épée  que  Ton  dit 
avoir  appartenu  à  Jacme  I**,  figure  dans  la  riche  collection  delMr- 
meria  Real  de  Madrid.  Lors  de  la  profanation  des  sépultures  royales 
de  Poblet,  en  4835,  on  trouva,  dit-on,  dans  le  tombeau  du  Conquis- 
tador, une  épée  à  garniture  d'émail,  qui  fut  vendue  en  Angleterre. 
VArmeria  Real  renferme  un  certain  nombre  d'objets  que  la  tradition 
attribue  au  héros  aragonais:  M.  Achille  Jubinalena  donné  le  dessin 
et  la  description  dans  son  bel  ouvrage  sur  la  collection  d'armes  de 
Madrid.  Ce  sont,  outre  l'épée  que  nous  avons  mentionnée,  des 
étriers,  une  selle,  un  grelot,  un  fragment  de  sous-ventriôre,  qui 
paraissent  en  effet  remonter  au  XIII*  siècle;  deux  canons  à  main, 
une  cuirasse  et  un  pavois  recouvert  de  peau,  qui  sont  évidemment 
postérieurs  à  l'époque  de  Jacme  1**  ;  enfin  le  casque  en  quelque 
sorte  légendaire  que  la  ville  de  Valence  a  adopté,  dès  le  XIIl*  siècle, 
comme  timbre  de  ses  arinoiries,  et  qui  porte  pour  cimier  les  ailes  et 
la  partie  antérieure  du  corps  d*un  dragon.  (Voy.  Jubinal,  La  Àrmeria 
Real,  1. 1,  pi.  44  ;  t.  II,  pi.  2  et  7 ;  t.  III,  pi.  30.) 

^  «  Au  bout  de  quelques  jours,  persistant  dans  notre  dessein  de 
nous  retirer  à  Poblet  pour  servir  la  Mère  de  Dieu  dans  ce  monastère, 
nous  partîmes  d'Alcira  et  nous  arrivâmes  jusqu'à  Valence ,  et  là 
notre  mal  s'aggrava  et  le  Seigneur  ne  permit  pas  que  nous  conti- 
nuassions notre  voyage.  »  Telles  sont  les  dernières  paroles  de  la 
Chronique  de  Jacme.  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  les  derniers 
chapitres  peuvent  être  l'œuvre  d'un  secrétaire  et  non  celle  du  roi 
lui-même. 


M^  LIVRE  rv,  cflAPinnsv 

probablement  aussi  Tiofant  Pierre*  accoururent  auprèsda 
mourant.  «  Il  leur  donna  à  tous  sa  bénédiction  et  les 
endoctrina  et  prêcha,  car  il  avait  tout  son  bon  sens  et 
toute  sa  mémoire;  il  les  recommanda  tons  à  Dieu, 
croisases  mains  sur  sa  poitrine  et  dit  Foraison  que  Notre* 
Seigneur  trai  Dieu  prononça  sur  la  croix,  et,  aussitôt  cette 
oraison  terminée,  son  &me  se  dégagea  de  son  corps  et, 
joyeuse  et  satisfaite,  gagna  le  sarnt  paradis*.» 

Ce  fut  le  mercredi  27  juillet  1276,  à  minuit',  que 
mourut  Jacme  le  Conquérant,  dans  sa  soixante-neuvième 
année  *. 

A  cette  nouTelle,  la  douleur  fut  générale  dans  les 
pays  aragonais.  Le  clergé  et  la  noblesse,  malgré  leurs 
luttes  avec  le  Conquistador,  se  souvenaient  de  sa  piété, 
de  sa  douceur,  des  bienfaits  qa*il  répandait  autour  de 
lui,  et  se  prenaient  à  craindre  le  caractère  inflexible, 
entreprenant,  opiniâtre  du  nouveau  roi.  La  bourgeoisie 
et  le  peuple  comprenaient  combien  les  progrès  réalisés 
par  le  législateur  de  Valence  étaient  compromis  sons  le 

*  n  résulte  du  récit  de  Muntaner  (chap.  xxvui)  et  de  celui  de 
d'EscloC  (otiap.  I.X1III)  que  Pierre  assista  aux  derniers  moments  de 
son  père. 

^  Chronique  de  Ramon  Muntaner,  diap.  xxTin.  —  D^Esdot  dit: 
«  Les  anges  du  oiel  irinrent  avec  grande  aUégresse  et  lui  prirent 
l'àme  du  corps  et  l'emportèrent  au  ciel  derant  Dieu.  » 

'  Les  Gbr(miqoes  ne  sont  pas  d^accord  sur  la  date  du  jour.  Celle 
que  nous  donnons  est  la  plus  généralement  adoplée.  La  façon  de 
compter  par  kalendes,  les  négligences  des  copistes,  Theure  même  de 
la  mort  du  roi,  ont  occasionné  de  noMbrenses  erreurs.  (Voy.  Chro- 
nique de  Ramon  Muntaner,  chap.  xxviti;  Chronique  de  Bemat  d'Es- 
ciot,  chap.  LXXiu  ;  Chroniœn  Ulùinense,  ap.  Marea  kispcmica^  cd.  739: 
Gesta  camiium  Barcinonensium,  ap.  Marca  hispanica,  col.  557;  PHM 
Thalamiu  de  Montpellier ^  ad.  ann.  4276,  et  la  note  ajoutée  à  la  fin 
de  la  plupart  des  copies  de  la  Chronique  de  Jacme.) 

*  Pour  les  détails  relatifs  à  Pinhumation  de  Jacme  1*'  et  aux 
diverses  exhumations  de  ses  restes,  voy.  la  note  F  de  l'Appendiee. 


COMPLAINTE'  DE  MATHIBU  M  QCERGT  511 

règne  â*uD  prince  pou^  qni  lo'nl  devait  s'effac^er  devant 
l'ambition  personnelle.  Les  Aragonàis,  les  Catalans ,  les 
Valenûiens  poaioaient  espérer  avoir  dai»  Pierre  un  grand 
roU  seloD  le  sens  ordinaire  de  ces  mots,  c'est-à-dire  uii 
monarque  ambitieux,  entreprenant  et  heorenx  ;  les  ha* 
bitants  des  Baléares,  da  Roùssillon  et  de  Montpellier, 
voyaient  dans  l'infant  Jacme  un  seigneur  bon  et  «  droi- 
turier  »  ;  mais,  chez  aucun  de  ces  deux  princes,  on  ne 
pressentait  cet  ensemble  de  qualités  qui  fait  à  la  fois  la 
gloire  et  le  bonheur  des  peuples.  Aussi,  à  la  mort  du  roi 
conquérant,  <  les  gémissements  et  les  cris  retentirent-ih 

aussitôt  par  toute  la  cité ,  et  tout  le  monde  allait 

pleurant  et  criant Et  nous  pouvons  bien  dire  de  ce 

seigneur,  ajoute  Muntaner,  qu^il  fut  heureux,  même 
avant  que  de  naître ,  que  sa  vie  fut  de  mémo  et  que  sa 
fin  fut  encore  meilleure  *  j»  . 

Au  milieu  du  deuil  public,  la  poésie  provençale  ne 
pouvait  faillir  à  son  rôle  d'interprète  des  sentiments 
populaires.  Elle  avait  une  double  dette  à  payer,  celle  de 
la  nation  et  la  sienne,  au  souverain  qui  l'avait  aimée  et 
protégée.  Cependant  une  seule  pièce  de  vers  sur  la  mort 
de  Jacme  P  est  arrivée  jusqu'à  nous  '.  Elle  est  due  au 
troubadour  Mathieu  de  Quercy.  Quelques  traits,  inspirés 
par  une  douleur  profonde  et  une  admiration  naïve,  ra^ 
chètent  l'ensemble  médiocre  de  cette  ceuvre. 

<  La  joie  me  manque  et  la  douleur  m'accable,  dit  le 
poëte,  et  rien  ne  me  tourne  en  bien  ni  en  profit,  quand 
il  me  souvient  du  bon  roi  d'Aragon  :  alors  je  me  prends 

*  Chronique  de  Ramon  Muntaner,  chap.  xxviii. 

^  «  Si  le  roi  Jacme  était  encore  vivant,  dit  Serveri  de  Girone  dans 
une  de  ses  pièces,  je  ferais  des  chants  ingénieux  ;  mais  à  présent, 
l'en  ai  perdu  le  courage.  9- (Milà,  De  los  Trovadores  en  Espana, 
p.  39ii.) 


512  LIVRE  !▼ ,  GHAPimE  Y 

fortement  à  soupirer,  et  j*estime  le  monde  aussi  peu  que 
de  la  boue.  Car  il' était  franc  et  doux,  de  peu  de  mots  et 
de  grands  faits,  et,  sur  tous  les  autres  rois  que  l'on  ait 
jamais  Yus  en  Espagne,  il  était  le  plus  grand  pour  con- 
quérir la  gloire.  Et  puisque  ce  roi  savait  tant  valoir,  il 
est  juste  que  tout  le  monde  le  pleure. 

>  Par  droit  et  par  raison,  tout  le  monde  doit  se  lamenter 
et  pleurer  la  mort  du  roi,  car  jamais  prince  meilleur  ne 
fut  de  notre  temps  en  deçà  ni  au  delà  de  la  mer,  ni  aucun 
qui  ait  tant  fait  contre  la  gent  perfide,  ni  tant  exalté  la 
croix  où  Jésus*Christ  fut  mis  pour  nous  tous.  Hélas  ! 
Aragon,  Catalogne,  Cerdagne  et  Lérida,  venez  pleurer 
avec  moi,  car.  autant  de  douleur  vous  devez  bien  avoir 
que  ceux  de  Bretagne  en  eurent  pour  la  mort  d*Artos. 

>  En  l'an  mille — pour  qui  sait  bien  compter — depuis 
que  Jésus*Christ  prit  la  forme  incarnée,  deux  cent  et 
soixante-seize,  le  roi  Jacme  mourut  le  sept  des  kalendes 
d'août  *  ;  prions  que  Jésus  ait  compassion  de  lui,  le  garde 
du  profond  abîme  où  Dieu  plonge  les  mauvais  anges,  lui 
donne  les  joies  dans  lesquelles  l'âme  se  conforte,  le  cou- 
ronne et  le  fasse  asseoir  dans  ce  royaume  où  il  n'y  a  point 
de  déplaisir,  car  je  crois  qu'un  tel  lieu  lui  convient. 

»  A  toutes  gens  je  vais  donner  un  enseignement  en  peu 
de  mots  :  ce  roi  est  appelé  par  tous  Jacme,  et  Dieu  Ta 
mis  en  la  compagnie  de  saint  Jacme,  puisqu'il  est  mort  le 
lendemain  de  la  fête  de  saint  Jacme  *  ;  de  sorte  qu'avec 
raison  nous  avons  la  double  fête  de  deux  Jacme. 


*  Le  7  des  kalendes  d'août  correspondrait  au  26  juillet. 

3  Le  25  juillet  est  le  jour  de  la  fête  de  saint  Jacques  le  Majeur.  En 
mettant  le  Conquistador  dans  la  compagnie  du  patron  de  l'Espagoe. 
le  troubadour  Mathieu  ne  cherchait  pas  seulement  un  rapprochement 
ingénieux.  Muntaner  dit  expressément  au  chapitre  xxvui  de  sa 
Chronique  :  «  Je  suis  bien  assuré  qu'il  est  au  nombre  des  saints  du 


CONCLUSION  SIS 

>  Mathieu  a  fait  par  deuil  et  par  tristesse  sa  complainte 
sur  le  roi  qu'il  aimait  plus  que  tous  les  autres  rois,  pour 
que  tous  eu  pleurent  et  que  son  nom  puisse  rester  dans 
le  monde,  et  afin  d'obtenir  des  fils  du  roi  et  de  ses  amis 
quelque  chose  qui  lui  plaise  et  le  console  ^  » 


Le  roi  Jacme  V  conquit  trois  royaumes ,  gagna  trente 
batailles  rangées ,  fonda  plus  de  deux  mille  églises  ;  il 
fut  vaillant,  pieux ,  <  de  gentille  apparence  »,  généreux, 
miséricordieux  et  magnifique.  Tel  est  le  portrait  que  les 
historiens  se  sont  transmis  de  siècle  en  siècle ,  et  auquel 
le  Conquistador  a  dû  sa  renommée  dans  un  temps  où  un 
grand  souverain  devait  être  avant  tout  un  chevalier  ac- 
compli. Mais  cet  ensemble  de  qualités  n'est  pas  ce  qui 
mérite  le  plus  l'admiration  de  notre  époque^  Â  nos  yeux, 
c'est  peu  pour  un  roi  du  XIIP  siècle  que  d'avoir  brillé  au 
premier  rang  des  hommes  de  guerre,  c'est  beaucoup  que 
de  compter  parmi  les  hommes  d'Etat,  les  réformateurs 

paradis,  et  chacun  doit  ainsi  le  croire.  »  Âu  XVII*  siècle,  le  comte  de 
Guîmera  proposa  la  canonisation  du  roi  Jacme.  (Voy.  la  note  E  de 
l'Appendice.; 

*  Voy.  Raynouard.  Chois  de  Poésies  des  troubadours,  t.  V,  p.  264  ; 
Milà,  De  los  Trovadores,  p.  492  ;  Histoire  littéraire  de  lu  Finance,  t.  XIX, 
p.  607  (fragments.)  —  Dans  les  siècles  suivants,  Jacme  le  Conquérant 
a  été  souvent  célébré  par  les  poètes  ;  nous  citerons  entre  autres  les 
vers  de  VÀrcadia  de  Lope  de  Vega  : 

De  los  Moros  la  arrogancia 
Sujeta  à  mis  plantas  vi  : 
Très  reinas  tienen  por  mi 
Portugal,  Gastllla  y  Francia. 

Ganô  à  Mallorca  y  Yalencia , 
Ganara  la  casa  santa, 
6i  el  Uempo  oon  furia  tanta 
No  me  hiciera  resistencia. 

TH.  53 


514  LITRE  IT,  GBIPITRB  Y 

et  les  bienfaiteurs  des  peuples ,  <f  a^oir  pFesseBli 
tr»Dsfonnatiofis  nécessaires  de  h  soeiété ,  ef  de  les  aroir 
secondées  plus  eKkacemeot  peut-éKre  qii*aBciin  anfre  sov- 
yeraiD  de  son  temps. 

Une  phrase  de  son  codiciife  exptiqmi  h;  v»  eatiére 
de  ce  prince  :  «  Dieu  aime  les  rois  qui  aiment  leurs 
peuples.  >  Toute  la  politique  de  ce  grand  règne,  est  dans 
ces  belles  et  simples  paroles. 

lacme  a  aimé  soù  peuple  jiisqa*à  Tabnégatico  de  lai- 
méme  ;  car,  pour  lui ,  Tunique  mission,  Cuarque raisev 
d'élre  des  rois  en  ce  monde ,  c'est  de  veiller  au  bonfaear 
et  au  perfectionnement  moral  de  leurs  sujets.  La  sanctieff 
de  ce  devoir  immense,  c'est  de  Dieu  seul  qu'il  Tattend,  ef 
cbez  un  héros  de  ces  srëcies  de  foi ,  cette  sanction  est 
bien  plus  efficace  que  la  tutelle  d'unearistocratie  mquiéte, 
méfiante ,  ennemie  du  progrès.  Aussi  n'entre-t-il  ni  o^ 
gueil  de  despote,  ni  désir  d'une  indépendance  dér^Me 
dans  le  sentiment  qui  pousse  Jacme  i  se  soustraire  an 
contrôle  de  la  nation  et  à  proclamer  Torigine  drvine  da 
pouvoir  royal.  Il  sent  dans  son  co&ur  de  nobles  aspirations, 
dans  son  intelligence  la  puissance  du  bien  ;  ce  cœur  et 
cette  intelligence ,  qu'il  a  reçus  de  Dieu ,  il  demande  à 
Dieu  de  les  diriger.  Ce  serait  «  à  ses  yeux ,  profaner  ces 
dons  sublimes  que  de  les  mettre  au  service  exclusif  d'une 
mesquine  ambition  de  personne  ou  de  famille.  Sans  s'io- 
quiéter  outre  mesure  d'acquérir  de  la  gloire  ou  d'aug- 
menter sa  puissance ,  il  marche  résolument  dans  la  voto 
que  lui  montre  la  Inmvàre  d'en  baraii,  persuadé  que  s'il 
obtient  la  protection  divine ,  gloire  et  puissance  lui  seront 
données  par  surcroît. 

T^lle  est  la  clé  de  h  conduite  du  sourerain ,  abstraction 
faite  des  erreurs  et  diâSi  faiUâsaes  âel*hamAie.  Ainsi  s'ex- 
pliquent à  la  fois  ses  guerres  âe^  conquête  contre  les 


Haares  et  soq  désiiitéredsemeDt  avec  les  princes  chré- 
tiens, ses  lattes  contiûuelles  par  Tépée  ou  par  les  lois 
contre  rarbitmire  féodal  et  ses  méDagemeots  pour  des 
adfersaires  vaiûcns  qoi  sont  des  compatriotes ,  son  ar« 
dear  à  foire  observer  la  justice  et  son  habileté  à  éluder 
les  andennes  coutumes  qu'il  croit  funestes  au  progrés  de 
ses  Etats,  sa  soumission  k  l'autorité  spirituelle  des  Papes 
et  son  refus  de  reconnaître  leur  suprématie  temporelle, 
ses  tentatives  enfin  pour  effacer  certaines  inégalités  so* 
ciales,  pour  établir  la  libre  circulation  des  immeubles, 
pour  favoriser  une  répartition  plus  équitable  de  la  ri- 
chesse. 

Les  idées  qui  ont  inspiré  à  Jacme  ses  conquêtes  et  ses 
réformes  ne  lui  appartiennent  pas  en  propre,  elles  sont 
un  produit  de  Tétat  social  du  XIIP  siècle  ;  mais,  à  l'œuvre 
de  rénovation  qui  s'accomplit,  les  uns  apportent  leur 
haine  du  passé  et  leur  désir  du  changement ,  les  autres 
l'espoir  d'un  profit  personnel ,  quelques-uns  seulement 
l'amour  du  bien ,  le  dévouement  à  l'humanité.  Parmi  ces 
derniers,  dominent  les  nobles  figures  de  saint  Louis,  de 
saint  Femand ,  d'Alfonse  X  et  de  Jacme  I". 

Ces  grands  princes,  qu'une  même  foi  éclaire,  qu'une 
mâme  conviction  anime,  marchent  vers  un  même  but, 
par  des  voies  analogues  ;  mais,  comme  ils  différent  de 
caraetère  et  d'aptitudes,  ils  doivent  différer  aussi  par 
lenr  manière  de  procéder  et  par  les  résultats  qu'ils  ob^ 
tiennent.  C'est  en  ceci  que  s'accentue  plus  nettement  la 
physionomie  du  monarque  aragonais. 

Homine  d'action  avant  tout,  doué  d'une  prodigieuse 
actîvsié  d'esprit  et  de  corps,  menant  de  front  les  affaires 
de  CcMitenatsra,  réformes;  au  dedans  et  guerres  au  dehors, 
essais  de  reconstitution  nationale  de  la  France  do  Midi 
et  iisUes  ce&tre  des  sujets  rebelles,  uégociations  avec 


516  LITRB  IV,   GHAPITBB    ▼ 

saint  Louis  et  rivalité  avec  Âlfonse  X,  il  soDge  à  tout, 
il  yeille  à  toat,  il  n'oublie  que  lui -môme,  mais  il  s'oublie 
à  ce  point,  qu'il  ne  semble  même  pas  se  préoccuper  de 
son  perfectionnement  moral,  et  que,  suivant  l'expressiou 
du  papeClément  IV,  ce  vainqueur  de  tant  d'ennemis  se 
laisse  vaincre  par  les  passions.  On  dirait,  à  le  voir  agir, 
que  Dieu  ne  demande  compte  aux  rois  que  de  leur  vie 
publique  et  les  absout  d'avance  de  leurs  fautes  privées. 
Aussi  ne  faut-il  point  chercher  en  lui  autre  chose  que 
le  souverain  ;  rien  ne  le  distrait  de  ses  préoccupations 
de  roi  ;  rien  ne  l'arrache  à  ce  monde  pour  le  transpor- 
ter  dans  les  sphères  de  la  sainteté  ou  de  la  science  spécu- 
lative. Il  n'a  ni  la  candeur  sublime  de  saint  Louis,  ui 
la  vaste  érudition  d' Alfonse  X;  mais  il  possède  la  con- 
naissance de  l'humanité,  le  coup  d'œil  du  grand  capi- 
taine, le  jugement  sûr  de  l'homme  d'Etat. 

Pour  le  saint  roi  de  France ,  la  vertu  est  une  atmo- 
sphère qui  semble  aussi  nécessaire  à  la  vie  de  son  àme 
que  l'air  est  nécessaire  à  la  vie  de  son  corps.  Louis  IX 
fait  le  bien  comme  par  besoin,  et  presque  sans  s'in- 
quiéter du  résultat  humain  de  ses  actions.  Jacme,  sans 
cesser  de  regarder  le  ciel,  ne  se  détache  jamais  de  la 
terre  ;  il  suit  le  droit  chemin  de  l'honneur  et  de  la 
loyauté  par  instinct,  par  devoir  et  aussi  parce  que  c'est 
la  voie  la  plus  sûre.  Les  plus  nobles  élans  de  son  cœur 
ne  lui  font  jamais  perdre  de  vue  les  combinaisons  de  la 
politique. 

Le  philosophe  couronné  de  Gastille  cherche  daos 
l'étude  un  refuge  pour  échapper  aux  soucis  de  la  vie 
réelle,  et,  lorsque  le  savant,  redevenant  roi,  veut  faire 
profiler  son  peuple  du  résultat  de  ses  travaux,  il  jette 
sans  ménagements  la  lumière  au  milieu  des  ténèbres,  il 
éblouit  et  n'éclaire  pas.  Dans  les  lettres  et  les  sciences, 


CONCLUSION  517 

ie  législateur  de  KAragOD  ne  voit  ni  une  distraction  ni 
on  but.  Âmi  du  progrès  en  toutes  choses,  il  favorise 
par  son  exemple  le  progrès  intellectuel,  puissant  auxi- 
liaire pour  les  réformes  qu*il  médite,  mais  qui  veut  être 
dirigé  par  une  main  prudente  et  habile.  Jacme  ne  léguera 
pas  à  la  postérité  des  œuvres  scientifiques  admirables,  il 
laissera  à  ses  peuples  des  institutions  utiles. 

Entre  Jacme  et  Fernand  III,  tous  deux  grands  capi- 
taines, conquérants  heureux  et  législateurs,  les  points 
de  ressemblance  paraissent  plus  nombreux;  mais,  au 
fond,  est-il  facile  de  comparer  la  valeur  politique  de  deux 
princes  placés  dans  des  situations  très-différentes  ?  Le 
premier,  livré  dès  l'enfance  à  ses  propres  forces,  lutte 
durant  toute  sa  vie  contre  des  difficultés  sans  nombre 
qui  surgissent  à  la  fois  de  tous  les  côtés  ;  le  second,  sou- 
tenu par  la  sagesse  et  le  talent  de  sa  mère,  n*a  à  faire 
face  qu'à  des  événements,  graves  sans  doute,  mais  qui  se 
déroulent,  pour  ainsi  dire,  un  à  un.  Tandis  que  l'auteur 
des  Furs  de  Valence  et  des  Fueros  d'Aragon  soumet  ses 
codes  à  répreuve  décisive  de  la  pratique,  le  promoteur 
de  la  réforme  législative  en  Castille  n'a  le  temps  de 
mettre  en  œuvre  que  les  moins  hardis  de  ses  projets.  Les 
occasions  lui  manquent  de  déployer  les  ressources,  l'acti- 
vité, la  souplesse  d'esprit  qui  distinguent  son  émule 
d'Aragon.  Du  reste,  Fernand  domine  Jacme  de  l'incom- 
mensurable hauteur  de  la  sainteté.  Grand  homme  de 
guerre,  grand  législateur  et  grand  saint,  il  paraîtrait 
sans  doute  plus  grand  encore  s'il  avait  été  moins  heu- 
reux. 

A  côté  de  Louis,  de  Fernand  et  d'Alfonse,  Jacme  a 
une  place  à  part.  Malheureusement  pour  lui,  il  n'est  pas 
saint;  heureusement  pour  ses  sujets,  il  n'est  pas  savant; 
il  est  roi,  il  n'est  que  roi,  mais  il  l'est  dans  la  plus  belle 


618  UYRB  IT^   CUJjntBM  T 

acception  de  ce  mot,  rex;  il  est  celai  qui  dirige  son  peuple 
dans  les  voies  de  la  justice  et  de  la  civilisation.  Jacme 
est  par  excellence  rbomme  de  Taction,  de  Taction  intel- 
ligente» noble,  dévouée,  se  proposant  un  bat  élevé  ;  s'il 
lui  manque  des  vertus  privées,  il  a  au  plus  haut  d^ré  ce 
que  Ton  a  appelé  les  vertus  du  métier,  et,  pardessus 
tout,  un  sens  pratique  poussé  jusqu*au  génie. 

Quelle  que  soit  la  diversité  de  leurs  caractères,  ces 
grands  rois,  auxquels  revient  la  gloire  d'avoir  dirigé  le 
mouvement  réformateur  de  leur  temps,  se  prêtant  un 
mutuel  appui  en  réunissant  leurs  efforts  pour  le  triomphe 
des  mêmes  principes.  Le  peuple,  habitué  à  se  ranger  de 
confiance  à  l'opinion  de  ceux  qu'il  admire  ou  qu'il  aime, 
a  vu  dans  la  sainteté  de  Louis  IX  et  de  Fernand  III,  dans 
la  loyauté  chevaleresque  de  Jacme  I".  dans  la  haute 
intelligence  d'Alfonse  X,  dans  le  dévouement  aa  bien 
public  de  ces  quatre  princes,  les  meilleures  preuves  de 
la  légitimité  de  la  cause  qu'ils  patronnent.  La  popularité 
des  hommes  a  fait  la  popularité  des  idées. 

Parmi  ces  idées,  il  en  est  d'éternellement  vraies,  il  en 
est  d'autres  qui  auraient  dû  servir  uniquement  de  moyen 
de  transition  et  qui,  élevées  à  la  hauteur  d'un  principe, 
ont  fait  rétrograder  la  société,  bien  loin  de  contribuera 
son  progrès  ;  car,  par  rapport  aux  institutions  politiques 
et  judiciaires,  l'époque  des  Elabligsemenls.Aes  Partida» 
et  des  FwB  est  certainement  plus  près  de  nous  que  celles 
qui  lui  ont  succédé. 

Lorsqu'on  voit  au  Xlir  siècle ,  en  Aragon  et  dans  quel- 
ques autres  pays,  la  nation  affirmer  sasouveraineté,  voter 
l'impôt,  participer  au  gouvernement  et  à  l'administration 
de  la  justice ,  les  libertés  communales  se  développer,  la 
résistance  aux  abus  du  pouvoir  s'organiser  légalement  ; 
lorsque,  en  face  de  ces  restes  des  anciennes  institutions. 


€ÛIICL1IBiail  Kl  9 

4Uk  imt  k  royauté  prasseotir  et  faYoriser  TayéMoneat 
de  l'égalité  civile^  dégager  la  propriété  des  entraves  féo- 
dales ,  donner  des  garanties  de  bonne  justice»  de  sécurité 
iadividoelle  et  publique,  se  rendre  accessible  aiu  petits 
comme  aux  grands»  prêter  Toreille  aux  conseils  et  aux 
plaintes;  permettre  aux  poètes  politiques  le  bi&me  aussi 
bien  que  la  louange ,  faire  même  quelques  pas  dans  la 
foie  de  la  toléranee  religieuse  ^  ne  semble*-t-il  pas  que  le 
moment  approche  où  le  bon  sens  des  peuples  et  des  sou- 
verains, se  gardant  4  la  fois  des  périls  de  la  licence 
féodale  ou  populaire  et  de  ceux  de  l'absolutisme ,  va 
fusionner  les  idées  justes  sorties  de  deux  sources  opposées 
et  s*élever  à  la  compréhension  plus  nette  de  principes 
encore  mal  déterminés?  Ne  croit-on  pas  apercevoir  déjà 
les  premières  lueurs  du  jour  qui ,  cinq  cents  ans  plus 
tard,  doit  éclairer  le  monde,  et  n* est-on  pas  étonné,  par 
exemple ,  en  descendant  le  cours  de  notre  histoire ,  qu'il 
ait  fallu  taat  de  sîèdes  de  grandeurs,  de  misères,  de 
despotisme  et  de  révolutions ,  pour  que  la  France  de 
saint  Louis  devint  la  France  de  1789? 

Lamonarchie  absolue  aeu  sa  raison  d'être  et  son  utilité. 
Pareille  au  balancier  qui ,  écrasant  le  métal  sous  son 
poids ,  lui  donne  une  forme ,  un  nom ,  une  valeur,  elle 
a  créé  les  unités  nationales ,  leur  a  imprimé  leur  physio- 
nomie et  souvent  même  leur  nom  ;  mais  elle  a  fait  chère- 
ment payer  ses  services  et  ses  splendeurs. 

SMls  étaient  sortis  de  leur  tombe  après  un  long  som- 
meil ,  ces  glorieux  chefs  d'une  grande  époque  :  Louis  IX, 
le  génie  de  la  vertu  ;  Alfonse  X,  le  génie  de  la  science  ; 
Jacme  I",  le  génie  de  l'action ,  ils  auraient  sans  doute 
regretté  d'avoir  tiré  du  vieil  arsenal  romain  l'arme  à 
deux  tranchants  de  l'absolutisme,  en  voyant  les  peuples 
livrés  en  pâture  à  l'ambition  de  quelques  hommes,  la 


520  LITRE  IT,   GHàPITBE  V 

justice  embarrassée  dans  les  replis  d'ane  procédure  tor- 
tnense  et  inique,  le  pouvoir  royal  trônant  sur  les  ruines 
de  la  liberté. 

Mais  les  grands  principes  de  yérité  et  de  justice  ne 
périssent  point.  Si,  en  attendant  leur  triomphe  définitif , 
ils  se  voilent  parfois ,  ils  reparaissent  plus  éclatants  d*àge 
en&gepour  éclairer  la  marche  inégale  de  rhumanité, 
comme  un  phare  perce  par  instants  les  vapeurs  qui  Tob- 
scurcissent  et  jette  aux  navigateurs  une  lumière  plus  vive 
à  mesure  qu'ils  approchent  du  port. 


FIN  DE  LA  SECONDE  ET  DERNIÈRE  PARTIE 


APPENDICE 


IVOXES 


SOURCES  DE  L'HISTOIRE  DE  lAGME  I*' 


(Suite) 


Nous  donnons  ici  l'indication  d*un  certain  nombre  d'ouvrages 
qui,  pour  la  plupart»  se  rapportent  spécialement  aux  matières 
traitées  dans  cette  seconde  partie.  Quelques-uns  cependant 
auraient  été  utilisés  pour  la  première,  s'il  nous  avait  été  pos- 
sible de  nous  les  procurer  ou  de  les  consulter. 

Il  faut  d'abord  ranger  dans  la  catégorie  des  chroniques  con- 
temporaines des  événements  que  nous  racontons,  les  poésies 
historiques  des  troubadours,  très-nombreuses  pour  la  période 


du  règne  de  Jacme  I*'  comprise  dans  ce  second  volume.  Les 
textes  nous  ont  été  fournis  par  Baynouard  {Choix  de  foésm  àen 
trwthadour$) ,  par  Rochegude  [Panuuu  ùeeiianien)^  parTAù- 
ioire  liUéraire  de  la  France,  et  surtout  par  don  Manuel  Milà  y 
Fontanals  (De  hs  Trovadores  en  Espana).  Hais  la  première  con- 
dition pour  pouvoir  tirer  quelque  profit  de  ces  textes  est  lear 
exacte  classification  chronologique*  Il  ne  faut  demander  sur  ce 
point  que  des  indications  assez  vagues  aux  anciens  biographes 
des  troubadours  et  à  Grescimbeni  [Istoria  délia  volgar  poeiia), 
qui  a  traduit  Nostradamus,  l'un  d*entre  eux.  L* Histoire  littéraire 
des  troubadours^  de  l'abbé  Hillot,  renferme  de  nombreuses 
erreurs;  quelques-unes  ont  été  reproduites  par  rJïtstatreitlf^mtre 
de  la  France.  Notre  guide  le  plus  sûr  a  été  Fexcellent  ouvrage  de 
H.  Milà;  mais,  comme  on  peut  le  voir  dans  nos  diverses  cita- 
tions des  poètes  provençaux*  nous  avons  mis  le  plus  grand  soin 
à  contrôler  les  assertions  de  nos  devanciers,  et  à  ne  donner 
jamais  comme  certaine  une  attribution  chronologique  sur  la- 
quelle pourraient  planer  quelques  doutes. 

Nous  devons  encore  placer  an  rang  des  sources  les  chroniques 
arabes  d'après  lesquelles  D.  José-Antonio  Gonde,  membre  de 
l'Académie  espagnole  et  de  l'Académie  d'histoire,  a  composé  sa 
célèbre  HistoHa  de  la  dominadon  de  los  Arabes  en  Espana^  que 
nous  avons  omis  de  meqtionner  à  la  note  B  de  noire  première 
partie. 

11  est  une  œuvre  à  laquelle  on  ne  saurait  se  passer  de  recourir 
toutes  les  fois  qu'<mtottëhe  ti  Fhiftloire  de  te  Péninsule:  nous 
voulons  parler  de  la  <  Hisloria  genercU  de  Espana^  por  don 
Hodesto  Lafuente,  consejero  de  tlslado,  individuo  de  numéro  de 
las  Beales  Academias  de  la  historia  y  de  ciencias  morales  y  poli- 
ticas»  etc.  »  G'est  seulement  tl^uis  la  publication  du  premier 
volume  de  notre  étude  qu'il  nous  a  été  permis  d'apprécier  par 
MUBr-m&me  la  talent  de  l'otivrage  dont  nous  vomr  dt  thnmer 
ietitr«y  et  les  éminenies  qualité»  qui»  chex  dott  Hodesto  Lafiieafee, 
étevaient  le  comit  k  k  hauleur  du  talents  Nom  ne  ptMifons 
nous  défendre  d'm  profond  seMimeni  de  AMileur  en  paywnt  le 
tribut  de  nos  regrets 4  la  mémoire  de  riltastre  et^Mipulairv  ht»' 
lorien^  I  la  place  même  où  nous  espérions  le  remiMier  des 
fiécwux  encouragements  i|u«  nous  éenms  à  ea  iMfrrefilWie 
mm. 


1 


Nwsafoos  comiiité  en  «cwtre  : 

Moret,  Anales  deNavarra^  Pampeinne,  1684; 

ConêtUutim^i  y  mltns  érBtêde  CAlkaltmyay  «dit.  de  1586; 

Messoi-Bejioier,  les  Coutumes  de  Perpignan  {PtA^Hcet^  île  h 
Sodéié  archëotogtque  de  Montpellier)^  1848  ; 

Fueros  y  observancias  de  Aragon,  édit.  de  MM.  SâtuK  et  PiBûttt; 
fiaffagotse,  1861  ; 

Fori  regni  VaUntiœ;  Valence,  1M7,  édition  «nique  des 
Fwrs  de  Vuéenee  ; 

Aureum  opus  regalium  prwilegierûm  àeUaiUs  el  regni  VbMi- 
Hm;  Valence^  1515.  Précédé  de  la  pariie  de  \h  Chronique  royale 
qai  a  rapporl  à  la  conquête  de  Valence.  G'eat  grâce  à  VÔUH" 
geance  de  doo  Pedro  Salvà,  de  Valence^  que  nova  amna  pu  noua 
procurer  oei  ouvrage  et  le  précédent^  détenus  Imia  led  doia 
d'une  extrèfBO  raillé  ; 

Juan  Sempere^  Historia  éel  dereùho  eêpM^  ; 

Auionio  4e  Capmany,  Memorias  Jiisioricai  wbre  ta  marîM, 
€ommêr€iô  y  àrtes  de  la  antigna  <iiudad  deBareelona;  Madrid, 
177»  à  1702  ; 

Antonio  de  Gapnaaay^  Codigo  de  las  costumbrès  tnariéima»  de 
Bareelona\  Madrid^  1791.  Les  travaux  de  Gapuiany  sont  osiez 
eonnuii  pour  que  noua  nous  dispensions  d'inaister  sur  leur 
vateur. 

Amador  de  k»  Riosi  Hisknia  aHUca  de  ia  Uieratum  iepim$ia  ; 
Madrid,  1861  à  1866.  Honument  digne  du  talent  de  réorivalb 
qui  rélève  et  des  foires  auxquelles  il  est  consacré* 

G.  Ticknor,  Historia  de  la  literaimra  espanola^  tmducidiel 
casleilano  con  adiciones  y  notas  criticas,  por  D.  Pascual  de  Gtyaii-' 
gos,  îadividuo  de  la  Real  Academia  de  la  hiatoria»  y  D%  Eoriqiie 
deVedia  ;  Madrid,  1851  ; 

Cambouliù,  Essai  sur  f  histoire  de  la  Httératufe  caimlane  ; 

Eugène  Baret^  les  Troubadmirs  et  Uur  influence  sfir  la  lii^ 
iéraiure  du  midi  de  V Europe  ;  Paris  ;  1867. 

Fernando  Weyler  y  Lavina,  Raknund^  Lulio  juigado  por  èi 
iiiwfM;Palma,  1866; 

Fernando  Weyler  y  Lavina,  Historia  orgauica  de  las  fuètsas 
miliiures  de  Mallorca:  Palma,  1862; 

Joaquin-Haria  Bover,  Historia  de  la  casa  real  de  MaUeràs  y 
nùtieias  de  las  monedae  propias  de  esta  isla  ;  Palmai  1855 1 


524  APPKNDICB 

Joaquin-Maria  Bover,  Noticias  hiitaricihtapagrafieas  dekbk 
deMallorca,  2«  édit.;  Palma,  1864; 

Villaroya,  Colecdon  de  cariai  hisUmco-eriticas  en  que  $9  con- 
venue que  el  rey  don  Jayme  /<>  de  Aragon  no  fue  el  v9rdadero 
auior  de  la  cronica  o  comentarios  que  eorren  a  su  nembrt; 
Valence,  1800. 

Pascual  Savall  y  Dronda,  Exhoriacion  à  la  instancia  dek 
canoni%acion  delrey  D.  Jaime  l""  de  Aragon^  llamado  el  Conqm' 
tador^  obra  postuma  del  senor  Gaspar  Galceran  de  Castro  y  ck 
Pinos  eonde  de  Guitnerà;  Saragosse,  1861  ; 

Jaume  Febrer,  Trobas  dels  linatges  de  la  conquista  de  Fafeii- 
cia,  édition  de  don  Joaquin-Haria  Boyer  ;  Palma,  1848. 

Cet  ouvrage,  et  les  six  dont  les  titres  suivent,  nous  ont  seni 
pour  le  travail  qui  forme  le  complément  de  ce  volume  et  porte 
pour  titre  :  Nom*mclature  et  armoriai  des  familles  et  des  f»- 
sonnes  les  plus  connues  des  États  de  Jacme  P"".  L'œuvre  de  Febrer 
est  un  poème  catalan  en  sirophes  de  onze  vers,  dont  chacune 
fait  connaître  les  exploits  et  les  armoiries  de  Tnn  des  conquérants 
de  Valence.  Il  a  été  composé  à  la  demande  du  roi  Pierre  UI 
par  Jaume  Febrer,  inspecteur  général  des  armées  aragonaises. 
Nous  disions,  dans  un  travail  publié  sous  le  titre  de  les  Fran- 
çais aux  expéditions  de  Mayorque  et  de  Valence  sous  Jacme  I" 
le  Conquérant  :  c  Les  Trobas ,  telles  quelles  sont  arrivées 
jusqu'à  nous ,  sont  pour  la  plupart  apocryphes  quant  à  la  forme. 
Des  copies  successives  ont  eu  pour  résultat  de  les  moderniser 
peu  à  peu;  mais  il  est  probable  que  le  fonds  d'un  très-grand 
nombre  d'entre  elles  n'a  subi  que  fort  peu  d'altérations.  Quelques 
strophes,  ajoutées  sans  doute  dans  l'intérêt  de  certaines  familles, 
ont  notablement  affaibli  Timporlance  historique  de  l'ouvrage 
dans  son  ensemble  ;  mais  il  n'en  est  pas  moins  fort  curieux  sous 
bien  des  points  de  vue  et  conserve  encore  une  certaine  valeur 
de  tradition,  surtout  lorsque  ses  assertions  sont  confirmées  par 
d'autres  documents,  ou  bien  lorsqu'il  s'agit  d'un  individu  dont 
la  postérité  est  éteinte  ou  a  quitté  l'Espagne  depuis  trop  long- 
temps pour  qu'on  puisse  croire  à  une  falsification  intéressée.  > 

Martin  de  Viciana ,  Cronica  de  la  inclyta  y  coronada  duded 
de  Valencia,  part.  11%  libro  de  las  familias,  1564.  Cet  ouvrage  t 
été  publié  en  quatre  parties  ;  les  deux  premières  ont  été  sup- 
primées avec  tant  de  soin,  qu'on  peut  les  compter,  dit  an  biblio- 


] 


NOTES  525 

graphe  espagnol ,  au  nombre  des  livres  les  plus  rares  qui  soient 
au  monde.  Nous  possédons  un  n^anuscrit  de  la  deuxième  partie  , 
comprenant  le  nobiliaire  de  Valence. 

Francisco-Xavier  de  Garma,  Adarga  catalana;  Barcelone, 
1753; 

Imhof,  Recherches  historiques  et  généalogiques  des  grands 
^Espagne  ;  Amsterdam ,  1707  ; 

Imhof ,  Genealogiœ  viginti  illustrium  in  Hispania  familiarum; 
Lcipsick,  1712; 

Joaquin-Maria  Bover ,  Nobiliario  mallorquin;  Palma  ,  1850; 

Joaquin-Maria  Bover,  Memoria  de  los  Pobladores  de  Mallorca  ; 
Palma,  1838. 

Nous  avons  trouvé  encore  des  renseignements  utiles  dans  la 
publication  intitulée  Recuerdos  y  Rellezas  de  Espana.  La  partie 
relative  à  la  Catalogne  est  rédigée  par  don  Pablo  Piferrer;  celle 
qui  concerne  FAragon,  pardon  José-MariaQuadrado. 

Parmi  les  Sociétés  savantes  dont  les  travaux  nous  ont  servi  à 
éclairer  certaines  parties  de  notre  étude,  nous  mentionnerons 
l'Académie  royale  d'histoire  ,  fondée  à  Madrid  par  Philippe  Y  , 
et  l'Académie  royale  des  bonnes-lettres  de  Barcelone. 

Enfin ,  pour  compléter  autant  que  possible  la  bibliographie  du 
règne  de  Jacme  P%  nous  donnerons  les  titres  de  quelques  ouvrages 
que  nous  n*avons  pu  consulter ,  mais  qui ,  au  témoignage  des 
personnes  compétentes ,  ne  nous  auraient  fourni  aucun  rensei- 
gnement nouveau.  Ce  sont  : 

Escolano,  Historia  de  la  ciudad  y  reyno  de  Valencia,  4610  ; 

Pedro  Tomich ,  Historiés  e  conquestes  dels  reys  de  Arago  y 
comtes  de  Rarcelona; 

Tornamira,  Historia  del  rey  don  Jaime  /<>  el  Conquistador; 

Les  parties  introuvables  de  Fouvrage  de  Viciana  cité  plus  haut; 
et  la  Chronique  ou  Histoire  d^ Aragon  du  moine  Gauberte  Fabricio 
de  Bagdad  ou  de  Yagad,  imprimée  en  1499,  dont  les  ouvrages 
de  MM.  Lafuente  et  Rosseuw  Saint-flilaire  nous  ont  fait  connaître 
quelques  fragments. 


B 


ADinnONS  ET  COimBCTIORS  A  LA  PREfUËKE  PAETffi 


I .  —  Da  (Icheux  conire-lcntps  nous  a  empêché  d'«Toir  à  iiolr« 
disposilion  la  Histaria  de  la  conquigta  de  Mallorca  de  D.  Jo6&- 
Maria  Quadrado  au  moment  où  nous  rédigions  notre  premier 
volume.  Nous  avions ,  il  est  vrai ,  parcouru  cet  ouvrage  dimat 
notre  séjour  en  E«pagne  ;  mais  qudques  noies  qui  ne  manquent 
pas  d'importance  nous  avaient  échappé.  M.  Quadrado  a  bien 
voulu ,  en  nous  envoyant  son  intéressant  travail ,  nous  mettre  à 
même  d'ajouter  quelques  éelaircissem«nts  à  notre  récit  de  la 
conquête  de  Mayorque. 

Au  chapitre  II  du  livre  II,  nous  avons  dit ,  d*aprës  les  indi- 
cations assez  vagues  des  chroniqueurs  »  que  l'armée  royale  était 
arrivée  devant  Mayorque  le  soir  même  de  la  bataille  de  Portupi , 
appelée  par  M.  Quadrado  bataille  de  Santa«Ponza.  Le  savant  ar- 
clûviste  mayorquin ,  cherchant  à  éclaircir  les  récits  des  chro- 
niques par  l'examen  topographique  de  la  route  que  suivit  l'ar* 
mée  „  arrive  au  résultat  suivant  : 

Mercredi ,  12  septembre.  Grande  bataille  ;  mort  des  Moacada  ; 
victoire  des  chrétiens  ;  campement  au  pied  des  monts  de  Portupi; 
dîner  du  roi  dans  la  tente  d'Olivier  de  Termes. 

Jeudi  13.  On  retranche  le  camp;  préparatifs  de  rinfaumation 
des  Moncada. 

Vendredi  14.  Funérailles  des  Moncada;  arrivée  devait 
Mayorque* 

Au  sujet  du  siège  de  cette  ville ,  on  trouve ,  aux  pages  371  et 
276  de  l'ouvrage  de  M.  Quadrado,  des  indications  chronologiques 
qui  ont  moins  d'importance  pour  nous. 

II.  —  Nous  avons  dit  (  page  282^  note  1  ),  sur  la  foi  de  plu- 
sieurs écrivains ,  que  les  abareas  étaient  des  sandales  retenues 
par  des  bandelettes  de  laine ,  et  nous  avons  reproduit  (page  283) 


SS7 

UA  passage  où  M»  littehon  Iraduil  cemot  par  catoi  à'eipariUln. 

il  y  a  là  one  errant  t|ue  doa  Fernando  Weyler  y  Lavina  noua 
fûBmil  les  moyens  de  rectifier.  L'aterce  est  un  morceau  de  cuôr 
de  bsBuf  reoatt?frt  de  son  poil,  et  percé  sur  les  bords  d»  trous 
par  leaqttris  passent  des  lanières  de  coir.  Lorsque  le  pied ,  na 
ou  enveloppé  de  morceaux  de  drap,  est  posé  sur  cette  peau 
étendue ^  on  serre  lcs(  lanières,  et  les  borda  du  cuii  se  relèvent 
sur  la  ém  d«t  pied.  On  se  aevL  encore  de  cette  chaussure  à 
Haynrqifea  et  dans  If  intérieur  de  rEspagne.  LeiBalpargaéa$  ou  s*- 
pmiiUas  sont  des  sandales  de  chanvre  ou  de  sparte;  les  premières 
soBi  ea  usage  ea  Catalogne  et  dans  quelques  au4res  provinces; 
les  secondes ,  k  Iviza  et  dans  le  Riff ,  où  M.  Weyler  nous  écrii  les 
avoir  vues. 

ID. — G'esl  encore  au  savant  auteur  de  la  Hisloria  de  las  fuerzas 
mMiaru  de  MaUorea  que  nous  devons  les  renseiguemenla  sui- 
vants au  sujet  de  la  Almudaina  de  la  capitale  des  Baléares. 

La  Ahnudaiim  était  une  sorte  de  petite  ville  dans  la  grande. 
Des  remparts  rentonraiem  et  en  (aisaienlune  espèce  de  citadelle. 
Mais*  h  l'intérieur ,  il  y  a^vaic,  outre  le  palais  des  rois  elle  grande 
mosquée  devenue  la  cathédrale ,  plusieurs  rues  où  demeuraient 
les  principaux  de  la  ville  •  et  ceux  que  leurs  fonctions  mettaient 
en  relaiions  fréquentes  avec  le  souverain  ou  son  lieutenant  (Voy. 
aosBÎ  Quadradû ,  Historia  de  la  eonquieta  de  Mallorca,  p.  385 , 
note  139.) 

Vf.  —  L'iqfipendice  n»  6  de  la  Ethiaria  de  la  cenquista  de  Mal* 
lowem  nons  donne  quelques  détails  curieux  sur  la  manière  dent 
s'est  opérée  la  répartition  de  Ttle  conquise.  Pour  facilites  cette 
opération,  les  principaux  chefs  de  la  conquête  se  diviaèrent 
d'abord  en  deux  groupes.  Dans  Tun  se  trouvaient  le  roî,.6uiUem 
de  Moncada  j  RamonAlamany,.  les  héritiers  de  GuiUem  de  Gla- 
nmoni,.  les  Templiecs ,  le  prévôt  de  Tarragone  et  qqelqjues 
autres;  le  second  comprenait  Nunyo  Sanchez,  Benengner  da 
Ager,  le  comte  d'Àmpurias  •  le  vicomte  de  Béarn,  Bernât  de 
Santa-Eugenia,  les  évêques  de  Barcelone  et  de  Girone ,  Tabbé 
de  Sant-Feliu ,  le  sacriste  de  Barcelone,  etc.  L'Ile  fut  partagée 
en  huit  parties  dont  quatre  ftarent  attribuées  au  premier  groupe 
et  quatre  au  second. 

Dans  chaque  groupe  se  fit  une  sous-répartition  entre  les  prin- 
cipaux chefs,  lesquels,  à  leur  tour,  distribuèrent  la  part  qui  leur 


I 


528  APPEIIDICB 

était  échue  aux  combattants  qu'ils  avaient  sous  leurs  ordres*  La 
part  réelle  du  souverain  ,  après  la  sous«répartition  opérée  entre 
les  seigneurs  qui  faisaient  avec  lui  partie  du  premier  groupe, 
fut  à  peu  près  du  quart  de  Tile.  Le  Libro  de  repariimiento  de 
Majorque  contient  la  distribution  de  cette  partie  faite  par 
le  roi. 

Outre  la  répartition  générale  des  terres ,  il  y  eut  aussi  une  dis- 
tribution de  chevaleries.  Ces  chevaleries  consistaient-elles  en 
terres  ou  en  rentes?  C'est  ce  que  l'on  ignore.  On  sait  seulement 
qu'à  Mayorque  on  n'était  tenu  de  fournir  qu'un  chevalier  armé 
pour  cent  trente  chevaleries.  Les  navires  de  Gènes,  les  hommes 
de  Narbonne,  de  Marseille  et  d'un  grand  nombre  de  villes  oo 
villages  des  pays  aragonais  reçurent  des  chevaleries. 

y.  —  Il  résulte  de  l'acte  par  lequel  le  roi  cède  la  seigneurie 
de  Mayorque  à  don  Pedro  de  Portugal ,  en  échange  du  comté 
d'Urgel ,  que  l'infant  portugais  pouvait  disposer  par  testament 
du  tiers  des  terres  qui  formaient  la  portion  du  roi.  (Quadrado, 
Hist.  de  la  conquistadeMalL,  append.  n**  5  et  p.  445.) 

VL  —  Nous  devons  à  Fobligeance  de  D.  Yalentin  Cardcrera  y 
Solano,  membre  des  Académies  royales  d'histoire  et  des  beaux- 
arts,  un  renseignement  qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  men- 
tionner ici.  Le  savant  académicien  que  nous  venons  de  nommer 
a  cherché  pendant  plus  de  vingt-cinq  ans  un  portrait  de  Jacmel*' 
qui  pût  figurer  dans  son  excellente  Iconografia  espanola  ;  il  n'en 
a  trouvé  aucun  qui  offrit  des  garanties  suffisantes  d'authenlicilé. 
On  doit  donc  renoncer  à  l'espoir  d'avoir  une  reproduction  exacte 
des  traits  du  Conquistador,  Il  est  impossible  d'attribuer  ce  carac- 
tère aux  miniatures  qui  ornent  quelques  vieux  manuscrits ,  et 
aux  gravures  sur  bois  qu*on  peut  voir  en  tète  de  plusieurs  ou* 
vrages  imprimés  à  Valence  au  WV^^  siècle,  tels  que  la  Chro- 
nique royale,  la  Coronica  de  Beuter  et  VAureum  opus  regaUum 
privilegiarum. 


NOTES  529 


COMPLAINTE  D'AIMERIG  DE  BELENOI  SUR  LA  MORT 

DE  NUNYO    SANCHEZ 


«  Héias!  pourquoi  vit-il  longtemps,  pourquoi  se  conserve- 
t-il  celui  qui  chaque  jour  voit  croître  sa  douleur  ?  Toutes  mes 
joies  se  tournent  en  pleurs;  car  un  deuil  cruel  pénètre  mon  âme, 
et  aujourd'hui  il  n'y  a  joie  si  grande  qui  puisse,  quand  j'y 
songe,  éteindre  ma  douleur.  Aussi  ne  puis-je  mettre  d'accord 
ni  les  mots  ni  les  sons;  car  celui  qui  pleure  ne  peut  bien 
chanter. 

n  Mon  chant  est  pareil  à  celui  que  le  cygne  fait  entendre  tris- 
tement au  moment  de  la  mort.  Je  chante  avec  deuil  et  gémis- 
sements, pleurant  le  soigneur  que  je  n'ai  plus,Nunyo  Sanchez, 
pour  qui  J'aurais  dû  mourir  lorsque  je  Tai  perdu ,  s'il  était 
permis  à  Thomme  de  se  donner  la  mort.  Lorsqu'on  perd  son 
bon  et  cher  seigneur,  on  devrait  mourir,  puisqu'on  ne  peut  le 
recouvrer. 

9  Mais  je  ne  veux  plus  tenir  un  tel  langage  ,  seigneur  Nunyo , 
quelque  grande  que  soit  ma  douleur  de  vous  savoir  mort;  car 
ce  serait  parler  en  insensé.  Celui-là  seul  est  mort  dont  Dieu  n'a 
pas  souci;  mais  Dieu  vous  a  ordonné  de  venir  à  lui  parce  que 
vous  avez  su  le  servir,  en  servant  la  joie  et  l'honneur.  Ceux-là 
sont  roorls  qui  s'étaient  habitués  à  vous  aimer  et  qui  vous  ont 
perdu,  seigneur,  sans  espoir  de  vous  recouvrer. 

B  Avec  vous  sont  morts  bon  sens,  franchise  et  prudence;  tout 
homme  doit  en  avoir  douleur,  car  toutes  les  vertus  qui  touchent 
à  la  valeur  sont  mortes  avec  vous .  La  fourberie  revit  ici  au 
milieu  de  ceux  qui  ne  cherchent  point  à  se  faire  estimer.  Mais 
que  celui  que  l'honneur  attire  considère  vos  hauts  faits  ;  ainsi 
il  saura  gagner  Dieu  et  bon  renom ,  s'honorer  et  honorer 
toutes  choses. 


S30  APPENDICE 

»  Maintenant  je  puis  bien  dire  que  le  inonde  entier  va  en 
empirant,  qu'aujourd'hui  il  n'y  a  joie  qui  ne  tourne  en  tristesse, 
si  ce  n'est  la  riche  joie  qui  vient  de  Notre-Seigneur.  Aussi  fou 
me  paraît  celui  qui  espère  et  se  repose  dans  une  autre  joie  que 
celle  d*obéir  à  Dieu .  Monde  pervers ,  tout  ce  que  lu  fais  finit 
dans  la  douleur;  aussi  l'homme  ne  doit-il  pas  se  fier  à  ton 
amour ,  mais  rechercher  son  propre  bonheur. 

»  Seigneur  Nunyo,  de  vous  je  puis  dire  que  jamais  vous  ne 
Tavez  aimé  que  pour  servir  Dieu,  que  pour  élever  et  honorer  les 
siens,  et  pour  confondre  et  rabaisser  les  méchants. 

»  Seigneur,  je  prie  Dieu  de  donner  asile  à  votre  âme.  Ici-bas 
vous  ne  m'avez  que  trop  laissé  de  sujets  de  pleurs.  » 

(Voyez,  pour  le  texte  de  cette  pièce,  Raynouard,  Choix  de 
poésies  des  troubadours ,  i.  IV,  p.  59;  pour  le  texte  et  la  tra- 
duction espagnole,  Milà,  de  las  Trovadores  en  Espatux^  p.  194.) 


NOTES  531 


D 


DE  LAUTHENT1GITË  DE  LA    CHRONIQUE  ATTRIBUÉE  A  JAGME  !•' 


Nous  croyons  que  la  question  derauthenlicilé  de  la  Glironique 
royale  est  tranchée  déjà  pour  quiconque  aura  bien  voulu  nous 
suivre  dans  l'étude  du  règne  du  Conquistador.  Cependant  per- 
sonne, que  nous  sachions,  ne  s'est  encore  occupé  de  peser  un 
à  un  les  arguments  ayant  quelque  apparence  de  valeur  que  Ton 
a  dirigés  contre  cette  œuvre.  Il  est  vrai  qu'une  pareille  discus- 
sion nécessitait  l'examen  préalable,  à  l'aide  de  documents  authen- 
tiques, de  certains  points  d'Iiistoire  un  peu  trop  légèrement  sou* 
tenus  par  Yillarroya,  le  premier  et  le  principal  adversaire  de  la 
Chronique.  Ces  questions  historiques  ont  trouvé  leur  solution 
dans  le  courant  de  notre  élude;  nous  y  reviendrons  tout  à 
Theure. 

Pour  mettre  le  plus  de  clarté  possible  dans  le  sujet  auquel 
nous  consacrons  cette  note ,  nous  allons  exposer  succinctement  : 
i^'  les  bases  sur  lesquelles  repose  la  tradition  généralement 
adoptée,  qui  admet  l'authenticité  de  l'autobiographie  du  roi 
Jacme;  2o  les  objections  qui  ont  été  opposées  à  celte  tradition; 
^"^  la  réfutation  de  ces  objections;  4°  le  résumé  des  preuves  que 
nous  apportons  à  l'appui  de  l'opinion  générale. 

I.  —  Le  roi  d'Aragon ,  Jacme  II,  voulant  faire  connaître,  dans 
les  pays  où  l'on  ne  parlait  pas  le  catalan,  les  détails  de  l'histoire 
de  son  glorieux  aïeul ,  chargea  le  dominicain  Pedro  Harsilio  de 
composer  en  latin  un  volume  qui  serait  à  la  fois  «  une  histoire 
et  une  chronique  ' ,  et  pour  lequel  l'auteur  mettrait  à  profit  le 
recueil  des  hauts  faits  du  roi  conquérant,  écrïi  jadis  en  langue 
vulgaire  et  conservé  dans  les  archives  de  la  maison  royale,  u  Vic- 
r>  toriosissimi  avi  sui  gesta ,  pristinis  tempoHbus  veraci  stylo 
»  sed  vnigari  collecta ,  ac  in  archivis  domûs  regiœ  ad  perpetoam 
»  suae  felicitalis  memoriam  reposita.  »  Telles  sont  les  paroles. 


532  APPENDICE 

que  Harsilio  a  mises  en  tête  de  son  œuvre,  terminée  avant  Tannée 
1314*. 

En  1325,  un  contemporain  du  Conquistador^  Hunlaner,  écri- 
vant sa  chronique,  renvoie  le  lecteur  au  «  livre  que  le  roi  com- 
posa sur  la  prise  de  Mayorque  *,  et  au  «  livre  de  la  conquête 
de  Valence'»,  comme  à  une  œuvre  populaire  dans  les  Etats 
d'Aragon,  et  sur  Tauthenticité  de  laquelle  il  ne  planait  aucun 
doute. 

Nous  avons  dit'  que  le  manuscrit  original  de  la  Chronique 
royale,  ou  tout  au  moins  un  manuscrit  du  XIIP  siècle,  était  resté 
à  Poblet  jusqu*en  1650,  et  qu'on  en  conserve  k  Barcelone  une 
copie  datée  de  1343. 

Aulhontique  ou  apocryphe,  cette  œuvre,  que  Marsilio  disait 
avoir  été  rédigée  depuis  longtemps,  pristinis  temporibus^  remonte 
donc  évidemment  à  une  époque  où  existaient  encore  des  per- 
sonnes qui  avaient  vu  Jacme  P',  qui  avaient  même  été  admises 
dans  son  intimité.  Le  grand  roi ,  dont  la  vie  s'était  presque  tout 
entière  passée  sous  la  tente,  avait  peu  de  mystères  pour  ses 
sujets.  On  connaissait  ses  goûts  et  ses  habitudes,  et  Ton  se  serait 
délié  de  mémoires  qui  auraient  paru  après  sa  mort,  sans  que 
pendant  sa  vie  on  eût  su  qu'il  y  travaillait. 

Déplus,  la  Chronique  royale  abonde  en  détails  minutieux: 
les  allées  et  les  venues  du  roi,  les  villes  où  il  passe ,  les  personnes 
qui  l'accompagnent  S  celles  à  qui  il  parle,  quelquefois  même  les 
costumes  et  les  armes  qu'elles  portent  font  l'objet  de  remarques 
qui  indiquent  dans  l'écrivain,  non-seulement  un  témoin  oculaire 
des  événements,  mais  un  acteur  principal ,  pour  lequel  les  plus 
petits  indices  ont  souvent  de  l'importance.  A  moins  de  supposer 
que  l'auteur  inconnu  n'a  pas  quitté  Jacme  un  seul  instant,  on 
doit  reconnaître  qu'il  lui  était  bien  difficilede  ne  pas  commettre, 
au  milieu  de  ces  détails ,  quelque  erreur  qui  eût  révélé  la  super- 
cherie aux  contemporains. 

Cependant  nous  voyons  le  Commentari  accepté  dès  son  origine 


'  Voy.  Quadrado,  Hist.  de  la  conquista  de  Mail.  Prologo,  p.  8  et  9. 
•  Chronique  de  Ramon  Muntaner,  chap.  VII  et  IX. 
'Tome  I,  préf.,  p.  xvi,  note,  et  p.  426. 

<Aa  chapitre  XV,  par  exemple,   l'auteur  dit ,  en  parlant  d'unGoillan 
de  Pueyo,  «  lequel  est  avec  nous  au  moment  où  nous  écrivons  oe  Uvre.  > 


NOTBS  533 

comme  l'œuvre  du  roi,  cl  tous  les  chroniqueurs  et  les  historiens , 
depuis  le  XllP  siècle  jusqu'au  XV1I1%  depuis  Muntaner  jusqu'à 
dom  Vaissèle,  l'admeltre  comme  une  autorité.  De  nos  Jours 
encore,  tous  les  écrivains  espagnols  et  français  qui  s'en  sont 
occupés  avec  quelque  soin  lui  reconnaissent  ce  titre ,  se  fondant 
à  la  fois  sur  l'anciennelé  d*une  tradition  non  démentie  et  sur 
le  cachet  de  vérité  saisissante  qui  marque  toutes  les  pages  de  ce 
livre. 

IL—Alafin  du  siècle  dernier,  donJosefVillarroya,  de  Valence, 
travaillait  à  une  traducfion  castillane  de  la  Chronique  royale, 
lorsqu'il  fut  assailli  par  la  pensée  que  le  roi  Jacme  pourrait  bien 
ue  pas  être  Tauteur  de  cet  écrit.  Séduit  par  la  nouveauté  de 
ridée,  Villarroya  abandonna  sa  traduction,  et,  après  avoir  tourné 
et  retourné  le  Commentari  avec  plus  de  persistance  que  de  saine 
critique,  il  finit  par  se  former  une  conviction  dont  il  fit  part  au 
public  dans  un  ouvrage  intitulé  :  Coleccion  de  cartas  historico- 
criticas  en  que  se  convence  que  et  rey  don  Jayme  h  de  Aragon  no 
fue  el  verdadero  autor  de  la  Cronica  o  commenlarios  que  carren 
à  su  nombre. 

Les  arguments  mis  en  avant  dans  ce  volume  peuvent  se  con- 
denser ainsi  : 

1^  Comment  le  roi  Jacme  II  aurait-il  fait  écrire  l'histoire  de 
son  aïeul  par  le  père  Marsilio,  si  le  Conquistador  avait  écrit  lui- 
même  sa  propre  histoire  ? 

2^  La  Chronique  affirme  que  le  roi  Pierre  perdit  la  bataille  do 
Muret  par  défaut  de  prévoyance  et  de  soin  dans  Tordonnance  de 
ses  troupes,  assertion  au  moins  étrange  dans  la  bouche  d'un  fils  ; 
3^  La  prise  de  Valence  eut  lieu  le  4  des  kalendes  d'octobre 
(28  septembre)  1238,  et  non,  comme  on  le  fait  dire  au  roi,  le 
jour  de  Saint-Michel  1239; 

4*  L'auteur  du  Commentari  assure  que  Yolande  d'Aragon 
était  reine  de  Castille  en  1238  et  en  1244  ;  or  le  Pape  ne  donna 
la  dispense  du  mariage  entre  Alfonse  et  Yolande  que  le  25  janvier 
1249,  el  le  fils  de  Fernand  III  ne  monta  sur  le  trône  que  le 
30  mai  1252; 

5*  On  ne  peut  admettre  que  le  roi  ait  raconté  dans  son  livre 
sa  confession  au  sujet  do  dona  Berenguela  ; 

6*  Jacme  n'a  pu  écrire  le  dnrnier  chapitre  où  il  est  question 
de  sa  mort  ; 


554  APPENDICE 

7°  11  n*a  pas  dû  non  plus  écrire  la  préface ,  qui  n'a  été  faite 
qu'une  fois  Touvrage  terminé  ; 

8"^  Des  faits  de  peu  d*importance  ont  dans  la  Chronique  un 
développement  exagéré;  par  exemple,  la  session  descorts  qui 
décidèrent  la  conquête  de  Hayorque  ; 

9°  On  y  raconte  des  puérilités,  telles  que  Thisloire  de  rhiron- 
dello  qui  avait  fait  son  nid  sous  la  tente  du  roi  ; 

10"^  On  y  omet,  au  contraire,  des  événements  importants, 
comme  le  mariage  de  Jacme  avec  Teresa  Gil  et  ses  procès  en 
divorce  ; 

11''  Il  n*y  est  pas  question  des  miracles  qui  ont  eu  lieu  sous 
le  règne  de  Jacme  I''  ; 

IS""  On  n'y  parle  pas  non  plus  de  la  fondation  de  Tordre  de  la 
Merci. 

De  tout  cela,  Villarroya  conclut  que  le  roi  Jacme  a  peut-être 
laissé  des  notes  qu'un  écrivain  inconnu  a  coordonnées,  délayées 
et  arrangées  à  sa  fantaisie;  peut-être  aussi  la  prétendue  Chro- 
nique royale  n'est-elle  que  Tabrégé  catalan  du  livre  écrit  en 
latin  par  Harsilio. 

Tels  sont,  dans  toute  leur  force,  les  arguments  qui  ont  en- 
traîné à  la  suite  de  Villarroya  quelques  auteurs,  parmi  lesquels 
nous  citerons  M.  Cervinus  {Historische  Schriften^  p.  278,  notej. 
C'est  en  Allemagne,  en  effet,  que  les  Carias  historico-<:nUcas onl 
fait  surtout  des  prosélytes;  mais  aucun  d'eux,  que  nous  sachions, 
n'a  été  à  même  de  vérifier  la  portée  des  objections  de  l'écrivaio 
valencien.  Quelques-uns  ont  cherché  h  découvrir  dans  le  style 
de  la  Chronique,  au  moyen  d'une  analyse  minutieuse,  des  in- 
dices qui,  en  réalité,  échappent  à  toute  appréciation,  el  qui  n'ont 
d'ailleurs  été  mis  en  avant  qu'à  titre  desimpies  conjectures. 

Un  seul  de  ces  arguments  a  assez  de  corps  pour  pouvoir  être 
saisi  et  discuté;  il  appartient  à  H.  HelfTerich,  auteur  d'one 
étude  sur  Ramon  Lull  el  les  origines  de  la  liilératurecatalanei 

*  Raymund  LtUl  und  die  Anfange  der  catalanischen  LUeraiur .  Beriio, 
1858.  M.  Adolphe  Ebert  a  donné  une, appréciation  de  cet  ouvrage  et  de 
VEssai  sur  l  histoire  de  la  littérature  catalane  de  M.  Gambouliù,  dans  no 
article  intitulé  :  Zur  Geschichte  der  cutalanischm  Literalur,  inséré  au 
tome  II  du  Jahrhuch ,  fur  romanische  und  engtisehe  Literatury  publié  à 
Marbourg.  M.  Ebert  ne  se  prononce  point  au  sujet  de  Tauthenticité  de  la 
Chronique  royale;  il  se  borno  à  indiquer  toute  l'importance  de  la  questioc 
au  double  point  de  vue  littéraire  et  historique. 


r 


NOTES  535 

L'honorable  écrivain  trouve  étonnant  que  Jacme ,  avec  le  genre 
d*inslruction  que  les  mœurs  de  son  temps  permettent  de  lui 
attribuer,  avec  le  goût  des  citations  classiques  et  des  proverbes 
orientaux  que  révèle  le  Libre  de  la  Saviesa ,  ait  pu ,  d'un  seul 
coup,  arriver  à  la  simplicité  et  au  naturel  qui  distinguent  le  style 
de  sa  Chronique.  H.  HelfTerich  pense  que  cette  œuvre  a  pu  être 
composée  sous  le  règne  de  Pierre  III,  de  fragments  divers,  dont 
quelques-uns  ont  été,  sans  doute,  écrits  par  Jacme  I".  Cette 
opinion  lui  est  suggérée  par  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
nationale  de  Madrid  qui  offre  quelques- différences  de  fond  et  de 
forme  (ttach  Inhall  und  Anordnung)  avec  l'édition  imprimée  de 
la  Chronique  royale ,  ut  se  termine  par  cette  mention  :  «  Ego 
Johannes  de  Barbastro  escribaino  Hegis  Pétri  in  civitate  Bar- 
chinone  anno  a  nativilate  Domini  millesimo  CC  octogesimo 
scripsi  » 

m.  —  Noua  allons  examiner  une  à  une  et  dans  le  môme  ordre 
les  objections  que  nous  venons  d'énumérer  : 

l®  L'ouvrage  de  Marsilio,  que  Villarroya  avoue  ne  pas  con- 
naître, débute  par  une  courte  préface  dans  laquelle  l'auteur 
explique  la  pensée  du  roi  qui  lui  a  commandé  ce  travail. 
Jacme  II  voulait  un  livre  qui  fût  à  la  fois  une  histoire  et  une 
chronique,  cunum  historialem  et  chronicum  codicem  ^ ^  ei  pour 
lequel  on  employât  la  langue  latine.  11  s'agissait  évidemment  de 
rendre  les  hauts  faits  du  Conquistador  populaires  dans  tous  les 
pays  où  le  catalan  n'était  pas  compris,  et  de  faire  une  œuvre 
littéraire,  caractère  que  n'avait  point,  aux  yeux  de  Jacme  II,  le 
manuscrit  en  langue  vulgaire  conservé  dans  les  archives  royales. 

"2^  Jacme  I"  ne  rejette  point  sur  son  père  la  mauvaise  tactique 
des  troupes  à  la  bataille  de  Muret,  mais  bien  sur  les  barons, 
«  qui  combattaient  chacun  pour  soi  contre  la  loi  des  armes  >.  Il 
est  vrai  que  le  chroniqueur  attribue  aux  excès  de  la  nuit  la 
fatigue  qu'éprouva  le  roi  au  moment  de  livrer  la  bataille  ^  ;  mais 
on  connaît  l'indulgence  de  l'époque,  et  celle  de  Jacme  en  parti- 
culier, pour  le  défaut  que  Pierre  II  transmit  à  son  fils. 


'  (t  E  aquel  dia  que  feu  la  batalla,  es  cert  avia  jagut  ab  una  dona,  si  que 

hoym  decir  per  Gil  son  reboster que  anch  al  Evangeli  no  poch 

star  de  p-^us  ans  sr;  asscch  a  son  siti  montre  quel  doyen ,  »  (Chronique  de 
Jacme,  chap.  VIII.) 


536  ÀPPBNDIGE 

3«  La  prise  de  Valence  eut  lieu,  d'après  la  Chronique,  la  veille 
du  jour  de  Saint-Hichel,  ce  qui  correspond  exactement  au  4  des 
kalendos  d'octobre,  date  de  la  capitulation  signée  à  Ruzafa  ^ 
Quant  à  la  différence  de  l'année,  elle  s'explique  parfailemenl  en 
admettant  que  Jacme  a  adopté  Tère  de  l'Incarnation  qui,  logi- 
quement, aurait  dû  précéder  de  neuf  mois  celle  de  la  Nativité, 
au  lieu  de  la  suivre  de  trois,  comme  cela  avait  lieu.  Il  est  donc  | 
facile  de  comprendre  que  le  rédacteur  de  la  Chronique  ait  cru 
que  le  mois  de  septembre  1238  de  la  Nativité  coïncidait  avec  le 
mois  de  septembre  1239  de  l'Incarnation.  Des  erreurs  do  ce 
genre  sont  on  ne  peut  plus  fréquentes  dans  les  anciens  livires  et 
même  dans  les  actes.  Il  n'est  pas  probable  d'ailleurs  que  Taoteur 
de  la  Chronique,  quel  qu'il  soit,  qui  connaissait  si  bien  la  date 
du  Jour  de  la  capitulation  de  Valence,  ait  ignoré  celle  de 
l'année  ; 

4o  En  nommant,  à  propos  des  événements  de  1238,  sa  fille 
Yolande,  le  roi  ne  dit  pas  qu'elle  fût  à  cette  époque  reine  de 
Caslille,  mais  bien  qu'elle  l'était  au  moment  où  il  écrivait  son 
livre  '.  En  1244,  il  dit  seulement  qu'elle  était  femme  deTinfani 
Alfonse  de  Castille,  et  cette  assertion,  qui  a  embarrassé  les 
historiens  et  causé  des  erreurs  chronologiques  •,  est  entièrement 
justifiée  par  le  testament  de  Jacme  que  nous  publions  parmi  les 
Pièces  justificatives  de  ce  volume  *.  Le  mariage  d'Yolande 
d* Aragon  avec  Alfonse  de  Castille  était  conclu  en  1241;  il  fut 
célébré  en  1246,  sans  attendre  la  dispense  pontificale,  accordée 
seulement,  s'il  faut  en  croire  Villarroya,  le  25  janvier  1349. 

5°  Le  roi  prenait  si  peu  la  peine  de  cacher  ses  relations  avec 
Berenguela  Alfonso,  qu'il  amena  cette  princesse  à  l'entrevue 
d'AIcoraz,  où  se  trouva  Alfonse  X^  cousin  germain  de  Beren- 
guela '.  Le  récit  de  la  confession  royale  n'est  pas  autre  chose 
qu'une  tentative  de  justification  de  la  conduite  du  Conquistador. 
C'est  là  un  de  ces  détails  qu'une  main  étrangère  n'aurait  certai- 
nement pas  songé  à  introduire  dans  une  œuvre  apocryphe,  fjes 

'  Voy.  1. 1,  Pièces  justificatives,  p.  464. 

'  Cliapitre  GLXV  de  la  Chronique.  —  Voy.  notre  1. 1,  p.  3/7,  note,  et 
t.  II,  p.  450. 
»  Voy.  ci-dessus,  p.  95,  note  2. 
i  N»  V. 
*  Voy.  ci-dessus,  p.  362. 


NOTES  537 

préoccupations  d'une  conscience  troublée  ont  pu  seules  dicter 
celle  page.  Villarroya  suppose,  sans  aucune  preuve,  que  la  Beren- 
guela  dont  il  s'agit  est  Berenguela  Fernandez.  Nous  avons  vu  qu'à 
peu  près  vers  le  tenips  où  le  roi  fit  celle  confession,  Clément  IV 
reprochait  à  Jacme  de  «  joindre  l'inceste  à  l'adultère  ^  »  ;  or 
l'infante  castillane  Berenguela  Âlfonso  était  en  effet  parente  du 
roi  d'Aragon. 

6^  Il  faudrait  supposer  un  çrand  fonds  de  naïveté  à  l'écrivain 
qui,  pour  mieux  faire  accepter  son  livre  comme  une  œuvre 
authentique  de  son  héros,  ferait  raconter  à  celui-ci  les  détails 
de  sa  propre  mort.  Le  premier  qui  a  cru  découvrir  cette  singu- 
larité dans  la  Chronique  du  roi  Jacme  est  don  José  Rodriguez 
de  Castro,  auteur  d'une  £t6{io{6ca  espanola.  Ce  bibliographe  a 
tout  simplement  pris  le  manuscrit  de  d'Esclol  pour  celui  de 
l'œuvre  royale,  et  ne  s'est  pas  aperçu,  ainsi  que  l'a  fait  remarquer 
H.  Amador  de  los  Bios,  que  les  chapitres  qui  suivent  le  récit 
de  la  mort  de  Jacme  sont  consacrés  au  règne  de  Pierre  III. 
Villarroya,  qui  nous  paraît  connaître  un  peu  trop  superficielle- 
ment l'œuvre  qu'il  discute,  a  accepté  l'assertion  de  Rodriguez  de 
Castro.  Nous  avons  donné,  ci-dessus  *,  les  dernières  lignes  de  la 
Chronique.  A  la  suite,  presque  tous  les  copistes  ont  ajouté  une 
note  où  il  est  dit  que:  «  Le  noble  roi  en  Jacme  mourut  à  Valence 
le  six  des  kalendes  d'août  1276.  »  La  différence  de  rédaction  ne 
permet  pas  de  confondre  celle  note  avec  le  corps  de  l'ouvrage, 
où  l'on  ne  parle  jamais  du  roi  à  la  troisième  personne.  Nous 
avons  exposé  nos  doutes  '  sur  la  parfaite  authenticité  des  der- 
nières phrases  du  Cammontari.  Bien  qu'il  ne  soit  pas  absolument 
impossible  que  le  roi  qui  dictait,  quatre  jours  avant  sa  mort,  les 
clauses  minutieuses  de  son  codicille,  ail  donné  les  indications 
nécessaires  pour  que  sa  Chronique,  son  journal,  fût  tenu  au 
courant,  il  n'y  a  point  d'invraisemblance  à  attribuer  à  un  secré- 
taire la  rédaction  des  deux  ou  trois  chapitres  qui  contiennent 
seulement  le  récit  de  la  dernière  maladie  du  roi,  et  ne  se  font 
plus  remarquer  par  l'abondance  caractéristique  des  détails. 

7o  En  supposant  que  la  préface,  entièrement  distincte  du  corps 


*  Voy.  ci-dessup,  p.  359. 
«  Voy.  p.  509. 

•  Voy.  ci-dessus,  p.'^506,  note. 


538  APPENDICE 

de  Touvra^'e,  n^eût  pas  été  écrile  par  Jacme,  cela  n'infirmerait 
en  rien  raulhenticitédela  Chronique  elle-même.  Hais  de  ce  que 
celle  préface  n'a  pu  être  rédigée  avant  les  dernières  années  du 
règne  de  Jacme  le  Conquéranty  de  ce  que  le  roi  y  fait  connaître 
sa  résolution  de  se  retirer  du  monde  pour  servir  Dieu,  est-il 
permis  de  conclure,  comme  Ta  fait  Tauteur  des  Carias  historico* 
criticaSf  qu'elle  est  évidemment  postérieure  à  la  mort  de  Jacme  ? 

Les  objections  8  et  9  méritent  à  peine  une  réfutation.  D.  José 
Villarroya  était  peu  familiarisé  ,  sans  doute,  comme  Ta  dit 
M.  Quadrado  S  «  avec  la  saveur  et  le  caractère  des  chroniques.  » 
Il  n'avait  pas  remarqué  que  les  événements  n'ont  pas  la  même 
physionomie  pour  l'écrivain  qui  les  regarde  à  distance  et  pour 
celui  qui  s'y  trouve  mêlé;  que  le  premier  voit  seulement  Ten- 
semble  et  les  résultats,  tandis  que  le  second  s'arrête  aux  détails; 
qu'enfin,  dans  les  mémoires  de  tous  les  temps,  les  anecdotes 
tiennent  plus  de  place  que  les  grands  faits  historiques.  D'ail- 
leurs ces  objections  n'attaquent  pas  raulhenticité,  ce  sont  des 
critiques  adressées  à  l'œuvre,  quel  qu'en  soit  l'auteur.  Si  elles 
prouvent  quelque  chose  dans  la  question,  c'est  précisément  le 
contraire  de  ce  que  Villarroya  s'efforce  d'établir. 

10*^  Un  raisonnement  analogue  peut  s'appliquer  à  l'argument 
tiré  du  silence  de  la  Chronique  au  sujet  de  Teresa  Gil.  Il  était 
difficile  à  Jacme  de  parler  en  termes  convenables  d'un  mariage 
dont  la  validité  fut,  jusqu'aux  dernières  années  de  sa  vie,  un 
sujet  de  dissentiment  entre  lui  et  la  cour  de  Rome. 

Uo  Si,  au  temps  de  Jacme  I'%  il  était  réellement  question  des 
miracles  que  la  tradition  rapporte  au  règne  de  ce  prince,  le 
silence  de  l'auteur  de  la  Chronique  ne  peut  guère  se  comprendre 
qu'en  supposant  précisément  que  cet  auteur  est  le  roi  lui-même, 
c'est-à-dire  un  esprit  éclairé,  habitué  à  n'ajouter  foi  qu'aux  faits 
parfaitement  constatés.  En  effet,  puisqu'on  ne  peut  nier  que 
le  Commentari  ne  date  au  moins  des  premières  années  du 
Xiy<*  siècle,  quel  est,  parmi  ceux  qui  ont  pu  l'écrire,  moines, 
clercs,  secrétaires,  celui  qui  n'aurait  pas  saisi  avec  empressement 
l'occasion  d'augmenter  l'intérêt  de  son  livre  en  y  introduisant  le 
récit  de  quelques  miracles?  Jacme  seul  comprenait  peut-être 
qu'il  était  plus  prudent  de  s'abstenir. 

1  Hisi.  de  la  conquista  de  McUl.  Prol.,  p.  9. 


Enfin,  comme  la  plupart  de  ceux  qui  précèdent,  le  .dernier 
argument  de  Villarroya  se  retourne  contre  l'écrivain  qui  Tin- 
Yoque.  Esl-il  plus  facile,  en  effet,  d'expliquer  le  silence  d*un 
auteur  inconnu  que  le  silence  du  roi  lui-même  au  sujet  de  la 
fondation  de  Tordre  de  la  Merci  ?  Ne  serait-ce  point  que  la  par* 
(icipation  du  monarque  aragonais  à  la  fondation  de  Pierre  de 
Noiasque  a  été  moins  directe  qu'on  ne  l'a  cru  plus  tard? 

On  voit  ce  que- devient  l'argumenlation  délayée  dans  le  volume 
des  Cctrtas  hi»ÈoricO'CriHcas.  Les  conclusions  de  ce  livre  ne  sup- 
portent pas  davantage  l'examen.  Si  Jacme  a  laissé  des  notes  sur 
son  règne,  ces  notes  ne  sont  pas  autre  chose  que  la  Chronique 
-  telle  que  nous  la  connaissons.  Le  Cammentari  —  ainsi  nommé 
dans  les  siècles  suivants  par  allusion  sans  doute  à  l'ouvrage  de 
César  —  n'est  qu'un  recueil  de  faits  racontés  sans  le  moindre 
artifice  de  style.  On  se  figure  difficilement  un  langage  plus  simple. 
On  y  voit  l'homme  d'action  qui  raconte  simplement  ce  qu'il  a 
fait  simplement.  Rédiger  les  notes  de  quelqu'un,  c'est  donner  la 
forme  à  ses  idées  ;  or  il  est  impossible  que  les  idées  de  Fauteur 
primitif  de  la  Chronique  ne  se  soient  pas  produites  de  premier 
jet  avec  leur  physionomie  actuelle.  Ce  serait  en  vain  que  l'on 
obercherait,  dans  ces  trois  cent  onze  chapitres ,  les  traces  d'une 
préoccupation  purement  littéraire.  Ou  Jacme  n'a  jamais  écrit  de 
notes  sur  son  règne,  ou  il  leur  a  donné  la  forme  que  nous  leur 
connaissons. 

Quant  à  la  supposition  que  la  Chronique  royale  pourrait  bien 
être  l'abrégé  de  l'histoire  du  P.  Marsilio,  elle  paraîtrait  inexpli- 
cable si  Villarroya  n'avouait  qu'il  ne  connaît  point  Touvrage  du 
dominicain.  Marsilio,  nous  l'avons  vu ,  dit  avoir  mis  à  profit  un 
manuscrit  des  archives  de  la  maison  royale  d'Aragon  ;  quand 
raème  Ton  ignorerait  cette  particularité ,  un  simple  coup  d'œil 
jeté  sur  les  deux  livres  suffirait  pour  leur  assigner  leur  date  rela- 
tive. 

L'argument  que  M.  Helfferich  a  mis  en  avant  sous  toutes  ré- 
serves, se  trouve  bien  faible,  privé  de  l'appui  que  lui  prêtait  l'opi- 
nion de  Villarroya.  Nous  recommanderons  néanmoins  à  l'écrivain 
allemand  la  comparaison  attentive  des  diverses  œuvres  attribuées 
kiacmele Conquérant,  Il  reconnaître  la  même  siflipliGité déforme 
appliquée  à  des  matières  différentes.  Le  ton  sentencieux  du  Libre 
de  la  Saviesa  n'appartient  pas  à  Jrtcme^  maii»aux  moralistes  qu'il 


542  APPBIIDIGE 


contemporaiD  du  Canquisiadar^  il  ne  Ta  pas  abandonné  un  insiant 
pendant  plus  d'un  demi -siècle,  rédigeant  son  œuvre  à  côté  et  à 
rinsu  du  roi  ;  ou  qu'enfin,  ce  qui  est  plus  simple,  cet  auteur 
n'est  autre  que  le  roi  lui-même. 


j 


190TES  545 


E 


PROJET    DE   CANONISATION  DE  JACME  LE  CONQUÉRANT 


Vers  Tan  1653  ou  1654,  un  descendant  de  Jacme  P%  don 
Gaspar  Galceran  de  Castro,  de  Pinos ,  de  Gurrea  y  de  Aragon, 
comte  de  Guimera,  reprenant  une  idée  que  nous  avons  vue  mise 
en  avant,  dès  le  XIIP  siècle,  par  le  troubadour  Mathieu  de 
Quercy  et  le  chroniqueur  Muntaner,  demanda  la  canonisation 
de  son  illustre  aïeul .  La  Castille  s'occupait  en  ce  moment  de 
faire  admettre  au  rang  des  saints  le  roi  Alphonse  le  Noble^  Tun 
des  héros  de  Las  Navas  de  Tolosa.  Fernand  III  était  canonisé 
par  la  voix  du  peuple  avant  de  Tètre  par  celle  de  TÉglise  ;  il 
s*en  fallait  de  peu  que  les  Aragonais  ne  rendissent  des  honneurs 
du  même  genre  au  plus  grand  et  au  plus  populaire  de  leurs  rois. 
Mais  autant  il  était  facile  de  prouver  les  droits  du  conquérant 
des  Baléares,  de  Valence  et  de  Murcie,  du  législateur  des  Fueros 
et  des  Furs  à  la  reconnaissance  des  peuples,  autant  il  était 
malaisé  de  lui  trouver  des  titres  à  la  vénération  de  TÉglise. 
Le  comte  de  Guirnerane  recula  pas  devant  cette  entreprise  ardue. 
Il  écrivit  un  long  mémoire,  dlont  le  manuscrit  original,  le  seul 
peut-être  qui  ait  jamais  existé,  a  été  retrouvé  en  partie,  il  y  a 
huit  ou  neuf  ans,  par  don  Pascual  Savait  y  Dronda,  avocat  géné- 
ral (teniente  fiscal)  à  Saragosse.  L'érudit  aragonais  s'empressa 
de  faire  part  au  public  de  sa  trouvaille ,  qu'il  enrichit  d'une 
introduction  et  de  notes  ^  Malheureusement  ce  n'est  là  qu'un 
fragment  de  l'ouvrage.  La  table,  qui  s'y  trouve  jointe,  donne  le 
titre  d'un  grand  nombre  de  chapitres  entièrement  perdus^  ce  qui 
est  d'autant  plus  regrettable  que  les  pièces  justificatives,  copiées, 
à  ce  qu'il  parait,  à  la  fin  du  mémoire,  auraient  eu  pour  nous  le 
plus  grand  intérêt.  D'après  ce  que  don  Pascual  Savait  a  arraché 
à  l'oubli,  on  peut  voir  quels  efforts  ont  été  nécessaires  pour 

^  Exhortacion  à  la  instancia  de  îa  canonizacion,  etc.  voy.   ci-dessus 
note  A. 


544  APPEFIDIGE 

arriver  à  réunir  quelques  arguments  spécieux ,  qui  pussent 
donner  une  apparence  de  solidilé  au  projet  de  canonisation  du 
roi  Jacme.  Les  vertus  et  les  mérites  de  la  reine  Marie,  ss.  mère  ; 
de  dona  Sancha,  femme  d'Alphonse  le  Chaste,  son  aïeule  ;  de 
ses  filles  Sancha  et  Marie;  de  son  fils  Sanche,  archevêque  de 
Tolède;  de  sa  petite-fille,  sainte  Isabelle,  reine  de  Portugal, 
ont  été  groupés  avec  une  certaine  habileté.  L'auteur  du  mé- 
moire fait  ressortir  ensuite  les  prétendus  miracles  dont  le  Con- 
quistador a  été,  d*après  lui,  le  héros  ou  le  témoin  :  la  naissance 
du  fils  de  Marie  de  Montpellier,  la  manière  dont  le  nom  du 
patron  de  l'Espagne  lui  fut  donné,  son  éducation,  sa  valeur  et  son 
intelligence  précoces,  ses  conquêtes  rapides,  et  enfin  tous  les 
faits  merveilleux  que  nous  avons  énumérés  plus  haut^  Le  titre 
de  l'un  des  chapitres  perdus  fait  même  supposer  qu'on  a  attri- 
bué à  Jacme  le  don  de  prophélie.  Le  comte  de  Guimera  marche 
sur  un  terrain  plus  solide  lorsqu'il  vante  la  sagesse  de  son  glo- 
rieux ancêtre,  sa  modération,  l'utilité  de  ses  réformes,  sa  piété, 
ses  nombreuses  fondations  d'églises,  ses  encouragements  aux 
ordres  religieux.  Il  tente  de  justifier  quelques-unes  des  fautes 
qu'on  impute  à  Jacme,  fautes  rachetées  d'ailleurs,  dit-il,  par  des 
pénitences  publiques  et  une  sainte  mort.  Enfin  il  cherche  à  in- 
téresser au  succès  de  son  entreprise  le  plus  grand  nombre  pos- 
sible de  prélats,  d'ordres  religieux,  de  pays  et  de  princes;  mais 
tant  d'eflbrls  furent  vains,  et  il  ne  paraît  pas  que  la  cause  de  la 
canonisation  de  Jacme  le  Conquérant  ait  reçu  même  un  commen- 
cement d'instruction. 


'  Voy.  ci-dessus,  p.  384. 


TTOTES  545 


F 


DÉTAILS  SUR    LES  INHUMATIONS  ET  LES  EXHUMATIONS 

DES  RESTES  DE  JAGME  I" 


Le  Contjuistador  avait  ordonné  à  son  fils  Pierre  de  ne  pas 
s'occuper  de  ses  funérailles  tant  que  la  révolte  de  Valence  ne 
serait  pas  entièrement  réprimée.  Pour  se  conformera  ces  ordres, 
Pierre  III  fil  déposer  provisoirement  le  corps  de  son  père  dans 
la  cathédrale  do  Valence,  devant  le  maitre-autel ,  et,  en  1278, 
après  le  complot  apaisement  de  la  guerre  contre  les  Maures 
rebelles  ,  les  restes  mortels  du  glorieux  monarque  furent  trans- 
portés au  monastère  de  Poblet.  On  célélira  à  celle  occasion  de 
pompeuses  funérailles ,  au  milieu  d'une  «  afflucnce  si  grande , 
dit  MuntanerS  qu'on  n'a  jamais  vu  une  foule  si  considérable 
assister  aux' obsèques  d'un  seigneur  quel  qu'il  soit....  et  qu'à  six 
lieues  de  distance,  les  bourgs  et  les  chemins  ne  pouvaient  con- 
tenir les  rois ,  reines,  princes,  princesses,  archevêques,  évoques, 
abbés,  prieurs,  abbesses,  prieuresses  ,  religieuses,  comtes, 
barons,  varlets  de  suite,  chevaliers,  citoyens,  bourgeois  et  gens 
de  toute  condition  »  accourus  à  la  cérémonie.  La  dépouille 
mortelle  de  Jacme  fut  placée  dans  un  tombeau  de  bois  ,  vis-à-vis 
celui  d'Alfonse II  d'Aragon.  En  1390,  un  magnifique  monument, 
construit  par  les  ordres  de  Pierre  le  Cérémonieux,  fut  destiné 
à  recevoir  les  restes  des  rois  d'Aragon.  Le  cercueil  de  Jacme  y 
occupa  la  place  la  plus  rapprochée  du  chœur,  du  côté  de  l'évan- 
gile; il  était  renfermé  dans  un  tombeau  que  surmontaient  deux 
statues  de  marbre,  représentant  le  Conquistador  ^  Tune  avec  les 
vêtements  royaux,  l'autre  dans  le  costume  des  moines  de  Giteaux. 
L'épitaphe  était  ainsi  conçue  : 

ANNO  DOMINI  MCCLXXVl ,  YIGILIA 
BEAT^  MARIiE  MAGDALEN.^  ,  ILLUSTRISSIMUS 
AC  VIRTUOSISSÏMUS  JAGOBUS,  REX  ARAGONUM , 
MAJORICARUM ,  VALENTI^  ,  GOMESQUË  BARGINONiË , 

'  Ghap.  XXVIIL 

X.  n.  35 


546  APPBNJ»1GE 

ET  URGELLl ,  ET  DOMINUS  MONTISPESSULANI 

AGGEPIT  HABITUM  ORDINIS  GtSTEBCIENCIS 

IN  VILLA  ALGECIR^,  ET  OBHT  VALENTIiE  VI  KAL. 

AUGUSTl.  HIC  CONTRA  SARR^GENOS  SEBfPER  PR/EVALUIT 

BT  ABSTULIT  EIS  REGNA  MAJORIGARUM  .  VALENTIiE 

ET  MURTIiE ,  ET  REGNA  VIT  LXI!  ANNIS,  X  MENSIBUS, 

ET  XXV  DIEBUS,  BT  TRANSLATUS  EST  DE  CIVITAT^ 

VALENTliE  AD  MONASTERIUM  POPCLETI ,  LBI  SEPULTUS  FUIT  , 

PRiESENTIBUS  REGE  PETRO  ,  FILIÔ  SL'O ,   EJLS   UXORE 

CONSTANTÏA  ,  REGINA  ARAGONUM  ,  ET  VIOLANTE 

REGINA  GASTELLiE .  FILIA  REGIS  JACOBI 

PRiËDICTI ,  ET  ARGHIEPISGOPO    TERRAGONiË  ,  ET  IIULTtS 

EPISGOPIS ,  ET  ABBATIBUS  AG    NOBILIBUS  VIRIS. 

HIG  iEDIFICAVIT  MONASTERIUM  BENIF.\ZANI ,    ET 

FECIT  MULTA  BONA  MONASTERÏO  POPULETI. 

EJUS  ANIMA  REQUIESCAT  IN  PAGE.  AMEN. 

En  1835,  pendant  les  (roubles  qui  désoièrcnl  TEspagne,  une 
bande  de  forcenés  s'acharna  sur  le  splendide  sanctuaire  où  repo- 
saient quelques-uns  des  plus  grands  monarques  de  TAragon. 
Pobletfut  envahi,  saccagé  et  livré  aux  flammes;  une  partie  des 
richesses  amassées  dans  cette  enceinte ,  par  la  piété  de  sept 
siècles,  devint  la  proie  d'ignobles  spéculateurs  ;  le  reste  demeura 
enseveli  sous  les  ruines  du  monastère.  Cependant  les  dépouilles 
royales  furent  pieusement  recueillies  par  les  habitants  et  le  curé 
d'un  village  voisin  appelé  La  Espluga  deFrancoli.  Ces  précieux 
débris  restèrent  déposés  dans  réglisc  de  cette  paroisse  jusqu'au 
18  janvier  1843,  jour  où  ils  furent  remis  à  don  Pedro  Gil,  négo- 
ciant de  Barcelone ,  qui  avait  reçu  de  l'autorité  le  mandat  de  le:^ 
faire  transportera  Tarragone.  Un  procès-verbal  fut  dressé  à  celle 
occasion,  et,  parmi  les  resles  qui  y  sont  énumérés,  figure  le 
cadavre  momifié  de  Jacme  le  Conquérant,  qua  Ton  reconnut  à  sa 
haute  stature  et  à  la  cicatrice  de  la  blesFurc  qu'il  avait  reçue  au 
front  pendant  le  siège  de  Valence.  Si  Ton  en  croît  un  article  qui 
fut  publié  en  1848  par  un  journal  de  la  Havane,  et  que  nous  lisons 
dans  rédilion  espagnole  de  VHistoire  liUéraire  de  M.  Ticknor, 
la  figure  du  roi  conquérant  était  encore  parfaitement  conservée. 

Aujourd'hui  la  dépouille  Mortelle  de  celui  que  l'on  a  appelé  le 
meilleur  roi  du  monde  repose  en  paix  dans  la  cathédrale  de 
Tarragone. 


pnBM::E]is  «ruisxiFie^xivE:» 


DONATION   DU     COMTAT  VENAI8S1N    FAITE    A    CECILE   DE    BAUX 
PAR    BATMOND  VII,    COMTE    DE   TOULOUSE 

Manifeslum  sil  omnibus  presenlibus  el  fuluris  quodanno  Do- 
inini  M".  CC**.  XL.  Videlicot  VI  kalendas  Marcii.  Nos  Raymun- 
dus  Cornes  Tholoso  et  Marchio  Provencic  non  decepli  non  cir- 
cunspecli  non  circumvcnli  non  dolo  non  molu  aliquo  inducli 
sed  mea  propria  et  spontanea  voluntale  litiilo  donacionis  inlcr 
vivos  donamus  et  concedimus  omni  causa  îngralitudinis  ces- 
sante et  omni  alia  causa  post  obilum  noslnim  si  continuât  nos 
decedere  sine  filio  masculo  de  uxorc  procrealo  dilecle  et  caris- 
sirae  nepli  noslre  Cecilie  filie  nobilis  viri  dilecli  Barrai  dcBaucio 
et  heredibus  suis  tolam  tcrram  quam  habomus  tencmus  et  pos- 
sidemus  vel  nobis  habere  tenere  et  possidere  debemus  cilra 
Rodanum  in  imperio  cum  caslris  villis  fcudis  et  proprietatibus 
juribus  ralionibus  et  rébus  aliis  omnibus  nobis  in  dicta  terra 
competentibus  et  compeliluris  ad  habendum  tenendum  et  possi- 
dendum  et  quidquid  inde  placuerit  faciendum.  Dicto  Domino 
Barrali  presentietrecipienli  diclamdonacionem  in  nomine  dicte 
Cecilie  niie  sue  et.  ..  ejusdem  Cecilie  prefate  promitentes  bona 
Gde  et  per  sacramentum  a  nobis  corporaliter  inde  prestatum  su- 


548  APPENDICE 

per  sancta  Dei  Evaogelia  quod  contra  diclam  donacionein  per 
nosnec  peraliquam  aiiam  personam  inlerposilam  aliqua  ora  nec 
aliquo  (empore  contraveniemus.  Sed  volumus  illam  esseralainet 
firinan  et  perpetuo  duraturam  pro  ut  superius  conUnelur.  El  ul 
dicta  donalio  niajus  robur  oblineal  firmilalis.  Nos  prediclus  Co- 
rnes promilimus  bona  fide  nos  curatnros  et  effecturos  de  po.-^se 
Dostro  quod  Dominus  imperalor  predictam  donacionem  super 
omnia  predicla  accordel  et  confirmet  et  inde  privilegium  suum 
det  et  faciat  prefate  Cecilie  nepte  noslre.  Renunciantes  in  lioc  facto 
onini  exceptioni  et  omni  juri  canonico  et  civili  promulgalo  seu 
promulgando  nobis  competenti  seu  compelitnro  et  specialiler 
interdicenti  donacionem  excedenlem  summam  quingenlorum 
aureorum.  Sive  in  sumalione  non  valente  omni  jure  per  quod 
prefala  donacio  posset  impediri.  Actom  est  hoc  apud  Montelium 
in  Venexi  in  Castro  superiori  quod  est  Giraudi  Audemari.  — 
Testes  interfucrunt  Raymundus  deBaucio  =  6uilIelmus  deBau- 
cio  =  Dragonelus  de  Monte-Albano  =  Raymundus  Gaacelmi  de 
Lunello  =  Guillelmus  de  Sabrano  =  Lambertus  de  Montelio  = 
Guillelmus  de  Barreria  =  Guillelmus  Aogueris  =  Pelnis  de 

Podio  Alto    =:Pelrus  Anguerris Guillelmus  Anguerris  = 

Guillelmus  Cavallerie  et  plures.  In  cujus  rei  testiroonium  nos 
diclus  Raymundus  Cornes  Tholose  et  Marchio  Provincie  présen- 
tera carlam  fecimus  sigilli  noslri  munimine  roborari. 


(Archives  de  la  couronne  d'Aragfoni  parchemins  de  Jacme  I*' ,  n*  835.) 


PIÈGES  JUSTIFkCATIYBS  549 


II 


TRAITÉ  d'alliance   ENTRE  JAGMB   ET  RAYMOND  Vil  ^ 

In  nomine  Domini  nostri  Jesu  Christi.  Nos  Jacobus ,  Deigratia, 
rex  Aragonum,  et  nos  Raymundus,  comcs  Tholoi»,  facimus  inler 
nospacem  ettoncordiam  et  firmatam  confaderationem  ut  simus 
ad  invicera  adjutores  et  convalitores  in  omnibus  etspecialiterad 
defeosionem  fidei  calholic»  et  Sanct»  Rooiana^  Ecclesi»  quam 
semper  lotis  viribus  promittimus  defendere  et  juvare  conlra 
orones  impugnatores  suos  et  contra  omnes  hsereticos  de  terris  et 
locls  nobis  subjeclLs.  Juxla  voluntatem  EccIesisB  omnem  hœre- 
sim  curabimus  exlirpare  et  salvo  in  omnibus  honore  Ecclesias  , 
erimus  ad  invicem  coadjutores  et  convalitores  contra  omnes  ho- 
mines,  bona  Gde;  sedex  his  nos  rex  praediclusexcipimus  regem 
CaslellsB  et  comitem  Provinciœ,  ilaquod  contra  istos  non  tenea- 
mur  nos  comitem  juvare,  immo  possimus  eos  coadjuvare,  et  nos 
cornes  prœdictus  excipimus  regem  PrancisB  et  regem  Càstella) , 
ita  quod  contra  istos  non  teneamurnosdictum  regem  Aragonum 
adjuvare,  salva  tamen  voluntate  et  mandato  régis  Pranciae,  quan- 
tum ad  nos,  et  ista  sic  tractata  et  ordinata  curabimus  juvare  et 
assecurabimus  complere  et  observare.  Dalum  Montipessulano  , 
XIIII  kal.  maii  anno  Domini  HCCXL  primo. 

(Bibliothèque  de  Garpentras,  collection  Peiresc,  n*  xliv,  tome  I,  ^  34.  — 
Copie  portant  la  mention  suivante  :  «  SceUéenlacs  de  soye  rouge  du  grand 
sceau  du  roy  Jacques  d'A'^agcm  séant  en  son  lict  de  justice  et  tenant 
l'espée  à  la  main  d'un  costé,  ooec  Vinscripiion  :  »{«  S.  lA.  DI.  GRÂ. 
REG.  ÂRAG.  MAIORICARVM  VALNCIË.  Et  au  revfrs,  le  mesme  roy 
sur  son  cheval  bardé  et  palissé^  portant  son  escusson  d'Aragon,  à  la 
gauche  ;  sa  lance  avec  la  banderole  de  mesme ,  à  la  droicte  ;  et  autour 
les  deux  costés  la  couronne  en  teste^  n'estant  que  de  quatre  pointes  perlées 
àlacime,  et  l'inscription  :  *  GOMITIS  BARGH.  VRGELLI  DNI  MON- 
TISPLANl.  —Delà  layette  d'Aragon^  en  l'armoire^  près  de  la  porte,  ») 


*  Pour  cet  acte  et  le  suivant,  nous  avons  cru  devoir  accepter  l'ortho- 
graphe et  la  ponctuation  des  copies  conservées  à  la  Bibliothèque  de  Gar- 
pentras. Nous  avons  seulement  rectifié  un  certain  nombre  de  noms  propres. 


550  APPENDICE 


III 


'    TRÂTE  ENTEE  JAGIIE  ET  EAYMOND  VU 

Noverinl  universi  quod  inleriacobiiin  Dei  gratia  regem  Ara- 
gonum  et  Raymundurn  eadem  gralia  comitem  Tholosanum  sunt 
treugTB  initaBet  pacta  conventa  in  hune  modum  infra  scriptum  , 
videlicet  quod  inler  eos  et  suos  et  terram  eorundem  el  suorum 
est  et  esse  débet  firma  et  incorruptibilis  treuga  et  concordia  bona 
fide  contracta  a  festo  omnium  sanctonim  usque  ad  duos  annos 
continuoset  completos,  et  inlerius  et  inlra  praedictuin  teiopus 
uterque.  ipsorum  et  sui  debent  a  molestatione,  injuria  et  damno 
alterius  et  suorum  abstinere.  Yerum  si  contingeret  quod  intra 
tempus  diclorum  duorum  annorum  seroel  vel  saepius  aliquid  ab 
aliqua  parte  vel  suorum  contra  ipsas  treugas  vel  pactioncs  dictarum 
treugarum  qualitércunque  fieret,  injurias  et  damna  illata  arbi- 
trio  seu  arbitragio  duorum  virorum  qui  a  partibus  eligerentur  de- 
bent plenarie  resarciri  intra  quadraginta  dies,  treugis  pr^ediclis 
usque  ad  duos  annos  pra^dictos  nihilominus  in  sua  firmitate  ma- 
nentibus.  In  praedictisautem  Ireugisest  tota  terra  régis  Aragonum 
et  suorum  a  Rhodano  usque  ad  Valentiam  et  totum  regnum  Va- 
lentisB  et  totum  regimen  Majoricarum  per  mare  et  per  terram  et 
tota  terra  comitisTholosani  et  suorum  citra  Rhodanum  el  ultra  et 
ubicuroque  sit  el  specialiler  Massilia  el  castrum  de  Braganson  per 
mare  et  terram .  In  aliis  vero  locisquae  non  sunt  in  treugis,  si 
rex  Aragonum  faceret  vel  moverel  guerram  vel  guerras  contra 
quamcumque  vel  quascumque  personas  vel  aliquis  seu  aJiqui 
facerent  vel  moverent  guerram  contra  ipsum  regem  vel  suos  vel 
terram  suam  vel  suorum,  cornes  Tholosanusnon  débet  defendere 
vel  juvare  illam  vel  ilUs  personas,  nec  debe^  esse  per  se  vel  per 
suos  contra  regem  Aragonum  vel  suos  in  guerra  vel  guerris.  Eo- 
dera  modo,  si  cornes  Tholosanus  moveret  vel  faceret  guerram  vel 
guerras  contra  quamcumque  personam  vel  quascumque  perso- 
nas, vel  aliquis  seu  aliqui  facerent  vel  moverent  guerram  cootra 
ipsum  comitem  vel  suos  vel  terram  suam  vel  suorum  rex  Arago- 
num non  débet  defendere  vel  juvare  illam  vel  illas  personas,  nec 


PIÈGES   JUSTIFICATIVES  551 

débet  esse  per  se  vel  suos  contra  comitem  Thôlosanum  vel  suos 
in  guerra  vel  guerris.  Trcugae  vero  praedict»  valid»  et  firmas 
esse  debent  et  erunt  usque  ad  praBdictOs  duos  annos  ,  nec  viola- 
buntur  necviolari  debent  modo  aliquo  vel  infVingi  etiam  jussu 
majoris  privilegio  indulgentia  mandato  vel  remissione  qualîbet 
indolta  vel  indulgenda  etiam  a  Domino  Papa  vel  ejus  legato.  Si 
vero  intra  praedictos  duos  annos  rex  Aragonum  haberet  manda- 
lum  summi  ponlificis  quod  impugnaret  comitem  Thôlosanum, 
vel  cornes  Tholosanus  baberet  mandalum  régis  Franciac  de  im- 
pugnando  ipso  rege  Aragonum,  alter  alteri  posset  desmandare 
treugas,  ita  tamen  quod  post  desmandationem  ipsam  treugae  prae- 
dictaB  firmae  durent  et  durare  debent  per  sex  menses  continuos  et 
completos.  Pro  praedictis  aulem  treugis  firmiter  observandis  de- 
bent jurare  viginti  barones  ex  parte  régis  Aragonum  et  quinqua- 
gintaprobi  homincs  Montispessulani  ;  ex  parte  vero  comitis  Tho- 
losani  debent  jurare  viginti  alii  barones  et  quinquaginta  probi 
hominesper  se  etsinguli  quinquaginta  singularum  ipsarum  uni- 
versitalum  mandato  jurabuni  et  jurare  tenebuntur  omnia  praedicta 
et  singula  observare.  Et  est  sciendum  quod  a  Narbona  versus  Ros- 
silionem  et  Cathaloniam  vicarius  Rossilionis  et  senescallus  Ru- 
Ihinensis  debent  arbitrari  de  piano  de  damnis  et  injuriis  resli- 
tuendis  et  emendandis,  a  Narbona  vero  ultra  versus  Tholosam  et 
Calurcum  et  alias  partes  versus  Montempessulanum  debent  arbi- 
trari de  piano  senescallus  Vainaissini  et  tenens  locum  régis  in 
Montepessulano  et  vicarius  Massilias  ;  in  praedictis  vero  treugis 
est  et  esseintelliguntur  R.  Gaucelmi  dominus  Lunelli  et  sui  et 
nos  memorati  Jacobus  rex  Aragonum  et  Raymundus,  comes  Tho- 
losanus  praediclas  treugas  et  omnia  supra  dicta  et  singula  lauda- 
musetconfirmamus  etbona  fidepromitlimus  et  omnia  et  singula 
servare  et  adimplere  per  nos  et  pernostros  et  contra  non  venire 
perhaec  Sancta  Dei  Ëvangelia  a  nobis  corporaliler  lacta.  Actum 
in  Montepessulano  YIUI  kal.  maii,  anno  Dominic»  incarnationis 
M  ce  XL  primo.  Testes  sunt  :  P.  CJgo  comes  Ëmpuriarum,  G.  de 
Capraria,  R.  de  Fossibus,  Barralus  de  Baucio,  P.  de  Villanova, 
6.  de  Barreria  in  quoruir  testium  praesentia,  anno  et  die  prae- 
scriptis,  juraverunt  omnia  prapscripta  et  singula  mandato  dicli 
Domini  régis,  scilicel  G.  Johannin  bajulus  Montispessulani  et 
UgoPulverelli,  J.  Frolgerii,  B.  Deleclio,  R.  de  Melgorio,  G.  de 
Albalerra,  P.  do  Posqueriis,  V.  Lamberti,  G.  Garnerii,  D.  de 


552  APPENDICE 

Mesoa,  P.  Ricardi,  6.  de  Yilari,  J.  de  Ginnacho  consules,  P.  Ri- 
galdi,  P.  Ricardi,  B.  de  Ândusia,  P.  Gros  Cambaforl,  R.  Lam- 
berti,  R.  Arbrandi,  J.  Tabernarius,  G.  de  Murlis^  G.  deHairano, 
R.  Comte,  Freminus  Burgensis,  D.  Faber  den  Raffina  (?),  G.  Re- 
cherii,  S.  Bovici,  R.  Hue,  P.  Salvador,  G.  de  Sancto  Martino,  B. 
de  Sancto Paulo,  G.Rogerii,  P.  de  Fonvivis,  Firminus  Dieus  lo 
fes,F.  deRibalta,  T.  Vesiano,  Jo.  Dalaus,  Po.  Garmi,  UgoFab., 
G.  Guillelmi,  G.  Rorneri,  G.  de  Yincio,  Guillermus  Fab.,  D. 
Fotrii{t)  G...  de  Cumballotis  C^)^  Ëlyas  Garnerii,  R.  Lamberli 
frat.  Bereng.  Lamberli.  Signum  Guillelmoni  scribaî  qui  de  volun- 
laie  el  mandato  ulrius^que  hoc  scribi  fecil,  loco,  die  et  anno  prae- 
fixis. 


(Bibliothèque  de  Garpentras  ;  manuscrits ,  n*  636.  Liasse  iotitulée  : 
Documents  relatifs  à  l'histoire  de  Provence.  Copie  vidimêe  portant  la  men- 
tion suivante  :  «  Scellé  en  doubles  lacs  de  soye  rouge  du  grand  scH  de 
Jacques,  roy  d'Aragon.  Extrait  de  la  Sainte-Chapdle  de  Paris,  1612, 
en  la  layette  d'Aragon,  en  entrant,  contre  la  fforte,  à  main  droite.  — 
CoUationné  par  nous  con*  '  secrétaire  du  roi  en  la  (^noOterie  de  Provence. 
—  MoUin.9) 


PIlkcES  JUSTIFICATIVES  553 


IV 


SENTENCE   ARBITRALE  AU  SUJET  DU   DIVORCE  DE  RAYMOND   VII 

ET  DE   SANCHA   d'aRAGON 

Noverial  universi  quod  nos  Jacobus  Dei  gracia  Rex  Aragonis 
Haioricanim  el  Valencie  Gomes  Barchinooe  et  Drgolli  et  Dominus 
Honlispesulani  et  nos  R.  Gaucelmi  dominus  Lunelli  et  nos 
Albela  mandatnus  ac  precipimus  quod  Cornes  Provincie  faciat 
Reginam  Sanciam  super  separatione  ipsius  et  Comitis  Tolose 
pelere  divorcium  celebrari  inter  se  el  Comilcra  Tolose  coram 
judicibus  a  scdc  aposlolica  deiegalis.  Alioquin  expellat  eam  de 
Provincia  et  auferat  ab  ca  omne  quod  dédit  ei  nec  preslct  ex 
lune  ei  clam  vel  palam  auxilium  consilium  et  favorem.  Item  pre- 
cipimus quod  Comes  Tolose  det  operam  ad  dicUim  divorcium 
faciendum  quam  polerit  et  quod  Comes  Tolose  in  locum  dotalicii 
quod  habebat  dicta  Regina  a  Comité  Tolose  det  mille  marchas 
argenti  de  presenli  et  centum  marchas  argenli  quandiu  vixerit 
annualim  et  quas  assignet  ei  in  loco  competenli  ad  cognicionem 
Régis  Aragonis  et  Comitis  Provincie.  Item  precipimus  quod 
nuncii  initantur  ab  utroque  Comité  ad  sedem  apostolicam  pro 
dispensacione  pelenda  in  hiis  que  dictis  comitibus  videbitur 
expedire.  Et  nos  predicli  Comités  auditis  omnibus  supradictis 
approbamus  et  recipimus  supradicta  et  promitimus  nos  atendere 
et  complere.  Datum  Hontipesulano  nonas  Junii  anno  Domini 
M^  CC^'XL^'  primo  :=  Testes  sunt  Comes  Empurii  =  Eximinus 
de  Focibus  =  Sordellus  =  Rostangnus  de Podio  Alto.  »=  6.  de 
Labarrera.  =  Berlrandus  Alamandoni  =  Et  ego  Guillelmonus 
scriba,  qui  mandato  predictorum  el  voluntate  hoc  scripsi  loco 
die  el  anno  prefixis. 


(Archives  de  la  ooaroiine  d'Aragon,  parchomins  de  Jacme  I*%  n*  845.) 


&54  APPENDICE 


Vf  bis 


PROMESSE   DE  JACME   A   RAYMOND   VII 

Noverinl  universi  quod  nos  Jacobus  Dei  gracia  rex  Aragonie 
Maioricarum  et  Valencie  Cornes  Barchinone  el  Urgelli  el  doininus 
Monlispcssulaiii  profitemur  vobis  viro  nobiii  R.  eadem  Coroili 
Tolosano  et  marchioni  Provincie  nos  suscepisse  peliciones  ves* 
Iras  infrascriplas  in  Romana  curia  promovendas  :  videlicet  quod 
dominus  Papa  ab  omnibus  senlenciis  excommunicalionis  el  in- 
terdicti  vos  et  terram  vesiram  absolvat  cl  omnes  iilos  qui  pro 
vestra  valenlia  sunl  excoramunicati.  —  Item  quod  dominus  Papa 
dispensât  super  matrimonio  contrahendo  inter  vos  et  Saociam 
filiam  Dobilis  viri  Gomitis  Provincie.  —  Item  quod  palri  veslro 
concedatur  ecclesiastica  sepultura  si  per  inquisicionero  consti- 
lerit  signa  in  eo  penitencie  precessisse.  — Item  quod  remitatur 
vobis  crux  vobis  per  dominum  Romanum  imposita  et  nécessitas 
transfretandi  et  ibidem  morandi  propter  obsequium  quod  in 
deflencione  Romane  ecclesie  exibere  debeiis.  —  Item  quod  reroi- 
tantur  vobis  a  domino  Papa  illa  decem  milia  marcharum  et  alie 
summe  pecunie  que  et  quas  secundum  formam  pacis  Parisiensis 
ecclesie  Romane  et  aliis  ecclesiis  seu  personis  ecolesiaslicis  sol- 
vere  debuistis.  —  Item  quod  remitatur  vobis  destruccio  domo- 
rum  Tholose  que  de  mandato  domini  Romani  destrui  debuenint. 
—  Item  quod  super  querimoniis  et  controversiis  quas  habetis 
cum  ecclesiis  et  ecclesiasticis  personis  terre  vestre  Gai  inquisicio 
de  piano  de  mandalo  domini  Pape  super  possessione  et  pro- 
prietate  per  viros  suspicione  carentes  per  quos  dicte  conlro- 
versie  lerminentur.  —  Item  quod  inquisiciones  que  contra  here- 
ticos  credentes  fautores  vei  receptatores  eorum  fiunt  vel  tient  ad 
formam  redigantur  terre  tolerabiiem  et  quod  super  condempna- 
tionibus  faclis  contra  jurisdictionem  et  penilenciis  injunclis 
salubre  remedium  apponatur.  —  Nos  igitur  rex  predictus  pro- 
mitimusbona  fide  vobis  prefato  RaimundoComiti  Tholosano  nos 
curaturos  et  effecturos  pro  viribus  noslris  cum  domino  Papa 
quod  in  modum  prescripUim  omnes  peliciones  supradicte  et 


PliCES  JCJ9TIF1GAT1TS8  555. 

siogule  compleantur.  Quod  si  forte  oblinere  a  Sede  Apostolica 
ea  non  possemus  absolvimus  vos  et  liberamns  a  promissione 
juramento  et  homagio  que  nobis  pridie  fecislis  super  deffencione 
Romane  ecclesi^t.  conUa.  In9p^ra(or?ia  et  valîtorAs  ipsius  assu- 
menda  nobiscum.  —  Datum  Montipessulano,  YII^  idus  junii^ 
anno  Domini  M*  CC*  XL^  primo,  —  Testes  sunt  hujus  rei  R. 
Berengarius  Comes  Provincie  P.  Hugo  Cornes  Empuriarum 
Exiroinus  de  Focibus  R.  Gaucelmi  Albeta.  —  Signura  lïi  Guil- 
Iclmoni  scribe  qui  mandato  domini  régis  hoc  scripsit  loco  die  et 
anno  prefixis. 


(  Archives  de  l'Empire  français,  carton  J,  5S7.  —  Aragon,  I,  n*  4.  ) 


556  APPENDICE 


DEUXIEME  TESTAMENT  DU  ROI  JACME 

Qoniam  in  conjugio  rnarilali  plurima  bona  concurrunt  inter 
que  maximum  esl  procrealio  filiorum  ad  servicium  hominum 
Salvaloris  :  id  circo  nos  Jacobus  Dei  gracia  Rex  Aragonum 
Maioricarum  el  Valencie  Cornes  Barchinone  el  Urgelli  el  Domious 
Honlispesulani  disposuimus  in  plena  roemoria  noslre  libère 
sanilatis  inicr  fîlios  quos  de  diversis  matrimoniis  habere  dinos- 
cimnr  bona  que  Deus  nobis  conlulit  distinclis  patrimonibus 
dividcre  pariter  et  parliri  ne  forte  questionis  dicenlio  possit 
oriri  inter  filios  et  de  jure  succedentes  nobis  in  posterum. 
Dignura  duximus  inter  eos  dividere  noslra  prout  convenit  sepa- 
ratim.  Preoipimus  ilaquc  corpus  meum  sepeliri  in  Monasterio 
Populeti  et  in  tumulo  non  depiclo  sed  sub  terram  anle  altare 
Sancte  Marie  ejusdem  Monasterii  et  in  loco  per  quera  vadeaot 
ad  allare  transeuntes.  Beliquimus  Alfonso  primo  genito  nostro 
et  Régine  Alionor  lotum  Regnum  Aragonis  et  lotam  Calaloniaoi 
Rippam  Corciam  Palars  Aran  et  dominium  comitatus  Urgelli 
cum  omnibus  ad  predicla  loca  perlinenlibus.  Et  relinquimus 
post  obitum  consanguinei  nostri  Nunonis  Sancii  Petro  filio  nostro 
et  Régine  Yoles  conjugis  nostre  Rossilionem  Conflueotera  Cerri- 
taniam  et  Vale  spirium  cum  omnibus  eisdem  pertinentibus  :  el 
relinquimus  dicto  Petro  filio  nostro  totum  Regnum  Valencie  a 
Biar  usque  ad  Rivum  Hul  de  Cona  et  a  Rivo  de  AWentosausque 
in  mare  et  sicut  dividit  terminus  Rachene  cum  Castella  usque 
in  mare:  Et  relinquimus  dicto  Petro  filio  nostro  Regnum  Maio- 
ricarum et  Minoricham  et  totum  jus  quod  P.  Infans  Portcgale 
dédit  nobis  in  Eviza.  Et  relinquimus  eliam  dicto  Petro  filio 
nostro  Gastrum  Habib  et  Adamus  et  dominacionem  et  villam 
Monlispesulani  et  Castrum  novum  cum  tota  dominacione  ejus- 
dem et  Castrum  de  Latis  et  dominacionem  et  Castrum  de  Pron- 
tinya  et  totum  quod  ibi  modo  adquisivimus  et  Castrum  de 
Omelaç  et  totum  Omelades  et  Castrum  de  Basaluc  et  jura  que 
habemus  in  comitatu  Melgorii  et  de  Honte  Ferran  et  Castrum 
de  Pozola  quod  6.  de  Montpestler  tenet  in  vîta  sua  et  jura  que 
habemus  in  Lupian  et  in  Castro  de  Huntferrer  et  omnîa  jura 
voces  et  acciones  quas  habemus  et  iiabere  debemus  in  Carcasses 


PIÈCES  JUStlFlCATlYES  557 

Termen  et  Termenes  Rases  el  Fonoleâes  Âmiliavo  Âmiliaves  el 
Gavalda.  Si  unus  aulem  nostrorum  predictorum  filiorum  absque 
legitimi  conjugii  filio  decederet  omnia  Régna  loca  ville  et  castra 
et  prediclas  dorninaciones  revertantur  alteri  filiorum:  et  si 
ambo  decedeient  sine  legiliroo  filio  revertantur  predicla  omnia 
filie  nostre  Yoles  conjugis  Alfonsi  primogeniti  illustris  FF.  Régis 
Castelle  et  filiis  ex  eadem  Tôles  filia  nostra  légitime  decenden- 
tibus.  Relinquimus  insuper  Gonstancie  filie  nostre  et  Régine 
Tôles  conjugis  nostre  sexaginla  millia  morabelinorum  alfonsi- 
norum  quorum  Iriginta  millia  donet  ei  Alfonsus  prediclus  filius 
Doster  et  alia  triginla  millia  morabetinorum  donet  ei  dictus 
Petrus  filius  nosler  et  intérim  ipsa  Gonstancia  teneat  tandiu 
castrum  de  Muntclus  et  de  Roda  cum  omnibus  reddilibus 
quousque  ipse  Alfonsus  dederit  sibi  dicta  triginla  millia  mora* 
belinorum  et  teneat  scilicet  ipsa  Gonstancia  tandiu  castrum  et 
villam  de  Morcla  et  de  Xerica  cum  omnibus  reddilibus  quousque 
dictus  Petrus  filius  nosler  dederit  supra  alia  triginla  morabeli-* 
norum  :  qui  ambo  predicli  filii  noslri  infra  spaciun  unius  anni 
post  obilum  noslrum  induant  mille  paupcres  pro  remedio  anime 
nostre.  Mandamus  siquidem  quod  omnia  débita  nostra  solvantur 
lia  quod  Alfonsus  omnes  exilus  et  reddilus  Barchinone  donet 
in  solucionem  debilorum  nostrorum  quos  reddilus  aliquis  fidelis 
Barchinone  teneat  et  percipiat  annuatim  in  tanlo  tempore  quous- 
que débita  sint  soluta  et  injurie  restitule  et  Petrus  filius  nosler 
donet  omnes  reddilus  civitalis  Yalencie  in  solulione  debilorum 
nostrorum  quos  reddilus  teneat  aliquis  fidelis  Yalencie  el  per- 
cipiat annuatim  tanlo  tempore  quousque  débita  sint  soluta  et 
injurie  restitule.  Si  quod  aulem  castrum  Sarracenorum  ex  illis 
que  ad  manus  nostras  non  tenemus  occasione  mortis  nostre 
perderetur  sive  se  absolvent  prediclus  P.  filius  noster  et  Regina 
Yoles  conjux  mea  douent  tanlum  viginti  mille  solidos  prc 
remedio  anime  nostre  si  ab  hoc  cognoverint  plura  dare  non 
posse.  Gonquerentes  autem  de  nobis  undecumquefuerint  veniant 
ante  presenciam  venerabilium  et  dilectorum  nostrorum  Archie- 
piscopi  Terrachone  et  Episcopi  Barchinone  quos  constituimus 
ad  injurias  emendandas  et  solvenda  débita  et  ad  alias  inferius 
exsequenda.  Si  forsan  unus  predictorum  prelalorum  decederet 
alius  possit  facere  soluciones  et  si  ambo  vixerint  el  inter  esse 
non  potuerint  unus  eorum  omnia  scripta  tam  superius  quam 


558  APPENDICE 

inferius  exsequatur.  Archiepiscopus  aiilem  Terrachone  eligat 
iinum  virum  fidelem  61  Episcopus  Bai'chinone  ad  jpercipiendos 
rcddilus  locorum  prediclorum  pro  anime  noslrc  rctnedio  assi- 
gnatos  solulis  aulem  debilis  nostris  el  injuriis  emendalis  exilus 
Barchinonc  reverlanlur  Régi  Aragonls  el  redditus  Yalencie  Régi 
Valcncie.  Mandamus  etiam  quod  predicU  fliii  noslri  Alfonsus  el 
P.  douent  Monasterio  Populeti  duo  millia  morabetinoruro  alfon- 
sinorum  Monasterio  Sanctarum  Crucuin  mille  morabetinos 
Monaslerio  de  Scarpio  dao  millia  morabetinorum  Sexene  mille 
morabetinos  Sanlo  Ilario  Ilerde  quingentos  morabetinos  Operi 
minorum  Yalencie  mille  morabetinos  Domui  de  Berola  mille 
morabetinos  Monasterio  de  Roda  mille  morabetinos  ol  de  Yal- 
bona  mille  morabetinos  et  de  Franchedis  quingentos  morabe- 
(inos  de  Benifassi  quingentos  morabetinos  de  Pedregalio  dacentos 
morabetinos  de  Ripol  ducentos  morabetinos  Monasterio  Sancti 
Johannis  juxla  Ripol  ducentos  morabetinos  de  Amer  ducentos 
morabetinos  de  Casues  ducentos  morabetinos  Monasterio  Sanc- 
tarum Crucum  juxta  Sanctum  Johannem  de  Lapena  ducentos 
morabetinos  Monasterio  Sancti  Yictoriani  ducentos  morabetinos 
et  mille  morabetinos  pro  remedio  anime  dompne  Tode  Ladre 
quos  sibi  promisimus  in  sua  ultima  voluntate.  Predictos  aulem 
omnes  morabetinos  dentur  de  redditibus  Barchinone  el  Yalencie 
et  per  médium.  Rogamus  igitur  Honachos  Populeti  quod  pro 
remedio  anime  nostre  faciant  celebrari  quinque  mille  missas  et 
illi  Sanctarum  Crucum  tria  rtiillia  missas  el  illi  de  Scarpio  tria 
millia  missas  domus  de  Sexena  mille  missas  illi  Sancti  Ilari 
Ilerdc  ducenlas  missas  Predicatores  Yalencie  mille  missas  mi- 
nores Yalencie  mille  missas  illi  de  Berola  tria  millia  missas  illi 
de  Roda  tria  millia  missas  domus  de  Yalbona  ittillè  mlkias  illi  de 
Franchedis  quingenlas  missas  illi  de  Benirassi  duo  millia  missas 
domus  de  Pedregalio  mille  missas  illi  de  Ripol  duo  millia  missas 
illi  de  Sanclo  Johantie  juxta  Ripol  mille  missas  illi  de  Amer  quin- 
gontas  missas  illi  de  Banyoles  seplingenlas  missas  illi  de  Sanclo 
Felice  de  Guixols  quingenlas  missas  illi  de  Yillabërlran  trecf  nias 
missas  illi  de  Bellopodio  nfiille  lï^issas  illi  sancti  Rudi  Ilerde 
ducenlas  itiissa^s  illi  de  Sanclo  Johanne  de  Lapena  niille  missa:} 
Domus  de  Casoes  mille  missas  illi  Sanctarum  Crucum  juxta 
Sanctum  Johannem  de  La  Pena  trescentas  missas  illi  Sancti 
Yictoriani  duo  millia  missas.  Rogamus   etiam  fralrem  R.  de 


■■I 


P]È«ES  mSTIFIGATIVES  SS9 

Penna-forli  fratrem  Berengarium  de  Castro  Episcopali  fratrem  G. 
de  Barbera  el  fratrem  Michaelein  de  Fabra  predicatorum  quod 
présentent  Archiepiscopo  Terrachone  et  Episcopo  Barchinone 
conquerentes  de  nobis  et  super  iis  ipsis  predicatoribus  credatur 
el  consulant  filiis  nostris  predictis  qiiod  leneant  secum  et  habeant 
quamdiii  vixerint  omnes  homines  noslre  curie  sive  creaoionis 
et  per  médium.  Ponimus  siquidem  animam  nostram  in  tutelamet 
posse  domini  Pape  supplicantes  eidem  quod  prcsens  testamen- 
tura  faciat  observari  et  venientes  contra  ipsum  excomonicet  et 
precipial  Archiepiscopo  Terrachone  et  Episcopo  Barchinone 
quod  si  filii  predicti  vel  alii  contravenire  atteraptaverint  vel 
prescripta  omnia  non  compleverint  eosdem  habeant  licenciam 
excomonicandi.  Comendamus  insuper  filium  nostrum  P.  cum 
loto  Regno  Valencie  FF.  Infanti  Aragonis  patruo  nostro  ita  ut 
ipse  eum  usque  ad  quindecim  annos  teneat  in  potestate  sua 
infra  quos  annos  Regina  Tôles  conjux  raea  teneat  et  percipiat 
omnes  redditus  Valencie.  Comendamus  etiam  dictum  ISlium 
nostrum  P.  et  Reginam  Yoles  conjugem  nostram  et  ponimus  in 
defTensione  FF.  Uiustris  Régis  Casteile.  Rogantes  eum  ut  eosdem 
et  eorum  loca  et  bona  non  permitat  ab  aliquibus  molesiari. 
Assignamus  insuper  Régine  Yoles  conjugi  nostrc  pro  arris  suis 
castra  et  villas  de  Segorb  deOnda  de  Xerica  de  Horella  de  Alma- 
nara  de  Murvedre  et  de  Peniscola  cum  omnibus  pertinenciis  et 
redditibus  universis  in  quibus  omnibus  et  singulis  locis  predictis 
istis  teneat  ipsa  quamdiu  vixeril  suas  arras  et  viduagium  post 
obitum  nostrum.  Mandamus  itaque  universis  aliqua  predictorum 
castrorum  et  villarum  tenentibus  quatenus  faciant  ralione  Pétri 
filii  noslri  homagium  Régine  Yoles  conjugi  nostre  salvis  tamen 
ipsi  Régine  Yoles  arris  suis  sicut  superius  est  expressum.  Datum 
Barchinone  kalendas  Januarii  anno  Iccarnationis  Domini  Millesi 
simo  Ducentessimo  quadragessimo  primo  —  Sig  ^  num  Jacobi 
Dei  gracia  Régis  Aragonum  Maioricarum  el  Valencie  Gomilis 
Barchinone  et  Urgelli  et  Domini  Montispesulani  =  Uujus  rei- 
lestes  sunt  :  =  6.  de  Enlença=  Eximinus  de  Focibus=  A.  de 
Gudal=  Eximinus  de  Luna.=  Ferricius  de  Liçan£^=  Sig  i^i 
Dum  Guillelmoni  scribe  qui  mandato  Domini  Régis  pro  domino 
Barengario  Barchinone  Episcopo  cancellario  suo  hoc  scribi  fecit 
loco  die  et  anno  prefixis=  Lecta  fuit  Régi. 
(Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  parchemins  de  Jacme  I*%  n"  867.) 


: 


560  APPENDICE 


VI 


ABSOLUTION    DE    L* EXCOMMUNICATION     ENCOURUE    PAR    JACME 
POUR  OFFENSE  ENVERS   l'ÉVÊQUE   DE   GIRONE 


Noverint  Univers!  quod  Nos  Philipus  Episcopus  Gainerineosis 
el  fraler  Desiderius  de  ordine  Hinorum  Domini  Pape  Penilen- 
ciarius  aucioritale  Domini  Pape  qua  fungimur  super  absolutione 
Vobis  Jacobo  Régi  Aragonum  impertienda  de  excommuoica- 
lione  quam  incurristis  propler  oflensam  in  personam  Episcopi 
Gerunde  comissam  mandarous  Vobis  in  virtute  a  Vobis  prestili 
juramenli  quod  de  cetero  in  clericos  vel  personas  religiosas 
oxceplis  casibus  a  jure  pcrmisis  non  mitatis  vcl  ab  aliquo  roili 
lacialis  manus  Lcmere  violentas.  Et  acceplamus  satisfaccionem 
quam  oblulistis  spontaneus  pro  offensa  predicta  :  videlicel  qiiod 
monasterium  de  Benifassa  ordinis  Gisterciensis  per  vos  féliciter 
inchoalum  dolando  el  ediflcando  laliter  consumctis  ut  cum  ad 
presens  non  possint  ibi  plus  quam  viginli  duo  monacbi  esse 
valeant  ibidem  quadraginla  commode  sub^tenlali  :  et  quod  fabrice 
ejusdem  Ecclesie  ducenlas  marchas  argcnli  impcndalis.  Et 
hospitali  Sancli  Vincencii  de  Valencia  per  vos  simiiiler  jam 
inceplum  de  lot  et  talibus  possessionibus  dotetis  ul  redditum 
sexcentarum  marcliarum  argenli  annuarum  habeat  completuro. 
Et  nichilominus  stabiliatis  de  vestris  redditibus  unura  sacerdo- 
tem  qui  pcrpcluo  deservial  et  celebret  in  Ecclesia  Gerundensi. 
Dalum  lllerde  anno  Domini  M.GG.XLVI.  XIIII  kalendas  no- 
vembris. 

(Archives  d'Aragon,  parchemins  de  Jacme  I",  n»  1059.) 


PIÈGES  JUSTIFICATIVES  561 


vn 


PBBAlfBULB    ET   TITRES  DES  FUEROS  D*ARAGON  ^ 

Nos  lacobus  Dei  gratia  Rex  Aragonura,  Haioricarum  et  Ya- 
lenlisBy  Cornes  Barchinon»et  Urgelli,  el  Dominus  Monlispesulani. 
Peraclis  conquists  noslraB  Sairacenorum  acquisilionibus  :  et  quid- 
quid  cilra  mare  Orientale  :  fines  debilse  acquisitionis  noslrsB 
conlinent  miseratione  divina  nostro  dominio  vendicantcs;  quare 
nos,  armoruin  proviso  tempore ,  intendentes  pacis  providere 
temporibus ,  solicitudinem  noslram  ad  Foros  Aragonum  :  per 
quos  ipsum  Regnum  regatur  primo  poreximus:  eo  quod  Regnum 
illud  sitcaput  noslrsBcelsitudinis  principale.  Yerum  ut  actiones 
nostr»  condiantur  maturius  :  et  fori  Aragonum  addendo,  de- 
trahendo,  supplendo ,  exponendove  necessario  vel  uliliter  corri- 
ganlur  :  in  urbe  nostra  Oscensi    generalem  Curiam   duximus 
inducendam  :  ubi  praesenlibus  Illuslri  patruo  nostro  domino 
Ferrando  Infante  Aragonise,  et  vencrabilibus  B.  Cesaraugusta- 
nensi,  Y.  Oscensi  Episcopis  :  et  Nobilibus  Richis  hominibus 
domno  P.  Carnelii  Maiordomo   Aragonum ,   6.  Dentença,   6. 
Romei,  R.  de  Liçana,  A.  de  Luna,  Eximino  de  Focibus,  et  plu- 
ribus  Militibus,  et  Infantionibus,  et  Proceribus,  et  Civibus  Civi- 
tatum  et  Yillarum,  pro  suis  Gonciliis  destinatis,  Foros  Arago- 
num (prout  ex  variis  predecessorum  nostrorum  scriptis  colle- 
gîmus)  in  nostro  fecimus  Auditorio  recilari  :  quorum   singulis 
CDllationibus,  discussis   omnibus  subtilius,  e\  detractis  super- 
vacuis  et  inutilibus ,  compietis  minus  bene  loquenlibus ,   et 
obscuris  compelenlibus  interprelationibus  expositis,  sub  volu- 
mine,  et  certis  titulis  antiquorum  Fororum  :  quosdam  amovimus, 
correximus,  supplevimus,  ac  eorum  obscurilatem  elucidavimus, 
omnium  dictarum  personarum  consitio  et  convenientia  penilus 

*  n  ne  faut  pas  oublier  que  le  texte  primitif,  aujourd'hui  perdu,  des 
Pueros  de  Huesca  était  en  aragonais.  Les  copistes  et  les  imprimeurs  ont 
fait  subir  quelques  altérations  à  la  traduction  latine,  que  nous  donnons 
d*après  l'édition  Savall  et-Penen.  On  s'apercevra  aisément  de  certaines 
incorrections  qu'il  faut  imputer  sans  doute  aux  anciennes  éditions  et  qu'il 
nous  a  été  impossible  de  rectifier. 

T.  n.  36 


562  APPEIfOIGE 

annuente.Per  hos  Foros  in  plnribus  quos  antiqui  Fori  non  sine 
magno  temporalium  rerum  incommodo,  ac  animaruni  periculo, 
non  zelo  justitis,  sed  ambiliosa  malitia  infligebant,  dominio 
nostro  per  eos  nihil  accrescendo  penitus,  nec  subditoruro  nos- 
(rorum  libertatibus  acceptabilibus  detrahendo.  In  virlute  ilaqae 
débit»  nobis  fidei  omnibus  Baiulis,  lusliciis,  ÇalmedinisJaralis, 
ludicibus,  Alcaidis,  lunctariis,  oflicialibus  quibus  ofGcium  cog* 
noscendi,  et  iudicandi  de  causis  commillilur  :  et  cunctis  nostris 
fidelibus  iniungimus,  quod  bis  Foris  tantum  ulantur  in  omnibus 
et  singulis  causarum  discussionibus,  et  terminationibus  eanin- 
dem.  Ubi  autem  dicti  Fori  non  sufTecerint,  ad  naluralem  sensum. 
Tel  8Bqni(atem  recurratur.  Profeclo  qui  secus  contraversati  fue- 
rint,  ipsos  tanquam  reos  laesae  Majeslalis  noslr»  animadversione 
débita  puniemus. 


Liber  primus 

De  Sacro  Sanclis  Ecclesiis  et  corum  minislris  *. 

De  His  qui  ad  Ëcclesia  confugiunl,  vel  palatia  Inranlionum. 

De  Pignoribus. 

De  Rerum  testatione. 

De  Postulando. 

De  Procuratoribus. 

Quod  cujusque  Universitatis. 

De  Negoliis  gestis. 

De  Dilationibus. 

De  Advocatis. 

De  Edendo. 

De  Pedianda  baereditate. 

De  Jurisdictione  omnium  judicum 

De  Salisdando. 

Liber  secundus 

De  Privilegio  abseulium  causa  Beipublicae. 
Ne  Pater,  vel  mater  pro  filio  lencatur. 

*  Les  titres  de  fueros  ne  portant  aucun  nmnéro  d'ordre. 


PIÈGES  JUSTIFIGATITES  563 

NeFilius  pro  pâtre,  vel  maire  leneaiur. 

De  Filiis  illegitimis. 

Ne  Vir  sine  u?[ore,  aul  uxor  sine  viro  alienare  possii. 

De  Foro  competenti. 

De  Praescriptionibus. 

De  Mutuis  pelilionibus. 

De  Probalionibus. 

De  Testibus. 

De  Testibus  cogcndis.  • 

De  Confessis. 

De  Fide  instrumenlorum. 

De  Jure  jurando. 

De  Feriis. 

De  Sacramento  deferendo. 

De  Yerborum  significatione. 

De  Re  judicata. 

Liber  tertius 

De  Pœna  temerè  litigantium. 

De  Lege  Aquilia. 

De  Re  militari. 

Si  Quadrupes  pauperiem  fecisse  dicalur. 

De  flasliludio. 

De  Scaliis. 

De  Arboribus  incidendis. 

FamiliaB  herciscund». 

Gommuni  dividundo. 

De  Consorlibus  ejusdem  rei. 

Finium  regundorum. 

De  Confmalibus  arboribus. 


Liber  quarius 


Mandati. 
Gommodati. 
De  Usuris. 
Locati  et  conducti. 
DeMercenariis. 


564  APPENDICE 

De  Deposito. 

De  Emptione  et  venditione. 

DePaclis  inter  emptorem  et  venditorem. 

De  Jure  einphiteotico. 

De  Fidejussoribus. 

De  Haeredibus  fidejussoruro  et  malefaclorum. 

De  DoDBtionibus. 

De  SolutioDibus. 

fie  Alimentis  praeslandis. 

Liber  quintus 

De  Immensis  et  prohibitis  donationibus. 

De  CoDtraclibus  coDJugum. 

De  Jure  dotium. 

De  Secundis  nupliis. 

Rcrum  ainotarurn. 

De  Teslamenlis. 

De  Tuloribus,  manumissoribus,  spondalariis  et  cabeçalariis. 

De  Natis  ex  damnato  coKu. 

De  Contractibus  minorura. 

De  Exhœredatione  filiorum. 

De  Rébus  vinclatis. 

De  Juslida  reddenda  et  non  vendenda. 

De  Adoptionibus. 

Liber  sextus 

DeConditione  infanlionalus  et  de  proclamantibus  in  servitulem 

De  Re  mililari  *, 

De  Stipendis  et  Stipendiariis. 

De  Hommagio. 

De  Promissione  sine  causa. 

De  Forma  difTidamenti. 


'  Il  y  a  aussi  dans  le  livre  ///  un  titre  de  Re  militari»  Il  contient  un  seul 
fuero  relatif  à  la  dégradation  du  chevalier  coupable  de  brigandage.  Celui 
du  livre  VI  a  rapport  aux  devoirs  du  chevalier  et  à  la  défense  de  conférer 
cette  dignité  au  Ûls  d'un  vilain. 


PIEGES  JUSTIFICATIVES  565 

De  Munitione  et  construclionc  miinilionum. 
De  Huneribus  agnoscendis. 
De  Expedilionibus. 

« 

Liber  septimiLS 

De  Pace  et  proleclione  Regali. 
De  Confirmatione  pacis. 
De  Fabricalione  monetae. 
De  Confirmatione  monetse . 
De  Lezdis. 

De  Moderatione  rerum  venalium. 
De  JudaBis  et  Sarracenis  baptizandis. 
De  Judaeis  et  Sarracenis. 
De  Sarracenis  fugitivis. 
De  Decimis  judaeorum  et  Sarracenorum. 
De  Decimis  chrislianorum. 

De  Non  alienandis  possessionibus  iributariis  judaeorum  et  Sar- 
racenorum. 
De  Aqua  pluviali  arcenda. 
De  Pascuis,  gregibus  etcapannis. 
De  Yenatoribus. 
De  Rivis,  furnis  et  molendinis. 
De  Taberna,  balneo,  furno  et  molendino. 
De  Âccusationibus. 
De  Gonsiliariis. 

Liber  octavus 

De  Gustodîbus  carcerum. 

De  Prodiloribus.  • 

De  Yeneficis. 

De  Invasoribus  viarum  publicarum. 

De  Yiolatoribus  Regalis  protectionis. 

De  Grimine  falsi. 

De  Homicidîo. 

De  Adulterio  et  stupro. 

De  Yi  bonorum  raptorum. 

De  Haeredibus  furum. 

De  Furto  et  nominando  antore, 


566  APPENDICE 

De  Receptoribua. 
De  Pœnis. 

De  Divisione  pecunisD  pœnalis. 
De  Injuriis. 
De  Modo  mulctarum. 
De  Duello. 

De  Gandentis  ferri  judicio  abolendo. 
De  Tabellionibus. 
De  Appellationibus. 
De  Milite  usurario. 
De  GoDluniacibus. 

De  Consiructione,  substentalione  et  reparatione  fossatuurn  et 
muronim. 
De  Expeditione  infantionum. 
De  Proditionibus. 
De  Furlo  avium. 
De  Furto  canum. 


Appendice  aux  ruEROS  de  Huesca  ^ 

De  Sacramento  judsorum. 

Hfld  sunt  maledictiones. 

De  Sacramento  Sarracenorum. 

Quomodo  debent  examinari  testes. 

De  Elongatione  debitorum. 

*  Nous  considérons  comme  appendice  au  code  d'Aragon  cinq  fueros 
qui  ne  paraissent  pas  faire  partie  intégrante  du  recueil  de  Huesca.  Ce  sont 
trois  formules  de  serment,  une  instruction  sur  la  manière  d'interroger  les 
témoins  et  une  loi  sur  la  prolongation  des  délais  accordés  aux  débiteurs, 
qui  M  promulguée  séparément  en  1259.  (Voy.  Disc,  prélim.  de  Tédit.  des 
Fwros  de  MM.  Savall  et  Penen,  p.  18.) 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES  567 


VIII 


9RBAMBULB  ET  RUBRIQUES  DES  PURS  DE  VALEflGE  * 

En  ]o  any  de  noslre  Senyor  H.  CC.  XXXVIil.  nou  dies  de  Octu- 
bre  *  près  lo  Senyor  en  laurae  per  la  gracia  de  Deu  Rey  Darago  la 
ciutat  de  Yalencia. 

Oomençament  de  sauiea  si  es  la  temor  de  Deus,  et  natural* 
roenl  lo  deuem  temer  e  amar  :  la  temor  perque  ell  es  poderos  : 
com  aquellqains  feu  de  nient  :  ens  desfara,  com  a  ell  vendra  de 
plaer  :  car  res  non  podem  fer  sens  ell,  segons  la  paraula  quens 
retrau  sent  loan  en  la  Euangeli.  Amar  lo  deuem  de  tôt  nostre 
cor,  e  tota  noslra  pensa:  car  ell  es  donador  de  gracies,  e  debens 
spirituals  et  teroporals.  Et  majorment  lo  deuem  temer,  e  amar 
los  Reys  :  temer  perque  es  tôt  poderos  :  et  amar  per  lo  be  quens 
dona:  car  per  eli  regnen  et  han  bones  costumes  et  maior  poder 
et  maior  riquea.  Et  la  raho  perque  Rey  deu  regnar  maior- 
ment:  si  es  per  justicia  :  car.aquestali  esdonada,  que  si  justicia 
nofos^  les  gentsnohaurien  mester  Rey.  Primerament  es  neces. 
saria  que  menys  de«  justicia  no  poden  viure  los  homens  en 
aquest  mon:  car  no  tan  solament  se  deuen  julgar los  homens 
per  los  Reys,  o  per  aquells  qui  tenen  en  lur  loch  :  hon  los  es 
donat  poder  del  Senyor  de  les  créatures  :  e  nul  hom  no  pot 
viure  en  verilat  ni  endrelura  si  donchs  no  ten  justicia  en  si 
raatex:  car  si  hom  no  julgaua  a  si  tam  be  com  al  altre  :  no  poria 
hauer  vida  de  manera  de  home  :  ne  segoos  la  noblesa  ne  dignitat 
que  Deus  volch  donar  a  home  quant  lo  feu  a  semblança  de  si. 
Donchs  car  justicia  es  illuminament  de  les  coses  que  son  spiri- 
tuals et  temporals.  Car  nul  hom  pot  venir  a  saluacio,  si  prime- 
rament no  repren  a  si  delà  faliments  que  fara,  ne  pot  ben  gouer- 
nar  ço  que  Deus  li  ha  donat  si  ab  fe  y  ab  justicia,  et  ab  carrera  damor 
no  guarda  sa  gent  aquel  a  qui  es  donada  :  que  a  aquells  que  faran 


*  Nous  copions  textuellement  l'édition  unique  de  1547. 

*  C'est  la  date  de  l'entrée  des  chrétiens  à  Valence,  et  non  celle  de  la  capi- 
iulatioD.  (Voy.  t.  I.  p.  m.) 


568  APPENDICE 

be  rela  gardo  de  be  :  e  aïs  que  faran  mal  reta  guardo  de  mal, 
bauenl  misericordia  migancera  quanl  yeura  que  loch  sia.  Car 
lum  terrenal  en  los  homens  poden  veer  et  guardar  si  et  allruy  de 
errar  ve  per  justicia.  Donchs  aquesla  no  pot  esser  bea  tenguda 
si  no  es  per  los  maiors  :  car  si  cascun  podia  fer  ço  que  ha  en 
▼olentat  a  allruy:  aquest  seigle  no  séria,  mas  ténèbres  et  dolor: 
car  aço  es  declararoent  de  cor,  e  de  pensa  del  hom  :  car  nos 
donara  duble  que  alcun  li  faça  mal  si  donchs  no  fahia  perque. 
Et  silosReysson  de  bones  costumes  en  lotescoses,  o  enpariida: 
nol?  tendria  prou  tola  aquella  gracia  que  Deus  los  haura  dada  :  si 
donchs  no  vsauen  de  justicia  et  de  drelura  :  car  aquest  es  lur 
offici  de  veritat.  Et  fahen  be  aquesla  gracia  de  justicia,  perque 
noslre  Senyor  los  hi  ha  meses  molles  allres  bones  costumes 
poden  passar  etencobrir:  car  aquesla  es  gracia coberla  delsReys. 
Eaxi  com  nos  en  lacme  per  la  gracia  de  Deu  Rey  Darago«  de 
Mallorques,  de  Yalencia,  compte  de  Barcelona,  et  de  Yrgell,  et 
Senyor  de  Honpesler,  volenls  que  noslre  Senyor  nos  julge  hauen 
a  nos  misericordia  :  en  aquesla  roanera  deuem  nos  jutgar  nostres 
soUmeses  :  oras  la  misericordia  no  ha  obs  de  ser  tanta  que 
eximplede  mal  pogues  donar  als  allres  ques  volguessen  venjar  et 
emparar  per  sa  aucloritat  propria  de  ço  que  es  oifici  noslre  dels 
venjaments.  Etjalsia  que  nossiam  necligenls  alcunes  vegades  en 
justicia  pus  que  a  nos  no  hauria  mesler  :  ne  a  aquells  qui  noslre 
Senyor  nos  ha  comanals  claman  merce  a  aquell  qui  aquesla  gra- 
cia et  aquest  poder  nos  ha  lan  gran  donat  que  ell  quens  ho  per- 
don.  Car  algun  hom  en  aquest  mon  no  pot  viure  sens  peccat  :  et 
si  nos  hauem  errai  conlra  lo  ofTici  que  nos  tenim  per  ell  hauem 
Yolontat  que  daqui  a  auant  no  errem  plus.  El  per  aquesla  raho 
hauem  fet  aquest  libre  de  dret  :  el  quai  melem  noslra  pensa  et  de 
nostres  sauis  aquells  que  nos  poguem  hauer  Bisbes,  e  richs 
homens,  Cauallers  et  homens  de  ciutat  :  Et  pregam  e  manam  a 
(ois  aquells  qui  seran,  o  volran  esser  dins  aquests  furs,  que 
guarden  e  obscruen,  e  manlenguen  aquests  furs  :  et  per  aquests 
se  jutgen  per  tols  temps. 


Comencen  les  costumes  et  els  slabliments  de  la  Ciutat,  et  del 
Règne  de  Yalencia  :  del  Senyor  en  lacme  per  la  gracia  de  Deu 
Rey  Darago  et  de  Mallorques  el  deValencia,  compte  de  Barceiona 


PIÈGES   JUSTIFICATIVES  569 

et  de  Trgell,  et  Senyor  de  Monipesler  :  axi  com  dauall  son  orde- 
nades  daquell  qui  la  Giutat,  e  lot  lo  Règne  ab  gran  vicloria 
guanya.  Les  quais  costumes,  e  Furs  per  aquel  foren  fets  en  lo 
any  M.  CG.  L.  Dolze  anys  après  la  dita  Ciutat  y  Règne  per  aquell 
fonch  guanyal. 

Com  manamenls  sien  de  dret  honeslamenl  viure  :  e  a  altre  no 
agroujar,  e  son  dret  a  cascu  donar  :  els  princeps  de  les  terres  per 
la  misericordia  de  Deu  hajen  rehebuts  los  gouernaments  dels 
règnes:  perço  que  donassen  egualment  son  dret  tarobe  al  pobre 
coro  al  rich  :  e  que  purgassen  de  mais  homens  ab  gran  diligencia 
les  prouincies  a  ells  comanades  no  departen  de  bon  fossen 
aquells  mais  homens.  Emperaço  Nos  en  lacme  per  la  gracia  de 
Deu  Rey  de  Arago  de  Mallorques  e  de  Valencia,  Compte  de  Bar- 
celona,  e  Durgell,  e  Senyor  de  Monipesler:  cobejanls  dur  a  aca- 
bament  les  deuant  dites  coses  :  hauent  Deus  dauant  nostres  vulls» 
costumes  en  aquesta  Real  Ciutat  de  Valencia,  een  tôt  lo  Règne, 
e  en  totes  les  viles,  e  castells,  alquerîes,  toires,  e  en  tots  altres 
lochs  en  aquest  règne  edificats ,  o  a  editicar  sotsmeses 
nouellament  per  la  voluntat  de  Deu  al  nostre  gouernament  fem, 
e  ordenam  ab  voluntat,  e  ab  conseil  den  Père  per  la  gracia  de 
Deu  Arquebisbe  de  Tarragona,  e  dels  bisbes  de  Arago,  e  de  Cata- 
lunya  :  ço  es  a  saber  den  Bercnguer  bisbe  de  Barcclona,  e  den 
Vidal  bisbe  Dosca,  e  den  Bernât  bisbe  de  Çaragoça',  e  den  Pons 
bisbe  de  Torlosa,  e  den  Garcia  bisbe  de  Taraçona,  e  den  Bernât 
bisbe  de  ViCh:  e  ab  conseil  dels  nobles  barons  den  Ramon  Foich 
vescomple  de  Gardona,  e  den  Père  de  Moncada,  e  den  Guillem 
de  Moncada,  e  den  Ramon  Berenguer,  e  den  Ramon  de  Peralla, 
e  den  Père  Ferrandez  Dalbarrazi,  e  den  Père  Cornell,  e  den 
Garcia  Romeu,  e  den  Examen  Dorrea,  e  den  Arlal  de  Luna*^  e 
den  Examen  Periz  :  e  dels  prohomens  de  la  Ciulal  :  ço  es  a  saber 
den  Ramon  Père  de  Leyda,  e  den  Ramon  Ramon,  e  den  Père 
Sanç,  eden  Guillem  QeBelloch,e  den  Bernât  Gisbert,  e  den 
Thomas  Garridell,  e  den  Guillem  Moragues,  e  den  Perc  de  Bala- 
guer,  e  den  Marimon  de  Plegamans,  e  den  Ramon  Durfort,  c 
den  Guillem  de  Lacera,  e  den  Bernât  çaplana,  e  den  Père 
Hartell,  e  den  Guillem  Bou,  e  den  Sleue  de  la  Geferia,  e  den 
Vch  Marti,  e  den  Ramon  Hunyos,  e  den  Ferran  Periz,  e  den 
Andreu  de  Linya,  e  de  moll  altres.  Mas  empero  si  costumes  no 


570 


APPBIIDICB 


eren  posades  en  scril  :  porie  esser  entre  aquells  qui  pledejen 
gran  confusio:  e  porien  exirgran  malaria  de  contendre.  Per  ço 
com  memoria  de  hom  molt  es  lenegable  :  e  la  flebea  de  hom  es 
roolt  aparellada  a  vblidança.  Et  per  aço  aquestes  costumes  Ebid 
mètre  en  scril  a  perdurable  memoria  :  car  hauer  memoria  de 
tôles  coses,  e  que  en  ninguna  cosa  hom  no  desuias  majormenl 
perlany  a  Deu  que  a  horoens.  —  Yedam  doncbs  que  Dingones 
altres  costumes  en  la  Ciiitat,  o  en  algun  aitre  loch  del  règne  de 
Yalencia  en  alguna  cosa  no  hajen  loch  :  mas  per  aquestes  costu- 
mes la  Cort  els  lulges  dejen  los  pleyls  jutgar  e  delermenar.  Car 
asals  conuenienlment  poran  départir  per  aquestes  costumes  la 
cosa  egual  de  aquella  que  no  sera  egual  :  e  la  co^a  leeriua  de 
aquella  que  no  sera  leeriua.  —  El  aquestes  coses  en  axi  sobredi<> 
tes  volem  que  lia  bon  aquestes  costumes  no  poran  abaslar: 
aquells  que  jutgaran  puixen  leeriuaroent  recorrer  a  nalural  seay 
eaegualtat. 


Libre  primer 


Rubrica  I.  — 

~  IL  — 

—  m.  — 

—  IV.  — 

—  V.  - 

—  VI.  — 

—  VIL  — 

—  vra.  — 

—  IX.  — 

—  X.  - 

-  XL  - 

—  xn.  - 

—  xin.  - 


Del  terme  del  règne  de  la  ciutat  de  Yalencia*. 

De  les  pastures  y  del  vedat. 

De  la  Corl  e  del  Balle. 

Del  quart  e  pencs  de  la  Corl. 

De  Segurelat  et  de  donar  fermança. 

De  clam  que  no  sia  mudat. 

Quais  perso'nes  e  coses  puixen  esser  preses 

sens  manament  de  la  Cort. 
Que  luheu  ne  Sarrahi  ne  heretge  no  haja 

seruu  Chrislia. 
Daquells  que  tugiran  a  les  sglesies. 
De  Stablimenls  e  dels  manamentsdel  princep. 
De  ignorancia  de  dret  e  de  feyt. 
De  prechs  feyls  al  Princep. 
Que  pendent  e  durant   lo  pleyl  aigu   nos 

pusqua  appellar. 


'  U  faut  lire  :  Del  terme  del  règne  e  delà  ciuUa  de  Valencia. 


PIECliS  JUSTIFICATIVES 


571 


Rubrica  XIY. 
—        XV. 


Si  contra  dret  alguna  cosa  sera  impetrada. 
Dels  vults  e  de  les  ymatges. 


Rubrica   I.  — 

—        II.        — 

—      m.     — 


—  IV. 

—  V. 

—  VI. 

—  VII. 

—  VIII 

—  IX. 


X. 

XI. 

XII. 

XIII. 

XIV. 

XV. 
XVL 
XVII. 


Libre  segon 

De  moslrar  publiques  scriplures  o  comunes. 

De  aquells  qui  seran  appellats  en  dret. 

De  conuinences  et  de  conspiracions ,  ço  es 

de  mais  empreniments. 
De  transactions  e  de  composicions. 
De  errada  de  compte. 
Dels  aduocats. 
De  quais  coses  infamia  sia  donada»  o  posada 

a  aigu. 
De  procuradors. 
Que  aigu  no  pusqua    les   sues  actions ,  o 

demandes  donar  necomanara  pus  poderos 

de  si. 
Dels  negocis  o  dels  aflTers  que  per  aigu  sien 

menais ,  o  feyts. 
Daquelles  coses  nue  seran  feyts  per  força, 

0  per  paor. 
De  mal  engan. 
De  reslitucio  de  menors. 
Si  ludor  0  curador  sera  els  jeyts  dels  me- 
nors. 
De  arbitres  rebuis  e  de  dar  seguretats. 
De  nauxers,  de  tauerners  e  doslalers. 
De  sagramenl  de  calumnia. 


Libre  tercer 


Rubrica   I.  — 

—        II.        - 

--      m.     — 


De  luhins ,  e  orde  de  aquells. 

Que  negu  per  força  no  sia  tengut  de  acusar 

ne  demanar  altre. 
De  contestacione/  litis ,  ço  es  de  començar 

lo  pleyt. 


572  APPBIfDICK 

Rubrica  IV.       —  De  dilacions  ço  es  de   allongamenl ,  e  de 

feries  ço  es  de  dies  en  que  hom  no  deu 
pledejar. 

—  V,         —  De  jurisdictio  ço  es  de  poder  de  lois  julges 

e  de  for  conuinent  ço  es  de  corl  conuinenl. 
E  de  conlencio  de  jurisdictio. 
VI.       —  En   quai  loch  déjà  esser  fêta  demanda  de 
crims,  o  de  possessions ,  o  de  lexes  feyfes 
en  darrera  voluntat. 

—  VII.     —  On  deu  esser  deinanat  aquell  qui   promes 

donar,  o  pagar  alcuna  cosa  en  cerl  loch. 

—  VIII.    —  En  quai  loch  déjà  esser  fêta  demanda  de 

coses. 

—  IX.       —  En  quai  loch  heretal  deje  esser  demanada. 

—  X.        —  En  quai  loch  deu  esser  demanal  conle  de 

alcuna  adminislracio. 

—  XI.       —  De  donacions  que  seran  fêles  coDlra  ofGci 

de  pietat. 

—  XII.      —  De  demanda  de  herelat. 

—  XIII.    —  En  quai  manera  deu  e  pol  hom  recobrar  la 

sua  cosa  que  allre  le. 

—  XIV.     —  De  Vsufruyt  ço  es  daquell  qui  a  drel  el 

fruyt  a  rebre  da  quella  cosa,  e  no  ha  drel 
en  la  proprietal. 

—  XV.      —  De  clauegueres,   e  de   slremeres,  el  dal- 

bêlions. 

—  XVI      —   De  seruilut  daygua  e  dallres  coses. 

—  XVII.    —  De  dan  donat. 

—  XVIII.  —  De  diuisio  e  parlicio  dels  hereus. 

—  XIX.     —  De  les  coses  comunes  a  partir. 

—  XX.      —  De  aquells  que  seran  companyons  de  huo 

maleyx  pleyl . 

—  XXI.     —  De  demoslrar  aquella  cosa  moble  en  juhi 

que  sera  demanada. 

—  XXII.  —  De  jochs  jugadors  o  blasfemadors. 

Libre  quart 
Rubrica  I.         —  Si  certa  cosa  sera  demanada. 


PIEGES  JUSTIFICATIVES  573 

Rubrica  II.        —  Per  quai  raho  deu  hom  demanar  ço  que  no 

sera  degut ,   e  sera  pagat ,  e  ço  que  per 
leja  raho ,  e  desonesta  sera  promes. 

—  III.       —  De  coDdicio  furtîua  ço  es  de  cosa  qui  sera 

eroblada. 

—  IV.       —  De  demandes  e  de  obligacions. 

—  V.        —  Que  la  muller  per  lo  marit,  nil  raarit  per 

la  muller,  ni  la  mare  per  lo  fill  no  sien 
demanals. 

—  VI.       —  Nel  fin  per  lo  pare  nel  pare  per  lo  Gll  éman- 

cipât ,  nel  Hberl  per  lo  palro  sia  demanal. 

—  Vn.      —  Daquells  qui  se  stablexen  pagadors  dalcun 

hauer,  o  dalcuna  cosa  per  allre. 

—  VIII.     —  De  proues. 

—  IX.       —  De  lestimonis. 

—  X.        —  Mes  val  ço  que  en  verilal  es  feyt  que  ço  que 

fenctament  es  scrit. 

—  XI.       —  Per  quai  raho  deu  hom  demanar  penyora 

que  haja  mesa  aaltre. 

—  .  Xn.      —  Dauer  que  sera  promes  de  prestar,  e  no  sera 

prestat. 

—  Xin.     —  De  compensacio. 

—  XIV.    —  De  Vsures. 

—  XV.      —  De  deposit  ço  es  de  comanda,  el  de  les  coses 

de  les  quais  no  deu  esser  feyta  comanda. 
^        XVI.     --  De  manament  que  alcu  fa  a  altre  per  sos 

pleyls  a  menar,  o  per  allres  coses  a  fer. 

—  XVII.   —  De  companyia. 

^-        XVIII.  —  En  quai  guisa  compra  e  venda  sia  feyta. 

—  XIX.    —  Quais  coses  no  dcuen  esser  alionades. 

—  XX.     —  Per  quai  raho  se  deu  nés  pot  venda  deffer 

ni  Irencar. 
'^       XXI.    —  De  les  fires  e  dels  mercats. 
-^        XXn.  —  De  les  coses  logades  o  de  aquelles  que  son 

preses  a  loguer. 

—  XXIII.  —  De  dret  de  cosa  que  sera  donada  a  cens. 

—  XXIV.  —  De  décimes  e  premicies. 


574 


APPBIfOICB 


Rubrica  I. 

—  H. 

—  m. 

—  IV. 

—  V. 

—  VI 


Libre  cinque 

De  arres  e  desposalles. 

Si  la  muller  a  qui  lo  marit  lexa  lo  vsufnijl 

pendra  altre  marit. 

De  proinissio  de  exouars  e  del  dret  dek 

exouars. 

De  donacioDs  que  seran  feytes  enlro  inaril  e 
muller. 

En  quai  manera  sia  demanat  lexouar  quant 
lo  malrimoni  sera  soit  e  départit. 

De  tudoria  que  sera  donada  ab  testament , 
0  sens  testament. 


Rubrica  I.         — 

—  n.      — 

-  in.    - 


IV, 
V. 

VI. 

vn. 
vm. 

IX. 

X. 
XI. 


Libre  si$e 

Dels  seruus  que  fugen  e  dels  furts. 

De  collacio  de  bens. 

Quais  poden  fer  testament ,  o  no ,  e  quais  lo 

poden  tenir,  o  no. 
De  testaments. 
De  aquells  qui  rooien  sens  que  no  haniaD 

feyt  testament. 
En  quai  guisa  hereus  sien  feyts. 
Del  dret  que  lian  los  hereus  de  delliberar  si 

seran  hereus ,  o  no. 
De  rebujar  beretat. 
De  aquells  als  quais  les  heretats  son  toiles 

axi  com  a  persones  indignes. 
De  lexes  que  seran  feytes  per  lo  testador. 
De  coses  dubtoses. 


Rubrica  I. 
—       IL 


Libre  sete 

De  prescripcions. 

De  sentencies  e  actes  de  citacions,  e  de  des- 

pesés  necessariés,  et  vtils,  e  que  seran 

feytes  de  voluntat. 


PIEGES  JD8T1P1QATITES 


575 


Rubrica  III. 

—  IV. 

—  V. 

—  VI. 

—  VU. 

—  Vffl. 

—  IX. 

—  X. 

—  XI. 


De  pena  del  jatge  qui  mal  julgara. 

De  execucio  de  sen tendes. 

A  quais  no  nou  cosa  jutjada. 

Si  per  falses  caries  o  per  falsos  Icslimonis 

«era  juljat. 
Daquells  qui  confessen  en  drel  alcuna  cosa. 
De  appelacioDs. 
De  aqueh  qui  poden  renunciar,  e  lexar  sos 

bens. 
Dels  bens  que  son  possehils  per  auctoritat 

de  jutge. 
Del  priuilegi  del  fisch  ço  es  daqucll  qui  le 
loch  del  Princep. 


Rubrica  I. 

—  IL 

—  m. 

—  IV. 

—  V. 

—  VI. 

—  VII. 

—  Vin, 


Rubrica  I. 

-  n. 

—  m. 

-  IV. 


V. 
VI. 


Libre  VIII 

De  força  ode  violencia  que  sia  feyla  a  algun. 

De  penyores. 

De  fermances. 

De  pagues  com  deuen  asser  feyles. 

De  euiclions  ço  es  daquelles  coses  que  altri 

haura  guanyades  per  dret  en  juhi. 
Com    pusca  hom  e  dege   altre  affillar,  e 

emancipar. 
Daquells  que  son  remuts  de  poder  de  lurs 
enemichs.  > 

De  donacions. 

Libre  IX 

Quais  poden  accusar. 

De  adulteris  e  de  aquells  qui  sen  menaran 

fembres  vergens  per  força. 
De  crim  de  fais  e  de  falsa  moneda. 
De  crim  destellional  ço  es  daquels  qui  a  molts 

vendran,  o  obligaran  una  mateiia  cosa 

per  falsia. 
'  De  injuries. 
De  questions  e  de  demandes  feytes  ab  tur- 

ments. 


576 


APPBNOICB 


Rubrica 

vn. 

—  De  crims. 

— 

viu. 

—  De  maUeytors  y  de  guerrejar. 

— 

IX. 

—  De  crim  de  lésa  magestat. 

— 

X. 

—  De  crim  de  tracio. 

— 

XI. 

—  De  denunciacio  de  nouella  obra. 

— 

Xil. 

—  De  departiraent  de  coses. 

— 

XIII. 

—  De  feellat  et  de  sagrament  de  fecllal. 

— 

XIV. 

—  De  guanyar  senyoria  de  coses. 

— 

XV. 

—  De  significacio  de  paraules. 

— 

XVI. 

—  De  règles  de  dret. 

— 

XVII. 

—  De  naufraig  e  dcncant. 

— 

XVIII. 

—  Del  balle  et  de  la  cort. 

— 

XIX. 

—  De  noiaris  scriuan^  e  de  salaris. 

— 

XX. 

—  De  guialge  e  de  treues. 

— 

XXT. 

—  De  feus. 

— 

XXII. 

—  Debatalles. 

— 

XXIII. 

—  De  molins  e  de  forns  el  de  banys. 

~— 

XXIV. 

-9-  De  pa  qui  es  de  menor  pes  ede  les  mesures 
que  son  pus  minues  que  no  deuen  esser. 

— 

XXV. 

—  Del  offici  del  pes  e  de  les  mesures. 

XXVI. 

—  Del  offici  de  mustaçaf. 

— 

XXVII. 

—  De  mariners. 

— 

XXVIII. 

—  Dels  saigs  e  porters  e  del  carcelalge. 

— 

XXIX. 

—  De  drapers  e  sastres  e  de  vestirs. 

— 

XXX. 

—  De  draps  e  de  fuslanis. 

— 

XXXI. 

—  De  cequiers. 

— 

XXXII. 

—  De  melges  apolecaris  e  speciers. 

•— 

XXXIII. 

—  De  aquells  que  rebuguen  morabalms,  o 
mazmodines. 

— 

XXXIV. 

—  De  leuda  e  hoslalatge  e  allres  drets  Reals 
y  de  corredors . 

^ 

XXXV. 

—  De  la  mesura  del  pa. 

—• 

XXXVI. 

—  Dl'  preu  de  march  de  liura,  donça,  dalna  , 
e  de  faneca. 

— 

XXXVII. 

—  Delà  mesura  delvi. 

XXXVUI 

.— -  De  corda  de  soguejar  la  Urra .  e  del  preu 
de  les  jouades. 

PIBCB8  JUSTinCATlVES  577 


IX 


TESTAMENT  D  YOLANDE  DE  HONGRIE,   REINE   D  ARAGON 

Yanilatem  vanilalum  vanis  mortalibus  derelinquens  et  ad 
▼itam  vivencium  ia  secula  pemnansuram  spe  cerla  el  in  domino 
meo  Jesu-Christo  defixa  perlransiens  :  Ego  Yoles  Dei  gracia 
Regina  Aragone  Maioricanim  ctValencie  Comilissa  Barchinooe 
el  Urgelli  el  Domina  Hontispessulani  facio  disposicionem  meam 
ullimam  in  qua  in  primis  eligo  sepulluram  meam  inMonasterio 
Vallis  bone  ordinis  Cislerciensis  et  volo  ul  fiât  mihi  sepultura 
plana  ante  allare  Béate  Virginis.  De  inde  mando  quod  omnia 
débita  mea  solvanlur  et  injurie  restiluanlur  super  quo  rogo 
Dominum  meum  et  roaritum  Jacobum  Dei  gracia  Regcm  Aragone 
ut  ea  solvat  et  restituai  et  insuper  legala  infra  scripla  persolvat. 
Item  comendo  Domino  meo  Régi  specialiîer  filios  meosel  filias  et 
Comîtem  Dionisium  de  Ungria  et  Comilissam  uxorcm  ejus  et 
omnes  dominas  domus  mee  et  domicella?  et  Gregorium  et  Ar- 
chimbaldum  cl  Hagistrum  Guidonem  Phisicum  qui  mihi  el  fîliis 
meis  multum  servivit  et  Nicholaum  Capellanum  meum  et  do- 
micellos  et  scutiferos  et  omnem  aliam  familiam  meam  rogans 
ipsum  Dominum  Regem  quatinus  donet  eis  consilium  el  auxi- 
lium  sicut  ipse  noveril  justum  esse  taliter  ut  ipsi  semper  bene- 
dicant  anime  mee  et  regracienlur  ei  bonum  quod  ipse  faciet  eis 
amore  mei.  Item  dimito  filiis  meis  Pelro  Jacobo  Sancio  comi- 
Utum  de  Posane  quem  tenet  Rex  Ungarie  frater  meus  quem 
dimissit  mii  mater  mea  (.'t  ipsi  solvant  débita  el  resliluant  in- 
jurias que  michi  mandavlt  mater  mea  solvenda  el  restiluenda  sicut 
scil  ea  Episcopus  Quinque  Ecclesiensis.  Item  dimillo  joyas  meas 
quas  habeo  in  Cardenio  et  ubicumque  alibi  el  lapides  preciosos 
filiabus  meis  Gonstancie  Sancie  Marie  Helisabel  dividcndas  inter 
eaa  adarvitrium  Domini  Régis.  El  est  sciendum  quod  filiemee 
Tôles  uxori  domini  Alfonsi  primogeniti  Régis  Caslelle  jam  dedi 
partein  joyis  meis.  Item  instituo  in  Monaslerio  Vallis  bone  apud 
quod  elegi  sepulluram  meam  quinque  Capellanos  qui  semper 
célèbrent  missarum  solemnia  el  orent  pro  anima  mea  el  Doinini 
T.  n  37 


578  APFJBMDIQB 

Régis.  Item  dimitto  eidem  Monasterio  mille  morabetinos  et  Ho* 
nasterio  Petregale  centum   morabetinos  et  Monasterio  Fran- 
quesiano  centum  morabetitios  et  Monasterio  Yallis  viridis  tri- 
ginta  morabetinos  et  Monasterio  Domnarum  Sancli  Damiani  in 
Valencia   ducentos    morabetinos    et   Monasterio   Dompnaram 
Sancli  Damiani  in  Illerde  quinquaginta  morabetinos.  Item  rogo 
quod  dominus  Rex  donet  vestes  mille  pauperibus.  Item  detcivaria 
triginta  milibus  pauperum.  Item  dimitto   fratribus  Miuoribus 
Monlispesulani  Perpiniani  Barchinone  Maioricarum  Tcrra€l;one 
Illerde  César  Auguste  Valenciecuilibet  domui  istarum  centum  ibo- 
rabetinos.  Item  fratribus  predicatoribus  cuUibet  domui  in  eisdeiD 
locis  centum  morabetinos.  Item  fratribus  minoribus  Osce  quin- 
quaginta morabetinos  Item  Ecclesie  Sancte  Marie  de  Sales  de 
Oscba  quinquaginta  morabetinos  de  quibiis  fiant  casule  et  fronlalia 
altaris  gloriose  Virginis.  Item  Monasterio  Sexene  centum  morabe- 
tinos pro  camisiis  ad  opus  domnarum.  Item  Monasterio  de  Gasues 
quinquaginta  morabetinos.  Item  dimitto  mantellum  meum  de 
serico  cum  sentis  signi  Regalis  et  supertunicale  ejusdem  pannifra- 
tribus  predicatoribus  Ilcrde  ut  fiat  inde  casula.  Item  alium  man- 
tellum meum  de  amoret  violât  et  supertunicale  ejusdem  panniMo- 
nasterio  domnarum  Sancli  Damiani  in  Valencia:  penne  vero  pre* 
dictorum  manlellorum  et  supertunicalium  vendanturct  deprecio 
vestiantur  pauperes.  Item  mantellum  meum  et  supertunicale  de 
pers  dimilto  Ermengaude  uxori  Pelri  Martini.  Item  mantellam 
meum  et  supertunicale  de  scarlelo  dimitto  alicui  domne  pauperi 
▼erecunde  cui  ea  dare  voluerildominusRex.  Item  duos  roantelioâ 
de  seda  qui  fuerint  Domini  Régis  dimillo  Ecclesie  Sancti  Vin- 
cencii  de  Valencia  cui  eos  reservabam.  Item  dimitto  Magislro 
Gerando  Phisico  Lombardo  tria  millia  solidorum  Jacccnsium. 
Item  rogo  Dominum  regem  qualenus  servet  indi'mpnem  Ber- 
nardum  scriplorem  de  denariis  quos  michi  mutavit  et  assignafi 
sibi  super  bajuliam  de  Pratis.  Et  Kos  Jacobus  Dei  gracia  Bei 
Aragonum  Maioricarum  et  Valencie  Cornes  Barchinone  et  Urgelli 
et  Dominus  Monlispesulani  promiltimusvobisdomna  Yoles  uxori 
nostre  dilecte  et  in  qua  plurimum  confidebamus  quod  faciemos 
que  poslulatis  et  débita  veslra  solvemus  et  injurias  vestras  resli- 
tuemus  et  legala  predicta  dabimus  et  insuper  promittimus  vobis 
quod  davimus  duo  millia  marcharum  argenti  pro  anima  vestra 
de  illis  duodecim  millibus  marcharum  que  Rex  Ungarie  fiater 


PIÈGES  JUSTIFICATIVES  !^ 

vester  promissit  nobis  in  dotem  pro  vobis  si  ea  poterimus  ab  ipso 
habere  :  et  propter  preces  veslras  recipimus  omnes  personas 
quas  superius  nominaslis  in  noslram  cuslodiam  et  defenssionem 
et  in  spem  beneficii  quod  eis  faciemus  taliter  quod  seroper 
possint  benedicere  Deo  el  anime  veslre  cl  nostre  de  comenda 
quam  facilis  nobis  de  ipsis.  Aclum  est  hoc  in  Oscha  quarto  Idus 
octobris  anno  Domini  millessimo  ducentessimo  quinquagessimo 
primo.  —  Sigifinum  Yoles  Dei  gracia  Régine  Àragonum  Maio- 
ricanim  et  Yalencie  Comitisse  Barchinone  et  Urgelli  et  Domine 
Montispesulani  =  Sigiimura  Jacobi  Dei  gratia  Régis  Aragonum 
Maioricarum  et  Yalencie  Comitis  Barchinone  et  Urgelli  et  Domini 
Montispesulani  qui  predicla  omnia  et  singula  laudamus  conce- 
dimus  approbamus  et  per  omnia  confirmamus.  =  Testes  sunt 
Sancius  de  Antillo  =  Bertrandus  de  Aones  =  Martinus  Pétri 
Justiciu  Aragonc  =  Marlinus  de  Ruiles  =  Ëximinus  Almoravit 
=:  Sig^num  Guillclmi  Scribe  Domini  Régis  nostri  qui  mandato 
Domine  Régine  et  Domini  Régis  hec  scribi  fecit  loco  die  et  anno 
prefixis. 


(Archives  de  la  couronne  d'Aragon ,  parchemins  de  Jacme  I*',  n°  1964. 


B80  APPERDICB 


I      1 


TBÀini   DE   GORBBIL 

Hoc  est  translatum  sumptum  fideliler  a  quadam  carta  perga- 
menea  si|{illala  sigillo  magno  cereo  viridi  pendenli  cum  serico 
nibeo  illuslris  régis  Francic  in  quo  sigillo  est  imago  régis  se- 
dentis  in  ca(edra  lenen(is  in  manu  sinistra  effigiem  baculi  com 
flore  in  capile  et  in  dextera  florero  :  et  llKere  ipsius  sigiili 
sunt  :  Ludovicus  Dei  gracia  francorum  rex.  Cujus  carte  séries 
sic  sehabet.  Ludovicus  Dei  gracia  francorum  rex  universis  pré- 
sentes iitteras  inspecluris  salulçm.  Nolum  facirous  quod  com 
inter  nos  ex  parte  una  et  dileclum  amicum  nostrum  Jacobum 
eadem  gracia  illuslrem  regem  Aragone  Maiorice  et  Vaiencie  co- 
mitem  Barcliinonc  cl  Urgelli  et  doroinum  Montispessulani  ex 
altéra  suborta  esset  maleria  quesiionis  super  eo  quod  nos  dice- 
bamus  comilalus  Barchinone  Urgelli  Bisulduni  Rosilionis  Em- 
purdani  Ceritanie  et  Confluenlis  Gironde  et  Ëusone  cum  eorum 
perlinenciis  de  regno  Francie  et  de  feudis  noslris  esse  et  idem 
rex  Aragone  ex  adverso  dicebat  se  jus  habere  in  Carcassona  et 
Carcasses  in  Rcde  et  Redensi  Terminis  et  Terminensi  Biterrb  et 
vicecomilalu  Biterrensi  Agadlia  et  Agadhensi  Albi  et  Albigen»  Ra- 
chineetRuchinensi  comitatu  Fuxcii  Canlurco  et  Canturcino  R ar^ 
bona  et  ducatu  Narbone  Minerba  et  Minerbensi  FonoUelo  et  Fo- 
nolledes  terra  de  Sallu  Petraperlusa  et  Petrapertuscnsi  Amilliano 
cum  toto  comitatu  Amilliani  Credone  cum  vice-comitalu  Gredo- 
nensi  Gavaldano  Nemaus  et  Nemauscensi  Tolosa  cum  loto  comi- 
tatu Tholoseel  Sancti  Egidiicum  honoribus  districtibus  et  juribos 
universis  ac  pertinenciis  eorundem  :  poslmodum  acccdenlesad 
nos  sollempnes  procuralores  et  nuncii  predicli  régis  Aragone  ab 
eodem  super  hoc  specialiter  ad  nos  missi  venerabilis  videlicet 
Arnaldus  Barchinone  cpiscopus  Guillermus  prior  Beale  Marie 
deCorniliano  et  Guillermus  deRocafole  tenens  locum  ipsius  régis 
in  Honlepessulano  nobis  exhibuerunl  Iitteras  ipsius  régis  pro- 
curatorias  in  bec  verba.  — Noverint  universi  quod  nos  Jacobos 
Dei  gracia  rex  Aragonum  Maioricarum  et  Vaiencie  cornes  Barcfai- 


PliCES  JUgTIFIGATITCS  581 

none  et  Urgelli  et  dominus  Montispessulani  constituimus  et 
ordinamus  vos  venerabilem  Arnaldum  Dei  gratia  Barchinone 
episcopum  et  dilectos  Guiilermum  priorem  Sancte  Marie  de  Cor* 
neliano  et  Guiilermum  de  Rocafole  tementem  locum  noslrum 
in  Montepessulano  procuratores  nostros  dantcs  et  concedentes 
▼obis  omoibus  predictis  et  cuilibet  vestrum  plenam  et  liberam 
posleslatem  auctorilatem  etlicenciam  transigendi  et  componendi 
vice  nostra  et  nomine  cum  Ludovico  Dei  gratia  illustri  rege 
Francie  super  omni  jure  quod  habemuset  haberedebemus  in 
Carcassona  et  Garcassonensi  et  in  Rede  et  in  Redensi  in  Laurago 
et  Lauragine  et  Terme  et  Termenense  et  in  Menerba  et  Mener* 
bense  et  in  Fonolleto  et  Fonolladense  et  in  Perapertusa  et 
Peraperlusense  et  in   comitatu  Amilliani  et  Gavaldani  et  in 
Nemause  et  in  Nemausense  et  in  comitatu  Tholose  et  Sancti 
Egidii  et  in  omni  aiia  terra  et  Jurisdiccione  Raymondi  quondam 
comilis  Tholosani  et  fructibus  inde  perceplis  et  quod  vos  omnes 
et  singuH  supradicti  possilis  vice  nostra  et  nomine   cedere 
remiltere  perpeluo  et  relaxare  prediclo  illustri  régi  et  suis  quic- 
quid  juris  nos  habemus  et  habere  debemus  quoquo  modo  vel 
racione  in  predictis  omnibus  et  singulis.  Damus  etiam  et  con- 
cedimus  vobis  omnibus  et  singulis  spéciale  mandatum  auctori- 
tatem  et  licenciam  et  poleslatem- jurandi  ex  parle  nostra  super 
animam  nostram   de  omnibus  ot  singulis  supradictis  a  nobis 
obsenrandis  et  complendis  prout  per  vos  erit  super  eis  cum  dicto 
rege  promissum  ordinatum  compositum  et  Iransactum:  renun- 
ciantes  scienter  et  consulte  omni  juri  divino  et  humano  canonico 
civili  et  consuetudinario  et  omni  privilegio  reali  et  personali  ac 
omni  alio  auxilio  generali  seu  speciah  quibus  conlra  predicta 
seu  aliqua  ex  predictis  juvari  possemus.  Item  damus  vobis 
omnibus  et  singulis  supradictis  et  concedimus  spéciale  man« 
dalura  quod  vice  nostra  et  nomine  transigalis  et  componalis  cum 
dicto  illustri  rege  Francie  et  accipiatisab  eodem  rege  cessionem 
remissionem  et  relaxacionem  de  omni  jure  quod  idem  rex 
Francie  asseret  se  habere  in  comitatu  Barchinone  et  de  omni  jure 
siquid  habet  vel  habere  crédit  in  comitatu  de  Bisulduno  de 
Rossiiione  de  Empurdano   de  Ceritania  de  Confluente  vel  in 
aliquo  loco  terrarum  quas  nos  hodie  tenemus  et  habemus  et 
quod  in  omnibus  et  singulis  supradictis  tractelis  et  procuretis 
faciatis  et  recipiatis  quicquid  vobis  videbitur  expedire.  Promit- 


582  APPENDICE 

timns  iirsiiper  bona  fide  ciim  hoc  auUnlico  instmin^nlo  sigiMo 
Doslro  pcndcnti  munilo  nos  raturo  habere  complere  «l  servare 
perpetuo  quicquid  cum  dicto  rege  per  vos  omnes  vel  duos  aut 
unum  ex  vobis  super  prediclis  omnibus  et  singulis  faclum  fueht 
ordinaUim  coroposilum  seu  Iransaclum.  Datum  Derluse  Y  idus 
marcii  anno  Dcmini  MCC  quinquagessino  septimo.  —  Tandem 
vero  posl  muUos  traclalus  habilos  hinc  et  inde  bonorum  medianle 
Gonsilio  cum  diclis  procuraloribus  nomine  procuralorio  et  vice 
predicLi  régis  Âragone  ad  hanc  composicionem  el  IransaccioBem 
devenimus  :  quod  nos  pro  nobis  el  heredibus  et  successoribus 
nostris  prediclo  régi  Aragone  el  heredibus  ac  successoribus  suis 
imperpeluum  el  ab  ipso  el  anlecessoribus  suis  causam  haben- 
tibuscl  prediclis  procuraloribus  pro  ipso  rege  Aragone  et  nomîoe 
el  vice  ipsius  definimus  quillamus  cedimus  el  omnino  remit- 
limus  quicquid  juris  el  possesionis  vel  quasi  habebamus  siquid 
habebamus  vei  habere    poteramus  seu   etiam  dieebamus  bos 
habere  tam  in  doroiniis  sive  dominicaturis  quam  feudis  cl  aliis 
quibuscumque  in  prediclis  comitalibus  Barchinone  el  Ui^Ui 
Bisuldune  Rossilionis  Empurdanc  Ceritanie  Confluenlis  Genm- 
dcnsi  et  Ausone  cum  omnibus  honoribus  homagiis  disirictibus 
jurisdiccionibus  cl  juribus  universis  et  perlinenciis  eorundem  et 
cum  omnibus  fruclibus  el  provenlibus  per  ipsum  regem  Arago* 
num  el   anteccssores  ejusdem   indo   perceplis  el  qui  pereipi 
potuerint:  promillcnles  et  ad  hoc  nos  et  heredes  ac  successores 
nostros  imperpeluum  obliganles  quod  in  prediclis  omnibus  et 
singulis  nichil  de  cetero  per  nos  vel  per  alium  reclaraabimus  vel 
petemus  renuncianles  omnino  specialiler  et  expresse  pro  nobk 
et  heredibus  ac  successoribus  nostris  omnibus  carlis  et  iostro- 
mentis  sique  super  hiis  habebamus  volenles  et  decernentes  ea 
penilus  esse  nulla  ac  promiUentes  quod  ea  omnia  reddennis  régi 
Aragonum  anlediclo.  Renunciamus  insuper  pro  nobis  et  here- 
dibus nostris  ac  successoribus  omni  juris  auxilio  tam  canonici 
quam  civilis  nec  non   et   consuetudinarii  el  omni  privilegio 
reali    el    personali    quibus    contra    predicta    vel    aliquid   de 
prediclis  nos  juvare  possemus.  Prenominati  aulem   proom- 
torespro  sepedicto  rege  Aragonum  et  heredibus  ac  successoribos 
ejusdem  et  vice  ipsius  Domine  procuralorio  nobis  et  heredibus 
ac  successoribus  nostris  et  a  nobis  et  antecessoribos  nostris  eau- 
sam  habentibus  vice  versa  quitlaverunt  cessemm  diffinieruDl  ^ 


PlisCBS  JUSTIFICATIVES  583 

remisseruDt  omniao  specialiler  et  expresse  quicquid  juris  et  pos- 
sessionis  vel  quasi  idem  rex  Aragone  habebat  si  quid  habebat 
vel  baberc  polerat  seii  dicebat  etiam  se  habere  tam  in  dominiis 
et  dominicaturis  quam  in  feodis  et  aliis  quibuscumque  in  Car- 
cassona  et  in  Garcassense  in  Rede  et  in  Bedense  in  Laurago  et 
in  Lauragense  in  Terrnene  et  Termenense  in  Menerba  et  Mener- 
bense  in  FonoUelo  cl  Fonolledensc  in  Petra-pcrtusa  et  in  Petra- 
pertusense  in  comilalu  Âmilliani  et  Guialdane  et  in  Nemauso  et 
in  Memausense  et  in  comitatu  Tholose  cl  Sanctii  Egidii  et  in 
omni  alia  terra  et  jurisdiccione  Raymundi  qiiondam  comitis 
Tholosani  et  fruclibus  et  provenlibus  per  nos  vel  anlecessores 
Dostros  indc  perceplis.  Gondictnm  est  tamen  et  ordinatiim  quod 
si  aliqua  feuda  movencia  de  dominacionc  Fonolledensi  sita  sint 
infra  lerminos  coirilatus  Rossillionis  vel  Bisulduni  sen  aliorum 
comilaluum  predictoruin  do  quibiis  comitatibus  ipsi  régi  Ara- 
gone  quittacionem  et  derfinicioncm  fecimus  pênes  ipsum  regem 
Aragonum  et  heredes  ac  succcssores  suos  perpeluo  remanebunt 
et  ea  sibi  et  heredibus  ac  successoribus  suis  cedimus  et  omnino 
quitamus  salvo  lainen  jure  siquid  fuerit  alieno.  Simililer  si  aliqua 
feuda  movencia  de  dominacione  ipsorum  comitaluum  sita  sint 
infra  terminos  Fonoledenses  pênes  nos  et  heredes  ac  successores 
noslros  perpetuo  remanebunt  et  ea  nobis  et  heredibus  et  succes- 
soribus nostris  diffmiverunt  et  quitaverunt  omnino  nomine  pro- 
curatorio  pro  ipso  rege  Aragone  et  vice  ipsius  procuratorcs  pre- 
dicti  salvo  tamen  jure  siquid  fuerit  alieno.  De  Amilliano  aulem 
et  comitatu  Amilliani  sciendum  est  dictos  procuratores  nomine 
procuratorio  et  vice  dicti  régis  Aragonum  quittasse  et  diffinisse 
ea  Dobis  et  heredibus  ac  successoribus  nostris  et  a  nobis  et  ante- 
cessoribus  nostris  causam  habentibus  sicut  ea  tenemus  et  possi- 
demus  et  a  nobis  et  nostris  tenentur  et  possidentur.  Preterea 
procuratores  prenominati  promisserunt  et  tenentur  bona  fide 
procurare  quodpredictus  rex  Aragone  pro  se  et  heredibus  suis  ac 
successoribus  nobis  et  heredibus  ac  successoribus  nostris  et  a 
nobis  et  antecessoribus  nostris  causam  habentibus  difGniet  qui- 
tabit  cedet  et  remitet  omnino  quicquid  juris  possessionis  vel 
quasi  habet  siquid  habet  vel  habere  potest  scu  dicet  etiam  se 
liabere  tam  in  dominiis  seu  dominicaturis  quam  in  fendis  et 
aliis  quibuscumque  in  prediclis  omnibus  supranominatis  que 
procuratorio  nomine  et  vice  ipsius  régis  Aragonum  diffiniverunt 


584  ArpBivDicB 

quillaveninl  et  remisserunl  nobis  procnratores  predicli  cl  inso- 
per  in  hiis  que  inferius  nominanlur  videlicel  Billerris  cum  vice- 
comilatii  Bilcrrense  Agda  elÂgadense  AIbi  et  Albigense  Ruchine 
et  Ruchinense  comilalu  Fuixense  Galurceel  Calurcense  Narbone 
et  diicalu  Narbonense  Podio    Laurence  Keerbuz  Castro-fideli 
torr?  de  Sallu  Gredono  et  vice  comilalu  Credonense:  et  quod 
idem  rex  Aragone  ccdel  penilus  et  concedet  expresse  pro  se  et 
heredibus  ac  successoribus  suis  nobis  et  heredibus  ac  successo- 
ribus  nostris  et  a  nobis  causam  habenlibus  omnem  accionem  el 
jus  repciendi  pignoris  que  dicil  se  babere  in  prediclis  Amilliano 
et  comilalu  Amilliani  Credone  et  vice  comilalu  Credonense  et  io 
Gavaldane  cum  perlinenciis  eorundem  ;  que  quidem  bone  mémo- 
rie  Petru3  quondam  rex  Aragone  genilor  ipsius  olim  titulo  pig- 
noris obligavcral  Raymundo  quondam  comiti  Tbolosane.  El  per 
banc  composicionem  idem  rex  Aragone  reddet.  nobis  plenarie 
omnes  carias  el  instrumenta  que  habet  super  dicta  obligacione 
confecta.  Geterum  procuralorcs  prcnominati  procura lorio  nomine 
et  vice  ipsius  régis  Aragone  deflfiniverunt  quiltaverunt  cesse- 
runt  et  remisserunl  omnino  et  promisserunt  et  tenenlur  boni 
fide  procurare  quod  prediclus  rex  Aragone  cedet  et  conce- 
det   specialiler   ac   donabil  imperpetuum  pro  se  et  heredi- 
bus ac  successoribus  suis  nobis    et  heredibus  ac   successo- 
ribus noslris  et  a  nobis    causam    habenlibus  quicquid  juris 
sibi  compelit  si  quod  competit  vel  quocumque  casu  seu  re- 
lione  vel  lilulo  posset  ad  ipsum  vel  ad  heredes  et  successores 
suos  nunc  vel  in  fulurum  aliquatenus  devenire  in  Tholosa  et  loto 
comilalu  Tholose  et  Sancli  Egidii  et  in  terris  Agenense  el  Tene- 
sinense  ac  in  tola  alia  terra  jurisdiccione  et  poleslale  Raymundi 
quondam  comilis  Tholosani.  Insuper  procuralores  predicli  pro- 
curatorio  nomine  pro  diclo  rege  Aragone  et  vice  ipsius  nobis  et 
lieredibus  ac  successoribus  noslris  et  a  nobis  et  antecessoribus 
noslris  causam  habenlibus  dilTmiverunt  quitaverunt  cesserunt  et 
omnino  remisserunl  el  promisserunt  et  tenenlur  bona  fide  pro* 
curare  quod  idem  rex  Aragone  pro  se  et  heredibus  suis  ac  suc- 
cessoribus difOniet  quilabii  cedet  el  remillel  penitus  et  expresse 
predicla  omnia  et  singuia  eo  modo  quo  superius  conlinetur  cum 
omnibus    honoribus  homagiis    districlibus  jurisdiccionibus  et 
juribus  universis  ac  perlinenciis  eorundem  el  cum  omnibus  frue- 
libus  et  provenlibus  per  nos  vel  antecessores  nostros  vel  per 


PliCES  JUSTIFIGATITES  585 

alios  inde  perceptis  et  qui  eliam  percipi  potuerint  :  et  ad  hoc  se 
et  heredes  ac  successores  suos  specialiter  obligavit  (sic)  quod  in 
predictis  omnibus  et  singulis  nichil  de  cetero  per   se  vel  per 
alium  reclamavil  (sic)  nec  nos  vel  heredes  aut  successores  nos- 
tros  seu  causam  a  nobis  vel  anlecessoribus  nostris  habentea 
super  prediclis  aut  aliquo  prediclorum  per  se  vel  per  alium  ira* 
poslerum  moleslabil.  Renunciavcrunl  autem  onmino  specialiter 
et  expresse  procuratores  predicti  nomine  procuratorio  pro  ipsoi 
rege  Aragone  et  vice   ipsius  et  promisscrunt  et  tenentur  bona 
fide  procuraro  quod  idem  rex  Aragonum  renunciabit  penitus  et 
e;[presse  pro  se  et  hercdibus  ac  successoribus  suis  omnibus  carti» 
et  instrumenlis  sique  super  premissis  habet  vel  habuit  et  volet 
eliam  decernet  ea  penitus  esse  nulla  quoad  nostrum  prejudicium 
et  noslrorum  et  quod  ea  omnia  reddet  nobis.  Renunciavit  eliam 
idem  rex  Aragone  penitus  et  expresse  pro  se  et  heredibus  ac 
successoribus  suis  et  eliam  predicli  procuratores  procuratorio 
nomine  pro  ipso  et  vice  ipsius  renunciaverunt  omni  juris  auxilia 
tam  canonici  quam  civilis  ac  consueludinarii  et  omni  privilegio 
reali  et  personali  quibus  idem  rex  Aragone  aut  heredes  aut  suc* 
cessores  sui  conlra  premissa  vel  aliquid  premissorum  juvare  se 
possent  et  quod  idem  rex  Aragonum  nobis  super  premissis  om- 
nibus palenles  littcras  suas  dabit.  De  supradiclis  autem  omnibus 
obscrvandis  et  complendis  prout  superius  continentur  procura- 
tores predicti  prestiterunt  in  nostra  presencia  in  animam  prefati 
régis  Aragone  super  sacrosancla  evangelia  juramentum.  In  cujus 
rei  testimonium  présentera  cartara  sigilii  nostri  fecimus  irapres* 
sione  muniri.  Acta  sunt  hec  apud  Corbolium  in  palacio  noslro 
presenlibus  episcopo  Aplensi  Ludovico  primogenito  et  Filipo 
fiiiis   nostris  Rairaondo  Gancelrai  doraino  Lunelli  Simone  de 
Claromonte  domino  NigelleEgidioFrancieconstableario  Johanne 
de  Ronquerolis  Ansello  de  Braya  Gervasio  de  Cranneis  militibus; 
magislro  Rade  Ihesaurario  sancli  Franbondi  Silvanoclense  ma*^ 
gistro  Odone  de  Lorialo  magistro  Johanne  de  Nemesio  magistro 
Philipo  de  Canturco  raagistro  Johanne  de  Dlbiato  F.  de  Lauro 
sacrista  Barchinone  A.  de  Gualba  canonico  Vicensi  quinlo  idus 
madii    anno  Doraini  MCC  quinquagessimo  oclavo.  —  Signum 
Pelri  Arnaldi  de  Cervaria  vicarii  Barchinone  et  Yallesii  qui  huiQ 
translate  suraplo  fideliter  ab  originali  sue  non  cancellato  nec  iq 
aliqua  parte  sui  viciato  et  cura  eodem  légitime  comprobato  ex 


58fr  ApmmcB 

parle  domini  régis  et  auctoritate  officii  quo  fuDgimur  aucton- 
tatem  impendimus  et  decrelum  ut  ei  lanquam  originali  suo  fides 
plenaria  ab  omnibus  impendatur  apposilum  per  manum  mei 
Bernardi  de  Cumbis  nolaiii  subscripli  in  cujus  manu  elposse 
dictus  vicai  ius  hanc  (irmam  lecil  tercio  decimo  kalendas  marcii 
anno  subscriplo  prcsenlibus  leslibus  Bercngario  de  Manso  Ar- 
naldo  Saivatge  cl  Bernardo  de  Tune.  —  Nos  PonciusDei  gracia 
eleclus  confirmatus  in  episcopum  Barchinone  presens  Iraasla- 
tum  ciim  originali  fideliter  comprobavimus  et  vidimus  conlineri 
in  origiqali  sicut  in  presenti  translate  conlinelur  et  ideo  fidem 
facimus  de  prediclis  et  ad  majorem  ildem  habendam  presenti 
carte  nostre  sigillum  apponi  fecimus  et  manu  propria  subscrip- 
simus  undecimo  kalendas  marcii  anno  Domini  H  Irecentessimo. 
—  Signum  )S<  Bernardi  de  Cumbis  notarii  publici  Barchinona 
regenlisquo  scribaniam  curie  vicarii  ejusdcm  civitulis  qui  hoc 
Iranslalum  sumplum  ûdelitcr  ab  originali  suo  non  cancellato  nec 
in  aliqua  parle  suivicialo  et  cum  oodem  légitime  comprobatum 
scribi  fccit  et  clausit  tercio  decimo  kalendas  marcii  anno  Domini 
millcssimo  trecenlessimo  cum  lilleris  suprapositis  in  lineaXlI 
ubi   scribilur  super  et    cum  lilleris   rasis  et  emmendatis  in 

linea  XVI  ubi  dicitur  ac  et  in  linea  XX  prima in 

linea  XX  sexla  ubi  dicitur  ac.  Preterea  de  mandalo  Pétri  Ârnaldi 
de  Gervaria  jamdicti  ûrmam  et  decrelum  ejus  supra  manu  pro- 
propria  scripsit.  Et  ad  majorem  rei  evidenciam  et  fidem  haben- 
dam in  presenti  translato  apposuil  sigillum  officii  vicarii  supra- 
dicti. 


(  Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  parchemins  de  Jacme  I*',  n*  152$. 
Cf.  ibid.  Reg.  XXIV,  (^  64  ;  Archives  de  l'Empire  français,  oarton  J,  587; 
Bofarull,  los  Condes  de  Barcelona  vindicados,  t.  I,  p.  66;  Coleccion  de 
documentos  inedUos  del  Archivo  gênerai  de  la  corona  de  Aragon^  t.  VI, 
p.  129.) 


1 


PIÈCES  JOSTIFIGATIYES  967 


XI 


TRAITÉ    ENTRE    JACME    ET    SAINT    LOUIS  STIPULANT  LE   MARIACE    DE 
PHILIPPE   DE   FRANGE   ATEG   ISABELLE   d'aRAGON 

I 

Ludovicus  Dei  gracia  francie  Rex  universis  présentes  literas 
inspecluris  salutem.  Noverilis  quod  cum  diversi  tnictatus  habili 
fuissent  super  malrimonio  contrahendo  inter  Karissimum  fllium 
noslrum  Philipum  et  Isabellam  filiam  dulcis  amici  nostri  Jacobi 
Dei  gracia  Illuslris  Régis  Âragone  Maiorice  et  Valeacic  comiLis 
Barchinone  et  Urgelli  et  domini  Montispesulani  post  modum 
idem  Rex  ad  nos  solleropnes  nuncios  et  procuralores  suos  missit 
videlicet  venerabilem  Arnaudum  Barchinone  Ëpiscopum  Guil- 
lemum  priorem  Beale  Marie  de  Corneliane  et  Giiillemnm  de 
Roccafole  tenentem  locum  ipsius  Régis  in  Montepesulano  cura 
quibus  habilo  diiigenli  tractatu  tandem  nos  et  ipsi  procura- 
tores  p'rocuratorio  nomine  taies  convenciones  inivimus  :  quod 
idem  Philipus  filius  noster  Isabellam  filiam  dicli  Régis  Âra- 
gone infra  annum  postquam  ipsa  duodecimum  annum  elatis 
sue  compleverit  accipiet  in  uxorem  et  ipsa  eum  accipiel  in  ma- 
rilum  si  Sancta  Ecclesia  in  hoc  consenseritetdictusRex  Âragone 
a  domino  Papa  dispensacionem  oblinuerit  infra  duos  annos  ex 
nunc  compulandos  super  gradu  consanguinilatis  in  quo  ad  in- 
vicem  se  contingunt  et  etiam  dicta  Isabella  certo  mandato  noslro 
infra  inslantem  Nativitatem  Béate  Marie  vel  ipsa  die  corporaliter 
tradita  fuerit  apud  Montempcsulanum  et  nisi  impedimentum 
deformitalis  vel  corporis  infirmitatis  ante  contraclum  matri- 
monium  eveneril  vel  evidenler  apparuerit  in  aliqua  persQ- 
narum  ipsarum.  Et  nos  quidcm  hanc  convencionem  volumus  et 
in  hoc  consentimus  exprese  qui  vocalo  eciam  quoram  nobis  pre- 
diclo  filio  nostro  Philipo  precipimus  eidem  tamquam  pater  fîlio 
ut  hanc  convencionem  bona  fide  teneat  et  observet  qui  precepto 
Boslro  volun  tarie  oblemperans  de  consensu  nostro  et  voluntate 
tactis  sacro  sanctis  juravit  bona  fîdc  quod  infra  annum  postquam 
dicta  Isabella  duodecimum  annum  compleverit  ipsam  accipiet  in 
uxorem  si  Sancta  Ecclesia  consenserit  secundum  convenciones 


588  APPENDICE 

antedicias.  Simililer  vice  versa  prenominati  nunciî  el  procu- 
ralores  in  noslra  presencia  voluerunt  et  coDsenserunt  exprese 
pro  ipso  Rege  Âragone  el  vice  ipsiiis  nomine  procuratorio  ba« 
bentes  super  hoc  ab  ipso  per  patientes  lilteras  spéciale  man- 
daturo  quod  dicta  Isabella  Glia  ejusdem  Régis  Âragone  predictum 
Philipum  filium  nostrum  infra  annum  postquam  ipsa  duodc»- 
cimum  annuro  coropleveritaccipiel  in  raaritumsi  Sancta  Ecclesia 
consenseril  secundum  convenciones  predictas:  et  ad  hoc  fa- 
ciendum  el  prccurandum  iidem  procuratores  procuratorio  nomine 
memoralum  Regem  Aragone  spécial iter  obligarunl  et  prestitoab 
eis  juramento  super  sacro  sancta  Evangelia  in  animam  diclî  Régis 
Aragone  firmaverunlspecialem  ad  hoc  poteslatem  habentes  quod 
convenciones  ipsas  idem  Rex  quantum  in  ipso  est  bona  fide  servabit 
tenebit  et  complebit.  De  dolalicio  aulem  sive  donatione  propter 
nupcias  est  sciendum  quod  idem  Philipus  fiiius  noster  in  con- 
tractu  matrimonii  assignare  tenebilur  ad  usus  et  consuetudines 
Francie  prefate  Isabelle  in  dotalicium  seu  donacionem  propler 
nupcias  in  terra  plana  absque  forlericiis  quintam  partem  Iccius 
terre  suc  quam  eidem  daturi  sumus  pro  ut  ipsi  filio  nostro 
melius  expedire  videbitur  nisi  forte  contingent  eumdem  in  Regoi 
dignilatem  succedere  quod  si  forsitan  evenerit  idem  fiiius  noster 
assignaret  eidem  Isabelle  dolalicium  pro  ut  ipsi  filio  nostro 
videretur  bonum  esse.  In  cujus  rei  tcstimonium  presentibus 
iitteris  nostrum  fecimus  apponi  sigillum.  Actum  apud  Carboliam 
sabbalo  in  vigilia  Penthecoste  anno  Domini  M.  CC.  quinqua* 
gessimo  octavo. 


(Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  parchemins  de  iacme  I*',  n*  iS31. 
—  Cf.  Archives  de  l'Empire  français,  carton  J  587;  CoUceion  de  doeu- 
merUoa  ineditos  del  archiva  général  de  la  eorona  de  Aragon,  t.  VI, 
p.  139. ) 


PliciS  JUSTlFIGATiySS  589 


xn 


RBRONGIÀTION  DE  JAGMB  A  SES  DROITS  SUR  LA  PROVENCE  EN  FATEUR 

DE  MARGUERITE,  REINE  DE  FRANGE 

Hoc  est  translatum  de  expresso  mandato  Serenissimi  ac 
magniûci  principis  et  domini  Domini  Peiri  Dei  gralia  Régis 
Aragonie  bene  et  fîdelîter  sumptum  de  tcnore  cujusdam  carte 
doaacionis  Pacte  illuslrî  domine  Régine  Ffrancie  per  sercnissimum 
dominum  Regem  Jacobum  abavum  dicli  domini  Régis  inserlo  in 
quodam  libro  pergameneo  recondito  in  archivo  regio  Barchinonis 
in  quoquidem  libro  simililer  sunt  inserli  tenores  diversarum 
cartarum  et  privilegiorum.  Cujus  quidem  tenoris  ipsius  carte 
donacionis  séries  sic  habetur.  Noverint  universi  quod  nos  Jacobus 
Oei  gracia  Rex  Aragonie  Maiorice  cl  Yalencie  cornes  Barchinonis 
et  Drgelli  et  dominus  Montispessulani  donavimus  et  in  présent! 
concedimus  et  donamus  dileclissime  consanguinee  noslre  Har- 
garite  eadem  gracia  nobilissime  Régine  Ffrancie  et  post  ipsam 
filio  suo  cui  id  relinquere  voluerit  vel  donare  omnc  jus  nobis 
coropetens  vel  quod  posset  nobis  occasione  quacumque  compelere 
in  comilalibus  Provincie  et  in  dominio  vel  jure  alio  quocumque 
in  civitatibus  Arelate  et  Avinionis  Massilie  et  earum  adjacenciis 
seu  pertinenciis.  Omnem  igituractlonem  que  nobis  contra  quam 
cumque  personam  dictas  terras  vel  aliquid  in  eisdem  tenentem 
aut  possidentem  compelit  vel  polest  compelere  sive  ad  cas  vel 
aliquid  de  eisdem  nobis  reddendas  vel  recognocendas  in  eam 
translulimus  ex  causa  predicle  donacionis  et  transferimus  ilerato. 
Et  ut  bec  omnia  perpétua  fîrmilate  uUanlur  presentem  paginam 
sigilli  nostri  plumbei  munimine  duximus  roborandam.  Datum 
Barchinone  XYI  kal.  Augusli  anno  Domini  millesimo  ducen  • 
tesimo  quinquagesimooclavo.  Sig  }^  num  JacobiDei  gracia  Régis 
Aragonie  Maiorice  et  Yalencie  comitis  Barchinone  et  Urgelli  et 
Domini  Monlispessulani.  Testes  sunt  Berengarius  de  Sanclo  Yin- 
cencio  Petrus  de  Sanclo  Minalo  6.  de  Terracia  Eximinus  Pelri 
de  Arenoso  6.  de  Podio.  Signum  i^t  Jacobi  de  Monte  Judayco  qui 
mandato  domini  Régis  hoc  scripsit  loco  die  et  anno  prefixis. 

(Archives  de  l'Empire  français,  carton  J  291.) 


8M 


appbudicb 


xni 


LETimB  DU   ROI   AU  VICOMTE   OB  GARDONA  * 

Jacobus  Dei  gracia  Rex  viro  nobili  et  dilcclo  R.  de  Cardona 
Salutemeldileccionem.  En  leslelreslesqualstrasmesesanosera 
contengut  que  vos  vos  desexicts  de  nos  que  nousfossels  tengat  de 
peyora  que  ne  fecessels.  De  la  quai  cosa  nos  molt  nos  maravel* 
lam  car  vos  ni  altre  per  vos  no  vent  denant  nos  per  aquel  feyt 

que  a  nos  o  propo fas  bastantmenl  et  per  ço  car   est 

çert  a  nos  se  vos  nos  peyoravcts  (|ue  aisso  sen  segiria  quissegiria 
per  acuyndament  que  vos  nos  fecessels.  El  nossom  aparellals  de 
peyora  et  dalires  coses  fer  drel  a  vos  et  pendre  de  vos  a  consel 
de  nostres  richs  hoinens  que  sien  a  vos  sens  Iota  sospila  e  dasso 
assignam  vos  en  dia  de  fer  drel  e  dépendre  mixan  jener  a  bar- 
çelona  e  si  asso  no  volels  fer  ens  peyoravets  o  feyets  mal  a  nos- 
tres homens  e  a  noslra  terra  car  aylant  es  la  un  com  lallre 
desexim  nos  en  de  vos  de  mal  que  a  vos  fecessem  ne  a  voslres 
homens  ne  a  voslra  terra.  Dalum  Ilerde  Kal.  Octobris  anno 
Domini  M®.   CC°.  L®.  nono. 

(Archives  d'Aragon,  Reg.  X,  f*  123.) 


'  Nous  devons  mettre  le  lecteur  en  garde  contre  les  nombreux  lapsus 
qu'il  pourra  rencontrer  dans  les  documents  que  nous  fournissent  les  re- 
gistres de  chancellerie  des  archives  d'Aragon.  La  plupart  ne  sont,  en  effet, 
que  des  brouillons  ou  des  copies  faites  &  la  hâte. 


PIECB8  JUSUFIGATIYES  Jii91 


337 


CONSTITUTION  DU  DOUAIRE  d'iSABELLE  d'aBAGON  ,  FEMME  DE  PHILIPPE 

LE   HARDI 

Ludovicus  Dei  gracia  Francie  Rex  universis  présentes  litte- 
ras  inspecluris  salulem.  Nolum  facimusquod  quando  karissimus 
filius  Dosler  primogenilus  Philippus  cum  Isabella  filia  illustris 
Régis  Aragonum  matrimonium  contraxil  nos  eidem  Isabelle 
Domine  dotalicii  seu  donacionis  propler  nupcias  assignavimus 
villam  nostram  de  Laurano  cum  terminis  et  perlinenciis  suis 
villam  nostram  de  Angulis  cum  fortesa  terminis  et  perlinenciis 
suis.  Ilem  silvam  nostram  de  Cerviano  cum  terminis  et  perti- 
nenciis  suis  retenla  tamen  nobis  villa  ejusdem  et  insuper  mille 
quinquaginta  libras  tUrone  in  salino  noslro  Carcassonensi  annua- 
tim  percipiendas.  Si  vero  nos  predicto  filio  noslro  terram  dare 
vel  assignare  contingat  predicla  Isabella  oplionem  habeat  et  in 
ejus  sit  voluntatc  quod  vel  supradicto  dotalicio  sibi  a  nobis  spe- 
cialiter  assignato  velit  esse  contenta  vel  quinlam  partem  tocius 
terre  illius  quam  eidem  filio  noslro  dederimus  in  dotalicium 
habeat  sicut  fuit  inter  nos  et  procuralores  predicti  Régis  Ara- 
gonum in  convenoione  sponsalicium  ordinatum.  Si  autem  contin- 
gat eumdcm  Philipum  nobis  in  Regni  dignitatem  succedere 
promisit  idem  Philipus  coram  nobis  et  ad  hoc  nobis  eidem  con- 
sensum  et  auctorilatem  prestanlibus  sespecialiter  obligavit  quod 
eidem  Isabelle  nomine  dotalicii  seu  donacionis  propler  nupcias 
assignabit  usque  ad  valorem  sex  milium  librarum  turonensium 
annui  redditus  in  terra  ubi  idem  Philipus  voluerit  et  ei  videbitur 
expedire.  Et  tune  assignacio  supradicta  a  nobis  facta  penitus  erit 
nulla.  In  cujus  rei  teslimonium  présentes  litteras  sigiili  nostri 
fecimus  impressione  muniri.  Actumapud  Glaremontem  in  Alver- 
nia  anno  Domini  M».  CCo.  sexagesimo  secundo  mense  Julio. 

(Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  parchemins  de  Jacme  I*%  n*  1709 
—  Cf.  Archives  de  r£mpire  français,  carton  J  587.) 


59S  APPBKDIGB 


XV 


LETTRE  DU  ROI  JAGME   A  GBARLE8   D*A1U0C 


Karissimo  atque  plurimum  diligendo  consanguineo  et  amico 
Karolo  Dei  gracia  nobili  Ândegavensi  Provincie  et  Forcalquerii 
Comili  et  Harchioni  Provincie  Jacobus  per  camdem  Rex  Arago- 
num  Maioricarum  et  Yalencie  Cornes  Barchinone  et  Urgelli  el 
Dominus  Monlispesulanisalulem  et  sincère  dilectionis  affèctum. 
Inteileximus  quod  cura  vobis  fuerat  diclum  quod  aliqui  homines 
de  Harsilia  eranl  in  gradu  noslro  Montispcsulani  vos  cum  mili- 
tibus  peditibus  et  equis  armalis  apud  dictum  graduai  contra 
dictos  homines  festinaslis  venire.  Et  quia  salis  credebamus  esse 
▼obis  certum  quod  nos  inimicis  vestris  contra  vos  nuUatenus 
juvarcmus  de  motu  et  adventu  nostro  predicla  non  modicum 
admiravirous  cum  in  eo  quod  terram  nostram  inlraslis  cum  armis 
sine  nostro  assensu  et  volunlale  nobis  magnam  injuriam  fece- 
ralis.  Maxime  cum  nos  inimicos  veslros  de  Marsilia  nec  eciam 
aliorum  locorum  vestrorum  contra  vos  non  proponebamus 
emparare  nec  in  terra  nostra  aliqualenus  retinere  nec  de  armis 
equis  vel  viclualibus  subvenire.  Imo  scialis  quod  antequam  de 
Monlepesulano  recederemus  fecimus  prohibicionem  horoinibus 
Montispesulani  et  publiée  per  totam  villam  preconizare  quod 
nuUus  essel  ausus  dare  vel  vendere  seu  accoroodare  hominibus 
de  Harsilia  equos  arma  nec  aliqua  viclualia  dum  essenl  vcbis- 
cum  in  guerra.  Quod  proul  inlelleximus  beoe  et  oplime  obser* 
vavcrunt.  Si  vero  prcdicli  homines  noslri  Monlispesulani 
^ecerunt  aliquod  contra  predicla  cerlificelis  illud  nobis  quoniam 
nos  ipsos  tailler  corrigemus  quod  vos  eritis  a  nobis  inde  paccati. 
Hercatores  tum  de  Harsilia  vel  undecumque  sint  cum  mercîbus 
seu  mercaluris  suis  vcnientes  ad  dictum  gradum  ac  résidentes 
ibidem  quandiu  fuerint  in  dicto  gradu  deffendere  nos  oporlet. 
Salis  et  enim  debealis  esse  paccati  a  nobis  de  Comitatu  Provincie 
quem  nos  habcre  poluimus  eo  quod  fuerat  de  génère  nostro  et 
propter  amorem  et  propinquilatem  quos  cum  Illustri  Rege 
Francie   fratre  vestro  et  vobiscum  habemus  ipsum    recipere 


PIÈGES  JUSTIFICATIVES  595 

noillimus.  Unde  dilcccionem  vesiram  prout  possuinus   requir!- 
mus  et  rogarous  quod  amorc  noslri  el  precibus  a   prediclo  loco 
mora  post  ponita  recédai is.  Scialis  quoil  nisi. . .....  non  posse- 

mus  sustinere  quin  demus  eis  victualia  dum  in  dicto  gradu 

fuerint.  El  ipsos  defTcndemus  ibidem eciam 

Geraldi  d*en  Cremals  burgensis  noslri  Monlispesulani  quem  cap- 
tura tenelîà  nos  per  alias  lilleras  noslras  memoramus 

ipsum  absolvelis  noslris  precibus  et  amore  eo  quod  non  ibat 

apud  Marsiliam  ut  victualibus  equis  vel 

tantum  ad  emendam  aliquaro   navem Honlispesuli 

navigaret  ullra  mare  unde 


(Archives  de  la  couronne  d*Aragon,  Reg.  XII,  f*  47.) 


V.  u.  38 


594  APPENDICE 


XVI 


GOfiFEREMCft  ENTKE  Ftt«aj£  PAVL.  ET  BU9êl    X0$E3  BEN  IU£BMÀBi 

Anno  Domini  M*  CC  LX""  III''  XII^  halendas  augusti  Pireseiiti* 
bus  domino  Begtt  Aragonum  et  muttisaliU  baronibus  prelalis 
religiosis  et  mililibus  in  palacio  domini  Régis  Barchinooe*  Cum 
Moyses  dictiis  magisler  judeus  fuissel  ab  ipso  domino  Rege  ad 
instanciam  fralrum  predicalorum  de  Gerunda  vocalus  el  es^et 
ibidem  presuns  cum  mullis  aliis  judeis  qui  videbantur  et  crede- 
banlur  inler  alios  judeos  periliores  frater  Paulus  premissa  deli- 
beralione  cum  domino  Rege  et  quibusdam  fratribus  predicalori- 
bus  ac  minoribus  qui  crant  présentes  non  ut  Hdes  domini  Jhesu- 
cristi  qui  proptcr  suam  cerliludinem  non  est  in  dispulalione 
ponenda  deduccrelur  in  médium  quasi  res  dubia  cum  judeis 
sed  ut  ipsius  fidei  veritas  manifestaretur  propler  destniendos 
judeorum  errores  et  ad  tollcndam  confidenciam  multorum 
judeorum  qui  cum  non  possent  suos  errores  defendere  diceban^ 
dictum  magistrum  judeum  posse  suGcienter  respondere  ad 
universa  et  singula  que  eis  oponebantur  proposuit  dicto  magis- 
tro  judeo  se  cum  Dei  auxilio  probaturum  per  scripluras  cornu- 
nés  et  aulcnticas  apud  judeos  ista  per  ordinem  que  sequntur. 
Yidelicct  Hessiam  qui  interpretalur  Chnslus  quem  ipsi  judei 
expeclabant  indubitanter  venisse.  Item  ipsum  Hessiam  sicut 
prophetalum  fuerat  verum  dominum  et  hominem  debere  esse. 
Item  ipsum  vcre  passum  et  mortuum  esse  pro  salule  hamani 
gcneris.  Ilem  quod  legaliasive  cerimonialia  cessaverunt  etces- 
sare  debuerunt  post  adventum  dicti  Messie.  Cum  ergo  dictos 
Moyses  interrogatus  fuisset  utrum  ad  ista  que  predicla  sunt 
respondere  vellet  dixit  et  constanter  asseruit  quod  sic  et  siesset 
necessarium  remaneret  propler  bec  Barchinonc  non  solum  per 
unam  diem  vel  seplimanam  vel  mensem  sed  eliamperaDoum 
unum.  Et  cum  fuisset  ei  probatum  quod  non  debebat  vocari 
magister  quoniam  hoc  noraine  non  debuit  aliquis  judeus  vocari 
a  tempore  passionis  Christi  concessit  ad  minus  boc  quod  Terum 
esset  ab  oclingenlis  annis  cilra.  Tandem  fuit  ei  propositum  quod 


PIÈGES  lOStmCATITES  i9& 

CMI  Aiater  Paulus  teirisset  Gerundam  causa  conferendi  cum  ipso 
de  htis  qire  périment  ad  salulem  et  inter  alla  expossuissel  dili- 
g«ivCer  de  Me  Saneie  Trinitalts  tara  super  unilate  essencie  divine 
qfuam  sMpertrinilate  personarum  fidfm  quam  credunt  et  tenent 
Ghrîsliani.  Ad  quod  cum  respondere  non  posset  victus  nec('S- 
sariîs  probfflionibu?  e%  auctoritali^biis  concc^^sil  Chrisliim  sive 
Meesîailn  jem  sont  tran^aclî  M  ann!  naturn  in  I>ê(l>eliem  fuisse  et 
exînde  Rome  aViquibus  aparuisse.  E(  cunr)  qnereretur  ab  eo  ubi 
est  idteMessias  quem  dicitis  nalum  el  Rome  aparuisse  rcspondit 
se  ffesreire.  Poslmodum  vero  dixit  eum  vivero  in  paradiso  ter- 
refirCri  ôum  Helra.  Dicebat  atamen  quod  licet  sit  natus  tamen 
Ddtiidmky  vei^U  qera  Mesâiafs  tene  dicotur  venisse  cum  acceperit 
doininitttti^  mpev  judcôs  etcôsliberabi^,  et  judoY  cum  sequentur. 
Gonlra  quam  rospônsionem  addncla  (\iitauclorr(asTlia)muth  que 
iiWi<vi!fetite  dieit  quoâ  éliam  eis  hodie  veniet  si*  audierint  vocem 
ejiis  et  non  obduraverint  eorda  sua  sicutdicitin  Psalitiis  Hodie 
si  vocenv  6jit9  audieritis  et  cèlera.  Addebatur  eciam  quod  Mes* 
sfottf  HMum  ésse  inter  hoimin^s  est  eum  venisse   inter  bomines 
neofdlesi  aliter  essenec  intelligi.  Et  ad  liée  nichil  potuil  respon- 
dbi^e.  Item  inter  probaciones    proposilas    de   advenlu  Messie 
adducta  fuit  itiia  de  Genèse  non  auferetnr  sceptrum  de  Juda 
et  oêtera.  Guml  ergo  constet  quod  in  Juda  non  est  sceptrum 
M^e  duX'Conâtat  quod  venit  Messias  qui  mittendiis  erat  ad  hoc 
reàpondebaft  quod*  sceptrum  non  est  ablatum  scd  vacat  sicut 
etînm  fuit  in  tempore  captivitatis  Babitonie  et  probatum  est  ei 
quod  in  Babilone  h^buerunt  capila  ca'^teritatum  cum  juredic- 
cîon>e  sed  post  Ghi'îstr  mortem  nec  ducem  nec  principem  née 
caf>ita  captevitatum  secunduiti  propheciam  Danielis  nec  prophe- 
taiHnec  aliquod  regimen  habuerunt sicut  manifeste  hodie  patet: 
Ver  quod  certum  e^t  eis  Messiam  venisse.  Ipse  tamen  dicebat 
qtiod  probaret  quod  predicta  capita  habuerunt  post  eum  sed 
ïM\\i\  pbtuitostendere  de  predictis.  Imo  confessus  est  quod  non 
hebuerdni;  préaicta  capila  ab  DGCCLV  annis    cilra....  ergo 
patet>qiiod'  venil  Messias  cum  an. . . .  mentiri  non*  possit.  Hem 
cmA  dicttm  Moyses  diceret  Jhesum  Ghristum  non  debere  dici 
M«Miank  quia  Hosiias  ut  dicebat  non'  débet  mori  sicut  dicilur  in 
Psalmis  ntfahiv  pettit  a  te  et'trib»isti<ei>  et  cetera  sed  débet  vivere 
in  eternum  tam  ipse  quam  illi  quos  libcraturus  est  quesitum  fuit 
ab  eo  utrum  iHtid*  capituhim  Ysate  LUI  Domine  qnis  oredidit 


596  APPENDICE 

quod  secundum  ebreos  incipit  in  fine  LII  capituli  ubi  dicitur 

ecce  inlolligel  servus  meus  el  cèlera  loqueretur  de  Hessia 

conslanler  afirmavil  quod  Dullo  modo  ioquiUir  de  Messia.  Pro- 
batum  fuit  ei  per  mullas  aucloritales  de  Thalamul  que  loquotur 
de  passione  Chrisliac  morle  quam  probant  per  predictura  com* 
plimentum  quod  de  Cliristo  inlelligitur  predictum  compliroen- 

tum in  quo  mors  Chriâti  et  passio  et  sepultura  et  ejus 

resurreccio  evidenlius  conlinetur  ipse  vero  tandem  coaclus  per 
auctoritates  conTessus  est  quod  de  Chrislo  inlelligilur  et  exponi- 
tur.  Ex  quopatet  quod  Messias  dcbuit  pati  et  mori.  Item  cum 
(noilet  confileri  vcrilalem  nisi  coaclus  auclorilatibus  cum  aucto- 
ritales  non  posset  exponeredicebatpublice  quod  iliis  auctorila* 

ibus  que  inducebantur licet  sicut  in  libris  judeorum 

anliquis  el  autenlicis  nec  lamen  credebant  eis  quod  prout  dice- 
bant  sermones  erant  in  quibus  doctores  eorum  ad  exortacionem 
populi  multociens  mcotiebantur  pro  quo  arguebat  tam  doctores 
quam  scripiores  judeorum.  Item  omnia  que  conressus  est  el  que 
ei  probala  su  ni  vel  fere  omnia  prius  negavil  et  poslea  redargutus 
per  aucloritales  confusus  coaclus  est  confiieri.  Ilem  cum  non 

m 

posset respondere  et  essetpluries  publiée  confusus  et  tam  judei 
quam  christiani  contra  eum  insultarent  dixit  perlinaciler  coram 
omnibus  quod  nullo  modo  responderet  quia  judei  ei  prohibue* 

rant  et  christiani  f Traler    P.  de  Janua  et  quidam  probi 

homines  civitatis  ei  miserant  dicere  consulendo  quod  nullo  modo 
responderet.   De  quo  mendacio  per  dictum  (ralrem  P.  el  per 
probos  homines  fuit  publiée  redargutus  unde  palet  quod  per 
roendacia  a  dispulacione  sublerfugere  nilebalur.  Ilem  cum  pro* 
misserel  coram  domino  Rege  et  mullis  aliis  quod  coram  paucis 
responderet  de  fide  sua  et  lege  cum  dominus  rex  essel  extra 
civitaiem  lalanler  aufugil  et  recessit.  Unde  palet  quod  non  audet 
nec  polest  suam  erroneam  credenciam  defensare.  Nos  Jacobas 
Dei  gracia  rex  Aragonum  Maiorice  et  Valcncie  Comes  Barchi- 
none  et  Urgelli  et  dominus  Honlispesulani  veraciter  conGlemar 
et  recognoscimus  universa  et  singula  dicta  et  facta  fuisse  in 
prescncia  noslra  et  aliorum  muUorum  sicut  superius   in  hac 
presenii  scriplura  conlinenlur.  In  cujus  rei  testimonium  sigillan 
nostrum  ad  perpetuam  memoriam  duximusapponeadam. 

^Archives  delà  oouronne  d'Aragon,  registre  XII,  f  110.)  ^ 


PIECES  JUSTIFICATIVES  597 


XVII 


LE  ROI   RETIRE   SON  BOUCLIER  QU*IL   AVAIT   DONNE   EN  GAGE 


RecogAoscimus  el  confîtemur  habuisse  et  récupérasse  a  vobis 
Thoniasio  de  Sanclo  Clémente  scuUim  noslrum  quem  a  nobis 
tenebalis  in  pignore  obligalum  pro  sèxcentis  caRciis  bladi  quos 
Dobis  mutuaslis  in  Ilerda  et  ipsum  [sic)  tradislis  frat.  P.Peyroneti 
loco  noslri.  Quem  sculum  Iradidislis  et  reddidislis  pro  nobis 
Jacobo  de  Rocha  nolario  notro.  Dalum  Ilerde  iiij  Kal.  Junii. 
anno  Domini  H<>  GC^  LX^  sexto. 


« 
(Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  registre  XIY  ^  133). 


^  ABFMPIGft 


JtVHI 


PflOLOGUE  DU  LIBBE   QJP   fJL   3iVIBS4 

Açi  comença  lo  prolech  del  libre  dedoctrinae  diu  : 

Dedi  cor  meum  i|t  scirem  prudenciam  alque  doclrioaip  erra- 
reaque  et  slulticiam.  Salamo  diu  aquesles parades  enl  libr^qqe 
es  dit  eclesiasles  elcnteniment  de  la  parauU  es  aquest:  yodoao 
mon  cor  que  sabes  prudencia  ço  es  saviea  proyada  e  que  sabes 
doclrina  e  errors  e  follia.  Car  no  ho  vole  saber  per  si  ne  per  spp 
saber  ans  o  vole  apendre  per  doclrinas  dels  altres  car  eqtende  vole 
errors  e  follia  per  si  aguardar  car  daquesles  coses  no  sab  hom 
guardar  si  no  lesenlen. 

Ë  yo  rey  en  Jacmedaragoesforcem  de  fer  e  dapendre  per  a  my 
aquestes  coses^  que  son  precioses  que  Salamo  vole  per  assi.  E 
done  mon  cor  per  saber  aquesles  coses  endemanant ,  e  Irobe 
paraules  bonesdo  filosofs  antichs  et  plac  me  ab  ells.  E  jalsia  aço 
que  compliment  de  tu is  bons  conseils  troba  hom  en  telogiales 
boncs  paraules  els  bons  conseils  que  dixeren  a  nos  quesom 
creslians  no  tenen  dan  mes  que  fan  prov  en  saber  ells  dendema- 
nar  elles. 

Car  ço  diu  Seneca  :  soleo  transire  in  aliéna  castra  non  tanquam 
tran^fuga  sel  tanquam  exploraior. 

Diu  que  yo  si  vull  pasar  per  osts  estraynes  no  axi  com  afe- 
ridor  dellos  mas  per  saber  que  y  fon  axi  yo  y  tôt  vull  pasar  de 
theolo^ia  als  bons  dils  dels  philosofs  no  deseparan  lo  saber  délia, 
mas  per  saber  ells  que  dixeren.  En  aylant  com  be  e  verilat  dixeren 
del  espirit  sanl  o  hageren  car  Iota  verilat  qui  ques  vulla  la  digua 
del  espirit  sanl  la  ha  segons  que  diu  un  sant  home:  veruma 
quocumque  dicalur  a  spirilu  sancto  est. 

£  per  aço  yo  Irobe  molles  bones  paraules  e  metilesen  est  libre 
et  vull  les  espondre  a  profit  de  mi  e  daquells  qui  lea  voiran  en- 
tendre. 

Altre  prolech 
Dues  coses  son  en  aquest  mon  per  les  quais  hom  pot  viure 


PIECES  JOSTIPIGATiyES  S99 

honradament,  la  I  es  que  tôt  hom  deu  punnyr  de  haber  vida  du- 
rable, e  no  tan  solamentque  la  vulla  baver  a  benenançes  mas 
soferir  trebaylls  e  malenançes  ^  baber  la  gloria  de  deu  car  si 
per  benenançes  la  podia  hom  baver  molt  bom  la  bauria  e  la' 
volrien  tant  los  avols  com  les  bons,  mas  com  es  cosa  que  nostre 
senyor  no  vol  que  meyns  de  Ireball  ab   benenançes  mesclades 
haia  bom  lo  seu  Règne  per  aquesla  raho  lo  lexen  los  avols,  e 
aquells  queno  an  conexença  ne  saben  delrar  quai  es  lo  poder 
de  deu  ni  quai  es  lo  poder  dels  homens  car  sil  poder  de  nostre 
senyor  no  ajusia  bom  ab  lo  poder  temporal  null  bom  nol  pot 
bauer.  E  quant  los  bomens  fan  obres  que  sien  a  plaer  de  nostre 
senyor  aquella  sao  guanyen  los  bens  terrenals.  E  quant  los  an 
guanyat  multipliquen  los  ells  crexen  en  bonor  e  en  riquees  e 
aquelles  riquees  duren  a  ells  e  alur  linatge.  Eper  aquestes  dues 
coses  deu  hom  viure  en  aquest  mon  per  baver  la  gloria  de  deu, 
e  per  baver  bona  fama  en  aquesla  vida  terrenal.  Doncbs  aquest 
qui  aquestes  dues  coses  vol  baver  esguart  aquest  libre  de  saviesa 
car  qui  bel  voira  guardar  ni  entendre  no  errara  en  nostre  senyor 
ni  en  les  coses  terrenals.  Car  aquest  libre  es  de  conexença  e  de 
terarben  de  mal,  et  virtuts  depecat,  e  ensenyament  de  vilanya, 
6  castedat  deluxuria,  e  bones  ventures  de  non  fer  falliment,  e 
coses  dretes  de  coses  necies,  e  amor  e  desamor  que  fan  baver 
criançade  paradis  contre  les  pênes  d'infern.  Doncbs  qui  aytal 
libre  pot  baver  ni   retenir  bon   haber  lo  fa^  car  qui  ben  lo 
voira  esguardar  quant  li  vendra  algunes  volenlals  vanes  ne  voltra 
fer  /alliment  per  aquest  libre  se  pora  corregir  alerar  lo  be  del  mal. 
Peraço  consellam  a  aquells  que  son  savis  que  aquest  libre  apren- 
guen,  e  reteninguen  e  a  aquells  que  no  son  savis  que  sonen  e 
menut  estudienenel  per  ço  que  si  fallirvolien  quel  libre  quels 
en  reprengua,  eque  apreiiguen  castich  de  les  maies  obres  da- 
quest  mon  que  noy  puguen  venir,  per  ço  ment  nos  mou  a  aquest 
libre  de  doclrina. 


(Bibliothèque  nationale  de  Madrid,  manuscrit  in-f*.  L.  2,  f*  31). 


600  APPENDICE 


XIX 


PROCURATION  POUR  80CTBNIR  LA  DEMANDE   EN  DIfORCB 

CONTRE  TERS8A  6IL 

Noyerint  universi  présentera  paginam  in  specturi  qaod  nos 
Jacobus  Dei  gracia,  etc.,  coslituinius  citarous(?)  et  ordinamus 
ccrtum  et  specîalem  procuralorem  noslrum  JohanDem  de  Torre- 
Treyta  canonicum  ilerdensem  licet  absentera  in  causa  appella- 
cionis  divorcii  malrimonii  quaro  vertilur  et  verli  speratur  inler 
DOS  ex  una  parle  et  nobilem  dompnara  Teresiara  Egidii  de 
Bidaure  ex  allera  coram  summo  Ponlifice  vel  delegatis  seu  audi- 
toribus  ab  eo  dalis  et  supei  aliis  quibus  libet  in  romana  CTiria 

agendis  et  facieodis  seu  inspeclandis A  nobis  ad 

agendum  videlicet  et  defendendum  ac  impelrandum  iilteras 
sirapliccs  et  legendas  et  contradicendum  et  ad  jurandura  de 
caluropnia  in  aniniam  nosiram  et  veritale  dicenda  atque  pres- 
tandum  cujus  libet  allcrius  generis  juraraenlum  et  ad  appellan- 
dum  et  prosequendum  appellacionem  et  ad  consliluendum  seu 
subsliluendum  alium  vel  alios  procuratores  et  ad  revocandum 
eosdem  quociescumque  opus  erit  et  sibi  videbilur  expedire  et 
omnia  alia  et  singula  facienda  que  nos  posseraus  facere  si  pré- 
sentes essemus.  Promillentes  nos  abere  ralum  et  firmum  quic- 
quid  per  eumdem  Johannem  vel  conslilutum  seu  subsliturum 
constilutos  seu  substiluros  ab  eo  in  premissis  vel  alîquo  pre- 
roissorum  actum  procuralum  impetralum  vel  contradiclum  fuerit 
sive  geslum  acsi  a  nobis  personaliler  esset  actum.  Et  volenles 
revelare  (sic)  dib  honore  salis  dandi  judicandum  solvi  dictum 
Johannem  et  consliluale  conslilulura  constilutos  vel  subtitutos 
ab  eo  promiltimus  sub  ipoteca  bonorum  noslrorum  judicalum 
solvi  omnibus  illis  quorum  interesl  vel  intéresse  polerit  quo- 
quomodo.  In  cujusque  rey  teslimonium  présentera  paginam 
sigilli  nostri  pondmtis  munimine  fccimus  roborari.  Dalum  Per- 
pinyani  if  kal.  Julii  anno  Domini  H^CC'*.  LXX"*  quarto. 

(  Archives  de  la  couroaae  d'Aragon,  registre  XIX,  ^  142.  ) 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES  601 


XX 


LETTaS  A  PHILIPPE  I   ROI  DE   FRANGE,   AU   SUJET  DE  LA  SUCCESSION 

DE   NAVARRE 


lilustriRegi  Ffrancie  Philipo 

Salutem  el  sincère  dileccionnis  aReclum 

coDridemus  voinmus  non  latere  quod  Regnum  Navarre 

antiquis  temporibus  ad  predecessores  noslros  Reges  Aragonis 
pertinuit  pleno  jureet  ipsius  regni  continua  posscssio  usque  ad 
ipsum  Regem  Alfonsuo)  bone  memorie  sub  ipsis  Regibus  Ara- 
gonis pacifîce  perduravit.  Que  non  sohim  vulgala  successive 
roemoria  tenet  verunf)  eciam  privilégia  et  alia  inslrumcnla  regia 
fam  in  terra  Navarre  quam  in  possessionibus  noslris  Aragonis 
indicant  manifesle.  Post  ipsius  nobilis  Régis  Âlfonsi  predicti* 
violenter  et  contra  jusliciam  fuerunt  aliqui  in  Regno  Navarre 
intrusi  qui  usque  ad  prescns  tempus  per  successores  varians 
Regnum  Navarre  quidem  indebite  possiderunt.  Item  non  solum 
nobis  racione  predicta  Regnum  Navarre  juste  debetur  verum 
eciam  ex  pacto  et  conveniencia  dilecli  avunculi  noslri  dompni 

Sancii  Régis  Navarre consensu  scilicet  ac  juramento 

baronum  roilitum  civium  burgensium  ejusdem  regni  firmata. 
Qui  predictus  Rcx  Sancius  nos  sicut  filium  adoplavit  et  pacto  et 
conveniencia  adhibilis  ut  si  prius  nobis  decederet  ad  nos  ipsum 
Regnum  Navarre  pleno  jure  delralieretur.  Sic  instrumenta  con- 
dam  confecta  que  apud  nos  retinuimus  el  habemus  evidenter 
élucidant  et  eorum  tantum  adbuc  mcmoria  qui  présentes  dictis 
convenienciis  et  homagiis  nfTuerunt.  Post  ipsius  vcro  Régis 
Sancii  obilum  qui  sine  liberis  el  absque  fralribus  decessil  Thi- 
baldus  filius  sororis  dicti  Régis  Sancii  regnum  prediclum  quod 
ad  nos  lam  manifesle  portinei)at  violcnlor  el  indebite  occupavit 
et  ipsum  regnum  tam  ipse  quam  duo  filii  sui  successive  usque 
ad  tempora  presencia  tenuerunt.  Verum  cum  jure  tam  multi- 

*  Il  faut,  sans  doute,  sui)plôer  en  cet  endroit  le  mot  ohUum, 


602  APP£IIBICB 

plici  et  racione  communi  nobis  soli  regnum  ipsum  debeatur 
karissimum  filium  nostrum  primogenitum  infantem  Petram  ad 
recuperandam  ipsum  regnam  quod  nobis  sine  aliquo  justo  im- 
pedimenlo  reverti  potestet  débet  duximus  destinandum.  Rogantes 
et  requirentes  afleclionem  veslram  quod  super  preroissis  ?os 
inveniamus  favorabiles  et  amicos  ut  ex  hoc  evidenler  cogno3- 

camur  quod  preces  noslre  in  hujns ad  jus  nustnim 

apud  vos  tanquam  apud  filium  et  amicum  nostrum  specialem 
locum  obtineat  et  favoremsicut  et  nos.  ...  Tobis  parati  surous 
ad  omnia  queveslrum  respicianl  incrementum.  Mittimus  ad  vos 
insuper  dileclum  nostrum  Albericum  de  Hediooa  roititeiii  qui 
super  predicta  credere  debeatis  de  iis  que  vobis  ex  par^  DOttn 
duxerii  ref^renda.  Aciuro  Barehinone  kal.  Apritis^anno  Domini 
If.CO.  LXX'<|ointo. 


(  Awhmsde  ia  oouponne  d'Aragon,  rcgiatre  XXin,  ^  96). 


PlàCE^  ^P^Ttf  ICATITB8  WSi 


XXI 


MIBMIER   eODIGlLLB   IMJ  «01   JAGHE. 

^oc  est  translatum  sumptum  fîde)iler  a  quadam  carta  perça- 
menea  cisa  seu  fracla  in  novern  locis  in  superiore  parte  altéra 
quarum  inlrat  inlus  iitteram  bene  per  unum  palmum  alie  vero 
non  inlrant  neç  langunt  lilteram.  In  inferigri  vero  parte  est 
fraeta  dicla  caria  in  sex  locis  seu  parlibus  dicte  carte  set  non 
langunt  in  aliquo  lilteram  ipsius  carte  et  ipsa  eliam  caria  est 
sigillata  sigillo  seu  bulla  plumbea  Illustrissimi  Domini  Jacobi 
quoqdam  bone  memorie  Régis  Aragonum  Maiohcarum  et  Ya- 
lencie  comitis  Barchinone  et  Urgelli  et  Domini  Hontispesulani 
et  est  dicta  bulla  imposita  seu  impresa  in  quadam  membranula 
seu  filis  sirici  crocei  et  vermilii  ténor  siquidem  dicte  carte 
sequitur  per  bec  verba.   Quoniam   lioitum  est  cuilibet  ante  et 

Îost  confeccionem  testamenli  facere  codicillos  idcirco  Nos 
9Cobus  Dei  gracia  Bex  Aragonum  Haioricarum  et  Yalencie 
Cornes  Barcbinone  et  Urgelli  et  dominus  Hontispesulani  exis- 
tenles  in  Aigezira  infirmitate  delenti  et  ii;  noslro  bono  sensu  et 
bona  memoria  constituli  présentes  facimus  codicillos.  In  quibus 
volumuset  mandamus  quodiidem  codicilli  habeant  lanlum  valo- 
rem quantum  et  lestamentum  jam  a  nobis  condilum  quodest  in 
M Qnasterio  Populeti  et  quod  eliam  ila  valeant  sicut  lestamentum 
et  codicilli  et  que  libet  voluntas  ullima  possunt  et  debent  valere.  In 
primis  siquidem  eligimusnoslros  manumissores  InfanlemDomp- 
num  Petrum  et  Infantem  Dompnum  Jacobun  lilios  noslros  ;  çt 
rogamus  eos  in  fide  Dei  et  nostra  utipsi  compleant  lestamentum 
noslrum  quod  est  in  Populelo  bullalum  duabus  vel  tribus  bullis  et 
présentes  codicillos  noslros  et  si  forte  in  ipso  lestamenlo  noslro 
continenlur  alii  manumissores  nolumus  quod  ipsi  sipl  in  dicta 
manumissoria  set  ipsos  ambo  solos  noslros  eligimus  manumis- 
sores. Et  rogamqs  ac  commitimus  eos  ut  dictum  le»lamcnluiii 
noslrum  et  présentes  codicillos  compleant  et  faciant  compter}  et 
debent  hoc  facere  islis  rationibus  tum  scilicet  quia  habueru^t 
in  no))is   bonum  palrem,  tum  qui^  ultra    illud  quQi^  D^ter 


604  APPENDICE 

nbster  nobis  dimisitacrevimuscis  inter  conquesfas  et  empcionet 
et  alia  roelioraroenla  dectiplumqiiam  paler  noster  nobis  dimiait, 
et  tum  eliam  quia  eos  nulrivimus  a  puericia  et  dcbeni  proplerea 
reducere  roelius  ad  memoriam  nosiram  complere  yoluotalem 
propter  isla  débita  que  habent  Dobiscum.  Et  darous  eis  qui  reda* 
cant  eis  ad  memoriam  execucionero  teslamenli  ac  codiciiio- 
rum  noslrorum  Venerpbilem  Terrachonensem  Archiepiscopum  et 
Abbalem  Monaslerii  Populeli.  Quoniam  nos  in  ipso  Honaslerio 
nosiram  cligimussepuKuram  ac  fieri  volumusin  eodem.  Rogamos 
eliam  prediclos  filios  noslros.  et  manumissores  qaod  illis 
qui  tenent  a  nobis  in  pignore  villas  ac  alia  quelibet  loca 
nostra  ratione  debili  quod  eis  dcbemus  quod  ipsi  ea  loca  non 
auferant   nec  forcienl   eisdem.  Immo   faciant   eos  habere  et 

m 

tenere  ea  loca  que  a  nobis  tenent  obligata  donec  sint  persoluU 
el  integrali  de  debilis  que  eisdebemus.  El  si  forte  fuerit  aliquis 
qui  non  tcneat  pignus  a  nobis  el  oslenderil  per  testes  vel  carias 
debitum  quod  nos  ci  deberemus  quod  nicliilominus  teneanlur 
persolvere  ipsa  dcbila  cidem  et  illi  credalur  inde  simpliciter  et 
sine  magna  sollcmpnilate  el  sicul  haberetur  jus  de  uno  siroplice 
homine  sic  jus  babealur  de  eisdem.  Ilcm  staluimus  etraandamus 
quod  injuriis  quibus  tcnemur  seu  quas  fecimus  alicui  seu  ali- 
quibus  audiant  ipsi  filii  noslri  bene  et  simpliciter  et  sine  magna 
sollcmpnilate   et    habiia   inde  deliberacione   cum   hominibus 
sapienlibuseos  conlincnli  resiiluant  etemendent.  Et  si  forte  nos 
alicui  suam  hercdilalem  injuste  emparavimus  ipsam  restituant 
eidem.  Item  dicimus  cl  volumus  et  mandamus  quod  illa  legata 
que  fecimus  in  noslro  Icslamcnto  prediclo  quod  est  in  Populeto 
persoivanUir  de  décima  quam  Dominus  Papa  nobis  concessit.  Et 
reljncmus  ad  solvendum  ea  que  in  noslro  teslamento  continenlur 
dccimam  duorum  primorum  annorum  ex  illissex  annis  ad  quos 
nobis  per  summum  Ponlificcm  est  concessa,  dccimam  scilicet 
Arngonum  cl  Calalonie  et  Maiorice  et   Monlispessulani  si  ipsa 
Monlispessulani  nobis  est  concessa,  decimam  Rossilionis  Ceri- 
tanie  et  Conduenlis  quia  decimnm  Regni  Valencie  diraittimus 
pro  tcnenda  Ironlaria  conlra  Sarracenos   et  quod   Christiani 
ipsam  babeanl  conlra  ipsos  in  servicio  Jesu-Cbristi.  Et  si  forte 
solulis  prediclis  aliquid  superabit  de  dicta  décima  Aragonum 
Cathalonie  Maiorice  et  Monlispessulani  Rossilionis  et  Ceritanie 
et  Confluenlis  dictorum  duorum  annorum  totum  id  quod  supe- 


PIECES  JUSTIFICATIVES  605 

rabit  detur  ad  faciendum  et  perfloiendum  Ecclesiam  Béate  Marie 
Vallis-viridis  quam  nos  fieri  facimus  cl  opori  capelie  nostre 
Montispesulani  etoperi  Beale  Marie  de  Podio  Yaiencie  ullra  illas 
sexcentas  duplas  auri  quas  nos  nupcr  dum  eramiis  in  Xa'iva 
dedimus  ad  ipsum  opns  et  quas  Berengarius  Ddlmacii  tenct.  Et 
quod  eliam  fiat  inde  opus  Sancti  Vincencii  qnod  nos  empara* 
vimus  et  facimus  fieri.  Itascilicei  qnod  fiant  quinqnedomussimi- 
liludini  illius  domus  que  jam  est  ibi  facta  et  cum  ipsa  erunt  sex 
domus.  Et  sit  una  in  directo  alterius ,  et  inter  unam  et  aliam 
fiai  unus  pons  et  super  unumquemquc  ipsorum  poncium  cons- 
truatur  et  fiat  unum  allare  in  unoquo()ue  quorum  stabilialur 
unus  presbiler  qui  singulis  diebus  cclebret  divina  oHcia  ibidem, 
tailler  sciiicet  quod  infinni  qui  jacenl  in  hospitali  possint  ipsum 
vidcre.  Mandamusetiamquod  fiai  ibi  unum  claustrum  incorallo 
prope  ecclesiam  et  unum  refcciorium  prope  ecclesiam  et  unum 
dorroîlorium  aliquaululum  longius  sicut  fit  et  conslruitur  in 
domibus  ordinnm.  Et  si  iiiis  faclis  et  complelis  et  faclis  quatuor 
lapiis  seu  parictibus  in  orio  Sancti  Vincencii  uilra  parieles  qui 
jam  sunt  ibi  qui  quidem  sint  de  crusta  calcis  ab  lioc  ut  nemo 
possil  ibi  intrare,  aliquid  superaverit  de  dicta  décima  diclorum 
duorum  annorum  illud  residuum  dicte  décime  ipsorum  primo- 
ram  duorum  annorum  dimiltimus  Infanli  Dompno  Pelro  et 
Infanti  Dompno  Jacobo  filiia  nostris  prediclis  unicuique  sciiicet 
decimam  terre  sue.  Et  si  forte  aliquo  casu  décima  fuerit  ralione 
aliqua  impedita  mandamus  quod  omnia  débita  noslra  injurie  et 
legata  persolvanlur  de  reddilibus  nostris.  Volumus  etiam  et  man- 
damus  quod  bona  domus  seu  bospitalis  Sancti  Vincencii  bestiare 
sciiicet  et  redditus  millanlur  omnia  et  expendanlur  in  illis  qui 
serviunt  in  ecclesia  Sancti  Vincencii  et  in  pauperibus  ejusdem 
iDonasterii.  Item  volumus  et  mandamus  et  mullum  kare  dictos 
Dostros  filios  deprecamur  quod  diligant  et  defl'endant  ordines  et 
Ecclesias  et  quod  caveant  sibi  quod  per  ipsos  nec  per  alios  non 
sint  gravate  nec  maie  traclate  injuste.  Nec  non  etiam  et  quod 
ament  honorent  deflendanl  alque  custodiant  cum  de  lioc  tenean- 
tur  suos  richos  homines  et  milites  qui  sunt  in  terris  cujusque 
ipsorum  ipsis  eis  bene  servientibus  sicut  debent.  Sed  nichilo- 
minus  faciendo  eis  honores  illos  volumus  quod  in  justicia  teneant 
ipsos:  ita  quod  majores  non  faciant  injuriam  minoribus.  Roga- 
mus  etiam  eosdem  et  mandamus  eis  ut  diligant  suas  civitates  et 


6Du  kfntiMtE 

eas  cusfodiant  et  deffendant.  Et  hic  idem  diciiniis  de  ains  popdb 
terre  minoribus,  qnoniam  Reges  honoranfur  et  jtrvanttirmDtloin 
per  suas  civitates  et  populos.  Et  id  quod  ab  eis  habeant  babeant 
abeiscum  gralitudine  ipsorum  et  laliler  quod  possint  iilud  tole- 
rare  quia  per  pravam  dominacionem  Regnum  desiruiliir  et  perdi- 
tur.  Et  preterea  si  suum  populum  dilexerinl  Deus  dtligel  eos  ann 
pHus  et  tpsi  melios  facrenl  facta  sua.  Insuper  conGrmamus  et 
laudarrras  illam  particionem  quam  nos  fecimus  in  Barcbinone  de 
regnis  nostris  inter  dicfos  Inrantem  Dompnain  Pelrum  et  Infan* 
tem  Dûmpnam  Jacobum  filios  nosrros.  El  rogamus  eos  ac  man- 
dainus  eisdem  sicul  pater  potesl  mandare  filiis  et  eos  rogare 
quodipsi  se  invicem  diligant  et  lionorenl  et  quod  aliqats  IradHor 
nec  aduhtor  non  possit  inier  eos  seniinare  discordiam  nec  eos 
eliann  scparare  quoniam  ralionem  habent  diligendf  se  iuWcenr 
ctrm  sint  fliii  ejusdeni  palris  et  malris  et  debent  se  precordialiler 
plus  quam  alii  homines  peramare.  Item  roganr.us  eos  et  itoan- 
(famus  eisdem  et  Infanli  Dorapno  Pelro  predicto  speeialiler  qtiod 
ilecordenlur  de  nobili  Dompna  Sibilia  de  Saga'  el  de  Jacobo  Deî 
gracia  Oscensi  Episcopo  el  de  Hugone  de  Hataplana  Arehidîacono 
Frgellensi  el  de  Pelro  de   Rege  Sacrisla  Ilerdcnsi  et  de  Ar- 
bcrio  de  Lavania  judice  curie  nostre  et  de  Capeltano  nostro. 
Rogantes  eumdiim   Infantem  Pctrum   ut  eidem  GapeHano  de 
Canonia  Terrachone  quam  sibi  promisseramus  impettare  faciar 
protideri.  Et  predictos  omnes  comendamus  in  fide  ipsorom,  et 
quod  recordentur  eliam  de  iota  familianostra  que  nobiscum  esse 
consueviH,  et  quod  dicius  Infans  Petrus  hereditet  iflos  omoesde 
familia  nostra  qui  non  sunt  heredilati  :  ita  quod  possint  iûàt 
vivere  coinpetenter  et  quod  recipiat  eos  pro  suis.  Insuper  eliam 
dimitlimus  eidem  Infanli  Pelro  très  falconerios  noslros  sci!icer 
Jbhanem  de  Peralta  et  Balagarium  et  Andreum  Eyn^erici  ut 
ipsos  hereditet  de  terris  Sarracenorum  compelenler,  et  ipsitenent 
gruherios  muUum  bonos  et  volumus  ut  ipsos  habeat  dicius  lofon? 
Peirns.  Ilem  rogamus  dîctura  Infantem  Pelrura  quod  pro  eo  qui* 
nos  promissimus  sumnro  Pontifici  et  missimus  inde  sibi  cartam 
ût)dtram  bullalam  quod  ejeceremus  sarracenos  de  terra  ooste 
et  hoc  idem  jara  promisseramus  anle  altare  Dost!rei  Domine' 
Sancte  Marife  Valencie  et  pro  eo  eliam  quia  sammas  Pootifei 
nobis  diclam  declraam  concessit  ratidne  predicta  idem  Intam 
Pôtnis  prbreus  ejiciat  Sarracenos  de  regiw  Valertcie  :  il»  qvod< 


PlkcES  JVSTiriCâTlYES  0OT 

ouHus  ipsorum  Sarracenorum  remaneat  ibi  nec  snus  nec  alterius 
pro  peccunia  vel  censu  aut  pro  redditu  inde  habendis  vel  afio 
modo  9  et  quod  hoc  non  mutel  aliqua  ratione.  Capellam  aulem 
nostram  (aliter  dividimus  videlicet  quod  Crnx  cum  capmaseo 
delur  monasterio  Populeti  cum  omnibus  rectabulis  ejusdcm 
capeHe  qui  sunt  ibi  tam  scilicel  cum  illo  rectabulo  Bealo  Marie 
quod  Rex  CasleHe  dédit  nobis  quam  cum  aliis.  Et  quod  cap- 
maseu»  predtctus  sit  semper  dicli  monasterli  Populeli  :  ita  quod 
iranqaaro  posstt  alienari  dari  vel  vendi.  Et  dentur  etiam  eidem 
monaslerio  sex  calices  argenli  superaurali  ejusdem  capcUe  nostre. 
Atitis  vero  duas  cruces  et  capas  officiandi  el  dalroaticas  damus  et 
dimilimiis  Bedosie  Sancti  Yincvncii.  Item  Tolumus  quod  de  illa 
amrtgtft  que  est  in  domo  Populeti  in  comanda  sit  ipsius  monas- 
terii  Pbpuleti  solulis  prius  tribus  millibus  solidis  pro  quibus  est 
pignori  obligata.  Item  dimittimus  dicte  Domui  Populeti  totatn 
vafxellam  noslram  argenli ,  ita  ut  inde  Gant  rectabuli  ad  opus 
ipsius  monaslerii  el  Ëcclesie  ejusdem.  Ilem  ad  soivendum  debrta 
et  legata  nostra  et  ad  restituendum  noslras  injurias  dimitlimus 
debilura  quod  débet  nobis  magisler  hospitalis.  Volentes  nichi- 
lominua  et  mandantes  quod  omnes  donaciones  et  assignaciones 
qua»  nos  fecimus  et  violaria  que  dedimus  teneantur  (irmiler  et 
peiiitu»  observeotur  et  non  mutenlur  aliquo  paodo.  Yotumus 
etiam  et  statuimus  ac  mandamus  quod  si  conligerit  quod  débita 
nostra  et  legata  atque  injurie  de  noslris  bonis  persolvi  defoeant 
ttt  saperius  continelur  et  non  possinl  persolvi  de  dicta  décima 
lûfaos  Dompnus  PiBtrus  et  Infans  Dompnus  Jacobus  filii  nostri  ea 
perseivere*  et  reslituere  teneantur  ita  quod  quisque  ipsorum 
solvat  er  eis  soam  partem  pro  rata  reddituum  quos  a  nobis- 
babeat.  Item  dimittimus  hospitali  sancti  Vincencii  lectum' nos- 
Irnm  et  cortinas  et  coopertorias  et  senos  ad  opus  pauperum 
et'  folumus  quod  vestes  nostre  dbnentur  et  dividantur  pan-^ 
peribus  verecundis.  Nec  non  etiam  dimittimus  damus  et  cedtmus- 
monnslerio  P^ypuleli  pro*  anima  nostra  medietatem  et  lotum- 
quod  habemus  in  villa  Avinaxis  quam  Dguelus  d«  Angerlaria 
tenet.  Recognoscentes  quod  illa  vendicio  que  inde  facta  fuisse 
dicilur  a  nobis  Raymundo  Peiri  civi  Ilerde  quondam  fuii. 
flcta  et  non  vera.  Insuper  etiam  cum  hiis  codiciilis  damus 
concedimus  et  cedimus  jam  dicto  filio  noslro  Infanli  Petro 
in  nostra  presencia  constituto  tolum  plénum  locum  nostrum  et 


608  APPENDICE 

omnia  jura  nostra  et  acciones  alque  demandas  reales  el  personales 
etcujuscumquealleriiisgenerisel  jurisdiccionem  tolan)  (ammeri 
quam  mixli  imperii  quem  que  el  quas  habemus  el  habcre  pos- 
sumus  seu  drbemns  in  comilalu  el  vicecomilalu  Urgclli  raliooe 
donacionis  obligacioniscessionisaul  aiia  qualibel  raiione  el  coq- 
Ira  quascumque  eliam  personas  lenenles  aliquid  de  dicto  comi- 
lalu vel  vicecomilalu  aul  raiione  ejusdera  comilalusvel  vicecoroi- 
lalus  nobis  obligaIssqnocum({U6  jure  modo  vel  causa.  Consli- 
tuentes  inde  eumdem  ul  heredem  nosirura  adorera  et  procura- 
torem  in  rem  suam  propriam  ad  agendum  defendendum  repii- 
candum  el  reconvenicndum  el  ad  suam  omnimodo  volunlatem  inde 
pcnilus  faclendam.  Âclum  est  hoc  in  Algeciria  XIII  kalendas 
Agusli  anno  Domini  millesimo  CC.LXX.  sexto.  —  Presenlibus 
leslibus  et  hec  omnia  videnlibus  et  audienlibus  Jacobo  Dei 
gracia  Oscensi  Episcopo  =  Hugone  de  Mataplana  Urgellensi 
Ârchidiacono  =  P.  de  Rege  sacrisla  Ilerde  =  Âllierlo  de  Lava- 
neria  legum  proflessore  et  Arnaldo  Caynnot  Cjpellano  Domini 
Régis  ss  Ego  Simone  de  Sancto  Felicio  Domini  Régis  scriplor  et 
publicus  notarius  prediclis  inlorfui  et  ut  publicus  nolarius  pré- 
sentes codicillos  jam  dicli  Domini  Régis  scripsi  mandate  et  hoc 
signum  meum  ut  publicus  nolarius  apposui  -{-  =Sign.  -f  Bar- 
Iholomei  de  Villafrancha  gerenlis  vices  Romei  de  Marimundo 
vicarii  Barciiinono  el  Vallensis  qui  IHiic  Iranslalo  sumpto  fide- 
liler  ab  originali  suo  ex  parle  Domini  Régis  et  dicli  vicarii  et 
auclorilale  qua  nos  (ungimur  auclorilalem  impcndimus  etdecre- 
tum  apponilum  per  manum  mei  Bernardi  de  Aversone  nolarii 
publici  Barchinone  regenlisque  scribaniam  curie  vicarii  ejusdem 
civitalis  in  cujus  posse  diclus  gerens  vices  vicarii  hanc  Grmam 
fecit  kalendas  Julii  anno  Domini  millessimo  CC.  nonagcssimo 
tercio.  Presenlibus  leslibus  Guillelmo  Pelro  Burgessii  el  Beren- 
gario  de  Villafrancha.  Et  ideo  Ego  Bernardus  de  Aversone  nola* 
rius  predictus  hoc  meum  signum  hic  apposui  -f  =  Ego  Pelrus 
Aguilonis  nolarius  publicus  de  Tarrega  hoc  transcribi  jussi  et 
meum  signum  feci  -[-• 


(Archives  de  la  Couronne  d'Aragon,  Parchemins  de  Jacme  I*'.  n*  Î2d7.) 


PIÈGES  JUSTIFICATIVES  609 


XXII 


DEBNIER  GODItilLE  DU  ROI  JAGMB 


Hoc  est  Iranslatum  suDiptum  fideliter  a  quodam  instrumento 
sive  a  quibusdara  codicillis  quorum  ténor  talis  est:  Noverint 
uoiversi  quod  nos  Jacobus  dei  gracia  rcx  Aragonum  Maiorice 
et  Yalencie  cornes  Barchinone  et  Urgelli  et  dominus  Montispe- 
pesulani  post  testamentum  jamdudum  a  nobis  factum  et  post 
codicillosquosdam  jama  nobis  confectos  présentes  facimus  codi- 
cilios  quos  sicut  leslamentum  seu  aliam  ultimam  voiuntatem  nos- 
tram  volumus  observari.  In  quibusquidem  mandamus  ut  tesla- 
mentum  Dompne  Berengarie  Alfonsi  quondam  complealur  et 
mandetur  execucione  per  infantem  Petrum  etinfantem  Jacobum 
filios  nostros  in  eis  in  quibuscomplendum  et  exequendum  est  et 
per  nos  non  extitit  completum.  Item  in  remissionem  peccalo- 
rum  nostrorum  parcimus  et  remittimus  Bertrando  de  Canellis  et 
BernadodeCascalIisomnem  odium  etrencorem  que  habebamus 
eis.  El  ipsi  faciant  jus  suis  querelerantibus  et  absolvimus  dictum 
Bernardum  de  Cascallis  a  sentencia  lala  contra  ipsum  ratione 
facti  uxoris  Pétri  de  Berga.  Et  mandamus  restitui  Berengario 
de  Canellis  bona  que  eiemparaveramus  ratione  dicti  filiisui.  Et 
parcimus  etiam  omnibus  et  singulisaliis  contra  quos  nos  ranco- 
remvel  hodium  haberemus.  Ilem  mandamus  restitui  Raimundo 
Ricardi  civi  Barchinone  denariosquos  ab  eo  habuimusin  Yalencia 
seu  deduximus  de  debito  suo  et  Raimundo  de  Gastropoyl  civi 
Ilerde  denariosquos  ab  eo  habuimus  injuste.  Item  dimittimus 
Arnaldo  Gaynot  capellano  noslro  duo  millia  solidos  melgorenses. 
Item  mandamus  ut  recipiatur  computum  ab  heredibus  Arnaldi 
Scribe  quondam  de  debito  quod  ei  debemus  et  id  quod  ad  solven- 
dum  remanet  persoIva(ur  eis  de  bonis  noslris.  Item  mandamus  in 
utKarissimusGlius  noslerlnfansPetrus  provideat  per  très  dies 
necessariis  comeslioni  fratribus  minoribus  qui  congregali  fuerint 
incapitulo  generali  fratrum  minorumqui  celebrari  débet  modo 
apud  Cesaraugustam.  Item  mandamus  restitui  Pelro  de  Ager  civi 
Ilerde  quondam  quicquid  ipso  ostendet  nos  teneri  persolvere  ei 
T.  n.  39 


610  APPENDICE 

racione  usure  vel  interesse  cujusdam  debiliquod  nobis  manule- 
vavit.  Ilem  mandamus  persolvi  Genesie  lotumid  quod  ei  restât 
ad  solvendum  de  dote  sua  quam  ei  promissimus.  Item  confir- 
mamus  Jazberto  de  Barbarano  locum  de  Tallada  quem  sibi  dedi- 
mus.  Item  rogamus  Karissimum  ûlium  nostrum  Infautem  Petrum 
ut  faciat  Arnaldum  de  Paucis  franchum  in  vita  sua  de  omni 
questiaetexaccione  ac  servitute  regali.  Item  mandamus  exsequi 
et  observari  R.  Falconerii  de  Algîzira  cartam  donacionis  quam 
sibi  fecimus  dequodam  fundico  sito  in  Muroveteri  prout  inea 
continetur  si  injuste  emparavimus  ipsumei.Ilem  mandamus res- 
titui  Thomassio  de  Portu  de  Marsilla  quadraginta  et  sex  libras  et 
mediam  melgorenses  in  quibus  ei  tenemur  et  viginti  et  quinque 
libras  pro  mlssionibus  quas  inde  fecit.  Item  mandamus  dari  dido 
Raimundo  Falconerii  hospiti  nostro  vestes  complétas  compétentes 
ci.  Item  mandamus  restitui  et  dcemparari  Munio  Martini  vel  suis 
lieredibus  illos  mille  soHdos  quos  recepit  in  sale  nostro  Yalencie 
prout  eos  recipere  consuevit.  Et  mandamus  etiam  absoivi  omnia 
emparamenta  a  nobis  facta  militibus  Regni  Yalencie  si  injuste 
sunt  facta.  Item  mandamus  restitui  episcopo  et  Ecclesie  Yalencie 
bladum  totum  et  vinum  et  alia  victualia  que  accipimus  nobis  ab 
eis.  Et  mandamus  etiam  restitui  quibus  libet  aliis  personis  totum 
bladum  et  vinum  et  alia  victualia  que  ab  eis  nobis  accepimus  in 
hac  gracia.  Item  mandamus  quod  Astrugo  den  Bonseynnor  alfa- 
quinio  nostro  non  possit  demandari  aliquid  ab  aliqua  Aljama  ra- 
tione  questie  vel  tributi  aut  cujuslibet  exaccionis  seu  demande 
regalis  pro  tempore  preterito  usque  modo  pro  aliquibus  bonis 
suis  cum  ipsum  inde  quia  sequebatur  curiam  noslram  et  eratde 
domo  nostra  franchum  esse  intellexerimus  et  velimus.  Item  in- 
franquimus  et  franchum  esse  volumus  Guillemonum  Dena  Hon- 
taguda  supercocum  nostrum  quantum  adbona  que  habet  in  Alge- 
ciria  et  terminis  suis  ab  omni  questia  et  exaccioiie  ac  servitute 
regali  toto  tempore  vite  sue.  Et  rogamus  infanlemPelrumprcdic- 
tum  ut  ipsam  franchitatem  concédai  ei  et  facial  observari.  Item 
mandamus  quod  si  que  scnlencie  invenientur  per  nos  laie  fuisse 
contra  jus  ipse  senlencie  revocentur  et  emendenlur  per  predictos 
filios  noslros  prout  juris  fuerit  per  unumquemque  scilicet  eorum 
in  terris  suis.  Item  damus  et  dimittimus  Capelle  nostre  altaris 
Sancti  Jacobi  quod  est  in  Ecclesia  Majori  Yalencie  et  Capelîaoo 
ejusdem   presenti  et  futuris  in  perpetuum  pro  anima  nostra 


PIÈCES  JCSTIPIGATiyes  611 

fiaicam  et  laudimium  ceasualis  ipsius  Gapellanie  et  operato- 
rioruin  pro  quibus  ipsum  fit  ceosuale.  Ilem  cura  nos  dcdissemus 
hiis  diebus  monasterio  Populeli  Castra  ot  Villas  de  Coponis  et  de 
Yiciana  et- de  Payleroltoet  de  Sancto  AntoHoo  et  de  Timor  pro 
anima  nostra  et  inde  fieri  mandavisseraus  ac  fecissemus  carlain 
eidem  monasterio  modo  quidem  cum  hiis  codicillis  in  cambium 
predictorum  dimittimus  et  damus  eidem  monasterio  imper- 
peluum  villara  Apiarie  cum  torminis  et  pertinences  suis  om- 
nibus et  cum  redditibus  exilibus  proventibus  et  juribus  nostris 
omnibus  ejusdem  ville  et  terminorum  suorum  et  cum  omnibus 
que  ibi  babemus  ethabere  debomus.  Item  dimittimus  supercoco 
et  coquinariis  nostris  caldarias  et  omnia  apparamenta  coquine 
Dostre.  Item  dimittimus  mulam  nostram  abbati  et  monasterio. 
Ilem  mandamus  dari  Petro  Garcez  de  domo  nostra  qui  captivus 
a  Sarracenis  detinelur  in  auxilium  sueredemplioniselemosinam 
quam  dare  consuevimus  centum  pauperibus  singulis  diebus 
quam  debemus  de  tribus  mensibus  proxime  preleritis  exceptis 
centum  solidos  quos  damus  inde  Jacobo  Pa  et  Ayga  de  elemosina 
nostra.  Item  dimittimus  ad  caplivos  domus  nostre  redimendos 
qui  in  bac  guerra  apul  Luchente  et  aput  Alcoy  in  posse  Sarra* 
cenorum  captivati  sunt  quinque  mille  solidorum  regalium  in 
auxilium  sue  redemplionis.  Item  dimittimus  monasterio  Populeti 
mille  solidos  regalium  pro  uno  anulo  quem  ipsi  Monasterio  dede- 
ramus  et  volumus  dare  predicto  Infanti  Pelro  filio  noslro.  Item 
dimittimus  Poncio  de  Acdo  racione  servicii  quod  nobis  fecit 
mille  solidos  regalium.  Ilem  mandamus  restitui  Petro  Gortici  civi 
Ilerde  quingentos  morabetinos  quos  ab  ipso  liabuimus  racione 
cujusdam  hominis  nomine  Petro  Guasqui  si  ipsos  injuste  ba* 
buimus  ab  eodem.  Item  concedimus  Guilaberto  Sa  Noguera  Ha- 
jordomo  nostro  quod  in  vila  sua  non  teneatur  in  regno  Valencie 
residenciam  facere  nisi  voluerit  racione  heredilatis  quam  habet 
in  Uxone.  Item  mandamus  persolvi  Gerbordo  debitum  quod  ei 
debemus  et  dimittimus  ei  racione  intéresse  ipsius  debiti  duo 
mille  solidos  regalium.  Item  de  debito  quod  debei  nobis  Magisler 
hospilalis  mandamus  redirai  vaxellara  nostrara  argenli  et  de  re- 
siduo  persolvi  quantum  sulficiat  debilura  Apiarie  pro  quo  ipsa 
villa  cstobligata.  Et  mandamus  carlara  prcdicli  debiti  hospilalis 
reddi  monasterio  Populeti.  liera  raandamus persolvi  Archidiacono 
Urgelli  debilura  trium  raille  solidorum  quod  ei  deberaus  cum 


612  APPENDICE 

albarano  modo  facto.  Item  omnia  débita  nostra  predicta  et  alia 
que  debemus  famille  nostre  vei  qulbuslibet  aliispersonis  racione 
quilacionis  vel  alia  racione  mandamus  persoivi  afo  Infante  Petro 
et  Infante  Jacobo  filiis  nostris  prorata  reddiluum  saorum  quos 
habent  a  nobis  =  Actum  est  hoc  in  Algizira  X  kaiendas  Âugosti 
anno  Domini  M.  GG.  LXX  sexto.  Presentibus  Jacobo  De!  gracia 
Oscensi  Episcopo.  =  Ugone  de  Hataplana  archidiacono  Orgelli 
=s  P.  de  Rege  sacrista  Ilerde  =  Alberto  de  Lavania  legum  pro- 
fessore  et  Arnaldo  Gaynnoli  capellano  jamdicti  Domini  Régis.  — 
Ego  Simon  de  Sanclo  Felicio  Domini  Régis  scriplor  et  publicas 
notarius  prediclis  interfui  et  ut  publicus  notarius  présentes  co- 
dicilles jamdicti  Domini  Régis  scripsi  mandato  ejusdem  et  hoc 
signum  meum  ut  publicus  notarius  apposui  lîi  =  Signum  lii 
Guillelmi  de  Castro  veteri  vicarii  Barchinone  et  Vallensis  qui 
huic  translato  sumplo  fideliter  ab  original!  suo  non  caucellato 
nec  in  aliqua  parle  sui  viciato  ex  parte  Domini  Régis  et  auclo- 
rilate  olBcii  quo  fungimur  aucioritatcm  impendimus  et  decrelum 
ut  ei  tanquam  originali  suo  ûdes  pleniaria  ab  omnibus  impeo- 
dalur  appositum  per  manum  moi  Bcrnardi  de  Gumbis  notarii 
publici  Barchinone  regenlisque  scribaniam  curie  vicarii  ejusdem 
civilalis  in  cujus  manu  et  posse  dictus  vicarius  hanc  firmam  fecit 
undecimo  kaiendas  Februarii  anno  Domini  Hillessimo  CGC.  se- 
cundo. —  Presentibus  testibus  Jacobo  de  Honlejudayco  Bereo- 
gario  Corlilio  Jureperitis  et  Barlholomeo  de  Yillafrancha.  Et 
ideo  ego  Bernardus  de  Gumbis  notarius  prcdictus  bec  scripsi  et 
hoc  meum  signum  hic  apposui  ^  —  Signum  i^i  Pétri  Aprilis  no- 
tarii publici  Barchinone  qui  hoc  translalum  sumplum  Bdeliter  ab 
originali  instrumento  sive  codicillis  et  cum  eodem  de  verbo  ad 
verbum  comprobatum  scripsil  et  clausit  undecimo  kaiendas  Fe- 
bruarii anno  Domini  M.  GGG.  secundo  cum  litteris  apposilis  in 
linea  tercia  ubi  scribitur  non. 


(Archives  de  la  couronne  d'Aragon,  parchemins  de  Jacxné  I*%  n*  2289.) 


COMPLÉMENT 


NOMENCLATURE  ET  ÀRMORIAL  DES  FAMILLES  ET  DES  PERSONNES 
LES  PLUS  CONNUES  DES  ÉTATS  DE  JAGME  I" 


Le  travail  qui  suit  n'est  pas  un  nobiliaire.  Toutes  les  catégories 
sociales  y  ont  leurs  représentants,  depuis  les  princes  du  sang 
royal  d'Aragon,  jusqu'à  Jacme  Pa-et-Âyga  (Jacques  Pain-et-eau], 
le  pauvre  du  roi  {de  elemosina  nostra)^  auquel  le  Conquistador 
fait  un  legs  dans  son  dernier  codicille. 

Nous  avions  voulu  d'abord  ne  comprendre  dans  cette  nomen- 
clature que  des  individus  ayant  rendu  quelque  service  à  leur 
pays  pendant  les  grands  événements  du  règne  de  Jacme  I"  ; 
mais  le  dépouillement  des  chroniques  et  des  manuscrits  nous  a 
convaincu  de  Timpossibililé  de  ce  triage.  Nous  avons  donc 
résolu  de  relever  les  indications  de  personnes  et  de  familles  que 
nous  fournissaient  les  principaux  documents  consultés  par  nous, 
et  d'offrir,  dans  un  ensemble  de  noms  se  coudoyant  au  hasard  de 
Tordre  alphabétique ,  une  sorte  de  tableau  abrégé  de  la  nation 


614  rrOMBNCLATURE   DES   FAMILLES 

que  gouvernait  le  roi  conquérant  ;  tableau  qui  ne  manque  pas 
d'intérêt  au  point  de  vue  historique ,  archéologique  et  philolo* 
gique,  et  qui  contribue  à  faire  connaître  la  physionomie  de 
Tune  des  contrées  les  plus  nettement  caractérisées  de  l'Europe  à 
une  époque  où  les  mœurs,  les  idées,  les  lois,  les  noms  de  pays  et 
les  noms  d'hommes  se  modifient  et  se  transforment. 

La  nature  et  le  nombre  des  documents  que  nous  avons  mis  à 
contribution  nous  font  espérer  que  nous  aurons  omis  peu  de  noms 
d'individus  marquants,  bien  que  nous  ne  puissions  pas  nous 
flatter  d'être  même  à  peu  près  complets  sous  ce  rapport.  Nous 
n'avons  pas  d'autre  prétention  que  de  donner  ici  des  matériaux 
exhumés  dans  le  cours  de  nos  recherches  sur  le  règne  de  Jacmel*', 
et  qui  ne  sont  ni  assez  dénués  d'utilité  pour  être  rejetés  dans 
l'oubli ,  ni  assez  importants  pour  être  mis  en  œuvre  avec  le 
même  soin  que  le  reste  de  notre  ouvrage.  Nous  les  publions  bruts 
et  tels  que  nous  les  avons  rencontrés  y  nous  bornant  à  les  coor- 
donner sommairement  dans  l'ordre  alphabétique.  Qu'on  ne  nous 
reproche  donc  ni  des  confusions  de  noms  et  de  familles,  ni  des 
attributions  douteuses  d'armoiries,  ni  des  omissions  ou  des 
erreurs  dans  l'indication  des  maisons  existantes.  La  critique 
n'était  pas  noire  fait  ;  elle  nous  eût  entraîné  à  un  travail  que 
nous  n'avions  ni  le  temps  ni  le  désir  d'entreprendre.  Nous  offroos 
au  lecteur  des  notes  que  le  hasard  nous  a  fourmes  ;  nous  indi- 
quons nos  sources,  à  chacun  de  les  contrôler. 

Tout  informes  qu'elles  pourraient  être,  des  listes  pareilles  à 
colle  que  nous  publions,  faites  pour  des  temps  et  des  pays  divers, 
seraient  d'un  grand  secours  pour  les  études  archéologiques; 
mais,  à  en  juger  par  le  seul  travail  matériel  que  nous  a  coûté 
celle-ci ,  nous  comprenons  que  peu  de  gens  consentent  à  se 
dévouer  à  une  lâche  aussi  ingrate. 

Les  noms  qui  figurent  dans  notre  nomenclature  sont  extraits 
des  documents  suivants  : 

1^  La  Chronique  royale  et  les  chapitres  de  d'Esclot  et  de 
Muntaner  qui  se  rapportent  au  règne  de  Jacme  1*'  ; 

2°  Le  lihro  de  repartimiento  deMayorque  (voy.  à  l'Appendice 
de  noire  tome  II,  la  noteB,  IV); 

5»  Le  registre  constatant  la  sons-répartition  faite  à  Mayorque 
par  le  vicomte  de  Béarn  aux  hommes  de  sa  suite.  C'est  le  seul 
document  que  l'on  connaisse  qui  se  rapporte  à  la  sous^répar- 


DES  ÉTATS   DE  JACME  l"  615 

tilionde  la  porlion  d'un  baron;  il  a  été  ulilisé  par  MU.  Qua- 
drado  et  Bover  ; 

4°  Les  notes  des  arpenteurs  désignés  par  le  roi  pour  distribuer 
les  terres  arrosables  des  environs  de  la  ville  de  Mayorque.  Ces 
notes  ont  été  mises  à  profit  par  M.  Bover  (  Meinoria  sobre  los 
pobladores  )  ; 

5"  Le  lihro  de  repartimiento  de  Valence,  publié,  comme  celui 
de  Mayorque,  dans  la  Coleccion  de  documenios  ineditos  del 
archiva  de  Aragon  (t.  XI).  Il  ne  comprend  que  le  district  de  la 
capitale.  Il  y  a  eu  pour  les  autres  villes  du  royaume  des  répar- 
lilions  particulières,  sur  lesquelles  Viciana.FebreretDiagonous 
donnent  quelques  indications; 

6"*  Les  Trobas  dels  linatges  de  la  conquista  de  Valencia^  par 
Febrer,  qui  sont  loin  de  renfermer  tous  les  noms  des  chevaliers 
ouécuyers  qui  prirent  part  à  la  conquête; 

T"*  Viciana,  Diago,  Zurita  et  Blancas; 

8**  Le  mémoire  de  don  Martin  Fernandez  de  Navarrele  sur 
les  croisades  des  Espagnols  en  Terre-Sainte  {Memorias  de  la 
Realacademia  de  la  historia,  t.  V);  qu'il  faut  compléter  par 
les  documents  XLVI  et  XLVII  du  lome  VI  de  la  Coleccion  de 
documenios  ineditos  del  archivo  de  Aragon ,  et  la  note  de  la 
page  174  du  même  volume  ; 

9°  L'ordonnance  de  paix  et  de  trêve  promulguée  aux  cortès 
de  Saragosse  de  1255  et  insérée  au  titre  de  Confirmatione  pacis 
du  livre  IX  (t.  I)  des  Fueros  d'Aragon.  Cet  acte  a  été  signé  par 
les  principaux  seigneurs  aragonais  et  par  quelques  députés  de 
villes.  Nous  n'y  renvoyons  que  pour  les  noms  qui  ne  figureiït 
pas  dans  d'autres  documents  cités  par  nous.  Nous  le  désignons 
par  ces  mots  :  Paix  de  1255. 

10^  Nos  Pièces  justificatives  et  les  actes  analysés  dans  notre 
étude  ;  mais^  en  ce  qui  touche  ces  derniers,  nous  faisons  figurer 
seulement  dans  la  nomenclature  les  noms  que  nous  avons  cru 
devoir  mentionner  déjà  dans  notre  ouvrage. 

Parmi  les  nombreux  individus  que  nous  allons  nommer,  tous 
ne  sont  pas  originaires  des  Étals  de  Jacme  P'.  Il  y  a  non- 
seulement  des  Français  du  Midi,  des  Castillans,  des  Navarrais, 
mais  aussi  des  Français  du  Nord,  des  Italiens,  des  Allemands , 
des  Anglais,  tous  devenus  vassaux  ou  sujets  du  roi  d'Aragon, 
en  acceptant  de  lui  des  domaines  dans  les  pays  conquis. 


616 


NOMENGLATCBB   DBS   FAMILLISS 


Noire  travail  aurait  un  développement  beaucoup  trop  consi- 
dérable si  nous  donnions  une  notice  pour  chacune  des  familles 
ou  chacun  des  personnages  sur  lesquels  les  auteurs  nous  four- 
nissent des  renseignements;  il  nous  suffira  de  renvoyer  aux 
principaux  passages  des  divers  auteurs  que  nous  avons  consultés 
et  de  notre  propre  ouvrage. 

Les  armoiries  sont  décrites  d*après  les  nobiliaires  ou  armo- 
riaux,  dont  nous  avons  indiqué  seulement  quelques-uns  à  la 
note  A  de  l'appendice  de  notre  second  volume. 

Voici  la  table  des  abréviations  dont  nous  nous  sommes  servi  : 


i.—  Adarga  catalana  (Armoriai  de 

Catalogne),  par  Garma. 
Jr.—  Aragon. 
Auv.  —  Auvergne, 
B.  —  Blancas,   Rerum  aragonen- 

sium  commentariL  Chapitre  re- 
latif aux  familles  arragonaises 
Bo/.—  Baléares. 
Bj.  —  Blancas,  Rerwn  arcigonn^ 

sium  commerUarii.  Biographies 

des  ^fAStidas. 
Bp.  —  Bover,  Memoria  sottre  las 

pobladores  de  MoVorca, 
Bn.  —  Bover,  NobUiario  MaUor- 

quin. 
Coi.  —Catalogne. 
Casl,  —  Castille. 

D.  —  Diago,   Anales  dd  rayno  de 
Valencia, 

Doc  ined,  —  Documentos  ineditos 
dei  archivo  de  Aragon. 

E.  —  Chronique  de  (TEsclot. 
Bsp.  —Espagne. 

F.— Pebrer,  Trobas 

Fr.—  France. 

Go^c—  Gascogne. 

h).  —  Iviza. 

J.  —  Chronique  de  Jacme. 

long,  —  Languedoc. 

May,  —  Mayorque. 

Min.  —  Minorque. 

Montp.  —  Montpellier. 

M.  —  Chronique  de  Muntaner. 

Nao.  —  Navarre. 

Prov.  —  Provence. 

Port.—  Portugal. 

Q.  —  Quadraoo  ,  Historia  de    la 

conquista  de  MaUorca. 
Rm.  —  Li6ro  de  repartimierUo  de 

Mayorque. 
Rv.  —  Ltbro  de  repartimiento  de 

Valence. 
Rouss.  —  Roussillon. 
Toi  —  Tolosa. 


Totd  —Toulouse. 

TS.  —  Mémoire  de   don  Martin 

Femandez  de  Mavarette  sur  les 

expéditions  en  Terre-Sainte. 
V.  —  Viciana,  Libro  de  las  fami- 

lias. 
Val.  —  Valenoe. 
Xat.  —  Xativa. 
Z.  —  Zurita,  Anales  de  Aragon.  Les 

fol.  indiqués  se   rapportent  au 


ab.    signifie  abaissé. 


000.  — 

affr.  - 

oj.  — 

arg.  — 

arr.  — 

az.  — 

bar.  — 

bes.  — 

bord.  — 

boiU.  — 

bq.  — 

broch.  — 

carU.  — 

cam.  — 

c^r.  — 

chevr.  — 

corU.  — 

cour.  — 

crén.  — 

croiss.  — 

dex.  — 

éc.  — 

écMq.  — 

épi.  - 

âoi.  - 

fam.  — 

fr.  q.  - 

yu.  — 

herm.  — 

lamp.  — 


accompagné. 

afifronté. 

ajouré. 

argent. 

arraché. 

azur. 

baron  ou  baitumie. 

besant. 

bordure 

boutonné. 

becqué. 

brochant 

cantonné. 

carnation. 

chargé. 

chevron. 

contourné. 

couronne  oucoun^mé 

crénelé. 

croissant 

dextre. 

écartelé. 

échiqueté. 

éployé. 

étoile. 

famille. 

franc-quartier. 

gueules. 

hermine. 

lampassé. 


DES  ÉTATS  DE  JAGME   1*' 


los.    signifie  losange. 


fnol. 
nat. 
nobL 

— 

molette, 
naturel . 
noblesse. 

sa, 

sauJt, 

sin. 

%^ 

orig, 

ouv. 

pass. 

ramp, 

renv. 

— 

originaire. 

ouvert. 

passant. 

rampant. 

renversé. 

supp. 
surm. 
tourt 
vie. 

— 

rép.  signifie  répartition, 
sable, 
sautoir, 
sinople. 
supportant, 
surmonté, 
tourteau, 
vicomte. 


617 


N.-B.-^  Le  chiffre  romain  elle  chiffre  arabe  qui  suivent  im- 
médiatement un  nom  de  famille  ou  d'individu  indiquent  le 
tome  et  la  page  de  notre  élude  sur  Jacme  I". 

Lorsque  l'iniliale  qui  désigne  un  ouvrage  est  suivie  de  deux 
points  et  d'une  description  d'armoiries ,  cette  description  est 
extraite  de  Touvrage  auquel  se  rapporte  Tinitiale.  Nous  devons 
faire  remarquer  que ,  pour  traduire  les  descriptions  souvent 
incomplètes  de  Febrer,  il  n'est  pas  toujours  possible  d'employer 
la  forme  héraldique. 

Les  descriptions  d'armoiries  précédées  d'un  trait  sont  tirées 
de  sources  que  nous  avons  jugé  inutile  d'indiquer.  Beaucoup  nous 
ont  été  fournies  par  Texcellent  Armoriai  général  publié  à  Gouda 
en  1861,  par  M.  Bielstap. 

Lorsqu'un  blason  est  précédé  d'un  astérisque*,  il  y  a  quelque 
doute  sur  son  attribution. 


Abad,  Abat  (P.  del)  Rv.  —  F: 
d*az.  au  chien  au  nat. 

Abadia  (P.  de),  orig.  d'Italie.  F  : 
de  sin.  au  lion  cTor. 

Abarga  (  Alf.  de)  F:  de  gu.  à 
Yabarca  d^or.  —  B:  de  gu.  à  2 
àbarcas  d'or  —  Voy.  Barca. 

Abell\,  Avella  (Ramon  de)  F: 
d'or  à  3  pals  vivres  de  sa.  —  J  ch. 
CLXXv.  —  Q.  —  Bp.  -  (Bernât  de) 
F  :  d'az.  à  3  pals  vivres  d'or.  — 
(Père  de)  F  :  cTaz.  à  3  bandes  de 
sa  bordées  d'or.  —  (Père  et  Jacme 
de)  ori^.  de  Montp.  F  :  de  gu.  à  3 
fasc.  vivrôes  d'arg.  —  (Joan  de)  F: 
de  gu.  à  3  abeilles  d'or. 

Abello  (G.  de)  F  :  de  gu.  à  la 
ruche  d'arg.  sommée  d'un  lis  au 
nat.  sur  lequel  est  posée  une 
abeille  d'or. 

Abenazo.  Rv. 

Abbncedrel  Sarrasin ,  II,  30. 

Abbngamer  (Azmet)  Rv.  proba- 
blement Sarrasin. 


Abenhayan  (Manda r]  Rv.  Sarra- 
sin. 

Abbnpesat  (Sim.  et  Sam  ),  juifs, 
Rv. 

Abbntreyi  (Jucef) .  médecin  du 
roi  II,  377.  404. 

Abibent  (Juffre)  Rv. 

Abiego  (h.),  bourgeois  de  Sara- 
gosse  fait  cnevalier  par  Jacme.  D.: 
d'or  à  2  pals  d'arg.  chargés  de  2 
lions  de  sa.  armés  et  lamp    de  gu . 

Abnadayan  (David)  juif,  alfaqui 
de  l'infant  Femand.  Il,  377.  — 
Rv.  —  (Azach)  juif.  Rv 

Abneluget  Bp.  probablement 
Sarrasin. 

Abou-Seid,  émir  de  Valence.  I, 
246.  332,  333,  340  :  II,  96.  —  D. 
1*  299.  —  Voy.  Bblvis. 

Abraham,  changeur  juif  et  Abra- 
ham fils  de  Vives,  almqui.  —  Rv. 
—  Abraym,  trésorier  de  Saragosse. 
II,  377. 

Abrines,  Ëbrines,   de   Ehrinis 


618 


NOMENGLATURB  DBS   FAMIU.ES 


(Bernât  et  Arnalt  de)  Rm.  —  Bp.: 
a*arg.  à  l'arbre  air.  et  elfeuillé  au 
nal. 

AcAQUER  (G  il  de)  Rv. 

AcATA  (P.  de)  Bp. 

AcEYT  (Furtado  Perez  et  Toda 
del)  Rv. 

Adalgeir  (P.)  Rv. 

Adam,  huissier  de  la  reine.  Tiha, 
sa  femme;  Adam,  écuyer  de  Sal- 
vator  ;  Adan.  marchand.  Rv. 

Adanta  (Andres  do'  Hv. 

Adarro,  Darro  (Arnalt),  orig.  de 
'  at.  Bp  :  de  gu  à  Vé\)&o  d  arg. 
garnie  d'or  la  pointe  en  haut  et 
accostée  de  2  6t   d'or. 

Ademar,  deTortoso  Rm. 

AbiLLAN  (Stevan  de)  Rm.  proba- 
blement orig.  do  la  vie.  de  Bé- 
ziers. 

Adobador  (Divers  prénoms)  de 
Jaca    Rm.— Rv. 

Agel  (Ferrer  et  Guill  de)  Rv. 

Agbr  (Ramon-Berenguerde),run 
des  principaux  bar.  catalans.  I, 
233,  243,  308.  386.  —  Rm.  —  Rv. 

—  Z.  f»  123.  -  F.  :  d'arg.  à  la  ban- 
de los.  d'or  et  de  sa.  —  Ar.  de 
Ager  ou  Dager,  de  Lerida  Rv.  — 
A  :  parti  d'or  au  lion  dogu.  cour, 
du  cnamp,  et  de  gu.  à  l'ôguse  d'arg. 
aj.  de  sa. 

Ag.nos  (Domingo  de)  Rv. 

Agog,  Agoch  (B.)  Rm  feudataire 
du  vie.  de  Béarn. 

Agon,  Dago  (Pedro  Martinez  de) 
chevalier  ;  Rv. 

Agramunt,  Dagremont,  de  Acro- 
monte  (A..  Br  ,  G.,  R.  de)  Rv.  — 
(P.  de)  de  Lerida,  Rv.  —  (Jacques 
do)  orig   de  Fr.  établi  à  Val  —  V. 

—  F.:  d'az.  au  mont  fleurdelisé 
d'or.  —  Agramunt,  orig  de  Nav. 
établi  à  May.  Bn.  —  F.:  d'or  à 
quatre  pals  [alias  bandes)  de  sin . 

Agrbda  (Jean.  Martin  de)  Rv. 

Aguero  (Garcia de)  I,  90.  —F.: 
d'or  au  lion  au  nat.  tenant  entre 
ses  pattes  la  bannière  royale  d'Ar. 
et  surm .  d'un  soleil  de . . . 

Agues.  Aguas,  Daguas  (Miguel 
de)  chevalier  d'Alagon.  I,  124.  — 
J.  chap.  XXVI.  —  F.  :  d'or  à  l'é- 
pervier  essorant  au  nat. 

Aguilar.  Deux  familles  impor- 
tantes ;  l'une  orig.  de  Gast.  F.: 
d'or,  à  l'aigle  épi.  de  sa.  cour,  du 
champ;  l'autre  de  Nav.  F.:  d'arg. 
à  l'aigle  de  gu .  —  (Sancha,  Perez 
etMongua  de)  Rv.  —  Voy.  aussi 
Z  ,  lib .  II,  cap .  84 . 


Aguilella  (B.  de),  oammandeor 
des  Templiers  de  Monzon.  I,  UL 
442. 

Aguilera  (Joan)  F.:  d'az.  à  l'ai- 
gle d'or  regardant  un  soleil  du 
môme. 

Aguilo,  de  ÂquUone  (Guillem  dej 
issu  des  princes  de  Tarragoneou 
de  la  maison  de  Cervera.  I,  3Û, 
369,  380,  389  ;  II,  27,  32.  -  J.  ch. 
cxLv.  —  F.:   d'or,  à  l'agle  de  sa. 

—  Aguilo  (divers  prénoms)"  Rv.— 
Nom  porté  par  le  comte  de  Ripalda^ 
marquis  de  Campo-Salinas. 

Agusti,  de  Girone,  Rm. 

Agut  (Berenguer)  Rm. 

Ahe  (Fortun  de),  Aragonais.  II. 
335;  —  à  la  conquête  de  May., 
d'après  Z.  —  J.  en.  lvu.  —  B.— 

Bj  :   de à  deux   chaudières 

de... 

Ahones,  Dahones,  de  Aunmio 
(PedroU,  liO,  143,  164,  175,  178. 
180,  188.  —  (Sancbe)  évèque  de 
Saragosse,  I,  174,  188,  198,  204, 
343.  —  (S  et  Bertran  de)  Rv.  - 
Illustre  famille  de  mesn€uieros,  ad- 
venus ricos  homes,  I,  276.  B.:  d'az. 
à  la  cloche  d'arg. 

Alnar.  Rv. 

Ajurol  (Berthomeu)  de  Tortese, 
Rv. 

Alabam'A  (Amfos  de)  F.:  éc.  eo 
saut.  1  et  4  de  gu.  au  lambel  d'or, 
en  flancs  d'arff .  a  3  pals  de  sa. 

Aladren  (J.  de)Rv. 

Alagon,  Aiahon,  Dalao,  fam.  de 
ricos  homes  de  naturaleia,  I,  136, 
192.  248,  337;  II,  33»,  365.  -  J. 
ch.  cxcv  et  ccxLvui.  —  Z.,  lib.  II, 
cap.   80.  —  (Joan  de)  Rv.  —  B. 

—  F.:  d'arg.  à  6  tourt.  d'az  iaiias 
de  sa.)  —  (Gil  de)  I,  295.  —  Q.  p. 
253. 

Alamany,  AJemany,  AkmandL 
^  Fam.  importante  issue  de  la 
maison  de  Cervello;  I,  205,  206. 
233,  256,  268,  306.— Rm.  — Q.  -F.: 
d'or  à  3  demi-vols  de  gu.  mal  o^ 
donnés.  —  Oxova  de  Alaman,  che- 
valier, et  ses  trois  neveux  Rv. 

ALARA.N  (Fer.  de)  Rv. 

Alapont  (Père  de)  F.  :  de  sin.  au 
pont  au  nat.  ace.  d'un  demi-vol 
d'or. 

Alarcon  (Gil  et  Martin  de)  Rv.— 
(Femand  de)  F. :  d'arg.  à  3  fasc.  de 
sa.  à  la  bora.  échiq.  d'or  et  de  gu.; 
à  la  croix  de  gu.  bordée  d'or. 

Alarigh  (Jacme  ou  Joan).  bour- 
geois de   Perpignan,    ambassad. 


DES  ETATS   DE  JAGliE   !•' 


619 


ftuprés  du  khan  des  Tartares.  II, 
391. 

Alassar,  mif,  fils  de  Âcecri 
Abinjucef ,  dfe  Huesca,  et  Alassar 
Albufach  iaif  deSarag.  Rv. 

Alava  (Marie  de)  Rv. 

Alavana;  fam.j[ui  figure  à  la 

?rise  d*Orlbuela  ;  T.  :  6c.  en  saut, 
et  2  de  go.  à  la  fas.  crén.  d*or  ;  en 
flancs- d'arg. .  à  3  pals  de  sa. 

ÂLATAN  (G  )  de  Besalu  Rv 

Alazaroh,  sarrasin,  II,  284  h 
289,  296,  297,  504. 

Albalat  (M.,  s.  ,  et  Pelegrin  di^) 
Rv.  —  (Pedro  de)  archevêque  de 
Tarragone.  —  J.  ch.  ccxni.  -  •  II, 
32.  —  (Andreu  de)  évoque  de  Va- 
lence. II,  121,  284,  405.  —  (Benêt 
de),  frère  do  Tarchevôque  et  de 
révoque:  F.:  d'az.  au  demi-vol 
d'or 

AtBAN(Xafat)Rv. 

Albanell(6.)  de  Cet.  F.:  d'or  à 
Toiseau  d'a2.  bq.  et  membre  d'or 
et  d'arg. 

Albaterra  (G.  de)  consul  de 
Montp   II. 

Albayt,  fauconnier  ;  S.  Albei; 
Rv. 

Albbrtgii  (B  ),  Alberit,  Dalverit 
(Martin  de)  Kv. 

Albert,  Albet,  Àrhertus  (P.)  de 
Tarragone  Rm.  —  Rv.  —  Un  cha- 
noine de  Barc.  —  IT,  150.  —  A  : 
d'or  au  mont  de  gu.  sommé  d'un 
arbre  de  sin 

Albogor,  Sarrasin,  II,  297. 

Alboraghi,  Rm. 

Albornos  (Garcia),  appelé  aussi 
Marinyes  ;  F.:  d'or  à  la  bande  de 
sin. 

AlcalAj  Alcana,  mesnaderos  de> 
venus  pins  tard  ricos  homes.  Un 
commandeur  des  hospitaliers.  I,  85, 
175  ;  II,  31,  32,34,  95.  — Rv.  —  J. 
ch.  IV,  ccxiii.  —  B  — F.:  d'arç. 
au  lévrier  au  nat. '—  Guillem  ne 
Alcala  s'engagea  à  suivre  le  roi  en 
Terre-Sainte.  Doc.  inéd.,  VI.  174. 

Alcastreles  (Blasco  de)  deTe- 
ruel  Rv. 

Alcacham,  Bp. 

Alcatan  (Aniç)  Rv . 

Alcayat  (P.)  de  Teruel  Rv. 

Algayz  (Arnau  de)  D.  f*  357 

Alcoer,  Dalcoer;  Alcover  (P.) 
Rm.  —  Bp.  —  A.  T.  Alcocer, 
chevalier  ;  D.  f  386. 

Alcoleya  (Renet  de)  Rv. 

ÂLGOZ,  Dasco  (G.)  de  Teruel  ; 
(8.  de)  Rv. 


Aldana  (Joan  de),  de  Bordeaux; 
F.:  de  gu.  à  5  fleurs  de  lis  d'or.  — 
(Amfos  de)  F.:  de  sin.  à  l'épée  ace. 
de  3  cour.  d'or. 

âldebert,  provençal,  Rv. 

Aldrica,  Rv. 

Alegre  (Joan)  de  Bilbao:  F.: 
d'arg.  au  aemi-vol  d'az.  -  Alegre, 
chapelier,  Alegret,  Rv. 

Alen  (Benedet)  Hv. 

Alepus  (Père  de),  aventuner  ara- 
gpnais;  F.:  d'or  au  demi-vol  de 
sin.  —  Iiope,  D.,  Fernand  de  Alli- 
puez,  Rv. 

ALESA  (Guillem  de),  Rv. 

Alexandri,  feudataire  du  vie.  de 
Béarn;  Q.—  Bj). 

ALFAi\T  (Domingo  Perez),  châte- 
lain, Rv. 

Alpager  (J.  de)  ;  Felipe  Alfagen, 
Rv. 

Alfaro  (Aznar  Perez  de),  che- 
valier, et  quelques  autres  Rv.  — 
Parti  d'or  a  deux  chicots  de  sin. 
et  d'az.  au  crois,  versé  d'arg.  — 
P.  de  Alfara.  Rv. 

ÂLFERZAS  (P.  de),  Rv. 

Alpo  (Ar.  et  Guillem  de),  Rv.  — 
G.  Dalfi,  de  Barc.  Rm. 

Alfocea  (G.  de)  ;  J.  et  B.  Alfocea, 
de  Tortose,  Rv. 

Alfonso  (Teresa)  Rv.  —  Beren- 
guela  Alfonso,  maîtresse  du  roi,  II, 
353.  357,  362,  396,  480. 

Alguayra,  Dalgoayre  (Nicolao, 
Pascual  de),  Rv. 

Alhadmer  (Br.),  Rv. 

Alhagen  (Michael,  Felipe),  Rv. 

Aliaga  (Amfos  de),  de  Jaca,  F.  : 
d'or  &  la  bande  de  sa.  —  D.  Aliaga, 
Rv. 

Alient  (Guislabert  de),  Rv. 

Allaco  (Guillem  de),  maître  du 
Temple;  I,  174. 

Almada(B.  de),  Rv. 

Almanan  (G.  de)  et  Marie,  sa 
sœur,  Rv. 

Almais'at  (Bernât  de),  Rv. 

Almater  (Hahim),  Hv. 

Almenar  (P.),  dUrgel;  F.:  ôc. 
en  saut  aux  1  et  2  d'arg.  au  demi- 
vol  de  gu.;  en  flancs,  aaz.  au  châ- 
teau d'or.  —  P.  et  Bg.  de  Almenar, 
Rv.—  Repart,  de  Xat.  D.  I*  341 . 

Alhenara  (Guillem),  de  Giîone  ; 
F.  :  d'az.  au  mur  crén.  d'arg.  ouv. 
de  deux  ou  trois  broches;  une 
bannière  d'arg.  —  Guillem,  Joan, 
R.  do  Almenara,  ou  Almanara,  Rv. 
—  Berenguer  de  Almenara,  maître 
des  hospitaliers;  II,  478. 


620 


NOMENCLATURE  DES   FAMILLES 


Almbgabt,  Rv. 

Almodovar  (Père  de),  F.:  d'arg. 
à  2  pins  et  deux  porcs  épies  ;  les 
armes  d'Ar.  en  cœur. 

Almoravit,  Almorabet(Ximeno), 
II,  579.  Rv.  —  Juan  Almoravid, 
chevalier.  D.  f  385. 

Almima  (Père  de),  F.  :  d'or  à  3 
pins  au  nat. 

Alori  ,  Dalhori  (Furtado  de) , 
Rv. 

Alos  (Ramon),  seigneur  de  Vi- 
naroz,  F.:  Paru  d*orau  d  mi -vol 
de. . .  et  de  gu.  au  cep  de  vigne 
au  nat.  ^  A.  —  En  1866,  cette 
noble  et  ancienne  fam.  catalane 
avait  pour  représentants:  1*  Don 
Luis  Carlos  de  Alos  y  Lopez  de 
Haro,  marquis  de  Alos,  baron  de 
Balsareny,  chev.  de  Malte,  gen- 
tilhomme de  la  chambre  de  8a 
Majesté  ;  2*  D.  José  Maria  de  Alos 
y  Lopez  de  Haro,  frère  du  précé- 
dent, chev.  de  Malte  et  de  plusieurs 
autres  ordres,  majordome  de  la 
reine,  commissaire  de  la  Terre- 
Sainte  à  Madrid;  3*  D.  Antonio  de 
Alos  Y,  Lopez  de  Haro,  colonel  d'in- 
fanterie, frère  des  précédents.  Les 
armes  actuelles  de  la  maison  de 
Alos  sont  :  d'arg.  à  1  ours  passant 
de  sa.  surm.  d'un  demi-vol  du 
même. 

Alpicat  (Pcre  de),  de  Bilbao.  F.: 
parti  d'or  au  demi- vol  de  gu.  et 
d'az.  à  la  pierre  d'or. 

Alpont  (Père),  F.:  d'arc,  au  pont 
au  nat.—  Autre  fam.  Alpont  P.  : 
d'or  au  trident  d'az. 

Alporaghi,  Bp. 

Alquexemi,  Alchichemi^P.),  Rm. 

Alquezar,  Dalquezar  (Mathieu, 
Garcia  de).  Rv. 

Alrakl  fBr.),  Rv. 

Altet,  Daltet  (P.,  Lorenz,  A. 
de),  Rv. 

Altomiratl  (Bg.  de),  Rv. 

Altura  (Gil  ûeh  Rv. 

Alvareda,  Albareda  (P.  de), 
Rv.  ^ 

Avarbz,  Alvaris  (Femand,6arcia 
de),  Rv.—  *  Huit  points  d'az.  équi- 
poilés  à  7  d'L'rg. 

Alvero,  Albero,  Alvaro,  Dalbero 
(Ximeno),  chevalier,  et  J)lusieurs 
autres.  1,  168.  —  Rv.  —  Rm.  —  J. 
ch.  XIV. 

Alzamora  (Joan.  Luis  de),  F.  : 
d'ar^.  au  demi-vol  de  sa.  et  au 
mùner  au  nat.—  V.:  d'or  au  mû- 
rier de  sin.  ace.  à  dext.  d'un  lion 


de  gu.,  &  sen.  d  un  demi-vol  de 
sa. 

Alzet,  Salcot  (Bemat),  Rm. 

Amada  (Gil  de),  Rv. 

Ahador  (Vital),  Rv. 

Amar  (Bernardin),  Bp.—  Bm.: 
d'arg  à  3  fas.  ondées  de  sa.  ^  Re- 
présenté par  la  fkm.  Muntaner. 

Amargos  (R.)  d'Almenara,  Rv. 

Amat  (Bemat),  de  Barcel.,  F.  : 
d'or  à  un  oiseau  à  7  tôtes.  —  R. 
Amat.  Rv.  —  Le  marquis  de  Cas- 
telbell  et  de  Gastelmey&  porte  le 
nom  d'Amat 

Ambtla,  Camélia  (Armeneol 
ça  *  ),  Rv.  —  "Ramon  Ça  AmeUa, 
commandeur  d'Aliaga',  J.  di. 
xxiu. 

Amigon  (Bernât),  Rv. 

Ampurias.  Illustre  et  puissante 
(km.  issue  peut-être  de  la  môms 
souche  que  la  maison  de  Barcel.  I, 
233,  239,  289,  293,  306,  307,  II,  337, 
365,  472.  493,  497.  505.  —  Rm.  - 
Fascé  d'or  et  de  gu. 

Amtell  (Pierre),  archevêque  de 
Narbonne;!,  381.  —  J.  ch.  clxxvi 
et  CLxxviii. 

Anata,  Rv. 

Anoodor  (P.),  de  Teruel;  Rv. 

Andrauet,  nepos  J.  Emerid, 
Rv 

Andreu,  Andres,  Andréas.  Divers 
individus  :  un  Hongrois,  un  adahd, 
un  scribe  du  roi;  Br.  Andréa, 
évoque  de  Huesca,  Rm.  —  Rv.  — 
Q.  —  Bp.  —  Fm.:  d'arg.  au  griffon 
de  sa.  —  Andres,  à  Valence  ;  V.  — 
F .  :  d'az  à  la  litière  au  nat  —  André, 
cuisinier,  II,  166. 

Anduza  (B.  de),  de  Montpellier, 
II,  552. 

Anbr,  Daner  (Jacme,  Martin  de), 
Rv. 

Angaru  (A.  de),  Rv. 

Angebina  (P.  de),  Rv. 

Angbl  (P.),  Rv. 

Angblasel  (P.  de).  Rv. 

Angbrtrina  (P.  de),  Rv. 

Anglada,  Langlada  (Guillem  de) 
de  Montp  ,  II,  6. 

Angleria  (Alonso),  Castillan.  F.: 
d'arg.  à  l'ancre  de  sa. 

*  Ça  ou  Za  va  pi«e"^'*^  et  eu  ma  plo- 
riel  est  an  ancien  article  catalan  poar  te 
et  les.  n  B'est  formé  du  i>ronoin  latin  9m, 
iptis  employé  an  moyen  âge  dans  le  mCme 
sens.  On  UoaTe,  par  exempte,  dans  les 
anciens  actes  Untàertut  d*  ^tû  AaOù 
pour  Bwmbtri  de  e«$  Açudeê,  N. . .  de  ^ms 
Oarrica  pour  N...  de  Ai  Omrrig», 


DES   ETATS  DE  JACIIE   I 


«I 


621 


Angles  (J.)i  Hv. 

Anglesola,  Anglerola,  Engla- 
rola,  Très-ancienne  fam.  catalane. 
1,206;  11.365.—  J.  ch.  cclxxiii. 
F.:  d'or  à  3  fas.  engreslées  de  sa. 

Angubra,  Enguera,  Angera,  Dan- 
gera  (A.,  R.  de),  Rv. 

Angoilara,  Angullera,  deAngu- 
laria  (P. ,Bg.,  G  de).  Rv  —  Uguetus 
de  AngiUaria,  IL  607. 

Anguiler  (Ar.),  Rv. 

Ansa  (Araalt  de),  Rv. 

Ansaldo  (Jacmede),  F.:  d'az.  au 
lion  cour.  d'or. 

Antillon  ;  fam.  de  mesnaderos 
devenus  ricos  homes;  I,  276;  II, 
291.  —  J.  ch.  XI.  —  B.  ~  F.:  d'az. 
à  5  ôtoi.  d'or.  —  Blanca  de  Antillon, 
II,  352.  —  Nom  patronymique  des 
comtes  d'Antillon  existant  de  nos 
jours. 

AïSTiST   (Arnalt  de),    orig.     de 
France,  d'après  F.:  degu.  à  la  fleur 
de  lis  d  or,  et  d'or  à  la  tôle  de  Maure 
—  Orig.  de  Lérida  d'après  V.:  de 
gu.  à  la  fleur  de  lis  d'or. 

Antolin  (Martin),  Rv. 

A>TON  (Joan  de)  F.-  d'az.  à  deux 
loups  qui  vomissent  des  flammes. 

Anzano,  Danzano  (Vales,  Joan 
Lope  de),  Rv.  — •  B.  —  F.:  d'arg.  à 
la  croix  de  Calatrava  de  gu. 

AoLAs,  Daulas  (Bertran  de),  Rv 

Apahici  (D.,  p.  Garcia),  de  Te- 
ruel,  Rv. 

Apiera  (A.  de),  feudataire  du  vie. 
de  Béarn.  Q.  —  Bp.  —  G.  et  F.  de 
Apiaria,  Rv. 

Apolideriz  (Nicolas),  Rv. 

April,  Abril  (Valero),  boucher, 
Rv. 

Araca  (Bernât  de),  de  Marseille, 
Rm. 

Arada  (Gil  de),  Rv. 

Arag  (B.),  Rv. 

AR4GER  (Berlomeu  de  ,  Rv. 

Arago,  Daragone  (Rainon  de), 
dsTortose  Rm.  —  Marti  de  Aragon, 
Rv. 

Aragones  (Joan),  Rv.  —  V.  — 
F.:  d'arg.  à  la  croix  potencée  de 
sa. 

Aran,  Daran  {Burdus,  S.,  Fer. 
de);  G.  Daran,  portarius;  P.  Eran, 
de  Tortose  ;  F.  de  Deran,  Rv. 

Arangis  (R.  de),  Rv. 

Ara.nda  (Rodrigo  de).  Rv. 

Arandego,  Arandiga,  (Rodrigo, 
Guillem  de),  Rv. 

Arannon  (Br  ),  Rv. 

Arasel  (Blasco),  Rv. 


Aebanes  (P.),  Rv. 

Arbe  (Sancho  Aznarez  de),  J.  ch. 

CGXLVm. 

Arbbysa  (Martin  de),  Rv. 

Arbizu  (Père  de),  de  Guipuzooa, 
secrétaire  do  Jacme  P'.  F.:  d'arg. 
au  loup  au  nat. 

Abborser,  Arbuisech  (Père  de), 
majordome  de  l'infant  Femand;  F.: 
d'arg.  à  l'arbousier  fruité  au  nat. 

Arboz  (G.  dez),  Fer.  Derbos.  Rv. 

Argez  (Lop.),  Rv.  —  ÀrcessitASj 
scriptor  Rm. 

Archeist  (Bernât^,  Bp. 

Arghimbalt  (Br.),  Rv.  —  Ar- 
chimbald,  de  la  suite  de  la  reine,  II, 
577. 

Abcs,  Dezarchs,  de  Arcubtis 
[Guillem  de);  Marie  de  Gastello,  sa 
femme  ;  Arbert  Darchs,  Rv. 

Ardan  (J  ),  Rv. 

Arenillas  (Martin  Alonso),  Z. 
f»  170. 

Arenos.  Voy.  Tarazona. 

Arens  (Pons  de);  G.  Darenes,  Rv. 
—  Guillem  de  Arenys,  chanoine  de 
Val  .  D.  1*  366. 

Arer  (Amald),  Rv. 

Argentée  (G.),  Rv. 

Argenzola  (P.  de)  Rv.  —  De  gu. 
&  3  pommes  de  pins  d'or. 

Argert  (Rodrigo),  Rv. 

Argilers  (Ferrar  de),  Rv. 

Arguixo  (Mi(  hael),  Rv. 

Arias  (Ar.),  Rv. 

Ariolp(N.),  Rv. 

Arlet  Darlet(A.  de),  Rm.  — 
Rv. 

ARMENGOL'(Pere),se!disaitissu  des 
c'»'  de  Barcel.  F.  :  de  gu.  au  griflbn 
d'or.  —  Michael,  R.,  Ex.,  Armen- 
gol,  Armengou,  Ermengau,  Rv. 

Armer  (Pelegrin),  Rv. 

Arnau,  Amald,  Amalt.  —  Divers 
individus  :  un  écuyer  de  l'évoque  de 
Barcel.;  ilmoidu^  MontispesitUani 
Rv.  —  Un  écuyer  de  l'inlant  de 
Port,  à  May.  et  deux  de  ses  parents 
à  Val.;  Bn.:  d'arg.  au  navire  flottant 
sur  une  mer,  le  tout  au  nat.  — 
Père  Amau,  de  Peralada,  F.:  d'az. 
au  demi-vol  d'or  ace.  d'une  fleur 
de  lis  de...  Garcia  Arnalt,  argentier 
du  roi,  11,166,  404.  —  Rv.—  Amalt, 
scribaj  II. 

Arnedo,  Damedo  (Femand),  che- 
valier, Rv. 

Arode,  Arude  (Ferrer,  Guill.), 
Rv. 

AcQUER,  Archer  (P.),  Bn.:  d'arg. 
à  l'yeuse  arrach.    au  nat.  chargé 


622 


NOMENCLATURE   DBS   FAMILLES 


d'un   arc   tendu   avec  sa  flèebe 
Devise:  TeknditDeuaurcitmswJMi. 

Arrom,  Arron  (Joan-Tomas)  Rm. 
—  Bn:  d'arg.  à  la  bande  degu. 
ace.  de  2  étoi.  à  huit  rais  d'or. 

Arrufat  (Alfonse)  F.-V.  :  taillé 
de  gu.  et  d'or,  au  lion  de  l'un  en 
l'autre. 

ARTA80NA  (Martin  Ferez  de),  ;uff- 
Ucia  d'Ar.,  et  Pedro  Martinez^  son 
fils,  juslicia  ^près  son  pèreBj. 

Artan,  Rv. 

Artatjo  (Joan  de),  seigneur 
d'Alfaro  ;  rieohome  biacayen  F. 
d'or  à  la  bande  de  sa.  charg.  de 
deux  loups  et  ace.  de  deux  chau- 
dières. 

Artbda  (Tomas  de),  Bv. 

Artbrs  (Bnraat) ,  secrétaire  de 
l'inf.  de  Port.  àMay.,Bp. 

Artbs,  Dartes,  Dartels,  Darteps 
(P  j  J.,  Bertmnde),  Hv.  —F.  : 
uchiq .  d'or  et  de  gu. 

Artesa  (Bernât  de)  et  Saurina, 
sa  femme;  D.  de  Artesa  Rv.  — 
Arnuld  de  Artesa  s'engagea  à  suivre 
Jacme  en  Terre-Sainte.  Doc  ined, 
VI.  m 

Artiesca  (Ximen  Ferez  de),  D. 
f  352. 

Artigua  (Garcia) ,  châtelain 
d'Amposta;  Z.  lib.  II  cap.  71. 

ARUnER  (Garnie),  Rv. 

Arzinega  (Jacme  de)  Galicien  F.: 
de  sin.  à  3  tours  d'arg. 

AsGCOio  (Fernand  Sanchez  de) , 
Rv. 

ASLV,  Dasy  (J.  de),  Rv.  -  (Gui- 
Ihemde),  J  ch.  cxxiv.— V.:  parti 
d'arg.  à  la  croix  fleurdelisée  de 
gu.  ;  et  d'az.  au  château  d'arg. 
maçonné  d'or,  aj.  et  crén.  d'az. 
accosté  de  2  lions  aff.  d'or.— Nom 
porté  par  le  marquis  de  Dos-A^^uas . 

Asio  (Père  do)  F.:  de. .  .à l'alcyon 
de 


AsPBS(P.}  Rv. 

AssALiT,  de  Aêsaldo  (Guillemde), 
Rm.  —  (G.  »  Cecilia,  Martin  Ferez). 


Assalt,  jongleur  Rv.— ♦  d'à?,  semé 
d'étoi.  d'arg.  au  lion  de  même. 

AssENSio  (F. ,  S.  de),  Rv. 

AsTOR,  Daztor  (G  ),  Rv.  —  Aus- 
torch,  de  Jaca.  I,  443. 

ASTROER  (Matheu),  Rv. 

ASTRUG,  Astruch,  de  Tortose, 
Rm.  —  Astruc,  tailleur  de  Tortose, 
Rv. 

Atares  (Marta  de)  Rv.  —  Fam. 
de  mesnaderoi  devenus  plus  tard 
ricos homes.  On  les  disait  issus  du 


sang   royal  d'Ar.  — B.:  De 

au  D(Buf  passant  de  . .  ■ 

Atbrand,  Arbran,  lieutenant  du 
roi  ou  baylek  Montp.  II,  7.  21  — 
R.  Arbrand,  de  Montp.  II,  552. 

Ategen  (Dalmau  de),  de  Tortose, 
Rv. 

Atbnza  (B.,  P.,  B.  de),  Rv.  — 
GuiUeœ  Alienza,  Aragonais-  P-: 
d'az.  à  Taigle  d'arg.  —  Le  nom 
d'Atienza  est  porté  ])ar  le  marquis 
de  Salvatierra. 

Atrosillo,  Atrosil,  Datrodllo, 
Troxillo  (Plusieurs  prénoms);  me^ 
naderas  Hv  —  Bp.  —  J.  ch.  xxix. 
—  B.  —  F.:  d'arg.  à  4  bâtons  rom- 
pus de  sin . 

ACD1ARDA  (B  ).  Rv. 

Algbt,  Rv. 

Agustix,  de  Girone,  Rm 

Aulona  (Berthomeu  de),  Rm . 

AUNANACH  (D.),  Rv. 

AURE.NGA  (Bg.  de),  feudataire 
duvic.  deBéam.Q. —  Bp. 

Adricula  (Matheu),  Rv. 

AuRO  (Ximeno  de),  Garcia  Daoro 
Rv. 

AUSTEIG,  Austoiff  (G.).  Rv. 

Aux  (Fernand  Diez  de),  major- 
dome du  palais.  I.  343,378.  —  J. 
ch.  cix.  — Z.  fM40.  —  B.:  de.... 
&  l'étoile  &  16  rais  de... 

Av ARCHER  (Marc),  Rv. 

AVELLANAS,  de  Avellanis,  Âvel- 
lano  (D.  Ferrm%  G.  Ruiz  de),  Rv. 

AvELLANDBA  (Joaude),  Galiicien. 
F.  d'or  â  6  bes.  de  gu.-,  d*arg.  an 
loup  dévorant  un  mouton*,  à  la  co- 
quille d'azar. 

AvENROS  (Azach),  juif.  Rv. 

AVERA  (G.  de),   chevalier,  Rv. 

AVERNI  (P  ),  Paix  de  1235. 

AvERO,  Averon  (P.  Guill . ,  Blasno 
de),  I,  442.  —  Rv. 

Avers  (B.  de),  Rv. 

AviLA,  Avilla  (Martina  de),  Rv. 
-^Alonso  de)  Castillan  F. :  d'az  au 
lion  de  gu.  bordé  d'or.  —  (Père  de) 
orig.  de  Fr.  F.:  de  gu.  au  tau  d'ai. 
bordé  d'or.  —  Sancno  DaviUa,  Cas- 
tillan F.:  d'or  â  6  basants  d'az.  — 
Le  marquis  de  Casa-d*Avila ,  le 
marquis  de  Vi llamarta-d  ' A vila .  la 
comtesse  de  Ibangrande  et  quelques 
autres  membres  de  la  nobl.  cspag. 
portent  le  nom  d'.\vila. 

AviNENT,  feudataire  du  vie.  de 
Béarn.  Q.  —  Bp. 

AviMON.  Avinnoo,  de  Avinkme 
(plusieurs  prénoms),  un  jongleur. 
Probablement  nom  d'origine 


DES   ETATS  DB  JAGMB   1 


■r 


6i3 


Ayirbr,  Advirer,  Aviver,  Aviner 
(Berlhomeu),  deTortose.  Rv. 

AvoLOGER,  Avologuer  (Bg.),  de 
Barcelone,  Km. 

AVULQUER  (J.),  Rv. 

AXESMA  (G.  de),  Rv. 

AxoGORBi  (Maria  filia),  Rv. 

Ayala  (Pare),  F. :  d'arg.à  l'yeuse 
de  sin .  accostée  de  2  loups  au  nat 

Ayera    Dayera  (P.  de),  Rv. 

Ayerve.  Ayerbe,  Ayerp,  Ajerp, 
Dayerp  (Divers  prénoms).  II,  335. 

—  Rv.  —  Plusieurs  fam.  de  ce 
nom  :  !•  mesnaderos,  B.—F.:  fascé 
onde  d'arg.  eld'az.  au  fr.  -  quart. 
d*arg.  chargé  d'une  fleur  de  lis  de 
gu.;  2*  fam.  navarraise;  F.  :  d'az. 
au  château  d'arg.  accosté  de  deux 
lions  contre-rampants  d'or  ;  3'  des- 
cendant du  second  fils  de  Jàcme  I" 
et  de  Teresa  Gil;  II,  356.-  B.-F.: 
d'Ar.  à  la  cro'X  d'arg.  br.  sur  le 
tout,  char,  de  5 écussons  dar^.  à  la 
fasc  d'az.  qui  est  Gil.  —  Lo  titre  de 
marquis  d 'Ayerbe  est  porté  par  D. 
Juan-Nepomuceno  Jordan  ao  Ur- 
ries,  grand  d'Espagne,  marquis  de 
Lierta  et  de  Ruoi,  comte  de  San- 
Clemente. 

Ayesclis  (R.de),  ch&tolain  d'Am- 
posta.  I,  442. 

Ayn  (G.  de)  et  sa  femmo  Prima, 
Rv. 

Aynsa  (P.  de),  ôcuyerdujtMficMi 
d'Ar.  —  (Domingo,  Bernardo  de) 
Rv. 

AYMANO  (Sancbo  de),  Rv. 

Aymar  (J.  de),  Rv. 

Ayvar  (Martin  Perez  de),  cheva- 
lier, D,  f  386. 

Azafar  (D.),  Rv. 

Azagra,  avec  divers  prénoms. 
Fam.  de  riœs  homes,  seigneurs 
d'Albarracin  ;  1, 136,  143,  164,  168, 
175,  248,  389;  II,  35,  36,  196,  299, 
356,  428,  569  —  Rv.— B.  —  F.: 
d'az.  à  la  croix  de  Galatrava  char^. 
de  5  coquilles. —  On  trouve  aussi: 
y  p.  Azagra,  de  Teruel,  Rv.— 2»  G. 
Ruiz  de  Azagra,  de  Ribagorza  F.  : 
de  gu.  à  5  croiss.  d'arg.  —  3*  Gil  de 
Azagra,  F .:  do  gu .  à  f  croiss.  versés 
d'arg. 

Azannas  (Benêt).  Rv, 

AzcoN  (Guillem  de),  Rv. 

Az ENOCH  (Père  de).  Bp. 

AzLOR  (P.,  Blasco  Perez  de),  Rv. 

—  Deux  fam.  !l'  Illustre  maison 
d«j  mesnaderoSf  B.  —  F.:  d'or  semé 
do  clous  d'az.,  à  3  marteaux  du 
môme.  —  2*  V.  F.:  d'or  au  laurier 


de  sin.  surm.  d'un  saut.  alesé.-*La 
1"  fam.  est  représentée  aujour- 
d'hui, croyons-nous,  par  le  duc  de 
Villahermosa,  le  comte  del  Real  et 
le  comte  de  Sinarcas. 

AzNAR  (P.,  D.,  Michacl).  Rv. 

AZNAREZ  (P  ,  G.),  Rv.— (Fortun), 
Z.  f»14l. 

Babot  (P  ),  de  Burriana,  Rv. 

Baburz  (Ramon  de),  Rv. 

Racine  (Ar.),  Rv. 

Baco  (Ramon),  maître  du  Temple 
à  May.;  Bn.  :  d'hermines  à  deux 
croix  alésées  de  gu.  unies  entre 
elles  par  leur  branche  horizontale. 

Baeza  (Bernât  de),  F.  :  de  ^u.  à 
la  tour  d'arg.  surm.  d'une  pie  et 
d'une  bannière. 

Bagas,  Bajas,  Bages.Baxes  (Vital, 
Br.,  P  de).  I,  449.— Rv. 

Bàgor.  Bagur  (Bg.,  Guillem  de). 
Rm.—  Rv. 

Bahiel,  Baiiel,  alfaqui  juif,  Rv. 
J.  ch.  c  et  ccxv. 

Baier  (Ar.),  Rv. 

Balaguer.  Plusieurs  prénoms  et 
plusieurs  fam.  —  Un  pelletier  de 
Lôrida.—  Rv.— Bp.  Père  Balayer, 
F.:  de...  à  trois  ballots  de.. 
Balagarius^  fauconnier  du  roi  II, 
606.  -  Père  Balaguer,  prud'homme 
de  Val.,  IL  569. 

Balari  (Artal  de),  J  ch.  ccxcix. 

Balbi  (Pedro)  s'engagea  à  suivre 
Jacme  en  Terre-Sainte.  Doc  ined  , 
VI,  174. 

Baldoni  (Guillem),  I,  323. 

Baldovi,  Baldovm,  Badoin  (Pele- 
grin  et  Geraubert),  de  Marseille, 
Km. —  Rv.  —  Sancho  Baldovi  exé- 
cuteur testamentaire  de  l'infante 
Marie  d'Ar.,  J.ch.  cclxxvii. 

Baldreser  (Berthomeu),  Rv. 

Baleya(  Bertnomeu,  P,  Martinez 
de),  Rv. 

Balfoxt  (Lombart,  Guillem  de). 
Rv. 

Balicho,  Balico  (Simon),  de  Gènes 
Rv. 

Ballaran  (J.  de).  Rv. 

Balle  ;  fam.  représentée  encore 
de  nos  jours  à  May.;  Bn.  :  d'arg.  à 
3  plantes  de  chardon  fleuries  au  nat. 
— P.  et  A.  Balle,  Rv.—  A  :  *  de  sin. 
à  la  croix  de  deux  traverses  poten- 
cées,  le  pied  formant  les  lettres  A 
et  B  d'or,  ace.  en  chef  de  2  étoi. 
d'arg 

B\LLBSTER,0a/(«5torm.9(Br.),  Rm. 
—  Fam.  distinguée  de  May.;  une 
branche  cadette    éteinte   dans   la 


624 


NOKBNGLATimB  DBS  FAMILLES 


maison  de  Togorres,  représentée 

r'  le  comte  de  Âyamans;  une 
branche  dans  la  fam.  Oleza  y 
Rossello:  une  4*  dans  la  maison 
Perello  dont  a  hérité  D.  José  de 
Villalonga  y  Âguirre,  Bn.  :  d'or  à 
l'arbalète  au  nat.  —  P.  Balester,  de 
Jaca,  et  B.  Balester,  Hv.  ~  F.:  de 
gu.  &  l'arbalète  au  nat.  cordée 
d'or. 

Balmasan  ou  Balanrasa  (Sancho 
Gomez   de  ) ,  Aragonais ,    J.    ch. 

[.—  £im 


1*  180. 


CCXLVIII. 

Balzarbny (B.  de),  chevalier,  Rv. 

BanahaqubiIi  juir;  Ûls  de  Ravi- 
zach  (probablement  Kabbi  Isaach), 
Rv. 

Banasto  (Martin  Ferez  de;,  Rv. 

Banastre  (Bernât),  Bp. 

Baiset  (PJ,  Rv. 

Baneta  (Femand  Lopez  de],  Rv. 

Bannero  (Juan  Dominguez  de), 
Rv. 

Banotf,  Bp. 

Baisyol  ,  feudat.ire  du  vie.  de 
Béam,  Bp. 

Bar  (Père)  de  Montpellier,  Rm. 
->  Quelques  généalogistes  en  font  le 
chef  de  la  fam.  Barcelo  représentije 
à  May.  et  dont  les  armes  sont: 
d'az.au  navire  flottant  sur  une  mer 
du  même,  ace.  en  chef  de  3  étoi. 
d  arg.  et  en  pointe  d'une  tète  de 
Maure  traversée  d'un  cimeterre. 
Bn. 

Babada  (J.),  Rv. 

Barba,  Barban  (R.,  P.),  Rv.  — 
(Antonio)  de  Huesca,  F.:  desin. 
a  l'épée  en  bande,  à  la  bord,  d'arg. 
semée  d'èpées  de  sa. 

Barbastro  ,  Barbastre  (  Divers 
prénoms),  un  courrier  du  roi.  Pro- 
Babiement  nom  d'origne. 

Barbera  ,  Barbara,  Barbarans, 
de  Barbarano  (Divers  prénoms).  I. 
255.  268,  287,  293  ;  U,  74,  75.  — 
E.  ch  XXXII.  —  J.  ch.  Lix. 
—  Z.  f^  128.  —  Jacques  Barbara, 
orig.  de  Marseille,  d'après  F.  :  fascé 
d'herminos  et  de  gu.  Ce  sont  les 
armes  du  village  de  Barbara  en 
el  VaUéSt  en  Gâtai.  —  Jazpert  de 
Barbera  parait  être  le  même  que 
Chalberlus  de  Barhairano ,  sei- 
gneur du  village  de  Barbairan,  prés 
de  Garcassonne  (Voy.  Mahul,  Car- 
tulaire  H  archives'du  D.  de  Car- 
ca«9on6.,t.  I,  p.  296,  etD.  Vaissète, 
Hist,  de  Langued,^  t.  H,  éd.inf". 
Pr.  col.  254).  Saint-Allais  (NobU, 
univ,  de  France,  t.  VIII  p.  297) 


rattache  à  cette  fam.  celle  de  Bar- 
beyrac  de  Saint-Maurice  existant 
de  nos  jours  et  dont  les  armes  sont  : 
de  gUf  au  chevai  gai  d'arg.  au  chef 
cousu  d'az.  ch,  d'un  croUs.  d'arg. 
accosté  de  2  étoi.  d'or. 

Barbero  (Garcia  de).  Rv. 

Barga  (Aspargo  de  la),  archevê- 
que de  Tarrag.  et  Guerau  de  la 
Ëarca,  issus  tous  deux  d'une  fam. 
alliée  à  celles  des  seigneurs  de 
Montp.  I,  143,  151,164,  203,233, 
239,  àl8,  324,  326;  II,  a  20,  23.  - 
Q.  p.  165  —  Peut-être  est-ce  ia 
môme  fam.  que  celle  des  mesnade' 
ros  du  nom  d'Abarca  B.  :  de  gu. 
à  2  abarcas  d'or. 

Barcelo,  Barcelon,  Bardiino 
(P.  de),  de  Barcelone,  Rv. 

Barchan  (  D.,  Michael  de] ,  de 
Torlose,  Rv. 

Barchelo'a,  de  Barchinona  (Plu- 
sieurs prénoms).  Un  coumer  du 
roi.  —  B.  de  Barchelona,  de  Tor- 
tose,  Rm.  —  Rv. 

Bardaxi.  Bardexin  (P.,  B.,  D.\ 
de  Saragosse,  Rv.  —  B.  —  Juan  de 
Bardaxi,  orig.  de  France,  d'apr&s 
F.  :  d'or  à  fasc.  de  gu.  —  Famille 
représentée  de  nos  jours. 

Bardina  (G.),  Rv. 

Barrio  novo  (J.  M.,  Bartohmeus 
de)  Rv. 

Uaro  (Jehan),  cordonnier,  Rm. 
—  P.  Barents,  i.  Baro,  de  Huesca  ; 
J.  de  Baron,  uv. 

BABQrER.  Barcher  (Bg.<.  Michael), 
Rv. 

Barbaler  (Bernât),  Rv. 

Barrarraquina  (Gil  de),  Rv. 

Barrellas  (Guillem  de),  Rv. 

Barri  (G.  et  R.  de)  ,  Rv.  -  * 
d*or  à  3 fasc.  de  gu.  à  la  bord.  d'az. 
char,  de  8  châteaux  d'or. 

Barroya  (Domingo),  Rv. 

Barrufet,  Rv. 

Bartholomé.  Berthomeu.  —  Un 
scribe,  scriptor ,  un  maçon,  un 
pécheur,  un  courrier,  un  corroycur; 
Bartholomeus  gêner  D.  efdscopi. 
Rv.  —  Un  maître  de  l'œuvre  de 
la  cathédrale  de  Tarragone,  H, 
441. 

Baruch,  juif,  fils  de  Bonet  Aben* 
baruch  de  Lénda,  Rv. 

Barull  ,  Borul ,  BaruUus  ,  de 
Manrôse,  Rm. 

Bas  (Jacques),  ong.  de  Paris,  P.: 
d'az.  au  chevron  d'arg.  ace.  d'une 
fleur  de  lis  d'or.  —  Ferrer  Bas,  che- 
valier ,  à  la  prise  de  Xat.  — V.. 


DES  ETATS   DE  JAGME   1 


«V 


625 


fgflcé  d'arg.  et  d'az.  au  chéVron 
d*arg.  brocb.  ace.  en  pointe  d'une 
fleur  de  lis  aussi  brocb.  sur  le  fascô. 

B\SCHA  (Ferez),  juge,  Rv. 

BASCHOLf  feudatuire  du  vie.  de 
Bôarn.  Bp. 

Bassa.  Za  Bassa  (G.  de),  de  Tor- 
tose;  (Martin^  Bg.,  Ouilierma), 
Rv. 

Bastal  ou  Restai  de  Marseille, 
Rm. 

Bastart  (  P. ,  Ârnald) ,  Rv.  — 
Une  fam.  de  ce  nonl  ^  May.  descend, 
dit-on,  d'un  fils  naturel  de  Jacme 
1";  Bn.:  d'az.  à  la  fleur  de  lis  d'arg. 

Baster  (  Çg. ,  P,) ,  Rv.  —  G. 
Baster,  Bp. 

Bastida  (Arnnll) .  Bp.  —  A.  * 
chevronné  d*or  et  de  gu.  -  Nom 
patronymique  du  comte  de  Robledo 
de  Gardena. 

Bataller  (Ramon),  de  Toulouse. 
F.:  de  gu.  à  la  lance  d'or.  ace.  d'un 
bouclier  d'arg.  chargé  d'une  rose 
au  nat. 

Batam  (Sans),  de  Jaca,  Rv. 

Baussarbxs,  Bausscrens  (G.,  F. 
de),  Rv. 

Bavest  (P.),  Rv. 

Bax  (Br.  de  ha),  Rv. 

Baylo,  Bayo,  Vaylo.  del  Bayo 
(Plusieurs  prénoms),  Rv. 

Bayner,  Bainer  (Bemat,  Vital), 
Rm.  —  Rv. 

Bayneras.  Baineres,  de  Bagnariis 
(R ,  G.,  B.  de).  A.:  d*or  au  rencon- 
tre de  cerf  chevillé  de  8  pièces  de 
gu. 

Baynoles,  Bayoles,  de  Baynolis 
(P.,  Gêner  de),  Rv. 

Baztan  (  Gonzûlo  Ivanez  de  ) . 
rioo  home  navarrais,  Z.  f*  192. 

Beamont  (Sancho),  issu  des  rois 
de  Navarre,  F.  :  de  gu.  aux  chaînes 
d'or  posées  en  croix,  sautoir  et  dou- 
ble orle,  avec  une  émeraude  au 
centre.  Echiqu.  d'or  et  d'az. 

BÂARN  (Y**  de)  de  la  maison  de 
Moncada,  I,  176.  —  D'or  à  2  vaches 
passant  degu.  colletées,  accornées 
et  clarinées  d'az. 

Beberia  (P.  de),  Rv. 

Bedei,  Beder  (Bg.),  Rm. 

Bedens  (Ramon  de),  Rv. 

Bedorch  (Tomas).  Rv. 

Bega  (Pons,  Ramon),  I,  163. 

Begl'r  (Bg.),  Rm. 

Behat  (J.  Lopezde),  Rv. 

Bel  (Johan).  ~  B.  de  Nina  Bella. 
Rv. 

Belçes  (S.).  Rv 

T.  n. 


Belchit,  Belxit  (P.  Lopez  de), 
chevalier    —  (D.  Lop  de),  Hv. 

BELOOScn  (Johan),  Rv. 

Belenoi  (Aimeric  do)i  troubadour 
du  Bordelais  rptiré  en  Rouss.  II, 
78,  459,  etappend.  note  G. 

Bellamor  (Maymon),  Rv. 

Bellbra  (Guillem  de).  F.:  d'or  à 
2  chèvres  de  (;u.  colletées  d'az. 

Belloch,  Belloc,  de  BdU)  locOj 
de  Pulchro  loco  (Divers  prénoms). 
I,  256. —  Rv.— F.:  de  gu.  à  la 
maison  entourée  d'un  verger  au 
nat.  —  A.;  parti  d'or  et  daz.  au 
château  donjonné  de  3  tourelles  de 
l'un  on  lauire.  —  Guillem  de  Bel- 
loch,  prud'homme  de  Val.  Il,  569. 

BSLLPUCH,  Bellpuig,  Belpug  (B. 
de)  seigneur  de  Polop.  —  (Sancho 
de),  II.  407,  430.  —  Z.  f  204.  — 
D'or  au  mont  fleurdelisé  de  gu. 

Bellveiii,  Belvey,  Belvezi  (Arnall, 
Bg.  de),  1,  308.  —  Rm.  —  Fam. 
éteinte  dans  celle  de  Zagarriga, 
c*'  de  Gpeixell  ;  Bn.:  d'az.  au  tau- 
reau passant  d'or,  soutenant  de  sa 
patte  gauche  une  houlette  du  môme. 

Belmont,  Belmunl  (Astrug  de), 
maître  du  Temple,  I,  389.  — J. 
ch  cxcviL  —  Z.  •  f  155.  —  Ra- 
mon de  Bellmont,  provençal  F.: 
de  gu.  au  mont  de...  ace.  d'étoi. 
d'or. 

Bblunguer.  Bp. 

Belvis,  de  BeltovisuiG.  de),  Bv 
—  Arnaù  de  Belvis.  P.  :  éc.  avec 
des  fasces  et  des  barres  d'or  et  de 
gu.  et  un  quartier  de  sin.  —  D'a- 
près V.j  Abou-Seid  aurait,  après  sa 
conversion,  pris  le  nom  de  Vincent 
Belvis,  et  la  fam.  de  Belvis  de  Val. 
descendrait  d'une  fllie  de  l'émir.  D. 
f  370.  390  réfute  cette  opinion. 
Armes  d'après  V.:  d'or  à  2  pals  de 
sa.  —  A.-  d'or  à  la  bande  d'az 
charg.  de  3  croiss .  d'arg.  —  Les 
marquis  de  San-Juan  de  Piedas- 
Albas.  «grands  d'Espagne,  portent 
le  nom  de  Belvis. 

Belverger  (Guillem  de),  Rm. 

Belviure,  Beviure  (R.,  Marchi- 
sius^  G.,  Januarius  de)  Rv. 

Benabarre,  Abenabarre  (P.  de), 
d'Almonara,  Rv. 

Benach,  Benasc  (P.,  Domingo  de), 
Rv.  —  Benac,  en  Bigorre  :  parti  de 
de  gu  au  lièvre  d  or  courant  en 
bande,  et  d'az.  à  2  lapins  d'or. 

Benàfoz  (Salomon),  Rv. 

Ben  Ahabet,  riche  sarrasin  de 
May.,  I,  291,  298.  —  On  le  dit  an- 

40 


626 


NOMEIfCLATURE  DES  FAMILLES 


cotre  de  la  fkm.  Bennassar  existant 
encore  à  May.,  Bn.:  d'or  au  Uon  de 
gu. 

Bbnasa  (D.  de),  Rv. 

Benaula  (6.  de)  et  son  fils 
Martin,  Hv. 

Bena VENTE  (Bernât,  Gombald  de), 
Z.  f*  202.  —  Mesnaderos ,  B.  — 
Pcre  BenavHnte.  de  Carladès.  F.. 
d'or  au  moulin  à  vent  ouv.  et  &(}. 
d'az.  ailé  de  gu. 

Benayes  (Gaston  de),  Rv. 

Benbënguda  (J.  de),  Rv.  ~  Jaime 
Lizana  dit  Benvengut,  F.:  de. ..  aux 
poissons  d'az.;  en  cœur  les  armes 
d'Ar. 

Benedet,  Beneit,  Benêt,  Benedio 
tus  (Divers  prénoms).  Un  bou- 
cher ae  Saragosae.  —  Gil  Benedtc- 
ttiSj  de  la  suite  de  la  reine,  Rv.  — 
Benedict,  diacre  de  la  reine,  II, 
166.  —  Ramon  Beneilo,  Fiunçais , 
F.:  de  ^u.  à  l'agneau  pascal  de... 
surmonté  d'une  fleur  de  lis  d'or.  — 
Joan  Beneito,  d'Estramadure  .  F.: 
d'az.  au  fer  à  cheval  d'or  ace.  d'une 
étoi.  du  même. 

Benefia  (Abrahim),  Rv. 

Benencasa  (Bernât),  de  Baroel , 
Rm.  —  Andréas  Benencasa  ,  Br. 
BenindomOj  Rv. 

Benes  (Dulcia.  fille  deJ.  de),  Rv. 

Bentallos  (Guillem  de).  Rv. 

Berach  (P.)  et  Almandina,  sa 
femme,  Rv. 

Beran  (Amalt  de),  Bp. 

Berart,  Berat,  nv.  —  Ramon  et 
Pedro  Berard,  de  Burgos,  vinrent 
s'établir  à  May.  lors  de  la  conquête, 
Bn .  :  éc.  on  saut  d  or  et  d'az. 

Berenguer  (Ramon).  maître  du 
Temple,  Z.  f  '  U7  et  153.  —  Avec 
divers  prénoms  :  un  justicia  de 
Tarazone,  un  bouteiller,  un  maçon, 
Rv.  —  Guillem  Belenguer,  de  Toul. 
ou  de  Toi.,  F  :  éc  d'or  aii  tau  d'az. 
et  degu.  au  château  d'arg.—  Ramon 
Berenguer,  II,  569. 

Berga  (R.  de) ,  Rm.  —  Fem. 
orig.  d'AUcm  éteinte  dans  la  mai- 
son de  Zaforteza,  Bn.:  d'az.  à 5 
croiss.  versés  d'or,  posés  2,  2  et  l. 
—  P.  de  Berga,  II,  497.  -  P.,  G  , 
P.  Uguel  de  Berga  ou  de  Bergua. 
Rv.  —  Z.  f*  119.  —  Confondue 
quelquefois  avec  la  famille  arago- 
naise  de  Vergaa. 

Bergantera  (R.  de),  Rv. 

Bergedan,  Rv.  —  Bergada ,  de 
Yich,  A.:  d'az.  au  navire  équipé, 
sur  la  mer,    adextié  d'un    mont 


sommé  d'un  phare.  le  tout  d'arg. 

Berger  (A.  de),  Kv. 

Bernabe,  peintre,  Rv 

BERNAT,  Bernai  d  (Divers  pré- 
noms) ;  un  chanoine  de  Barcel.; 
un  courrier  du  roi,  Rv.  —  kaàm 
Bernât,  de  Toul.  ou  de  Toi., 
F.:  tiercé  en  fasce,  degu.  au  roc 
d'échiquier  d'or;  d*or  au  tau  d'az.: 
d'arg.   au    chien   passant  au  mat. 

—  Frère  Bernard,  II,  441. 
Bbrnau  (Guillem  de),  dit  de  Gss- 

teilet,  parent  des  Cervelle,  F.:  èc. 
d'az.  au  ch&teau  d'or  et  d'or  an 
cerf  d'az. 

Berola  (Guillem  de),  Rv. 

Bers  (Bremon  de),  Rv. 

Bertran  (Divers  prénoms);  ua 
trésorier  (doverius)  de  Castilion: 
un  scribe,  un  boucher.  Rv. 

Besalu,  de  BisaUiuno  (Divers 
prénoms^  Pour  quelques-uns  nom 
d'orig  ,  Rm.  Rv. 

Bescoxpte  (B.  Guillem  del); 
Matkeus  de  Vicecotnite,  bottûtontu 
régis,  Rv. 

Besora  (Guillem  de),  des  9  val- 
vassors  Cal.,  F.~A.:  de  sa.  à  3  pals 
d'arg. 

Besseda,  Beceda,  Bazeda,  (P.), 
Rv.  ~  Ramon  Besseda,  de  Montp. 
II,  6. 

Bestruz.  Besturs(P.,  A.,G.,R.. 
Bernât  de  )  Rv.  —  A^  de  gu.  à 
l'autruche  d'arg.  tenant  dans  son 
bec  un  fer  à  cheval  d'or. 

Beterna  (Ar.  de),  Rv. 

Betra  (Guillem),  Rv. 

Betxaironus,  de  Manrëse  Rm. 

Beuchin  (P.  Lopez  de),  Rv. 

Béziehs  ( Trencavel  v  *•  de),  coo- 
sin  germain  du  roi  ;  II,  47,  62.  65. 

—  Fascé  d'or  et  d'hermines.  —  P 
Beterrû  Rv. 

BiAYMA  (Père  de)  feudataire  da 
V**  do  Béam,  Q.  —  Bp. 

BiDANGUEZ  (Guillenor);  Inigo  Vi- 
danges, de  Teruel,  Rv. 

BiELA  (Guillem,  Ramon  de),RT. 

BiELSSA  (Guillem  de),  Rv.  D'or  à 
2  ours  passant  de  sa.  l'un  sur  1  autra; 
à  la  bord,  de  gu  crén.  de  8  pièces. 

BlENDA  (P  y,  Rv. 

BiF  (J.),  Rv. 

BiLA  (G.,  Amald,  G.  Arander 
de),  Rv. 

BiLVESTRE  (Marie  de),  Rv. 

BiNANBFAR,  Binelkr  (R..  Amalt 
de},  Rv. 

BiNNALBS  (Martin  Perez  de),  Rv 

BiNNos  (P.  de).  Rv.  —  Binos,  eo 


DES   irkTS  DE  JACME  I** 


627 


Gascogne:  d'or  à  la  roue  de  gu. 
soutenant  un  chardon  de  sin.    « 

BioscHA  (Br..  A.  de).  Rv. 

BiOTA  (P.,  G.,  Ferrera  de),  Rv. 

BiSCARHON  (G.),  Rv. 

BivBRNA,  BiWna  (Stevan,  Pas- 
cuald«).  Rv. 

Blader  (Ramon),  de  Lerida,  Rin. 

Blasc  (J.),  Rv.  —•  ♦  Blan  de  Per- 
pignan, A.:  d'az  à  l'épée  d*arg. 
garnie  a'or. 

Bla!«cafoiit.  Blanchafori  (R.),  de 
Aimenara,  Rv.  —  ♦A.:  coupé  de 

fi.  et  d'or  à  6  fleurs  de  lis  de  l'un 
Fautre. 

Blancas,  deBlaneaiiOf  Rm.  —* 
Blancas.  en  Ara^.:  de...  à  la  tour 
donjonnée  de  3  pièces  de. . .  devant 
laquelle  combattent  deux  hommes 
d'armes  vêtus  et  année  d'arg.;  à  la 
bord,  d'arg.  sur  laquelle  sont  écrits 
ces  mots  en  lettres  de  sa  :  eon  ar- 
mas blancas, 

Blanbs  (P.,  R  ,  Ferrer,  Jacme 
de).  Rv.  -—  Pam.  issue  delà  maison 
de  Savoie;  V.-F.:  degu.  à  la  croix 
d'arg. 

Blasco,  Blasoho  (Inigo  et  P.),  de 
Teniel,  etquelques  autres —  Blasco, 
de  Tarazona,  Rv.  —  Gelacian 
Blasco,  de  Huesca.  F.:  d'arg.  au 
bœuf  de... 

Blasgho  ncBio  (D.  de),  de  Ter uel 
Rv. 

BLA90  (J.),  Rv. 

Blasquez,  Blascoz  (Blasco),  de 
Teruol,  Rv. 

BOAGAS  (Guillem  de),  Rv. 

BOANBT  et  sa  femme  Monteria, 
Rv. 

BoBA  (Guillem),  Rm. 

BOCBGUES,  Bp. 

BocERES,  Boceri  (Gil),  Rv. 

BocHONA  (Ramon)  reçut  des  biens 
à  Onda,  D.  V"  346 

BOPUER,  Bp. 

BOGA  (Ar.),  Rv. 

Bol  (Ar  de),  Rv  —  Benêt  Boil, 
F.:  de  gu.  à  la  tour  de. .  et  d'az.  au 
bœuf  au  nat.  —  Sancho  Boil,  F.: 
d'az.  au  château  d'arg.  au  bœuf  de 
gu.— Buyl,  V.:  éc.  d'arg.  au  châ- 
teau de  gu.  maçonné  d'or  ouv.  et 
aj.  du  champ,  et  de  sin.  au  bœuf  de 

BoLAs  (Pelegrin  de),  chevalier  de 
lAtnesnada,  I,  192,  207,  344.-^.  ch. 
XXV.  —  Z.  f*  lit.  —  Divers  pré- 
noms, Rv. 

BoLCOBARSCH  (Roboaud),  de  Hos- 
piSli,  Rv. 


BOLEIA ,  Bolea  (P.  tartinez  de/, 
chevalier-,  Dominffo,  Andréas,  Mi- 
chael  Martinez  de  Bolejra,  Rv. 

Bolet  (J.  de),  Rv.  —  A.  :  parti 
au  l' coupé  de  gu.  à  3  pals  d'arg.  et 
d'or  à  3  bolets  au  nat.  ;  au  2**  d'or 
à.  l'aigle  de  sa. 

BOLLAT  (P.),  Rv. 

BoLSSER  (D.  Perez) ,  Rv. 

BONA,  Bono(J.),  Rv. 

BoNAFfcU  (Johan),  Rm.  —  Bona- 
feyna.  Bp. 

Bonales  (Michael  Perez  de),  Rv. 

BoNANAT  (Andreu),  clerc;  P. 
Marti  Bonanat  ;  Bonaynas.  Rv. 

Bonastre  (Berenguer),  F.:  d'arg. 
à  l'étoi.  d'or.  —  Père  Bonastre.  F.: 
d'or  au  bœuf  de  gu.  ;  une  montagne 
fleurdelisée  d!or  et  une  bande  d  az. 
^  A.  :  de  gu.;  au  bœuf  d'or. 

BONA VENTURA,  Bp. 

Bonavia  (Tomas),  Rv. 

BoNDiA,  Rv.  —  Bondia,  juif,  tré- 
sorier d'Arag.  1 .  214  ;  II ,  377.  — 
Bondia,  aventurier  allemand,  connu 
seulement  par  son  surnom,  F.:  d'az. 
au  soleil  d  or. 

BONËNCONTRE ,  Rv. 

BoNES  GoMBES  (Porc)/  de  Montp., 
F.  :  de  gu.  à  deux  jambes  qui  se 
baignent  dans  la  mer. 

BoN'bT  (Nicolas),  marin  catalan. 
I,  257.  —  Fam.  représentée  encore 
à  May.  Bn.  :  d'or  au  monde  d'az. 
au  chef  d'arg.  char,  de  3  éloi.  d'or. 
—  G.  Bonet,  Pasdiasius  de  Boneta, 
de  Teruel,  Rv.  —  Arnald  Bonet, 
scriptor,  I,  447. 

Bo.NiFAZi  (Père),  bourgeois  de 
Montp.  II,  6, 19  à  23.— R.  Bonifazi, 
BonifaciuSj  scriptor,  Rv. 

BoNiG  (Amaft  de),   aventurier 

Srovençal;  F.  :  d'arg.  à  la  troupe 
e  pécheurs  tirant  de  la  mer  le  Ulet 
appelé  volig, 

BONivKRX  (Joan  de);  F.:  éc.  d'az. 
semé  d'étoi.  d'or,  et  de  gu.,  &  la 
cloche  ace.  d'un  rameau  ;  a  la  croix 
de  St-Georges  brochant  sur  l'écar- 
télé.  —  Bernât  Bonivern,  des  envi- 
rons de  Limoges,  F  :  de  gu.,  semé 
de  fleurs  de  lis  d'arg. 

BoNMAGip,  Bomassip  (P);  Bon 
Macip,  de  Tarragone,  Rm.—  Jacme 
Monmacip,  Allemand.  F.  :  de  gu., 
à laigle  épi.  de  sa. 

BONPBRBR  (P.  de),  Rv. 

BoNSENYOR  (Astrug  de),  juif,  se- 
crétaire du  roi,  II,  263,  377.  —  J. 

Ch.    CGLX. 

Bonus  fiuus(P.  Hugone),  Rv. 


628 


NOMENGLATCEE   DES   FAMILLES 


BOQUINEDIC,  (S.)t  Rv. 
BOQUINNBN 1 0  ( D .  ),  Rv. 

BoRAN ,  Borau  (P.),  Rv. 
Bordas  (Ramon  de),  Rv. 
BoRDOLL,  Bordoyl.  bayle  de  Cas- 
tellsera    J.  ch.    xl  ,    lxiii  .  Lxrv. 

—  *  Bordoy  à  May.  Bn.  :  d'or,  à  2 
massues  de  gu.»  en  saut. 

BoRBLL  (P.),  Rv.  •—  Guiliem 
Borrell/ marchand .  H,  466. 

BORILLA  (M.),  Rv. 

BORJA  »  Borgia  (  P.  8lev«n  ,  J. 
Dolça,  femme  de  P.  de),  Rv.  Illustre 
fam  issue,  dit-on,  du  sang  royal 
d'Arag.  par  Ja  maison  Âtares. 
Une  branche  est  devenue  célèbre  en 
Italie.  —  Âlonzo  et  Felipe  Bona 
recurent  des  terres  à  Xativa,  D. 
i^  340.  —  F.:  d'or  au  bœuf  au  nat. 

—  Borgia .  en  Italie  :  d'or  au  bœuf 
do  gu.  passant  sur  une  terrasse  de 
sin.  à  la  bord,  de  gu.  char,  de  8 
flammes  du  champ.  —  Za  Boria 
(Guiliem),  Rv. 

BoRN  (Bertrand  de)  le  fils,  trou- 
badour qui  appelait  Jacme  notre 
roi ,  II ,  50. 

BoRNOS  (Pascual).  Rv. 

BoRRAz  de  Foix .  —  Bornas,  repré- 
sentée de  nos  jours  à  May.  Bn.: 
coupé  d'arg.  au  taureau  au  nat. 
et  losange  d'or  et  de  sa.  —  Le 
comte  de  Greixell  porte  le  nom  de 
Borras. 

BoRREDAN ,  Boreda  (  Jordan) , 
tailleur  ;  A.  Borreda,  Rv 

BORREZA  (J.  de),  Rv. 

BoRRUËZO  (Martin  de)  ;  Borroz , 
Rv. 

BoRRUT  (8.  de) ,  Rv. 

BoRT  (B.  de),  commandeur  d'Al- 
cala  :  Bort ,  de  Lérida  -,  Bremon 
de  Bors;  Miguel  Denbort,  Rv. 

BORVE  es.  de' ,  Rv. 

BoRZA  (Lorens  de),  de  Jaca,  Rv. 

BosG ,  Bosch  ,  Bosco  (  Plusieurs 
prénoms).  Un  justioia  de  Xat., 
Rv.— Guiliem  del  Bosc,F.  :  d'az. 
au  bois  au  nat.  ace.  de. . .  croi- 
setles  d'or.  —  Père  de  Bosch .  d*0- 
loron.  F.  —  V.  :  d'az.  à  5  fleurs  de 
lis  dor  en  orle.  —  Bernât  del 
Bosco,  Bourguignon,  F.:  de  gu. 
et  d'or  autronc  effeuillé  de  l'un  en 
l'autre.  —Bosch  ou  Dezboch  à  May. 
Bn.:  coupé  de  gu.  et  d'or  au  tronc 
au  nat.  orochant. 

Bosch KT  (A.):  Br.  de  Buschet: 
Bonaventura  Bochet,  Bocet  ou 
Boquct,  Rv.  —  Bochelz,  Rm. 

BOSRA,  Bp. 


BoTA  (J.)  Rv. 

BOTAR,  Bp 

BoTBLLER,  de  BotiUeria  (P.,  Mar- 
tin, Guirald].  — *  De  gu.  aa  baril 
d'or  cerclé  de  sa.  posé  en  pal. 

BOTER,  Botera(G.,  B.,  A.  P.),Rv. 

BOTET  (B..  R.),  Rv. 

Bon  (G.);  J.  de  Boila,  Rv. 

BOTONACH,  évoque  de  Val.  D.  P 
388. 

Bou  (G.),  de  BarceU  Btttraa 
Bou.  de  Tortose;  Joan  del  Bue  Rv— 
Guillen  Bou,  Prud'homme  de  Yal. 
II,  569.  —  Ëstevan  Bou.  P.:  de  gu. 
au  bœuf  d'or .  —  Le  comte  de  Cas- 
trillo,  marauis  de  la  Vegadei  Boe- 
cillo,  grana  d'Espagne,  porte  le  nom 
de  Bon. 

BovER.  Un  archéologue  mayor- 
quin,  D.  Ant.  Ferrer  v  Casa,  fiiit 
remonter  celte  fam.  à  l'époque  de 
la  conquête.  Bn.  :  d'or  au  taureau 
contourné  de  sa. 

BovET  (G.),  Rv. 

Bovis  (G.),  Rm.  —  G.  Bovis,  J. 
de  Bove,  boucher,  Rv.  —  S.  Bovia, 
do  Montpellier,  11,  552. 

BoxADORS ,  Boixadors  (  Bemat). 
valvassor  de  Gat.  F.  ;  de  gu.  au 
oerf  sans  bois  et  blessé  d'arg.  — 
Maison  représentée,  il  y  a  qudque 
temps,  par  la  marquise  dj^ngid- 
sola,  vicomtesse  de  Rocaberli. 

Boxa  DOS,  Buxado  (Berlhomea 
Stevan  de),  Rv.  —Joan  Bochados, 
ambassadeur  du  roi  d'Ar.  auprès 
du  Pape,  II,  348.  — A.  :d*orau 
buis  de  sin.  terrassé  du  même. 

BoxART,  Bochart  (G.  den),  Rv. 

BoY  (Guiliem),  Rv.  —  J.  <».  xxi. 
•—  Père  Boix,  de  Pau  F.  :  d*arg. 
au  buts  de  sin.  Bn. 

BoTZA,  Boysan,  Buysia  (Mingot . 
Felipe,  Aparici  de),  tous  les  trois 
huissiers  du  roi,  Rv* 

Bhez,  Briccius  (Romeu),  Rv. 

Brioga  (Marlin  de)  Rv.  —  Jacme 
Brihuega,  deDaroca,  F.  :  degu.  au 
château  d'or  posé  sur  un  rocher 
battu  par  les  flots,  un  lion  ramiAOt 
—  Y.  parti,  de  gu.  au  château 
d'or  au  lion  fascé  de  gu.  et  d'or.  — 
Brega  \Garcia  de  la).  Rv. 

Briones  (  Jacques  de  ),  Anglais. 
F.  :  de  gu.  au  léopard  d*or ,  ace. 
d'une  rose  d'arg. 

Brota(P.),  Kv. 

Bru  (G.),  cordonnier;  G.   Bru, 
boucher  ;  P.  Bru. 

BnuGi-RA  .  Za  Brugiiera(F.  de), 
P.  G.  de  BrugeriiSi   Rv.   —  Bur- 


DES   ETATS  DE  lACME   I*' 


629 


guera  à  May.  Bn.  :  d'arg.  à  la  croix 
de  Saint-Jacques  de  gu. 

Brunet,  Bp. 

Brusca,  Bruzca  (Jacme),  Catalan. 
V.—  F.  :  d'or  au  buffle  de  sa.  — 
Paloma  Bruscha,  de  Jaca ,  Rv. 

BUFIL(P.),RV. 

BuiXENA  (Ferrand  de),Rv. 

BUNNOL  (P.)  Rv 

Bu&GUES,  Burges  (Vidal),  Rv  — 
Burgues  &  Mav.  éteint  dans  Zafor- 
teza,  Bn.  :dor  semé  de  croiss. 
versés  d'arg.  —  Ferminues  Bur- 
gensiSt  de  Montp.  II,  552 

BuRGUET  (Berenguer),  Rm.  Très- 
ancienne  famille  éteinte  dans  la 
maison  de  Villalonga,  Bn.  :  d'arg. 
à  4  pals  de  gu.  —  G.,  Bg.  Burguet, 
Rv. 

Bunoos.  Burgus,  Burgot  (G.,Bg., 
Amada,  P.  Guiïlem  de),  Rv. 

BuRGUNTO  (  Père  ),  Breton.  F.  ; 
d*azur  à...  fleurs  de  is  d'arg.  po- 
sées en  bande.  —  Guillem  Borgon- 
nan,  Rv. 

BuRRiANA  (Fortz.  G    Fernandez 
de)  Rv. 
Blrriol  (P.  Garcezde).  Rv. 
BUHRU,  Bnrro  (Domingo),  Sancho 
de  Burrue,  chevalier.  Rv. 

BiiRZAN  (Folquet)  Rm.  —  On  le 
dit  ancêtre  de  la  fam.  Bauza,  exis- 
tant h  May.  Bn.  :  d'az.  à  la  iDande 
d'or. 
BURUNDA  (Ximeno  d^i),  Rv. 
BuzANS.  Bp. 

BusER,  Bp.  —  Pierre  Buse,  trou- 
badour, II,  459. 
BusGATLLELO,  boucher,  Rv. 
BuYOL,  Bujnol  (P  )  et  sa  femme 
Elvira,  Rv. 

Gabanellas  (Guillem  de),  évoque 
de    Girone,  Q.   p.   181.    —  Gana- 
nyelles,  de  Barcel.,  A  :  de  gu.  au 
lévrier  rampant  darg.    colleté  do 
sa.  —  Père  CabaniUcs,  F.  :  d'azur 
au  livre  d'or  sur  lequelest  un  agneau 
pascal  d'arg. 
Cabere  (D.  de),  Rv. 
Gabestany  (Père),  de  Rouss.  F  : 
de  gu.  au  serpent  d'or  qui  se  mord 
la  queue,  ace  d'une  tôte  de  Maure 
Cabeza,  Cabessa    (Ramon.  Ro- 
meu.  P.),  Bernarda  Cabota.  Rv. 

Gabosterrer  (  xMatheu  )  cordon- 
nier, Rv. 

Cabra  (G.  de)  de  Tortose  ;  Ber- 
nât Gapra  :  Berdojo  de  Cabra  ;  A. 
Cabrer,  Rv. 

Cabrera,  de   Capraria,   (V**% 
de).  •  Illustre  fam.  des  neuf  vi- 


comtes de  Cat.  I,  153,  211  à  218 1 
319.  36t  ;  11,51.  353.  —  P.,  G.,  B. 
de  Cabrera,  de  Cabreracb,  Rv  — 
A.  :  d'or  à  la  chèvre  passant  de 
sa.  à  la  bord,  componôe  des  deux 
émaux.  —  C'est  le  nom  patrony- 
mique du  marquis  do  Yillaseca. 
Le  titre  do  vie.  ne  Cabrera  est  porté 
par  le  duc  de  Médina- Cœli . 

Cacalox  (Pascual  de),  Rv. 

Cadell  (Joan),  de  Sardaigne.  F.  : 
de  gu.  au  chien  de  sable  et  d'arg. 

Cadena  (G.)  boucher;  P.  Cadena, 
Rv. 

Cadreyta  (Pedro  de),  inquisitenr 
en  Araff.  ot  en  Cat.  Z.  1^  199.  - 
Martin  Caderita,  Rm. 

CiGOLEâ.  feudataire  du  v^*  de 
Béarn,  Bp. 

Cago.n  (Pas.),  Matheu  Cogon,  Rv. 

Cahorz  (Ferrer  de),  boucher  ;  P. 
de  Caorz,  Rv. 

Caixal  (Lopede)  F.:  d'arg.  à  3 
dents  molaires  au  nat. 

Cal  (Marti  de),  Rv. 

Cala  bacer(  Matheu),  Rv. 

Calabri.nes  (Bernai),  Bp. 

Calaceyt  (D.,  Guillem  ae)»  Rv. 

Calafat  (Michael,  P.),  Rv. 

Calamar,  de  Tarragone  ;  Gala- 
mara,  Calamas,  Rv. 

Calanda  (P.  Ximenez  ;  P.  Mar- 
tinnz  de),  Rv. 

Cala.ndera  (Guillem),  Rv. 

('ALAsanz  (Bertran ,  Ramon  de); 
mesnaderoSy  devenus  plus  tard  noos 
homes.  B.  —  J.  ch.  xxxvii  —  Nom 
porté  par  le  comte  de  Robres. 

Calatarra  (Bernât),  D  f  321. 

Calatayi'B  ,  Calatayud  (Divers 
prénoms).  L'un  d'eux  appelé  Zapa^ 
lero  Calatayuby  Rm.  Rv.  —  D. 
!•  357,  387.  Deux  indi\adus  dans  F. 
1**  Zapata  de  Calatayud  :  de  gu.  à  3 
souliers  échiq.  d'arg.  et  de  sa.;  2' 
Jacme  Zapata  de  Calatayud ,  des 
cendarit  du  roi  Sancho  Abarca:  d'az. 
à  Vabarca  d'or.  —  Le  nom  de  Cala- 
tayud est  porté  par  le  baron  de  Agrès 
y  Sella. 

Calatrava  (Domingo  de),  Rv. 

Calcimis  (R.  de).  Rv. 

Calderer,  Calderes,  Caldero,  Gal- 
deron  (Divers  prénoms).  Rv. 

Caldi£S,  Caldas,  fte  Calidis  {Divers 
prénoms),  Bn.:  d'az.  au  trépied  d'or 
—  F.  :  d'arg.  à  3  chaudières  fascées 
vivrées  d'or  et  de  sa. 

Galenc,  Callent  (P.,  J.  de),  R. 

Calhkt,  Celhet  (Ramon),  Bp. 

Calm  (Renald  za),  Rv. 


630 


NOMBNG^TURE  0E8   FAMILLES 


Calmeta  (Pons),  Rv. 

Gallbrs,  de  Callis,  de  Gaeliis 
(B..  P.,  Frère  Joan  de)  Rv. 

Calongia  (Joan  do),  Rv. 

C^lpën.na  (Ramon  de),  Rv. 

Galsahens  (Frère  B.  de).  Rv. 

CUlvera  ,  Galbera  (B.  dej,  cheva- 
lier, RamoD  de  Calvera,    Rv. 

Calvet  ,  Galbet  (B.,  R.),  Bp. 

Galvillo  (Juan  Ferez)  reçut  des 
biens  à  Orihuela  ,  D.  f  335. 

CALVO,Calbo(Joan,  Miguel  Ferez» 
V.,  A.,  Marti  de).  Rv.  —  A.:  éc.  de 

§u.  à  la  coquille  a'ar^.;  d'az.  à  Tétoi. 
'or  :  d'az.  au  lion  d  or  et  de  gu.  au 
château  d'or. 

Calvinnac  (M.  de),  Rv. 

Galza,  Galza  (Ârmengol,  Bg.), 
de  Tortose.  Rv. 

Caharada  (P.),  Rv. 

Gaharkllas  (Fascual  de),  Rv. 

Gamatjo  (Joan),  F.:  de  gu.  au 
château  accosté  de  deux  pins  et 
8urni.  de  2  étoi. 

Cambra,  de  Camara,  de  Caméra 
(Renaît,  Simon  ,  Dominco  de  la), 
Rv.  —  *  de  gu.  au  saut  a'or  ,  à  la 
bord,  du  môme  char,  de  8  flanchis 
du  champ. 

Cambres,  de  Camaris  (Joan,  Ber- 
thomeu  de  les),  Rv. 

Cambrils  (F.  de)  Rv. 

Camer  (Domiu^a).  Rv. 

Camiador  (Guiralt),  Rv. 

Camins  (Berthomeu  de),  Rv. 

Camos  (Joan  de),  Rv. 

Campanbt.  Bp. 

Gampcbntblles,  Gapcentelles,  de 
Campo  CirUiUarum  (Serengonera^ 
Guillermus  de),  Rv. 

'Gampprangh  (G..  Joan  de),  Rv. 

Gamponal  (p.),  Rv. 

Gampos  (Alionso),  de  Bilbao ,  F.: 
de  gu.  au  lion  d'or ,  mantelé  d'or 
à  2  croiss.  d'arg. 

Camp  Pbbrat  (  Aymerich  )  et  son 
frère,  Rm. 

Camps  ,  Dezcamps  (Guillem  des) 
de  Barcel.  Rm.  —  Représentée  de 
nos  jours  à  Minorque,  Bn.:  d'az.  à 
l'aigle  d*or  couronnée  du  même.  — 
Bartholomeus  de  CampiSt  Rv. 

Camus  (Joan  de).  Rv. 

Ca.nadel  (Maria  aez),  Rv. 

.Canals, de  CatuUi  (Père de),  Rm- 
—  Fam.  représentée  à  May.  Bn.: 
d'az.  à  la  croix  fleuronnée  de  gu. 
ace. en  pointede3  coquille*  darg. — 
Bg.  de  CanAÏe,  capMlanus  episcopi 
BarMnone;  Père  Canal,  Rv. 


Canammas  (P.  de).  —  Domingo 
Cnnamalt,  Gannamach,  Rv. 

G^NGA  (Guille  r),  Rv. 

Ganctoli  (Bemut).  Bp. 

Candeler  (  Maître  Nicolas) ,  Bp. 
-—  Ramon  Gandeier,  Rv. 

Canellas  (Vital  de),  évéque  de 
Huesca,  1,  389;  II.  133,  1S2,  405. 

—  Bertran  de  Canellas,  II.  493.  — 
Ramon  Ganhelas  vint,  dit-on ,  à  la 
conquête  de  May.  —  Canellas  à 
May.  Bn.:  d'arg.  à  3  roseaux  de  sin. 
empoignés  par  une  main  droite  de 
carn.  —  Bg.,  Bertran  de  CanelUs, 
deCaneles,  deCannelas,  Rv. —  D'or 
au  canelier  fleuri  de  7  rameaux.  — 
Fere  Ganelles,  F.:  d'arg.  au  vautour 
rongeant  des  os  (canuku)  de  che- 
val. 

Ganet  (Ramon),  î,  255,  310.  — 
G.  et  Joan  de  Ganet,  Rm. — Gar- 
cia Ganet ,  chevalier,  D.  f*  385.  — 
Maison  distinguée  éteinte.  Titre  de 
V**  de  Ganet  porté  par  le  duc  de 
Qijar  Bn.:  d'or  à  la  bande  de  gu 
char,  d'un  chien  d'arg.  —  Ganet, 
dés  neuf  premiers  nobles  de  Cat.  A.: 
d'az.  au  lion  d'or  lamp.  et  armé  de 
gu.  la  queue  nouée  et  pass^  en  sam. 

—  G.,  Ramon,  J.  de  Ganet;  G.  Ganet» 
d' Andiize  ;  F.  Ganet,  boucher  ;  Fer. 
Dezcanet.  Rv. 

Canhan,  Bp. 

Canicer  (Pascuaîet),  Rv. 

Can.nas  (J.  de),  Rv. 

Ganta  (G.) ,  Rv. 

Cantador  (A.),  de  Tarragone, 
Rm. 

Cantarelrs  (Ramon,  Pérores). 
Rv.  —  F.:  de  sin.  à  3  urnes  (can- 
tareles)  d'or. 

Cantull  (Guillem),  Rm. 

Capadella  (Augustin  de),  Rv. 

Capbon  (Ar.  deÏÏ  Rv. 

Capdëbou  (P.),  Kv. 

Capdeperre,  de  Tortose,  pro- 
priétaire et  patron  d'une  barque.  — 
G  ,  Amald  Gapdeferre,  Rv. 

Capdella  (Bertran  de),  Rv. 

Capella  (R.) ,  Rv. 

Capellatis  (P. ,  Bemardus  de) , 
Rv. 

Capo.ns  (Ramon)  de  Perpignan. 
F.:  d'arg.  à  2  chapons  becquetant 
une  rose. 

Capoter  (J),  Rv. 

Capsir  (Père),  Bp. 

Caqoons  (Ar.  dé),  Rv. 

Gara  (Marti);  Maria  Gara,  blan- 
chisseuse, Rv. 

Caragnana  (Stevan  de),  Rv. 


DES   jfTATS   DE   JAGME   1 


•V 


651 


Caraman  (P.  de).  Hv.  —  Ber- 
tran  Garamany,  de  Montp.  F  :  de 
sin.  au  lion  de..   . 

Garauella  (Bernât).   Bp. 

Garaut  (Ferrer  de),  Rv. 

Garbo  (p.),  Berenguer  Carbon. 
Rv.  —  Bernât  Carbo,  de  Tortose,  & 
Texpédilion  en  Terre-Sainte,  II,  394. 

Garbonel  (B.,  Joan.)  de  Toito- 
se. — Pons,  Ar.,  Br.  Garbonel,  R v.  — 
Bertran  Carbonell,  troubadour  II, 
459.  Pons  Garbonell,  de  Rosas.  F: 
de  sin.  au  château  d'arg. 

Garcassona  (Divers  prénoms). 
Pour  plusieurs  évidemment  nom 
d'origine.  A.  Carcasses,  Rv.  — 
Bernât  Carcasona,  de  Carcassone, 
F.  :  d'or  à  l'oiseau  do  gu  et  de 
sin.  —  Carcasona,  de  Lérida,  A.  : 
d*or  au  lion  de  gu.  ta  queue  fourchée. 

Garcastiêllo  (Martin  de)  et  sa 
femme  Gracia,  Rv. 

Gardadob,  (Arnalt),  Rm. 

Cardinal  (Pierre) ,  troubadour 
d'une  famille  noble  du  Vclay.  vécut 
dansTintimilêdu  roiJacme,  II,  459. 

Cardona  (V*'»  de\  lllustrb  et  puis- 
sante maison  dont  le  nom  patrony- 
mique est  Folch.  I,  144,  198.  202  à 
207,  214  à  217,  344;  11.30,  28i,  294, 
323,  330,  335,  569,  590.  -  D'après 
F.,  cette fam  descendrait  de  Pépin- 
le-Bref. — Le  titre  de  duc  de  Caroona 
avec grandesse  est  porté  aujourd'hui 
par  le  duc  de  Medinaceli.  Une  bran- 
che puînée,  dont  la  filialion  est 
établie  par  lettres -patentes  de 
Henri  IV.  est  représentée  en  Fr.  par 
M.  le  baron  de  Gardon  de  Sandrans . 
—  Cardona  en  Espagne  :  de  gu.  à 
3  chardons  d'or.  —  de  Cardon,  en 
Fr.  :  d'or  à  trois  fleurs  de  cardon  au 
nat.  (Voy,  Saint-Allais,  Nobil  univ. 

t.  xVi.) 

Carles  (Ramon),  Bp. 

Garmon  (Nadal).  Rv. 

Carnazon  (Bonafonal).  Rv. 

Garnicer,  c'est-à-dire  boucher. 
Peut-être  nom  de  fam.  et  nom  de 
profession.  Rv. 

Garo  (Joan  de),  Biscayen:  chef 
de  l'illustre  maison  des  marquis  de 
la  Romana,  grands  d'Espagne.  — 
Bn.  F.  :  d'or  au  dextrochère  armé 
tenant  un  poignard,  le  tout  au  nat. 

Carrera  (Bernât  de),  Rv.  —  A.  : 
d'or  à  2  bœufs  attelés  a  une  charrue 
de  gu.;  au  chef  d'arg.  char,  de  3 
éloi.  d'or. 

Garreter  (P.),  Rv. 

Garrillo   (Amfos),  de  Burgos, 


F.  :  de  gu.  an  château  d'arg.,  à  la 
porte  duquel  est  attaché  un  chien. 

Garrio,  Carreio  (P.  de),  Rv.  — 
*  Carrion  de  Nizas  :  d  az.  à  la  tour 
d'arg.  donjonnée  de  3  pièces,  ouv. 
et  aj.  de  sa. 

CARiiOZ ,  grand  sei<?neur  alle- 
mand. I,  25'r,  299:  II,  95.  Rm.  — 
Rv.  —  Q  p.  191.  —  Bp.  —  Bn.  — 
F.  :  d'arg.  a  la  bord,  d  or,  char,  de 
4  écussons  d'or  à  3  fasc.  de  gu.  — 
Ec.  d'or  à  2  fasces  de  gu.  et  d'or 
plein. 

G  ART  A  (Guillem),  Rv. 

Gartella,  Cartaia  (Fr.  Juan  de), 
maître  du  Temple,  J.  ch.  ccxcix.  — 
Z.  164,  213.—  A.  :  do  gu.  à  3  cartels 
d'arç.  inscrits  des  mots  Ave  Maria 

f^ratia  plena,  dominus  tecum,  en 
ettres  d'az. 
Garvrren  (RJ,  Rv. 
Gasajusana  (Bg.  de),  Rv. 

Gasals  (R.  de),  de  Lérida.  Rm. 

—  Bn.  :  d'arg.  au  château  donjonné 
de  2  tours  cTaz.  surm.  d'une  aigle 
de  sa.  —  Robert,  P.  Sanz  de  Casais. 
Rv. 

Casanova  (Pierre),  de  Paris.  F.; 
de  gu.  à  la  maison  sommée  d  une 
fleur  de  lis.  —  Henet  Casanova,  de 
Barcel.  F.  :  d'arç.  au  soleil  de  gu. 
ace.  de  2  croiss.  d'azur. 

Casas,  Casaas,  Bn.:  d'arg.  à  la 
bord  de  gu.  char,  de  8  têtes  d'aigles 
d'or. 

Casgail  (A.  de),  Rv.  —  Joan  Cas- 
call,  F.:  éc.  de  gu.  au  pin  au  nat.  et 
d'azur  à  cinq  plantes  de  pavot  {cas- 
call)  d'or  —  Bemardus  de  Cascal- 
lis,  II,  6. 

Cascant  (8.  de),  chevalier;  (P. 
Gil  de),  Rv.  —  Ec.  de  gu.  à  Tarbre 
de  sin.  et  d'az.  à  la  plante  de  pavot 
d'or. — Bemat  Cascanet,  J.ch.  ccxcix. 

G  A  SELLA.  Caselles  (Bertran  de) 
de  Barcel.  Rm.  —  Bp.  —  P.Za  Ca- 
zella  Rv 

Gasoes  (Martin,  F.  de),  che^•alie^s; 
Ximeno  de  Casius,  Rv. 

Gasseda,  Casseta,  Caslcda  (P.  Az- 
narez  de),  chevalier;  A.  de  Caseda; 
Maria  Casadera,  Rv. 

Casseras  (P.  Ar.  de),  Rv. 

Gasta  (R.),  Rv. 

Castelbon  (V*  de),  I,  370.  —  Z. 
f  119.  —Père  Castellbo,  F  :  de  sin, 
au  château  d'or. 

CtSTELL  fPcre  de),  de  Barcel, 
Rm.  —  Bn.:  degu.  au  château  d'arg. 

—  Ar.  de  Caste!  ;  B.  del  Castel,  Rv. 


632 


IfOMBNGLATURE   DBS   FAMILLES 


—  Joaa  Castells,  F.:  de  gu.  à  4  châ- 
teaux d'or. 

Gastella,  Gastalla,  Castela.  Cas- 
telan,Castelle  (diversprônoms).  Rv. 

—  Marco  Garcia  de  Ûaslalla,  che- 
valiop,  D.  f*  385.—  Raraon  Gastella 
F.:  de  gu.  au  ch&teau  d'oral,  d'az. 

Gastellar.  Casteiares  (  Murti, 
Berlhomau,  Pemand  Ferez  de);  Na 
Castallara,  Rv. 

Castellauli  (Guillem,  May  mon), 
J.  ceci.  —  Z.  f-  205. 

Gastellbisbal,  de  Castro  episco- 
pali,  (Divers  prénoms),  un  évoque 
de  Gironn,  mort  à  Naplesen  1254; 
un  chevalier,  I,  289,  11,  74,  75,  119. 
Rm.  —  Rv.  —  J.  ch.  LXiv.  Fa- 
mille importante  de  Cat.  —  A  : 
d'az.  au  ch&teau  donjonné  de  3 
tours  d'arg.  maçonné  de  sa.  aj.  de 
gu. 

Gastellblanch  (Bertomeu  de) 
Rv. 

Gastbllet  (Divers  prénoms)  Rv. 
—Des  neufs  premiers  nobles  de  Cat. 
A.:  d  az  au  ch&teau  d'or,  maçonné, 
ouv.  et  aj.  de  sa.  —  Sancho  de  Cas- 
tellot,  chevalier,  et  Pascual  de  Cas- 
teilot,  Rv. 

Gastellbzuello.  Castelaçol  (Pe- 
dro, Guillelmo  de),  mesnaderos  de- 
venus plus  tard  ricos  homes.  Un 
jusiicia  d'Ar.,  II,  493.  Z.,  f  195.— 
B.—  Bj.:  de....  au  château  donjonné 
de  3  tours  de... 

Gastellfabib  (Michael  Diezde) 
Rv. 

CASTELLNor  (v*"  de)  des  neuf  v*** 
de  Cat.  II,  428  —  Z  1^  205.  —  A.: 
échiq.  d'or  et  d'az.  —  F.:  de  gu.  au 
château  d'arg. 

Gastello  (Gérard  de)  de  Tortose  ; 
Amaltde  CastePo,  Rm.  —  Fam. 
représentée  à  May.  Bn.:  d'az.  â  la 
tour  carrée  et  crén.  d'arg.  —  Gas- 
tello (D.vers  prénoms)  Rv.  —  Deux 
individus  nommés  par  F.:  !•  parti, 
d'az.  au  lion  d'or  et  d'az.  au  châ- 
teau d'arg  ;  2*  d'argent  au  lion  de 
sa.|  et  de  sin.  au  château  d'or. 

Gastellvell,  de  Castro  veteri 
P.  de)  chevalier.  Rv.  —  Deux  fam. 

.:  1*  d'az.  au  château  d'or,  ma- 
çonné de  sa.,  donjonné  de  2  toui*s; 
z*  d'arg.  nu   château  donjonné  et 
ruiné  à  di^xtre  de  sin.,  à  la  bord.' 
dentelée  du  môme. 

Gastellvi,  II,  78.  —  Z.  1*  113.  — 
Benêt  et  Guillem  de  Gastellvi,  orig. 
de  Bourgogne.  F.:  d'az.  au  château 
d'arg.  surmonté  d'une  tête  do  li- 


if 


corne .  —  Castelvi,  maison  distinguée 
de  Cat.,  A.  :  d'Azi  au  château  d^arg. 
maçonné  de  sa.  â  la  bord,  compon- 
née  d'arg.  et  d'az.  —  Le  comte  de 
Villanutiva  et  le  comte  de  Carlet 
porteni  le  nom  de  «'aslellvi. 

Gastellbos,  I,  255. 

Castro.  Plusieurs  fam.  Rm.  — 
Rv.  —  1*  Issue  de  Fernand  San- 
chez  bâtard  de  Jacme  T',  II,  327, 
337,  3i4,  3ô2,  391,  395.  398,  406.  - 
F.:éc.  d'Arag.  et  d'or  à  rétoî.  de 
gu.  —  2*  issue  d'un  fils  naturel  de 
Fernand  Sanchez,  F.:  degii.  à  6 
besants  d'or.—  3*  Fam.  castillane; 
F.:  d'arg.  à  6  tourteaux  d'az.  — 
Le  nom  de  Castro  est  porté  par  plu- 
sieurs membres  de  la  nobl.  espagn. 
entre  autres  par  temanjuis  de  liam- 
po-Bermoso,  le  marquis  de  Gerona 
et  le  comte  de  la  Rosa. 

Gastropoyl  (Raimundus  de),  de 
Lerida —  II,  t)09. 

Gatala  (Divers  prénoms),  Rv.— 
Amalt  Catalan,  troubadour,  II,  293. 
Arnalt  Calhalan,  reçut  des  biens  à 
Xat.  D.  r»  3i1.—  Ramon  Calala, 
F.:  d'az.  au  chien  d'or.  —  Jacme 
Catala,  dit  de  Monsonis,  F.:  de  gu. 
&  2  lévriers  courant  au  nat. 

Gatany.  Bn.:  d'az.  à  l'arbre  à  3 
branches  de  sin.  devant  lequel  passe 
un  chien  au  nat. 

Gava,  Caba  (Amalt  de).  Rv.  — 
Père  de),  do  Pau,  F.:  d'az.  au  châ- 
teau d'arg.  entouré  d'un  fossé. 

Gaynax,  Rm. 

GaYiNWOT  (Arnalt),  chapelûn  du 
roi.    II.  404,  606,  608,  612 

Gayx,  Caix,  Cax  (G),  et  Beren- 
guela,  sa  lille,  Rv. 

Gazador,  (G.),  Rv. 

Cazina  (Guillem  de)  Rv. 

Gazola  (A.,  P.),  Rv. 

Gebria,  de  Jaca,  Rv. 

Gëdribllas,  Cediellas,  Codriel- 
las   Divers  prénoms),  Rv. 

Gelart,  Gelât  (Pons,  Br.),  Rv. 

Geleda  (Abraym),  Rv. 

Geler  (Bernât),  de  Tarragone, 
Rm.  —  R.  Seler,  ,de  Teruel  ;  Sancbo 
Seller,  Rv. 

Gella  (Matheu  de),  Rm.  —  J. 
Ceila,  Rv. 

Gellas,  Celles,  Lasceyles,  de  Cil- 
liis  (Divers  prénoms),  Rv  —  F.: 
d'az.  â  la  carafe  d'arg.  qu'une  main 
tient  renversée. 

Gblme,  Gelma  (P.,  Remondetde), 
Rv. 

GELOM(Bg),   Rv. 


DBS  ÉTATS  DE  JACMB  1*' 


633 


Gblort  (6.,  B.),  Rv. 

Gbnpra  (Pere),  Frère  prêcheur, 
I,  3Î4. 

Centelles,  Gentellas,  Zes  Cen- 
teyles,  de  SeintUlis  (Pere.  R.  de), 
I,  206.  —  Rm.  —  Rv.  —  Fam.  dis- 
tiogiiée  de  Gat.  —  Z.  f  126  —  Bp. 

—  Descendant,  d'après  la  tradition, 
des  ducs  de  Bourgogne  D.  f^  340, 
353.  ->  F.  :  losange  d'arg.  et  de 
gueules. 

Gbpibllo  (R.  de),  Rv. 

Gebao,  Bp. 

Ceralbo  (Martin).  Rv. 

Cerbordus,  II,  611. 

Gerda,  Gerdan  (Divers  prénoms), 
Bv.  —  Plusieurs  fam.  !•  à  May. 
Bp.  —  Bn.  :  d'az.  au  cerf  rampant 
d*arg.;  2*  en  Araç.  B.;  F.  :  d'arc, 
à  la  fleur  de  lis  aaz.,  sommée  de 
2  oiseaux,  à  la  bord,  componée 
d'or  et  de  sa.;  3*  F.  :  éc.  de  gu.  au 
saut  d'or  et  d'arg.,  au  loup  au 
nat. 

Gères  A  (R  de  la),  Rv.  Durantus 
de  Cereso^  Rv. 

Gervan  (Gasch  de),  de  Teruel, 
Rv. 

Gervato  (Arnalt),  provençal.  F.: 
d*az.  à  2  cerfs  d'or. 

Gërvello,  Cervellon.  — •  Antique 
maison  catalane  alliéo  aux  Mon- 
cada.  I,  175,  233,  243,  256,  306.  — 
Rv.— J.  ch.  Lxix,  Lxxxi.— Z.  !•  119. 
Issue  des  comtes  do  Zafa,  F.  :  d'or 
an  ceri  d'az. 

Gervera,  de  Cervaria.  Deux 
maisons  dés  plus  distinguées  de 
Cal.  1,  J40,  144,  163,  171,  180,  205, 
213,  233,  308,  3!8,  324,  344;  II,  94, 
357,  394.—  Rm.  —  Rv.— Doc  inéd. 
VI.  174.  —  Q.  321.  —  !•  (tervera, 
issue  d'après  la  tradition  des  ducs 
de  Savoie.  F.  ;  d'or  au  cerf  de  gu. 

—  2**  Gervera,  représentée  à  May. 
Bn.  —  F.  d'arg.  au  sorbier  au  nat 

Gervero  (P.  Sanchez),  Rv. 

Gervia,  F.:  de  gu.  à  la  biche  d'or. 

Gbrvinbr  (G.)  Rv. 

Gerxan  (G.)  Rv. 

Gespbnes  (G.),  de  Tortose,  Rv. 

Gespina,  8espina(Bg  ,  G. de),  Rv. 

Gespital,  Ospitalcs,  Spitalis,  de 
OmlaUo  (P.,  B.  de). 

Cesplanas  (A.)  Rv. 

Gksposes,  Sespozos  (Bg.  de)  de 
Barcel.  I,  327.—  J.  ch.  xcix.  —  Rv. 

Gestrillbs,  Gastrillas,  de  TriUiis 
(P.,  G.  de)  Rv.' 

Gbylabo,  Ceytalbo  (Martin  de), 
de  Teruel,  Rv. 

T.  II. 


Ghahpans,  Gampaines  (Bg.  de), 
lieutenant  du  maître  du  Temple. 
I,  254,  442. 

Ghico,  Xico  (Jean),  de  Lerida , 
I,  294.  Rm.  Se  distingua  au  siège 
d*Iviza  J.  ch  cv. — Bernât  Ghico. 
Bp. —  P.  Xicho,  Maria  Ghicot,  Rv . 

Christian  (Pere),  Rv.  —Arnalt 
Christia,  Bp. 

Ghdlliella  (Martin  de)  Rv. 

GiDBTA  (Scarp.  de)  Rv. 

GiFRE  (Ramon),  de  Lérida,  Rm. 
représentée  à  Mav.  Bn.:  d'or  au 
cyprès  de  sin.  —  V.  — F.:  d*ai.  au 
griffon  d'or. 

GiGAR  (P.  de)  Rv. 

GiGO  (P  ,  A.,  Homdedeu),  Rv. 

GiGDENZA  (D. ,  6.,  Jordan  de),  Rv. 

Gimballa  (M.  de),  Rv. 

GiNCA(R.de),  I,  445 

GiPRiA,  Hm   —  Rv. 

GiRBRA  (Arnalt).  F.:  d'arg.  au  ce- 
risier fruité  au  nat. 

GiSA  (Pascual  de  la),  de  Barcel. 
Rm. 

ÇiTiNA  (FortunGarcez  de,  écuyer, 
Rv. 

GiTOLERA  (Michael)  ;  Marti  de  Gi- 
tolero  de  la  Cueva,  Rv . 

CIUR4NA,  Sivrana,  Sibrana(P.  de) 
et  son  fils  R.  Rv.  —  F.:  d'Aragon 
et  de  gu.  au  ch&teau  d'arg.  aoc. 
de  5  besants  d'or.  —  V.:  de  gueules 
au  château  d'arg.  aj.  d'az.  ace.  de  9 
besants  d'or  en  orle. 

GiUTADiA,  Giptadia  (Bg..  Miret), 
chevalier.  Rv.  —  Miro  Ciuladella, 
F  :  de  gu.  &  la  fleur  de  lis  d'or. 

GivADA  (Joan  Perez  de  la),  Rv. 

GivADER,  Cevadero  (P.,  Jacme), 
Rv.  ~  Civerio,  3  individus  men- 
tionnés par  F.  1"  Ochoas  Civerio, 
Biscayen:  d'or  à  5  roses  de  gu. 
—2"  Pere  Ochoas  Civerio ,  Biscayen: 
éc.  d'or  au  lion  de....  et  au  loup 
ravissant  au  nat.  3'  Joan  do  Cive- 
rio ,  de  Saint-Jean-Pied-de-Port , 
parent  de  Saint-Roch  et  du  roi  Jac- 
me: d'or  à  l'yeuse  &  laquelle  un 
chien  est  attaché. 

GiVERA  (Pere),  Rv. 
Clarach,  Glerach  (P.  de),  Rv. 
Glaramunt,  Glaramont.  Fam.  il- 
lustre qui  tire,  dit-on,  son  origine  de 
France.  I,  205,  233,  256. 306,  308.  — 
J.  ch.  Lxxxi. —  Rm.  —  Rv.  — 
Plusieurs  branches,  F.  —  V.:  1* 
de  sa.  au  mont  fleurdelisé  d'or;  — 
2*  de  gu.  au  mont  fleurdelisé 
d'arg.  —  Glaramunt,  F.:  d'arg.  au 
roc  d'échiquier  d'az. 

41 


«S4 


IfOMBRCLATURE  DBS  VAMILLBS 


CLARAN'(Fer.  de)  Kv. 

Claresvalles  (Pons  de),  scribe 
deLerida.  —A.  de  GlaresvaJs. 
Rv.  —  A .  :  de  gu  au  soleil  d'or,  en 
pointe,  fascé  onde  d'arg.  et  d'az. 

Clarbt  (Fr.  Bernât  de),  lieute- 
nant du  maître  du  Temple.  I,  151. 
442.  —  Bertran,  R.,  et  J.  de  Gla- 
ret,  Ermessende  Glaretta,  Rv. 

Clariana  (P.  de)  chev.  J.  ch. 
CLxxxv.  —A.:  d'or  à  3  bandes  de 

Claustho  (Bertrande).  Rv. 
Clavbl  (Domingo),  Rm.  —  Joan 
et  Berenguer  Glavel,  Rv.  —  Bernât 
Glavel,  I,  443. 

Glavee  (Berenguer,  Miramon, 
Marti),  Rm.  —  Bp.  —  J.  Qaver, 
de  Teruel,  Rv. 

Glémbnt.  Rv.  —  Joan  Glim^it 
provençal,  F.:  degu.  au  chevron 
d*or,  aoc  de  3  poires  du  même. 

Glochbr.  Dez  clocher  (Ferrer  de) 
et  son  fils  Arnaldon,  Rv. 

Clusa  (Ramon  de  sa),  Rm . — Bp. 

Clusca  (Bernât  de),  Bp. 

Cluser  (Amalt  de)  Bp. 

GocALORA  (Ivanez  Sancho  de)  Bv. 

GoBERTORBR  j  (Mathsu,^  iTomas), 
Rv. 

GocH,}Goq  (Duran),  de  Barcel., 
Rm.  — Bn.:  de  gu.  à  3  besants 
U'or.  —  Berenguer  Coc;  P.  Gocho, 
Rv. 

GoDiNA  (G.),  Rv.  —  A.:  parti, 
d*or  à  5  fas.  d  ai.  au  château  a'arg. 
brochant,  etd*arg.  à  5  fas  degu. 
au  mont  fleurdelisé  surm.  d*un  saut 
et  d'une  bannière,  le  tout  d'or  et 
brochant  sur  les  fasoes 

GoDiKATs  (Bcnet),  F.:  d'or  à  3 
chevrons  de  gu. 

GoDONOiL  (Martin de),  Rm. 

GoPiBRO  (Aznar),  de  Teruel,  Rv. 

GoGOLBS,  Rm.  ~  G.  de  Gogoyla, 
Rv. 

GoGORDA,  Gogorla  (Guillem,  P.), 
Rv. 

GoooT  (Salvador  de),  de  Jaca,Rv. 

GoLBNT  (J.  de),  Rv. 

GoLBRA  (J.  de),  boucher,  Rv. 

Colin  (Amat  de),  Rv. 

GoLL,  Delool,  Dezcol  (Divers  pré- 
noms), Rv.  —  GoU.  à  May.  qu'on 
dit  descendre  de  Ramon  de  GoUet, 
vivant  en  1239.  Bn.:  d'az.  à  deux 
montagnes  mouvantes  des  flancs  et 
formant  entre  elles  un  défilé  (coll.) 
ace.  d'une  étoi.  d'or  en  chef  —  GoU, 
A.:  d*or  au  mont  de  deux  coupeaux 
de  sin.  celui  de  dexi.  sommé  d'une 


croix  recroisaltéeaii  pied  fidié  d'az.; 
celui  de  sen.  d*un  coâne  de  sin.  — 
Descoll,  A  :  d'arg.  au  mont  de  2  cou- 
peaux,  celui  de  dextre  fleurdeUsé. 

GOLLADO  (Jague  det),  Rv. 

GoLLAN  (J.  de),  Rv. 

GoLLiBRE,  de  CauohoUbero{i.  P. 
de),  Rv..  ~-  Joan  de  Golobrea  de 
Barcel.  Rm. 

Goix>M  (G..  D.,  Bernât),  Maria  de 
Colon,  Na  Goloma.  Rv.  Bernai  Co- 
lon reçut  des  biens  k  Alcoy,  D.  T 
355.  —  Guillem  Golom,  proFon^al, 
F.:  de  sin.  à  la  colombe  d*arg. 

GoLOif  A  (Pierre  de),  français.  F.; 
d*az.  à  la  bande  d'or,  ace.  de  z  co- 
lombes au  naU,  à  la  bord,  d'arg.  à 
8  taus  d'az. 

CoLOMER,  (6.)  d'Almenara,   Bt. 

—  A.:  d'az,  à  3  colombes  d'arg. 
becq.  et  membrées  de  ^u.  à  la  bord. 
engrélée  d'arg.^  Guil&m  Golomer, 
du  Garladès,  F.:  d'az.  au  colombier 

d'arg.,  et  d'or  au  lion  de — 

Joan  Descolombers,  de  Barcel  Rm. 

—  J.  de  Columbario,  Rm. 

GoLONGO  (Domingo  de),  Rv. 

GoLOMGo  (Fr.  Guillem  de)  inqui- 
siteur. Z .  1^  199 

GoLSAM  (R.)  Hv.  —  Golzaii.  Bp. 

COMABBLLA  (P.  de),  de  Vicn, 
Rm  —  P.,  Berthomeu  de  Com»- 
belle,  Rv.  — D'az.  à  la  roue  d'or. 

GoMADOLMs,  Gomadoms,  Corne- 
doms  (P.  de)  Rv. 

GoMBA  (Br.  de  la)  Bertrandue 
de  Cumbis,  Rv. 

GoMBAiLLADX ,  de  CumboUotis 
(N....  de),  de  Montp.  Il,  552. 

GoMELLAs,  Gomelles  (Bernât  de) 
Rv.  —  Père  de  GomeltasBo.:  d*or 
au  pin  de  sin.  entre  2  monts  an 
naturel.  —  Gomelles,  d»  Girone. 
A.:  de  gu.  à   la  bande   d'or  rem- 

S  lie  d'az.  ace.  en  chef  d'an  lion 
*or,  surm.  de  3  roses  d'arg.  et  en 
pointe  d'un  mont  fleurdelisé  de  sin. 

GoMPANT  (Bg.;  G.)  sécrétants 
{Scriptores)  le  V'  du  roi,  le  2^  dn 
v^  de  Béam.  Rm.  —  Bn.:  d'arg.  à 
l'agneau  pascal  au  nat.  sa  bande- 
rots  de  gu.  -^  Gompayn,  Gompun, 
Gompan  (R.,  G.,  D.),  Rv. 

Comte  (R.),  de  Montp.  II,  552. 

GoNDAMiNES,  Gouaminas,  Gona- 
mines  (P.  de),  Rv. 

GoNDOM  (divers  prénoms)  Rv. 

Go?iESA  (P.  de)  Rv .  —  A.:  coupé 
d'or  et  d'az.  au  lion  de  Tun  en 
l'autre. 

Co.NOL  (Guirald),  Bp. 


DES  ÉTATS   DB  ^AGMB   1*' 


635 


GONQUA,  Gonca,  (Gonzalo  Ferez, 
Lazare,  I^scual,  B.,  P.  de)  Rv. 

GONQCTES,  de  Conquis  (P.,  Ra- 
mon,  Berenguer  de),  de  Montp.  II, 
306.  429  à  430.  440.  —  Rm.  —  G., 
Marti  de  Goncas.  Rv. 

CONSTANTI  (G.),  boucher;  R.,  P. 
Gostanti:  Mose,  Salomon  Alffostanti, 
Rv.  —  Ramon  Gonstauti,  Contesti, 
Bn.  :  d'or  à  la  montagne  au  nat., 
mouvante  du  flanc  dext.  sunn. 
d'une  tour  d'az.  et  accostée  d^uhe 
aigle  de  sa.  de  profil,  tenant  dans 
sa  serre  une  croix  de  calvaire  de 

CoNTORAS  (Benedictus),  dommi 
regiêf  Rv. 

Contreras  (Garcia  Ruiz  de)  re- 
çut des  biens  à  Orihuola.  D.  P  335. 

Gonxel(J.  de),  Rv. 

GOPONS  (P.,  A.  de),  Rv.  —A.  : 
(te  gu.  à  la  coupe  d'or,  gringolée  de 
3  tètes  de  serpent  de  sin.  ~  Joan  de 
Ck>pons,  de  Barcel.  F.  :  de  gu  à  3 
coupes  d'or.  —  Le  comte  de  Tarifa 
porte  le  nom  de  Gopons. 

Çoquer  (Pelegrin  ),  de  Saragos. 
(Pons),  Rv. 

CoRB  (Père),  Rv. 

GORBERA  (Arnalt,  Ramon  de),  Rv. 

—  Corbera,  de  Far.  A.  :  gironé  d*or 
et  de  gu.  —  Gorbera,  doîAmpour- 
dan.  A.:  d'or  à  9  corbeaux  cfe  sa. 

—  Fermin  Gorvera,  navarrais,  Bp. 

—  F.  :  d'or  à  2  corbeaux  au  nat. 
GoRBis  (Br.  de),  Rv. 
GORBON  (Guillem  de).  Rv. 
GoRELLA  (Rodrigo  de),  chev.,  et 

quelques  autres  ;  (5.  Perez  de  Gau- 
reia,  ^v.  —  D.  f  '  352,  386.  —  V-: 
de  gu.  au  serpent  à  tôte  de  femme, 
s'entourant  le  cou  de  sa  queue  et 
vomissant  des  fltimm«.s.  —  Ximeno 
Gorella,  navarrais.  F.  :  d'or  à  3  pals 
de  pu.  et  d'or  à  la  cloche  de — — 
Peîay  Perez  Correa.  grand  maître 
de  St-Jacques,  II.  93.  —  Gorrea  est 
le  nom  du  marquis  de  Mos/grand 
d'Espagne. 

GoRiRFO  (Bernât),  Bp. 

CORHON  (F  ),  Rv. 

GORNEG  (J.),  Rv. 

GoRNEL,  Gomeyl,  Corneili.  Illus- 
tre fam.  de  rieos  homes  de  natu- 
raUza.  I,  136,  140,  144,  150,  164, 
172,  204,  254. 295,  344,  384, 389;  II, 
30.  36,  291,  561,  569.  —  Rm.  —  Rv. 

—  B.  Issuelde  la  maison  romaine 
CoHiItta,  d  après  F.  :  d'or  à  5  cor- 
neilles de  sa. 

GoRffBiXA,  GomeUftD(Q'.tBr.  de), 


Rv.  —  Z.  f  141.  —  ♦  A.:  d'ai.  à 

3  huchets  d'or  l'un  sur  l'autre,  vi- 
roles degu.  —  Bernât  Gornella.  F.: 
d'argent  au  corbeau  de  sa. 

GORNUDELA  (J.  de),  Rv. 

GoRPo  (Blasco  Joannez),  de  Te- 
ruel,  Rv. 

GoBRAL  (G.  de),  Rv.  — Nom  delà 
marquise  de  Narres 

GORREDOR  (J.  Guill.),  Rv. 

CoRREGER,  Gorriger  (P.  Boreo- 
guer),  Rv. 

CoBROZA,  ^.orroçan  (B   de),  Rv. 

GoRsoR  (G.),  Rv. 

GoRTAiLADA  (Sancho  de),  Rv. 

GORTBL  (Bg.),  Rv. 

GoRTES  (G.,  p.,  Amald,  Marti), 
Rv.  (Ramon)  Bp.  Arnalt  de  Gurte, 
de  Curtibus,  B.  Za  Cort.,  chevalier, 
Rv.  —  Guillem  de  Cutie,  Z.  f  •  204, 
214.  —  Bertrand  et  Guillemiza  Gort, 
s'engagèrent  à  suivre  Jacme  en 
Terre-Sainte.  Doc.  inéd.  VI,  174. 

GoRTici  (Père)  de  Lerida,;II. 

CoRTiT  (Amald).  I,  443. 

CoRVANERAS  (Pedro  Laxano  de), 
Z.  f  205. 

GORZA  (J.),  Rv. 

GoRZAVi  (Arnalt  do),  frère  du 
v'*  de  Castelinou.  Z.  f  213.  222. 

Gosco  (A.),  Marco  Goxo,  Rv  — 
Ramon  Gorscos,  Bp. 

GoscoLA  (l'ons  do),  de  Tortose, 
Rv. 

GosPiN  (Domingo)  et  Ramonda, 
sa  femme.  Rv. 

Costa,  Za  Gosta,  la  Gosla  (divers 
prénoms  ) .  Rv.  —  T.-S.  —  Plu- 
sieurs fam.  :  1*  représentée  à  Mav. 
Bn.:  degu.  à  6  côtes  d'arç.  —  2* 
Gosta ,  de  Tortose ,  A.  :  d  az.  au 
mont  au  nat.  sommé  d'une  croix 
d'arg.  bordée  d'or,  accostée  de  2 
étoi.  d'or  et  surm.  d'une  couronne 
du  même.  —  3*  Zacosta,  de  Len- 
torn,  A.  :  d'or  à  3  fasc.  ondées  de 
gu.,  à  la  bord,  de  sa.  semée  de 
besants  d'or.  —  4*  Ramon  de  Gosta, 
F.  :  d'arg.  au  mont  au  nat.  sur  le- 

2uel  grimpe  un  lion.  Qu'une  troupe 
e  corbeaux  empêche  d'avancer. 
CosvALAN  (D.  Joannez  de),  de 
Teruel,  Rv. 
GoXAN  (Anselme),  Rv. 
Covos  (Alfonso),  castillan,  F.  : 
d'az.  à  5'Iionceaux  d*or. 

Greixbll^ (Jacme  de),  Rv. 

GREiUDESjfA.,  R.,  P.  de),  Rv.— 
Gerald  den  Gremats,  bourgeois  de 
MoDtp.  II,  508. 


636 


IfOMBlfCLATORB  DES  FAMILLI» 


Grescheb,  Greeques,  Juif  de  Beau- 
caire,  Rv. 

Crbspi  (divers  prénoms),  Rv.  — 
Diego  de  Grespi,  de  Girone,  des- 
cendant de  consuls  de  l'ancienne 
Rome,  d'après  F.,  reçut  des  biens 
à  Xat.  D.  f  340.  —  V.  :  d'or  au  pin 
de  sin.  —  Fam.  dont  le  chef  porte 
aujourd  hui  les  titres  de  comte  de 
Gastrillo,  tVOrgaz  et  de  Sumacaroei, 
marquis  de  la  Vega  del  Boecillo, 
grand  d'Espagne,  etc. 

Grbspo  (Marti)  de  Teruel  (P.), 
Rv. 

Crbstinus  (B.),  Rv. 

Gristovol  (Domingo),  Rv. 

Gros,  de  Croso  (Guillem  de), 
Remat  de  Crois,  Berenguer  de  Gro- 
sius,  chev .  de  Tortose;  Gerald  Des- 
cros  î  J.  de  Greus,  Rv. 

Crudo  (P.),  Rv. 

Gruilles,  Groyles,  Croillas.  Gruel- 
las,  Grevelas.  t^m.  distinguée  do 
Gat.  I,  233,  264.  308.  — Rm.  —  F.— 
A  :  de  gu.  semé  de  croisettob  d'arg. 
—  Nom  porté  par  le  marquis  del 
Castillo  del  Torrente. 

Gruxa  (A.  de),  de  Tortose,  Rv. 

CuBELLS  (divers  prénoms),  Rv.— 
Joau  Gubells,  français,  F.: d'arg  à 
la  fleur  de  lis  de  sin.  —  Arnalt  de 
Gubells,  F.:  d'az.  au  croiss.  d'arg. 

Cuc  (Berenguer),  T-S.  —  Fr. 
Guch.  Rv. 

GucALO  (Jacme),  de  Vich,  F.: 
d'arg.  à  Toiseau  dnsa. 

Glxulels  (B.),  Rv. 

CUEVA  (Gilde  la),  Rv.  —  *Goupô 
en  chevron  d'or  à  2  pals  do  gu.  et 
de  sin.  au  dragon  d'or. 

GUGUILLADA,  GoguUada  (G.),  Hv. 

CUKADO  (P.)i  Rv. 

CuMLLS,  Gonills  (Ramon)  de  Tor- 
tose, Rm.,  chef  de  la  maison  de  Gu- 
Dilleras,  Bn.:  d'or  au  conil  (lapin), 
sautant  de  sa.  —  B.  de  Gonil,  ae 
Tortose,  Rv.  —  Ramon  Gonill,  de 
Marseille,  F.:  d'arg.  au  lapin  de  sa. 

Cdrteu^.  GurtoUon,  (P.),  Rv. 

GuiLMS  (Ramon),  juré  de  May. 
Bp 

Dabrafim  (B.),  G.  Ferrer  Da- 
bralim,  Rv. 

Dacan  (Guillem),  huissier  du  roi. 
J.  chap.  XXXI.—  Z.  1^  117. 

Dacheta  (Martin  Perez)  navar> 
rais,  Rv. 

Dalantorn  (Guirald),  chevalier, 
Rv.  —  Lentom,  en  Gat.  A.:  d'arg. 
h  3  vols  abaissés  d'az. 

Dalaus  (Jo.)  de  Montp.  II,  552. 


Dalcabbz  (G.),  Rv. 

Dalgaviea,  (Domingo),  Rv. 

Dalmau  (R.)  de  Tortose,  Br.  I>al- 
maiio.  Rv. —Bornât  Dalmau,  iuge 
à  May.  Bn.:  d'az.  à  6  coquilles  darg. 

—  Bemat  Dalmau.  F.:  de  gu.  au 
lion  de  . .  à  l'orle  de  coquilies  d'or. 

—  En  Dalmau,  T-S. 
DALPEifES,Dalpenos  (Ferrer),  Rv. 
Daltafuila  (P.,  A.)  de  Tortose, 

Rv. 

Daltura  (GiI)  de  Teruel.  Rv. 

Dalzat,  Datzat  (B.),  Rv. 

Damiano,  Damianos  ^GaiUem), 
Rv. 

Danils  (P.),  Rv. 

Daraos  (Garcia)  chevalier,  Rv. 

Darchol  (Pascual)  de  Teruel, 
Rv. 

Darejens  (Be[.),  Rv. 

Daribl  (Dominffo),  Rv. 

Darnba  (TomasJ,  de  la  suite  de 
don  Rodriffo  de  Lizana.  Rv. 

Darno  (Guillem),  Rv. 

Daroca  (divers  prénoms).  Pour 
quelques-uns  nom  d'origine,  Rv. 

Dascasso  (Miguel  Perez).  Rv. 

Daspa  (Miguel  de),  Rv. 

Dasqueta  (Martin  PerezJ,  Rv. 

Dasskssa  (Ferran),  chevalier,  Rv. 

Daucks  (Ferrer),  Rv. 

Daude  (G.),  de  Moresa;  Bertran, 
P.  Dauder,  Rv. 

Davena  (G.),  Rv. 

David  (maffister),  alfagui  de  don 
Fernand.— Magister  David,  alfaqui 
du  roi.  I,  377.  —  Rv. 
'  Daviengo  (J.),  Rv. 

Davoio  (G  ),  Rv. 

Davora  (Garcia),  P.  Davoro,  Rv. 

Datrada  (Rodrigo),  de  Teruel, 
Rv. 

Dazcots  (Lope  Ximenez).  chev. 
Daçots.  Rv. 

Dega  (B.),  Rv. 

Delascitt  (P.)  de  Jaca,  Rv. 

Delpi  (Guillem^  de  Barcel.  Rm. 
Bp. 

Delgat  (Garcia),  Dominga  Del- 
gada,  Rv. 

Delgida  (Garcia)  et  sa  femme 
Marie,  Rv. 

Dembcn  (E.  Lopez).  Paix  de  1235. 

Dbnbat  (Joau),  Rv. 

Deolargas  (Guillerma),  Rv. 

Derbna  (Guillem)  Rv. 

Dermçi  (J  ).  Rv. 

Dero  (A.),  Rm. 

Dbsbatns.  des  Banys,  de  Baineù 
(GuillenO,  àe  Barcel.,  Rm.  TGuil* 
lerma,  firmeogera),  rte  Baro^.  Rv. 


i 


DES  iTATS  DE  JACMB  I" 


657 


^  *  Desbanchs,  en  Gat.:  d'az.  au 
bœuf  d'or,  à  la  bord,  deocbéo  el 
cousue  de  gu. 

Dbsbrull,  de  BruU,  de  Brulio 
(Stevan),  Rm.,  auteur  de  la  fam.des 
marquis  de  Casa  Desbrull,  à  May. 
éteinte  dans  la  maison  de  Villalonffa. 
Bn.:  de  gu.  au  griffon  d'or.  —  Ma- 
gi^ter  Vgo  DeibruliOf  Rv. 

Dbscos,  Desco'S  (Père,  Ramon), 
Bn.  :  d'or  à  Tours  passant  de  sa. 
snrmon.  d'une  fleur  de  lis  de  gu. 

Desgrix  (Francisco  Johannez),  de 
Teruel,  Rv. 

Dbsfobn  (P.  de  B.),  de  Tortose, 
Rv. 

Desmas  (Guillem),  Rm.  (R.),  Rv. 
—  *  D'or  à  3  fasc.  de  gu.  charg. 
chacune  de  3  fleurs  de  lis  du  champ. 

Dbsmorer,  Dezmorer  (P.),  Rv. 

Desnoger  (P.)  de  Berga,  Rv. 

Desoras  (Guiralt),  Rv. 

Despen  (J.),  de  Tortose,  Rv.  — 
V.  —  Père  Despens.  F.  :  d'or  au 
griffon  d'az.  h  la  bord  de  sin. 

Despiels  (P.),  Berenguer  de 
Spiels,  Rv. 

Dbspoti  (J.)  de  Jaca.  Rv. 

Desprats,  Dezprat  (Bg.,  Eyme- 
rich,  B ,  Ripol),  Jorda  de  Pratis, 
Geraldus  de  Prato,  commandeur 
d*Âlfama,  Rv.  -  Père  Desprals, 
F.  :  de  gu.  à  3  roses  d'or.  —  Fam. 
distinguée.  —  On  trouve  aussi  Des- 
prat  en  Gat.  A.  :  d'or  à  la  bande 
de  sin.  ace.  d'un  pré  fleuri  au  nat, 
à  la  bord,  componéc  de  sin  et  d'or. 

Despuig,  Dezpug,  Des  Puchs,  de 
Podio  (divers  prénoms),  Rm. — ^Rv.— 
Maison  illustre,  représentée  de  nos 
jours  par  le  comte  de  Monténégro, 
grand  d'Espagne.  —  Â..  de  gn.  au 
mont  fleurdehsé  d'or,  char,  d'une 
étoi.  du  champ.  —  Père  Uespuijç; 
F.  :  de  sin.  au  lion  d'or,  ace.  d'une 
fleur  de  lis. 

Despuin  (R.),  de  Tortose,  Rv. 

•espuit(P.,  R.)i  Rv. 

Despujol  (R.)  Rv.— Fam.  distin- 
guée de  Gat.  ayant  aujourd'hui  pour 
chef  D.  José  Maria  Despujol  y  Fer- 
rer de  Sant  Jordi,  comte  de  Fonol- 
lar,  marquis  de  Palmerola.  —A.: 
de  gu.  au  mont  fleurdelisé  d'or,  à 
la  bordure  componnée  d'or  et  de  gu. 

Destola  (  P.),  Rv. 

Dbstornell,  Desiomelio  (ma- 
gister  G.)  Rv. 

Destorrent  (G.),  B.  Destorrentz 
de  Fontrubia,  Ry. 


Destre  (Matheu,  Pedro  Perez 
d'en),  Rv. 

Destbugon,  Destrigo,  Dastrugon 
(Simon,  Simonin),  Rv. 

Destrum  (Flor).  Rv. 

Des  val,  Desvalls,  de  Vais,  deVal- 
libus  (divers  prénoms),  Rv  —  Fam. 
distinguée  de  Gat.,  représentée  de 
nos  jours  par  le  marquis  d'Alfarras 
et  de  Lupia.—  A.  :  d'or  à  la  rose  de 
gu.  Iwutonnée  d'arg.  char,  en  cœur 
de  5  tourteaux  d'az. 

Desvilar,  de  Vilarto  (divers  pré- 
noms), I,  255.—  Rm.—  Rv. 

Deit  ,  de  Dèo  (  Pericus .  Guillem 
de),  Tomas  dena  Deu.  Rv. 

Deusa  (Guillem  ),  Rv. 

DhuSDAT,  Deodato  (Don.  Guillem). 

Deuslosal  (Guillem),  Rv. 

Develsa  (  Garcia  )  el  sa  femme , 
Rv. 

Dbta  ,  Daya,  Dayans,  Bp  —  Bn.  : 
de  gu .  au  pal  d'or  char,  d'une  fau- 
cille au  nat. 

Deza  (Bertran,  P.  Garcez  de), 
P.  Roiz  Dadeza,  Rv.;  Gil  Garcez  de 
Deza,  Z.  f  159.  —  Bernât  deDaza, 
do  Bilbao  F.  :  d'or  à  2  loups  pas- 
sants au  nat.  —  Jacme  de  Daza, 
F  :  d  arg.  à  la  croix  fleuronnée  de 
gn.  cantonnée  de  4  chaudières  an- 
sées  de 

Dezpar,  de  Far  (Hugues),  I,  269. 
—  A.  :  d'or  k  la  chaudière  d'az  . 
remplie  de  flammes  de  gu. 

Dezlegh.  Deylet  (R.),  de  Montp. 
Berthomeu  Dezlec,  Rv.  —  B.  De- 
lecho.  conul  de  Montp.  U,  551. 

Dezluc,  DesUuch  (R.\  Rv.  — 
Premier  mustazaf  de  Val.  F.  :  d'or 
à  la  romaine  au  nat. 

Dezhox  (D.),  Rv.  —  Valero  Des- 
mont, de  Sarâgosse.  F.  :  d'arg.  à 
un  mont,  sur  lequel  un  lion  pour- 
suit un  renard  ravissant  un  lapin. 

Dezlor,  Desllor  (divers  prénoms), 
un  chevalier,  P.  Dezlor,  regine, 
Rv.  —  J.  ch.  xLiv.  —  A.  :  de  gu.  & 
3  cartels  d'or,  chargés  chacun  d'une 
branche  de  laurier  de  sin. 

Dezpi.  Despi,  Dezpin,  de  Spi  (Br., 
Pelegrin),  Rv. 

Dezpisen  (R.),  Rv. 

Dezplans,  Desplan,  Dezpla,  de 
Planis  (P.  Dolza,  B.);  P.  de  Planes, 
Ar.  zas  Planas,  Domingo  de  Plenas, 
Rv.  —  Père  Des  Plans  s'engagea  à 
suivre  Jacme  en  Terre-Sainte,  Doc. 
inéd.  VI,  174.  —  Bemardus  de 
PlanOy  de  Montp.  II,  430.—  Guillem 
Despla,  F.— A.:  *  losange  d'or  et  de 


6S» 


IfOMERGLAltmB  DES  FAMILLES 


sa.,  à  la  bord,  dejgu.  char,  de  8 
roses  d'or.  -  Père  Planes,  chef 
d'une  fam.  représentée  à  May.  Bq.: 
d'or  à  l'aigle  de  gu.,  &  la  bord  du 
même,  chargée  de  8  coquilles  d'arg. 

Dkzpont  (G.)  huissier  du  rot, 
(Ferrer,  Berthomeu),  Rv. 

DiAGASTELLO  (P.  Iniguezde],  Rv. 

DiASSA   (Domingo  Perez),  Rv. 

DiAZ,  Diez,  Deiz,  Diague,  Didctci 
(divers  prénoms)  ;  dos  chevaliors. 
uo  secrétaire  du  roi.  I,  4'i3.  —  Rv. 
—  Bp.  —  D.  f*  385.  —  Fernand 
Diaz,  F.  :  d'az.  à  la  comète  d'or.  — 
Âlvaro  de  Diez,  castillan,  F.  :  de 
gu.  au  saut.  d'or.  —  Fernand  Diez, 
F.  :  d'or  à  6  bandes  d'az. 

DiEus  LO  FBS  (Firmin)  de  Montp. 
II,  552. 

DiNOSA,  Disona  (Ar.)  Rv. 

DiOMS  (te  C^')  grand  seigneur 
hODgrois,  parent  de  la  reine  Yo- 
lande, 1.358:11,  577— Rv.— Amor 
Oionis,  son  fils,  reçut  des  b  ens  à, 
Orihuela.  D.  f  335. 

DoLZASCAHNs  (Fcraand  de)  Rv. 

DOMENECH,  Diomen^e ,  Domin- 
go, Dominguez,  Dammici  (divei's 
Ç rénoms).  Plusieurs  bourgeois  de 
eruel,  de  ëaragoirse,  de  Jaca; 
un  tailleur;  un  arbalétrier  de  Mora, 
Rm  -  Rv.  —  V.  —  Joan  Dome- 
ndch,  français,  F.  :  de  sin.  au  chien 
rampant  d'arg.  tenant  une  ban- 
nière de  gu.  et  surm.  d'une  fleur 
de  lis  d'az.  —  Arnalt  de  Na  Do- 
mingua,  de  Tortose,  Rm.  —  Do- 
miaga,  boulangère,  Rv.  —  Dôme- 
nech,  à  May.  Bn.:  d'or  k  3  roses 
tigées  au  nat.  liéeslpar  une  bande- 
lette de  gu . 

Dons,  de  (7/mts  (Guillem)  F.  - 
Bn.:  d'or  à  3  fasc.  do  sa. 

Don,  Donad  (Ramon)  Rv. 

DONATA ,  chevalier  d'Epila  et 
Miguel  Lopez,  son  frère,  Rv. 

DONGISA  (Gil)  Rv. 

DoEABUENA  (S.  Dominffo)  Rv. 

DoRDoiNo  (Blasco)  de  Jaca,  Rv 

DoRLA  (Martin),  Rv. 

DoRiLS  (Jacques)  chevalier  fran- 
çais. F.:  de  gu.  à  la  carafe  d'or. 

DOYZ  (Jacme  de)  D.  f  357 

Drapeii  (Lorens),  Rm.  —  (P., 
Bernât)  Rv. 

DuDALA  (Gonzalvo  Ruiz)    Rv. 

DciT  (Fernand),  de  Jaca.  Rv. 

DunoL  (P.)  de  Tortose,  Rv. 

DoL  (Domingo)  de  Jaca,  Rv, 

DuoNA    (Ferrer  de)  Rv. 

PuRAN  (divers  prénoms)  Rv.   — 


F.:  de  sio.     mi    lion    ace  d'«a 
croiss.—  Duranet,  Rv. 
BCRPORT  (Berenguer  eiR«aioa), 

I,  291,  299:  II.  133  166,  -^  Ranon 
Durfort.  prud'homme  de  Val.  Il, 
569.  —  Rv.  —F.  d'az.  au  cbatean 
do. . . .  contre  lequel  nunpe  un  lioa 
<ror.  —  Devis»::  Si  eU  mryofùH 
^Sil  est  cUir,  je  suis  fort).  —  Proba- 
bl liment  de  la  même  souche  que 
l'illustre  maison  française  de  Dur- 
fort  -  d'arg.  à  la  bande  d'az. 

DcRG,  Durt  (Ramon,  Galoeran, 
Armeogol),  Z.  1-  164, 177.  ^t .  — 
Bp.  — ♦  Durch,  en  Rouss.  A:  d'arg. 
à  3  losanges  de  gu.  rangées  en  fasa 
surmont,  chacune  d  une  rose  au 
nat:  ù  la  bord,  componnée  d'ai^. 
etdegu. 

DUASACH  (B.)  Rv. 

Elart  (R.  dt)  Rv, 

Elias,  tailleur,  pelletier;  ~  mc- 
<7i«tor  Relias,  Rv. 

Embit,  Dembit  (Sancko  Xime- 
nez)  Rv. 

E.MERICH,  Emerig,  Aymeric,  Al- 
morich,  Haymirius  (seul  ou  avec 
divers  prénoms)  Rm.—  Rv  —  Ber- 
nât Eymerich.  de  Barcel  Bp.  — 
Bn.:  d'az.  au  soleil  d'arg.  —  Bernât 
Eimirici,  arbalétrier  ;  maître  Al- 
méric,  périgourdin,  Rv.  —  And  tes 
Bymeric,  fauconnier  du  roi,  II,  606. 

Encxapes  (Martin  de)  de  Montp., 
F .  :  d'arg.  à  la  balance  en  équiiiCrs 
de  .. 

Enecez,  Ennegz  (Divers  prénoms), 
piusiïîurs  chevariers.  Rv. 

Eneugua,  Enecpia  (P.,  M,),  Rv. 

Knric,  de  la  suitede  la  reine,  JRv. 

Entenza,  Antenza  (divers  pré- 
noms); un  chevalier,  un  arbalétrier, 
Fam.  de  ricos  homes  aragonais,  f, 
136,  389;  II,  27,  32,  50.  —  B.:  d'or 
au  chef  de  sa.  —  Bernai  GuUlem, 
fils  de  Guillem  VIII  de  MonlpeUier, 
prit  le  nom  d*Entenza;  I,  324.  S44, 
348,  366  à  372.  374;  II,  80,  291,  301, 
337  à  344,  391.  —  G.  de  Ëntenia, 

II,  561.— Ramon  de Ëntenxa,  fils  de 
Bernai  GuiUem.  F.:  ée.  d'arg  à 
3  pals  de  gu.  et  ae  gu  plein.  —  Be- 
renguer de  Kntenxa,  rico  hmmê,  F.: 
parti  d'or  et  de  gu. 

Enveig  (Joaa)  catalan,  F.:  d'or 
plein. 

Epila  (Domingo  de)  de  Hueaca, 
Rv. 

Erill,  Bril,  d$  EHUo  (P.  de)  des 
neuf  barons  de  Cal.  Rv.  —  F.:  d'or 
au  lion  d'az.  —  Berenguer  de  Erà, 


DBS  «TATS   DE  #AC1IK  I 


«r 


6» 


ÔYÀiue  de  Barcel.  I.  343,  353.— Be- 
renguer  de  Eril,  II,  262.  —  A.: 
d'arg.  aullion  de  gu.  couronné  d'or. 

'Ermbnienoe  (Maria  de),  Ermes- 
sende,  couturière,  Rv. 

EsGALAS,  Scala.  Sescala,  Sesesca- 
las  (Bemat),  Bp.  —  Bn.  :  degu.  à  6 
échelles  d'or,  posées  en  bande,  1,  2, 
2  et  1;  sur  le  tout  :  parM|émanché 
4*arg.  et  d'az.— 6.  de  Lescala,  che- 
valier, Rv. 

EscAMiLLA  (Amfos  de).  F.:  d'az. 
à  la  tour  d'arg.  sur  les  créneaux  de 
laquelle  sont}perchées  deux  oies  du 
même. 

EsGARPio  (Fr.  B.,  Fr.  Andréas 
de),  Rv. 

ËSCHEDAS  (Martin  Lopcz).  Rv. 

EscHERDO.  Eschierdo  (jBertomeu), 
Rv.  —  AdaJid.  C'est  lui  que  le  roi 
arrêta  de  sa  propre  main  sur  le 
seuil  de  la  tente  de  D.  Garcia  Ro- 
men  (t.  II.  p.  36).  —  J.  ch.  ccxiv.— 
Scherda,  Rv. 

EscLOT.  Desclol  (F.).  Rv.  — Pro- 
bablement de  la  même  fam.  que  le 
chroniqueur  Bernât  d'Esclot»  Des- 
clot,  Sclot,  Aclot,  I.  427,  428;  II, 
457. 

EscoLANO,  Scolano  (P.  de  Vich.) 
G.  Escola,  Rv.  —  Joan  Escolano, 
de  Jaca,  F.  :  d'arg.  à  3  bandes  de 
sin.,  ace.  de  8  besants  de  gu. 

ESGORNA  (Ramon),  Rv.  —  F.  : 
d*arg.  au  bœuf  de  gu.  entouré  do 
clochettes  de  . . . 

EsGRivA,  S<?riba,  Scriptor  (divers 

Ï)rônoms).  Quelquefois  nom  ue  pro- 
(sssion.  Rv.  —  Guillem  Bscriva, 
chevalier,  secrétaire  du  roi,  orig. 
de  Toul.  d'après  F.,  de  Narbonne 
d'après  V..  reçut  en  fief  les  revenus 
du  greffe  du  jusUcia  de  Val.  J.  ch. 
ccLXXxvm.  —  Z.  f"  198.—  D.  f  377. 
—  Echiq.  d'or  et  de  gu.  —  Escriva 
de  Romani  est  le  nom  de  famille 
du  marquis  de  Monistrol  de  Noya 
et  de  San  Dionis,  baron  de  Béni- 
pareil. 

ËSGUDER    (P.),   Rv. 

BsLAVA,  Esilava,  Sllava,  Deslava, 
Dez  Lava  (Lope  de),  Rm.  —  (Di- 
vers prénoms),  I,  303.  —  F.  :  de 
sÎQ.  à  3  écussons  do  gu.  char,  d'une 
fasc.  d'or.  —  De  sin.  à  3  écussons 
fasoês  d'or  et  de  gu. 

EsPADA  (Bemat  de),  de  Madrid, 
F.  :  d'az.  à  l'épée  au  nat.  &  la  bord. 
d*or  semée  de  fleurs  de  lis. 

ESPAILARGAS.  Spallargas,  Des- 
P^yJajTges  (G.  ae},  chev.  Rv. 


EsPANYAf  Despayna,  Spanva,  de 
Hyspania  (divers  prénoms),  Km.  — 
Rv. 

EsPARZA  (Lope  de),  memadero 
navarrais,  F.  :  de  sin.  au  soleil  d'or. 

EsPAYNOL ,  Spainol ,  Despennol 
(divers  prénoms),  I,  255.  Rm.  — 
Rv.  —  Espaûol  à;  May.  éteint  dans 
la  fam.  des  Dameto.  marquis  de 
Bellpuig,  Bn.  :  d'or  à  3  oiseaux  es- 
sorants do  sa. 

EsPEJO  (Juan  Ruiz  de),  F.  :  d'or 
3  miroirs  garnis  d'ébène  et  d'ivoire 
au  nat. —  Gelacian  de  ^spejo,  chev . 
navarrais,  F  :  d'arg.  au  griffon  de 
sin. 

EspiGOL,  Spigol,  Despigol  (B.,  P., 
G.  de),  Rv.  —  Père  Espigol,  de  Gl- 
rone,  F.  :  de  gu.  à  5  plantes  d'aspic 
de  sin. 

EsPES  (Père),  de  Toul.  ou  de  Toi. 
s'embarqua  avec  le  roi  pour  la 
Terre-Sainte.  F  :  d'az.  au  griffon 
de  gu.  et  de  sa. 

ESPLUGA ,  Aspluga ,  Gaspluga , 
Spluga  (Ar.,  %..  G.  de),  Rv.  — 
Berenguer  de  Ësplu^ucs,  de  Pera- 
lada,  F.  •.  de  gu..'à  la  fleur  de  ils 
d'or.  —  Bernât  de  Esplugues,  orig. 
de  France.  P.:  de  gu.  semé  de  fleurs 
do  lis  d'arg. 

EsposA  (Blasco.  Gil  do\  de  Jaca, 

Rv.  V  .  .' 

ËSTADA,  Stada,  Destada  (divers 
prénoms).  Plusieurs  chevaliers.  J. 
ch.  XL.  —  Rv. 

ESTADELLA  (J.  de),   Rv. 

ESTANYA  (Père),  de  Montp.  F.: 
d'or  à  2  cvgnes  nageant  dans  un 
étang.  —  Amet  de  Stayna,  Rv. 

EsTBLLA,  Stella,  Destella  (Divers 
prénoms),  Rv. 

EsTEVA,  Estevan,  Stephani,  de 
Stephano  (divere  prénoms),  Rm.  — 
Rv.  —  Estera,  représentée  de  nos 
jours  à  Iviza  Bn.  :  d'arg.  à  2  bœufs 
attelés  à  une  charrue,  le  tout  au 
nat.  —  Elias  Esteva  s'engagea  à 
suivre  Jacme  en  Terre-Sainte.  Doc. 
inéd.,  VI,  174.  —  Stephanus,  /br- 
nerius;  Stephanus,  carnicer;  Guil- 
lem et  S.  Stevanet:  Stebania;  G. 
d'en  Estevaneta,  Rv. 

EsTiu  (A.,  A.  Perez  de),  Rv. 

EsDN  (Martin  de),  Rv. 

EvA,  nourrice  de  la  reine.  Rv. 

EVELLE  (P.),  Rv. 

Evi  (mdgister),  Rv. 

ExABERRE,   Exabarre  (Lope  de) 
Rv. 

ExAKGH,  Eizarc  (Père)  français 


640 


NOMENCLATURE    DBS   FAMILLES 


P.:  de  gu.  à  la  fleur  de  lis  d*or. 

ExfiA,  Dexea,  Degea,  Exeya  (di- 
vers prénoms).  Plusieurs  chevaliers, 
un  cn&telain  d'Amposta.  Fain.  re- 
présentée en  Espagne  et  en  Fran- 
ce —  Echiq.  d'or  ei  de  gu . 

KxERicA,  Xerica  (Jacme  de]  fils 
légitime  du  roi  Jacme  1*'  et  de  Téresa 
GÎTlI,  356.  481.  -  B.  —  F.:  dA- 
rag.  à  la  bord.  d*or,  char,  de  8 
écussons  d'arg.  à  la  Fasc.  d*az.,  qui 
est  Gil  de  Vidaure. 

ËxiBERT  (Mahomet)  Rv . 

ExiHEw,  Ëximeniz,  Ximeno,  Xi- 
menoz  (divere  prénoms),  un  arba- 
létrier, un  chanoine  de  Saragosse; 
Ximenello.  courrier,  Rv. 

Eyz(G.)  Rv. 

Fabkr  (D.  ,  Uc,  Guillem)  de 
Montp.  II,  552.  -  Br.  et  Thibalt 
Febre.  Rv. 

Fabra  (Frère  Miguel),  domini- 
cain, I,  289;  II,  74,75.  -  D.  f* 
388.— Guillem  de  Fabra,  frèrede  Mi- 

Suel.  F.:  éc.  d'azau  croiss.  d'or  et 
e  gu.  à  1  étoi.  d'or. 

l^BREGES,  de  Fabricis  (A.,  R., 
B.  de)  Rv.  —  *  Fabreçes  exis- 
tant encore  à  May.  Bn.:  d  az.  à  la 
bande  cousue  de  gu.  ace.  en  chef 
d'une  étoi.  d'arg.  et  en  pointe  d'un 
château  ruiné  d^or,  -  ♦  Fahregues , 
en  Languedoc;  d'or  au  cor  d'az, 
lié  de  sa .  '  Fabregas  est  le  nom  de 
ftmilliî  de  la  baronne  de  Fuente 
de  Quinto. 

Facaut  (Br.  de)  Rv. 

Fagunda.  Rv. 

Falcbs,  Falchs,  Falz,  de  Falcihus 

i divers  prénoms)  Rv.  —  Rodrigo 
falces,  navarrais.  F.:  d'az.  à  5  fau- 
cilles d'or. 

Falcone  (R..  Ar.)  Falcus,  Rv.- 
Le  marquis  de  Oastel  -  Rodrigo, 
prince  Pio  do  Saboya,  grand  d'Es- 
pagne ;  le  marquis  de  Almonacid  de 
los  Otoros  ;  le  comte  de  Lumiares, 
portent  le  nom  de  Falco. 

Falconbr  (A.,  R.,  Andreu)  Rv.— 
Ramon  Falconer,  d'Alcira,  II,  610. 

Fales  fBr.  de)  Rv. 

Falgubr,  de  Falgueriis  (Bertho- 
meu.  Bernât,  Père)  Bp.  —  Le  nom 
de  Falguera  ebt  porté  par  le  comte 
Santiago. 

Falzet  (F.  de)  Rm. 

Faraix,  lils  de  Mahomet,  arbalé- 
trier. Il,  376.  -Rv.        „    .     ,  , 

Fariza,  Ferisa  (Ona,    Maria  de) 

Faxardo  (Alvarez),  galicien,  F.: 


d'arg.  aux  plantes  d*ortie  de  sin. 
sur  un  mont  battu  par  les  flots. 

Fazanias  (Benêt  de)  de  Teniel, 
Rv. 

Febrer,  Fabrer  (D.,  Laurens), 
Rv.  —  «Tacmc  Febrer,  I,  4G0 
Guillem  Febrer,  inspecteur  de  l'ar- 
mée royale  à  Val.,  père  de  l'auteur 
des  Trobas.  Ce  dernier  Ait  fillenl 
du  roi  Jacme.  F.:  d'or  à  la  fleur  de 
lis  d  az.  A  ces  armes,  Jacme  Febrer 
ajouta  par  concession  royale  :  d'aiig 
au  lion  au  nat.  —  Fabrer,  à  May. 
même  fam.  que  la  précédente.  Bn.: 
coupé  d'or  à  la  fleur  de  lis  d'az.  et 
d'arg.  au  lion  au  nat. 

Fedas  (Uc  de)  Rv. 

Fehet  (Bertcmeu  de),  d'Alme- 
nara,  Rv. 

Felip  (Domingo,  Pascual  de). 
Philippus  Portartus,  Rv. 

Feliu  (P.),  Rv.  —  *  Feliu  à  May. 
Bn.:  d'or  &  la  croix  de  Calalrava 
de  gu. ,  à  la  bordure  compaaêe 
d'or  et  de  gu. 

Feltrer  tP.),  Rv. 

Fenals  (Miguel  de),  Rv. 

Fenollers,  Fenoylers,  Fenuler 
(Ar.  de),  Rv.  —  *  Fonollar,  à  May. 
(Comté  dans  la  maison  Despujol). 
A.:  bandé  d'or  et  de  sa.  de  8  pièces, 

Fbnollet,  FonoUet  Bp.  —  Bn. 
Fam.  importante  orîg.  d'après  F. 
et  V.  do  Sainl-Paul-de-Fenouillet 
dans  le  diocèse  do  Narbonne.  Elle 
a  possédé  les  vicomtes  de  Illa  et  de 
Canet.  Son  chef  porte  aujourd'hui 
les  titres  de  comte  de  Olocau,  mar- 
quis de  Llanara  et  de  GarboneIK 
grand  d'Espagne.  Le  duc  de  Hijar 
a  hérité  du  titre  de  vie.  de  Illa.  — 
Bn.:  d'or  à  la  plante  de  fenouil  de 
trois  fleurs  au  nat.— F.  —  V.:  parti 
d'or  à  la  plante  d»  fenouil  de  sin. 
à  la  bord,  componée  d'or  et  de  sin., 
et  d'az.  à  la  demi -fleur  de  lis  d'or. 

Fer,  Feri  (Anselm)  de  Marseille, 
Rni.— G.  Ferre,  Rm.— G.,  P.  Ferre, 
J.  Ferro  ou  Fierro,  de  Te-uel,  Rv. 

Ferigola  (R.  de),  Rv. 

Fernand,  abbé  de  Montaragon. 
infant  d'Ar..  oncle  du  roi,  I  et  II 
passim.  —  Ferrand  et  Ferra  (divers 
prénoms),  un  jongleur,  I,  459,  Rm. 
—  Rv.— Arnalt  Ferrand,  lieutenant 
du  roi  à  Montp.,  II,  407.  —  Ferra 
de  la  Mola  &  May.  Bn.:  d'az.  au  fer 
à  cheval  d'arg.  ace .  en  chef  de  2 
étoi.  à  6  rais,  du  même.— Père  Fa^ 
rando,  F.:  éc.  en  saut  d'arg.  au  fôr 
à  cheval  d'az.  et  degu.  à  l'étoi.  d'or. 


DM  irktlê   0B  JAGBB  I*' 


641 


Fbrnandbz,  Ferrandiz  (diTérs 
prénoms)^  an  chevalier,  on  jardi- 
nier. Ferrandiz  à  May.  d'nrig.  por- 
tttgaise:  parti  d'or  au  chef  daz. 
char,  de  3  losanges  du  champ,  et  de 
gu.  à  4  fasc.  (T or.  —  Berenguela 
Femandez,  maîtresse  du  roi,  II, 
352;  Pedro  Fernande^  de  Hyar,  fils 
naturel  du  roi:  voy.  Hijar. 

PERaADELA  (Ramon)  s'engagea  à 
cuivre  le  roi  en  Terre-Sainle.  Doo. 
in4d.;  IV,  p.  174 

Fbbradi,  Ferrado(Furtado  Ferez. 
Marti),  Rv. 

Fbbbaout,  de  Ferro  aciUo  (Be- 
renguer,  Miguel),  Rm.;—Rv.,  Pore 
Ferragut  de  Jaca.P.  :  de  gu.  au  fer 
à  cheval  d'or  ace  d'un  clou  du 
ménïe. 

FEBBAMni  (Marza),  Rv. 

Febber.  Ferrar,  Ferrarii  (divers 
m^ùomâ),  Rm.  —  Rv.  —  Ausias  et 
Dérnat  Ferrer  reçurent  des  terres 
à  Xdt  D.  ^  340.  —  Ferrer  à  May. 
Bn.  et  Bernât  Ferrer,  anglais.  F.  : 
ae  gu.  à  3 Jumelles  en  bande  d'or. 

—  Ausias  Ferrer,  écossais.  P.:  d'az. 
à  la  bande  d'or,  remplie  de  sin.  et 
dé  sin.  à  3  fers  à  cheVal  d'or.  —  Le 
nom  de  Ferrer  est  porté  par  le  mar- 
c(ais  de  Viilasegura  et  de  Monte- 
muzo. 

Ferbeba  (Palaton,  Garcia  Ferez, 
Arsen),  Rm.,  — Rv. 

FEBRBt  (P.),  dç  Tortose.  Rv. 

Fbbbiols  (G.  de);  Ferriol,  trom- 
pette, irortuiidor. 

Fbbbiz  (Marco),  I,  95.  —  Rv.  — 
Ktfrriâ  de  Huesca,  P.:  de  sa.  à  la 
cfoix  d'arg.  char,  de  4  fers  à  che- 
val d'az.  et  au  oentre  d'un  saut, 
de  gu. 

FiGAc  (P.  de)  Rv. 

Figbb,  FigeroB,  Figuera  (divers 
prénoms),  Rv.  —  Benêt  de  Fijfuera, 
F.:  de. . .  à  la  feuille  de  ttgnier  de 
stn.,  et  d*az.  à  l'étoile  d'or.    * 

FioiiBBOLA,  Figerols,  de  Figerolis 
(divers  prénoms).  —  Rv.— P.— A.: 
d'or  à  5  feuilles  de  figuier  de  sin. 
an  saut. 

FiLBBA  (Ximenez  de),  Rm. 

FlIfALLBBAS,   Rv. 

F1NE9TB8S  (Berenguer  de),  J.  ch. 

XLII. 

FiTA  (Bg.  de),  Rv. 

FiVALLBa,  Fyvaller,  Fiveler.  Rv. 

—  B».  —  A.  ;  de  gu.  au  lion  d'arg. 
arme  d'az.  —  Le  cnef  de  cette  illus- 
tre famille  catalane  est  aujourd'hui 
le  duc  d'AlmeiMira  Alta,  comte  de 

T.  n. 


Damius,  marquis  deVillel,  grftnd 
d'Espagne. 

Flababug  ,  Hababug  (Pelegii, 
Just,  Miguel,  J.  Ferez,  Joannez  de), 
Rv. 

Flanoina  (P.),  Rv. 

Flix  (Andriolo  et  Albert),  neveux 
de  Garroz,  seigneur  de  ReboUedo. 

Flochait,  Rv. 

Florejaciis  (Salvator  de),  Rv. 

FloreiNt,  Rv. 

Florbz,  Floriz  (Matheu ,  cheva- 
lier de  Galatrava),  Rv. 

Plumez  (Guiliem  Ivanez  de),  Rv. 

Fluvia  (Guiliem  de),  Z.  f^  115.— 
A.  :  d'az.  à  3  fasc.  ondées  d'arg.,  à 
la  bord,  de  gu.  char,  de  8  ôcussons 
d'or  &  la  fasc.  de  sa. 

FocALD,  Folcalt,  Kolca  (B.),  bou- 
cher, G.  Focaut,  Rv. 

Focbs,  lam.  de  rioos  homes  de 
naturaleza,  h  136,  175,  187,  197, 
•207.  307,  323;  II,  95,  301.  395,  407. 

—  B.—  F.  :  d'az.  à  5  faucilles  d'arg. 
Foix  (Pons  et  Bermond  de)  s'en- 

ga^rent  a  suivre  Jacme  en  Terre- 
Sainte.  Doc.  tn^d.;  VI,  174.— Comtes 
de  FoU,  vassaux  des  comtes  de  Eteir- 
cel.  I,  130;  II.  64.  66,  337.  369,  479. 

—  D'or  à  3  pals  de  gu. 

FoLGH,  (Frère)  maître  de  l'hôpi- 
tal. I,  174.  Voy.  Cardona. 

FOLQUET  (P.),  Rv. 

Fo."9T,  za  Font,  de  Fonte  (A.  de) 
Rv.  —  G.  de  Fonte,  prêtre,  secré- 
taire du  vie.  de  Gardona,  I,  445  — 
Ramon  de  Font.  Bp.  —  Bn.:  d'or 
à  3  fasc.  d'az.  cnar.  de  6  fleurs  de 
lis  du  champ,  3,  2  et  1. 

FoNTANET  (B.  de)  Rv.  —  *  A.: 
de  gu.  à  la  fontaine  d'or  jaillissante 
d'arg.  ombrée  d'az. 

Fonte RRODALiA  (Marin),  Rv. 

FoNTESCALENTKS  (Michael,  Gar- 
cia de),  de  Teruel.  Rv. 

FoNTESCLARAS  (Pascual  de),  Rv. 

FoNTOVA.  fam.  de  mesnaderoSt 
II,  334.  —  Rv.  —  B. 

Fontbubia  (Buguet  de),  chev., 
Rv. 

Fonts,  de  Fontibus  (G.  de)  che- 
valier. —  Marti  do  Fuentes,  Rv. 

FoNViVES,  de  Fonvivie  (P.  de) 
deMontp.  Il,  552. 

FORBEYTR  (R.),  Rv. 

FoRCALQUiER  (Hugues  de)  maître 
des  hospitaliers.  I,  307,  343,  380, 
389  ;  il,  90,  95.  -  D'or  au  lion  de 

flM.  cour,  du  même,  allas  :  de  gu.  à 
a  croix  cléchée,  vidée  et  pommelée 
d'or. 

42 


642 


NOMENCLATURE   DES   FAMILLES 


Fores  (P.,  Ramonde),  Rv. 

FoRN  (R.  de)  ,  de  Fornos , 
Rv.  —  Bernât  del  Forn  s'engagea 
à  suivre  le  roi  en  Terpe-bainte 
Doc,  inéd.',  VI,  174. 

FoRNER  (Pons,  Marti,  D.),  Rv. 

FoRXiCH  (Marcho)  Rv. 

FoRQUiLLA  (Martm  Ruiz)  reçut 
des  biens  à  Orihuela.  D  f»  335. 

FoRROS  (Berthomeu),  Rv. 

Fort  (Ramon),  viguier  de  Cerda- 
gne,Z.  f*  205  —  Père  Fort  du  comté 
d'Urgol,  F.:  de  sin.au  nœud  gor- 
dien de...  —  Fort,  de  Barcel.  A.: 
d'az.  au  rocher  au  nat.  surm.  d'un 
ctiâteau  doi\jonnô  de  3  tours  d'arg. 

FoRTER  (Berenguer),  Rv. 

Fortes,  de  Saragosse.  Rv. 

FoRTUN  (S.,  p.,  J.),  Rv.  —  For- 
tuny,  de  Tortose,  A.:  d'az.  à  2  fasc. 
brétessées  et  contrebrétessées  d'arg. 

FoRz,  de  Burriana:  G.  Fuorz.,' 
Rv. 

Fraga  (G.,  R.,  Domingo,  J.. 
Sanches.  April,  Br.  de),  un  cheva- 
lier, un  huissier  du  roi,  Rm.  —  Rv. 

Francesa  (J.  de),  de  Jaca,  Rv. 

Franch  (G.).  Rv.  —  Jacme 
Pranch,  provençal,  F.:  de  gu.  à  la 
Heur  de  lis  d'arg. 

Franculin  ((;.  dej,  f aster  tus,  Rv. 

Fhaner   (G.),  Rv. 

Frau  (Ferrer  de)  Rv.  —  *  Frau, 
représontô  à  May.  Bn.:  d'az.  à  la 
tour  d'arg.  senestréo  d'un  lion  d'or 
tenant  dans  sa  gueule  une  bande- 
rolle  d'arg.  char,  du  mot  Frati.  Mon- 
telô  à  dext.  d'arg,  au  fraisier  de 
sin.  soutenu  par  une  main  d'arg., 
à  sen.  degu  à  l'étoi.  d'or. 

FfiANQrKZA  (Arnau  de),  F.:  d'or 
au  lion  de  gu.  ayant  dans  sa  gueule 
une  banderolle  sur  laquelle  est  écrit 
le  mot:  Hbertas, 

Fraxino  (Berengarius  de)   Rv. 

Frexer  (Joan,  R.)  de  Girone, 
Rm. 

Fresaria  (Joanna),  Rv. 

Freschet  ,  Fresche  ,  Frescheti 
(R.),  Rv. 

Frexa  (Nicolas),  Rv.  —  Fressa. 
de  Tarragone.  A.  :  d'arg.  au  lion 
de  gu.  rampant  contre  un  frône 
arraché  de  sm. 

Frigola  (Giiillem  de),  F.:  d'or 
à  la  plante  de  thym  de  sin.—  R.  de 
Pregola,  Rv. 

Frontin  (Garcia),  Z.  f*  173.  — 
Frontinus,  Rv. 

Frogier,  Frotgerii  (J.),  consul  de 
Montp.  U,  551. 


Frote,  Rv. 

Fuentes  (Marti  de),  Rv. 
Fcga  (S.  de.  Rv. 
FuLGRAN  (Gui Hem),   consul  de 
Montp.  I,  173. 

FoNBS  (Lope  Arces  de),  Rv.  — 
Pedro  de  Funes,  d'une  fumillede 
mesnaderos  de  Nav.  et  d'Ar.,  P.  : 
coupé  d'az.  et  d'herm.  —  Bemardo 
de  runes,  de  Huesca,  F.  —  V.:  d'or 
au  lion  de  gu.  dans  un  lacs  d'amour 
d  az.,  &  la  aevise  :  Funes  peccaUirum 
apprehenderunt  me,  en  lettres  de  sa. 
posées  en  orlc. 

FoMicuLO  (Galdero  de),  Rv. 

Fuster  (Pelegrin),  de  Barcel, 
Rm.,  chef  d'une  fa  m.  représentée 
à  May.  Bn.  :  d'az.  à  Têtoi.  à  8  rais 
d'or.  —  Garcia,  Berenguer,  Père, 
Arsendis  Fuster,  Rv.  —  Mifud 
Fuster,  notaire.  II, 237.  —A.  :  ûTax. 
au  loup  ravissant  d'or.  —  Jacme 
Fuster,  de  Montpellier,  F.  :  d'az.  au 
soleil  de . . .  char,  d'une  lune  de. . . 
Rcmon  Fuster,  de  Barcel.  F.:  d'az. 

à copeaux  d'or  (fuster  signifie 

en  catalan  tourneur).  —  Arnaki 
Fuster,  aragonais,  F.  :  d*az.  à  la 
lune  d'arg.  ace.  de  3  ôloi.  d'or.  — 
Fuster  est  le  nom  de  famille  du 
comte  de  Rorhe. 

Gabran  (Guillem  de),  Rv. 

Gacet  (Guillem),  D,  f •  376. 

Gaenera  (Marquesia),  Rv. 

Gaic  (R.  de),  Rv. 

Gailach,  Gayllach,  Galla  (Bemi- 
ffuer,  R.,  G.).  Rv.  —  *Gaillac  en 
Lang.:  d'az.  à  la  comète  à  16  rais 
d'or,  caudée  du  mémo.  —  Amald  de 
Gailach,  de  Tortose.  F.  d'az.  au  coq 
d'or. 

Gal,  Rv. 

Galabrun  Relias),  Rv. 

Galacian,  Km. 

Galaubia,  Galobia,  Galabia,  Rv. 

Galbe  (Bertomeu  de).  Rv.  — 
Benêt  de  Galves.  de  Tortose,  F.:  de 
gu.  à  l'aigle  d'arg.  beoq.  d'or. 

Galbert  (P.  de),  Rv. 

Galiana  (Jacme  de),  Rm.  —  Lo- 
sange d'or  et  do  gu. 

Galifa  (Berenguer  de),  Rm.  — 
*  Gallifa  en  Cat.  A.:  d'az.  à  la  tour 
d'or,  maçonnée,  ouv.  et  aj.  de  sa. 
supportant  un  coq  du  même. 

Gallnda,  Galindo,  Galida  (J.}, 
juge  de  Daroca.  —  P.  Galindo,  cor- 
donnier do  Galatayud.  Rv. 

Galiners  (P.  de),  ftv, 

Gallard  (Nicolas),  Bp.  —  Bn.: 


DES  ^TâTS  DB  JACIIB  I*' 


643 


d'az.  à  3  fas.  d'or,  au  chef  cousu  de 
gu.  &  3  pals  d'arg. 

Gallbt  (Ferrer  na),  Rv. 

Gallisa  (Guillem  de),  Rv. 

Gallisa!<(T  (R.  de].  Paix  de  1235* 

Galoger  (Pascual),  Rv. 

Galub,  Gallur  (J.  Ferez),  chev. 

glartin  Ferez,    Fascual.  Guillem 
erez  de),  Rv. 

Galyis  (Juan).  Faix  de  1235. 

Gamarbl  (B.),  Rv. 

Gamio.v  (Rodfrigo),  Rv. 

Gamitnd  (G.),  Rv. 

Ga!sd  (Berenguer),  Rv. 

Gandesa  (Br.  de),  Rv. 

Ganter  (p.),  Rm. 

Garau  (Br.),  Garaud,  Rv.  —  Ga- 
rau  représentée  à  May.  Bn.  :  d  or 
au  lion  au  nat.  portant  dans  sa 
patte  dexL  un  fouet  d'arg.—  Garcia 
Garay,  de  Tudela  F.  :  de  gu.  au 
lion  d'or  portant  une  bannière 
d'arg. 

Garbayo  (P.),  Rv. 

Garcia  (divers  prénoms).  Un 
grand  nombre  d'inaividus  de  tout 
rang;  I,  404.  —  Rm.  —  Bv.  —  Gar- 
cia, représentée  aujourd'hui  à  May 
Bn.  :  de  gu.  à  3  châteaux  d'arg. 
donjonnés  de  3  tours. 

Garces,  Garcez,  Garcis ,  Garz  (di- 
vers prénoms).  II,  611.  —  J.  ch. 
ccLXXXi.—  Z,  f*  149.  —  D.  f  355.  — 
Rv.  -  Bp.  —  *  Alfonso  Garces,  ara- 
gooais,  F.  :  d'arg.  à. . .  fasc.  de  gu. 

Gardei,  Gardeny  (Ferrer  de),  de 
Lérida,  Rm. 

Gardiola,  Guardîola  (P.,  Br., 
Guillem  de),  Rv.  —  Guardiola  de 
Barcel.  A.  :  d'az.  à  là  bande  d'arg. 
dentelée  par  le  bas  et  ace.  de  2  yeux 
de  sa. 

Garez  (Ximeno.  Toda),  Rv. 

Garfan  (Gil).  Rv. 

GARf  I  (Miguel  de),  Rv. 

Garcantore,  Rv  . 

Garidel  (Tomas)  de  Tortose.  II, 
569.  —  Rv.  -  Fere  Garidel,  pro- 
vençal, F  ;  d'arg.  à  l'aigle  do  sa. 
tenant  un  oiseau  dans  ses  serres. 

Garin  (Br.  de)  Rv.  —  Pons  Ga- 
rin,  de  Montp.,  II,  552. 

Garnier,  Garnerii  (G.,  Elyas), 
de  Montp.,  II,  551,  552. 

Gabroz(P.,  Martin),  Rv. 

Garra  (Pons),  Rv. 

Garraiz  (Sanchez  de),  Rv, 

Garrigosa  (R.  de),  Rv. 

Garsion  (Bertomeu),  Rv. 

Gasca  (Joan  de  ou  de  la).  Rv. 

Gasgh,  Gua.sch,  Gascho,  Gaschon 


Gascon  (divers  prénoms)  ;  un  che- 
vaher,  un  marchand,  un  pelletier, 
Rm.  —  Rv  —  D.  f  385.  —  R. 
Gascon,  I,  442. 

Gaso*  (Bertran),  Rv. 

Gasol,  Gaçol  (D.),  Rv— Gassol, 
en  Cat.  A.:  d'arç.  au  marc  d'or 
surm.  d'un  soleil  du  même.  — Fam. 
distinguée  de  Cat.  représentée  au- 
jourdTiui  par  le  marquis  de  Sen- 
menat,  comte  de  Munter. 

Gasqueta,  Rv. 

Gastavi,  Rv. 

Gaston,  chevalier,  Rv. 

Gâta  (Bertran  de  la),  Rv. 

Gac  (Br.  de),  Rv.  —  de  gu.  à  la 
croix  vidée  et  fleurdelisée  d  or,  can- 
tonnée de  4  fleurs  de  lis  du  même. 

Gaucelin,  Gaucelm  (^Ramon  ), 
seigneur  de  Lunel.  en  Lang. ,  I, 
57,  64;  II,  312,  327.407.  —  D'az.  au 
croiss.  versé  d'arg. 

Gaugeran.  Galceran  (G.),  de  Vil- 
labertran,  Rv.  —  R.  Gausseran,  I, 
444. 

GaI'PERT  (Guerau),  de  Barcel., 
Rv. 

Gauseces  (G a  Rv. 

Gautaboya  (G.),  Rv. 

Gauter,  bouteiUer  de  la  reine; 
Bg.  Gauter,  d'Almenara.  Rv. 

Gavarda,  Gavarra  (F.  Matheu, 
Rodrigo.  Gil  Garcez),  Rv.  —  (G il 
de),  chevalier,  D.,  f  386. 

Gaillon,  Gayon  (R.  Ortizde),  Rv. 

Gayran,  Gaeran  (Berenguer),  I. 
260.  —  J.  ch.  Lv  et  lvi, 

Gayta  (Joan),  Rv. 

Gazez  (P.),  Rv. 

GebelIj  Gebellin  (G.,  P.),  Rv.  — 
Algebilini,  Bp.— Gebeii  en  Cat.  A.: 
d'arg.  à  la  zibeline  passant  au  nat. 

Geferia  (Steve  de  la),  prud'hom- 
me de  Val.,  II,  569.  —  Stevan  de 
Aljafaria,  Rv. 

Gerget  (J.  de),  chev.  (Gonzalvo, 
Lopez  de),  Rv. 

GELLAMiN,  secrétaire  de  la  reine. 
—  Jufre  Gellamin,  écuyer,  Rv. 

Gènes  (G.,  Bertran),  de  Jaca,  Rv. 

Gejmsana,  feudataire  du  v**  de 
Béarn,  à  May.,  Bp. 

Gbnua  (Bartelin  de),  Rv.— Frère 
Pierre  de  Gènes,  de  Genua  ou  de 
Janua,  II,  383,  596.  —  J.  ch.  ccxci. 
Les  marins  Génois  figurent  dans  la 
Rm. 

Gbraix,  Gorrayz  (Ximeno  San- 
chez de),  Rv. 

Gerald  (P.),  Rv.  —  GerauduSf 
médecin  lombard.  II,  578. 


644 


IfOMBIfCLAICBB  DBfl  riMlUKS 


Gerb  (Bernât  de),  Rv. 

Geama  (R.  den),  de  Tortose,  Rv. 

Gbrona  (P.  de),  de  Tortose  ;  F . 
de  Girona,  G.  de  Girones,  P.  Joan" 
nis  de  GerundOt  Rv.  —  *  GiroDa, 
à  Barcel.  A.:  tranché  d*or  au  lion 
d'a2.  armé  et  lamp.  de  gu.,  etfascô 
onde  d*or  et  d*ag. 

Geriur,  Rv. 

Gerret,  Rv. 

Gbrrin  (Arnalt)  de  Saragosse, 
et  son  fils  Huguet,  Rv.  --  Anfos  Ge- 
rino  issu  de  Pinfant  Sanche,  comte 
de  Roussillon  et  de  Gerdagne,  P.: 
d'or  à  4  pais  de  gu. 

Gbrvasius,  de  Narbonne.  Rv . 

GiDASLA  (A.  de),  Rv. 

GiL  (divers  prénoms)  un  jusUok^ 
d*Ar.,  un  ofUder  de  la  maison  de  la 
reine,  un  boucher,  un  Sarrazin.  ^ 
Juan  et  Ramon  Gil  ou  Gili,  J.  ch. 
ccxcvii,  ccxcix,  ccciv.  —  Joen  Gil. 
F.  :  d'or  au  château  de  sin.  sommé 
d'un  Maure  abaissant  une  bannière 
d'az.,  et  accosté  d'un  lion  contre 
rampant  de  sin.  Vqy.  Vidaurb. 

GiLABERT,  Gelabert,  Gilbert  (R.) 
de  Tortose,  Rm.  (H.,  B.,  G.)  Rv.  — 
Père  Gilabert  J .  ch.  cclxxxi.  — 
Gilabert,  en  Gat  A.:  d'or  à  1  aiffle 
de  sa.  couronnée  du  champ.  —  Ge- 
labert, à  May.  Bn.:  d'arg.  à  l'ai- 
gle d'az.  couronnée  du  même. 

GiLBANUS,  j  uge  royal,  II,  381. 

GiLLBRT  (Br.)  Rv. 

GiNHAC  (J.  de),  consul  de  Montp. 
II,  552. 

GiRART  (Beronguer)  syndic  de 
Barcel.  I,  2à3.  —  Ferrer  Girat.  Rv. 

GiRBKRT,  Gispert,  de  Tarragone, 
Rm.  —  B.  Girbert,  de  Tortose, 
Rv.  —  Bernât  Gisberi,  prud'homme 
de  Val.  II,  569. 

GlRVBT  (J.)  Rv. 

GoD,  de  Tarragone,  Rv . 
GoDAYL  (P..  Stevan  de),  Rv. 
GODOLBST  (P.),  Rv. 
G0DINU8,  Rv. 

GoLMBRT,  Golmersi  Golmes  (R., 
A.  de),  Rv. 

GoMAB.  Rv.  •—  A.:  d'or  à  4  fasc. 
ondées  d'arg. 

GoMBALH  (R.),  Rv.  —  Jordi  de 
Gombau,  templier  allemand,  F.: 
d'az.  à  la  t)ande  d'or  char,  de  i 
alérions  de — 

GoMEZ,  Gomiz  (divers  prénom,»), 
I,  463.  —  Rm.  —  Rv. 

GONBSA  (P.),  Rv. 

Gonzalez,  Goozalvei,  Gossalbis 
(diveis  préDomsjunçhev.,  un  tré- 


sorier. Pedro  GonsRlvax,  matod* 
l'ordre  de  SaintnJaoqne^  Z.1^1^ 

GoBPON  (G.).  Rv.  -  Gordon  tst 
le  nom  de  famille  de  la  comlesse  de 
Torre  Arias,  marquise  de  fianUi- 
Marta. 

GOBGO  (P.),  Rv. 

GOTBRURBZ,  Bp. 

GoTOR  (Blaaco  Pères  de)  1, 17&.  — 
Jacme  fils  du  wali  de  May.  ^  304. 

GoTUES  (Bertran),  Rv. 

Gralla  (Père  de),  F.:  d'or  à  la 
pie  au  nat. 

Gran  (Marti  de),  J.  Grand,  Rv. 

GRAKANA(Pere,  Gueran),  Z.  M19. 
—  Grayana,  Graynenena  (R.  de), 
Rv  —  *  Granyena,  de  Cervera,  A.: 
d'az .  à  3  fasc  dentelées  d*ar. 

Granel  fB.,  R.,  P.),  Rv. 

Granbra  'Salvador  B.),  de  Tor- 
tose (P.,  F  de),  Rv. 

Granisanxh  (Père  de),  s'engagea 
à  suivre  Jacme  en  Tene-fiainte. 
Doc,  inéd.;  VI,  174. 

Grannbn,  Graine  (P.),  Rv. 

Granotlbrs  (P.  de),  chev.,  Rf. 

GRANVLLAg,  françau,  P.  d*or  àl 
yeux  au  nat. 

Granulles,  ingénieur  du  roi,  F.: 
de  gu.  à  2  tours  d'or,  surm.  d'un 
œil  au  nat. 

GRA6ECA  (Magister  G.  de),  Rv. 

Orassa  (P.  de  Za),  Rv. 

Grau,  Graus,  de  Gradibu9  (R., 
Br.,  Martin  de),  Rv.  —  Joflre  de 
Grau,  A.:  d'az.  au  griffon  cont  d'or, 
et  d'or  à  l'escalier  d'az. 

Gravalosa,  Graveloea  (A.  de), 
Rv. 

Grayllag  (G.  de),  Rv. 

Graz,(B  lRv,—PhUifipusGT9aa, 
Scriptor,  I.  449.  —  *  Gras,  en  Gbt 
A.:  d'arg.  à  3  geais  de  sa.'  beoqu  et 
membres  degu. 

Grbgorio,  de  la  maison  de  la 
reine,  II,  577.  —  CtrMorius,  Rv, 

Grbsols  (Ros  de),  Rv. 

Gribes  (P.)^  Rv. 

Grillet  (Pierre),  français,  F.: 
de  ffu.  à  la  la  fUsc.  ondée  a*or^  aoc. 
de  3  besants  et  d'un  lion  d'or. 

Grimalt  (P,i  ViUl),  Rv.—  *  Gri- 
mau,  de  Perpignan,  A.:  d'or  4  3 
coauiîles  d'az. 

âaiHON  (J.  de),  Rv. 

Gros  (A.,  Bertemeu),  Rv.  — 
*  Gros,  ea  Cat  A.  :  tiercé  en  pal 
d'az.  À  la  grue  cont  au  aat,,  de  gu. 
à  ToiM»  rampait  au  i^ajlt.,  et  d'aik  à 


ftfiS  ihrAYS  Dfi  liCKB  I^ 


eiB 


rétoi.  d'arg.  —  P.  Gros  Cambafdrt, 
de  M(Hitp.)  II,  bb% 

Grunt  (Père,  Guillem),  bourgeois 
de  Barcel.  I,  233,  242  ;  H,  430.  - 
Jacme  de  Groyns,  del  Groyn,  dez 
GroDS,  Rv. 

GuAAMiii  (Guillem),  Rv. 

GUAINAS  (Berenguer  de),  Rv. 

GuAL  (P.  de),  de  Villamayor  (A. 
de),  Rv.  —  Gual,  représenté  à  May. 
Bn.  d*arg.  à  3  pals  nébulés  d*Bz.  au 
chef  oousu  d'or.  --  Le  marquis  de 
Gampo-fhinco  porte  le  nom  de 
Gual. 

GuALBA  (A.  d(})-  chanoine  de 
Vich,  II,  585. 

GuALDm  (Guillem),  Rv. 

GuALiT  (D.,  Marti  de),  Rv. 

GUALTBRONA,  flM^ftCD,  Rv. 

GuARDER  (Guillem).  Rv. 

GuARDiA  (Guillem  de),  J.  ch.  cxlv. 
—  Pons  ça  Guardia,  Z.  f»  213.  -- 
P.  Ga^rdia,  Rv.  —  Guillem  Za- 
guafdia.  F.  de  gu.  à  la  pertuisane 
d'or  et  d'arg.  —  Za  Guardia,  à  May. 
Bp.  —  Bn.  :  d'az.  à  la  montagne 
sommée  d'un  lis  de  jardin  d'or. 

GUARESCAS,  Hv. 

GuART  (P.),  de  Roda,  Rv.  - 

GfJDAL,  Gudar  ;  Fam.  de  mesnct- 
deros,  I,  175,  192,  324,  327,  344; 
II,  19,  35.  133.  —  Rv.  -  F.  :  d'or 
au  soleil  de  gu. 

GtJSLLS,  Desguells,  Bp.— Bn.:  d'or 
à  3  grues  au  nat .  tenant  dans  leur 
patte  dext.  levée  leur  iHgUance  du 
môme. 

GUEBRA  (Fortun),  Rv. 

GuKRRER  (Domingo),  Rv. 

GuiBBRT  (Nicolas),  Bp. 

GuiDo,  Gui  {magister),  médecin 
du  roi.  n,  404,  517.  —  Rv.  —  P., 
O.  Guidonis,  Rv. 

GuiGBLMA  (Miguel  de),  Rv. 

GuiLLAN  (Miguel  de),  Rv.— Guilla. 
de  Manrése,  A.:  degu.  au  besant 
d'or  char.  d*un  renard  Iguiila)  sau- 
tant de  sa.  —  Guilla  d'Urgel,  A.: 
d'or  au  renard  rampant  de  gu.  adet- 
tré  d'un  genévrier  de  sin.,  le  tout 
soutenu  dline  terrasse  du  môme. 

Guillaume  (Sire),  bâtard  de  Na- 
varre; I,  267,  2Ô8. 

Guillem.  Guillaume.  Nom  porté 
comme  prénom  ou  comme  nom  de 
fam.  par  une  quantité  d'individus 
de  tous  rangs  et  de  toutes  profe^ 
sions.  —  I,  552.  —  Rv.  —  Nous 
mentionnerons  seulement  la  fam. 
des  sdgneurs  de  Montp.  dont  nous 
avons  souvent  parlé  ;  I,  chap.  I  et 


II.  —  d'arg.  au  tourMan  de  gu  ■  ^ 
Voy.  ErUmza, 

Guillermo  (Martinji.  Rm.  Gtxil- 
lermon,  Scriba,  II,  552, 555.  —  Rv. 

—  Guillermona.  boulangère. 
GuiHERO  (Père  de),  de  Huesôa; 

Bg.  Gimera,  Rv.  —  Benêt  Guime-" 
rans,  P.:  d'arg.  à  . . .  ftisc.  d'az.  — 
Guimera,  des  valvassors  de  Gat. 
A.:  d'arg.  à  2  fasc  d'az. 

GuiNi  (Jacme),  Z.  i^  214. 

Gui^oM AN  (G.  de),  Rv. 

GuiOT  (Bemat);  P.  Guiliot,  Rv. 

GuiRALD,  Guiral,  Guiraut.  Pro- 
•  fessions  diverses.  I,  404.  —  Rv. 

GuiTARD  (J.,  Br.),  Rm  ,  Rv.,  Bp. 

Guitellon  (Marti).  Rv. 

GuRB,  Gurp  (Berenguer,  Amal 
de),  I,  303;  II.  364,  365.  —  Bemat 
de  Gurb,  J.  ch.  Lxxv.^Amal  dA 
Gurb,  évéque  de  BaroeL  J.  ch. 
CCLXIX.  —  Av.  —  Bp. 

Gurrea,  ftim.  distinguée  d'Ar. 
Z.  f»  202.  -  Bp.  —  B.  -  F.  :  d'at. 
à  2  loups  d'or. 

GrzBERD,lailleur  de  pierres.  Rv. 

Hardero  (Gil),  Rv. 

Heredia,  Eredia.  Deredia  (Jdan 
Gonzalez  de),  Rv.  —  Z.  f  IW.  Fam. 
distinguée  d'Ar.  F.:  de  gu.  à  8  tour» 
d'or.  —  B.  :  de  gu.  à  5  tours  d'or 
posées  en  saut.  —  V.  :  de  gu.  à  7 
châteaux  d'or,  à  la  bordure  d'arg. 
char,  de  4  heaumes  de  sa.—  Maison 
représentée  de  nos  jours  par  le  mar- 
quis ide  Heredia,  grand  d'Espagne, 
et  par  la  marquise  de  A-^nales. 

Éijar,  Ijar,  Ixar  (Pedro  Feman- 
dez  de),  fils  naturel  du  roi  ;  tige  de 
l'illustre  maison  des  ducs  de  Hi}ar, 
épousa  une  princesse  de  Navarre, 
if,  334,  352,  353,  365,  396,  898.  — 

—  B.  —  V.  —  F.  :  parti  d'Aragon 
et  de  Navarre. 

HoMDEDEU,  Omdedeu,  HomodêUi^ 
ffamo  Dei  (Miguel),  R.  Homdedeut 
de  Tortose.  Rv.  — A.  :  d'or  au  lion 
au  nat.  empoignant  une  épée. 

HORRADRE  (S.  de),  Rv. 

BoRTA,  Orta,  Huerta,  Duertai 
Dorta.  Fàm.  de  mesnadêros,  dove^ 
nus  plus  tai*d  ricos  ham$$.  I,  175, 
334.  —  J.  ch  cvii.  —  Z.  f  •  139.  208. 

—  Rv.  —  B.  :  d'arg.  à  la  bande  de 
sa.—  F.:  4  becades  d'arg.  sur  obamp 
bleo  foticé.  —  Orta  est  le  nom  de 
fam.  du  vie.  de  Orta. 

HospiTAL  (Père  del),  Rm*^lMh 
rentius  de  HorpitaH»  Rv. 

HozRg  (Ximeno  de  las),  II,  60w  D. 
f*  334.  —  Le  nom  ûo  Hozes  est  porté 


646 


IfOMEIfCLATURB  DES  VàHILLES 


par  le  comte  de  Homachuelos,  mar- 
quis de  Santa-Gruz  de  Paniagua. 

HUACA  (P.).  Rv. 

HuALART  (P.  de),  de  Vilagrassa. 
Rv. 

Hue  (R),  de  Montp.  II,  552.  P.  Uc, 
Rv. 

HucAR  (Gil  de),  Rv. 

HucLES  (Martin  de),  Rv. 

HrEso(P.  de),  Rv. 

HrESCA,  Osca,  Doacha  (Pedro), 
arpenteur  et  taiUeur  de  pierres; 
Garcia  de  Huesca.  Rm.  —  Divers 
autr(*s  prénoms  et  diverses  profes- 
sions, entre  autres  Marcesia  de 
OscOf  questuaria^  Rv. 

HuGUBT,  Uget  (divers  prénoms), 
Rv. 

HuMBBRT,  Umbert  (Bernât),  de 
Manrèse,  Bp.  —  Bn.  :  de  gu.  au 
clocher  d'or,  à  la  bordure  compo- 
née  d'or  et  de  gu.  —  P.  Umbert,  de 
Barcel.  Rv.  —  Micer  Umbert,  juge 
délégué  par  le  roi  ;   II.  439. 

HuTRAN  (Vital  de),  deTeruel,  Rv. 

HuTTURA  (Lopez  de).  Paix  de 
1235. 

Ibarra  (Guiliem),  de  Huesca,  F.: 
de... au  pm  contre  lequel  ramjpent 
2  loups,  au  nat.,  à  la  bord.  darg. 

Ibratm,  juif  de  Valence,  Rv. 

Illa  (J.  de  la),  Rv.  —  Berenguer 
A  malt  de  Instda  Bp. 

Illuminatus  (Frater),  frère-mi- 
neur, Rv. 

Inganas  (D.  de],  Rv. 

Irena  (G.  de),  Rv. 

Irio  (A.),  Rv. 

IsoR,  Isuere  (Miguel  Perez  de), 
J.  cbap.  CLXxxv  (Fortun  Perez  de), 
II.  335. 

ITIER,  Jterii  (B.),  I,  442. 

IvANBZ,  Hyvaynes ,  Hyanes  (P., 
Lorenzo,  A.),  Rm.  —  Rv.  —  Gon- 
z&lvo  Valiez  ou  Ubaiiez,  maître  de 
Calatrava  ou  de  Saint-Jacques,  J, 
ch.  cccvi. 

IvoRRA  (Guiliem de),  Rv.  — Be- 
renguer Y  verra,  Bp,  —  Ivorra,  en 
Gat.  A.:  de  gu,  à  3  pommes  de  pin 
d'or,  à  8  fleurs  de  lis  d*arg.  en  orle. 

Jaga,  Jacces,  Jachesius  (divers 
prénoms),  nom  d'orig.,  Rv. 

Jacme  (Domingo.  P.  dcn),  Rv.— 
Jacma,  nourrice;  Jaoobeta,  Jaco- 
meta;  II,  166.  —  Rv.  —  Jacobus  de 
Montp.,  Rm.  —  Uaqister  Jacobus, 
médecin,  Rv. 

Jacobin  us,  Génois,  Rv. 

Japa  (Arnalt,  Ramon  de);  J.  ch. 
XLm. 


Japfia,  Jahia,  Zahia. Juif,  Rm. 

Jahuda,  Jafuda,  II,  377,  457.  — 
Jasuda  Albala,  juif,  Rv . 

Jazbert.  Josbert  (Gérald),  Rm.— 
Bp. 

JOFRE  reçut  des  biens  à  Orihuela. 
D.  f»  335.  —  Jufre.  Rv,  —  Guide 
Jofre,  descendant  de  Godefroy  de 
Bouillon,  F.  :  de  . .  semé  de  fleurs 
de  lis  de  sa.  —  Jofre,  en  Cat  A.: 
d'or  au  saut,  de  sa.,  cantonné  de 
4  fleurs  de  lis  d'az. 

JoHAN.  Juan  (P.),  Scrtplor,  Rm. 
—  Coma  Jouan,  Rm.  —  Bn.:  d'az. 
à  répi  de  blé  arraché,  soutenu  par 

2  lions  afir.  le  tout  d'or.  —  Joau, 
Joannis  (divers  prénoms),  Rv  — 
Maître  Joan,  chirurgien  du  roi.  H, 
404.  —  Rodelin  de  «Tuan,  allemand. 
F.  :  de  gu.  à  l'aigle  d'or. 

JOHAMN  (G.),  bayle  de    Montp. 

XI,   Odl. 

JoHER  {P.).  secrétaire  de  la  reine 
Yolande,  Rv. 

JoHETA,  fille  de  R.,  boulanger, 
Rv. 

JoNA,  rabbin,  II,  454. 

Jorba  (Claramont  de),  Rv. 

JORBOTA  (G.),   Rv. 

JoRDAii,  Jorda  (Pedro),  I.  180; 
II,  439.  —  P.  Jorda,  d'Alfambra, 
F.:  de  sin.  à  2  lions  de. . .  surm.  de 

3  melons  d'or.  —  Br.  Jordan,  de  Tar- 
ragone,  Rm.  —  P.  Jorda  d'Alfam- 
bra  ,  chev  P.  Jordan ,  d'Ëxéa , 
et  divers  autres  parmi  lesquels,  un 
tailleur  de  Tortose,  Rv.  -  Jorda, 
à  May.  Bn.:  de  gu.  à  3  fasc.  d'or  — 
Jordan  est  le  nom  de  fam.  du  mar- 
quis d'Aycrbe.  grand  d'Espagne. 

JORNET  (R.  de),  Rv. 

JosA  (Guiliem  Ramon  de),  Z.  f 
173.  -  Jossa,  en  Cat  A.:  d'arg. 
flanqué  d'az. 

JovER  (B.),  de  Tarregua,  Rv. 

JucBF,  alfaqui  de  Tortose;  Jucef, 
filsd'Açat,  changeur,  Rv. 

JuLiAN  (Guiliem),  de  Tortose, 
Rv. 

JULIOL  (R.),  Rv. 

JcLLACH  (P.  de)— Julliac,  Juillac 
en  Langued.:  d'arff.  à  la  croix  trê- 
flée  de  gu.  surm.  d'un  lambel  de  4 
pendants  d'az. 

JuNEDA  (Bertran  do).  Rv. 

JuNQUERAS  (Tomas  de),  juriscon- 
sulte, J.  ch.  ccxci.  —  Astorg  de 
Junqueras,  Rv. 

JussiBT  (Arnalt).  I,  443. 

Jdst  (Gauceran);  Just,  de  Teruel, 
Rv. 


DBS  ETATS   DE  JAGME   I 


«r 


647 


îl 


Labassa  (G.  de),  Rv. 

Labemgantera  (R.  de),  Rv. 

Labrador  (Br.)t  Rv. 

Lagapblina  (Berthomeu  de),  Rv. 

Lacera  (Guillem,  Br.,  P.  de), 
Rm.  —  Rv.  —  (Bg.  de)  D.  f'  378, 
385.  —  Guillem  de  Lacera,  prud  - 
homme  de  Val.  II.  569.— *  Llasera, 
en  Gat  Â.:  d'arg.  au  lion  de  sa.  vi- 
lenô  de  gu.  couronné  d'or;  à  la 
bord,  dentelée  de  sa. 

Lagh  (â.  de),  prévôt  de  . . .   Rv. 

Ladron,  noble  fam.  d'Ar.,  orig. 
de  Nav.  L  175, 192,  197.  207,  265  — 
Hm.  —  Rv  ,  —  F.:  d*or  à  4  pals  de 

u.  — Q.  p.  211.  —  Toda  Ladron, 
I,  73,  558  —  Maison  représentée 
de  nos  Jours  par  la  comtesse  de 
Prancos. 

LaEjea,  trucheman  du  roi,  II, 
363. 

Lagostera  (B.,  p.  de),  Rv. 

Lagron  (J.  de),  Rv. 

Laguarres  (J.  de),  Rv. 

Laguerola  (p..  Pascual  do),  Rv. 

Lambbsa  (Garcia),  de  Jaca,  Rv. 

Lambert  (B.,  R.,  Bg.)  de  Montp. 
II,  551,  552. 

Lan  AIT  (B.  de),  Rv. 

Langa  (m.  de],  Rv.  —  Langa,  en 
Nav.:  d'az.  au  chevron  d'arg.  char, 
de  2 crois.  d*or  (à  enquerre)  et  ace. 
de  3  étoi.  aussi  d'or, 

Lantre  (P.  de),  Rv. 

Lanuza  (Gil),  F.:  éc.  de  sin.  au 
lion  de. . . .'  et  d'az.  au  demi-vol 
d'or. 

Lanza  (Guillem  de).  Rv.— Llanza, 
en  Gat.  Â.:  d'arg.  au  lion  hérissé 
de  gu.  couronné  d'or  et  armé  de  sa. 

Lanzol.  Llansol  (Arnalt) ,   sei- 

gneur  de  Romani  en  Ar.  d'après 
i.  f  363  :  d'az.  à  la  lune  d'arg.  — 
Seigneur  de  Romany,  en  Provence 
d'après  F.:  d'az.  au  soleil  d'or. 

Larbasa  (P.),  Rv. 

Larcon  iAparici  de),  Rv. 

Larder JAlbert),  Rv. 

Labey  (Fere),  Bp. 

Lario,  Rv. 

Laron  (Jacme),  Rv. 

Larraz  (Benêt  de),  Rv. 

Lattes,  de  Latis  (Ramon  de). 
I,  173  —  Rv. 

Laurenz,  drapier,  Rm. 

Lauria  (Guillem  de),  F.:  d'arg.  à 
3  bandes  aaz. 

Lauro  (F.  de),  archidiacre  de 
Barcel.  II,  585.  —  Rv.  —  Guillem 
de  Lor,  Rv.  —  Pierre  de  Loro,  an- 
glais. F.:  d'or  au  lion  d'az.  surm. 


d'une  fleur  de  lis  de  gu.  —  *  Laur, 
en  Béarn:  d'arg.  à  la  tour  d'az. 
surm.  d'un  croi3s.  de  gu. 

Laus,  (P.),  Rv 

LAVANbR  (Bernai),  de  Barcel.,  Rv. 

Lavama  (Albert  de),  juge  de  la 
cour  du  roi;  II,  606.  608. 

Lavata  (B.  de).  Rv. 

Lazano  (Guillem),  Rv. 

Lazard  (J.  de),  Lazarus,  Laza» 
reio,  Rv. 

Layn  (Roldan),  1, 175,  267, 268.  - 
Roldan,  P.  Layn  ,  chev.  Km.  — 
Rv.  —  Q.  220  Bn.  Une  tradition 
dénuée  de  preuves  ferait  de  Rol- 
dan Layn  l'ancêtre  d'une  fam.  dis- 
tmguôe  du  nom  d'Aloy,  représentée 
de  nos  jours  à  May.  et  dont  les  ar- 
mes sont:  de  gu.  au  bouclier  d'or, 
à  répée  d'arg.  garnie  d'or,  posée 
en  pal,  brochant  sur  le  tout. 

Layz  (Na).  Rv. 

Lechon  (D.),  Rv. 

Ledonzel  (R.,  A.  d(»),  Rv.    . 

Lemosin  (Dolza,  J.  de),  Rv. 

Lenas  (P.  de).  Rv. 

LliNGAXlJTA  (Bg.  de),   Rv. 

Léo  (Guillem),  Rm.— (Martade), 
Rv. 

Lbrida,  de  Ilerda  (  divers  pré- 
noms). Rm.—  Rv.  (Frère  Pierre  de) 

I,  376.  —  Ramon  Père  de  Leyda, 
prud'homme  de  Val  II,  569. 

Lkrz  (Arnalt  de),  Z.  f»  173. 

Le  Sol  (Joan).  seigneur  de  Ro- 
many, en  Prov.  F.:  de....  au  so- 
leil ae. . .  ace.  d'un  croiss.  de. .  — 
Le  Sol,  anglais,  F.:  de  pourpre  au 
soleil  d'or. 

Lesvaces  (Marli  de\  de  Teruel, 
Rv. 

Leu  (Miguel  de  Na),  Rv. 

Leuda,  de  Levata  (Père),  Rv. 

LiBiA  (Ramon).  F.  :  d'az.  à  la  tète 
de  lion  a'or. 

LiENDA  (Sanciio  de),  navarrais, 
F.:  d'or  au  lion  de. . .  ace.  en  pointe 
d'un  croiss.  d'az. 

LiHORi  (Hurtado),  aragonais,  Z. 
f  166.  —  Fana,  de  mesnaderos B.: 
de —  a  3  croix  pattées  de. ...  — 
Représentée  de  nos  jours  par  le 
baron  de  Alcahali  y  Mosquera, 

LiNAN,  Lignan,  Linva  (Andreu 
de),   prud'homme  de  Val.   I,  389; 

II.  569.  —  Rv.—  Z.  f  154.-Linyan 
(EnriqueJ,  aragonais.  F.  :  d'or  à... 
bandes  ae  ^u. 

LiNARES,  Linars,  LUnas  (Guirald, 
Gil  de),  de  Teruel,  Rv.  —  Jacme 
Linares,  chevalier.  D.  f*  385. 


64É 


N0IIÈIfCf.At6RK  DKè  PkUWLEB 


LtiÉKKÈ,  Llbénrre  (Lope  de),  Rv. 

LtXAN  (P.),  flv. 

LizANA.  —  Maison  de  ricos  homes 
de  ruUuràlexa.  L  136,  152,  168,  197. 
306,  308,  343,  3i0;  TI,  30.  89,  335, 
338,  391.  —  Rv.  — B.:  d'or  à  4  pals 
do  gu ,  à  la  bord,  d* hermines.  — 
Voy.  Bbnbbicgdda. 

Llanos  (Alfonso),  castillan,  F.  : 
pttriï  d*K2.  aa  dhàteau  d'arg.  acoostô 
de  2  coquilles  de...  et  de  gu.  à 
4  bandes  d*at  et  6  besants. 

Llbdon  (Valen.  de),  Rv. 

Lloeens  (Pore),  Bp. 

Llupia  (Arnalt,  Tomos),  Bp.  — 
Bn.  :  d*az.  &  la  croix  tréflée  a'arg. 
bordée  de  gu.  —  Lupia,  en  Rouss. 
A.  :  d'or  à  la  croix  vidée  et  tréflée 
«gu. 

LoaebBi  Loayre  (G.,  Domingo, 
Br.),  Rv. 

LoAYSA  (Jofrede],  Rv. 

Loba,  vetula  et  paupera^  Rv. 

LoBATO.N  (Joan),  feudataire  du 
¥*•  de  Béam,  Rm.  —  Q.  —  Bp. 

Lobera,  Lopera,  de  Luparia  (di- 
vers prénoms),  un  jurisconsulte, 
Rv.  —  Pedro  dç  Lobera,  mesna* 
dero^  J.  ch.  lvii,  ocxxiii. —  Guillem 
LIobera,  F.  :  de. . . .  au  pin  accosté 
de  2  loups  contre  rampants  de  sa. 
— •  LIobera,  à  May.  et  en  Rouss. 
Bn  -*•  A.  :  d  or  à  2  loups  de  sa., 
passant  l'un  sur  l'autre,  celui  du 
^ef  contourné  ;  au  chef  cousu  d'or 
fou  d'az.)  char,  d'une  aigle  de  sa. 
(ou  d'arg.) 

LoBBT,  Lupeti  (Bernai)  et  son 
flrère  (G.,  P  ,  Bg.,  J.).  Rm.— Rv.— 
Lobet,  &  Mkv.  et  en  Gat.  Bn .  —  A.: 
d'arg.  (ou  d  0!^ ,  au  loup  passant 
de  sa. 

LoBO  (J.),  Rv. 

LOBREGAD  (F.  de),  de  Tortose, 
Rv. 

LocusTAN  (P.  de),  Rv. 

LoDRBN  (Garcia),  Rv. 

LOBT  (P.).  Rv. 

Lois  (Domingo).  I,  442. 

LoMBERRE  (Domingo  de),  Rv. 

LOMOITGA  (J.  de),  Rv. 

LoNDA  (A.),  chevalier,  Rv. 

Lo.NGAC  (G.  de)  Rv. 

Lop.  Lope,  Lopez,  Lopz,  Lupi 
(  divers  prénoms  ) ,  radividus  de 
toutes  classes,  Rm.—  Rv.  —  Diego 
Lopez.  F.  :  d'or,  à  la  bande  de  sa . 
ace.  de  2  loups  du  même.  —  Do- 
ftingo  Lopet,  II,  363.  —  J.  ch. 

QGLXXVI. 


LopABD,  Ltpart  (Berengaw  de), 
Rv. 

LoRAC,  Lorttff,  Loreg  (GuiUbId), 
de  Tarragone,  Rv.  —  ♦  Uoraeh,  ea 
Gat.  A.:  d'or  au  laurier  airacbéde 
Sin. 

LoRGHA  (Rasnon  de),  Rv. 

LoRDA  (Berenguer  de).  —  Pais- 
sante maison  de  Rouss.  —  D'or  fc 
la  croix  de  gu.  - 

LoRDAN  (Joan).  Rm. 

LoRBNT,  Loreni  (J.,  P.,  Ar.  de), 
Rm.—  Rv.— ,Bp. 

LoAet  (Benvat  éé),  I,  30B.—  Rm. 

—  Père  de  Lorot;  Rv.-^-de  Nar- 
bonne  d'après  F.:  de  gu^  au  lion 
de...  ace.  d'un  laurier  de  .  — 
Lloret,  en  Cat.  A.:  d'or  au  laari^ 
arraché  de  sin.  nervô  d'or. 

LORiGA  (Pascual),  Rv. 

LoRiz.  Loris  (divers  prénoms), 
Plusieurs  chevaliers,  Rv.— D.  ^341, 
386  —  Fernand  Llorîs,  d'Ar.  F.: 
d'az.  à  la  bande  de  sin.  char,  d'un 
laurier  d'or. 

LoRNtBtLA  (Sancho  Buis  de),  re- 
çut des  terres  à  Orihuela.  D.,  f*  335. 

LoROT  (Domingo),  de  Jaoa,  Rv. 

Lot  (Ar.  de),  Rv. 

LoTGBR  (Bertran  de),  Rv. 
'  LoviTO  (B.),  Rv. 

LucERGA  (Ënrique  de),  biscayen, 
F.  :  de  gu.  à  5  cœurs  d'or. 

LucH  (Ramon  de),  de  Saragosse 

—  (Arnalt  de),  Rv. 

IjVCIAn  (Guiilemj,   Rv   —  Jean 
Lucien,  bayle  de  Montp.,  1, 173. 
LuBGAiA  (Seba9tiano).deTenial, 

rlv. 

LUESIA.  Lusîa,  Lùcia  (divers  pré- 
noms), plusieurs  chevaliers,  Fam. 
d'Ar.  I,  175,  268,  301,  344.  371.  - 
Ximen  Llucia,  aragooais  et  son  fils 
Berenguer.  F.:  d'or  à  i'épervierde 
sa. 

LuLL,  Lluli  (Ramon),  de  Barcel. 
père  du  célèbre  Ramon  LulL  Rm.^ 
Ramon  LuU,  philosophe,  II,  458  à 
464.  —  La  branche  alnéb  de  cette 
fam.  s'est  éteinte  dans  la  maison  de 
Ballester,  représentée  par  le  comte 
de  Avamans.  Bn.:  de  gu.  au  croias. 
verse  d'or  (alias  d'arg.). 

Lu.NA. — Illustre  et  puisBante  mai- 
son de  riœs  homes  de  naiuraiem, 

I,  136,  175,  188,  195,  197,  208,  389', 

II,  28.  30,  36,  291,  322,  476,  493, 
561,  569.  —Trois  branches  honorées 
de  la  rim  honibria.  B.:  MarUnes 
de  lAtna:  de  gu.  au  crd^.  versé 
d'arg.,  à  la  ohampagd^  du  même; 


DBS   ETATS   DE   JAGMB   I 


•f 


649 


Ferrench  de  Luna\  d'arg.  au  croiss. 
versé  échiq.  d'or  et  de  sa.,  à  la. 
Champagne  du  mèm  ;  Lopez  de 
Luna:  de  gu.  au  croiss.  versé  d'arg., 
&  la  champa^e  du  mèm?,  à  la 
bord.  de. . .  cnarg.  de  8  écussons 
d'arg.  à  la  fasc.  d'az.  —  Artal,  de  la 
branche  de  Ferrench;  Ramon  de 
Luna,  F.  —  Le  titre  de  comte  de 
Luna  est  porté  à  la  fois  par  le  duc 
de  Villahermosa,  grand  d'Espagne 
et  par  le  chef  d'une  branche  de  la 
maison  Tellez  Giron. 

LUNETA  (Marti  de),  Rv. 

LuQUETA  (R.,  P.  de  Na),  Rv.  — 
Jœn  Lluqui  napolitain  qui  se  di- 
sait issu  des  comtes  de  Malte,  F  : 
d*arg.  au  lion  de  gu.  ace.  de...  allu- 
mettes {Uuquets)  de 

LuRGENiCH,  Lucernic  (Lope  Fer- 
rench d«)),  Rv. 

LussANO  (Milon  de),  II,  262. 

Maalana,  Rv. 

Maghari.  Macari  fG.),  Rv. 

Macun,  Maçia  (Alfonse  de),  Rv. 

Macip  (Bon),  de  Tarragone,  Rm. 
—  (P.,  Bg.,  G).  Rv.— Macip.  à 
Barcel.  A.:  de  gu.  au  soleil  d'or, 
cantonné  de  4  étoi.  du  même,  adex- 
tré  d'une  main  d'arg.  sur  m.  de  3 
étoi.  d'or,  et  senestred'un  cyprès; 
à  la  bord  d'or  char,  de  3  fleurs  dé 
lis  d'az. 

Maconi  (Domingo),  justicia  de 
Galatayub.  Rv. 

Madari  (Br.  de),  Rv. 

Madro.nyo  (Antoni),  F.:  d'az.  à 
l'arbousier  (madrono)  de  sin. 

Maenz  (B.).  Rv. 

Marstre,  Mestie,  Magister  (Bc- 
renguer,  J.)  Rm.  —  Rv. 

Magallon,  Magailo  (Romeu,  Ra- 
mon de),  Bv.  Nom  porté  parle  raar- 
3uis  de  Gastellfuerte  et  le  marquis 
e  San-Adrian,  grand  d'Espagne. 

Magax,  Magaix  (Andreu),  Rv. 

Magdalbna  (R.  de)  et  son  frère, 
Rv. 

Magin,  Magrin,  Mangri  (Joan), 
Rm.  —  Le  comte  de  Torre-Saura 
porte  le  nom  de  Magin 

Magnbt,  Rm.  — Bp. 

Magnon,  Magnam  (Guiralt).   Rf . 

Mahomet,  Mahomad,  arbalétrier. 
I,  376. 

Maicas  (Stevan  de),  Rv. 

Mairan  (G.  de),  de  Montp.  II. 
552. 

Majan,  Majans  (A.  de),  Rv. 

Majayo,  Majajo,  Mayaya,  (San- 
cho),  Rv. 

T.  n. 


Malavespa,  La  Vespa  (Hugo  de) 
maître  des  hospitaliers,  I,  355. 

Malbosch  (Renovard) ,  juré  de 
May.  Bp. 

Malet  (Berenguer).  Rv.  —  (Guil- 
lem  de)  do  Langued.  F.:  d'or  à  la 
fleur  de  lis  d'az.  -  Malet  en  Cat. 
A.:  éc.  en  saut,  d'or  à  la  main 
de  carn  ,  et  d'az  au  vol  abaissé 
d'or,  à  la  bord,  dentelée  de  l'un  en 
l'autre. 

Malferit  (Bernât),  Bp.  —  Bn.  : 
échiq.  d'or  et  d'az.  —  Père  Malferit, 
F.  :  échiq.  d'or  et  de  sa. 

Mali.ndre  (Gil).  Rv. 

Mallen  (Pascual  do),  Rv. 

Mallon  (Miguel,  Marti  de);  Mayo, 
de  Tortose,  et  son  iils  Samson  ;  Lva 
de  Maya,  Rv. 

Mancha.  Manchera,  Manco  (D.), 
de  Teruel,  Rv. 

Mankribus  (P.  de),  Rv. 

Mânes  (I).).  Rv. 

Mamch  (G.),  Rv. 

Manomanna  (Jarme),  Rv. 

Manresa.  do  Minorissa  (divers 
prénoms).  Pour  beaucoup,  indica- 
tion d'orig.  Rv.  —  Ferrer  do  Man-  * 
resa,  jugo  de  la  cour  de  l'infant  don 
Pedro  de  Port.  Z.  f»  211.  —  Man- 
resa ,  en  Cat.  A.  :  d'az.  à  la  main 
d'arg. 

Maxso,  Man  son,  Manjo  (G.,  Do- 
mingo de),  Rra.  —  Rv.  —  Le  nom 
de  Manso  est  porté  par  le  comte  de 
Llobregat,  la  comtesse  del  Prado, 
le  V**  ae  Monserrat,  et  plusieurs 
autres  membro:*  de  la  nobl.  espag . 

MA>'TREZ*(Meni  z),  de  Teruel.  Rv. 

Manui  (  P.  Nlartinez  ,^  Domingo 
Perez  do),  Rv. 

Manzuelo  (Sancho  Sanchez  de). 
D.  f-  339. 

Marradel  (B.)  de  Jaca.  Rv.  — 
Père  Marrados,  F.  :  éc.  de  gu.  à  2 
pals  ondes  d'or,  et  d'az.  à —  co- 
quilles d'or. 

Marano  (A  do),  Rv. 

Mara>'Z  (P.),  chevalier,  de  Rida, 
Rv. 

Marata  (Martin  de),  Rv. 

Marcbr  (Bernât),  Bn.  :  d'az.  au 
cerf  courant  d'arg.  ace.  en  pointe 
d'une  mer  du  même. 

March  (  Borenguer),  de  Tarra- 
gone, Rm.  —  P.  Marrhi,  Marcius^ 
adalid  ;  Man;lio.  huissier  du  roi,  Hv. 
—  Ramon  Mardi.  J.  ch.  clxxxiti  et 
ccxGix.  —  Jacme  March.  F.  :  d'az. 
au  marc.  d'or.  —  Bn. — A.:  de  gu.  à 
8  marcs  (aliàs  coins  de  monnayeur) 

42 


G50 


NOHgNCUT^RE   DES  F4HIL|«ES 


d*or.  —  Jacme  de  Marco,  F.  :  d'arg. 
à  la  tête  de  maure  voilée.  —  Marco, 
en  Cat.  A.:  cbevronDé  de  8  pièces  de 
gu.  et  d'arg.  • 
Marcilla   (Fermin),  navarrais, 

F.  :  d'arg.  à  3  fasc.  de  gu.  et  une 
éloil.  d'az.  —  Le  comte  de  Mote- 
zuma  de  Tulteneo,  marquis  de  Te- 
nebron,  grand  d'Espagne,  porte  le 
nom  do  Marsdla  de  Terucl. 

Marfa  (Berenguer  de),  Rv. 

Marens  (B.),  de  Tarragoue.  Rv. 

MÀRELL  (Guillem),  Hv. 

Margarit  (Vicenl).  F.  :  de  gu.  à 
3  roses  d'arg.  —  A.  :  de  gu.  a  3 
marguerites  d'arg.,  au  chef  tierce 
en  ual  d'Arag.,  de  î^icile  et  de  Nav. 

Marimo.n,  Rv.  —  A.  :  d'arg.  au 
lion  d'az.  armé  et  lamp.  de  çxi. 
couronné  d'or,  à  la  bord,  dencîiôe 
d'arg.  —  Fam.  des  marquis  de 
Serdafiola  et  de  Boil,  grands  d'Es- 
pagne. 

Marix  (Sancho),  Rv. 

Marina  OJacme),  Bi). 

Marlnkr  (G.),  de  Lérida,  Rv. 

Mariscal,  Menescalcus  (Ponce), 
commandeur  de  Monzon,  I,  4i7. 

Marllana,  Rv, 

Maroma  (Br.  de  Na^.  Rv. 

Marool'ina,  Marraquia  ^Maria); 

G.  Marrochi.  Rv. 

M.\rpi  (Arnalt).  F.:  6c.  d'or  à  la 
mer  de. . .  et  de. ...  au  pin  au  nat. 

Marquëllo,  de  la  suite  du  roi. 
Rv. 

Marques,  Marches  (Sancho),  che- 
valier, et  divers  autres.  Rv.  —  J. 
ch.  ccLxxvi.  -   Marcht'sia,  Rv. 

Mahuikt,  Marchet  (Br.,  Ramon). 
11,395.  — •Bp.  —  A.:  de  gu.  à  3 
cartels  d'or  cnar.  chacun  d'un  mar- 
teau d'az.  emmanché  de  gu. 

Marsa  (P.),  chanoine  de  Hiiesca; 
Maria  de  Marza,  Hv  —  ♦  Mai^a,  en 
Lang.  :  d'arg.  i\  3  roses  de  gu. 

Martell,  Maiiel  (Porc),  I,  228 
à  231,  389;  II,  133,  569.—  Q.  p. 
148.  —  F.  :  de  gu.  au  marteau  et  à 
Tenclume  au  nat.. —  A.:  d'or  au 
lambel  de  3  pendants  de  gu.  surm. 
de  3  fleurs  de  lis  rangées  d'az.  — 
Nom  porté  par  le  comte  de  Torres- 
Cabrera  et  (ff-l  Menado. 

Martin,  Marti  (divers  prénoms). 
Nombreux  personnages  de  loiis 
ran^a:  un  commandeur  de  Saiut- 
Jacques,  des  chevaliers,  desartisans, 
un  adalid,  un  hongrois.  Rm.  —  Hv.  — 
Ramon  Martin,  frère  prêcheur,  IT. 
381,  383,  463.   —  Marim  «maître 


de  pierres» ,  II,  441.  -*-  Uch  Marti, 
prud'homme,  II,  569.  -  Garcia 
Marti  s'engagea  à  suivre  Jacme 
en  Terre  Sainte:  Doc.  inéd.;  VXI, 
174.  —  Marti,  à  May.  Bq.:  d*a2.  à 
la  losange  d'arg.  char,  de  2  fleurs 
de  lis  du  champ,  ace.  eu  poÎDle  d'un 
renard  au  nat.  —  Marti,  en  Cal. 
A.:  parti  de  gu.  à  la  tour  donjon- 
née  d'arg.,  et  d'az.  au  soleil  d'or; 
enté  en  uointe  d'arg.  a  la  mer  d'ai 
agitée  au  champ, 

Mauti.nez  (nombreux  prénoms). 
Plusieurs  chevahers,  un  écuyer. 
Rm .—  Rv.  —  Pedro  Martinez  et  sa 
femme.  II,  o7S  — MunyoMaxliaez. 
11,610. 

MARTonKLL  ,  Marturel  (  divers 
prénoms),  Rv.  —  F.:  degu.  au  châ- 
teau d'urg.  sommé  d'une  tête  de  coq 
de  . .  —  Martorell,  marquis  d'Al- 
branca,  grands  d'Espagne,  à  Min. 
Bn.:  d'az.  à  la  tour  d  ag,  mouvante 
d'une  mer  du  môme. 

Marzagav  (Br.),  Rv. 

Marzo  (Amat),  de  Teruel;  J.  de 
Marc,  do  Jaca.  Rv. 

Mas  (Guillem  de),  Rv.  —  (Maleu 
del).  I.  442. 

Mascarel  Mascharello  (Rotger, 
P.,  Miguel),  Rv. 

Mascaron  (Marti  de),  P.  Masca- 
ros,  Rv.  —  Mascaro,  de  Barael.  A*; 
do  gu.  à  la  main  appaumée  de  carn. 

Masco.  Mazron  (P.,  Bg.),  Rv.  — 
(Firmin),  navarrais.  F.:  de  gu.  à 
une  tour  et  une  cigogne. 

Mass\>a  (P.,  Alegre  de  Zamas- 
sana}.  Rv.  —  Bernât  de  Ma&sana. 
F.:  d'or  à  la  main  de  cam. 

MAsyuEFA  (PereJ  de  Daroca.  F.: 
d'az.  au  château  d  arf . 

Massotkrks  (Geraid  de),  prêtre 
et  sa  lille  Berga.  Rv 

Mata,  Matha,  La  M^ta  (Guillem, 
Armissen.  Polo  de),  Rm.  —  Rv.  — 
Matas,  à  May.  et  en  Cat.  Bn.  —  A.: 
éc  darg.  à  la  demi-fleur  de  lis 
d'az.  mouvant  de  la  partition,  et 
d'or  au  rameau  do  lentisque  de  sin. 
fleuri  de  gu. 

Matalops  (P.  de),   Malalo,  Rv 

Mataplana.  Illustre  fam.  des  9 
barons  de  Cat.  1 .  233,  256,  269. 
—  Ut'h  de  Mataplana,  arciiidiacre 
d'UrgPl;  II.  606,  608,  612.  —  F.  : 
d'or  à  l'aigl»^  de  sa.  —  A.  :  d'or  à 
l'aigle  éployée  de  sa.,  diadémée  da. 
champ,  becq.  et  membrée  du  même, 
charg.  sur  la  poitrine  d'un  écu  de 
gu.  à  3  pailles  d'or  posées  en  bande. 


biii  ^ATS  D*  iAéiâ*  r 


m 


•  MAtAno  (Perfi^.  Bjj.  —  Amau  et 
Ponco  de  Mataron,  chevaliers.  D. 
f*  385.  —  F.  :  de  gn.  au  lion  au 
nal. 

Maternas  (Gonsalvo  Perez  do), 
Rv. 

Matiiëi:-,  Mateu  (divers  prénoms 
et  diverses  professions),  Rv.  —  (Do- 
mingo) chanoine  de  Val.  D.,  f  36(5. 

—  (Jacques)  français,   F.  :   d'or  à 

2  ours  dévorant  un  bras.  — ■  Mateu. 
de  Nîmes,  F.  :  d'az.  au  chevron  d'or 
ace.  d'un  croiss.  et  de  2  ôtoi.  — 
Mateu.  F.:  d'arg.  à  la  tôte  de  maure. 
Mathieu  de  Quercy,  troubadour,  II. 
459,  511.  —  Matnien.  archidiacre 
de  Girone,  ï,  9i.  —  Mateu,  en  Gat. 
A.  :  parti  de  gu.  à  la  main  appau- 
mée  d'arg.,  et  d'az.  au  lion  d'or, 
armé  et  lamp.  de  gu. 

Matoses,  Matosas  (Ferrer,  Bor- 
nât), Rv.  —  (Joan),  Templier.  F.  : 
d'arg.  à  la  touffe  de  bruyères  (ma- 
torral)  au  nat.  —  Père  Matoses,  de 
Toul.  ou  de  Toi.  F.  :  de  gu.  à  la 
touffe  de  bruyères  au  nat. 

Mauléo.v  ,  de  Malloleone  (Bernât 
de),  Rv.  —  (Guillem).  F.  :  de  gu. 
au  lion  d'or. 

Maurt,  Maurin  (R.,  Arnald),  Rv. 

Mata  (Ramon  de),  Bp.  —  A.  : 
d'arg.  au  pal  de  sin. 

Maymon;  un  boucher,  un  pelletier 
ou  corroyeUr,  Rm. —  Rv. 

Maynar  (Bertomeu  do),  do  TerUcl, 
et  sa  femme  Glaria;  Ramon  May- 
ner.  Rv. 

Mayol,  May  oies,  Mallolas,  Mailol 
(divers  prénoms),  Rv.  -  Bp.—  Bu.: 
d'or  au  dextrochère  de  carn.  vêtu 
d*arg.  mouvant  du  flanc  senestre  et 
tenant  une  grappe  de  raisin  au  nat. 

—  Mailol,  en  Cat.  A.:  d'arg.  à  3 
faux  de  gu. 

Mayor  (D.  Perez)  de  Tnruol;  J. 
Mayoral,  de  Molins,  Rv. 

M AZA. —Illustre fam.  Aemesna- 
deros  devenus  ricos  homes;  I.  203, 
276,  S21,  323,  344.  -Rv.— Q.  p.  313. 

—  B. —  do  gu.  à  3  masses  d'armes 
d'or  rangées.  —  Aliàs,  de  gu.  à  la 
masse  d'armes  d'or,  mise  on  pal, 
accostée  de  2  chaînos  du  même 
aussi  en  pal.  —  Maza  de  Lizana 
fFerris),  de  Gascogne.  F.:  de  .    à 

3  masses  d'armes  de.  . —  D.f*387. 
— Le  marqnis  de  Gasa-Blanca  porte 
le  nom  de  Maza;  le  marquis  de  la 
Bomana,  grand  d'Espagne,  a  hé- 
rité des  titres  de  la  maison  Maza  de 


.  Mazankllo  (Olger),    consul   do 
Gènes,  Rm. 

Mazas  (Bertomeu  de  Las),  Rv. 

Mazeller  (Guillem),  de  Barre, 
Rv. 

M Azo  (G  ),  de  Tortose:  Miguel  da 
Maso;  E.  Mason,  trésorier,  Rv.  — 
Masso  en  Cat.  A.:  d'arg.  au  lion 
au  nat.  tenant  une  masse  d'armes 
d'or. 

Mazot.  d'Oller,  Rm.  — (P.),  cor- 
royour,  (1«3  Tortose  ;  Mazot,  pécheur, 
Rv 

Me  ALLA,  Meaya,  de  Medalia.  Rm. 
— Rv.— *Malla,  en  Gat.  A.:  losange 
d'or  et  de  sa. 

Meoa  (Alfonso),  biscayen,  F.:  d'or 
au  chien  d'az.  —  Meca,  de  Barcel. 
A.:  d'or  au  lévrier  rampant  d'az. 
accolé  de  gu. 

Mecixa  (Br.,  J  de),  de  Tortose. 
Rv. 

Médian  (Vital  de).  Rv 

Medlna  (divers  prénoms).  Rm.  — 
Rv. 

Mediona,  des  9  va'passors  de 
Cat.  I,  267;  II,  G02.  —  F.:  de  sin. 
à  3  fasc.  ondées  d'arg.  —  A.:  d'arg^ 
à  3  fasc.  ondées  d'az . 

Mege,  Motgo,  Medici  (Berenguer), 
de  Girone  et  son  frère  Rm. 

Mejula  (Felipe  de),  Rv. 

MelkndI':z  (Suer).  I,  344.  —  D. 
Melondo.  Rv. 

Melkr  (G.,  Br.),  Rv. 

MiXGAR  (R.),  Rv.  —  A.:  de  gu, 
au    lion   d'or,  surm.  d'un  bras  de 
carn.  mouvant  du  flanc  sen.  tenant- 
une  touffe  de  luzerne   (mielga)  au 
nat. 

Melgukil  (R.  do)  ,  consul  de 
Montp.  ;  II,  551. 

Mklio,  Molion,  Meyllo,  Melaho 
(P.,  Guillom,  Bg.  de),  *Rv. 

Menaguscra  (Ximen  Perez  de) 
reçut  des  tîrres  à  Sietaguas,  D..  f* 
36G. 

Mexargi'es,  de  Balaguer.  J.  ch. 

XL. 

Menayre  (Perc],  Rv. 

Mendo  (J.  de  D.),  Rv. 

Me.ndoz.v  (Lope).  Z,  f*  147.  — 
(Juan)  rico  home  castillan.  F.:  de 
sin.  à  la  bande  de  gu.  bordée  d'or. 

Mengot,  Rv.  —  (Jacques),  de 
Nîmr»s.  F.:  d'az.  à  3  éperviers  d'or, 
chaperonnas,  longés  et  grillés  du 
même.  —  Mengot,  en  Poitou,  porte 
ces  armes.  —  Mingot,  huissier  (por- 
tarius);  Mingot,  corroyeur.  Rv. 

Menoch  (Père  de),  Rm. 


662 


NOMENGLàTURB  DBS  FAMILLES 


Menor,  Minor  (P.),  de  Teruei, 
Rv. 

Mergader  (J.)t  Rv.  —  (Jorffe), 
Anglais.  F.  :  de  gii.  à  3  mures  d'or. 
I)(iviso  :  Res  U  fall.  —  Nom  porté 
par  le  marquis  de  Malferit. 

Mercer  (divers  prénoms),  Rv.— 
(Mateu).  F.  :  d'or  a  4  bandes  d'az. 
au  lion  au  nat.  brochant. 

MERiNo(Sancho,  Domingo,  Menga 
de  ou  (loi),  Rv. 

Mérita  (R.  de),  Rv. 

Mërola  (Br.  de),  Rv. 

Mësa  (Gonzalvo  de),  Z.  (*  159.— 
(Fernand),  castillan.  F.  :  de  gu.  au 
château  d'or,  et  d'az.  à  2  tables 
d'arg.  chargées  d'un  pain  et  d'un 
couteau.  —  Le  marrjuis  df»  Casa- 
Hermosa  porto  lo  nom  de  Mesa. 

Mesclans  (Guillem  de),  Rv. 

Mesoa,  iV!(>ze  (D.  de),  consul  de 
Montp.  II,  552. 

Mexia  (Alfonso),  galicien,  F.:  d'or 
à  3  fuse,  d'az.,  ù  Ta  bord,  de  gu. 
charg.  de . . .  flanchis  d'or. 

Mkytats^  Meitad  (A.  de),  de  Te- 
niel,  Rv.  —  (Garcia  Ferez  de).  I, 
175,  2(H>,  306,  450. 

Meyz  ((iuillem),  Rv. 

Mezoi'ita,  Mosquita  (Domingo 
do)»  Rv.  —  (Martin  P<toz  de)i  I, 
195.  —  *  Mosquida,  ropri'îsenté  i 
May.  Bn.:  d  az.  à  la  mojfquéo  d'arg. 
—  ♦  M(»squita,  on  Gat.  A.  :  6c.  d  or 
et  d'az.  au  griffon  du  l'un  en  de 
l'autre. 

MiCHAEL,  Miguel  (P.)  de  Toruel: 
Miguel,  hospitalier;  maître  Miguel; 
Miguel,  boulanger,  Michalet,    Rv. 

MiEDES.  Miedas  fjust,  P.  Joannez 
de);  D.  do  Miodes,  belhî-lille  de  Xi- 
meno  Pcroz,  Rv.  —  Alfonso  de  Mie- 
des,  de  Biibao.  F.:  éc.  d'or  à  la 
croix  de  Galatrava,  et  d'az.  au  châ- 
teau d'arg. 

MiLA,  Slilan  (Mateu,  R..  Ugon 
de),  Rv.  —  (Jofre  de),  de  Lang. 
parent  des  seigneurs  de  Montp.  F.: 
d'or  au  milan  au  nat.  —  Ramon  et 
Hugues  de  Milan  reçurent  des  terres 
à  Xat.  D.,  f  3iO,  3Î3.— Le  man^uis 
do  la  Albaida,  grand  d'Espagne, 
porte  le  nom  de  Milan  de  Aragon. 

MiLiA,  femme  de  Gil  de  Hongrie. 
Rv.  —  Pedro  do  Milia,  D.,  t^  357. 

MiQUEL,  F.:  d'or  au  château  de. . . 
sommé  d'un  soldat  qui  y  plante  une 
bannière  et  y  anat  le  croissant.  — 
Miquel,  en  Gat.  A.:  do  gu.  à  3  Heurs 
do  lis  d'or,  à  la  bord,  componéo 
d'or  et  de  gu. 


MiR  (B.).  d'Almenara  (P.,  Slsvan, 
G.,  Br.  de),  Rv.  Berenguer  Mît,  de 
Pallars,  descendant  des  comtes  de 
Barcel.  P.  :  d'arg.  au  grifTon  de  sin. 

—  Ramon  Miro ,  descendant  des 
comtes  de  Pallars.  F.:  darg.  au 
miroir  carré  de. .  —  ♦  Mir,  à  VaL 
V  :  de  gu.  à  5  besants  d'or  en  orle. 

-  *  Mir,  à  May.  Bn.:  d'az,  à  la  fasc 
cousue  de  gu.  ab.  sous  une  ëtoi. 
d'or,  surm.  d'une  coquille  d'arg. — 

*  Mir,  en  Gat.  A.:  d'or  au  chevron 
d'az.  ace.  do  3  miroirs  du  même.  — 

*  Miro,  à  Val.  V.:  d'arg.  au  mirv-r 
de  sin.  —  *  Miro,  à  May.  Bn.:  de 
gu.  au  château  à  2  tours  d'arg. 
sommé  d'une  cible  du  même. 

Mira  BEL,  Mirambel  (Ramon  de), 
Rv.,  rt»çut  des  terres  à  Oribuela, 
I).,  1^  335.—  ♦Mirabel,  en  Lang.  ei 
en  Dauphin.:  éc.  d'or  et  de  gu.  &  la 
fasc.  en  divise  d'herm.  brodiant 
sur  le  tout.  —  Mirambel,  en  Limou- 
sin: d'az.  â  3  miroirs  arrondis d*arg. 

Mirabët  (Martin  de).  Rv. 

Miracle,  de  Miracmo  (P.  Lopez, 
B.  de  na),  Rv. 

MiRAYLLES  (R.,  Martin  de). 
Rv.  —  Père  Mira  lies,  de  Baroel. 
F.:  d'arg.  au  miroir  rond,  garni 
débine.  (Valero)  F.:  d'az.  au 
miroir  «in-ô.  —  *  Miralles,  à  Val.: 
2  branches  V.:  !•  d'az.  au  miroir 
d'arg.;  2*  d'arg.  au  miroir  d'az. —  * 
Miralles,  à  Val.:  d'az.  à  2  miroirs  ar- 
rondis d'arg.  garnis  et  emmanchés 
d'or..  —  *  Mirrallos,  à  May.  :  de  gu.  à 
2  fasc.  cousuiis  d'az.  char,  chacune 
d'une  fasc.  ondée  d  arg.  et  ace.  de  5 
miroirs  d'or,  1, 3  et  1.  -  *  Miralles 
en  Cn.  A.:  d'az.  k  2  miroirs  ronds 
garnis  d'or. 

MlZANA,  Rv. 

MoAFAC,  sarrasin,  Rv. 

Mocenius  \GX  Rv. 

MocHACHO  (Marti),  Rv. 

MociLA,  (Felipe de).  Rv. 

MoFERRiz  (D.),  Rv. 

MoGUDA,  Mogada  (Guillem,  B. 
de).  Rm.  —  Bp. 

MoHOTAN.  Mohoyllan,  Moellan, 
Mohaylla  ,  (Tomas,  B.,  Felipe  de), 
Rv. 

Moix  (Père,  Antonio).  Bn  :  d'or 
au  chat  effarouché  gris  moucheté 
de  noir. 

MoLBRO  (Vital),  Rv.  . 

Moles  (P.,  Januarius),  Rv.  — 
Père  de  Moles,  danois,  marié  à  une 

fa  rente  du  roi  d'Ar.  F.:  parti,    au 
"  d'az.    à  la    croix   partiiarcale 


DBS  RTAT8  DE  MCNB  I" 


653 


^ 


d'BTg,  posée  sur  une  meule  de  mou- 
lin; au  2*  d'Aragon. 

MoLUN  (Martm  de),  boucher; 
Rv. 

MoLiNA  (Pascual),  de  Teruel.  — 
P.,  S.  de),  Rv.  —  (Pedro  de).  Z.  f 

MoLiNBR,  Molines,  (Beraat),  de 
Lerida,  Rm.  —  (P.,  Ramon),  Rv.  — 
(Père).  F.:  d'arg.  à  la  meule  de 
moulin  d'az.  soutenue  par  deux 
lions  de..  —  *  Moliner,  en  Gat.  A.: 
de  ffu.  à  la  meuie  de  moulin  d'or. 

MoLiNS,  Molinos,  (Felipe,  Ber- 
tomeu,  Br.  de).  J.  de  Molendo, 
Rv.  —  Bernai  de  Molendinis^  de 
Montp.  II.  430  —  *  Molins,  en 
Gat.  A.:  d'or  à  la  croix  fleuronnée 
de  gu.  cant  de  4  meules  de  moulin 
d*az.  percées  de  sa. 

MOLLAC,  MoUar,  Moylag,  Moylao 
(Stevan  de),  Rv. 

Mollet,  Molet  (Bernât),  Rv.  — 
T. -S.  —  A  :  d'or  au  saumon  ou 
mulet  de  gu.  sur  une  mer  au  nat. 

MoNCADA,  de  MorUe  catano.  Illus> 
tre  maison  des  9  barons  de  Gat  I, 
140,  172  à  178,  180. 187.  198,  204  à 
208,  233,  236,  243,  255,  263  & 
271.  286,  308,  324.  344;  II,  78.  291, 
309,  328,  330,  365,  385,  407.  480, 
569.  —  Rm.  —  Rv.  —  De  gu.  à  6 
{aliàs  8)  besanls  d'or.  —  Père  de 
Moncada,  orig.  de  Bavière.  F.:  fu- 
selé d'arg.  et  d'az.  —  Guillem  de 
Bfoncada.  F.:  de....  à  sept  pains 
(le. . . .,  en  souvenir  de  la  multipli- 
cation des  pains  à  May^ 

BfONCAYO  (Jacme),  F.  :  d'arg.  à 
ryeuse  de  sin.,  et  d  az.  à  la  fleur  de 
lis  de. . . 

MONCBRTAUT  (G.  dej.  Rv. 

MOxNDOR  (Aly  Uuarat),  Rv. 

MoNBBA  (Pedro  de),  Z.  f  202. 

MONFORT  (Domingo),  Rv. 

MoNGisGART.  Moiulscart  (6.  de), 
Rv.  —  G.  de  Montiscard,  Bp. 

MONJO  (P.),  Rv.  —  *  A.  :  d'or, 
au  monde  d  az.,  cintré  et  croiseté 
de  gu. 

Mon  Matal  (P.),  Rv. 

MONMB.NEU  (Albert  de),  Rv. 

Monpalau,  de  Monte  pakUio  (A. 
de),  Rv.—  Jacme  Monpalau,  d'orig. 
allemande.  F.  :  de  gu.  au  palais 
d'or. 

MoxpAO.  Montpaho,  deMontepaon 
(Bg.),  de  Tortose;  —  (Bg.  de),  che- 
valier; (P.  de),  Rv. 

MoNRADA  (A.  de),  courrier  de  la 
reine,  Rv. 


MONRAVA  (G.  de),  d'Almenara; 
P.,  R.  de  Monraba  ;  P.  de  Montra- 
ban,  d'Almenara.  Rv. 

Monréal  (Berenguer  de),  Rm.— 
Rv  —  (Gualter,  Mateu),  D,  P»  385. 

—  (Guillem).  F.  :  d'arg.  au  lion  de 
sa.  soutenant  de  ses  pattes  un 
monde  de...  —  *  Montréal,  d'Ur- 
tubie,  en  Navarre  :  d'arg.  à  la  croix 
de  gu.  charg.  en  cœur  d'un  lion 
lôopardô  d'arg.,  ace.  de  2  grififons 
rampants  du  môme,  celui  de  dext. 
contourné. 

Monrbdon  (Guillem  de),  maître 
du  Temple,  I,  142.    145,  l5a,    151. 

—  Bernât  Monredo,  de  Barcel.  F.: 
d'arg.  au  lion  de...  soutenant  un 
globe  terrestre  de... 

MoNSAN,  Monçan  (P.,  D.  de); 
Monsain,  Rv. 

MoNSERRAT  (Molchior),  F.  :  de. . . 
à  la  montagne  de. . .  —  Monserrat, 
de  Gervera.  A.  :  d'az.  au  mont  de 
2  coupeaux  d'or,  sommé  d'une  scie 
du  même  et  entouré  d'une  palissade 
d'arg.,  à  8  fleurs  de  lis  du  même 
en  orle.  —  Monserrat,  de  Reus,  A.: 
de  gu.  au  mont  de  2  coupeaux  d'or, 
sommé  d'une  scie  du  même. — Gelte 
dernière  famille  est  représentée  par 
le  marquis  do  Tamarit. 

MoNSo,  Monlso,  Monzon  (divers 
prénoms  ot  diverses  professions),  I, 
404.  —  Rm.  —  Rv.  —  D.  f  385.  — 
Montso,  à  May.  Bn.:  d'az.  à  3  fleurs 
de  lis  mal  ordonnées  d'or. —  Monso, 
en  Gat.  :  A  d'or  à.  la  tour  au  nat. 
ouv.  et  ai.  de  sa.,  ayant  à^  la  fe- 
nêtre un  nomme  enchaîné  d'arg.  et 
sur  les  créneaux  une  bannière  de 
gu.  avec  les  mots  :  pro  fidelUate 
d'arg.:  au  chef  de  gu.  char,  d'un 
besant  d'or. 

MoNSORni  (Pons  de),  chevalier, 
Rv.  —  (Guillem),  F.  :  de  gu.  au 
mont  fleurdelisé  d'or. 

Monta  (Guillem  de  Za),  Rv. 

MoNTAGUT,  Montagudo,  de  MorUe 
cuiuto  (divers  prénoms).  I,  323,  342, 
389.  —  Rv.  —  D.,  1*  340.  —  Alfonso 
Montagut,  navarrais.  F.  :  losange 
d'or  et  de  gu.  -  Guillem  Montagut, 
catalan.  F.  :  de  gu.  au  château  d'or 
du  milieu  duquel  s'élève  un  mont 
de...—  Bernât  Montagut,  rico  home 
navarrais.  F.  :  d'or  à  2  monts  de. . . 

—  Montagut,  en  Gat.:  d'az*  au  mont 
fleurdeliœ  d'or,  surm.  d'une  cou- 
ronne antique  du  môme.  —  Guil- 
lelmon  de  na  Montaguda.  maître- 
queux  du  roi.  II,  610. 


«S4 


ifoiibifbiAi^R^  DÈS  fAMtLtus 


MoNTALBA,  Montûlban  (Martin, 
Valero  de),  Rv. 

MoNTALT  (Bernât  de),  s'engagea 
à  suivre  Jacme  en  Terre-Sainte. 
Doc,  inéd.;  VI,  174. 

MoNTALLET  (Marie  de),  Rv. 

Mo.Ni'ARAGON  (Doibingo  Gomex 
de),  Rv. 

MoNTAYNAGOL  ,  Montannagol  , 
Moniagnagol  (G.  do).  11,66,  113, 
458.  459.- Rv. 

Monta Y.NA.Ns ,  Montayn^,  Mon- 
tanya,  Montaannan.  I,  255.  —  Rv. 

—  *  Montaiians,  à  May.  Bn.:  d'or 
à  J  fasc.  vivrées  tlo  gii. 

Mo.NTBLAXCHj  de  MonU  cHho  (di- 
vers prénoms).  —  Rm.  —  Rv. 

Mo.NTBRUx,  Monbrii  (Pascual.  Si- 
mon de),  s'enjragèrent  à  suivre 
Jacme  en  Terre-Sainte .  Doc.  inéd.; 
VI,  176.— 1-S.— Ar.  de  Monbrii,  Rv. 

MONTCLrs  (Guillem  dfi)  des  9 
nobles  do  Cat.  I.  403  —  Z.  f-  177, 

—  Pore  do  Monclus.  F.— A.-  de  sa. 
au  mont  fleurdelisé  d'argN 

Monte  (R.,  Père  do),  Rv. 

MoNTESOuiu,  Mont-Squiu  (Be- 
renguer  ou  Bernât  d»^),  1,  2.i5.  — 
E.  rh.  XXXII.  —  Montesquieu  Fo- 
zensac,  en  France  :  d'or  à  2  tour- 
teaux de  gu.  l'un  sur  l'autre. 

MONTFALCO.  Monf;ilj|uo,  Monfal- 
con  (Berenguer,  Pore  de),  Rv. — 
Montfalco,  en  Cat.  A.  de  gu .  au 
mont  d*arg.  sommé  d'un  faucon 
d'or,  chaperonné  d'az.— »  Montfau- 
con,  en  Lang.:  de  gu.  au  mont 
d'arg.  surm.  (fun  fauran  du  même. 

MoNT-FLOuiT  (Garcia  de),  Rv. 

MONTGHii:  (Guillem  de)  sacriste 
deGirone,  archevêque  élu  de  Tar- 
ragone,  I.  365;  II,  32,  310. 

Mo.NT-JuicH,  de  Monte-Judayco 
(Jacme  de),  II,  589. 

MoNTLAim  (Hugues de),  maître  du 
Temple.  —  J.  passim. 

MoNTMAJOR  (P.  de),  et  sa  fille. 
Rv. 

Mo.NTO,  Monton  (Marc)  de  Teruel; 
(Guillem  de),  Rv. 

Mo.NTOLiu,  chevalier  (P.,  Vives 
de).  Rv.  —  (Ramon).  F.:  d'or  à  3 
lasc.  de  gu.  —  A.:  fascé  d'or  et  de 
gu.  —  *  Montolieu,  en  Lang.  et  en 
ProV.:  fascé  d'or  et  d'az. 

Rio.NTORis  (P.),  de  Poitiers.  F., 
de  sin.  m  mont  flelirdelisé  de  gu. 
bordé  d'or. 

ÏÉlONTORo  (Alfonso),  deCordone, 
F.:  d'or  au  chône  et  au  taubeati 
de. . . . 


Mo.vt  PErihôâ  (P.  de).   RV.  — 

Il  y  avait  un*^  fam.  de  MontpeyroUX 
en'Rouergue  portant:  d'az.  à  3  tonrs 
crénelées  d'or;  alias,  d'or  au  poirier 
de.. .  fruité  d'arg.  sûr  une  montar 
gne  de  sin. 

Montpellier  (Ramon  de),  filst  de 
Guillem  VIII,  seigneur  de  Montp. 
Z.  lib.  Il,  c  65. —  Rm.  —  fJohan, 
Jacnï'^  de).  Rm.  —  Johan  de  Mon- 
tepessidano,  Rv.  —  G.  de    Mon*- 

Sf*stler,  II,  556.  —  Los  hommes  de 
[ohtpollier,  Rm.  —  Rv.  —  L>.,  1^ 
311.  —  Seigneurs  de  MontpelKer; 
d'arg.  au  tourteau  de  gu.  —  Voy. 
Entenza. 

Mo.NTPEZAT,  Mompeza  (François 
de),  maître  du  Temple,  I,  209.*  — 
Z.  f'  120,  —  Monlpesit,  en  Lang.: 
de  gu.  à  3  bandes  d'or,  au  chef 
cousu  d'az.  char,  de  3  étoi.  d'or.  — 
Montpezat,  en  Gascogne:  de  gu.  à 
la  balanœ  ii'or. 

Mo.xTPOT  (Mij:Uel),  Rv. 

MoNTROô ,  Monroig ,  Mohros  , 
Monro,  de  Ifonte  ni6ôo  fdivers  pré- 
noms), Rm.  —  Rv. 

MoNTt  LL  (Père  de),  de  Tonl.  on 
de  Toi.  F.:  degn.  à  la  lledr  de  lis 
d'or. 

MoRA  (divers  prénon's).  Pbùr 
quelques  uns,  indication  d'orig. 
Rm.  Rv.  —  Mora,  à  May.  Bii.: 
de  gu.  h  7  châteaux  d'or.  —  Mora , 
en  Gat.  A.:  éc.  de  gu.  à  labanded'or 
char  de  3  mures  de  sa.,  el  d'or  ao 
mûrier  arraché  de  sin.  —  Le  mfa^ 
quis  de  Tamaron  et  le  comte  "éë 
Santa- Anna  portent  lenoninde  Mora. 

MoRAGAL  (Guillem  de) ,  Rv. 

MoRAGUES,  Moragas  (Giiflleiû, 
Domingo,  Venrel  def,  Rv .  —  Guil- 
lem de"  Moragues,  pinid'homme  de 
Val.  Il,  569.  —F.:  d'àrg.  à  la  ronce 
de  sin.  fruitée  au  nal. —  Moragnes, 
.à  May.  Bn.:  d'or  au  nïûrier  art^- 
ché  de  sin. 

MoRAtA  (Martin  de).  Rv. 

MoRATON  (R.,  Perefa,  Ai1Milé\ 
Rv. 

MoRAZACH  (G.  de),  Rv. 

MoRKLL  (Bemat),  Bn.:  d'ârg.  à  la 
muraille  ci*énelée  d'az.  —  Ratnon 
Mcrel  reçut  des  biens  dans  le 
î'oyaume  de  Val.  D.,  f*  354.  —  P.  et 
Domingo  Morello,  Rv. 

Morella  (G.,  r  ,  Faraix  de).  Rv 

Mohena  (A.  de)  de  Tortose/Rv. 

MoRERA  (Domingo)  et  sa  remme 
Dolza,  Rv.  —  Père  Zamorera,  F  : 
de  . .  au  mûrier  au  nat. 


Qf|«   lÉfATS   DR   MGVB   1^' 


MORE^  (Miguel),  Pv. 

lioBfs^s  (fiertran  de).  Rv. 

MoRiELLO  (P.,  D.,  H.,  Gil.  Marti 
LoDe?,  Valero  de);  P.  Morgello,  Rv. 

HoRiELLA  (Gil);  Berènguer  Mo- 
rilla,  Rv. 

MoRLAN,  Morla  (B,),  chapelain  de 
Rocamadour;  Gerald  et  Guillem  de 
Merlans»  Rv  —  Morla,  provençal. 
F,  :  de  gu.  à  la  tétte  de  maure  au  nat. 

—  *  Morla,  à  May.  Bn.:  d'az.  à  3 
serpents  se  mordant  la  queue,  1  et  2. 

MOROS,  Morro  (Fortun  Garcez, 
Miguel,  Br.  de),  Rv. 

MOYA  (divers  prénoms),  Rv.  — 
*  Moya,  à  May.  Bn.:  d'arg. ù  4  fasces 
nébulées  d'az.,  à  la  bande  d'or  char. 
de  3  rougets  de  gu.  brocb.  sur*  le 
tout. 

MoTNOS,  Munnoz,  Munoz,  Muniz 
(divers  prénoms).  Un  bourgeois  de 
Teruel,  un  prud'homme  do  Val.  I, 
1^.  389,  44S;  II,  133,  446,  569.  - 
J.  en.  XXIV,  ccLv.  —  Rm.  —  Rv.  — 
J^Huyoz,  de  Hinojera,  F.:  éc.  d*or 
à  la  croix  de  Calatrava  de  gu.  et  de 

gi.  plein.  —  Pedro  de  Munyoz,  de 
urgos.  F.:  éc.  d'or  à  la  croix  de 
Calatrava  de  gu.  et  d'or  k  la  bande 
échiq.  de  gu  et  de  sa.— Enrich  Mu- 
nypz,  aragonais.  F.:  d'or  è  5  dés  à 
jouer  de  pu.  marqués  chacun  de  5 
points  de  sa. 

MuELLA  (Jacme),  Rp. 

Mues  (Martm  Ferez  Je),  Rv. 

MuGA  (Berènguer  Za),  Rv. 

MuiLERAT,  Mulerat  (J.),  Rv. 

MULER  (Bg.).  Rv. 

Mulet  (Berènguer,  Ar.  de),  Rv. 

—  *  Mulet,  à  May.  Bn.  :  coupé  d'or 
&  2  têtes  de  carn.  cour,  d'or,  et  de 
sin.  à  2  tours  d'or- 

MuLNE^io,  Mulner  (G.,  R.,  Bg., 
Arn.,  R.),  Rv. 

'  MuNTANER,  Montaner  (Ramoij), 
de  Peralada.  I,  1?5,  428;  II,  457, 
460.  —  Q.  p.  399.— Bertomeu  Mon- 
taner, Ramoueta  Montanera,  Rv.— 
Arnald  Montaner,  de  Cerdagne,  F.: 
d*arg.  au  mont  fleurdelisé  de.-. .  — 
Bn.  :  d'or  au  mont  fleurdelisé  d'az. 

—  Une  branche  porte  ces  armes  sur 
l'écu  d'Arag.  :  aor  à  4  pals  de  gu. 

—  Le  chef  d'une  branche  do  cette 
fam.  établie  &  May.  porte  le  titre  de 
marquis  del  Reguer. 

Mur  (B.  de),  J.  de  Muro.  bou- 
cher, Rv.  —  Guillem  de  Mur.  F.  : 
de  sin.  au  mur  ouvert  par  une 
brèche.  —  Guillem  de  Murs,  trou- 
badPW.  II,  399,  45q.  —  *  Mur  ou 


Dezmur,  en  Roussillon,  A.  :  de  gu. 
à  la  muraille  crén.  d'or. 

MuRAYNON,  Maraynon  (P.  San- 
chez  de),  Rv. 

MuRËOiNA.—  Un  évéque  de  May., 
un  chevalier,  Bp. 

MuREL,  de  Murea,  de  Murola  (P. 
de),  Rm.  —  (R.  de),  Rv. 

MuRLES  (G.  de),  de  Montp.  Il, 
7,  552. 

Mut  (G.),  Rv. 

MuzA,  juii.  Rv.  —  Muza  Almo- 
ravid,  alcayde  de  Biar.  II.  96. 

Nachman  (Moses  ben]  rabbin.  II, 
380  à  383,  594  à  596. 

Nadal,  adobadoryàe  Jaca,  et  son 
frère  Martin;  Antoli  et  Domingo 
Natali.  boucher.  P.  de  Nanadana 
et  sa  femme  Nadalia.  Rv. 

Najara  (Joan  de),  Rv. 

Nanglbsa  (Domingo  de),  Rv. 

Naniel  (G.  de),  Rv. 

Nanina  (F.  de),Rv. 

Naraylac,  Rv. 

NARBON/i  (Bg.  de,  R.  de);  Br,  et 
GuilKm  Narbones;  Narbonet,  Rv. 

Narco  (A.  de)  ;  G.  de  Nargo,  Rv. 

Nareu  (D.),  Rv. 

Narnu  (Fray  del),  de  Girone, 
Rm. 

Narossa  (Bç.),  de  Tortose,  Rv. 

Narvaez  (Alphonse) ,  galicien , 
F.:  de  gu  à  5  fleurs  de  lis  d'arg.,  à 
la  bord,  d'arg.  char,  de  chaînes  en 
saut,  de  ...  —  Le  maréchal NaiTaez 
duc  de  Valencia,  porte:  parti  de 
gu.  à  5  fleurs  de  lis  d'or,  et  d'arg. 
a  5écussons  de  Portugal,  à  la  bord, 
de  gu.  char,  de  8  flanchis  d'or. 

Nausa  (P.  de),  Rv. 

Navarra,  Navarre  (divers  pré- 
noms), Rv. 

Navarëllo  (Gisbert);  P.  et  J. 
Navarret,  Rv. 

Navarro  (Domingo),  templier, 
Rm.  —  Avec  divers  prénoms;  J. 
Navarron.  Rv.  —  Juan  Navarro,  de 
Huesca.  F.:  parti  d'or  à  2  fasc.  de 
sin  et  de...  à  4  lances  d'az.,  &  l'é- 
cusson  de...  au  lion  de...  —  Firmin 
Navarro,  F.:  de  gu.  au  coq  et  au 
serpent  de...,  ace.  en  pointe  de  3 
besants  d'ar^. 

Nayasa,  Navaza  (Gaston,  Gascon 
de],  Rv. 

Navascos,  Nabascas,  Navasches 
(Miguel,  Martin,  P.,  Ximeno  de), 
Rv  —  fPere  de),  I,  442. 

Navata  (J.),  Rv. 

Naves  (Bg.  de),  Rv.  — -  *  Naves. 
en  Cat.  A.:  d'az.  au  vaisseau  équipe 


656 


ROMBIIGLATUIIK  DBS  FAMILLES 


d'arg.  sur  une  mer  du  môme,  adex- 
tré  aun  mouton  passant  d'arg.  sur 
une  terrasse  au  nat.  et  surm.  d'une 
main  de  carn.  ailée  d'or. 

Nata  (Bertran  de),  che\'alier,  I, 
266.  —  (Bernât  de),  F.:  d'or  au 
ckien  blanc  et  noir.  —  Le  baron 
d'Alcala  porte  le  nom  de  Naya. 

Natalf,  Rv. 

Nbbot  (Bff.).  Rv.  —  •  Nebot,  à 
May.  Bn.:  d  az.  à  la  bande  cousue 
de  ffu.  char,  de  3  6toi.  d'arg.  et  aoc. 
de  X  fleurs  de  lis  du  môme. 

NEi>BZAN.(P.  de),  Rv. 

Nela  (D.),  Rv. 

NER(Br.).  Rv. 

Nexina,  Rv. 

NiGHOLAU,  Nicoloso,  Nicolas  — 
Un  chapelam  de  D.  Pedi  o  de  For- 
tug.,  chanoine  de  Goimbre,  Rm  — 
Un  ingénieur  du  roi,  I,  343  à  3-45  ; 
II|  40à.  Rv.  —  Un  chapelain  de  la 
reme,  II,  577 .  —  Un  ôcuyer  castil- 
lan, et  quelques  autres,  Hv.  —  ♦ 
Nicolau.  à  May.  Bn.:  de  gu.  au 
lévrier  d'erg. 

NiNOT,  Rv.— ♦  Ninot,  en  Gat.  A  : 
desin.  ù  la  tour  d'or,  couverte  do 

fu.  maçonnée  et  ai.  de  sa.,  à  la 
ord.  dor,  char,  ae  8  fouilles  do 
lierre  au  nat. 
NoLASQUE  (Pierre  de),  fondateur 


455.  —  Fr.  P.  de  Nonasch,  Fr.  P. 
de  Monasch,  de  rordn3  de  la  Merci, 
Rv. 

NoRBLLA  (Br.  de),  Rv. 

Noria  (B^rlomeu  de).  Rv. 

No  VA  ILES,  Nnaylies.  Nova  les,  No- 
vellas,  Novals  (divers  prénoms). 
Plusieurs  chevaliers,  unjusticia  de 
Xerica.  Rm.  —  Rv. 

NovEL  (P.).  Rv.  —  *  Novell,  en 
Gat.  A.:  d'az  au  noyer  arraché  et 
fruité  au  nat  ,  à  la  nlière  de  gu. 

NuBZ  (Pedro  Garcez  de)  et  son 
frère  Oger.  Z.  f  205. 

NuNiz,  Nunez  (Père),  chevalier, 
Rm.—  Bn  :  d'or  à  4  bandes  de  gu. 

NuNNO,  Nuno  (Martin,  Pascual), 
de  Teruel;  magister  J.  Nunonis, 
Rv. 

Oblster  (Martin  Perez),  Rv. 

Oblites  ,  Oblitas  ,  Ablitas  ,  De 
Oblitis  (divers  prénoms);  plusieurs 
chevaliers,  Rv.  —  J.  ch.  cclxxvii. 
—  Z.  f^  169.  —  Père  de  Oblites,  de 
Tahuste.  F.  :  d'or  à  la  bande  de  sa. 

OCTAVIAN,  Rv. 

Odena,  Hodena,  (diversprônoms). 
Plusieurs  chevaliers.  I,  4o4.  —  Rv. 


—  Ë.  ch.  Lxvni;  —  A.:  d'az.  seosé 
de  croiseties  d'arg.  à  la  bande  d*or 
broch.  sur  le  tout. 

Ofpsgat  (Bg.  de),  chevalier,  D., 
^  386. 

Olalia  (P.  de),  Rv. 

Olavart  (Br.).  Rv. 

Olcina  (Bemat).  F. .  de  gu.  au 
chêne  do  sin.  fruité  d'or.  A.:  d*or 
au  chêne  arraché  et  fruité  de  sin. 
accosté  de  2  chardons  de  3  liges 
du  même. 

Oldesa  (Br  ,  Ar.  de).  Rv. 

Olesa  (Ferrer,  J.  de);  F.  Dolesa, 
de  Barcel.  Rv.  —  Bn.:  de  gu.  à  la 
rose  d'arg.  —  Bemat  et  Guillem  de 
Olesa,  I,  449. 

Oliola  (Fr.  Andréa  de);  Br.  Do- 
liola,  Rv. 

Olit,  Doiit,  (divers  prénoms), 
Rv. 

Oliva  (Br.  de).  Rv.  ~  (Père  de), 
de  Tudela,  F.:  de...  au  hibou  {olivà) 
de... 

Olivblla,  Golivella  (ï^ere  B^nat 
de},  Rv.  —  Z.*.  f^  203. 

Oliver,  de  Oiioario (Père,  Beren- 
guer),  Rv.  —  *  Olivar,  à  May.  Bn.: 
d'or  à  l'olivier  arr.  desin.  surm. 
d'un  chevron  alésé  de  sa.  —  Le 
comte  de  Tarifa  porte  le  nom 
d'Oliver. 

Olives  (Bemat),  Z  f^  t26.  - 
(Guillem  de),  de  Tortose.  F.:  d'ai^. 
à  1  olivier  au  nat. 

Olivier  le  Templier,  trouba- 
dour, II,  393.  459. 

Ollbr,  Ollarii,  de  OUerio  (divers 
prénoms  et  diverses  professions), 
Rm.  —  Rv.  —  Bp. 

Olms  (Guillem  Père),  de  Rouss. 
F.:  d'arg.  à  3  ormeaux  au  nat. 

Olocalvo  (V.,  M.  de),  Rv. 

Olone  (Pierre,  Elissende  de),  il, 
262. 

Oltra  (J.  de),  Rv. 

Olzbt,  Dolzet,  Solzet,  Alzet,  Sal- 
cet  (divers  prénoms),  Rm .  —  Rv. 

Omedes  (Sancho).  chevalier  de 
8aint  Jean-de-Jérusalem.  F.  :  d'or  à 
l'ormeau  au  nat. 

Ondo  (P.  de),  Rv. 

Ongera  (Guillem  de),  Rv. 

Ongria,  Ungria,  Dungria  (R.,  J., 
G.,  Martin  de);  quelques  uns  de  Ja 
suite  de  la  reine  Yolande,  Rv. 

Opte  (Pascual  de),  Rv. 

Orabas  (Ferrand  de),  Rv. 

Orcau.  Dorcau  (Père  de),  Rm.  — 
6.)  d'Almenara,  Rv.  —  (Amald 

e),  F.:  d'az.  au  soleil  d'or.— Orcau. 


S 


r 


DES  BTATâ  DE  MCMB  1' 


657 


6Q  Gat.  Â.:  de  gu.  à  8  roses  d'or. 

Orciva  (Garcia  de).  II,  186. 

Ordbna  (Guillem  de),  Rv. 

Ordi  (Amalt  de),  F.:  de  gu.,  à  la 
plante  d'orbe  d'or. 

Ohe6a  (Mateu  de),  Sancho,  Ber- 
tomeu,  P    de  Orenga,  Rv. 

Orella.  Âtorella  (Atho),  tnesna- 
dero,  I,  187.  204,  327,  340.  —Rm. 

—  Rv.  —  Blasco  Oreyla,  chevalier, 
Rv.— Atorella,  en  Arag.  Bn.:  d'arff. 
à  la  croix  de  Calatrava  de  gu,,  à  Ta 
Champagne  échiq.  d'arg.  et  degu. 

Obbxach(G.  de;,  Rv.— ^  Rexadi, 
en  Gat.  A.  :  d'arg.  treilhssê  d'az. 

Oria  (Pedro  Ramirez  de),  cheva- 
lier aragonais,  Z.  f*  166. 

Oriols,  Uriols  (Bernât  de).  J. 
ch.  ceci.  —  (Ramon  de),  français, 
F.:  d'or  à  la  fleur  de  lis  d'az.  ace. 
de  deux  oiseaux  de...  becq.  et 
membres  de  gu. 

Oriz  (Inigo,  Ximen  Perez  de), 
Z.  ^'166.  205.  —  D.f  357. 

Gros  (G.  de},  Rv. 

Obradrb  (Sancho  de),  chevalier, 
D.  f  386. 

Ortella,  Ortelle  (Père  de),  Rm. 

—  Rv. 

OaTiN,  d'Avila.  F.:  de  gu.  al'étoi. 
d'or. 

Ortiz,  Dortiz  (divers  prénoms), 
Rv.  —  J.  ch.  cix.  —  D.  f»  386.  — 
Au  moins-  2  fam.  1*  mesnaderos 
d*Arag.  B  :  d'arg.  à  la  herse  de  sa. 

—  2*  Sancho  Dortiz,  Navarrais,  Rv. 

—  Rodrigo  Ortiz,  de  Teruel,  F.— V.: 
d*or  au  dextrochère  de  car.  empoi- 

f^nant  6  plantes  d'orties  fleuries  et 
ruitèes  au  nat 

Orto(A.  del)    Rv. 

Ortolaxus  (R.,  p.,  Jordan),  Rv. 

OnTO.NKnA  (Guillem  de)  reçut  des 
terres  à  Alcoy   D.  f  335. 

Orts  (P.  de,  Ramon  des),  Rv. 

Osa.  Dosa,  Dossa  (Ximeno  Perez, 
Garcia  Perez,  Sancho  Perez  do\ 
Hv.  —  D.  f  346. 

OssAL  (Stevan  de),  Rv. 

Osso,  Dosso  (P.  Gonzalvez  de). 
chevalier,  Rv. 

OSTIA  (G.).  Rv. 

Oteyza  (ximeno  de),  de  Teruel  ; 
Sancho  do  Hoteyça.  Rv. 

Oto  (P.  de);  Zalema  Iloto,  sar- 
rasin de,  Xat.;  Otis,  Rv. 

OviECHO  (Père),  scriptor.  I,  443. 

OvoN  (Joan  de),  Rv. 

OXEA  (Bernât)    Bp. 

Oxova,  Otxova.  Ochova  (Lopo). 
arbalétrier;  (Ximeno  et  D.  P.j  Rv. 


Pabat  (J.),  Rv. 

Pachal  (P.)  de  Barcel.  Rv. 

Pacho  (Ximeno  de),  chevalier, 
Rv. 

PAGMbR  (R.),  Rt. 

Padilla  (Père  de).  F.:  a'arg.  à 
3  poêles  à  frire  d'az.  cnarg.  chacune 
de  3  croiss.  de... 

Pa-et-Ayga  (Jacme),  secouru  par 
le  roi,  {de  ^emosina  nostra)^  II, 
611. 

Pagakot,  Rv. 

PAHB6A  (Ar.),  Rv. 

Palafido  (J.  de),  Rv. 

Palafox,  Palafols  (Guillem  de) . 
chevalier,  1, 256.  —  E.  oh.  xxxni.  — 
Z.  f*  126.  —  Palafox.  grand  seigneur, 
d*une  fam.  d'ong.  française  établie 
en  Arag.  et  en  Gat.  F.:  de  gu.  à. . . 
fiasces  (Targ.  charg.  de^^roisettes  d'az. 
—  Palafox,  en  Espagne;  de  gu.  à  3 
fasc.  d'arg.  char,  chacune  de  2  croi- 
seites  d'az.  —  cUiàê  :  de  gu.  ô  2  fasc. 
d'arg.  charg.  chacune  de3  croisettes 
de  sa.  et  crénelées  intérieurement  du 
même.  —  A  cette  maison  appartient 
S.  M.  Marie-Eugénie  de  Palafox,  de 
Porto-Carrero  et  de  Guzman ,  Im- 
pératrice des  Français.  En  publiant 
le  tableau  généalogique  de  la  page 
394  de  notre  tome  I.  nous  n'avions 
pas  dissimulé  nos  doutes  au  sujet 
de  l'exactitude  des  derniers  degrés 
de  cette  filiatio  ^.  Nous  pouvons  au- 
jourd'hui la  rectifier  d'une  manière 
certaine.  Ses  parties  essentielles 
n'ont  d'ailleurs  aucune  modification 
à  subir.  11  faut  seulement  rétablir 
ainsi  c|u'il  suit  les  derniers  degrés 
à  partir  du  XIX*  : 

XIX.  Cristobal  de  Porto-Carrero 
et  de  Guzman,  mort  en  1704,  avait 
épousé  Marie  Regalado  de  Villal- 
pando. 

I 

XX.  Cristobal  Grogoriode  Porto- 
Carrero,  Zuna ,  Guzman,  Osorio, 
Enriquez,  Almanza,  Pacheco,  Ara- 
gon  et  Monroy,  comte  de  Montijo, 
marquis  de  Barcarota  grand  d'Es- 
pagne, chevalier  de  la  Toison  d'or 
et  des  ordres  du  roi  de  France,  am- 
bassadeur extraordinaire  et  ministre 
plénipotentiaire  d'Espagne  à  Lon- 
dres, nuis  à  Francfort  en  1741,  pour 
l'élection  de  l'empereur  Charles  Vil. 
avait  épousé,  le  15  mai  1717,  Do- 
minga  Fernandez.de  Cordoba. 

I 

XXI.  Cristobal  Pedro  de  Porlo- 

43 


658 


NOMBNCLATUBB  DBS  FAMILLES 


Carrero,  marquis  de  Valderrabano, 
marié  à  Maria-^osefa  Lopez  de  Zu- 
liiga,  comtesse  de  Mlranda. 

I 
'    Maria-Francesca  de  Sa- 

Iles  de  Porto-Garrero  et 
Zuûiga. 
Philippe  de  Palafox  et 
_  _  , ,  de  Croy,  fils  de  Joachim- 
^^^^  ■  Untoine-Xiroenes  de  Pa- 
ilafox,  marquis  d'Arizza, 
fffrand  d'Espagne,  et  de 
I  Marie- Anae-Cfiarlotte  de 
\Croy. 

I 
XXIII.  GypnaDO  de  Palafox , 
Porto-Carrero  et  Guzman,  comte 
de  MoDtiio,  de  Mirauda  et  de  Teba, 
duc  de  Pefiaranda,  mort  le  15  Jan- 
vier 1831»  marié  à  Maria-Manuela 
deKirk-Patrick  de  Glasbum. 

I    Marie-Eugéuie  de  Pa- 
Vlafox,   Porto-Garrero   et 

XXIV  y^^^'''^^  I    comtesse    de 
1 1 coa • 

/  NupoléoD  II I,  Empe- 
Ireur  des  Français. 

I 
XX V .  hi apoIéon-Eugène-lM)uis- 
Jean- Joseph,  Prince  impérial. né  le 
16  mars  1856. 

Palafre  (J.  de).  Rv. 

Palafurgell  (Na,  Guillem  de, 
Palafrugel:  Bg.  Palaforger,  Rv. 

Palau.  Palazi,  de  Palatio  (divers 
prénoms).  Rm.—  Rv.  —  J.  ch.  xl. 

—  Q.  —  Bp.  —  Palau,  représenté  à 
May.  Bn.:  de  su.  au  palais  d'or.  — 
Palau,  en  Cal.  F.— A.  :  d'or  au  palais 
i\  l'antique  crénelé  de  sin.,  à  la  bord, 
componôe  d'or  et  de  sin.  —  *  Des- 
))alau,  en  Cat.  A.:  d'or  au  palais 
d'az. 

pALAVtciNu  (Juan),  Génois,  h\: 
d'op  à  la  croix  potencée  de  sa.  et 
échiq.  de  12  pièces  de. . .  et  de.  ..— 
Palavicini,  à  Gènes:  échiq .  d'arg.  et 
de' 2.,  au  chef  d'arg.  char,  d'un 
oiseau  d'az. 

l'ALAZiN  (Arnald).  Z.  lib.  II,  ch. 68. 

—  P.  Palacinus,  Maria  Palaci,  B. 
Palacini,  boucher,  Rv.  —  P.  ï  aleci, 
chambellan  du  roi  Jacme.  —  J.  ch. 
CLX.  —  P.:  de  gu.  au  lion  de  . .  à  la 
bord,  d'arg 

Palencia  (P.),  Rv. 
Palerols  [Janancius  de),  Rv. 
Palet  (Hernal),  de  Barcel.,  Rv. 
Paliza  (Guerau  de),  Rui. 


Pallarb  (G^**  de),  vassaux  des 
comtes  souverains  de  Barcel.  I, 
130,  464;  II,  337,  493.  498.  -  Z.  P* 
119  et  154.— Guillem  de  Pailais,  F  : 
de  gu.  &  3  pailles  d'or. —  Pallars, 
des  9  comtes  de  GaU  A.  :  de  gu.  à  3 
pailles  en  bande  d'or.  —  Bernât  de 
Pallars;  Br.  de  Pallai*s,  corroyeur, 
Pavlars  et  Paylares,  avec  divers 
prénoms;  probaolement  noms  d'orig. 

Palmard  (Hugues),  Huguet  Pal- 
maret,  Rv. 

Palme  (Guerau),  Rv. 

Palomar  (P.  de),  Rv. 

Palou,  Palasol.  de  PalaUoio  fBe- 
renguer  de),  évéque  de  Barcel.  1, 
233,  241,  255,  269.  308.  —  J.  ch.  u. 

—  Rm.  -  Z.  P  126.  —  Q.  p.  179. 
Père  Palasol.  Rv.  —  *  Palou,  re- 
présentée à  May.  Bn.  :  d'or  au  châ- 
teau à  2  tours  d'az. 

Pals  (D.  de),  R.  de  Pauls,  Rt. 
Pamplona  (M.,  B.,  A.  de),  Rv. 

Pando  (P.).  Paix  de  1235.  — 
Pando  est  le  nom  patronymique  du 
duc  de  Tamames  et  du  marquis  de 
Miraflores,  grands  d'Espagne. 

Paradello  (Bernât,  Ramon),  Bp. 

Parapol,  Rv. 

Paratge,  Parage  (G..  B.  de),  Rv. 

Pardlnera  (P.,  G.  de),  de  Jaca. 
Rv. 

Pardo  (Garcia),  mesnadero  doai 
la  faro.  fut  élevée  plus  taitl  à  la 
rica  hombria.  I,  206,  444. —  Pedro 
de  Pardo  reçut  des  biens  à  Xat.  D. 
!••  340,  386.  —  B.  —  Bn.  :  d'or  à 
3  troncs  écoles  de  sin.  rangés,  posés 
en  pal  et  enflammés  de  gu. —  Azuar 
Pardo.  F.:  de. . .  à  3  bâtons  de  sin. 

—  Pedro  Pardo,  frère  du  précé- 
dent. F.  :  de. . .  à  3  bâtons  do  sin. 
entlammés.  —  Le  marquis  de  San- 
Juan  de  Garbailo  porte  le  nom  de 
Pardo 

Parellada.  Zapareyiada  (A.,  P. 
de),  Felip  Pareylados,  do  Tortose, 
I{v. 

Parent  (Ar.).  Rv. 

Pauets  (B.  de),  de  Villafranca, 
et  son  frèi^e  Guillem,  Rm. —  Parets, 
il  May.  lin.  :  d'arg.  &  la  bande  de 
pierres  de  taille  maçonnées  au  nat.. 
au  cheval  cabré  et  contourné  de  sa. 
broch.  sur  le  tout. 

Paris  (Joan  de),  de  Teruel  ;  ma- 
gister  Paris,  Rv.  —  B.  de  Paris 
1,449. 

Parois  (J.  de),  Rv. 

Parral  (S.  del),  Rv. 


DES   ETATS  DE   JAGHE   V^ 


659 


Partidbn,  Pertiden  (Tomas), 
tailleur  de  Barcel.  Rm. 

Paschal  ,  Pasqual ,  Pascasius 
fBg.,  Domingo,  Marti),  Rv.  —  Janot 
Pascual,  F.  :  éc.  d'az.  &  2  tours 
d'or,  surm.  d'une  étoi.  de.,  et 
d'az.  à  l'agneau  pascal  de  .  du 
flanc  duquel  sort  une  source. 

Paterna  (Martin  Perez  de).  Rv. 

Patot  (Fr.  Raymond),  maître  du 
Temple.  I,  343.  —  Z.  f  141. 

Pauch  (P.),  de  Perpignan,  Na 
Pocha,  Rv.  —  Arnaldwf  de  Pattcis, 
affranchi  des  tailles  par  le  dernier 
codicille  du  roi.  II,  6ll. 

Paul  (Frère),  dominicain.  II,  380 
à  383,  463,  594  à  596.  —  Fr.  P.  Pau- 
lus,  de  Poblet,  Rv. 

Paclbs  (Domingo),  Rv. 

Pavia  (B.  de),  Rm.—  J.  Perez  de 
Pavia  ou  Pabia,  chevalier.  Rv. 

Pavo  (Ximeno  de).  Z.  f  171.  — 
(Guiilem  de),  lieutenant  du  roi  à 
Montp.  II.  407.  —  J.,  S.  de  Pabo; 
Marti  del  Pabo;  D.  de  Pobo;  Bg. 
de  Pao,  Rv. 

Pax  (Guiliem  de),  chevalier.  II, 
90.  —  Rv.  —  Joan  de  Pax,  Bp.  — 
En.  :  de  gu.  au  croiss.  versé  d'arg. 

Patlaranch  (J.  de),  de  Jaca,  Rv. 

Patnera  (J.),  Rv. 

Paza  (Pj,  Rv. 

Pebrada  (Guido)   argentier,  Rv. 

Pedrix  (R.  de)  et  Anglesia,  sa 
femme;  P.  Peirix ,  fils  d'Huguot 
Martinez,  deHuesca;  Pedrux,Rv. 

Peurixols,  Petrisolus,  de  Tor- 
tose,  Rv. 

Pbdrol  (Domingo),  de  Lérida; 
(D.),  do  Tortose.  Rv. 

Peguera  (G.  (le),  chevalier,  Rv. 
—  Roch  Peguera.  F.:  d'arç.  au  lion 
de  gu.,  &  la  bord,  de  sm.  —  A.: 
d'arg.  au  léopard  lionne  {cUtàs  lion) 
de  gu.  couronné  d'or. 

Peilla  (A.),  Rv. 

Pelegri.n  (R.),  de  Lattes;  Pelé- 
arinus,  écuvcr;  G.  Pelogrin,  tail- 
leur ;  Pons  de  Peregrina  ;  J.  de  Na 
Peregrina,  de  Jaca;  Rv.  —  Bernât 
Peregrin,  Bp.  —  Pelegri,  en  Gat. 
A.  :  d'az.  à  la  bande  d'arg.  char,  de 
3  coquilles  de  gu. 

Pellicer,  Peliser  (divers  pré- 
noms). Quelquefois  nom  de  profes- 
sion, Rm.  —  Rv.  —  Arnau  Pellicer 
F.  :  parti,  d'or  au  chabot  (//wa)  au 
nat.j  et  d'or  &  3  fasc.  ae  gu.  — 
Pelliser,  en  Gat.  A.:  d'az.  au  chabot 
d*arg.  en  bande. 

Pblo  (Bertomeu),  de  Teruel,  Rv. 


PENAFLOn  (G.),  Rv. 

Pbnedes  (Bg.,  P.  de),  Rv. 

Penna,  Penya  (Jordan  de),  frère 
utérin  de  Fernand  Sanchez  de 
Castro.  Z.  f*  213.  —  (Marco Ferriz 
de).  Z.  f»  215.— Gelacian  de  Penya. 
de  Toul.  ou  de  Toi.  F.:  d'or  au 
rocher  {penya)  au  nat.  —  ♦Penne, 
en  Lang.:  d'or  à  3  fasc.  de  sa.,  au 
chef  d'herm. 

Penyafort  (Saint  Ramon  de) , 
dominicain.  II.  74,  75, 120.  127,  326, 
328,  379.  383,  385,  455,  463,  464.- 
D  f*  385.—  A.:  d'or  à  4  pals  Je  gu., 
flanqué  d'or  au  mont  de  sin.  surm. 
d'une  pomme  de  pin  du  môme. 

Penyarotja  iPere).  de  Montp. 
F.  :  de  . .  au  château  d'or  entre 
deux  rochers  de  gu. 

Pepa  (Br.),  Rv. 

Pera  (Miguel),  Rv. 

Pbracblz,  Peralcels  ^G.  Lopez , 
Sancho  Lopez  de),  chevaliers,  Rv. 

Prralada  (  Br.  de),  GutUelmits 
de  Petral(ida,  Rv. 

Peralta  (Alfonse,  Domingo  de), 
Rv.  — (Jordan de).  I,  442.  —  (Ramon 
de),  J.  ch.  XXXIV.— (Arnau) , évoque 
de  Val.,  puis  df»  Sarragosse,  II, 
284,  338.— D.f»336,  J.  ch.  ccxxxvii. 
—  (Ramon  de),  II,  569.— (Joan  de), 
fauconnier  du  roi.  Il,  606  — (Ximeno 
do),  templier  navarrais.  F.:  de  gu. 
au  griffon  d'or.  —  (Gil  de).  P.:  éc. 
d'or  et  d'arg.  —  Peralta,  en  Cat. 
A.:  éc.  d'or  et  de  gu. 

Peramilia  (Jacme  de).  Rv. 

Peramola  (R.  de).  I,  444.  —A.: 
d'or  au  chevron  de  gu.  ace.  en  chef 
de  2  fleurs  de  lis  d'az.  et  en  pointe 
d'un  moulin  à  huile  du  même. 

Perancisa  (Lope  Ximenez,  Gon- 
zalvo  de),  D.  1'*  366,  386 

Peratre,  Perer,  de  Pererio,  de 
Peraria  (R.,  Gozbert  de),  Rv. 

Pbrdiguer  (Tomas),  Bp. 

Père  (Guiliem),  Rv.  —  Pedro, 
scribaj  de  Lerida,  Rm. — Pedro,  ma- 
jordome du  roi.  II,  166,  —  Rv. 

Perea  (Père),  deTvrol.  F.:  d'arg. 
à  Taigle  de  sa.  ace.  de  5  |)oires  de 
sin. 

Perecono,  Rv. 

Perello  (Bernât,  Ramon)  frères, 
do  Perpig.  Bp.  —  Bn.:  d'arg.  au 
dextrochère  de  carn .  vêtu  de  gu . 
tenant  une  branche  de  poirier  fruité 
de  4  pièces  au  nat.  —  Perellos  de 
Pachs.  templier.  Bp.  —  Ramon  Pe- 
rellos, de  Toul.  ou  de  Toi.  F.:  de  gu. 
à  3  poires  û'or. 


«60 


NOMEIfCLATUHI  BE8  FAMILLES 


Pbrera  ou  Perata,  deManrôse, 
Rm. 

Pbrbt  (Duran,  Bertran  de),  Bv. 

Pbrkxknz,  Peraxens(Bereaguer). 
i.  ch.  xLui.  —  (Beraat).  Z.  f  115.— 
(Bertran)  s'engagea  à  saivro  Jacme 
en  Terre-Sainte,  Doc.  inéd,\i,  174. 

Pbrisz,  Periz.  —  Tantôt  nom  de 
fam..  tantôt  simple  nom  patrony- 
mique, porté  par  une  quantité  d'in- 
dividus de  toutes  classes.  II,  36, 
166,  569,  606.  —  Rm.  —  Rv.—  Per- 
nand  Perez,  deRibagorza.  :  P.:  de 
gu.  à  5  poires  de  sin.  bordées  d'or. 
— Amala  Perez,  Navarrais.  F.:  d*az. 
à  3  poires  d'or.  —  Voy.  TxRiLZONA. 

PfSRPECTUS,  Perfecta,  Perfeyta 
(P.),  Rv. 

Pergaminer  (Bernât,  Bg.),  Rm. 

Përio  (Gausbert),  Rv. 

Peroxolo  (Martin  de),  merino 
da  roi  à  Huesca.  J.  cb.  xxx. 

Perpinan,  Pprpinya  (divers  pré- 
noms), Rv.  —  F.  :  Je  sin.  à  3  pom- 
mes de  pin  d'or.  —  *  Perpiiia,  à 
May.  Bn.  :  d*az.  à  3  pommes  de  pin 
d'arg.  —  *  Perpinya ,  de  Girone , 
A.:  d'arg.  à  4  pointes  flamboyantes 
de  gu.  mouvantes  du  flanc  dext.  — 
*  Perpinya,  de  La  Bisbal,  A.:  d'az. 
à  4  étoi.  d'arg.  —  Le  baron  de  la 
Torre  porte  le  nom  de  Perpifian. 

Pertagaz,  Pertegans  (Ramon). 
I,  308.  -  Rm. 

Pertiner  (Père),  Bn. 

Pertusa  (Joan),  de  Rouss.  F.  ; 
éc.  d'or  au  ier  de  pertuisane  de.  . 
et  d'or  à  la  poire  de... 

Pbrvix,  (le  Teruel,  Rv. 

Pes  (Miguel  del)  ;  B.  Peso,  Rv. 

Pesador  (B.).  Rv. 

Petrofavio  {EUasendis  de),  Rv. 

Petruxa,  chevalier  de  la  suite  de 
Garroz,  Rv. 

Pevan  (Ramon),  Bp. 

Pexonat  (Ramon),  de  Marseille . 
Rm. 

Peyra  (Enrlque  de),  Rv.—  Guil- 
lem  de  Peyre,  évoque  de  Mende, 
cousin  de  Jfacme.  I,  220.  —  Peyre, 
en  Gevaudan  :  d'arg.  à  l'aigle  de 
sa. 

Petrolas  (Bertomeu  de),  Rv. 

Peyronbt  (Frère  Pierre).  Il,  597. 

—  J.  ch.  CCLXXXI. 

PiCANY  (Jacme),  Bp. 

PICAYRB  (PX  Rv. 

PIGH4CEN,  Picacen  (B.,   Martin, 
Miguel  de),  Rv 
PiGHER  Vg.,  p.),  Rv. 
PiERA  (Ferrer  de),  Rv. 


PiG  (P.  Elias),  chevalier;  P.  Pkh; 
Bg.  Pic,  Rv. 

Pila  (Aznar  de).  Paix  de  1235. 

PiLis  {Jacoinu  de),  Rv. 

Pin  (Br.  del),  Berenguer  de  PmU, 
Rv 

Plna.  —  Fam.  de  mesnaderos, 

I.  207.  303,  327,  339,  344,  373.  374, 

382  ;  II,  90.  —  Fernand  de  Pina. 

•  K.  :  de  gu.  &  la  pomme  de  pin  d'or. 

—  Sancho  de  Pina,  de  Jaca.  F.  : 
d'or  à  2  pommes  de  pin  de  sin.,  au 
bâton  noueux.  —  Ximeno  Ferez  de 
Pina.  F.  :  d'arg.  à  3  pommes  de 
pin  de  gu.  —  Jacques  de  Pina,  Na- 
varrais. F.  :  de. . .  au  pin  aa  nat.. 
duquel  descend  un  écnreuil  portant 
dans  sa  bouche  une  pomme  de  pin. 

PiNCHANAS  (Berenguer),  Rv-  — 
A.  Pinxenes,  Rm. 
PiiNBDA  (Ramon  de).  Rv. 
Pixel  (Père  de),  I,  308.  —  Rm. 

—  (G.)  î  B.  Pinol,  de  Tortose,  Rt. 
PiNOS.  —  Des  9  barons  de  Cal. 

I,  233;   II,  365.  384.  —  V.  —  Bp. 

—  Galceran  de  Pinos.  F.  :  d'or  à  3 

r)mmes  de  pin  de  sin.  -  A.  :  d*or 
3  pommes  de  pin  de  sin.  à  la  bord, 
de  gu. 

PLNOSCi  (A.),  huissier,  Rv. 

PiNTENBR  (Bonlftici);  Pintener, 
jongleur,  Rv. 

Pi.\TO.T.-S. 

PiNTOR  (Marti  del,  J.)  de  Teruel, 
et  quelques  autres,  Rv. 

Piquer  (Bernât),  Bp. 

PiSA  (G.  de).  Paix  de  1235. 

PiSGATOR  (Berthomeu,  P.),  Rv. 

PiSTALERO  (Domingo),  Navarrais, 
Rv. 

PiTARC,  Pitarg  (Ferriz  de),   Rv. 

Plana,  Za  Plana  (Bernât),  II. 
569.  —  (Br.,  GuUlem  de),  Rv. 

Plbgamans  ,  de  PUoamanibus 
(Ramon,  G.,  M arimon  de),  I,  253, 
311  :  II,  569.  —  Rv.  —  F.:  d'or  4  la 
foi  ae... 

PoBLBT  (R.,  J.  de),  Rv.  —  (Père 
de).  F.:  d'or  aux  branches  d'or- 
meau au  nat. 

PocASANCH  (Bernât),  de  Barcel.; 
Arnalt  Pocasanc.  Rm. 

PoDio  Alber  (H.  de),  portariur. 
(Peretus  de),  Rv. 

PoKS  (Berenguera  de  Na),  Rv. 

Pogera  (J.  de),  de  Jaca,  Rv. 

POLA   P.  Jordan  de).  Rv. 

PoLBiLA,  Poreyla  (banoho  de), 
Rv. 

Poligxera  (J.  de  Na),  de  Tor- 
tose, Rv. 


DES   BTATS   DB  JACME   1 


tr 


661 


POLLIGBN,  Rv. 

Polo  (Stevan),  Rv. 

PoMAR'  —  Fam.  de  mesnaderos^ 
I,  195,  198,  268.  334,  442.  —  J.  ch. 
XXIX.—  Rv.  —  Bp  —  F.:  de  gu.  è.  5 

pommes  d'or.  —  Ce  nom  est  porté 
par  le  marquis  de  Arifio  et  le  comte 
de  Pomar. 

Pons  ,  Ponce ,  Pon  (divers  pré- 
noms), Rm.  —  Rv.  —  Bp.  —  Pon, 
représenté  à  May.  Bn.:  de  gu.  au 
poDt  à  3  arches  surm.  d'un  pignon 
et  de  2  demi-pignons  mouvants  des 
Qancs,  d'arg.  maçonné  de  sa.  — 
Plusieurs  fam.  de  ce  nom  en  Gat. 

Pont  (Amalt).  Bn.:  d'az.  au  pont 
&  2  arches,  surm.  de  6  pignons 
d'arg.,  maçonné  de  sa.  —  P.,  Ber- 
tomeu,  Galceran,  Guiliem  de  Pont, 
Rv.  —  Père  de  Pont.  F.:  d'or  au 
pont  d'az.  —  Pont,  en  Gat.  A.:  de 
gu.  au  lièvre  courant  en  bande, 
poursuivi  par  2  chiens,  le  tout  d'arg. 
au  chef  de  gu.  au  pont  de  2  arches 
sur  une  rivière  au  nat.  —  Le  mar- 
ouis  de  Quinta-Roja  et  le  comte 
del  Palmar  portent  le  nom  de  Pont. 

Po^TBR  (Bertomeu),  Rv. 

PoNTOiNS,  de  PonUmibus  (B  ,  B 
Femandez  de),  Rv. 

Po.\zA  (G.,  Pascual  de  Na),  Rv. 

PoQUfST  (Ramon),  de  Marseille, 
Rm.  —  Représentée  de  nos' jours  à 
May.  Bn.:  de  gu.  au  monde  d'or 
cintré  d'arg.  surm.  d'un  paon  rouant 
d'or. 

PORCEL,  feudataire  du  vie.  de 
Béorn.  Q.—  Bp.  —  Porcell,  en  Gat. 
A  :  d'or  au  cnêne  de  sia.  devant 
lequel  passe  un  sanglier  de  sa.  dé- 
fendu d'arg.  —  Nom  porté  par  le 
marquis  de  Villa-Alegro  et  par  le 
comte  de  las  Lomas. 

PoRGHBT  (Domingo).  Rv. 

PORET  (Br.\  Rv. 

PoRGADER  (J-);  Domingo  Por- 
gaderel,  de  Jaca.  Rv. 

PoRRES  (Joan  de),  deHuesca.  F.: 
d'ar^.  à  5  fleurs  de  lis  d'az.i  ("t  d'or, 
et  d'arg.  à. . .  massues  {porres)  de 
sin.  ace.  de  2  tours. 

PORRO  (R  ),  Rv. 

PoRSA.*^  (Berenguer  de),  Rm. 

Porta  (Guerau,  P.,  D.,  8.  de), 
Domingo  de  la  Porta,  clerc  de  Te- 
ruel ,  Rv.  -  Bernât  Saporta, 
T. -S.  —  Benvenisto  de  Porta,  IT, 
472.  —  Bonastrug  de  Porta,  l'abbin, 
II,  388.  —  *  Saporta,  en  Provence, 
qu'on  dit  orig.  d'Arag.:  d'az.   au 


portail  d'or,  au  chef  cousu  de  gu., 
char,  d'un  lion  léonardé  d'or. 

PoRTAGALESA  (Maria);  Portogor 
lesa^  merelrix,  Rv. 

PoRTAJOYES ,  Portajoya  (divers 
prénoms),  Rv. 

PoHTALEs,  chevalier,  de  Castro 
albo  ;  G.  Portoles,  père  d'Artal  de 
Foces  ;  Portules,  habitant  d'Arai, 
et  sa  femme  Marie  ;  Portelesius  et 
sa  femme  Gécile,  Rv.  —  *  Portola, 
en  Gat.  A.:  d'az.  à  la  porte  d'or,  ou- 
verte de  gu. 

PoRTARBiG  (Père)  s'engagea  à 
suivre  Jacme  en  Terre-Sainte.  Doc. 
inéd.   VI,  174 

PORTELL  (Amalt),  Rv  —  Por^ 
tell,  en  Cat.  A.:  d'arg.  au  portail 
d'az.  surm.  d'une  comète  du  même. 

PORTELLA,  Za  Portella(G.,  B.  de), 
B.  de  Saportella  ,  chevalier ,  I , 
462.  -  Rv.  —  Z.  r  1 19.  —  Miguel 
Zaportella,  do  Monlp.  F.:  de  sin.  à 
la  muraille  ruinée   percée    d'une 

Sorte.  —  Zaportella,  en  Gat.    A.: 
'or  à  la  bourse  de  gu    frangée  et 
houppée  d'arg. 

Porter  (Bernât),  chambellan  du 
roi.  II,  429.  —  Z.  f  178.  —  Rm. 

Portugal  (Pedro,  infant  de),  sei- 
gneur de  Mayorque.  1,  318  a  320, 
366  ;  n,  85,  286,  290,  484.  —  D'arg. 
à  5  écussons  d'az.  posés  en  croix, 
char,  chacun  de  5  bosanis  d'arg 
posés  en  croix. 

PoRZA,  Preza  (G.  de).  Rv. 

PosQUiÈRES  (P.  do),  consul  de 
Montp.  II,  551. 

PoYA  (Domingo',   Rv. 

Pradas  (Ramon),  Salvator,  Bla- 

§era  de),  Rv.    -  Probablement  nom 
'orig.  —  *  Prades,  des  9  comtes 
de  Gat.  A.  :  d'or  h  4  pals  de  gu. 

Pradel  (Ar.  de);  Frotter  P.  de 
Pradello,  moine  de  Poblet,  Rv. 

Praxana,.  Praxena  (R.  de),  Rv. 

Predixyano  (P.  de),  Rv. 

Prima,  femme  de  la  reine,  Rv. 

Princeps  (J.),  de  la  suite  de  la 
reine,  Rv 

Priva  (Guiliem  de),  chevalier. 
D.  f»  386. 

Probois  (Domingo  de),  Rv. 

Prohet  (Guiliem),  de  Lérida,  et 
son  frère.  I,  294.  —  Rm.  —  Duran 
et  J.  Prohet,  Rv. 

Pbovenza,  Proenza  (Ramon,  G., 
D.,  Aldebert  de).  Probablement 
nom  d'origine,  Hv.  —  Domingo 
Prohensal,  Rm.—  J.,  Guiliem  Pro- 


662 


flONENCLATIjaB    DES   FAMILLES 


venzal,  Rv.  —  Ramon  Andreu  Pro- 
venial.  Z.  f*  214. 

Proxita  (Père),  Sicilien.  F.:  de... 
au  château  d*arg.  baigné  par  une 
mer  au  nat. 

Prunera  (J.).  Rv.  —  *  Pruneres» 
^n  Cat.  A.:  d'or  au  prunier  (nûU} 
au  nat. 

PccH  (P.  de).  Rv. 

Puci'LULL,  Porulul  (Bernât),  dp 
Tortosp,  Rm  —  (P..  Br.).  Rv. 

PuEYO.  Povo,  Puio,  Podii,  de  Po- 
dio.  —  Fam.  de  mesnaderos  ara- 
ffonais,  êlevôo  plus  tard  à  la  rica 
nombria.  I,  276.  —  Rm.  —  Rv.  — 
J.  eh.  XXV.  B.  — De  gu.  au  mont 
fleurdelisé  d'arg.  issant  d'une  mer 
du  môme,  ombreed'az.  àlià8:é&  gu. 
au  mont  fleurdelisé  d'arg.— Al fonse 
Despuig  ou  de  Podio,  Aragonais. 
F.:  de  ffu.  à  la  ruche  d'or  surm. 
d'une  fleur  de  lis,  et  ace.  d'abeilles 
du  môme. 

PuiGALT  (Guillem  de)  s'engagea 
à  suivre  Jacme  en  Terre-Sainte 
Doc,   inéd.  VI.  174  —  Pugalt  (P. 
de),  Rv.— Rodrigo  Putjalt,  F.:  d'or 
à  la  montagne  de  . . 

PuiGDORFiLA.  Bu.  :  de  gu.  au 
mont  fleurdelisé  d'or.  Devise:  Huch 
mus  in  hostes, 

Pdig-Gat  (Guillem   de),  Breton. 
F  :  de  ffu.  à  la  montagne  de . . 
surm.  d'un   chat    sauvage  de  .. 
ayant  à  ses  pieds  un  lapin  de.   . 

PuiG-MoLTO  (Jacme).  F.:  de  gu. 
au  ch&teau  d'arg.  contre  lequel  est 
posée  une  échelle  de  sa.,  en  pointe 
un  mouton  au  nat.— A.:  d'or  au 
mont  fleurdelisé  de  gu.  char,  d'un 
mouton  du  champ,  colleté  de  sa., 
clarine  d*arg. 

PuiGROiG  (A.  de).  Paix  de  1235. 

PuiGVERT,  Puybert,  de  Podio  vi- 
rWt  (divers prénoms),  I,  443  462.  — 
Rv.  —  D.  f-  385  —  Bernât  de  Puig- 
Vert,  de  Rouss.  F.:  d'arg  au  mont 
de  sin.  surm.  d'une  fleur  de  lis 
d  az.  —  A.:  d'or  au  mont  sommé 
d'une  fleur  de  lis  florencée  de  sin. 

PuiTMONSO  (G.  de),  Rv 

Puja6a,  Za  Pugada  (Maria):  R. 
de  Puyades.  Rv.  —  Guillem  Put- 
iades,  F.:  do  gu.  au  mont  fleurde- 
lisé d'or.  —  Pujades  à  May.  Bn.: 
d'or  à  la  fasc.  échiq.  d'or  et  de  sa. 
surm.  d'une  Heur  do  lis  de  gu.,  k  la 
bord,  échiq.  d'or  et  de  sa. 

Pujo  (Garcia  de),  chevalier,  Rv. 

PcjoL.  Pujols  (divers  prénoms), 
Rv.  —  ♦  Pujol,  représenté  à  May. 


Bn.  :  d'az.  au  mont  fiemdelisé 
d'arg.  —  •  Pujol,  en  Cat.  A.:  d'oz. 
au  mont  au  nat.  char,  d'un  léopard 
et  sommé  d'une  croix  de  2  traver- 
ses potencées  d'arg.,  ace.  en  chef  d<» 
2  éioi.  du  même. 

PuLizziES  (N.  de).  Bp. 

PuLVERBL,  Pulverelti  (Hue),  d^ 
Monlp.  I,  551. 

Pr.N.N'ERA  (Mnteu)  ;  J.  Punera, 
Rv. 

PuRTADORA  (M.  dej,  Rv.  —  Jac- 
me Portadora,  de  Montp.  P.:  de  gu. 
à  la  comporte  (portadora)  d'or. 

PUTJASOL  (Père),  F.:  degu.  à  la 
montagne  de. . .  derrière  laquelle  se 
lève  un  soleil  de  . 

Pdtjazons  (Pierr*»),  de  Toul  F.: 
de...  au  mont  du  calvaire  de...,  ace. 
d'un  lion  de... 

PuTLi^A  (Sancbo Miguel  de),  Na- 
varrais,  Rv. 

PcTNKT  (J.,  Amalt)  ;  Puyneta. 
Rv. 

QuADR.\  (G.  de),  Bg.  Za  Quadra, 
Rv. 

QUARCER   (P.),  Rv. 

Quart  (Bernait  de),  Rv. 

QuBRALT.  Ancienne  et  puissante 
fam.  de  Cet.  représentée  de  nos  jours 
par  le  marquis  de  Vallehermoso  et 
le  comte  de  Santa  Coloraa.  I,  464; 
H  ,  365,  595.  —  Hv.  —  Pericon  d-* 
Queralt  s'engagea  à  suivre  Jacme 
en  Terre-Sainte.  Doc.  ined.,  VI,  174. 
—  A.  :  de  gu.  au  léopard  lionne 
d'or  —  Autre  fam.  du  même  nom 
en  Cat.  A .  :  d'or  au  lévrier  rampant 
de  sa.,  colleté  de  gu  .  à  la  bord, 
dentelée  de  gu. 

QuEROL  (fifemat  de),  Rv. 

QriNONETO  (Ferrand  Gil,  J.  del). 
de  Teruel,  Rv. 

QuiNTANA  (R.  Perezde),  chevalier. 
Rv.— -  ♦  Quintana,  de  Barcel.  A.: 
d'az.  au  saut  rétréci  d'argent,  ace. 
en  chef  d'un  mont  d'or,  surm.  d'un 
besant  du  même  :  en  flancs  de  2 
lions  assis  et  affrontés  d'or;  en 
pointe  du  chiffre  4  d'or.  —  »  Quin- 
tana, de  la  Tallada.  A.:  de  gu.  à  3 
dés  à  jouer  d'arg.  marqués  chacun 
de  5  points  de  sa. 

Rabadan  (Domingo),  Rv. 

Rabaza,  Rabassa ,  Rebassa,  Ra- 
baticBy  de  RabaUa  (P.,  Berenguer. 
Bernât  de).  Un  secrétaire  du  roi;!. 
203,  450.—  Rm.  —  Rv.  —  Guillem 
Rabasa,  de  Montpellier.  P.:  d'or  à 
une  racine  {rabasa)  de  sin.  —  Ra- 
baza, à  May.  Bn  :  d'or  à  la  racine 


DES    ÉTAT8   DB   JACME    1 


cr 


663 


de  lentisque  au  nat.,  à  la  bord. 
compoDÔe  d'or  et  de  sa. 

Raoa,  Derrada,  Darrada  (P.  Gar- 
ces. Aznar,  Gil  de),  Rv.— Z.  f^»  166, 
167.  -  Valero  de  Rada.  F.  :  d'or  à 
la  croix  de  Galatrava  de  sa.  —  Nom 
de  fam.  des  barons  de  Rada. 

Rafals  {BonettÂS  de),  Rv. 

Raga  (Pedro  Dominguez  de  la), 
Rv. 

Rahalet  (B.)  ,  Rv. 

RAJAb£LL(Guilleinde),  J.  ch.  cccr 

—  Z.  1*  205.-  Père  RaljadelL  F.- 
de  gu.  à  la  raie  {ratjadà)  au  nal.— 
Bernât  Ratjadeli,  F.  :  d'or  au  soleil 
de  gu.  —  Kaxadell.  en  Gai.  A.:  de 
gu.  à  la  comète  d'or. 

Rama  ,  de  la  suite  de  la  reine. 
Rv. 

Rauirez  .  Remiriç  (  P.],  cheva- 
lier, et  son  frère  Miguel.  Rv.  — 
(Pedro).  II,  439. 

Ramon  (divers  prénoms  et  di- 
verses proressions).  I,  214,  443:  H, 
569.  —  Hm.  —  Rv.  —  Ramon  exis- 
tant à  May.  Bn.  et  *  Ramon,  en  Gat. 
A.  :  d'argent  au  monde  d'az.  cintré 
et  croiseté  du  champ,  brochant  sur 
deux  rameaux  d'olivier  passés  en 
saut. 

Ramondin  (P.)  ;  Raimundet,  Rv. 

Raol,  Raolf,  chapelain  de  la 
reine,  Rv. 

Raolot  (Br.  de),  Rv. 

Rascle  (Berenguer),  Rv. 

Rascora  (P.);  Marlm  Perez  de 
Rasquera,  Rv. 

Raseiiœ,  Raserre  (Ramon),  Rv. 

Ravan  ÎPere),  templier.  Bp. — 
F.  Raba,  Rv. 

Raymunda  ,  Remunda  (A.  de)  de 
Gastellon  de  Ampurias,  Rv. 

Razole,  Racoles,  Rasole  (Bg., 
Miquel  Ximenez  de),  Rv. 

Realp  (D.  de),  Rv. 

Rebollëdo  (Alfonse),  Aragonais, 
F.  :  d'or  à  3  branches  feuilTôes  de 
chêne  {reboUo)  au  nat. 

Rebot  (Ferrer),  Rv. 

Recher  (G.),  de  Montp.  II,  552. 

—  R.  de  Richer.  Rv. 

Recover  (P.);  Recuero  (Sébas- 
tian), Rv. 

Redols  (Guillem),  Rv. 

Reg,  Reig,  Rey,  Rex^  de  Rege 
(divers  prénoms)  ,*  Rm.  —  Rv.  — 
F.  de  Rege ,  sacristo  de  Lerida.  II, 
606,  608,  612. 

Regali  (Bonifaci  de),  Rv. 

Regordana,  Reguardan  (Beren- 


guer de),  de  Montp.  II,  6.  —  J. 
ch.  cxcix.  —  Z.  1*  loS. 

Rehedor.  T.-S. 

Rehes  (Pons  de),  Rv. 

Rëher  (Fer.,  Br.).  Rv. 

Reholins  (Ferrand,  Bertomeu 
de),  Rv.  —  A.:  coupé  d'az.  et  fascé- 
ondé  d'arg.  et  d'az.  à  la  meule  de 
moulin  d'arg.  percée  de  sa.  broch. 
sur  le  tout;  à  la  bord,  componée 
d'arg.  et  d'az. 

Renald,  Renaît,  Renau  (divers 
prénoms).  Rv. 

Rrnder  (Bertran),  Rv. 

Reparigo  (Marti  de),  Rv. 

Re9,  Rees  (Pons  de).  Rv. 

Requësens  (Père),  grand  seigneur 
catalan,  se  disait  parent  des  Valois 
de  B'rance.  F  :  d'arg.  à  3  rocs 
d  échiquier  d'az.  —  A.:  éc.  d'Arag. 
et  d'az.  à  3  rocs  d'échiquier  d'or,  h. 
la  bord,  engreslée  du  même. 

RETAScno  (Andres  de),  de  Teruel, 
Rv. 

Reus  (Ar.  de),  Rv.  —  (Joan  de), 
chevalier.  D.  1*  385.  —  Reus,  exis- 
tant à  May.  Bn.:  d'or  à  la  branche 
de  rosier  lleurie  de  5  roses  uu  nai. 

Revel,  Rebel  (Bg.  de),  Rv. 

RbVERT  (Bertomeu  de),  Rv. 

Revestit  (G.),  Rv. 

Revidana  (Brun  de;,  Rv. 

Reyelo  (Martin  Dominguez  de), 
Rv. 

RiAL  (G.),  de  Sant-Giprian,   Rv. 

RiAMBAL  (Guiliem),  Rv. 

Ri  AU  LA,  Rv. 

RiBA(G.),  Rv. 

RiBALTA  (F.  de),  de  Montp.  Il, 
552. 

RiBAROJA  (Garcia  Perez),  cheva- 
lier, Rv. 

RiBELLAS,  Ribelles  (P.  de),  Rv. 
-  (Divers  prénoms).  Z.  f"  119,  147, 
173.  —  R.  de  RipeUis.  1,  445.  —  Ra- 
mon de  Ribelles.  F.:  d'or  au  lion 
de  sin.  et  de  gu.  --  Ribelles,  des  9 
barons  de  Gat.  A.:  d'or  au  lion  d'az. 
armé  et  lamp    de  gu. 

RiBER  (G.,  May  mon  de);  Nicolau 
Ribera,  Rv. — *  Ribera,  représentée 
à  May.  Bn.:  d'or  à  3  fasc.  de  sin. 

RiBES  (Miguel,  Pascual).  R.  de 
RippiSf  Rv. 

RiCART  (Ramon)  de  Barcel.  II, 
428,  609.  —  P.  Ricart,  de  Montp.. 
II.  552.  —  Magister  Ricardus,  de 
Barcel.;  G.  Ricardus;  Maria  Ri- 
carda,  Rv.  —Ricart,  en  Gat.  A.: 
de  gu.  à  3  ckardons  fleuris  de  3 
pièces  d'or. 


664 


NOUÇNCLATUnB  DBS  FAMILLES 


RiCLA  (Domingo  Lopez  de)«  Rv. 

Rico  (P.  Marlm),  Rv. 

RihRA,  Çarriera  (R.,  Br.).  Rv.— 

♦  Riera.  en'Cat.  A.  :  d'or  à  labando 
ondoyante  d'az.  resarcelée  d'arg.  — 

*  Zarriera,  en  Cat.  A.  :  d'or  au  mont 
fleurdelisé  d'az.  char,  de  2  vergettes 
ondoyantes  d'arg. 

RiGALD  (P.),  deMontp.  II,  552. 

RiGLOS,  de  Rigolis,  de  Rigtiiis  (Xi- 
meno  ,  Martin  Lopez  de) ,  Rv.  — 
(  Ximcno  Lopez,  Fernand  Lopez) . 
Z.  1^'  116,  147. 

RlHA  (P.),  Rv. 

RiONTZ  (Arnall  de)  et  sa  femme 
Simona,  Rv. 

RiPOLL',  Riupol ,  de  Mpullo  (di- 
vers prénoms) ,  Rm. —  Rv. —  Guil- 
lem  Kipoli.  F.  :  d'or  au  coq  d'az. 
—  Ripoll  existant  à  May. —  Bn.: 
coupé  d'arg.  au  coq  au  nat.,  et  d'or 
à  3  lasc.  ondées  d'az.  —  RipoU,  en 
Cat.  A.:  d'or  au  coq  de  sa.  barbé 
etcrêlé  de  ga.,  en  pointe  îascé-on- 
dé  d*arg.  et  d'az. 

R I  FOLLES  (J .  ) ,  R  V .  Bernât  R i- 
poUes,  de  Perpignan.  F.:  d'arg.  au 
coq  de  gu. 

RiQUER  (R.  de),  Rv.—  (Ramon). 
J.  ch.  CLXxv.— Z.,  P»  151.— Ramon 
Requer.  F.  :  d'arg.  au  lion  de  sa. 
brisant  un»»  flèche  de. ..  et  ace.  en 
l'ointo  d'un  carquois  de. .  —  *  Ri- 
i{ucr,  en  Cat.  A.:  d'or  &  l'aigle  de 
gu.  becq.  de  sa.,  à  la  bord,  compo- 
nàii  d'or  et  de  gu. 

Ris  (Pedro).  Ï.-S. 

Riu  DE  E.NEGA  (Guillem  Perez 
de),  Rv. 

Riu  DE  Mbya,  Ruy  de  Meya 
(Bernât),  appelé  plus  tard  Bernât 
(le  Argentona.  I,  '26 i. 

RiUDiROGA,  Hiudirucga.  Rivi  de 
Irroga,  de  Rivo  de  Oroaà  (Garcia 
Perez,  Fernand  Perez  de),  Rv. 

RiUDOLMS,  Rioiolmorum  (P.  de), 


do  Tortose;  (Br.);  (Guiliem),_Rv. 

Rm  Ju.Ncos,  Ri 
«le),  Rm. 


liu  Jugos  (Romeu 


RiULOS  (Martin  Lopez  de),  Rv. 

Rius  (Père,  Br.),  Rv.  —  Bn.:  d'or 
à  2  bandes  ondé«îs  d'az. —  F.:  d'arg. 
au  lion  de  gu.  —  A.  :  de  gu.  au  lion 
d'or. 

RiusECH  (Arnat,  Bernât,  J.  de), 
Rv.  —  D.  f-  340.  —  Bn.:  d'arg.  à  4 
fasc.  ondées  d'az.  —  F.  :  de  gu.  ii  3 
bandes  d'or  rcmpiios  d'az.  —  A.  : 
fabcé-ondé  d'arg.  et  d'az.  de  8  piè- 
ces. 

RivociRËSO  (J.  de),  Rv. 


RoBAu,  Roboan  (P.)    Rv. 

RoBËiiT  ^Guillem);  Rulbertuts,  de 
Tarragone,  Km.  —  P  Rubert^  de 
Lattes,  et  quelques  autres,  Rv.  — 
Bn.  :  d'or  à  l'étoi.  d'az.  ace.  en 
pointe  d'une  pomme  de  gu. 

RoBi,  Rubi,  de  iîu6w  (divers  pré- 
noms), Rm.  —  Rv.  —  F.:  d'az  a  la 
bague  d'or,  ayant  pour  chaton  un 
rubis  au  nat.  —  *  Rubi,  en  Cat. 
A.  :  .d'arg.  au  lion  de  gu. 

RoBiANA  (Guillerma),  reçut  des 
biens  à  Val.^our  son  mariage,  pfo 
casamentOf  Rv. 

RocA.  La  Rocba,  Za  Roca,  Rodi 
(divers  prénoms),  Rv.  —  Plusieurs 
sont  de  Montpellier,  entre  autres 
Jacme  de  Za  Rocha,  chancelier  du 
roi  et  évéque  de  Huesca.  II.  405, 
606,  608,  612  —  Jacme  de  Roca, 
secrétaire  du  roi,  est  sans  doute  dif- 
férent du  précédent.  II,  597.  Parmi 
ces  divers  personnages,  quelques- 
uns  étaient  évidemment  de  la  fani. 
de  saint  Roch.  —  Guillem  de  Roca, 
Français.  F.  :  d*az.  au  roc  d'échi- 

3uier  d'or,  accosté  de  H  fleurs  de  lis 
u  même.  —  Père  Roca .  de  Gar- 
lada.  F.  :  de  gu.  au  roc  d'échiquier 
d'or.  —  Le  marquis  de  Molins.  vie. 
de  Rocamora,  porte  le  nom  de  Roca, 
et  le  marquis  de  Angulo  celui  de 
La  Rocha. 

RocABERTi.  Des  9  vicomtes  de 
Cat.  —  1,  253;  IL  365.  —  E.  ch. 
XXXII.  —  Z.  f •  126,  170,  213.  — 
Bp— F.:  de  gu.  à.  2  pals  dor 
charg  de  9  rocs  d'échiquier  de 
sa.  —  A.:  de  gu.  à  3  pals  d  or  char- 

§és  chacun  de  3  rocs  d*ëchi(|uier 
'az.  —  Cette  illustre  fam.  est  re- 
présentée aujourd'hui  par  le  mar- 
quis de  Bellpuig 

RocAFOBT,  Rochafort.  Rm.  —  J. 
ch.  XXXVIII,  Lix.  —  D.  f*  346.  — 
Q  p  215. 

RocAMADOR  (Elias,  Br.  de),  Rv. 

Rocamora  (Père),  languedocien. 
F.  :  d'or  au  roc  d'échiquier  d'az.  — 
Roche  maure,  en  Lang.:  d'az.  à  3 
rocs  d'échiquier  d'or. 

RocAUTA  (Br.),  Rv. 

RocRAVER  (p.  de),  Rv. 

RocHKTA,  Roqueta  (P.  de).  Rv. 

Roda  (divers  prénoms),  i,  327.  — 
Rv.  —  Z.fM38.—  Bp. 

Roi)ELL.\R  (Juan  de),  Z.  !*•  1 16, 
211. 

Roden  (Pedro  Jordan  de),  Z.  i* 
205. 

RoDBNRRio  (R.  de),  Rv. 


DBS  RTATS^  DE  J^CI^  I*' 


m 


^DAIGO,  de  Roderico  (Arando- 
ga.  G.,  Maria  ),  Rv. 

ROGER  (Guirad)  ;  Roger,  jardi- 
nier, Rv.— G.  Roger,  de  Montp. 
II,  552.  —  Ramon  Roger,  Bp.  — 
*  Rotger,  h  May.  Bo.  :de  gu.  au 
rencontré  de  taureau  d'arg.  —  Ro- 
ger, de  Calella.  A.:  d'or  à  la  bande 
a*az.  char,  de  3  poissons  d'arg. 
lorrés  de  gu.  —  Rogei ,  de  Prenya- 
nosa.  A.:  d'or  au  lion  de  gu. 

RoiG,  Roy,  Rubei  (divers  pré- 
noms). Plusieurs  chevaliers,  Rm.— 
Rv.  —  Jacques  Roig,  provençal.  F.: 
d*or  au  domi-soleilet  au  domi-roc 
d'échiauier  de  gu.  —  Roig,  repré- 
senté a  May.  Bn.:  d'arg.  à  la  co- 
mète degu.;  aliàs,  côupé-émnnchô 
d'arg.  et  de  sa.  —  Roig,  de  Perpi- 
gnan. A.:  d'or  &  la  comète  de  gu. 

RoiGOiNiz.  —  Paix  de  1235. 

Rois,  Roiç,  Roys  (divers  pré- 
noms). Plusieurs  chevaliers  et  plu- 
sieurs écuyers,  Rv.  —  Z.  f»  159.  — 
F.:  de  gu.  à  5  écussons  en  forme 
de  cœur  d'or. 

RojÀS,  Roxas,  Rogas  (  Ërmes- 
sende  de  )  et  ses  âls;  (Pierre  de), 
Jacme  de  Roials,  Rv.  —  F.— V.: 
(Tor  à  5  ôtoi.  draz.  en  orle.  —  Nom 
de  fam.  du  comte  de  Casa-Rojas. 

RoLDAN,  Roldon  (Bg.  de\  Rv.— 
(Martin).  Z.  i^  132.  —  Huch  RoUan 
ou  Rullan,  de  Marseille.  Rm.  — 
HuUan  existant  &  Mav.  Bn.:  d'az.  & 
la  roue  d'arg.,  nu  chef  cousu  de  gu. 
char,  d'une  fleur  de  lis  d'or.  —  Le 
comte  de  Taboada  porte  le  nom  de 
Roldan. 

RoMA  (Bertomeu  de),  Rv.     ' 

ROICANBT.  Rv. 

Romani  (Guillem  de),  archidiacre 
deXat.  D.  f»  366. 

RoMAY.NAN  (Seguin  de),  Rv. 

RoMERA  (Ramon  de),  Rv. 

RoMEU.  Fam.  de  ricos  homes  de 
naiuralexa  ;  I,  136, 387;  II,  36  à  38. 
291,569.  -  Z.  t"  Ul,  212.-  F.i 
d'or  au  roc  d'échiquier  d'az.,  ace. 
de  3  tisons  enflammés  au  nal.  — 
Autres  fam.:  Eximmus  Romei^  de 
Teruel  ;  P.  de  Dona  Romea,  de  Te- 
ruel,  Rv.  -  Vasco  de  Romeu ,  orig. 
de  Galice,  F  :  coupé  d'arg.  à  Taigle 
de  sa.  et  d'or  à  la  fleur  de  lis  d'az. 
entre  deux  branches  de  romarin  au 
nat.— C.  Romeri,  de  Montp.  II,  552 

RONCAL  (Rg.),  Rv. 

AoNÇAS VALLES ,  Roncidevalium 
IFrater  Lupus),  commandeur  de 
Burfiana)  Rv. 

T.  II. 


RopBST  (Ximeno  de),  Rv. 
RoQUEFEtJiLt  Rocafuil,  de  Roch/a" 


ccLXVii.  —  D.  f  333.  —  F.  :  de  gu 
au  roc  d'échiquier  et  au  cornet  dor. 

—  Roquefeuil  en  Lang.  :  de  gu. 
écartelé  p  r  un  fllet  d'or  en  croix  i, 
12  cordelières  d'or  posées  en  forme 
de  trèfle,  3  dans  chaque  quartier. — 
Fam.  représentée  de  nos  jours  en 
Lang. 

Ros  (divers  prénoms),  Sancius 
Rufus,  Rv.  —  Bp  -  T.-S.  —  Roâ," 
en  Cat.  A  :  d'az.  à  la  bande  d'arg. 
char,  d'un  rosier  de  sin.  fleuri  de 
gu.  et  ace.  do  2  étoi.  d'arg  —  Con- 
stantin de  Ros ,  F.  :  éc.  d'arg.  au 
lion  de. . .  et  d'or  à  5  roses  de  gu. 

—  Félix  Ros  de  Ursi,  romain.  F.: 
d'arg.  à  l'ours  ou  au  bceuf  de  . . 
surm.  d'une  rose  de  gu .  —  Oflredo 
Ros  de  Urslno  et  ses  frères,  de  la' 
fam.  Orsini  d'Italie.  D.f»323.-i-V.:' 
d'arg.  à  la  rose  de  gu.—  Orsini,  en 
Italie  ,  et  des  Heurs  de  CalviaC 
et  de  Mandajors ,  en  Lang. ,  por- 
tent: bandé  d'arg.  et  de  gu ,-  au 
chef  d'arg.  à  la  rose  de  gu.  soutenu 
d'une  fasce  en  divise  d'or ,  dhar: 
d'une  anguille  d'az. 

RosA  (Maria),  Rv. 

RosANES  (B.  de),  chevalier  :  (Do- 
mmço,  R.  de),  Rv.  —  Z.  f*  214,  -^ 
A.:  de  gu.  à  8  roses  d'or. 

RosELL.  Rossell  (divers  prénoms 
et  diverses  professions),  Rv.  — 
Bp  —  F.:  de...  au  château  de  gu. 
baigné  d'une  mer  sur  laquelle  vole 
un  oiseau  de. . .  —  Hosell ,  existant 
à  May.  Bn.:  d'or  à  5  rose-s  de  gu.  2. 
2  et  1.  —  Rosell ,  à  Val.  V:  d'arg. 
au  mont  fleurdelisé  d'az.  issant 
d'une  mer  du  même  et  surm.  d'un 
oiseau  posé  au  naU  : 

RosELLO  ,  Rossello  ,  Rossillion 
(divers  prénoms),  Rm,  —  Rv.  -^  J. 
ch.  ccxcvi.  —  Z.  f  206.  —  Fam. 
distinguée  représentée  de  nos  jours 
à  May.  Bn.:  coupé  de  au,  à  S  ar- 
balètes d'or,  et  d'or  a  la  tète  de 
Maure  de  carn.  posée  de  front. 

RossiNOL  (Joanel),  Rv.  —  Bn  : 
de  gu.  à  2  pals  d'or  char,  chacun  de 
deux  rossignols  volants  au  nat., 
coux  de  dext.  cent . 

ROSTEL    (J.),   Rv. 

RoTGLA  (Guillem),  de  Toul.  ou 
de  Toi.  F.:  d'arg.  au  rosier  fleuri 
au  nat.  .    -. 

U 


666 


IfOMENGLATCEB   DBS  VAMILLBS 


ROUDORS  (6.  de),  Rv. 

R0US8ILL0.N'  (Sanche,  c"  de)  et 
son  fils  Nunyo  Sanchez,  de  la  mai- 
son  de  Barcelone,  sont  trop  souvent 
mentionnés  dans  notre  ouvrage  pour 
que  nous  puissions  renvoyer  le  lec- 
teur à  tous  les  passages  où  il  est 
question  d'eux .  Leurs  armes  sont 
celles  de  la  maison  de  Barcel.:  d'or 
à  4  pals  de  gu.  —  F.  parle  dun 
Femand  Sanchez,  comte  de  Rous- 
sillon  ;  probablement  l'infant  don 
Fernand,  abbé  de  Montaragon,  qui 
ne  f\it  jamais  comte  de  Houssillon. 
Fomand  aurait  eu  un  fils  naturel 
dont  les  armes  auraient  été  d'âpre 
F.:    d'Aragon    au   lambel  d'az. 

RovENOT,  Rovenet,  Rv. 

RoYiRA,  Za  Rovira,  Sarrovira 
(G..  P.,  Bg.  de),  (R.)  de  Tortose; 
(F.)  de  Tarragone,  Rv.  —Plusieurs 
fam.  de  ce  nom  :  1*  à  Girone.  A.: 
d'or  au  chêne  de  sin.  dont  le  tronc 
est  traversé  par  un  dard  d'arg.  em- 


d^.  au  pal  d'arg.  accosté  do  2  lions 
"  r.  —  3«  P.:  d'or  au  loup  au 


ailr.  d'or, 


penné  de  gu.  -   2*  à  Cardona.  A: 
.  aupald'arff. 
d'or, 
nat. 

Rot  (Bg.)  de  Moutp.  (Donjoan, 
J.),  Rv. 

RuBio,  de  Rubione^  de  Rovione 
(G.,  Joan,  Arnalt  de),  Rv.  —  J. 
ch.  XL  —  Z.  f*  122.  —  Le  marquis 
de  Piedrabuena  porte  Je  nom  de 
Rubion. 

RuFA  (Loreni);  B.  Rufar,  Rv. 

Ruiz  (divers  prénoms).  Plusieurs 
chevaliers  et  écuyers ,  Rv.  —  Gon- 
zalvo  Ruyz,  commandeur  d'Alma- 
zan,  Z.  f*  159.  —  Ruiz  deCascant. 
Navarrais,  F.  —  V:  éc.  de  gu.  à  2 
pals  d'or,  et  d'or  à  la  bande  d'az. 
ace.  de  2  fleurs  de  lis  du  même. 

RuiLES  (Martin  de),  II,  579. 

RuLL  (Bernai),  F.:  de  gu  à  3 
têtes  de  rois  maures  au  nat. 

RuviELOS  (J.  de),  de  Teruel,  Rv. 

RuYLANS,  Ruilans  (P.),  Rv. 

Sabadell  (Mateu)  ;  Bernât  Sapa- 
tell,  de  Barcel.  Rm. 

Sabastia  (Maria);  Br.  Çabatia, 
Rv. 

Sabateb,  Çabater,  Zapater(divers 

S  rénoms).  Différentes  fam.  Rv.  — 
acques  Sabater,  de  Paris,  F.:  de., 
au  soulier  à  l'antique  de  sa.  ace. 
d'une  ûeur  de  lis  de..  —  Sabater, 
en  Cat.  A.:  d'or  à  2  souliers  à 
l'antique  l'un  sur  l'autre  d'az.  — 
Sabater,  à  May.  Bn.:  d'or  au  sou- 


lier à  Tantique  de  sa.,  à  la  bord, 
componée  des  2  émaux.  —  Le  mar- 
quis de  Gapmany  porte  le  nom  de 
Sabater. 

Sabela  (Père),  Rv 

Sabisbal,  Zaoisbal,<te£'pùoopalt 
(Père  de),  de  Tarragone,  Rm.  — 
Rv.  —  De  gu.  à  un  évoque  de  cani. 
vêtu  d'habits  pontificaux  d'or. 

Saburgada  (Benel),  F.:  d'or  à... 
fasces  ondêej  a  az.  ace.  de  3  roses 
de  gu.;  et  de...  à  l'yeuse  de  sin. 

Sacrista  (P  ),  Rv. 

SADAVA,Sadua  (divers  prénoms], 
Plusieurs  chevaliers,  Rv.  —  J.  di. 
CLvi.  —  Z  f  149.  —  D.  (*  335.  - 
Bp.  —  F.:  d*az.  à  la  cigogne  d'arg. 
perchée  sur  un  rocher  de... 

Sadaura  (Fortun  Lopez  de),  Rv. 

Safparbig.  Galareg  (Jacme,  Bg., 
J.),  Rm.  —  Rv. 

Saga  (Amaltde),  Rv.  —  (B.  de). 
I,  444.  —  (Sybilia  de).  II,  4SI,  606. 

—  A.  :  de  gu.  à  3  cnnss.  versés 
d'arg.,  3  en  pal  et  2  à  chaque  Dana 

Sala,  Za  Sala,  Sasala  (divers  pré- 
noms). I,  214  à  217,  443,  453,  158. 

—  Rm.  —  Rv.  —  Sala,  à  May.  Bn.: 
d'az  au  palais  d'or.  —  Sasahi,  en 
Gat.  A.  :  d'or  à  une  fieiçade  de 
maison  pignonnée  de  2  pièces  d*az. 

Salas  (Guillem  de),  chevalier. 
J.  ch.  CLiii.  —  F.  :  de  sin  à  la 
massue  de...  (Martin,  Bamonet 
de),  Rv. 

Salarn  (Guillem).  Rv. 

Salanova  (Pedro),  deSaragœse. 
F.:  d'or  au  château  de. . .  ace  d'un 
lion  de  .. 

Salaverd,  Çalavert  (P.,  B.  de). 
Rv.  —  Le  maVquis  de  Torredlla, 
de  Navahermosa,  etc.,  et  le  comte 
de  San  Rafaël,  portent  le  nom  de 
Salabert. 

Salces  (Garcia).  Bp.  —  P.  de 
Salzes,  Rv.  —  Rodrifo  de  Salœs. 
F.:  d'arg.  à  la  fasc.  a  az.  ace.  d*uD 
chevreau  et  d'un  coq  de. . . 

Saldo  (Domingo  Parez,  Bnz, 
Joan  Perez  de),  Rv. 

Salellas  ,  Salelas  (P.,  Rostang 
de),  Rv.  —  F.:  de. . .  au  salin  de. . . 
dans  lequel  2  nymphes  prennent 
du  sel.  ~  Salelles,  en  Cat.  A.  :  de 
gu.  au  chevron  d*arg.  aoc.  de  3 
croiss.  versés  du  même. 

Salena,  Galena  (Bg.,  F.  de),  Rv. 

Sali,  Salin  (Stevan,  Ramon  del), 
Rv. 

Salibnt,  Salent  (G.,  B.  de)i  Br. 


J 


DES  ^TATS  DE  JACHE  I** 


667 


—  A.  :  de  gu.  au  cartel  d*or  charg. 
d*un  saiMe  de  sin.  * 

Salijmas,  de  SaIinis(P.,  Ximeno 
de),  Rv.  —  (GuiUera),  F.:  de  gu. 
au  salia  de...  surm.  d*un  soleil 
d'or. 

Salhast,  Salmosi  (J.  de),  Rv. 

Salmo,  Salmoy,  Salmonz  (Ste- 
van,  R.,  J.  de),  Rv. 

Salomon,  Saiamo,  juifs,  I,  377.  — 
Rv. 

Salort  (Père  de),  F.:  d'ar^.  au 
salin  de. .,  et  d*or  au  jardm  au 
nat- 

Salvador,  Salvator  (divers  pré- 
noms et  diverses  professions).  Rv. — 
Père  Salvador,  ao  Soria,  F.:  d'arg. 
à  l'aigle  de...  à  la  bord.  d*a2.  char. 
de  flanchis  a*or.  —  Père  Salvador, 
de  Vich,  F.:  d'az.  au  croiss.  d'arg. 
ace.  de  6  étoi.  d'or. 

Salvatre,  Salvator  (P.)  »  de 
Montp.  U,  552. 

Salvia  (Joan  de),  de  Montp. 
Rm. 

Salcet,  Saizet  (B.,  F.,  Roboat 
de),  Rm.  —  Rv. 

Samalaz  (P.,  G.  de),  Rv. 

Samatan,  Sanmatan  (A.,  D.  de), 
Rv. 

Samigo  (Bg.  de),  Rv. 

Samisan  (R.),  Rv. 

Sanauja.  Sanaugia,  Senuga  (di- 
vers prénoms),  Rv.  —  Sanabu^ja, 
en  Cat.  A.:  de  gu.  à  2  lions  adossés, 
les  queues  entrelacées  d'or . 

Sanchez,  Sans,  Sanz  (divers  pré- 
noms), Rm.  —  Rv.  —  J.  ch  XX.  — 
Jacques,  Berenguer  et  Pierre  Sanz, 
orig.  d'Allemagne,  d'après  les  uns, 
de  Montp.  d'après  d'autres.  I,  291, 
299,  457;  II,  8;  133,  569.  —  a  f^ 
336, 340.  —  F.  —V.:  coupé  d*Arag. 
et  d'ai^.  au  demi- vol  de  gu.  — 
Sans,  en  Cat.  et  &  May.  A  —  Bn: 
coupé  d*az  &  l'étoi.  d'arg.  surm. 
de  7  étoi.  plus  petites  rangées  en 
demi-cercle,  et  d'arg.  à  2  palmes 
de  sin.  en  saut,  tenues  chacune 
par  un  bras  de  cam.  vôtu  de  gu. 
mouvant  du  flanc. 

Sancho,  Sancha  (divers  indivi- 
dus), Rv.  —  Père  Santjo.  F.:  d'az. 
à  la  bande  d'or  ace.  d'un  cygne 
d'arg.  et  de  5  étoi.  d'or.—  Frances 
San^o.  F.:  d'Arag.  et  de  gu.  au 
cygne  d'arg.  sur  un  rocher. 

Sangarrbn  (G.,  Père  de).  Rv. 

SAN6BNES,Sandt  Gene8i{G.f  Bg., 
Br.  de),  Rv. 

Sangosa  (G.,P.,  J.|  m.  de),  Rv. 


Sanguatre  (R),  Rv. 

Sanros  (Bertomeu),  Rv. 

SAisSELLN  (Simon),  notaire,  Bp 

Sanson  (Sans),  Rv.  —  Maître 
Samzo.  II,  166,  377 

Santa  Agna  (S.  de),  Rv. 

Santa  Cilia  (Arualt  de),  Rv.— 
Bn.  :  d'arg.  à  3  fasc.  de  gu.  — 
Santa-Giiia,  en  Gat.  :  d'arg.  à  la 
sphère  de  sa. 

Santa  Coloma  (Bernât  de),  Rm. 

—  Bp. 

Santa  Grux  (G.,  Domingo.  R., 
Diezde),  Rv. 

Santa  Eulalia  (Bg.  de),  Rv. 

Santa  Fb  (Pons,  Galceran  de). 
Z.  f^'  119,  213. 

Santa  Maria  (divers  prénoms), 
Rv. 

Santa  Mbra  (Vital  de),  Rv. 

Santa  Oliva  (divers  prénoms), 
Rv.  —  D.  f  385. 

Santa  Pau  (Hue  de),  viguier  de 
Girone,  Z.  1*  205.  —  Des  9  nobles 
de  Gat.  A.  :  fascé  d'arg.  et  de  gu. 

Santa  Tecla,  Rv. 

Sant  Andreu  (Père  de),  Rm  — 
Rv.  —  Bn.:  de  gu.  è.  4  fasc.  d'arg., 
à  la  bande  du  même  brochant. 

Sant  Antoni  (Domingo),  Rm. 

Sant  Geloni,  de  Sancto  Celi- 
donio  (Guillem,  Arnat  de),  —  Rm. 

—  Rv.  —  Bn.  :  de  çu.  à  la  tour 
d'or  surm.  d'un  griffon  rampant 
du  môme  et  accostée  de  2  chausses- 
trappes  aussi  d'or  ;  à.  la  fasce  cousue 
et  haussée  d'az.  broch.  sur  le 
griffon. 

Sant  Cir  (Br.,  Bn.  de),  Rm. 

Sant  Clément,  Sant  Gliment  (To- 
mas  de).  H,  597.  —  Z.  f  177.  — 
Sant  Gliment,  en  Gat.  et  à  May.  A. 

—  Bn.  :  d'arg.  à  la  cloche  d'az. 
Devise  :  Ave  Maria,  -r-  Nom  de 
fam.  de  la  marquiso  de  Serdauola, 
de  Boil,  etc. 

Sant  Cucufat  (A.  de),  Rv. 

Sant  Feliu,  Sant  Fehx  (G.  de), 
Rv.  —  Bp.  —  Simon  de  Sant  Feliz, 
notaire  et  secrétaire  du  roi.  II,  608, 
612.  —  Denis  Sant  Feliu,  de  Bor- 
deaux.  F.  :  éc.  d'or  et  de  gu. 

Sant  Gaudens  ,  Sengausens , 
Sancti  Gaudencii  (Pelegrin  de), 
Rv. 

Sant  Gaugat  (Ar.),  Rv. 

Sant  Gil,  de  Sancto  Egidio 
(Guillem,  Eymerich  de),  Rv. 

Sant  Guillem  (Brez  de),  Rv. 

Sant  Ipolit  (G.  de),  Rv. 

Sant  Joan  (Bn.  de),  Rm.— (Père 


'éâ 


••l  •  •  •      I.     - 

IfOMENCLATURE  DES   FAMILLES 


de),  Bp.  —  (Pflre,  Ar.,  D.  de),  Rv. 

—  Ramon  de  Sont  Joan.  F.:  d'az. 
au  livre  d'arç.  sur  lequel  se  trouve 
un  agneau  de  saint  Jnan-Baptiste. 

—  Une  branche  de  la  fam  de  Sant 
Joan  existe  à  May.;  les  autres  sont 
éteintes  dans  les  maisons  de  Salas, 
'Espaûol.  Hossifiol  et  Villalonga. 
Bn  :  d'or  à  3  fosc.  de  sa.  -—  A  : 
d'arg.  à  l'aigle  de  sa.  beoq.  et  mem- 
brée  d'or,  à  la  bord  de  gu. 

Sant  Just  (B.  de),  de  Lunel,  Rv. 

—  Un  acte  des  archives  d'Arag. 
(Parch.  de  Jacme  1",  n*  767),  con- 
tient une  donation  de  maisons  à  Val. 
fhite  à  Bernât  de  Sant  Just,  frère 
dé  l'évé^  d'Aade.  —  De  gu.  à  la 
croix  dor.  —  lïertran,  Pascasius, 
Guillem  de  Sant  Just.  Rv  —  Sam 
Just,  en  Gat.  A.:  d'or  à  la  cloche 
d'az.  bordée  et  bataillée  d'arg.  ace. 
de  2  étoi.  d'az.—*  Sant  Just.  à  May. 
Bn.:  éc.  en  saut,  de  gu.  et  d'arg.  à 
la  bord,  échiq.  d'nrg.  et. d'az. 

Sajct  Marti  (Ramon.  Père,  Guil- 
lem, Frances  de).  I,  233,  243,  256. 

—  Rm.—  Bp.  —  (Ferrer  de),  prévôt 
de  l'église  de  Tarragone,  puisévéque 
de  Val.  II,  389.  — ^Rigol,  B.,  A  de 
Saut  Marti,  Rv.  -^  Fam.  distinguée 
de  May.  éteinte  dans  la  maison  de 
Morey.  Bn.:  éc.  d'arg.  à2fasc.  de 

§u.,  et  d'or  à  la  cloche  de  gu.  — 
ant  Marti,  en  Gat.  A.:  d'or  à  la 
croix  fleurdelisée  de  gii.  —  G.  de 
Sant  Marti,  de  Montp.  II.  552. 

Sant  Matheu  (G.  de).  Rv. 

Sant  Mblio  (Père  de),  secrétaire 
du  roi.—  (Br.  de).  Rm.  —  (P.,  G. 
de),  Rv. 

Sant  Miguel  (G.  de),  de  Tortose, 
Rm. 

Santo  Domingo  (G.' de),  Rv. 

Sant  Paul,  de  Sancto  Paulo  (B. 
de),  de  Montp.  II.  552. 

Sant  Pbre,  Senpere  (Guillem  de), 
chevalier;  (Ar.  de),  corroyeur;  (Ar., 
J.  de),  Rv. 

Sant  Ponz  (Gulllerma  de),  Rv. 

Sant  Ramiao,  de  Sando  Re- 
mt'rtd  (G.  Bcmat  de),  Rv. 

Sant  Ramon  (Joan,  Ramon  de), 
Rv.  —  Janot  de  Sent  Ramon,  orig. 
de  Toscane.  F.  —  V .  :  coupé  d'or  à 
la  cloche  d'az . ,  et  d'az.  à  l'étoi. 
d'or.    > 

Sant  Homa,  San  Roman  (G.  Ber- 
nât de),  chanoine  de  Barcel.;  (P. 
I^opez  de),  Rv.— (Guillem  de),  cha- 
noine. II,  79. 

Sant  Vingbns,  Sent  Vicens  (Guil- 


lem de).  I,  256,  308,  464.  —  Rm.— 
(Bernât  de).  II,  493,  589.  —  J.ch. 
ceci  — (Vicent),  Français.  F.:  d*ar«. 
à  la  cloche  d'az.  ace.  d'une  fleur  Se 
lis  et  de  2  oiseaux.  —  Sant  Viœns, 
en  Gat.  A  :  d'az.  au  lion  d'or. 

Sanxonavarro  (Rodericus  de), 
de  Teruel,  Rv. 

Saquer  (Père),  Bp. 

Saragoza  (divers  prénoms  et  di- 
verses professions).  Nom  d'orig.  Rv. 

Saratnena,  Sarayana,  Saraynan 
(G il,  Dominço,  A.  de),  Rv. 

Saraza  (Gil  Perez  de);  P.  de  Za- 
rachs.  de  Tortose,  Rv. 

Sardina  (BernaU  Ramon),  Rv. 

Sardosa  (P,),  Rv. 

Sarrëgal,  Zarejal  (  B. ,  Maria 
de),  Rv. 

Sarria  (G.  de],  chevalier,  P.  Ka 
Saria;  Arnalt^  Vital  de  Sarriano^ 
Rv.  —  Bp.  —  Joan  Sarria,  de  Jaca. 
F.— V.:  éc.  de  gu.  à  la  fascéchiq. 
d'or  et  de  sa.,  et  d'or  à  l'oranger  de 
sin.    fruité  d'or,   au   porc  de  sa. 

f»assant  et  broch.  sur  le  tronc  de 
'arbre.  —  Guillem  Sarria,  Galicien. 
F.:  de  gu.  à  5  coquilles  d'or. 

Sartanas  (Sire  Guillaume  de), 
Rv. 

Sar VISSE  (P.  Martinez  de),  Rv. 

Sasso  (Père  de),  Rm. 

Sasthe,  Sartre  (Berenguer),  de 
Marseille.—  Rm.—  Bn.  :  d'az.  aux 
ciseaux  d'or  soutenus  par  2  lions 
afl'r.  du  môme.  —  R.  Sartre,  d'Al- 
menara  ;  P.  Sartre,  Rv.  —  Sastre 
ou  Sartre  signifie  tailleur. 

Saudera  (P  J,  Bp. 

Saura  (B.,  Pero),  Rv. 

Sauri,  Saurinus  (Pons)  ;  Guerau 
Saunna  ou  Sauzina,  «Rv. —  Bp, 

Saval  (P.),  Guillem  Zaval,  Rv.— 
Bernât  Gavai  reçut  des  terrée  Al- 
coy.  D.  h  355.—  Zavall»  en  Gat  A.: 
d'az .  au  cheval  cabré  d'arg.  harna- 
ché de  gu.,  bouclé  d*or. 

Savaner  (P.),  Rv. 

Savart  (J.  de).  Rv. 

Savassona  (R.  ,  A. ,  Benêt  de), 
Rv.-^  A.  :  dor  à  3  roses  de  gu. 
boutonnées  du  champ,  au  V  de  sa . 
en  abîme. 

Sax  (Père  de),  Bp. 

Say AS  (Guillem,  Ximeno  de),  Rr. 

Sbbrt  (Guillem),  Bp. 

Sgudellbr  (B.),  Rv. 

Sebastia.  Sebastianus,  Rv. 

Sec  (Guillem),. Ry. 

Sega  (Domingo,  Berenguer  de) 


DÉS  itkts  bk  uciik  i*' 


m 


recurent  des  biens  à  Olocau.  D.  T 
379. 

Seder  (Mahomet),  sarrasin  ;  Be- 
renguerona  Seder  et  sa  mère,  Rv. 
Sbgahra,  Çagarra  (divers  prénoms), 
Rv.—  Arnau  de  Segarra,  domini- 
cain, II.  358,  383.—  J.y  chap.  cclx. 

—  Sîagarra ,  en  Gat.  A.:  de  sin.  au 
livre  ouvert  d'arg.,  recouvert  d'or. 
à  i'épée  en  pal,  la  pointe  en  bas 
broch.  sur  I9  livre  ;  le  tout  eantoniiô 
de  4  fleurs  de  lis  d'arg. 

Segars  (P.),  Rv. 

Sbguer  (G.),  de  3arcel.  Rm,  — 
6.  de  Seger,  chevalier  ;  G.  Segiier 
de  Rochafera  ou  de  Rocafort,  Rv 

—  G.  Seguer,  professeur  de  droit  à 
Montp.  II,  462. 

Sbgueyrolla  (Bg.  de).  Rv. 
Seguy  (divers  prénoms).  Un  huis- 
sier du  roi.  Rv.  —  Ramon  de  Se- 
fuino ,  noblo  hongrois  de  la  suite 
0  la  reine.  F.:  de  sm.  à  2  fasc.  d'or. 

—  *  Segui,  à  May.  En.  :  d'arg.  à 
la  bécasse  au  nat. 

Secundo,  Secundi  (Père) ,  Rm.— 
Bp. 
Sbgura  (plusieurs  prénoms),  Rv 

—  (Gil  Xamcnez  de),  chevalier; 
.(Pedro  Ximenpz  de),  évoque  de  Se- 
gorjDO.  D.  P»  38,5. 

Sbinoro  (Arhalt  de),  de  Teruel; 
D.  de  Seynero,  Rv, 


vres  de  sin.  et  sommé  d'un  char- 
donneret au  nat. 

Selvabona  (G.  de),  Rv. 

Sénat,  Se'nado  (P.),  Rv. 

Semeraz  (P.),  Rv. 

Sbktia  (Lope  Ortiz  de).  Z.  f^  202. 

Sentm ANAT,  Sant , glanât,  Senme- 
nat,  de  Sando  Minato  (divers  pré- 
noms). II,  589.— Rv.—Bp.— Noble 
et  ancienne  maison  de  Gat.  repré- 
sentée de  nos  jours  par  le  marquis 
de  Castelldosrius.  grand  d'Espagne, 
pardon  Joaquin  Marja  Gasol  y  Sen- 
menat,  marquis  de  Senmenat,  comte 
de  Munter,  sénateur,  et  par  don 
Ramon  Maria  de  Senmenat  y  D^- 
puiol,  marquis  de  Giutadilla,  fils  du 
précédent—  A.:  de  gn.  à  3  cartels 
d'ar^.  char,  chacui^  d'un  demi-vol 
abaissé  d'&z.  {Aliàs  bordé  d'or).  Qi- 
ipier:  , un  monde.  Devise:  Quien 
menas  en  U  tuviere  vivira  cuando 
'muriere. 

Seppesa  (G.  (|e),  Rv.  , 

Sspulero  (Domingo  dé),  Rv. 


SERAbuRA  (t>onllt);  È.,  G.,  à. 
Serrador,  Rv. 

SERNATjfG-),  de  Tdrtose,  Rv. 
,    Serra,  Sera  (Père),  de  Montp,, 
G .  Za  Serra,  Rm.—  Serra,  Za  Serra 
(divers  prénoms),  Rv.  —  (Ramon ', 
teinplier,  L  327,  328  —  J.  ch.  xcix. 

—  Bernât  Serra.  P.:  d'arg.  à  la  scie 
au  nat.  —  Serra,  existant  à  May. 
Bp.  —  Bn  :  degu.  à  la  scie  au  nat. 

—  *  Serra,  dePulg-Gerda.'A.:  4e 
gu.  à  la  scie  d'or  cordée  d'arjg.,  à  la 
bord,  coraponnée  d'or  et  de  gu.— 
♦Serra,  de  Barcel.  A.:  d'arg.  à '3 
têtes  d'aigles,  arrachées  dQ  sa.,  col- 
letées d'une  couronne  antique  d'or. 

.  Skrralon'ga  (Bemat,  Hugo  de). 
Z.  f»  119  —  A.:  d'or  au  château 
donjonné  d'az.,  aj .  de  sa.,  au  lidn 
d'or  sortant  par  la  porte  à  demi 
fermée  d'arg. 

Serralta.  Bn.:  d'or  à  la  bande 
de  gu.  char,  de  9  petits  monticules 
ae  sin.  surm.  chacun  d'un  pin  du 
même  et  posés  en  bande,  3,  3,  3; 
à  la  bord,  cbmponée  d'ôr  et  de  gi>. 

Serran,  Serrano,  Serrana  (divers 
prénoms  et  diverses  profesisions), 

SERRfÀNO  (Pon^  de),  notaire,  I, 
449.   . 

Servent  (Berenguer),  de  Perpi- 
gnan, F.:  d'arg.  au  cerf  d'az.  tenant 
sous  ses  pattes  de  devant  un  croiss. 
de  gu. 

Sbrveri,  de  Girone,  trotlbadôûr, 
IL  4^9,  511. 

Servoles,  Servolas  (P.  de).  Rv. 

Sese,  Sesse.  Sasse  (divers  pré- 
noms). Plusieurs  chevaliers.  — 
Fap.  domesnaderos  devenus  ricos 
homes.  1, 175, 206,  276.-:  Z  1*  ll2 
141.  —  B.  —  F.:  dW  à  6'l)esàitts, 
d'or, 

'Sé.tcastella  fJ.  de),  Rv. 

Setpons  (Miguel  de),  de  Jaca, 
Rv. 

SKtj(G.  deïa),Rv.  , 
.  Sbva  (Arpalt),  de  Paris.  F.:  de 
gu.  au  cypie  d'arg.  entre  2  pals 
d'or  remplis  de  sip.  -r  Arnalt  4© 
jSeva,  Catalan.  F.:'  de  sin.  et  degu. 
au  cygne  de...  —  Bérriat  de  Seva. 
F.:  de...  à  Tanimal  appelé  «awa  *(?) 
fuyant  devant  un  lion  de... 


Kv. 


SEVANNAN  (Marti  dé),  Rv 
Setnos  (Sancho  ae). 


de  Jaca, 


,  Sicard.  .  Siscart,  Gicart'(R:,  *J., 
Pr.  Gombald),  Rv.'  —  Bamon  de 
Siscar  s'engagea  à  sdlvre'JTacme  km 


670 


NOmmCLATURB  DBS  FAMILLES 


Terre-Sainte.  Doc.  jftMt.  VL171  — 
*Sicart,  ODCat.  A.:  d*or  àlarbras 
arrachés  et  ébranchés  de  gu .  à  la 
fasc.  d'az.  char,  de  1  ôtoi.  d'arg 
broch.  sur  le  tout  —  Siscar,  en 
Gat.  A.:  d'or  au  roseau  arraché  de 
sin.  veiné  d'or. 

SiciLiA,  GlctUa,  SecUie  (Martin 
deT.  Rv.  ^ 

SiGNOS  (Blasco),  Rv. 

SiLVESTRE  (Romeu  de) ,  de  Te- 
ruel,  Rv. 

Simon  (Guillem),  Rv.  —  Simon, 
II,  404. 

Sipan(R.),  Rv. 

SiHOT,  chevalier  français,  1, 303 

SiSTERNBS  (Père  de),  ori^.  de 
Bretagne ,  P.  :  d'arc,  à  6  dée  à 
jouer  de  gu.  marques  chacun  de 
3  points  (ternes)  d'or. 

SOBECOSSBR  (Tomas  de),  Bp. 

SoBiRA.x  (Guillem),  Rv.—  *  Subi- 
ra, d'Eroies,  A.:  contrepalé  d'or  et 
d'az.  —  ♦  Subira,  de  villafranca. 
A.  :  coupé  d'arg.  à  l'arbre  de  sin. 
terrassé  du  même,  soutenu  par  deux 
lions  alTr.  surm.  chacun  de  3  étoi. 
d'or,  et  yarti  de  gu.  à  3  fasc.  d*arg. 
et  d'az.  à  3  fleurs  de  lis  d'arg. 

SoBiRATS  (Ramon  de),  Z.  f*  112. 
—  *  D'or  au  coq  de  sa.  crête  et 
barbé  do  gu.  sur  un  mont  de  sa. 

SoBRARBB  (G.  de),Rv. 

SoLA,  Solan,  Dessola ,  de  Solano 
(Guillem  de),  de  Barcel.  Rm.—  A.: 
d'az.  au  soleil  rayonnant  d'or. 

SoLANs  (Arnalt  de)  s'engagea  à 
suivre  Jacme  en  Teire-Sainte.  Doc. 
ined.  VI,  174.— Bernât  de  Solanes. 
P.:  de  sin.  au  soleil  d'or. 

SOLER  (Amaltde),  Rm.,  s'engagea 
à  suivre  Jacme  en  Terre-Sainte. 
Doc.  ined.  VI,  174,— Soler,  del  Soler, 
avec  divers  prénoms .  Rv.  —  Soler, 
à  May.  Bn.:  éc.  en  saut.  d'az.  à  la 
maison  d'arg.,  et  d'or  au  chardon 
fleuri  au  nat.  —  Joan  Soler  ,  P.  : 
d'arg.  à. . .  plantes  de  pavot  fruitées 
d'or,  etdegu.  à  2  tours  d'or. — Ra- 
mon de  Soler,  de  Lyon.  P.:  d'az.  au 
soleil  d'or,  et  d'or  au  lion  de. . .  — 
Alfonse  Sbler,  galicien.  P.:  de  ru. 
à  3  tours  d'arg.  —  *  Soler,  en  Gat. 
A.:  d'az.  ausoled  d'or  surm.  de  3 
étoi.  d'arg.  1  et  2. 

SoLOT  (Bg.  del),  chevaliei",  Rv. 

SoLSONA  [Ramon  de),  I,  255.  — 
[G.  de);  Bemardus  de  Solsona,  har- 
hiUmsor,  Rv. 

SoLziNA,  Sotzina,  Çolcina  (divers 
prénoms),  Rv. 


S 


SoMEBBS,  Someras  (Joan  de),  de 
Tortose,  Rm. 

SoMOXS  (R.  de),  Rv. 

SORDELLUS,  peut-ôtre   le  mAme 

le  le  troubadour  Sordello,  II,  5S3. 

.11,11,  13,  459. 

SOBBLL  (Amalt  de).  F.:  d'or  à  2 
poissons  (soreUes)  de...  —  Nom  de 
ram.  du  comta  de  Albalat. 

Sûres  (A.  de),  abbé  de  Santas- 
Gruces;  (Guillem  de),  de  Mont- 
blanch;  (Ramon  dek  Rv. 

SORBSA  (R.  de),  HT. 

SoBiA  (G.)  d'AlmenarB:  (Marti 
de);  Dommgo Sorian,  boucber,  Rv. 

SoRRiBAS  (Bg.  de),  Rv. 

Sos  (Ximeno  de),  et  safoouBM 
Berenguela.  Rv. 

SoTO  (Alfonso  de).  P.:  de...  an 
bocage  peuplés  d'oiseaux  et  d*ani- 
maux. 

SOVEN  (G.),  Rv. 

Spancer  (Guillem),  Rv. 

Sparsa  (Lope  de),  Rv.  —  Voy. 
Esparza. 

Sparegeba,  Desparegera  (R.), 
tailleur  de  Lerida,  Rv. 

SPBRANOEu(Guillom,  Sanchode), 
Rv.  -  (Lope  Sanchez  de).  D. 
f*  357.  —  *  Speraneu,  à  May.  Bn.: 
d'az.  au  lévrier  rampant  d'arff.  surm. 
d'une  étoi.  d'or  au  canton  dextre. 

Spbtiatre  (R.) ,  de  Mootp. 
Rm.  —  Probablement  nom  de  pày- 
fession  ;  especiayre  signifie  épicier. 

Staci,  StaciuSf  de  Toul.  Rv. 

Starblla  (P.),  Rv. 

Stradkl   (P.),  Rv. 

Strbgo.ma  (Simon  de),  Rv. 

Struil  (B.  de),  de  Tortose,  Rv. 

SUAREZ,  Suanz  (Martin),  Portu- 
gais, Rm. 

SuAU  (P.  de),  de  Gervera,  Rm.  — 
Suau.  dfiSuat^»  (plusieurs  prénoms), 
Rv.  —  (Joan  do),  d'DrgeLP-:  tfor 
au  filet  en  croix  de  sa.  —  Suau, 
à  May.  Bn.:  d'az.  à  3  bandes  d'arg. 
char,  chacune  de  3  mouchetures 
d'herm.  de  sa.,  au  chef  d'or  char, 
de  4  pals  de  gu. 

SuBRiPPi9(B.  de),  Rv. 

Suera,  Guera,  Zuera  (Nicolau, 
P.,  P.  Gil  de),  Rv. 

SiTiLOLS  (B.  de),  Rv. 

Suiner(J.),  Rv. 

SuMiDRiç  (magister  Fonekis  de), 
Rv. 

SuRBDA  (Arnalt).  —  Pam.  distin- 
guée de  May.  représentée  par  le 
marquis  de  Vivot  Bn.  :  d'or  au 
chéne-liége  arr.  au  nat 


DBS  ifTATS  DE  JAGJfE  1" 


671 


SuvizA  (Sancho  Lopez  de),  Rv. 

Tabici  (Jacme),  Rv. 

Tagain  (J.)i  d^Almenara,  Rv. 

Tadagnan  (P.),  Rv. 

Tadbrina  (P.  de),  de  Tarrega, 
Rv. 

Tagamanent  (Père de),  Bn.— A.: 
échiq.  {aliàs  losange)  d'or  et  de  sa. 

Tahuste.  Taust  (P.,  Domingo 
Perez  de),  Rv. 

Talavera  (Bg.),  Rv. 

Talla  (P.  de),  Rv. 

Tallada,  Tavlada,  de  Ta'lata 
(G.,  Beraat  de),  Rv.— (Guillem  de). 
Français.  F.:  d'or  à  3  fasces  de  sa. 

—  (Bernât  de)  reçut  des  biens  à 
Xat.  D.  f  340.  —  V. 

Taltevdl  (Domingo  de),  Rv. 

Tauarit  (R.,  Bg.  de),  Rv.  —  D. 
f  350.  —  (RamonJ  F.  :  d*or  au  lion 
de  sa.  couronné  d  arg.  —  Tamarit. 
F.:  éc.  d'arg.  au  lion  d'az.  et  d'or 
au  lion  de  sa.  —  A.:  d'arg.,  au  lion 
d'az.  lamp  de  gu.,  cour.  d'or.  — 
Nom  de  fam.  des  marquis  de  San 
Joaquiny  Pastor.  —  On  trouve  aussi 
dans  la  Rv.  Tamarit.  peUicer,  et  Iba 
Tamaret. 

Tapiador  (J.),  deHuesca  Rv. 

Tapiola,  Tapioles.  Tapiols  (Bg., 
P.  de),  Rv. 

Tarragona,  Terrachone^  de  Ter- 
rachona  (divers  prénoms),  Rm.  — 
Rv. 

Tarasgon,  chevalier,  Rm. 

Tarazona,  Tarassona,  de  Tiras- 
jona.— Nom  de  fam.  du  mesruidero 
Ximeno  Perez,  créé  baron  d'Arenos 
et  premier  rico  home  de  mesnada, 
et  de  son  frère  Pedro  Perez,  justicia. 

I,  136,  175,  187  206.  276,  320,  324, 
341  à  347:  II,  35,  39  à  41,  80,  95,  96, 
133, 184,  285,  287, 291,  377. 405,  439, 
569. —  Z.  f»171.  — B.  — BJ.  —  F.: 
d*or  au  soulier  à  l'antique  de  sa. — 
Tarazona,  avec  divers  prénoms,  Rm. 

—  Rv. 

Tarba  (Gelacian  de),  de  Jaca.  F.  ' 
de  sîn.  &  D  roues  de  cnar. 
Tares  (Marti  de),  Rv. 
TARGUAffOVA  (Bg.  de),  clerc.  Rv. 
Targuer  (R..  P.,  Joan),  Rv. 
Taribo  ^&.),  Rv. 
Tarin  (Estevan  Gil,  Juan  Gil). 

II ,  504.  —  J.  ch.  ccxxxix.  —  Z. 
!*•  175,  211  —B.—  F.:  d'or  plein  et 
d'az.  &  3  fasc.  d'arg. 

Tarrassa,  Terrassa  (Bg.  de). 
Rm.  —  G.  de  Terracia,  II,  589.  — 
Br.  Taracha.  Rv.  —  Bn.:  d'az.  au 
<âi&teau  d'arg.  posé  sur  un  mont 


d'or  et  sommé  d'une  bannière  d'arg. 

Tarrega,  Tarraga,  Rm.— (Divers 
prénoms);  Guillem  de  Tarragan, 
Rv.  —  V.:  d'or  à  3  branches  de  ta- 
maris de  sin.  liées  et  fruitées  de 
gu.  —  Tarrega,  de  Mont-Blanch. 
À.:  8  Doints  d'or  éguipolésà  7  de 
gu . — Tarrega ,  de  Villafranca .  A .  : 
d'arg.  à  3  épis  de  sin.  liés  de  gu. 

Tavalina  (Pedro  Ruiz  d^  reçut 
des  terres  à  Orihuela.  D.  f  335. 

Tavars  (B.  de),  de  Tortose,  Rv. 

Tavernbr  (B.J,  de  Peralada.  Rv. 

—  J.  TabernartuSt  de  Montp.  II, 
552.—  Taverner.  en  Gat.  A.:  ec.  de 
gu.  au  chevron  d'or,  ace.  de  3  fleurs 
de  lis  du  même,  et  d'arg.  à  l'arbre 
arr.  de  sin. 

Tatava  (Ramon  de),  I,  255.—  E. 
cb.  XXXI. 

Tellot  (R.  de),  Rv. 

Tena  (P.).  Rv.—  (Amalt  de). 
Paix  de  1235. 

Tende  (Marti)  etDolza,  sa  femme; 
Pascual  l'endo,  Rv. 

Tender  (Balaguer).  Rm.  —  Adan 
Tendero,  Kv. 

Tenesin  (R.),  Rv. 

Tenio,  cuismierde  la  reine,  Rv  . 

Terbilan  (Stevan  de) ,  Rv. 

Terion  ,  de  la  suite  de  la  reine, 
Rv. 

Terhens,  Termes  (Olivier  de) ,  I, 
255,  269  ;  II,  330.—  Z.  !*•  128,  201 . 

—  On  a  dit  par  erreur  qu'Olivier  de 
Termes  était  venu  dans  le  Midi  à  la 
suite  de  Simon  de  Montfort  ;  on  l'a 
confondu  avec  Alain  de  Roucy,  créé 
seigneur  de  Termes  par  le  chef  de 
la  croisade  contre  les  Albigeois.  Oli- 
vier était  de  la  fam.  des  anciens 
seigneurs  de  Termes,  chef-lieu  du 
Termenois.  qu'on  disait  issue  des 
comtes  de  Barcel.  Termens,  à  May., 
se  disant  issue  d'Olivier,  est  repré- 
sentée ,  par  substitution ,  par  le 
comte  d'Ayamans  et  le  marquis  de 
Vivot.  Bn.:  éc.  en  saut,  de  gu.  à 
la  fleur  de  lis  d'arg.,  et  d'arg.  au 
croiss.  versé  d'az.  —  Sceau  d'après 
D.  Vaissète  :  un  lion  et,  au  revers, 
3  chevrons  brochants  sur  un  lam- 
bel.  —  Armes,  d'après  la  salle  des 
croisades  :  d'arg.  au  lion  de  gu.  — 
Borracius  ,  Pons  de  Termenes,  de 
Termens.  Rv.  —  Guillem  de  Ter- 
mens, du  comté  d'Urgel.  F-:  d'or  à 
5  oiseaux  de. . .  —  Termens,  des  9 
nobles  de  Gat.  A  :  d'or  à  5  alouettes 
volant  de  gu.  becq.  et  membrées 
d'az. 


a7^ 


NOMSNGLAVVRE  DP  FàH;i,LE8 


Tv^^k  (Guiralt  deV  Bv. 

TEaov£S  (Bg.  de),  Rv. 

TeaRAN  (Bg.  de),  Rv. 

Tbi^rbn,  cordonnier,  Rv. 

TERRfB  (Garcia),  chevalier,  Rv. 
—  GuiUem  Terrer,  non  erat  hic,  dit 
la  Rv. 

lERao  (fiomingo),  de  Galatayud. 
Rv. 

Tbrcrl,  Terol  (divers  prénon^s), 
Rv.  —  Voy.  Hargilla  . 

Teuls,  teus  (J.,  P.  de),  Rv. 

Texbda.  Texada  (R.),  Rv.—  Bp. 

IBYLET,  Teillet,  TeUet  (8.,  R., 
6.  de),  Rt. 

TbtIiLA  (Domingo  de),  Rv. 

lETtLO,  Tello  (P.  de),  Rv. 

ToMAS  (Mateu);  Tomas,  tailleur, 
Rv .  —  Fer^  Tomas.  1, 443. 

TiBALT,  tnenascalcus,  Rv. 

TiBissA  (G  ,  Bg),  Rv. 

Tiearo  (Mateu  de),  Rv. 

TiGAC  (P.  de),  Rv. 

TiHA,  femme  d'Adam,  portier  de 
la  reine   Rv 

Tmo,  Tion  (A.),  de  Barcel.;  (Bg.), 
Rv. 

Timor  lBurdu$  de),  Rv.  -  (Dal- 
maOi  Arnalt  de)  de  la  fam.  de  Que- 
ralt.  Z.  r»  119. 

TfNTO  (Marcb  Antoni),  noble 
génois.  F.:  d'az.  au  demi-vol  d*or . 

TiNTOHER  (Bg.),  Rm.  —  B.  Tm- 
turor.  Rv. 

Tizo.  Tizon,  Ticion.  —  Fam.  de 
mesnaderos  élevés  plus  tard   à  la 
rica  hombria    ♦-  Rm.  —  F.:  d'az 
à...  tisons.  —  B.:  d'arg.  à  5  tisons 
de  sa.  allumés  de  aa 

TODONORM  (P.)»  Rv. 

TocEL  (P.  de),  Rv. 

ToGORRfS,d«  TtJtgurris  (divers 
prénoms).  Plusieurs  chevaliers, 
Rm.  —  Rv.  —  F.  —  Berthomeu 
de  Togores  s'engagea  à  suivre 
Jacme  en  Terre-Sainte.  Doc.  ined. 
VI,  174.  —  Illustre  fam.  qu'on  dit 
orig.  de  Gascogne,  représentée  par 
le  comte  de  Ayamans,  le  comte  de 
Pino-Hermoso,  çrand  d'Ëspa£;ne, 
et  par  le  marquis  de  Molins.  Bn.: 
de  gu.  au  griffon  d'arg.  couronné 
du  même. 

ToLEDO  (Martin  de),  Rv. 

ToLO  (P.),  d'Almenara,  Rv. 

ToLOSA  (Bernât  de\  de  Barcel. 
Rm.  —  (Divers  prénoms);  Stasius 
et  Riimundus  Tolosanus,  Rv. 

ÏOLRA  (Arnalt).  Rv. 

TOLSAfBg.G.),  Rv. 

TONA  (R  de),  Rv. 


To!(po  (D.),  Rv.  —  p.  Tonda. 
F.,  de  sin.  une  tour  4'arg.  et  une 
tente  de  campagne. 

TOPIRER  (Guillem),  Rv. 

ToRAL{Bertran),  Rv. 

TORCAT,  Rv. 

ToREDEs(Francesde),  Rv. 

ToRELLo  (Bg  ) .  Bn.  :  d'or  au 
taureau  de  sa.  oroch.  sur  une  tour 
au  nat. 

ToRGET  (Fer  de),  Rv. 

TORINNA.  Rv. 

ToRNAMiRA,  Tournemire.  I,  85.— 
Rv.—  Bp.—  Fam.  qui  paraît  avoir 
une  orig.  commune  avec  la  maison 
de  Tournemire  d'Auvergne,  dont 
elle  portait  les  armes.  A.:  d*or  à  3 
bandes  de  sa.,  à  la  bord,  de  gu. 
char,  de  10  besants  d'arg.,  au  firanc- 
guartier  d'herm.  —  Tomamira  ,  à 
May.  éteints  dans  la  fam.  d'Olesa. 
Bn.:  d'az.  au  mont  d'or  surm.  d'un 
lis  de  jardin  d'arg.  feuille  du  même. 

ToB.NBL,  de  Tornello  (Magister 
G.  de),  Rv. 

ToR.NER  (Pons,  Père).  Rv.—  (Ra- 
mon;.  F.:  d'or  au  lion  de  sin. 

ToRNERO.NS  (R .  de  )  et  sa  femme 
Teresa  Perez,  Rv. 

TORPI,  Turpi  (Joan),  Rv. 

ToRRAFREBR,  de  ToTTafresario 
(A.,  P.  de).  Rv. 

ToRRALBi  (Marques,  Marchesia 
de),  Rv.  —  F.:  de  sin.  à  la  tour 
d'arg. 

ToRALLA,  Torayla.  Torrella,  To- 
roella,  Torrellas,  Torrelles.  —  Ces 
noms  désignent  au  moins  3  fam. 
différentes;  mais  les  inexactitudes 
d'orthographe  empêchent  le  plus 
souvei.t  de  reconnaître  à  laquelle 
des  trois  appartiennent  les  person- 
nages désignés  dans  les  documents. 
B(irnat ,  seigneur  de  Torroella,  de 
Santa  Ëugenia  et  de  Montgriu  ou 
Mongn ,  mt  1  un  des  principaux 
barons  de  la  cour  de  Jacme.  I.  233, 
256,  264.  308,  309,  328,  365.  — 
Rm.  —  Rv.  —  Son  frère  est  appelé 
dans  les  chroniques  Pons  Guiflem 
de  Torredel  ,  I,  365.  —  J.  ch. 
XX,  XLv.  —  Z.  f"  113,  124.  —  Ramon 
de  Turricda  ou  Turrucela,  premier 
évéque  de  May.,  était  aussi  frère 
des  précédents,  Bn.  —  GuiUem  de 
Toroela  et  Êlfa  dd  Torella  parais- 
sent avoir  appartenu  à  la  même 
fam.  II.  327,  439.  —  Cette  maison 
s'est  éteinte  &  ^ay.  dans  celle  de 
poms.  ^  Çn.  :  trarg.  à  la  tour 
^*az.,  à  la  bord,  compoiiôe  des  t 


DlilS   ÉTATS   DE  JACME   i 


«r 


675 


émaux.  —  Torroelia  ou  Torrohella  . 
en  Gat.  A.  :  de  gu.  à  la  lour  crén. 
et  (ionjonnée  d'arg.  —  Alfonse  To- 
relia,  mesnadero,  F.  :  coupé  d'or  à 
la  croix  de  Calatrava,  et  échiq. 
d'arg.  et  do  gu.  —  li.  de  Torraylla 
figure  dans  la  Rv.  —  Torralla,  des 
9  valuassors  de  Gat.  F.  —  A.:  d'or 
à  2  taureaux  passants  l'uu  sur  l'au- 
tre de  sa.  —  P.,  Bg.,  Guillem  de 
Torrellas,  Torreiles,  Turriles,  Rv. 

—  Z.  f»  175.  176.  —  Jacme  de 
Torrellas,  en  Arag.  F.  ot  Torrclles 
en  Gat.  A.  :  d'or  à  3  tours  crén. 
d*az. 

TORRE.  Tora,  Ça  Torre,  Za  Terre 
(J  ,  P.,  G.,  Forz,  Bertrau  do  la), 
Rv.  —  Sancho  de  la  Torre,  Gali- 
cien. F.:  de  gu.  au  château  d'or. 

Torre  de  I'rats  (V.  de),  Uv. 

ToRREPiiEYTA  (Joan  d.)    Il,  491. 

Torre  Mociia  (G.  d.),  Rv. 

Torrent  (F-.m*.,  Raminda  de) 
B.  de  Toirentibus;  Torren,  Rv. 

Torres,  de  Turribus  (B..  G.,  S., 
P.  de  ou  de  las),  lU.  --  Gonzalvo 
Ferez  de  Torres  rp^'ut  des  biens  à 
Orihucla.  1).  f  335  —  Seslorres. 
Bn.  :  d'az.  à  3  tours  d'arg.  aoc.  on 
poiniP  d'un  cor  du  mènni.  D»'\  ice  : 
Vox  clamantis  in  deserlo.—  Vicent 
Satorres.  F.  :  6c.  en  saut,  d'or  à  la 
lour  do  gu.  et  de  sin.  au  lion  de. . . 

—  Berongucr  do  Torres.  F.:  d'arg. 
à  3  tours  di'  gu.  —  Benel  do  Torres. 
F.:  d'uz.  ù  5  châteaux  d'or. 

ToRuio.v.  iuL^énieur.  II,  1G6. 
ToRRO  (R.)  de  Poralada,  Rv. 
ToRROZA  (Na),  Rv. 

Tort,  Torta  (Arn.,  Pons,  Gue- 
rau),  Rv.  —  A.:  d'or  a  l'aigle 
éployôe  do  sa.  chargée  sur  la  poi- 
trine d'un  écusson  de  gu.  à  3  pailler 
d'or  eu  bande  et  sommée  d'une 
grive  [lordo). 

ToRTOLO.N  (P.),  Rv.  —  Une  fam. 
de  ce  nom  en  Auvergne,  près  A<^. 
la  seigneurie  de  Tournemire  .  por- 
tait pour  armes  au  XllI"  siècle  : 
d'az.  à  la  colombe  cVarg. 

'lORTOSA  (liernal,  A.,  GuiUcm  , 
Bg.  de),  Hm.  —  Rv. 

Tors  (P.,  Bernât  de),  Rv.  —  F.: 
de  sa  à  2  fa  se.  d'arg.  —  *  'lous.  i 
May.  Bn.:  de  gu.  au  chevron  d'or, 
ace.  en  chef  de  2  tans  d'arg. 

TovAiis  (liîrnatde),  Rm. 

ToviA,  Tobia  (Bg.,  Ximeno,  Mar- 
co de),  Rv  —  {Ximeno  de),  J.  ch. 
ccxxx.  —  F.:  d'arg.  à  la  bord,  de 

T.  u. 


gu    char.   d'écussoDs    d'or,  à    la 
bande  de  sa. 

Toz  (B.,  R.)  de  Tortose,  Rm.  — 
J.,  Febrer  Tos,  Rv.  —  *  Test,  en 
Gat.  A.:  d'or  à  la  fasc.  de  sa.  char. 
de  3  losanges  d'or. 

Trahuquet,  Trebuquet  (Joan), 
Rv. 

Tramacet  (J.  de).  Paix  de 
1235.  —  (Pedro).  F.:  fiiscô  d'or  et 
d'az. 

TiiAPETE  (Pascual),  de  Teruel, 
Rv. 

Travi  (J).  II,  40i.  —  Rv.  —  A.: 
d'az.  au  château  d  arg.  posé  sur  un 
mont  au  nat.  et  sommé  d'un  faucon 
d'or. 

Tremi*  (R..  R.  Amad.  Pedro 
Arnaldez  de),  Rv. 

Trencamo.ntaynes,  Tranca  Mon- 
lann  (B.  dt»),  de  Burriana,  Rv. 

Trei'XER  (R.),  Rv. 

Trias,  Bp.  —  Fam.  représentée 
à  May.  Bn.  :  d'az.  au  saut,  d'or 
cant.  do  i  étoi.  du  môme. 

Triergua  ,  Trihergua  ,  Tierga 
(Ximeno  Perez  de),  J.  ch.  CLin. 
Z.  1^  l  i8.  —  F.  :  de  sa.  à  3  pals 
d'or. 

Trincher  (R.),  arbalétrier  du 
Temple,  Rv. 

Tripol  (P.  de),  Rv. 

Trobat  (B.),  Rv.  —  *Trobat,  à 
May  Bn.:  parti  degu.  à  la  bande 
d'arg.,  et  de  gu  à  la  tour  d'arg. 
issaiîte  d'une  mer  du  même ,  om- 
brée d'az. 

Tron  (Guillem),  Rv. 

Troves  (Pons  de),  Rv. 

Trlcher  (R.),  Rv. 

Trulio  (  Vitalis  de)  et  sa  femme 
Guillelma,  Rv. 

TuuYOLS  (  Berenguer  ),  Bp.  — 
Fam.  distinguée  de  May.,  repré- 
sentée j)ar  D.  Fernando  Truyols 
y  Villalonga,  marquis  de  la  Torre. 
Bn.:  de  gu.  au  moulin  à  huile  d'or. 

Ti'DELA  (divers  prénoms),  Rv. 

TiTRc  (J.  de),  Rv. 

TuR!ttO  (Miguel  de),  Rv 

TuH.NO  (P.  dt»),  Rv. 

liBBRCRALi  f  Père),  Rv. 

LcTOBiAN  (Poreton  d^),  Rv. 

L'go  ((lUillMU),  cousin  du  comte 
d'Ampurias,  Bp. 

LtiUERDA    (P.).  Rv. 

Ulayet  (Salomou);  Rv. 
Lllana,  Rv. 

Ullaî^tres,   Uilastroy  (Guillem 
de).  Rv. 
UiNCASTiLLO,   Uncastcl,  Duncas- 

45 


674 


1V01IBNGLATIUI&  I>B«  FAMIUXS 


t«l,  d$  Una  CoiWo,  {Piusi«un  pr^~ 
noms).  Un  chevalier,  Rv. 

Urce  (GuiUeBtt  de),  Bp.  —  Urch. 
des  9  nobles  de  Gat.  A.  :  bandé 
d'arg.  et  do  gu.,  au  chef  d'arg . 
charg.  de  3  roses  de  gu. 

Urgel  (C^*  d).  vassaux  du  comte 
de  Barcel  I,  130.  211  à  218,  319; 
II,  50,  323,  330,  337,  493.— A.:  ôc. 
en  saut  d*or  à  4  pals  de  gu.  etéchiq. 
d'or  et  de  sa. 

Urgelei  (F.,  P.),  Rv. 

Urrba,  Orrea,  Dorrea.— Fam. 
de  rioos  homeg  de  naluraieza.  Deux 
branches  jouissaient  de  la  rka 
tumMa-  I,  136,  254,  344,  373,  384. 
389;  II,  35.  36,  38,  336,  352,  477, 
5$9.  —  Rv.  —  T.  -8.  -  6.  —  Issus 
des  ducs  de  Bavière  d'après  P.: 
bandé  d*arg.  et  d'az. 

Urumbblla  (Ramon  de),  des  en- 
virons de  Gènes  et  do  Nice.  F.— V.: 
d'arg.  à  5  abeilles  volant  au  nat. 
{alias  de  gu.) 

Ursbt  (Albert),  de  Barcel.,  Rm. 

Uzs.NDA(b'emand  de),  Rv. 

UZONl,  Hv. 

Vacher  (P..  A.],  Rv. 

Vadell  (Joan),  Bp.— *  A  —  Bn.: 
d'arg.  à  la  fasc.  de  ^\i  ace.  en  chef 
d'une  tour  et  en  pomte  d*un  veau 
au  nat. 

Vagbna  (Mateu  de),  Rv. 

Valbona,  Balbona  (P.  de),  Rv. 

Valcalquera  (Joan  de);  D.  de 
Valcarca,  Hv.  —  Peut-être  Valcar- 
cel,  représentée  aujourd'hui  par  le 
comte  de  Pestagua . 

Valdeperbts,  Valdeperaz  (Fer- 
rer de).  Rm. 

YA.LBNTIN,  Rv. 

Valenzuela  (Sancho),  F.:  d'ar^?. 
au  lion  de  sa.  couronné  d'or. 

VAtEBiuLA  (Père),  navarrais.  F.: 
de  gu.  à  la  fleur  oe  lis  d'or,  man- 
télé  d'az.  à. . .  violeltes  d'or.  —  Va- 
leriola.  Français.  F.:  d'or  à  la  bande 
de  gu.  char  de  3  fleurs  de  lis  d  or. 

Valero.  Valerius  (J.).  Un  secré- 
taire du  roi,  UD  secrétaire  de  l'in- 
Aint  don  Fernand  ;  Valera,  sœur  de 
Martin  ,  Rv.  —  Juan  Valero  de  les 
Useres.  F.:  de  gu.  au  ch&teau  d'arg. 
ouvert  du  champ,  ace.  de. . .  guéri- 
tes de  gu.  et  d'une  sentinelle  de. . . 

Valisiatna  (P.  de  ) ,  chevalier 
(Borraz  de),  Rv.—  *  Vaimanya,  en 
Cat.  A.:  de  sin.  au  bras  velu  degu. 
empoignant  5  épis  d'or,  à  la  fasoe 
cousue  et  haussée  d'aï .  broch.  sur 


^ 


Vall,  Val  (D.  BoDal  de, 
nat  del),  Rv. 

VAI4LATZ,  Yalati,  Bftllaz.  Ballaft- 
que  (Bertran,  Bernât  de) ,  Rv. 

Valldaura,  deVaUe  de  AureiOD^ 
0.  de).  Rv.—  (Benêt  de),  Pran^ 
i*.  :  de  gu.  au  demi-vol  de  sa.,  et 
et  de  gu.  à  la  demi-fleur  de  lis  aor. 

Vallebrbra,  Vaiabrera,  Balle- 
brera,  Val  Lebrera  (G..  B.,  Bona- 
fonatde),  Rv.—  (Amalt).  F.:  d'az. 
à  3  bandes  d'or,  et  de  gu.  au  lévrîar 
courant  en  banae. 

VALLES,  de  Valesio  (Ar.,  1^.,  6. 
de),  Rv.— (Ramon  de),  chanoinéde 
Lerida,  J.  ch.  ccciv.  —  *  Bn.  d'az. 
à  3  monts  d'or  formant  2  vallées, 
dans  chaque  vallée  un  pin  au  nat 
contre  leouel  rampe  un  hon  d'or, 
celui  de  cfext.  eont.,  en  chef  une 
étoi.  d'or.  —  *  Vallès,  en  Navarre, 
A.:  d'arg.  à  l'écusson  d'az.  aca  4e 
8  roses  de  gu.  en  orle- 

Vallfogo  (Andres),  B{). 

Valuienor,  Val  nunoris  (S.  de), 
Rv. 

Vallmol,  Bal  mol  (divers  pré- 
noms), Rv. 

Vallobar  (Inîgo  de)  s'engagea  à 
suivre  Jncme  en  Terre  Sainte.  A}C. 
ined,   VI,  174. 

Val  Lobrega  (Bs.  de),  Rv. 

Vallo!<«qa,  de  VaUdonga  (Bemat 
de],  Rv. 

VALSECA  (GulUem).  F.:  d*arg.  à 
3  chevrons  a  az.  —  (Juan).  P.;  de... 
à  l'arbre  efleuilié  de. .  entre  2  monts 
de... 

Valseger  (Br.  de),  Rv.  —  JT" 
ruàdus  de  Valseeherio,  I,  443. 

Valseran  (P.  de)   Rv. 

Valtbrra,  Vahierra  (Pedro  Xi- 
menez  de).  I.  463.  —  D.  f  334.  — 
Perot  Vallterra.  F.:  éc  d'az.  à  4 
fleurs  de  lis  d*or,  et  d'az.  à  3  iyarreb 
d'or.  —  JoanValitera ,  Navarrais. 
F.:  d'az.  à  4  barres  d'or. 

Valvetds  (S.  de),  Rv. 

VARt  A  (G.  Femandez)  ;  F.  Lopes 
de  Barea,  Rv. 

Vascbo,  Vaschon  (Ferrer,  Bg.\ 
Rv. 

Vassacz  (AssaUt  de),  jongter, 
Rv. 

Vatlû  (Gii  de).  Rv.—  (Lope  de), 
chevalier.  D.  f^  385.  —  Lope  VaiUo, 
dit  de  Caldero,  Galicien.  F.:  de^siA. 
au  chA^leau  d'arg.  et  7  ofaaadièras 
de  sa.  —  Vov.  Batlo. 

Vbgon»  (i.),  Hv. 


DES   ETATS   DB  JACME   1 


»r 


675 


Vbdilla  (Miguel);  Vîcent  Vedela, 
Rv. 

Vbqa  (Femand  Ferez  de  la) .  Z. 
1*  170. 

Yela  (D.,  Pas  de),  Rv. 

Veller  (P.,  Robert  de),  Rv. 

Vbllida  (J.  de),  Rv. 

Vbndbta  (Fr.  J.),  commandeur 
de  l'ordre  de  la  Merci.  II,  388.  — 
Rv. 

Vendit  (Pereton),  Rv. 

Yendrell  (Père  de).  F.:  d'az.  à 
la  fleur  de  ils  d'arg.,  à,  la  bord, 
cousue  de  gu. 

VbiNETO  (Arnald),  de  Venise.  F.: 
de  gu.  au  lion  de  Saint-Marc  d'or. 

Vera  (divers  prénoms).  Plusieurs 
chevaliers.  Un  jongleur.  J.  ch.  ccxiv, 
ccxLviii.  —  Z.  f*  157.  —  Fam.  dis- 
tinguée d'Ârag.  issue  du  roi  Ra- 
mire,  d'après  F.  —  V.  :  de  vair 
plein.  Devise  :  VineU  veritcis.  — 
A.  :  d'arg.  à  l'aigle  d'az.  portant 
dans  son  bec  une  banderolle  sur 
laquelle  est  écrite  la  devise  :  Veritas 
vincU. 

VERBEG4L  (Joanet  de),  Rv. 

Vebdrra,  Za  Verdera,  de  Veri^ 
daria  (Bernât,  Ramon),  Bn.:  d'arg. 
à  3  tourteaux  de  sin.  mal  ordonnés. 

Verdun,  Verdu  (divers  prénoms), 
Rv. 

Vbrgara  (Fortun  de)  reçut  des 
terres  à  Orihuela.  D.  f»335. 

Vergua.  Fam.  distinguée  d'Arag. 
I,  175,  324,  344.  -  Z.  r-'  112,  147, 
182. —  F.:  d'az.  à  3  colonnes  d'arg., 
à  la  bord,  de  gu.  charg.  de... 
écussons  d'Arag.  —  Voy.  Berga. 

Veri  (Joan  de).  Fam  représen- 
tée de  nos  jours  a  May.  Bn.:  d'az. 
à  3  croiss.  versés  d'arg.,  à.  la  bord, 
componée  d'az.  et  d'arg. 

Verhetl  (G.),  Rv. 

Vernet,  Bernet  (Arnald,  Pons, 
R.  de).  1,255,  308.— E.ch.xxxii. 
Rro.  —  Rv. 

Vert  (Gonzalvo),  Rv. 

VESA  (Eximen  Perez  de),  Rv. 

Vesiano  (Guillem  de);  Visianus 
Rv.  —  T.  Vesiano  y  de  Montp.  I, 
552 

v'etl  (B.,  Miguel);  P.  de  Beyl; 
P.  Biel,  chevalier;  Martin  Perez 
de  Biel  ;  P.  Vihecho.  Rv. 

Via  (Bg.  de),  Rv. 

ViACAMP  (P.  de),  Rv. 

Viager  (Acdreu  de),  Rv. 

ViANA  (J.  de);  Ar.  Vianes.  Rv. 

Vîcent,  Vincent,  Vicient,  Tin- 
cencii  (divers  prénoms  et  diverses 


professions),  Rv.  —  Joan  Vicent. 
F.:  de  gu.  à  la  fontaine  dans  le  bas- 
sin delaquelle  boivent  deux  grues. 

—  Vicens,  en  Gat.  A.:  d'or  à  la 
cloche  de  gu. 

VicH,  Vie,  de  Vicco  (divers  pré- 
noms), Rm.  —  Rv.  —  F.:  d'or  à  3 
fasc.  degu.  —  Vich,  à  May.  Bn.: 
d'or  à  2  fasc.  de  gu.  —  vich,  en 
Gat.  A.:  de  gu.  à  5  fasc.  d'or,  à  la 
bord,  du  même,  char,  de  8  écussons 
degu.  à  la  croix  d'or. 

Vida  (Berengaer)  et  ses  frères, 
Rm.  —  Bn.:  de  gu.  à  la  coquille 
d'arg. 

Vidal,  Vital,  Bidal,  Vitalis  (Père), 
de  Barcel.,  Rm.  —  Bn.  :  d'az.  à 
l'autruche  dor.  —  Vidal  (divers 
prénoms  et  diverses  professions), 
Rv.  —  P.  Vital,  archidiacre  de  Ta- 
razona  et  secrétaire  du  roi.  I,  449. 

—  Bernât  Vidal,  de  Besalu,  che- 
valier. I,  373,  374;  II,  300.  —  J. 
ch.  cLxu.  —  F.  :  éc.  d'or  au  chien 
au  nat.,  et  d'or  au  demi- vol  de  sa. 

—  Vidal,  en  Gat.  A.  :  d'az.  à  la 
grue  d'arg.  avec  sa  vigilance  d'or, 
posée  sur  un  pré  fleuri  au  nat. 

ViDAURE(TeresaGilde),  3*  femme 
du  roi.  I,  356;  II,  122,  341,  353  à 
357,481,  491.— Pedro  Vidaure, 
frère  de  Teresa.  F.  :  d'ar^.  à  la 
fasce  d'az.  —  Gorberan  de  Vidaure. 
Z.  f  205. 

ViEiRA  (G.  de),  Rv. 

ViGOROS  (P.),  Rv. 

VlLAALBIIS  (P.  de),  Rv. 

Vilabërt  (Br.  de),  Rv. 

ViLACAVALs  (A.  de),  Rv. 

ViLAGRASSA  (Vidal  de),  de  Tor- 
tose,  Rv .  —  Narcis  VilJagrasa,  de 
Solsona.  F.  (Pas  de  description 
d'armoiries). 

ViLALBA  (Domingo),  Rv.  —  Joan 
Villalva.  F.  d'az.  à  la  ville  d'arg. 
surin,  d'un  soleil  d'or.  —  Villalba, 
en  Gat.  A.:  d*or  à  la  fasc.  de  gu. 

ViLA MAJOR,  Villamayor  (Bg.  de) 
et  son  frère,  Rm.  —  (Pelegrin  de). 
Rv.  —  (Arnalt  de)  s'engagea  à  sui- 
vre Jacme  en  Terre  Sainte.  Doc* 
inéd.  VI,  174.  —  Joan  Villamayor. 
F.  :  d'or  à  2  tours  de  gu.  reliées 
par  un  pont  au  nat.  sur  une  rivière 
du  même. 

ViLAMAYNA,  Bilamanua  (P.),  che- 
valier, Rv. 

Vilar,  Villar  (B.,  R.  de);  P. 
de  Kitorto,  Rv.  —  »;.  de  VUari, 
consul  de  Montpellier.  II,  552.  — 


676 


.NOMENCLATCRE    DES    FAMILLES 


Vilar,  en  Cat.  A.:  d*az.  &  la  ville 
d'or,  essorée  de  ^u.  aj.,  do  sa. 

ViLARAGt'T.  Vilargut,  de  Vilari 
Acuto  (  P.  de),  chevalier;  (G.,  Gil 
Dominguez  de  ),  Km.  —  Rv.  — 
(Sancho  de)  reçut  des  biens  à  Xal. 
D.  r-  340.  —  (Pero  de),  chevalier 
de  Saiul-Jean,  II,  90.  —  Z.  f*  159. 

—  Fam.  issue  des  rois  de  Hongrie, 
d'après  F.:  échiq.  d'arg.  cl  de  gu. 
à  Ju  fleur  de  lis  d<)  l'un  à  Taulre. 

—  F.:  d'arg   ù  3  fasces  de  gu. 
ViLARASA  ((i.  de),  Hv.  —  Pierre 

VillLrasa,  Français  F.  :  d'az.  à  5 
roses  d'arg.  boulonnées  dor. 

ViLARCRËMADO  (Garcia  de),  dd 
Teruel,  Rv. 

ViLARiG  (Bernât).  F.:  fascô-ondô 
d'or  et  de  sa.  —  A..  :  fascé-vivré 
d'arg.  et  de  sa. 

ViLASTROSA  (G.  de),  Rv. 

VlLATORRAUA  (Ug.  de),  Rv. 

ViLESPOSA  (Aparici  de),  Rv. 

ViLLA,  Vila  (bancho  de),  Rv.  — 
♦  Vila,  à  May.  Bn.  :  de  gn.  à  la 
villti  d'or,  du  milieu  de  laquelle 
s  élevé  une  tour  somméo  d'une  ban- 
nière il'arg.  —  *  Vila,  en  Cat.  A.: 
de  gu.  à  la  ville  d'arg.  aj.  cl  ma- 
çonnée de  Sii.,  au  clocher  sommé 
d  une  croix  pallée  dor  a\'ec  sa  ban- 
derole d'arg.  charg.  d'une  croJ.\  de 
gu.;  i\  la  bord,  componée  d'arg.  et 
de  gu. 

ViLLABERTRAN  (divers  prénoms), 
JRv 

Villa  Colom  (Perpinya  de)  , 
Rv. 

Villa  dkCaus  (Ramon,  Beren- 
guer  de),  Bp. 

Villa  de  Majer  (Arnall  Ferrer 
de),  Rv. 

Villai>ema.\y,  dos  0  valvassors 
de  Cul.  F.:  de  gu.  à  la  croix  aléaée 
et  vidée  d  or.  —  A.:  d«>  gu.  à  la 
cjoix  lréfléi3  et  vidée  d'arg. 

VlLLAKIiAHER  (Bg.  dd),   Rv  . 

ViLLAFiU;NCA  (divcrs  prénoms), 
Rv.  —  Z.  r»  IIO.  —  Vilafranca. 
en  Cat.  A  :  d'az.  h  8  b  'sants  d'arg. 

ViLLAGRANA,  VUlogranato  (Ber- 
nai df),  Rm. 

ViLL.'vLONCA('Arnaltde)vintAMay. 
à  la  suito  du  vicomte  de  Béarn , 
Q.  —  Bp.  Bn.  —  L'une  dos  l'ani. 
les  plus  dislinguées  des  Baléares,  a 
donné  de  nonibnnix  chevaliers  do 
Ciilalrava,  «le  Manlesa  et  de 
S' -Jean  do  Jérusalem,  un  vice-roi 
du  Pérou ,  etc.  La  brani^he  des 
comtes  de  la  Cuova  s'est  éteinte  au 


siècle  dernier  dans  la  maison  de 
Gonzales  de  Castejon,  marquis  de 
Belamazan ,  h  laquelle  a  succédé 
la  maison  de  Queralt  de  Santa  Co- 
loma  La  maison  de  Vill  îonga 
est  aujourd'hui  divisée  en  cinq 
brandies  L'une  d'elles  est  repré- 
sentée à  May.  par  D.  Francisco  de 
Villa  Ionga  y  Escalada  ;  à  Montpel- 
lier, par  M."  le  commandeur  Tomas 
de  ViUalonga  y  Escalada,  anciea 
consul  ;  à  Madiid,  par  D.  Juan  de 
Villalonga  y  Escalada,  marauis  del 
Maeztrazgo,  vicomte  de  los  Àldrui- 
des,  lieutenant  général  et  séna- 
teur. —  Coupé,  de  gu.  au  château  & 
2  tours  d'arg.,  et  échiq.  d'or  et  de 
sa. 

Villa  MARI  (Ramon  de),  Rv.  — 
Vilamary ,  en  Cat.  A.:  vergeté 
d'arg.  et  degu. 

ViLLAMOSso  (Joan  de),  Rv. 

Villa  MUR  (Père,  vie.  de).  Z.  P 
147.  —  Vilamur,  de?  9  vicomtes  de 
Cat.  A.:  de  gu.  à  la  muraille  créne- 
lée do  3  pièces  et  2  demi -pièces 
d'arg. 

Vill  AND  VA  ,  Villœ  nooœ  (G.,  R., 
Père,  Ar.,  Br.de),  Bv.— f Henran. 
B3rnat  de\  11,365.  —  J.ch.  ccxur, 
ccLX.  —  (Arnall  de)  ,  dit  Arnaud 
de  Villeneuve,  H,  464.  -  (Beiiian 
de)  reçut  des  biens  à  Orihuela.  D. 
f-*  335. —  (Rodrigo  de)  reçut  des  ter- 
res à  Xal.  D.  !•  3 il.  —  Ramon  de 
Vilanova,  de  la  maison  de  Villeneu- 
ve-Trans,  en  Prov.  F.:  d'az.  frellé 
d'or,  à  un  écus>on  d'or  dans  chaque 
claire-voie.  —  Villeneuve-'Trans,  en 
Prov.:  rie  gu.  frellé  de  6  lances 
d'or,  semé  dans  les  claires-voies 
d'éeussons  du  môme.  —  Vilanova, 
d'Elne.  A.:  comme  le  précédent,  à 
la  boni.  d'az.  char,  de  8  écussons 
d'arg.  à  la  lasc«  de  sa.  —  Quatre 
autres  fam  pn  CaL  A.:  l*  de  gu.  à  la 
croix  anillée  d'or;  î»  d'or  à  G  tour- 
teaux d'az.  au  chef  d'az.  au  châ- 
teau darg.  soutenu  du  ne  fasc.  on- 
dée d'arg.  et  d'az.  de  4  piècpjt;  3* 
de  gu.  à  la  croix  vidée ,  cléchéc  et 
pommelée  d'or;  4'  d'or  à  la  croix 
ancrée  et  vidée  de  gu.  —  Le  duc  de 
Medinaceli  porte  le  nom  de  Villa- 
nueva. 

ViLLARLUEXGO  (Martin  do),  Rv. 

ViLLARNAU  (Guillem).  F.:  d'az.  & 
la  ville  au  nal. 

ViLLARON,   Rv. 

ViLLASEccA ,  Vilaseca,  de  Villa 
Sicca  (Berlomeu  de),  Rv.  —  *Viia- 


DES   ETATS   DE   JACMB    I 


«r 


677 


seca,  en  Gat  A.:  parti,  d'az.  au  lion 
d'arg.  armé  et  lampe  de  gu..  et  d'az. 
&  6  fleurs  de  lis  d'arg.  3,  2  et  l.  — 
*  Vilaseca,  en  Rouss.  A.  :  d'az.  à  3 
tours  d'arg.  aj.  de  gu.  surm.  d'un 
lambel  de  3  pendants  d'or. 

ViLLER  (Bernât  de),  J.ch.  cclxxv. 

ViNA,  Ça  Vma  (G.)  d'Almenara; 
Miguel  de  Savina,  adalid  ;  P.  Sa- 
vinan,   Rv. 

Vi.XABELLA  (R.  de),  Rv. 

Vï.vALS  (Miguel  Ferez  de),  che- 
valier, Rv.  —  ♦  Vinyals,  en  Gat. 
A.:  d'or  au  lion  de  gu.  à  la  vigne 
au  nat.  posée  en  orle. 

VlNANDER  (A.),  Rv. 

ViNATER,  Vinatarius  (Sébastian), 
Rv. 

Vwcio  (G.  de),  de  Montp.  II, 
552. 

ViNOLS  (P.  de).  Rv. 

VïNNON  (Ar.  dp),  Rv. 

ViOLETTA,  Biolela,  Vialeta  (Mi- 
gu**!,  J.).  I.  495.—  Rv. 

Vit,  de  Vile  (Bornât  de)  et  son 
frère,  Rm.  —  F.  «le  Gavit,  de  To- 
rnel;  F.  Zavid;  (renrM*  do  Gavic. 
Rv.  —  Arnolt  ça  Vit.  D.  f  3/9. 

ViTORiA  (Joan  de!,  Rv. 

Vius  (Berenguela),  Rv. 

ViVANE-i  (Migupl).  Rv. 

Vives,  Vivas  (Bernât);  Guillem 
Bivas,  de  Tortoso,  Rv.  —  Joan 
Vivt^.  dit  do  Gayamas.  F.:  de  sa. 
à  3  chevrons  d'or.  —  Guillem  de 
Vives.  F.  :  d'arg.  à  la  touffe  d'im- 
mortelles do  sin.  fleurie  U'or,  et 
de. . .  au  phénix  sur  son  bûcher 
de. . .  —  Vivas  de  Gafiamas  rpç<it 
des  biens  h  Miirvi^dro.  D.  î*  347. 
Vives,  oriç.  de  Franco,  d'après 
V.:  de  sa.  a  3  chevrons  d'or.  De- 
vise: Moriendo  V'vea  in  spe  resu- 
rectionis  —  Maison  représentée  par 
le  comte  de  Faura .  —  *  Vives,  en 
Gat  A.  :  vergeté  de  12  pièces 
d'arg.  et  de  gu.,  au  lion  de  sa. 
broch.  —  *  Vives,  en  Rouss.  A.: 
éc.  d'or  au  lion  de  çu.,  et  d'arg.  à 
3  f'hevrons  d'az.  Devise  :  Moriendo 
vives. 

VivoT,  Bn.:  d'or  au   gnffon  de 

g"- 
VosciTs(R.  de).  Rv. 

VOLSA.\(Bg.),  Rv. 

VoLTA  (Albe  tinode  la\  seigneur 
d'Alboraya.  chevalier.  D.  f*  3oG. 

VOLTOUASCU,  Oltorach  (Roboald), 
Rv. 

VcALARD  (P.),  de  Vilagrassa, 
Rv. 


VuALGAR  (Ramon,  Bg.),  Bp. 

VuLCOS  (Garcia  do),  nrieur  des 
frères  prêcheurs  de  Saraçosse  ; 
exécuteur  testamentaire  de  l  infant 
Alfonsed'Arag.  D.  f  3G5. 

Xativa  (Armer  de),  Rv. 

XiARcn  (Domingo  de),  Rv. 

XiBONA  (P.),  Rv. 

Xiu  (Mateu),  Rv. 

Xivebre  (Miguel  de)  et  sa  femme 
Maria;  (Lope  de)  ;  Garcia  Lopez  de 
Xiberi,  Rv.  —  Lope  de  Xi  verre, 
chevalier.  D.  f»  385. 

XUAIP.  I.  320.  321. 

Yana  (F.).  deJaca,Rv. 

Yepks  (Alfonso  de),  de  Burgos, 
F.:  d'nz.  au  Uon  d'or,  à  U  bord,  de 
sin.  char,  décussonsd'orô  la  bande 
de  gu. 

YsARN  (A.)  Rv.  —  *  Isarn.  en 
Rouergue:  de  sable  à  3  tours  d'arg 
ouv.  de  sin.  au  cor  de  chasse  de. .. 
attaché  i\  lun  d'es  créueiux  de  la 
to  ir  de  dext.;  aliàs,  de  gu.  au  lé- 
vrier coûtant  d'arg.,  au  chef  cousu 
d'az.  char,  de  3  éloi.  d'or. 

YsMBYL,  Sai-rasin,  Rv. 

Zacelaua  (R.  de),  chevaucr,  Rv. 

Zagoma  ,  Zacomas  ,  Ses  Gomes  , 
Coma,  Corne,  Comas  (divers  pré- 
noms), Rv.—  Bp.  —  Zacoma,  à 
May.,  Bn.:  d'or  au  chevron  ren- 
versé d'az.  —Gomes,  à  May. 
Bn.  :  d'or  a  4  farc.  courbôes  de 
sa.,  la  convexité  vers  la  pomlo. 

Zaera  (Guillem).  F.:  de  f>u.  à 
l'aire  ronde  d'arg.  sur  laquelle  est 
uno  gerbe  <Io  blé  d'or. 

Zafo.nt  (Jacme).  F.:  d'arg.  à  la 
fontaino  dans  laquelle  une  licorne 
plonge  sa  corne.  —  Arnalt  Z  ifont, 
Piémontiiis.  F.:  d'or  au  cerf  blessé 
buvant  dans  une  fontaine.  —  Voy. 
Font. 

Zafortea  (Ramon).  F.:  d  arg.  au 
mont  au  nat.  sommé  d'une  yeuse 
de  sin.,  à  la  bord.  d'az.  char,  de 
fleurs  de  lis  de  . .—  Carbon  de  For- 
tea,  Hv.—  Znforteza,  à  May.  Bn.  — 
A.:  de  gu.  à  3  fleurs  de  lis  épanouies 
d'or.  —  Maison  représentée  par  le 
comte  de  Santa-Maria  de  Formi- 
guera. 

Zagarriga  ,  Sagarriga  ,  Garnira 
(P.),  do  Tarragono.  Rm.—  (P.  de), 
ecuyer  (F.  de);  Domenga  de  Garn- 
co,  Rv.  —  Benel  Zaçarnga ,  do 
Rouss.  F.:  d'arg.  au  lion  d'az  — 
Garriga,  Sagarriga,  à  May.,  repré- 
sentée par  le  comte  de  Greixell,  ba- 
ron de  la  Pobadilla.  Bn.  :  d'or  au 


678 


NOMENCLATURE  DES  FAMILLES 


cyprès  de sin.  soutenu  par2  lions  af- 
front, au  nat.  —  D'au  1res  branches 
de  la  même  fam.  Bn.:  d'arg.  à  3 
arbres  au  nat.  sur  une  terrasse  de 
sin.  —  Zagarriga,  en  Rouss.  et  en 
Cal.:  d'or  à  la  souche  de  garigue 
déracin^^e  de  sin.  ' 

Z\GnAN4DA,  Sagranata,  Granada, 
Ornnala  (Ferrer,  Bn.  de),  Rm.  — 
Granada,  Rv.  —  Père  de  Granada  : 
Père  et  Guerau  de  Granana.  Z. 
f»'  tl9,  147.— Zagranada,  fam.  dis- 
tinguée de  May.  éteinte  dans  celle 
do  Hossiiiol,  à  laquelle  a  succédé  la 
maison  de  Yillalonga.  Bn.:  degu. 
à  la  LTenaded'or,  ouverte  du  champ. 
->  uranada,  en  Gat.  A.:  d'arg.  à  la 
grenade  do  sin.  tigée  et  feuillée  du 
même,  ouv.  de  gu.;  à  la  bord,  com- 
ponêe  d'arg.  et  de  sin. 

ZAGULLADAt  Çaguliada ,  Rv.  — 
♦  Agullana,  en*Gat.  A.:  d'or  à  3 
pyramid  s  aiguisées  au  nat. 

Zalavinera  (P.),  Rv. 

Zalona  (Berenguer  de),  Rv. 

Zamudio  (Père).  F.:  d'or  à  3  fasc. 
ondées  de  gu. 


Zanarra  (J  ),  Rv. 

Zanoouera,  Ganongera,  Sano- 
gera,  Nogera  f&uilabert  de).  Il, 
611.  —  Hv.  —F.:  d'or  au  noyer 
fruité  au  nat 

Zanou  (Bertomeu),  de  Marseille. 
F.:  d'arg.  au  noyer  de  sa. 

Zapata,  Çabata  (divers  prénoms), 
un  chevalieV,  Rv.  —  Z.  1*  205.  — 
Trois  branches  :  !•  d' Alcira  ;  2*  de 
Calahorra-,  3*  de  Xativa.  D.  P»386. 

—  Joan  Perez  Zapata,  Arugonais. 
F.  :  de  gn.  au  soulier  à  l'antiaue 
de  sa.  —  Ramon  Zabata,  de  Gala- 
tayud.  F.:  d'az.  au  soulier  à  Fan- 
tique  d  or.  —  Voy.  Calataixtd. 

Zarzuela  (Bernât).  F.:  de  gu.  à 
Tétoi.  d'or. 

Z4SPi!tA  (Maria  de)  et  son  fils  G. 
Rv.  —  Voy  CESPI5A. 

Zatrilla  (^Ferrer),  Rv.  —  A  :  de 
gu .  à  3  jumelles  en  chevron  d'or. 

—  Voy.  Cestrilles. 

Zaydi,  Çaidi,  Gaedi  (Br.,  J.  de), 
Rv. 
Zelarn  (G.),  Rv. 
ZiLLA  (6t6van  de),  Rv. 


m»    ■  <i 


TABLE  DES  MATIÈRES 


ém 


Atant-pkopos, 


LIVRE  TROISIÈME 
Jacme  à  l'apogée  de  sa  pniasance  (t23Ô  &  1258). 

Chàpitab  I**.—  Etat  de  la  France  méridioûale  et  delà  seigneu- 
rie de  Montpellier.  —  Hostilités  entre  le  comte  de  Toulouse 
el  le  roi  d'Aragon.  —  L'opinion  publique  dans  le  Midi.— 
Rôle  politique  dés  troubadours.  —  Jacme  à  Montpellier.— 
Conspiration  réprimée.  —  Entrevue  du  roi  d'Aragon  et 
des  seigneurs  méridionaux.  —  Corts  catalanes ,  à  Gi- 
rone 4 

Ghapithc  II.  —  Expédition  de  Guillem  de  Aguilo  contre  les 
Maures  du  royaume  de  Valence.  —  Le  miracle  des  saints 
corporaux.  -^  Reddition  de  la  vallée  de  Bairen.  -^  Pre- 
mière conquête  dans  le  royaume  de  Murcte.  ^  Mariage 
d'Yolande  d'Aragon  avec  Alfonse  de  Castille.  —  Premier 
siège  deXativa;  reddition  deCastello.  ^  Droit  d'asile 
des  chevaliers  d'Aragon  ;  la  tente  de  don  Garcia  Romeu.— 
Tentatives  du  roi  contre  la  puissance  des  rUos  homes.  — 
Les  légistes  en  Aragon.  —  Le  favori  Ximeno  Pefet.  -^oiïp 
d'Btal ;  créationdes  rioMflèmès  àe  mesnàâa 27 


680  TABLE  DES   MATIÈBES 

Pi 

Chapitre  III.  —  Caractère  du  comte  Raymond  VII. —Reprise 
de  la  guerre  entre  le  amie  de  Toulouse  et  le  comte  de 
Provence.  —  Tentative  avortée  de  réaction  méridionale. — 
Le  vicomte  do  B'.'ziers.  —  Soumission  subite  de  Ray- 
mond Vil .—- Donation  du  comtal  Venaissin  à  Cécile  de 
Baux.  —  Sirvenle  politique  de  Bertrand  de  Born,  le 
fils.  —  Réclamationii  du  comte  d'Urgel.  —  Transaction 
entre  Jacme  et  l'évoque  do  Maguclone.  —  Tentative  pour 
rclovor  la  maison  de  Toulouse.  —  Sancha  d'Aragon  et 
Sancha  doProv^encc.  — E.»ipérances  ruinées.  —  Coalition 
contre  le  roi  do  France.  —  Conduite  du  roi  d'Aragon.  — 
Défaite  du  roi  d'Angleterre  et  du  comte  de  la  Marche.  — 
Soumission  du  comte  do  Toulouse 43 

Chapitre  IV.  —  Soucis  domestiques  du  roi  d'Aragon.  — Testa- 
ment inconnu.  — Importance  do  ses  dispositions.  — Mort 
do  Nunyo  Sancliez.  —Ses  domaines  font  retour  au  roi 
d'Aragon. —  Expédition  sur  les  bords  du  Mijarcs  et  dan.s 
les  sierras  d'E^liJa  et  dE.<padan.  —  Prise  d'Alcira.— 
Voyage  du  roi  à  Montpellier.  —  Naissance  de  l'infant 
Jacme.  —  Prétendue  conférence  avec  saint  Louis.  —  In- 
tentions du  roi  d'Aragon  relativement  au  partage  de  ses 
ElaLs.  —  Exigence>  do  la  reine  Yolande.  —  Nouveau  par- 
tage.—Cortè>  do  Daroea.  —  DifScultés  pour  la  délimita- 
tion deTAragon  et  de  la  Catalogne.  —Menaces  de  guerre 
civile.—  Explication  de  la  conduite  du  roi.  —  Erreurs 
des  historiens  sur  les  sentiments  de  Jncroe  pour  son  fils 
Alfonsô. —  Influence  du  roi  Fcrnand  et  de  l'infant  Al- 
fonse  deCaslille. —  Siège  de  Xaliva.—  Hostilités  avec  rin«- 
fanl  de  Castille.  —  Entrevue  d'Almizra.  —  Capitulation 
de  Xativa, —  Siège  et  reddition  de  Biar.  —  Le  Conquis- 
tador maître  de  tout  le  royaume  de  Valence 7i 

• 

Chapitre  V.  —  Mariage  du  comte  de  Toulouse  avec  Margoeritft 
de  la  Marche.  —  Relations  de  Raymond  VII  avtîc  le  Pape 
et  lEmpereur.  —  Le  roi  d'Aragon  et  la  cour  do  Rome. — 
Politique  de  Jacme  avec  les  princes  chrétiens.—  Le  comte 
do  Toulouse  et  le  comte  do  Provence  —  Testament  de 
Ramon  Berenguer  V.  —Réconciliation  des  deux  comtes. 
—  Projets  de  mariage.  —  Mort  de  Ramon  Berenguer.  — 
Conduite  de  iacme  et  deRaymond  VII.  —Echec  de  la  poli» 
tique  méridionale  en  Provence.  —  Le  comté  de  Provence 
démembré  de  la  nationalité  du  Midi.  —  Plaintes  et  rojcreta 


TABLE   DES     MATIÈRES  681 

FftgM 

des  Provençaux.  —  Droits  du  roi  d'Aragon  à  ta  succession 
deRaroonBerenguer.  —  Jacmefait  couper  la  langue  à 
l'évêque  de  Girone.  —  Excommunication  et   absolution. 

—  Teresa  Gil  de  Vidaure 99 

Chapitre  VI.  —  Promulgation  des  fueros  deHuesca.  —  Mou- 
vement législatif  du  XIII'  siècle.  —  Caractère  et  division 
des  travaux  législalifsde  Jacme  !«'.  —  VilaldeCanellas.  — 
LÉGISLATION  DES  PATS  DE  DROIT  rohaIn.  —  Montpellier.  — 
Perpignan.  —  Législation  des  pays  catalans.  —  Le/Wro 
juzgo,  les  uw/^f^j,  les  lois  de  Jacme  I".  —  Influence  des 
principes  romains. —  Droit  féodal.—  Lois  successorales.— 
Dot  et  screix,  —  Procédure.  —  La  torture  ,  le  duel  judi- 
ciaire. —  Lois  d'ordre  public.  —  Lois  sompluaires.  — 
Lois  religieuses  ;  les  Juifs  et  les  Sarrasins.  —  Organisation 
judiciaire.  —  La  caria  pueola  de  Figueras.  —  Le  fucro  de 
Mayorque <2o 

Chapitre  VII.  -  Législation  de  l'Aragon.  —  Fuei^o  de  So- 
brarbe.  —  Origine  du  droit  politique  aragonais.  —  Ori- 
gine du  droit  privé.  —  Code  de  Ihrsca.  —  Considéra- 
tions générales.  —  Organisaiion  judiciaire.  —  Lejusticia; 
causes  de  rimporlancepoliliquede  ce  magistrat.  —  Juges 
et  officiers  de  justice.  —Lesjuntas  et  les  junteros.  — 
Etat  des  personnes  et  des  terres.  —  Les  alleux  et  les  fiefs 
en  Aragon.  —  Les  bourgeois.  —  Les  paysans  et  les  serfs. 

—  Le<  Sarrazins  et  les  Juifs.  —  Procédure.  —I^a  caution, 
base  delà  procédure  aragonaise.  —  Les  actes  —  Les  té- 
moins. —  Formes  symboliques.  —  Le  serment.  —  Aboli- 
lion  des  ordalies  vulgaires.  —  Le  duel  judiciaire.  —  Mino- 
rité, adoption  et  tutelle  —  Desafiliadon.—  Régime  de  la 
dot.  —  Successions.  —  Testaments.  —  Donations.  —  Dos 
contrats  ;  cautions  et  gages.  —  Prescription.  —  Droit  cri- 
Hiinel.  —  Homicide.  —  Composition  ;  fredum,  —  Ven- 
geance privée.  —  Àssurements,  —  Guerres  privées.  — 
Trahison,  brigandage,  faux.  —  Crimes  divers.  —  Procé- 
dure criminelle.  —  Coup  d'œil  d'ensemble  sur  le  code  de 
Huesca n3 

Chapitre  VIII.  —  Législation  du  royauxedb  Valence.—  Les 
furs  tombés  dans  Poubli.  —  Leur  importance.  —  But  de 
Jacme  I*.  —  Préambule  du  code  de  Valence.  —  Considé- 
rations générales.  —  Lois  religieuses.  —  Lois  sur  le 
clergé.  —  Etat  des  personnes  et  des  terres  ;  tendances 


483  EàBLB  «Et  MATIBBM 

vars  P^galiUl —  BroH  deju^^ce.  -*  OrgaaistiioA 
ciaire.  —  Principes  qui  régissent  la  prpoéâiire.   —  Uê 
sermeai.  -—  Rdstrictioos  au  duel  judiciaire. —  La  torUire. 

—  Règles  générales  pour  la  décision  des  affaires.  —  Droit 
civil.  — Filiation,  puissance  paternelle,  minorité,  tutelle, 
adoption.  —  Régime  de  la  dot.  —  Successions.  —  Testa- 
ments. —  Donations.  ~  Vente  —  Obligations.—  Droit 
criminel.  —  Vengeance  privée.  —  Inégalités  dans  Tappli* 
cation  des  peines.  —  Talion.  —  Amende.  —  Mulilatlon. 

—  Respect  de  la  liberté  individuelle.  —  Pénalité.  —  Cn- 
mes  contre  la  foi.  —  Crimes  contre  la  société.  —  Crimes 
et  délits  contre  les  particuliers.  —Parallèle  entre  Pœuvre 
législative  de  Jacmel*',  celle  de  saint  Louis  et  celle  d^Âl- 
fonse  X.  —  Conclusion Î33 

Chapitrk  IX.  —  Événements  qui  ont  suivi  ia  promulgation  du 
codede  Huesca.  — Soulèvementdes  Maures  de  Valeoee.  -^ 
Âl  Azarch.—  Expulsion  dos  Sarrasins.— Nouveau  testament 
du  roi.  —  Différends  de  Jacme  avec  son  fils  Alfonse.  —Mort 
d'Yolande  de  Hongrie  et  de  Léonor  de  Castille.  —  Récon- 
ciliation de  Jacme  avec  son  fils. — Attitude  du  roi  de  Cas- 
tille Alfonse  X.  —  Soumission  d'Al  Azarch.  —  Affaires 
de  Navarre.  —  Guerre  imminente  avec  la  Castille.  — 
Paix.  —  Mort  de  Raymond  Vil.  —  Ruine  des  espérances 
méridionales.  —  Troubles  à  Montpellier;  les  mailles  de 
Lattes. —Progrès  de  rinfluence  française  à  Montpellier. 

—  Négociations  avec  saint  Louis.  —  Traité  de  Corbeil  et 
actes  accessoires.  —  Droits  réciproques  des  deux  parties. 

—  Fin  de  la  nationalité  méridionale 2S3 


LIVRE  12UATRIËME 
Dernitoes  ftaaéet  d#  Jacme  (1258  à  1276) 

Chapitkb  f^.  —  Politique  du  roi  d'Aragon  après  le  traité  de 
Corbeil.  —  Événements  àPintérieur.  —Projets sur  l'Ita- 
lie. ^  Mariage  de  rinfant  Pierre  avec  Constance  de  Sicile. 
—  Mort  de  l'infant  Alfonse  —  Nouveau  partage  des 
Etats  aragonais.-- Différends  avec  le  roi  de  Castille.  — 
Révolte  des  Sarrasins  de  TAndalousie  et  du  royaume 
de  Murcie.  —  Le  roi  de  Castille  implore  le  secours  du 
rqî  4'Adrdgon.  -  Préparatifs  de  rexpé^lti^..  -^  Cocu. 


TABhZ  DES  HATifcllES  €(0 


à  BarceloDô.  —  Cortès  à  Saragosse.  --  Révolte  de  U  no- 
blesse aragonaise.  —  ProclamatioD  de  P [/nion.  —  Corlès 
et  fuero  d'Eicea 324 

Chapitre  II.  —Rapports  de  Jacme  avec  le  clergé  et  le  Saint- 
Siège.  —  Vie  privée  du  Conquistador.  —  Ses  bâtards  : 
Fernand  Sanchez  de  Castro,  Pedro  Fernandez  de  Hijar.  ^ 
Ses  maîtresses  :  Blanca  de  Ânlillon,  Berenguela  Fernan- 
doz.  —  Ses  femmes  morganatiques  :  Guillerma  de  Cabrera, 
Teresa  Gil  de  Vidaure.  —  Berenguela  Alfonso.  —  Con- 
fession du  roi.  —  Reproches  du  Pape.  —  Conquête  du 
royaume  de  Murcle.  —  Les  infants  Pierre  et  Jacme.  — 
Lettre  de  Clément  IV 34T 

Chapitre  III.  —  Questions  religieuses.—  L^Inquisition.  -*  Les 
Sarrasins  et  les  Juifs.  —  Jahuda,  trésorier  général  du 
royaume.  —  Sermons  et  conférences  pour  la  conversion 
des  Sarrasins  et  des  Juifs.  —  Saint  Ramon  de  Penyafort. 

—  Rabbi  Moses  ben  Nachman.  —  Frère  Paul.  —  Rabbi 
Bonastrug  de  Porta.  —  Miracles  rapportés  au  règne  de 
Jacme  !•'.—  Fondations  pieuses.  —  Ordres  religieux.  — 
Pierre  Noiasque  et  Tordre  de  la  Merci.  —  Projet  de  croi- 
sade en  Orient.  —  Relations  avec  Tempire  mongol.  — 
Ambassades  d'Abaga-Khan  et  de  Michel  Paléologue.  —  Dé- 
part de  Jacme  pour  la  croisade.  —  Tempête.  —  Retour  du 

roi.  —  Les  croisés  aragonais  enSyrie 367 

Chapttre  FV.  '—  Organisation  des  pays  aragonais.-*  La  maison 
du  roi.  —  Les  grands  dignitaires  de  la  couronne.  —  Sys- 
tème d'administration.  —  Lieutenants  ou  procurateurs 
généraux.  —  Institutions  municipales  de  Saragosse,  Per- 
pignan, Barcelone,  Valence  et  Mayorque.  —  Régime  fi- 
nancier ;  impôts.  —  Agriculture,  industrie,  commerce.  — 
Vues  de  Jacme  sur  la  Sardaigne.—  Missions  commerciales. 

—  Relations  avec  l'Egypte  et  les  Etats  barbaresques.  — 
Consuls  à  rétranger,  consuls  de  mer  et  consuls  sur  mer. 

—  Lois  maritimes  ;  les  Costumes  de  la  mar,  —  Monnaies  ; 
faux-monnayeurs.  —  Les  arts,  les  lettres  et  les  sciences. 

—  Efforts  du  roi  pour  créer  une  langue  nationale.  — 
Idiomes  en  usage  dans  les  Etats  d'Aragon.  —  Jacme  écri- 
vain :  la  Chronique,  la  Libre  de  la  Saviesa,  lesFurs.  ^  Les 
troubadours — Les  poètes  catalans.  —  Université  deLé- 
rida.  —  Ecole  de  Valence.  —  Écoles  de  Montpellier.  — 


684  TABLE   DES  MATIERES 

Théologiens,  philosophes  et  savant  :  frère  Paul,  Ramon 
Mariin,  Rarnon  dd  PenYafort,  Vilal  de  Cancllas ,  Ramon 
Lui!,  Arnaud  de  Villeneuve.  —  Prospérité  générale  des 
pays  aragonais 40< 

Chapitre  V.  —  Agitations  on  Caslille.  —  Conseils  de  Jacrae  à 
Alfon^e  X.  —  Événemenis  en  France  et  en  Naxarre.  — 
Mort  d'Isabelle  d'Aragon,  reine  do  France.  —  Affaires  de 
Montpellier.  — Projet  d'expédition  de  l'infant  Pierre  dans 
le  comté  de  Toulouse.  —  Querelle  entre  l'infant  Pierre  el 
Fernand  Sanchez.  —  Guerre  du  comte  de  Foix  contre  le 
roi  de  France.  —  Mort  de  Berenguela  AIfon^o.  —  Dernier 
testament  de  Jacme.  —  Dissentiment  avec  les  barons  cata- 
lans. —  Succession  du  comté  d'Urgel.  —  Jacme  au  concile 
.  de  Lyon.  —  Conduite  privée  du  roi.  —  Démarches  pour 
1  annulation  du  mariage  de  Tere>a  Gil.  —  La  dernière 
maltresse  du  Conquistador.  —  Troubles  en  Catalogne  cl  en 
Aragon.  —  Rupture  entre  le  roi  et  Fernand  Sanchez.  — 
Fernand  noyé  par  l'ordre  do  son  frèro.  —  Pacification  de 
FAragon  et  de  la  Catalogne  —  Affaires  de  Navarre.  — 
Pierre  d'Aragon  reconnu  pour  héritier  de  la  couronne 
de  Navarre.  —  Invasion  des  musulmans  d'Afrique.  —  lié- 
voile  des  Maures  ùà  Valence.  —  Mort  d'Al  Azarch.  —  Ma- 
ladiedu  roi.—  Défaite  des  chrétiens.  —  Derniers  conseils 
du  roi  à  ses  fils.  —  Codicilles.  —  Mort  de  Jacme  !•'.  — 
Complainte  de  Mathieu  de  Quercy.  —  Conclu>ion 467 


APPENDICE 
Notes 

A.  Sources  de  Thistoire  de  Jacme  l«  (suite) Sîl 

B.  Additions  et  corrections  à  la  première  partie 526 

C    Complainte  d'Almeric  de  Belenoi  sur  la  mort  de  Nunyo 

Sanchez 529 

D.  De  Tauthenticité  de  la  chronique  attribuée  à  Jacrae  K..     534 

E.  Projet  de  canonisation  de  Jacme  le  Conquérant 513 

F.  Détails  sur  les  inhumations  et  les  exhumations  des  restes 

de  Jacme  I». '. 545 


TABLB  DE8  lUTlikRES  685 


Pièces  justiflcatlves 

Pages 

I.  Donation  du  comiat  Venaissin  faite  à  Cécile  de  Baux 

par  Raymond  VII,  comte  do  Toulouse 547 

II.  Traité  d'alliance  entre  Jacme  et  Raymond  VII 5i9 

m .         Trêve  entre  Jacme  et  Raymond  VII 550 

IV.  Sentence    arbitrale    au  sujet  du  divorce   de   Ray- 

mond VII  et  de  Sanclia  d'Aragon 553 

IV  bis.    Promesse  de  Jacme  à  Raymond  VIT 554 

V.  Deuxième  testament  du  roi  Jacme 556 

VI.  Absolution  de  roxcommunicaiioîi  encourue  par  Jacme, 

pour  offense  envers  l'évêque  ue  Girone 560 

VII .  Préambule  et  litres  des  fueros  d'Ai agon 561 

VIII .  Préambule  et  rubriques  des  furs  de  Valence 567 

IX.  Testament  d'Yolande  de  Hongrie,  reine  d'Aragon ....  577 

X.  Traité  de  Corbeil 580 

XI.  Traité  entre  Jacme  et  sainl  Louis,  stipulant  le  ma- 

riage de  Philippe  de  France  avec  Isabelle  d'Aragon .  587 

XII.  Renonciation  de  Jacme  à  ses  droits  sur  la  Provence 

en  favecr  de  Marguerite,  reine  de  France 58» 

XIII .  Lettre  du  roi  au  vicomte  de  Cardona 590 

XIV.  Constitution  du  douaire  d'Isabelle  d'Aragon,  femme 

de  Philippe  le  Hardi 591 

XV.  Lettre  du  roi  Jacme  à  Charles  d'Anjou 592 

XVI.  Confcrence  entre    frère  Paul  et   Rabbi   Mo-es  ben 

Nachman 594 

XVII.  i.e  roi  retire  son  bouclier  qu'il  avait  donné  en  gage.  597 

XVIII.  Prologue  du  Libre  de  la  Saviesa 598 

XIX.  Procuration  pour   soutenir  la  demande  en  divorce 

contre  Tcre.-a  Cil 600 

XX.  Lettre    à  Philippe,  roi  de  France,  au  sujet  de  la 

succession  de  Navarre 601 

XXI .  Premier  codicille  du  roi  Jacme 603 

XXII.  Dernier  codicille  du  roi  Jacme 609 


Tléfek  DKi  ÉMiMfié  686 


Complément 


Nomenclature  el  armoriai  des  familles  et  des  personnes  les 
plus  connues  des  Etats  de  Jacme  l"' 613 


FIM  IMI  UL  UCOMDI  ET  INEBNliaB  PAWta 


1 


ERRATA  ET  ADDITIONS 


TOiSE  I 

Pftg.  m,  \ïg.  2f7|  après:  de  la  maison  de  Barcelone,  ajoutez:  et  seulement. 

Pa0.  135,  lig.  28,  au  lieu  de:  1133,  lisez  :  1131. 

Pag.  163,  lig.  34,  au  lieu  de:  1222,  lises:  1221. 

Pag.  179,  lig.  29,  au  lieu  àeimasmatin,  lisez:  fiNtrinoNn. 

Pag.  179,  lig.  32,  au  Heu  de  :  la  Constitution,  lisez  :  les  Constitutions. 

Pâg.  S05,  lig.  23,  supprimez  :  Tun  de  ses  ricos  homes, 

Pag.  320,  lig.  1,  au  lieu  de:  1230, lisez:  1231. 

Pag.  325.  lig.  16,  au  lieu  de  :  de  la  Catalogne ,  lisez  :  de  Catalogi^. 

Pag.  356,  lig.  18  et  19,  supprimez  :  du  royaume  de  Valence. 

Pag.  356,  lig.  31,  au  lieu  de:  espagnol,  lisez:  d'Espagne. 

Pag.  356,  lig.  36,  au  lieu  de:  mémarobilium^  lisez:  memorabUibuê, 

Pag.  371,  lig.  14,  au  lieu  de:  croyaient,  lisez:  croient. 

Pag.  377,  lig.  26,  au  lieu  de:  trois  ans  en  1237,  Usez:  deux  ans  en  12^8. 

Pag.  391,  lig.  26,  au  lieu  de:  Tarazona,  lisez:  Tarragone. 

Pag.  430,  lig.  8,  au  lieu  de  :  memorabUium  lisez  :  memorcibûilnu, 

Pag.  430,  lig.  11,  au  Heu  de:  Historia,  lisez  :  AnaUs 

Pag.  445,  lig.  18,  supprimez:  scripsit. 

Pag.  445,  lig.  19,  au  lieu  de:  rasit,  lisez:  raais. 

Pag.  445,  lig.  20,  après:  emendatis, jouter:  sorip^il. 

TOMB  II 

Pag.  83,  lig.  5,  au  lieu  de  :  des  deux,  lisez  :  de  ces  deux. 

Pag.  115,  lig.  1,  au  lieu  de:  de  conserver,  lisez:  d'entretenir. 

Pag.  162,  lig.  15,  au  lieu  de:  la  législation,  lisez:  le  législateur. 

Pag,  167,  lig.  21,  au  lieu  de:  1257,  lisez  :  1267. 

Pag.  228,  lig.  10,  au  lieu  de:  parait  être  de  droit  pour,  lisez:  parait  ètra 

de  droit,  excepté  pour.