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JACME 1
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LE CONQUÉRANT
ETUDES
SUR LA MAISON DE BARGKLONE
JACME I
ER
LE CONQUÉRANT
COITK Dl BAIGILORI , SII6NIDR IK lOHTPELLlER
D'AJPRÈS LES CHRONIQUES ET LES DOCUMEI^TS INÉDITS
PAR
Ch de tourtoulon
Membre correspondant de rAcadémle royale d'Histoire de Madrid
SECONDE PARTIE
(1238 II 1276)
MONTPELLIER
JMIMUMIJUK TUHHiUArinnI I-: !)K «iflAS , KlUTKi II
MDGCCLXVII
^(a<flt/^ H-5S.7''o
Des circonstances indépendantes de notre volonté
ont retardé la publication de ce volume. Ce retard
n'aura pas été sans profit pour notre œuyre ; le temps
seul devait nous permettre, en effet, de résoudre
quelques difficultés imprévues. De nouvelles re-
cherches nous ont fourni les moyens de compléter
notre travail , et de prouver comment nous compre-
nions les obligations que nous imposait Taccueil ines^
péré fait en France, en Espagne et en Allemagne^ à la
première partie de cette étude.
Nous ne saurions trop remercier les écrivains qui
ont bien voulu s'occuper de notre ouvrage. JNous
n
avons puisé de précieux encouragements dans leurs
éloges , et plus encore, peut-être, dans leurs bienveil-
lantes critiques.
Un de nos juges les plus indulgents* a semblé
s^étonner du développement que nous donnons à
l'histoire de Jacme 1" ; nous espérons que cette se-
conde partie nous servira de justification.
Si nous n'avions voulu écrire que la biographie du
conquérant des Baléares, de Valence et de Murcie , un
volume eût suffi certainement. Mais, quelque in-
fluence que les événements de ce règne aient exercée
sur les destinées de l'Espagne et de la France méri-
dionale, un intérêt plus général les domine, et dans
l'histoire des pays d'Aragon et de langue d'Oc, comme
dans celle de l'Europe entière au xm' siècle , il est
une étude plus fructueuse que celle des faits : c'est
celle des idées qui s'élaborent durant cette époque
féconde.
Au temps de saint Louis et de Jacme 1", le choc des
armées a moins d'importance que le choc des prin-
cipes. Cette dernière lutte offre partout à peu près les
mêmes caractères; mais nulle part elle ne se pré-
sente avec la physionomie saisissante que lui donnent,
dans les Etats de la maison de Barcelone, les vieilles
*
traditions de liberté du pays de Sobrarbe , la diversité
< M. Ch. de Mouy, dans la Presse du 24 août 4863.
III
des mœurs des peuples soumis au sceptre aragonais ,
le génie essentiellement pratique et conciliant du
souverain. 11 n^est pas une seule des grandes idées
qui ont agité le xiii* siècle qui ne vienne s'offrir à
nos regards, durant les soixante-huit années de la vie
du Conquistador. La lumière jetée sur ce point se re-
flète sur l'ensemble du tableau et éclaire l'histoire de
la civilisation européenne.
Compris ainsi , le règne de Jacme 1" a une plus
grande importance que ne le ferait supposer Tétendue
des possessions de ce prince •
Tels sont les motifs qui nous ont fait insister sur
Tétude de législation que Ton trouvera dans ce vo-
lume. C'est, croyons-nous, un travail entièrement
oeuf. Nous ne connaissons du moins aucune étude
comparative des divers codes en vigueur sous Jacme I".
Pour les lois, comme pour les institutions et les
mœurs des peuples de la couronne d'Aragon , une
étrange confusion règne chez presque tous les histo-
riens. Quelques-uns , il est vrai — ce ne sont guère que
des Espagnols — reconnaissent en principe la division
* Les pays sur lesquels Jacme I*' domina directement occupent une
superficie d'environ 175,000 kilomètres carrés et renferment de nos
jours une population de plus de trois millions et demi d'habitants ;
mais, en réalité, l'influence du souverain aragonais s'exerçait en
Espagne et en France, comme on le voit par le traité de Gorbeil, sur
une étendue de plus de 270,000 kilomètres carrés, peuplés aujour-
d'hui d'environ neuf millions d'habitants.
tv
des pays dépendants des monarques aragonais en
plusieurs Etats distincts. « La Catalogne , TÂragon et
Yalenee , dit par exemple Modesto Lafoente ^ ces trois
^œurs vivant sous une même couronne, constituaient
comme trois états anséatiques, régis par des lois et des
institutions particulières^ ^. Mais la plupart, faisant
un singulier mélange des noms, des lois, des lan*
gages et des mœurs de ces peuples, peignent sous
de fausses couleurs ce qu^ils appellent le royaume
d'Aragon.
Afin de réagir contre une erreur par trop accré**
ditée, nous nous sommes attaché adonner autant que
possible aux choses et aux hommes la dénomination
sous laquelle ils étaient connus dans leur pays; à dis*
tinguer, par exemple, les corts des cartes, les richs
homens des ficos homes , les personnages titrés de Ven
catalan de ceux qui avaient droit au don aragonais ; à
restituer enfin à notre héros son nom tel qu'il Ta
«
presque toujours porté.
11 eût été puéril de s'attacher à ces détails si nous
n'avions voulu mettre sans cesse le lecteur en garde
contre une confusion dont il est difficile de se dé-
fendre, et qui a enfanté de nombreuses erreurs.
Parmi les plus graves, il faut compter la fausse appré-
ciation du mouvement législatif qui signale te règne
de Jacme I".
*Historia gênerai deEspana^ Discursopreliminar, IX.
La plupart àes historiens ont tu dans les F^êeroê de
Hoeoea la loi commone de tons les Etats araf onais, et
ont, par eonsëqneiit, ignoré l'existence d'on code
spécial an royaume valeocien; or, comme les jF'Was
sont fort en retard sur la eirilisation du nn* siècle ,
tout le mérite de Jacroe eonime législateur s'est trouvé
réduit à une imitation mal réussie des Partida» et des
EuMisêemenU,
Mais , si Ton remarque que le roi conquérant n'a ja-
mais songé à donner ii ses peuples Tonité législative ,
tout aussi irréalisable de son temps que Punité poli-
tique, on reconnaîtra aisément dans les Ftieras le code
de TAragon proprement dît, dans les Constitutions de
Catalogne celui du comté de Barcelone , et Ton sera
inévitablement conduit à rechercher le recueil légal
du royaume de Valence, que Ton découvrira, comme
nous Pavons fait, dans la prétendue charte municipale
c[ui porte le nom de Ftirs.
En étudiant ces divers codes jusque dans leurs
moindres détails, en comparant leurs dispositions sur
une même matière, nous avons vu le Conquistador se
transformer peu à peu, et le soldat couronné des chro-
niques et des histoires devenir pour nous un politique
profond, un souverain aux idées larges et progres-
sives.
Ce n^est point là du reste une découverte, mais
seulement la confirmation d'une tradition qui vit
TI
encore de nos jours dans les pays où dominait , il y a
six cents ans, le législateur de Valence. Les historiens
Pont acceptée àprimH; mais, par une contradiction
singulière, leurs récits et leurs appréciations semblent
destinés à la combattre bien plus qu^à Tappuyer.
La faute nVii est point à ces écrivains, que le carac-
tère même de leurs ouvrages a emoèchés de recourir
aux documents originaux; mais aux biographes du roi
Jacme , qui ne se sont guère préoccupés que de ses
faits d^armes et de ses conquêtes.
Un seul livre nous a offert un jugement d'une exac-
titude frappante sur le grand monarque aragonais , et
ce nVstpoint un livre d'histoire. M. Cambouliù, retra-
çant le tableau des origines et du développement de
la littérature catalane , consacre à Jacme 1" cette page,
qui n^est pas la moins remarquable de son excellent
livre:
« Contemporain d'Alfonse X de Castille et de saint
Louis , à côté desquels il ne faut pas craindre de le
nommer, guerrier et législateur comme eux, il fit peut-
être encore plus qu'eux pour hâter la grande révolu-
tion qui devait fonder dans toute l'Europe le pouvoir
royal et l'unité nationale sur les ruines de la féodalité.
Moins spéculatif que le premier, moins chevaleresque
que le second, il l'emporte sur tous les deux par
l'étendue de ses vues politiques, par la hardiesse de
r éformes, par son aptitude gouvernementale. Tout
vu
jeune encore > il dompte une révolte de la noblesse.. . /
Il s'appuie sur le peuple, sur la bourgeoisie; il s'as-
sied à la table des marchands de Barcelone, et les
associe à ses projets de conquête. 11 réforme et régula-
rise la législation. 11 ordonne que là où la loi est
mnette on v supplée, non par le droit canon ou le
droit romain , mais par la raison naturelle. Enfin il
met en honneur la langue nationale % négligée ou dé-
daignée jusqu'à lui, en l'employant dans sa correspon-
dance, dans ses ordonnances de justice et dans ses
œuvres littéraires. On lui a reproché d'avoir toléré l'éta-
blissement de l'Inquisition dans ses Etats, et d'avoir
abandonné à ses. rigueurs les hérétiques qui avaient
cherché un refuge au delà des Pyrénées : reproche
injuste, si l'on songe que la puissance de l'Eglise
était alors à son apogée et qu'elle venait de faire sur
un Etat voisin le plus terrible exemple. 11 faudrait,
en outre , lui tenir compte des eiîorls qu'il fit pour
atténuer les effets da cette concession , soit en récom-
pensant magnifiquement les efforts des missionnaires
chargés de convertir par la parole, soit en établissant à
Barcelone des conférences publiques, où les docteurs
juifs, arabes étaient admis à discuter contre les
* Nous avons supprimé quelques phrases renfermant des Inexac-
titudes de faits qu'il ne faut pas reprocher à M. Gamhouliù, mais
aux historiens qui les ont acci éditées.
'Il faudrait ajouter: de la Catalogne.
ihéologieiiB catholiques. Ajoutonft ^^au concile de
Lyon il refusa formellement de renouveler Thommctge
que ses ancêtres avaient jadis prèle an SainVSiëge , an
qualité de rois d'Aragon \ »
Pour arriver À reconstituer, avec un art remar-
quable , la vraie physionomie du règne de Jaome I^ ,
à Taide des traits épars dans les monuments littéraireis
du temps , Tauleur des lignes qui précèdent a dû se
dégager des idées mises en circulation avant lui , et
rechercher la vérité avec la plus grande indépendance
d^esprit. C'est aussi ce que nous nous sommes efforcé
de faire f et ce qui nous a conduit à un résultat afna-
logue.
Pénétré de cette conviction , que , pour cenx qui se
sont donné la tâche de reconstruire pièce à pièce le passé
de rhnmanité « la vérité est un patrimoine commun
dont nul n'a le droit de garder pour lui seuL la plus
minime parcelle, nous avons considéré comme un
devoir de n'omettre aucun fait nouveau se rattachant^
même indirectement , à notre sujet ; sans nous in-
quiéter d'ailleurs de l'effet qu'il pourrait produire, sans
rechercher dans la vérité autre chose que la vérité elle-
même, sans désirde plaire ou de déplaire, sans arrière-
pensée de flatterie ou de critique. Le même sentiment
nous a fait relever, avec une entière J)onne foi, les er-
* Essai sur Vhistoire de la liUérature catalane 0858)ohap. IIL
Il
reurs souvent inévitables d'écrivains dont nous esti-
mons et dont nous respectons le talent.
Nous avons puisé à des sources qui leur étaient incon-
nues. Le premier, peut-être, nous avons interrogé des
milliers de documents contemporains du roi Jacme\
et Ton ne doit accuser que notre faiblesse si nous nV
vous pas traduit exactement leurs réponses pleines
de révélations sur Tune des périodes les plus intéres-
santes pour l'histoire de la génération des idées mo-
dernes.
Août i867.
* Les archives d^Aragon fournissent à elles seules, pour le règne
de Jacme I", 2,300 acles sur parchemin et 36 registres sur papier,
dont le plus ancien est le livre de répartition de Valence. H nous a
été Impossible > on le comprend, de lire ou même de parcourir tous
ces documents; mais leur excellent classement, les index qui les
analysent et les copies modernes d'un certain nombre d'entre eux,
tout imparfaites qu'elles sont , nous ont permis de faire un choix
au milieu de ces richesses.
On trouve en tète de quelques vieux livres , à côté de Ténu-
méralion des sources écrites , un paragraphe qui porte . à quel-
ques variantes près^ le titre suivant : Quorum opéra sum ddjutus,
quique mihi libros suppeditarunl. C'est un hommage rendu à la
douce confraternité de ces auxiliaires bienveillants sans lesquels
un travail historique de quelque étendue serait certainement
impossible. Le chercheur désintéressé qui met au service d'autrui
les résultats qu'il a obtenus , le savant qui éclaire le dédale des
archives et des bibliothèques, le bibliophile qui indique et rend
facile à consulter l'ouvrage où se trouve le renseignemenl cherché,
sont autant de collaborateurs auxquels l'auteur, s'il a quelque
succès, le lecteur, si le livre lui procure quelque plaisir, doivent
une bonne part de remercîments.
Voilà pourquoi , nous souvenant du vieil usage , nous sommés
heureux de consacrer celte note à payer le tribut de notre recon-
naissance à ceux qui ont bien voulu rendre notre tâche moins
aride par leur secours obligeant et leurs gracieuses communi-
cations.
Ce sont :
A Barcelone , D. Manuel de BofaruU y de Sarlorio , archiviste
en chef de la couronne d'Aragon ; D. Antonio de Bofarull , des
mêmes archives; D. Manuel Milà y Fontanals, professeur à la
Faculté des lettres ;
A Madrid, D. Modeste Lafuenle , des Académies royales d'his-
toire et des sciences morales et politiques; D. José Âmador de
XII
los Rio8 et D. Valentin Carderera y Solano, des Académies d'his-
toire et des beaux-arls ; D. Emilio Lafuenle y Alcanlara , de
rAcadémie d'histoire, directeur delà bibliothèque deSan-Isidro;
D. Juan-Eugenio Hartzenbusch, de l'Académie espagnole, direc-
teur de la bibliothèque nationale de Madrid; D. José -Maria
Escudero, de la même bibliothèque;
A Saragosse, D. Pascual Savall y Dronda, avocat général
( teniente fiscal); D. Santiago Penen y Debesa, avocat;
A Valence , D. Pedro Salva , bibliophile ;
A Mayorque, D. José-Haria Quadrado , archiviste du royaume
de Mayorque ; D. Joaquin-Maria Bover ; D. Fernando Weyier y
Laviûa;
A Stuttgart (Wurtemberg), M. le baron Léo deReîschach,
chambellan de S. M. le roi de Wurtemberg;
A Marbourg (ancienne Hesse-Électorale), M. le docteur Lemcke,
professeur à l'Université , directeur du Jahrbuch fur romanische
und englische Literatur ;
A Paris, M. Claude, de la Bibliothèque impériale;
A Montpellier, MM. Kûhnholtz-Lordat , professeur agrégé et
bibliothécaire de la Faculté de médecine ; Mondot, professeur
à la Faculté des lettres; Blanc , Gandin etLéotard , de la biblio*
thèque du musée Fabre ; l'abbé Laplagne, supérieur du grand
séminaire; Desmazes, archiviste de la mairie;
A Carpentras , M. Lambert , conservateur de la bibliothèque
de la ville ;
A Rodez , M. Att're , archiviste du département de l'Aveyron ;
A Garcassonne, M. Mouynès, archiviste du département de
l'Aude.
JACME I
ER
LE G ONQUÉR ANT
ROI D'ARAGON
GOITB DE BARCELONE, SEIGNEUR DE MONTPELLIER
LIVRE TROISIÈME
JACME A L'APOGÉE DE SA PUISSANCE (1238 a 1258)
CHAPITRE PREMIER
État de la France méridionale et de la seigneurie de Montpellier. —
Hostilités entre le comte de Toulouse et le roi d'Aragon. — L'opinion
publique dans le Midi. — Rôle politique des troubadours. — Jacme
i Montpellier. — Conspiration réprimée. — Entrevue du roi d'Aragon
et des seigneurs méridionaux. — Corts catalanes, à Girone.
Au moment de la prise de Valence , il n*y avait pas en
Europe un souverain dont la gloire militaire pût être
comparée à celle de Jacme I". Fernand III de Castille, le
seul qui semblât vouloir rivaliser avec son voisin d*Âra.
gon , ne comptait en 1238 qu'une conquête importante,
T. n. 1
2 LITRE III, CHAPITRE I
celle de Cordoue, etc*était peu à côté des expéditions
des Baléares et de Valence.
Le Conquistador dut, à plus d'un titre, s'estimer heu-
reux de ses succès , car, sans raldmiration et le respect
que son nom inspirait à tous, les événements qui se pas-
saient au nord des Pyrénées au moment même où il
gagnait un royauuie, auraient pu lui donner des craintes
sérieuses pour ses possessions de la France méridionale.
On sait qu'à la suite d'une lutte acharnée entre Ray-
mond VII et Humbertde Beanjeu, « estant dans ces pays
de la part du seigneur roi de France* » un traité, négocié
à Meaux, avait été signé et juré à Paris, devant le grand
portail de Notre-Dame, le jeudi saint, 12 avril , de l'an
1220. Depuis que le comte avait souscrit à cette désas-
treuse capitulation , qui le dépouillait en l'humiliant *,
* Voyez noire tome I, p. 220, note 1.
2 Par ce trnitê. Ray moud, après s'Alre engngé à fnvorispr de (oui
son pouvoir l'Eglbe rontaiite, à pour.Miivre rexUncliuii de ^llélé^ie
cl à prendre la croix contre les Sarrasins d'outre- mer. promet de
remetlie sa fille au roi de France, qui la mariera à un de >es frères.
Ce dernier lieriiera, à l^exclusion des enfants du comte, du diocèse
de Tuulou^e que le roi consent à laisser au vaincu, à l'exception de
'a torre du maréchal do Lhvis. Si la flile de Raymond meurl sans
po>îerilé, Toulouse el son diocèse appartiendront au roi de Frafire.
I/Ag* nois, le Rouer^^ue, la pa'iie de l'Albigeois située au iiord du
Tarn el le Quercy, à rexceplion de la ville de Cahors, sont laissés au
comte pour retourner, si celui-cî meurl !-aiiS antres enfants, à fa Olle,
qui aura épousé le frère du roi. Tous les autres pays du patrimoine
louiou>ain a la droile du Rhône restent au roi de France; ceux qu[
sont ^iluésà la gauche de ce fleuve sont cédés à FEgli^o. Raymond
s'oblige, en outre, à détruire les mursel à conihlcr les fo-sésde Tou-
louse, à traiter de même trente autres de ses Tilles ou châteaux , en
prenant rengagement de ne jamais con^t^uire de forteresse. (Voyez
ce traité au tome lll, Pr., n' hSi de VHistoire de Languedoc, édil
in-f».; aXîaisàquel jeu, dit un vieil historien de Provence, b Pape el
le Roy ont-ils gagné de si belles terres que celles que Raimond
comte de Tolose leur remet aujourd'huy ? Certes, je suis bien en
RAYMOND Vil ET RAMON BERENGCEE 3
les murmures de son peuple livré à la « tyrannie des gens
de France «et aux rigueurs deTInquisition, lacooscience
de son abaissement, peut-élre aussi de perfides conseils,
Pavaient poussé à essayer de laver, à tout prix, les souil-
lures ineffaçables que venait de recevoir sa couronne
comtale, vain simulacre laissé sur son fronl; comme par
une insultante pitié.
En ce moment, Raroon Berenguer de Provence était
en hostilité avec plusieurs villes de ses Etats.qui s'étaient
déclarées indépendantes, et s'attirait la colère de l'empe-
reur Frédéric II, son suzerain , soit pour avoir soustrait
la ville d'Arles à Tautorité impériale \ soit à cause de sa
sympathie évidente pour la Papauté dans la guerre qui
se rallumait entre TEmpire et le Saint-Siège.
Par $uite de cette fatale rivalité de deux princes
auxquels leur- propre intérêt commandait Tunion, Ray-
' mond VII , dont TinteUigence politique était loin. d'égaler
peine de trouver un nom propre à celle sorle d'accord ou de conlral
failà ParisTan 1228 (4229) et, pour l'honneur et la conscience du
Pape et du Roy, de trouver aussi un bon et valable titre pour leur faire
justement posséder un bien qui leur est aujourd'iiuy délaissé par un
prince dansTextrême nécessité de ses affiûres. » (Bouche, Histoire de
Provence^ i, II, p. 224.) « Le roi saint Louis, écrit dom Vaissèle,
réunit à la couronne par le traité ce l'an 422d , le domaine médiat
ou immédiat de plus des deux tiers de la province.... L'Eglise ro-
maine ne proûia guères moins des dépouilles do Raymond... Mais
le papeGrég'iire IX eut honte enfin de s'être prévalu de la situation
violenleoCi se trouvait le comte Raymond pour s'enrichir à ses dé-
pen<i, et il lui rendit, en 1 234, le marquisat de Provence, que ce prince
avait cède d'ailleurs à l'Eglise romaine sans la participation de l'au-
torité de l'empereur Frédéric, souverain du pays. » (Histoire de
Languedoc^ liv. xxiv, chap. xlvi.J En vertu des conventions do 1229,
Jeanne de Toulouse, fille de Raymond Vil, fut mariée à Alphonse
de France, comte de Poitiers et d'Auvergne, frère de saint Louis.
< Histoire de Languedoc, liv. XXIV, chap. Lxxiv et Pr., t. III,
col.407, édit. in-f*.
4 LITRE Illy CHAPITRE I
le courage, espéra s'enrichir des dépouilles de Ramon
Berenguer. Il accepta la donation des comtés de For-
calquier et de Sisteron , que Tempereur lui fit après les
avoir enlevés au comte de Provence \ et alla secourir la
ville libre de Marseille, assiégée par son ancien seigneur'.
m
La guerre entre les deux comtes, apaisée par Tinter-
vention de saint Louis, au moment du mariage du roi
avec Marguerite de Provence (1234), fut reprise en 1237«.
Jacme ne répondit qu'avec très-peu d'empressement aux
demandes de secours de son cousin de Provence. Avant
de se jeter dans des luttes stériles, il importait au roi
d'Aragon d'acquérir, par ses hauts faits et ses conquêtes,
l'influence à laquelle il avait droit dans les affaires de
l'Europe chrétienne. Il tenta cependant une diversion sur
Millau, que le traité de Paris, au mépris de ses droits,
avait donné au comte de Toulouse. Ses troupes , secon-
dées probablement par les habitants \ s'emparèrent de
* Hist. deLang» t. III, Pr. , col. 407, édil in-^.
■ ^ Les Maràeillais, reconnaissants envers le comte de Toulouse , qui
les avait djUvrés des attaques de Ranion-Berenguer, donnèrent à
Raymond la possession viagère de la paitie basse ou vicomtale de leur
ville. (Hist. de Lanj., édil. in-f, l. lil, Pr. n*202.)
^ Le 20 mai 4237, Grégoire IX écrivit à saint Louis pour le prier
d'empêcher le comte dé Toulouse de secourir les Marseillais. Le
Saint-Père avait appris Tagression de Raymond par a son très- cher
ûis Jacme, roi d'Aragon, et le noble comte de Provent;e s qui l'avaient
prié d'intervenir, Jacme ne pouvant abandonner le siège de Valence
pour aider son cousin par les armes. Le Souverain Pontife énumère
ensuite quelques griefs particuliers qu'il a conire le comte de Tou-
louse et pour lesquels il demande réparation par l'intermédiaire du
roi de France. Grégoire IX écrivit encore pour le même objet à la
reine de France, aux comtes de Bretagne et de la Marche et à Ray-
mond VII lui-môme. L'intervention du Pape suspendit la guerre
pour quelque temps. (Voyez RnynMi, Annales ecclés., adann. 1237,
n»» 34, 35, 36 et 37.)
* Voyez notre tomel, p. 220, note 2. — Dans un acte qu'on peut
lire au tome III (Pr. n* 320) de VHist. de Lang,^ Alphonse de France,
JACME ET BATliO!n> TII 5
cette yille ; mais Raymond ne tarda pas à la reprendre ^
A quelque temps de là , une occasion de représailles
se présenta au comte. L'évéque de Maguelone venait de
déclarer la seigneurie de Montpellier tombée en commise*
pour cause de félonie. Jacrae, en effet, tout en paraissant
courber la tête sous Tordre du Pape , qui le* forçait à re*
connaître la suzeraineté épiscopale ', avait recommencé
une lutte plus opiniâtre que jamais contre le prélat assez
audacieux pour se mesurer avec le vainqueur des Sarra*
sins. Tandis que le royal seigneur de Montpellier battait
en brèche Tautorité de son adversaire par des règle-
ments et des ordonnances, ses officiers, soutenus par les
habitants de la ville, toujours prêts à combattre leurs
supérieurs féodaux., procédaient d'une façon plus bru-
tale et en venaient aux voies de fait contre les représen-
tants de Tévéque.
Jean de Montlaur, poussé à bout par ces attaques et
sollicité, sans doute, parle comte de Toulouse, donna
à celui-ci , par un traité conclu à Millau le 28 août 1238 \
la seigneurie qu*il enlevait au roi d*Aragon.
Raymond ne parait pas avoir songé en ce moment à
comte de Toulouse, réclamant la garantie de son frère Louis IX
contre les prétentions du roi d'Aragon an sujet de la vicomte de
Millau, s*exprime en ces termes: « Qnod post pacem parUiensem et
poêt quitationem factam a D. regecomiti Tolosœ de episcopatu ruthe-
nensi, lam in feudis quam in domaniis , idem rex Aragonum qui
nunc est obsedit dictam villamde Amiliano et cepit. »
* Le4 des kalendesdcjuillet(28 juin) 1237, le comte Raymond
reçut un hommage au camp devant Millau. (Hist. de Lang.^ édit.
in-^, t. III, Pr. n« 320.)
3 La commise était, selon le droit féodal, la saisie du fief par le
suzerain pour certains délits.
» Voyez notre tome I, p. 369.
* Gallia chri^iana^ t. VI, Instr. col. 368 etGariel, Séries prœsu
lum Magalan,, V partie, p. 351.
6 LITRE ni, CHÂPITnB I
faiire valoir les droits que cette donation lui conféralit ;
mais il ne fat certainement pas étranger à l'agitation que
produisirent à Montpellier, vers le même temps, les
menées d*un parti hostile au pouvoir seigneurial.
Quelques bourgeois de cette ville , devenus riches et
influents, avaient senti leurs tendances démocratiques
augmenter avec leur importance. La puissance du sei-
gneur leur faisait ombrage, et, suivant le procédé usité
en pareil cas, ils avaient recruté des adhérents dans les
classes inférieures, sous le prétexte que le peuple se trou-
verait bien d'un affaiblissement de Tautorité seigneuriale,
tandis qu*au fond ils avaient pour but de rabaisser ce qui
était au-dessus d*eui tout juste assez pour se trouver les
premiers. Heureusement le bon sens pratique et les sen-
timents loyaux de la plus grande partie de la population
triomphèrent de ces excitations perfides, et les factieux se
firent plus remarquer par leur turbulence que par leur
nombre.
On comptait à la tête de ce parti Pierre Bonifazi ouBo-
niface, « qui , en ce temps, était réputé Thomme le plus
puissant de la ville * »; Guerau de la Barca, d'une fa-
mille alliée à celle des anciens seigneurs de Montpellier;
Berenguer de Regordana , « bon clerc en lois > ; Ramon
Bessède; Guillem de Anglada ou de Langlade et Guillem
de Regordana *. Depuis pi usieurs années, la ville de Mont-
* Chronique de Jacme, ch. cxcyiii.
^ La Chronique royale (chap. cxcxixj nementionoe ni Guillem de
Anglada ni Guillem de Regordnna. Elle aUribue aux quatk^ autres
la qualitéde consuls de Montpellier en 4239. Aucun d'eux cepen-
dant ne figure comme investi do ces fonctions durant cette année ,
dans la liste chronologique des consuls,» publiée dans V Histoire de la
commune de Montpellier (t. I, p. 377), d'après le Petit Thalamus,
Peut-èire leurs noms ont-ils été omis à dessein sur la Iisl6 afûoielle,
COKSriBATIOA DE. MONZPSLMER 7
pellior était sourdement agitée par ces meneurs. Ils
avaient pris pour point de mire la juridiclLon du bayle^
•
dont il^ voulaient affaiblir Timportance; leur haine pour-
suivait lebayle Albrand, avec d*aulant plus de vioiçnce
que ce magistrat éiait leur compatriote et, dit le roi, « Tan
des hommest tes plus bonorés et du meilleur lignage de la
ville ^.»
Atbrand exerçait-il les fonctions de bayle ou celles de
lieutenant du roi ? I( y a quelque incertitude sur ce point.
Dans la liste des bayles^, le nom d*Âlbrand est mentionné
eu 123â et 12â8 , mais non en 1239, époque où se sont
passés les faits racontés par la chronique royale. D -après
cette liste, P. de Mûries était alors investi de celte ma-
gistrature. Uu document des archives d'Aragon prouve
que deux années auparavant Atbrand était lieutenant du
roi à Montpellier^. D*un autre côté , il est appelé bayle
dans la chronique, et un acte du 17octobre 1239, qui mit
fin aux troubles dont nous parlons , lui donne à la fois
les qualifications de bayle et de lieutenant du roi. Quoi
qu*il en soit, comme bayle ou comme lieutenant, Atbrand
où Ton aura mentionné seulement les noms de ceux qui leur succé-
dèrent après leur pro?cnplion. Remarquons cependant que Pierre
Bontfazi était consul en 1238, ce qui, aux tornics de |a charte com-
munale de Montpellier, l'cxcluaildu con>ulat pour Tannée suivante.
* Le bayle élailà Monlpellicrler.ht'firune cour de jusiicequi con-
naissait de toutes les causes civiles et criminelles dans retendue do
la seigneurie; il était nommé annuellement par le seigneur, d'après
ravis des consuls. (Y. plus bai, cliap, vi.)
^ Chron. de Jacme, cbap. cxcix.
* Germain, Histoire de la commune de Montpellier, lomo I, p. 377.
* On lit dans cetacto, daté de la veille des ides de juin (12 juin)
1237 :
« Atbrandus gerens vices et locum tenens in Montepessulano et
eftJLt dominaciQne tota D.omini Jacobi Dei gracia régis ArQgonum. »
(Parchemins do Jacme 1", n» 697.;
g LITRB III , CUAPITRB I
étaitle représentant du pouvoirseignenrial, et c'est contre
ce pouvoir qoe les conjurés dirigeaient leurs attaques.
Dans son agression contre la suprématie de l'évéque de
Maguelone, le roi d*Aragon oubliait qn*un souverain ne
donne jamais impunément Texemple du mépris de Tau-
torité; ses vassaux, profitant de la leçon, semblaient vou-
loir le faire repentir de sa faute, en essayant leurs forces
contre lui-même.
Ainsi , tandis que Tépée du roi conquérant traçait sur
le sol de la Péninsule Tépopée grandiose que nous nous
sommes efforcé de raconter, de Tautre côté des Pyrénées,
l'autorité des princes nationaux du Midi recevait de pro-
fondes atteintes.
Ici la noble lignée des comtes de Toulouse s'éteignait
dans une agonie sans gloire ; là-bas la maison de Provence
tournait toutes ses forces contre l'esprit d'indépen-
dance que le voisinage de ritalie inspirait aux grandes
villes de ses États, sans prendre garde que sa royale
alliance avec la dynastie française, présage de ruine bien
plus que de régénération , Téblouissait en lui cachant le
côté d'où venait pour elle le véritable danger. Le roi
d'Aragon , mêlé malgré lui à cette lutte aveugle qui
achevait de détruire l'une par l'autre les deux grandes
races méridionales , Toulouse et Barcelone * , souffrait
d'une situation qu'il n'avait pas faite, et, au milieu de ces
déchirements, la puissance capétienne , représentée par
un roi juste et bon, mais servie par des hommes haineux
et violents, s'appesantissait chaque jour davantage sur
les pays de la langue d'oc. Désolées par la guerre ci-
vile , opprimées par les hommes d'outre-Loire, écrasées
* Une faut pas oublier que les comtes de Provence étaient de la
maison de Barcelone,
ROLE POLITIQUE DES TROUBADOUBS 9
par rinquisition, ces malheureuses provinces s'agitaient
dans de suprêmes convulsions.
La poésie provençale, cette liberté de la presse des
temps féodaux, suivant Texpression d'un éloquent écri-
vain S la poésie provençale apportait aux princes méri-
dionaux les prières et les imprécations de leurs peuples
abandonnés. Aujourd'hui encore, la voix des troubadours
nous fait entendre à travers les siècles les cris de douleur
et de révolte d'une nationalité expirante *.
« Je ne veux plus garder, dit Tardent Bernard de
* Villemain , Tableau de la littérature au moyen âge,
^ C'est à l'époquo delà croisade contre les Albigeois que se des-
sine le rôle politique et national des troubndours. Nous avons parlé
(t. I, p . 403 et 4 16) de la Canzo de la crozada contr^els ereiges d^Al-
beges; les mêmes événements inspirèrent une quantité de poèmes
d'une bien moindre importance, empreints des mêmes sentiments.
Tandis que Jacme était encore entre les mains de Simon de Mont-
fort. Tomiers et Palazis de Tàrascon, chantaient, dans les sirventes
qu'ils composaient en commun, la réaction méridionale et la déli-
vrance du flis de Pierre lo Catholique. Mais, avouent-ils dans un
moment de découragement, a auprès des Âragonais, j'ai perdu mes
efforts et mes sirventes, et en Catalogne, le roi, qui est jeune, ne
trouve personne qui Texcite. » ( Voyez VHistoire littéraire de la
France, publiée par TAcadémie des inscriptions et belles-lettres ,
t . XVJl, p. 597 ; VHist. liltéraire des Troubadours, par Pabbé Millot,
t. III, p. 45, et rintéressant travail intitulé : De los Trovadores en Es-
pana, parD. Manuel Miià y Fontanals, professeur à rUniversité de
fiari'elone, p. 165.) Vers le même temps, Bertrand do Born , fils du
célèbre poifte de ce noin, interpellait en ces termes les sujets du mo-
narque âragonais: a Maintenant, dites-moi , Catalans obtus , où est
votre valeur d'autrefois. Vdus vivrez sous l'opprobre jusqu'à ce que
la guerre vous excuse envers le bon roi qui vous tenait honorés. Vous
plaignez son malheur et ne le vengez point, et celui qui Ta tué dort
à votre côté. Quel quUl fut et quel qu'il soit, celui qui s'en souvient
peut maintenant condamner votre conduite. Aragonais, ne faites pas
les irrités tant que je n'en dirai pas davantage. Mais, du moins, je
veux que vous sachiez combien vous avez perdu avec le roi et com-
bien vos honteux propos sur sa mort ajoutent à vos torts. » (V. Milà,
De los Trovadores, p. 466.)
Roveohac, don ni faveur ni bienfait des riche» à la fausse
sagesse, car j'ai à cœur de les réprimander sur leurs
actions viles et maladroites; etjeneveu]^ pas qu^ mon
sirventd soit agréable aux lâches paresseux, pauvres de
cœur et puissants d*avoir.
> Jb prie le roi anglais de m'entendre, car, pour trop
craindre, il fait déchoir le peu de mérite qu*il a; et il
ne lui plait pas de défendre les siens; au contraire, il es!
si lâche et si faible qa*il parait endormi, tandis que le roi
français lui enlève, avec plein pardon, Tours et l'Anjou,
et Normands et Bretons.
» Le roi d* Aragon, sans conteste, doit bien avoir nom
Jacme \ car trop il veut rester couché, et qui que ce soit
qui lui prenne sa terre, il est si lâche et si déchu qu'il ne
le contredit même pas; et chèrement il vend là bas aui
Sarrasins félons la honte et le dommage qu'il recueille ici
vers Limoux.
» Tant qu'il n'aura pas fait payer chèrement (la mort
de) son père ', il ne peut guère valoir; et qu'il ne pense
pas que je lui dise des choses agréables jusqu'à ce que le
feu embrase et consume et que de grands coups soient
frappés. Donc, il sera (homme) de bon et parfait mérite
* Jacme, je suis gisant.
3 Liltéralement : jusqirù ce qu'il vende chèrement son père ,
Ja tro son payre car venda.
La slrofhe précédente finit par ces deux vers:
E ca^^ ven lay aïs sarrazis fellos
L'anta e'I dan que pren sai vas Limos.
Malgré Tautorité de noire savant ami D. Manuel Milà y Fontanals
(delos Trovadaresen Espana, p. 178), les deux temps ven et venda
nous paraissent appartenir au verbe oendre, vendre, et non au verbe
vengar ouvenjar, venger. M. Milà, comme l'avait déjà fait Fabbé
MWloi (Ilist, Un. des Troubadours, t. II, p. 312), a reculé sans
doute devant la hardie^se de IMmage Ja tro son payre car venfia.
si du roi français il restreint les possessions ; car en
Anfos* veut hériter de son fief.
> Comte de Toulouse, la rente que vous aviez à Beau*
Caire vous doit douloir; si pour réclamer vous faites^ lon-
gue attente, vous et le roi qui vous est allié, Tentreprise
sera honteuse, si nous ne voyons dès à présent tentes et
pavillons, et murs crouler et hautes tours s* abattre.
* Riches hommes mal avisés, tout le monde voit le
mal qu*on peut dire de vous*; je vous laisserais (en repos)
si je vous voyais hardis et preux; mais je ne vous crains
pas tant que vous me laissez quelque chose i dire '. >
Tandis que Bernard de Rovenhac flagellait les seigneurs
méridionaux, le mantouan Sordello s'attaquait à tous les
souverains de la chrétienté dans sa célèbre complainte
sur la mort de Blaeas *. Cette amère satire a une trop
grande importance historique pour que nous ne la repro-
duisions pas ici en entier.
^ Je veux en ce rapide chant, d*un cœur triste et marri,
plaindre le seigneur Blacas, et j*en ai bien raison. Car,
en lui, j*ai perdu un seigneur et on bon ami; et les plus
nobles vertus sont éteintes en lui. Le dommage est si
grand que je n'ai pas soupçon qu'on le répare jamais, à
' Alphonse de Poitiers.
' Cestainsi que M. Milà traduit levers :
En vey hom vostres malz ditz
en ayant soin d'indiquer que le sens en est obscur.
' Le texte complet de ce .>irvente se trouve dans Raynouard, Choix
de poésies des Troubadours, t. IV, p. 204, et dans Mile, De los Trw.
en Esp.y p. 478.
* Quoique né en Italie, Sordello, à Texemple d'un grand nombre
de poëtds de son pays, avait adopté la langue et les idées des Pro-
vençaux. Pendant la guerre des Albigeois, U avait bU trouver des
acceuls indignés pour flétrir ravidité des compagnons de Monlfort.
i 2 UTBB III, GHAPITREI
moins qu*on ne lui tire le cœur et qu*oa ne le fasse man-
ger à ces barons qai vivent sans cœur; et alors ils en
auront beaucoup.
> Que (l*abord Tempereur de Rome * mange de ce cœur;
il en a grand besoin, s*il veut conquérir par la force les
Milanais, qui maintenant le tiennent conquis lui-même;
et il vit déshérité malgré ses Allemands.
> Qu*aprè3 lui mange de ce cœur le roi français, et il
recouvrera la Castille qu*il a perdue par niaiserie ; mais
s*il pense à sa mère il n*en mangera pas; car il parait bien
par sa conduite qu*il ne fait rien qui lui déplaise.
» Je veux que le roi anglais mange de ce cœur, et il
deviendra vaillant et bon, et il recouvrera la terre que le
roi de France lui a ravie parce qu*il le sait faible et lâche.
> Et le roi de Castille, il convient qu*il en mange pour
deux, car il tient deux royaumes et n*est pas assez preux
pour un seul; mais s*il en veut manger, il faut qu1l en
mange en cachette; car si sa mère le savait elle le battrait
avec des verges.
• Je veux que le roi d*Aragon mange de ce cœur. Gela
le délivrera de la honte qu*il recueille à Marseille* et à
Millau, car il ne peut s^honorer autrement en actions ou
en paroles.
> Je veux ensuite que Ton donne de ce cœur au roi
navarrais, qui valait mieux comte que roi; je Tentends
dire ainsi. G*est un mal quand Dieu fait monter un
homibe à haute puissance et que le défaut de cœur le fait
baisser de prix.
^ L'empereur Frédéric II.
* Le roi d'Aragon, cbef delà maison qui poss<*dait la Provence, se
prétendant suzerain et héritier de ce pays à défaut de descendants
màles de son cousin » était considéré comme atteint par les coups qui
ébranlaient l'autorité de Ramon Bérenguer. '
L'oPimON PUBLIQUE DANS LB MIDI 18
> Au comte de Toulouse il inoporte d'en manger
aussi, s*il se souvient de ce qu'il avait et de ce qu'il lui
reste, car s'il ne recouvre sa perle à l'aide d'un autre
cœur, il me semble bien qu'il ne la réparera jamais avec
celui qu'il porte maintenant ^
> £t le comte provençal, il convient qu'il en mange s'il
lui souvient qu'un comte déshérité vit malheureux et ne
vaut rien. Et b:en quavec courage il se défende et se
conduise , il est besoin qu'il mange de ce cœur pour
soutenir ce pesant fardeau.
> Les barons m'en voudront de ce que je leur dis
si bien, mais qu'ils sachent que je les estime aussi peu
qu'ils m'estiment.
> Belh RestaurV je souhaite qu'auprès de vous je
puisse trouver merci . A me fai re du tort contribu^ chacun
qui ne me tient pas pour ami '.»
A l'exception de quelques poètes courtisans qui cher-
chaient, en se faisant les adulateurs des grands, une
servitude plus productive que le < doux vasselage d'à.
mour *, les troubadours, chevaliers ou plébéiens, cou.
rant le pays pour combattre ou pour chanter, accueillis
hier dans la maison du bourgeois, aujourd'hui dans le
manoir seigneurial, demain peut-être dans la chaumière
* C'est ici que M. Villemain arrête sa traduction, que nous avons
empruntée à son remarquable Tableau de la littérature au moyen
âge,
^ Surnom que le troubadour donne à sa dame.
^ Le texte de celte étrange complainte a été publié par Kaynouard
[Choix de poésies , t lY, p. 67.). Dans une autre pièce composée 9
selon toute évidence, au moment où le roi d'Aragon venait de rem-
porter son éphémère succès à Millau, Sordello loue Jacme d'avoir
recouvré cette viile^ et le comte de Toulouse d'avoir obtenu le
pardon de l'Eglise. (Miilot, Histoire littéraire des Troubadours, 1. 11,
p. ^.}
14 UVRB/UI, OHAPIfRE I
da paysan , entoorés, interrogés, consultés sur les affaires
du jour, témoins des regrets, des vœux et des espé-
rances de toutes les classes, puisaient dans ce commerce
continuel le sentiment national, profond et exalté qui
prenait une forme dans leurs sirvontes et revenait animer
ceux mémo qui, à leur insu, Tavaient inspiré.
Les chantres de la nationalité méridioncile dirigeaient
et interprétaient à la fois Topinion publique; car cette
puissance existait alors dans nos provinces, n*en déplaise
à rillustre écrivain qui, après avoir si bien caractérisé
le rôle de la poésie provençale par le rapprochement
heureux que nous rappelions tout à Theure , nie d'une
manière trop absolue Texistence de Topinion publique
au moyen âge. Elle est pourtant manifeste, cette force
de Topinion dans notre libre Midi , libre quand on com-
pare ses mœurs tolérantes avec la rigidité du joug qui,
dans le Nord^ asservit à la fois les corps et les esprits.
Comment les sentiments de ces populations à l'in-
telligence prompte, au cœurardent, chez qui les rigueurs
et les supplices ne parvenaient point à étouffer les
manifestations de la pensée ; comment les appréciations
que répandaient autour d*eux les bourgeois éclairés de
nos grandes villes ; comment les relations commerciales
et politiques continuellement établies entre de floris-
santes ci lés : Barcelone, Toulouse, Narbonne, Montpel-
lier, Nîmes, Marseille, Nice; comment tant de causes
agissant sans relâche n*auraient-elles pas produit dans
le Midi un irrésistible courant d'idées que contrariaient
seules les rivalités aveugles des princes, sans parvenir
à l'arrêter ou à le dévier? Cette puissance de l'opinion
se manifeste dans les mouvements spontanés et tout
populaires qui, en dehors de l'influence de la noblesse,
éclatent sur divers points à la fois contre les institutions
ROLE PilEmOUE DKS IIHmBADOURS <l5
îôiposées par Ifts Frawçate; elle' se ïnaaifësle dans le rôle
peliUqac deâ troubadours, dans la violence de leurs
attaques, si éloignée de la malignité naïve et contenue
des trouvères , dans la conviction qu'ils montrent d'être
soutenus par une force contre laquelle viendraient écbouer
les armes des plus puissants barons.
Chaque leiïtalivede réaction trouve un chantre pour
l'en'coufager ou la célébrer ; chaque progrès de la domi-
nation capétienne soulève Tindignation des poètes contre
la faiblesse ou Tincapacité des seigneurs impuissants à
l'arrêter.
« Seigneur comte , disait Guy de Cavaillon, poussant
Raymond VII à une lutte à outrance, seigneur comte ^
je voudrais savoir lequel vous tiendriez pour meilleur
si fapostolo^ vous rendait votfe terre par amour, ou si,
par chevalerie, vous la conquerriez avec honneur, souf-
frant froid et chaleur. Et je sais bien lequel je voudrais,
si j'étais homme de si grande valeur; c'est que la peine
tournât en pfaisir. »
Le comte, qui cultivait aussi la poésie provençale,
tépondil au couplet qui précède :
« Par Dieu, Gui, mieux aimerais-je conquérir mérite
et valeur que toute autre richesse qui me tournât à
déshonneur. Je ne dis pas ceci contre le clergé ni ne le
rétracterai par peur , mais je ne veux château ni tour
si je ne les acquiers par conquête, et que mes honorés
défenseurs sachent que le gain est pour eux *. »
< Le Pape.
* Voyez Rochegude (Parnasse occitanien, t. I.p. 271); Raynouard
^Choix de poésies, l. V, p. 123 el 473;, ^WHisi. litt. de la France ,
publif^e par rAcadémie des inscriptioas et belles lettres. Dans* ce
dernier ouvrage, on attribue ce couplet à Rn)^ond Vf, par ce motif
que « les Etats de ce comte fureilt reconquis nvant sa mort et que
16 LIVBB III , CHAPITBE I
Les événements ne justifièrent pas ces paroles , car ce
ne fnt pas en conquérant mais en vainca gracié que
Raymond rentra en possession du Comtat Venaissin ^
à la restitution duquel ces couplets font évidemment
allusion.
 mesure que Tautorité des hommes du Nord s'en-
racinait plus fortement dans nos provinces, les appels
aux armes des troubadours devenaient plus énergiques,
et leur indignation , croissant avec les souffrances du
pays , atteignait le ton d'exaspération brutale dont Ber-
nard de Rovenhac nous a donné un exemple.
Ces attaques hardies avaient pour but évident de pro-
voquer une alliance des seigneurs du Midi, auxquels devait
se joindre, à plus d*un titre, le roi d'Angleterre, suc-
cesseur des ducs d'Aquitaine, gendre du comte Ramon
Berenguer* et ennemi naturel du roi de France. Voir
Toulouse, la Provence, 1* Aragon et l'Angleterre solide-
ment unis contre l'adversaire commun, c'élait le vœu
dont les troubadours se faisaient les chaleureux inter-
prètes.
Un prince plus actif et moins incapable que Henri III
aurait certainement profité de ces dispositions pour se
mettre à la tête d'une ligue méridionale , et relever la
Raymond VII, son ûls, les obtint par droit d'héritage. 9 II nous pa-
rait plus naturel d'admettre que Gui. seigneur de Cavail|on, au
Comiat-Yenaissin, et Pun des plus zélés partisans de la maison de
Toulouse dans la guerre faite par Raymond Vil à Ramon Rerenguer,
se préoccupait, en adressant son couplet au comte, du sort du mar-
quisat de Provence, son pays, et composait ces yers au moment où
Tempereur Frédéric et le roi saint Louis essayaient d'obtenir du
Papeuno restitution à laquelle Grégoire IX ne se montrait pas encore
disposé. (V. Hist,deLang,, liv. XXIV, ch. lxxxi.)
* Le roi Henri III d'Angleterre avait épousé, en 1236, Léonor de
Provence» fille de Ramon Bérenguer.
JAGltB A HORTPELLIER 17
DatioDalité de la langue d*oc au profit de sa propre in-
fluBDce ; mais oous verrous bientôt une tentative de ce
genre avorter au détriment du monarque anglais. A défaut
de Henri, c'est à Jacme qu'appartenait le rôle de chef de
la confédération : nous connaissons les motifs qui jusqu'à
présent ont obligé le roi d'Aragon à concentrer toute son
attention et toutes ses forces sur la Péninsule ^ ; mais,
lorsqu'il eut rendu sa nouvelle conquête définitive par
une sage organisation , soin qui le retint à Valence jus-
qu'à la fin de mai lâ39, les bruits sinistres qui lui arri-
vaient du côté de la France l'engagèrent à aller observer
les événements de plus près et, avant tout, à rétablir dans
sa ville natale l'ordre troublé parles manœuvres dont nous
parlions tout à l'heure.
* L'abbé MiHot (Hist, litt. des Troub , t. H, p. 229), aUribue à
Durand, tailleur de la petite ville de Pernes , au Gomtat-Venaissin ,
un sirvente contre les Français, qui contiendrait une allusion à la
conquête de Valence par Jacme I. M. Raynouarda donné le texte de
cette pièce {Choix de poésies des Troubadours, t. IV, p. 263), sous le
nom de Bertrand deBorn, le père Ce chant de guerre, par son éner-
gie, son éclat, ses tournures, ses expressions même, rappelle, en
effet, ia manière de ce valeureux chevalier-poëte. H serait donc an-
térieur au règne de Jacme. Quant à la prétendue allusion au siège
de Valence, nous ne savons comment Tauteur de VHistoire littéraire
des Troubadours a pu la voir dans ces vers :
Ges non crei Frances ses deman
Tengan lo deseret que fan
 tort a mant baron presan ;
Pero meravilha m don gran
Del seinhor dels Aragones,
Quar ab lor dan non destacha
Pues sai nos ades a pacha
Desmandat a coms, duc, marques.
L'expression de comie^ duc, marquis pour désigner le comte de
Toulouse, n'était plus employée depuis que le duché de Narbonne
avait été enlevé au comte Raymond VIL Ce ne fut qu'en 4242, au
moment de sa révolte contre le roi de France, que Raymond reprit
pendant quelque temps le titre de duc dei^arbonne.
T. n. 2
16 Liy&i III, goâpitbb i
« Nous fîmes, dit-il , armer une galée , parce qae ooas
YOulioQS aller à Moatpellier lear demander de qous aider
eo quelque chose, car nous avions beaucoup dépensé à la
conquête de Valence V •
Le royal chroniqueur passe sous silence les principaux
motifs de son voyage. S*il raconte en détail , quelques
lignes plus bas , la dernière phase de la conspiration de
Montpellier pour constater son propre triomphe, il semble
éviter avec soin de consigner dans ses mémoires celles de
ses tentatives politiques qui n*ont pas été couronnées
de succès. Quant à ses démêlés avec Tévêque de Mague-
lone , on comprend que le pieux et fidèle ami du Saint-
Siège ait été peu désireux d*en transmettre le souvenir
à la postérité.
Le jeudi 2 juin 1239, la galée qui portait le roi d'Ara-
gon aborda au port de Lattes^, où Tattendaient les douze
consuls de Montpellier, accompagnés d'une centaine des
plus notables bourgeois , tous à cheval , et suivis d'une
foule immense, qui Qt éclater sa joie en recevant au milieu
d'elle son glorieux compatriote^. L'arrivée du roi et le
prestige que sa personne seule exerçait avaient déjà
enlevé aux factieux tout ascendant sur cette population
enthousiaste. Mais les chefs du complot n'étaient pas
assez maladroits pour s'at laquer au Conquistador lui-
même; c'est en protestant de leur attachement pour sa
personne qu'ils voulaient l'amener à se dépouiller d'une
partie de son autorité.
Le roi , entouré de la foule qui était venue à sa ren-
* Chronique de Jacme, chap. >cxctii.
* Lattes est aujourd'hui un petit ytllage à 7 kilomôtres de Mont-
pellier. Son port, ensablé depuis longtemps, communiquait avec la
mer par des étangs et des canaux.
3 Voy. Zurita, Anales, \iy. NI, chap. xxxvi.
contre, prit le chemin de Montpellier, ayant à ses côtés
le rico home don Pedro Feroandez de Azagra et le me^
maûferodon Assalit de Gudal. Lorsque Pierre Bonifazi,
le chef delà conspiration, vit le roi entre les deux sei-
gnears Aragonais , il dit à don Assalit :
« — Laissez-noQs le roi à noas antres , car il y a moult
temps que nous ne Tavons vu , et pour cela nous devons
aller à côté de lui \ »
Le fier bourgeois invoquait un ancien usage en verjt^ijL
duquel le seigneur, en mettant le pied sur le territoire
de Montpellier, ne devait avoir à ses côtés que des habi-
tants de la seigneurie.
On ne pourrait blâmer Pierre Bonifazi d'avoir réclanp^é
contre la hautaine aristocratie d* Aragon un privilège qui
rapprocl^ait le vassal du seigneur, si le vr^i but de ses
paroles n'eût été de provoquer dans la foule une mani-
festation dirigée conti*e tous les représentants de Tautorité
royale. Jacme, sans paraître prendre garde à la discus-
sion engagée à ses côtés, pensait cependant que « grand
était Torgueil d*e» Pierre Bonifazi^; > mais ce ;i'était
pas le moment de laisser deviner son opinion , e.t sur un
signe du roi, le mesnadero dut céder la place au bourgeois
de Montpellier, un peu désappointé sans doute de son trop
rapide triomphe.
Le roi mit pied à terre devant la maison d'Atbrand,
où il avait fait préparer son logement, pour donner sans
doute une nouvelle marque de sa confiance à celui qui le
représentait, et prouver qu'il était prêt à le soutenir dans
la lutte. La haine contre Atbrand était poussée à ce point
qu'on avait résolu « dans le consulat > de détruire sa
* Chroniq. de Jacme, chap. cicviii.
» Ibid,
20 LIVRE III , CHAPlTaB I
maison et celles de ses principanx adhérents. Des ma-
chines avaient été préparées dans ce bat; la présence de
Jacme arrêta seule Texécution de ces projets.
Le roi était à peine arrivé, qu'âne vingtaine d*individQS,
ayant à leur tête Pierre Bonifazi et Guerau de la Barca,
demandèrent à lui parler en secret.
« Nous montâmes alors , dit le chroniqueur, à une
petite terrasse d'en Atbrand, qui était un lieu convenable
pour cela, et en Père Bonifazi se leva en pied et nous
dit: c Seigneur, les consuls et une partie du conseil de
Montpellier sont venus ici, et votre arrivée nous plaît
fort. Maintenant nous voulons vous dire, et je vous le
dis pour eux et pour nous, que nous avons à cœur
de vous honorer et de vous garder notre amour ainsi
que nous devons le faire pour notre seigneur. Et
maintenant , nous savons qiïen Atbrand vous fait croire
qu'il peut vous donner Montpellier; or, sachez que
cela n'est pas vrai, il n'a pas le pouvoir de faire le tort
ou le droit dans Montpellier pas plus qu'un autre habi-
tant de la ville ; car en vous est ce pouvoir et vous l'avez.
Et si ce n'était pour vous, il n'y a pas si puant cloaque
dans cette ville d'où on ne le fit sortir lui et ceux qui
voudraient le défendre. Et tout ce que fious souffrons,
nous le souffrons pour vous, car nous sommes puissants
d'hommes et d'armes et de richesses, et tout son pou-
voir ne serait rien à côté du nôtre. Et tout cela nous
vous prions de le croire.»
Et sur cela, Guerau de la Barca se leva et parla de la
même manière. Quand ils eurent parlé, nous leur répon-
dîmes ainsi :
« Barons, ces paroles que vous nous avez dites mainte-
» nant sont paroles que vous n'auriez pas dû nous dire,
• car nous croyons bien que vous avez à cœur de nous
JACME A MONTPELLIER 21
servir: maison Atbrand ooasa servi et nous sert autant
qnMllepeat, et il est votre concitoyen et Tundes hommes
les plas honorés et du meilleur lignage de cette ville.
Et si vous voulez bien faire, voici la route que vous
devez suivre vous, lui et tous ceux qui pourront le faire:
c*est de garder nos droits et notre autorité de seigneur,
car vous êtes unis avec nous très-étroitement par les
liens naturels que nous avons avec vous et que vous
avez avec nous. Et à cause de notre autorité et aussi
parce que la ville s* est améliorée depuis que Notre
Seigneur a voulu qu'elle vint en notre pouvoir, il ne doit
point y avoir lutte entre vous, si ce n'est pour notre
service, c'est-à-dire pour que chacun nous serve du
mieux qu'il pourra. Et nous agirons avec vous comme
on doit le faire avec ses hommes et ses compatriotesV >
Pierre Bonifazi elles siens se retirèrent mécontents.
Cependant Atbrand, à qui Jacme communiqua ce qui
s*était passé dans cette entrevue, voulut prouver au roi
qu'il n'était pas aussi impopulaire que les factieux l'a-
vaient affirmé: « Bientôt, dit-il à Jacme, vous pourrez
vous venger de ceux qui veulent vous enlever la ville
— Nous lui répondîmes, ajoute le roi, que bon était ce
qu'il disait; mais qu'il agit doucement et avec prudence
jusqu'à ce que nous fussions assuré de tout notre pou-
voir*. >
Jacme par ces paroles, comme dans tout le récit qu'il
nous a laissé de cet événement, fait voir clairement com-
bien la conspiration de Montpellier lui inspirait de
craintes pour son autorité.
A l'instigation d' Atbrand, quelques-unes des échelles *
* Chron. de Jacme, chap. cxax.
3 Chron. de Jacme, chap. ce.
* Pour rendre plus faciles et plub réguliers Texercice des droits
22 LttiiE ni ; cj^APrhtË i
dé la ville avaient organisé ane manifestation en favéui^ du
roi et de son bayle. Dès que la nuit fut venue, des dépu-
tations des divers corps de métier se présentèrent Tune
après Tautre devant la maison d*Âtbrand pour dire à leur
seigneur qu'il était « le bienvenu cent mille fois comme
le beau jour de Pâques* > , etprotester de leur affection et
de leur fidélité. Atbrand les présentait au roi : celui-ci ré-
pondait par quelques-unes de ces paroles qui lui gagnaient
les cœurs.
Les terrassiers et les corroyeurs furent reçus le pre-
mier soir; le lendemain, à la nuit, les potiers etleshabi-
tants du quartier de la Saunerie* se succédèrent à l'au-
dience royale. Cette démarche d'un grand notiibre des
habitants de la ville fut agréable à Jacme et lui persuada
« que si Montpellier manqUaitàsauvegardet^sès droits, ce
n'était pas que en Atbrand n'eût réglé leschoses du mieux
possible. » •
Le surlendemain de son arrivée, le roi, sortatit de la
chapelle des Frères prêcheurs, où il venait d'entendre la
messe, se trouva en face d'une foule qu'il ë\^àlueàcinq
mille personnes de différentes classes, et qui, à sa vue ,
démanda à grande cris la poursuite et la punition des
conjurés. Jacme calma cette effervescence par quelques
paroles affectueuses; il manda devant lui les chefs de la
conspiration, qui, loin d'obéir à cette injonction, se hi-
tènenl de quitter la ville.
Trois jours après l'arrivée du roi à Montpellier, la con-
muDÎcipaux et raccomplissemeat des obligations qui en résultaient ,
les habitants de Montpellier étaient répartis d'après leur profession
en sept catégories ou échelles (escalas). (Voy. Petit Thalamus de
Montpellier, p. 95.)
* Cfaron. de Jacme, chap. ccn.
^ Quartier où étaient situés les greniers à sel.
^ Cbron. de Jacme, chap. cciv.
JAGHE A BOnrPILLIIB 2S
juratioD était rédaite à néant. On procéda contre les chefs
selon les formes jadiciaires. lis farent sommés à son de
trompe d*aYoir à comparaître devant le tribunal du roi
dansledélai d*un mois. Le délai expiré, lenrs biens furent
confisqués, et, avec la même machine qu'ils avaient pré-
parée pour s* en servir contre Atbrand, on détruisit trois
ou quatre maisons des principaux coupables.
Le 17 octobre suivant, une amnistie fut proclamée,
dont furent seuls exceptés les chefs que nous avons nom-
més plus haut, tandis que, pour donner une certaine satis*
faction à ce qu'avaient de légitime quelques réclamations
de la commune, le roi, par la même ordonnance, confir-
mait en plusieurs points la charte octroyée le 15 août
1204 par son père Pierre H ^
Atbrand triompha donc, et ce fut parmi ses adhérents
qu'à partir de ce moment, dit la chronique royale, furent
choisis les consuls, les conseillers et le bayle, « à la place
de ceux qu'on nommait auparavant V >
Cependant, sept ans après ces événements, un Pierre
Bonifazi était bayle de Montpellier, et, en 1253, un Gueran
de la Barca remplissait les mêmes fonctions*. Etaient«ce
les factieux de 1239 qui, rentrés en gr&ce auprès de
leur seigneur, avaient accepté cette dignité contre laquelle
ils s'étaient acharnés avant d'avoir pu l'obtenir?
La participation du comte de Toulouse au mouvement
que Jacme venait d'étouffer n'était un mystère pour per-
sonne. Dans un sirvente de l'année 1240, sur lequel nous
* Archives municipales de Montpellier , Grand Thalamus, fol. 36
et Livre noir y fol. 45. — Gariel^ Ser. prœsul., 1^* partie, p. 355.
> Ghron. de Jacme, chap. gcyi.
* Voyez la liste des oonsuis «t bayles de If ontpellter. ( Germain ,
Hiit.de la commune de MotUp.y L 1, p. 386 61387.)
24 LiTBB m , diàPiniB i
aurons Toccasion de reyenir, Bertrand de Born, le fils,
s*exprime en ces termes :
< Je ferai un sirvente plus nouvel et plaisant que
jamais je ne fis, et je ne serai pas retenu par la peur de
répéter ce que j'entends dire parmi nous de notre roi \
qui perd si malheureusement là bas à Millau ce qu*il pos-
sédait. Carie comte (de Toulouse) le dépouille sans droits
et à grand tort, et lui enlève Marseille avec grand mépris
(de ses droits), et a pensé lui prendre Montpellier l'an
passé '. »
Raymond, vojant s'évanouir l'espoir qu'il avait pu
caresser un instant d'enlever Montpellier au roi d'Ara-
gon, craignit sans doute d'avoir excité la colère d'un
adversaire aussi redoutable; il se h&ta de se rendre auprès
de lui pour essayer peut-être de se justifier et pour renon-
cer au bénéfice de la donation qu'il tenait de Tévéque de
Maguelone. Les velléités de résistance du pauvre prélat
n'aboutirent donc qu'à le priver d'une prérogative de
plus : celle d'assister à l'élection des consuls et de rece-
voir leur serment. Ce droit d'intervention de l'autorité
épiscopale , consacré par un long usage, fut aboli par
l'ordonnance du 17 octobre 1239.
Jacme, qui devait donner bientôt des preuves plus
manifestes encore de son désir d'entretenir l'union parmi
les seigneurs du Midi , accueillit favorablement Ray-
mond VII, alors en paix avec le comte de Provence.
Ramon Berenguer alla visiter aussi son royal cousin, et,
à l'exemple des deux comtes, les principaux seigneurs
des pays environnants accoururent auprès du grand roi
* Quoique originaire du diocèse de Périgueux, Bertrand de Born
vivait dans les Etats du roi d'Aragon.
^ Voy. Raynouard, Ckoiœ de poéHes des Troub.. t. IV, p. 484, et
Milà, De los Trov. enEep., p. 170 et 171.
GOBTS DE GmORB 25
qu'ils regardaient comme leur suzerain naturel. Des
projets d*alliance contre les septentrionaux et de déli-
vrance du Midi durent être certainement agités dans ces
entrevues, sons Finspiration du monarque aragonais.
C'est en ce moment que Théritier des comtes de Barce-
lone commence à prendre d'nne manière active le rôle de
souverain de la France méridionale que lui ont légué ses
ancêtres, et prépare les plans dont il va tenter bientôt la
réalisation.
Après un séjour d'environ cinq mois dans sa ville
natale ^, Jacme partit à bord d'un navire de Montpellier
« qui était bien de quatre-vingts rames > et alla débarquer
à Collioures, dans le Roussillon, d'où il se rendit à Girone.
Au mois de février 1240, il tint dans celte ville les
corts de Catalogne, qui édictèrent entre autres mesures
utiles, des lois contre l'usure * , et retourna à Valence,
où l'impatiente ardeur de quelques chefs chrétiens ren-
dait sa présence nécessaire.
* Ghron.deJacme, chap. ce vu.
3 Le roi rapporte dans sa chronique qu'une éclipse de soleil eut
lieu pendant quUl se trouvait à Montpellier, un vendredi, entre midi
et rheure de nones. Ce fut la plus complète que ceux qui vivaient
alors eussent jamais vue, a car la lune couvrit tout le soleU, et Pon
pouvait voir sept étoiles au ciel. 9 Ce fut le vendredi 3 juin, le len-
demain de l'arrivée du roi, qu'eut lieu ce phénomène astronomique,
ainsi que le constate la chronique romane du Petit Thalamus^ dans
laquelleon lit : a En Tan 1239, le premier vendredi de juin, le soleil
mourut entre midi et l'heure de none.>. »
' Voyez Marca hispanioa, col. 528, et Appendix, col. 4433.
CHAPITRE ÏI
Stpèdition de Ouilletn de Aguilô dôntre les Maures du royauniè de
Valence.— Le miradedes sainte corpotaui. — Reddition ib\h Tallée
de Bairen. — Première conquête dans le royaume de Murde. — Mariage
d'Yolande d'Aragon avec Alîonse de Castille. — Premier siège de
Xativa; reddition de Castellô. — Droit d'asile des chevaliers d'Aragon;
la tente de don Garcia Romeu. — Tentatives du roi contre la puissance
des rieos bornes. — Les légistes en Aragon. — Le favori ](iïA6no
Perez. -^Qoup d'État; création des rieos haines de mestalidi.
Tandis qae le roi d'Aragon s* occupait de rétablir
l'ordre à Montpellier et tentait d'amener une alliance
durable entre les seigneurs du Midi, Guillem de Âguilô,
s*étant mis en campagne à la tête d'une troupe de cava-
liers, de fantassins et d'almogavares, avait enlevé le châ-
teau de Rebolledo aux Maures voisins de Valence, et leur
avait détruit celai de Gbio. Devant cette dernière place
se serait opéré, dit-on, le miracle célèbre des sairUs cor-
porauxs pieuse tradition dont les chroniques contempo-
raines n'offrent pourtant aucune trace.
Sii chevaliers allaient, dit la légende, reoen)ir la to/m-
munîôû; c'étai^bt GbilteMi de Aguilô et cinq dô ses coïn-
pagnons: Berenguer de Entenza, Pernand Sancho de
28 LITRB ni » CHAPITAB II
Ayerbe, Pedro Ximen de Carroz, Pedro et Raimando
de Luna. Tout à coap une attaque imprévue de rennemi
oblige les chrétieus à courir aux armes. Le prêtre enve-
loppe daus les corporaux les six hosties qu'il vient de
consacrer, et les cache ; mais lorsque , après une victoire
longtemps disputée par un ennemi supérieur en nombre,
les chevaliei^ reviennent s'agenouiller au pied de l'autel,
on trouve les hosties adhérentes aux corporaux et tachées
de sang. Ces linges sacrés furent portés à Daroca; on les
vénère encore aujourd'hui dans l'église collégiale de cette
ville*.
Lalgarade de Guillem de Aguilô ne paraissait dirigée
d*abord que contre les Sarrasins insoumis; mais, pour
beaucoup dechrétiens de cette époque, les infidèles même
alliés étaient des ennemis qu'il n'était pas bon de laisser
en paix ; aussi la troupe de Guillem pilla-t^elle indistinc-
tement tous les biens des musulmans qu'elle trouva sur
son passage.
En arrivant à Valence, le roi reçut les plaintes des
victimes de ces dévastations ; il cita les coupables à son
tribunal ; mais ils prirent tous la fuite , à l'exception de
Guillem de Aguilô, qui offrit de réparer les torts qu'il
avait occasionnés. Une ordonnance de confiscation de ses
biens ne put être mise à exécution, car tous ses domaines
du royaume de Valence étaient engagés pour le payement
de ses dettes; néanmoins la conduite du roi en cette cir-
constance et les assurances loyales qu'il donna aux musul.
mans rendirent la sécurité au pays , confiant dans la jus-
tice de son souverain.
Pour la première fois depuis qu'il avait entrepris sa
* Voyez Bouter, Cor<mica gênerai de Espafia ; Zurila , Anale* ,
1. 1, fol. 456 ; Miedes, Vida de donJayme, Ub. XlIT; Raynaldi, Ann,
écoles.^ ad annum 4240, n" 26.
LA VALLÀB DB BâIBEM 29
croisade contre les Sarrasins « Jacme venait de passer
plus d*ane année hors de la tente, et, quoique ce temps
D*ent pas été consacré au repos, il n'avait pas eu pour
les armes aragonaises des résultats qui pussent suffire à
contenter le cœur du ConquisUzdor. Aussi la guerre fut-
elle reprise sous la direction du roi. Il ne s'agissait pour
le moment que de soumettre quelques gouverneurs de
places fortes qui , malgré la cession faite par Ben Zeyan
au roi d'Aragon lors de la capitulation de Valence , con-
tinuaient la résistance pour leur propre compte, espérant
rester indépendants. La petite armée aragonaise com-
mença ses opérations dans la vallée de Bairen , où se
trouvaient, outre le château de ce nom, ceux de Villa-
longa, Borrô, Vilella et Palma.
En ce moment, Ben Zeyan demanda à Jacme une
entrevue qui eut lieu à la Ràpita de Bairen , où l'émir
vint débarquer. Là, il offrit à celui qui lui avait enlevé
sa capitale de lui céder encore te château d*Âlicante en
échange d'une somme de cinq mille besants et de la sei-
gneurie de Minorque > qu'il s'engageait à tenir en fief du
roi d'Aragon.
Jacme remercia le Sarrasin « du dévouement et de
l'affection qu'il lui montrait >; mais, en vertu des traités
par lesquels les princes chrétiens de la Péninsule s'étaient
partagés éventuellement les pays à conquérir, Alicante
était de la conquête de Gastille et non de celle d'Aragon,
et Jacme , décidé à respecter scrupuleusement ces con-
ventions, dut refuser l'offre de Ben Zeyan.
Cependant, à la suite des négociations suivies avec
les alcaydes, ou gouverneurs des châteaux de la vallée de
Bairen , on avait obtenu d'eux la promesse de se rendre
dès que Bairen, « qui est un bon château * «, aurait capi-
* Chron. de Muntaoer, cbap. ix.
tulé ; mais ee fut seulement après de long^ pourparlers
que Ton parvint à faire coDseDtir le gouverneur de cette
dernière place à se rendre dans le délai de sept mois,
et à donner comme arrhes une tour isolée appelée Albar-
rana, devant laquelle les Sarrasins durent construire des
ouvrages de défense. Le roi d'Aragon promit en échange
trois chevaux et un vêtement d*écarlate à Talcayde appelé
Àbencedrel , un vêtement vert à chacun de ses deux ne-
veux, nngi jonadas* de terre pour Talcayde, ses neveux et
leur Camille . et des vêtements de laine incarnats pour
cinquante hommes.
Malgré ces conventions , ce ne fut pas sans quelque
hésitation que, au mois d*août 1240, à Texpiration du
délai accordé , le chef sarrasin consentit à livrer la place
après uo nouveau traité de capitulation.
Vers cette époque, Tûàfant don Fernand, les cheva-
liers de Calatrava, Pedro Cornel, Artal de Luna et
Rodrigo de Lizana échouèrent dans une expédition diri-
gée contre Villena, ville du royaume de Murcie, que, peu
de temps après la conquête de Valence , Ramon Folch
de Gardona avait attaquée vainement.
Mais le commandeur d*Alcaniz , de Tordre de Cala-
trava, revint bientôt avec quelques-uns de ses chevaliers
et un corps d'almogavares mettre une troisième fois le
siège devant la place qui se déclara enfin prête à capituler,
à la condition que le roi lui-même lui en adresserait la
sommation. Tel fut le premier pas des Aragonais dans le
royaume de Murcie.
Jacme , obligé de retourner en Catalogne et en Aragon,
nomma Rodrigo de Uzauason lieutenant da,ns le royaume
* La jovada ou yugada, correspond au jugerum des Romains ;
c^est rétendue de terrain quUm couple de bœufs peut labourer en
un jour.
tiias M xAfiVÀ SI
da Valence. €e départ parait avoir été motifé par le ma-
riage projeté entre Yolande , fille du roi d'Aragon , avec
rinfant de Castilie , Alfonse , fils et héritier présomptif
du roiFemand III. D'après ZurilaS cette union aurait
été célébrée à Valladolid, au mois de novembre 1246;
Miedes ' place après la prise de Yilletia , c'est-à-dire en
1240 , le mariage des deux filles de Jacme , Yolande et
Constance, avec les deux fils du roi Fernand de Castilie ,
Alfonse et Manuel .
Dans son testament du l*' janvier 1242 , Jacme men-*
tionne, en effet, sa fille « Yolande, femme d' Alfonse,
premier né de l'illustre roi Fernand de Castilie'»; il
nomme aussi Constance, mais sans indiquer qu'elle soit
mariée. Il est évident par là que le mariage d^olaDde
fut conclu en 1240 ; mais il ae lut célébré qu'en 1246,
à cause du jeune âge de la princesse *.
Le roi ae tarda pas à revenir à Valence, où, Maures et
chrétiens, sans trop s'inquiéter des trêves conclues, con-
tinuaient leurs attaques réciproques. Un cousin de Ro-
drigo de Lizana, Pedro de Alcala, avait pillé et ravagé
plusieurs fois la campagne des environs de Xativa , ville
importante de l'ancien émirat de Valence, située au sud
du Xncar. Dans une de leurs expéditions, Pedro de
Alcala et cinq obevaliers de sa compagnie, surpris par
^ Anahs e\ Indices adannum 1246.
< Vida de don Jayme, lib. XlII. Au livre XIV, Miedes parle delà
célébration de ce mariage à Yalladodid, en 4246.
• Voy. Pièces justifie, n* V.
^ Yolande devait avoir quatre ans en 4240. Une double erreur
typographique nous a fait dire (t. 1, p. 377, note;, au moment eu
nous racontions les événements de l'année 4238 et quelques pages
après avoir parlé du deuxième mariage de Jacme, célébré en 423^,
que rinfante , aînée des enfants issus de cette union, avait environ
trois ans en 4237 ; il faut lire: deuao ans en 4238.
Si LIVRE m , CHAPITRE II
uoe sortie de la garnison, avaient été faits prisonniers.
De leur côté , les habitants de Xativa faisaient des
incursions sur le territoire chrétien, guidés par un che-
valier aragonais, Berenguer de Entenza, qui, après
avoir secondé, ainsi que nous Tavons vu, Guillem de
Âguilo dans ses attaques contre les Maures soumis des
environs de Valence , s'était réfugié à Xativa pour échap-
per à la justice de son roi et pillait les chrétiens à la tête
des troupes musulmanes. L'histoire de la Péninsule à
cette époque nous offre malheureusement plus d'un
exemple de ces tristes défections.
Jacme , à la prière de Rodrigo de Lizana et de l'arche-
vêque de Tarragone, Pedro de Albalat \ résolut d'aller
délivrer Pedro de Âlcala et ses cinq compagnons. Il se
mit donc en marche sur Xativa avec un petit corps de
troupes, et somma le gouverneur de cette ville de lui
rendre les captifs en proposant, pour prouver son désir
de respecter la trêve, de faire indemniser les Sarrasins
des dommages qui leur avaient été causés.
On a reproché à Jacme l'attaque de Xativa comme une
violation du traité conclu avec Ben Zeyan au moment de
la capitulation de Valence. La trêve stipulée dans cet
acte * ne concernait que les villes de Dénia et de GuUera
avec leur territoire; il n'y est fait aucune mention des
autres districts de l'ancien émirat de Valence , situés au
sud du Xucar , qui, d'ailleurs , s'étaient à peu près tous
constitués en États indépendants sous le gouvernement
de leurs alcaydes. La trêve que le roi se déclare prêt à
* Pedro de Albalat était le successeur de Guillem de Montgriu, ar-
chevêque élu, qui avait renoncé à la dignité archiépiscopale. (Voyez
t. 1, p. 36S. )
^ Voyez ce traité dans les Pièces justificatives de notre 4'* partie ,
1. 1, p. 464.
I
SIEGE DE XATIYâ 53
respecter résultait saos doute d'un traité particulier
conclu avec le gouverneur de Xativa. L'alcayde, mal
inspiré, fit répondre qu'il ne pouvait mettre les prison-
niers en liberté, parce qu'ils avaient été vendus à un
particulier qui demandait pour leur rançon une somme
exorbitante.
« Cela nous plut beaucoup lorsqu'il nous le dit, avoue
Jacme car mieux nous convenait le ch&teau que
les chevaliers*. »
Le roi avait fait la nuit précédente une reconnaissance
dans les environs , et le spectacle qui s'était offert à ses
yeux l'avait saisi d'admiration. Du haut d'une colline, son
regard avait pu embrasser la plus belle et la plus fertile
partie de la belle et fertile huerta, appelée par les
Maures le Paradis de V Occident. Cette délicieuse plaine
se déroulait au pied de Xativa, la seconde ville du
royaume de Valence, bâtie sur le versant d'une mon-
tagne du sommet de laquelle une imposante forteresse
commandait à tout le pays. « Ce château, dit Muntaner,
est un des plus beaux que possède aucun roi ; la ville
est grande, bonne, riche et entourée de fortes mu.
railles V » « Il n'y a pas au monde, d'après l'opinion de
d'Esclot, de château si fort ni si royal. Ce sont deux
châteaux sur une montagne, et la montagne est si forte
qu'aucun homme ne peut y monter, si ce n'est par un
endroit que garderaient vingt hommes à pied contre
dix mille , et il est bien clos de fortes murailles et de
fortes tours. . . . , et la ville est moult bonne et grande*. »
Dès ce moment, Jacme ne désira qu'un prétexte qui
lui permit de se rendre maître de cette riche contrée ,
< Chron. de Jacme, chap. ccxiii.
3 ChroD. de Muntaner, trad. de M. Buchon, chap. ix.
2 Chron. de d^Esclot, chap. xlix.
T. u. 3
Don^seQlemeDt , ditii, a&i de délivrer Pedro de Atoala ,
mais eocore afin de conquérir le château au profit du
nom chrétien , et de faire honorer Dieu dans un aussi
beau pays \
Aussi la réponse de Talcayde de Xativa lui causi-I^Ue
une joie qu*il ne chercha pas à dissimuler. Lorsque le
Sarrasin vit les Aragonais décidés à commencer leurs
opérations contre la ville, il voulut revenir sur son refus
et proposa de rendre les captifs ; le roi rejeta cette offre,
retrancha ses troupes dans une forte position, et, ne
pouvant entreprendre un siège en règle à cause du petit
nombre d'hommes qu'il avait sous ses ordres , fit ravager
la campagne, attaquer les châteaux des environs, dé-
tourner les cours d*eau qui alimentaient Xativa, détruire
les moulins qui servaient à l'approvisionner ; si bien que,
au bout de quelque temps , la nombreuse population de
la ville commença à souffrir de la famine. La garnison «
malgré sa supériorité numérique, n*osait attaquer le
camp chrétien, protégé par la présence du Conquistador
plus encore que par ses retranchements. Une nouvelle dé-
marche de Talcayde pour obtenir la paix moyennant la
restitution des prisonniers fut accueillie par un nouveau
refus; enfin Jacme, ayant déclaré qu'il ne cesserait pas
les hostilités avant de s'être rendu maître du château de
Xativa ou tout au moins de celui de Castellô , situé dans
les environs , le chef maure offrit au roi de lui céder
cette dernière place, de le reconnaître pour son seigneur,
de s'engager à ne rendre Xativa qu'à lui, et de remettre
en liberté Pedro de Alcala et ses compagnons. Ces con-
ditions furent acceptées; l'alcayde, accompagné des prin-
cipaux de la ville , se rendit au camp ; le roi le reçut
dans la tente de l'évêque de Valence, où le traité fut
* Chron. de Jacme, cbap. ccxui.
LV IM^ ^ ^S 94CP0 HOMES S5
concla et le âenueait 4e ^délité prMé pa^ lU gom^erpftajr
sàr^astiQ^
Tout autre que le héros aragoûais !n*eût ppÂnt osé
espérer nn pareil résultat d*une expédition .entreprise
avec des forces inssUjEfisantes ; m^is Jacme , gâté par la
fortune» n'était pas satisfait; son ioteotiçn avait d'abord
été de se rendre maître de Xaliya et de tQO^ le.terTitoîr0
de cette ville , la cr^n^te de se voir jLrahi pa.r .un ,d^ ses
ricos homes l'avait seule contraint d'abrégeir la Jjutle ^t
de se contenter de la pos^ssÂon ài& Cast^Uo.
L'aristocratie d'A^ragon ressentait profondément )e
coup que Je joi lui av^U porté naguèriO en p^cceptant
malgré elle, et po^r ainsi dijre contre elle, la capitula-
tion de Valence. Si elle ne s'était pas révoltée .en recevant
cette grave al,teinte., c'est que le temps n'était plus .où
les barons pouvaient faire .ropqntir Jlçur rpi enfant de ses
velléités d'indépendance; pour le moment, ils avaient
du se soumettre ; mais ils ne parvenaient point à cacher
la rancune qui s*amass2^it dans leur cœur, attendant une
circonstance favorable pour faire explosion.
C'est ainsi qu'après la capitulation de Valence ils
avaient forcé le roi à nommer, comme répartiteurs des
terres conquises , deux prélats et deux ricos homes à la
place de deux mesnaderos qu'il avait d'abord désignés * ;
* D'après Zurita, la reddtion de.Castellô aurait eu lieu en Pan-
née 1^0. Diago (Anales delReyno de Valenoia^ lib. VII, cap.xxxvi)
place cet événement en 4244.
> Ces deux mesnaderos étaient iXimeno Ferez de Tarazona, alors
trésorier du royaume d'Aragon , et Âssalit de Gudal , tous deux
a bons et savants en droit i> ; sur les instances des ricos homes et
des prélats, le roi dut les remplacer par Pedro Fernandez de Aza-
gra, Ximeno de Urrea, Tévêque de Barcelone et celui de Huesca ;
maiS| comme don Assalit et don ](imeno Ferez se plaignaient d'avoir
été mis (le côté d'une manière humiliapte pour eux, a Nous savons,
36 LITRE III 9 CHAPITRE n
c'est ainsi qae, quelque temps avant la reddition de
Bairen, une mésintelligence, dont on ignore les motifs,
était survenue entre le roi et cinq de ses barons , Pedro
Fernandez de Azagra, Pedro Gornel, majordome d* Ara-
gon, Artal de Luna, Garcia Romeu et Ximeno de
UrreaS et que, enfin , au siège de Xativa, la colère du
rico home Garcia Romeu avait fait craindre un instant
pour le succès de Texpédition. Voici le fait qui avait
motivé rirritation de don Garcia:
Le roi , traversant un jour le camp , avait vu un adalid,
dans une violente discussion avec un soldat, frapper son
adversaire de son épée et prendre la fuite vers la tente de
Garcia Romeu. Jacme indigné s'était mis à la poursuite
du coupable, l'avait saisi par les cheveux au moment
où il posait le pied sur le seuil de la tente , et, le tirant
violemment au dehors, l'avait fait conduire en prison.
leur répondit Jacme, que les lerres ne suffisent pas pour toutes les
donations, et ils (les répartiteurs) seront forcés de renoncer, ne sa-
chant comipeni faire. » C'est ce qui arriva en effet : les quatre pré-
lats et ricos homes, no trouvant pas le moyen de concilier les dona-
tions excessives faites par le roi avec rétendue insuffisante des
terres à partager, mécontentèrent tout le monde et furent obligés
de donner leur démis>ioQ. Jacme nomma de nouveau, pour les rem-
placer, les deux mesnadêros qu'il avait choisis dans le principe. —
« Maintenant, dit-il à ces derniers, nous vous montrerons comment
vous devez faire la répartition et vous la ferez de la môme manière
qu'on la fit à Mayorque, car c'est la seule qui puisse être adoptée.
Vous diminuerez la jovadd de six cahiz, ainsi elle aura le nom de
;ot;adaet ne le sera pas, et d'autre pari, tous ceux à qui nous avons
trop doimé se verrou l forcés de mesurer de nouveau et auront à se
conformera la nouvelle valeur que nous donnons à la terre, t Cet
expédient mit fin aux difficultés qu'avait fait naître le partage de la
conquête et qui menaçaient de dégénérer en troubles sérieux. (Voy.
les chap. cxciii et cxciv de la Chron. de Jacme.)
* L'acle par lequel le roi d'Aragon se réconcilie avec ses ricos ho*
mese^i daté du 7 des kalendes d'aoClt (26 juillet) 4240. 11 est con*
serve aux archives d'Aragon, parchemins de Jacme 1*% n*807.
I
DOn . GAfifiU ROMED 37
Or, eD vertu des fueros, la demeure d'un chevalier était
lien d*asile; il est vrai que la teute occupée par don
Garcia appartenait au roi, à qui elle avait été envoyée
par le sultan d*£gypte, et qui Tavait prêtée à son rico
home*; malgré cette circonstance, malgré les faveurs
qu'il avait reçues « en honneurs et argent » , le fier baron
n'était pas homme à laisser échapper une occasion de
tenir tête à son souverain , et il envoya sur-le-champ
deux de ses chevaliers signifier à Jacme qu'il se quittait '
de lui. En vain le roi lui reprocha- t-il de compromettre
le succès d'une expédition aussi importante que celle de
Xativa en cherchant des prétextes de discorde, don
Garcia fut inflexible et abandonna le camp chrétien avec
les cent chevaliers qu'il avait amenés à sa suite. Sur ces
entrefaites , des sarrasins de Xativa firent dire au roi que
Garcia Romeu avait l'intention de passer de leur côté et
de défendre la ville contre son suzerain. « Nous donnâmes
à entendre, dit le chroniqueur, que nous regardions cela
comme chose de peu d'importance et que c'était la même
chose pour nous que don Garcia allât dans la ville ou
restât dehors. » Ce fut néanmoins à partir de ce moment
que les agents du roi amenèrent avec adresse l'alcayde de
Xativa à proposer le traité qui fut accepté. Pour l'hon-
neur de don Garcia , rien ne prouve que le rico home
eut réellement la pensée de trahir son souverain et sa
* « D'ailleurs, dit Miedes, un camp ne doit pas être considéré
comme une réunion d^babitations appartenant à divers individus,
mais bien comme la demeure seule du général, sous les ordres du-
quel tous les autres combattent et à qui ils doivent obéir.» (L. XIII.)
C'est le développement de ces paroles de la chronique royale : « Ce
lieu n'était pas la demeure de don Garcia Romeu, mais bien une
tente. • (Chap. ccxiv.j
> Voyez ce que nous avons dit du droit de desnaturalizaeUmf
Ul,p 2^7et278.
TS hmm iB, eaânmn
foi ; ce qu'il y a de certain , c'est qu'il ne tarda pas à se
réconcilier arec le roi, et qve son fils, appelé Oarcia
comme lui, fat marié par Jacme , qui voulait s'attacher
cette famille, à Teresa Ferez , fille naturelle de l'infant
Pierre*.
Le roi, qui atait subjugué les armées sarrasines,
essayait vainement de tous les moyens pour réduire à
l'inaction , par la persuasion ou par la force , cette caste
redoutable des rieos homes, qui élevait satis cesse 4es
obstacles sous ses pas pour entraver sa marche de Con-
quérant et de réformateur.
Tantôt il cherchait à les rallier à sa politique en )euf
prodiguant les richesses et les honneui's que leâ barons
acceptaient comme des faveurs dues à leur position ,
sans se croire liés par la reconnaissance, puisqu'il étaH
de leur devoir de défendre la nation contre la royauté.
D'autres fois Jacme tentait d'amoindrir leur influencei
de les éloigner de ses conseils, de s'appuyer sur les
mesnaderos, les chevaliers , les légistes, mais les fueros
l'obligeaient à garder auprès de lui ces dangereux sur-
veillants , à les consulter dans les affaires de haute im-
portance, à laisser se concentrer dans leurs mains la
puissance territoriale et militaire. Qu'il essayât de les
flatter ou de les combattre, les douze ricos homes* étaient
toujours là, Impassibles et menaçants, s'appuyant sur
les fueros et sur leur épée , et suivis de la foule de pré-
* Ce Garcia Romeu mourut sans enfants ; Teresa Pères , s8(
véùve, hérita de ses domaines et épousa en secondes noces Artal dé
Âlagon.
3 Nous avons nommé (t. ], p. 436) les neuf maisons dont W
chefs, avec ceux de deux branches cadettes des Luna et de Itt
deuxième branche des Urrea, constituaient la classe des douze Hooè
homes dé Mturù^lêza. (Voyez Blancas , Rerum aràgomnHtM cdm-
ment.)
lats, de noblea» de bourgeois:, qui se Eaageaieni sous lear
bannière.
La constitQtion aragonaise, chef^d'osuvre de Tesprit
aristocratiqae , donnait le beau rôle à ces barons défen-
seurs de la loi contre un souverain qui , emprisonné dans,
de rigides prescriptions , ne pouvait faire un mouvement
sans se heurter aux fueroset à leurs implacables gardiens.
Ofi comprend combien un prince tel que le Conquis^
tador devait souffrir impatiemment de pareilles entraves.
Jacme, comme tous les esprits élevés, aimait à s'entourer
d'hommes intelligents et éclairés; il aurait voulu assu-
rer l'influence aux nobles instruits qui abondaient à sa
cour et dans ses États^ , et même, autant que l'esprit de
l'époque le lui permettait, aux bourgeois et aux plébéiens
distinguée par leurs connaissances. Il seconda, l'un des^
premiers parmi les souverains de l'Europe, le mouvement
en faveur des études judiciaires qui se manifesta avec
tant de force an XIIP siècle, et, en cela , il parait avoir
devancé Louis IX.
Nous avons vu Jacme à Valence préférer aux barons ,
pour les fonctions de répartiteurs de la conquête^ deux
chevaliers de sa mesnad(t «! savants en droit » . L'un d'eux,
Ximeno Ferez de tarazona, était en grande faveur auprès
du roi, qui estimait son talent et son dévouement et lui
* c Les gens de la plus haute qualité et de la position la plus
éniineDte se faisaient gloire, dit Zurita, de posséder la science du
droit et des lois civiles et canooiques. » (Annaleê^ lib. IIJ, cap.
xxxiv.) Voyez aussi, pour ce qui concerne le nombre et rimporlanre
des légistes en Aragon au XtU* siècle, le remarquable Discours pr^lt-
minaire de l'édition des Fueros y ob$erpancias del reino de Aragon^
publiée dans ces derniers temps par D. Pascual Savall y Dronda etD,
Santiago Penen y Debesa. L'influence accordée aux légistes est l'un
des gnet^ principaux que les rioos homes invoquecont plus tard dans
une de leurs révoltes contre le roi.
40 LIYBE III , CHAPITRE II
avait doDDé plusieurs fois des preuves de sa confiance V
Pedro Ferez, frère de Ximeno, était jmticia d'Aragon;
Ximeno lui-même avait été créé trésorier général du
royaume ; sa haute naissance pouvait lui permettre de mar-
cher de pair avec les grands seigneurs du pays: mais il n'é-
tait pas rîco home, il ne possédait pas de baronnie à titre
d^honneur, et ne pouvait, par conséquent, comme conseil-
ler de la couronne ou comme seigneur féodal, prêter au
roi un secours de quelque importance contre les adver-
saires de l'autorité souveraine.
Ce qui faisait la force de cette aristocratie d'Aragon ,
si peu nombreuse et si puissante , c'était son caractère de
caste inaccessible qui ne pouvait ni diminuer par le défaut
de postérité de l'un des siens \ ni s'augmenter par l'ad-
jonction d'un nouveau membre. Si le roi avait eu le droit
de créer des ricos homes , et de faire entrer dans Vesta-
mento de la haute noblesse des hommes dévoués à ses
idées, Tindépendance de cet ordre eût été profondément
atteinte, sa puissance considérablement amoindrie. Con-
quérir ce droit, que lui refusaient les fueros, tel fut le but
que se proposa l'ambition deJacmeT'.
Le Conquistador avait montré plusieurs fois son dessein
arrêté de se dégager des liens qui gênaient l'action du
pouvoir souverain ; mais, au lieu de les relâcher par des
efforts successifs, il voulut essayer de les rompre d'un
seul coup ; au lieu d'arracher et d'anéantir une à une les
prérogatives de la haute noblesse , il résolut de lui en-
lever par un coup d'Etat une partie de sa force et de son
prestige, et de mettre, dans les mains de la royauté, cette
épée de Damoclès suspendue sur sa tête.
* Voyez notre tome I, p. 345 et 347.
^ Le rico home pouvait transmettre sa rica hombria à un de ses
proches parents.
COUP d'état 41
Après le traité codcIq avec Talcayde de Xativa , Jacme,
glorieux et fort, avait assuré à ses Etats une paix qui
ne devait pas être de longue durée, laais dont il parais-
sait le seul arbitre. Il choisit ce moment pour la ten-
tative qu'il méditait. En confiant à Ximeno Ferez le
gouvernement de son royaume de Valence, qu'il allait
quitter pour quelque temps S il éleva son favori à la
dignité de rko home et lui donna la baronnie d*Arenos,
dont Ximeno et ses descendants portèrent le nom *.
Devant cette innovation sans précédent, les barons se
récrièrent, « moins pour le fait en lui-même que pour
le danger que cet exemple pouvait avoir dans Tavenir' » ;
mais ils ne paraissent pas avoir voulu, dès cette époque,
rappeler le roi à l'observation ie^fiseros. Dans la lutte
* Ximeno était lieutenant du roi à Valence depuis la prise de
cette ville. Nous trouvons en effet, à la date du U des kalendes de
janvier de l'année de rère espagnole 4276(19 décembre 4238), une
confirmation royale des donations et établissements faits et à faire
par Ximeno Ferez. (Voyez Privilèges de Valence ^ f* If, n* 5.)
* Zurita, préoccupé de justifier le roi du reproche de violationdes
fueras aragonais admet, comme existant de temps immémorial,
l'usage de créer des ricos homes pris dans la classe des mesnaderos.
Ce qui prouve Terreur de rannaliste aragonais, c^est non-seulement
la protestation des barons qu'il mentionne lui-même a l'année 4264
{Annales^ lib. 111, cap. lxvi.), mais aussi le livre de Geronimo de
Blancas,. son successeur dans la charge d'historiographe d'Aragon.
Blancas s'est particulièrement occupé des institutions de son pays, et
il résulte clairement de plusieurs passages de ses commentaires ,
qu'on ne peut pas citer un seul exemple de la création d'un rtco
home avant Jacme !•% et que la faveur accordée à Ximeno Ferez de
Tarazona souleva les réclamations de la haute noblesse dès qu'elle
fat connue, bien qu'on ne trouve qu'à partir de 4264 des traces
d'une protestation régulière contre cette usurpation. (Voyez Blan-
cas, i^rapon^n^ttim rerum commentarii, dipwd Hispania illustrata ,
t. III, p. 737, 739, 742 et 795.)
* Bilnness^Âragonensiumrer, comment, apud Hisp^illust,, U III ,
p. 795.
4t UTBft Vf. CHAMniB n
qui se coati noait entre un sonveraiB» yictodenx et ane
aristocratie puissante , la preoûàre condition de succès
était desavoir profiter des circoustaoces. En ce moment ,
UM protestation appuyée par les armes , comme savai^it
en {aiire les rico» homes^ n'aurait serri qu*à assurer un
triomphe plus complet et peut-être définitif à leur glo-
rieux adversaire. Les barons se contentèrent de montrer
individuellement leur mécontentement, et ajoutèrent ce
nouveau grief à ceux qu'ils se promettaient bien de
faire valoir quand 1* heure favorable aurait sonné* Cette
heure se fit attendre plus de vingt ans ; mais les ricos
homes n'oubliaient pas; nous les verrons en 1264 se
redresser menaçants devant leur roi et lui imposer une
rétractation qui ne sera qu'apparente. En fait, avec le
nouveau baron d'Arenos, la classe des ricos homes de
mesnada est créée et s' accroît rapidement*. Dès que sa
composition est soumise an bon plaisir dn souverain ,
le premier e«tom6n(o deTÂragon, malgré les sièges séparés
qu'il conserve aux Gortès, a perdu sa puissante indivi-
dualité. Dans le vieux royaume héritier de Sobrarbe, il y
aura désormais, comme partout ailleurs en Europe, des
chefs de la noblesse luttant avec la royauté , tantôt peur
le bien de la nation , tantôt à son détriment ; mais la
fica hombria n'est plus l'antique magistrature qui faisait
et défaisait les rois » la caste sacrée gardienne séculaire
des fueros^ l'inébranlable soutien des privilèges et des
libertés publiques contre lequel venaient se briser la
puissance du temps et celle des souverains. Jacme vient
de porter le premier coup de hache dans les racines de
la vigoureuse constitution aragonaise.
* Nous avons déjà fait remarquer (t. I, p. 276), que six ricos ho-
mes de mesnada figurent dans un document de Tannée 1260.
CHAPITRE III
Caraôtère du comte Raymond VII . — Reprise de la guene entre le comte
de Toulouse et le comte de Provence. — Tentative avortée de réaction
méridionale. — Le vicomte de Wziers. — Soumission stibite de
Raymond VIL — Donation du comtat Vcnaissin èi Gédle de Baux. —
Sirvente politique de Bertrand deBorn, le fils. — Réclamations du comte
d'Urgel. — Transaction entre Jacme et Tévêque de Maguelone. —
Tentative pour relever la maison de Toulouse. — Sancha d'Aragon et
Sancha de Provence. — Espérances ruinées. — Coalition contre le roi
de France. — Conduite durci d'Aragon.— Défaite du roi # Angleterre
et du comtede la Marche. — Soumission du comte dé Toulouse.
La présence dû roi d'Aragoû semblait nécessaire au
maÎDtien de la paix dans la France méridionale. A peine
Jacme avaitMl quitté Montpellier, en 1339, que le comte
de Toulouse se faisait de nouveau Tagresseur de Ramon
Berenguer de Provence.
An milieu des brillantes qualités qui rendent si sympa-»
tbique sa noble infortune , Raymond VII avait un im-*
mense défaut , celui d'être dépourvu de toute capacité
politique.
On n'a pas assez insisté, croyons-nous, sur la légèreté
de cet esprit ardent, inégal , excessif en toutes choses ,
prompt à entreprendre, plus prompt à se décourager,
agissant par caprices , cédant sans réfleiioa m% iDspir»*
44 LIVRE III 9 CHAPITRE lU
lions da moment , sans plan déterminé, sans ligne de
conduite arrêtée , sans prévision de Tavenir. C*est dans
ce caractère, et non comme Ta fait un écrivain trop sé-
vère pour ce malheureux prince, dans un mélange odieax
de lâcheté et d'égoïsme *, qu'il faut chercher l'explica-
tion des inconséquences étranges de Raymond VII, de ses
révoltes inconsidérées , de ses humiliations volontaires ,
et surtout du prompt abaissement des pays de Langue-
doc, qui conservaient encore assez de vitalité, sinon
pour reconquérir leur indépendance, du moins pour
opposer aux éléments destructeurs une résistance plus
régulière et plus soutenue.
La honte que lui avait infligée le traité de Paris sem-
blait avoir ôté à Raymond tout reste de discernement.
Dominé par deux idées opposées , le désir de se relever
à tout prix et la crainte de se voir arracher les derniers
lambeaux de sa puissance , il saisissait avec un empresse-
ment fatal le moindre prétexte de guerre ou de conquête,
puis s'arrêtait brusquement comme épouvanté de sa
propre audace.
Le roi d'Aragon , médiateur naturel entre ses deux
parents de Toulouse et de Provence , et véritable chef de
la France méridionale, usait de toute son influence pour
modérer et diriger le fougueux comte toulousain. Mais,
dès que Jacme avait repassé les Pyrénées , Raymond,
obéissant à de mesquines rancunes, à des inspirations
aveugles , se jetait tête baissée dans des entreprises qui
< Mary-Lafon , Histoire politique , religiewe et littéraire du Midi
de la France, \. m.
Il est à regretter que Pauteur de cet ouvrage ait laissé entièrement
dans Tombre le rôle si important qu'a joué le roi Jacme dans l'his-
toire de no» provinces.
RATMOIfl) TU ET RAMON BERBNfiUER 45
ne pouvaient avoir d'autre résultat que celui de précipiter
sa chute.
En 1239, l'empereur d'Allemagne , plus que jamais
irrité contre Ramon Berenguer, allié fidèle du Saint-Slége,
mettait pour la seconde fois son vassal au ban de l'empire,
et renouvelait en faveur du comte de Toulouse la donation
des comtés de Forcalquier et de Sisteron, qu'il lui avait
déjà faite neuf ans auparavant.
Les deux comtes rivaux se trouvaient donc engagés dans
la grande querelle des Guelfes et des Gibelins, qui pas-
sionnait et divisait la chrétienté.
En héritant des traditions libérales , de l'esprit sage ,
des goûts éclairés de ses ancêtres, les comtes de Barcelone,
le doux et populaire Ramon Berenguer, qu'un célèbre
historien appelle assez mal à propos l'oppresseur des
communes \ avait hérité aussi de la sympathie des princes
de laCatalogoe et de l'Âragon pour la papauté, leur amie
et leur bienfaitrice. Son intérêt, d'ailleurs, lui traçait la
route à suivre. Avec le secours du Pape et l'appui moral
^ c 11 fut si louable en sa vie, tant valeureux en tous ses gestes et
ses héroïques faits d-armes, que le saint et grand roy Louis, qua*-
rante-quatriesme monarque des François, son gendre, soûlait dire
plusieurs fois que Berenguier estoit digne d^estre mis au rang des
plus sages et des plus illustres princes du monde.... Ce grand et ma-
gnanime prince fut plein de toute douceur, clémence et humanité.»
(Gaesar de Nostradamus, Hisl. etchron, de Provence.)
Les attaques de Ramon Berenguer contre les cités libres de Pro-
vence n'avaient pas pour but d'enlever à ces villes leurs libertés et
leurs coutumes pour les soumeUre au pouvoir absolu du comte. Ce
que demandait Berenguer, c'était la reconnaissance de sa suzerai-
neté comme seigneur de la Provence, et c'est ce que refusaient les
républiques.
N'est-ce pas se montrer trop sévère pour un prince du XIH* siècle
que de le flétrir du nom d'oppresseur parce qu'il n'a pas spontané-
ment renoncé à toute espèce d'autorité sur les plus belles parties du
territoire dont ses ancêtres lui avaient transmis l'héritage ?
46 ^ui^B m^ OHàVW ni
4e ses deoxigôndres, les cots de France et d'Angleterre,
il opposait aax ordres de l*empereiir une résistanoe pas-
sive sans rapture ouverte, car le comte de PfX)veQce
cherchait à vivre en p^w avec tous, bien qa*il eût sau-
vent donnéides preuves de son courage et de son habileté
dans la guerre.
Raymond VII, voyant se rapprocher et s*unir le roi en
faveur duquel il avait été dépouillé , le Saint-Siège, qui ,
presque involontairement et sans la .comprendre , avait
aidé à cette grande injustice , Oit le comte pour lequeil il
ressentait une de ces haines de voisin doutant plus vi-
vaces , dans certains esprits , qu'elles prennent ordinai-
rement leur source dans des sentiments de jalousie per-
sonnelle , Raymond YII se rangea instinctivement dans
le camp opposé. Ce n*est pas .qu'il fût réellement ennemi
de l'Église , quoi qu'en ait dit le chroniqueur Mouskes\
jugeant des affaires méridionales comme pouvait le faire
au XIII* siècle un habitant de Tournay ; mais , sans cal-
culer la portée de ses actes , sans peser les .ch^^nces de
succès , Raymond se crut assez fort de l'appui éloigné
de Tempereur pour reprendre la guerre contre Ramon
Berenguer *.
Vers le même temps, un secours, dont tout autre que
le comte toulousain eût certainement tiré profit , arriva
à Raymond VU du côté de l'Espagne. Le vicomte spolié
de Béziers , d'Âlby, de Garcassonne et, de Rasez, le fils
' Et si vint li quens de Saint-GiUe
Qui n'amoit mierEvangilie.
Vers 30697 et 30698 delà Gbronique rimée de Philippe Mouskes.
publiée par le baron de Reiffemberg.
3 Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chapelain de Ray-
mond YII, chap. jun.
LB nCOKTE 4IB BÉIIBRS. 47
da vaillant et iofortané Raymand Roger \ Raymond
Trencaval II , quittait subitement la Catalogne «t passait
les Pyrénées à la tète d'nne troupe dans laquelle les Lan-
guedociens proscrits (faydUs), yictimes de la guerre des
Albigeois , se mêlaient aux Catalans et aux Aragonais *.
Durant Tété de l'année 1240, tandis que le comte
de Toulouse remportait des succès sur le comte de
Provence et sur quelques seigneurs français venus en
aide au beau-<père de leur roi; au moment où l'on pou<-
vait croire saint Louis occupé de porter secours à Ramon
Berenguer, la petite armée de Trencavel envahissait les
diocèses de Narbonne et de Carcassonne. A l'approche de
leur seigneur, les vassaux des vicomtes de Béziers se
soulevèrent par un mouvement spontané , et, en un clin
d'oeil , le fils de Raymond Roger eut reconquis une partie
des États de son père. Des Pyrénées aux Alpes , le midi
de la France était en feu ; mais le comte de Toulouse ,
après avoir à dessein allumé l'incendie , ne sut pas pro-
fiter du trouble qu'il avait fait naître. Effrayé de se voir
en face d'adversaires dont il semblait n'avoir jamais encore
mesuré la force ,' redoutant la colère du Pape et celle du
roi de France , il recula tout à coup, retira son armée et
revint à Toulouse. Bien qa'il fût certainement de conni-
vence avec le vicomte de Béziers , il l'abandonna , comme
il l'avait déjà abandonné en d'autres circonstances ; mais
il refusa cependant de se joindre au sénéchal de Carcas-
* V. notre tome 1, p. 409, note.
» Dans une première expédition (4220 à 4227), Trencavel, aidé de
son tuteur, le comte de Foix, avait repris la plus grande partie des
domaines de sa famille; mais bientôt, vaincu par les Français, il s'était
refusé à tonte transaction avec ses spoliateurs et avait été contraint
dechercher un refuge dans les Etats du roi d'Aragon.
48 LIVRB m , CHAPITRE Ul
soDne pour le combattre \ Louis IX , débarrassé de tout
souci du côté de la Provence, eut bientôt raison de Tren-
cayel, qui, pour la seconde fois proscrit et déshérité,
retourna chercher un asile dans les États hospitaliers du
roi Jacme d'Aragon. Quant à Raymond VII , il se h&ta de
conclure avec le Pape un traité par lequel il promit de
seconder l'Église romaine contre Frédéric, a se disant
empereur * » , puis il courut à Montargis prêter à saint
Louis serment d'homme-lige, et fit la paix avec le comte
Ramon Rerenguer. Mais, comme s'il eût prisa tâcha de
faire douter de la sincérité de tous sea actes et de toutes
ses paroles , il choisit le moment où il allait porter aux
pieds de Louis IX ses protestations de fidélité , pour
donner une preuve du peu de sympathie que lui inspirait
la maison de France. En passant à Monteil (aujourd'hui
Montélimart), le 6 des kalendes de mars 1240 (26 février
1241), Raymond fit donation à sa petite-nièce Cécile de
Baux, fille de Barrai de Baux , de tous les domaines qu'il
possédait ou devait posséder sur la rive gauche du Rhône
t dans l'empire >, pour en prendre possession seulement
dans le cas où il mourrait sans enfant mâle.
Cette donation , constatée par un acte qui parait avoir
échappé aux historiens de la Provence ', est un nouvel
^ Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chap. xuii.
^ Histoire de Languedoc, in-^, l. fU, pr. n* 234.
' Nous donnons ce document dans nos Pièces jusliflcatives(n*f),
d'après Toriginal que nous avons retrouvé dans les archives de la
couronne d'Aragon. II nous a semblé utile pour l'histoire méridio-
nale d'appuyer sur un document authentique el inédit ce que nous
avons avancé au sujet des idées et de la conduite du dernier des
comtes de Toulouse. Cécile de Baux éleva plus tard des prétentions
sur le comtat Venaissin, se fondant, disent les historiens de ce pays,
sur les droits de son aïeule maternelle, Constance de Toulouse, sœur
de Raymond YII. L'acte que nous publions ne fut pas étranger, sans
doute, à celte revendication-
SIRTENTE DE BERTRAND Dti BORN 49
exemple des contradictions continuelles du comte de
Toulouse sans cesse ballotté entre ses désirs et ses craintes.
I.e traité de Paris, en enlevant à Raymond la libre dispo-
sition des biens qu*on lui laissait, n'avait pas prévu le cas
où le comtat Yenaissin serait rendu parle Saint-Père. Cette
restitution accomplie par Tintervention de saint Louis,
Raymond profita de Toubli des rédacteurs du traité pour
enlever le comtat, seul domaine dont il pût disposer, à sa
fille et, par suite, à la maison de France, et le donner à la
fille de Barrai de Baux TexcommuniéS de Barrai qui
l'avait puissamment secondé dans ses tentatives contre le
Pape et contre Ramon Berenguer. Ce qui mérite d*étre
remarqué, c'est que le comte de Toulouse fit cette dona-
tion précisément à Tépoque où il cherchait à se réconci-
lier avec le Saint-Père, Louis IX et le comte de Provence.
Cet acte, que révoqua d'ailleurs le dernier testament
de Raymond YII, fut sans doute tenu secret, car sa divuU
galion aurait rendu moins facile la réconciliation du
comte avec ses puissants adversaires.
Le nom de Jacme n'est prononcé par aucun historien
à propos de l'imprudente expédition dont nous venons de
parler ; le roi d'Aragon ressentait cependant le contre
coup de toutes les attaques dirigées contre la Provence
Ses droits sur ce pays, rendus illusoires par l'accroisse
ment de la puissance capétienne et presque ignorés au
jourd'hui, n'en étaient pas moins alors réels et fondés;
aussi n'est-cepassansraisonqu'au sujet de ces événements,
Bertrand de Born, le fils, disait dans le sirvente dont nous
^vons cité plus haut la première strophe V
^ Barrai de Baux, sénécbal du comte deToulouse pour le marqui-
sat de Provence, fut excommunié par le légat du Pape pour avoir
tenté de reconquérir le comtat Yenaissin, lorsque le Saint-Siège hé-
sitait a le restituer.
* V. ci-dessus, p. 24.
T. n. « 4
50 LiyRB Ifl , GHAPITIE Hl
t Comte de Toalonse, mauvaise récompense atteod
celai qui vous sert, d'où je vois naître grande douleur ;
car servir mérite quelque récompense. Or, bien vous a
servi le vaillant roi Pierre qui avec ses gens vous alla sou-
tenir et mourut là-bas, et ce fut un grand deuil. Mais à
ceux qui lui firent du tort vous allez donnant des forces,
et affaiblissant le roi Jacme.
» Au comte de Provence je dis qu'il n*ait crainte, que
bientôt il aura secours de notre roi qui grandement est
désireux de Taider, quand il sera maitre de Chiva. Car
je lui fais savoir que en Bereoguer ' lui a pris ce ch&teau,
et je lui dis qu*un roi qui va donnant son bien et s'en
retourne fait action d^enfant.
> Comte d*Urgel, ajoute le poète, vous avez assez de
froment et d'avoine et de bons châteaux avec des tours
pour que vous ne soyez pas craintif de cœur. Demandez
au roi tout l'honneur qu'au delà d'Urgel vous teniez
et ne lui laissez champ, ni vigne, ni jardin. Et si vous ne
le faites (je souhaite) que vous ne voyez pas l'autre (fête
de) Saint-Jean, si auparavant vous ne réclamez.
> Notre roi a assez de force avec les Sarrasins, mais
là-bas, du côté de Mootfort, je voudrais voir aujourd'hui
encore sa bannière (marcher) contre tous ceux qui vont
rabaissant son honneur *. >
Les paroles du troubadour, ami et probablement vas-
sal du comte d'Urgel, nous révèlent de nouvelles préten-
tions de la turbulente maison de Cabrera. Pons, non con-
^ Berenguerd« Entenza qui, au moment du siège de lativa, se
trouvait en guerre avec le roi d'Aragon (V. ci-dessus, p. 32). Le
baron révolté s'était fortifié dans le château de Chiva, que Jacnielui
avait donné autrefois; mais il ne tarda pas à se soumettre.
^ Kiky noudifà^ Choix de poésies des Troubadours y i. IN fP 484, et
Milà, de los Trovadores en Espana^ p. 470.
TBANSACTION AVEC l'ÉVÊQUE DE VAGCELONE 51
tent d'ayoir obteau en fief Théritage de la comtesse
Aurembiaix, regrettait les concessions qu'il avait été
obligé de faire au roi et réclamait sans doute les villes de
Lérida et de Balaguer*. A cet événement parait se rap-
porter un accord du 4 des ides de février 1240 (10 fé-
vrier 1241) par lequel un Guerau, qui s'intitule vicomte
de Cabrera, promet d'empêcber ses hommes de taire
aacuQ mal aux hommes du roi '.
Les réclamations du comte d'Urgel se renouvelèrent
en 1242, époque où Jacme, pour y mettre fin, céda à Pons
de Cabrera le château et la ville de Balaguer '. Mais , -en
1241, ce débat ne préoccupait pas assez le roi d'Aragon
pour lui faire perdre de vue ce qui se passait en Langue-
doc et en Provence. Aussi, à peine eut-il quitté le royau-
me de Valence après la reddition de Castello et l'élévation
de Ximeno Perez à la dignité de rico home, qu'il accou«'
rut en toute bâte à Montpellier. Lorsqu'il arriva dans
celle ville, le comte de Toulouse était à Montargis auprès
du roi de France.
Le 12 mars 124 1\ Jacme, par la médiation de Bernard
de Cuxac, évéque de Béziers, signait un accord qui ter-
* V. notre tome 1, p. 364.
^ Archives d'Aragon, parchemins de Jacme 1", n* 829.
* Diego Moofar y Sors, Historia de los coudes de Urgel, dans la
Colleçicn de doeumentos ineditos del archiva de Aragon.
* a Quarto Idus Martii anno Domini 12ii. n Telle est la date de
ce document. D'après ces expressions , et en tenant compte de l'usage
le plus général, qui était de dater d'après les années de l'incarnation
commençant au 25 mars, cet acte paraîtrait se rapporter à l'année
4242. Dom Yaûisète lui assigne cependant la date de 4244 , par ce mo-
tif concluant que Bernard, évêque de Béziers, qui y est mentionné,
mourut le 23 janvier de l'an 4242 de la Nativité. D'ailleurs il est
constant, par un document des archives d'Aragon (Parchemins de
Jacme I*', n* 878), que le roi se trouvait dans ses Etats de la Pénin-
sule, le 44 mars 4242.
52 ^JVRB m, CHAPITBB III
minait ses différends avec l*évêque de Magaelone d'une
façon qae Ténergie déployée jusqu à ce moment par Jean
de Montlaur était loin de faire prévoir. Le prélat, content
de quelques concessions de peu d*importance et de la
reconnaissance de sa suzeraineté, renonce par cet acte
à tous les droits qu*il pourrait avoir sur le consulat de
Montpellier, àtoute immixtion dans la juridiction seigneu-
riale; bien plus, il cède au roi non-seulement le droit de
rendre la justice criminelle et de percevoir certaines rede-
vances dans Monlpelliéret, partie épiscopale de la ville de
Montpellier qui n*avait jamais été soumise au seigneur,
mais encore celui de recevoir le serment de fidélité de ses
habitants et de les forcer au service àeVhost en même
temps que les bourgeois de la ville seigneuriale. Le roi
s*oblige à tenir le tout en fief de Tévéque. « sous h même
forme qu il tient le fief de Montpellier.*»
Jacme triomphait de Tévéqup de Maguelone ; mais ce
n*était pas le plus redoutable des adversaires qu*il était
venu combattre au nord des Pyrénées. 11 était autrement
difficile d'arrêter les progrès de la maison de France, de
guérir ou d'adoucir les blessures faites à la nationalité
méridionale par le traité de 1229, et d'empêcher les dé-
plorables écarts par lesquels le comte de Toulouse sem-
blait se plaire à compromettre sa propre cause.
Un prince moins scrupuleux que Louis IX n'eût pas
manqué de profiter des prétextes que lui fournissait
Raymond lui-même pour consommer la ruine du vassal
insubordonné ; mais le saint roi accepta les protestations
du comte , bien que leur sincérité put lui paraître dou-
teuse. Personne n'ignorait, en effet, que Tunique préoc-
* Voyez cet accord dans le Spicilegium de d^Àchery ; édit. in-f^,
t. III, p. 622.
SANGHA d' ARAGON 53
cnpatioD de Raymond était d'éluder le traité de Paris
lorsqu'il perdait Tespoir de le déchirer. Il ne pouvait se
résigner à Tidée de ne laisser après lui qu'une iille , cette
Jeanne de Toulouse qui devait faire entrer le riche patri-
moine de sa maison dans la famille des rois d'outre-
Loire.
Raymond aurait supporté ses malheurs avec plus de
calme, s'il avait pu léguer à un lils, avec les quelques
domaines dont il lui était permis de disposer, sa haine des
septentrionaux , ses désirs de vengeance et ce rôle de
prince du Midi si peu fait pour sa faiblesse. Il suffisait
que la bannière de Toulouse restât debout au milieu de
ces pays qu'elle avait si longtemps protégés de son
ombre, pour que, dans un moment favorable, on put voir
les populations méridionales se serrer tout à coup autour
d'elle et repousser, par un violent effort, la domination
étrangère.
Cet héritier de ses droits et de ses haines , Raymond
n'espérait plus l'avoir de sa femme, Sancha d'Aragon,
plus âgée que lui ^ aussi , peu de temps après le traité
* Sancha était fille du roi d'Aragon, Alfonse II, le Chaste, qui
avait eu pour enfants : 1* Pierre il, roi d'Aragon; 2* Alfonse, comle
de Provence et père de Ramon Berenguer V ; 3* Fernand, abbé de
Montaragon, dont nous avons souvent fait mention; 4* Constance,
mariée en premières nocesà Emeric, roi de Hongrie, puisa l'empereur
Frédéric II, et morte en 1222; 5* Léonor, femme de Raymond VI,
comte de Toulouse; 6" Sancha, femme de Raymond VU; T Dulcia,
religieuse.
Sancha d'Aragon, comtesse de Toulouse, était donc la tante du roi
Jacme et du comte Ramon Berenguer. Elle devait avoir dix-huit
ou vingt ans lorsqu'elle épousa, en 4211, Raymond VU, qui n'en
avait que quatorze. (V. notre tome I, p. 63; BofaruU, los condes de
Barceloiiay t. H, p. 2U ; Histoire de Languedoc, édit. in-f^, t. III,
note 35.)
54 LITRE III, CHAPITRE 111
de Paris, avait-il résolu de la répudier et s'était-il séparé
d'elle *.
La princesse aragonaise, chassée par son époux,
s'était réfugiée auprès de son neveu le comte de Provence,
bien décidée à s'opposer de toutes ses forces à l'annu-
lation de son mariage.
Les instances , les ordres mêmes du Souverain Pontife
n'avaient pu décider le comte à se rapprocher de sa
femme *. Il alléguait que son père , Raymond VI , avait
tenu Sancha sur les fonts baptismaux , ce qui constituait
une parenté spirituelle, incompatible avec les liens du
mariage. Le Pape avait ordonné une enquête, qui n'abou-
tissait point par suite du défaut de preuves. La séparation
des deux époux était consommée de fait depuis onze ans ,
le scandale avait éclaté sans profit pour personne , lorsque
Jacme , convaincu qu'il n'y avait plus rien à attendre de
la légèreté de Raymond VU , se décida à prêter les mains
à une combinaison qui seule encore pouvait sauver la
cause méridionale , mais devant laquelle il avait long-
temps hésité par attachement ou par respect pour la sœur
de son père. Il s'agissait d'obtenir du Saint-Siège l'annu-
lation du mariage du comte de Toulouse avec Sancha
d'Aragon et de marier Raymond à Sancia ou Sancha de
Provence, troisième fille du comte Ramon Rerenguer.
La réalisation de ce plan eût menacé d'un coup formi-
dable la puissance capétienne dans le Midi. Malgré le
mariage de la fille aînée du comte de Provence avec le
roi Louis IX, un fils né du comte de Toulouse et de la
princesse provençale eût hérité, non-seulement des do-
maines de son père, que le traité de Paris ne réservait pas
* Raymond et Sancha étaient du moins séparés au mois d'août
'1Î30. (V. Hist. de Long., liv. XXTV, chap. LXXii.)
•2 \oy. Hist, de Lan^., iiv. XXIV, chap. Lxxii.
TRAITÉS ERimE JACMB ET RAYMOND VU 5K
eKclasiTement à ïa femme d'Alfonse de Poitiers, mais
aossi de tons les États de Hamon Berenguér, Jacme, qui
avait rintentioD de réclamer la Provence si son cousin
moarait sans enfants mâles , aorait certainement con-
senti, dans ce cas , à ne conserver d'antres droits sur ce
pays que ceux de simple suzerain. La dynastie de Ton*
lo»e, régénérée par sa fusion avec celle de Provence, se
serait redressée en face de la maison de France. Sous son
ombre et sous la protection de TAragon , le Midi , qui
n'oubliait ni son passé glorieux , ni ses vieilles affections ,
aurait vu ses forces épuisées renaître peu à peu jusqu'au
jour où toutes ses parties , sortant tout à coup de leur
torpeur et unissant leurs efforts , auraient mis en pièces
le traité de Paris , acclamé leurs princes nationaux et
rx^QStîtué enin, après tant de luttes et de déchirements,
une nation unie et compacte.
G*est pour tenter la réalisation de ce rêve que Jacme
était accouru à Montpellier, où il attendait le moment
d'avoir une entrevue avec le comte de Toulouse. Celui-ci,
eu quittant Montargis, se dirigea vers Marseille ; il devait
s'embarquer dans le port de cette ville pour aller recevoir
à Rome même son absolution définitive et sceller sa ré-
conciliation avec le Saint-Siège.
A son passage à Lunel , Raymond trouva le roi d'Ara-
gon, qui désirait avoir avec lui une conférence dont les
résultats sont constatés par an certain nombre de docu-
ments datés de Montpellier les 18, 23 avril, 5 et 7 juin
1241.
Par le premier de ces actes , le roi et le comte font
alliance < eu toutes choses et spécialement pour la
défense de la foi catholique et de la Sainte Église
romaine^ , qu'ils s'engagent à secourir de tout leur pou-
voir « contre tous ses adversaires et contre tous les
56 LITRE III, CHAPITRE III
hérétiques des terres et lieux qui sont sous leur dépen*
dauce. > Ils promettent de s'aider envers tous et contre
tous , excepté contre les rois de France et de Gastille et
le comte de Provence. Raymond ajoute, d'ailleurs, cette
restriction : « sauf toutefois la volonté et les ordres du roi
de France en ce qui nous concerne V »
L'acte du 23 avril est une trêve jurée par les deux
princes pour deux ans à partir de la Toussaint *, et
celui du 7 juin, un engagement pris par Jacme d*agir
auprès du Saint-Siège pour obtenir l'absolution du comte,
les dispenses nécessaires au mariage de ce dernier avec
Sancba de Provence , la sépulture ecclésiastique pour le
feu comte Raymond YI , la dispense pour Raymond YII
de prendre la croix et d'exécuter certaines clauses secon-
daires du traité de Paris , enfin des réformes destinées à
^ Dom Yaissète (Hist de Lang.^ liv. XXV, chap. ilit) mentionne
un traité conclu, le 48 avril, à Lunel, et[qui réunirait aux clauses
de celui-ci celles de Tacte du 7 juin. Ce document se serait trouvé,
d'après Thistorien du Languedoc, parmi les manuscrits de M. de
Coislin, sous le n* 686. Nos recherches pour le découvrir dans le
fonds Goislin, à la Bihliothèque impériale, sont restées infruc-
tueuses.
Les traités du 48 et du 23 avril, dont on trouvera le texte dans nos
Pièces justificatives (n<" II et III) , figurent dans la coHeetion de
manuscrits delà bibliothèque de Garpentras. M. Lambert, conserva-
teur de ce riche dépôt, a bien voulu, avec une obligeance dont nous
ne saurions trop le remercier, nous envoyer la copie, faite par ses
soins, de ces deux documents si importants pour Thistoire du midi
de la France.
L'acte du 7 juin est conservé aux archives de TEmpire , carton J,
587. (Voy. Pièces just., n*> IV bis.)
* Les lieux compris dans la trêve sont ainsi désignés . a La terre
du roi d'Aragon et des siens du Rhône à Valence ; tout le royaume
de Valence et tout le royaume de Mayorque par mer et par terre ;
toute la terre du comte de Toulouse et des siens en deçà du Rhône
et au delà, quelle qu'elle soit, et spécialement Marseille et !c châ-
teau de Braganson, par mer et par terre.»
SEIfTBIfCB CONTRE SÀNGHA D'aRAGON 57
rendre l'inquisition < tolérable à la terre » da comte.
Si le roi ne réussit pas dans ses démarches > Raymond
sera dégagé de la promesse qu'il a faite à Jacme de se
liguer avec lui pour défendre l'Eglise contre l'empereur.
Les traités que nous venons d'analyser s'attachaient
habilement à désarmer les deux principaux adversaires
du comte , et particulièrement le roi de France, contre
lequel ils étaient secrètement dirigés. Le projet d'union
avec la princesse provençale semblait n'être qu'une
affaire de famille à laquelle les étrangers devaient rester
indifférents. C'était là cependant le vrai motif de l'al-
liance; mais l'exécution de cette clause était rendue diffi-
cile parla résistance obstinée de Saucha d'Aragon, qui
opposait les dénégations les plus formelles au fait sur
lequel le comte de Toulouse appuyait sa demande de
divorce.
Peu de jours avant l'acte du 7 juin, Ramon Berenguer
était venu rejoindre à Montpellier Jacme et Raymond VU,
qui avait renoncé à son voyage à Rome. Les trois princes
s'étaient occupés d'assurer le succès de la demande
qu'on allait porter aux pieds du Saint-Siège, et, pour
atteindre ce but, ils n'avaient pas reculé devant l'injustice
et la violence des moyens. Le roi d'Aragon , Raymond
Gaucelin ou Gaucelm, seigneur de Lunel, et un troi-
sième arbitre, désigné seulement sous le nom d'Albeta\
avaient rendu, le jour des nones de juin (5 juin) 1244,
* Le nom de ce personnage est Âlbeta et non Albesa, comme l'ont
dit par erreur Zurita, Miedes et Dom Yaissète. Un sceau d^Albeta de
Tarascon, conseiller du roi Charles !•' d'Anjou, comte de Provence,
a été publié par M. Blancard dans son Iconographie des sceaux et
bulles des archives du département des Bouches-du Rhâne (texte, p. 60,
et planche XXX). Ce sceau est apposé à un acte de 4250. L'individu
auquel il appartient, évidemment le même qu'Âlbeta de Tarascon .
Tun des conseillers de Ramon Berenguer V qui préparèrent l'avéne-
SB LnmB ni, gbapitrr m
UM sentence qai ordonnait : 1* au comte de Provence,
d'en^ger la reine* Sancba à demander elle-même la
cassation de son Qiariage et, si elle refusait, delà chasser
de la Provence, de lai enlever ce qu'il lui avait donné et
de ne lai accorder aucun secours, soit public, soit secret ;
â"" au oomte de Toulouse, de solliciter de son côté la
déclaration de divorce et de donner à Sancba d* Aragon,
pour remplacer son douaire, une somme de mille marcs
d'argent et une pension viagère de cent marcs par an;
3"" aux deux comtes conjointement, de faire demander au
Saint-Siège, par des ambassadeurs spéciaux, les dispenses
« qui leur paraîtront nécessaires. * > On évitait avec soin
de mentionner en termes exprès le projet de mariage de
Raymond VII avec la fille de Ramon Berenguer.
Le comte de Provence et le comte de Toulouse
avaient approuvé la décision des arbitres et promis de s'y
conformer. C'est pour faciliter l'exécution de cette sen-
tence que, le surlendemain, 7 juin, le roi d'Aragon avait
pris l'engagement dont nous parlions tout àl'heure.
menl de la maison d^Anjou en Provence, n^est probablement pas dif-
férent de celui qui a figuré dans la sentence arbitrale du 5 {ain
1244. Des fautes de copie et des erreurs de lecture ont fait donner
aussi au conseiller du comte de Provence les noms d'Albera et
d'Albert.
^ Le titre de reine était quelquefois porté par des filles de roi.
^ Voyez cette sentence dans nos Pièces justificatives, n* IV. Dem
Vaissète a commis quelques erreurs en essayant de rectifier, par
les vagues indications de la chronique de Puy-Laurens, le passage
très-précis dans lequel Zuriia {Anales^ 1. 1, f* 45S^ a rendu compte
delà décision arbitrale du Bjuin 1241 qu'il avait certainement sous
tes yeux. L'historien du Languedoc donne à cet acte le caractère d'un
traité dont Jacme , Raymond Gaucelin et Albeta auraient été les ga-
rants, et y fait figurer l'évêque de Toulouse, bien que oe prélat ait
toujours refusé de s'associer aux actes d'injustice dont Sancha d'Ara-
gon était la victime.
SEIfTEmSE CONTRE SAfICHA d'aBAGON 59
Dominé par ses idées de reconstitaticm nationale,
entraîné, aveuglé par le désir de réaliser les rêves qu*il
avait caressés, Jacme venait de fonler aux pieds dans un
intérêt politique les sentiments et les devoirs les pins
sacrés. Il ne s'agissait plus d'obtenir par dés moyens
loyaux nne^ de ces sentences de divorce si fréquentes à
cette époque, on osait employer les menaces pour con-
traindre une malheureuse femme à agir contre elle-même
et à suppléer par ses instances à ce qu'avaient d'insuffi*
sant et de suspect les témoignages invoqués devant Tau-
torité ecclésiastique.
Vainement Miedes essaye-t*il de justifier le roi d'Ara-
gon par ces raisons naïves que les prières importunes des
deux comtes et la crainte de mettre en danger la vie de sa
tante, l'avaient forcé de souscrire malgré lui à celte
« inique et cruelle sentence \ »
L'histoire ne peut admettre de pareilles excuses pour
un prince dont la volonté, clairement et énergiquement
manifestée, eût suffi à empêcher cette injustice, et qui
pouvait recueillir chez lui sa parente, chassée par le
comte de Provence. On ne peut oublier, d'ailleurs, que
Jacme a joué le principal rôle dans cette affaire , où repa-
rait la politique matrimoniale de la maison de Barcelone;
c'est Jacme qui , allant trouver Raymond VII à Lunel ,
reprit le projet de divorce ; c'est lui qui servit d'inter-
médiaire entre le comte de Toulouse et Ramon Beren**
guer ; c'est chez lui, à Montpellier même, que fut arrêtée
l'inique décision dans laquelle il figure comme premier
arbitre, et ce n'est pas là, nous le verrons bientôt»
que s'arrêta son intervention beaucoup trop laissée dans
l'ombre parles historiens modernes.
^ Miedes, Vida d^dùn Jayme, ïïb. Xlil.
60 LITRE III , CHAPITRE IH
L' amour de la patrie méridionale , le désir de rendre
l'indépendance à nos provinces, sont les seules excuses
que Ton puisse invoquer pour atténuer les torts du roi
d'Aragon et de tous ceux qui participèrent à l'acte du
5 juin 1241.
Cette convention, « honteuse et marquée du sceau de
l'infamie* », souleva l'indignation dans ces pays mêmes
qu'elle voulait affranchir de l'oppression étrangère. Le
peuple ne comprend guère la morale à double face des
hommes politiques ; il ne vit dans cette circonstance que
l'insulte infligée à la parente, à l'épouse, à la femme,
et son instinct de justice se révolta.
« Comte provençal, dit le troubadour Rambaud
d'Hières à Ramon Berenguer, comte provençal, sidona
Sancha s'en va, nous ne vous tiendrons pas pour homme
d'autant de valeur ni d'autant de prix que nous le ferions
si elle séjournait ici parmi nous , préférant la Provence
à l'Aragon. Cette dame est belle, courtoise et franche,
et elle embellira toute notre contrée. Bien prospère
l'arbre duquel naît si belle branche ; qu'il se maintienne
tel qu'il est avec une saison favorable*. >
< Zurita , Indicés apud Hispania illuatrata^ t. III, p. 85.
^ Voyez Raynouard, Choix de poésies des Troubadours^ t. V,
p. 404 ; Hist. litt. de la France^ publiée par l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres, t. XVIII, p. 671. — Don Manuel Milà y Fon-
tanalsesl le seul qui donne {de los Trov, en Esp., p. 60) le texte
complet de cette pièce, différent en quelques points de celui des
deux ouvrages qui précèdent. D'après le savant professeur de Barce-
lone, ce couplet aurait été adressé à don Sanche d'Aragon, comte
commandataire de Provence, dans une occasion où sa femme, San-
cha Nudez de Lara, se disposait à passer en Aragon. Â notre avis,
le vers : No vos tenrem tan valen ni tan pro^ ou, selon la version de
M. Milà, No-us tenrem mais per gaillart ni per pro, renferme un
blâme trop sévère à l'adresse du comte, pour quUl puisse se rappor-
ter à un événement aussi simple, auquel d'ailleurs don Sanche paraît
DIVORCE DE RAYMOND VU 61
Ces protestations D^empéchërent pas les princes mé-
ridionaux de poursuivre leur œuvre. L*enquôte ayant eu
lieu devant les juges désignés par le Saint-Père , des
témoins établirent que Raymond YI avait tenu Sancba
d'Aragon sur les fonts baptismaux. Il est vrai que la
sincérité de ces déclarations fut révoquée en doute par
l'évéque de Toulouse, et que ce prélat refusa, malgré les
prières du comte Raymond , de prendre part à Tenquéte ;
mais rintimidation qui n'avait pu forcer Sancba à témoi-
gner contre elle-même lui ôta du moins le courage de
se défendre; la sœur de Pierre le Catholique comparut
devant les juges ecclésiastiques accompagnée de ses deux
neveux, le roi d* Aragon et le comte de Provence, dont
la présence était plutôt une menace qu*un appui ; son
silence répondit seul aux affirmations des témoins, et le
divorce fut prononcé*-
Le principal obstacle ainsi renversé, il ne s'agissait
plus que d'obtenir du Saint-Siège les dispenses néces-
saires pour que Raymond VU pût épouser Sancba de
Provence. Des ambassadeurs furent envoyés à cet effet
auprès de Grégoire IX; mais le roi d'Aragon et les deux
comtes, confiants dans les bonnes dispositions du Saint-
Père à leur égard , avaient une telle hâte d'assurer le
succès de leur combinaison , qu'ils résolurent de célé-
brer le mariage sans attendre la décision pontificale, et,
le 3 des ides d'août (il août) 1241, le roi Jacme r% en
qualité de procureur fondé du comte de Toulouse, épousa
à Aix , en Provence , la fille de Ramon Berenguer, sous
avoir été à peu près étranger. Nous n'hésitons pas à nous ranger à
i^opinion de l'abbé Papon (Histoire générale de Provence, t. Il,
p. 327), et de l'auteur de l'article Raimbaud d'Hières, dans VHist,
litt. de la France,
4 Voyez la Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chap. xlit.
62 UVRB lU , GHiPlTA£ Ul
U coaditiiOD cependant que la dispense serait accordée
avant la Septaagésime ^
Le roi d*Âragon et ses alliés touchaient au but, lors^
qu'un événement inoprévu vint renverser l^édifice qu*iU
avaient si péniblement écbaffaudé sur une injustice. En
arrivant à Pise, les ambassadeurs de Jacme, de Raymond
et de Ramon Berenguer apprirent que Grégoire IX venait
de mourir. Le siège pontifical resta vacant pendant vingt
mois environ; dans cet intervalle, Sancha de Provence
épousait Richard , frère du roi d'Angleterre , et, tandis
que Jacm6 retournait en Catalogne, Raymond VII, livré
à lui-même, changeait encore une fois de ligne de con-
duite.
C'était le moment où saint Louis , essayant de faire
reconnaître dans le Poitou Tautorité de son frère Al-
phonse , soulevait les haines des barons de ce pays , à la
tète desquels se plaçait Hugues de Lusignan , comte de
la Marche. La femme de Hugues , Taltlère Isabeau d'Ao-
gouléme , mère du roi d'Angleterre , essayait de former
une puissante coalition de tous ceux qui avaient contre
le roi de France un sujet de mécontentement ou de haine.
Raymond se laissa prendre aisément aux avances de
l'ambitieuse comtesse. On lui promit en mariage la fille
du comte de la Marche , et, au mois d'octobre 1241 % un
traité secret le liait à Hugues de Lusignan.
Raymond se chargea d'entraîner dans la ligue le roi
d'Aragon et le vicomte Trencavei ; il fit , à cet effet , un
voyage en Catalogne qui eut un plein succès auprès de
^ Cet acte de mariage a été publié pardom Luc d'Achéry, dans son
Spicileginm, édil. in-f, t. Ilï, p. 621.
^ Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chap. xlv, el Hist, 4e
Lang,^ l. XXV, chap. lu.
» (
GOALItlOfl GOlVTitB LE HÛI DB FRANCE 6S
raDciea vkomtede Béziers^ mais, malgré le» assertioos
de quelques contemporains, il nous est permis de douter
que le comte de Toulouse ait aussi bien réa&si auprès de
Jacme et obtenu de celui-ci une promesse formelle de
secours contre le roi de France.
La prudence du roi d'Aragon , la sâreté de son juge-
ment « les idées de conciliation que , par un remarquable
contraste, Tinfatigable guerroyeur des Sarrasins appor-
tait dans ses relations avec les princes chrétiens , la né-
cessité de surveiller sans cesse les Musulmans imparfai-
tement soumis de ses nouveaux royaumes, tout enfin
dans sa conduite, comme dans son caractère, contredit
cette affirmation hasardée. Autant il est aisé de recon-
oaltre les traditions catalanes dans la combioai^n ma-
trimoniale qui venait d'échouer, autant il est difficile de
croire que, avec une caution telle que rincooséquent
Raymond VII, Jacme se soit lancé dans une guerre dont
Tissue était plus qu'incertaine, dont la durée et la violence
pouvaient atteindre des proportions désastreuses. Les
vœux du roi d'Aragon, comme ceux des rois de Gastille
et de Navarre, étaient certainement favorables à la cause
du Midi ; mais il y a loin de là à une promesse d'inter-
vention. Le bnut se répandit pourtant que ces princes
étaient entrés dans la coalition; propagées sans doute
habilement par Raymond et le comte de la Marche , ces
rumeurs vagues et sans fondement prirent un corps dans
^ Par un acte en date du 46 des kalendes de novembire (47 octobre)
4244 , « Trencavel, par la grâce de Dieu, yicorate de Béziers » , s'en
remet à la décision et à la volonté du roi d'Aragon et du comte de
Toulouse, jurant de ratifier ce qu'ils délermineront à son sujet et» au
sujet de sa terre et de ses hommes. 11 fait hommage manuel à Jacme
selon les fueros d'Aragon (Voyez EUtoire de Lang,^ liv. XXV, chap.
Ln.)
64 UtRB III , CHiPlTHB Ht
quelques écrits de l*époque. Nous pouvons citer cepeo*
dant à l'appui de notre opinion la chronique de Guillaume
de Puy-Laurens, chapelain de Raymond YII, qui ne
mentionne point les rois espagnols au nombre des alliés
du comte S et les paroles que Mathieu Paris prête à
Hugues de Lusignan dans la discussion que celui-ci eut
avec le roi d'Angleterre au moment de la bataille de
Taillebourg :
« — Où sont, demandait Henri, ces nombreuses
troupes qui pouvaient s'opposer aisément au roi de
France et lui résister sans frayeur?. . . . Est-ce là ce que
tu m'as promis?
» — Jamais pareille chose n'a été promise de mon
aveu, répondit Hugues, prenez-vous-en à votre mère,
ma femme. Par la gorge de Dieu ! tout cela a été machiné
à mon insu*. >
Lorsque le comte de la Marche et Raymond se crurent
assurés de l'appui des principaux barons de Poitou,
d'Aquitaine et de Languedoc, ils commencèrent les hos-
tilités contre saint Louis et appelèrent à leur secours le
roi d'Angleterre.
c Adont avinl apriès la Paske ,
De cuer boiséour et de laske '
Li quens de la Marce et li sien ,
* «ilnterea oriuntur contractus inter eosdem eomites Tolosœet Mar-
chiœ et regem Angliœ, de facienda yuerra régi Franciœ, pluribus
aliis conseniientibus in idipsum,^ (Guillaume de Puy-Laurens, chap.
XLV.) Plus bas le chroniqueur nomme les adhérents du comte de
Toulouse : Âmalric de Narbonne, Raymond Gaucelin de Lunel, les
comtes d'Armagnac et de Foix ; il ne mentionne pas les rois, qui au-
raient dû figurer au premier rang.
' Mathieu Paris, Grande Chronique, ad ann.4242.
' De cœur trompeur et lâche.
SOULÈVEMENT DU MIDI 65
Ki le roi n'amoient de rien ,
Mandèrent au roi d'Engletière
Qu'il passast il r'aroit sa tière.
Le roi d'Arragonne en estoit
Voellans et bien s'i asenloit*,
El li rois de Navarre ausi ,
El li quens de Toulouse ensi ;
C'esloit auques' sor la fiance
De l'Empereur, mais deffîance^
N*ot pas mandé à Loeys^. »
On sait comment Henri III , cédant aux instances de
la comtesse de la Marche, sa mère, passa en France,
malgré ses barons , avec un corps de troupes peu nom-
breux, se mit à la tête des Poitevins et des Gascons et
vint se faire battre à Taillebourg et à Saintes (juillet
1242).
Pendant ce temps, une grande partie du Midi se sou-
levait à la voix de ses seigneurs : Amalric, vicomte de
Narbonne ; Trencavel de Béziers , les comtes de Foix ,
deComminges, d* Armagnac, de Rodez, et se rangeait
sous l'autorité de Raymond VII, qui avait repris le titre
de duc de Narbonne ^ Mais , tandis que le comte de Tou-
^ Voulant et bien y consentait.
^ Aussi.
3 Défi, gage de combat.
* Chron. rimée de Philippe Mouskes, publiée par M. le baron de
Reiftemberg, vers 30841 à 30853.
s Si le sirvenle dont nous avons parlé plushaut (page il ,nole 1)
est de Durand de Perneâ et non de Bertrand de Born, c'est à celte
datequMl faut le placer :
a Guerre rend le vilain courtois^ dit le troubadour, et pour cela
me plall guerre bien faite, et j'aime quand la trêve est rompue entre
les sterlings et les tournois.
9 Slerlings et tournois changeant, prenant, mettant et donnant ,
nous verrons avant un an, ù mon avis, lequel des deux rois est le
moins lâche .
» Pourtant le seigneur comte, duc, marquis a bien jeté son gage
T. n. 5
66 LivKB III , t!&jLprrRB m
louse poursuivait le cours de ses succès , Hugues de la
Marche, vaincu, s'humiliait aux pieds de saint Louis et
promettait même de joindre ses armes aux armes fran-
çaises pour combattre son allié de la veille. Bientôt celui
des conseillers de Raymond qui Tavait le plus vivement
poussé à la révolte, le comte de Foix , se détacha de la
coalition méridionale et fut suivi dans sa défection par le
comte de Rodez. C'est en ce moment que le troubadour
Guillem de MontagnagoP s*écriait :
« Il m'est agréable d'entendre les fanfares des trompes
des hommes d'armes au milieu du combat, quand les
meilleurs archers des deux armées tirent avec adresse et
que je vois se confondre les bannières. Alors tressaille le
cœur du vassal, si bien que son corps s'enhardit.
» Comte de Toulouse, là où l'on éprouve les puissants,
(de combat), mais on dit que Gascons et Anglais le font mettre pour
sentinelle.
» Bientôl nous verrons lesquels pourront le mieux souffrir la fa-
tigue et le fracas ; nous verrons maint dieval bai et maint gris, et
maint heaume et mainte épée, et niniut coup frappé fort et ferme,
maint bras, mainte tele fracassée, mainte muraille, mainte tour
détruite, maint château forcé et conquis.
» Personne ne croit que sans réclamalion les Français gardent ce
qu'ils ont ravi injustement à maint baron e^limé. Mais je suis gran-
dement étonné (de la conduite) du seigneur des Âragonais ; car pour
leur (faire du) dommage il n'abandonne pas (ses entreprises) et il
n'adhère pas ici au traité que propose le comte, duc, marquis.»
Celte dernière phrase prouverait que Jacme n'entra point dans
la coalition de 4241, si toutefois c'est à ces événements qu'il faut
rapporter la pièce qui précède. (V. Raynouard, Choix de poésies des
Troub,, t. IV, p. 263.)
* Ce Iroubadour est appelé dans les manuscrits Montagnagoul,
Monlagnaçot et Montanhagol Je Toloza. Muntanerlui doime le nom
de Munleyagol. C'est probablement lui qui figure à iJlusieurs re-
prises dans la répartiiion du royaume de Valence sous le nom de G.
deMontaynagol. (V. à la lin de volume, Nomenclature des familles des
Elatsdelaciûel".—Voy. aussi Milà, de t<w Trovadores, p. 473et259.)
SOULEYEMENT EU M»l 67
je TOUS vois au faite de Thonneur, et je prie que Dieu me
dooue son amour aussi certaioemeut que votre richç
renommée s*éiève au milieu des louanges. Mais que oelyi
qui maintenant vous fait défaut ne trouve jamais pr^s de
vous bon accueil.
« Nous avons vu la Marche , Foix et Rodez, faillir les
premiers à nous porter secours; c*est pourquoi je les
flagelle au nom de Tbonneur et du courage dont ih se
sont dépouillés; car, dans une telle cloche, ils ont mis
le battant^ qu'ils ne peuvent plus espérer bon renom.
» Je ne crois point que jamais ils effacent leur crime ;
car il se charge d*un forfait pire que celui de Caïn , celui
qui maintenant se sépare du puissant seigneur de Tour
louse. Il est difficile que celui qui fait défaut et manque à
son seigneur ne soit point puni.
» Si le roi Jacme, à qui nous n*avQns point menti, tient
ce que lui et nous nous sommes promis , â*après ce que
j'ai ouï dire*, grand chagrin et pleurs auront les Français,
en dépit de tous ceux qui voudraient Tempécher. Mais,
comme il fait défaut et qu'il ne parait pas , tout le monde
le regarde de mauvais œil.
> Anglais, de fleurs et de feuilles couronnez^vous; ne
vous donnez point de peine, ne prenez point garde à qui
vous attaque, jusqu'à ce qu'on vous ait entièrement dé-
pouillés ^ >
^ Expression proverbiale qui sigEifie: ils ont prêté leur aide a une
t6i]e cause.
2 Le doute exprimé par ces paroles prouve que Texistence du
prétendu traité avec le roi d'Aragon était loin d'être admise par les
contemporains.
» Voy. pour le texte de ce sirvenle : Rochegude, Parnasse occtta*
ffiûn, p. âl78 ; Raynouard , CKoix de poésies des Troub<idours, t. lY,
p. 212 , et pour te texte et la Iraduction espagnole, Milà, de Iùs
Trovadares ^ p. 173.
68 LIVRE III , CHAPITRE III
Henri III , on effet , réfugié à Bordeaux après ses
désastres, dépeusait, au milieu des plaisirs, Tor qu'il
avait apporté pour la guerre, et négligeait de profiter du
secours inattendu que venaient lui donner la maladie et la
famine, s*abattant tout à coup sur Tarmée de saint Louis.
Le comte de Toulouse était accouru pourtant dans la
capitale de la Guyenne pour s'assurer l'aide du roi d'An-
gleterre ; un traité avait été conclu^ , mais il resta sans
effet. Les rois d'Aragon , de Navarre et de Castille ne
firent aucun mouvement qui pût prouver leur connivence
avec les adversaires de Louis IX, et Raymond, abandonné
de tous, fut contraint d'implorer humblement la paix et
de s'en remettre à la miséricorde du roi de France.
Celui-ci , usant d'indulgence, se contenta d'exiger du
vaincu le serment de fidélité et la confirmation du traité
de 1239 (janvier 1243).
Sur les bords du Rhône comme au pied des Pyrénées,
la triste issue de cette campagne fit gronder dans les
cœurs les vieilles passions méridionales, qui inspirèrent
probablement alors au tailleur de Pernes* ce chant vigou-
reux :
€ J'ai à cœur d'encocher un sirvente pour le décocher
sur ceux qui ont renversé l'honneur, car ils soutiennent
le non et ont trahi le oui, et, puisque j'ai arbalète et croc,
je piquerai des éperons pour tirer sur les plus hauts lieux :
sur le roi anglais, que l'on tient pour sot, car il souffre
honteusement qu'on le dépouille de son bien; aussi ai-je
à cœur de l'atteindre le premier. J'aurai toujours ressen-
* Voyez l'analyse de ce traité dans VHistoire de Languedoc, liv.
XXV, chap. Lxi.
* Le troubadour Durand, dont nous avons parlé plus haut à propos
d^un autre sirvente que M. Raynouard attribue avec raison, selon
nous, au célèbre Bertrand de Born.
SIBTEIVTE DE BUBAND DE PEBNES 69
timeDt et haine pour le roi Jacme , qui tient mal ses pro-
messes: les serments qu'il fait sont lâches et perfides.
 mon avis, Amalric^ de Narbonne a mieux tenu les
siens; c'est pour cela que je suis son ami. Sa conduite
est celle d*un homme riche en courage ; l'autre a agi
comme un roi pauvre de cœur ; c*est pourquoi je serais
content s'il lui venait dommage et malheur. Son secours
nous aurait fortifiés et délivrés, et les Français en auraient
été déconfits, pris et tuésV »
* Les textes imprimés de ce sirvente portent Aimerics; mais 41-
meri, vicomte de Narbonne, était mort en 4239, et les paroles du
troubadour paraissent se rapporter au mouvement de 4242. Nous
pensons qu'il doit y avoir là une erreur de copiste et quUl faut lire
Amalrics.
^ Raynouard, Choix de poésies , t. V, p. 437 ; Milà, de los Trov,,
p. 469.
CHAPITRE IV
Soucis domestiques duroi d'Aragon. — Testament inconnu. — Importance
de ses dispositions. — Mort de Njmyo Sanchez. — Ses domaines font
retour au roi d'Aragon, — Expédition sur les bords du Mijares et dans
les sierras d'Eslidaet d'Espadan. — Prise d'Alcira. — Voyage du
roi à Montpellier. — Naissance de l'infant Jacme. — Prétenduç con-
férence avec saint Louis, — Intentions du roi d'Aragon relativement au
partage de ses États. -- Exigences de la reine Yolande. — Nouveau
partage. — Cortès de Daroca. — Difficultés pour la délimitation de
rÀragon et de la Catalogne. — Menaces de guerre civile. — Expli-
cation de la conduite duroi.— Erreur des historiens sur les sentiments
de Jacme pour son fils Alfonse. — Influence du roi Femand et de
Tinfant Alfonse de Gastille. — Siège de Xativa. — Hostilités avec l'in-
fant de Gastille. — Entrevue d'Almizra. — Capitulation de Xaliva.—
Siège et reddition de Biar.— Le Conqaisladof maître de tout le royaume
de Valence.
Le roi d'Aragon , rentré en Catalogne vers le mois de
septembre de Tannée 1241, suivait des yeux cette guerre
imprudente à laquelle il avait refusé de se mêler active^
ment, et, tandis que son âme de prince s'attristait des
échecs au devant desquels Raymond VU semblait courir,
de plus vives souffrances se préparaient pour son cœur
de père.
Bientôt va s'ouvrir une période douloureuse pour le
héros que la fortune a jusqu'ici comblé de se^ faveurs.
72 LITilE TU , CHAPITRE IT
Dès l'année 4242, il prélude, par un nouveau partage de
ses Etats, aux peines et aux discordes domestiques qui
vont empoisonner ses derniers jours, et faire une triste
compensation aux succès inespérés de ses jeunes années.
En épousant la fille du roi de Hongrie, Jacme, con-
traint d'assurer aux enfants à naître de cette alliance un
patrimoine digne des deux races royales qui s'unissaient,
avait dû modifier son testament de Tannée 1232 et for-
merde ses conquêtes de la Péninsule et de ses possessions
d^outre-Pyrénées un lot distinct de TAragon et de la
Catalogne, réservés à son fils aine Alfonse*. En 1241,
trois enfants étaient nés de la princesse de Hongrie,
Yolande, dont le mariage avec Alfonse, héritier pré-
somptif de la couronne de Castille, était conclu sinon
célébré ; Pierre, né en 1239', et Constance, qui devait
épouser plus tard l'infant de Castille^ don Manuel. Le
moment était donc venu de transformer en un partage
ou en un testament solennel les promesses faites par le
roi à l'époque de son mariage. La reine l'y poussait et
usait de toute son influence pour que la part de ses
enfants s'accrût au préjudice du fils de Léonor. Mais
Jacme résistait à ces suggestions qui tendaient à lui
arracher un acte impolitique. C'était compromettre gra-
vement l'avenir de ses Etats que d'aller au delà de ses
engagements de 1235; aussi se borna-t-il à leur donner
une nouvelle sanction par un deuxième testament, rédigé
à Barcelone le jour des kalendes de janvier 1241 (l""' jan-
vier 1242).
Cet acte n'était point aux archives d'Aragon lorsque
Zuritâ écrivait ses Anales, car l'exact historiographe,
* Voy. noire tome I, p. 358 et 359.
^ Miedes (Vida de donJayme, lib. XIY) donne, par erreur, huitans
à Pinfant Pierre en 4243.
DE17XIÈIIE TBSTAMEPiT DC ROI 75
et, après lui, tous les auteurs aragonais et catalans
ne l'eussent pas entièrement passé sous silence*.
Par ce testament, Alfonse, fils de Léonor, doit avoir
« tout le royaume d'Aragon et toute la Catalogne, Riba-
gorza,Pallars, Aran et la suzeraineté du comté d'Urgel »,
c'est-à-dire un Etat fort et prospère en lui-même, mais
qui, enclavé de toutes parts, ne pourra s'étendre ni
vers la France, ni vers les terres des Sarrasins; car
Pierre, fils d'Yolande, possédera, d'un côté. Valence et
les Baléares, de l'autre, la seigneurie de Montpellier
avec toutes ses dépendances, les droits de la maison de
Barcelone sur le Carcassez , le Termenois , le Rasez , les
pays de Fenoillèdes, de Millau, de Gevaudan, et, après
la mort deNunyo Sanchez, le Roussillon, la Cerdagne,
le Gonflant et le Valespir. Les deux infants sont sub-
stitués l'un à l'autre, dans le cas où l'un d'eux n'aurait
pas de postérité, et, s'ils meurent tous les deux sans
enfants , leur sœur Yolande , femme d'Alfonse de Cas-
tille, et ses descendants légitimes, sont appelés à la suc-
cession de tous les Etats du roi d'Aragon .
Après avoir donné à sa fille Constance une somme de
soixante mille morabatins ; fait de nombreux legs pieux ';
ordonné le payement de ses dettes et la réparation de
ses torts; prescrit à ses fils de garder auprès d'eux les
« hommes de sa cour » ; désigné l'archevêque de Tar-
ragone , l'évoque de Barcelone , avec les frères prêcheurs
* Lesarcbives d'Aragon doivent sans doute la possession de cet im-
portant document, que nous publions pour la première fois (Pièces
juiitificatives, n° V}, au zèle éclairé et infatigable de don Prospère
deBofarull.
^ Au milieudes legs faits par le roi pour le repos de son âme, on
remarque celui-ci : a Au monastère de Saint-Victorlen... mille mora-
batins pour le repos de l'âme de doua Toda Ladron, que nous lui
avons promis selon sa dernière volonté.»
74 LITRB illy GHAPITEB I¥
Ramon de Penyafort, Berenguer de Castellbisbal , G, de
Barbera et Miguel de Fabra, pour veiller à TexécutioD
de certaines clauses, et prié les infants et < les reines •
de ne point attaquer ses dispositions , Jacme met son
testament sous la protection du Saint-Père, avec prière
d*excommunier ceux qui y contreviendraient , il confie
à son oncle Fernand, infant d*Aragon , son fils Pierre
jusqu'à ce qu*il ait atteint Tâge de quinze ans, délai
pendant lequel la reine Yolande devra percevoir les
revenus du royaume de Valence , et recommande enfin
l'infant Pierre et la reine Yolande au roi Fernand de
Gastille.
Outre certains détails chronologiques jusqu'ici discutés,
tels que la date de la mort de Nunyo Sanchez , l'époque
approximative du mariage de Tinfante Yolande, celle de
la naissance de Constance, pour lesquels ce document
fournit des données irrécusables , nous trouvons dans ce
testament, en le comparant à celui de 1232, Tindice
d'un changement notable qui s'opéra vers cette époque
dans l'opinion publique et que reflètent les dernières dis-
positions du roi. Jacme n'y nomme pas une seule fois les
Templiers et les Hospitaliers, auxquels il donnait un si
grand rôle dix années auparavant. C'est que les ordres
militaires, trop avides des biens de ce monde , perdent
chaque jour en force morale ce qu'ils gagnent en puis-
sance matérielle; tandis qu'à leurs côtés les Frères prê-
cheurs, par leur pauvreté, l'ascendant de leur parole,
l'autorité de leur vie austère , croissent en popularité et
en influence.
Une révolution tend à s'opérer au proUt de la démo-
cratie du monde monastique , et à relever les religieux
qui portent la besace au préjudice de ceux qui ceignent
leurs flancs d'une épée. Lus richesses amassées par ces
DEtroèME TEBTAMENT DU AOI 75
derniers , en excitant l'envie dans les hautes régions du
clergé et de la noblesse , sont une cause d'isolement pour
les ordres militaires, en butte à des attaques qui, dans
moins d'un siècle, doivent entraîner la chute du plus puis-
sant d'entre eux.
Jacme n'oubliait pas ce qu'il devait aux guides de sa
jeunesse, mais il ne pouvait plus sans danger confier aux
Templiers une autorité qui certainement leur aurait été
contestée. L'appui moral du Saint-Siège leur eût même
fait défaut , car les faveurs de la cour de Rome se por-
taient presque exclusivement sur les Dominicains, investis
depuislâ33 des fonctions inquisitoriales. Le roi agit donc
sagement en donnant à cet ordre une preuve de sa con-
fiance , à défaut d'un rôle politique apparent qui ne pou-
vait convenir aux humbles fils de saint Dominique.
Des quatre Frères prêcheurs nommés dans le testa-
ment royal, deux s'étaient fait remarquer au siège de
Mayorque: c'était Berenguer de Gastellbisbal, bientôt
évêque de Girone, et Miguel de Fabra, fondateur du cou-
vent des Dominicains de la capitale des Baléares^; G. de
Barbera appartenait à une famille dont plusieurs membres
s'étaient distingués dans les armées aragonaises ; enfin,
au-dessus de ces noms connus et aimés, rayonnait le nom
vénéré de l'illustre Ramon de Penyafort.
Après avoir professé avec éclat la philosophie et la
jurisprudence, après avoir refusé l'archevêché de Tarra-
gone et s'être démis des hautes fonctions de général de son
ordre qa'il n'avait acceptées qu'avec des larmes, Ramon,
parent du roi et autrefois grand pénitencier de Gré-
goire IX, venait de reprendre à soixante-six ans ses tra-
* Voy. notre tome I. p. 289. C'est par erreur que Miguel de Fabra
est quelquefois appelé Miguel de Fabia.
76 LIYBE III , CHAPITRE IT
vaux évaDgéliqaes , dans lesquels brillaient d*un vif éclat
ses lumières et ses vertus.
Une autre mesure habile fut la désignation de don Fer-
nand d'Aragon comme tuteur de Tinfant Pierre. Lorsque
Jacme n'avait encore qu'un fils, il se garda bien de le
confiera son oncle , dont la réputation n*était pas pure de
tout soupçon de crime ^ mais Pierre n'était pas Tunique
enfant du roi, et sa mort n'eût ouvert en faveur de Fer-
nand aucun droit à la succession de la couronne. En
accordant spontanément à l'ambitieux abbé une préroga-
tive qu'il n'eût pas hésité à réclamer les armes à la
main , on lui ôtait un prétexte de jeter le trouble dans
l'État.
Enfin il ressort avec évidence du testament de 1242
que la séparation de TÂragon et de la Catalogne n'était
point dans les projets du roi. Il fallut les arguments des
légistes, joints aux pleurs et aux supplications de la reine
Yolande, pour triompher, après une longue résistance ,
des sages résolutions du monarque aragonais. Mais, dans
l'intervalle qui sépare la rédaction du testament que nous
venons d'analyser de l'annulation du même acte , se pla-
' Voy. notre tome I, page 95. Nous trouvons un singulier exemple
de la façon dont Tabbé de Montaragon entendait les devoirs de
son état dans un acte par lequel Fernand, ayant reçu en don de son
neveu la ville et le cbâteau de Liria, et >oulant lui en témoigner sa
gratitude, ordonne que ce domaine fera relour au donateur, si le
donataire meurt sans enfants issus d^un légitime mariage, 0 legali
matrimonio. (Ârch. de la couronne d'Aragon, parch. de Jacme I",
no 78o.)On pourrait supposer, d'après ces paroles, que, malgré le tes-
tament d'Àlfonse II, son père, qui le destinait à être moine de Poblet
(Voy. ce testament dans Touvrage de BofaruU, los condes de Barce-
lona^ t. II, p. 2t6), Fernand n'embrassa pas l'état ecclésiastique, et
fut seulement abbé laïque de Montaragon. Tous les historiens le con-
sidèrent cependant comme engagé dans les ordres. Il parait, du
reste, qu'il ne se maria point.
NUNYO SANGHEZ 77
cent des événements d'une certaine importance, auxquels
nous devons restituer leur vraie date, méconnue par la
plupart des historiens *.
Les pays de Roussillon, Cerdagné, Gonflant etValespir,
dont le roi d'Aragon n'avait encore que la suzeraineté le
V janvier 4242, et qu'il laissait à son fils Pierre pour en
prendre possession seulement à la mort de son cousin
Nunyo Sanchez, firent retour quelques jours plus tard
à la couronne d'Aragon par la mort de don Nunyo , qui
ne laissait pas d'enfant.
On sait que le domaine utile de ces pays avait été donné
en apanage parAlphonse le Chaste à son frère don Sanche,
qui devait, paraît-il, en jouir seulement durant sa vie*.
Plus tard cette donation fut renouvelée en faveur du fils
* Arrivé au milieu de l'année 1241, Zurila, n'ayant plus à sa dis-
position des documents suffîsanls, perd pour quelque temps le fil
conducteur de son récit et commet de graves erreurs chronolo-
giques. Diago, plus heureux, en écrivant l'histoire du royaume de
Valence, d'après les archive^ de ce pays, trouve l'occasion de redres-
ser en partie les erreurs de son collègue d'Aragon et de combler
quelques lacunes. Uest à remarquer que Zurita, nous ne savons pour
quels motifs, s'éloigne notablement des données de la chronique
royale, à laquelle pourtant il accorde en général une grande con-
fiance. Diago s'en rapproche au contraire et, non content d'appuyer
ses assertions sur les actes authentiques qu'il a consultés, il invoque
aussi, pour rétablir certaines dates, le texte même de la chronique
deJacme. Pour nous, bien que, ù l'exemple de presque tous ceux qui
se sont occupés sérieusement de cette œuvre, nous n'ayons aucun
doute sur son authenticité, nous avons cru devoir puisera d'autres
sources les indications chronologiques, qui demandent une précision
toute particulière. Les documents des archives de Valence, cités par
Diago, ceux que nous avons eus sous les yeux à Barcelone et ailleurs,
nous permettent de renouer la chaîne des événements, et il est à re-
marquer que le résultat auquel nous arrivons de cette manière con-
corde parraitement avec le récit delà chronique royale.
* Voy. notre tome I, p. 439, note 1, et Chronique de Jacme,
cbap. }ux.
78 LIVRE Itl , CHAPITRE 1?
de Sanche , ce Nunyo Sanchez * que nous avons vu quel-
quefois parmi les adversaires , souvent parmi les amis
dévoués de son roi. Soldai intrépide, il avait été armé che-
valier surle champ de bataille de las Navas par Pierre II,
son cousin germain, et sa conduite aux conquêtes de
Mayorque, d*Iviza et deValence avait été digne d'un aussi
brillant début. Mais, dans la guerre des Albigeois , la
crainte de perdre ses domaines ou le désir de les aug-
menter lui inspira une coupable faiblesse. Après avoir
d'abord embrassé le parti de son suzerain le roi Pierre*,
et combattu Simon de Montfort, pour l'obliger à rendre
Jacme enfant à ses peuples, il avait tout à coup déserté la
cause du Midi et agrandi ses domaines aux dépens de ses
compatriotes, en se soumettant l'un des premiers à l'au-
torité des rois de France. A la fin de ses jours , Nunyo ,
dont la santé était déjà ébranlée à l'époque de la conquête
de Valence, entra dans les ordres et mourut' chanoine du
chapitre d'Elne , en Roussillon , le 19 janvier 1242 '*. Le
* \.e plus souvent Nunyo s'Intitule seulement seigneur de Rous-
slMon, de Confiant, etc.; il ne prend ie litre deeomleque dans quel-
ques acles postérieurs à la transaclion conclue avec le roi en 4i3o.
(Voy. noire loine I, p. 364 , note.)
^ lacme, racontant ia bataille de Muret, dit au chapitre viii de la
Chronique :
« Don Nunyo Sanchez et en Guillern de Moncada, fils de Guilleni
Ramon et de Guillerma de Castellvi, envoyèrent un message au roi
afin qu'il les attendit : mais le roi ne ie voulut pas, et ainsi ils ne
se trouvèrent pas à la bataille. »
^ La mort de Nunyo Sanchez a inspiré ù Aimeric de Belenoi ,
troubadourdu Bordelais établi en Catalogne, un chant empreintd'une
profonde et pieusi' tristesse. La valeur de coite composilion, la place
occupée par celui qui en e>l ie Iwro.^ dan? l'histoire de la Catalogne
et de la province aujourd'hui française de Roussillon, nous enga-
gent à donner à la fin de ce volume la traduction de celte remar-
quable «complainte. » (Voy. Appendice, noie C.)
* La date du jour nous est donnée par D. loaquin-Maria Bover, dans
son Historia de la casa real de Mallorca (p. 20} ; nous ne savons
NOtrVfiLLCS e&P^DlTtONB 79
surlendemain, 21 janvier, Bernard, évéque d'Agde,
et les autres exécuteurs testamentaires de Nunyo San-
chez *, mettaient le roi d'Aragon en possession du Rous-
sillon , de la Cerdagne, du Gonflant , du Valespir *, et le
5 des ides de mars 1241 (11 mars 1242), Jacme se trou-
vait à Malioles en Roussiilon , où il faisait jurer paix
et trêve aux seigneurs de ses nouveaux domaines entre
les mains de Guillem de San-Roman , chanoine de Barce-
lone ^.
Deux mois après, le Conquistador continuait la guerre
dans le royaume de Valence, en attaquant quelques places
situées au nord de la capitale, sur les bords du Mijares et
d*où est extraite cet te indication, fort vraisemblable du reste, si l'on
considère que le 24 janvier Jacme était mis en possession des biens
de Nunvo par les exécuteurs testamentaires du défunt. Quant ù la
date de l'année, à peu près tous les historiens sont tombés dans la
même erreur. M. Bover et M. Henry [Histoire de lioussiUonA I,
p. 403). trompés par une assertion erronée de Bosch (Titols dehonor
de Cathalunya,^ p. 195), et par une inadvertance de dom Vaissôle
(Histoire de Languedoc^ liv. XXV, chap xxx), n'ont pas pris garde à
leur tour que les documents sur lesquels ils s'appuyaient se rappor-
taient au mois de janvier 4 2i4 de l'Incarnation, correspondant au
mois dejdnvier1242, d'après la manière de compter adoptée de nos
jours. Le le>lamenl du roi du jour des kalendes de janvier 4 2il
(4* janvier 4212), dans lequel Nunyo Sanchezest mentionné comme
vivant, ne peut laisser aucun doute à cet égard. Beuler seul (Coro-
nica gênerai de Espana, lib. Il, cap. 37) fait vivre don Nunyo jus-
qu'en 4243.
' Don Nunyo avait fait son testament le 4 6 des kalendes de jan-
vier (47 décembre) 4244. — (Henry, Hwfoirc de Roussiilon, \. I,
p. 105.)
2 Si Ton en croit Bosch, qui s'appuie sur des documents des ar-
chives de Perpignan, le roi Jacme aurait agi, dès 1240, en qualité de
comte et seigneur de Roussiilon, ce qui ferait supposer que, en em-
brassant la vie ecclésiastique, Nunyo Sanchez avait remis au roi le
gouvernement de ses domaines.
' Henry, Bist. de Rouss., t. I, p. 40b.
80 LIVRE III , CHAPITRE IV
dans les Sierras d'Eslidaetd'Espadan. Après s* être emparé
d'Artana, il reçut la soumission des maures d'Eslida, d*A-
hin, deVeo, de Sengueyr, de Pelmes etdeZuera, qui, par
acte passé à Artana,- le 4 des kalendes de juin (29 mai)
1242, se rangèrent sous Tautorité du roi chrétien à des
conditions dont une seule clause peut donner une idée :
il fut stipulé qu* aucun homme professant une autre reli-
gion que celle de Mahomet ne pourrait être reçu dans
ces territoires et y demeurer sans la permission des
habitants, fùt-il envoyé par le roi lui-même ^
Toute la partie du royaume de Valence située au nord
du Xucar était soumise aux armes aragonaises; Jacme
songea dès lors à pousser activement la conquête au delà
de ce fleuve. La première place qui se présentait à lui
était Alcira *, ville forte, située « entre deux cours d'eau
navigables', et où nul homme ne peut entrer qu'en tra-
versant des ponts ■ *.
^ Cet acte était conservé au temps de Diago, dans les archives de
la Baylie de Valence, premier grand livre des aliénations du patri-
moine royal, f° 238. Les témoins furent les maîtres du Temple et de
rilôpital, Guillem de Entenza, Ladron, Ximeno Ferez, Ximeno de las
nozes et le commandeur d' Alcaniz. (Voy. Diago, Hist. del reyno de
Valencia^ f» 334, recto.) Ce document confirme le passage suivant
delà chronique royale: a Après cela (la reddition de Castello en
liit) nous allâmes en Aragon. Dans ce royaume et en Catalogne,
nous restâmes plus d'un an, ayant laissé à Valence Ximeno Ferez de
Tarazona, pour tenir notre place pendant notre absence , et au bout
de ce temps, nous retournâmes à Valence pour terminer ce qui était
commencé. )D (Chron. de Jacme, chap. ccxvii.)
Zurita place le retour du roi dans le royaume de Valence en 1244,
c'est-à-dire trois ans environ après la prise de Castello.
'^ Alcira ou Alziia, appelée aussi Alzezira ou Algizira, a été quel-
quefois confondue avec Algesiras en Andalousie, sur le détroit de
Gibraltar.
^ Deux bras du Xucar.
^ Chron. de Bernai d'Esclot, chap. XLix.
NAISSANCE DE l'iNFANT JACME 81
Bien qa'Alcira fût delà conquête crÂragon, le roi de
Castille désirait ardemment s*en rendre maître: il avait
entamé à ce sujet des négociations avec le commandant de
la placée mais, en apprenant que le roi d'Aragon s'avan-
çait, le Maure, saisi de terreur, abandonna la ville. Les
habitants se rendirent à Jacme sous la double condition
qu'ils conserveraient le libre exercice de leur religion,
et que tout captif Sarrasin qui mettrait les pieds sur le
sol d'Alcira deviendrait libre sans que le roi lui-même
put le réclamer. (Juillet 1242) *.
De retour à Valence au mois d'août suivant % Jacme,
après avoir séjourné quelques mois dans cette ville, se
dirigea vers les pays d'outre-Pyrénées, où il devait, disent
quelques historiens, avoir une entrevue avec le roi de
France *. Il était accompagné dans ce voyage de la reine
* Varraez^ arrayaz onarraz. Le premier de ces noms s'appli-
que plus parliculièrement au capitaine d'un navire ; le second, au
commandant d'une place frontière.
^ Zurita assigne à la prise d'Alcira la date de 4245. Mais cet auteur,
d^accord en cela avec tous les historiens, place col événement envi-
ron un an et demi avant le dernier siège de Xativa, et nous prouve-
rons plus bas que ce siège eut lieu en 4244.
3 Le 45 des kaiendes de septembre (18 août) 4242,1e roi cédait à
révéquede Valence plusieurs des maisons qu'il possédait dans cette
ville en échange d'une somme de 5,000 besans d'argent. Le 3 des
kaiendes de décembre (29 novembre) de la môme année, il donnait
un château en fief, selon la coutume de Barcelone , à Pedro Sanz ,
frère de Jacques Sanz (Archives de la Baylie de Valence, 4* grand
livre des aliénations du patrimoine royal» f°499. — Diogo, f° 336.)
* Peut êVe est-ce à ce voyage qu'il faut rapporter les paroles de
Ifuntaneria Lorsqu'il eut fait toutes ces conquêtes et miset rétabli
le bon ordre partout, il voulut aller visiter les royaumes d'Aragon
et de Catalogne, les comtés de Roussillon, de Gerdagne et de Con-
fiant , que son cousin, le comte Nunyo Sanchez, qui était passé à
Mayorquo avec lui, lui avait laissés. Ilalia aussi visiter Montpellier,
visite quMl avait grand plaisir à faire. Dans tous les lieux où il se ren-
dait, il faisait do grandes processions et rendait grâces au Seigneur,
T. n, 6
89 UTRS lU , CHAPITRB IT
Yolande, sa femme, qui> arrivée à Montpellier, mit an
monde un fils, le 20 mai 1243.
< En Tan de M e CC e XUII, la vigilia de Pantacosta,
nasquet à Montpellier en Jacme lo bon rey, » dit la Chro-
nique romane de celte ville V Cet enfant fut, en effet,
appelé Jacme ou Jacques, comme son père, et cen*esl
peut-être pas sans intention que le fils de Marie de Mont-
pellier, désireux de ne point laisser se relâcher les
liens qui unissaient sa famille à sa ville natale, voulut
qu*un de ses enfants au moins naquit dans la cité des
Guillem. Les événements devaient faire de ce fils le suc-
cesseur de son père dans la seigneurie de Montpellier, le
royaume de Mayorque et les Etats de.Roussillon.
Quelques jours après la naissance du jeune prince, si
Ton en croit dom Vaissète, s*appuyant sur un document
cité par Marca ', le roi d'Aragon se serait rendu au Puy-
en-Velay, où il aurait rencontré saint Louis de France.
Aucun historien contemporain ne parle de cette entrevue
restée, sans doute, à Tétat de projet.
quiTavail garanti de tous les dangers. Parloia on îuî offrait des jeux,
des bals, des fêles, car chacun s'empre.Nsail de Phonorer et de lui
plaire. Do son côlé , il accordait des faveurs el faisait des présents
en si grande quaniilé que ceux qui les ont reçus ou leurs héritiers en
ressentent encore les bons effets » (Chron. de RamonMnn!aner,ch.ix.)
Le 2^'ï février 124^5. Jacme se trouvait à Perpignan et faisait don aux
Frères prêcheurs de la léproserie de cette ville pour y fonder une
maison de leur ordre. (Voy. Marca Hispanica, col. 5Î9.)
* Chronique romane du Petit 77ia{amti« de Montpellier, adannum
1243.
^ On trouve à la colonne 529 de la Marca hispanica^ la mention
du leslamenl fait le jour des nones de juin ;5 juin) 1243, par Pons,
comte dlJrgel, personaliier pergens ad curiam venerabilium Régis
Francorum et Régis Aragonum apud sanctam Mariam de Podio. Zu-
rita fixccetts entrevue à Tannée 4245, sans indiquer sur quelles bases
Il appuie Tauthenticité du fait et l'exactitude de la date.
SODCIS DOMESTIQtES Dt; KOI S3
Oatre les difficultés néesentre les deax rois dès 1234*,
il y avait certâiDement à cette époque, dans le midi de la
France, dans toute l'Europe et jusqu*en Orient, bien des
sujets de préoccupation qui devaient faire désirer une
entente des deux grands princes chrétiens ; mais est-il
permis de croire que les contemporains aient gardé te
silence sur un fait de cette nature? Quoi qu'il en soit,
iacme était à Montpellier le 29 juin 1243, car ce jour
là, par son ordre, les consuls et le peuple de la ville
prêtèrent serment de fidélité à Tinfant Pierre, comme
héritier présomptif de la seigneurie et à la reine Yolande,
comme régente, en cas de mort du roi, avant la majorité
du prince*.
La naissance d*un nouvel enfant n*avait donc pas
d'abord madiOé les dispositions de Jacme au sujet du par-
tage de ses Etats; mais h reine exigeait que son second
fils pût aussi porter une couronne, et ses plaintes sur la
préférence dont Alfonse était, d'après elle, l'objet, vin-
rent de nouveau assaillir son royal époux « Aussi disait-
il souvent que les soucis du gouvernement, en guerre
comme en paix, sont beaucoup plus tolérables que ceux
àe la famille; car les premiers permettent à l'esprit de se
reposer par intervalles et de reprendre haleine; les autres,
au contraire, ne donnent aucune trêve. Au milieu de ses
ennuis domestiques, il ne pouvait souvent s'empêcher de
sourire en pensant que, maître de tant de royaumes, il
éprouvait beaucoup plus de peines et de déboires à régler
le sort des cinq enfants qu'il avait alors, que n'en aurait
* Voy. notre tome I, p. 363.
^ a Item eodem anno (12l3j infesto B. B, Pétri et Pauli, consuîeM
et populus hujusvUlœ,mandato domini régis juraverunt ,Petro filio
ipsius domini régis etreginœ Yoles, 9 (Cbron. du Petit Thalamus de
MontpeUier.;
84 LITRE Illf CHAPITRE IV
éprouvé certainement un pauvre homme chargé d'une
nombreuse famille > ^ Jacme céda enfin devant la téna-
cité dTolande, à laquelle, par flallerie ou par conviclion,
les légistes de la cour prêtèrent sans doute, comme nous
le verrons bientôt, le secours de leur opinion ; à son
retour en Aragon, il résolut d*enlever la Catalogne à son
fils aîné, Alfonse, afin d*en accroître la part de Pierre
qui, de son côté, devait, selon toute probabilité, céder
une partie de ses Etats à Jacme son frère nouveau*né *.
Pour consacrer ce nouveau partage, les cortès arago-
naises furent convoquée» à Daroca dans les derniers mois
de Tannée 1243. Elles durent reconnaître Tinfant
Alfonse pour héritier présomptif du royaume d*Aragon ,
tandis que les corts catalanes, que le roi se proposait
d*assembler peu de temps après, devaient jurer fidélité à
Pierre comme héritier de Tancien domaine des comtes
de Barcelone.
Les syndics de la ville de Lérida assistèrent aux cortès
de Daroca et prêtèrent serment à Alfonse. C'était recon-
* Miedes, Vida de don Jayme, lib. XIV.
^ Aucun historien n'a encore aperçu le rapport qui existe entre
la naissance de iUnfant Jacme el la convocation des corlès de Da-
roca en i243. C'est que le testament de 42i2est resté ignoré jusqu'à
aujourd'hui, et que le partage de 4243, considéré comme le premier
qui ait eu lieu depuis le mariage du roi avec Yolande, semble n'être
que la mise en pratique d'une idée arrêtéedans l'esprit de Jacma de*
puis le jour où il voulut se séparer de Léonor. iVoy. notre tome 1 ,
p. 251.) Mais, si l'on fait attention que le Conquistador^ maître du
royaume de Mayorque et d'une partie de celui de Valence, renonce,
en 4235. àsiiparer la Catalogne de TAragon (t. 1, p. 358); qu'en 4242,
il persiste dans i>a nouvelle résolution, et qu'en 4243, quelques mois
après la naissance de son troisième ON, il revient à son fdlal projet
de morcellement, qu'il doit exagérer encore dans son testament de
42i8, on restera convaincu que notre manière d'expliquer ces revi-
rements est la seule vraisemblable, la seule qui puisse se justifier à
l'aide des documents de l'époque.
TROCBLCS EN ARAGON 85
naitre que leur ville appartenait à TAragon et assigner
la Ségre pour limite à ce royaume. Les Catalans protes-
tèrent avec énergie contre cette atteinte portée à l'inté-
grité de leur territoire; dans les corts tenues à Barce-
lone au mois de janvier 1244, le roi se vit contraint de
déclarer solennellement que la' Catalogne s'étendait de
Salsas à la Cinca , et TÂragon de la Cinca à la ville de
Hariza; que, par conséquent, la ville de Lérida et tout
le territoire compris entro la Ségre et la Cinca faisaient
partie de la Catalogne et devaient appartenir à l'infant
Pierre *.
A cette nouvelle, les réclamations éclatèrent en Arrigon.
Alfonse, sourdement irrité depuis qu'il voyait diminuer
sa part d'héritage, profita du mécontentement des Ara-
gonais et du secours que lui promettait sous main la
Castille, pour rompre ouvertement avec son père.
Au mois de février 1244, il était à Calatayud à la
tête d'un corps de troupes, dans lequel figuraient aux
premiers rangs, outre l'abbé de Montaragon, toujours
prêt à la révolte, l'infant don Pedro de Portugal , Pedro
Fernandez de Azagra et un grand nombre de seigneurs
* Voyez, aux archives de la couronne d'Aragon, parchemins de
iacme !•% n«* 935, 936 et 937, divers documents relalifs à celte
affaire. Par le premier (n° 935), en date du 42 des kalendes de février
4243 {21 janvier 1244), le roi fixe les limites de la Catalogne et celles
de TAragon ;• par le second (n" 936), il donne la Catalogne ainsi
délimitée à son fils Pierre ; par le troisième enfin (n* 937), il déclare
que dans les cortès tenues à Daroca, où se trouvaient alesévéques,
les nobles et les conseils des cilés d'Aragon et, entre autres, les
hommes delà cité de Lérida», il n'a pas eu rintenlion de donner
celte dernière ville, ni le territoire compris entre la Sègt*e et la
Cinca, à son fils Alfonse, et que, d'ailleurs, il annule ce quMl aurait
pu faire dans ce sens. Ces deux derniers actes, rédigés le même jour
que le premier, sont datés de a la veille de la fôte de Saint-Vincent
4243 9, qui correspond également au 24 janvier 42U.
86 LIVBB III, CBAPITRB H
aragonais et castillans. Toutes les villes d'Aragon, la
plupart de celles du royaume de Valence, embrassèrent
la cause d'Alfonse. Il ne fallait qu'une étincelle pour
allumer la guerre civile préparée par Timprudence du
roi , mais non par son injustice.
En distribuant à ses -fils des États distincts que les
successions ou les conquêtes avaient réunis sous un
sceptre unique , Jacme usait d'un droit reconnu à tous
les souverains de son temps, et croyait remplir une obli-
gation légale. Au moment de son divorce avec Léonor
deCastille, il n'avait promis à Alfonse que le royaume
d'Aragon * ; il avait voulu cependant à plusieurs reprises
aller au delà de sa promesse, et, en lâ43 encore, les
syndics de Lérida s'étaient présentés aux cortès arago-
naises sans qu'il y Tit aucune opposition. Mais, en pré-
sence des anciens édits de paix et de trêve qui fixaient
les limites de la Catalogne, il ne fut plus possible de
soutenir que Lérida appartint à l'Aragon , et l'infant se
trouva réduit à la stricte portion qui lui avait été réservée
en 1229.
Il est essentiel de remarquer que , au temps et dans
les pays qui nous occupent, les mœurs et la loi, bien
loin d'être favorables au droit d'ainesse, prescrivaient
le partage des biens du père entre les enfants*. Il ne
« Voy. notre 1. 1, p. 250 et ^54.
^ En 4307 seulement, aux cortès d'Àlagou, Jacmc II, sur les in-
stances des « barons, tnesnaderos^ chevaliers et tn/anz<mes», afin de
remédier aux inconvénients qu'entraîne le partage des domaines ,
permit aux noblesde toutes classes detransmeUre leur héritage à un
seul de leurs fils. La même permission fut accordée, en 43M, aux
a bourgeois et aux autres hommes des villes et villages d'Aragon. »
(Voy. Fuerosde Aragon, t. I, Ub. VI, tit. de TestamentU nobUium et
de Testamentis çivium; voyez aussi les chapitres que nous con:^aeroQs
plus bas à l'élude des diverses législations en vigueur dans ie* Etau
de la couronne aragonaise.)
JACSe IT L'ilfFANT ALFONSE M
fant pas oublier, en oatre, combien la position de Jacrae
était différente de celle d'un souverain placé à la tôte
d*une nation unifiée. Maître de divers royaumes, comtés
ei seigneuries unis par un seul lien, la communauté de
chef, il était obligé, à en croire les légistes qui confon-
daient aisément les devoirs de la souveraineté avec ceux
de la propriété , de distribuer à ses fils ces domaines
distincts et indépendants. Pour n'avoir pas eu ces deux
observations présentes à Tesprit, tous les historiens qui
ont voulu juger la conduite de Jacrae sont tombés dans
la même erreur. Persuadés que le roi d'Aragon était
soumis, pour l'ensemble de ses États » aux exigences du
droit d'aines&e, ils ont cherché à expliquer une déro*
gation qu'ils ne comprenaient peint, par de prétendus
sentiments d'aversion de Jacme à l'égard de son fils aîné.
On est allé jusqu'à dire que l'injustice du roi et les
dégoûts dont il aurait abreuvé Alfonse n'auraient pas
été étrangers à la mort prématurée de l'infant. Il est
inutile d'avoir recours à de pareilles suppositions pour
comprendre une situation si simple en elle-même, que
nous nous étonnons d'être le premier à attirer l'attention
sur ce point*.
Jacme se trouvait placé entre sa sagesse instinctive,
qui lui faisait voir les dangers du morcellement de ses
possessions, et les prières d'Yolande, secondées par les
arguments légaux que nous venons de rapporter. Sa faute
fut de ne pas savoir ou de ne pas oser dégager suffisam-
ment Tintérêt politique de l'intérêt de famille, et de se
laisser trop facilement persuader, comme le prouvent
* La conduite du roi paraissait si naturelle aux anciens auteurs ,
qu'aucun d'eux ne songe à la blâmer ou à la justifier. Quelques
moderne^ seuls se sont faits âoeuiioleurs, nous ne savons sur quelles
présomptions, et leur opinion a été trop vite acceptée.
88 LIVRE III, CBAPITBE 1¥
d'aillears les passages de Miedes mentionnés pins haut ,
qu*il était soumis pour le partage de ses biens aux mêmes
lois et aux mêmes devoirs qu*un «^ pauvre homme chargé
d*une nombreuse famille. > Après une longue résistance
inspirée par son instinct politique, il céda par respect
pour la loi et par affection pour la reine. Il voulut être
trop juste comme homme privé et commit une grave
faute comme souverain.
En invoquant le partage de 1243 pour prouver Tin-
justice du roi d'Aragon envers le fils de Léonor , on ne
songe pasqu*en 4248 un nouveau^testament, pour assurer
Tavenir des deux jeunes infants , Jacme et Fernand , va
enlever à Pierre le royaume de Valence, le Roussillon, le
Gonflant, la Gerdagne , la seigneurie de Montpellier, et
tous les droits de la maison d'Aragon au nord des Pyré-
nées. Verra-t-on dans cet acte une preuve de l'aversion
du roi pour son fils Pierre? N'est-ce pas plutôt l'indice
d'une sollicitude très-naturelle chez un père, bien que
regrettable chez un souverain ?
Le partage de 1248 et celui de 1243 sont dictés par
les mêmes sentiments. Âlfonse comprenait si bien qu'il
n'avait nul droit à se plaindre des dispositions du roi,
que, en 1244, sa rébellion eut pour unique prétexte la
revendication, dans un intérêt purement national, des
comtés de Ribagorza et de Pallars, compris entre la
Ségreet laGinca, et que les Âragonais réclamaient comme
partie intégrante de leur pays^
Le fils de Léonor parait cependant, nous devons l'a-
vouer, avoir été moins sympathique à son père que les
enfants d'Yolande ; mais il y a loin de là aux sentiments
* Zurita, Anales et lndiee$, ad annum 1244 ; Miedes, Vida dé don
Jayme, Ub. XIY.
SHiGB DE XATIVA 89
qnel'on prête aa Conquistador. La position exception-
nelle où le divorce de ses parents avait placé AITonse
dès ses premières années développa chez lui un caractère
sombre et concentré, qui contrastait avec les qualités bril-
lantes de l'infant Pierre*. Il se trouvait, en outre, entiè-
rement soumis à rinfluence de laCaslille, qui n'était pas,
nous Tavons dit, étrangère à sa rébellion. On assure, il
est vrai, que l'intervention du roi don Fernand arrêta
cette révolte prête à éclater. 11 est permis de croire tou-
tefois, sans vouloir méconnaître la modération et l'esprit
de justice du saint roi de Gastille, qu'Âifonse d'Aragon
recula de lui-même au moment d'attaquer son père, si
Ton songe surtout que Fernand fut impuissant à empê-
cher les actes d'hostilité commis par son propre fils
contre T Aragon.
L'infant héritier de Gastille, intraitable pour Jacme son
beau-père, envenimait les difficultés qui s'étaient élevées
entre les deux grandes monarchies espagnoles. L'Aragon,
se développant dans le royaume de Valence, et la Gastille
dans celui de Murcie, avaient rapproché leurs frontières
à forient de la Péninsule. Il s'agissait de déterminer,
d'après les anciens traités, la ligne exacte jusqu'à laquelle
chaque souverain pouvait étendre ses conquêtes.
Après avoir essayé d'enlever Alcira à l'Aragon ,
AlfonsedeCastille voulait s'emparer de la belle et riche
cité deXativa. A la fin de novembre 1243, le Conquista-
dor était venu pour la seconde fois mettre le siège devant
cette place.
Les habitants de Xativa avaient attaqué sans juste motif
an corps de cavaliers et d'almogavares , que Rodrigo de
Lizana conduisait contre des Sarrasins insoumis. L'al-
< Miedes, Vida dêdonJaymê, Hb. XIV.
M LITRE IH, CHàPim r?
cayde, soutenu par llnfaot de CasUlle, refusa les satis-
factions exigées par le roi d'Aragon \ et la ?iUe fut
assiégée V
Dès les premiers jours du siège, un parent de Tévéque
de Cuenca obtint de Jacmela permission d'entrer dans
Xativa sous le prétexte d*y faire fabriquer, pour Tinfant
Alfonse de Castille, une de ces tentes barbare$ques si
recherchées des seigneurs occidentaux, mais en réalité
pour négocier la reddition de la ville au prince castillan.
Instruit de ces menées, le roi fitpublierune défense abso-
lue à tout chrétien d*avoir aucun rapport avec les assiégés.
A quelques jours de là, Tagent de la Castille, surpris en
couférence avec des Sarrasins de la place, fut fait prison-
nier etamené au camp. A ses protestations, Jacme se con-
tenta de répondre: « Puisque c'est vous qui nous avez
apporté des lettres de Tévéque de Cuenca, qui faisiez
construire la tente pour don Alfonse , et qui, sous ce
prétexte, traitiez avec les Maures à notre préjudice pour
que la ville capitulât avec lui, ce que nous savons d'une
manière certaine par les assiégés eux-mêmes, vous con-
* Avnnt d'attaquer Xativa, Jacme ordonna â Talcayde de compa-
raître devant lui à Aleira. Le Sarrasin s'y rendit; le roi, lui ayant fait
des reproches sévères, le somma de livrer la ville et le château. Le
Maure se crut prisonnier et la frayeur Tempecha de prononcer un
seul mot. Mais Jacme, remarquant son émotion, lui dit : a Alcayde,
voes ne devez rien craindre, car en sûreté vous êtes ici anssi bien
que dans le château de Xativa. Et vous devez >avoir que, si cou-
pables qu'ils soient, jamais nous ne retenons captifs ceux à qui nous
ordonnons de comparaître pour avoir avec eux une entrevue. »
(Cbron. de Jacme, chap. ccxx. )
3 Les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, sous la conduite de
Hugues de Forcalquier, châtelain d'Ampo^ta, figuraient dans Tar-
méc royale. Pedro de Vilargut, chevalier de cet ordre, Ximeno Ferez
de Pina, Garcia de Aguero et Guillem de Pax se distinguèreot au
siège do Xativa. (Voy. Zuritaj Amies ^Iniiçêê,)
BÉIIBLXS AYBC ALF0N4E DE GASTILLB 04
naissez Tordre que nous avons donné et que ne peut i{no*
rer aucun de ceux qui se trouvent dans Vhoêt; pour cala
et en punition de ce que vous avez fait, et puisque nous
ne pouvons plus nous fier à vous, nous vous châtierons
de manière que vous puissiez bientôt servir d'exemple à
quiconque essayerait de nous enlever laplacedeXativa.»
Cela dit, ajoute le chroniqueur, nous ordonnâmes à nos
huissiers de le saisir, de le faire confesser et communier et
de le pendre à un arbre*. »
Les projets de Tinfant de Castiile sur Xativa étaient
déjoués; mais Enguera, place située à une très^petite
distance de celle que Jacme assiégeait, se rendit à
AlfoDse ; le roi, irrité de voir son gendre empiéter sur
ses droits « presque en sa présence «>, envoya un corps de
cavalerie contre Enguera. Dix-sept Sarrasins furent pris.
Jacme alla en personne sommer les habitants de la ville
de se rendre s'ils ne voulaient élre cause de la mort de
leurs compagnonscaptifs. Les Sarrasins refusèrent, et les
prisonniers furent mis à mort. Il ne faut pas oublier que
les habitants d'Enguera étaient considérés comme
traîtres pour s'être rendus à la Castiile au mépris des
droits de l'Âragon. Par suite des traités qui limitaient la
conquête de chaque royaume chrétien , les Sarrasins
étaient devenus, soit en réalité, soit fictivement, les
sujets du souverain dans la part duquel ils se trouvaient.
On admettait comme loyale la lutte soutenue par eux
pour défendre leur indépendance, mais on considérait
comme un crime toute tentative faite pour se donner à un
souverain chrétien dans la conquéle duquel leur pays
n'était pas situé.
Bientôt le roi d'Aragon s'empara par représailles de
* Chronique de Jacme, chap. ccxxui.
93 LITBE III, CHAPITRE IV
quatre places de la conquête de Castille : Villena, Saii,
Gapdets et Bugarra, et consentit à une entrevue que son
gendre lui demandait.
Jacme et AUonse se rencontrèrent à Almizra; la reine
Yolande y vint pour interposer sa médiation. L*infant
réclama Xativa comme faisant partie de la dot que lui
avait promise, disait-il, Ovieto Garcia, négociateur de son
mariage avec la princesse aragonaise.
— »I1 est certain, répondit le roi aux envoyés d'Alfonse,
que tant nous que la reine avons bien marié notre fille,
mais il ne Test pas que nous ayons dit à Ovieto Garcia
ni à personne au monde ce qu*on prétend que nous
avons dit, c'est-à-dire que nous donnerions en dot Xativa
ou tout autre lieu. Est-ce que, lorsque nous avons épousé
la tante de Tinfant, la reine dona Léonor, on nous a
donné terres, Iwnors ou bien quelconque? Par notre
foi , nous ne croyons pas être tenu à donner à aucun
roi avec notre fille plus qu*on ne nous a donné avec notre
première épouse Dieu et nous, ajouta-t-il , savons
combien il est certain que l'infant n'a aucun droit à nous
demander des terres comme dot de notre fille. S'il a
besoin d'autres secours , grands et importants sont ceux
que nous pouvons lui donner pour son honneur et son
profit, car nous sommes prêt à le servir avec mille et
même deux mille chevaliers, non pas une fois, mais
deux , trois et dix fois s'il en a besoin , et certes plus
lui vaudra cela avec notre amitié que de devenir notre
ennemi pour ce qu'il nous demande ^ » Dans ces der-
nières paroles se trouve en germe l'idée qui amènera
plus tard les armées aragonaises et catalanes dans le
royaume de Murcie au profit de la Castille.
Chronique de Jacme, chap. ccxxvi.
D^MÊL^S AVEC ALPHONSE DE GASTILLB 93
I^s pourparlers furent longs; les envoyés de l'infant,
qui étaient le maître de Tordre de Saint-Jacques et don
Diego de Haro , seigneur de Biscaye , eurent la mal-
adresse de menacer le roi de prendre Xativa malgré
lui.
— • Nous n'avons aucune crainte qu'on nous l'enlève,
répliqua le roi avec colère, l'alcayde n'osera pas la
livrer et personne ne sera assez hardi pour la prendre ;
car sachez bien que sur notre corps devra passer qui-
conque prétendra entrer dans Xativa. Quoique vous autres
Castillans croyiez effrayer tout le monde avec vos menaces,
mettez-les en œuvre et vous verrez le cas que nous eu
faisons. Donc , si vous avez autre chose à nous dire ,
dites-le , et qu'on ne parle plus de cette affaire. Nous
poursuivrons notre chemin, faites ceque vous pourrez *. »
Et il ordonna à sa suite de se préparer au départ, tandis
que la reine fondait en larmes.
Les chevaux étaient sellés et le roi allait reprendre
la route de Xativa lorsque Tinfant fit une nouvelle
démarche, qui fut appuyée par la reine. Alfonse, renon-
çant à ses prétentions, se bornait à réclamer Yillena ,
Saix, Capdets etBugarra , offrant de céder en échange
Enguera* etMuxent. Ces propositions furent acceptées,
on dressa acte de la délimitation des deux conquêtes, et
les deux priuces se séparèrent amis ^ Ce ne fut point
* Chroniquede Jacme, chap. ccxxvn.
' Le 25 mars 4244, le roi, se trouvant à Almizra, donna Ënguera
à Tordre d'Uclès ou de Saint-Jacques, représenté par son grand-
maître Pelay Ferez Correa , le même probablement qui avait servi
dlnterroédiaire dans les pourparlers dont il est ici question (Dlago,
Anales del reyno de Valencia , ^339; Zurïitiy Anales.) C'est une
présomption de plus à l'appui de la date que nous assignons à l'en-
trevue d'Almizra.
* En vertu de cet acte, l'infant eut Âlmansa, Sarazull et la rivière
M LiTIt 111, CHâMTRK It
pour sceiller une réconciliation , comme le prétend
Zurita,- mais pour exécuter les conventions matrimo-
niales depuis longtemps arrêtées d*une manière irrévo-
cable, que deux ans plus tard, en novembre 4^:46,
Tinfante Yolande d'Aragon fut conduite à Valladolid et
remise solennellement à son époux.
La bonne intelligence rétablie entre Tinfant de Cas-
tille et son beau-père laissait Alfonse d'Aragon privé
de son secours le plus puissant ; aussi , en attendant
qu*nne occasion se présentât de prendre Toffensive , se
borna«t4i à un rôle passif en apparence, encourageant
sous main les habitants de Lérida à refuser le serment
de fidélité à son frère Pierre. C'est ce qui eut lieu en
effet ; mais, en 1246, une sentence arbitrale, qui nous est
inconnue, parait avoir terminé la première phase de
cette affaire, destinée à renaître bientôt avec plus de
violence *.
En quittant Almizra, le roi et la reine d'Aragon étaient
retournés devant Xaliva, et, deux mois après, Talcayde
demandait à capituler. Il offrit de livrer Tun des deux
châteaux de la ville, se réservant l'autre pendant deux
ans â partir de la fête de la Pentecôte, et demanda en
échange les places de Montesa et de Vallada. Un conseil
deCabriol, el le roi, Castalla, Riar, SeKona, Âlareh, Flneslrat ,
Torres, Polop , la Mola, près d'Aynès, Allea , Tormos et leur terri-
toire. (Chronique de iacme, chap. ccxxviii.)
^ Le 8 des kalendes d'octobre (2i septembre) 4246, à Lérida ,
Jacme déclare de nouveau qu'il n*a entendu donner à son fils
Alfonse ni celle ville ni le lerriloire compris entre la Séf^re et la
Cinca, et a comme les habitants de Lérida refusent de prêter bom-
mas:e et serment de fidélité à son fils l'infant Pierre, créé comte de
Barcelone et seigneur de la Catalogne de Salsas à la Ginca d , il
nomme pour décider la question deux arbitres qui sont Mathieu,
archidiacre deGirone, et Gueraude Cervera. (Arch. d' Aragon, par-
chemins de Jacme 1*% n<^ 4054 et 4055.)
CAPITULATION DE XATITA 95
fat tena dans le camp chrétien. La reine , Hugues de
Forcalquier, maître * de Saint-Jean de Jérusalem,
Guillem de Moncada , Ximeno de Foces , Marco Ferriz,
Pedro de Alcala, Ximeno Ferez de Arenos , et en
Carroz, seigneur de ReboUedo, y assistèrent ; la reine
donna d*abord son avis , qui était d'accepter les proposi-
tions du Sarrasin. Les autres conseillers Tapprouvèrent,
et le traité fut conclu (mai 1244 y.
* La Gbronîqoe royale désigne sous le nom de maUre d'un ordre
militaire le chef de cet ordre en Aragon. Hugues 4e Forcatt|aier,
châtelain d'Amposta, était chef de la langue d'Aragon dans l'ordre
des Hospitaliers de Sainl-Jean de Jérusalem.
^ Zurita place la reddition de Xntiva en 4248 et Beuter en 4254.
L' ignora nc<?de Pépoqueoù futréellemenl conclu le mariage d'Alfonse
de Castille avec Yolande d'Aragon a causé Terreur des deux histo-
riens. Il est certain que, lors de l'entrevue d'Almrzra et du traité
inten'enu à cette ocea^ion entre l'Âragon et la Castille, Alfonse était
déjà le gendre du roi d'Aragon. Or Beuter et Zurita , ne faisant
dater le mariage de Tinfant que de la cérémonie qui eut lieu à
Yalladolid en 4246, ont été obligés de placer après cette date les
événements que nous venons de raconter. En face des actes qui con-
statent la présence de Jacme devant Xativa en 42 i4, Zurita a sup-
posé que le roi avait fait à cette époqoe une deuxième tentative in-
fnictueuse contre cette ville. Diago, et avant lui Viciana ( Cronica
de la inclyta y coronada ciudad de Valencia , part. Il, Libro de las
familias , art. Sanz)^ ont assigné au dernier siège deXativa sa vraie
date que Schmidta adoptée. Voici, du reste, les faits sur lesquels nous
nous appuyons, elqiii nepeuvent, selon nous, laisser subsister aucun
doute à ce sujet :
4* Tous les historiens s'accordent à reconnaître que la reddition de
Xaliva a précédé lesiégede Biar. Or nous avons eonstaté l'existence
aux archives d'Aragon (Parchemins de Jacme 1*', n« 907) d'un acte
de concession en faveur des habitants de Casais, daté du joar
des nones de septembre (5 septembre) 4244, m emercitu de
Biar,
f^ Le 7 des îdes de janvier 1243 (7 janvier 4244 ) in obeidionê
Xmiivm, le roi fit une éonation à Hiôpilal de Saint- Vincent,
martyr, à Valence. (Archives de la Bayiie de Valence, ^ grajid liœ
% UYRE 111, CHAPITRE IV
Quelques mois plus tard , les Sarrasins de Biar , ville
forte située sur la frontière du royaume de Murcie ,
firent savoir à Jacme qu*ils étaient prêts à se rendre s*il
venait en personne devant leurs murs. Le roi y vint en
effet, «car, dit-il, jamais aucun Sarrasin qui nous avait
promis de nous livrer un château n'avait manqué à sa
parole ^ » ; mais il trouva la garnison de Biar sur la
défensive; un siège dut être entrepris, et, après cinq
mois d'une vigoureuse résistance, Talcayde appelé, dit
la chronique , Muza Almoravid , se rendit aux conditions
ordinaires faites par le roi aux Sarrasins qui se soumet-
taient (février 1245 •).
des aliénations du patrimoine royal, ^ 429. — Diago, Anales del
reyno de Valencia, f- 327 et 338.)
3® On lisait dans le livre de répartition du territoire de Xativa
conservé, au temps de Diago, dans les archives de cette ville, que
ce travail ne put être terminé qu'en 4247 à cause de son importance.
(Diago, /• 340.)
4^ La découverte du testament de 4242, prouvant qu'à ceUe date
le mariage d'Yolande d'Aragon avec Àlfonse de Gastiile était conclu,
permet de placer l'entrevue d'Almizra et la reddition de Xativa bien
avant 4246.
La Chronique royale dit que cette dernière place fut assiégée
seize mois après la prise d'Âlcira, et ajoute que le roi s'en rendit
maître la seconde fois qu'il l'assiégea, ce qui coïncide parfaitement
avec ce que nous avançons.
^Ciironique de Jacme, chap. ccxxxui.
' D'après Zurila, le siège de Biar aurait eu lieu en 1253 et, d'après
Beuter,en 4254. La date do cet événement est Ûxée d'une manière
certaine par l'acte des archives d'Aragon (Parchemins de Jacme I^,
n^ 967) que nous avons déjà mentionné et qui porte la date du
5 septembre Mii^inexercitude Biar. Le roi dit, dans sa Chronique,
que ce siège dura du mois de septembre au mois de février (chap.
ccixiiii). Quelque temps après la reddition de Biar, Ximeno Perez
de Arenos, qui tenait la villa de Caslalla pour Abou-Seid, oiïril de la
livrer au roi , du consentement de l'émir , qui reçut en échange
les châteaux de Chest et de Villamarxant (Chronique de Jacme*
chap. ccxxxiv).
JACME MAITRE DU ROYAUME DE VALENCE 97
Lorsque le roi d'Aragon fut maître de Xativa et de
Biar , les autres places sarrasiues du royaume de Valence
renoncèrent à la résistance et firent spontanément leur
soumission. Dénia et Cullera , qui avaient été laissées à
Ben-Zeyan lors de la capitulation de Valence , parais-
sent avoir imité cet exemple, car rien ne prouve l'asser-
tion de Conde, qui fait conquérir Dénia par le roi
d'Aragon après un long siège en l'année 1243 S
Peu de temps après la reddition de Biar, et, quoi qu'en
disent Zurita, Miedes et quelques autres, bien avant
l'année 1253 , Jacme put se dire maître de tout le
royaume de Valence. «Il le peupla de chrétiens , c'est-à-
dire dans les cités, dans les villes, et fortifia les châteaux
et les confia à des chevaliers chrétiens qui en étaient
châtelains et en avaient la garde. Il laissa les Sarrasins
dans les plaines , dans les montagnes , dans les vallées;
ils labouraient la terre et donnaient un droit au seigneur-
roi pour ce qu'ils cultivaient *. »
* Historia de la dominacion de los Arabes en Espafia, t. IH. — Ce
troisième volume, publié après la mort de Tauteur, contient des
erreurs sans nombre. (Voy. Rosseeuw Sainl-Hilaire, Hist. d'Es-
pagne, liv. Xl,chap. VI.) La trêve de sept ans, conclue en 1238, entre
Jacrae et Ben^Zeyan, expirait en 1245 ; il n'y a pas de raison pour
croire qu'elle ait été violée par Tune ou l'autre des deux parties. On
accuse parfois trop légèrement les rois chrétiens de ne pas avoir
observé leurs traités avec les inûdèles. Nous avoas trouvé à chaque
pas dans i- histoire de Jacme la preuve du contraire. En ce qui con-
cerne la prise de Dénia, il serait étonnant que la chronique royale, si
exacte à relater dans tous leursdétails les faits de guerre du Conquis-
tador, passât entièrement sous silence le siège de cette ville. Pres-
que tous les auteurs sont muets sur ce point; il nous parait pins
naturel de croire avec Schmidt {Geschichte aragonien's, p. 157.),
qu'à Texplration delà trôve, l'ancien émir de Valence, se voyant
dans l'impossibilité de résister, se soumit spontanément au roi
d'Aragon.
^ Chronique de Bernât d'Esclot, chap. l.
T. n. 7
9S tiTRB in^ eiÂflTRB IT
En moins de vingt ans, le fils de Pierre le Catholique
avait presque doublé Théritage quMl avait reçu de ses
pères. Il avait étendu ses conquêtes aussi loin que le
lui permettaient les traités conclus avec les autres puis-
sances chrétiennes de TEspagne. Dès lors il songea à
tourner son activité vers la France méridionale et vers
les travaux de la paix. Affermir sa prépondérance sur
le littoral méditerranéen des Pyrénées aux Alpes, en
réunissant par les liens d*une forte solidarité la maison
de Toulouse et les deux branches de la maison de Bar-
celone , doter ses peuples d'une bonne législation ,
faire prospérer le commerce, les arts et les lettres , tels
étaient ses désirs et son but. Ce qu*il a tenté prouve ce
qu*il eût été capable de faire, si ses généreuses intentions
n'eussent été paralysées par les querelles domestiques,
les révoltes de ses sujets musulmans et l'opposition
aveugle du parti féodal.
CHAPITRE V
Mariage du comte de Toulouse aveo Marguerite de la Marche. — Rela-
tions de Raymond VII avec le Pape et l'Empereur. — Le roi d'Ara-
gon et la cour de Rome. — Politique de Jacme avec les princes
chrétiens. — Le comte de Toulouse et le comte de Provence. — Tes-
tament' de Ramon Berenguer V. — Réconciliation des deux comtes. —
Projets de mariage. — Mort de Ramon Berenguer. — Conduite de
Jacme et de Raymond VII. — Echec de la politique méridionale en
Provence. — Le comté de Provence démembré de la nationalité du
Midi. — Plaintes et regrets des Provençaux. — Droits du roi d'Aragon
à la succession de Ramon Berenguer. — Jacme fait couper la langue à
Févêque de Girone. — Excommunication et absolution. — Teresa Oil
de Vidaure.
Les affaires de la France méridionale étaient restées à
pea près slationnaires pendant que Jacme achevait la
conquête du royaume de Valence.
Le comte de Toulouse, après sa réconciliation avec
saint Louis, n*en avait pas moins donné suite à son projet
d alliance avec la fille du comte de la Marche; mais,
comme les futurs époux étaient parents du troisième au
quatrième degré , le mariage avait été célébré sous la
réserve de Tobtentiou des dispenses nécessaires dans le
délai d*un an. Cette condition ne fut pas exécutée , on ne
100 LITRE III, GHiPITRB T
sait ponr qnelle cause. Les parties , on tout au moins
Raymond VII, conservaient, sans donte, quelque arrière-
pensée de divorce ; car si , durant la vacance du Saint-
Siège, les dispenses ne purent être obtenues, Tavène-
ment d*Innocent IV et la liaison qui ne tarda pas à
s*ètablir entre le nouveau Pontife et le comte de Toulouse
auraient dû lever toutes les difficultés.
A la fin de Tannée 1243 , Raymond avait été absous de
toutes les censures ecclésiastiques qu*il avait encourues.
Le Pape, à la sollicitation de saint Louis, s*élait h&té
d'accorder cette absolution au comte, <i:qui, suivant les
expressions mêmes du Souverain Pontife , tenait un des
premiers rangs entre les princes du monde > . Dès cet
instant , Raymond , grâce à la souplesse de son carac-
tère, plutôt qu*à son habileté, sut se tenir dans un
parfait équilibre au milieu des agitations produites dans
le monde chrétien par la querelle du sacerdoce et de
l'Empire. Bien qu'il eût été , avec Pierre des Vignes et
Thadée de Sessa, l'un des plénipotentiaires de l'empe-
reur dans la conférence de 1244, essai de conciliation
qui ne fit qu'envenimer les hostilités , le comte conserva
l'amitié du Saint-Père sans rompre les liens d'intimité
qui l'unissaient à Frédéric V
Rien n'était plus difficile pour un prince du midi de
la France que de rester à la fois l'ami du Pape et de
l'Empereur; rien n'était plus dangereux que d'avoir pour
ennemi l'un ou l'autre de ces redoutables adversaires.
Cette difficulté et ce danger paraissaient être moins grands
pour un roi comme Jacme le Conquérant, dont les États
étaient éloignés du théâtre de la lutte et dont les grandes
* Dom Yaissôte, Histoire de Languedoc, liv. XXV, chap, lxxvui
et Lxxix.
JACNE ET LE SAINT-SIEGE 101
entreprises contre les Sarrasins d*Espagne justifiaient la
neutralité dans les affaires de TEurope. Malheureu-
sement pour l'indépendance des rois d'Aragon, mais
heureusement sans doute pour Jacme P^, que la Papauté
soutint durant les pénibles années de son enfance, Pierre
le Catholique , jaloux d'ajouter à l'autorité royale le
caractère sacré que lui imprime l'onction sainte , était
allé recevoir sa couronne des mains d'Innocent III, et,
en échange , avait rendu la royauté aragonaise vassale et
tributaire du Saint-Siège. Nous avons vu * le Pape Gré-
goire IX réclamer le secours de Jacme en vertu de ce
serment de fidélité , et le Conquistador conclure un traité
que des entreprises plus utiles pour la civilisation l'em-
pêchèrent d'exécuter *.
Cet imprudent engagement est le dernier acte du règne
de Jacme , — nous pourrions presque dire le seul , —
où l'esprit d'aventure naturel à la maison de Barcelone
ne soit point modéré par un jugement droit et sûr. Dès ce
moment , nous verrons toujours le grand roi, dans ses
relations avec les autres puissances comme dans ses
réformes intérieures, fuir les utopies dangereuses , s'éle-
ver an-dessus des susceptibilités de l'amonr-propre ,
éviter tout ce qui pourrait le faire accuser de vaine ambi-
tion , dédaigner la renommée stérile de ces conquérants
qni mesurent leur gloire au sang qu'ils font répandre ,
et leur puissance aux lambeaux de terre qu'ils arrachent à
leurs voisins sans aucun profit pour la civilisation.
* Tomel, p. 384.
^ Jacme devait passer en Italie avec 2,000 chevaliers et faire la
guerre à lempereur, moyennant 150,000 livres et le payement via-
ger des revenus et droits annuels levés par Pempire sur la Lombar-
die. Les villes lombardes, ajoute Zurita, s^engagèrent, en outre, à
reconnaître le roi d'Aragon pour a leur seigneur, défenseur et gou-
verneur durant sa vie. » (Anales de Aragon, lib. III, cap. xxxn-}
102 LITKE UI, GBAPITAB ▼
Avant de se lancer dans une entreprise quelque sédui-
sante qu'elle se montre , il en embrasse du regard toute
la portée , oubliant ses droits personnels pour ne se
souvenir que de ses devoirs de prince. Faire régner
Tordre , la paix , la justice dans ses États , avant de
chercher à en reculer les limites , étendre Tempire de la .
civilisation chrétienne plutôt que sa propre domination,
et, pour cela, se montrer aussi conciliant avec les
princes chrétiens qu*il est intraitable avec les Musulmans
insoumis , telle est la double mission qu'il s*est donnée.
Si les résultats probables d'une guerre sont hors de
proportion avec les sacrifices qu'il devra imposer à ses
sujets , il cède avec une générosité qui le grandit , même
à un simple comte de Champagne; mais, s'il voit un pou-
voir étranger essayer de s'immiscer dans l'administration
de ses États , s'il craint de compromettre la tranquillité
de son pays ou de faire peser une nouvelle charge sur son
peuple, il sait, comme le saint roi Louis de France,
résister avec fermeté même à son souverain spirituel , à
ce Pontife suprême dont la main donne et retire les
couronnes.
Après le traité signé au camp de Valence, Jacme fut
une fois encore sur le point de se trouver mêlé à la
grande querelle du Pape et de l'empereur. On se sou-
vient, en effet, de l'alliance qu'il conclut à Montpellier,
en 1241, avec Raymond VU, pour la défense de l'Église-
Mais il s'agissait alors de se concilier la bienveillance du
Saint-Siège, afin d'obtenir la sentence de divorce et les
dispenses qui devaient favoriser les projets des princes
méridionaux. Le roi d'Aragon n'eut pas cru payer trop
chèrement par le secours de ses armes la réalisation de
ces espérances si chèrement caressées. Trompé dans
son attente, il évita dès lors de confondre ^ cause avec
celle daSaaFeraÎQ Pontife. Lorsque loDocent lY, fuyant
Jlome, lui fit demander rbospitalité que lui refusaient
les rois de France et d'Angleterre , le monarque arago*
nais n'hésita pas à décliner ce dangereux honneur^ c'est
alors que le chef de la chrétienté se réfugia à Lyon, ville
indépendante et neutre, où il tint le concile qui déposa
Tempereur Frédéric. A cette occasion , les deux comtes
Raymon de Toulouse et Ramon Berenguer de Provence
se trouvèrent réunis auprès du Souverain Pontife.
Depuis que le mariage de Sancha de Provence avec Ri-
chard d'Angleterre lui avait ôté l'espoir d'être le gendre
et le successeur de Ramon Berenguer, Raymond était
redevenu l'ennemi du comte provençal. Cependant la mé-
diation de l'archevêque d'Arles, celle du roi d'Aragon et
rinlerventionduPapelui^même avaient retardé la reprise
des hostilités V II est permis de croire que pendant ce
temps les négociations se poursuivaient pour reprendre ,
dans l'intérêt des provinces méridionales, les projets de
fusion des deux races de Toulouse et de Provence.
Ramon Berenguer avait une quatrième fille, Béatrix, avec
laquelle pouvait s'effectuer le mariage qui n'avait pas
réussi avec Sancha.
Eu vertu d'un testament de l'an 1238, Béatrix devait
< Jacme, tout en refusant au Pape ses Etats piéninsulaires, lui
offrit pour asile la seigneurie de Montpellier, ou permit du moins
aux consuls de sa ville natale de faire une démarche dans ce sens
auprès du Saint-Père. C'est ce qui résulte d'une lettre dans laquelle
Innocent lY remercie les cousuls et leur fait espérer sa visite pour le
moment où il quittera Lyon. Cette promesse ne fut pas exécutée.
(Archives municipales de Montpellier, armoire E> casette Y, liasse
2bis, no 2.)
* Dom Yaissète, Hist.de Languedoc, lir- XXV, chap. Lxxviet
Freuv. du tome III, éd. in-f», q» 25^. — Rayaaîdi, Ann. eeclee., ad
ann. 4244, n* 47.
104 LITRE III , CHAPmtB ▼
hériter de tons les États de son père. Ce n*est point,
comme le dit Mathieu Paris, qne les autres filles du
comte « étant montées plus haut qu'on ne pouvait Tespé-
rer, et ayant contracté des mariages qui faisaient Tadmi-
ration de tous les chrétiens * >, Béatrix seule eût besoin
d'une dot; ce n'est pas non plus que Ramon Berenguer
ait voulu éviter de semer un nouveau germe de discorde
entre le roi de France et le roi d'Angleterre*; le petit-fils
des comtes de Barcelone n'avait d'autre but que de ména-
ger à la nationalité du Midi le moyen de reconstituer son
unité. Béatrix semblait destinée à épouser un prince
méridional ; si elle n'avait pas de fils, ce n'étaient ni les
enfants de Marguerite, reine de France, ni ceux de
Léonor, reine d'Angleterre, que le testament appelait an
comté de Provence, mais bien ceux de Sanchaqui, n'étant
pas souverains, ne pouvaient fondre les États de Ramon
Berenguer dans une plus grande nation. Si Sancha n'avait
pas d'enfant mâle, la succession revenait à la fille ainée
de Béatrix, et, à défaut, au roi Jacme d'Aragon et à celui
de ses fils qui hériterait de sa couronne ^ Toutes ces
clauses sont significatives et indiquent clairement le désir
de Ramon Berenguer d'assurer soit l'indépendance des
possessions provençales, soit leur union à un État méri-
dional.
Les conséquences du mariage de Raymond VII avec
Théritière delà Provence n'échappaient à personne, et
l'espoir de cette alliance n'avait pas été étranger, sans
doute, à la négligence que le comte de Toulouse avait
* Math. Paris, Grande Chronique, ad ann. 4^45.
* Papon, Hi8t. gén. de Prov., t. Il, p. 324.
* Le testament de Ramon Berenguer Y a été publié par Ruffi
(Hiit des comtes de Provence.)
BÉATBIX DE PROVENCE iOS
mise à faire régulariser son union avec Marguerite de la
Marche.
En effet, réunis au concile de Lyon, en présence d'In-
nocent IV et avec son assentiment, les deux comtes con-
clurent la paix et convinrent de l'alliance à laquelle se
rattachait le dernier espoir de la France méridionale.
Le Pape promit d'accorder la dispense de la parenté
qui existait entre les futurs époux ; enfin le mariage de
Raymond avec Marguerite de la Marche fut annulé du
consentement même de la fille de Lusignan\
Pour la seconde fois , l'union des maisons de Toulouse
et de Provence paraissait irrévocablement assurée. Mais,
Celui qui, suivant l'expression de Bossuet, « préside à
tous les temps et prévient tous les conseils ' » , a marqué
à la nationalité méridionale le terme de son existence.
Nos provinces sont arrivées à ce point où un peuple »
poussé par une force invisible , marche vers une fin qu'il
redoute et qu'il est impuissant à éviter. Alors tout
semble conspirer dans l'ordre moral et dans Tordre
matériel pour hâter la crise fatale ; les causes ne pro-
duisent plus leurs effets probables, les calculs les plus
solides sont déjoués par des événements inattendus, les
actions les mieux combinées pour conjurer le danger
ne font qu'en augmenter la violence. La France du
Nord, an contraire, est parvenue à une époque de rapide
et vigoureux accroissement. La nation de saint Louis
s'avance d'un pas ferme vers les limites qui lui sont assi->
gnées par la Providence , sans qu'un seul de ces actes
injustes qui marquent trop souvent l'agrandissement
des empires ternisse la pure auréole dont le nom de
* Gbron. deGoillaume de Puy-LaureDs,chap. xLvn; ^domVais*
sète, Hist. de Lang.y liv. XXV, chap. xa.
* Discours sur l'histoire universelle, 3"' partie, ebap. vpii
I0# i«if»^ lu, «i4mi)B ▼
Louis IX 6ist antooré. Cette pério(le est vlm de cplles où
se montrent le plas clairement les lois mystérieuses qui
président à la formation des peuples : les provinces se
groupent autour d'un centre , les grandes races seigneu-
riales disparaissent , les races royales voient se dessiner
les limites, trop souvent méconnues, dans lesquelles leur
puissance doit se renfermer. La force providentielle qui
entraîne les nations vers leurs destinées ne s*est jamais
fait mieux sentir qu'au temps et dans les pays que nous
étudions ; c'est elle qui fait réussir dans la Péninsule les
entreprises les plus audacieuses de Jacme contre les Sar-
rasins» c*est elle qui fait échouer, au moment où leur
succès semble le plus certain, les combinaisons de ce
prince et de ses alliés dans la France méridionale.
Le comte de Toulouse et le comte de Provence , se
croyant assurés du bon vouloir d'Innocent IV, retourné*
rent dans leurs États sans avoir oblenif la dispepse néces-
saire au mariage projeté, et quelques jours après (19 août
1245) mourait à Âix , en Provence, le comte Ramon Be-
renguer, a cet homme illustre et fameux qui , par un
effet prodigieux du caprice de la fortune, avait laissé au
monde entier un sujet éternel d'admiration dans Félé-
¥atioa de ses enfants, c'est-à-dire de ses filles, dont la
beauté était si éclatante V »
^ Grande Chronique de Mathieu Paris, ad ann. 4246, traduction de
M. HuilIard-BréoUes, acoompagnée de noteset précédée d'une intro-
duction par H- le duc de Luynes. — a Ce ^rand et magnanime
prince, dit Casar de Nostradamus, fut plein de toute douceur, clé-
mence et humanité, éloquent en son parler, excellent et rare à com-
poser en rithme vulgaire provençale comme celui qui avoit d'ordi-
naire à sa cour plusieurs excellents et rares poètes prouvençaux qui
faisoient des belles, doctes et ingénieuses poésies, à Texemple et
imitation de leurs antiques progéniteurs et troubadours avec les-
quels ce comte se délectoit taHeioeut, qu^it empk^t Aiae bonne
MOBT DB BAMOBT BBBKNGUEB 4#7
Il arait en BQoarant cofifirmé son testammt de 1338 ^
et Dommé pour tuteurs à sa fille Béalrix et régeuts de
ses États , Romeu de Villeneuve et Albeta de Taras^çon,
le môme , sans doute, que nous avons vu ^gurer dans
la sentence arbitrale rendue contre Sancha d* Aragon \
A la nouvelle de cette mort , Jacme qui , en sa qualité
de suzerain de la Provence et de cousin-germain paternel
de Ramon Berenguer, avait des droits sur les États du
comte défunt, accourut à la tète d'un corps de troupes,
et garda à vue dans Aix la jeune Beatrix V Youlait-M,
comme on l'a prétendu, marier la princesse à un de ses
fils? Rien n'autorise cette supposition. Le but avoué de
cette tentative d'occupation militaire était d'assurer la
partie de son temps et ses heunç desdies à Pesbat deTesprit en dis-
putes et questions bien subtiles et très-gracieuses.» [Hist.et Chron,
de Prauvenee, p. 204.) H reste en effet, do Ramon Berenguer V, deux
pièces devers en langue romane provençale. L'une est un dialogue en
forme de tenson, entre le comte et son Adèle cheval Cam-et-Ongla ;
l'autre, un tenson avec un troubadour du nom d'Arnaut. Celte dernièFe
peut donner une idée du mélange do grossièreté et de délicatesse qui
inspirait souvent les discussions galantes du temps. En voici le sujet:
eeot dames de baut parage entreprennent un voyage d'outre-mer,
un calme plat arrête leur navire. Les nobles voyageuses ne peuvent
ni poursuivre leur route ni revçnirau point de départ à moins 9;ue,
dit le comte au troubadour ,
•
Un pet fassatz de que mova tal vent
Parque la nau venga s a aaivament :
Faretz o no, que saber o volria t
Arnaut répond affirmativement. (Voyez Hilà^ de IO0 Trovadori^ /sn
Espana, p. 450, d'après le manu^crit 7225 de la Bibliothèque impé-
riale.)
* Voy. diron. de ^uiilaume de Puy-^^aurens, chap. xlvh; —
Chron. MassiL ap. Labbe Biblioth., U 1, p. 342
* Mathieu Paris (Grandfi Chraniqi^e, adann. 4245} est Iç seul chro-
DÎquenr contemporain qui parle du prétendu enlèvement de Béatrix
par un seigneur provençal peu riche en possessions.
108 LimB ni , CHAPITRE ▼
réalisation des projets de Raymond VII. Qnelqaes chro-
niqueurs, ne pouvant s'élever à la hauteur de la politiqae
aragonaise, ont trouvé naturel d*expliquer par des motifs
d'ambition personnelle des actes qu'ils ne comprenaient
point. La vie entière du Conquistador proteste contre ces
mesquines interprétations, qui, du reste, n*ontété hasar-
dées que sons la forine du doute par les écrivains méri-
dionaux de l'époque. La renonciation à tous ses droits
sur la Provence , que le roi d'Aragon avait faite au mo-
ment où se traitait le mariage de Sancha avec le comte
de Toulouse, est une preuve du désintéressement de
Jacme. Ce qu'il voulait, c'était surtout s'opposer aux em-
piétements de la maison de France sur les pays de la
langue d'Oc ; son union avec Raymond VII, dans l'intérêt
de la patrie méridionale, était sincère et répondait aux
aspirations populaires du Midi.
Mais ceux qui gouvernaient la Provence au nom de la
jeune comtesse ne partageaient ni la haine de leurs com-
patriotes pour les Français \ ni les espérances du roi
d'Aragon. Romeu de Villeneuve, le plus illustre et le plus
influent des conseillers de Ramon Rerenguer, voulut
peut-être hâter un rapprochement qu'il prévoyait devoir
s'opérer inévitablement entre la France du Nord et la
France du Midi ; peut-être cherchait-il seulement à satis-
faire l'orgueil maternel de la veuve de Ramon Berenguer,
qui désirait pour sa quatrième fille un époux de race
royale. Quoi qu'il en soit, il faut attribuera l'influence de
Romeu autant qu'aux menées de la reine-mère de France,
le succès de cette œuvre, qui a valu au conseiller de
* « Les Provençaux ont pour les Français une haioe inexorable. »
(Grande Cbron. de Mathieu Paris, ad ann. 4345.)
ÉCHEC BN PROVENCE 109
RamoQ Bereogaer Thonneur de figarer dans le Paradis
d'Alighieri *.
Pendant que les émissaires de la reine Blanche cher-
chaient, par Targent, les promesses et les menaces, à créer
en Provence un parti qui soutint les prétentions de Charles,
frère de saint Louis, à la main de l'héritière du comté,
des troupes françaises s'avançaient avec la double mission
d*appuyer, selon les circonstances, soit les projets du
prince Charles, soit une réclamation de la reine de France,
Marguerite , en qualité de fille aînée du comte défunt ^.
Au lieu d*accourir en Provence à la tête d*une armée
et de se joindre au roi d*Aragon , qui avait fait preuve
en cette circonstance d*une remarquable activité, Ray-
mond Vil , avec le défaut de pénétration qui le carac-
térise, n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'im-
plorer par lettre Tappui du comte de Savoie , oncle de
la jeune comtesse , et celui de la reine Blanche elle-
même.
Il vint cependant en Provence ; mais, trompé par de
perfides conseils, que le seigneur de Lunel lui avait donnés
sous l'inspiration de Romeu et d'Albeta, il était seul
et sans armée. Sur ces entrefaites , le Pape, cédant aux
instances de la mère de saint Louis, refusait pour le
mariage de Raymond et de Béatrix la dispense qu'il
^ Edentro alla présente Margherita
Lace la luce di Romeo, di oui
Fu l*opra grande e bella mal gradita t
* Ma i Provenzali che fer contra lui
Non hanno riso : e perd mal cammina
Quai si fa danno del ben fare altrui.
Quatre flglie ebbe, et ciascuna reina ,
Ramondo Berlinghieri ; e ci6 11 fece
Romeo persona umile e peregrina.
(Dante, Paradiso, cant YI.)
3 Grande Chron. de Math. Paris, ad ann. 4246.
110 LITIB Ul f CHAPIfAI Y
avait promise ; enfin Charles se mettait à ia tète des
troupes envoyées par son frère, et marchait vers Aix pour
s'emparer de Béatrix. Les quelques hommes d'armes que
Jacme avait rassemblés à la hâte n'étaient pas de force
à résister aux Français; le roi d'Aragon avait compté
sur l'appui du comte de Toulouse ; ce secours lui faisant
défaut , il dut battre en retraite et abandonner au frère
de saint Louis la riche proie que le Nord arrachait irré-
vocablement au Midi\
Le 31 janvier 1246, Charles , à qui le roi son frère
devait quelques mois plus tard donner en apanage les
comtés d'Anjou et da Maine, épousait la fille de Ramoo
Berenguer Y, et le plus beau domaine de la maison de
Barcelone au nord des Pyrénées tombait au pouvoir de
la famille capétienne.
La domination française pesa sur les Provençaux
comme une honte. Tandis que les conseillers du dernier
comte , oubliant les intentions de leur maitre , livraient
la nation à un voisin qui était presque un ennemi , le
peuple murmurait et espérait, tournant ses regards vers
Toulouse et surtout vers l' Aragon.
On ne pouvait croire que le vainqueur des Sarrasins
d'Espagne, le Conquistador y qui remplissait l'Europe du
bruit de ses exploits, laissât les Français s'établir à
jamais dans les pays où avaient dominé ses ancêtres. On
pensait voir bientôt le roi d'Aragon , le comte de Tou-
louse, le roi d'Angleterre, se liguer contre la maison de
France ; on attendait, et cette attente explique le calme
apparent des premières années du règne de Charles
d'Anjou en Provence.
' Voyez Chronique de Guill. de Puy--Laureas, obap. xlvii ; — Chrtm.
Massik apad Latbe, Bibliodi.j p. 342 ; — Grande Chron. de llaih.
Paris, ad ann. 4246.
PLAlMTBS BBS PROTBRÇàUX 111
Les tronbadoars, cependant, parcouraient le pays de
château en château , entretenant dans le cœur des Pro-
vençaux le souvenir si cher de leurs anciens seigneurs,
et censurant indirectement les défauts du bouillant et
impérieux Charles par Téloge des douces qualités de
Ramon BerenguerV. « En quoy faisant, dit Jehan de
Nostradamus à propos de Pierre Brémont de Noves , il
gaigna un thrésor. Hais pour ce que par iceiuy chant il
parloit contre la mayson d* Anjou et de ce que la Prou-
vence estoit tombée entre mains de ceux de France , luy
fut conseillé par ses grands seigneurs et amis de se
taire *. »
« Désormais, chantait Aimeric dePegulha, les Pro-
vençaux vivront dans la douleur, car d'un vaillant sei-
gneur ils tombent sous un sire.... Hélas! Provençaux,
en quelle désolation vous êtes restés et en quel déshon-
neur! Vous avez perdu gaité, jeux et plaisirs. Vous
êtes tombés aux mains de ceux de France; mieux vous
vaudrait élre tout à fait morts. Celui par qui vous pourriez
être délivrés ne trouve en vous ni loyauté ni confiance.
Hélas ! mal pourvus de seigneurs et d'honneur , on ne
vous bâtira plus villes ni châteaux-forts. Serfs des Fran-
çais , pour le droit ni pour le tort vous n'oserez porter
écu ni lance*. >
^ Jehan de Nostradamus , Vies des plus oélèhres et anciens poëtes
provençaux qui ont floury du temps des comtes de Provence ,
pag. 12S.
* Âimeric de Pegulha était fils d'un marchand de drap de Tou-
louse. Son allusion au seigneur qui pouvait délivrer les Provençaux
peut se rapporter également à Raymond VII et au roi Jacme 1". ^
VEist. litt. de la France (t. XVIII, p. 694), a donné pour la pre-
mière fois le texte de ce fragment, que l'abbé Millot avait inexacte-
ment traduit. Celte pièce se trouve dans le manuscrit n<» 722S de la
Bibliothèque impériale.
lli LIVRE m, CHAPITRE V
Tout autre que Jacme n'eût pas manqué de profiter de
pareilles dispositions; mais, soit qu'il comptât peu sur
Tappui du comte de Toulouse et du roi d'Angleterre,
soit que la nationalité méridionale lui parût condamnée
sans retour, et qu'il vit la main de Dieu dans les évé-
nementsqni semblaient conspirer pour assurer l'extinction
des dynasties méridionales\ il parait s'être résigné aus-
sitôt à l'abandon delà Provence.
En vain les troubadours , ne comprenant pas qu'un
roi conquérant hésitât à en appeler aux armes , exci-
taient-ils le monarque aragonais à la guerre; en vain
essayaient-ils de produire un soulèvement parmi les
Provençaux , dans l'espoir de voir accourir au secours
des révoltés les adversaires naturels de la maison de
France. Une sage politique conseillait à Jacme l'inaction
que l'incapacité et la légèreté d'esprit inspiraient à Ray-
mond YII et à Henri III.
« Je crois que le roi anglais a le hoquet, s'écriait
avec colère Boniface de Castellane , tant on le voit rester
muet pour demander ses possessions.... tandis qu'il
devrait conduire de tous côtés soldats et chevaux armés
jusqu'à ce qu'il eût recouvré ses domaines.
p Le lâche roi auquel appartient l'Âragon fait toute
l'année procès à maint pauvre diable ; il serait mieux , à
mon avis, qu'il demandât avec ses barous (vengeance pour)
son père, qui était preux et bon et qui fut tué chez ses
voisins •. »
* Quid hic dicam ? écrivait Guillaume de Puy-Laurens, chapelain
de Raymond VII, jampridem per hœc antecedentia prœsumi poterat
quod Deo non plciceret quod ultimus comês contraheret , aut plus ha-
béret eobolem quam habebat. (Gbron. de Guili. de Puy-Laurens,
chap. XLVii.)
^ Raynouard, Choix depoésiee des Troubadours, t. Y, p. 408.
PLAINTES DES PROVENÇAUX 113
NoDs ne savons à quels procès celte dernière strophe
fait allusion, mais les réformes législatives dont lesirvente
qui précède doit être à peu près contemporain, les inno-
vations introduites dans la procédure, l'influence crois-
sante des légistes en Aragon, pourraient bien avoir inspiré
la boutade du guerroyeur Boniface. Homme d*épée avant
tout, le noble troubadour avait voué une haine à mort
« aux avocats qu*on voit se démener à grand bruit » . . . .
et à « cesconseils de prélats que nul homme ne vitjamais
contents et qui, lorsqu'on leur explique son droit, disent :
«Tout cela n'est rien, tout appartient vraiment au comte»\
Charles d'Anjou faisait faire des recherches en Provence
pour réunir à son domaine ce qui eu avait été démembré
par l'usurpation des grands vassaux du pays ; de là Tirri-
tation de Boniface de Castellane, dont la famille, Tune
des plus puissantes de Provence, était aussi Tune des
plus tracassées par les commissaires du comte V
Le fougueux Boniface flagelle de ses vers non-seule-
ment les princes qui abandonnent la cause du Midi, mais
ses compatriotes eux-mêmes qui n'osent secouer un joug
odieux :
< Je ferai un sirvente avec des paroles cuisantes, dans
lequel, à la face de tous les lâches, je dirai aux Provençaux
pauvres et abattus que ces Français ne laissent même pas
leschausses à la gent paresseuse et sans courage. . . Si je
me rencontre un jour avec leurs chefs et qu'ils m'atta-
* Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. IV, p. âU.
« Un aulre poêle genlilhorameparlageraversion de Caslellane pour
les gens de robe, c'est Bertrand d'Allamanon, dont on peut voir les
sîrvenles dans le recueil de M. Raynouard,t. IV, p. 222. — Papon
(Hwt. génér. de Prov., t. lil, p. 438) et Millol {Hist. litt. des Troub,,
1. 1, p. 402.) ont donné la traduction de plusieurs pièces de cetrou-
badour.
T. n. 8
qaenl, ils en seront dolenU; tant je les frapperai que
DQOD épée en sera sanglante et qae de ma lance il ne restera
qa*un tronçon.»
« Lemalhear des Provençaux roeplait, car aacnn d*eax
n*y prend garde. Les Français sont si habiles que quelque
jour ils les feront venir attachés avec un lien d* osier. Ils
ne gardent avec eux aucun ménagement, tant ils les tien*
nent pour lâches ^ »
Un autre poète, qui ne parait pas avoir eu les mêmes
motifs personnels de colère contre les nouveaux domina-
teurs, Guillem de Montagnagol, s'exprime en termes non
moins énergiques :
« Ce pays ne doit plus s'appelerProenza (vaillance),
mais il aura nom Falhenza (l&cheté), puisqu'il achangé une
domination loyale et douce pour une cupide tyrannie V*
Plus bas, Guillem souhaite que le roi d* Aragon, qui a mis
en déroule les Sarrasins espagnols, vienne combattre les
Français, < puisqu'il a vaincu leurs vainqueurs il en
triomphera aisément. Cependant la domination française
va grandissant ; le roi d'Aragon et le comte de Toulouse
seronldéshoororés s'ils ne tirenlvengeance de leurs humi-
liations '. >
Ce sirvefite, évidemment postérieur à la bataille de
Mansourah, à laquelle il fait a lasion, prouve que l'espoir
des Provençaux persistait après plusieurs années d'attente
vaine. Charles d'Anjou semblait d'ailleurs avoir pris à
tâche de jnstifier, par la dureté de sa domination, les
* Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. V. p. 109, et
t. IV p. 214.
2 Hist. liU. de la France, t. XIX, p. 49 t.
» Millot, Hist, lut. des Troubadours, t. III. p. 96 ; — Papon,
Hist. gén. deProv., t. 111, p. 447 ; — Milà, de los Trov, en Espana ,
p. 475.
PLAINTES BBS PROVENÇAUX liK
plaintes de ses nonveani sujets, et de conserrer daDS leur
coeur le souvenir de la palernetle administration des
comtes de la maison de Barcelone. Vingt ans s*élaieat
écoulés depoîs la mort de Ramon Berenguer, que la
Provence implorait encore le secours des princes arago-
nais, comme le prouve la pastorale suivante, dialogue
entre une bergère et le troubadour Paulet, de Marseille :
• Mais s'il tous ptait, seigneur, demande la bergère au
poète, dites^moi^ au sujet du comte qui tient la ProveMe,
pourquoi il tue les Provençaux et les détruit, lorsqu'ils ne
lai ont forfait en rien, et pourquoi il veut et pense ainsi
dépouiller le roi Manfred qui n'a, je crois, aucun tort, ne
tient de lui aucune terre et n'a été pour rien, je pense,
dans la mort du preux comte d'Artois *, . .
— » Jouvencelle, répond le troubadour, par ^orgueil
qu'il porte en soi, le comte d'Anjou est sans merci pour
les Provençaux, et les clercs sont pour lui la pierre et le
fusil *, et pourcela il croit dépouiller le roi, qui est habile,
preux et qui soutient la véritable valeur. Mais ce qui
m'encourage (c'est que) les Français n'arriveront là-bas*,
à ce qu'il me paraît, que si avec les leurs s'aecorde le
vaillant et puissant roi Manfred ^
' Par ceUo allusion, Paulel veut faire entendre que Charles d'An-
jou aurait mieux fait de venger la mon de son frère Robert d'Ar-
tois, tué par les Sarrasins, que de jeter le trouble dans la chré^.
tienté.
^Colzefozil. (?ot2signifiaitpierreelplus particulièrement pierre
à aiguiser. On appelait également fozil^ fusil, la pièce d'acier avec
laquelle on bat la pierre pour en tirer du feu, et un morceau de fer
ou d'acier qui sert à aiguiser les couleaux ; on peut donc traduire ce
passage de deux manières : a Les clercs sont pour lui la pierre et le
fusil dont il se sert pour allumer Tincendie n , ou bien : « Les clercs
sont pour lui la pierre et Pacier sur lesquels il aiguise son glaive. »
'A Naples.
* Nous traduisons ces deux première? strophes d'après le t^xte
116 LITRE III, GHAPITHE Y
* — nDites-moi, seignear, si le noble infant d'Aragon*
demandera ce qai appartient à sa famille. Puisqu'il est
bon et brave, je voudrais qu'il en donnât des preuves en
chassant de notre pays les usurpateurs de son bien.
— » Nous devons beaucoup espérer de l'attachement
des Provençaux p'our l'infant dont ils revendiqueront les
droits. Il serait à souhaiter que le Pape fût pour lui.
— » Je voudrais voir le noble infant et Edouard* bien
unis entre eux. Avec leurs grandes qualités, sortis de la
même tige, chers à leurs amis, redoutés de leurs ennemis,
ils acquerraient beaucoup plus de gloire en se soutenant
l'un l'autre et feraient de grandes conquêtes.
— » Je souhaite que le roi d'Aragon, lui qui a tant
de sens, prenne garde au plus tôt à sa réputation et à sa
gloire, car, s'il diffère, ni roi ni empereur ne daignera
plus le regarder. Les deux jeunes princes, l'infant et
Edouard, sont généreux, habiles, bien armés, il ne
convient pas qu'ils restent dépouillés de leur héritage.
Que ne dresse-t-on vite le jeu et la table où maint heaume
sera fendu et maint haubert démaillé.
— » Seigneur Pierre , dit la bergère s'adressant au
prince aragonais , que par vous les malheureux Proven-
çaux soient protégés et honorés.
— » Bergère, vous m'avez comblé de joie par les
louanges que vous avez données à l'infant ; car je ne sais
point de prince qui aime autant la vertu. »
qu'en a donné M. Raynouard {Choix de poésies des Troubadnursj
t. Y, p. 277). Pour les suivantes, dont le texte nous manque, nous
empruntons la traduction de Tabbé Miliot {Hist, litt. des Troub.,
t. m, p. 443).
* Pierre, fils aine de Jacme et d'Yolande.
* Edouard, fils aine du roi Henri III d'Angleterre et de Léonor de
Provence.
LA PROVENCE A LA MAISON DE FRANGE 117
Lorsque ces vers se chantaient en Provence, il y avait
longtemps qae Jacme avait définitivement renoncé à re-
vendiquer rbéritage de son cousin Ramon Berenguer.
Le 17 juillet 1258, aussitôt après la ratification du traité
de Corbeil, le roi d* Aragon avait fait, en faveur de Mar-
guerite, reine de France, cession définitive de tous ses
droits sur les comtés de Provence et de Forcalquier*;
droits très-réels, quoi qu'en aient dit quelques historiens
français. Les règles de succession féodale les consacraient,
et Jacme les rappelait encore dans une lettre ferme et
digne qu'en Tannée 1262 il écrivait à Charles d'Anjou
pour se plaindre de ce que des troupes provençales , con-
duites par Charles lui-même , étaient venues poursuivre
jusque dans le grau de Montpellier des Marseillais révoltés
contre leur comte : « Vous devriez être satisfait de ce que
nous avons fait au sujet du comté de Provence, que nous
aurions pu avoir parce qu'il avait appartenu à notre
famille , et que , cependant, à cause de l'amitié et de la
parenté qui nous lient à l'illustre roi de France, votre
frère et à vous, nous n'avons pas voulu recevoir*. »
Les vers du troubadour Paulet, que nous citions tout à
l'heure, font supposer que la cession du 27 juillet 1258
* Les difficultés entre Marguerite, reine de France, et Béatrix,
comtesse de Provence, au sujet de la succession de leur père, ne
furent terminées qu'en 4284. (Voy. Mémoire touchant les réclama^'
tions que Marguerite, reine de France^ et Elionor^ reine d'Angleterre,
firent de leurs droits sur la Provence, etc., par M. de Bréquigny,
p. 449 du tome XLIII (ancien) des Mém. de VAcad. des Inscrip. et
Belles-Lettres)*
3 Voyez cette lettre dans nos Pièces justificatives, n» XVI. Elle ne
porte aucune date dans le registre des archives d'Aragon où elle
existe en brouillon, mais la date des actes qui la précèdent et qui la
suivent dans le même registre, jointe aux événements auxquels elle
fait allusion, la place à Tan 4S62.
ii8 LIYRB ai f GHAPITEB V
fut tenue secrète, afin peut-être de laisser aux Provençaux
un espoir qui leur faisait supporter plus patiemment la
domination étrangère.
De 1246 à 1258 , pendant tout le temps que durèrent
entre Jacme et saint Louis les démêlés dont nous parle-
rons bientôt, la possibilité d*une revendication de la
Provence par le roi d*Aragon resta suspendue comme une
menace sur la maison de France , et contribua peut-être à
hâter la conclusion du traité de Corbeil et du mariage qui
en fut la conséquence.
Mais, en réalité, dès le 31 janvier i 246, la Provence
est à jamais séparée de la grande nation méridionale ;
après cette date, il y a encore des regrets, des désirs et
des espérances , qui se manifestent par les plaintes des
troubadours et par les agitations du peuple, mais plus
de tentative apparente d'un souverain du Midi pour re-
conquérir ce beau pays au profit d'une nationalité dont
chaque jour voit disparaître un lambeau.
C'est probablement au retour de son infructueuse expé-
dition en Provence, que Jacme fit à Montpellier le séjour
dont parle Gariel à l'année 1246 ^ Le vicomte de Béziers
Treocavel, qui jusqu'alors était resté à sa cour, l'accom-
pagnait sans doute et demeura dans le pays, car, peu
de temps après, il fit sa soumission au roi de France,
qui lui donnasix cents livres de rentes en échange de tous
ses droits sur les six vicomtes d'Âlbi, de Béziers , de Car-
cassonne, deRazez, d'Agdeetde Nimes (4246-1247 ').
Durant cette fatale année 1246 , qui vit la couronne
comtale de Provence échapper à la dynastie barcelonaise,
* Séries prmultÊm mog^hn, p. 3&9-
* Voy. Dom Vaissôte, Hist. de Lang.^ liv. XXY, ehap. xcvu, et
Preuves du tome 111, in-^, n^ 275.
B&e llkchë, qtie aïs peut effacer l^éclat mâme d« la gloire,
▼int obscarcir la renommée da Conquistador. Voici le
fait tel qu*il résulte des documents contemporains.
Berengner de Castetlbisbal , ce dominicain que Jacme
avait désigné datis son testament de 1343 pour être Tun
des exécuteurs de ses dernières tolontés , atait oublié ses
devoirs de prêtre au point de révéler un secret que le roi
lui avait avoué en confession. Il aurait même conspiré
contre son Bodverain, si Ton en croit une lettre de Jacme
à Innocent IV, que celui-ci rappelle dans sa réponse ^
Indigné de se voir trahi par un homme qu'il avait
comblé de ses faveurs et « traité presque comme le plus
honoré parmi les plus grands », le roi exila le frère prê-
cheur. Mais, bientôt après, Berenguerfut nommé évéqué
de Girone, et, fort de sa nouvelle dignité, il rentra en
Catalogne sans Tautorisation royale pour prendre pos-
session de son siège.
À cette nouvelle, Jacme irrité donna Tordre de s*èm-
parer du prélat et de lui couper la langue. Cette sentence
barbare fut exécutée; mais Rome ne fit pas longtemps
attendre le châtiment. L'audacieux monarque fut ex-
communié et rinterdit mis sur ses Etats.
Ce n'était pas la première fois que Jacme attirait sur
loi les foudres de TÉglisei En 1237, le Pape Tavalt
frappé d'anathème pour injures enverà Tévêqu^ de Sara-
gosse. Une lettre de Grégoire IX est le seul document
qoi mentionné cette excommunication sans donner d'au-
tre détail ; elle nous apprend seulement que l'absolu-
tion, implorée bientôt après par le roi pendant âne
maladie, lui fut donnée par < Ramon, de l'ordre des
' « Alias qoamplura contra te graviamachinando. » (Innocent IV,
/f6. 111, 0p. <mr» 27. -^ Raynaldiy Annales eeelesiaet. ad annum
4246.)
120 LITBK m , CBAPITBK ▼
Frères prêcheurs, chapelain et péniteDcier du Souve-
rain Pontife*. »
Innocent lY se montra moins prompt à pardonner que
ne Tavait été Grégoire IX ; il est vrai que, en sollicitant
rindulgence du Saint-Père, Jacme n'avait pas abjuré tout
sentiment de colère contre Berenguer de Gastellbisbal,
puisqu'il demandait au Pape d'éloigner Tévéque des États
aragonais.
« Il n'est pas digne de la sagesse d'un roi, répond le
Souverain Pontife, de croire légèrement que l'évéque ait
trahi le secret de la confession , et de l'affirmer avec
persistance. Cette accusation n'est pas vraisemblable,
et l'on y croit d'autant moins que la preuve en est
très-difficile à faire Nous ne pouvons ac-
cueillir votre demande; car, d'après les termes de votre
lettre, vous ne paraissez pas avoir l'esprit de pénitence,
mais bien plutôt des sentiments de colère contre ledit
évéque Quand même il vous aurait offensé, il ne
vous était nullement permis d'en tirer vengeance, mais
vous deviez aussitôt en demander justice à celui qui est
son maître et son juge Nous vous envoyons
frère Didier, notre pénitencier, pour vous représenter la
grandeur de votre faute et vous donner un conseil salu-
taire Revenez donc à vous Humiliez-vous
devant le roi céleste par lequel vous régnez ici-bas
Nous espérons que Celui qui désire la conversion et la
vie du pécheur, tenant compte de vos bonnes actions
passées, daignera se souvenir de vous et vous accorder la
grâce de bien penser et de bien agir *... >
^ C^est saint Ramon de Penyafort. Yoy. Raynaldi, Annales eccUs.,
ad ann. i23^ n» 26. - Grég, IX, «6. X, ép, 35Ï.
* Donné à Lyon le «Odes kaiendes de juillet, an III du pontificat
d'Innocent IV. (22 juin 1246). —Voy. Innoc. IV, «6. III, «p. eur.
27. — Raynald., Ann. eocles» , ad ann. 4246.
ABSC^LUTIOM DE JAGME 431
Le roi se soamit. Il envoya à Lyoa Andréa de Âlbalat,
qai fat plas tard évéqae de Valence S porter aax pieds
da Saint-Père Texpression de son repentir *. Philippe,
évèqae de Camerino, fat alors adjoint aa frère Didier
poar terminer l'affaire. Une réunion des prélats, abbés
et seignears da royaame fat con?oqaée à Lérida; là, en
présence de toat le peaple, le roi confessa son crime à
genoax en jarant de ne pins porter à Tavenir ane main
téméraire sar < les clercs et les personnes religieuses. »
Il promit, en expiation de sa faute, d*achever le monas-
tère de Benifaza, de l'ordre de Giteaux, de le doter de
telle façon que quarante moines passent y être entrete-
nus, de dépenser deux cents marcs d'argent pour la con-
struction de l'église de ce monastère, d'ajouter à la
dotation de l'hôpital de Saint- Vincent de Valence ane
somme annuelle de six cents marcs d'argent, et de fonder
enfin une messe quotidienne et perpétuelle dans l'église
de Girone.
À ces conditions, le Pape, par une bulle du 22 sep-
tembre 1246, conféra à ses deux légats le pouvoir de
donner l'absolution au roi; cette cérémonie eut liea
solennellement àLéridale 19 octobre delà même année'.
Au récit que noas venons de faire, et sur l'authenticité
* Quoi qu'en aient dit Miedes, Raynaldi et quelques autres histo-
riens, Andreude Albalat ne fut évoque de Valence que le 30 octobre
4 248 (Yoy. Diago, Anales del reyno de Valeneia^ t* 440, d'après les
archives du chapitre de Valence. }
' Miedes {Vida de donJayme, liv. XIV) dit avoir vu dans les ar-
chives du monastère de Benifaza la copie de deux lettres adressées
par Jacme au Souverain Pontife. L'une était celle que porta Andreu
de Albalat, Tautre contenait les reroerciments du roi à Innocent TV
après avoir obtenu l'absolution .
* Voyez la sentence d'absolution dans nos Pièces justificatives,
n* VI.
dù^ael lés lettres d'Innoôent lY ne peaveni laisser planer
aucun dbute, iMiedes, Mariana et, après eui, Raynaldt
et Tàbbé Fleury * ont ajouté des expiicatiôhs et dés
détails qui, faute de preuves, ne peuvent être acceptés
qu*avec la plus grande réserve V
Au moment où lé souverain aragonais allait épouser
Yolande de Hongrie, disent ces auteurs, la cour de Rome
futsaisie d*ùne opposition faite par la maîtresse de Jacme,
TeresaGil de Vidaure, qui prétendait aVoir reçu du roi
Une promesse de mariage. Les preuves ayant fait défaut,
la demande déTeresa d'û fut rejetée. Il y avait près de
dix ans C^\ïe Yolande était rei ne d* Aragon, lorsque le bruit
se répandit que la question du mariage de doâa Teresa
allait être examinée de nouveau, à la suite de révélations
faites au Saint-Père. De là, ches Jacme, cette colère qui
eut de si funestes conséquences pour Berenguer de Cas-
tellbisbal. « Quelques-uns, dit Ferreras, prétendent que
ce fut le dessein qu*il avait formé et dont Tévéqueinstrui-
âtt lé Pape, dé répudier Yolande et d*épouser dona Thé-
rèse Vidauré dont il était épris ; d*autres veuUbt que c'ait
été TeûVie qu*ll avait de âe reodarier atèc cette dame en
caâ que la reine Vint à mourir : plusieurs enfin allèguent
* Hi$i. aocMff., liv. LKXXII » § 42. Voyez aussi Marca hispaniea ,
Ub. IV, eol.SSr
* Mariana {Hist. genetal déBêpana, Hb. XIII, cap. vi),apTèsavMr
raconté, avec les plus grands détails, cetépisode du règne de Jacme,
dit, d'une manière générale, et sans préciser aucun point en parti-
éulier, 4ué son récit est tiré des archirés du monastère de fienifan;
« ittfTîs, ajoutent*!!, les hititoriens espagnols gardent le silence à ce
^jét; le lecteur verra ce qu'il doit croire. » On peut juger pai" là du
degré de confiance de l'auteur dans les arehif es qu'U mentionne en
passant < Mariana ne paraît pas avoir connu Miedes, dont le récit est
assez semblable au sien.
TEBE8A GIL DB TIDAURE 123
d'autres raisons, sans qa*il soit possible de découvrir la
▼érité dans ce labyrinthe d'opinions * > .
Quelle que soit la cause de cet acte de barbarie, il n'est
pas possible de le révoquer en doute *, et l'on doit blâmer
Zurita de l'avoir passé sous silence. Plus vif est l'enthou-
siasme dont l'historien se sent saisi en étudiant la vie
d'un grand prince, et plus impérieux est son devoir de
ne rien cacher des imperfections de son héros. Lorsqu'on
a fait la part des défauts, des vices môme de la nature
humaine, on peut avec plus de liberté admirer ce qui est
digne d'admiration. Pour racheter quelques taches, que
rien malheureusement ne doit faire oublier, les splen-
deurs ne manquent pas dans le long et magnifique règne
de Jacme le Conquérant, de Jacme le Législateur.
^ Ferreras, Histoire générale d* Espagne^ trad. de d^Hermiily, par-
tie VI, adam. 42i6.
* Voyez les faibles objections rapportées par Villaroya ((/oleccton
de carias hisioricO'Critieas, etc., p. 486).
CHAPITRE VI
Promulgation des fucroi de Huesca. — Mouvement législatif du XIII*
siècle. — Caractère et division des travaux législatifs de Jacme I". —
Vital de Canellas. - LÉGISLATION DES PAYS DE DROIT ROMAIN.
— Montpellier. — Perpignan. — LÉGISLATION DES PAYS CATA-
LANS. — Le hero JQzgOy les nsalges, les lois de Jacme I".— Influence
des principes romains. -7 Droit féodal. — Lois successorales. — Dot
et screix. — Procédure. — La torture, le duel judiciaire. — Lois
d'ordre public. — Lois somptuaires. — Lois religieuses; les Juifs et
les Sarrasins. — Organisation judiciaire. — La earla poebla de Figueras.
— Le fœro de Mayorque.
Les premiers jours de Tannée 1247 , la plus calme
peat-ôtre mais nou la moins glorieuse du règne agité qui
nous occupe , furent marqués par la promulgation solen-
nelle , au sein des certes réunies à Huesca, du code du
droit privé de T Aragon *.
On connaît le mouvement législatif qui se produisit en
Europe auXIIP siècle. A cette époque, la féodalité a ,
presque partout, accompli la mission qui lui était dévolue
dausTœuvredu progrès social. Elle a attaché fortement
* Les /îu^rofd^Aragonfiirdot promulgués le 8 des ides de janvier
(6 janvier)deran delà Natiyité 4247. (Yoy.Fueros d'Aragon; liste
des rois qui ont tenu des certes générales.)
126 LIVRE III , CHAPITRE YI
an sol les destructeurs nomades des antiques civilisations,
et en a fait une digue puissante pour arrêter de nouveaux
envahisseurs. L'exagération même du principe de pro-
priété a servi à poser plus solidement les bases sur les-
quelles, après bien des tâtonnements et des reconstruc-
tions, doit s*élever Tédifice de la civilisation moderne.
Le système féodal a donc rempli sa tâche ; tout le bien
qu'il pouvait faire est réalisé; et, dès lors, sous son
action trop prolongée , les abus auxquels il a donné nais-
sance grandissent dans des proportions effrayantes. Les
défenseurs^nés de la nation contre les ennemis du dehors
allument au cœur même du pays des guerres désas-
treuses. Oubliant les exemples de leurs ancêtres barbares,
qui, eux du moins, obéissaient à des lois, les seigneurs
terriens, affranchis de toute espèce d'autorité, parvien-
nent à substituer à une loi protectrice la volonté du plus
fort , tantôt franche dans sa brutalité , tantôt dissimulée
sous des traditions obscures, sous des coutumes incer-
taines, qui varient d'un fief à un autre , d'un village au
village voisin.
Afin de remédier à ces désorires , les peuples et les
rois se liguent contre une institution qui opprime les uns
et annihile les autres. Mais il ne suffit pas de supprimer
un rouage quelque imparfait qu'il puisse être , il faut le
remplacer; or il restait encore à l'aristocratie deux rôles
qui ne manquaient pas de grandeur, bien qu'elle les ait
oubliés trop souvent : défendre le trône et le pays contre
l'étranger , défendre les libertés publiques contre le
trône. La réorganisation des milices communales*, les
^ On sait que l'origine des milices communales ou urbaines re-
monte à Tempire romain , mais que ces troupes se réorganisèrent
et acquirent une importance réelle à Pépoqjue de rétablissement des
communes.
MOCTEMEl^'V V¥^lS(;A^ir QU XI|1« SIÈCLE 1)7
tentatives pour entretçair 49S coK)p9gn,ies. mercenaires
et des troupes permanentes, portèrent des coups succès*
sifs à eelle de ces deux prérogatives qaç Tesprit^ militaire
de la noblesse rendait la plus difficile à détruire ; Tautre
fat attaquée avec succès par les réformes qui tendaient k
donner àchaque nation un corps de lois fixes et générales,
basées, autant que Tesprit des populations le permettait,
sur les principes de Tabsolutisme romain ; à instituer des
tribunaux chargés de distribuer équitablement la justice
aux faibles comme aux forts ; à remplacer , en un mot ,
par une plus grande somme de garanties individuelles, les
libertés publiques confisquées au profit de la royauté.
G*est au XIII® siècle que ces essais de rénovation légis-
lative, dirigés presque partout contrôla féodalité, se
produisent dans les principaux États européens. En
France , sous Tinfluence de Louis IX, le droit coutnmier
cherche à se fixer et les Élabliseemenis sont réunis sous
la forme d*un code, sinon d'après les ordres exprès du
saint roi, du moins conformément à ses idées; en
Allemagne , Frédéric II importe le droit romain de toutes
pièces; en Italie, le même empereur trace un nouveau
plan de législation ; en Castille , Fernand III lègue à son
fils ses projets de réforme, qui sont mis en œuvre par
Alfonse le Savant ; en Portugal , Alfonse II impose un
nouveau code à ses peuples; enfin, comme contre-poids
à Tautorité toujours croissante du droit civil, Grégoire IX
fait recueillir par le catalan Ramon de Penyafort le corps
de décrétâtes qui porte son nom. Un esprit ami du
progrès, comme Tétait celui du plus grand roi de TAragon,
ne pouvait rester en dehors de ce courant ; aussi voyons-
nous le conquérant des Baléares et de Valence s'engager
des pre.miers dans cette voie de réformes, qui dt^vait
infailliblement conduire , apc^s ua temps plu3 ou mQiâ$
128 LITRE m , CHAPITRE VI
loDg , à rélévation de la royauté absolue sur les ruines
du pouvoir féodal.
Les travaux législatifs de Jacme 1*% antérieurs àceni
de saint Louis etd*Alfonse X, plus complets et d'une
application plus générale que les Établissements, plus
pratiques , mieux adaptés aux besoins et aux mœurs du
temps que les Siele Partidas do Castille , ont eu, sur la
plupart des recueils dont nous parlions tout à Theure ,
le double avantage de s*étre fait accepter immédiatement
comme lois de TÉtat , et de renfermer assez d'éléments
de vitalité pour que , de nos jours encore , quelques-unes
de leurs dispositions soient invoquées dans les pays pour
lesquels ils ont été promulgués.
Les États sur lesquels régnait Jacme le Conquérant
n*étaient autre chose, nous Tavons déjà dit, qu'un groupe
de peuples notablement différents entre eux de mœurs
et de coutumes , malgré une certaine communauté d'ori-
gine et de traditions.
La formule qu'on lit en tête des actes du Conquistador
n'est pas un vain étalage de qualifications pompeuses ,
comme beaucoup de formules analogues , mais bien la
constatation d'un fait sur lequel l'attention des historiens
ne s'est peut-être pas assez arrêtée. Roi d'Aragon, roi
de Mayorque , roi de Valence , comte de Barcelone ,
seigneur de Montpellier, ce sont là cinq titres reposant
sur la même tête, mais n'ayant d'autre connexion entre
eux que ce rapprochement pour ainsi dire fortuit \ Si ,
à défaut d'une expression plus exacte et aussi concise ,
^ Nous devons cependant faire une réserve en ce qui touche le
royaume de Mayorque. Malgré quelques différences dans Torganisa-
lion et les lois, les Baléares, conquises au profit des Catalans et en
grande partie peuplées par eux, peuvent être considérées comme
réellement unies au comté de Barcelone.
LES ÉtATS DB JkCUE 1*' 129
on a rhabitnde do désigner Tensemble de ces divers
pays sous les noms d*États de la couronne d*Âragon «
États aragonais, ces expressions n*impliquent aucune
supériorité politique , administrative ou législative
du royaume dont Saragosse est la capitale sur les
royaumes^ le comté et la seigneurie auxquels il est joint
sans être uni , et qui conservent chacun leur capitale
indépendante. Il n*est donc possible d'établir aucune ana-
logie entre les effets de cette juxta- position de plusieurs
sceptres dans les mains du même roi et ceux de la réunion
de nos grandes provinces à la couronne de France.
Pour avoir oublié cette vérité , on a reproché à Jacme
de prétendues atteintes à Tunité de ses États, àTindivi-
sibilitédesa couronne. Indivisibilité chimérique, unité
dangereuse, sinon impossible, à réaliser entre des pays
qui ne voulaient à aucun prix d'une absorption mutuelle.
Un éminent historien, entre autres, a écrit à propos
des partages de Jacm e entre ses fils et de la promulgation
des fueros de Huesca que le roi a par une heureuse incon-
séquence, résolut de doter TAragon* de l'unité législa-
tive au moment même où il lui enlevait l'unité politique.»
Or la communauté de chef , caractère le moins essentiel
de l'unité politique, était à peu près le seul lien qui eût
jamais réuni les divers Etats de la couronne aragonaise',
et, .quant à l'unité législative, essayer de l'imposer à ces
peuples eût été une entreprise insensée, indigne du bon
^ Le nom d'Aragon ne peut désigner dans celte phrase que Pen-
semblo des Etats aragonais, car Pidée de démembrer le royaume
d'Aragon proprement dit ne yinl jamais à l'esprit de Jacme I*'.
2 Nous avons indiqué (t. I, p, 428} comment l'union ou, pour
mieux dire, Tassociation de TAragon et de la Catalogne tirait ses
principaux avantages des différences mêmes de caractère qui s'oppo-»
salent à la fusion ^es deux peuples.
1 a. 9
n
190 LITM III, ClâPimi Tl
sens pratique du souverain dont nous retraçons ia vie.
• Sisescodesontvécubeaucoup ploslongtempsque les Eta-
bliêsements, s*ils n*ont pasété accueillis par des murmures
et des résistances comme celui d*Alfonse II de Portugal,
s*ilsn*ont pas eu à lutter pendant près d'un siècle ponr se
faire adopter par la nation comme les Siete Parlidas^ c'est
que, arrivés en leur vrai temps, ni trop en avant ni trop
en arrière de la civilisation à laquelle ils devaient s'appli-
quer, ils n*ont pas tenté de faire passer sous le même
niveau des mœurs et des institutions souvent opposées ;
c*est qu'ils ont cherché leur base dans le droit tradition-
nel et dans les coutumes de chaque peuple, et qu'enfin
il j a eu autant de corps de lois distincts que de pays dif-
férents à régir. Et cependant, à travers cette diversité
forcée, on aperçoit le désir de Tunité qui utilise tous les
traits communs au profit d'une unification future. C'est
ce qui donne à l'œuvre du roi conquérant un intérêt tout
particulier sous le double rapport de l'histoire et de la
législation.
A ce dernier point de vue, nous diviserons les États de
Jacme I*' en quatre groupes distincts : T les pays de droit
romain ; 2"* les pays catalans; 3" l' Aragon ; 4"* le royaume
de Valence.
Le premier groupe comprend les possessions arago-
naises du midi de laFrance : la seigneurie de Montpellier,
la ville de Perpignan et quelques autres localités du
Roussillon^ La loi romaine y formait, en effet, la basede
la législation, puisqu'elle servait à combler les lacunes
considérables des coutumes locales. Entre ces coutumes
d'un côté, et, de l'autre, un corps de lois plus complet que
* Voir, au sujet derautorilédudroit romain à PerpignaOi l'inlro-
duction aux coutumes de cette ville, par M. Massot-Reynier , p. 37.
(Publ. delà Société archéol. de Montpellier.)
TlUTAUi: LSGI6UTIFS PS MC|IE l^' 194
les besoins de l'époque oe l'exigeaient, il n'y avait place
pour aucun nouveau travail législatif de quelque impor-
tance.
La Catalogne et ses annexes ; les Baléares et le Rous-
sillon, moins les localités régies par le droit romain ,
reconnaissaient l'autorité du code gothique ou fwrç
juzgo, que le comte de Barcelone Ramon Bereoguer
le Vieiêx avait tenté de compléter par les usatg^ ^ dès
l'année 10C8. La rédaction d'un nouveau code powr ces
pays eut eu plus d'inconvénients que d'avantages ; il suf-
fisait d'ajouter à l'ancien les dispositions dont la nécessité
se faisait sentir au milieu d'une société en progrés.
L* Aragon avait sa législation particulière dans ce
célèbre /ii^ro de Sobrarbe, évidemment apocryphe en tant
que loi écrite, mais très-réel si Ton désigne sous ce nom
l'ensemble des coutumes acceptées à diverses époques
comme lois du royaume. Ce droit national aragonais,
épars dans les ordonnances des rois, dans les carUia
pueblas, dans les traditions Jocales, avait besoin d'être
recueilli, rédigé et coordonné; ce travail se fit par les ordres
et sous la direction de Jacme, et donna pour résultat le
code de 1247.
Le royaume de Valence, où deux conquêtes avaient fait
table rase de toute législation, où le Koran, «tprès avoir
remplacé le fuerojuzgo, était proscrit à son tour par les
conquérants chrétiens, où des populations accourues de
tous les points de l'Europe n'avaient pu encore établir
une coutume, le royaume de Valence laissait à son nou-
veau roi la plus enviable liberté dont il ait jamais été
donné à un législateur de jouir: celle d'élever son ouvjre
de toutes pièces sur un terrain déblayé d'avance et où ni
^ V. notre tomeP', Introd.j p. 51.
1S2 LITRE m, CHAPITRE fl
droits acqnis, ni usages antérieurs ne pouvaient entraver
son action. Il eût semblé plus simple, dans rinlérêl de
l'unité législative, de réunir Valence à T Aragon, comme
on avait réuni les Baléares à la Catalogne; c'est ce que
voulait la noblesse aragonaise. Nous verrons plus bas
quelles considérations de haute politique engagèrent le
roi à repousser cette demande et à faire rédiger le recueil
Aesfurs* de Valence.
La division que nous venons d'établir, exacte d'une
manière générale, est loin d'être aussi nette dans la
pratique. Les nécessités de la conquête, les antiques
concessions de privilèges, le respect des droits acquis,
les exigences de la noblesse, produisent des exceptions
sans nombre au droit commun de chaque pays; de là,
un entrelacement de législations à peu près inextricable.
Dans le Roussillon se mêlent les lois romaines et les lois
catalanes; Mayorque a sa carta-puebla , qui modiCe en
plusieurs points importants le droit de la Catalogne;
à Valence, les ricos homes arrachent au roi l'autorisation
de « peupler en fuero d'Aragon •» les villes qui leur sont
données en honneur. Mais, après avoir constaté ces
différences pour qu'on ne s'expose pas à attribuer à la
législation de cette époque une netteté qui lui manque
partout, nous n'avons que peu de compte à en tenir dans
une étude générale.
Jamais peut-être législateur ne s'est trouvé dans une
position plus propre à faire ressortir la souplesse de son
génie. Réduit à peu près à l'inaction dans les pays de
droit romain, entièrement libre à Valence, obligé en
Catalogne d'ajouter de nouvelles assises à un vieil édifice,
^ Fur est l'équivalent valencien du castillan et de Tatagonais
fwro.
VITAL DE GANELLAS 133
et, en Aragon , de mettre en œuvre des matériaux dès
longtemps préparés, Jacme sut comprendre la tâche
multiple que lui imposait sa situation, et atteindre le
seul but qu'il dût raisonnablement se proposer : Tutilité
pratique de ses peuples.
Il eut, comme on doit le supposer, des collaborateurs
pour des travau?c de ce genre et de cette importance.
L'initiative, les idées et les tendances générales, une
certaine part dans des innovations de détail, lui appar-
tiennent évidemment ; mais il avait à côté de lui un de
ces coopéraleurs éminents sans lesquels les hommes de
génie eux-mêmes seraient souvent impuissants à réaliser
leurs projets les plus grandioses.
Au savant Vital de Canellas, évêque de Huesca\
parent et conseiller de Jacme, revient l'honneur d'une
large participation aux travaux de son souverain. L'in-
fluence du docte prélat ne s'est pas exercée seulement
sur le code de l'Aragon et sur celui de Valence, dans le
préambule desquels figure son nom, mais certainement
aussi sur tous les actes législatits du règne de Jacme I" V
Parmi ces actes, il faut distinguer, outre les deux
recueils fondamentaux dont nous venons de parler:
* Vital de Canellas ou de Gaûellas fut Pun des hommes de son
temps les plus versés dans ^histoire et dans la science des lois ; il
laissa sur les institutions aragonaises des écrits dont Blancas nous
a conservé quelques fragments dans ses Commentaires.
3 On peut voir dans les préambules des codes aragonais et valen-
cien que nous donnons dans nos Pièces justificatives (n** VII et
VIII), les noms de quelques- uns des collaborateurs du roi Jacme 1***.
Tous n'y sont pas nommés cependant. Les plus influents, tant à cause
de leur valeur personnelle que de leurs relations fréquentes avec le
souverain, paraissent avoir été, après Vital de Canellas :Ximeno Fo-
rez de Tarazona et son frère Pedro, jusHcia d'Aragon ; le mesnadero,
Assalit de Gudal; Ramon Uurfort, bayle de Barcelone : Père Hartell,
Père Sanz et Ramon Mufloz.
134 tlTM m « QftA^lTRB YI
r \^ dispositions postérieures à leur promulgation et
dei^tinées à les corriger ou à les complétôr; 2* les ad*
ditions aux lois catalanes ; 3° les ordonnances exécutoires
à la fois dans plusieurs des États du roi d* Aragon.
Sans nous arrêter à ces distinctions, et pour ne pas
scinder une étude dont les vues d'ensemble sont le prin-
cipal intérêt, nous allons, à propos du code de 1247,
examiner dans son entier, indépendamment de tout
ordre chronologique, ToeuTre législative multiple du roi
conquérant.
Dans les pays que nous avons appelés de droit romain,
cette œuvre, nous venons de le dire, fut à peu près nulle.
Les lois impériales, dont les ordonnances des rois wisi*
goths avaient été impuissantes à étouffer Tesprit en
Septioianie, avaient repris une nouvelle vigueur lorsque
les Francs étaient venus rétablir dans cette province le
libre usage des lois personnelles. Aussi, lorsque vers 1160
t^lacentin créa à Montpellier la première école de droit
que la France ait possédée, Tillustre docteur trouva*t-il
le terrain tout préparé à recevoir les doctrines anti-
féodales de Bologne.
L'enthousiasme que la législation romaine ressuscitée
inspirait à toute TEurope eut à Montpellier un de ses
principaux foyers, d*où il rayonna sur le midi de la
France. Le Roussillon cependant restait pays gothique, à
rexception de Perpignan, dont la population, de race
romaine \ conservait ses lois originaires.
Mais, durant la période de confusion où la féodalité
fractionnait à la fois les législations et les territoires,
un nouvel élément s'était formé dans chaque ville des
* Yoy. Mâssat-oReyiiier, Coutumes ds Ferpignaf^f Introd., p. xl ;—
Henri, Hist, de Roumllm^ U I, p. 70.
CODTVIIB DB MOirrPEtUSR IK
débris des vieilles lois soumis à Tinflaenoe des besoins
locaax : c'était la coalume, œuvre da peuple que le
peuple chérissait, et qu'il sentit le besoin de fixer et de
conserver par écrit, lorsqu'un droit général essaya de se
reformer dans chaque pays S
Montpellier, ville de droit et commune presque repu*
blicaine,.a pour coutume un véritable code où se
retrouvent les doctrines romaines vivifiées par un souffle
puissant de liberté V Liberté à chacun de tester selon ses
désirs, liberté de manifester sa volonté par la parole
seule dans tonte espèce d'actes ou de conventions ',
suppression du formalisme romain , simplification de la
procédure , diminution des délais et des frais, r^ermis-
sement des deux grands principes sociaux de la famille
et de la propriété, autorité et parfois juridiction du père
de famille sur ses enfants non mariés et les gens de sa
maison, jouissance des biens de la femme accordée au
mari veuf *, retour des biens de Vintestat sans enfants
* La coutume de Montpellier prit la forme sous laquelle elle est
connue de nos jours, en 4204, à l'occasion du mariage du roi Pierre
d'Aragon. La rédaction de celle de Perpignan, faussement attribuée
iJacme I**, se place, ainsi que Ta démontré fil. Massot-Reynier,
entre les années 4 1 72 et 4 1 96.
^ Les coutumes de Montpellier ont été publiées en latin et en
roman, par la Société archéologique de cette ville (Petit Thafamus),
D'Âigrefeuille en avait déjà donné le texte latin avec une traduction
' et un commentaire (Hist de Montpellier, 1. 1, p. 647.)- En 4738, un
jurisconsulte mpntpelliérain , Jean - Edmond Serres , publia une
Explication des articles du statut municipal de la ville de Montpel"
lier qui sont encore en usage. — Voy. aussi Germain , Hist, de la
commune de Montpellier, X. i, p. 53.
' L'influence du droit canon n'est pas étrangère sans doute à cette
façon large de considérer les engagements contractés. (Voy. Décret,
de Grégoire IX. liv, I, tit. XXXV , cbap. 4 et 3 ; liv. III, tit. XXV|,
cbap. 4, 40. 44).
* En Catalogne et en Aragon, la veuve non remariée conserve la
jouissance de l'béritagedu mari prédécédé. M. Rosseeuw Saint-Hi-
136 uniB m, ghàpitkb ti
à la ligne de laquelle ils lai sont écbus \ exagération des
rigaears contre les débiteurs insolvables « voilà les prin-
cipales bases sur lesquelles s'appnie le droit civil pro-
prement dit de la contume de Montpellier.
Le droit féodal n*y est mentionné que pour réduire
à leur expression la plus simple les prérogatives du sei-
gneur de la ville. La procédure et la pénalité ont seules
gardé Tempreinte des codes barbares. En effet, tout en
constatant que les ordalies ou jugements de Dieu sont
< désapprouvés par les décrets et les lois * > , la coutume
les admet sous toutes leurs formes et, dans tous les
cas, sous la seule condition du consentement mutuel des
parties. «Les peines sont presque toutes arbitraires, c'est-
à-dire déterminées par le juge et non par la loi ^ ; le droit
de vengeance personnelle, reconnu dans certains cas, est
mitigé par Tobligation d'une déclaration préalable faite
par Toffensé au seigneur ou à la cour; la composition
laire (Hist.d^Espagne^ liv. 11, chap. iv), assure que, diaprés le code
gothique, c les biens de celui des deux conjoints qui est mort ab in-
testat appartiennent àTautre » ; mais la loi M du titre H, liv. IV du
fuerojuzgo^ dit expressément que le conjoint n^bérite qu'à défaut de
parents au septième degré. C'est à peu près la possession de biens
undêvir etuxor du droit romain. Par la loi 14 du même titre , la
veuve a droit à l'usufruit d'une portion d'enfant légitime.
* Celte disposition, contraire à la fois à la loi gothique, à la loi
romaine et à la loi salique, se retrouve, comme nous le verrons
plus bas, dans le code aragonais et dans les constitutions de Cata-
logne. C'est ce qu'on appelait, dans certaines coutumes françaises ,
la succession des propres ou succession suivant la règle paterna pa-
ternis, materna matemis,
3 Le droit canon et le droit romain.
' Une seule peine est réglée parla coutume,c'est celle des adul-
tères, qui sont promenés nus dans la ville et fouettés. Ce châtiment
bizarre est le même à Valence, en Aragon et à Perpignan; mais, dans
ces deux derniers pays, les coupables peuvent se racheter en payant
uoe amende au tribunal.
COUTUME DE PEBPIGNAN 137
est admise pour les injures et laissée à TappréciatioD du
juge*.
La charte de Montpellier a été rédigée par des bour-
geois à leur profit et contre Tunique seigneur féodal qui
pût être partie dans cet acte, c'est-à-dire contre le sei-
gneur de leur ville. Â Perpignan, au contraire, on voit que
des nobles et des clercs se sont ligués avec les bourgeois
contre leur seigneur commun , car ils n*ont pas oublié
destipuler des privilèges en leur faveur, et de réglementer
quelques points relatifs aux fiefs et aux guerres privées.
Le droit civil occupe dans les coutumes de Perpignan une
place infiniment restreinte. Il n*en est guère question
que pour reconnaître la validité du testament verbal, pour
admettre, à défaut d'enfants, les plus proches parents à
rhéritage du défunt intestat sans aucune distinction de
biens paternels et maternels, et surtout pour donner au
créancier de nombreuses garanties contre son débiteur.
Sur ce dernier point, de même que pour les ordalies*
et le droit criminel , les dispositions de la coutume de
Perpignan sont à peu près semblables à celles du statut
de Montpellier.
L'organisation judiciaire dans chacune de ces deux
villes est des plus simples : un bayle^ juge toutes les
* Le fuero juzgo a inspiré la règle inique dUine punition corpo-
relle pour la personne d'une condition inférieure qui ne peut payer
la composition.
^ Les coutumes proprement dites ne parlent point des épreuves
judiciaires. 11 en est question seulemenl dans un privilège de Tan
4462.
^ Les bayles (bajuli, tuteurs, nourriciers ; de bajulare^ porter)
«sont ainsi nommés, dit Blancas, d'uprès Vital do Canellas, parce
qu'ils remplacent les seigneurs, recueillent pour eux les revenus,
et nourrissent ainsi les âls et les familles de leurs maîtres.» Le carao-
ère essentiel de leurs fonctions est donc la gestion des domaines
royaux ou seigneuriaux et la perception des revenus, avec une juri-
111 Limi RI, CBAPinB TI
causes en première instance; les appels sont portés
devant le tribunal du seignear ou de son lieatenant *.
On voit qa'au moment où Jacme l" monta sur le trône,
les principes des lois impériales étaient en vigaeur pré*
cîsément dans la partie de ses Etats où ils ne pouvaient
être d'aucune utilité pour la puissance royale. Tandis
que dans la Péninsule ils auraient servi à battre en
brèche une féodalité redoutable, à Montpellier, où le
roi était seigneur féodal bien plus que souverain , c'est
contre lui et au profit d'une oligarchie bourgeoise que
Ton invoquait la loi romaine. Nous avons vu' comment
Pierre H s'était dessaisi du pouvoir législatif en faveur
des consuls de sa ville seigneuriale en les autorisant à
établir, & étendre et à réformer tout ce qui leur parai-
trait toucher à l'utilité de la commune. Ce fut un droit
dont les consuls ne se firent pas faute d'user. U ne resta
donc à Jacme que le pouvoir de confirmer les coutumes
de la ville et les privilèges octroyés par ses prédécesseurs,
et celui de régler quelques points d'administration de
concert avec l'autorité consulaire.
 Perpignan, où la bourgeoisie était moins puis*
santé et l'esprit d'indépendance moins énergique, le roi
tenta quelques modifications aux coutumes. Un article,
par e&emple , fut excepté de la confirmation royale, c'est
celai qui reconnaissait aux témoins le droit abusif de ne
diction spéciale relative à leur administration. Mais, à Montpellier,
à Perpignan et en Catalogne, les bayies, oommci du reste, les bail-
lis des rois de France, avaient Fentière juridiction civile et criminelle
dans rétendue de leur baylie.
* Les coutumes de Perpignan parlent d^un viguier auquel elles
refusent toute juridiction dans la viUeet son territoire. C'était évi-
demment le viguier de RoussiUon, qui rentre dans Torganisation
judiciaire de la Catalogne.
3 Tome I, p. 99,
I
LÉ6I8LATI0M AS LA CATALOGNE 130
pouvoir être forcés à prêter témoignage*. Plus tard,
Jacme , approuvant une coutume établie par les habi-
tants, en imposa de sa seule autorité une nouvelle sur
rappel des sentences interlocutoires, se fondant sur ce
motif « que Ton en usait ainsi dans toute la Catalogne ^.>
Ces paroles semblaient présager une prochaine substi-
tution du droit catalan aux coutumes locales du Rous-
sillon; il n'en fut rien cependant, et Jacme lui-même
donna un nouvel empire au statut de Perpignan en Toc-
troyant à quelques autres localités '. Cette inconsé-
quence pourrait bien n'être qu'apparente et se rattacher
à l'exécution du plan commun à tous les législateurs du
Xlir siècle : l'introduction des principes du droit romain
dans le droit national de chaque peuple. Il eût été im-
possible, en effet, d*imposer aux Catalans les lois impé-
riales; mais, en profitant d*un contact fortuit pour tenter
une fusion qui paraissait toute au bénéfice du droit de
la Catalogne, on devait espérer glisser dans celui-ci
quelques idées romaines dont le temps développerait un
jour les conséquences pratiques.
Le comté de Barcelone et ses dépendances avaient
pour droit commun le code gothique modifié par les
Usalges. On a comparé les législations successives qui,
daus le cours des siècles, s'imposent à un peuple, aux
couches géologiques dont Tensemble constitue notre
globe; mais les législations font plus que se superposer:
elles s'amalgament, se combinent et produisent un nou-
veau tout, dont les éléments générateurs ne se laissent
* GeUe réforme, qui paraii avoir été iatroduite en Catalogne par
la méflM souveraiO) est intimement liée, comme nous le verrons plus
bas, à la suppression du duel judiciaire des témoins.
s Massol-Reynier, Cautumei de Petfngnant p* 44 et 70.
' Idem^ p. 65 et 67.
140 LITRE III, GHAPIXaE Tl
souvent reconnaître qa*avec peine. C'est ce qui arriva
en Espagne lorsque la législation nationale des Goths ,
après avoir vécu longtemps côte à côte avec celle de
Rome, finit par se Tassimiler en grande partie, et, sous
Faction dominante d'un clergé presque tout romain, par
donner naissance à ce célèbre forum judicum* qui a régi
la Péninsule pendant de longs siècles.
Sous son style boursouflé, sous son naïf pédantisme,
on découvre dans le faero juzgo l'esprit du Code de
Théodose en progrès vers la raison et l'équité , grâce aux
lumières des évéques espagnols ses rédacteurs*. Tout ce
qui a trait au droit civil y porte l'empreinte romaine avec
quelques réminiscences germaniques qui s'accentuent plus
nettement dans le droit criminel. La composition reparaît
dans celui-ci à côté de quelques peines corporelles: le
fouet, la décalvation ^, la réduction du condamné en
esclavage', enfin la peine de mort dans des cas assez
rares. Mais ce qui caractérise surtout -cette œuvre remar-
quable, c'est l'appréciation du crime d'après l'intention
du coupable et non d'après la matérialité du fait, l'ap-
^ Le code g^othique est désigné en latin sous les noms de codex
toisigothorunij forum judicum, et en espagnol sous ceux de fuero
juxgo,librode losjueces,
^ Voyez, sur la législation des Wisigoths, la remarquable élude pu-
bliée par M. Guizot dans la Revue française (n* 6— novembre 4828);
l'analyse du fuero juzgo dans la Historia del derecho espanol^ de
don Juan Sempere ; dans la Historia gênerai de Espana^ de don Mo-
deste Lafuenle, et dans V Histoire d'Espagnol de M. Rosseeuw Saint-
Hilaire; leDiscurso sobre la legislacion de los Visigodos^ pardon
Manuel de Lardlzabal, en tête de l'éditiondu code gothique, publiée
en 4815 par TAcadémie royale de Madrid; le discours préliminaire
des codigos espanoles concordados y anotados, par Pacheco ; enfin
V Histoire du droit romain au moyen âge (Gescbicble des Rœmischen
rechtiiim Millelalter),par M. de Savigny.
' Supplice qui consistait à enlever la peau de la tête du con-
damné .
LE FUERO JUZGO I4l
paritioQ dn principe de Texpialion dans la pénalité et
surtout une tendance marquée versTégalilé devant la loi,
le rang de l'offensé libre* n'ayant aucune influence sur
la nature du châtiment. D'ailleurs pas de jury, pas de
jugement par l'assemblée des hommes libres, rachim-
bourgs ou prud'hommes; aucune intervention de la na-
tion ou de ses représentants pour empêcher les abus
possibles de l'autorité^. Celle-ci émane en entier du roi,
qui a reçu son pouvoir de Dieu par la main des évoques ^
En un mot, un roi absolu assisté par les prêtres « qui,
dit le fuero juzgoy ont été établis par NotrorSeigneur
Jésus-Christ les recteurs et les hérauts des peuples;
qui ont reçu le pouvoir de lier et de délier, et dont la
bénédiction et l'onction confirment les princes»; des
sujets tous égaux légalement, et au-dessous d'eux des
esclaves rejetés au rang des choses, bien que soumis à
une législation plus douce que chez les Romains ; telle
était, dans son ensemble, la société gothique aux yeux de
la loi, et il est aisé de comprendre que son code devait mal
s'adapter à Tordre de choses établi par les Francs dans
la Marche espagnole après l'expulsion des Sarrasins. Le
système féodal^, en s'organisant en Catalogne, se trouva
mal à l'aise dans ces lois «qui jugent tous les hommes
* Il en était autrement de l'esclave, qui ne comptait presque pas
au rang des hommes.
* La théorie du droit politique des Wisigotbs est parfaitement
exposée par Pilluslre auteur de V Histoire de la civilisalion en Europe,
dans les belles pages dont nous avons parié plus haut.
* L'opinion qui considère les conciles de Tolède comme de véri-
tables assemblées nationales n'est plus soulenable aujourd'hui»
^ Il y avait chez les Goths des clients {buccelarii) et des patrons,
une aristocratie de cour composée de fidèles du roi, de grands {pro-
ceres) qui entouraient le prince et en recevaient des concessions de
terres et d'argent ; mais ces institutions tenaient plus des traditions
romaines que des coutumes germaniques.
il2 LITBS III9 GBAPITBB TI
également et ne décident rien entre vassal et seigneur S »
Avec de nouvelles conditions sociales , des coutumes
se formèrent pour suppléer à la loi et furent codifiées
en 1068 par le comte Ramon Berenguer V le Vieux*.
Ce recueil tout spécial à la Catalogne, et dans lequel
on aurait tort, quoi qu'en ait dit un savant historien fran-
çais , d'aller chercher les bases de la constitution civile
de TÂragon, a eu pour but, d'après les paroles mêmes
de ses rédacteurs, de régler les droits et les devoirs réci-
proques des seigneurs et des vassaux , et d'adoucir la
rigueur de la loi gothique, qui rendait illusoire le bénéfice
delà composition, en fixant un tarif devenu exorbitant
par suite de l'augmentation des valeurs monétaires'.
La hiérarchie féodale y est établie depuis le comte
souverain, appelé aussi le Prince ou le Pouvoir suprême,
jusqu'au vilain (ruslicus). L'échelle des compositions suit
l'échelle des dignités, selon le système germanique. La
vie d'un vicomte est évaluée au double de celle d'un
comdor*; le coindor, à son tour, vaut deux valvassors^ et
^ Constitutions y altres drets de Cathalunya, vol. \, lib. 1, tit. XIII.
usatge 2. Nos renvois se rapportent à l'édition de 4588.
3 Les Usatges de Barcelona onX eu de nombreuses éditions. Hu-
sieurs d^enlre elles sont enrichies de savants commentaires, parmi
lesquels nous citerons ceux de Jaumede Monjuich^ de Jaume et de
Guillem de Vallseca et de Jaume de Callis, publiés en 4544; ceux de
Marquiiles, imprimés en 4505 ; ceux de Mieres et d'Oli va, postérieurs
aux précédents. On peut consulter encore la traduction castillane
du même recueil, par D. Pedro Nolasco Vives y de Cebria ; VEssai
sur l'histoire du droit français, par M. Giraud et Pexcellente intro-
duction à la coutume de Perpignan, de M. Massot-Reynier. Il est à
regretter que ce dernier écrivain, si compétent en pareille matière,
n'ait pas donné suite à son projet dUioe histoire du droit catalan.
> Const. de CataL, yol 1, liv. I, tit. XIII, us. 2.
* Voir, pour les dignités féodales de la Catalogne, notre tooie i,
p. 130.
LES USAT«B6 DE BARGKL^KA i45
la valeur de ces derniers est proportionnelle an nombre
de chevaliers qu'ils ont sous leur suzeraineté. Le bour-
geois est assimilé au chevalier quant à la composition ,
et au valvas^or quant à l'amende à payer au comte\ Le
meurtre du bayle noble» « qui mange du pain de froment
tons les jours et va à cheval », se paye deux fois autant
que celui du simple bayle V
Cette inégalité, introduite dans la loi à l'imitation des
barbares , est la seule modification que les usalges aient
fait subir à la théorie du droit criminel gothique. Celle-ci,
sauf cette exception , est adoptée implicitement dans son
entier par le code de Barcelone. La peine pécuniaire n'y
est admise que pour les cas où lefuerojuzgo la prononce
loi-méme. En effet, tandis qu'une disposition empruntée
à la loi gothique déclare qu'un individu convaincu d'ho-
micide et qui ne veut ou ne peut payer la composition
est remis aux parents de la victime < pour qu'ils en fassent
leur volonté > sans pouvoir toutefois le mettre à mort%
une antre réserve au comte souverain la haute justice
sur les « homicides, adultères, empoisonneurs, voleurs,
ravisseurs, traîtres et autres malfaiteurs », et le droit
de leur « couper les pieds et les mains, arracher les yeux,
de les tenir longtemps en prison , et , s'il le faut, enfin,
de pendre leur corps. Pour les femmes, de leur couper
^ On sait que, d'après les lois germaniques, ta composition ou
toe^r-pe/ddonnéàroffenséou aux parents de la victime était accom-
pagnée d'une amende {fred) à payer au juge, et qui variait diaprés
les mêmes bases que la composition.
^Const. de CataL; vol. I, Uv. IX, tit. XV, us. 4 à 23. Un tarif
BDaloguo s'applique aux clercs des différents ordres, de l'évêque au
sooB -diacre. (Idem, id., id , tit. III^ us. 4.)
' Id.. id., id., Ut. Vy us. !•
144 LIYRB III , CHAPITRE VI
le nez , les lèvres, les oreilles, les mamelles , et , s*il est
nécessaire , de les brûler dans le feu *. »
Il résulte évidemment de la comparaison de ces pas-
sages que la peine de mort s'applique au meurtre accom-
pagné de circonstances aggravantes, tandis que la peine
pécuniaire , qui peut être modérée par le juge, punit les
autres espèces d*homicide. C*est donc à tort que Ton a
reproché au recueil de Ramon Berenguer le Vieux d'avoir
fait rétrograder la législation catalane jusqu'aux formes
les plus grossières de la justice primitive : l'amende et le
talion.
Pour n'avoir pas reculé jusqu'à ce point , les usalges
n'en sont pas moins l'expression d'une société moins
civilisée que celle qui a produit le fuero juzgo. Ils ont
emprunté au droit germanique quelques-unes de ses for-
mules \ et le système féodal y a introduit à sa suite plu-
sieurs de ces iniquités qui ont fait sa honte eth&té sa
ruine. Tels sont les droite d* exorquia ' et i^intestatio qui
* Const. de CataL, vol. I. liv. X, tit. I, us. 6. — La cruauté do
la plupart de ces chàliments n'est pas une innovation au code go-
thique.
11 est inutile, croyons-nous, de faire remarquer que l'attribution
exclusive de la haute justice au souverain , empruntée aux lois ro-
maines et gothiques, était déjà, sans doute, contredite par la pra-
tique, au temps même où l'on insérait cette disposition dans les
usatges. Il est certain, du moins, qu'au Xill* siècle il y avait en
Catalogne, comme en France, des seigneurs hauts justiciers. Nous
verrons en Aragou et à Valence Jacme I'^ revendiquer de nouveau
la haute justice en vertu des mômes principes.
^ Ainsi l'accusation ne doltpa^ être faite par écrit, mais bien de
a la propre voix de l'accusateur d, en présence de l'accusé. {Const.
de Catal.yYol- 1, liv. (X, tit. I, us. 1 .)
3 Exorc, stérile, qui n'a pas de postérité. On serait tenté d'attri-
buer à rétablissement du droit ù^exorquia^ un motif analogue à
relui qui inspira les lois romaines contre les célibataires (cœlebes) ,
et les mariés sans enfants (or^i), bien qu'on ne doive en rechercher
LES dsatgbs de barcelona 145
attribuent au souverain ou au seigneur tout ou partie de
rhéritage des individus qui meurent sans enfants ou sans
avoir fait de testament \ Tel est encore le droit d'épave %
et celui qui donne au seigneur la moitié des biens de la
femme adultère ^
Les ordalies , qui figurent seulement dans le code
gothique sous la forme de Tépreuve par Teau bouillante ,
sont admises sans restriction par les usatges. Le duel à
cheval est réservé aux nobles , le duel à pied aux bour-
geois ; les autres épreuves, dites vulgaires, restent seules
à ia disposition des vilains \
Chaque seigneur juge les procès de ses vassaux < dans
la porte de sa cour '. » Le tribunal du comte de Barce-
lone se compose * d'évéques , abbés , comtes *, vicomtes,
comdors, valvassors, philosophes, sages et juges '. » Voici
donc, dès le XP siècle, les lettrés et les légistes occupant
une place importante à la cour du souverain de la Marche
espagnole. Ils ont concouru évidemment à la rédaction
des usatgesj et c'est ce qui nous explique la physionomie
Torigine que dans les idées d'une féodalité abusive: mais ce qui
est remarquable, c'est de voîV cet usage de la féodale Catalogne
appuyé sur l'axiome romain : « Ce qui plaît au prince a force de
loi. 9
* Pour Vexorquia et Vintestatio, que les Coutumes de Perpignan
repoussaient en termes exprès, voir Const, de Catal., vol. 111,1. IV,
tit. XI, us. 4 et 2, et liv. X, tit. I, us. 4.
* Const, de Catal., vol. I,1iv. IV, tit. XXIX, us. 2.
' Quelquefois même la totalité si « ce que Dieu ne veuille i dit le
législateur catalan , la cugucia est commise par l'ordre ou avec le
consentement du mari. j> [Const. deCatal.j vol. I, liv. lY, tit. XXIX,
us. 4.)
* Const. de Catal., vol. I, liv. IX, tit. YIII, us. 2.
5 Id., id., liv. IIl',lit. II,us. 1.
* Vassaux du comte souverain de Barcelone.
7 Const. de Catal.. vol. I, liv. I, tit. XIII, us. 4 .
T. n. 10
146 UTBE lU , CHAPIXBS TI
étrai;ige de ce code féodal accompagné d'aoe théorie
romaioe.
L'aristocratie catalane, d'origine franke, qui tenait de
sa richesse territoriale une puissance inconnue à la no-
blesse gothique , impose sa volonté au peuple et au sou-
verain ; mais cette volonté, rédigée en articles par les « phi-
losophes et les sages > , héritiers des traditions impériales,
emprunte maladroitement une livrée romaine qui con-
traste avec son caractère de farouche indépendance. Peu
importe ; le fond domine la forme, le fait écrase la théo-
rie , et Ton a beau décorer le comte de Barcelone du titre
pompeux de Puissance suprême , on a beau proclamer
comme un dogme Tautorité absolue de son bon plaisir,
il n*en restera pas moins un vrai suzerain féodal, obligé
de compter avec des vassaux plus puissants que lui \
Cependant, grâce aux légistes catalans , le principe de
la toute puissance du souverain n*a pas péri en entier
sous le flot des idées germaniques. Réduit à un simu-
lacre, à une formule, il s*abrite sous Tégidemémede
ses ennemis. Les magnats lui donnent asile dans leur
code, avecTespoir sans doute de s'en servir pour assurer
Tautorité sans limites du seignepr sur le vassal, et sans
* Tout noble peut faire la guerre à la potesias, après l'avoir défiée.
(Çonst. dôCatal.^ vol. I, liv. Yill, lit. 11, us. %,) Gomme tout souve*
rain féodal, le Prineeps de Barcelone est obligé a de tenir cour et
grande compagnie,de donner de$ sauf-conduits, de distribuer des
soldes, de redresser les torts, de rendre la justice, de juger selon
le droit, de servir d^appui auxopprimés, desecourir les assiégés, et,
quand il veut manger, de faire publier à son décor, que tous, nobles
et non nobles, s'en viennent dîner ; et, en outre, de répartir des
vêtements entre les magnats et sa compagnie, de conduire des ar-
mées pour aller ravager l'Espagne (musulmane), et de faire de
nouveaux cbevaliers. 9 {Const dé Catal, , vol. 1, liv. X, tit. I,us. 7.)
LEGISLATION DE hk CATALOGNE 147
soupçonner qu'ils font ainsi couver au colosse féodal le
germe qui doit le détruire.
Bien que la Catalogne ne soit pas le point sur lequel
la réaction romaine ait d*abord triomphé, on ne peut
douter que les traditions impériales de ce pays n'aient eu
une grande influence sur le mouvement législatif du règne
de Jacme I" et, en particulier, sur la rédaction du code
de Valence.
Entre Ramon Berenguer T' et Jacme le Conquérant, le
droit privé de la Catalogne ne subit aucune modification
importante. Les quelques actes émanés d'Âlfonse I" et de
Pierre II , que renferme le recueil des Constitutions, ont
pour but, à peu près tous, l'établissement de paix et
de trêves et la répression du brigandage*. Il faut arriver
à Jacme I" pour retrouver un génie organisateur qui
essaye de donner un peu d'unité à la législation nationale,
tout en la faisant servir à ses projets politiques.
Les actes législatifs de ce roi qui concernent la Cata-
logne en général sont de trois sortes :
l"" Les usages , coutumes nationales confirmées , rédi-
gées et ajoutées aux usages dont la promulgation remonte
aux règnes précédents ^ ;
* Nous remarquerons seulement deux ordonnances du roi Pierre II.
L'une permet au seigneur de maltraiter ses paysans (pagesos) et de
leur enlever leurs biens, pourvu qu'ils ne dépendent pas d'un fief
relevant du roi ou d'une église. {Const, de Catal.^ vol. 1, liv. X,
tit. YIIl, const. 5] ; l'autre est la fameuse Constitutio adversus hœre-
ticos, dont \qs Const. da ^at. donnent une traduction en langue ro-
mane. (Vol. I, liv.I, tit. IX, const. 4.)
' Bien que le recueil des Constitutions y al très drets de Catha-
lunya donne sous le nom de Ramon-Berenguer le Vieux^ les 474
tiiarjfe^ qu'il contient, les commentateurs rapportent généralement a
Jacme 1*' ceux qui figurent sous les n<" U4 à 174.
iCette attribution nous paraît douteuse pour quelques-uns, par
exemple pour les n" 446, 460 et 470. Le recueil législatif de la Cata-
logne renferme, en outre, 44 constitutions et 9 pragmatiques de
Jacme 1".
448 LIVBE m, CHAPITRE YI
2* Les constitutions, lois discutées et promulgaées dans
les corts;
S"* Les pragmatiques , ordonnances , le plus souvent
interprétatives , rendues par le roi seul sur la demande
d'un magistrat , d*un corps ou d'une communauté V
Ce n*est pas sans raison que Jacme se borna à édicter
des dispositions isolées pour le comté de Barcelone et
ses dépendances. Refondre en un seul corps la législation
nationale de la Marche espagnole , œuvre des féodaux
de la cour de Ramon Berenguer, c'eût été justement
donner une nouvelle force aux idées que le Conquistador
eût voulu détruire ; au contraire, faire dans le nouveau
code une large place aux principes romains , c'eût été
soulever la noblesse et la nation entière contre une ré-
forme redoutée par les uns, incomprise par lesautres.
Jacme savait que les lois sont condamnées d'avance
lorsqu'elles s'engagent dans une voie où les mœurs ne
les ont pas précédées. Tandis qu'il faisait une concession
à l'aristocratie et à l'esprit national en défendant aux
avocats < d'alléguer aucunes lois là où les coutumes et
les usages suffisent et abondent*», puis en excluant en
termes exprès « des tribunaux séculiers , les lois ro-
maines et gothiques , les décrets et décrétales > et en
ordonnant de juger d'après la raison naturelle dans les
cas non prévus par les usatges de Barcelone et la coutume
du lieu% il fondait à Lérida une université où, de même
qu'à Bologne et à Montpellier, on n'enseignait que le
4
Nousneparlons pas des privilèges (prtvato /e^M), qui ne s'ap-
pliquent qu'à des individualités. On peut seulement trouver dans
quelques-uns d'entre eux les premières traces de dispositions géné-
ralisées dans la suite.
3 Corut, de Catal^ vol. II, liv. II, tit. III, pragmatique de 4243i
' Id., vol. III, liv. I, tit. YIII, const. de 4254.
LEGISLATION DE LA CATALOGNE 149
droit romaiDetledroit caDon% et il invoquait lui-même
les lois impériales comme raison écrite , malgré les pro-
testations de la noblesse.
Paraître éloigner du droit catalan tout élément étranger
qui pourrait lui porter atteinte*, envelopper dans une
même proscription apparente le droit canon , le droit
gothique et le droit romain , mais laisser ce dernier se
glisser dans les mœurs pour servir plus tard à une uni-
fication législative au bénéfice du pouvoir royal , tel était
le plan de Jacme , et, si ce grand prince eût eu des suc-
cesseurs dignes de lui , le but qu'il avait marqué n'eût
pas tardé à être atteint.
Les principes romains se propagèrent , en effet « avec
rapidité , entraînant avec eux leurs avantages et leurs
inconvénients, prolongeant les affaires , compliquant les
procédures, favorisant la chicane, si bien que Ton dut
défendre aux légistes de remplir l'office d'avocat dans les
causes qui ne les concernaient pas directement *, ce qui
n'empêcha pas leur science de dominer dans les tribunaux
comme dans les conseils de la couronne.
II y a tel passage dans les lois édictées par Jacme P'
pour ses États catalans, qui porte l'empreinte profonde
de Rome, tel autre qui rappelle les gloses plus ou moins
heureuses des docteurs de Bologne et de Montpellier :
< celui qui affirme doit prouver et non celui qui nie
serment n'est pas preuve, mais, à défaut de preuves, il est
* Const. de Catal, vol. I,liv. II, titre YIII, const. 4 de Philippe II.
> Const, de Catal, vol. III , liv. I , titre VIII, coost. de 4254. Le
cbap. XXXYI de la Chronique de Jacme nous offre Texemple d'un
procès entre un légiste, avocat de la comtesse d'Urgel, et un sei-
gneur féodal qui traite dédaigneusement la plaidoirie de son ad-
versaire de c bavardage de légiste importé de Bologne 9 (Voyez notre
X5).
150 LITRE m, CHAPITBE TI
déféré au demandeur ou au défendeur; à celui des deux
que. le juge sait être le plus véridique ou qu'il croit res-
pecter davantage le serment. La preuve se fait par
témoins, ou par actes, ou par arguments, ou par indices
de vraisemblance ; donc le serment n'est pas preuve *. »
Mais, en somme, le temps n'était pas venu des emprunts
essentiels aux lois impériales, et l'influence du droit
romain se révèle moins parles quelques dispositions qu'il
a fournies au sujet des biens ravis par violence, de l'acces-
sion, de la défense d'aliéner la chose en litige, de la pres-
cription de trente ans, et du serment de calomnie ', que
par je ne sais quel parfum que Ton respire dans les
usages, les constitutions et les pragmatiques émanées de
Jacme V, et par l'affirmation, le plus souvent incidente,
du pouvoir suprême du souverain ; affirmation moins
nette dans la forme, mais au fond plus efficace que celle
des usatges de Ramon Berenguer ^
D'un autre côté, le droit féodal déjà réglementé par ce
comte, apparaît à peine dans trois ou quatre usages
attribués au Conquistador et relatifs à la saisie des baylies
et des fiefs et au combat judiciaire \ Mais, sous le règne
àe Jacme, un chanoine de Barcelone, nommé Père Albert,
recueillit les coutumes relatives au droit féodal qui
n'étaient pas consignées dans les usatges. Ce travail, sous
le titre de Costumas gênerais de Cathalunya entre las
senyors e vassalls tenents castells e altres feus per
« Const. de Catal, vol. I, liv. HI, litre XIV, us. I.
^ Voyez pour ces diverses dispositions, Const, de Catal.. vol. I ,
liv. m, lit. X, us. 4 el const. 1 ; liv. VII, Ut. I, us. 4 et lit. II,
us. 2 ; liv. Vin, tit. I, us. 4 et Ut. VI, us, 4 .
' Par exemple , dans la const. 4, au Ut. XXIII du liv. I, vol. I.
♦ Const, de Catal, vol. I, liv. IV. Ut. XXVII, us 47 et 48, et liv.
IX, Ut. XII, us. 3.
LÉGISLATION DB LA GAtALOGNE 151
senyùrs * fat inséré dans le recueil des Constitutions et
obtint force de loi. Cette sanction officielle donnée à
Tœavre privée d'un jarisconsuUe ne doit pas se rapporter,
croyons-nous, au règne de Jacme le Conquérant, mais
bien à la période de réaction durant laquelle la féodalité
agonisante cherchait à prolonger, par tous les moyens,
on ordre de choses que le progrès des idées avait irrévo-
cablement condamné à périr.
jQuelques principes d*équité naturelle, quelques soute^
nirs des vieilles costumes indigènes ou germaniques, le
désir de veiller au rétablissement et au maintien de
Tordre matériel et moral, la nécessité de favoriser un
clergé puissant , au joug duquel la royauté essayait timi-
dement de se soustraire, ont inspiré les dispositions qui
complètent le droit privé catalan deTépoque de Jacme P'.
La veuve, d'après un usage dont les commentateurs
rapportent la promulgation à ce règne, conserve la jouis-
sance des biens de son mari, tant qu'elle ne se remarie
pas» qu'elle vit honnêtement et qu'elle pourvoit à l'en-
tretien de ses enfants *.
Une constitution de 1260, dérogeant aux « anciennes
lois » , c'est-à-dire aux lois romaines, et prouvant par
cette mention même, le respect que l'on avait pour ce
droit qu'on semblait proscrire, règle la succession des
propres, c'est-à-dire le retour des biens du défunt intes-
tat • kh ligne d'où ils lui sont venus. »
Ce système de succession des immeubles, commun à
la plupart des coutumes françaises, repoussé par le droit
romain et le droit gothique, reparait cependant à Mont«
pellier, en Catalogne et en Aragon. Etait-ce, comme le
* Id., id., id., lit. XXVIl, p. 350.
' Cimst. de Caial, vol. I liv. V, tit. III, us. 4 .
152 LIVRE III , CHAPITRE TI
prétendent quelques auteurs* une antique tradition des
pays gaulois? Faut-il, au contraire, aller en rechercher
l'origine dans les forêts de la Germanie ? Cette dernière
opinion, soutenue par Dumoulin, est en contradiction
évidente avec les lois des Francs et des Burgundes, peu-
ples auxquels le célèbre jurisconsulte attribue cette cou-
tume, mais dont les codes se bornent à donner, à des
degrés divers, la préférence au sexe mâle dans les ques-
tions de succession d*immenbles \ IjSl législation succes-
sorale des propres est née spontanément, croyons-nous,
dans les pays où Thomme et la terre sont étroitement
unis, où la famille et le sol auquel elle a donné ou
emprunté son nom sont confondus dans la même véné-
ration et le même attachement. C*est là le caractère des
pays féodaux; aussi ne devons-nous pas nous étonner de
retrouver des lois de cette sorte en Catalogne et en Ara-
gon. Leur présence dans la charte de Montpellier ne peut
guère s'expliquer que par une importation catalane.
La constitution qui établit la succession des propres
s'occupe aussi de garantir à la femme Taugment de dot
fscreixj, < qui lui est dû à raison de sa virginité, > C'est,
comme on le voit, une sorte de fusion de la donation à
cause de noces des Romains avec le morgengabe germa-
nique*.
La torture n'est pas mentionnée dans les usatges , et
l'on pourrait croire à une honorable exception à la légis-
^ Voyez Lexêalicaf cap. LXII, de Alode ; lex Ripuariorum^ cap.
LXVI, deAlodibus; lexBurgund.^c^p. XIV deSitceessùmibusetSanO'
timonialibus.
3 Const de Catal,, vol. I, liv. VT, Ut. II, coDst. 4 . L'ensemble de celte
constitution est déclarée applicable «à tous les sujets» du roi d'Ara-
gon ; mais il ne parait pas que la partie relative à la succession
des propres ait jamais été mise en vigueur dans le royaume de
Valence.
LEGISLATION DE LA CATALOGNE 153
latioD générale dn temps, si une constitatioD de Jacme T'
De constatait Texistence de cette coatame barbare en
prescri?ant aux vigaiers de n^appliquer la question on la
torture qu'en vertu d*une décision du juge ou d*un ordre
du prince ^
En ce qui touche au combat judiciaire, il faut noter en
Catalogne une restriction importante : les témoins ne
paraissent pas y avoir été obligés de soutenir par les
armes la sincérité de leur déposition. D*après des usages
dont on attribue la promulgation à Jacme le Conquérant,
nul ne pouvait, en effet, se dispenser d'apporter son
témoignage à la justice ^ or, il était de principe dans les
législations qui admettaient le duel des témoins, que ceux-
ci ne fussent point forcés à venir prêter témoignage et,
par conséquent, à affronter les hasards de l'épreuve judi-
ciaire ^.
Mais la préoccupation qui dominait dans l'esprit du
législateur, au milieu des agitations dont le Xlir siècle
nous offre l'exemple, c'était le maintien de l'ordre maté-
riel et moral, la répression des abus de toute sorte : abus
de la force, abus de la richesse, abus de la ruse, abus de
l'ascendant. Il y a, à ce sujet, dans l'œuvre législative de
Jacme I" diverses séries de dispositions, dont les unes ont
un caractère particulier à certains pays, les autres sont
générales et applicables à tous les Etats de la couroniie
aragonaise.
Parmi les premières, nous en citerons deux relatives
au comté de Barcelone et destinées à prévenir les per-
turbations que les attraits des jeunes catalanes et les
« Consi. de CataL, liv. 1, lit. XLUI, const. 6.
3 Id. ,id., liv. lil, Ut. XV, us. 5 à 9.
' Beaunianoir, Coutumes de Beauvoisis, édit. de la Société de
PHist. de France, chap . LXl, g 59, 60 et 64 .
154 biWE m , OHAFItlB ifl
obannes encore plas grande des richesses de lenrs pères
pouvaient jeter dans la famille et dans la société. A fea
prière des bourgeois de Barcelone, la stipulation pénale
en cas de refus de conclure un mariage est déclarée obli-
gatoire, « nonobstant la loi qui la prohibe ^, et toute
damoiselle ou fille de prud*bomme qui se laisse enlever
ou se marie sans le consentement de ses parents est privée
de ses droits à la succession d^ biens paternels et mater-
nels, tandis que le ravisseur est puni de Texil à perpé-
tuité *.
Un certain nombre de dispositions qmî, à quelques
modifications près, s'étendent à tous les Etats de la cou-
ronne d'Aragon, réglementent Tordre public tel qu'où le
comprenait alors, c'est«à-dire dans son acception la plas
étendue. Les édits de paix et de trâve, les ordonnances
contre l'usure, les lois somptuaires, les prescriptions qui
règlent certains rapports sociaux, celles qui touchent aux
questioqs religieuses, forment les divers degrés de cette
échelle, qui s'élève de la répression des délits les plas
vulgaires à la réglementation de faits du domaine exclusif
de la vie privée ou de la conscience.
* Const, deCatal.j vol. I, liv. Y, tit. 1, const. 4. Ces paroles,
t nonobstant la loi qui la probibe», font allusion à ce passage du
Digeste : < Inhanêstwn visum est vinculo pema matrimonia astringi.^
(Liv. XLV, lit. 1, 1. Titia). Le droit canon est en cela conforme
au droit romain. (Yoy. Décret, de Grég, IX ^ liv. IV, lit. \y
cbap. ^^ et 29.)
^ Deux textes de cette ordonnance se trouvent dans le recueil légis-
latif delà Catalogne: l'un, en catalan, est daté de Yaieooe le 44 des
kalendes de septembre 4249 (vol. 1, liv. Y, tit. 1, const. 2. Cf.
vol. II, liv. V, lit. I, privil. 4); c'est une erreur évidente, car celle
constitution ne peut être antérieure à 4239, Jacme y prenant le titre
de roi de Yalence et l'ayant promulguée dans cette capitale. Le se-
cond texte est en latin ; il est inséré dans le recueil des pragmatiques
{fiùMt.deCtkial., vol. II, liv. IX, lit. 111, prag* 1), et porte la date
du 19 des kalendes de septembre 4244, fui doH être la véritable.
1.0IS C0IVr«E L*USDBE ,155
Les paix et les trêves proclamées par les rois .et par
rÉglise ayaient pour but, non-seulement d'atténuer le^
maux occasionnés par les guerres privées , piais aussi
d'arrêter les progrès du brigandage etd'assqrerla répres-
sion des crimes les plus dangereux par divers moyens,
dont le plus général fut la restriction du droit d*asile d^ns
les églises ^
^L'usure avait atteint, à Tépoque des croisades, les
proportions d*une calamité sociale. La pénurie du ninné-
raire mettait les possesseurs et les cultivateurs de la
terre, nobles ou colons, à la merci des gens qui fraisaient
métiçr de prêter de l'argent à intérêt. Le roi lui*mâme,
malgré les lois qu'il édictait contre cet abus, fut souvent
obligé de subir des exigences qu'en fait il était impuis-
sant à réprimer.
Ob sait qu'on désignait sous le nom d'usure le prêt à
intérêt, qui, d'une manière générale, était prx>scrlt par
l'Église comme contraire aux sentiments de ,1a charité
chrétienne *. En France, Louis IX, imbu des principes
du droit ecclésiastique, définit l'usure, dans upe ordon-
i^nce de 1254, tout ce qu'on exige en si^s du capital ^, et
l'interdit sévèrement aux chrétiens et aux juifs.
Il était difficile de prohiber absolument le prêt à
* Const. de Calai., vol. 1, liv. X, lit. VIH, const. 7 à 11, et
vol. ^U, liv. X, lit. III , const. 1 et 2. Les constltutioA$ 4 ^ejl S .du
til. UI, liv. II, vol. I, concernent les trêves ,co,nventioi?ne>Jes. Voyez
aussi Marca hûpanica^ append., col. 440^, 1.406, H\i et f 433-
3 Voyez, pour le prêt à Intérêt s^u temps de Jacme l*'j d'après le
drqjt canon : Gratiani decrelum, pars I, diêfinctio XLyiI, cawmes 4 ,
2 et 8 ; pars II, causa XIV, qucBsHo 4, canones 7, 9, 40, 44 et 42 ;
Greg. IX décrétai. , lib. V, cap. xix ; Sext., lib. V, cap. v.
3 c Toutes les convenences qui ^unt fêtes en t^le maniefp iiue li
ereapçiers ne ,pot perdre ^t si pot gaaigner, par le cpnypi^^nce ,
snnt ^Lzures et qua^t ^ biu », dit ^uman<^ir f^Çqîftu9i(ifs i^e ^ciafi-
vaisiêj cap. Lxvni, g 47).
156 LITRE III, CHAPITRE ?l
intérêt dans un pays commerçant comme la Catalogne.
La loi civile semble le permettre aux chrétiens, pais-
qa*ane constitution de 4234, promulguée dans les corts
de Tarragone, auxquelles assistaient les prélats catalans,
fixa rintérét de l'argent à douze pour cent, en autorisant
expressément les juifs à recevoir vingt pour cent *. Hais
cette partie de la constitution de 1234 n*a pas été insérée
dans le recueil législatif de la Catalogne *, tandis qu'une
autre ordonnance delà même année déclare nulles, comme
usuraires et entachées de fraude, les ventes faites pour
dissimuler un prêt à intérêt * : c'était proscrire la consti-
tution de rente, que l'Église a presque toujours tolérée.
De ce qui précède on peut conclure qu'en Catalogne le
prêt à intérêt entre chrétiens était passé dans les mœurs, '
quoique implicitement désapprouvé par les lois. En Ara-
gon et à Valence , la loi ne se bornait pas à garder le si-
lence à ce sujet, elle refusait expressément aux chrétiens
toute action en justice pour se faire payer les intérêts
d'une somme prêtée; les nobles étaient en outre punis de
la confiscation du capital, dont une moitié restait au débi-
teur et l'autre était attribuée au roi. Le code de Valence
prononce même cette peine contre tout noble qui ferait
un trafic quelconque pour en retirer du profit, à moins
qu'il ne s'agisse de vente ou d'échange de chevaux ^.
* A Valence, et probablement aussi en Catalogne et en Aragon ,
les Sarrasins jouissent du même privilège que les Juifs, relativement
au taux de Tintérêt. (Furs de Valenda, lib. IV, rubrica XIV, fur 4 .)
3 Nous avons déjà parlé (t. I, p. 360) de Pacte qui renferme ces
dispositions. On n'a admis, dans les CansiituHons de Cathalunya
(vol. I,Uv. X, titre VIII, const. 44} que ce qui est relatif à la paix
et tréie.
3 Contt. de CataL, vol. I, Hv. IV, tit. XX, const. 4.
* Fueros de Aragon, t. I, liv. IV, tit. de Usuris et de MUUeueura-
rio ; - Pnvil de Val, fo IV, n* 4 3 ; Fur$ de Valeneia, lib. IV, rubriea
XIV, /Vf<4, 40 et 44.
LOIS GORTIIB l'OSURË 157
Enfin, dans ces deux royaumes, les chrétiens qai prêtent
à intérêt, les Juifs et Sarrasins qui perçoivent un taux
supérieur à vingt pour cent, confondus sous le nom
d*usuriers, sont déclarés infâmes et incapables de servir
de témoins^ .
Ce taux de vingt pour cent avait été établi par une
ordonnance de 1228, avec cette restriction que, dès que
la somme des intérêts payés aurait égalé le capital, celui-
ci cesserait de produire intérêt, ce qui limitait forcé-
ment la durée des prêts à cinq ans. Ces mêmes règles
furent confirmées par une ordonnance générale sur la
question de Tusure, rendue à Girone le 5 des kalendes
de mars 1240 (25 février 1241), et applicable « à tous les
sujets des terres et royaumes > du souverain aragonais.
Il y est dit que, « au moment où la piété des chrétiens se
décide à s*abstenir des extorsions usuraires, Tinsatiable
avarice des juifs a recommencé à sévir au point, non-seu-
lement d*exiger de ceux qui empruntent de l'argent pour
leurs besoins des intérêts excessifs, dépassant le taux
que les constitutions royales ont établi, mais encore de
ne pas craindre, au grand détriment de toute la terre du
roi, de réclamer les intérêts des intérêts. » Cette dernière
stipulation est rigoureusement prohibée; des précau-
tions sont prises pour éviter les infractions à cette ordon-
nance: il est enjoint aux juifs de chaque localité de pro-
mettre sous serment de se conformer à ces prescriptions,
et les notaires ne peuvent rédiger un contrat de prêt
qu'après s'être assurés que le juif prêteur est compris
dans la liste de ceux qui ont juré l'observation de l'ordon-
nance. S'il est prouvé qu'un juif a enfreint ou éludé ces
< Furt de Val, lib. II, ruMoa VU, fur 5, el lîv. IV, rubr. IX ,
/Wr3.
158 LtY. m, cSA^. n
prescriptions, il perd le capital, qui est partagé par moi-
tié entre le dénoneiatenr et le trésor royal ^
En 124i et en 1242, le roi, ayant à se prononcer sur
quelques difficultés spéciales au règlement des intérêts
entre préleur et emprunteur, trancha toujours les ques-
tions dans le sens à la fois le plus équitable , mais le plus
favorable au débiteur V
L'ordonnance de Tarragone de 1234, dont nous par-
lions tout à rheure , fixe le tarif du blé et de Torge, et
interdit l'accaparement et Tachât en masse de la première
de ces denrées; elle essaye d'imposer des limites au luxe
de la table et des vêtements. Le roi, non plus qu'aucun
de ses sujets , ne peut manger de plus de deux sortes de
viande en un jour, non compris les viandes salées et le
gibier, et, de ces deux espèces, une seule peut être
accommodée en ragoût. Il est interdit au souverain,
comme à tous, de porter des vêlements où l'or, l'argent,
la soie, les fourrares, soient employés comme ornement;
l'hermine et la peau de loutre sont seules autorisées
dans le capuchon et à l'ouverture des manches.
Les relations entre diverses catégories de personnes
sont réglées par la même constitution. Aucun noble ne
^ Celte ordonnance a été insérée : 4<* dans les ConsU de Catal.^
vol. m, liv. lY, tu. VI, const. 2 (traduction catalane) ; ^«'dans les
Fupro* d'Aragon , t. II, liv. IV, tit. de Usuris, p. 105 (texte latin);
30 dans les Privilèges de Valence, f® Ilf , n* 41 (texte latin). On la
trouve aussi dans itf^arcaftt^amca, append., col. 1433. Jacine rendit
encore pour sa seigneurie de Montpellier (5 avril 1259, 1*' marô
1262) et pour la ville de Torlose (22 janvier 1263), des ordonnances'
qui renfermaient des dispositions analogues. (Germain, Histoire du
commerce de Mrnitpellier, t. I, Pr., p. 240 — Archives d'Aragon,
reg. XII, fol. 13 et 39).
^ Priv, de VaL, ^ IV, n® 13, et Marca hispanicaf app. , col. 1436.
Voyez encore, pour la question de Tusupe en Catalogne, Mèroa hisp.f
app., col. 1415, 1420 et 1437.
LO» D^ORDU PUBLIC 159
peat entretefiir à sa suite pins d*UD joofglenr^; ceux-ci
ne doivent point s*asseoir à la table des chevaliers. Une
dame noble ne peut partager sa table ou son lit avec
une jongleuse, ni lui donner un baiser. Le fils d*un
chevalier, s*il n'est lui-même chevalier ni arbalétrier,
ne peut s'asseoir à la table d'un chevalier ou d'une
dame, ni porter les chausses rouges, à moins qu'il ne
soit seigneur de chevaliers. La compagnie d'une dame
noble est une sauvegarde pour tout homme, noble ou
non, coupable de tout autre crime que celui d'homicide.
Mais, de toutes les dispositions qui précèdent, aucune
n'a été insérée dans le recueil des constitutions de Cata-
logne*; on doit donc considérer quelques-unes d'entre elles
comme des règlements transitoires, et le plus grand
nombre comme des tentatives infructueuses pour sou-
n^ttre à l'action de la loi des faits qui, par leur nature,
doivent nécessairement lui échapper.
Chose singulière, et qui s'explique pourtant si Ton
tient compte de l'état des esprits à cette époque de tran-
sition , la société, qui ne croit pas avoir le droit de punir
certains crimes s'ils ne sont poursuivis par une accusa-
tion privée , cherche à pénétrer dans les actes les plus
intimes de la vie , dans les replis les plus secrets de la
conscience, pour y détruire dans leur germe des maux
plus imaginaires que réels.
* On désignait ordinairement au Xlli* siècle, sous le nom de jon*
^Zeur, des troubadours de second ordre, qui réunissaient souvent à
un médiocre talent de poêle une certaine habileté de bateleur et de
baladin.
^ Voyez, pour le texte complet de la constitution de Tarragone de
1234 yUarca hisp.^ app., col. U28, et la collection des documents
inédits des archives d'Aragon (t. VI, p. 404), qui reproduit ce docu-
meot. d'après Toriginal conservé dans ce dépôt sous le <n^ Gdades
parchemins de Jacme !«'.
160 LIVBE III, CHAPITBBVI
Il faut le reconDaiIre cependant , en ce moment où
TEarope entière s'essayait à une réorganisation qui , mal
dirigée, pouvait lui être fatale, certaines questions, celle
de l'orthodoxie entre autres, touchaient de trop près à
l'ordre public et aux institutions politiques pour qu'un
roi chrétien ne se laissât pas entraîner à des rigueurs
contre les propagateurs des fausses doctrines. L'hérésie
était alors un crime social autant que religieux, et la
juridiction séculière s'unissait pour le frapper à celle
de l'Église. La procédure se déroulait devant le juge
ecclésiastique, seul compétent pour établir la culpabilité;
mais, celle-ci une fois constatée , et le condamné soumis
aux peines canoniques qui n'entraînent jamais reiïnsion
du sang, le coupable était repris par le juge laïque, qui,
acceptant l'instruction du premier juge, appliquait la
loi écrite dans le code séculier. Par cette seconde sen-
tence, l'hérétique était ordinairement condamné à la
peine du feu, ses cendres jetées au vent, ses biens con-
fisqués au profit du seigneur dominant ou du roi ; la
maison qui lui avait donné asile était rasée*. Ces peines
sont édictées en ces termes exprès dans le code de
Valence et non dans celui de la Catalogne, qui ne parle
que de châtiments corporels indéterminés et de la con-
fiscation des biens; mais elles étaient également appli-
quées partout. Les constitutions catalanes mettent hors
la loi le suspect d'hérésie, en l'excluant du bénéfice des
édits de paix et de trêve, et en lui refusant l'assistance,
des tribunaux dans toute affaire civile ou criminelle;
elles instituent des commissions inquisitoriales compo-
sées d'un clerc nommé par l'évéque et de deux ou trois
* Fursde Valence, lib. IX, ru6. VII, furs 63, 66 et 72 ; lib. Ytll,
r^b. II, fur%9.
LOIS RELIGIEUSES 161
laïques désigQés par le roi; elles imposent enfin les obli-
gations les plas rigoureuses aux bayles et aux viguiers
pour la poursuite des hérétiques et des suspects d'hé-
résie *.
Il est essentiel de remarquer que le clergé de Catalogne
et d'Aragon a, dans Tordre civil et politique, une im-
portance qui est refusée à celui du royaume de Valence.
Jacme a trouvé la suprématie cléricale fortement établie
dans ses États patrimoniaux. Ainsi, par un souvenir
de l'époque gothique, les évéques intervenaient, non-
seulement pour faire observer les paix et les trêves , mais
encore pour recevoir le serment de certains magistrats
de Tordre civil*; ainsi Tacquisition des immeubles par
les clercs { amortizacion) n'était pas prohibée en Cata-
logne comme elle le fut à Valence ^
Durant les premières années de son règne , le Conquis-
tador ne se sent pas la force de secouer le joug clérical ;
en 1234 encore, au moment où TÉglise lui prête un
puissant concours moral et matériel pour la conquête de
* Voyez les ordonnances de paix et de trêve mentionnées ci- des-
sus, elConst. de Catal., vol. I, liv. I, tit. IX, const. 2 à 7. il est
curieux de rapprocher des peines sévères édictées au XIIK siècle
contre les hérétiques le paragraphe des usatges où Ramon Beren-
guer 1^' déclare que «tous hommes, nobles ou non nobles, rois et
princes, magnats et chevaliers, vilains et paysans, marchands et
commerçants, pèlerins et voyageurs, amis et ennemis, chrétiens et
Sarrasins, juifs et hérétiques, peuvent se lier à lui et à ses succes-
seurs, et leur recommander leurs personnes, leurs femmes, leurs
enfantset tous leurs biens. » {Const, deCatal-, vol. I, liv. 1, tit.
XVIII, us. 4.) La différence de rigueur indique la différence des
temps. Ce qui n^était au XI* siècle qu'une infraction aux lois de
l'Eglise est devenu auXIlI» un danger pour la société, qui cherche à
s'en préserver par tous les moyens en son pouvoir.
2 Const. de Cat.,\o\. I,liv.I,tit. XLllI, const. 4, et liv. Vil, tit. I,
us. 4, et vol. 111, liv. X, tit. III, const. 2.
' Idem.^id. liv. 1, tit. III, us. 4 etcoost. 2.
T. u. Il
162 LIVRE 111^ dUPITRE YI
Valence, il se laisse dicter, par les prélats catalans apx
corts de Tarragone, quelques dispositions qui n^auraient
jamais dû trouver place dans la loi civile.
Il est défendu, par exemple , à tout laïque de discuter
sur la foi catholique, eu public ou en particulier, sous
peine d'excommunication et de suspicion d*hérésie ; per-
sonne ne peut avoir de traduction en. langue vulgaire
(romanç) des livres de l'Ancien ou du Nouveau Testa-
ment, et celles qui existent doivent être remises à Tévéque
pour être brûlées*. En présence des efforts que révèle le
code de Valence pour tracer nettement la limite qui doit
séparer le domaine temporel du spirituel*, il est impos-
sible de ne pas attribuer les empiétements de ce dernier,
si marqués dans les lois catalanes et même dans les
fueros aragonais , à la pression exercée sur la législation
* Const, de Cat.^ vol. I, liv. I, til. I, consl. 1 el 2. Cf. Marcahispor
nica^ append. col. 4425. Dans les mêmes corls, les antiques privi-
lèges du clergé furent conûrinës et étendus. (Voy. Const, de Cat.,
vol. I, liv. I, lit. IV, const. 4 el2.) Le recueil Catalan ne renferme
aucune disposition de Jacme l*"" relative aux blasphémateurs. Nous
trouvons cependant aux archives d'Aragon (Reg. XIX, f° 4 62). une
pragmatique datée de Barcelone le 43 des kalendes de septembre
(20 août) 4274, rappelant le respect que «chrétiens, juifs el Sarra-
sins doivent au corps de Jésus-Christ », el défendant tout blasphème.
^ Celte distinction préoccupe la plupart des législateurs el des
jurisconsultes du XIII" siècle: aBonnecoze est, dit Beaumanoir
et porfitavle, et selonc Dieu et selonc le siècle , que cil qui gardent
le justice esperituel se mêlassent de ce qui aparlienl à respéritua*
lilé tant .solement et laissassent justicier et esploitier à le laie justice
les cas qui apartiennent à le temporalité , si que par le justice espe-
rituel et par le justice temporel droit fust fes à çascun. » (^Cout. de
Beauvoisis^ cap. xi, §1.) Voy. aussi les Établissements de saint Louis,
liv. I, cap. XV, \yiUf Lxxxiv, cxxiii, el Andrew Bornes, the Myrror
of justice, ca^. m , sect iv. Seul Alfonse X de Castille semble au
contraire vouloir augmenter la confusion. {Siete Partidas^ passim,
el en particulier Partida /.)
LES imVS ET LES SARRASINS 163
pur la puissance d'un clergé féodal et la force des tra-
dîtioDS.
Jacme semble avoir voula se soustraire à ces influences
dès qu'il eut affermi son autorité par la conquête d*un
second royaume sarrasin ; mais, au milieu des agitations
intérieures qui suivirent ce nouveau triomphe, une sorte
de rétractation lui fut imposée par les prélats catalans et
aragonais ; c*est du moins ce qui résulte de l'ensemble
d'une constitution largeqient confirmative des privilèges
du clergé, promulguée à Lérida le 2 des nones d'aTfil
(4 avril) 1257*.
Il était un point touchant aux questions religieuses
sur lequel l'autorité séculière ne pouvait, à cette époque,
abdiquer son action: nous vouloos parler de ce qui con-
cernait les juifs et les Sarrasins, tolérés dans tous les
États aragonais, mais traités d'une manière assez inégale
par les mœurs et par les lois. Nous parlerons ailleurs du
rôle de ces deux catégories d'individus dans la société de
ce temps et de ces pays ; il nous suffira de dire ici que
les juifs, malgré les haines et les mépris populaires qui
s'acharnaient spécialement contre eux, jouissaient d'une
certaine faveur auprès du souverain, à cause de leur
science» de leur industrie et de leurs richesses. Ils pour
vaient remplir les offices qui ne leur donnaient aucune
juridiction sur les chrétiens , tandis que tous les emplois
publics étaient interdits aux Sarrasins*. Du reste, les uns
* Const. de CataL^ vol. I, liv. I, tU. lil, const, 4 : Marca Mapanicaj
append., col. 4444.
2 Const. de Catal., vol. III, liv. I , tit. V, coost. 6. — U parailrail
qae, dans l'esprit du code de Valence , les juifs pouvaient être Dom-
inés aux foDctiooâdehayle; mais les furs oe tardèrent pas à être cor-
rigés sur ce point par les pi»iviléges. ( Voy. Furs de Val, liv. I,
rubr,, 111, fur 83; PHvil. de Val., f» Xl¥, »• 44.)
164 LITRE ni, CHAPITfiE TI
et les antres avaient une situation légale, et certaines
garanties les protégeaient dans leurs contestations avec
les autres sujetsdu roiV
Il leur était interdit, il est vrai, d*aYoir des esclaves
chrétiens , et de garder chez eux , à quelque titre que ce
fût, des femmes chrétiennes*; un musulman ne pouvait
se faire juif, un juif ne pouvait se faire musulman sous
peine « de la perte de sa personne' » ; ceux d'entre eux
qui étaient hommes du roi ne pouvaient se donner à un
seigneur^; mais, en somme, malgré cet état d'infériorité,
il n'était pas de pays dans TEurope chrétienne où les
sectateurs de ces deux croyances fussent mieux traités
que dans ceux où dominait le Conquistador. D'un autre
côté, leur conversion au christianisme était favorisée
par Tabolition de l'usage qui subsista en France jus-
qu'en 1363, en vertu duquel les juifs, en embrassant la
foi chrétienne, devaient renoncer à la totalité ou à une
portion de leurs bien3^ Les nouveaux convertis furent
* Const. de Catal.^ vol. III, liv. III, lit. VI , us. 4; Fueros de
Aragon^ t. 11, liv. 11 , de testibw; Purs de Val.^ liv. IV, rubr. IX,
fur 51. —On trouve aux archives d'Aragon (Reg. XII, f* 420) une
pragmatique relative à la forme des demandes en justice entre chré-
tiens et juifs (5 novembre 4263).
2 Const. deCatal.^ vol. III, liv. I, tit. V, const. 7. L^ordonnanco
de laquelle sont tirées cette constitution et les six qui la précèdent
dans le recueil catalan se trouve dans Marca hispanica , append.,
col. 4 445. — Voy. aussi Furs de Val., lib. I, rubr. VIII, fur.
4" et 2v
^ Const. de Catal., vol. 111 , liv. I, tit. V, const. 8.
* Fueros de Aragon y t. II., liv. IX, de judœis et Sarracenis; —
Furs de Val., liv. I, rubr. VIII, far 3.
^ Indépendamment des contributions générales , les juifs étaient
soumis à un impôt particulier, dont leur conversion privait le sei-
gneur ou le roi. De là cette mesure inique , par laquelle on voulait
sauvegarder les intérêts du fisc.
ORGAlflSATION JUDICIAIRE 165
protégés par la loi contre les insultes de leurs anciens
coreligionnaires; mais, dépassant le but, un édit décide
que, toutes les fois qu'un prélat, un frère prêcheur
on un frère mineur voudra faire entendre la parole de
Dieu dans les villes et les localités où se trouvent des
juifs et des Sarrasins , ceux-ci seront contraints par les
officiers royaux d'aller écouter leur prédication , et ne
pourront se dispenser de cette obligation sous aucun
prétexte * .
Il faut remarquer encore que cette dernière disposi-
tion, bien que figurant dans une ordonnance de 1243
applicable « tant àl'Aragon, à la Catalogne, àMayorque
et à Montpellier qu'au royaume de Valence > , n'a été
insérée ni dans les furs ni dans les privilèges de ce der-
nier pays.
Il nous reste à parler de l'organisation judiciaire delà
Catalogne ; c'est à peu près celle de la France méridio-
nale. Les bayles et les viguiers se partagent les causes.
Les premiers sont les juges ordinaires, et, en outre,
comme les baillis français, ils exercent certaines fonc-
tions administratives. A Barcelone et dans quelques
villes ils ont sous leur dépendance les bayles des locali-
tés moins importantes. Une partie de leurs pouvoirs est
déléguée à des sous-bayles. Il y avait desbaylies inféodées,
d'autres étaient données à temps V
* Voy. la traduction catalane de la constitution du 3 des ides de
mars \%Vi (43 mars 4243), suivie de la bulle confirmative du Pape
Innocent lY, dans XesConst, de Catal, vol. I, liv. I , lit. I, const. 3.
Le texte latin de la même constitution se trouve dans les Fueros de
Aragon, t. I, lib. I. deJudœiset Sarracenis baptizandis ; lesPrivi-
légesde Valence contiennent seulement le premier paragraphe de cette
loi (f« VI, nM5).
^ Les bayles avançaient souvent au roi le» sommes dont la percep-
tion leur était confiée. Les archives d'Aragon ( Pi^rch. de Jacme I*' ,
:
166 UYfii lii , Giuraia ti
La jaridiction des vigaiers élait, selon la yieiile expres-
sion, démembrée de la juridiction ordinaire des bayles;
elle s^éteodait sur les nobles et les étrangers pour les
questions de paii et de trêves, et embrassait quelques
affaires civiles de peu d'importance. Les viguiers étaient
chargés spécialement de veiller au maintien de Tordre,
defaireexécuter certaines sentences des bayles et delà
cour du roi; ils avaient quelquefois sous leurs ordres
des sous-viguiers; ils relevaient des bayles et étaient assu*
jétis à la surveillance des évêques en matière de pour-
suite des hérétiques et d'observation des paix et trêves.
Les bayles et les viguiers devaient, lorsqu'ils ren-
daient un jugement, être assistés des prud'hommes du
lien.
La justice était publique. Il y avait deux appels. La
n"* 809, 83:2 , 83i ) renferment divers comptes des revenus de la
baylie d3 Barcelone et des baylies qui en dépendaient. Ces comptes
sont présentés par Ramon Dufort , bayle de Barcelone , auquel les
revenus de sa baylie sont engagés par avance. Le document n* 83&.
daté de Girone 40 des kalendesde mars 4240 (20 février 4244) donne
des détails curieux sur les dépenses et Torganisation de la maison
des souverains aragonais. La reine Yolande y reconnaît avoir reçu de
Durfort : deux cannes et trois palmes de panno de Orvins (?) coûtant
34 sols, remises à Enricus et devant servir aux vêlements de la reine;
86 sols 4/2 de presseto ruheo pour les vêtements a des gens de la suite
et de la chambre de la reine » et pour ceux de Pedro, majordome; de
Garcia Arnalt, argentier de la reine; de maître Samzo, d*une lavan-
dière (lavaneria) , de Torrion , ingénieur (enginierius) et de quelques
autres; deux cannes parmi Narbone pour l'abbé de MinoreUs; une
tunique de presseto rubeo pour Sancha Parez ; des vêtements pour
Benedict, diacre de la reine, et pour A., son huissier; une tunique de
presseto ruheo pour la reine , coûtant 83 sols 6 deniers ; dîfTérontes
sommes employées aux vêtements d'André, cuisinier (cu^ùimio) ,
du flls de la nourrice , de deux hommes de cuisine {de cuzina)^ de
la fille de Na Jacometa , et enfin 98 sols pour les vêtements du a fils
de la reine. »
CARTÀ-PUEBLA DE FIGUERAlS 167
conrdn roi ou de son lieateDant décidait les causes en
dernier ressort.
En 1265 et en i274, Jacme, organisant la commune de
Barcelone, obligea les conseillers et les prud'hommes à
prêter le secours de leurs lumières au bayle et au viguier
toutes les fois qu'ils en seraient requis, et à veiller à la
bonne administration de la justice, avec pouvoir d'en
référer au souverain lui-même pour faire punir les juges
négligents ou prévaricateurs *.
Avant de quitter les pays catalans, nous devons ajouter
aux remarques qui précèdent, sur la législation générale
du comté de Barcelone, quelques observations relatives
aux privilèges ou cartas-pueblas qui modifiaient le droit
commun en faveur de certaines fractions du territoire.
Ces concessions n'étaient souvent que des exemptions
de services' on d'impôts; d'autres fois cependant elles
touchaient au droit privé. Deux documents de ce genre
méritent seuls d'attirer notre attention pour la Catalogne
et ses dépendances: ce sont la carta-puebla du royaume
de Mayorque et celle de la ville royale de Figueras *.
Cette dernière, octroyée en 1257, ne contient en fait
de droit que quelques dispositions de peu d'importance^
relatives à la procédure et à la pénalité. Il y est fait men-
* Voy. Archives d'Aragon, Reg. yu, f 280, el n- 19, f 129;
Collecc. de doc. ined,, t. VIII, p. 137 et 143.
' La carta-puebla de Mayorque , conservée aux arctiives de ce
royaume {Libro de franquezas y privilegios) , a été publiée par
D. José-Maria Quadrado, dans son Historiade la œnquista de Mal-
lorca, append. n» 4 ; celle de Figueras se trouve en double copie
dans les Reg. xv, f" 56,etxVii, f 84 des archives d'Aragon. Elle a
été imprimée dans la collection des documents inédits de ce dépôt,
t. VIII, p. 124.
168 LITRE III, CB4P1TBE TI
tion d*un tribunal distinct de celai da bayle et da viguier:
c*est celui de la cort^ institué également par Jacme à
Mayorque et à Valence, à l'imitation des ju«/tcîa« des villes
aragonaises. La cort est investie de la juridiction ordi-
naire à laquelle ressortissent toutes les causes civiles et
criminelles. Le tribunal du bayle ne conserve qu'une
juridiction attributive sur les affaires du patrimoine et
des revenus royaux.
Le privilège ou fuero de Mayorque^ daté du joar des
kalendes de mars 1230 (1" mars i931), doit nousarrêter
plus longtemps. C'est un diminutif de code, dans lequel
les idées réformatrices de Jacme ont pu, pour la pre-
mière fois se manifester sans trop de contrainte. Les ar-
ticles clairs et précis de cette charte font pressentir déjà la
législation de Valence. Ils répondent à un double besoin
de ce temps et de ce pays, à un double désir du roi qui
les édjcta : attirer par l'appât des franchises et des liber-
tés de nombreux habitants chrétiens dans l'Ile conquise;
affranchir la société et le pouvoir royal des entraves
féodales si fortes en Catalogne, sans manquer à l'engage-
ment d'étendre aux Baléares la législation du comté de
Barcelone.
Les habitants de Mayorque, leurs biens, leurs denrées
et leurs marchandises, furent exemptés de tous droits et
de tous services tant dans leurs pays que dans les autres
Etats du roi d'Aragon : point d'hosi ni de chevauchée,
point de péages ni de douanes, libre jouissance des dépais-
sances, des bois et des terrains communs ; droit de pèche
dans les eaux douces et salées , à l'exception des étangs
qui sont réservés au roi.
La propriété, qui, en Catalogne comme dans le midi
de la France, était en partie féodale, en partie. allodiale,
était presque exclusivement allodiale à Mayorque , du
FUERO DB MATORQUE 169
moins dans la portion royale, qai formait un peu moins
de la moitié de^le^
D'après la convention qui précéda l'expédition de
Mayorqne , le /î6ro de repartimiento et la cartapuebhj le
roi ne se réserva le service féodal que sur les terres attri-
buées aux magnats et sur les chevaleries *. Le reste fut
« franc et libre >; la transmission des immeubles ne fut
soumise à aucune restriction, si ce n'est en ce qui con-
cernait les aliénations en faveur des gens de main-
morte , nobles et clercs, à qui il fut interdit d'acquérir
des biens de laïques et de non nobles. Jacme s'attachait
à morceler la propriété , à supprimer les intermédiaires
féodaux entre le possesseur immédiat du sol et le souve-
rain ; or son œuvre eût été rapidement détruite par l'ac-
cumulation des immeubles entre les mains des individus
privilégiés, qui auraient agrandi leur influence aux dépens
de l'autorité royale , et constitué , par les concessions de
terres à charge de redevances et de services, une féodalité
presque indépendante.
* Voy., pour la manière dont s'opéra la répartition de BIlayorque
el pour quelques particularités omises]dans notre tome I, la note B
de l'appendice.
' Voyez notre tome 1, Pièc. justiâcsrt., n» YllI ; Colleccion de doc.
ined. del archiva de Aragon, t. XI , Repartitn. de Mallorca ; Qua-
drado, Hist. de la conq. de Mallorca, append. n<> 4. — Nous avons
dil (t. 1, p. 274} que la chevalerie (cavalleria) aragonaise était un
revenu de cinq cents sols de rente affecté à Tentretien d'un cheva-
lier. La chevalerie de Mayorque représentait quelque chose d'ana-
lugue; mais on ne sait si elle consistait en terres ou en revenus. En
Catalogne, à Fépoque des premiers comtes, d'après Bosch , a le fief
de chevalier, qui était dit chevalerie déterre, n'était qu'une con-
cession d'une portion de terre de la valeur de dix setiers de blé ,
qui faisaient 80 carterées , chaque setier valant 8 carterées. » (7Vt.
de honor de Cathal., p. 325). Lors de la conquête de Séviile, des
immeubles furent concédés à titre de chevalerie. (V. Ortiz de Zuniga,
Anales de Sevilla^ ad ann. 4252; Sempere, Hist. del derecho Esp,,
lib. II, cap. XIV.)
\
170 LIYAE m, CHAPlTtlE ^I
Le dnel judiciaire , que sâiot Lottis de panriDt pas &
détruire en France , que Jacme n^osa pas proscrire do
royaume de Valence, est formellement aboli à Mayorque,
ainsi que les ordalies de toute sorte.
Il est interdit d'exercer dans aucune partie de l'île
le droit de naufrage ou de bris.
Les personnes et les biens sont protégés par la défense
de retenir en prison préventive, si ce n'est pour « crime
énorme » , l'accusé qui offre de donner caution; par l'obli-
gation imposée aux magistrats et aux ofiiciers royaux de
se faire assister de deux prud'hommes au moins lorsqu'ils
sont obligés de pénétrer dans la demeure d'un particulier;
par la suppression de la peine inique de la confiscation.
L'organisation judiciaire nous offre un nouvel exemple
de cette remarquable institution de la cort fcuriaj, des-
tinée à séparer le magistrat qui juge les affaires privées ,
de l'officier qui perçoit et administre les revenus de la
couronne. De celte façon, le juge, affranchi d'une gestion
financière importante, n'a plus intérêt à grossir les
amendes et les frais.
Les fonctions du viguier sont les mêmes qu'en Cata-
logne.
Les appels des tribunaux inférieurs sont portés à
VAhnudaina, c'est-à-dire au palais du roi. Le souverain
ou son délégué y décident les causes en dernier ressort.
Toutes les sentences sont rendues publiquement avec
l'assistance des prud'hommes du lieu.
Enfin , 'avant de recourir à la justice , tous les citoyens
peuvent taire décider amiablement leurs contestations
civiles ou criminelles par des prud'hommes qu'ils choi-
sissent.
Les autres articles de la charte de Mayorque sont in-
spirés par le code de Barcelone, qui forme d'ailleurs le
FUBfiO DE MAYORQUE i7i
droit sappiétoire des Baléares ; mais, grâce à la législation
donnée par le roi à ces iles, la féodalité catalane ne par-
vint jamais à s'y implanter.
Nous n'avons pas encore abordé l'examen des deux
œayres législatives fondamentales de JacmeP', et déjà,
dans les lois isolées promulguées par ce prince , nous
voyons se dessiner les traits principaux de la réforme qu'il
poursuit. AfBrmation de l'autorité du souverain , affai-
blissement des principes féodaux , constitution de la pe-
tite propriété allodiale et roturière , suppression des
entraves qui gênent le commerce et les transactions, abo-
lition de droits iniques et de coutumes contraires à la
raison, tolérance pour les Juifs et les Sarrasins et faveur
pour ceux d'entre eux qui se recommandent par quelque
mérite, tentatives pour séparer le pouvoir laïque du pou-
voir ecclésiatique , les fonctions judiciaires de certaines
fonctions administratives , et organiser des tribunau^i in-
dépendants qui offrent des garanties égales à celles des
tribunaux ecclésiastiques, supérieures à celles des jus-
tices seigneuriales : tel est le programme que le Conquis-
tador parvint à réaliser sans troubles et sans secousses
dans diverses parties de ses États catalans.
CHAPITRE VII.
LÉGISLATION DE L' ARAGON. — Paero de Sobrarbe. - Origine du
droit ^litique aragonais. — Origine du droit privé. — Code de
Huesca. — Considérations générales. — Organisation judiciaire.
— Lejutieia; causes de T importance politique de ce magistral. —
Juges et officiers de justice. — Lesjunlasetles jonleros. —Etat des
personnes et des terres. — Les alleus et les fiefs en Aragon. — Les
bourgeois. — Les paysans et les serfs. — Les Sarrasins et les juife.
— ftocédure. — La caution base de la procédure aragonaise. —
Les actes. — Les témoins. — Formes symboliques. — Le serment
— Abolition des ordalies vulgaires. — Le duel judiciaire. — Mino-
rité , adoption et tutelle. — Desaffliaeion. — Régime de la dot. —
Successions. — Testaments. — Donations. — Des contrats; cau-
tions et gages. — Prescription. — Droit criminel. — Homicide. —
Composition; frednm. — Vengeance privée. — Assorements. —
Guenes privées. — Trahison, brigandage, faux. — Crimes divers.
— Procédure criminelle. — Coup d'oeil d'ensemble sur le code de
Huesca.
« En Aragon, il y eut d*abord des lois , puis des
rois\ > D'après la tradition, en effet, lorsque les
chrétiens retirés dans les montagnes de la Navarre, tou-
Inrent s'organiser en Etat régulier, ils posèrent d*abord
les bases de la constitution qui devait les régir, et, avant
* Préface des Fuérof d'Aragon, édit. de 4576.
176 LIYilB m 9 CHAPinS TIl
sépare par rincompatibilité des mœars , mot paissant
et populaire en Espagne, mot souvent répété par les
étrangers et souvent incompris par eux. For, tribunal ,
juridiction, loi, règle protectrice des droits publics et
privés , privilège d'un corps , d'une ville , d'une pro-
vince, décision souveraine du prince, tradition non
moins souveraine du peuple , prescription écrite et cou-
tume orale, ce sont là autant de nuances du mot espa-
gnol fuero .
Le fuero d'une ville est la charte à la fois politique
et judiciaire octroyée à cette ville par le seigneur ou le
roi. Les fueros d'une province sont les privilèges de
cette province et les lois de toute sorte qui la régissent
spécialement. En Aragon et à Valence, la législation poli*
tique, judiciaire, administrative, prise dans son en-
semble, constitue les /tiero^ du royaume; chaque pres-
cription , chaque article esiun fuero distinct; mais on
appelle encore ainsi un document législatif de peu d'é-
tendue, bien qne renfermant des prescriptions diverses,
par exemple le fuero de Sobrarbe. Enfin le nom de
ville ou de pays qui sert à désigne^ chacune de ces chartes
ou chacun de ces recueils, indique tantôt la région à
laquelle ils s^appliquent , tantôt le lieu où ils ont été
promulgués. Ainsi les/uero«d'Huescade 1247, les fueros
ou le fuero d'Exeade 1265, régissent le royaume d'Ara-
gon en entier. Ce mot célèbre n'est donc pas le syno-
nyme de l'expression privilèges communaux ou provin-
ciaux, il ne désigne pas toujours une loi écrite applicable
seulement à la ville dont le nom ' l'accompagne, et l'on
aurait tort, par exemple, de prendre pour une charte
communale, comme on Ta fait trop souvent, les /iir^ ou
fueros de Valence, code du droit privé de tout un
royaume.
rUEROS DE HUESGA 177
Jnsqa'eD 1247, il Q*exista, pour les /uero« politiques
on judiciaires de TAragoD, aucun recueil général qui en
flxàt netlement les termes et la portée. Il n'y avait pas
ici, comme en Catalogne, un code suffisant pour le
plus grand nombre de cas , malgré ses imperfections ;
les lois gothiques et les lois romaines, trop éloignées
des coutumes quasi-germaniques chères au peuple ara-
gouais , ne pouvaient aucunement servir de droit supplé-
toire à ce royaume.
Des inconvénients innombrables naissaient de cette
confusion. Par esprit de patriotisme, les Aragonais
avaient une tendance marquée à exagérer leurs coutumes
dans le sens barbare, plutôt qu'à marcher vers les idées
romaines, et la ténacité de leur caractère ne pouvait
faire espérer des modifications assez profondes dans
leurs mœurs pour rapprocher leur législation de l'idéal
poursuivi par Jacme I".
Il fallut donc se borner à remédier à la confusion des
lois en rédigeant un code, dans lequel cependant, grâce
à l'ignorance de la plupart des seigneurs et des bour-
geois appelés à le confirmer, Jacme et les légistes glis-
sèrent quelques-uns des nouveaux principes , sous le
prétexte de détruire des abus. Encore le roi dut-il déclarer
qu'en corrigeant certains points que les anciennes lois,
« non sans grand inconvénient pour les choses tempo-
relles et grand péril pour les âmes, avaient faussés,
moins par amour de la justice que par ambition per-
verse », il ne voulait « absolument rien ajouter à son
pouvoir ni rien retrancher aux libertés acceptables de
ses sujets* «.
* Préambule de$ Fueros d^Âragon «Jaos nos Pièces justificatives
(n»YII).
T. n. 12
178 LiYAB lit , GttA^itiiE m
Mais, dâûs ce travail , les questions tonchant directe-
ment à Torganisation politique furent prudemment écar-
tées. Ce n'était qu'en l'absence d'une constitution nette-
ment formulée que le roi pouvait, dans ses moments de
force, se permettre des coups d'État pareils à ceux q«6
nous avons eu l'occasion de signaler. En fait de droit
privé, la prévoyance des ricos homes n'allait pas Jwsqu'à
se rendre compte des changements profonds qui peuvent
naître d'un principe, en apparence inoffensif, introduit
dans une loi civile; mais, quand il s'agissait de leurs
fueros politiques, les fiers barons étaient intraitables. La
rédaction de chaque article eût fait éclater une guerre
entre eux et le roi , si celui-ci n'eût pas consenti à subir
toutes les exigences féodales.
Dans cette situation , il était de l'intérêt de la no-
blesse de demander la rédaction des fueros politiques > il
était de l'intérêt du roi de refuser. Tant que Jacme
domina les barons, il s'efforça de laisser tomber dans
l'oubli la constitution aragonaise*; mais, à la suite d'évé-
nements que nous raconterons plus tard, les tncos homes
se sentirent assez forts pour imposer à leur souverain
la confirmation expresse et la rédaction de quelques-unes
de leurs lois politiques : ce sont-les ^iiero5 d'Exea de 4265.
Ils se composent de dix articles, dont le recueil des lois
aragonaises nous a conservé le sens et non le texte. Nous
* Quelques auteurs ont vu dans le silence des fueros de Huesea
sur les questions politiques un oubli prémédité de l'évêque Vital de
Canellas, chargé de préparer le projet de code; pour d'autres,
Fomission dos lois relatives à la succession de la couronne serait Te
résultat d-une transaction entre le roi et la nation. Ces deux opinions
sont dénuées de preuves. (Voy. Fueros d'Aragon ; Discours préli-
minaire, par MM. Savait et Penen. — Marquis de Montôsa et Man-
rique, Historia de la legislacion y reciiationes d§l derecho dvil de
Espana.)
pnopos d« 14 légisUtipa g^oérale 4u royaume ; les ^utr^d
tron^erop^ leur j^ace dans le coiirs de mivfi r^it.
Quant aux fuere^ de Hiiesca, }eur tex^ original $n
Ungae aragODaise estt perdu aujow^^d'hui» e^t le#rs idiverseç
dispositions, (traduites ep ladio, ^as avoir dépoui)i|^ J^r
physionomie quAsl -barbare, (mi élé foivdaes .dan$ j^
reeaeil «iicore en jQ^age .4es fwtK^e y o^ervfmw ^
Aragon. Il est possible çependi^nt 4^ wtaMir, d*uAe pa-
nière à jpett près oerlaine» la a^ri^e.de lew^ Mvres.et de
leurs titres ^us Tordre primitif; c'est ce que nous avQf)s
faii dans nos fkièces juâtificaitive$ \ Ia l^tor^ ^e <ç^tte
table «niât i pronfver comhiein ie$ rédia^eurs d^ss fuefos
étaient préoccupés d'imiter, aa moiips dans l^fu iovjfk^ j
les fiaoaiiiients diu droit romain. Oblige» de codifier
musiques dispositions qui A'avaÂeDt pas d*analogU9§ d?^
* N» Vil. — Nous avons suivi pour celle reconstruction les inéi-
eatioMëeHM. fiavaHetPdnen (Discours çrélinlnaioe de teur Hi-
iMHi des Pmros y ofoé^vancio^} et ^lles du marq^i^ 4elRisoo,da!>s
son opuscule intitulé : çtd nonnullos Aragoniœ foros emendationes.
D'après cederpierauleur, le code de Huesca aurait été divisé en
quatre parties. I^a première se terminerait afec le ii/tre êe €(mtrqiti''
btuminorum du livre V; la seconde s'^(QO(jifpit i^y^qiM'^P MUe ^
Orimaef^Ui (liv. yUl) ; 1^ troisième ju^^U'à çelpi ^e Tabellionibus;
tout ce qui suit ce dernier titre jusqu'à la un du recueil formerait
la dernière partie. Celle divls;ion, très irrégulière ei tout à fait nrW-
traire, m nous parait avoir été iBoUvée, si allé a r^lteinent axi^té «
qm par d^ aâodâ^tés matérielles de.eopie. Les /L))ïr|qpa'; de^ titres,
dont |K)U$ n'avons que la traduction latine, ont dû être primitive-
meut rédigées en aragonais comme le code lui-même ; mais elles
n'en ont pas moins été calquées sur lesriibriqaei d^s loi6 romaines.
Nous Fenacquer^ps i Valence 1^ mèqie système de tr^ft^ic^Qn en
langue vulgaire des titres du code de Juslinien. Lorsqu'il a fallu
donner une forme au corps des fueros d'Aragon , celle des recueils
impériaux, si familière aux légistes de l'époque, s'est naturellement
présentée à l'esprit des légi^lateMcStd^^U^çca.
180 LIVfiE III, CHAPITRE TU
les lois impériales, ils s*e(]forceQt de les ranger, aa moyen
de rapprochements puérils, sous des titres empruntés au
code de Justinien ou au Digeste. C'est dire que, pour la
méthode, le recueil d*Huesca est inférieur à ceux qui lui
servent de modèles. Il est incomparablement moins com-
plet qu'aucun d'entre eux. Un titre ne comprend souvent
qu'une ou deux dispositions réglant des cas particuliers ;
les principes généraux de la matière à laquelle ils se rap-
portent n'y sont -presque jamais posés.
Faut-il attribuer les lacunes immenses des fiieros à
l'impuissance de ses rédacteurs? Non, car c'est aux
mêmes hommes que Valence doit son code à peu près
complet pour l'époque. Il faut voir dans cette imper-
fection, d'un côté, le désir du roi de donner la sanction
des cortès et la sienne au plus petit nombre possible de
coutumes aragonaises; de l'autre, le refus des repré-
sentants de la nation de laisser combler les lacunes de
leurs fueroB au moyen d'emprunts faits au droit romain.
On trancha la difficulté en décidant que le bon sens et
Téquité seraient seuls invoqués en cas de silence des
fueros. Le préambule du code déclare coupables de lèse-
majesté ceux qui contreviendront à cet ordre, et appelle
sur eux la colère royale *.
Le droit romain avait encore gagné sa cause, puisque,
de par les docteurs de Bologne , de Montpellier et de
Lérida, il était le seul interprète de la saine raison et de
l'équité. La porte était ouverte aux innovations; le pa-
triotisme jaloux des Âragonais avait beau se tenir sur
ses gardes, il pouvait retarder mais non empêcher l'in-
troduction des idées romaines dans la législation na-
tionale. En effet , la cour de justice présidée par le roi
^ Voy. Préambule des />Wr(» dcHuesca.
jw _>r <r
0BGANI9ATI0N JUDIGUIBE 181
continua à baser ses décisions plutôt sur les principes des
lois impériales que sur ceux des fneros, et, en Aragon
comme en Catalogne, ce fut là un des sujets de plainte
de la noblesse contre le Conquistador \
Cette imperfection du Gode aragonais, qui, loin
d'obscurcir la gloire du législateur, rehausse son habileté
politi()ue, nous oblige parfois à invoquer des secours
étrangers aux fueros pour dégager de leurs dispositions
certains principes généraux qu'elles cachent plutôt
qu'elles ne les exposent '.
Avant tout, il convient de se faire une idée de l'orga-
* Lorsque, en4264,lesrtco« ^ome« aragonais révoltés reprochè-
rent an roi de s'entourer de légistes qui décidaient les affaires d'après
le droit romain et les dérrétales et non d'après les fueros, Jacme
répondit « qu-un roi doit avoir toujours à sa cour des légistes, dé-
erélîstes et foristes, pour l'éclairer sur les nombreux et divers pro-
cès qu'il a à juger. Vous voyez, ajouta-t-il, qu'ayant sous notre au-
torité trois ou quatre royaumes que Dieu nous a octroyés, nous
avons àrendre des sentences sur des questions de nature très-diverse,
principalement parce que tous nos Etats ne se gouvernent pas par
le même fuero ni la môme coutume, et ce serait une honte que de ne
pouvoir donner notre sentence faute de connaître le droit par nous-
même ou par ceux qui nous accompagnent. Pour ce motif, nous
avons à nos côtés les légistes et décrélistes dont vous vous plaignez;
mais est-ce que jamais nous avons jugé par un autre fuero que celui
d'Aragon lorsque celui-ci a suffi pour décider la question ? » (Ghro-
niquede Jacme, cbap.ccL , voy. ci-après, liv. IV, chap. i.)
* Les Observancias (Observantiw consuetudinesque regni Arago-
num), recueil de jurisprudence rédigé d'après les ordres du roi AI-
fonse V, par le justicia Martin Diez de Aux , sont la source la plus
authentique d'interprétation des fueros ] mais nous n'avons dû y
recourir qu'avec précaution pour ne pas nous exposer à donner à
certaines loisde Jacme I*' un sens qui souvent ne leur a été attribué
que par la jurisprudence des siècles suivants Une observation ana-
logue s'applique au Privilegio gênerai, imposée Pierre 111, en 4283,
et à sa confirmation par Jacme II, en 4325, qui renferment des
principes nouveaux mêlés aux usages anciens.
i62 LI?R« fil , GtfiPftHt m
DisatioD jiiéi(>ifilire de i* Aragon, sur laquelle le rdcoMl
légal De fournit attcones donnée». La seule indtcalion (]ne
Ton 7 roDGontre est Ténuraération qui lermine la for-
mule exécutoire du pl^ambule: « Baylea , jw(wta«i çaf-
médinas j jurés, juges ^ atcaydesi fuuteros et officiers
auKjuels est confiée la charge de donoaitre les eausiea et
de les juger. »
Au soQQHiet de la hiérarchie judiciaire se trouvait na-
turellemeul le roi, qui, selon la coutuaie du moyeu à^e,
rendait lui-même la justice, et pouvait intervenir d^ins
toutes lés eauses soit seul, soit assisté de son conseiL
Seul , il exerçait le droit de grâce en matière criminelle,
et accordait, dans certains cas, des délais aux débiteurs.
Tels sont à peu près les seuls pouvoirs de quelque impor-
tance que les fueros laissent à la royauté.
Pour la plupart des affaires^ le souverain assemble
son Conseil , composé des ricos homes et de tous tenx
qu'il juge à propos de convoquer. Les ricos hotnês ne
peuvent refuser de s*y rendre, car c ils doivent conseil-
ler leur roi, dit Vital de Ganelias \ suivant la sagesse
que Dieu leur a donnée. » A ce tribunal suprême appar-
tient spécialement la connaissance des questions rela-
tives aux preuves de noblesse, à la dégradation des
thôvaliérs, à la iilialion des Uobles, à là réhabililatiOb
des individus condamnés à une peine qui entraîne avec
elle rinfamie '.
Un juge qui ne se croit pas assez éclairé pour rendre
* Blancas, Rerum aragimensifim eommehêmrii «pud Hisp. Ulual^ ,
L IIÏ, p. 788. •
' Lanote d'infèmie^châtîment d'origine romaine^ a'existait ^s
en Aragok^tiu temps de Jacme i*' ; nwis il y avait natureilemeatUDe
infamie de fait que ropinion publique» sinon la loi, tttaelNiit à cer-
taines condamnations.
une sentence peut s'en remettre à la décision c|u roi ;
d'ailleurs le fait seul de la présence de ce dernier dans
Qoe yille évoque à sa cour toutes les causes dont les jus-
tices du lieu sont saisies.
SoQS Jacme V\ Tinfant héritier de l2^ couronne n*a
pas encore les fonctions administratives et judiciaires qui
lui seront dévolues plus tard. Le gouverneur de T Aragon
D*est pas institué. En l'absence du roi, il y a seulement un
lieutenant général qui le représente, mais ne jouit pas
entièrement de ses prérogatives.
An-dessous du roi se trouvent deux hauts dignitaires
dont nous avons parlé plusieursfois, le majordome d'Ara-
gon et le ;ti«/îm. Le premier, outre ses attributions mili-
taires\ avait des fonctions judiciaires étendues; il jugeait
toutes les causes relatives aux nobles qui n'étaient pas
exclusivement réservées au roi, il pouvait faire compa-
raître devant lui tous les laïques du royaume. Tous les tri-
bunaux, excepté celui àujusticia d'Aragon, suspendaient
leurs décisions dans les villes où il se trouvait, n^ais sa
juridiction « se taisait » à son tour en présence du roi.
On a beaucoup écrit et beaucoup disserté sur les ioùc-
iion^ an justicia d'Aragon ^ Il reste encore bien des
points à éclaircir, et notre tâche est rendue d'autant
plus difficile, que nous avons à nous occuper de cette
magistrature durant une période déterminée de son exis-
tence, à une époque reculée, et au moment où elle
* V. notre l. 1, p. 286.
* Parmi les auteurs qui se sont occupés avec le plus de développe-
ment de celte institulion, nous citerons : en E^^pagne , Vital de
Canellas, Martin Se^^arra et Juan Xinienez Cerdan , tous deux justi-
das^le jurisconsulte Mictiael del Molino. Zurila, iilancas, Afso>
Mudebto Lafuente , Senipere (Hist, del derecho espanol) ; en Angle-
terre Uallam, Robertson ; en Âllen^gne , Schmidt, Gervinus; en
France, M. Rosseeuw Saint-Hilaire.
184 LITRE III , CHiLpITRE TU
commence à peine à laisser quelques traces dans les docu-
ments écrits.
Malgré le texte plus ou moins authentique de Blancas,
que nous avons rapporté plus haut, et d'après lequel le
fuero de Sobrarbe aurait institué un judex médius^ un
magistrat intermédiaire entre le souveram et la nation,
qui devait veiller au maintien des lois et rappeler au
respect des libertés le roi lui-même, s!il venait à s'en
écarter \ il est certain que le ju^^tcian'acquit une haute
importance politique qu'au commencement du XIY^
siècle, àTépoque où, suivant les expressions de Blancas,
< son pouvoir, qui avait dormi jusque-là commeun glaive
dans le fourreau, en sortit pour n'y plus rentrer V » Ce
prétendu réveil de la puissance Axijusiicia ne fut-il pas
plutôt la naissance de ses attributions politiques? C'est
l'opinion qui nous paraît la plus probable, à en juger par
les ténèbres qui enveloppent les premiers âges de cette
magistrature.
Sous Jacme I", en 1231 ', on trouve dans les docu-
ments, la première trace duju«/im d'Aragon; c'est Pedro
Ferez, frère aîné de Ximeno Ferez de Tarazona, premier
rico home de mesnada *. Mais le juslicia dut exister de
toute antiquité comme juge de la cour du roi. Malgré les
phrases pompeuses de Blancas et de Zurita à propos du
^ Voy. la lettres de Juan Ximenez Cerdan, justicia d'Aragon , à
Martin Diez de Aux, son successeur, dans les Faeros y observancias
de Aragon,éiïii. SavalletPenen, t. II, p. 81.
* Blancas, apud Hisp, illustr.
3 Voy. nolret. I, Piècesjustific.,p. 458.
* La Chronique royale, à propos du siège de Burriana, qui eut
lieu en 1233, parle de Pedro Perez « le iusticia^ fort entendu en fue'
ro8 d'Aragon, à cause des diver;s cas qu'il avait continuellement à
juger.» (Chronique de Jacme, chap. xxx.— Voyez aussi notre tome I,
p. 3i7.)
LA JU8TIGIA 185
nom donné à ce magistrats c parce qn*il est la personnifi-
cation de la justice > , ou bien parce que les Aragonais,
« par respect ponr la royauté, n*ont pas voulu mettre
entre eux et leur roi d'autre médiateur que la justice
elle-même >, il est certain qu*on donnait le nom àejus-
ticia à presque tous les juges ordinaires, y compris ceux
que les ricos homes établissaient dans les villes possédées
par eux à titre à'honneurs. Lorsque, sous Pierre II, les
barons cédèrent la haute justice en échange de Thérédité
des honneurs, \ejusticia voyd\, qu'on appelait aussi jusiù
cia mayor on justicia de Saragosse, vit sa juridiction
s*étendre, son importance grandir; c'est alors qu*il
échangea son nom contre celui de justicia d'Aragon.
Cependant ses attributions ne consistaient encore qu'à
examiner les causes, soit en présence du roi, soit par
son ordre, soit aussi en présence du majordome; à diriger
la procédure, à donner son avis, et à prononcer la sen-
tence que les autres membres du tribunal « mettent dans
sa bouche >, suivant l'expression de l'évéque Vital. « Il
n*a à craindre aucune peine, ajoute ce jurisconsulte, pour
ce qu'il prononce ainsi, car ce n'est pas lui qui rend la
sentence, mais ceux auquels, dans ce cas, il doit obéir V »
Les procès entre nobles ', ceux où le roi figuraitcomme
* Nous ne savons comment il se fait que plusieurs historiens étran-
gers à TEspagne ont travesti ce nom en celui ùejustiza.
^ Blancas, Rerum aragonensium comment. ^ apud Hisp. illttstr.,
t. III, p. 722; — Sempere , Hist. del derecho espanol ^Yib. III,
cap. XX.
' Le tribunal du justicia ne connaissait de ces causes que lorsque
les parties n'étalent pas soumises à la juridiction d'un seigneur par-
ticulier ou du juge d'une ville autre que celle où résidait la Cour.
(Voy. Blaiicâo apud Hisp. illustr.^ t. 111, p. 732.) D'après le Privi-
legio gênerai de 4283. qui invoque « le fuero et Panlique u^agei),
les bourgeois et les prud'hommes des villes doivent aussi assister le
juitida dans la décision des affaires. (Voy. Fueros , édit. Savait et
PenoD, t. I, p. 12.)
iM LITRE Hl^ CBàFITRE TII
partie étaient jagés de cette manière ^ Des senteoees
ainsi rendues on appelait aa souverain seul qai déléguait
ordinairement un juge pour examiner de nouveau Taffaire.
Après ce dernier arrêt, on pouvait recourir au roi par
voie de supplication V
Le justicia était nommé à vie par le souverain et choisi
dans Tordre des chevaliers; il ne pouvaitétre révoqué que
è
pour des motifs graves ; il suivait la cour tant quelle se
trouvait dans le royaume d'Aragon et était nourri aux
frais du roi '.
Voilà tout ce que nous savons de positif sur cette magis-
trature au temps de Jacme l" *. Gomment un modeste
* Puero d'Exea; voy. Fueros^ 1. 1, lib. I , de Officio justitim Àra-
gonum. Dans toutes les éditions publiées depuis 1547, les fueros de
Jacnael*' encore en vigueur à cette derniè'-e ddte, ont été refondus
dansunnouTeau classement; ceux qui étaient alors abrogés ou hors
d'usage ont été rejetés vers la fin du recueil en conservant leur
classification primitive. 11 y a donc deux séries de livres : 4 <> celle des
lois en vigueur en 1547, insérée au tome 1 de l'édit. Savall et Penen;
S<> celle des lois abrogées qui fait partie du tome H. Celte division
étant celle des éditions les plus répandues des fueroi^ nous Tavons
adoptée pour nos renvois.
^ Zurita, Anales^ liv. H, cap. lxiv.
* Fuero d'Exea. — Voy. Fueros, t. 1, lib. I, de Officio jusHtia
Àragonum; — Blancas.p. 722.
* Len* 1122 des Parchemins de Jacme I*' aux archives d'Aragon,
fait connaître, dans tous ses détails, la procédure usitée devant la
/u^a'cta d'Aragon. 11 s'agit d^une cooteslalion entre le précepteur des
Templiers de Monzon et un infanzon nommé Garcia de Orciva qui ,
en sa qualité de noble, refusait aux Templiers le service de Vhosi,
pour une vigne située dans le territoire de la préceptorerie de Monzon.
Après l'exposé des faits de la cause et des diverses pèases du procès,
parmi lesquelles nous remarquerons la défense faite par Térêque
de Huesca à deux avocats de cette ville de plaider pour les Tem-
pliers, le dispositif de la sentence commence en ces termes:
« Nos vero M. Pétri, jtisiicia àragonum* auditis et intellectis ratio
nibus et allegationibus partium universis et super bis omnibus dili-
genti tractatu adtiièilo née non requisito diligenter atque soUiciC e
lA WSTMIA 487
âTitîKaîfe de la eonr da roi devint*)!, dans les 8ièele8 sui-
vant!» le dépositaire d*un pouvoir presque égal à celui du
souverain? Il nous parait facile de se rendre compte de
oette transformation.
Au milieu de nobles et de prélats presque tous étran-
gers i la science du droit, de légistes imbus des princi-
pes romains, seul \ejuslicia représentait le droit national
que^ mieux que tout autre, il devait connaître, car c*était
lui qui recherchait, dans le dédale des fueroa et des cou-
tumes, les textes applicables à chaque affaire, qui les
interprétait et éclairait Topinion des vrais juges. Ces lois
de leur pays, que les Aragonais mettaient au-dessus des
rois, c'est par la bouche du justicia qu'elles parlaient;
aussi le culte que la nation entière avait pour elles s'élen-
dait-il jusqu'à cette magistrature qui en était la gardienne
et l'interprète. De là à faire de celle-ci le premier pouvoir
politique, il n'y avait qu'un pas, et les rois eux-mêmes,
à commencer par Jacme V\ facilitèrent cette transition.
Le Conquistador «— « on le voit par la faveur dont jouis-
saient Pedro Ferez et son frère Ximeno — se servait
déjà àxx justicia pour agir sur l'esprit de la majorité dans
les conseils du royaume. Aussi, aux certes d'Exea, les
seigneurs voulurent-ils que les abus de pouvoir de ce
magistrat pussent être sévèrement réprimés. Us exi-
gèrent , en conséquence , que le justicia fût toujours
choisi parmi les chevaliers et non parmi les ricos homes,
ceux-ci ne pouvant jamais être assujettis à une peine
corporelle *.
a Domino Hege Aragonis, a dompno P. Cornelii miijore doropno et
tenente locum domini liegis Aragonis etab aliis quampluriniisjuris-
^iidentil>us tam richis bominibus quam civibus Aragonis de man-
date «peciaii domini Regii> et dicU doxnpni P. Cornelii dicimus
judioaodo, quod... d
^ Fueros^ 4. \, iiv, 1^ de OffiMiusHtiœ Aragonum; Hlancas, p. 756.
188 LITRE III, CHAPITRE YII
Jacme et ses successears augmentent les prérogatives
et rindépendance du juslicia pour entraîner, avec Taide
de ce puissant auxiliaire, les lois et la nation dans une
voie toute favorable à la royauté. Ils ne prévoient pas
que rallié d*aujourd*hui sera demain un rival et prêtera
son concours à la haute noblesse, qu*il est destiné à com-
battre. Si nous ajoutons .qu*une série d'hommes remar-
quables par leur talent et leur caractère rehaussa Téclat
de ces fonctions , on ne s'étonnera pas des proportions
grandioses que cette institution atteignit insensiblement.
Si le judex médius n'existait pas dans le royaume de
Sobrarbe , il fut de tout temps en germe dans les fueros
et dans le caractère du peuple aragonais , comme tout
ce qui personnifiait la résistance de la nation à Tabsoln-
tisme d*un seul. Il en est de même du fameux privilège
de Yunion, qui autorisait l'opposition armée des sujets
aux empiétements du pouvoir royal. Il ne fut reconnu
expressément par la loi que de 1288 à 1348, et pour-
tant, bien antérieurement à cette période, il s'affirme
dans l'histoire d'Aragon, et en particulier durant le règne
qui nous occupe.
La nation au-dessus du roi , les lois au-dessus de la
nation, tel est l'idéal aragonais, et tout ce qui flatte
Gervinus prétend que les rois établirent cette règle pour se faire
un appui du justicia contrôla haute noblesse. Cette erreur se réfute
par cette seule observation que ce fut précisément la haute noblesse
qui imposa les fueros d'Exea à Jacme 1*'. 11 était de l'intérêt de
tous que \e justicia pût être puni s'il employait des moyens coupa-
bles pour faire rendre des sentences iniques. Que les rois se soient
servis de ce magistrat pour contre-balancer la puissance des rieos
homes, c'est incontestable ; mais le fuero dont nous parlons a eu un
but tout à fait opposé. Il s'agissait, au contraire, en ce moment d'en-
lever à un allié de la royauté une prérogative dont il eût pu abuser.
OBGAfnSATlON lUDIGlAUE 189
ces aspirations est revéta par l'esprit public du prestige
qui environne les fueros de Sobrarbe*.
Nous ne trouvons pas davantage dans les lois de
Jacme V la trace des « deux plus fermes remparts des
libertés aragonaises », l^jurisfirma et h manifestatio ^ ,
en vertu desquelles le justicia pouvait évoquer toutes les
causes sur la demande des intéressés ; la jurisfirma
s'appliquait aux biens , la manifestatio aux personnes.
Par cette dernière , le condamné , même à l'instant où
il va subir sa peine, peut invoquer le secours du premier
magistrat du royaume par la formule fuerza ! fuerza !
« comme s'il était prêt à succomber sous une attaque
Tiolente »; dès lors il est remis au pouvoir du justicia,
qui révise le procès.
Ces deux institutions sont mentionnées pour la pre-
mière fois dans les fueros en 1398, mais dans des termes
qui indiquent leur existence antérieure. Elles ne parais-
sent pas cependant remonter au temps de Jacme ^'^
Ce n'est que postérieurement au règne de ce prince,
lorsque les nobles et les prélats négligèrent de siéger
pour la décision des procès ; lorsque le roi, absorbé par
ses occupations politiques , se contenta de présider son
* Trois puissances, d'après Blancas, défendent les libertés arago-
naises : le justicia y les ricos humes^ Tunion du peuple entier. « Le
premier de ces moyens, ajoute rhistorien, est juridique; le second,
domestique; le troisième, militaire et populaire. » Rerum arag.
comment., apud Hisp.illust. p. 794.
* Le nom latin a prévalu ; on disait en vieille langue aragonaise
firma de dreyto et manifestacion.
' Schmidt assure que la jurisfirma est mentionnée dans le Privi-
legio gênerai (42S3). Il confond la firma de dreyto, firma juris diyec
la fianza de dreyto, fidantia juris ^ caution de se présenter en jus-
tice donnée par le défendeur. Celle-ci existait de toute antiquité î
c^est une des bases de la procédure dans les fueros même de Huesca.
MO ufMt m, cBAMfM ra
tritmnftl particulier saas assister uk {rfaîds Iams eu
présence du justiciay qM s'introdaisit dans le Uriboial
de celui-ei l^usage, commun déjà à toutes les autres
justices du royaume, en vertu duquel le juge décidait
les causes après avoir demandé l'avis de tous les j«ris<-
consultes du lieu, convoqués à cet effet. Plus tard
encore, lorsque les procès se multiplièrent, les lieQto-
nants dujusiicia furent institués.
Nous avons dit que, sur l'appel d*une partie, use
affaire jugée au tribunal du jnstioU pouvait être porlée
devant le roi seul. Dans ce cas, celui^i déléguait ordi-
nairement un jurisconsulte pour connaître de la cause.
Ce magistrat temporaire, nommé spécialement poiir«B
procès déterminé, portait le nom de juge délégw \
Dans chaque cité, dans chaque localité de quelque
importance, le roi établissait des juges permanents,
dLipfe\ésjusHcùi9 dans les principales viHes , alo^ydes dM3
les autres ; « mais leur pouvoir et leur juridictiou sont
toujours les mêmes » , dit Vital de Ganellas '. Ce sont les
* Ces juges sont appelés quelquefois judioes eurim , oftdiUtre^
ouriœ. Les premiers prononçaient des sentences, les seconds devaient
seulement rendro compte au roi de ce qui avait été discuté devant
eux afin que le souverain put décider. (Blancas, p. 785).
2 Vital de Canellas ne parle ici de Valcayde qu'au point de vue de
ses attributions judiciaires, car le texte des chroniques et des docu-
ments indique assez clairement que l'a/cayde joignait souvent aux
fondions de juge celles d'administrateur, de chef militaire, ou, pour
mieux dire, d'agent du pouvoir exécutif; il y avait quelquefois
dans la môme ville un alcayde et un juge ordinaire. Ainsi, à Sara-
gosse, le zalmedina jure de ne donner aux plaideurs aucun conseÂi
qui « serve à Valcayde de la cour ou au seigneur. » (Voir le privilège
accordé, en 4256, par Jacme 1" à la ville de Saragosse). D'autres fois,
on nommait un alcayde pour juger les procès des Sarrasins et un
zalmedina pour juger ceux des cbrétieiis. Ue jour des kaleudes de
juin (4^' juin) 4 245 , le commandeur de Mlirabet, de l'ordre du Temple,
le précepteur de Tortose, et Ramon de Moncada nomment, du con-
ORGAltlSlTIOIl JUDIClàlM IM
chefs de ta justice ordinaire dans leur ressort; ils déci-
dent toutes les affaires civiles et crininelles avec Tas-
sistance des jurisconsultes ou des prud'hommes du lieu
où la cause se juge ^
Lqs zalmedinas ou zavalmedinas* sont, d*après Tévêque
Vital , des officiers nommés par le roi dans les cités.
A cette explication fort insuffisante , nous joindro-os les
indications fournies par un privilège que Jacme T' con-
céda, le 15 juin iâ56, à la ville de Saragosse pour Télec-
tion de son zalmedina. Ce fonctionnaire, choisi annuel-
lement par le roi sur une liste de six candidats présentée
par les prud'hommes, n'est autre chose que le juge
ordinaire de la capitale , chargé de « juger, définir et
déterminer toutes les causes *. »
Nous avons déjà parlé des fonctions defray/e, qui, en
Aragon comme à Mayorque et à Valence, se réduisaient
à la perception des cens , rentes et autres revenus royaux
et à la décision des contestations relatives à ces revenus ^.
senlement de Vaîjama (communauté) des Sarrasins deTorlose,
Talcayde sarrasin de cette ville, lui défendant de s'immiscer dans
les questions qui sont du'ressort de a ValmedinaT^ lequel, à son tour,
doit s'abstenir d'empiéter sur la juridiction de i'alcaydo (Archivée
d'Aragon, parctiemins de Jacme !•', n* 43;.
* «Afin d'éloigner tout motif de soupçon , quiconque a été consulté
par le juge ne doit donner conseil à aucune des parties , excepté à
celle qui lui aurait déjà demandé son avis une première fois dans
la même cause. Cela doit s'observer dans toutes les affaires., b
{Fueros t. I, liv. III, de Judiciis] Cf. liv. II, de Procuratoribus,)
^ De l'arabe zaval, seigneur, et médina^ cité; vice-seigneurs des
cités.
* Archives d'Aragon, parchemins de Jacme i", n* U49. — CoUeocion
de documentas ineditos, t. YIII^ p. IM.
* «Que le bayle ou ceux qui auront ou recevront nos rentes, cens
et autres revenus ou qui auront l'administration d'une baylie,n'en^
tendent, ne décident, ne jugent ou ne terminent aucuns plaids cri-
minels ou civils, si ce n'est seulement les plaids et les demandes qui
192 LIYRB III , GHAPmB VU
Les justictas et autres juges rendaient compte aux
bayles de leur gestion sous ie rapport financier, c'est-à-
dire de la perception des amendes et des frais de
justice*.
Le préambule des fueros mentionne encore les jurés
et les junteros : les premiers sont des officiers munici-
paux qui n'ont pas, à proprement parler, de juridiction,
mais qui doivent souvent faire exécuter la loi; les
seconds, appelés aussi sobrejunteros ', avaient des fonc-
tions analogues à celles des viguiers de France et de
Catalogne. De même que la Marche espagnole était
divisée en vigueries , une partie du royaume d'Aragon
était divisée en districts appelés junlas^, réunions, parce
que tous les hommes du district en état de porter les
armes devaient se réunir sous les ordres du juntero oa
porteront sur nos cens ou nos autres rentes, lesquels plaids el
demandes seuls ils doivent ouïr, juger et terminer.» (Purs de Val,^
liv.l, rubr. III, fur. 72.)
^ Schmidtse trompe lorsqu'il dit que « les^u^e^ ordinaires nom-
més par le roi dans ses villes et dans se^ principaux bourgs s'appe-
laient alcaydeSfZalmedineson hayles.n Le mot de hayle est pris quel-
quefois dans le sf'ns étendu de représentant du roi. Par exemple,
au titre de Jurisdictione omnium judicum (Fueros^ t. 1, lib. ill),
tt il est défendu, à tout autre qu'au roi ou à ses bayles, de faire des jus-
tices de sang», au {ï{Tededilationibus(i. 1, lib. il!), il est parlé des
zalmedinas et autres bayles.
* Les £o&r<>juntero5 sont quelquefois appelés pactanï dans la tra*
duction latine des /u£ro5.
^ C'étaient \csjuntas de Saragosse, fluesca, Sobrarbe, Exea, Tara-
zona et Jaca; le comté de Ribagorza, formant une viguerie, selon les
. constitutions de Catalogne, n'était pas compris dans cette division
par j'unfa^, non plus que les villes de Calalayud, Daroca, Teruel.
Celles-ci, situées sur les frontières de Caslille et de Valence, ren-
fermaient une nombreuse garnison sous les ordres d'un chef mili-
taire, qui joignait à son commandement les fonctions de chef de
junta.
irxi DES PEB80N1IBS KT DES.TEBRBS 193
wbrefuntero^ afin de poursuivre les malfaiteurs , d'établir
Tordre, de faire respecter les paix et les trêves , d*as*
snrer Tesécntion des sentences lorsqu'il était nécessaire
d'aB déploiement de forces. Les sobr^unieros devaient
toos être chevaliers et expérimentés dans les armes;
s'ils occasionnaient un dommage quelconque illégale'^
ment, ils le payaient au double. Le juge, de son côté;
est responsable des ordres injustes qu il peut donner aux
chefs des juntas*.
Au-dessous des officiers que nous venons d'énumérer
se trouvait le merino % chargé de l'exécution des ordres
du roi et des sentences des juges. Il faisait certains actes
de procédure, mais ne rendait aucun jugement; il aviât
au-dessous de lui des agents appelés sayones, sorte de
sergents ou alguazils.
Après avoir jeté un coup d'oeil sur les interprètes et
les instruments de la loi, il convient de nous occuper des
objets — hommes et choses — sur lesquels s'exerce son
action.
Nous avons déjà parlé de l'état des personnes et des
terres en Aragon ^ ; il nous reste à compléter ce que nous
*■ Yoy. Vital de Canellas ap. Biancas, p. 784 ; Zurita, Anales , ad
annum 4260. — Les junlas et les sobrejunteras ^ existaient aussi
dans le royaume de Valence ( Voyez Privil, de Valence, ^ xxvii,
n* 88).
* De mcnrendo^ diaprés Vital, parce qu'ils sont forcés de réparer de
leur argent et naturellement à regret {mœrendo) le dommage qu'ils
onl pu causer en exerçant leurs fonctions ; ou bien encore, dit le
même auteur, de merilo parce qu'on les récompense « suivant leur
mérite en bien ou en mal. » Nous préférons à ces deux étymologies
hasardées celle de mayorinOf diminutif de mayor; sayon ou algua-
zil mayor^ mayoHno, (Voy. Lafuente, Hist. de Espana, Part. 11,
Mb. 1, cap. XXV.) On appela quelquefois merino, surtout en Cas-
tille, un juge royal , juez mayor, jwz mayofino .
» Voy. n. t. 1, p. 434 et 274.
T« ik 13
fM LtTlB XU , CBAMnB Vil
•si âvôDs dît par quelqoes netiooi qui se rappoiimi pNis
parlicalièpement 3a droit.
H est iDooiite3ta|>le qoe, dans le royanoie d'Arafoo,
la terre et l'komiae sent aiiis par les Heos les plos étroits.
Dans ce pays agricole, tonte influence, tout pouvoir indi-
vidaelt repose sur la propriété territoriale. Le se) et son
possesseur se prêtent un mutuel appui : leur séparation
par vente, échange oi) donation ne se présume pas ; ainsi,
tandis que l*immeuble roturier acquis d^uo homme do
roi par un infomon\ devieqt noble, Vmfanzon, à son
tour, pour faire la preuve de sa noblesse {salw mfbn^
itooicB), doit le plus souvent joindre le témoignage de soo
tnanoir (coanfo') an serment prêté par deux chevaliers
sur les saints Évangiles en présence du souverain*. La
seule preuve qu*un immeuble a appartenu à ra!enl de
celui qui le réclame oblige le défendeur à établir la légi-
timité de sa possession^.
Cependant , malgré cette puissance de la terre et ee
respect que la loi professe pour elle, des historiens d^ne
haute autorité ont nié l'existence d'une vraie féodalité en
* Le mot infanzon sert ordinairement à désigner le simple noble qui
n^st ni rko bome^ ni memidero, ni ct^alier ; mais il est pris |Mr
les/ÎMrai dans son «oception la plus éteadue et s'applique à tentea
lu catégories da nobles, y compris les riooshomm.
^ Les cbevaliers qui prêtent serment doivent, «s'il est nécessaire,
contrer le manoir d'où procède la nobl^asede Tin/MMa.» {Fmros,
1. 1, lib. VU, deConditùmêint^anlwn^tua.)
s i^fierof,, 1. 1, lib. lY, d$ Pn^UoniXm; \\b. VK, dk G^miWmê
infationatw et Quomoda quis debetU «tiain in(9if^ti»niam MHwrf. Ge
dernier titre renferme lui article du ffê0ro d'Ëiiaa. Aalérieuremeot iee
dernier acte législatif, l^ deux chevaliers qui ati^slaient la aoblesaa
<^^vaiont Atre parents paternels de celui qui fai:^l li^ preuve*
« FMfr^, t. ^, lib. m, FamUim Imcwundm, libu IV, di FrwiaHaim
bus. 11 ne suffit pas 4^ prouver queVimm^vhto ^ apparteaf m Ua*
aïeul du demandeur.
LA FliOBiLlMl SM ARAGON |96
•AimgOD» It ne 6*agit, au fond , que de s'entendre sur les
mots.
De grands vassaux de la couronne, à peu près indé-
^ndants 4 vWant dans leurs domaines au milieu d*une
cour plus brillante souvent que celle du monarque , faisant
battre nonnaîe, donnant des lois particulières à leurs
sujets, levant des impôts arbitraires\ jouissant, en un
nat, de la plénitude des droits régaliens; c'est ce qu'on
De v<rft ni en Aragon, ni en Castille, et en cela ces deux
royaumes diffèrent profondément de la Catalogne, où les
choses sont organisées comme en France. Si Âifonse III
d*Aragon disait qu'il y avait dans son pays autant de rois
que de ricos homee, il faisait allusion non pas à la puis*-
eance des barons en tant que seigneurs féodaux, mais à
la part qu'ils prenaient tous au gouvernement de l'Élat.
Chacun d'eux était, s'il est permis de s'exprimer ainsi ,
une fraction de roi d'Aragon et non le souverain unique
d*une portion déterminée du royaume. En ce sens, on a
pn dire avec raison que la vraie féodalité, celle qui repose
mr la confusion absolue des droits du propriétaire et des
droits du souverain, n'a jamais existé en Aragon. Il
est remarquable encore que le mot flef , qui se trouve à
toutes les pages du code catalan, qui s'est glissé dans
celui de Valence, malgré le désir de Jacme de l'en
«xclure, ne soit pas écrit une seule fois dans les fueros
deHuèsûa^ non plus que dans ceux d'Exea.
L'Aonor^ la cavalleria, l'héritage noble ou roturier
* lArieohome ne peut im|K>ser aux hommes des honneurs et des
cbftteaux qui lui ont été concédés, aucune charge ou exaction inso-
Ule» ni Wô opprimer ou iiggrftver leur position, sous peine d'être
privé iêkonki leidooiaiDes qu*il iienidu roi ( Fueros^ 1. 1, lib. Vil,
de Stipendiis et Stipendiuriie),
196 ' LIVRE 111 f CHAPITRE VU
( hœredUas infaniiona aut villana^), sont les seuls modes
de propriété meationnés dans la loi. Dans ces terres
Dobles, qai De sont ni honneurs ni chevaleries^ faut-il yoir
desalleus, comme le voudraient ceux qui nient Texistence
du fief en Aragon ; ou bien des fiefs , comme le croit ua
savant historien qui ne trouve dans ce pays aucune trace
de propriété allodiale? L*un etTautre, selon nous.
L*alleu est tout à fait conforme au caractère aragonais,
qui souffre difficilement les entraves du vasselage et
respecte trop la constitution du royaume pour favoriser
l'établissement de petits États dans TÉtat. Mais là, comme
ailleurs, les nécessités d*une époque de lutte n^ont-elles
pas dû forcer le faible à rechercher Tappui du fort, le
roturier et le simple noble à mettre leur alleu sous la
protection d*un riche terrien, moyennant fidélité et pres-
tation de redevances et de services? Les terres nobles
ainsi recommandées ne sont-elles pas de vrais fiefs? C'est
ce qu'on ne saurait contester, et, s'il fallait citer un
exemple remarquable de fief aragonais, au milieu de tous
ceux que nous offrent les chroniques et les histoires, nous
nommerions la seigneurie d'Âlbarracin , fief de la Sainte-
Vierge , disaient d'abord fièrement ses possesseurs, les
ticos homes de la maison d'Âzagra, et, plus tard , fief de
la couronne d'Aragon *.
Les honors , dont quelques-uns , malgré leur nom , ne
sont autre chose que de grands fiefs, les cavallerias^ ^ les
* Voyez entre autres passages des Fuero»^ t. ],Hb. VII, de Immu*
nitatemilitum et infantionumeorumque privilegiie (fuero à'E}Les)fei
t. U, lîb. 111, de Pœna temere Utigantium*
^ Voyez noire 1. 1, p. 469.
3 La eavaleria était tantôt une terre, tantôt une simple rente
(Voy. Observaneias de Aragon^ lib. VI, de Conditione infantUmaiue ,
g 2 et lib. IX, de Privilégie generali^ § 23).
LA NOBLESSE EN ARAGON 197
fiefs simples ou héritages nobles soumis à des devoirs
de vasselage par rapport à d'autres terres , les allens no-
bles, les allens roturiers, les fonds assujétis au cens,
aux redevances et aux services vils, tel est Tensemble de
la propriété aragonaise. On ne peut refuser d*y voir une
organisation féodale , bien qu*on n*y reconnaisse pas tous
les caractères politiques du système en vigueur à la même
époque en Catalogne et en France.
I^s terres nobles et roturières qui n'étaient ni hon-
neurs, m fiefs, ni chevaleries, pouvaient passer sans
aucun empêchement dans les mains des individus de
tonte classe. Il semblerait que Jacme essaya d'introduire
en Aragon les prescriptions qui défendaient aux nobles
d*acqnérir des immeubles, car le fuero d'Exea revendique
pour les infanzons le droit d'acheterles terres des hommes
du roi et de les posséder comme « nobles, franches et
libres de tout service royal *. » Mais, si la terre soumise
an cens est sous la suzeraineté d'un autre seigneur que le
souverain, elle reste roturière en passant dans les mains
d*un infanzon, et celui-ci doit en acquitter toutes les
redevances •.
Nous avons parlé ailleurs des principaux privilèges
des nobles aragonais, et du droit de desnaluralizacion ,
qui caractérise si étrangement la féodalité espagnole ' ;
• Pueros, t. 1, lib. VII, de Immunitate militum et infantionum; cf.
Ohservancias, lib. VI, de PrivUegiis militum^ § 1 el 2.
• Fueros, \. I, lib. IV,rf« Jure emphyteotico el de Rerum Testatione;
cf. 0bêervanGia8f\ïb,\lfdeGenêralibu$ PrivUegiis totius regni Ara-
goniœ, g ^3.
• Tome I, p. 275 et suiv. — Voy. aussi Fueros, t. I, lib. VII , de
Ccmditiùm infantionatus, de Re militari ^ de Expeditione infantionis,
de Cavalleriis . — Observaneias , lib. VI, deCondilione infant., de
PriviUgiis militum et nepotum militum. Le droit de se dégager des
liens du vasselage est en germe dans le fuero juzgo (Liv. V, tit. III,
1. 4), et danslaloi des Lombards (Liv. III, tit. XIV, 1. unique.)*
196 uTum, oBAmBftTii
mais nous devons faire remarquer que, àé^k m temps d«
Jacme r% le roi pouvait faire noble un individu isâu d*ttM
famille roturière : de là une noblesse de création à côté
d'une noblesse de race, iesinfanzonesdecarta^kcùiéAw
infanzone8ermunio8\ Le roi, ou son délégué spécial pou»
vait fairechevalier quelqu'un qui n'était ni noble, ni boar*
geois d'une ville privilégiée* ; mais un rico home qm an*
rait tenté de s'arroger ce privilège aurait perdu son honùr
et serait devenu incapable d'en posséder jamais. Si quel-
ques chevaliers oublient « qu'ils ont été établis pour la
défense des autres hommes et renoncent à cette hono*
rable prérogative, dépouillant toute crainte de Dira,
ensevelissant toute honte, ne craignant pas de souiller,
par leurs brigandages et leurs méfaits, la dignité qui lent*
a été transmise avec la ceinture militaire, > le pribce^
d'après un antique usage du pays de Sobrarbe, les 4é^
grade « en coupant leur ceinturon parderrière, au-dessus
des reins , de telle sorte que, la courroie divisée, Tépée
tombe à terre •. »
Tandis que la noblesse a son code dans les ftieros dé
Huesca, et surtout dans ceux d'Exea, la boui'geoisie a le
sien dans les cartas pueblas et les fueros municipaux » qtii
accordent aux habitants de chaque ville des privilèges par^
ticuliersi Jaca *, Arguedas, Saragosse , sont les premières
' Voy. Vital deCanella^, ap. Blancas, p. 7^7. *^Brmumo (hêrm^
nius en latin) est synonyme d'ingénu.
3 Fueros, 1. 1, lib. VU, d$ Creati&ne militum. Sous Jean II, aux
cortèsdeCalatayud, en 4451, le roî s'interdit ce pouvoir ainsi que
celui de créer des nobles.
9 Fueros^ t. I, lib. VH, dé Re militari.
* Le roi Ramire II, le Moine^ accorda aux bourgeois de éaea le
fuero de Montpellier, dont les privilèges étaient les plus étendus de
Pépoque. (Scbmidl> Geschichte aragonien'ê im MiUelaltêry pv 995.)
Le fuero de Jaca fut considéré en Espagne comme le type du lion
fuero.
BOOnOSOiSi PifflANS ET IS11F8 tW
TÎU«s de TAragOD auxquelles ait été coneôdée «ne
€ barto coDununale. La capitale du royaume jouissait sur-
tout de privilèges étendus qui mettaient ses habitants sur
le même rang que les in/nnzims. Ils avaient ^ en outre i le
libre usage des forêts royales « des p&turages et des eaux
qui avoisinaient leur ville. Ils étaient presque partout
exempts des droits de leude , et évitaient la prison et la
saisie en donnant caution de comparaître en justice*
Enfin ils ne pouvaient être cités que devant les juges
rojanx de leur ville ^
Les vilains se divisent en paysans (pagmm), habitants
des bourgs et des villages , et en rustiques spécialement
affectés à la culture du sol. On appelle ceux-ci quiAo-
neros; ils sont soumis pour le lot de la terre (quinonj^
qa*ils cultivent à une redevance en argent ou en nature,-
nommée , suivant la manière dont elle se perçoit, pr^cana
oa novennaria. Il y a plusieurs catégories de quinoneros
la plus infime est celle des vUlanos de parada ^ appelés
primitivement du nom latin deco/Zatom^ ou coUati ien-
delU ^ à une époque où ils étaient à la merci de leurs
maîtres, qui avaient sur eux droit de vie et de mort. Si
le sol était partagé entre les fils du seigneur, les collaterii
pouvaient être coupés en morceaux pour être divisés
entre les enfants de leur maître (inter filios dominorum
suorum gladio dividendi ^^
* Fueros^ t. 1, lib. Vil, de Creatiane militum, fuero de Jean 11; —
Observandatj lib. Vl^ de Conditioneinfantionatm, Ji ^.— Ve}. sur la
bourgeoisie d'Aragon les excellentes recherches de Schmidt (G0#*
fkichte aragonien's, p. 395 et suiv.j.
^ ObservanciaSy lib. VI, de PrivUegiis dominas infaniiimx^ g 9.
' Observancias, lib. VI, de PrivUegiis domin» infaniionad, § 9 ; —
Blancas, Rerum aragonensium comment .^ a|». Hisp. illustr.^^. 739.
— Schmidl prétead que les coUaUrii étaient lei dec^cendants des
premierâ Sarrasins soumis parles armes chrétiennes.
900 LITBB m , CHAPITRE tn
Hais, à la suite <I*une révolte, ces infortuoés obtinrent
quelque adoucissement à leur condition et changèrent
leur nom en celui de vilains de parada S Plus heu-
reux que les serfs de poursuite français et catalans, mais
plus malheureux que les solariegos castillans, ils purent
dès lors quitter leur seigneur en lui ahandonnant tout ce
qu*ils possédaient. Ils étaient obligés de servir de caution
à leur maître toutes les fois que celui-ci en avait besoin;
mais cette obligation cessait si le seigneur ne les îndem-
sait pas de cequMls avaient été forcés de payer à ce titre'.
On prélevait sur eux un impôt personnel en nature, ap-
pelé devèria •.
Tout individu réclamé comme serf doit prouver qu*il
est libre par le serment de deux infanzons sur rÉvangile
et la croix. Les enfants suivent la condition du père, ils
sont nobles si le père est noble , serfs s*il est serf, quelle
que soit la condition de la mère ; mais si , étant nobles,
ils possèdent des terres roturières, ils doivent pour ces
terres les redevances et services vils. Le vilain qui épouse
une femme noble est libre tant qu'il vit sur les biens de
sa femme. Celui qui demeure dans la maison d*uo infanzon
est dispensé A'hosl et de chevauchée, excepté pour les
terres qu'il peut tenir du roi *.
A côté , ou plutôt au-dessous du serf, se trouvent la
Sarrasin et le Juif. Ils peuvent posséder et passer des con-
trats, témoigner pour ou contre un chrétien dans les
* Parada, séjour, demeure. D'après les Observaneias (loco ettoto),
ilssont ainsi nommés parce qu'ils ont arrêté (paraverunt) \es coudî'
lions avec leurs maîtres, a De Parada, id est de Conventione » , dît
Blancas, p. 732.
* Fueros L II, liv. ÏV, de Fidejussoribue .
' Blancas, p. 728 et 729.
^ Fueros, t. I, lib. Vil, de CondiHone inftmtionutus et de Procla^
mantibus in servitutem.
proeès^ OÙ Ton de leurs coreligionnaires est partie. Ils
payent la dîme an roi pour tous ceax de leurs biens qai
ont autrefois appartenu à des chrétiens. Car les terres des
Sarrasins nonvellement soumis ne sont assujéties qu'aux
diarges imposées par les traités. Ils ne peuvent Tendre
leurs biens à des chrétiens sans le consentement du roi
on de son bayle. Les Sarrasins qui n*ont pas été
amenés captifs des pays étrangers par leur maître ont
le droit de quitter celui-ci, en lui abandonnant tout ce
({ii*ils possèdent V
Si des considérations générales sur les personnes et
les biens nous descendons à Texamen des formes judi-
ciaires, nous sommes frappés d*abord du système adopté
pour assurer la marche des affaires et Texécution des juge?
ments. La caution est le pivot sur lequel se meut toute la
procédure aragonaise: caution de comparaître en justice
comme demandeur, comme défendeur ou simplement
comme témoin, caution de prêter serment ou d'affronter
répreuve du duel au jour fixé, caution de faire ou de ne
pas faire, telle est à peu près Tunique sanction des contrats
ainsi que des décisions judiciaires, qui ne sont au fond
qu'une espècede contrat, car dans le peuple de Sobrarbe,
comme dans toutes les sociétés primitives, la justice n'a
guère que le caractère d'un arbitrage. Ainsi l'actionne
doit jamais être intentée par le seigneur représentant
FÉlat, mais par la partie lésée, et le seigneur doitjager
d'après le fnero des deux parties*. On peut toujours
* FueroSy t. II, lib. VU, de Judœis et Sarracenis^de SarracenU
fugitivU, de dedmis Judxorum et Sarracenorum, de non alienandis
posHSêionitms tributariis Judœorum et Sarracenorum,
' Fueros. 1. 1, lib. 11, de Postulando, a Si le seigneur du lieu dit à
quelqu'un : a Tu as mal agi en faisant cela 9, on ne doit rien lui ré-
pondre, parce qu'il est le seigneur du lieu, et il peut dire tout ce qui
luiplalt, soit en bien, soit en mal. »
soi LITBE Uii QBàflfBI TU
composer» au criminel comme au ei?il , excepté daAe iee
ca» d* homicide manifeste et de trahison V La société ne
dispose d'aacun moyen de faire respecter les Benteocas
de ses représentants; il faut donc que tous ceux qui ont à
jouer un rôle dans une affaire s'imposent par avance
Tobligation d*obéir aux ordres du juge ; de là les gages
ef les cautions.
Dos qu'une plainte est portée, le défende^rou raccaeé
donne caution de comparaître et de se conformer à la iew»
tence ; c'est la fianza de dreyto (fidantia dediteHojl^i sînM
le demandeur peut impunément se mettre. en poaseseion
de ses biens. La fianza de dreyto donnée « le demandeur
y répond par la fianza de redra^ caution de réparer le
préjudice que peut causer au défendeur un procès îd«
joste\ et de ne pas laisser reprendre Tinstance par quel-
qu'un «de sa voix», c'est-à-dire soumis à son autorité,
s'il s'agit d'une action mobilière, on par quelqu'un deaa
descendance {de suo genulh), s'il s'agit d'un immeuble.
La caution doit être un infanzon ou un bourgeois d'une
grande ville, dans les procès entre nobles. Elle doit avoir,
dans le lieu où est situé l'immeuble en litige, une maison
«avec habitant qui y fasse du feu» et un gage vivant,
«cheval, jument, mule» mulet» roussin, àue ou àuesse,
qui entre et sorte de cette maison.» Le cWal que
monte le chevalier ne peut jamais servir de gage^.
Le droit accordé au simple particulier de s'emparer
des biens du débiteur qui refuse de comparaître eu jnsh
* FueroSy t. H, lib. I, de Saiisdando.
3 Le malade n'est pas tenu de répondre à une action en justicei
jusqu'à ce qu'il soit convalescent et « puisse aller à l'église ». (Aia^
rosy t. II, lib. I, quod cujusque universitatis .)
3 Fueros, t. 11, lib. U de Satùdando; lib. H, de Probaiionilm.
* /dM», t. Il, lib. 1, de Saiisdando,
tMt cosiplète le système des cautions et lai prête no
paissant secours*.
Les ETocat^ sobt admis par les fuerM \ le jage donne «
même eu matière civile, an avocat d*ofQce à la partie qui
jure n'a?w pu en trouver un^ L* avocat seul doit parler ;
ee Que toute autre personne, la partie elle-même, pourrait
dire ou avouer, est déclaré non avenu; « la sentence est
rendue d après les futroê et les dires de ravocat\»
Lé code de Huesca admet quatre sortes de preuves:
tes actes, les témoins, le serment et le duel judiciaire ^
Les actes, même passés par-devant notaire, ne sont
valables que pendant vingt ans , lorsque le notaire qui
a rédigé Tacte et les témoins qui Tont signé sont toud
morts'' .
Pour établir la preuve testimoniale d*un fait, il fattt
«deu& témoins légitimes, faisant un témoignage sufOsant.»
On n*exige que Tâge de sept ans si le fait s* est passé
daAs un lieu désert, «où il n^y a endroit arrosable ni ha*
bttéV>
I^s témoins doivent donner caution decompabaltre an
jour indiqué par le juge; ils sont entendus en présence des
parties ; il doit y eu avoir un au moins de chaque religion
lorsque les adversaires sont de religion différente ^
Au jour désigné pour Taudition des témoins produits
par Tune des parties, si la partie adverse ne comparait
< Futiros^ 1. 1, Ii)3. lY, de RtrMm Tesiatiom; 11b. VIII, d« figmrihu»^
et t. Il, lib. I, de Pignoribus,
^ Idem,\. I, lib. Il, deAâvocatis.
* Idem, X 11, lib. I, d» Advoeatiê.
* Idem, t. i,lib. IV, de Tèstibus, de Fid$ kiHrumentorum,
^ Idem, t. J, lib. IV, de Tabellionibus.
* Idem, l. I, lib. IV, de Probaiionibu3 et de Testibus.
7 Idem, t.I, lib. IV, de Testibuê) t. Il, Kb. Il, dé TesHbnitMIe Tes'
HbîueogendU,
204 LIYRB III , CHAnTRB TH
point, celai qui a amené les témoins doit attendre avec
eux, avec les prud'hommes et avec le juge, jusqo^an mo*
ment où la première étoile apparaît au ciel . Alors il appelle
trois fois Tabsent en ces termes: « Toi , où es- ta?
Viens te présenter , car je suis prêt à te douner les
témoins selon le fuero et en vertu de la sentence rendue
entre moi et toi.» Dès lors, Tabsent est condamné, à
moins qu*il ne prouve un empêchement légitime*.
0,% fuero, dans lequel apparaît si vivement la couleur
germanique, ou, pour mieux dire, le caractère figuré
commun à toutes les législations primitives, est de ceux
qui donnent au code aragonais sa physionomie si tran-
chée à côté du code valencien , et même du fuero juzgo
et des usatges catalans. Que ces coutumes symboliques
soient passées d* Aquitaine en Aragon , ou qu'elles soient
nées spontanément dans le pays de Sobrarbe, d'une situa-
tion politique et d*une culture intellectuelle analogues
à celles des barbares, il n'en est pas moins vrai qu*en
plein XIIP siècle, au moment où les législateurs et les
juristes de toute TEurope faisaient des efforts souvent
malheureux pour s'élever jusqu'aux abstractions et à la
logique du droit de Jusiinien, les mœurs aragonaises
obligeaient les rédacteurs des fueros à sanctionner des
usages en retard de bien des siècles sur la civilisation
de l'époque. C'est ainsi que l'Aragon seul, parmi tons
les États de Jacme I", conservaitle dueijudiciaire des té-
moins*. C'est ainsi que le serment se retrouve à chaque
page des /u6ro« ; serment du demandeur, serment du
défendeur, serment de l'une des parties assistée de té-
moins qui jurent avec elle, rappelant jusqu'à un certain
point les conjuralores germaniques *.
< Fuero$, t. II, lib. II, de Tâstibus.
3 Idem^ t. Il, Ub.II, de Testibus cogendis,
' Idmn., X. 1, lib. IV, de Teetilm.
LE 8EBMBIIT ^5
Si an laïque réclame comme loi appartenant un im-
meuble possédé par une église, < les clercs de cette
église doivent prendre de la terre de cet héritage et la
mettre sur Tautel de ladite église ; et celui qui réclame
jure sur Tautel que Théritage d*où a été tirée la terre
qui est sur Tautel fut à lui et doit être à lui. Qu*ii prenne
la terre qui estsur Taute^et ainsi Théritage lui appar-
tient. Cependant les clercs de cette église , lorsque le
laïque vient pour jurer, doivent dépouiller Tautel, Ten-
toarer d*épines , poser au-dessus les reliques de l'église
et sonner les cloches , et c*est ainsi que le laïque doit
jurer*. > Cette singulière coutume parait avoir été em-
pruntée aux populations de TAquitaine V
Le serment du défendeur est de beaucoup le plus fré-
quent ; il décide le procès lorsque les actes et les témoins
font défaut, et que le duel judiciaire ne peut ôlre admis'.
Si le défendeur est noble de race {infanzon ermunio) ,
sa parole seule, « sur sa bonne foi et son âme >, suffit
lorsque Tobjet du litige est inférieur à dix sols. De dix à
cent sols, il peut présenter « un homme qui jure par
Tâme de Yinfanzon devant la porte de Téglise , sur le
livre et la croix. > Au-dessus de cent sols, Yinfanzon
doit jurer en personne. La femme noble est dispensée,
dans tous les cas, de prêter serment en personne et de
comparaître devant le ju^fîm; elle reste dans Téglise et
envoie son procureur, « qui jure devant le prêtre en
présence du juge *. >
* Pueroêy 1. 1, lib. III, de Fora eompetenti.
^ •Ex Aquitanis provenU », dit Franco de Yillalba {Forortm
atque observantiarum Âragonix codex) ; — voy. le discours prélîmi*
naire de l'édilion des Fti«fo# de MM. Savait et Penen, gU.
* FueroSy t. II, lib. II, deSacramento deferendo.
* Fueros^i. l^ lib. II, de Procuratoribus , et t. II, lib. Il» deJure^
iu/rondo, L'mfanzon ne peut profiter qu'une seule fois du bénéfi($e
906 LITRE m, CBAflTIlB T1I
Le cbrétieo adversaire d'un jtiif doit Jnner, pour une
seUAfine inférieure à sIk deniers, sar la tète de sofi pw^
rain; au-dessus, sar l*Éyangile et la croix. Le juif prête
serment sar la loi de Moïse JQsqa*à douze deniers , et,
au-dessus, sur Facte lui-même. Le Sarrasin doit jurer au
chrétien et au juif • per totum bUle, ylledi, leilkha UU-
hna \ >
Le serment peut être déféré par le juge à Tune des
parties ou par l*un des plaideurs à son adversaire ^.
Il y a dans chaque ville un autel sur lequel rindividu
accusé d*un crime capital prèle serment pour se laver de
raccusation *.
du seroentpar procureur. Lorsqu'il a repoussé une demande par ce
pioyen, il doU jurer en pejsonne pour toutes les autres demandesqui
peuvent lui Aire faites en justice.
* Ffê9rot,t. H, lij) II, de TestHms e\ de Saeramentodeferendo.
CI. UerHy l, 1(, lib. Vlll, append. de Saeramento Sarracenorwn, —-
Les /uifs ont deux formes de serment, l'une « sur la loi de Moïse ?t
sur les dix commandements de la loi » ; l'autre, appelée serment des
malédictions, établie par une ordonnance datée de Girone le 26 fé-
vrier 4332, se trouve en latin dans les Ftierot d'Aragon et dans les
Privilèges de Valence, et en catalan dans les Usatges, Cette longi|e
formule était lue au Juif, qui, le livre des lois de Moïse surlecQU
(rotulum incollo), répondait: Je le jure, ou Amen, en divers endroits.
Parmi les malédictions, nous remarquerons celle-oi : a Si tu saisit
vérité et si tu jures le mensonge que l'étranger qui se trouve avec
toisur la terre s'élève au -dessus de toi et te domine. Tu descendras
au-dessous de lui ; il te prêtera de l'argent à Intérêt et tu ne lui en
prêteras pas.... Mange le fruit de tes entrailles et Ifi^ obair de le« îQs
et de tes filles Que ton âme erre dans les lieux où les chiens
dépêtrent leurs ordures, a {Con$i. de CataL, vol. lU, Hb. I, lit. ?,
«fi. 4. -— jPcMfos, t. II, lib. VU!, app. de Socramani« /fM/aorum ;—
Prw.drKoi., ^v,nM4.)
^Fueroêf t. 11, lib. Il, de Jurejurundo ei de SùcrcutAenio de-
ferendo .
< « AUare in quo oonsueliim «s t îorare pro ho&ijciJio. a {Fudros^
1. 11^ Ub. U, ^0 ProbatUm^im,) Celte preuve, ne seBlb^ adniMe par (e
PMSCBfmOlf DB Là TOBTURE 209
aux serments, ou poar les corroborer, les léglslaltoos du
isqyfiD ^ admettent généralement les épreutes Judi-
çîairei qu ordalies , la torture et parfois la procédure par
enquête, innoratioa empruntée aux tribunaux ecclésiaa^
tiques. A quel titre et dans quelle mesure ces diters
moyens de oonyiction entrent-ils dans le système de pr^
oédpre de chaque peuple ? De la réponse à cette question
$e déduit le degré de civilisation d*une sociélé et le génie
4e ses législateurs.
Quaet au législateur de T Aragon , c'est à Valence quMI
iMit, te juger plutôt qu*à Huesca. où des usages inflexibles
gênent sqn action ; mais la société aragonaise nous appa*
reit , fQ point de vue de la procédure , sous un jour plus
favorable que celle de la plupart des autres États eH"
f opéena du XIII* siècle. Ce n'est pas cependant à sa civir
Ueation qu*il faut en faire honneur , mais plutôt à son
génie indépendant et fier , antipathique à tout ee qui
eeiabte attenter à la dignité de Thomme ou à la liberté
de riedîvidu.
La torture n'est point nommée dans les fuerês de
Jeoope I''; elle est évidemment enveloppée , comme le
prouvant des documents législatifs postérieurs \ dans ia
texte des Fueros que dans le cas où un noble est accusé du meurtre
4'Qn autre noble ; encore faut-il que ^accusateur consente à accep-
lir le serinent de l'acousé. {Fueros, t. II, lib. VI, de Conditionêinfan^
tionaius.) Nous croyons cependant qu^elledoit être étendue a d^autret^
cas. La loi la rejette expressément lorsqu'il s'agit d'un homicide par
trahison .
^ Un fuero de Jacme !«' déclare qu'il n'y a pas de pesquis a en
Aragon (t. f, lib. IV, de Testibus) ; le Privilégia gênerai ùe 4283
(Fueros, t. I, lib. l,Privilegium générale Aragonum)ipro<^crïi Vinqui-
sieh pour toutes le^ causes ; la confirmation du Privilégia gênerai
par Jacme II, en hZ%ô(FueroSi t. T, lib. I, Declaratio privilegii gêner
fioii«)i âéclare que la torture et l'tngut>tcio sont contraires au fuerq
et à l'article du Privilégia gênerai que nous venons de Qtea«^
lionner.
M8 LtVR£ III, CHAPITRE YU
proscription du système d'eoqaéte {infummn \peêfitka)
prononcée par ce code.
On sait que, d'après le système germanique* lorsque
les parties avaient exposé leurs dires et fourni les preuves,
le juge, s*il ne se trouvait pas assez éclairé, ordonnait,
suivant les cas, le serment de Tun des plaideurs ou Id
jugement de Dieu. L*Égli$e, justement ennemie de ces
deux manières de procéder, dont Tune favorisait le par*
jure, tandis que l'autre offensait à la fois Dieu et la raison,
introduisit dans ses tribunaux Tenquéte, c*est-à«<lire
l'examen minutieux des circonstances de la cause, des
dires des parties, des preuves fournies par elles, de
manièreàformer chez le juge une conviction qui sefor-
mulait en une sentence. Malheureusement, d'nnexcelleot
principe naquirent des conséquences détestables: les
juges, pour dégager leur responsabilité en donnant à
leurs décisions une base en apparence plus solide qae
leurs propres appréciations, imaginèrent divers moyens
d'arracher des aveux aux parties ; de là, les procédures
secrètes, la torture des accusés et celle des témoins,
ressuscitée des législations antiques.
Saint Louis, avec le sentiment instinctif de Téquité
qui caractérise tousses actes, admet l'enquête en rejetant,
au moins implicitement, la torture. Les mœurs arago*
naises repoussaient à la fois Tune et l'autre, excepté
lorsqu'il s'agissait du crime de fausse monnaie commis
par un étranger ou un vagabond*; mais elles admet-
^ Des historiens, trompés par ce nom , ont cité des textes ùesfue-
ros pour prouver que l'inquisition religieuse n'avait jamais existé
en Aragon.
^ L'un des caractères de la procédure par enquête fut la substilu*
lion de la société à rindividu, pour la poursuite do certains délits.
C^est dans ce sens évidemment que les fueros de Huesca admettent
la pesquisa pour le recouvrement des tributs supérieurs à dix sols.
{Fu^roê, t. 1, Ub. iV, de Testibus.)
LE JUGBMBKT DB DIEU 209
talent à la fois, comme nous Tavons déjà dit, le sermamt
et le jugement de Dieu sous la forme du combat.
Les ordalies vulgaires, c'est-à-dire les épreuves de Teau
froide, de Tean bouillante, du fer chaud, du feu, de la
croix , étaient tombées en désuétude au Xlir siècle \
JacmeestTundes premiers souverains qui lésaient abolies
en termes formels * : « En l'honneur de celui qui a dit:
< Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » , nous abolis-
sons entièrement, et pour tous les cas quels qu'ils soient,
le jugement du fer chaud, de l'eau bouillante et autres
semblables, de telle sorte que de cette heure à l'avenir,
dans aucun lieu soumis à notre juridiction ou situé dans
les limites de notre terre, de tels jugements ne soient
jamais ordonnés, imposés, mis en pratique, ni volontai-
rement subis'». La conséquence logique de cette dispo-
sition devait être l'abolition du combat judiciaire, aboli-
tion qu'Alfonse X décréta en Caslille, comme Louis IX
* Yoy. Lafuente, Hist. de Esp.^ pari. 11, Ub. 1, cap. xxvi.
* Le législateur aragonais a été devancé dans celte voie par Tem*
pereur Frédéric 11, qui, dans ses conslilutions de Sicile/promulguées
en 4224, aboli! non-seulement les ordalies vulgaires, mais aussi le
dueijudiciaire. Celle dernière épreuve n'est conservée que pour les
aecusalions de lèse-majesté, d^bomicide par guel-apens et d'em-
poisonnement , a non à litre de preuve juridique, mais comme
moyen dMntimidation ; car Notre Sérénité, ajoute le législateur, ne
cousidère pas comme juste dans ces occasions ce qu'elle a déclaré
injuste dans les autres; mais nous avons voulu, pour le cbâliment
des coupables et Pexemple des autres, soumellre publiquement, et
aux yeux de tous, à une épreuve redoutable ceux qui ne craignent pas
d'attenter, par des moyens insidieux, à la vie humaine, que la Provi-
dence divine peut seule créer.» {Constitutionum neapolilanarum fsive
stcularum:, lib. II, lit. XXXIII.) Le duel judiciaire était plus facile à
supprlmeren Italie qu'en Aragon ; encore parall-il que Frédéric ne
parvint pas à en faire cesser Tusage parmi les habitants des Deux-
Siciles, qui étaient d'origine française ou germanique.
' Pwros, 1. 1, lib. IX, de CandetUis ferri Judicio abolendo,
T. IL 14
SIC LfVBE ni , OfAnTRE Tll
6Q France, et que Ton et l'antre farent impuissants i
faire observer.
C'est qu'il y avait dans eet usage qaelque chose de
plus qu'un simple jugement de Dieu. Le combat judi-
ciaire puise surtout sa force et sa vitalité dans le principe
chevaleresque du point d'honneur * ; aussi les législateurs
du XIIP siècle ne purent-ils triompher des mœurs de
leur temps, et, si Jacme parvint à réduire notablement,
dans le royaume de Valence, les cas dans lesquels le dnei
fut autorisé par la loi, il fit de vains efforts pour atteindre
le même but en Aragon. Le combat ne pouvait avoir liea
si un clerc ou un laïque voué à la vie religieuse était
partie au procès, non plus qu'entre adversaires de reli-
gion différente, entre père et fils, gendre et beatf-père,
entre les héritiers d'une partie et la partie adverse, à moins
que cette dernière ne fut accusée d'avoir tué son adver*
saire par trahison. 11 n'était pas autorisé lorsqu'il s'agis*
sait d'un fait personnel à un individu mort, lorsque la
valeur du litige était inférieure à dix sols, le défendeur
n'étant pas noble, ou à cent sols, le défendeur étant noble,
et dans quelques autres cas, que le juge avait souvent la
liberté d'étendre, puisqu'il lui appartenait de décider si
l'importance du procès permettait de recourir à ce genre
de preuve*.
^ a La preuve par le combat singulier, a dit Montesquieu, avait
qaelque raison fondée sur ^expérience. Dans une nation uniqoemeai
guerrière, la poltronnerie suppose d'autres vices ; eWe prouve qu'on a
résisté à Téducalion qu'on a reçue et que l'on n'a pas été sensible à
rhonneur ni conduit par les principes qui ont gouverné les aylres
hommes. 9 ( Esprit des lois^Wv. XXVIII. chap. 17.) En faisant la part
du paradoxe dans celte justification du duel judiciaire, il reste ce-
pendant quelque chose de vrai touchant les qualités morales que cette
épreuve suppose à un bien plus haut degré que les ordalies vu^
gaires.
3 FueroB, t. I, lib. IV, de ProhtHiêmbus ; lib. Il, dé 9\M9; t. U.
Lte B«Ët ItDIClAtRÊ M
£&. somiiiB, les cas d6 duel on de bataille, comme on
disait alors, ét^iieût à peu près les mêmes en Aragon qn*en
France. Le combat pouvait avoir lieu indifféremment
entfe hobles, bourgeois ou vilains. Le duel à cheval était
réservé âtix nobles, le duel à pied, avec les armes dès
fantassins, aux non-nobles, et enfin le duel « au bouclier
et au bâton >, aux individus qui ne possédaient pas ube
▼aieuf mobilière de six cents sols ^
Les formes de cette épreuve, dont les furs de Valence
s'occupent minutieusement, parce qu'ils tendaient à là
rendre aussi rare que possible, sont tellement connues
de tous en Aragon, que le code de Huesca en parle à
peitie. Le défendeur, disent seulement les fueros, doit
amener avec lui deux hommes à pied, « lui troisième,
s'il est apte à la bataille > , le demandeur en amène autant
qu'il le veut ; dans ce nombre, des « fidèles élus par
chacQne des parties » choisissent un combattant de cha-
que eôté, de façon à ce que les deux champions soient
aussi égaux que possible en force corporelle *.
Lorsqtte, après (rois jours de lutte, le résultat reste
iûcertain, le défendeur a gagné sa cause \
Pour terminer ce qui a rapport à la procédure, nous
constaterons le silence complet des fueros sur la forme et
le nombre des appels \
lib. Il, de Testibus y de Jurejurando^ de Sacramento deferendo;\. VllI,
de Duêllo.
* Fuero$, l. lï, lib. II, de Probationibu3.
' Il y ûvail le duel per parem , dans lequel les deux corabaltants
devaient êlreég:adx en naissance, on fortune et en force, el le duel
perconsimilem^poûv lequel on n'exigeait que l'égalité des fotces
pby&iques. [Fueros, t. î, lib. IX, de Proditionibus .)
» Fuerosy 1. 1, lib. IX, de Duello\ t. II, lib. II, de ProbationibUs . ~
Yoyez aassi 1. 1, lib. Il, et t. Il, Ilb. I, Quodôujusque universi-
* Le titre de Àppeîlationibus (t. II, lib. VIII) ne parle que dtf dé^
lai de l'appel et des frais.
.* "
^
312 LITRE III, CHAPITRE TU
Si Dons recherchons dans le code de Hnesca les prin-
cipes qni régissent la minorité, Tadoption, la tutelle,
nons n*y trouvons que quelques indications vagues,
emprunts imparfaits au droit romain. Nous remarque-
rons seulement qu*il n*est question dans la loi aragonaise,
comme dans le droit canonique, que d*une seule minorité,
celle de quatorze ans ^
Gomme contre-partie de Tadoption, les /tiero« admet-
tent la (ie$a/!/îaeion, peine plus forte que Teihérédation,
et qui rompt tous les liens légaux du père au fils. La
desa/iliacion ne peut avoir lieu que dans trois cas: si
Ton attente à la vie de son père ou de sa mère, si roo
néglige de les délivrer de la captivité, si Ton a commerce
avec la femme légitime de son père '.
L'émancipation n'existe pas en Aragon. La puissance
paternelle, dans le sens romain de ces mots, y est inconnue;
mais Tautorité du père de famille, qui la remplace, u*est
pas plus réglée, pas plus définie par le code de Huescaque
Tadoption et la tutelle. La raison et Téquité, qui doivent
seules, d'après le préambule des fueros, suppléer an
silence de la loi, ne peuvent combler de telles lacunes. Il
fallait évidemment recourir pour ces questions au droit
ecclésiastique, toujours invoqué du reste pour les points
qui touchent à l'organisation de la famille et aux devoirs
réciproques de ses membres.
* FueroSf t. I, lib. V, de Contractibtu minorum,de Natis exdani'
nato coitu;\ïb.y\\\^deAdopti(mibus, Le titre de Tutoribus, manu-
missoribiis , spondalariis et cabeçalariis ne parle que des exécuteurs
tevStomenlaires. Les Observancias (Lib. \^de Tutoribus, manumiS'
soribusj etc., § 4i 7 el9) donnent quelques éclaircissements sur It
tutelle, qui peuvent être acceptés comme se rapportant au règne de
Jacme I*'.
^ Fuerosi t. I, lib. Vl, de Exhxredatione fiUorum, La ocnoOemç de
l'ancienne Grèce était à peu près, parait-il , la desafiliacion des Ara-
gonais.
BB6IME DE LA DOT 2(3
Le régime de la dot rappelle les coutumes germaniques
reproduites en partie par le fuerojuzgo. Le mari consti-
tae la dot (dos) de la femme; les biens apportés par celle-
ci sont nommés axovar *; ce n'est pas d'après leur valeur
que se règle la dot constituée par le mari^ mais bien uni-
quement d*après le rang de la femme.
L*épouse noble reçoit en dot de son mari trois héri-
tages [hoerediiates^) s'il les a, sinon il doit lui donner ceux
qu'il possède.
La bourgeoise [francha, id est civitatis) a pour dot cinq
cents sols au moins hypothéqués sur les biens du mari;
mais lanaissance d'un enfant viable, quoiqu'il meure peu
de temps après, lui enlève ses droits à cette dot.
Ia yihine {villana) doit recevoir une maison couverte
de douze poutres, un arpent (arenzata) de vigne, un
champ dans lequel on puisse semer une arro6e^ de froment
Comme la bourgeoise, elle perd sa dot par la naissance
d'un enfant viable; mais, si elle demeure veuve,' elle a
droitàla moitié des immeubles acquis durant le mariage'.
La femme ne peut renoncer à la dot que du consentement
de son père et d'un autre parent, ou de deux de ses plus
proches parents, si le père est mort'.
Le mari ni la femme, qu'ils aient ou non des enfants,
ne peuvent aliéner aucun de leurs biens que d'un com-
* Â Valence et en Catalogne, on appelle axovar ou exovar, une
vraie dot apportée par la femme. Ce que le mari assure à celle-ci
est \ecreix ou screiaf^ augment de dot. La dot aragonaise a, comme
on levoit, plus d'un point de ressemblance avec le douaire des cou-
tumes françaises.
^ On entend par héritage, ainsi que l'expliquent les Observancias
(Lib. Y, de Jure dotium^ g 4), une ville, un château, une maison,
uo champ ou une vigne, selon le rang du mari.
* Trente-doux livres.
* Fueros, 1. 1, lib. V, de Jure doHum.
* Jdem, id., td., de CorUractUms conjugum.
914 UTW lOi CBAVRIUlTn
man accord. Quant à Yaxovar, il est inaUênal^le t|nt
qu'il D*j a pas d'enfants, à moins de remploi garanti pv
des cautions ^
La veuve, lorsqu'elle ne se remarie pas et vit honnê-
tement, conserve l'usufruit des biens de son mari. Son
second mariage ou sa mauvaise conduite la privent égale-
ment de la dot et de cet usufruit *.
La veuve noble non remariée peut mettre en gage pour
vivre l'un des trois héritages qu'elle a reçus en dot^ si
elle n'a pas d'enfants qui veuillent pourvoir à se^ besoins:
elle peut aussi donner l'un de ces héritages à un de ses
enfants, un autre à l'église où son mari est. inhumé,
pourvu qu'elle y choisisse elle-même sa sépulture, et par-
tager le troisième entre ses enfants'.
Si la femme noble meurt avant son mari, les enfants
héritent de la dot ; cependant, si le mari veut contracter
un second mariage et qu'il n'ait pas d'autres biens, il
peut leur enlever celui des trois héritages qui a le moins
de valeur, et, s'il se marie une troisième fois, il peut
encore leur prendre « le moins bon » des deux héritages
qui leur restent ^.
Le veuf ou la veuye qui convole en secondes nocea
doit , en présence des parents du conjoint défunt, p^rta-
|[er tous les biens possédés en comniun durant ^e marrl^ge
et en donner la moitié aux enfants nés de cette première
UBion , déduction faite des frais de sépulture, d'un Ht
garni des plus belles étoffes qu'il y ait dans la maison^ <^e
i&x^Ji béte^ de labour avec leurs harpais , des vétemejpK
et joyaux du survivant. La femme noble prélève, enoutro,
* FueroSf t. I, lib. IV, Ne vir sine lu^ove ; lib.|¥, d^ J.ux^ (Miêm^
^ Idem, id,, lib. V, de Jure dotium,
* Idem, id., id,, id,
^ Idem, id,, id,, id.
U» SUGCGSftlOIfS M^
BU vase d'argent , mv» captive^ une mnle à chevaDcher ,
UD ustensile de chaque matière et la moitié de tous lesi
autres meubles \
Le survivant des conjoints ne peut rien donuer » même
de ses propres biens, à Tun des enfants issus du mariage,
s*il y en a plusieurs, à moins que le défunt ne Vy ait
autorisé par acte authentique. Ces dons sont permis
cependant si, parla volonté de Tépoux survivant ou par
suite de son second mariage, il a été procédé au partage
dont nous venons de parler V
Dans les lois successorales nous retrouvons les princi-
paux traits des coutumes françaises : la succession des
propres, la substitution pupillaire, le retrait lignager^
La préoccupation constante du législateur semble avoir
été d*empâcher le morcellement de la propriété immo-
bilière et son passage d*une famille dans une autre *.
Aiosi lorsque deux, frères possèdent par indivis un im«
meuble provenant d'un ascendant, la part de celui qui
meurt accroît au copropriétaire à Texclusion des autres
frères et sœurs ^
Le droit d*ainesse n'existe pas en Aragon, les eufaDis
partagent par portions égales les biens paternels et
maternels; Tun d'eux néanmoins peut être, du consente-
ment commun du père et de la mère,, avantagé d'un
seul meuble ou d'un seul immeuble. Dans les familles
* FuerWf I. I, Ub. V, de Jure dotium, de Secundis Nuptiis,
» Afom, td., lib.VlIf, de Donationibus. Cf. Obser-vancias , lib. IV,
dB IHmaHombus, ^ 43.
. * FuercSf l. I, Ub. YI, (2^ R^us vinculaiis; lib. V, tf« Natis ex dam-
nato coïtu.
* Nous avons parle du fuera qui asireiot celui qui réclame la pro-
priété d'un iounaubie à la saule preuve que l'objet du liiige a appap-
teou à son aïeul.
5 Fueros, l. 1, Ub. III, de Communi dividendo.
fi« *•'.'■• p*-rt ^-a ^ n-^r». I^-mt f -tJ-îfw ie «erseat n JK-
tf*^, lirr::".« i> Irr:rîiir» p«?rîr» >«r* bins, k«r douer
«r« ^-rx^^ù p -L ..:. ii>§ ii.-ir par fes chevcsx*.
H t*>èl (i^i -Tae?::>* dkrs l«s /aerai de b saccessioi
àf^, ^istt:. i^M^, et lajirlspraletize an^-3Baise éuil sî pei
tkrorah.> a C'g gecre lieso^cessi-jD qa'eile aiait iDterprélé
ajtiez arLitraireoieDt dd passade dn code de Hvesca dans
\t itu^ d'o&e eicia^ioQ formeiie du père el de b mère,
ménie ior^a'îl s'agisâaît des biens donnés par eoi i
leur er.fdDt d^:^1é «6 imloMtX sans po5térité\
Le code de Hoesca admet deox sortes de testameot:
le krèlament écrit et le testament Terbal, qoe les corn-
mentaleors dn droit romain ont ap[ elé mrnmcmpëhf* ; mais
ces deox manières de donner une faleor légale aux actes
de dernière Tolooté ont été dépouillées des formalités qui
les entouraient encore au temps de Justinien. Les Papes
donnèrent les premiers Texemple de ces simplifications,
que presque toutes les législations adoptèrent.
« Fwrot, l. I, lib. Vf, de Exfurredalwne /Uiorum: t. H, Hb. H, de
Dcnalionitms,
' IfUrrif id,, id., de ExharedaiioTU filiorum.
* Idnn, UL, id,, de Rebut vinculatis. Cf. fuero de Jacme II, au
méine livre, i\U de Surces$oribus ab iniestaio, et Observaneias , lib.T,
de Tesiamenliif g 6. — La loi aragonaise s'est éloignée en ee point
de loi.4 frankes, qui généralement lui servent de modèle, pour se
rapprocher de celles des Burgundes. (Voy. Lex Burgundionum, cap.
XIV, de SuccrstionibuSf § 2.)
* Aux XII* et XIII* siècles, on appelait souvent testament nuncu-
patif, par opposition au testament olographe, celui qui était écrit
sousla dictée du testateur. (V. le Glossaire de Du Gange, v Nuneu-
paiivum,)
LES TESTAHENTS 217
Les fueros de Jacme V^ ne s'occupent que du testa-
ment verbal; mais de leurs termes se déduit clairement
l'existence du testament écrit, pour la validité duquel
l'intervention d'un notaire, et , à défaut, du chapelain du
lieu , assistés l'un et l'autre de deux témoins, est déclarée
suffisante par les décrétalesV
Le testament verbal doit être fait en présence d'exé-
cuteurs testamentaires { spondalarii , cabezalariis manu'
missores). Ceux-ci , après la mort du testateur, jurent
« par Dieu et leur àme > , en présence de deux témoins
et d'un notaire , ^ui met le testament par écrit, que telle
a été la dernière volonté du défunt.
Ces exécuteurs testamentaires peuvent être, soit le
chapelain ou curé du lieu et deux habitants , majeurs et
de bonne renommée, soit trois de ces derniers, soit
encore, en cas de nécessité, le chapelain assisté d'une
femme de bonne renommée, ou enfin , dans les endroits
déserts, deux enfants de sept ans au moins.
Si le testament écrit ou verbal est argué de faux, les
témoins ou les exécuteurs testamentaires en attestent la
sineérité en levant les mains au ciel , et en jurant sur la
croix et l'Évangile devant la porte de l'église, en pré-
sence du justicia de la ville et des prud'hommes*.
La donation entre*vifs ne peut être faite que par acte
public avec l'intervention de témoins et de cautions,
qui garantissent l'exécution des clauses du contrat. Les
rois, les princes et les membres du clergé, sont dispensés
* Greg. IX, Décret, lib. IÏI,Ul. XXVI, cap. <0 el 41 . Cf. Fueros, 1. 1,
lib. V, de Tutoribus, Manumissoribus, elc.
> Pour tout ce qui concerne ie testament, voyez Fueros, t. I, !ib. V,
de Tutoribust Manumissoribus^ etc., de Teslamentis ; lib. IV, de Fide
instrumeniorvm, et Greg, TX, DecreL, lib. III, lit. XXVI, cap. 4, 40,
44 et43.
MS LIYU m « GHàHlMBi TU
de donner caution dès qa*ils apposent lew 9€ara à Tacte
en présence de témoins \
La dation de caution est la garantie ées. conveotions de
tout genre dans le droit aragonais» eomme elle est la
base de la procédure; aussi fallait-il, dans un pareil
système, pourvoir à ce qu'il fût possible de trouver des
cautions et assurer des garanties à ceux qui voulaient en
servir. Voilà pourquoi les vilains de parada étaient teMS
d*étre cautions des engagements de leur seigneur, tant
que celui-ci les indemnisait du dommage qui pouvait en
résulter pour euxV
Voilà pourquoi encore la caution qui a payé pour le
débiteur reçoit comme indemnité, outre le montant de
k dette, le double des frais et dép6ns% et peut bypo*
tbéquer les biens du débiteur et saisir ses meubles eu
gage.
On comprend aisément que le titre des cautions ( de
Fideju8soribu8 ) et celui des gages {de Ptgtwribu^)^ qui
se complètent Tun par Tautre» soient, de tout te codj»de
Huesca, ceux qui renferment le pins grand nombre d'ar-
ticles. Du dernier, nous n*extraironsque trois disposifieus
cacactéris tiques : l'une permet, daus un cas déterminé,
de reprendre un gage • en temps de jeune ^omuM: eu
* Le titre de Immensis et prohibitis DonaixonUbus (\. 11, lîb. V) con-
teaiit ou 1\iiBrti unkjue, nouvelle preuvu du caraolètu saeitl (|ue la
(iQiBaixM i^aitnioooial avait aux yeux dtt la loi : « De Vbéri^dgu 4e ae»
aïeux nul ne peut faire donation s'il a une seule vigne, une seule
maison , un seul champ. S'il a deux vignes ou trois, deux maisons
oe UQi&» il peut on donner une à sob fits ou Lsa OUe (iiii.caatracCe
mariage. Cependant, quand il n'a qu'une maison au (qu'une vtgn^, il
p^it an donnée quelque cbose aux clercs ou aux égjU6a&,.pai4c son
àmdoucaUa de sou père ou dâ sa mère. »
3 Fueroi., t. Il» Ub. IV, de Fid^uuQribiéâ.
9 /d., Ul,Iib.VllI,id.
hM» 64GB8 Mt
^ù^^ ^^^Te tdoips»; une autre autorise )e créskQçidF qui
saisit un gage vivait, ^ne, molet, rous^in ou cbevaU à le
tuer ou à le laisser mourir, pour ne pas être oblige de
payer $a nourriture. Mais, une fois la b^le mort«, < il
doit eo garder le cuir entier avec la tdte, le^ quatre
sabots, les oreilles et ta queue , noettre les pieda mr Le
cuir, et jurer sur le li?re et la croix que le cuir qu'il
tient sous ses pieds e3t celui de la béte qu'il a saisie et
tuée selon le fuero du gage ^ ; d'après la troisième »
enfin ^ le créancier que les fueros autorisent à saisir un
gage vivant renfermé dans la maison du débiteurt doit
envoyer quelqu*un < qui se tienne à la porte de celt^i qui
lui fait tort pendant trois jours , jusqu'à ee que les éloilea
apparaissent au ciel , et voie si le gage sort pour le saisir.
S*il ne sort pas pendant ces trois jours, le seigneur de U
ville peut, sans injustice, mettre le signale^ sur la maison
du débiteur ou sur sa personne, sMl n*a pas de maison'.»
Les titres relatifs à la vente, au louage, au dépôt, au
prêt, au mandat, aux engagements en général, au^ dom-
mages causés par les hommes ou les animaux, ne contien-
nent aucun trait saillant que Tbistoire puisse qtUiser,
fin ce qui touche la prescription, nous nous bornerouâ
2^ Caire remarquer que, fidèles à leur rôle de gardiens
* Les fueros appellent signale ou signum ngis^ uoa piarqu^ m^^
Ton mettait sur les biens ou sur la personne d'un individu pour le
forcer à comparaître en justice: « S'il restait une nuit ainsi marqué»,
c'est-à-dire^ s'il ne se présentait pas devant le juge avant la fin de la
journée, il était condamné à une amende de cinq sols. Le signetk ne
peraitavoirété en usage que contre les vicias. Les panoiioea»x aux
armes du roi, qui servaient a indiquer ea Franc» quhin inmeulil»
étai^ jfr vendre par suite d'une saisie, rappeUeni la signak arafiMitia.
( "^oyFu^os, t I, lib. III. de Maiionibus; t. IJ, \ïh. VI, àe CêndU
lio^infarUiomiuseàde froolamaniibus m servUutwn ; yih* VIII| de
3 Fueros, t. L, Uh. VIII, et 1 1|, lib. 1, de Pignoribus.
320 UTRB ni, GHAPITEB TU
sévères da principe de propriété , les fueros n'admettent
pas l*acqaisition d*nn immeable par nne possession non
interrompue de trente ans , à moins que le possesseur ne
s*appuie sur un acte , et ne prouve que le réclamant , pen-
dant tout le temps qu*a duré la possession , < entrait et
sortait dans la ville où est situé Théritage^ »
Le droit criminel de TAragon a gardé Tempreinte
germanique qui marque le fuero juzgo et les matgcs de
Catalogne. Comme eux, il admet la composition , la ven-
geance privée, le talion, et, de plus, certains châtiments
bizarres ou cruels, restes d'un état social plus voisin de
la barbarie que celui des Golbs de Recceswinth ou des
Catalans de Ramon Berenguer. Le code de Huesca ne
parle qu*en passant* de la composition proprement dite,
du wehr-geld payé à Toffeosé. Le fuero n'intervient pas
pour en fixer le tarif'; il se borne à déterminer le fredum^
amende qui semble représenter à la fois les frais de jus-
tice, la compensation du préjudice causé au roi ou au
seigneur, et, parfois aussi, la satisfaction donnée à la
société pour le scandale occasionné par un crime notoire.
Lorsqu'un meurtrier, en effet, est pris en flagrant délit
ou désigné par le bruit public {per famam), il doit,
bien qu'il n'y ait pas de poursuite privée , payer an roi
on au seigneur l'amende (calonia) de Thomicide; < mais,
ajoute le ftÂero, qu'il se garde des parents de la victime > ,
^ Fueros, t. 1, lib. VU, et t. Il, Ub. Il, de Pr^eriplùmUms.
* Idem, t. II, lib. I, de Satisdando.
* Gelarifest élabli quelquefois par les fueros locaux auxqnels le
code général du royaume laissa toute leur force. Ainsi la carta-^puebla
concédée à la ville de Calatayud, par Alfonse le Batailleur, détermine
le taux de la composition, qui se partage entre le roi, la ville el
Toffensé, et admet de plus comme moyen de défense, douze jura*
tores qui attestent Tinnocence de Taccusë. (Voy. archives d'Aragon,
reg. LXlv,^ 36. Collece, de doc. inéd^^ t. VI1I> p. 9.)
LB8 GUERRES PBITÉB8 321
car» pendaDt nn an et ud jour, ils ont le droit de lui in-
fliger la peioe da talion. Après ce délai seulement, le
coupable peut demander à être jugé , et, s*il est condamné
à une peine corporelle, Tamende est restituée, le même
délit ne pouvant entraîner deux châtiments *.
La peine de Thomicide volontaire et prémédité, lors-
qu'il y a eu accusation privée, est la pendaison. Les ricos
homes, en vertu de Tantique privilège qui les exempte de
tout châtiment corporel , et les chevaliers, par une faveur
spéciale, sont seulement remis à la merci du roi, qui
peut les retenir prisonniers aussi longtemps qu*il le veut ^.
L*bomicide est permis non-seulement en cas de légi-
time défense, mais aussi entre individus qui se sont régu-
lièrement défiés. La guerre privée , ce fléau du moyen
âge, devait être plus fréquente et plus terrible encore au
milieu des énergiques populations de 1* Aragon.
Ici, comme en France, la royauté essaya, par le
système des trêves et des assuremenls^, de réglementer
une coutume qu elle était impuissante à détruire.
A Valence et en Aragon , la législation concernant les
♦ FueroSr 1. 1, lib. VU, de Conditione infanlionatus ; lib> IX, de Ho-
micidiis] t. Il, lib. I, de Sacro- sanclis Ecclesiiset eorum minislris; lib.
YIII, de Homicidiis; — Observancias ; lib. Vill , deHomicidio, g 2
et 5.
• Fueros, t. I, lib. IX, de Confirmalionepacis ; — Observancias, lib.
Vni, de Homicidio, § 2.
'«Ha grant diference entre Irive et asseurement, car trives sunt
à terme et asseurement dure à toz jors. » (Beaumanoir , Coutume de
Beauvoisis, cap. lx, § 4.) On appelait asseurement on assurément (asse-
euratio) en France, segurelat à Valence, l'assurance donnée de ne
point poursuivre par lesarmes la réparation d'uneolTense ou la ven-
geance d^un crime. L'assurement royal était la protection accordée
parle souverain à tout individu qui, provoqué à une guerre privée,
déclaraits'en remettre à la justice du roi. Les Fueros appellent cette
derniôre espèce d'assurément protedio regalis.
LtTAB m , CHAPITRII Vil
gaefnes privées est à peu près la même; le code de Huescâ
et le liffe des furs se complètent Tao par Taatre, et c*est
aux deax qae nous allons emprunter les quelques mots
que nous avons à dire à ce sujet.
Le droit de guerre privée semble en Aragon appartenir
à toutes les classes , d*après les termes du fuero qui règle
le défi entre nobles, bourgeois « et autres* > ; les fnn
de Valence , au contraire, paraissent ne l'accorder qu*aui
nobles et aux bourgeois honorés « qui ne font œuvre de
leurs mains*. » Mais, dans les deux royaumes, le défi
doit avoir lieu par l'intermédiaire de trois témoins du
même rang que le provocateur^ et qui ne soient ni vas-
saux, ni parents, ni « gens mangeant le pain > de Tune
des deux parties. Dix jours sont accordés pour se pré*
parer à la lutte. La guerre ne peut commencer qu'après
ce délai ; dès qu*il est expiré, les adversaires, ainsi que les
parents, vassaux et amis que chacun d'eux entraine à sa
suite , peuvent s'attaquer et se tuer « sans être tenus Tun
envers l'autre , ni envers le seigneur , ni envers les
parents, ni envers la justice. > Mais < celui qui tue son
ennemi ne doit rien prendre de ce qu'il trouve sur
lui , de peur qu'il ne paraisse plutôt un voleur qu'un
ennemi ^ »
I.es personnes des combattants sont seules engagées
dans la lutte ; leurs biens , leurs femmes , leurs enfants
et leurs hommes qui ne prennent pas part à la guerre,
sont placés sous la sauvegarde du roi, ainsi que les
laboureurs, les Sarrasins soumis, les clercs, les ordres reli.
gieux, les veuves, les orphelins, les marchands, les voya-
geurs, tous les neutres , et, en un mot, tout ce qui n'est
« Ptmros, t I, Ub. IX, de Forma diffidamentû
3 Purs de Valencia, lib. IX, rubr. VIIi,lurU.
* Fueros, t. I,lib. IX, (2^ Homicidio.
Lift «irSMtES fRII'fM SSI$
fu • gnerrayant, chevaux ou armes des guerroyanls. •
Qoiconqae viole cette protection «st, solvant lee cas,
contraint de payer ie double du dommage causé , ou puni
d*QDe peine corporelle et de la confiscation , partielle à
Valence et totale en Aragon \
La guerre privée ne peut avoir lieu que du consen*^
tement des deux parties. Si Tune d'elles propose de faire
régler ie différend par la justice royale , l'autre doit se
soflmettre à cet arbitrage , sinon le roi porte secours à
celai qui a invoqué son intervention , et les biens de celui
qui rerufid de cesser les hostilités sont même quelquefois
livrés à son ennemi.
D'ailleurs le roi peut encore de son autorité arrêter
toute guerre privée en enjoignant aux deux adversaires
de comparaître à sa cour, et en leur imposant un« ti^éve
ou nu auurement '.
Nous avons dit ' comment , en vertu du droit de desna^'
htnUzaeiûn , on peut faire la guerre à son seigneur et au
roi lui-même* Les fars de Valence prescrivent de ne
point « à tort défier ou affliger son seigneur » , mais sans
ajouter aucune sanction à cet ordre.
Tout individu qui, soit dans les dix jours qui doivent
précéder les hostilités , soit après avoir conclu une trêve
* Pueros^ l. I, llb. IX, de Pace et proieciione regali, de Violatoribu^
regalù proUctionU. — Purs, lib. IX, rubr. VIII, fur 4 6 et 40, et rubf.
XX, fur. 42. .
* Fueros, t. I, Hb. IX, de Confirmatione pacis; — Furs, lib. IX,
rubr. XX, fur 44. — Au droit d'assurément se rattache le sauf-con-
doit roynl oecordé quelquefois à un individu en guerre avecle roi
lui-même ou sous le coup d'une poursuite judiciaire. Celui qui viole
ee sauf- conduit est remis à la merci du roi et peut même être con-
damné à la peine capitale.
* T. I, p. 277. — Cf. Fiten», l. I, Ub. VII, de BfSpedUUme infan-
tionum ; Furs, lib. IX, rubr. VIU, f. 42 et 43, rubr. IX^ f. 2.
S24 LITKE m, CHAPITBB Fil ^
on accordé un assurément , tue son ennemi, est déclaré
traître et puni comme tel.
Il y a , d'après les fueros de Hoesca , denx sortes de
trahison: la première comprend, outre le cas qni précède,
le meurtre de son seigneur, les relations adultères avec
la femme de ce dernier : la seconde , tout fait de guerre
privée non précédé d'un défi régulier.
Les trahisons de la première espèce peuvent être prou-
vées par témoins et , à défaut , par le duel entre adver-
saires égaux en forces physiques : c*est le duel per con-
similem; celles de la seconde doivent être prouvées par
le duel per parem, c'est-à-dire entre combattants égaux
en naissance , en fortune et en forces. Au provocateur
incombeTobligation defournirun champion égalauproTo-
qué; s'il ne le peut , il doit se dédire par trois fois dans le
champ du combat en déclarant que son adversaire < ne
mérite aucun mal. »
La trahison prouvée est punie de la mort et de la confis-
cation des biensS elle est considérée comme offensant direc-
tement la société, et compte au nombre des quatre délits
de ce genre que prévoit le code de Huesca. Les crimes
d'hérésie, de sodomie, de blasphème, de lèse-majesté,
qui apparaissent aux premiers plans des législations du
moyen âge , et contre lesquels s'épuisent ordinairement
les rigueurs de la pénalité , ne sont pas mentionnés dans
les fueros, et c'est avec raison , car les trois premiers sont
du ressort de la justice ecclésiastique , à laquelle les
mœurs aragonaises semblent refuser le secours du bras
séculier; quant au dernier, dans un pays où la personne
du rico home est inviolable comme celle du souverain ,
où les révoltes de la nation contre le roi sont autorisées,
< Fueroê, 1. 1, lib. IX, de Proditoribus, de Prodiliombtu, de Cùntir-
maiione pacis.
LIS dUOlKS ET LBS DÙJTTS 225
noos dirions presque ordonoées, par les /lieras politiques,
il joe peut y avoir de lèse^majesté ; aussi ce mot ne parait-
il qu'une seule fois dans le code aragonais , à titre de
réminiscence romaine , à la fin de la formule exécutoire
qui termine le préambule.
Les délits contre la société se trouvent donc réduits
à quatre: la trahison, dont nous venons de parler; la
violation de la protection royale, dont il a été question
au sujet des guerres privées; le brigandage et le faux.
Le brigandage, suivant les cas, est puni de la peine de
mort, d*un autre ch&timent corporel , de la confiscation ,
de Texil perpétuel ou d*une amende au fisc après répa-
ration des dommages. Mais le voleur de grand chemin,
pris en flagrant délit, doit être sur-le-champ pendu sans
jugement*.
Dans le crime de faux est compris le faux serment. Le
faux témoin est marqué d'une double empreinte de croix.
Uooe, sur la tète, n'est qu'une simple tonsure ; l'autre,
sur le front, est faite avec un battant de cloche rougi au
feu. Il est ensuite honteusement chassé de la ville où il a
commis son crime. Le simple parjure, que Jacme déclare,
dans le code de Valence , devoir échapper à la justice hu-
maine, est, en Aragon, chassé de la ville, privé du droit
de témoigner , et déclaré incapable de remplir aucune
fonction publique*.
En ce qui touche aux crimes d*un caractère purement
privé, nous retrouvons dans le fuero qui traite de l'em-
poisonnement une réminiscence marquée de la loi go-
thique : si la victime ne succombe pas, le coupable |ui est
livré pour qu'elle « en fasse à sa volonté'» .
* Fueros, t. ],1ib. IX, de OonfirmiUione pacis >
s Jdem, id., <d., et t. Il, Ub. TIII, de CHmine fàlsi.
* Idem^ id.y lib. IX, de Veneficis.
fV- ■i- •«»»
LtfHB m, OftAMMIl Ttif
Celai qui ?iote une femme non mariée doH l'épouser oa
lui donner assez d'argent pour qo'elie puisse tfôuf^r in
mari de son rang. La loi ne prévoit pas le cas oà cette dpr*
niàre condition ne pourrait être remplie ; il faut sans
doute compléter ces dispositions par celles des fart de
Valence sur la même matière.
L'adultère surpris en flagrant délit, perd ses vé|e«
ments et paye une amende. sMl veut éviter la fusligatîoi
publique. La femme coupable de ce crime est privée de
ses droits à la dot \
Les coups suivis d'effusion de sang sont punis d'une
amende de deux cent cinquante sols, quelque soit le rang
dé Toffensé. La peine varie d'ailleurs suivani la gra-
vité de la blessure , l'instrument avec lequel elle a été
faite, le lieu où le délit a été commis; dans certàias qm ,
si le condamné ne peut payer l'amende , il a le poing
eoupé.
C'est une injuredes plus graves, et qui s'expie par une
amende de cinq cents sols , que d'arrêter par la bride k
cheval d'un noble.
On offense une femme noble en frappant qaelqa'aa »
sa présence. Celui qui s'est rendu coupable de ce délit
doit aller, avec douze de ses pairs , trouver la dame qU
fensée, et tous, en embrassant ses pieds, implorent d'elle
un pardon qu'elle ne peut refuser. Si l'offenséeest la retna,
le coupable doit < parer sa chambre de joyaux et d'orse-
ments analogues à ceux qu'elle a coutume d'y avoir *««
La violation du domicile {intasio pakêii) d'un infimz^
est punie d'une amende de vingt-cinq sol^ «i au de^ cIq
la «terra», et de soixante sols « en d^ ,éaeâ lepiiy^^p
« Fueros, X. I,lib. IX, et t. U. lib. \m^ de AdMlterio et Stt^io;Ul.
lib. y, de Juredotiy^ïi.
* Jdem, 1. 1, lib. IX, de Jnjuriis, ^ fofnis.
USft CHIWS ET tES vUjTS 9S7
pelé terre Qoavelle, c'est-à-dire noaveUement acquise \>»
L'aatique pénalité da pays de Sobrarbe réparait avec
sa physionomie de cruauté naïve dans le titre du vol.
Si Tobjet dérobé es| un chat , on plante un pieu en
terre* on maintient l'animal dressé sur ses pattes de der-
rière au moyen d'une corde qui le lie au pieu, et le cou-
pable doit, en guise d'amende , couvrir de grains de mil
le corps entier de l'animal ainsi attaché. Le condamné
trop pauvre poursubir cette peine, doit traverser la ville
partant uucbat sur ses épaules nues, tandis que le bour-
reau frappe à la fois de coups redoublés l'homme et
ranimai.
Quiconque vole un bélier portant sonnaille et con-
duisant un troupeau < doit mettre la main dans la clo-
chette, et tout ce qui peut y entrer est coupé par ordre du
On serait étonné de voir respecter par des législateurs
éclairés ces restes d'une époque barbare , si l'on n'avait
dans tws les pays de nombreux exemples de l'étrange vi-
telité des lois pénales. L'imagination populaire s'attache
avec une ténacité remarquable aux formes de châtiment
qui flattent son goût pour les figures et les symboles. Aussi,
loin de reprocher à Jacme V son respect forcé pour quel*
qces-iines de ces coutumes, doit-on plutôt le féliciter
d'être parvenu à déraciner certains préjugés ridicules ou
ÎQÎques, conservés jusqu'à lui dans la législation arago-
naise. Tel est celui qui rendait les animaux et les choses,
< arbres ou maisons » , dit le fuero , responsables du mal
qu'ils occasionnaient''; tel est encore celui qui faisait
* Fueros^ l.II, lib. YI, de Conditione infaniionalus.
« /(fcwi, t. I, llb. IX, et l. U, Ub. Vm, dp Furto et ruminando an-
tore.
' Idem, t. ly lib. DL, de Homicidio.
228 LITBE III y GHAPITBB TH
porter à la femme on aax parents d'an condamné la peine
d*an méfait qa'ils n'avaient pas commis. Lorsque la con-
fiscation est prononcée, ce qui n*a lieu, comme on a pu
le voir, que pour les crimes qui attaquent directement
Tordre social, les droits du conjoint et des créanciers sur
les biens du coupable sont sauvegardés par la loiV
La procédure criminelle ne diffère pas essentiellement
de la procédure civile. Quelques points cependant méri-
tent d*étre notés.
La liberté sous caution parait être de droit pour les
cas de crime manifeste ou avoué. Les Obgervancias accor-
dent au juge qui instruit Taffaire le pouvoir d'ordonner
l'arrestation de l'accusé dès que la culpabilité lui par^t
suffisamment démontrée*. C'est là une restriction intro-
duite évidemment par la jurisprudence , lorsque la pro-
cédure par enquête eut entièrement remplacé le système
accusatoire.
Le privilège d'asile pour crimes autres que le vol , le
rapt et la trahison manifestes, s'étend non-seulement
aux églises et aux lieux consacrés , mais encore aux
demeures de tous les nobles ^
Enfin la loi réserve , sous des peines sévères, la haute
justice, ou plutôt la « justice de sang » , au roi et aux ma-
gistrats qu'il a institués. Mais, par une atroce subtilité ,
elle déclare que faire mourir un homme « en prison de
faim , de soif et de froid » , n'est pas faire justice de sang,
et , en conséquence , elle autorise tout noble à punir de
cet horrible supplice celui de ses hommes qui se rendrait
coupable d'homicide, pourvu toutefois que la victime soit
* Fxieros, id. , td., id.
* ObservandaSj Ub. IV, de Fidejussortbus^ § 9.
' Fueros, 1. 1, lib. I, de hi^ qui ad Eccîesias confugiurU vel pakUia
Infantionum.
CONSIDBRATiOllS G^NIÙIALES 229
aussi un hommod' in fanzon, car, en dehors de ce cas,
la justice appartient toujours au roi ; mais le seigneur
du condamné ou celui de la victime a droit à la moitié
de la peine pécuniaire qui pourrait être prononcée S
Après avoir groupé et mis en lumière les traits carac-
téristiques de la législation aragonaise au Xlir siècle ,
nous n*avons pas besoin de réfuter Terreur de ceux qui ,
trompés par la forme romaine des titres du code de
Huesca , ont vu dans cetle œuvre une simple compi-
lation du droit de Justinien *.
S'il fallait rechercher dans TEurope du moyen âge un
pays dont le droit privé pût être rapproché de celui de
TAragon, nous trouverions dans ce que Beaumanoir ap-
pelle < le droit qui est communs à toz es coutumes de
France >,de nombreux points de ressemblance avec les
lois de Huesca'. Mais il est plus exact de dire qneTAra-
gon ne ressemble qu'à lui-même.
De la barbarie tardive où furent replongés les chrétiens
que l'invasion arabe refoula vers les monts de la Navarre,
de l'énergie que donna à leur caractère une vie de pro-
scription et de lutte, de la ténacité qu'ils puisèrent ensuite
dans la culture d'un soi ingrat , auquel ils s'attachèrent
* Pueras, 1. 1, lib. III, de Jurisdieiione cmmixim judicum; Ub. IX,
de Homicidio.
* Yoy. par exemple, Sempere, HisL del derecho espagnol, Ub. ni,
cap. 9.
s Quelques auteurs ont semblé croire que les Fueros généraux
promulgués en 1247 avalent aboli les Ftteros particuliers des villes.
Ce serait mal connaître Tesprit du moyen-âge, et en particulier celui
des populations aragonaises, que de supposer possible l'abolition
des coutumes et des privilèges locaux. Le code de Huesca, appliqué
par la cour du roi, par les tribunaux du majordome et du juslicia
d'Aragon et par ceux des pays qui n'avaient pas de FtAcros parti-
culiers, suppléait au silence de ces derniers. C'était le type auquel on
ramenait autant que possible la législation du royaume.
iSO LtniB m, cHÂMnB ta
d'autant plas qa*ils Tavaient arrosé de pins d6 snear «t
de plus de sang, naquit cette originalité saisissante qni
marque les lois civiles des Aragonais, comme leurs mœure
et leurs institutions politiques.
Ainsi s'explique cette organisation singulière qui fait
résider Fautorité dans Tuniversalité des citoyens plutôt
que dans les mandataires d'un pouvoir central, dépouillé
de toute force coercitive, et substitue à l'action de celui-ei
les cautions et les gages, simples contrats entre particu-
liers. Il faut rapporter encore à la même origine la pro-
scription de la torture, non que l'atrocité et le vice radical
de cette institution apparaissent à ces esprits barbares «
mais parce que la question leur semble une offense à la
dignité humaine et à la foi que l'homme doit avoir dans
la parole de l'homme.
De ces vieilles mœurs aragonaises et de coutumes im*
portées des pays septentrionaux procèdent la publicité
de la justice, la participation des prud'hommes à la déci-
sion de la plupart des affaires , le duel judiciaire, quel-
ques traces du système des conjuratores ^ certaines formes
de serment, la composition et surtout la vigoureuse
constitution de la famille basée sur une certaine commu-
nauté de biens entre époux , sur l'usufruit de la veuve ,
sur l'attachement au sol et aux domaines patrimoniaux.
Pour le régime de la dot , la composition , le serment
et plusieurs autres points de moindre importance , le
code gothique a fourni quelques éléments aux ftteros
d'Aragon ; mais son action se fait sentir principalement
dans les dispositions qui ordonnent le partage égal des
biens du défunt entre tous ses enfants.
Enfin c'est à Jacme, inspiré tantôt par le droit romain,
tantôt par des sentiments de justice et de raison natu-
relles, qu'il faut attribuer la suppression des ordalies
GOIfSlDBRATIOIfS GÊNÉBALES 231
Tulgaires, Tabolition d'antiques préjugés , des essais
de séparation du pouvoir ecclésiastique et du pouvoir
laïque, du droit politique et du droit civil ; Tintroduction
des principes tendant à fortifier le pouvoir central ; les
lacunes préméditées qui sont autant de brèches par les-
quelles les idées romaines doivent pénétrer avec le secours
des légistes et des juges.
On ne pouvait plus habilement composer un code
de transition, qu'il fallait rendre compatible avec les pro-
grès accomplis et à accomplir, tout en lui conservant cette
physionomie d'antiquité et de rigidité nationales qui
devait seule le faire accepter par le peuple.
Dans cette lutte pacifique, qui pouvait si facilement
dégénérer en conflit sanglant, le Conquistador fut vain-
queur du vieil esprit aragonais,en paraissant subir ses
exigences; et, dans ce sens , on peut dire , avec un écri-
vaÎQ espagnol, que « pour ce haut fait, Jacme mérite
autant d'éloges que s'il eut pour la seconde fois conquis
soD royaume ^ . »
* Quadrado, Recuerdos y Bellesas de Bspana^ Aragon, p. 44r
CHAPITRE VIII
LÉGISLATION DU ROYAUME DE VALENCE.- Les fun tombés dans
l'oubli. — Leur imporiance. — But de lacme I". — Préambule du code
de Valence. — Considérations générales. — Lois religieuses. — Lois
stirle clergé. — État des personnes et des terres; tendances vers l'éga-
lité.— Droit de justice. — Organisation judiciaire. — Principes qui ré-
gissent la procédure. — Le serment. — Restrictions au duel judiciaire.
— La torture.— Règles générales pour la décision des affaires.— Droit
dvil. — Filiation, puissance paternelle, minorité, tutelle, adoption. —
Régime de la dot. — Successions. — Testaments. — Donations. —
Vente. — Obligations. — Droit criminel. — Vengeance privée. — Inéga-
lités dans Tapplication des peines. — Talion. — Amende. — Mutila-
tion.- Respect de la liberté individuelle. — Pénalité. — Crimes contre
la foi. — Crimes contre la société. — Crimes et délits contre les parti-
culier.— Parallèle entre Tœuvre législative deJacme !•', celle de saint
Louis et celle d'Alfonse X. — Conclusion.
Moins original, moins curieux à étudier dans ses
détails que les fueros d*Àragon , le code des furs de
Valence git depuis longtemps dans la poudre des biblio-
thèques, dédaigné des historiens et des jurisconsultes,
qui n*y voient qu*une pâle imitation du code deJustinien.
Et cependant, lumière oubliée sous le boisseau, c'est lui
qui répand sur l'œuvre législative de Jacme P" une clarté
inattendue. Par lui s'expliquent les fueros de Huesca,
comme par le fuero de Mayorque, son précurseur, s* ex-
I
1/
234 LITRE m , CHAPITRE VIII
pliqoeDt les constitatioDs éparses ajoutées aux wtatges
catalans.
Jetez les yeux sur le code aragonais, imparfait au fond,
barbare dans la forme, et, si vous ignorez l'existence du
recueil valencien, le Conquistador vous apparaîtra comme
un législateur inhabile, méconnaissant les avantages de
Tunilé, s*épuisant en efforts louables mais impuissants
pour faire entrer une partie seulement de ses Etats dans
le courant d'idées qui produira bientôt \gs Etablissemenls
et les Sietepartidas. Jacme ne vous semblera qu'un com-
parse dans la grande réforme dooi les premiers rôles
appartiennent à saint Louis et à Alfoose X«
Mais relevez les furs de la poussière « lisez ser lears
pages flétries par le temps tout un programme tégiâlltif
inspiré par le même prince, rédigé parles mêmes hommes
qui ont inspiré et écrit le code de Huesca, voyez-y Tessai
que monarque et légistes ont fait de leurs forces» deman-
dez-vous pourquoi ceux qui ont proclamé c^ principes
à Valence ont semblé les ignorer en Aragon, l'blétoire
des mœurs, mieux que celle des faits, vous répondra, et
vous verrez briller de tout son éclat cette habileté politi-
que qui place le nom du conquérant et du législateur de
Valence parmi les plus grands noms du Xlir siècle.
Nous avons dit* comment, dès la prise de Valence, le
roi avait résolu de donner des lois spéciales au royaivme
qu'il enlevait à Ben-Zeyan. On s'attendait i le voir sou-
mettre sa nouvelle conquête aux fueroê généraux de
l'Aragon» tout en lui accordant, suivant Tusage, des pri-
vilèges destinés à faciliter son repeuplemeat et à assurer
sa défense % mais, dès que les nobles aragouaiscoonureiit
« Tome I, p. 389.
« Los hisloriôiis élttingers à l'Êâpajne n'ont vii' dans les PàT9 fie
Tlrlén«e ^t^UM carta^uebla ou ad fuero muRMfal. Siloii
' L^S rats BB TALBI^CÈ S8S
fîMentiM de leur so^veraiti de faire ^rédiger tin bé/àè
particolier poor le pays de Valence , ils protedtèrMtt
avec cette énergie et cette persistance qa^ils sataient
mettre dans lootes lenre réclamations.
Eot'il été possible de ptier anx mêmes lois des indi-
Fidas accourus de tous les pays de l'Europe dans les
fertiles campagnes de la ffuerta, et des populations qui
semblaient avoir pris racine dans le sol aride de TAragon,
que Jacme, ne pouvant faire avancer celles-ci vers la
lumière, n'aurait eu garde de faire reculer ceux-là vers
lesténèbresV II aimait mieux, avec raison, établir dans
ce pays neuf un foyer qui peu à peu étendit son action
sur les législations voisines , que de réaliser brusquement
ane unité illusoire dans la barbarie.
D'ailleurs le droit civil aragonais était suivi de près
par ce droit politique si odieux à la royauté. Jacme
résis4adonc;la lutte fut opiniâtre, et le roi n'en sortit pas
entièrement vainqueur, car, pour éviter d'en venir aux
armes, il dut autoriser les nobles aragonais à établir la
législation de leur pays dans les honneurs et les fiefs qui
uns, l'idiome employé pour la rédaction de celle prétendue charte
municipale aurait été la seule cause des réclamations de fa noblesse
aragonaise. Schmidt nous parait être le seul, à en juger par les deux
phrases qu'il consacre au code de Valence, qui ait compris rimpor-
tance de ce recueil elle caractère multiple de Tœuvre législative du
Conquistador» ( V. Geschichte aragonien's im MiUelallert p. 4ÎHS.)
^ Voici un passage souvent cité, dans lequel Miedes apprécie d^une
manière assez exacte les trois principaux peuples soumis au sceptre
de& rois d'Aragon : « Les Aragonais, jaloux de leurs libertés plus que
de leurs biens et de leur vie, flors de la gloire de leurs ancôtre», ne
s*oceupentquedu passé; les Catalans, habitant un pays stérile, na*
turelleroent tournés vers l'industrie et habitués à vivre d'épargnes et
de travail , ne songent qu'à l'avenir ; enân les Valenciens» au sein de
laurdélicieuse huerta, ne vivent que pour le présent et jouissent en
enfants prodigues des dons de loutesorte dont la nature les a oom«
blés. > ( Vida de don Jayme. lib. XU.)
336 UfBB m, CHAPITRB Tin
leur étaient échas. Ce furent là« ponr employer une
expression de Tépoque, des domaines peuplés en fuero
d* Aragon. Par saite de cette transaction regrettable et
de la nécessité de déroger aux lois générales en faveur
des populations et des seigneurs chargés de la défense
des frontières, le royaume de Valence dut renoncer à la
gloire d*étre le premier royaume européen qui ait joui
d*une législation unifiée, sous Tempire du premier code
complet qu'ait vu promulguer le XIIP siècle \
Malgré l'interdiction qui termine le préambule des
furs*, le droit de 1* Aragon, celui de la Catalogne, les carifu-
pueblasei surtout les idées féodales, dans leur lutte déses-
pérée contre les principes romains, disputèrent le terrain
pied à pied au droit de Valence , si bien qu*au XVP siècle
ces lois, promulguées pour « tout le royaume et toutes
les villes, châteaux, fermes, maisons de campagne et
tous autres lieux édifiés ou à édifier dans le royaume >
ne régissaient plus guère que la capitale et étaient des-
* Le code rédige par Frédéric II, en 4224, sous le titre de ConstUu-
tiones neapolitana sive siculœ, ne traite guère que de la procédure, du
droit criminel etdu droit féodal. On y voit qu^à cette époque le sys-
tème des lois personnelles était encore en usage dans le royaume des
Deux-Siciles, dont les habitants, a Français, Lombards ou Romainsi,
suivaient la législation du pays de leur origine. (Voy., entre autres,
lo titre XVn du liv. II et le titre XXIV, loi 2, du liv. lU.)
* A Valence, comme en Aragon et en Catalogne, Jacme, voulant
préserver le droit du pays de tout autre mélange que celui des idées
romaines professées dans les écoles, défend « qu'aucunes autres cou-
tumes dans la cité ou dans aucun autre lieu du royaume de Valence,
soient invoquées dans aucune cause Car la cort elles juges pour-
ront convenablement distinguer, par les présentes coutumes, la chose
Juste de celle qui ne sera pas juste et h cho^e licite de celle qui ne
sera pas liciic Et là où ces coutumes ne pourront suffire , ceux
qui jugeront pourront librement recourir au sens naturel et à
réquité. «(Préambule des /ur* de Jacme l".— Voy. Pièces justifica-
tives, n- VUI.)
LKS FUB8 DE TALE5CE SS7
cendaes au rang de fueros municipaiixV Si leur empire
a été moins étendu que leurs rédacteurs ne l'auraient
désiré, on ne saurait méconnaître , dès qu'on a jeté les
yeux sur Tensemble de ce code, l'importance capitale
qne sa date, son esprit, sa perfection relative, lui assignent
dans rhistoire de la législation européenne.
En nous plaçant à un autre point de vae, nous trou-
vons dans Tœnvre qni nous occupe l'un des monuments
les plus curieux et peut-être les moins connus de la litté-
rature catalane.
Un dialecte de cette langue d'Oc, si chère aux princes
de la maison de Barcelone, de cet idiome dans lequel ils
aimaient à s'entretenir avec leurs sujets, à raconter leurs
exploits, à chanter leurs amours, fut choisi pour servir
à la rédaction des nouvelles lois. Celles-ci, à leur tour,
érigèrent le « romanç » en langue des tribunaux, et pres-
crivirent son emploi exclusif ponr les actes de procédure,
les plaidoiries des avocats, les sentences des juges ^ Le
catalan était, en effet, plus généralement compris que
Taragonais; mais, outre ce motif d'utilité pratique, outre
* Voyez répUre dédicatoire et la préface de Punique édition des
furs (1547}. Ainsi s'explique Terreur des historiens qui ont attri-
bué à ce recueil, dès son origine, un caractère qu'il n'a pris qu'avec
le temps, tes Valenciens duXVI'' siècle ne paraissent pas, d'ailleurs,
avoir eu une idée plus juste de leur code, etce n'est pas sans raison
que le notaire Michael Fuster a dit, dans une pièce de vers imprimée
en tête des furs :
Accipe nunc proprias, generosa Valentia, leges,
Ni sis (lU sdHa es) nescia forte lui.
• Purs, lib. n, rubr. VI, f.2; lib. Vil, rubr. II, f. 2. —Privilèges,
t xni, n? 37 ; ^ xix, n* 65. — Les avocats, par habitude d'école
et probablement aussi pour rendre leur ministère indispensable
aux plaideurs» s'obstinaient, malgré les prescriptions réitérées de la
loi| à faire les actes de procédure on latin et à plaider dans la même
langue.
VaffecUoD de Jacme pour sa langue materoelle, il est
difficile de ne pas voir dans ces mesa^es rarrière-peosée
de repoasser dans leurs limites naturelles la langue et
les institutions de T Aragon « de donner, au contraire, la
plus grande extension possible à la langue de ces popu-
lations méditerranéennes dont le fils de Pierre le Cath(h
lique teptait de reconstituer la nationalité.
Quoi qu*il en soit, le code valeucien de Jacme V\ plus
l^eureux que les fueros de Huesca, est parvenu jusquà
nous sans de trop nombreuses altérations V Ce n*est que
douze ans après la conquête, c'est-à-dire en Tannée 1250,
que le recueil des furs put être achevé et mis en vigueur.
Vingt ans plus tard, il fut révisé, corrigé et confirmé par
* Les furs de Valence ont été imprimés en 45i7 par les soins du
notaire Joan Pastor, quia respecté l'ordre et les divisions du code
primitif, en se contentant d'ajouter après chaque fur les disposi-
tio«s émanées des différents souverains qui Tout, à diverses époques,
complété ou modifié. Les furs et les ordonnances qui n'ont pu trou-
ver place sous les titres de Jacme I" forment un volume spécial ap-
pelé volume des furs extravagants. La série des livres et celle des
n^çfues ou titres sont donc les mêmes qu'au tevps de iaeme ; les
numéros d'ordre des furs ou articles, rangés sous chaque rubrique,
ont été seuls modifiés par suite de Tintercallation des dispositions
législatives promulguées par les successeurs du Conquistador. C'est à
ce code, ainsi modifié, que se rapportent nos renvois. Un autre re-
cueil, qu'il ne faut pas confondre avec le précédent, sert «souvent à
éclaircir et à compléter h? furs : c'est celui des Privilèges de Valence,
imprimé en 4545î<ous le titre de Aureum Opus regalium privilegio^
rum civitalis et regni Valentix Les actes qu'il contient, presque tous
^édigé:^en latin, sont classés à pàu près par ordre chronologique,
avec une série de numéros d'ordre pour chaque règne. C'est parmi
ces documents que se trouvent les véritables fueros municipaux de
la Tille de Valence. On y rencontre aussi des dispositions légales anté-
rieures à la promulgation des furs , et qui ont été résumées, déve-
loppées ou simplement traduites par ceux-ci; des ordonnances d'un
earactère transitoire; enfin des actes qui ne oonoerneiit qu'un indi-
vidu ou uo« ville. Nous désignons VAureum, Opus, daas nos reavois,
sous le nom de Privilèges de Valence.
le roi, qsi décida qae toqs ses saceessearsseraieut tenus
d^ra jurer TobserTation \
Le double préambule qui sert d'iotroduction au code
de Yalenoe en dessine bien nettement la physionomie.
Plus de cortès dont la sanction soit indispensable pour
donner au recueil sa force légale, plus d'assemblée na-
tionale d^auoune sorte * ; il n'y a qu'un souverain, entouré
de conseillers dont il peut accepter op rejeter les avis.
Cee canseiliers, il est vrai, sont, pour la plupart, des sei-
gfiiursaragonais ou catalans qui n'ont que trop de moyens
d'influencer la volonté royale; mais, en principe du
moins, nous voilà revenus à Vimperàtor romain ' ou au
roi gothique, qui tipnt «du Seigneur des créatures i^ le
droit déjuger les hommes et dont émane toute autorité.
li a daigné s'entourer des lumières « des sages » qu'il
a pu réunir à sa cour. Au premier rang de ces sages sont
les prélats, auxquels par déférence il demande « leur
assootiment et leur avis» ; mais, dès qu'il s'agit de ses
conseillers laïques, barons ou bourgeois, le roi, pour
qu'on ne se méprenne point sur leur rôle, a soin d'iodi*
qiier qu'il agit seulement avec leur avis.
Dans cette sorte d'introduction au code, écrite dans
* Vay. Privilèges de Valence, ^ xxiv, n» 84 . — Les additions et les
eorrecUons faites en 4270 sont indiquées dans le code par ces for-
mules : Enadeix lo senyor rey Aquesl fur smena et romança la
Mnyor rey,
' Ce fut seulement sous les suoesseurs de Jacme I*' qu'il y eut
49ns le royaume de Valence des cortès investies des mêmes attribua
lions que les cortès d'Aragon et les corts de Catalogne.
' En droit romain, Tempereur était censé avoir reçu son autorité
1)11 peuple^ en vertu de la loi même qui constituait Tempirç ; m^isi^e
n'était là qu'une théorie. Le prince qui appelait ses décisions « de3
ofSH^le^ V^mbés, de sa bouche divine 0, qui autorisait ses sujets <l à
invoquQf sqn éternité 9, n'était guère disposé à considérer ^n poH-
voir comme une simple délégation de celui di^ ^wlQ-
340 LmttlII, CHANTRfiTIN
le style naïvement sentencieux que le clergé et les écoles
avaient mis en honnenr, se mêlent des idées et des phrases
entières empruntées au Digeste, an code gothique et aux
livres saints. Ici nous trouvons une véritable homélie sur
la nécessité de la justice, sur Tamour et la crainte du
Seigneur; là le roi demande humblement pardon à Dieu
des fautes qu*il a pu commettre dans l'exercice de son
autorité de juge; plus loin nous rencontrons la traduc-
tion catalane du précepte d*Ulpien: Honesiè vivere, alte-
rum non Uedere, suum cuiqne tribuere; enfin un passage,
où semble revivre Tesprit des conciles de Tolède, nous
fait connaître à quel point le sentiment du devoir mîli-
geait les tendances absolutistes inspirées à Jacme par
l'amour du bien public et non par une ambition égoïste:
< La raison pour laquelle un roi doit régner, écrit le
législateur de Valence, c*est principalement pour la
justice, car elle lui est donnée S et, s'il n'y avait pas
justice, les gens n*auraient pas besoin de roi ». Ijefuero
juzgo avait dit : « C*est en faisant le droit que le roi doit
avoir nom de roi; d*où les anciens ont eu ce proverbe:
c Roi tu seras quand droit tu feras, et, si tu ne fais droit,
tu ne seras roi. » D'où le roi doit avoir principalement en
soi deux vertus, justice et vérité*. >
Entre le code gothique et les furs il y a la distance qui
sépare une monarchie théocratique, où le roi , nommé
par les évéques, est menacé de « ne plus être roi > s'il ne
marche dans la voie de la justice, que les prélats sont
chargés de lui indiquer, et une monarchie héréditaire, où
* Plus bas on lit que la justice est une grâce cachée que Dieu
accorde aux rois.
^ Voyez le texte espagnol du Fuerojup^^o (édlt. publiée par PAcadé-
mie de Madrid) ; Prologue, l. I, loi 4 . ^ Extrait des canons du sep-
tième concile de Tolède.
LBS PURS DE YÀtSnCE 241
le souverain, recevant da ciel les grâces nécessaires pour
gouverner, ne reconnaît aucun intermédiaire entre Dieu
et lui.
Le préambule * des fars de Valence est la seule partie
dececodeoùTon trouve ces dissertations pédantesques
qui s'étalent à tontes les pages des Siete Partidas, et font
ressembler Tœuvre d*Alfonse X à un traité de morale
beaucoup pins qu*à un recueil de lois. Jacme a su se
défendre de cet excès, et, après avoir payé un tribut, dans
le morceau dont nous venons de parler, au caractère de
son siècle et à ses propres goûts, il prend, autant que
la langue catalane peut le lui permettre, le style concis,
le ton impératif, qui conviennent au législateur. On ren-
contre bien encore çà et là quelques tendances à accom-
pagner les prescriptions légales des motifs qui les ont
dictées, quelque prolixité dans la rédaction, mais ces
défauts sont bien moin^ apparents dans l'œuvre qui nous
occupe que dans les autres codes de la même époque.
Pour base et pour modèle de leur travail, les rédac-
teurs des /tir« ont choisi le code de Justinien réduit à
ses neufs premiers livres, les trois derniers, qui traitent
de matières administratives, ayant été, comme on le sait,
retranchés de l'enseignement des écoles. Pour être appli-
quée au royaume de Valence, l'c^uvre impériale a dû être
extraordinairement abrégée. On en a extrait, et quelque
fois traduit littéralement, les principes les plus saillants,
négligeant à la fois les déductions trop subtiles pour les
esprits du moyen âge et la multitude de cas particuliers
prévus par les empereurs. Mais, comme on doit le penser,
* Nous donnons dans nos Pièces jusiiûcatives (n* VIfl) , en le fai-
sant suivre de la table des livres el des rubriques^ le double préam*
bule des furs qu'il est curieux de comparer avec celui des fueros
à^Angon.
T. n. 16
912 UTM m, CHAVItM mil
la logique la plas rigoureuse n'a pas présidé à ce travail ;
on a procédé par retranchements plutôt que par conden-
sation; quelques rares essais de généralisation ont été
tentés assez gauchement ; la suppression d'un nombre
infiniment considérable de titres et de lois a rapproché
sous la même rubrique des dispositions qui n'ont aucun
rapport entre elles, sans faire disparaître toutes les répé-
titions et toutes les contradictions du modèle V
Il ne faudrait pas croire cependant que, pour n'avoir
pas stt éviter des imperfections si communes de leur
temps, les jurisconsultes de Valence n'aient été que les
imitateurs maladroits et servîtes du code impérial. Non-
seulement ils ont mis à contribution avec discernement
et dans des proportions diverses , le Digeste, ^es Insii-
tutes , le fuerû juzgo et les traditions germaniques ; mais,
les grands principes de droit naturel et d'équité qui sem-
blaient se conserver plus spécialement dans les déoré*
taies, le besoin de simplifier les formes, la nécessité de
plier les lois aux mœurs du temps et du pays, font sentir
leur action dans lesfurs. Jacme, dominant de la hauteur
de son génie les légistes qui travaillent par ses ordres,
combine ces éléments, dirige ces influences, fait servir
les uns et les autres à la réalisation de ses projets, donne
à l'œuvre Toriginalité, l'unité, la sève enfin qui fait vivre
un code nation al et qui manque toujours à une simple
compilation.
Dès qu'on aborde l'étude de ce recueil, où se mêlent.
* Après avoir suivi assez exactemenl l'ordre du code de Jusiinien,
jusqu'à la fin du droil criminel, les rédacteurs des furs ont ajouté
pêle-mêle au IX* livre des rubriques relatives au droit féodal, àTad-
roinistratton. à Torgantsation judiciaire, à la police orbaine ou
rurale, et aussi à des matières générales empruntées au Digestei
qui eussent plus logiquement trouvé leur place en tdte du
UNf ■EUCIBDSB8 %IS
snmùt rasade d^ temps, le droit civil et le droit crimi-
09I9 l*adoiiaistraUoo ^et ia procédure, les principes de
l'ordre le plii3 élevé et d^lDâmes détails de police, il est
impossible de ne pas être frappé de l'habileté avec la-
quelle, an milieu de cette confusion, le législateur a co*
toyé, sans y échouer, les deux écueils les plus dangereux
poorson œuvre : les lois sur le clergé et les lois politiques.
La difficulté n*était pas d'éviter ces questions, mais,
en réduisant notablement l'influence démesurée du clergé
dans l'ordre civil et dans l'ordre politique, en faisant des
efforts remarquables pour se rapprocher d'une égalité
relative dbs citoyens et des terres aux yeux de la loi, il
ne fallait blesser aucune des deux puissances redou-
tables (i^i, durant tout le moyen âge, ont tenu sous leur
dMÛnation le monde matériel et le monde moral.
Les /tir« empiètent un peu plus qu'il ne conviendrait
sur les matières qui touchent à la foi. On dirait que
Jaciœ sent le besoin d'affirmer son orthodoxie au mo-
ment où il porte la main sur les abus cléricaux.
Pour se conformer aux prescriptions du droit cano-
nique, il autorise le fils à accuser son père du crime d'hé-
résie \ il refuse la sépulture aux hérétiques '; il punit
les blasphémateurs de peines pécuniaires ou corporelles ^
il défend de sculpter, de tracer, de peindre publiquement
* Fun, lib. VI, robr. IX. fur ib.
3 M, lib. VIU, rubr. Il, fur 29. — C'est le seul cas qui légitime le
refus de sépulture. Trois ans après la révision àesfurs, au concile de
Lyon de 4273, Grégoire X défend de donner la sépulture ecclésias-
tique aux usuriers qui n'ont pas restiiué. (Voy. Se^t, , lib. V, tit. Y^
eap. 11.)
* On paye cent sols pour avoir blasphémé Dieu ou sainte Marie,
dnqtiaoïe sois pour a avoir mal parlé » des Apôtres , et vingt sols
pour avoir oCbQsé ie>. saints mariyrs, sinon on est exposé tout un
jour au pilori. (Furs^ lib. ia,rubr. XKII, f . 8.)
244 LITftE III, CBAPITRB TUI
et d'exposer en vente les images de Dieu et des Saints *;
il interdit enfin anx juifs et aax musulmans tout travail
public les jours , fort nombreux alors, de fêtes chômées
par TEglise; mais, dans Tinlérét de Tagricnlture et pour
ne pas aggraver la position des Sarrasins soumis, ceux-ci
peuvent cultiver leurs terres ou celles quMls ont affer-
mées sans être tenus d'observer d*autres fêtes que celles
de « Noël, Pâques fleuries, Cinquagesma^ei Sainte-Harie
du milieu d'août ' » .
On reconnaît dans ces prescriptions le prince ortho-
doxe, soumis aux ordres partis de Rome en tout ce qui
touche au spirituel; mais, dès qu*il s'agit de régler les
droits et les devoirs des membres du clergé dans la société
civile, l'attitude du législateur change d'une manière
d'autant plus surprenante qu'un èvêque a été sou plus
actif collaborateur \
Nul clerc, nulle personne engagée dans les ordres,
nulle église ou < lieu religieux », ne peut acquérir à un
* Fu^-s, ]ib. I, rubr. XV, f. unique.
^ l.a Pentecôte. Le môme nom s'est appliqué au dimanche qui suit
la fête de Pâques de cinquante jours et à celui qui la précède d'au-
tant.
a Furs, lib. I, rubr. VIII, f. 2.
^ Parmi les furs que nous passons sous silence, se trouve une
sentence arbitrale rendue en 1268 par le roi entre < l'évoque, le cha-
pitre, les clercs do la cité et de Tévêché de Valence d'une part, et
ifàs richs homeru, cbevaltors, bourgeois et autres habitants de la
même cité et du même diocèse, d'autro part, au sujet des dîmes et
prémices et des sacrements ecclésiastiques. » Ce document, inséré
abusivement au nombre doi lois lors de la révision du code en 1S70,
donne de curieuses indicutions sur la nature des producttoas du
terriloirede Valence et sur leur valeur relative , d'après laquelle oo
a évidemment établi la quantité à donnera titre de dime ou de pré-
mices. Cet acte forme Ietur4 du titre XXIV^ liv. lV;soa texte primi-
tif en latin, se trouve au T xxu, n* 77 des Privilèges , et sa confir-
mation au f* xxvui, n"* 90 du même recueil.
LOIS GORTBe l'àmortizacion 245
titre qoelcoDqae un immeable, une rente foncière, cens
ou < tribut d'argent ou de service » grevant un immeu"
ble. Les églises seules sont autorisées à accepter, à titre
de legs, les immeubles, à condition de les vendre dans
Tannée, en acquittant les droits de mutation et en parti-
ealier celui de hysme ^ si la terre est tenue en censive.
Les personnesengagées dans les ordres ou entrées en reli*
gion ne peuvent succéder à aucun de leurs parents,
même à leur père ou à leur mère. Telle est la règle rigou»
rense posée lors de la promulgation des furs, mais qui
dut être adoucie bientôt après, car le code révisé autorise
les constitutions de rente pour les fondations pieuses, et
permet au clerc séculier de réclamer sa légitime et de
succéder à tous les biens de son père et de sa mère,
pourvu toutefois qu*il ne soit pas entré dans les ordres
contre la volonté de ceux-ci ^ La règle fut maintenue dans
tons ses autres points; les furs et les privilèges la rappel-
lent toutes les fois qu*il est question d'aliénation d'im*
meubles ou de rentes foncières ^.
Les inconvénients de Taccumnlation de la propriété
immobilière dans les mains des corporations avaient été
pressentis de bonne heure. Les mainmorlables , c'est-à-
dire les gens qui , selon une expression de Tancien droit,
avaient la main vive pour recevoir et la main morte pour
rendre , privaient le roi ou le seigneur dominant de tout
les droits auxquels la transmission d'un immeuble pouvait
donner lieu , et mettaient hors du commerce une quan-
tité considérable de biens * ; aussi , sans remonter à
* Lausime ou hdsen droit fraoçais.
^Furs, lib. IV, rubr. XIX, f. 5, 6 el 7; lib. VI, rubr. V, f. 5.
s Par exemple, lib. IV, rubr. XXIII, f. 48, et lib. VI, rubr. IV, f. 37.
** La fiction de riiomme vivant r mourant et confisquant, que plu*
sieurs coutumes françaises obligeaient les corporations à fournir,
246 uvm III , CBAFim ym
TEmpire romain et sans parler des lois d'Arcadios et
d*Honorins, qni restreignaient la liberté de tester en
faTenr des églises, tronvons-nous , dés le Xir siècle, en
Espagne, des précautions prises par les rois contre
Vamorlizacion*. Jacme avait tenté vainement d*introduire
des lois analogues en Catalogne et en Aragon ; il ne par-
vint à les établir qu*à Mayorque et à Valence, mais en
lear donnant une extension considérable, puisqu'elles
ne s'appliquaient pas seulement aux corporations, mais
encore aux individus, clercs et chevaliers.
Cette dernière mesure se lie intimement à Thistoire
des variations qu'a subies Tiètat des terres dans le royaume
de Valence. Les furs et les privilèges nous fournissent
sur ce dernier sujet la matière d'une étude intéressante.
Il est curieux de suivre , dans la législation qui régissait
obviait au prerDier de ces inconvénients , mais non au second , qui
était de beaucoup le plus considérable. On sait que l'homme vivant,
mourant et confisquant, jouait, par rapport au seigneur dominant,
le rôle du vrai propriétaire de Timmeuble. Les actes de sa vie et
sa mort donnaient lieu à l'exercice des droits seigneuriaux; son
crime pouvait entraîner la conflîcalion du Ûef.
* Voyez , entre autres , le fuero de los hijos dalgo , promulgué aux
certes castillanes de Najera en 4138. Ce fuero, appelé aussi fuero
de fazaâas y alvedrios (de sentences et arbitrages) ou fuero de Burgos^
parce qu'il était destiné à la Castille, dont Burgos était la capitale,
fut refondu plus tard dans le fuero viejo de CasiiHa, avec lequel i(
ne faut pas le confondre. (Voy. Lafuento, Historia gênerai de Espaça,
part. II , lib. II , cap. xiu , § 3. } On lit dans le fuero de Cuenca , octroyé,
en 4190, par Alfonse VllI de Castille: a J'ordonne qu'aux hommes
engagés dafis les ordres et aux moines personne n'ait le pouvoir de
vendre un immeuble : car, de même que leur ordre leur défend de
nous donner ou vendre un héritage, de même le fuero et la cou-
tume noua défendent la môme chose. » (Voy. Marina, Ensayocritieo
sobre la anligua legUlacion y principales cuerpos légales de los reinos
de Léon y Castilla , g 42G. — Lafuente, Historia gênerai de BspaAa ,
pan. II, lib. U, cap. xm, §3. )
iTkT DBS TEftAKS 347
la propriété immobilière , les péripéties de la lutte eoga-*
gée entre Tesprit féodal et les tendances égalitairesde la
royauté.
Dés les premiers temps de la conquête « les propriétés
distribuées par le roi furent de trois sortes : des hanors
aax barons, des fiefs à trois cent quatre-vingts chevaliers;
la masse des immeubles à la foule de nobles» bourgeois
et plébéiens qui avaient pris part à Texpédition.
Les concessions A'honors étaient le résultat d*une
mesure à la fois administrative et militaire: il s'agissait
de défendre les villes et d*y organiser la justice , la per-
ception des impôts , etc. Les fiefs n'étaient que des posi-
tions militaires à la défense desquelles il était essentiel
d'intéresser la classe belliqueuse des chevaliers. Honors
et fiefs ne devaient être que l'exception. La plus grande
partie de la propriété immobilière était constituée par
les terres dont la distribution nécessita les libros de re*^
partimiento.
Celles-ci ne furent d'abord données qu'à la condition
du payement d'un cens de dix sols pavjovala. La constitu-
tion de la propriété allodiale était entravée par le désir
de fournir de l'argent au trésor royal. Mais d'aussi étroites
considérations ne pouvaient longtemps arrêter l'esprit de
Jacme T'. Cette redevance ne tarda pas à être abolie^;
dès lors la généralité des terres du royaume fut tenue en
franc alleu, et , suivant les termes des furs , le roi n'eut
• cens , fadiga * y ni seigneurie, ni loysme, que sur les
choses immeubles pour lesquelles il avait spécialement ,
expressément et nominalement retenu cens , fadiga,
* Privilèges, ^ xxv, n° 84, et errata, f» ccxlyiii.
^ Prélalion ; c'est le droit qu'on appelait, en France , retrait sei-
gneurial al ceosier ou relrail féodal, suivant qu'il s'exerçait sur des
biens roturiers ou sur des fiefs.
248 LiTBEUiy ClUprrBETin
certaine part de fruits, tribut oa service annuel*. »
Ces alieux n*étaient par eux-mêmes ni nobles ni roturiers,
et se trouvaient soumis, en règle générale, à certains
services ou tributs, tels que hosl, chevauchée, queste,
en un mot à toutes les charges « royales et vicinales • ,
c'est-à-dire imposées dans Tintérét général du royaume
et dans l'intérêt particulier des villes. Mais , en vertu
d*un privilège spécial , les chevaliers et les membres du
clergé étaient personnellement exempts de la plupart de
ces contributions en argent ou en services. Par le fait,
les terres suivaient donc la condition de leur possesseur.
Un immeuble pouvait ainsi , en passant de main en mai ni
s*élever de la roture à la noblesse ou tomber de noblesse
en roture. Dès lors Taccroissement de la puissance ter'
ritoriale des chevaliers et des clercs constituait à la fois
un danger politique pour la royauté, un préjudice
matériel pour TEtat et pour les villes.
On remédia en partie à ces inconvénients en interdisant,
au moment de la répartition des terres , toute transaction
immobilière pendant une période de cinq ans. Cette
mesure avait encore pour but d*empécher la dépopula-
tion du territoire nouvellement conquis. Elle ne fut point
observée, et, en 1245, le roi dut approuver les transac-
tions conclues au mépris de son ordonnance; mais il
prohiba pour Tavenir les aliénations en faveur « des
clercs , des personnes religieuses et des chevaliers *. »
L'année suivante, il alla plus loin et assujettit aux charges
et contributions les biens ayant appartenu à des bour-
geois et acquis par des membres des deux classes privilé.
giées. Tout immeuble passant des mains d'un chevalier
*Furs, lib. VIII, rubr. VIII, f. 26, et lib. IV, rubr. XXIII, f. 44.
^ Privilèges , f» vn , n* 17.
ÉTAT DES TERRES 249
ôa d*UD clerc dans celles d*uD bourgeois perdait ses
immonités san spou voir jamais les recouvrer V
Le désir de favoriser Textension de la propriété rotu-
rière avait dicté cet acte *; Tesprit féodal réagit contre
cette tendance. Dans la pratique , le pouvoir ne fut pas
assez fort pour faire respecter ses prescriptions; les che*
valiers et les clercs continuèrent à acquérir des immeubles
de bourgeois et, en vertu de leurs privilèges personnels,
refusèrent de se soumettre aux charges. Les choses
étaient dans cet état en 1250, lors de la rédaction du code.
l^sfurs se bornèrent à renouveler, en retendant à tout
le royaume, Tinterdiction d*aliéner en faveur des indivi-
dus privilégiés, « nonobstant tout privilège ou permission
octroyée par le roi*. » Les influences féodales et cléri-
cales essayaient cependant de reconquérir pied à pied le
terrain gagné par la royauté au profit des idées de progrès
et d'égalité. En 1252, Jacme fut contraint de ratifier
toutes les transactions accomplies , de déclarer franches
de tout service les terres possédées par les chevaliers et
les clercs , et de permettre les acquisitions futures hors
du territoire de la capitale, pourvu que Ton eût obtenu
préalablement une autorisation royale. L'interdiction
absolue, telle que la prononçaient les fur$, se trouva res-
treinte à Valence et à son territoire ^ Le code révisé
consacra cet échec de la royauté , il Taggrava même en
* Privilèges , f* vni, n» 21 .
, ^ Ce privilège et celui de 4245 sont applicables seulement au ter-
ritoire de la capitale. Le roi semble avoir voulu essayer sur cette
partie du royaume les mesures qu'il devait généraliser plus tar^.
La capitale et son district étaient, d'ailleurs, le point qu'il était le
plus essentiel de soustraire aux empiétements des chevaliers et des
clercs.
« Fars, lib. IV, rubr. XIX, f. 8; lib. IX, rubr. XIX, f. 35.
* PrivUéges, ^ xvi, n- 47.
250 LIVBB Ul, GHàPlTBB YIU
aatorisant les échaDges et les rachats entre eheyaliers et
boargeois , et en déclarant francs de tout service les im-
meubles acquis de ces deux manières par les chevaliers *.
Si Jacme ne parait pas lutter avec succès sur le terrain
pratique , il se relève dans la théorie , et pose dans son
code, par des moyens détournés, des principes qui
devront porter leurs fruits. Remarquons d*abord, comme
un premier pas vers Tégalité des personnes, le silence
des furs au sujet des simples nobles. Dans la Péninsule,
le service militaire n*est pas, comme en France, Tapa-
nage du corps de la noblesse. Les non-nobles, organisés
en milices toujours prèles an combat dans les pays limi-
trophes des possessions sarrasines, sont une force plus
sérieuse que les simples nobles, exempts à'ho$t et de
chevauchée.
Dans la noblesse , les ricos homes et les chevaliers seuls
représentent la puissance territoriale et militaire; les
autres, jouissant de quelques privilèges sans avoir d'in-
fluence à mettre au service de TÉtat , n'ont aucune raison
d^élre distingués de la bourgeoisie, et c'est pour ce motif
que les furs ne font d'eux aucune mention spéciale.
La tendance à l'assimilation légale des nobles et des
non nobles se révèle clairement dans le passage suivant:
« Nous autorisons pour toujours les citoyens de la cité de
Valence et tous les autres pobladores * du royaume à
recevoir et posséder à titre de donation , d'échange et de
toute autre manière et façon , à acquérir et à avoir terres
labourées ou incultes et toutes antres possessions,
^Furs, lib. IV, rubr. XIX, f. 9 et 40.
^Les pobladores sont ceux qui ont fondé les premiers établisse-
ments dans un pdys. Peut-être ce mot est-il pris ici dans un ï^ns
plus général, et signifie- t*il tous les habitants fixés définitivement
dans le royaume sans idée de départ.
ehoses et rentes venant de quelques personnes que ce
soit, chefaliers, eleres, bourgeois et autres ^ »
En outre, les /*tfr9 assimilent, toutes les fois que cefai
est possible , les alleux aux fiefs , les domaines nobles
aux non nobles. Les immeubles , désignés le plus souvent
par énnmération : c maisons, jardins « champs, vignes»
fermes, villages, villes, châteaux, forteresses, honneurs *f
sont considérés comme appartenant a un seul genre de
propriétaires. Le mot senyor signifie à la fois maître ,
propriétaire et seigneur.
Cette façon de considérer la propriété simplifie con-
sidérablement les matières, si compliquées en France,
des fiefs, du bail à cens, du bail emphytéotique, du
bail à locatairie perpétuelle.
A Texception de quelques règles spéciales aux fiefs ,
empruntées à peu près toutes aux coutumes françaises*,
* Furs. lib. VIII, rubr. VUÏ. f. 5.
^Tous les ûeU de Catalogne et de Valence sont fiefs rendables.
On appelait ainsi en France ceux que le seigneur doroinani pouvait
se faire remellre, a iralusvel paccatusu, disent les acteà dUnféoda-
lion, e'est-à'dire mécontent ou non de son vassal. Le refus de ce
dernier est qualifié trahison manifeste et autorise le suzerain û s'em-
parer du fief par la force. Si le seigneur dominant ne réclame le
fief que pour constater sa suzeraineté , il doit le rendre dix jours
après ; sMi a un différend avec son vassal , il peut garder le domaine
jusqu'à rentière décision du litige. Recevoir ainsi un fief, ctiâteau
ou ville, c^ctait» suivant Pexpression catalane, reehre postai delcastell,
delà vila. recevoir la puissance, Tautorité sur ce cbà'.eau, sur œtte
ville. ( Voy. Constitutions de Cathalunya, vol. 1, lib. IX, lU. XXVII;
Costumas gênerais, etc., de Père Albert; Furs, lib. IX, rubr. XXI,
f. 4 à 4, 23 à 27.) Le fief rendable se rencontrait, dans la France
méridionale et particulièrement en Dauphiné , avant le XVI* siède.
(Salvaing, Traité de Vusage des fiefs, 1'« partie, cbop. vin.) Mais
dans ces pays la condition de reddibilité no se présumait pas,
tandis que, en Catalogne et à Valence, « il est entendu tacitement,
bien que ce ne soit pas expressément dit, que le seigneur (suzerain)
du fief doit avoir et a — liostat, paix, guerre, fadiga et lousme, s'il
n'y a expressément et nominativement renoncé, t {Purs, lib. IX ,
rubr. XXI, f. U.)
• *. >
253 UVIE 111 , CHAPITRE Tin
€ ce qai est dit et établi poar la chose donnée à cens
doit être etiteodu de la même manière pour tontes
choses qni seront données à certaines portions de fruits ,
de services, de gain ou de profit* ». L'assimilation des
différentes espèces de propriété immobilière .est donc
aussi complète qu'elle pouvait l'être à cette époque.
La juridiction, pour les contestations relatives aux biens
tenus à charge de redevances ou de services , appartient
au seigneur, ou, pour mieux dire, au propriétaire do-
minant « senyor primer » de l'immeuble , sans distinction
de possesseui*$ nobles ou non nobles, de terres possédées
à titre d'alleu ou à titre de fief*.
En résumé, tout propriétaire d'un alleu ou d'un fief,
qu'il soit noble ou non , est investi par la loi de certains
droits, sur lesquels n'influent ni sa qualité ni celle de
son immeuble. Il estmaitreet seigneur (ces deux mots
sont réunis dans celui Ae senyor); « il peut faire sa vo-
lonté de ses possessions, qu'il ait des enfants ou n'en
ait pas, qu'il fasse ou non un testament, et en tout autre
guise et manière* » ; il est libre de les démembrer à
l'infini en concédant chaque portion à charge de services
ou de redevances , pourvu que sa position ne change pas
par rapport au souverain , c'est-à-dire qu'il « ne recon-
naisse tenir maisons, jardins, honneurs, châteaux, villes,
fermes ou autre chose du royaume de Valence pour
aucun autre seigneur on prince ; comme si , par exemple,
un rich hom, un chevalier ou un bourgeois, reconnaissait
tenir quelqu'une des choses susdites pour le roi de Cas-
tille ou pour l'évéque de Valence , ou pour tout autre
homme ecclésiastique ou séculier*». Ainsi chaque pos-
*Furs,\ib. IV, rubr. XXIIl, f. 54.
2/d., id., id.J. 45, 46, 47.
»/d., lib. VI, rubr. IV, f. 25.
^GeUe défense est faile « sous peine de la peisoone. » {Furs,
lîb. IV, rubr. XXUI, f. 4.) . .
BBOIT DE JUSTICE 253
sessear A'honor, d'alleu oa de fief, pent bien avoir sous
sa dépendance des vassaux liés à lui par un ensemble de
devoirs et de droits réciproques ; mais la hiérarchie
féodale ne peut s'organiser dans les degrés supérieurs ,
et fonder cet ensemble fort et compacte qui , dans les
pays septentrionaux , lutte avec tant d'avantages contre
le pouvoir royal. Dans les degrés inférieurs, l'action
du seigneur de fief ou du propriétaire d'alleu sur ses vas-
saux ou censitaires est notablement affaiblie par le droit
qu'ont ces derniers de se dégager, soit en vertu de la
demaiuralizacion , soit conformément aux furs, qui auto-
risent tout individu tenant pour autrui un bien àcharge
de cens « de tribut ou de service , à rendre au propriétaire
l'immeuble qu'il en a reçu ^
Il reste encore au propriétaire un droit important ,
c'est celui de juridiction , que les mœurs ne peuvent
pas s'habituer à regarder comme distinct du droit de
propriété. Les* privilèges de Valence proclament cepen-
dant que la haute justice , < la justice de sang ou jus-
tice personnelle > , est « de mère empire , et que le prince
ne doit et ne peut la céder à qui que ce soit » ; aussi
est-il défendu à tout € rico home , noble , chevalier ,
citoyen, prélat, clerc, et généralement à toute personne
religieuse ou séculière », de s'attribuer une pareille juri-
diction *.
* Furs, lib. lY, rubr. XXIIl, f. 47 et 24.
« Privilèges, f« xu, n- 35; — Fur^, l. 111, robr. V, f. 73. —Mal-
gré rinterdiclion écrite en propres termes dans la loi, les furs des
successeurs de Jacme prouvent que la haute justice fut souvent con-
cédée à des barons, a des cbevaliers et à des prélats. Jacme lui-
même donna, sur ce point, un démenti aux principes qu'il avait
po!^. (Voy. Pursj lib. IX, rubr. XXi, f. 40.) Le code de Valence a
ooDservé 1 a trace des protestations de la bourgeoisie contre cea
eoQCMsioos illégales. (Furs^ lib. lli| rubr. V, f. 77 et 78.)
854 LITRB 01, CHAPITRE ▼UI
•
Le priocipe de Tattribulion da droit de justice m
âouveraia est ainsi nettement posé^ mais pour un cas
seulement, celui qui entraine des punitions corporelles.
S*il s*agit d*une contestation civile relative à une presta-
tion d« redevances ou de services fonciers, le proprié-
taire allodial ou le seigneur dominant décide Taffaire.
S*il est partie au procès , il assigne i son vassal ou cen*
si taire des juges non suspects pour le procès et « toates
les appellations » , car, dit la loi, « pareille juridiction
doit être sauve au premier seigneur, ainsi que loy^me
et fadiga* > . Pour toutes les autres affaires , le seigneur
ou propriétaire de la ville, du château ou du lieu, est
compétent en première instance, même lorsqu'il s'agit
de vignes, maisons ou champs possédés en alleu, s'ils
sont compris dans le territoire de sa seigneurie. Les
appels sont toujours portés devant lejuslicia de Valence*.
£n résumé , c'est en revenant dans une certaine me-
sure vers le principe germanique primitif de l'égalité de
tous les hommes libres propriétaires d'une portion du
sol , mais en retranchant aux droits quasi-souverains du
propriétaire tout ce que les mœurs permettent d'en re^
trancher, que Jacme essaye de reconstituer, d'après Je
modèle romain , l'égalité de tous les sujets sous uo sou-
verain absolu.
Cette différence radicale entre les principes en vigueur
< Le droU de souveraineté, sousle nom de mère empire, est eaeore
invoqué dans les fnrs (iib. YIII, rubr. IV, f. 9), k propos des délais
que le roi peut accorder aux débiteurs.
a Furs. llb. IV, rubr. XXII, f. 45, 46 et 47.
• Pour ces règles de compélence un peu compliquées, voyez Fur*,
Iib. III, rubr. V, f. 6, 8, et 68 à 74 . — La juridiction attribuée au
seigneur ou au propriétaire allodial comprend le pouvoir de faire
des actes d'exécution sur les biens des condamnés avec riutervention
des officiers royaux. {Furs, Iib. III, -fuiv. ¥, f. 43et 44.} -
OMAXIBAfiail jrUMCIAIIIE. SSS
êû AragOD et ceux que proclame le code de Valence en
eotralne uoe non moins grande dans l'organisation judi-
ciaire. La charge politique dujta/îaan*a pas d*analogQe
à Valence *; un magistrat annuellement élu, que le code
appelle la corl et qui, dans les additions de 1270 et dans
les furs des successeurs de Jacme I", est nommé le justi-
cia de Valence, décide avec Tassistance des prud'hommes
toutes les causes civiles et criminelles* de la capitale
et de son territoire. Il a le droit de se choisir un as-
sesseur, s*il le juge nécessaire, et de nommer des juges
délégués pour la décision de certaines affaires, ou pour
le remplacer en cas d'absence ou d'empêchement. Chaque
ville du royaume a son justida ou juge particulier
investi des mêmes attributions et soumis aux mômes
règles que celui de la capitale.
Les bayles, les junlas et les sobrejunieros sont établis
dans le royaume de Valence sur le modèle de ceux de
r Aragon ^
< LeroiPierrelVfulcoQlraint, en 4348, d'élablir dans le royaume
de Valence un magistrat armé des mêmes pouvairs que lejusiieia
d'Aragon. Cette institution ne parait pasavoir survécu à VUnion de
Valence, confirmée par le même acte et abolie quelques mois plus
lard.
* Jacme It institua , en 1324 , un second justida spécialement
chargé des affaires criminelles. (Voy. Privilèges, ^lxix, nH23.)
' Pour la cort et le bayle, voyez Furs, lib. I, rubr. 111, dans laquelle
eet foiiétie la rubr. XVIII du lib. IX. Pour les juntas et les sobre-
junieros^ Privilèges, ^ xxvn, n<> 88. — Les avocats de profession,
d*abord admis par le code, ne tardèrent pas à être exclus des tribu-
naux, à cause « des longueurs et des embarras qu'ils occai^ionnaieut
dans les affaires, qui auraient pu se terminer plus facilement à Tavan-
tage des plaideurs. » Cette mesure resta inexécutée et fut bientôt
f^nivte dHm tarif destiné à mettre fin au la malice et aux tromperies»
employées par les avocats pour grossir leur salaire. Quelque temps
après, une nouvelle ordonnance de proscrrption n^eutpas plus d'effet
i|U6 Ja première et dut être rapportée. Les avocats furent dès lors
S56 UTBB m » GHAPITBB TlIt
La procédure envisagée dans son ensemble est à peo
près celle de Jastinien notablement simplifiée. Noas né
trouvons ici ni le système compliqué des cautions arago-
naises, ni la théorie des actions du droit romain.
Les symboles et la procédure orale du droit primitif
ont fait place à la procédure écrite , secrète dans queU
ques-unesde ses parties, à Texemple des tribunaux ecclé-
siastiques. Les témoins , par exemple, sont entendus par
le juge seul, assisté de son scribe ; Tassignation en justice
et Taccusation ne peuvent plus être orales*.
Trois grands principes de la législation germanique
sont cependant encore maintenus : la publicité des débats,
si ce n*est celle de Tinstruction ; la participation des
prud'hommes aux jugements , et le système accusatoire
en matière criminelle.
« La cour ne doit entendre d'aucun crime sans accusa-
teur ou dénonciateur*. »
« Nous ne pouvons , dit ailleurs le roi , ni ne devons
par droit ni pour aucune raison , ni pour aucune chose ,
accuser nos hommes d'aucun méfait , ni d'injure, ni de
crime, car nous paraîtrions t si nous faisions cela , tenir
et remplir deux rôles , le rôle déjuge et le rôle d'accu-
teur; néanmoins cela ne doit point s'entendre de nos
propres affaires et actions '. »
Malgré les termes en apparence absolus de ces deux
fursy qui semblent exclure la procédure par voie d'accu*
astreints au serment d'exercer leur ministère a bien et fldèiement, et
de n'agir jamais par malice, n (Voy. Furs, \\h. Il, rubr. YI ; Privi-
lèges, r XIII, n® 37;fo XVII, no56; ^ xix, n*65, ^XXI, n*70.)
* Furs. Ub. IV, rubr. IX, f . 30 et 31 ; iib. I, rubr. VI, f . 9 ; et lib. IX,
rubr. VU, f. 2.
« Idem, Wh. IX, rubr. 4, f. 21.
.» Idem. id„id., t 46.
Lk PROCEDURE A TALBNGB 257
satiôD publique, les magistrats doivent poursuivre d*of-
fice, noa-seulement les coupables des trois délitssociaux,
pour lesquels les législatioDS barbares admettent* cette
façon de procéder: lèse-majesté, fausse monnaie et crime
contre nature , mais encore les homicides, larrons, vo-
leurs, ravisseurs, • envahisseurs de maisons, brigands
de grands chemins, dévastateurs de champs, de vignes ,
de jardins, incendiaires, et non autres >, ajoute le légis-
lateur à la fin de cette énumération ^ Mais il faut que
les accusés de ces crimes soient désignés par la voix pu-
blique*.
Ajoutons, comme une nouvelle preuve de la tendance
vers rintervention de la société dans les accusations cri-
minelles, le droit accordé à tout individu d*arréter les
malfaiteurs surpris en flagrant délit , et Tobligation de
prêter main forte aux officiers royaux chargés d'une
arrestation *.
Pour les crimes que nous venons d'énumérer, le. légis-
lateur admet la procédure par enquête , c'est-à-dire que
> le juge prononce d'après la conviction qu'il s'est formée
par l'examen des faits de la cause, sans ordonner le
combat , les épreuves judiciaires , ni le serment de Tac-
cusé*.
Au civil , à défaut de preuves écrites ou de témoignages
suffisants, le juge s'en rapporte au serment du défendeur,
* Un fur ajoute cependant à ces crimes celui d'émeute, (lib. £
rubr. lïl, f. 26.)
« Furs, lib. 11, rubr. VllI, f. 40.
« /d., lib. 1, rubr. Vil, f. 4 ; Privilèges, f" xii, n« 35, et f"* xxvii,
il<» 88.-- Quelques années plus tard, le jurisconsulte français Beau*
manoir écrivait : «C'est li communs porfls que çascuns soit sergans
et ait pooir de penre et d'arrester les malfeteurs. d (Coût, de Beau-
vàisis^ cap. XXXI, §44.)
* Fur*, lib. II, rubr. lU, f . 26.
X n. 17
< saûs que les témoins poissent ôlre éproufés par la ba*
taillé, par le fer chaud, ni d'aacnne autre façonS •
Cette foi dans le serment de Tune des parties , héritage
des temps primitirs , où Tbomme ne savait mentir, in-
dique le désir du législateur de supprimer les ordalies.
Cette tendance apparaît clairement encore dans les res*
trictions sans nombre qu*ii apporte à Tusage virace du
duel judiciaire *.
Ce genre de preuve est absolument prohibé en matière
civile; en matière criminelle, on ne peut jamais y re-
courir contre les témoins; les adversaires doivent toujours
être égaux « en lignage et eu richesses; ils sont mesurés
aux épaules, aux bras, aux cuisses et en hauteur ; et il est
accordé (une différence de) un doigt de grosseur et deux
doigts de hauteur. > Le combat per comimilem n'existe
donc pas à Valence. Le duel n*est admis qu'à défaut d*au*
très preuves, excepté pour le crime de trahison et les cas
très-rares « où il est accoutumé de faire bataille si les
parties sont d'accord. » Enfin il est interdit pour toutes
les causes portées devant le roi ou sou lieutenant '.
« FUrs, lib. iV, rubr. IX, f. 44.
* Dès le XI« siècle, on trouve en CastiHe une tendance à abolir
répreuve par le combat. De nombreux /uerox communaux en dispen-
sent les habitants des localités auxquelles ils sont octroyés. Ailleurs
la réglementation du défi et du duel fut si minutieuse, qu'elle contri-
bua à rendre cet usage plus rare. (Yoy. Lafuente, Hist. gêner, de Esp, ,
part. II, lib. 1, cap. xxvi.) La même cause produi;>it à Valence les
mêmes effets.
^ «Fem fur nou que nos ne altre tenen nostre loch no puscain
reebro baialla en nostre poder que aigu vulla fer ab altre per assalt
ne per voluniat. » {Purs^ lib. IX, rubr. XXII, f. I}0n a quelquefois
interprété ceA^r, ajouté au code en 4270, comme une abolition du
duel judiciaire. Il nous paraît difficile de lui donner un autre sens que
celui que nous lui attribuons. La rubrique XXfl do Uvre IX détaille
minutieusement les règles du combat. «Ceux qui combattronl àdie^
val porteront chacun deux épées et deux masses sans poiiiles. W^Tïs
LA TORTURE 199
Anx épreaves judiciaires se rattache la torture, em-
ployée comme moyen de conviction. Sous ce rapport, la
législation de Valence est bien inférieure à celle d'Aragon
qui , nous Tavons dit , proscrit cette coutume barbare.
En devançant les autres législations de TEurope dans la
voie des emprunts aux lois romaines et à la procédure
ecclésiastique^ Jacme n*a pas su éviter un abus qu'ont
exagéré des siècles encore plus éclairés que le sien.
Lorsque saint Louis se contente de blâmer la torture par
son silence, n*osant pas l'interdire en termes exprès;
lorsque Alfonse X l'admet dans les Siete Partidas ; lors-
qu'on voit enfin cet absurde et atroce moyen de conviction
souillet durant des siècles tous ies codes du monde
civilisé, on doit blâmer , non le souverain qui Ta admise
à Valence , mais les mœurs qui la lui ont imposée. Les
quelques lignes qui traitent « des questions et demandes
faites avec tourments » sont une tache immense dans
les furs. Plus injuste que la loi gothique, en vertu de
laquelle personne n'était exempt de la torture, le code
valencien en dispense les nobles et les bourgeois honorés.
revêtent le haubert avec cap (bonnel) de mailles et les chausses de
fer, et n'aient ni couteau, ni miséricorde, ni aucune autre arme.
QuUls ne mettent du sucre candi en aucun endrpit de leur ëeu ni
en autre lieu, et ne portent noms, brefs, ni pierres précieuses, ni
aucune autre machination» (f. 8). Comparez les règles du duel judi-
ciaire à Yalence avec celles qui sont rapportées par les auteurs sui-
vants : Jean d^lbelin , AssUes de Jérusalem ; P. de Fontoines, Conseil à
mon amif cap. xxi ; Beaumanojr, Coulwn^s d^ Beauvoisis^ cap. \m à
LXiv ; Formulaire des comhalsà outrance, rédigé par ordre de Phi-
lippe-le-Bel, ap. Ordonnances des rois de France, t. 1, p. 437; Mon-
tesquieu, Esprit des lois, liv.XXVllI, chap. xivà xxiii. — Le porche-
min n* 4760 de la collection de Jacme 1*^ aux archives d'Arogon ,
contient la décision d'une question relative aux formes du duel.
(Voy. Colleccion de documentos ineditos del archvoo de Aragon^ t. VI,
p. 459.)
260 LITRE m , CHAPITRE VIII
Les hommes libres de condition inférieure peuvent y
être soumis , même à raison de leur témoignage dans une
affaire civile , s'ils varient dans leurs dépositions et
paraissent être de mauvaise foi ; le serf, comme Tesclave
romain , échappe rarement à la question , lorsqu'il parait
en justice comme partie ou comme témoin au criminel
ou au civil. 11 est même permis dans les accusations de
lèse-majesté, d'hérésie et de fausse monnaie, d'arracher
à la douleur du fils la déposition qui doit faire condamner
le père *.
Hâtons-nous de détourner les yeux de ce triste tableau,
et, au moment de quitter la procédure, vestibule de
l'édifice juridique, pour pénétrer plus avant dans la juris-
prudence , reposons nos regards sur quelques axiomes
de sagesse et d'équité que le législateur de Valence nous
montre comme les bases de son œuvre et comme les
règles à suivre pour la bonne administration de la justice.
«Nous et la corl^ est-il dit dans un fur, devons,
avant tous autres, maintenir dans leur droit sans aucun
subterfuge, pupilles, veuves, hommes vieux et faibles, et
tous ceux pour qui l'on doit avoir merci lorsqu'ils sont
tombés dans la pauvreté ou la faiblesse par cas d'aven-
ture ; car il ne doit y avoir pour nous ni pour la cort con-
sidération de personnes ni de profit, et ainsi \^cort ouïra
le petit comme le grand et le pauvre comme le riche *.»
«En choses semblables, il doit y avoir même jugement
et même droit, et l'on doit procéder de choses sem-
blables en choses semblables ^•
« Personne ne doit être condamné pour crime ou méfait
par suspicion ou présomption, mais seulement lorsque le
* Voy., pour la torture, Furs, Ub. IX, rubr. VI.
« Furs,\ib. I, rubr. 111, tà\%.
• Idem, lU). IV, rubr. XVIII, f. 27.
FILUTIOrr ET PUISSANCE PATERNELLE 261
crime sera prouvé [)ar preuves vraies, loyales et claires ; car
souvent il y a des présomptions par lesquelles un homme
croit que certaines choses sont vraies, et cependant elles
ne le sont point. Aussi serait-il de mauvais exemple que
quelqu'un fût puni comme s'il était coupable et qu'il ne
le fut pas ; et il serait mieux qu'on laissât aller ceux qui
sont coupables et à qui on ne peut le prouver que si l'on
condamnait sur soupçon ceux qui ne sont pas coupables*. •
Mais voici une conséquence abusive d'un principe bon
en lui-même :
« La cort ou le juge ne doit point décider selon sa
conscience et selon ce qu'il sait, mais selon ce qui est
légalement prouvé devant lui *. »
En matière criminelle, la nécessité d'avoir une preuve
légale, comme l'entendent \esfurs, conduit à l'usage de
la torture.
Nous avons dit, à propos de la législation aragonaise,
que les questions de filiation, comme celles de mariage,
étaient de la compétence exclusive de la juridiction ecclé-
siastique ^; mais le droit de légitimer les bâtards et de leur
conférer dans la société civile les droits des enfants légi-
times appartient au souverain^. Ce cas, qui n'est pas
prévu par les fueros d'Aragon, fournit la matière de plu-
sieurs articles du code de Valence '.
* Fursj lib. IX, nibr. VII, f. 52.
> /(iem, lib. I, rubr. Iir,f. M.
> « Quelout homme laïque réponde au pouvoir do conr d'Egîisede
battement de clercs, de mariage, d'usure, de sacrilège et autres sem-
blables maléfices. » {Furs, lib. IIÏ, rubr. V, f. 38.) La légilimiléou la
bâtardise n'est qu'une conséquence de la validité ou de la non-vali-
d lié du mariage. {\oy. Greg. IX Décrétai., lib. IV, til. XVII, cap. v
elvii.)
* Voy. Greg. IX Décrétai,, lib. IV, til. XVII, cap. xm.
8 Furs, lib. VI, rubr. IX, f. 8 à ^2. — Le règne de Jacme I*'
nous fouruit un exemple remarquable de rexercice de ce droit dans
262 UTHE in , CHAPRftB TUI
En ce qui touche à la puissance paternelle» comme
pour le droit civil presque tout entier, les furs semblent
une sorte de transition entre la législation romaine et
notre législation moderne. Le père de famille a la juri-
diction sur sa femme, ses enfants, petits«enfants, serfs,
domestiques, disciples et < tous hommes et femmes qui
sont de sa compagnie » , pour les vols, larcins et injures
domestiques. Il n*a pas droit de < justice de sang >; il
peut seulement retenir le coupable en prison pendant dix
jours V La puissance paternelle cesse non-seulement par
la mort du père et l'émancipation du fils, mais aussi par
le mariage de ce dernier ou sa majorité. Il s*agit ici d*une
majorité spéciale, celle de vingt-deux ans V À Valence
comme à Rome il j a, en effet, plusieurs majorités, bien
que les conséquences de chacune d'elles ne soient pas les
mêmes dans les deux pays. D'après les furs, la majorité
de quinze ans fait cesser la tutelle pour les deux sexes;
c'est alors que X^pufiUe devient adulte. Entre quinze et
vingt ans, il peut y avoir lieu à la nomination d'un enra-
ies leUres de légitimation que ce prince accorda à l'un des plus
grands seigneurs de ses Etats, Guillem de Roquefeuil, son cousin. La
minute de ce document, daté du jour des nones de mai (7 mai) 1263,
est conservée aux archires d'Afagon (regist. XIl, V 19). Un privilège
du 42 octobre 1260 (archives d^Aragon^ Parchemins de Jacme 1*^
n^ 4635), donnant une extension plus large à cette prérogative
royale, autorise Pierre de Olone, fils adultérin de Milon de Lussano
et d'ElissendedeOlone, femme de Berenguer de Eril, à hériter de
son père et de sa mère commes'il était légitime; car , dit ce docu-
ment, a naître d'un adultère n'est pas la faute de celui qui naît, mais
bien de celui qui engendre, n Les deux actes que noua venons de
mentionner ne se rapportent pas au royaume de Valence, mais ils
ont été rendus en vertu de la souveraineté de la volonté royale. Ce
principe romain, admis à la fois en Catalogne et à Valence, est nette-
ment repoussé en Aragon.
« Fur*, lib. VI, rtibr. l,ï. 43 et 44.
^ /(i.,id.,rubr. II,f. 3 et 5.
teor, si f odtito aâmiaistre mal se» bieoâ ou doU $wte-
oir UQ procès S Poor les actes faita avaût cette aee^ûde
majorité, la restitution est accordée daas lamesare la plas
large, < afio qae% par trop grande sobtUité, 1^ mioeurs
ne paisseot souffrir dommage ^ »
Les femmes sont ei^eluea de la tutelle, mè$ie de celle
de leurs enfants ^ .
L'adoption par l'autorité du prince q« adragatio du
droit de Justinien n'existe pas à Valence; Tadoption ne
peut se faire que de trois manières : en présence de la
eorls par acte public ou par testament.
On peut non-seulement émanciper ses enfanta, mai^
encore, comme en Aragon et pour les mômes causes, les
désaffilier \
Les règles de la dot sont empruntées en grande partie
au droit romain, sur lequel cependant 6nt déteint, pour
ainsi dire , les coutumes des pays voisins de Catalogne
et d'Aragon. La femme apporte la dot, mais le mari, par
une sorte de transaction entre l'usage romain et la ooemp*
fia germanique etaragonàise, est tenu de constituer uq
augment {creixou cremment) équivalent h la moitié de
la dot, et qui n'est acquis à la femme, conformément à
l'usage germanique, qu'après la consommation du ma-
riage". Le mari ne se dessaisit point par cette donation de
« Purs y lîb. V; rubr. VI, (. 3i 40, U. Cf., f. 45 , promulgué ^U6
GharlesQuiot.
» W., lii).II,rubr. XlY, (. 2.
3 Id., lib. V, rubr. VI, f. 6.
* Pour l'adoption el Pémancipation, voyez f^rs, lib.VIlI, rubr* VI;
poar la deaafiliaeion^ lib. VI, rubr. IX, f. 46.
* Furs^ lib. V, rubr. I, f. 44 ^t 46. — Un jurisconsulte arogonais,
meotiopoant cet usage comme particulier è^ ^Allemagne, se félipite
qu'une « aussi ridicule formalité » n^ soit pas exigée par les lois de
soD pay9. [Manual del Abogado aragmmf por uo jurisconsuUo de
Zaragoza, 4S42, p. 444.) Gett# Qb^ry^Uon e$t fondée^ en ee qui cpiji-r
264 LiTXE m , cHAPrniB tin
la propriété entière des biens qui en sont l'objet, mais,
s'il vient à mourir, Tusafrait de Faugment appartient à
sa venve, même si elle se remarie. A la mort de celle-ci,
le creix retourne aux héritiers du mari qui Ta constitué.
La dot appartient à la femme, le mari l'administre
sans pouvoir l'aliéner ; mais les furs ne suivent pas jus-
qu'à sa dernière évolution le régime dotal des Romains,
que notre droit s'est approprié dans toute sa rigueur, lie
législateur de Valence a reculé devant l'inaliénabilité de
la dot; il se borne à exiger de la femme un serment qui
constate que son consentement ne lui a pas été arraché
par la force.
La théorie de la dot profectice, adventice ou receplice
,est bannie du code de Valence comme toutes les subtili-
tés romaines. Les furs se bornent à prévoir et à résoudre
les principales difficultés qui peuvent surgir dans la pra-
tique à l'occasion de la restitution de la dot.
Ce serait sortir des limites de notre travail et entrer
dans le domaine de la jurisprudence que de relever les
points secondaires dans lesquels le code de Valence s'est
éloigné des lois de Justinien en cette matière comme dans
toutes celles du droit civil V Le titre des successions ab
intestat mérite cependant d'attirer notre attention, à cause
cerne PAragon, mais elle ne peut s'appliquer, comme on le voit, à
Valence non plus qu'à la Catalogne, où iacme, nous Tavons dit plus
haut, établit la législation valencienne au sujet du a screix dû à la
femme à raison de sa vi rginité. » Les Arabes avaient, de leur côté ,
introduit en Espagne l'usage d'un véritable morgengahe. (Voyez le
Koran,cbap. iv, les Femmes,) La loi de Mahomet, comme celle des
Germains, a puisé cette coutume dans le droit primitif, source com-
mune de toutes les législations. Â Rome et dans le droit gothique,
c'était le baiserdes fiançailles qui attribuait à la future épouse survi-
vante la moitié des biens composant la donation à cause de noces.
* Pour la dot et les donations entre époux, voyez Furi, lib. IV,
rubr. XIX, f. 4 et 28 ; lib. V, rubr. 1 à ?.
LES SUCCESSIONS 265
dn mélange d*idé6sjastes et d* idées fausses qa*il a emprun-
tées aux traditions gothiques.
Rien n'est plus conforme au droit naturel que le prin-
cipe général qui régit cette matière : «C'est chose droite
et juste que les biens des pères et des mères morts intes-
tats, c'est-à-dire sans testament, soient partagés entre
les fils et les filles par égales parts ^ > ; mais rien ne s'en
éloigne davantage que la suppression du droit de repré-
sentation en ligne directe descendante, de telle sorte que
les fils excluent les petits-fils dont le père est prédécédé.
> Et ainsi qu'à celui qui sera le premier en degré revien-
nent les biens plutôt qa'aux autres qui seront plus éloi-
gnés *. » Cette disposition a été empruntée au fuero
juzgo ^, de même que celle qui règle la succession des
ascendants par têtes et non par souches, avec ces trois
différences essentielles que les frères et sœurs du défunt
et leurs descendants sont appelés en concurrence avec
les ascendants les plus proches ; que la représentation
est admise en faveur des descendants des frères et sœurs,
et qu'il n'y a aucune distinction à faire entre les propres
00 biens patrimoniaux et les biens acquis par le défunt ^.
Le fils naturel, s'iln'estni adultérin ni incestueux, suc-
cède, à défaut de parents et par préférence, au conjoint.
S'il n'y a ni parents ni conjoints, ce n'est point à l'Etat
que revient la succession, mais à des églises, hôpitaux ou
• Fun, lib. m, rubr. XVIH, f. 3.
'^ La représentation ne fut introduite dans le code de Valence que
par le roi Alfonse V d'Aragon (III de Valence) en 4418. (Voy. Furs,
lib. VI, rubr. V, f. 4 et 2.) Quelque* coutumes françaises, celles de
Ponlhieu ^ntre autres, n'admettaient pas la représentation en ligne
directe descendante.
»Lib. IV,til. 11,1.2.
* Fursj lib. VI, rubr. V, f. 1. Cf. Fuero juzgojih. IV, tit. II, 1, 2,
3, 5, 6,
M6 LIYRB Dit OBimU THI
antres « lieux religieux » désignés par le justicia et deux
prud'hommes du pays du défunte
Il y a, d*après les fur$, quatre sortes de testaments :
1*" le testament écrit par un notaire (scrivapublich) en
présence de trois témoins ; â"" le testament Terbat ou
nuncupalif; S"" le testament secret ou mystique, que
notre droit français a emprunté, presque sans y rien
changer, aux constitutions des empereurs romains; Vie
testament olographe, introduit dans \e$ furs lors delà
révision de 1270. Les trois premières formes sont tirées
de la législation romaine notablement simplifiée; la der-
nière est passée du fuero juzgo dans le code valencien *.
Conformément à Tesprit des décrétales , la plus grande
latitude est donnée , comme on le voit , pour la manifes-
tation de la volonté des testateurs. Le testament peut ne pas
contenir d'institution d'héritier ou ne contenir qu'une
institution partielle. Le codicille, dans le sens romain de
ce mot, n'a donc pas de raison d'être à Valence, 11 y a
ici des exécuteurs testamentaires comme en Aragon,
comme dans la France coutumière et contrairement aox
usages romains. La substitution vulgaire , la substitution
pupillaire et la substitution fidéicommissaire, sont égale-
ment admises par les furs. En somme, pour tout ce quia
rapport aux hérédités, àquelquesexceptionsprès, le légis-
lateur de Valence, guidé par l'instinct de l'équité et par
son désir d'éviter les complications de forme toujours
favorables à la chicane, a su fusionner l'élément national
* En vertu des lois contre Vàmortizacion^ les immeubles sont ven-
dus et le prix seulement en est donné aux c lieux religieux ». —
Pour toute la matière des successions, voyez Fursy lib. YI, rubr. VIUi
rubr. III. f. 6, et rubr. IV, f. 47 et 50.
* Voy. fuero juzgo, iib. II, tit. V, 1. 16 rfe Holographis SeripiurU.
espagnol avee lod lois impériales ^ Celles^ti paraissent
régir sans partage la matière des donations, très-incom-
plélement traitée dans les furs V
Au titre de la vente , les rédacteurs du code yalencien
s'élèvent au-dessus de la matérialité du fait de la tradi-
tion ^ pour attribuer la propriété de la chose vendue au
premier acquéreur , et non à celui qui a été mis le pre-
mier en possession '.
Nous remarquons enfin « comme reste de la rigueur
romaine contre les débiteurs insolvables ^ le droit at-
tribué au créancier d'arrêter et de mettre aux fers sans
jugement le débiteur qui veut se soustraire par la fuite
à Tacquittement de son obligation *.
En matière de saisie immobilière pour dettes , des pri-
vilèges égaux sont accordés aux chevaliers et aux citoyens
honorés « qui demeurent dans les villes et lieux honorés
du royaume '. •
La pénalité est peut-être la partie du droit qui s'en-
racine avec le plus de vigueur dans les mœurs popu-
laires, et c'est seulement lorsque celles-ci se sont radica-
* Ce qui concerne les testaments , les legs, Pacceptation ou la
répudiation des hérédités, les exhérédations, les héritiers indignes ,
est traité dans les ruhr. 111, IV, VI, VII, VllI^ IX, I et XI du liv. VI des
/iir#, auxquelles il faut ajogter ]e fur 9 de la ruhr. V du même
livre.
« Pure , lib. Vin , ruhr. VIII .
»iii.,lih. III, ruhr. XVIIl.
* Id., lih. I, ruh. VU, f. 2.
B /(i., lih. VIII, ruhr. II, f. 38. « Nous entendons, dit un privilège
(f* XVI, n* 47) reproduisant ce /or, par homme honoré celui qui ne
fait œuvre de ses maios. » Nous citerons, comme un nouvel exemple
de rassimitation des obevaliers aux bourgeois , Tohligation imposée
aux premiers de se ranger, pourPélection dujt»ftcta, sous la ban-
nière de la ville ou du district dans leqtel ils habitent, «mm (>eitie
d'dire dé^hn» de leur droit d'élection. {¥urs^ lib. I^ ruhr. Ili^ I. 48.)
268 LITRE m, CHAPITRE TIIl
lement transformées, que de nouvelles pénalités surgissent
de ce sol nouveau , tandis que les anciennes , après avoir
donné trop de preuves de leur triste vitalité, se dessccheot
et tombent. Aussi est-ce dans ce rameau de Tarbre juri-
dique que les réformateurs ont le plus de peine à faire
pénétrer la sève vivifiante des idées de progrès. L'Europe
des derniers siècles nous fournirait , s*il en était besoin,
d'éclatants exemples à l'appui de cette vérité.
Peut-on s'étonner, dès lors, que Jacme, abolissant
en termes exprès le droit de vengeance privée, soit
obligé, quelques pages plus bas> de reconnaître et même
d'utiliser ce préjugé barbare comme moyen d'intimi-
dation, afin de suppléer à la faiblesse des dépositaires de
l'autorité?
« Les héritiers et successeurs, est-il dit dans un fur,
qu'ils soient parents ou étrangers, ne sont tenus de venger
ni ne doivent venger la mort du testateur qui aura été
tué par autrui , ou de celui auquel ils succèdent , si ce
n'est seulement en dénonçant le meurtrier à la corl ou en
l'accusant en justice *. »
Plus bas , la loi autorise les parents jusqu'au qua-
trième degré d'un individu frappé à mort dans une rixe,
à tuer le meurtrier s'il ne s'exile pas pour toujours do
lieu où il a commis le crime *.
Le noble, le bourgeois ou le vilain qui refuse de
donner assurément à son ennemi , est mis < au ban du
royaume, et, s'il lui arrive quelque mal, celui qui l'a fait
n'est pas puni *. »
* Furs, Ub. IX, rubr.î, f. 26. — Personne ne peut Alfe conlrainl
de se porter accusateur, exceplé le proche parent d'un individu assas-
siné appelé à recueillir sa succession. (Voyez Purs, Uh. VI, rubr. IX,
f. \.)
« Furs, lib. IX, rubr. VII, f. 42.
' Id.,id., rubr. XX, f . 21 . —La môme menaceest faite pour divers
j
IlfÉGALITÉS DàNS l'aPPLICATION DES PEINES 269
La composition, conséquence du droit de vengeance
privée, est interdite cependant pour les principaux
crimes*-
Dans la qualification des faits incriminés et dans la
répartition des peines, les furs^ plus humains et plus
justes en certains points que lesSietePartùlas, paraissent
plus arriérés que les Èlablissemcnls.
Ainsi régalité des coupables devant le châtiment,
consacrée par la législation de saint Louis, ne parait
guère dans le code valencien qu*à Tétat de tendance. Il
n*y a pas une peine particulière pour les nobles; mais
dans certains cas qui entraînent la peine de mort, les
chevaliers, <à cause des égards qu*on leur doit »,sont
remis seulement à la merci du roi ^. Dans d*autres furs,
le législateur, qui assimile le « citoyen honoré » au che-
valier, ne peut arriver jusqu'à admettre que le corps
d*un vilain ait la même valeur que celui d*un bourgeois
ou d'un noble ; il ordonne donc que, entre individus de
la même condition , celui qui aura occasionné à l'autre la
perte d'un membre subira la peine du talion ; mais, si le
coupable est un « homme honoré» et la victime un vilain,
comme il y aurait disproportion entre le délit et le châ-
timent, celui-ci est laissé à la discrétion du juge '.
Le cas dont nous venons de parler est le seul pour
lequel le talion soit prononcé par la loi de Valence, à
moins qu'on n'assimile au talion la {mnition de l'accu-
sateur qui ne peut prouver les faits avancés par lui. La
cas analogues et pour le refus de jurer les paix et trêves ordonnées
par le roi. (Voyez Furs, lib. IX, rubr. VII, f. 42; rubr. VIII, f. U;
rubr. XX, f.-o ; Privilèges, f* xxvii, n° 88.)
• Privilèges, f* xii, n« 35, modifiant le privilège n*8, f» xi, et le
/"ur 12, rubr. IV du lib. I.
« Privilèges^ i* xxyii,n'> 88.
• Furs, lib. IX, rubr. VU, f. 38.
S70 LimB Ht , 0HAPITB8 TIII
peine qai le frappe est celle qai aurait été pronoiM^ée
coDtre l'accusé s'il avait été convaincu ^
L'amende , laissée le plus souvent à la discrétion da
juge et des prud'hommes, et que le tribunal peut tou-
jours modérer lorsqu'elle est fixée par la loi , telle est U
base de la pénalité dans le droit valencien comme dan»
presque toutes les législations contemporaines. Le retran-
chement du coupable du milieu de la société par la mort
ou l'exil est prononcé dans des cas assez rares ; la cou*
fiscation est peu fréquente aussi , et ne s'applique qu'aux
délits qui portent atteinte à Tordre social ; elle ne peut
jamaispréjudicier aux droits duconjointet des créanciers,
quelquefois même elle n'atteint pas la légitime des en-
fants *. Concurremment avec l'amende, la note d'infamie
frappe les usuriers , les meurtriers , les adultères, les vo-
leurs,^ les ravisseurs « et autres semblables > . Cette peine
flétrit aussi celui qui ne restitue un dépôt que contraint^
par une sentence du juge *.
La mutilation, reste des traditions barbares, n'est
conservée que pour quatre délits : le vol , le faux commis
par un notaire , les coups portés par an fils à son père ou
à sa mère , et la fabrication d'une batiste saus l'autori-
sation du roi. Presque toutes les fois que l'amende est
prononcée, h loi, pour assurer Texécutioii de la sen-
tence, menace le condamné qui refuserait de payer, d'un
châtiment corporel, tel que la marqua du faux témoin sur
la langue, le fouet, le pilori el quelquefois la mutilation;
ce ne sont là que des peines comminatoires, presque
toutes hors de proportioa avec le délit et avec la peine
• Fmn. Ub. IX, rubr, I, f. 2.
« Id. » Ub. I, nibr. Y, f . ^ et 23; Ub. IX, rubr. m, f . 4 , M rubr. vm,
fr. 37.
' M.. Ub. U^ rubr. VU et Ub. 1?, rebr.XY, f. M.
271
pécuniaire qu'elles doivent remplacer. Le joge use lar-
gemeoi da pouvoir de les réduire lorsqu'il s'agit d'an
condamné trop pauvre pour satisfaire i la condamnation * .
Le trait caractéristique par lequel les furs s'éloignent
du droit romain et du droit gothique pour se rappro-
cher des coutumes germaines et aragonaises , c'est le res-
pect de la liberté individuelle. Il n'y a i Valence rien qm,
ressemble aux travaux des mines des Romains , à la perte
de la liberté prononcée par le fuerojuzgo^ à la remise
du coupable entre les mains de l'offensé, à la dépor-
tation , aux galères. La prison n'existe pas comme peine *,
si ce n*est contre les débiteui*s ou pour obliger un in-
dividu â satisfaire à une condamnation pécuniaire. La
prison préventive elle-même, qui ne doit pas, sauf ex-
ception , se prolonger au delà de trente jours*, n'est
obligatoire que pour les crimes de trahibon manifeste ou
lorsqu'il y a de fortes présomptions de culpabilité dans
une accusation capitale. Hors de cas deux cas, l'accusé
peut rester en liberté sous caution. Les femmes furent
même pendant quelque temps exemptées de la prison
préventive sur leur simple serment *.
Pour échapper non-seulement à la prison, mais encore
au châtiment, le coupable peut recourir en outre à l'asile
* Parmi les peioes usitées en Catalogne, il en estuneqni fut appii-
q«ée a Montpellier en 4239 (voy. ci-Hles6us, p. 23), et que la roi abo-
lit à Valence, «afin que la cité n'en fût pas enlaidie»; c'est celle qui
coiisi>tait à raser les maisons des coupables du crime «Je lèsie-majesté
ou de celui de trahison. (Voy. Furs, lib. IX, rubr. VIII, f. 33.)
* Il en était autrement en France. Beaumanoir parledu méfait qui
« doit estre vengié par longue prison. » {Coutumes de Beautwisis ,
cap. XXX, § 1 .)
» Furs, lib. I, rubr. VU, f. 2; lib. IV, rubr. XV, f. 2 ; lib. IX,
rubr. XXVU, f.22.
* W., id., rubr. V, t 20; fubc. VU, C. 6.
272 LITRE III, GHAMTBB TIII
dans les lieux saints. Ce privilège, que toutes les légis-
lations de répoque essayaient de restreindre , n'appar-
tenait à Valence qu'à l'église principale de chaque localité
et aux deux églises de Sainte-Marie et de Saint-Vincent
de la capitale. De plus, certains criminels ne pouvaient
invoquer ce droit, c'étaient ceux qui avaient tué un
homme dans un rayon de trente pas autour de l'église,
les coupables de meurtre par trahison , les brigands de
grands chemins , les dévastateurs de champs , et tous
ceux qui « tuent comme on ne doit pas tuerV »
Voici maintenant, pour terminer celte analyse de
Tun des codes les plus importants que nous ait laissés
le Xlir siècle, le tableau sommaire des principes qui
régissent la définition des crimes et l'application des
châtiments.
En Aragon, le roi, abrité derrière les traditions
nationales, pouvait refuser le secours du bras séculier
aux sentences des tribunaux ecclésiastiques contre les
crimes qui outragent la foi; mais, à Valence, il ne pou-
vait, sans faire soupçonner son orthodoxie , se soustraire
aux exigences de l'Église à cet égard. Aussi voyons-
nous les furs frapper de la peine du feu l'hérésie, l'ab-
juration du christianisme, la sodomie, le commerce
d'un Sarrasi^. ou d'un juif avec une chrétienne; celui
d'un chrétien avec une juive; mais, par une exception
qu'expliquent seuls les fréquents rapports des chrétiens
avec les belles captives qu'ils enlevaient aux infidèles,
les relations d'un chrétien avec une Sarrasine ne sont
punies que du châtiment rarement appliqué de l'adultère.
L'hérésie et la sodomie sont, parmi les crimes contre
la divinité, les seuls qui entraînent la confiscation des
* Pur8, Ub. I, rubrlX, f. 4. — Privilèges, ^ xix, no67.
LiSE-^MAJESTé 273
biens V Chose remarquable, les /brs a'édictebt aucune
peine contre la sorcellerie, que les Etablissements et les
Siete Partidas çnmsseni sévèrement.
Nous avons parlé du blasphème et du faux témoi-
gnage; le parjure, en dehors de ce dernier cas, demeure
impuni, « car, dit un fur, cette peine-là sufQt que le
parjure attend de Notre-Seigneur*».
Parmi les crimes qui , en dehors des délits religieux «
portent atteinte à Tordre public , les deux principaux sont
le crime de lèse-majesté et celui de trahison. Le fur qui
déCnit le premier mérite d'être rapporté ici en entier:
« Celui-là commet le crime de lèse-majesté qui veut
livrer la cité' aux ennemis, ou qui la veut brûler, ou
qui la veut entièrement détruire, ou qui passe à Ten-
nemi, ou qui donne à celui-ci aide d^armes, d'argent
ou de conseil, ou qui pousse à la rébellion les châteaux
et les villes qui sont soumis au prince, ou qui fabrique
de la fausse monnaie, ou qui bat monnaie sans ordre
du prince, ou qui livre des forteresses aux ennemis, ou
qui communique avec eux par lettres, messages ou si-
gnaux. Âce/ur, le seigneur roi a ajouté que personne
ne puisse passer du côté de ses ennemis dès que la guerre
sera commencée, ou s'il est de bruit public que la guerre
va être faite. Et celui qui fait cela et ce qui est contenu
dans les autres cas prévus par ce fur, nous jugeons qu'il
fait crime de lèse-majesté, et il doit perdre la tête et
tous les 'biens qu'il aura sur notre terre, excepté la
donation à cause de noces et les droits de sa femme et
les autres dettes. Dans les cas susdits seulement, nous
*Fur8, lib. IX, rubr. VII, f. 63, 66, 72; lib. VUI, rubr. U, f. 29;
lib. IX, rubr. Il, f . 9 et 4 0. — Privilèges, f» xii, n« 35.
« Furs, lib. H, rubr. XVII, f. 43 ; lib. IV, rubr. IX, f. «4.
' Valence.
X. n. 18
9U LiTBE Kl, mMnx Tin
disons qu'il y a oriflie de lèeeiipajesté et non dtm
Vautres * » .
Ainsi Tattentat contre la personne da soBverai«, qii«
tous les peuples monarchiques placent au premier rang
des crimes contre les hommes , D*est même pas pn^va
par I4 code de Valence. C*est que, en présence d*ane
noblesse en grande partie aragonaise , Jacme D*a piea
\w\\jl innover au droit politique de Sobrarbe. Le roi
n'est au milieu des nobles que pfnmus intetf pare»,
et les fittentats dirigés contre lui ne sont pas d^une
autre nature que les crimes commis contre un autre
homme libre. Seulement, comme d'après les principes
de la pénalité ?alencienne. il y a toujours lieu à tenir
compte du rang delà personne offensée, il est évident
que, dans la pratique, la punition sera plus rigoureuse
si Toffensé est le souverain.
tes feits qualifiés du nom de trahison sont bien pins
nombreux d*aprës les furs qqe d*après les fueros arago-
nais. On distingue à Valence la trahison envers le sei-
gneur, qui sedivisd eu « tralyison qui ne se peut amen-
der et tr^ihisQn qui se peut amender », et la trahison
envers toute autre personne.
Celui qui tue ou ajde à tuer son seigneur, les enfants,
la femme, le père ou la mère de son seigneur , qui aban**
donqe ce dernier sur le champ de bataille ou combat
contre lui en bataille rangée , qui a commerce avec sa
femme ou sa fille, commet le crime de trahison, < qui ne
se peut amender »; il tombe sous le coup de la loi dès
qu*il a commis le fait incriminé. Si Ton refuse de livrer
à son seigneur le château ou la place qu'on tient de lui ,
ou que l'on se serve de ce château et de cette place pour
^ Fur$f Ub. EL, rubr. IX, f. 4; voyez aussi mèmeU?re, rabr.TIi»
f. 66.
GHttss 0r wàun Mfits 319^
hii faire la guerre, on est coupable de trabisM*; idaïs,
pour cedélit, si fréquent alors, leeh&timeQtétaitillusoire/
car, dés que le vassal rebelle se voyait hors d*état ie
soutenir la guerre contre son suzeraifir, il se déclatait
prêt à faire droit à^es réclamatiovis, et, par ce faîl seul,
il était « déchargé de la faute de trahison et de Vhtih
famie • .
Dans tous les cas qui pré^dent , le traître est oov-^
damné à une peine corporelle indéterminée , ses fiefi
tombent en commise et ses alleux sont confisiqisés*.
La derrière espèce de trahison compreiMl' te meurtre
prémédité d*ttn parent et celui d'un compagnon. CM
crimes, ne porlaut pas une atteinte difeete à YoirAre
public , n'entraînent pas \^ confiscation ; le second eet
puni de la mort simple; mais, pour te premier,, le eou*-
pableest enterré vivant sous sa victime'.
Les conspirations, les émeutes, l'excitation à Ti»-
eendle et au pillage , le port d*arraes cachées^, la> fabri*'
cation des armes et engins de guerre proMbé», te faux,
la prévarication des magistrats , le brigandage SOQS pré-
texte de guerre* privée , les ruiptares de trêves et d^as*
swremenis , les coalitions cto B»arciianâs , les outrâgisif
aux officiers du roi ou des seigneurs, sont autaoi de
délits contre l'ordre public , prévus par les/iir<^ et pu/nis
de peines diverses, parmi lesquelles la plus fréquemment
appliquée est une amende,, dont le taux eat laissé à* la
discrétion du jnsticia et des prud'homme».
Parmi les délits contre les particuliers, Tempoisônne-
* Fiirs, Mb. IX, Fubr. X, f. 4, et nibr. XXI, f, 4,44, 31 ei97..
* Id., id., rubr. VII, f. 78. — Cet horrible supplice s'appliqu^ti
toutes les espèoes dCbomloide simple dans plusiturs pays voiÂis de
l'Aragon. (Voy. Mwti^et, Ort^îhes dufdiviàifran^ûi oK$rchées4$m
les symboles et les formules du droi^uftitiéicsei^liv. !¥, chapu Ift)<
276 LITftB m, GHAPmiE VIII
ment, Tinfanticide, rayortement, sont panis de la peine
da feu; c*est, au moyen, âge le châtiment de taas les
crimes qae Ton suppose commis le plus souvent au moyen
de breuvages enchantés et de maléfices ^
Le meurtre avec préméditation est puni de la pendai-
son, si le coupable est d*un rang égal ou inférieur à celui
de la victime. S*il est, au contraire, d'une condition supé-
rieure, il est remis à la merci du roi. L'amende et Teiil
de la ville où le crime a été commis punissent le meurtre
non prémédité V
La peine du viol est la même qu'en Aragon ; mais les
/iir^ ajoutent que le coupable qui ne peut ou ne veut don-
ner à la victime assez d'argent pour trouver un mari de
son rang doit être pendu*. L'adultère du mari n'est pas
puni par la loi; mais la femme mariée coupable de ce
crime et son complice « courent tous deux ensemble nus,
mais sans être battus, dans toutes les places de la cité, et
ne souffrent aucune autre peine dans leurs personnes ni
dans leurs biens ^. >
Le bigame est exilé pour toujours du royaume, après
avoir été promené dans la ville par le bourreau qui le
fouette en criant : t Voilà l'homme vil ''.qui a sciemment
épousé deux femmes toutes deux vivantes *. >
On coupe l'oreille droite au voleur condamné pour la
* Furs, lib. IX, rubr. VII, f. 77 et 79.
■ Id., td., td., f. 42 ; Priv., f«xii, n^36.
* Furs, lib. IX, rubr. II, f. 4, 3, 4, 5, 41, 12, 43, 45 et 46.
* ïd,, id., rubr. Il, f. 6. — U femme qui c commet, disent les
fufs^ foriiicaiion ou adultère dans Tannée qui suit la mort de son
mari ou môme après celte année» perd tout ce qu'elle tient de son
mari, y compris la donation à cause de noces. {Fur$, lib. Y, rubr.U,
f. 8.)
^ Mal eatruch, au féminin mal struga ; cette expression parai
avoir la même origine que le mot français malotru^
* Furs, Ub. IX, rubr. VU, f. 80.
LES FDRSy LES PÂRTIDA85 I«E8 ÉTABLISSEMBICT8 377
première fois; à là deuxième fois, il perd le pied ; il est
pendu à la seconde récidive *. •
La nécessité d*assurer la loyauté des transactions dans
un État naissant, qui paraissait appelé à un bel avenir
commercial, a dicté des lois sévères contre les débiteurs
et les commerçants de mauvaise foi ; la pljis remarquable
est celle qui punit de mort les « marchands, banquiers,
changeurs, drapiers, qu'ils soient chrétiens, juifs ou
Sarrasins qui, à raison de prêt, de dépôt, d'achat ou de
tout autre contrat, seront devenus débiteurs et obligés,
s'ils s'en vont avec la chose d'autrui ou font banqueroute,
à moins qu'ils ne prouvent clairement que, par cas d'aven-
ture, ils ont pei Ju cette chose par terre ou par mer *. »
Tels sont les traits principaux de la législation valen-
cienne. Malgré leurs imperfections, malgré leurs lacunes,
les fars sont encore le code type du XIIP siècle.
Qu'on ne nous accuse pas de partialité pour cette œuvre
trop dédaignée. Si l'immortel recueil des Siete Partidas^
que l'on n'a pas craint d'appeler le plus complet et le plus
méthodique des codes connus ', est infiniment supérieur
aux furs par l'ampleur de la conception , par la profon-
deur des vues, par l'élégance, la correction et l'éclat du
style, ce n'est en somme que l'utopie d'un philosophe
couronné, à laquelle l'autorité de son origine parvient,
après bien des luttes, à donner une valeur légale.
« Série de traités de législation, de morale et de reli-
gion ', > les Partidas ont eu le tort, comme l'a fait remar-
« Privilèges, f* xxvh, n*88.
3 Furs, lib. VII, rubr. IX, f. 4.
* Elogio del rey dan Alfonso X, el Sahio, por D. José de Yargas
Ponce.
* Histoire de la littérature espagnole^ par Ticknor, d'après Pédi-
tion castillane de dooPascual de Gayangos, membre dePAcadémie
royale d'Histoire, et de 0. Enriquede Vedia.
37B l4fUIB, CBUUTBE YBI
^ér QO célèbre historien \ < de n'avoir pas teoa asses
de compte de Tétat du pays, d'avoir traDspIaoté ea Espa-
gpé des lois étrangères, souvent en contradiction avec^ies
coutumes et les moeurs profondément enracinées dans la
société iastillane, de n'avoir pas cherché à concilier ce
qu'elles créaient avec ce qui existait déjà, d'avoir enfin
donné une sanction légale aux doctrines ultramontaines,
Mlevant ainsi à la nation et au trône leurs prérogatives
0t leurs droits essentiels. > Aussi ce corps de lois n*a4-il
jamais servi que de droit supplétoire au Digeste, aux
décrétales, aux fuera$ nationaux et au droit gothique.
AlfonseX, devançant son époque, tente une révolution
et dépasse le but. Saint Louis, au contraire, reste en deçà,
embarrassé par des difficultés sans nombre. Ayant à lutter
contra une féodalité plus forte, contre des coutnnoes qui
échappent à toute action du pouvoir central, le pieux
monarque, guidé par l'admirable droiture de son cDBur,
dtfige ta législation française dans les voies de Téquité
•tde la raison; mais ces deux bases éternelles de toute
législation ne paraissent pas assez solides aux érudits
coispilateurs qui, sous le nom de Louis IX, ont rédigé
les ÉUiblis»etnent8. Pour mieux asseoir leur oeuvre, ils
entassent les citations du droit canon sur celles du droit
impérial, sans s'apercevoir qu'ils fontainsi remonter aces
deux sources l'autorité qu'un code doit tirer de lui-même.
Les ÉtaUmements, comme les Parlidas^ ne sont qu'un
recueil supplétoire aux lois romaines, aux décrétales, au
droit féodal et au droit coutumier. Ni Alfonse le Savant,
ni saint Louis n'ont fait un vrai code.
Ce qu'une science un peu trop spéculative n'apprit pas
au premier, ce que la résistance des mœurs féodales eldes
< Ufuente, HUtoria g$tmr9l 40 Cfpfl^i Part- IIilU)* III, («. n.
LES FIJB8, III8 ntnMM, LBB éTABUSSEMEim MW
ooBttnnes m ^emii pas an second ^e réaliser, la sagesse
prattqae de lacfHè ràccoflaplil ea Aragoa^ à Vaienoe et
mâmè jusqu'à un cei'taiD peint, en Catalogne. Le Conquis-
iador comprit qa*an eode national doit s*assifiailer les
diyers éléments qa il va puiser dans les législations anté-
rieures, se nourrir en quelque sorte de la eubstance do
ces dernières, se fortifier à leurs dépens^ puis se substi^
tuer entièrement à elles. Voilà pourquoi le premier^ et
peut-être le seul, parmi les législateurs du XIIP siècle,
il proscrit sévèrement le droit romain, les décrétales et
le droit gothique, non-seulement dans les doux royaumes
pour lesquels il a rédigé un code spécial, mais aussi pour
la Marche espagnole, on il a fait siennes, en les complé-
tant^ les lois de son illustre prédécesseur Ramon Beren-
gaer le Vieuw.
Lès seules autorités qu'il reconnaisse en dehors dm
recueil officiel de chacun de ces pays, sont « le bon sens
et Téquité * .
Ce retour vers le droit naturel n'est, pas seulement la
proclamation d'une vérité féconde, c'est encore un acte
d'habile politique; car les principes romains, que la
royauté veut introduire dans les mœurs, y pousseront
ded racine» d'autant plus profondes que, grâce aux doc-
trines de l'école, ils se présenteront comme issus de la
raison et de la conscience humaines.
Jacme ne laissa subsister à c6té de son œuvre que ce
qu'il ne pouvait abolir, les/i^fo^etles privilèges locaux,
législation d'un caractère tout exeeptionneU ne déro-
geant au droit commun que dans ses détailSf et respectant
presque touj,oiir» ses bases essentielles.
Nous &e feron» pas un mévifte' au Conquistador d'avoir
précédé de qjuelqoe» années^ Alfonse X et saint Louis
dans la ttise en praliqiio dee principes qui dominent le
Xm* siècle.
2M uraB ni, gbapitrb Tin ■ -
Les grandes idées qui planent sur cette époque répon-
dent à un certain développement de V humanité* à un
certain degré de civilisation ; elles naissent spontanément
sur divers points de TEurope ; elles ont pour ap ôlres des
législatenps et des jurisconsultes étrangers les uns aux
autres : Tévéque anglais Brilton et le monarque castillan
AlfonseX; Beaumanoir, le bailli de Beauvoisis,et Jacmel*,
le héros de Valence. Il importe peu de savoir quel est
celui qui le premier lésa proclamées: elles n'appartiennent
pas à un homme, elles appartiennent à leur temps.
La nécessité de fortifier le pouvoir central de façon à
en faire le gardien de l'ordre public, le distributeur de
la justice, le protecteur des faibles ; l'union de la royauté
et du peuple contre les grands propriétaires' terriens,
ayant à la fois pour moyen et pour but l'affranchissement
des personnes et des terres, n'étaient que les effets d'une
réaction nécessaire, qui se produisit partout où le régime
féodal faisait sentir le poids de ses abus.
Le droit romain, éblouissant l'Europe de l'éclat de ses
doctrines rajeunies, parut à beaucoup l'auxiliaire le plus
puissant de la réforme projetée; d'autres, plus logiques
mais plus difficilement compris, parce qu'ils n'invoquaient
pas une autorité visible et palpable, cherchèrent leur
secoursdansle droit naturel; d'autres enfin combinèrent
ce droit abstrait avec les lois impériales. Parmi ces der-
niers, Jacme fut celui qui procéda avec le plus d'habileté.
Divisant ses Etats en plusieurs groupes afin d'opérer dans
des proportions diverses, selon les mœurs de chaque
peuple, la fusion du droit national et du droit romain, il
arrive, à la faveur des circonstances, à réaliser les parties
les plus difficiles du difficile programme posé par son
siècle ; nous n'en voulons pour exemple que les lois sur
la libre circulation des terres à Valence et à Mayorque.
LES rURS, LES PARTIDÂS, LES ifTABLISSEVElfTS 281
Le code de Valence est, dans l'esprit de Jacme P', le
centre vers lequel, en vertu de Tirrésistible attraction des
idées de progrès, doivent converger les diverses législa-
tions des Etats de la couronne aragonaise, pour se fondre
un jour dans une durable unité.
Mais, dans ces pays, pas plus que dans le reste de l'Eu-
rope, le XIH* siècle n'avait pour mission de réaliser
l'unité législative; ildevaitluisuffire, selon les expressions
d'un vieux jurisconsulte, « de rompre la glace et d'ouvrir
le chemin \ > Malheureusement les générations qui vin-
rent après lui perdirent de vue le but qu'il avait mar-
qué. Exagérant les nouveaux principes dans ce qu'ils
avaient de dangereux, négligeant d'en développer les
conséquences bienfaisantes, elles s'égarèrent dans cette
route si brillamment ouverte; aussi n'est-ce pas sans rai-
son que, témoin des abus de l'absolutisme monarchique,
un poète valencien s'écriait avec regre t :
« Ciiant ditxôs fora, 6 Jaume, si tornàs
' Dn temps corn el teu temps! Ây! cuant ditxôs
Si el mon de vuy, el rnorx de Ion temps fos;
Si el llibre de tas lleys vuy gobernâs * ! »
* c C'est luy qui a rompu la glace . et ouvert le chemin », a dit
Antoine Loysel, parlant de Philippe deBenumanoir.
^ « Quel bonheur ce serait, ô Jacme, s'il revenait un temps comme
ton temps ! Âh 1 quel bonheur, si le monde d'aujourd'hui était le
monde de ton temps, si le livre dote> lois gouvernait aujourd'hui.»
— Ces vers servent d'épigraphe à la Historia de la casa reaide Mal-
lorca, du regrettable D. Joaquin-Maria Bover, qui nous a écrit les
avoir copiés d'un manuscrit anonyme conservé dans la Bibliothèque
de TÂcadémie royale d'histoire.
CHAPITRE IX
EnteeRieotoqui ont suivi le promulgation du code de Hteia. -^ Soih
lavement des Maures de Valence. -^ Al A^ardi. -- Expulsion de3
Sarrasins. — Nouveau testament du roi. — Différends de Jacme avec
son fils Alfonse. — Mort d* Yolande de Hongrie et de Leonor de
Castille. — Récondliation du roi avec son fils, — Attitude du roi de
CafltiUe Alfonse X. — Soumission d'Al Azarch. — Affaires de Mavarw.
— Guerre imminente avec la Castille. — Paix. — Mort de Raymond VIL
— Ruine des espérances méridionales. -^ Troubles à Montpellier; les
onilki de Lattes. — Progrès de TinQu^ce française k Montpellier. ^
Négociations avec saint Louis. — Traité de Corbeil et aotes afoessoiret.
— Droits réciproques des deux parties, — Fin de la nationalité méri-
dionale.
Après avoir anticipé sur les années , afin de ponralr
embrasser d*an seul coup d*œil l'ensemble des travaux
législatifs de Jacme V\ nous devons reprendre le cours
des événements au point où nous Tavons laissé, c'est-à-
dire au moment de la promulgation du code de Huesca.
Comme si un long repos avait dû suivre Tachèvement
de cette œuvre glorieuse , les annales de TÂragon se
taisent jusqu'en 1248; mais, à partir de cette année, les
événements se pressent et s'entassent. Ce n*est pas un
médiocre sujet d'admiration que l'infatigable activité de
Jacme à mener de front les graves affaires qui rassailtent
à la fois de tous les côtés.
ki Viutm AUop$6 d'Araigon rq^eud wa, M\\tn4/i
284 LITRE III y CHAPITRE IX
hostile; là, un redoutable soulèvement des Maures met
en péril la domination chrétienne ; en Navarre, la mort
de Thibault T' réveille d'anciennes ambitions; en Castille,
Alfonse X se dresse menaçant; puis c*est une guerre avec
le vicomte de GardonaS une révolte des habitants de
Montpellier , de nouveaux démêlés et de longues négo-
ciations avec saint Louis; et, tandis que le roi d*ÂragOD
a Tœil à la fois sur Valence , sur la Catalogne, sur la
Castille, sur la Navarre, sur la France , il trouve le temps
de faire rédiger les fars de Valence, et d'ajouter d'im-
portantes dispositions au recueil des constitutions cata*
lanes.
Le soulèvement des Sarrasins de Valence parait avoir
ouvert cette période agitée *. Un Maure nommé Al
^ Plusieurs lettres du roi, relatives à cette affoiro et adressées à
Ramon et à Gulllemde Gardons, se trouvent au f* 70 du reg- Vm
des archives d*Aragon.
' A l'exemple de Diago, nous plaçons cet événement à la fin de
42i7 ou au commencement de 12i8 etnonen425i, comme le veu-
lent Beuler, Zurila et Miedes. L'auteur des Atiales del reytio de
Fa/encta, s'appuie sur un passage de la Chronique royale (chap.
ccxxxvii) où il est dit que, lors de la révolte d'Âl Azarch, le siège
épiscopal de Valence était occupé par Arnau de Peralta; or ce pré-
lat fut remplacé par Andreu de Albnlal le 30 octobre 4248. (Archives
du chapitre de Valence.) L'opinion de Diago est confirmée et celle
deZurila détruite par deux actes des archives d'Aragon (Parcheii)-
de Jacme l*% n*"^ IU6 ot 4150) sur lesquels nous reviendrons bientôt,
et qui prouvent que les Sarrasins furent expulsés du royaume de
Valence au commencement de l'année 4249. La détermination delà
datedu soulèvement d'Al Azarch a une importance considérable ;
d'abord elle confirme la date de la prise de Bi^r et de celle deXa-
tiva, antérieures toutes deux à la révolte des Sarrasins (Voy. ci-des*
sus, p. 95 et 96); en second lieu, elle concourt à établir l'exacti-
lude de la Chronique royale ; enfin elle fait disparaître tous les
doutes au sujet de l'époque de la mort de la reine Yolande. Le Chro-
nicon Baroinonense (voy. Marca hispanicay col • 756) et le Petit Thor
lamuê de MùfUpêlU»r placent cette mort en 4254 ; d'après la Chro-
B^YOLTB o'aL AZARCB 285
Âzarch ou Al Azdrach, homme actif, intelligent et
fourbe , que le roi connaissait déjà pour avoir failli laisser
la vie daDs un piège traîtreusement préparé par lui S
s*était mis à la tête des révoltés et avait enlevé plusieurs
places fortes aux chrétiens.
La cour était alors à Calatayud; tout le monde con-
naissait ces fâcheuses nouvelles, le roi seul, par une
imprudence inconcevable, n*avait encore été prévenu de
rien, lorsque son lieutenant dans le royaume de Va-
lence, don Ximeno Ferez de Arenos, accourut lui de-
mander du secours.
Après un moment de pénible surprise, Jacme se félicita
de ces événements ; « car , dit-il , le seul motif pour lequel
nous ne chassons pas les Sarrasins de notre terre, c*est .
parce que nous leur avons promis de les y laisser par les
traités que nou3 avons conclus avec eux ; mais puisqu'ils
nous en donnent eux-mêmes Toccasion, cela doit plaire
à Dieu et à nous, que là où si hautement on prononce le
nom de Mahomet, on n*invoque plusà Tavenir que le nom
de Jésus-Christ *. >
que du roi, Yolande aurait vécu au moment de la révolte d'Âl
Àzarctv. Si Ton accepte pour cet événement la date da 4254, il faut
qu^il y ait erreur soit dans le Chronicon Barcinonense et dans le
Petit Thalamus, soil dans la Chronique royale. Dans ce dernier cas,
raulheiiticilé de cette œuvre pourrait être gravement suspectée.
Mais, au moyen des actes des archives d^Âragon que nous avons men-
tionnés, tout s^éclaire et se justiQe.
*' Jacme raconte ce failaucliap. ccxLde sa Chronique. 11 dit ail-
leurs (cbap. ccxxxui) qu'il n'a jamais été trahi que deux fois parles
Sarrasins. Zurita fai< remarquer à ce propos que le roi s'aventurait
souvent sans escorte parmi les Sarrasins du royaume de Valence,
comme s'il se fut trouvé au milieu de ses vassaux d'Aragon et de
Catalogne. Des Maures insoumis l'avaient plusieurs fois attaqué ;
mai» l'action d'Âl Azarch avait été plus qu'un simple acte d'iiosti-
liiéj il y avait eu une véritable trahison.
> Cliron.royaleyChap. Gcxixv.
SM LITRE m , CHAPITRE IX '
ArrÎTô à Valence, il ne tarda pas à s'apercevoir que,
sons les dehors d*une entière soumission, les Maures qu'il
croyait les plus dévoués cachaient un secret espoir de
voir triompher les rebelles. La présence dans le royaume
d*une pareille quantité d'ennemis était un danger per-
manent pour la domination chrétienne ; à cette coosi-
dération se joignaient les scrupules religieux que ta
piété intolérante du temps cherchait à faire naître dans
la conscience du roi catholique. Après avoir su d'abord
résister à ces suggestions, Jacme finit par y obéir et par
s'arrêter au parti décisif de l'expulsion des Sarrasins.
Les ricos homes et les chevaliers, se voyant menacés
de perdre les abondants revenus que leur procurait l'iD*
dustrie de leurs vassaux musulmans , s'opposèrent éner-
giquement à cette mesure. Soutenu par le clergé* et la
bouf^eoisie , le roi fit comprendre aux nobles que la
crainte d^ voir diminuer leurs rentes les exposait à
perdre un jour leurs terres elles-mêmes , « si les Sarra-
sitis de ce côtè-ci se mettaient d'accord avec ceux de
l'autre côté de la mer. • Un seul baron refusa de sous-
crire à la proposition de Jacme; ce fut l'inquiet et tou-
jours mécontent don Pedro de Portugal, qui, en 124*,
avait échangé à peu près tous ses droits sur les Baléares
pour la possession viagère des villes de Morella , Mar-
viedro, Alnienara, Caslellon de Burriana et Segorbe*.
Après de vives contestations , auxquelles se mêlèrent les
protestations armées des Sarrasins de don Pedro, lareiue
' Loin d'imiter la noblesse dans ses protestotions, le claifé de
Catalogne et de VM^ence céda, de l'avis du Pape^ une partie da s»
revenus au roi pour l'indemniser de la perte que rexpulsion des
OUiuJmaiu allait foire subir au trésor royal. (Areh. d^Aragoo, 1^
chemins de Jacme 1", n'^i i6Q ; acte: du 4â mars 4â49L}
' Archives d'Aragon, Parch. de Jao«e H», a«* 964' et 9I&S'.
BXPCLSfOIf ràs SàRRASIflB SW*
Yolande fat choisie pour arbitre de ce différend. Le 6 des
kalendes de mars 1248 (S4 février 1249), la reine,
assistée de P. . . , archevêque de Tarragone , de frère A. . ,
évéqae de Yatenee, de Ximeno Ferez de Arenos etd«>
quelques autres des principaux personnages du royaume,
rendit une sentence en vertu de laquelle Pinfant de Por-
tugal reçut dix mille sols royaux pour réparation
du dommage que lui causerait Texpulsion des Sarrasins.
Le roi dut tenir garnison à ses frais, jusqu'à l'entière
répression de la révolte, dans les châteaux de don
P^dro; celui-ci fut dispensé du service militaire pendant
Tannée pour les biens qu'il possédait dans la ville et le
territoire de Tarragone*.
Cependant Jacme ne perdait pas de vue Texéculien des
mesures énergiques quil avait résolues. Les principales
places fortas du royaume avaient été occupées par des
troupes chrétiennes , et un ordre du roi, écrit en arabe,
faisait connaître à tous les Sarrasins que, dans le délai
d'un mois, ils auraient à quitter les États aragonais. On
leur permettait de prendre avec eux leurs vêtements,
leurs meubles et tout ce qu'ils pourraient emporter.
Cette nouvelle jeta la consternation dans la population
musulmane. Supplications, larmes, promesse de payer
des tributs énormes, tout fut eoiployé pour obtenir la
révocation de cet ordre rigoureux ; Jacme resta inflexible.
Alors le mécontentement grossit les rangs des révoltés;
Al Azarch compta bientôt une armée de soixante mille
hommes.
Les chrétiens, ne suffisant plus à défendre toutes les
places, en laissèrent tomber dix ou douze au pouvoir (tes
rebelles.
* Arch. d'Aragon, Parch. de Jacait«kMif 1 4Afi>
288 tITRB m, CftAPITBB IX
Néanmoins la plus grande partie des Sarrasins, deux
cent mille environ, se conforma à la volonté dn roi
d*Aragon; mais, craignant d^étre pillés en route, ils
offrirent la moitié de ce qu*ils emportaient en échange de
la protection royale jusqu*à la frontière.
— « Nous leurs dîmes, raconte le roi , d*aller en toatç
sûreté confiants en notre parole ; car nous ne devions
rien recevoir d*eui lorsqu ils perdaient Jeurs maisons,
leurs champs et jusqu*à leur pays natal. Sur cette pro-
messe , ils pouvaient donc sortir sains et saufs de notre
terre; nous ne voulions retirer d'eux aucun avantage;
car grand*pitié ressentions-nous du mal que nous leur
faisiqns, et leur enlever encore une partie de ce qu*ils
emportaient était chose que notre cœur ne pouvait souf-
frir. Sur ce, nous les Times conduire jusqu'à Villena, et
les chevaliers etnco^ homes, qui les escortaient pour nous,
nous racontèrent que Ton pouvait certainement compter
cinq lieues depuis Tavant-garde jusqu'à Tarriëre-garde ;
ajoutant qu'on n'avait pas vu même à la bataille d'Ubeda '
une aussi grande multitude d'hommes, de femmes et
d'enfants *. »
A Yillena, place castillane, commandait donFadrique,
fils de Fernand III ; moins humain que le souverain arago-
nais, l'infant de Gastille préleva un droit d'un besant par
tête sur les exilés qui traversaient le territoire soumis
à son commandement.
La troupe émigrante se dirigea vers Murcie: là, elle
se divisa : les uns se disséminèrent dans les Etats da
roi de Gastille, les autres trouvèrent un asile dans
l'émirat de Grenade, dernier refuge de l'islamisme
espagnol.
* Las Navas de Tolosa.
* ChroD. royale, chap. ccxxxvm.
J
NOtJVBAV IteSTAMfiNT'DU ROI 289
Quant aux Sarrasins qui s'étaient groupés autour d'Âl
Azarch , ils combattirent avec une énergie désespérée ;
les femmes elles-mêmes prenaient part à la lutte et
aboyaient un courage égal à celui des hommes. Les
troupes royales subirent au début un grave échec, bientôt
suivi heureusement d*ûne éclatante victoire qui abattit
l'ardeur des rebelles.' Néanmoins Thabileté d*Al Âzarch
dervait encore prolonger ■ la lutte durant trois ou quatre
années.
Presque en même temps que le soulèvement des Maures
valenoiens , une révolte d'autaut plus regrettable, qu'elle
partait du sein môme de la famille royale , éclatait pour
la seconde fois : nous voulons parler de celle de l'infant
Atfbose-, qui avait failli , quatre ans auparavant , allumer
la guerre civile dans les pays aragooais.
Le.roi avait alors de la reine 'Yolande quatre fils et
autant de filles; fidèle à ses idées dMmprudente équité,
il crut devoir , par un nouveau testament fait à Valence
ield janvier 4248, partager sa succession entre ses
enfants^-.
Par cet acte, le fils de Léonor hérite de TAragon,
dont la Cinca doit former la limite du côté de la Gâta.
logée , laissant en dehors les comtés de Ribagorza et de
Pallars et la ville de Lérida; Pierre reçoit la Catalogne
ainsi agrandie et y joint les Baléares; à Jacme appartient
le royaume de Valence ; à Fernand , le Roussillon , le
Gonflent, laGerdagne, la seigneurie de Montpellier et
tous les droits du roi d'Aragon sur les pays situés au
nord des Pyrénées; Sanche reçoit trois mille marcs
* Cet acte, mentionné par les historiens, ne se trouve pins de nos
jours aux archives d'Aragon. L'index des parchemins en donne la
substance, et constate quil portait le n* 758 de l'ancien classe-
ment.
T. n. 19
390 UTRS m , cBAnxBB u
d*argeDt et doit entrer dans les ordres ; il devint en
effet archidiacre de Bellchite , abbé de Valladolid , puis
archevêque de Tolède * .
Le roi substitae les quatre premiers de ses fils Tan à
Tautre; s*ils meurent sans enfants, la succession doit
s'ouvrir au profit dTolande, femme de Tinfant héritier
de Castille, à la condition expresse que les Etats arago-
nais ne seront jamais réunis aux Etats castillans, et que
celui des fils de Yolande qui héritera des premiers ne
reconnaîtra point la suzeraineté du roi de Castille.
Jacme ordonne enfin que, s*il lui naît encore un fils,
il soit chevalier du Temple, et, s'il lui nait une fille,
qu'elle devienne religieuse au monastère deXixena*.
 la publication de ce testament, les ressentiments de
rinfant Alfonse se manifestèrent avec une nouvelle vio-
lence. Soutenu par don Pedro de Portugal , qui fit sou-
lever contre le roi ses villes du royaume de Valeoce, le
fils de Léonor essaya d'attirer à son parti le roi de Cas-
tille. Il alla trouver Fernand III sous les murs de Séville;
mais il ne rencontra pas auprès du sage monarque le
secours que lui avait sans doute fait espérer Tinfant hé-
ritier de Castille , toujours hostile au roi d'Aragon. Les
partisans d'Alfonse et de don Pedro agitaient sourdement
* L^infant archevêque de Tolède fut pris par les Sarrasins el mou-'
rutenlre leurs inaias le^l octobre 4i!75. (Voy. Bofarall, los Conân
de Baroelona^ l. Il, p. 236.)
' Celte condition ne fut pas exécutée , puisque Tinfante Isabelle ,
née depuis ce testarneutf épousa Philippe /e Hardi, fils du roi de
Franco Louis iX. En 12i8, les filles de Jacme étaient : Yolande ,
femme d'Âlfonse de Castille ; Constance, qui devait épouser Tinfaot
Manuel, frère d'Alfonse; Saocha, qui dt ^ dit-on, un voyage en
Terre Sainte sous un déguisement, et mourutà Jérasalem en odeur
de sainteté ; Marie, qui fut religieuse. (Voy. BofaruUi lot Condês àê
Baroehna, t. II, p. 236.)
DIFFÉHfiMDS AVBa l'iHFàHT ▲LFONSB 991
toas Us pays aragODais ; pour la seconde fois , la guerre
civile était imminente. Xacme , espérant la prévenir par
un acte qui mit sa respodsabitité ^ Tabri , réunit leseortès
d'Aragon et de Catalogne à Alcaniz , au mois de février
1250, et leur demanda de nommer des arbitres pour
terminer le différend, proposant, si tes infants Alfonse
et Pedro ne voulaient pas accepter cet arrangement , de
recourir au Pape et au ^tcré^CoUége \ L'assemblée envoya
une ambassade solennelle, composée de prélats , denobles
et de bourgeois , aux infants, qui se trouvaient auprès
du roi de Castille. La médiation des cortès fut acceptée
et an acte de paix et de trêve signé entre les deux partis,
le i5 des kalendes de juin (48 mai) t250^
Le roi , tout en se tenant prêt à reprendre au besoin
les hostilités, ne négligea rien pour que son testament
ftt ratifié par les arbitres que rassemblée cataiano-ara*
gonaise avait désignés ^
Ceux-ci rendirent enfin leur sentence V* elle donnait 4
f AjcbivAs d'AragOQ, Par«h.d9iacroe I", n* 1233.
« Idem,id., nH194.
' Aux démarcbes faites par le roi fiour se rendre les a/bitres favo-
rables, se rapporte sans doute un acte des archives d'Aragon (Par-^
chemips 4e iaeme I«% qo I201) en date ,du 6 des ides d'aoûii (8 aoiU)
iStôO, par leqtjielle roi «tla reine Yolande prometteat aide, protteo-
tionet laveur à Guiljlem et à Pierre de MoncaAa^ à Pedro Gornel , à
G. de EDleoKa, à G. Roineu, à Ximeno de Foces, à Xiimeno Ferez de
Arenos, à S. dd Anlillon et à P. Martinez de Luna, lesquels pro*
mettent en échange aide et ûdélilé au roi, à la reine et à leors en-
Caots. Parmi les seigneurs dont les noms précèdent, .trois comp-
taient au nombre des arbitres nommés par les cortès ; c'était Pe-r
éro Cofuel, Garcia iKomeu et Ximeno de Foees.
* Cet acte nous est connu seulement par un passagp de Zunia, que
plusieurs auteurs oat interprété daosle sens d'une modification dp
testamoQt de 42lk9 iCt .de l'adjonction du royaume de Valence à la
la purt d'Alfcmae^ Il nou3 seoxble au oonttraire» d'après Iq$ termesid^
l'annaliste aragonais, que les dispositions du roi furent eoaAciaées ,
29S LIVBBmy GHâMTBftn -^1(1
ÂlfoDse le gouverDemeot de TAragoa et da royaume da
Valeoce, réservaat la Catalogne à Tialant Pierre. Alfoose
se soamit, ainsi qulls^y était eogagé, et la mort de la
reine Yolande, survenue peu de temps après, rétablit
rbarmonie entre Jacme et le fils de LéonorS
Quoi qu'en aient dit quelques historiens, parmi lesquels
il faut compter Zurita , c'est en 1254 qu^ mourut la reine
Yolande, après avoir fait son testament àHuesca, le 4
des ides d'octobre (1 S octobre) de la même année*.
«Cette princesse, dit Miedes, fat très-verlueose,
très^sage et douée de nombreuses et éminentes qualités.
Le roi eut en elle, selon ses désirs, une épouse bien
aimée et féconde, qui participa nQu^eulement à TaccfAis-
semeot de sa race , mais encore à ses conseils et à ses
travaux. Elle le suivit partout, en guerre comme en paix,
sans être retenue par ses continuelles grossesses et ses
et que rinfant eut seulement, en qualité d-auié, le gouvemernenl de
^Aragon et du royaume de Valence pendant la vie de son père. C'est
ce qui expliquerait comment Alfonse n'éleva point de réclamation
contre la donalion de ce dernier royaume faite à son frère Jacme
en 1264. . ' ^
^ Fernand, troisième iils d'Yolande, étant mort en bas âge (}uelque
temps avant sa mère, sa portion fut divisée entre ses frères, Pierre et
Jacme. Le Rous^illon, le Oonflent, la Gerdagne et le Vallespir appar-
tinrent au premier ; l'autre eut Montpellier et les droits de la mai-
son de Barcelone sur didérentes parties du midi de la France. (Ar-
chives de la couronne d*Âragon, Parcb. de Jacme 1**. n* 4244 , acte
du 7 des kalendos d'avril Mbi.)
• Voy.ce testament dansnos Pièces justificatives, n* IX. — L'er-
reur de Zurita et de ceux qui partagent son opinion provient, comme
nous Pavons déjà fait remarquer, delà date erronée attribuée à la
révolte d'Al Azarch. Le Chronicon bareinonense et le Petit J%alam%t$
de Montpellier placent la mort d'Y^ilande à sa véritable date, du moins
quanta l'année. Voici ce qu'en dit le dernier de ces documents :
€ En lan M e CG e LL... el mes de selembre mon la dona Yoles re-
glna d'Aragon molber del rei Jacme a Lerida. 9 LUodioation du mois
est inexacre.
ifoinrEAu partâob 293
couches fréquentes ( elle en ent neaf en qninze ans }^
Dans tes (entes , àa miliea du bruit désarmes, elle
donnait le jour à ses enfants. Elle fut, en un mot,
tout à fait digne de la tendresse du roi, et mérita de voir
ses fils enrichis de tant de royaumes*. »
Sans nous inscrire en faux-contre ces éloges , il nous
sera permis de regretter que l'influence trop évidente
d'Yolande sur son royal époux ait jeté la désunion entre
Jacme et l'infant Alfonse. De son côté, Léonor de Castîlle
contribuait peut-être à envenimer ces dissentiments par
les conseils qu'elle donnait à son fils. Il est remarquable ,
en effet, que la mort des deux femmes du Conquistador^
ait élé presque immédiatement suiTîe d'un rapproche-
ment entre le père et le fils.
Le 11 des kalendes de décembre (21 novembre 1251),
Alfonse s'engagea à accepter et à confirmer publiquement
le partage que son père devait faire entré ses deux frères,
Pierre et Jacme, aux certes convoquées pour la pro-
chaîne fête de Saint-Jean»Baptiste". C'est probablement
à cette assemblée que l'infant Jacme reçut pour sa part ,
ainsi que nous l'apprend Zurita, le royaume de Valence,
avec les Baléares et la ville de Montpellier. Mais , peu de
temps après, le royaume de Valence fut enlevé à Jacme
* lliedes, Vida deD. Jayme\lih. XIV.
* Léonor de Gastille, première femme du roi Jaome, mourut en
1251 au monaslère des Huelgas de Bbrgpes 'où eUe s'était retirée
Plusieurs troubadours ont cékébré cette prineesse; nous mentionne-
rons : ArnoU Ptagués, Gaubert de PuegMbot et Arnalt Catalan. (Voy.
Milà, De los Trovadores enEspana^ p. 484 et 3o0; Raynouard, Choix
de Poésies des Troubadours^' X. V, p. bO ', Hiêtoir» littéraire de la
France, i. XYllï, p. 535.)
* Archives de la couronne d'Aragon , Parchemins de Jacme I",
n* 1267.
904 UYU m 9 GHAHtBE U
pour être donné à Alfonse* ; celai *ci confirma la donation
que son père avail faîte à Pierre dn comté de Barcelone ,
ayant la Cinca pour limite, et à Jacme, du royaume de
Mayorque et de la seigneurie de Montpelllier ( sep-
tembre 1253*). Peut-être le roi reconnut-il la justice des
réclamations du fils de Léonor; peut-être voulut-iU en
donnant satisfaction à la fois à Alfonse d* Aragon et à don
Pedro de Portugal, enlever deux alliés à la Gastille, afoc
laquelle une guerre paraissait imminente*.
Le 30 mai 1252 était mort à Sé?ille le saint roi
Fernand III , Tun des plus grands princes d*un siècle qui
compte tant de héros. Un homme d*un esprit supérieur
lui avait succédé; mais un homme qui semble d*autant
plus petit dans ses actions qu'il est plusgrand par les con<
ceptions de son génie.
Les qualités qui doivent faire absoudre Alfonse X de
ses fautes ne sauraient les voiler aux yeux de rhistoire.
Philosophe qui ne pouvait descendre des régions de
l'idéal sans trébucher à chaque pas sur le soi de la
réalité; législateur qui traça dans un code admirable
les règles de la justice et obéit trop souvent à ses pas-
sions, à sa vanité, à son égoïsme; historien qui légua
^ Par un acte signé à Barcelone le 42 des kalendes d^octobre
(20 septembre) 4253, le roi scelle sa réconciliation avecÂlfonse et don
Pedro de Portugal ; il donne à son fils le gouvernement de TAragon,
le reconnaît pour héritier présomptif du royaume de Valence, et lui
accorde une pension décent mille sols de Jaca. fArcb.d^ila couronne
d'Aragon, Parch. de Jacme l*^, n*4346.)
* Archives de la couronne d'Aragon, Parchemins de Jacme I*",
n« 4347 ; acte du 9 des kalendes d'octobre (23 septembre) 4253.
> En même temps que le roi se réconciliait aveosonflls, il soute-
nait contre ie vicomte de Cardona, pour des discussions d'intérêt dé
peu d'importance, uneguerre qui, après avoir duréeAvifon iio«n,
se termina en septembre 4253. ( Archives de la couronne d'Ara-
gon, Parchemins de Jacme I*', n«* 4305, 4346, 4323, 4349 et 4aM.>
âtwmm t DB ckpnuLE S$5
au annales de son pays une page faneste; astronome
qai regrettait de n'avoir pas été appelé aux conseils du
régaiatear de Tanivers, et ne sut pas goaverner le coin
déterre qui lui était échu en partage; poète des can-
tiques à la Vierge, qui implora le secours des sectateurs
de Mahomet contre les enfants de Jésus-Christ; homme
de génie et monarque incapable, intelligence vaste et
caractère mesquin, Alfonse le Savant, appelé fort mal à
propos Alfonse le Sage par des traducteurs inexacts,
s*éUit de bonne heure montré jaloux des succès de son
beaa-père Jacme le Conqmrant. Affranchi des sages con-
seils de saint Fernand et devenu maître du royaume, il
put donner un libre cours à ses sentiments d'hostilité
contre la royauté aragonaise, rivale naturelle de la Cas-
tille. Mais il n'osa point ouvrir avec le Conquistador une
lutte franche, un de ces duels grandioses entre des géants
qui trouvent trop étroit pour deux Tespace livré par la
Providence à leur ambition ; les attaques d'Alfonse ne
sont que les accès d'une envie mal contenue qui vient se
briser contre la modération, la sagesse et la fermeté du
grand monarque de l' Aragon.
Plusieurs historiens ont prétendu qu'à son avène-
ment au trône, le roi philosophe, n'ayant encore aucun
eofant de la fille de Jacme , avait voulu répudier (a prin-
cesse aragonaise. De ce projet, dont la grossesse de la
reine serait venue tout à coup arrêter l'exécution, aurait
daté la mésintelligence qui divisa longtemps le Conquis^
tadar et son gendre.
Le marquis de Mondejar, dans ses Observaciones à la
chronica antigua de don Alfonso el Sabio , dont les con-
clusions ont été adoptées par D. Modesto LafuenteS a
^ Historia général de Espana, Part. II, lib. in, cap. i. — Voyez
aussi le savant ouvrage intitulé; Ut^racûmee à Mariana^ ^r D.
S96 uviBin, cBàMsnmvL
combaUn à l*aide de sérieux argaments ce prétendu
projet de divorce. Ce qu'il y a de certaio, c'est que la
conduite d*Alfonse, iafaut héritier de Castille, présageait
la politique du roi Alfonse X, et qu*à peine monté sur
le trône, le souverain castillan profita de la révolte d*Al
Azaroh, qui n* était pas encore étouffée, pour susciter
des embarras au roi d'Aragon.
Le chef des Sarrasins rebelles avait, en effet, trouvé
protection et appui d'abord auprès de l'infant don Manuel,
frère d' Alfonse, puis aupnès d'Alfoose lui-même , qai «
cependant , n'osa point embrasser ouvertement le parti
des musulmans contre son beau-père , et se borna en
apparence au rôle de médiateur.
Un jour, raconte la chrouique, le roî de Castille se
trouvant aux environs d'Alicante, désira avoir uneeo-
trevue avec Al Azaroh ; le Maure se rendit aux ordres du
fils de saint Feroand, et reucootra le roi à la chasse.
— < Savez^vous chasser? demanda Alfonse au Sar-
rasin.
— * • Seigneur, répondit celui-ci, sur un mot de vous,
je pourrais chasser les châteaux du roi d'Aragon. »
Ces paroles furent rapportées à Jacmei, et, lorsque Al
Azarch vaincu quitta le royaume de Valence, le roi
d'Aragon écrivit à son gendre pour lui annoncer la coai*
plète répression de la révolte, < et lui faire connaître,
ajoute le chroniqueur, qu'en huit jours nous avioDS
enlevé seize châteaux au Maure ; par quoi , il pouvait
voir que nous aussi nous savions chasser, et que la chasse
d'Al Azarch n'avait pas eu d'autre résultat \ > .
Pedro Sabau y Larroya, secrétaire perpétuel de l'Académie royale
d'histoire de Madrid.
* Ghrooique de Jacme ,chap. ccxu.
Pour mettre fiQ à cette guerre de détail qai menaçaît
de seprolonger indéfiaiment, Jacme avait dû employer
la rose. Al Azarcfa , espérant que ta imédiation da roi de
(kistitle lai ferait obtenir uoe trêve d*tin an,se laissa
persnaderpariin de'Sescom.pagDot)s, qui<le trahissait, de
vendre 'le blé qu'il avait ea abondance pour se procurer
de l'argent; le roi d*Aragoi> prévemi refusa la trêve, et
le ehef maure, dépourvu de vivres, fut réduit prompte-
ment àcapituler;. Il pi^omit de quitter les États aragonais.
po»rn*y plus rentrer: mais il^lemanda pouran de ses
neveux le château de Poloo ou Polop, ce qui lui fut
accordé. Ainsi se termina, peu de temps après P&tfue^
de Tannée iâ53v ce premier soulèvement des > Maures
de Valence*. Mais presque aussitôt naissait un nouveau
motif de discorde entre TAragon et laCastille.
Thibault }l\ roi de Navarre et comte de Champagne^
auquel Jacme-, cédant aux vœux de la nation navarraise*
etaux inetanceef du Souverain PonUfe^ avait laissé prendre
possession de T héritage de Sancbe U Reclm, Thibault P
mourut à Pampeiune le 8 juillet iâS^j
La renonciation tacite de Jacme n'avait pu étre-que
provisoire et concernait seulement le comte de Gham«*
pagne; mais, avec une loyauté dont Alfonse de Castillè
* Voyez Cl^raniqae de Jacme, chap. ccxxxv à ccxu. — Bernât
d'Esclot parle de quelques troubles qui précédèrent la révolte d'Al
Azarch. Un nègre nommé Albocor, simple berger rempli de courage,
essaya de faire soulever les Sarrasins du royaume de Valence; eett^
tentative avortée aboutit à quelques actes de brigandage cruelle-
ment punis par les ha^ilantsd'Aleira. Albœor, fait prisonnier par
eux, lut promené dans le royaume et «^^hacunlui fil la justice qu'il
lui plut , jusqu'à ee qu'il f(Û mort, et puis on le fit tirer par tout
le pays par des roussins. » (Chronique de Bernât; d'Esclot, chap.
xux.)
* Voyez M oret, ÀMhê d« Nùtmrra^ lib* XXI, cap. i, g 4 .
* Voy. notre tome 1» p.. 363.
anrait dA s'inspirer en mainte circonstance, le roi
d* Aragon resta i*anii sincère du monarque navarrais.
Ni le départ de ce dernier pour la croisade, ni le désac*
cord de Tliibault et du Saint*Siége au sujet de Févéqae
de Pampelune ne servirent de prétexte au Conquiêkulor
pour jeter le trouble dans un pays qu*il regardait comme
dépendant de sa couronne. Aussi Thibault T' mourant
ne crut-il pas pouvoir trouver de protection plus efficace
pour ses fils que celle de son chevaleresque compétiteur.
Ce n*était pas trop oser que de compter sur la gén^
rositéd*un prince chez lequel Tambition n*étouffa jamais
le sentiment de la justice. En apprenant la mort de
Thibault, Alfonse de Castille trouva le moment opportun
pour réveiller d'anciennes prétentions sur une partie de
la Navarre , et se mit en marche vers ce royaume , goo*
verné par la veuve du roi défunt, au nom de son fils âgé
de quatorze ans \ Mais Jacme se hâta d'envoyer vers la
reine régente ripfant Alfonse avec lequel il venait de se
réconcilier et, le i'^ août i253, un traité d'alliance offen-
sive et défensive fut conclu à Tudela entre la Navarre et
l'Aragon. Par cetactef l'infante aragonaise Constance on,
à défaut, sa sœur Sancha, fut promise en mariage à celoi
des infants navarrais qtii hériterait de la couronne*.
Chacune des parties s'engagea à ne conclure aucun traité
de mariage avec un parent du roi de Castille ou « quelque
homme d'Espagne que ce soit, qui le fréquente ou lai
parle* .»
* Thibaolt !«* leissait de Marguerite de l>ainpierr6, tUe d'Àrcham-
boud deDampierre, sire de Bourbon, deux âis, Thibault ei Heiri.
' On voit qu^en 1^3, Constance n'était pa^ encore mariée à doo
Manuel de CastiUe.
3 L'engagement conclu entre Marguerite, reine-régente de Navaro,
et l'infant AlfoQsed^Aragen, a écééennéen partie par Monet. {Ana-
les de Navarray lib. XXII, cap. i, g 3.) U traité dans satemt défi-
▲IVAMBS dDB IIÀVAIRB '899
Quelques mois aprôs, Thibault II , ayant atteint sa
quinzième année, fut couronné à Pampelnne, et, dans une
entrevue qu^il eut à Montagudo avec Jacme T' ^ Talliance
des deuK souverains fut confirmée ^
L*Aragon et la Navarre étaient prêts à recevoir le cboc
de la Castille; Alfonse X menaçait sans attaquer; ce*
pendant des prélats et des ricos homes s^interposèrent,
et une trêve fut conclue jusqu*à la prochaine fête de
saint Michel.
Jacme, avecson activité habituelle, sut mettre à profit
ce délai. Pour s'attacher sans retour son fils Alfonse, il
lui fit accepter un traité par lequel « Tinfant premier né
et héritier d*Aragon» promettait à son père de ne point
embrasser le parti du roi de Castille , tandis que Jacme
s'engageait à ne jamais enlever à Tinfant ce qu'il lui
avait donné dans les royaumes d'Aragon et de Valence*.
Vers la même époque , il se conciliait , par de riches
donations d'Aofifieur^^ Taniitié d'Alvar Ferez de Azagra,
seigneur d'Albarracin ; il avait une nouvelle entrevue avec
le roi de Navarre à Estella ; il contractait des alliances
offensives et défensives,' contre tous et en particulier
contre le roi de Castille» , avec le puissant seigneur de Bis-
caye, Diego Lopez de Haro, avec Ramiro Rodriguez et
Ramiro Dies, ricos homes castillans qu' Alfonse X avait
nitive existe aux archives de la couronne d'Aragon, Parchemins de
Jaeoie I*%.n* 1339 ; il a éié publié dans la collection des documents
inédits dece dépôt(t. YI, p. 444).
* Par ce nouveau traité, daté du 5 des ides d'avril (9 avril) 4254, le
roi d'Aragon s'engage à secourir le roi de Navarre contre tous, ex-
cepté contre <t le comte de Provence, frère du roi de France , et ses
frères.» (Archives de la couronne d'Aragon, Parch. de Jacme I**,
n- 4363.)
* Archives de la couronne d'Aragon, Parch. de Jacme !*% n** 4974
et 4375 ; actes du 4S( juin 4^54.
300 itfKE m, CKànniE m
dépoaiHés de leur fiefs S et, à Texpiration de la tréVe, il
se troavait à Tarazona à la tête de son armée. Le quartier
général du roi de Navarre était à Tadela ; Alfonse X a?ait
concentré ses troupe^ à Calahorra et à Âlfaro; les arant-
poâtes de Tarmée castillane s'avançaient, au dire de d'Es-
clot, jusqu'à une demi-lieue de Tarmée aragonaise.
Alfonse X, indécis ou manquant de confiance dans la
justice de sa cause, hésitait à livrer bataille. Ses goûts
pacifiques servaient mal son humeur inquiète et son am-
bition irréfléchie. On s'en apercevait autour de lui , et
son poëte favori, le génois Boniface Calvo, essayait de lui
inspirer l'ardeur belliqueuse qui lui faisait défaut.
« Un nouveau sirvente je veux adresser au roi de
CastiUe, disait le troubadour génois ; car il ne me parait
pas, je ne pense ni ne crois, qu'il ait le cœur à guerroyer
les Navarrais et le roi d*Aragon ; mais pourvu que je lui
dise ce que je dois, qu'il fasse ce qu'il voudra. J'ai en-
tendu dire qu'il ne veut point les attaquer, et cependant
il lui conviendrait de mettre à cela ses soins et sa pensée,
son cœur et sou corps, son avoir et ses amis Il peut
trouver les deux rois sur le champ de bataille, s'il en a le
désir. Et s'il ne fail voir son gonfanon sur cette terre au
roi de Navarre et au roi d'Aragon , ceux qui disaient du
bien de lui auront raison de chanter comme ils le font
déjà, que le roi de Léon aime mieux chasser avec autour
et faucon que revêtir haubert et cuirasse*.»
Les dispositions d' Alfonse X facilitèrent singnlîè-
rement la lâche des prélats et des nobles, qui faisaient
* Archives de la couronne d'Aragon, Parchemins de Jacme l",
n** 4382 et 4383 (8 août 4254).
^ M. Milà {De los Trovadores en Espana, p. 203), a donné le texte
de ce fragment de poésie provençale mêlée de français et de cas-
tiUan.
AFniRS9 PE NàVAERB 301
tous loors effort^ pour arrêter la guerre prête à éclater .
Uq chevalier catalan , Bommé Beroat Vidal de Besalu,
parviqt à ménager une entrevae entre Jacme et Âlfonse';
les deux rois continrent d^iy^e $uspensi.on d'armes; mais
leur réconcilia tipuQjd semble pas avoir été aussi complète
que Je disent le chroniqueur d*Ësclot et » après lui , TauT
naliste Moret^ En effet, TÂragon , la Navarre et la Cas-
tille ne cessent d*armer et de s*observer. Jacme resserre
par de nouveaux traités les alliances déjà contractées ef
rallie autour de, lui tous les ennemis de son gendre. En
décembre 1254 ^ Tinfant Alfonse d* Aragon, s'engage à
s'en rapporter au jugement de Ximeno de Foc^s, de
Beroat Guillem d^ Entenza et de Ximeno Ferez de
Arenos, pour le règlement définitif de ses anciens dif-
férends avec le roi son père. Quelques mois plus tard, le3
ricos homes castillans Ramiro Rodriguez et Ramiro Diez
renouvellent leur alliance avec Jacme; Lope Diaz de
Haro, seigneur de Biscaye, vient, à Estella conclure avec
le roi d'Aragon un traité qui confirme celui que son père,
mort récemment, avait signé l'année précédente; enfin le
frère même d' Alfonse X, l'infant Enrique, brouillé avec le
roi de Castille, offre son aide à Jacme, entraînant avec
lui un grand nombre de seigneurs castillans '.
Cependant les négociations pour la paix se pour-
suivaient activement ; elles aboutirent enfin à un traité
qui fut signé à Soria au mois de mars 1256, et con-
firmé au mois d'août de l'année suivante ^
* Chronique de Bernai d^Esclot, chap. l^, Morel, Anales de Na--
varra^, lib. XXII, cap. ii, § 6.
2 Ces divers traités sont conservés aax archives de la couronne
d'Aragon, Parchemins de Jacme !•% n«» 1427, 4428 et 1432. Voyez
aussi Zurita, Anales de Aragon^ lib. 111, cap. 48 et 49 ; Moret, Ana-
les de Havarra, lib. XXII, cap. m, g 3 et 4.
3 Archives de la couronne d'Aragon, reg. X, f» 6. — > Un cartel de
90% LITRBItl, GHAPiniB S
AlfonseX, que préoceapaitviTemeDtson élection con-
testée à Tempire d*Aiiemagne \ renonça à tontes ses pré-
tentions snr la Navarre. Ce rojanme resta , si Ton en
croit Znrita, sonmis an protectorat dn roi d*Aragon, et
quelques tentatives faites pour secouer cette tutelle
furent réprimées par Jacme au mois de novembre de
ranoée 1257 V
Pendant que le roi d'Aragon affermissait son influence
dans la Péninsule par sa sage conduite au milieu des
événements que nous venons de raconter, le midi de la
France échappait chaque jour davantage à l'action des
souverains d*outre-Pyrénées.
Le seul espoir que les divers échecs de Raymond VII,
rétablissement de la domination française en Provence ,
la soumission de Trencavel à saint Louis n'eussent pas
enlevé au Midi, celui d'un mariagedu comte toulousain et
de la naissance d'un héritier de ses droits, s'était évanoui
par la mort du dernier des Raymond , survenue à MlUan
défi qu^Amalric, vicomte de NarboDoe, adressa en qualité de vassal
du roi deCaUllIe, au roi d'Aragon, le 6 des ides de mars 4256 ( 10
marsli57), prouve qu'il y eut encore quelques aclesd*hosUlité entre
les deux rois, après le traité de 4256« (Voy. D. Vaîsiète» Histoire di
Languedoc, éd. in-f', t. [Il, Preuve sv GCGXXIl)
^ On sait qu à la mort de Guillaume de HoJtande la majorité des
électeurs de l'Empire offrit la couronne de Gharlemagne à Alfonse X,
tandis que les autres élisaient Richard d'Angleterre ; on sait encore
que, malgré Tadhésioa as f»aint Louis, malgréies trésors qu^il arra*
cha à ses peuples pour les prodiguer aux princes allemands, le roi
de Castille ne parvint jamais à se faire reconnaître pour empereur
légitime.
2 Archives de la couronne d'Aragon, reg. IX, ^ 46. -- Horetet
d'Esclot ne parlent pas d'un protectorat, mais seiilementde la tutelle
du jeune roi de Navarre pendant sa oàiBorité. Or TlUbauU U avaii
atteint en 425i Tâge de quinze ans, qui était oelui de la oaajArité
pourie^ souverains espagnols.
LB8 MAILLES DB LATTES 808
ea RoQergae, le 27 septembre 1249 S La famille cape-
lienae , dans la personne d^Âlfonse de Poitiers , avait
pris possessioQ de Théritage du comte défont.
Qae restait-il à la maison de Barcelone de son ancienne
inflaence sur les belles contrées delà Gaule méridionale?
Les regrets du peuple étouffés sous l'oppression des
nouveaux dominateurs , quelques prétentions illusoires ,
quelques droits impossibles à soutenir en face des
succès croissants de la maison de France. Au nord do
Roossillon , Montpellier était à peu près le seul pays sur
lequel Tautorité du roi d* Aragon fût reconnue en prin-
cipe, bien que minée sourdement par les intrigues des
agents français que secondait Taveuglement des habitants
de la seigoeurie.
L'imprudence de Jacme , ou peut-être celle du gou-
verneur établi par lut à Montpellier, occasionna des
troubles dont l'avenir seul devait montrer les tristes
conséquences; car, à chacun de ses mouvements, la ville
républicaine h&tait la crise qui devait détruire à la fois
* « Gela parut en effet de la volonté divine, dit Guillaume de Puy-
Laurens (GhroQ.,chap. xlviii), que, devant être transporté hors de
son pays, le dernier comte de Toulouse dut descendre de la partie
orientale de sa terre vers Toccident, laissant dans tous ses domaines
sur son passage de nombreux regrets. Son corps fut embaumé, mis
dans un cercueil et gardé avec soin. Conduit par Âlby, Gaillac, Ra-
bastens, Toulouse, on le dirigea sur la Garonne vers le pays d'Agen:
il fut déposé au monastère de Tordre de Fontevrault, appelé le Para-
dis, et le printemps suivant, Thiver étant passé, on le transporta à
Fontevrault où il avait choisi sa sépulture. El c'était pitié que de voir,
avant et après le cercueil, les peuples se lamenter et pleurer leur
seigneur naturel sans pouvoir espérer un successeur de sa race. » —
Le testament de Raymond VU a été publié par Catel {Histoire des
comtes de Tohse^ p. 373) , et par M. du liège, dans son édition de
V Histoire de Languedoc (additions au livre XXV, n* 4 8). Une copie
de eedocumeniest conservée aux archives de la couronne d'Aragon,
Pareil, de Jacme I*', n*» 4173.
304 LvrkB m , chapitib ix
la domination aragonatse et les libertés de la fière com-
mune.
Les consuls de mer de Montpellier percevaient on
droit d*nne obole ou maille (mêalha) par Firre sur les
marchandises transportées de Lattes à Montpellier et de
Montpellier à Lattes. Le seigneur n'avait point à s'im^
miscerdans la perception de cet impôt, non plus que dans
remploi dos fonds qui en provenaieni et qui étaienlcoD*
sacrés* à des. travaux d'utilité publique. Or, en Tannée
1252, le roi tenta de percevoirles mailles de Lattes à
son profit. Les bourgeois accueillirent oette violation des
droits de ta commune par une révolte, et leur troupe en
armes (la cloqua dels armait) se remiten possession de
rimpôt dont Tautorité seigneuriale avait ''cra pouvoir
s'emparer Macme assigna les ^consuls à comparaître en
sa cour, siégeant alors à Barcelone, afin 4'y faire jugw
le. différend. Les représentants de la commune répon-*
dirent que le roi ne pouvait être juge dans^cette cause ;
que, du reste, les habitants de MontpeUier n'étaient pas
tenus de comparaître hors du territoire de leur ville, et
qu'enfin ils en appelaient à l'évéque de Magueloae,
suzerain de leur seigneur *.
La lutte était déclarée. Obéissant à Tesprit d^indépen-
dance qui, de proche en proche, s'était étendu des répa-
btiques italiennes aux villes de Provence, Montpellier
coda au désir d'imiter Marseille, sa rivale, et, pendant
quelques années , on voit la cité des Guillem nommer
^ « En l'an M e GC e Lit.... demandet lo rey Jacnae d'Aragon tas
mealhasde Laïas e lendeman de l'Apareeilon cobreron las U bornens
deMontpeyIer et la cloqua dels armatz. » {Pétii Thalmmm de MnU-
pellier,)
* Voy. Germain, Histoire de la commune de MoiUpeUier , t. II,
Pièces jusiiûcatives, p. 329.
LA vOLinovB prâuçaisb dans le midi 305
8on bayle sans la participation dn seigneur, s* allier au
ficomte deNarbonne, vassal de la Gastille et ennemi du
roi d'Aragon \ faire la gnerre aux Marseillais et signer
la paix avec eux par Tentremise de Charles d* Anjou * ; en
un mot, traiter son royal seigneur avec un mélange
d'hostilité et d'indifférence plus signiGcatif qu'une révolte
déclarée.
Jacme n'aurait peut-être pas supporté aussi patiem-
ment de pareilles offenses s'il ne s*était senti en ce
moment menacé, d'un côté par les armes de la Gastille ,
de l'autre parles intrigues qu'avait ourdies la reine-mére
de France. Blanche était morte en 1252, mais sa poli-
tique lui survivait. La veuve de Louis YIII avait tracé
ses plans, choisi les hommes qui devaient les exécuter,
mis en jeu les passions et les intérêts dont l'acUon com-
binée devait nécessairement aboutir au résultat prévu
par elle. La machine était montée ; elle avait reçu le
mouvement: elle accomplissait son œuvre sans avoir
besoin de l'intervention de Touvrier. Tout marchait en
dehors de Louis IX, dont la droiture retarda souvent
l'accomplissement des desseins ambitieux de sa mère.
Un délégué de Blanche de Gastille , le jurisconsulte
Gai Foulques ou Folcueis, qui devait être plus tard le
pape Clément IV, agissait depuis longtemps auprès de
révéque de Maguelone, afin de décider le prélat à se
reconnaître vassal de la couronne de France pour le
fief de Montpellier. Ce fut seulement le 15 avril 1255,
^ 11 est difficUe de ne pas voir ane menace à l'adresse du roi d'Ara-
gon dans le traité par lequel Amalric promet « do faire la guerre à
tous ceux qui s'opposeront aux consuls, aux syndics ou à la commune
ée Montpellier, à Texception des très-illustres seigneurs le roi de
Fïmnce, ses frères et le roi de Gastille. »
> D. Vaissète, Hiêi. de Languedoc^ 1. XXYl, cbap. xxxi.
T. n. 70
#00 UflE III , CHAMIPB iX
prè» de trois am après la mort d^ la reifle^mère , (^
Gai parviot à obtenir cette reconnaissaoce de Tév^
Pierre de Conques. Ce dernier déclara sole»Dell£meiit,
en présence du sénéchal de Beaucaira et Nîmes et de
Gui Foulques, envoyé du roi Louis IX, que la vîtie de
Montpellier et le château de la Palu ou de Lattes étaietf
tenus en fief de la couronne de France par les éféqncs
de Maguelone , et en arrière-fief par le roi d'Aragon ,
f non pas comme roi , .mais comme seigneur de Hont-
pellier*. •
Le roi d* Aragon, arrière*yassal du roi de France!
Le roi d*Aragon , forcé de subir la suzeraineté directe
de son rival le jour où celui-ci sera parvenu à soppriott*
Tautorité intermédiaire de Tévôque! H serait superflu
d'insister sur les conséquences d'une pareille déciaratioo,
provoquée d'ailleurs, il faut Tavouer, par l'imprudente
conduite de Jacme envers l'évéque et envers les habitaits
de sa ville natale.
Les bourgeois de Montpellier, après s'être associés am
entreprises du monarque aragonais contre l'éTêqiu de
Maguelone , s'unissaient maintenant à l'éTéque et ai
roi de France contre leur seigneur, usant de leur système
traditionnel de bascule pour échapper à une dooutatioi
trop directe, jusqu'au moment où, la balance penchaat
tout à eoupdu côté du plus fort, les princes cipétieos
écraseront les derniers restes d'indépendance ie ladté
républicaine sous le poids de leur politique centfalisar
Irice *.
* Cetaete a été publié dans la Gallia thriiii^na^ I. YI, inrt. ofll.
370 et dans la Séries pranulum magal<m*nÊium é9 Gariet, p. STI.
> La Galiia okristiana, Gariel {séries praauliim fiut^oian.) él §.
Vaissète ont donné tous les détails do la lutte daroà d'Aragon cobItq
révoque de Maguelone et publié les doetunent:» qui a*y> npporieol.
lÀCMB ET SAfRT LOCIS 897
Ainsi, tandis qae Jacme menaçait Louis IX d*QDe re-
reodication de droits plas on moins fondés sar les anciens
États de Ramon Berengaer , de Raymond VII et de Tren-
ca;?e1 , sur les comtés de Millau, de Foix et de Fenollèdes,
sur la vicomte de Gévaudan , la maison de France , non
cootMte d*opposer au roi d'Aragon ce que Ton appelle
au palais une demande reconventionnelle, en réclamant
des droits de suzeraineté , depuis longtemps périmés, sur
la Catalogne , le Ronssillon et leurs dépendances , pré-
parait, avec une habileté impossible à déjouer, sa supré-
matie sur l'un des pays où la domination aragonaise
semblait le plus légitimement établie.
Pour sortir de cette complication de prétentions ri<-
vales , une guerre paraissait inévitable. L'opinion pu«
blique poussait le roi d'Aragon vers ce parti violent; en
ce moment , la voix énergique de Bernard de Rovenhac
se fit entendre de nouveau :
« J*ai grande et irrévocable volonté de faire un sir^
veote, riches bommes sans courage, et je ne sais que
Toas dire, car la louange ne serait pas ici à sa place et
je D*ose vous jeter le blâme ; or bien peu vaut un sir-
vente qui loue quand il devrait blâmer. Cependant , dut
cela vous sembler folie, j*aime mieux vous blâmer en
disant la vérité que mentir pour vous être agréable.
> Les deux rois, celui d'Aragon et celui des Anglais, ont
résolu de ne dévaster aucune terre et de ne faire aucun
mal à celui qui leur en fait; d*avoir, au contraire, pour lui
merci et courtoisie ; car ils laissent le roi qui conquiert
la Syrie ^, garder en paix leurs fiefs. Notre-Seigneur doit
leur en savoir gré.
On acte du 7 février 4251 fait voir que les consuls de Montpellier,
lignés avec révoque Guillaume Christophe, portaient devant le roi
de France leurs griefs contre leur royal seigneur.
* Âliusioa ironique à la défaite de saint Louis eu Egypte.
308 LITRE 111, CHAPiniE IX
» La hoDte me gagne quand je vois une natioa ?aiDcae
nous tenir ainsi vaincus et conquis. Pareille honte devrait
aussi gagner le roi aragonais et le roi qui perd laNor-
mandie; mais ils estiment tant une pareille amitié qa*ils
refusent complètement de faire ce qu'ils doivent, et jamais
je ne vis personne mettre tant de persistance à accomplir
son devoir ^
» Puisqu'il (le roi d'Aragon) ne reprend pas la leade
tournoise '^ qu'à Montpellier lui enlèvent ses bourgeois
(il faut désirer), qu'on ne lui prenne pas le pays de Car-
cassoone, car il ne se défendrait point et serait satisfait
pourvu qu'on le laissât en paix. Seigneur puissant ne
peut guère espérer la paix quand ses hontes lui tournent
en nonchaloir.
» Je ne trouve rien à louer quand la valeur est en
mauvaise voie ; et je n'appelle point cela paix, car c'est
une mauvaise guerre , et jamais je ne prendrai pareille
chose pour une paix. On devrait plutôt l'appeler joie de
paysan et joie des puissants, qui perdent chaque jour
leur renom, et cela ne doit point leur être pénible, car
ils perdent peu et peu leur en doit douloir, car de peu Ton
ne peut ôter beaucoup.
> Le roi en Âlfonse a laissé la convoitise aux autres
rois; il n'en a pas besoin et, pour sa part, il a pris la
* Sous-entendu : quils en mettent à manquer au leur. Nous don-
nons sous toutes réserves cette traduction d un vers obscur:
Et anc non vitz autre tan ben tener.
D. Manuel Milà le traduit ainsi, en indiquant ses doutes : c Et
(cependaut) jamais on ne vit quelqu'un se présenter sous un meilleur
aspect. »
* 11 s'agit ici de Pimpôtdes mailles de Lattes. On étendait le nom
de leude k tout droit perçu à Toccasion du transport des denrées et
marchandises et de leur entrée dans une viUe.
JA'CHB ET SAINT LOUIS 309
largesse II aurail tort celai qui, dans ud jeu-parti S
voodrait Teo blâmer; car, je vous le dis, cela me parait
Tilaioe action que de choisir le meilleur thème dans un
jeo-parti. (Quant à Âlfonse) il n'a pas fait ce qui est
défendu, puisqu'il a pris le rôle que personne ne veut *.
» Riches hommes méprisables^ si je connaissais quelque
chose à louer en vous, je le louerais volontiers; mais ne
pensez pas me faire mentir, car je ne veux ni votre amitié
ni vos richesses *. »
Ces chants belliqueux ne trouvaient pas d'écho sur le
trône. Nous sommes arrivés à une période, malheureu-
sement trop courte , où les rois n'aspirent qu'à la paix.
Les luttes de nation à nation s'arrêtent; l'immense guerre
civile qui désole l'Italie et l'Allemagne, les désordres au
milieu desquels semble se plaire la turbulence des barons
de tous pays agitent encore l'Europe, mais la royauté
(Le jeu-piirti ou tenson étaii un dialogue en vers dans lequel
deux troubadours discutaient ordinairement sur une question de
galanterie. On voit, d'après ce passage de Bernard de Rovenhac, que
celui qui proposait le tenson ne devait jamais choisir le rôle le plus
iiacU6. (Voy. à ca sujet Milà, de los Trovadores en Espana, p. 480 ,
noîe.)
* Ce couplet fait allusion à Texpédition tentée par Alfonse X , de
concerl avec Gaston de Bloncada, vicomte de Béarn, pour arracher la
Gascogne à la domination anglaise. Cette guerre, commencée avec
grand éclat et chantée avec enthousiasme par le belliqueux trouba-
dour Boniface Calvo, se termina brusquement par la renonciation
que l6 roi de Castille fit de tous ses droits sur la Gascogne en faveur
d'Edouard, héritier présomptif de la couronne d'Angleterre , auquel
il donna en mariage sa fille Léonor. (Voy. Lafuente , HisL gênerai
de EspanOf Part. II, lib. III, cap. i ; Milà, de los Trovadores en Es-
pana, p, 204; Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. IV,
p. 228.)
' Le texte de ce sirvente a été publié par M. Raynouard (Choix de
poésies des Troubadours, t. IV. p. 205) et par M. Milà (de los Trova^
dores en Espana^ p. 479), qui en a donné en outre une traduction
espagnole.
310 ipmm m, cbamtw i%
sent partout le besoin de faire régner Tordre et la )a$tiG9t
seul moyen d*âsseoir solidement son autorité , de légi*
timer ses conquêtes» de rendre sa puissance populaire.
Pour établir Tordre au dedans, il faut avoir ia paix au
dehors, du moins avec ses voisins : à ce double résultat
concourent les croisades, dérivatif à la guerre entre
chrétiens Jes innovations législatives, les lois contrôles
guerres privées et surtout la modération dans la politique
internationale.
Saint Louis, Jacme V, Alfonse X sont les principaux
représentants des tendances pacifiques de cette partie du
XllP siècle. Saint Louis est poussé dans cette voie par sa
piété, Alfonse X par ses goûts paisibles; Jacme, le plus
belliqueux des trois et celui qui a le moins à gagner «D
apparence aux traités conclus à cette époque , n*est guidé
que par son génie politique.
Tout espoir de reconstituer la nationalité de la langue
d*Oc semble perdu sans retour; les droits mal déterminés
de la maison de Barcelone sur divers points de la Fraûce
méridionale ne peuvent servir que de prétextes de
guerre. Au nord du Roussillon , la possession de Mont-
pellier a seule une valeur réelle pour T Aragon , et Jacme,
espérant par une alliance avec saint Louis détourner
de cette riche proie la convoitise des Français, se prête
aux négociations qui doivent amener le traité de Corbeil,
c'est-à-dire son abdication comme suzerain de la FraDce
du Midi.
Au mois de juin 1255, un compromis fut passé par
lequel Jacme et saint Louis choisissaient pour arbitres
de leurs différends, Hébert, doyen de Bayeux, et Guillem
de Montgriu, sacriste de Girone, qui devaient rendre
leur sentence dans le délai d*un an *. En attendant cette
* Voy. le texte de ce document, apud Marea ^ûpantca, oui. UéO.
DirpÉnims a^ic sahit unjis 311
décision » le roî d'AragOD , désirant receorir aoi âmes
ponr spamettre la ville de Montpellier à son autorité, à^
numda à Loors IX raotorisalion de passer sar ses terres,
de s'y pounroir de vivres et de recevoir dans les rangs de
Tarmée aragonaise les vassanx da roi de Franee qui von*
draîent prendre part à Texpédilion. A l'exception de ce
dernier point» auquel saint Loois refusa expressément de
souscrire , la demande do roi d'Aragon fat agréée ; mais
Jacnse ne profita pas de cette autorisation , car ses dîf-
ficnltésavec Alfoose X le retenaient dans la Péninsule.
Le roi de France, intéressé à la fois à ne point se
rendre impopulaire à Montpellier et à soutenir le toi de
Catsttlleson proche parent, défendit à ses sujets d« Midi
de prefidre part à ta guerre imminente entre te roî
d'Aragon et la ville de Montpellier, et permit aux vassaux
que le séuverain castillan avait sur le territoire français
d'aller en personne servir leur suzerain ^
Cependant le doyen de Bayeux et le sacriste de Gîrone
n'avaient pu parvenir à régler le différend dont la décisioa
leur avait été confiée ; le délai d'un an expiré, les infants
aragonaLs Pierre et Jacme % plus ardents que leur père
et comprenant peu sa politique , entrèrent à main armée
daos le territoire de Carcassonne ; saint Louis envoya
des ambassadeurs au roi d'Aragon pour se plaindre de
ces hostilités, que n'avait point précédées une décla-
ration do guerre ; les seigneurs de la sénéchaussée furent
convoqués, les milices communales mises sur pied , mais
Jacme rappela tout à coup les infants et leurs troupes '.
* Voy. n.Yaissète, HisLdeLang., Ilv. XXVI, cbap. xxxv. Nous
avons déjà parlé du défi adressé au roi d^Âragon par Amalric, vicomte
de Narbonneet vassal de la Castille.
* L'infant Jacme n'élait âgé que de quatorze ans.
» Voy. I>. Vaîasètc, Hist. deLang.^ïiv, XXVI, chap. xxxv, et Preuves,
t. m , éd. in-^, n* cccxxui.
312
LITRE lu , GHàPITlE H
Le roi d'Aragon désirait arriver par des voies pacifi-
ques aa règlement de ces difficultés; de son côté, saint
Louis ne tenait pas moins à éviter une rupture. Sa
scrupuleuse loyauté conservait quelques doutes sur la
légitimité des moyens employés pour assujettir à la
France des pays ayant appartenu à la maison de Barce-
lone. Les négociations furent reprises ; on parla de ci-
menter par un mariage Taccord des deux familles sou-
veraines de France et d'Aragon ; en effet , au mois de
mars 1258 , Jacme , se trouvant à Tortose , nomma pour
ses ambassadeurs auprès du roi de France : Arnaud ,
évéque de Barcelone; Guillem, prieur de Sainte-Marie-
de-Corneillan \ et Guillem de Roquefeuil, son lieutenant
à Montpellier, en les autorisant à transiger avec saint
Louis sur les questions qui divisaient les deux princes,
et à conclure le mariage d'Isabelle , fille du roi d'Aragon,
avec Philippe, deuxième fils du roi de France. Cette
union ne devait toutefois être célébrée que lorsque l'io-
fante aurait atteint l'âge de douze ans.
Les ambassadeurs aragonais trouvèrent Louis IX à
Corbeil , où fut signé le double traité qui devait faire
asseoir sur le trône de France une princesse de la race
des Wifred et des Ramon Berenguer, mais qui refoulait à
jamais ati delà des Pyrénées la souveraineté de la maison
de Barcelone.
Deux mois plus tard , l'évéque Arnaud , le prieur de
Corneillan et Guillem de Roquefeuil étaient de retour à
Barcelone, accompagnés de Raymond Gaucelin , seigneur
de Lunel, qui s'était trouvé à Corbeil, et parait avoir
reçu du roi de France la mission de faire ratifier le traité
* Le château et le village de Corneillan faisaient partie des anciens
domaines de Trencayel; ils étaient situés dans le diocôsa de
Béziers.
TBAITB DE COBBEIL 313
parle roi d*Aragon. Le 16 juillet 1258, Jacme confirma
ce qai avait été concla par ses ambassadaurs, et, poussant
jasqu*an bout le désintéressement dont il avait fait preuve
dans toute cette affaire, il céda de son plein gré, par un
mouvement de galanterie chevaleresque , tous les droits
qu*il avait sur la Provence, à la reine de France , Mar*
guérite , sa cousine ^ Dès lors les monarques aragonais
* Le traité de Corbeil et ses annexes sont conservés aux archives
de TEmpire (carton J, 587). Ces pièces sont au nombre de sept :
l<» La procuration du roi d* Aragon à ses ambassadeurs pour régler '
ses différends avec le roi de France, donnée àTortose le 2 des ides de
mars 4257 (U mars 1258) ;
^ Le traité principal, dit traité de Corbeil , renfermant le texte de
la procuration qui précède, et conclu le 5 des ides de mai (t t mai)
4258;
3o fji ratification de ce traité par le roi d'Aragon à Barcelone le 47
des kaiendes d'août (16 juillet) 4258 ;
40 La procuration donnée par le roi d'Aragon à ses ambassadeurs,
pourconclure le mariage de Pinfante Isabelle avec le fils de Louis IX;
mars 4258;
&> Le traité de mariage entre Philippe de France et Isabelle
d'Aragon, conclu à Corbeil a le samedi veille delà Pentecôte de l'an
4258 » ;
6« La ratification de cet acte par le roi d'Aragon ; 16 juillet 4258 ;
70 La renonciation du roi d'Aragon à ses droits sur la Provence en
faveur de Marguerite, reine de France , sa cousine; Barcelone, le
46 des kaiendes d'août (47 juillet) 4258.
Nous publions dans nos Pièces justificatives (n** X. XI et XII) le pre-
mier, le deuxième, le cinquième et le septième de ces documents.
On a imprimé plusieurs fois en France, non pas le traité de Corbeil
lui-même, mais seulement sa ratification par le roi d'Aragon, qui
répèle du reste, à peu de choses près, les clauses du traité. ( Voy.
Catel, Mémoires sur V histoire du Languedoc, p. 29, et Marca his-
panica, col. 4444.) L'importance de cette transaction entre saint
Louis et Jacme I*' nous engage à en donner le texte complet, d'après
la c^pie qui existe aux archives d'Aragon, et que D. Prospère de
Bofamll a insérée dans sa Coleccion de do^^menios ineditos del
arehivo de la corona de Aragon, Le traité de mariage de'Philippe
de France et de l'infante Isabelle se trouve dans le Spieilegiumûe
314 LiTK m , cHAPirm n
n'eoreDt plus an nord du RoussilloD que te seigttMiie
de MoDtpellier et la suzeraineté de la vteomté de Cariât»
droit de peu de valeur que Jacme se réseru, ooasnesavws
dans quel intérêt \
Le traité de Corbeil a été diversement apprécié. Lon
de la réunion momentanée de la Catalogne à la France ,
sous le régne de Louis XIII , plusieurs écrivains français,
préoccupés de trouver des arguments en faveur de leur
pays , attaquèrent cette transaction avec une sorte d*achaf •
nement; Tun d'eux essaya de démontrer la fausseté de
l'acte de 1258 ' ; an autre assura que le traité était préju-
diciable à la couronne de France et le déclara nul, parce
que, dit-il, il avait été conclu sans le consentement des
États du royaume * ; on prétendit encore qoe les clauses
n*en avaient jamais été exécutées^. Ces opinions obtin-
rent d*abord quelque crédit; la saine critique du béné*
dictin Vaisséte en a fait justice % et il serait siiperfla de
les discuter aujourd'hui ; mais ce qui n'est pas sans im-
d'Acbery (éd. in•^, 1. 111, p. 634); nous le donnons d'apràs l'<
conservé aux archives d'Aragon. Le premier des documents wnm*
lionnes ei-dessoi a été publié par D. Vaisséte (Hist. êe LÊa^^t éd. ii-
^, t. m, Preuve n» cccxxyu.) On le trouvera dans le préambule du
traité. (Pièces ju&tiflcatives» n* X.) Nous remarquerons ^ ceoime 1^
déjà fait le savant historien du Languedoc , que Zurita^ MaricM ,
Ferreras, Biluze, Gariel, le P. Daniel, ausquels nous àjoulerdÉs
Miedes et Diago, ont commis de graves erreurs a« sujet des d»*
positions du traité de Gorbcil ei des cireonstances qui ont wty-
compagne sa conclusion. (Voy. Eist.de Languedoc» In-f*, t. III,
note xxxix.)
* Voy. D. Vaisséte, Hitt. de Long,, Itv. XXVI, chep. u.
^ Louis de Mesplede, jacobin, professeur à TufiivorsHé da Gaherg,
dans sa GolUa vtndtcafa, 4643.
' P. de Ga.<eBeuve, la Catalogne française , 4644.
^ Geseneuve, la Caêahgnê française; FiHeau de Laeliaise, JNft. éë
saint Lsuiê,
^ Voy. ^si. de Langtsedos, éd. in*^, t. 111, noie xatxlx.
portante ponr notre SQJet, c'est TapprédatiM des droits
rdeiproqaes abandonnés par les deaic souverains. Sar ce
point, souvent controversé, nous nous éloignons de la
manière de voir du savant historien do Languedoc*
Une considération générale domine cette question* Il
est incontestable que, au XIIP siècle, les pays échangés
par les deui souverains , ceux que saint Louis cède à
Jacme, comme ceux que Jacme abandonne à saint Louis,
appartiennent encore à la même nationalité. Leur origine,
lefor langue, leurs traditions, leurs sympathies, les rap-
prochent des comtes de Barcelone, dont ils acceptent
tous également la suzeraineté ou Tinfluenee , tandis que
tous répugnent à Tunion avec la France du Nord.
Les désirs ou les antipathies des peuples n'entrent
pour rien , il est vrai , dans le droit public du moyen
âge ; mais il n'en fallait pas moins alors, comme toujours,
compter avec la résistance que ces sentiments opposent
à qui tente de leur faire violence.
Si un enchaînement malheureux d*événements , si le
défaut de chef et d'unité ont fait plier sous le joug fran*
çais les pays de la langue d'Oc situés entre le Roussillon
et les Alpes , la Catalogne et ses dépendances ne peu*
vent craindre le même sort. Vainement invoque^t-on en
faveur de la France les droits de Pépin , de Charlemagne
et de leurs premiers successeurs. Avec la féodalité , le
pouvoir des souverains d*outre*Loire s'est retiré vers la
Nord ; le peuple a oublié ces rois qui ne le protègent
plus pour se rallier autour dos comtes, défenseurs de ses
intérêts et de sa foi. Aux arguments des juristes poli^
tiques, la Catalogne, identifiée à ses souverains de fait,
peut opposer une prescription consacrée par des siècles de
périls et de triomphes communs. Quel Catalan ,.plébéien
on noblesse souciait , au Xlir siècle, desrois de Paris, et
316 LIVRE ni , CHAnTRB IX
qael écho eût troavé dans la Marche espagnole une re-
vendication des droits périmés de Charlemagne on de
Pépin ?
Qaels que puissent être les raisonnements des jaris-
consultes, habitués à traiter les questions politiques
comme de pures contestations d'intérêt privé , il est cer-
tain qu*en abandonnant toute prétention sur les neuf
comtés de Barcelone , Urgel , Besalu , Roussillon , Am-
purias, Cerdagne , Gonflent, Girone et Ausone , saint
Louisne renonçai ta aucun droit qui eût conservé quelque
valeur; il enlevait seulement à ses successeurs un de ces
mille prétextes que les rois ont toujours à' leur disposi*
tion pour masquer les véritables motifs d'une déclaration
de guerre.
Quant aux droits cédés par' Jacme au roi de (France ,
ils émanaient de sources diverses. Sur le comté de Tou-
louse et de Saint-Gilles, comprenant leRonergue, le
Quercy, le duché de Narbonne et, en outre, TAgenois
et le marquisat de Provence , omis dans le traité , les
prétentions du roi d'Aragon étaient à peu prés sans autre
fondement que les relations créées entre la maison de
Barcelone et celle de Toulouse par une communauté
d'intérêts , et cimentées par des mariages et des al-
liances.
Les vicomtes de Béziers , Agde , Nîmes , AIbi , Car-
cassonne et Rèdes ; le Lauraguais , le Termenois , le Mi-
nervois et le pays de Sault, relevaient du roi d'Aragon
en vertu des anciens droits de sa famille et de divers hom-
mages rendus par les Trencavel , seigneurs de ces pays.
Mais, d'une part, Raymond Trencavel II avait cédé à
saint Louis ce qu'on appelait en droit féodal le domaine
utile, c'est-à-dire les droits de propriétaire immédiat;
d'un autre côté , la souveraineté du roi de France sur
TRAITS DE GORBEIL !^17
ces pays était dÂfficile à contester. Jacme se trouvait doDC
à la fois suzerain de Louis IX , eu tant que ce dernier
représentait le vicomte Trencavel , mais vassal du roi
de France » souverain du pays. Celte position singu-
lière, résultat de la théorie féodale , n'avait aucun avan-
tage pratique pour le roi d* Aragon.
Les pays de Fenoillédes et de Pierre-Pertuse ^ avec les
chàtellenîes de Queribus \ Puy-Laurens et Castel-Fisel,
étaient d'anciennes possessions de la maison de Barce-
lone *, jadis cédées en fiefs au vicomte de Narbonne et au
comte de Foix; mais Jacme n'en conservait pas moins la
souveraineté sur ces domaines.
En Gévaudan, les rois d'Aragon n'avaient possédé que
la vicomte de Grèzes ou de Gévaudan % distincte du comté
de ce nom. Cette vicomte, de même que celle de Millau
en Rouergne, avait été engagée, comme on le sait, par le
roi Pierre II au comte de Toulouse Raymond YI, et Jacme
se croyait en droit d'en revendiquer la possession sur
Alfonse de Poitiers.
Enfin le comté de Foix, mentionné dans le traité de
Corbeil, ne figure ni dans la procuration donnée par le
roi d'Aragon, ni dans la ratification du traité ^. Evidem-
ment les ambassadeurs aragonais avaient en ce point
outrepassé leurs pouvoirs. Jacme refusa d'approuver cette
partie de la transaction, et conserva intacts ses droits ou
* KeerbuZy dans le traité de Corbeil.
* Voy. notre tome I, Introd., p. 48 et 54.
* Credona et vioe-comitatus credonensis , dans le traité de Cor-
beil. Les noms de Gavaldanum et comitatus Gavai dani ou Gtiial-
dantf désignent évidemment la vicomte de Grczes, la maison de Bar-
celone n'ayant jamais eu aucun droit sur le cumlé de Gévaudan.
* Le préambule seul de cette ratification mentionne par erreur,
sans doute, le comté de Foix.
SIS unte m, CBirme ix
ses prétenUons sur le pays de Foix, qui sera bientôt Poe-
casion de nouveanx différends aTec la France .
A les considérer dans leur stricte taleur, les droite
auxquels le roi d*AragoD renonçait n'étaient guère supé*
rieurs, on le Toit, à ceux qu'abandonnait saint Louis.
Mais Jacme pouvait inToquer autre chose que des argu-
neutB de légiste : il avait pour lui les aspirations et les
sympathies decettenation méridionale mutilée, agonisante
«t rédamant encore un chef pour la mener au combat.
Joignez aux pays mentionnés par le traité de Corbeil
le comté de Provence, héritage légitime de la maison de
Barcelone, en vertu de la loi féodale, et vous verrez
jusqu'où s'étend sous lacme I** l'ioâuence aragonaise sar
la terre de France. A l'est, elle n'est arrêtée que par les
Alpes; i l'ouest, elle franchit le cours de la Garonne ; au
nord, elle s'avance jusqu'aux montagnes du Vetay, de
l'Auvergne et aux rives de la Dordogne. Plus dedix-sept
de nos départements actuels, parmi lesquels quelques-uns
des plus riches et des plus peuplés, sont compris dansces
limites. Ces pays, qui attendaient un signal parti de Bar-
celone pour se soulever contre leurs dominateurs, sont
cédés gratuitement par celui qu'ils regardent comme leur
suzerain.
Le fils du vaincu de Muret ne trahissait point cepen-
dant la'caase pour laquelle sou pêne avait perdu la vie.
Les conditions d'existence des nations étaient changées
depuis qu'un pouvoir central, chaque jour plus fort,
exerçait son action sur des peuples que leur position
géographique rapprochait de lui. Avec la décadence de la
féodalité, les frontières naturelles, ces limites que la Pro-
vidence semble avoir tracées aux empires, reprennent
toute leur importance. Jacme te comprenait-il? Nous
n'oserions l'affirmer; mais il pressentait du moins qu'en
appeler au armes après avoir tu sa politiqae échoaer par
lia iCOQtiOQrs d^événemaots proyideotiels, c'était jeter les
pays de la langue d*Oc daas des luttes sauglaotes et sans
issue.
A cet avenir de désastres certains et d'avantages dou-
teux* il préféra Taiailié d*un puissant voisin, le maintien
de sas droits seigneuriaux sur Montpellier, la paix de ses
vassaux et de ses compatriotes^. L*acte arrêté i Corbeil,
échange de droits à peu près illusoires, n'est au fond que
la renonciation de Jacme au rôle de souverain du Midi ;
la cession de la Provence le complète et le caractérise;
c'est une abdication et non pas un traité.
Les paysde Provence et de Languedoc furent consternés
en se voyant abandonnés sans retoar aux Français; c'est
alors, sans doute, que Bernât Sicart de Marjévols ou de
Marvéjols disait avec tristesse : « Partout où je me tourne,
j'entends la courtoise gent qui crie humblement aux
Français : Sire ! Et les Français ont merci pourvu qu'ils
voient des présents, car ils ne connaissent pas d'autre
droit. Hélas! Toulouse et Provence, terre d'Âgen, de
Béziers et de Carcassonne, qui vous vit jadis et qui
vous voit aujourd'hui !
> Ainsi que l'oiseau sauvage fait entendre son chant
pendant la tempête, ma résolution est de chanter désor-
mais ; car la noblesse s'en va reculant, les bonnes races
sont déchues et abâtardies ; l'iniquité grandit et les barons
radoteurs, trompeurs et trompés, laissent derrière enx
la valeur et font marcher le déshonneur en avant. Le
riche lâche et méchant recueille un mauvais héritage ^ »
* Yoy. Rùynomrd, Choix de poésies des Troubadours^ t. IV, p. 491;
Milà, de los Trovadores en Espana, p. 482 ; Hist. litt, de la France^
t. XVII, p. 590. — Quelques auteurs croient que ce sirvente fut
composé pendant la croisade contre les Albigeois.
320 LiniB III , GHAPITRB IX
La nation méridionale est morte sans retour. C'est ea
vain que la Provence essayera, sous la maison d*AnjoQ,
d*an semblant d'indépendance, dont le sonvenir entou-
rera d*one auréole de popularité la mémoire du bon
roi René; c* est en vain que Tesprit national égaré, per-
verti se manifestera encore en Languedoc après plu-
sieurs siècles; rien ne peut plus s'opposer à l'union de
la France du Nord et de la France du Midi, union len-
tement, péniblement opérée, sans doute, mais, grâces
à Dieu, complète et indissoluble.
i
LIVRE QUATRIÈME
DERNIÈRES ANNÉES DE JACME (1258 à 1276;
CHAPITRE PREMIER
Politique du roi d'Aragon après le Uaité de Corbeil. — Événements i l'in-
térieur. — Projets sur l'Italie. — Mariage de l'infant Pierre avec Con.
stance de Sicile. — Mort de l'infant Alfonse. — Nouveau partage des
Etats aragonais — Différends avec le roi de Castille. — Révolte des
Sarrasins de l'Andalousie et du royaume de Murcie. — Le roi de Cas-
tille implore le secours du roi d'Aragon. — Préparatifs de l'expédition.
' — Goris à Barcelone. — Certes à Saragosse. — Révolte de la noblesse
aragonaise. — Proclamation de l' Union. •— Certes et fucro d'Exea.
Eq resserrant les limites dans lesquelles son autorité
effective devait s*exercer, le roi d*ÂragoD avait étendu
ses relations avec les souverains de la chrétienté. Il était
entré plus intimement dans la grande famille des princes
de l'Europe , au moment où les rapports internationaux
se formaient, où la diplomatie se créait^ où naissait une
nouvelle politique qui faisait pressentir le futur équilibre
earopéen .
T. IL 21
322 LITRE IV, CHAPITRE I
Il n'importait pas moins à Jacme d'assurer à sa maison
le droit d'intervenir dans les conseils des soaverains.qae
de raffermir son pouvoir sur les pays irrévocablement
soumis à son sceptre.
Préoccupé de ce dernier soin , il se hâte de faire re-
naître l'ordre à Montpellier en acceptant la soumission
de ses vassaux , à la considération « de son cher ami
Louis y illustre roi des Français^ > ; il fait appel aux
sentiments d'équité du saint roi de France pour repousser
une première attaque du sénéchal de Beaucaire contre sa
juridiction sur sa ville seigneuriale'; il maintient le$
droits de son fils Alfonse sur certaines villes de l'Aragon,
après l'avoir fait reconnaître , selon sa promesse, ponr
héritier du royaume de Valence*; il tient tête aux barons
* Une amnistie générale fut proclamée, le 40 décembre 4258, par
Jacme en personne , revenu à Montpellier « après s'être longtemps
abstenu d-y rentrer. » Le texte de la charte d'amnistie a été publié
par M. Germain. (Mis t. de la commune de ifoni^Lier , t. II, Piéees
justificatives, p. 334.)^ «En Tan de M e GGLVIIL el mes de décem-
bre, dit la chronique du Petit Thalamue, fon fâcha la composition
entrel rey d'Aragon en Jacme e la vila de Montpeyler per lo fag de
las mealhas de Latas. »
* Le sénéchal de Beaucaire et Nîmes avait interdit aux sujets du
roi de France de porter des vivres à Montpellier. D. Vaissète veut
voir danscetle prohibition rindicc do nouveaux différends eiitie saint
Louis et Jacme. Le document sur lequel le savant bénédictin appuie
celte assertion prouve au contraire que le roi de France n'était pour
rien dans les actes d'hostilité du sénéchal. (Voy. Hist. de Lang,^
liv. XXVI, chap. xu, et Pr. du t. 111, éd. io-i^, n» ccgxxxiO C'est
là, croyons-nous, le commencement d'un conflit de juridiction dont
nous aurons à parler bientôt.
* Voyez, dans les Analee de Zurita (llb. Hl, cap. S7), une lettre de
Jiacme \r à son fils Alfonse , au si\iei de difficultés survenues eotfe
l'infant el les chefs de la maison de Luaa (26 février 4259J. Quant aa
serment qui fut prêté en 4257 par les habitants du royaume de Va-
lence au fils at né du roi d'Aragon, il e^ ooMaié: i*parlediMNUMiit
no 53, f<> xTu des Privilèges de Valence ; V par la lettre m^ la W
catalans révoltés sous la conduite du turbulent vicomte
de Cardona, pour une prétendue violation des lois féo-
dalas an préjudice du comte d'Urgel * ; il favorise enfin
eo Aragon la création d*une hermandiid (confrérie), asso-
ciation dont le but était d*obliger les habitants des villes
et des villages à se prêter un mutuel appui pour arriver
i Tei^tioclion du brigandage et des guerres privées*.
A l'étranger, Jacme, sans craindre d*offenser le juste
et loyal Louis IX, embrassait la cause de la maison de
éorivit à ce sujet au prince Alfonse, et qui a été publiée dans la col-
lection des documents inédits des archives d'Aragon (t. Vl, p. 426J ,
diaprés le brouillon ou la copie originale conleuue dans les regis-
tres de cbancellerie de ce dépôt (Ueg. IX, f» 34) ; 3* par la formule
de œ serment qui se trouve au f"» 3 du reg. X des mêmes archives.
* Mous donnons dans nos Pièces justificatives (n» XIII) une réponse
du roi à la lettre par laquelle le vicomte de Cardona lui signifiait
^U$equiUaU delui. Jacme propose de faire décider la contesta-
tion par une assemblée de riclis homens.
* On a quelquefois rapporté à la môme époque, en en faisant éga*-
ment honneur aux communes , la création de Vhermandad et celle
éesjuntas. C'estuneerreur. Dans les/'a€r(Mde[Iuescade 4247, il est
question des ;unto5 comme d'une in>tilution existant déjà depuis
longtemps; mais la faiblesse du pouvoir royal ne pouvait en assurer
le funclionncment régulier, c est alors que l'iniliaiive privée Inter-
vint et que les habilants des villes s'engagèrent les uns envers les
autres àà'aider pour la repression du brigandage et le maintien de
Tordre public. Nous avons parlé ùeijuntas à propos de Torganisa-
tian judiciaire de TAragon eidu royaume de Valence. En tant que
divisions administratives, elles étaient remplacées en Catalogne et
dans le comté de Kibagorza par dos vigueries. Jacme voulant , sans
doute, faciliter la création d'une hermandad en Catalogne , avait
orduoné, en 4257, à tous les paysans des environs de Barcelone,
d'avoir chez eux une arbalète avec cent traits ou bien une lance et
une épée pour se défendre mutuellement contre les malfaiteurs. Une
amende était infiigée à celui qui refusait d'aller au secours d'un
voî>ifi attaqué. (Voy. archives de la couronne d'Aragon, reg. IX,
f" 44 et Coleecion de doeumentos ineditos del archiva de la corona de
Aragon^ X. Yi,p. 424.)
524 LIVRE !▼ « CBAPITEE I
Savoie contre les villes du PiémoDt révoltées, dont Charles
d*Anjou cherchait perfidement à s'attribuer la seigoeorie.
La maison de France et la maison d*Aragon se relroa-
valent donc en présence sur un nouveau terrain. LItalie,
terre arrosée de tant de sang, allait être le théâtre de ce
drame, dont le premier acte, obscurément commencé
sous les murs d*Asti, devait finir au son lugubre de la
cloche des vêpres siciliennes.
Des projets ambitieux s'étaient emparés de Pesprit du
Conquistador. Il rêvait de faire tourner au profit de sa
race la Intte gigantesque de la Papauté et de la maison
de Souabe. L'Aragon et la Castille semblaient vouloir
se partager ladjpouille des HobenstauTen; tandis qu'Ai-
fonse X, séduit par Téclat du diadème impérial, essayait
de se faire accepter comme successeur des Césars d'Aile*
magne, Jacme prenait ses mesures pour assurer à sa
famille , dans un avenir plus ou moins prochain , la partie
italienne de l'héritage de Frédéric II. C'était la meillenre
part et la plus accessible: l'avenir le prouva, en réalisant,
au moins en partie, le rêve du grand monarque de
TAragon.
Au moment où nous sommes parvenus, le trône des
Deux-Siciles était occupé par le bâtard Manfred , prioce
impie et dissolu, mais brillant, chevaleresque, «vivant
de la manière la plus magnifique. . . . grand dans ses
actions et dans sesdépensesV > Le Saint-Siège poursuivait
en lui « la race de vipères > des Hohenstaufen , et cher-
chait dans la chrétienté un prince disposé à accepter le
don périlleux du royaume des Deux-Siciles. Pourquoi
ce prince ne serait-il point de la famille d'Aragon, si
dévouée à la Papauté , si redoutée des Sarrasins amis
* Chronique de Ramon Muntaner, cbap. xi.
PROJETS SUR L'ITALIE 325
de Frédéric et de Mânfred? Mais il était pradent de
donner one apparence de légitimité à cette substitution
aux yeux des partisans de la maison deSouabe, et rien
06 pouvait mieux servir un pareil projet que le marifige
dd l'infant Pierre d'Aragon avec Constance , fille de
Manfred et de Béatrix de Savoie. Les relations d'ami lié
que Jacme avait eu le soin de nouer avec le comte de
Savoie contribuèrent certainement à faciliter la négo*
ciation de cette affaire.
La politique matrimoniale de la maison de Barcelone
ne se démentait pas en cette occasion. Après avoir choisi
pour gendre le catholique roi de Castille et le saint roi
de France, s'allier à Manfred le bâtard, à Manfred
Texcommunié, ce n'était point une monstrueuse incon-
séquence, mais bien un acte d'habile politique, qui faisait
entrevoir à l'Italie, au Saint-Siège, à Manfred lui-même,
'apaisement d'une lutte formidable dans l'avènement au
trône des Deux-Siciles d'un descendant des pieux mo-
narques de l'Aragon.
En juillet 1260, les ambassadeurs de Manfred arri-
vèrent à Barcelone, et, le 28 du même mois , le traité
de mariage fut conclu^ au grand scandale de la chré-
tienté. Alfonse X, le premier, écrivit à son beau-père et
lui envoya un de ses ricos Iwmes pour le dissuader d*une
pareille alliance*. A ce blâme , Jacme opposait le désir
de Manfred de rentrer en grâce auprès du Saint-Siège.
Sur ces entrefaites, Urbain iV monta sur le trône pon-
* Archives de la couronne d'Araq^on, Parchemins de Jacme !•' , ii®»
4619 et 1620 ; Cohccion de docamenios inedUos, t. VI, p. 151.
« Parla mômeleUre,ie roi de Camille ilûsapproiive un projet de
voyage! oulre-m t dont Jacme lui avait parlé. Ce document se trouve
aux archivci d'Aragon, Parchemins de Jacme I", n*» 4630. — Il a été
publié dans la collection des documents inédits deces archives, t. VI|
p. 133.
826 uTife IV 9 cHAfmt I
tifical, 6t le roi d*Aragon envoya à Rome Ramoft dé
Penyafort pourobteDirle pardon da bâtard de FrédéricH.
Le Souverain Ponlife se montra inexorable. L*Egli€e,
répondit Urbain, a pardonné plusieurs fois à Manfrêd
et toujours il est retombé dans ses crimes; comme bâtard^
il est indigne de porter le sceptre; comme rebelle, dé*
baucbé, meurtrier, oppresseur de TEglise, complice
des Sarrasins, traître à sa tamille, il ne mérite aucone
pitié. Que le roi d^Aragon , ajoute le Saint^Père , prenne
bien garde de souiller la pureté de son antique et glo-
rieuse race par une alliance avec un prince frappé de$
anathëmes de l'Eglise, et, après avoir combattu dès
ses jeunes années les ennemis de la foi , de rechercher
maintenant leur faveur et leur amitié V
Les instances du chef de la chrétienté ne purent
modifier les résolutions du souverain aragonais , mais
elles firent naître des scrupules dans la conscience de
saint Louis, et il fut question un instant de rompre le
mariage, non encore célébré, de Philippe de France avec
rinfanle Isabelle. Jacme leva cette nouvelle difficulté eo
déclarant que Tnnion projetée entre Tinfant Pierre et U
fille de Manfred ne cachait aucune arrière-pensée hostile
à TEglisede Rome ou au roi de France*.
Saint Louis rassuré consentit au mariage de son fils ,
et, au mois de mai 1262, la princesse Isabelle d'Aragon,
qui atteignait sa douzième année, épousa, à ClermontfD
Auvergne , le prince Philippe de France , devenu héritier
* Voy. la leUre d'Urbain IV dans les AnnaUt eceles. de Baynaldi,
adann. 4262, n<^9à 45.
* Voy. Raynaldi, Annaleê eoeleê., ad ann. 4SC2, m» 46 et 47. — U
déclaration du roi d^Aragon est conservée aux archives de Tenipiret
carton J, 587.
MARIAGB JDE h'rSVAfn PIERRE 329
delà cooroooe par la mort de Loais* sanfràre alné^
Le mois suivant , « se trouva à Montpellier le roi
d*Aragon enJaume avec grande chevalerie» Tiofant^n
Pierre, Tinfant en Jaume et leur sœur madame Marie«
qui était fille et des plus belles femmes du monde; U
cour fut moult grande et ri^he^ » La fille de Maofred
venait de débarquer au port de Lattes, accompagnée de
Boniface d*Ângiano , comte de Montalban, oncle de
Hanfred , et des ambassadeurs que le roi d* Aragon avait
envoyés en Sicile pour recevoir la princesse des mains
de son père: c*élaient Fernand Sancbez, fils naturel de
Jacme,et le chevalier catalan Guillemde Torroella.
Constance de Sicile avait quatorze ans, et « c'était bieB»
dit Muntaner, la personne la plus belle , la plus sage et
la plus honnête qu*on put trouver. » Quant au jeune prince
d'Aragon , il comptait , au dire du même auteur» € parmi
les chevaliers du plus haut et du meilleur cœur qui furent
jamais an monde et qui naîtront jamais'. »
Le mariage fut célébré, le 13 juin 1262, dans Téglise
de Notre-Dame-des-Tables^, et suivi de fêtes magnifiques»
* Voy. Le Nain de Tilleroont, Vie de saint Louis, chap. cccxciv.— •
D. Vaissète, Hist. de Long,, liv. XXVI, chap. u. *-* L'acte par lequel
saint Louis constitue le douaire d^lsabelle d'Aragon existe aux arcbi-
ves de l'Empire (carloii J. 587} et aux archives d-Àragon (Parch.
de Jacine I*', n<> 1709); nous le [publions dans nos Pièces justifica-
tives, n*3UV.
* Chron. de Bernât d'Esolot, chap. li.
3 Chron. de Ramon Munlanor, chap. x et xi.
* r^ contrat de mariage de Pierre d'Aragon et ûe Constance de
Sicile a été publié par D. Vaissète. {Hist. deLâng.^ éd. in«f», t. ill,
Pr. n<>cccxLi.)L4n(àDt d'Aragon transféra à sa nouvelle épouse la pro-
priété des biens qui font l'objet de la donation à causedes noces en
lui éonnafit un couteau fermé (cultellum fUxum). On trouve aux er*
ehives d* Aragon les actes suivants relatifs à ce maiiiage : l"» Pouvoir
donné à Raymond Gaucelin, seigneur de Lunel, parent te roi et
S28 LITBB IV, CHAPiniB 1
car Pierre était depnis deux ans Théritier présomptif de
la couronne aragonaise. L^infant Alphonse était mort od
1260 , au moment ou venait de se conclure son mariage
avec Constance , fille de Gaston de Honcada , vicomte de
Béarn .
Après Tunion qui venait d*étre bénie dans l'église de
Notre-Dame-des-Tabies , le Conquistador put espérer
voir bientôt le sceptre de Tltalie méridionale dans les
mains de son fils Pierre. Mais on sait comment Ur-
bain IV , « au grand dam de toute la chrétienté >, dit le
Catalan dTsclot , donna le royaume des Deux-Siciles à
Charles d'Anjou , et comment le grand Jacme descendit
dans la tombe sans avoir pu assister au triomphe de ses
combinaisons , que la tyrannie du meurtrier de Conradin
se chargea de justifier.
Nous avons parlé de la mort de Tinfant Alfonse; c'est
dire qu'un nouveau partage des États aragonais devint
nécessaire. Pierre, prévoyant qu'il aurait à se plaindre
de cet acte , mais n'osant pas résister aux volontés de son
père, assembla secrètement, dès le 15 octobre 1260,
quelques personnes recommandahles de Catalogne et
d'Aragon , en tête desquelles il faut nommer le saint et
docte Ramon de Penyafort, et , en leur présence, pro-
testa contre tout partage dont le roi son père voudrait
son lieutenant à Montpellier, pour traiter avec le roi de Sicile du
payement de la dot de Constance (Reg. XI, f» 226); — 2« Procura-
tion à Fernand Saocbez, fiU du roi, pour conclure le mariage de
Pierre avec Constance de Sicile, et Talliance de TAragou et de la
Sicile contre la Casiille (Reg. XI, f. 244); — 3« Déclarulioii de Bo-
niface d'Anglano au suj'ii du payement de la dot de Con5ianoe (Par-
chemins de Jacme l*', n« 4708) ; — 4« Donation à cause de noces el
affectation de certains domaines à la garantie de la dol de la pria-
cesse de Sicile (/dem, n» Hoô); — 5» Modification à Tacte qui pré-
cède (Idem^ no* 4786 et 4787).
j
IfOUYEAU PARTAGE 329
Ini faire jurer l'observation, déclarant que, si un pareil
serment lui était demandé, il obéirait par respect pour
son père , par crainte de se voir déshériter ou de porter
préjudice au royaume, mais qu'il ne se croirait pas-
engagé *.
Ce fut le 21 août 1262 , à son retour de Montpellier,
que le roi procéda à un nouveau partage de ses États: il
donna à Pierre les royaumes d'Aragon et de Valence ,
avec le comté de Barcelone ; à Jacme , les Baléares ,
Montpellier, le Roussillon , le Confient, la Cerdagne, le
Valespir, Collioure et la suzeraineté de la vicomte de
Cariât. Mais , en séparant le Roussillon et ses dépendances
de la Catalogne , il n'entend pas les soustraire à l'empire
des lois catalanes; il veut, en outre, que la monnaie de
Barcelone ait cours dans ces pays. II substitue ses fils
l'un à l'autre, et, si les domaines qui forment la part de
l'infant Jacme viennent à passera des possesseurs qui ne
soient pas descendants mâles du testateur, ils devront
être tenus en fief du comté de Barcelone. Pierre perdra
ce droit éventuel de suzeraineté s'il attaque le partage sans
y être provoqué par son frère. A la suite de ces disposi-
tions, les infants se déclarent satisfaits et promettent de
s'aimer et de se défendre mutuellement * ; promesse peu
sincère de la part de l'ainé deâ deux princes , qui , néan-
moins , sut dissimuler son mécontentement.
Tandis que le roi mettait tous ses soins à assurer l'ave-
nir de ses enfants et à leur ôter tout sujet de discorde,
il persistait dans sa politique de paix à l'égard des chré-
* Ârch. de la couronne d'Arngon, Parch. de Jacme !•', n*>4636;
Colleceion de documentos ineditos^ t. Vf, p. 455.
• Arctiive>de la couronne d'Aragon, Parch. de Jacme I*', n*> 4720.
— Ce partage ou testament a été publié par dWchery (Sptct/e^ium,
t. UI, in-fo, p. 638) et par Marlène et Durand {Thésaurus novus
anscdot., t. I, p. 4 439.)
330 LITmS Vf Y CBAHTIIB 1
tiens assez impradents poar essayer de faire sortir te
iion de son repos dédaignenx.
A rintériear, ce sont les barons, pour qni la réfolteest
rélénient vital * ; au dehors, c*est le roi de Castille , tou-
jours mécontent et jaloax, tonjoars hésitant entre là
paix qui Thumilte et la guerre qu'il redoute. Comme
pour se donner quelque droit à tenir le sceptre de Charte-
magne, Alfonse X ressuscite une vieille prétention dessou-
verains castillans au titre d'empereur des Espagnes;
Jacme proteste *, Alfonse ne persiste point; le poids de
deux couronnes impériales eût écrasé ce front de savant,
trop faible pour soutenir dignement la seule couronne de
Castille.
Dés les premières années de son règne , Alfonse avait
paru décidé à [réaliser un projet conçu par saint Fer-
nand : il s'agissait de porter la guerre en Afrique et
* Le 2 novembre 4259, le roi offre de terroineren justice sesdiffé-
rends avec plusieurs seigneurs qui sont prêts à lui déclarer la
guerre ; il écrit à ce sujet au vicomte de Cardona , Tun d'eux. (Ar-
chives d'Aragon, Reg. XI, f^ 261 et 262.) Le 49 avril 4260,11 somme
Alvar, comte dTrgel, d'avoir à comparaître à Barcelone pour sou-
mettre la contestation qui les divise au jugement d'Olivier de Ter-
mes et dePevôque de Rircelone. (Arcb. d'Aragon, reg. XI, ^278.]
Le 5 juin de la môme année/ il ordonna aux officiers royaux de
Perpignan, d'empêcher tout commerce de ses sujets de Roussilloe
avecdiux qui lui font la guerre. (Arch. d'Aragon , reg. XI, p. 177.)
Alvar, comte d'Urgei, qui figure au nombre des révoltés, avait en ee
moment de grands démôlés avec l'autorité ecclésiastique, pour avoir
épousé Cécile de Foix durant la vie de sa première femme, Constaoee
de Moncada, dont il n'avait pas été régulièreraeni séparé. Les docu-
ments no» 4740 à 4745, 4731, 4737, 4744, 4778 et 4810 ées Parche-
mins de Jacme 1*' > aux archives d'Aragon , sooi relatif à oeUe
affaire.
* Quelques lignes de celle protestation, datée de llora , 9 des
kalendds d'odobre (23 septembre) 4259, peuvent se lire encore an
f» 248 du reg. XI des archives d'Aragon.
I
PROJET DB CROISADE GASTltLANE 351
d*aDéaDtirl6 foyer de rislacnisme occideotal; mais lés
nombreux événemeols de cette époque agitée avaient à
plusieurs reprises contrarié l'expédition. En 1260, pour
la quatrième fois depuis son avéoement, le monarque
castillan était prêt à entreprendre la croisade. Les na*
vires qu^il avait fait construire dans les chantiers de Se*
ville et de la Biscaye attendaient pour mettre à la voile
la multitude de guerriers chrétiens qu'ils devaient em-
porter vers les rivages du Magreb. Alfonse fit prier son
beau-père d'autoriser les seigneurs aragonais à prendre
part à la guerre sainte. Cette permission fut accordée
seulement aux ricos homes eismn chevaliers qui avaient
reçu du roi des terres ou des rentes. Jacme demanda, en
outre, que la croisade ne fût pas dirigée contre Témir de
Tuois, avec lequel il avait conclu un traité de paix dans
rîDtérét du commerce lucratif que la Catalogne et le
royaume de Valence faisaient avec les pays soumis à ce
prince. Le roi de Castille ne cacha pas son mécontente*
ment en apprenant ces restrictions : « Si nous vous avons
demandé cela, écrivait-il à son beau-père, ce n'est point,
grâces à Dieu, que nous ayons besoin de votre aide, mais
parce que nous voulions que dans un fait de celte impor-
tance vous eussiez une part Nous pensons que vous
n'avez pas vu les lettres qu'on nous a adressées en votne
nom et nous vous prions à l'avenir de voir les
lettres que vous nous enverrez ou de les faire lire devant
vous.'. . *
A ces aigres reproches, le Conquistador répondit avec
le ton de calme fermeté dont il se départait rare-
ment : « Eu ce qui concerne le Miralmofnùnin \ seigneur
* Corruption du titre ù^émir al moslêtnin, chef des musulmans ,
dignité qu'il ne faut pas confondre avec celle à*émir al fMmmmnm ,
chef des croyants, que s'allribuaient les kalifes comme chefs spi-
rituels.
332 LIVRE IV9 CHAPITRE I
de Tanis, vous savez qu'il a tant de relations avec nous
et qu*il a tant fait pour nous, qu*il ne serait pas bien que
nos hommes partissent de notre terre pour aller lui faire
du mal.... La meilleure force qui soit entre les rois,
c*est la bonne foi, et nous savons que vous respecterez
notre parole comme nous respecterions la vôtre*. Sur le
chapitre de nos vassaux nous vous répondons que, par suite
des conventions qui existent entre vous et nous, nous
voulons veiller à ce qu en aucune façon vous ne puissiez
avoir un motif de favoriser ceux à qui nous ne voulons
pas du bien*. ♦
On craignit un instant que ce désaccord n'amenât la
rupture de la paix précédemment conclue à Soria et dont
toutes les conditions n'avaient pas été entièrement accom-
plies. De nouvelles difficultés surgirent à cette occasion
au sujet des frontières de TAragon et de la Castille '.
Alfonse renonça à sa croisade, et il aurait peut-être
tourné contre son beau-père les préparatifs qu'il avait
faits contre les musulmans d'Afrique, si, attaqué et
battu par les Sarrasins espagnols, il ne s*était vu obligé
d*implorer le secours du roi toujours victorieux.
L*émir de Grenade, Mohamed ben Alhamar, en appa-
rence allié de la Castille, « voyait depuis longtemps,
disent les chroniques musulmanes, que ce serait chose
* Nous avons vu que la conduite de Jncme ne démentit jamais
cette déclaralion. Que deviuiit le reproche de perHJie, si Ic^èroiRâOt
adressé au Cnn{uistadur comme à tou< les chrétiens de son temps,
lorsqu'il s'agit de leurs rapports avec les miHulmans ? C'est là uu
emprunt malheureux f.iil snus contrôle aux chroniques aralies.
2 On trouve dans le registre X, f»* 470 et 471 do> archives d'Ara-
gon, quatre documents relatifs à' cette aiï.iire. Les deux que nous
mentionnons ci-dessus ont été publiés dans la Coleccion de docunun-'
tosinedilos del archiva de Aragon^ t. VI, p. 449.
• Archives d'Aragon,'reg. XI, ^ 472.
RÉVOLTE DB l'aMDAOUSIEL 533
difficile qae de faire durer son amitié avec les chré-
tiens; car, comme ils sont nos ennemis naturels, pour le
moindre prétexte, ils sont portés à nous faire du mal.
Jamais Tabsinthe ni la coloqninte n'ont perdu leur amer-
tume, et Ton ne doit point espérer que la ronce produise
des raisins*.» Ben Alhamar n'avait jamais cessé de se tenir
sur ses gardes, prévoyant une lutte prochaine, et encou-
rageant secrètement à la révolte les Maures sujets ou tri-
butaires de la Castille. En 1261, insurrection éclata
dans TAndalousie et dans le royaume de Murcie. L'émir
de Grenade hésita d'abord à soutenir ouvertement ses
coreligionnaires, puis il entra résolument en campagne
et battit Alphonse X près d'Alcala de Ben Zaide, aujour-
d'hui Alcala la Real.
Après avoir essayé quelque temps de résister seul aux
rebelles, le roi de Castiile se sentit impuissante com-
primer un mouvement dès longtemps préparé, et au-
quel des secours incessants, envoyés par les Mériniles
d'Afrique, donnaient chaque jour une nouvelle force.
C'est alors qu'Alfonse songea à implorer Taide du Con-
quistador; mais « à cause des fauies dont il s'était rendu
coupable envers son beau-père*», il n'osa s'adresser lui-
même à Jacme et fit agir la reine sa femme Yolande
supplia son père «de ne pas souffrir qu'on dépouillât ses
enfants de leur bien.. . car les Maures leur avaient enlevé
presque toutes leurs terres, à l'exception d'une petite
partie *. »
L'occasion parut bonne aux conseillers de Jacme pour
exiger d'Alfonse la satisfaction de tous les griefs de
* Conde, Historia de la dominadon de los Arabes en Espana ,
t. m. p. 43.
3 Ghron. de Jacme, chap. ccxui.
» Id.,id.,id.
SS4 Liniv iv, GHAriT»
TAragon contre la Castiiie ; mais le roi refusa de foire
tourner à son profit la détresse d*an prince cbrétienV
D*ailleurs, • si le roi de Castiiie perdait sa terre, dit-il
à ses conseillers , nous serions peu en sûreté dans la
nôtre. Mieux vaut donc aller lesecourir dans son royaume
que de nous Toir bientôt obligés à défendre le nôtre *. »
Il convoqua les corts catalanes à Barcelone et les
cortès aragonaises i Saragosse, pour leur demander des
secours, mais non pour avoir leur avis : «car il n*y a pas
chez tous ceux qui les composent autant de sagesse et de
valeur qn*il le faudrait, et nous avons éprouvé qu*ils
sont toujours opposés dans leurs opinions, lorsque nous
les consultons sur quelque fait d*importance '. »
Sans attendre la réunion des deux assemblées natio-
nales, dont les délibérations ne pouvaient en rien influer
sur la décision irrévocable du Conquistador, on travailla
avec activité aux préparatifs de Texpédition. Une flotte
venait d'être construite et équipée pour servir sans
doute à une croisade dontre-mer que Jacme projetait à
cette époque. Pedro Fernandez, Tun des fils naturels du
roi, en reçut le commandement avec le titre d*amiral des
galées armées contre les Sarrasins^. Aroaltde Fontova,
^ Par une lettre datée du 3 mai 4263, Alfonse de Castiiie propose
a Jacme de régler leurâdifforeiidsau moyen d'une sentence arbitrale.
(Arch. d^Âragon, reg. XU, f** 33.) t.e roi d'Aragon avnit reçu le me5.
nge de sa flile le dimanche des Rameaux de la même année , à
Sixena, « où nous célébrâmes cette fôte, dil-il, pour honorer le mo-
na<(tèrequ*y avait fondé notre aïeule doua Sancba. » (Chronique de
iacme, chap. ccxlii.)
* Ghron. de iacme, chap. ccxui.
' /d., id., td.
* Cette nomination du S des ides de février 4i63 (6 février ISSi],
se trouve dans le registre XII, ^ Mt de^ archives d*Aragon ; elle fut
renouvelée le S mai suivant et accooipagnée d^ua sauf-conduit en
faveur de tous ceux qui suivraient Pedro Fernandezdansion eapédi-
PREPARATIFS DE l'BXPÉOITIOH DE MDRCIE 335
F4rm de Uzanoa, XimeDO Ferez de Ayerve, Fortun
de Ahe, Fortun Per^ de Isaerre, furent mis à la tête des
troupes aragonaises V
Les corts de Catalogne se réunirent à Barcelone, au
mois de novembre 1204 ; dès le début de la session, le
roi YJnt se heurter contre le formalisme des représentants
de la nation catalane.
Dans les assemblées des Etats aragonais, dès que le
roi afa^il prononcé le discours de la couronne (qu'on
Dous permette cette expression moderne, parfaitement
applicable aux assemblées nationales du Xlil* siècle),
chaque ordre exposait les griefs de la partie de la nation
qu*il représentait, contre le pouvoir exécutif ou ses
agents. La discussion sur ces plaintes et sur les satisfac-
tions à accorder devait précéder toute autredélibération;
mais le roi, impatient d*aller combattre les infidèles, crut
celte fois pouvoir passer outre. Le vicomte de Cardona,
qui avait des griefs personnels à faire valoir, réclama
avec insistance contre cette violation des formes ré-
gulières, et fut soutenu par la majorité de rassemblée.
Le roi, irrité, leva brusquement Ja séance, déclarant
qa*il allait quitter Barcelone a aussi mécontent qu'un
seigneur puisse Tétre de ses vassaux.» Les corts sup*
plièrent Jacme de ne pointquitter la ville, lui promettant,
s*il voulait bien accéder à la demande du vicomte de
Cardona, non-seulement de le servir de tout leur pou-
voir dans l'expédition projetée, mais encore de voter
pour la quatrième fois l'impôt du bovatge, qui déjà lui
lion. (Arch. d'Aragon, reg. XIII, f» 467.} L\nrchevôque de Tarragone
avait armé à ses fraisî une galère pour la croisade. Le 13 juillet 4264,
le roi reconnut qu'il n avait le droit de rien prélever sur les prises
que ferait ce navire. (Ârcii. d'Aragon, reg. XllI, P 49C.)
* Zurita, Anales, t. I, ^ 479.
336 LIVRE IV, CHAPITRE 1
avait été accordé trois foisV A ces conditions, la paix fat
rétablie entre Jacme et ses vassaux catalans *.
Trois semaines après, le roi ouvrait les cortès d'Ara-
gon dans Téglise des Frères prêcheurs de Saragosse. Non
minor est virtus quœrcre quam qwB sunl parla tueri, tel
fui le texte du discours dans lequel Jacme, exposant aux
représentants de la nation aragonaise tons les périls de
la situation, conclut en leur demandant des subsides
dont il ne croyait pas devoir indiquer publiquement la
forme. Il se réservait de la faire connaître à deux ou
trois ricos homes, qui communiqueraient ses proposi-
tions à rassemblée. Ce mystère ne parut pas de bon augure
à la méfiante noblesse, et, lorsqu'un frère mineur eut
pris la parole pour raconter qu'un ange était apparu à
un moine de son ordre et lui avait annoncé la délivrance
complète de l'Espagne par les armes du roi d'Aragon,
les barons, malgré la foi vive de leur siècle , ne virent
dans ce récit qu'un moyen de surprendre le vote des
cortès.
— « Tout cela est fort bon, dit Ximeno de Urrea,
mais il faut d'abord délibérer. >
Après la séance, le roi réunit chez lui quelques rico$
homes, et, leur ayant raconté comment les Catalans lui
avaient spontanément offert rimpôt àa bovalge, il cher,
cba à arracher à leur émulation un subside pareil.
Ennemis instinctifs de toute nouveauté, les Aragonais
avaient, comme tous les peuples, de puissantes raisons
de se défier de la nouveauté en fait d*impôts. On voit
naître des impôts, on en voit rarement mourir; ceux qui
' ^ Le bovaige fut, en effet, voté par les cortès le 23 novembre 4â6i.
Cet impôt n'était dû, comme nous l'avons déjà dit, qu^une foispar
règne.
^ Yoy. Chronique de Jacme, chap. ccxua.
RÉSISTANCE DES ARAdOMÀIS 337
TieoDent au monde sous l'apparence bénigne d*ane con-
tribution transitoire sont quelquefois les plus vivaces.
C*est une tradition ancienne» et TAragon du XIII® siècle
n'échappait point sans doute à son influence, puisque,
non-seulement les barons convoqués par Jacme, mais tous
les nobles auxquels la proposition royale fut commu-
niquée, déclarèrent énergiquement qu'ils préféraient
perdre tous leurs biens que voter le havatge. Fernand
Sanchez lui-môme, ce b&tard du roi que nous avons vu
investi des fonctions d'ambassadeur auprès de Manfrcd à
Toccasion du mariage de l'infant Pierre, Fernand Sanchez
s* écria en s'ad ressaut à son père : « Si vous voulez mettre
le feu à tout ce que j'ai, commencez dès à présent par une
extrémité, je sortirai par l'autre. »
— < Seigneur, dit Bernât Guillem de Entenza, tout ce
qne vous voudrez de mes biens et de mes châteaux, je
TOUS le donnerai volontiers, mais je ne puis consentir à
ce que vous demandez. »
— « En ce pays, nous ne savons pas seulement ce que
signifie bovaige^ ajouta Ximeno de Urrea. »
Le roi ne put contenir sa colère : « Vous êtes une mau-
vaise engeance, répliqua-t-il, et je m'émerveille fort que
▼ons soyez si durs à entendre raison Par la foi que
je dois à Dieu, je ne pouvais m'attendre à ce que vous qui
tenez de moi des fiefs, qui de vingt, qui de trente, qui
de quarante mille sols, vous refusiez d'accomplir votre
devoir en me servant, tandis que cette obligation est rem-
plie par cenx de la Catalogne, qui est le royaume le meil-
leur» le plus honoré et le plus noble qu'il y ait en Es-
pagne; car il y a quatre comtes, qui sont celui d'Urgel,
celai d'Âmpurias, celui de Foix et celui de Pallars ; on y
compte quatre barons pour un qu'il y a ici, cinq cheva-
liers, dix clercs, cinq hommes de ville pour un ici, et l'on
SE8 ufM. XT, cauiRM^ 1
doit d'autant plas.s'étonner de votre refnSt.ai l/oir eom^
dère. le béûéfice.qao Yonis en retireriez. %
La colère de Jacme n'eqt. pa$: en, Aragpoje, résgltat
qa!eUe avait eo à Barcelone. Au lien d'eatamerdes i^-
cîatioQs, les oiembres des cortès sortirent eo. niasse de
Saragosse et se retirèrent à Âlagoo, ville forte af^rtor
nant à un rico.home et situéeà mi-chemia delaJroQti^a
de Navarre* Là» ils proclamèrent F I/niofi^ c'est-MîlV . b^
ligue de<la.aationiContre la pouvoir roy^» DeofichevaUen
seulemeut restèrent auprès de . Jacme, Abaodoi^Qiè de seai
sujets, le roi dut faire le premier pas. Par la^ bouclie» de
r&féque de Saragosse, Arnalt de Peralta, qu*il euvoja
auprès des révoltés, ;1 se déclara prêt, à, réparer les torts
qu'il pouvait avoir envers soo peuple. Inis- rieoê lunim
furent chargés de faire connaître au souverain le^ griefs
de ses sujets ou, pour mieux dire, cew de U noblesse^
car. la nation aragonaise identifiait ses intérêts . avec ceux
de Taristocratie, gardiennejalouse des libertés ptubli^ifes»
Les ricos homes avaient de nombreux-s^jet5. de plainte
contre le souverain qui mettait tou3 ses.sQinevà^iafiaîbUr
leur influence, à s'affranchir de. leur^ tutelle, à, laisser
tomber dans Toubli la constitution politique de TAragep*
Leur rancune lentement amassée attendait deppÎ3 : loec
temps le moment favorable pour déborder: TimpAt! du
bovatge ne fut qu*nn prétexte; ils pensèrent qn^à^^^^rai
qui demandait des subsides on pourrait tarraober-lateoor
damnation formelle de sa conduite politique passée «elk-b
reconnaissance de privilèges si souvent méc^o^us fjèx lui»
Bernât Guillem de Entenza, Artalr de^Ailagoa^ et
Fèrriz de Lizana, tons trois envoyés par les TebeHes# alle^
rent trouver le roi àCalatayud. Jacme lesireont/damifa.
* Quelques auteurs disent Ârtal de l4uuu
(âAfi'édi^ie'dé^ cette' vlll'ë, oiisé ^Mài^M ^ins' dk idm'é
pbrsoûi^eâ: Itiiëîirogés par le roi, les ricos hvthes sé'plai-
gDirent de la violation des fueros dti royaume. Jacme,
feignant dene'cotinaUre d^autres/ti^ros que lé code de
lèiè civiles rédigé par son ordre en 1247, dit' alors aux
envoyée : « Faites-nous voir en quoi nbus avons viole les
fuéroil et vous nous trouverez pfôt à redresser lô tort.
N'eus aVô'ns là le livre dù/Uero d'Aragon, noué ordonnons'
qu'on le lise devant vblis chapitre par chapitre; vous nous
direz en quoi nous avons failli, afin que' nous' puissions
réparer Tinjustice. »
-- «C'est inutile », répliquèrent les' barons, et ils
rétiiiifèntàu roi un mémoiï'e dans lequel se trouvaient énu-'
nàièrés'les griefs et les réclamations de la noblesse. Voici
la' nôàienclature qu'en donne Ziirita dans ses Anales^ :
t' Le roi distribuait àès honora aux mesnaderos et aut
étrangers, tandis que'lés domaines de cette sorte devaient
être exclusivement ré^eirirés aux Âfagonais issus d'une'
(diki\të àericoê' homes de nùturàleza. Aux prélats seuls il
ériaif permis d^en posséder dans certains cas dont les
cortès étaient juges. Le baron devait pouvoir 'transmettre
paf ' testament son honàr à l'un' dé ses enfants ou de ses
proches pki*énts ; le service de l'host et celuï de la chevau-
chée ne pouvaient être exigés des domestiques et des
côlons des rico's Konies.
2* Lé'roi, au lieu d'ajpjpliquer lé^ /ti^roi^ du royaume à
la^ëcisién des pfôcès, basait ses jugements sur le droit
romain et les décrétale^ ; il s'entottratt de légistes ati lieu
* Jacme parle seulement dans sa chronique du reproche qu'on lui
faUPiU idle s'entourer de « sages en droit » et de soumettre les affaires
à tanaV déôisioni'Il traite tous les autres griefs des ricos homes de
«pirétcrittj^sanspiedsni tète, avec lesquels les rebelles voulaient
justifier leorftnilé » (chap/ gcl).
340 LITRS lY, GHAPITBB I
d*appeler les ricos homes à ses conseils, selon Tantique
coutume du royaume^; il nommait l^justicia sans deman-
der Tavis des barons.
3** La solde des tnemaderos était insuffisante.
4"" Le royaume de Valence , compris dans la conquête
d*Àragon , devait être régi par les fueros aragooais et
divisé en chevaleries au bénéfice exclusif de la noblesse
d* Aragon. En donnant à Valence des lois particulières, le
roi avait donc abusé de son autorité.
5*" Les officiers royaux vexaient les nobles en faisant
des perquisitions illégales dans leurs maisons, que les/fi6-
ros déclaraient cependant lieu d*asile, en saisissant sans
jugement les honneurs des ricos homes, en exigeant des
infanzons des preuves de noblesse arbitraires, en ne
respectant pas la sauvegarde accordée par les fueros aux
biens et aux familles des ricos homes qui se quittent dn roi.
G"" Le roi était tenu d*élever les fils des ricos homes,
de les marier et de les armer chevaliers.
T Tout noble possesseur de salines devait pouvoir
transporter gratuitement son sel et le vendre dans les
domaines dn roi.
S"* La tentative d'introduction en Aragon des tributs
d'herbatge ei de bovatge, inconnus jusqu'alors dans le
royaume , était une grande injure à la nation .
9° Le comte Ramon Berenguer , prince d'Aragon, avait
aboli illégalement d'anciens /uero«^ approuvés jadis par
les Aragonais dans le monastère de SanJiian de la Prâa ;
la nation réclamait la mise en vigueur de ces lois.
iO° Les ricos homes n'étaient point tenus au service
* Yoy. ci-dessus, liv. III, chap. vn, p. 484, note 4. — > Bernât Goll-
lem de Entenza accusait en particulier les légistes de l'avoir fait frus-
trer de certains droits auxquels il prétendait comme petit-fils du
dernier seigneur de Montpellier de la maison des Goillem.
6BIBFS DBS NOBLES d'âBAGOH 341
militaire hors dn royaume et pour une guerre qui n'in-
téressait pas directement la nation.
1 TLe comtéde Ribagorza avait été illégalement distrait
du royaume d*Aragon pour être réuni à la Catalogne.
12^ Les fils du roi nés en légitime mariage ne devaient
point posséder des honors V
Tels étaient les griefs des Âragonais contre leur sou-
verain ; telles étaient les causes qui engageaient la noblesse
à se séparer du roi afin de le rappeler à l'observation
des fueros « qui ne peuvent dépendre d'aucune autre
volonté que de la volonté de la nation. >
A ces plaintes et à ces reproches , le roi répondait en
contestant quelques-unes des assertions des rebelles, en
maintenant son droit sur certains points, en faisant des
concessions sur d'autres, en donnant sur presque tous
Texplication de sa conduite.
D'une part, il niait avoirjamais invoqué dans les causes
civiles d'autres lois que les fueros, toutes les fois que
ceux-ci avaient suffi à la décision du procès; il niait
encore avoir manqué aux obligations que la coutume lui
imposait à l'égard des ricos homes , de leur famille et
de leurs biens. D'un autre côté, il affirmait avoir le
droit d'enlever à son gré aux barons les honneurs qu'il
leur avait donnés; de s'entourer de légistes afin de s'éclai-
rer de leurs conseils ; de nommer seul et sans l'assen-
timent desrtco^ homes \ejusticia du royaume; de main-
tenir le royaume de Valence indépendant de T Aragon,
et de lui donner des lois en harmonie avec l'esprit de
ses habitants; il contestait l'exactitude de la tradition
relative au fuero de San-Juan de la Pena , et refusait de
revenir sur la prétendue illégalité commise par Ramon
* Zurila croit qiiMl s'agit seulemenl des fils âe Jacme nés de la
reine Teresa Gil de Vidaare.
3^ ,VW» ^'
BerâDgqer I¥, il y avait plus A'un siàele. ilvlin kfffffi
déclarait n'avoir octroyé des domaiiiies en iofior k^ 4il^
memocfero^ que parce qu*il ne pouvait plus icomplter lar
les ricos homes, tonjoars prêts à s'affranchir de Jiams
obligations envers le souverain; il renonçait au try^pts
à'herbatgeetdebovatge, qu'il n'avait jam^^is voulu iii|i-
poser contrôla volonté de la nation \; il cédaîjt spr tçus
les autres points , et renouvelait sa promesse d'observer
^délement les fuerof, dont il n'avait jamais^ 4a reste
l'intention de s'écarter.
— < Barons , ajouta-t-il en^iite d'un ton c^Vjèr|9 * M W
parait que vous en usez comme les juifs Mxec Nôtre-
Seigneur, lorsque , l'ayant pris le jeudi , la uuit àa ^
Cène, ils l'amenèrent devait Pilate pour y être jugé e^
crièrent : Crucifige! crucifige ! Ainsi faites*vous , )orsqu9
vous dites que je vous désafuère , sans me faire cppn^^riB
en quel point, et lorsque vous refuse^ d'accepter la
satisfaction que je vous offre ; car jamais vas$au;i n'pn^
soulevé telles discussions avec leur seigneur. £t sachez,
barons, que deux choses seulement favorisent votre obsti-
nation à demeurçr en révolte sur notre terre : la pre*
mière, c'est Tobligation où nous sommes d'aller aider
le roi de Castille à qui nous ne pouvons faillir aprè^
notre promesse ; la seconde , c'est notre sagesse, qui nqffs
empêche de marcher contre vous en cette çonjoDctucfu
Car, si ce n'était cela , il n'y aurait au monde montagne
ni plaine, muraille ni rocher, dont vous ne fussiez chassés
par nous , et pour un chevalier que vous auriez , nous en
aurions trois, qui , loin d'être de votre parti » n's^^raient
point de repos qu'ils n'eussent fait le plu^ de ^al po»-
* D'après D. Vaissete , Jacme aurait tenté à la même époque
d'établir la bovatge à Montpellier ( Hist, de Lang.. liv. JVf\,
chap. Lvi).
BRTJUnfUB n GâIiATi.TIID MS
sMa à ^M|Mrr80DiMS et à T08 biens ; et nous aurions en
oifirb les cMfe d*ÂTagon et de (^tâtogne qui se déclarè-
raièM ^(^ enfremies^ et qai entendent antant qae vons ft
^re^k'gvMte. Vous voyez donc que, ayant povir nous le
pewtôir, ie savoir et ravoir, nous devons nous inquiéter
peu dé votre révolte, qui n'a aucun fondement ^»
Cette scène, dont h cathédrale de Galatayud fut l'im-
posant théâtre , peint sur le vif la lutte sociale du
Xlli* siècle : Qfte aristocratie attaquée par la royauté,
supplantée dans les tribunaux par les légistes, égalée sur
lei; éhampsâe bataille parles milices bourgeoises, s'atta-
chantàses privilèges avecd'autant plus de ténacité qu'elle
les veitplns sérieusement menacés, devenant d'autant plus
inquiète et méfiante qu'elle se sent plus près de sa
fin ; en faee^ une royauté calme, forte, sévère, invoquant
la loi alors même qtL'elle l'élude, légitimant la hardiesse
desee réformes par la droiture de ses intentions, abritant
derrière la violence de sei adversaires la calme illégalité
de sa conduite ; comme témoin de la lutte, le peuple,
instinctivement sympathiq\ie, même dans cet immobile
Aragon, au progrès que personnifie la royauté, mais
n'osant se pronoucer contre les barons, défenseurs du
vieil esprit national ; autour de ces agitations, l'idée reli-
gieuse, qâi les enveloppe comme d'une atmosphère sacrée;
Didtt se laissant entrevoir au-dessus des passions dé ce
monde , et dirigeant l'humanité à travers les épreuves
quMI lui a préparées : tel était le Xlir siècle, à quelques
flttances près, su^ tous les points de l'Europe chrétienne,
et tel il nous Apparaît dans la solennelle entrevue dés
MMns rebelles et de leur roi , au milieu de la foule qui
reai{itiss&U la né^ de Notrè-Dame-de-Galatàyiid.
* Gbroaique AbJwm, ebap. <:tL.
?44 LITRE IV , CHàPITBB 1
Après les paroles de Jacme, les trois envoyés se reti-
rëreDt sans cacher leur mécontentemeot. Outre la ran-
cune que la haute noblesse, prise en masse et comme
caste, nourrissait contre un souverain réformateur, la
plupart des ricos homes avaient à faire valoir quelques
griefs particuliers : c*étaient des honors que le roi avait
retirés à des barons , des vassaux révoltés qu*il avait soute-
nus contre leur suzerain, des prétentions à une dignité on
àun héritage qu*ii avait refusé de reconnaître. Ces plaintes
toutes personnelles, qu*on présentait seulement en seconde
ligne, étaient en réalité Tobstacle le plus sérieux à la
réconciliation.
Parmi les ricos hotnes^ les plus ardents à la révolte
étaient ceux qui tenaient de plus près au roi. Bernât
Guillem de Entenza, le fils du héros du Puig Sainte-
Marie, qui avait reçu de Jacme « tout ce qu*il possédait
en ce monde > , ne se souvenait des services et de la fidé-
lité de son père que pour y trouver un grief de plus
contre son parent et son bienfaiteur. Le bâtard Fernand
Sanchez , qui devait au roi son père, la baronnie de
Castro et de nombreuses faveurs, allait publiant partout
les prétendus torts de Jacme à son égard, et excitant Tar-
deur des conjurés.
Cependant les négociations furent reprises peu de
temps après Tentrevue de Calatayud ; le roi fit de nou-
velles concessions et proposa de soumettre le différend à
des arbitres; mais les ricos homes restèrent intraitables.
Jacme résolut alors d'employer la force pour réduire les
rebelles. A la tête des barons catalans et des milices
communales, il s'empara de quelques places fortes et jeta
l'effroi parmi les conjurés, qui demandèrent bientôt à
négocier. Les évéques de Saragosse et de Huesca furent
acceptés pour arbitres; une trêve fut conclue pour per-
FUBBO d'bxea 345
mettre an roi d'aller au secours d*AlfoDse de Gastille;
elle devait expirer quinze jours après le retour de Jacme
dans ses États. Le roi, de son côte, promit de rendre
aux rebelles les biens qu*il leur avait enlevés.
Sur ces entrefaites, révoque de Huesca tomba malade,
celui de Saragosse refusa de se prononcer. Jacme dé-
sirait cependant hâter la conclusion de cette affaire;
car, d'un côté, il importait de profiter des dispositions
pacifiques des ricos homes^ et , de Tautre, Tépoque de la
moisson étant arrivée, les combattants des milices commu-
nales désertaient Tarmée pour courir à leur récolte. Le
roi se décida alors à réunir les certes aragonaises dans
la ville d'Exea pour leur soumettre son différend avec les
barons (i 5 avril 1265).
La décision de l'assemblée fut rédigée en forme de
fitero; voici la substance des dix articles qui composent
cette charte :
I"* Les honora seront exclusivement réservés aux ricos
homes de naturaleza aragonais et non étrangers ;
2* Les ricos homes, chevaliers et in/anzon^ d'Aragon,
sont exempts à perpétuité des tributs A*herbatge et de
bovatge ^ ;
y Où ne pourra jamais, dans les affaires judiciaires,
procéder par voie d'enquête {inquisicion , pesquisa) contre
des nobles aragonais ;
4"" Il suffira pour la preuve de noblesse, du témoignage
de deux chevaliers parents ou non de la partie inté-
ressée; le roi n'aura d'autre recours contre eux que de
* Par un acte en date du 47deska1endes de février 1264 (16 Jan-
▼ier 4265), le roi avait reconnu que les Aragonais devaient être
exempU des impôts à'herbatge et de bovatge. Le môme documenl
règle l'importation du sel et en prohibe Peiportation. (Ârch. d'Ara**
gon, reg. XIII , fo 250.)
916 LIVBÊ IT, CBinTRB I
prrarer gif lis ont èt$ parjures ; les droits à payer ponrles
lettres confirmatives de noblesse sont fixés à trente ïoIs^,
5* Le jnsticia d* Aragon, assisté des ricos hatneê et 4es
chevaliers présents à la cour qui ne seront pas pattiie au
procôs , sera juge des contestations civiles et criminelles
entre le roi et les nobles. Avec la participalton du txA ,
des ricos homes , chevaliers et infanzons non intéressas
dansf affaire, il jugera tous les procès entre nobles ;
6* Les infanzons pourront acquérir les immeubles ttei
hommes du roi et les posséderont en franchise;
T Le roi ne pourra donner des terres ni des hone/fÈii
ses fils nés de la reine ;
8* Les nobles possesseurs de salines continueront aies
exploiter d*aprés Tusage qu'ils ont suivi jQsqu*i ce jiMr;
9* Le rico home qni conférera la chevalerie à un in-
digne, devra être privé de son honor, et, s'il n'en apai,
il sera déclaré incapable d'en posséder à Tavenif ;
lO*" Le justicia d* Aragon sera toujours pris dans la
classe des chevaliers.
On voit que , sur presque tons les points , les coftès
donnèrent gain de cause aux ricos homes^. Le fuero
d*Exea renferme dans ses dix articles la condamnation de
la conduite passée du roi et la confirmation des privi-
lèges de la noblesse. C'était un échec pour lacme, mais
un échec plus apparent que réel ; car aucune puissance
humaine ne peut faire rétrograder les idées, et il n'était
au pouvoir de personne d'enlever à la royauté la force et
le prestige qu*elle acquérait chaque jour aux dépens de
l'aristocratie.
* Yen la niêmeé|KNiii6 le roi se vit obligé d'autoristr les nobtai
aragouaispostessloonÀ dans le rôyaniBe de Yaienoe à appliipMr
dani leurs domaines te lois de l'Aragoo. Ge fut* dit Zurîta» ima
source de quereUes entre les seigneurs et les oflbsiete rofUix.
CHAPITRE II
Rapports de Jacme^vec lecleijgé et le Sdnt-Siége. ^- Vie privée ^i^foi*
'quistador. — Ses bâtards : Fernand Sanchez de Castro^ Pedro Fernande^
de Hijar. ^- Ses maîtresses : filanca de Antillon , Berenguela Feman-
dep. — Ses femmes morganatiques : GuiUenna de Cabrera , Teresa Gil
4e Videiire. rr Bei^e^gi^la Alfonso. -;- Confâsaion duroi.rrf Repaoebas
diaPApe. — GQrïqpèHfi ^u royaume à^ Mw^jç. -^ L^ infaa}? Pierre i9t
jacme. -r Lettre de Clépent IV.
JPeqd^Dt la querelle du roi et des rim hm^$ , d^ se»
rjja^ç^s djffiçiflté^ ^'étaioDt élevées entre le §^iQt-^i4gQ
ej la coRjrpqpe çJ'Ar^gop.
Fils )r^^piBctQeaî de VEglisiB et fils repqnnaissaq^,. JACPia
oe çroy^jt pas cependant que s^gratiti^de dût a)lçrjQ^
qjfk^ couf proipeMre par uqe aveqgle cpnde^cepd^nQû les
iotéf éts (]Qqt un ^ouyeraiq doit çopapt^ h, Dieu etji ^^
peuples. Qd ^ t^e^ucqup parlé ()ps efQpiétemeDU da la
cour de Rome ; le mQiqeQt uq nous trf^çoos ces ligU9$
sarf(i( mal ol^oi^î pour reyenirsurcq scuet ; mais, à (optes
Ips époques, l'histoire impartiale applaudira aHji flffort*
des Papes pour établir, môme au prix d*une centralisa-
tion eléricale, l'ordre moral et matériel dans le chaos du
moyenâge, elle applaudira aussi à la résistance opposée
par quelques grands princes à (j^e^ %^us {[partis $iÇ|Uven((lo
348 LITBB IV, GHAPITBB H
clergé local , quelquefois de Rome , rarement da trône
môme du Souverain Pontife. Jacme fut de ces princes.
Toujours préoccupé de vivre en bon accord avec le Saint-
Siège, il évite cependant de reconnaître en termes formels
la suzeraineté temporelle du Pape sur le royaume d'Aragon.
Une seule fois, il parait l'avoir nettement admise ; mais
il s'agissait de s*abriter derrière le double pouvoir de ce
suzerain pour révoquer, en toute sûreté de conscience,
les aliénations du domaine royal trop libéralement con-
senties par le prodigue Pierre II ^
Dans tontes les autres circonstancest Jacme sait habl*
lement invoquer les services qu*il rend à la foi , pour se
dispenser des tributs envers l'Eglise.
Au moment de partir pour la conquête de Hayorqne,
il avait voulu, lui aussi, recevoir la couronne des mains du
Souverain Pontife. Il avait envoyé à cet effet le catalan
Joan Bocbados auprès de Grégoire IX , se gardant bien
toutefois de rappeler les engagements contractés par
Pierre le Catholiqtte en pareille circonstance. Le Pape
s'était excusé en termes très-affectueux de ne pouvoir
souscrire au désir du roi d'Aragon, et avait renvoyé à des
temps plus calmes cette cérémonie, que les troubles du
moment, disait-il, ne lui permettaient pas d'accomplir^
Les lettres des Souverains Pontifes à Jacme, celles même
qui contiennent le blâme le plus sévère de sa conduite,
témoignent de l'affection toute particulière des Papes
pour cet infatigable guerroyeur de Sarrasins.
Le provençal Gui Foulques , élevé au trône pontifical
sous le nom de Clément IV , ne se départit point de la
I
La bulle de Grégoire IX qui révoque ces aliénations est rappor*-
tée par Raynaldi dans ses Annales eccles., ad ann. 4237, n* 26.
* Voy. Gregor, Papx IX, lib. III, ep. 9, et Raynaldi, Ânnaki
êcdes., ad ann. 4229, n»* 48 et 49.
LOTTES ATEG LB GLBAO^ 549
bienveillance élogiease de ses prédécesseurs tontes les
fois qu'il eut à parler des exploits du Conquistador contre
les infidèles. Ainsi, approuvant avec chaleur l'expédition
projetée contre les Maures du midi de TEspagne , et or«
donnant de prêcher la croisade , il n'a pas assez d'éloges
pour « le roi illustre qui combat depuis son adolescence,
qui tient dans sa main le salut de la foi, qui étend au
loin la gloire de son peuple, qui, pareil au lion rugissant
en quête de sa proie, poursuit les impies, recherche les
ennemis de la foi , courbe leurs fronts sous son empire
et soumet à sa puissance les cités et les royaumesV >
Mais, dès qu'il s'agit des relations de Jacme avec les
évêques et les clercs , le rigide Pontife montre dans ses
lettres une sévérité que ne mitigent point les louanges.
Depuis quelque temps, le clergé des États aragonais se
plaignait de vexations, dont il se disait l'objet de la part
de Tautorité royale. Le roi réclamait, à son tour, contre
les empiétements du clergé.
Peu de détails nous restent sur ces discussions, que
les historiens espagnols ont prudemment passées sous
silence. Quelques documents contemporains répandent
seuls une faible clarté sur cette question. Ainsi nous
voyons que, vers 1257, l'archevêque de Tarragone était
accusé de s'être emparé de la juridiction de cette ville
aa préjudice du pouvoir royal ; d'avoir fait mettre en
liberté un homme détenu pour crime; d'avoir armé
des galées contre les Sarrasins, au mépris des traités
conclus par le roi avec l'émir de Tunis, et, enfin , ou-
bliant < la réserve imposée à tout prélat > , de soudoyer
des pirates qui écumaient la mer à son profit. Aux plaintes
^ Clément. Papa IV, lib. I, ep, II. — Voy. Martône et Durand,
Thésaurus novus anecdotorum, et Raynaldi, Annales eccles,, ad
annum4S65, n^ 32, 33 et 34.
n
oatiDi» ;>iMti^^liE^ lioi jdaidsatt da (]fririlége ié ne pùwMt
élre frappé d^atiàlhème que pit le Pape ou son dêTégfië
spécftâl, et ii'eA appela au Souverain I^oritifé < et atiî
apM^s^ » Qu'adviût-il de celle affaire? No^s l'ignortns;
mms saYbns seuteifleAt ' que , vers cette époqtte , Tévéquè
de Girotie fut envoyé à Rome par le monarque àragôtiais*.
Bn 1&60, le même prélat* reçut une nouvelle mf&sioV
anprte^tr 'Souverain Pontife *, et en 1264, au môtAient
o« se préparait rexpédition contre les Maures du midi
de TEspagne , le roi déclara qif il n'ihquiéterait point
l'arohevéque de Tarragèoe au sujet de la galée armée par
le^ prêtât contre les Sarrasins, e(qu*il ne prélèverait rien
sur les priies dès hommes de Tarchevéque *.
Mais ce n'était là qu*une querelle partif^ufiérév et, si
l'on* en juge par une lettre pleine de reproches que Clé-
laent IV adressa àJaem<e quelques mois après avôtrpris
possession de la chaire de Saint-Pierre', lé' clei^^é toUI
entier des pays» aragi^ttais aurait souffert' de graVes
atteîntesà-sesdroitsetà ses libertés. Atssi, lorsque le
ror voulut réclanier ' des églises désèk États lé^' subsides
qu'il avaîtThabitude d'en retirer pôui^ la guërt-è conlfe
lésînfidètes^ reçnt-i^lltt reAftS formel. Par la lettre dont
DMB pftrlioQS t(!ratiàrheure<i le Pâpedotiné gain'die'eaûse
aoclergé^en 'droit strict; uMis il l'éhgagè néài^m^itis^à
payer le trîbilt réclamé; puis» s'adressant au roi d'Aragon,
iM'ëxhortè à rendre au^gliâés leurs droite et léuri pri^
viléges i se réservant dé l'y contraindre psrr lé moyen qu'il'
*^Lte 'griefs dû roi sont énumérés dans le document n» 4498 des
PAMK'dri JabineK atikài^shtvesd'Aftigod.'^t acte' béi daté Aujour
des kalendes d'octobre (4"* octobre) 4257.
« 'A«li.'d»Aragofe, RèJ. VIII, f« 78.
•m; R«g. Xf,f496.
« Jd., Reg. XIII, fo496«
jpgeiïh le» plua^ ai^aatageiix pour la salst da ooapalitoi
«<Gdr., ayonte. ClémeDt lY , dans, qiaelque position que
nous noas soyons trouvé , nos amis nous ont été asaei
(Aers pour que noas leur disions {dos Tolontiers ce qui
l€^r est utile qjae ce qui leur est agréable, ce qpi leur
déplaît qae ce qui leur nuit.\ ^ Le juste et sévère Pontife
disait vrai; on sait les preuves qu'il en donna à l'égard
d^ sa propre famâlle.
Gr&ce aux sagps conseils de Glém^nt IV', lai plupart
des clercs consentirent, parait-il, à accorder les sub-
sidesi et la querelle fat assoupie, sinon entièrement
apaisée; car, d'un côté, nous voyons. encore le Pape,
dans plusieurs de ses lettres , rappeler à Jacme le respiset
qni'on doit aux églises et aux « personnesrecclésiastiqpes > ,
et^ l'injustice de certains, tributs que le roi a voulu leur
imppser * ; d'autre part , quelques membres du clergé
valencien^ ayant refusé de piayer à Jaome la dlme qua les
bulles pontifioales lui avaient accordée en faveur de la
ggerre contre les Maures , furent frappés d'excommufii*
cation^, et Clément IV, voulant leur permettre de coa«
courir à l'élection^ d'un nouvel archevêque, ne' leur
donna l'absolution qu'à la condition qu'ils acquitteraient
Irar dette envers le roi *.
Cane fut p^ seulement 4 l'occasion de ses différends
aiee^ le clergé que Jacme s'attira les remontrancea dn
SaiAt*Siég§. Sa conduite privée lui mérita , vers laméme
époque , des réprimandes pjus sévères encore^
P«a. de temps appèa la mort de la reine Yolande , lea
^ ^ffûBlikf' Anmal$9 ^ôùleê.^ ad; ann« 4S65,' n« 34.
* fbÉynMï^ Armalêêeeclês., ad ami; 1S65, n« 35 ; 4SS6, n« 29i ^
Martène et Durand, Thoauruinovuê atiêcdotarumt t. II, col. 240 ef
244.
* Martône et Dumtd, Ti^ua^ruiiiQfvui anecdoUmm, t. U^ €ol. 60&<
353 LltBE IT f CHAPITRE II
faiblesses du Conquistador apparaissent toat à coup aa
grand jour. Jusqne-là elles étaient restées dans Tombre ,
sinon pour les contemporains , da moins pour Tbistoire,
puisque le plus ancien des documents connus dans les-
quels Jacme désigne clairement ses maîtresses ou ses
bâtards, date de Tannée 1252. Mais, depuis longtemps
déjà, le roi d* Aragon avait deux fils naturels, Fernand
Sanchez et Pedro Fernandez, qui en 1262 et en 1264 com-
mencent à se mêler aux affaires de leur pays , Tun comme
ambassadeur auprès du roi Manfred pour la conclusion
du mariage de Constance de Sicile avec Tinfant Pierre,
Tautre comme amiral des galées armées contre les Sar-
rasins.
Fernand Sanchez était né d*une fille noble d* Aragon,
Blanca de Antillon ; il reçut du roi la baronniede Castro S
nom sous lequel sa descendance s'est perpétuée et illus-
trée en Espagne*. D*un caractère altier, envieux et tur-
bulent , Fernand fut presque toujours en guerre ouverte
avec son père ou ses frères. Nous Tavons déjà vu se
mettre à la tète de la noblesse révoltée ; la suite des
événements nous le montrera sous un jour encore plus
défavorable .
D*une autre dame aragonaise, Berengnela Fernandez,
Jacme avait eu Pedro Fernandez , «c jeune homme hardi
et vaillant > au dire de Miedes , et qui sut s'attirer autant
de sympathie que Fernand Sanchez excita de répulsion et
dehaine. Jacme donna à Pedro Fernandez la baronnie
d'Ixar ou Hijar et le maria avec Marquise , fille naturelle
* Le 5 des ides de mars (41 mars) 4241, Blanca de Antillon céda
au roi cerlains droits qu'elle avait sur la ville el le château de Cas-
tro. (Arch. d'Aragon, Parch. de Jacme I",n° 878.)
* Fernand Sancbez fut marié à la fille du rieo hom$ Ximeno de
Urrea. (Voy. Ghron. de Bernât d'Esclot, chap. Lxvm.)
i
MARUfrES MORGiilfÀTIQDES DtJ ROI 355
da roi Thibault II de Navarre. De cette alliance est issue
l'illustre maison des ducs de Hijar.
Une troisième maltresse du Conquistador fat Guillerma
de Cabrera , la première , à ce qu'il nous semble , que le
roi ait appelée publiquement sa < bien aimée dame >.
C'est ainsi qu*il la qualifie dans un acte par lequel il lui
fait don d'une ville, pour elle et pour les enfants qu'elle
aura de lui^
Une donation conçue en termes analogues nous avait
paru *une preuve à invoquer en faveur du mariage de
Teresa Gil avec le roi. L'acte relatif à Guillerma de
Cabrera affaiblit cet argument , que de plus solides
rendent d'ailleurs superflu. Mais est-ce bien d'une mal-
tresse que le roi parle ainsi dans un acte public? Seront-
ils bâtards, ces enfants dont la naissance est prévue et
le sort assuré d'avance? Ne doit-on pas croire plutôt
qu'après la mort de la reine Yolande, Jacme voulût
s'unir par des liens légitimes aune compagne qui n'aurait
ni le rang ni les droits d'une reine? Ce titre d'épouse
morganatique, on ne peut le refuser à Teresa Gil; mais
il semble appartenir aussi à Guillerma de Cabrera, et
nous verrons le roi s'efforcer de le faire reconnaître à
la princesse castillane Berenguela Âlfooso , puis à cette
femme même qui abandonna son mari pour vivre avec le
Conquistador presque septuagénaire.
* « Et si a nobis fllium vel filiam habueritis, ille Ûlius vel filia si
vixerit habeat post obitum vestrum dictum castrutn et villam cum
omnibas et singulls supradiclis per alodium proprium, franchum et
liberum in perpetuuin. 9 (Acte du 6 août 4252 conservé aux Ârch.
d'Aragon, Parch. de Jacme l*% n» 1304.) Le n^ 4352 de la même col-
lection est un privilège accordé par le roi, le 4*^ octobre 4253,
« dilecte nostr$domne Guillermede Capraria, i>
> Tome I, p. 357.
T. n. 23
9S4 ufn ^i ouifpuia
Après Vmiïét id53« nous ne. troayonB plus ancane
trace de Gaillerma de Cabrera » qui a« parall pts i?iir
m d'enfants du roi d'Aragon. Peat-étre GsiHerma
mourut-elle vers cette époque ; peut-être aussi les droits
antérieurs de Teresa Gil ayant été recoanus pi^r TÉf Use,
obligèrent-ils Jacme à rompre une liaison qui ne poufait
plus avoir même Tapparence de la légitimité.
Parmi les maltresses ou les femmes morganatiques de
Jacme le Conquérant, Teresa Gil a eu le privilège d'oc-
cuper particulièrement les historiens ^ Presque teos
croient devoir lui donner un rôle dans la vie de ce prince
bien avant l'époque où les documents conlemperakis
mentiounent son nom pour la pre'mière fois.
C*est, disentMls, pendant sa jeunesse que te roi s*éprit
de U fille de Juan Gil de Yidaure ; mais, nourrie éaas
des sentiments de sévère piété, Teresa dédaigna les
hommages de son royal adorateur. Ce flaonarqua , « si
beau qu'il n'avait pas son pareil dans toute la ehrè^
tienté >, n'était pas habitué à de pareilles rigueurs; il
jura de vaincre une résistance qui redoablaitsa passion.
Un soir, accompagné d'un chevalier, sou coufident,
il pénètre dans la maison de Juan Gil, s'y cache , et, la
nuit venue, se glisse jusqu'à la chambre de Teresa.
A l'effroi de la jeune fiUe répondent d^s protestatîûBS
de tendresse qui sont repoussées avec iadigaatioa;
Jacme se voit déjà contraint de reculer, lorsque, dans
ce qçiomeat où la violence de ses désirs, et rh^milis^tion
de sa défaite se disputent son cœur, il prononce le met
de mariage. Sortie de la bouche d'un roi, cette parole
ipagique doit triompher de tons les o})stacl6S , mais en-
* Yoyez, entre autres, Zurita, Hiedes, Ludo IttrtneaStBdo,
Diago, Mariana , Ferreras, Raynaldi .
côrô faut-il qae le roi sait stncèfe, et Teresa reste ii^
erédale. Jacme appelle alors le ehevalier qui Ta sfoivi, et,
deYant lai, jare solennellement de prendre pour femme
la fille de Jaan Gil de Yidaure. Mais, hélas! ee prince^
si fidèle d'ordinaire à sa parole, crot pouvoir reléguer
ee serment au nombre des serments d*amofir ; il feignit
de raroir oublié lorsqu'il youlut épouser la fille du roi
de Hongrie \ Teresa Gil réclama vainement auprès du
Saint-Siège ; les preuves lui firent défaut, car le chevalier
témoin de la royale promesse était mort depuis plusieurs
années. Elle persista cependant, et ses protestations de^
vinrent si énergiques, qu*on lui fit craindre le ressen-
timent de la reine Yolande pour elte et les deux fils
qa*elte avait durer. Afin de mettre ses enfants à l*abri
de toute entreprise criminelle , Teresa s* exila volontai-
refment, mais sans renoncer à poursuivre auprès du
Saint-Père ranuulation du mariage d'Yolande. C'est
atofs qu'ette parvint à mettre dans ses intérêts le seul
homme qui pèt lui prêter un appui efficace , le confesseur
davor, et qu'elle décida Berenguer de Castellbisba) à
la révélation dont il fut si cruellement puni.
Bien qu'après la mort d'Yolande , ajoutent les écri-
vains auxquels nous empruntons ce récit, le Pape ait
déclaré doua Teresa épouse légitime du roi d'Aragon ,
lacme refusa toujours de lui reconnaître ce titre; îl se
ftorna à légitimer les fils ^n'il eu' avait eus.
Telle est l'histoire, ou, pour mieux dire, tel est le
ramn des aonours de Teresa &il , d'après la plu^rt des
* Luclo Marioeo SicuIoCd^reôtM Eispan%3s memorabilihus , llb. X ,
apud Hispania illustraPa , t. I p. 383) place la seène que nous
Tenons de raconter avant le mariage de Jacme avec Leonor de Casliller.
L'Sge du roi à répoqne de son premier mariage ne permet pas
dPacceptor cette assertion.
356 UTBB IT , CHAPITBB II
historioDS du roi Jacme. Le crédit dont a joui cette sorte
de légende ne nous permettait pas de la passer sous
silence. Gomme dans toutes les traditions, il y a sans
doute là-dedans un fond de vérité. En appliquant une
partie de ces aventures à une autre qu'à Teresa de Vidaure,
en changeant Tordre des événements , peut-être se rap-
procherait-on davantage de la vraisemblance, car voici
maintenant ce que nous apprennent les documents qae
nous avons interrogés :
Le 9 mai 1255, c'est-à-dire un an et demi environ
après le dernier acte connu qui mentionne Guillerma de
Cabrera, et trois ans et demi après. la mort de la reine
Yolande, Jacme fait une donation à son «aimée dame
Teresa Gil> et aux enfants qu'il pourra avoir d'elle S
C'est encore une espèce de constitution de douaire
comme celle que nous avons signalée à propos de Guil-
lerma de Cabrera. Le roi n'avait donc pas d'enfants de
Teresa en 1255, et, après cette année, qui pourrait bien
être la première de leur liaison, il vécut avec elle, puis-
qu'il en eut bientôt deux fils , considérés par leur père
comme légitimes et appelés à recueillir éventuellement
la couronne aragonaise à défaut des autres enfants du
Conquistador. Les archives d'Aragon * renferment de
nombreux actes de donation en faveur de doua Teresa
et de ses fils, Jacme, qui devint seigneur d'Exerica, et
Pierre, qui fut seigneur d'Ayerve *. En 1260 encore, le
* Archives d'Aragon, Parch. de Jacme I**", n® U46 et Coleccùm de
documentos ineditos del archiva de Aragon, t. VI, p. 424 ; voyci
aussi notre t- I, p. 357.
» Parch. de Jacme I«^ n»' 4473, 4 C02, 4648, 4643, 4647, 2239,
Reg. VIII , fo 22 ; Reg. X , f» 459 ; Reg. Xï , fo 497 et 204 ; Reg. XD,
f«45.
^ Jacme, seigneur d'Exerica, épousa Elfa Alvarez de Azagra, fille
du seigneur d'Aibarracin, à laquelle il avait été fiancé encore
ï
BERENGVELA iXFONSO 557
roi , snbstitnant l'un à l'autre dans les biens qu'il leur
donne les « infants » Jacme et Pierre, nés de lui et de sa
« très-chère et bien-aimée dame Teresa Gil de Vidaure » ,
ordonne que, s'ils meurent tous les deux sans enfants,
leurs biens passent « aux autres fils ou filles nés ou à
naître de lui et de Teresa Gil \ » Quelques mois plus
tard , l'infant Pierre , héritier présomptif du royaume
d'Aragon, confirme les donations faites par son père à
doua Teresa et aux enfants « nés et à naître » d^lle et
du roi •.
Mais bientôt, s'il faut en croire Jacme lui-même, la
lèpre , cette hideuse maladie si commune au moyen âge
et si justement redoutée, la lèpre vint infecter la mal-
heureuse Teresa; le roi résolut alors de rompre son
union morganatique pour en contracter une nouvelle
avec une princesse de Castille , Bereoguela Âlfonso , fille
de l'infant Àlfonse, seigneur de Molina et de Mesa, et
uièce de saint Fernand. Berenguela était donc la cou-
sine germaine du roi Alfonse X.
Sans trop se soucier du double empêchement cano-
nique résultant de son mariage régulier avec une femme
encore vivante et de sa parenté avec la cousine germaine
du roi de Castille , Jacme se sépara de Teresa Gil et
vécut avec Berenguela.
Le souverain de l'Aragon était arrivé à ce degré de
puissance où l'homme, enivré de sa propre gloire, se
regarde comme supérieur aux lois que Dieu a imposées
enfant. (Arch. d'Aragon, Reg. XIV, fo 82.) Pedro, seigneur
d'Âyerve, fut marié à Aldonza de Cervera. D. Prospère de BofaruU
a fait connaître en détail la postérité ,de ces deux princes. (Los
Condes de Barcelona vindicados ^ t. II , p. 237.)
* Archives d'Aragon, Parch. de Jacme V', n»* 4602 et 4618.
* Archives d'Aragon, Parch. de Jacme I«s n»* 4643 et 4 647.
9(8 u?Miv, cMàsvnmu
m commun des créatures. Ses flatteurs laîqnei; ou clercs
avaient tellement exalté ses victoires» qu'ils eu étaieul
venus au point de représenter Dieu comme Tobligéde
celui qui avait conquis deux royaumes au profit de la
religion chrétienne ; aussi Jacme finissait*il par se croire
des droits à quelques faveurs particulières de la part
du Souverain Juge. Cette confiance , à la fois présomp-
tueuse et naïve , perce dans le récit que nous donne la
chronique royale d*une confession faîte par W Conquis*
tador au moment où il se prépare à livrer une batailto
dans le royaume de Murcie.
« En ce temps allait avec nous l'évéque de Barcelone,
et nous lui demandâmes frère Ârnau de Sagarra qui
était frère prêcheur. Celui-ci étant venu en notreprésenca,
nous lui dîmes que nous voulions nous oonfasser à lui;
il nous répondit que nous pouvions parler» et nous lui
dîmes que nous ne croyions pas avoir commis d'autre
péché contre Notre-Seigneur que celui de dona Beren-
guela , mais que notre désir était de vivre avec elle libre
de péché comme un homme doit vivre avec sa femme;
qu*il savait notre projet de conquérir la cité et tout le
royaume de Murcie» et qu'aussi bonne oeuvre que celle de
conquérir ce royaume et de le donner aux chrétiens nova
devait valoir quelque chose ; et que nous étions assurés
que ce péché ne nous nuirait en rien dans là bataille ,
surtout lorsque nous en demandions pardon.
» — C'est chose grave que d*étre en péché mortel,
répondit le frère , et il ajouta que» si nous promettions
de ne plus commettre ce péché» il nous pardonnerait.
Noua lui répondîmes qu'avec telle intention nous allions
à la bataille, croyant que d'une façon ou d'une autre
Dieu nous pardonnerait en ce jour , pour le grand service
que nous lui rendions dans «ette cauquéte; car» Mcepté
Mttu lànte I prar le reste personne ne pouvait àivb ipk%
B0td eMfÂOQs mMVdid vouloir eontre qui qoe ce fût aa
nondei Le frère hésitait en entendait nqs paroles, îbzik
flow Ittî dlines âe nous donner sa bénédiction, et que,
qaattt à a#tre arrab|feâént avec Diea y il le laissât ft
Aotre ebarge * . i^
AVatit Tépoqnë où fal faite cette confession , Jaclne
avait tenté d'arracbel^ & (a eonr de Rome tine décision
qui régalarialt sa position scandaleuse. Oe n'était pas
d*un Pontife tel que Clément IV que Ton pouvait atten^*
d^a im acte de servile complaisance, c Loin de neus,
vépondît le Pape i cette pensée criminelle de violer les
Idls du Seigneur et dé plaire aux hommes en offensant
tenr créateur et leur rédempteur ! . . . Tous n'avez pis pu
espérer faire autoriser cette honte par le vicaire de
Jésus'Ghrist qtii déteste tout ce qui est Honteux. Si voufc
demandez ce qu'il Vous reste à faire , puisque vous ne
pouvez , sans mettre votre corps en péril , cohabiter avec
la première (Tet*esa Gil), notre réponse sera prête:
résignez-'vons sous la main dd Seigneur.... Croyez-vous
que si toutes les reines du ibonde étaierit atteintes de la
Idpre, nous donnerions pour cela aux rois la permission
de prendre d*autt*es épouses? Sachez bien qu'ils essuje-
raient tous le même refus , dussent les races royales ,
privées de rejetons , se dessécher dans leurs racines et
dans leurs rameaux. C*est pourquoi, très-cher fils,
ayant Dieu dëvaïit vos yeax , et prenant pour exemple le
trës-vertuêux roi de France avec lequel vous vous êtes lié
d'amitié, voyez combien votre puissance s'est accrue
du^àttt Votre vie ; voyez les bienfaits que vous ave^ reçus
de la main du Très-Haut ; voyez la croix que vous avez
360 LItEB lY, GHAPITftB II
attachée sur yotre épaule ; voyez tes périls de la guerre
auxquels vous vous exposez avec courage ; D*ajoutez pas
Tadultëre à Tinceste, car vous rendriez stériles vos
bonnes œuvres et vous amasseriez la colère du Seigneur
pour le jour du jugement. Ne dites pas que vous ne
pouvez observer la continence, car cette questiou est
vidée depuis longtemps. Comment le Seigneur juste et
bon ordonnerait-il à tous de s*abstenir de rapports illi-
cites, si un seul pouvait objecter Timpossibilité d'observer
le précepte*?... »
Nous venons de voir que Jacme ne tint aucun compte
des justes et sévères remontrances de Clément IV ; pour
toute réponse , il fit hâter les préparatifs de sa nouvelle
expédition contre les Sarrasins , et crut peut*étre trouver
une demi-absolution des scandales de sa vie privée dans
les éloges que le Pape fut contraint de donner bientôt
après à ses projets de conquérant chrétien.
Le temps approchait où il fallait tenir la promesse
faite au roi de Castille. Après avoir obtenu des prud -
hommes de Teruel et de Valence des secours en nature
que ces deux villes ne marchandèrent pas à leur souve-
rain; après avoir réuni le plus grand nombre possible
de vassaux ou de combattants soldés*, parmi lesquels
* Lettre du 47 février 4265. — Voy. Raynaldi, Ànnalei eceUt.»
adann. 4266, n»*27 et 28.
3 Le 25 juillet 4264, le roi autorise Guillem de Roquefeuil, son
lieutenant à Montpellier, à retenir tous les droits perçus sur les
chrétiens et les juifs de cette seigneurie pour payer les frais d'en-
tretien des hommes que Guillem a doit conduire à la guerre de Gre-
nade » (Archives d'Aragon, Reg. XIII, f» 204). Le 4*^ août suivant,
Jacme reconnaît devoir au même Guiilem douze mille sols melgo-
riens pour la solde des combattants et arbalétriers qui doivent pren-
dre part à cette expédition sous son commandement. (Arch. d'Ara-
gon, Reg. XIV, fo 60.) Aux mêmes préparatifs deguerre se rattache
GOMQVftTE DU BOTAiniE M VimCIB 361
an graod nombre firent défaut, Jacme, durant l'automne
de Tannée iâ65, s*avança dans le royaume de Murcie,
ou devaient se concentrer ses opérations, tandis que les
Castillans tiendraient tête aux Maures de TÂndalousie et
du royaume de Grenade \
Les premiers succès du Conquistador dans sa nouvelle
expédition farent purement pacifiques: Villena, Elda,
Petrer, Nompot , Elche , Grivillente, en un mot tontes
les places situées entre Villena, Alicante et Orihuela se
rendirent sans coup férir après quelques négociations
habilement conduites par Jacme lui-même.
— « Â tous ceux qui ont voulu vivre en paix avec nous,
sans doute la donation à titre à^honor selon le fuero d'Aragon, faite
le 28 octobre 4265 à Ramon de Roquefeuil, de la somme de deux
mille sols melgoriens à percevoir sur les revenus de Montpellier,
f Archives d'Aragon, Reg. XIII, f» 284.) Ce Ramon de Roquefeuil
est probablement le deuxième fils de Guillem. C^est de ce Ramon
qu'est issue la branche des comtes de Peralada, en Espagne, éteinte
en 1712.
* Si l'on en croyait les historiens arabes d'après lesquels Gonde
a rédigé la partie de son livre où ces événements sont mentionnés ,
« le roi Gacum (corruption du catalan Jacme], que d'autres appel-
lent Gaymis (Jayme], prétendait faire la conquête deMurcie pour son
propre compte, tandis que le roi Alfonse dirait que cette terre était sa
première conquête .et voulait en faire roi son frère don Manuel
qu'il aimait beaucoup. Cette rivalité les troublant dans Texécution
de leurs desseins, les deux rois résolurent de marier don Manuel
avec la fille de Gacum. La reine lolant, femme d'Alfonse, était fille
de Gacum et sœur de celle qu'on voulait faire reine de Murcie. lolant
était vaine et envieuse et moins belle que sa sœur, et elle se sentit
blessée dans son âme quand elle apprit que cette conquête servirait
à 4onner une couronnée celle qu'elle abhorrait ; aussi n'épargna-t-
ellerien pour Tempêcher. » (Conde, Hisloriadeladominaciondeloi
Arabes en Eapaûa^ Part. IV, cap. viii.) — Ce récit n'est autre chose,
on le voit, que l'écho des bruits sans fondements qui durent circuler
dans la population musulmane à la nouvelle de l'expédition entr^
prise par le roi d'Aragon contre les Sarrasins de Murcie.
disaitN^il par eiemple ailx Sarrasins d'ElcHoi note afOM
accordé merci et mainteou ce qae nons aVioAs promis» 4
moins qQ*il8 ne l'aient perdn par leur fante. Or û tant
que TOUS sachiez qneeeax qui se sonlëferoat ocHQtra Mos,
refusant notre merci, seront vaincus 0t pateés ao fil dé
répée ; mats à tfeai qui se soiinettront à B9tre m«rèi ,
nottd la Imr octroierons de telle manière qa'ils potr^oot
Tivre dans leurs maisons et posséder lettrs biens seleb
^r loi. Nous ferons que le roi de Gastille et don Manuel
respectent les conventions conolnes avec euK , ainsi qjÊé
leurs coutumes^ conformément aux traités^ et, s'ils y dnf
manqué * nous obtiendrons qu'ils vous en tassetot satis-
faction. :» Puis, prenant à part l'un des chefs, il lui
promit de le faire nommer gouverneur de la ville et lui
glissa trois cents besants dans la manche de sa robci Le
lendemain, la ville était rentrée dans Tobéissabce *.
Avant de mettre le siège devant Murcie, Jaciné éttt
une entrevue avec son gendre Alfonse X dans la petite
ville d'Alcoraz. A cette occasion, le roi d'Aragâù fait
remarquer avec complaisance qae plus de trois eèdts
Chevaliers et de deux cents almogavares marchaient 4 sa
suitOi — « sans compter, ajoute-t-il^ que nous aurions
pu amener en outre trois cents chevaliers que nous avions
laissés & Ûrihûela », — tandis que Tescortéf d' Alfonse iê
composait à peine de soixante hommes achevai. La reine
de Gastille et ses enfants se trouvèrent à cette «Étrevmt
Où Jacme parnt ayant à ses côtés, Cdtttme uhe épàûSë
légitime, l'infante Berenguela Atfbnso.
Les cours de Gastille et d'Aragon séjournèrent aii«
eeo&iûe â Alcora^ ; le ai décembre, Jacme retlot i
Ûrihuéla, d'où il partit le 2 janvier âaiVahl, i là tétâ dd
1 Ghron. dé Jfâcâcné, dtt^. cOtx.
J
9MI» »i wmfB un
8011 armée , pour aller assiéger la capitale en royaume
qu'il avait entrepris d^arracber aox Sarrasips.
La siège deMarcie ne fut guère qa*ao blaenaV On
n'employa ni tranchées» ni mines, ni nàacbines d«
guerre pour détruire les remparts; on se borna i coupe?
les communications des assiégés avec le dehors et 4
ravager la campagne , afin de prendre la place par la
famine. Pendant ce temps « le roi traitait secrètemont
avec les habitants par T intermédiaire de son trucheman
La Ejea , du juif en Astrug de Bonsenyor , sou seerétaire
pour la langue arabe, etd*un chevalier de Mujrviedro,
Domingo Lopez, qui parlait la même langue.
Après plusieurs entrevues du roi avec Vahmr ou
alguacil, chef de la population de Mureie, il fu4 C0Q«
venu que la ville se rendrait à la condition d*uo entier
pardon et du maintien des franchises dont Réjouissait
avant sa révolte. L*alcayde qui commandait la garnison
pourTémirde Grenade fut chassé par les habitants , et
bientôt le Conquistador put contempler avec une pieuse
émotion sou royal étendard flottant sur TÂIcaaar de
llurcie (février 1266).
Le traité conclu avec Talguacil portait que la ville
serait divisée en deux parts» Tune pour les cbrélieea,
l'autre pour les musulmans ; mais ce partage w put
s*opérer sans de vifs débats. La grande mosquée fut sur*
tout un sujet de longues contestations que le roi traneha
en faveur des chrétiens.
* liM-sipoetes cbtëtiens arrivèreat derint Marcie, Pun des êéaiids
chargés de marquer le eampemenl, plaça la tente du roi à une por-
tée de baliate de la ville. — « Adalid, lui dit Jacme,, sottement lu
nous a logé, mais puisque ainsi tu as fait, sacbe bien que nous
resteroni ici ou il nous en coûtera cher. » (Chronique de Jacme ,
chap. GGuuv.)
564 LITRE !▼, CHAPmiB II
— « Votre mosquée, dit-il aux Maures » est à la porte
derAIcazar,et,quancl je dormirai, je ne veux pas entendre
crier à ma tête : Allah lo sabba o Allah D'ailleurs
il vous en reste dix autres où vous pouvez faire vos orai«
sons , et il est bien juste que nous ayons au moins- une
église. »
Jacme avait une dévotion particulière pour la mère de
Dieu , et à Murcie , comme dans toutes les villes où
il ramenait la croix triomphante, il voulut que la pre-
mière église fut dédiée à la Vierge. Les riches tentures
et les objets précieux de la chapelle royale servirent aa
nouveau sanctuaire , qui fut consacré en grande pompe
par révéque de Barcelone , Arnau de Gurb, assisté de
Tévéque de Carthagène.
Pendant que les prêtres, « revêtus de chapes de velours
et de drap d*or, portant la croix haute et l'image de Notre-
Dame >, entraient processionneliement dans Fancienne
mosquée , où retentissaient pour la première fois les
belles prières du culte calholique , « nous fûmes pénétré,
écrit le roi , d*une telle dévotion pour la grâce et merci
que Dieu nous avait octroyée, à la prière de sa benoîte
Mère , que , embrassant Tautel , nous fondîmes en larmes
et restâmes plus d'un quart d*heure sans pouvoir nous
arracher de là ni contenir nos pleurs. Et il n*y a pas à
s*étonner qu'il en fût ainsi, car jamais nous n'étions passé
près de Murcie sans prier sainte Marie de nous permettre
d'y voir son saint nom adoré , et, par son intercession ,
son bien-aimé fils avait voulu accomplir notre volonté *.•
Les chrétiens étaient maîtres de la capitale et de vingt-
huit autres villes ou châteaux du royaume de Murcie.
Jacme voulait pousser plus avant sa conquête et marcher
* Ghron. de Jacme, chap. cclxix.
LB8 inTAim pmuiB bt jâgmb 365
sorÂlmeria, mais les barons refusèrent de le suivre
dans une expédition qui leur semblait pleine de périls.
Le Conquistador dut rentrer dans ses États, après avoir
loyalement remis à un rico home de Castille le comman-
dement des troupes qu'il laissait à Murcie en attendant
Tarrivée d*une garnison castillane.
Une grande part dans les succès que nous venons de
raconter revient à la bravoure des infants aragonais ,
Pierre et Jacme V Un jour, au début de cette guerre, et
au moment où Ton se croyait sur le point de livrer ba-
taille , le roi avait dit aux princes ses fils, en présence de
toute l'armée : « Mes enfants, vous savez de quelle race
vous sortez et quel est votre père ; comportez-vous donc
dans ce fait d'armes de manière à ce que tout homme au
monde puisse dire ce que vous valez et de qui vous des-
cendez; sinon, j'en jure Dieu, je vous déshérite.de tout
ce que je vous ai donné*. » Cette valeureuse exhortation
avait porté ses fruits.
*■ Voy., pour les détails de la conquête de Murcie, Chronique de
Jacme, chap. cclv à cclxxiii ; Chronique de Ramon Muntaner ,
chap. XII à XVII ; Chronique de Bernât d'Esclot, chap. lxv. — Les
principaux seigneurs qui prirent part à cette expédition furent, outre
les deux infants Pierre et Jacme : Pedro Fernandez de Hijar, fils
naturel du roi ; le maître de Tordre d'Uclôs ou de Saint-Jacques ;
GulUem et Ramon de Roquefeuil ,* les Catalans Ramon Folch, vicomte
de Cardona ; Ramon de Moncada, Bernât de Vilanova, Hugues de
Malavespa , maître des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusdlem ;
Pierre de Queralt, lieutenant du maître du Temple ; Arnau de Gurb,
évêque de Barcelone ; Hugues, comte d'Ampurias ; Joffre, vicomte de
Rocaberti ; Carroz, seigneur de Rebolledo ; Berna t-Arnau de Angle-
sola et Galceran de Pinos ; les Aragonais Blasco de Alagon, Artal de
Luna et Ximeno de Urrea ; les Castillans don Manuel , frère d'Al-
fonse X, Alonzo Garcia et Pedro de Guzroan. On voit qu'ici encore les
Catalans étaient les plus nombreux.
' Ghron. de Jacme, chap. cclx.
Bii qualité d*fttfié, Tinfatil Pierre roeueHIH Ift plu
beNepart de gloire: < Soyez asâorés^dUMuntaner, qa'iliie
ftaquit janais fils de roi qo! fat plus brave, pltiscoiirageai,
phtsbeaa, plas ftage ni plas adroit de tous ses membres.
Aassi p6ttl*0Q dire de loi qa^ii n'est ni ange ni diable ,
mais homme parfait. Et e*est avec raison qQ*on loi
applique ce vieux proverbe , puisqu'il est réellement
m homme accompli en toutes grâces ^ • Si les éloges
Au chroniqueur à Tadresse de celui qui devint leroi Pierre
h Grand peuvent être suspects de flatterie, il n*eu sau-
rait être de même des félicitations de Clément lY. Le
Pape écrivit à la fois à Tinfant Pierre et au roi Jacmie *;
mais le père des fidèles ne put s'empêcher de joindre
MX louanges des conseils salutaires pour le Conqtnstador^
« vainqueur des rois , qui se laissait subjuguer par une
fsmmo.»
• Considérez, nous vous en prions , disait Clément IV,
qu'il se fait tard et que le jour déclin» pour vous. Teae
courez, comme les autres , à cette fin inévitable que le
Seigneur a marquée d'avance à toute créature charnelle.
Il ne vous convient pas de souiller les derniers tempe àt
votre vie , car, sr une fin sans tache ne la rehausse, vous
ne pourrez être admis dans ce royaume où il n'entrera
rîea d'inpor. ... . Éloignez de vous cette adultère
Renoncez à celte misérable .... » Ces paroles terent saM
effet sur r&me du vieux monarque , plus attaché que
JMûiais à. cette femme que son illustre origine ne pra*
Mgeait pas contre l'implacable sévérité du pontifa de
Rome.
^ ChroQ. 4q Ramoa Muotaner» chap. xv, tradttclioa de M. Buchoa.
^ Voy. Martène et Durand, Thesaurm novuB anecdolorum, t. U,
eoL S40 et 244 ; Raynaldi, Annales eccks.^ ad aoA.y 4265 , n» 36^ et
4Se6, h^ 25 et 86.
CHAPITRE m
Qv^stioQs teKgiduses. -^ L'InquisiUoû. — Les Sarrasins et les juib. <*^
fehwl^> trésorier génital duroyaumQ. — Sermons et conférences poux
la conversion des Sarrasins et des juifs. — Saint Ramon de Penyaiort.
— Rabbi Moses ben Nachman. — FVère Paul. — Rabbi Bonastnig
de Porta. — Miracles rapportés au règne de Jaeme !•'. — Fèndations
pieuses. — Ordres religieux. — Pierre Nolasque et Perdre de la Ifcm.
•»^ Prc^^ de croisade en Orient. -^ Relations avec Tempire xnopgpl —
4pb&s$ades d'Abaga-Khan et de Uiohel Paléologue. — Départ de Jacme
jour la croisade. — Tempête. — Retour du roi. — Les croisés aragonais
en Syrie.
A peu près vers le temps où il félicitait Jâcme de la
conquête du royaume de Murcie , Clément IV engageait
Femôo^e prince à expulser les Sarrasins de tous les pays
aragonais, à éloigner les juifs des fonctions publiques et
« à châtier Taudace de celui qui, après avoir forgé et
entassé des mensonges dans une discussion soutenue en
pf é$0uca cta roi contre frère Paul , de Tordre des Pré-
cli0iir&, avait conposé on livre dont il répandait l^s
exemplaires^.»
^ Zarita, tndieeSf ad ann. 4265 ; Raynaldi, Annales êêoiu. adano.
1266; Biago, Anales del reyno de Yalenûia^ ^ 373^ -- Zurita oWêH
vtn passage dé cette lettre qtii se rapporte aux torts de lacme en*
vers le clergé, « tels qu'imposition de bovatge, d'alberges ol oittrit
exactions qui ne sont nuUement dues, »
368 UTIB IT , GUAPITHB lU
De pareilles rigueurs coQYeDaient peu à Tesprit large
et tolérant de Jacme V,
C'est surtout en matière religieuse que Ton doit juger
les hommes avec les idées de leur temps. Aussi n*est-OQ
pas médiocrement surpris de voir des écrivains modernes
s*élever contre l'intolérance de princes qui ont eu le
tort de ne pas être en plein moyen âge des philosophes
du XVIir siècle ou des libres penseurs du XIX*.
< Le mérite de ceux qui dirigent le vaisseau de l'Etat,
a dit un éminent écrivain espagnol, c'est de gouverner les
peuples conformément à leurs croyances et à leui^ in-
térêts: les contrarier, c'est les jeter dans l'anarchie et le
désordre^ » On ne saurait trop se pénétrer de cette pen-
sée lorsqu'on aborde l'étude des questions d'histoire reli-
gieuse.
Quand il s'est agi de poursuivre les hérétiques , cent
fois plus redoutables pour l'Eglise et pour la société que
les juifs ou les Sarrasins, Jacme, nous l'avons vu*, a
ouvert les constitutions catalanes et le code de Valence
aux prescriptions dictées par la cour de Rome à tous les
princes chrétiens. En admettant qu'il ait compris le vice
et le danger des rigueurs qu'il inscrivait dans ses lois,
croit-on qu'il eût pu résister impunément aux ordres du
Saint-Siège? N'eût-il pas été insensé le souverain qui
* Estudios historicos^ poHHcos y literarios sobre los judios de Em»
pa/¥a, por D. José Amador de los Rios, individuo de numéro de las
Reaies academias de la historia y nobles artes de San ^Fernando,
decano de la Facullad de fiiosofia y letras de la universidad cen-
tral. (Ensayo I , cap. ix.) — Ce remarquable ouvrage du savant
doyen de la faculté des lettres de Madrid a été traduit en français
par H. Magnabal, oorrespondant de rAcadémie royale d^histoire :
nous ne pouvons mieux faire que d'emprunter nos citations à cette
traduction estimée.
* Voy. ci-dessus, p. 460 et 34^3.
J
L'nvouisiTioif 369
aarait tenté de soutenir une latte dont le sort de la maison
de Tonloase devait lui faire présager Tissue ?
La Papauté soufifrait même si peu la contradiction sur
la question deThérésie, qu'elle agissait souvent en dehors
du pouvoir séculier, instituant directement les tribunaux
d'inquisition, donnant à ses délégués le droit de passer
outre aux lois du pays et de destituer les officiers nommés
par les princes.
Nous avons fait remarquer * cependant que, grâce à la
défiance de la nation aragonaise pour toutes les nou-
veautés, défiance qui la préserva à la fois du mal et de son
terrible remède, les fueros de Hnesca ne font aucune
mention ni de l'hérésie, ni des mesures destinées à la
réprimer.
Il ne parait pas qu'à Valence l'inquisition ait fonctionné
d*une manière régulière sous Jacme le Conquérant : la
Catalogne seule fut soumise à ses rigueurs ; mais l'adjonc-
tion de laïques nommés par le roi aux clercs institués
par Tévéque avait évidemment pour but de faire entrer
dans les commissions inquisitoriales un élément pon-
dérateur destiné à en modérer les excès.
li y eut néanmoins dans la Marche espagnole quelques
condamnations sévères. Les pays soumis aux comtes de
Foix, anciens alliés de la maison de Toulouse, eurent
surtout à souffrir du zèle des inquisiteurs*. La responsa-
^ Voy. cî-dessus, p. 224.
^ En 1237, plusieurs hérétiques de la vicomte de Oastelbon pé-
rirent sur le bûcher, et les cadavres de dix-huit individus furent
exhumés pour être livrés aux flammes. ;D. Vaissèle, Hist. de Lang,
liv. XXV, chap. xvi, et Pr., t. III, n« ccxxiic de Tédit. in-f°.) Roger-
Bernard II; comte de Foix et vicomte de Castelbon , plusieurs fois
excommunié et absous, fut poursuivi même après sa mort ; mais ce
dernier procès se termina par une sentence favorable à sa mémoire.
{nist.de Long., éd. in-f", t. III, Pr. n*» cccxxxix.) Moins heureux que
T. II. 24
I
370 LIYRI» Vf, » GHàflTRB III
bilité de ces actes ne remonte point jusqu'au roi obligé
de permettre ce qu'il ne pouvait empêcher. Mais* si nous
considérons la conduite de Jacme à Tégard des Sarrasins
et des juifs, nous y trouverons des preuves évidentes de
la tolérance de ce grand prince.
Sur ce point, le Saint-Siège était moins sévère; lierai*
gnait peu l'influence religieuse des infidèles, il exigeait
seulement qu'on facilitât leur conversion, et, s'il de-
mandait quelquefois des rigueurs, il ne les imposait
jamais.
Le récit des conquêtes de Jacme l" nous a donné Toc-
casion de faire connaître la façon d'agir du Conquistador
à l'égard des musulmans. Après la tentative d'expulsion
qui suivit la révolte d'Al Azarch , tentative que motivait
seule la crainte de nouveaux soulèvements , Jacme s'était
décidé à laisser en paix les Sarrasins soumis qui restaient
encore sur le sol chrétien, sans leur enlever le libre exer-
cice de leur culte et de leurs lois V
Roger-Bernard, Ermessende de Castelbon, sa femme, et Arnaad,
vicomte de Gaslelbon, son beau-père, furent condamnés, en 4270,
G^est-à-dire plus de quarante ans après leur mort, et leurs cendres
exhumées furent jetées au vent. (Zurita, Anales^ lib. lil, cap. 76
— Marca hispanica, lib. VIÏI, cap. 22, n» i. — Hist. de Lang. »
lib. XXIV, chap. lxi.) On trouve aux Archives d'Aragon (Parch.de
Jacme l«s n° 940) une condamnation pour crime d'hérésie pronon-
cée le 30 mars 4243, contre A. de Mutationibus, par frère Ferrarius,
de Tordre des Prêcheurs, inquisiteur « des provinces de Narbonne,
Alby, Roussillon et Auvergne.
* Voy. Coleccion de documentos ineditos del Archiva de Aragon,
t. VI, p. 445; — Privilège accordé aux Sarrasins de Saragosse.
(Arch. d'Aragon, Reg. X, f" 4 38.) — Blancas {Rerum aragon, cotor
ment, ap. HUp.illust., t. III, p. 783) nous fait connaître le nom et
les attributions des magistrats chargés de rendre la justice entre les
Sarrasins. C'était: 4» le Zavalachen izaval , seigneur; achen^
jugement), è la fois juge et tabellion. Gomme juge, il donnait les
ÉTAT Méiit DE6 SAlilTASIIfS 571
Dans le pt imipe, les mustilcrkafns ayaienl été asstrjettrs
ao paiyemeat d'une contribntion particulière appelée
impôt des basants ; mais les furs de Valence en avaient
bientôt dispensé tous ceux d*entre eux dont les seigneurs
introduisaient le nouveau code dans leurs domaines V
Les pays peuplés en fnero d'Aragon étaient donc exceptés
de cette faveur.
Parmi les fM^d^res, — c'est ainsi que l'on appelait,
en Espagne, les musulorans étaMis au milieti des con-
quérants chrétiens, — on ne remarque am;ûn homme
éminent quie l'on puisse comparer à ceux que nous nom-
merons tout à l'heure en nous occupant des juifs. C'est
qne toutes les sommités de l'islamisme avaient suivi le
croissant dans son mouvement de retraite; il était resté
aentement sur les terres conquises, ceux qui ne sentant
pas en eux les qualités suffisantes pour assilrer leur
avenir et celui de leur famille, avaient préféré vivre
comme colons sur le sol qui les avait vu naître. Les Sar-
rasins étaient d'excellents agriculteurs* ; à ce titre , ils
citation^, rendait les sentences et les faisait exécuter; 2*" VAlamin
.langue fidèle), juge des causes qui n'excédaient pas deux sols.
Gomme le précédent, il exécutaitses propres sentences. Il servait en
outre d'huissier au Zavalachen et veillait ù l'exacte perception de
j'impôt royal sur ses coreligionnaires. Quelquefois les magistrats
sarrasins portaient le titre ù^alcayde, comme nous l'avons vu ci-des^
sus (p. 490fnote2).
* Fursùe Valence, lib. VIII, rubr. VIII, fur 27. — Le42avril
1263, Jacme exempta les sarrasins de Masones de tout impôt et de
tout service, excepté du moneclat^e, du 6oi;at^e et des amendes pro-
noncées par la justice, moyennant une redevance annuelle de quinze
cents sols de Jaca imposée à la communauté musulmane. (Archives
d'Aragon, Parch. de Jacme I", n*» 4738; Col. de docum. ineditas ,
t. VI, p. 457.)
^ Nous avons dit (p. 244) que les furs de Valence autorisent les
Sarrasins à ^e livrer aux travaux des champs les jours de fôte, à
I
372 LIVAB IT f GHAntlIB Ut
rendaient au pays des services que tout le monde était
à même d'apprécier; les propriétaires, nobles, bour-
geois et même clercs, les protégeaient particulièrement; le
peuple voyait en eux des producteurs utiles, vivantpresqne
tous de leur travail; aussi était-il loin de nourrir contre
eux cette haine qui a poursuivi les juifs jusqu'à des temps
peu éloignés de nous, haine aveugle dont on ne saurait
trop déplorer les terribles effets, mais que ceux-là mêmes
qui en étaient les victimes semblaient se plaire à entre-
tenir et à irriter.
Si les juifs, en tant que race, avaient besoin d'une réha-
bilitation, elle serait complète aujourd'hui. Personne
plus que nous n'applaudit à ce résultat de la civilisation ;
mais reportons'uous un instant au moyen âge. Loin de
chercher à passer inaperçus au milieu d'un peuple
grossier, qui croit venger sur ces infortunés le meurtre
de son Dieu, les fils d'Israël acceptent la lutte et, ren-
dant le mal pour le mal, répondent à la violence par la
ruse.
Unis par les liens d'une forte solidarité, formant
une nation dans la nation, ayant à leur service une culture
intellectuelle supérieure à celle de la masse de leurs
adversaires, doués d'une rare aptitude au commerce et
aux sciences, souples, astucieux, vindicatifs, ils ne cher-
chent pas à vivre en paix avec les chrétiens; mais, con-
vaincus de la supériorité de leur race, ils veulent, eux les
moins nombreux et les moins forts , dominer la force
par l'intelligence, écraser le nombre par la richesse*. Le
l'exception de Noël, Pâques, la Pentecôte et PÂssomption. (Fur* ,
lib. I, rubr. VIII, /ur 2.) Pareille faveur n'est pas accordée aux
juifs, ce qui prouve que, quoiqu'on en ait dit, l'agriculture n'était
pas leur occupation habituelle.
* Les Israélites eu i( -mêmes avouent que leurs ooreligioonairos
ETAT SOCIAL BE8 JUIFS 373
but n'était pas sans quelque noblesse ; les moyens em-
ployés pour Fatteindre furent trop souvent bas et vils.
Les juifs n'eurent pas exclusivement , il est vraî , le
triste privilège de l'usure; mais, par goût ou par suite des
circonstances qui leur fermaient la plupart des carrières ,
ils se trouvèrent mêlés aux affaires de banque, à la per«
ception des impôts, à toutes les opérations qui, à tort ou
à raison ) semblaient peser sur le peuple au profit de
quelques individus. Le crime de leurs ancêtres, leur
duplicité, leurs exactions , la supériorité suspecte de leur
fortune ou de leur savoir, les rendirent odieux et expli-
quent, sans les justifier, les mépris et les mauvais traite-
ments auxquels ils furent en butte.
Il faut cependant le reconnaître , le XIIP siècle fut ,
sous le rapport de la tolérance, bien supérieur aux
trois siècles qui le suivirent, comme les juifs de cette
époque furent supérieurs à leurs premiers descendants.
Le XII* et le Xlir siècles constituent la période la plus
brillante de l'histoire des juifs espagnols. C'est le temps
où se produit parmi eux le plus grand nombre d'hommes
remarquables; où leurs savants jouissent auprès des rois
d'une faveur méritée ; où on les voit, comme médecins,
comme astronomes , comme écrivains , comme philo-
sophes, comme commerçants, comme financiers , rendre
des services signalés aux pays dans lesquels ils vivent et à
la cause entière de la civilisation.
aimaient à se faire remarquer par leur luxe. Voy. Touvrage publié
par M. J. Bedarride sous le titre de les Juifs en France, en Italie et
en Espagne^ p. 191 . — En montionDant cet intéressant travail, nous
ne pouvons nous empêcher de faire nos réserves. Entraîné par un
enthousiasme facile à comprendre, Pauteur nous parait un peu trop
disposé à peindre les juifs comme les seuls représentants du progrès
moral et inleUectuel au moyen âge.
374 iLTMt ly, GHAPiTius m
Les P^pes vealent eo vaio rçiAeUre eu ?îg9ieDr jlios
canons des conciles qui leur interdisent Taccès des fonc-
tions publiqiues et cherchent à les séparer des chrétiens ;
malgré les préventions d*one grande partie da praple
et du clergé , les souverains et les villes les accaeilleoi
généralement avec faveur et leur offrent quelquefois des
prérogatives exceptionnelles.
En Castille, par exemple, les fueros de quelques loca-
lités les mettent sur le même rang que les hidalgo$ V Ed
^ragon, Jacme P' affranchit de tout tribut pour un temps
plus ou n)oin$ long les juifs de Uocaslillo , de Tahnste et
de Montclus * , et concède à ceux de Lérida plusieurs
privilèges importants , tels que celui de ne pouvoir être
jugés que par le roi ou son délégué relativement aux pré-
tendus blasphèmes contenus dans les écrits de leurs
rabbins ; de ne jamais être forcés de changer remplace-
ment de leurs synagogues et de leurs cimetières; den*étre
pas tenus d*àssister au:^ sermons chrétiens prédiés hors
de leur jmverie'.
On a dit, nous ne savons d'après quelles données , que
les rois d'Aragon avaient été moins favorables aux juifs
que ceux de Castille^ Ce n*est pas à Jacme que ce re-
^ Yoy. Amador de los Rios, Estudios sobre losjudios de Espana^
ensayo I», cap. th. — Le tableau de Pétat des juifs en Gastille do-
rant le moyen âge a été tracé par |f • Amador de los Ries avec une
impartialité et un talent auquel des écrivains de nations et de reli*
gions diverses se sont plu à rendre justice.
' Archives d'Aragon, Reg. XI, f« 153, et Parch. de Jacme I",
n°4346.
' Charte du 9 novembre 4268, conservée aux archives d'Aragon,
Parch. de Jacme I«', n<* 4955. — Voy. Col. de documentes inédites,
t. VI, p. 470.
^ L'auteur des Juifs en France^ en Italie et en Espagne, ^^nncé
(p. 495) qu'à Barcelone les juifs étaient exclus du commerce. Nous
tfrit èr66fiL BÉs stifs 375
prCKîliepétitB'adrefssér, car, dans lespag^s qiie nous avons
consacrées à la législation en vigueur sotts ce priniôe , on
a pu voir que toutes les restrictions apportées à la liberté
d*es juifs dans les Etats aragonais étaient générales en
Europe, tandis que plusiearsdes garanties qui leur étaient
accordées et des droits qui leur étaient riôtotthus par les
constitutions catalanes, les ftteros d'Aragon ou les furs de
Valence, étaient particulières à ces pays *. .
Non-seulement la masse de la population Israélite
vivait tranquille dans ses jniveries, souttiise le plus sou-
vent à ses lois et à ses magistrats* , mais le souverain
veillait à ce qu'elle ne fut exposée ni aux exactions des
officiers royaux, ni aux outrages des chrétiens. Divers
documents attestent cette haute protection. Nous -citerons
entre autres des lettres du 23 octobre 1252 * et un privi-
lège du 21 janvier 1259* en faveur des juifs de Mont-
pellier ; un article de la charte d'amnistie octroyée aux
habitants de la même ville, le 10 décembre 1258*;
le privilège accordé aux juifs de Lérida, dont nous par-
lions tout à l'heure.
L^étude de la législation des pays aragonais nous a fait
avons vainement cherché une autorité sur laqueUe pat s'appuyer
cette assertion, que Capmany dément implicitement. ( Memorias
sobre la marina, el commereio y artes de Barceîana^ t. III, part. %°
proe<n.,§ %)
* Voy. ci-dessus, p. 463, 464 , 20 1 et 244
^ Les magistrats des juifs étaient, d*après Blancas (Rerum arago^
nensium commentarii ap. Hispania illustrata, t. III , p. 783 et 784.)
le ùaien, qui jugeait toutes les causes et dont les sentences étaient
exécutées par VHédin. Celui-ci connaissait des litiges dotit la valeur
n'excédait pas cinq sols ; mais le demandeur pouvait, s'il le vou-
lait, porter directement les causes de ce genre devant le Daien.
^ Voyez Germain, Hist. du comm. de Montpellier, t. I, pr., p. 249.
* Arch. d'Arag., Reg. X, f« 48.
^ Voy. Germain, Hist. de la comm. de Montpellier, t. H, pr., p. 339.
576 LITBB !▼ f CaAPlTRB lU
connaître les garanties offertes par les tribunaux chré-
tiens aux juifs et aux musulmans obligés de comparadtre
devant euxV
Il ne suffisait pas au roi de faire tous ses efforts pour
mettre ses sujets appartenant à ces deux classes, à Tabri
de l'injustice et des vexations, il savait aussi récompenser
leurs services et ménager aux plus distingués d*entre eux
les moyens de sortir de l'infériorité à laquelle ils étaient
condamnés par les mœurs plutôt que par les lois.
Les registres de répartition de Mayorque et de Valence
nous font connaître un assez grand nombre de musul-
mans et de juifs qni eurent part aux largesses royales.
La profession des premiers n'est presque jamais indiquée ;
ce sont sans doute à peu près tous des agriculteurs \
Parmi les fils d'Israël, il n'y apas seulement des usuriers
ou des changeurs ; on y voit de simples artisans, tailleurs,
corroyeurs , bouchers et surtout un grand nombre d'aï-
faquis ', interprètes attachés souvent à la personne d*un
* Voy. ci-dessus, p. 203. — Les lois des pays aragonais admet-
taient les Juifs et les Sarrasins à prêter témoignage. iConst. deCat.»
vol. ill, lib. III, tit. VI, us. 4. — Fueros d^Àragon, t. II, lib. II, de
Testibus. --Furs de Valence, lib. IV, rubr VIII, f. 21 et 54. ) —
En cela elles étaient moins sévères que la coutume générale de
France, dont Beaumanoir s'est fait Tinterprète en ces termes : tCbil
ne doivent pas esire oy en tesmongnage, qui sunt hors de le foy de
crestienté, si come cil qui sunt juys. » {Coustumes de Beau^isis ,
cap. XXXIX, § 63.)
3 Les Sarrasins étaient d'excellents arbalétriers, et quelques-uns
paraissent avoir été employés à ce titre dans les armées chrétiennes.
Par exemple, un certain Mahomet, « arbalétrier », dont le fils, appelé
Faraix, obtint un lot dans la répartition de Valence.
* Il ne faut pas confondre Val faky^ homme qui sait lire et écrire,
secrétaire, trucheman, avec Val fakir, religieux mahométan que Ton
appelait aussi en espagnol alfaquù Le premier a beaucoup plus de
rapport avec Val fakkek (alfaqueque) « homme de vérité, disent les
Partidas, choisi pour racheter les captifs et servir de trucheman avec
les infidèles. »
ijàr 80GUL ims mis OT7
seigneur on d^an prince. Ainsi les libros de repartimiento
nomment entre autres maître David Abnadayan , alfaqui
de Tinfant don Fernand; maître David et maître Salomon,
alfaquis du roi ; Astrug de Bonsenyor, principal secré-
iaire de Jacme pour la langue arabe , plusieurs fois men-
tionné dans la Chronique royale \
La médecine était surtout une science dans laquelle
les fils d'Israël excellaient. « La réputation des médecins
juifs étaitsi grande , a dit un savantprofesseur de TÉcole
de Montpellier , que l'on a cru , à une certaine époque «
que pour bien faire la médecine il fallait être d'extraction
hébraïque ^ > C'est ce qui explique comment, malgré
les défenses des conciles, tous les souverains du XIII*
siècle avaient auprès d'eux des médecins juifs. L'un de
ceux de Jacme P' s'appelait JucefAbentrevi. Le roi lui
accorda, par acte du 13 janvier 1272, une pension an-
nuelle de cinq cents sols de Jaca '.
Comme percepteurs d'impôts et administrateurs, nous
trouvons, en 1225, Bondia, trésorier d'Aragon, et
Âbraym , trésorier de Saragosse * ; en 1244 , Vital
Salomon , bayle de Barcelone ^ Mais le juif qui jouit à la
cour d'Aragon du crédit le plus grand et le plus mérité,
fut Jahuda, bayle et trésorier général du royaume ^
* Un certain nombre de juifs sont désignés par la seule qualifica-
tion de maître {magister\ qui est probablement la traduction du
titre hébreu rabbi ; ainsi maître Samzo faisait partie de la maison de
la reine, nous ne savons en quelle qualité. (Arch. d'Aragon , Parch.
de Jacme I«^ n» 834 )
* Prunelle» de VInfluence de la médecine sur la renaissance des
lettres.
s Arch. d'Aragon, Reg. XIV, f» U3.
4 Arch. d'Aragon, Parch. de Jacme I*', no 250.
^ Id., ûi.,no4420,
* Ximeno Perez de Tarazona avait été trésorier général du
royaume. Il figure avec ce titre dans plusieurs documents, et, entre
C'était, dit Zorita, le plus riche et !e plus pohsaM
jaif des pays aragoDais. Le roi le coosaltait sottv<eBt pour
les affaires de i'État. « Il avait acquis, ajoute ranoaliste,
tous les dons de la fortune , et rien ne lui manquait qoe
d'être né dans notre loi. » lahuda avait contribué puissam»
ment à la construclion et à l-équipemeot de la flotte qni
eut pour amiral don Pedro Fernandez de Hijar , ainsi
qu'à Tapprovisionnement de l'armée aragonaise pen-
dant la guerre de Murcie. On sait d'ailleurs que, durant
to«te ta période des croisades, les sommes fournies,
de gré ou de force, par les juife, facilitèrent singuliè-
rement les expéditions des chrétiens en Espagne et eu
Orient.
Si Jacme savait reconnaître et honorer le mérite,
même chez ceux que les préjugés de son temps rejetaient
dans les derniers rangs de la société, il était trop pro-
fondément chrétien pour ne pas essayer de ramener d&os
la bonne voie ses frères égarés. Aussi ne négllgea-t-ii ,
pour la conversion des juifs et des musulmans , rien de
ce qui pouvait se concilier avec ses idées de tolérance et
de douceur. La mesure la plus sévère fut l'obligation
d'aller entendre les prédicateurs chrétiens ; mais nous
avons vu que les lois de Valence ne reproduisirent pas
cette prescription des constitutions catalanes et des
fueros aragonais , et que des privilèges particuliers en
autres , dans le libro de repartimiiiUo de Valence. Jahuda TavaiMl
remplacé dans cette charge ou bien n^était-il pas simplement la suc-
cesseur de dondia, rapotitariuê Aragems, qiri parait avoir reiBf li des
fonctions différentes de celles qu'exerçait le favori Ximeno ? Par une
letlre sans date, mais qui, d'après la place qu'elle occupe dans un
des registres des Archives d'Aragon (Aeg. Xn,f« 17) parait S3 rap-
porter aux derniers mois de U74 ou aux premiers de 1275 , le roi
donne l'ordre à « iuhadan » de lui envoyer des armet» et des engins
de guerre.
SAIlfT lUMOll AB i^BKTArORT 9M
avaient vénAn r«xéc«tioo iplos iiciie dans certaines villes
de Catalogne V
£o fait de toiéraace religieuse , Jacme était le digne
diseîpie da tarant et ténérabie Ramon de Penyafort. Le
MÎDt religieux condamnait sévèrement les violences à
l'égard des juifs et des Sarrasius, et demandait qu'on les
ranenàtà la vraie croyance parla persuasion et la douceur,
lignant l'exemple au précepte , il parcourut l'Espagne
et une partie du littoral africain pour faire entendre aux
jofidèles la parole de Dieu , et il opéra ainsi des conver-
gions nombreuses. Ceux-là mêmes qu'il ne parvenait
pas à convaincre l'entouraient de leur respect et lui
téiMig&aient leur reconnaissance , car c'est lui qui avait
attiré sur ces parias du moyen âge la protection des lois
et celle des souverains *.
Les convertisseurs du temps flottaient d'ordinaire
entre deux systèmes opposés quant aux moyens , mais
également déplorables quant aux résultats: les uns
écrasaient sous les rigueurs les dissidents endurcis ; les
antres promettaient des faveurs exceptionnelles aux
néophytes. Il n'en était pas ainsi dans les États aragonais.
Le pouvoir civil, équitable envers to«s, laissait aux pré-
dicateurs le soin de convaincre ou de toucher les infi-
dèles y et de les amener au christianisme par des moyens
* liB privilège o€lroyé aux juifs de Lerida le 9 novembre 4^es, les
dispense d'aller entendre les sermons prêches hors de leurs « juive-
ries », afin de les soustraire aux outrages de la multitude. Les reli-*
gîeux qui voudront prêcher dans les synagogues ne devront être
accompagnés que de dix prud'hommes chrétiens. (Archiv. d^Âragon,
Parch. de Jacme I^^**, n^ 4955. — Voy. Col. de documentos ineditos ,
t. VI, p. 470.)
3 Voy. le P. Touron, Hommes illustres de l'ordre de Saint Domt-
niçiie, 1. 1, saint Raimond de Penyafort ; — Basnage, Histoire des
Juifs, liv. IX, cbap. xvil
380 UTRB IV 9 ciiHniE m
qai ne permissent pas de suspecter la sincérité de lenr
conversion .
Poar atteindre ce bat , Ramon de Penyafort engageait
les théologiens chrétiens à apprendre Tarabe et Thébreu.
On lui doit , assure-l-on , la fondation de deux chaires
d*arabe , Tune à Tunis , Tautre à Murcie.
Saint Ramon fut ainsi l'un des promoteurs des confé-
rences publiques dans lesquelles les rabbins et les moines
discutaient sur la religion. Pour les luttes de ce genre,
on choisissait de préférence comme champion du chris-
tianisme un rabbin converti, désireux de prouver Tardenr
de sa nouvelle foi. D*ailleurs , comme Ta fait remarquer
Tauteur des Études sur les juifs (t Espagne, € le peu de
rapport des théologiens chrétiens avec les talmudistes
juifs, l'intolérance des premiers et la manière subtile
d'argumenter des seconds, plus accoutumés à ce genre
de dispute, eussent créé une multitude d'obstacles,
rendu la discussion impossible et mis nos docteurs en
danger d'être enveloppés dans de spécieux sophismes *. >
Le plus ardent provocateur de ces discussions dans les
États du roi Jacme I" fut un juif converti , entré dans
Tordre de Saint-Dominique sous le nom de frère Paul *.
Un savant docteur de Girone, rabbi Moses ben
Nachman , plus connu sous le nom patronymique lati-
nisé de Nachmanides , reçut un jour Tordre de se rendre
à Barcelone pour y disputer sur la foi avec frère Paul.
* Amador de los Rios, Etudes sur les juifs d^spagne, traduct. de
M. Magnabaly p. 94 .
2 Voy., à la page 54 de la DispuUitio A. Nackmanidis eum fralre
Paulo (Wagenseil, TelaigneaSatanjej t. II), le passage où le rabbin,
répondant à un argument du dominicain, lui dit : «Est-ce lorsque
tu étaisjuif que tu as découvert ce nouvel argument ? Est-ce pour
cela que tu t'es laissé baptiser ? »
J
COlfPÉaBNQB DE BBA fVACailAN 581
Si Voû s'en rapporte aa compte reodu de cette confé-
rence écrit par Ben Nachman lai-méme et publié en
hébreu et en iatin par Wagenseil ^ , cinq séances furent
tenues , dont une dans un couvent , une à la synagogue
et trois dans le palais du roi. Jacme présida ta discussion
entière et s'y mêla plusieurs fois V
Frère Paul se proposait de prouver au rabbin , en
s'appuyant sur les livres sacrés des juifs : T que le Messie
est arrivé; 2"" que, selon les Prophètes, le Messie, vrai
Dieu et vrai homme , devait souffrir et mourir pour le
salut du genre humain ; 3" que les figures ont dû cesser
depuis Tavénement du Messie. Enfin il devait établir
l'unité de l'essence divine et la trinité des personnes.
Les deux adversaires luttèrent avec des arguments qui,
en général, font plus d'honneur à la subtilité de leur
esprit qu'à la puissance de leur dialectique. Ben Nachtnan,
réduit au silence par frère Paul , s'attira les huées de la
foule de chrétiens et de juifs qui assistaient à la discus-
sion , et , sans attendre la fin de la conférence , il quitta
* Tela ignea Satanœ^ t. II. — Basnage (Histoire des Juifs, liv. IX,
chap. xvu) a élevé quelques doutes sur l'authenticité 4e Touvrage
publié par le savant orieutaliste allemand. Nous donnons dans nos
Pièces justificatives (n*" XVI) le procès-verbal officiel de la même confé-
rence. Ce document, trop succinct pour quMl soit possible de contrôler
toutes les assertions du rabbin , coïncide avec la Disputatio Nachma-
mdis deWagenseil quant aux points qui furent traités; il en diffère
quant au résultat de la discussion, qu'il représente comme entière-
ment favorable aux chrétiens, tandis que Ben Nachmans'attribueune
complète victoire.
* Ben Nachman nomme encore, comme ayant pris la parole dans
celte conférence, un maître Gilbanus, juge royal, et un frère Ramon
qui peut être Ramon de Penyafort ou Ramon Martin, auteur du
Pugiofidei. (Voy. Disputatio Nachmanidis, p. 24, 31 et 58, ap. Wa-
genseil ; — Basnage, Histoire des Juifs ^ 1. IX, chap. xvii, g 8.)
38S uYRB ffj ciiApmiB m
seerètement BarceloM. Telle est éa meîos la fersion da
procès^yerbal ofieieL S'il fallait en croire le rabbin , aa
contraire, le roi lui aurait peroiis de retoarner à Giirone^
en lui donnant trois ceols écm d'w poar ses frais (ie
voyage*.
Un coreligionnaire de Ben Nachman , rabbi Samuel
ben Yirgay a écrit qm cette discassioii fil tant d'beuaeur
aux juifs, que le Pape blâma Jacme de ravoir autorisfée et
frère Paul de l'avoir soutenue*. Ge qui prouve rinexae*
titude de cette assertioû , c'est que le dominicain pour*
suivit triomphalement le cours de ses conférences contre
les rabbins. Un mois environ après la défiaîte de Ben
NachmanS le roi rendit une ordonnance par laquelle il
prescrivait aux juifs d'admettve frère Paul dane leurs
maisons et dans leurs synagogues pour y prêcher et y
discuter sur la foi , de répondfe à ses questions , de lai
prêter les écrits de leurs decteurs dont il aurait besoin^
pottr les convaincre, et de payer les frais de transport
de ses livres , en déduisant ces frais de leur quote-part
d'impôt *.
L'année suivante^ frère Paul fut désigné pour recher-
cher et faire effacer les blasphèmes que renfermaient les
livres des juifs. Les contestations qui pouvaient naître
de cette recherche durent être jugées par un tribunal
* Voy. Disputatio Nachmanidis, ap. Wagenseil, p. 60. — Ben
Nachman n'écrit pas une seule fols le nom de son adversaire sans le
faire suivre d'une malédiction ou d'une injure : « Alors, répèle-t-11
souvent, cetàne ouvrit la bouche et me dit... »
^ Voy. Basnage, Histoire des Juifs, llv. IX, chap. xvu, § 40.
^ Le procès-verbal delà conférence de Bqïi Nacbman est daté du
20 août 4263, et cette ordonnance du 29 septembre.
* Voy. Lindenbrog, Codex legum antiquarum, ^ 235. — Avant-
propos de la Disputatio Nachmanidis, ap. Wagenseil. — Oans cette
ordonnance, le dominicain est appelé frater Paulus christiani.
J
GOlCFBRBMCe DA BONASSBUtt DX PORTA 395
dont les Hiembres étaient Té^ôquie daBarcelow, frère
Ramon de PeDyafort, frère A. de Segarra « frère RanioD
BCartin et frère P., da Gènes ^
Ed 1265, une nouvelle conférence eut lieu dans le
palais du roi à Barceloo^^ sous la présidence de Jacme ,
entre frère Paul et rabbî Bonastmg de Porta, de Girone.
A Texemple de Ben Nacbman , Bonastmg rédigea le
compte rendu de la discussion. Il en donna même un
exemplaire à Tévéque de Girone. Plusieurs frères prê-
cheurs , parmi lesquels figuraient Ramon de Penyafort ,
A. de Segarra et frère Paul, accusèreut le juif d'avoir
proféré et écrit des blasphèmes contre Dieu et la foi
catholique. Bonastrug comparut devant le tribunal présidé
par le roi , et prouva que les paroles qu'on lui reprochait
avaient été prononcées par lui dans sa discussion avec
frère Paul , après avoir obtenu du roi et de frère Ramon
de Penyafort la permission de parler librement. Quant au
livre , il avait été écrit à la prière de l'évéque de Girone.
Néanmoins les dominicains persistaient à demander une
punition sévère. Jacme, par une sorte de transaction ,
voulait éloigner pour deux ans le rabbin des États ara-
gonais et faire brûler le livre incriminé ; mais, les frères
prêcheurs ne se déclarant pas satisfaits, il ordonna^ sans
prononcer ni condamnation ni absolution, que Bonastrug
ne pourrait être poursuivi pour les faits dont on l'ac-
cusait que devant la cour de justice présidée par le roi
lui-même. En somme, le rabbin était absous et soustrait
aux vexations des tribunaux laïques ou ecclésiastiques.
Cette sentence mérite d'autant plus d'être remarquée,
que résister aux frères prêcheurs dans des questions
*- Arch. d'Aragon» Reg. Xlil, f*» 456; Coleccion de docummtos
tneditof, t. VI, p. 467. — Diago , Anales del reyno de Valencia ,
fo 373.
384 Livitfi IV , cHAntRE ni
de ce geare, c'était presque résister au Saint-Siège lui-
même. La lettre de Clément IV, dont nous parlions au
début de ce chapitre, fut motivée par cette décision du
roi.
Les paroles mômes du Souverain Pontife ne purent
faire dévier l'équitable monarque de la ligne de conduite
qu'il s'était tracée.
Parmi les hommes de son époque, Jacme fut certai-
nement Tun de ceux dont le zèle religieux sut le mieux
éviter le fanatisme, et dont la piété fut le plus exempte
de superstition. Sa Chronique ne mentionne qu'un seul
des nombreux miracles que la tradition rapporte à son
règne^ : c'est celui de la participation de saint Georges à
la prise de Mayorque, raconté par le roi d'après le récil
des Sarrasins. Mais on ne trouve dans l'œuvre royale
aucune trace ni de la triple apparition de la Sainte Vierge,
qui amena l'institution de Tordre de la Merci \ ni de la
multiplication des sept pains à Mayorque \ ni de la décou-
* D. Gaspar Galceran de Castro y de Pinos^ comte de Guimera, a
rappelé les principaux miracles qui ont signalé, dit*on^ le règne da
Conquistador, dans son écrit intitulé : Exortadnn à la instancia de
la canonizaciùn del rey D. Jaitne /*> de Aragon^ dont nous parlons en
détail à la note E de l'Appendice.
' Voy. les biographies de saint Ramon de Penyafort et de saint
Pierre deNoiasque, af)u<i Baillet , Vies des Saints; Godescard , Vies
des Pères, des Martyrs, etc., et les Boliandisles, aux 7 et 29 janvier.
Consulter aussi Helyot, Histoire des ordres monastiques, t. 111,
chap. xxïiv; D. \Si[ssè\Qy Histoire de Languedoc, 1. XXIII, ch. xiv
et note xx du t. III in-f*>, et Thistoire de l'ordre de la Merci, publiée
par frère Manuel Mariano Ribera, religieux de cet ordre, sous le titre
de la Milieia Mercenaria. Ramon de Penyafort, Pierre de Nolasque
et Jacme l*^^ auraient eu simultanément la même vision le V' août
4218. Le roi avait alors dix ans.
' Le roi, racontant l'expédition qu'il fit contrôles Sarrasins réfu-
giés dans les montagnes de Mayorque, après In prise de la capitale, a
écrit au chapitre Lxxxix de sa Chronique : <« Mais pendant ce temps
1C1BAGLE8 DU REGNE DE JACME 385
Terte miraculeuse d'une image de la Vierge au Puig de
la Cebolla, près de Valence*, ni de la traversée de saint
Ramon de Penyafort, de Mayorque à Barcelone, sur son
manteau, avec son bâton pour gouvernail*, ni enfin du
prodige des saints corporaux, dont nous avons déjà parlé.
L'écrivain qui a le plus vivement attaqué l'authenticité
de la Chronique royale, D. José Villarroya', trouve dans
ce silence un argument à l'appui de sa thèse. Nous y
voyons , quant à nous, une preuve en faveur de l'opinion
contraire. De tous ceux à qui l'on peut attribuer celte
remarquable biographie , un seul devait être sobre des
nous nous trouvâmes en grande disette, car nous n'avions qu'un peu
de pain pour tous vivres, et, le dernier jour, il faUut nourrir avec
sept pains, Nous, don Nunyo et cent hommes qui mangeaient avec
nous. » Là*dessus certains chroniqueurs ont déclaré que, pour suf-
fire à tant de personnes, les sept pains avaient dû être multipliés, et
le miracle s'est trouvé créé. Puis Timagination populaire l'a embelli
et y a ajouté la miseen scène ; elle s'est représentée Guillem de Mon-
cada portant sur son manteau de pourpre ces pains réduits à six, qui
devaient désormais former son blason de gueules à six pains ou be-
sants d'or ; un prêtre bénit cette insuffisante nourriture, et sous sa
main elle augmenta assezpour pouvoir être distribuée, non plus à cent
hommes, comme le veut la chronique, mais à l'armée entière. D. Juan
Binimelis, qui a écrit une histoire de Mayorque dans les dernières
années du XV1« siècle, a contribué pour beaucoup à accréditer ce récit
merveilleux.
* La voix des anges, dit la tradition, se faisait entendre chaque
samedi dans le ciel, au-dessus du Puig de la Cebolla ; des lueurs
su rnatureUes voltigeaient sur un point de la colline; les chrétiens
firent des fouilles en cet endroit et y découvrirent une cloche sous
laquelle était cachée la sainte image.
* C'est après avoir tenté de vains efforts pour arracher le roi à une
liaison coupable, que Ramon, fuyant la cour^ alors à Mayorque, ac-
complit, raconte la légende, ce voyage miraculeux.
^ Coleccion de cartas historico-criticas en que se convence qiu
et Rey don Jayme /<' de Aragonno fue el verdadero autor de la cronica
o commentarios que correnasunombrej por D. Josef Yillarroya, Va-
lencia, 4800.
386 LIYBE IJ, €BA«TBE lU
récits merveilleux chers aux imaginations du moyen iga,
et c'est précisément le Conquistador. Nous reviendrons
sur ce point en traitant, à la fin de ce volume, del'aa-
thenticité de la Chronique royale^ Nous ne vouloas ici
que faire ressortir la prudence et la sûreté de juj[emeûi
de ce grand prince en matière de foi.
On connaît la piété de Jacme l" ; elle s*exhale, pour
ainsi dire* de toutes les pages de son livre , de toutes les
actions de sa vie ; elle a marqué de traces glorieuses le
sol de la Péninsule et celui du midi de la France. Les
monunirônts qui frappent les regards da voyageur et
ceux, plus modestes et souvent plus durables, que This-
torien découvre dans la poussière des archives, raconteal
tout ce qu'il y eut de foi dans cette grande âme, tout ce
qu'il y eut de solidité dans cet esprit éclairé.
Comme tous les monarques du moyen âge, Jacme le
Conquérant fut bienfaiteur de « lieux religieux. » On lai
attribue la fondation de plus de deux mille églises, monas-
tères ou hôpitaux *. Il sut reconnaître les services rendus
à la civilisation et à l'humanité souffrante par les ordres
monastiques et les ordres militaires. Dominicains , fran-
ciscains, frères de la Pénitence de Jésus-Christ', sœurs de
* Voy. à rAppendioe, noie D.
^ Les chroniqueurs et les vieux historiens d'Aragon, deCalalogiM,
de Valence et des Baléares se plaisent à rappeler en détail les Ubéra-
lues de Jacme aux églises de leur pays. Nous meotionoerons iol*
comme se rapportant à la province de Languedoo, six actes ayant
pour objet la reconstruction ou Pentretien de la chapelle royale de
Montpellier, du sanctuaire de Noire-Dame de Vaavert, i(u diocèse
de Nimes et de l'abbaye de Vàlmagne. (Arch. d'Aragon , Reg. XTVi
fo 154 ; Reg. XXI, ^ 84 ; Reg. X, ^ 56 ; Paroh. de Jaome I*% n^ 4Sfe63
et Reg. XII, f* 88.)
' Les frères de la Pénitence de Jésus-Christ étaient aussi appelés
frères des sacs. Ils avaient plusieurs couvents en Languedoc. (Yoy.
D. Vaissète, Hist, deLang,, liv. XXVI,. ohtp. ijxix.}. Iieor maiaoD de
Valence est mentionnée dans les Privilèges de cette viUe, f° xvia
n« 64.
ORDIIB» RBLIOninL 887
Saint6«lf»rie«lUadeiein& S hospitaliers da Saint-Esprit de
HoBtpellier V de Saint-Jean-de-Jérasaiem % chevaliers de
la milice de Jésn&'Christ ^, de Saiat-Georges-d*Âlfama %
de Calatrava% de Santiago, du Temple ^ de Notre*Dame*
de-la-M#rci^ reçurent de lui de nombreuses favears, dont
lee dooaments de son règne nous ont conservé le sou-
venin
On peut douter que Jacme ait pris une part directe à
la création de Tordre religieux et militaire de la Merci ;
mais il est certain que cet ordre, dont le but était le
* Par acte du 46 octobre 4273, Jacme fonde à Alcira un couvent de
Sainte-Marie-Madeleine, dépendant de la maison du môme ordre
établie à Montpellier. (Pareh. de Jacme !«*-, n^* 2169.)
> Cet ordre compta pendant un certain temps des chevaliers laï-
ques et des religieux profôs. II avait été fondé en 4498 par Guy, qui,
selon l'opinion la plus répandue, appartenait à la famille des sei-
gneurs de Montpellier. En 4249, Guillem de Moncada fit une dona-
tion à Fhôpital du Saint-Esprit de Montpellier. (Archives d'Aragon,
Pareh. de Jacme I", n^ 426.)
> Archives d'Aragon, index des Parchemins de Jacme I»', n^ 2236
ancien.
* L'ordre militaire de la milice de Jésus-Christ avait été institué
lors de la croisade contre les Albigeois, pour combattre les héré-
tiques. Jacme fit en 4258 une donation au recteur de cet ordre en
Provence. (Arch. d'Aragon, Reg. X, f^'iS.)
' Le roi d'Aragon Pierre II avait créé en 4204 l'ordre militaire
deSainU^eorges, qui figure plusieurs fois dans les registres de repar-
Hmimto de Mayorque et de Valence, et auquel le roi Pierre le Céré-
mofiieux donna de nouveaux statuts. Cet ordre fut réuni en 4400
à celui de Notre-Dame de Montesa. (Vôy. Capmany, Memorias sobre
la marina, commercio y artes de Barcelona, t. II, Appendice,
n» xxviu.)
* Pour l'ordre de Calalrava , nous mentionnerons entre autres le
n* S33 des Pareh. de Jacme I^'.
^ Les Archives d'Aragon sont très-riches en documents relatifs à
l'ordre du Temple. Pour le règne qui nous occupe on peut citer,
outre ceux dont nous avons déjà fait mention, les n^ 43, 84, 4004 ,
4363, 4445, 4554, 4667, 4805, 2436 et 2437 des Parch. de Jacme PS
et Reg. Xlli, f« S»3.
388 LITRE lY, CH4P1TBE III
rachat des captifs chrétiens tombés entre les mains des
infidèles, fat institué en 12i8, à Barcelone, par Pierre
de Nolasqae S et protégé particulièrement par le roi
d'Aragon.
Au moment où notre récit est parvenu, Jacme avait
formé le projet de mettre le couronnement à ses œuvres
pieuses et à sa gloire militaire par une expédition contre
les Sarrasins d'outre-mer.
Dès 4245, Innocent IV avait invoqué son aide pour
mettre fin aux maux qui désolaient la Terre-Sainte V
Jacme, retenu en Espagne, ne put répondre à Tinvitation
du Souverain Pontife; mais, en 1260, nous le voyons
préoccupé d'un voyage outre-mer que son gendre le roi
de CastiUe désapprouve ^
Si Ton en croit Zurita, le roi d'Aragon voulait aller
aider le grand khan des Mongols dans ses conquêtes ou
dans la répression des révoltes de ses sujets.
C'est une histoire pleine d'intérêt, mais obscure en bien
des points, que celle des relations de l'empire fondé par
Gengis-Khan avec les pays occidentaux, auXIIP siècle*.
* Pierre de Nolasque étail né en Languedoc. On prétend qu'il fut
donné comme gouverneur au roi Jacme. Si le fait est vrai , ce ne
peut être que pendant que ce prince était entre les mains de Simon
de Montfort. La Chronique royale ne parle ni de Pierre de Nolasque,
ni de Ramon de Penyafort, ni de la fondation de Tordre de la Merei.
Dans la répartition de Valence figurent frère P. de Nonasch, frère
P. de Monasch, a ordinis domus sanctœ ËulalûB Bafxhinonse » et
frère J. Veudeta a commendator sanctx Eulaliœ Barchinonœ eapU-
vorum A Le premier est peut-être Pierre de Nolasque.
' Voy. cette bulle dans le t. V des Mémoires de TÂcadémie royale
d'histoire de Madrid, n° XII de l'Appendice delà Disertacion hUto^
rica sobre la parte que tuvieron los Espanoles en las guerras de
Ultramar f por D. Martin Fernandez de Navarrete.
* Voy. ci-dessus, p. 35^5, note 2.
* Voy. les deux mémoires de M. Abel Rémusat sur les relations
politiques des princes chrétiens avec les empereurs mongols. {Mé-
r
LES MONGOLS 389
Le flot dévastateur de riovasion mongole, grossi de
toas les peuples qu'il entraînait sur son passage, avait
menacé un instant d'engloutir l'Europe entière. Ces Tar--
tarins qui, suivant l'expression d'un troubadour, venaient
terminer toutes les querelles, imposer silence aux clercs
et aux laïques et les « mettre tous à la même mesure * » ,
étaient arrivés en 1241 sur les frontières de l'empire
d'Allemagne. Frédéric II, que l'on accusait de les avoir
appelés *, implorait pour les repousser le secours de
toutesles nations chrétiennes, tandis que, de leur côté, les
Papes ordonnaient aux fidèles de prendre la croix contre
ces payons*. Saint Louis attendait avec résignation, et,
courbant d'avance la tête sous le nouveau fléau de Dieu,
il disait à sa mère : « S'ils viennent, ceux que nous appe-
lons les Tartares, ou nous les ferons rentrer dans le Tar-
tare d'où ils sont sortis, ou ils nous enverront au ciel. »
Mais, tout à coup, les hordes qui ravageaient la Hongrie,
moires de V Académie des Inscriptions et BeUes*'Lettres. Nouvelle
série, t. VI et VII.) H. Rémusat ne s-esl guère occupé que de ce
qui concernait Rome et la France ; il y aurait de curieuses recher-
ches à faire sur le même sujet dans les autres archives de l'Eu-
rope.
* « Mas er venon sai deves Orien
. Li Tartari, si Dieus non o defen ,
Qu'els faran totz estar d*una mensura. »
(Guillemde Montagnagol. — Voy. Raynouard, Choix de Poésies des
TrotU>adours, t. IV, p. 333.)
* a Ë Hl par le monde retrait
Que l'emperères pour son trait
Frôdéris, les ot fait venir
Pour crestientô ahounir. i
(Philippe Mouskes, vers 30967 à 30970 ; édit. de H. le baron de
ReifiTenberg.)
< Voy. la lettre de Tempereur dans Mathieu Paris, ad ann. 4244^
et ceUes des Papes dans Raynaldi, ad ann. 1259, n» 40; 1260, n''39,
426S, n*30.
1
390 UTBB lY , CHAPIIBB HI
ehâssées par la famine ou rappeléds p»r les ré?olotioQS de
leurpays, abandonnent TEorope, et l*on apprend bientôt
après que les ehrétiens d'Orient attendent comme des
libératears les Mongols du Midi qai s*a?ancent vers eax.
Bien plus, le bruit se répand qu*an grand nombre de ces
conquérants barbares professent la religion du Christ,
que leurs princes mêmes sont chrétiens.
Le monothéisme indifférent des Mongols, leur alliance
aVec les Arméniens, le mariage de plusieurs khans avec
des princesses chrétiennes du pays des Keraîtes, la
faveur dont jouissaient auprès de ces chefs plusiears
prêtres syriens et nestoriens, un certain nombre de con-
versions opérées parmi tes Tartares, enfin les difficultés
de langage, occasionnèrent entre les chrétiens et les Mon-
gols un long malentendu , que les derniers avaient tout
intérêt à entretenir, afin de trouver en Orient et en
Europe de puissants alliés contre les musulmaes y leurs
adversaires immédiats. Même lorsqu'on sut à quoi s'en
tenir sur le prétendu christianisme des khans, on con-
tinua de les croire disposés à se convertir, et Ton se
flatta de les voir abandonner la Terre-Sainte mu Occi-
dentaux après l'avoir arrachée aux Sarrasins. Tel était
l'espoir qui faisait persévérer les Papes et le roi de France
dans leurs relations avec les souverains mongols. Ceux-ci,
se considérant comme maîtres du monde, ne voyaient
dans les ambassades et les lettres vetines de TOccidenl
que des hommages rendus à leur puissance suprême*.
* Pour les relations de l'Occiâent arec Penopire mongol, voyez,
outre les Mémoires de M. Rémusat, dont ucus avons parlé plus haut,
Raynaldi et Mathieu Paris, à partir de l'année 42i1; de Guignes,
Histoire des Huns, des Turcs et des Mongols, etc.; Bergeron, Voyagtt
faits principalement en Asie.... par benjamin de Tudèle, Carpin,
BebruquiSf etc.; Hayton, HistoHa onentolù; Ibn-Pérat, ap. Bi^kh
thèque des Croisades,
j
RELAnOlrS AV£G' LES MONGOLS 391
Cepe&dant, après la mort d*Houlagou» khan des
Mongols de Perse , les successeurs de Geogis , divisés ,
affaiblis, comprirent que, pour contracter avec les chré-
tiens des allianbes utiles, il fallait consentir à traiter
d'égal à égal avec les souverains de l'Europe. Les khans
prirent môme plusieurs fois l'initiative des négociations.
Abaga , fils d'Houlagou et gendre de Michel Paléo-
logue, essaya, de concert avec son beau- père , de s'attirer
la bienveillance du Pape et des princes occidentaux.
Quoi qu'en ait dit Zurita, c'est seulement au règne
d' Abaga , c'est-à-dire à l'année 1267 , que remontent les
relations du roi d'Aragon avec les Tartares. Dans les
premiers mois de cette année \ les ambassadeurs mongols
reoûontrèrent à Perpignan Jacme qui revenait de Mont-
pellier, et lui remirent une lettre « moult amicale de leur
roi *. > Le souverain aragonais répondit à cette démarche
en envoyant auprès d' Abaga un bourgeois de Perpignan
nommé Jacme Alarich ^
•
* Jacme était à Montpellier le 4 4 d^ kalendes de février 4266 (16
janvier 4267). — Voy. D. Yaissôle, Hist. de Languedoc, Uv. XXVI,
chap. Lxv; Mahul, Cartulaireet archives de Vancien diocèse de Car-
ca$gonne,i. II, p. 292. — Un acte dos archives d'Aragon (Parche-
mins do Jacme 1*% n« 4883) prouve qu'il était de retour à Barcelone
le 3 des nones de mars 4266 (5m9rs 4267).
* Chronique de Jacme. chap. cclxxy.
' Le jour où il donna audience aux envoyés mongols, Jacme reçut
un cartel da déûde don Ferriz de Lizana. €e rico home, Fernand
Sanctbez et Bernât Guiilem de Entenza, n'avaient pas accepté le /uero
d'Exea comine une satisfaction suffisante. Ils avaient néanmoins con-
clu avec le roi une trôve qui devait durer pendant toute l'expédi-
tion deMurcie. (Arch. d'Aragon, Reg. YIII, ^69; Col. dedoc.ined..
t. Vly p. 46d.) Au retour de Jacme, Ferriz de Lixana fut le seul qui
recommença la guerre. Le (^onçut^rador eut bientôt raison de son
Tassai , grâce au secours des milices communales, et, comme les
bourgeois de Lérida lui avaient reproché de pardonner toujours à la
noblesse révoltée, il traita avec rigueur les hommes de don Ferriz.
392 LIVRB !▼, CHAPITRE III
Environ deux ans plus tard , le roi d*Âragon se trou-
vait en Castiile, où il venait d'assister à la première messe
de son fils Sanche , nommé archevêque de Tolède , lors-
qu'il apprit qu'Alarich était débarqué à Barcelone. L'en-
voyé catalan amenait avec lui des ambassadeurs du khan
des Tartares et de l'empereur Michel Paléologue , « les-
quels, dit la chronique, apportaient de bonnes non-
velles. > Il s'agissait de la croisade en Terre-Sainte,
projet aventureux auquel Jacme, malgré ses soixante ans,
s'attachait avec une ardeur toute juvénile. Alfonse X
désapprouvait le dessein de son beau-père ; mais, comme
celui-ci s'obstinait à voir un ordre de Dieu dans ceUe
ambassade qui lui arrivait de pays inconnus pour l'en-
gager à passer en Orient, le roi savant ne put faire pré-
valoir les conseils de la prudence, et, afin de ne pas
rester étranger à cette œuvre pieuse, il offrit cent mille
morabatins d'or et cent chevaliers.
C'est à Valence que Jacme donna audience aux envoyés
d'Âbaga et à ceux de Paléologue. Il fut convenu que les
troupes aragonaises débarqueraient à Alayaz ^ ou snr
tout autre point du territoire soumis aux Mongols. Le
khan promettait d'aller lui-même recevoir son nouvel
allié et de se joindre à lui pour marcher sur la Terre^
Sainte. L'empereur grec , de son côté, devait approvi-
sionner l'armée de tout ce qui serait nécessaire.
Avec ces assurances , Jacme se prépara au départ, sans
se laisser arrêter par les supplications et les pleurs de
ses enTants, accourus tous ensemble auprès de lui pour
Quelques-uns d^entre eux, a qui étaient de grand» malfaiteurs *, fu-
rent pendus sur les murs du château de Lizana. (Voy. Chroniqae de
Jacme, chap. cclxx, et Zurita, Anales^ lib. III, cap. lxxi)
^ Probablement Alafa ou Âlanieh, ville de la Turquie d'Asie, dans
le pachaUk d^Adaoa sur la Méditerranée.
CROISADE EN OBIElfT 393
le conjurer de renoncer à son projet. Malgré de nom-
breuses désapprobations, le roi se sentait soutenu dans
son dessein par les conseils et Texemple de plusieurs
princes chrétiens, et par les encouragements d*une
grande partie de ses sujets , qui se plaisaient à voir dans
le conquérant de Mayorque , de Valence et de Murcie, le
libérateur du saint Sépulcre.
« Roi d'Aragon , disait Olivier le Templier , roi d'A-
ragon, qui faites peu de cas du péril, qui.avez conquis
Majorque et tout ce qui s'étend de Tortose à Biar \ sou-
venez-vous du pays d'outre-mer, car nul autre n'est digne
de posséder ce Temple que vous avez si bien servi. Et
puisque vous êtes l'homme le plus hardi du monde en
faits d'armes et que Rome vous y convie, accourez là où
tout le monde vous appelle. Si le roi Jacme avec une
compagnie de ses gens passait là-bas, bientôt il pourrait
réparer la perte et le dommage et recouvrer le Sépulcre,
car contre lui les Turcs arment en vain. Il en a tant dé-
confits, pris, garrottés, tués, blessés, détruits en bataille
rangée , et il a tant conquis de pays, pour les années qu'il
a vécu '!.,.. »
Contrairement à ce qui se passait dans le reste de
l'Europe, il y avait en ce moment dans les pays de la cou-
ronne aragonaise un redoublement de zèle pour la guerre
sainte.
«Je voudrais, armé de toutes pièces, passer la mer
* M. Milà dit Biame^ probablement par suite d'une erreur dans
le manuscrit d'où cette pièce est tirée. Le pays de Tortose au Béarn
serait la Catalogne et l'Aragon, que Jacme ne conquit pas sur les
Sarrasins ; le pays de Tortose à Biar est le royaume de Valence.
D'ailleurs Biar rime mieux avec outramar que Biam ou Biame,
> Yoy. Milà, De los Travadores en Espana, p. 366. M. Raynouard
D'à donné qu'un fragment de. cette pièce. {Choix de poésies des Trou»
badùursj t. V, p. 272)
âM LMIE W, OHAPmBflI
avec les troî$ rois • , ehantoît Gaillem de Certera^Ces
trois rois étaient saint Louis, Jacme d* Aragon et Thibault
de Navarre, qui , par les soins da Pape Clément IV *,
avaient concerté cette nouvelle expédition .
Louis IX désirait d'ailleurs voir sa seconde croisade
appuyée par un prince de la réputation de Jacme le Con-
quérant '.
Dès le mois de janvier 1269 , le roi d'Aragon conclut
des trêves avço les émirs de Grenade et de Ceuta , afin de
pouvoir abandonner ses États sans craindre une attaque
des musulmans d'Espagne ou de cettx d'Afrique ^. Au mois
de mai suivant, il traita avec plusieurs chevaliers, qui s*eD-
gagèrent à conduire sous ses ordres des compagnies de
combattants à cheval ; il nolisa un certain nombre de na-
vires ', et, après avoir obtenu des subsides de plusieurs
villes d'Aragon, de Catalogne et du royaume de Valence %
^ Milà, De los Trovadores, p. 353. — Voy. aussi la jolie pièce de
Guiilem ou Galceran de San-Didier oudeSaint-Leyâier, dans le Choix
depoéiiêideê Trùubadourê de Raypouard, t. IV, p. 433 ; Gf. Milà, Ik
las Trovadore9^ p. 497.
* Martène et Durand, Thesaums novus anecdot,^ t.Il,col.564et574.
* Voy. D. Vaissôte, Hist, de Lang.j liv. XXVI, chap. lxxti.
* Archives d'Aragon, reg. XY, (<» 430 et 434.
^ Les traités avec les chefs des compagnies et avec les proprié-
taires des navires se trouvent aux archives d*Aragon, Parchemins de
Jacme 1*', n*»» 4974 et suivants. Deux d'entre eux ont été publiés dans
la ColêocUm de documentos ineditoe (t. VI, p. 472 et 475). Les noms
de oeux ^ui ont passé ces contrats avec le roi sont meotiofmés
dans ce dernier recueil (t. VI. p. 474, note) et dans la disserlaiion de
D. Martin Fernaadez de Navarrete (Memorias de la Real aeadetma 4e
la Hi$ioria^\.y). Celui de Bernât Carbo, habitant de Tortose et pro-
priétaire d'un navire y a été omis. (Arch. d'Aragon, Parchemins de
Jacme 1*% n<> 4977.) Chacun de ces noms ligure à son rang alphabé-
tique dans notre Nomenclature des familles et despersotmesles plus
Qonnties des États de Jacme /*'.
^ Barcelone donna quatre- vingt mille sols (Appendice, n" xin de
la dissertation deD. Martin Fernandez de Navarrete) ; Morell9, di^
mille (Diago, Anales del reyno de Valenoia^ lib. VII, cap. iix).
il passa à Majropque , dont les habitants lai donnèrent de
bon gré cinquante miïte sols. Puis, revenu en Catalogne,
il nomma lieutenant général de ses États pendant son ab-
sence , riftfant Pierre, ^ui confia , à son tour, à don Atbo
de Foees le gouvernement du royaume d'Aragon.
Le mercredi 4 septembre 1369, la flotte, composée de
trente gros vaisseaux, de douze galées et d'un grand
Nombre de navires de plus petite dimension, quitta le
port de Barcelone. Elle avait à bord, outre plusieurs
milliers de fantassins et d*aimogavares, plus de huit cents
bommes d'armes parmi lesquels on comptait des Tem-
pliers, des Hospitaliers, des chevaliers de Galatrava,
Tévèque de Barcelone, le sacriste de Lérida, plus tard
évéque de Huesca, et les deux fils naturels du roi, Fer*
nand Sanchez et Pedro Fernandez.
On était en mer depuis deux jours lorsqu'un vent con-
traire s*éleva et divisa la flotte. Le lundi 9 septembre,
une violente tempête éclata; pendant trois jours et trois
nuits, la galée royale, ayant pour capitaine le catalan
Ramon Marquet \ fut ballottée < par les quatre vents qui
se heurtaient et se combattaient. » Poussée vers les côtes
de Languedoc, elle courut des bordées entre Agde et
Aiguesmortes jusqu'au moment où elle put entrer dans
ce dernier port, suivie de trois navires que montaient le
sacriste de Lérida, les chevaliers de Galatrava et en Pierre
de Queralt.
11 faut lire dans la Chronique royale * le récit détaillé
de cette émouvante traversée, pour comprendre quels
sentiments agitaient le ConquUtador, hésitant entre le
* (Quelques auteurs assurent que Ramon Marquet avait le com-
mandement génératie la floUe, avec le titre d'amiral de Catalogne.
(Voy. Capmany, Jlfemoft(w, t. I, part. I, p. \%S.)
3 Gbap. ccLxxxui.
396 LITRE IT • GHAPITBB III
désir de poursuivre sou entreprise et la crainte d*agir
contre la volonté de Dieu, qui, plusieurs fois déjà, avait
semblé se montrer contraire à Texpédilion projetée, âq
milieu de ses ferventes prières à la Mère du Sauveur,
Jacme se rappelait sans doute ces mots que le Souverain
Pontife lui avait adressés naguère: «Bien que nous
ayons appris avec joie que vous vous proposiez d'aller au
secours de la Terre-Sainte, nous voulons que vous sachiez
que le Crucifié n'accepte point les hommages de celui
qui le crucifie de nouveau en se souillant par une union
incestueuse S > La liaison qui avait motivé ces reproches
n'avait pas été rompue, et cette tempête qui rejetait au
rivage le monarque coupable, semblait se charger de
justifier la parole du vicaire de Jésus-Christ.
Jacme ne consentit point cependant à se séparer de
Berenguela. Après son débarquement à Aiguesmortes, il
parut, pour quelque temps du moins, renoncer à la
croisade. C'est ce qui fit dire que le roi d'Aragon, pareil
au Jupiter de la fable, avait abandonné le ciel pour suivre
une génisse V
Ou avait blâmé Jacme d'entreprendre son expédition,
on le blâma plus encore d'y renoncer. L'évéque de Ma-
guelone et Rousselin, fils du seigneur de Lunel, allèrent
le trouvera Sainte-Marie-de-Vauvert, où il était accouru
rendre grâces à Dieu d'avoir échappé au danger, etl'enga-
* Voy. Raynaldi, Anales eeclesiast., ad. ann. 4267, n« 33. — Le
Pape termine sa lettre en menaçant Jacme des censures ecclésias-
tiques s'il ne se sépare pas de Berenguela Alfonso.
^ Guillaume de Puy-Laurens (Ghron., chap. l) et Bernard Guide
(Annales pontif.) donnent à Berenguela une influence directe sur la
résolution de Jacme de renoncer à l'expédition. Ce.^ auteurs ont été
les interprètes inexacts de Topinion populaire qui, d'après les paroles
du Pape, attribuait l'insuccès de la croisade aragonaise à l'attache-
ment iUégitime du Conquistador,
LES ARAG0NAI8 EN STRIE 397
gèrent vainement à s*embarquer de nouveau pour la Terre-
Sainte, lui offrant de l'accompagner, Tun avec vingt
chevaliers, Tautre avec dix. Les habitants de Montpellier,
auxquels il demanda des secours en argent, se montrè-
rent disposés à lui prêter soixante mille sols tournois à
la condition qu'il persévérerait dans la sainte entreprise;
mais le roi repassa les Pyrénées fort mécontent de ses
vassaux, « qui offraient plus d'argent à leur seigneur pour
le faire aller outre-mer, où il pouvait être tué ou pris, que
pour le garder au milieu d'eux * » .
Pendant que Jacme regagnait par terre ses États de la
Péninsule, une partie de la flotte aragonaise, séparée de
la galée royale et des trois autres navires qui avaient
abordé à Âiguesmortes, continuait sa route vers l'Orient.
Quelques bâtiments avaient péri dans la tempête, quel-
ques autres avaient jeté l'ancre sur les côtes de Sardaigne;
mais un certain nombre, ayant pour amiral don Pedro
Fernandez, arrivèrent jusqu'à Saint-Jean-d'Acre. La
renommée du vainqueur des musulmans d'Espagne avait
précédé en Syrie les armes aragonaises. Les Sarrasins,
assure un historien catalan *, avaient déjà fait un mouve-
ment de retraite en apprenant que le Conquistador s'avan-
çait vers eux. Les chrétiens, reprenant courage, espéraient
la fin de leurs maux. Ce fut en vain que Pedro Fernandez
^ Chronique de Jacme, chap. cclxxxiv. — M. Rosseeuw Saint-
llilaire dit que le roi, après son débarquement ù Âiguesmortes, es-
snya de reprendre la mer, el qu'une nouvelle tempête, qui ne dura
pas moins de dix-sept jours, l'empêcha de continuer sa roule. C'est
une erreur causée par une fausse interprétation du chapitre cclxxxiv
de la Chronique royale. Jacme y parle d'une tentative de voyage
outre-mer antérieure à celle que nous venons de raconter. Un vent
contraire avait soufflé pendant dix-sept jours et avait empêché les
navires de quitter le port de Barcelone.
^ Narciso Feliu^ Anales, t. H. lib. XI, cap. xu.
39S lilVRB lY , CHAPITKE III
etFatnandSancbiea.aUdnâireAt leur père dont ik îgao-
rai^t to sort. Voyaot bientôt que ni le kbaa des Tartares
ni l'empereur Paléologue ne paraissaient décidés à se
joindre à eux \ ils laissèrent aux chrétiens de Syrie des
sec<MLrs en bomnàes, en vivres et en argent ' et reprirent
la route de l'Espagne, s'arrétauit w Crète et en Sicile.
Dans ce dernier pays< Charles d* Anjou les reçut avec dis«
tioction et se lia d*an;àitié avec Fernand Sanchez, qa*il
arma chevalier. Cette liaison du b&tard aragonais avec
le vainqueur de Manfred fit éclater entre Tinfaut Pierre
et PernaDd Saochez une haine implacable» dont nous
raconteroas bientôt les terribles effets.
Quant à Jacme, il ne parlait plus de passer en
Terre-Sainte, et sa gloire recevait une grave atteinte
de ce prompt découragement, que Ton attribuait à des
motifs peu louables'. «Je prie Tarchevéque à qui est
* L'historien arabe Ibn-Férat, qui parle de rarrivée des croisés
aragonais en Syrie, assure qu'un envoyé chrétien alla trouver le
khan des Tartares pour lui annoncer le prochain débarquement do
roi Jacme. (Voy. Michaud, Bibliot, des Croisades, t. IV J II parail ,
d'après un acte des archives d'A.ragoo (Reg. XVII), que Vêmpereur
de Trébizonde envoya un ambassadeur à Saint-Jean-d'Acre. (Voy.
la dissertation de D. Martin Fernandez de Navarrote.)
3 Le registre XVli des archives d'Aragon (Reg. X de la collection
de Jacme l*') contient plusieurs documents qui indiquent la nature
et la quantité des secours laissés en Orient par les Aragonais. D. Mar-
tin Fernandez de Navarrete a analysé ces documents. {Memorias de
la Real academia de la Historia, t. V, p. 77.)
^ Voici en quels termes le continuateur de Guillaume de Tyr ra-
conte la croisade aragonaiso : « En cel an dut passer le roid'Arragon
en Surie et monta sor mer il et ses os. Et quant vint au quart jor,
une forlun grand le prist et rompi sa nave. Et quand il vit ce, si s'en
retorna arrière au port o tout autres II naves, et toute l'autre navie
vint en Acre et si dui enfant bastars car il cuidoient que le roi veoisi
et il estoit retorués. Ne oncques pus ne veut monter sor mer por 1»
paor qu'il out de la fortune et por l'amer de sa mie dame fieren-
RETOUB DE JAGMB S99
Tolède \ disait le Catalan Gnillem de Mar, d'exhorter
le bon roi d'Aragon à se mettre en mer pour accomplir
son vœu et pour garder en paix son bon renom *. » L'amant
de Berenguela resta sourd aux prières comme aux re-
proches. N'ayant pas la force d'arracher de son cœur une
coupable passion, il craignit d'affronter de nouveau la
colère du Dieu qui repoussait son secours.
guiere. Dont ce fu a lui grant honte et grant reproche. » {Recueil des
hietariens des Croisades j publié par l'Académie des Inscriptions et
Belles^Lettres ; HisUnriens occidentaux, t. II, p. 457.)
* UinfantSanche d'Aragon.
' Yoy. Raynouard, Choix de poésies des Troubadours^ t. V, p. SOS;
Milà , De los Trov. en Esp.y p. 360.
CHAPITRE IV
Organisation des pays aragonais. — La maison du roi. — Les grands
dignitaires de la couronne. — Système d'administration. — Lieutenants
ou pnemtenn généraux. — Institutions municipales de Saragosse,
Perpignan, Barcelone, Valence et Mayorque. — Régime financier ;
impôts. — Agriculture, industrie et commerce. — Vues de Jacme sur
la Sardaigne. — Missions commerciales. — Relations avec l'Egypte et les
Etals barbaresques. — Consuls à l'étranger, consuls de mer et consuls
sur mer. — Lois maritimes ; les Gostames de la mar. — Monnaies ; faux-
monnayeurs. — Les arts, les lettres et les sciences. — Efforts du roi
pour créer une langue nationale. — Idiomes en usage dans les États
d'Aragon. — Jacme écrivain : la Chronique, le Libre de la savicsa, les
Fura. — Les troubadours. — Les poètes catalans. — Université de
Lérida. — École de Valence. — Écoles de Montpellier. — Théologiens,
philosophes et savants : frère Paul, Ramon Martin, Ramon de Penyafort,
Vital de Canelas, Ramon Lull, Arnaud de Villeneuve. — Prospérité
générale des pays aragonais.
A SOD retour dans la Péninsule, le roi d'Aragon, en
paix avec ses voisins et avec la noblesse, put s'occuper ex-
clusivement de l'organisation de ses États et de la prospé-
rité de ses peuples. Un demi-siècle de luttes semblait lui
avoir acquis le droit de se consacrer sans partage aux
travaux de la paix; mais deux ans s'étaient à peine
écoulés que des préoccupations graves et douloureuses
venaient troubler ce repos fécond, sans détourner cepen-
dant le Conquistador de l'œuvre de civilisation qu'il avait
toujours regardée comme le but principal dosa vie.
T. u. 26
402 LIVRE I?, CHAPITRE lY
Noas allons profiter de la trop courte période de calme
qui s*étend des derniers mois de li69 aux premiers
de 1272, pour compléter ce que nous avons à dire de la
situation intérieure des pays aragonais au temps de
Jacme V\ et pour nous rendre compte des progrès de
tout genre réalisés sous ce règne.
Nous connaissons le jeu dûfi grandes institutions
politiques et judiciaires ; la royauté et la nation se sont
montrées à nous dans leurs rapports de chaque jour;
nous avons pu apprécier les forces dont dispose ia pre-
mière, les éléments qui composent la seconde: nous les
avons suivies Tune et Tautre dans les camps, dans les tri-
bunaux, dans les assemblées politiques * ; il nous reste à
jeter un coupd'œil sur Tensemble de rorganisàtion admi-
nistrative, — s*il est permis d*appliquercette expression
moderne au mécanisme confus d'un gouvernement du
XIII® siècle, — à voir comment le pouvoir central exerce
son action, d'une manière souvent fort indirecte, sur la
masse des citoyens, et favorise le développement moral,
intellectuel et matériel de la nation.
Dans cette esquisse trouveront place l'administration
des finances, les-institutions municipales, le commerce,
rindustrie,ragricuUure, les arts, les sciences et les lettres.
Au centre de la machine gouvernementale, comme
moteur et surtout comme régulateur, se trouve le roi,
entouré d*une cour où la physionomie propre au régime
monarchique pur commence à se dessiner sur le fond
* Ce que nous avons dit des cortès d'Aragon et des corts de Cata-
logne en plusieurs endroits de cet ouvragé suffit pour fairacooDaître
leur composition et leur manière de procéder sous le règne de
Jacme ^^ â cette époque, les sessions de ces assemblées n'étaient
pas encore soumises au cérémonial minutieux que Blaocas a décrit
dans son Uvre inlituiié : Modo de frocêder en cartes de Aragm,
MAISON DU ROI 405
des traditions féodales. L'hospitalité large da moyen
âge y réonit clercs, barons, chevaliers, simples nobles^
bourgeois, savants, troubadours. Dans ce nombre, le
souverain choisit ses conseillers ; mais il se dégage de
robligalion de n*agir qu'avec l'assentiment des prélats
et des barons. Il compose son conseil privé en quelque
sorte au jour le jour, selon son bon plaisir et le besoin
des affaires. Il y admet le plus souvent de simples nobles
et des bourgeois.
A côté de ces vassaux sans fonctions déterminées,
vestiges de l'ancienne institution des convives du roi ,
se placent en premier lieu les grands dignitaires de
la couronne, c'est-à-dire le chancelier du roi, le
justicia d'Aragon, le majordome d'Aragon, le sénéchal
de Catalogne , le trésorier général ; en second lieu, les
chevaliers et les écuyers de la mesnada, espèce de maison
militaire d'un monarque féodal*. Au-dessous, s'éche-
lonnent, d'après leur rang hiérarchique , les différents
serviteurs du roi, de la reine et des princes : le major-
dome du palais *, le majordome de la reine % les chape-
* 11 faut ranger dansia catégorie des employés militaires Vingénieur
du roi. Magisier Nicoloso, ingeniaritAS domini régis, est mentionné
dans la répartition de Valence. — ^Voy. aussi, 1. 1, p. 343, et 1. 11, p. 466,
note.
^ I! ne faut pas confondre le majordome du palais, simple inten-
dant de la maison du roi, avec le majordome d'Aragon, haut digni-
taire de la couronne, devenu plus tard le connétable. Zurita , Elan-
cas et tous les historiens aragonais qui ont écrit en latin, donnent à
ce dernier le nom deau/cB regiœ prœfectus, qui aide à la confusion.
La charge de majordome du palais était un démembrement de celle
de sénéchal de Catalogne. Le sénéchal nommait le majordome et lui
inféodait ses fonctions. (Arch. d'Aragon, Parch. de Jacme, n^ 1760,
et Reg.XIX, f^ 443; Cf. Colecdon des documentos ineditoSj t. VI,
p. 159.)
• On lit dans le Libro de repartimiento de Valence : Roigf major*
domus reginœ.
404 LIVRE IV , CHAPITRE IV
lains S les secrétaires, les interprètes, les employés de
la chambre', les médecins et les chirargiens', Targentier*,
le boQtellier, le maitre-queux {supercocy, le roi des
ribauds \ les huissiers, les courriers, etc. '
Parmi les grands dignitaires que nous avons énumé-
rés plus haut, il n'en est aucun qui paraisse chargé de
diriger une branche de l'administration et qui ait sons
sa dépendance tous les fonctionnaires d'un certain ordre.
Le chancelier, qui est toujours un évéque né dans les
^ Monso, chapelain du roi, est mentionné dans la répartition de
Valence. Jacroe, dans ses codicilles, recommande à ses fils son cha-
pelain Ârnald Gaynnot et lui fait un legs. (Voy. Pièces justificatives,
n»* XXI et XXII.)
* Pïir exemple, Simon, de Caméra; J. Travi, de Camerâ reginjp
{Répart, de Valence).
3 Outre Jueef Àbeutrevi, dont nous avons déjà parlé (t. Il p. 377),
nous trouvons : maître Guido, médecin du roi {Répart, de Valence],
et maître Joan, chirurgien et a physicien » du roi. (Arch. d'Aragon,
Reg. XIX, V 95, et Reg. XX, f« 304.)
^ Le 25 juillet 4264, Garcia Arnalt, argentier du roi, rend tous
les vases d'or et d'argent qui lui ont été confiés. (Ârch. d'Arag.,
Reg. Xin, ^214.)
' Guirald, boiiller, et Guillem, supercoc, figurent dans la réparti-
tion de Valence.
^ Get officier, qui avait dans ses attributions la police intérieure
du palais et de Vhosi royal, avec la surveillance des maisons de jeu,
des tavernes et des filles de joie, porte dans la répartition de Va-
lence, le titre de rexarlolorum ou irloiorum. On voit, par le même
document, que celui qui remplissait ces fonctions au moment de la
conquête de Valence, s'appelait Garcia. Quelques-unes des femmes
que le rex arloturum avait sous son autorité dgurent avec leur quali-
fication de quesluaria ou de meretrix, dans la liste officielle des per-
sonnes auxquelles le roi distribue des maisons à Valence.
^ Nous avons analysé (t. II, p. 166) un document des archives
d'Aragon qui donne quelques détails sur la maison du roi et celle de
la reine. Nous mentionnerons encore les actes suivants du même
dépôt : Parchemins de Jacme I", n*» 249 et 4U6; Reg. IX, f 75;
Reg. X, fo4Set les libros cfer^^'^HimtVn/o de Mayorque et de Valence,
passim.
GRANDS DIGNITAIRES DE LA COURONNE 405
pays aragonaisS a la garde da sceau royal ; il Tappose
aux Charles et veille à la transcription des documents
émanés du souverain.
Nous avons parlé des attributions dujusticia*, de
celles du majordome d*Âragon et du sénéchal de Cata-
logne'. Quant au trésorier général, au sujet duquel les
documents nous font défaut, nous le croirions volontiers
préposé seulement à la haute surveillance du trésor
public, et distinct d*un autre fonctionnaire, appelé aussi
trésorier d'Aragon ou trésorier général, qui se bornait
sans doute à réunir dans sa caisse les sommes versées par
les divers agents chargés de la perception des impôts et
des revenus royaux. Il nous parait difficile d'admettre,
en effet, que Ximeno Ferez , grand seigneur et favori
du roi, ait été investi des mêmes fonctions que les juifs
Jahuda etBondia*.
Ed dehors de leurs attributions spéciales , les hauts
dignitaires étaient les conseillers ordinaires de la cou-
ronne. Presque toujours appelés à donner leur avis dans
les affaires de quelque importance, à peu près tous nom-
més par le roi , leur influence était grande sur les déci-
sions du souverain.
En ce qui concerne l'impulsion et la direction à donner
aux affaires, il ne faut pas perdre de vue la division des
pays aragonais en cinq États distincts : le royaume
* Nous citerons parmi les chanceliers de Jacme 1*', Vital de Ca-
nellas, évèqne de Huesca, l'un des rédacteurs des Fuef^os d'Âragoo et
des Purs de Valence; Andreu de Albalat, évêque do Valence (Arch.
d'Aragon, Parch. de Jacme P, n»' U66 et 4473); Joan de Roca ou
de Za Roca, évêque de Huesca, que le roi recommande à ses fils dans
un de ses codicilles. (Voy. Pièces justif., n'>' XXI et XXII).
3 Voy. ci-dessus, p. 183 et suiv.
» Voy. 1. 1, p. 286, et t. If, p. 183.
* Voy. ci-dessus, p. 377, noie 5.
406 LITRE lY , CBAPITRE IV
d* Aragon , le royaume de Mayorqoe , le royaume de
Valence , le comté de Catalogne et la seigneurie de
Montpellier. Lorsque le roi se trouvait dans an de ces
États , il n*y avait pas d'intermédiaire entre lui et les
chefs , les magistrats ou les fonctionnaires des grands et
des moyens centres de population. Vassaux de la cou-
ronne , membres des Cortès , magistrats municipaux ,
justicias^ bayles des villes, viguiers, junteros, recevaient
les ordres immédiats du roi. Ce n*est que dans le fief,
dans la commune, dans le district juridictionnel , ordi-
nairement assez restreint, ànjusticia, du bayle ou du
viguier , que se rencontraient quelques fonctionnaires ou
magistrats subordonnés les uns aux autres. L'adminis-
tration avait donc conservé un caractère essentiellement
local. Il n'y avait ici aucune de ces grandes divisions en
bailliages ou sénéchaussées rendues nécessaires en France
par rétendue du territoire et par l'œuvre d'unification à
laquelle travaillait déjà la royauté capétienne. Dans celui
des paysd'Âragon, de Catalogne, de Valence, de Mayorque
ou de Montpellier , où le souverain résidait , sa surveil-
lance s'exerçait directement et de près. On a pu voir
combien Jacme avait l'habitude de partager son temps
entre ses divers États.
Lorsqu'il quittait pour quelque temps son comté ou
l'un de ses royaumes , il y nommait un lieutenant ou
procurateur général , chargé de le remplacer pendant
son absence, mais qui n'avait pas la plénitude de l'auto-
rité souveraine. Montpellier , moins souvent visité par te
roi , ne restait jamais dépourvu de lieutenant ; seulement
le pouvoir de cet officier était suspendu dès que le roi
arrivait dans la seigneurie *.
* Nous avons parlé plusieurs fois des lieutenants ou procunUmr^
généraux; nous mentionnerons encore pour la Catalogne, Guillam
MBimium» «ÉiiéRAVx 407
Il y afait n^e aubère espèce de lientenancè ob de p^eeu-
ration générale : c'était celle âe& ih An roi , associés aa
geaverfiement des États dont ils devaient hériter.
Jaeme ¥' imangare cet excellent système, deyenn après
lui une institatioii nationate , en vertB duquel Tinfant
héritier fait, dès sa jeunesse, l'apprentissage du métier
de roi sous la haute direction de son père. Mavs, au temps
de Jacme le Conquérant, Vinhvki procura4eur général n*a
pas d'autres prérogatives que celtes que le souverain veut
bien lui accdrder. Ellbs sont erdinairemeiit à peu près
égales à celles du roi lui-même.
Nous avons va déjà des exemples de cette prùcuraiion!^ .
Nous saurons roôcasion d'en donner de nouveaux dans
le obapitre suivant.
Quant à la simple lieutenanoe générale, qui place un
seigneur à la tète de l'un des États de la couronne d'Ara-
gon peodant l'aj^sence du roi , elleeonstilue nn degré de
plus dans l'addiinistf*aUon y le souverain conservant tou-
deMoDcada en 4^0. (AiH^h. d'Aragon, Pareb. de JaomàV", n<> 438);
Ximeno de Foces en 4253 (Id., id., id., n^ 4329); pour TAragon ,
l'infant don Fernand, oncle du roi, en 4245 (Id., id., n" 4044); pour
¥alen«e, Ximeno de Poces en 4257 (Id., Reg. IX, P 34 ; Ooleccion de
dèomnMtos inëdilos^ f. YI, p. 428) ; pour &fohtpellîer, Guillem de
Pave, en 4251 (Id., Pareh. de iacme 1", \v 4263); Guillem de Roqfue-
Heuil 6» 4257, 4256 et 4263 (Id.^ Reg. IX, ^ 32 ; Reg. X, f" 49, 94
et 407; Reg. XII, ^ 30); Raymond Gaucelin, seigneur de Lunel,
6» 4264 (Id., Reg. XI, P 244); BerCran de Bellpuig, remplacé en 4276
ptr Arnald Ferrand(Id.* Reg. XX, f> 348). M. Bover a donné la liste
chronologique des lieutenants du roi à Bf ayorque {NotUias de Mal-
lortAy 2* édil., p. 341).
* Yey. ci-dessas, p. 291, note 4; 292, 294, note 4 et 395.
kn commeneement de l'année 1 254 , la reine Yolande s'intitule lieu-
tenante générale du royanm^e. (Benry, Histoire de Roussillon, t. fl,
p. 497.) Il devint d'usage en Aragon de donner oe titre à la reine
pendant ra[bBeiiee èù roi, lorsque to prince bérltier n'avait pfas en-
oore l'âge suffcant pour gouverner.
408 LITRE Vf , CHAPmS ÏW
jours le droit de réviser les décisions de tonte nature
prises par son lieutenant V
Un certain nombre de magistratures locales nous sont
déjà connues ; mais il n*en est pas de plus intéressantes
à étudier que celles qui ont un caractère purement com-
munal.
Dans les fueroft ou carias pueblas octroyés par les sou-
verains espagnols aux villes et aux bourgs soumis à leur
domination, il faut distinguer des dispositions de trois
sortes : les unes ont pour but d'affranchir , dans une
mesure plus ou moins large, les personnes et les biens
des impôts , des redevances et des services ; les autres
posent certaines règles de droit civil et criminel , qui
sont le plus souvent la confirmation d*anciennescoutumes;
les dernières , enfin , instituent des magistratures munici-
pales et organisent Tadministration communale propre-
ment dite. Il s'en faut de beaucoup que toutes lescartas
pueblas renferment ces trois espèces de concessions.
Nous n'avons à nous occuper ici que de celles de la der-
nière espèce , les moins nombreuses de toutes '.
< La comparaison de deux documents conservés aux archives
d'Aragon, Reg. IX» f»* 34 et 36, et publiés dans le t. YI, p. 4S7 et4SS
de la Coleccion de documentos inedilos, peut donner une idée de la
différence des pouvoirs conférés à Tinfant héritier ou à un simple
lieutenant général.
* Les cartas'pu^las, qui ne règlent pas Torganisation communale,
sont loin de l'interdire. Qu'elles accordent en termes exprès aux
habitants le droit de « faire une confrérie entre eux selon les coo-
venllons qu'ils pourront arrêter », ainsi que nous le voyons dans la
charte accordée en 4485 par Alfonse II, aux habitants de Villagrassa
(Arch. d'Aragon, Reg. 11, f» 53; Coleccion de documentos inédites.
t. YIII, p. 74), ou bien qu'elles gardent le silence sur ce point, elles
favorisent toujours la création des communes par les privilèges
qu'elles octroient à presque tous les centres de population. Aussi
est-il vrai de dire avec un illustre historien qu'en Espagne « loute
ORGANISATION NDNICIFALE 409
Le roi Pierre II fat peut-être le souverain qui accorda
aux villes de ses États les libertés les plus étendues.
Lorsque le besoin d*argent lui faisait consacrer Tindé-
pendance presque absolue de la commune de Montpel-
lier \ il avait déjà concédé aux habitants de Fraga lo
droit d*élire vingt prud'hommes pour « diriger, orga-
niser et gouverner la ville»', établi cinq consuls à Per-
pignan , et octroyé aux jurés de Saragosse le privilège
exorbitant de faire tout ce qui leur paraîtrait nécessaire
«pour le bien du roi et pour l'honneur d'eux-mêmes et
de tout le peuple > , sans pouvoir jamais être poursuivis
même pour avoir mis quelqu'un à mort, sive faciatis
homicidia sive quœcumque alia '.
Il y avait de l'imprudence à désarmer ainsi le pouvoir
royal en face de la bourgeoisie , lorsqu*il était déjà
impuissant vis-à-vis de la noblesse. Jacme agit plus sage-
ment. Il procéda par essais successifs et posa , après des
tâtonnements nécessaires , les bases de solides institu-
tions.
Nous ne pouvons étudier en particulier l'organisation
de chaque cité et de chaque ville des États aragonais * ; il
viUe repeuplée de chrétiens devint une commune, c'est-à-dire une
association jurée sous des magistrats librement élus, b (Augustin
Thierry, Dix ans d'études historiques, 2« partie, XV. ^
* Voy. t. I, p. 99.
* Archivesdela couronne d'Aragon, parchemins de Pierre 1*' (de
Catalogne), n» 420; Goleccionde document, ined., i. VIII, p. 92.
' Cet acte a été publié par Miguel del Molino (Bepertorium foro-
rum , verb. Privilegium)^ par Munoz y Romero {Coleccion de fueros y
ccrtas puehlasy p. 456), et en dernier lieu par donModesto Lafuente,
d'après la copie conservée aux archives royales de Simancas (Historia
gênerai de Espana^ part. I], lib. u, cap. 43.)
* Le titre de cité semble avoir appartenu aux capitales des trois
royaumes, à celle de la Catalogne et, en outre, à Huesca, à laça et à
410 UTRK IV , GAiPlXBB IT
nous suffira de choisir comme type dans chaque région
le centre de population le plus important, c'est dire que
nous nous occuperons seulement des municipalités de
Saragosse, Barcelone , Perpignan, Valence et Majorque.
La cooomune de Montpellier a acquis tout son déTelop-
pement avant Jacme V , et» sous le règne de ce prince,
elle échappe à peu près entièrement à Taction de la
royauté *.
Pour Saragosse et Perpi|;nan, les innovations de Jacme
paraissent de peu d'importance. Il ne fit que régulariser
cequi existaitdéjà, en ordonnant qu'il y eût dans la capi-
tale de TAragon douze jures fjuradosj nommés annuel-
lement par le roi sur la présentation des jurés sortants*,
et qu'à Perpignan, l'assemblée de tous les prud'hommes
de la ville, appelée de temps immémorial à donner son
Tarragone. Les villes se divisaient en grandes et petites; Perpignan,
Girone, Torieee, Lerida paraissent avoir été les grandes villea eala-
lanes sous Jacme I*'. Zurita nous apprend que Ton reconnaissait
Galatayud, Daroca, Teruel, Exea , Borja , Barbastro et Uncaslillo
comme viFkis mayores d'Aragon, dès fë règne de Wefre II. Il résulte
d'unesentenoa afbittalo retotive aux Aknos et aux prémisses, et insé^
rée dans le recueil des Privilèges de Valence (f» xxii, n° 77), que les
principales communes {universitats) du rjoyaume valencien élaieni
en 4268, outre la capitale, les villes deXativa, Murviedro, Alcira,
Liria, Dénia et Gandia.
* Nous avons mentionné la tradition diaprés laquelle Ramire le
Moine aurait concédé à la ville de Jaca le fuero de Montpellier. Le
fait peut Ure exact en ce qm oonterne le àtoU oivit et erimiael; mais
les consuls d» Jaca n'eurent en aucun temps rautorité des cbefe de
la eoiBnHine languedocienne. Iles! vrai (|u'à Tépoque de Ramire II
kl ebarte de Montpellier n'avait pas ene(we pris )a forme sous lit-
qiieUe noua la oennaiss^^ns aujourd'hui.
^ Friviléfe ée l'année i!r74 (Areh. d'Arag., parcb. de Jacme !••,
n* 2099; Coleccion de document ined,, t. VI, p. 477). D'aprè» unns»§e
«neien^ les bcMtants de la ville pouvaient être quelquefois féanis
en assevUé^gteÉrate.
MUmCiPALirB DE BARCELONE 411
avis dans les affaires municipales, fût remplacée par on
nombre déterminé de conseillers \
Le réformateur aragonais porta plus particulièrement
son attention sur Barcelone, la ville la plus peuplée et la
plus riche de ses États. Jadis, dans la capitale catalane,
tes chefs de famille, les anciens, réunis en assemblée
publique, traitaient les affaires de la cité sous la prési-
dence du représentant du comte souverain. Lorsque la
Catalogne fut uuieau royaume d*Aragon, le nom de ces
conseillers changea; ce ne furent plus les seniores, mais
bien les probi homines qui formèrent rassemblée com-
munale. En 1249, Jacme l" nomma « quatre pahers
(pairs ') de la cité et université de Barcelone », lesquels
étaient autorisés à s'adjoindre un certain nombre de
conseillers pour l'administration de la ville. Le pouvoir
exécutif restait entre les mains du viguier représentant
le roi. Cet acte ne statuait que pour une année, et ne
posait aucune règle pour l'avenir '.
En 1257, un privilège royal établit que, pour un temps
indéterminé et tant qu'il plaira au roi et à ses succes-
seurs de maintenir cette concession, il y aura à Bar-
celone « huit prud'hommes conseillers du viguier » qui
se réuniront chaque samedi pour traiter des affaires com-
munales. Ces huit conseillers devront, de concert avec
le viguier, élire une assemblée de deux cents membres
qui pourra être convoquée toutes les fois que le conseil
ê
* Boscby Titols de honor de Cathalunya, p. 410, d'après le Ih'^re
major vert des archives de la commune de Perpignan , f» 45.
^ Les pahert sont appelés dans les acies latins paciarii. Lerida a
aussi ses paciarii et son conseil des prud'hommes. (Voy. MemoHas
sobre el aniiguo commerciode Barcelona parCapmany, t. IV, Coleccion
diplonuUica, p. 5.)
* Ce document a été publié par Capmany, MevMyrias, t. Il,, col,
dipl.^ p. 357.
412 LIVRE Vf , CHAPITRE lY
des huit ou le roi le jugera convenable. Les huit con-
seillers n*exercent leurs fonctions que pendant un an.
Pour la première fois, ils sont nommés par le roi; mais ils
doivent à la fin de Tannée choisir leurs successeurs, qui,
en entrant en charge, nomment à leur tour les deux
cents membres du grand conseil. Le viguier est tenu de
suivre en tout Tavis des prud* hommes qui forment soit
le petit, soit le grand conseil ^ Parmi les huit conseillers
nommés par la charte royale, la noblesse était représentée
par deux chevaliers, la main majeure *, par trois bour-
geois honorés; la main moyenne, par un marchand
(mercader); la main mineure, par un épicier et un tail-
leur*.
De ce privilège date l'organisation municipale qui
valut plus lard aux magistrats de la commune de Bar-
celone une autorité presque souveraine et des honneurs
royaux \ Cependant le nombre des membres des deux
conseils subit de nombreuses variations. Le roi réduisit
les conseillers proprement dits à six, en 1260, puis à
quatre, en 1265. Par cette dernière ordonnance, il
autorisa la commune à choisir ceux qui devaient exercer
leur charge pendant la première année, mais pour
l'avenir, les conseillers sortants conservaient le droit
d'élire leurs successeurs. Le grand conseil ne compta
plus que cent membres. Cette assemblée prit dès lors
le nom de Conseil des cent, qu'elle a conservé pendant
plusieurs siècles, bien que le nombre de ses membres
* Cet acte se trouve aux archives d'Aragon, Reg. IX, f» 44. 11 a été
publié dans les Af^mortVu de Capmany, t. Il, col. dipLy p. 464, et
dans la Colec. de document, ined., t. VIII, p. 420.
« Yoy. 1. 1, p. 434.
^ Voy. Gapmany, Memorias, l. II, app.^ p. 68.
♦ /d., l. II, app,, p. 408.
MimiCIPALITÉ DE TAlEIfCB 413
ait été augmenté sous les règnes soivaDts. La eharte
de 1265 obligeait le bayle, comme le viguier, à n*agir
qu'avec rasseotimeot des magistrats municipaux, et
attribuait à ces derniers un droit de surveillance sur
les officiers royaux ; mais cette organisation n*était pas
définitive. Elle ne devait durer que dix ans, d*après les
termes de Tacte même de concession \
Avant Texpirationde ce délai, le 3 novembre 1274, un
nouveau privilège vint prolonger pour dix années encore
re£fet de Tordonnance qui précède, et éleva à cinq le
nombre des conseillers ^ Tel fut, à quelques modifications
près, le système d'administration qui se maintint à Bar-
celone durant tout le moyen âge.
L'organisation municipale de Valence sous le règne
qui nous occupe est mal connue. Schmidt ^ a été induit
en erreur par quelques anciens auteurs, qui, s'intéressant
fort peu à tout ce qui touche au régime communal, ont
évidemment confondu les institutions nées à des époques
différentes. Nous avons sous les yeux les chartes publiées
en 1515 dans le recueil des Privilèges de Valence, et il
résulte clairement de leur texte que la plus grande lati-
tude est laissée par le roi aux habitants de cette capitale
pour l'administration de leurs intérêts communs. Ici
plus de restrictions et presque plus de tâtonnements. Le
13 septembre 1245^, le roi autorise la nomination de
* Cdpmany, Memorias, l. 11, app,, p 68, et roL dipl. , p. 466: Colec.
de document ined., t. VIII, p. 437.
^ Cet acte n'était pas connu de Capmany. On en trouve une copie
contemporaine de Toriginai dans le Reg IX, f° 492 des archives
d'Aragon. Il a été publié dans le t, VIIl de la Col. de document,
ined,
* Geschichte ar agonîmes, p. 399.
* Privilèges de Valence, f® VII, n» 18.
414 U?BB IV , CHAPITRE IT
quatre magistrats qui ne sont plus seulement, comme à
Barcelone, les conseillers d'un bayle ou â*un viguier,
mais auxquels appartient le pouvoir exécutif dans tonte
son étendue pour ce qui concerne le gouvernement de la
cité. Ils portent le nom de jurés (jurais) et peuvent
s'adjoindre des conseillers en nombre indéterminé *, qui
sont contraints au besoin par le justicia de venir apporter
le concours de leurs lumières aux magistrats munici-
paux *.
Les jurés et les conseillers délibèrent et agissent en
dehors de toute interrention du pouvoir royaP. Ils ne
sont pas tenus de révéler au roi le secret de leurs délibé-
rations, ni de lui rendre compte des motifs qui ont dicté
leurs décisions. Ils ne peuvent jamais être poursuivis pour
les actes accomplis en vertu de leur charge.
Les fonctions de juré sont gratuites et annuelles ; ou
ne peut les refuser sous aucun prétexte; elles obligent
celui qui en est investi à abandonner ses propres affaires
pour veiller à celles de la cité. Les jurés sortants choisis-
sent leurs successeurs. Deux habitants de la même maison
ne peuvent remplir à la fois ces fonctions. Par la der-
nière clause de ce statut, le souverain se réserve le droit
de révoquer ces concessions et de retirer, lorsqu'il le
jugera convenable, les libertés qu'il vient d'accorder
Cette restriction ne fut pas maintenue. Un privilège
du 15 avril 1266 mit la ville de Valence en possession
irrévocable de ses franchises municipales. La charte
de 1245 ne fut modifiée qu'en un point: les conseillers
* Quot et quos voluennt, dit le Privilège.
^ Priv. de Valence, f« xxiv, n» 82.
' Le bayle et la cort peuvent néanmoins pour les actes de leur
adminislralion requérir Tavis des jurés, qui sont tenus de le leur
donner.
MUNICIPALITE BB MàTORQVB 415
cfraisîs par les jurés en ex^ereree furent appelés à con-
courir avec ces deraiers à Téleclion des aouveaux jurés*.
'On voit, d'après ce qtri précède , combi^ le système
d-admifiislration eommanaleétabli à Yalence par Jaome I**
diffère de cetui que Schmidt a décrit sur la foi de Beuter
et d^'Escohtio ^, et qui a fait dire à un historien français »
é^ré à son tour,* qu'à Yaience « Tempreinte féodale
efface toutes les autres. » L'examen des /i^rnous a montré
ce qu'il faut penser de la féodalité vatencienne. Quant à
son influence dans U commune, elle se serait exercée,
d'après Schmidt, par l'intermédiaire des quatre jurés,
choisis de droit, as8ure-t*il, parmi les chevaliers. Des
syndics représentant la haute noblesse, la haute, la
moyenne et la petite bourgeoisie, auraient été chargés
de surTeiller la gestion des jurés, qui ne pouvaient,
d'ailleurs, prendre aucune décision sans l'avis d'un con-
seil composé de citoyens de toutes les classes ^
Ce que nous connaissons deà idées de Jacme I" suf-
firait pour nous faire hésiter à lui attribuer l'institution
d*an régime municipal dans lequel la noblesse a une
prépondérance marquée sur la bourgeoisie. Les docu-
ments que nous avons analysés plus haut viennent donner
raison à nos doutes.
A IMby orque, un privilège royal du 7 juillet 1240'Créa
six jurés, dont nn noble, deux bourgeois honorés, deux
marchands et un artisan. Les jurés sortants éliraient leurs
successeurs. Un grand conseil, composé d'un nombre
* Privil. de Val., f° xxi, n« 71.
* HUlona de la ciudad y reyno de Valencia, 1610.
^ Geschichiearagoniens,\). 399. QuelquCï^ lignes plus bas, Schmidt
fait remonter jusqu'à Jacme 1*' rinstllullon du justieia criminal,
qui date seulement de 4321. (Voy. Privil. de Valence, f"» lxix*
n*» 423.)
416 LIVRE IV, CHAPITRE IV
indétermiDé démembres de toutes les classes, prétait son
concours aux magistrats municipaux \
Les traits généraux du système communal se retrou-
vent, comme on le voit , dans les États de la couronne
d'Aragon. Il faut remarquer cependant que, dans ces
pays , les attributions des magistrats municipaux n'em-
piètent jamais, du moins en principe, sur l'autorité
judiciaire. Le roi n'abdique nulle part son droit de jus-
tice en faveur des consuls ou des jurés; mais ces derniers
comprennent dans un sens si étendu leur droit d'admi-
nistration, qu'à Barcelone, par exemple, le pouvoir exé-
cutif, réservé en théorie au viguier, finit par être tout
à fait annihilé, et qu'à Montpellier les consuls devien-
nent de véritables législateurs ^ Dans ces deux villes, les
représentants de la commune jouissent, entre autres pré-
rogatives, du droit de nommer les agents chargés de
veiller aux intérêts du commerce indigène dans les pays
étrangers'. Jacme T permet, en outre, aux conseillers de
Barcelone de faire battre monnaie V
Parmi les fonctionnaires municipaux inférieurs aux
consuls, jurés ou conseillers , quelques-uns méritent une
mention. Ce senties consuls des corporations, existant
à Montpellier et à Barcelone au temps de Jacme le Con-
quérant*; les inspecteurs des métiers, institués à Valence
^ Nous empruntons ces indications à l'ouvrage intitulé : Noticias
hisiorico-topographicas de la isUi de MaUorca , par D. Joaquin-Maria
Bover, 2* édil., p. 497 et 362.
^ Voy. Germain , Histoire de la commune de Montpellier , t. I ,
p. 445.
* Capmany, MemoHas, t. II, app,, p. 444 ; Germain, Histoire de la
commune de Montpellier, t. 1, p. 4 47.
* Capmany, Memorias, t. II, app.^ p, 441.
^On trouve aux archives d'Aragon (Reg. XI, ^»273 et 274) Je
procès-verbal de l'élection des consuls de métier de Montpellier,
FINANCES 417
par ce prince* ; les consuls de mer de Montpellier* ; les
oaVriers de la commune clôtare de la même ville'; les
réparliteurs des impôts^ ; les inspecteurs des rues, égouts
et canaux'; le mustazaf ou almotacenj préposé à la sur-
veillance des rues, des denrées mises en vente, des poids,
des mesures^ et chargé de « châtier les faussetés et trom-
peries de tous les marchands et artisans de la cité* >; les
cequiers, gardes des canaux d'irrigation dans le royaume
de Valence ^
Nous venons de mentionner les répartiteurs d*impôts.
Bien que nommés par la commune, ils concourent aussi
au prélèvement des contributions royales. Ceci nous
faite le l*' mars 4259 en présence du roi. (Voy., pour Barcelone,
Capmany, Ifemon'â^, t. I,part. m, p. 32.)
* Privil. de Val., f* xxiv, n» 83. Ils doivent veiller à ce que les
marchands et ouvriers ne commettent aucune fraude. Il est pro-
bable que l'institution des gardes de métiers de Montpellier remonte
aussi au XIII* siècle. (Voy. Germain, Histoire de la commune de Mont-
pelHer.X, î, p. 466, et t. III, p. 478.)
' Voy. Germain, Histoire de la commune de Montpellier et Histoire
du commerce de Montpellier. — Les consuls de mer de Barcelone ne
furent créés qu'en 4279. (Gapmany,. Memorias, t. I, part, u^
p. 453.}
'Il y avait à Valence une «œuvre des ponts et des murs» dont nous
gnorons Torganisation. ( Voy. Furs, liv. I, rubr. III, f. xvi.) Il est
dit dans les Privilèges de cette ville (^ xiii, n» 38) que les nobles et
les clercs ne sont pas dispensés de contribuer à la construction et à
la réparation des murs, des fossés , des chemins, des ponts et des
canaux, les contributions de cette nature n'étant pas comptées au
nombre des services vils.
* Priv. de Val., f°xiv, n^ 43: et^ xix, n? 64.
' Les officiers municipaux établis à Valence en ISI57 (Priv., P xvu,
n* 56) avaient aussi Tinspection des corps de métiers. Leurs attribu-
tions furent réparties en 4270 entre les inspecteurs (vehedors) des
métiers et le mustazaf.
* Furs, lib. IX, rubr. XXVI.
' Purs, lib. IX, rubr. XXXI; Priv. de Val., ^ xi, n* 34, et f» xiti,
n* 38.
T.n. 27
418 LIVBK iV , CbA^ITRE IT
tiiàène à dire quelques mots dn régime fmaDcier des pftys
^ragonais an XIIP siècle.
Le roi ne parait pas avoir un domaine privé ^ Ob a pa
cependant donner ce notn aux fiefs et aux honars dont le
souverain se réservait la jouissance directe, et qui for-
maient une sorte de dotation de la couronne. Les revenus
de ces biens peuvent être considérés comme composant
le trésor particulier du rôi , tandis que les impârts levés
sur le reste du territoire formeraient le trésor public.
Mais nous ne croyons pas que Ton trouve des traces de
cette distinction, même en Aragon, où la nation séparait
si nettement ses intérêts de ceux de la royauté.
Les sommes qui devaient en temps ordinaire faire face
aux dépenses du roi et à celles de TËtat provenaient de
quatre sources différentes :
r Les revenus et redevances féodales des domaines
possédés directement par le souverain en qualité de sei-
gneur. Parmi les plus importants de ces revenus , il faut
compter le produit des salines royales ;
2*" Les amendes et frais de justice;
3"* Les impôts généraux, auxquels on pourrait appliquer
la division moderne en impôts directs, frappant la ri-
chesse acquise sur ses possesseurs actuels, et impôts
indirects, frappant certains faits de production, de cir-
culation ou de consommation de la richesse. Dans la pre-
mière classe se rangent la taille {peyta on pécha en
Aragon), la queste, \esprecaria, novennaria et deveria*^
le droit de maravédis', le monedatge, Texemptiou pécii-
* Il en était autrement en Gastille, d'après lesPartidas (Part. II,
tit. xvn, 1. 1).
^ Voy. ci-dessus, p. 499. — Les precaria, novennaria et deoaria
étaient généralement assignés aux ricos homes et aux metnaderos à
titre ù^honors et (le cavallerias.
• Voy. notre t. i, p. 368.
Biaire de Vhost et de la chevauchée , les diverses taxes
sur le bétail , appelées en catalan camalge , aseadura,
herbatge, bovatgeK Parmi les impôts indirects, nous
mentionn«roi>s les droits de leude , de péage , d'entrée,
de passage, de mesorage, de pesage, de rivage*;
4** Les taxes snr les juifs % les droits de besant et
de quini sur les Sarrasins *.
Quelque nombreux que fussent ces revenus, lear
produit était peu considérable à cause des innombra-
bles franchises qui dispensaient du payement des impôts
certaines classes de personnes et de biens, et quelque-
fois des pays tout entiers. Outre les nobles et les clercs,
exempts de droit , une grande quantité ^e non nobles
laïques étaient affranchis des charges publiques par con-
cession royale. D*un autre côté, Tintérét du commerce
et celui de leur repeuplement valurent souvent aux villes
et aux pays nouvellement conquis des franchises plus ou
* Vherbatge et le bovaige sont particuliers à la Catalogne (Voy.
1. 1, p. 453, note 4 et ^38 ; t. II, p. 345.} Le premier est une taxe d'un
denier par brebis ou par chèvre. Le droit d'assadura est mentionné
dans les Privilèges de Valence (t° xxvii, n<* 87), et celui de camatge
icamaticum) , dans la oaria-puebla de Mayorque.
^ Ces contributions sont énumérées dans la carta-puebla de Mayor-
que, sous les noms de lezda, pedaticunit portaticum, passaticum, men-
suraticum, pensvm, tibaUcum. Le droit de rivage (ribaticum) est une
taxe sur Rembarquement et le débarquement des marchandises.
Le môme document parle aussi d'un droit de quarentenum dont
nous ignorons la nature.
' Par privilège de Tannée 1247 , les juifs a des royaumes de
Valence, d'Aragon, de Catalogne, de Mayorque et de toute la juridic^
tien 9 du roi d'Aragon , furent exemptés à perpétuité des péages
avilissants qui, dans plusieurs pays, les assimilaient à certains ani^
maux. (Priv de YaL, f* x, n^ 24.) Il faut rapprocher ce document
de eeux que nous avons d^à mentionnés au chapitre III du présent
livre, à propos de l'état social des juifs.
* Voy. ci-de93us,.p. 371 et Privil. de Val., foX,;nrX5,
420 UVRB I? 9 CHAPITRE IV
moÎDS étendues en matière de contributions. Ainsi « les.
habitants du royaume de Mayorque furent exemptés de
tout impôt dans les États du roi d* Aragon *; ceux de
Barcelone et de la seigneurie de Montpellier , des
droits de leude et de péage *; ceux de Valence» des
droits de leude, péage, pesage, mesurage, rivage, dans
rétendue de ce royaume seulement '. Presque toutes les
cartas pueblas renferment des privilèges de ce genre. Si
Ton retranche maintenant des sommes perçues la part
qui revenait aux communes et ce que le roi concédait
à ses ricos homes ou à ses mesnaderos à titre d*honors
et de cavallerias, on ne sera pas étonné que Jacme ait
été réduit pendant toute sa vie à une grande pénurie
d'argent. Sa générosité ajoutait aux embarras *^ car elle
ne s'arrêtait jamais devant de pareils obstacles , et les
revenus de ses domaines étaient ordinairement dépensés
longtemps avant d*étre perçus '.
Aussi Tavons-nous vu, pour toutes ses conquêtes,
demander des ressources extraordinaires aux cortès et
aux conseils communaux. En 1268, Clément IV, écri-
^ Voy. la car<(i-ptc«&/a de Mayorque, ap. Quadrado, Historiade lu
conquista de Mallorca, p. 424.
* Capmany, Memorias, t. H, col. dipl.^ P- 44 ; GerroaiD , Histoire du
commerce de Montpellier ^ 1. 1, pièces Jostiflcatives , p. 494.
* Privil. de Val., f^ ii, n» 7; Furs, lib. IX, rub. XXXIH f. 4 et %.
* Nous citerons, entre autres, le parchemin n* 2242 de lacoUection
de Jacme I*' aux archives d'Aragon, n contient des aumônes consi-
dérables aux pauvres à prendre sur les revenus des baylies.
" On trouve aux archives d'Aragon une quantité innombrable
d'actes d'emprunts ou d'engagements de rentes royales. Outre les
documents dont nous avons déjà parlé, nous mentionnerons les
parchemins de Jacme P', n«* 204 , 246 , 444 , 439 , 450 , 832 , 834,
4220 ancien, 4574, 4589, etc.; les Reg. X, £«442; Reg. XI, f<» 479,
4^0 ; Reg. XIV, ^ 84. En 4266, Jacme fut obligé d^engager son écu
royalpourse procurer du blé. (Voy. Pièces justificatives n« lYII.)
RBPABTITlOlf UB8 IMPÔTS 421
▼ant à saint Louis pour organiser la croisade , disait
qne le roi d* Aragon serait prêt à entreprendre la guerre
sainte si Targent ne lui manquait pas ^ Le Sainl-Siége
aidait du reste aux expéditions contre les Maures en
autorisant les souverains à percevoir un impôt d'un
dixième sur les biens du clergé. Cette contribution ne pro-
duisait dans les États aragonais, au temps de Jacme V,
que dix mille livres*.
Voici maintenant ce que nous savons sur la manière
dont s'opérait la répartition et le recouvrement des
impôts qui ne se percevaient pas au moyen d'un tarif :
En Aragon et en Catalogne , lorsque l'assemblée
nationale octroyait au souverain un impôt pour sub-
venir aux besoins de l'État, elle fixait quelquefois le
taux per solidum et libram d'après lequel chaque con-
tribuable aurait à participer aux charges publiques. C'est
ainsi qu'elle avait établi le droit de maravédis à raison
d'un maravédis par dix ducats de revenu. D'autres
fois, chaque membre faisait connaître quel était le secours
en argent ou en nature que le pays qu il représentait
était disposé à fournir. Ainsi les seigneurs s'enga-
geaient pour leurs fiefs et leurs honors; les prélats, pour
leur église ; les membres de la bourgeoisie , pour leur
commune. Quelquefois , du reste , les conseils des villes
n'ayant pas été préalablement consultés , leurs représen-
tants ne faisaient qu'une promesse indéterminée, sans
fixer le chiffre de la prestation '.
Dans les pays où il n'y avait pas d'assemblée natio-
nale , par exemple dans les royaumes de Mayorque et
' Martène et Durand, Thesaurw navus anecdot, t. ii, col. 564.
> M. Id.
' Voyez par exemple la session des coris, qui décide la conquête de
Mayorque.
49B LIVBE Vf 9 GRAFim I?
de Valence » le roi demandait directemeiit les séceurs
à chaqae ville.
Une fois la somme à payer par la eommaoe déter-
minée, les magistrats municipaux élisaient des pru-
d'hommes qui faisaient la répartition individuelle* entre
les habitants de la commune , « de telle sorte , dit un
privilège de Tannée 1251, statuant seulement pour la
ville de Valence , que Ton donne le double pour les
meubles que pour les immeubles. Ainsi, s*il faut donner
deux deniers ou plus ou moins par livre pour un im-
meuble, on donnera quatre deniers, c'est-à-dire le
double par livre pour un meuble V »
La fortune de chaque contribuable est évaluée d'après
la déclaration qu'il fait lui-même sous la foi du serment.
Les dettes sont déduites de la valeur des biens. Les
répartiteurs perçoivent l'impôt. Il leur est interdit, sous
peine de confiscation de leurs biens, de faire connaître,
même au roi, quelle est la somme à laquelle chaque habi-
tant a été taxé par eux '.
L'argent recueilli est remis au bajle ou peut-être à
l'un des trésoriers freposiUrih olavigeri) nommés par le
roi dans les principales villes d'Aragon ^. Les bayles
concentrent dans leurs mains le produit des justices
de leur circonscription , et les sommes perçues par les
* Le nombre de ces prud'hommes a varié suivant les temps et les
villes. (Voy. Privil. de Val., ^ xiv, n« 43, et /• xix, n« 64.)
* Privil. de Val., î* xiv, n«43.
^ Voyez, pour la répartition et la perception des impôts à Valence,
le recueil de Privilèges de ce royaume f<» xir, n*> 43, f« xvi, n» 48 et
f> XIX, n** 64. Un système analogue devait sans doute être employé
dans les autres parties des États aragonais.
^ Nous avons déjà parlé de ces trésoriers royaux (t. I, p. 2U}.
k Ofnnis villa in qua rex hahet clavigerum est sedes , » dit un fuero
d'Aragon. {Fueros^ t. II, liv. I, de Pignoribus.)
feag$rsi^ les l^a^^ircis et les s^nlresi cplfe^^tepi;; çtes
iqipôts que nous appeloDs. indirects ^
S'il fallait mesurer le chiffre de Timpôt à la ricbessj^
di) pays qui le paye, la Catalogne, Mayorque, Valence ,
Montpellier, auraient dû à peu près sepis alimenter le
trésor royal.
Quant à TAr^gon , auquel rindépendançe tenait lieu
de richesse , une agriculti^re primitive , dont les procédés
n'ont presque pas progressé jusqu'à nos. jours, Télève
des troupeau,]^, Texploitation des saline^*, étaient se$
principales ressources. Jacme I" essaya. 4.e les développe^
autant que le |ui permit l'immobilité traditionnelle dq
ce peuple , immobilité qui n'est p^s Timpuissance du
mouvement , mais le dédain <jlu mieux et la persuasion
que 1/a liberté mérite seul^ en cç monde des sacrifices et
des efforts.
Par les fwros de Huesça, Jacme donne les plus
grandes facilités pour le défrichement des terres incultes';
par un privilège de 1218., il établit un juge spécial civil
et criminel ppur toutes les contestations qui pourront
S|' élever ai^ sujet des troupeaux *; pa^ une ordonnança
de 12Q& et par lefuero d'Exea, i,| réglemente le trans-
port et le commerce du s§.l ^
* Voy. Privil de Val., P x, n'* 25 et 26. \\ semble résulter d'un
passi|ge (^ docunieot n» 94 , f», ^xvpi du recueil 46s PrivUéges,
que le^ impôtsi iQ^ifiscts étaient affermés apx agents chargés de le^
p^cevoir.
3 11 y avait en Aragon un assez grand nombre de mines 46 sel
5c|f9n\e, ma^ (çs principales dei^ l^tats de Jacme Y^ étaient à Car-
ona, en Ca^logne.
3 Fueros, l\\. 1, 1^). lU, de Scaliis et lib. Vn, de ExpedUione infan-
iion.
* Fua^Qi u. oUfs^rvqnd^ deAroc^qn, édi. Sai^U et I^oen, D^H^rso
prélim, ^ 15.
>^ Yoy. ci-dessus, p. 345 note, et 34§.
424 LITRB IV, GHAPITRB lY
L'agriculture des pays de la couronoe d'Aragon au
Xlir siècle a atteint son plus haut degré de perfee-
tionnement dans le royaume de Valence. C'est aux sys-
tèmes de culture importés par les Sarrasins, presque
autant qu'à sa fertilité naturelle, que la Huerta était rede-
vable de cette prospérité. Jacme s'appliqua à la main-
tenir par de sages ordonnances ^. Les canaux d'irriga-
tion établis par les Arabes furent entretenus avec soio
et soumis à une législation spéciale *. Fidèle à son
système de libéralité bien entendue, le roi renonça à
percevoir les droits de cequiage sur la plupart de ces
canaux , appelés cequias dans la langue du pays. Nous
trouvons encore à Valence des règlements relatifs aux
troupeaux *, à la vente du sel \ à celle du vin '.
C'est sur l'industrie et le commerce que se portait
surtout la sollicitude d'un prince dont les États devaient
leur principale importance à leur position privilégiée
Maître d'une grande partie de la côte orientale de l'Es-
pagne, de Montpellier et des Baléares, Jacme voyait la
Méditerranée s'ouvrir devant lui. Nous* allons le suivre
rapidement dans ses heureuses tentatives pour disputer
cette mer aux républiques commerçantes de l'Italie.
Il fallait tout d'abord, pour donner un aliment au com-
* Le /tir 4 , rubr. XXIV du livre IX du code de Valence, et les docu-
ments n«> 77, f<» XXII, et n»»0, ^ xxviii du recueil des Privilèges coo-
tiennent l'énumération de presque tous les produits de lacampag^ne
de Valence.
> Fursy lib. IX, rubr. XXXI; Privil., f° n, n*> 8 ; P xi, n<» 34; f<»xni,
n« 38; f«xxui,n»78.
• Priv. de Val., fo n, n» 9, et fo ccxxxiv , Pnfv in extra-
vag., n®l.
^ Priv., t> XII, n» 36. Les salines de Valence appartenaient au
roi.
» Priv. de Val, fo xxn, n» 76, ^
INDUSTRIE 425
m^rce, favoriser la production indigène. Les ordonnances
agricoles dont nous venons de parler, l'organisation des
corps de métiers, la surveillance exercée, soit directement
soit indirectement, par Tautorité royale pour empêcher
que la fraude ou la négligence ne fissent déchoir Tindus-
trie nationale, furent autant de moyens employés pour
atteindre ce but. Nous n'énumérerons pas ici les produits
que la Catalogne et Montpellier jetaient sur les marchés de
l'Europe, du Levant et duHagreb. Capmany, dans son
beau travail sur Barcelone S et M. Germain, dans son
Histoire du commerce de Montpellier, donnent sur ce
point des renseignements auxquels il nous suffira de ren-
voyer le lecteur. L* Aragon joignait aux productions dont
nous parlions tout à l'heure, ses tanneries d'Albarracin
et ses fabriques de drap de Jaca et de Huesca. A Valence,
la fabrication et la teinture des draps et de quelques
autres étoffes ' semble avoir occupé à peu près exclusive-
ment le peu d'ouvriers que n'absorbaient pas les travaux
de l'agriculture ^ Les fruits et les denrées que les fertiles
plaines de la Huerta donnent en si grande abondance,
* Memorias historicas sobre la marina, comercioy artesdela an--
liffua ciudad de Barcelona,,. por D. Antonio deCapmany y de Mon-
palau , secretario perpétue de la real Academia de la Historia.
^ [.a fabrication et la teinture des draps était une industrie im*^
portante à Montpellier et en Catalogne. A Valence, le roi se réservait
le monopole de la teinture en ëcarlate et en bleu des Indes (de Jndi).
[Furs, lib. Vlll, rubr. VllI, f. ii.)
' L.a grande quantité d'objets manufacturés qui sont dispensés
par les Furs de tout droit d'importation est un indice du peu do
variété des produits de l'industrie valencienne. {Furs^ lib IX,
rubr. XXXIY.) Voyez encore, pour l'industrie et le commerce du
royaume de Valence, Furs^ lib. I, rubr. IV, f. xxiv; lib. II,
rubr. 111, f fu, lib. VIII, rubr. VIII, f. xiv; lib. IX, rubr. XXIII,
XXVD, XXIX et XXX ; Priv., t^ xvi, n» 46 ; f« xix, n« 66; f« xxiv ,
n<» 83 et 84.
496 LITEB 19 j QBANnB I?
étaient en eflétles principales productions de ce roy.âiiBe«
Les Baléares avaient aussi pour richesse lears champs et
leurs troupeaux.
Pour faciliter les transactions commerciales, nous
voyons Jacme affranchir an graiid nombre de s^es sujets
des droits qui frappent la circulation des produits agri-
coles et industriels S bien que chaque concession de ce
genre enlève au trésor royal, déjà si pauvre, une partie
de ses ressources. Des marchés, de» entrepôts se créent
sur les points les plus favorables *. Enfin, de Montpellier
à Dénia, s'ouvrent au coimuerce une quantité de ports de
différente importance ', dont plusieurs doivent leur
agrandissement à Jacme I*' ^. Toutes les conquêtes de ce
prince avaient eu pour résultat d'accroître la richesse
commercialedesÉtats aragonais. Resserrés entre la France
* Outre les documents de ce genre que nous avons déjà signalé^;,
nous mentionnerons pour Valence le n<'74, f» xxi et le n^ 94, f» xxviii
des Privil. de YaleBoe; pour Barcelone, les privilèges publiés par
Capmany (Memorias, 1. 11^ col. dipl.^ p. 12 et 44).
^ Voy. Privil. de Valence, f» xviii, n« 61 , et f*» m, n*» 73. Tortose
servait d'entrepôf aux blés et aux vins qui descendaient de TAragon
par PEbre
' Un traité conclu en 4270 entre Jacme et Témir de Tunis ooo-
tient rénumératîon suivante^ évidemment incomplète, des villes el
bourgs maritimes des piiys aragonais : Montpellier, Gaoet, Col-
lioures, Cadoffuers (?), Roses, CasIeUon-d^Ampuria^, Tormelk-de-
Ifongriu , San-Feliu , Bareetone , Tamarit , Tarragoae , Toirtose ,
Peniscola, Burriana, Valence , Cullera , Dénia, Mayorque et Iviaa.
Ce doGument a été publié par M. Cbampollion-Figes^e dans la coJleo-
tion des Documents inédits de Vhistoire de . France (Métonges , t. 0).
Quelques noms y ont été altérés. Plusieurs des villes menlioniiéas
ci-dessus ne faisaient pas partie du domaine royal et appartenaiaol
à des seigneurs ou à des ordres militaires.
^ Par son deraier testament, le roi recommande à son àls Jaema
d'entretenir le pert de Port-Yendres et d'achever oohii de Gol?
lioures.
64 la CastUle^ ces pays n'avaient d'ayenir qae pair tow
marine ; JacHie I0 compreBait lorsque, malgré le Pape et
te roi de France, il {^réparait la domination de ça dynas-
tie sar la Sicile, et lorsque, vers 1S67, il essayait de
mettre an pied en Sardaigne, à la favem de la latte dft
Saint-Siège avec la république de Pise.
GléjaentlY voulait reprendre aux Pisaus cette Ue qu'ils
lui avaient enlevée. Charles d'Anjou., roi de Sicile, don
Elnriquejrère du roi de Castille, et le roi d'Aragon, pour
le compte de son second filsi Jacme, se disputaient l'bou-
ueur lucratif d'être en cette circonstance le champion de
l'Église. L'investiture du royaume de Sardaigne, sous la
suzeraineté pontificale, devait être la récompense du
secours prêté au Saint-Siège. Mais une lettre de Clé-
ment IV au souverain de l' Aragon nous apprend que, pour
éviter de semer la discorde entre des princes chrétiens,
le Saint-Père refusa également aux trois compétiteurs
l'autorisation d'entreprendre la guerre en son nom \
Ne pouvant s'agrandir hors de la terre espagnole,
Jacme chercha du moins à étendre ses rapports commer-
ciaux avec les nations étrangères *. Il ne se borna pas à
^ Cette lettre a été publiée par Raynaldi {AnnaUs eccUs. ad. ann.
4267, n<> 47) et t>ar Martène et Durand {Thésaurus rumus anecdot,
t. Il, coL 509).
* On ne doit pas s'étonner de trouver, dans les lois qui règlent
les rapports des sujets aragonais avec les étrangers, des traces de
régoîsme national dont les esprits les plus élevés du moyen âge ne
peuvent se défendre. Ainsi, en 4227, Jacme interdit à tout navire
étranger de prendre cargaison dans le port de Barcelone pour le
Levant et la Barbarie lorsqu'un bâtiment national se dispose â entre-
prendre le môme voyage; en 4265, il expulse de la capitale cata*-
lane tous les Lombards, Florentins , Siennois et Lucquois qui y
faisaient la banque et probablement aussi l'usure ; en 42es, il défend
aux étrangers de tenir dans cette ville des comptoirs decbanga et d*y
charger des navires étrangers avec des marchandises iniigè.n#s, (Voy.
428 LITBB !▼, GH4PITIIB IT
maintenir et à régalariser les relations de ses sajets avec
la NavarreS laChampagne, la France*, la Sicile', les États
mnsnlmansde l'Andalousie* et les républiques italiennes*;
il voulut disputer à ces dernières la prépondérance dans
les marchés du Levant, et ouvrir au commerce catalan tous
les ports africains de la Méditerranée.
Afin d'atteindre ce double but, il se mit en rapport par
des ambassades fréquentes avec les souverains de ces
pays. L'Egypte semble avoir surtout attiré son attention.
Avant l'année 1241 , il était déjà en bonnes relations avec
Capmany, Memorias, t. UfCol. dipl., p. H, 34 et 34.) Ces mesures
paraissent n'avoir été que transitoires et n'empècbenl pas Barce-
lone de coropler au nombre des villes les plus libérales du temps.
* Les produits de PAragon arrivaient en Navarre en remontant le
cours de TEbre.
* Barcelone, Valence, Lérida, Montpellier, avaient des consuls ou
capitaines de leurs marchands aux foires de France et de Champagne.
(Capmany , MemoHas, t. IV, col, dipL, p. B ; — Germain , Histoire
du commerce de Montpellier^ t. I, Pièces justificatives, p. 2<M , tOt
et 203.)
> En 4263, Jazpert deCastellnou fut envoyé par Jacme auprès da
roi Manfred de Sicile (Zurita,ina^j, lib. III, cap. LXXIV); en mai
4263, un sauf -conduit fut donné à Ramon de Conques, ambassadeur
du roi d*Aragon en Sicile et en Egypte (Arcb. d'Aragon , Reg. XIII,
f« 475) ; par acte du 24 juillet de la môme année, le roi se déclara
satisfait de la manière dont Garcia Ortiz de Azagra sMtait acquitté
d'une mission en Sicile et à Tunis (Arcb. d'Arag. Reg. XIV ,
f64).
* Voy. Capmany, Memorias , t. II. col. dipL^ p. 45.
> On trouve aux archives d'Aragon : 4» divers actes relatifs à la
république de Gênes (Parch. de Jacme I"% n»* 402, 403, 697;
Reg. XXiV. fo 49 à 57) ; 2« un sauf-conduit à Origueto Spinola,
marchand de Gènes (Parch. de Jacme l*',no2049); 3<» des a^o-
cessions et des franchises en faveur des Pisans (Parch. de Jacme 1*^ »
n* 496; Reg. XII, ^ 424); 4» une exemption dedroits en faveur d'un
certain nombre de marchands de Plaisance (Reg. XIII, f» 266).
Voy. aussi Germain, Histoire du commerce de Montpellier , 1. 1;
justif., p. 263.
▲MBASSADBS BIf B6TPTE 429
les sqIUds égyptiens, puisque la tente qnMl occupait au
premier siège de Xativa lui avait été donnée par un prince
ayoubite ^ Lorsque les mamelouks eurent renversé la
dynastie des descendants d'Ayoub, Jacme se hâta d'assu-
rer à ses sujets le maintien des avantages dont ils jouis-
saient dans les ports égyptiens. Bernât Porter, chambel-
lan du roi, et Ramon Ricart, bourgeois de Barcelone,
tous deux marins expérimentés, furent chargés d'une
mission auprès du nouveau Soudan d'Alexandrie ou de
Babylone; c'est ainsi que les Occidentaux appelaient indif-
féremment les souverains de TÉgypte. Le chef musulman
fit une réception splendide aux ambassadeurs du conqué-
rant de Mayorque et de Valence. Il voulut même que son
fils fût armé chevalier avec les cérémonies usitées parmi
les chrétiens, et Bernât Porter, si Ton en croit Zurita et
Miedes *, donna l'accolade au jeune prince, au nom du
roi d'Aragon •
Cette mission eut un excellent résultat pour le com-
merce des États aragonais, puisque le sultan consentit à
ce qu'à l'avenir les navires de ces pays fussent exempts
de tout droit à leur arrivée dans le port d'Alexandrie '.
A quelques années de là, Ramon de Conques, bour-
geois de Montpellier, fut chargé par le roi d'une mission
à Alexandrie, avec pouvoir d'y nommer un consul qui eût
juridiction sur tous les sujets de la couronne d'Aragon
* Voy. ci-dessus, p. 37
* Zurita, Indicés, ad. ann. <262; Miedes, Vida de D. Jayme,
lib. XVI.
' Cela résulte d'un acte inséré au Reg. X, ^ 42 des archives
d'Aragon, et daté du 4 des kalendes de décembre (28 novembre)
4257. Zurita et Miedes ont probablement commis une erreur en
plaçant la mission de Bernât Porter en 4262. 11 n'y a aux archives
d'Aragon aucune trace d'une ambassade en Egypte entrç les années
4257 614264.
^ >
4S0 Ltvns fy, chapitre vt
résidaiït dans les domaines du sondan de Babylone^.
En 1266, une ambassade de ce prmce vint débarquer
à Barcelone'', et, Vannée suivante, le roi envoya de nou-
veau en Egypte deui bourgeois de Montpellier, appelés
dans )eurs lettres de provisions Bemardus de Molendinis
et Bemardus de Piano *.
Presque tous les souverains musulmans ou chrétiens de
rOrient paraissent avoir reçu des ambassades du roi
d* Aragon, si Ton en juge par le nombre de pays avec
lesquels les sujets de Jacme K entretenaient dès-relations
commerciales suivies \ Barcelone et Montpellier faisaient
une concurrence sérieuse à Gènes et à Pisedaos taplupart
des ports du Levant, mais elles étaient sans rivales en
Egypte ". A plus forte raison en fut-il de même dans les
^RamoQ de Conques reçut ses lettres de nominalion, accompagnées
d'un sauf-conduit, au mois de mai 4264 (Ârch. d'Ârag., Reg. xm,
f<> 4 75). A la fin de juillet de la même année, il fut chargé de
transiger au sujet des marchandises perdues par des bourgeois de
Barcelone et d'exercer au besoin des représailles sur les habitants
d'Alexandrie, {Id. Reg. XUl, f«* 206 et 208.) C'est là l'indice de
quelque acte de piraterie des Musulmans contre les chrétiens. Par
leUres du même mois, Ramon de Conques fut autorisé à prélever pour
son compte deux cents besants sur les droits perçus par le consulat
et la chancellerie ($m6a7ita) d'Alexandrie, (/d., id,» f°» 20G et 209).
On trouve dans les Pièces justificatives de VHisloire du commerce de
Montpellier ( t. I , p. 253 ) un document qui a rapport à cette
mission.
* Par acte du 16 août 4266, le roi reconnaît devoir à Guiiiem Gruny
la somme de 4856 sols barcelonais remise à Bernât de Bellpuig et
aux ambassadeurs du soudan d'Alexandrie. (Ârch. d'Arag. , Reg. XIY,
f» 83.)
' Capmany , Memorias, t. lY, coL dipl. , p. 6 et 7. Il est accordé
a ces envoyés 5,000 sols melgoriens pour leurs frais de voyage.
* Voy. C»pmmy, Memorias, t. Il, coL dipl,» p. 3, 44, 15, 32 et
34; — Germain, Histoire du commerce de Montpellier ^ 1. 1. Pièces jusL,
p. 220.
^ Le commerce des chrétiens avec les pays musulmans fut paralysé.
MMUNK 4SI
États barbaresques. L'habitude d'anci^DS rapports avec
la Péniosttle, Tespoir d'y faire quelque jour triompher
Tislamisme ou la crainte de se voir poursuivis jusque
chez eux par les souverains espagnols, engagèrent les
émirs de Tunis, de TIemcen, de Maroc, à conclure avec
le Cofkquistador des traités qui ne furent pas toujours res-
pectés par les marins musulmans ou chrétiens, mais
dont, en somme, les pays d'Aragon retiraient un grand
profit*.
La marine militaire catalane, qui s'organisa sous
Jacme S et les armements en course', autorisés par ce
»
à certaines époques, par la défense que firent les conciles et le Salnt-
Siége d'apporter chez les Sarrasins des vivres ou des objets pouvant
servir à construire des machines de gruerre. Néanmoins des dis-
penses furent souvent accordées par les Papes. Le texte de l'une
d'elles, datant du pontificat de Clément IV, est conservé au f"* 37 du
Reg. XXiy des Arch. d'Arag. Mais Grégoire X renouvela Pinterdic-
tion avec plus de sévérité. (Voy. Capmany , Memorias, t. 1, part, n,
p. 47, et t. Il, col. dipL, p. 36.)
* Antérieurement à l'année 4260, Jacme avait déjà conclu , ainsi
que nous l'avons dit plus haut (p. 331), un traité avec Témir de
l'unis, à la suite d'une ambassade dont il est fait mention au f° 15
du Heg. IX des stfehites d'Aragon. En 1264, Garcia Ottizde Azagra
fut chargé d'une mission dans le même pays. (Arch. d'Arag.,
Reg. XIV, fo62); mais le plus ancien traité du roi d'Aragon avec une
puissance barbaresque dont le texte soit parvenujusqu'à nous, est
celui que M. Champollion-Figeac a publié dans le recueil des Docu-
ments inédits sur Vhistoire de France (Mélanges, t. II). H porte la date
du 14 février 4270 et a été conclu avec l'émir de Tunis Abou-Abd-
Allah-Hohamed. Nous parlerons dans le chapitre suivant d'une
alliance entre Jacme 1*' et l'émir de Maroc Abou-Jucef. Pour l'émirat
de TIemcen, voyez Capmany, Memorias, t. III, p. 216. Il y avait à
Bougie, en 1274, un consul du roi d'Aragon (Arch. d'Arag., Reg. XIX,
f» 423, 448, et 449.)
^ Capmany, Memorias, t. I, part.i, p. 27 et 57, et t. U, ooL dipL,
p. 30.
* Les armements en course avaient été supprimés en 4250 par
une ordonnnance insérée au recueil des Privilèges de Valence
432 LIVRE IV, CHAPITRE 1?
prince contre les pirates des côtes de Barbarie, firent res-
pecter le pavillon aragonais sar tons les points de la
Méditerranée.
Ce développement rapide de la marine nécessitait toa te
une législation nouvelle et la création d'une quantité de
magistrats et d*agents,. non-seulement pour le service
des ports nationaux \ mais aussi pour la protection et la
surveillance des sujets de la couronne d'Aragon dans les
pays étrangers.
Les consulats de mer de Barcelone, de Valence, de
Mayorque et de Perpignan ne remontent pas cependant à
ce règne. Celui de Montpellier était établi bien avant
Jacme I". Dans cette dernière ville et à Barcelone une
partie de l'administration maritime est abandonnée par
le roi aux magistrats municipaux, qui ont le droit de
nommer les consuls ou viguiers chargés de représenter
à l'étranger les intérêts du commerce national. Les con-
suls institués par la commune de Barcelone ont droit de
juridiction sur tous les sujets du roi d'Aragon *.
Outre les consuls de mer et les consuls à l'étranger,
il y avait encore des < prud'hommes ou consuls des
marchands qui vont par mer. . Ces magistrats, embar-
qués sur les navires qui entreprenaient une longue tra-
(f* xt, no 32). Ils furent rétablis plus tard, ainsi que cela résulte d'un
ordre qui fut donné aux corsaires des Etats aragonais de respecter
les navires de Pinfantdoa Manuel de Gastilte; février 4274 (Arch.
d'Arag., Reg., XlX, f*> 98).
* Voy. entre autres Coleccion de doc . xned. del archiva de Aragon,
t. YIII, p. 449.
^ Voy. Capmany, Memorias, t. IF, col. dipL, p. 32, 34 et 366. Le
roi se réserva néanmoins le droit de nommer les consuls des Etals
barbaresques, ainsi que le prouvent les provisions dont le texte se
trouve aux archives d'Aragon ( Reg. XVIII, f** 34 et Reg. XIX ,
f»*423, 448 et 449.)
COSTUMES DE LA lUR 433
Tersée, avaient autorité et jaridiction sur Téquipage et
les passagers. Ils devaient veiller, pendant toute la durée
du voyage, aux intérêts communs des divers propriétaires
de la cargaison. Ils étaient élus à Montpellier par les
consuls de la ville, à Barcelone par les passagers. Leur,
création dans la première de ces villes est antérieure à
1246 * ; dans la seconde, elle parait dater d'une ordon-
nance rédigée en 1258 par les prud'hommes de la
capitale catalane et sanctionnée par le roi.
Cette ordonnance, dont Capmany a publié le texte et
la traduction castillane *, est un des plus anciens docu-
ments législatifs concernant la police maritime. Les Con-
stitutions de Catalogne, les Furs^ les Privilèges de
Valence* renferment à peine quelques dispositions
applicables au commerce par mer; mais le plus beau
monument de ce genre est, sans contredit, le fameux
recueil des Costumes de la mar, appelé plus tard Llibre
del consolât de la mar.
Cet ouvrage, malgré son importance, malgré l'époque
et le lieu de son origine, ne doit pas nous arrêter long-
temps, parce qu'il n'est point une œuvre à laquelle le roi
dont nous retraçons la vie ait pris une part directe. Les
Costumes de la mar ne sont pas un code, c'est-à-dire un
corps de lois sanctionnées et promulguées par un pouvoir
constitué ; c'est seulement une compilation sans nom
d'auteur des usages acceptés par les divers peuples mari-
times.
* Germain , Histoire du commerce de Monipellier^ t. II , p. 85 ,
note 1 .
^ Memorias , l. II, col. dipl, p. 29, et Codigo de las costumbres
marilimas de Barcelona, app., p. 21.
»Voy. entre autres, Furs, lib. I, rubr. V, f. 24;lib. II, rubr.XVI;
lib. IX, rubr. XII, f. 7; rubr. XVII; rubr. XX, f. 40; rubr. XXVII;
- Privil. de Val., f XIV, n<» 46.
TU. 28
434 LITBB IV, CHAPITRE IV
' ''^
Néanmoins Jacme ne peut être considéré cooaime tont
à fait étranger à ce travail. En montrant à ses sujets
les avantages de la codification .des lois et des nsages,
en donnant Texemple de l'emploi de la langue vulgaire
dans les documents officiels, en contribuant puissamment
à l'extension du commerce de la Catalogne, en posant,
dans son ordonnance de 1258, les premières règles de
police maritime, il a, sans aucun doute, préparé la
rédaction du Llibre del consolât, s'il ne l'a conseillée ou
ordonnée. Ce n'est pas une coïncidence fortuite qui a fait
naître ce recueil dans les pays et sous le règne du rédac-
teur des codes de Huesca et de Valence *.
Il est une question qui se lie intimement au commerce et
qui préoccupa souvent au moyen âge les souverains et les
peuples : nous voulons parler de la question des monnaies.
Plusieurs actes du règne de Jacme V se rapportent à
la réglementation des valeurs monétaires, parmi les-
quelles régnait une confusion très-préjudiciable aux
transactions de tout genre. La richesse publique, que
Muntaner se plall à vanter *, ne consistait certainement
pas dans l'abondance des capitaux, presque tous con-
centrés dans les mains ides juifs.
On a pu juger de la rareté du numéraire par l'élévation
du taux de l'intérêt. La variété des espèces ayant cours
et les modifications qu'elles subissaient trop souvent
^aggravaient encore les inconvénients nés de cette pénurie.
* Les Costumes de la mar paraissent avoir été rédigées entre les
années 4258 et 4266. Leur texte primitif est calalan; elles ont été
traduites dans presque toutes les langues de l'Europe. Capmany les
a publiées en catalan et en espagnol sous le titre de Codigo de las
costumbres marilimas de Barcelona. On peut consulter aussi les
Memorias du môme auteur, t. I, part. II, p. 470 et t. II, app.
p. 79.
* Ghap. xxn. xxm et zxix.
MONNAIEB 435
Nous di?iserans en trois catégories les moBDâies en
nsage dans les Etats de Jacme * : V les monnaies qae
Ton peat appeler nationales, c'est-à-dire fabriquées dans
l*an des pays de la couronne d* Aragon et ayant une effîgre
^t un nam particuliers à ces pays; 2*" les monnaies
étrangères de nom et d* effigie, mais frappées néanmoins
dans les domaines du roi Jacme pour les besoins du com-
merce extérieur; S*" les monnaies de fabrication étran-
gère ayant cours dans les Etats aragonais.
A la première de ces catégories appartiennent la
monnaie de Jaca, celle de Barcelone, les réaux de Va-
lence, les gros d'argent de Montpellier, et, à la rigueur,
lamonnaieme]gorienne,qui, bien que frappée par Tévéque
de Maguelone, était en réalité une monnaie nationale
pour la seigneurie de Montpellier '.
Nous avons déjà parlé ' de la monnaie de Jaca et de sa
confirmation, qui fut renouvelée plusieurs fois pendant
le règne de Jacme le Conquérant *. Celle de Barcelone
* Nous n'avons pas à parler ici des monnaies épiscopales et seigneu-
riales telles que la monnaie de Saint-Pierre d'Ausone, pour laquelle
révêquede Vich rendit une ordonnance en 4â56 (Arch. d'Arag.,
Parch. de Jacme P'', n^' U62;.
< Si Ton en excepte le gros de Montpellier, admis dans tous les
Ëlats d^ Aragon, chacune de ces monnaies devait avoir cours, à Tex-
clusion de toute autre, dans le pays pour lequel elle avait été frappée.
A Valence, avant la création des réaux , les espèces aragonaises , ^
catalanes et montpelliéraines étaient également en usage. L'exclusion
ne parait pas d'ailleurs avoir jamais porté sur les monnaies d'or,
morabatins et mazmodines , Nous verrons plus bas qu'il y eut eiïcore
une exception à Montpellier en faveur des tournois et des sterlings.
Les autres monnaies ne servaient que pour le commerce extérieur.
» T. I, p. 463.
* Arch. d'Arag., Parch. de Jacme P', n^ 220 ; Fueros de Aragon^'
t. I, lib. IX, de Conflrmatione monetœ ; Zurita (Anales, lib. III, cap.
74); LucioMarineo Siculo (De rébus Hisp. meinorab,, lib. X) et Blancas
{Her. Aragon, comment,) donnent quelques détails sur la monnaie de
Jaca.
I
436 LITBE IT, CHAPITBB lY
varia souvent de titre et prit à chaque variation une dési-
gnation spéciale. C'est ainsi qu'en 1221 fut créée par
ordonnance royale la monnaie barcelonaise de duplo,
et en 1258, celle de terno \ Cette dernière fut confir-
mée , dans l'année qui suivit sa création , par le pape
Alexandre IV V
L'unification de la monnaie des pays de la couronne
d'Aragon n'était pas plus réalisable que celle de leurs
lois, de leurs mœurs et de leurs langues ; Jacme essaya
du moins d'obtenir en partie ce résultat dans les pays
arrachés par lui aux Sarrasins. Tel fut le but d'une ordon-
nance de l'année 1247 qui prescrit la création d'une
monnaie nouvelle, dite monnaie de réaux, qui doit rem-
placer dans le royaume de Valence et dans les Baléares
toutes les autres espèces d'argent, de cuivre ou de billon
en circulation dans ces deux royaumes '. Jusqu'à l'an
1300, Mayorque ne parait pas avoir eu de monnaie par-
ticulière. Le roi conquérant et Tinfant don Pedro de
Portugal essayèrent vainement d'y établir des ateliers
monétaires^.
La «grosse monnaie d'argent» de Montpellier fut créée
en 1273, afin de suppléer à Tinsuffisance de la monnaie
melgorienne pour les transactions commerciales '.
^ L'ordonnanée qui créa la monnaie de terno se trouve aux archives
d'Aragon, Parchemins de Jacme I»', n» 4554 el Reg. IX. f«64 ; Cf.
Col. de doc, ined., t. VI, p. 141. Voy., pour les monnaies de Barce-
lone, Capmany, Memarias, t. II, p. 122.
■ Raynaldi, Annales eclesiast. ad. ann. 1259, n°18.
' Privil. de Val., f« ix, n«» 22 et 23.
* Voy. Bover, Historia de la casa real de Mallorca y noiicia de las
monedas propi-s de esta isla, p. 29.
* Voy. au t. III des Mémoires de la Société archéologique de Montpel-
lier, p. 133, le travail de M. Germain sur les anciennes monnaies
seigneuriales de Melgueil et de Montpellier.
ifONffÂiBS 437
Les monnaies étrangères frappées dans les pays ara-
gonais sont les morabatins* ^ les mazmodines ou masmu'
Unes, les millares et peut-être les besants*. Elles sont
tontes d*origine arabe et destinées au commerce avec les
peuples musulmans. Les mazmodines et les morabatins
étaient d*or ; il y en avait de plusieurs espèces, dont les
plus répandues étaient le morabalin alfonsin et la maz-
modine jmefie ^ Le millares et le besant étaient d'ar-
gent.
Tandis que Jacme faisait battre surtout les mazmo^
dines dans le royaume de Valence pour les besoins d*un
pays d'où les usages sarrasins n'avaient pas encore dis-
paru^, il faisait fabriquer les millares à Montpellier, afin
de faciliter le commerce de cette ville avec le Levant ^
* On a beaucoup discuté sur le morabalin ou mardbotin. Les uns
veulent y voir une monnaie de l'Espagne chrétienne, d'autres une
monnaie mahométane. Le nom A^alfonsius donné à une espèce de
morabatins, indique déjà qu'on les frappait dans un Etat chrétien;
mais nous trouvons une nouvelle preuve de ce fait au chapi-
tre ccLxxvi de la Chronique royale, où Jacme parle des fabricants
de faux morabatins de Castille et d'Aragon ; toutefois cette monnaie
est très-vraisemblablement d'origine muf^ulmane. Quoi qu'il en soit,
il faut se garder de confondre le morabalin, que l'on a quelquefois
appelé par corruption marmotin, avec la mazmodine.
a Voy. Furs de Valence, lib. IV, rubr. XXIII, (^ 5 et 53.
» Jd, id, et Privil, de Val., f" ix. n° 22. Il est question dans ce docu-
ment de la mazmodine contrefaite qui vaut trois sols six deniers de
réaux valenciens, tandis que la mazmodinejuce/S« vaut quatre sols -de
la même monnaie. Les mazmodines contrefaites pouvaient bien être
celles qu'on fabriquait dans -les pays chrétiens, et les mazmodines
jucefles celles qui venaient des États musulmans.
* Il existe aux archives d'Aragon (Reg. XXI, f^* 32) un acte de
Tannée 4272 octroyant un sauf-conduit et certaines franchises aux
fabricants de a monnaie masmuline. »
^ Voy. le travail de M. Germain sur la Monnaie mahométane allri-
quée à unévêque de Maguelone, ap. Mémoires delà Société archéologique
de Montpellier, t. III, p. 683.- On y trouvera quelques . extraits des
438 LITRE IV, CH4P1TRÉ IT
Parmi les moDnaies entièremeût étraDgôres en usage
dans les Etats du roi d*AragOD, nous meûtionoerons,
outre les pièces d*or et d*argent d*origine musulmane,
les réaux de Marseille, les génovines, les < grosses géno'
trtne« d'argent» , les tournois et les sterlings. Ces derniers
paraissent n'avoir eu cours qu'à Montpellier, où un privi-
lège du 22 mai 1273 autorise leur circulation à raison de
quatre deniers melgo riens pour un denier sterling ^
Un fléau dont l'Espagne souffre encore de nos jours,
sévissait au temps de Jacme I*' sur les transactions com-
merciales: c'était celui de la faussemonnaie. A uneépoque
où les rois eux-mêmes ont été flétris du nom de ' faux*
monnayeurs, les coupables de ce crime étaient souvent
de hauts barons , qui abusaient de leur puissance pour
se livrer sans péril à ce honteux trafic. La falsifica-
tion des pièces barcelonaises de duplo par « des nobles
et des gens puissants'», avait entièrement discrédité
cette monnaie, et força Jacme, qui en avait juré le main-,
tien, à se faire relever de son serment par le Saint-Siège ,
afin de pouvoir établir en Catalogne la monnaie de temo*.
Par l'ordonnance qui crée cette dernière, le roi et l'in-
fant héritier s'engagent à en poursuivre les falsificateurs
« de toutes leurs forces» et à les punir de châtiments
documents des archives d'Aragon relatifs à la fabrication des mii*'
lares. Jacme permit en 4268 de frapper cette monnaie à Mayorque
uod illam legem quam voluerint mercalorts qui eam (mondam) emere
vohiêrint, » Rien n^ndique qu'on ait profite de cette autorisation.
* Arch. d'Arag. Reg. XXI, f» U9. La même ordonnance admet les
tournois dans la seigneurie de Montpellier, et en fixe la valiur à on
denier tournois pour un denier melgorien.
3 Bulle du Pape Alexandre IV (7 Juillet 4257) rapportée dans le
document n« 4497 des Parchemins de Jacme 1«" aux archives
d'Aragon.
* Ardh. d'Arag., Parch. de Jacme I«, n«44Q7/
FAUX-MONNATEURS 439
corporels ^ Nous ne savons si Jâcme eut l'occasion de
n&ôttre à exécution cette menace, mais quelques années
plus tard, il donna en Aragon un salutaire exemple de
sévérité contre les faux-monnayeurs.
Des quantités dé faux morabatins de Gastille et d'Ara-
gon étaient mises en circulation dans les environs de
Tarazona. A la suite d^une enquête, ouverte en présence
du roi% les coupables furent découverts. Les principaux
étaient Pedro Ferez, seigneur de Trasmoz, et Blasco
Ferez, sacriste de Tarazona, tous deux fils ànjusticia
Fedro Ferez; Fedro Jordan, seigneur de Santa-Olalla,
sa fem'me,donaElfade Toroella, et leurs enfants ; un
certain Pedro Ramirez et son fils. Fedro Jordan venait de
mourir'; ses enfants avaient pris la fuite ainsi que Pedro
Feriez; maisdona EÏfa, Fedro Ramirez avec quelques-uns
de leurs complices furent condamnés à mort, et, selon un
antique usage ^, cousus dans un sac et jetés dans TEbre.
Blasco Ferez, en sa qualité de clerc, fut remis à Tévéque
de' Tarazona, « qui le garda en prison jusqu'à ce qu il y
mourut.' > Plusieurs individus qui avaient participé au
crime furent punis de peines diverses; tous les biens des
coupables, présents ou contumaces, furent confisqués ^
« Arcb. d'Arag., Parch. de Jacme 1*', no4554, etReg. IX, f^ 64 et
Col. de doc, ined.^X, VI, p. U4.
^ Jacme avait confié rinstrocUon de cette affaire à deux jugés délé-
gués, dont l^un, dit la Chronique^ s'appelait micer UmberL
* a More majorum », dit Zurita (Indices,, 2ià ann. 1267).
* Voy. le récit de cette affaire au chapitre cclxxti de la Chronique
de Jacme. — Blancas (Rerum aragon, comment.^ ap. Hispania illus»
iraia, t. III, p. 794), confondant Pedro Perez avec Pedro RamireZi
assure que le premier fut misa mort; mais on conserve aux archives
d^Aragon (Parch. de Jac^me 1*% n* 1905) la sentence qui condamne
par contumace Pedro Perez de Tarazona, et de laquelle il résulté
que celui-ci avait pris la fuite dès le commencement de Penqoête.
Cette sentence est datée dû 1*' octobre 126"^.
440 LITRE nr, chapitre it
Le roi ne parait pas avoir persisté dans ce système de
rigueurs, insuffisant d'ailleurs pour déraciner le mal, car
nous le voyons, en 1273, donner des lettres de rémission
pour le crime de fausse monnaie à un bourgeois de
Montpellier nommé Berenguer de Conques *.
Nous venons de montrer comment l'action bienfai-
sante de Jacme I*' s*est exercée dans le domaine des inté-
rêts matériels ; ce grand prince va nous apparaître main-
tenant imprimant à la culture intellectuelle de ses
peuples le cachet de sa puissante initiative.
Il ne lui suffit pas de donner à la nation dont il pré-
pare Tunité une organisation forte, des institutions
utiles, les éléments d'une bonne législation, un com-
merce prospère, une marine puissante, la sécurité au
dedans et au dehors; il veut encore qu'elle ne soit point
tributaire de l'étranger pour les sciences ou pour les let-
tres, qu'elle ait ses foyers scientifiques qui lui soient pro-
pres, qu'elle possède sa langue et sa littérature. Les beaux-
arts seuls paraissent être restés en dehors de l'influence
personnelle et directe du monarque réformateur. Ce
n'est point qu'ils fussent privés sous son règne des encou-
ragements dus à tout ce qui contribue au progrès et à la
gloire des peuples. ^ Jacme, mieux que toutautre, compre-
nait et aimait ce qui est beau et ce qui est grand ; aussi
sa piété, comme fondateur d'églises, sa magnificence,
comme souverain, durent-elles fournir aux architectes,
aux sculpteurs, aux peintres \ aux verriers, aux argen-
tiers, de fréquentes occasions de lutter de talent et de
développer leur génie.
« Ârch. d'Arag. Reg. XXI, f» 424 .
^ Un fur du Code valencien (lib. I, rub. XV, f. 4} défend, sous
peine d'une amende de vingt sols, de sculpter ou de peindre en
public a les figures et les images de Dieu et des saints », de lesexpo^
ser ou de les vendre dans les rue» ou sur les places.
BEAUX-ARTS 441
•
C'étaient pent-étre de grands artistes que frère Bernard
et maître Bartolomé, < maîtres de Tœuvre » de la cathé-
drale de Tarragone^ et ce Martin, < maître de pierres de
la maison du roi*», que Jacme chargea, en 1258, de
reconstruire Téglise de Sainte-Marie de Vauvert et la
chapelle royale de Montpellier, aux gages de quatre sols
melgoriens par jour'; et cet argentier qui avait ouvré
les objets « précieux par la matière, plus précieux encore
par le travail » au sujet desquels le pape Clément IV
adressa au roi d* Aragon une lettre de remerciments \
Mais, quels que fussent les encouragements donnés aux
individus, quelle que fût la réglementation à laquelle
l'art se trouvât soumis par son côté purement industriel,
ce qu'il y a en lui de supérieur, de quasi-divin, échappait
à toute influence de l'autorité royale ou communale. S'il
y avait des confréries d'architectes et de peintres, comme
des corporations de merciers et de corroyeurs , où les
maîtres enseignaient leur métier aux apprentis , il n'exis-
tait et ne pouvait exister aucune école d'art proprement
dit, surtout aucune école d'art national.
 une époque où chaque croyance se symbolisait dans
ses monuments, où le chrétien semblait communiquer
à la pierre ses élans de foi ardente, ses aspirations ^vers
* Voy. Piferrer, Recuerdos y bellezas de Espana ; Caialunat t. I,
p. 234. 235 et 239. — Ce volume est dû à la plume d'un jeune écri-
vain trop tôt enlevé aux succès qui avaient signalé son début dans
la carrière des lettres. On est peu habitué à rencontrer, dans une
publication où Tœuvre du dessinateur semble devoir tenir la pre-
mière place, les recherches sérieuses, Pérudition solide que don
Pablo Piferrer a su revêtir des charmes de son style si profondément
empreint du sentiment artistique.
3 « De domo et creatione nostrâ. »
« Arch. d'Arag., Reg. X, f» 56.
* Cette lettre est du 43 août 4265. Marténe et Durand Tont publiée
dans le Thésaurus novus anecdot.^ t. Il, col. 482.
riofini, où le mosûlman cherchait à impressioDoer les
sens et laissart r&me insensible , où le juif, réservant ses
richesses pour le commerce , bannissait de ses temples
toute représentation des imaj^es sacrées^ Tart était re-
ligieux et non pas national*. Â quelques nuances près ,
Tart chrétien était partout le même. Des artistes voya-
geurs en répandaient les principes sur tous les points de
TEurope ; partout ses évolutions se faisaient dans le même
sens avec plus on moins de rapidité , suivant le géûiB de
ses interprètes ou les ressources matérielles dont ils dis-
posaient y et il est à remarquer que , parmi les peuples
de même croyance, les plus différents de mœurs et
d*idées ne sont pasceux dont les œuvres artistiques offrent
entre elles le moins de ressemblance. Il ne venait donc
à Tesprit de personne que Ton pût nationaliser ren-
seignement des beaux-arts V lien était autrement des
lettres et des sciences ; c'est à elles que Ton demandait
surtout de développer le& forces intellectuelles de la
nation .
L'une des préoccupations pHncipales de Jacmel*' semble
avoir été de mettre un terme à la diversité des langues
* M. Amador de los Rios a fait remarquer que les juif^ n^at eu en
Espagne ni peinture, ni sculpture, ni architecture qui leur fût
propre. L'art architectural employé par eux est mudijar, c^est-à-
dire mabométan. {Estudios sobre los judios de Espanà, ensayo U
introd.) Il y avait néanmoins dans les synagogues des sculptures d'or-
nementation, ainsi que le prouve ce passage du Libre de la saviisade
Jacroe I*' : « E per aquesta raho fan los juheos molts entalaments en
les sinagoges, els crestians fan moTtes figures en les eglesieseatressi
los Sarrainé pinteh les lurs mesquiles. »
3 La musique profane seule faisait exception! Il serait curieut de
rechercher les caractères de la musique nationale des pays de la
langue d'oc dans les chants adaptés par les troubadours à leurs
poésies. Mais les éléments d'une pareille étude feraient sans doute
défaut.
LAlfOVE dViG t&
nsitéés dans ses États. En cela il soivait les idées de
son* siècle, auxquelles saint Louis et Âlfonse {^ Savant
obéissaient de leur c6té lorsqu'ils favorisaient, à* des
degrés divers, les progrès de la langue vulgaire en France
et €D Gastillé. C'était encore une réforme dans le sens
de Tégalité : ruuité de langage abaissait la barrière der-
rière laquelle s'abritait là caste des initiés à la langue
scientifique.
Entre les pays où Louis IX s'essayait à traduire la
Bible en roman du' Nord , et ceux où AUbdse X écrivait
\2i, E^taria de Espanna y s'étendaient les belles contrées
qui ont donné à l'Europe de ce temps sa langue littéraire.
Ce < doux parler», à la fois un et multiple, arrivé de
bonne beure à une perfection relative, étouffé par le
développement en 'sens inverse du Nord et du Midi, et
ne pouVailt encore, aprë^ de longs siècles, ni vivre ni
mourir tout à fait, est l'image fidèle de Ja nationalité
qui lui a donné naissance. La langue' d'Oc* semblait ap-
pelée à devenir l'organe d'un grand peuple. Ceux qui
ont refnsé de lui - reconnaître les qualités nécessaires à
l'accomplissement de cette destinée ne l'avaient point
sans doute étudiée dans son ensemble', etcroyàient trouver
sa plus haute expression dans le langage conventionnel
des troubadours'.
* On est vraimeïit fort embarrassé pour désigner la langèé parlée
à l'époqne qur nous occupe dans la France méridionale et la Gata-
Idgne. Rbman, provençal, limonsirl ou lemosin, langue d*Oc, sont
des noms également usités et également inexacts. On est bependant
foreé de les employer à défaut de meilleurs; mais il e^t nécessaire
qoe le lecteur ne puisse pas avoir de doute sur le sens qu'on leur
attribue.
^Daunott, entre autres, dans son Discours sur Vétat des lettres
au XMI* siècle (HisL littér\ de lé France, t.'XYi)','juge la liangue delà
Frsoee méridionale sur les poésies des troubadours.
' Il est généralement admis aujourd'hui que la langue' déS' trou-
444 LIVRE I?9 CBAFITIB IT
Il est impossible de porter on jugement exact sar
ravenir qa'aorait pu avoir la langae d*Oc si Ton D*em-
brasse point d*an seul coap d*œil les divers éléments qae
Tosage n'a pas eu le temps de combiner en un tout homo-
gène. Ce travail , par lequel la physionomie d'une langue
nationale se dessine et se fixe, aurait certainement
modifié le vague poétique et Téclat un peu superficiel
de ridiome des troubadours au contact de la netteté et
de la vigueur catalanes. C*est le « romanç > de la France
méridionale et de la Catalogne , pris dans Tensemble de
ses dialectes, que Jacme I*' voulut d*abord élever an rang
de langue officielle. Le catalan, parlé par une population
éminemment pratique , empruntant une certaine dignité
au contact des Arabes, des Aragonais et des Castillans ,
épuré par le roi et la cour, réunissait les qualités qui
devaient le faire accepter par les prosateurs; la langoe
des troubadours, en possession d*une phraséologie de
convention , s'adaptant parfaitement aux idées galantes
et chevaleresques du temps , était réservée à la poésie* ;
les dialectes locaux devaient servir aux relations ordi-
naires de la vie dans leurs pays respectifs, et étaient
appelés forcément à se rapprocher peu à peu des deoi
badours ne fut usuelle en aucun pays. C'était, comme Va très-bien
dit Paulûur de V Essai sur Vhistoire de la liiléralure catalane, « une
langue littéraire en possession d'exprimer un certain ordre d'idées et
de sentiments, à peu prés comme le latiii était, dans l'opinion de
tous, l'organe obligé de la science.^ ( Gambouliu, Essai surVkistoiré
de la littérat. calai. )— Voy., eo outre, Antonio de Bofarull, laUngua
caialana considerada hisloricamente (Mémoire lu à l'Académie royale
des Bonnes-Lettres de Barcelone; ) Milà, de los Trovadôres en Espana.
* La langue des troubadours était considérée comme la langue poé-
tique de toute l'Europe. Âu XIH* siècle, les Italiens n'écrivaient
guère en vers que dans cet idiome, et en prose qu'en latin ou en
langue d'oil.
IDIOMES DBS PATS ARAGOIIÀIS 445
langues littéraires , destinées à se fondre un jour en une
seule. Telle est la pensée que nous sommes autorisé
à prêter à Jacme I'% si nous en jugeons du moins par
ce que nous savons de ses idées, hostiles à toute brusque
uni^cation , et par Tensemble de Thistoire littéraire de
son règne.
Mais, à mesure que Tinfluence de ce prince se retire de
ia France méridionale , le catalan devient la langue domi-
nante dans ses Etats. Plus que jamais alors, Jacme s'at-
tache à en étendre Tempire : avec son aide, il espère
faire naître, d*un débris de la nationalité de la langue
d*Oc, une nouvelle nation ayant Barcelone pour capitale
et la Méditerranée pour la première de ses provinces.
Rien de ce que nous venons de dire ne s'applique à
TAragon , dont la langue et la littérature, comme les
institutions, les mœurs, les lois, cantonnées par le
Conquistador id^ns d'étroites limites , ont leur mouvement
propre, mouvement presque insensible, grâce à la rési-
stance que ce pays oppose à toute action réformatrice. Au
sujet de la langue et de la littérature , nous déplorerons
une fois encore l'étrange confusion que la juxtaposition
de l'Aragon et de la Catalogne, sous le sceptre du même
roi, a jetée dans l'esprit de la plupart des historiens. Il
n'est pas plus exact de dire que l'on parlait catalan à
Saragosse ou à Huesca* que d'aller chercher dans le code
d'Aragon les lois qui régissaient Barcelone ou Valence.
^ M. Adolphe Ebert, dans un article sur Phistoire de la liUératura
catalane, publié par le Jahrbuch fur romanische und englische Lite-
ratur (t. II), assure que lo catalan était la langue employée dans les
Certes générales des pays aragonais. U est probable que le roi y par-
lait en effet cet idiome, mais il est fort vraisemblable aussi que cha-
cun des membres de rassemblée s'exprimait dans sa langue. Quant
aux actes des certes, ils étaient, sous Jacme I^', rédigés en latin.
446 LIVBE IV, CHAHVRB !▼
L*aragonais était an idiome trôs*diffèrent de la langue
d'Oc et presque identique avec le vieux navarrais «et le
vieux castillan V Voici , du reste, quels étaient les prin-
cipaux idiomes ou dialectes usités dans les États de
Jacme P' après le traité de Corbeil :
VLq latin, langue de Téglise, de la science, des
relations internationales , des actes officiels, et souvent
aussi des tribunaux , malgré les efforts du roi pour y
introduire la langue vulgaire;
2** Le catalan , parlé dans le comté de Barcelone et ses
annexes , dans le royaume de Mayorque et dans ia plus
grande partie de celui.de Valence;
S"* La langue d'Oc du nord des Pyrénées , repré-
sentée par le dialecte de Montpellier ;
i"" La langue des troubadours , employée Molement en
poésie ;
^ Dès le début de nos études sur le règne de Jacme !•', la lecture de
la Chronique royale et de quelques documents de ce temps nous
avait réyélé Terreur des écrivains, assez nombreux du reste, qui
regardent le catalan comme la langue nationale de tous les pays de
la couronne d^Aragon. Cette erreur ne pouvait échapper au savant
auteur de la Historia cHiiea de la literatura espanola, qui a donné
(t. II, app. I, g %) quatre documents en langue aragonaUe do
XIII* et du XIV* siècles. En plusieurs endroits de sa Chronique, Jacme
fait parler les Âragonais dans leur propre langue. Voici, entre autres,
les paroles qu'il met dans la bouche de Gil Sanchez Munoz, bour-
geois de Teruei, répondant au nom de ses concitoyens à la demande
de secours faite par le roi pour Texpédition de Hurcie: «Senyor,
bien sabets vos en lo que vos mandastes ne nos rogastes que nuncba
trovastes de no en nos ni lo fizistes ni lo faredes agora. Decimosvos
que vos emprestaremos très mil cargas de pan et mil de trigo edos
mil dordio et veynte mil carneros e dos mil vaques. E si queredes
masprendet de nos. » (Chronique de Jacme, chap. cclv.) Comparez
ce passage avec les Pièces justificatives xif** vm et xiii du préseat
volume, écrites en catalan, et les deux actes en navarrais publiés d«09
notre 1. 1, Pièces JusUf., n^ x et».
IDIQUKS AB8,PATS ABAGOlfAIS 447
5** L'aragooa^is , parféen Aragon et diaqs l68.?illes
et bourgs du royaume de Valence peuplés par des Axa-
gonais ^ ;
6** L'hébreu , parlé et écrit par les docteurs juifs ;
7* L'arabe , à Tusage des Musulmans ;
S^Laljan^ia, sorte de patois des Mudejares, c'est-à-
dire des Sarrasins établis depuis longtemps au milieu
des chrétiens. C'était de l'^abe corrompu au coqtact de
Tune des langues néolatines V
Le latin , l'hébreu ^t ^ar4))^ sont surtout des langues
scientifiques ; le dialecte de Montpellier, au contraire ,
n'est guère employé comme langue écrite que dans les
actes émanés des magistrats municipaux de cette ville ;
l'aragonais , en usage dans les lettres et dans les docu-
qaeqts d'un caractère privé, tout spéciaux à l' Aragon,
ne parait avoir produit , en fait d'œuvres écrites de
quelque importance , que les fueros de Huesca dont le
texte original est perdu ; Yaljamia était uniquen^ept un
langage parlé.
Il semblait donc, à première vue, que l'avenir dans
les États d'Aragon appartint au catalan , comme langue
de la prose , au provençal des troubadours , comme
langue de la poésie. Mais, en réalité, le rôle réservé à
ce dernier idiome , depuis que l'influence aragonaise se
concentrait au sud des Pyrénées , n'était sans doute que
^ Les villes et Les villages du royaume de Valence peuplés au XIlI*
siècle par des Âragonais, se reconnaissenl encore aujourd'hui à ce
que, bien que disséminés dans un pays où le peuple parle un dia-
lecte catalan, ils ont conservé la langue de TAragon .(Voy. Âmador
de los Rios, Historia critica de la literàlura espanola, t. II, p. 403,
et app. I, g %).
^ Voy. Âmadèr de los Rios, Hist. crit. de la liUrat. ^spoft., \. il,
p. 397.
448 LITRE IV, CHAPITRE I?
de façonner le catalan aux formes et aux idées poéti-
ques. C'est, du moins, ce qu'on est tenté de supposer
en Yoyant le « romanç > de la Catalogne faire sa première
apparition sérieuse dans le domaine de la poésie sous le
règne de Jacme I*' \
Si maintenant on nous demande les preuves de la sol-
licitude du roi conquérant pour la langue nationale de la
plus grande partie de ses peuples , nous le montrerons
forçant cet idiome à la précision législative dans le code
de Valence, l'imposant comme organe des sentences
juridiques et de l'éloquence du barreau S le brisant en
aphorismes philosophiques dans le Libre de la Saviem^
lui donnant , dans ses mémoires , l'allure ferme , la
souplesse , la couleur qui conviennent au récit histo-
rique. En trois genres différents , Jacme a été le créateur
de la prose catalane. Il ne serait pas impossible, en outre,
que la tradition vague qui lui attribue des vers proven-
çaux eût pour origine quelques essais poétiques du Con*
quistador dans l'idiome du comté de Barcelone. Ce n'est
là qu'une hypothèse pour laquelle militent seulement
deux présomptions : la faveur accordée par Jacme aux
poètes, et son désir évident de faire un jour du catalan
la langue à la fois usuelle , scientifique, officielle et litté*
raire de ses peuples*.
* Voy. Gambouliu, Essai sur Vhistoire de la littérature catalane,
cbap. m.
^ Voy. ci-dessus, p. 237.
' La défense de posséder des traductions en a romanç » des lirres
de l'Ancien et du Nouveau Testament (Voy. ci-dessus, p. 462), fut
une mesure purement religieuse et qui s'explique aisément. La
traduction plus ou moins inexacte des livres saints en langue vuN
gaire était le plus puissant instrument de la propagande albigeoise.
Il était impossible de soumettre à la vérification du clergé chaque
manuscrit en particulier; on trouva plus sûr de proscrire en masse
toutes les traductions.
LA CHRONIQUE DE JAGMB 449
L'œuvre la plus remarquable du royal écrivain est,
sans contredit, sa Chronique ou Commentari; c'est aussi
la plus connue. Nous en avons donné une idée générale
parce que nous en avons déjà dit\ et surtout par les
larges emprunts que nous lui avons faits ; mais la lecture
de ce livre dans le texte original peut seule permettre
d'en apprécier la simplicité pittoresque , la fraîcheur de
détails, la vigueur et la variété de style, l'élévation
d'idées et de sentiments exempte de toute recherche,
l'étonnante justesse d'expressions résultant d'une con-
stante préoccupation d'exactitude. Il se reflète dans ces
pages un héroïsme naïf qui s'ignore lui-même. A l'inverse
delà plupart des auteurs de mémoires, qui cherchent
avant tout à se grandir aux yeux de la postérité , Jacme
se montre d'autant plus grand qu'il s'inquiète peu de le
paraître. Sa Chronique, du reste, n'est qu'un récit d'é-
vénements et non l'explication ou la justification de sa
politique.
Cette œuvre a fait naître deux questions : l'une , celle
de l'authenticité , a été soulevée au commencement de
ce siècle par un de ces esprits amis de la nouveauté,
qui ne peuvent résister à la tentation de contester ce que
tout le monde admet , d'admettre ce que tout le monde
conteste. Nous verrons , dans l'appendice de ce volume *,
ce qu'il faut penser de ses objections.
La seconde question , celle de l'époque où Jacme I"
a dû écrire sa Chronique , n'a au fond qu'assez peu d'in-
térêt. Qu'importe que le Commentari du roi d'Aragon
ait précédé \2l Estoria de Espanna du roi de Castille ?
L'heure d'une renaissance intellectuelle avait sonné. Une
* Tome I, avanl-prop., p. XII et 426.
2 Note D.
T. n. ^
laqgae 4Uit nécessaire poqr qqe ce oionvement des
çsprits pût se maDifester ; les nwjt idioipes agoai^ieat :
c*est la gloire d*ÂiphoDse X e| de Jacme le Cçnquérant
d*avoir sq dégager les nouveaux des langes de la barbarie,
e( d'a?oir obéi en cela à la voix de leur siècle et noi) à un
d^sir mesquin d*iiQitation. S'il faut maintenant donner
notre avis sur la date que Ton doit assigner à la rédaction
de la Chronique royale , nous dirons qu*il n*est possible
de formuler sur ce point qu'une seule affirmation : c*est
que le chapitre cuv , qui se trouve à peu près au milieu
du livre, n*a pas été écrit avant Tavénement d*Âlfoo8e \»
e'e8t*à*dire avant Tannée 1252; puisque Tauteur» men*
tionnant dans ce chapitre sa fille Yolande , ajoute : < Qui
an moment ou nous écrivons est reine de Castille. » On
remarquera, en outre, queJacme, en parlant despre^
mières années de son règne, dit parfois qu'il a oublié le
nom dequelques-uns des personnages qui figurent dansson
récit. Mais à quel moment le roi a-t-il entrepris de rédiger
cette autobiographie ? Â quel moment a-t-il commencé
a raconter les événements jour par jour ? C'est ce qu'on
ne pourrait dire, même d'une manière approximative,
saps se hasarder dans le domaine des pures hypotbèsea.
Il est plus difficile encore de donner quelques indica-
tions sur l'époque exacte et les circonstances au milieu
desquelles a été écrit le Libre de la Savie^a ou Libre d^
DoctrtM.Hel ouvrage n'a jamais été imprimé. Des trois
manuscrits dont nous connaissons l'existence, aucun ne
parait être complet. La bibliothèque de l'Escurial en
possède deux qui remontent au Xlir siècle * ; le troisième,
^ La meilleure des deux copies de TEscurial est cotée J. H. 29.
Elles portent l'une et Tautre pour titre: Le Libre de la saviez. —
Nous sommes redevable à M. Âmaior do los Hios , non-seulement
des indications que nous a fournies sa remarquable Ilistoria çritiea
La LIBRE DB LA SiYIBaA 451
datant sealemeot duXIV^ siècle, est conservé à la biblio-
tbëqae nationale de Madrid. C'est d'après ce dernier, le
seal que nous ayons pa parcourir avec soin \ que nous
allons donner une idée du deuxième ouvrage attribué à
Jacme le Conquérant.
Le livre débute par un préambule dans lequel le « roi
en Jacme d'Aragon » fait connaître les motifs qui l'ont
engagé à réunir < pour son profit et pour le profil de
ceux qui voudront les entendre. . . les bonnes paroles
des philosophes anciens car, bien que l'ensemble
de tous les bons conseils se trouve dans la théologie, les
bonnes paroles que les anciens philosophes ont dites et
les bons avis qu'ils ont donnés ne sont pas nuisibles à
nous qui sommes chrétiens; mais au contraire il y a
profit à les connaître et à s'en enquérir. »
Un second préambule explique l'utilité de « ce livre
de sagesse » qui sert à distinguer le bien du mal et que
les « sages doivent apprendre et retenir, et ceux qui ne
sont sages méditer et étudier en détail, afin que s'ils
voulaient faillir, ce livro les en empêche. >
Cette double préface, dont nous publions le texte dans
nos Pièces justificatives, semble constituer la partie la
plus originale de l'œuvre. Le reste n'est guère qu'une
compilation de sentences morales tantôt disposées en
dialogues à peine esquissés, tantôt encadrées dans une
«-•■
de la ÎUeralura espanola, mais encore de plusieurs renseignements
qud réminent écrivain a bien voulu nous donner par lettre avec la
plus gracieuse obligeance, et dont nous sommes heureux de le
remercier.
^ Ce maouscril est intitulé : Lo Libre de Doclrinaf ainsi qu'on peut
l4 voir dans nos Pièces justiûcalives, u» XVIIl. Don José Maria
Escudero, de la Bibliothèque nationale de Madrid, a eu la bonté de
faire copier en entier pour nous ce précieux document. Nous lui en
témoignons ici notre reconnaissance.
453 LIVBB lY , CHAPITRE IV
ébauche de récit, d'autres fois rassemblées sans encbal-
nement et sans ordre. Dans Tensemble informe de ce
livre, un examen minutieux permet de distinguer, outre
les deux préambules dont nous avons parlé, six parties
qu'on croirait avoir été rapprochées par un simple effet
du hasard ; ce sont :
1* La série « des bons proverbes et des bons exemples
que les sages avaient écrits sur leurs sceaux » ;
2* Une suite de dialogues, dont les interlocuteurs ne
sont désignés que sous la dénomination générale de
philosophes et quelquefoisde < philosophes des Grecs * »;
3* Un certain nombre de maximes, que Tauteursemble
attribuer à Socrate ;
4*" Le résumé d*Qne lettre d'Alexandre à Âristote et la
réponse du philosophe ;
5"" La traduction d'une lettre d'Àristote à Alexandre
renfermant deux parties d'un traité sur les devoirs des
rois ' ;
* Chacun de c^s dialogues porte le titre de ajustament, réunion.
Quelques-uns sont précédés d'une véritable mise en scène, par
exemple : « Réunion de treize philosophes des Grecs dans le doUre
des rois. Et au bout du cloître les cercueils des rois morts et sur les
cercueils les images des rois morts , couvertes d'étoffes moult pré-
cieuses , les capuchons et le tour des manches ornés d'or, comme si
sur les cercueils étalent leurs chairs bien faites et luisantes. Pub
les philosophes s'assirent de telle manière qu'ils étaient auprès des
rois, et ils dirent les uns aux autres : a Disons quelque chose de la
«sagesse qui soit un enseignement et une prédication pour ceux qui
»l'ouîront. D Au milieu de ces dialogues est intercalée une anecdote
sur la manière dont Âristote enfant profita des leçons que Platon
donnait à « Milaforius, fils de Rafusta, roi des Grecs.»
3 Cette partie est précédée d'un fragment de préface, dans lequel,
«Joannicide Ysach, celui qui a traduit ce livre», raconte qu'il fat
chargé par le ^miramomoni de chercher le livre écrit en lettres
d'or», et que, l'ayant trouvé dans un temple, grâce aux indications
d'un sage ermite, il le traduisit «du langage des gentils en latin et
LO UBBB DE LA SAVIBSA 455
6"* Ua grand nombre de sentences réunies pêle-mêle
sons la rubrique Exemples de Socrate.
A cette sixième partie, le copiste du manuscrit de
Madrid a ajouté une prédiction d'éclipsés pour les années
1290 et 1293, une « oracio per V anima salvar » et huit
sentences sur le danger de révéler son secret, après quoi
la formule finilo libro referamus gloria Chrislo est venue
donner à cet exemplaire l'apparence trompeuse d'un
tout complet.
A TexceptiondeSalomon, mentionné dans le préam-
bule, et de deux ou trois autres personnages, dont les
noms méconnaissables ont conservé cependant quelques
traces de physionomie hébraïque ou arabe, les sages
nommés dans ce livre appartiennent tous à l'antiquité
païenne, ce qui n'empêche pas qu'un grand nombre des
maximes qu'on leur prête ne portent l'empreinte arabe,
juive et chrétienne ^
L'aspect général du Libre de la Saviesa est celui d'un
assemblage provisoire de matériaux qui devaient servir
plus tard à la composition d'un ouvrage. L'auteur avait
pris pour modèles de son travail, resté inachevé, des
recueils analogues juifs et arabes, assez nombreux e
du latin en hébreu.» Joannici de Ysach est, sans doute, PÂrabe
nestorien Honaïn ben Ishak, qui vivait au IX« siècle et fut choisi
par les premiers khalifes abbassides pour traduire en arabe, et non
en hébreu, les ouvrages scientifiques des Grecs. On lui doit un livre
Intitulé : ApophUiegmala philosophorum, auquel le Libre de la Saviesa
a dû faire de nombreux emprunts. (Voy. À. Heifferich, Raymund Lull
und die Anfange der catalanischen Lileratur. Berlin, 1858)
* Ainsi on peut lire sous la rubrique Exemples de Socrate, une
recommandation de dire les grâces après le repas, et des pensées du
genre de celle-ci : « C'est chose périlleuse pour Thomme que de vivre
dans un état où il ne voudrait pas être au moment de sa mort » ; ou
bien : « Prenez garde, pour les choses de la terre, de ne pas perdre
ceUes du ciel. »
454 LlfBE IT, CfiAMTBK IT
Espagne, OÙ ils avaient introduit et popularisé i^usage des
sentences et des proverbes. Dès le règne de Fernand III,
la langue castillane avait donné le Lihro de los docesabios
on tractado de la noblença et lealtança et les Flore» de
Filosofia. Sous Alfonse X, on avait vu paraître el Bo-
nium ^ ou Bocados de oro et Poridat de Poridades * on
Ensenamiento et castigos de Alexandre^. Le Libre de la
Saviesa procède des mêmes origines que ces imitations
ou traductions de traités orientaux. Il ne serait pas impos-
sible que Fauteur catalan eût misa profit les travaux faits
en Gastille, se dispensant ainsi de recourir aux origi-
naux ; mais il est plus probable que Jacme a été aidé par
des docteurs juifs, chargés de recueillir les matériaux
de son livre dans les écrits hébreux et arabes.
On sait tout ce que le progrès intellectuel doit à la race
juive. La littérature rabbi nique, qui contribua à la For-
mation de la langue nationale de la Gastille, exerça, selon
toute apparence, une action analogue dans les pays cata-
lans. C'est à elle que Ton peut, croyons-nous, rattacher
jusqu'à un certain point le Libre de la Saviesa. Il n'est
pas trop téméraire de supposer qu'un rabbin prit une
part assez active à la composition de ce recueil ; car un
docteur nommé Rabbi Jona fut chargé par le roi Jacme
d'écrire deux traités, l'un sur la Crainte de Dieu, Tautre
destiné «à instruire les hommes des devoirs de la religion
^ C'est le nom du héros de la action dans laquelle sont encadrés
les préceptes des philosophes. El Bonium est Panagramme de Muy
ndbU; Tautcur de la iraduction a voulu sans doute désigner le roi
Âlfonse X.
3 Secret des secrets.
* Voy., pour les quatre ouvrages qui paraissent avoir servi de
modèles à Jacme P*', Amador de los Bios, Hisioria critiea de la Hle-
ratura espanola, t. III, chap. viiiet x.
et de la piété ^ » Dans les ouvrages de ce genre, le rôle
des rabbiûs se borbàit probablement & rassembler et à
traduire les passages des écrits en langues orleU taies ^ui
se rapportaient àa sujet proposé ; des clercs faisaient un
travail analogue sur les textes chrétiens k et de ceâ maté*"
riàat combinés sortait l'œnTrè définitive. Tel est le pr6'
cédé appliqué sans doute au Libre de Ui SàvièBây dont itt
rédaction, telle qu'elle est arrivée jusqu'à nous, peut être
attribuée sans invraisemblance à Jacme le Ck)nqdéraut.
Ainsi s'6]iplique la présence de maximes chrétiennes au
milieu de citations des moralistes païens, juifs oU musul-
mans ; ainsi se concilient Taffirlnation du roi, qui se
donne comme Tauteur du livre ; et Térudition êteùdUU
que suppose un pareil travail*.
Quoiqu'on en ait dit, d'ailleurs, Jactae n'était pas
dépourvu d'instruclito. Rien ne proure, il enivrai, qu'il
ait eu pour précepteur Ramon de Pen jafort on Pierre dé
Nolasque. Jeté dès son enfance dans la vie active, il dut
recevoir une éducation plus négligée encore que celle défS
princes ses contemporains; mais sa haute intelligence et
ractivité dé son esprit lui permirent d'acquérir par lui«
ttiéme ce que des maîtres n'avaient pu lui donner. Par la
lecture des livres saints, par ses conversations avec IM
religieux, les savants et les poètes dont il aimait à s'eU^
tourer, il put se créer un fonds de connaissantes litté*>
raires et scientifiques dont il savait faire usage à propos.
< Ce dernier ouvrage fut composé vers 4264. Voy. Bariholoccius,
Bmiaffieca raèhinica, el Basmge^ HUi. desivifs, Hv. IX, dh«p. XVII,
Me.
*Viltarroya {Coleccian à» carias**,^ p. S) ne peut admettre que
laeme ait éeril un ouvrage qui nécessite une si grande Instruction.
Cet argument, le seul que Pauteur des Garta» hisioriofhorUicat tenee
à Tadresse du Libre de la Saviesa, n'a pas, comme on le voit, uite
bien grande portée.
456 LITRE IV, GHÀPiniB lY
Il est peu de ses discours qui ne commencent par un teite
latin, le plus souvent emprunté aux Écritures < qu'il
savait, dit naïvement un chroniqueur, par don spécial du
Saint-Esprit, de lui-même et sans maîtres, si bien qu'il
prêchait à toutes les fêtes de Tannée , citant à chaque
instant les textes sacrés comme eut pu le faire le meilleur
maître de théologie ^ >
On n'attribue généralement au Conquistador que la
Chronique et le Libre de la Saviesa; nous croyons cepen-
dant que le code de Valence doit compter parmi les
œuvres qui témoignent des efforts de ce prince en faveur
de la langue catalane. Les Fur^ ont été trop peu connus
jusqu'ici pour qu'on ait pris garde à la diversité des
matières qu'ils embrassent, aux difficultés qu'il a fallu
surmonter pour donner à leurs articles le degré de préci-
sion et de clarté nécessaire à un travail de réformation
législative. En effet, bien différent d'une charte commu-
nale, qui transforme d'ordinaire en loi écrite, avec plus
ou moins de bonheur, quelques usages déjà connus , ce
recueil prévoit presque toutes les questions de droit et
leur donne parfois une solution inattendue, qui demande
à être nettement comprise. Les Furs ne sont pas, au
même titre que les Partidas, une œuvre littéraire; mais
ils ont leur place marquée dans l'histoire de la langue
catalane. L'analyse que nous en avons faite, et le frag-
ment que nous en publions dans nos Pièces justificatives ',
permettent d'en avoir une idée générale. Il nous suffira
* Le vieil historien auquel nous empruntons ces lignes ajoute :
a Et jamais il ne voulut entendre messe sous un dais; au contraire,
il restait tout le temps agenouillé à deux genoux loin de l^autel,
comme indigne, et il empochait que ceux de sa maison n'ouïssent
la messe comme les femmes dans les tribunes grillées. » (Carbonell,
Chroniques de Ëspanya.)
» No VIII.
LES LBTTRE8 SOUS JÂGME I*' 457
de faire remarquer ici que le roi a évidemment pris à
leur rédaction une part au moins aussi active qu'à celle
du Libre de la Saviesa.
Après les premiers essais de Jacme pour ériger le cata-
lan en langue officielle et littéraire, il y eut un moment
d'hésitation et de résistance. Les gens du palais, des
écoles et des chancelleries , qui formaient comme un
monde à part, initié aux mystères du langage abâtardi
qu'on décorait du nom de latin, ne purent se décider à se
servir de la langue rude, mais pleine de sève, que le vul-
gaire employait, et qu'un roi venait d'élever jusqu'à lui.
Nous avons vu que Jacme ne put contraindre les avocats
à plaider en «romançV > Les livres des savants et les actes
mêmes de la chancellerie royale continuèrent à être écrits
en latin. Cependant l'exemple donné par le Conquis»
tador ne pouvait manquer de porter ses fruits.
Ce furent d'abord les marins catalans qui, avec leurs
Costumes de la maty donnèrent le premier travail de
quelque étendue qui ait suivi les œuvres royales ; mais, à
cette exception près, il faut aller chercher hors des limites
du règne de Jacme P' les émules de l'illustre écrivain du
Commentari. Bernât d'Esclot, Ramon Muntaner, Rabbi
Jahuda ben Astrug, sont ses contemporains , mais ils
n'écrivent que sous ses successeurs. Les chroniques des
deux premiers ' ne font pas oublier les qualités atta-
chantes de la Chronique de Jacme, et le recueil des
« paroles des sages et des philosophes > extraites des
* Voy. ci-dessus, p. 237, noie 2.
3 Nous avons donné dans notre tome I (Appendice, p. 428) un
jugement comparatif sur ces deux chroniques, diaprés VEssai sur
Vhisloire de la littérature catalane de M. Cambouliù. Voy. aussi Ama-
dor de los Rios, Historia critica de la literalura espanola» t. IV#
cbap. XV.
4Sê LtTRfe IV, CHlMtAÉ IT
livres arabes par • Jahada, jaif de Barcelone, flii d'M
Àstrug de Bonsenyor > , n*est gaëre sapérieur pour U
langue aa Libre de la Saviesa ^
Sous Jacme I*', la littérature catalane a fourni setile-
ment, outre les œuvres royales, quelques pièces de Vers,
dont les seules connues de nos jours ont pour auteùf lé
philosophe Ramon Lull.
Nous avons dit plus haut que Tidiome poétiqne dû
XIII* siècle était le provençal des troubadours. Toutes
les cours de l'Europe avaient entendu résonner cette
langue harmonieuse ; plusieurs princes de la maisoil de
Barcelone s*étaient essayés à la modeler en cansof.
Quoi qu*on en ait dit, le conquérant de Valence ne parait
pas avoir imité en cela son père et son aïeul. Mais, à leur
exemple , il combla de faveurs les poètes qui venaient
chercher un asile dans ses États, étendant sa généreuse
protection sur ceux-là mômes qui Pavaient le plus vive-
ment attaqué dans leurs sirventes. Il est peu de trouba-
dours de ce temps dont les œuvres ne touchent à This-
toire de Jacme I*' V Tomiers et Palazis, Guillem de Mon-
* Quelques auteurs ont confondu le recueil de Jahuda avec le Libre
de la Saviesa, Les deux ouvrages se trouvent réunis à la bibliothèque
nationale de Madrid, dans le même manu<tcri( (in-f« L. S). Le pre^
roier commence au f<» 83. Il y est dit expressément quUl a été Gom-
posé par les ordres de a en Jacme, par la grâce de Dieu, roi d*ÂragOD,
de Sicile, etc. », c'est-à-dire de Jacme II. Il est possible, d^ailleurs,
que Jatinda ait travaillé au Libre de la Saxnesa, et qo^îl ait été
employé par Jacme le Conquérant à traduire des écrivains arabes,
ainsi qu'on l'a avancé en se fondant sur une simple tradition.
3 Les troubadours, dans leurs rapports avec l'Espagne, font Pobjet
de Pétude intéressante de don Manuel Mila y Fontanalf, que nous
avons mentionnée plusieurs fois. Nous ne saurions mieux faire que
d'y renvoyer le lecteur. En éclairant Thistoire littéraire de la langue
d'Oc par l'histoire politique de sa patrie, le savtint professeur dé
Barcelone a rectifié en bien des points importants les écrivains 4^
LË8 ÏROtBADOtRft 4S9
tâgnagol *, Bernard de Rovenhac, Bertrand de Born le
fils, Durand de Pernes, Boniface de Castellane, Bernât
Sicart de Marjévols, Sordello, Guillem Anelier, Arnalt
Plaguès, Elias Cairel, Ganbert de Puegsibot, Aimeric de
Belenoi, Nat de Mons, Guiralt Riquier, Pierre Bosô,
Mathieu de Quercy, tous nés hors de la Péninsule, ont
nommé dans leurs vers le roi d'Aragon, les uns pour louer
ses hautes qualités, les autres pour censurer sa conduite ;
ceux-ci pour se faire gloire de compter au nombre de ses
vassaux, ceux-là pour implorer ses bienfaits. Mais Uù
nom domine cette foule poétique , c'est celui du fameux
Pierre Cardinal, qui, par la vigueur et Toriginalité de ses
satires, a mérité d'être appelé le Juvénal du XIII* siècle.
«Il fut, dit un de ses biographes, moult honoré et
récompensé par monseigneur le bon roi Jacme d'Ara-
gon. > Le souverain admit le poëte à une telle intimité,
que souvent, assure la tradition, le lit de Pierre Cardi-
nal fut dressé dans la chambre royale.
Les troubadours d'outre-Pyrénées avaient dans les
pays catalans des émules qui cultivaient la poésie pro^
vençale. Tels étaient Guillem de Cervera, Arnalt Catalan,
Guillem de Murs, Serveri de Girone, Olivier le Templier.
Mais la langne des troubadours, née dans la France méri-
dionale , dépérissait avec la nationalité dont elle était
l'organe ; l'idiome catalan, au contraire, vigoureux et
ravalent précédé. Ainsi nous avons dû, diaprés ses indications,
retrancher de la liste des poêles contemporains de Jacde t«^, tiuUletn
de Bergadan et Hugues de Mataplana.
* Un Guillem de Montaynagol, qui n'est probablement pas différent
du poêle de ce nom, reçut des biens à Valence, lors de la réparlî-
Uon. Ferrand, jongleur, ei B. Carbonell, figurent aussi dans le repar-
limienlo. Ce dernier pourrait bien être le troubadour Bertran Car-
bonell, conleraporain de Jacme, mais qui cependant ne parle dd ce
prince dans aucune de ses pièces que nous connaissions.
460 LIYBB IT , CHAPITRE IT
jeune, en tant que langue écrite, plus apte à interpréter
les idées nouvelles, réclamait sa place dans le domaine de
la poésie. Si Jacme n'a pas travaillé lui-même à la lui
faire, il a évidemment encouragé tous les efforts tentés
dans ce sens.
Les premiers vers catalans dont Tauteur soit connu,
portent le nom de Ramon LuU. On sait que l'ardeur des
passions avait troublé les jeunes années de l'austère phi-
losophe ; c'est là peut-être le seul fondement de l'opinion
qui lui attribue des poésies erotiques, dont il ne resterait
d'ailleurs aucunes traces. Parmi ses vers religieux ou phi-
losophiques, quelques-uns seulement paraissent avoir été
composés, au temps de Jacme V \ Ils constituent à peu
près tout le bagage de la poésie catalane sous ce règne ' ;
mais ils suffisent à démontrer que l'idiome du comté de
Barcelone naquit à la pleine vie littéraire sous le prince
qui a écrit le Commentaris les Furs et le Libre de la
Saviesa.
Du reste , la langue vulgaire n'eut pas seule le privi-
lège d'attirer les faveurs de Jacme r% malgré la sympa-
thie particulière qu'elle inspira à ce roi. Le latin, langue
* Don Geronimo RosseilOi écrivalo et poëte mayorquin, a donné
en 1859 une édition des poésies de Ramon Lull, accompagnée de
nof^s intéressantes sur la vie et les œuvres du célèbre auteur deVArs
magna. On doit aussi à M. Rossello une Biblioteca Luliana, restée
manuscrite, croyons-nous, mais que M. Âmador de los Rios men-
tionne quelquefois dans son HUloria critica de la literatura espanolay
t. IV, chap. XV.
2 Muntaner, auteur d'un discours en deux cent quarante vers sur
la conquête de la Sardaigne, adressé au roi Jacme II, et Jaume
Febrer, qui composa, sur la demande de Pierre III, les Trobasdels
linatges de la conquista de Valencia^ ne peuvent être comptés parmi
les poètes du temps de Jacme le Conquérant, bien qu'ils aient vécu
sous le règne de ce prince. Nous parlerons de l'ouvrage de Febreré
la note À de PÂppendlce.
UNITER81TBS ET ÉCOLES 461
internationale et, par conséquent, langue scientifique par
excellence, était à peu près seul en usage dans les écoles
que Jacme lui-même avait créées. Deux centres princi-
paux d'enseignement doivent leur existence au Conquis-
tador. L'un, établi à Lérida, était une université ou,
comme on disait alors, une « étude générale » (studi gêne-
rai, générale studium *J. On y professait le droit canon,
le droit civil et, probablement aussi, les arte, c'est-à-dire
la grammaire et la dialectique. Nous ne pensons pas que
la théologie et la médecine fussent comprises dans ren-
seignement de Tuniversité de Lérida. À Valence, Jacme
institua un studium qui ne parait avoir été qu'une école
de théologie annexée à la cathédrale de cette ville. Inno-
cent lY félicita vivement le roi d'Aragon de cette créa-
tion, et dota l'école de Valence de privilèges importants '.
Montpellier était le centre enseignant le plus considé-
rable dépendant de la couronne aragonaise ; c'était aussi
Ton des plus renommés de l'Europe. On sait de quel
éclat brillaient déjà sous les Guillem ses Écoles de méde-
cine et de droit. La Faculté des arfo' y prit de l'impor-
* Il semble résulter d^un passage de Zurita {Anales» lib. V,
c&p. XLiv) que Jacme II aurait créé PUniversité de Lérida, tandis
qu'en réalité ce roi n'en fut que le réorganisateur, ainsi que cela
résulte implicitement des termes d'un privilège de Pan 4300, publié
par M . Massot-Reynier dans l'appendice des coutumes de Perpignan.
Une loi de Philippe II, insérée dans les Constitutions de Catalogne
(vol. I, lib. II, tit. Yui, const. 1), attribue expressément la fondation
de rUniversité de Lérida à Jacme le Conquérant.
3 Privilèges de Valence, f»ccxxxYiu, n* 45; Raynaldi, Annales
eccles,^ ad. ann. 4245, n^ 76.
' M. Fauciilon , membre de la Société archéologique et de l'Aca-
démie des sciences et lettres de Montpellier, a publié l'histoire de
l'École de droit et celle de la Faculté des arts de cette ville. Pour
l'École de médecine, voy. Astruc^ Mémoires pour servir à VHisloire
de la Faculté de médecine de Montpellier,
tance au Xlir siècle par les soins de Tévéqne de Hague*
lone Jean de Monllaur, car personne n*ignore qu*à cette
époque tout enseignement était placé sons la dépendance
directe de raatorilé ecclésiastique. Jacme V essaya de
faire intervenir le pouvoir laïque dans la nomination des
professeurs, principalement de ceux de TËcole de droit,
dont les doctrines pouvait exercer une si grande ia*^
fluencesur lesquestions politiques. Un maître nommé par
lui, G. Seguer, fut excommunié par Tévéque de Magne-
lone, et le pape Clément IV, approuvant la conduite du
prélat, reconnaît celui-ci comme principal chef de TUni-
versité, < episcopmest capiU studii principale^ » Malgré
le principe, le pouvoir royal avait une grande influence
sur les écoles de la Péninsule; mais à Montpellier, ou le
roi comptait pour si peu, même dans Tordre politique, il
u*est pas étonnant de le voir rarement mêlé aux questions
d'enseignement. Nous ne connaissons en ce genre qu'un
seulacle de Jacme l" : c'est son privilège de l'année 1272,
qui réglemente l'exercice de la médecine dans saseignea*
rie languedocienne '.
L'importance de l'Université de Montpellier et la créa-
tion de celle de Lérida n'empêchèrent pas les étudiants
des pays aragonais d'aller compléter leur instruction à
Toulouse, à Paris et en Italie. On accourait surtout dans
les écoles italiennes, et particulièrement à Bologne,
pour y puiser dans les leçons de maîtres renommés les
vrais principes de la jurisprudence romaine.
Si maintenant nous embrassons du regard l'ensemble
des principales sciences cultivées à cette époque, il nous
sera facile de nous convaincre qu'aucune d'elles n'est
restée stationnaire sous le règne de Jacme ¥\ La démon*
* Martèneet Durand, Thésaurus novus anecdot., t. Il, col. 603.
' Germain, Histoire de la commune (k Montpellier, i. Ul, p. 4^7.
LES QGIEPrCES SOUS MGME I*' 46?
strfttioQ pourrait paraître superflue en ce^qui touche ^ la
théologie. Ce u'est pas au Xlir siècle , au temps de saiut
Sonaveuture etde saiotTboipasd*Âquin, au momentoù les
QFdresde Saint-François etde Saint-Dominique brillaient
de toute leur splendeur, que cette science put déchoir
quelque part dans la chrétienté? Mais, en Espagne, les
conférences publiques pour la conversion des juifs et des
Musulmans donnèrent une physionomie tonte particulière
à la controverse religieuse. Frère Paul, Ramon Martin,
auteur du Pugio fidei^ Ramon de Penyafort, étaient
les principaux athlètes de ces joutes, auxquelles le roi
lui-même, nous Tavons vu \ ne craignit pas de se mêler.
Les frères prêcheurs et les frères mineurs d'un côté;
4ç Tautre, les écrits d'Ârislote et de ses nombreux com-
mentateurs, répandus dans la Péninsule par les Arabes et
traduits par les juifs, entretiennent le goût des éludes
philosophiques, et font naître, vers lafmdu règne qui
nous occupe, les doctrines du savant et vertueux Ramon
Lull *. Mais, avec le bon sens qui dirige toutes ses actions,
Jacme, laissant àTécole les discussions abstraites, s*at-
* Yoy. ci«dessus,p. 381.
« Unérudit roayorquin, M. le docteur Fernando Weylery Lavina, .
ohef de service de la santé militaire dans l^s îles Baléares j a publié
dernièrement sous le titre de Raimundo Lulio jusgadopor si mismot
un volume qui aUeste de sérieuses et intelligentes études. M. Weyier,
rendant la justice qui est due aux vertus et aux intentions élevées de
l'homme, ne trouve guère dans les œuvres du philosophe, du savant
et 4e récrivain que a des combinaisons par trop subtiles et obscurçs,
des prétentions exagérées , des conceptions triviales, puériles et
parfois ridicules, un langage vulgaire.... » De plus compétents que
nous pourront apprécier la valeur de ce jugement sévère; il suffit à
n^re làohe de constater que les doctrines de l'auteur de VArs magna,
auxquelles on ne peut refuser une large place dans Phistoire du déve-
loppement de Tesprit humain, se sont produites pour la première
toi$ d9n$ les Ëlats de Jacme i*'*, vers 4272. Ramon LuU avait été,
dit-on, dans sa jeunesse, m^ordome du palais du roi d'Aragpn.
464 LITRE IV, CHAnTRE IT
tache à vaigariser ceqa'il y a de réellement pratique
daDS les enseignements des philosophes, c'est-à-dire les
préceptes de la morale. Ace genre de travaux se rattache
le ModiÂ8 jmtè negoUandi, traité de morale appliquée
au commerce, dont Tautenr est saint Ramon de Penya-
fort*.
Nous n'avons pas besoin de revenir sur la jurispru*
dence après les chapitres que nous lui avons consacrés.
L*histoire des institutions judiciaires doit à Vital de
Ganellas un ouvrage connu sous le nom de livre In Ex-
cekis*^ dont quelques fragments ont été sauvés de Toubli
par les Commentaires de Blancas.
La célébrité de TÉcole de Montpellier , le grand
nombre d'écrits scientifiques d'origine arabe ou juive qui
circulaient en Espagne, le voisinage de la Castille, où ud
roi savant donnait une impulsion extraordinaire à l'en-
semble des connaissances humaines, sont des indices
suffisants de l'état relativement avancé dans lequel se
trouvaient sous Jacme V les sciences médicales, physiques
et mathématiques. Deux noms illustres se rattachent à
ces études dans les pays aragonais, c'est celui de Ramon
Lullet celui de son maître Arnaud de Villeneuve, né selon
les uns en Catalogne, selon les autres au petit village de
Villeneuve-lez-Magueloue, près de Montpellier.
L'impression que laisse à l'esprit l'étude d'ensemble à
laquelle nous avons consacré ce chapitre , c'est que le
régne de Jacme le Conquérant doit être rangé au nombre
de ceux qui caractérisent le plus nettement cette ère de
progrès général et de transformation sociale que l'on
appelle le Xlir siècle, époque féconde qui a fait luire sur
* Gapmaoy, Meniorias.. X. I, part, ii, p. 28.
* On a donné pour titre à Touvrage les premiers mots du préam-
bule qui débute ainsi : In excelsis Dei thesauris.
PROSPÉRITÉ DES PATS ARAG05AIS 465
la vieille Earope l*aarore de la civilisation moderne.
Sage législation, qu'anime le sonrfle de la liberté, où
l'égalité commence à se faire jour, où la royauté n'a
encore introduit que sa force régulatrice et non ses tyran-
niques abus ; administration supérieure à celle de la plu-
part des États voisins S grâce aux principes qui la ré-
gissent et à la sagesse qui dicte au souverain le choix de
ses agents '; commerce prospère ; richesse publique rela-
tivement florissante en certains points du territoire ;
mouvement intellectuel fortement accusé, voilà ce que les
pays de la couronne d'Aragon doivent au plus grand de
leurs rois. Si l'on joint à ces avantages la loyauté, la
franchise, la cordialité des mœurs aragonaises et cata-
lanes, la beauté du climat sur les riantes plages que baigne
la Méditerranée, on ne sera pas surpris de voir des habi-
tants de toutes les parties du monde civilisé venir de-
mander à ces belles et industrieuses contrées l'espérance
d'an brillant avenir ou l'oubli d'un passé malheureux.
Nous ne parlons pas seulement de ceux que l'appât de
la conquête attira à Mayorque ou à Valence, mais aussi
* Notamment à celle de la Castille. (Voy. Lafuente. Hist. geiheral
de Sspana^ part. II, lib. II, cap. 43, g 4.)
* c Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu, ditCarbonell, un roi autant
aimé de son peuple que le fut celui-ci. Car il craignait Dieu, U trai-
tait ses vassaux moult humainement et avec amour, il leur donnait
force libertés et franchises, et il prenait bien garde à qui il accordait
les dignités et les emplois dans ses royaumes et terres. D'abord il
examinait avec soin la vie do la personne à qui il confiait direction
ou administration , et souvent il advenait que tel avait dignité ,
emploi ou bénéfice qui ne le pensait point. Il les payait et ne voulait
pumt donner ces charges à hommes vicieux ou de mauvais re-
nom ou de qui il reçut de Targent. Et, ainsi, les dignités et les em-
plois restaient en tout temps dans les mains de vertueuses etbonnes
personnes, et chacun alors s'étudiait à être bon et vertueux et les
choses publiques étaient mieux régies.»
T. n. 30
466 LITRE IV, CHAPITRE 19
de ces marchands étrangers qai sollicitent Tbonneulr
d'être admis an nombre de^ citoyens de Barceloïie^; de
ces princesses auxquelles les troubles politiques eût ràti
une couronne, et qui trouvent l'accueil le pluscbeya-
lercsque dans les Etats du généreux souyeraiû. Irène,
fille de Théodore Lascaris le Jeune, et veuve de Guiîlaume
Pierre, comte de Vintimille; Constance, sœur de Maû-
fred, roi de Sicile, et veuve de Jean Vatace, empereur
de Nicée \ vinrent également se réfugier àTombre dn
trône d'Aragon, et reçurent de riches domaines*. Il
semblait que les Majestés déchues ne pussent pas trouver
un asile plus digne d'elles qu'un pays dont les souverains
se glorifiaient, selon les expressions dû moine Fab^icio^
d'avoir pour sujets des rois et non des esclaves.
* Ainsi, en 4263, Guillem Borrel, de Narbonne , est reçu citoyen
et marchand de Barcelone. (Archives d-Àragon, Parch. de Jacme K
n»« 4742 el 4752.)
^ Voy. Zurila, Anales, lib. III, cap. LXXV; Indices, ad. ann. 4269;
— Diago, Anales de Valencia, Jib. VII , cap. 59.
' Les archives d'Aragon (Reg. XXXV, f- 46 et 49 et Reg. XXXVIl,
f° 69) contiennent des donations en faveur de Constance, « impéra-
trice des Grecs», en Aragon et à Valence. Le 4 6 août 4 306, Constance
cédaà Jacme lises droilsau trône de Conslantinople. (Â.rch. d'Arag.,
Reg. XXIV , fo 58.) Cette princesse mourut à Valence et fut enterrée
dans la chapelle des Hospitaliers de cetle ville.
* Voy. la chronique de Gauberie Fabricio de Bagdad, citée par D.
Modeste Lafuente d'après Tunique et très-rare édition de 4499.
CHAPITRE V
Agitations en Castille. — Conseils de Jacme i Alfonse X. — Événements
en France et en Navarre. — Mort d'Isabelle d'Aragon, reine de France.
— Affaires de Montpellier. — Projet d'expédition de l'infant Pierre
dans le comté de Toulouse. — Querelle entre l'infant Pierre et Femand
Sanchez. — Guerre du comte de Foix contre le roi de France. —
Mort de Berenguela Alfonso. — Dernier testament de Jacme. — Dis-
sentiment avec les barons catalans. — Succession du comté d'Urgel. —
Jacme au concile de Lyon. — Conduite privée du roi. — Démarches
pour l'annulation du mariage de Teresa Cil. — La dernière maîtresse
du Gonqmslador. — Troubles en Catalogne et en Aragon. — Rupture
entre le roi et Femand Sanchez. — Femand noyé par l'ordre de son
trère. — Pacification de TAragon et de la Catalogne. — Affaires de
Navarre. — Pierre d'Aragon reconnu pour héritier de la couronne de
Navarre. — Invasion des Musulmans d'Afrique. — Révolte des Maures
de Valence. — Mort d'Al-Azarch. — Maladie du roi. — Défaite des
chrétiens. — Derniers conseils du roi à ses fils. — Codicilles. — Mort
de Jacme I*^ — Complainte de Mathieu de Quercy. — Conclusion.
Tandis que les pays de la couronne aragonaise s'éle-
vaient à un haut degré de prospérité sous Tadminis-
tration ferme et habile du roi Jacme I", la Castille était en
proie à de sourdes agitations, et déjà Ton pouvait près,
sentir les malheurs qui devaient abréger les jours d' Al-
fonse le Savant.
A peine revenu dans ses Etats, après sa tentative de
croisade eu Terre-Sainte , Jacme avait été invité par son
468 LIVBB IV , CHAPITRE T
geodre à assister aa mariage de Tiafant Fernand de Cas-
tille avec Blanche de France, fille de saint Loais. Le roi
d'Aragon, pendant son séjour à Bargos, n*eat pas de
peine à s'apercevoir de Forage qui s'amassait sur la tête
d'Âlfonse X. Les mécontents de Castille firent même quel-
ques démarches pour l'attirer à leur parti : mais Jacme,
loin de se prêter à ces combinaisons, essaya loyalement
de réconcilier les ricos homes castillans avec leur roi. Ses
efforts furent vains, et comme Alfonse, que l'âge, la ré-
flexion et le malheur avaient définitivement rapproché de
son beau-pére, lui confiait un jour ses chagrins, « nous
lui dîmes, écrit le roi d'Aragon , que nous le priions d*agir
d'après nos conseils dans ce qu'il voudrait faire , et que
s'il se trompait il nous le dit , et que nous réparerions sa
faute. De quoi il nous fut moult reconnaissant, comme il
nous le prouva en nous assurant qu'il ferait ce que nous
lui disions Et son séjour avec nous fut de sept jours,
et dans ces sept jours nous lui donnâmes sept conseils,
pour qu'il s'y conformât dans ses affaires. Le premier
conseil fut de tenir en tous points sa parole lorsqu'il
l'aurait donnée à quelqu'un ; car il valait mieux avoir
l'ennui de dire non à qui demande que souffrir la dou-
leur de ne pouvoir tenir ce qu'on a promis. Le second
conseil fut de bien regarder, avant de passer ou d'oc-
troyer un acte, ce qu'on voulait en faire ou n'en pas faire.
Le troisième conseil fut de tâcher de conserver tout son
peuple en son pouvoir; car il était bon et convenable que
tout roi sut conserver l'amour et s'attirer la bienveillance
de tous ceux que Dieu lui avait confiés. Le quatrième
conseil fut, s'il ne lui était pas possible de conserver
l'affection de tous ses sujets , de garder au moins celle
de deux classes, qui étaient Téglise et le peuple avec les
bourgeois de sa terre ; car ce sont gens que Dieu aime
CONSEILS DE JAGHE A ALPHONSE X 4C9
mieax qoe les chevaliers , parce qae les chevaliers sont
plas prompts que les autres à se soulever contre leur
seigoeur. Il serait bon, ajoutâmes-nous, de s'attacher
tontes les classes, s*il était possible; mais, s*il ne le pou-
vait, il devait conserver ces deux classes, car avec elles
il soumettrait les autres. Le cinquième conseil fut de lui
dire que, puisque Dieu lui avait donné Murcie, et que
nous avec Notre-Seigneur Tavions aidé à la prendre et à
la gagner, il fit respecter les traités que nous avions
passés avec les habitants Nous lui dîmes encore
que jamais Murcie ne vaudrait rien s'il ne faisait une
chose que nous lui expliquâmes ainsi : ce que vous devez
faire , c'est de laisser dans la ville centhommes de qualité
qui sachent vous y faire l'accueil qui vous convient
quand vous y allez , et que ces cent hommes y vivent avec
un patrimoine suffisant Le reste donnez-le aux ar-
tisans, et ainsi vous ferez une bonne ville. . . Le dernier
conseil fut de ne jamais faire justice en secret, car il
n'était pas séant à un roi de faire telle chose dans sa
maison ^ >
Ces remarquables parolesjustifient ceque nous avons
dit de la politique intérieure de Jacme P". Malheureuse-
ment Âlfonse X, qui comprenait la sagesse de ces con-
seils, manquait de l'énergie nécessaire pour les mettre en
pratique. Les chefs de la rébellion, parmi lesquels on
comptait don Felipe, frère du roi deCastille, et le puis-
sant rico homeNuho Gonzalez de Lara, étaient parvenus
* Chronique de Jacme, chap. cglxxxt et cclxxxvii. — Rappro-
chez du dernier conseil de Jacme à Âlfonse X ces paroles du confes-
seur de la reine Marguerite au sujet de saint Louis: ail voloit que
toute justice fût fête des maiféteurs par tout son royaume en apert
et devant le pueple, et que nule justice ne fût fête en report
(secret). »
470 UTILE IV, CSAPITRR T
à former udo ligne de la principale noblesse casUUaM, el
à s'assnrer Tappni delà Navarre, du Portugal et de réi^ir
de Grenade Ben-Alhamar. On prétendait même que les
ricos homes aragonais étaient d*accord avec ceux de Cas-
tille, et qu'au premier signal, Maures et barons allaient
se soulever contre les deux rois. Pour défendre sa puis-
sance sérieusement menacée par la royauté, raristocrati^
ne reculait pas devant une alliance monstrueuse. Cepen-
dant les ricos homes castillans eurent seuls le tristes
courage d*unir leur cause à celle des ennemis^ du non
chrétien, et, après avoircombattu plus de trois ans sous le«i
étendards de 1* islam, ils se réconcilièrent avec Alfonse,
en même temps que Témir Mohamed II, fils et successeur
de Ben-Âlhamar (1274).
Pendant que ces événements agitaient la Castille, le
roi d^Âragon jouissait d*un repos auquel il était peu
habitué. En paix avec les Musulmans d'Espagne et avec
ceux d'Afrique, ses seules préoccupations lui venaient du
côté de la France.
La funeste croisade que Louis IX avait entreprise en
1270 s'était terminée par la mort du saint roi, de Thi-
bault II de Navarre, d'Alphonse, comte de Toulouse, et
de la comtesse Jeanne, sa femme. LMnfante Isabelle
d'Aragon, reine de France depuis quelques mois à peine,
venait également de mourir à son retour d'Afrique \
* Isabelle, étant enceinte, mourut d^ne chute de cheval à
Gosenza en C&Iabre, le 28 janvier 1274. Jacme perdit quatre de ses
filles en quelques années. Sancha avait trouvé la mort d'une sainte
à Jérusalem, où elle prodiguait des secours aux malades de l'hôpital
de Saint-Jean (Zurita, Anales, lib. III, cap. xlvi); Marie, qui avait
dû épouser d'abord le fils de Jlobert, comte d'Artois, puis le fils
du duc de Bourgogne (Zurita, Anales, lib. III, cap. lxv), s'était
faite religieuse et était morte à Saragosse en 4268. Le peuple de
cette ville, ne voulant pas se dessaisir de la dépouille mortelle de la
AFPAIIIBS p^ )fO?ITPELLIER 4T}
Gj^t^es^ri^ dQ nialheufeux évépeipepts Q*était pas sans
importance politique pour l*ÂragoD.
D^pne part, Jacme, qnj p*avait pu défendre qu'avec
peine son autorité sur J^fonlpeilier, même au tepipsdu
sçrHpulgn^ Louis V^, avajt à craindre 4e sérieusjBs atta-
ques d*un souverain plifs entreprenant. En second lieu,
le roi de Navarre Thibault II ne. laissant pas d'epfapf,
Ifppri, spp frère, lui avait succédé saps opposition Set
cettç transmission Régulière et paisible {de }a couronne
dans la igi^aisop ^e Champagne établissait un précédenf
qui deyait renjdre les droits du roi d* Aragon* difficiles à
ressusciter, Ip jour où il lui conviendrait de les faire
v^lpif:. Enfin la mort sans héritiers directs d' Alphonse
de Poitiçrs et de Jeapne de Toulouse réunissait définiti-
vement à la couronne de Frapce tous les domaines de
Raymond Y}!, en vertu dii traité de |221.
J^cm.ç se voyait de plus en plus jrefoulé vers la Pénin-
sule; il sentait même sa riche seigneurie de Montpellier
éçbapppr insensiblement à son autorité. Vainement ^
av;^t espéré que son alliance avec Louis IX et les senti-
ments d'équité du roi de France arrêteraient l'exécution
des plans préparés par Blanche de Gastille. Le traité de
Gorbeil était à peine signé que saint Louis lui-mcme
devait intervenir pour mettre fin aux actes d'hostilité de
princesse, que le roi avait Tinlention de faire transporter au monas-
tère de Vallbona, l'inhuma de force dans Vëglise de San Salvador
(Chronique de Jacme, chap- cclxxvii). Enfin Constance, feihme de
don Manuel de Gastille, ne vivait plus lorsque le roi fit soh testament
de Tannée 4272.
* Zurita (Anales de Aragon, lib. III, cap. Lxxiii) assure qu'à Pavé-
nement de fienri I*', Jacme se préparait à récfamer la Navarre, maïs
qu'il fut détourné de son entreprise par la querelle de ses fils Pierre
et ('ernand Sanchez. Moret conteste l'assertion de rhistorien arago-
nais. [Anales de Navarra^ lib. XXIII, cap. i, g 5.) -
1
473 LIYIIB IV , CBAPITBB T
son sénéchal de Beaucaire et Nimes contre le roi d'Ara-
gon \ Hais le sénéchal ne se tint pas poar battu, et il ne
tarda pas à déclarernettement que la seigneurie de Mont-
pellier était soumise à sa juridiction. Celait une consé-
quence de Tacte par lequel Tévéque de Maguelone avait
reconnu que Montpellier était un fief de la couronne de
France V
Quoi qu*én ait dit dom Vaissëte, la prétention était
nouvelle. Arnaud, évéque de Barcelone, et le comte
d*Ampurias furent envoyés par Jacme auprès de saint
Louis pour réclamer contre cet empiétement'. Le roi de
France « n*étantpasinstruitdelavérité dans cette affaire,
d*une manière complète », promit d'en délibérer
« dans le prochain parlement avec Tévéque de Sabine \
ami des deux rois, qui s*était employé pour négocier la
paix entre eux et pour conclure le mariage de leurs
enfants» . Saint Louis ajoutait « qu*il avait une telle affec-
tion pour le roi d*Aragon et qn*il désirait si vivement
conserver son amitié, qu*il aimait mieux quele roi d'Ara-
gon eût quelque chose appartenant à lui, roi de France,
* Voy. ci-de3SU8, p. 322, note 2.
* Voy. ci-dessus, p. 306. — La revendication de juridiclion dont
il s'agit ici ne s\')ppiiyail point sur un prétendu droit du roi de
France comme héritier des comtes de Toulouse et des vicomtes de
Béziers. Le procès-verbal du 25 mai I2C4 ne fait nullement porter
la discussion sur ce point. Il s'agissait, pour les légistes français» de
faire prévaloir dans la pratique un principe qu'ils s'efTorgnienl de
représenter comme ayant été de tout temps admis sans contestation,
celui delà souveraineté du roi de France sur tous les points du ter-
ritoire compris dans les limites du royaume, telles que les souverains
d'outre-Loire se croyaient en droit de les tracer.
» Il existe aux archives d'Arai^^on (Reg. XIV, f» 47) un acte da
4* janvier 1264, par lequel le roi reconnaît devoir à Bcnveni>to de
Porta la somme de quinze mille sols payée à Tévêque de Barcelooe
et au comte d'Ampurias pour leur voyage auprès du roi de France.
* Le cardinal Gui Foulques, qui n'était pas encore Pape.
AFFAIRBS DB MONTPBLLIBII 473
qae d*avoir, lui roi de France, quelqae chose qui appar-
tint an roi d* Aragon ^ »
Louis IX délibéra, en effet, sur celte affaire dans un
parlement qu'il tint en 1264; on ignore la décision qui
fut prise*. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'autorité
du sénéchal de Beaucaire s'implantait chaque jour da-
vantage à Montpellier, tandis qu'une succession de
petites luttes entre le roi d'Aragon , d'un côté , et les
bourgeois de cette ville ou l'évéque de Maguelone, de
l'antre, affaiblissaient de plus en plus l'influence du
souverain d'outre-Pyrénées sur sa seigneurie languedo-
cienne ^ Le roi s'en apercevait, sans doute, et il essayait
^ Voy. le procès-verbal du 25 mai 4264, constatant le résultat de
l'ambassade envoyé,e par le roi d'Aragon à saint Louis, dans V Histoire
de Langued,^ éd. in-f°, t. III, Pr. n* cccxlvii
• Voy. D. Vaissèle, Histoire de Langued.^ liv. XXVI, chap. lvi.
' La question des mailles de Lattes avait été réveillée en 4264, et»
par acte du 23 juillet de celte année, le roi avait renoncé a ses pré-
tentions sur cet impôt. (Arch. d'Aragon, Reg. XIII, f*» 202.—
Cf. Chronique romane du Petit Thalamus, ad. ann. 4264, et Ger-
main, Histoire de la commune de Montpellier y t. II, p. 346.) Le même
jour, Guillem de Roquefeuil reçut le pouvoir de traiter avec les
habitants de Montpellier relativement au «service » de six mille sols
melgoriens qu'ils devaient au roi. (Reg. XIV, !• 60.) Le 12 novembre
suivant, Jacme donna procuration au même Guillem de Roquefeuil
de régler les diiïérends de Tautorité royale avec Pévêque de Mague-
lone. (Reg. XIII, f* 244.) En 4267, Clément IV écrivil à Jaeme pour
l'engager à faire respecter par ses officiers le traité conclu avec les
batiitanisde Montpellier, traité que Clément lui-même avait négocié
avant son élévation au Pontificat. (D. Vaissète, Histoire de Langued.,
liv. XXVI, chap. lxv.) Enfin, dans les premiers jours de l'année 4273,
le roi d'Aragon termina par une transaction ses différends avec
Pévêque de Maguelone, et pardonna aux habitants qui s'étaient
encore une fois révoltés contre lui. (D. Vaissète, Histoire de Lan"
guedoc, liv. XXVII, chap. xtiii.) On conserve aux archives d'Aragon
(Reg. XXI, f* 41o) la copie originale de la lettre qu'il écrivit à son
fils Jacme, le 24 mars 4273, en lui envoyant divers actes relatifs cà
l'affaire de Montpellier. >
474 UKKV IT» CVAWfiB T
de resserrer les liens qui anissaieut iy[oQ,tpeliUer à la^
maison d*Aragon« en confiant de bonne heure le gouYcr-
nement de celle ville à Tinfanl Jacme qai deyait en
hériter ^ D*un autre côté, le Conquistador ne négligeait
aucune occasion d'affirmer son autorité sur cette partie
de ses domaines. En 1262, par exemple, Charles d-Aojou,
en guerre avec les habitants de Marseille, était Tenu
poursuivre les hommes et les vaisseaux de cette YÎlle
jusque dans le port de Lattes, où ils avaient trouvé ou
refuge^ grâce à Talliance des Marseillais aveo ta contmuue
de Montpellier. Instruit de cette violation de son terd«
toire, le roi d* Aragon avait protesté en termes éner-
giques', et, le 31 octobre 1262, un traité avait mis fin
au différend ^
* L'infant Jacme fui nommé, à diverses époques, lieufenant du
roi, gouverneur ou procurateur général des pays que son père lui
avai^ assurés par laslamenl. (Arch. d'Àrag;., Re^. XII, ^ 96;
Reg. XIII, f»4i; Reg. XVI, f» 454.) ,Le 49 juillet 4274, un privilège
spécial lui attribua sur la ville de Montpellier une jur|diclion égale à
celle du roi. [Arch. d'Arag., Reg. XIX, f« 439. — Cf. D. Yaissèl^,
Histoire ^e Languedoc , liv. XXVII, chap. xXf.)
3 Voy., dans nos Pièces justificatives, n» XV, un frago^ent san9
date de la première lettre écrite à ce sujet par Jacme à Cbarle$
d'Anjou. Le f*^ 2 du Reg. XIII des archives d^Aragon conjtieal trois
autres lettres du roi sur la même affaire. Deux sont adressées aa
I 'A
comte de Provence et une à Tinfant Jacme.
' Ce traité a été publié dans V Histoire du commerce de Montpellier ,
par )f . Gerpnain (t. I, p. 249). Mais Tbonorable écrivain y voit (U II,
p. 34) un accord qui met fin à un différend entre les habil^Dlsde
Montpellier et ceux de Marseille. Il résulte, au contraire, ^u t^xte
même de ce document, quePalliance des Marseillais avec les vassaux
languedociens de Jacme avait attiré sur ces derniers la colère de
Charles d'Anjou. On lit dans la chronique du Petit Thalamus : <£d
lan do M eCCLXII.. el mes de novembre, venc Karles çoms de Proen3a
contrais liomes ^e Masselba al gra do Magalona, els fes reculhir a
L^tas f}) lursgaleas: e denfra aquel ^mes feron pas ab lo comte.» —
Yoy., en outre, Gau/ridi, Hist, de Prov,, liv. y, çjtiap. v.
SUGCBSSIQIf Ml GOUTB Bf KOPtOUSE 4T|
Malgré ses efforts pour maintenir Montpellier sous sa
dépendance , Jacme , lorsqu'il vit Philippe le Hardi
monter sur le trône de France, ne put manquer de pré-
voir le moment où les questions agitées avec saint Louis
renaîtraient pour être tranchées dans un sens fav^vi^ble
à la politique capétienne. Tout semblait d'ailleurs cona^n
pirer contre le roi d'Aragon. Un accident venait d'd.ter
la vie à sa fille Isabelle, sur l'ascendant de laquelle il
avait compté sans doute pour modérer raipbition d9
Philippe, et le simulacre d'autonomie qu'avait conservé
le comté de Toulouse sous Alphonse et Jeanne, s^éva-
PQuissait pour laisser le royaume de France étreindre la
seigneurie de Montpellier et menacer les pays pyrén
néens.
Il parait qu'au moment de tomber sous le sceptre daa
souverains du Nord, les habitants du comté de Toqlouse
adressèrent un dernier appel au petit-fils de celui qui
était mort à Muret pour la cause méridionale. L'infant
Pierre, que son père avait associé au gouvernement
avec le titre de procurateur général d'Âragqn, de Cata*»
logne et de Valence \ s'apprêtait déjà à disputer au roi
de France la succession des Raymond — et les forces
dont il disposait lui permettaient , s'il faut en croire Zui
rita, de tenter la lutte avec avantage — lorsque le roi
Jaeme, désireux de faire respecter le traité de Gorbeil,
s'opposa énergiquement à cette expédition insepsée. I|
* Dès le 6 septembre 4257, Pierre avait été nommé gouverneur
général de la Catalogne. Un acte de la même date avait conféré à
Ximeno de Foces des fonctions analogues pour le royaume de
Yalence, mais avec des pouvoirs moins étendus, (ArCtb. d'Ar^g.,
Reg. IX, f"* 34 et 36. — Coleccion de docy,menlos inediioSy p. 427
et 428.) — En 4260, l'infant Pierre s'intitule «bsres in Ciilaloni^
et proourator Aragonum-» (Arcb. d'Arag., P^rcUemins de 4ficme 1*^,
n« 4647.)
476 LITBE IT , CBAPITEE ▼
dut m6me,poarvaincre Tobstination de Tinfant, adresser
aux ricos homes et aux chevaliers d*Aragon une défense
formelle de le seconder dans son entreprise *. C*est ainsi
que, grâce à la sage intervention de Jacme le Conquérant,
la domination française put s^établir paisiblement dans
les domaines des comtes de Toulouse.
A cette époque, le Conquistador eut la douleur de voir
éclater, au sein de sa propre famille, une haine violente
qui couvait depuis le jour où Fernand Sanchez, revenant
de la Terre-Sainte , s*était lié d*amitié avec le roi de
Sicile, Charles d*Anjou. L^antagonisme des maisons
d*Aragon et de Sicile se dessinait déjà. Tout ami de
Tune ne pouvait être que Tennemi de Tautre. De plus,
Fernand Sanchez, comme la plupart des cadets des
maisons souveraines de ce temps , s'était déclaré le chef
du parti féodal, se mettant ainsi en lutte ouverte avec le
procurateur général^ héritier présomptif de la couronne,
* Cet ordre fut adressé le 45 octobre 1274 aux ricos homes et le 47
aux jusHcias qui devaient le communiquer à tous les chevaUers
d'Aragon. (Arcli- d'Arag., Reg. XVIII, f» 82.) •— Quelques jours plus
tard, le roi convoqua les ricos homes y les chevaliers et les milices
communales pour combattre Arlal de Luna qui, ayant en quelques
démêlés avec les habitants de Zuera, avait tué vingt-sept d*entre eux.
Le roi avait prononcé la conûscation des honors et des fiefs de don
Artal; mais celui-ci refusait d'accepter la sentence et en appelait au
sort des armes. Bientôt après cependant, il consentit à se mettre à
la merci du roi, qui Tobligea a payer une amende de vingt mille
sols, dont dix mille furent distribués aux enfants et aux veuves des
victimes. Artal fut en outre condamné à un exil de cinq ans qu'il ne
parait pas avoir subi, puisque l'année même de sa condamnation
(4272) il se trouva aux coi tes générales convoquées à Alcira. Plu-
sieurs complices du rico home furent également frappés de la peine
de l'exil pour un temps plus ou moins long. Les archives d'Aragon
(Reg. XVIII, fo* 83, 8i et 85) renferment plusieurs actes relatifs à ces
événements. (Voy. aussi Chronique de Jacmct cbap. cclxxxix ; Zurila,
Anales, liv. 111, cap. Lxxx.)
QORBELLB ENTRE PIERRE ET FERNAND SAIfCHEZ 477
et, à ce double titre, le représentant le plus actif de
Tantorité royale.
Encouragés par le bâtard d*Âragon , les barons re-
prirent leurs guerres privées et leurs brigandages; Pierre
prononça quelques condamnations sévères qui augmen-
tèrent le nombre des mécontents. Fernand, secondé par
son beau-pèreXimenode Urrea, compta bientôt autour
de lui presque toute la noblesse de Catalogne et une
grande partie de celle d* Aragon. L* esprit ardent de Pierre
s^exagéra le danger; Tinfant héritier se crut déjà victime
d*une conspiration ourdie de concert par Charles
d*Ànjou et Fernand Sanchez, qui en voulait, croyait-il,
à sa couronne et à sa vie. Obsédé par cette pensée, il
D*hésita pas à recourir à un crime pour échapper au
péril qui le menaçait. Une nuit, suivi de plusieurs de
ses hommes, il envahit Tépée à la main la maison où
Fernand Sanchez dormait. Celui-ci put s'échapper et
vint chercher protection auprès de son père , qui crut
devoir porter l'affaire devant les cortès. L'assemblée fut
réunie à Lérida ^ (mars 1272). Pierre y comparut après
trois citations *; il se défendit mal, refusa de se récon-
cilier avec son frère et fut privé de la lieutenance géné-
rale du royaume ^ Par une lettre, dont une copie est
conservée aux archives d'Aragon \ Jacme fit connaître.
' D'après Zurita, ces cortès auraient été réunies à Exea, et, d'après
la Chronique de Jactne, à Lérida. L*acte de convocation est con-
servé aux archives d'Aragon (Reg. XVIII, ^ 89); il est daté d'Exea ;
mais il assigne la ville de Lérida pour lieu de réunion à l'assemblée.
Les assertions de la Chronique royale se trouvent donc confirmées
une fois de plus.
« Archiv. d'Arag.,Reg. XVIII, ^ 90.
» Archiv. d'Arag., Reg. XVIU, ^ 84.
* Arch. d'Arag., Reg. XVIII, f« 75.
itè LITRK n t CBAPITBB T
aux villes de ses États les motifs de sa rupture avec son
fils alué.
Au fond , le roi ne condamnait chez ce dernier que la
violence des procédés , et ajoutait foi aux accusations
portées contre Fernand Sanchez*. Mais, afin de main-
tenir la paix dans sa famille, il voulait que Pierre par-
donnât à Fernand. L*infant refusait. Deux tentatives de
réconciliation, faites par plusieurs membres des cortès
réunies à Alcira^ n'eurent aucun résultat. Berenguer de
Almenara, maître des Hospitaliers en Aragon, essaya de
s'entremettre et fat retenu prisonnier par l'infant*. Enfin,
celui-ci , se lassant de sa propre obstination, vint se jeter
aux genoux de son père, et promit par écrit de ne rien
entreprendre contre Fernand Sanchez*.
Cependant, de l'autre côté des Pyrénées, quelques
* Après les corlès de Lérida, des envoyés du prince héritier dirent
au roi : « Seigneur, Fernand Sanchez ne mérite pas que vous inter-
>» cédiez pour que l'infant lui pardonne ; car il a dit que vous ne
• deviez pas régner, il a essayé de faire empoisonner Tinfant, et
» enfin il a conspiré avec quelques richs homens pour que voire terre
> se soulevât contre vous.x> (Chronique de Jacme, chap. ccxci.) Le
récit ded'Esclot, partisan décidé de Tinfant, est suspect; mais il est
évident, d'après plusieurs passages de la Chronique de Jacme, que
le roi avait de Fernand Sanchez une opinion très- défavorable.
(Voy. Chronique de Bernât d'Esdot, chap. ixvm et Lxix; Chronique
do Jacme, chap. ccxc à ccxgiy et cccv.)
^ C'est sans doute pour éloigner les cortès des pays troublés par
les discordes de ses fils, que le roi les réunit dans une ville du
royaume de Valence. On sait que cet État n'avait pas encore d'assem-
blée nationale.
' Le roi écrivit à ce sujet une lettre à Parchevêque de Tarragone
et aux évoques d'Aragon et de Catalogne. (Arch. d'Arag., Reg. XVIII,
f° 53.)
^ Les archives d'Aragon contiennent l'engagement de Pierre et la
lettre par laquelle le roi fait connaître aux prélats, aux ricos hoiries,
aux chevaliers et aux villes la soumission de l'infant. (Reg. XYIII,
i^ 74 et 75.)
LE COMTÉ DE FOIX 479
seignéars méridionaux ne craignaièût pas de s*expàser à
une gnërre avec le puissant roi de France , dont ils souf-
fraient impatiemment le voisinage et la domination. Un
seul fut assez fort pour tenir tête quelque temps à Philippe
le Hardi : ce fut Roger-Bernard , comte de Foix , qui se
croyait assuré de Tappui d'il roi d'Aragon, son suzerain ,
et comptait sur la position inexpugnable -de quelques-
unes de ses forteresses. Ses calculs furent déjoués, car,
d'un côté, Jacme défendit à ses sujets de lui porter
secours (!•' mars 1272*), et, de Tautre , Philippe, entré
en campagne avec une armée capable de conquérir un
royaume, attaqua vigoureusement le château de Foix , fit
couper les rochers qui s'opposaient à ses opérations , et
entama jusqu'à la montagne sur laquelle la forteresse
était bâtie. Boger-Bernard, dont tes exigences avaient
venàû infructueuse une démarche conciliatrice tentée
par Jacme ', dut se rendre à discrétion '.
Cette affaire avait réveillé une difficulté laissée sans
solution par le traité de Corbeil : c'était celle de la suze-
raineté du roi d'Aragon sur le comté de Foix.
Jacme abandonnait au roi de France le bas pays de
iPoix; mais il prétendait conserver ses droits sur le haut
pays, partie montagneuse du comté V De Montpellier, où
il s'était rendu pour observer les événements et pour
< Arçhiv. d'Arag., Reg. XVllI, f 89.
2 Le roi d'Aragon alla trouver le roi de France à Tabbaye de Bol-
bonne, entre Toulouse etPamiers.
^Yoy. D. Yaissète, Hist. de Langued,, liv. XXVII, cbap. viii, ix
et XI, et note 2 du t. IV, éd. in-^.
* Les droits du roi d'Aragon en qualité de comte de Barcelone sur
une partie au moins du pays de Foix ne paraissent pas douteux. Les
archivés d'Aragon contiennent plusieurs hommages des comtes de
foix; nous citerons entre autres lesn^^' 998 et 4 959 des Parchemins
de Jacme !*'• Le dernier est daté de 4269.
480 LIVRB IV, .CHAPITRE Y
terminer quelques différends avec 1*évéque de Magne-
lone et les habitants de sa seigneurie S il débattit cette
question avec le roi de France* ; cependant il finit par
céder, dans Tintérét de Roger-Bernard, que Philippe rete-
nait prisonnier (février 13173 ').
Dans ce voyage au nord des Pyrénées, Jacme était
accompagné de Berenguela Alfonso, qui , arrivée à Nar-
bonne» y mourut le 17 juin 1272 ^ Le vieux roi lui-même
tomba dangereusement malade, durant son séjour dans sa
ville natale, et sa guérison, disent les anciens auteurs,
* Voy. ci-dessus, p. 473, note 3.
^ Le 25 et le 27 octobre 4272, Jacme écrivit à Gaston de Moncada
vicomte de Béarn, à Roger-Bernord, comte de Foix, et à Ramon de
Cardona au sujet des châteaux du comté de Foix. Ces lettres existent
aux archives d'Aragon (Reg. XXI, f""* 438 et 439). Le 5 novembre de
la môme année, il envoya révoque de Barcelone, le maltredu Temple
et Guillem de Ga>tellnou auprès du roi de France pour la même
affaire. (Arch. d'Arag., Reg. XXI, ^ 72.)
' A peu près vers le temps où le comte de Foix était en guerre avec
le roi de France, Gaston de Moncada, vicomte de Béarn, beau-père
de Roger-Bernard, guerroyait de son côté contre Edouard, roi d'An-
gleterre, son suzerain. Les domaines que la maison de Moncada pos-
sédait en Gascogne étaient Toccasion de fréquentes dissensions entre
les vicomtes de Béarn et les rois d'Angleterre. Un document des
archives d'Aragon (Reg. XIX, T* 88) prouve que Jacme intervint dans
ces différends en 4273.
4 Les f» 88 et 89 du Reg. XVIIl des archives d'Aragon con-
tiennent une note relative ù la mort de Berenguela Alfonso et à Texé-
cution des clauses de son testament. Elle fit le roi Jacme héritier des
domaines qu'elle avait en Galice. On trouve, dans les registres du
môme dépôt (Reg. XIV, f^ 8G, 4 03 et 442, et Reg. XXf, f» 45) la
mention de diverses donations en faveur de Berenguela et des enfants
qu'elle pourrait avoir du roi. Zurita {Anales, lib. III, cap. lxxxu;
assure, contrairement à yLieùes(Vidad€ DJaymcy lib.XVl) que plusieurs
enfants naquirent de celte union irrégulière. Leur nom cependant
n'est mentionné par aucun historien, et il n'en reste pas de trace
dans les documents de l'époque. Berenguela fut inhumée dans le
monastère des frères mineurs de Narbonne.
DBRlflER TESTAMEffT DB JAGMB 481
ne fat dae qu'à na miracle de la Sainte-Vierge V Pendant
sa maladie « le 26 août 1272, il confirma, par nn nouveau
testament, qui devait être le dernier, le partage de ses
États fait en 1262, et renouvelé en 1270*. Mais cette fois,
reconnaissant expressément pour légitimes les enfants
qu'il avait eus de Teresa Gil , il les substitue , par ordre
de primogéniture, à leurs frères nés d*Yo'ande, si ces
derniers meurent sans enfants. A défaut des fils de Teresa
Gil et de leurs descendants mâles , il appelle à sa succes-
sion les fils d'Yolande, reine de Castille, puis ceux de
Constance, femme de don Manuel, puis encore ceux
d'Isabelle , reine de France , et , enfin , le plus proche
parent mâle issu en ligne directe et légitime de la famille
du testateur. Il exclut à tout jamais les femmes de sa suc-
cession, et ordonne que les États qu'il laisse à Pierre ,
son fils aîné, ne puissent jamais être divisés, non plus
que ceux qu'il donne â Jacme, son second fils '.
* Yoy. Beuter, Coronica gênerai de Espana^ lib. II, cap. uv.
a Ce renouvellement de Tacte de 4262, daté du 27 mars 4270, se
trouve aux archives d'Aragon sous le n<> 2048 des Parchemins de
Jacme 1".
' Il faut remarquer encore dans ce testament la confirmation de
donations faites à Fernand Sanchez et à Pedro Fernandez, « fils natu-
rels» du roi, quelques détails sur la manière dont se fit la réparti-
tion des terres à Valence, et la recommandation d'entretenir le port
de Port-Vendres et d'achever celui de Collioures. Jacme veut être
inhumé à Sainte-Marie de Poblet, à côté d'Alfonse, son aïeul, mais
après lui, « de sorte que le monument d'Alfonse soit le premier. »
Ce testament est le neuvième acte connu (y compris celui de 4270)
par lequel Jacme partage ses États entre ses enfants. (Voyez dans le
présent ouvrage, t. ï, p. 324; t. II, p. 72, 289, 292, 293, 294 et 329.)
La copie de ce document est conservée aux archives d'Aragon,
Parchemins de Jacme I", n» 2126. Le texte en a été publié par
d'Achery dans son Spicilegium, éd. in-f°, t. III, p. 673, et, d'une
manière très-incorrecte, par Martène et Durand, dans le Thésaurus
novus anecdoL, 1. 1, col. 4439.
T. n. ^^
4Sft Ljnfn m^ fiHjyvTw y^
Cas deto etouses coRstitapnl xm iminense progn^sor
les tesiamenteaniérieDrsdQ Ja€iB9l*'. l^n i242« il apgdlait
sa fille Yolaacto ^ reiDd de €as(iHe , 4 bériler évaotiieUt-
meot de ses ro7aaiBe&; en ii48, modi^pt cea dispo-
âiiioDâ, il sabstiiaait directement à ses. fils les entajats
BKàles dTolande, àTexcIasioD de leor mère; mais, eo
1372, il généralise et prononce en termes fonnels Tex,-
closien des femmes de la succession au trône, garaatîe
d*ordre public dans un temps ou le pouvoir royal était
engagé, dans une lutte corps à corps ^vec la féodalité.
De plus, il établit, pour la première fois, rindi?isibili4é
de chacune des deux couronnes d*Aragon et de Majorqoe.
Ainsi le sens politique du législateur de Huesc2^ et de
Valence l'amène à proclamer des principes encore noii-
iieaux pour son pays. Les historiens qui Taccusent d* avoir
Okéconnu les avantages de Tunité oublient sans donte
qu*il en a le premier posé les bases dans son testamept
de 1272. Mais pourquoi n*en a-t-il pas jusqu'au bout
développé les conséquences ? Pourquoi n*a*t-il paa légué
à un seul de ses fils tous ses États réunis > sinon unifiés?
Pourquoi , devançant les siècles, semble-t-il assigner d^jà
aux Pyrénées leur rôle de limite politique entre les pays
français et les pays espagnols ? Le Conquistador pensait
sans doute que le roi de Mayorque, résidant à Montpellier
ou en Roussillon, pourrait mieux défendre ces domaines
contre les empiétements de la France, qu'un roi d* Aragon
toujours occupé dans la Péninsule.
Jacme était complètement rétabli au commencement
de Tannée 1273. Au moment de regagner la Catalogne ,
il adressa aux nobles de ce pays Tordre de se tenir prêts
à le suivre < en Espagne, au secours de la foi chrétienne
et de son très-cher gendre le roi de Castille , contre les
Sarrasins et les perfides chrétiens ligués avec le roi de
GreDâda > (30 janvier 1273*). C'était le moment^ en
effet, ùik AlfonseX luttait contre Ben Alhamar, que soa-
tenaÎMt le^ ricos howèe» castillans rebelles. Les barons
eatalans , à la tôte desquels était le vicomte de Cardona,
refosèrent d*obéir à la convocation de leur roi , alléguant
qii*ils n*étaient pas tenus au service militaire hors des
Etats aragonais. Les seigneurs de Catalogne, et princi-
palement ceux du parti de Cardona, s^étaient fait remar-
quer longtemps par une fidélité qui contrastait avec la
turbulence de leurs voisins , les ricos Iwme$ aragonais.
Hais, en présence des progrés continuels de la royauté,
la noblesse catalane s'était prise à craindre pour sa
puissance , et avait dés lors cherché toutes les occasions
de tenir son souverain en échec. Le comté dTrgel avait
fourni plusieurs prétextes de révolte aux partisans de
la roaisou de Cabrera, parmi lesquels le vicomte de
Cardooa tenait le premier rang*. Ces affaires d*Urgel
D*étaient peut-être pas étrangères à la lutte qui s'enga-
geait de nouveau entre le roi et ses barons.
En i368, la mort d'Alvar de Cabrera , comte d*Urgel,
avait mis en présence les prétentions rivales des enfants
de deux femmes du comte ^ et celles de Guerau, son frère.
Le roi d'Aragon essaya de profiter de ces embarras pour
ajouter quelques avantages réels à sa suzeraineté sur le
comté d'Urgel. Il prêta aux exécuteurs testamentaires
d*Alvâr l'argent dont ils avaient besoin pour payer les
dettes du défunt , et se fit céder à titre de gage plusieurs
places du comté, où il mit garnison (novembre t268).
* Déjà, en 4270 et en 1274, il avait adressé une convocation ana*
logueaux seigneurs aragonais et catalans; mais l'expédition dut
être différée. (Arcli. d'Arag., Reg. XVIII, f^M à 45 et 82.)
^ Voy. ci-dessus, 1. 1, p. 21 i, et t. Il, p. 323 et 330.
> Voy. ci-dessus, p. 330, note 4.
484 LITRB IT, CHAPITRE Y
Il obtint ensuite de Gueran une renonciation en sa favear;
dès lors il n*eut en face de lui qu'un seul ad?ersaire
de quelque importance, le vicomte de Gardona, qui
défendait les droits d*ArmengoL fils aîné d^Ahar et de
Gécile de Foix. Gependant les deux compétiteurs n'osè-
rent pas en venir aux mains S et les choses étaient
encore dans cet état lorsque éclata le différend de 1273.
Nomination d'un juge restée sans résultat*; somma-
tions réitérées au vicomte de Gardona et à ses adbé-
rents de rendre au roi les fiefs qu'ils tenaient pour lui;
refus du vicomte, sous le prétexte que plusieurs domaines
réclamés étaient des alleux et non des fiefs; sentence
interlocutoire , à laquelle la partie condamnée refusa de
se soumettre ', tels furent les premiers actes de cette
lutte, pareille à toutes les contestations moitié militaires, '
moitié judiciaires , entre le roi et ses grands vassaux.
Jacme cependant ne discontinuait point ses préparatifs
pour aller au secours d*Alfonse X * ; mais , avant d*entre-
* Le 23 avnl 1274, Jacme, craignant sans doute que Tinfant Pedro
de Portugal ne fût entraîné dans le débat, exigea de lui la promesse
de respecter et de faire respecter les conventions conclues entre le
roi et la comtesse Âurembiaix. (Arch. d'Arag , Parch. de Jacme 1**,
n» 2072.)
> Le juge nommé fut l^archevèque de Tarragone. (Ârch. d'Ârag.,
Parcb. de Jacme 1**, n® 2146 et Coleccion de documentas xneditos, t. VI,
p. 478.)
' La question fut débattue en présence du roi devant lesconseîN
1ers de la couronne, au mois de mars 4274. (Arcb. d'Arag.» Parch.
de Jacme I", n°* 2486 el 2187.)
* Diverses convocations adressées aux seigneurs et aux villes des
États aragonais, durant l'année 4273 et les premiers mois de 4274.se
trouvcpl aux archives d'Aragon, Reg. XVIII, f»» 50, 61, 52 et 65. Le
roi éiait à Miircie en janvier 4274. Il voulait se rendre compte par
lui-môme des dispositions des habitants chrétiens et musulmans de
ce pays et s'assurer qu'on n'avait à craindre aucun soulèvement de
ce côté. Jacme fut reçu à Murcie avec les plus grandes démoostra-
JAGMB AU CONCILE DE LTOlf 485
prendre cette expédition, il laissa à son fils Pierre Ma
direction de la guerre prêle à éclater en Catalogne, et se
mit en route pour Lyon, où il devait assister au concile
œcuménique convoqué par Grégoire X.
Tbibaud Visconti, successeur de Guy Foulques sur le
trône pontifical , avait à cœur trois grandes entreprises :
secourir la Terre-Sainte, réunir TÉglise grecque à
rÉglise latine , réformer les abus qui s*étaient glissés
dans le clergé. Pour traiter ces importantes questions,
il avait d'abord songé à convoquer un concile à Mont-
pellier; mais Lyon fut définitivement choisi pour être le
siège de Tauguste assemblée , à laquelle furent appelés
tous les souverains de la chrétienté ^ Le Pape parait
avoir surtout désiré la présence du roi d'Aragon. On
cooiptait sur l'exemple du vieux Conquistador, l'un des
lions d'enthousiasme. U fut satisfait en tous points de Tétat dans
lequel il trouva le royaume, a Nous ressentions, écrit-il, une grande
joie de la prospérité de ses habilants, que nous regardions comme
DOS propres sujets, b (Chronique de Jacme, chap. ccxcv.)
* On trouve, dans le Reg. XYIli des archives d'Aragon , les actes
suivants: I® Ordre aux seigneurs aragonais et à quelques seigneurs
catalans de se réunir sous le commandement de l'infant Pierre pour
la guerre contre Ramon, vicomte deCardona, et plusieurs nobles ca-
talans; MontpeUier, 47 avril 4 274 (f** 65 et 66) ; 2* Ordre aux bayles
de plusieurs villes de donner à l'infant Pierre Targent qu'il leur
demandera; même date (f« 66); 3» Défense faite par Tinfant Pierre de
vendre des vivres et des armes aux nobles qui sont eu guerre avec le
roi et l'infant; Perpignan, 48 mai 4274 (f»* 6tf et 70); 4* Convocation
des seigneurs aragonais, 24 mai 4274 (f^ 66).
3 Jacme fut le seul qui s'y rendit en personne. Les autres s'y firent
représenter par leurs ambassadeurs. Muntaner se trompe lorsqu'U
assure que le roi de Castille assista au concile. Alfonse eut seulement
aoe entrevue avec le Pape à Beaucaire, au moment où Grégoire X
revenait de Lyon. Philippe le Hardi alla trouver le Souverain Pontife
dans cette dernière ville, avant l'ouverture du concile. C'est alors
qu'il consentit à céder au Saint-Siège le comtat Venaissin et une
partie de la ville d'Avignon.
4M UTRC IT 9 CHAFITUB V
derniers représentants de Tesprit chevaleresque des eroi*
sades , pour raviver le zèle déjà éteint des antres princes
de t'Earope.
Jacme accepta avec empressement Tinvitation dn Son-
verain Pontife. Dès le 20 février 1274, nous le voyons
cherchant à se procurer les sommes nécessaires pour
figurer dignement dans Timposante réunion* Il en appeito
aux ressources de toute espèce : contributions ordinaires,
taxes extraordinaires, emprunts*; mais aussi, en arrivant
le 1** mai aux portes de Lyon , put-il jeter un regard de
satisfaction sur la brillante cour qui l'accompagnait, et an
milieu de laquelle on remarquait Tarchevéque de Tarra-
gone, les évéques de Barcelone, de Valence, de Mayorqne
et de Maguelone.
La réception faite an roi conquérant fut magnifique.
Les cardinaux, les prélats et les seigneurs qui se trou-
vaient dans la ville, vinrent au devant de lui à une lieae
de Lyon; la foule couvrait les chemins et les rues sur le
parcours dn cortège ; elle était si compacte, que « pour
marcher Tespace d*une lieue, il fallut lutter depuis le
malin jusqu^à midi. >
Le roi d*Aragon raconte en grand détail, dans sa Chro-
nique, toutes ses entrevues avec le Saint-Père '.
• Arch. d'Arag., Reg. XVIII, i^ 40^ e( 406; Reg. XIX, f^ 4l9el
410. Une laxe extraordinaire fut levée sur les juifs a celte oceasioB.
(Arch. d'Arag., Reg. XVIIÎ, f"** 63 et 64.)
' c En nous avançant vers Vaposlole, nous lui fîmes celte révéreoce
que les rois font à Vaposlole et qu*il est coutume de faire. On nous
avait préparé un siège à côté de lui pour que nous nous y asseyions
auprès du sien, du côié droit.... Alors nous nous levâmes en pied
et nous allions nous décou? rlr, mais Vapostole nous dit de ne le
point faire, de nous asseoir et de nous couvrir la tète, ce que les
cardinaux nous dirent aussi tous d'une seule voix.» (Givonique de
Jacme, chap. ccxcvii.)
JAGKA W7 COf^GILV M LTOPf 417
fi(M«t[ilMl fût question 4e la Terre-Sainte, Jâome àp-
proQTA arec feu 4*6 projet de croisade et pro|)fosa sm pUn
d'exécution. H offrit au Pape la dioie de tous Idt re-
venus de ses États ou bien son assistance en personie
àia tête de mille chefaliers. Mais aucun des seigneurs
qm étaient pt*êsents ne répondit à son euttioustasme. Le
gran^ maUré d^s Templiers iui-m^me n*eat que â«B
paroles décourageanles. Le Canquièiêd&r se lëvattt alors
avec dépita dit au Pape: — ^ Saint-Pére, pui^ue per-
sonne ne veut s'expliquer clairement, je crois que^e pui^s
iHWB quitter. »
— « Allët arec la bénédiction d6 Dieu », répondit le
Pontife.
-^«Barons, ajoutaiacme en s'adressanti sa suite, nous
pouvons partir, car du moins aujourd*boi nous laissons
bien établi l'honneur de toute TEspagne > ; et il sortit.
Le peuple qui l'attendait au dehors fut charmé de la
bonue grâce avec laquelle ce roi de soixante-six ans
»suta en selle et fit faire à son cheval < des sauts monlt
plaisants en le piquant de l'éperon ; si bien que les Frau*
çais étonnés ne purent s'empêcher de dire: II n'est pais
tant vieux qu'on nous l'avait dit, ce roi, et il pourrait
encore dé{)arlir de bons coups de lance aux Turcs ^ >
MaisTun des motifs qui avaient attiré Jacme à Lyon
était le désir de se faire couronner par le Pape. Dans cet
espoir, il avait apporté « une couronne ouvrée d'or et
de pierreries valant plus de cent mille sols tournois. >
Avant de se rendre à la prière du roi, Grégoire X
voulut exiger le renouvellement du serment de vasselage
prêtêjadis par Pierre II, l'engagement de payer exacte-
ment à l'avenir le tribut promis parce prince auSaint-Siége
* Chronique de Jacme, chap. ccxcix.
488 LimE IV , CHAPITRE ▼
et racquittement de tout Tarriéré S Jacme avait trop de
souci de Tindépendance de ses Étals pour accepter de
pareilles conditions. « Les services que nous avons rendus
à Dieu et à TÉglise de Ronae, dit-il, méritaient bien, i
notre avis, que Ton renonçât pour nous à d'aussi mes-
quines exigences. » Une nouvelle démarche fut tentée
auprès du Pape, qui répondit d*une manière évasive.
« Eh bien ! répliqua le roi, puisqu'il ne veut nous cou*
ronner sans cette condition, il nous importe peu de nous
en retourner sans couronne *. »
Néanmoins, dans la seconde session du concile, qui
eut lieu le 18 mai et à laquelle Jacme assista, le Pape
prodigua les éloges au vainqueur des Sarrasins d'Espa-
gne, exalta son zèle pour l'expédition d'outre-mer; puis
il ordonna d'ajouter, à toutes les messes chantées, une
oraison spéciale pour le roi d'Aragon, et de célébrer une
messe du Saint-Esprit pour attirer les bénédictions do
ciel sur les entreprises du pieux monarque. Trois jours
après, Jacme, voyant qu'il n*y avait aucun espoir d'orga-
niser la croisade, alla prendre définitivement congé de
Grégoire X '.
* Le tribut promis par Pierre II était de deux cents mazmodines
jucefles par an. L'arriéré s^élevait àplus de onze mille mazmodioes.
* Chronique de Jacme, cbap. ccxcix.
* Leconcile se prolongea jusqu'au 47 juillet. Ce fut le plus nom-
breux qui ait jamais été réuni. On n'y comptait pas moins de 4600
prélats ou dignitaires ecclésiastiques, les grands maîtres des Tem*
pliers et des Hospitaliers, les ambassadeurs des principaux souve-
rains de l'Europe, ceux de Michel Paléologue, empereur d'Orient, et
ceux du khan Abaga. Parmi ces derniers, qui étaient au nombre de
seize, quelques-uns reçurent le baptôme. — On lit dans le continua-
teur de Guillaume de Tyr, à propos du concile de Lyon : « La fu dan
Jame le roid'Arragon qui vint en espérance d'eslre coronésduPape,
si comme si ancessor avoient esté. Mais il i failli et fist moult, grant
offre selonc son pooir [au secors de la Sainte-Terre. » (Lib. XXXIY
cbap.xxv, ap. Rec. des Historiens des Croisades; Histor. occident,, t. H-]
. JACHE AU C05CILE DE LYON 489
— « Saint-Père, lui dit-il, nous voulons partir, mais
pour qu*il ne nous arrive pas ce que dit le proverbe:
< Qui fou à Rome va, fou reviendra », et puisque nous
n^avons jamais eu la satisfaction de voir d'autre Apostole
que vous, nous désirerions nous confesser et prendre
pénitence de vous. > Il nous répondit, ajoute le chroni-
queur, qu'il le ferait de bon gré, et ainsi nous lui décla-
râmes nos bonnes et nos mauvaises actions autant que
notre mémoire pût se les rappeler, et il nous donna
l'absolution sans nous imposer d'autre pénitence que de
persévérer dans le bien et de nous garder du mal. Sur ce,
nous pliâmes les genoux, et lui, nous posant la main sur
la tête, nous donna par cinq fois sa bénédiction, et nous
lui baisâmes la main et nous primes congé de lui pour
revenir dans notre terre \ »
* Chronique de Jacme , chap. ccc. — Le même chapitre nous
apprend que, pendant son séjour à Lyon, Jacme pria le Pape d^inter-
céder auprès de Charles d'Anjou pour faire mettre en liberté Plnfant
Enrique, frère du roi de Castille. En 4254 , Enrique s'était révolté
contre son frère. Nous l'avons vu (p. 304) faire alliance avec le roi
d'Aragon, au moment où la guerre semblait prête à éclater entreles
deux grandes monarchies espagnoles. Mais la réconcUiation de Jacme
avec son gendre avait laissé don Enrique privé de secours. Battu
par les troupes d'AlfonseX, l'infant rebeUese réfugia auprès de l'émir
de Tunis, puis en Italie, où il obtint le titre de sénateur de Rome.
Il embrassa d'abord le parti de Charles d'Anjou , se tourna bientôt
contre lui, combattit à Tagliacozzo dans l'armée de Conradin, et
chercha un asile, après la défaite des siens , dans le monastère du
Mont-Cassin, dont l'abbé le livra à Gharlesd'Anjou à condition qu il
aurait la vie sauve. Charles le retint prisonnier. Cettevie d'aventures
avait donné une certaine popularité à don Enrique. On trouva
mauvais qu'Alfonse X et surtout Jacme l^', dont il avait été l'allié,
n'exigeassent point par les armes sa mise en liberté. A ce sujet, les
Castillans firent contre le roi d'Aragon un chant, dont le refrain, peu
intelligible pour nous, était:
Rey bello, que Deo confonda,
Très son esta con'a Malonda.
(Vov. la Cr<micaabreviadaàe lUnfant don Juan Manuel de Castille,
4W uvm n, imrifftB <?
lacme arriva à MontpeHter le 29 mai. Ponr H seconde
foie il y tomba dangereasement malade. On désest)étilh
de le saaver, lorsqu'il voviut, comne deox ans a«parà-
vaut, se faire porter dans le sanctuaire de Notre-Dame-
dee-Tables, pour y implorer de la Mère de Dieu une
guérison qui ne pouvait être, assnre-t-on, que le résultat
d'un Miracle. Le miracle eut lieu, et le vieux roi reiioo*
naissant en consacra le souvenir par un tableau, qu'on
voyait encore au XVr siècle dans Téglise de Nolrè-DaiiA*
des-Tables *.
Malgré son ige, malgré la maladie qui semblait Ta*
vertirdese tenir prêt à paraître devant Dieu, le C&nqnk'
tador ne songeait nullement à réformer sa coudnite
priv^. Depuis la mort de Berenguela Alfousa, UM Aoii«
velle passion s'était emparée de son cceur, et il voulut
essayer d'obtenir de Grégoire X ce que Clément IV loi
avait énergiquement refusé, la rupture de son mariaga
avec Teresa Gil' Il avait sans doute, durant sou séjour
neveu d'AlfonseX; Amador de los Rios, Historia eritica éf la UleNi"
tura npoAola, t. III, p. 607; et, sur la captivité de don Enrique,
le sirvente de Paulet de Marseille, ap. HaynouMrd, Choix depoéties,
t. IV, p. 72, et Milà, de lo* Trovadoree, p. 214.)
^Beoter, Coronica gênerai de Espana, lib. Il , cap. uv; d'Aigre-
feuille, Histoire de Montpellier^ t. I, p. 89 ; D. Vaissète, Histoire de
Languedoc, liv. XXVII, chap. xxx ; Germain, Histoire de la comnuim
d4 Montpellier, t. II, p. 31. Voyez aussi l'intéressant ouvrage inti-
tulé : Notre-Dame des Tables» histoire détaillée de ce sanctuaire , par
M. Tabbé Vinas^ vicaire générai , curé-doyen de Nolre-Oame des
TableSi
>0n peut conclure de deux lettres de Gléroeot IV^ publiées à pce
près en entier par Marlène et Durand {Thésaurus navus ameedol»'
rwn^ t. Il) col. tT^ et 448), que Jacme appuyait sa demande ea
divorce : 4» Sur ce que Teresa Cil élail atteinte de la lèpre; 9» sor
le défaut de célébration de leur mariage; a«sur ee qu'il avait eudes
rapports avec une cousine de Tereea avant de connaître oelle-à.
Noms avoD3 vu(j>. 359) ce que Clément IV avait répondu au preaitf
LA OEBlflJM HitalBSSB DtS JAGMB 4M
à Lyon, arraché aa Pape la promesse d'examiner de tion-
veau sa demande; car, à peine arrivé à Perpignan, il
chargea Joan de Torrefreyia, chanoine de Lérida, de
poursuivre cette affaire en cour de RomeV 11 résulte,
d'une lettre de Grégoire X, que, au mois de septem-
bre 1275, aucune décision n'avait encore été prise *.
Cependant Teresa s* était depuis longtemps retirée au
couvent des Bernardines de iaiZûydia de Valence, qu'elle
avait fondé. Elle y passa le reste de ses jours dans les
pratiques de la plus austère dévotion, et y mourut en
odeur de sainteté'. Son corps, que Ton conserve dans
l'église du monastère, est encore aujourd'hui l'objet de
la vénération publique^.
La femme qui succédait à Berenguela Alfonso dans ie
ccBur du vieux Jacme avait abandonné son mari ' ; mais
ceiai-ci était encore, assure-t*on, engagé daus les liens
d'un premier mariage, lorsqu'il avait 4^ontracté<e second,
ai l'on espérait de Rome une double sentence qui reudit
libres à la fois le roi et celle qu'il voulait élever au rang
d'épouse morganatique.
de ces moyens; il avait repoussé le second par ce motif qu^une pro-
messe de inariuge suivie de cohaiiilalion équivaut à un mariage
régulier ; quant au troisième , la preuve n'en avait pas élé laite.
* Nous pul>lions dans nos Pièces jusUûcalives, n« XiX, la procura-
lion donnée à Juan deTorrcfreyta. Elle esl dalêedu 2 des kalendes
de juillet (30 Juin) 4^74.
* Voy. Raynaldt, Annales ecclesiasi, , ad. ann. 427$, n* 39.
' Teresa Gil parait avoir survécu au roi. f^ martyrologe deCiteaax
en parle comme d'unesainle sous la rubriquedu 45 juillet Jour jauni-
versaire de sa mort.
^ Voy. Bofarull, los Cjondes de Barcelona, t. II, p. 237. Cf. DiagO,
Anales delreyno de ValendCy lib. Vif, cap. Liv.
* On ignore lenemdela dernière maîtresficde Jacme. Ne :»rait-
ce pas la « noble dame Sybilla de Saga>*, que, par son eodioille du
20 juillet 4276| il recommande particulièremeni à son tis MerfeV
(Voy. Pièces justificatives^ n« XXI.)
498 IITBB TV 9 CHAPITRE ▼
Le Pape n'avait pas encore quitté la France lorsqu'il
fat instrait des désordres qui souillaient la vieillesse da
souverain de l'Aragon. Il lui adressa à ce sujet une lettre
de paternelles remontrances, qui excitèrent le mécon-
tentement de Jacme. Le roi essaya de se justifier, il eut
même la singulière pensée d'alléguer, entre autres
excuses , la beauté de sa maîtresse ; mais ses explications
et ses plaintes lui attirèrent de la part du Souverain
Pontife des reproches plus vifs et Tordre formel de se
séparer sur-le-champ de sa concubine, sous peine d'ex-
communication (septembre 1275*).
Le Pape fut sans doute obéi, car, dès ce moment, on
ne découvre plus rien d*irrégulier dans la conduite du
monarque aragonais.
Nous avons perdu de vue un instant les affaires publi-
ques pour pénétrer une dernière fois dans la vie privée
de notre héros; tournons maintenant nos regards vers
la Catalogne, où,. durant l'absence de Jacme, les barons
et le prince héritier avaient continué à s'observer sans
en venir aux hostilités ouvertes. L'infant Pierre avait
néanmoins envenimé le différend , en essayant d'intro-
duire dans le comté de Barcelone le principe de Tin-
capacité des femmes à posséder des fiefs. Les seigneurs
catalans s'étaient réunis à Solsona, jurant de défendre
leurs droits par les armes. Le roi qui , de Montpellier
et de Perpignan , avait adressé de nouvelles convocations
aux Aragonais et à ses autres sujets restés fidèles *, fut
instruit en arrivant à Girone des prétentions injustes de
son fils, et se hâta de les désavouer par une lettre que
* Voyez les lettres de Grégoire X à Jacme, à rarchevéque de Tarra-
gone ei à l'évêque de Tortose dans les AnnaUs ectUesiasl, de Rayoaldl«
ad. ann., 4275, n» 28 à 34.
3 Archives d'Aragon, Reg. XYlIl, i^ 67 et 68.
i
TROUBLES EN CATALOGNE ET EN ARAGON 493
Bernât de Sant-Vicensfut chargé de porter aux seigneurs
réunis à SolsonaV Ceux-ci répondirent en protestant de
leur fidélité au roi , mais ils ajoutèrent qu'ils étaient
décidés à faire respecter les droits qu'ils tenaient de
leurs ancêtres et auxquels on ne cessait de porter
atteinte. Jacme renouvela par trois fois la sommation au
vicomte Ramon Foich d'avoir à lui rendre le château de
Cardona*. Non-seulement l'intraitable baron refusa d'o-
béir, mais il donna asile à Bertran de Ganellas, poursuivi
pour avoir tué le justicia d'Aragon, Rodrigo de Castel-
lezuelo.
Tandis que presque tous les nobles catalans, à la tête
desquels, outre le vicomte de Cardona^ on comptait les
comtes d'Âmpurias , de Pallars et d'Urgel , renouvelaient
à Ager leur confédération , le bâtard Fernand Sanchez,
se concertant avec eux, organisait à Estadilla une ligue
aragonaise, dans laquelle entraient Artal de Luna, Pedro
Cornel et plusieurs autres ricos homes (septembre 1274).
L^infant Pierre commença lalutte en Aragon, en assiégeant
' CeUe lettre est datée du 17 des kalendesde juillet (45 juin) 4274.
Les barons y répondirent le 2 juillet suivant. (Archives d'Aragon,
RegXXIl, l'* partie, f»* 44 et 42.)
> Arch. d'Arag.,Reg. XXII, I'* partie, ^'^ 12, 43 et 44. Des somma-
tions analogues furent adressées à d'autres seigneurs (Id.,id., 1*43).
A ces événements se rapporte sans doute un sirvente de Bernât de
Rovenhac que D. Manuel Milà fait remonter, à tort selon nous, aux
premières aimées du règne de Jacme. Le iroubadour y excile les
barons catalans, et en particulier le vicomte de Cardona «valeureux à
régal d'un roi», à la guerre contre Tinfanl d'Aragon, «appelé infant
avec raison, car il arrive souvent aux enfants de faillir.» Il est ques-
tion, dans celle pièce, d'un baron du nom de Ramon Guillem, que
rinfant aurait tué ou, selon la version de M. Miià, outragé. Le poète
se plaint amèrement que le roi et le « trailre infant » ne respectent
pas les trêves (Yoy. Milà, de los Trouadores, p. 458, et Rayoouard,
Choix de poésies des troubad.^ t. IV, p. 305)
194 hVn,E Vf , GBàVITM f
ld& «hàt6aa& da acN> frère. En Catalogue , le vicomte de
GardoBai et ses aâbérents envoyèrent des lettres de
diâMimeni^ aa roi et àriarant héritier; puis, refoiant
de soumettre le différend à. des arbitres , ils attaquèrent
et détrnisirent de fond en comble la ville de Fîgaeras
qui appartenait à Pierre.
On eu voulait moins au roi qu à T infant , dans lequel
la noblesse pressentait déjà le souverain entreprenant et
dominateur contre lequel elle aurait à lutter bientôt.
Les documents de Tépoque prouvent combien Jacine
était inquiet des résultats possibles d'une guerre civile
qui épuisait les finances et menaçait le pays des plus
grands malheurs*. Il proposa à Fernand Sanchez et aux
Aragonaisia médiation des certes; pour toute réponse,
Fernand signifia à son père qu'il se quittait de lui (dé-
cembre 1274). Jusqu'ici le bâtard d* Aragon s'était attaqué
seulement à son frère Pierre; mais, irrité de voir le roi
réconcilié avec Tinfant^ il ne craignit pas de tourner
ses armes contre sou père, qui l'avait cependanl comblé
de bienfaits'.
En Catalogne, l'évéque de Barcelone et le grand-maître
• Arch. d'Arag., Reg. XXU, 1« partie, 1^ f6, 47 el 48. —
nimt est le mot catalan qui correspond à Texpression aragonaise
dematuraltMtscion,
' Les documents sur cette guerre abondent aux archives d'Aragon.
Outre ceux quonousavons déjàciién, nous mentionnerons les lettres
de défl, réponsesi eonvocalions pour le service militaire et le> certes,
trêves, demandes d'argent, etc., qui se trouvent dans les Reg. XVill
(f^ 56 à 63) ; XXII, Ir* part. ((•>• 14 à 34), el XXIli {(^ 3 à 96) Entre
autres documents qui font connaître l'état des finances pendant cette
périoile, nous ferons remarquer les lettres par lesquelles le rot
ordonne aux baylee de suspendre le payement des dettes à rextioc-
tion desquelles les revenus de leurs baylies avaient été affeclés ;
45 septembre 4274 ( Reg. XVllI, f» 63).
> Arch. d'Arag , Parch. de Jaeme !«** , n»* 4e2M , 4883 el 244e.
«
^
TB0UBLB9 BB OAàLOGIie WT EN ABAGON
de rtMrdra^ de SaiinxJaeqiies paraissaient avoir décidé la
pliiparldes méemileafs à s'en rapporter au jagement des
Qf»rlësv Um trêve fub conclue. Les barons n.'avabnt en
réalité nulle envie de se réconcilier avec leur côi:. Malgré
iMMiufs-cooduits qui leur furent donnés ^ ils refusèrent
4e s« rendre aux certes générales réunies à Lérida '. Ils
y envoyèrent cependant leurs députés; mais rassemble
dot se séparer sans avoir rien terminé, et la guerre reprit
avee un nouvel acharnement.
Le comte d*Ampurias, Tun des seigneurs catalans les
plus irritéscoolreTinfant Pierre, affectait de considérer
le Doi comme étranger à la querelle; mais celui-ci ^ afin
de dessiner franchement les positions, envoya défier te
comte et, avec Taide de son fils Jacme% continua la
< Les letlFes de convocalion de celle assemblée , conservées aux
archives d^Âragon (Reg. XXIII, f"' 45 et 46J, sont dalées du 7 des
kalendes de février 4274 (26 janvier 4275).
' Le second ûls de Jacme le Conquérant eét mentionné rarement
dans Thistoire des dernières années de son père. Les documents qui
concernent cettç période de la vie du futur roi de Mayorque n'ont
'aliène rapport qu ase^projetide mariage, asdez nombreux du reste:
£n i363, Guillem de Roquefeuil et Miguel Violetla furent ciiargés
de négocier le mariage de Tinfant Jacine avec Beatrix, nièce du
oorote Pierre do Savoie (Arch. d'Arag., Reg. XII, f^ 33, et Reg. XV,
f> 24). La dot de la jeune princosse avait été constituée el hypothé-
quée 8ur le comté de Roussillon (Id., Reg. XV, f^ 22). Mais cette
ttiiion n'eut pas lieu. En 4264, ii fut question de faire épouser à
riiibnt un& fille du duc de Bourgogne; Arnaud , évêque de Barce-
lone, et le comte d'Ampurias devaient traitée en même temps le
mariage de la princesse Marie d'Aragon (Voy. oi-dessus p. 470, note]
el celui de son frère Jacme. Cette alliance ne s'étant pas réalisée, le
ni iacme, par lettres données à Barcelone le 2 aoCit 4269, permit
à son fils de se marier avec la femme qu'ilchoisirait. (Arch. d'Arag.,
Reg. XVI, f» 486.) En 4269, le roi et la reine de France s'occupe*-
rentdemarierlUnfant avec Yolande, comtesse de Nevers. petite* fille
du duc de Bourgogne et veuve de Jean de France, fils de saint Louis.
Lé2& aeùi 4^274, le roiJaome confirma la donation à cause de neaes
r
496 LITRE IT , GHAPITEB T
guerre en Catalogne. De son côté, Pierre poursuivait,
avec racbarnement de la haine, Fernand Sancbez, que
de fréquentes lettres du roi n'avaient pu ramener dans
le devoir*.
C'était un duel à mort entre les deux frères. Traqué
par les hommes de l'infant et cerné dans son château de
Pomar, le b&tard s'échappa déguisé en pâtre, tandis que
les assiégeants se mettaient à la poursuite d'un de ses
écuyers, qui fuyait à toute bride, revêtu de ses habits et
monté sur Asenyallat, son meilleur cheval. Le strata-
gème fut bientôt découvert , et Fernand , pris dans un
champ de blé où il s'était blotti après avoir tenté vai-
nement de passer la Cinca à la nage, fut amené devant
Pierre qui le fil noyer V Cet acte d'odieuse justice a
inspiré au roi des paroles d'une révoltante dureté, que,
pour l'honneur de Jacme, nous voudrions croire le ré-
sultat d'une erreur de copie dans ce passage de sa Chro-
nique ' : « Nous apprîmes comment l'infant en Père avait
jBile par son fils à sa future épouse, (Arcb. d'Arag. , Reg. XXXVU ,
h 25.) Ce projet échoua comme les précédents, et, enfin, le 4 octobre
4275, Théritier du royaume de Mayorque épousa Esdarmonde,
sœur du comte de Foix Roger-Bernard II.
* Les copies des lettres échangées entre le roi et Fernand Sancbez
se trouvent aux archives d'Aragon, Rcg. XXII, P* partie, t»* 44, 23,
24 et 25; Reg. XXIIT, f»» 94 à 96.
* « fi'înfant en Père, dit d'Esclot, aurait bien voulu qu'il s'en fût
allé, mais, puisqu'il en était ainsi, il ne voulut pas quUl échappât à
la justice qu'il avait violée. » (Chronique, chap. lxx.}
' Quiconque a pu comparer lescopies différentes d'un môme texte,
ne trouvera pas impossible une altération de ce genre, si Ton
remarque surtout l'analogie qui existe, au moins pour les yeux,
entre le passé défini du verbe plazer^ plaire (pïach) et le même temps
du verbe p/an/i«r, plaindre (planch), et même entre 1e> deux conjonc-
tions car, car, et ja ou ta, quoique. Nous ne hasardons, du reste,
cette explication qu'à titre de pure hypothèse. D'Esclot, parlant du
même lait, dit: « Et quand le roi sut que l'infant en Père avait fait
è
Pm DB LA GinftRE ATEG LBS BARONS 497
tenu assiégé on châteaa de Ferran Sanches, et avait pris
celai-ci et l'avait fait noyer. Et cela nous plut fort quand
ou nous le dit, car c'était dure chose qu'étant notre fils et
après que nous lui avions fait tant de bien et l'avions
honoré d'un si riche patrimoine, il se fût levé contre
nons\ >
La mort de Fernand Sanchez apaisa presque instanta-
nément la révolte aragonaise, qui n'était qu'une lulte
personnelle entre les deux fils de Jacme, et toutes les
forces du parti royal purent dès lors être dirigées contre
les mécontents de Catalogne. Le comte d'Xmpurias,
devenu le principal chef de ces derniers, ne tarda pas à
comprendre que la résistance était inutile et vint se
remettre à la merci du roi. Jacme, toujours disposé à
donner des preuves de son respect pour la justice, con-
sentit à faire décider par les certes tous ses différends
avec les barons*. Mais devant l'assemblée, réunie quelque
temps après à Lérida ', de nouvelles difficultés s'éle-
vèrent. Pierre de Berga, l'un des rebelles, venait de
noyer en Ferran Sanches , cela le chagrina fort, parce qu'il était
son flls. Et d'autre part il s'en consola bien parce qu'il avait machiné
si grande mauvaùf^^ contre lui et contre Tinfant en Père, son frère. »
(Chronique, chap. lxx.) Le fragment qui suit, extrait d'un vieil
auteur, semble bien fait pour justifier notre défiance : a H refusait
aussi longtemps qu'il pouvait de signer une sentence de mort, et,
quand il fallait donner cours à la justice, il était malade le jour où
il condamnait, et pleurait souventes fois du grand souci qu'il avait
de faire mourir un homme, t (Chronique de Gauberte Fabricio de
Bagdad, citée par M. Rosseuw Saint-Hiiaire, Hist. d^ Espagne, liv. XI,
chap. IV.)
* Chronique de Jacme, chap. cccv.
a Arch. d'Arag., Reg. XX, f 282.
' Les certes furent convoquées pour aie quinzième jour après
Saint-Michel de septembre > de Tan 4275. Elles ne purent se réunir
que le l"* novembre. (Arch. d'Arag., Reg XXUI, ^ 33.)
T. IL 32
496 UTRB lY , CBâFITEE ▼
mourir saos héritier légitime et ayait dooDé par testa-
ment ses fieiis au comte de Pallars ; on voulait que le roi
ratifiât ces dispositions. L'infant Pierre s*y opposa. Les
seigneurs reprirent lear attitude hostile et qaittèreDt
Lérida. Néanmoins la guerre ne recommença pas pour
le moment ; mais le roi dut dissoudre les cortès, après
avoir, par une double déclaration, assuré la couronne
aragonaise à Alfonse, fils aîné de l'infant Pierre, quand
même celui-ci viendrait à mourir avant le roi son père
(novembre 1275*).
Nous Verrons bientôt quelles préoccupations avaient
engagé Tinfant à réclamer du roi cette déclaration solen-
nelle en présence des cortès ; mais il faut d*abord revenir
de quelques pas en arrière, afin de pouvoir suivre les
événements qui se déroulaient en Navarre et en Castille
parallèlement à ceux que nous venons de raconter.
Henri P', roi de Navarre, était mort le 22 juillet 1274,
laissant pour unique héritière sa fille Jeanne , qu il avait
fait reconnaître pour reine avant de mourir, et dont il
avait confié la tutelle à sa femme Blanche, nièce de saint
Louis. Trois partis se formèrent aussitôt en Navarre:
l'un , ayant à sa tête Pedro Sanchez de Montagudo ,
seigneur de Chascant, gouverneur du royaume, désirait
la réunion à TAragon et le mariage de la jeune reine
avec un petit-fils de Jacme le Conquérant; Tautre , dirigé
par le rico home Garcia Almoravid, travaillait à la con-
clusion d'un mariage castillan; le troisième enfin était
d'avis de respecter à la lettre le testament d'Henri I", et
de laisser à la reine douairière le soin d'administrer le
royaume et de marier sa fille à son gré. Il est inutile
* Archiv. d'Arag., Parchemins de Jacme i", ii«» 2252 el 22S3;
Coleccion de documentos ineditos^ t. YI, p. 492.
APFAIR18 DB NAVARRE 49ft
d*ajoater que la Dièce de Louis IX appelait de taos ses
?œnx une réoDÎon à la Franee. 11 ne s'agissait plus pour
la Navarre de conserver son indépendance. Â laquelle de
ces trois monarcbies, Aragon, Gastille ou France, sa
destinée allait-elie être uniefTelle était toute la question.
Dan» ces conjonctures, la communauté d'origine, la res-
semblance des moBurs et de la constitution politique
militaient pour TAragon, et c'était TAragon, en effet,
qui paraissait avoir le plus de chances de succès.
Malgré sa loyale amitié avec les rois de Navarre de la
maison de Champagne, Jacme, nous Tavons vu, n'avait
jamais renoncé à ses droits sur ce pays. Une série de
traités et de trêves * avait maintenu entre les deux
royaumes une paix provisoire qui n'avait jamais été
sérieusement troublée. Cependant, sur la in du règne
de Henri V\ l'infant Pierre, auquel son père avait cédé
ses droits sur la Navarre au moment d'entreprendre sa
croisade outre-mer ', avait élevé quelques réclamations
pécuniaires*, qui auraient peut-être amené une rupture
si la mort de Henri n'était venue donner à l'infant l'es-
poir d'hériter d'une nouvelle couronne.
Dès le 29 juillet 1274, Pierre se rendit en Navarre,
mani de lettres de son père qui priaient les prélats ,
* Ainsi l'on trouve aux archives d'Aragou, outre les traités de ce
genre que nous avons déjà mentionnés (Voy. ci-dessus, p. 298 et
299) : 4° Paix et trêve pour quatre ans avec Thibault, roi de Navarre
(Thibault !•'), septembre 4243 (Parch. de Jacme I«', n-923) ; 2" Lettre
au roi de Navarre pour qu'il ordonne à ses gens de ne pas faire de
mal aux Aragonais, aoûH263 (Reg. XII, fM04); 3* Trêve avec Thi-
bault, roi de Navarre (Thibault II), juillet 4266 (Reg. XV, f* 24);
4« Trêve pour deux ans avec Henri, roi de Navarre, août 4272
(Reg. XXI, f» 53).
• Arch. d'Arag., Parch. de Jacme I«', n® 1991.
3 Id., id,. no' 2483 et 2484.
500 LIVBE IV, CHAPITRB T '
ricos homes, seigneurs et bourgeois navarrais de recon-
naître rinfant d'Aragon pour leur roi * . D*un autre
côté, Alfonse X crut faire un acte d'habile politique en
proposant, comme mesure de conciliation, de fusionner
les droits de l' Aragon et ceux de la Castille sur la tête
de son fils Fernand. Celui-ci envoya même un chevalier
de sa maison auprès dn roi son aïeul. Mais Jacme n'a-
gissait pas seulement dans cette affaire pour son propre
compte. On a pu voir que, conformément à un usage
dont les souverains aragonais ne doivent plus se départir,
le roi, en associant l'infant héritier au gouvernement de
ses États, lui accordait une très-grande initiative. Depuis
plusieurs années déjà, c'est Pierre qui gouverne sous la
surveillance de son père. Les troubles causés par sou
caractère entier ne le prouvent que trop. Le roi n'inter-
vient guère que pour rappeler parfois l'infant au respect
de la justice ou pour modérer son ardeur imprudente.
La succession de Navarre était donc l'affaire de Pierre,
et le prince au profit duquel devaient se faire les Vêpres
siciliennes, n'était pas d'humeur à renoncer aisément à
un royaume. Jacme dut répondre par un refus à son
petit-fils Fernand *.
Cependant l'infant aragonais, par ses menées habiles,
s'était fait un parti puissant. Invoquant les droits de son
père et ceux de ses aïeux % flattant les goûts des Navarrais
pour l'indépendance, il parvint à obtenir des cortèsdu
* Archives d'Arag., Reg. XXin t^ 99 et 400.
' Lettres écrites par le roi d'Aragon à Fernand, infant de CasUile,
à Alfonse X et à Pierre au sujet de la Navarre. (Arch. d'Arai^.,
Reg. XXlil, fo* 96 à 98.)
' Pierre était allé rechercher dans les archives du monastère de
San Juan de la Pena les actes établissant les droits de la maison
d* Aragon sur la Navarre. (Arch. d^Arag , Parchemins de Jacme I*',
n» 2498.)
AFFAIRES DE NAVARRE 501
royaame, réanïQS k PuenU de laReyna, ane décision
favorable à ses prétentions^ Pois, tandis qae le roi Jacme
réclamait par lettre l'appui de Philippe {^Hardi^, il partit
incognito pour la France, afin de plaider lui-môme sa
cause auprès de son beau-frère, qui avait donné asile à la
veuve de Henri T', et se préparait à fiancer la jeune
princesse de Navarre avec l'héritier de la couronne de
France. Philippe accueillit Pierre avec les marques de la
plus vive amitié.* Ils parlèrent moultes fois ensemble
privément, sans que nul homme, pour si intimé qu'ilfut,
pût rien savoir de leur entretien '. » « Il se forma entre
eux une telle intimité, dit Muntaner, qu'ils communièrent
l'un et l'autre d'une môme hostie consacrée. > Mais, bien
que le chroniqueur fît partie delà suite de l'infant^, il
parait s'être mépris sur la portée des témoignages de
courtoisie échangés entre les deux princes, lorsqu'il
assure qu'ils firent serment de ne jamais s'armer l'un
* La sommation adressée par l'infant aux certes navarraises, ses
engagements à leur égard et là décision de l'assemblée en sa faveur
ont été publiés dans la CoUccion de documentos ineditos (t. VI, p. 480,
4 83 et 4 89), d'après les Parchemins n<» 2205, 2206 et 2207 du règne
de Jacme I**, aux archives d'Aragon. Nous mentionnerons encore les
documents suivants: r Confirmation de la trêve accordée par l'in-
fant Pierre aux vassaux de Navarre, 4 septembre 4274 ; 2* Commis-
sion donnée à l'infant Pierre de connaître des dommages réciproques
del'Âragon et de la Navarre. (Reg. XIX, f<» 468 et 469.) Moret s'at-
tache beaucoup à diminuer l'importance du parti aragonais (Anales
<2e i^Tovarra, lib. XXIV, cap. m, g V.)
' Voy., dans nos Pièces justificatives, n» XX, la lettre de Jacme P'
à Philippe le Hardi.
> Chronique de Bernât d'Ësclot, chap. lxx.
* « J'ai vu de mes yeux, dit Muntaner, le roi de France porter à la
selle de son cheval, sur un canton, les armes du roi d'Aragon en ^
témoignage d'amitié envers ledit infant, et de l'autre ses propres
fleurs de lys; et l'infant en faisait de môme- » (Chronique de Ramon
Muntaner, chap. xxxvu.)
contre Taatre . Ea effet, Pierre avait à peine refiassé i«s
Pyrénées, qa*on célébrait à Paris les fiançailles de Phi-
lippe le Bel avec Jeanne de Navarre, et qn^une armée
française s*avançait vers le royaume qui formait la dot
de la princesse. De son côté, Fernand de Castille com»
roençait les hostilités. Une |[aerre terrible allait éclaler;
car Pierre, soutenu par les Nayarrats , n'était pas dis*
posé à abandonner la partie, lorsqu'un danger comma
appela subitement vers le sud toutes les forces de l' Aragon
et de la Castille, et permit à la France de s'agrandir aui
dépens de la terre espagnole ^
Depuis quelque temps, Témir de Maroc Yaoub Aben
Jucef, appelé en Espagne par l'émir de Grenade^
Mohamed II, attendait le moment favorable pMr tenter
un débarquement sur les plages d'Algésiras et de Tarifa.
AQn de masquer son projet, Aben Jucef feignait de diriger
ses armements contre l'émir de Ceata. Il avait même
conclu à ce sujet une alliance avec Jacme le Conquérant V
Dans le mois d'avril de l'année 1275, tandis que l'Aragon
et la Castille avaient les yeux tournés vers la Navarre, et
* Guillem Anelier, troubadour de Toulouse, a coosacré à la révo-
lution navarraise de 4276 un long poëme que M. Francieque Mkbel
a publié avec la traduction française dans ia Collection des doomnenU
inédits de Ffiistoire de France. D. P. llarregui, membre de la oora-
mission des monuments de Navarre, avait donné une édition du texte
^original en 4847. Voy., surGuillem Ânelier et ses œuvres, llilà,<ie /os
TrovadoreSy p. 247. Bien que le troubadour jette un r^ard rélro*
spectif sur Tbistoire de Navarre et parle de l'adoption mutuelle de
Sancbe le Reclus et de Jacroe I*% il passe sous silence les évéaements
des années 4274 et 4275.
3 Le traité d'alliance de Jacme avec « iucef, mtramomefe'n, seigneur
de Maroc et de Fez, au sujet de la conquête deCeuta », ae irotive
aux arcbives d'Aragon (Reg. XIX, f» 6); il est daté du 4 4 des kalendes
de décembre (48 novembre) 4274. Gapmany l'a publié dans le i. IV
(Coleccion diplomatica ^ p. 7) de se:^ .^etiiorias sobre la Marina,
comcrcio y arles de Barcelona.
IlfYASION IM58 MUSCLMANS dVfRIQUE 505
qn'Alfonse X , s'acharnant à la poarsnite d'une chimère ,
abandonnait ses États pour aller supplier le Pape de con-
firmer ses prétentions à l'Empire \ les Africains passèrent
le détroit, et, réunis aux Musulmans de Grenade, en-
vahirent FAndalousie. Les premiers engagements furent
désastreux pour les chrétiens. Les plus vaillants y per-
dirent la vie, entre autres Sanche, archevêque de Tolède
et 'fils du roi d'Aragon V
L'infant héritier de Castille , Fernand , gouverneur
général du royaume pendant l'absence de son père, accou-
rait vers les pays attaqués lorsqu'il tomba fualade et
mourut à Villa^Real' (août 4275).
On sait comment Sanche, secondais d'Alfonse X , se
fit reconnaître pourhéritier de la couroone au préjudice
des fils de Fernand, les infants de la Cerda, et légitima
en quelque sorte son usurpation par les exploits qui lui
valurent le surnom de Bravê.
Les succès des Musulmans avaient mis l'Espagne entière
* On sait que l'entrevue du Pape et du roi de GaatUle eut. lieu à
Beaucaire.
3 L'infant archevêque de Tolède s'était mis à la tête des milices
castillanes pour défendre le pays de Jaen contre les Musulmans. Il
fat battu et fait prisonnier. Les soldats d'Àben Jucef et ceux de
Mohamed 3e disputaient le précieux captif et allaient en venir aux
mains, lorsque Varraez de Malaga, poussant son cheval contre l'ar-
chevêque, le perça de sa lance en s'écriant : « A Dieu ne plaise que
pour un chien meurent tant de braves combattants. » (Conde, His^
toria de la dominadon de los Arabes en Espana, t. III, cap. x.) L'in-
fant Sanche a fut bon et pieux, dit Muntaner, et réputé dans son
temps comme l'un des plus dignes, des plus saints et des plus hon-
nêtes prélats du monde. Il aida beaucoup à accroître la sainte foi
calholique en Espagne, causa beaucoup de mal et d'abaissement
aux Sarrasins, et finit par périr en les combattant; aussi peut-on le
mettre au rang des martyrs, puisqu'il mourut en voulant maintenir
el élever la foi catholique. » (Chronique, chap. xi.)
^ Aujourd'hui Ciudad-Real.
504 hPm IV, GHAPITBB y
en péril. Le roi d'Aragon ordonna à son fils alnédemar-
cher au secours de la Castille contre Tennemi commiiD.
G*esi alors qae Pierre , craignant pour ses fils le sort des
infants de la Gerda, s'il venait à mourir dans cette expé-
dition , exigea , comme nous Tavons dit, que son père ,
en présence des certes de Lérida, reconnut Alfonse pour
héritier du trône d*Âragon \
A la fin de Tannée 1275, Tinfant aragonais se mit en
marche vers la frontière de Grenade, à la tête d'une
armée de mille chevaliers et de cinq mille fantassins. Le
vieux Conquistador lui-même, Teffroi des Sarrasins, se
préparait à venger la mort de son fils Tarchevéque de
Tolède, lorsquMl fut obligé d'aller à Valence réprimer
une émeute dirigée contre les prud'hommes de la capi-
tale \ et punir des chrétiens qui pillaient les Sarrasins
soumis.
Sur ces entrefaites, le maure Al Azarch, le chef de la
précédente révolte de Valence, rentra dans le royaume
et en fit soulever la population musulmane. Ce mouve-
ment, concerté avec les émirs de Maroc et de Grenade,
fut mal secondé par ceux-ci, qui conclurent précisément
à cette époque une trêve avec le roi de Gastille, et ren-
dirent ainsi disponibles les forces commandées par l'in-
fant d'Aragon. Mais, tandis que Jacme convoquait les
seigneurs et les milices pour repousser le danger qui
* Voy. ci-dessus, p. 498 — Les craintes de Pierre étaient d'autant
plus fondées que, dans le Code de Valence, le roi, s'inspirant du
fuero jujgo, s'était prononcé contre le droit de représentation en
ligne directe descendante- (Voy. ci-dessus, p. 265.)
* Âu commencement de Tannée 1275, des désordres de même
nature avaient ensanglanté Saragosse Gil Tarin, juré de cetle ville,
perdit la vie dans une émeute. Les meurtriers furent condamnés à
mort.
SOCLÈVBIIBIIT DBS HAUBES DB VALENCE 505
menaçait la domination chrétienne en Espagne \ Pierre,
par an aveuglement étrange, réveillait son ancienne que-
relle avecle comte d'Âmparias. Heureusement le comte
s'offrit à porter le différend devant la justice, et, sur
Tordre du roi, Tinfant dut cesser les hostilités.
Cependant la croisade s'organisait contre les Musul-
mans révoltés '; Le Pape avait octroyé à Jacme les dîmes
ecclésiastiques à condition qu'il expulserait les Sarrasins
de ses États. Le roi l'avait juré solennellement sur l'autel
de Notre-Dame de Valence,* ; la nouvelle insurrection lui
faisait craindre des soulèvements continuels tant que tous
les Maures jusqu'au dernier ne seraient pas rejetés hors
du territoire espagnol. .
Au mois d'avril 1276, les troupes aragonaises attaquè-
rent les rebelles. Al Azarch fut tué dans une rencontre
près d'Alcoy; mais les chrétiens payèrent chèrement
leurs premiers succès. Jamais, depuis le commencement
du règne, on n'avait vu les Sarrasins résister avec autant
d'énergie et de bonheur. C'est qjie \e Conquistador
n'était plus sur le champ de bataille, et nul ne savait
comme lui diriger les combattants, ménager leur action,
modérer, leur ardeur imprudente ou leur donner l'élan
et la confiance an moment décisif, en un mot décupler
leurs forces par son habileté et son calme courage. Le
vieux roi venait d'être saisi par la maladie et s'était fait
porter à Xativa, d'où il veillait sur toutes les opérations
de l'armée, que commandait son fils naturel Pedro Fer-
nandez deHijar, secondé par les principaux barons et le
' Arch. d'Ârag., Reg. XXIII, f°* 48 et 49, convocations du 22 mars
<276.
> Voy. Raynaldi, Annales ecclesiasL, ad. ann. 1276, n^ 20 et suiv.
' Voy. le premier codicille de Jacme dans nos Pièces justifica-
tives,'n« XXI.
506 LmiE lY, oBAPirius t
maUre du Temple. Va jour, près de Lnobente, les cbré-
tians furent batUis avec ées pertes eu ormes; plusieurs
de leurs chefs restèrent sur le ohamp de bataille, et les
milices de Xativa, qui avaient pris part à Taction, Airent
taillées en pièces, au point, disent les chroniqueurs, que
la ville en resta presque dépeuplée. Am temps de Marsilio,
on parlait encore avec tristesse de ce jour néfaste, qu'on
appelait 40 mardi de malheur.
« Aussitôt que le roi, qai était dans son lit, apprit
cette défaite, il s'écria : « Sus, sus, amenez«moi mon che-
- val et préparee-moi mes armes ! je veux marcher contre
• ces traîtres de Sarrasins qui ne croient mort. Ils ne se
> doutent pas que je saurai encore les exterminer tous. >
Et il était si résolu que, dans sa colère, il voulait se
dresser sur son lit; mais il ne le put pas. Il leva alors
les mains au ciel etdit : « Seigneur, pourquoi permettes-
» vous q«e je soie ainsi privé de mes forces ?)Eh bien
> donc ! ajontatt-il, puisque je ne puis me lever, faites
» .sortir ma banniène, et qu'onme porte sur une litière
» .jusqu'aux lieux où sont ces Maures perfides. Ils ne
> pensent plus que je suis de ce monde; mais ils n'aa-
» iront pas plutôt . aperçu la litière qui me porte, qu'à
» l'instant nous des aurons vaincus, et tous seront bien-
> tôt .pris eu tués \ >
^ Gbitmi^e de Ramon 4funUin6r« chop. xxvi et xxvii, trad. de
M.Aucbon. i»e obroniqueur ajoute que le;Joi fut efm ; mUs, lorsque
la litière arriva sur le lieu du combat, Tinfant Piecre venait de
tailler en pièces les Sarrasins. Le désir de dramatiser son récit et
surtout de rehausser les exploits de Pierre III, semble avoir inspiré
a Mvntaner ce passege, qui est en contradietien avec la Chronique
royale. Il est vrai que les derniers chapitres de cette œuvre, bien
que rédigés, sans doute, du vivant de Jaeme, n'Ont pu être sur-
veillés par loi ; mais leur concordance parfaite avec les documents
contemporains et, eu particulier, avec le premier codieitle du roi
DERIflERS mùmXWi BU OftNQKJISTADOR WT
L'iofaot héritier, mandé par son père, vîot le re-
joiDd^re avecde nombreux renforts. Le roi dirigeaift itoat,
malgré ia jQQLaladle qui empirait cJbiaque jour. Il se fit
transportera Alcira, afin de surveiller l'ebrai des vivres
à SM armée. Bientôt îles progrès du mal ne laissèrent
{>l«ts d'espoir. Le C&nquietador vit sans effroi s'avancer
cette mort qu'il avait si souvent affrontée. Il reçut les
sacrements, fit venir auprès de lui l'infaiyt Pierre, .qu'il
avait laissé à Xativa, et, devait une&âmJDreuse .assemblée
de pF^ats, de seigneurs et de bourgeois, il adressa ses
dernières recommandations à celui qui allait Lui succéder
dans la tâche glonieuse et |>émble de gouverner l'A-
ragon. .
Aimer et secourir son frère Jacme; faire en sorte
« que ni traître ni adulateur ne puisse semer entre eux
la discorde» ; aimer et protéger tous ses sujets, non-
seulement les clercs, les barons et les chevaliers, mais
aussi les bourgeois et le peuple, « car les rois trouvent
honneur .et secours chez les habitants des villes et des
villages»; faire régner la justice et veiller à ce que les
grands n'oppriment pas les petits ; ne lever des impôts
que de l'assentiment des peuples, et ne jamais accabler
ceux-ci de charges trop lourdes, « car une mauvaise
domination détruit et perd les royaumes », tandis que si
les rois aiment leurs peuples, < Dieu les aime particuliè-
remeutet ils réussissent dans leurs eutrafurises»; chasser
les Sarrasins du royaume de Valence, « de telle sorte
qu'il n'en reste pas un seul, sous quelque prétexte que
ce soit » , parce qu'ils ont toujours trahi le roi >et cherché
(Toy. Pièces justificatives, n» XXI), est une preuve de leur exacti-
tude. Il est possible que le secrétaire ehargé d'écrire ces mémoires
sous la dictée du roi, ait continué seul le travail pendant la<lernière
maladie de son maître.
508 LITRB IT, CHAPITBS ▼
à lui rendre le mal pour le bien» ; enfin retourner im-
médiatement à la tête de son armée, poursuivre la
guerre à outrance jusqu'à rentière pacification du pays,
sans s'arrêter même pour assister aux derniers moments
de son père ou lui donner la sépulture; tels furent les
conseils et les ordres que l'infant reçut du héros arago-
nais, et quecelui-ci consigna presque en entier dans un de
ses codicilles'.
Le 2i juillet, Jacme abdiqua en faveur de ses deux fils,
revêtit l'habit des moines de Giteaux et fit le vœu de pas-
ser sous la bure, dans le monastère de Poblet, les jours
que Dieu voudrait encore lui accorder *. Puis, présentant
* Voyez les deux, codicilles de Jacme dans nos Pièces justifica-
tives, n<>* XXl et XXII. Il est curieux de comparer le premier de ces
documents avec le chap. cccix de la Chronique royale et le chap. lxxhi
de la Chronique de d'Esclot. Ce dernier, préoccupé de représenter
le roi Pierre Ili comme le modèle des hommes et des souverains*
fait dire à Jacme : c Don infant, je vous ai fait moult mal et moults
torts, à cause de faux flatteurs qui vous accusaient auprès de moi, et
maintenant il m'en repend, car onques ï\ n'y eut roi qui eut meiUeur
fils que vous ne l'avez été pour moi, ni aussi obéissant à son père;
car onques en nul temps vous ne m'avez peiné ni n'avez dépassé ma
volonté en rien... Âh! beau fils, pensez à bien gouverner voire
peuple et soyez miséricordieux, et aimez et honorez tous les barons
et les chevaliers, et tenez-les en soin et donnez-leur du vôtre, ei
tenez la terre en justice et en droiture, et faites votre pouvoir pour
jeter les Sarrasins hors du royaume de Valence. » D'Esclot n'a rien
oublié de ce qui concerne la noblesse, mais il passe entièrement sous
silence les recommandations qui s'appliquent spécialement à la
bourgeoisie, au peuple et même au clergé.
^ Le 24 juillet, le roi fit connaître son abdication et son entrée en
religion à Tarchevôque de Tarragone, comme seigneur de l'Ile d'Iviza,
aux feudataires du royaume de. Ma yorque, aux consuls de Montpel-
lier et à ceux de Perpignan, afin qu'ils eussent a reconnaître son fils
Jacme pour leur roi. (Voy. d'Achery, SpicUegium, éd. in-f», t. III,
p. 682; Blartène et Durand, Thésaurus novus anecdoL, t. Il, col.
4455.) Une communication analogue dut être faite aux siyets de
l'infant Pierre, devenu le roi Pierre lii.
MORT DB JAGME 1*^ 509.
à Pierr6;S0Q épée: « Prenez, lui dit-il, et portez digne-
ment ce fer avec lequel, soutenu par la main de Dieu,
j'ai été vainqueur de tous mes ennemis\ • et Tinfant,
pour obéir à son père, dut retourner à Xativa, tandis
que la cour s'acheminait tristement vers le monastère de
Ppblet, où Jacme voulait être transporté sans retard..
Mais, en arrivant à Valence, Tétat du malade s'aggrava
an point qu'il fut impossible d'aller plus avant *. L'infant
Jacme, les filles et les petits-enfants du Conquistador, et
* Chronique de P. Marsilio. —On conserve cette épée à l'hôtel de
ville de Valence. Tous les cent ans ont lieu les fêtes commémora-
tives de la conquôte, pendant lesquelles Pépée du Conquistador est
portée en grande pompe à la cathédrale et conduite processionnelle-
ment dans les principales rues de la ville. Une autre épée que Ton dit
avoir appartenu à Jacme I**, figure dans la riche collection delMr-
meria Real de Madrid. Lors de la profanation des sépultures royales
de Poblet, en 4835, on trouva, dit-on, dans le tombeau du Conquis-
tador, une épée à garniture d'émail, qui fut vendue en Angleterre.
VArmeria Real renferme un certain nombre d'objets que la tradition
attribue au héros aragonais: M. Achille Jubinalena donné le dessin
et la description dans son bel ouvrage sur la collection d'armes de
Madrid. Ce sont, outre l'épée que nous avons mentionnée, des
étriers, une selle, un grelot, un fragment de sous-ventriôre, qui
paraissent en effet remonter au XIII* siècle; deux canons à main,
une cuirasse et un pavois recouvert de peau, qui sont évidemment
postérieurs à l'époque de Jacme 1** ; enfin le casque en quelque
sorte légendaire que la ville de Valence a adopté, dès le XIIl* siècle,
comme timbre de ses arinoiries, et qui porte pour cimier les ailes et
la partie antérieure du corps d*un dragon. (Voy. Jubinal, La Àrmeria
Real, 1. 1, pi. 44 ; t. II, pi. 2 et 7 ; t. III, pi. 30.)
^ « Au bout de quelques jours, persistant dans notre dessein de
nous retirer à Poblet pour servir la Mère de Dieu dans ce monastère,
nous partîmes d'Alcira et nous arrivâmes jusqu'à Valence , et là
notre mal s'aggrava et le Seigneur ne permit pas que nous conti-
nuassions notre voyage. » Telles sont les dernières paroles de la
Chronique de Jacme. Ainsi que nous l'avons déjà dit, les derniers
chapitres peuvent être l'œuvre d'un secrétaire et non celle du roi
lui-même.
M^ LIVRE rv, cflAPinnsv
probablement aussi Tiofant Pierre* accoururent auprèsda
mourant. « Il leur donna à tous sa bénédiction et les
endoctrina et prêcha, car il avait tout son bon sens et
toute sa mémoire; il les recommanda tons à Dieu,
croisases mains sur sa poitrine et dit Foraison que Notre*
Seigneur trai Dieu prononça sur la croix, et, aussitôt cette
oraison terminée, son &me se dégagea de son corps et,
joyeuse et satisfaite, gagna le sarnt paradis*.»
Ce fut le mercredi 27 juillet 1276, à minuit', que
mourut Jacme le Conquérant, dans sa soixante-neuvième
année *.
A cette nouTelle, la douleur fut générale dans les
pays aragonais. Le clergé et la noblesse, malgré leurs
luttes avec le Conquistador, se souvenaient de sa piété,
de sa douceur, des bienfaits qa*il répandait autour de
lui, et se prenaient à craindre le caractère inflexible,
entreprenant, opiniâtre du nouveau roi. La bourgeoisie
et le peuple comprenaient combien les progrès réalisés
par le législateur de Valence étaient compromis sons le
* n résulte du récit de Muntaner (chap. xxvui) et de celui de
d'EscloC (otiap. I.X1III) que Pierre assista aux derniers moments de
son père.
^ Chronique de Ramon Muntaner, diap. xxTin. — D^Esdot dit:
« Les anges du oiel irinrent avec grande aUégresse et lui prirent
l'àme du corps et l'emportèrent au ciel derant Dieu. »
' Les Gbr(miqoes ne sont pas d^accord sur la date du jour. Celle
que nous donnons est la plus généralement adoplée. La façon de
compter par kalendes, les négligences des copistes, Theure même de
la mort du roi, ont occasionné de noMbrenses erreurs. (Voy. Chro-
nique de Ramon Muntaner, chap. xxviti; Chronique de Bemat d'Es-
ciot, chap. LXXiu ; Chroniœn Ulùinense, ap. Marea kispcmica^ cd. 739:
Gesta camiium Barcinonensium, ap. Marca hispanica, col. 557; PHM
Thalamiu de Montpellier ^ ad. ann. 4276, et la note ajoutée à la fin
de la plupart des copies de la Chronique de Jacme.)
* Pour les détails relatifs à Pinhumation de Jacme 1*' et aux
diverses exhumations de ses restes, voy. la note F de l'Appendiee.
COMPLAINTE' DE MATHIBU M QCERGT 511
règne â*uD prince pou^ qni lo'nl devait s'effac^er devant
l'ambition personnelle. Les Aragonàis, les Catalans , les
Valenûiens poaioaient espérer avoir dai» Pierre un grand
roU seloD le sens ordinaire de ces mots, c'est-à-dire uii
monarque ambitieux, entreprenant et heorenx ; les ha*
bitants des Baléares, da Roùssillon et de Montpellier,
voyaient dans l'infant Jacme un seigneur bon et « droi-
turier » ; mais, chez aucun de ces deux princes, on ne
pressentait cet ensemble de qualités qui fait à la fois la
gloire et le bonheur des peuples. Aussi, à la mort du roi
conquérant, < les gémissements et les cris retentirent-ih
aussitôt par toute la cité , et tout le monde allait
pleurant et criant Et nous pouvons bien dire de ce
seigneur, ajoute Muntaner, qu^il fut heureux, même
avant que de naître , que sa vie fut de mémo et que sa
fin fut encore meilleure * j» .
Au milieu du deuil public, la poésie provençale ne
pouvait faillir à son rôle d'interprète des sentiments
populaires. Elle avait une double dette à payer, celle de
la nation et la sienne, au souverain qui l'avait aimée et
protégée. Cependant une seule pièce de vers sur la mort
de Jacme P est arrivée jusqu'à nous '. Elle est due au
troubadour Mathieu de Quercy. Quelques traits, inspirés
par une douleur profonde et une admiration naïve, ra^
chètent l'ensemble médiocre de cette ceuvre.
< La joie me manque et la douleur m'accable, dit le
poëte, et rien ne me tourne en bien ni en profit, quand
il me souvient du bon roi d'Aragon : alors je me prends
* Chronique de Ramon Muntaner, chap. xxviii.
^ « Si le roi Jacme était encore vivant, dit Serveri de Girone dans
une de ses pièces, je ferais des chants ingénieux ; mais à présent,
l'en ai perdu le courage. 9- (Milà, De los Trovadores en Espana,
p. 39ii.)
512 LIVRE !▼ , GHAPimE Y
fortement à soupirer, et j*estime le monde aussi peu que
de la boue. Car il' était franc et doux, de peu de mots et
de grands faits, et, sur tous les autres rois que l'on ait
jamais Yus en Espagne, il était le plus grand pour con-
quérir la gloire. Et puisque ce roi savait tant valoir, il
est juste que tout le monde le pleure.
> Par droit et par raison, tout le monde doit se lamenter
et pleurer la mort du roi, car jamais prince meilleur ne
fut de notre temps en deçà ni au delà de la mer, ni aucun
qui ait tant fait contre la gent perfide, ni tant exalté la
croix où Jésus*Christ fut mis pour nous tous. Hélas !
Aragon, Catalogne, Cerdagne et Lérida, venez pleurer
avec moi, car. autant de douleur vous devez bien avoir
que ceux de Bretagne en eurent pour la mort d*Artos.
> En l'an mille — pour qui sait bien compter — depuis
que Jésus*Christ prit la forme incarnée, deux cent et
soixante-seize, le roi Jacme mourut le sept des kalendes
d'août * ; prions que Jésus ait compassion de lui, le garde
du profond abîme où Dieu plonge les mauvais anges, lui
donne les joies dans lesquelles l'âme se conforte, le cou-
ronne et le fasse asseoir dans ce royaume où il n'y a point
de déplaisir, car je crois qu'un tel lieu lui convient.
» A toutes gens je vais donner un enseignement en peu
de mots : ce roi est appelé par tous Jacme, et Dieu Ta
mis en la compagnie de saint Jacme, puisqu'il est mort le
lendemain de la fête de saint Jacme * ; de sorte qu'avec
raison nous avons la double fête de deux Jacme.
* Le 7 des kalendes d'août correspondrait au 26 juillet.
3 Le 25 juillet est le jour de la fête de saint Jacques le Majeur. En
mettant le Conquistador dans la compagnie du patron de l'Espagoe.
le troubadour Mathieu ne cherchait pas seulement un rapprochement
ingénieux. Muntaner dit expressément au chapitre xxvui de sa
Chronique : « Je suis bien assuré qu'il est au nombre des saints du
CONCLUSION SIS
> Mathieu a fait par deuil et par tristesse sa complainte
sur le roi qu'il aimait plus que tous les autres rois, pour
que tous eu pleurent et que son nom puisse rester dans
le monde, et afin d'obtenir des fils du roi et de ses amis
quelque chose qui lui plaise et le console ^ »
Le roi Jacme V conquit trois royaumes , gagna trente
batailles rangées , fonda plus de deux mille églises ; il
fut vaillant, pieux , < de gentille apparence », généreux,
miséricordieux et magnifique. Tel est le portrait que les
historiens se sont transmis de siècle en siècle , et auquel
le Conquistador a dû sa renommée dans un temps où un
grand souverain devait être avant tout un chevalier ac-
compli. Mais cet ensemble de qualités n'est pas ce qui
mérite le plus l'admiration de notre époque^ Â nos yeux,
c'est peu pour un roi du XIIP siècle que d'avoir brillé au
premier rang des hommes de guerre, c'est beaucoup que
de compter parmi les hommes d'Etat, les réformateurs
paradis, et chacun doit ainsi le croire. » Âu XVII* siècle, le comte de
Guîmera proposa la canonisation du roi Jacme. (Voy. la note E de
l'Appendice.;
* Voy. Raynouard. Chois de Poésies des troubadours, t. V, p. 264 ;
Milà, De los Trovadores, p. 492 ; Histoire littéraire de lu Finance, t. XIX,
p. 607 (fragments.) — Dans les siècles suivants, Jacme le Conquérant
a été souvent célébré par les poètes ; nous citerons entre autres les
vers de VÀrcadia de Lope de Vega :
De los Moros la arrogancia
Sujeta à mis plantas vi :
Très reinas tienen por mi
Portugal, Gastllla y Francia.
Ganô à Mallorca y Yalencia ,
Ganara la casa santa,
6i el Uempo oon furia tanta
No me hiciera resistencia.
TH. 53
514 LITRE IT, GBIPITRB Y
et les bienfaiteurs des peuples , <f a^oir pFesseBli
tr»Dsfonnatiofis nécessaires de h soeiété , ef de les aroir
secondées plus eKkacemeot peut-éKre qii*aBciin anfre sov-
yeraiD de son temps.
Une phrase de son codiciife exptiqmi h; v» eatiére
de ce prince : « Dieu aime les rois qui aiment leurs
peuples. > Toute la politique de ce grand règne, est dans
ces belles et simples paroles.
lacme a aimé soù peuple jiisqa*à Tabnégatico de lai-
méme ; car, pour lui , Tunique mission, Cuarque raisev
d'élre des rois en ce monde , c'est de veiller au bonfaear
et au perfectionnement moral de leurs sujets. La sanctieff
de ce devoir immense, c'est de Dieu seul qu'il Tattend, ef
cbez un héros de ces srëcies de foi , cette sanction est
bien plus efficace que la tutelle d'unearistocratie mquiéte,
méfiante , ennemie du progrès. Aussi n'entre-t-il ni o^
gueil de despote, ni désir d'une indépendance dér^Me
dans le sentiment qui pousse Jacme i se soustraire an
contrôle de la nation et à proclamer Torigine drvine da
pouvoir royal. Il sent dans son co&ur de nobles aspirations,
dans son intelligence la puissance du bien ; ce cœur et
cette intelligence , qu'il a reçus de Dieu , il demande à
Dieu de les diriger. Ce serait « à ses yeux , profaner ces
dons sublimes que de les mettre au service exclusif d'une
mesquine ambition de personne ou de famille. Sans s'io-
quiéter outre mesure d'acquérir de la gloire ou d'aug-
menter sa puissance , il marche résolument dans la voto
que lui montre la Inmvàre d'en baraii, persuadé que s'il
obtient la protection divine , gloire et puissance lui seront
données par surcroît.
T^lle est la clé de h conduite du sourerain , abstraction
faite des erreurs et diâSi faiUâsaes âel*hamAie. Ainsi s'ex-
pliquent à la fois ses guerres âe^ conquête contre les
Haares et soq désiiitéredsemeDt avec les princes chré-
tiens, ses lattes contiûuelles par Tépée ou par les lois
contre rarbitmire féodal et ses méDagemeots pour des
adfersaires vaiûcns qoi sont des compatriotes , son ar«
dear à foire observer la justice et son habileté à éluder
les andennes coutumes qu'il croit funestes au progrés de
ses Etats, sa soumission k l'autorité spirituelle des Papes
et son refus de reconnaître leur suprématie temporelle,
ses tentatives enfin pour effacer certaines inégalités so*
ciales, pour établir la libre circulation des immeubles,
pour favoriser une répartition plus équitable de la ri-
chesse.
Les idées qui ont inspiré à Jacme ses conquêtes et ses
réformes ne lui appartiennent pas en propre, elles sont
un produit de Tétat social du XIIP siècle ; mais, à l'œuvre
de rénovation qui s'accomplit, les uns apportent leur
haine du passé et leur désir du changement , les autres
l'espoir d'un profit personnel , quelques-uns seulement
l'amour du bien , le dévouement à l'humanité. Parmi ces
derniers, dominent les nobles figures de saint Louis, de
saint Femand , d'Alfonse X et de Jacme I".
Ces grands princes, qu'une même foi éclaire, qu'une
mâme conviction anime, marchent vers un même but,
par des voies analogues ; mais, comme ils différent de
caraetère et d'aptitudes, ils doivent différer aussi par
lenr manière de procéder et par les résultats qu'ils ob^
tiennent. C'est en ceci que s'accentue plus nettement la
physionomie du monarque aragonais.
Homine d'action avant tout, doué d'une prodigieuse
actîvsié d'esprit et de corps, menant de front les affaires
de CcMitenatsra, réformes; au dedans et guerres au dehors,
essais de reconstitution nationale de la France do Midi
et iisUes ce&tre des sujets rebelles, uégociations avec
516 LITRB IV, GHAPITBB ▼
saint Louis et rivalité avec Âlfonse X, il soDge à tout,
il yeille à toat, il n'oublie que lui -môme, mais il s'oublie
à ce point, qu'il ne semble même pas se préoccuper de
son perfectionnement moral, et que, suivant l'expressiou
du papeClément IV, ce vainqueur de tant d'ennemis se
laisse vaincre par les passions. On dirait, à le voir agir,
que Dieu ne demande compte aux rois que de leur vie
publique et les absout d'avance de leurs fautes privées.
Aussi ne faut-il point chercher en lui autre chose que
le souverain ; rien ne le distrait de ses préoccupations
de roi ; rien ne l'arrache à ce monde pour le transpor-
ter dans les sphères de la sainteté ou de la science spécu-
lative. Il n'a ni la candeur sublime de saint Louis, ui
la vaste érudition d' Alfonse X; mais il possède la con-
naissance de l'humanité, le coup d'œil du grand capi-
taine, le jugement sûr de l'homme d'Etat.
Pour le saint roi de France , la vertu est une atmo-
sphère qui semble aussi nécessaire à la vie de son àme
que l'air est nécessaire à la vie de son corps. Louis IX
fait le bien comme par besoin, et presque sans s'in-
quiéter du résultat humain de ses actions. Jacme, sans
cesser de regarder le ciel, ne se détache jamais de la
terre ; il suit le droit chemin de l'honneur et de la
loyauté par instinct, par devoir et aussi parce que c'est
la voie la plus sûre. Les plus nobles élans de son cœur
ne lui font jamais perdre de vue les combinaisons de la
politique.
Le philosophe couronné de Gastille cherche daos
l'étude un refuge pour échapper aux soucis de la vie
réelle, et, lorsque le savant, redevenant roi, veut faire
profiler son peuple du résultat de ses travaux, il jette
sans ménagements la lumière au milieu des ténèbres, il
éblouit et n'éclaire pas. Dans les lettres et les sciences,
CONCLUSION 517
ie législateur de KAragOD ne voit ni une distraction ni
on but. Âmi du progrès en toutes choses, il favorise
par son exemple le progrès intellectuel, puissant auxi-
liaire pour les réformes qu*il médite, mais qui veut être
dirigé par une main prudente et habile. Jacme ne léguera
pas à la postérité des œuvres scientifiques admirables, il
laissera à ses peuples des institutions utiles.
Entre Jacme et Fernand III, tous deux grands capi-
taines, conquérants heureux et législateurs, les points
de ressemblance paraissent plus nombreux; mais, au
fond, est-il facile de comparer la valeur politique de deux
princes placés dans des situations très-différentes ? Le
premier, livré dès l'enfance à ses propres forces, lutte
durant toute sa vie contre des difficultés sans nombre
qui surgissent à la fois de tous les côtés ; le second, sou-
tenu par la sagesse et le talent de sa mère, n*a à faire
face qu'à des événements, graves sans doute, mais qui se
déroulent, pour ainsi dire, un à un. Tandis que l'auteur
des Furs de Valence et des Fueros d'Aragon soumet ses
codes à répreuve décisive de la pratique, le promoteur
de la réforme législative en Castille n'a le temps de
mettre en œuvre que les moins hardis de ses projets. Les
occasions lui manquent de déployer les ressources, l'acti-
vité, la souplesse d'esprit qui distinguent son émule
d'Aragon. Du reste, Fernand domine Jacme de l'incom-
mensurable hauteur de la sainteté. Grand homme de
guerre, grand législateur et grand saint, il paraîtrait
sans doute plus grand encore s'il avait été moins heu-
reux.
A côté de Louis, de Fernand et d'Alfonse, Jacme a
une place à part. Malheureusement pour lui, il n'est pas
saint; heureusement pour ses sujets, il n'est pas savant;
il est roi, il n'est que roi, mais il l'est dans la plus belle
618 UYRB IT^ CUJjntBM T
acception de ce mot, rex; il est celai qui dirige son peuple
dans les voies de la justice et de la civilisation. Jacme
est par excellence rbomme de Taction, de Taction intel-
ligente» noble, dévouée, se proposant un bat élevé ; s'il
lui manque des vertus privées, il a au plus haut d^ré ce
que Ton a appelé les vertus du métier, et, pardessus
tout, un sens pratique poussé jusqu*au génie.
Quelle que soit la diversité de leurs caractères, ces
grands rois, auxquels revient la gloire d'avoir dirigé le
mouvement réformateur de leur temps, se prêtant un
mutuel appui en réunissant leurs efforts pour le triomphe
des mêmes principes. Le peuple, habitué à se ranger de
confiance à l'opinion de ceux qu'il admire ou qu'il aime,
a vu dans la sainteté de Louis IX et de Fernand III, dans
la loyauté chevaleresque de Jacme I". dans la haute
intelligence d'Alfonse X, dans le dévouement aa bien
public de ces quatre princes, les meilleures preuves de
la légitimité de la cause qu'ils patronnent. La popularité
des hommes a fait la popularité des idées.
Parmi ces idées, il en est d'éternellement vraies, il en
est d'autres qui auraient dû servir uniquement de moyen
de transition et qui, élevées à la hauteur d'un principe,
ont fait rétrograder la société, bien loin de contribuera
son progrès ; car, par rapport aux institutions politiques
et judiciaires, l'époque des Elabligsemenls.Aes Partida»
et des FwB est certainement plus près de nous que celles
qui lui ont succédé.
Lorsqu'on voit au Xlir siècle , en Aragon et dans quel-
ques autres pays, la nation affirmer sasouveraineté, voter
l'impôt, participer au gouvernement et à l'administration
de la justice , les libertés communales se développer, la
résistance aux abus du pouvoir s'organiser légalement ;
lorsque, en face de ces restes des anciennes institutions.
€ÛIICL1IBiail Kl 9
4Uk imt k royauté prasseotir et faYoriser TayéMoneat
de l'égalité civile^ dégager la propriété des entraves féo-
dales , donner des garanties de bonne justice» de sécurité
iadividoelle et publique, se rendre accessible aiu petits
comme aux grands» prêter Toreille aux conseils et aux
plaintes; permettre aux poètes politiques le bi&me aussi
bien que la louange , faire même quelques pas dans la
foie de la toléranee religieuse ^ ne semble*-t-il pas que le
moment approche où le bon sens des peuples et des sou-
verains, se gardant 4 la fois des périls de la licence
féodale ou populaire et de ceux de l'absolutisme , va
fusionner les idées justes sorties de deux sources opposées
et s*élever à la compréhension plus nette de principes
encore mal déterminés? Ne croit-on pas apercevoir déjà
les premières lueurs du jour qui , cinq cents ans plus
tard, doit éclairer le monde, et n* est-on pas étonné, par
exemple , en descendant le cours de notre histoire , qu'il
ait fallu taat de sîèdes de grandeurs, de misères, de
despotisme et de révolutions , pour que la France de
saint Louis devint la France de 1789?
Lamonarchie absolue aeu sa raison d'être et son utilité.
Pareille au balancier qui , écrasant le métal sous son
poids , lui donne une forme , un nom , une valeur, elle
a créé les unités nationales , leur a imprimé leur physio-
nomie et souvent même leur nom ; mais elle a fait chère-
ment payer ses services et ses splendeurs.
SMls étaient sortis de leur tombe après un long som-
meil , ces glorieux chefs d'une grande époque : Louis IX,
le génie de la vertu ; Alfonse X, le génie de la science ;
Jacme I", le génie de l'action , ils auraient sans doute
regretté d'avoir tiré du vieil arsenal romain l'arme à
deux tranchants de l'absolutisme, en voyant les peuples
livrés en pâture à l'ambition de quelques hommes, la
520 LITRE IT, GHàPITBE V
justice embarrassée dans les replis d'ane procédure tor-
tnense et inique, le pouvoir royal trônant sur les ruines
de la liberté.
Mais les grands principes de yérité et de justice ne
périssent point. Si, en attendant leur triomphe définitif ,
ils se voilent parfois , ils reparaissent plus éclatants d*àge
en&gepour éclairer la marche inégale de rhumanité,
comme un phare perce par instants les vapeurs qui Tob-
scurcissent et jette aux navigateurs une lumière plus vive
à mesure qu'ils approchent du port.
FIN DE LA SECONDE ET DERNIÈRE PARTIE
APPENDICE
IVOXES
SOURCES DE L'HISTOIRE DE lAGME I*'
(Suite)
Nous donnons ici l'indication d*un certain nombre d'ouvrages
qui, pour la plupart» se rapportent spécialement aux matières
traitées dans cette seconde partie. Quelques-uns cependant
auraient été utilisés pour la première, s'il nous avait été pos-
sible de nous les procurer ou de les consulter.
Il faut d'abord ranger dans la catégorie des chroniques con-
temporaines des événements que nous racontons, les poésies
historiques des troubadours, très-nombreuses pour la période
du règne de Jacme I*' comprise dans ce second volume. Les
textes nous ont été fournis par Baynouard {Choix de foésm àen
trwthadour$) , par Rochegude [Panuuu ùeeiianien)^ parTAù-
ioire liUéraire de la France, et surtout par don Manuel Milà y
Fontanals (De hs Trovadores en Espana). Hais la première con-
dition pour pouvoir tirer quelque profit de ces textes est lear
exacte classification chronologique* Il ne faut demander sur ce
point que des indications assez vagues aux anciens biographes
des troubadours et à Grescimbeni [Istoria délia volgar poeiia),
qui a traduit Nostradamus, l'un d*entre eux. L* Histoire littéraire
des troubadours^ de l'abbé Hillot, renferme de nombreuses
erreurs; quelques-unes ont été reproduites par rJïtstatreitlf^mtre
de la France. Notre guide le plus sûr a été Fexcellent ouvrage de
H. Milà; mais, comme on peut le voir dans nos diverses cita-
tions des poètes provençaux* nous avons mis le plus grand soin
à contrôler les assertions de nos devanciers, et à ne donner
jamais comme certaine une attribution chronologique sur la-
quelle pourraient planer quelques doutes.
Nous devons encore placer an rang des sources les chroniques
arabes d'après lesquelles D. José-Antonio Gonde, membre de
l'Académie espagnole et de l'Académie d'histoire, a composé sa
célèbre HistoHa de la dominadon de los Arabes en Espana^ que
nous avons omis de meqtionner à la note B de noire première
partie.
11 est une œuvre à laquelle on ne saurait se passer de recourir
toutes les fois qu'<mtottëhe ti Fhiftloire de te Péninsule: nous
voulons parler de la < Hisloria genercU de Espana^ por don
Hodesto Lafuente, consejero de tlslado, individuo de numéro de
las Beales Academias de la historia y de ciencias morales y poli-
ticas» etc. » G'est seulement tl^uis la publication du premier
volume de notre étude qu'il nous a été permis d'apprécier par
MUBr-m&me la talent de l'otivrage dont nous vomr dt thnmer
ietitr«y et les éminenies qualité» qui» chex dott Hodesto Lafiieafee,
étevaient le comit k k hauleur du talents Nom ne ptMifons
nous défendre d'm profond seMimeni de AMileur en paywnt le
tribut de nos regrets 4 la mémoire de riltastre et^Mipulairv ht»'
lorien^ I la place même où nous espérions le remiMier des
fiécwux encouragements i|u« nous éenms à ea iMfrrefilWie
mm.
1
Nwsafoos comiiité en «cwtre :
Moret, Anales deNavarra^ Pampeinne, 1684;
ConêtUutim^i y mltns érBtêde CAlkaltmyay «dit. de 1586;
Messoi-Bejioier, les Coutumes de Perpignan {PtA^Hcet^ île h
Sodéié archëotogtque de Montpellier)^ 1848 ;
Fueros y observancias de Aragon, édit. de MM. SâtuK et PiBûttt;
fiaffagotse, 1861 ;
Fori regni VaUntiœ; Valence, 1M7, édition «nique des
Fwrs de Vuéenee ;
Aureum opus regalium prwilegierûm àeUaiUs el regni VbMi-
Hm; Valence^ 1515. Précédé de la pariie de \h Chronique royale
qai a rapporl à la conquête de Valence. G'eat grâce à VÔUH"
geance de doo Pedro Salvà, de Valence^ que nova amna pu noua
procurer oei ouvrage et le précédent^ détenus Imia led doia
d'une extrèfBO raillé ;
Juan Sempere^ Historia éel dereùho eêpM^ ;
Auionio 4e Capmany, Memorias Jiisioricai wbre ta marîM,
€ommêr€iô y àrtes de la antigna <iiudad deBareelona; Madrid,
177» à 1702 ;
Antonio de Gapnaaay^ Codigo de las costumbrès tnariéima» de
Bareelona\ Madrid^ 1791. Les travaux de Gapuiany sont osiez
eonnuii pour que noua nous dispensions d'inaister sur leur
vateur.
Amador de k» Riosi Hisknia aHUca de ia Uieratum iepim$ia ;
Madrid, 1861 à 1866. Honument digne du talent de réorivalb
qui rélève et des foires auxquelles il est consacré*
G. Ticknor, Historia de la literaimra espanola^ tmducidiel
casleilano con adiciones y notas criticas, por D. Pascual de Gtyaii-'
gos, îadividuo de la Real Academia de la hiatoria» y D% Eoriqiie
deVedia ; Madrid, 1851 ;
Cambouliù, Essai sur f histoire de la Httératufe caimlane ;
Eugène Baret^ les Troubadmirs et Uur influence sfir la lii^
iéraiure du midi de V Europe ; Paris ; 1867.
Fernando Weyler y Lavina, Raknund^ Lulio juigado por èi
iiiwfM;Palma, 1866;
Fernando Weyler y Lavina, Historia orgauica de las fuètsas
miliiures de Mallorca: Palma, 1862;
Joaquin-Haria Bover, Historia de la casa real de MaUeràs y
nùtieias de las monedae propias de esta isla ; Palmai 1855 1
524 APPKNDICB
Joaquin-Maria Bover, Noticias hiitaricihtapagrafieas dekbk
deMallorca, 2« édit.; Palma, 1864;
Villaroya, Colecdon de cariai hisUmco-eriticas en que $9 con-
venue que el rey don Jayme /<> de Aragon no fue el v9rdadero
auior de la cronica o comentarios que eorren a su nembrt;
Valence, 1800.
Pascual Savall y Dronda, Exhoriacion à la instancia dek
canoni%acion delrey D. Jaime l"" de Aragon^ llamado el Conqm'
tador^ obra postuma del senor Gaspar Galceran de Castro y ck
Pinos eonde de Guitnerà; Saragosse, 1861 ;
Jaume Febrer, Trobas dels linatges de la conquista de Fafeii-
cia, édition de don Joaquin-Haria Boyer ; Palma, 1848.
Cet ouvrage, et les six dont les titres suivent, nous ont seni
pour le travail qui forme le complément de ce volume et porte
pour titre : Nom*mclature et armoriai des familles et des f»-
sonnes les plus connues des États de Jacme P"". L'œuvre de Febrer
est un poème catalan en sirophes de onze vers, dont chacune
fait connaître les exploits et les armoiries de Tnn des conquérants
de Valence. Il a été composé à la demande du roi Pierre UI
par Jaume Febrer, inspecteur général des armées aragonaises.
Nous disions, dans un travail publié sous le titre de les Fran-
çais aux expéditions de Mayorque et de Valence sous Jacme I"
le Conquérant : c Les Trobas , telles quelles sont arrivées
jusqu'à nous , sont pour la plupart apocryphes quant à la forme.
Des copies successives ont eu pour résultat de les moderniser
peu à peu; mais il est probable que le fonds d'un très-grand
nombre d'entre elles n'a subi que fort peu d'altérations. Quelques
strophes, ajoutées sans doute dans l'intérêt de certaines familles,
ont notablement affaibli Timporlance historique de l'ouvrage
dans son ensemble ; mais il n'en est pas moins fort curieux sous
bien des points de vue et conserve encore une certaine valeur
de tradition, surtout lorsque ses assertions sont confirmées par
d'autres documents, ou bien lorsqu'il s'agit d'un individu dont
la postérité est éteinte ou a quitté l'Espagne depuis trop long-
temps pour qu'on puisse croire à une falsification intéressée. >
Martin de Viciana , Cronica de la inclyta y coronada duded
de Valencia, part. 11% libro de las familias, 1564. Cet ouvrage t
été publié en quatre parties ; les deux premières ont été sup-
primées avec tant de soin, qu'on peut les compter, dit an biblio-
]
NOTES 525
graphe espagnol , au nombre des livres les plus rares qui soient
au monde. Nous possédons un n^anuscrit de la deuxième partie ,
comprenant le nobiliaire de Valence.
Francisco-Xavier de Garma, Adarga catalana; Barcelone,
1753;
Imhof, Recherches historiques et généalogiques des grands
^Espagne ; Amsterdam , 1707 ;
Imhof , Genealogiœ viginti illustrium in Hispania familiarum;
Lcipsick, 1712;
Joaquin-Maria Bover , Nobiliario mallorquin; Palma , 1850;
Joaquin-Maria Bover, Memoria de los Pobladores de Mallorca ;
Palma, 1838.
Nous avons trouvé encore des renseignements utiles dans la
publication intitulée Recuerdos y Rellezas de Espana. La partie
relative à la Catalogne est rédigée par don Pablo Piferrer; celle
qui concerne FAragon, pardon José-MariaQuadrado.
Parmi les Sociétés savantes dont les travaux nous ont servi à
éclairer certaines parties de notre étude, nous mentionnerons
l'Académie royale d'histoire , fondée à Madrid par Philippe Y ,
et l'Académie royale des bonnes-lettres de Barcelone.
Enfin , pour compléter autant que possible la bibliographie du
règne de Jacme P% nous donnerons les titres de quelques ouvrages
que nous n*avons pu consulter , mais qui , au témoignage des
personnes compétentes , ne nous auraient fourni aucun rensei-
gnement nouveau. Ce sont :
Escolano, Historia de la ciudad y reyno de Valencia, 4610 ;
Pedro Tomich , Historiés e conquestes dels reys de Arago y
comtes de Rarcelona;
Tornamira, Historia del rey don Jaime /<> el Conquistador;
Les parties introuvables de Fouvrage de Viciana cité plus haut;
et la Chronique ou Histoire d^ Aragon du moine Gauberte Fabricio
de Bagdad ou de Yagad, imprimée en 1499, dont les ouvrages
de MM. Lafuente et Rosseuw Saint-flilaire nous ont fait connaître
quelques fragments.
B
ADinnONS ET COimBCTIORS A LA PREfUËKE PAETffi
I . — Da (Icheux conire-lcntps nous a empêché d'«Toir à iiolr«
disposilion la Histaria de la conquigta de Mallorca de D. Jo6&-
Maria Quadrado au moment où nous rédigions notre premier
volume. Nous avions , il est vrai , parcouru cet ouvrage dimat
notre séjour en E«pagne ; mais qudques noies qui ne manquent
pas d'importance nous avaient échappé. M. Quadrado a bien
voulu , en nous envoyant son intéressant travail , nous mettre à
même d'ajouter quelques éelaircissem«nts à notre récit de la
conquête de Mayorque.
Au chapitre II du livre II, nous avons dit , d*aprës les indi-
cations assez vagues des chroniqueurs » que l'armée royale était
arrivée devant Mayorque le soir même de la bataille de Portupi ,
appelée par M. Quadrado bataille de Santa«Ponza. Le savant ar-
clûviste mayorquin , cherchant à éclaircir les récits des chro-
niques par l'examen topographique de la route que suivit l'ar*
mée „ arrive au résultat suivant :
Mercredi , 12 septembre. Grande bataille ; mort des Moacada ;
victoire des chrétiens ; campement au pied des monts de Portupi;
dîner du roi dans la tente d'Olivier de Termes.
Jeudi 13. On retranche le camp; préparatifs de rinfaumation
des Moncada.
Vendredi 14. Funérailles des Moncada; arrivée devait
Mayorque*
Au sujet du siège de cette ville , on trouve , aux pages 371 et
276 de l'ouvrage de M. Quadrado, des indications chronologiques
qui ont moins d'importance pour nous.
II. — Nous avons dit ( page 282^ note 1 ), sur la foi de plu-
sieurs écrivains , que les abareas étaient des sandales retenues
par des bandelettes de laine , et nous avons reproduit (page 283)
SS7
UA passage où M» littehon Iraduil cemot par catoi à'eipariUln.
il y a là one errant t|ue doa Fernando Weyler y Lavina noua
fûBmil les moyens de rectifier. L'aterce est un morceau de cuôr
de bsBuf reoatt?frt de son poil, et percé sur les bords d» trous
par leaqttris passent des lanières de coir. Lorsque le pied , na
ou enveloppé de morceaux de drap, est posé sur cette peau
étendue ^ on serre lcs( lanières, et les borda du cuii se relèvent
sur la ém d«t pied. On se aevL encore de cette chaussure à
Haynrqifea et dans If intérieur de rEspagne. LeiBalpargaéa$ ou s*-
pmiiUas sont des sandales de chanvre ou de sparte; les premières
soBi ea usage ea Catalogne et dans quelques au4res provinces;
les secondes , k Iviza et dans le Riff , où M. Weyler nous écrii les
avoir vues.
ID. — G'esl encore au savant auteur de la Hisloria de las fuerzas
mMiaru de MaUorea que nous devons les renseiguemenla sui-
vants au sujet de la Almudaina de la capitale des Baléares.
La Ahnudaiim était une sorte de petite ville dans la grande.
Des remparts rentonraiem et en (aisaienlune espèce de citadelle.
Mais* h l'intérieur , il y a^vaic, outre le palais des rois elle grande
mosquée devenue la cathédrale , plusieurs rues où demeuraient
les principaux de la ville • et ceux que leurs fonctions mettaient
en relaiions fréquentes avec le souverain ou son lieutenant (Voy.
aosBÎ Quadradû , Historia de la eonquieta de Mallorca, p. 385 ,
note 139.)
Vf. — L'iqfipendice n» 6 de la Ethiaria de la cenquista de Mal*
lowem nons donne quelques détails curieux sur la manière dent
s'est opérée la répartition de Ttle conquise. Pour facilites cette
opération, les principaux chefs de la conquête se diviaèrent
d'abord en deux groupes. Dans Tun se trouvaient le roî,.6uiUem
de Moncada j RamonAlamany,. les héritiers de GuiUem de Gla-
nmoni,. les Templiecs , le prévôt de Tarragone et qqelqjues
autres; le second comprenait Nunyo Sanchez, Benengner da
Ager, le comte d'Àmpurias • le vicomte de Béarn, Bernât de
Santa-Eugenia, les évêques de Barcelone et de Girone , Tabbé
de Sant-Feliu , le sacriste de Barcelone, etc. L'Ile fut partagée
en huit parties dont quatre ftarent attribuées au premier groupe
et quatre au second.
Dans chaque groupe se fit une sous-répartition entre les prin-
cipaux chefs, lesquels, à leur tour, distribuèrent la part qui leur
I
528 APPEIIDICB
était échue aux combattants qu'ils avaient sous leurs ordres* La
part réelle du souverain , après la sous«répartition opérée entre
les seigneurs qui faisaient avec lui partie du premier groupe,
fut à peu près du quart de Tile. Le Libro de repariimiento de
Majorque contient la distribution de cette partie faite par
le roi.
Outre la répartition générale des terres , il y eut aussi une dis-
tribution de chevaleries. Ces chevaleries consistaient-elles en
terres ou en rentes? C'est ce que l'on ignore. On sait seulement
qu'à Mayorque on n'était tenu de fournir qu'un chevalier armé
pour cent trente chevaleries. Les navires de Gènes, les hommes
de Narbonne, de Marseille et d'un grand nombre de villes oo
villages des pays aragonais reçurent des chevaleries.
y. — Il résulte de l'acte par lequel le roi cède la seigneurie
de Mayorque à don Pedro de Portugal , en échange du comté
d'Urgel , que l'infant portugais pouvait disposer par testament
du tiers des terres qui formaient la portion du roi. (Quadrado,
Hist. de la conquistadeMalL, append. n** 5 et p. 445.)
VL — Nous devons à Fobligeance de D. Yalentin Cardcrera y
Solano, membre des Académies royales d'histoire et des beaux-
arts, un renseignement qu'il ne sera pas sans intérêt de men-
tionner ici. Le savant académicien que nous venons de nommer
a cherché pendant plus de vingt-cinq ans un portrait de Jacmel*'
qui pût figurer dans son excellente Iconografia espanola ; il n'en
a trouvé aucun qui offrit des garanties suffisantes d'authenlicilé.
On doit donc renoncer à l'espoir d'avoir une reproduction exacte
des traits du Conquistador, Il est impossible d'attribuer ce carac-
tère aux miniatures qui ornent quelques vieux manuscrits , et
aux gravures sur bois qu*on peut voir en tète de plusieurs ou*
vrages imprimés à Valence au WV^^ siècle, tels que la Chro-
nique royale, la Coronica de Beuter et VAureum opus regaUum
privilegiarum.
NOTES 529
COMPLAINTE D'AIMERIG DE BELENOI SUR LA MORT
DE NUNYO SANCHEZ
« Héias! pourquoi vit-il longtemps, pourquoi se conserve-
t-il celui qui chaque jour voit croître sa douleur ? Toutes mes
joies se tournent en pleurs; car un deuil cruel pénètre mon âme,
et aujourd'hui il n'y a joie si grande qui puisse, quand j'y
songe, éteindre ma douleur. Aussi ne puis-je mettre d'accord
ni les mots ni les sons; car celui qui pleure ne peut bien
chanter.
n Mon chant est pareil à celui que le cygne fait entendre tris-
tement au moment de la mort. Je chante avec deuil et gémis-
sements, pleurant le soigneur que je n'ai plus,Nunyo Sanchez,
pour qui J'aurais dû mourir lorsque je Tai perdu , s'il était
permis à Thomme de se donner la mort. Lorsqu'on perd son
bon et cher seigneur, on devrait mourir, puisqu'on ne peut le
recouvrer.
9 Mais je ne veux plus tenir un tel langage , seigneur Nunyo ,
quelque grande que soit ma douleur de vous savoir mort; car
ce serait parler en insensé. Celui-là seul est mort dont Dieu n'a
pas souci; mais Dieu vous a ordonné de venir à lui parce que
vous avez su le servir, en servant la joie et l'honneur. Ceux-là
sont roorls qui s'étaient habitués à vous aimer et qui vous ont
perdu, seigneur, sans espoir de vous recouvrer.
B Avec vous sont morts bon sens, franchise et prudence; tout
homme doit en avoir douleur, car toutes les vertus qui touchent
à la valeur sont mortes avec vous . La fourberie revit ici au
milieu de ceux qui ne cherchent point à se faire estimer. Mais
que celui que l'honneur attire considère vos hauts faits ; ainsi
il saura gagner Dieu et bon renom , s'honorer et honorer
toutes choses.
S30 APPENDICE
» Maintenant je puis bien dire que le inonde entier va en
empirant, qu'aujourd'hui il n'y a joie qui ne tourne en tristesse,
si ce n'est la riche joie qui vient de Notre-Seigneur. Aussi fou
me paraît celui qui espère et se repose dans une autre joie que
celle d*obéir à Dieu . Monde pervers , tout ce que lu fais finit
dans la douleur; aussi l'homme ne doit-il pas se fier à ton
amour , mais rechercher son propre bonheur.
» Seigneur Nunyo, de vous je puis dire que jamais vous ne
Tavez aimé que pour servir Dieu, que pour élever et honorer les
siens, et pour confondre et rabaisser les méchants.
» Seigneur, je prie Dieu de donner asile à votre âme. Ici-bas
vous ne m'avez que trop laissé de sujets de pleurs. »
(Voyez, pour le texte de cette pièce, Raynouard, Choix de
poésies des troubadours , i. IV, p. 59; pour le texte et la tra-
duction espagnole, Milà, de las Trovadores en Espatux^ p. 194.)
NOTES 531
D
DE LAUTHENT1GITË DE LA CHRONIQUE ATTRIBUÉE A JAGME !•'
Nous croyons que la question derauthenlicilé de la Glironique
royale est tranchée déjà pour quiconque aura bien voulu nous
suivre dans l'étude du règne du Conquistador. Cependant per-
sonne, que nous sachions, ne s'est encore occupé de peser un
à un les arguments ayant quelque apparence de valeur que Ton
a dirigés contre cette œuvre. Il est vrai qu'une pareille discus-
sion nécessitait l'examen préalable, à l'aide de documents authen-
tiques, de certains points d'Iiistoire un peu trop légèrement sou*
tenus par Yillarroya, le premier et le principal adversaire de la
Chronique. Ces questions historiques ont trouvé leur solution
dans le courant de notre élude; nous y reviendrons tout à
Theure.
Pour mettre le plus de clarté possible dans le sujet auquel
nous consacrons cette note , nous allons exposer succinctement :
i^' les bases sur lesquelles repose la tradition généralement
adoptée, qui admet l'authenticité de l'autobiographie du roi
Jacme; 2o les objections qui ont été opposées à celte tradition;
^"^ la réfutation de ces objections; 4° le résumé des preuves que
nous apportons à l'appui de l'opinion générale.
I. — Le roi d'Aragon , Jacme II, voulant faire connaître, dans
les pays où l'on ne parlait pas le catalan, les détails de l'histoire
de son glorieux aïeul , chargea le dominicain Pedro Harsilio de
composer en latin un volume qui serait à la fois « une histoire
et une chronique ' , et pour lequel l'auteur mettrait à profit le
recueil des hauts faits du roi conquérant, écrïi jadis en langue
vulgaire et conservé dans les archives de la maison royale, u Vic-
r> toriosissimi avi sui gesta , pristinis tempoHbus veraci stylo
» sed vnigari collecta , ac in archivis domûs regiœ ad perpetoam
» suae felicitalis memoriam reposita. » Telles sont les paroles.
532 APPENDICE
que Harsilio a mises en tête de son œuvre, terminée avant Tannée
1314*.
En 1325, un contemporain du Conquistador^ Hunlaner, écri-
vant sa chronique, renvoie le lecteur au « livre que le roi com-
posa sur la prise de Mayorque *, et au « livre de la conquête
de Valence'», comme à une œuvre populaire dans les Etats
d'Aragon, et sur Tauthenticité de laquelle il ne planait aucun
doute.
Nous avons dit' que le manuscrit original de la Chronique
royale, ou tout au moins un manuscrit du XIIP siècle, était resté
à Poblet jusqu*en 1650, et qu'on en conserve k Barcelone une
copie datée de 1343.
Aulhontique ou apocryphe, cette œuvre, que Marsilio disait
avoir été rédigée depuis longtemps, pristinis temporibus^ remonte
donc évidemment à une époque où existaient encore des per-
sonnes qui avaient vu Jacme P', qui avaient même été admises
dans son intimité. Le grand roi , dont la vie s'était presque tout
entière passée sous la tente, avait peu de mystères pour ses
sujets. On connaissait ses goûts et ses habitudes, et Ton se serait
délié de mémoires qui auraient paru après sa mort, sans que
pendant sa vie on eût su qu'il y travaillait.
Déplus, la Chronique royale abonde en détails minutieux:
les allées et les venues du roi, les villes où il passe , les personnes
qui l'accompagnent S celles à qui il parle, quelquefois même les
costumes et les armes qu'elles portent font l'objet de remarques
qui indiquent dans l'écrivain, non-seulement un témoin oculaire
des événements, mais un acteur principal , pour lequel les plus
petits indices ont souvent de l'importance. A moins de supposer
que l'auteur inconnu n'a pas quitté Jacme un seul instant, on
doit reconnaître qu'il lui était bien difficilede ne pas commettre,
au milieu de ces détails , quelque erreur qui eût révélé la super-
cherie aux contemporains.
Cependant nous voyons le Commentari accepté dès son origine
' Voy. Quadrado, Hist. de la conquista de Mail. Prologo, p. 8 et 9.
• Chronique de Ramon Muntaner, chap. VII et IX.
'Tome I, préf., p. xvi, note, et p. 426.
<Aa chapitre XV, par exemple, l'auteur dit , en parlant d'unGoillan
de Pueyo, « lequel est avec nous au moment où nous écrivons oe Uvre. >
NOTBS 533
comme l'œuvre du roi, cl tous les chroniqueurs et les historiens ,
depuis le XllP siècle jusqu'au XV1I1% depuis Muntaner jusqu'à
dom Vaissèle, l'admeltre comme une autorité. De nos Jours
encore, tous les écrivains espagnols et français qui s'en sont
occupés avec quelque soin lui reconnaissent ce titre , se fondant
à la fois sur l'anciennelé d*une tradition non démentie et sur
le cachet de vérité saisissante qui marque toutes les pages de ce
livre.
IL—Alafin du siècle dernier, donJosefVillarroya, de Valence,
travaillait à une traducfion castillane de la Chronique royale,
lorsqu'il fut assailli par la pensée que le roi Jacme pourrait bien
ue pas être Tauteur de cet écrit. Séduit par la nouveauté de
ridée, Villarroya abandonna sa traduction, et, après avoir tourné
et retourné le Commentari avec plus de persistance que de saine
critique, il finit par se former une conviction dont il fit part au
public dans un ouvrage intitulé : Coleccion de cartas historico-
criticas en que se convence que et rey don Jayme h de Aragon no
fue el verdadero autor de la Cronica o commenlarios que carren
à su nombre.
Les arguments mis en avant dans ce volume peuvent se con-
denser ainsi :
1^ Comment le roi Jacme II aurait-il fait écrire l'histoire de
son aïeul par le père Marsilio, si le Conquistador avait écrit lui-
même sa propre histoire ?
2^ La Chronique affirme que le roi Pierre perdit la bataille do
Muret par défaut de prévoyance et de soin dans Tordonnance de
ses troupes, assertion au moins étrange dans la bouche d'un fils ;
3^ La prise de Valence eut lieu le 4 des kalendes d'octobre
(28 septembre) 1238, et non, comme on le fait dire au roi, le
jour de Saint-Michel 1239;
4* L'auteur du Commentari assure que Yolande d'Aragon
était reine de Castille en 1238 et en 1244 ; or le Pape ne donna
la dispense du mariage entre Alfonse et Yolande que le 25 janvier
1249, el le fils de Fernand III ne monta sur le trône que le
30 mai 1252;
5* On ne peut admettre que le roi ait raconté dans son livre
sa confession au sujet do dona Berenguela ;
6* Jacme n'a pu écrire le dnrnier chapitre où il est question
de sa mort ;
554 APPENDICE
7° 11 n*a pas dû non plus écrire la préface , qui n'a été faite
qu'une fois Touvrage terminé ;
8"^ Des faits de peu d*importance ont dans la Chronique un
développement exagéré; par exemple, la session descorts qui
décidèrent la conquête de Hayorque ;
9° On y raconte des puérilités, telles que Thisloire de rhiron-
dello qui avait fait son nid sous la tente du roi ;
10"^ On y omet, au contraire, des événements importants,
comme le mariage de Jacme avec Teresa Gil et ses procès en
divorce ;
11'' Il n*y est pas question des miracles qui ont eu lieu sous
le règne de Jacme I'' ;
IS"" On n'y parle pas non plus de la fondation de Tordre de la
Merci.
De tout cela, Villarroya conclut que le roi Jacme a peut-être
laissé des notes qu'un écrivain inconnu a coordonnées, délayées
et arrangées à sa fantaisie; peut-être aussi la prétendue Chro-
nique royale n'est-elle que Tabrégé catalan du livre écrit en
latin par Harsilio.
Tels sont, dans toute leur force, les arguments qui ont en-
traîné à la suite de Villarroya quelques auteurs, parmi lesquels
nous citerons M. Cervinus {Historische Schriften^ p. 278, notej.
C'est en Allemagne, en effet, que les Carias historico-<:nUcas onl
fait surtout des prosélytes; mais aucun d'eux, que nous sachions,
n'a été à même de vérifier la portée des objections de l'écrivaio
valencien. Quelques-uns ont cherché h découvrir dans le style
de la Chronique, au moyen d'une analyse minutieuse, des in-
dices qui, en réalité, échappent à toute appréciation, el qui n'ont
d'ailleurs été mis en avant qu'à titre desimpies conjectures.
Un seul de ces arguments a assez de corps pour pouvoir être
saisi et discuté; il appartient à H. HelfTerich, auteur d'one
étude sur Ramon Lull el les origines de la liilératurecatalanei
* Raymund LtUl und die Anfange der catalanischen LUeraiur . Beriio,
1858. M. Adolphe Ebert a donné une, appréciation de cet ouvrage et de
VEssai sur l histoire de la littérature catalane de M. Gambouliù, dans no
article intitulé : Zur Geschichte der cutalanischm Literalur, inséré au
tome II du Jahrhuch , fur romanische und engtisehe Literatury publié à
Marbourg. M. Ebert ne se prononce point au sujet de Tauthenticité de la
Chronique royale; il se borno à indiquer toute l'importance de la questioc
au double point de vue littéraire et historique.
r
NOTES 535
L'honorable écrivain trouve étonnant que Jacme , avec le genre
d*inslruction que les mœurs de son temps permettent de lui
attribuer, avec le goût des citations classiques et des proverbes
orientaux que révèle le Libre de la Saviesa , ait pu , d'un seul
coup, arriver à la simplicité et au naturel qui distinguent le style
de sa Chronique. H. HelfTerich pense que cette œuvre a pu être
composée sous le règne de Pierre III, de fragments divers, dont
quelques-uns ont été, sans doute, écrits par Jacme I". Cette
opinion lui est suggérée par un manuscrit de la bibliothèque
nationale de Madrid qui offre quelques- différences de fond et de
forme (ttach Inhall und Anordnung) avec l'édition imprimée de
la Chronique royale , ut se termine par cette mention : « Ego
Johannes de Barbastro escribaino Hegis Pétri in civitate Bar-
chinone anno a nativilate Domini millesimo CC octogesimo
scripsi »
m. — Noua allons examiner une à une et dans le môme ordre
les objections que nous venons d'énumérer :
l® L'ouvrage de Marsilio, que Villarroya avoue ne pas con-
naître, débute par une courte préface dans laquelle l'auteur
explique la pensée du roi qui lui a commandé ce travail.
Jacme II voulait un livre qui fût à la fois une histoire et une
chronique, cunum historialem et chronicum codicem ^ ^ ei pour
lequel on employât la langue latine. 11 s'agissait évidemment de
rendre les hauts faits du Conquistador populaires dans tous les
pays où le catalan n'était pas compris, et de faire une œuvre
littéraire, caractère que n'avait point, aux yeux de Jacme II, le
manuscrit en langue vulgaire conservé dans les archives royales.
"2^ Jacme I" ne rejette point sur son père la mauvaise tactique
des troupes à la bataille de Muret, mais bien sur les barons,
« qui combattaient chacun pour soi contre la loi des armes >. Il
est vrai que le chroniqueur attribue aux excès de la nuit la
fatigue qu'éprouva le roi au moment de livrer la bataille ^ ; mais
on connaît l'indulgence de l'époque, et celle de Jacme en parti-
culier, pour le défaut que Pierre II transmit à son fils.
' (t E aquel dia que feu la batalla, es cert avia jagut ab una dona, si que
hoym decir per Gil son reboster que anch al Evangeli no poch
star de p-^us ans sr; asscch a son siti montre quel doyen , » (Chronique de
Jacme, chap. VIII.)
536 ÀPPBNDIGE
3« La prise de Valence eut lieu, d'après la Chronique, la veille
du jour de Saint-Hichel, ce qui correspond exactement au 4 des
kalendos d'octobre, date de la capitulation signée à Ruzafa ^
Quant à la différence de l'année, elle s'explique parfailemenl en
admettant que Jacme a adopté Tère de l'Incarnation qui, logi-
quement, aurait dû précéder de neuf mois celle de la Nativité,
au lieu de la suivre de trois, comme cela avait lieu. Il est donc |
facile de comprendre que le rédacteur de la Chronique ait cru
que le mois de septembre 1238 de la Nativité coïncidait avec le
mois de septembre 1239 de l'Incarnation. Des erreurs do ce
genre sont on ne peut plus fréquentes dans les anciens livires et
même dans les actes. Il n'est pas probable d'ailleurs que Taoteur
de la Chronique, quel qu'il soit, qui connaissait si bien la date
du Jour de la capitulation de Valence, ait ignoré celle de
l'année ;
4o En nommant, à propos des événements de 1238, sa fille
Yolande, le roi ne dit pas qu'elle fût à cette époque reine de
Caslille, mais bien qu'elle l'était au moment où il écrivait son
livre '. En 1244, il dit seulement qu'elle était femme deTinfani
Alfonse de Castille, et cette assertion, qui a embarrassé les
historiens et causé des erreurs chronologiques •, est entièrement
justifiée par le testament de Jacme que nous publions parmi les
Pièces justificatives de ce volume *. Le mariage d'Yolande
d* Aragon avec Alfonse de Castille était conclu en 1241; il fut
célébré en 1246, sans attendre la dispense pontificale, accordée
seulement, s'il faut en croire Villarroya, le 25 janvier 1349.
5° Le roi prenait si peu la peine de cacher ses relations avec
Berenguela Alfonso, qu'il amena cette princesse à l'entrevue
d'AIcoraz, où se trouva Alfonse X^ cousin germain de Beren-
guela '. Le récit de la confession royale n'est pas autre chose
qu'une tentative de justification de la conduite du Conquistador.
C'est là un de ces détails qu'une main étrangère n'aurait certai-
nement pas songé à introduire dans une œuvre apocryphe, fjes
' Voy. 1. 1, Pièces justificatives, p. 464.
' Cliapitre GLXV de la Chronique. — Voy. notre 1. 1, p. 3/7, note, et
t. II, p. 450.
» Voy. ci-dessus, p. 95, note 2.
i N» V.
* Voy. ci-dessus, p. 362.
NOTES 537
préoccupations d'une conscience troublée ont pu seules dicter
celle page. Villarroya suppose, sans aucune preuve, que la Beren-
guela dont il s'agit est Berenguela Fernandez. Nous avons vu qu'à
peu près vers le tenips où le roi fit celle confession, Clément IV
reprochait à Jacme de « joindre l'inceste à l'adultère ^ » ; or
l'infante castillane Berenguela Âlfonso était en effet parente du
roi d'Aragon.
6^ Il faudrait supposer un çrand fonds de naïveté à l'écrivain
qui, pour mieux faire accepter son livre comme une œuvre
authentique de son héros, ferait raconter à celui-ci les détails
de sa propre mort. Le premier qui a cru découvrir cette singu-
larité dans la Chronique du roi Jacme est don José Rodriguez
de Castro, auteur d'une £t6{io{6ca espanola. Ce bibliographe a
tout simplement pris le manuscrit de d'Esclol pour celui de
l'œuvre royale, et ne s'est pas aperçu, ainsi que l'a fait remarquer
H. Amador de los Bios, que les chapitres qui suivent le récit
de la mort de Jacme sont consacrés au règne de Pierre III.
Villarroya, qui nous paraît connaître un peu trop superficielle-
ment l'œuvre qu'il discute, a accepté l'assertion de Rodriguez de
Castro. Nous avons donné, ci-dessus *, les dernières lignes de la
Chronique. A la suite, presque tous les copistes ont ajouté une
note où il est dit que: « Le noble roi en Jacme mourut à Valence
le six des kalendes d'août 1276. » La différence de rédaction ne
permet pas de confondre celle note avec le corps de l'ouvrage,
où l'on ne parle jamais du roi à la troisième personne. Nous
avons exposé nos doutes ' sur la parfaite authenticité des der-
nières phrases du Cammontari. Bien qu'il ne soit pas absolument
impossible que le roi qui dictait, quatre jours avant sa mort, les
clauses minutieuses de son codicille, ail donné les indications
nécessaires pour que sa Chronique, son journal, fût tenu au
courant, il n'y a point d'invraisemblance à attribuer à un secré-
taire la rédaction des deux ou trois chapitres qui contiennent
seulement le récit de la dernière maladie du roi, et ne se font
plus remarquer par l'abondance caractéristique des détails.
7o En supposant que la préface, entièrement distincte du corps
* Voy. ci-dessup, p. 359.
« Voy. p. 509.
• Voy. ci-dessus, p.'^506, note.
538 APPENDICE
de Touvra^'e, n^eût pas été écrile par Jacme, cela n'infirmerait
en rien raulhenticitédela Chronique elle-même. Hais de ce que
celle préface n'a pu être rédigée avant les dernières années du
règne de Jacme le Conquéranty de ce que le roi y fait connaître
sa résolution de se retirer du monde pour servir Dieu, est-il
permis de conclure, comme Ta fait Tauteur des Carias historico*
criticaSf qu'elle est évidemment postérieure à la mort de Jacme ?
Les objections 8 et 9 méritent à peine une réfutation. D. José
Villarroya était peu familiarisé , sans doute, comme Ta dit
M. Quadrado S « avec la saveur et le caractère des chroniques. »
Il n'avait pas remarqué que les événements n'ont pas la même
physionomie pour l'écrivain qui les regarde à distance et pour
celui qui s'y trouve mêlé; que le premier voit seulement Ten-
semble et les résultats, tandis que le second s'arrête aux détails;
qu'enfin, dans les mémoires de tous les temps, les anecdotes
tiennent plus de place que les grands faits historiques. D'ail-
leurs ces objections n'attaquent pas raulhenticité, ce sont des
critiques adressées à l'œuvre, quel qu'en soit l'auteur. Si elles
prouvent quelque chose dans la question, c'est précisément le
contraire de ce que Villarroya s'efforce d'établir.
10*^ Un raisonnement analogue peut s'appliquer à l'argument
tiré du silence de la Chronique au sujet de Teresa Gil. Il était
difficile à Jacme de parler en termes convenables d'un mariage
dont la validité fut, jusqu'aux dernières années de sa vie, un
sujet de dissentiment entre lui et la cour de Rome.
Uo Si, au temps de Jacme I'% il était réellement question des
miracles que la tradition rapporte au règne de ce prince, le
silence de l'auteur de la Chronique ne peut guère se comprendre
qu'en supposant précisément que cet auteur est le roi lui-même,
c'est-à-dire un esprit éclairé, habitué à n'ajouter foi qu'aux faits
parfaitement constatés. En effet, puisqu'on ne peut nier que
le Commentari ne date au moins des premières années du
Xiy<* siècle, quel est, parmi ceux qui ont pu l'écrire, moines,
clercs, secrétaires, celui qui n'aurait pas saisi avec empressement
l'occasion d'augmenter l'intérêt de son livre en y introduisant le
récit de quelques miracles? Jacme seul comprenait peut-être
qu'il était plus prudent de s'abstenir.
1 Hisi. de la conquista de McUl. Prol., p. 9.
Enfin, comme la plupart de ceux qui précèdent, le .dernier
argument de Villarroya se retourne contre l'écrivain qui Tin-
Yoque. Esl-il plus facile, en effet, d'expliquer le silence d*un
auteur inconnu que le silence du roi lui-même au sujet de la
fondation de Tordre de la Merci ? Ne serait-ce point que la par*
(icipation du monarque aragonais à la fondation de Pierre de
Noiasque a été moins directe qu'on ne l'a cru plus tard?
On voit ce que- devient l'argumenlation délayée dans le volume
des Cctrtas hi»ÈoricO'CriHcas. Les conclusions de ce livre ne sup-
portent pas davantage l'examen. Si Jacme a laissé des notes sur
son règne, ces notes ne sont pas autre chose que la Chronique
- telle que nous la connaissons. Le Cammentari — ainsi nommé
dans les siècles suivants par allusion sans doute à l'ouvrage de
César — n'est qu'un recueil de faits racontés sans le moindre
artifice de style. On se figure difficilement un langage plus simple.
On y voit l'homme d'action qui raconte simplement ce qu'il a
fait simplement. Rédiger les notes de quelqu'un, c'est donner la
forme à ses idées ; or il est impossible que les idées de Fauteur
primitif de la Chronique ne se soient pas produites de premier
jet avec leur physionomie actuelle. Ce serait en vain que l'on
obercherait, dans ces trois cent onze chapitres , les traces d'une
préoccupation purement littéraire. Ou Jacme n'a jamais écrit de
notes sur son règne, ou il leur a donné la forme que nous leur
connaissons.
Quant à la supposition que la Chronique royale pourrait bien
être l'abrégé de l'histoire du P. Marsilio, elle paraîtrait inexpli-
cable si Villarroya n'avouait qu'il ne connaît point Touvrage du
dominicain. Marsilio, nous l'avons vu , dit avoir mis à profit un
manuscrit des archives de la maison royale d'Aragon ; quand
raème Ton ignorerait cette particularité , un simple coup d'œil
jeté sur les deux livres suffirait pour leur assigner leur date rela-
tive.
L'argument que M. Helfferich a mis en avant sous toutes ré-
serves, se trouve bien faible, privé de l'appui que lui prêtait l'opi-
nion de Villarroya. Nous recommanderons néanmoins à l'écrivain
allemand la comparaison attentive des diverses œuvres attribuées
kiacmele Conquérant, Il reconnaître la même siflipliGité déforme
appliquée à des matières différentes. Le ton sentencieux du Libre
de la Saviesa n'appartient pas à Jrtcme^ maii»aux moralistes qu'il
542 APPBIIDIGE
contemporaiD du Canquisiadar^ il ne Ta pas abandonné un insiant
pendant plus d'un demi -siècle, rédigeant son œuvre à côté et à
rinsu du roi ; ou qu'enfin, ce qui est plus simple, cet auteur
n'est autre que le roi lui-même.
j
190TES 545
E
PROJET DE CANONISATION DE JACME LE CONQUÉRANT
Vers Tan 1653 ou 1654, un descendant de Jacme P% don
Gaspar Galceran de Castro, de Pinos , de Gurrea y de Aragon,
comte de Guimera, reprenant une idée que nous avons vue mise
en avant, dès le XIIP siècle, par le troubadour Mathieu de
Quercy et le chroniqueur Muntaner, demanda la canonisation
de son illustre aïeul . La Castille s'occupait en ce moment de
faire admettre au rang des saints le roi Alphonse le Noble^ Tun
des héros de Las Navas de Tolosa. Fernand III était canonisé
par la voix du peuple avant de Tètre par celle de TÉglise ; il
s*en fallait de peu que les Aragonais ne rendissent des honneurs
du même genre au plus grand et au plus populaire de leurs rois.
Mais autant il était facile de prouver les droits du conquérant
des Baléares, de Valence et de Murcie, du législateur des Fueros
et des Furs à la reconnaissance des peuples, autant il était
malaisé de lui trouver des titres à la vénération de TÉglise.
Le comte de Guirnerane recula pas devant cette entreprise ardue.
Il écrivit un long mémoire, dlont le manuscrit original, le seul
peut-être qui ait jamais existé, a été retrouvé en partie, il y a
huit ou neuf ans, par don Pascual Savait y Dronda, avocat géné-
ral (teniente fiscal) à Saragosse. L'érudit aragonais s'empressa
de faire part au public de sa trouvaille , qu'il enrichit d'une
introduction et de notes ^ Malheureusement ce n'est là qu'un
fragment de l'ouvrage. La table, qui s'y trouve jointe, donne le
titre d'un grand nombre de chapitres entièrement perdus^ ce qui
est d'autant plus regrettable que les pièces justificatives, copiées,
à ce qu'il parait, à la fin du mémoire, auraient eu pour nous le
plus grand intérêt. D'après ce que don Pascual Savait a arraché
à l'oubli, on peut voir quels efforts ont été nécessaires pour
^ Exhortacion à la instancia de îa canonizacion, etc. voy. ci-dessus
note A.
544 APPEFIDIGE
arriver à réunir quelques arguments spécieux , qui pussent
donner une apparence de solidilé au projet de canonisation du
roi Jacme. Les vertus et les mérites de la reine Marie, ss. mère ;
de dona Sancha, femme d'Alphonse le Chaste, son aïeule ; de
ses filles Sancha et Marie; de son fils Sanche, archevêque de
Tolède; de sa petite-fille, sainte Isabelle, reine de Portugal,
ont été groupés avec une certaine habileté. L'auteur du mé-
moire fait ressortir ensuite les prétendus miracles dont le Con-
quistador a été, d*après lui, le héros ou le témoin : la naissance
du fils de Marie de Montpellier, la manière dont le nom du
patron de l'Espagne lui fut donné, son éducation, sa valeur et son
intelligence précoces, ses conquêtes rapides, et enfin tous les
faits merveilleux que nous avons énumérés plus haut^ Le titre
de l'un des chapitres perdus fait même supposer qu'on a attri-
bué à Jacme le don de prophélie. Le comte de Guimera marche
sur un terrain plus solide lorsqu'il vante la sagesse de son glo-
rieux ancêtre, sa modération, l'utilité de ses réformes, sa piété,
ses nombreuses fondations d'églises, ses encouragements aux
ordres religieux. Il tente de justifier quelques-unes des fautes
qu'on impute à Jacme, fautes rachetées d'ailleurs, dit-il, par des
pénitences publiques et une sainte mort. Enfin il cherche à in-
téresser au succès de son entreprise le plus grand nombre pos-
sible de prélats, d'ordres religieux, de pays et de princes; mais
tant d'eflbrls furent vains, et il ne paraît pas que la cause de la
canonisation de Jacme le Conquérant ait reçu même un commen-
cement d'instruction.
' Voy. ci-dessus, p. 384.
TTOTES 545
F
DÉTAILS SUR LES INHUMATIONS ET LES EXHUMATIONS
DES RESTES DE JAGME I"
Le Contjuistador avait ordonné à son fils Pierre de ne pas
s'occuper de ses funérailles tant que la révolte de Valence ne
serait pas entièrement réprimée. Pour se conformera ces ordres,
Pierre III fil déposer provisoirement le corps de son père dans
la cathédrale do Valence, devant le maitre-autel , et, en 1278,
après le complot apaisement de la guerre contre les Maures
rebelles , les restes mortels du glorieux monarque furent trans-
portés au monastère de Poblet. On célélira à celle occasion de
pompeuses funérailles , au milieu d'une « afflucnce si grande ,
dit MuntanerS qu'on n'a jamais vu une foule si considérable
assister aux' obsèques d'un seigneur quel qu'il soit.... et qu'à six
lieues de distance, les bourgs et les chemins ne pouvaient con-
tenir les rois , reines, princes, princesses, archevêques, évoques,
abbés, prieurs, abbesses, prieuresses , religieuses, comtes,
barons, varlets de suite, chevaliers, citoyens, bourgeois et gens
de toute condition » accourus à la cérémonie. La dépouille
mortelle de Jacme fut placée dans un tombeau de bois , vis-à-vis
celui d'Alfonse II d'Aragon. En 1390, un magnifique monument,
construit par les ordres de Pierre le Cérémonieux, fut destiné
à recevoir les restes des rois d'Aragon. Le cercueil de Jacme y
occupa la place la plus rapprochée du chœur, du côté de l'évan-
gile; il était renfermé dans un tombeau que surmontaient deux
statues de marbre, représentant le Conquistador ^ Tune avec les
vêtements royaux, l'autre dans le costume des moines de Giteaux.
L'épitaphe était ainsi conçue :
ANNO DOMINI MCCLXXVl , YIGILIA
BEAT^ MARIiE MAGDALEN.^ , ILLUSTRISSIMUS
AC VIRTUOSISSÏMUS JAGOBUS, REX ARAGONUM ,
MAJORICARUM , VALENTI^ , GOMESQUË BARGINONiË ,
' Ghap. XXVIIL
X. n. 35
546 APPBNJ»1GE
ET URGELLl , ET DOMINUS MONTISPESSULANI
AGGEPIT HABITUM ORDINIS GtSTEBCIENCIS
IN VILLA ALGECIR^, ET OBHT VALENTIiE VI KAL.
AUGUSTl. HIC CONTRA SARR^GENOS SEBfPER PR/EVALUIT
BT ABSTULIT EIS REGNA MAJORIGARUM . VALENTIiE
ET MURTIiE , ET REGNA VIT LXI! ANNIS, X MENSIBUS,
ET XXV DIEBUS, BT TRANSLATUS EST DE CIVITAT^
VALENTliE AD MONASTERIUM POPCLETI , LBI SEPULTUS FUIT ,
PRiESENTIBUS REGE PETRO , FILIÔ SL'O , EJLS UXORE
CONSTANTÏA , REGINA ARAGONUM , ET VIOLANTE
REGINA GASTELLiE . FILIA REGIS JACOBI
PRiËDICTI , ET ARGHIEPISGOPO TERRAGONiË , ET IIULTtS
EPISGOPIS , ET ABBATIBUS AG NOBILIBUS VIRIS.
HIG iEDIFICAVIT MONASTERIUM BENIF.\ZANI , ET
FECIT MULTA BONA MONASTERÏO POPULETI.
EJUS ANIMA REQUIESCAT IN PAGE. AMEN.
En 1835, pendant les (roubles qui désoièrcnl TEspagne, une
bande de forcenés s'acharna sur le splendide sanctuaire où repo-
saient quelques-uns des plus grands monarques de TAragon.
Pobletfut envahi, saccagé et livré aux flammes; une partie des
richesses amassées dans cette enceinte , par la piété de sept
siècles, devint la proie d'ignobles spéculateurs ; le reste demeura
enseveli sous les ruines du monastère. Cependant les dépouilles
royales furent pieusement recueillies par les habitants et le curé
d'un village voisin appelé La Espluga deFrancoli. Ces précieux
débris restèrent déposés dans réglisc de cette paroisse jusqu'au
18 janvier 1843, jour où ils furent remis à don Pedro Gil, négo-
ciant de Barcelone , qui avait reçu de l'autorité le mandat de le:^
faire transportera Tarragone. Un procès-verbal fut dressé à celle
occasion, et, parmi les resles qui y sont énumérés, figure le
cadavre momifié de Jacme le Conquérant, qua Ton reconnut à sa
haute stature et à la cicatrice de la blesFurc qu'il avait reçue au
front pendant le siège de Valence. Si Ton en croît un article qui
fut publié en 1848 par un journal de la Havane, et que nous lisons
dans rédilion espagnole de VHistoire liUéraire de M. Ticknor,
la figure du roi conquérant était encore parfaitement conservée.
Aujourd'hui la dépouille Mortelle de celui que l'on a appelé le
meilleur roi du monde repose en paix dans la cathédrale de
Tarragone.
pnBM::E]is «ruisxiFie^xivE:»
DONATION DU COMTAT VENAI8S1N FAITE A CECILE DE BAUX
PAR BATMOND VII, COMTE DE TOULOUSE
Manifeslum sil omnibus presenlibus el fuluris quodanno Do-
inini M". CC**. XL. Videlicot VI kalendas Marcii. Nos Raymun-
dus Cornes Tholoso et Marchio Provencic non decepli non cir-
cunspecli non circumvcnli non dolo non molu aliquo inducli
sed mea propria et spontanea voluntale litiilo donacionis inlcr
vivos donamus et concedimus omni causa îngralitudinis ces-
sante et omni alia causa post obilum noslnim si continuât nos
decedere sine filio masculo de uxorc procrealo dilecle et caris-
sirae nepli noslre Cecilie filie nobilis viri dilecli Barrai dcBaucio
et heredibus suis tolam tcrram quam habomus tencmus et pos-
sidemus vel nobis habere tenere et possidere debemus cilra
Rodanum in imperio cum caslris villis fcudis et proprietatibus
juribus ralionibus et rébus aliis omnibus nobis in dicta terra
competentibus et compeliluris ad habendum tenendum et possi-
dendum et quidquid inde placuerit faciendum. Dicto Domino
Barrali presentietrecipienli diclamdonacionem in nomine dicte
Cecilie niie sue et. .. ejusdem Cecilie prefate promitentes bona
Gde et per sacramentum a nobis corporaliter inde prestatum su-
548 APPENDICE
per sancta Dei Evaogelia quod contra diclam donacionein per
nosnec peraliquam aiiam personam inlerposilam aliqua ora nec
aliquo (empore contraveniemus. Sed volumus illam esseralainet
firinan et perpetuo duraturam pro ut superius conUnelur. El ul
dicta donalio niajus robur oblineal firmilalis. Nos prediclus Co-
rnes promilimus bona fide nos curatnros et effecturos de po.-^se
Dostro quod Dominus imperalor predictam donacionem super
omnia predicla accordel et confirmet et inde privilegium suum
det et faciat prefate Cecilie nepte noslre. Renunciantes in lioc facto
onini exceptioni et omni juri canonico et civili promulgalo seu
promulgando nobis competenti seu compelitnro et specialiler
interdicenti donacionem excedenlem summam quingenlorum
aureorum. Sive in sumalione non valente omni jure per quod
prefala donacio posset impediri. Actom est hoc apud Montelium
in Venexi in Castro superiori quod est Giraudi Audemari. —
Testes interfucrunt Raymundus deBaucio = 6uilIelmus deBau-
cio = Dragonelus de Monte-Albano = Raymundus Gaacelmi de
Lunello = Guillelmus de Sabrano = Lambertus de Montelio =
Guillelmus de Barreria = Guillelmus Aogueris = Pelnis de
Podio Alto =:Pelrus Anguerris Guillelmus Anguerris =
Guillelmus Cavallerie et plures. In cujus rei testiroonium nos
diclus Raymundus Cornes Tholose et Marchio Provincie présen-
tera carlam fecimus sigilli noslri munimine roborari.
(Archives de la couronne d'Aragfoni parchemins de Jacme I*' , n* 835.)
PIÈGES JUSTIFkCATIYBS 549
II
TRAITÉ d'alliance ENTRE JAGMB ET RAYMOND Vil ^
In nomine Domini nostri Jesu Christi. Nos Jacobus , Deigratia,
rex Aragonum, et nos Raymundus, comcs Tholoi», facimus inler
nospacem ettoncordiam et firmatam confaderationem ut simus
ad invicera adjutores et convalitores in omnibus etspecialiterad
defeosionem fidei calholic» et Sanct» Rooiana^ Ecclesi» quam
semper lotis viribus promittimus defendere et juvare conlra
orones impugnatores suos et contra omnes hsereticos de terris et
locls nobis subjeclLs. Juxla voluntatem EccIesisB omnem hœre-
sim curabimus exlirpare et salvo in omnibus honore Ecclesias ,
erimus ad invicem coadjutores et convalitores contra omnes ho-
mines, bona Gde; sedex his nos rex praediclusexcipimus regem
CaslellsB et comitem Provinciœ, ilaquod contra istos non tenea-
mur nos comitem juvare, immo possimus eos coadjuvare, et nos
cornes prœdictus excipimus regem PrancisB et regem Càstella) ,
ita quod contra istos non teneamurnosdictum regem Aragonum
adjuvare, salva tamen voluntate et mandato régis Pranciae, quan-
tum ad nos, et ista sic tractata et ordinata curabimus juvare et
assecurabimus complere et observare. Dalum Montipessulano ,
XIIII kal. maii anno Domini HCCXL primo.
(Bibliothèque de Garpentras, collection Peiresc, n* xliv, tome I, ^ 34. —
Copie portant la mention suivante : « SceUéenlacs de soye rouge du grand
sceau du roy Jacques d'A'^agcm séant en son lict de justice et tenant
l'espée à la main d'un costé, ooec Vinscripiion : »{« S. lA. DI. GRÂ.
REG. ÂRAG. MAIORICARVM VALNCIË. Et au revfrs, le mesme roy
sur son cheval bardé et palissé^ portant son escusson d'Aragon, à la
gauche ; sa lance avec la banderole de mesme , à la droicte ; et autour
les deux costés la couronne en teste^ n'estant que de quatre pointes perlées
àlacime, et l'inscription : * GOMITIS BARGH. VRGELLI DNI MON-
TISPLANl. —Delà layette d'Aragon^ en l'armoire^ près de la porte, »)
* Pour cet acte et le suivant, nous avons cru devoir accepter l'ortho-
graphe et la ponctuation des copies conservées à la Bibliothèque de Gar-
pentras. Nous avons seulement rectifié un certain nombre de noms propres.
550 APPENDICE
III
' TRÂTE ENTEE JAGIIE ET EAYMOND VU
Noverinl universi quod inleriacobiiin Dei gratia regem Ara-
gonum et Raymundurn eadem gralia comitem Tholosanum sunt
treugTB initaBet pacta conventa in hune modum infra scriptum ,
videlicet quod inler eos et suos et terram eorundem el suorum
est et esse débet firma et incorruptibilis treuga et concordia bona
fide contracta a festo omnium sanctonim usque ad duos annos
continuoset completos, et inlerius et inlra praedictuin teiopus
uterque. ipsorum et sui debent a molestatione, injuria et damno
alterius et suorum abstinere. Yerum si contingeret quod intra
tempus diclorum duorum annorum seroel vel saepius aliquid ab
aliqua parte vel suorum contra ipsas treugas vel pactioncs dictarum
treugarum qualitércunque fieret, injurias et damna illata arbi-
trio seu arbitragio duorum virorum qui a partibus eligerentur de-
bent plenarie resarciri intra quadraginta dies, treugis pr^ediclis
usque ad duos annos pra^dictos nihilominus in sua firmitate ma-
nentibus. In praedictisautem Ireugisest tota terra régis Aragonum
et suorum a Rhodano usque ad Valentiam et totum regnum Va-
lentisB et totum regimen Majoricarum per mare et per terram et
tota terra comitisTholosani et suorum citra Rhodanum el ultra et
ubicuroque sit el specialiler Massilia el castrum de Braganson per
mare et terram . In aliis vero locisquae non sunt in treugis, si
rex Aragonum faceret vel moverel guerram vel guerras contra
quamcumque vel quascumque personas vel aliquis seu aJiqui
facerent vel moverent guerram contra ipsum regem vel suos vel
terram suam vel suorum, cornes Tholosanusnon débet defendere
vel juvare illam vel ilUs personas, nec debe^ esse per se vel per
suos contra regem Aragonum vel suos in guerra vel guerris. Eo-
dera modo, si cornes Tholosanus moveret vel faceret guerram vel
guerras contra quamcumque personam vel quascumque perso-
nas, vel aliquis seu aliqui facerent vel moverent guerram cootra
ipsum comitem vel suos vel terram suam vel suorum rex Arago-
num non débet defendere vel juvare illam vel illas personas, nec
PIÈGES JUSTIFICATIVES 551
débet esse per se vel suos contra comitem Thôlosanum vel suos
in guerra vel guerris. Trcugae vero praedict» valid» et firmas
esse debent et erunt usque ad praBdictOs duos annos , nec viola-
buntur necviolari debent modo aliquo vel infVingi etiam jussu
majoris privilegio indulgentia mandato vel remissione qualîbet
indolta vel indulgenda etiam a Domino Papa vel ejus legato. Si
vero intra praedictos duos annos rex Aragonum haberet manda-
lum summi ponlificis quod impugnaret comitem Thôlosanum,
vel cornes Tholosanus baberet mandalum régis Franciac de im-
pugnando ipso rege Aragonum, alter alteri posset desmandare
treugas, ita tamen quod post desmandationem ipsam treugae prae-
dictaB firmae durent et durare debent per sex menses continuos et
completos. Pro praedictis aulem treugis firmiter observandis de-
bent jurare viginti barones ex parte régis Aragonum et quinqua-
gintaprobi homincs Montispessulani ; ex parte vero comitis Tho-
losani debent jurare viginti alii barones et quinquaginta probi
hominesper se etsinguli quinquaginta singularum ipsarum uni-
versitalum mandato jurabuni et jurare tenebuntur omnia praedicta
et singula observare. Et est sciendum quod a Narbona versus Ros-
silionem et Cathaloniam vicarius Rossilionis et senescallus Ru-
Ihinensis debent arbitrari de piano de damnis et injuriis resli-
tuendis et emendandis, a Narbona vero ultra versus Tholosam et
Calurcum et alias partes versus Montempessulanum debent arbi-
trari de piano senescallus Vainaissini et tenens locum régis in
Montepessulano et vicarius Massilias ; in praedictis vero treugis
est et esseintelliguntur R. Gaucelmi dominus Lunelli et sui et
nos memorati Jacobus rex Aragonum et Raymundus, comes Tho-
losanus praediclas treugas et omnia supra dicta et singula lauda-
musetconfirmamus etbona fidepromitlimus et omnia et singula
servare et adimplere per nos et pernostros et contra non venire
perhaec Sancta Dei Ëvangelia a nobis corporaliler lacta. Actum
in Montepessulano YIUI kal. maii, anno Dominic» incarnationis
M ce XL primo. Testes sunt : P. CJgo comes Ëmpuriarum, G. de
Capraria, R. de Fossibus, Barralus de Baucio, P. de Villanova,
6. de Barreria in quoruir testium praesentia, anno et die prae-
scriptis, juraverunt omnia prapscripta et singula mandato dicli
Domini régis, scilicel G. Johannin bajulus Montispessulani et
UgoPulverelli, J. Frolgerii, B. Deleclio, R. de Melgorio, G. de
Albalerra, P. do Posqueriis, V. Lamberti, G. Garnerii, D. de
552 APPENDICE
Mesoa, P. Ricardi, 6. de Yilari, J. de Ginnacho consules, P. Ri-
galdi, P. Ricardi, B. de Ândusia, P. Gros Cambaforl, R. Lam-
berti, R. Arbrandi, J. Tabernarius, G. de Murlis^ G. deHairano,
R. Comte, Freminus Burgensis, D. Faber den Raffina (?), G. Re-
cherii, S. Bovici, R. Hue, P. Salvador, G. de Sancto Martino, B.
de Sancto Paulo, G.Rogerii, P. de Fonvivis, Firminus Dieus lo
fes,F. deRibalta, T. Vesiano, Jo. Dalaus, Po. Garmi, UgoFab.,
G. Guillelmi, G. Rorneri, G. de Yincio, Guillermus Fab., D.
Fotrii{t) G... de Cumballotis C^)^ Ëlyas Garnerii, R. Lamberli
frat. Bereng. Lamberli. Signum Guillelmoni scribaî qui de volun-
laie el mandato ulrius^que hoc scribi fecil, loco, die et anno prae-
fixis.
(Bibliothèque de Garpentras ; manuscrits , n* 636. Liasse iotitulée :
Documents relatifs à l'histoire de Provence. Copie vidimêe portant la men-
tion suivante : « Scellé en doubles lacs de soye rouge du grand scH de
Jacques, roy d'Aragon. Extrait de la Sainte-Chapdle de Paris, 1612,
en la layette d'Aragon, en entrant, contre la fforte, à main droite. —
CoUationné par nous con* ' secrétaire du roi en la (^noOterie de Provence.
— MoUin.9)
PIlkcES JUSTIFICATIVES 553
IV
SENTENCE ARBITRALE AU SUJET DU DIVORCE DE RAYMOND VII
ET DE SANCHA d'aRAGON
Noverial universi quod nos Jacobus Dei gracia Rex Aragonis
Haioricanim el Valencie Gomes Barchinooe et Drgolli et Dominus
Honlispesulani et nos R. Gaucelmi dominus Lunelli et nos
Albela mandatnus ac precipimus quod Cornes Provincie faciat
Reginam Sanciam super separatione ipsius et Comitis Tolose
pelere divorcium celebrari inter se el Comilcra Tolose coram
judicibus a scdc aposlolica deiegalis. Alioquin expellat eam de
Provincia et auferat ab ca omne quod dédit ei nec preslct ex
lune ei clam vel palam auxilium consilium et favorem. Item pre-
cipimus quod Comes Tolose det operam ad dicUim divorcium
faciendum quam polerit et quod Comes Tolose in locum dotalicii
quod habebat dicta Regina a Comité Tolose det mille marchas
argenti de presenli et centum marchas argenli quandiu vixerit
annualim et quas assignet ei in loco competenli ad cognicionem
Régis Aragonis et Comitis Provincie. Item precipimus quod
nuncii initantur ab utroque Comité ad sedem apostolicam pro
dispensacione pelenda in hiis que dictis comitibus videbitur
expedire. Et nos predicli Comités auditis omnibus supradictis
approbamus et recipimus supradicta et promitimus nos atendere
et complere. Datum Hontipesulano nonas Junii anno Domini
M^ CC^'XL^' primo := Testes sunt Comes Empurii = Eximinus
de Focibus = Sordellus = Rostangnus de Podio Alto. »= 6. de
Labarrera. = Berlrandus Alamandoni = Et ego Guillelmonus
scriba, qui mandato predictorum el voluntate hoc scripsi loco
die el anno prefixis.
(Archives de la ooaroiine d'Aragon, parchomins de Jacme I*% n* 845.)
&54 APPENDICE
Vf bis
PROMESSE DE JACME A RAYMOND VII
Noverinl universi quod nos Jacobus Dei gracia rex Aragonie
Maioricarum et Valencie Cornes Barchinone el Urgelli el doininus
Monlispcssulaiii profitemur vobis viro nobiii R. eadem Coroili
Tolosano et marchioni Provincie nos suscepisse peliciones ves*
Iras infrascriplas in Romana curia promovendas : videlicet quod
dominus Papa ab omnibus senlenciis excommunicalionis el in-
terdicti vos et terram vesiram absolvat cl omnes iilos qui pro
vestra valenlia sunl excoramunicati. — Item quod dominus Papa
dispensât super matrimonio contrahendo inter vos et Saociam
filiam Dobilis viri Gomitis Provincie. — Item quod palri veslro
concedatur ecclesiastica sepultura si per inquisicionero consti-
lerit signa in eo penitencie precessisse. — Item quod remitatur
vobis crux vobis per dominum Romanum imposita et nécessitas
transfretandi et ibidem morandi propter obsequium quod in
deflencione Romane ecclesie exibere debeiis. — Item quod reroi-
tantur vobis a domino Papa illa decem milia marcharum et alie
summe pecunie que et quas secundum formam pacis Parisiensis
ecclesie Romane et aliis ecclesiis seu personis ecolesiaslicis sol-
vere debuistis. — Item quod remitatur vobis destruccio domo-
rum Tholose que de mandato domini Romani destrui debuenint.
— Item quod super querimoniis et controversiis quas habetis
cum ecclesiis et ecclesiasticis personis terre vestre Gai inquisicio
de piano de mandalo domini Pape super possessione et pro-
prietate per viros suspicione carentes per quos dicte conlro-
versie lerminentur. — Item quod inquisiciones que contra here-
ticos credentes fautores vei receptatores eorum fiunt vel tient ad
formam redigantur terre tolerabiiem et quod super condempna-
tionibus faclis contra jurisdictionem et penilenciis injunclis
salubre remedium apponatur. — Nos igitur rex predictus pro-
mitimusbona fide vobis prefato RaimundoComiti Tholosano nos
curaturos et effecturos pro viribus noslris cum domino Papa
quod in modum prescripUim omnes peliciones supradicte et
PliCES JCJ9TIF1GAT1TS8 555.
siogule compleantur. Quod si forte oblinere a Sede Apostolica
ea non possemus absolvimus vos et liberamns a promissione
juramento et homagio que nobis pridie fecislis super deffencione
Romane ecclesi^t. conUa. In9p^ra(or?ia et valîtorAs ipsius assu-
menda nobiscum. — Datum Montipessulano, YII^ idus junii^
anno Domini M* CC* XL^ primo, — Testes sunt hujus rei R.
Berengarius Comes Provincie P. Hugo Cornes Empuriarum
Exiroinus de Focibus R. Gaucelmi Albeta. — Signura lïi Guil-
Iclmoni scribe qui mandato domini régis hoc scripsit loco die et
anno prefixis.
( Archives de l'Empire français, carton J, 5S7. — Aragon, I, n* 4. )
556 APPENDICE
DEUXIEME TESTAMENT DU ROI JACME
Qoniam in conjugio rnarilali plurima bona concurrunt inter
que maximum esl procrealio filiorum ad servicium hominum
Salvaloris : id circo nos Jacobus Dei gracia Rex Aragonum
Maioricarum el Valencie Cornes Barchinone el Urgelli el Domious
Honlispesulani disposuimus in plena roemoria noslre libère
sanilatis inicr fîlios quos de diversis matrimoniis habere dinos-
cimnr bona que Deus nobis conlulit distinclis patrimonibus
dividcre pariter et parliri ne forte questionis dicenlio possit
oriri inter filios et de jure succedentes nobis in posterum.
Dignura duximus inter eos dividere noslra prout convenit sepa-
ratim. Preoipimus ilaquc corpus meum sepeliri in Monasterio
Populeti et in tumulo non depiclo sed sub terram anle altare
Sancte Marie ejusdem Monasterii et in loco per quera vadeaot
ad allare transeuntes. Beliquimus Alfonso primo genito nostro
et Régine Alionor lotum Regnum Aragonis et lotam Calaloniaoi
Rippam Corciam Palars Aran et dominium comitatus Urgelli
cum omnibus ad predicla loca perlinenlibus. Et relinquimus
post obitum consanguinei nostri Nunonis Sancii Petro filio nostro
et Régine Yoles conjugis nostre Rossilionem Conflueotera Cerri-
taniam et Vale spirium cum omnibus eisdem pertinentibus : el
relinquimus dicto Petro filio nostro totum Regnum Valencie a
Biar usque ad Rivum Hul de Cona et a Rivo de AWentosausque
in mare et sicut dividit terminus Rachene cum Castella usque
in mare: Et relinquimus dicto Petro filio nostro Regnum Maio-
ricarum et Minoricham et totum jus quod P. Infans Portcgale
dédit nobis in Eviza. Et relinquimus eliam dicto Petro filio
nostro Gastrum Habib et Adamus et dominacionem et villam
Monlispesulani et Castrum novum cum tota dominacione ejus-
dem et Castrum de Latis et dominacionem et Castrum de Pron-
tinya et totum quod ibi modo adquisivimus et Castrum de
Omelaç et totum Omelades et Castrum de Basaluc et jura que
habemus in comitatu Melgorii et de Honte Ferran et Castrum
de Pozola quod 6. de Montpestler tenet in vîta sua et jura que
habemus in Lupian et in Castro de Huntferrer et omnîa jura
voces et acciones quas habemus et iiabere debemus in Carcasses
PIÈCES JUStlFlCATlYES 557
Termen et Termenes Rases el Fonoleâes Âmiliavo Âmiliaves el
Gavalda. Si unus aulem nostrorum predictorum filiorum absque
legitimi conjugii filio decederet omnia Régna loca ville et castra
et prediclas dorninaciones revertantur alteri filiorum: et si
ambo decedeient sine legiliroo filio revertantur predicla omnia
filie nostre Yoles conjugis Alfonsi primogeniti illustris FF. Régis
Castelle et filiis ex eadem Tôles filia nostra légitime decenden-
tibus. Relinquimus insuper Gonstancie filie nostre et Régine
Tôles conjugis nostre sexaginla millia morabelinorum alfonsi-
norum quorum Iriginta millia donet ei Alfonsus prediclus filius
Doster et alia triginla millia morabetinorum donet ei dictus
Petrus filius nosler et intérim ipsa Gonstancia teneat tandiu
castrum de Muntclus et de Roda cum omnibus reddilibus
quousque ipse Alfonsus dederit sibi dicta triginla millia mora*
belinorum et teneat scilicet ipsa Gonstancia tandiu castrum et
villam de Morcla et de Xerica cum omnibus reddilibus quousque
dictus Petrus filius nosler dederit supra alia triginla morabeli-*
norum : qui ambo predicli filii noslri infra spaciun unius anni
post obilum noslrum induant mille paupcres pro remedio anime
nostre. Mandamus siquidem quod omnia débita nostra solvantur
lia quod Alfonsus omnes exilus et reddilus Barchinone donet
in solucionem debilorum nostrorum quos reddilus aliquis fidelis
Barchinone teneat et percipiat annuatim in tanlo tempore quous-
que débita sint soluta et injurie restitule et Petrus filius nosler
donet omnes reddilus civitalis Yalencie in solulione debilorum
nostrorum quos reddilus teneat aliquis fidelis Yalencie el per-
cipiat annuatim tanlo tempore quousque débita sint soluta et
injurie restitule. Si quod aulem castrum Sarracenorum ex illis
que ad manus nostras non tenemus occasione mortis nostre
perderetur sive se absolvent prediclus P. filius noster et Regina
Yoles conjux mea douent tanlum viginti mille solidos prc
remedio anime nostre si ab hoc cognoverint plura dare non
posse. Gonquerentes autem de nobis undecumquefuerint veniant
ante presenciam venerabilium et dilectorum nostrorum Archie-
piscopi Terrachone et Episcopi Barchinone quos constituimus
ad injurias emendandas et solvenda débita et ad alias inferius
exsequenda. Si forsan unus predictorum prelalorum decederet
alius possit facere soluciones et si ambo vixerint el inter esse
non potuerint unus eorum omnia scripta tam superius quam
558 APPENDICE
inferius exsequatur. Archiepiscopus aiilem Terrachone eligat
iinum virum fidelem 61 Episcopus Bai'chinone ad jpercipiendos
rcddilus locorum prediclorum pro anime noslrc rctnedio assi-
gnatos solulis aulem debilis nostris el injuriis emendalis exilus
Barchinonc reverlanlur Régi Aragonls el redditus Yalencie Régi
Valcncie. Mandamus etiam quod predicU fliii noslri Alfonsus el
P. douent Monasterio Populeti duo millia morabetinoruro alfon-
sinorum Monasterio Sanctarum Crucuin mille morabetinos
Monaslerio de Scarpio dao millia morabetinorum Sexene mille
morabetinos Sanlo Ilario Ilerde quingentos morabetinos Operi
minorum Yalencie mille morabetinos Domui de Berola mille
morabetinos Monasterio de Roda mille morabetinos ol de Yal-
bona mille morabetinos et de Franchedis quingentos morabe-
(inos de Benifassi quingentos morabetinos de Pedregalio dacentos
morabetinos de Ripol ducentos morabetinos Monasterio Sancti
Johannis juxla Ripol ducentos morabetinos de Amer ducentos
morabetinos de Casues ducentos morabetinos Monasterio Sanc-
tarum Crucum juxta Sanctum Johannem de Lapena ducentos
morabetinos Monasterio Sancti Yictoriani ducentos morabetinos
et mille morabetinos pro remedio anime dompne Tode Ladre
quos sibi promisimus in sua ultima voluntate. Predictos aulem
omnes morabetinos dentur de redditibus Barchinone el Yalencie
et per médium. Rogamus igitur Honachos Populeti quod pro
remedio anime nostre faciant celebrari quinque mille missas et
illi Sanctarum Crucum tria rtiillia missas el illi de Scarpio tria
millia missas domus de Sexena mille missas illi Sancti Ilari
Ilerdc ducenlas missas Predicatores Yalencie mille missas mi-
nores Yalencie mille missas illi de Berola tria millia missas illi
de Roda tria millia missas domus de Yalbona ittillè mlkias illi de
Franchedis quingenlas missas illi de Benirassi duo millia missas
domus de Pedregalio mille missas illi de Ripol duo millia missas
illi de Sanclo Johantie juxta Ripol mille missas illi de Amer quin-
gontas missas illi de Banyoles seplingenlas missas illi de Sanclo
Felice de Guixols quingenlas missas illi de Yillabërlran trecf nias
missas illi de Bellopodio nfiille lï^issas illi sancti Rudi Ilerde
ducenlas itiissa^s illi de Sanclo Johanne de Lapena niille missa:}
Domus de Casoes mille missas illi Sanctarum Crucum juxta
Sanctum Johannem de La Pena trescentas missas illi Sancti
Yictoriani duo millia missas. Rogamus etiam fralrem R. de
■■I
P]È«ES mSTIFIGATIVES SS9
Penna-forli fratrem Berengarium de Castro Episcopali fratrem G.
de Barbera el fratrem Michaelein de Fabra predicatorum quod
présentent Archiepiscopo Terrachone et Episcopo Barchinone
conquerentes de nobis et super iis ipsis predicatoribus credatur
el consulant filiis nostris predictis qiiod leneant secum et habeant
quamdiii vixerint omnes homines noslre curie sive creaoionis
et per médium. Ponimus siquidem animam nostram in tutelamet
posse domini Pape supplicantes eidem quod prcsens testamen-
tura faciat observari et venientes contra ipsum excomonicet et
precipial Archiepiscopo Terrachone et Episcopo Barchinone
quod si filii predicti vel alii contravenire atteraptaverint vel
prescripta omnia non compleverint eosdem habeant licenciam
excomonicandi. Comendamus insuper filium nostrum P. cum
loto Regno Valencie FF. Infanti Aragonis patruo nostro ita ut
ipse eum usque ad quindecim annos teneat in potestate sua
infra quos annos Regina Tôles conjux raea teneat et percipiat
omnes redditus Valencie. Comendamus etiam dictum ISlium
nostrum P. et Reginam Yoles conjugem nostram et ponimus in
defTensione FF. Uiustris Régis Casteile. Rogantes eum ut eosdem
et eorum loca et bona non permitat ab aliquibus molesiari.
Assignamus insuper Régine Yoles conjugi nostrc pro arris suis
castra et villas de Segorb deOnda de Xerica de Horella de Alma-
nara de Murvedre et de Peniscola cum omnibus pertinenciis et
redditibus universis in quibus omnibus et singulis locis predictis
istis teneat ipsa quamdiu vixeril suas arras et viduagium post
obitum nostrum. Mandamus itaque universis aliqua predictorum
castrorum et villarum tenentibus quatenus faciant ralione Pétri
filii noslri homagium Régine Yoles conjugi nostre salvis tamen
ipsi Régine Yoles arris suis sicut superius est expressum. Datum
Barchinone kalendas Januarii anno Iccarnationis Domini Millesi
simo Ducentessimo quadragessimo primo — Sig ^ num Jacobi
Dei gracia Régis Aragonum Maioricarum el Valencie Gomilis
Barchinone et Urgelli et Domini Montispesulani = Uujus rei-
lestes sunt : = 6. de Enlença= Eximinus de Focibus= A. de
Gudal= Eximinus de Luna.= Ferricius de Liçan£^= Sig i^i
Dum Guillelmoni scribe qui mandato Domini Régis pro domino
Barengario Barchinone Episcopo cancellario suo hoc scribi fecit
loco die et anno prefixis= Lecta fuit Régi.
(Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacme I*% n" 867.)
:
560 APPENDICE
VI
ABSOLUTION DE L* EXCOMMUNICATION ENCOURUE PAR JACME
POUR OFFENSE ENVERS l'ÉVÊQUE DE GIRONE
Noverint Univers! quod Nos Philipus Episcopus Gainerineosis
el fraler Desiderius de ordine Hinorum Domini Pape Penilen-
ciarius aucioritale Domini Pape qua fungimur super absolutione
Vobis Jacobo Régi Aragonum impertienda de excommuoica-
lione quam incurristis propler oflensam in personam Episcopi
Gerunde comissam mandarous Vobis in virtute a Vobis prestili
juramenli quod de cetero in clericos vel personas religiosas
oxceplis casibus a jure pcrmisis non mitatis vcl ab aliquo roili
lacialis manus Lcmere violentas. Et acceplamus satisfaccionem
quam oblulistis spontaneus pro offensa predicta : videlicel qiiod
monasterium de Benifassa ordinis Gisterciensis per vos féliciter
inchoalum dolando el ediflcando laliter consumctis ut cum ad
presens non possint ibi plus quam viginli duo monacbi esse
valeant ibidem quadraginla commode sub^tenlali : et quod fabrice
ejusdem Ecclesie ducenlas marchas argcnli impcndalis. Et
hospitali Sancli Vincencii de Valencia per vos simiiiler jam
inceplum de lot et talibus possessionibus dotetis ul redditum
sexcentarum marcliarum argenli annuarum habeat completuro.
Et nichilominus stabiliatis de vestris redditibus unura sacerdo-
tem qui pcrpcluo deservial et celebret in Ecclesia Gerundensi.
Dalum lllerde anno Domini M.GG.XLVI. XIIII kalendas no-
vembris.
(Archives d'Aragon, parchemins de Jacme I", n» 1059.)
PIÈGES JUSTIFICATIVES 561
vn
PBBAlfBULB ET TITRES DES FUEROS D*ARAGON ^
Nos lacobus Dei gratia Rex Aragonura, Haioricarum et Ya-
lenlisBy Cornes Barchinon»et Urgelli, el Dominus Monlispesulani.
Peraclis conquists noslraB Sairacenorum acquisilionibus : et quid-
quid cilra mare Orientale : fines debilse acquisitionis noslrsB
conlinent miseratione divina nostro dominio vendicantcs; quare
nos, armoruin proviso tempore , intendentes pacis providere
temporibus , solicitudinem noslram ad Foros Aragonum : per
quos ipsum Regnum regatur primo poreximus: eo quod Regnum
illud sitcaput noslrsBcelsitudinis principale. Yerum ut actiones
nostr» condiantur maturius : et fori Aragonum addendo, de-
trahendo, supplendo , exponendove necessario vel uliliter corri-
ganlur : in urbe nostra Oscensi generalem Curiam duximus
inducendam : ubi praesenlibus Illuslri patruo nostro domino
Ferrando Infante Aragonise, et vencrabilibus B. Cesaraugusta-
nensi, Y. Oscensi Episcopis : et Nobilibus Richis hominibus
domno P. Carnelii Maiordomo Aragonum , 6. Dentença, 6.
Romei, R. de Liçana, A. de Luna, Eximino de Focibus, et plu-
ribus Militibus, et Infantionibus, et Proceribus, et Civibus Civi-
tatum et Yillarum, pro suis Gonciliis destinatis, Foros Arago-
num (prout ex variis predecessorum nostrorum scriptis colle-
gîmus) in nostro fecimus Auditorio recilari : quorum singulis
CDllationibus, discussis omnibus subtilius, e\ detractis super-
vacuis et inutilibus , compietis minus bene loquenlibus , et
obscuris compelenlibus interprelationibus expositis, sub volu-
mine, et certis titulis antiquorum Fororum : quosdam amovimus,
correximus, supplevimus, ac eorum obscurilatem elucidavimus,
omnium dictarum personarum consitio et convenientia penilus
* n ne faut pas oublier que le texte primitif, aujourd'hui perdu, des
Pueros de Huesca était en aragonais. Les copistes et les imprimeurs ont
fait subir quelques altérations à la traduction latine, que nous donnons
d*après l'édition Savall et-Penen. On s'apercevra aisément de certaines
incorrections qu'il faut imputer sans doute aux anciennes éditions et qu'il
nous a été impossible de rectifier.
T. n. 36
562 APPEIfOIGE
annuente.Per hos Foros in plnribus quos antiqui Fori non sine
magno temporalium rerum incommodo, ac animaruni periculo,
non zelo justitis, sed ambiliosa malitia infligebant, dominio
nostro per eos nihil accrescendo penitus, nec subditoruro nos-
(rorum libertatibus acceptabilibus detrahendo. In virlute ilaqae
débit» nobis fidei omnibus Baiulis, lusliciis, ÇalmedinisJaralis,
ludicibus, Alcaidis, lunctariis, oflicialibus quibus ofGcium cog*
noscendi, et iudicandi de causis commillilur : et cunctis nostris
fidelibus iniungimus, quod bis Foris tantum ulantur in omnibus
et singulis causarum discussionibus, et terminationibus eanin-
dem. Ubi autem dicti Fori non sufTecerint, ad naluralem sensum.
Tel 8Bqni(atem recurratur. Profeclo qui secus contraversati fue-
rint, ipsos tanquam reos laesae Majeslalis noslr» animadversione
débita puniemus.
Liber primus
De Sacro Sanclis Ecclesiis et corum minislris *.
De His qui ad Ëcclesia confugiunl, vel palatia Inranlionum.
De Pignoribus.
De Rerum testatione.
De Postulando.
De Procuratoribus.
Quod cujusque Universitatis.
De Negoliis gestis.
De Dilationibus.
De Advocatis.
De Edendo.
De Pedianda baereditate.
De Jurisdictione omnium judicum
De Salisdando.
Liber secundus
De Privilegio abseulium causa Beipublicae.
Ne Pater, vel mater pro filio lencatur.
* Les titres de fueros ne portant aucun nmnéro d'ordre.
PIÈGES JUSTIFIGATITES 563
NeFilius pro pâtre, vel maire leneaiur.
De Filiis illegitimis.
Ne Vir sine u?[ore, aul uxor sine viro alienare possii.
De Foro competenti.
De Praescriptionibus.
De Mutuis pelilionibus.
De Probalionibus.
De Testibus.
De Testibus cogcndis. •
De Confessis.
De Fide instrumenlorum.
De Jure jurando.
De Feriis.
De Sacramento deferendo.
De Yerborum significatione.
De Re judicata.
Liber tertius
De Pœna temerè litigantium.
De Lege Aquilia.
De Re militari.
Si Quadrupes pauperiem fecisse dicalur.
De flasliludio.
De Scaliis.
De Arboribus incidendis.
FamiliaB herciscund».
Gommuni dividundo.
De Consorlibus ejusdem rei.
Finium regundorum.
De Confmalibus arboribus.
Liber quarius
Mandati.
Gommodati.
De Usuris.
Locati et conducti.
DeMercenariis.
564 APPENDICE
De Deposito.
De Emptione et venditione.
DePaclis inter emptorem et venditorem.
De Jure einphiteotico.
De Fidejussoribus.
De Haeredibus fidejussoruro et malefaclorum.
De DoDBtionibus.
De SolutioDibus.
fie Alimentis praeslandis.
Liber quintus
De Immensis et prohibitis donationibus.
De CoDtraclibus coDJugum.
De Jure dotium.
De Secundis nupliis.
Rcrum ainotarurn.
De Teslamenlis.
De Tuloribus, manumissoribus, spondalariis et cabeçalariis.
De Natis ex damnato coKu.
De Contractibus minorura.
De Exhœredatione filiorum.
De Rébus vinclatis.
De Juslida reddenda et non vendenda.
De Adoptionibus.
Liber sextus
DeConditione infanlionalus et de proclamantibus in servitulem
De Re mililari *,
De Stipendis et Stipendiariis.
De Hommagio.
De Promissione sine causa.
De Forma difTidamenti.
' Il y a aussi dans le livre /// un titre de Re militari» Il contient un seul
fuero relatif à la dégradation du chevalier coupable de brigandage. Celui
du livre VI a rapport aux devoirs du chevalier et à la défense de conférer
cette dignité au Ûls d'un vilain.
PIEGES JUSTIFICATIVES 565
De Munitione et construclionc miinilionum.
De Huneribus agnoscendis.
De Expedilionibus.
«
Liber septimiLS
De Pace et proleclione Regali.
De Confirmatione pacis.
De Fabricalione monetae.
De Confirmatione monetse .
De Lezdis.
De Moderatione rerum venalium.
De JudaBis et Sarracenis baptizandis.
De Judaeis et Sarracenis.
De Sarracenis fugitivis.
De Decimis judaeorum et Sarracenorum.
De Decimis chrislianorum.
De Non alienandis possessionibus iributariis judaeorum et Sar-
racenorum.
De Aqua pluviali arcenda.
De Pascuis, gregibus etcapannis.
De Yenatoribus.
De Rivis, furnis et molendinis.
De Taberna, balneo, furno et molendino.
De Âccusationibus.
De Gonsiliariis.
Liber octavus
De Gustodîbus carcerum.
De Prodiloribus. •
De Yeneficis.
De Invasoribus viarum publicarum.
De Yiolatoribus Regalis protectionis.
De Grimine falsi.
De Homicidîo.
De Adulterio et stupro.
De Yi bonorum raptorum.
De Haeredibus furum.
De Furto et nominando antore,
566 APPENDICE
De Receptoribua.
De Pœnis.
De Divisione pecunisD pœnalis.
De Injuriis.
De Modo mulctarum.
De Duello.
De Gandentis ferri judicio abolendo.
De Tabellionibus.
De Appellationibus.
De Milite usurario.
De GoDluniacibus.
De Consiructione, substentalione et reparatione fossatuurn et
muronim.
De Expeditione infantionum.
De Proditionibus.
De Furlo avium.
De Furto canum.
Appendice aux ruEROS de Huesca ^
De Sacramento judsorum.
Hfld sunt maledictiones.
De Sacramento Sarracenorum.
Quomodo debent examinari testes.
De Elongatione debitorum.
* Nous considérons comme appendice au code d'Aragon cinq fueros
qui ne paraissent pas faire partie intégrante du recueil de Huesca. Ce sont
trois formules de serment, une instruction sur la manière d'interroger les
témoins et une loi sur la prolongation des délais accordés aux débiteurs,
qui M promulguée séparément en 1259. (Voy. Disc, prélim. de Tédit. des
Fwros de MM. Savall et Penen, p. 18.)
PIÈCES JUSTIFICATIVES 567
VIII
9RBAMBULB ET RUBRIQUES DES PURS DE VALEflGE *
En ]o any de noslre Senyor H. CC. XXXVIil. nou dies de Octu-
bre * près lo Senyor en laurae per la gracia de Deu Rey Darago la
ciutat de Yalencia.
Oomençament de sauiea si es la temor de Deus, et natural*
roenl lo deuem temer e amar : la temor perque ell es poderos :
com aquellqains feu de nient : ens desfara, com a ell vendra de
plaer : car res non podem fer sens ell, segons la paraula quens
retrau sent loan en la Euangeli. Amar lo deuem de tôt nostre
cor, e tota noslra pensa: car ell es donador de gracies, e debens
spirituals et teroporals. Et majorment lo deuem temer, e amar
los Reys : temer perque es tôt poderos : et amar per lo be quens
dona: car per eli regnen et han bones costumes et maior poder
et maior riquea. Et la raho perque Rey deu regnar maior-
ment: si es per justicia : car.aquestali esdonada, que si justicia
nofos^ les gentsnohaurien mester Rey. Primerament es neces.
saria que menys de« justicia no poden viure los homens en
aquest mon: car no tan solament se deuen julgar los homens
per los Reys, o per aquells qui tenen en lur loch : hon los es
donat poder del Senyor de les créatures : e nul hom no pot
viure en verilat ni endrelura si donchs no ten justicia en si
raatex: car si hom no julgaua a si tam be com al altre : no poria
hauer vida de manera de home : ne segoos la noblesa ne dignitat
que Deus volch donar a home quant lo feu a semblança de si.
Donchs car justicia es illuminament de les coses que son spiri-
tuals et temporals. Car nul hom pot venir a saluacio, si prime-
rament no repren a si delà faliments que fara, ne pot ben gouer-
nar ço que Deus li ha donat si ab fe y ab justicia, et ab carrera damor
no guarda sa gent aquel a qui es donada : que a aquells que faran
* Nous copions textuellement l'édition unique de 1547.
* C'est la date de l'entrée des chrétiens à Valence, et non celle de la capi-
iulatioD. (Voy. t. I. p. m.)
568 APPENDICE
be rela gardo de be : e aïs que faran mal reta guardo de mal,
bauenl misericordia migancera quanl yeura que loch sia. Car
lum terrenal en los homens poden veer et guardar si et allruy de
errar ve per justicia. Donchs aquesla no pot esser bea tenguda
si no es per los maiors : car si cascun podia fer ço que ha en
▼olentat a allruy: aquest seigle no séria, mas ténèbres et dolor:
car aço es declararoent de cor, e de pensa del hom : car nos
donara duble que alcun li faça mal si donchs no fahia perque.
Et silosReysson de bones costumes en lotescoses, o enpariida:
nol? tendria prou tola aquella gracia que Deus los haura dada : si
donchs no vsauen de justicia et de drelura : car aquest es lur
offici de veritat. Et fahen be aquesla gracia de justicia, perque
noslre Senyor los hi ha meses molles allres bones costumes
poden passar etencobrir: car aquesla es gracia coberla delsReys.
Eaxi com nos en lacme per la gracia de Deu Rey Darago« de
Mallorques, de Yalencia, compte de Barcelona, et de Yrgell, et
Senyor de Honpesler, volenls que noslre Senyor nos julge hauen
a nos misericordia : en aquesla roanera deuem nos jutgar nostres
soUmeses : oras la misericordia no ha obs de ser tanta que
eximplede mal pogues donar als allres ques volguessen venjar et
emparar per sa aucloritat propria de ço que es oifici noslre dels
venjaments. Etjalsia que nossiam necligenls alcunes vegades en
justicia pus que a nos no hauria mesler : ne a aquells qui noslre
Senyor nos ha comanals claman merce a aquell qui aquesla gra-
cia et aquest poder nos ha lan gran donat que ell quens ho per-
don. Car algun hom en aquest mon no pot viure sens peccat : et
si nos hauem errai conlra lo ofTici que nos tenim per ell hauem
Yolontat que daqui a auant no errem plus. El per aquesla raho
hauem fet aquest libre de dret : el quai melem noslra pensa et de
nostres sauis aquells que nos poguem hauer Bisbes, e richs
homens, Cauallers et homens de ciutat : Et pregam e manam a
(ois aquells qui seran, o volran esser dins aquests furs, que
guarden e obscruen, e manlenguen aquests furs : et per aquests
se jutgen per tols temps.
Comencen les costumes et els slabliments de la Ciutat, et del
Règne de Yalencia : del Senyor en lacme per la gracia de Deu
Rey Darago et de Mallorques el deValencia, compte de Barceiona
PIÈGES JUSTIFICATIVES 569
et de Trgell, et Senyor de Monipesler : axi com dauall son orde-
nades daquell qui la Giutat, e lot lo Règne ab gran vicloria
guanya. Les quais costumes, e Furs per aquel foren fets en lo
any M. CG. L. Dolze anys après la dita Ciutat y Règne per aquell
fonch guanyal.
Com manamenls sien de dret honeslamenl viure : e a altre no
agroujar, e son dret a cascu donar : els princeps de les terres per
la misericordia de Deu hajen rehebuts los gouernaments dels
règnes: perço que donassen egualment son dret tarobe al pobre
coro al rich : e que purgassen de mais homens ab gran diligencia
les prouincies a ells comanades no departen de bon fossen
aquells mais homens. Emperaço Nos en lacme per la gracia de
Deu Rey de Arago de Mallorques e de Valencia, Compte de Bar-
celona, e Durgell, e Senyor de Monipesler: cobejanls dur a aca-
bament les deuant dites coses : hauent Deus dauant nostres vulls»
costumes en aquesta Real Ciutat de Valencia, een tôt lo Règne,
e en totes les viles, e castells, alquerîes, toires, e en tots altres
lochs en aquest règne edificats , o a editicar sotsmeses
nouellament per la voluntat de Deu al nostre gouernament fem,
e ordenam ab voluntat, e ab conseil den Père per la gracia de
Deu Arquebisbe de Tarragona, e dels bisbes de Arago, e de Cata-
lunya : ço es a saber den Bercnguer bisbe de Barcclona, e den
Vidal bisbe Dosca, e den Bernât bisbe de Çaragoça', e den Pons
bisbe de Torlosa, e den Garcia bisbe de Taraçona, e den Bernât
bisbe de ViCh: e ab conseil dels nobles barons den Ramon Foich
vescomple de Gardona, e den Père de Moncada, e den Guillem
de Moncada, e den Ramon Berenguer, e den Ramon de Peralla,
e den Père Ferrandez Dalbarrazi, e den Père Cornell, e den
Garcia Romeu, e den Examen Dorrea, e den Arlal de Luna*^ e
den Examen Periz : e dels prohomens de la Ciulal : ço es a saber
den Ramon Père de Leyda, e den Ramon Ramon, e den Père
Sanç, eden Guillem QeBelloch,e den Bernât Gisbert, e den
Thomas Garridell, e den Guillem Moragues, e den Perc de Bala-
guer, e den Marimon de Plegamans, e den Ramon Durfort, c
den Guillem de Lacera, e den Bernât çaplana, e den Père
Hartell, e den Guillem Bou, e den Sleue de la Geferia, e den
Vch Marti, e den Ramon Hunyos, e den Ferran Periz, e den
Andreu de Linya, e de moll altres. Mas empero si costumes no
570
APPBIIDICB
eren posades en scril : porie esser entre aquells qui pledejen
gran confusio: e porien exirgran malaria de contendre. Per ço
com memoria de hom molt es lenegable : e la flebea de hom es
roolt aparellada a vblidança. Et per aço aquestes costumes Ebid
mètre en scril a perdurable memoria : car hauer memoria de
tôles coses, e que en ninguna cosa hom no desuias majormenl
perlany a Deu que a horoens. — Yedam doncbs que Dingones
altres costumes en la Ciiitat, o en algun aitre loch del règne de
Yalencia en alguna cosa no hajen loch : mas per aquestes costu-
mes la Cort els lulges dejen los pleyls jutgar e delermenar. Car
asals conuenienlment poran départir per aquestes costumes la
cosa egual de aquella que no sera egual : e la co^a leeriua de
aquella que no sera leeriua. — El aquestes coses en axi sobredi<>
tes volem que lia bon aquestes costumes no poran abaslar:
aquells que jutgaran puixen leeriuaroent recorrer a nalural seay
eaegualtat.
Libre primer
Rubrica I. —
~ IL —
— m. —
— IV. —
— V. -
— VI. —
— VIL —
— vra. —
— IX. —
— X. -
- XL -
— xn. -
— xin. -
Del terme del règne de la ciutat de Yalencia*.
De les pastures y del vedat.
De la Corl e del Balle.
Del quart e pencs de la Corl.
De Segurelat et de donar fermança.
De clam que no sia mudat.
Quais perso'nes e coses puixen esser preses
sens manament de la Cort.
Que luheu ne Sarrahi ne heretge no haja
seruu Chrislia.
Daquells que tugiran a les sglesies.
De Stablimenls e dels manamentsdel princep.
De ignorancia de dret e de feyt.
De prechs feyls al Princep.
Que pendent e durant lo pleyl aigu nos
pusqua appellar.
' U faut lire : Del terme del règne e delà ciuUa de Valencia.
PIECliS JUSTIFICATIVES
571
Rubrica XIY.
— XV.
Si contra dret alguna cosa sera impetrada.
Dels vults e de les ymatges.
Rubrica I. —
— II. —
— m. —
— IV.
— V.
— VI.
— VII.
— VIII
— IX.
X.
XI.
XII.
XIII.
XIV.
XV.
XVL
XVII.
Libre segon
De moslrar publiques scriplures o comunes.
De aquells qui seran appellats en dret.
De conuinences et de conspiracions , ço es
de mais empreniments.
De transactions e de composicions.
De errada de compte.
Dels aduocats.
De quais coses infamia sia donada» o posada
a aigu.
De procuradors.
Que aigu no pusqua les sues actions , o
demandes donar necomanara pus poderos
de si.
Dels negocis o dels aflTers que per aigu sien
menais , o feyts.
Daquelles coses nue seran feyts per força,
0 per paor.
De mal engan.
De reslitucio de menors.
Si ludor 0 curador sera els jeyts dels me-
nors.
De arbitres rebuis e de dar seguretats.
De nauxers, de tauerners e doslalers.
De sagramenl de calumnia.
Libre tercer
Rubrica I. —
— II. -
-- m. —
De luhins , e orde de aquells.
Que negu per força no sia tengut de acusar
ne demanar altre.
De contestacione/ litis , ço es de començar
lo pleyt.
572 APPBIfDICK
Rubrica IV. — De dilacions ço es de allongamenl , e de
feries ço es de dies en que hom no deu
pledejar.
— V, — De jurisdictio ço es de poder de lois julges
e de for conuinent ço es de corl conuinenl.
E de conlencio de jurisdictio.
VI. — En quai loch déjà esser fêta demanda de
crims, o de possessions , o de lexes feyfes
en darrera voluntat.
— VII. — On deu esser deinanat aquell qui promes
donar, o pagar alcuna cosa en cerl loch.
— VIII. — En quai loch déjà esser fêta demanda de
coses.
— IX. — En quai loch heretal deje esser demanada.
— X. — En quai loch deu esser demanal conle de
alcuna adminislracio.
— XI. — De donacions que seran fêles coDlra ofGci
de pietat.
— XII. — De demanda de herelat.
— XIII. — En quai manera deu e pol hom recobrar la
sua cosa que allre le.
— XIV. — De Vsufruyt ço es daquell qui a drel el
fruyt a rebre da quella cosa, e no ha drel
en la proprietal.
— XV. — De clauegueres, e de slremeres, el dal-
bêlions.
— XVI — De seruilut daygua e dallres coses.
— XVII. — De dan donat.
— XVIII. — De diuisio e parlicio dels hereus.
— XIX. — De les coses comunes a partir.
— XX. — De aquells que seran companyons de huo
maleyx pleyl .
— XXI. — De demoslrar aquella cosa moble en juhi
que sera demanada.
— XXII. — De jochs jugadors o blasfemadors.
Libre quart
Rubrica I. — Si certa cosa sera demanada.
PIEGES JUSTIFICATIVES 573
Rubrica II. — Per quai raho deu hom demanar ço que no
sera degut , e sera pagat , e ço que per
leja raho , e desonesta sera promes.
— III. — De coDdicio furtîua ço es de cosa qui sera
eroblada.
— IV. — De demandes e de obligacions.
— V. — Que la muller per lo marit, nil raarit per
la muller, ni la mare per lo fill no sien
demanals.
— VI. — Nel fin per lo pare nel pare per lo Gll éman-
cipât , nel Hberl per lo palro sia demanal.
— Vn. — Daquells qui se stablexen pagadors dalcun
hauer, o dalcuna cosa per allre.
— VIII. — De proues.
— IX. — De lestimonis.
— X. — Mes val ço que en verilal es feyt que ço que
fenctament es scrit.
— XI. — Per quai raho deu hom demanar penyora
que haja mesa aaltre.
— . Xn. — Dauer que sera promes de prestar, e no sera
prestat.
— Xin. — De compensacio.
— XIV. — De Vsures.
— XV. — De deposit ço es de comanda, el de les coses
de les quais no deu esser feyta comanda.
^ XVI. -- De manament que alcu fa a altre per sos
pleyls a menar, o per allres coses a fer.
— XVII. — De companyia.
^- XVIII. — En quai guisa compra e venda sia feyta.
— XIX. — Quais coses no dcuen esser alionades.
— XX. — Per quai raho se deu nés pot venda deffer
ni Irencar.
'^ XXI. — De les fires e dels mercats.
-^ XXn. — De les coses logades o de aquelles que son
preses a loguer.
— XXIII. — De dret de cosa que sera donada a cens.
— XXIV. — De décimes e premicies.
574
APPBIfOICB
Rubrica I.
— H.
— m.
— IV.
— V.
— VI
Libre cinque
De arres e desposalles.
Si la muller a qui lo marit lexa lo vsufnijl
pendra altre marit.
De proinissio de exouars e del dret dek
exouars.
De donacioDs que seran feytes enlro inaril e
muller.
En quai manera sia demanat lexouar quant
lo malrimoni sera soit e départit.
De tudoria que sera donada ab testament ,
0 sens testament.
Rubrica I. —
— n. —
- in. -
IV,
V.
VI.
vn.
vm.
IX.
X.
XI.
Libre si$e
Dels seruus que fugen e dels furts.
De collacio de bens.
Quais poden fer testament , o no , e quais lo
poden tenir, o no.
De testaments.
De aquells qui rooien sens que no haniaD
feyt testament.
En quai guisa hereus sien feyts.
Del dret que lian los hereus de delliberar si
seran hereus , o no.
De rebujar beretat.
De aquells als quais les heretats son toiles
axi com a persones indignes.
De lexes que seran feytes per lo testador.
De coses dubtoses.
Rubrica I.
— IL
Libre sete
De prescripcions.
De sentencies e actes de citacions, e de des-
pesés necessariés, et vtils, e que seran
feytes de voluntat.
PIEGES JD8T1P1QATITES
575
Rubrica III.
— IV.
— V.
— VI.
— VU.
— Vffl.
— IX.
— X.
— XI.
De pena del jatge qui mal julgara.
De execucio de sen tendes.
A quais no nou cosa jutjada.
Si per falses caries o per falsos Icslimonis
«era juljat.
Daquells qui confessen en drel alcuna cosa.
De appelacioDs.
De aqueh qui poden renunciar, e lexar sos
bens.
Dels bens que son possehils per auctoritat
de jutge.
Del priuilegi del fisch ço es daqucll qui le
loch del Princep.
Rubrica I.
— IL
— m.
— IV.
— V.
— VI.
— VII.
— Vin,
Rubrica I.
- n.
— m.
- IV.
V.
VI.
Libre VIII
De força ode violencia que sia feyla a algun.
De penyores.
De fermances.
De pagues com deuen asser feyles.
De euiclions ço es daquelles coses que altri
haura guanyades per dret en juhi.
Com pusca hom e dege altre affillar, e
emancipar.
Daquells que son remuts de poder de lurs
enemichs. >
De donacions.
Libre IX
Quais poden accusar.
De adulteris e de aquells qui sen menaran
fembres vergens per força.
De crim de fais e de falsa moneda.
De crim destellional ço es daquels qui a molts
vendran, o obligaran una mateiia cosa
per falsia.
' De injuries.
De questions e de demandes feytes ab tur-
ments.
576
APPBNOICB
Rubrica
vn.
— De crims.
—
viu.
— De maUeytors y de guerrejar.
—
IX.
— De crim de lésa magestat.
—
X.
— De crim de tracio.
—
XI.
— De denunciacio de nouella obra.
—
Xil.
— De departiraent de coses.
—
XIII.
— De feellat et de sagrament de fecllal.
—
XIV.
— De guanyar senyoria de coses.
—
XV.
— De significacio de paraules.
—
XVI.
— De règles de dret.
—
XVII.
— De naufraig e dcncant.
—
XVIII.
— Del balle et de la cort.
—
XIX.
— De noiaris scriuan^ e de salaris.
—
XX.
— De guialge e de treues.
—
XXT.
— De feus.
—
XXII.
— Debatalles.
—
XXIII.
— De molins e de forns el de banys.
~—
XXIV.
-9- De pa qui es de menor pes ede les mesures
que son pus minues que no deuen esser.
—
XXV.
— Del offici del pes e de les mesures.
XXVI.
— Del offici de mustaçaf.
—
XXVII.
— De mariners.
—
XXVIII.
— Dels saigs e porters e del carcelalge.
—
XXIX.
— De drapers e sastres e de vestirs.
—
XXX.
— De draps e de fuslanis.
—
XXXI.
— De cequiers.
—
XXXII.
— De melges apolecaris e speciers.
•—
XXXIII.
— De aquells que rebuguen morabalms, o
mazmodines.
—
XXXIV.
— De leuda e hoslalatge e allres drets Reals
y de corredors .
^
XXXV.
— De la mesura del pa.
—•
XXXVI.
— Dl' preu de march de liura, donça, dalna ,
e de faneca.
—
XXXVII.
— Delà mesura delvi.
XXXVUI
.— - De corda de soguejar la Urra . e del preu
de les jouades.
PIBCB8 JUSTinCATlVES 577
IX
TESTAMENT D YOLANDE DE HONGRIE, REINE D ARAGON
Yanilatem vanilalum vanis mortalibus derelinquens et ad
▼itam vivencium ia secula pemnansuram spe cerla el in domino
meo Jesu-Christo defixa perlransiens : Ego Yoles Dei gracia
Regina Aragone Maioricanim ctValencie Comilissa Barchinooe
el Urgelli el Domina Hontispessulani facio disposicionem meam
ullimam in qua in primis eligo sepulluram meam inMonasterio
Vallis bone ordinis Cislerciensis et volo ul fiât mihi sepultura
plana ante allare Béate Virginis. De inde mando quod omnia
débita mea solvanlur et injurie restiluanlur super quo rogo
Dominum meum et roaritum Jacobum Dei gracia Regcm Aragone
ut ea solvat et restituai et insuper legala infra scripla persolvat.
Item comendo Domino meo Régi specialiîer filios meosel filias et
Comîtem Dionisium de Ungria et Comilissam uxorcm ejus et
omnes dominas domus mee et domicella? et Gregorium et Ar-
chimbaldum cl Hagistrum Guidonem Phisicum qui mihi el fîliis
meis multum servivit et Nicholaum Capellanum meum et do-
micellos et scutiferos et omnem aliam familiam meam rogans
ipsum Dominum Regem quatinus donet eis consilium el auxi-
lium sicut ipse noveril justum esse taliter ut ipsi semper bene-
dicant anime mee et regracienlur ei bonum quod ipse faciet eis
amore mei. Item dimito filiis meis Pelro Jacobo Sancio comi-
Utum de Posane quem tenet Rex Ungarie frater meus quem
dimissit mii mater mea (.'t ipsi solvant débita el resliluant in-
jurias que michi mandavlt mater mea solvenda el restiluenda sicut
scil ea Episcopus Quinque Ecclesiensis. Item dimillo joyas meas
quas habeo in Cardenio et ubicumque alibi el lapides preciosos
filiabus meis Gonstancie Sancie Marie Helisabel dividcndas inter
eaa adarvitrium Domini Régis. El est sciendum quod filiemee
Tôles uxori domini Alfonsi primogeniti Régis Caslelle jam dedi
partein joyis meis. Item instituo in Monaslerio Vallis bone apud
quod elegi sepulluram meam quinque Capellanos qui semper
célèbrent missarum solemnia el orent pro anima mea el Doinini
T. n 37
578 APFJBMDIQB
Régis. Item dimitto eidem Monasterio mille morabetinos et Ho*
nasterio Petregale centum morabetinos et Monasterio Fran-
quesiano centum morabetitios et Monasterio Yallis viridis tri-
ginta morabetinos et Monasterio Domnarum Sancli Damiani in
Valencia ducentos morabetinos et Monasterio Dompnaram
Sancli Damiani in Illerde quinquaginta morabetinos. Item rogo
quod dominus Rex donet vestes mille pauperibus. Item detcivaria
triginta milibus pauperum. Item dimitto fratribus Miuoribus
Monlispesulani Perpiniani Barchinone Maioricarum Tcrra€l;one
Illerde César Auguste Valenciecuilibet domui istarum centum ibo-
rabetinos. Item fratribus predicatoribus cuUibet domui in eisdeiD
locis centum morabetinos. Item fratribus minoribus Osce quin-
quaginta morabetinos Item Ecclesie Sancte Marie de Sales de
Oscba quinquaginta morabetinos de quibiis fiant casule et fronlalia
altaris gloriose Virginis. Item Monasterio Sexene centum morabe-
tinos pro camisiis ad opus domnarum. Item Monasterio de Gasues
quinquaginta morabetinos. Item dimitto mantellum meum de
serico cum sentis signi Regalis et supertunicale ejusdem pannifra-
tribus predicatoribus Ilcrde ut fiat inde casula. Item alium man-
tellum meum de amoret violât et supertunicale ejusdem panniMo-
nasterio domnarum Sancli Damiani in Valencia: penne vero pre*
dictorum manlellorum et supertunicalium vendanturct deprecio
vestiantur pauperes. Item mantellum meum et supertunicale de
pers dimilto Ermengaude uxori Pelri Martini. Item mantellam
meum et supertunicale de scarlelo dimitto alicui domne pauperi
▼erecunde cui ea dare voluerildominusRex. Item duos roantelioâ
de seda qui fuerint Domini Régis dimillo Ecclesie Sancti Vin-
cencii de Valencia cui eos reservabam. Item dimitto Magislro
Gerando Phisico Lombardo tria millia solidorum Jacccnsium.
Item rogo Dominum regem qualenus servet indi'mpnem Ber-
nardum scriplorem de denariis quos michi mutavit et assignafi
sibi super bajuliam de Pratis. Et Kos Jacobus Dei gracia Bei
Aragonum Maioricarum et Valencie Cornes Barchinone et Urgelli
et Dominus Monlispesulani promiltimusvobisdomna Yoles uxori
nostre dilecte et in qua plurimum confidebamus quod faciemos
que poslulatis et débita veslra solvemus et injurias vestras resli-
tuemus et legala predicta dabimus et insuper promittimus vobis
quod davimus duo millia marcharum argenti pro anima vestra
de illis duodecim millibus marcharum que Rex Ungarie fiater
PIÈGES JUSTIFICATIVES !^
vester promissit nobis in dotem pro vobis si ea poterimus ab ipso
habere : et propter preces veslras recipimus omnes personas
quas superius nominaslis in noslram cuslodiam et defenssionem
et in spem beneficii quod eis faciemus taliter quod seroper
possint benedicere Deo el anime veslre cl nostre de comenda
quam facilis nobis de ipsis. Aclum est hoc in Oscha quarto Idus
octobris anno Domini millessimo ducentessimo quinquagessimo
primo. — Sigifinum Yoles Dei gracia Régine Àragonum Maio-
ricanim et Yalencie Comitisse Barchinone et Urgelli et Domine
Montispesulani = Sigiimura Jacobi Dei gratia Régis Aragonum
Maioricarum et Yalencie Comitis Barchinone et Urgelli et Domini
Montispesulani qui predicla omnia et singula laudamus conce-
dimus approbamus et per omnia confirmamus. = Testes sunt
Sancius de Antillo = Bertrandus de Aones = Martinus Pétri
Justiciu Aragonc = Marlinus de Ruiles = Ëximinus Almoravit
=: Sig^num Guillclmi Scribe Domini Régis nostri qui mandato
Domine Régine et Domini Régis hec scribi fecit loco die et anno
prefixis.
(Archives de la couronne d'Aragon , parchemins de Jacme I*', n° 1964.
B80 APPERDICB
I 1
TBÀini DE GORBBIL
Hoc est translatum sumptum fideliler a quadam carta perga-
menea si|{illala sigillo magno cereo viridi pendenli cum serico
nibeo illuslris régis Francic in quo sigillo est imago régis se-
dentis in ca(edra lenen(is in manu sinistra effigiem baculi com
flore in capile et in dextera florero : et llKere ipsius sigiili
sunt : Ludovicus Dei gracia francorum rex. Cujus carte séries
sic sehabet. Ludovicus Dei gracia francorum rex universis pré-
sentes iitteras inspecluris salulçm. Nolum facirous quod com
inter nos ex parte una et dileclum amicum nostrum Jacobum
eadem gracia illuslrem regem Aragone Maiorice et Vaiencie co-
mitem Barcliinonc cl Urgelli et doroinum Montispessulani ex
altéra suborta esset maleria quesiionis super eo quod nos dice-
bamus comilalus Barchinone Urgelli Bisulduni Rosilionis Em-
purdani Ceritanie et Confluenlis Gironde et Ëusone cum eorum
perlinenciis de regno Francie et de feudis noslris esse et idem
rex Aragone ex adverso dicebat se jus habere in Carcassona et
Carcasses in Rcde et Redensi Terminis et Terminensi Biterrb et
vicecomilalu Biterrensi Agadlia et Agadhensi Albi et Albigen» Ra-
chineetRuchinensi comitatu Fuxcii Canlurco et Canturcino R ar^
bona et ducatu Narbone Minerba et Minerbensi FonoUelo et Fo-
nolledes terra de Sallu Petraperlusa et Petrapertuscnsi Amilliano
cum toto comitatu Amilliani Credone cum vice-comitalu Gredo-
nensi Gavaldano Nemaus et Nemauscensi Tolosa cum loto comi-
tatu Tholoseel Sancti Egidiicum honoribus districtibus et juribos
universis ac pertinenciis eorundem : poslmodum acccdenlesad
nos sollempnes procuralores et nuncii predicli régis Aragone ab
eodem super hoc specialiter ad nos missi venerabilis videlicet
Arnaldus Barchinone cpiscopus Guillermus prior Beale Marie
deCorniliano et Guillermus deRocafole tenens locum ipsius régis
in Honlepessulano nobis exhibuerunl Iitteras ipsius régis pro-
curatorias in bec verba. — Noverint universi quod nos Jacobos
Dei gracia rex Aragonum Maioricarum et Vaiencie cornes Barcfai-
PliCES JUgTIFIGATITCS 581
none et Urgelli et dominus Montispessulani constituimus et
ordinamus vos venerabilem Arnaldum Dei gratia Barchinone
episcopum et dilectos Guiilermum priorem Sancte Marie de Cor*
neliano et Guiilermum de Rocafole tementem locum noslrum
in Montepessulano procuratores nostros dantcs et concedentes
▼obis omoibus predictis et cuilibet vestrum plenam et liberam
posleslatem auctorilatem etlicenciam transigendi et componendi
vice nostra et nomine cum Ludovico Dei gratia illustri rege
Francie super omni jure quod habemuset haberedebemus in
Carcassona et Garcassonensi et in Rede et in Redensi in Laurago
et Lauragine et Terme et Termenense et in Menerba et Mener*
bense et in Fonolleto et Fonolladense et in Perapertusa et
Peraperlusense et in comitatu Amilliani et Gavaldani et in
Nemause et in Nemausense et in comitatu Tholose et Sancti
Egidii et in omni aiia terra et Jurisdiccione Raymondi quondam
comilis Tholosani et fructibus inde perceplis et quod vos omnes
et singuH supradicti possilis vice nostra et nomine cedere
remiltere perpeluo et relaxare prediclo illustri régi et suis quic-
quid juris nos habemus et habere debemus quoquo modo vel
racione in predictis omnibus et singulis. Damus etiam et con-
cedimus vobis omnibus et singulis spéciale mandatum auctori-
tatem et licenciam et poleslatem- jurandi ex parle nostra super
animam nostram de omnibus ot singulis supradictis a nobis
obsenrandis et complendis prout per vos erit super eis cum dicto
rege promissum ordinatum compositum et Iransactum: renun-
ciantes scienter et consulte omni juri divino et humano canonico
civili et consuetudinario et omni privilegio reali et personali ac
omni alio auxilio generali seu speciah quibus conlra predicta
seu aliqua ex predictis juvari possemus. Item damus vobis
omnibus et singulis supradictis et concedimus spéciale man«
dalura quod vice nostra et nomine transigalis et componalis cum
dicto illustri rege Francie et accipiatisab eodem rege cessionem
remissionem et relaxacionem de omni jure quod idem rex
Francie asseret se habere in comitatu Barchinone et de omni jure
siquid habet vel habere crédit in comitatu de Bisulduno de
Rossiiione de Empurdano de Ceritania de Confluente vel in
aliquo loco terrarum quas nos hodie tenemus et habemus et
quod in omnibus et singulis supradictis tractelis et procuretis
faciatis et recipiatis quicquid vobis videbitur expedire. Promit-
582 APPENDICE
timns iirsiiper bona fide ciim hoc auUnlico instmin^nlo sigiMo
Doslro pcndcnti munilo nos raturo habere complere «l servare
perpetuo quicquid cum dicto rege per vos omnes vel duos aut
unum ex vobis super prediclis omnibus et singulis faclum fueht
ordinaUim coroposilum seu Iransaclum. Datum Derluse Y idus
marcii anno Dcmini MCC quinquagessino septimo. — Tandem
vero posl muUos traclalus habilos hinc et inde bonorum medianle
Gonsilio cum diclis procuraloribus nomine procuralorio et vice
predicLi régis Âragone ad hanc composicionem el IransaccioBem
devenimus : quod nos pro nobis el heredibus et successoribus
nostris prediclo régi Aragone el heredibus ac successoribus suis
imperpeluum el ab ipso el anlecessoribus suis causam haben-
tibuscl prediclis procuraloribus pro ipso rege Aragone et nomîoe
el vice ipsius definimus quillamus cedimus el omnino remit-
limus quicquid juris el possesionis vel quasi habebamus siquid
habebamus vei habere poteramus seu etiam dieebamus bos
habere tam in doroiniis sive dominicaturis quam feudis cl aliis
quibuscumque in prediclis comitalibus Barchinone el Ui^Ui
Bisuldune Rossilionis Empurdanc Ceritanie Confluenlis Genm-
dcnsi et Ausone cum omnibus honoribus homagiis disirictibus
jurisdiccionibus cl juribus universis et perlinenciis eorundem et
cum omnibus fruclibus el provenlibus per ipsum regem Arago*
num el anteccssores ejusdem indo perceplis el qui pereipi
potuerint: promillcnles et ad hoc nos et heredes ac successores
nostros imperpeluum obliganles quod in prediclis omnibus et
singulis nichil de cetero per nos vel per alium reclaraabimus vel
petemus renuncianles omnino specialiler et expresse pro nobk
et heredibus ac successoribus nostris omnibus carlis et iostro-
mentis sique super hiis habebamus volenles et decernentes ea
penilus esse nulla ac promiUentes quod ea omnia reddennis régi
Aragonum anlediclo. Renunciamus insuper pro nobis et here-
dibus nostris ac successoribus omni juris auxilio tam canonici
quam civilis nec non et consuetudinarii el omni privilegio
reali el personali quibus contra predicta vel aliquid de
prediclis nos juvare possemus. Prenominati aulem proom-
torespro sepedicto rege Aragonum et heredibus ac successoribos
ejusdem et vice ipsius Domine procuralorio nobis et heredibus
ac successoribus nostris et a nobis et antecessoribos nostris eau-
sam habentibus vice versa quitlaverunt cessemm diffinieruDl ^
PlisCBS JUSTIFICATIVES 583
remisseruDt omniao specialiler et expresse quicquid juris et pos-
sessionis vel quasi idem rex Aragone habebat si quid habebat
vel baberc polerat seii dicebat etiam se habere tam in dominiis
et dominicaturis quam in feodis et aliis quibuscumque in Car-
cassona et in Garcassense in Rede et in Bedense in Laurago et
in Lauragense in Terrnene et Termenense in Menerba et Mener-
bense in FonoUelo cl Fonolledensc in Petra-pcrtusa et in Petra-
pertusense in comilalu Âmilliani et Guialdane et in Nemauso et
in Memausense et in comitatu Tholose cl Sanctii Egidii et in
omni alia terra et jurisdiccione Raymundi qiiondam comitis
Tholosani et fruclibus et provenlibus per nos vel anlecessores
Dostros indc perceplis. Gondictnm est tamen et ordinatiim quod
si aliqua feuda movencia de dominacionc Fonolledensi sita sint
infra lerminos coirilatus Rossillionis vel Bisulduni sen aliorum
comilaluum predictoruin do quibiis comitatibus ipsi régi Ara-
gone quittacionem et derfinicioncm fecimus pênes ipsum regem
Aragonum et heredes ac succcssores suos perpeluo remanebunt
et ea sibi et heredibus ac successoribus suis cedimus et omnino
quitamus salvo lainen jure siquid fuerit alieno. Simililer si aliqua
feuda movencia de dominacione ipsorum comitaluum sita sint
infra terminos Fonoledenses pênes nos et heredes ac successores
noslros perpetuo remanebunt et ea nobis et heredibus et succes-
soribus nostris diffmiverunt et quitaverunt omnino nomine pro-
curatorio pro ipso rege Aragone et vice ipsius procuratorcs pre-
dicti salvo tamen jure siquid fuerit alieno. De Amilliano aulem
et comitatu Amilliani sciendum est dictos procuratores nomine
procuratorio et vice dicti régis Aragonum quittasse et diffinisse
ea Dobis et heredibus ac successoribus nostris et a nobis et ante-
cessoribus nostris causam habentibus sicut ea tenemus et possi-
demus et a nobis et nostris tenentur et possidentur. Preterea
procuratores prenominati promisserunt et tenentur bona fide
procurare quodpredictus rex Aragone pro se et heredibus suis ac
successoribus nobis et heredibus ac successoribus nostris et a
nobis et antecessoribus nostris causam habentibus difGniet qui-
tabit cedet et remitet omnino quicquid juris possessionis vel
quasi habet siquid habet vel habere potest scu dicet etiam se
liabere tam in dominiis seu dominicaturis quam in fendis et
aliis quibuscumque in prediclis omnibus supranominatis que
procuratorio nomine et vice ipsius régis Aragonum diffiniverunt
584 ArpBivDicB
quillaveninl et remisserunl nobis procnratores predicli cl inso-
per in hiis que inferius nominanlur videlicel Billerris cum vice-
comilatii Bilcrrense Agda elÂgadense AIbi et Albigense Ruchine
et Ruchinense comilalu Fuixense Galurceel Calurcense Narbone
et diicalu Narbonense Podio Laurence Keerbuz Castro-fideli
torr? de Sallu Gredono et vice comilalu Credonense: et quod
idem rex Aragone ccdel penilus et concedet expresse pro se et
heredibus ac successoribus suis nobis et heredibus ac successo-
ribus nostris et a nobis causam habenlibus omnem accionem el
jus repciendi pignoris que dicil se babere in prediclis Amilliano
et comilalu Amilliani Credone et vice comilalu Credonense et io
Gavaldane cum perlinenciis eorundem ; que quidem bone mémo-
rie Petru3 quondam rex Aragone genilor ipsius olim titulo pig-
noris obligavcral Raymundo quondam comiti Tbolosane. El per
banc composicionem idem rex Aragone reddet. nobis plenarie
omnes carias el instrumenta que habet super dicta obligacione
confecta. Geterum procuralorcs prcnominati procura lorio nomine
et vice ipsius régis Aragone deflfiniverunt quiltaverunt cesse-
runt et remisserunl omnino et promisserunt et tenenlur boni
fide procurare quod prediclus rex Aragone cedet et conce-
det specialiler ac donabil imperpetuum pro se et heredi-
bus ac successoribus suis nobis et heredibus ac successo-
ribus noslris et a nobis causam habenlibus quicquid juris
sibi compelit si quod competit vel quocumque casu seu re-
lione vel lilulo posset ad ipsum vel ad heredes et successores
suos nunc vel in fulurum aliquatenus devenire in Tholosa et loto
comilalu Tholose et Sancli Egidii et in terris Agenense el Tene-
sinense ac in tola alia terra jurisdiccione et poleslale Raymundi
quondam comilis Tholosani. Insuper procuralores predicli pro-
curatorio nomine pro diclo rege Aragone et vice ipsius nobis et
lieredibus ac successoribus noslris et a nobis et antecessoribus
noslris causam habenlibus dilTmiverunt quitaverunt cesserunt et
omnino remisserunl el promisserunt et tenenlur bona fide pro*
curare quod idem rex Aragone pro se et heredibus suis ac suc-
cessoribus difOniet quilabii cedet el remillel penitus et expresse
predicla omnia et singuia eo modo quo superius conlinetur cum
omnibus honoribus homagiis districlibus jurisdiccionibus et
juribus universis ac perlinenciis eorundem el cum omnibus frue-
libus et provenlibus per nos vel antecessores nostros vel per
PliCES JUSTIFIGATITES 585
alios inde perceptis et qui eliam percipi potuerint : et ad hoc se
et heredes ac successores suos specialiter obligavit (sic) quod in
predictis omnibus et singulis nichil de cetero per se vel per
alium reclamavil (sic) nec nos vel heredes aut successores nos-
tros seu causam a nobis vel anlecessoribus nostris habentea
super prediclis aut aliquo prediclorum per se vel per alium ira*
poslerum moleslabil. Renunciavcrunl autem onmino specialiter
et expresse procuratores predicti nomine procuratorio pro ipsoi
rege Aragone et vice ipsius et promisscrunt et tenentur bona
fide procuraro quod idem rex Aragonum renunciabit penitus et
e;[presse pro se et hercdibus ac successoribus suis omnibus carti»
et instrumenlis sique super premissis habet vel habuit et volet
eliam decernet ea penitus esse nulla quoad nostrum prejudicium
et noslrorum et quod ea omnia reddet nobis. Renunciavit eliam
idem rex Aragone penitus et expresse pro se et heredibus ac
successoribus suis et eliam predicli procuratores procuratorio
nomine pro ipso et vice ipsius renunciaverunt omni juris auxilia
tam canonici quam civilis ac consueludinarii et omni privilegio
reali et personali quibus idem rex Aragone aut heredes aut suc*
cessores sui conlra premissa vel aliquid premissorum juvare se
possent et quod idem rex Aragonum nobis super premissis om-
nibus palenles littcras suas dabit. De supradiclis autem omnibus
obscrvandis et complendis prout superius continentur procura-
tores predicti prestiterunt in nostra presencia in animam prefati
régis Aragone super sacrosancla evangelia juramentum. In cujus
rei testimonium présentera cartara sigilii nostri fecimus irapres*
sione muniri. Acta sunt hec apud Corbolium in palacio noslro
presenlibus episcopo Aplensi Ludovico primogenito et Filipo
fiiiis nostris Rairaondo Gancelrai doraino Lunelli Simone de
Claromonte domino NigelleEgidioFrancieconstableario Johanne
de Ronquerolis Ansello de Braya Gervasio de Cranneis militibus;
magislro Rade Ihesaurario sancli Franbondi Silvanoclense ma*^
gistro Odone de Lorialo magistro Johanne de Nemesio magistro
Philipo de Canturco raagistro Johanne de Dlbiato F. de Lauro
sacrista Barchinone A. de Gualba canonico Vicensi quinlo idus
madii anno Doraini MCC quinquagessimo oclavo. — Signum
Pelri Arnaldi de Cervaria vicarii Barchinone et Yallesii qui huiQ
translate suraplo fideliter ab originali sue non cancellato nec iq
aliqua parte sui viciato et cura eodem légitime comprobato ex
58fr ApmmcB
parle domini régis et auctoritate officii quo fuDgimur aucton-
tatem impendimus et decrelum ut ei lanquam originali suo fides
plenaria ab omnibus impendatur apposilum per manum mei
Bernardi de Cumbis nolaiii subscripli in cujus manu elposse
dictus vicai ius hanc (irmam lecil tercio decimo kalendas marcii
anno subscriplo prcsenlibus leslibus Bercngario de Manso Ar-
naldo Saivatge cl Bernardo de Tune. — Nos PonciusDei gracia
eleclus confirmatus in episcopum Barchinone presens Iraasla-
tum ciim originali fideliter comprobavimus et vidimus conlineri
in origiqali sicut in presenti translate conlinelur et ideo fidem
facimus de prediclis et ad majorem ildem habendam presenti
carte nostre sigillum apponi fecimus et manu propria subscrip-
simus undecimo kalendas marcii anno Domini H Irecentessimo.
— Signum )S< Bernardi de Cumbis notarii publici Barchinona
regenlisquo scribaniam curie vicarii ejusdcm civitulis qui hoc
Iranslalum sumplum ûdelitcr ab originali suo non cancellato nec
in aliqua parle suivicialo et cum oodem légitime comprobatum
scribi fccit et clausit tercio decimo kalendas marcii anno Domini
millcssimo trecenlessimo cum lilleris suprapositis in lineaXlI
ubi scribilur super et cum lilleris rasis et emmendatis in
linea XVI ubi dicitur ac et in linea XX prima in
linea XX sexla ubi dicitur ac. Preterea de mandalo Pétri Ârnaldi
de Gervaria jamdicti ûrmam et decrelum ejus supra manu pro-
propria scripsit. Et ad majorem rei evidenciam et fidem haben-
dam in presenti translato apposuil sigillum officii vicarii supra-
dicti.
( Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacme I*', n* 152$.
Cf. ibid. Reg. XXIV, (^ 64 ; Archives de l'Empire français, oarton J, 587;
Bofarull, los Condes de Barcelona vindicados, t. I, p. 66; Coleccion de
documentos inedUos del Archivo gênerai de la corona de Aragon^ t. VI,
p. 129.)
1
PIÈCES JOSTIFIGATIYES 967
XI
TRAITÉ ENTRE JACME ET SAINT LOUIS STIPULANT LE MARIACE DE
PHILIPPE DE FRANGE ATEG ISABELLE d'aRAGON
I
Ludovicus Dei gracia francie Rex universis présentes literas
inspecluris salutem. Noverilis quod cum diversi tnictatus habili
fuissent super malrimonio contrahendo inter Karissimum fllium
noslrum Philipum et Isabellam filiam dulcis amici nostri Jacobi
Dei gracia Illuslris Régis Âragone Maiorice et Valeacic comiLis
Barchinone et Urgelli et domini Montispesulani post modum
idem Rex ad nos solleropnes nuncios et procuralores suos missit
videlicet venerabilem Arnaudum Barchinone Ëpiscopum Guil-
lemum priorem Beale Marie de Corneliane et Giiillemnm de
Roccafole tenentem locum ipsius Régis in Montepesulano cura
quibus habilo diiigenli tractatu tandem nos et ipsi procura-
tores p'rocuratorio nomine taies convenciones inivimus : quod
idem Philipus filius noster Isabellam filiam dicli Régis Âra-
gone infra annum postquam ipsa duodecimum annum elatis
sue compleverit accipiet in uxorem et ipsa eum accipiel in ma-
rilum si Sancta Ecclesia in hoc consenseritetdictusRex Âragone
a domino Papa dispensacionem oblinuerit infra duos annos ex
nunc compulandos super gradu consanguinilatis in quo ad in-
vicem se contingunt et etiam dicta Isabella certo mandato noslro
infra inslantem Nativitatem Béate Marie vel ipsa die corporaliter
tradita fuerit apud Montempcsulanum et nisi impedimentum
deformitalis vel corporis infirmitatis ante contraclum matri-
monium eveneril vel evidenler apparuerit in aliqua persQ-
narum ipsarum. Et nos quidcm hanc convencionem volumus et
in hoc consentimus exprese qui vocalo eciam quoram nobis pre-
diclo filio nostro Philipo precipimus eidem tamquam pater fîlio
ut hanc convencionem bona fide teneat et observet qui precepto
Boslro volun tarie oblemperans de consensu nostro et voluntate
tactis sacro sanctis juravit bona fîdc quod infra annum postquam
dicta Isabella duodecimum annum compleverit ipsam accipiet in
uxorem si Sancta Ecclesia consenserit secundum convenciones
588 APPENDICE
antedicias. Simililer vice versa prenominati nunciî el procu-
ralores in noslra presencia voluerunt et coDsenserunt exprese
pro ipso Rege Âragone el vice ipsiiis nomine procuratorio ba«
bentes super hoc ab ipso per patientes lilteras spéciale man-
daturo quod dicta Isabella Glia ejusdem Régis Âragone predictum
Philipum filium nostrum infra annum postquam ipsa duodc»-
cimum annuro coropleveritaccipiel in raaritumsi Sancta Ecclesia
consenseril secundum convenciones predictas: et ad hoc fa-
ciendum el prccurandum iidem procuratores procuratorio nomine
memoralum Regem Aragone spécial iter obligarunl et prestitoab
eis juramento super sacro sancta Evangelia in animam diclî Régis
Aragone firmaverunlspecialem ad hoc poteslatem habentes quod
convenciones ipsas idem Rex quantum in ipso est bona fide servabit
tenebit et complebit. De dolalicio aulem sive donatione propter
nupcias est sciendum quod idem Philipus fiiius noster in con-
tractu matrimonii assignare tenebilur ad usus et consuetudines
Francie prefate Isabelle in dotalicium seu donacionem propler
nupcias in terra plana absque forlericiis quintam partem Iccius
terre suc quam eidem daturi sumus pro ut ipsi filio nostro
melius expedire videbitur nisi forte contingent eumdem in Regoi
dignilatem succedere quod si forsitan evenerit idem fiiius noster
assignaret eidem Isabelle dolalicium pro ut ipsi filio nostro
videretur bonum esse. In cujus rei tcstimonium presentibus
iitteris nostrum fecimus apponi sigillum. Actum apud Carboliam
sabbalo in vigilia Penthecoste anno Domini M. CC. quinqua*
gessimo octavo.
(Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de iacme I*', n* iS31.
— Cf. Archives de l'Empire français, carton J 587; CoUceion de doeu-
merUoa ineditos del archiva général de la eorona de Aragon, t. VI,
p. 139. )
PliciS JUSTlFIGATiySS 589
xn
RBRONGIÀTION DE JAGMB A SES DROITS SUR LA PROVENCE EN FATEUR
DE MARGUERITE, REINE DE FRANGE
Hoc est translatum de expresso mandato Serenissimi ac
magniûci principis et domini Domini Peiri Dei gralia Régis
Aragonie bene et fîdelîter sumptum de tcnore cujusdam carte
doaacionis Pacte illuslrî domine Régine Ffrancie per sercnissimum
dominum Regem Jacobum abavum dicli domini Régis inserlo in
quodam libro pergameneo recondito in archivo regio Barchinonis
in quoquidem libro simililer sunt inserli tenores diversarum
cartarum et privilegiorum. Cujus quidem tenoris ipsius carte
donacionis séries sic habetur. Noverint universi quod nos Jacobus
Oei gracia Rex Aragonie Maiorice cl Yalencie cornes Barchinonis
et Drgelli et dominus Montispessulani donavimus et in présent!
concedimus et donamus dileclissime consanguinee noslre Har-
garite eadem gracia nobilissime Régine Ffrancie et post ipsam
filio suo cui id relinquere voluerit vel donare omnc jus nobis
coropetens vel quod posset nobis occasione quacumque compelere
in comilalibus Provincie et in dominio vel jure alio quocumque
in civitatibus Arelate et Avinionis Massilie et earum adjacenciis
seu pertinenciis. Omnem igituractlonem que nobis contra quam
cumque personam dictas terras vel aliquid in eisdem tenentem
aut possidentem compelit vel polest compelere sive ad cas vel
aliquid de eisdem nobis reddendas vel recognocendas in eam
translulimus ex causa predicle donacionis et transferimus ilerato.
Et ut bec omnia perpétua fîrmilate uUanlur presentem paginam
sigilli nostri plumbei munimine duximus roborandam. Datum
Barchinone XYI kal. Augusli anno Domini millesimo ducen •
tesimo quinquagesimooclavo. Sig }^ num JacobiDei gracia Régis
Aragonie Maiorice et Yalencie comitis Barchinone et Urgelli et
Domini Monlispessulani. Testes sunt Berengarius de Sanclo Yin-
cencio Petrus de Sanclo Minalo 6. de Terracia Eximinus Pelri
de Arenoso 6. de Podio. Signum i^t Jacobi de Monte Judayco qui
mandato domini Régis hoc scripsit loco die et anno prefixis.
(Archives de l'Empire français, carton J 291.)
8M
appbudicb
xni
LETimB DU ROI AU VICOMTE OB GARDONA *
Jacobus Dei gracia Rex viro nobili et dilcclo R. de Cardona
Salutemeldileccionem. En leslelreslesqualstrasmesesanosera
contengut que vos vos desexicts de nos que nousfossels tengat de
peyora que ne fecessels. De la quai cosa nos molt nos maravel*
lam car vos ni altre per vos no vent denant nos per aquel feyt
que a nos o propo fas bastantmenl et per ço car est
çert a nos se vos nos peyoravcts (|ue aisso sen segiria quissegiria
per acuyndament que vos nos fecessels. El nossom aparellals de
peyora et dalires coses fer drel a vos et pendre de vos a consel
de nostres richs hoinens que sien a vos sens Iota sospila e dasso
assignam vos en dia de fer drel e dépendre mixan jener a bar-
çelona e si asso no volels fer ens peyoravets o feyets mal a nos-
tres homens e a noslra terra car aylant es la un com lallre
desexim nos en de vos de mal que a vos fecessem ne a voslres
homens ne a voslra terra. Dalum Ilerde Kal. Octobris anno
Domini M®. CC°. L®. nono.
(Archives d'Aragon, Reg. X, f* 123.)
' Nous devons mettre le lecteur en garde contre les nombreux lapsus
qu'il pourra rencontrer dans les documents que nous fournissent les re-
gistres de chancellerie des archives d'Aragon. La plupart ne sont, en effet,
que des brouillons ou des copies faites & la hâte.
PIECB8 JUSUFIGATIYES Jii91
337
CONSTITUTION DU DOUAIRE d'iSABELLE d'aBAGON , FEMME DE PHILIPPE
LE HARDI
Ludovicus Dei gracia Francie Rex universis présentes litte-
ras inspecluris salulem. Nolum facimusquod quando karissimus
filius Dosler primogenilus Philippus cum Isabella filia illustris
Régis Aragonum matrimonium contraxil nos eidem Isabelle
Domine dotalicii seu donacionis propler nupcias assignavimus
villam nostram de Laurano cum terminis et perlinenciis suis
villam nostram de Angulis cum fortesa terminis et perlinenciis
suis. Ilem silvam nostram de Cerviano cum terminis et perti-
nenciis suis retenla tamen nobis villa ejusdem et insuper mille
quinquaginta libras tUrone in salino noslro Carcassonensi annua-
tim percipiendas. Si vero nos predicto filio noslro terram dare
vel assignare contingat predicla Isabella oplionem habeat et in
ejus sit voluntatc quod vel supradicto dotalicio sibi a nobis spe-
cialiter assignato velit esse contenta vel quinlam partem tocius
terre illius quam eidem filio noslro dederimus in dotalicium
habeat sicut fuit inter nos et procuralores predicti Régis Ara-
gonum in convenoione sponsalicium ordinatum. Si autem contin-
gat eumdcm Philipum nobis in Regni dignitatem succedere
promisit idem Philipus coram nobis et ad hoc nobis eidem con-
sensum et auctorilatem prestanlibus sespecialiter obligavit quod
eidem Isabelle nomine dotalicii seu donacionis propler nupcias
assignabit usque ad valorem sex milium librarum turonensium
annui redditus in terra ubi idem Philipus voluerit et ei videbitur
expedire. Et tune assignacio supradicta a nobis facta penitus erit
nulla. In cujus rei teslimonium présentes litteras sigiili nostri
fecimus impressione muniri. Actumapud Glaremontem in Alver-
nia anno Domini M». CCo. sexagesimo secundo mense Julio.
(Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacme I*% n* 1709
— Cf. Archives de r£mpire français, carton J 587.)
59S APPBKDIGB
XV
LETTRE DU ROI JAGME A GBARLE8 D*A1U0C
Karissimo atque plurimum diligendo consanguineo et amico
Karolo Dei gracia nobili Ândegavensi Provincie et Forcalquerii
Comili et Harchioni Provincie Jacobus per camdem Rex Arago-
num Maioricarum et Yalencie Cornes Barchinone et Urgelli el
Dominus Monlispesulanisalulem et sincère dilectionis affèctum.
Inteileximus quod cura vobis fuerat diclum quod aliqui homines
de Harsilia eranl in gradu noslro Montispcsulani vos cum mili-
tibus peditibus et equis armalis apud dictum graduai contra
dictos homines festinaslis venire. Et quia salis credebamus esse
▼obis certum quod nos inimicis vestris contra vos nuUatenus
juvarcmus de motu et adventu nostro predicla non modicum
admiravirous cum in eo quod terram nostram inlraslis cum armis
sine nostro assensu et volunlale nobis magnam injuriam fece-
ralis. Maxime cum nos inimicos veslros de Marsilia nec eciam
aliorum locorum vestrorum contra vos non proponebamus
emparare nec in terra nostra aliqualenus retinere nec de armis
equis vel viclualibus subvenire. Imo scialis quod antequam de
Monlepesulano recederemus fecimus prohibicionem horoinibus
Montispesulani et publiée per totam villam preconizare quod
nuUus essel ausus dare vel vendere seu accoroodare hominibus
de Harsilia equos arma nec aliqua viclualia dum essenl vcbis-
cum in guerra. Quod proul inlelleximus beoe et oplime obser*
vavcrunt. Si vero prcdicli homines noslri Monlispesulani
^ecerunt aliquod contra predicla cerlificelis illud nobis quoniam
nos ipsos tailler corrigemus quod vos eritis a nobis inde paccati.
Hercatores tum de Harsilia vel undecumque sint cum mercîbus
seu mercaluris suis vcnientes ad dictum gradum ac résidentes
ibidem quandiu fuerint in dicto gradu deffendere nos oporlet.
Salis et enim debealis esse paccati a nobis de Comitatu Provincie
quem nos habcre poluimus eo quod fuerat de génère nostro et
propter amorem et propinquilatem quos cum Illustri Rege
Francie fratre vestro et vobiscum habemus ipsum recipere
PIÈGES JUSTIFICATIVES 595
noillimus. Unde dilcccionem vesiram prout possuinus requir!-
mus et rogarous quod amorc noslri el precibus a prediclo loco
mora post ponita recédai is. Scialis quoil nisi. . ..... non posse-
mus sustinere quin demus eis victualia dum in dicto gradu
fuerint. El ipsos defTcndemus ibidem eciam
Geraldi d*en Cremals burgensis noslri Monlispesulani quem cap-
tura tenelîà nos per alias lilleras noslras memoramus
ipsum absolvelis noslris precibus et amore eo quod non ibat
apud Marsiliam ut victualibus equis vel
tantum ad emendam aliquaro navem Honlispesuli
navigaret ullra mare unde
(Archives de la couronne d*Aragon, Reg. XII, f* 47.)
V. u. 38
594 APPENDICE
XVI
GOfiFEREMCft ENTKE Ftt«aj£ PAVL. ET BU9êl X0$E3 BEN IU£BMÀBi
Anno Domini M* CC LX"" III'' XII^ halendas augusti Pireseiiti*
bus domino Begtt Aragonum et muttisaliU baronibus prelalis
religiosis et mililibus in palacio domini Régis Barchinooe* Cum
Moyses dictiis magisler judeus fuissel ab ipso domino Rege ad
instanciam fralrum predicalorum de Gerunda vocalus el es^et
ibidem presuns cum mullis aliis judeis qui videbantur et crede-
banlur inler alios judeos periliores frater Paulus premissa deli-
beralione cum domino Rege et quibusdam fratribus predicalori-
bus ac minoribus qui crant présentes non ut Hdes domini Jhesu-
cristi qui proptcr suam cerliludinem non est in dispulalione
ponenda deduccrelur in médium quasi res dubia cum judeis
sed ut ipsius fidei veritas manifestaretur propler destniendos
judeorum errores et ad tollcndam confidenciam multorum
judeorum qui cum non possent suos errores defendere diceban^
dictum magistrum judeum posse suGcienter respondere ad
universa et singula que eis oponebantur proposuit dicto magis-
tro judeo se cum Dei auxilio probaturum per scripluras cornu-
nés et aulcnticas apud judeos ista per ordinem que sequntur.
Yidelicct Hessiam qui interpretalur Chnslus quem ipsi judei
expeclabant indubitanter venisse. Item ipsum Hessiam sicut
prophetalum fuerat verum dominum et hominem debere esse.
Item ipsum vcre passum et mortuum esse pro salule hamani
gcneris. Ilem quod legaliasive cerimonialia cessaverunt etces-
sare debuerunt post adventum dicti Messie. Cum ergo dictos
Moyses interrogatus fuisset utrum ad ista que predicla sunt
respondere vellet dixit et constanter asseruit quod sic et siesset
necessarium remaneret propler bec Barchinonc non solum per
unam diem vel seplimanam vel mensem sed eliamperaDoum
unum. Et cum fuisset ei probatum quod non debebat vocari
magister quoniam hoc noraine non debuit aliquis judeus vocari
a tempore passionis Christi concessit ad minus boc quod Terum
esset ab oclingenlis annis cilra. Tandem fuit ei propositum quod
PIÈGES lOStmCATITES i9&
CMI Aiater Paulus teirisset Gerundam causa conferendi cum ipso
de htis qire périment ad salulem et inter alla expossuissel dili-
g«ivCer de Me Saneie Trinitalts tara super unilate essencie divine
qfuam sMpertrinilate personarum fidfm quam credunt et tenent
Ghrîsliani. Ad quod cum respondere non posset victus nec('S-
sariîs probfflionibu? e% auctoritali^biis concc^^sil Chrisliim sive
Meesîailn jem sont tran^aclî M ann! naturn in I>ê(l>eliem fuisse et
exînde Rome aViquibus aparuisse. E( cunr) qnereretur ab eo ubi
est idteMessias quem dicitis nalum el Rome aparuisse rcspondit
se ffesreire. Poslmodum vero dixit eum vivero in paradiso ter-
refirCri ôum Helra. Dicebat atamen quod licet sit natus tamen
Ddtiidmky vei^U qera Mesâiafs tene dicotur venisse cum acceperit
doininitttti^ mpev judcôs etcôsliberabi^, et judoY cum sequentur.
Gonlra quam rospônsionem addncla (\iitauclorr(asTlia)muth que
iiWi<vi!fetite dieit quoâ éliam eis hodie veniet si* audierint vocem
ejiis et non obduraverint eorda sua sicutdicitin Psalitiis Hodie
si vocenv 6jit9 audieritis et cèlera. Addebatur eciam quod Mes*
sfottf HMum ésse inter hoimin^s est eum venisse inter bomines
neofdlesi aliter essenec intelligi. Et ad liée nichil potuil respon-
dbi^e. Item inter probaciones proposilas de advenlu Messie
adducta fuit itiia de Genèse non auferetnr sceptrum de Juda
et oêtera. Guml ergo constet quod in Juda non est sceptrum
M^e duX'Conâtat quod venit Messias qui mittendiis erat ad hoc
reàpondebaft quod* sceptrum non est ablatum scd vacat sicut
etînm fuit in tempore captivitatis Babitonie et probatum est ei
quod in Babilone h^buerunt capila ca'^teritatum cum juredic-
cîon>e sed post Ghi'îstr mortem nec ducem nec principem née
caf>ita captevitatum secunduiti propheciam Danielis nec prophe-
taiHnec aliquod regimen habuerunt sicut manifeste hodie patet:
Ver quod certum e^t eis Messiam venisse. Ipse tamen dicebat
qtiod probaret quod predicta capita habuerunt post eum sed
ïM\\i\ pbtuitostendere de predictis. Imo confessus est quod non
hebuerdni; préaicta capila ab DGCCLV annis cilra.... ergo
patet>qiiod' venil Messias cum an. . . . mentiri non* possit. Hem
cmA dicttm Moyses diceret Jhesum Ghristum non debere dici
M«Miank quia Hosiias ut dicebat non' débet mori sicut dicilur in
Psalmis ntfahiv pettit a te et'trib»isti<ei> et cetera sed débet vivere
in eternum tam ipse quam illi quos libcraturus est quesitum fuit
ab eo utrum iHtid* capituhim Ysate LUI Domine qnis oredidit
596 APPENDICE
quod secundum ebreos incipit in fine LII capituli ubi dicitur
ecce inlolligel servus meus el cèlera loqueretur de Hessia
conslanler afirmavil quod Dullo modo ioquiUir de Messia. Pro-
batum fuit ei per mullas aucloritales de Thalamul que loquotur
de passione Chrisliac morle quam probant per predictura com*
plimentum quod de Cliristo inlelligitur predictum compliroen-
tum in quo mors Chriâti et passio et sepultura et ejus
resurreccio evidenlius conlinetur ipse vero tandem coaclus per
auctoritates conTessus est quod de Chrislo inlelligilur et exponi-
tur. Ex quopatet quod Messias dcbuit pati et mori. Item cum
(noilet confileri vcrilalem nisi coaclus auclorilatibus cum aucto-
ritales non posset exponeredicebatpublice quod iliis auctorila*
ibus que inducebantur licet sicut in libris judeorum
anliquis el autenlicis nec lamen credebant eis quod prout dice-
bant sermones erant in quibus doctores eorum ad exortacionem
populi multociens mcotiebantur pro quo arguebat tam doctores
quam scripiores judeorum. Item omnia que conressus est el que
ei probala su ni vel fere omnia prius negavil et poslea redargutus
per aucloritales confusus coaclus est confiieri. Ilem cum non
m
posset respondere et essetpluries publiée confusus et tam judei
quam christiani contra eum insultarent dixit perlinaciler coram
omnibus quod nullo modo responderet quia judei ei prohibue*
rant et christiani f Traler P. de Janua et quidam probi
homines civitatis ei miserant dicere consulendo quod nullo modo
responderet. De quo mendacio per dictum (ralrem P. el per
probos homines fuit publiée redargutus unde palet quod per
roendacia a dispulacione sublerfugere nilebalur. Ilem cum pro*
misserel coram domino Rege et mullis aliis quod coram paucis
responderet de fide sua et lege cum dominus rex essel extra
civitaiem lalanler aufugil et recessit. Unde palet quod non audet
nec polest suam erroneam credenciam defensare. Nos Jacobas
Dei gracia rex Aragonum Maiorice et Valcncie Comes Barchi-
none et Urgelli et dominus Honlispesulani veraciter conGlemar
et recognoscimus universa et singula dicta et facta fuisse in
prescncia noslra et aliorum muUorum sicut superius in hac
presenii scriplura conlinenlur. In cujus rei testimonium sigillan
nostrum ad perpetuam memoriam duximusapponeadam.
^Archives delà oouronne d'Aragon, registre XII, f 110.) ^
PIECES JUSTIFICATIVES 597
XVII
LE ROI RETIRE SON BOUCLIER QU*IL AVAIT DONNE EN GAGE
RecogAoscimus el confîtemur habuisse et récupérasse a vobis
Thoniasio de Sanclo Clémente scuUim noslrum quem a nobis
tenebalis in pignore obligalum pro sèxcentis caRciis bladi quos
Dobis mutuaslis in Ilerda et ipsum [sic) tradislis frat. P.Peyroneti
loco noslri. Quem sculum Iradidislis et reddidislis pro nobis
Jacobo de Rocha nolario notro. Dalum Ilerde iiij Kal. Junii.
anno Domini H<> GC^ LX^ sexto.
«
(Archives de la couronne d'Aragon, registre XIY ^ 133).
^ ABFMPIGft
JtVHI
PflOLOGUE DU LIBBE QJP fJL 3iVIBS4
Açi comença lo prolech del libre dedoctrinae diu :
Dedi cor meum i|t scirem prudenciam alque doclrioaip erra-
reaque et slulticiam. Salamo diu aquesles parades enl libr^qqe
es dit eclesiasles elcnteniment de la parauU es aquest: yodoao
mon cor que sabes prudencia ço es saviea proyada e que sabes
doclrina e errors e follia. Car no ho vole saber per si ne per spp
saber ans o vole apendre per doclrinas dels altres car eqtende vole
errors e follia per si aguardar car daquesles coses no sab hom
guardar si no lesenlen.
Ë yo rey en Jacmedaragoesforcem de fer e dapendre per a my
aquestes coses^ que son precioses que Salamo vole per assi. E
done mon cor per saber aquesles coses endemanant , e Irobe
paraules bonesdo filosofs antichs et plac me ab ells. E jalsia aço
que compliment de tu is bons conseils troba hom en telogiales
boncs paraules els bons conseils que dixeren a nos quesom
creslians no tenen dan mes que fan prov en saber ells dendema-
nar elles.
Car ço diu Seneca : soleo transire in aliéna castra non tanquam
tran^fuga sel tanquam exploraior.
Diu que yo si vull pasar per osts estraynes no axi com afe-
ridor dellos mas per saber que y fon axi yo y tôt vull pasar de
theolo^ia als bons dils dels philosofs no deseparan lo saber délia,
mas per saber ells que dixeren. En aylant com be e verilat dixeren
del espirit sanl o hageren car Iota verilat qui ques vulla la digua
del espirit sanl la ha segons que diu un sant home: veruma
quocumque dicalur a spirilu sancto est.
£ per aço yo Irobe molles bones paraules e metilesen est libre
et vull les espondre a profit de mi e daquells qui lea voiran en-
tendre.
Altre prolech
Dues coses son en aquest mon per les quais hom pot viure
PIECES JOSTIPIGATiyES S99
honradament, la I es que tôt hom deu punnyr de haber vida du-
rable, e no tan solamentque la vulla baver a benenançes mas
soferir trebaylls e malenançes ^ baber la gloria de deu car si
per benenançes la podia hom baver molt bom la bauria e la'
volrien tant los avols com les bons, mas com es cosa que nostre
senyor no vol que meyns de Ireball ab benenançes mesclades
haia bom lo seu Règne per aquesla raho lo lexen los avols, e
aquells queno an conexença ne saben delrar quai es lo poder
de deu ni quai es lo poder dels homens car sil poder de nostre
senyor no ajusia bom ab lo poder temporal null bom nol pot
bauer. E quant los bomens fan obres que sien a plaer de nostre
senyor aquella sao guanyen los bens terrenals. E quant los an
guanyat multipliquen los ells crexen en bonor e en riquees e
aquelles riquees duren a ells e alur linatge. Eper aquestes dues
coses deu hom viure en aquest mon per baver la gloria de deu,
e per baver bona fama en aquesla vida terrenal. Doncbs aquest
qui aquestes dues coses vol baver esguart aquest libre de saviesa
car qui bel voira guardar ni entendre no errara en nostre senyor
ni en les coses terrenals. Car aquest libre es de conexença e de
terarben de mal, et virtuts depecat, e ensenyament de vilanya,
6 castedat deluxuria, e bones ventures de non fer falliment, e
coses dretes de coses necies, e amor e desamor que fan baver
criançade paradis contre les pênes d'infern. Doncbs qui aytal
libre pot baver ni retenir bon haber lo fa^ car qui ben lo
voira esguardar quant li vendra algunes volenlals vanes ne voltra
fer /alliment per aquest libre se pora corregir alerar lo be del mal.
Peraço consellam a aquells que son savis que aquest libre apren-
guen, e reteninguen e a aquells que no son savis que sonen e
menut estudienenel per ço que si fallirvolien quel libre quels
en reprengua, eque apreiiguen castich de les maies obres da-
quest mon que noy puguen venir, per ço ment nos mou a aquest
libre de doclrina.
(Bibliothèque nationale de Madrid, manuscrit in-f*. L. 2, f* 31).
600 APPENDICE
XIX
PROCURATION POUR 80CTBNIR LA DEMANDE EN DIfORCB
CONTRE TERS8A 6IL
Noyerint universi présentera paginam in specturi qaod nos
Jacobus Dei gracia, etc., coslituinius citarous(?) et ordinamus
ccrtum et specîalem procuralorem noslrum JohanDem de Torre-
Treyta canonicum ilerdensem licet absentera in causa appella-
cionis divorcii malrimonii quaro vertilur et verli speratur inler
DOS ex una parle et nobilem dompnara Teresiara Egidii de
Bidaure ex allera coram summo Ponlifice vel delegatis seu audi-
toribus ab eo dalis et supei aliis quibus libet in romana CTiria
agendis et facieodis seu inspeclandis A nobis ad
agendum videlicet et defendendum ac impelrandum iilteras
sirapliccs et legendas et contradicendum et ad jurandura de
caluropnia in aniniam nosiram et veritale dicenda atque pres-
tandum cujus libet allcrius generis juraraenlum et ad appellan-
dum et prosequendum appellacionem et ad consliluendum seu
subsliluendum alium vel alios procuratores et ad revocandum
eosdem quociescumque opus erit et sibi videbilur expedire et
omnia alia et singula facienda que nos posseraus facere si pré-
sentes essemus. Promillentes nos abere ralum et firmum quic-
quid per eumdem Johannem vel conslilutum seu subsliturum
constilutos seu substiluros ab eo in premissis vel alîquo pre-
roissorum actum procuralum impetralum vel contradiclum fuerit
sive geslum acsi a nobis personaliler esset actum. Et volenles
revelare (sic) dib honore salis dandi judicandum solvi dictum
Johannem et consliluale conslilulura constilutos vel subtitutos
ab eo promiltimus sub ipoteca bonorum noslrorum judicalum
solvi omnibus illis quorum interesl vel intéresse polerit quo-
quomodo. In cujusque rey teslimonium présentera paginam
sigilli nostri pondmtis munimine fccimus roborari. Dalum Per-
pinyani if kal. Julii anno Domini H^CC'*. LXX"* quarto.
( Archives de la couroaae d'Aragon, registre XIX, ^ 142. )
PIÈCES JUSTIFICATIVES 601
XX
LETTaS A PHILIPPE I ROI DE FRANGE, AU SUJET DE LA SUCCESSION
DE NAVARRE
lilustriRegi Ffrancie Philipo
Salutem el sincère dileccionnis aReclum
coDridemus voinmus non latere quod Regnum Navarre
antiquis temporibus ad predecessores noslros Reges Aragonis
pertinuit pleno jureet ipsius regni continua posscssio usque ad
ipsum Regem Alfonsuo) bone memorie sub ipsis Regibus Ara-
gonis pacifîce perduravit. Que non sohim vulgala successive
roemoria tenet verunf) eciam privilégia et alia inslrumcnla regia
fam in terra Navarre quam in possessionibus noslris Aragonis
indicant manifesle. Post ipsius nobilis Régis Âlfonsi predicti*
violenter et contra jusliciam fuerunt aliqui in Regno Navarre
intrusi qui usque ad prescns tempus per successores varians
Regnum Navarre quidem indebite possiderunt. Item non solum
nobis racione predicta Regnum Navarre juste debetur verum
eciam ex pacto et conveniencia dilecli avunculi noslri dompni
Sancii Régis Navarre consensu scilicet ac juramento
baronum roilitum civium burgensium ejusdem regni firmata.
Qui predictus Rcx Sancius nos sicut filium adoplavit et pacto et
conveniencia adhibilis ut si prius nobis decederet ad nos ipsum
Regnum Navarre pleno jure delralieretur. Sic instrumenta con-
dam confecta que apud nos retinuimus el habemus evidenter
élucidant et eorum tantum adbuc mcmoria qui présentes dictis
convenienciis et homagiis nfTuerunt. Post ipsius vcro Régis
Sancii obilum qui sine liberis el absque fralribus decessil Thi-
baldus filius sororis dicti Régis Sancii regnum prediclum quod
ad nos lam manifesle portinei)at violcnlor el indebite occupavit
et ipsum regnum tam ipse quam duo filii sui successive usque
ad tempora presencia tenuerunt. Verum cum jure tam multi-
* Il faut, sans doute, sui)plôer en cet endroit le mot ohUum,
602 APP£IIBICB
plici et racione communi nobis soli regnum ipsum debeatur
karissimum filium nostrum primogenitum infantem Petram ad
recuperandam ipsum regnam quod nobis sine aliquo justo im-
pedimenlo reverti potestet débet duximus destinandum. Rogantes
et requirentes afleclionem veslram quod super preroissis ?os
inveniamus favorabiles et amicos ut ex hoc evidenler cogno3-
camur quod preces noslre in hujns ad jus nustnim
apud vos tanquam apud filium et amicum nostrum specialem
locum obtineat et favoremsicut et nos. ... Tobis parati surous
ad omnia queveslrum respicianl incrementum. Mittimus ad vos
insuper dileclum nostrum Albericum de Hediooa roititeiii qui
super predicta credere debeatis de iis que vobis ex par^ DOttn
duxerii ref^renda. Aciuro Barehinone kal. Apritis^anno Domini
If.CO. LXX'<|ointo.
( Awhmsde ia oouponne d'Aragon, rcgiatre XXin, ^ 96).
PlàCE^ ^P^Ttf ICATITB8 WSi
XXI
MIBMIER eODIGlLLB IMJ «01 JAGHE.
^oc est translatum sumptum fîde)iler a quadam carta perça-
menea cisa seu fracla in novern locis in superiore parte altéra
quarum inlrat inlus iitteram bene per unum palmum alie vero
non inlrant neç langunt lilteram. In inferigri vero parte est
fraeta dicla caria in sex locis seu parlibus dicte carte set non
langunt in aliquo lilteram ipsius carte et ipsa eliam caria est
sigillata sigillo seu bulla plumbea Illustrissimi Domini Jacobi
quoqdam bone memorie Régis Aragonum Maiohcarum et Ya-
lencie comitis Barchinone et Urgelli et Domini Hontispesulani
et est dicta bulla imposita seu impresa in quadam membranula
seu filis sirici crocei et vermilii ténor siquidem dicte carte
sequitur per bec verba. Quoniam lioitum est cuilibet ante et
Îost confeccionem testamenli facere codicillos idcirco Nos
9Cobus Dei gracia Bex Aragonum Haioricarum et Yalencie
Cornes Barcbinone et Urgelli et dominus Hontispesulani exis-
tenles in Aigezira infirmitate delenti et ii; noslro bono sensu et
bona memoria constituli présentes facimus codicillos. In quibus
volumuset mandamus quodiidem codicilli habeant lanlum valo-
rem quantum et lestamentum jam a nobis condilum quodest in
M Qnasterio Populeti et quod eliam ila valeant sicut lestamentum
et codicilli et que libet voluntas ullima possunt et debent valere. In
primis siquidem eligimusnoslros manumissores InfanlemDomp-
num Petrum et Infantem Dompnum Jacobun lilios noslros ; çt
rogamus eos in fide Dei et nostra utipsi compleant lestamentum
noslrum quod est in Populelo bullalum duabus vel tribus bullis et
présentes codicillos noslros et si forte in ipso lestamenlo noslro
continenlur alii manumissores nolumus quod ipsi sipl in dicta
manumissoria set ipsos ambo solos noslros eligimus manumis-
sores. Et rogamqs ac commitimus eos ut dictum le»lamcnluiii
noslrum et présentes codicillos compleant et faciant compter} et
debent hoc facere islis rationibus tum scilicet quia habueru^t
in no))is bonum palrem, tum qui^ ultra illud quQi^ D^ter
604 APPENDICE
nbster nobis dimisitacrevimuscis inter conquesfas et empcionet
et alia roelioraroenla dectiplumqiiam paler noster nobis dimiait,
et tum eliam quia eos nulrivimus a puericia et dcbeni proplerea
reducere roelius ad memoriam nosiram complere yoluotalem
propter isla débita que habent Dobiscum. Et darous eis qui reda*
cant eis ad memoriam execucionero teslamenli ac codiciiio-
rum noslrorum Venerpbilem Terrachonensem Archiepiscopum et
Abbalem Monaslerii Populeli. Quoniam nos in ipso Honaslerio
nosiram cligimussepuKuram ac fieri volumusin eodem. Rogamos
eliam prediclos filios noslros. et manumissores qaod illis
qui tenent a nobis in pignore villas ac alia quelibet loca
nostra ratione debili quod eis dcbemus quod ipsi ea loca non
auferant nec forcienl eisdem. Immo faciant eos habere et
m
tenere ea loca que a nobis tenent obligata donec sint persoluU
el integrali de debilis que eisdebemus. El si forte fuerit aliquis
qui non tcneat pignus a nobis el oslenderil per testes vel carias
debitum quod nos ci deberemus quod nicliilominus teneanlur
persolvere ipsa dcbila cidem et illi credalur inde simpliciter et
sine magna sollcmpnilate el sicul haberetur jus de uno siroplice
homine sic jus babealur de eisdem. Ilcm staluimus etraandamus
quod injuriis quibus tcnemur seu quas fecimus alicui seu ali-
quibus audiant ipsi filii noslri bene et simpliciter et sine magna
sollcmpnilate et habiia inde deliberacione cum hominibus
sapienlibuseos conlincnli resiiluant etemendent. Et si forte nos
alicui suam hercdilalem injuste emparavimus ipsam restituant
eidem. Item dicimus cl volumus et mandamus quod illa legata
que fecimus in noslro Icslamcnto prediclo quod est in Populeto
persoivanUir de décima quam Dominus Papa nobis concessit. Et
reljncmus ad solvendum ea que in noslro teslamento continenlur
dccimam duorum primorum annorum ex illissex annis ad quos
nobis per summum Ponlificcm est concessa, dccimam scilicet
Arngonum cl Calalonie et Maiorice et Monlispessulani si ipsa
Monlispessulani nobis est concessa, decimam Rossilionis Ceri-
tanie et Conduenlis quia decimnm Regni Valencie diraittimus
pro tcnenda Ironlaria conlra Sarracenos et quod Christiani
ipsam babeanl conlra ipsos in servicio Jesu-Cbristi. Et si forte
solulis prediclis aliquid superabit de dicta décima Aragonum
Cathalonie Maiorice et Monlispessulani Rossilionis et Ceritanie
et Confluenlis dictorum duorum annorum totum id quod supe-
PIECES JUSTIFICATIVES 605
rabit detur ad faciendum et perfloiendum Ecclesiam Béate Marie
Vallis-viridis quam nos fieri facimus cl opori capelie nostre
Montispesulani etoperi Beale Marie de Podio Yaiencie ullra illas
sexcentas duplas auri quas nos nupcr dum eramiis in Xa'iva
dedimus ad ipsum opns et quas Berengarius Ddlmacii tenct. Et
quod eliam fiat inde opus Sancti Vincencii qnod nos empara*
vimus et facimus fieri. Itascilicei qnod fiant quinqnedomussimi-
liludini illius domus que jam est ibi facta et cum ipsa erunt sex
domus. Et sit una in directo alterius , et inter unam et aliam
fiai unus pons et super unumquemquc ipsorum poncium cons-
truatur et fiat unum allare in unoquo()ue quorum stabilialur
unus presbiler qui singulis diebus cclebret divina oHcia ibidem,
tailler sciiicet quod infinni qui jacenl in hospitali possint ipsum
vidcre. Mandamusetiamquod fiai ibi unum claustrum incorallo
prope ecclesiam et unum refcciorium prope ecclesiam et unum
dorroîlorium aliquaululum longius sicut fit et conslruitur in
domibus ordinnm. Et si iiiis faclis et complelis et faclis quatuor
lapiis seu parictibus in orio Sancti Vincencii uilra parieles qui
jam sunt ibi qui quidem sint de crusta calcis ab lioc ut nemo
possil ibi intrare, aliquid superaverit de dicta décima diclorum
duorum annorum illud residuum dicte décime ipsorum primo-
ram duorum annorum dimiltimus Infanli Dompno Pelro et
Infanti Dompno Jacobo filiia nostris prediclis unicuique sciiicet
decimam terre sue. Et si forte aliquo casu décima fuerit ralione
aliqua impedita mandamus quod omnia débita noslra injurie et
legata persolvanlur de reddilibus nostris. Volumus etiam et man-
damus quod bona domus seu bospitalis Sancti Vincencii bestiare
sciiicet et redditus millanlur omnia et expendanlur in illis qui
serviunt in ecclesia Sancti Vincencii et in pauperibus ejusdem
iDonasterii. Item volumus et mandamus et mullum kare dictos
Dostros filios deprecamur quod diligant et defl'endant ordines et
Ecclesias et quod caveant sibi quod per ipsos nec per alios non
sint gravate nec maie traclate injuste. Nec non etiam et quod
ament honorent deflendanl alque custodiant cum de lioc tenean-
tur suos richos homines et milites qui sunt in terris cujusque
ipsorum ipsis eis bene servientibus sicut debent. Sed nichilo-
minus faciendo eis honores illos volumus quod in justicia teneant
ipsos: ita quod majores non faciant injuriam minoribus. Roga-
mus etiam eosdem et mandamus eis ut diligant suas civitates et
6Du kfntiMtE
eas cusfodiant et deffendant. Et hic idem diciiniis de ains popdb
terre minoribus, qnoniam Reges honoranfur et jtrvanttirmDtloin
per suas civitates et populos. Et id quod ab eis habeant babeant
abeiscum gralitudine ipsorum et laliler quod possint iilud tole-
rare quia per pravam dominacionem Regnum desiruiliir et perdi-
tur. Et preterea si suum populum dilexerinl Deus dtligel eos ann
pHus et tpsi melios facrenl facta sua. Insuper conGrmamus et
laudarrras illam particionem quam nos fecimus in Barcbinone de
regnis nostris inter dicfos Inrantem Dompnain Pelrum et Infan*
tem Dûmpnam Jacobum filios nosrros. El rogamus eos ac man-
dainus eisdem sicul pater potesl mandare filiis et eos rogare
quodipsi se invicem diligant et lionorenl et quod aliqats IradHor
nec aduhtor non possit inier eos seniinare discordiam nec eos
eliann scparare quoniam ralionem habent diligendf se iuWcenr
ctrm sint fliii ejusdeni palris et malris et debent se precordialiler
plus quam alii homines peramare. Item roganr.us eos et itoan-
(famus eisdem et Infanli Dorapno Pelro predicto speeialiler qtiod
ilecordenlur de nobili Dompna Sibilia de Saga' el de Jacobo Deî
gracia Oscensi Episcopo el de Hugone de Hataplana Arehidîacono
Frgellensi el de Pelro de Rege Sacrisla Ilerdcnsi et de Ar-
bcrio de Lavania judice curie nostre et de Capeltano nostro.
Rogantes eumdiim Infantem Pctrum ut eidem GapeHano de
Canonia Terrachone quam sibi promisseramus impettare faciar
protideri. Et predictos omnes comendamus in fide ipsorom, et
quod recordentur eliam de iota familianostra que nobiscum esse
consueviH, et quod dicius Infans Petrus hereditet iflos omoesde
familia nostra qui non sunt heredilati : ita quod possint iûàt
vivere coinpetenter et quod recipiat eos pro suis. Insuper eliam
dimitlimus eidem Infanli Pelro très falconerios noslros sci!icer
Jbhanem de Peralta et Balagarium et Andreum Eyn^erici ut
ipsos hereditet de terris Sarracenorum compelenler, et ipsitenent
gruherios muUum bonos et volumus ut ipsos habeat dicius lofon?
Peirns. Ilem rogamus dîctura Infantem Pelrura quod pro eo qui*
nos promissimus sumnro Pontifici et missimus inde sibi cartam
ût)dtram bullalam quod ejeceremus sarracenos de terra ooste
et hoc idem jara promisseramus anle altare Dost!rei Domine'
Sancte Marife Valencie et pro eo eliam quia sammas Pootifei
nobis diclam declraam concessit ratidne predicta idem Intam
Pôtnis prbreus ejiciat Sarracenos de regiw Valertcie : il» qvod<
PlkcES JVSTiriCâTlYES 0OT
ouHus ipsorum Sarracenorum remaneat ibi nec snus nec alterius
pro peccunia vel censu aut pro redditu inde habendis vel afio
modo 9 et quod hoc non mutel aliqua ratione. Capellam aulem
nostram (aliter dividimus videlicet quod Crnx cum capmaseo
delur monasterio Populeti cum omnibus rectabulis ejusdcm
capeHe qui sunt ibi tam scilicel cum illo rectabulo Bealo Marie
quod Rex CasleHe dédit nobis quam cum aliis. Et quod cap-
maseu» predtctus sit semper dicli monasterli Populeli : ita quod
iranqaaro posstt alienari dari vel vendi. Et dentur etiam eidem
monaslerio sex calices argenli superaurali ejusdem capcUe nostre.
Atitis vero duas cruces et capas officiandi el dalroaticas damus et
dimilimiis Bedosie Sancti Yincvncii. Item Tolumus quod de illa
amrtgtft que est in domo Populeti in comanda sit ipsius monas-
terii Pbpuleti solulis prius tribus millibus solidis pro quibus est
pignori obligata. Item dimittimus dicte Domui Populeti totatn
vafxellam noslram argenli , ita ut inde Gant rectabuli ad opus
ipsius monaslerii el Ëcclesie ejusdem. Ilem ad soivendum debrta
et legata nostra et ad restituendum noslras injurias dimitlimus
debilura quod débet nobis magisler hospitalis. Volentes nichi-
lominua et mandantes quod omnes donaciones et assignaciones
qua» nos fecimus et violaria que dedimus teneantur (irmiler et
peiiitu» observeotur et non mutenlur aliquo paodo. Yotumus
etiam et statuimus ac mandamus quod si conligerit quod débita
nostra et legata atque injurie de noslris bonis persolvi defoeant
ttt saperius continelur et non possinl persolvi de dicta décima
lûfaos Dompnus PiBtrus et Infans Dompnus Jacobus filii nostri ea
perseivere* et reslituere teneantur ita quod quisque ipsorum
solvat er eis soam partem pro rata reddituum quos a nobis-
babeat. Item dimittimus hospitali sancti Vincencii lectum' nos-
Irnm et cortinas et coopertorias et senos ad opus pauperum
et' folumus quod vestes nostre dbnentur et dividantur pan-^
peribus verecundis. Nec non etiam dimittimus damus et cedtmus-
monnslerio P^ypuleli pro* anima nostra medietatem et lotum-
quod habemus in villa Avinaxis quam Dguelus d« Angerlaria
tenet. Recognoscentes quod illa vendicio que inde facta fuisse
dicilur a nobis Raymundo Peiri civi Ilerde quondam fuii.
flcta et non vera. Insuper etiam cum hiis codiciilis damus
concedimus et cedimus jam dicto filio noslro Infanli Petro
in nostra presencia constituto tolum plénum locum nostrum et
608 APPENDICE
omnia jura nostra et acciones alque demandas reales el personales
etcujuscumquealleriiisgenerisel jurisdiccionem tolan) (ammeri
quam mixli imperii quem que el quas habemus el habcre pos-
sumus seu drbemns in comilalu el vicecomilalu Urgclli raliooe
donacionis obligacioniscessionisaul aiia qualibel raiione el coq-
Ira quascumque eliam personas lenenles aliquid de dicto comi-
lalu vel vicecomilalu aul raiione ejusdera comilalusvel vicecoroi-
lalus nobis obligaIssqnocum({U6 jure modo vel causa. Consli-
tuentes inde eumdem ul heredem nosirura adorera et procura-
torem in rem suam propriam ad agendum defendendum repii-
candum el reconvenicndum el ad suam omnimodo volunlatem inde
pcnilus faclendam. Âclum est hoc in Algeciria XIII kalendas
Agusli anno Domini millesimo CC.LXX. sexto. — Presenlibus
leslibus et hec omnia videnlibus et audienlibus Jacobo Dei
gracia Oscensi Episcopo = Hugone de Mataplana Urgellensi
Ârchidiacono = P. de Rege sacrisla Ilerde = Âllierlo de Lava-
neria legum proflessore et Arnaldo Caynnot Cjpellano Domini
Régis ss Ego Simone de Sancto Felicio Domini Régis scriplor et
publicus notarius prediclis inlorfui et ut publicus nolarius pré-
sentes codicillos jam dicli Domini Régis scripsi mandate et hoc
signum meum ut publicus nolarius apposui -{- =Sign. -f Bar-
Iholomei de Villafrancha gerenlis vices Romei de Marimundo
vicarii Barciiinono el Vallensis qui IHiic Iranslalo sumpto fide-
liler ab originali suo ex parle Domini Régis et dicli vicarii et
auclorilale qua nos (ungimur auclorilalem impcndimus etdecre-
tum apponilum per manum mei Bernardi de Aversone nolarii
publici Barchinone regenlisque scribaniam curie vicarii ejusdem
civitalis in cujus posse diclus gerens vices vicarii hanc Grmam
fecit kalendas Julii anno Domini millessimo CC. nonagcssimo
tercio. Presenlibus leslibus Guillelmo Pelro Burgessii el Beren-
gario de Villafrancha. Et ideo Ego Bernardus de Aversone nola*
rius predictus hoc meum signum hic apposui -f = Ego Pelrus
Aguilonis nolarius publicus de Tarrega hoc transcribi jussi et
meum signum feci -[-•
(Archives de la Couronne d'Aragon, Parchemins de Jacme I*'. n* Î2d7.)
PIÈGES JUSTIFICATIVES 609
XXII
DEBNIER GODItilLE DU ROI JAGMB
Hoc est Iranslatum suDiptum fideliter a quodam instrumento
sive a quibusdara codicillis quorum ténor talis est: Noverint
uoiversi quod nos Jacobus dei gracia rcx Aragonum Maiorice
et Yalencie cornes Barchinone et Urgelli et dominus Montispe-
pesulani post testamentum jamdudum a nobis factum et post
codicillosquosdam jama nobis confectos présentes facimus codi-
cilios quos sicut leslamentum seu aliam ultimam voiuntatem nos-
tram volumus observari. In quibusquidem mandamus ut tesla-
mentum Dompne Berengarie Alfonsi quondam complealur et
mandetur execucione per infantem Petrum etinfantem Jacobum
filios nostros in eis in quibuscomplendum et exequendum est et
per nos non extitit completum. Item in remissionem peccalo-
rum nostrorum parcimus et remittimus Bertrando de Canellis et
BernadodeCascalIisomnem odium etrencorem que habebamus
eis. El ipsi faciant jus suis querelerantibus et absolvimus dictum
Bernardum de Cascallis a sentencia lala contra ipsum ratione
facti uxoris Pétri de Berga. Et mandamus restitui Berengario
de Canellis bona que eiemparaveramus ratione dicti filiisui. Et
parcimus etiam omnibus et singulisaliis contra quos nos ranco-
remvel hodium haberemus. Ilem mandamus restitui Raimundo
Ricardi civi Barchinone denariosquos ab eo habuimusin Yalencia
seu deduximus de debito suo et Raimundo de Gastropoyl civi
Ilerde denariosquos ab eo habuimus injuste. Item dimittimus
Arnaldo Gaynot capellano noslro duo millia solidos melgorenses.
Item mandamus ut recipiatur computum ab heredibus Arnaldi
Scribe quondam de debito quod ei debemus et id quod ad solven-
dum remanet persoIva(ur eis de bonis noslris. Item mandamus in
utKarissimusGlius noslerlnfansPetrus provideat per très dies
necessariis comeslioni fratribus minoribus qui congregali fuerint
incapitulo generali fratrum minorumqui celebrari débet modo
apud Cesaraugustam. Item mandamus restitui Pelro de Ager civi
Ilerde quondam quicquid ipso ostendet nos teneri persolvere ei
T. n. 39
610 APPENDICE
racione usure vel interesse cujusdam debiliquod nobis manule-
vavit. Ilem mandamus persolvi Genesie lotumid quod ei restât
ad solvendum de dote sua quam ei promissimus. Item confir-
mamus Jazberto de Barbarano locum de Tallada quem sibi dedi-
mus. Item rogamus Karissimum ûlium nostrum Infautem Petrum
ut faciat Arnaldum de Paucis franchum in vita sua de omni
questiaetexaccione ac servitute regali. Item mandamus exsequi
et observari R. Falconerii de Algîzira cartam donacionis quam
sibi fecimus dequodam fundico sito in Muroveteri prout inea
continetur si injuste emparavimus ipsumei.Ilem mandamus res-
titui Thomassio de Portu de Marsilla quadraginta et sex libras et
mediam melgorenses in quibus ei tenemur et viginti et quinque
libras pro mlssionibus quas inde fecit. Item mandamus dari dido
Raimundo Falconerii hospiti nostro vestes complétas compétentes
ci. Item mandamus restitui et dcemparari Munio Martini vel suis
lieredibus illos mille soHdos quos recepit in sale nostro Yalencie
prout eos recipere consuevit. Et mandamus etiam absoivi omnia
emparamenta a nobis facta militibus Regni Yalencie si injuste
sunt facta. Item mandamus restitui episcopo et Ecclesie Yalencie
bladum totum et vinum et alia victualia que accipimus nobis ab
eis. Et mandamus etiam restitui quibus libet aliis personis totum
bladum et vinum et alia victualia que ab eis nobis accepimus in
hac gracia. Item mandamus quod Astrugo den Bonseynnor alfa-
quinio nostro non possit demandari aliquid ab aliqua Aljama ra-
tione questie vel tributi aut cujuslibet exaccionis seu demande
regalis pro tempore preterito usque modo pro aliquibus bonis
suis cum ipsum inde quia sequebatur curiam noslram et eratde
domo nostra franchum esse intellexerimus et velimus. Item in-
franquimus et franchum esse volumus Guillemonum Dena Hon-
taguda supercocum nostrum quantum adbona que habet in Alge-
ciria et terminis suis ab omni questia et exaccioiie ac servitute
regali toto tempore vite sue. Et rogamus infanlemPelrumprcdic-
tum ut ipsam franchitatem concédai ei et facial observari. Item
mandamus quod si que scnlencie invenientur per nos laie fuisse
contra jus ipse senlencie revocentur et emendenlur per predictos
filios noslros prout juris fuerit per unumquemque scilicet eorum
in terris suis. Item damus et dimittimus Capelle nostre altaris
Sancti Jacobi quod est in Ecclesia Majori Yalencie et Capelîaoo
ejusdem presenti et futuris in perpetuum pro anima nostra
PIÈCES JCSTIPIGATiyes 611
fiaicam et laudimium ceasualis ipsius Gapellanie et operato-
rioruin pro quibus ipsum fit ceosuale. Ilem cura nos dcdissemus
hiis diebus monasterio Populeli Castra ot Villas de Coponis et de
Yiciana et- de Payleroltoet de Sancto AntoHoo et de Timor pro
anima nostra et inde fieri mandavisseraus ac fecissemus carlain
eidem monasterio modo quidem cum hiis codicillis in cambium
predictorum dimittimus et damus eidem monasterio imper-
peluum villara Apiarie cum torminis et pertinences suis om-
nibus et cum redditibus exilibus proventibus et juribus nostris
omnibus ejusdem ville et terminorum suorum et cum omnibus
que ibi babemus ethabere debomus. Item dimittimus supercoco
et coquinariis nostris caldarias et omnia apparamenta coquine
Dostre. Item dimittimus mulam nostram abbati et monasterio.
Ilem mandamus dari Petro Garcez de domo nostra qui captivus
a Sarracenis detinelur in auxilium sueredemplioniselemosinam
quam dare consuevimus centum pauperibus singulis diebus
quam debemus de tribus mensibus proxime preleritis exceptis
centum solidos quos damus inde Jacobo Pa et Ayga de elemosina
nostra. Item dimittimus ad caplivos domus nostre redimendos
qui in bac guerra apul Luchente et aput Alcoy in posse Sarra*
cenorum captivati sunt quinque mille solidorum regalium in
auxilium sue redemplionis. Item dimittimus monasterio Populeti
mille solidos regalium pro uno anulo quem ipsi Monasterio dede-
ramus et volumus dare predicto Infanti Pelro filio noslro. Item
dimittimus Poncio de Acdo racione servicii quod nobis fecit
mille solidos regalium. Ilem mandamus restitui Petro Gortici civi
Ilerde quingentos morabetinos quos ab ipso liabuimus racione
cujusdam hominis nomine Petro Guasqui si ipsos injuste ba*
buimus ab eodem. Item concedimus Guilaberto Sa Noguera Ha-
jordomo nostro quod in vila sua non teneatur in regno Valencie
residenciam facere nisi voluerit racione heredilatis quam habet
in Uxone. Item mandamus persolvi Gerbordo debitum quod ei
debemus et dimittimus ei racione intéresse ipsius debiti duo
mille solidos regalium. Item de debito quod debei nobis Magisler
hospilalis mandamus redirai vaxellara nostrara argenli et de re-
siduo persolvi quantum sulficiat debilura Apiarie pro quo ipsa
villa cstobligata. Et mandamus carlara prcdicli debiti hospilalis
reddi monasterio Populeti. liera raandamus persolvi Archidiacono
Urgelli debilura trium raille solidorum quod ei deberaus cum
612 APPENDICE
albarano modo facto. Item omnia débita nostra predicta et alia
que debemus famille nostre vei qulbuslibet aliispersonis racione
quilacionis vel alia racione mandamus persoivi afo Infante Petro
et Infante Jacobo filiis nostris prorata reddiluum saorum quos
habent a nobis = Actum est hoc in Algizira X kaiendas Âugosti
anno Domini M. GG. LXX sexto. Presentibus Jacobo De! gracia
Oscensi Episcopo. = Ugone de Hataplana archidiacono Orgelli
=s P. de Rege sacrista Ilerde = Alberto de Lavania legum pro-
fessore et Arnaldo Gaynnoli capellano jamdicti Domini Régis. —
Ego Simon de Sanclo Felicio Domini Régis scriplor et publicas
notarius prediclis interfui et ut publicus notarius présentes co-
dicilles jamdicti Domini Régis scripsi mandato ejusdem et hoc
signum meum ut publicus notarius apposui lîi = Signum lii
Guillelmi de Castro veteri vicarii Barchinone et Vallensis qui
huic translato sumplo fideliter ab original! suo non caucellato
nec in aliqua parle sui viciato ex parte Domini Régis et auclo-
rilate olBcii quo fungimur aucioritatcm impendimus et decrelum
ut ei tanquam originali suo ûdes pleniaria ab omnibus impeo-
dalur appositum per manum moi Bcrnardi de Gumbis notarii
publici Barchinone regenlisque scribaniam curie vicarii ejusdem
civilalis in cujus manu et posse dictus vicarius hanc firmam fecit
undecimo kaiendas Februarii anno Domini Hillessimo CGC. se-
cundo. — Presentibus testibus Jacobo de Honlejudayco Bereo-
gario Corlilio Jureperitis et Barlholomeo de Yillafrancha. Et
ideo ego Bernardus de Gumbis notarius prcdictus bec scripsi et
hoc meum signum hic apposui ^ — Signum i^i Pétri Aprilis no-
tarii publici Barchinone qui hoc translalum sumplum Bdeliter ab
originali instrumento sive codicillis et cum eodem de verbo ad
verbum comprobatum scripsil et clausit undecimo kaiendas Fe-
bruarii anno Domini M. GGG. secundo cum litteris apposilis in
linea tercia ubi scribitur non.
(Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacxné I*% n* 2289.)
COMPLÉMENT
NOMENCLATURE ET ÀRMORIAL DES FAMILLES ET DES PERSONNES
LES PLUS CONNUES DES ÉTATS DE JAGME I"
Le travail qui suit n'est pas un nobiliaire. Toutes les catégories
sociales y ont leurs représentants, depuis les princes du sang
royal d'Aragon, jusqu'à Jacme Pa-et-Âyga (Jacques Pain-et-eau],
le pauvre du roi {de elemosina nostra)^ auquel le Conquistador
fait un legs dans son dernier codicille.
Nous avions voulu d'abord ne comprendre dans cette nomen-
clature que des individus ayant rendu quelque service à leur
pays pendant les grands événements du règne de Jacme I" ;
mais le dépouillement des chroniques et des manuscrits nous a
convaincu de Timpossibililé de ce triage. Nous avons donc
résolu de relever les indications de personnes et de familles que
nous fournissaient les principaux documents consultés par nous,
et d'offrir, dans un ensemble de noms se coudoyant au hasard de
Tordre alphabétique , une sorte de tableau abrégé de la nation
614 rrOMBNCLATURE DES FAMILLES
que gouvernait le roi conquérant ; tableau qui ne manque pas
d'intérêt au point de vue historique , archéologique et philolo*
gique, et qui contribue à faire connaître la physionomie de
Tune des contrées les plus nettement caractérisées de l'Europe à
une époque où les mœurs, les idées, les lois, les noms de pays et
les noms d'hommes se modifient et se transforment.
La nature et le nombre des documents que nous avons mis à
contribution nous font espérer que nous aurons omis peu de noms
d'individus marquants, bien que nous ne puissions pas nous
flatter d'être même à peu près complets sous ce rapport. Nous
n'avons pas d'autre prétention que de donner ici des matériaux
exhumés dans le cours de nos recherches sur le règne de Jacmel*',
et qui ne sont ni assez dénués d'utilité pour être rejetés dans
l'oubli , ni assez importants pour être mis en œuvre avec le
même soin que le reste de notre ouvrage. Nous les publions bruts
et tels que nous les avons rencontrés y nous bornant à les coor-
donner sommairement dans l'ordre alphabétique. Qu'on ne nous
reproche donc ni des confusions de noms et de familles, ni des
attributions douteuses d'armoiries, ni des omissions ou des
erreurs dans l'indication des maisons existantes. La critique
n'était pas noire fait ; elle nous eût entraîné à un travail que
nous n'avions ni le temps ni le désir d'entreprendre. Nous offroos
au lecteur des notes que le hasard nous a fourmes ; nous indi-
quons nos sources, à chacun de les contrôler.
Tout informes qu'elles pourraient être, des listes pareilles à
colle que nous publions, faites pour des temps et des pays divers,
seraient d'un grand secours pour les études archéologiques;
mais, à en juger par le seul travail matériel que nous a coûté
celle-ci , nous comprenons que peu de gens consentent à se
dévouer à une lâche aussi ingrate.
Les noms qui figurent dans notre nomenclature sont extraits
des documents suivants :
1^ La Chronique royale et les chapitres de d'Esclot et de
Muntaner qui se rapportent au règne de Jacme 1*' ;
2° Le lihro de repartimiento deMayorque (voy. à l'Appendice
de noire tome II, la noteB, IV);
5» Le registre constatant la sons-répartition faite à Mayorque
par le vicomte de Béarn aux hommes de sa suite. C'est le seul
document que l'on connaisse qui se rapporte à la sous^répar-
DES ÉTATS DE JACME l" 615
tilionde la porlion d'un baron; il a été ulilisé par MU. Qua-
drado et Bover ;
4° Les notes des arpenteurs désignés par le roi pour distribuer
les terres arrosables des environs de la ville de Mayorque. Ces
notes ont été mises à profit par M. Bover ( Meinoria sobre los
pobladores ) ;
5" Le lihro de repartimiento de Valence, publié, comme celui
de Mayorque, dans la Coleccion de documenios ineditos del
archiva de Aragon (t. XI). Il ne comprend que le district de la
capitale. Il y a eu pour les autres villes du royaume des répar-
lilions particulières, sur lesquelles Viciana.FebreretDiagonous
donnent quelques indications;
6"* Les Trobas dels linatges de la conquista de Valencia^ par
Febrer, qui sont loin de renfermer tous les noms des chevaliers
ouécuyers qui prirent part à la conquête;
T"* Viciana, Diago, Zurita et Blancas;
8** Le mémoire de don Martin Fernandez de Navarrele sur
les croisades des Espagnols en Terre-Sainte {Memorias de la
Realacademia de la historia, t. V); qu'il faut compléter par
les documents XLVI et XLVII du lome VI de la Coleccion de
documenios ineditos del archivo de Aragon , et la note de la
page 174 du même volume ;
9° L'ordonnance de paix et de trêve promulguée aux cortès
de Saragosse de 1255 et insérée au titre de Confirmatione pacis
du livre IX (t. I) des Fueros d'Aragon. Cet acte a été signé par
les principaux seigneurs aragonais et par quelques députés de
villes. Nous n'y renvoyons que pour les noms qui ne figureiït
pas dans d'autres documents cités par nous. Nous le désignons
par ces mots : Paix de 1255.
10^ Nos Pièces justificatives et les actes analysés dans notre
étude ; mais^ en ce qui touche ces derniers, nous faisons figurer
seulement dans la nomenclature les noms que nous avons cru
devoir mentionner déjà dans notre ouvrage.
Parmi les nombreux individus que nous allons nommer, tous
ne sont pas originaires des Étals de Jacme P'. Il y a non-
seulement des Français du Midi, des Castillans, des Navarrais,
mais aussi des Français du Nord, des Italiens, des Allemands ,
des Anglais, tous devenus vassaux ou sujets du roi d'Aragon,
en acceptant de lui des domaines dans les pays conquis.
616
NOMENGLATCBB DBS FAMILLISS
Noire travail aurait un développement beaucoup trop consi-
dérable si nous donnions une notice pour chacune des familles
ou chacun des personnages sur lesquels les auteurs nous four-
nissent des renseignements; il nous suffira de renvoyer aux
principaux passages des divers auteurs que nous avons consultés
et de notre propre ouvrage.
Les armoiries sont décrites d*après les nobiliaires ou armo-
riaux, dont nous avons indiqué seulement quelques-uns à la
note A de l'appendice de notre second volume.
Voici la table des abréviations dont nous nous sommes servi :
i.— Adarga catalana (Armoriai de
Catalogne), par Garma.
Jr.— Aragon.
Auv. — Auvergne,
B. — Blancas, Rerum aragonen-
sium commentariL Chapitre re-
latif aux familles arragonaises
Bo/.— Baléares.
Bj. — Blancas, Rerwn arcigonn^
sium commerUarii. Biographies
des ^fAStidas.
Bp. — Bover, Memoria sottre las
pobladores de MoVorca,
Bn. — Bover, NobUiario MaUor-
quin.
Coi. —Catalogne.
Casl, — Castille.
D. — Diago, Anales dd rayno de
Valencia,
Doc ined, — Documentos ineditos
dei archivo de Aragon.
E. — Chronique de (TEsclot.
Bsp. —Espagne.
F.— Pebrer, Trobas
Fr.— France.
Go^c— Gascogne.
h). — Iviza.
J. — Chronique de Jacme.
long, — Languedoc.
May, — Mayorque.
Min. — Minorque.
Montp. — Montpellier.
M. — Chronique de Muntaner.
Nao. — Navarre.
Prov. — Provence.
Port.— Portugal.
Q. — Quadraoo , Historia de la
conquista de MaUorca.
Rm. — Li6ro de repartimierUo de
Mayorque.
Rv. — Ltbro de repartimiento de
Valence.
Rouss. — Roussillon.
Toi — Tolosa.
Totd —Toulouse.
TS. — Mémoire de don Martin
Femandez de Mavarette sur les
expéditions en Terre-Sainte.
V. — Viciana, Libro de las fami-
lias.
Val. — Valenoe.
Xat. — Xativa.
Z. — Zurita, Anales de Aragon. Les
fol. indiqués se rapportent au
ab. signifie abaissé.
000. —
affr. -
oj. —
arg. —
arr. —
az. —
bar. —
bes. —
bord. —
boiU. —
bq. —
broch. —
carU. —
cam. —
c^r. —
chevr. —
corU. —
cour. —
crén. —
croiss. —
dex. —
éc. —
écMq. —
épi. -
âoi. -
fam. —
fr. q. -
yu. —
herm. —
lamp. —
accompagné.
afifronté.
ajouré.
argent.
arraché.
azur.
baron ou baitumie.
besant.
bordure
boutonné.
becqué.
brochant
cantonné.
carnation.
chargé.
chevron.
contourné.
couronne oucoun^mé
crénelé.
croissant
dextre.
écartelé.
échiqueté.
éployé.
étoile.
famille.
franc-quartier.
gueules.
hermine.
lampassé.
DES ÉTATS DE JAGME 1*'
los. signifie losange.
fnol.
nat.
nobL
—
molette,
naturel .
noblesse.
sa,
sauJt,
sin.
%^
orig,
ouv.
pass.
ramp,
renv.
—
originaire.
ouvert.
passant.
rampant.
renversé.
supp.
surm.
tourt
vie.
—
rép. signifie répartition,
sable,
sautoir,
sinople.
supportant,
surmonté,
tourteau,
vicomte.
617
N.-B.-^ Le chiffre romain elle chiffre arabe qui suivent im-
médiatement un nom de famille ou d'individu indiquent le
tome et la page de notre élude sur Jacme I".
Lorsque l'iniliale qui désigne un ouvrage est suivie de deux
points et d'une description d'armoiries , cette description est
extraite de Touvrage auquel se rapporte Tinitiale. Nous devons
faire remarquer que , pour traduire les descriptions souvent
incomplètes de Febrer, il n'est pas toujours possible d'employer
la forme héraldique.
Les descriptions d'armoiries précédées d'un trait sont tirées
de sources que nous avons jugé inutile d'indiquer. Beaucoup nous
ont été fournies par Texcellent Armoriai général publié à Gouda
en 1861, par M. Bielstap.
Lorsqu'un blason est précédé d'un astérisque*, il y a quelque
doute sur son attribution.
Abad, Abat (P. del) Rv. — F:
d*az. au chien au nat.
Abadia (P. de), orig. d'Italie. F :
de sin. au lion cTor.
Abarga ( Alf. de) F: de gu. à
Yabarca d^or. — B: de gu. à 2
àbarcas d'or — Voy. Barca.
Abell\, Avella (Ramon de) F:
d'or à 3 pals vivres de sa. — J ch.
CLXXv. — Q. — Bp. - (Bernât de)
F : d'az. à 3 pals vivres d'or. —
(Père de) F : cTaz. à 3 bandes de
sa bordées d'or. — (Père et Jacme
de) ori^. de Montp. F : de gu. à 3
fasc. vivrôes d'arg. — (Joan de) F:
de gu. à 3 abeilles d'or.
Abello (G. de) F : de gu. à la
ruche d'arg. sommée d'un lis au
nat. sur lequel est posée une
abeille d'or.
Abenazo. Rv.
Abbncedrel Sarrasin , II, 30.
Abbngamer (Azmet) Rv. proba-
blement Sarrasin.
Abenhayan (Manda r] Rv. Sarra-
sin.
Abbnpesat (Sim. et Sam ), juifs,
Rv.
Abbntreyi (Jucef) . médecin du
roi II, 377. 404.
Abibent (Juffre) Rv.
Abiego (h.), bourgeois de Sara-
gosse fait cnevalier par Jacme. D.:
d'or à 2 pals d'arg. chargés de 2
lions de sa. armés et lamp de gu .
Abnadayan (David) juif, alfaqui
de l'infant Femand. Il, 377. —
Rv. — (Azach) juif. Rv
Abneluget Bp. probablement
Sarrasin.
Abou-Seid, émir de Valence. I,
246. 332, 333, 340 : II, 96. — D.
1* 299. — Voy. Bblvis.
Abraham, changeur juif et Abra-
ham fils de Vives, almqui. — Rv.
— Abraym, trésorier de Saragosse.
II, 377.
Abrines, Ëbrines, de Ehrinis
618
NOMENGLATURB DBS FAMIU.ES
(Bernât et Arnalt de) Rm. — Bp.:
a*arg. à l'arbre air. et elfeuillé au
nal.
AcAQUER (G il de) Rv.
AcATA (P. de) Bp.
AcEYT (Furtado Perez et Toda
del) Rv.
Adalgeir (P.) Rv.
Adam, huissier de la reine. Tiha,
sa femme; Adam, écuyer de Sal-
vator ; Adan. marchand. Rv.
Adanta (Andres do' Hv.
Adarro, Darro (Arnalt), orig. de
' at. Bp : de gu à Vé\)&o d arg.
garnie d'or la pointe en haut et
accostée de 2 6t d'or.
Ademar, deTortoso Rm.
AbiLLAN (Stevan de) Rm. proba-
blement orig. do la vie. de Bé-
ziers.
Adobador (Divers prénoms) de
Jaca Rm.— Rv.
Agel (Ferrer et Guill de) Rv.
Agbr (Ramon-Berenguerde),run
des principaux bar. catalans. I,
233, 243, 308. 386. — Rm. — Rv.
— Z. f» 123. - F. : d'arg. à la ban-
de los. d'or et de sa. — Ar. de
Ager ou Dager, de Lerida Rv. —
A : parti d'or au lion dogu. cour,
du cnamp, et de gu. à l'ôguse d'arg.
aj. de sa.
Ag.nos (Domingo de) Rv.
Agog, Agoch (B.) Rm feudataire
du vie. de Béarn.
Agon, Dago (Pedro Martinez de)
chevalier ; Rv.
Agramunt, Dagremont, de Acro-
monte (A.. Br , G., R. de) Rv. —
(P. de) de Lerida, Rv. — (Jacques
do) orig de Fr. établi à Val — V.
— F.: d'az. au mont fleurdelisé
d'or. — Agramunt, orig de Nav.
établi à May. Bn. — F.: d'or à
quatre pals [alias bandes) de sin .
Agrbda (Jean. Martin de) Rv.
Aguero (Garcia de) I, 90. —F.:
d'or au lion au nat. tenant entre
ses pattes la bannière royale d'Ar.
et surm . d'un soleil de . . .
Agues. Aguas, Daguas (Miguel
de) chevalier d'Alagon. I, 124. —
J. chap. XXVI. — F. : d'or à l'é-
pervier essorant au nat.
Aguilar. Deux familles impor-
tantes ; l'une orig. de Gast. F.:
d'or, à l'aigle épi. de sa. cour, du
champ; l'autre de Nav. F.: d'arg.
à l'aigle de gu . — (Sancha, Perez
etMongua de) Rv. — Voy. aussi
Z , lib . II, cap . 84 .
Aguilella (B. de), oammandeor
des Templiers de Monzon. I, UL
442.
Aguilera (Joan) F.: d'az. à l'ai-
gle d'or regardant un soleil du
môme.
Aguilo, de ÂquUone (Guillem dej
issu des princes de Tarragoneou
de la maison de Cervera. I, 3Û,
369, 380, 389 ; II, 27, 32. - J. ch.
cxLv. — F.: d'or, à l'agle de sa.
— Aguilo (divers prénoms)" Rv.—
Nom porté par le comte de Ripalda^
marquis de Campo-Salinas.
Agusti, de Girone, Rm.
Agut (Berenguer) Rm.
Ahe (Fortun de), Aragonais. II.
335; — à la conquête de May.,
d'après Z. — J. en. lvu. — B.—
Bj : de à deux chaudières
de...
Ahones, Dahones, de Aunmio
(PedroU, liO, 143, 164, 175, 178.
180, 188. — (Sancbe) évèque de
Saragosse, I, 174, 188, 198, 204,
343. — (S et Bertran de) Rv. -
Illustre famille de mesn€uieros, ad-
venus ricos homes, I, 276. B.: d'az.
à la cloche d'arg.
Alnar. Rv.
Ajurol (Berthomeu) de Tortese,
Rv.
Alabam'A (Amfos de) F.: éc. eo
saut. 1 et 4 de gu. au lambel d'or,
en flancs d'arff . a 3 pals de sa.
Aladren (J. de)Rv.
Alagon, Aiahon, Dalao, fam. de
ricos homes de naturaleia, I, 136,
192. 248, 337; II, 33», 365. - J.
ch. cxcv et ccxLvui. — Z., lib. II,
cap. 80. — (Joan de) Rv. — B.
— F.: d'arg. à 6 tourt. d'az iaiias
de sa.) — (Gil de) I, 295. — Q. p.
253.
Alamany, AJemany, AkmandL
^ Fam. importante issue de la
maison de Cervello; I, 205, 206.
233, 256, 268, 306.— Rm. — Q. -F.:
d'or à 3 demi-vols de gu. mal o^
donnés. — Oxova de Alaman, che-
valier, et ses trois neveux Rv.
ALARA.N (Fer. de) Rv.
Alapont (Père de) F. : de sin. au
pont au nat. ace. d'un demi-vol
d'or.
Alarcon (Gil et Martin de) Rv.—
(Femand de) F. : d'arg. à 3 fasc. de
sa. à la bora. échiq. d'or et de gu.;
à la croix de gu. bordée d'or.
Alarigh (Jacme ou Joan). bour-
geois de Perpignan, ambassad.
DES ETATS DE JAGliE !•'
619
ftuprés du khan des Tartares. II,
391.
Alassar, mif, fils de Âcecri
Abinjucef , dfe Huesca, et Alassar
Albufach iaif deSarag. Rv.
Alava (Marie de) Rv.
Alavana; fam.j[ui figure à la
?rise d*Orlbuela ; T. : 6c. en saut,
et 2 de go. à la fas. crén. d*or ; en
flancs- d'arg. . à 3 pals de sa.
ÂLATAN (G ) de Besalu Rv
Alazaroh, sarrasin, II, 284 h
289, 296, 297, 504.
Albalat (M., s. , et Pelegrin di^)
Rv. — (Pedro de) archevêque de
Tarragone. — J. ch. ccxni. - • II,
32. — (Andreu de) évoque de Va-
lence. II, 121, 284, 405. — (Benêt
de), frère do Tarchevôque et de
révoque: F.: d'az. au demi-vol
d'or
AtBAN(Xafat)Rv.
Albanell(6.) de Cet. F.: d'or à
Toiseau d'a2. bq. et membre d'or
et d'arg.
Albaterra (G. de) consul de
Montp II.
Albayt, fauconnier ; S. Albei;
Rv.
Albbrtgii (B ), Alberit, Dalverit
(Martin de) Kv.
Albert, Albet, Àrhertus (P.) de
Tarragone Rm. — Rv. — Un cha-
noine de Barc. — IT, 150. — A :
d'or au mont de gu. sommé d'un
arbre de sin
Albogor, Sarrasin, II, 297.
Alboraghi, Rm.
Albornos (Garcia), appelé aussi
Marinyes ; F.: d'or à la bande de
sin.
AlcalAj Alcana, mesnaderos de>
venus pins tard ricos homes. Un
commandeur des hospitaliers. I, 85,
175 ; II, 31, 32,34, 95. — Rv. — J.
ch. IV, ccxiii. — B — F.: d'arç.
au lévrier au nat. '— Guillem ne
Alcala s'engagea à suivre le roi en
Terre-Sainte. Doc. inéd., VI. 174.
Alcastreles (Blasco de) deTe-
ruel Rv.
Alcacham, Bp.
Alcatan (Aniç) Rv .
Alcayat (P.) de Teruel Rv.
Algayz (Arnau de) D. f* 357
Alcoer, Dalcoer; Alcover (P.)
Rm. — Bp. — A. T. Alcocer,
chevalier ; D. f 386.
Alcoleya (Renet de) Rv.
ÂLGOZ, Dasco (G.) de Teruel ;
(8. de) Rv.
Aldana (Joan de), de Bordeaux;
F.: de gu. à 5 fleurs de lis d'or. —
(Amfos de) F.: de sin. à l'épée ace.
de 3 cour. d'or.
âldebert, provençal, Rv.
Aldrica, Rv.
Alegre (Joan) de Bilbao: F.:
d'arg. au aemi-vol d'az. - Alegre,
chapelier, Alegret, Rv.
Alen (Benedet) Hv.
Alepus (Père de), aventuner ara-
gpnais; F.: d'or au demi-vol de
sin. — Iiope, D., Fernand de Alli-
puez, Rv.
ALESA (Guillem de), Rv.
Alexandri, feudataire du vie. de
Béarn; Q.— Bj).
ALFAi\T (Domingo Perez), châte-
lain, Rv.
Alpager (J. de) ; Felipe Alfagen,
Rv.
Alfaro (Aznar Perez de), che-
valier, et quelques autres Rv. —
Parti d'or a deux chicots de sin.
et d'az. au crois, versé d'arg. —
P. de Alfara. Rv.
ÂLFERZAS (P. de), Rv.
Alpo (Ar. et Guillem de), Rv. —
G. Dalfi, de Barc. Rm.
Alfocea (G. de) ; J. et B. Alfocea,
de Tortose, Rv.
Alfonso (Teresa) Rv. — Beren-
guela Alfonso, maîtresse du roi, II,
353. 357, 362, 396, 480.
Alguayra, Dalgoayre (Nicolao,
Pascual de), Rv.
Alhadmer (Br.), Rv.
Alhagen (Michael, Felipe), Rv.
Aliaga (Amfos de), de Jaca, F. :
d'or & la bande de sa. — D. Aliaga,
Rv.
Alient (Guislabert de), Rv.
Allaco (Guillem de), maître du
Temple; I, 174.
Almada(B. de), Rv.
Almanan (G. de) et Marie, sa
sœur, Rv.
Almais'at (Bernât de), Rv.
Almater (Hahim), Hv.
Almenar (P.), dUrgel; F.: ôc.
en saut aux 1 et 2 d'arg. au demi-
vol de gu.; en flancs, aaz. au châ-
teau d'or. — P. et Bg. de Almenar,
Rv.— Repart, de Xat. D. I* 341 .
Alhenara (Guillem), de Giîone ;
F. : d'az. au mur crén. d'arg. ouv.
de deux ou trois broches; une
bannière d'arg. — Guillem, Joan,
R. do Almenara, ou Almanara, Rv.
— Berenguer de Almenara, maître
des hospitaliers; II, 478.
620
NOMENCLATURE DES FAMILLES
Almbgabt, Rv.
Almodovar (Père de), F.: d'arg.
à 2 pins et deux porcs épies ; les
armes d'Ar. en cœur.
Almoravit, Almorabet(Ximeno),
II, 579. Rv. — Juan Almoravid,
chevalier. D. f 385.
Almima (Père de), F. : d'or à 3
pins au nat.
Alori , Dalhori (Furtado de) ,
Rv.
Alos (Ramon), seigneur de Vi-
naroz, F.: Paru d*orau d mi -vol
de. . . et de gu. au cep de vigne
au nat. ^ A. — En 1866, cette
noble et ancienne fam. catalane
avait pour représentants: 1* Don
Luis Carlos de Alos y Lopez de
Haro, marquis de Alos, baron de
Balsareny, chev. de Malte, gen-
tilhomme de la chambre de 8a
Majesté ; 2* D. José Maria de Alos
y Lopez de Haro, frère du précé-
dent, chev. de Malte et de plusieurs
autres ordres, majordome de la
reine, commissaire de la Terre-
Sainte à Madrid; 3* D. Antonio de
Alos Y, Lopez de Haro, colonel d'in-
fanterie, frère des précédents. Les
armes actuelles de la maison de
Alos sont : d'arg. à 1 ours passant
de sa. surm. d'un demi-vol du
même.
Alpicat (Pcre de), de Bilbao. F.:
parti d'or au demi- vol de gu. et
d'az. à la pierre d'or.
Alpont (Père), F.: d'arc, au pont
au nat.— Autre fam. Alpont P. :
d'or au trident d'az.
Alporaghi, Bp.
Alquexemi, Alchichemi^P.), Rm.
Alquezar, Dalquezar (Mathieu,
Garcia de). Rv.
Alrakl fBr.), Rv.
Altet, Daltet (P., Lorenz, A.
de), Rv.
Altomiratl (Bg. de), Rv.
Altura (Gil ûeh Rv.
Alvareda, Albareda (P. de),
Rv. ^
Avarbz, Alvaris (Femand,6arcia
de), Rv.— * Huit points d'az. équi-
poilés à 7 d'L'rg.
Alvero, Albero, Alvaro, Dalbero
(Ximeno), chevalier, et J)lusieurs
autres. 1, 168. — Rv. — Rm. — J.
ch. XIV.
Alzamora (Joan. Luis de), F. :
d'ar^. au demi-vol de sa. et au
mùner au nat.— V.: d'or au mû-
rier de sin. ace. à dext. d'un lion
de gu., & sen. d un demi-vol de
sa.
Alzet, Salcot (Bemat), Rm.
Amada (Gil de), Rv.
Ahador (Vital), Rv.
Amar (Bernardin), Bp.— Bm.:
d'arg à 3 fas. ondées de sa. ^ Re-
présenté par la fkm. Muntaner.
Amargos (R.) d'Almenara, Rv.
Amat (Bemat), de Barcel., F. :
d'or à un oiseau à 7 tôtes. — R.
Amat. Rv. — Le marquis de Cas-
telbell et de Gastelmey& porte le
nom d'Amat
Ambtla, Camélia (Armeneol
ça * ), Rv. — "Ramon Ça AmeUa,
commandeur d'Aliaga', J. di.
xxiu.
Amigon (Bernât), Rv.
Ampurias. Illustre et puissante
(km. issue peut-être de la môms
souche que la maison de Barcel. I,
233, 239, 289, 293, 306, 307, II, 337,
365, 472. 493, 497. 505. — Rm. -
Fascé d'or et de gu.
Amtell (Pierre), archevêque de
Narbonne;!, 381. — J. ch. clxxvi
et CLxxviii.
Anata, Rv.
Anoodor (P.), de Teruel; Rv.
Andrauet, nepos J. Emerid,
Rv
Andreu, Andres, Andréas. Divers
individus : un Hongrois, un adahd,
un scribe du roi; Br. Andréa,
évoque de Huesca, Rm. — Rv. —
Q. — Bp. — Fm.: d'arg. au griffon
de sa. — Andres, à Valence ; V. —
F . : d'az à la litière au nat — André,
cuisinier, II, 166.
Anduza (B. de), de Montpellier,
II, 552.
Anbr, Daner (Jacme, Martin de),
Rv.
Angaru (A. de), Rv.
Angebina (P. de), Rv.
Angbl (P.), Rv.
Angblasel (P. de). Rv.
Angbrtrina (P. de), Rv.
Anglada, Langlada (Guillem de)
de Montp , II, 6.
Angleria (Alonso), Castillan. F.:
d'arg. à l'ancre de sa.
* Ça ou Za va pi«e"^'*^ et eu ma plo-
riel est an ancien article catalan poar te
et les. n B'est formé du i>ronoin latin 9m,
iptis employé an moyen âge dans le mCme
sens. On UoaTe, par exempte, dans les
anciens actes Untàertut d* ^tû AaOù
pour Bwmbtri de e«$ Açudeê, N. . . de ^ms
Oarrica pour N... de Ai Omrrig»,
DES ETATS DE JACIIE I
«I
621
Angles (J.)i Hv.
Anglesola, Anglerola, Engla-
rola, Très-ancienne fam. catalane.
1,206; 11.365.— J. ch. cclxxiii.
F.: d'or à 3 fas. engreslées de sa.
Angubra, Enguera, Angera, Dan-
gera (A., R. de), Rv.
Angoilara, Angullera, deAngu-
laria (P. ,Bg., G de). Rv — Uguetus
de AngiUaria, IL 607.
Anguiler (Ar.), Rv.
Ansa (Araalt de), Rv.
Ansaldo (Jacmede), F.: d'az. au
lion cour. d'or.
Antillon ; fam. de mesnaderos
devenus ricos homes; I, 276; II,
291. — J. ch. XI. — B. ~ F.: d'az.
à 5 ôtoi. d'or. — Blanca de Antillon,
II, 352. — Nom patronymique des
comtes d'Antillon existant de nos
jours.
AïSTiST (Arnalt de), orig. de
France, d'après F.: degu. à la fleur
de lis d or, et d'or à la tôle de Maure
— Orig. de Lérida d'après V.: de
gu. à la fleur de lis d'or.
Antolin (Martin), Rv.
A>TON (Joan de) F.- d'az. à deux
loups qui vomissent des flammes.
Anzano, Danzano (Vales, Joan
Lope de), Rv. — • B. — F.: d'arg. à
la croix de Calatrava de gu.
AoLAs, Daulas (Bertran de), Rv
Apahici (D., p. Garcia), de Te-
ruel, Rv.
Apiera (A. de), feudataire du vie.
de Béarn. Q. — Bp. — G. et F. de
Apiaria, Rv.
Apolideriz (Nicolas), Rv.
April, Abril (Valero), boucher,
Rv.
Araca (Bernât de), de Marseille,
Rm.
Arada (Gil de), Rv.
Arag (B.), Rv.
AR4GER (Berlomeu de , Rv.
Arago, Daragone (Rainon de),
dsTortose Rm. — Marti de Aragon,
Rv.
Aragones (Joan), Rv. — V. —
F.: d'arg. à la croix potencée de
sa.
Aran, Daran {Burdus, S., Fer.
de); G. Daran, portarius; P. Eran,
de Tortose ; F. de Deran, Rv.
Arangis (R. de), Rv.
Ara.nda (Rodrigo de). Rv.
Arandego, Arandiga, (Rodrigo,
Guillem de), Rv.
Arannon (Br ), Rv.
Arasel (Blasco), Rv.
Aebanes (P.), Rv.
Arbe (Sancho Aznarez de), J. ch.
CGXLVm.
Arbbysa (Martin de), Rv.
Arbizu (Père de), de Guipuzooa,
secrétaire do Jacme P'. F.: d'arg.
au loup au nat.
Abborser, Arbuisech (Père de),
majordome de l'infant Femand; F.:
d'arg. à l'arbousier fruité au nat.
Arboz (G. dez), Fer. Derbos. Rv.
Argez (Lop.), Rv. — ÀrcessitASj
scriptor Rm.
Archeist (Bernât^, Bp.
Arghimbalt (Br.), Rv. — Ar-
chimbald, de la suite de la reine, II,
577.
Abcs, Dezarchs, de Arcubtis
[Guillem de); Marie de Gastello, sa
femme ; Arbert Darchs, Rv.
Ardan (J ), Rv.
Arenillas (Martin Alonso), Z.
f» 170.
Arenos. Voy. Tarazona.
Arens (Pons de); G. Darenes, Rv.
— Guillem de Arenys, chanoine de
Val . D. 1* 366.
Arer (Amald), Rv.
Argentée (G.), Rv.
Argenzola (P. de) Rv. — De gu.
& 3 pommes de pins d'or.
Argert (Rodrigo), Rv.
Argilers (Ferrar de), Rv.
Arguixo (Mi( hael), Rv.
Arias (Ar.), Rv.
Ariolp(N.), Rv.
Arlet Darlet(A. de), Rm. —
Rv.
ARMENGOL'(Pere),se!disaitissu des
c'»' de Barcel. F. : de gu. au griflbn
d'or. — Michael, R., Ex., Armen-
gol, Armengou, Ermengau, Rv.
Armer (Pelegrin), Rv.
Arnau, Amald, Amalt. — Divers
individus : un écuyer de l'évoque de
Barcel.; ilmoidu^ MontispesitUani
Rv. — Un écuyer de l'inlant de
Port, à May. et deux de ses parents
à Val.; Bn.: d'arg. au navire flottant
sur une mer, le tout au nat. —
Père Amau, de Peralada, F.: d'az.
au demi-vol d'or ace. d'une fleur
de lis de... Garcia Arnalt, argentier
du roi, 11,166, 404. — Rv.— Amalt,
scribaj II.
Arnedo, Damedo (Femand), che-
valier, Rv.
Arode, Arude (Ferrer, Guill.),
Rv.
AcQUER, Archer (P.), Bn.: d'arg.
à l'yeuse arrach. au nat. chargé
622
NOMENCLATURE DBS FAMILLES
d'un arc tendu avec sa flèebe
Devise: TeknditDeuaurcitmswJMi.
Arrom, Arron (Joan-Tomas) Rm.
— Bn: d'arg. à la bande degu.
ace. de 2 étoi. à huit rais d'or.
Arrufat (Alfonse) F.-V. : taillé
de gu. et d'or, au lion de l'un en
l'autre.
ARTA80NA (Martin Ferez de), ;uff-
Ucia d'Ar., et Pedro Martinez^ son
fils, juslicia ^près son pèreBj.
Artan, Rv.
Artatjo (Joan de), seigneur
d'Alfaro ; rieohome biacayen F.
d'or à la bande de sa. charg. de
deux loups et ace. de deux chau-
dières.
Artbda (Tomas de), Bv.
Artbrs (Bnraat) , secrétaire de
l'inf. de Port. àMay.,Bp.
Artbs, Dartes, Dartels, Darteps
(P j J., Bertmnde), Hv. —F. :
uchiq . d'or et de gu.
Artesa (Bernât de) et Saurina,
sa femme; D. de Artesa Rv. —
Arnuld de Artesa s'engagea à suivre
Jacme en Terre-Sainte. Doc ined,
VI. m
Artiesca (Ximen Ferez de), D.
f 352.
Artigua (Garcia) , châtelain
d'Amposta; Z. lib. II cap. 71.
ARUnER (Garnie), Rv.
Arzinega (Jacme de) Galicien F.:
de sin. à 3 tours d'arg.
AsGCOio (Fernand Sanchez de) ,
Rv.
ASLV, Dasy (J. de), Rv. - (Gui-
Ihemde), J ch. cxxiv.— V.: parti
d'arg. à la croix fleurdelisée de
gu. ; et d'az. au château d'arg.
maçonné d'or, aj. et crén. d'az.
accosté de 2 lions aff. d'or.— Nom
porté par le marquis de Dos-A^^uas .
Asio (Père do) F.: de. . .à l'alcyon
de
AsPBS(P.} Rv.
AssALiT, de Aêsaldo (Guillemde),
Rm. — (G. » Cecilia, Martin Ferez).
Assalt, jongleur Rv.— ♦ d'à?, semé
d'étoi. d'arg. au lion de même.
AssENSio (F. , S. de), Rv.
AsTOR, Daztor (G ), Rv. — Aus-
torch, de Jaca. I, 443.
ASTROER (Matheu), Rv.
ASTRUG, Astruch, de Tortose,
Rm. — Astruc, tailleur de Tortose,
Rv.
Atares (Marta de) Rv. — Fam.
de mesnaderoi devenus plus tard
ricos homes. On les disait issus du
sang royal d'Ar. — B.: De
au D(Buf passant de . . ■
Atbrand, Arbran, lieutenant du
roi ou baylek Montp. II, 7. 21 —
R. Arbrand, de Montp. II, 552.
Ategen (Dalmau de), de Tortose,
Rv.
Atbnza (B., P., B. de), Rv. —
GuiUeœ Alienza, Aragonais- P-:
d'az. à Taigle d'arg. — Le nom
d'Atienza est porté ])ar le marquis
de Salvatierra.
Atrosillo, Atrosil, Datrodllo,
Troxillo (Plusieurs prénoms); me^
naderas Hv — Bp. — J. ch. xxix.
— B. — F.: d'arg. à 4 bâtons rom-
pus de sin .
ACD1ARDA (B ). Rv.
Algbt, Rv.
Agustix, de Girone, Rm
Aulona (Berthomeu de), Rm .
AUNANACH (D.), Rv.
AURE.NGA (Bg. de), feudataire
duvic. deBéam.Q. — Bp.
Adricula (Matheu), Rv.
AuRO (Ximeno de), Garcia Daoro
Rv.
AUSTEIG, Austoiff (G.). Rv.
Aux (Fernand Diez de), major-
dome du palais. I. 343,378. — J.
ch. cix. — Z. fM40. — B.: de....
& l'étoile & 16 rais de...
Av ARCHER (Marc), Rv.
AVELLANAS, de Avellanis, Âvel-
lano (D. Ferrm% G. Ruiz de), Rv.
AvELLANDBA (Joaude), Galiicien.
F. d'or â 6 bes. de gu.-, d*arg. an
loup dévorant un mouton*, à la co-
quille d'azar.
AvENROS (Azach), juif. Rv.
AVERA (G. de), chevalier, Rv.
AVERNI (P ), Paix de 1235.
AvERO, Averon (P. Guill . , Blasno
de), I, 442. — Rv.
Avers (B. de), Rv.
AviLA, Avilla (Martina de), Rv.
-^Alonso de) Castillan F. : d'az au
lion de gu. bordé d'or. — (Père de)
orig. de Fr. F.: de gu. au tau d'ai.
bordé d'or. — Sancno DaviUa, Cas-
tillan F.: d'or â 6 basants d'az. —
Le marquis de Casa-d*Avila , le
marquis de Vi llamarta-d ' A vila . la
comtesse de Ibangrande et quelques
autres membres de la nobl. cspag.
portent le nom d'.\vila.
AviNENT, feudataire du vie. de
Béarn. Q. — Bp.
AviMON. Avinnoo, de Avinkme
(plusieurs prénoms), un jongleur.
Probablement nom d'origine
DES ETATS DB JAGMB 1
■r
6i3
Ayirbr, Advirer, Aviver, Aviner
(Berlhomeu), deTortose. Rv.
AvoLOGER, Avologuer (Bg.), de
Barcelone, Km.
AVULQUER (J.), Rv.
AXESMA (G. de), Rv.
AxoGORBi (Maria filia), Rv.
Ayala (Pare), F. : d'arg.à l'yeuse
de sin . accostée de 2 loups au nat
Ayera Dayera (P. de), Rv.
Ayerve. Ayerbe, Ayerp, Ajerp,
Dayerp (Divers prénoms). II, 335.
— Rv. — Plusieurs fam. de ce
nom : !• mesnaderos, B.—F.: fascé
onde d'arg. eld'az. au fr. - quart.
d*arg. chargé d'une fleur de lis de
gu.; 2* fam. navarraise; F. : d'az.
au château d'arg. accosté de deux
lions contre-rampants d'or ; 3' des-
cendant du second fils de Jàcme I"
et de Teresa Gil; II, 356.- B.-F.:
d'Ar. à la cro'X d'arg. br. sur le
tout, char, de 5 écussons dar^. à la
fasc d'az. qui est Gil. — Lo titre de
marquis d 'Ayerbe est porté par D.
Juan-Nepomuceno Jordan ao Ur-
ries, grand d'Espagne, marquis de
Lierta et de Ruoi, comte de San-
Clemente.
Ayesclis (R.de), ch&tolain d'Am-
posta. I, 442.
Ayn (G. de) et sa femmo Prima,
Rv.
Aynsa (P. de), ôcuyerdujtMficMi
d'Ar. — (Domingo, Bernardo de)
Rv.
AYMANO (Sancbo de), Rv.
Aymar (J. de), Rv.
Ayvar (Martin Perez de), cheva-
lier, D, f 386.
Azafar (D.), Rv.
Azagra, avec divers prénoms.
Fam. de riœs homes, seigneurs
d'Albarracin ; 1, 136, 143, 164, 168,
175, 248, 389; II, 35, 36, 196, 299,
356, 428, 569 — Rv.— B. — F.:
d'az. à la croix de Galatrava char^.
de 5 coquilles. — On trouve aussi:
y p. Azagra, de Teruel, Rv.— 2» G.
Ruiz de Azagra, de Ribagorza F. :
de gu. à 5 croiss. d'arg. — 3* Gil de
Azagra, F .: do gu . à f croiss. versés
d'arg.
Azannas (Benêt). Rv,
AzcoN (Guillem de), Rv.
Az ENOCH (Père de). Bp.
AzLOR (P., Blasco Perez de), Rv.
— Deux fam. !l' Illustre maison
d«j mesnaderoSf B. — F.: d'or semé
do clous d'az., à 3 marteaux du
môme. — 2* V. F.: d'or au laurier
de sin. surm. d'un saut. alesé.-*La
1" fam. est représentée aujour-
d'hui, croyons-nous, par le duc de
Villahermosa, le comte del Real et
le comte de Sinarcas.
AzNAR (P., D., Michacl). Rv.
AZNAREZ (P , G.), Rv.— (Fortun),
Z. f»14l.
Babot (P ), de Burriana, Rv.
Baburz (Ramon de), Rv.
Racine (Ar.), Rv.
Baco (Ramon), maître du Temple
à May.; Bn. : d'hermines à deux
croix alésées de gu. unies entre
elles par leur branche horizontale.
Baeza (Bernât de), F. : de ^u. à
la tour d'arg. surm. d'une pie et
d'une bannière.
Bagas, Bajas, Bages.Baxes (Vital,
Br., P de). I, 449.— Rv.
Bàgor. Bagur (Bg., Guillem de).
Rm.— Rv.
Bahiel, Baiiel, alfaqui juif, Rv.
J. ch. c et ccxv.
Baier (Ar.), Rv.
Balaguer. Plusieurs prénoms et
plusieurs fam. — Un pelletier de
Lôrida.— Rv.— Bp. Père Balayer,
F.: de... à trois ballots de..
Balagarius^ fauconnier du roi II,
606. - Père Balaguer, prud'homme
de Val., IL 569.
Balari (Artal de), J ch. ccxcix.
Balbi (Pedro) s'engagea à suivre
Jacme en Terre-Sainte. Doc ined ,
VI, 174.
Baldoni (Guillem), I, 323.
Baldovi, Baldovm, Badoin (Pele-
grin et Geraubert), de Marseille,
Km. — Rv. — Sancho Baldovi exé-
cuteur testamentaire de l'infante
Marie d'Ar., J.ch. cclxxvii.
Baldreser (Berthomeu), Rv.
Baleya( Bertnomeu, P, Martinez
de), Rv.
Balfoxt (Lombart, Guillem de).
Rv.
Balicho, Balico (Simon), de Gènes
Rv.
Ballaran (J. de). Rv.
Balle ; fam. représentée encore
de nos jours à May.; Bn. : d'arg. à
3 plantes de chardon fleuries au nat.
— P. et A. Balle, Rv.— A : * de sin.
à la croix de deux traverses poten-
cées, le pied formant les lettres A
et B d'or, ace. en chef de 2 étoi.
d'arg
B\LLBSTER,0a/(«5torm.9(Br.), Rm.
— Fam. distinguée de May.; une
branche cadette éteinte dans la
624
NOKBNGLATimB DBS FAMILLES
maison de Togorres, représentée
r' le comte de Âyamans; une
branche dans la fam. Oleza y
Rossello: une 4* dans la maison
Perello dont a hérité D. José de
Villalonga y Âguirre, Bn. : d'or à
l'arbalète au nat. — P. Balester, de
Jaca, et B. Balester, Hv. ~ F.: de
gu. & l'arbalète au nat. cordée
d'or.
Balmasan ou Balanrasa (Sancho
Gomez de ) , Aragonais , J. ch.
[.— £im
1* 180.
CCXLVIII.
Balzarbny (B. de), chevalier, Rv.
BanahaqubiIi juir; Ûls de Ravi-
zach (probablement Kabbi Isaach),
Rv.
Banasto (Martin Ferez de;, Rv.
Banastre (Bernât), Bp.
Baiset (PJ, Rv.
Baneta (Femand Lopez de], Rv.
Bannero (Juan Dominguez de),
Rv.
Banotf, Bp.
Baisyol , feudat.ire du vie. de
Béam, Bp.
Bar (Père) de Montpellier, Rm.
-> Quelques généalogistes en font le
chef de la fam. Barcelo représentije
à May. et dont les armes sont:
d'az.au navire flottant sur une mer
du même, ace. en chef de 3 étoi.
d arg. et en pointe d'une tète de
Maure traversée d'un cimeterre.
Bn.
Babada (J.), Rv.
Barba, Barban (R., P.), Rv. —
(Antonio) de Huesca, F.: desin.
a l'épée en bande, à la bord, d'arg.
semée d'èpées de sa.
Barbastro , Barbastre ( Divers
prénoms), un courrier du roi. Pro-
Babiement nom d'origne.
Barbera , Barbara, Barbarans,
de Barbarano (Divers prénoms). I.
255. 268, 287, 293 ; U, 74, 75. —
E. ch XXXII. — J. ch. Lix.
— Z. f^ 128. — Jacques Barbara,
orig. de Marseille, d'après F. : fascé
d'herminos et de gu. Ce sont les
armes du village de Barbara en
el VaUéSt en Gâtai. — Jazpert de
Barbera parait être le même que
Chalberlus de Barhairano , sei-
gneur du village de Barbairan, prés
de Garcassonne (Voy. Mahul, Car-
tulaire H archives'du D. de Car-
ca«9on6.,t. I, p. 296, etD. Vaissète,
Hist, de Langued,^ t. H, éd.inf".
Pr. col. 254). Saint-Allais (NobU,
univ, de France, t. VIII p. 297)
rattache à cette fam. celle de Bar-
beyrac de Saint-Maurice existant
de nos jours et dont les armes sont :
de gUf au chevai gai d'arg. au chef
cousu d'az. ch, d'un croUs. d'arg.
accosté de 2 étoi. d'or.
Barbero (Garcia de). Rv.
Barga (Aspargo de la), archevê-
que de Tarrag. et Guerau de la
Ëarca, issus tous deux d'une fam.
alliée à celles des seigneurs de
Montp. I, 143, 151,164, 203,233,
239, àl8, 324, 326; II, a 20, 23. -
Q. p. 165 — Peut-être est-ce ia
môme fam. que celle des mesnade'
ros du nom d'Abarca B. : de gu.
à 2 abarcas d'or.
Barcelo, Barcelon, Bardiino
(P. de), de Barcelone, Rv.
Barchan ( D., Michael de] , de
Torlose, Rv.
Barchelo'a, de Barchinona (Plu-
sieurs prénoms). Un coumer du
roi. — B. de Barchelona, de Tor-
tose, Rm. — Rv.
Bardaxi. Bardexin (P., B., D.\
de Saragosse, Rv. — B. — Juan de
Bardaxi, orig. de France, d'apr&s
F. : d'or à fasc. de gu. — Famille
représentée de nos jours.
Bardina (G.), Rv.
Barrio novo (J. M., Bartohmeus
de) Rv.
Uaro (Jehan), cordonnier, Rm.
— P. Barents, i. Baro, de Huesca ;
J. de Baron, uv.
BABQrER. Barcher (Bg.<. Michael),
Rv.
Barbaler (Bernât), Rv.
Barrarraquina (Gil de), Rv.
Barrellas (Guillem de), Rv.
Barri (G. et R. de) , Rv. - *
d*or à 3 fasc. de gu. à la bord. d'az.
char, de 8 châteaux d'or.
Barroya (Domingo), Rv.
Barrufet, Rv.
Bartholomé. Berthomeu. — Un
scribe, scriptor , un maçon, un
pécheur, un courrier, un corroycur;
Bartholomeus gêner D. efdscopi.
Rv. — Un maître de l'œuvre de
la cathédrale de Tarragone, H,
441.
Baruch, juif, fils de Bonet Aben*
baruch de Lénda, Rv.
Barull , Borul , BaruUus , de
Manrôse, Rm.
Bas (Jacques), ong. de Paris, P.:
d'az. au chevron d'arg. ace. d'une
fleur de lis d'or. — Ferrer Bas, che-
valier , à la prise de Xat. — V..
DES ETATS DE JAGME 1
«V
625
fgflcé d'arg. et d'az. au chéVron
d*arg. brocb. ace. en pointe d'une
fleur de lis aussi brocb. sur le fascô.
B\SCHA (Ferez), juge, Rv.
BASCHOLf feudatuire du vie. de
Bôarn. Bp.
Bassa. Za Bassa (G. de), de Tor-
tose; (Martin^ Bg., Ouilierma),
Rv.
Bastal ou Restai de Marseille,
Rm.
Bastart ( P. , Ârnald) , Rv. —
Une fam. de ce nonl ^ May. descend,
dit-on, d'un fils naturel de Jacme
1"; Bn.: d'az. à la fleur de lis d'arg.
Baster ( Çg. , P,) , Rv. — G.
Baster, Bp.
Bastida (Arnnll) . Bp. — A. *
chevronné d*or et de gu. - Nom
patronymique du comte de Robledo
de Gardena.
Bataller (Ramon), de Toulouse.
F.: de gu. à la lance d'or. ace. d'un
bouclier d'arg. chargé d'une rose
au nat.
Batam (Sans), de Jaca, Rv.
Baussarbxs, Bausscrens (G., F.
de), Rv.
Bavest (P.), Rv.
Bax (Br. de ha), Rv.
Baylo, Bayo, Vaylo. del Bayo
(Plusieurs prénoms), Rv.
Bayner, Bainer (Bemat, Vital),
Rm. — Rv.
Bayneras. Baineres, de Bagnariis
(R , G., B. de). A.: d*or au rencon-
tre de cerf chevillé de 8 pièces de
gu.
Baynoles, Bayoles, de Baynolis
(P., Gêner de), Rv.
Baztan ( Gonzûlo Ivanez de ) .
rioo home navarrais, Z. f* 192.
Beamont (Sancho), issu des rois
de Navarre, F. : de gu. aux chaînes
d'or posées en croix, sautoir et dou-
ble orle, avec une émeraude au
centre. Echiqu. d'or et d'az.
BÂARN (Y** de) de la maison de
Moncada, I, 176. — D'or à 2 vaches
passant degu. colletées, accornées
et clarinées d'az.
Beberia (P. de), Rv.
Bedei, Beder (Bg.), Rm.
Bedens (Ramon de), Rv.
Bedorch (Tomas). Rv.
Bega (Pons, Ramon), I, 163.
Begl'r (Bg.), Rm.
Behat (J. Lopezde), Rv.
Bel (Johan). ~ B. de Nina Bella.
Rv.
Belçes (S.). Rv
T. n.
Belchit, Belxit (P. Lopez de),
chevalier — (D. Lop de), Hv.
BELOOScn (Johan), Rv.
Belenoi (Aimeric do)i troubadour
du Bordelais rptiré en Rouss. II,
78, 459, etappend. note G.
Bellamor (Maymon), Rv.
Bellbra (Guillem de). F.: d'or à
2 chèvres de (;u. colletées d'az.
Belloch, Belloc, de BdU) locOj
de Pulchro loco (Divers prénoms).
I, 256. — Rv.— F.: de gu. à la
maison entourée d'un verger au
nat. — A.; parti d'or et daz. au
château donjonné de 3 tourelles de
l'un on lauire. — Guillem de Bel-
loch, prud'homme de Val. Il, 569.
BSLLPUCH, Bellpuig, Belpug (B.
de) seigneur de Polop. — (Sancho
de), II. 407, 430. — Z. f 204. —
D'or au mont fleurdelisé de gu.
Bellveiii, Belvey, Belvezi (Arnall,
Bg. de), 1, 308. — Rm. — Fam.
éteinte dans celle de Zagarriga,
c*' de Gpeixell ; Bn.: d'az. au tau-
reau passant d'or, soutenant de sa
patte gauche une houlette du môme.
Belmont, Belmunl (Astrug de),
maître du Temple, I, 389. — J.
ch cxcviL — Z. • f 155. — Ra-
mon de Bellmont, provençal F.:
de gu. au mont de... ace. d'étoi.
d'or.
Bblunguer. Bp.
Belvis, de BeltovisuiG. de), Bv
— Arnaù de Belvis. P. : éc. avec
des fasces et des barres d'or et de
gu. et un quartier de sin. — D'a-
près V.j Abou-Seid aurait, après sa
conversion, pris le nom de Vincent
Belvis, et la fam. de Belvis de Val.
descendrait d'une fllie de l'émir. D.
f 370. 390 réfute cette opinion.
Armes d'après V.: d'or à 2 pals de
sa. — A.- d'or à la bande d'az
charg. de 3 croiss . d'arg. — Les
marquis de San-Juan de Piedas-
Albas. «grands d'Espagne, portent
le nom de Belvis.
Belverger (Guillem de), Rm.
Belviure, Beviure (R., Marchi-
sius^ G., Januarius de) Rv.
Benabarre, Abenabarre (P. de),
d'Almonara, Rv.
Benach, Benasc (P., Domingo de),
Rv. — Benac, en Bigorre : parti de
de gu au lièvre d or courant en
bande, et d'az. à 2 lapins d'or.
Benàfoz (Salomon), Rv.
Ben Ahabet, riche sarrasin de
May., I, 291, 298. — On le dit an-
40
626
NOMEIfCLATURE DES FAMILLES
cotre de la fkm. Bennassar existant
encore à May., Bn.: d'or au Uon de
gu.
Bbnasa (D. de), Rv.
Benaula (6. de) et son fils
Martin, Hv.
Bena VENTE (Bernât, Gombald de),
Z. f* 202. — Mesnaderos , B. —
Pcre BenavHnte. de Carladès. F..
d'or au moulin à vent ouv. et &(}.
d'az. ailé de gu.
Benayes (Gaston de), Rv.
Benbënguda (J. de), Rv. ~ Jaime
Lizana dit Benvengut, F.: de. .. aux
poissons d'az.; en cœur les armes
d'Ar.
Benedet, Beneit, Benêt, Benedio
tus (Divers prénoms). Un bou-
cher ae Saragosae. — Gil Benedtc-
ttiSj de la suite de la reine, Rv. —
Benedict, diacre de la reine, II,
166. — Ramon Beneilo, Fiunçais ,
F.: de ^u. à l'agneau pascal de...
surmonté d'une fleur de lis d'or. —
Joan Beneito, d'Estramadure . F.:
d'az. au fer à cheval d'or ace. d'une
étoi. du même.
Benefia (Abrahim), Rv.
Benencasa (Bernât), de Baroel ,
Rm. — Andréas Benencasa , Br.
BenindomOj Rv.
Benes (Dulcia. fille deJ. de), Rv.
Bentallos (Guillem de). Rv.
Berach (P.) et Almandina, sa
femme, Rv.
Beran (Amalt de), Bp.
Berart, Berat, nv. — Ramon et
Pedro Berard, de Burgos, vinrent
s'établir à May. lors de la conquête,
Bn . : éc. on saut d or et d'az.
Berenguer (Ramon). maître du
Temple, Z. f ' U7 et 153. — Avec
divers prénoms : un justicia de
Tarazone, un bouteiller, un maçon,
Rv. — Guillem Belenguer, de Toul.
ou de Toi., F : éc d'or aii tau d'az.
et degu. au château d'arg.— Ramon
Berenguer, II, 569.
Berga (R. de) , Rm. — Fem.
orig. d'AUcm éteinte dans la mai-
son de Zaforteza, Bn.: d'az. à 5
croiss. versés d'or, posés 2, 2 et l.
— P. de Berga, II, 497. - P., G ,
P. Uguel de Berga ou de Bergua.
Rv. — Z. f* 119. — Confondue
quelquefois avec la famille arago-
naise de Vergaa.
Bergantera (R. de), Rv.
Bergedan, Rv. — Bergada , de
Yich, A.: d'az. au navire équipé,
sur la mer, adextié d'un mont
sommé d'un phare. le tout d'arg.
Berger (A. de), Kv.
Bernabe, peintre, Rv
BERNAT, Bernai d (Divers pré-
noms) ; un chanoine de Barcel.;
un courrier du roi, Rv. — kaàm
Bernât, de Toul. ou de Toi.,
F.: tiercé en fasce, degu. au roc
d'échiquier d'or; d*or au tau d'az.:
d'arg. au chien passant au mat.
— Frère Bernard, II, 441.
Bbrnau (Guillem de), dit de Gss-
teilet, parent des Cervelle, F.: èc.
d'az. au ch&teau d'or et d'or an
cerf d'az.
Berola (Guillem de), Rv.
Bers (Bremon de), Rv.
Bertran (Divers prénoms); ua
trésorier (doverius) de Castilion:
un scribe, un boucher. Rv.
Besalu, de BisaUiuno (Divers
prénoms^ Pour quelques-uns nom
d'orig , Rm. Rv.
Bescoxpte (B. Guillem del);
Matkeus de Vicecotnite, bottûtontu
régis, Rv.
Besora (Guillem de), des 9 val-
vassors Cal., F.~A.: de sa. à 3 pals
d'arg.
Besseda, Beceda, Bazeda, (P.),
Rv. ~ Ramon Besseda, de Montp.
II, 6.
Bestruz. Besturs(P., A.,G.,R..
Bernât de ) Rv. — A^ de gu. à
l'autruche d'arg. tenant dans son
bec un fer à cheval d'or.
Beterna (Ar. de), Rv.
Betra (Guillem), Rv.
Betxaironus, de Manrëse Rm.
Beuchin (P. Lopez de), Rv.
Béziehs ( Trencavel v *• de), coo-
sin germain du roi ; II, 47, 62. 65.
— Fascé d'or et d'hermines. — P
Beterrû Rv.
BiAYMA (Père de) feudataire da
V** do Béam, Q. — Bp.
BiDANGUEZ (Guillenor); Inigo Vi-
danges, de Teruel, Rv.
BiELA (Guillem, Ramon de),RT.
BiELSSA (Guillem de), Rv. D'or à
2 ours passant de sa. l'un sur 1 autra;
à la bord, de gu crén. de 8 pièces.
BlENDA (P y, Rv.
BiF (J.), Rv.
BiLA (G., Amald, G. Arander
de), Rv.
BiLVESTRE (Marie de), Rv.
BiNANBFAR, Binelkr (R.. Amalt
de}, Rv.
BiNNALBS (Martin Perez de), Rv
BiNNos (P. de). Rv. — Binos, eo
DES irkTS DE JACME I**
627
Gascogne: d'or à la roue de gu.
soutenant un chardon de sin. «
BioscHA (Br.. A. de). Rv.
BiOTA (P., G., Ferrera de), Rv.
BiSCARHON (G.), Rv.
BivBRNA, BiWna (Stevan, Pas-
cuald«). Rv.
Blader (Ramon), de Lerida, Rin.
Blasc (J.), Rv. —• ♦ Blan de Per-
pignan, A.: d'az à l'épée d*arg.
garnie a'or.
Bla!«cafoiit. Blanchafori (R.), de
Aimenara, Rv. — ♦A.: coupé de
fi. et d'or à 6 fleurs de lis de l'un
Fautre.
Blancas, deBlaneaiiOf Rm. —*
Blancas. en Ara^.: de... à la tour
donjonnée de 3 pièces de. . . devant
laquelle combattent deux hommes
d'armes vêtus et année d'arg.; à la
bord, d'arg. sur laquelle sont écrits
ces mots en lettres de sa : eon ar-
mas blancas,
Blanbs (P., R , Ferrer, Jacme
de). Rv. -— Pam. issue delà maison
de Savoie; V.-F.: degu. à la croix
d'arg.
Blasco, Blasoho (Inigo et P.), de
Teniel, etquelques autres — Blasco,
de Tarazona, Rv. — Gelacian
Blasco, de Huesca. F.: d'arg. au
bœuf de...
Blasgho ncBio (D. de), de Ter uel
Rv.
BLA90 (J.), Rv.
Blasquez, Blascoz (Blasco), de
Teruol, Rv.
BOAGAS (Guillem de), Rv.
BOANBT et sa femme Monteria,
Rv.
BoBA (Guillem), Rm.
BOCBGUES, Bp.
BocERES, Boceri (Gil), Rv.
BocHONA (Ramon) reçut des biens
à Onda, D. V" 346
BOPUER, Bp.
BOGA (Ar.), Rv.
Bol (Ar de), Rv — Benêt Boil,
F.: de gu. à la tour de. . et d'az. au
bœuf au nat. — Sancho Boil, F.:
d'az. au château d'arg. au bœuf de
gu.— Buyl, V.: éc. d'arg. au châ-
teau de gu. maçonné d'or ouv. et
aj. du champ, et de sin. au bœuf de
BoLAs (Pelegrin de), chevalier de
lAtnesnada, I, 192, 207, 344.-^. ch.
XXV. — Z. f* lit. — Divers pré-
noms, Rv.
BoLCOBARSCH (Roboaud), de Hos-
piSli, Rv.
BOLEIA , Bolea (P. tartinez de/,
chevalier-, Dominffo, Andréas, Mi-
chael Martinez de Bolejra, Rv.
Bolet (J. de), Rv. — A. : parti
au l' coupé de gu. à 3 pals d'arg. et
d'or à 3 bolets au nat. ; au 2** d'or
à. l'aigle de sa.
BOLLAT (P.), Rv.
BoLSSER (D. Perez) , Rv.
BONA, Bono(J.), Rv.
BoNAFfcU (Johan), Rm. — Bona-
feyna. Bp.
Bonales (Michael Perez de), Rv.
BoNANAT (Andreu), clerc; P.
Marti Bonanat ; Bonaynas. Rv.
Bonastre (Berenguer), F.: d'arg.
à l'étoi. d'or. — Père Bonastre. F.:
d'or au bœuf de gu. ; une montagne
fleurdelisée d!or et une bande d az.
^ A. : de gu.; au bœuf d'or.
BONA VENTURA, Bp.
Bonavia (Tomas), Rv.
BoNDiA, Rv. — Bondia, juif, tré-
sorier d'Arag. 1 . 214 ; II , 377. —
Bondia, aventurier allemand, connu
seulement par son surnom, F.: d'az.
au soleil d or.
BONËNCONTRE , Rv.
BoNES GoMBES (Porc)/ de Montp.,
F. : de gu. à deux jambes qui se
baignent dans la mer.
BoN'bT (Nicolas), marin catalan.
I, 257. — Fam. représentée encore
à May. Bn. : d'or au monde d'az.
au chef d'arg. char, de 3 éloi. d'or.
— G. Bonet, Pasdiasius de Boneta,
de Teruel, Rv. — Arnald Bonet,
scriptor, I, 447.
Bo.NiFAZi (Père), bourgeois de
Montp. II, 6, 19 à 23.— R. Bonifazi,
BonifaciuSj scriptor, Rv.
BoNiG (Amaft de), aventurier
Srovençal; F. : d'arg. à la troupe
e pécheurs tirant de la mer le Ulet
appelé volig,
BONivKRX (Joan de); F.: éc. d'az.
semé d'étoi. d'or, et de gu., & la
cloche ace. d'un rameau ; a la croix
de St-Georges brochant sur l'écar-
télé. — Bernât Bonivern, des envi-
rons de Limoges, F : de gu., semé
de fleurs de lis d'arg.
BoNMAGip, Bomassip (P); Bon
Macip, de Tarragone, Rm.— Jacme
Monmacip, Allemand. F. : de gu.,
à laigle épi. de sa.
BONPBRBR (P. de), Rv.
BoNSENYOR (Astrug de), juif, se-
crétaire du roi, II, 263, 377. — J.
Ch. CGLX.
Bonus fiuus(P. Hugone), Rv.
628
NOMENGLATCEE DES FAMILLES
BOQUINEDIC, (S.)t Rv.
BOQUINNBN 1 0 ( D . ), Rv.
BoRAN , Borau (P.), Rv.
Bordas (Ramon de), Rv.
BoRDOLL, Bordoyl. bayle de Cas-
tellsera J. ch. xl , lxiii . Lxrv.
— * Bordoy à May. Bn. : d'or, à 2
massues de gu.» en saut.
BoRBLL (P.), Rv. •— Guiliem
Borrell/ marchand . H, 466.
BORILLA (M.), Rv.
BORJA » Borgia ( P. 8lev«n , J.
Dolça, femme de P. de), Rv. Illustre
fam issue, dit-on, du sang royal
d'Arag. par Ja maison Âtares.
Une branche est devenue célèbre en
Italie. — Âlonzo et Felipe Bona
recurent des terres à Xativa, D.
i^ 340. — F.: d'or au bœuf au nat.
— Borgia . en Italie : d'or au bœuf
do gu. passant sur une terrasse de
sin. à la bord, de gu. char, de 8
flammes du champ. — Za Boria
(Guiliem), Rv.
BoRN (Bertrand de) le fils, trou-
badour qui appelait Jacme notre
roi , II , 50.
BoRNOS (Pascual). Rv.
BoRRAz de Foix . — Bornas, repré-
sentée de nos jours à May. Bn.:
coupé d'arg. au taureau au nat.
et losange d'or et de sa. — Le
comte de Greixell porte le nom de
Borras.
BoRREDAN , Boreda ( Jordan) ,
tailleur ; A. Borreda, Rv
BORREZA (J. de), Rv.
BoRRUËZO (Martin de) ; Borroz ,
Rv.
BoRRUT (8. de) , Rv.
BoRT (B. de), commandeur d'Al-
cala : Bort , de Lérida -, Bremon
de Bors; Miguel Denbort, Rv.
BORVE es. de' , Rv.
BoRZA (Lorens de), de Jaca, Rv.
BosG , Bosch , Bosco ( Plusieurs
prénoms). Un justioia de Xat.,
Rv.— Guiliem del Bosc,F. : d'az.
au bois au nat. ace. de. . . croi-
setles d'or. — Père de Bosch . d*0-
loron. F. — V. : d'az. à 5 fleurs de
lis dor en orle. — Bernât del
Bosco, Bourguignon, F.: de gu.
et d'or autronc effeuillé de l'un en
l'autre. —Bosch ou Dezboch à May.
Bn.: coupé de gu. et d'or au tronc
au nat. orochant.
Bosch KT (A.): Br. de Buschet:
Bonaventura Bochet, Bocet ou
Boquct, Rv. — Bochelz, Rm.
BOSRA, Bp.
BoTA (J.) Rv.
BOTAR, Bp
BoTBLLER, de BotiUeria (P., Mar-
tin, Guirald]. — * De gu. aa baril
d'or cerclé de sa. posé en pal.
BOTER, Botera(G., B., A. P.),Rv.
BOTET (B.. R.), Rv.
Bon (G.); J. de Boila, Rv.
BOTONACH, évoque de Val. D. P
388.
Bou (G.), de BarceU Btttraa
Bou. de Tortose; Joan del Bue Rv—
Guillen Bou, Prud'homme de Yal.
II, 569. — Ëstevan Bou. P.: de gu.
au bœuf d'or . — Le comte de Cas-
trillo, marauis de la Vegadei Boe-
cillo, grana d'Espagne, porte le nom
de Bon.
BovER. Un archéologue mayor-
quin, D. Ant. Ferrer v Casa, fiiit
remonter celte fam. à l'époque de
la conquête. Bn. : d'or au taureau
contourné de sa.
BovET (G.), Rv.
Bovis (G.), Rm. — G. Bovis, J.
de Bove, boucher, Rv. — S. Bovia,
do Montpellier, 11, 552.
BoxADORS , Boixadors ( Bemat).
valvassor de Gat. F. ; de gu. au
oerf sans bois et blessé d'arg. —
Maison représentée, il y a qudque
temps, par la marquise dj^ngid-
sola, vicomtesse de Rocaberli.
Boxa DOS, Buxado (Berlhomea
Stevan de), Rv. —Joan Bochados,
ambassadeur du roi d'Ar. auprès
du Pape, II, 348. — A. :d*orau
buis de sin. terrassé du même.
BoxART, Bochart (G. den), Rv.
BoY (Guiliem), Rv. — J. <». xxi.
•— Père Boix, de Pau F. : d*arg.
au buts de sin. Bn.
BoTZA, Boysan, Buysia (Mingot .
Felipe, Aparici de), tous les trois
huissiers du roi, Rv*
Bhez, Briccius (Romeu), Rv.
Brioga (Marlin de) Rv. — Jacme
Brihuega, deDaroca, F. : degu. au
château d'or posé sur un rocher
battu par les flots, un lion ramiAOt
— Y. parti, de gu. au château
d'or au lion fascé de gu. et d'or. —
Brega \Garcia de la). Rv.
Briones ( Jacques de ), Anglais.
F. : de gu. au léopard d*or , ace.
d'une rose d'arg.
Brota(P.), Kv.
Bru (G.), cordonnier; G. Bru,
boucher ; P. Bru.
BnuGi-RA . Za Brugiiera(F. de),
P. G. de BrugeriiSi Rv. — Bur-
DES ETATS DE lACME I*'
629
guera à May. Bn. : d'arg. à la croix
de Saint-Jacques de gu.
Brunet, Bp.
Brusca, Bruzca (Jacme), Catalan.
V.— F. : d'or au buffle de sa. —
Paloma Bruscha, de Jaca , Rv.
BUFIL(P.),RV.
BuiXENA (Ferrand de),Rv.
BUNNOL (P.) Rv
Bu&GUES, Burges (Vidal), Rv —
Burgues & Mav. éteint dans Zafor-
teza, Bn. :dor semé de croiss.
versés d'arg. — Ferminues Bur-
gensiSt de Montp. II, 552
BuRGUET (Berenguer), Rm. Très-
ancienne famille éteinte dans la
maison de Villalonga, Bn. : d'arg.
à 4 pals de gu. — G., Bg. Burguet,
Rv.
Bunoos. Burgus, Burgot (G.,Bg.,
Amada, P. Guiïlem de), Rv.
BuRGUNTO ( Père ), Breton. F. ;
d*azur à... fleurs de is d'arg. po-
sées en bande. — Guillem Borgon-
nan, Rv.
BuRRiANA (Fortz. G Fernandez
de) Rv.
Blrriol (P. Garcezde). Rv.
BUHRU, Bnrro (Domingo), Sancho
de Burrue, chevalier. Rv.
BiiRZAN (Folquet) Rm. — On le
dit ancêtre de la fam. Bauza, exis-
tant h May. Bn. : d'az. à la iDande
d'or.
BURUNDA (Ximeno d^i), Rv.
BuzANS. Bp.
BusER, Bp. — Pierre Buse, trou-
badour, II, 459.
BusGATLLELO, boucher, Rv.
BuYOL, Bujnol (P ) et sa femme
Elvira, Rv.
Gabanellas (Guillem de), évoque
de Girone, Q. p. 181. — Gana-
nyelles, de Barcel., A : de gu. au
lévrier rampant darg. colleté do
sa. — Père CabaniUcs, F. : d'azur
au livre d'or sur lequelest un agneau
pascal d'arg.
Cabere (D. de), Rv.
Gabestany (Père), de Rouss. F :
de gu. au serpent d'or qui se mord
la queue, ace d'une tôte de Maure
Cabeza, Cabessa (Ramon. Ro-
meu. P.), Bernarda Cabota. Rv.
Gabosterrer ( xMatheu ) cordon-
nier, Rv.
Cabra (G. de) de Tortose ; Ber-
nât Gapra : Berdojo de Cabra ; A.
Cabrer, Rv.
Cabrera, de Capraria, (V**%
de). • Illustre fam. des neuf vi-
comtes de Cat. I, 153, 211 à 218 1
319. 36t ; 11,51. 353. — P., G., B.
de Cabrera, de Cabreracb, Rv —
A. : d'or à la chèvre passant de
sa. à la bord, componôe des deux
émaux. — C'est le nom patrony-
mique du marquis do Yillaseca.
Le titre do vie. ne Cabrera est porté
par le duc de Médina- Cœli .
Cacalox (Pascual de), Rv.
Cadell (Joan), de Sardaigne. F. :
de gu. au chien de sable et d'arg.
Cadena (G.) boucher; P. Cadena,
Rv.
Cadreyta (Pedro de), inquisitenr
en Araff. ot en Cat. Z. 1^ 199. -
Martin Caderita, Rm.
CiGOLEâ. feudataire du v^* de
Béarn, Bp.
Cago.n (Pas.), Matheu Cogon, Rv.
Cahorz (Ferrer de), boucher ; P.
de Caorz, Rv.
Caixal (Lopede) F.: d'arg. à 3
dents molaires au nat.
Cal (Marti de), Rv.
Cala bacer( Matheu), Rv.
Calabri.nes (Bernai), Bp.
Calaceyt (D., Guillem ae)» Rv.
Calafat (Michael, P.), Rv.
Calamar, de Tarragone ; Gala-
mara, Calamas, Rv.
Calanda (P. Ximenez ; P. Mar-
tinnz de), Rv.
Cala.ndera (Guillem), Rv.
('ALAsanz (Bertran , Ramon de);
mesnaderoSy devenus plus tard noos
homes. B. — J. ch. xxxvii — Nom
porté par le comte de Robres.
Calatarra (Bernât), D f 321.
Calatayi'B , Calatayud (Divers
prénoms). L'un d'eux appelé Zapa^
lero Calatayuby Rm. Rv. — D.
!• 357, 387. Deux indi\adus dans F.
1** Zapata de Calatayud : de gu. à 3
souliers échiq. d'arg. et de sa.; 2'
Jacme Zapata de Calatayud , des
cendarit du roi Sancho Abarca: d'az.
à Vabarca d'or. — Le nom de Cala-
tayud est porté par le baron de Agrès
y Sella.
Calatrava (Domingo de), Rv.
Calcimis (R. de). Rv.
Calderer, Calderes, Caldero, Gal-
deron (Divers prénoms). Rv.
Caldi£S, Caldas, fte Calidis {Divers
prénoms), Bn.: d'az. au trépied d'or
— F. : d'arg. à 3 chaudières fascées
vivrées d'or et de sa.
Galenc, Callent (P., J. de), R.
Calhkt, Celhet (Ramon), Bp.
Calm (Renald za), Rv.
630
NOMBNG^TURE 0E8 FAMILLES
Calmeta (Pons), Rv.
Gallbrs, de Callis, de Gaeliis
(B.. P., Frère Joan de) Rv.
Calongia (Joan do), Rv.
C^lpën.na (Ramon de), Rv.
Galsahens (Frère B. de). Rv.
CUlvera , Galbera (B. dej, cheva-
lier, RamoD de Calvera, Rv.
Calvet , Galbet (B., R.), Bp.
Galvillo (Juan Ferez) reçut des
biens à Orihuela , D. f 335.
CALVO,Calbo(Joan, Miguel Ferez»
V., A., Marti de). Rv. — A.: éc. de
§u. à la coquille a'ar^.; d'az. à Tétoi.
'or : d'az. au lion d or et de gu. au
château d'or.
Calvinnac (M. de), Rv.
Galza, Galza (Ârmengol, Bg.),
de Tortose. Rv.
Caharada (P.), Rv.
Gaharkllas (Fascual de), Rv.
Gamatjo (Joan), F.: de gu. au
château accosté de deux pins et
8urni. de 2 étoi.
Cambra, de Camara, de Caméra
(Renaît, Simon , Dominco de la),
Rv. — * de gu. au saut a'or , à la
bord, du môme char, de 8 flanchis
du champ.
Cambres, de Camaris (Joan, Ber-
thomeu de les), Rv.
Cambrils (F. de) Rv.
Camer (Domiu^a). Rv.
Camiador (Guiralt), Rv.
Camins (Berthomeu de), Rv.
Camos (Joan de), Rv.
Campanbt. Bp.
Gampcbntblles, Gapcentelles, de
Campo CirUiUarum (Serengonera^
Guillermus de), Rv.
'Gampprangh (G.. Joan de), Rv.
Gamponal (p.), Rv.
Gampos (Alionso), de Bilbao , F.:
de gu. au lion d'or , mantelé d'or
à 2 croiss. d'arg.
Camp Pbbrat ( Aymerich ) et son
frère, Rm.
Camps , Dezcamps (Guillem des)
de Barcel. Rm. — Représentée de
nos jours à Minorque, Bn.: d'az. à
l'aigle d*or couronnée du même. —
Bartholomeus de CampiSt Rv.
Camus (Joan de). Rv.
Ca.nadel (Maria aez), Rv.
.Canals, de CatuUi (Père de), Rm-
— Fam. représentée à May. Bn.:
d'az. à la croix fleuronnée de gu.
ace. en pointede3 coquille* darg. —
Bg. de CanAÏe, capMlanus episcopi
BarMnone; Père Canal, Rv.
Canammas (P. de). — Domingo
Cnnamalt, Gannamach, Rv.
G^NGA (Guille r), Rv.
Ganctoli (Bemut). Bp.
Candeler ( Maître Nicolas) , Bp.
-— Ramon Gandeier, Rv.
Canellas (Vital de), évéque de
Huesca, 1, 389; II. 133, 1S2, 405.
— Bertran de Canellas, II. 493. —
Ramon Ganhelas vint, dit-on , à la
conquête de May. — Canellas à
May. Bn.: d'arg. à 3 roseaux de sin.
empoignés par une main droite de
carn. — Bg., Bertran de CanelUs,
deCaneles, deCannelas, Rv. — D'or
au canelier fleuri de 7 rameaux. —
Fere Ganelles, F.: d'arg. au vautour
rongeant des os (canuku) de che-
val.
Ganet (Ramon), î, 255, 310. —
G. et Joan de Ganet, Rm. — Gar-
cia Ganet , chevalier, D. f* 385. —
Maison distinguée éteinte. Titre de
V** de Ganet porté par le duc de
Qijar Bn.: d'or à la bande de gu
char, d'un chien d'arg. — Ganet,
dés neuf premiers nobles de Cat. A.:
d'az. au lion d'or lamp. et armé de
gu. la queue nouée et pass^ en sam.
— G., Ramon, J. de Ganet; G. Ganet»
d' Andiize ; F. Ganet, boucher ; Fer.
Dezcanet. Rv.
Canhan, Bp.
Canicer (Pascuaîet), Rv.
Can.nas (J. de), Rv.
Ganta (G.) , Rv.
Cantador (A.), de Tarragone,
Rm.
Cantarelrs (Ramon, Pérores).
Rv. — F.: de sin. à 3 urnes (can-
tareles) d'or.
Cantull (Guillem), Rm.
Capadella (Augustin de), Rv.
Capbon (Ar. deÏÏ Rv.
Capdëbou (P.), Kv.
Capdeperre, de Tortose, pro-
priétaire et patron d'une barque. —
G , Amald Gapdeferre, Rv.
Capdella (Bertran de), Rv.
Capella (R.) , Rv.
Capellatis (P. , Bemardus de) ,
Rv.
Capo.ns (Ramon) de Perpignan.
F.: d'arg. à 2 chapons becquetant
une rose.
Capoter (J), Rv.
Capsir (Père), Bp.
Caqoons (Ar. dé), Rv.
Gara (Marti); Maria Gara, blan-
chisseuse, Rv.
Caragnana (Stevan de), Rv.
DES jfTATS DE JAGME 1
•V
651
Caraman (P. de). Hv. — Ber-
tran Garamany, de Montp. F : de
sin. au lion de.. .
Garauella (Bernât). Bp.
Garaut (Ferrer de), Rv.
Garbo (p.), Berenguer Carbon.
Rv. — Bernât Carbo, de Tortose, &
Texpédilion en Terre-Sainte, II, 394.
Garbonel (B., Joan.) de Toito-
se. — Pons, Ar., Br. Garbonel, R v. —
Bertran Carbonell, troubadour II,
459. Pons Garbonell, de Rosas. F:
de sin. au château d'arg.
Garcassona (Divers prénoms).
Pour plusieurs évidemment nom
d'origine. A. Carcasses, Rv. —
Bernât Carcasona, de Carcassone,
F. : d'or à l'oiseau do gu et de
sin. — Carcasona, de Lérida, A. :
d*or au lion de gu. ta queue fourchée.
Garcastiêllo (Martin de) et sa
femme Gracia, Rv.
Gardadob, (Arnalt), Rm.
Cardinal (Pierre) , troubadour
d'une famille noble du Vclay. vécut
dansTintimilêdu roiJacme, II, 459.
Cardona (V*'» de\ lllustrb et puis-
sante maison dont le nom patrony-
mique est Folch. I, 144, 198. 202 à
207, 214 à 217, 344; 11.30, 28i, 294,
323, 330, 335, 569, 590. - D'après
F., cette fam descendrait de Pépin-
le-Bref. — Le titre de duc de Caroona
avec grandesse est porté aujourd'hui
par le duc de Medinaceli. Une bran-
che puînée, dont la filialion est
établie par lettres -patentes de
Henri IV. est représentée en Fr. par
M. le baron de Gardon de Sandrans .
— Cardona en Espagne : de gu. à
3 chardons d'or. — de Cardon, en
Fr. : d'or à trois fleurs de cardon au
nat. (Voy, Saint-Allais, Nobil univ.
t. xVi.)
Carles (Ramon), Bp.
Garmon (Nadal). Rv.
Carnazon (Bonafonal). Rv.
Garnicer, c'est-à-dire boucher.
Peut-être nom de fam. et nom de
profession. Rv.
Garo (Joan de), Biscayen: chef
de l'illustre maison des marquis de
la Romana, grands d'Espagne. —
Bn. F. : d'or au dextrochère armé
tenant un poignard, le tout au nat.
Carrera (Bernât de), Rv. — A. :
d'or à 2 bœufs attelés a une charrue
de gu.; au chef d'arg. char, de 3
éloi. d'or.
Garreter (P.), Rv.
Garrillo (Amfos), de Burgos,
F. : de gu. an château d'arg., à la
porte duquel est attaché un chien.
Garrio, Carreio (P. de), Rv. —
* Carrion de Nizas : d az. à la tour
d'arg. donjonnée de 3 pièces, ouv.
et aj. de sa.
CARiiOZ , grand sei<?neur alle-
mand. I, 25'r, 299: II, 95. Rm. —
Rv. — Q p. 191. — Bp. — Bn. —
F. : d'arg. a la bord, d or, char, de
4 écussons d'or à 3 fasc. de gu. —
Ec. d'or à 2 fasces de gu. et d'or
plein.
G ART A (Guillem), Rv.
Gartella, Cartaia (Fr. Juan de),
maître du Temple, J. ch. ccxcix. —
Z. 164, 213.— A. : do gu. à 3 cartels
d'arç. inscrits des mots Ave Maria
f^ratia plena, dominus tecum, en
ettres d'az.
Garvrren (RJ, Rv.
Gasajusana (Bg. de), Rv.
Gasals (R. de), de Lérida. Rm.
— Bn. : d'arg. au château donjonné
de 2 tours cTaz. surm. d'une aigle
de sa. — Robert, P. Sanz de Casais.
Rv.
Casanova (Pierre), de Paris. F.;
de gu. à la maison sommée d une
fleur de lis. — Henet Casanova, de
Barcel. F. : d'arç. au soleil de gu.
ace. de 2 croiss. d'azur.
Casas, Casaas, Bn.: d'arg. à la
bord de gu. char, de 8 têtes d'aigles
d'or.
Casgail (A. de), Rv. — Joan Cas-
call, F.: éc. de gu. au pin au nat. et
d'azur à cinq plantes de pavot {cas-
call) d'or — Bemardus de Cascal-
lis, II, 6.
Cascant (8. de), chevalier; (P.
Gil de), Rv. — Ec. de gu. à Tarbre
de sin. et d'az. à la plante de pavot
d'or. — Bemat Cascanet, J.ch. ccxcix.
G A SELLA. Caselles (Bertran de)
de Barcel. Rm. — Bp. — P.Za Ca-
zella Rv
Gasoes (Martin, F. de), che^•alie^s;
Ximeno de Casius, Rv.
Gasseda, Casseta, Caslcda (P. Az-
narez de), chevalier; A. de Caseda;
Maria Casadera, Rv.
Casseras (P. Ar. de), Rv.
Gasta (R.), Rv.
Castelbon (V* de), I, 370. — Z.
f 119. —Père Castellbo, F : de sin,
au château d'or.
CtSTELL fPcre de), de Barcel,
Rm. — Bn.: degu. au château d'arg.
— Ar. de Caste! ; B. del Castel, Rv.
632
IfOMBNGLATURE DBS FAMILLES
— Joaa Castells, F.: de gu. à 4 châ-
teaux d'or.
Gastella, Gastalla, Castela. Cas-
telan,Castelle (diversprônoms). Rv.
— Marco Garcia de Ûaslalla, che-
valiop, D. f* 385.— Raraon Gastella
F.: de gu. au ch&teau d'oral, d'az.
Gastellar. Casteiares ( Murti,
Berlhomau, Pemand Ferez de); Na
Castallara, Rv.
Castellauli (Guillem, May mon),
J. ceci. — Z. f- 205.
Gastellbisbal, de Castro episco-
pali, (Divers prénoms), un évoque
de Gironn, mort à Naplesen 1254;
un chevalier, I, 289, 11, 74, 75, 119.
Rm. — Rv. — J. ch. LXiv. Fa-
mille importante de Cat. — A :
d'az. au ch&teau donjonné de 3
tours d'arg. maçonné de sa. aj. de
gu.
Gastellblanch (Bertomeu de)
Rv.
Gastbllet (Divers prénoms) Rv.
—Des neufs premiers nobles de Cat.
A.: d az au ch&teau d'or, maçonné,
ouv. et aj. de sa. — Sancho de Cas-
tellot, chevalier, et Pascual de Cas-
teilot, Rv.
Gastellbzuello. Castelaçol (Pe-
dro, Guillelmo de), mesnaderos de-
venus plus tard ricos homes. Un
jusiicia d'Ar., II, 493. Z., f 195.—
B.— Bj.: de.... au château donjonné
de 3 tours de...
Gastellfabib (Michael Diezde)
Rv.
CASTELLNor (v*" de) des neuf v***
de Cat. II, 428 — Z 1^ 205. — A.:
échiq. d'or et d'az. — F.: de gu. au
château d'arg.
Gastello (Gérard de) de Tortose ;
Amaltde CastePo, Rm. — Fam.
représentée à May. Bn.: d'az. â la
tour carrée et crén. d'arg. — Gas-
tello (D.vers prénoms) Rv. — Deux
individus nommés par F.: !• parti,
d'az. au lion d'or et d'az. au châ-
teau d'arg ; 2* d'argent au lion de
sa.| et de sin. au château d'or.
Gastellvell, de Castro veteri
P. de) chevalier. Rv. — Deux fam.
.: 1* d'az. au château d'or, ma-
çonné de sa., donjonné de 2 toui*s;
z* d'arg. nu château donjonné et
ruiné à di^xtre de sin., à la bord.'
dentelée du môme.
Gastellvi, II, 78. — Z. 1* 113. —
Benêt et Guillem de Gastellvi, orig.
de Bourgogne. F.: d'az. au château
d'arg. surmonté d'une tête do li-
if
corne . — Castelvi, maison distinguée
de Cat., A. : d'Azi au château d^arg.
maçonné de sa. â la bord, compon-
née d'arg. et d'az. — Le comte de
Villanutiva et le comte de Carlet
porteni le nom de «'aslellvi.
Gastellbos, I, 255.
Castro. Plusieurs fam. Rm. —
Rv. — 1* Issue de Fernand San-
chez bâtard de Jacme T', II, 327,
337, 3i4, 3ô2, 391, 395. 398, 406. -
F.:éc. d'Arag. et d'or à rétoî. de
gu. — 2* issue d'un fils naturel de
Fernand Sanchez, F.: degii. à 6
besants d'or.— 3* Fam. castillane;
F.: d'arg. à 6 tourteaux d'az. —
Le nom de Castro est porté par plu-
sieurs membres de la nobl. espagn.
entre autres par temanjuis de liam-
po-Bermoso, le marquis de Gerona
et le comte de la Rosa.
Gastropoyl (Raimundus de), de
Lerida — II, t)09.
Gatala (Divers prénoms), Rv.—
Amalt Catalan, troubadour, II, 293.
Arnalt Calhalan, reçut des biens à
Xat. D. r» 3i1.— Ramon Calala,
F.: d'az. au chien d'or. — Jacme
Catala, dit de Monsonis, F.: de gu.
& 2 lévriers courant au nat.
Gatany. Bn.: d'az. à l'arbre à 3
branches de sin. devant lequel passe
un chien au nat.
Gava, Caba (Amalt de). Rv. —
Père de), do Pau, F.: d'az. au châ-
teau d'arg. entouré d'un fossé.
Gaynax, Rm.
GaYiNWOT (Arnalt), chapelûn du
roi. II. 404, 606, 608, 612
Gayx, Caix, Cax (G), et Beren-
guela, sa lille, Rv.
Gazador, (G.), Rv.
Cazina (Guillem de) Rv.
Gazola (A., P.), Rv.
Gebria, de Jaca, Rv.
Gëdribllas, Cediellas, Codriel-
las Divers prénoms), Rv.
Gelart, Gelât (Pons, Br.), Rv.
Geleda (Abraym), Rv.
Geler (Bernât), de Tarragone,
Rm. — R. Seler, ,de Teruel ; Sancbo
Seller, Rv.
Gella (Matheu de), Rm. — J.
Ceila, Rv.
Gellas, Celles, Lasceyles, de Cil-
liis (Divers prénoms), Rv — F.:
d'az. â la carafe d'arg. qu'une main
tient renversée.
Gblme, Gelma (P., Remondetde),
Rv.
GELOM(Bg), Rv.
DBS ÉTATS DE JACMB 1*'
633
Gblort (6., B.), Rv.
Gbnpra (Pere), Frère prêcheur,
I, 3Î4.
Centelles, Gentellas, Zes Cen-
teyles, de SeintUlis (Pere. R. de),
I, 206. — Rm. — Rv. — Fam. dis-
tiogiiée de Gat. — Z. f 126 — Bp.
— Descendant, d'après la tradition,
des ducs de Bourgogne D. f^ 340,
353. -> F. : losange d'arg. et de
gueules.
Gbpibllo (R. de), Rv.
Gebao, Bp.
Ceralbo (Martin). Rv.
Cerbordus, II, 611.
Gerda, Gerdan (Divers prénoms),
Bv. — Plusieurs fam. !• à May.
Bp. — Bn. : d'az. au cerf rampant
d*arg.; 2* en Araç. B.; F. : d'arc,
à la fleur de lis aaz., sommée de
2 oiseaux, à la bord, componée
d'or et de sa.; 3* F. : éc. de gu. au
saut d'or et d'arg., au loup au
nat.
Gères A (R de la), Rv. Durantus
de Cereso^ Rv.
Gervan (Gasch de), de Teruel,
Rv.
Gervato (Arnalt), provençal. F.:
d*az. à 2 cerfs d'or.
Gërvello, Cervellon. — • Antique
maison catalane alliéo aux Mon-
cada. I, 175, 233, 243, 256, 306. —
Rv.— J. ch. Lxix, Lxxxi.— Z. !• 119.
Issue des comtes do Zafa, F. : d'or
an ceri d'az.
Gervera, de Cervaria. Deux
maisons dés plus distinguées de
Cal. 1, J40, 144, 163, 171, 180, 205,
213, 233, 308, 3!8, 324, 344; II, 94,
357, 394.— Rm. — Rv.— Doc inéd.
VI. 174. — Q. 321. — !• (tervera,
issue d'après la tradition des ducs
de Savoie. F. ; d'or au cerf de gu.
— 2** Gervera, représentée à May.
Bn. — F. d'arg. au sorbier au nat
Gervero (P. Sanchez), Rv.
Gervia, F.: de gu. à la biche d'or.
Gbrvinbr (G.) Rv.
Gerxan (G.) Rv.
Gespbnes (G.), de Tortose, Rv.
Gespina, 8espina(Bg , G. de), Rv.
Gespital, Ospitalcs, Spitalis, de
OmlaUo (P., B. de).
Cesplanas (A.) Rv.
Gksposes, Sespozos (Bg. de) de
Barcel. I, 327.— J. ch. xcix. — Rv.
Gestrillbs, Gastrillas, de TriUiis
(P., G. de) Rv.'
Gbylabo, Ceytalbo (Martin de),
de Teruel, Rv.
T. II.
Ghahpans, Gampaines (Bg. de),
lieutenant du maître du Temple.
I, 254, 442.
Ghico, Xico (Jean), de Lerida ,
I, 294. Rm. Se distingua au siège
d*Iviza J. ch cv. — Bernât Ghico.
Bp. — P. Xicho, Maria Ghicot, Rv .
Christian (Pere), Rv. —Arnalt
Christia, Bp.
Ghdlliella (Martin de) Rv.
GiDBTA (Scarp. de) Rv.
GiFRE (Ramon), de Lérida, Rm.
représentée à Mav. Bn.: d'or au
cyprès de sin. — V. — F.: d*ai. au
griffon d'or.
GiGAR (P. de) Rv.
GiGO (P , A., Homdedeu), Rv.
GiGDENZA (D. , 6., Jordan de), Rv.
Gimballa (M. de), Rv.
GiNCA(R.de), I, 445
GiPRiA, Hm — Rv.
GiRBRA (Arnalt). F.: d'arg. au ce-
risier fruité au nat.
GiSA (Pascual de la), de Barcel.
Rm.
ÇiTiNA (FortunGarcez de, écuyer,
Rv.
GiTOLERA (Michael) ; Marti de Gi-
tolero de la Cueva, Rv .
CIUR4NA, Sivrana, Sibrana(P. de)
et son fils R. Rv. — F.: d'Aragon
et de gu. au ch&teau d'arg. aoc.
de 5 besants d'or. — V.: de gueules
au château d'arg. aj. d'az. ace. de 9
besants d'or en orle.
GiUTADiA, Giptadia (Bg.. Miret),
chevalier. Rv. — Miro Ciuladella,
F : de gu. & la fleur de lis d'or.
GivADA (Joan Perez de la), Rv.
GivADER, Cevadero (P., Jacme),
Rv. ~ Civerio, 3 individus men-
tionnés par F. 1" Ochoas Civerio,
Biscayen: d'or à 5 roses de gu.
—2" Pere Ochoas Civerio , Biscayen:
éc. d'or au lion de.... et au loup
ravissant au nat. 3' Joan do Cive-
rio , de Saint-Jean-Pied-de-Port ,
parent de Saint-Roch et du roi Jac-
me: d'or à l'yeuse & laquelle un
chien est attaché.
GiVERA (Pere), Rv.
Clarach, Glerach (P. de), Rv.
Glaramunt, Glaramont. Fam. il-
lustre qui tire, dit-on, son origine de
France. I, 205, 233, 256. 306, 308. —
J. ch. Lxxxi. — Rm. — Rv. —
Plusieurs branches, F. — V.: 1*
de sa. au mont fleurdelisé d'or; —
2* de gu. au mont fleurdelisé
d'arg. — Glaramunt, F.: d'arg. au
roc d'échiquier d'az.
41
«S4
IfOMBRCLATURE DBS VAMILLBS
CLARAN'(Fer. de) Kv.
Claresvalles (Pons de), scribe
deLerida. —A. de GlaresvaJs.
Rv. — A . : de gu au soleil d'or, en
pointe, fascé onde d'arg. et d'az.
Clarbt (Fr. Bernât de), lieute-
nant du maître du Temple. I, 151.
442. — Bertran, R., et J. de Gla-
ret, Ermessende Glaretta, Rv.
Clariana (P. de) chev. J. ch.
CLxxxv. —A.: d'or à 3 bandes de
Claustho (Bertrande). Rv.
Clavbl (Domingo), Rm. — Joan
et Berenguer Glavel, Rv. — Bernât
Glavel, I, 443.
Glavee (Berenguer, Miramon,
Marti), Rm. — Bp. — J. Qaver,
de Teruel, Rv.
Glémbnt. Rv. — Joan Glim^it
provençal, F.: degu. au chevron
d*or, aoc de 3 poires du même.
Glochbr. Dez clocher (Ferrer de)
et son fils Arnaldon, Rv.
Clusa (Ramon de sa), Rm . — Bp.
Clusca (Bernât de), Bp.
Cluser (Amalt de) Bp.
GocALORA (Ivanez Sancho de) Bv.
GoBERTORBR j (Mathsu,^ iTomas),
Rv.
GocH,}Goq (Duran), de Barcel.,
Rm. — Bn.: de gu. à 3 besants
U'or. — Berenguer Coc; P. Gocho,
Rv.
GoDiNA (G.), Rv. — A.: parti,
d*or à 5 fas. d ai. au château a'arg.
brochant, etd*arg. à 5 fas degu.
au mont fleurdelisé surm. d*un saut
et d'une bannière, le tout d'or et
brochant sur les fasoes
GoDiKATs (Bcnet), F.: d'or à 3
chevrons de gu.
GoDONOiL (Martin de), Rm.
GoPiBRO (Aznar), de Teruel, Rv.
GoGOLBS, Rm. ~ G. de Gogoyla,
Rv.
GoGORDA, Gogorla (Guillem, P.),
Rv.
GoooT (Salvador de), de Jaca,Rv.
GoLBNT (J. de), Rv.
GoLBRA (J. de), boucher, Rv.
Colin (Amat de), Rv.
GoLL, Delool, Dezcol (Divers pré-
noms), Rv. — GoU. à May. qu'on
dit descendre de Ramon de GoUet,
vivant en 1239. Bn.: d'az. à deux
montagnes mouvantes des flancs et
formant entre elles un défilé (coll.)
ace. d'une étoi. d'or en chef — GoU,
A.: d*or au mont de deux coupeaux
de sin. celui de dexi. sommé d'une
croix recroisaltéeaii pied fidié d'az.;
celui de sen. d*un coâne de sin. —
Descoll, A : d'arg. au mont de 2 cou-
peaux, celui de dextre fleurdeUsé.
GOLLADO (Jague det), Rv.
GoLLAN (J. de), Rv.
GoLLiBRE, de CauohoUbero{i. P.
de), Rv.. ~- Joan de Golobrea de
Barcel. Rm.
Goix>M (G.. D., Bernât), Maria de
Colon, Na Goloma. Rv. Bernai Co-
lon reçut des biens k Alcoy, D. T
355. — Guillem Golom, proFon^al,
F.: de sin. à la colombe d*arg.
GoLOif A (Pierre de), français. F.;
d*az. à la bande d'or, ace. de z co-
lombes au naU, à la bord, d'arg. à
8 taus d'az.
CoLOMER, (6.) d'Almenara, Bt.
— A.: d'az, à 3 colombes d'arg.
becq. et membrées de ^u. à la bord.
engrélée d'arg.^ Guil&m Golomer,
du Garladès, F.: d'az. au colombier
d'arg., et d'or au lion de —
Joan Descolombers, de Barcel Rm.
— J. de Columbario, Rm.
GoLONGO (Domingo de), Rv.
GoLOMGo (Fr. Guillem de) inqui-
siteur. Z . 1^ 199
GoLSAM (R.) Hv. — Golzaii. Bp.
COMABBLLA (P. de), de Vicn,
Rm — P., Berthomeu de Com»-
belle, Rv. — D'az. à la roue d'or.
GoMADOLMs, Gomadoms, Corne-
doms (P. de) Rv.
GoMBA (Br. de la) Bertrandue
de Cumbis, Rv.
GoMBAiLLADX , de CumboUotis
(N.... de), de Montp. Il, 552.
GoMELLAs, Gomelles (Bernât de)
Rv. — Père de GomeltasBo.: d*or
au pin de sin. entre 2 monts an
naturel. — Gomelles, d» Girone.
A.: de gu. à la bande d'or rem-
S lie d'az. ace. en chef d'an lion
*or, surm. de 3 roses d'arg. et en
pointe d'un mont fleurdelisé de sin.
GoMPANT (Bg.; G.) sécrétants
{Scriptores) le V' du roi, le 2^ dn
v^ de Béam. Rm. — Bn.: d'arg. à
l'agneau pascal au nat. sa bande-
rots de gu. -^ Gompayn, Gompun,
Gompan (R., G., D.), Rv.
Comte (R.), de Montp. II, 552.
GoNDAMiNES, Gouaminas, Gona-
mines (P. de), Rv.
GoNDOM (divers prénoms) Rv.
Go?iESA (P. de) Rv . — A.: coupé
d'or et d'az. au lion de Tun en
l'autre.
Co.NOL (Guirald), Bp.
DES ÉTATS DB ^AGMB 1*'
635
GONQUA, Gonca, (Gonzalo Ferez,
Lazare, I^scual, B., P. de) Rv.
GONQCTES, de Conquis (P., Ra-
mon, Berenguer de), de Montp. II,
306. 429 à 430. 440. — Rm. — G.,
Marti de Goncas. Rv.
CONSTANTI (G.), boucher; R., P.
Gostanti: Mose, Salomon Alffostanti,
Rv. — Ramon Gonstauti, Contesti,
Bn. : d'or à la montagne au nat.,
mouvante du flanc dext. sunn.
d'une tour d'az. et accostée d^uhe
aigle de sa. de profil, tenant dans
sa serre une croix de calvaire de
CoNTORAS (Benedictus), dommi
regiêf Rv.
Contreras (Garcia Ruiz de) re-
çut des biens à Orihuola. D. P 335.
Gonxel(J. de), Rv.
GOPONS (P., A. de), Rv. —A. :
(te gu. à la coupe d'or, gringolée de
3 tètes de serpent de sin. ~ Joan de
Ck>pons, de Barcel. F. : de gu à 3
coupes d'or. — Le comte de Tarifa
porte le nom de Gopons.
Çoquer (Pelegrin ), de Saragos.
(Pons), Rv.
CoRB (Père), Rv.
GORBERA (Arnalt, Ramon de), Rv.
— Corbera, de Far. A. : gironé d*or
et de gu. — Gorbera, doîAmpour-
dan. A.: d'or à 9 corbeaux cfe sa.
— Fermin Gorvera, navarrais, Bp.
— F. : d'or à 2 corbeaux au nat.
GoRBis (Br. de), Rv.
GORBON (Guillem de). Rv.
GoRELLA (Rodrigo de), chev., et
quelques autres ; (5. Perez de Gau-
reia, ^v. — D. f ' 352, 386. — V-:
de gu. au serpent à tôte de femme,
s'entourant le cou de sa queue et
vomissant des fltimm«.s. — Ximeno
Gorella, navarrais. F. : d'or à 3 pals
de pu. et d'or à la cloche de — —
Peîay Perez Correa. grand maître
de St-Jacques, II. 93. — Gorrea est
le nom du marquis de Mos/grand
d'Espagne.
GoRiRFO (Bernât), Bp.
CORHON (F ), Rv.
GORNEG (J.), Rv.
GoRNEL, Gomeyl, Corneili. Illus-
tre fam. de rieos homes de natu-
raUza. I, 136, 140, 144, 150, 164,
172, 204, 254. 295, 344, 384, 389; II,
30. 36, 291, 561, 569. — Rm. — Rv.
— B. Issuelde la maison romaine
CoHiItta, d après F. : d'or à 5 cor-
neilles de sa.
GoRffBiXA, GomeUftD(Q'.tBr. de),
Rv. — Z. f 141. — ♦ A.: d'ai. à
3 huchets d'or l'un sur l'autre, vi-
roles degu. — Bernât Gornella. F.:
d'argent au corbeau de sa.
GORNUDELA (J. de), Rv.
GoRPo (Blasco Joannez), de Te-
ruel, Rv.
GoBRAL (G. de), Rv. — Nom delà
marquise de Narres
GORREDOR (J. Guill.), Rv.
CoRREGER, Gorriger (P. Boreo-
guer), Rv.
CoBROZA, ^.orroçan (B de), Rv.
GoRsoR (G.), Rv.
GoRTAiLADA (Sancho de), Rv.
GORTBL (Bg.), Rv.
GoRTES (G., p., Amald, Marti),
Rv. (Ramon) Bp. Arnalt de Gurte,
de Curtibus, B. Za Cort., chevalier,
Rv. — Guillem de Cutie, Z. f • 204,
214. — Bertrand et Guillemiza Gort,
s'engagèrent à suivre Jacme en
Terre-Sainte. Doc. inéd. VI, 174.
GoRTici (Père) de Lerida,;II.
CoRTiT (Amald). I, 443.
CoRVANERAS (Pedro Laxano de),
Z. f 205.
GORZA (J.), Rv.
GoRZAVi (Arnalt do), frère du
v'* de Castelinou. Z. f 213. 222.
Gosco (A.), Marco Goxo, Rv —
Ramon Gorscos, Bp.
GoscoLA (l'ons do), de Tortose,
Rv.
GosPiN (Domingo) et Ramonda,
sa femme. Rv.
Costa, Za Gosta, la Gosla (divers
prénoms ) . Rv. — T.-S. — Plu-
sieurs fam. : 1* représentée à Mav.
Bn.: degu. à 6 côtes d'arç. — 2*
Gosta , de Tortose , A. : d az. au
mont au nat. sommé d'une croix
d'arg. bordée d'or, accostée de 2
étoi. d'or et surm. d'une couronne
du même. — 3* Zacosta, de Len-
torn, A. : d'or à 3 fasc. ondées de
gu., à la bord, de sa. semée de
besants d'or. — 4* Ramon de Gosta,
F. : d'arg. au mont au nat. sur le-
2uel grimpe un lion. Qu'une troupe
e corbeaux empêche d'avancer.
CosvALAN (D. Joannez de), de
Teruel, Rv.
GoXAN (Anselme), Rv.
Covos (Alfonso), castillan, F. :
d'az. à 5'Iionceaux d*or.
Greixbll^ (Jacme de), Rv.
GREiUDESjfA., R., P. de), Rv.—
Gerald den Gremats, bourgeois de
MoDtp. II, 508.
636
IfOMBlfCLATORB DES FAMILLI»
Grescheb, Greeques, Juif de Beau-
caire, Rv.
Crbspi (divers prénoms), Rv. —
Diego de Grespi, de Girone, des-
cendant de consuls de l'ancienne
Rome, d'après F., reçut des biens
à Xat. D. f 340. — V. : d'or au pin
de sin. — Fam. dont le chef porte
aujourd hui les titres de comte de
Gastrillo, tVOrgaz et de Sumacaroei,
marquis de la Vega del Boecillo,
grand d'Espagne, etc.
Grbspo (Marti) de Teruel (P.),
Rv.
Crbstinus (B.), Rv.
Gristovol (Domingo), Rv.
Gros, de Croso (Guillem de),
Remat de Crois, Berenguer de Gro-
sius, chev . de Tortose; Gerald Des-
cros î J. de Greus, Rv.
Crudo (P.), Rv.
Gruilles, Groyles, Croillas. Gruel-
las, Grevelas. t^m. distinguée do
Gat. I, 233, 264. 308. — Rm. — F.—
A : de gu. semé de croisettob d'arg.
— Nom porté par le marquis del
Castillo del Torrente.
Gruxa (A. de), de Tortose, Rv.
CuBELLS (divers prénoms), Rv.—
Joau Gubells, français, F.: d'arg à
la fleur de lis de sin. — Arnalt de
Gubells, F.: d'az. au croiss. d'arg.
Cuc (Berenguer), T-S. — Fr.
Guch. Rv.
GucALO (Jacme), de Vich, F.:
d'arg. à Toiseau dnsa.
Glxulels (B.), Rv.
CUEVA (Gilde la), Rv. — *Goupô
en chevron d'or à 2 pals do gu. et
de sin. au dragon d'or.
GUGUILLADA, GoguUada (G.), Hv.
CUKADO (P.)i Rv.
CuMLLS, Gonills (Ramon) de Tor-
tose, Rm., chef de la maison de Gu-
Dilleras, Bn.: d'or au conil (lapin),
sautant de sa. — B. de Gonil, ae
Tortose, Rv. — Ramon Gonill, de
Marseille, F.: d'arg. au lapin de sa.
Cdrteu^. GurtoUon, (P.), Rv.
GuiLMS (Ramon), juré de May.
Bp
Dabrafim (B.), G. Ferrer Da-
bralim, Rv.
Dacan (Guillem), huissier du roi.
J. chap. XXXI.— Z. 1^ 117.
Dacheta (Martin Perez) navar>
rais, Rv.
Dalantorn (Guirald), chevalier,
Rv. — Lentom, en Gat. A.: d'arg.
h 3 vols abaissés d'az.
Dalaus (Jo.) de Montp. II, 552.
Dalcabbz (G.), Rv.
Dalgaviea, (Domingo), Rv.
Dalmau (R.) de Tortose, Br. I>al-
maiio. Rv. —Bornât Dalmau, iuge
à May. Bn.: d'az. à 6 coquilles darg.
— Bemat Dalmau. F.: de gu. au
lion de . . à l'orle de coquilies d'or.
— En Dalmau, T-S.
DALPEifES,Dalpenos (Ferrer), Rv.
Daltafuila (P., A.) de Tortose,
Rv.
Daltura (GiI) de Teruel. Rv.
Dalzat, Datzat (B.), Rv.
Damiano, Damianos ^GaiUem),
Rv.
Danils (P.), Rv.
Daraos (Garcia) chevalier, Rv.
Darchol (Pascual) de Teruel,
Rv.
Darejens (Be[.), Rv.
Daribl (Dominffo), Rv.
Darnba (TomasJ, de la suite de
don Rodriffo de Lizana. Rv.
Darno (Guillem), Rv.
Daroca (divers prénoms). Pour
quelques-uns nom d'origine, Rv.
Dascasso (Miguel Perez). Rv.
Daspa (Miguel de), Rv.
Dasqueta (Martin PerezJ, Rv.
Dasskssa (Ferran), chevalier, Rv.
Daucks (Ferrer), Rv.
Daude (G.), de Moresa; Bertran,
P. Dauder, Rv.
Davena (G.), Rv.
David (maffister), alfagui de don
Fernand.— Magister David, alfaqui
du roi. I, 377. — Rv.
' Daviengo (J.), Rv.
Davoio (G ), Rv.
Davora (Garcia), P. Davoro, Rv.
Datrada (Rodrigo), de Teruel,
Rv.
Dazcots (Lope Ximenez). chev.
Daçots. Rv.
Dega (B.), Rv.
Delascitt (P.) de Jaca, Rv.
Delpi (Guillem^ de Barcel. Rm.
Bp.
Delgat (Garcia), Dominga Del-
gada, Rv.
Delgida (Garcia) et sa femme
Marie, Rv.
Dembcn (E. Lopez). Paix de 1235.
Dbnbat (Joau), Rv.
Deolargas (Guillerma), Rv.
Derbna (Guillem) Rv.
Dermçi (J ). Rv.
Dero (A.), Rm.
Dbsbatns. des Banys, de Baineù
(GuillenO, àe Barcel., Rm. TGuil*
lerma, firmeogera), rte Baro^. Rv.
i
DES iTATS DE JACMB I"
657
^ * Desbanchs, en Gat.: d'az. au
bœuf d'or, à la bord, deocbéo el
cousue de gu.
Dbsbrull, de BruU, de Brulio
(Stevan), Rm., auteur de la fam.des
marquis de Casa Desbrull, à May.
éteinte dans la maison de Villalonffa.
Bn.: de gu. au griffon d'or. — Ma-
gi^ter Vgo DeibruliOf Rv.
Dbscos, Desco'S (Père, Ramon),
Bn. : d'or à Tours passant de sa.
snrmon. d'une fleur de lis de gu.
Desgrix (Francisco Johannez), de
Teruel, Rv.
Dbsfobn (P. de B.), de Tortose,
Rv.
Desmas (Guillem), Rm. (R.), Rv.
— * D'or à 3 fasc. de gu. charg.
chacune de 3 fleurs de lis du champ.
Dbsmorer, Dezmorer (P.), Rv.
Desnoger (P.) de Berga, Rv.
Desoras (Guiralt), Rv.
Despen (J.), de Tortose, Rv. —
V. — Père Despens. F. : d'or au
griffon d'az. h la bord de sin.
Despiels (P.), Berenguer de
Spiels, Rv.
Dbspoti (J.) de Jaca. Rv.
Desprats, Dezprat (Bg., Eyme-
rich, B , Ripol), Jorda de Pratis,
Geraldus de Prato, commandeur
d*Âlfama, Rv. - Père Desprals,
F. : de gu. à 3 roses d'or. — Fam.
distinguée. — On trouve aussi Des-
prat en Gat. A. : d'or à la bande
de sin. ace. d'un pré fleuri au nat,
à la bord, componéc de sin et d'or.
Despuig, Dezpug, Des Puchs, de
Podio (divers prénoms), Rm. — ^Rv.—
Maison illustre, représentée de nos
jours par le comte de Monténégro,
grand d'Espagne. — Â.. de gn. au
mont fleurdehsé d'or, char, d'une
étoi. du champ. — Père Uespuijç;
F. : de sin. au lion d'or, ace. d'une
fleur de lis.
Despuin (R.), de Tortose, Rv.
•espuit(P., R.)i Rv.
Despujol (R.) Rv.— Fam. distin-
guée de Gat. ayant aujourd'hui pour
chef D. José Maria Despujol y Fer-
rer de Sant Jordi, comte de Fonol-
lar, marquis de Palmerola. —A.:
de gu. au mont fleurdelisé d'or, à
la bordure componnée d'or et de gu.
Destola ( P.), Rv.
Dbstornell, Desiomelio (ma-
gister G.) Rv.
Destorrent (G.), B. Destorrentz
de Fontrubia, Ry.
Destre (Matheu, Pedro Perez
d'en), Rv.
Destbugon, Destrigo, Dastrugon
(Simon, Simonin), Rv.
Destrum (Flor). Rv.
Des val, Desvalls, de Vais, deVal-
libus (divers prénoms), Rv — Fam.
distinguée de Gat., représentée de
nos jours par le marquis d'Alfarras
et de Lupia.— A. : d'or à la rose de
gu. Iwutonnée d'arg. char, en cœur
de 5 tourteaux d'az.
Desvilar, de Vilarto (divers pré-
noms), I, 255.— Rm.— Rv.
Deit , de Dèo ( Pericus . Guillem
de), Tomas dena Deu. Rv.
Deusa (Guillem ), Rv.
DhuSDAT, Deodato (Don. Guillem).
Deuslosal (Guillem), Rv.
Develsa ( Garcia ) el sa femme ,
Rv.
Dbta , Daya, Dayans, Bp — Bn. :
de gu . au pal d'or char, d'une fau-
cille au nat.
Deza (Bertran, P. Garcez de),
P. Roiz Dadeza, Rv.; Gil Garcez de
Deza, Z. f 159. — Bernât deDaza,
do Bilbao F. : d'or à 2 loups pas-
sants au nat. — Jacme de Daza,
F : d arg. à la croix fleuronnée de
gn. cantonnée de 4 chaudières an-
sées de
Dezpar, de Far (Hugues), I, 269.
— A. : d'or k la chaudière d'az .
remplie de flammes de gu.
Dezlegh. Deylet (R.), de Montp.
Berthomeu Dezlec, Rv. — B. De-
lecho. conul de Montp. U, 551.
Dezluc, DesUuch (R.\ Rv. —
Premier mustazaf de Val. F. : d'or
à la romaine au nat.
Dezhox (D.), Rv. — Valero Des-
mont, de Sarâgosse. F. : d'arg. à
un mont, sur lequel un lion pour-
suit un renard ravissant un lapin.
Dezlor, Desllor (divers prénoms),
un chevalier, P. Dezlor, regine,
Rv. — J. ch. xLiv. — A. : de gu. &
3 cartels d'or, chargés chacun d'une
branche de laurier de sin.
Dezpi. Despi, Dezpin, de Spi (Br.,
Pelegrin), Rv.
Dezpisen (R.), Rv.
Dezplans, Desplan, Dezpla, de
Planis (P. Dolza, B.); P. de Planes,
Ar. zas Planas, Domingo de Plenas,
Rv. — Père Des Plans s'engagea à
suivre Jacme en Terre-Sainte, Doc.
inéd. VI, 174. — Bemardus de
PlanOy de Montp. II, 430.— Guillem
Despla, F.— A.: * losange d'or et de
6S»
IfOMERGLAltmB DES FAMILLES
sa., à la bord, dejgu. char, de 8
roses d'or. - Père Planes, chef
d'une fam. représentée à May. Bq.:
d'or à l'aigle de gu., & la bord du
même, chargée de 8 coquilles d'arg.
Dkzpont (G.) huissier du rot,
(Ferrer, Berthomeu), Rv.
DiAGASTELLO (P. Iniguezde], Rv.
DiASSA (Domingo Perez), Rv.
DiAZ, Diez, Deiz, Diague, Didctci
(divers prénoms) ; dos chevaliors.
uo secrétaire du roi. I, 4'i3. — Rv.
— Bp. — D. f* 385. — Fernand
Diaz, F. : d'az. à la comète d'or. —
Âlvaro de Diez, castillan, F. : de
gu. au saut. d'or. — Fernand Diez,
F. : d'or à 6 bandes d'az.
DiEus LO FBS (Firmin) de Montp.
II, 552.
DiNOSA, Disona (Ar.) Rv.
DiOMS (te C^') grand seigneur
hODgrois, parent de la reine Yo-
lande, 1.358:11, 577— Rv.— Amor
Oionis, son fils, reçut des b ens à,
Orihuela. D. f 335.
DoLZASCAHNs (Fcraand de) Rv.
DOMENECH, Diomen^e , Domin-
go, Dominguez, Dammici (divei's
Ç rénoms). Plusieurs bourgeois de
eruel, de ëaragoirse, de Jaca;
un tailleur; un arbalétrier de Mora,
Rm - Rv. — V. — Joan Dome-
ndch, français, F. : de sin. au chien
rampant d'arg. tenant une ban-
nière de gu. et surm. d'une fleur
de lis d'az. — Arnalt de Na Do-
mingua, de Tortose, Rm. — Do-
miaga, boulangère, Rv. — Dôme-
nech, à May. Bn.: d'or k 3 roses
tigées au nat. liéeslpar une bande-
lette de gu .
Dons, de (7/mts (Guillem) F. -
Bn.: d'or à 3 fasc. do sa.
Don, Donad (Ramon) Rv.
DONATA , chevalier d'Epila et
Miguel Lopez, son frère, Rv.
DONGISA (Gil) Rv.
DoEABUENA (S. Dominffo) Rv.
DoRDoiNo (Blasco) de Jaca, Rv
DoRLA (Martin), Rv.
DoRiLS (Jacques) chevalier fran-
çais. F.: de gu. à la carafe d'or.
DOYZ (Jacme de) D. f 357
Drapeii (Lorens), Rm. — (P.,
Bernât) Rv.
DuDALA (Gonzalvo Ruiz) Rv.
DciT (Fernand), de Jaca. Rv.
DunoL (P.) de Tortose, Rv.
DoL (Domingo) de Jaca, Rv,
DuoNA (Ferrer de) Rv.
PuRAN (divers prénoms) Rv. —
F.: de sio. mi lion ace d'«a
croiss.— Duranet, Rv.
BCRPORT (Berenguer eiR«aioa),
I, 291, 299: II. 133 166, -^ Ranon
Durfort. prud'homme de Val. Il,
569. — Rv. —F. d'az. au cbatean
do. . . . contre lequel nunpe un lioa
<ror. — Devis»:: Si eU mryofùH
^Sil est cUir, je suis fort). — Proba-
bl liment de la même souche que
l'illustre maison française de Dur-
fort - d'arg. à la bande d'az.
DcRG, Durt (Ramon, Galoeran,
Armeogol), Z. 1- 164, 177. ^t . —
Bp. — ♦ Durch, en Rouss. A: d'arg.
à 3 losanges de gu. rangées en fasa
surmont, chacune d une rose au
nat: ù la bord, componnée d'ai^.
etdegu.
DUASACH (B.) Rv.
Elart (R. dt) Rv,
Elias, tailleur, pelletier; ~ mc-
<7i«tor Relias, Rv.
Embit, Dembit (Sancko Xime-
nez) Rv.
E.MERICH, Emerig, Aymeric, Al-
morich, Haymirius (seul ou avec
divers prénoms) Rm.— Rv — Ber-
nât Eymerich. de Barcel Bp. —
Bn.: d'az. au soleil d'arg. — Bernât
Eimirici, arbalétrier ; maître Al-
méric, périgourdin, Rv. — And tes
Bymeric, fauconnier du roi, II, 606.
Encxapes (Martin de) de Montp.,
F . : d'arg. à la balance en équiiiCrs
de ..
Enecez, Ennegz (Divers prénoms),
piusiïîurs chevariers. Rv.
Eneugua, Enecpia (P., M,), Rv.
Knric, de la suitede la reine, JRv.
Entenza, Antenza (divers pré-
noms); un chevalier, un arbalétrier,
Fam. de ricos homes aragonais, f,
136, 389; II, 27, 32, 50. — B.: d'or
au chef de sa. — Bernai GuUlem,
fils de Guillem VIII de MonlpeUier,
prit le nom d*Entenza; I, 324. S44,
348, 366 à 372. 374; II, 80, 291, 301,
337 à 344, 391. — G. de Ëntenia,
II, 561.— Ramon de Ëntenxa, fils de
Bernai GuiUem. F.: ée. d'arg à
3 pals de gu. et ae gu plein. — Be-
renguer de Kntenxa, rico hmmê, F.:
parti d'or et de gu.
Enveig (Joaa) catalan, F.: d'or
plein.
Epila (Domingo de) de Hueaca,
Rv.
Erill, Bril, d$ EHUo (P. de) des
neuf barons de Cal. Rv. — F.: d'or
au lion d'az. — Berenguer de Erà,
DBS «TATS DE #AC1IK I
«r
6»
ÔYÀiue de Barcel. I. 343, 353.— Be-
renguer de Eril, II, 262. — A.:
d'arg. aullion de gu. couronné d'or.
'Ermbnienoe (Maria de), Ermes-
sende, couturière, Rv.
EsGALAS, Scala. Sescala, Sesesca-
las (Bemat), Bp. — Bn. : degu. à 6
échelles d'or, posées en bande, 1, 2,
2 et 1; sur le tout : parM|émanché
4*arg. et d'az.— 6. de Lescala, che-
valier, Rv.
EscAMiLLA (Amfos de). F.: d'az.
à la tour d'arg. sur les créneaux de
laquelle sont}perchées deux oies du
même.
EsGARPio (Fr. B., Fr. Andréas
de), Rv.
ËSCHEDAS (Martin Lopcz). Rv.
EscHERDO. Eschierdo (jBertomeu),
Rv. — AdaJid. C'est lui que le roi
arrêta de sa propre main sur le
seuil de la tente de D. Garcia Ro-
men (t. II. p. 36). — J. ch. ccxiv.—
Scherda, Rv.
EscLOT. Desclol (F.). Rv. — Pro-
bablement de la même fam. que le
chroniqueur Bernât d'Esclot» Des-
clot, Sclot, Aclot, I. 427, 428; II,
457.
EscoLANO, Scolano (P. de Vich.)
G. Escola, Rv. — Joan Escolano,
de Jaca, F. : d'arg. à 3 bandes de
sin., ace. de 8 besants de gu.
ESGORNA (Ramon), Rv. — F. :
d*arg. au bœuf de gu. entouré do
clochettes de . . .
EsGRivA, S<?riba, Scriptor (divers
Ï)rônoms). Quelquefois nom ue pro-
(sssion. Rv. — Guillem Bscriva,
chevalier, secrétaire du roi, orig.
de Toul. d'après F., de Narbonne
d'après V.. reçut en fief les revenus
du greffe du jusUcia de Val. J. ch.
ccLXXxvm. — Z. f" 198.— D. f 377.
— Echiq. d'or et de gu. — Escriva
de Romani est le nom de famille
du marquis de Monistrol de Noya
et de San Dionis, baron de Béni-
pareil.
ËSGUDER (P.), Rv.
BsLAVA, Esilava, Sllava, Deslava,
Dez Lava (Lope de), Rm. — (Di-
vers prénoms), I, 303. — F. : de
sÎQ. à 3 écussons do gu. char, d'une
fasc. d'or. — De sin. à 3 écussons
fasoês d'or et de gu.
EsPADA (Bemat de), de Madrid,
F. : d'az. à l'épée au nat. & la bord.
d*or semée de fleurs de lis.
ESPAILARGAS. Spallargas, Des-
P^yJajTges (G. ae}, chev. Rv.
EsPANYAf Despayna, Spanva, de
Hyspania (divers prénoms), Km. —
Rv.
EsPARZA (Lope de), memadero
navarrais, F. : de sin. au soleil d'or.
EsPAYNOL , Spainol , Despennol
(divers prénoms), I, 255. Rm. —
Rv. — Espaûol à; May. éteint dans
la fam. des Dameto. marquis de
Bellpuig, Bn. : d'or à 3 oiseaux es-
sorants do sa.
EsPEJO (Juan Ruiz de), F. : d'or
3 miroirs garnis d'ébène et d'ivoire
au nat. — Gelacian de ^spejo, chev .
navarrais, F : d'arg. au griffon de
sin.
EspiGOL, Spigol, Despigol (B., P.,
G. de), Rv. — Père Espigol, de Gl-
rone, F. : de gu. à 5 plantes d'aspic
de sin.
EsPES (Père), de Toul. ou de Toi.
s'embarqua avec le roi pour la
Terre-Sainte. F : d'az. au griffon
de gu. et de sa.
ESPLUGA , Aspluga , Gaspluga ,
Spluga (Ar., %.. G. de), Rv. —
Berenguer de Ësplu^ucs, de Pera-
lada, F. •. de gu..'à la fleur de ils
d'or. — Bernât de Esplugues, orig.
de France. P.: de gu. semé de fleurs
do lis d'arg.
EsposA (Blasco. Gil do\ de Jaca,
Rv. V . .'
ËSTADA, Stada, Destada (divers
prénoms). Plusieurs chevaliers. J.
ch. XL. — Rv.
ESTADELLA (J. de), Rv.
ESTANYA (Père), de Montp. F.:
d'or à 2 cvgnes nageant dans un
étang. — Amet de Stayna, Rv.
EsTBLLA, Stella, Destella (Divers
prénoms), Rv.
EsTEVA, Estevan, Stephani, de
Stephano (divere prénoms), Rm. —
Rv. — Estera, représentée de nos
jours à Iviza Bn. : d'arg. à 2 bœufs
attelés à une charrue, le tout au
nat. — Elias Esteva s'engagea à
suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc.
inéd., VI, 174. — Stephanus, /br-
nerius; Stephanus, carnicer; Guil-
lem et S. Stevanet: Stebania; G.
d'en Estevaneta, Rv.
EsTiu (A., A. Perez de), Rv.
EsDN (Martin de), Rv.
EvA, nourrice de la reine. Rv.
EVELLE (P.), Rv.
Evi (mdgister), Rv.
ExABERRE, Exabarre (Lope de)
Rv.
ExAKGH, Eizarc (Père) français
640
NOMENCLATURE DBS FAMILLES
P.: de gu. à la fleur de lis d*or.
ExfiA, Dexea, Degea, Exeya (di-
vers prénoms). Plusieurs chevaliers,
un cn&telain d'Amposta. Fain. re-
présentée en Espagne et en Fran-
ce — Echiq. d'or ei de gu .
KxERicA, Xerica (Jacme de] fils
légitime du roi Jacme 1*' et de Téresa
GÎTlI, 356. 481. - B. — F.: dA-
rag. à la bord. d*or, char, de 8
écussons d'arg. à la Fasc. d*az., qui
est Gil de Vidaure.
ËxiBERT (Mahomet) Rv .
ExiHEw, Ëximeniz, Ximeno, Xi-
menoz (divere prénoms), un arba-
létrier, un chanoine de Saragosse;
Ximenello. courrier, Rv.
Eyz(G.) Rv.
Fabkr (D. , Uc, Guillem) de
Montp. II, 552. - Br. et Thibalt
Febre. Rv.
Fabra (Frère Miguel), domini-
cain, I, 289; II, 74,75. - D. f*
388.— Guillem de Fabra, frèrede Mi-
Suel. F.: éc. d'azau croiss. d'or et
e gu. à 1 étoi. d'or.
l^BREGES, de Fabricis (A., R.,
B. de) Rv. — * Fabreçes exis-
tant encore à May. Bn.: d az. à la
bande cousue de gu. ace. en chef
d'une étoi. d'arg. et en pointe d'un
château ruiné d^or, - ♦ Fahregues ,
en Languedoc; d'or au cor d'az,
lié de sa . ' Fabregas est le nom de
ftmilliî de la baronne de Fuente
de Quinto.
Facaut (Br. de) Rv.
Fagunda. Rv.
Falcbs, Falchs, Falz, de Falcihus
i divers prénoms) Rv. — Rodrigo
falces, navarrais. F.: d'az. à 5 fau-
cilles d'or.
Falcone (R.. Ar.) Falcus, Rv.-
Le marquis de Oastel - Rodrigo,
prince Pio do Saboya, grand d'Es-
pagne ; le marquis de Almonacid de
los Otoros ; le comte de Lumiares,
portent le nom de Falco.
Falconbr (A., R., Andreu) Rv.—
Ramon Falconer, d'Alcira, II, 610.
Fales fBr. de) Rv.
Falgubr, de Falgueriis (Bertho-
meu. Bernât, Père) Bp. — Le nom
de Falguera ebt porté par le comte
Santiago.
Falzet (F. de) Rm.
Faraix, lils de Mahomet, arbalé-
trier. Il, 376. -Rv. „ . , ,
Fariza, Ferisa (Ona, Maria de)
Faxardo (Alvarez), galicien, F.:
d'arg. aux plantes d*ortie de sin.
sur un mont battu par les flots.
Fazanias (Benêt de) de Teniel,
Rv.
Febrer, Fabrer (D., Laurens),
Rv. — «Tacmc Febrer, I, 4G0
Guillem Febrer, inspecteur de l'ar-
mée royale à Val., père de l'auteur
des Trobas. Ce dernier Ait fillenl
du roi Jacme. F.: d'or à la fleur de
lis d az. A ces armes, Jacme Febrer
ajouta par concession royale : d'aiig
au lion au nat. — Fabrer, à May.
même fam. que la précédente. Bn.:
coupé d'or à la fleur de lis d'az. et
d'arg. au lion au nat.
Fedas (Uc de) Rv.
Fehet (Bertcmeu de), d'Alme-
nara, Rv.
Felip (Domingo, Pascual de).
Philippus Portartus, Rv.
Feliu (P.), Rv. — * Feliu à May.
Bn.: d'or & la croix de Calalrava
de gu. , à la bordure compaaêe
d'or et de gu.
Feltrer tP.), Rv.
Fenals (Miguel de), Rv.
Fenollers, Fenoylers, Fenuler
(Ar. de), Rv. — * Fonollar, à May.
(Comté dans la maison Despujol).
A.: bandé d'or et de sa. de 8 pièces,
Fbnollet, FonoUet Bp. — Bn.
Fam. importante orîg. d'après F.
et V. do Sainl-Paul-de-Fenouillet
dans le diocèse do Narbonne. Elle
a possédé les vicomtes de Illa et de
Canet. Son chef porte aujourd'hui
les titres de comte de Olocau, mar-
quis de Llanara et de GarboneIK
grand d'Espagne. Le duc de Hijar
a hérité du titre de vie. de Illa. —
Bn.: d'or à la plante de fenouil de
trois fleurs au nat.— F. — V.: parti
d'or à la plante d» fenouil de sin.
à la bord, componée d'or et de sin.,
et d'az. à la demi -fleur de lis d'or.
Fer, Feri (Anselm) de Marseille,
Rni.— G. Ferre, Rm.— G., P. Ferre,
J. Ferro ou Fierro, de Te-uel, Rv.
Ferigola (R. de), Rv.
Fernand, abbé de Montaragon.
infant d'Ar.. oncle du roi, I et II
passim. — Ferrand et Ferra (divers
prénoms), un jongleur, I, 459, Rm.
— Rv.— Arnalt Ferrand, lieutenant
du roi à Montp., II, 407. — Ferra
de la Mola & May. Bn.: d'az. au fer
à cheval d'arg. ace . en chef de 2
étoi. à 6 rais, du même.— Père Fa^
rando, F.: éc. en saut d'arg. au fôr
à cheval d'az. et degu. à l'étoi. d'or.
DM irktlê 0B JAGBB I*'
641
Fbrnandbz, Ferrandiz (diTérs
prénoms)^ an chevalier, on jardi-
nier. Ferrandiz à May. d'nrig. por-
tttgaise: parti d'or au chef daz.
char, de 3 losanges du champ, et de
gu. à 4 fasc. (T or. — Berenguela
Femandez, maîtresse du roi, II,
352; Pedro Fernande^ de Hyar, fils
naturel du roi: voy. Hijar.
PERaADELA (Ramon) s'engagea à
cuivre le roi en Terre-Sainle. Doo.
in4d.; IV, p. 174
Fbbradi, Ferrado(Furtado Ferez.
Marti), Rv.
Fbbbaout, de Ferro aciUo (Be-
renguer, Miguel), Rm.;—Rv., Pore
Ferragut de Jaca.P. : de gu. au fer
à cheval d'or ace d'un clou du
ménïe.
FEBBAMni (Marza), Rv.
Febber. Ferrar, Ferrarii (divers
m^ùomâ), Rm. — Rv. — Ausias et
Dérnat Ferrer reçurent des terres
à Xdt D. ^ 340. — Ferrer à May.
Bn. et Bernât Ferrer, anglais. F. :
ae gu. à 3 Jumelles en bande d'or.
— Ausias Ferrer, écossais. P.: d'az.
à la bande d'or, remplie de sin. et
dé sin. à 3 fers à cheVal d'or. — Le
nom de Ferrer est porté par le mar-
c(ais de Viilasegura et de Monte-
muzo.
Ferbeba (Palaton, Garcia Ferez,
Arsen), Rm., — Rv.
FEBRBt (P.), dç Tortose. Rv.
Fbbbiols (G. de); Ferriol, trom-
pette, irortuiidor.
Fbbbiz (Marco), I, 95. — Rv. —
Ktfrriâ de Huesca, P.: de sa. à la
cfoix d'arg. char, de 4 fers à che-
val d'az. et au oentre d'un saut,
de gu.
FiGAc (P. de) Rv.
Figbb, FigeroB, Figuera (divers
prénoms), Rv. — Benêt de Fijfuera,
F.: de. . . à la feuille de ttgnier de
stn., et d*az. à l'étoile d'or. *
FioiiBBOLA, Figerols, de Figerolis
(divers prénoms). — Rv.— P.— A.:
d'or à 5 feuilles de figuier de sin.
an saut.
FiLBBA (Ximenez de), Rm.
FlIfALLBBAS, Rv.
F1NE9TB8S (Berenguer de), J. ch.
XLII.
FiTA (Bg. de), Rv.
FiVALLBa, Fyvaller, Fiveler. Rv.
— B». — A. ; de gu. au lion d'arg.
arme d'az. — Le cnef de cette illus-
tre famille catalane est aujourd'hui
le duc d'AlmeiMira Alta, comte de
T. n.
Damius, marquis deVillel, grftnd
d'Espagne.
Flababug , Hababug (Pelegii,
Just, Miguel, J. Ferez, Joannez de),
Rv.
Flanoina (P.), Rv.
Flix (Andriolo et Albert), neveux
de Garroz, seigneur de ReboUedo.
Flochait, Rv.
Florejaciis (Salvator de), Rv.
FloreiNt, Rv.
Florbz, Floriz (Matheu , cheva-
lier de Galatrava), Rv.
Plumez (Guiliem Ivanez de), Rv.
Fluvia (Guiliem de), Z. f^ 115.—
A. : d'az. à 3 fasc. ondées d'arg., à
la bord, de gu. char, de 8 ôcussons
d'or & la fasc. de sa.
FocALD, Folcalt, Kolca (B.), bou-
cher, G. Focaut, Rv.
Focbs, lam. de rioos homes de
naturaleza, h 136, 175, 187, 197,
•207. 307, 323; II, 95, 301. 395, 407.
— B.— F. : d'az. à 5 faucilles d'arg.
Foix (Pons et Bermond de) s'en-
ga^rent a suivre Jacme en Terre-
Sainte. Doc. tn^d.; VI, 174.— Comtes
de FoU, vassaux des comtes de Eteir-
cel. I, 130; II. 64. 66, 337. 369, 479.
— D'or à 3 pals de gu.
FoLGH, (Frère) maître de l'hôpi-
tal. I, 174. Voy. Cardona.
FOLQUET (P.), Rv.
Fo."9T, za Font, de Fonte (A. de)
Rv. — G. de Fonte, prêtre, secré-
taire du vie. de Gardona, I, 445 —
Ramon de Font. Bp. — Bn.: d'or
à 3 fasc. d'az. cnar. de 6 fleurs de
lis du champ, 3, 2 et 1.
FoNTANET (B. de) Rv. — * A.:
de gu. à la fontaine d'or jaillissante
d'arg. ombrée d'az.
Fonte RRODALiA (Marin), Rv.
FoNTESCALENTKS (Michael, Gar-
cia de), de Teruel. Rv.
FoNTESCLARAS (Pascual de), Rv.
FoNTOVA. fam. de mesnaderoSt
II, 334. — Rv. — B.
Fontbubia (Buguet de), chev.,
Rv.
Fonts, de Fontibus (G. de) che-
valier. — Marti do Fuentes, Rv.
FoNViVES, de Fonvivie (P. de)
deMontp. Il, 552.
FORBEYTR (R.), Rv.
FoRCALQUiER (Hugues de) maître
des hospitaliers. I, 307, 343, 380,
389 ; il, 90, 95. - D'or au lion de
flM. cour, du même, allas : de gu. à
a croix cléchée, vidée et pommelée
d'or.
42
642
NOMENCLATURE DES FAMILLES
Fores (P., Ramonde), Rv.
FoRN (R. de) , de Fornos ,
Rv. — Bernât del Forn s'engagea
à suivre le roi en Terpe-bainte
Doc, inéd.', VI, 174.
FoRNER (Pons, Marti, D.), Rv.
FoRXiCH (Marcho) Rv.
FoRQUiLLA (Martm Ruiz) reçut
des biens à Orihuela. D f» 335.
FoRROS (Berthomeu), Rv.
Fort (Ramon), viguier de Cerda-
gne,Z. f* 205 — Père Fort du comté
d'Urgol, F.: de sin.au nœud gor-
dien de... — Fort, de Barcel. A.:
d'az. au rocher au nat. surm. d'un
ctiâteau doi\jonnô de 3 tours d'arg.
FoRTER (Berenguer), Rv.
Fortes, de Saragosse. Rv.
FoRTUN (S., p., J.), Rv. — For-
tuny, de Tortose, A.: d'az. à 2 fasc.
brétessées et contrebrétessées d'arg.
FoRz, de Burriana: G. Fuorz.,'
Rv.
Fraga (G., R., Domingo, J..
Sanches. April, Br. de), un cheva-
lier, un huissier du roi, Rm. — Rv.
Francesa (J. de), de Jaca, Rv.
Franch (G.). Rv. — Jacme
Pranch, provençal, F.: de gu. à la
Heur de lis d'arg.
Franculin ((;. dej, f aster tus, Rv.
Fhaner (G.), Rv.
Frau (Ferrer de) Rv. — * Frau,
représontô à May. Bn.: d'az. à la
tour d'arg. senestréo d'un lion d'or
tenant dans sa gueule une bande-
rolle d'arg. char, du mot Frati. Mon-
telô à dext. d'arg, au fraisier de
sin. soutenu par une main d'arg.,
à sen. degu à l'étoi. d'or.
FfiANQrKZA (Arnau de), F.: d'or
au lion de gu. ayant dans sa gueule
une banderolle sur laquelle est écrit
le mot: Hbertas,
Fraxino (Berengarius de) Rv.
Frexer (Joan, R.) de Girone,
Rm.
Fresaria (Joanna), Rv.
Freschet , Fresche , Frescheti
(R.), Rv.
Frexa (Nicolas), Rv. — Fressa.
de Tarragone. A. : d'arg. au lion
de gu. rampant contre un frône
arraché de sm.
Frigola (Giiillem de), F.: d'or
à la plante de thym de sin.— R. de
Pregola, Rv.
Frontin (Garcia), Z. f* 173. —
Frontinus, Rv.
Frogier, Frotgerii (J.), consul de
Montp. U, 551.
Frote, Rv.
Fuentes (Marti de), Rv.
Fcga (S. de. Rv.
FuLGRAN (Gui Hem), consul de
Montp. I, 173.
FoNBS (Lope Arces de), Rv. —
Pedro de Funes, d'une fumillede
mesnaderos de Nav. et d'Ar., P. :
coupé d'az. et d'herm. — Bemardo
de runes, de Huesca, F. — V.: d'or
au lion de gu. dans un lacs d'amour
d az., & la aevise : Funes peccaUirum
apprehenderunt me, en lettres de sa.
posées en orlc.
FoMicuLO (Galdero de), Rv.
Fuster (Pelegrin), de Barcel,
Rm., chef d'une fa m. représentée
à May. Bn. : d'az. à Têtoi. à 8 rais
d'or. — Garcia, Berenguer, Père,
Arsendis Fuster, Rv. — Mifud
Fuster, notaire. II, 237. —A. : ûTax.
au loup ravissant d'or. — Jacme
Fuster, de Montpellier, F. : d'az. au
soleil de . . . char, d'une lune de. . .
Rcmon Fuster, de Barcel. F.: d'az.
à copeaux d'or (fuster signifie
en catalan tourneur). — Arnaki
Fuster, aragonais, F. : d*az. à la
lune d'arg. ace. de 3 ôloi. d'or. —
Fuster est le nom de famille du
comte de Rorhe.
Gabran (Guillem de), Rv.
Gacet (Guillem), D, f • 376.
Gaenera (Marquesia), Rv.
Gaic (R. de), Rv.
Gailach, Gayllach, Galla (Bemi-
ffuer, R., G.). Rv. — *Gaillac en
Lang.: d'az. à la comète à 16 rais
d'or, caudée du mémo. — Amald de
Gailach, de Tortose. F. d'az. au coq
d'or.
Gal, Rv.
Galabrun Relias), Rv.
Galacian, Km.
Galaubia, Galobia, Galabia, Rv.
Galbe (Bertomeu de). Rv. —
Benêt de Galves. de Tortose, F.: de
gu. à l'aigle d'arg. beoq. d'or.
Galbert (P. de), Rv.
Galiana (Jacme de), Rm. — Lo-
sange d'or et do gu.
Galifa (Berenguer de), Rm. —
* Gallifa en Cat. A.: d'az. à la tour
d'or, maçonnée, ouv. et aj. de sa.
supportant un coq du même.
Gallnda, Galindo, Galida (J.},
juge de Daroca. — P. Galindo, cor-
donnier do Galatayud. Rv.
Galiners (P. de), ftv,
Gallard (Nicolas), Bp. — Bn.:
DES ^TâTS DB JACIIB I*'
643
d'az. à 3 fas. d'or, au chef cousu de
gu. & 3 pals d'arg.
Gallbt (Ferrer na), Rv.
Gallisa (Guillem de), Rv.
Gallisa!<(T (R. de]. Paix de 1235*
Galoger (Pascual), Rv.
Galub, Gallur (J. Ferez), chev.
glartin Ferez, Fascual. Guillem
erez de), Rv.
Galyis (Juan). Faix de 1235.
Gamarbl (B.), Rv.
Gamio.v (Rodfrigo), Rv.
Gamitnd (G.), Rv.
Ga!sd (Berenguer), Rv.
Gandesa (Br. de), Rv.
Ganter (p.), Rm.
Garau (Br.), Garaud, Rv. — Ga-
rau représentée à May. Bn. : d or
au lion au nat. portant dans sa
patte dexL un fouet d'arg.— Garcia
Garay, de Tudela F. : de gu. au
lion d'or portant une bannière
d'arg.
Garbayo (P.), Rv.
Garcia (divers prénoms). Un
grand nombre d'inaividus de tout
rang; I, 404. — Rm. — Bv. — Gar-
cia, représentée aujourd'hui à May
Bn. : de gu. à 3 châteaux d'arg.
donjonnés de 3 tours.
Garces, Garcez, Garcis , Garz (di-
vers prénoms). II, 611. — J. ch.
ccLXXXi.— Z, f* 149. — D. f 355. —
Rv. - Bp. — * Alfonso Garces, ara-
gooais, F. : d'arg. à. . . fasc. de gu.
Gardei, Gardeny (Ferrer de), de
Lérida, Rm.
Gardiola, Guardîola (P., Br.,
Guillem de), Rv. — Guardiola de
Barcel. A. : d'az. à là bande d'arg.
dentelée par le bas et ace. de 2 yeux
de sa.
Garez (Ximeno. Toda), Rv.
Garfan (Gil). Rv.
GARf I (Miguel de), Rv.
Garcantore, Rv .
Garidel (Tomas) de Tortose. II,
569. — Rv. - Fere Garidel, pro-
vençal, F ; d'arg. à l'aigle do sa.
tenant un oiseau dans ses serres.
Garin (Br. de) Rv. — Pons Ga-
rin, de Montp., II, 552.
Garnier, Garnerii (G., Elyas),
de Montp., II, 551, 552.
Gabroz(P., Martin), Rv.
Garra (Pons), Rv.
Garraiz (Sanchez de), Rv,
Garrigosa (R. de), Rv.
Garsion (Bertomeu), Rv.
Gasca (Joan de ou de la). Rv.
Gasgh, Gua.sch, Gascho, Gaschon
Gascon (divers prénoms) ; un che-
vaher, un marchand, un pelletier,
Rm. — Rv — D. f 385. — R.
Gascon, I, 442.
Gaso* (Bertran), Rv.
Gasol, Gaçol (D.), Rv— Gassol,
en Cat. A.: d'arç. au marc d'or
surm. d'un soleil du même. — Fam.
distinguée de Cat. représentée au-
jourdTiui par le marquis de Sen-
menat, comte de Munter.
Gasqueta, Rv.
Gastavi, Rv.
Gaston, chevalier, Rv.
Gâta (Bertran de la), Rv.
Gac (Br. de), Rv. — de gu. à la
croix vidée et fleurdelisée d or, can-
tonnée de 4 fleurs de lis du même.
Gaucelin, Gaucelm (^Ramon ),
seigneur de Lunel. en Lang. , I,
57, 64; II, 312, 327.407. — D'az. au
croiss. versé d'arg.
Gaugeran. Galceran (G.), de Vil-
labertran, Rv. — R. Gausseran, I,
444.
GaI'PERT (Guerau), de Barcel.,
Rv.
Gauseces (G a Rv.
Gautaboya (G.), Rv.
Gauter, bouteiUer de la reine;
Bg. Gauter, d'Almenara. Rv.
Gavarda, Gavarra (F. Matheu,
Rodrigo. Gil Garcez), Rv. — (G il
de), chevalier, D., f 386.
Gaillon, Gayon (R. Ortizde), Rv.
Gayran, Gaeran (Berenguer), I.
260. — J. ch. Lv et lvi,
Gayta (Joan), Rv.
Gazez (P.), Rv.
GebelIj Gebellin (G., P.), Rv. —
Algebilini, Bp.— Gebeii en Cat. A.:
d'arg. à la zibeline passant au nat.
Geferia (Steve de la), prud'hom-
me de Val., II, 569. — Stevan de
Aljafaria, Rv.
Gerget (J. de), chev. (Gonzalvo,
Lopez de), Rv.
GELLAMiN, secrétaire de la reine.
— Jufre Gellamin, écuyer, Rv.
Gènes (G., Bertran), de Jaca, Rv.
Gejmsana, feudataire du v** de
Béarn, à May., Bp.
Gbnua (Bartelin de), Rv.— Frère
Pierre de Gènes, de Genua ou de
Janua, II, 383, 596. — J. ch. ccxci.
Les marins Génois figurent dans la
Rm.
Gbraix, Gorrayz (Ximeno San-
chez de), Rv.
Gerald (P.), Rv. — GerauduSf
médecin lombard. II, 578.
644
IfOMBIfCLAICBB DBfl riMlUKS
Gerb (Bernât de), Rv.
Geama (R. den), de Tortose, Rv.
Gbrona (P. de), de Tortose ; F .
de Girona, G. de Girones, P. Joan"
nis de GerundOt Rv. — * GiroDa,
à Barcel. A.: tranché d*or au lion
d'a2. armé et lamp. de gu., etfascô
onde d*or et d*ag.
Geriur, Rv.
Gerret, Rv.
Gbrrin (Arnalt) de Saragosse,
et son fils Huguet, Rv. -- Anfos Ge-
rino issu de Pinfant Sanche, comte
de Roussillon et de Gerdagne, P.:
d'or à 4 pais de gu.
Gbrvasius, de Narbonne. Rv .
GiDASLA (A. de), Rv.
GiL (divers prénoms) un jusUok^
d*Ar., un ofUder de la maison de la
reine, un boucher, un Sarrazin. ^
Juan et Ramon Gil ou Gili, J. ch.
ccxcvii, ccxcix, ccciv. — Joen Gil.
F. : d'or au château de sin. sommé
d'un Maure abaissant une bannière
d'az., et accosté d'un lion contre
rampant de sin. Vqy. Vidaurb.
GiLABERT, Gelabert, Gilbert (R.)
de Tortose, Rm. (H., B., G.) Rv. —
Père Gilabert J . ch. cclxxxi. —
Gilabert, en Gat A.: d'or à 1 aiffle
de sa. couronnée du champ. — Ge-
labert, à May. Bn.: d'arg. à l'ai-
gle d'az. couronnée du même.
GiLBANUS, j uge royal, II, 381.
GiLLBRT (Br.) Rv.
GiNHAC (J. de), consul de Montp.
II, 552.
GiRART (Beronguer) syndic de
Barcel. I, 2à3. — Ferrer Girat. Rv.
GiRBKRT, Gispert, de Tarragone,
Rm. — B. Girbert, de Tortose,
Rv. — Bernât Gisberi, prud'homme
de Val. II, 569.
GlRVBT (J.) Rv.
GoD, de Tarragone, Rv .
GoDAYL (P.. Stevan de), Rv.
GODOLBST (P.), Rv.
G0DINU8, Rv.
GoLMBRT, Golmersi Golmes (R.,
A. de), Rv.
GoMAB. Rv. •— A.: d'or à 4 fasc.
ondées d'arg.
GoMBALH (R.), Rv. — Jordi de
Gombau, templier allemand, F.:
d'az. à la t)ande d'or char, de i
alérions de —
GoMEZ, Gomiz (divers prénom,»),
I, 463. — Rm. — Rv.
GONBSA (P.), Rv.
Gonzalez, Goozalvei, Gossalbis
(diveis préDomsjunçhev., un tré-
sorier. Pedro GonsRlvax, matod*
l'ordre de SaintnJaoqne^ Z.1^1^
GoBPON (G.). Rv. - Gordon tst
le nom de famille de la comlesse de
Torre Arias, marquise de fianUi-
Marta.
GOBGO (P.), Rv.
GOTBRURBZ, Bp.
GoTOR (Blaaco Pères de) 1, 17&. —
Jacme fils du wali de May. ^ 304.
GoTUES (Bertran), Rv.
Gralla (Père de), F.: d'or à la
pie au nat.
Gran (Marti de), J. Grand, Rv.
GRAKANA(Pere, Gueran), Z. M19.
— Grayana, Graynenena (R. de),
Rv — * Granyena, de Cervera, A.:
d'az . à 3 fasc dentelées d*ar.
Granel fB., R., P.), Rv.
Granbra 'Salvador B.), de Tor-
tose (P., F de), Rv.
Granisanxh (Père de), s'engagea
à suivre Jacme en Tene-fiainte.
Doc, inéd.; VI, 174.
Grannbn, Graine (P.), Rv.
Granotlbrs (P. de), chev., Rf.
GRANVLLAg, françau, P. d*or àl
yeux au nat.
Granulles, ingénieur du roi, F.:
de gu. à 2 tours d'or, surm. d'un
œil au nat.
GRA6ECA (Magister G. de), Rv.
Orassa (P. de Za), Rv.
Grau, Graus, de Gradibu9 (R.,
Br., Martin de), Rv. — Joflre de
Grau, A.: d'az. au griffon cont d'or,
et d'or à l'escalier d'az.
Gravalosa, Graveloea (A. de),
Rv.
Grayllag (G. de), Rv.
Graz,(B lRv,—PhUifipusGT9aa,
Scriptor, I. 449. — * Gras, en Gbt
A.: d'arg. à 3 geais de sa.' beoqu et
membres degu.
Grbgorio, de la maison de la
reine, II, 577. — CtrMorius, Rv,
Grbsols (Ros de), Rv.
Gribes (P.)^ Rv.
Grillet (Pierre), français, F.:
de ffu. à la la fUsc. ondée a*or^ aoc.
de 3 besants et d'un lion d'or.
Grimalt (P,i ViUl), Rv.— * Gri-
mau, de Perpignan, A.: d'or 4 3
coauiîles d'az.
âaiHON (J. de), Rv.
Gros (A., Bertemeu), Rv. —
* Gros, ea Cat A. : tiercé en pal
d'az. À la grue cont au aat,, de gu.
à ToiM» rampait au i^ajlt., et d'aik à
ftfiS ihrAYS Dfi liCKB I^
eiB
rétoi. d'arg. — P. Gros Cambafdrt,
de M(Hitp.) II, bb%
Grunt (Père, Guillem), bourgeois
de Barcel. I, 233, 242 ; H, 430. -
Jacme de Groyns, del Groyn, dez
GroDS, Rv.
GuAAMiii (Guillem), Rv.
GUAINAS (Berenguer de), Rv.
GuAL (P. de), de Villamayor (A.
de), Rv. — Gual, représenté à May.
Bn. d*arg. à 3 pals nébulés d*Bz. au
chef oousu d'or. -- Le marquis de
Gampo-fhinco porte le nom de
Gual.
GuALBA (A. d(})- chanoine de
Vich, II, 585.
GuALDm (Guillem), Rv.
GuALiT (D., Marti de), Rv.
GUALTBRONA, flM^ftCD, Rv.
GuARDER (Guillem). Rv.
GuARDiA (Guillem de), J. ch. cxlv.
— Pons ça Guardia, Z. f» 213. --
P. Ga^rdia, Rv. — Guillem Za-
guafdia. F. de gu. à la pertuisane
d'or et d'arg. — Za Guardia, à May.
Bp. — Bn. : d'az. à la montagne
sommée d'un lis de jardin d'or.
GUARESCAS, Hv.
GuART (P.), de Roda, Rv. -
GfJDAL, Gudar ; Fam. de mesnct-
deros, I, 175, 192, 324, 327, 344;
II, 19, 35. 133. — Rv. - F. : d'or
au soleil de gu.
GtJSLLS, Desguells, Bp.— Bn.: d'or
à 3 grues au nat . tenant dans leur
patte dext. levée leur iHgUance du
môme.
GUEBRA (Fortun), Rv.
GuKRRER (Domingo), Rv.
GuiBBRT (Nicolas), Bp.
GuiDo, Gui {magister), médecin
du roi. n, 404, 517. — Rv. — P.,
O. Guidonis, Rv.
GuiGBLMA (Miguel de), Rv.
GuiLLAN (Miguel de), Rv.— Guilla.
de Manrése, A.: degu. au besant
d'or char. d*un renard Iguiila) sau-
tant de sa. — Guilla d'Urgel, A.:
d'or au renard rampant de gu. adet-
tré d'un genévrier de sin., le tout
soutenu dline terrasse du môme.
Guillaume (Sire), bâtard de Na-
varre; I, 267, 2Ô8.
Guillem. Guillaume. Nom porté
comme prénom ou comme nom de
fam. par une quantité d'individus
de tous rangs et de toutes profe^
sions. — I, 552. — Rv. — Nous
mentionnerons seulement la fam.
des sdgneurs de Montp. dont nous
avons souvent parlé ; I, chap. I et
II. — d'arg. au tourMan de gu ■ ^
Voy. ErUmza,
Guillermo (Martinji. Rm. Gtxil-
lermon, Scriba, II, 552, 555. — Rv.
— Guillermona. boulangère.
GuiHERO (Père de), de Huesôa;
Bg. Gimera, Rv. — Benêt Guime-"
rans, P.: d'arg. à . . . ftisc. d'az. —
Guimera, des valvassors de Gat.
A.: d'arg. à 2 fasc d'az.
GuiNi (Jacme), Z. i^ 214.
Gui^oM AN (G. de), Rv.
GuiOT (Bemat); P. Guiliot, Rv.
GuiRALD, Guiral, Guiraut. Pro-
• fessions diverses. I, 404. — Rv.
GuiTARD (J., Br.), Rm , Rv., Bp.
Guitellon (Marti). Rv.
GuRB, Gurp (Berenguer, Amal
de), I, 303; II. 364, 365. — Bemat
de Gurb, J. ch. Lxxv.^Amal dA
Gurb, évéque de BaroeL J. ch.
CCLXIX. — Av. — Bp.
Gurrea, ftim. distinguée d'Ar.
Z. f» 202. - Bp. — B. - F. : d'at.
à 2 loups d'or.
GrzBERD,lailleur de pierres. Rv.
Hardero (Gil), Rv.
Heredia, Eredia. Deredia (Jdan
Gonzalez de), Rv. — Z. f IW. Fam.
distinguée d'Ar. F.: de gu. à 8 tour»
d'or. — B. : de gu. à 5 tours d'or
posées en saut. — V. : de gu. à 7
châteaux d'or, à la bordure d'arg.
char, de 4 heaumes de sa.— Maison
représentée de nos jours par le mar-
quis ide Heredia, grand d'Espagne,
et par la marquise de A-^nales.
Éijar, Ijar, Ixar (Pedro Feman-
dez de), fils naturel du roi ; tige de
l'illustre maison des ducs de Hi}ar,
épousa une princesse de Navarre,
if, 334, 352, 353, 365, 396, 898. —
— B. — V. — F. : parti d'Aragon
et de Navarre.
HoMDEDEU, Omdedeu, HomodêUi^
ffamo Dei (Miguel), R. Homdedeut
de Tortose. Rv. — A. : d'or au lion
au nat. empoignant une épée.
HORRADRE (S. de), Rv.
BoRTA, Orta, Huerta, Duertai
Dorta. Fàm. de mesnadêros, dove^
nus plus tai*d ricos ham$$. I, 175,
334. — J. ch cvii. — Z. f • 139. 208.
— Rv. — B. : d'arg. à la bande de
sa.— F.: 4 becades d'arg. sur obamp
bleo foticé. — Orta est le nom de
fam. du vie. de Orta.
HospiTAL (Père del), Rm*^lMh
rentius de HorpitaH» Rv.
HozRg (Ximeno de las), II, 60w D.
f* 334. — Le nom ûo Hozes est porté
646
IfOMEIfCLATURB DES VàHILLES
par le comte de Homachuelos, mar-
quis de Santa-Gruz de Paniagua.
HUACA (P.). Rv.
HuALART (P. de), de Vilagrassa.
Rv.
Hue (R), de Montp. II, 552. P. Uc,
Rv.
HucAR (Gil de), Rv.
HucLES (Martin de), Rv.
HrEso(P. de), Rv.
HrESCA, Osca, Doacha (Pedro),
arpenteur et taiUeur de pierres;
Garcia de Huesca. Rm. — Divers
autr(*s prénoms et diverses profes-
sions, entre autres Marcesia de
OscOf questuaria^ Rv.
HuGUBT, Uget (divers prénoms),
Rv.
HuMBBRT, Umbert (Bernât), de
Manrèse, Bp. — Bn. : de gu. au
clocher d'or, à la bordure compo-
née d'or et de gu. — P. Umbert, de
Barcel. Rv. — Micer Umbert, juge
délégué par le roi ; II. 439.
HuTRAN (Vital de), deTeruel, Rv.
HuTTURA (Lopez de). Paix de
1235.
Ibarra (Guiliem), de Huesca, F.:
de... au pm contre lequel ramjpent
2 loups, au nat., à la bord. darg.
Ibratm, juif de Valence, Rv.
Illa (J. de la), Rv. — Berenguer
A malt de Instda Bp.
Illuminatus (Frater), frère-mi-
neur, Rv.
Inganas (D. de], Rv.
Irena (G. de), Rv.
Irio (A.), Rv.
IsoR, Isuere (Miguel Perez de),
J. cbap. CLXxxv (Fortun Perez de),
II. 335.
ITIER, Jterii (B.), I, 442.
IvANBZ, Hyvaynes , Hyanes (P.,
Lorenzo, A.), Rm. — Rv. — Gon-
z&lvo Valiez ou Ubaiiez, maître de
Calatrava ou de Saint-Jacques, J,
ch. cccvi.
IvoRRA (Guiliem de), Rv. — Be-
renguer Y verra, Bp, — Ivorra, en
Gat. A.: de gu, à 3 pommes de pin
d'or, à 8 fleurs de lis d*arg. en orle.
Jaga, Jacces, Jachesius (divers
prénoms), nom d'orig., Rv.
Jacme (Domingo. P. dcn), Rv.—
Jacma, nourrice; Jaoobeta, Jaco-
meta; II, 166. — Rv. — Jacobus de
Montp., Rm. — Uaqister Jacobus,
médecin, Rv.
Jacobin us, Génois, Rv.
Japa (Arnalt, Ramon de); J. ch.
XLm.
Japfia, Jahia, Zahia. Juif, Rm.
Jahuda, Jafuda, II, 377, 457. —
Jasuda Albala, juif, Rv .
Jazbert. Josbert (Gérald), Rm.—
Bp.
JOFRE reçut des biens à Orihuela.
D. f» 335. — Jufre. Rv, — Guide
Jofre, descendant de Godefroy de
Bouillon, F. : de . . semé de fleurs
de lis de sa. — Jofre, en Cat A.:
d'or au saut, de sa., cantonné de
4 fleurs de lis d'az.
JoHAN. Juan (P.), Scrtplor, Rm.
— Coma Jouan, Rm. — Bn.: d'az.
à répi de blé arraché, soutenu par
2 lions afir. le tout d'or. — Joau,
Joannis (divers prénoms), Rv —
Maître Joan, chirurgien du roi. H,
404. — Rodelin de «Tuan, allemand.
F. : de gu. à l'aigle d'or.
JOHAMN (G.), bayle de Montp.
XI, Odl.
JoHER {P.). secrétaire de la reine
Yolande, Rv.
JoHETA, fille de R., boulanger,
Rv.
JoNA, rabbin, II, 454.
Jorba (Claramont de), Rv.
JORBOTA (G.), Rv.
JoRDAii, Jorda (Pedro), I. 180;
II, 439. — P. Jorda, d'Alfambra,
F.: de sin. à 2 lions de. . . surm. de
3 melons d'or. — Br. Jordan, de Tar-
ragone, Rm. — P. Jorda d'Alfam-
bra , chev P. Jordan , d'Ëxéa ,
et divers autres parmi lesquels, un
tailleur de Tortose, Rv. - Jorda,
à May. Bn.: de gu. à 3 fasc. d'or —
Jordan est le nom de fam. du mar-
quis d'Aycrbe. grand d'Espagne.
JORNET (R. de), Rv.
JosA (Guiliem Ramon de), Z. f
173. - Jossa, en Cat A.: d'arg.
flanqué d'az.
JovER (B.), de Tarregua, Rv.
JucBF, alfaqui de Tortose; Jucef,
filsd'Açat, changeur, Rv.
JuLiAN (Guiliem), de Tortose,
Rv.
JULIOL (R.), Rv.
JcLLACH (P. de)— Julliac, Juillac
en Langued.: d'arff. à la croix trê-
flée de gu. surm. d'un lambel de 4
pendants d'az.
JuNEDA (Bertran do). Rv.
JuNQUERAS (Tomas de), juriscon-
sulte, J. ch. ccxci. — Astorg de
Junqueras, Rv.
JussiBT (Arnalt). I, 443.
Jdst (Gauceran); Just, de Teruel,
Rv.
DBS ETATS DE JAGME I
«r
647
îl
Labassa (G. de), Rv.
Labemgantera (R. de), Rv.
Labrador (Br.)t Rv.
Lagapblina (Berthomeu de), Rv.
Lacera (Guillem, Br., P. de),
Rm. — Rv. — (Bg. de) D. f' 378,
385. — Guillem de Lacera, prud -
homme de Val. II. 569.— * Llasera,
en Gat Â.: d'arg. au lion de sa. vi-
lenô de gu. couronné d'or; à la
bord, dentelée de sa.
Lagh (â. de), prévôt de . . . Rv.
Ladron, noble fam. d'Ar., orig.
de Nav. L 175, 192, 197. 207, 265 —
Hm. — Rv , — F.: d*or à 4 pals de
u. — Q. p. 211. — Toda Ladron,
I, 73, 558 — Maison représentée
de nos Jours par la comtesse de
Prancos.
LaEjea, trucheman du roi, II,
363.
Lagostera (B., p. de), Rv.
Lagron (J. de), Rv.
Laguarres (J. de), Rv.
Laguerola (p.. Pascual do), Rv.
Lambbsa (Garcia), de Jaca, Rv.
Lambert (B., R., Bg.) de Montp.
II, 551, 552.
Lan AIT (B. de), Rv.
Langa (m. de], Rv. — Langa, en
Nav.: d'az. au chevron d'arg. char,
de 2 crois. d*or (à enquerre) et ace.
de 3 étoi. aussi d'or,
Lantre (P. de), Rv.
Lanuza (Gil), F.: éc. de sin. au
lion de. . . .' et d'az. au demi-vol
d'or.
Lanza (Guillem de). Rv.— Llanza,
en Gat. Â.: d'arg. au lion hérissé
de gu. couronné d'or et armé de sa.
Lanzol. Llansol (Arnalt) , sei-
gneur de Romani en Ar. d'après
i. f 363 : d'az. à la lune d'arg. —
Seigneur de Romany, en Provence
d'après F.: d'az. au soleil d'or.
Larbasa (P.), Rv.
Larcon iAparici de), Rv.
Larder JAlbert), Rv.
Labey (Fere), Bp.
Lario, Rv.
Laron (Jacme), Rv.
Larraz (Benêt de), Rv.
Lattes, de Latis (Ramon de).
I, 173 — Rv.
Laurenz, drapier, Rm.
Lauria (Guillem de), F.: d'arg. à
3 bandes aaz.
Lauro (F. de), archidiacre de
Barcel. II, 585. — Rv. — Guillem
de Lor, Rv. — Pierre de Loro, an-
glais. F.: d'or au lion d'az. surm.
d'une fleur de lis de gu. — * Laur,
en Béarn: d'arg. à la tour d'az.
surm. d'un croi3s. de gu.
Laus, (P.), Rv
LAVANbR (Bernai), de Barcel., Rv.
Lavama (Albert de), juge de la
cour du roi; II, 606. 608.
Lavata (B. de). Rv.
Lazano (Guillem), Rv.
Lazard (J. de), Lazarus, Laza»
reio, Rv.
Layn (Roldan), 1, 175, 267, 268. -
Roldan, P. Layn , chev. Km. —
Rv. — Q. 220 Bn. Une tradition
dénuée de preuves ferait de Rol-
dan Layn l'ancêtre d'une fam. dis-
tmguôe du nom d'Aloy, représentée
de nos jours à May. et dont les ar-
mes sont: de gu. au bouclier d'or,
à répée d'arg. garnie d'or, posée
en pal, brochant sur le tout.
Layz (Na). Rv.
Lechon (D.), Rv.
Ledonzel (R., A. d(»), Rv. .
Lemosin (Dolza, J. de), Rv.
Lenas (P. de). Rv.
LliNGAXlJTA (Bg. de), Rv.
Léo (Guillem), Rm.— (Martade),
Rv.
Lbrida, de Ilerda ( divers pré-
noms). Rm.— Rv. (Frère Pierre de)
I, 376. — Ramon Père de Leyda,
prud'homme de Val II, 569.
Lkrz (Arnalt de), Z. f» 173.
Le Sol (Joan). seigneur de Ro-
many, en Prov. F.: de.... au so-
leil ae. . . ace. d'un croiss. de. . —
Le Sol, anglais, F.: de pourpre au
soleil d'or.
Lesvaces (Marli de\ de Teruel,
Rv.
Leu (Miguel de Na), Rv.
Leuda, de Levata (Père), Rv.
LiBiA (Ramon). F. : d'az. à la tète
de lion a'or.
LiENDA (Sanciio de), navarrais,
F.: d'or au lion de. . . ace. en pointe
d'un croiss. d'az.
LiHORi (Hurtado), aragonais, Z.
f 166. — Fana, de mesnaderos B.:
de — a 3 croix pattées de. ... —
Représentée de nos jours par le
baron de Alcahali y Mosquera,
LiNAN, Lignan, Linva (Andreu
de), prud'homme de Val. I, 389;
II. 569. — Rv.— Z. f 154.-Linyan
(EnriqueJ, aragonais. F. : d'or à...
bandes ae ^u.
LiNARES, Linars, LUnas (Guirald,
Gil de), de Teruel, Rv. — Jacme
Linares, chevalier. D. f* 385.
64É
N0IIÈIfCf.At6RK DKè PkUWLEB
LtiÉKKÈ, Llbénrre (Lope de), Rv.
LtXAN (P.), flv.
LizANA. — Maison de ricos homes
de ruUuràlexa. L 136, 152, 168, 197.
306, 308, 343, 3i0; TI, 30. 89, 335,
338, 391. — Rv. — B.: d'or à 4 pals
do gu , à la bord, d* hermines. —
Voy. Bbnbbicgdda.
Llanos (Alfonso), castillan, F. :
pttriï d*K2. aa dhàteau d'arg. acoostô
de 2 coquilles de... et de gu. à
4 bandes d*at et 6 besants.
Llbdon (Valen. de), Rv.
Lloeens (Pore), Bp.
Llupia (Arnalt, Tomos), Bp. —
Bn. : d*az. & la croix tréflée a'arg.
bordée de gu. — Lupia, en Rouss.
A. : d'or à la croix vidée et tréflée
«gu.
LoaebBi Loayre (G., Domingo,
Br.), Rv.
LoAYSA (Jofrede], Rv.
Loba, vetula et paupera^ Rv.
LoBATO.N (Joan), feudataire du
¥*• de Béam, Rm. — Q. — Bp.
Lobera, Lopera, de Luparia (di-
vers prénoms), un jurisconsulte,
Rv. — Pedro dç Lobera, mesna*
dero^ J. ch. lvii, ocxxiii. — Guillem
LIobera, F. : de. . . . au pin accosté
de 2 loups contre rampants de sa.
— • LIobera, à May. et en Rouss.
Bn -*• A. : d or à 2 loups de sa.,
passant l'un sur l'autre, celui du
^ef contourné ; au chef cousu d'or
fou d'az.) char, d'une aigle de sa.
(ou d'arg.)
LoBBT, Lupeti (Bernai) et son
flrère (G., P , Bg., J.). Rm.— Rv.—
Lobet, & Mkv. et en Gat. Bn . — A.:
d'arg. (ou d 0!^ , au loup passant
de sa.
LoBO (J.), Rv.
LOBREGAD (F. de), de Tortose,
Rv.
LocusTAN (P. de), Rv.
LoDRBN (Garcia), Rv.
LOBT (P.). Rv.
Lois (Domingo). I, 442.
LoMBERRE (Domingo de), Rv.
LOMOITGA (J. de), Rv.
LoNDA (A.), chevalier, Rv.
Lo.NGAC (G. de) Rv.
Lop. Lope, Lopez, Lopz, Lupi
( divers prénoms ) , radividus de
toutes classes, Rm.— Rv. — Diego
Lopez. F. : d'or, à la bande de sa .
ace. de 2 loups du même. — Do-
ftingo Lopet, II, 363. — J. ch.
QGLXXVI.
LopABD, Ltpart (Berengaw de),
Rv.
LoRAC, Lorttff, Loreg (GuiUbId),
de Tarragone, Rv. — ♦ Uoraeh, ea
Gat. A.: d'or au laurier airacbéde
Sin.
LoRGHA (Rasnon de), Rv.
LoRDA (Berenguer de). — Pais-
sante maison de Rouss. — D'or fc
la croix de gu. -
LoRDAN (Joan). Rm.
LoRBNT, Loreni (J., P., Ar. de),
Rm.— Rv.— ,Bp.
LoAet (Benvat éé), I, 30B.— Rm.
— Père de Lorot; Rv.-^-de Nar-
bonne d'après F.: de gu^ au lion
de... ace. d'un laurier de . —
Lloret, en Cat. A.: d'or au laari^
arraché de sin. nervô d'or.
LORiGA (Pascual), Rv.
LoRiz. Loris (divers prénoms),
Plusieurs chevaliers, Rv.— D. ^341,
386 — Fernand Llorîs, d'Ar. F.:
d'az. à la bande de sin. char, d'un
laurier d'or.
LoRNtBtLA (Sancho Buis de), re-
çut des terres à Orihuela. D., f* 335.
LoROT (Domingo), de Jaoa, Rv.
Lot (Ar. de), Rv.
LoTGBR (Bertran de), Rv.
' LoviTO (B.), Rv.
LucERGA (Ënrique de), biscayen,
F. : de gu. à 5 cœurs d'or.
LucH (Ramon de), de Saragosse
— (Arnalt de), Rv.
IjVCIAn (Guiilemj, Rv — Jean
Lucien, bayle de Montp., 1, 173.
LuBGAiA (Seba9tiano).deTenial,
rlv.
LUESIA. Lusîa, Lùcia (divers pré-
noms), plusieurs chevaliers, Fam.
d'Ar. I, 175, 268, 301, 344. 371. -
Ximen Llucia, aragooais et son fils
Berenguer. F.: d'or à i'épervierde
sa.
LuLL, Lluli (Ramon), de Barcel.
père du célèbre Ramon LulL Rm.^
Ramon LuU, philosophe, II, 458 à
464. — La branche alnéb de cette
fam. s'est éteinte dans la maison de
Ballester, représentée par le comte
de Avamans. Bn.: de gu. au croias.
verse d'or (alias d'arg.).
Lu.NA. — Illustre et puisBante mai-
son de riœs homes de naiuraiem,
I, 136, 175, 188, 195, 197, 208, 389',
II, 28. 30, 36, 291, 322, 476, 493,
561, 569. —Trois branches honorées
de la rim honibria. B.: MarUnes
de lAtna: de gu. au crd^. versé
d'arg., à la ohampagd^ du même;
DBS ETATS DE JAGMB I
•f
649
Ferrench de Luna\ d'arg. au croiss.
versé échiq. d'or et de sa., à la.
Champagne du mèm ; Lopez de
Luna: de gu. au croiss. versé d'arg.,
& la champa^e du mèm?, à la
bord. de. . . cnarg. de 8 écussons
d'arg. à la fasc. d'az. — Artal, de la
branche de Ferrench; Ramon de
Luna, F. — Le titre de comte de
Luna est porté à la fois par le duc
de Villahermosa, grand d'Espagne
et par le chef d'une branche de la
maison Tellez Giron.
LUNETA (Marti de), Rv.
LuQUETA (R., P. de Na), Rv. —
Jœn Lluqui napolitain qui se di-
sait issu des comtes de Malte, F :
d*arg. au lion de gu. ace. de... allu-
mettes {Uuquets) de
LuRGENiCH, Lucernic (Lope Fer-
rench d«)), Rv.
LussANO (Milon de), II, 262.
Maalana, Rv.
Maghari. Macari fG.), Rv.
Macun, Maçia (Alfonse de), Rv.
Macip (Bon), de Tarragone, Rm.
— (P., Bg., G). Rv.— Macip. à
Barcel. A.: de gu. au soleil d'or,
cantonné de 4 étoi. du même, adex-
tré d'une main d'arg. sur m. de 3
étoi. d'or, et senestred'un cyprès;
à la bord d'or char, de 3 fleurs dé
lis d'az.
Maconi (Domingo), justicia de
Galatayub. Rv.
Madari (Br. de), Rv.
Madro.nyo (Antoni), F.: d'az. à
l'arbousier (madrono) de sin.
Maenz (B.). Rv.
Marstre, Mestie, Magister (Bc-
renguer, J.) Rm. — Rv.
Magallon, Magailo (Romeu, Ra-
mon de), Bv. Nom porté parle raar-
3uis de Gastellfuerte et le marquis
e San-Adrian, grand d'Espagne.
Magax, Magaix (Andreu), Rv.
Magdalbna (R. de) et son frère,
Rv.
Magin, Magrin, Mangri (Joan),
Rm. — Le comte de Torre-Saura
porte le nom de Magin
Magnbt, Rm. — Bp.
Magnon, Magnam (Guiralt). Rf .
Mahomet, Mahomad, arbalétrier.
I, 376.
Maicas (Stevan de), Rv.
Mairan (G. de), de Montp. II.
552.
Majan, Majans (A. de), Rv.
Majayo, Majajo, Mayaya, (San-
cho), Rv.
T. n.
Malavespa, La Vespa (Hugo de)
maître des hospitaliers, I, 355.
Malbosch (Renovard) , juré de
May. Bp.
Malet (Berenguer). Rv. — (Guil-
lem de) do Langued. F.: d'or à la
fleur de lis d'az. - Malet en Cat.
A.: éc. en saut, d'or à la main
de carn , et d'az au vol abaissé
d'or, à la bord, dentelée de l'un en
l'autre.
Malferit (Bernât), Bp. — Bn. :
échiq. d'or et d'az. — Père Malferit,
F. : échiq. d'or et de sa.
Mali.ndre (Gil). Rv.
Mallen (Pascual do), Rv.
Mallon (Miguel, Marti de); Mayo,
de Tortose, et son iils Samson ; Lva
de Maya, Rv.
Mancha. Manchera, Manco (D.),
de Teruel, Rv.
Mankribus (P. de), Rv.
Mânes (I).). Rv.
Mamch (G.), Rv.
Manomanna (Jarme), Rv.
Manresa. do Minorissa (divers
prénoms). Pour beaucoup, indica-
tion d'orig. Rv. — Ferrer do Man- *
resa, jugo de la cour de l'infant don
Pedro de Port. Z. f» 211. — Man-
resa , en Cat. A. : d'az. à la main
d'arg.
Maxso, Man son, Manjo (G., Do-
mingo de), Rra. — Rv. — Le nom
de Manso est porté par le comte de
Llobregat, la comtesse del Prado,
le V** ae Monserrat, et plusieurs
autres membro:* de la nobl. espag .
MA>'TREZ*(Meni z), de Teruel. Rv.
Manui ( P. Nlartinez ,^ Domingo
Perez do), Rv.
Manzuelo (Sancho Sanchez de).
D. f- 339.
Marradel (B.) de Jaca. Rv. —
Père Marrados, F. : éc. de gu. à 2
pals ondes d'or, et d'az. à — co-
quilles d'or.
Marano (A do), Rv.
Mara>'Z (P.), chevalier, de Rida,
Rv.
Marata (Martin de), Rv.
Marcbr (Bernât), Bn. : d'az. au
cerf courant d'arg. ace. en pointe
d'une mer du même.
March ( Borenguer), de Tarra-
gone, Rm. — P. Marrhi, Marcius^
adalid ; Man;lio. huissier du roi, Hv.
— Ramon Mardi. J. ch. clxxxiti et
ccxGix. — Jacme March. F. : d'az.
au marc. d'or. — Bn. — A.: de gu. à
8 marcs (aliàs coins de monnayeur)
42
G50
NOHgNCUT^RE DES F4HIL|«ES
d*or. — Jacme de Marco, F. : d'arg.
à la tête de maure voilée. — Marco,
en Cat. A.: cbevronDé de 8 pièces de
gu. et d'arg. •
Marcilla (Fermin), navarrais,
F. : d'arg. à 3 fasc. de gu. et une
éloil. d'az. — Le comte de Mote-
zuma de Tulteneo, marquis de Te-
nebron, grand d'Espagne, porte le
nom do Marsdla de Terucl.
Marfa (Berenguer de), Rv.
Marens (B.), de Tarragoue. Rv.
MÀRELL (Guillem), Hv.
Margarit (Vicenl). F. : de gu. à
3 roses d'arg. — A. : de gu. a 3
marguerites d'arg., au chef tierce
en ual d'Arag., de î^icile et de Nav.
Marimo.n, Rv. — A. : d'arg. au
lion d'az. armé et lamp. de çxi.
couronné d'or, à la bord, dencîiôe
d'arg. — Fam. des marquis de
Serdafiola et de Boil, grands d'Es-
pagne.
Marix (Sancho), Rv.
Marina OJacme), Bi).
Marlnkr (G.), de Lérida, Rv.
Mariscal, Menescalcus (Ponce),
commandeur de Monzon, I, 4i7.
Marllana, Rv,
Maroma (Br. de Na^. Rv.
Marool'ina, Marraquia ^Maria);
G. Marrochi. Rv.
M.\rpi (Arnalt). F.: 6c. d'or à la
mer de. . . et de. ... au pin au nat.
Marquëllo, de la suite du roi.
Rv.
Marques, Marches (Sancho), che-
valier, et divers autres. Rv. — J.
ch. ccLxxvi. - Marcht'sia, Rv.
Mahuikt, Marchet (Br., Ramon).
11,395. — •Bp. — A.: de gu. à 3
cartels d'or cnar. chacun d'un mar-
teau d'az. emmanché de gu.
Marsa (P.), chanoine de Hiiesca;
Maria de Marza, Hv — ♦ Mai^a, en
Lang. : d'arg. i\ 3 roses de gu.
Martell, Maiiel (Porc), I, 228
à 231, 389; II, 133, 569.— Q. p.
148. — F. : de gu. au marteau et à
Tenclume au nat.. — A.: d'or au
lambel de 3 pendants de gu. surm.
de 3 fleurs de lis rangées d'az. —
Nom porté par le comte de Torres-
Cabrera et (ff-l Menado.
Martin, Marti (divers prénoms).
Nombreux personnages de loiis
ran^a: un commandeur de Saiut-
Jacques, des chevaliers, desartisans,
un adalid, un hongrois. Rm. — Hv. —
Ramon Martin, frère prêcheur, IT.
381, 383, 463. — Marim «maître
de pierres» , II, 441. -*- Uch Marti,
prud'homme, II, 569. - Garcia
Marti s'engagea à suivre Jacme
en Terre Sainte: Doc. inéd.; VXI,
174. — Marti, à May. Bq.: d*a2. à
la losange d'arg. char, de 2 fleurs
de lis du champ, ace. eu poÎDle d'un
renard au nat. — Marti, en Cal.
A.: parti de gu. à la tour donjon-
née d'arg., et d'az. au soleil d'or;
enté en uointe d'arg. a la mer d'ai
agitée au champ,
Mauti.nez (nombreux prénoms).
Plusieurs chevahers, un écuyer.
Rm .— Rv. — Pedro Martinez et sa
femme. II, o7S — MunyoMaxliaez.
11,610.
MARTonKLL , Marturel ( divers
prénoms), Rv. — F.: degu. au châ-
teau d'urg. sommé d'une tête de coq
de . . — Martorell, marquis d'Al-
branca, grands d'Espagne, à Min.
Bn.: d'az. à la tour d ag, mouvante
d'une mer du môme.
Marzagav (Br.), Rv.
Marzo (Amat), de Teruel; J. de
Marc, do Jaca. Rv.
Mas (Guillem de), Rv. — (Maleu
del). I. 442.
Mascarel Mascharello (Rotger,
P., Miguel), Rv.
Mascaron (Marti de), P. Masca-
ros, Rv. — Mascaro, de Barael. A*;
do gu. à la main appaumée de carn.
Masco. Mazron (P., Bg.), Rv. —
(Firmin), navarrais. F.: de gu. à
une tour et une cigogne.
Mass\>a (P., Alegre de Zamas-
sana}. Rv. — Bernât de Ma&sana.
F.: d'or à la main de cam.
MAsyuEFA (PereJ de Daroca. F.:
d'az. au château d arf .
Massotkrks (Geraid de), prêtre
et sa lille Berga. Rv
Mata, Matha, La M^ta (Guillem,
Armissen. Polo de), Rm. — Rv. —
Matas, à May. et en Cat. Bn. — A.:
éc darg. à la demi-fleur de lis
d'az. mouvant de la partition, et
d'or au rameau do lentisque de sin.
fleuri de gu.
Matalops (P. de), Malalo, Rv
Mataplana. Illustre fam. des 9
barons de Cat. 1 . 233, 256, 269.
— Ut'h de Mataplana, arciiidiacre
d'UrgPl; II. 606, 608, 612. — F. :
d'or à l'aigl»^ de sa. — A. : d'or à
l'aigle éployée de sa., diadémée da.
champ, becq. et membrée du même,
charg. sur la poitrine d'un écu de
gu. à 3 pailles d'or posées en bande.
biii ^ATS D* iAéiâ* r
m
• MAtAno (Perfi^. Bjj. — Amau et
Ponco de Mataron, chevaliers. D.
f* 385. — F. : de gn. au lion au
nal.
Maternas (Gonsalvo Perez do),
Rv.
Matiiëi:-, Mateu (divers prénoms
et diverses professions), Rv. — (Do-
mingo) chanoine de Val. D., f 36(5.
— (Jacques) français, F. : d'or à
2 ours dévorant un bras. — ■ Mateu.
de Nîmes, F. : d'az. au chevron d'or
ace. d'un croiss. et de 2 ôtoi. —
Mateu. F.: d'arg. à la tôte de maure.
Mathieu de Quercy, troubadour, II.
459, 511. — Matnien. archidiacre
de Girone, ï, 9i. — Mateu, en Gat.
A. : parti de gu. à la main appau-
mée d'arg., et d'az. au lion d'or,
armé et lamp. de gu.
Matoses, Matosas (Ferrer, Bor-
nât), Rv. — (Joan), Templier. F. :
d'arg. à la touffe de bruyères (ma-
torral) au nat. — Père Matoses, de
Toul. ou de Toi. F. : de gu. à la
touffe de bruyères au nat.
Mauléo.v , de Malloleone (Bernât
de), Rv. — (Guillem). F. : de gu.
au lion d'or.
Maurt, Maurin (R., Arnald), Rv.
Mata (Ramon de), Bp. — A. :
d'arg. au pal de sin.
Maymon; un boucher, un pelletier
ou corroyeUr, Rm. — Rv.
Maynar (Bertomeu do), do TerUcl,
et sa femme Glaria; Ramon May-
ner. Rv.
Mayol, May oies, Mallolas, Mailol
(divers prénoms), Rv. - Bp.— Bu.:
d'or au dextrochère de carn. vêtu
d*arg. mouvant du flanc senestre et
tenant une grappe de raisin au nat.
— Mailol, en Cat. A.: d'arg. à 3
faux de gu.
Mayor (D. Perez) de Tnruol; J.
Mayoral, de Molins, Rv.
M AZA. —Illustre fam. Aemesna-
deros devenus ricos homes; I. 203,
276, S21, 323, 344. -Rv.— Q. p. 313.
— B. — do gu. à 3 masses d'armes
d'or rangées. — Aliàs, de gu. à la
masse d'armes d'or, mise on pal,
accostée de 2 chaînos du même
aussi en pal. — Maza de Lizana
fFerris), de Gascogne. F.: de . à
3 masses d'armes de. . — D.f*387.
— Le marqnis de Gasa-Blanca porte
le nom de Maza; le marquis de la
Bomana, grand d'Espagne, a hé-
rité des titres de la maison Maza de
. Mazankllo (Olger), consul do
Gènes, Rm.
Mazas (Bertomeu de Las), Rv.
Mazeller (Guillem), de Barre,
Rv.
M Azo (G ), de Tortose: Miguel da
Maso; E. Mason, trésorier, Rv. —
Masso en Cat. A.: d'arg. au lion
au nat. tenant une masse d'armes
d'or.
Mazot. d'Oller, Rm. — (P.), cor-
royour, (1«3 Tortose ; Mazot, pécheur,
Rv
Me ALLA, Meaya, de Medalia. Rm.
— Rv.— *Malla, en Gat. A.: losange
d'or et de sa.
Meoa (Alfonso), biscayen, F.: d'or
au chien d'az. — Meca, de Barcel.
A.: d'or au lévrier rampant d'az.
accolé de gu.
Mecixa (Br., J de), de Tortose.
Rv.
Médian (Vital de). Rv
Medlna (divers prénoms). Rm. —
Rv.
Mediona, des 9 va'passors de
Cat. I, 267; II, G02. — F.: de sin.
à 3 fasc. ondées d'arg. — A.: d'arg^
à 3 fasc. ondées d'az .
Mege, Motgo, Medici (Berenguer),
de Girone et son frère Rm.
Mejula (Felipe de), Rv.
MelkndI':z (Suer). I, 344. — D.
Melondo. Rv.
Melkr (G., Br.), Rv.
MiXGAR (R.), Rv. — A.: de gu,
au lion d'or, surm. d'un bras de
carn. mouvant du flanc sen. tenant-
une touffe de luzerne (mielga) au
nat.
Melgukil (R. do) , consul de
Montp. ; II, 551.
Mklio, Molion, Meyllo, Melaho
(P., Guillom, Bg. de), *Rv.
Menaguscra (Ximen Perez de)
reçut des tîrres à Sietaguas, D.. f*
36G.
Mexargi'es, de Balaguer. J. ch.
XL.
Menayre (Perc], Rv.
Mendo (J. de D.), Rv.
Me.ndoz.v (Lope). Z, f* 147. —
(Juan) rico home castillan. F.: de
sin. à la bande de gu. bordée d'or.
Mengot, Rv. — (Jacques), de
Nîmr»s. F.: d'az. à 3 éperviers d'or,
chaperonnas, longés et grillés du
même. — Mengot, en Poitou, porte
ces armes. — Mingot, huissier (por-
tarius); Mingot, corroyeur. Rv.
Menoch (Père de), Rm.
662
NOMENGLàTURB DBS FAMILLES
Menor, Minor (P.), de Teruei,
Rv.
Mergader (J.)t Rv. — (Jorffe),
Anglais. F. : de gii. à 3 mures d'or.
I)(iviso : Res U fall. — Nom porté
par le marquis de Malferit.
Mercer (divers prénoms), Rv.—
(Mateu). F. : d'or a 4 bandes d'az.
au lion au nat. brochant.
MERiNo(Sancho, Domingo, Menga
de ou (loi), Rv.
Mérita (R. de), Rv.
Mërola (Br. de), Rv.
Mësa (Gonzalvo de), Z. (* 159.—
(Fernand), castillan. F. : de gu. au
château d'or, et d'az. à 2 tables
d'arg. chargées d'un pain et d'un
couteau. — Le marrjuis df» Casa-
Hermosa porto lo nom de Mesa.
Mesclans (Guillem de), Rv.
Mesoa, iV!(>ze (D. de), consul de
Montp. II, 552.
Mexia (Alfonso), galicien, F.: d'or
à 3 fuse, d'az., ù Ta bord, de gu.
charg. de . . . flanchis d'or.
Mkytats^ Meitad (A. de), de Te-
niel, Rv. — (Garcia Ferez de). I,
175, 2(H>, 306, 450.
Meyz ((iuillem), Rv.
Mezoi'ita, Mosquita (Domingo
do)» Rv. — (Martin P<toz de)i I,
195. — * Mosquida, ropri'îsenté i
May. Bn.: d az. à la mojfquéo d'arg.
— ♦ M(»squita, on Gat. A. : 6c. d or
et d'az. au griffon du l'un en de
l'autre.
MiCHAEL, Miguel (P.) de Toruel:
Miguel, hospitalier; maître Miguel;
Miguel, boulanger, Michalet, Rv.
MiEDES. Miedas fjust, P. Joannez
de); D. do Miodes, belhî-lille de Xi-
meno Pcroz, Rv. — Alfonso de Mie-
des, de Biibao. F.: éc. d'or à la
croix de Galatrava, et d'az. au châ-
teau d'arg.
MiLA, Slilan (Mateu, R.. Ugon
de), Rv. — (Jofre de), de Lang.
parent des seigneurs de Montp. F.:
d'or au milan au nat. — Ramon et
Hugues de Milan reçurent des terres
à Xat. D., f 3iO, 3Î3.— Le man^uis
do la Albaida, grand d'Espagne,
porte le nom de Milan de Aragon.
MiLiA, femme de Gil de Hongrie.
Rv. — Pedro do Milia, D., t^ 357.
MiQUEL, F.: d'or au château de. . .
sommé d'un soldat qui y plante une
bannière et y anat le croissant. —
Miquel, en Gat. A.: do gu. à 3 Heurs
do lis d'or, à la bord, componéo
d'or et de gu.
MiR (B.). d'Almenara (P., Slsvan,
G., Br. de), Rv. Berenguer Mît, de
Pallars, descendant des comtes de
Barcel. P. : d'arg. au grifTon de sin.
— Ramon Miro , descendant des
comtes de Pallars. F.: darg. au
miroir carré de. . — ♦ Mir, à VaL
V : de gu. à 5 besants d'or en orle.
- * Mir, à May. Bn.: d'az, à la fasc
cousue de gu. ab. sous une ëtoi.
d'or, surm. d'une coquille d'arg. —
* Mir, en Gat. A.: d'or au chevron
d'az. ace. do 3 miroirs du même. —
* Miro, à Val. V.: d'arg. au mirv-r
de sin. — * Miro, à May. Bn.: de
gu. au château à 2 tours d'arg.
sommé d'une cible du même.
Mira BEL, Mirambel (Ramon de),
Rv., rt»çut des terres à Oribuela,
I)., 1^ 335.— ♦Mirabel, en Lang. ei
en Dauphin.: éc. d'or et de gu. & la
fasc. en divise d'herm. brodiant
sur le tout. — Mirambel, en Limou-
sin: d'az. â 3 miroirs arrondis d*arg.
Mirabët (Martin de). Rv.
Miracle, de Miracmo (P. Lopez,
B. de na), Rv.
MiRAYLLES (R., Martin de).
Rv. — Père Mira lies, de Baroel.
F.: d'arg. au miroir rond, garni
débine. (Valero) F.: d'az. au
miroir «in-ô. — * Miralles, à Val.:
2 branches V.: !• d'az. au miroir
d'arg.; 2* d'arg. au miroir d'az. — *
Miralles, à Val.: d'az. à 2 miroirs ar-
rondis d'arg. garnis et emmanchés
d'or.. — * Mirrallos, à May. : de gu. à
2 fasc. cousuiis d'az. char, chacune
d'une fasc. ondée d arg. et ace. de 5
miroirs d'or, 1, 3 et 1. - * Miralles
en Cn. A.: d'az. k 2 miroirs ronds
garnis d'or.
MlZANA, Rv.
MoAFAC, sarrasin, Rv.
Mocenius \GX Rv.
MocHACHO (Marti), Rv.
MociLA, (Felipe de). Rv.
MoFERRiz (D.), Rv.
MoGUDA, Mogada (Guillem, B.
de). Rm. — Bp.
MoHOTAN. Mohoyllan, Moellan,
Mohaylla , (Tomas, B., Felipe de),
Rv.
Moix (Père, Antonio). Bn : d'or
au chat effarouché gris moucheté
de noir.
MoLBRO (Vital), Rv. .
Moles (P., Januarius), Rv. —
Père de Moles, danois, marié à une
fa rente du roi d'Ar. F.: parti, au
" d'az. à la croix partiiarcale
DBS RTAT8 DE MCNB I"
653
^
d'BTg, posée sur une meule de mou-
lin; au 2* d'Aragon.
MoLUN (Martm de), boucher;
Rv.
MoLiNA (Pascual), de Teruel. —
P., S. de), Rv. — (Pedro de). Z. f
MoLiNBR, Molines, (Beraat), de
Lerida, Rm. — (P., Ramon), Rv. —
(Père). F.: d'arg. à la meule de
moulin d'az. soutenue par deux
lions de.. — * Moliner, en Gat. A.:
de ffu. à la meuie de moulin d'or.
MoLiNS, Molinos, (Felipe, Ber-
tomeu, Br. de). J. de Molendo,
Rv. — Bernai de Molendinis^ de
Montp. II. 430 — * Molins, en
Gat. A.: d'or à la croix fleuronnée
de gu. cant de 4 meules de moulin
d*az. percées de sa.
MOLLAC, MoUar, Moylag, Moylao
(Stevan de), Rv.
Mollet, Molet (Bernât), Rv. —
T. -S. — A : d'or au saumon ou
mulet de gu. sur une mer au nat.
MoNCADA, de MorUe catano. Illus>
tre maison des 9 barons de Gat I,
140, 172 à 178, 180. 187. 198, 204 à
208, 233, 236, 243, 255, 263 &
271. 286, 308, 324. 344; II, 78. 291,
309, 328, 330, 365, 385, 407. 480,
569. — Rm. — Rv. — De gu. à 6
{aliàs 8) besanls d'or. — Père de
Moncada, orig. de Bavière. F.: fu-
selé d'arg. et d'az. — Guillem de
Bfoncada. F.: de.... à sept pains
(le. . . ., en souvenir de la multipli-
cation des pains à May^
BfONCAYO (Jacme), F. : d'arg. à
ryeuse de sin., et d az. à la fleur de
lis de. . .
MONCBRTAUT (G. dej. Rv.
MOxNDOR (Aly Uuarat), Rv.
MoNBBA (Pedro de), Z. f 202.
MONFORT (Domingo), Rv.
MoNGisGART. Moiulscart (6. de),
Rv. — G. de Montiscard, Bp.
MONJO (P.), Rv. — * A. : d'or,
au monde d az., cintré et croiseté
de gu.
Mon Matal (P.), Rv.
MONMB.NEU (Albert de), Rv.
Monpalau, de Monte pakUio (A.
de), Rv.— Jacme Monpalau, d'orig.
allemande. F. : de gu. au palais
d'or.
MoxpAO. Montpaho, deMontepaon
(Bg.), de Tortose; — (Bg. de), che-
valier; (P. de), Rv.
MoNRADA (A. de), courrier de la
reine, Rv.
MONRAVA (G. de), d'Almenara;
P., R. de Monraba ; P. de Montra-
ban, d'Almenara. Rv.
Monréal (Berenguer de), Rm.—
Rv — (Gualter, Mateu), D, P» 385.
— (Guillem). F. : d'arg. au lion de
sa. soutenant de ses pattes un
monde de... — * Montréal, d'Ur-
tubie, en Navarre : d'arg. à la croix
de gu. charg. en cœur d'un lion
lôopardô d'arg., ace. de 2 grififons
rampants du môme, celui de dext.
contourné.
Monrbdon (Guillem de), maître
du Temple, I, 142. 145, l5a, 151.
— Bernât Monredo, de Barcel. F.:
d'arg. au lion de... soutenant un
globe terrestre de...
MoNSAN, Monçan (P., D. de);
Monsain, Rv.
MoNSERRAT (Molchior), F. : de. . .
à la montagne de. . . — Monserrat,
de Gervera. A. : d'az. au mont de
2 coupeaux d'or, sommé d'une scie
du même et entouré d'une palissade
d'arg., à 8 fleurs de lis du même
en orle. — Monserrat, de Reus, A.:
de gu. au mont de 2 coupeaux d'or,
sommé d'une scie du même. — Gelte
dernière famille est représentée par
le marquis do Tamarit.
MoNSo, Monlso, Monzon (divers
prénoms ot diverses professions), I,
404. — Rm. — Rv. — D. f 385. —
Montso, à May. Bn.: d'az. à 3 fleurs
de lis mal ordonnées d'or. — Monso,
en Gat. : A d'or à. la tour au nat.
ouv. et ai. de sa., ayant à^ la fe-
nêtre un nomme enchaîné d'arg. et
sur les créneaux une bannière de
gu. avec les mots : pro fidelUate
d'arg.: au chef de gu. char, d'un
besant d'or.
MoNSORni (Pons de), chevalier,
Rv. — (Guillem), F. : de gu. au
mont fleurdelisé d'or.
Monta (Guillem de Za), Rv.
MoNTAGUT, Montagudo, de MorUe
cuiuto (divers prénoms). I, 323, 342,
389. — Rv. — D., 1* 340. — Alfonso
Montagut, navarrais. F. : losange
d'or et de gu. - Guillem Montagut,
catalan. F. : de gu. au château d'or
du milieu duquel s'élève un mont
de...— Bernât Montagut, rico home
navarrais. F. : d'or à 2 monts de. . .
— Montagut, en Gat.: d'az* au mont
fleurdeliœ d'or, surm. d'une cou-
ronne antique du môme. — Guil-
lelmon de na Montaguda. maître-
queux du roi. II, 610.
«S4
ifoiibifbiAi^R^ DÈS fAMtLtus
MoNTALBA, Montûlban (Martin,
Valero de), Rv.
MoNTALT (Bernât de), s'engagea
à suivre Jacme en Terre-Sainte.
Doc, inéd.; VI, 174.
MoNTALLET (Marie de), Rv.
Mo.Ni'ARAGON (Doibingo Gomex
de), Rv.
MoNTAYNAGOL , Montannagol ,
Moniagnagol (G. do). 11,66, 113,
458. 459.- Rv.
Monta Y.NA.Ns , Montayn^, Mon-
tanya, Montaannan. I, 255. — Rv.
— * Montaiians, à May. Bn.: d'or
à J fasc. vivrées tlo gii.
Mo.NTBLAXCHj de MonU cHho (di-
vers prénoms). — Rm. — Rv.
Mo.NTBRUx, Monbrii (Pascual. Si-
mon de), s'enjragèrent à suivre
Jacme en Terre-Sainte . Doc. inéd.;
VI, 176.— 1-S.— Ar. de Monbrii, Rv.
MONTCLrs (Guillem dfi) des 9
nobles do Cat. I. 403 — Z. f- 177,
— Pore do Monclus. F.— A.- de sa.
au mont fleurdelisé d'argN
Monte (R., Père do), Rv.
MoNTESOuiu, Mont-Squiu (Be-
renguer ou Bernât d»^), 1, 2.i5. —
E. rh. XXXII. — Montesquieu Fo-
zensac, en France : d'or à 2 tour-
teaux de gu. l'un sur l'autre.
MONTFALCO. Monf;ilj|uo, Monfal-
con (Berenguer, Pore de), Rv. —
Montfalco, en Cat. A. de gu . au
mont d*arg. sommé d'un faucon
d'or, chaperonné d'az.— » Montfau-
con, en Lang.: de gu. au mont
d'arg. surm. (fun fauran du même.
MoNT-FLOuiT (Garcia de), Rv.
MONTGHii: (Guillem de) sacriste
deGirone, archevêque élu de Tar-
ragone, I. 365; II, 32, 310.
Mo.NT-JuicH, de Monte-Judayco
(Jacme de), II, 589.
MoNTLAim (Hugues de), maître du
Temple. — J. passim.
MoNTMAJOR (P. de), et sa fille.
Rv.
Mo.NTO, Monton (Marc) de Teruel;
(Guillem de), Rv.
Mo.NTOLiu, chevalier (P., Vives
de). Rv. — (Ramon). F.: d'or à 3
lasc. de gu. — A.: fascé d'or et de
gu. — * Montolieu, en Lang. et en
ProV.: fascé d'or et d'az.
Rio.NTORis (P.), de Poitiers. F.,
de sin. m mont flelirdelisé de gu.
bordé d'or.
ÏÉlONTORo (Alfonso), deCordone,
F.: d'or au chône et au taubeati
de. . . .
Mo.vt PErihôâ (P. de). RV. —
Il y avait un*^ fam. de MontpeyroUX
en'Rouergue portant: d'az. à 3 tonrs
crénelées d'or; alias, d'or au poirier
de.. . fruité d'arg. sûr une montar
gne de sin.
Montpellier (Ramon de), filst de
Guillem VIII, seigneur de Montp.
Z. lib. Il, c 65. — Rm. — fJohan,
Jacnï'^ de). Rm. — Johan de Mon-
tepessidano, Rv. — G. de Mon*-
Sf*stler, II, 556. — Los hommes de
[ohtpollier, Rm. — Rv. — L>., 1^
311. — Seigneurs de MontpelKer;
d'arg. au tourteau de gu. — Voy.
Entenza.
Mo.NTPEZAT, Mompeza (François
de), maître du Temple, I, 209.* —
Z. f' 120, — Monlpesit, en Lang.:
de gu. à 3 bandes d'or, au chef
cousu d'az. char, de 3 étoi. d'or. —
Montpezat, en Gascogne: de gu. à
la balanœ ii'or.
Mo.xTPOT (Mij:Uel), Rv.
MoNTROô , Monroig , Mohros ,
Monro, de Ifonte ni6ôo fdivers pré-
noms), Rm. — Rv.
MoNTt LL (Père de), de Tonl. on
de Toi. F.: degn. à la lledr de lis
d'or.
MoRA (divers prénon's). Pbùr
quelques uns, indication d'orig.
Rm. Rv. — Mora, à May. Bii.:
de gu. h 7 châteaux d'or. — Mora ,
en Gat. A.: éc. de gu. à labanded'or
char de 3 mures de sa., el d'or ao
mûrier arraché de sin. — Le mfa^
quis de Tamaron et le comte "éë
Santa- Anna portent lenoninde Mora.
MoRAGAL (Guillem de) , Rv.
MoRAGUES, Moragas (Giiflleiû,
Domingo, Venrel def, Rv . — Guil-
lem de" Moragues, pinid'homme de
Val. Il, 569. —F.: d'àrg. à la ronce
de sin. fruitée au nal. — Moragnes,
.à May. Bn.: d'or au nïûrier art^-
ché de sin.
MoRAtA (Martin de). Rv.
MoRATON (R., Perefa, Ai1Milé\
Rv.
MoRAZACH (G. de), Rv.
MoRKLL (Bemat), Bn.: d'ârg. à la
muraille ci*énelée d'az. — Ratnon
Mcrel reçut des biens dans le
î'oyaume de Val. D., f* 354. — P. et
Domingo Morello, Rv.
Morella (G., r , Faraix de). Rv
Mohena (A. de) de Tortose/Rv.
MoRERA (Domingo) et sa remme
Dolza, Rv. — Père Zamorera, F :
de . . au mûrier au nat.
Qf|« lÉfATS DR MGVB 1^'
MORE^ (Miguel), Pv.
lioBfs^s (fiertran de). Rv.
MoRiELLO (P., D., H., Gil. Marti
LoDe?, Valero de); P. Morgello, Rv.
HoRiELLA (Gil); Berènguer Mo-
rilla, Rv.
MoRLAN, Morla (B,), chapelain de
Rocamadour; Gerald et Guillem de
Merlans» Rv — Morla, provençal.
F, : de gu. à la tétte de maure au nat.
— * Morla, à May. Bn.: d'az. à 3
serpents se mordant la queue, 1 et 2.
MOROS, Morro (Fortun Garcez,
Miguel, Br. de), Rv.
MOYA (divers prénoms), Rv. —
* Moya, à May. Bn.: d'arg. ù 4 fasces
nébulées d'az., à la bande d'or char.
de 3 rougets de gu. brocb. sur* le
tout.
MoTNOS, Munnoz, Munoz, Muniz
(divers prénoms). Un bourgeois de
Teruel, un prud'homme do Val. I,
1^. 389, 44S; II, 133, 446, 569. -
J. en. XXIV, ccLv. — Rm. — Rv. —
J^Huyoz, de Hinojera, F.: éc. d*or
à la croix de Calatrava de gu. et de
gi. plein. — Pedro de Munyoz, de
urgos. F.: éc. d'or à la croix de
Calatrava de gu. et d'or k la bande
échiq. de gu et de sa.— Enrich Mu-
nypz, aragonais. F.: d'or è 5 dés à
jouer de pu. marqués chacun de 5
points de sa.
MuELLA (Jacme), Rp.
Mues (Martm Ferez Je), Rv.
MuGA (Berènguer Za), Rv.
MuiLERAT, Mulerat (J.), Rv.
MULER (Bg.). Rv.
Mulet (Berènguer, Ar. de), Rv.
— * Mulet, à May. Bn. : coupé d'or
& 2 têtes de carn. cour, d'or, et de
sin. à 2 tours d'or-
MuLNE^io, Mulner (G., R., Bg.,
Arn., R.), Rv.
' MuNTANER, Montaner (Ramoij),
de Peralada. I, 1?5, 428; II, 457,
460. — Q. p. 399.— Bertomeu Mon-
taner, Ramoueta Montanera, Rv.—
Arnald Montaner, de Cerdagne, F.:
d*arg. au mont fleurdelisé de.-. . —
Bn. : d'or au mont fleurdelisé d'az.
— Une branche porte ces armes sur
l'écu d'Arag. : aor à 4 pals de gu.
— Le chef d'une branche do cette
fam. établie & May. porte le titre de
marquis del Reguer.
Mur (B. de), J. de Muro. bou-
cher, Rv. — Guillem de Mur. F. :
de sin. au mur ouvert par une
brèche. — Guillem de Murs, trou-
badPW. II, 399, 45q. — * Mur ou
Dezmur, en Roussillon, A. : de gu.
à la muraille crén. d'or.
MuRAYNON, Maraynon (P. San-
chez de), Rv.
MuRËOiNA.— Un évéque de May.,
un chevalier, Bp.
MuREL, de Murea, de Murola (P.
de), Rm. — (R. de), Rv.
MuRLES (G. de), de Montp. Il,
7, 552.
Mut (G.), Rv.
MuzA, juii. Rv. — Muza Almo-
ravid, alcayde de Biar. II. 96.
Nachman (Moses ben] rabbin. II,
380 à 383, 594 à 596.
Nadal, adobadoryàe Jaca, et son
frère Martin; Antoli et Domingo
Natali. boucher. P. de Nanadana
et sa femme Nadalia. Rv.
Najara (Joan de), Rv.
Nanglbsa (Domingo de), Rv.
Naniel (G. de), Rv.
Nanina (F. de),Rv.
Naraylac, Rv.
NARBON/i (Bg. de, R. de); Br, et
GuilKm Narbones; Narbonet, Rv.
Narco (A. de) ; G. de Nargo, Rv.
Nareu (D.), Rv.
Narnu (Fray del), de Girone,
Rm.
Narossa (Bç.), de Tortose, Rv.
Narvaez (Alphonse) , galicien ,
F.: de gu à 5 fleurs de lis d'arg., à
la bord, d'arg. char, de chaînes en
saut, de ... — Le maréchal NaiTaez
duc de Valencia, porte: parti de
gu. à 5 fleurs de lis d'or, et d'arg.
a 5écussons de Portugal, à la bord,
de gu. char, de 8 flanchis d'or.
Nausa (P. de), Rv.
Navarra, Navarre (divers pré-
noms), Rv.
Navarëllo (Gisbert); P. et J.
Navarret, Rv.
Navarro (Domingo), templier,
Rm. — Avec divers prénoms; J.
Navarron. Rv. — Juan Navarro, de
Huesca. F.: parti d'or à 2 fasc. de
sin et de... à 4 lances d'az., & l'é-
cusson de... au lion de... — Firmin
Navarro, F.: de gu. au coq et au
serpent de..., ace. en pointe de 3
besants d'ar^.
Nayasa, Navaza (Gaston, Gascon
de], Rv.
Navascos, Nabascas, Navasches
(Miguel, Martin, P., Ximeno de),
Rv — fPere de), I, 442.
Navata (J.), Rv.
Naves (Bg. de), Rv. — - * Naves.
en Cat. A.: d'az. au vaisseau équipe
656
ROMBIIGLATUIIK DBS FAMILLES
d'arg. sur une mer du môme, adex-
tré aun mouton passant d'arg. sur
une terrasse au nat. et surm. d'une
main de carn. ailée d'or.
Nata (Bertran de), che\'alier, I,
266. — (Bernât de), F.: d'or au
ckien blanc et noir. — Le baron
d'Alcala porte le nom de Naya.
Natalf, Rv.
Nbbot (Bff.). Rv. — • Nebot, à
May. Bn.: d az. à la bande cousue
de ffu. char, de 3 6toi. d'arg. et aoc.
de X fleurs de lis du môme.
NEi>BZAN.(P. de), Rv.
Nela (D.), Rv.
NER(Br.). Rv.
Nexina, Rv.
NiGHOLAU, Nicoloso, Nicolas —
Un chapelam de D. Pedi o de For-
tug., chanoine de Goimbre, Rm —
Un ingénieur du roi, I, 343 à 3-45 ;
II| 40à. Rv. — Un chapelain de la
reme, II, 577 . — Un ôcuyer castil-
lan, et quelques autres, Hv. — ♦
Nicolau. à May. Bn.: de gu. au
lévrier d'erg.
NiNOT, Rv.— ♦ Ninot, en Gat. A :
desin. ù la tour d'or, couverte do
fu. maçonnée et ai. de sa., à la
ord. dor, char, ae 8 fouilles do
lierre au nat.
NoLASQUE (Pierre de), fondateur
455. — Fr. P. de Nonasch, Fr. P.
de Monasch, de rordn3 de la Merci,
Rv.
NoRBLLA (Br. de), Rv.
Noria (B^rlomeu de). Rv.
No VA ILES, Nnaylies. Nova les, No-
vellas, Novals (divers prénoms).
Plusieurs chevaliers, unjusticia de
Xerica. Rm. — Rv.
NovEL (P.). Rv. — * Novell, en
Gat. A.: d'az au noyer arraché et
fruité au nat , à la nlière de gu.
NuBZ (Pedro Garcez de) et son
frère Oger. Z. f 205.
NuNiz, Nunez (Père), chevalier,
Rm.— Bn : d'or à 4 bandes de gu.
NuNNO, Nuno (Martin, Pascual),
de Teruel; magister J. Nunonis,
Rv.
Oblster (Martin Perez), Rv.
Oblites , Oblitas , Ablitas , De
Oblitis (divers prénoms); plusieurs
chevaliers, Rv. — J. ch. cclxxvii.
— Z. f^ 169. — Père de Oblites, de
Tahuste. F. : d'or à la bande de sa.
OCTAVIAN, Rv.
Odena, Hodena, (diversprônoms).
Plusieurs chevaliers. I, 4o4. — Rv.
— Ë. ch. Lxvni; — A.: d'az. seosé
de croiseties d'arg. à la bande d*or
broch. sur le tout.
Ofpsgat (Bg. de), chevalier, D.,
^ 386.
Olalia (P. de), Rv.
Olavart (Br.). Rv.
Olcina (Bemat). F. . de gu. au
chêne do sin. fruité d'or. A.: d*or
au chêne arraché et fruité de sin.
accosté de 2 chardons de 3 liges
du même.
Oldesa (Br , Ar. de). Rv.
Olesa (Ferrer, J. de); F. Dolesa,
de Barcel. Rv. — Bn.: de gu. à la
rose d'arg. — Bemat et Guillem de
Olesa, I, 449.
Oliola (Fr. Andréa de); Br. Do-
liola, Rv.
Olit, Doiit, (divers prénoms),
Rv.
Oliva (Br. de). Rv. ~ (Père de),
de Tudela, F.: de... au hibou {olivà)
de...
Olivblla, Golivella (ï^ere B^nat
de}, Rv. — Z.*. f^ 203.
Oliver, de Oiioario (Père, Beren-
guer), Rv. — * Olivar, à May. Bn.:
d'or à l'olivier arr. desin. surm.
d'un chevron alésé de sa. — Le
comte de Tarifa porte le nom
d'Oliver.
Olives (Bemat), Z f^ t26. -
(Guillem de), de Tortose. F.: d'ai^.
à 1 olivier au nat.
Olivier le Templier, trouba-
dour, II, 393. 459.
Ollbr, Ollarii, de OUerio (divers
prénoms et diverses professions),
Rm. — Rv. — Bp.
Olms (Guillem Père), de Rouss.
F.: d'arg. à 3 ormeaux au nat.
Olocalvo (V., M. de), Rv.
Olone (Pierre, Elissende de), il,
262.
Oltra (J. de), Rv.
Olzbt, Dolzet, Solzet, Alzet, Sal-
cet (divers prénoms), Rm . — Rv.
Omedes (Sancho). chevalier de
8aint Jean-de-Jérusalem. F. : d'or à
l'ormeau au nat.
Ondo (P. de), Rv.
Ongera (Guillem de), Rv.
Ongria, Ungria, Dungria (R., J.,
G., Martin de); quelques uns de Ja
suite de la reine Yolande, Rv.
Opte (Pascual de), Rv.
Orabas (Ferrand de), Rv.
Orcau. Dorcau (Père de), Rm. —
6.) d'Almenara, Rv. — (Amald
e), F.: d'az. au soleil d'or.— Orcau.
S
r
DES BTATâ DE MCMB 1'
657
6Q Gat. Â.: de gu. à 8 roses d'or.
Orciva (Garcia de). II, 186.
Ordbna (Guillem de), Rv.
Ordi (Amalt de), F.: de gu., à la
plante d'orbe d'or.
Ohe6a (Mateu de), Sancho, Ber-
tomeu, P de Orenga, Rv.
Orella. Âtorella (Atho), tnesna-
dero, I, 187. 204, 327, 340. —Rm.
— Rv. — Blasco Oreyla, chevalier,
Rv.— Atorella, en Arag. Bn.: d'arff.
à la croix de Calatrava de gu,, à Ta
Champagne échiq. d'arg. et degu.
Obbxach(G. de;, Rv.— ^ Rexadi,
en Gat. A. : d'arg. treilhssê d'az.
Oria (Pedro Ramirez de), cheva-
lier aragonais, Z. f* 166.
Oriols, Uriols (Bernât de). J.
ch. ceci. — (Ramon de), français,
F.: d'or à la fleur de lis d'az. ace.
de deux oiseaux de... becq. et
membres de gu.
Oriz (Inigo, Ximen Perez de),
Z. ^'166. 205. — D.f 357.
Gros (G. de}, Rv.
Obradrb (Sancho de), chevalier,
D. f 386.
Ortella, Ortelle (Père de), Rm.
— Rv.
OaTiN, d'Avila. F.: de gu. al'étoi.
d'or.
Ortiz, Dortiz (divers prénoms),
Rv. — J. ch. cix. — D. f» 386. —
Au moins- 2 fam. 1* mesnaderos
d*Arag. B : d'arg. à la herse de sa.
— 2* Sancho Dortiz, Navarrais, Rv.
— Rodrigo Ortiz, de Teruel, F.— V.:
d*or au dextrochère de car. empoi-
f^nant 6 plantes d'orties fleuries et
ruitèes au nat
Orto(A. del) Rv.
Ortolaxus (R., p., Jordan), Rv.
OnTO.NKnA (Guillem de) reçut des
terres à Alcoy D. f 335.
Orts (P. de, Ramon des), Rv.
Osa. Dosa, Dossa (Ximeno Perez,
Garcia Perez, Sancho Perez do\
Hv. — D. f 346.
OssAL (Stevan de), Rv.
Osso, Dosso (P. Gonzalvez de).
chevalier, Rv.
OSTIA (G.). Rv.
Oteyza (ximeno de), de Teruel ;
Sancho do Hoteyça. Rv.
Oto (P. de); Zalema Iloto, sar-
rasin de, Xat.; Otis, Rv.
OviECHO (Père), scriptor. I, 443.
OvoN (Joan de), Rv.
OXEA (Bernât) Bp.
Oxova, Otxova. Ochova (Lopo).
arbalétrier; (Ximeno et D. P.j Rv.
Pabat (J.), Rv.
Pachal (P.) de Barcel. Rv.
Pacho (Ximeno de), chevalier,
Rv.
PAGMbR (R.), Rt.
Padilla (Père de). F.: a'arg. à
3 poêles à frire d'az. cnarg. chacune
de 3 croiss. de...
Pa-et-Ayga (Jacme), secouru par
le roi, {de ^emosina nostra)^ II,
611.
Pagakot, Rv.
PAHB6A (Ar.), Rv.
Palafido (J. de), Rv.
Palafox, Palafols (Guillem de) .
chevalier, 1, 256. — E. oh. xxxni. —
Z. f* 126. — Palafox. grand seigneur,
d*une fam. d'ong. française établie
en Arag. et en Gat. F.: de gu. à. . .
fiasces (Targ. charg. de^^roisettes d'az.
— Palafox, en Espagne; de gu. à 3
fasc. d'arg. char, chacune de 2 croi-
seites d'az. — cUiàê : de gu. ô 2 fasc.
d'arg. charg. chacune de3 croisettes
de sa. et crénelées intérieurement du
même. — A cette maison appartient
S. M. Marie-Eugénie de Palafox, de
Porto-Carrero et de Guzman , Im-
pératrice des Français. En publiant
le tableau généalogique de la page
394 de notre tome I. nous n'avions
pas dissimulé nos doutes au sujet
de l'exactitude des derniers degrés
de cette filiatio ^. Nous pouvons au-
jourd'hui la rectifier d'une manière
certaine. Ses parties essentielles
n'ont d'ailleurs aucune modification
à subir. 11 faut seulement rétablir
ainsi c|u'il suit les derniers degrés
à partir du XIX* :
XIX. Cristobal de Porto-Carrero
et de Guzman, mort en 1704, avait
épousé Marie Regalado de Villal-
pando.
I
XX. Cristobal Grogoriode Porto-
Carrero, Zuna , Guzman, Osorio,
Enriquez, Almanza, Pacheco, Ara-
gon et Monroy, comte de Montijo,
marquis de Barcarota grand d'Es-
pagne, chevalier de la Toison d'or
et des ordres du roi de France, am-
bassadeur extraordinaire et ministre
plénipotentiaire d'Espagne à Lon-
dres, nuis à Francfort en 1741, pour
l'élection de l'empereur Charles Vil.
avait épousé, le 15 mai 1717, Do-
minga Fernandez.de Cordoba.
I
XXI. Cristobal Pedro de Porlo-
43
658
NOMBNCLATUBB DBS FAMILLES
Carrero, marquis de Valderrabano,
marié à Maria-^osefa Lopez de Zu-
liiga, comtesse de Mlranda.
I
' Maria-Francesca de Sa-
Iles de Porto-Garrero et
Zuûiga.
Philippe de Palafox et
_ _ , , de Croy, fils de Joachim-
^^^^ ■ Untoine-Xiroenes de Pa-
ilafox, marquis d'Arizza,
fffrand d'Espagne, et de
I Marie- Anae-Cfiarlotte de
\Croy.
I
XXIII. GypnaDO de Palafox ,
Porto-Carrero et Guzman, comte
de MoDtiio, de Mirauda et de Teba,
duc de Pefiaranda, mort le 15 Jan-
vier 1831» marié à Maria-Manuela
deKirk-Patrick de Glasbum.
I Marie-Eugéuie de Pa-
Vlafox, Porto-Garrero et
XXIV y^^^'''^^ I comtesse de
1 1 coa •
/ NupoléoD II I, Empe-
Ireur des Français.
I
XX V . hi apoIéon-Eugène-lM)uis-
Jean- Joseph, Prince impérial. né le
16 mars 1856.
Palafre (J. de). Rv.
Palafurgell (Na, Guillem de,
Palafrugel: Bg. Palaforger, Rv.
Palau. Palazi, de Palatio (divers
prénoms). Rm.— Rv. — J. ch. xl.
— Q. — Bp. — Palau, représenté à
May. Bn.: de su. au palais d'or. —
Palau, en Cal. F.— A. : d'or au palais
i\ l'antique crénelé de sin., à la bord,
componôe d'or et de sin. — * Des-
))alau, en Cat. A.: d'or au palais
d'az.
pALAVtciNu (Juan), Génois, h\:
d'op à la croix potencée de sa. et
échiq. de 12 pièces de. . . et de. ..—
Palavicini, à Gènes: échiq . d'arg. et
de' 2., au chef d'arg. char, d'un
oiseau d'az.
l'ALAZiN (Arnald). Z. lib. II, ch. 68.
— P. Palacinus, Maria Palaci, B.
Palacini, boucher, Rv. — P. ï aleci,
chambellan du roi Jacme. — J. ch.
CLX. — P.: de gu. au lion de . . à la
bord, d'arg
Palencia (P.), Rv.
Palerols [Janancius de), Rv.
Palet (Hernal), de Barcel., Rv.
Paliza (Guerau de), Rui.
Pallarb (G^** de), vassaux des
comtes souverains de Barcel. I,
130, 464; II, 337, 493. 498. - Z. P*
119 et 154.— Guillem de Pailais, F :
de gu. & 3 pailles d'or. — Pallars,
des 9 comtes de GaU A. : de gu. à 3
pailles en bande d'or. — Bernât de
Pallars; Br. de Pallai*s, corroyeur,
Pavlars et Paylares, avec divers
prénoms; probaolement noms d'orig.
Palmard (Hugues), Huguet Pal-
maret, Rv.
Palme (Guerau), Rv.
Palomar (P. de), Rv.
Palou, Palasol. de PalaUoio fBe-
renguer de), évéque de Barcel. 1,
233, 241, 255, 269. 308. — J. ch. u.
— Rm. - Z. P 126. — Q. p. 179.
Père Palasol. Rv. — * Palou, re-
présentée à May. Bn. : d'or au châ-
teau à 2 tours d'az.
Pals (D. de), R. de Pauls, Rt.
Pamplona (M., B., A. de), Rv.
Pando (P.). Paix de 1235. —
Pando est le nom patronymique du
duc de Tamames et du marquis de
Miraflores, grands d'Espagne.
Paradello (Bernât, Ramon), Bp.
Parapol, Rv.
Paratge, Parage (G.. B. de), Rv.
Pardlnera (P., G. de), de Jaca.
Rv.
Pardo (Garcia), mesnadero doai
la faro. fut élevée plus taitl à la
rica hombria. I, 206, 444. — Pedro
de Pardo reçut des biens à Xat. D.
!•• 340, 386. — B. — Bn. : d'or à
3 troncs écoles de sin. rangés, posés
en pal et enflammés de gu. — Azuar
Pardo. F.: de. . . à 3 bâtons de sin.
— Pedro Pardo, frère du précé-
dent. F. : de. . . à 3 bâtons do sin.
entlammés. — Le marquis de San-
Juan de Garbailo porte le nom de
Pardo
Parellada. Zapareyiada (A., P.
de), Felip Pareylados, do Tortose,
I{v.
Parent (Ar.). Rv.
Pauets (B. de), de Villafranca,
et son frèi^e Guillem, Rm. — Parets,
il May. lin. : d'arg. & la bande de
pierres de taille maçonnées au nat..
au cheval cabré et contourné de sa.
broch. sur le tout.
Paris (Joan de), de Teruel ; ma-
gister Paris, Rv. — B. de Paris
1,449.
Parois (J. de), Rv.
Parral (S. del), Rv.
DES ETATS DE JAGHE V^
659
Partidbn, Pertiden (Tomas),
tailleur de Barcel. Rm.
Paschal , Pasqual , Pascasius
fBg., Domingo, Marti), Rv. — Janot
Pascual, F. : éc. d'az. & 2 tours
d'or, surm. d'une étoi. de., et
d'az. à l'agneau pascal de . du
flanc duquel sort une source.
Paterna (Martin Perez de). Rv.
Patot (Fr. Raymond), maître du
Temple. I, 343. — Z. f 141.
Pauch (P.), de Perpignan, Na
Pocha, Rv. — Arnaldwf de Pattcis,
affranchi des tailles par le dernier
codicille du roi. II, 6ll.
Paul (Frère), dominicain. II, 380
à 383, 463, 594 à 596. — Fr. P. Pau-
lus, de Poblet, Rv.
Paclbs (Domingo), Rv.
Pavia (B. de), Rm.— J. Perez de
Pavia ou Pabia, chevalier. Rv.
Pavo (Ximeno de). Z. f 171. —
(Guiilem de), lieutenant du roi à
Montp. II. 407. — J., S. de Pabo;
Marti del Pabo; D. de Pobo; Bg.
de Pao, Rv.
Pax (Guiliem de), chevalier. II,
90. — Rv. — Joan de Pax, Bp. —
En. : de gu. au croiss. versé d'arg.
Patlaranch (J. de), de Jaca, Rv.
Patnera (J.), Rv.
Paza (Pj, Rv.
Pebrada (Guido) argentier, Rv.
Pedrix (R. de) et Anglesia, sa
femme; P. Peirix , fils d'Huguot
Martinez, deHuesca; Pedrux,Rv.
Peurixols, Petrisolus, de Tor-
tose, Rv.
Pbdrol (Domingo), de Lérida;
(D.), do Tortose. Rv.
Peguera (G. (le), chevalier, Rv.
— Roch Peguera. F.: d'arç. au lion
de gu., & la bord, de sm. — A.:
d'arg. au léopard lionne {cUtàs lion)
de gu. couronné d'or.
Peilla (A.), Rv.
Pelegri.n (R.), de Lattes; Pelé-
arinus, écuvcr; G. Pelogrin, tail-
leur ; Pons de Peregrina ; J. de Na
Peregrina, de Jaca; Rv. — Bernât
Peregrin, Bp. — Pelegri, en Gat.
A. : d'az. à la bande d'arg. char, de
3 coquilles de gu.
Pellicer, Peliser (divers pré-
noms). Quelquefois nom de profes-
sion, Rm. — Rv. — Arnau Pellicer
F. : parti, d'or au chabot (//wa) au
nat.j et d'or & 3 fasc. ae gu. —
Pelliser, en Gat. A.: d'az. au chabot
d*arg. en bande.
Pblo (Bertomeu), de Teruel, Rv.
PENAFLOn (G.), Rv.
Pbnedes (Bg., P. de), Rv.
Penna, Penya (Jordan de), frère
utérin de Fernand Sanchez de
Castro. Z. f* 213. — (Marco Ferriz
de). Z. f» 215.— Gelacian de Penya.
de Toul. ou de Toi. F.: d'or au
rocher {penya) au nat. — ♦Penne,
en Lang.: d'or à 3 fasc. de sa., au
chef d'herm.
Penyafort (Saint Ramon de) ,
dominicain. II. 74, 75, 120. 127, 326,
328, 379. 383, 385, 455, 463, 464.-
D f* 385.— A.: d'or à 4 pals Je gu.,
flanqué d'or au mont de sin. surm.
d'une pomme de pin du môme.
Penyarotja iPere). de Montp.
F. : de . . au château d'or entre
deux rochers de gu.
Pepa (Br.), Rv.
Pera (Miguel), Rv.
Pbracblz, Peralcels ^G. Lopez ,
Sancho Lopez de), chevaliers, Rv.
Prralada ( Br. de), GutUelmits
de Petral(ida, Rv.
Peralta (Alfonse, Domingo de),
Rv. — (Jordan de). I, 442. — (Ramon
de), J. ch. XXXIV.— (Arnau) , évoque
de Val., puis df» Sarragosse, II,
284, 338.— D.f»336, J. ch. ccxxxvii.
— (Ramon de), II, 569.— (Joan de),
fauconnier du roi. Il, 606 — (Ximeno
do), templier navarrais. F.: de gu.
au griffon d'or. — (Gil de). P.: éc.
d'or et d'arg. — Peralta, en Cat.
A.: éc. d'or et de gu.
Peramilia (Jacme de). Rv.
Peramola (R. de). I, 444. —A.:
d'or au chevron de gu. ace. en chef
de 2 fleurs de lis d'az. et en pointe
d'un moulin à huile du même.
Perancisa (Lope Ximenez, Gon-
zalvo de), D. 1'* 366, 386
Peratre, Perer, de Pererio, de
Peraria (R., Gozbert de), Rv.
Pbrdiguer (Tomas), Bp.
Père (Guiliem), Rv. — Pedro,
scribaj de Lerida, Rm. — Pedro, ma-
jordome du roi. II, 166, — Rv.
Perea (Père), deTvrol. F.: d'arg.
à Taigle de sa. ace. de 5 |)oires de
sin.
Perecono, Rv.
Perello (Bernât, Ramon) frères,
do Perpig. Bp. — Bn.: d'arg. au
dextrochère de carn . vêtu de gu .
tenant une branche de poirier fruité
de 4 pièces au nat. — Perellos de
Pachs. templier. Bp. — Ramon Pe-
rellos, de Toul. ou de Toi. F.: de gu.
à 3 poires û'or.
«60
NOMEIfCLATUHI BE8 FAMILLES
Pbrera ou Perata, deManrôse,
Rm.
Pbrbt (Duran, Bertran de), Bv.
Pbrkxknz, Peraxens(Bereaguer).
i. ch. xLui. — (Beraat). Z. f 115.—
(Bertran) s'engagea à saivro Jacme
en Terre-Sainte, Doc. inéd,\i, 174.
Pbrisz, Periz. — Tantôt nom de
fam.. tantôt simple nom patrony-
mique, porté par une quantité d'in-
dividus de toutes classes. II, 36,
166, 569, 606. — Rm. — Rv.— Per-
nand Perez, deRibagorza. : P.: de
gu. à 5 poires de sin. bordées d'or.
— Amala Perez, Navarrais. F.: d*az.
à 3 poires d'or. — Voy. TxRiLZONA.
PfSRPECTUS, Perfecta, Perfeyta
(P.), Rv.
Pergaminer (Bernât, Bg.), Rm.
Përio (Gausbert), Rv.
Peroxolo (Martin de), merino
da roi à Huesca. J. cb. xxx.
Perpinan, Pprpinya (divers pré-
noms), Rv. — F. : Je sin. à 3 pom-
mes de pin d'or. — * Perpiiia, à
May. Bn. : d*az. à 3 pommes de pin
d'arg. — * Perpinya , de Girone ,
A.: d'arg. à 4 pointes flamboyantes
de gu. mouvantes du flanc dext. —
* Perpinya, de La Bisbal, A.: d'az.
à 4 étoi. d'arg. — Le baron de la
Torre porte le nom de Perpifian.
Pertagaz, Pertegans (Ramon).
I, 308. - Rm.
Pertiner (Père), Bn.
Pertusa (Joan), de Rouss. F. ;
éc. d'or au ier de pertuisane de. .
et d'or à la poire de...
Pbrvix, (le Teruel, Rv.
Pes (Miguel del) ; B. Peso, Rv.
Pesador (B.). Rv.
Petrofavio {EUasendis de), Rv.
Petruxa, chevalier de la suite de
Garroz, Rv.
Pevan (Ramon), Bp.
Pexonat (Ramon), de Marseille .
Rm.
Peyra (Enrlque de), Rv.— Guil-
lem de Peyre, évoque de Mende,
cousin de Jfacme. I, 220. — Peyre,
en Gevaudan : d'arg. à l'aigle de
sa.
Petrolas (Bertomeu de), Rv.
Peyronbt (Frère Pierre). Il, 597.
— J. ch. CCLXXXI.
PiCANY (Jacme), Bp.
PICAYRB (PX Rv.
PIGH4CEN, Picacen (B., Martin,
Miguel de), Rv
PiGHER Vg., p.), Rv.
PiERA (Ferrer de), Rv.
PiG (P. Elias), chevalier; P. Pkh;
Bg. Pic, Rv.
Pila (Aznar de). Paix de 1235.
PiLis {Jacoinu de), Rv.
Pin (Br. del), Berenguer de PmU,
Rv
Plna. — Fam. de mesnaderos,
I. 207. 303, 327, 339, 344, 373. 374,
382 ; II, 90. — Fernand de Pina.
• K. : de gu. & la pomme de pin d'or.
— Sancho de Pina, de Jaca. F. :
d'or à 2 pommes de pin de sin., au
bâton noueux. — Ximeno Ferez de
Pina. F. : d'arg. à 3 pommes de
pin de gu. — Jacques de Pina, Na-
varrais. F. : de. . . au pin aa nat..
duquel descend un écnreuil portant
dans sa bouche une pomme de pin.
PiNCHANAS (Berenguer), Rv- —
A. Pinxenes, Rm.
PiiNBDA (Ramon de). Rv.
Pixel (Père de), I, 308. — Rm.
— (G.) î B. Pinol, de Tortose, Rt.
PiNOS. — Des 9 barons de Cal.
I, 233; II, 365. 384. — V. — Bp.
— Galceran de Pinos. F. : d'or à 3
r)mmes de pin de sin. - A. : d*or
3 pommes de pin de sin. à la bord,
de gu.
PLNOSCi (A.), huissier, Rv.
PiNTENBR (Bonlftici); Pintener,
jongleur, Rv.
Pi.\TO.T.-S.
PiNTOR (Marti del, J.) de Teruel,
et quelques autres, Rv.
Piquer (Bernât), Bp.
PiSA (G. de). Paix de 1235.
PiSGATOR (Berthomeu, P.), Rv.
PiSTALERO (Domingo), Navarrais,
Rv.
PiTARC, Pitarg (Ferriz de), Rv.
Plana, Za Plana (Bernât), II.
569. — (Br., GuUlem de), Rv.
Plbgamans , de PUoamanibus
(Ramon, G., M arimon de), I, 253,
311 : II, 569. — Rv. — F.: d'or 4 la
foi ae...
PoBLBT (R., J. de), Rv. — (Père
de). F.: d'or aux branches d'or-
meau au nat.
PocASANCH (Bernât), de Barcel.;
Arnalt Pocasanc. Rm.
PoDio Alber (H. de), portariur.
(Peretus de), Rv.
PoKS (Berenguera de Na), Rv.
Pogera (J. de), de Jaca, Rv.
POLA P. Jordan de). Rv.
PoLBiLA, Poreyla (banoho de),
Rv.
Poligxera (J. de Na), de Tor-
tose, Rv.
DES BTATS DB JACME 1
tr
661
POLLIGBN, Rv.
Polo (Stevan), Rv.
PoMAR' — Fam. de mesnaderos^
I, 195, 198, 268. 334, 442. — J. ch.
XXIX.— Rv. — Bp — F.: de gu. è. 5
pommes d'or. — Ce nom est porté
par le marquis de Arifio et le comte
de Pomar.
Pons , Ponce , Pon (divers pré-
noms), Rm. — Rv. — Bp. — Pon,
représenté à May. Bn.: de gu. au
poDt à 3 arches surm. d'un pignon
et de 2 demi-pignons mouvants des
Qancs, d'arg. maçonné de sa. —
Plusieurs fam. de ce nom en Gat.
Pont (Amalt). Bn.: d'az. au pont
& 2 arches, surm. de 6 pignons
d'arg., maçonné de sa. — P., Ber-
tomeu, Galceran, Guiliem de Pont,
Rv. — Père de Pont. F.: d'or au
pont d'az. — Pont, en Gat. A.: de
gu. au lièvre courant en bande,
poursuivi par 2 chiens, le tout d'arg.
au chef de gu. au pont de 2 arches
sur une rivière au nat. — Le mar-
ouis de Quinta-Roja et le comte
del Palmar portent le nom de Pont.
Po^TBR (Bertomeu), Rv.
PoNTOiNS, de PonUmibus (B , B
Femandez de), Rv.
Po.\zA (G., Pascual de Na), Rv.
PoQUfST (Ramon), de Marseille,
Rm. — Représentée de nos' jours à
May. Bn.: de gu. au monde d'or
cintré d'arg. surm. d'un paon rouant
d'or.
PORCEL, feudataire du vie. de
Béorn. Q.— Bp. — Porcell, en Gat.
A : d'or au cnêne de sia. devant
lequel passe un sanglier de sa. dé-
fendu d'arg. — Nom porté par le
marquis de Villa-Alegro et par le
comte de las Lomas.
PoRGHBT (Domingo). Rv.
PORET (Br.\ Rv.
PoRGADER (J-); Domingo Por-
gaderel, de Jaca. Rv.
PoRRES (Joan de), deHuesca. F.:
d'ar^. à 5 fleurs de lis d'az.i ("t d'or,
et d'arg. à. . . massues {porres) de
sin. ace. de 2 tours.
PORRO (R ), Rv.
PoRSA.*^ (Berenguer de), Rm.
Porta (Guerau, P., D., 8. de),
Domingo de la Porta, clerc de Te-
ruel , Rv. - Bernât Saporta,
T. -S. — Benvenisto de Porta, IT,
472. — Bonastrug de Porta, l'abbin,
II, 388. — * Saporta, en Provence,
qu'on dit orig. d'Arag.: d'az. au
portail d'or, au chef cousu de gu.,
char, d'un lion léonardé d'or.
PoRTAGALESA (Maria); Portogor
lesa^ merelrix, Rv.
PoRTAJOYES , Portajoya (divers
prénoms), Rv.
PoHTALEs, chevalier, de Castro
albo ; G. Portoles, père d'Artal de
Foces ; Portules, habitant d'Arai,
et sa femme Marie ; Portelesius et
sa femme Gécile, Rv. — * Portola,
en Gat. A.: d'az. à la porte d'or, ou-
verte de gu.
PoRTARBiG (Père) s'engagea à
suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc.
inéd. VI, 174
PORTELL (Amalt), Rv — Por^
tell, en Cat. A.: d'arg. au portail
d'az. surm. d'une comète du même.
PORTELLA, Za Portella(G., B. de),
B. de Saportella , chevalier , I ,
462. - Rv. — Z. r 1 19. — Miguel
Zaportella, do Monlp. F.: de sin. à
la muraille ruinée percée d'une
Sorte. — Zaportella, en Gat. A.:
'or à la bourse de gu frangée et
houppée d'arg.
Porter (Bernât), chambellan du
roi. II, 429. — Z. f 178. — Rm.
Portugal (Pedro, infant de), sei-
gneur de Mayorque. 1, 318 a 320,
366 ; n, 85, 286, 290, 484. — D'arg.
à 5 écussons d'az. posés en croix,
char, chacun de 5 bosanis d'arg
posés en croix.
PoRZA, Preza (G. de). Rv.
PosQUiÈRES (P. do), consul de
Montp. II, 551.
PoYA (Domingo', Rv.
Pradas (Ramon), Salvator, Bla-
§era de), Rv. - Probablement nom
'orig. — * Prades, des 9 comtes
de Gat. A. : d'or h 4 pals de gu.
Pradel (Ar. de); Frotter P. de
Pradello, moine de Poblet, Rv.
Praxana,. Praxena (R. de), Rv.
Predixyano (P. de), Rv.
Prima, femme de la reine, Rv.
Princeps (J.), de la suite de la
reine, Rv
Priva (Guiliem de), chevalier.
D. f» 386.
Probois (Domingo de), Rv.
Prohet (Guiliem), de Lérida, et
son frère. I, 294. — Rm. — Duran
et J. Prohet, Rv.
Pbovenza, Proenza (Ramon, G.,
D., Aldebert de). Probablement
nom d'origine, Hv. — Domingo
Prohensal, Rm.— J., Guiliem Pro-
662
flONENCLATIjaB DES FAMILLES
venzal, Rv. — Ramon Andreu Pro-
venial. Z. f* 214.
Proxita (Père), Sicilien. F.: de...
au château d*arg. baigné par une
mer au nat.
Prunera (J.). Rv. — * Pruneres»
^n Cat. A.: d'or au prunier (nûU}
au nat.
PccH (P. de). Rv.
Puci'LULL, Porulul (Bernât), dp
Tortosp, Rm — (P.. Br.). Rv.
PuEYO. Povo, Puio, Podii, de Po-
dio. — Fam. de mesnaderos ara-
ffonais, êlevôo plus tard à la rica
nombria. I, 276. — Rm. — Rv. —
J. eh. XXV. B. — De gu. au mont
fleurdelisé d'arg. issant d'une mer
du môme, ombreed'az. àlià8:é& gu.
au mont fleurdelisé d'arg.— Al fonse
Despuig ou de Podio, Aragonais.
F.: de ffu. à la ruche d'or surm.
d'une fleur de lis, et ace. d'abeilles
du môme.
PuiGALT (Guillem de) s'engagea
à suivre Jacme en Terre-Sainte
Doc, inéd. VI. 174 — Pugalt (P.
de), Rv.— Rodrigo Putjalt, F.: d'or
à la montagne de . .
PuiGDORFiLA. Bu. : de gu. au
mont fleurdelisé d'or. Devise: Huch
mus in hostes,
Pdig-Gat (Guillem de), Breton.
F : de ffu. à la montagne de . .
surm. d'un chat sauvage de ..
ayant à ses pieds un lapin de. .
PuiG-MoLTO (Jacme). F.: de gu.
au ch&teau d'arg. contre lequel est
posée une échelle de sa., en pointe
un mouton au nat.— A.: d'or au
mont fleurdelisé de gu. char, d'un
mouton du champ, colleté de sa.,
clarine d*arg.
PuiGROiG (A. de). Paix de 1235.
PuiGVERT, Puybert, de Podio vi-
rWt (divers prénoms), I, 443 462. —
Rv. — D. f- 385 — Bernât de Puig-
Vert, de Rouss. F.: d'arg au mont
de sin. surm. d'une fleur de lis
d az. — A.: d'or au mont sommé
d'une fleur de lis florencée de sin.
PuiTMONSO (G. de), Rv
Puja6a, Za Pugada (Maria): R.
de Puyades. Rv. — Guillem Put-
iades, F.: do gu. au mont fleurde-
lisé d'or. — Pujades à May. Bn.:
d'or à la fasc. échiq. d'or et de sa.
surm. d'une Heur do lis de gu., k la
bord, échiq. d'or et de sa.
Pujo (Garcia de), chevalier, Rv.
PcjoL. Pujols (divers prénoms),
Rv. — ♦ Pujol, représenté à May.
Bn. : d'az. au mont fiemdelisé
d'arg. — • Pujol, en Cat. A.: d'oz.
au mont au nat. char, d'un léopard
et sommé d'une croix de 2 traver-
ses potencées d'arg., ace. en chef d<»
2 éioi. du même.
PuLizziES (N. de). Bp.
PuLVERBL, Pulverelti (Hue), d^
Monlp. I, 551.
Pr.N.N'ERA (Mnteu) ; J. Punera,
Rv.
PuRTADORA (M. dej, Rv. — Jac-
me Portadora, de Montp. P.: de gu.
à la comporte (portadora) d'or.
PUTJASOL (Père), F.: degu. à la
montagne de. . . derrière laquelle se
lève un soleil de .
Pdtjazons (Pierr*»), de Toul F.:
de... au mont du calvaire de..., ace.
d'un lion de...
PuTLi^A (Sancbo Miguel de), Na-
varrais, Rv.
PcTNKT (J., Amalt) ; Puyneta.
Rv.
QuADR.\ (G. de), Bg. Za Quadra,
Rv.
QUARCER (P.), Rv.
Quart (Bernait de), Rv.
QuBRALT. Ancienne et puissante
fam. de Cet. représentée de nos jours
par le marquis de Vallehermoso et
le comte de Santa Coloraa. I, 464;
H , 365, 595. — Hv. — Pericon d-*
Queralt s'engagea à suivre Jacme
en Terre-Sainte. Doc. ined., VI, 174.
— A. : de gu. au léopard lionne
d'or — Autre fam. du même nom
en Cat. A . : d'or au lévrier rampant
de sa., colleté de gu . à la bord,
dentelée de gu.
QuEROL (fifemat de), Rv.
QriNONETO (Ferrand Gil, J. del).
de Teruel, Rv.
QuiNTANA (R. Perezde), chevalier.
Rv.— - ♦ Quintana, de Barcel. A.:
d'az. au saut rétréci d'argent, ace.
en chef d'un mont d'or, surm. d'un
besant du même : en flancs de 2
lions assis et affrontés d'or; en
pointe du chiffre 4 d'or. — » Quin-
tana, de la Tallada. A.: de gu. à 3
dés à jouer d'arg. marqués chacun
de 5 points de sa.
Rabadan (Domingo), Rv.
Rabaza, Rabassa , Rebassa, Ra-
baticBy de RabaUa (P., Berenguer.
Bernât de). Un secrétaire du roi;!.
203, 450.— Rm. — Rv. — Guillem
Rabasa, de Montpellier. P.: d'or à
une racine {rabasa) de sin. — Ra-
baza, à May. Bn : d'or à la racine
DES ÉTAT8 DB JACME 1
cr
663
de lentisque au nat., à la bord.
compoDÔe d'or et de sa.
Raoa, Derrada, Darrada (P. Gar-
ces. Aznar, Gil de), Rv.— Z. f^» 166,
167. - Valero de Rada. F. : d'or à
la croix de Galatrava de sa. — Nom
de fam. des barons de Rada.
Rafals {BonettÂS de), Rv.
Raga (Pedro Dominguez de la),
Rv.
Rahalet (B.) , Rv.
RAJAb£LL(Guilleinde), J. ch. cccr
— Z. 1* 205.- Père RaljadelL F.-
de gu. à la raie {ratjadà) au nal.—
Bernât Ratjadeli, F. : d'or au soleil
de gu. — Kaxadell. en Gai. A.: de
gu. à la comète d'or.
Rama , de la suite de la reine.
Rv.
Rauirez . Remiriç ( P.], cheva-
lier, et son frère Miguel. Rv. —
(Pedro). II, 439.
Ramon (divers prénoms et di-
verses proressions). I, 214, 443: H,
569. — Hm. — Rv. — Ramon exis-
tant à May. Bn. et * Ramon, en Gat.
A. : d'argent au monde d'az. cintré
et croiseté du champ, brochant sur
deux rameaux d'olivier passés en
saut.
Ramondin (P.) ; Raimundet, Rv.
Raol, Raolf, chapelain de la
reine, Rv.
Raolot (Br. de), Rv.
Rascle (Berenguer), Rv.
Rascora (P.); Marlm Perez de
Rasquera, Rv.
Raseiiœ, Raserre (Ramon), Rv.
Ravan ÎPere), templier. Bp. —
F. Raba, Rv.
Raymunda , Remunda (A. de) de
Gastellon de Ampurias, Rv.
Razole, Racoles, Rasole (Bg.,
Miquel Ximenez de), Rv.
Realp (D. de), Rv.
Rebollëdo (Alfonse), Aragonais,
F. : d'or à 3 branches feuilTôes de
chêne {reboUo) au nat.
Rebot (Ferrer), Rv.
Recher (G.), de Montp. II, 552.
— R. de Richer. Rv.
Recover (P.); Recuero (Sébas-
tian), Rv.
Redols (Guillem), Rv.
Reg, Reig, Rey, Rex^ de Rege
(divers prénoms) ,* Rm. — Rv. —
F. de Rege , sacristo de Lerida. II,
606, 608, 612.
Regali (Bonifaci de), Rv.
Regordana, Reguardan (Beren-
guer de), de Montp. II, 6. — J.
ch. cxcix. — Z. 1* loS.
Rehedor. T.-S.
Rehes (Pons de), Rv.
Rëher (Fer., Br.). Rv.
Reholins (Ferrand, Bertomeu
de), Rv. — A.: coupé d'az. et fascé-
ondé d'arg. et d'az. à la meule de
moulin d'arg. percée de sa. broch.
sur le tout; à la bord, componée
d'arg. et d'az.
Renald, Renaît, Renau (divers
prénoms). Rv.
Rrnder (Bertran), Rv.
Reparigo (Marti de), Rv.
Re9, Rees (Pons de). Rv.
Requësens (Père), grand seigneur
catalan, se disait parent des Valois
de B'rance. F : d'arg. à 3 rocs
d échiquier d'az. — A.: éc. d'Arag.
et d'az. à 3 rocs d'échiquier d'or, h.
la bord, engreslée du même.
RETAScno (Andres de), de Teruel,
Rv.
Reus (Ar. de), Rv. — (Joan de),
chevalier. D. 1* 385. — Reus, exis-
tant à May. Bn.: d'or à la branche
de rosier lleurie de 5 roses uu nai.
Revel, Rebel (Bg. de), Rv.
RbVERT (Bertomeu de), Rv.
Revestit (G.), Rv.
Revidana (Brun de;, Rv.
Reyelo (Martin Dominguez de),
Rv.
RiAL (G.), de Sant-Giprian, Rv.
RiAMBAL (Guiliem), Rv.
Ri AU LA, Rv.
RiBA(G.), Rv.
RiBALTA (F. de), de Montp. Il,
552.
RiBAROJA (Garcia Perez), cheva-
lier, Rv.
RiBELLAS, Ribelles (P. de), Rv.
- (Divers prénoms). Z. f" 119, 147,
173. — R. de RipeUis. 1, 445. — Ra-
mon de Ribelles. F.: d'or au lion
de sin. et de gu. -- Ribelles, des 9
barons de Gat. A.: d'or au lion d'az.
armé et lamp de gu.
RiBER (G., May mon de); Nicolau
Ribera, Rv. — * Ribera, représentée
à May. Bn.: d'or à 3 fasc. de sin.
RiBES (Miguel, Pascual). R. de
RippiSf Rv.
RiCART (Ramon) de Barcel. II,
428, 609. — P. Ricart, de Montp..
II. 552. — Magister Ricardus, de
Barcel.; G. Ricardus; Maria Ri-
carda, Rv. —Ricart, en Gat. A.:
de gu. à 3 ckardons fleuris de 3
pièces d'or.
664
NOUÇNCLATUnB DBS FAMILLES
RiCLA (Domingo Lopez de)« Rv.
Rico (P. Marlm), Rv.
RihRA, Çarriera (R., Br.). Rv.—
♦ Riera. en'Cat. A. : d'or à labando
ondoyante d'az. resarcelée d'arg. —
* Zarriera, en Cat. A. : d'or au mont
fleurdelisé d'az. char, de 2 vergettes
ondoyantes d'arg.
RiGALD (P.), deMontp. II, 552.
RiGLOS, de Rigolis, de Rigtiiis (Xi-
meno , Martin Lopez de) , Rv. —
( Ximcno Lopez, Fernand Lopez) .
Z. 1^' 116, 147.
RlHA (P.), Rv.
RiONTZ (Arnall de) et sa femme
Simona, Rv.
RiPOLL', Riupol , de Mpullo (di-
vers prénoms) , Rm. — Rv. — Guil-
lem Kipoli. F. : d'or au coq d'az.
— Ripoll existant à May. — Bn.:
coupé d'arg. au coq au nat., et d'or
à 3 lasc. ondées d'az. — RipoU, en
Cat. A.: d'or au coq de sa. barbé
etcrêlé de ga., en pointe îascé-on-
dé d*arg. et d'az.
R I FOLLES (J . ) , R V . Bernât R i-
poUes, de Perpignan. F.: d'arg. au
coq de gu.
RiQUER (R. de), Rv.— (Ramon).
J. ch. CLXxv.— Z., P» 151.— Ramon
Requer. F. : d'arg. au lion de sa.
brisant un»» flèche de. .. et ace. en
l'ointo d'un carquois de. . — * Ri-
i{ucr, en Cat. A.: d'or & l'aigle de
gu. becq. de sa., à la bord, compo-
nàii d'or et de gu.
Ris (Pedro). Ï.-S.
Riu DE E.NEGA (Guillem Perez
de), Rv.
Riu DE Mbya, Ruy de Meya
(Bernât), appelé plus tard Bernât
(le Argentona. I, '26 i.
RiUDiROGA, Hiudirucga. Rivi de
Irroga, de Rivo de Oroaà (Garcia
Perez, Fernand Perez de), Rv.
RiUDOLMS, Rioiolmorum (P. de),
do Tortose; (Br.); (Guiliem),_Rv.
Rm Ju.Ncos, Ri
«le), Rm.
liu Jugos (Romeu
RiULOS (Martin Lopez de), Rv.
Rius (Père, Br.), Rv. — Bn.: d'or
à 2 bandes ondé«îs d'az. — F.: d'arg.
au lion de gu. — A. : de gu. au lion
d'or.
RiusECH (Arnat, Bernât, J. de),
Rv. — D. f- 340. — Bn.: d'arg. à 4
fasc. ondées d'az. — F. : de gu. ii 3
bandes d'or rcmpiios d'az. — A. :
fabcé-ondé d'arg. et d'az. de 8 piè-
ces.
RivociRËSO (J. de), Rv.
RoBAu, Roboan (P.) Rv.
RoBËiiT ^Guillem); Rulbertuts, de
Tarragone, Km. — P Rubert^ de
Lattes, et quelques autres, Rv. —
Bn. : d'or à l'étoi. d'az. ace. en
pointe d'une pomme de gu.
RoBi, Rubi, de iîu6w (divers pré-
noms), Rm. — Rv. — F.: d'az a la
bague d'or, ayant pour chaton un
rubis au nat. — * Rubi, en Cat.
A. : .d'arg. au lion de gu.
RoBiANA (Guillerma), reçut des
biens à Val.^our son mariage, pfo
casamentOf Rv.
RocA. La Rocba, Za Roca, Rodi
(divers prénoms), Rv. — Plusieurs
sont de Montpellier, entre autres
Jacme de Za Rocha, chancelier du
roi et évéque de Huesca. II. 405,
606, 608, 612 — Jacme de Roca,
secrétaire du roi, est sans doute dif-
férent du précédent. II, 597. Parmi
ces divers personnages, quelques-
uns étaient évidemment de la fani.
de saint Roch. — Guillem de Roca,
Français. F. : d*az. au roc d'échi-
3uier d'or, accosté de H fleurs de lis
u même. — Père Roca . de Gar-
lada. F. : de gu. au roc d'échiquier
d'or. — Le marquis de Molins. vie.
de Rocamora, porte le nom de Roca,
et le marquis de Angulo celui de
La Rocha.
RocABERTi. Des 9 vicomtes de
Cat. — 1, 253; IL 365. — E. ch.
XXXII. — Z. f • 126, 170, 213. —
Bp— F.: de gu. à. 2 pals dor
charg de 9 rocs d'échiquier de
sa. — A.: de gu. à 3 pals d or char-
§és chacun de 3 rocs d*ëchi(|uier
'az. — Cette illustre fam. est re-
présentée aujourd'hui par le mar-
quis de Bellpuig
RocAFOBT, Rochafort. Rm. — J.
ch. XXXVIII, Lix. — D. f* 346. —
Q p 215.
RocAMADOR (Elias, Br. de), Rv.
Rocamora (Père), languedocien.
F. : d'or au roc d'échiquier d'az. —
Roche maure, en Lang.: d'az. à 3
rocs d'échiquier d'or.
RocAUTA (Br.), Rv.
RocRAVER (p. de), Rv.
RocHKTA, Roqueta (P. de). Rv.
Roda (divers prénoms), i, 327. —
Rv. — Z.fM38.— Bp.
Roi)ELL.\R (Juan de), Z. !*• 1 16,
211.
Roden (Pedro Jordan de), Z. i*
205.
RoDBNRRio (R. de), Rv.
DBS RTATS^ DE J^CI^ I*'
m
^DAIGO, de Roderico (Arando-
ga. G., Maria ), Rv.
ROGER (Guirad) ; Roger, jardi-
nier, Rv.— G. Roger, de Montp.
II, 552. — Ramon Roger, Bp. —
* Rotger, h May. Bo. :de gu. au
rencontré de taureau d'arg. — Ro-
ger, de Calella. A.: d'or à la bande
a*az. char, de 3 poissons d'arg.
lorrés de gu. — Rogei , de Prenya-
nosa. A.: d'or au lion de gu.
RoiG, Roy, Rubei (divers pré-
noms). Plusieurs chevaliers, Rm.—
Rv. — Jacques Roig, provençal. F.:
d*or au domi-soleilet au domi-roc
d'échiauier de gu. — Roig, repré-
senté a May. Bn.: d'arg. à la co-
mète degu.; aliàs, côupé-émnnchô
d'arg. et de sa. — Roig, de Perpi-
gnan. A.: d'or & la comète de gu.
RoiGOiNiz. — Paix de 1235.
Rois, Roiç, Roys (divers pré-
noms). Plusieurs chevaliers et plu-
sieurs écuyers, Rv. — Z. f» 159. —
F.: de gu. à 5 écussons en forme
de cœur d'or.
RojÀS, Roxas, Rogas ( Ërmes-
sende de ) et ses âls; (Pierre de),
Jacme de Roials, Rv. — F.— V.:
(Tor à 5 ôtoi. draz. en orle. — Nom
de fam. du comte de Casa-Rojas.
RoLDAN, Roldon (Bg. de\ Rv.—
(Martin). Z. i^ 132. — Huch RoUan
ou Rullan, de Marseille. Rm. —
HuUan existant & Mav. Bn.: d'az. &
la roue d'arg., nu chef cousu de gu.
char, d'une fleur de lis d'or. — Le
comte de Taboada porte le nom de
Roldan.
RoMA (Bertomeu de), Rv. '
ROICANBT. Rv.
Romani (Guillem de), archidiacre
deXat. D. f» 366.
RoMAY.NAN (Seguin de), Rv.
RoMERA (Ramon de), Rv.
RoMEU. Fam. de ricos homes de
naiuralexa ; I, 136, 387; II, 36 à 38.
291,569. - Z. t" Ul, 212.- F.i
d'or au roc d'échiquier d'az., ace.
de 3 tisons enflammés au nal. —
Autres fam.: Eximmus Romei^ de
Teruel ; P. de Dona Romea, de Te-
ruel, Rv. - Vasco de Romeu , orig.
de Galice, F : coupé d'arg. à Taigle
de sa. et d'or à la fleur de lis d'az.
entre deux branches de romarin au
nat.— C. Romeri, de Montp. II, 552
RONCAL (Rg.), Rv.
AoNÇAS VALLES , Roncidevalium
IFrater Lupus), commandeur de
Burfiana) Rv.
T. II.
RopBST (Ximeno de), Rv.
RoQUEFEtJiLt Rocafuil, de Roch/a"
ccLXVii. — D. f 333. — F. : de gu
au roc d'échiquier et au cornet dor.
— Roquefeuil en Lang. : de gu.
écartelé p r un fllet d'or en croix i,
12 cordelières d'or posées en forme
de trèfle, 3 dans chaque quartier. —
Fam. représentée de nos jours en
Lang.
Ros (divers prénoms), Sancius
Rufus, Rv. — Bp - T.-S. — Roâ,"
en Cat. A : d'az. à la bande d'arg.
char, d'un rosier de sin. fleuri de
gu. et ace. do 2 étoi. d'arg — Con-
stantin de Ros , F. : éc. d'arg. au
lion de. . . et d'or à 5 roses de gu.
— Félix Ros de Ursi, romain. F.:
d'arg. à l'ours ou au bceuf de . .
surm. d'une rose de gu . — Oflredo
Ros de Urslno et ses frères, de la'
fam. Orsini d'Italie. D.f»323.-i-V.:'
d'arg. à la rose de gu.— Orsini, en
Italie , et des Heurs de CalviaC
et de Mandajors , en Lang. , por-
tent: bandé d'arg. et de gu ,- au
chef d'arg. à la rose de gu. soutenu
d'une fasce en divise d'or , dhar:
d'une anguille d'az.
RosA (Maria), Rv.
RosANES (B. de), chevalier : (Do-
mmço, R. de), Rv. — Z. f* 214, -^
A.: de gu. à 8 roses d'or.
RosELL. Rossell (divers prénoms
et diverses professions), Rv. —
Bp — F.: de... au château de gu.
baigné d'une mer sur laquelle vole
un oiseau de. . . — Hosell , existant
à May. Bn.: d'or à 5 rose-s de gu. 2.
2 et 1. — Rosell , à Val. V: d'arg.
au mont fleurdelisé d'az. issant
d'une mer du même et surm. d'un
oiseau posé au naU :
RosELLO , Rossello , Rossillion
(divers prénoms), Rm, — Rv. -^ J.
ch. ccxcvi. — Z. f 206. — Fam.
distinguée représentée de nos jours
à May. Bn.: coupé de au, à S ar-
balètes d'or, et d'or a la tète de
Maure de carn. posée de front.
RossiNOL (Joanel), Rv. — Bn :
de gu. à 2 pals d'or char, chacun de
deux rossignols volants au nat.,
coux de dext. cent .
ROSTEL (J.), Rv.
RoTGLA (Guillem), de Toul. ou
de Toi. F.: d'arg. au rosier fleuri
au nat. . -.
U
666
IfOMENGLATCEB DBS VAMILLBS
ROUDORS (6. de), Rv.
R0US8ILL0.N' (Sanche, c" de) et
son fils Nunyo Sanchez, de la mai-
son de Barcelone, sont trop souvent
mentionnés dans notre ouvrage pour
que nous puissions renvoyer le lec-
teur à tous les passages où il est
question d'eux . Leurs armes sont
celles de la maison de Barcel.: d'or
à 4 pals de gu. — F. parle dun
Femand Sanchez, comte de Rous-
sillon ; probablement l'infant don
Fernand, abbé de Montaragon, qui
ne f\it jamais comte de Houssillon.
Fomand aurait eu un fils naturel
dont les armes auraient été d'âpre
F.: d'Aragon au lambel d'az.
RovENOT, Rovenet, Rv.
RoYiRA, Za Rovira, Sarrovira
(G.. P., Bg. de), (R.) de Tortose;
(F.) de Tarragone, Rv. —Plusieurs
fam. de ce nom : 1* à Girone. A.:
d'or au chêne de sin. dont le tronc
est traversé par un dard d'arg. em-
d^. au pal d'arg. accosté do 2 lions
" r. — 3« P.: d'or au loup au
ailr. d'or,
penné de gu. - 2* à Cardona. A:
. aupald'arff.
d'or,
nat.
Rot (Bg.) de Moutp. (Donjoan,
J.), Rv.
RuBio, de Rubione^ de Rovione
(G., Joan, Arnalt de), Rv. — J.
ch. XL — Z. f* 122. — Le marquis
de Piedrabuena porte Je nom de
Rubion.
RuFA (Loreni); B. Rufar, Rv.
Ruiz (divers prénoms). Plusieurs
chevaliers et écuyers , Rv. — Gon-
zalvo Ruyz, commandeur d'Alma-
zan, Z. f* 159. — Ruiz deCascant.
Navarrais, F. — V: éc. de gu. à 2
pals d'or, et d'or à la bande d'az.
ace. de 2 fleurs de lis du même.
RuiLES (Martin de), II, 579.
RuLL (Bernai), F.: de gu à 3
têtes de rois maures au nat.
RuviELOS (J. de), de Teruel, Rv.
RuYLANS, Ruilans (P.), Rv.
Sabadell (Mateu) ; Bernât Sapa-
tell, de Barcel. Rm.
Sabastia (Maria); Br. Çabatia,
Rv.
Sabateb, Çabater, Zapater(divers
S rénoms). Différentes fam. Rv. —
acques Sabater, de Paris, F.: de.,
au soulier à l'antique de sa. ace.
d'une ûeur de lis de.. — Sabater,
en Cat. A.: d'or à 2 souliers à
l'antique l'un sur l'autre d'az. —
Sabater, à May. Bn.: d'or au sou-
lier à Tantique de sa., à la bord,
componée des 2 émaux. — Le mar-
quis de Gapmany porte le nom de
Sabater.
Sabela (Père), Rv
Sabisbal, Zaoisbal,<te£'pùoopalt
(Père de), de Tarragone, Rm. —
Rv. — De gu. à un évoque de cani.
vêtu d'habits pontificaux d'or.
Saburgada (Benel), F.: d'or à...
fasces ondêej a az. ace. de 3 roses
de gu.; et de... à l'yeuse de sin.
Sacrista (P ), Rv.
SADAVA,Sadua (divers prénoms],
Plusieurs chevaliers, Rv. — J. di.
CLvi. — Z f 149. — D. (* 335. -
Bp. — F.: d*az. à la cigogne d'arg.
perchée sur un rocher de...
Sadaura (Fortun Lopez de), Rv.
Safparbig. Galareg (Jacme, Bg.,
J.), Rm. — Rv.
Saga (Amaltde), Rv. — (B. de).
I, 444. — (Sybilia de). II, 4SI, 606.
— A. : de gu. à 3 cnnss. versés
d'arg., 3 en pal et 2 à chaque Dana
Sala, Za Sala, Sasala (divers pré-
noms). I, 214 à 217, 443, 453, 158.
— Rm. — Rv. — Sala, à May. Bn.:
d'az au palais d'or. — Sasahi, en
Gat. A. : d'or à une fieiçade de
maison pignonnée de 2 pièces d*az.
Salas (Guillem de), chevalier.
J. ch. CLiii. — F. : de sin à la
massue de... (Martin, Bamonet
de), Rv.
Salarn (Guillem). Rv.
Salanova (Pedro), deSaragœse.
F.: d'or au château de. . . ace d'un
lion de ..
Salaverd, Çalavert (P., B. de).
Rv. — Le maVquis de Torredlla,
de Navahermosa, etc., et le comte
de San Rafaël, portent le nom de
Salabert.
Salces (Garcia). Bp. — P. de
Salzes, Rv. — Rodrifo de Salœs.
F.: d'arg. à la fasc. a az. ace. d*uD
chevreau et d'un coq de. . .
Saldo (Domingo Parez, Bnz,
Joan Perez de), Rv.
Salellas , Salelas (P., Rostang
de), Rv. — F.: de. . . au salin de. . .
dans lequel 2 nymphes prennent
du sel. ~ Salelles, en Cat. A. : de
gu. au chevron d*arg. aoc. de 3
croiss. versés du même.
Salena, Galena (Bg., F. de), Rv.
Sali, Salin (Stevan, Ramon del),
Rv.
Salibnt, Salent (G., B. de)i Br.
J
DES ^TATS DE JACHE I**
667
— A. : de gu. au cartel d*or charg.
d*un saiMe de sin. *
Salijmas, de SaIinis(P., Ximeno
de), Rv. — (GuiUera), F.: de gu.
au salia de... surm. d*un soleil
d'or.
Salhast, Salmosi (J. de), Rv.
Salmo, Salmoy, Salmonz (Ste-
van, R., J. de), Rv.
Salomon, Saiamo, juifs, I, 377. —
Rv.
Salort (Père de), F.: d'ar^. au
salin de. ., et d*or au jardm au
nat-
Salvador, Salvator (divers pré-
noms et diverses professions). Rv. —
Père Salvador, ao Soria, F.: d'arg.
à l'aigle de... à la bord. d*a2. char.
de flanchis a*or. — Père Salvador,
de Vich, F.: d'az. au croiss. d'arg.
ace. de 6 étoi. d'or.
Salvatre, Salvator (P.) » de
Montp. U, 552.
Salvia (Joan de), de Montp.
Rm.
Salcet, Saizet (B., F., Roboat
de), Rm. — Rv.
Samalaz (P., G. de), Rv.
Samatan, Sanmatan (A., D. de),
Rv.
Samigo (Bg. de), Rv.
Samisan (R.), Rv.
Sanauja. Sanaugia, Senuga (di-
vers prénoms), Rv. — Sanabu^ja,
en Cat. A.: de gu. à 2 lions adossés,
les queues entrelacées d'or .
Sanchez, Sans, Sanz (divers pré-
noms), Rm. — Rv. — J. ch XX. —
Jacques, Berenguer et Pierre Sanz,
orig. d'Allemagne, d'après les uns,
de Montp. d'après d'autres. I, 291,
299, 457; II, 8; 133, 569. — a f^
336, 340. — F. —V.: coupé d*Arag.
et d'ai^. au demi- vol de gu. —
Sans, en Cat. et & May. A — Bn:
coupé d*az & l'étoi. d'arg. surm.
de 7 étoi. plus petites rangées en
demi-cercle, et d'arg. à 2 palmes
de sin. en saut, tenues chacune
par un bras de cam. vôtu de gu.
mouvant du flanc.
Sancho, Sancha (divers indivi-
dus), Rv. — Père Santjo. F.: d'az.
à la bande d'or ace. d'un cygne
d'arg. et de 5 étoi. d'or.— Frances
San^o. F.: d'Arag. et de gu. au
cygne d'arg. sur un rocher.
Sangarrbn (G., Père de). Rv.
SAN6BNES,Sandt Gene8i{G.f Bg.,
Br. de), Rv.
Sangosa (G.,P., J.| m. de), Rv.
Sanguatre (R), Rv.
Sanros (Bertomeu), Rv.
SAisSELLN (Simon), notaire, Bp
Sanson (Sans), Rv. — Maître
Samzo. II, 166, 377
Santa Agna (S. de), Rv.
Santa Cilia (Arualt de), Rv.—
Bn. : d'arg. à 3 fasc. de gu. —
Santa-Giiia, en Gat. : d'arg. à la
sphère de sa.
Santa Coloma (Bernât de), Rm.
— Bp.
Santa Grux (G., Domingo. R.,
Diezde), Rv.
Santa Eulalia (Bg. de), Rv.
Santa Fb (Pons, Galceran de).
Z. f^' 119, 213.
Santa Maria (divers prénoms),
Rv.
Santa Mbra (Vital de), Rv.
Santa Oliva (divers prénoms),
Rv. — D. f 385.
Santa Pau (Hue de), viguier de
Girone, Z. 1* 205. — Des 9 nobles
de Gat. A. : fascé d'arg. et de gu.
Santa Tecla, Rv.
Sant Andreu (Père de), Rm —
Rv. — Bn.: de gu. è. 4 fasc. d'arg.,
à la bande du même brochant.
Sant Antoni (Domingo), Rm.
Sant Geloni, de Sancto Celi-
donio (Guillem, Arnat de), — Rm.
— Rv. — Bn. : de çu. à la tour
d'or surm. d'un griffon rampant
du môme et accostée de 2 chausses-
trappes aussi d'or ; à. la fasce cousue
et haussée d'az. broch. sur le
griffon.
Sant Cir (Br., Bn. de), Rm.
Sant Clément, Sant Gliment (To-
mas de). H, 597. — Z. f 177. —
Sant Gliment, en Gat. et à May. A.
— Bn. : d'arg. à la cloche d'az.
Devise : Ave Maria, -r- Nom de
fam. de la marquiso de Serdauola,
de Boil, etc.
Sant Cucufat (A. de), Rv.
Sant Feliu, Sant Fehx (G. de),
Rv. — Bp. — Simon de Sant Feliz,
notaire et secrétaire du roi. II, 608,
612. — Denis Sant Feliu, de Bor-
deaux. F. : éc. d'or et de gu.
Sant Gaudens , Sengausens ,
Sancti Gaudencii (Pelegrin de),
Rv.
Sant Gaugat (Ar.), Rv.
Sant Gil, de Sancto Egidio
(Guillem, Eymerich de), Rv.
Sant Guillem (Brez de), Rv.
Sant Ipolit (G. de), Rv.
Sant Joan (Bn. de), Rm.— (Père
'éâ
••l • • • I. -
IfOMENCLATURE DES FAMILLES
de), Bp. — (Pflre, Ar., D. de), Rv.
— Ramon de Sont Joan. F.: d'az.
au livre d'arç. sur lequel se trouve
un agneau de saint Jnan-Baptiste.
— Une branche de la fam de Sant
Joan existe à May.; les autres sont
éteintes dans les maisons de Salas,
'Espaûol. Hossifiol et Villalonga.
Bn : d'or à 3 fosc. de sa. -— A :
d'arg. à l'aigle de sa. beoq. et mem-
brée d'or, à la bord de gu.
Sant Just (B. de), de Lunel, Rv.
— Un acte des archives d'Arag.
(Parch. de Jacme 1", n* 767), con-
tient une donation de maisons à Val.
fhite à Bernât de Sant Just, frère
dé l'évé^ d'Aade. — De gu. à la
croix dor. — lïertran, Pascasius,
Guillem de Sant Just. Rv — Sam
Just, en Gat. A.: d'or à la cloche
d'az. bordée et bataillée d'arg. ace.
de 2 étoi. d'az.—* Sant Just. à May.
Bn.: éc. en saut, de gu. et d'arg. à
la bord, échiq. d'nrg. et. d'az.
Sajct Marti (Ramon. Père, Guil-
lem, Frances de). I, 233, 243, 256.
— Rm.— Bp. — (Ferrer de), prévôt
de l'église de Tarragone, puisévéque
de Val. II, 389. — ^Rigol, B., A de
Saut Marti, Rv. -^ Fam. distinguée
de May. éteinte dans la maison de
Morey. Bn.: éc. d'arg. à2fasc. de
§u., et d'or à la cloche de gu. —
ant Marti, en Gat. A.: d'or à la
croix fleurdelisée de gii. — G. de
Sant Marti, de Montp. II. 552.
Sant Matheu (G. de). Rv.
Sant Mblio (Père de), secrétaire
du roi.— (Br. de). Rm. — (P., G.
de), Rv.
Sant Miguel (G. de), de Tortose,
Rm.
Santo Domingo (G.' de), Rv.
Sant Paul, de Sancto Paulo (B.
de), de Montp. II. 552.
Sant Pbre, Senpere (Guillem de),
chevalier; (Ar. de), corroyeur; (Ar.,
J. de), Rv.
Sant Ponz (Gulllerma de), Rv.
Sant Ramiao, de Sando Re-
mt'rtd (G. Bcmat de), Rv.
Sant Ramon (Joan, Ramon de),
Rv. — Janot de Sent Ramon, orig.
de Toscane. F. — V . : coupé d'or à
la cloche d'az . , et d'az. à l'étoi.
d'or. >
Sant Homa, San Roman (G. Ber-
nât de), chanoine de Barcel.; (P.
I^opez de), Rv.— (Guillem de), cha-
noine. II, 79.
Sant Vingbns, Sent Vicens (Guil-
lem de). I, 256, 308, 464. — Rm.—
(Bernât de). II, 493, 589. — J.ch.
ceci — (Vicent), Français. F.: d*ar«.
à la cloche d'az. ace. d'une fleur Se
lis et de 2 oiseaux. — Sant Viœns,
en Gat. A : d'az. au lion d'or.
Sanxonavarro (Rodericus de),
de Teruel, Rv.
Saquer (Père), Bp.
Saragoza (divers prénoms et di-
verses professions). Nom d'orig. Rv.
Saratnena, Sarayana, Saraynan
(G il, Dominço, A. de), Rv.
Saraza (Gil Perez de); P. de Za-
rachs. de Tortose, Rv.
Sardina (BernaU Ramon), Rv.
Sardosa (P,), Rv.
Sarrëgal, Zarejal ( B. , Maria
de), Rv.
Sarria (G. de], chevalier, P. Ka
Saria; Arnalt^ Vital de Sarriano^
Rv. — Bp. — Joan Sarria, de Jaca.
F.— V.: éc. de gu. à la fascéchiq.
d'or et de sa., et d'or à l'oranger de
sin. fruité d'or, au porc de sa.
f»assant et broch. sur le tronc de
'arbre. — Guillem Sarria, Galicien.
F.: de gu. à 5 coquilles d'or.
Sartanas (Sire Guillaume de),
Rv.
Sar VISSE (P. Martinez de), Rv.
Sasso (Père de), Rm.
Sasthe, Sartre (Berenguer), de
Marseille.— Rm.— Bn. : d'az. aux
ciseaux d'or soutenus par 2 lions
afl'r. du môme. — R. Sartre, d'Al-
menara ; P. Sartre, Rv. — Sastre
ou Sartre signifie tailleur.
Saudera (P J, Bp.
Saura (B., Pero), Rv.
Sauri, Saurinus (Pons) ; Guerau
Saunna ou Sauzina, «Rv. — Bp,
Saval (P.), Guillem Zaval, Rv.—
Bernât Gavai reçut des terrée Al-
coy. D. h 355.— Zavall» en Gat A.:
d'az . au cheval cabré d'arg. harna-
ché de gu., bouclé d*or.
Savaner (P.), Rv.
Savart (J. de). Rv.
Savassona (R. , A. , Benêt de),
Rv.-^ A. : dor à 3 roses de gu.
boutonnées du champ, au V de sa .
en abîme.
Sax (Père de), Bp.
Say AS (Guillem, Ximeno de), Rr.
Sbbrt (Guillem), Bp.
Sgudellbr (B.), Rv.
Sebastia. Sebastianus, Rv.
Sec (Guillem),. Ry.
Sega (Domingo, Berenguer de)
DÉS itkts bk uciik i*'
m
recurent des biens à Olocau. D. T
379.
Seder (Mahomet), sarrasin ; Be-
renguerona Seder et sa mère, Rv.
Sbgahra, Çagarra (divers prénoms),
Rv.— Arnau de Segarra, domini-
cain, II. 358, 383.— J.y chap. cclx.
— Sîagarra , en Gat. A.: de sin. au
livre ouvert d'arg., recouvert d'or.
à i'épée en pal, la pointe en bas
broch. sur I9 livre ; le tout eantoniiô
de 4 fleurs de lis d'arg.
Segars (P.), Rv.
Sbguer (G.), de 3arcel. Rm, —
6. de Seger, chevalier ; G. Segiier
de Rochafera ou de Rocafort, Rv
— G. Seguer, professeur de droit à
Montp. II, 462.
Sbgueyrolla (Bg. de). Rv.
Seguy (divers prénoms). Un huis-
sier du roi. Rv. — Ramon de Se-
fuino , noblo hongrois de la suite
0 la reine. F.: de sm. à 2 fasc. d'or.
— * Segui, à May. En. : d'arg. à
la bécasse au nat.
Secundo, Secundi (Père) , Rm.—
Bp.
Sbgura (plusieurs prénoms), Rv
— (Gil Xamcnez de), chevalier;
.(Pedro Ximenpz de), évoque de Se-
gorjDO. D. P» 38,5.
Sbinoro (Arhalt de), de Teruel;
D. de Seynero, Rv,
vres de sin. et sommé d'un char-
donneret au nat.
Selvabona (G. de), Rv.
Sénat, Se'nado (P.), Rv.
Semeraz (P.), Rv.
Sbktia (Lope Ortiz de). Z. f^ 202.
Sentm ANAT, Sant , glanât, Senme-
nat, de Sando Minato (divers pré-
noms). II, 589.— Rv.—Bp.— Noble
et ancienne maison de Gat. repré-
sentée de nos jours par le marquis
de Castelldosrius. grand d'Espagne,
pardon Joaquin Marja Gasol y Sen-
menat, marquis de Senmenat, comte
de Munter, sénateur, et par don
Ramon Maria de Senmenat y D^-
puiol, marquis de Giutadilla, fils du
précédent— A.: de gn. à 3 cartels
d'ar^. char, chacui^ d'un demi-vol
abaissé d'&z. {Aliàs bordé d'or). Qi-
ipier: , un monde. Devise: Quien
menas en U tuviere vivira cuando
'muriere.
Seppesa (G. (|e), Rv. ,
Sspulero (Domingo dé), Rv.
SERAbuRA (t>onllt); È., G., à.
Serrador, Rv.
SERNATjfG-), de Tdrtose, Rv.
, Serra, Sera (Père), de Montp,,
G . Za Serra, Rm.— Serra, Za Serra
(divers prénoms), Rv. — (Ramon ',
teinplier, L 327, 328 — J. ch. xcix.
— Bernât Serra. P.: d'arg. à la scie
au nat. — Serra, existant à May.
Bp. — Bn : degu. à la scie au nat.
— * Serra, dePulg-Gerda.'A.: 4e
gu. à la scie d'or cordée d'arjg., à la
bord, coraponnée d'or et de gu.—
♦Serra, de Barcel. A.: d'arg. à '3
têtes d'aigles, arrachées dQ sa., col-
letées d'une couronne antique d'or.
. Skrralon'ga (Bemat, Hugo de).
Z. f» 119 — A.: d'or au château
donjonné d'az., aj . de sa., au lidn
d'or sortant par la porte à demi
fermée d'arg.
Serralta. Bn.: d'or à la bande
de gu. char, de 9 petits monticules
ae sin. surm. chacun d'un pin du
même et posés en bande, 3, 3, 3;
à la bord, cbmponée d'ôr et de gi>.
Serran, Serrano, Serrana (divers
prénoms et diverses profesisions),
SERRfÀNO (Pon^ de), notaire, I,
449. .
Servent (Berenguer), de Perpi-
gnan, F.: d'arg. au cerf d'az. tenant
sous ses pattes de devant un croiss.
de gu.
Sbrveri, de Girone, trotlbadôûr,
IL 4^9, 511.
Servoles, Servolas (P. de). Rv.
Sese, Sesse. Sasse (divers pré-
noms). Plusieurs chevaliers. —
Fap. domesnaderos devenus ricos
homes. 1, 175, 206, 276.-: Z 1* ll2
141. — B. — F.: dW à 6'l)esàitts,
d'or,
'Sé.tcastella fJ. de), Rv.
Setpons (Miguel de), de Jaca,
Rv.
SKtj(G. deïa),Rv. ,
. Sbva (Arpalt), de Paris. F.: de
gu. au cypie d'arg. entre 2 pals
d'or remplis de sip. -r Arnalt 4©
jSeva, Catalan. F.:' de sin. et degu.
au cygne de... — Bérriat de Seva.
F.: de... à Tanimal appelé «awa *(?)
fuyant devant un lion de...
Kv.
SEVANNAN (Marti dé), Rv
Setnos (Sancho ae).
de Jaca,
, Sicard. . Siscart, Gicart'(R:, *J.,
Pr. Gombald), Rv.' — Bamon de
Siscar s'engagea à sdlvre'JTacme km
670
NOmmCLATURB DBS FAMILLES
Terre-Sainte. Doc. jftMt. VL171 —
*Sicart, ODCat. A.: d*or àlarbras
arrachés et ébranchés de gu . à la
fasc. d'az. char, de 1 ôtoi. d'arg
broch. sur le tout — Siscar, en
Gat. A.: d'or au roseau arraché de
sin. veiné d'or.
SiciLiA, GlctUa, SecUie (Martin
deT. Rv. ^
SiGNOS (Blasco), Rv.
SiLVESTRE (Romeu de) , de Te-
ruel, Rv.
Simon (Guillem), Rv. — Simon,
II, 404.
Sipan(R.), Rv.
SiHOT, chevalier français, 1, 303
SiSTERNBS (Père de), ori^. de
Bretagne , P. : d'arc, à 6 dée à
jouer de gu. marques chacun de
3 points (ternes) d'or.
SOBECOSSBR (Tomas de), Bp.
SoBiRA.x (Guillem), Rv.— * Subi-
ra, d'Eroies, A.: contrepalé d'or et
d'az. — ♦ Subira, de villafranca.
A. : coupé d'arg. à l'arbre de sin.
terrassé du même, soutenu par deux
lions alTr. surm. chacun de 3 étoi.
d'or, et yarti de gu. à 3 fasc. d*arg.
et d'az. à 3 fleurs de lis d'arg.
SoBiRATS (Ramon de), Z. f* 112.
— * D'or au coq de sa. crête et
barbé do gu. sur un mont de sa.
SoBRARBB (G. de),Rv.
SoLA, Solan, Dessola , de Solano
(Guillem de), de Barcel. Rm.— A.:
d'az. au soleil rayonnant d'or.
SoLANs (Arnalt de) s'engagea à
suivre Jacme en Teire-Sainte. Doc.
ined. VI, 174.— Bernât de Solanes.
P.: de sin. au soleil d'or.
SOLER (Amaltde), Rm., s'engagea
à suivre Jacme en Terre-Sainte.
Doc. ined. VI, 174,— Soler, del Soler,
avec divers prénoms . Rv. — Soler,
à May. Bn.: éc. en saut. d'az. à la
maison d'arg., et d'or au chardon
fleuri au nat. — Joan Soler , P. :
d'arg. à. . . plantes de pavot fruitées
d'or, etdegu. à 2 tours d'or. — Ra-
mon de Soler, de Lyon. P.: d'az. au
soleil d'or, et d'or au lion de. . . —
Alfonse Sbler, galicien. P.: de ru.
à 3 tours d'arg. — * Soler, en Gat.
A.: d'az. ausoled d'or surm. de 3
étoi. d'arg. 1 et 2.
SoLOT (Bg. del), chevaliei", Rv.
SoLSONA [Ramon de), I, 255. —
[G. de); Bemardus de Solsona, har-
hiUmsor, Rv.
SoLziNA, Sotzina, Çolcina (divers
prénoms), Rv.
S
SoMEBBS, Someras (Joan de), de
Tortose, Rm.
SoMOXS (R. de), Rv.
SORDELLUS, peut-ôtre le mAme
le le troubadour Sordello, II, 5S3.
.11,11, 13, 459.
SOBBLL (Amalt de). F.: d'or à 2
poissons (soreUes) de... — Nom de
ram. du comta de Albalat.
Sûres (A. de), abbé de Santas-
Gruces; (Guillem de), de Mont-
blanch; (Ramon dek Rv.
SORBSA (R. de), HT.
SoBiA (G.) d'AlmenarB: (Marti
de); Dommgo Sorian, boucber, Rv.
SoRRiBAS (Bg. de), Rv.
Sos (Ximeno de), et safoouBM
Berenguela. Rv.
SoTO (Alfonso de). P.: de... an
bocage peuplés d'oiseaux et d*ani-
maux.
SOVEN (G.), Rv.
Spancer (Guillem), Rv.
Sparsa (Lope de), Rv. — Voy.
Esparza.
Sparegeba, Desparegera (R.),
tailleur de Lerida, Rv.
SPBRANOEu(Guillom, Sanchode),
Rv. - (Lope Sanchez de). D.
f* 357. — * Speraneu, à May. Bn.:
d'az. au lévrier rampant d'arff. surm.
d'une étoi. d'or au canton dextre.
Spbtiatre (R.) , de Mootp.
Rm. — Probablement nom de pày-
fession ; especiayre signifie épicier.
Staci, StaciuSf de Toul. Rv.
Starblla (P.), Rv.
Stradkl (P.), Rv.
Strbgo.ma (Simon de), Rv.
Struil (B. de), de Tortose, Rv.
SUAREZ, Suanz (Martin), Portu-
gais, Rm.
SuAU (P. de), de Gervera, Rm. —
Suau. dfiSuat^» (plusieurs prénoms),
Rv. — (Joan do), d'DrgeLP-: tfor
au filet en croix de sa. — Suau,
à May. Bn.: d'az. à 3 bandes d'arg.
char, chacune de 3 mouchetures
d'herm. de sa., au chef d'or char,
de 4 pals de gu.
SuBRiPPi9(B. de), Rv.
Suera, Guera, Zuera (Nicolau,
P., P. Gil de), Rv.
SiTiLOLS (B. de), Rv.
Suiner(J.), Rv.
SuMiDRiç (magister Fonekis de),
Rv.
SuRBDA (Arnalt). — Pam. distin-
guée de May. représentée par le
marquis de Vivot Bn. : d'or au
chéne-liége arr. au nat
DBS ifTATS DE JAGJfE 1"
671
SuvizA (Sancho Lopez de), Rv.
Tabici (Jacme), Rv.
Tagain (J.)i d^Almenara, Rv.
Tadagnan (P.), Rv.
Tadbrina (P. de), de Tarrega,
Rv.
Tagamanent (Père de), Bn.— A.:
échiq. {aliàs losange) d'or et de sa.
Tahuste. Taust (P., Domingo
Perez de), Rv.
Talavera (Bg.), Rv.
Talla (P. de), Rv.
Tallada, Tavlada, de Ta'lata
(G., Beraat de), Rv.— (Guillem de).
Français. F.: d'or à 3 fasces de sa.
— (Bernât de) reçut des biens à
Xat. D. f 340. — V.
Taltevdl (Domingo de), Rv.
Tauarit (R., Bg. de), Rv. — D.
f 350. — (RamonJ F. : d*or au lion
de sa. couronné d arg. — Tamarit.
F.: éc. d'arg. au lion d'az. et d'or
au lion de sa. — A.: d'arg., au lion
d'az. lamp de gu., cour. d'or. —
Nom de fam. des marquis de San
Joaquiny Pastor. — On trouve aussi
dans la Rv. Tamarit. peUicer, et Iba
Tamaret.
Tapiador (J.), deHuesca Rv.
Tapiola, Tapioles. Tapiols (Bg.,
P. de), Rv.
Tarragona, Terrachone^ de Ter-
rachona (divers prénoms), Rm. —
Rv.
Tarasgon, chevalier, Rm.
Tarazona, Tarassona, de Tiras-
jona.— Nom de fam. du mesruidero
Ximeno Perez, créé baron d'Arenos
et premier rico home de mesnada,
et de son frère Pedro Perez, justicia.
I, 136, 175, 187 206. 276, 320, 324,
341 à 347: II, 35, 39 à 41, 80, 95, 96,
133, 184, 285, 287, 291, 377. 405, 439,
569. — Z. f»171. — B. — BJ. — F.:
d*or au soulier à l'antique de sa. —
Tarazona, avec divers prénoms, Rm.
— Rv.
Tarba (Gelacian de), de Jaca. F. '
de sîn. & D roues de cnar.
Tares (Marti de), Rv.
TARGUAffOVA (Bg. de), clerc. Rv.
Targuer (R.. P., Joan), Rv.
Taribo ^&.), Rv.
Tarin (Estevan Gil, Juan Gil).
II , 504. — J. ch. ccxxxix. — Z.
!*• 175, 211 —B.— F.: d'or plein et
d'az. & 3 fasc. d'arg.
Tarrassa, Terrassa (Bg. de).
Rm. — G. de Terracia, II, 589. —
Br. Taracha. Rv. — Bn.: d'az. au
<âi&teau d'arg. posé sur un mont
d'or et sommé d'une bannière d'arg.
Tarrega, Tarraga, Rm.— (Divers
prénoms); Guillem de Tarragan,
Rv. — V.: d'or à 3 branches de ta-
maris de sin. liées et fruitées de
gu. — Tarrega, de Mont-Blanch.
À.: 8 Doints d'or éguipolésà 7 de
gu . — Tarrega , de Villafranca . A . :
d'arg. à 3 épis de sin. liés de gu.
Tavalina (Pedro Ruiz d^ reçut
des terres à Orihuela. D. f 335.
Tavars (B. de), de Tortose, Rv.
Tavernbr (B.J, de Peralada. Rv.
— J. TabernartuSt de Montp. II,
552.— Taverner. en Gat. A.: ec. de
gu. au chevron d'or, ace. de 3 fleurs
de lis du même, et d'arg. à l'arbre
arr. de sin.
Tatava (Ramon de), I, 255.— E.
cb. XXXI.
Tellot (R. de), Rv.
Tena (P.). Rv.— (Amalt de).
Paix de 1235.
Tende (Marti) etDolza, sa femme;
Pascual l'endo, Rv.
Tender (Balaguer). Rm. — Adan
Tendero, Kv.
Tenesin (R.), Rv.
Tenio, cuismierde la reine, Rv .
Terbilan (Stevan de) , Rv.
Terion , de la suite de la reine,
Rv.
Terhens, Termes (Olivier de) , I,
255, 269 ; II, 330.— Z. !*• 128, 201 .
— On a dit par erreur qu'Olivier de
Termes était venu dans le Midi à la
suite de Simon de Montfort ; on l'a
confondu avec Alain de Roucy, créé
seigneur de Termes par le chef de
la croisade contre les Albigeois. Oli-
vier était de la fam. des anciens
seigneurs de Termes, chef-lieu du
Termenois. qu'on disait issue des
comtes de Barcel. Termens, à May.,
se disant issue d'Olivier, est repré-
sentée , par substitution , par le
comte d'Ayamans et le marquis de
Vivot. Bn.: éc. en saut, de gu. à
la fleur de lis d'arg., et d'arg. au
croiss. versé d'az. — Sceau d'après
D. Vaissète : un lion et, au revers,
3 chevrons brochants sur un lam-
bel. — Armes, d'après la salle des
croisades : d'arg. au lion de gu. —
Borracius , Pons de Termenes, de
Termens. Rv. — Guillem de Ter-
mens, du comté d'Urgel. F-: d'or à
5 oiseaux de. . . — Termens, des 9
nobles de Gat. A : d'or à 5 alouettes
volant de gu. becq. et membrées
d'az.
a7^
NOMSNGLAVVRE DP FàH;i,LE8
Tv^^k (Guiralt deV Bv.
TEaov£S (Bg. de), Rv.
TeaRAN (Bg. de), Rv.
Tbi^rbn, cordonnier, Rv.
TERRfB (Garcia), chevalier, Rv.
— GuiUem Terrer, non erat hic, dit
la Rv.
lERao (fiomingo), de Galatayud.
Rv.
Tbrcrl, Terol (divers prénon^s),
Rv. — Voy. Hargilla .
Teuls, teus (J., P. de), Rv.
Texbda. Texada (R.), Rv.— Bp.
IBYLET, Teillet, TeUet (8., R.,
6. de), Rt.
TbtIiLA (Domingo de), Rv.
lETtLO, Tello (P. de), Rv.
ToMAS (Mateu); Tomas, tailleur,
Rv . — Fer^ Tomas. 1, 443.
TiBALT, tnenascalcus, Rv.
TiBissA (G , Bg), Rv.
Tiearo (Mateu de), Rv.
TiGAC (P. de), Rv.
TiHA, femme d'Adam, portier de
la reine Rv
Tmo, Tion (A.), de Barcel.; (Bg.),
Rv.
Timor lBurdu$ de), Rv. - (Dal-
maOi Arnalt de) de la fam. de Que-
ralt. Z. r» 119.
TfNTO (Marcb Antoni), noble
génois. F.: d'az. au demi-vol d*or .
TiNTOHER (Bg.), Rm. — B. Tm-
turor. Rv.
Tizo. Tizon, Ticion. — Fam. de
mesnaderos élevés plus tard à la
rica hombria ♦- Rm. — F.: d'az
à... tisons. — B.: d'arg. à 5 tisons
de sa. allumés de aa
TODONORM (P.)» Rv.
TocEL (P. de), Rv.
ToGORRfS,d« TtJtgurris (divers
prénoms). Plusieurs chevaliers,
Rm. — Rv. — F. — Berthomeu
de Togores s'engagea à suivre
Jacme en Terre-Sainte. Doc. ined.
VI, 174. — Illustre fam. qu'on dit
orig. de Gascogne, représentée par
le comte de Ayamans, le comte de
Pino-Hermoso, çrand d'Ëspa£;ne,
et par le marquis de Molins. Bn.:
de gu. au griffon d'arg. couronné
du même.
ToLEDO (Martin de), Rv.
ToLO (P.), d'Almenara, Rv.
ToLOSA (Bernât de\ de Barcel.
Rm. — (Divers prénoms); Stasius
et Riimundus Tolosanus, Rv.
ÏOLRA (Arnalt). Rv.
TOLSAfBg.G.), Rv.
TONA (R de), Rv.
To!(po (D.), Rv. — p. Tonda.
F., de sin. une tour 4'arg. et une
tente de campagne.
TOPIRER (Guillem), Rv.
ToRAL{Bertran), Rv.
TORCAT, Rv.
ToREDEs(Francesde), Rv.
ToRELLo (Bg ) . Bn. : d'or au
taureau de sa. oroch. sur une tour
au nat.
ToRGET (Fer de), Rv.
TORINNA. Rv.
ToRNAMiRA, Tournemire. I, 85.—
Rv.— Bp.— Fam. qui paraît avoir
une orig. commune avec la maison
de Tournemire d'Auvergne, dont
elle portait les armes. A.: d*or à 3
bandes de sa., à la bord, de gu.
char, de 10 besants d'arg., au firanc-
guartier d'herm. — Tomamira , à
May. éteints dans la fam. d'Olesa.
Bn.: d'az. au mont d'or surm. d'un
lis de jardin d'arg. feuille du même.
ToB.NBL, de Tornello (Magister
G. de), Rv.
ToR.NER (Pons, Père). Rv.— (Ra-
mon;. F.: d'or au lion de sin.
ToRNERO.NS (R . de ) et sa femme
Teresa Perez, Rv.
TORPI, Turpi (Joan), Rv.
ToRRAFREBR, de ToTTafresario
(A., P. de). Rv.
ToRRALBi (Marques, Marchesia
de), Rv. — F.: de sin. à la tour
d'arg.
ToRALLA, Torayla. Torrella, To-
roella, Torrellas, Torrelles. — Ces
noms désignent au moins 3 fam.
différentes; mais les inexactitudes
d'orthographe empêchent le plus
souvei.t de reconnaître à laquelle
des trois appartiennent les person-
nages désignés dans les documents.
B(irnat , seigneur de Torroella, de
Santa Ëugenia et de Montgriu ou
Mongn , mt 1 un des principaux
barons de la cour de Jacme. I. 233,
256, 264. 308, 309, 328, 365. —
Rm. — Rv. — Son frère est appelé
dans les chroniques Pons Guiflem
de Torredel , I, 365. — J. ch.
XX, XLv. — Z. f" 113, 124. — Ramon
de Turricda ou Turrucela, premier
évéque de May., était aussi frère
des précédents, Bn. — GuiUem de
Toroela et Êlfa dd Torella parais-
sent avoir appartenu à la même
fam. II. 327, 439. — Cette maison
s'est éteinte & ^ay. dans celle de
poms. ^ Çn. : trarg. à la tour
^*az., à la bord, compoiiôe des t
DlilS ÉTATS DE JACME i
«r
675
émaux. — Torroelia ou Torrohella .
en Gat. A. : de gu. à la lour crén.
et (ionjonnée d'arg. — Alfonse To-
relia, mesnadero, F. : coupé d'or à
la croix de Calatrava, et échiq.
d'arg. et do gu. — li. de Torraylla
figure dans la Rv. — Torralla, des
9 valuassors de Gat. F. — A.: d'or
à 2 taureaux passants l'uu sur l'au-
tre de sa. — P., Bg., Guillem de
Torrellas, Torreiles, Turriles, Rv.
— Z. f» 175. 176. — Jacme de
Torrellas, en Arag. F. ot Torrclles
en Gat. A. : d'or à 3 tours crén.
d*az.
TORRE. Tora, Ça Torre, Za Terre
(J , P., G., Forz, Bertrau do la),
Rv. — Sancho de la Torre, Gali-
cien. F.: de gu. au château d'or.
Torre de I'rats (V. de), Uv.
ToRREPiiEYTA (Joan d.) Il, 491.
Torre Mociia (G. d.), Rv.
Torrent (F-.m*., Raminda de)
B. de Toirentibus; Torren, Rv.
Torres, de Turribus (B.. G., S.,
P. de ou de las), lU. -- Gonzalvo
Ferez de Torres rp^'ut des biens à
Orihucla. 1). f 335 — Seslorres.
Bn. : d'az. à 3 tours d'arg. aoc. on
poiniP d'un cor du mènni. D»'\ ice :
Vox clamantis in deserlo.— Vicent
Satorres. F. : 6c. en saut, d'or à la
lour do gu. et de sin. au lion de. . .
— Berongucr do Torres. F.: d'arg.
à 3 tours di' gu. — Benel do Torres.
F.: d'uz. ù 5 châteaux d'or.
ToRuio.v. iuL^énieur. II, 1G6.
ToRRO (R.) de Poralada, Rv.
ToRROZA (Na), Rv.
Tort, Torta (Arn., Pons, Gue-
rau), Rv. — A.: d'or a l'aigle
éployôe do sa. chargée sur la poi-
trine d'un écusson de gu. à 3 pailler
d'or eu bande et sommée d'une
grive [lordo).
ToRTOLO.N (P.), Rv. — Une fam.
de ce nom en Auvergne, près A<^.
la seigneurie de Tournemire . por-
tait pour armes au XllI" siècle :
d'az. à la colombe cVarg.
'lORTOSA (liernal, A., GuiUcm ,
Bg. de), Hm. — Rv.
Tors (P., Bernât de), Rv. — F.:
de sa à 2 fa se. d'arg. — * 'lous. i
May. Bn.: de gu. au chevron d'or,
ace. en chef de 2 tans d'arg.
TovAiis (liîrnatde), Rm.
ToviA, Tobia (Bg., Ximeno, Mar-
co de), Rv — {Ximeno de), J. ch.
ccxxx. — F.: d'arg. à la bord, de
T. u.
gu char. d'écussoDs d'or, à la
bande de sa.
Toz (B., R.) de Tortose, Rm. —
J., Febrer Tos, Rv. — * Test, en
Gat. A.: d'or à la fasc. de sa. char.
de 3 losanges d'or.
Trahuquet, Trebuquet (Joan),
Rv.
Tramacet (J. de). Paix de
1235. — (Pedro). F.: fiiscô d'or et
d'az.
TiiAPETE (Pascual), de Teruel,
Rv.
Travi (J). II, 40i. — Rv. — A.:
d'az. au château d arg. posé sur un
mont au nat. et sommé d'un faucon
d'or.
Tremi* (R.. R. Amad. Pedro
Arnaldez de), Rv.
Trencamo.ntaynes, Tranca Mon-
lann (B. dt»), de Burriana, Rv.
Trei'XER (R.), Rv.
Trias, Bp. — Fam. représentée
à May. Bn. : d'az. au saut, d'or
cant. do i étoi. du môme.
Triergua , Trihergua , Tierga
(Ximeno Perez de), J. ch. CLin.
Z. 1^ l i8. — F. : de sa. à 3 pals
d'or.
Trincher (R.), arbalétrier du
Temple, Rv.
Tripol (P. de), Rv.
Trobat (B.), Rv. — *Trobat, à
May Bn.: parti degu. à la bande
d'arg., et de gu à la tour d'arg.
issaiîte d'une mer du même , om-
brée d'az.
Tron (Guillem), Rv.
Troves (Pons de), Rv.
Trlcher (R.), Rv.
Trulio ( Vitalis de) et sa femme
Guillelma, Rv.
TuuYOLS ( Berenguer ), Bp. —
Fam. distinguée de May., repré-
sentée j)ar D. Fernando Truyols
y Villalonga, marquis de la Torre.
Bn.: de gu. au moulin à huile d'or.
Ti'DELA (divers prénoms), Rv.
TiTRc (J. de), Rv.
TuR!ttO (Miguel de), Rv
TuH.NO (P. dt»), Rv.
liBBRCRALi f Père), Rv.
LcTOBiAN (Poreton d^), Rv.
L'go ((lUillMU), cousin du comte
d'Ampurias, Bp.
LtiUERDA (P.). Rv.
Ulayet (Salomou); Rv.
Lllana, Rv.
Ullaî^tres, Uilastroy (Guillem
de). Rv.
UiNCASTiLLO, Uncastcl, Duncas-
45
674
1V01IBNGLATIUI& I>B« FAMIUXS
t«l, d$ Una CoiWo, {Piusi«un pr^~
noms). Un chevalier, Rv.
Urce (GuiUeBtt de), Bp. — Urch.
des 9 nobles de Gat. A. : bandé
d'arg. et do gu., au chef d'arg .
charg. de 3 roses de gu.
Urgel (C^* d). vassaux du comte
de Barcel I, 130. 211 à 218, 319;
II, 50, 323, 330, 337, 493.— A.: ôc.
en saut d*or à 4 pals de gu. etéchiq.
d'or et de sa.
Urgelei (F., P.), Rv.
Urrba, Orrea, Dorrea.— Fam.
de rioos homeg de naluraieza. Deux
branches jouissaient de la rka
tumMa- I, 136, 254, 344, 373, 384.
389; II, 35. 36, 38, 336, 352, 477,
5$9. — Rv. — T. -8. - 6. — Issus
des ducs de Bavière d'après P.:
bandé d*arg. et d'az.
Urumbblla (Ramon de), des en-
virons de Gènes et do Nice. F.— V.:
d'arg. à 5 abeilles volant au nat.
{alias de gu.)
Ursbt (Albert), de Barcel., Rm.
Uzs.NDA(b'emand de), Rv.
UZONl, Hv.
Vacher (P.. A.], Rv.
Vadell (Joan), Bp.— * A — Bn.:
d'arg. à la fasc. de ^\i ace. en chef
d'une tour et en pomte d*un veau
au nat.
Vagbna (Mateu de), Rv.
Valbona, Balbona (P. de), Rv.
Valcalquera (Joan de); D. de
Valcarca, Hv. — Peut-être Valcar-
cel, représentée aujourd'hui par le
comte de Pestagua .
Valdeperbts, Valdeperaz (Fer-
rer de). Rm.
YA.LBNTIN, Rv.
Valenzuela (Sancho), F.: d'ar^?.
au lion de sa. couronné d'or.
VAtEBiuLA (Père), navarrais. F.:
de gu. à la fleur oe lis d'or, man-
télé d'az. à. . . violeltes d'or. — Va-
leriola. Français. F.: d'or à la bande
de gu. char de 3 fleurs de lis d or.
Valero. Valerius (J.). Un secré-
taire du roi, UD secrétaire de l'in-
Aint don Fernand ; Valera, sœur de
Martin , Rv. — Juan Valero de les
Useres. F.: de gu. au ch&teau d'arg.
ouvert du champ, ace. de. . . guéri-
tes de gu. et d'une sentinelle de. . .
Valisiatna (P. de ) , chevalier
(Borraz de), Rv.— * Vaimanya, en
Cat. A.: de sin. au bras velu degu.
empoignant 5 épis d'or, à la fasoe
cousue et haussée d'aï . broch. sur
^
Vall, Val (D. BoDal de,
nat del), Rv.
VAI4LATZ, Yalati, Bftllaz. Ballaft-
que (Bertran, Bernât de) , Rv.
Valldaura, deVaUe de AureiOD^
0. de). Rv.— (Benêt de), Pran^
i*. : de gu. au demi-vol de sa., et
et de gu. à la demi-fleur de lis aor.
Vallebrbra, Vaiabrera, Balle-
brera, Val Lebrera (G.. B., Bona-
fonatde), Rv.— (Amalt). F.: d'az.
à 3 bandes d'or, et de gu. au lévrîar
courant en banae.
VALLES, de Valesio (Ar., 1^., 6.
de), Rv.— (Ramon de), chanoinéde
Lerida, J. ch. ccciv. — * Bn. d'az.
à 3 monts d'or formant 2 vallées,
dans chaque vallée un pin au nat
contre leouel rampe un hon d'or,
celui de cfext. eont., en chef une
étoi. d'or. — * Vallès, en Navarre,
A.: d'arg. à l'écusson d'az. aca 4e
8 roses de gu. en orle-
Vallfogo (Andres), B{).
Valuienor, Val nunoris (S. de),
Rv.
Vallmol, Bal mol (divers pré-
noms), Rv.
Vallobar (Inîgo de) s'engagea à
suivre Jncme en Terre Sainte. A}C.
ined, VI, 174.
Val Lobrega (Bs. de), Rv.
Vallo!<«qa, de VaUdonga (Bemat
de], Rv.
VALSECA (GulUem). F.: d*arg. à
3 chevrons a az. — (Juan). P.; de...
à l'arbre efleuilié de. . entre 2 monts
de...
Valseger (Br. de), Rv. — JT"
ruàdus de Valseeherio, I, 443.
Valseran (P. de) Rv.
Valtbrra, Vahierra (Pedro Xi-
menez de). I. 463. — D. f 334. —
Perot Vallterra. F.: éc d'az. à 4
fleurs de lis d*or, et d'az. à 3 iyarreb
d'or. — JoanValitera , Navarrais.
F.: d'az. à 4 barres d'or.
Valvetds (S. de), Rv.
VARt A (G. Femandez) ; F. Lopes
de Barea, Rv.
Vascbo, Vaschon (Ferrer, Bg.\
Rv.
Vassacz (AssaUt de), jongter,
Rv.
Vatlû (Gii de). Rv.— (Lope de),
chevalier. D. f^ 385. — Lope VaiUo,
dit de Caldero, Galicien. F.: de^siA.
au chA^leau d'arg. et 7 ofaaadièras
de sa. — Vov. Batlo.
Vbgon» (i.), Hv.
DES ETATS DB JACME 1
»r
675
Vbdilla (Miguel); Vîcent Vedela,
Rv.
Vbqa (Femand Ferez de la) . Z.
1* 170.
Yela (D., Pas de), Rv.
Veller (P., Robert de), Rv.
Vbllida (J. de), Rv.
Vbndbta (Fr. J.), commandeur
de l'ordre de la Merci. II, 388. —
Rv.
Vendit (Pereton), Rv.
Yendrell (Père de). F.: d'az. à
la fleur de ils d'arg., à, la bord,
cousue de gu.
VbiNETO (Arnald), de Venise. F.:
de gu. au lion de Saint-Marc d'or.
Vera (divers prénoms). Plusieurs
chevaliers. Un jongleur. J. ch. ccxiv,
ccxLviii. — Z. f* 157. — Fam. dis-
tinguée d'Ârag. issue du roi Ra-
mire, d'après F. — V. : de vair
plein. Devise : VineU veritcis. —
A. : d'arg. à l'aigle d'az. portant
dans son bec une banderolle sur
laquelle est écrite la devise : Veritas
vincU.
VERBEG4L (Joanet de), Rv.
Vebdrra, Za Verdera, de Veri^
daria (Bernât, Ramon), Bn.: d'arg.
à 3 tourteaux de sin. mal ordonnés.
Verdun, Verdu (divers prénoms),
Rv.
Vbrgara (Fortun de) reçut des
terres à Orihuela. D. f»335.
Vergua. Fam. distinguée d'Arag.
I, 175, 324, 344. - Z. r-' 112, 147,
182. — F.: d'az. à 3 colonnes d'arg.,
à la bord, de gu. charg. de...
écussons d'Arag. — Voy. Berga.
Veri (Joan de). Fam représen-
tée de nos jours a May. Bn.: d'az.
à 3 croiss. versés d'arg., à. la bord,
componée d'az. et d'arg.
Verhetl (G.), Rv.
Vernet, Bernet (Arnald, Pons,
R. de). 1,255, 308.— E.ch.xxxii.
Rro. — Rv.
Vert (Gonzalvo), Rv.
VESA (Eximen Perez de), Rv.
Vesiano (Guillem de); Visianus
Rv. — T. Vesiano y de Montp. I,
552
v'etl (B., Miguel); P. de Beyl;
P. Biel, chevalier; Martin Perez
de Biel ; P. Vihecho. Rv.
Via (Bg. de), Rv.
ViACAMP (P. de), Rv.
Viager (Acdreu de), Rv.
ViANA (J. de); Ar. Vianes. Rv.
Vîcent, Vincent, Vicient, Tin-
cencii (divers prénoms et diverses
professions), Rv. — Joan Vicent.
F.: de gu. à la fontaine dans le bas-
sin delaquelle boivent deux grues.
— Vicens, en Gat. A.: d'or à la
cloche de gu.
VicH, Vie, de Vicco (divers pré-
noms), Rm. — Rv. — F.: d'or à 3
fasc. degu. — Vich, à May. Bn.:
d'or à 2 fasc. de gu. — vich, en
Gat. A.: de gu. à 5 fasc. d'or, à la
bord, du même, char, de 8 écussons
degu. à la croix d'or.
Vida (Berengaer) et ses frères,
Rm. — Bn.: de gu. à la coquille
d'arg.
Vidal, Vital, Bidal, Vitalis (Père),
de Barcel., Rm. — Bn. : d'az. à
l'autruche dor. — Vidal (divers
prénoms et diverses professions),
Rv. — P. Vital, archidiacre de Ta-
razona et secrétaire du roi. I, 449.
— Bernât Vidal, de Besalu, che-
valier. I, 373, 374; II, 300. — J.
ch. cLxu. — F. : éc. d'or au chien
au nat., et d'or au demi- vol de sa.
— Vidal, en Gat. A. : d'az. à la
grue d'arg. avec sa vigilance d'or,
posée sur un pré fleuri au nat.
ViDAURE(TeresaGilde), 3* femme
du roi. I, 356; II, 122, 341, 353 à
357,481, 491.— Pedro Vidaure,
frère de Teresa. F. : d'ar^. à la
fasce d'az. — Gorberan de Vidaure.
Z. f 205.
ViEiRA (G. de), Rv.
ViGOROS (P.), Rv.
VlLAALBIIS (P. de), Rv.
Vilabërt (Br. de), Rv.
ViLACAVALs (A. de), Rv.
ViLAGRASSA (Vidal de), de Tor-
tose, Rv . — Narcis VilJagrasa, de
Solsona. F. (Pas de description
d'armoiries).
ViLALBA (Domingo), Rv. — Joan
Villalva. F. d'az. à la ville d'arg.
surin, d'un soleil d'or. — Villalba,
en Gat. A.: d*or à la fasc. de gu.
ViLA MAJOR, Villamayor (Bg. de)
et son frère, Rm. — (Pelegrin de).
Rv. — (Arnalt de) s'engagea à sui-
vre Jacme en Terre Sainte. Doc*
inéd. VI, 174. — Joan Villamayor.
F. : d'or à 2 tours de gu. reliées
par un pont au nat. sur une rivière
du même.
ViLAMAYNA, Bilamanua (P.), che-
valier, Rv.
Vilar, Villar (B., R. de); P.
de Kitorto, Rv. — »;. de VUari,
consul de Montpellier. II, 552. —
676
.NOMENCLATCRE DES FAMILLES
Vilar, en Cat. A.: d*az. & la ville
d'or, essorée de ^u. aj., do sa.
ViLARAGt'T. Vilargut, de Vilari
Acuto ( P. de), chevalier; (G., Gil
Dominguez de ), Km. — Rv. —
(Sancho de) reçut des biens à Xal.
D. r- 340. — (Pero de), chevalier
de Saiul-Jean, II, 90. — Z. f* 159.
— Fam. issue des rois de Hongrie,
d'après F.: échiq. d'arg. cl de gu.
à Ju fleur de lis d<) l'un à Taulre.
— F.: d'arg ù 3 fasces de gu.
ViLARASA ((i. de), Hv. — Pierre
VillLrasa, Français F. : d'az. à 5
roses d'arg. boulonnées dor.
ViLARCRËMADO (Garcia de), dd
Teruel, Rv.
ViLARiG (Bernât). F.: fascô-ondô
d'or et de sa. — A.. : fascé-vivré
d'arg. et de sa.
ViLASTROSA (G. de), Rv.
VlLATORRAUA (Ug. de), Rv.
ViLESPOSA (Aparici de), Rv.
ViLLA, Vila (bancho de), Rv. —
♦ Vila, à May. Bn. : de gn. à la
villti d'or, du milieu de laquelle
s élevé une tour somméo d'une ban-
nière il'arg. — * Vila, en Cat. A.:
de gu. à la ville d'arg. aj. cl ma-
çonnée de Sii., au clocher sommé
d une croix pallée dor a\'ec sa ban-
derole d'arg. charg. d'une croJ.\ de
gu.; i\ la bord, componée d'arg. et
de gu.
ViLLABERTRAN (divers prénoms),
JRv
Villa Colom (Perpinya de) ,
Rv.
Villa dkCaus (Ramon, Beren-
guer de), Bp.
Villa de Majer (Arnall Ferrer
de), Rv.
Villai>ema.\y, dos 0 valvassors
de Cul. F.: de gu. à la croix aléaée
et vidée d or. — A.: d«> gu. à la
cjoix lréfléi3 et vidée d'arg.
VlLLAKIiAHER (Bg. dd), Rv .
ViLLAFiU;NCA (divcrs prénoms),
Rv. — Z. r» IIO. — Vilafranca.
en Cat. A : d'az. h 8 b 'sants d'arg.
ViLLAGRANA, VUlogranato (Ber-
nai df), Rm.
ViLL.'vLONCA('Arnaltde)vintAMay.
à la suito du vicomte de Béarn ,
Q. — Bp. Bn. — L'une dos l'ani.
les plus dislinguées des Baléares, a
donné de nonibnnix chevaliers do
Ciilalrava, «le Manlesa et de
S' -Jean do Jérusalem, un vice-roi
du Pérou , etc. La brani^he des
comtes de la Cuova s'est éteinte au
siècle dernier dans la maison de
Gonzales de Castejon, marquis de
Belamazan , h laquelle a succédé
la maison de Queralt de Santa Co-
loma La maison de Vill îonga
est aujourd'hui divisée en cinq
brandies L'une d'elles est repré-
sentée à May. par D. Francisco de
Villa Ionga y Escalada ; à Montpel-
lier, par M." le commandeur Tomas
de ViUalonga y Escalada, anciea
consul ; à Madiid, par D. Juan de
Villalonga y Escalada, marauis del
Maeztrazgo, vicomte de los Àldrui-
des, lieutenant général et séna-
teur. — Coupé, de gu. au château &
2 tours d'arg., et échiq. d'or et de
sa.
Villa MARI (Ramon de), Rv. —
Vilamary , en Cat. A.: vergeté
d'arg. et degu.
ViLLAMOSso (Joan de), Rv.
Villa MUR (Père, vie. de). Z. P
147. — Vilamur, de? 9 vicomtes de
Cat. A.: de gu. à la muraille créne-
lée do 3 pièces et 2 demi -pièces
d'arg.
Vill AND VA , Villœ nooœ (G., R.,
Père, Ar., Br.de), Bv.— f Henran.
B3rnat de\ 11,365. — J.ch. ccxur,
ccLX. — (Arnall de) , dit Arnaud
de Villeneuve, H, 464. - (Beiiian
de) reçut des biens à Orihuela. D.
f-* 335. — (Rodrigo de) reçut des ter-
res à Xal. D. !• 3 il. — Ramon de
Vilanova, de la maison de Villeneu-
ve-Trans, en Prov. F.: d'az. frellé
d'or, à un écus>on d'or dans chaque
claire-voie. — Villeneuve-'Trans, en
Prov.: rie gu. frellé de 6 lances
d'or, semé dans les claires-voies
d'éeussons du môme. — Vilanova,
d'Elne. A.: comme le précédent, à
la boni. d'az. char, de 8 écussons
d'arg. à la lasc« de sa. — Quatre
autres fam pn CaL A.: l* de gu. à la
croix anillée d'or; î» d'or à G tour-
teaux d'az. au chef d'az. au châ-
teau darg. soutenu du ne fasc. on-
dée d'arg. et d'az. de 4 piècpjt; 3*
de gu. à la croix vidée , cléchéc et
pommelée d'or; 4' d'or à la croix
ancrée et vidée de gu. — Le duc de
Medinaceli porte le nom de Villa-
nueva.
ViLLARLUEXGO (Martin do), Rv.
ViLLARNAU (Guillem). F.: d'az. &
la ville au nal.
ViLLARON, Rv.
ViLLASEccA , Vilaseca, de Villa
Sicca (Berlomeu de), Rv. — *Viia-
DES ETATS DE JACMB I
«r
677
seca, en Gat A.: parti, d'az. au lion
d'arg. armé et lampe de gu.. et d'az.
& 6 fleurs de lis d'arg. 3, 2 et l. —
* Vilaseca, en Rouss. A. : d'az. à 3
tours d'arg. aj. de gu. surm. d'un
lambel de 3 pendants d'or.
ViLLER (Bernât de), J.ch. cclxxv.
ViNA, Ça Vma (G.) d'Almenara;
Miguel de Savina, adalid ; P. Sa-
vinan, Rv.
Vi.XABELLA (R. de), Rv.
Vï.vALS (Miguel Ferez de), che-
valier, Rv. — ♦ Vinyals, en Gat.
A.: d'or au lion de gu. à la vigne
au nat. posée en orle.
VlNANDER (A.), Rv.
ViNATER, Vinatarius (Sébastian),
Rv.
Vwcio (G. de), de Montp. II,
552.
ViNOLS (P. de). Rv.
VïNNON (Ar. dp), Rv.
ViOLETTA, Biolela, Vialeta (Mi-
gu**!, J.). I. 495.— Rv.
Vit, de Vile (Bornât de) et son
frère, Rm. — F. «le Gavit, de To-
rnel; F. Zavid; (renrM* do Gavic.
Rv. — Arnolt ça Vit. D. f 3/9.
ViTORiA (Joan de!, Rv.
Vius (Berenguela), Rv.
ViVANE-i (Migupl). Rv.
Vives, Vivas (Bernât); Guillem
Bivas, de Tortoso, Rv. — Joan
Vivt^. dit do Gayamas. F.: de sa.
à 3 chevrons d'or. — Guillem de
Vives. F. : d'arg. à la touffe d'im-
mortelles do sin. fleurie U'or, et
de. . . au phénix sur son bûcher
de. . . — Vivas de Gafiamas rpç<it
des biens h Miirvi^dro. D. î* 347.
Vives, oriç. de Franco, d'après
V.: de sa. a 3 chevrons d'or. De-
vise: Moriendo V'vea in spe resu-
rectionis — Maison représentée par
le comte de Faura . — * Vives, en
Gat A. : vergeté de 12 pièces
d'arg. et de gu., au lion de sa.
broch. — * Vives, en Rouss. A.:
éc. d'or au lion de çu., et d'arg. à
3 f'hevrons d'az. Devise : Moriendo
vives.
VivoT, Bn.: d'or au gnffon de
g"-
VosciTs(R. de). Rv.
VOLSA.\(Bg.), Rv.
VoLTA (Albe tinode la\ seigneur
d'Alboraya. chevalier. D. f* 3oG.
VOLTOUASCU, Oltorach (Roboald),
Rv.
VcALARD (P.), de Vilagrassa,
Rv.
VuALGAR (Ramon, Bg.), Bp.
VuLCOS (Garcia do), nrieur des
frères prêcheurs de Saraçosse ;
exécuteur testamentaire de l infant
Alfonsed'Arag. D. f 3G5.
Xativa (Armer de), Rv.
XiARcn (Domingo de), Rv.
XiBONA (P.), Rv.
Xiu (Mateu), Rv.
Xivebre (Miguel de) et sa femme
Maria; (Lope de) ; Garcia Lopez de
Xiberi, Rv. — Lope de Xi verre,
chevalier. D. f» 385.
XUAIP. I. 320. 321.
Yana (F.). deJaca,Rv.
Yepks (Alfonso de), de Burgos,
F.: d'nz. au Uon d'or, à U bord, de
sin. char, décussonsd'orô la bande
de gu.
YsARN (A.) Rv. — * Isarn. en
Rouergue: de sable à 3 tours d'arg
ouv. de sin. au cor de chasse de. ..
attaché i\ lun d'es créueiux de la
to ir de dext.; aliàs, de gu. au lé-
vrier coûtant d'arg., au chef cousu
d'az. char, de 3 éloi. d'or.
YsMBYL, Sai-rasin, Rv.
Zacelaua (R. de), chevaucr, Rv.
Zagoma , Zacomas , Ses Gomes ,
Coma, Corne, Comas (divers pré-
noms), Rv.— Bp. — Zacoma, à
May., Bn.: d'or au chevron ren-
versé d'az. —Gomes, à May.
Bn. : d'or a 4 farc. courbôes de
sa., la convexité vers la pomlo.
Zaera (Guillem). F.: de f>u. à
l'aire ronde d'arg. sur laquelle est
uno gerbe <Io blé d'or.
Zafo.nt (Jacme). F.: d'arg. à la
fontaino dans laquelle une licorne
plonge sa corne. — Arnalt Z ifont,
Piémontiiis. F.: d'or au cerf blessé
buvant dans une fontaine. — Voy.
Font.
Zafortea (Ramon). F.: d arg. au
mont au nat. sommé d'une yeuse
de sin., à la bord. d'az. char, de
fleurs de lis de . .— Carbon de For-
tea, Hv.— Znforteza, à May. Bn. —
A.: de gu. à 3 fleurs de lis épanouies
d'or. — Maison représentée par le
comte de Santa-Maria de Formi-
guera.
Zagarriga , Sagarriga , Garnira
(P.), do Tarragono. Rm.— (P. de),
ecuyer (F. de); Domenga de Garn-
co, Rv. — Benel Zaçarnga , do
Rouss. F.: d'arg. au lion d'az —
Garriga, Sagarriga, à May., repré-
sentée par le comte de Greixell, ba-
ron de la Pobadilla. Bn. : d'or au
678
NOMENCLATURE DES FAMILLES
cyprès de sin. soutenu par2 lions af-
front, au nat. — D'au 1res branches
de la même fam. Bn.: d'arg. à 3
arbres au nat. sur une terrasse de
sin. — Zagarriga, en Rouss. et en
Cal.: d'or à la souche de garigue
déracin^^e de sin. '
Z\GnAN4DA, Sagranata, Granada,
Ornnala (Ferrer, Bn. de), Rm. —
Granada, Rv. — Père de Granada :
Père et Guerau de Granana. Z.
f»' tl9, 147.— Zagranada, fam. dis-
tinguée de May. éteinte dans celle
do Hossiiiol, à laquelle a succédé la
maison de Yillalonga. Bn.: degu.
à la LTenaded'or, ouverte du champ.
-> uranada, en Gat. A.: d'arg. à la
grenade do sin. tigée et feuillée du
même, ouv. de gu.; à la bord, com-
ponêe d'arg. et de sin.
ZAGULLADAt Çaguliada , Rv. —
♦ Agullana, en*Gat. A.: d'or à 3
pyramid s aiguisées au nat.
Zalavinera (P.), Rv.
Zalona (Berenguer de), Rv.
Zamudio (Père). F.: d'or à 3 fasc.
ondées de gu.
Zanarra (J ), Rv.
Zanoouera, Ganongera, Sano-
gera, Nogera f&uilabert de). Il,
611. — Hv. —F.: d'or au noyer
fruité au nat
Zanou (Bertomeu), de Marseille.
F.: d'arg. au noyer de sa.
Zapata, Çabata (divers prénoms),
un chevalieV, Rv. — Z. 1* 205. —
Trois branches : !• d' Alcira ; 2* de
Calahorra-, 3* de Xativa. D. P»386.
— Joan Perez Zapata, Arugonais.
F. : de gn. au soulier à l'antiaue
de sa. — Ramon Zabata, de Gala-
tayud. F.: d'az. au soulier à Fan-
tique d or. — Voy. Calataixtd.
Zarzuela (Bernât). F.: de gu. à
Tétoi. d'or.
Z4SPi!tA (Maria de) et son fils G.
Rv. — Voy CESPI5A.
Zatrilla (^Ferrer), Rv. — A : de
gu . à 3 jumelles en chevron d'or.
— Voy. Cestrilles.
Zaydi, Çaidi, Gaedi (Br., J. de),
Rv.
Zelarn (G.), Rv.
ZiLLA (6t6van de), Rv.
m» ■ <i
TABLE DES MATIÈRES
ém
Atant-pkopos,
LIVRE TROISIÈME
Jacme à l'apogée de sa pniasance (t23Ô & 1258).
Chàpitab I**.— Etat de la France méridioûale et delà seigneu-
rie de Montpellier. — Hostilités entre le comte de Toulouse
el le roi d'Aragon. — L'opinion publique dans le Midi.—
Rôle politique dés troubadours. — Jacme à Montpellier.—
Conspiration réprimée. — Entrevue du roi d'Aragon et
des seigneurs méridionaux. — Corts catalanes , à Gi-
rone 4
Ghapithc II. — Expédition de Guillem de Aguilo contre les
Maures du royaume de Valence. — Le miracle des saints
corporaux. -^ Reddition de la vallée de Bairen. -^ Pre-
mière conquête dans le royaume de Murcte. ^ Mariage
d'Yolande d'Aragon avec Alfonse de Castille. — Premier
siège deXativa; reddition deCastello. ^ Droit d'asile
des chevaliers d'Aragon ; la tente de don Garcia Romeu.—
Tentatives du roi contre la puissance des rUos homes. —
Les légistes en Aragon. — Le favori Ximeno Pefet. -^oiïp
d'Btal ; créationdes rioMflèmès àe mesnàâa 27
680 TABLE DES MATIÈBES
Pi
Chapitre III. — Caractère du comte Raymond VII. —Reprise
de la guerre entre le amie de Toulouse et le comte de
Provence. — Tentative avortée de réaction méridionale. —
Le vicomte do B'.'ziers. — Soumission subite de Ray-
mond Vil .—- Donation du comtal Venaissin à Cécile de
Baux. — Sirvenle politique de Bertrand de Born, le
fils. — Réclamationii du comte d'Urgel. — Transaction
entre Jacme et l'évoque do Maguclone. — Tentative pour
rclovor la maison de Toulouse. — Sancha d'Aragon et
Sancha doProv^encc. — E.»ipérances ruinées. — Coalition
contre le roi do France. — Conduite du roi d'Aragon. —
Défaite du roi d'Angleterre et du comte de la Marche. —
Soumission du comte do Toulouse 43
Chapitre IV. — Soucis domestiques du roi d'Aragon. — Testa-
ment inconnu. — Importance do ses dispositions. — Mort
do Nunyo Sancliez. —Ses domaines font retour au roi
d'Aragon. — Expédition sur les bords du Mijarcs et dan.s
les sierras d'E^liJa et dE.<padan. — Prise d'Alcira.—
Voyage du roi à Montpellier. — Naissance de l'infant
Jacme. — Prétendue conférence avec saint Louis. — In-
tentions du roi d'Aragon relativement au partage de ses
ElaLs. — Exigence> do la reine Yolande. — Nouveau par-
tage.—Cortè> do Daroea. — DifScultés pour la délimita-
tion deTAragon et de la Catalogne. —Menaces de guerre
civile.— Explication de la conduite du roi. — Erreurs
des historiens sur les sentiments de Jncroe pour son fils
Alfonsô. — Influence du roi Fcrnand et de l'infant Al-
fonse deCaslille. — Siège de Xaliva.— Hostilités avec rin«-
fanl de Castille. — Entrevue d'Almizra. — Capitulation
de Xativa, — Siège et reddition de Biar. — Le Conquis-
tador maître de tout le royaume de Valence 7i
•
Chapitre V. — Mariage du comte de Toulouse avec Margoeritft
de la Marche. — Relations de Raymond VII avtîc le Pape
et lEmpereur. — Le roi d'Aragon et la cour do Rome. —
Politique de Jacme avec les princes chrétiens.— Le comte
do Toulouse et le comte do Provence — Testament de
Ramon Berenguer V. —Réconciliation des deux comtes.
— Projets de mariage. — Mort de Ramon Berenguer. —
Conduite de iacme et deRaymond VII. —Echec de la poli»
tique méridionale en Provence. — Le comté de Provence
démembré de la nationalité du Midi. — Plaintes et rojcreta
TABLE DES MATIÈRES 681
FftgM
des Provençaux. — Droits du roi d'Aragon à ta succession
deRaroonBerenguer. — Jacmefait couper la langue à
l'évêque de Girone. — Excommunication et absolution.
— Teresa Gil de Vidaure 99
Chapitre VI. — Promulgation des fueros deHuesca. — Mou-
vement législatif du XIII' siècle. — Caractère et division
des travaux législalifsde Jacme !«'. — VilaldeCanellas. —
LÉGISLATION DES PATS DE DROIT rohaIn. — Montpellier. —
Perpignan. — Législation des pays catalans. — Le/Wro
juzgo, les uw/^f^j, les lois de Jacme I". — Influence des
principes romains. — Droit féodal.— Lois successorales.—
Dot et screix, — Procédure. — La torture , le duel judi-
ciaire. — Lois d'ordre public. — Lois sompluaires. —
Lois religieuses ; les Juifs et les Sarrasins. — Organisation
judiciaire. — La caria pueola de Figueras. — Le fucro de
Mayorque <2o
Chapitre VII. - Législation de l'Aragon. — Fuei^o de So-
brarbe. — Origine du droit politique aragonais. — Ori-
gine du droit privé. — Code de Ihrsca. — Considéra-
tions générales. — Organisaiion judiciaire. — Lejusticia;
causes de rimporlancepoliliquede ce magistrat. — Juges
et officiers de justice. —Lesjuntas et les junteros. —
Etat des personnes et des terres. — Les alleux et les fiefs
en Aragon. — Les bourgeois. — Les paysans et les serfs.
— Le< Sarrazins et les Juifs. — Procédure. —I^a caution,
base delà procédure aragonaise. — Les actes — Les té-
moins. — Formes symboliques. — Le serment. — Aboli-
lion des ordalies vulgaires. — Le duel judiciaire. — Mino-
rité, adoption et tutelle — Desafiliadon.— Régime de la
dot. — Successions. — Testaments. — Donations. — Dos
contrats ; cautions et gages. — Prescription. — Droit cri-
Hiinel. — Homicide. — Composition ; fredum, — Ven-
geance privée. — Àssurements, — Guerres privées. —
Trahison, brigandage, faux. — Crimes divers. — Procé-
dure criminelle. — Coup d'œil d'ensemble sur le code de
Huesca n3
Chapitre VIII. — Législation du royauxedb Valence.— Les
furs tombés dans Poubli. — Leur importance. — But de
Jacme I*. — Préambule du code de Valence. — Considé-
rations générales. — Lois religieuses. — Lois sur le
clergé. — Etat des personnes et des terres ; tendances
483 EàBLB «Et MATIBBM
vars P^galiUl — BroH deju^^ce. -* OrgaaistiioA
ciaire. — Principes qui régissent la prpoéâiire. — Uê
sermeai. -— Rdstrictioos au duel judiciaire. — La torUire.
— Règles générales pour la décision des affaires. — Droit
civil. — Filiation, puissance paternelle, minorité, tutelle,
adoption. — Régime de la dot. — Successions. — Testa-
ments. — Donations. ~ Vente — Obligations.— Droit
criminel. — Vengeance privée. — Inégalités dans Tappli*
cation des peines. — Talion. — Amende. — Mulilatlon.
— Respect de la liberté individuelle. — Pénalité. — Cn-
mes contre la foi. — Crimes contre la société. — Crimes
et délits contre les particuliers. —Parallèle entre Pœuvre
législative de Jacmel*', celle de saint Louis et celle d^Âl-
fonse X. — Conclusion Î33
Chapitrk IX. — Événements qui ont suivi ia promulgation du
codede Huesca. — Soulèvementdes Maures de Valeoee. -^
Âl Azarch.— Expulsion dos Sarrasins.— Nouveau testament
du roi. — Différends de Jacme avec son fils Alfonse. —Mort
d'Yolande de Hongrie et de Léonor de Castille. — Récon-
ciliation de Jacme avec son fils. — Attitude du roi de Cas-
tille Alfonse X. — Soumission d'Al Azarch. — Affaires
de Navarre. — Guerre imminente avec la Castille. —
Paix. — Mort de Raymond Vil. — Ruine des espérances
méridionales. — Troubles à Montpellier; les mailles de
Lattes. —Progrès de rinfluence française à Montpellier.
— Négociations avec saint Louis. — Traité de Corbeil et
actes accessoires. — Droits réciproques des deux parties.
— Fin de la nationalité méridionale 2S3
LIVRE 12UATRIËME
Dernitoes ftaaéet d# Jacme (1258 à 1276)
Chapitkb f^. — Politique du roi d'Aragon après le traité de
Corbeil. — Événements àPintérieur. —Projets sur l'Ita-
lie. ^ Mariage de rinfant Pierre avec Constance de Sicile.
— Mort de l'infant Alfonse — Nouveau partage des
Etats aragonais.-- Différends avec le roi de Castille. —
Révolte des Sarrasins de TAndalousie et du royaume
de Murcie. — Le roi de Castille implore le secours du
rqî 4'Adrdgon. - Préparatifs de rexpé^lti^.. -^ Cocu.
TABhZ DES HATifcllES €(0
à BarceloDô. — Cortès à Saragosse. -- Révolte de U no-
blesse aragonaise. — ProclamatioD de P [/nion. — Corlès
et fuero d'Eicea 324
Chapitre II. —Rapports de Jacme avec le clergé et le Saint-
Siège. — Vie privée du Conquistador. — Ses bâtards :
Fernand Sanchez de Castro, Pedro Fernandez de Hijar. ^
Ses maîtresses : Blanca de Ânlillon, Berenguela Fernan-
doz. — Ses femmes morganatiques : Guillerma de Cabrera,
Teresa Gil de Vidaure. — Berenguela Alfonso. — Con-
fession du roi. — Reproches du Pape. — Conquête du
royaume de Murcle. — Les infants Pierre et Jacme. —
Lettre de Clément IV 34T
Chapitre III. — Questions religieuses.— L^Inquisition. -* Les
Sarrasins et les Juifs. — Jahuda, trésorier général du
royaume. — Sermons et conférences pour la conversion
des Sarrasins et des Juifs. — Saint Ramon de Penyafort.
— Rabbi Moses ben Nachman. — Frère Paul. — Rabbi
Bonastrug de Porta. — Miracles rapportés au règne de
Jacme !•'.— Fondations pieuses. — Ordres religieux. —
Pierre Noiasque et Tordre de la Merci. — Projet de croi-
sade en Orient. — Relations avec Tempire mongol. —
Ambassades d'Abaga-Khan et de Michel Paléologue. — Dé-
part de Jacme pour la croisade. — Tempête. — Retour du
roi. — Les croisés aragonais enSyrie 367
Chapttre FV. '— Organisation des pays aragonais.-* La maison
du roi. — Les grands dignitaires de la couronne. — Sys-
tème d'administration. — Lieutenants ou procurateurs
généraux. — Institutions municipales de Saragosse, Per-
pignan, Barcelone, Valence et Mayorque. — Régime fi-
nancier ; impôts. — Agriculture, industrie, commerce. —
Vues de Jacme sur la Sardaigne.— Missions commerciales.
— Relations avec l'Egypte et les Etats barbaresques. —
Consuls à rétranger, consuls de mer et consuls sur mer.
— Lois maritimes ; les Costumes de la mar, — Monnaies ;
faux-monnayeurs. — Les arts, les lettres et les sciences.
— Efforts du roi pour créer une langue nationale. —
Idiomes en usage dans les Etats d'Aragon. — Jacme écri-
vain : la Chronique, la Libre de la Saviesa, lesFurs. ^ Les
troubadours — Les poètes catalans. — Université deLé-
rida. — Ecole de Valence. — Écoles de Montpellier. —
684 TABLE DES MATIERES
Théologiens, philosophes et savant : frère Paul, Ramon
Mariin, Rarnon dd PenYafort, Vilal de Cancllas , Ramon
Lui!, Arnaud de Villeneuve. — Prospérité générale des
pays aragonais 40<
Chapitre V. — Agitations on Caslille. — Conseils de Jacrae à
Alfon^e X. — Événemenis en France et en Naxarre. —
Mort d'Isabelle d'Aragon, reine do France. — Affaires de
Montpellier. — Projet d'expédition de l'infant Pierre dans
le comté de Toulouse. — Querelle entre l'infant Pierre el
Fernand Sanchez. — Guerre du comte de Foix contre le
roi de France. — Mort de Berenguela AIfon^o. — Dernier
testament de Jacme. — Dissentiment avec les barons cata-
lans. — Succession du comté d'Urgel. — Jacme au concile
. de Lyon. — Conduite privée du roi. — Démarches pour
1 annulation du mariage de Tere>a Gil. — La dernière
maltresse du Conquistador. — Troubles en Catalogne cl en
Aragon. — Rupture entre le roi et Fernand Sanchez. —
Fernand noyé par l'ordre do son frèro. — Pacification de
FAragon et de la Catalogne — Affaires de Navarre. —
Pierre d'Aragon reconnu pour héritier de la couronne
de Navarre. — Invasion des musulmans d'Afrique. — lié-
voile des Maures ùà Valence. — Mort d'Al Azarch. — Ma-
ladiedu roi.— Défaite des chrétiens. — Derniers conseils
du roi à ses fils. — Codicilles. — Mort de Jacme !•'. —
Complainte de Mathieu de Quercy. — Conclu>ion 467
APPENDICE
Notes
A. Sources de Thistoire de Jacme l« (suite) Sîl
B. Additions et corrections à la première partie 526
C Complainte d'Almeric de Belenoi sur la mort de Nunyo
Sanchez 529
D. De Tauthenticité de la chronique attribuée à Jacrae K.. 534
E. Projet de canonisation de Jacme le Conquérant 513
F. Détails sur les inhumations et les exhumations des restes
de Jacme I». '. 545
TABLB DE8 lUTlikRES 685
Pièces justiflcatlves
Pages
I. Donation du comiat Venaissin faite à Cécile de Baux
par Raymond VII, comte do Toulouse 547
II. Traité d'alliance entre Jacme et Raymond VII 5i9
m . Trêve entre Jacme et Raymond VII 550
IV. Sentence arbitrale au sujet du divorce de Ray-
mond VII et de Sanclia d'Aragon 553
IV bis. Promesse de Jacme à Raymond VIT 554
V. Deuxième testament du roi Jacme 556
VI. Absolution de roxcommunicaiioîi encourue par Jacme,
pour offense envers l'évêque ue Girone 560
VII . Préambule et litres des fueros d'Ai agon 561
VIII . Préambule et rubriques des furs de Valence 567
IX. Testament d'Yolande de Hongrie, reine d'Aragon .... 577
X. Traité de Corbeil 580
XI. Traité entre Jacme et sainl Louis, stipulant le ma-
riage de Philippe de France avec Isabelle d'Aragon . 587
XII. Renonciation de Jacme à ses droits sur la Provence
en favecr de Marguerite, reine de France 58»
XIII . Lettre du roi au vicomte de Cardona 590
XIV. Constitution du douaire d'Isabelle d'Aragon, femme
de Philippe le Hardi 591
XV. Lettre du roi Jacme à Charles d'Anjou 592
XVI. Confcrence entre frère Paul et Rabbi Mo-es ben
Nachman 594
XVII. i.e roi retire son bouclier qu'il avait donné en gage. 597
XVIII. Prologue du Libre de la Saviesa 598
XIX. Procuration pour soutenir la demande en divorce
contre Tcre.-a Cil 600
XX. Lettre à Philippe, roi de France, au sujet de la
succession de Navarre 601
XXI . Premier codicille du roi Jacme 603
XXII. Dernier codicille du roi Jacme 609
Tléfek DKi ÉMiMfié 686
Complément
Nomenclature el armoriai des familles et des personnes les
plus connues des Etats de Jacme l"' 613
FIM IMI UL UCOMDI ET INEBNliaB PAWta
1
ERRATA ET ADDITIONS
TOiSE I
Pftg. m, \ïg. 2f7| après: de la maison de Barcelone, ajoutez: et seulement.
Pa0. 135, lig. 28, au lieu de: 1133, lisez : 1131.
Pag. 163, lig. 34, au lieu de: 1222, lises: 1221.
Pag. 179, lig. 29, au lieu àeimasmatin, lisez: fiNtrinoNn.
Pag. 179, lig. 32, au Heu de : la Constitution, lisez : les Constitutions.
Pâg. S05, lig. 23, supprimez : Tun de ses ricos homes,
Pag. 320, lig. 1, au lieu de: 1230, lisez: 1231.
Pag. 325. lig. 16, au lieu de : de la Catalogne , lisez : de Catalogi^.
Pag. 356, lig. 18 et 19, supprimez : du royaume de Valence.
Pag. 356, lig. 31, au lieu de: espagnol, lisez: d'Espagne.
Pag. 356, lig. 36, au lieu de: mémarobilium^ lisez: memorabUibuê,
Pag. 371, lig. 14, au lieu de: croyaient, lisez: croient.
Pag. 377, lig. 26, au lieu de: trois ans en 1237, Usez: deux ans en 12^8.
Pag. 391, lig. 26, au lieu de: Tarazona, lisez: Tarragone.
Pag. 430, lig. 8, au lieu de : memorabUium lisez : memorcibûilnu,
Pag. 430, lig. 11, au Heu de: Historia, lisez : AnaUs
Pag. 445, lig. 18, supprimez: scripsit.
Pag. 445, lig. 19, au lieu de: rasit, lisez: raais.
Pag. 445, lig. 20, après: emendatis, jouter: sorip^il.
TOMB II
Pag. 83, lig. 5, au lieu de : des deux, lisez : de ces deux.
Pag. 115, lig. 1, au lieu de: de conserver, lisez: d'entretenir.
Pag. 162, lig. 15, au lieu de: la législation, lisez: le législateur.
Pag, 167, lig. 21, au lieu de: 1257, lisez : 1267.
Pag. 228, lig. 10, au lieu de: parait être de droit pour, lisez: parait ètra
de droit, excepté pour.