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Full text of "J.B. Perronneau (1715-1783) sa vie et son oeuvre"

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J.-B.  PERRONNEAU  (I7i5-i783) 

SA  VIE  ET  SON   ŒUVRE 


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BIBLIOTHÈQUE   DE   L'ART 
DU    XVIIP   SIÈCLE 


J.-B.  PERRONNEAU 

(1715-1783) 

SA  VIE   ET    SON    ŒUVRE 

PAR 

LÉANDRE  VAILLAT 

ET 

PAUL  RATOUIS  DE  LIMAY 

DEUXIÈME  ÉDITION  REVUE  ET  AUGMENTÉE 


PARIS   ET   BRUXELLES 

Librairie  Nationale  d'Art  et  d'Histoire 

G.  VAN  OEST  ET  Cie,  Editeurs. 

1923 


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1130.9.95 


jlVANT-TROPOS 


Depuis  la  publication  de  notre  livre  sur  J.-B.  Perronneau, 
en  1909,  bien  des  vicissitudes  —  celles  de  la  guerre  avant  toutes  — 
ont  interrompu  des  recherches  dont  la  première  édition,  aujour- 
d'hui épuisée,  ne  marquait  que  la  première  étape.  Nous  voici 
en  situation  de  mettre  le  public  au  courant  de  notre  enquête, 
dans  une  seconde  édition.  Celle-ci  marque,  par  rapport  à  la 
première,  un  progrès  très  appréciable  en  ce  sens  qu'elle  précise 
certains  points  de  la  biographie,  jusque-là  ignorés,  et  montre 
un  nombre  important  d'œuvres  inédites. 

Nous  avons  crû  devoir  adopter,  cette  fois  encore,  le  ton  cir- 
conspect et  prudent  qui  convient  à  des  ouvrages  où  la  vérité  est, 
pour  ainsi  dire,  cherchée  à  tâtons.  Le  maître  dont  il  s'agit  a  eu, 
en  effet,  une  destinée  si  incertaine,  si  aventureuse,  si  chargée 
de  soucis,  et  d'une  fortune  si  diverse  que,  longtemps  encore, 
certaines  périodes  de  sa  vie  resteront  dans  le  mystère  et  demeure- 
ront un  domaine  où  la  curiosité  aura  toujours  quelque  chose  à 
découvrir.  Le  temps  n'est  pas  encore  venu  où  cette  existence 
d'artiste  sera  suffisamment  élucidée  pour  que  les  érudits  patients, 
consciencieux  déposent  leur  bilan  et  laissent  à  des  écrivains  plus 
brillants  le  soin  d'écrire  enfin  un  livre  dont  la  matière  ne  soit 
point  si  ardue  et  s'agrémente  de  pages  vraiment  littéraires.  Il  y  a, 
en  quelque  sorte,  dans  la  rédaction  d'un  volume  de  ce  genre,  un 
degré  relatif  à  l'état  de  la  connaissance.  Notre  éminent  prédc- 


cesseur,  Maurice  Toiirneux,  dont  la  veuve  a  bien  voulu  nous 
communiquer  les  dernières  notes,  et  nous-7nêmes  en  sommes 
encore  nu  stade  de  la  modestie. 

Bien  que  nous  ayons  trouvé  une  aide  des  plus  précieuses  dans 
les  informations  de  M.  van  Riemsdijk,  ancien  directeur  du 
Rijksmuseum,  et  de  M.  Staring,  l'érudit  hollandais,  qui  a  fait 
preuve  à  notre  égard  d'une  véritable  générosité,  nous  ne  nous 
dissimulons  pas  les  lacunes  de  cette  nouvelle  édition  et  nous  ne 
pouvons  que  terminer  cet  Avant-propos,  comme  /'Avertissement 
de  notre  première  édition,  en  disant  à  ceux  qui  nous  font  con- 
fiance :  ce  Noms  nous  efforcerons  de  compléter,  dans  la  suite,  une 
enquête  impartiale  et  nous  espérons  que  d'autres  travailleurs 
nous  aideront  à  donner  à  la  grande  mémoire  de  J .-B.  Perronneau 
l'éclat  qui  lui  convient  ». 

Paris,  le  30  juin  1923. 


Les  débuts.  Perronneau  graveur. 
1715=1742 


On  ne  connaît  pas  l'acte  de  naissance  de  Jean-Baptiste  Per- 
ronneau, mais  les  registres  de  l'ancienne  Académie  Royale  de 
peinture  et  de  sculpture  portent,  à  la  date  du  10  janvier  1784, 
que  Jean-Baptiste  Perronneau,  élève  de  Natoire  et  de  Laurent 
Cars,  est  né  à  Paris  en  1715  et  mort  à  Amsterdam  (Hollande), 
en  Novembre  1783,  âgé  de  68  ans.  D'autre  part,  suivant  son 
contrat  de  mariage,  il  est  fils  de  Henri  Perronneau,  bourgeois  de 
Paris,  et  de  Marie-Geneviève  Frémont.  En  présence  de  ces 
deux  assertions  officielles,  nous  n'avons  aucune  raison  de  croire 
que  l'artiste  soit  né  à  tout  autre  endroit  qu'à  Paris. 

Basan  écrit  dans  son  Dictionnaire  des  graveurs  anciens  et 
modernes  : 

«  Perroneau(  Jean-Baptiste),  né  à  Paris  en  1731,  élève  de  Cars. 
On  a  de  lui  l'Air  et  la  Terre,  m.  ps.  en  t.,  d'après  Natoire  et 
dont  les  pendans  sont  le  Feu  et  l'Eau,  gravés  par  Aveline,  d'après 
le  même  maître,  m 

Ainsi,  d'après  Basan,  Perronneau  n'aurait  eu  que  sept  ans 
quand  il  publia  chez  Huquier  une  suite  d'estampes  datée  de  1738, 
et  quinze  ans  lors  de  sa  réception  à  l'Académie. 

Huber  et  Rost,  dans  leur  Manuel  des  Amateurs  de  Vart  (Ecole 
de  France,  t.  VII-VIII)  écrivent  de  même: 

«  Jean-Baptiste  Perroneau,  graveur  à  la  pointe  et  au  burin,  né 
à  Paris  en  1731.  Elève  de  Laurent  Cars,  il  a  gravé  d'après 
quelques  maîtres  François,  un  assez  petit  nombre  de  pièces. 


—  2  — 

1°  Le  Serviteur  d'Abraham  auprès  de  Rebecca,  d'après 
F.  Boucher  ;  in-fol.  ; 

2°  L'Air  et  la  Terre,  d'après  Natoire,  deux  pièces  dont  les 
pendans  sont  le  Feu  et  VEau,  gravées  par  Aveline,  d'après  le 
même  maître  ;  in-fol.,  en  t.  » 

Nagler,  dans  son  Kiinstler  Lexicon,  fait  mieux.  Sans  nous  indi- 
quer ses  sources,  il  déclare  : 

«  Jean-Baptiste  Peronneau,  un  Maltais,  ou  un  chevalier  de 
Malte,  naquit  en  1713  et  fut  connu  comme  peintre  de  portraits. 
Il  peignit  à  Paris  et  ailleurs  beaucoup  de  portraits  à  l'huile  et  au 
pastel  dont  quelques-uns  ont  été  gravés  par  J.  Daullé,  C.  de 
Baschi,  Marcenay  et  H.  Rossi.  Peronneau  fut  de  l'Académie 
en  1753  et  mourut  à  Amsterdam  en  1783.  » 

Et  ailleurs  :  «  Perronneau,  Jean-Baptiste,  graveur  à  l'eau-forte, 
né  à  Paris  en  1731,  fut  élève  de  L.  Cars.  Nous  avons  de  lui 
quelques  bonnes  feuilles.  Il  mourut  en  1806. 

1°  Labati  et  Rebecca,  d'après  Boucher,  qu.  fol.  ; 

2°  L'Air  et  la  Terre,  d'après  C.  Natoire,  pendans  au  Feu  et 
à  l'Eau,  par  Aveline,  qu.  fol.; 

3°  Plusieurs  figures  académiques,  d'après  VanLoo,  12  pi.,  fol.  ; 

4°  Plusieurs  figures  académiques,  d'après  Bouchardon,  pour 
deux  livres  de  dessins,  gravées  avec  Aveline,  Huquier,  Aubert, 
Bouchardon  et  autres  (1).  » 

Ainsi,    Nagler,    par   un    pouvoir    discrétionnaire,    crée    deux 


(1)  Voici  le  texte  allemand:  »  Peronneau,  Jean-Baptist,  ein  Maltheser,  wurde  1713  gebo- 
ren,  und  aïs  Bildnissmaler  beriihmt.  Er  malte  zu  Paris  und  anderwàrts  viele  Portraite  in 
oel  und  pastell,  deren  einige  von  J.  Daullé,  C.  de  Baschi,  Marcenay  und  H.  Rossi  gestochen 
wurden.   Perronneau  wurde  1753  Mitglied  der  Akadeniie  und  1783  starb  er  zu  Amsterdam.  » 

"  Perronneau,  Jean-Baptist,  Kupferstecher  wurde  1731  zu  Paris  geboren,  und  von  L.  Cars 
unterrichtet.  Wir  haben  von  ihm  einige  gute  Blâtter.  Starb  um   1806. 

\o  Laban  und  Rebecca,  nach  Boucher,  qu.  fol. 

2°  Luft  und  Erde,  nacli  C.  Natoire,   Pendants  zu  Avelines  Feuer  und    Wasser,  qu.    fol. 

3"  Mehrere  akademische   Figuren,   nach    C.   Van   Loo,    12    Blâtter,    fol. 

4''  Mehrere  akademische  Figuren,  nach  E.  Bouchardon,  fur  zwei  Zeichnungsbûcher 
mit  Aveline,   Huquier,  Aubert,   Bouchardon  jun.  u.  a.   gestochen. 


PI.  I 


POUTKAIT    PHICSTMi;    ni;   ]      I!.    I'liRUO.\NI£.\U    PAI!    I.UI-M|'-:ME 

l'einluro.  Signée. 

^Aliiséu  de  Tuui'it) 


—  3  — 

Perronneau,  tous  deux  nés  à  Paris,  l'un  en  1713,  l'autre  en  1731, 
l'un  peintre  de  portraits  à  l'huile  et  au  pastel  et  académicien, 
l'autre  graveur  et  élève  de  Laurent  Cars.  Cette  distinction  a  été 
suivie  aveuglément  par  Charles  Le  Blanc,  dans  son  Manuel  de 
l'Amateur  d'Estampes,  par  l'abbé  de  Boni,  dans  sa  Biogrophia 
degli  Artisti,  parue  à  Venise  en  l'année  1840,  et  enfin  par 
MM.  Portalis  et  Béraldi,  dans  leurs  Graveurs  du  XVIir  siècle. 
Les  dictionnaires  de  Siret  et  celui  d'Auvray  et  Bellier  de  la 
Chavignerie  s'en  tiennent  aux  registres  de  l'Académie,  et  font 
de  Jean-Baptiste  Perronneau  un  peintre,  né  en  1715  (Siret  met 
un  point  d'interrogation  à  cette  date),  mort  à  Amsterdam 
en  1783,  portraitiste  et  reçu  académicien  en  1753. 

Nous  préférons,  comme  eux,  nous  en  tenir  aux  documents 
officiels,  sans  négliger  toutefois  un  document  de  premier  ordre, 
le  Dictionnaire  de  Heinecken.  Cet  Heinecken,  conseiller  des 
finances  du  roi  de  Pologne,  auteur  de  l'Idée  générale  d'une  col- 
lection complète  d'estampes  et  créateur  du  Cabinet  des  estampes 
de  Dresde,  sous  Auguste  VII,  avait  écrit  un  Dictionnaire  des 
artistes,  qui  n'a  malheureusement  été  publié  que  jusqu'à  la 
lettre  D.  Le  manuscrit,  qui  se  trouvait  jusqu'en  1866  à  la  Biblio- 
thèque Royale  de  Dresde,  est  conservé,  depuis  cette  époque,  au 
Cabinet  des  estampes  de  la  même  ville.  Nous  transcrivons  les 
deux  passages  relatifs  à  Perronneau  : 

«  1"  Tome  XIV  de  l'ouvrage  principal: 

Jean-Baptiste  Peronneau,  peintre  de  portraits  à  Paris.  Il  est 
de  l'Académie  Royale.  Il  a  gravé,  avant  que  de  s'appliquer  à 
la  peinture.  Nous  avons: 

Le  portrait  de  l'abbé  de  Lazare  Chambroy,  armes  au  bas,  par 
J.  Daulé,  1749  ; 

Gérard  Mœrman,  Savant  Hollandois,  par  J.  Daulé,  grand  in-4°  ; 

L'Evêque  de  Messene,  par  Balechou  ; 

Charles  Baechi,  Marquis  d'Aubois,  ovale,  par  Daulé,  1748; 

Laurent  Cars,  Graveur  ; 


—  4  — 

Riiste  d'une  femme,  par  de  Marcenay. 
d'après  Van  Loo  (vacat)  ; 
d'après  C.  Natoire  (vacat)  ; 
2°  Supplément,  vol.  P.  Q.,  fol.  72: 

Jean-  Baptiste  Peronneau,  peintre  qui  avoit  commencé  par  être 
graveur.  II  a  été  reçu  à  l'Académie  Royale.  Nous  avons  de  lui  : 

Le  Portrait  de  l'Evêque  de  Messene,  par  Balechou  ; 

Autre  de  Charles  Baschi,  Marquis  d'Aubois,  par  Daulé,  1748  ; 

Autre  de  l'Abbé  de  Lazare  Chambroy,  par  le  même,  1749  ; 

Gérard  Meerman,  Savant  Hollandois,  par  le  même  ; 

Portrait  de  Laurent  Cars,  graveur  ; 

Autre  d'une  femme  anonyme,  gravée  par  de  Marcenay. 

Il  a  aussi  gravé  d'après  Natoire,  Van  Loo,  Bouchardon, 
Boucher.  » 

Donc,  à  deux  reprises,  Heinecken  affirme  que  Jean-Baptiste 
Perronneau  fut  graveur  a  avant  que  de  s'appliquer  à  la  peinture  » 
et  fait  des  deux  Perronneau  inventés  par  Nagler  une  seule  et 
même  personne. 

Mais  il  y  a  de  plus,  dans  le  texte  de  Nagler,  un  mot  à  double 
sens.  Ein  Maltheser,  signifie  un  Maltais  ou  un  chevalier  de  Malte. 
L'entrée  dans  cet  ordre  entraînait  l'obligation  du  célibat.  Dans 
les  Liaisons  dangereuses,  Cécile  Volanges  écrit  à  son  amie, 
Sophie  Carnay  et  lui  parle  ainsi  du  chevalier  Danceny  :  «  Il  chante 
comme  un  ange  et  compose  de  très  jolis  airs  dont  il  fait  aussi  les 
paroles.  C'est  bien  dommage  qu'il  soit  chevalier  de  Malte  !  il  me 
semble  que  s'il  se  mariait,  sa  femme  serait  bien  heureuse...  » 

Perronneau  s'est  marié  le  9  novembre  1754.  De  même  cette 
chevalerie  n'était  plus  guère  acquise,  au  xviif  siècle,  que  par 
les  cadets  de  famille.  Or,  Perronneau  avait  un  jeune  frère,  dont 
il  exécuta  un  portrait  à  l'huile,  exposé  le  25  août  1746,  au  Salon 
du  Louvre:  c'est  peut-être  le  chevalier  de  Malte  dont  parle 
Nagler. 

L'opinion  de  Heinecken  se  trouve  confirmée,  à  notre  sens, 


—  5  — 

par  le  fait  que  presque  jamais  Perronneau,  qui  varie  dans  l'ortho- 
graphe de  sa  signature,  mais  qui  signe  le  plus  souvent  et  en  toutes 
lettres,  ne  fait  précéder  son  nom  des  initiales  de  ses  prénoms. 
Il  n'eût  pas  manqué  de  le  faire  pour  se  distinguer  d'un  homo- 
nyme, s'il  y  avait  eu  confusion  possible.  Et  cela  nous  amène  tout 
naturellement  à  une  autre  question.  Quelle  fut  la  parenté  artis- 
tique de  Perronneau  ? 

Si  l'on  en  croit  le  témoignage  de  l'abbé  de  Fontenay  (1),  qui 
concorde  avec  les  registres  de  l'Académie  Royale,  il  «fut  d'abord 
instruit  dans  le  dessin  par  M.  Natoire  ;  ensuite  il  entra  chez 
M.  Cars,  dans  l'intention  d'être  graveur;  mais  il  n'étoit  pas  né 
pour  l'exercice  d'un  art  qui  demande  beaucoup  de  constance  et 
de  patience.  Il  quitta  la  gravure  et  peignit  au  pastel.  Il  y  fit  des 
progrès  très  rapides,  et  en  peu  d'années,  il  fut  en  état  de  mériter 
l'approbation  des  personnes  de  l'Art  les  plus  éclairées.  )> 

Charles-Joseph  Natoire,  né  en  1700,  reçu  académicien  le 
31  décembre  1734,  fut  adjoint  h  professeur  le  2  juillet  1735 
et  professeur  le  2  juillet  1737.  Dans  l'œuvre  gravé  de 
Perronneau,  on  voit  deux  planches:  l'Air  et  la  Terre,  gravées 
d'après  les  tableaux  de  Charles  Natoire,  peintre  du  roi. 
Peut-être  même  Natoire  aurait-il  enseigné  au  jeune  artiste  l'art 
du  pastol  qu'il  pratiquait  lui-même  volontieis  et  avec  succès, 
puisqu'à  la  vente  de  M.  de  Julienne,  l'amateur  et  l'ami 
de  Watteau,  figuraient  huit  de  ses  pastels.  En  tout  cas,  il  fut  pro- 
fesseur à  l'Ecole  de  dessin  a  qui  était  ouverte  depuis  la  fondation 
de  l'Académie  et  qui  offrait  à  tout  venant  les  moyens  d'étudier  la 
peinture  et  la  sculpture  ».  Il  existe  aux  Archives  Nationales 
(0  1922,  p.  138)  un  document  contemporain  assez  piquant  dans 
lequel  les  élèves  de  cette  école  (cours  de  l'Académie  royale) 
"  représentent  à  M.  de  Tournehem  qu'il  se  commet  des  injustices 
journellement  dans  la  dite  Académie...  »,  et  déclarent  «  que 
MM.  les  professeurs  prennent  h  tâche  d'anéantir  le  bel  ordre 

(1)  Affiches,  annonces  et  avis  divers  ou  Journal  Général  de  France.  Samedi  10  janvier  1784. 


—  6  — 

qui  s'y  est  toujours  observé,  et  notamment  sous  M.  de  Boulogne  ». 
Et,  dans  l'exposé  des  faits,  il  est  dit:  «  MM.  Natoire  et  Pierre 
sont  les  seuls  qui  font  des  élèves  ;  mais  le  premier  fait  tort  aux 
élèves.  » 

Suivant  les  témoignages  de  Basan,  Huber  et  Rost,  de  Nagler, 
et  de  l'Académie  Royale  elle-même,  en  dépit  du  silence  de 
Heinecken,  son  second  maître  semble  avoir  été  Laurent  Cars, 
né  à  Lyon  en  1699,  fils  de  Jean-François  Cars,  qui  s'était  établi 
comme  graveur  et  comme  marchand  de  planches  pour  thèses  et 
pour  paroissiens,  au  bas  de  la  rue  Saint-Jacques. 

Perronneau  a  exécuté  à  deux  reprises,  au  pastel  et  à  l'huile, 
le  portrait  de  ce  Laurent  Cars,  qui  signera  en  qualité  de  témoin 
à  son  contrat  de  mariage,  le  3  novembre  1754. 

Perronneau  débutait  donc  dans  la  bonne  tradition  académique 
et  apprenait  son  métier  chez  des  artistes  qui  le  tenaient  eux- 
mêmes  des  élèves  de  Nanteuil.  Il  coudoyait  peut-être  devant  le 
modèle,  sous  l'œil  de  Bouchardon,  Aveline,  Joullain  et  d'autres. 
Nous  ne  pouvons  savoir  s'il  suivit  les  cours  de  l'Académie 
Royale,  puisqu'on  ne  possède  les  registres  d'inscription  des 
élèves  qu'à  partir  de  l'année  1758. 

On  a  recherché  si  Drouais  le  père,  qui  pratiquait  beaucoup  le 
pastel,  n'avait  pu  être  le  maître  de  Perronneau.  Le  fait  que 
celui-ci  ait  exposé  son  portrait  au  Salon  du  Louvre  ne  prouve 
rien.  A  ce  compte,  Cochin,  Vernet,  Oudry,  Adam  l'aîné  lui 
auraient  enseigné  leur  art.  Perronneau,  muni  d'un  solide  rudi- 
ment appris  soit  au  cours  de  l'Académie,  professé  par  Natoire, 
soit  dans  l'atelier  de  Cars,  a  dû,  comme  tant  d'artistes,  se  faire 
une  personnalité  au  sortir  de  l'école,  puis  se  laisser  influencer 
par  les  conversations  et  surtout  par  la  vue  des  œuvres  d'un 
artiste  différent,  en  certains  côtés,  des  autres  peintres  de  l'école 
française  contemporaine,  Largillierre,  le  maître  d'Oudry,  Lar- 
gillierre  qui  a  développé  dans  deux  conférences  ses  idées  sur  la 
couleur,  Largillierre  si  accueillant  aux  artistes,  si  généreux  de 


n.  2 


PkTITE  \nn.K  TENANT  UN  CHAT 

Pastel.  Signé  ot  daté  1745. 

(Galerie  nationale  tic  Londres) 


conseils,  et  dont  la  bonté  trouve  un  écho  attendri  dans  les 
mémoires  de  Wille.  Perronneau  a  vécu  dans  l'intimité  d'Oudry 
dont  il  a  exécuté  le  portrait  ;  peut-être,  par  lui,  a-t-il  connu 
Largillierre  ;  la  comparaison  de  leurs  œuvres,  nous  le  verrons 
plus  loin,  fixera  plus  sûrement  cette  parenté  du  talent  que  les 
documents  d'archives,  si  incertains  en  ce  qui  concerne  les  deux 
artistes. 

Le  catalogue  de  l'œuvre  gravé  de  Perronneau  est  composé  de 
planches  qui  ont  toutes  été  exécutées  avant  1744.  Il  semble  bien 
que,  parmi  elles,  les  plus  anciennes  soient  celles  qu'il  a  gravées 
d'après  François  Boucher  ou  d'après  Natoire.  Boucher,  à  ses 
débuts,  gagnait  sa  vie  à  des  images  de  piété,  tandis  qu'Oudr>' 
et  Carie  Van  Loo,  pour  ne  pas  mourir  de  faim,  fournissaient  à 
bon  compte,  l'un  des  rébus,  l'autre  des  décorations  d'opéra  et 
de  petits  portraits.  C'est  ainsi  que  Boucher  exécutait,  pour  un 
bréviaire  de  Paris,  des  projets  d'estampes  avec  les  vues  de  la 
ville,  accompagnées  chacune  d'une  Vertu,  que  les  jansénistes 
appelèrent  :  V Espérance  et  le  Louvre,  la  Charité  et  le  Pont-Neuf, 
la  Foi  et  les  Invalides,  la  Religion  et  Notre-Dame.  A  ce  travail 
qu'il  donnait  au  père  de  Laurent  Cars,  Boucher  gagnait  la  table, 
le  logement  et  soixante  livres  par  mois  «  qu'il  estimait  pour  lors, 
dit  Mariette,  être  une  fortune  ».  Ne  peut-on  considérer  ce  chiffre 
comme  une  indication  sur  la  condition  matérielle  de  Perronneau, 
qui  a  travaillé  probablement  dans  le  même  atelier?  On  trouve, 
en  effet,  dans  le  catalogue  de  son  œuvre  gravé,  d'après  Boucher: 
Le  Serviteur  d'Abraluim  auprès  de  Rebecca,  Un  Magicien 
chinois  et  Responderuntque  Laban,  dont  Laurent  Cars  gravait 
le  pendant  Primitia  martiruni  Sociétatis  Jesu  in  Ecclesia 
Japonica. 

De  la  même  époque  semblent  datés  les  deux  pendants,  l'Air 
et  la  Terre,  exécutés  en  ovale  d'après  les  tableaux  de  Charles 
Natoire,  peintre  du  roi,  du  cabinet  de  M.  du  Fort,  par  J.-B.  Per- 
ronneau, qu'on  vendait  à  Paris,  chez  Muquier,  rue  Saint-Jacques, 


—  8  — 

au  coin  de  la  rue  des  Mathurins,  avec  privilège  du  roi  (1).  Sans 
parler  de  la  composition,  qui  ressort  de  la  banalité  officielle  et 
dont  Perronneau  n'est  pas  responsable,  le  travail  au  burin  ne 
décèle  aucune  originalité  • —  le  moyen  d'être  original  après 
Nanteuil  et  Edelinck  !  —  mais  ne  manque  pas  de  souplesse  ni 
de  variété,  avec  des  accentuations  d'eau-forte  qui  donnent  à 
certaines  ombres  plus  de  profondeur,  d  onctuosité  et  assignent 
aux  valeurs  claires  toute  leur  importance. 

Il  collaborait  enfin  à  deux  suites  d'estampes,  publiées  l'une  et 
l'autre  à  Paris,  chez  Huquier,  rue  Saint-Jacques,  au  coin  de  la 
rue  des  Mathurins,  avec  privilège  du  Roi,  1738,  sous  le  titre 
suivant:  Livre  de  diverses  jigtires  d'académies  dessinées  d'après 
le  naturel,  par  Edme  Bouchardon,  sculpteur  du  Roi.  On  lit  la 
signature  de  J.-B.  Perronneau,  dans  la  première  suite,  sous  le 
trait  carré  du  titre,  inscrit  sur  une  draperie,  au  bas  de  la 
planche  IV,  qui  représente  un  homme  nu,  à  terre,  auprès  d'une 
urne,  et  dans  la  seconde  suite,  au  bas  de  la  planche  VII,  où  l'on 
voit  un  homme  de  dos,  assis  sur  un  rocher.  Les  premiers  essais 
nous  montrent  un  Perronneau  académique,  voué  à  l'allégorie, 
mais  puisant  aussi  dans  les  belles  planches  du  XVlT  siècle  que 
renfermait  sans  aucun  doute  la  boutique  de  Cars  le  père,  dans 
la  compagnie  de  Boucher,  dans  l'enseignement  d'un  Laurent 
Cars,  d'un  Bouchardon,  d'un  Natoire,  futur  directeur  de  l'Aca- 
démie de  France  à  Rome,  la  tradition  pure  de  l'ancienne  Acadé- 
mie, la  science  du  modelé,  la  conviction  qu'on  n'établit  pas  un 
projet,  un  «  dessein  »  par  un  trait  facile,  mais  avant  tout  par  la 
distribution  des  masses  lumineuses  et  sombres.  Ces  figures  d'aca- 
démie dont  les  dessins  préparatoires  ont  dû  passer  dans  la  collec- 
de  Desfriches  (2),  montrent  en  lui,  non  un  artiste  improvisé,  mais 


(O  Cabinet  des  Estampes.  Œuvre  de  Natoire.   Db.  26. 

(2)  On  relève  en  effet  dans  un  inventaire  de  cette  collection,  du  29  juillet  1752,  dix  études, 
têtes  d'enfants  ou  académies,  de  Perronneau. 


un  homme  préparé  par  l'étude  patiente  de  la  ronde  bosse,  puis 
du  modèle  vivant,  à  faire  œuvre  personnelle,  c'est-à-dire  à 
mettre  au  service  de  son  émotion  les  ressources  de  son  savoir. 
Il  nous  reste  un  témoignage  de  cet  apprentissage  méthodique 
dans  une  sanguine  provenant  de  la  collection  de  Desfriches  (1), 
qui  représente  une  tête  de  vieillard.  Perronneau  pouvait  devenir 
un  Halle,  un  Natoire  ;  il  préféra  devenir  Perronneau. 


(1)  Aujourd'hui  dans  la  collection  Ratouis  de  Limay.  On  conserve,  dans  la  famille  de 
M.  Ratouis  de  Limay,  un  portrait  au  crayon  rouge  de  M"^  Catherine-Thérèse  Desfriches,  la 
sœur  de  l'amateur  Orléanais,  qu'une  note,  écrite  au  tas,  de  la  main  même  de  Desfriches, 
déclare  être  de  Perronneau,  et  de  1740.  Nous  en  doutons:  c'est-là  sans  doute  une  copie 
(par  la  fille  de  Desfriches,  peut-être),  du  dessin  original  et  perdu  de  Perronneau.  Ce  qui 
nous  confirme  dans  cette  idée,  c'est  qu'un  amateur  Orléanais  a  trouvé  à  Orléans  une  réplique 
de  ce  portrait,  au  crayon  rouge,  due,  ,î  n'en  pas  douter,  à  la  même  main  inexperte. 


II. 


Ferrontieau  agréé  à  l'Académie  Royale  de  peinture 
et  de  sculpture. 

1743-1749 


«T-is  Le  plus  ancien  portrait  au  pastel  que  nous  connaissions  de 
Perronneau  se  trouve  à  la  Galerie  nationale  de  Londres 
(n°  3588)  ;  il  porte,  en  haut  et  à  droite,  la  signature  de  l'artiste 
ainsi  orthographiée:  Perronneau,  et  la  date:  Aoust  1743.  Il 
représente  une  petite  fille  tenant  un  chat  (pi.  2).  Elle  regarde  de 
face,  quoique  tournée  de  droite  à  gauche  ;  elle  est  habillée  d'une 
manière  solennelle  qui  contraste,  d'une  façon  piquante,  avec 
l'ingénuité  de  son  âge.  Avec  cette  robe  de  damas  bleu,  brodée 
de  chèvrefeuille  rouge,  largement  décolletée,  aux  engageantes 
de  dentelle,  avec  ce  bras  nu,  avec  ce  ruban  bleu  noué  autour  du 
cou,  avec  ces  petites  fleurs  roses  et  blanches  passées  dans  les 
cheveux,  avec  ses  yeux  grands  ouverts  qui  mangent  la  figure, 
on  dirait  une  petite  maîtresse  ou  de  ces  enfants  qui  parodient 
une  tenue  de  cour (1). 

1744       De  l'année  1744  sont  datés  les  portraits  de  M"°°  Desfriches,  la 


(I)  Le  pastel  a  été  donné  à  la  Galerie  nationale  par  sir  Joseph   Duveen  qui  le  tenait  de 
lady   Dorothy   Neviîl. 


ë' 


Lli  NKClîl-;  Mm'OMIK 

Piistel.   1745. 

Chiitcau  lie  IJvottninylujIm,  Sucùe) 


—  11  — 

mère  du  dessinateur-amateur  orléanais(  1)  et  d'un  petit  enfant(2). 
Dès  les  premiers  pas,  quelle  souplesse,  quelle  étendue  dans  la 
connaissance  des  ressources  propres  au  pastel,  dans  la  gamme 
de  l'étude  du  visage  humain!  On  s'étonne  de  voir,  à  côté  de 
cette  figure  d'aiëule,  juvénile  encore  sous  les  rides,  à  i'expression 
franche,  bonne  et  spirituelle,  dont  le  visage  s'encadre  dans  la 
dentelle  en  point  de  France  d'un  petit  bonnet  blanc,  une  char- 
mante figure  poupine  ;  à  côté  de  cette  mantille  de  taffetas  noir, 
la  gaîne  d'un  damas  bigarré,  bleu,  jaune  et  rose  ;  à  côté  de  cette 
sévérité  bourgeoise,  le  luxe  dont  s'illumine  la  grâce  d'un  enfant. 
Perronneau  n'a  retenu  de  ses  maîtres  à  l'Académie  Royale  que 
la  science  du  modelé  en  pleine  lumière  ;  dès  maintenant  il  est 
lui-même,  par  la  sincérité  de  l'émotion,  la  simplicité  des  figures 
coupées  à  mi-corps,  la  concentration  de  l'intérêt  sur  le  visage, 
la  naïveté  de  ses  arrangements,  le  parti-pris  de  ne  pas  sacrifier 
l'observation  psychologique  à  des  accessoires,  à  un  décor  théâ- 
tral. Une  vieille  femme,  des  enfants,  voilà  par  quoi  il  commence  : 
ni  draperies  somptueuses,  ni  costumes  de  cour,  ni  meubles  orfè- 
vres, mais  l'accent  hiératique  d'un  Philippe  de  Champaigne,  une 
gageure  dans  la  variété  des  noirs,  dans  le  chiffonné  d'une  den- 
telle, d'une  cornette  de  linon,  dans  ce  fourreau  de  bébé,  qui  a 
la  somptuosité  de  matière  d'un  cuir  de  Cordoue,  la  rigidité  d'un 
costume  d'infante  peint  par  Velasquez,  enfin  dans  l'harmonie 
des  tonalités  bleues,  jaunes  et  roses,  rompues  au  deuxième  plan, 
autour  d'une  auréole  de  lumière  où  surgit  la  figure  enfantine. 

Ces  deux  œuvres  valent  aussi  par  les  indications  qu'elles 
peuvent  nous  donner  sur  la  vie  de  Perronneau.  Nous  le  voyons 
entrer  en  rapports  de  plus  en  plus  suivis  avec  Desfriches,  qu'il 


(1)  Collection  de  M""'  Ratouis  de  Lininy.  -  M""'  Dcsfriclies.  née  c:atherine  Boillève, 
mourut  à  Orléans  en   1745. 

(2)  Ce  |iorlrait,  adjujjé  77,000  francs  à  la  vente  Jacques  Doiicct,  en  I!IIJ,  à  M.  Hœnt.schcll 
est  de  nouveau  r«ssé  en  vente,  après  la  mort  de  celui-ci,  en  mars  I!'19;  il  se  trouve  actuelle- 
ment dans  la  collection  de  M.  Georges  Dormeuil. 


—  12  — 

avait  probablement  connu  à  Paris,  dans  l'atelier  de  Natoire,  où 
le  dessinateur  Orléanais  était  entré  au  sortir  de  l'atelier  de  Bertin. 
Nous  avons  déjà  cité  un  inventaire  de  1752,  où  il  est  question 
de  dix  têtes  d'étude  dont  faisait  probablement  partie  le  dessin 
à  la  sanguine  de  la  collection  Ratouis  de  Limay.  En  1740,  Per- 
ronneau  fait  un  petit  croquis  de  la  sœur  de  Desfriches.  En  1744, 
il  pastcllise  le  portrait  de  sa  mère.  Plus  tard,  il  fera  la  «  pour- 
traicture  »  de  l'amateur  lui-même,  de  sa  femme,  plus  tard  encore 
de  sa  fille.  Il  sera  son  hôte  à  Orléans.  Il  lui  écrira  des  lettres 
confiantes  et  lamentables. 

Dès  1744,  il  connaît  la  route  d'Orléans.  Alors  commence  cette 
vie  errante,  d'une  singulière  instabilité,  dont  s'étonne  l'abbé  de 
Fontenay,  cette  course  à  travers  la  France,  la  Hollande,  l'Italie 
et  l'Angleterre,  de  Paris  à  Orléans,  à  Bordeaux,  à  Angers,  à 
Lyon,  à  Toulouse,  à  Abbeville,  à  Turin,  à  Rome  et  à  Saint- 
Pétersbourg,  cette  triste  équipée  qui  aboutit  à  Amsterdam. 

Quant  au  portrait  d'enfant  de  la  collection  de  M.  Georges 
Dormeuil,  nous  aurions  ^■olontiers  reconnu  en  lui  le  portrait  d'un 
jeune  écolier,  frère  de  l'auteur,  tenant  un  livre,  qui  figurait  au 
Salon  de  1746,  sous  le  n"  150,  si  le  livret  du  Salon  n'ajoutait 
la  mention  «  en  huile  ». 

'745  De  l'année  1745,  il  nous  reste  deux  témoignages  du  labeur  de 
l'artiste.  Un  pastel,  carré  en  hauteur,  signé  à  droite,  Perron- 
neau,  1745,  représente  un  homme  vêtu  d'un  habit  mordoré  à 
parements  d'or,  d'un  gilet  bleu  galonné  d'or,  d'où  sort  un 
mouchoir  de  dentelle,  et  où  s'engage  la  main  gauche.  La  tête 
est  un  peu  penchée,  les  cheveux  poudrés  et  noués  en  catogan, 
les  yeux  bruns,  les  traits  accusés  ;  les  narines  se  dilatent,  la 
bouche  sourit. 

Au  château  de  Drottningholm,  en  Suède,  dans  les  apparte- 
ments du  prince  héritier,  se  trouve  le  portrait  au  pastel  d'un 
nègre  blanc,  c'est-à-dire  albinos.  Grâce  à  l'extrême  obligeance  de 


—  13  — 

M.  Cari  David  Moselius,  l'érudit  suédois  distingué,  nous  pouvons 
en  donner  la  reproduction  (pi.  3).  Une  inscription  de  l'époque, 
collée  sur  le  verre,  identifie  le  modèle:  «  Mapondé,  né  d'un 
nègre  et  d'une  négresse  à  Cabende,  de  nation  Moyo,  et  a  esté 
traitté  au  dit  Cabende,  coste  d'Angolle,  le  15  janvier  1743. 
Peint  par  J.-B.  Peroneau  en  1745.  »  Comment,  et  en  quel  lieu, 
ce  jeune  Zamore  vint-il  poser  devant  Perronneau  ?  Aurait-il  été 
ramené  des  régions  congolaises  par  le  frère  du  dessinateur 
Aignan-Thomas  Desfriches,  capitaine  de  marine  marchande,  en 
même  temps  que  le  nègre  Paul  dont  le  buste,  modelé  par  Pigalle, 
se  trouve  aujourd'hui  au  musée  d'Orléans?  Ces  questions  nous 
semblent  difficiles  à  éclaircir,  et  l'année  1745  reste  parmi  les  plus 
mystérieuses  de  la  vie  de  Perronneau.  Vu  de  face,  à  mi-corps, 
se  détachant  sur  un  fond  bleu,  le  jeune  nègre,  au  visage  et  aux 
cheveux  blancs,  porte  un  cafetan  gris-vert,  bordé  de  petit  gris, 
s'' ouvrant  sur  un  \  êtement  de  couleur  rose  comme  le  bonnet  qu'il 
tient  à  la  main.  Le  modelé  de  cette  tête  enfantine  est  singulière- 
ment puissant  et  expressif.  Suivant  M.  Granberg,  ce  pastel  devait 
se  trouver  déjà  à  Drottningholm  au  XVlir  siècle  ;  il  avait  sans 
doute  été  acheté  par  la  reine  Louise  Ulrique,  sœur  de  Frédéric 
le  Grand. 

L'année  1746  semble  décisive.  On  lit  en  effet,  dans  les  procès-  1746 
verbaux  de  l'Académie  Royale  de  peinture  et  de  sculpture,  à  la 
date  du  27  août  1746,  la  mention  suivante: 

«  Aujourd'hui,  samedi  27""  aoust,  l'Académie  s'est  assemblée 
à  l'ordinaire. 

Agrément  du  sieur  Feronneau,  Peintre  de  Portraits. 

Ensuitte  le  Sieur  Jean-Baptiste  Peronneau,  de  Paris,  peintre 
de  Portraits,  ayant  fait  aporter  de  ses  ouvrages,  l'Académie, 
après  avoir  pris  les  voix  à  l'ordinaire  et  reconnu  sa  capacité  a 
agréé  sa  présentation,  et  le  dit  Sieur  ira  chez  M.  le  Directeur  qui 
lui  ordonnera  les  portraits  qu'il  doit  faire  pour  sa  réception.  » 


—  14  — 

Perronneau  se  rendit  donc  chez  M.  le  Directeur  qui  lui 
imposa,  comme  morceaux  de  réception,  deux  portraits  à  l'huile, 
ceux  d'Adam  l'aîné,  le  sculpteur,  et  d'Oudry,  le  peintre  d'ani- 
maux et  de  paysage.  Le  24  septembre  de  la  même  année,  La  Tour 
était  reçu  académicien  et  consacrait  officiellement  une  avance 
de  près  de  dix  ans  sur  son  émule  et  son  futur  rival.  Perronneau 
devait  attendre  près  de  sept  ans  avant  de  livrer  à  l'Académie  ses 
morceaux  de  réception. 

La  même  année,  le  25  août,  Perronneau  exposait  au  Salon  du 
Louvre  cinq  portraits  ainsi  catalogués  : 

146.  —  Celuy  de  M.  le  Marquis  Daubail,  en  Cuirasse. 

147.  —  Celuy  de  M.  Drouais,  Peintre  de  l'Académie. 

148.  —  Celuy  de  M.  Gilcain,  Peintre  (en  huile). 

149.  —  Celuy  du  petit  Desnoyel,  tenant  une  Poule  huppée. 

150.  — ■  Celuy  d'un  jeune  Ecolier,  frère  de  l'Auteur,  tenant  un 
Livre  (en  huile). 

Le  portrait  du  jeune  écolier,  frère  de  l'auteur,  tenant  un  livre, 
serait-il  celui  qui  se  trouvait  autrefois  dans  la  collection  Teplov 
où  il  passait  pour  un  Greuze  ou  pour  un  Lépicié  ?  Somov  le  décrit 
ainsi  dans  le  Catalogue  du  Musée  de  l'Ermitage  (1)  :  «  Un  jeune 
garçon  blond,  d'une  douzaine  d'années,  vêtu  d'un  habit  lilas  et 
d'un  i^ilet  bleu,  est  assis  sur  une  chaise.  Il  tient  de  la  main  gauche 
un  livre  relié  en  cuir  qu'il  feuillette  de  l'autre  main.  Le  regard 
du  jeune  homme  est  tourné  vers  le  spectateur.  Sur  la  table  se 
trouve  encore  un  livre.  Figure  à  mi-corps.  Fond  gris  brun.  » 

Nous  ne  savons  ce  qu'est  devenu  «celuy  du  petit  Desnoyel »( 2). 
Le  portrait  de  M.  le  marquis  d'Aubaïs,  en  cuirasse,  a  appartenu 
au  peintre  Emile  Lévy.  Nous  n'avons  pu  voir  ce  portrait  qui 
avait  été  adjugé,  lors  de  la  première  vente  Laperlier,  en  1867, 
au  marquis  de  Beurnonville,  puis  cédé  par  lui  au  peintre  Emile 


(1)  Edition   1908. 

(2)  Ce  pastel,  très  abimé,  a  été  vu,  il  y  a  une  vingtaine   d'années,  par  M.  Jacques  Doucet, 
cliez   l'expert   Ferai   fils. 


PI.  4 


POUTUAIT  Di;  JliUNi;  lEMMIi 

Pastel.  Siyné  et  daté  1746. 

(A  il    le  vicomte  l'eriKuul  île  lîoniiev:il) 


—  15  — 

Lévy,  aujourd'hui  disparu.  Par  contre,  nous  connaissons  la  gra- 
vure qu'en  a  exécutée  J.  Daullé,  probablement  avec  la  collabo- 
ration de  Wille  :  un  médaillon  ovale  contient  le  personnage  vu 
à  mi-corps,  couvert  d  une  cuirasse,  tourné  de  gauche  à  droite, 
regardant  de  face  et  coiffé  d'une  perruque  moutonne  ;  il  repose 
sur  un  socle  où  on  lit,  de  part  et  d'autre  d'un  écusson  engagé, 
la  devise  suivante:  «  Charles  de  Baschi,  marquis  d'Aubaïs,  baron 
du  Caïla,  seign.  de  Junas,  etc.,  né  au  Ch^"  de  Beauvoisin,  le 
20  mars  1686.  »  Ce  portrait  robuste,  franc,  qui  ne  déguise  rien 
de  la  rondeur  un  peu  ironique  du  visage,  est  celui  d'une  person- 
nalité curieuse  du  XVlir  siècle.  Si  l'on  en  croit  la  brochure  de 
Prosper  Falgairolle  (  1  ),  Charles  de  Baschi  entra  à  l'âge  de  18  ans 
dans  la  première  compagnie  des  mousquetaires,  fit  la  campagne 
de  1705,  puis  démissionna.  Il  avait  réuni,  dans  son  château 
d'Aubaïs,  une  riche  bibliothèque,  publié  une  Géographie  histo- 
rique et  fourni  à  Ménard  les  matériaux  de  son  Recueil  de  pièces 
jugitives  pour  servir  à  l'histoire  de  France.  Il  mourut  le  5  mars 
1777,  âgé  de  91  ans.  I.a  cuirasse  qu'il  porte  ne  fait-elle  pas  allusion 
à  son  passé  militaire  ? 

Nous  avons  vu  dans  la  collection  Noël  Valois  un  portrait  au 
pastel  de  Hubert  Drouais  (2),  peintre  de  l'Académie,  élève  de 
De  Troy,  né  à  la  Roque,  dans  l'Eure,  reçu  membre  de  l'Acadé- 
mie Royale  de  peinture  en  1730,  mort  à  Paris  en  1767,  le  père 
de  François-Hubert  Drouais  et  le  grand-père  de  Jean-Germain 
Drouais  (pi.  16)  ;  mais  ce  ne  peut  être  celui  qui  a  figuré  au  Salon 
de  1746,  car  on  lit  en  bas  et  à  gauche  la  signature  et  la  date: 
Pcrronecm,  7/5/,  au  dos:  «  peint  par  Peronot  de  l'Acad.  Royalle 
de  France  »,  enfin  cette  autre  note:  «  Ce  portrait  est  celui  de 
M.  Drouais,  le  père  de  M""  Lutton,  peint  par  M.  Peronneaux, 


(\)  Le  matquis  d'Aubaïs,  célèbre  érudii  du  XVIII''  siècle  et  ses  lettriS  autoi;raphcs  inédites. 
par  Prosper  Faloairolle,  membre  de  la  Sociêlé  lranç.'\i,<:e  d'archéologie,  de  l'Académie 
de  Nîmes  (Clermont-l'Hér-iiilt,  Saturnin  Léotard,   1887,   in-K"  de   130  p.l. 

(2)  Ce  pastel  appartient  aujourd'hui  à  M.  et  M"'"  Daniel  Hillé. 


__  16  — 

peintre  de  l'Accadémie  Royalle   de  peinture  et  de  sculpture, 
peint  en  l'année  1754    » 

Nous  en  sommes  réduits  à  un  seul  portrait  :  «  C-eluy  de  M.  Gil- 
cain,  peintre  (en  huile)  »  pour  apprécier  l'exposition  de  Perron- 
neau  au  Salon  de  1746.  A  la  vérité,  ce  portrait  qui  fait  partie 
de  la  collection  Léon  Michel-Lévy  pourrait,  lui  aussi,  prêter  à 
discussion.  On  lit  en  effet,  sur  un  papier  collé  au  revers  de  la 
toile:  «  Ce  tableau  est  le  portrait  du  S'  Gillequin,  peintre  et  amy 
»  du  Chevalier  Arnoud  qui  le  fit  son  héritier  et  est  peint  par 
»  Perronneau,  environ  l'an  1750.  Gillequin  fi.xa  son  séjour  à 
»  Angers,  je  lalois  voir  à  un  passages  en  cette  ville.  En  1754,  je 
»  le  trouvay  à  l'extrémité  d'une  Goutte  remontée  ;  il  me  pria 
»  d'accepter  son  portrait,  prévoyant  bien  que  il  n'iroit  pas  loing. 
»  En  effet,  2  jours  après,  il  mourut. 

»  La  présente  notte  faitte  à  Orléans  le  4  7'"^«  1768.  )> 

Desfrîches. 

Il  se  peut  que  Desfriches,  qui  assigne  au  tableau  la  date  de  1750, 
se  trompe.  Il  écrit  sa  note  en  1768,  soit  quatorze  années  après  son 
information,  et  d'ailleurs  il  fait  précéder  la  date  du  mot  environ. 
Dans  un  inventaire  de  son  cabinet  du  3  septembre  1760,  il  men- 
tionne et  estime  ainsi  ce  portrait  : 

5.  —  Le  portrait  de  Gillequin  par  Peronneau,  présent  qui  ma 
esté  fait  (la  bordure  douze  1.),  trente  L. 

Dans  un  autre  inventaire  du  28  juin  1774,  il  porte  son  estima- 
tion de  trente  à  soixante-douze  livres. 

La  valeur  marchande  des  Perronneau  avait  donc  au  moins 
doublé  de  1760  n  1774  !  Sur  la  personnalité  du  peintre  Gillequin, 
on  sait  peu  de  choses.  11  naquit  vers  1695  et  mourut  vers  1754. 
Dans  son  livre  sur  Le  théâtre  à  Dijon  (  1  ) .  M.  Louis  de  Gouvenain 
relate  que  «  le  28  janvier  1733,  le  peintre  Gilquin,  auteur  d'un 
'.(  opéra  par  machine,  capable  de  divertir  et  de  donner  satis- 
faction   au    public  »,    obtint    l'autorisation    «  de    le    faire    voir 

(1)  Louis  de  Gouvenain.  Le  théâtre  à  Diion  (1422-1790),  Dijon,  1888. 


—  17  — 

à  prix  d'argent  et  aux  heures  convenables,  «  à  condition 
«  de  tenir  la  main  à  ce  qu'il  ne  soit  fait  aucun  scandale  ».  L'opéra 
de  Gilquin  est  le  premier  qui  ait  été  composé  pour  le  théâtre  de 
Dijon  ;  je  regrette  de  n'être  pas  renseigné  au  sujet  du  mérite  et 
du  succès  de  cette  oeuvre,  dont  les  interprètes  et  le  titre  me  sont 
également  inconnus.  »  Nous  avons  relevé  dans  le  livret  du  Salon 
de  1745  une  tête  représentant  M.  Gilquin,  peintre,  par  Nonnotte. 
L'indication  du  séjour  de  Gillequin  à  Angers  reste  précieuse  et 
peut  nous  faire  supposer  un  voyage  de  Perronneau  dans  cette 
ville  avant  l'année  1746.  En  tout  cas,  nous  ne  croyons  pas  que 
le  mot  de  chef-d'œuvre  soit  exagéré  pour  exprimer  la  valeur 
de  ce  tableau,  la  première  en  date  des  peintures  connues  de 
Perronneau,  et  affirmer  qu'il  équivaut  aux  portraits  d'Adam 
l'aîné  et  d'Oudry,  qu'il  devance  de  quelques  années.  Comment 
oublier  la  solidité  de  construction  de  cette  figure  énergique,  la 
droiture  de  ce  regard  fixé  vers  le  spectateur,  la  différenciation 
nuancée  des  valeurs  et  cependant  l'unité  du  modelé,  l'accent 
dédaigneux  de  la  courbe  des  narines,  le  léger  pli  de  scepticisme 
de  la  bouche,  l'exécution  d'un  pinceau  fier,  toujours  promené 
dans  le  sens  de  la  forme,  la  robuste  matière  qui  conserve  dans 
certaines  parties,  comme  le  tour  de  cou  en  linon  et  le  jabot,  tout 
le  floconneux  et  toute  la  fieur  du  pastel  ! 

Le  vicomte  Fernand  de  Bonneval  possède  un  très  gracieux 
portrait  ovale  de  jeune  femme,  signé  :  Perronneau  pinx.  1746. 
Le  modèle  est  tourné  de  trois  quarts  vers  la  gauche  ;  dans  ses 
cheveux  à  peine  poudrés,  s'attachent  une  plume  bleue  et  une 
fine  dentelle  ;  l'oreille  gauche  est  dégagée.  Son  corsage  vert  pâle, 
décolleté  en  ovale,  est  relié  sur  les  épaules  par  des  nœuds  bleus. 
Un  large  nœud  de  soie  bleue  orne  le  devant  du  corsage  (pi.  4). 

La  critique  ne  dédaigna  pas  le  premier  salon  de  Perronneau. 
Lafont  de  Saint-Yenne   (1),   après  avoir  marqué  la   vogue   du 

(1)  Réflexions  sur  quelques  causes  de  l'état  présent  de  la  peinture   en   France  avec   un 
examen  des  principaux  ouvrages  exposés  au  Louvre  le  mois  d'Août  1746.  M.  DCCXLVII. 


—  18  — 

pastel,  son  infériorité  par  rapport  à  la  peinture  proprement  dite, 
ajoute  :  «  Je  viens  aux  Pastels,  espèce  de  Peinture  excessive- 
ment à  la  mode,  et  à  laquelle  le  sieur  La  Tour  a  donné  une  vogue 
et  un  crédit  qui  semble  ne  pouvoir  pas  augmenter,  par  les  pro- 
diges qu'il  a  enfanté  en  ce  genre.  11  est  vrai  qu'il  a  fait  une  foule 
de  misérables  imitateurs.  Tout  le  monde  a  mis  ces  craïons  de 
couleur  à  la  main  :  il  en  est  de  même  chez  nous  de  tout  ce  qui  est 
de  mode,  le  Public  l'adopte  avec  fureur.  Combien  l'inimitable 
Vatteau  a  fait  de  mauvais  singes  dans  son  tems  !...  J'aurois  bien 
des  choses  à  dire  en  faveur  des  Pastels  des  sieurs  Drouais,  Loir, 
Peronneau...  mais  ce  seroit  répéter  une  partie  des  louanges  que 
je  viens  de  donner  aux  talens  de  leurs  confrères  et  que  je  n'ai 
point  l'art  de  savoir  varier.  » 

La  participation  de  Perronneau  au  Salon  de  1747  ne  fut  pas 
moins  remarquable.  On  lit,  en  effet,  dans  le  livret  de  cette  année  : 

125.  —  Un  portrait  au  Pastel  du  fils  de  M.  le  Moyne,  Sculp- 
teur ordinaire  du  Roy,  âgé  de  cinq  ans. 

126.  —  Autre  représentant  M.  ***  en  habit  de  bal  (une  autre 
édition  porte:  n°  126.  Autre  représentant  M.  ***  en  Domino.) 

127.  —  Autre,  M.  Huquer  d'Orléans. 

128.  —  Autre,  peint  à  l'Huile,  représentant  M""'  de  Villeneuve 
les  mains  dans  son  Manchon. 

129.  —  Autre  représentant  M.  C...  (une  autre  édition  porte: 
Autre  représentant  M"°  ***  tenant  un  éventail). 

129'''^.  —  Le  fils  de  M.  Huquer,  tenant  un  Lapin. 

Le  numéro  125  a  été  identifié  —  un  peu  rapidement  peut- 
être  —  avec  le  portrait  de  la  collection  de  M.  Groult,  le  père. 
Le  possesseur  le  considérait  comme  étant  celui  du  jeune 
Lemoyne,  âgé  de  5  ans.  Ce  pastel,  qui  est  signé  dans  le  bas,  à 
droite,  n'est  pas  daté.  Au  dos,  on  lit,  en  écriture  du  temps: 
«  Ce  pastel  a  été  fixé  par  Loriot  ».  Le  fait  qu'il  représente  un 
charmant  petit  garçon  au  minois  éveillé  et  fûté  ne  démontre  pas 


PI.  5 


Gauuiul  Ilu(ii;u-.R 
Pastel.  Signé  et  daté  1747. 

(.A  M.  .An.liL-  Liizard) 


—  19  — 

suffisamment  l'identité  supposée.  Cependant  on  retrouve  les 
traits  de  l'enfant  dans  un  pastel,  par  Louis  Vigée,  de  Jean- 
Baptiste-Antoine  Lemoyne,  fils  aîné  du  sculpteur,  né  à  Paris 
le  17  août  1742,  mort  à  Port-au-Prince  le  14  mars  1781.  Ce 
pastel,  passé  en  février  1912  dans  la  vente  de  la  collection  de 
M.  Yves  Le  Moyne,  le  représente  âgé  de  vingt  ans  environ. 

On  voyait  à  l'Exposition  de  Cent  Pastels,  en  1908,  un  pastel 
d'enfant  appartenant  à  M.  Albert  Lehmann  qui  était  signé  en 
bas  à  droite:  Perronneau  pinx.  1747,  et  que  l'on  donnait  comme 
le  «  portrait  présumé  d'un  fils  de  Le  Moyne,  sculpteur  du  roi  ». 

Nous  ignorons  la  destinée  des  portraits  de  M'"'  de  Villeneuve, 
une  orléanaise  (1),  les  mains  dans  son  manchon,  de  M.  C...  ou 
M""  ***,  tenant  un  éventail.  Par  contre,  sur  le  numéro  127, 
M.  Huquer,  d'Orléans,  et  le  numéro  129'"'%  le  fils  de  M.  Huquer, 
tenant  un  lapin,  nous  avons  de  précieuses  indications.  Le  por- 
trait de  Huquier  le  père  (collection  André  Lazard)  ne  prête 
pas  à  la  discussion.  Le  pastel  (pi.  5),  remarquable  en  tous  points, 
est  signé  au  milieu,  à  gauche  :  Perroneau  en  1747 ,  Février. 

Il  s'agit  de  Gabriel  Huquier,  dessinateur  et  graveur,  né  à 
Orléans  en  1695,  qui  s'établit  à  Paris  comme  marchand 
d'estampes,  dessina  des  ornements  dans  le  goût  chinois,  grava  à 
l'eau-forte  d'après  F)Oucher,  Gillot,  Watteau,  et  autres  maîtres 
français.  Il  avait  réuni  une  nombreuse  collection  de  dessins  et 
d'estampes  qu'il  ouvrait,  à  certains  jours  de  la  semaine,  aux 
artistes  et  aux  amateurs.  On  lit  dans  une  lettre  de  Jombert, 
adressée  à  Desfriches  après  la  mort  de  Huquier,  en  date  du 
12  juillet  1772:  «  On  va  faire  un  nouveau  catalogue  des  desseins 
et  estampes  restans  dans  le  cabinet  de  Huquier  et  comme  son 
recueil  de  mille  desseins  choisis  des  plus  grands  maîtres  des  trois 
écoles  sera  détaillé  ainsi  que  les  estampes  de  son  œuvre  de 
Le  Clerc,  cela  fera  encore  un  catalogue  assés  ample.  »  Dans  la 


(I)    Dans  sn  lettre  ùu   10  avril    177.Î,   Perronneau  écrit  .^   Desfriclies  :   "  Je  salluë  nos  amis 
et  particulièrement  Monsieur  Soyer,  Alonsieur  de  Villeneuve  et  Madame  son  Epouze.  » 


—  20  — 

même  lettre,  quelques  lignes  auparavant  :  «  Vous  scavés  que  ce 
pauvre  Huquier  est  mort  il  y  a  près  d'un  mois  ;  le  scellé  est 
encore  sur  tous  ses  effets  ;  comme  on  ne  reçoit  point  de  nouvelles 
de  son  vaurien  de  fils  qui  est  en  Angleterre,  et  à  qui  l'on  écrit 
inutilement  tous  les  ordinaires,  on  s'est  déterminé  à  appeler  le 
substitut  du  procureur  du  roy  qui  tiendra  lieu  de  la  présence  du 
fils  et  l'on  compte  commencer  demain  l'ouverture  du  scellé  ; 
il  me  paroist  que  le  bonhomme  Huquier  n'est  pas  mort  si  riche 
qu'on  le  pensoit  et  une  partie  de  son  héritage  s'en  ira  en  frais  de 
justice  et  de  procédure.  La  veuve,  le  gendre,  les  enfans  ne  sont 
jamais  d'accord  et  vivent  ensemble  comme  chiens  et  chats.  Cela 
vérifie  le  proverbe,  ce  qui  vient  de  la  flûte  s'en  retourne  au 
tambour.  » 

Cette  lettre  nous  fait  pénétrer  dans  un  intérieur  d'artiste  au 
XVlir  siècle  ;  elle  transforme,  avec  les  années,  le  fils  de 
M.  Huquier  tenant  un  lapin  (n°  129''''  du  Salon,  1747),  Gabriel 
Huquier,  graveur,  en  «  un  vaurien  de  fils  ».  Voilà  en  tout  cas 
Perronneau  portraitiste  attitré  des  Orléanais  et  des  nombreux 
amis  de  Desfriches. 

La  critique  ne  se  montra  pas  plus  circonspecte  que  l'année 
précédente,  et  l'abbé  Leblanc,  lui-même,  le  panégyriste  de 
La  Tour,  avoue  dans  sa  Lettre  sur  l'Exposition  des  ouvrages  de 
peinture,  sculpture,  etc.,  de  Vannée  1747,  faisant  allusion  au 
portrait  de  Huquier  le  père:  «  Près  de  ce  tableau  (une  marine 
de  Le  Bel),  on  voit  un  portrait  en  pastel,  par  un  jeune  homme 
nommé  M.  Perroneau,  qui  est  plein  d'esprit  et  de  vie  et  qui  est 
d'une  touche  si  vigoureuse  et  si  hardie  qu'on  le  prendroit  pour 
être  d'un  Maître  consommé  dans  son  Art.  Que  ne  doit-on  pas 
espérer  de  quelqu'un  qui  marque  tant  de  talent  dans  ses  premiers 
Ouvrages  ?  » 

Nous  connaissons  un  pastel  de  Perronneau  qui  vaut  l'effigie 
de  Huquier  le  père,  et  qui  porte  l'inscription  :  Perronneau,  pinx. 
No^''^.  1747,  mais  qui  ne  figura  pas  au  Salon  de  la  même  année. 


—  21  — 

C'est  le  portrait  du  comte  de  Bastard  (collection  David 
Weill)  (1).  Il  constitue  pour  nous  un  document  signé,  de  la  plus 
grande  valeur  (pi.  6).  En  effet,  il  y  a  eu  à  Toulouse,  au  XVIir  siècle, 
une  famille  de  parlementaires  portant  le  nom  de  Bastard  de 
l'Estang,  et  il  existe  encore  aujourd'hui,  paraît-il,  des  représen- 
tants de  cette  famille  à  Agen.  Citons  dans  cette  généalogie: 
Dominique  de  Bastard,  seigneur  de  la  Fitte  et  de  Pominet,  né 
le  18  janvier  1683,  reçu  conseiller  au  parlement  de  Toulouse 
en  1704,  doyen  en  1753,  premier  président  nommé  en  1762, 
conseiller  d'Etat  en  1774,  mort  au  mois  de  novembre  1777  ; 
François  de  Bastard,  né  à  Toulouse  le  16  décembre  1722,  succes- 
sivement conseiller  au  Parlement  de  Toulouse,  maître  des 
requêtes,  premier  président  du  Parlement  de  Toulouse,  conseil- 
ler d'Etat,  chancelier  garde  des  sceaux  de  S.  A.  R.  Mgr  le  comte 
d'Artois,  mort  à  Paris  le  20  janvier  1780. 

Le  costume  concorde  avec  ces  indications  :  le  personnage 
porte  une  perruque  poudrée,  environnée  de  frisures  et  dite  de 
ft  procureur  »,  par  la  raison  que  les  gens  de  robe  conservèrent 
longtemps  encore  sur  leurs  épaules  la  crinière  du  XVIT  siècle. 
Perronneau    serait-il    allé    à    Toulouse    en    novembre    1747? 

Il  semble  bien,  en  tout  cas,  qu'il  soit  allé  à  Orléans  puisque, 
cette  même  année,  il  a  peint  à  l'huile  le  portrait  de  Charles 
Le  Normant  du  Coudray,  «  conseiller  et  procureur  du  Roy  de 
la  garde  du  milieu,  fores  d'Orléans  »,  par  ailleurs  bibliophile  et 
amateur.  Le  modèle  a  35  ans;  le  visage  respire  l'intelligence 
et  la  finesse  qui  ne  sont  pas  incompatibles  avec  l'amour  de  la 
chasse  dont  témoigne  un  fusil  passé  à  la  bretelle  et  un  épagneul 
que  le  personnage  tient  sous  le  bras.  Habit  vert  olive,  col,  jabot 
et  manchette  de  lingerie  ;  les  cheveux  non  poudrés  et  noués  en 
catogan  (2). 


(1)  Adjugé   116,100  francs  à  la  vente  de  la  collection   Doucet. 

(2)  Ce   portrait  appartient  .i   M.    B.    Fossard  ;   il   a  été  signalé  et   étudié  par   M.   Charles 
Saunier,  dans  la  Revue  de  l'Art  ancien  et  moderne  (n»  de  janvier   1922). 


—  22  — 

Est-ce  à  la  même  année  qu'il  faut  situer  le  portrait  du  «  Sach- 
sichen  Kammerat  C.  Friedrich  Kregel  von  Sternbach  (1717- 
1789)?  Cette  effigie  du  conseiller  de  la  chambre  ducale  de  Saxe, 
peinte  à  l'huilé,  est  signée:  Perronneau  pinx.  Paris,  17.7  (1). 
Cette  indication  incomplète  de  la  date  donne  à  supposer,  d'après 
l'âge  probable  du  personnage,  qu'il  s'agit  de  1747. 

Au  Salon  de  1748,  Perronneau  exposait  : 

95.  —  Celui  du  Révérendissime  ***,  abbé  Régulier  de  Paris, 
peint  à  l'Huile. 

96.  —  Autre  au  pastel,  de  M.  Olivier  en  Habit  de  velours, 
appuyé  sur  une  Table. 

97.  —  Celui  de  Madame  Son  Epouse,  habillée  d'une  Robbe 
de  Pequin. 

98.  —  Celui  de  M.  ***,  de  l'Académie  Royale  de  Musique 

99.  —  Mademoiselle  Amédée  de  l'Opéra,  en  Domino  noir. 
100.  —  Madame  de  ***,  en  Habit  couleur  de  rose. 

Nous  ne  connaissons  le  portrait  de  Lazare  Chambroy,  abbé 
général  de  Sainte-Geneviève  en  1745  et  confirmé  dans  ses  fonc- 
tions en  1747,  cette  extraordinaire  figure  de  sacristain,  marquée 
de  petite  vérole,  que  par  la  belle  gravure  qu'en  a  exécutée  Jean 
DauUé  d'Abbeville  (2).  Quant  aux  portraits  de  M.  Olivier  et 
de  M""'  Son  Epouse  (de  la  collection  de  M.  Groult  père),  il  sont 
tous  deux  signés  et  datés:  1748  ;  le  costume,  l'attitude  et  la  date 
les  identifient  avec  les  numéros  96  et  97  du  livret  du  Salon. 
La  tradition  veut  que  les  personnages  représentés  appartiennent 
à  une  famille  marseillaise.  Or,  il  y  a  eu  au  XVlir  siècle,  à  Bor- 
deaux, un  ingénieur  maritime  de  ce  nom,  travaillant  pour  le  roi. 
Nous  avons  eu  en  mains  un  livre  qui  lui  a  appartenu.  I!  n'est 
donc  pas  impossible  que  Perronneau  ait  fait  un  premier  séjour 


(1)  Elle  se  trouve  à  la  Bibliothèque  de  l'Université  de  Leipzig. 

(2)  11  existe,  au  Cabinet  des  Estampes  de  la   Bibliothèque  nationale,  deux  états  de  cette 
gravure. 


PI.  6 


Lk  COMTK  de   liASTAIiD 

Pastel.  Signé  et  daté  1747. 

(A.  il.  D;ivUl  WcillJ 


—  23  — 

à  Bordeaux  au  début  de  l'année  1748  et  que  les  portraits  de 
M.   et  de   M"'  Olivier  en  soient  les  témoignages. 

C'est  à  propos  de  ces  deux  portraits  que  Saint-Yves  déclare(l)  : 
«  Qui  peut  aussi  dans  le  genre  de  M.  de  la  Tour  voler  comme 
lui  de  merveilles  en  merveilles  ?  Ce  sera  M.  Peronneau,  s'il  veut 
continuer  ainsi  qu'il  a  commencé.  Deux  portraits  (n°'  96  et  97) 
qu'il  a  exposés  cette  année,  sont  d'heureux  présages  de  la  gloire 
qui  l'attend.  Mais  ce  ne  sera  certainement  point  le  tas  de  jeunes 
peintres,  qui  enivrés  des  succès  de  M.  de  la  Tour,  ne  semblent 
manier  les  crayons  colorés,  que  pour  faire  sentir  le  mérite  de 
celui-ci.  Ces  reproches  ne  sont  pas  faits  pour  M.  Peronneau, 
que  je  viens  de  louer,  et  pour  M.  Loir,  qui  mérite  de  l'être: 
connu  comme  un  bon  sculpteur,  on  le  verra  dans  peu  un  excel- 
lent peintre...  » 

Et  l'auteur,  après  avoir  déploré  tout  ce  qu'il  y  a  d'éphémère 
dans  le  pastel,  et  regretté  que  M.  de  La  Tour  ne  peigne  pas  à 
l'huile,  parle  de  la  technique  de  Perronneau  :  «  Il  n'est  donc  pas 
étonnant  qu'un  Peintre  ayant  fait  cette  réflexion,  et  cherchant  à 
conserver  à  la  nature  toute  sa  force  qui  dégénère  dans  l'imitation 
comme  l'imitation  dégénère  par  la  distance  d'où  elle  est  consi- 
dérée, charge  les  parties  qui  en  ont  le  plus  de  besoin  de  touches 
fortes  qui,  à  leur  tour,  se  confondant  à  un  certain  éloignement, 
ne  forment  plus  qu'un  tout  uni  aux  yeux  du  spectateur  ;  le  por- 
trait de  M.  Peronneau  (n°  96)  vu  de  près,  et  ensuite  de  la 
distance  de  cinq  pieds,  servira  à  nous  faire  entendre.  » 

Le  numéro  98,  portrait  de  M.  ***,  de  l'Académie  Royale  de 
Musique,  se  trouve  identifié  par  le  manuscrit  de  M.  l'abbé 
Gougenot  (2).  Parlant  du  i;alon  de  1748,  il  écrit:  «  M.  Peron- 


(1)  Observations  sur  les  arts  et  sur  quelques  morceaux  Je  peinture  et  de  sculpture 
exposés  au  l.ourre  en  1748,  où  il  est  parlé  de  l'utilité  de  l'embellissement  dans  les  villes, 
Leyde,  chez  Elias  Luzac  Jun.   1748   (page  O.S.) 

(2)  Manuscrit  de  M.  l'abbé  GouRcnot,  conseiller  au  Grand  Conseil:  Critiques  sur  la  pein- 
ture, la  sculpture,  la  gravure  et  l'architecture.  A  Paris  MDCCL,  Cabinet  des  estampes 
Y  b  154. 


—  24  — 

neau  ne  s'est  pas  moins  distingué  dans  ce  salon  que  dans  les 
précédens.  Evitant  pour  les  dispositions  ces  lieux-communs  dans 
lesquels  les  peintres  à  portraits  ne  tombent  que  trop  souvent,  les 
siens  se  font  autant  remarquer  par  une  variété  de  belles  attitudes 
que  par  le  bon  caractère  de  dessein  dans  lequel  il  excelle.  Quand 
de  jeunes  sujets  se  présenteront  avec  de  tels  talens,  l'Académie 
ne  sévira  plus  sans  doute  contre  le  Pastel.  Ce  peintre  cependant 
devrait  faire  les  derniers  efforts  afin  que  les  corps  de  ses  figures 
appartinssent  mieux  à  leurs  têtes  et  se  souvenir  de  ce  principe  : 

Singiila  memhra  stio  capiti  conjorniia  fiant. 

Unum  idemqiie  simtil  corpus  cum  vesiibus  ipsis. 
Duf.  de  art.  Grap. 

Il  faut  pourtant  convenir  qu'il  a  été  plus  correct  dans  ses 
ensembles  cette  année  et  qu'on  ne  peut  lui  faire  ce  reproche  que 
dans  le  portrait  du  sieur  Le  Page,  où  le  corps  est  trop  large,  ce 
qui  fait  d'autant  plus  de  peine  que  la  tête  en  est  touchée  à  ravir. 
D'ailleurs,  il  devrait  donner  plus  d'attention  pour  rendre  ses 
étoffes.  » 

Les  archives  de  l'Opéra  indiquent  deux  artistes  portant  le 
nom  de  Le  Page,  une  basse-taille  et  une  haute-contre.  Elles  nous 
donnent,  ainsi  que  les  mémoires  de  J.-L.  Dufort,  comte  de 
Cheverny,  de  gracieux  détails  sur  M"'  Amédée  de  l'Opéra,  en 
domino  noir  (n°  99),  qui  fut  enlevée  par  le  duc  de  Cumberland, 
et  passait  au  demeurant  «  pour  la  meilleure  fille  du  monde  ». 

Dufort  écrit:  «  M.  de  Chailly,  qui  apparamment  me  trouvait 
trop  jeune,  ne  me  disait  pas  tout.  11  avait  découvert  une  très 
jolie  danseuse  de  l'Opéra  de  Paris,  M"^  Amédée,  dont  on  disait 
qu'elle  était  la  meilleure  fille  du  monde,  puisqu'elle  était  sans 
soucis  !  L'art  lui  en  avait  fait  deux  beaux  et  si  réguliers  qu'au 
vrai  elle  avait  une  physionomie  délicieuse... 

L'inspecteur  de  police  Meunier  note  sur  ses  rapports  : 

a  M""  Amédée,  danseuse  de  l'Opéra.  Du  14  août  1749.  Demeure 
rue  du  Mail,  près  la  place  des  Victoires,  à  côté  d'un  chirurgien 


—  25  — 

au  second.  Elle  est  âgée  d'environ  23  à  24  ans,  petite,  brune,  les 
yeux  noirs,  belle  bouche,  des  sourcils  postiches.  Elle  a  été  entre- 
tenue par  M.  de  Fatay  intendant  des  finances  ;  actuellement  elle 
a  M.  le  duc  d'Olonne,  maréchal  de  camp,  rue  de  Bourbon,  fau- 
bourg Saint-Germain.  Il  est  garçon  âgé  de  24  à  25  ans. 

»  Le  4  janvier  1750.  Elle  demeure  depuis  environ  quatre  mois 
cul  de  sac  de  la  rue  Saint-Thomas  du  Louvre.  Elle  est  âgée 
d'environ  22  ans,  grande  (sic)  et  bien  faite,  brune,  les  yeus:  noirs 
et  grands,  la  bouche  belle,  les  sourcils  teints,  néanmoins  jolie. 
Elle  est  fille  du  nommé  Valat,  fondeur,  peu  à  son  aise,  demeure 
rue  Princesse,  faubourg  Saint-Germain  ;  sa  mère  est  encore 
vivante  ;  on  lui  fit  apprendre  le  métier  de  couturière.  Pendant  le 
temps  de  son  apprentissage,  elle  fit  la  connaissance  du  nommé 
Belgrem,  espèce  de  domestique,  sous  le  titre  de  fourier  des 
écuries  de  M.  le  comte  de  Charolois  qui  l'épousa.  Ils  ne  restèrent 
que  peu  ensemble.  Elle  fut  entretenue  alors  par  le  chevalier  de 
Clermont  d'Amboise,  colonel  du  Régiment  de  Bretagne  Infanterie. 
Depuis  elle  est  entretenue  par  le  duc  d'Olonne  qui  fait  pour  elle 
des  dépenses  considérables.  Le  duc  d'Olonne  est  âgé  de  33  à 
34  ans  et  veuf  depuis  environ  quatre  mois.  Il  manque  peu  d'opéra 
pour  y  jouir  particulièrement  du  plaisir  d'y  voir  la  d''  Amédée. 
Elle  a  fait  ses  couches  à  Vannes  chez  le  duc  d'Olonne.  Elle  jouit 
de  3  à  4000  1.  de  rente.  » 

Le  numéro  100,  M""  D...  en  habit  couleur  de  rose,  est  plus 
explicitement  identifié  par  les  deux  premières  éditions  du  livret 
de  1748,  où  on  lit  :  «  Mademoiselle  de  l'Epée  la  jeune  «  en  habit 
couleur  rose.  Or,  il  existait,  dans  la  collection  Groult,  un  pastel 
signé  et  daté  :  Perroneau,  1748.  représentant  une  femme  âgée, 
en  demi  figure,  à  la  physionomie  spirituelle,  coiffée  d'une  fan- 
chon,  vêtue  de  rose  tendre,  attifée  d'un  tour  de  cou  noir  et 
d'un  fichu  de  dentelle  où  s'attache  une  petite  croix.  Nous  n'osons 
pas  affirmer  qu'il  y  ait  identité  entre  les  deux  personnages, 
encore  que  «  la  jeune  »  signifie  la  cadette. 


—  26  — 

La  duchesse  d'Ayen  est  aussi  une  de  ces  jeunes  vieilles  d'une 
époque  où  les  femmes  savaient  vieillir  avec  esprit.  Son  portrait, 
une  peinture,  existe  encore  dans  la  collection  de  M.  David  Weill 
(pi.  7)  ;  il  est  signé  au  milieu  à  droite:  Perronneau,  1748,  et  il 
mesure  lm20  de  hauteur  sur  1  mètre  de  largeur.  Par  son  impor- 
tance, comme  par  sa  réussite,  il  mérite  d'avoir  figuré  à  cette  revue 
étonnante  des  femmes  du  XVIir  siècle  que  fut  l'Exposition  des 
Cent  portraits  de  femmes  et  qui  fut  passée,  en  1909,  sur  la  ter- 
rasse du  Jardin  des  Tuileries. 

Elle  est  représentée  dans  un  fauteuil  canné  doré  ;  la  neige  de 
ses  cheveux  s'auréole  d'une  cornette  gaufrée  et  d'un  papillon 
blanc  posé  au  point  dit  «  physionomie  »  ;  autour  du  cou,  un  triple 
rang  d'améthystes;  une  palatine  de  dentelle  rejoint  les  nœuds 
du  «  parfait  contentement  »  ;  un  tablier  s'épingle  sur  la  robe  en 
velours  bleu  turquoise.  Aux  manches,  des  «  engageantes  »  de 
dentelle,  dont  les  blancs  crémeux  jouent  avec  le  fond  ambré  et 
les  petits  poignets  de  «  Chantilly  noir  ».  Une  main  repose  sur  la 
table  à  ouvrage  ;  l'autre,  sur  le  travail  commencé. 

La  duchesse  d'Ayen  fit  faire  ce  portrait  pour  sa  sœur  Catherine 
Le  Couteulx,  femme  de  Jean-Baptiste  Devin,  trisaïeul  du  comte 
de  Lagarde  auquel  il  appartenait  avant  de  passer  dans  la  collec- 
tion de  M.  David  Weill. 

M.  Aicard  possède  un  remarquable  portrait  d'homme,  au 
pastel,  signé:  Peroneau  et  daté:  1748,  mesurant  0m67x0m51, 
portrait  qui  proviendrait  des  environs  de  Dijon  et  représente  un 
homme  offrant  quelque  ressemblance  avec  le  portrait  de  Per- 
ronneau du  musée  de  Tours.  Le  personnage,  vu  de  face,  porte 
un  habit  bleu  de  France  à  boutons  de  filigrane  d'or  et  s'enlève 
sur  un  fond  rompu  d'or  ;  il  a  un  tricorne  passé  sous  le  bras  gauche 
dont  la  main  est  elle-même  engagée  dans  le  gilet  d'où  déborde 
un  jabot  de  lingerie  (  pi.  8) . 

La  critique,  nous  l'avons  vu,  fut  favorable  au  pastelliste.  On 


PI. 


La  duchrssk  d'Ayen 
Pointure.  Sisnée  et  datée  1748. 

(A  M.  David  Weill) 


—  21  — 

eut  l'impression  que  Perronneau  devenait  pour  La  Tour  un 
rival  digne  de  considération,  et  Baillet  de  Saint-Julien  semble 
résumer  parfaitement  le  sentiment  de  ses  contemporains  en 
écrivant  (1):  «  Je  crois  qu'on  peut  parler  de  M.  Peronneau 
après  M.  La  Tour.  Il  suit  ses  traces  de  fort  près  et  probable- 
ment doit  prendre  un  jour  de  ses  mains  le  sceptre  du  pastel, 
lorsque  celui-ci,  satisfait  de  la  grande  multitude  de  ses  triomphes, 
songera  à  se  reposer  à  l'ombre  de  ses  lauriers.  » 

La  môme  année,  Perronneau  portraicturait  le  prince  d'Ardore, 
marquis  de  Saint-Georges,  ambassadeur  du  roi  des  Deux-Siciles 
à  la  cour  de  Louis  XV  (2)  et  d'Henriette  Carracciolo  de  Santo 
Buono,  sa  femme,  qui  résidèrent  à  Paris  de  juillet  1741  à 
mai  1753.  D'après  les  photographies  de  ces  tableaux  (3),  le 
prince  d'Ardore  est  vu  de  face,  portant  une  perruque  poudrée, 
l'ovale  du  visage  allongé,  les  traits  accentués,  un  grand  cordon 
passé  sur  Thabit  auquel  une  croix  est  épinglée.  La  princesse 
d'Ardore  est  représentée  de  face,  la  tête  légèrement  inclinée 
vers  la  gauche,  les  cheveux  poudrés  et  coiffés  d'une  cornette  de 
dentelle.  Au  cou  elle  porte  un  collier  de  perles  appliqué  sur  un 
velours  noir  ;  le  corsage  est  décolleté  en  carré. 

Dans  le  journal  du  duc  de  Luynes,  il  est  question  de  la  prin- 
cesse lors  de  sa  présentation  au  roi,  le  25  juillet  1741  :  «  Madame 
d'Ardore  paroît  au  plus  avoir  40  ans  ;  elle  est  bien  faite,  est  brune, 
le  visage  assez  agréable,  le  nez  un  peu  long,  elle  paroît  vive, 
elle  parle  fort  peu  le  français;  elle  a  eu  quatorze  enfants.  » 


(1)  Réflexions  sur  quelques  circonstances  présentes  contenant  deux  lettres  sur  l'Exposition 
dc^  tableaux  au  Louvre  cette  année  174S  à  M.  le  comte  de  R... 

(2)  Jacques-François  Milano,  prince  d'Ardore,  duc  de  Santo  Paolo,  marquis  de  Saint- 
Georges.  Dufort  de  Cheverny  cite  son  nom  dans  ce  passage  de  ses  Mémoires  (K"  époque, 
1731-1755):  <(  La  reine  qui  finissait  son  souper  preni  la  parole:  "  Monsieur  de  Flamarens, 
dit-elle,  est-il  vrai  que  chez  M.  d'Ardore,  après  avoir  bien  diné,  vous  ayez  mangé  un  lapin 
en  deux  bouchées  ?»  —  «  Oui,  Madatne  »,  fut  la  réponse  laconique. 

(3)  Nous  devons  leur  communication  a  l'obligeance  de  Madame  Tourneux. 


—  28  — 

Le  portrait  du  prince  est  seul  daté,  mais  les  archives  des  ducs 
de  San  Paolo  renferment  une  quittance  de  Perronneau  recon- 
naissant avoir  reçu  2-^1  lires  et  20  soldi  pour  le  portrait  de  la 
princesse.  La  mention  des  espèces  de  paiement  impliquerait  que 
le  portrait  fut  exécuté  en  Italie  et  non  en  France. 

Nous  avons  vu  chez  M.  Chévrier  une  peinture,  le  portrait 
d'un  bénédictin  de  l'abbaye  de  Saint-Benoît-sur-Loire  (autrefois 
Fleury-sur-Loire),  signé  et  daté:  Perronneau,  1748  (pi.  9).  Ce 
moine  à  la  physionomie  passionnée  et  volontaire,  ne  serait-il  pas 
Claude  Jourdain,  plus  connu  sous  le  nom  de  Dom  Maur  ?  Dans 
la  correspondance  de  ce  personnage  avec  Desfriches,  on  trouve 
certains  passages  qui  nous  inclinent  à  cette  opinion.  Ainsi,  le 
4  décembre  1763,  Dom  Jourdain  lui  écrit:  «  Je  me  rappelle 
souvent  les  beaux  sites  des  environs  de  votre  ville,  mon  labora- 
toire, votre  cabinet,  le  commerce  de  nos  amis  communs  et  les 
entretiens  que  j'avais  avec  vous...  Je  n'ai  pas  été  content  des 
portraits  de  La  Tour  (1).  »  Le  14  janvier  1765  :  «Elle  (votrelettre) 
a  renouvelé  en  même  temps  les  regrets  de  me  voir  éloigné  d'un 
séjour  auquel  j'étais  attaché  par  toutes  sortes  de  motifs... 
Je  n'ai  point  vu  le  sieur  Peronneau.  Je  ne  vous  ay  jamais  dit 
que  je  n'ay  pas  été  content  du  portrait  qu'il  a  fait  de  M.  Robbé  ; 
il  a  saisi  la  ressemblance  extérieure,  mais  il  n'a  pas  sii  peindre 
l'âme,  le  feu  et  l'enthousiasme  de  ce  poëte  célèbre...  »  Le  10  jan- 
vier 1767:  «  Mon  inclination  m'entraîne  à  Orléans...  ce  seroit 
une  consolation  pour  moy  si  je  pouvois  cultiver  les  beaux-arts.  » 
Donc,  il  aime  Orléans,  Desfriches,  connaît  Perronneau,  marque 
son  goût  pour  les  beaux-arts.  On  voit  dans  le  Journal  de  Lazare 
Duvaux  que  le  clergé  était  représenté  dans  toutes  les  ventes  par 
des  bénédictins.  Saint-Benoît-sur-Loire  est  proche  d'Orléans. 
Dom  Jourdain  ou  Dom  Maur,  né  à  Poligny  en  1696,  mort  en  1782, 
avait  52  ans  en  1748:  c'est  l'âge  que  porte  approximativement 


(1)   Salon  de   1763. 


—  29  — 

le  personnage  de  la  collection  Chévrier.  Sa  physionomie  autori- 
taire s'accorde  avec  l'esprit  de  discipline  dont  il  donne  la  preuve 
dans  ses  lettres.  Dom  Maur,  qui  avait  embrassé  l'état  religieux 
en  l'abbaye  de  Saint-Bénigne  à  Dijon,  enseigné  la  philosophie 
et  la  théologie,  reconstruit  l'église  de  Saint-Martin  d'Autun, 
occupé  le  prieuré  de  cette  ville,  voyageait  sans  cesse  à  travers 
les  couvents  de  France  où  il  semble  avoir  exercé  une  grande 
influence.  Or  le  portrait  du  père  Chambroy  date  de  la  même 
année;  il  n'est  pas  impossible  que  ces  deux  religieux,  savants 
connus,  l'un  prieur,  l'autre  supérieur  général  de  la  congrégation 
de  France,  aient  eu  l'un  avec  l'autre  de  fréquents  rapports  et  que 
leur  situation  exceptionnelle  ait  conduit  Perronneau  à  les  repré- 
senter. 

Autant  le  portrait  du  bénédictin  est  austère,  autant  le  portrait 
de  femme  de  la  collection  Armand  Mame,  signé  et  daté  :  1748,  est 
épanoui,  savoureux  et  sensuel  (pi.  10).  Ce  devait  être  une  brune 
fort  aimable,  un  de  ces  visages  dont  les  traits  irréguliers  n'en 
valent  que  mieux  pour  n'être  pas  beaux,  ayant  au  reste  des  yeux 
vifs,  tendres  et  gais,  des  narines  roses,  légèrement  frémissantes, 
et  «  tous  ces  je  ne  sais  quoi  qui  enlèvent  »,  dans  une  harmonie  de 
vert  céladon  et  de  bleu  céleste  ressortant  d'une  atmosphère 
ambrée.  Ce  pastel  se  trouvait  encore  vers  1850  chez  un  petit-fils 
de  Perronneau,  garde-champêtre  de  la  commune  de  Nazelles 
(Indre-et-Loire).  Un  amateur  tourangeau,  M.  Roux,  vint  le  voir 
et  l'acquit  pour  500  francs.  A  la  vente  de  la  collection  Roux, 
M.  Alfred  Mame  s'en  rendit  acquéreur  à  un  prix  déjà  assez 
important  pour  1  époque.  Il  resta  dans  la  collection  Alfred  Mame 
jusqu'à  sa  vente  qui  eut  lieu  en  avril  1904,  date  à  laquelle  il  fut 
racheté  par  M.  Armand  Mame  pour  70,000  francs.  Ce  pastel 
longtemps  conservé  par  les  descendants  de  Perronneau  serait-il 
un  portrait  de  famille  ? 


—  30  — 

Si  ce  n'était  le  nom  de  Perronneau  inscrit  au  iiaut  de  la  toile, 
comment  oserait-on  lui  attribuer  l'image  de  ia  dame  dite  de 
Sorquainville  (pi.  11),  ce  tableau  de  somptuosité,  cette  tenture 
largement  drapée  aux  soyeuses  cassures,  ces  ornements  s'enrou- 
lant  aux  montants  du  fauteuil  à  fond  de  velours  vert,  ce  coussin  à 
glands  d'or  où  s'étale  la  dentelle  des  engageantes,  l'ampleur  de 
cette  robe  de  moire  puce,  le  bouillonné  de  ce  négligé  où  se  pré- 
lasse une  grâce  désinvolte,  la  majesté  de  cette  figure  ?  Perron- 
neau, non  content  de  peindre  un  buste  et  un  visage  féminin, 
l'escorte  d'un  cortège  d'attifements,  se  montre,  par  l'importance 
donnée  à  l'accessoire,  l'égal  de  Rigaud,  de  Largillierre  et  prélude 
noblement  aux  effigies  d'Oudry,  campé  dans  son  habit  de  céré- 
monie, devant  son  chevalet,  d'Adam  l'aîné,  songeant  à  entamer 
le  marbre,  le  corps  enveloppé  dans  sa  gamberluque  de  taffetas 
vert,  et  le  marteau  en  main.  D'où  vient  cette  toile  de  la  collec- 
tion David  Weill,  qui  est  datée  de  1749,  et  que  ne  signale  aucun 
livret  des  Salons  du  Louvre  ?  On  lit  au  dos,  sur  le  châssis  :  Dame 
de  Sorquainville.  Notre  peintre  serait-il  allé  en  Normandie,  aux 
environs  d'Yvetot,  dans  le  petit  village  de  Sorquainville? 


PI.  8 


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Pastel.  Si,i;no  el  daté  1748- 

(A  il.  Aicar.l) 


III. 


Perronneau    et   La  Tour.    —   Les   morceaux    de    réception    de 
Perronneau  à  l'Académie  Royale  de  peinture  et  de  sculpture. 

1750=1753 


Il  n'y  avait  pas  eu  de  Salon  en  1749.  En  1750,  l'envoi  de  1750 
Perronneau  n'en  fut  que  plus  considérable.  Il  exposait: 

126.  —  Le  portrait  de  M.  De***  vu  de  côté,  ayant  un  habit  de 
velours  noir. 

127.  —  M.  C...,  tenant  son  chapeau. 

128.  -    M.  de  la  Tour,  Peintre  du  Roy,  en  surtout  noir. 

129.  —  M.  ***  en  Robe  de  chambre. 

130.  —  M.  l'abbé  de  ***. 

131.  —  M.  Thiboust,  Imprimeur  du  Roy,  peint  à  l'huile. 

132.  —  M""  son  épouse,  au  Pastel. 

133.  —  M"°  ***,  ayant  un  bouquet  de  Giroflée. 

134.  —  M""  ***  ayant  un  bouquet  de  Barbeau. 

135.  —  M"""  Du  ***  badinant  avec  un  éventail. 

136.  —  M.  Kam,  en  habit  de  velours  noir. 

137.  —  M"°  ***  en  robe  bleue. 

138.  —  M"°  ***  tenant  un  petit  Chat. 

139.  -    M"""  ***  en  robe  verte. 

140.  —  Le  portrait  de  M.  Beaumont  (1). 

On  remarque  dans  cette  énumération  trois  hommes  en  habit 


(1)  Pierre-François  Beaumont,  graveur  et  marchand  d'estampes  sur  le  pont  Notre-Dame, 
à  l'enseigne  du  Griffon  couronné.   Né  à  Paris  en  1719,  il  mourut  dans  la  niémc  ville  en  1769. 


—  32  — 

de  velours  noir;  aussi  bien  l'habit  de  velours  noir,  égayé  d'un 
gilet  de  soie  brochée  et  galonné  d'or,  fut  dès  lors  le  costume  de 
cérémonie  à  la  mode.  Avec  M.  Thiboust  et  M°"  son  Epouse, 
nous  entrons  en  pays  de  connaissance.  Après  la  mort  de  l'impri- 
meur, il  est  maintes  fois  question  de  sa  femme  dans  les  lettres 
de  Cochin  et  de  Robbé  de  Beauveset,  le  licencieux  et  grivois 
poète,  neveu  par  alliance  de  Desfriches. 

Nous  avons  pensé  que  le  portrait  de  femme,  adjugé75,000  francs 
à  M™  Vermau  Vernon,  à  la  vente  de  la  collection  J.  Doucet, 
signé  et  daté  1749,  correspondait  à  la  désignation  du  catalogue  ; 
le  personnage  tient,  en  effet,  un  bouquet  de  barbeaux,  c'est-à-dire 
de  bleuets.  Le  tableau  semble  avoir  subi  quelques  retouches, 
notamment  dans  la  main  droite,  mais  la  grâce  de  Cécile  Volanges 
s'incarne  dans  cette  jeune  femme  en  robe  de  taffetas  gris  souris, 
au  corselet  bleu  ciel,  largement  ouvert,  encadré  d'une  modestie 
de  gaze  blanche  qui  affine  le  passage  des  gris  aux  bleus  enlevés 
sur  un  fond  d'ambre,  et  les  chairs  du  cou  communiquant  un  peu 
de  leur  vie  à  l'esclavage  des  perles. 

Nous  avons  remarqué  que  souvent  l'orthographe  des  livrets 
n'était  pas  impeccable.  Aussi  n'est-il  pas  interdit  de  supposer 
que  M.  Kam  serait  tout  simplement  le  peintre  Jean-Fréderic 
Kamm,  reçu  membre  de  l'Académie  de  Saint-Luc,  le  5  mai  1759, 
et  qui  habitait  rue  du  Colombier  près  de  l'abbaye. 

D'autre  part,  dans  les  registres  de  comptes  de  la  maison  de 
Soubise,  conservés  au  château  de  Chantilly,  et  spécialement  dans 
le  «  deuxième  compte  que  rend  à  S.  A.  Mgr  le  Prince  de 
Soubise,  Jacques  Lacerneux,  trésorier  général  de  Sa  dite  Altesse, 
de  la  recette  et  dépense  par  lui  faite  en  la  dite  qualité,  pendant 
l'année  1752  »,  nous  avons  trouvé,  au  recto  du  feuillet  83,  cette 
mention  : 

«  Peintres  en  portraits 
Kamme. 

«  De  celle  de  onze  cents  quatre  livres  payée  au  S'  Kamme, 


—  33  — 

peintre  du  roy  de  Pologne,  sur  des  ordres  par  écrit  de  S.  A.  pour 

des  portraits  par  lui  taits,  sçavoir  : 

«  3  mars  1752 600  livres 

«  28  juin 504  livres 

«  Revenant  les  dites  sommes  à  celle  susdite  de     1104  livres.  » 

Enfin,  on  lit  dans  les  Mémoires  de  Wille  (t.  I,  p.  490)  : 
«  Octobre  1771.  —  Le  1".  M.  Kamm,  de  Strasbourg,  mon  ancien 
ami,  étant  venu  prendre  congé,  ne  m'a  pas  trouvé,  et,  ma  femme 
étant  malade,  il  n'a  parlé  qu'à  nos  domestiques  »  ;  ou  encore,  au 
t.  II,  p.  1,  «  Janvier  1775.  —  Le  22  ...,  M.  Kamm,  peintre  de 
Strasbourg,  étant  venu  à  Paris  avec  M.  Dietrich,  m'est  venu  voir 
tout  aussitôt.  J'ay  revu  cet  ancien  ami  avec  plaisir.  » 

Ne  peut-on  de  même  identifier  le  n°  139,  M""  ***,  en  robe 
verte,  avec  le  portrait  de  femme  de  la  collection  Mame,  que 
nous  avons  cité  plus  haut  et  qui  est  daté  de  1748  ? 

Nous  connaissons  deux  pastels  de  jeune  fille  tenant  un  petit 
chat.  L'un,  signé  et  daté  d'octobre  1749,  se  trouve  au  Louvre, 
et  nous  ne  savons  rien  de  plus  délicat  que  ce  visage  de  fillette 
presque  jeune  fille.  Elle  a  les  yeux  bruns,  des  «  pruneaux  ». 
comme  on  disait  alors,  le  nez  fin,  la  bouche  petite  et  souriante 
OLi  l'ironie  met  une  fossette  au  coin  des  lèvres.  Son  teint  blanc 
et  rose  rappelle  les  figurines  de  Saxe  ;  cette  enfant  est  réellement 
une  de  leurs  sœurs.  Il  y  a  une  grâce  et  une  légèreté  charmantes 
dans  ce  minois  où  passe  la  séduction  de  la  femme  de  demain. 
L'esprit,  le  goût,  le  cœur,  pour  se  livrer  avec  discrétion,  ne  s'en 
livrent  pas  moins.  Si  l'oreille  n'avait  pas  un  petit  anneau  d'or, 
on  la  prendrait  pour  un  coquillage,  à  la  voir  si  rose.  Toute  la 
toilette  est  une  harmonie  de  bleu  et  de  blanc,  et  le  rose  de  la 
peau  qui  leur  sert  de  passage  alterne  les  couleurs  choisies.  Quelle 
grâce  un  peu  mièvre,  mais  charmante,  des  doigts  fluets  agaçant 
un  petit  chat  gris  et  blanc  !  Le  pelage  soyeux,  brillant,  est  un 
satin  de  plus  à  côté  des  reflets  du  sang  sous  la  peau.  Ce  jeu  est 


—  34  — 

un  caprice,  comme  la  mode,  comme  la  femme  ;  il  crée  des  atti- 
tudes, des  mines,  des  petits  airs  câlins,  chiffonnés.  Perronneau 
l'a  merveilleusement  rendu.  Cette  jeune  fille  est  espiègle  comme 
le  chat  qu'elle  retient  et  caresse  ;  elle  a  des  naïvetés,  une  mutine- 
rie badine,  une  jeunesse  d'enfant,  mais  une  frimousse  déjà  très 
piquante  ;  son  âme  de  poupée  coquette  transparaît  dans  ce 
pastel. 

Ici  encore,  nous  sommes  dans  le  cercle  des  amis  d'Orléans, 
puisqu'une  réplique  de  ce  portrait  provient  de  la  succession  de 
M.  Huau,  conservateur  du  musée  de  peinture  d'Orléans,  léga- 
taire de  Huquier,  et  que  la  tradition  de  famille,  signalée  dans  le 
catalogue  de  la  vente,  en  1905,  à  l'Hôtel  Drouot,  veut  que  cette 
œuvre  ait  été  exécutée  par  Perronneau,  pour  son  ami  Huquier, 
le  père  de  cette  fillette. 

Avec  le  portrait  de  M.  de  La  Tour,  Perronneau  se  confrontait 
avec  son  rival.  Bien  qu'avant  la  dotation  Lécuyer,  les  portraits 
de  Saint-Quentin  aient  été  à  la  merci  du  premier  venu  (1)  nous 
ne  pensons  pas  que  l'on  puisse  équivoquer  l'authenticité  de  ce 
pastel  (pi.  12).  On  lit  en  effet  dans  le  testament  de  Jean-François 
de  La  Tour,  ancien  officier  de  cavalerie,  frère  du  pastelliste  :  «  Je 
donne  et  lègue  de  plus  à  l'école  gratuite  de  dessein  (de  Saint- 
Quentin)  pour  rester  à  demeure  dans  la  salle  d'étude,  savoir: 

41.  —  Le  portrait  de  mon  frère,  peint  en  habit  de  velours  noir 
et  en  veste  rouge  galonnée  en  or,  par  Perronneau,  et  non  une 
copie  qui  en  a  été  faite. 

Tous  ceux  qui  l'ont  vu  ont  été  unanimes,  depuis  Concourt  qui 
affirmait  que  cette  effigie  tenait  vaillamment  sa  place  au  musée, 
au  milieu  des  quatre-vingts  pastels  de  La  Tour,  jusqu'à  l'un  des 
meilleurs  pastellistes  de  notre  temps,  Chéret,  qui  allait  droit  à 
elle,  comme  à  l'œuvre  la  plus  remarquable  de  cette  assemblée 


(1)   Les  peintres  qui  désiraient  en  exécuter  une  copie  pouvaient  les  emporter  chez  eux; 
c'est  ainsi  qu'un  original  de  La  Tour  a  été  remplacé  par  une  copie. 


PI.  9 


rOKTiiAIT  d'un  IlÉNKllICTJN 

PeinturK.  Signée  et  tlalée  1748. 

(A  il.  Clièvrierj 


—  35  — 

extraordinaire.  Comment  ne  pas  admirer  le  gilet  rose  aérémenté 
d'un  jabot  de  dentelle,  l'étonnante  variété  des  noirs,  noir  du 
velours,  noir  de  la  soie  du  catogan,  noir  saupoudré  de  la  poudre 
blanche  qui  met  sur  le  col  de  l'habit  des  reflets  d'argent,  l'har- 
monie rare  qui  évoque  un  lendemain  de  fête,  des  couleurs  de 
dominos,  des  masques  de  velours  noir  avec  des  barbes  de  marce- 
line  rose,  et  surtout  l'observation  de  bonne  compagnie,  dont 
témoigne  le  regard  matois  et  le  nez  à  facettes.  Il  semblerait  que 
cette  ironie  —  non  une  caricature  —  témoignât  de  la  malignité 
du  peintre  de  Saint-Quentin  et  justifiât  la  légende  de  sa  rivalité 
un  peu  sournoise  avec  Perronneau. 

Cette  légende  tire  son  origine  d'une  page  de  Diderot.  La  voici 
en  entier  (1)  :  «  Dans  les  ouvrages  de  La  Tour,  c'est  la  nature 
même,  c'est  le  système  de  ses  incorrections  telles  qu'on  les  y 
voit  tous  les  jours.  Ce  n'est  pas  de  la  poésie  ;  ce  n'est  que  de  la 
peinture.  J'ai  vu  peindre  La  Tour  ;  il  est  tranquille  et  froid  ;  il  ne 
se  tourmente  point  ;  il  ne  souffre  point  ;  il  ne  halète  point  ;  il  ne 
fait  aucune  des  contorsions  du  modeleur  enthousiaste...  Il  a  le 
génie  du  technique  ;  c'est  un  machiniste  merveilleux.  Quand  je 
dis  de  La  Tour  qu'il  est  machiniste,  c'est  comme  je  le  dis  de 
Vaucanson,  et  non  comme  je  le  dirais  de  Rubens...  Lorsque  le 
jeune  Perroneau  parut,  La  Tour  en  fut  inquiet  ;  il  craignit  que 
le  public  ne  pût  sentir  autrement  que  par  une  comparaison  directe 
l'intervalle  qui  les  séparait.  Que  fit-il?  Il  proposa  son  portrait 
à  peindre  à  son  rival,  qui  s'y  refusa  par  modestie:  c'est  celui 
où  il  a  le  devant  du  chapeau  rabattu,  la  moitié  du  visage  dans 
la  demi-teinte,  et  le  reste  du  corps  éclairé  (2).  L'innocent  artiste 
se  laisse  vaincre  à  force  d'instances,  et,  tandis  qu'il  travaillait, 
l'artiste  jaloux  exécutait  le  même  ouvrage  de  son  côté.  Les  deux 


(1)  Salon  de   1767.   Edition  Asséiat-Tourneux. 

(2)  Cette  description  semble   indiquer  un  portrait  analogue  à  celui  de  La  Tour  par  lui- 
même  qui  fut  gravé  par  Schmidt  en   1772. 


—  36  — 

tableaux  furent  achevés  en  même  temps  et  exposés  au  même 
salon;  ils  montrèrent  la  différence  du  maître  et  de  l'écolier.  Le 
tour  est  fin,  et  me  déplaît.  Homme  singulier,  mais  bon  homme, 
mais  galant  homme,  La  Tour  ne  ferait  pas  cela  aujourd'hui  ; 
et  puis  il  faut  avoir  quelque  indulgence  pour  un  artiste  piqué  de 
se  voir  rabaissé  sur  la  ligne  d'un  homme  qui  ne  lui  allait  pas  à  la 
cheville  du  pied.  Peut-être  n'aperçut-il  dans  cette  espièglerie  que 
la  mortification  du  public,  et  non  celle  d'un  confrère  trop  habile 
pour  ne  pas  sentir  son  infériorité,  et  trop  franc  pour  ne  pas  la 
reconnaître.  «  Eh  !  ami  La  Tour,  n'était-ce  pas  assez  que  Per- 
roneau  te  dit  :  «  Tu  es  le  plus  fort  »  ?  Ne  pouvais-tu  être  content, 
à  moins  que  le  public  ne  te  le  dit  aussi  ?  Eh  bien  !  il  fallait  attendre 
un  moment,  et  ta  vanité  aurait  été  satisfaite,  et  tu  n'aurais  point 
humilié  ton  confrère.  A  la  longue,  chacun  a  la  place  qu'il  mérite. 
La  société,  c'est  la  maison  de  Bertin  ;  un  fat  y  prend  le  haut 
bout  la  première  fois  qu'il  s'y  présente,  mais  peu  à  peu,  il  est 
repoussé  par  les  survenants  ;  il  fait  le  tour  de  la  table  ;  et  il  se 
trouve  à  la  dernière  place  au-dessus  ou  au-dessous  de  l'abbé  de 
La  Porte.  » 

Dans  quelle  mesure  doit-on  tenir  compte  d'un  document  qui 
a  été  écrit  quelque  dix-sept  ans  après  le  Salon  de  1750  ?  Ce  dont 
on  ne  peut  douter,  c'est  que  la  description  qu'il  donne  du  portrait 
de  La  Tour  exécuté  par  Perronneau  ne  correspond  en  aucune 
manière  avec  l'arrangement  du  portrait  de  Saint-Quentin. 
Celui-ci,  d'autre  part,  est-il  bien  le  portrait  exposé  en  1750? 
N'est-il  pas  possible  que  Perronneau,  comme  en  beaucoup 
d'autres  cas,  ait  exécuté  deux  ou  plusieurs  portraits  de  La  Tour  ? 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  texte  soulève  une  question  intéressante. 
Quels  furent  les  rapports  des  deux  artistes  ?  Comment  envisa- 
geaient-ils leurs  talents? 

En  ce  qui  concerne  Perronneau,  aucun  doute  n'est  permis. 
Diderot  lui-même,  mal  intentionné,  ne  dit-il  pas  expressément 
«  l'innocent  artiste  »,  ne  vante-t-il  pas  sa  franchise  ?  Le  ton  de  ses 


—  37  — 

lettres  ne  nous  montre-t-il  pas  un  homme  malheureux,  timide 
et  respectueux  ?  La  Tour,  académicien  depuis  quelques  années 
déjà,  n'était-il  pas  son  aîné  et  son  supérieur  à  une  époque 
où  l'Académie  consacrait  la  hiérarchie  des  genres  et  des 
talents  ?  Sa  physionomie  astucieuse,  telle  que  Perronneau  et  lui- 
même  l'ont  représentée,  la  polémique  des  folliculaires,  les  déci- 
sions de  l'Académie  contre  les  pastellistes,  peut-être  inspirées 
par  sa  jalousie,  semblent  dire  qu'il  fut  un  «  mauvais  confrère  ». 
L'anecdote  contée  par  Diderot,  fût-elle  vraie,  ne  serait  pas  pro- 
bante: demander  son  propre  portrait  à  un  émule,  l'exécuter  soi- 
même,  décider  Chardin  à  les  exposer  tous  deux  à  côté  l'un  de 
l'autre,  n'est-ce  pas  au  contraire  un  geste  de  bravoure  ?  Et  pour- 
quoi ne  pas  tenir  compte  de  cette  opinion  de  l'abbé  de  Fontenay 
sur  le  talent  de  Perronneau  (1)  :  «  Une  des  plus  grandes  preuves 
que  nous  en  puissions  donner,  c'est  que  le  plus  célèbre  de< 
peintres  de  portraits  de  nos  jours,  M.  de  La  Tour,  a  voulu  avoir 
le  sien  de  la  main  de  M.  Péronneau,  et  lui  a  toujours  donné  des 
témoignages  de  l'estime  la  plus  distinguée.  » 

Un  livre  du  temps  signalé  par  Concourt,  VEcole  de  l'Homme, 
paru  en  1752,  prétend  que  La  Tour  aurait  posé  pour  ce  portrait 
un  lendemain  de  fête  et  lui  reproche  amèrement  ce  procédé: 
«  Prends  ton  temps  pour  te  peindre,  ambitieux  Toural  ;  tu  es  en 
bonne  humeur,  tes  yeux  brillent,  tu  as  le  teint  clair  et  vif.  Saisis 
le  moment;  peins-toi.  Une  longue  insomnie  te  rend  aujourd'hui 
le  visage  terni,  tu  as  la  vue  chargée  par  un  cruel  mal  de  tête, 
tu  es  bouffi,  méconnaissable.  Qu'atlends-tu  ?  Peut-il  y  avoir  un 
instant  plus  propre  pour  faire  faire  un  portrait  qui  ne  ressemble 
pas?  Ne  l'échappe  point,  cours  chez  ton  rival,  aide  encore 
l'occasion  qui  travaille  contre  lui  :  fais-toi  peindre  ;  paye,  et 
largement.  » 


(1)  Affiches,  annuiicea  et  aris  divers  ou  journal  général  de  France,  samedi  10  janvier  178'! 
Qiielqucs  jours  après,  le  continuateur  des  Mémoires  secrets  formulait  la  même  opinion  dan. 
des  termes  à  peu  près  identiques. 


—  38  — 

Or  le  portrait  de  Saint-Quentin  ressemble  à  La  Tour  peint  par 
lui-même,  et  d'une  façon  étonnante  au  buste  de  La  Tour  par 
Lemoyne.  La  Tour  n'y  a  aucunement  le  visage  «  terni,  bouffi, 
méconnaissable  ».  Encore  une  raison  pour  ne  pas  assimiler  le 
portrait  du  musée  Lécuyer  à  celui  du  salon  de  1750. 

Peut-on  voir  l'influence  de  La  Tour  dans  les  décisions  prises 
par  l'Académie  contre  les  pastellistes  en  1746  et  1749  ?  On  sait 
qu'en  1749  l'Académie  résolut  de  ne  plus  recevoir  de  peintres 
en  pastel,  et  Loir,  dont  les  brochures  du  temps  font  l'éloge,  dut 
quitter  le  pastel  pour  la  sculpture.  Cette  mesure  draconienne 
ne  fut-elle  pas  plutôt  inspirée  par  l'opinion,  dont  ces  brochures 
se  font  l'écho  depuis  quelques  années  déjà,  en  termes  parfois 
violents  ?  La  Tour,  dont  on  ne  connaît  pas  un  portrait  à  l'huile, 
n'avait-il  pas  tout  à  craindre  d'une  polémique  qui  ne  pouvait  en 
aucune  manière  gêner  Perronneau,  l'auteur  des  admirables  effi- 
gies du  Père  Chambroy,  du  Bénédictin  de  Saint-Benoît-sur-Loire 
et  de  la  dame  de  Sorquainville  ?  D'autre  part,  les  amis  de  La  Tour 
semblent  avoir  été  ceux  de  Perronneau.  La  Tour  peint  M.  et 
M""  de  Mondonville  ;  Perronneau,  pastellise  l'un  des  fils  et  la 
troisième  femme  de  Lemoyne  qui  fait  le  buste  de  La  Tour  ;  ils 
fréquentent  tous  deux  dans  les  coulisses  de  l'Opéra  ;  M""  Fel, 
la  Camargo,  Cupis,  père  de  la  Camargo,  sont  les  modèles  de 
La  Tour  ;  M'""  Rosalline,  Amédée,  Lany,  de  moindre  impor- 
tance, prêtent  leurs  minois  à  Perronneau. 

En  1761,  Perronneau  est  à  Amsterdam  l'hôte  de  M.  Hogguer, 
ministre  de  Hollande  à  Hambourg,  échevin  d'Amsterdam;  c'est 
ce  même  Hogguer  qui,  en  1766,  héberge  La  Tour,  puis  une 
seconde  fois,  en  1772,  Perronneau,  et  que  La  Tour  mentionne 
en  fin  de  compte  dans  son  testament  du  9  février  1784  :  «  Je 
donne  et  lègue  à  M.  Hogguer,  ministre  de  Hollande,  à  Ham- 
bourg, le  tableau  de  feu  mon  ami  M.  l'abbé  Hubert  lisant  à  la 
lumière.  »  Enfin,  tout  ce  que  l'on  sait  de  la  manie  humanitaire 


PI.    lO 


l'on  IK.Ml-  un    ll-.MMli 

l'aslel.  Siv;iio  c:l  date  174S. 

(A.  il.  .\rnianii  Mumel 


—  39  — 

de  La  Tour,  de  ses  dons  multiples  aux  pauvres  de  sa  ville  natale, 
s'accorde  mal  avec  une  légende  de  dureté  et  de  lutte  sans  merci. 

Il  faut  croire  que  le  tournoi  ne  fut  pas  décisif,  puisque  Baillet 
de  Saint-Julien,  la  même  année,  dans  sa  Deuxième  lettre  sur  la 
peinture  à  un  amateur,  écrit  ceci  :  «  Il  me  reste  à  vous  parler 
de  nos  peintres  de  portraits:  les  plus  illustres  sont  MM.  Nattier, 
Tocqué,  Aved,  chacun  dans  un  genre  différent,  et  M.  La  Tour, 
dans  tous  les  genres.  Nous  dirons  aussi  un  mot  de  M.  Peronneau... 
Quant  à  La  Tour,  c'est  un  Protée  dont  l'art  se  montre  sous  toutes 
les  formes  imaginables  :  tantôt  sévère,  tantôt  enjoué  ;  tantôt  facile, 
tantôt  plus  réfléchi  ;  ici  noble  et  majestueux,  là  piquant,  vif  et 
spirituel  ;  ses  portraits,  pour  quelqu'un  qui  sait  lire  dans  la  nature, 
sont  autant  de  caractères  ;  et  jamais  peut-être  on  n'eut  ni  de 
meilleurs  yeux  pour  la  voir,  ni  une  meilleure  main  pour  la 
rendre.  M.  Peronneau  semble  l'avoir  pris  pour  modèle,  et  ce 
choix  est  déjà  une  preuve  de  son  goût  ;  on  ne  saurait  trop  espérer 
sans  doute  de  ses  talents  ;  et  il  est  probable  que  cet  auteur  doit 
prendre  un  jour  des  mains  de  M.  La  Tour  le  sceptre  du  Pastel, 
lorsque  celui-ci,  satisfait  de  la  grande  multitude  de  ses  triomphes, 
songera  enfin  à  se  reposer  à  l'ombre  de  ses  lauriers.  »  (1) 

Bachaumont,  lui,  est  moins  favorable  (2)  : 

«  M.  Peronneau  fait  bien  le  portrait  à  l'huille  et  au  pastel,  mais 
mieux  au  pastel  qu'à  l'huille.  Il  cherche  la  manière  de  la  fameuse 
Rosalba,  mais  il  est  bien  moins  grand  qu'elle.  Sa  touche  est 
pleine  d'esprit,  peut-estre  un  peu  maniérée  et  s'écartant  un  peu 
de  la  nature.  Il  faut  voir  ses  portraits  d'un  peu  loin,  et  surtout 
ceux  à  l'huille;  de  loin,  ils  font  de  l'effet.  » 


(1)  A  comparer  ce  texte  avec  le  compte-rendu  de  l'année  1748,  par  le  même  ci  criticiiie 
d'art  ». 

(2)  Liste  des  meilleurs  peintres,  sciilrteiirs,  graveurs  et  architectes  des  Académies  royales 
de  peinture,  sculpture  et  architecture  suivant  leur  rang  à  l'Académie,  1750.  (Notes  de 
Bacli.iiimont,  tirées  des  papiers  de  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal,  publiées  à  la  suite  des 
Mémoires  de  Wille.) 


—  40  — 

En  1751,  il  arrivait  au  Salon  avec  douze  pastels  et  une  pein- 
ture. Nous  ne  savons  ce  qu'est  devenu  le  portrait  de  M.  le  comte 
de  Bonneval,  sans  doute,  Charles-Michel  de  Bonneval  qui,  cette 
année-là,  se  trouvait  être  un  des  six  intendants  des  Menus  Plaisirs, 
celui  de  M.  Ruelle,  premier  échevin  de  Paris,  demeurant  rue 
Saint-Louis,  près  le  Palais,  et  de  M™'  Son  Epouse,  celui  de 
M"^  de  Saint  ***,  de  M"^^  Lany,  de  M"^  ***,  de  M"^  Rosalline, 
de  M.  ***,  et  le  portrait,  peint  à  l'huile,  de  M"°  du  Ruisseau, 
probablement  la  femme  de  Charles  du  Ruisseau,  avocat  au  Parle- 
ment, qui  signera  au  contrat  de  mariage  de  l'artiste. 

On  pourrait  penser,  en  lisant  le  manuscrit  d'Amelot  (1),  que 
M"°  Rosalline  n'est  autre  que  M"'  Rosalie,  «  demoiselle  des 
chœurs,  entrée  à  l'Opéra  en  1748,  au  mois  d'octobre,  surnumé- 
raire, supprimée  à  Pâques  en  1749.  »  Mais  un  rapport  de 
police  (2)  nous  renseigne  «ur  la  «  demoiselle  Rosaline,  dite 
Raton,  actrice  de  l'Opéra-Comique,  faubourg  Saint-Denis  ». 
«  11  juin  1756.  —  Il  y  a  dix  ou  douze  jours  que  la  demoiselle 
Rosaline,  actrice  de  l'Opéra-Comique  est  allée  demeurer  au 
Eaubourg  Saint-Denis,  la  première  porte  cochère  à  droite,  passé 
la  grille  dans  une  petite  maison  dont  elle  occupe  la  totalité.  Elle 
a  pour  600  1.  de  loier  par  an.  M.  de  Roquemont,  à  la  charge  de 
qui  cecy  tombe  encore,  lui  a  donné  à  cette  occasion  pour  800  1. 
de  meubles  d'augmentation.  Monnet  (3)  lui  donne  3000  1.  d'ap- 
pointement.  » 

Nous  avons  cherché  en  vain,  dans  les  archives  de  l'Opéra,  la 
trace  de  ce  M""  Silanie  ».  Nous  sommes  convaincus  que  le  livret 
du  Salon  dont  l'orthographe  est  souvent  fautive,  veut  désigner 
ainsi  la  demoiselle  Lany,  une  personnalité  du  monde  de  la  danse 
au  xviir  siècle.  En  effet,  le  22  septembre  1751,  l'agent  de  police 
Meunier  fait  un  rapport  ainsi  conçu: 


(1)  Archives  de   l'Opéra. 

(2)  Bibliothèque  de  l'Aisenal.  Papiers  de  la  Bastille. 

(3)  Sans  doute  le  directeur  de  rOpéra-Comique. 


—  41  — 

«  La  D"'  Lany,  danseuse  de  l'Opéra  demeure  rue  Fromenteau, 
(I  la  Gerbe  d'or,  chez  un  marchand  de  vin,  au  second  sur  la  rue, 
vis-à-vis  la  place  du  vieux  Louvre.  Elle  est  sœur  de  Lany,  maître 
de  ballets  à  l'Opéra.  On  la  dit  née  à  Paris  dans  le  canton  de  la 
place  Maubert  ;  âgée  de  22  à  23  ans,  petite,  brune,  les  yeux  noirs 
et  effrontés,  point  jolie.  Elle  a  une  autre  sœur  qui  est  sa  cadette 
mais  qui  n'est  point  à  l'Opéra,  elle  n'a  même  aucun  talent  pour 
y  aspirer. 

Depuis  quatre  à  cinq  mois  elle  est  entretenue  par  milord 
Holting-ton  (Huntington)  jeune  homme  d'environ  24  ans,  d'une 
jolie  figure  et  puissamment  riche  et  d'une  des  premières  familles 
d'Angleterre,  demeurant  icy,  rue  des  Petits-Augustins,  chez 
Olivier,  tenant  l'hôtel  de  Hambourg  garni.  On  assure  qu'il  lui 
a  donné  en  débutant  20  000  livres  comptant,  quoique  la  somme 
paraisse  un  peu  forte,  le  fait  est  qu'il  dépense  beaucoup.  » 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que  la  même  année 
Perronneau  habite  la  même  rue  que  son  modèle.  Au  Salon  de 
1753  il  enverra  le  portrait  de  milord  Huntington  qui  protégeait 
la  demoiselle  Lany  depuis  le  mois  de  mai  1751.  C'est  entre  les 
mois  de  mai  et  d'août  que  le  peintre  a  dû  exécuter  le  portrait  de 
celle  qui,  dès  1750,  l'emportait  sur  la  Camargo  en  battant  six 
entrechats. 

Avec  les  portraits  de  M.  et  M"'°  ***,  nous  nous  trouvons 
en  pays  de  connaissance.  Mariette  a  eu  le  bon  esprit  de  les 
désigner,  en  ajoutant  en  note,  sur  l'exemplaire  de  son  livret, 
conservé  au  Cabinet  des  Estampes  (1),  le  nom  de  Fontaine,  sel- 
lier du  Roi.  Ces  pastels,  représentant  M.  et  M"°  de  La  Fontaine, 
appartenaient,  en  1908,  au  marquis  de  Saint-Maurice-Mont- 
calm  ;  ils  portent,  à  côté  de  la  signature,  la  date  de  1750.  Quelle 
sécurité  dans  ces  visages  de  gagne-gros  !  Lui,  en  habit  lilas  pâle, 
la  main  sortant  d'un  chiffonnage  de  Valenciennes  et  engagée 


(1)  Cabinet  des  Estampes,  collection  Deloynes. 


—  42  — 

dans  un  gilet  noisette,  le  tricorne  gris-bleu  passé  sous  le  bras  ; 
elle,  étalant  son  embonpoint  glorieux  et  couperosé  dans  le  grand 
et  large  manteau  de  velours  bleu  saphir,  frimatté  de  givre,  garni 
d'une  fourrure  brune  qui  donne  quelque  saveur  au  décolleté. 
Le  «  parfait  contentement  »  en  dentelle,  un  ruban  de  velours  noir 
accompagnent  les  tons  de  cette  riche  maturité,  une  cornette  du 
plus  joli  point  de  France  encadre  la  neige  des  cheveux  poudrés 
de  son  réseau  de  tulle  gaufré,  et  ses  barbes  pendantes  ondulent 
jusqu'à  la  taille  sur  le  velours  du  manteau.  Les  doigts  s'échappent 
des  mitaines  blanches  que  leur  coloration  double  de  rose. 

Même  tranquillité  bourgeoise,  mais  infiniment  plus  de  grâce 
dans  les  figures  de  M.  et  de  M°'°  Desfriches,  que  le  pastelliste 
entoure  de  tout  ce  qui  affirme  leurs  goûts  (pi.  13).  L'amateur 
Orléanais  (1),  avec  sa  robe  de  chambre  de  lampas  bleu  à  ramages 
blancs,  dont  les  ambassades  siamoises  et  persanes  venaient  de 
mettre  à  la  mode  les  fleurs  fantaisistes,  son  foulard  rayé  de  jaune 
et  de  bleu,  ne  manque  pas  de  nous  montrer  son  carton  à  dessins, 
sans  doute  rempli  du  fameux  papier  à  tablette  où  son  crayon 
léger,  vaporeux  a  fixé  le  souvenir 

ce  Des  prés  fleuris  qu'arrose  la  Loire  ». 

Quel  écho  attendri  son  visage  empreint  de  finesse  souriante 
et  de  vraie  bonté  ne  trouve-t-il  pas  dans  celui  de  «  M"""  son 
épouse  »  (2).  Elle  a  revêtu,  pour  lui  plaire,  sa  robe  décolletée 
en  soie  de  nuance  colombin,  oii  le  bleu  joue  à  cache-cache  avec 
le  mauve  ;  le  «  parfait  contentement  »  s'étale  à  la  naissance  de  la 
gorge  ;  les  triples  engageantes  de  blanche  Malines  se  déploient  en 


(1)  Aignan-Thonias  Desf riches,  dessinateur-amateur,  né  à  Orléans  le  7  mars  1715.  Les 
bords  de  la  Loire  et  du  Loiret  lui  fournirent  le  sujet  de  ses  paysages.  Lié  avec  la 
plupart  des  artistes  et  des  collectionneurs  de  son  temps,  qu'il  recevait  à  Orléans  ou  à  la 
Cartaudière,  sa  maison  de  campagne,  il  entretint  avec  eux  une  correspondance  assez  suivie. 
Il  avait  réuni  une  belle  collection  de  dessins  et  de  tableaux,  principalement  des  Ecoles 
flamande  et  hollandaise.  Il  mourut  à  Orléans,  le  25  décembre   1800. 

(2)  M™»  Desfriches,  née  Marie-Madeleine  Buffere;'u,  morte  à  Orléans  le  5  févi  ier  1813, 
âgée  de  97  ans 


PI.  II 


PoRTiOMT  PK  IIAMIC  UK  SoUOUAlNVlLLli 

Peinture.  Signée  el  datée  174g. 

(A  M.  Ilavi.l  Wcill) 


—  43  — 

éventail  sous  le  nœud  irisé  des  manches  ;  et  tandis  que  des  mains 
distraitement  occupées  «  à  faire  des  nœuds  »  jaillit  brusquement, 
comme  un  insecte  d'or,  la  navette  d'écaillé  blonde,  tout  un 
poème  d'intimité  amoureuse  passe  dans  son  regard,  et  l'on  songe 
à  ce  mot  :  «  Rien  de  plus  charmant  qu'une  honnête  femme  ayant 
tout  ce  qu'il  faut  pour  ne  pas  l'être  ». 

On  s'étonne,  devant  ces  œuvres,  de  la  modération  des  éloges. 
L'auteur  des  Jtigemeris  sur  les  principaux  ouvrages  exposés  au 
Louvre  Je  27  août  1751 ,  le  S"^  le  Comte  ou  Coypel,  écrit  —  notons 
que  presque  toutes  les  brochures  juxtaposent  les  noms  de  La  Tour 
et  de  Perronneau  —  :  «  L'illusion  est  si  frappante  dans  les  Por- 
traits de  M.  La  Tour  qu'il  semble  que  la  nature  se  soit  peinte 
elle-même.  II  n'y  a  rien  à  désirer.  Pour  bien  faire,  La  Tour  n'a 
qu'à  se  ressembler,  et  M.  Perroneau  qu'à  l'imiter:  ce  jeune 
Peintre  qui  marche  sur  ses  traces: 

Proxirnus  huic  Ion  go  sed  proximus  intervallo, 
s'est  corrigé  sur  les  ensembles  ;  mais  il  s'est  négligé  sur  la  couleur, 
ses  têtes  sont  touchées  avec  esprit,  mais  elles  sentent  trop 
l'esquisse,  et  je  voudrais  qu'on  ne  pût  pas  en  appeler  séparément 
les  couleurs,  enfin  qu'il  accusât  tellement  les  formes  qu'on  pût 
modeler  d'après  ses  portraits,  comme  on  serait  en  état  de  le 
faire  d'après  ceux  de  M.  La  Tour.  « 

Et  le  Mercure  de  France  (1),  ne  s'enthousiasme  guère  plus: 
«  M.  Perenneau  (sic)  a  donné  par  quatorze  pastels  des  preuves 
de  sa  facilité  et  de  l'agrément  de  sa  couleur.  » 

L'année  1751  semble  avoir  été  bien  remplie.  En  dehors  des 
douze  pastels  et  d'une  peinture  signalés  par  le  livret  du  Salon, 
nous  connaissons  les  portraits  de  M.  et  de  M""  Chevotet,  con- 
servés au  musée  d'Orléans  (2),  et  celui  du  duc  d'Aumont. 
Tous  ceux  qui  ont  visité  la  salle  des  mariages  de  l'Hôtel  de  Ville. 
à   Boulogne-sur-Mer,   ont   pu  voir  une  série   de   portraits   des 


(1)  Octobre   1751. 

(2)  Legs  Deizons. 


—  44  — 

gouverneurs  qu'à  une  date  indéterminée  on  ramena,  pour  une 
raison  ou  pour  une  autre,  à  une  dimension  uniforme.  L'un  d'eux 
représente  Louis-François  d'Aumont,  marquis  de  Chappes, 
duc  d'Humières,  lieutenant  général  des  armées  du  roi,  gouver- 
neur de  Compiègne  et  du  Boulonnais,  né  le  30  mars  1671,  mort 
le  6  novembre  1751  à  Paris,  où  il  est  enterré  en  l'église  Saint- 
Gervais.  Il  avait  épousé,  en  1690,  Anne-Louise-Julie  de  Crevant, 
fille  de  Louis  de  Crevant,  duc  d'Humières,  maréchal  et  grand- 
maître  de  l'artillerie  de  France.  Ici,  il  est  debout,  tourné  vers 
la  droite,  regardant  de  face,  portant  cuirasse  sur  l'habit  à  basque 
d'or,  épée  et  culotte  rouge  ;  les  cheveux  sont  poudrés  et  frisés 
à  marteau  ;  une  tenture  retombe  sur  la  droite,  selon  la  tradition 
des  portraits  solennels  de  l'époque,  et  ajoute  au  caractère  d'élé- 
gance et  de  fine  distinction.  L'œuvre  est  bien  de  Perronneau, 
ainsi  qu'il  ressort  d'une  pièce  des  archives  de  Boulogne  (Liasse 
192,  pièce  n'  5)  : 

«  Il  sera  tenue  compte  à  M.  Fontaine,  de  la  somme  de  six  cent 
dix-sept  livres  pour  le  portrait  de  M.  le  duc  de  Humières,  notre 
gouverneur  qui  a  été  tiré  par  le  S'  Peronneau  par  nos  ordres 
étant  à  Paris  pour  être  placé  en  l'hôtel  de  ville  et  ce  y  compris 
les  frais  d'emballage,  ports,  etc.,  à  laquelle  somme  de  six  cent 
dix-sept  livres  il  sera  employé  par  le  dit  S''  Fontaine,  dans  son 
état  de  dépenses  à  Boulogne,  ce  12°  janvier  1751.  » 

Signé:  COILLIOT. 

Les  ducs  d'Aumont,  gouverneurs  du  Boulonnais  de  père  en 
fils,  habitaient  Paris  •  ils  occupèrent  plusieurs  hôtels,  rue  de 
Beaune,  près  le  pont  Royal,  un  autre,  rue  de  Jouy,  près  de  la 
rue  Saint-Antoine,  un  autre  enfin,  le  plus  beau  des  trois,  et 
merveilleusement  meublé,  sur  la  place  Louis  XV.  Le  document 
lui-même  est  formel  et  Perronneau  n'a  pas  été  obligé  d'aller 
jusqu'à  Boulogne  pour  exécuter  le  portrait  du  gouverneur  du 
Boulonnais. 
Le  regard  hautain,  précis,  un  peu  froid,  d'un  homme  sûr  de 


—  45  — 

lui-même,  la  corpulence  du  personnage,  la  nuance  lilas  de  l'habit, 
le  gilet  de  soie  bleue,  dont  les  broderies  entremêlées  de  chenille, 
de  cordonnet,  de  dentelle  d'or,  tout  guilloché  de  ces  minuscules 
passementeries  qu'on  appelait  «  soucis  de  hannetons  »,  les  varia- 
tions les  plus  délicates  du  bleu  avoisinant  le  mauve,  et  trouvant 
inévitablement  leur  écho,  leur  complémentaire,  dans  le  teint 
bilieux  du  visage,  un  peu  atténué  par  le  jabot  de  gaze  rayée  et 
le  tour  de  cou  de  linon  blanc,  tel  nous  apparaît  Jean-Michel 
Chevotet,  architecte  du  roi,  né  à  Paris  en  1698,  mort  dans  la 
même  ville  en  1772,  membre  et  grand-prix  de  l'Académie  Royale 
d'architecture,  prêt  à  ouvrir  le  carton  passé  sous  son  bras,  et  à 
vous  montrer  les  plans  du  pavillon  de  Hanovre  ou  du  château 
de  Petit-Bourg,  à  moins  que  ce  ne  soient  les  relevés  de  l'ancien 
escalier  des  ambassadeurs,  au  palais  de  Versailles.  Perronneau 
prend  prétexte  de  la  modestie  de  M"'"  Chevotet  pour  enlever 
sur  un  fond  vert,  et  dans  l'encadrement  souple  d'une  mantille 
noire  et  d'une  robe  bleue,  l'éblouissante  gamme  des  blancs: 
blanc  de  la  cornette,  fixée  à  la  neige  des  cheveux  par  deux 
épingles  à  têtes  de  diamants,  deux  «  firmaments  »,  blanc  des 
barbes  envolées,  mais  rejoignant  sagement  le  réseau  de  tulle  de 
la  palatine  perdue  elle-même  et  comme  absorbée  dans  le  blanc 
crémeux  des  «  parfaits  contentements  »,  blanc  des  apprêts  de  la 
lingère,  tissus  de  clarté  de  la  dentellière,  nacre  des  perles,  tous 
ces  blancs  participant  à  la  vie  par  les  reflets  de  la  chair,  apparus 
sous  les  trames  nuageuses. 

On  lit   dans  les   procès-verbaux   de   l'Académie   Royale   de  1753 
peinture  et  de  sculpture  : 

ff  Séance  du  27  janvier  1753.  —  Lecture  de  la  liste  de  M"  /e.? 
Agrééa  et  décision  à  ce  sujet.  —  Ensuite  le  Secrétaire  a  lu  la  liste 
de  M"  les  Agréés,  avec  la  datte  de  leur  Agrégation,  et  il  a  été 
décidé  que  la  Compagnie  ne  manderoit  pour  l'assemblée  pro- 


-  46  — 

chaîne  que  les  S"  Verbrec,  Adam  le  Cadet,  Falconet  et  Péroneau, 
comme  étant  ceux  qui  sont  le  plus  en  retard. 

Séance  du  23  février.  —  MM .  les  Agréés  se  présentent  à  l'As- 
semblée. Prolongation  du  temps  accordée.  —  M"  les  Agréés 
dénommés  dans  la  délibération  du  27  Janvier  dernier  s'étant  pré- 
sentés à  l'assemblée  pour  y  répondre,  suivant  le  contenu  du 
mandat,  la  Compagnie,  après  avoir  reçu  avec  indulgence  les 
excuses  respectueuses  qu'ils  ont  faites  de  leur  retard,  a  bien 
voulu,  par  une  grâce  singulière  et  sans  tirer  à  conséquence, 
accorder: 

Au  S'  Péroneau,  six  mois.  » 

Cette  fois  Perroneau  fut  exact. 

«  Réception  de  M.  Péronneau.  Aujourd'hui,  samedi  28"  juillet, 
l'Académie  étant  assemblée,  le  Sieur  Jean-Baptiste  Péronneau, 
de  Paris,  Peintre  de  portraits,  lui  a  présenté  ceux  de  M.  Adam 
Va'tné  et  Oudry,  professeurs,  qui  lui  avoient  été  ordonnés  pour 
ouvrages  de  réception.  Les  voix  prises  à  l'ordinaire,  la  Compa- 
gnie a  reçu  et  reçoit  ledit  Sieur  Péronneau,  Académicien,  pour 
avoir  séance  dans  les  assemblées  et  jouir  des  privilèges,  hon- 
neurs et  prérogatives  attachés  à  cette  qualité,  en  observant  par 
lui  les  Statuts  et  Règlemens  d'icelle  Académie,  ce  qu'il  a  promis 
en  prêtant  serment  entre  les  mains  de  M.  de  Silvestre,  Ecuyer, 
Premier  Peintre  du  Rov  de  Pologne,  Directeur  et  Ancien  Rec- 
teur. » 

En  effet  Perronneau,  en  sa  qualité  d'académicien,  signe  aux 
procès-verbaux  de  l'Académie  le  4  août,  le  23  août,  le  31  août, 
le  24  novembre,  le  1"  et  le  29  décembre  de  l'année  1753. 

Au  Salon  du  Louvre,  il  envoyait,  avec  ceux  d'Oudry  et  d'Adam 
l'aîné,  cinq  autres  portraits.  Qu'est  devenue  Elisabeth  de  Rohan- 
Soubise,  princesse  de  Condé,  mariée  à  seize  ans  la  même  année, 
et  morte  en  1760  ?  Nous  avons  relevé  dans  les  archives  du  musée 
Condé,  à  Chantilly,  parmi  les  registres  de  comptes  de  la  maison 
de  Soubise,   et  plus  spécialement   dans  le   «   troisième  compte 


PI.   12 


MAUKin-;  (Juii.NTiN  hk  la  Thuu 
Paslcl.  Siyiié  et  daté  1750. 

(Alusfe  iic  Saint-Qucntiii) 


—  47  — 

que  rend  à  S.  A.  Mgr  le  prince  de  Soubise,  Jacques  Lacerneux, 
trésorier  général  de  Sa  d.  A.,  de  la  recette  et  dépense  par  lui 
faite  en  lad.  qualité  pendant  les  années  1752  et  1753,  la  mention 
suivante  (feuillet  67,  au  verso)  : 

«  Peintres  en  portraits. 

Plus  de  la  somme  de  mille  livres  payée  au  S'  Perronneau, 
autre  peintre,  le  9  octobre  1751,  pour  le  portrait  en  pastel  de 
S.  A.  suivant  l'ordre  et  quittance  rap'"  cy  .     .     .     1000  livres.  » 

Dans  les  comptes-rendus  contemporains,  conservés  au  fond 
Deloynes  (Cabinet  des  Estampes),  il  n'y  a  aucune  indication  des- 
criptive sur  le  portrait  de  la  jeune  princesse  de  Condé.  A  Ver- 
sailles, dans  les  salles  de  l'attique  nord,  se  trouve  un  portrait 
de  Charlotte-Godefrede-Elisabeth  de  Rohan-Soubise,  médiocre 
copie,  due  à  M"°  Danse,  et  mesurant  0ml8  de  large  sur  0m25  de 
haut.  Soulié,  dans  son  catalogue  du  musée  de  Versailles,  écrit  à 
ce  propos  :  «L'original  se  trouvait  (et  non  se  trouve)  autrefois 
au  château  de  Chantilly.  »  Au  musée  Condé,  à  Chantilly,  dans 
les  appartements  privés  du  duc  d'Aumale,  il  existe  toute  une 
série  de  petits  portraits  des  membres  de  la  famille  de  Condé. 
Parmi  ces  portraits  qui  ont  tous  été  exécutés  vers  1775  ou  1776, 
pour  le  Palais  Bourbon,  par  les  soins  de  Simon-Bernard  Le  Noir, 
peintre  ordinaire  du  prince  de  Condé,  on  voit  celui  de  la  prin- 
cesse Charlotte-Godefrede-Elisabeth,  qui  est  identique  à  la  copie 
exécutée  par  M""  Danse,  avec  cette  seule  différence  que  la  pein- 
ture de  Le  Noir  est  un  ovale  et  celle  de  M""  Danse  un  panneau 
rectangulaire.  Sur  un  fond  bleu  légèrement  rompu  d'or,  s'enlève 
le  visage  ovale  aux  traits  réguliers,  aux  grands  yeux  bleus,  au 
teint  rose,  à  la  bouche  jolie.  Les  cheveux  sont  poudrés  et  coiffés 
en  tapé.  On  aperçoit  le  lobe  de  l'oreille  droite.  Le  décolleté  très 
pur  s'encadre  d'une  modestie  blanche  reflétée  de  bleu.  Une 
draperie  blanche  se  noue  sur  le  devant  de  la  poitrine  avec  une 
draperie  bleue,  en  formant  trois  coques.  Un  fil  de  perles  s'attache 
sur  le  bras  gauche.  Le  modelé  en  pleine  lumière,  les  valeurs 


—  48  — 

déterminées  par  un  éclairage  unique  de  gauche  à  droite,  l'équi- 
libre des  tonalités  bleues  et  jaunes,  l'arrangement  même  sont 
familiers  à  Perronneau.  La  princesse  de  Condé  étant  morte  en 
]760,  le  portrait  de  Le  Noir,  exécuté  vers  1775,  est  lui-même  une 
copie.  L'original  est-il  de  Perronneau  ?  En  tout  cas,  nous  en 
trouvons  la  trace  dans  les  registres  de  comptes  de  la  maison  de 
Soubise  (année  1752,  feuillet  73,  recto)  : 
«  Peintres  en  portraits... 
Perronneau. 

Plus  de  celle  de  six  cents  livres  payée  le  6  May  1752  au 
S'  Peronneau  autre  peintre  pour  le  portrait  de  M"'  de  Soubise, 
aujourd'hui  princesse  de  Condé.  Suivant  l'ordre  et  quittance 
rapportés,  cy :     600  livres.  » 

Il  s'agit  de  la  princesse  Charlotte-Godefrede-Elisabeth  de 
Soubise  qui  avait  épousé  le  prince  de  Condé  le  2  mai  1753.  On 
peut  voir  aux  Archives  nationales,  dans  la  vitrine  78,  son  contrat 
de  mariage  (n°  978).  Les  Archives  conservent  également  une 
correspondance  d'une  sentimentalité  délicate,  adressée  par  cette 
princesse  à  son  mari,  et  qui  a  fait  l'objet  d'une  publication  du 
comte  Fleury,  dans  le  Carnet  historique  et  littéraire  du  15  octobre 
et  du  15  novembre  1898. 

Qu'est  devenu  Milord  de  Huntington,  M"'  ***,  et  Julien  le 
Roy,  horloger  du  roi  ?  Nous  avons  indiqué  les  relations  de  Milord 
Huntington  avec  la  demoiselle  Lany,  de  l'Opéra.  Un  rapport 
de  police  (1)  donne  la  date  précise  à  laquelle  Perronneau  a  dû 
exécuter  son  portrait:  «  29  août  1753.  M''  Otting-ton  est  venu 
à  Paris  il  y  a  environ  1  mois  ou  5  semaines,  mais  il  n'a  point 
été  chès  la  D"°  Lany  ;  elle  a  été  lui  rendre  2  ou  3  visittes  rue  du 
Colombier,  chez  la  Cour.  )> 

On  connaît  Julien  Le  Roy  par  la  belle  planche  de  Moitte, 
et    par    la    gravure    de    Hubert    qui   accompagne   une   notice 


(1)   Bibliothèque  de  l'Arsenal.   Papiers  de  la   Bastille 


—  49  — 

biographique  de  Le  Prévôt  d'Exmes.  Né  à  Tours,  en  1686,  cet 
émule  et  ce  concurrent  de  Jean-Baptiste  Bâillon,  Gudin,  Joly, 
Etienne  Lenoir,  Moisy,  fournisseur  comme  eux  de  la  Cour  et 
des  marchands  d'antiquités,  mécanicien  achevé,  auteur  de  bons 
écrits  sur  son  art,  était  à  tel  point  favori  de  la  mode  que  dansThé- 
midore,  un  élégant  trouvant  sa  montre  en  retard  sur  le  méridien 
du  Palais  Royal  «  promet  que  Julien  le  Roy  ne  travaillera  plus 
pour  lui  ».  Inventeur  des  montres  et  des  pendules  à  répétition, 
des  pendules  à  secondes,  il  conquit  sur  l'Angleterre  la  suprématie 
de  l'art  de  l'horlogerie  et  Voltaire  dit  un  jour  à  l'un  de  ses  fils: 
«  Le  maréchal  de  Saxe  et  votre  père  ont  battu  les  Anglais  (1).  » 

Le  portrait  de  M"""  Lemoyne,  probablement  Jeanne  Dorus, 
la  troisième  femme  de  M.  Lemoyne,  le  fils,  professeur  à  l'Aca- 
démie, existe  dans  la  collection  de  M.  Georges  Dormeuil  ;  c'est 
une  œuvre  sobre,  d'un  arrangement  simple,  avec  un  esclavage 
de  perles,  une  mantille  de  taffetas  bleu,  un  décolleté  encadré 
d'une  modestie,  un  «  parfait  contentement  »,  des  riens,  et  cepen- 
dant une  touche  spirituelle  qui  se  pose  çà  et  là  sur  les  paupières, 
le  nez,  la  lèvre  inférieure,  faisant  sourire  cette  jeune  femme,  sans 
parti-pris  violent  d'ombres  et  de  lumières. 

La  Tour,  dont  les  écrivains  contemporains  vantent  sans  cesse 
le  naturel,  n'a  rien  laissé  de  plus  vivant,  de  plus  ample,  de  plus 
vrai  dans  le  «  laisser  aller  »,  de  moins  théâtral  et  cependant  de 
plus  noble  que  les  effigies  d'Adam  l'aîné  et  d'Oudry,  surpris 
dans  un  moment  d'arrêt,  devant  l'œuvre  interrompue.  Adam 
l'aîné  (2)  s'enveloppe  dans  sa  gamberluque  de  taffetas  vert, 
quelque  chose  d'intermédiaire  entre  le  manteau  d'abbé  et  le 
domino,  un  souvenir  de  cette  Italie  de  prédilection,  d'où  il  s'est 
arraché  à  grand'peine,  et  vers  laquelle  courent  les  peintres  fran- 


(1)  Voir  la  notice  de  M.  S.-L.  Chalmcl,  dans  le  t.  IV  de  l'Histoire  de  Touraine  depuis  la 
conquête  des  Gaules  par  les  Romains  jusqu'à  l'année   1790. 

12)  Lamhert-Sigisbert  Adam,  dit  l'ainé,  né  à  Nancy  en  1700,  prix  de  Rome  en  1723,  membre 
de  l'Académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture  en  17.'?7,  professeur  en  1744.  mort  i  Paris 
en  1759. 


—  Su- 
çais, depuis  le  Poussin  qui  revient  y  mourir,  jusqu'à  Fragonard 
qui  y  retrouve  la  Grande  Grèce.  Voyez  le  ragoût  des  couleurs, 
de  ces  bleus  et  de  ces  verts  où  passent  des  reflets  d'or,  et  la  par- 
faite simplicité  d'attitude  de  cet  homme  qui  s'est  assis  quelques 
minutes  auprès  du  socle  d'une  statue  pour  détendre  ses  mains 
fébriles,  ses  belles  mains  sortant  des  manches  retroussées,  gardant 
encore  le  marteau  et  le  ciseau  (pi.  14)  On  devine  dans  l'ombre  la 
naissance  d'une  jambe,  peut-être  une  des  deux  nymphes,  la 
Chasse  et  la  Pêche  qu'il  avait  taillées  chacune  dans  un  seul  bloc 
de  marbre,  et  que  Louis  XV  donna  plus  tard  au  roi  de  Prusse  ; 
ou  plutôt  cette  figure  de  l'Abondar^ce,  exécutée  pour  les  jardins 
de  Choisy  avant  1758,  payée  dix  mille  livres  à  ses  héritiers  en 
1760,  et  dont  il  avait  exposé  le  plâtre  au  Salon  de  1753.  S'il 
s'arrête,  c'est  pour  mieux  penser  à  sa  merveilleuse  collection 
d'antiquités  grecques  et  romaines,  aux  soixante-huit  morceaux 
de  marbre  de  Paros  et  de  Saligno,  trouvés  au  mont  Palatin,  dans 
le  palais  de  Néron  et  dans  les  ruines  du  palais  des  Maures,  qu'il 
eut  à  bon  compte  des  héritiers  du  cardinal  de  Polignac  et  dont 
il  veut  bien  faire  les  honneurs  au  public,  en  sa  maison  de  la  rue 
Basse-du-Rempart. 

Quant  à  Oudry  (1),  il  vient  d'achever  sur  le  châssis  àe  foile 
le  croquis  au  fusain  de  Mitte  et  Turlu,  de  Mignonne  et  Sylvie, 
de  Blanche  ou  de  telle  autre  chienne  de  la  meute  royale.  Campé 
devant  son  chevalet,  il  ouvre  largement  la  main  droite  dans  un 
geste  d'enseignement  ;  l'autre  main,  appuyée  sur  un  magnifique 
fauteuil  en  velours  de  Gênes  cramoisi,  tient  les  pinceaux  et  la 
palette  dont  le  maître  se  servira  pour  démontrer  l'excellence  des 
idées  et  de  la  méthode  qu'il  tient  de  son  maître  Largillierre(  pi.  15). 
Perronneau,  comme  pour  montrer  que  lui  aussi  pourrait  être  élève 
de  Largillierre  au  sens  large  du  mot,  s'est  plu  à  entourer  le  véné- 


(1)  Jean-Baptiste  Oudry,  né  à  Paris  en  1689,  élève  de  son  père  et  de  Largillierre,  membre 
de  l'Académie  royale  de  peinture  en  1719,  directeur  de  la  Manufacture  de  Beauvais,  surins- 
pecteur de  la  Manufacture  des  Gobelins,  mort  le  30  avril   1755. 


PI.  i3 


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U.     .^    V 

Ci  £  k 


—  51  — 

rable  Oudry  d'une  symphonie  de  verts  sourds  rompus  d'or, 
vibrant,  se  répondant  à  l'infini,  à  égayer  l'habit  de  cérémonie, 
le  jabot  et  les  manchettes  de  dentelle  du  vieux  peintre,  de  la  fan- 
taisie débraillée  d'un  mouchoir  de  priseur,  sortant  de  la  poche. 

On  se  souvient  encore  d  un  double  portrait  de  la  collection 
de  M.  Camille  Groult,  prêté  à  l'Exposition  de  Cent  Pastels.  Les 
deux  vieillards,  un  homme  et  une  femme,  lui  assis  devant  une 
table  de  travail  et  dessinant  dans  l'ovale  d'une  miniature,  elle, 
regardant  par  dessus  son  épaule,  passèrent  aux  yeux  de  M.  Groult 
pour  M.  et  M"""  Perronneau,  jusqu'au  jour  où,  en  comparant  le 
portrait  de  M""  Desfriches  mère  et  la  figure  féminine  de  ce  double 
portrait,  il  crut  qu'il  représentait  M°"  Desfriches  la  mère.  Les 
rédacteurs  du  catalogue  de  l'Exposition  et  la  plupart  des  cri- 
tiques s'en  tinrent  à  cette  attribution.  Nous  avions  supposé  nous- 
mêmes  qu'il  s'agissait  de  M.  et  de  M""  Oudry.  Or  il  s'agit  de 
Philippe  Cayeux  et  de  sa  femme  Jeanne  d'Humières  (1). 

En  effet,  il  existe  au  musée  d'Arras  une  peinture  h  l'huile  qui 
représente  ces  deux  personnages.  Au  dos  de  la  toile,  on  lit  cette 
inscription,  tracée  au  pinceau  :  «  Philippe  de  Cayeux,  nat'  du  V»^ 
d'Humières,  sculp"^  en  ornemens  renomé  à  Paris,  chéri  et  très 
bien  venu  céans.  En  sus  Mad°  honesta  sa  très  aimée  et  très  digne 
épouse.  » 

«  Philippe  Cayeux  (2),  né  en  1688  à  Humières  (Picardie)  était 
un  sculpteur  d'ornements  très  réputé  à  Paris.  Sa  spécialité  semble 
avoir  été  les  bordures  et  les  boiseries.  Installé  de  très  bonne  heure 
dans  la  capitale,  paroisse  Saint-Roch,  il  habite  d'abord  dans  la 
rue  Saint-Honoré,  ensuite  rue  Villedo  où  il  meurt  en  1769.  Offi- 
cier de  l'Académie  de  Saint-Luc,   continuellement  en  relation 


(1)  Communication  de  M.  Jean  1  ocquin  à  la  Société  de  l'Histoire  de  l'Art  fr.inç!\is  (3  dé- 
cembre   1909). 

(2)  «  Cayeu,\  (Claude-Philippe),  sculpteur,  reçu  le  22  septembre  1722,  rue  Villedo,  con- 
seiller {Liste,  pp.  21,  25);  +  1769  (Méni.,  Paris;  Scellés,  t.  II,  p.  150).  »  Liste  générale  des 
maîtres  peintres  et  sculpteurs  de  la  Communauté  de  Saint-Luc  de  la  ville  de  Paris  (I3fil- 
1789),  publiée  par  Jules  Guiffrey  dans  VHistoire  de  l'Académie  de  Saint-Luc. 


—  52  — 

avec  les  meilleurs  artistes  de  son  temps  auxquels  il  fournissait  des 
cadres,  il  était  très  achalandé.  Il  avait  commencé  de  bonne  heure, 
dit  Rémy,  à  rassembler  «  une  des  belles  collections  (en  dessins  et 
estampes  surtout)  qu'il  y  ait  à  Paris  ».  Diderot  la  connaissait  bien 
et  il  l'avait  «  couchée  en  joue  »  pour  le  compte  de  Catherine  II  ; 
mais  le  brave  Cayeux  y  tenait  plus  qu'à  un  monceau  de  pièces 
d'or  et  n'avait  voulu  s'en  défaire  à  aucun  prix.  Artiste  de  talent, 
ami  serviable  et  amateur  avisé,  il  était  presque  un  personnage  au 
XVIir  siècle  ;  bien  qu'il  fût  d'une  famille  bourgeoise  apparentée  à 
des  «  maîtres  rôtisseurs  »  et  à  des  «  marchands  pâtissiers  »,  il 
occupait  une  assez  jolie  situation  pour  donner  le  change  et  méri- 
ter qu'on  lui  prêtât  par  mégarde  une  particule.  Il  comptait  parmi 
ses  intimes  Noël-Nicolas  Coypel,  Charles  Parrocel,  Carie  van 
Loo,  Boucher,  Natoire,  Taraval,  Chasle  et  aussi  Cochin,  Des- 
friches et  vraisemblablement  leur  ami  commun  Perronneau.  Un 
dessin  de  Cochin,  gravé  par  Lempereur  et  représentant  Philippe 
Cayeux  de  profil,  confirme  l'identification  fournie  par  l'inscrip- 
tion de  la  toile  d'Arras.  Le  front  droit,  le  nez  fort,  cassé,  le  pli 
accusé  à  la  naissance  du  front,  la  bouche  aux  lignes  fermes,  le 
double  menton,  le  cou  très  court,  le  regard  un  peu  dur,  tous  les 
traits  du  profil  de  Cayeux  par  Cochin  se  retrouvent  dans  les  por- 
traits de  trois  quarts  d'Arras  et  de  la  collection  Groult. 

Il  reste  encore  la  question  d'attribution  à  résoudre.  Qui  est 
l'auteur  du  pastel  et  de  la  peinture  ?  Probablement  le  même 
artiste  (1).  » 

Ce  double  portrait  nous  montre  une  certaine  qualité  d'émotion, 
la  sentimentalité  d'un  Perronneau  tâchant  d'exprimer  le  rêve 
dont  il  fera  l'année  suivante  une  réalité.  Quel  précieux  document 
n'est-ce  pas  là  de  la  vie  des  artistes  de  ce  temps!  Ne  fait-il  pas 
songer  à  cette  familiarité  charmante  des  familles  qui  abritaient 


(1)  Communication   de   M.   Jean   Locquin.    Bulletin   de  la   Société  de   l'Histoire   de   l'Art 
français,   1909,  p.  243. 


—  53  — 

leur  existence  sous  les  vieux  toits  du  Louvre?  Ne  voilà-t-il  pas  de 
quoi  évoquer  le  mot  du  prince  de  Ligne  à  propos  d'une  vieille 
femme  :  «  L'amour  a  passé  par  là  !  »? 

Le  Louvre  possède  le  portrait  au  pastel  du  savant  ingénieur 
hydrographe  Pierre  Bouguer  (1),  daté  de  1753.  L'artiste  sem- 
ble y  affirmer  sa  prédilection  pour  ces  contrastes  de  lilas  et  de 
jaune,  lilas  de  l'habit  et  du  gilet,  jaune  des  fonds  et  du  visage 
bilieux.  De  même,  dans  l'étude  de  ces  traits  accentués  et  comme 
taillés  à  coups  de  hache,  il  parvient  à  la  même  force  expressive 
que  dans  les  portraits  de  Chevotet,  du  père  Chambroy  ou  du 
bénédictin. 

Le  catalogue  de  l'Exposition  de  Cent  Pastels  donnait  la  même 
date,  que  nous  n'avons  pu  voir  et  dont  nous  n'avons  pas  eu 
confirmation,  au  portrait  de  la  comtesse  Jacquette  d'Arches,  née 
de  Loupes.  Au  charme  de  cette  harmonie  de  gris  taupe  et  de 
bleu,  que  la  poudre  des  cheveux  et  le  blanc  de  la  modestie  rend 
plus  délicat,  s'ajoute  un  intérêt  iconographique.  En  effet,  un 
d'Arches  a  été  conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  au 
xviir  siècle  ;  aux  environs  de  la  ville  existe  un  château  d'Arches, 
qui  remonte  au  XVir  siècle,  et  dans  la  même  région,  se  trouve  le 
village  de  Loupes.  Perronneau  a-t-il  fait  un  voyage  à  Bordeaux 
à  cette  époque  ?  Cela  n'est  pas  impossible.  Même  date  encore 
inscrite  en  haut  du  portrait  au  pastel  du  président  Bignon,  mal- 
heureusement abîmé,  que  nous  avons  pu  voir,  en  1908,  dans  la 
collection  de  M"°  Véry,  à  Mantes  ;  c'est  Armand-Jérôme  Bignon, 
né  à  Paris  en  1711,  reçu  avocat  général  du  Grand  Conseil  en 
1729,  maître  des  requêtes  en  1745,  bibliothécaire  du  roi,  prévôt 


(I)  Pierre  Bouguer,  hydrographe  du  roi,  mathématicien,  astronome,  membre  de  l'.Académie 
royale  des  Sciences,  de  la  Société  royale  de  Londres,  né  en  1698  au  Croisic  (Loire  Inférieure). 
Le  22  décembre  1756,  les  Affiches,  annonces  et  avis  divers  annoncent:  n  La  Manœuvre 
des  vaisseaux  ou  Traité  de  Mechaniqae  et  de  Dynamique,  par  M.  Bouguer,  de  r.\cadémie 
royale  des  Sciences,  de  la  Société  royale  de  Londres,  Honoraire  de  l'Académie  de  Marine, 
ci-devant  hydrographe  du  Roi  au  Port  du  Croisic  et  au  Havre-de-Gràce.  .A  Paris,  chez  Guérin. 
1757,  in-4''.  M.  Bouguer  est  déjà  l'auteur  du  Traité  du  navire.  » 


—  54  — 

des  marchands,  conseiller  d'Etat,  membre  de  l'Académie  fran 
çaise,  grand  ami  des  lettres,  mort  le  7  mars  1772. 

Quel  fut  cette  année  le  sentiment  de  la  critique  ?  Le  Mercure 
de  France  (1)  déclare  que  «  M.  Peronneau  a  mérité  des  applau- 
dissemens  par  la  légèreté  de  sa  manière  et  celle  de  ?a  touche  dans 
les  sept  portraits  qu'il  a  présentés.  »  L'abbé  Le  Blanc  n'est  pas 
moins  élogieu.\  (2)  : 

«  Le  public  est  tellement  accoutumé  à  ne  voir  au  Sallon  que 
des  chefs-d'œuvre  de  M.  de  La  Tour  qu'il  ne  peut  plus  l'étonner 
que  par  la  multiplicité  et  c'est  l'effet  qu'ont  produit  les  dix-huit 
tableaux  qu'il  y  a  mis  cette  année.  Les  différens  Portraits  de 
M.  Perroneau  sont  autant  de  preuves  des  progrès  qu'il  fait  jour- 
nellement dans  son  art.  On  voit  qu'il  cherche  la  nature  en  homme 
qui  en  connoit  tout  le  prix.  L'exemple  de  plusieurs  peintres 
prouve  que  les  yeux  du  corps  ne  suffisent  pas  pour  l'apercevoir, 
on  ne  la  saisit  bien  que  des  yeux  de  l'esprit.  Elle  ne  peut  échapper 
à  quelqu'un  qui  a  tout  celui  qui  fait  le  mérite  de  la  touche  de  cet 
Artiste.  » 

L'abbé  Garrigues  de  Froment  (3)  nous  renseigne  sur  l'impres- 
sion que  produisirent  sur  les  académiciens  les  deux  morceaux  de 
réception  d'Adam  et  d'Oudry  : 

«  M.  Aved  me  ramène  à  M.  Perronneau.  Peut-être  aurois-je 
dû  le  nommer  immédiatement  après  M.  de  la  Tour,  parce  que 
leur  genre  de  travail  est  le  même,  parce  qu'ils  sont  les  seuls  ou 
presque  les  seuls  qui  peignent  au  Pastel  ;  mais  je  vous  ai  demandé, 
et  je  crois  avoir  obtenu  de  vous,  monsieur,  la  permission  de 
suivre  plutôt  le  fil  de  mes  idées,  ou  celui  de  mes  sensations,  que 
l'analogie  des  talens,  leur  ordre  ou  l'ancienneté  des  Artistes. 


(1)  Octobre    1753. 

(2)  1753,  Observations  sur  les  ouvrages  de  MM.  de  l'Académie  de  peinture  et  de  sculpture, 
exposés  au  Salon  du  Louvre,  en  l'année  1753,  et  sur  quelques  écrits  qui  ont  rapport  à  la 
peinture.  A  .Monsieur  le  Président  de  B... 

(3)  Sentiments  d'un  amateur  sur  l'Exposition  des  takleau.x  du  Louvre  et  la  critique  qui 
en  a  été  iaite. 


PI. 


14 


LAMiiiiicr-Suiisiiiiui  Adam,  i-'aIm; 
Peinture  (morceau  do  roception).  i-53. 

(Alusce  du  1-ouvtcj 


—  55  — 

Je  reviens  à  celui  qui  a  été  l'objet  de  ma  nouvelle  digression. 
Le  Dessein  de  ses  portraits  est  toujours  fin,  toujours  gracieux  et 
spirituel  ;  mais  en  revanche,  il  est  souvent  maniéré  ;  le  bleu 
domine  dans  toutes  les  ombres  de  ses  têtes  de  femmes  ;  partout 
ailleurs  à  force  d'être  reflétées  et  trop  peu  décidées,  elles  lui  font 
perdre  son  effet.  J'ajoute  que  le  ton  trop  colorié  des  fonds  de 
ses  deux  portraits  d'homme,  efface,  détruit  celui  de  ses  deux 
têtes.  Un  autre  parleroit  des  deux  Morceaux  de  Réception  du 
même  Auteur,  des  deux  portraits  de  MM.  Oudry  et  Adam  l'aîné  ; 
un  autre  en  diroit  tout  le  bien  qu'il  y  a  lieu  d'en  dire.  Quant  à 
moi,  qui  suis  au  fait  des  éloges  que  ces  deux  tableaux  lui  attirèrent 
de  la  part  de  ses  Confrères,  quand  il  les  présenta  à  l'Académie, 
du  bruit  et  du  plaisir  qu'ils  y  firent,  je  m'en  tiens  au  silence  ;  c'est 
toujours  le  parti  le  plus  sûr,  quand  les  Maîtres  se  sont  énoncés 
aussi  positivement,  aussi  clairement,  d'aussi  bonne  foi,  qu'ils  le 
firent  en  faveur  de  M.  Perroneau.  » 

Fréron  (1),  lui,  réplique: 

«  M.  de  la  Tour  reçoit  l'encens  qui  lui  est  dû.  Mais  dire  qu'il 
scait  par  son  tact  subtil  et  magique  saisir  et  fixer  le  sel  volatil  de 
l'esprit,  si  facile  à  s'évaporer  des  mains  de  qui  que  ce  soit,  et 
de  ceux  même  qui  le  possèdent,  outre  que  ce  n'est  là  qu'un 
précieux  galimathias,  c'est  pousser  l'hyperbole  au  dernier  degré. 
Oui  est-ce  qui  croira  jamais,  par  exemple,  que  le  principe  qui 
pense,  et  qui  a  dicté  à  M.  de  la  Chaussée  tant  de  Comédies 
morales,  soit  identifié  avec  le  Pastel,  et  réside  sous  la  glace  de 
son  portrait?...  M.  Aved  est  pourtant  de  quelque  utilité  à  notre 
Auteur;  il  lui  sert  de  transition  pour  parler  de  M.  Péronneau 
auquel  il  reproche  d'être  trop  maniéré.  » 

Et  ailleurs,  dans  son  Année  littéraire,  il  ajoute  ceci  : 

«  Outre  les  deux  morceaux  de  réception  de  M.   Peronnean 


(I)   Lettre  sur  quelques  écrits  de  ce  temps  au  sujet  des  tableaux  exposés  dans  le  Grand 
Salon  du  Louvre  en  1753,  en  réponse  à  l'abbé  Garrigues  de  Froment. 


—  56  — 

qui  sont  les  portraits  de  Messieurs  Oudry  et  Adam  l'aîné,   ce 
peintre  a  donné  plusieurs  têtes  en  pastel  qui  sont  fort  belles.  Il 
étudie  avec  fruit  la  manière  de  M'"  Rosalba  de  Carriera.  » 
L'admiration  de  Huquier  fils  (1)  va  plus  loin: 
«  M.  Peronneau  suit  de  près  M.  de  La  Tour.  Ses  deux  Portraits 
de  réception   pour  l'Académie   sont   universellement   admirés  ; 
l'un  est  celui  de  M.  Oudry,  et  l'autre  celui  de  M.  Adam  l'aîné. 
Professeur  de  la  dite   Académie.   Le  dessein  l'emporte  sur  le 
pinceau  ;  quoique  l'un  et  l'autre  soient  très  bien,  le  Pastel  est 
son  genre,  il  y  brille  encore  d'avantage  ;  la  légèreté  de  la  touche, 
la  fraîcheur  du  coloris,  et  le  caractère  du  dessein,  tout  y  est  ras- 
semblé, je  n'en  veux  d'autres  preuves  que  le  portrait  de  M""  la 
princesse  de  Condé,  et  celui  de  M.  Julien  Le  Roy;  j'ose  dire 
que  ce  dernier  le  dispute  à  M.  de  la  Tour:  l'art  et  la  nature 
y  sont  employés  et  réunis  admirablement  bien.  » 
L'abbé  Laugier  se  montre  plutôt  sentimental  (2)  : 
«  M.  Perronneau,  Académicien,  a  exposé  le  portrait  de  cet 
aimable  artiste  (Oudry).  Le  plaisir  que  j'avois  eu  à  considérer 
tant  de  jolis  Ouvrages,  m'a  donné  beaucoup  de  goût  pour  ce 
portrait  qui  est  bien  peint...  » 

Estève  estime  que  «  M.  Perronneau  a  été  jugé  plus  ressem- 
blant à  lui-même  et  sa  couleur  moins  variée  que  celle  de  M.  la 
Tour.  Cet  artiste  a  donné  cette  année  deux  morceaux  de  récep- 
tion qui  ont  été  applaudis.  » 

Lafont  de  Saint-Yenne  (3)  s'intéresse  surtout  à  Julien  Le  Roy. 

«  Le  S'  Perroneau,  loin  d'être  oublié  dans  cette  classe,  mérite 

beaucoup  d'éloges.  Ses  pinceaux  et  son  pastel  ont  de  la  finesse 

et  des  beautés  singulières.  Parmi  plusieurs  de  ses  portraits,  on  a 


(1)  Lettre  sur  l'Exposition  des  Tableaux  au  Louvre,  avec  des  notes  historiques. 

(2)  Jugement  d'un  amateur  sur  l'Exposition  des  tableaux.  Lettre  à  M.  le  marquis  de  V... 

(3)  Sentimens  sur  quelques  ouvrages  de  peinture,  sculpture  et  gravure.  Ecrits  à  un  Par- 
ticulier en  Province,  à  l'occasion  de  l'Exposition  de  1753.  mais  qui  n'ont  paru  qu'en  1754, 
année  qu'il  ne  se  fit  point  d'exposition. 


—  57  — 

distingué  ceux  de  deux  grands  Artistes:  MM.  Oudri  et  Adam 
qui  sont  peints  jusqu'aux  genoux,  et  avec  les  enseignes  hono- 
rables de  leurs  professions  et  de  leur  célébrité.  On  a  vu  avec 
plaisir  celui  du  S'  Julien  le  Roi,  cet  artiste  si  renommé  dans  les 
deux  mondes,  et  qui  a  porté  l'art  de  l'Horlogerie  à  un  si  haut 
degré  de  perfection  que  les  nations,  même  les  plus  jalouses  de 
notre  supériorité,  ont  été  forcées  de  l'accorder  à  ce  savant 
homme.  Ce  que  j'estime  en  lui  bien  au  delà  de  sa  science  et  du 
rang  qu'il  tient  dans  sa  profession,  c'est  une  probité  invariable 
avec  beaucoup  de  simplicité  et  de  modestie.  » 

Lacombe,  auteur  du  Dictionnaire  portatif  des  Beaux-Arts, 
opine,  dans  son  Salon  de  1753,  que  les  tableaux  de  Perronneau 
ont  paru  dignes  de  sa  réputation. 

Et  Baillet  de  Saint-Julien,  dans  son  Ode  sur  la  peinture,  pro- 
clame qu'il  «  admire  le  génie  pittoresque  des  Perronneau  ». 


IV. 


Mariage  de  Perronneau.  —  Ses  envois  aux  Salons  de  Paris  et  au 
Salon  de  Toulouse.  —  Séjours  à  Lyon,  à  Bordeaux,  à  Abbe- 
ville,  à  Orléans.  —  Voyages  en  Hollande  et  en  Italie.  ■ — 
Lettres  à  Desfriches. 

1754=1780 


1754  En  1754,  il  n'y  eut  pas  de  Salon.  L'année  est  d'ailleurs  fort 
bien  remplie.  Perronneau  se  marie  au  mois  de  novembre  et  il 
semble  avoir  pris  son  amour  si  fort  à  cœur  qu'il  en  oublie  de 
travailler.  En  effet,  il  ne  signe  guère  que  trois  fois  aux  procès- 
verbaux  de  l'Académie,  le  5  janvier,  le  23  février  et  le 
7  décembre.  Nous  imaginerions  volontiers  que  lartiste  fit  l'école 
buissonnière  du  printemps  à  l'automne,  n'étaient  le  portrait  de 
Hubert  Drouais  de  la  collection  Daniel  Halle  (pi.  16),  et  un  pastel 
de  Jacob  van  Kretschmar  que  possède  M.  le  jonkheer  J.-A.  van 
Kretschmar  van  Veen  à  Utrecht  (pi.  17).  Van  Kretschmar,  en 
habit  bleu  clair,  soutaché  d'or,  portant  cuirasse,  les  cheveux  pou- 
drés, vu  de  trois  quarts,  tourné  vers  la  gauche,  paraît  âgé  de 
trente  ans  (1).  On  lit  en  haut  du  tableau  l'inscription:  Perron- 
neau, peintre  du  Roy,  en  1754,  à  La  Haye.  On  verra  plus  loin 
que  Jacques  van  Rynweld,  «  hollandois  »,  signe  au  contrat  de 
mariage  du  peintre.  Ainsi,  dès  1754,  Perronneau  s'acheminait 
vers  la  patrie  de  Rembrandt. 


(1)  Jacob  de  Kretschmar,  seigneur  de  Wijk,  Aalburg  et  Ween,  plus  tard  général  d'infanterie 
au  service  des  Provinces  Unies,  né  en  17?1  et  mort  en  1792.  Le  pastel  mesure  O^GO  de 
hauteur  sur  0™46  de  largeur  à  l'intérieur  du  cadre. 


PI.  i5 


J.   B.   OlDRY 

reinliue  (inorceaii  de  récoplion).  1753. 

(Muscc  Un  I.oiivrc) 


—  59  — 

II  épousait  Louise-Charlotte  Aubert.  fille  de  Louis-François 
Aubert.  Nous  ne  connaissons  pas  de  pastel  ni  de  peinture  de  cet 
Aubert,  dont  Lazare  Duvaux  appréciait  fort  le  travail,  et  qu'un 
brevet  autorisait  «  à  se  dire  et  qualifier  peintre  en  émail  du  Roy  ». 
Il  faut  le  distinguer  d'un  autre  Aubert,  joaillier,  qui  laissa  une 
collection  de  tableaux  précieux,  dessins,  gouaches,  estampes  dont 
le  catalogue  a  été  rédigé  par  A.  Paillet.  Nous  ne  pouvons  affirmer 
s'il  s'agit  de  M.  Aubert,  de  l'Académie  de  Sainf-Luc  (1),  dont 
le  cabinet  contenait  une  superbe  collection  de  différentes 
branches  de  l'histoire  naturelle  et  principalement  de  coquilles. 
Suivant  une  adresse  gravée  par  Choffard  en  1756,  «  Aubert,  mar- 
chand et  graveur,  rue  Saint-Jacques,  près  la  fontaine  Saint- 
Séverin,  à  l'enseigne  du  Papillon,  donne  avis  qu'il  a  trouvé  la 
véritable  façon  de  fabriquer  les  papiers  veloutés  ou  papiers  d'An- 
gleterre en  façon  de  damas  et  velours  d'Utrecht,  en  une  ou 
plusieurs  couleurs,  propres  pour  tapisseries,  écrans  à  pieds,  et 
devants  d'autels,  à  Paris.  »  Louis-François  Aubert,  comme  tous 
les  miniaturistes,  était  fort  occupé,  à  cause  de  la  mode  qui  voulait 
qu'on  introduisît  des  portraits  dans  les  bijoux  ;  on  relève  dans  le 
journal  de  Lazare  Duvaux,  en  avril  1754,  un  beau  spécimen  de 
son  travail,  une  tabatière  d'écaillé  piquée,  en  cage,  à  contours, 
la  garniture  en  or  émaillé  de  rose  par  Aubert,  au  retour  d'une 
vieille  garniture  d'or,  dont  M"'  de  Pompadour  avait  fourni  le 
dessin,  et  que  l'antiquaire  estime  à  920  livres. 

Le  contrat  (2)   fut  signé  le  3  novembre,   par  devant  Maître 


(1)  ce  Aubert  (Louis-François),  peintre  en  émail  du  Roi,  reçu  le  23  septembre  1747,  rue  du 
Four-Saint-Germain  {Liste),  t  29  octobre  1755,  rue  du  Four.  (Son  scellé,  t.  Il,  p.  215).  »  Liste 
générale  des  maîtres  peintra  et  sculpteurs  de  la  Communauté  de  Saint-Luc  de  la  ville  de 
Paris,  publiée  par  Jules  Guiffrey  dans  VHisioire  de  l'Académie  de  Saint-Luc. 

(2)  Contrat  de  mariage  de  Jean-Baptiste  Perronneau   (à  peu  près  in-extenso)  : 

Actes 
Mariage  des 

3  novembre   1751.  Not.  de  Paris. 

Fait    en     parchemin.  (Dix  sols.) 

Par  devant  les  Conseillers  du  Roy,  Notaires  au  Chastelet  de  Paris  soussiRnés,  furent 
présens  sieur  Jean  Baptiste  Perronneau  de  l'Académie  Royalle  de  Peinture,  majeur,  fils  de 


—  60  — 

Desmeures.  Les  futurs  époux  reconnaissaient  un  apport  de  six 
mille  livres  deniers,  quatre  mille  livres  en  meubles  et  linge, 
seize  mille  livres  de  douaire.  On  retrouve  dans  les  signataires  du 
contrat  la  même  variété  de  situations  sociales  que  dans  les  modèles 
du  portraitiste,  et  de  précieux  indices  pour  les  portraits  qui 
n'ont  pas  encore  été  identifiés:  Jean-Louis  de  Gontaut-Biron, 


feu  sieur  Henry  Perronneau,  bourgeois  de  Paris  et  de  Damoiselle  Marie  Geneviève  Frémonf 
cy-devant  son  épouse,  à  présent  sa  veuve,  ses  père  et  mère  de  laquelle  d"  sa  mère  le  d.  sieur 
Jean  Baptiste  Perronneau  a  dit  avoir  le  consentement  pour  son  mariage  cy-après  ;  demeurant 
à  Paris  rue  Fremanteau,  parroisse  Saint-Germain  l'Auxerrois  pour  luy  et  en  son  nom  d'une 
part. 

Et  sieur  Louis-François  Aubert  , Peintre  du  Roy  en  émail  et  damoiselle  Marie-Antoinette 
Rapilliar  Duclos  son  épouse  qu'il  autorise  à  l'effet  des  présentes,  demeurant  à  Paris  place 
Dauphine,  parroisse  Saint  Barthélémy,  stipulant  tant  en  leurs  noms  que  pour  Damoiselle 
Charles  Louise  Aubert  leur  fille  mineure  demeurante  avec  eux  à  ces  présentes  et  de  son 
consentement  pour  elle  et  en  son   nom   d'autre  part. 

Lesquelles  parties,  en  la  présence  et  de  l'agrément  de  Très  haut  et  très  puissant  seigneur 
Monseigneur  Jean-Louis  de  Gontaut  de  Biron,  Duc  de  Biron,  Pair  de  France,  abbé  de  Moisac 
et  de  M"'  JV.ichel  Bouvard  de  Fourqueux,  Procureur  général  de  sa  Majesté  en  sa  chambre 
des  Comptes  comme  aussy  en  'a  présence  et  du  consentement  des  parens  les  amis  du  d.  sieur 
et  de  la  dite  d«"<^,  futurs  époux,  savoir  dud.  futur  époux  de:  M.  Louis  Jean  Gaignat,  Ecuyer, 
conseiller  secrétaire  du  Roy,  Maison  couronne  de  France  et  de  ses  finances,  Receveur  général 
des  Consignations  des  Requestes  du  Palais,  M'''  Louis  Félix  de  Boustancourt,  Ecuyer  prestre- 
docteur  de  Sorbonne,  M"'  Barthélémy  Augustin.  Blondel  Dazaincourt,  Lieutenant  colonel 
d'Infanterie,  chevalier  de  l'ordre  royalle  militaire  de  Saint-Louis,  Intendant  des  Menus- 
Plaisirs  du  Roy,  sieur  Charles  Girard,  marchand  orphèvre,  sieur  Jean  Baptiste  Massé,  Con- 
seiller de  l'Académie  Royalle  de  Peinture  et  sculpture,  sieur  Peter  de  Pape,  bourgeois  de 
Paris,  d"  Marie  Agnès  Dubois,  son  épouze,  sieur  Isaac  van  Ryneveld,  holandois,  sieur 
Louis  Depape  fils,  sieur  Jean  Baptiste  Lafontaine,  sellier  des  petites  Ecuries  du  Roy,  sieur 
Jean  Louis  Barante,  bourgeois  de  Paris,  s''  Louis  Daniel,  banquier  à  Paris,  sieur  Laurent 
Cars,  graveur  du  Roy,  M''  Gérard  Baudet,  avocat  au  Parlement,  sieur  Julien  Leroy,  horloger 
du  Roi,  sieur  Philippe  Charles  Legendre  de  Villemorien,  administrateur  général  des  Ports, 
sieur  Jean  Laroche,  arquebuzier  du  Roy,  sieur  Sauveur  Laroche,  aussy  arquebuzier  du  Roy, 
sieur  Jacques  Billaudel,  intendant  ordonnateur  des  Bastimens  du  Roy,  controlleur  du  chastenu 
de  Choisy,  s''  Charles  Duruisseau  avocat  au  Parlement,  tous  amis. 

Et  de  la  part  de  la  damoiselle  future  épouze,  de  M'  François  Joseph  Marteau,  graveur  des 
Médailles  du  Roy  et  de  d"  Geneviève  Girard  son  épouse,  oncle  et  tante,  d"""  Marie  Françoise 
Aubert  fille,  sœur,  M.  Charles  François  Aubert  de  Rigny,  Procureur  au  Parlement,  cousin; 
D""'  Geneviève  et  Victoire  Marteau,  fille  et  cousines,  d""  Geneviève  Colin,  fille,  sieur  Jean 
Ducrottoy,  marchand  orfèvre,  sieur  Jacques  Charlier,  Peintre  du  Roy,  sieur  Michel  Ange 
Charles  Challe,  Peintre  ordinaire  du  Roy,  d"°  .Madelaine  Nérot,  sieur  Claude  Charles  Domi- 
nique Tourolle,  d*'  Charlotte-Félicité  Tourolle  et  de  d<'  Marguerite  Françoise  Cocquelin  fille, 
tous  amis. 

Ont  volontairement  reconnu,  fait,  réglé  et  arresté  les  conventions  du  futur  mariage  d'entre 


—  61  — 

duc  de  Biron,  pair  de  France,  abbé  de  Moissac  ;  Michel  Bouvard 
de  Fourqueux,  procureur  général  de  Sa  Majesté  en  Sa  Chambre 
des  comptes;  à  distance  respectueuse,  les  témoins  de  l'époux: 
Louis-Jean  Gaignat,  écuyer,  conseiller  secrétaire  du  Roy  ;  Louis- 
Félix  de  Boustancourt,  écuyer,  prêtre  docteur  de  Sorbonne  ; 
Barthélémy-Augustin    Blondel    d'Azincourt,    lieutenant-colonel 


les  d.  s.  Jean-Baptiste  Perronneau,  Charles  Louise  Aubert,  selon  le  contrat  qu'il  s'ensuit. 
C'est  à  savoir  que  les  d.  sieurs  Louis  François  Aubert  et  d"'^  Marie  Antoinette  Rapilliart 
Duclos  son  épouse  ont  promis  donner  la  d.  d"«  Charles  Louise  Aubert,  leur  fille  au  d.  sieur 
Jean-Baptiste  Perronneau  qui  promet  la  prendre  pour  sa  femme  et  légitime  épouze  par  nom, 
foy  et  loy  de  mariage  et  de  luy  faire  faire  les  solennités  de  l'autorité  de  notre  mère  Sainte 
Eglize  catholique,  apostolique  et  Romaine,  le  plutost  que  faire  se  poura  et  aussitost  qu'il  en 
sera  requis.  Pour  estre  les  d.  sieur  et  demoiselle  futurs  époux  au  d.  mariage  vus  le  commun 
en  tous  biens  meubles  et  conquets  immeubles,  suivant  la  coutume  de  Paris,  au  désir  de 
laquelle  leur  future  communauté  sera  régie  et  gouvernée  et  le  partage  des  biens  d'icelle  fait 
quand  bien  même  ils  feroient  cy  après  leurs  demeures  ou  des  acquisitions  en  Pays  Régis 
par  loix,  usages,  de  dispositions  contraires,  auxquelles  est  pour  le  regard  dérogé  et  renoncé. 
Ne  seront  néanmoins  les  d.  sieur  et  d"^  futurs  époux  tenus  de  dettes  et  hypothèques  l'un 
de  l'autre  antérieures  à  leur  mariage,  et  si  aucunes  se  trouvent,  elles  seront  payées  et  acquit- 
tées par  celuy  des  d.  s.  et  d'^"  futurs  époux  qui  en  sera  débiteur  et  par  ses  biens  sans  que 
l'autre  des  biens  ni  ceux  de  la  d.  communauté  en  soient  aucunement  tenus  garans  ni  respon- 
sables. 

Le  d.  sieur  futur  époux  se  marie  avec  les  biens  et  droits  qui  luy  apartiennent.  (Rayé  cy 
endroit  deux  lignes  entières  et  seize  mots  comme  nuls  du  consentement  et  de  la  réquisition 
des  parties). 

En  considération  du  d.  futur  mariage,  les  d.  sieur  Louis  François  Aubert,  et  d"  Avarie 
Antoinette  Rapilliart  Duclos,  son  épouze,  constituent  en  dot  à  la  d"'=  Louise  Charlotte  Aubert 
future  épouze,  leur  fille,  la  somme  de  dix  mille  livres  que  lesd.  sieur  et  d»  Aubert,  père  et 
mère,  promettent  et  s'obligent  solidairement  et  sous  les  renonciations  ordinaires  au  bénéfice 
de  droit  pa>eur,  fournir  et  remettre  au  d.  sieur  et  d"°  futurs  époux  la  veille  de  leurs  épou- 
sailles .savoir:  six  mille  livres  en  deniers  romptans  et  espèces  sonnantes  et  quatre  mille  livres 
en  meubles  meublans,  effets  mobiliers,  habits,  linge,  hardes  et  bijoux  à  l'usage  de  la 
d.  D"»  future  épouze.  Au  moyen  de  laquelle  dot  et  du  payement  et  fournissement  d'icelle, 
les  d.  sieur  et  d""  futurs  époux,  leurs  enfans  et  autres  les  représentans  ou  étans  en  leurs 
droits  ne  pouriont  demander  au  survivant  des  d.  s.  et  d^  père  et  mère  de  la  d.  d"'  future 
épouze  aucun  compte  ni  partage  des  biens  du  prédécédé  d'eux  à  la  charge  par  le  survivant 
de  faire  faire  bon  le  fidèle  inventaire  et  encore  sous  la  condition  que  les  d.  s.  père  et  mère 
de  lad.  d"«  future  épouze  feront  faire  cette  soumission  par  leurs  autres  enfans  lorsqu'ils 
les  établiront.  Desquels  biens  apartenans  aud.  sieur  futur  époux  et  de  la  d.  somme  de  dix 
mille  livres  constituée  en  dot  à  la  d.  d"'  future  épouse,  il  en  entrera  de  part  et  d'autre  en  la 
communauté  cy  dessus  stipulée  la  somme  de  mille  livres  et  le  surplus  sera  et  demeurera 
propre  à  chacundes  d.  s.  et  d"»  futurs  époux  et  aux  siens  de  son  côté  et  ligne,  ensemble, 
tout  ce  qui  aviendra  et  échoira  aux  d.  s.  et  d"'  futurs  époux  pendant  leur  mariage  tant  en 
meubles  qu'immeubles  à  quelque  titre  que  ce  soit.  Le  d.  sieur  futur  époux  a  donné  et  donne 
à  la  d.  d""  future  épouze  de  la  somme  de  seize  mille  livres  de  douaire,  préfix  une  fois  payé 


—  62  — 

d'infanterie,  chevalier  de  Saint-Louis,  intendant  des  Menus- 
Plaisirs;  Ch.  Girard,  orfèvre;  J.-B.  Massé,  conseiller  de  l'Aca- 
démie de  peinture  ;  Pierre  Peter  de  Pape,  bourgeois  de  Paris, 
et  Marie- Agnès  Dubois,  son  épouse  ;  Louis  de  Pape  fils  ;  Isaac 
van  Rynweld,  «  holandois  »  ;  J.-B.  La  Fontaine,  sellier  des 
Petites-Ecuries  du  Roi  ;  Jean-Louis  Barante,  bourgeois  de  Paris  ; 


lequel  sera  propre  aux  enfans  qui  naîtront  du  mariage  en  cas  qu'il  en  existe  lors  de  l'ouver- 
ture du  d.  douaire,  mais  sera  sans  retour  et  en  toute  propriété  au  profit  de  la  d.  future  épouze 
s'il  ne  se  trouve  point  d'enfans  vivans  au  mariage  lors  de  l'ouverture  du  douaire,  même 
dans  le  cas  qu'ayant  enfans  ils  décèdent  avant  d'avoir  ateint  leur  majorité  ou  sans  laisser 
de  postérité.  Le  survivant  des  d.  s.  et  d""  futurs  époux  aura  et  prendra  par  préciput  et 
avant  partage  faire  des  biens,  meubles  de  la  communauté  cy  dessus  stipulée,  tels  d'iceux 
qu'il  voudra  choisir  suivant  la  prisée  de  l'inventaire  qui  en  sera  lors  fait  et  sans  crue 
jusqu'à  concurrence  de  la  somme  de  quatre  mille  livres  où  la  d.  somme  en  deniers  comptans 
au  choix  et  option  du  survivant.  En  outre,  si  c'est  le  d.  sieur  futur  époux  qui  survit,  il 
reprendra  encore  au  d.  titre  de  préciput,  ses  habits,  linge,  hardes  et  autres  choses  étant 
à  son  usage  personnel  en  particulier,  le  tout  jusqu'à  concurrence  de  la  somme  de  deux  mille 
livres  seulement,  et  si  c'est  la  d">^'  future  épouze  qui  survit,  elle  reprendra  encore  au  d.  titre 
de  préciput  ses  habits,  linge,  hardes,  diamans  et  autres  choses  étant  à  son  usage  personnel 
particulier,  le  tout  aussy  jusqu'à  concurrence  de  la  somme  de  deux  mille  livres  seulement. 
Le  remploy  des  propres  aliénés  de  part  et  d'autre  pendant  le  mariage,  sera  fait  suivant  la 
coutume  de  Paris,  et,  aura  ia  d.  d"'  future  épouze  son  indemnité  sur  les  biens  propres  dudit 
s.  futur  époux  si  ceux  qui  se  trouvent  dans  la  communauté  cy-dessus  stipulée  ne  se  trouvent 
pas  lors  de  la  dissolution  d'iceile  suffisans  pour  opérer  à  son  égard  le  d.  remploy,  l'action 
duquel  sera  et  demeurera  propre,  cy  immobilière,  à  celuy  des  d.  sieur  et  d""  futurs  époux 
qui  aura  droit  de  l'exercer  et  aux  siens  de  son  côté  et  ligne. 

Sera  permis  à  la  d.  d""  future  épouze  et  aux  entants  qui  naîtront  du  mariage  de  renoncer 
à  la  communauté  cy  dessus  stipulée,  ce  faisant  de  reprendre  franchement  le  quittement  de 
tout  ce  que  la  d.  d"»  future  épouze  aura  aporté  au  d.  mariage,  ensemble.  Tout  ce  qui  lui  sera 
avenu  et  échu  pendant  iceluy,  tant  en  meubles  qu'immeubles  à  quelque  titre  que  ce  soit, 
même  la  3.  d""  future  épouze  survivante  et  exerçant  la  d.  faculté  de  renoncer,  reprendra 
ses  douaires  cy  préciput  tels  qu'ils  sont  ci-dessus  .stipulés  sans  par  la  d.  d"'  future  épouze 
ni  ses  d.  enfans  être  tenus  d'aucune  dette  et  charge  de  la  d.  communauté,  encore  que  la 
d.  demoiselle  future  épouze  y  fut  obligée  ou  condamnée  dont,  du  tout  la  d'=  demoiselle  future 
épouze  et  ses  enfans  seront  acquittés  et  indemnisés  par  les  héritiers  et  par  les  biens  dudit 
sieur  futur  époux.  Pareille  faculté  de  renoncer  à  la  d.  future  communauté  cy-dessus  stipulée 
est  accordée  par  les  présentes  aux  s.  le  d.  père  et  mère  de  'a  d.  demoiselle  future  épouze 
et  aux  survivants  d'eux Et  pour  le  sieur  futur  époux  donner  à  la  d.  d"=  future  épouze  pre- 
mières marques  de  la  sincérité  de  son  estime,  il  a  fait  et  fait  par  les  présentes  à  'a  d.  d"' 
future  épouze  ce  acceptant,  même,  ce  acceptant  pour  elle  par  les  dis  parents  de  la  d"«  ses 
père  et  mère,  donnation  entre  vifs  et  irrévocable  la  somme  de  quinze  mille  livres  à  prendre 
sur  les  plus  clairs  et  apparens  biens  qui  se  trouveront  estre  dans  la  succession  du  dit  sieur 
futur  époux  le  jour  de  son  décès.  Pour  que  la  d""  future  épouze,  dans  le  cas  où  elle  survivra  le 
dit  sieur  futur  époux  recueillir  l'effet  de  la  présente  donnation,  le  jouir  faire  et  dispose  en 
toute  propriété  de  la  d.  somme  de  quinze  mille  livres,  pourvu  toutefois  qu'au  dit  jour  du  décès 


PI.  i6 


IIi:i;iciîT  DlioUAlS 
l'iislil.  Sij;né  et  dalo  1754. 

(A  M.  Uaniol  ll:illc) 


—  63  — 

Louis  Daniel,  banquier  à  Paris  ;  Laurent  Cars,  graveur  ;  Gérard 
Baudet,  avocat  au  Parlement  ;  Julien  Le  Roy,  horloger  du  Roy  ; 
Philippe-Charles  Legendre  de  Villemorien,  administrateur  géné- 
ral des  postes  ;  Jean  Laroche  et  Sauveur  Laroche,  arquebusiers 
du  Roi  ;  Charles-Jacques  Billaudel,  intendant  ordonnateur  des 
Bâtiments  du  Roi,  contrôleur  du  château  de  Choisy  ;  Charles 
Duruisseau,  avocat  au  Parlement. 

Du  côté  de  Louise-Charlotte  Aubert  :  François-Joseph  Mar- 
teau, graveur  des  médailles  du  Roi  et  Geneviève  Girard  son 
épouse,  ses  oncle  et  tante  ;  Marie-Françoise  Aubert,  sa  sœur  ; 


du  d.  sieur  futur  époux  il  n'ait  aucun  enfant  vivant  nez  ou  à  naître  du  d.  futur  mariage  et  s'il 
y  en  a  et  qu'ils  viennent  à  décéder  avant  d'avoir  aleint  leur  majorité  sans  ettre  pourvus  par 
mariage,  sans  laisser  de  postérité  et  sans  avoir  valablement  disposé  de  leurs  biens,  la 
présente  donation  reprendra  sa  force  et  vertu  et  sortira  son  plein  et  entier  effet  au  profit 
de  la  d.  d""  future  épouze.  Pour  l'exécution  de  toutes  les  clauses  et  conventions  du  présent 
contrat  de  mariage,  il  y  aura  hypothèque  acquise  et  formée  dès  aujourd'huy.  Pour  faire  et 
justifier  ces  présentes  où  besoin  sera,  les  parties  ont  fait  et  constitué  leur  procureur,  le  por- 
teur auquel  elles  donnent  à  cet  effet  tout  pouvoir  requis  et  nécessaire,  promettant  obligeant 
chacun  en  droit  les  dits  sieurs  et  d.  père  et  mère  de  la  d.  futur  épouze  solidairement  comme 
dessus  reconnus. 

Fait  cy  après  à  Paris,  en  la  demeure  des  d.  sieurs  pèie  et  mère  de  la  d.  d""^  future  épouze 
cy  devant  désignée;  l'an  mil  sept  cent  cinquante  quatre  le  trois  novembre  avant  midy  et 
ont  signé:  Perronneau  -  Aubert  —  Rapilliart  du  Clos  —  Aubert  —  Collin  -  Marteau  — 
Aubert  —  Ducrottoy  —  Girard  —  J.  B.  Massé  —  Peter  de  Pape  —  Ryneveld  —  Dubois  de 
Pape  —  L.  de  Pape  fils  —  G.  Girard  —  Geneviève  Marteau  —  Charlier  —  M.  A.  Challe  — 
M.  Victoire  Marteau  —  M.  Nérot  et  Tourolle  —  C.  Tourolle  —  Félicité  Tourolle  —  H.  Coque- 
lin  —  La  Fcntaine  —  Babauit  —  Gaignat  —  Billaudel  —  de  Boustancourt  —  Cars  —  Laroche 
—  Baudet  —  Gontaut  de  Biron  —  duc  de  Biron  —  J.  Laroche  —  Julien  Leroy  —  de  Ville- 
morien —  Blondel  Dazaincourt  —    Duruisseau  —  Raguenau  —  Desmeures. 

et  le  quatorze  décembre  mil  sept  cent  cinquante  cinq  est  comparu  devant  les  Conseillers 
du  Roy,  notaires  au  Chastelet  de  Paiis,  soussignés  le  dit  sieur  Jean  Baptiste  Perroneau  de 
l'Académie  Royale  de  Peinture,  nommé  en  son  contrat  de  mariage  cy-dessus  et  des  autres 
parts  demeurant  à  Paris,  Place  du  Palais  Royal,  paroisse  Saint  Germain  l'Auxerrois,  lequel 
a  reconnu  avoir  reçu  en  plusieurs  et  différentes  fois;  des  f.  Louis  François  Aubert, 
peintre  du  Roy,  actuellement  décédé  et  dame  Marie  Antoinette  Rapilliart-Duclos  —  son 
épouse  à  présent  ?a  veuve  qui  lui  ont  payé  du  vivant  du  sieur  Aubert  la  somme  de  dix  mille 
livres  dont  six  mille  livres  en  deniers  comptans  et  espèces  sonnantes  et  quatre  mille  livres 
en  effets  le  tout  pour  la  dot  par  eux  constituée  3  demoiselle  Charles  Louise  Aubert  leur  fille, 
à  présent  épouze  du  d.  sieur  Perroneau  de  laquelle  somme  de  dix  mille  livres,  il  quitte  et 
décharge  le  feu  sieur  Aubert  et  la  d.  demoiselle  son  épouze,  à  présent  sa  veuve  et  s'en 
charge  envers  la  d.  dame  son  épouze  promettant,  obligeant. 

Fait  et  passé  à  Pr.ris  en  l'élude  le  jour  et  l'an  désignés  cy-dessus. 


—  64  — 

Geneviève  et  Victoire  Marteau,  ses  cousines  ;  Charles-François 
Aubert  de  Rigny,  procureur  au  Parlement,  son  cousin  ;  Jean 
Ducrottoy,  marchand  orfèvre  ;  Jacques  Charlier,  peintre  du  Roi  ; 
Michel-Ange  Challe,  peintre  ordinaire  du  Roi  ;  Geneviève  Colin  ; 
Madeleine  Nerot  ;  veuve  Tourolle  ;  Claude-Charles-Dominique 
Tourelle  ;  Charlotte-Félicité  Tourolle  ;  Marguerite-Françoise 
Cocquelin  ;  «  Tous  amis  ». 

Le  père  et  la  mère  de  la  mariée  habitant  place  Dauphine,  le 
mariage  fut  célébré  en  l'église  Saint-Barthélémy,  leur  paroisse,  le 
9  novembre  ;  Perronneau  et  sa  jeune  femme  s'en  allèrent  habiter 
leur  appartement  de  la  rue  Fromenteau,  qu'ils  durent  occuper 
jusqu'en  1756.  11  semble  que  les  charges  nouvellement  assumées 
aient  provoqué  l'instabilité  de  notre  artiste.  En  fait,  sa  vie  pour- 
rait se  diviser  en  deux  parties:  l'une  presque  entièrement  vécue 
à  Paris  ;  l'autre,  à  dater  de  son  mariage,  faite  de  déménagements, 
de  pérégrinations,  sans  trêve,  jusqu'à  sa  mort. 

L'année  1755  inaugurait  cette  série  d'épreuves.  Un  envoi  con- 
sidérable au  Salon  trahissait  une  recrudescence  de  travail.  La 
mort  de  son  beau-père,  survenue  le  20  octobre  1755,  dans  son 
nouvel  appartement  de  la  rue  du  Four,  en  la  paroisse  de  Saint- 
Sulpice,  lui  créait  une  situation  difficile.  Il  fallait  partager  l'héri- 
tage entre  la  veuve,  les  deux  filles  et  le  fils  mineurs.  Cet  héritage 
comprenait  trois  catégories  de  biens  :  les  meubles  usuels  ;  les 
métaux  et  bijoux,  prisés  par  Hubert-Léon  Cheval  de  Saint- 
Hubert,  orfèvre,  quai  des  Orfèvres,  et  Barnabe-Augustin  Mailly, 
peintre  en  émail,  quai  des  Morfondus  ,  enfin  des  biens  en  Cham- 
pagne, qui  précisément  allaient  bientôt  mettre  Perronneau  dans 
le  plus  grand  embarras. 

Cette  année,  il  signe  cinq  fois  aux  procès-verbaux  de  l'Acadé- 
mie, le  30  août,  le  6,  le  10  et  le  28  septembre,  enfin  le 
31  décembre.  Donc,  jusqu'au  Salon,  qui  s'ouvrait  le  25  août,  il 
ne  donne  pas  signe  de  vie    Même  obscurité  en  ce  qui  concerne 


—  65  — 

ses  envois.  N'étaient  les  comptes-rendus  des  folliculaires  contem- 
porains, nous  serions  bien  embarrassés.  Heureusement  les 
Annonces,  affiches  et  avis  divers  du  10  septembre  nous  aver- 
tissent que  «  deux  portraits  de  M.  Perronneau  se  distinguent  aisé- 
ment de  la  foule  :  ce  sont  ceux  du  prince  Charles  de  Lorraine  et 
de  la  princesse  Charlotte  de  Lorraine,  abbesse  de  Remiremont 
et  de  Mons  ».  En  quoi  se  distinguaient-ils  ?  La  «  Lettre  d'un  par- 
ticulier à  un  de  ses  parents  peintre  en  province,  sur  le  Sallon  », 
datée  de  Paris,  le  19  septembre,  nous  l'apprend  :  «  M.  Peronneau 
nous  a  mis  sous  les  yeux  un  portrait  colossal,  en  cuirasse,  n°  92, 
(respect  à  part  dû  au  Prince  qu'il  représente)  ce  portrait  eût  pu 
figurer  au  plafond  du  dôme  des  Invalides,  s'il  eût  été  plus  fier 
de  couleur.  Tous  ses  autres  portraits  sont  gris  et  portent  un  air 
com.mun.  Je  vois  avec  chagrin  la  décadence  d'un  si  jeune  acadé- 
micien qui  avoit  paru  promettre  d'abord.  » 

Estève  (1)  s'indigne  de  l'abondance  des  portraits,  ne  reconnaît 
qu'aux  personnages  d'importance  le  droit  de  se  faire  portraic- 
turer:  «  Qu'on  peigne  M.  le  marquis  de  Marigny,  c'est  le  droit 
des  gens,  personne  n'en  saurait  murmurer.  Il  en  est  de  même  du 
portrait  qu'a  fait  La  Tour  et  de  plusieurs  autres  que  je  pourrais 
citer,  soit  de  M.  Van  Loo  le  neveu,  de  M.  Nattier,  de  M.  Tocqué 
et  de  M.  Perronneau...  Vous  voulez  donc  scavoir.  Monsieur,  par 
quels  motifs  je  blâme  la  multiplicité  des  portraits  qu'il  y  a  cette 
année  dans  le  Salon.  Ma  réponse  est  toute  simple.  La  plupart 
de  ces  portraits  sont  peints  si  admirablement,  que  les  yeux  les 
moins  faits  pour  s'y  connaître  en  sont  blessés.  »  Et  il  déclare 
que  «  dans  le  portrait  de  M""'  la  princesse  Charlotte  de  Lorraine, 
Id  main  qui  tient  l'éventail  est  estropiée  et  la  tête  fort  mal 
coëffée.  » 

Dans  quel  refuge  se  cachent  les  portraits  de  M°'°  Vanville 
tenant  un  bouquet  de  barbeaux,  de  M"'  ***  et  de  M'"°  ***  en 


(1)  Lettre  à  un  partisan  du  bon  goût  sur  l'Exposition  des  tableaux  faite  dans  le  Grand  Salon 
du  Louvre,  le  28  août  1755.  —  Seconde  lettre  "i  un  partisan  du  bon  goût. 


—  66  — 

chasseresse  ?  Quels  noms  dissimulent  ces  astérisques  ?  Pouvons- 
nous  au  moins  ranger  parmi  «  les  cinq  portraits  d'hommes  sous 
le  même  numéro  dont  un  peint  en  huile,  le  docteur  Poisson- 
nier, dont  G. -P.  Benoît  a  gravé  une  planche  aux  frais  de  Louis- 
François  Rigaut,  médecin  et  physicien  de  la  marine  ?  Le  per- 
sonnage est  vu  de  face,  assis,  avec  une  cravate  et  un  jabot  de 
dentelle,  un  gilet  entr'ouvert,  un  chapeau  passé  sous  le  bras  droit  ; 
à  gauche,  une  tenture  soulevée  laisse  voir  quelques  livres.  L'ovale 
repose  sur  une  tablette  où  on  lit  les  titres  du  savant.  Né  à  Dijon, 
le  5  juillet  1720,  le  docteur  Poissonnier  fit  ses  études  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Paris,  succéda  en  1747  à  Dubois  comme  profes- 
seur de  chimie  au  collège  de  France,  fut  premier  médecin  au.K 
armées,  puis  médecin  consultant  du  Roi.  Il  trouva,  nous  dit  la 
chronique,  un  procédé  pour  dessaler  l'eau  de  mer.  En  relation 
avec  les  écrivains  et  les  savants  de  son  époque,  il  possédait  une 
belle  collection  de  tableaux,  et  Boucher,  auquel  il  donnait  ses 
soins,  peignit  pour  lui  son  dernier  tableau.  Pendant  la  Terreur, 
il  fut  incarcéré  avec  sa  femme,  l'ancienne  nourrice  du  duc  de 
Bourgogne,  et  il  mourut  à  Paris,  le  17  septembre  1798. 

En  1755,  on  découvre  enfin  la  seconde  trace  des  rapports 
de  Perronneau  avec  la  Hollande.  En  effet,  comme  Desfriches, 
cette  année-là,  demande  à  un  marchand  hollandais,  un  certain 
Van  der  Muer,  des  Hobbema  et  des  Ruisdaël  :  «  J'en  ay,  lui 
répond  celui-ci  dans  son  jargon,  qui  sont  autant  plus  bons  que 
cel  que  j'avai  vandu  à  M.  Perronneau  que  leurs  prix  est  au  dessu 
et  vous  pouvez  bien  croire,  Monsieur,  que  pour  un  des  melieurs 
Reysdal,  vous  les  aurez  pas  moins  cent  florins.  » 

Du  31  décembre  1755  au  26  mai  1759,  Perronneau  ne  signe 
pas  une  seule  fois  aux  procès-verbaux  de  l'Académie. 

1756       Cependant    la    liste   que    publiait    chaque    année   l'Académie 
Royale  et  qui  contenait  l'adresse  et  les  noms  de  ses  membres. 


PI.  17 


JArOU  Uli  IvUETSClÈMAR 

Pastel.  Signé  et  daté  1/54. 
(A  il.  Van  Kictschmar) 


—  67  — 

en  une  petite  brochure  à  couverture  dorée,  nous  apprend  qu'il 
habite,  de  1756  à  1759,  au  bas  de  la  rue  des  Fossés  Saint-Victor. 
Que  s'était-il  passé  dans  cet  intervalle  ?  Chacun  se  souvient 
d'avoir  vu  à  l'Exposition  de  Cent  Pastels  un  délicieux  portrait, 
l'Homme  aux  trois  roses,  qui  troubla  bien  des  cœurs  sensibles 
et  charma  tous  les  yeux.  Sur  le  fond  vert  tendre  s'enlève  l'habit 
souple,  flottant,  d'un  rose  «  velours  de  pêche  »  où  les  reflets 
blancs  sont  à  ce  tissu  ce  que  la  fleur  est  au  fruit  ;  le  revers  du 
col  est  de  satin  noir;  un  flot  de  dentelles  s'échappe  du  tour  de 
cou  en  linon  et  descend  en  double  jabot  ;  les  larges  bouillonnes 
en  point  d'Alençon  font  un  nuage  aux  trois  roses  thé  qui  sortent 
d'une  boutonnière  de  l'habit.  Comme  l'habit  est  bien  le  prin- 
cipal personnage  !  Comme  il  efface  ironiquement  la  physionomie 
un  peu  efféminée  de  ce  jeune  homme  aux  yeux  d'aigue-marine, 
au  nez  busqué,  au  toupet  «  en  vergette  »,  aux  cheveux  poudrés 
à  frimas,  frisés  sur  le  côté  en  larges  boucles  qu'on  appelait  alors 
des  ailes  et,  sur  la  nuque,  ramassés  en  catogan  par  un  large  nœud 
de  taffetas  noir  !  A  coup  sûr,  ce  joli  homme  est  un  galant,  un  de 
ces  compagnons  de  plaisir  dont  une  femme  aimait  à  dire  :  «  Son 
air  m'enchante,  son  ton,  ses  manières.  » 

Le  premier  moment  de  séduction  passé,  on  s'approchait,  et  on 
lisait  en  haut  du  tableau  la  signature  et  la  date  1756.  Comme  nous 
le  verrons  plus  tard,  à  propos  de  l'année  1765,  l'Homme  aux  trois 
roses  ne  serait  autre  que  M.  Tassin  de  la  Renardière.  M.  Groult 
avait  fait  sa  connaissance  aux  environs  de  Bordeaux,  dans  le 
château  du  Petit-Verdus.  Voilà  qui  nous  donnerait  la  date  d'un 
second  séjour  de  Perronneau  dans  cette  ville,  confirmé  par  le 
portrait  au  pastel  d'un  jeune  homme  appelé  M.  de  Reauséjour, 
signé  et  daté,  et  en  possession  de  M.  Laliment,  au  château  de 
In  Touratte,  dans  la  même  région.  A  la  même  année  remonte  le 
portrait  de  Jean  Couturier  des  Flottes,  à  l'âge  de  vingt-trois  ans, 
légué  au  Musée  du  Louvre  par  M.  Henri  de  Fonbrune. 


—  68  — 

L'année  1757  reste  mystérieuse.  Au  Salon  du  Louvre,  l'artiste 
envoyait  «  plusieurs  portraits  au  pastel  »,  sans  plus  d'explication. 
Même  incertitude  si  l'on  consulte  les  contemporains.  Le  Mercure 
de  France  nous  déclare  en  octobre  que  «  M.  Perronneau  a  exposé 
plusieurs  portraits  en  pastel  peints  avec  facilité.  »  Les  Annonces, 
affiches  et  avis  divers  du  7  septembre  observent  la  même  discré- 
tion: «  Les  pastels  de  M.  la  Tour  et  ceux  de  M.  Perronneau  font 
ici  leur  effet  ordinaire.  »  Et  ce  serait  tout,  du  moins  quant  aux 
documents  officiels,  si  l'on  n'avait  fait  récemment  une  décou- 
verte que  nous  considérons  comme  étant  de  la  plus  grande  impor- 
tance. Nous  savions  déjà  que  Perronneau  avait  séjourné  et  tra- 
vaillé à  Bordeaux  et  nous  avions  signalé,  dans  la  première  édition 
de  cet  ouvrage,  un  certain  nombre  de  ses  portraits  exécutés  dans 
cette  ville  en  1769.  Mais  voici  que  l'on  vient  de  trouver  chez  les 
descendants  de  la  famille  Journu,  à  laquelle  nous  avions  fait  allu- 
sion, toute  une  série  de  portraits  des  membres  de  cette  famille 
dont  huit  sont  de  la  main  de  notre  artiste  et  une  quinzaine 
d'autres  dus  à  différents  peintres.  Le  premier  en  date  serait  celui 
d'un  fils  Journu  (1)  :  le  personnage  est  un  ecclésiastique  vu  de 
face,  en  soutane  noire  et  rabat,  avec  une  ceinture  montant  très 
haut  et  reflétée  de  bleu,  tandis  que  le  fond  s'éclaire  d'un  or 
léger  (pi.  18)  ;  l'œuvre  est  signée,  en  haut  et  à  gauche,  à  la  mine 
de  plomb  :  Perronneau,  1757.  S'agit-il  d'un  des  vingt-deux  enfants 
de  Madame  Journu,  de  celui  qui  fut  chanoine  au  chapître  de 
Saint-Dié  ? 

Faut-il  rapporter  à  cette  même  année  quatre  pastels  qui  ont 
la  même  origine?  Le  premier  est  un  portrait  d'homme,  vu  de 
face,  dans  une  harmonie  de  rouge,  un  tricorne  passé  sous  le  bras, 
avec  un  col  de  lingerie  blanche,  une  cravate  de  dentelle  attachée 
à  un  ruban  de  soie  noire  (pi.  19)  ;  le  deuxième  représente  une 
femme  dans  une  harmonie  de  rose,  avec  un  décolleté  en  carré, 


(1)  Collection    Demotte. 


—  69  — 

généreusement  ouvert  et  sur  lequel  tranche,  d'une  manière 
piquante,  un  ruban  noir,  noué  autour  du  cou  (  pi.  20)  ;  le  visage  est 
gracieusement  incliné,  avec  des  yeux  à  la  fois  tendres  et  rêveurs, 
une  expression  légèrement  ironique,  un  grand  front,  auréolé  de 
cheveux  poudrés  et  relevés  sur  lesquels  se  pose  légèrement  une 
coiffe  aérienne  de  dentelle.  Cette  œuvre  et  la  précédente  sont 
signées,  en  haut  et  à  droite,  à  la  mine  de  plomb.  Le  troisième 
pastel  (1)  figure  un  homme  encore  jeune,  tourné  de  droite  à 
gauche,  regardant  de  face  et,  comme  on  dit,  laissant  venir(pl.21)  ; 
les  cheveux  sont  frisés  sur  les  tempes  en  marteau,  noués  sur  le  cou 
en  catogan,  les  yeux  fins,  les  sourcils  bien  marqués  ;  l'habit  de 
velours  rose  s'agrémente  d'un  jabot  blanc  ;  le  tableau  est  égale- 
ment signé  en  haut  à  la  mine  de  plomb.  Le  quatrième  est  loin 
d'avoir  la  qualité  des  trois  précédents.  Est-ce  la  faute  de  l'artiste 
qui  ne  semble  pas  avoir  atteint  ici  à  la  désinvolture  et  au  brio  des 
ouvrages  qui  précèdent  ?  Est-ce  au  contraire  le  fait  de  cette 
demoiselle  Journu  qui  manque  décidément  de  grâce,  malgré  la 
somptuosité  de  son  collier  de  perles  et  de  son  costume  bleu 
encadré  de  cygne  ?  En  tout  cas,  cette  dernière  œuvre  n'est  pas 
signée  (2). 

En  1758  il  n'y  eut  pas  de  Salon  à  Paris,  mais  à  Toulouse,  et  1758 
Perronneau  y  figurait  avec  quatre  portraits  (3).  Suivant  le  livret, 
l'un  d'eux  ne  portait  pas  de  désignation  ;  l'autre  était  celui  de 
M.  Dujon,  peintre  toulousain  (4),  ami  de  l'artiste.  Deux  autres 
enfin  figuraient  M.  le  marquis  de  Mirepoix,  Brigadier  des  armées 
du  Roi,  et  M°"  la  Marquise.  M.  le  duc  de  Lévis-Mirepoix,  leur 
descendant,  a  bien  voulu  nous  écrire  de  son  château  de  Léran 


(1)  Ces  trois  pistels   faisaient  partie  de  la  collection   Demotte. 

(2)  Collection  Demotte. 

(3)  Cf.  L'Art  à  Toulouse.  —  Les  n  Salons  de  peinture  ii,  par  le  baron  Desazars  de  A\ont- 
gailhard  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la  France,   1901,  in-4''. 

(4)  Dans  l'Histoire  de  l'Académie  de  Saint-Luc,   par  Jules  Guitfrey   ,est   mentionné  un 
peintre  du  nom  de  Charles  Dujnn,  reçu  en  1784,  rue  du  Faubourg  Saint-Denis,  député  en  1786. 


—  70  — 

qu'il  possédait  plusieurs  portraits  du  marquis  de  Mirepoix,  briga- 
dier des  armées  du  roi  et  de  la  marquise,  sa  femme,  et  notam- 
ment deux  très  jolis  pastels  non  signés,  mais  qui  peuvent  bien  être 
les  deux  portraits  exposés  par  Perronneau  au  Salon  de  Toulouse. 
Ce  n'est  malgré  tout  qu'une  supposition  et  les  archives  de  la 
famille  de  Mirepoix  ne  contiennent  aucune  indication  à  ce  sujet. 
Il  s'agit  probablement  de  Louis  Marie-François-Gaston,  marquis 
de  Lévis-Léran,  mousquetaire  de  la  Garde  du  roi  en  1744,  colonel 
du  régiment  royal  de  Marine-Infanterie,  en  novembre  1745, 
lieutenant-général  au  gouvernement  de  Bourbonnais,  qui  se  trou- 
vait, avec  son  régiment,  à  la  conquête  de  l'île  de  Minorque,  fut 
fait,  en  juillet  1756,  brigadier  des  armées  du  roi  et,  le  25  sep- 
tembre 1757,  mis  en  possession  de  la  totalité  des  biens  du 
maréchal  de  Mirepoix,  dont  il  était  le  neveu.  Il  avait 
épousé,  en  août  1751,  Catherine-Agnès  de  Lévis-Château- 
Morand,  sa  cousine,  née  en  1736,  fille  aînée  de  feu  Charles- 
François,  comte  de  Lévis,  lieutenant  général  des  armées  du  roi. 
La  mention  de  M.  Dujon,  «  peintre  toulousain  »  et  ami  de 
l'artiste,  la  participation  importante  de  Perronneau  au  Salon  de 
Toulouse,  son  abstention  à  l'Académie,  tout  nous  fait  supposer 
un  voyage  à  Toulouse  en  1758. 

«759  Nous  sommes  mieux  documentés  quant  à  l'année  1759.  L'Aca- 
démie, dans  sa  séance  du  16  janvier,  reçoit  «  une  lettre  de  com- 
pliment de  M.  Peronneau,  académicien,  présentement  à  Lion  ». 
Dans  son  Livre  de  Raison  (1),  Jacques-Charles  Dutilleu  écrit: 
(f  C'est  en  1759  que  j'ai  fait  faire  mon  portrait  et  celui  de  ma 
femme  (2).  »  Ce  Dutilleu  (3),  né  à  Paris  en  1718  et  mort  à  Lyon 


(1)  Publié  et  annoté  par  F.  Breghot  du  Lut,  Lyon.  Imprimerie  Mongin-Rusand,  en  1886, 
gr.  in-8">,  p.  37. 

(2)  Le  portrait  du  mari  est  passé  entre  les  mains  de  M.  Lasquin,  à  !a  vente  de  la  collection 
de  M.  Jacques  Doucet,  puis  dans  la  collection  de  M.  Georges  Dormeuil  ;  l'autre  se  trouve 
dans  la  collection  de  M.  Léon  Michel-Lévy. 

(3)  On  connaît  un  autre  Dutilleux,  peintre,  rue  Sainte-Marguerite,  faubourg  Saint-Germain, 
qui  a  exposé  au  Salon  de  1753:  un  panier  de  pêches,  des  tulipes,  différents  légumes  et 
animaux,  une  corbeille  de  fleurs  et  quelques  fruits,  etc. 


PI.  i8 


L'aubk  Jouhnu 
Pastel.  Sisnc  et  daté  1707. 

A  il.  Demottc) 


—  71  - 

[e  30  octobre  1777,  avait  travaillé  quelque  temps  à  Paris  sous  la 
direction  d'Oudry.  Dessinateur  à  Lyon,  puis  fabricant,  sous  la 
raison  sociale  Dutilleu  et  C\  il  fut  inscrit  en  1747  sur  le  livre  de 
la  communauté  des  maîtres  fabricants  et  nommé  maître  Garde 
en  1760,  par  dérogation  exceptionnelle  aux  statuts  qui  excluaient 
de  cette  charge  tout  fabricant  né  en  dehors  des  provinces  dési- 
gnées. Sa  femme,  Benoîte  Sacquin,  qu'il  avait  épousée  le  8  jan- 
vier 1753,  naquit  à  Lyon  le  7  mars  1731  ;  elle  lui  donna,  avant 
1759,  trois  fils,  dont  un  mort  en  nourrice,  et  devait  lui  en  donner 
un  quatrième,  à  la  fin  de  cette  même  année.  L'homme  apparaît 
à  41  ans,  tel  que  nous  le  montre  son  Livre  de  raison,  correct,  hon- 
nête, cordial,  vertueux,  si  la  vertu  consiste  à  dominer  sa  passion. 
La  monotonie  de  la  composition  est  sauvée  par  un  arrangement 
exquis  de  complémentaires  :  un  habit  abricot,  un  gilet  de  la 
même  nuance,  doublé  de  fourrure,  car  l'hiver  est  rude  et  la 
Saône  est  gelée,  un  fond  de  bleu  rompu  de  jaune,  un  tricorne 
passé  sous  le  bras,  voilà  pour  encadrer  ce  visage  limpide,  aux 
yeux  bleus,  dont  la  franchise  s'accommode  fort  bien  du  tour  de 
cou  en  linon  blanc  et  de  l'habituel  jabot  de  dentelle.  Elle,  a 
vingt-huit  ans  ;  son  large  décolleté,  s'entoure  d'une  ample  drape- 
rie bleue,  qui  rappelle  l'Olympe  mythologique  de  Nattier  ;  un 
nœud  de  ruban  attache  sur  le  cou  un  esclavage  de  perles  ;  dans 
les  petites  frisures  des  cheveux  poudrés  en  tapé,  quelques  fleurs 
rappellent  le  bleu  de  la  toilette  et  répondent  aux  ors  du  fond. 
Avec  ces  deux  portraits,  nous  entrons  dans  la  société  lyonnaise 
du  XVlir  siècle  qu'évoque  le  Livre  de  Raison  de  Dutilleu;  car 
il  est  probable  que  Perronneau  ne  dut  pas  s'en  tenir  à  in  fnmille 
de  Dutilleu. 

De  Lyon,  Perronneau  s'en  fut  en  Italie,  à  Turin,  puis  à  Rome. 
En  effet,  dans  une  lettre  (1)  à  Marigny,  de  Rome,  le  28  mars 


(1)  Correspondance  Jes  directeurs  de  l'Académie  de  France  à  Rome  avec  les  surintendants 
des  liàtiments,  puhliéc  d'après  les  iii.amiscrits  tics  Archives  nationales,  par  Anatole  de  Mon- 
taiglon  et  Jules  Giiiffrey.  Tome  .\I,   1751-I7(!,^,  Archives  nationales,  O^   1040. 


—  12  — 

1759,  Natoire,  directeur  de  l'Académie  de  France,  déclare: 
«  M .  Peronot,  peintre  en  pastel  et  arrivé  depuis  quelques  jours 
à  Rome;  ses  affaires  l'enpêcheront  de  faire  un  long  séjour;  à 
paine  verat-il  les  principalle  chose.  Je  suis...  Natoire.  » 

Une  lettre  (1)  envoyée  par  Perronneau  à  Dutilleu  nous  indique 
de  quelles  affaires  il  s'agissait  : 

«  Monsieur, 

«  Il  i  a  lontemps  que  j'aurois  eu  l'honneur  de  vous  écrire  si 
je  n'avois  eu  envie  de  voire  monsieur  Bachelier,  qui  est  introu- 
vable, estant  à  la  Cour  ou  à  Sèvres:  je  l'ay  vu  et  lui  ay  fait  vos 
compliments,  et  aussi  sur  plusieurs  de  ses  ouvrages  dont  il  fait 
une  lotterie  ;  c'est  très  beau.  Il  nous  a  donné  un  grand  tableau 
d'une  Résurrection,  peint  d'une  manière  trouvée  par  M.  le  c.  de 
Queylus,  qui  est  de  peindre  à  fraisque  et,  quand  cela  est  fini,  de 
passer  à  l'huile  par  derrière.  Je  ne  croi  pas  cette  façon  bonne. 

«  Je  ne  vous  ay  point  écrit  aussi  parcequ'étant  arrivé  à  Paris, 
j'ay  trouvé  les  affaire  de  famille  pour  des  partages  et  arrérages 
de  terre  si  embrouillé  que  j'ay  esté  obligé  d'aller  en  Champagne 
où  tout  est  terminé  et  arrangé.  J'y  ai  trouvé  de  la  mauvaise  foix, 
du  moins  de  la  négligence  pour  des  orfelins,  des  maisons  point 
loué  depuis  quatre  ans,  des  réparations  exorbitante,  enfin  'e 
revenu  depuis  la  mort  de  mon  beau-père  sans  fruit.  Quant  à 
Paris,  il  n'i  a  point  d'argent,  beaucoup  de  manquemant  de 
parolle  de  gens  qui  ne  paient  qu'en  parti.  Enfin  j'ay  hâté  mon 
voyage  d'Italie  affin  de  terminé  mes  affaires  et  aussi  de  me  mon- 
tré au  sallon  ;  mais  je  le  continuerai  peut-estre  cet  hivert  ;  je 
verrai  Milan,  Gennes,  etc.  C'est  Mgr  le  prince  Charles  qui  me 
décidera  ;  il  est  fâché  que  depuis  quatre  ans  son  grand  portraict 
ne  soit  pas  fini. 

«  Je  ne  puis  assé  vous  remercier  à  tout  égard  des  bontés  dont 
vous  m'avez  honoré  à  Lion  ;  j'en  sens  tout  le  prix.  C'est  aussi  par 


(I)  Cette  lettre  appartenait  à  M.  Maurice  Tourneux. 


—  12,— 

le  sincère  attachement  que  j'ay  pour  vous,  monsieur,  que  j'ay  été 
mortifié  de  ce  que  vous  prite  dans  un  sens  moins  avantageux  la 
lettre  que  j'eu  l'honneur  de  vous  écrire  de  Turin,  mon  intention 
n'ayant  esté  que  de  vous  donner  le  témoignage  de  ma  bonne 
volonté  à  vous  servire  ;  je  vous  doit  exactement  tout  ce  que  j'ay 
fait  à  Lyon  ;  je  vous  en  proteste  ma  sincère  reconnaissance.  Vous 
auray  une  teste  de  moy  que  je  vous  priray  d'accepter  ;  je  ne 
puis  vous  dire  quand  ;  ce  ne  sera  pas  pour  macquitter,  mais 
comme  un  tribu  de  tout  ce  que  je  vous  doit.  Assuré  Madame  de 
mes  obéissanses  ;  je  lui  soitte  une  bonne  santé.  Ditte  bien  des 
choses  pour  moy  à  monsieur  Hémard  ;  je  ne  puis  assé  le  remer- 
cier des  marques  d'amitiés  qu'il  m'a  témoigné  ;  j'assure  aussi  de 
mes  respects  Madame  Hémard. 

«  J'ay  l'honneur  d'estre,  monsieur,  avec  bien  de  la  reconnais- 
sance, 

«  Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

c(  Perronneau. 

«  A  Paris,  ce  1"  S^^^  1759. 

«  Mon  adresse  est  à  l'Emperetire  Tibère,  quay  de  la  Mégisse- 
ne.  Bien  des  compliments,  s'il  vous  plaist  à  M.  Douet  que 
j'estime  à  tout  égard.  » 

Perronneau  ayant  passé  par  Lyon,  Turin,  Rome  et...  la  Cham- 
pagne, était  arrivé  à  Paris  au  mois  de  mai  ;  le  26,  il  signait  au.v 
procès-verbaux  de  l'Académie  et,  le  23  août,  il  arrivait  au  Salon 
du  Louvre  avec  huit  portraits,  ceux  de  M.  Vernet,  de  M.  Cars, 
de  M.  Cochin,  de  M.  Rohbé,  et  «  quatre  têtes  d'hommes  «  clas- 
sées sous  le  numéro  64,  sans  plus  de  commentaires. 

Trois  lettres  de  Robbé  de  Beauveset  à  Desfriches  (1)  montrent 
que  les  portraits  de  Cochin  et   de   Robbé   étaient   commencés 


(1)  Collection  Ratouis  de  Limay.  —  Pierre-Honoré  Robbé  de  Be.iuvesct,  poète  licencieux 
de  l'école  de  Piron,  né  à  Vendôme,  en  1714,  mort  à  Saint-Oerm-iin-en-Laye,  en  1792,  est 
l'auteur  d'une  Satire  sur  le  gnCit  de  Mon  Odyssée  ou  le  Journal  de  mon  retour  de  Sain- 
tonge,  poème  pour  lequel  DeRfriclie."!,  son  oncle  par  alliance,  composa  quatre  vignettes 
qui  furent  gravées  par  Cochin,  et  de  quantités  d'épîtres  badines,  d'odes,  de  contes  licencieux. 


—  74  — 

depuis  longtemps  et  nous  renseignent  sur  la  méthode  de  Per- 
ronneau. 

La  première  est  datée  de  1757: 

ri  Ah,  mon  cher  oncle,  que  c'est  un  cruel  métier  d'être  mane- 
quin.  Ce  diable  de  Peirroneau  exigea  hier  de  ma  complaisance 
que  j'endossasse  la  casaque  de  soye  de  Mons.  Cochin  qui  pendant 
ce  tems-là  étoit  aux  noces  de  M'"  Jombert  dont,  par  parenthèse, 
je  n'ay  pas  été  prié.  M.  Jombert  jugeant  apparament  qu'il  y 
avoit  assés  de  beaupères,  il  exigea  dis-je  en  outre  que  je  tinsse 
le  bras  gauche  tendu  ayant  un  porte  crayon  entre  l'index  et  le 
pouce,  et  que  je  restasse  dans  cette  gênante  attitude  la  journée 
entière,  mon  diner  néanmoins  prélevé  sur  ce  tems-là.  J'ay  cru  que 
le  poids  du  levier  que  formoit  mon  bras  étendu  emporteroit  ma 
clavicule.  Jamais  Spartiate  n'a  poussé  si  loin  la  patience.  Je  me 
suis  tenu  comme  un  terme  dans  cette  gênante  attitude  avec  un 
bon  serment  cependant  de  refuser  à  jamais  quiconque  me  pro- 
poseroit  de  faire  de  ma  carcasse  un  homme  d'ozier  et  de  me 
manequiniser.  Ainsi,  mon  très  cher,  quand  vous  verres  le  gra- 
cieux minois  de  Cochin  qui  semble  vous  parler,  vous  dires  c'est 
bien  la  voix  de  Jacob,  mais  ce  sont  les  mains  d'Esaii.  Je  vais  chés 
mon  peintre  à  dix  heures  pour  recevoir  ma  dernière  façon  d'habit 
après  quoi  l'on  enchâsse  le  nouveau  saint,  dont  la  translation  dans 
votre  Musœum  se  fera  après  qu'il  aura  été  exposé  un  mois  à  la 
vénération  publique.  » 

La  seconde  est  de  1758  : 

«  Nous  partons  sans  faute,  mon  très  cher,  en  chaise  de  poste, 
vendredy  matin,  pour  arriver  à  diner  à  Villegagnon  où  nous  ne 
resterons  certainement  que  dix  jours.  Vous  aurés  de  mes  nou- 
velles dès  que  j'y  serai  arrivé.  Ma  tête  est  d'un  fini  étonnant; 
pas  le  plus  léger  trait  ne  lui  est  échappé.  La  séance  de  Samedy 
m'a  cruellement  fatigué.  Peironeau  m'a  tenu  sur  les  jambes  une 
demi-journée  entière,  toujours  dans  la  même  attitude.  Mon  nés 
lui  a  fait  souffrir  les  douleurs  de  l'enfantement  ;  il  dit  qu'il  renon- 


PI.    IC 


POKTKAIT  li'ilOMMli  llli   LA  l'AMII.LK  Joi'KNU 

Pastel.  Sisné.   1767? 

(Ancienne  collection  Demotte) 


—  75  — 

ceroit  au  métier  s'il  falloit  qu'il  accouchât  tous  les  jours  de  pareil 
nés.  Il  y  trouve  autant  de  finesses  que  Marcel  trouve  de  choses 
dans  un  menuet.  Il  ne  luy  reste  que  l'habillement  à  achever. 
L'habit  de  soye  bleue  qu'il  me  taille  relève  on  ne  peut  pas  mieux 
sa  figure.  La  tête  sort  de  la  toile  et  menace  de  l'épigrame  qui- 
conque la  regarderoit  de  travers.  Je  ne  scais  si  vous  n'entendes 
pas  le  stile  métaphorique.  J'aurois  dû  pourtant  vous  y  habituer. 
Je  vous  dis  cela  à  propos  de  ce  que  vous  ne  me  dittes  rien  des 
frais  qu'il  faut  nécessairement  faire  pour  me  mettre  en  état  de 
paroître  décement  au  Salon.  La  glace  et  la  bordure  sont,  je 
pense,  une  affaire  de  30  ou  36  L.  Il  n'est  pas  naturel  que  Peirron- 
neau  les  tire  de  sa  poche  ;  j'en  ferai  les  avances...  J'emporterai 
là-bas  le  prologue  de  Boucher  et,  si  la  verve  m'en  dit,  je  le  finiray 
en  Brie.  Je  n'iray  pas  aujourd'hui  chés  Peirroneau  parce  que 
comme  amateur  j'ay  une  loge  de  retenue  à  la  grève  pour  assister 
au  spectacle  que  doit  nous  donner  un  graveur  de  mes  voisins  qui 
s'est  avisé  il  y  a  eu  hier  huit  jours  d'assassiner  de  douze  coups 
de  poignard  un  huissier  au  Parlement  dont  il  besognoit  la 
femme.  » 

La  troisième  est  de  1759  : 

«  Je  serois  inconsolable  si  quelqu'un  vous  faisoit  sa  cour  avant 
moi.  M*^  Thibout,  à  qui  j'ay  lu  votre  lettre  et  qui  vous  attend 
comme  Vernet  fait  les  gens,  je  veux  dire  les  bras  ouverts,  vous 
prie  de  vous  prêter  de  bonne  grâce  à  cet  arrangement...  Mon 
bon  Ange  me  fit  dernièrement  faire  au  Luxembourg  la  rencontre 
de  Peirroneau.  J'étois  avec  M"  Thiboust.  Je  ne  manquay  pas  à 
me  plaindre  bien  haut  du  martire  qu'il  me  fait  souffrir  en  me 
tendant  depuis  sept  ans  sur  le  chevalet  sans  me  donner  le  coup 
de  grâce.  Il  sentit  ce  que  cela  vouloit  dire  et  sur  le  champ  le  jour 
fut  pris  pour  reprendre  et  continuer  ma  figure.  Cochin  est  mon 
camarade  de  Grève,  nous  sommes  sur  le  chevalet  à  côté  l'un  de 
l'autre.  Trois  vacations  passées  sur  mon  ébauche  ne  l'ont  plus 
rendu  reconnoissable.  Je  me  vois  sur  la  toile  comme  dans  un 


—  16  — 

miroir.  Il  a  volu  que  je  lui  récitasse  des  vers  pendant  sa  connpo- 
sition  et  je  le  voiois  saisir  avidement  et  transporter  rapidement 
sur  la  toile  tout  le  feu  qui  sortoit  de  ma  déclamation.  Son  inten- 
tion est  de  me  pendre  au  Salon  en  regard  avec  Mons  Cochin  et 
il  compte  que  nous  ferons  deux  pendus  d'assés  bonne  mine.  Vous 
y  verres  aussi  Verney  qu'il  a  rendu  avec  toute  l'âme  qu'y  auroit 
mis  La  Tour,  et  quelques  autres  que  vous  ne  connoissés  pas  et 
qui  sont  très  bons  à  voir.  Le  fâcheux  de  l'aventure  c'est  que  ce 
n'est  pas  pour  moi  que  Monsieur  travaille  et  que  c'est  à  vous  que 
ce  portrait  est  destiné  de  façon  que  je  n'auray  pas  même  le 
plaisir  de  vous  en  faire  le  cadeau.  Ecoutés,  M"^  mon  oncle, 
quand  je  me  donne,  je  me  donne  in  puris  uaturalibus,  c'est  à 
vous  à  faire  les  frais  de  ma  friperie  si  vous  ne  voulés  pas  voir  à 
votre  neveu  les  postères  en  un  état  d'indécence  qui  vous  feroit 
honte.  Je  suis  enchanté  que  M'  le  Noir  ait  réussi  à  peindre  aussi 
parfaitement  ma  Germaine  aînée.  Est-ce  que  nous  ne  verrons 
pas  aussi  le  malin  petit  chat  guettant  sa  proie  sur  la  toile  ?  Il  ne 
manque  que  cela  pour  compléter  la  famille.  » 

Le  portrait  de  Robbé  de  Beauveset,  fait  pour  Desfriches  qui 
l'estimait  72  livres  —  au  prix  du  temps  —  se  trouve  au  musée 
d'Orléans.  Le  poète  porte  un  habit  bleu  et  l'habituel  tour  de  cou 
en  linon  blanc  avec  un  jabot  de  dentelle  ;  le  nez  est,  en  effet, 
caractéristique,  et  nous  ne  doutons  pas  que  Perronneau  ait  dû  en 
«  souffrir  les  douleurs  de  l'enfantement  ».  Le  «  gracieux  minois 
de  Cochin  »  reste  inconnu.  Si  l'on  en  croit  la  lettre  de  Robbé, 
le  dessinateur  tenait  «  le  bras  gauche  tendu,  ayant  un  porte- 
crayon  entre  l'index  et  le  pouce  »,  avec  «  une  casaque  de  soye  ». 
La  dernière  phrase  de  cette  lettre  :  «  Je  vais  chés  mon  peintre 
à  dix  heures,  pour  recevoir  ma  dernière  façon  d'habit,  après  quoi 
l'on  enchâsse  le  nouveau  saint,  dont  la  translation  dans  votre 
Musœum  se  fera  après  qu'il  aura  été  exposé  un  mois  à  la  vénéra- 
tion publique  »,  prête  à  la  confusion.  Robbé  vient  de  dire  qu'il 
pose  au  lieu  et  place  de  Cochin;  il  se  pourrait  que  le  portrait  de 


—  77  — 

Cochin  ait  été  fait  pour  le  cabinet  de  Desfriches.  On  ne  connaît 
pas  davantage  la  destinée  du  portrait  de  Vernet.  A  en  croire  son 
Livre  de  Raison,  ce  peintre  quitta  Paris  de  1753  à  1759,  pour 
peindre  la  suite  des  ports  de  France,  et  il  séjourna  notamment 
à  Bordeaux  de  1757  à  1759.  Il  est  probable  que  Perronneau  a 
exécuté  son  portrait  dans  cette  ville,  soit  en  1757,  soit  en  1758, 
avant  ou  après  le  Salon  de  Toulouse. 

Il  y  a  dans  les  notes  manuscrites  de  Mariette,  conservées  au 
Cabinet  des  Estampes,  un  joli  croquis  de  Laurent  Cars,  le  fils  : 
«  Cars,  ami  des  artistes,  les  réunissait  souvent  chez  lui,  son  esprit 
vif  et  agréable  était  parfois  caustique,  mais  sa  douceur  faisait 
disparaître  cette  erreur  de  l'esprit.  Nous  rappellerons  ici  un 
trait  qui  en  peignant  sa  vivacité  offre  une  preuve  de  sa  bonté 
naturelle.  Son  père  en  son  absence  ayant  fait  des  corrections  à 
une  planche  qu'il  gravait,  en  avait  gardé  plusieurs  parties  ;  à  son 
retour  le  jeune  artiste  emporté  par  un  mouvement  involontaire 
efface  avec  colère  la  place  où  les  travaux  avaient  été  changés  ; 
à  peine  rappelé  à  lui,  la  crainte  et  la  douleur  d'avoir  manqué  à 
son  père  lui  fit  une  telle  révolution  qu'il  en  tomba  dangereuse- 
ment malade.  Les  qualités  de  son  cœur  étaient  encore  préférables 
à  celles  de  son  esprit.  »  Le  pastel  de  Perronneau,  entré  au  Louvre 
avant  1781,  révèle  ce  double  caractère  du  personnage,  esprit  et 
bonté(pl.22).  L'œuvre  enchantait  Concourt  qui  vantait  «le  ragoût 
des  petites  touches, le  modelage  dans  le  tapotage,le  travail  artiste, 
léger,  spirituel,  le  verdâtre  corrégien  des  demi-teintes  d'où  s'en- 
lèvent des  tons  de  santé  et  le  rose  du  front,  du  nez,  des  pom- 
mettes, du  menton,  l'animation  riante  de  toute  la  tête  ».  La 
Chalcographie  possède  la  belle  planche  qui  en  a  été  gravée  par 
Miger,  exposée  au  Salon  de  1779,  et  achetée  en  1782  par  l'Aca- 
démie Royale  de  peinture  et  de  sculpture  pour  la  somme  de 
300  livres.  En  mai  1904,  à  la  vente  de  la  collection  de  la  prin- 
cesse Mathilde,  un  autre  portrait  de  Laurent  Cars,  une  pein- 
ture sur  toile  était  adjugée   12,500  francs  à   M.   David  Weill  ; 


—  78  — 

on  y  voyait  le  peintre,  en  robe  de  chambre  couleur  gorge  de 
pigeon,  perruque  poudrée,  un  mazulipatam  de  soie  rayée  de  bleu 
et  de  puce,  négligemment  noué  autour  du  cou,  et  laissant  appa- 
raître l'extrémité  du  col  de  la  chemise;  Thomme  semblait  avoir 
pris  en  vieillissant  une  physionomie  plus  soucieuse  et  décidément 
abandonné  la  raillerie  pour  une  bonté  un  peu  grave. 

Les  envois  du  pastelliste  ne  plurent  pas  à  tous.  Un  folliculaire 
de  1759  (1)  le  reprend  ainsi:  (f  M.  Perronneau  donne  dans  un 
autre  excès  ;  ses  Portraits  quoique  dessinés  avec  esprit  sont  d'un 
ton  gris  qui  leur  ôte  une  partie  de  leur  mérite.  »  Les  Annonces, 
affiches  et  avis  divers,  se  bornent,  en  les  mettant  sur  le  même 
plan,  à  citer  «  plusieurs  portraits  en  pastel  de  M.  de  la  Tour  et  de 
M.  Perronneau  ».  h'Année  littéraire  se  montre  plus  satisfaite: 
Ci  M.  Perroneau  dans  ses  pastels  joint  à  une  exécution  spirituelle- 
ment détaillée  une  couleur  vraie  et  séduisante.  »  La  Feuille 
nécessaire  insère  la  rectification  suivante  :  «  Vous  avés  mis  par 
erreur  M.  Tocqué  au  nombre  des  peintres  en  pastel  ;  c'est  sans 
doute  M.  Peironneau  dont  vous  vouliés  parler  ;  cet  artiste  a 
donné  à  ses  pastels  toute  la  vie  et  toute  la  grâce  dont  ce  genre 
est  susceptible.  » 

1760  Du  23  août  1759  au  3  septembre  1763,  Perronneau  ne  signe 
pas  aux  procès-verbaux  de  l'Académie.  On  relève,  d'autre  part, 
dans  la  liste  annuelle  des  membres  de  l'Académie  Royale,  son 
adresse  à  Paris  de  1760  à  1763,  rue  Notre-Dame-des  Victoires, 
la  cinquième  porte  cochère  à  droite  en  entrant  par  la  place. 
Nous  avons  les  preuves  d'un  séjour  de  l'artiste  sur  les  bords  du 
Loiret  en  1760:  ce  sont  deux  pastels  représentant  François  Pin- 
chinat,  écuyer,  conseiller  secrétaire  du  Roi,  et  Avoye  Seurrat,  son 
épouse  (pi. 23)  ;  François  Pinchinat  et  sa  femme  habitèrent  durant 


(1)  Lettre  critique  à  un  ami  sur  les  ouvrages  de  MM.  de  l'Académie  exposés  au  Salon  du 
Louvre,  1759. 


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POKTKAIT  DE  ncMMK  DlC  I.A  l'AMII.I.E   JoURNU 

Pastel.  Sicile.   1767? 

(Ancienne  l'ullcction  Dcniotte) 


—  79  — 

toute  la  fin  du  XVIIT  siècle  la  terre  de  La  Fontaine,  près  d'Olivel, 
qui  appartient  aujourd'hui  à  M.  d'Illiers,  l'un  de  leurs  descen- 
dants. Ces  pastels,  restés  sur  les  bords  du  Loiret,  et  dans  la 
même  famille,  se  trouvent  aujourd'hui  chez  le  comte  de  Riche- 
bourg.  Tous  deux  ont  subi,  dans  le  courant  du  XlX"  siècle,  des 
transformations  destinées  à  leur  donner  la  forme  de  l'ovale 
empire.  On  a  recollé  du  papier  sur  les  fonds  et,  à  ce  jeu,  toute 
signature  a  disparu.  Toutefois,  à  droite  et  en  haut  du  pastel  de 
M""  Pinchinat,  on  a  réécrit  au  crayon  «  Perronneau  »  et  la  date 
1760.  A  défaut  de  cette  indication,  la  facture  des  pastels  dénote 
suffisamment  la  main  du  maître  pour  que  nous  n'ayions  pas  hésité 
un  instant  à  les  lui  attribuer.  Les  lettres  de  Perronneau  à  Des- 
friches, montrant  son  intimité  avec  la  famille  Pinchinat,  con- 
firment cette  attribution.  M""  Pinchinat  a  mis  son  bonnet  de 
dentelle,  un  collier  de  perles  et  une  robe  de  soie  bleue  agré- 
mentée d'une  dentelle  noire.  Son  mari  porte  un  habit  de  soie 
rose  avec  un  jabot  de  dentelle. 

Nous  estimons  que  les  portraits  de  M.  Boyer,  armateur,  d'une 
jeune  femme  «  inconnue  )>  et  d'un  enfant  en  costume  de  hussard 
bleu,  que  M.  Arthur  Veil-Picard  avait  prêtés  à  l'exposition  de 
Cent  Pastels,  doivent  remonter  à  la  même  époque,  et  cela  pour 
une  raison  tirée  de  l'histoire  du  costume.  Les  cheveux  poudrés 
de  l'enfant,  bouclés  en  ailes,  débordent  du  shako  ou  bonnet  de 
hussard  dont  la  pointe  allongée,  renversée  sur  l'épaule  droite, 
se  termine  par  des  pompons  et  de  petites  boucles  de  métal  qui 
indiquaient,  dans  les  régiments,  combien  de  têtes  avait  coupées 
chaque  hussard  avec  son  grand  sabre  recourbé.  Il  est  revêtu  du 
dolman,  c'est-à-dire  de  la  veste  bleue  à  manches  plates,  relevée 
par  des  brandebourgs  et  des  boutons  d'or.  La  pelisse  de  drap 
bleu,  doublée  de  peau  de  mouton,  jetée  sur  l'épaule  gauche  et 
retenue  par  un  simple  cordon,  est  décorée  de  ganses,  de  tresses 
et  d'olives  également  en  broderie  d'or.  Ce  manteau  se  mettait 
du  côté  que  venait  la  pluie.  L'enfant  porte  une  bandoulière  de 


—  80  — 

soie,  galonnée  comme  elle  l'était  pour  les  corps  d'élite,  et  allant 
de  l'épaule  droite  vers  le  côté  gauche;  une  petite  cravate  de 
linon  blanc  rayé  met  un  nuage  très  doux  à  ce  visage  rosé.  Ce  n'est 
que  vers  1760,  après  maints  changements,  que  le  costume, 
jusque-là  étranger,  se  francisa,  et  qu'en  1760  que  le  costume  fut 
bleu  de  ciel,  dit  «  de  hussard  »,  pour  devenir  ensuite  vert  avec 
shako  et  culotte  rouge.  Or,  le  charmant  petit  hussard  est  le  fils 
de  M.  Boyer,  armateur,  si  agréablement  vêtu  d'un  habit  et  d'un 
gilet  vieux  rose,  avec  un  tour  de  cou  en  linon  blanc  et  un  jabot 
en  point  d'Angleterre  ;  peut-être  sa  mère  est-elle  la  «  femme 
inconnue  »  qui  lui  ressemble  étrangement,  accompagne  sa  grâce 
mutine  d'un  charme  jeune  encore,  et  harmonise,  comme  lui,  à 
sa  joliesse  blonde,  des  tonalités  bleues  ou  noires.  Avec  M.  Boyer. 
nous  pénétrons  dans  la  société  bordelaise  du  XVllf  siècle. 
M.  Boyer,  armateur,  était  l'ami  de  Le  Kain.  Les  archives  de  la 
Gironde  ont  publié  des  lettres  de  Le  Kain  à  Boyer.  Le  Kain  vint 
même  à  Bordeaux  pour  lui  recommander  son  fils,  désireux 
de  s'embarquer  pour  l'île  Bourbon.  A  cette  époque,  Perronneau 
demeura  quelque  temps  à  Bordeaux. 

•763  De  là,  il  se  rendit  en  Hollande.  La  Hollande  était  fort  à  la 
mode  dans  ce  temps  chez  les  artistes  et  chez  les  amateurs  de 
France.  Comme  la  France,  elle  avait  ses  Lally  Tollendal,  ses 
Suffren,  et  cherchait  à  compléter  l'exiguité  de  son  territoire  par 
la  hardiesse  de  ses  entreprises.  Rien  d'étonnant  à  ce  que  les 
Boucher,  les  Desfriches,  les  La  Tour,  les  Perronneau  aient  voulu 
voir  ce  pays  où  se  retiraient  des  nababs,  où  les  navires  débar- 
quaient les  trésors  des  Indes  mystérieuses,  où  Rembrandt,  Hob- 
bema  et  Ruysdaël  avaient  vécu.  C'est  là  qu'en  1766  Boucher 
accompagnera  l'amateur  Randon  de  Boisset.  C'est  à  Amsterdam 
qu'en  1766  Desfriches  achètera  des  tableaux  hollandais  de 
M.  Fouquet,  marchand.  C'est  à  Utrecht,  dans  le  même  temps, 
que  La  Tour,  hôte  de  la  famille  de  Tuyll,  au  château  de  Zuylen, 


—  81  — 

fait  le  portrait  d'Isabeila  Agneta  Elisabeth  van  Tuyll,  dite  Belle, 
de  Zuylen,  la  future  Madame  de  Charrière.  C'est  à  La  Haye 
ou  à  Amsterdam  que  Perronneau,  en  1761,  court  après  la  for- 
tune (1). 

Le  portrait  de  Gérard  Meerman  (2),  conseiller  et  syndic  de 
Rotterdam,  au  muséum  Meermanno-Westreenianum  de  la  Haye, 
pourrait-il  dater  de  1747,  année  pendant  laquelle  Meerman  se 
trouvait  en  France  ?  La  tête  est-elle  bien  celle  d'un  homme  de 
vingt-cinq  ans,  Meerman  étant  né  en  1722  ? 

Puis  ce  fut  le  tour  du  baron  Daniel  Hogguer,  échevin  d'Am- 
sterdam. Il  s'intéresse  à  notre  artiste,  héberge  La  Tour  ;  il  semble 
avoir  assuré  aux  Français  de  passage  à  Amsterdam  une  hospita- 
lité cordiale,  une  table  «  hollandoise  »  et  avoir  tenu  pour  eux, 
avec  eux,  une  véritable  cour  d'amateurs.  C'est  dans  son  entou- 
rage que  Perronneau  a  dû  connaître  ses  autres  modèles  et  notam- 
ment un  autre  échevin  d'Amsterdam,  Gérard  Arnout  Hasse- 
laer  (3),  bourgmestre  de  la  ville,  né  en  1690  et  mort  en  1766. 
Cet  Hasselaer  est  sans  doute  «  M.  Hasslard,  gentilhomme  hollan- 
dois  »,  auquel  Joseph  Vernet,  dans  son  Livre  de  Raison,  con- 
signe avoir  livré  six  tableaux  en  toile  de  quatre  palmes  de  large. 
Le  portrait  qu'en  a  tracé  Perronneau  est  bien  dans  la  manière 


(1)  La  date  de  ce  premier  voyage  est  donnée  par  une  lettre  de  Perronneau  à  Desfriches 
en   1772. 

(2)  Gérard  Meerman  est  l'auteur  d'un  ouvrage,  en  deux  volumes,  intitulé  :  Origines  tvpo- 
graphicœ,  Gerardo  Meerman  auctore,  1765.  Trois  années  auparavant,  il  avait  fait  paraître  un  : 
Plan  des  origines  typographiques,  traduit  du  latin  en  français.  Amsterdam  et  Paris,  1762, 
in-S"  de  124  pages. 

(3)  Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Staring,  communication  des  précieuses  indications 
suivantes: 

Ce  Gérard  Arnout  Hasselaer  (1690-17C6),  fut  plusieurs  fois  élu  bourgmestre  d'Amsterdam 
(notamment  en  17fil,  1702,  1764).  F.n  1763,  il  a  73  ans;  c'est  bien  l'âge  du  modèle  du  pastel 
de  M.  Kronig.  Sa  fille  Catharina  Elisabeth  épousa,  en  premières  noces,  Lieve  Geclvinck,  mort 
en  1757,  fils  de  Nicolaas  Geelvinck,  seigneur  de  Castricum  (1706-1764),  élu  bourgmestre 
d'Amsterdam  en  1747,  mais  déposé  l'année  suivante  par  le  Stadhouder.  C'est  le  «  Guelwin  » 
du  livret  du  Salon  de  1763  ou,  peut-être,  un  de  ses  fils,  Nicolaas  (1732-1787),  ou  Joan 
(1737-1802). 
M™"  Lieve  Geelvinck,  née  Hasselaer,  grande  amie  de  Belle,  de  Zuylen,  appartenait  (comme 


—  82  — 

grave  qui  sied  à  un  échevin  d'Amsterdam  (1):  le  visage  aux 
traits  pinces  s'encadre  d'une  perruque  de  magistrat  bouclée  avec 
une  régularité  volontairement  monotone,  et  le  rabat  blanc  tran- 
chant sur  la  robe  noire  écarte  toute  idée  d'indulgence  et  de 
fantaisie  (pi.  24). 

Ce  sont  deux  autres  grands  bourgeois  de  là-bas  que  Nicolas 
Geelvinck  et  Œgidius  Willem  Tolling,  avocat  à  Amsterdam, 
né  en  1699,  mort  en  1778.  On  peut  voir  encore,  dans  la  collection 
du  baron  van  Lynden  van  Nederhorst,  à  Soestdijk,  quatre  por- 
traits, dont  trois  au  pastel,  certainement  de  Perronneau, 
remontent  aux  mois  de  mars  et  d'avril  1763  et  dont  le  quatrième, 
une  peinture,  est  du  même  artiste  et  de  la  même  date,  selon  toute 
vraisemblance.  Celui  de  Arent  van  der  Waëyen,  fils  de  Arent 
van  der  Bruyn,  né  le  16  janvier  1684,  mort  le  l"août  1767,  est  signé 
et  daté  de  mars  1763  :  le  personnage  a  donc  78  ans  ;  depuis  long- 
temps il  fait  fi  de  toute  coquetterie  ;  le  portraitiste  a  exprimé  à  mer- 
veille le  chiffonnement  flasque  des  joues,  du  menton  et  des  gen- 
cives déchaussées,  la  solennité  et  l'ennui  de  cette  perruque  de  pro- 
cureur, le  négligé  de  ce  foulard  ou  plutôt  de  ce  cache-nez( pl.25) . 
Celui  de  Sara  Hinlopen,  née  le  14  août  1688,  son  épouse  depuis 
le  15  mai  1710,  fille  de  Frans  Hinlopen  par  Sara  van  Reygers- 
bergh,  et  morte  le  1"  juin  1775,  porte  la  même  date  ;  cette  bonne 
vieille  dame  a  donc  74  ans  ;  les  années  semblent  l'avoir  recroque- 
villée douillettement  dans  sa  robe  de  chambre,  où  s'épanouit 
largement  la  flore  du  damas  des  Indes;  son  visage  auréolé  d'une 


les  Rendorp  de  Marquette  et  les  Boreel)  à  un  cercle  intéressant  de  Hollandais  nobles  ou 
patriciens,  aux  sympathies  cosmopolites,  mécènes  par  excellence  des  bons  portraitistes  venus 
en  Hollande  (La  Tour,  Perronneau,  Liotard),  qui  cherchaient  la  compagnie  des  diplomates, 
des  officiers  étrangers  et  qui,  avec  les  banquiers  internationaux  d'Amsterdam,  encourageaient 
l'influence  française  ou  anglaise  sur  la  «  bonne  société  ». 

M.  Staring  suppose  que  les  portraits  de  M.  et  de  M™"  Hogguer  seraient  les  pastels,  attribués 
à  Perronneau,  qui  se  trouvent  au  Musée  de  Genève.  11  est  d'avis  que  si  le  portrait  de 
M""'  Hogguer  peut,  en  toute  vraisenihlance,  être  donné  à  Perronneau,  celui  de  M.  Hogguer, 
au  contraire,  doit  être  attribué  à  La  Tour. 

(I)  Ce  pastel  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Kronig,  à  La  Haye. 


PI.   21 


POKTHAIT  d'hoMMK  I)K  LA  FAMILLE  JoURNU 

Pastel.  SisiK'.   1737? 
Ancienne  collection  Demotte) 


—  83  — 

cornette  s'incline  doucement  vers  la  terre  et  le  fichu  de  linge 
blanc,  croisé  sur  la  poitrine,  évoque  une  guimpe  monacale(pl.25). 
Le  portrait  de  leur  gendre,  Antoni  Warin,  échevin,  fils  de 
Nicolas  Warin  et  de  Magdeleine-Christine  Lestevenon,  né  le 
12  décembre  1712,  marié  le  12  décembre  1742  à  Jeanne-Marie 
van  der  Waëyen  et  mort  le  10  novembre  1764,  porte  lui  aussi 
une  date  précise:  avril  1763.  Antoni  Warin  a  donc  51  ans  :  il  est 
vêtu  comme  ses  beaux-parents,  comme  les  Hollandais  ses  con- 
temporains, à  la  française:  habit,  tour  de  cou  en  linon  blanc, 
jabot  de  dentelle,  perruque  poudrée  et  frisée.  Nous  pensons  que 
le  portrait  à  l'huile,  d'une  femme,  conservé  dans  la  même  gale- 
rie, de  par  la  convenance  de  l'âge,  par  la  ressemblance  physiono- 
mique  avec  M"  Arent  van  der  Waëyen,  par  le  costume,  par 
le  fait  qu'il  a  toujours,  chez  le  baron  van  Lynden,  héritier  de  la 
famille  Warin,  accompagné  les  trois  autres  portraits,  est  aussi 
de  Perronneau  :  tel  est  l'avis  de  M.  Staring  qui,  d'après  la  coif- 
fure du  modèle,  assignerait  à  ce  portrait  une  date  beaucoup  plus 
avancée  que  1763. 

Au  Salon  du  Louvre,  Perronneau  rapportait  de  son  voyage, 
suivant  le  livret:  «  M.  Asselart,  Bourguemestre  d'Amsterdam. 
M.  Guelwin,  M.  Tolling,  M.  Hanguer,  Echevin  d'Amsterdam  ». 
Il  y  avait  ajouté  «  Madame  Perronneau,  faisant  des  nœuds  », 
c'est-à-dire  occupant  ses  mains  avec  le  fil  de  la  frivolité  et  jouant 
avec  la  navette,  ce  «  petit  magasin  des  grâces  »  ;  M"'  de  Tourolle, 
probablement  celle  qui  avait  signé  à  son  contrat  de  mariage, 
parmi  les  amies  de  sa  femme,  enfin  M.  et  M'""  Trudaine  de 
Montigny. 

Ici  nous  pénétrons  dans  un  milieu  nouveau,  la  brillante  société 
du  Temple.  Dans  une  lettre  à  Desfriches,  du  2  janvier  1770, 
Perronneau  écrit  :  «  Je  n'ay  pu  voire  M.  de  Fourqueux  qui  me 
veut  du  bien,  qui  est  à  sa  terre...  M.  de  Fourqueux  msiste  pour 
que  je  soient  stable  à  Paris.  »  Et  dans  une  autre  lettre  de  Paris, 
le  14  mai  1772,  au  même  correspondant:  «  Aussi  n'ai-je  veu 


—  84  — 

personne  que  M.  de  Fourqueux,  mon  ancien  amie  et  protecteur; 
j'y  ay  diné  avec  un  Monsieur  Cadot,  j'i  ay  aprie  le  mariage  de 
madame  votre  cher  fille.  M.  de  Trudaine  est  à  Montigny  ; 
j'ignore  si  je  le  voirray  avant  mon  départ.  » 

Michel  Bouvart  de  Fourqueux,  conseiller  d'Etat  et  successeur 
de  Galonné  au  contrôle  général,  que  Perronneau  avait  peut-être 
connu  par  l'intermédiaire  de  Desfriches,  et  qui  signait  à  son 
contrat  de  mariage,  avait  épousé  la  fille  de  M.  Montyon,  celle-là 
même  qui  se  plaisait,  dans  son  salon,  aux  mystifications  du 
«  fameux  Goys  jouant  le  personnage  et  le  sexe  de  la  chevalière 
d'Eon  ».  Il  en  eut  deux  filles,  dont  l'une  épousait,  en  1761, 
Jean-Charles-Philibert  Trudaine  de  Montigny,  intendant  des 
finances,  et  l'autre,  en  1769,  Etienne  Maynon  d'Invault,  contrô- 
leur général  en  1768  et  prédécesseur  de  l'abbé  Terray.  Du  châ- 
teau de  Montyon  au  château  de  Montigny  Lancoup,  l'un  et 
l'autre  dans  les  environs  de  Provins,  le  chemin  était  court. 

Que  dire  de  M.  Trudaine,  sinon  qu'il  donnait  aux  arts  tout  le 
temps  qu'il  n'accordait  point  aux  affaires  de  l'Etat  ou  aux  demoi- 
selles de  l'Opéra.  Il  amassait  à  Paris,  dans  sa  demeure  de  la 
rue  des  Vieilles  Haudriettes,  les  tableaux,  dessins,  estampes, 
terres  cuites,  bronzes  et  bijoux  qui  furent  vendus  au  mois  de 
décembre  1770.  Comme  les  portraits  de  M.  Hauguer,  de  M.  Guel- 
win  et  de  M.  Tolling,  comme  ceux  de  M""'  Perronneau  faisant 
des  nœuds,  et  de  M""  de  Tourolle,  son  amie,  les  effigies  de 
M.  et  de  M™  Trudaine  de  Montigny  se  sont  égarées.  On  le  voit, 
lui,  dans  l'exquis  tableau  d'Olivier,  le  «  Thé  à  l'Anglaise  », 
causant  avec  le  prince  de  Conti,  bien  connu  pour  sa  répugnance 
à  se  laisser  peindre,  et  qui  avait  consenti,  par  grande  faveur, 
pour  que  le  tableau  comprît  tous  les  familiers  de  ce  salon  aux 
boiseries  blanches,  à  la  lumière  si  délicate,  aux  grands  rideaux 
roses,  à  montrer  la  perruque  et  le  dos  du  maître  de  maison. 

Que  pensait  la  critique  ?  M.  du  P***.  académicien  associé, 
dans  une  Lettre  sur  les  arts  a  M.  d'Yfs,  de  l'Académie  des  Belles- 


—  85  — 

Lettres  de  Caen,  lui  dit  :  (c  Vous  auriez  sçu  gré  au  pinceau  de 
M.  Perroneau  d'avoir  rendu  avec  vérité  les  traits  d'un  jeune 
Magistrat  pour  lequel  vous  avez  la  plus  grande  estime  et  qui 
est  digne  de  l'affection  que  vous  lui  portez  ;  il  ne  vous  en  faut 
pas  davantage  pour  reconnaître  M.  de  Montigny.  »  Le  témoi- 
gnage de  Mathon  de  la  Cour  est  plus  précieux  et  nous  apprend 
l'existence  d'un  portrait  non  mentionné  au  catalogue  (1)  :  «  Je 
n  entrerai  pas,  Madame,  dans  beaucoup  de  détails  sur  les 
ouvrages  de  M.  Perronneau  ;  ce  sont  des  Portraits  en  pastel. 
Celui  de  M.  Hanguer,  Echevin  d'Amsterdam,  et  celui  d'un  jeune 
enfant  ont  beaucoup  de  caractère.  La  ressemblance  fait  sans 
doute  le  principal  mérite  des  autres  ;  mais  c'est  un  mérite  dont 
je  ne  saurois  juger.  »  L'abbé  de  la  Porte  est  du  même  avis  (2)  : 
«  Plusieurs  portraits  en  pastel,  par  M.  Perronneau,  sont  vus  avec 
satisfaction,  tant  pour  les  vérités  de  ressemblance  que  pour 
d'autres  parties  qui  méritent  l'attention  des  connoisseurs.  »  On 
lit  dans  les  Affiches,  annonces  et  avis  divers  du  14  septembre  : 
«  Quelques  bonnes  têtes  de  M.  Perronneau  et  de  M.  Greuze.  » 

Dans  le  Mercure  de  France  du  mois  d'octobre:  ft  Plusieurs 
portraits  en  pastel  par  M.  Perronneau  sont  vus  avec  satisfaction 
tant  pour  les  vérités  de  ressemblance  que  pour  d'autres  parties 
qui  méritent  l'attention  des  connoisseurs.  » 

Dans  V Avant-Coureur  :  «  M.  Peronneau  s'est  en  quelque  sorte 
surpassé  cette  année,  plusieurs  portraits  en  pastel  de  sa  façon 
sont  admirés  des  gens  de  goût.  » 

Dans  l'Année  Littéraire:  «  Monsieur  Peronneau  se  distingue 
toujours  par  une  manière  de  peindre  très  spirituelle  et  par  les 
détails  rendus  avec  légèreté.  » 

Le  Journal  encyclopédique  :  «  Entre  plusieurs  morceaux  du 


(1)  II"  lettre  à  M""'  ""  sur  les  peintures,  les  sculptures  et  les  gravures  e^cposées  dans  le 
Salon  du  Louvre  en  1763. 

(2)  Description  des  tableaux  exposés  au  Salon  du  Louvre,  avec  des  remarques  par  une 
sociHc  d'amateurs  (F.xtraordinjire  du  Mercure  de  septembre). 


—  86  — 

sieur  Peronneau  on  distingue  les  portraits  en  pastel  de  Monsieur 
et  Madame  Trudaine  de  Montigny  et  celui  de  Madame  Peron- 
neau faisant  des  nœuds.  Les  ressemblances  en  sont  bonnes  ;  mais 
il  semble  que  cet  artiste  ait  négligé  la  forme  de  la  couleur  qui  était 
son  partage.  » 

Seul  Diderot  se  montre  aigre-doux  (1)  :  «  Ce  peintre  marchait 
autrefois  sur  les  pas  de  La  Tour  ;  on  lui  accorde  de  la  force  et 
de  la  fierté  de  pinceau.  Il  me  semble  qu'on  n'en  parle  plus.  » 

La  même  année,  il  exécutait  le  portrait  (présumé)  de 
M°"  Miron  (2)  dont  l'arrangement  et  la  couleur  ne  diffèrent  pas 
sensiblement  de  sa  manière  préférée  :  cheveux  poudrés,  un  escla- 
vage de  perles  autour  du  cou,  large  décolleté  ;  la  mantille  de  tulle 
noir,  garnie  sur  les  bords  d'une  dentelle  de  Chantilly,  laisse 
transparaître  la  nuance  bleue  du  corsage  en  taffetas  ;  un  devant 
de  corselet  en  soie  rose  s'orne  du  «  parfait  contentement  »  ; 
la  modestie  voile  la  chair  opulente  de  cette  personne  mûre  ;  c'est 
une  harmonie  de  bleu,  de  rose,  répondant  aux  fonds  jaunes. 

y64  En  1764,  il  n'y  eut  pas  de  Salon.  Perronneau  change  de  logis, 
et  vient  habiter  rue  de  Cléry,  vis-à-vis  la  rue  du  Gros-Chenet,  où 
il  restera  jusqu'en  176Q.  Il  signe  aux  procès-verbaux  de  l'Aca- 
démie, le  23  août  et  le  31  décembre. 

765  En  1765,  l'académicien  ne  signe  pas  une  seule  fois  aux  procès- 
verbaux.  Par  contre,  le  livret  du  Salon  mentionne,  de  lui,  quatre 
portraits  à  l'huile  et  trois  au  pastel.  Que  sont  devenus  les  quatre 
premiers?  M.  Maujé,  peut-être  un  procureur  du  présidial  de 
Rennes;  M""  Perronneau,  la  sœur  de  l'artiste;  M.  Denis, 
probablement  le  trésorier  général  des  Bâtiments  du  Roi,  qui 
poussait  souvent  dans  les  ventes  pour  le  compte  de  M""  de  Pom- 
padour  ;  une  tête,  en  ovale?  Le  sort  des  trois  autres  reste  aussi 


(1)  Salon  de  176.'». 

(2)  Ce  pastel  a  passé  à  la  vente  des  11-12  juin  1920  (Galerie  Georges  Petit). 


PI.  22 


Laurent  Cars 
Pastel.  i7?9- 

[Musée  du  Louvre} 


—  87  — 

mystérieux:  M'"  de  Bossy,  M'"  Pinchinat  en  Diane,  qu'on  se 
souvient  avoir  vu  dans  la  famille  d'illiers  (1),  descendante  des 
Pinchinat.  Seules,  la  date  et  la  signature  du  portrait  de  femme  de 
l'ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult  nous  font  supposer 
qu'il  s'agit  de  M""  Miron. 

Perronneau  eut  une  «  bonne  presse  w. 

Les  AfficJies,  airnonces  et  avis  divers,  du  11  septembre, 
déclarent:  «  Le  Salon  est  à  l'ordinaire  amplement  garni  de  por- 
traits. Ceux  de  M.  Perroneau,  tant  à  l'huile  qu'au  pastel,  se  font 
toujours  remarquer.»  Mathon  delaCourécrit(2)  :  «M.  Perroneau 
a  fait  exposer  plusieurs  portraits  à  l'huile  et  au  pastel,  qui  paraissent 
dignes  de  soutenir  sa  réputation.  Celui  de  Mademoiselle  Perro- 
neau est  peint  avec  beaucoup  de  hardiesse.  »  Mathon  de  la  Cour 
fils  (3)  ne  se  compromet  pas  davantage  :  «  M.  Perronneau,  acadé- 
micien, a  aussi  donné  plusieurs  portraits  à  l'huile  et  au  pastel,  qui 
ont  fait  plaisir  et  d'un  heureux  succès.  »  Le  Mercure  de  France, 
dans  son  numéro  de  novembre:  «  M.  Perroneau  en  avait  mis 
plusieurs  tant  en  huile  qu'en  pastel  et  tous  méritaient  de  justes 
éloges.  «  De  même,  l'Année  littéraire:  «  M.  Peronneau  en  a 
exposé  tant  au  pastel  qu'à  l'huile  qui  sont  très  spirituellement 
dessinés  et  du  faire  le  plus  facile  et  le  plus  léger.  »  De  même, 
le  Journal  encyclopédique  :  «  Aussi  passons-nous  rapidement 
sur...  plusieurs  portraits  à  l'huile  de  Monsieur  Peronneau,  distin- 
gués par  la  correction  du  dessin  et  par  l'ensemble  d'une  tête  mais 
à  qui  l'on  reproche  de  négliger  un  peu  la  couleur  jusques  dans 
ses  pastels,  qui  n'ont  ni  l'éclat  ni  le  brillant  dont  cette  manière 
de  peinture  est  susceptible.  »  Diderot  s'incline  :  «  Parmi  ses  por- 


(1)  M.  Cailleux,  expert,  possède  un  pastel  de  jeune  femme  tenant  un  arc.  qu'il  dit  être  celui 
de  M""  Pinchinat,  en  Diane. 

(2)  11^  Lettre  à  M.  "'  sur  les  peintures,  tes  sculptures  et  les  gravures  exposées  dans  le 
Salon  du  Louvre,  en  1765. 

(3)  Critiques  des  peintures  et  sculptures  de  MM.  de  l'Académie  royale,  l'an   17(i5.  Lettre 
à  un  amateur  de  la  peinture. 


—  88  — 

traits,  il  y  en  avait  un  de  femme  qu'on  pouvait  regarder,  bien 
dessiné,  et  mieux  dessiné  qu'à  lui  n'appartient.  Il  vivait  et  le 
fichu  était  à  tromper.   » 

Perronneau  semble  avoir  passé  à  Orléans  une  bonne  partie 
de  l'année  1765.  Il  y  avait  pour  modèles  M'"  Pinchinat, 
M.  Robert  Soyer  et  M.  Raguenet.  Robert  Soyer,  l'ami  Soyer, 
comme  on  disait  dans  la  famille  Desfriches,  ingénieur  des  Ponts 
et  Chaussées,  né  à  Paris  en  1717  et  mort  à  Orléans  en  1802, 
y  avait  construit,  de  1751  à  1760,  sur  les  plans  des  inspecteurs 
généraux  Pitrou  et  Hupeau,  le  pont  sur  la  Loire  où,  dit-on, 
M""  de  Pompadour  fut  la  première  à  passer  et  dont  la  représen- 
tation des  travaux  a  été  plusieurs  fois  fixée  par  le  crayon  de 
Desfriches.  Son  attitude  indique  sa  profession.  Sous  son  bras,  il 
a  passé  un  carton  vert,  et  de  la  main  gauche  il  tient  le  compas 
traditionnel.  Ici,  comme  dans  le  jeune  homme  aux  trois  roses, 
c'est  une  harmonie  de  rose  et  de  vert,  lilas-rose  de  l'habit,  vert 
du  fond,  égayés  comme  à  l'habitude  d'un  tour  de  cou  en  linon 
blanc  et  d'un  jabot  de  dentelle.  L'habit  doublé  de  fourrure 
semble  prouver  que  le  portrait  a  été  exécuté  en  hiver. 

On  voyait  autrefois,  dans  un  château  des  environs  d'Orléans, 
un  portrait  d'homme,  signé  et  daté  de  la  même  année  (1):  le 
personnage,  M.  Raguenet,  d'Orléans,  vu  de  trois  quarts,  portait 
l'habit  de  velours  rouge  brique  un  peu  passé,  et  un  jabot  de 
dentelle  ressortant  sur  un  fond  gris  vert.  La  collection  de 
Madame  Fellows  contient  un  autre  portrait  d'homme,  vêtu  d'un 
habit  bleu  à  galons  et  à  boutons  d'or,  d'un  gilet  de  la  même 


(1)  D'après  une  déclaration  de  M.  Raguenet  de  Saint-Albin,  descendant  du  modèle  de 
Perronneau,  rapportée  par  le  docteur  Garsonnin,  au  cours  de  la  séance  du  13  juin  1913  de 
la  Société  archéologique  de  l'Orléanais,  ce  tableau  n'était  pas  signé  quand  il  quitta  la 
famille  Raguenet  de  Saint-Albin.  D'autre  part,  dans  une  note  parue  dans  le  Bulletin  de  la 
même  société  (année  1913),  M.  P.  Jouvellier  indique  que  Raguenet  de  Saint-Albin  n'était  pas 
échevin  en  1765.  «  De  1760  à  1775,  il  n'occupe  aucune  fonction  municipale.  Auparavant, 
sans  doute,  pas  davantage.  En  1776,  un  M.  Raguenet,  demeurant  rue  des  Minimes,  est  député- 
négociant  à  l'Hôtel  de  Ville.  En  1777,  il  devient  échevin  et  l'est  encore  en  1779;  sa  rue 
s'appelle  alors  rue  d'Illiers.  » 


—  89  — 

nuance,  tenant  sous  le  bras  un  bicorne  galonné,  et  coiffé  suivant 
une  mode  que  le  peintre  ne  nous  a  pas  encore  montrée  :  les  pans 
de  la  coque  qui  noue  les  cheveux  en  catogan  se  prolongent  et 
viennent  entourer  le  cou  en  larges  ondulations  pour  se  perdre 
dans  le  jabot  ;  ce  sont,  en  quelque  manière,  des  dragonnes  de 
rubans,  des  «  chacones  »  comme  on  disait  alors,  en  empruntant 
le  nom  d'un  air  de  ballet  qu'un  danseur  de  l'Opéra  avait  esquissé 
en  laissant  flotter  ainsi  ses  rubans. 

Par  une  coïncidence  singulière,  il  existe  dans  la  collection  de 
M.  René  Benjamin  un  portrait  d'homme  qui  offre  quelque 
analogie  avec  le  précédent.  Quoiqu'il  s'agisse  d'une  peinture  à 
l'huile  et  non  plus  d'un  pastel,  d'un  cadre  rectangulaire  et  non 
d'un  ovale,  d'une  figure  de  face  et  non  de  trois  quarts,  le  per- 
sonnage porte  à  peu  près  le  même  âge,  un  habit  de  la  même 
tonalité  —  ce  délicieux  bleu  vert  familier  à  Perronneau  — ,  avec 
les  mêmes  galons  et  boutons  d'or  (pi.  26).  La  figure  est  coupée  à 
mi-corps,  mais  on  ne  voit  plus  cette  fois  de  tricorne  passé  sous  le 
bras,  ni  de  décoration  par  dessus  le  jabot  de  dentelle  qui 
s'échappe  du  gilet  entr'ouvert.  Il  semble  bien  aussi  qu'il  y  ait 
plus  de  plénitude  dans  les  traits,  plus  de  bonhomie  et  d'esprit, 
un  nez  et  des  lèvres  plus  sensuelles.  Sur  le  fond  rompu  d'or,  en 
haut  et  à  droite,  on  lit  la  signature  de  l'artiste  ainsi  orthogra- 
phiée :  perronneau,  et  la  date  de  1765.  M.  René  Benjamin,  que 
nous  avons  questionné,  n'a  pu  que  nous  indiquer  que  ce  portrait 
provenait  du  château  de  Sache,  près  de  Tours,  le  fameux  Sache 
d'où  est  datée  une  partie  de  la  correspondance  de  Balzac,  à 
7  kilomètres  d'Azay-le-Rideau,  c'est-à-dire  dans  une  région  où 
on  a  retrouvé  d'autres  oeuvres  de  l'artiste. 

Une  communication  de  M.  Paraf  à  la  Société  de  l'histoire  de 
l'art  français,  en  1910,  complète  heureusement  les  indications 
que  nous  possédions  déjà  sur  l'année  1765,  en  même  temps  qu'elle 
précise  l'identité  de  l'homme  aux  trois  roses  qui  date  de  1756: 
('  L'homme  aux  trois  roses  ne  serait  autre  que  M.  Tassin  de  la 


—  90  — 

Renardière.  En  effet,  il  existe  un  autre  tableau  du  même  per- 
sonnage, exécuté  par  Perronneau  en  1765,  et  dont  la  pose  est 
presque  identique  à  celui  de  la  collection  Groult  ;  l'habit  est  bleu 
avec  un  gilet  rose,  mais  il  n'y  a  pas  de  roses  sur  l'habit  ;  le  tableau 
ovale  a  pour  dimensions  O^ôô  x  0°50.  Une  inscription  manu- 
scrite, au  verso,  donne  le  nom  cité  plus  haut  et  y  ajoute  que  le 
personnage  représenté  était  le  père  de  M.  Tassin  d'Authon. 
Il  fait  pendant  au  portrait  de  sa  femme,  de  mêmes  dimensions, 
également  daté  de  1765,  au  verso  duquel  se  trouve  l'inscription 
manuscrite:  M""  Tassin  de  la  Renardière,  née  Seurat.  On  voyait 
dans  la  collection  Groult  deux  autres  pastels  de  Perronneau 
représentant  les  portraits  présumés  de  M.  et  de  M""  Miron.  Or, 
dans  la  famille  orléanaise  oij  se  trouvaient  les  pastels  de  M.  et 
de  M""  Tassin  de  la  Renardière,  il  y  avait  deux  tableaux  —  non 
ovales  —  de  dimensions  0"57  x  OMS,  l'un  d'homme,  l'autre  de 
femme,  ce  dernier  absolument  semblable  à  celui  de  la  collection 
Groult,  à  quelques  variantes  près  (le  collier  de  perles  est  rem- 
placé par  un  nœud  bleu).  Derrière  le  portrait  de  femme,  on  lit 
ceci  :  «  Portrait  de  M""'  Miron  de  Portioux,  fille  d'Etienne 
Seurat  de  la  Barre,  propriétaire  du  château  de  Coudray,  morte 
le  6  décembre  1824.  »  Elle  était  donc  la  sœur  de  M"'  Tassin  de 
la  Renardière.  Ce  tableau  est  daté  de  1765  et  il  est,  sans  conteste, 
celui  du  Salon  de  la  même  année  ;  car  s'il  s'agissait  de  celui  de  la 
collection  Groult,  le  livret  du  Salon  l'aurait  indiqué  comme 
ovale.  Le  pendant  représente  M.  Miron  de  Porthioux  (mort  le 
16  mars  1797)  ;  il  est  daté  aussi  de  1765  ;  il  offre  de  nombreuses 
ressemblances  avec  celui  de  la  collection  Groult  ;  mais  je  ne  puis 
certifier  que  les  deux  tableaux  représentent  le  même  personnage 
Ces  tableaux  proviennent  des  descendants  des  Tassin  et  des 
Miron.  » 

La  même  année  est  enfin  marquée  par  deux  événements 
domestiques  :  le  29  décembre  1765,  Perronneau  acquiert  au  prix 
de  16.000  livres  une  maison  située  à  la  barrière  de  Montreuil, 


PI.  23 


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—  91  — 

et  attenant  à  l'abbaye  Saint-Antoine,  probablement  une  maison 
de  campagne  pour  l'été,  «  une  folie  »,  puisqu'en  même  temps 
il  venait  occuper,  en  ville,  un  autre  appartement,  rue  du  Boulois, 
près  de  l'Hôtel  de  Hollande,  où  il  demeurera  jusqu'en  1769. 

C'est  encore  à  ses  amis  d'Orléans  qu'il  va  en  1766,  à  Le  Nor-  1766 
mant  du  Coudray  (1)  et  à  M°"  Fuet  (2). 

Nous  ne  dirons  pas  de  cette  femme  qu'elle  nous  inspire,  comme 
beaucoup  d'autres  modèles  bourgeois  de  l'artiste,  une  confiance 
illimitée.  Il  y  a  tant  de  finesse  dans  le  souiire,  dans  le  regard 
des  yeux  gris  mélangés  de  bleu,  abrités  de  sourcils  bruns  très 
accentués  !  Cette  finesse  s'accompagne  d'une  recherche  rare 
dans  le  costume  et  l'attifement:  parmi  les  cheveux  poudrés  et 
coiffés  en  tapé,  quelques  fleurettes  jetées  çà  et  là,  un  esclavage 
de  perles  attaché  sur  la  nuque  par  un  nœud  de  ruban  blanc,  une 
robe  de  soie  jaune  mouchetée  de  pastilles,  une  modestie  en  marli 
rayé  qui  épouse  la  naissance  de  la  gorge,  la  bande  de  fourrure 
noire  qui  encadre  le  décolleté  pur  et  souple,  les  trois  échelons 
de  fourrure  qui  barrent  le  corselet  de  soie  jaune,  tout  cela  est 
d'une  saveur  étrange. 

Dans  le  portrait  de  Charles  Le  Normant  du  Coudray,  person- 
nage déjà  portraicturé,  nous  l'avons  vu,  en  1747,  l'accord  se 
résout  par  les  complémentaires  bleu  et  jaune.  Le  costume  offre 
beaucoup  d'analogies  avec  celui  de  Desfriches:  une  robe  de 
lampas  bleu  sur  laquelle  un  mazulipatam  négligemment  se  noue  ; 
le  carton  que  retient  la  main  droite,  et  sur  lequel  on  lit  en  toutes 
lettres  «  Recueil  d'Estampes  »,  les  rayons  de  la  bibliothèque  que 
laisse  voir  une  tenture  soulevée,  tout  indique  les  goûts  du  per- 
sonnage ;  c'est  un  fonctionnaire  de  province  qui  occupe  ses  loi 


(1)  Jusqu'en   1909  dans  la  collection  de  M.   Doisfau  ;   adjugé   18.500   francs  à   la  vente  de 
celui-ci. 

(2)  Musée  d'OrléaD8. 

7 


—  92  — 

sirs,   comme  Desfriches,   à   collectionner  des  estampes   et   des 
livres. 

Le  même  maintien,  la  même  physionomie  nous  donneraient 
à  entendre  que  le  portrait  d'homme,  peint  à  l'huile,  qui  se  trouve 
dans  la  collection  de  M.  Potin,  représente  le  même  personnage. 
Nous  aurons  d'ailleurs  l'occasion  d'y  revenir  à  propos  de  l'année 
1767,  puisqu'aussi  bien  c'est  la  date  de  ce  dernier  portrait. 

Nous  connaissons  quatre  autres  pastels  de  la  même  année. 
Deux  d'entre  eux,  représentant  chacun  une  femme,  n'ont  pas 
d'état  civil.  L'un  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Chévrier, 
l'autre  faisait  partie  de  l'ancienne  collection  de  M.  Groult,  le 
père.  Le  premier  est  une  harmonie  de  bleu  et  d'or:  le  corsage 
décolleté  s'ouvre  sur  un  «  corps  »  bleu  garni  du  parfait  contente- 
ment, dont  les  coques  s'étalent  sous  une  modestie  ;  un  fichu  de 
gaze  bleue  mat,  barré  de  raies  satinées  jaunes  est  jeté  sur  les 
épaules  ;  la  physionomie  spirituelle  s'encadre  d'une  cornette  de 
dentelle  aux  barbes  retroussées  ;  le  cou  s'orne  d'un  esclavage 
de  perles.  Le  second  est  une  recherche  de  rose  et  de  noir:  un 
corsage  rose,  une  mantille  de  soie  noire  à  pois,  un  «  corps  »  de 
satin  blanc,  voilà  pour  faire  oublier  la  corpulence  et  l'air  absent. 

Nous  avons  des  raisons  de  croire  que  les  deux  portraits  à 
l'huile,  naguère  conservés  dans  la  collection  Jacques  Doucet,  oij 
ils  se  faisaient  pendant,  sont  ceux  de  M.  et  de  M"°  Blondel 
d'Azincourt.Tout  d'abord,  ce  portrait  de  femme  nous  fit  songera 
M""' de  Villeneuve,  les  mains  dans  son  manchon,  du  Salon  de  1747. 
Mais  la  date  de  1766,  inscrite  en  haut  et  à  droite  du  tableau, 
à  côté  de  la  signature,  nous  fit  renoncer  à  cette  première  hypo- 
thèse. Certains  détails  du  costume  et  l'âge  du  personnage,  dans 
le  portrait  d'homme,  nous  amenèrent  à  penser  qu'il  s'agissait  de 
Barthélémy- Augustin  Blondel  d'Azincourt,  lieutenant-colonel 
d'infanterie,  chevalier  de  Saint-Louis,  intendant  des  Menus- 
Plaisirs,  celui-là  même  qui  signait  au  contrat  de  mariage  de  Per- 
ronneau.  En  effet,  il  porte,  épinglée  sur  son  habit,  la  croix  de 


—  93  — 

chevalier  de  Saint-Louis,  la  croix  pattée  qui  rappelle  par  son 
rayonnement  non  plus  la  forme  sévère  des  anciennes  croix  de 
Malte  et  des  ordres  croisés,  mais  l'une  des  formes  de  l'étoile. 
11  porte  cette  croix  suivant  l'habitude  militaire,  puisque  dans  la 
vie  civile,  on  se  contentait  du  joyau  suspendu  à  un  nœud  de 
ruban  bleu.  Enfin,  une  plume  blanche,  la  plume  des  lieutenants- 
colonels  d'infanterie,  ressort  à  la  pointe  du  tricorne  sous  le  bras. 
Ce  Blondel  d'Azincourt  qui  possédait,  entre  autres  charges,  celle 
de  «  garde  des  pierreries  de  la  couronne  »,  était  le  fils  du  fameux 
Blondel  de  Gagny,  curieux  et  connaisseur  en  dessins  et  coquil- 
lages, dont  Pierre  Rémy,  en  1770,  dispersa  la  collection.  Il  avait 
formé  lui-même,  rue  Notre-Dame  de  Nazareth,  près  le  Temple, 
dans  le  quartier  du  Marais,  un  cabinet  «  très  intéressant  par  la 
variété  et  le  choix  des  objets  ».  11  s'attachait  à  y  rassembler  prin- 
cipalement des  tableaux  modernes,  de  belles  esquisses,  une  très 
grande  quantité  de  dessins,  «  au  nombre  desquels,  nous  dit  le 
Dictionnaire  pittoresque  et  historique  de  Hébert  (1),  on  en  doit 
surtout  remarquer  près  de  cinq  cents  de  Boucher.  On  trouve 
aussi,  dans  ce  cabinet,  cent-soixante  pierres  gravées  en  camée, 
tant  égyptiennes  qu'étrusques,  grecques  et  romaines,  dont 
presque  toutes  viennent  des  princes  de  Palavicini,  et  ont 
été  substituées,  pendant  des  temps  infinis,  dans  cette  illustre 
maison.  M.  Narcisse  de  Thoret  en  fit  l'acquisition  en  1699.  C'est 
aux  connaisseurs  qu'il  est  réservé  d'en  sentir  toute  l'importance 
et  le  mérite.  Le  temps  les  a  respectés  parce  que  la  vraie  beauté 
n'est  pas  soumise  à  son  inconstance.  Des  bronzes  bien  choisis, 
des  porcelaines  anciennes  également  montées,  du  lacq  de  la  plus 
grande  finesse,  et  une  multitude  infinie  d'objets  séduisants  pour 
les  yeux,  laissent  aussi  dans  l'imagination  une  sensation  qui 
prouve  incontestablement  qu'il  faut  que  l'agrément  soit  d'accord 
avec  l'art,  et  que  la  perfection  consiste  dans  leur  réunion.  C'est 


(1)  Dictionnaire  pittoresque  et  historique  de  Hébert,  1766,  t.  I,  pp.  81-8.1.  Ce  cabinet  était 
déjà  cité  par  VAlmanach  des  Beaux-Arts  de  1762,  p.  200,  mais  sans  description. 


—  94  — 

dans  la  nature  même  que  l'on  peut  chercher  et  que  l'on  découvre 
certainement  ce  principe.  Il  est  facile  de  s'en  convaincre  sans 
sortir  de  ce  cabinet,  qui  renferme  des  choses  aussi  rares  que 
curieuses,  qui  sont  une  suite  de  minéraux,  de  cristallisations, 
d'agates,  de  pierres  précieuses,  de  madrépores,  de  coraux  et  de 
coquilles  dont  la  parfaite  conservation,  la  beauté  des  formes  et 
la  richesse  des  couleurs  sont  fort  au-dessus  de  nos  idées,  etc.  (  1  ) .  » 
Ici  Perronneau  revient  au  rouge  et  noir,  habit  de  velours  noir, 
gilet  naccarat,  tour  de  cou  en  linon  blanc,  jabot  de  dentelle, 
cheveux  poudrés,  frisés  à  marteau  et  noués  en  catogan  ;  la  pose 
est  familière,  une  main  passée  dans  le  gilet,  le  visage  regardant 
de  face,  le  corps  de  profil,  une  demi-figure.  Le  portrait  de 
M™  Blondel  d'Azincourt  est  d'un  arrangement  plus  original  :  elle 
est  prête  à  sortir  ;  elle  a  mis  sa  cornette  de  dentelle  légèrement 
gaufrée,  dont  la  passe  de  ruban  se  noue  en  papillon  sur  la  «  phy- 
sionomie »  ;  le  fichu  palatine  en  gaze  dont  les  larges  raies  satinées 
se  détachent  sur  un  fond  mat  ;  la  pelisse  de  soie  bleue  mouchetée 
de  noir,  doublée  de  petit  gris  et  garnie  d'un  coqueluchon,  qui 
se  rabat  dans  le  dos  et  qui  protégera  la  trame  nuageuse  de  la 
dentelle  ;  le  nœud  qui  sert  d'agrafe  ;  le  passe-caille,  ruban  qui 
maintient  à  la  hauteur  de  la  taille  le  manchon  de  queues  de 
martre,  où  s'engagent  les  mains  gantées  de  mitaines  blanches  ; 
le  manchon  si  grand  qu'une  petite  chienne  gredine,  aux  oreilles 
longues,  à  queue  soyeuse,  aux  pattes  grêles,  un  de  ces  chiens- 
manchons  qu'on  vend  rue  du  Bac,  peut  s'y  blottir. 

'767  Si  nous  en  étions  réduits  au  seul  livret  du  Salon,  nous  ne  sau- 
rions rien  ou  presque  rien  sur  l'année  1767.  Comment  énumérer 
«  plusieurs  portraits  sous  le  même  numéro  «  ?  Les  critiques,  qu'on 
avait  voulu  contraindre  à  signer  leurs  observations,  s'abstiennent 


(1)  Cf.  aussi  la  Conchyologie  de  Dargenville,  édition  de  1780,  t.  I,  p.  247;    l'Almanach  des 
Artistes,  de  1776,  p.  200.  —  La  vente   Blondel  d'Azincourt  eut  lieu  en   1783. 


PI.  24 


Le  nouRCMESTRE  Hasselakr 

Pastel.  Salon  de  i-ôS. 

A  M.  J.  O.  Kronig) 


—  95  — 

de  tout  commentaire.  C'est  tout  au  plus  si  Fréron  (1)  déclare: 
«  M.  Perronneau  s'annonce  toujours  par  une  touche  légère  et 
spirituelle.  »  Bachaumont  (2)  ajoute:  «  M"  Perronneau,  Roslin, 
Drouais  le  fils  sont  en  possession  de  nous  enrichir  de  Portraits  »... 
Diderot  est  plus  dédaigneux  :  «  Perronneau  fut  quelque  chose  autre- 
fois dans  le  portrait  (3).  »  On  trouve  un  autre  écho  de  l'opinion 
publique  dans  les  oeuvres  de  De  Piles  (4),  qui  datent  de  1767:  «La 
peinture  en  pastel  a  bien  autant  de  partisans  que  la  miniature. 
Plusieurs  peintres  de  nos  jours,  tels  que  MM.  de  La  Tour,  Roslin, 
Lundberg,  Perronneau,  etc.,  ont  porté  cette  sorte  de  peinture  à 
un  très  haut  degré  de  perfection,  et  leurs  portraits  au  pastel  ne  le 
cèdent  en  rien  aux  portraits  peints  à  l'huile,  tant  pour  la  vérité 
avec  laquelle  ils  ont  rendu  la  nature,  soit  pour  la  force  et  la 
vivacité  des  couleurs.  »  Et  cependant,  en  1767,  nous  trouvons  la 
trace  du  passage  de  l'artiste  à  Orléans,  à  Bordeaux,  à  Abbeville. 
Si,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  le  portrait  de  la  collec- 
tion Potin  est  bien  celui  de  Le  Normant  du  Coudray,  il  justifie- 
rait du  voyage  de  Perronneau  à  Orléans.  En  tout  cas,  c'est  une 
oeuvre  d'une  belle  venue  (pi.  27).  Le  personnage,  vu  de  trois 
quarts  dans  un  ovale  de  pierre,  porte  un  manteau  de  taffetas  du 
même  bleu  vert  que  la  gamberluque  d'Adam  l'aîné  ;  la  collerette 
entr'ouverte,  les  doigts  repliés  sur  un  portefeuille  indiquent  bien 
le  désordre  studieux  d'un  amateur  d'art.  La  toile  (5)  est  signée 
et  datée,  en  haut  de  l'ovale,  légèrement  à  droite:  Perronneau, 
1767.  A  Orléans  également,  c'est  un  portrait  de  femme,  con- 
servé au  musée  de  cette  ville,  auquel  il  a  été  offert  par  M.  Gati- 
neau,  d'après  une  inscription  fixée  au  dos  du  pastel.  Cette  femme 
porte  au-dessus  du  front  l'étoile  du  matin.  Ses  doigts  nacrés  s';ip- 


(1)  Année  littéraire,  par  Fréron,  1767,  t.  VI,  lettre  IV'.  Exposition  de  peintures,  sculptures 
et  gravures  de  MM.  de  l'Académie  royale. 

(2)  Mémoires  secrets,  Salon  de   1767,  lettre  11. 

(3)  II  aitiibue  à  Perronneau  un  portrait  de  femme  fait  par  Roslin. 

(4)  De  Piles,  Œuvres  diverses,  17G7,  t.  III.  De  la  peint  ire  en  pastel. 

(5)  Ce  tableau  provient  de  l.i  cnllectinn  de  M"'"  Boursin. 


—  96  — 

puient  sur  un  coq  qui,  s'éveillant  dans  la  lumière,  chante  son  cri 
de  joie.  Son  large  décolleté  s'accompagne  de  draperies  blanches 
et  violettes,  les  unes  argentées  de  lumière,  diaphanes  comme  les 
vapeurs  de  l'aube,  les  autres,  sombres  et  opaques,  rappelant  les 
demi-rêves  de  la  nuit,  que  l'Aurore  «  aux  doigts  de  rose  »  fait 
doucement  s'évanouir.  Tout  ce  charme  frais  flotte  pour  ainsi  dire 
sur  un  fond  vert,  perlé  de  gris,  imprécis  et  vaporeux.  D'après 
certaines  notes  consignées  sur  un  inventaire  de  la  collection  de 
Desfriches,  cette  «  Aurore  »  ne  serait  autre  que  M"'  Perronneau 
représentée  ici  suivant  la  mode  mythologique  de  l'époque. 

On  lit  dans  les  Affiches,  annonces  et  avis  divers  de  Bor- 
deaux (1),  en  cette  même  année:  «  Il  a  été  perdu  le  25  mars, 
entre  la  Bourse  et  le  Château-Trompette,  un  étui  de  chagrin  verd 
contenant  un  compas,  un  porte-crayon  et  un  équerre  d'argent 
et  oià  il  y  a  écrit:  par  Butterfield.  On  prie  ceux  qui  l'auront 
trouvé  de  le  faire  tenir  à  M.  Perronneau,  peintre  du  roi,  place 
du  Marché-Royal,  chez  M.  Lagarde,  rue  du  Parlement,  vis-à-vis 
la  rue  des  Lauriers;  il  remettra  douze  livres  à  celui  qui  le  rap- 
portera. »  C'est  à  cette  époque  que  Perronneau  a  exécuté  le 
grand  portrait  à  l'huile  de  BonavenLure  Journu  (2).  Le  portrait 
de  Journu  est  signé  et  daté  1767,  en  bas,  à  droite.  Le  personnage 
porte  un  costume  de  taffetas  bleu,  un  foulard  de  mazulipatam 
rayé  ;  il  est  tourné  de  gauche  à  droite,  et  regarde  de  face   Assis, 


(1)  1767,  p.  58. 

(2)  h'Almanach  des  Curieux  mentionne  que:  »  M.  Journu,  négociant  et  juge  de  la  Bourse, 
possède  de  très  bons  tableaux  d'anciens  maîtres,  ainsi  que  des  modernes  comme  de  M.  Vernet. 
II  a  formé  un  des  plus  beaux  cabinets  d'histoire  naturelle  qu'on  puisse  trouver  en  province. 
On  doit  à  son  honnêteté  la  satisfaction  de  le  voir  quand  on  veut  ».  Il  est  également  cité  dans 
le  Livre  de  raison  de  Joseph  Vernet. 

Ces  portraits,  ainsi  que  ceux  que  nous  signalons  à  l'année  1757,  ont  été  trouvés  chez 
les  descendants  de  la  famille  Journu,  dans  trois  ou  quatre  châteaux  des  environs  de 
Bordeaux  ou  dans  des  hôtels  privés  à  Bordeaux  même.  Ils  ont  été  achetés  par  l'antiquaire 
Demotte  et  vendus  en  partie  à  New-York. 


—  97  — 

les  jambes  croisées,  il  se  détache  sur  un  fond  de  tenture,  désignant 
de  la  main  droite,  dans  l'écartement  de  cette  tenture  relevée,  des 
bocaux,  des  coquillages  et  des  coraux  (pi.  28). 

Il  n'est  pas  impossible  qu'on  doive  aux  mêmes  circonstances 
le  portrait  à  l'huile  de  Frédéric  Hausen  de  Liliendahl,  consul  de 
Danemark  à  Bordeaux  (  1  ) ,  que  conserve  la  bibliothèque  de  l'Uni- 
versité de  Copenhague  (pi.  29).  Le  personnage,  d'un  certain  âge, 
est  vu  de  face  dans  un  ovale  de  pierre.  11  porte  perruque  grise 
et  visage  à  bajoues.  L'habit  et  le  gilet  d'un  rouge  assourdi  sont 
bordés  de  skungs  ;  un  jabot  de  dentelle  se  rattache  au  col  de 
lingerie.  Un  tricorne  est  passé  sous  le  bras.  La  peinture  mesure 
0"88  de  hauteur  sur  0"70  de  largeur. 

Dans  quelle  ville  a  vécu  le  personnage  qui  se  présente  à  nous 
dans  un  portrait  de  l'ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult, 
signé  et  daté  de  1767  ?  L'homme  est  corpulent,  la  physionomie 
franche,  le  ragoût  délicat  de  cet  habit  en  velours  rose  violacé  et 
de  ce  gilet  en  taffetas  rose.  Abbeville  est  sur  la  route  de  Hol- 
lande l2),  Perronneau  devait  s'arrêter  dans  cette  ville  où  l'on 
voyait  encore,  il  y  a  quelques  années,  chez  le  comte  van  Robais, 
un  portrait  au  pastel  par  Perronneau  d'Abraham  van  Robais,  né 
le  25  mai  1698,  cinquième  fils  d'Isaac  van  Robais,  et  décédé  le 
31  mai  1779.  Abraham  van  Robais  donna  ce  pastel  à  son  fils 


(1)  M.  Mario  Krohn,  à  la  page  207  du  tome  II  de  son  livre,  intitulé:  Frai:krigs  og  Danmarks 
Kuntsheriske  forbindelse  i  det  IS  Aarhundrede,  indique  que  ce  tableau  est  signé  à  droite: 
Perronneau,  qu'il  a  été  vraisemblablement  exécuté  en  1767  ou  1769,  et  qu'il  est  de  grandeur 
naturelle.  Nous  devons  ce  renseignement  à  l'obligeance  de  M.  Léo  Swane,  conservateur  au 
Musée  royal  de  Copenhague,  qui  nous  met  en  garde  contre  l'inexactitude  d'un  petit  livre 
de  C.  Desma?és,  paru  en  1854,  et  consacré  à  La  Tour.  Dans  ce  livre  on  assure,  ii  la  page  20, 
que  Perronneau  a  été  en  Danemark.  Notre  correspondant  s'inscrit  en  faux  contre  cette 
assertion. 

(2)  M.  Jacques  Doucct  nous  a  indiqué  qu'il  y  aurait  trace  dans  le  Bulletin  d'une  ancienne 
société  d'Abbeville  du  passage  de  Perronneau  en  cette  ville;  Perronneau  aurait  fait  annoncer 
par  le  tambour  son  arrivée  et  le  prix  de  ses  pastels. 


—  98  — 

Josse  Abraham  van  Robais  en  1767  (1),  ainsi  qu'il  était  écrit 
derrière  le  portrait.  Ce  pastel,  détérioré,  puis  restauré,  passait 
aux  mains  d'un  marchand,  puis  dans  la  collection  Groult.  Abra- 
ham van  Robais,  ayant  neuf  enfants,  commanda  deux  répliques 
de  son  pastel  à  Perronneau.  L'une  fut  exécutée  en  1767,  l'année 
même  du  mariage  d'un  petit-fils  d'Abraham  van  Robais,  appelé 
Samuel  ;  le  pastel  passa  dans  la  famille  Camp,  alliée  à  Samuel 
van  Robais  et  demeurant  à  Montauban,  puis  dans  la  collection 
Jacques  Doucet,  enfin  au  musée  du  Louvre.  L'autre  a  appartenu 
à  M.  Henry  Michel-Lévy  et  a  été  adjugée  au  prix  de  17,000  francs 
à  la  vente  du  4  juin  1923.  Il  y  a  peu  de  différences  entre  ces 
trois  répliques,  de  dimensions  sensiblement  équivalentes.  Celle 
de  la  collection  Camille  Groult  est  d'une  tonalité  plus  claire  ;  dans 
celle  de  l'ancienne  collection  Henry  Michel-Lévy,  la  figure  semble 
rajeunie  ;  celle  du  musée  du  Louvre  nous  paraît  typique  (pi.  30). 
En  effet,  on  y  remarque  dans  le  fond  et  dans  l'habit  de  velours 
lie  de  vin,  la  tendance  de  plus  en  plus  marquée  vers  les  tonalités 
ambrées,  vers  les  couleurs  de  soleil,  vers  la  clarté.  Et  quelle 
étude  humaine  il  a  réalisé  dans  ce  visage  d'un  vieillard  de 
soixante-neuf  ans  ,  dont  il  marque  à  merveille  le  front  jaune,  le 
regard  sinon  éteint,  mais  refroidi,  le  plissage  des  yeux  enfoncés 
dans  l'orbite,  la  bouche  qui  tourne,  qui  rentre,  parce  qu'il  n'y  a 
plus  de  dents,  mais  dont  la  déchéance  s'enoblit  de  la  majesté 
d'un  jabot  de  dentelle,  et  d'une  perruque  à  la  conseillère  qui 
retombe  sur  l'épaule  en  tire-bouchon,  en  dragonne. 

C'était  une  dynastie  importante  d'Abbeville  que  celle  des  van 

(1)  En  i754,  un  Van  Robais  faisait  construire  une  villa  sur  laquelle  Sedaine  a  écrit  une 
pièce  devers  intitulée:  «  Bagatelle  ou  description  anacréontiqne  d'une  maison  de  campagne 
dans  un  des  faubourgs  d'Abbeville  ».  Vve  De  Vérité,  1770,  in-S".  n  Cette  retraite,  écrit-il 
dans  l'Avant-Propos,  fei>oit  plaisir  aux  Dieux...  mais  il  n'appartient  qu'à  la  Vertu  de  l'habiter. 
Son  jardin  est  un  lieu  délicieux  où  le  philosophe  le  moins  abstrait  douteroit  souvent  de  son 
existence...  c'est  une  merveille  enfin!  » 

Le  18  décembre  1767,  un  Théophile  Van  Robais  "  entrepreneur  de  la  Manufacture  de 
draps  fins  établie  à  .-^bbeville,  y  demeurant,  et  Jeanne-Julie-Rosalie  Vanrobais,  son  épouse  ", 
achetaient,  à  Saint-Maur-Ies-Fossés,  une  maison  bourgeoise  avec  jardin  et  dépendances. 
(Archives  de  la  Seine. ■! 


PI.    25 


£1 


—  99  — 

Robais.  Propriétaires  d'une  fabrique  de  draps  fins  fondée  sous 
Louis  XIV,  leur  dignité  les  désignait  à  héberger  les  princes  de 
passage  en  leur  ville:  «  En  l'année  1741,  dit  un  manuscrit  du 
XVlir  siècle  (  1  ) .  le  3  juillet,  est  arrivé  en  cette  ville  M.  le  Duc  de 
Bourbon,  duc  de  Chartres,  fils  de  M.  le  duc  d'Orléans.  On  lui  a 
fait  une  entrée  digne  de  sa  naissance  ;  toute  la  bourgeoisie  était 
sous  les  armes  en  double  haie,  depuis  la  porte  Marcadée,  par  où  il 
est  entré,  revenant  de  faire  son  tour  de  Flandre,  jusqu'à  la  porte 
d'Auquet  (sic)  ayant  passé  le  long  de  la  chaussée  et  traversé  îa 
place  de  Saint-Pierre  et  celle  de  Saint-Georges,  ainsi  continué  par 
la  chaussée  d'Auquet,  jusque  chez  MM.  de  Van  Robais  où  il  a  été 
deux  jours  entiers.  »  Les  van  Robais,  comme  Hogguer  d'Amster- 
dam, aimaient  et  encourageaient  les  arts.  A  plusieurs  reprises, 
dans  ses  lettres  à  Desfriches,  Perronneau  parle  de  leur  hospita- 
lité. Est-ce  par  eux  qu'il  a  connu  les  Hogguer  d'Amsterdam  et 
qu'il  a  été  introduit  dans  le  cercle  hollandais  ?  Ou,  au  contraire, 
est-ce  par  les  Hogguer  qu'il  a  été  présenté  à  la  famille  van  Robais? 
Il  y  a  un  évident  trait  d'union  entre  ceci  et  cela.  En  effet,  en 
1745,  M"°  Marie- Anne  van  Robais,  fille  de  Samuel,  épouse 
Daniel  Hogguer,  dont  l'aïeul  avait  été  banquier  à  Paris  et  dont 
le  père  avait  encore  des  intérêts  importants  en  France.  Elle 
mourut  jeune,  et  Daniel  Hogguer,  dont  il  a  été  question  précé- 
demment, épousa,  en  1751,  Henriette  de  Mauclerc.  Plus  tard, 
en  1771,  son  fils,  Jean-Jacques,  banquier  à  Paris,  épousa,  à 
Harlem,  Madeleine-Sophie  van  Robais,  née  à  Abbeville  en  1756 
et  fille  de  Josse  Abraham.  Toujours  d'après  les  documents 
fournis  avec  tant  d'obligeance  par  M.  Staring,  nous  savons  qu'en 
1773  Daniel  Hogguer  était  nommé  ministre  plénipotentiaire  des 
Etats  généraux  près  le  Kreits  de  la  Basse-Saxonie  et  les  villes 
lianséatiques  h  Hambourg. 


(1)  Notes   sur   l'histoire   d'Abbeville,    1G57-1764,   tirées   J'un    m.inuscrif   du   xviii"   siècU 
publiées  par  le  comte  Le  Clerc  de  Bussy.  Amiens,  1876. 


—  100  — 

Suivant  l'opinion  de  M.  Staring,  basée  sur  l'âge  des  modèles 
de  Perronneau,  il  faut  dater  de  1767  ou  de  1768  trois  pastels  qui 
appartiennent  à  la  famille  van  Weede  de  Dijkveld,  à  Utrecht. 

Willem  Straalman,  seigneur  de  Ruwiel  (1723-1799)  demeurait 
à  Amsterdam  ;  il  est  représenté  en  buste,  dans  un  ovale  de 
pierre,  tourné  de  trois  quarts  vers  la  gauche,  vêtu  d'un  habit  et 
d'un  gilet  de  velours  rose  et  d'une  cravate  de  dentelle,  les  chev^eux 
poudrés,  relevés  sur  les  tempes  et  noués  en  catogan  (pi.  31). 
Sa  femme,  Cornelia  van  Meeckeren  ou  Mekeren  (1722-1783), 
est  montrée  en  buste  également,  tournée  de  trois  quarts  vers  la 
droite,  vêtue  d'une  robe  de  soie  bleue,  d'une  écharpe  grise,  avec 
un  nœud  du  «  parfait  contentement  »,  une  dentelle  modestie  sur 
un  décolleté  immodeste,  où  triomphe  un  collier  deperles(pl.  31). 
Leur  fille,  Cornelia  Straalman  (1751-1832)  nous  apparaît  à  i'âge 
de  di.s:-sept  ou  dix-huit  ans,  de  face,  en  buste  dans  un  ovale  de 
pierre,  le  visage  incliné  d'une  façon  tendi^e  qui  contraste  avec  la 
rigidité  de  sa  mère  (pi.  32)  ;  elle  est  vêtue  d'une  robe  de  soie 
jaune  avec  un  nœud  rose  et  une  écharpe  s'entr'ouvrant  sur  le 
décolleté  que  pare  un  collier  de  perles  ;  Cornelia  Straalman 
devait  par  son  mariage,  en  1768,  devenir  M'"'  van  Weede  de 
Dijkveld. 

De  l'année  1768,  l'exposition  de  Cent  Pastels  nous  a  donné 
deux  témoignages.  Le  portrait  d'homme  qui  appartient  à 
Madame  Fellows  nous  présente  une  demi-figure  vue  de  face,  une 
physionomie  volontaire,  un  accord  entre  l'habit  de  velours  acier 
à  reflets  bleu  et  le  fond  ambré.  Le  portrait  de  M'''  Perpétue- 
Félicité  Desfriches,  la  fille  d'Aignan-Thomas  Desfriches,  née  à 
Orléans  le  30  avril  1745,  épouse  en  1777  de  Jean  Cadet  de  Limay, 
alors  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées  à  Tours,  morte 
à  Orléans  en  1834,  porte  la  même  date  et  complète  dignement 
la  famille  orléanaise.  Des  tons  tendres,  heureux  ;  la  palatine  en 
réseau  soyeux,  garnie  de  cannetilles  satinées  et  de  «  blondes  », 


—  101  — 

laisse  transparaître,  comme  une  trame  de  jour,  la  robe  de  taffetas 
ciel.  Quelle  légèreté  dans  ce  tulle,  quelle  harmonie  dans  la  robe 
qui  semble  faite  d'un  pan  d'azur,  d'où  se  détache,  délicieuse- 
ment chiffonné,  le  nœud  pékiné  bleu  et  blanc  du  «  parfait  con- 
tentement ».  On  dirait  une  écharpe  tissée  par  l'argentin  travail 
du  brouillard. 

Nous  avons  reçu,  en  1914,  une  lettre  intéressante  de  M.  Abel 
Jay,  de  Bordeaux.  Il  nous  signalait  qu'il  possédait  un  portrait 
de  famille  attribué  à  Perronneau,  mais  ne  portant  pas  de  signa- 
ture. Ce  pastel  ovale,  de  O^SS  x  0'°47,  dans  un  cadre  ancien, 
représentait,  sur  fond  gris-bleu,  une  jeune  fille,  les  cheveux 
relevés  et  poudrés,  un  ruban  noir  autour  du  cou,  un  corsage 
blanc  décolleté  bordé  d'une  dentelle,  avec  une  écharpe  de  mous- 
seline rose  sur  les  épaules.  Derrière  le  cadre,  sur  le  papier  ancien 
qui  garnissait  le  fond,  on  lisait  ceci  :  «  Mademoiselle  Corrégeolles, 
la  troisième,  peinte  par  M.  Peronneau  de  l'Académie  de  pein- 
ture, fait  à  Bordeaux  au  mois  d'avril  1768  ».  M.  Jay  nous  assurait 
que  ce  portrait  n'était  jamais  sorti  de  sa  famille  et  nous  donnait 
quelques  renseignements  précieux  sur  le  personnage  et  le  milieu 
auquel  il  appartenait.  Il  avait  relevé  dans  l'ancien  registre  de 
l'église  protestante  de  Bordeaux  la  mention  suivante: 

«  Le  14  décembre  1774.  Mariage  de  Jacques  Clamageran, 
négociant,  fils  de  Jean  Bourgeois,  avec  Marthe  Courrégeolles, 
fille  de  feus  Isaac  et  de  Marg.  Biré.  Présents:  J.H.  Baour,  fils, 
Marg.  Courrégeolles  de  Balguerie,  Baour  fils  aîné  ». 

M.  Jay  nous  rappelait  que  Perronneau  vint  à  Bordeaux  à  cette 
époque  et  qu'il  y  exécuta  des  portraits  pour  plusieurs  riches 
familles  protestantes  qui  étalent  à  la  tête  du  commerce  de  la  ville, 
notamment  les  Couderc  et  les  Drawman. 

L'année  1769  est  féconde  en  renseignements.  Perronneau  écrit  1769 
à  Desfriches  le  2  janvier  1770:  «  J'ay  esté  bien  mortifiez  de  ne 


—  102  — 

vous  avoir  point  embrassé  à  Paris  où  je  suis  arivé  très  bien  portant 
malgré  les  fatigues  d'un  assé  Ion  voiage,  mais  comme  M""  Per- 
ronneau  croiait  que  j'allois  en  Espagne  elle  avoit  quitté  le  loge- 
ment de  Paris  et  a  esté  demeuré  au  petit  Charonne.  Cela  m'a 
beaucoup  fatigué  de  venir  à  Paris  souvent  à  pied,  ne  trouvant 
pas  toujours  des  fiacres  au  barières  du  faubourg  St.  Antoine... 
Je  pence  que  cela  (voyager)  me  seroit  plus  sûrement  fructueux 
que  de  m'instalé  avec  un  logement  cher  à  Paris  où  je  serois  seul 
car  le  bacanal  d'enfant  me  distroiroit.  » 

Ce  passage  nous  donne  une  indication  sur  la  vie  domestique 
de  l'artiste  lequel  quitte  son  logement  de  la  rue  du  Bouloir  pour 
venir  s'établir  à  sa  maison  du  Petit  Charonne  qu'il  avait  achetée 
en  1765  ;  cette  indication  concorde  avec  la  liste  annuelle  des 
membres  de  l'Académie  Royale.  Perronneau  fait  allusion  à  un 
projet  de  voyage  en  Espagne  qu'il  ne  peut  réaliser  entièrement. 
Il  devait  s'arrêter  à  mi-chemin,  à  Bordeaux,  et  son  séjour  en 
cette  ville  se  place  dans  les  premiers  jours  de  l'année  puisque  le 
portrait  de  M""  Journu,  la  mère,  figura  au  Salon  du  Louvre  qui 
s'ouvrait  au  mois  d'août.  Ce  portrait,  à  l'huile,  signé  eî  daté  en 
haut  et  à  doite  :  1769,  apparaît,  au  milieu  de  la  grâce  un  peu 
superficielle  du  XViir  siècle,  comme  une  étude  exceptionnelle  de 
gravité  et  d'humanité  profonde  ;  par  là,  il  s'apparente  aux  por- 
traits de  l'école  hollandaise  et  à  ceux  que  l'artiste  a  exécutés  en 
Hollande.  M""  Journu  est  vue  de  face,  les  mains  dans  son  man- 
chon, les  épaules  couvertes  d'une  mantille  noire,  le  visage  auréolé 
d'une  cornette  blanche  par-dessus  laquelle  est  jetée  une  écharpe 
noire  dont  les  pans  viennent  se  nouer  sur  la  blouse  blanche,  un 
peu  au-dessous  du  collier  de  perles  dont  l'éclat  paraît  mourir 
auprès  des  chairs  vieillies.  Par  un  artifice  ingénieux  de  mise  en 
page,  qui  place  la  tête  très  bas  dans  le  cadre,  le  modèle  paraît 
affaissé  en  une  attitude  lourde  et  pesante.  Et  tout  l'intérêt,  toute 
la  clarté  se  portent  sur  le  visage  pétri  de  vieillesse  et  vidé,  sur  les 
yeux  de  bonté  qui  illuminent  le  grand  front  (pi.  33). 


PI.  26 


POUTRAIT  D  llOMMli 

Peiiiliire.  Signi'e  et  datce  1765. 

(A  il.  Ren6  lîenjamin) 


—  103  — 

Le  portrait  présumé  de  M.  Darcy  (1)  est  aussi  une  peinture  à 
l'huile.  Quoiqu'il  ne  soit  ni  signé,  ni  daté,  il  offre  toutes  les  appa- 
rences d'authenticité  désirables  (pi.  34).  C'est  une  œuvre  d'un 
grand  caractère  ;  rien  n'égale  la  dignité  et  l'allure  distante  de  cet 
homme,  dont  le  visage  tourné,  comme  le  buste,  de  gauche  à 
droite,  regarde  cependant  de  face  et  obliquement.  Les  cheveux 
poudrés  et  frisés  à  marteau  auréolent  la  physionomie  autoritaire, 
le  front  lumineux  et  le  regard  fin.  Le  rabat,  par-dessus  le  large 
ruban  bleu  auquel  pend  la  croix  de  Saint-Louis,  est  l'accom- 
pagnement attendu  de  cette  figure,  dans  la  psychologie  qu'elle 
suppose. 

Il  faut  ajouter  à  ces  chefs-d'œuvre  les  portraits  de 
M"""  Râteau,  d'une  jeune  fille  et  d'une  petite  fille  qui  se  trouvaient 
dans  la  collection  du  docteur  Azam,  à  Bordeaux,  jusqu'en 
décembre  1899,  pour  se  faire  une  idée  de  la  moisson  de 
Perronneau  dans  cette  ville.  Le  livret  du  Salon  mentionne  celui 
de  M"  Journu  la  mère,  tableau  à  l'huile  de  deux  pieds  trois 
pouces  sur  un  pied  dix  pouces  ;  celui  de  M.  Darcy,  de  même 
grandeur,  à  l'huile  aussi  ;  celui  de  M.  le  Normand  du  Coudray, 
tableau  d'un  pied  dix  pouces  sur  un  pied  six  pouces  (au  pastel), 
celui  de  M""  Gaugy,  tableau  d'un  pied  huit  pouces  sur  un  pied 
cinq  pouces.  Il  convient  d'y  joindre  M""  Desfriches,  ainsi  qu'il 
ressort  d'une  lettre  de  Perronneau  à  Desfriches  (2)  :  «  Madame 
est  bien  bonne  d'avoir  eu  égard  aux  instances  que  je  lui  ay  fait  au 
sujet  du  portraict  de  Mademoiselle,  et,  vous,  monsieur,  de  l'avoir 
aporté.  Il  a  esté  encore  mieux  placé  que  les  piemiers  jours.  Mon- 
sieur Chardin  m'a  dit  qu'il  vous  le  renvoiroit,  je  vous  fait  bien 
mes  remerciment  à  ce  sujet.  »  En  effet,  Chardin,  «  concierge  »  du 
Salon,  se  charge  de  la  réexpédition,   comme  en  témoigne  un 


(1)  11  ne  saurait  y  avoir  aucune  identification  entre  ce  portrait  en  buste  et  le  portrait  en 
oied  qui  figura  au  salon  de  1769  et  que  Saint-Aubin  a  consigné,  dans  ses  croquis,  en  marge 
de  son  livret  de  ce  Salon  conservé  au  Cabinet  des  Estampes. 

(2)  2  janvier  1777. 


—  104  — 

billet  de  M"'*  Chardin  à  lamateur  Orléanais  (1)  :  «  Le  7  octobre 
1769.  —  Monsieur  et  ami,  j'ay  envoyer  hier  vendredy,  après 
midy,  au  carrosse  d'Orléans,  riie  Contrescarpe,  la  quais  qui 
renferme  le  portrait  de  Mademoiselle  votre  fille  à  votre  adresse, 
il  vous  arrivera  sûrement  à  bon  port.  » 

Sur  son  exemplaire  du  livret,  conservé  au  Cabinet  des 
Estampes,  Saint- Aubin  a  croqué  les  œuvres  exposées  par  Perron- 
neau  ;  on  reconnaît  M""  Journu,  les  mains  dans  son  manchon, 
M.  Darcy  debout,  Le  Normant  du  Coudray  (au  crayon,  Saint- 
Aubin  a  ajouté  :  tenant  un  recueil  d'estampes),  M'"  Gaugy,  tenant 
des  fleurs,  M"°  Desfriches,  et  en  note:  «  la  joiie  brûllée  ».  Que 
signifie  cette  remarque  ?  Peut-être  le  commentateur  a-t-il 
entendu  par  là  l'accentuation  des  tons  préférés,  des  tons  ambrés 
répondant  aux  tonalités  bleues  de  la  robe  ? 

On  ne  trouve  un  supplément  d'informations  que  dans  le 
numéro  d'octobre  du  Mercure  de  France  ;  dans  sa  lettre  sur  le 
Salon,  Boulmiers  déclare  que  «  les  Pastels  de  M.  Peronneau  ont 
un  véritable  mérite  ;  et,  quoique  le  Faire  de  l'Artiste  y  disparoisse 
moins  entièrement  que  dans  l'exécution  de  M.  de  La  Tour,  ils 
satisfont  néanmoins  beaucoup  les  Amateurs.  Il  y  a  entr'autres  une 
D"°  Gaugy,  dans  laquelle  on  apperçoit  avec  émotion  toutes  les 
grâces  d'une  Nature  naissante.  » 

Les  autres  critiques  s'en  tiennent  aux  observations  générales. 
L'auteur  de  la  Lettre  sur  l'Exposition  des  ouvrages  de  Peinture 
et  de  Sculpture  au  Sallon  du  Louvre  de  1769  écrit  :  «  Vous 
trouvères  dans  ses  Portraits  une  touche  de  goût,  des  finesses  de 
couleur,  et  un  dessein  spirituel  ;  mais  il  me  semble  que  ce  n'est 
pas  en  général  le  ton  de  la  nature, elle  n'est  pas  si  heurtée,  le 
local  en  est  trop  roux.  » 

Dans  la  brochure  intitulée  :  Sentimens  sur  les  tableaux  exposés 
au  Salon:  «  On  lit  avec  plaisir  cette  manière  facile  d'écrire  la 
nature  dans  les  portraits  de  M.  Perronneau.  » 


(1)  Collection  Ratouis  de  Limay. 


—  105  — 

Une  Lettre  manuscrite  adressée  aux  auteurs  du  «  Journal  Ency- 
clopédique »  au  sujet  des  ouvrages  exposés  au  salon  du  Louvre 
de  1769  nous  dit:  «  L'on  reconnoit  encore  dans  les  portraits  de 
M.  Perronneau  quelques  restes  des  talens  qui  excitaient  les 
applaudissemens  du  public  ;  ses  pastels  sont  d'une  légèreté  de 
ton  qui  ferait  presque  croire  qu'ils  s'effacent  en  les  transportant 
des  différentes  villes  où  il  les  a  faits.  Il  est  singulier  que  M.  Perron- 
neau se  soit  déterminé  à  courir  la  province  avec  le  talent  qu'il  a  ; 
le  séjour  de  Paris  est  le  seul  pour  l'émulation  et  le  bon  goût  ;  et 
la  fortune  y  réside  toujours  pour  ceux  qui  la  forcent  à  les  favo- 
riser. » 

h' Avant-Coureur  assimile  Perronneau  à  La  Tour  :  «  Cet  artiste 
(La  Tour)  ainsi  que  M.  Peronneau,  dont  le  salon  nous  offre 
aussi  quelques  portraits  peints  au  pastel  et  d'autres  à  l'huile 
ne  se  contente  pas  de  rendre  la  physionomie  des  personnes  qu  il 
peint  ;  mais  il  exprime  encore  leur  caractère  distinct,  et  pour 
nous  servir  d'une  expression  familière  aux  Anglais  «  leur 
humeur  ». 

h' Année  Littéraire  de  Fréron  (1)  souligne  les  mêmes 
qualités  avec  quelque  restriction  :  «  Quelques  pastels  et  deux 
portraits  à  l'huile  de  M.  Peronneau  ont  mérité  l'estime  publique. 
Il  est  peu  de  peintres  qui  voient  aussi  bien  que  lui  dans  la  nature, 
et  dont  l'œil  y  saisisse  autant  de  finesses  de  détail.  Ses  ouvrages 
demandent  à  être  examinés  avec  attention  pour  en  sentir  tout  le 
mérite.  Cependant  (qu'il  soit  permis  de  le  dire)  il  leur  manque 
ce  premier  charme  qui  attire  le  spectateur,  cet  effet  qui  donne 
de  la  saillie  et  de  la  rondeur.  Les  lumières  paroissent  un  peu 
éteintes,  et  les  ombres  manquent  de  vigueur  dans  plusieurs 
endroits  qui  en  seroient  susceptibles  et  qui  donneroient  tout  un 
autre  relief  à  ses  compositions.  Ce  défaut  léger  ne  lui  fait  rien 
perdre  vis-à-vis  des  connoisseurs  attentifs,  mais  le  commun  des 
hommes  ne  lui  rend  pas  toute  la  justice  qui  lui  est  due. 

(1)   Lettre   13. 


—  106  — 

Diderot  se  montre  dur:  «  Il  faut  que  je  me  débarrasse,  et  vous 
aussi,  d'une  demi-douzaine  de  pauvres  diables  qui  ne  valent  pas 
ensemble  une  ligne  d'écriture:  ...d'un  Perroneau  qui  semblait 
autrefois  vouloir  être  quelque  chose  et  qui  a  bien  changé  d'avis 
comme  il  paraît  par  trois  ou  quatre  pastels  faibles  de  couleur, 
fades  et  sans  effet.  » 

Même  sévérité  dans  les  Mé7noires  secrets  de  Bachatim07Jt  (1)  : 
ft  La  multitude  de  Portraits,  Monsieur,  qui  se  présentent  de  toutes 
parts  à  mes  yeux,  m'oblige  malgré  moi  d'en  parler  à  présent,  et 
de  traiter  cette  matière  aride  et  monotone  que  j'avais  réservée 
pour  la  fin.  En  vain  le  Public  se  plaint  depuis  longtemps  de 
cette  foule  obscure  de  bourgeois  qu'on  lui  fait  passer  sans  cesse 
en  revue...  Grâces  au  malheureux  goût  du  siècle,  le  Sallon  ne 
sera  plus  insensiblement  qu'une  galerie  de  portraits.  Ils  occupent 
près  d'un  grand  tiers  de  celui-ci  !  Encore  si  l'on  ne  nous  offroit 
que  des  hommes  importans  par  leur  état  ou  par  leur  célébrité, 
ou  de  jolies  femmes  du  moins,  ou  de  ces  têtes  remarquables  par 
de  grands  caractères,  et  qu'on  appelle  têtes  à  médaille,  en  termes 
de  l'art.  Mais  que  nous  importe  de  connoître  Madame  Guesnon  de 
Ponneuil,  Madame  Journu  la  mère,  M  Darcy,  M.  le  Normand  du 
Coudray,  M'"  Gougy,  M.  Couturier,  ancien  Notaire,  Madame 
Couturier,  M.  l'Abbé  Jourdans,  etc.  Les  noms  ne  flattent  pas  plus 
les  oreilles  que  les  figures  ne  plaisent  aux  yeux.  On  ne  vante  pas 
moins,  par  exemple,  dans  les  têtes  de  M.  de  La  Tour,  le  Roi  du 
pastel,  la  beauté,  le  précieux  fini  de  son  faire,  le  grenu  moelleux 
de  ses  chairs,  qui  en  découvrant  les  pores  presqu'imperceptibles 
de  la  peau,  ne  lui  ôte  rien  de  son  uni,  de  son  velouté.  Ce  genre 
de  perfection  le  distingue  infiniment  du  pastel  crû,  dur,  rem- 
bruni de  M.  Peronneau,  dont  les  portraits  à  l'huile  ont  aussi  un 
caractère  de  rudesse  qui  doit  l'exclure  à  jamais  de  peindre  les 
Grâces,  mais  le  rend  très  propre  à  tracer  les  rides  de  la  vieillesse, 


(I   )     Lettre  II  sur  le  Salon  de  1769. 


PI.  27 


l'on  l'K.MT  d'iIOMMK 

Pcinluie.  Signée  et  datée  1767. 

lA  JI,  Julien  Folin) 


—  107  — 

la  peau  tannée  d'une  paysanne  ou  la  morgue  d'un  Turcaret. 
M.  Valade  a  plus  d'aménité  dans  sa  touche...  » 

Heureusement  les  Affiches,  annonces  et  avis  divers  réhabi- 
litent l'artiste,  le  mettant  en  bonne  compagnie  :  «  On  remarque 
aussi  de  très  beaux  portraits  de  M.  de  La  Tour,  de  M.  Roslin, 
de  M.  Peronneau,  de  M.  Valade  et  de  M.  Drouais.  » 

De  Paris,  Perronneau  se  rendit  à  Abbeville  avant  la  fin  du  1770 
Salon.  Il  écrit  à  Desfriches,  le  2  janvier  1770,  d'Abbeville  :  «  J'ay 
profité  de  l'automne  pour  venir  chez  Monsieur  Théophille  Van- 
robesse  à  Abbeville,  faire  le  portraict  de  leur  perre...  Donné 
moy  de  vos  nouvelles  chez  M.  Théophille  Vanrobesse  à  Abbe- 
ville. »  Il  s'agit  de  l'automne  de  l'année  1769,  ce  qui  nous  donne- 
rait la  date  et  l'origine  du  portrait  de  l'ancienne  collection  Henry 
Michel-Lévy.  Et  en  1772,  il  ajoute:  «  J'ay  fait  des  choses  vigou- 
reuses à  Abbeville  dont  M.  Vanrobesse  a  quatres  tableaux  à 
Paris.  »  Que  signifie  ce  mot  à  Paris  ?  Nous  l'ignorons,  mais  le 
comte  van  Robais  a  vu  autrefois,  à  Abbeville,  quatre  pastels  de 
Perronneau  qui  pourraient  bien  être  les  quatre  tableaux  précités  : 
le  portrait  d'Abraham  van  Robais  qu'il  possédait  ;  un  portrait  de 
M™  de  Richement  qui  appartenait  alors  à  M.  de  Boiville . 
deux  portraits  de  membres  de  la  famille  Duchesne  de  Lamotte. 
L'un  d'eux,  le  portrait  de  Marie  Charlotte  de  Buissy,  exécuté 
en  1770  (1),  à  Abbeville,  comme  l'indique  lui-même  l'artiste  à 
côté  de  sa  signature  au  crayon,  peint  sur  parchemin  dans  les 
tons  chauds  du  portrait  de  van  Robais,  se  trouve  en  possession 
d'une  descendante  du  modèle  de  Perronneau.  Dame  de  Buissy  a 
les  cheveux  relevés  en  haut  toupet  et  poudrés.  Un  filet  de 
velours  noir  entoure  le  cou,  et  par  dessus  le  corsage  rouge 
falballassé  de  ruchons  et  de  bouillonnes  en  soie  naccarat,  elle 
porte  un  fichu  de  gaze  blanche. 


(I)  Une  note  ancienne,  placée  .111  dos  du  portrnii,  porte  ces  indications:  «  Madame  de 
Buissy,  peinte  au  pastel  à  26  ans  par  J.-B.  Perronneau,  peintre  du  Roy.  T.  C,  de  l'Academy 
roval  de  peinture  et  sculpture.  Abbeville,  Janvier  1770  ».  Le  portrait  inesure  0'"64  sur  O^SS. 

8 


—  108  — 

A  propos  d'une  statue  du  sculpteur  Pfaff,  les  Annonces  et 
ajjicher.  de  Picardie  relatent,  dans  leur  numéro  du  20  janvier 
1770,  la  présence  de  Perronneau  à  Abbeville  :  «  M.  Pfaff,  célèbre 
sculpteur,  résidant  à  Ahbeville  (1),  vient  de  terminer  la  statue 
de  sainte  Angèle  ;  cette  figure  a  six  pieds  de  proportion,  est 
destinée  à  orner  le  maître  autel  de  l'église  des  Ursulines  de  cette 
ville,  elle  est  dessinée  avec  beaucoup  de  noblesse,  son  attitude 
est  des  mieux  saisie,  elle  est  debout  auprès  d'un  priez  Dieu  tenant 
de  la  main  gauche  un  livre  ouvert  et  de  la  droite  un  crucifix  vers 
lequel  elle  se  penche  affectueusement.  La  candeur  et  la  modestie 
sont  peintes  sur  son  visage,  tout  y  annonce  l'amour  divin  dont 
cette  vraie  religieuse  est  pénétrée,  son  corps  a  toute  la  souplesse 
de  la  nature,  il  est  adroitement  balancé  sans  perdre  de  grâce, 
la  draperie  laisse  apercevoir  toute  l'élégance  du  nu,  les  plis  en 
sont  simples,  larges  d'une  manière  savante.  Enfin  cette  belle 
figure  a  mérité  non  seulement  l'applaudissement  des  amateurs 
cîes  beaux-arts,  mais  encore  un  éloge  plus  distingué  de  la  part  de 
M.  Péronneau,  peintre  de  l'Académie  Royale  de  peinture  et  de 
sculpture  à  Paris,  qui  est  actuellement  à  Abbeville  ;  c'est  d'après 
cette  figure,  a-t-il  dit  à  plusieurs  jeunes  élèves  qui  lui  deman- 
daient la  permission  de  copier  quelques-uns  de  ses  portraits,  que 
vous  pourrez  faire  d'excellentes  études  ;  je  n'ai  rien  à  vous  offrir 
qui  en  approche  ;  à  ce  trait,  on  reconnaît  le  vrai  mérite,  il  met 
en  même  temps  le  comble  à  l'éloge  de  M.  Pfaff  à  qui  un  homme 
de  mérite  et  distingué  par  son  goût  pour  les  arts  a  adressé  cet 
impromptu  : 

«  Angèle  à  ton  ciseau  doit  sa  nouvelle  vie.  » 


Il  existe,  dans  la  collection  de  M.  Georges  Dormeuil,  un  por- 


(I)  Simon-Georges-Joseph  Pfaff,  né  en  1715,  à  Vienne  (Autricfie),  exilé  à  la  suite  d'un 
duel,  vint  s'établir  à  Abbeville  en  1752.  11  est  l'auteur  de  deux  statues  en  marbre  blanc  que 
l'on  voit  encore  dans  l'ancienne  collégiale  de  Saint-Vulfran.  —  Voir  la  Généalogie  du  sculpteur 
Pfaff,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  Cli.  VC'ignier  de  Warre.  Abbeville,   1897. 


—  109  — 

trait  d'homme  vêtu  d'un  habit  vert  bronze  à  touffes  de  passe- 
menteries et  à  boutons  d'or,  les  cheveux  noués  en  catogan,  la 
main  gauche  engagée  dans  le  gilet,  signé  et  daté  de  1770  (pi.  35). 
La  physionomie  offre  une  ressemblance  frappante  avec  celle  de 
l'homme  aux  trois  roses,  daté  de  1756.  La  différence  d'âge  con- 
corde avec  la  différence  de  date.  S'agirait-il  du  même  person- 
nage? Et,  dans  ce  cas,  Perronneau  serait-il  allé  à  Bordeaux  l'année 
même  du  voyage  à  Abbeville  ?  Cela  n'est  pas  impossible,  si  l'on 
en  croit  une  lettre  qu'il  adresse  à  Desfriches  le  2  janvier  1770, 
d'Abbeville,  et  dont  nous  avons  déjà  cité  quelques  passages: 
«  Je  voiray  d'autres  villes  et  repasseray  par  Orléans  où  à  mon 
passage  j'aurois  l'avantage  de  voire  votre  maison  et  Monsieur  du 
Coudray  et  i  peinderois  l'époux  de  M°°  Pinchinée  (je  ne  sais  pas 
son  nom)  ;  de  là  j'irois  à  Lion  ayant  des  connoissances  pour  cette 
ville,  qui  est  aussi  bonne  que  Bordeaux,  mais  il  faut  bien  en  fille.  » 
Il  semble  donc  que  l'année  1770  ait  été  occupée  à  un  véritable 
tour  de  France,  d'Abbeville  à  Orléans,  où  il  voudrait  compléter 
le  groupe  de  M°"  Pinchinat  et  de  M""  Pinchinat  en  Diane  par  le 
portrait  de  «  l'époux  de  M"""  Pinchinée  »,  à  Lyon,  peut-être  à 
Bordeaux,  ce  que  tendrait  à  prouver  le  pastel  de  la  collection 
G.  Dormeuil. 

Un  an  après,  jour  pour  jour,  Perronneau  est  à  Amsterdam.  1771 
Nous  en  avons  la  preuve  dans  une  lettre  qu'il  adresse  de  cette 
ville  au  marquis  de  Marigny  (1)  : 

'(  Monsieur, 
«  Il  est  de  mon  devoir  de  vous  présenté  mon  respect,  mes  hom- 
mages (puisque  vous  êtes  le  Ministre  du  Roy  pour  nous),  mais 
c'est  encore  mon  inclination  qui  m'i  engage  ;  bon,  juste,  éclairé, 
mêsme  avant  que  le  Roy  vous  eu  choisi  (puisque  vous  assossiate 
à  votre  voïage  d'Italie  des  hommes  d'un  mérite  très-rare),  accou- 
tumé de  recevoir  tant  de  sollicitations  de  personnes  qui  demande 

(1)  Archives  Nationales,  0',  1952. 


—  110  — 

et  ne  mérite  pas  toujours,  vous  recevez  ces  importunités  par 
Etat  ;  écouté  les  mienne.  Monsieur,  avec  intérois.  Avant,  je  suis 
bien  aise  que  vous  sachiez  une  petitte  anecdotte. 

«  Il  i  a  environ  cinq  années  que  des  personnes  de  qualitée 
voulois  que  je  peignissent  le  Roy  et  Mes  Dammes,  mais  quelle 
ne  voulois  point  que  ce  fut  par  la  voie  de  Monsieur  le  Marquis 
de  Marigni  (ce  sont  les  termes  dont  on  se  servi)  ;  on  prévint 
Mes  Dames  et  je  n'avois  qu'à  aller  à  Versailles;  je  dis  oui  (ne 
voulant  rien  opposé),  mais  je  parti  de  Paris  à  cette  occasion  ;  il  ût 
esté  atrosse  de  ma  par  de  l'entreprendre,  si  vous,  Monsieur,  ni 
ussent  eu  aucune  part  ;  vous  este  la  seul  voie,  et  je  ne  suis  pas 
capable  de  vous  manqué.  C'est  la  vérité  que  je  vous  expose. 

«  C'est  en  1753  que  je  fus  reçeu  de  l'academy.  Plusieurs  ont  eu 
par  aux  bienfaits  du  Roy  par  votre  Ministère  qui  n'ont  été  receû 
que  depuis  à  tite  de  grâce  et  à  tite  de  mérite,  accordé  moy, 
Monsieur,  les  mêmes  avantages.  Je  puis  i  prétendre  (non  pas, 
il  est  vraie  pendant  des  temps  que  je  m'étoit  négligé.  Il  i  a  des 
présomtions  pour  moy.  J'ay  perdue  la  plus  grande  partie  de 
mon  bien  et  il  ne  me  reste  que  ma  maison  du  petit  Châronne  que 
M"'  Perronneau  habite,  n'ayant  plus  d'apartement  à  Paris.  Si 
cela  n'étoit,  je  ne  vous  demanderois  point  un  petit  logement 
pour  recevoir  le  publique,  n'importe  où,  alors  je  resterois  à 
Paris  pour  faire  honneur  a  vos  dons  et  à  ma  patrie. 

«  Je  suis,  Monsieur,  avec  un  très  profond  respect,  votre  très 
humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Perronneau. 

A  Amsterdam,  chez  M.  Hogguer. 
Ce  2  janvier  1771.  » 

Voici  la  réponse  du  marquis  de  Marigny  (1)  : 
«  J'ai  reçu,  Monsieur,  la  lettre  par  laquelle  vous  me  faites  part 
du  désir  que  vous  avez  d'obtenir  à  Paris  un  logement  qui  vous 


(1)  Archives  Nationales,  Qi,  1222,  fol.   36. 


PI.   2E 


BONAVI-.KTUKK  JoUUNU 

^Pcinluie.  SiRiiùe  el  datée  1767. 

(Ancienne  collection  Demottc) 


—  111  — 

facilite  les  moyens  d'y  retourner  et  d'y  travailler  à  réparer  les 
pertes  que  vous  avez  faites.  Il  n'y  a,  au  moment  actuel,  aucun 
qui  ne  soit  occupé  et  je  ne  prévois  même  pas  qu'il  y  en  ait  sitôt 
à  ma  disposition.  Il  peut  néanmoins  se  présenter  des  circons- 
tances qui  me  fournissent  les  moyens  de  vous  obliger,  et  je  ferai 
avec  plaisir  ce  qui  dépendra  de  moy  pour  vous  mettre  à  portée 
de  rentrer  dans  votre  patrie  et  d'y  faire  usage  de  vos  talens. 
Je  suis,  Monsieur,  etc..  » 

A  quelle  catastrophe  Perronneau  fait-il  allusion  ?  Ses  lettres 
nous  le  montrent  à  court  d'argent,  préoccupé  d'en  trouver  et 
résigné  à  courir  le  monde.  Il  disait  en  1770  :  «  Monsieur  de  Four- 
queux  insiste  pour  que  je  soient  stable  à  Paris,  moy  j'i  trouve 
bien  du  temps  à  perdre  et  de  la  misère.  » 

Il  s'en  fallut  que  le  séjour  de  Hollande  lui  fût  favorable.  Le 
14  mai  1772,  de  retour  à  Paris,  il  faisait  part  à  son  confident 
Desfriches  de  ses  désillusions,  dans  une  lettre  (1)  infiniment 
triste.  La  voici  en  entier,  elle  a  son  éloquence  : 

a  Ce  14  may  1772. 

«  Monsieur  et  ancien  amy  (ce  sont  les  meilleurs), 
«  Je  suis  arivé  à  Paris  depuis  quelque  jours,  ou  je  ne  resteray 
pas  long  temp  car  il  me  paroît  qu'il  ne  me  seroit  pas  util  ni  fruc- 
tueux dans  ces  circonstances,  aussi  n'ai-je  veu  personne  que 
M.  de  Fourqueux  mon  ancien  amie  et  protecteur;  j'i  ay  diné 
avec  un  Monsieur  Cadot,  j'i  ay  aprie  le  mariage  de  madame 
votre  cher  fille.  Monsieur  de  Trudaine  est  à  Montigny  ;  j'ignore 
si  je  le  vairay  avant  mon  départ  car  je  veut  suivre  encore  quel- 
qu'année  mes  volages  ;  il  nous  est  arivé  tant  de  malleurs,  tant  de 
pertes,  qu'il  faut  les  réparé  de  tout  mon  pouvoir.  J'ay  des  lettres 
pour   différents    endroits.    J'aurois    désiré   vous    voire    et   vous 


(1)   Collection  Ratouis  de  Lini.ny. 


—  112  — 

embrassé  à  Orléans  mais  je  n'ay  point  de  temp  à  donné  à  ce 
qui  me  feroit  tant  de  plaisir,  à  moins  que  je  nussent  un  ou  deux 
portraict  à  i  faire  en  passant. 

«  J'ay  peint  à  l'huille  notre  amy  Monsieur  Fouquet  à  Amster- 
dam qui  vous  aime  beaucoup,  nous  avons  bu  à  votre  santée  et  à 
celle  de  Madame  et  de  Mademoiselle.  J'ay  trouvé  la  Hollande 
bien  différente  de  mon  ancien  voiage  ;  ils  ont  perdu  moitié  de 
leurs  rentes  et  sans  M.  et  M"'  Hogguere  et  M.  Rindorp,  je  n'u 
rien  fait  n'ayant  esté  occupé  que  lentement  ;  on  n'i  a  eii  mil 
bontée  pour  moy,  bien  reçu,  logé  partout  aux  belles  campagnes, 
!  autre  voiage  personne  ne  m'a  invitée  et  j'i  ay  plus  gagné  en 
six  mois  qu'en  deux  ans  celte  fois  ici.  Et  voilà  quatres  mois  que 
je  ne  fait  rien  ;  au  reste  l'aire  de  la  Hollande  ne  m'a  pas  esté 
favorable  ;  ils  ont  un  paye  si  mal  sain,  j'aime  les  jens  et  point 
le  paye.  Honnoré-moy  d'un  mot  de  vos  chères  nouvelles,  de 
celle  de  Madame  que  j'assure  de  mes  respects  et  Madame  votre 
cher  fille,  aussi  Messieurs  Soyer,  Le  Normand  du  Coudrait  et 
M'  son  frère,  Champremaux,  Pinchinée,  La  Bare  et  nos  amis. 
Je  suis.  Monsieur  et  cher  amy,  avec  un  souvenir  toujours  plein 
de  reconnoissances. 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 
Perronneau.  » 

«  Si  vous  voiez  M"°  Bénier  (1),  voulé  vous  bien  lui  faire  mil 
compliments  de  ma  part.  pLcrivé-moy  rue  du  petit  Careau,  à  cotée 
de  la  rue  du  Bout-du-Monde,  chez  une  m"  Lingère  à  Paris. 
Donné-moy  le  plutôt  de  vos  nouvelles.  » 

On  relève  dans  cette  lettre  la  durée  approximative  des  deux 
voyages  en  Hollande.  Le  premier  six  mois,  le  second  deux  ans  ; 
on  y  remarque  aussi  les  noms  des  amis  de  Perronneau.  Le  por- 
trait de  Hogguer,  Perronneau  l'avait  exécuté  en  1761,  lors  de 


(1)   Dans  les  Etrennes  orléanaises  de  1775,  M""  Besnier  est  mentionnée  comme  k  peintre 
en  mignature  »,  habitant  rue  de  la  Lionne,  à  Orléans,  et  donnant  des  leçons. 


—  113  — 

son  premier  séjour  aux  Pays-Bas.   Peut-être,   à  son  deuxième 
voyage,  a-t-il  portraicturé  M"'  Hogguer  ? 

Nous  ignorons  ce  qu'est  devenu  le  portrait,  peint  à  l'huile,  de 
Fouquet,  marchand  de  tableaux,  qui  a  de  bonnes  raisons 
«  d'aimer  )>  Desfriches,  qui  lui  vend  des  tableaux,  et  reste  en 
correspondance  avec  lui.  Le  4  juin  1772,  il  lui  écrit  précisément  : 
«  J'eai  vue  avec  beaucoup  de  satisfaction  M.  Peroneau,  et  j'eai 
profitté  d'une  occasion  qui  ne  se  trouve  presqe  jamais  et  je  me 
ferés  toujours  reproche  de  ne  pas  avoir  proffitté  de  son  offre 
gracieux.  S'il  est  encore  chés  vous  je  vous  prie  de  l'assuré  de  mon 
respec.»  Par  contre,  il  existait  en  l'église  de  Moïse  et  Aaron  à  Am- 
sterdam, une  peinture  à  l'huile  signée  et  datée  :  1771 ,  représentant 
Petrus  Woortman  (1729-1791),  prêtre  catholique  (1).  L'esprit  de 
de  la  physionomie  compense  un  peu  ce  que  la  pose  a  de  hiératique. 
Le  visage,  encadré  des  cheveux  frisés  en  marteau,  sourit  douce- 
ment dans  la  lumière  et  atténue  la  sévérité  de  l'habit  à  brande- 
bourgs, de  l'étole  brodée  de  feuillages  emblématiques  et  protégée 
—  le  détail  est  charmant  —  par  un  col  de  dentelle  finement  ajou- 
rée contre  la  profanation  de  la  poudre  tombée  de  la  perruque. 

Si  l'on  en  croit  la  lettre  de  Perronneau  à  Desfriches,  «  ce  '772 
Vendredy  1772  »,  on  est  tenté  de  donner  cette  date  à  toute  une 
série  de  portraits  d'après  la  famille  Boreel.  Voici  le  texte:  «  J'ay 
pein  à  l'huille  en  Hollande,  mais  ce  voiage  n'a  pas  été  aussi 
fructueux  que  celuy  de  1761,  quoique  l'on  m'aye  autant  payez, 
mais  peut  de  personnes  m'ont  occupé,  ayant  perdu  eu\-mêsmes 
sur  la  France  et  si  ce  n'ussent  esté  Monsieur  et  Madame  Hog- 
guere,  M.  Rindorp  et  M.  Rorelle,  je  n'ussent  rien  fait  ;  ils  m'ont 
comblée  de  bontés,  enfin  je  n'ay  pas  autant  gagné  en  près  de  deux 
ans  qu'en  cinq  mois,  tout  le  monde  de  mesme  a  Amsterdam,  et 
ma  santé  ni  a  pas  esté  bonne,  l'aire  estant  si  mal  sain.  » 


(1)  Nous  disons:  existait,  car  elle  a  élé  vendue  par  le  pasteur  et  remplacée  par  une  bonne 
copie;  elle  se  trouve  aujourd'hui  dans  la  collcciion  de  Sir  Philip  Sassoon  Bart,  à  Londres. 


—  114  — 

La  plupart  de  ces  tableaux  se  trouvent  chez  le  jonkheer  Boreel 
van  Hogenlanden,  le  descendant  de  la  famille,  bourgmestre  de 
Harlem,  en  son  château  de  Waterland,  à  Velsen,  dans  la  banlieue 
de  Harlem.  C'est  tout  d'abord  Jacob  Boreel  (1711-1778),  fils 
de  Jean  Boreel,  en  perruque  poudrée,  en  habit  rouge  brique, 
gilet  de  la  même  tonalité,  tour  de  cou  en  linon  blanc  et  jabot  de 
dentelle.  L'œuvre,  un  pastel,  est  signée,  mais  non  datée.  II  en 
existe  une  réplique  chez  un  membre  de  la  famille,  en  Angleterre. 
Une  autre  réplique,  signée  et  datée  1778,  appartient  au  jonkheer 
G.  S.  Boreel,  au  château  de  Westerhout,  près  de  Beverwijk, 
également  dans  les  environs  de  Harlern.  Si  le  portrait  original 
date  de  1772,  suivant  le  texte  de  Perronneau,  le  personnage  est 
âgé  de  t^oixante  et  un  ans  ;  si  nous  en  croyons  la  date  de  la 
réplique,  il  porte  soixante-sept  ans.  L'examen  de  la  physionomie 
—  bien  entendu,  ce  ne  peut  être  qu'un  indice  —  révèle  plutôt 
soixante  et  un  ans.  En  tout  cas  retenons  la  date  de  la  réplique. 
Elle  situe  un  nouveau  voyage  de  l'artiste  aux  Pays-Bas  en  1778. 

Cinq  autres  portraits  se  trouvent  au  château  de  Waterland. 
Deux  d'entre  eux,  des  peintures  de  dimensions  sensiblement 
équivalentes,  représentent  Jacob  Boreel  Jacobsz  (1746-1796), 
fils  du  précédent,  avec  cette  variante  que  les  habits  ne  sont  pas 
de  la  même  couleur  et  que  les  profils  sont  tournés  différemment. 
Même  rigidité  dans  l'attitude  du  personnage,  en  habit  brun,  tour 
de  cou  de  linon  blanc  et  jabot  de  dentelle,  les  cheveux  poudrés 
et  noués  en  catogan,  un  tricorne  passé  sous  le  bras  ;  même  finesse 
aussi  dans  le  visage  modelé  en  pleine  lumière.  Ce  Jacob  Boreel 
Jacobsz  fut  le  deuxième  époux  de  Jeanne  Barbara  Voët  van 
Winssen,  autrefois  femme  de  Théodore  Boendermaker.  Le  por- 
trait, à  l'huile,  de  Jeanne  Barbara  porte  à  côté  de  la  signature 
une  date  qu'il  est  difficile  de  lire,  1773  ou  1778?  Nous  penchons 
pour  cette  dernière  date,  puisqu'en  1773  Perronneau,  par  ses 
occupations,  n'a  pu  avoir  le  temps  d'aller  en  Hollande  et  que 
nous  avons  la  preuve  d'un  voyage  en  1778.  Un  filet  de  ruban  fait 


FKIiDIiRIC  Hausion  de  Lilienhahl 
Pcintuie.   1767? 

(liibliollièqiie  do  l'Université  de  Copcnliagiie] 


—  115  — 

valoir  les  chairs  du  visage  et  du  décolleté  ;  elles  s'enlèvent  dans 
un  corsage  rose  orné  d'un  ruchon  étage,  le  «  monte-au-ciel  »  vers 
lequel  les  boucles  du  chignon  retombent  lourdement  en  «  confi- 
dent abattu  ».  Enfin,  deux  pastels  représentent  Willem  Boreel 
(1744-1796),  peut-être  un  autre  fils  de  Jacob  ;  l'un  n'est  qu'une 
esquisse,  effacée  en  partie  ;  l'autre  est  au  contraire  achevée  et 
fort  belle,  dans  sa  souplesse  et  sa  forme  qui  rappelle,  par  ses  qua- 
lités, le  portrait  de  Perronneau  par  lui-même. 

Dans  les  premiers  jours  de  mai  1772,  Perronneau  était  de 
retour  à  Paris.  Il  donne  lui-même  son  adresse,  qui  coïncide  avec 
l'adresse  indiquée  par  l'Académie:  «  rue  du  petit  Careau,  à 
cotée  de  la  rue  du  Bout-du-Monde,  chez  une  m°  Lingère  à 
Paris  ».  Il  ne  songe  pas  à  signer  aux  procès-verbaux  de  l'Aca- 
démie. Il  s'agit  bien  de  cela  !  Il  faut  repartir:  «  Je  veut  suivre, 
encore  quelqu'année  mes  volages,  écrit-il  à  Desfriches.  Il  m'est 
arrivé  tant  de  malleurs,  tant  de  pertes,  qu'il  faut  les  réparé  de 
tout  mon  pouvoir.  J'ay  des  lettres  pour  différents  endroits. 
J'aurois  désiré  vous  voire  et  vous  embrassé  a  Orléans,  mais  je 
n'ay  point  de  temps  à  donné  à  ce  qui  me  feroit  tant  de  plaisir, 
à  moins  que  je  n'ussent  un  ou  deux  portraict  à  i  faire  en  passant.  » 

Il  est  probable  que  l'excellent  Desfriches  trouva  aussitôt  les 
modèles  puisque  derechef  ce  «  vendredy  »  1772,  Perronneau 
lui  écrit  : 

«  Monsieur  et  cher  amy, 

«  Puisque  vous  voulé  que  je  vous  avertisse  de  mon  départ  de 
Paris,  ce  cera  samedy  et  seray  à  Orléans  le  jour  de  la  Pentecotte 
(par  le  carosse,  n'ayant  pu  avoir  place  dans  la  berline,  m'i  estant 
prie  trop  tar  pour  i  avoire  des  places).  J'ai  esté  fort  enrumé 
depuis  que  j'ay  eii  l'honneur  de  vous  écrire,  ce  qui  a  causé  mon 
retart,  car  comme  mon  intention  est  encore  de  voiagé,  je  n'ay 
veii  personne  à  Paris  que  Monsieur  de  Fourqueux.  Les  pertes 
que  nous  avons  fait  sur  quelque  papier  publique  nous  ont  mie 


—  116  — 

à  l'étroit  ;  sans  cela  je  me  serois  fixé  à  Paris,  car  depuis  que  j'ay 
quitté  Orléans  j'ay  gagné  20,100  1.  tout  fraix  fait,  quand  à  mes 
dépences  et  moienant  ce  que  je  viend  de  vous  dire,  je  me  trouve 
pie  que  quand  vous  m'avez  veu,  bien  heureux  encore  que 
M"  Perronneau  ait  une  maison  au  Petit-Châronne  (quoique  c'est 
une  folie  puisque  cela  revien  à  27.000  1.  et  raporte  très  peu  de 
chose  en  susse  des  dépences  journalière  pour  l'entretien  des 
légumes  et  autres  ;  mais  elle  i  est  logé  et  l'aire  i  est  excellent  et 
cela  a  toujour  une  valeur  réelle,  enfin  cela  se  venderoit  plus  de 
20.000  1.  mais  sa  santé  foible  (car  je  craint  qu'elle  ne  soit  un  peu 
attaqué  de  la  poitrine)  m'a  fait  prêtée  à  cette  dépence  qu'elle 
n'ii  pas  faitte  si  on  eut  put  prévoir  de  si  fâcheuses  circonstances. 
Je  n'ay  qu'un  petit  garçon  de  cinq  ans  é  demie  qu'elle  a  nourie, 
qui  est  charmant  (que  je  vien  de  peindre)  et  cela  n'a  pas  peut 
contribuer  à  altéré  son  tempérament.  Elle  est  toujour  triste,  il 
faut  donc  que  je  tâche  à  gagné  quelque  chose  et  à  présent  qu'il 
n'i  aura  plus  de  dépense  à  faire  pour  ce  bien,  je  placerois  en 
sorte  qu'il  n'i  a  plus  qu'à  mettre  à  profit.  J'ose  dire  que  j'ay 
aquie  dans  mon  petit  tallans,  j'ay  fait  des  choses  vigoureuses  à 
Abbeville  dont  M.  Van  robesse  a  quatre  tableaux  à  Paris.  J'ay 
pein  à  l'huille  en  Hollande  mais  ce  voiage  n'a  pas  esté  aussi 
fructueux  que  celuy  de  1761,  quoique  l'on  m'aye  autant  payez, 
mais  peut  de  personnes  m'ont  occupé,  ayant  perdu  eux-mêmes 
sur  la  France  et  si  ce  n'ussent  esté  Monsieur  et  Madame  Hog- 
guère,  M.  Rindorp  et  M.  Borelle,  je  n'ussent  rien  fait;  ils  m'ont 
comblée  de  bontés,  enfin  je  n'ay  pas  autant  gagné  en  près  de 
deux  ans  qu'en  cinq  mois,  tout  le  monde  de  mesme  à  Amsterdam, 
et  ma  santé  ni  a  pas  esté  bonne,  l'aire  estant  si  mal  sain.  J'ay 
beaucoup  de  lettres,  je  jugeray  avec  vous  et  suiveray  vos  sages 
conseilles  sur  mes  interois.  Si  je  pouvois  faire  troix  ou  quatres 
portraict  à  Orléans,  soit  du  marie  de  la  fille  de  M.  Pinchinée 
ou  d'autres,  cela  me  feroit  plaisir  et  je  partirois  tout  de  suitte  au 
loin  (tout  cela  soit  die  entre  nous),  Monsieur,  je  n'ay  rien  de 


—  117  — 

caché  pour  vous  de  qui  j'ay  receii  tant  de  bontée  ;  si  j'avois  plus 
de  fortune,  je  passerois  la  moitié  de  ma  vie  à  Orléans.  Je  seray 
très  aise  de  voire  souvent  Mademoiselle  Bénier,  de  la  voire 
peindre,  elle  est  pleine  de  reconnoissances  pour  vous  car  dans 
mon  dernier  volage  de  Paris,  il  i  a  2  ans  édemie,  elle  ne  sessa 
de  me  dire  quelle  joie  elle  resentoit  du  cas  que  vous  fesiez  d'elle. 
Son  caractère  gaie,  active,  sage  me  l'a  fait  estimé  particulière- 
ment. 

«  Je  m'aperçoie  que  je  suis  un  bavar  ;  j'auray  bien  de  la  joie  de 
vous  embrassé  et  de  présenté  à  Madame  mes  sentiments  de 
reconnoissances  et  de  soumissions  ;  ma  foible  voie  à  rendu  hom- 
mage au  mérite  distingué  de  Monsieur  Soier  au  diné  que  je  fit 
chez  Monsieur  de  Fourqueux  ;  présenté  luy  mes  sivilités  et  à 
tout  nos  amis.  La  maladie  de  Monsieur  du  Coudrait,  m'aflige 
beaucoup;  j'espère  qu'il  s'en  tirera.  Adieu,  Monsieur  et  vraie 
amy,  je  ne  veut  point  vous  importuné,  je  dessenderay  vis-à-vis 
S*""  Croix,  l'auberge  où  demeuroit  un  M.  Huquier  et  j'auray 
aussitôt  le  plaisir  de  vous  assuré  du  respect  et  de  la  reconnais- 
sances constante  avec  laquelle  je  suis.  Monsieur  et  amy, 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 
J.-B.  Perkonneau.  » 

On  relève  dans  cette  lettre  une  sorte  de  bilan  de  sa  situation 
matérielle:  20.000  1.  de  gain  depuis  le  dernier  voyage  à  Orléans, 
c'est-à-dire  en  près  de  quatre  ans,  une  spécufation  malheureuse 
sur  les  <(  papiers  publics  »,  l'acquisition  prématurée  d'une  maison 
de  campagne,  une  femme  tuberculeuse,  que  l'absence  perpé- 
tuelle de  son  mari  rend  neurasthénique,  un  enfant  de  cinq  ans 
et  demi  qu'elle  a  nourri  et  dont  il  vient  de  faire  le  portrait, 
l'espoir  d'exécuter  d'autres  portraits  à  Orléans,  grâce  à  son  vieil 
ami  Desfriches,  trois  ou  quatre,  peut-être  celui  du  mari  de 
M'"  Pinchinat,  en  attendant  de  repartir  au  loin,  toujours  en  quête 
de  la  fortune. 


—  118  — 

Plusieurs  œuvres  témoignent  de  ce  nouveau  séjour  à  Orléans. 
Le  portrait  présumé  de  M.  Miron  (1)  porte,  en  effet,  la  date 
de  1772  ;  l'homme  est  corpulent,  le  cou  fort,  le  visage  sanguin  ; 
aussi  l'habit  de  velours  bleu  s'entr'ouvre  négligemment  et  le 
décolleté  se  pare  des  dentelles  de  la  chemise.  L'Exposition  des 
Beaux-Arts  à  Orléans,  en  1884,  a  fait  connaître  les  portraits  en 
ovale,  au  pastel,  de  mêmes  dimensions,  et  se  donnant  la  réplique, 
de  Pierre-Horace  Demadières  et  de  M"""  son  épouse,  datés  de  la 
même  année  (2). 

Le  29  octobre  1772,  M"""  de  Limay  écrit  à  Desfriches,  son  père  : 
(c  J'étois  bien  sûr,  mon  cher  Papa,  que  vous  sériés  content  de 
M.  et  M'"°  Ducluzel,  je  suis  fort  aise  que  M.  Perroneau  fasse  le 
portrait  de  leur  fils;  c'est  un  bien  joli  modèle  à  peindre.  »  Ce 
passage  révèle  l'exécution  d'un  portrait,  soit  à  Orléans,  soit  dans 
la  «  généralité  »  de  Tours,  dont  M.  Ducluzel  était  l'intendant. 

De  1772  datent  également  les  portraits  du  marquis  et  de  la  mar- 
quise deCourcy(pl.36),  tous  les  deux  portraiturés  par  LaTourO), 
Michel-François  Roussel,  marquis  de  Courcy,  seigneur  d'Espour- 
don,  de  Courcy,  de  Claireau,  Bouillancourt  et  autres  lieux, 
chevalier  de  Saint-Louis,  colonel  au  régiment  de  Quercy,  lieute- 
nant du  Roy  de  la  ville  et  du  château  de  Poix,  est  représenté  en 
buste  dans  un  ovale,  regardant  de  face  ;  il  porte  un  tour  de  cou 
en  linon  blanc  avec  un  jabot  de  dentelle  d'Alençon.  Sur  son 
habit  de  velours  bleu  ciel  est  épinglée  la  croix  de  Saint-Louis. 
Tandis  que  sa  physionomie  dénote  la  volonté  et  l'énergie,  celle 
de  la  marquise  de  Courcy  exprime  la  finesse.  Par  dessus  le 
décolleté  en  carré,  orné  d'une  modestie  et  du  double  nœud  du 


(1)  AlUrefois  dans  la  collection  de  M.  Camille  Groult:  vendu  en  juin  1920  à  la  Galerie 
Georges  Petit 

(2)  Ils  appartenaient  alors  à  M.  Albert  Porcher. 

(3)  Les  portraits,  par  La  Tour,  du  maïquis  de  Courcy,  en  habit  gris  ouvert  sur  un  gilet  bleu, 
et  celui  de  la  marquise  de  Courcy,  vêtue  d'un  costume  rouge  garni  de  fourrure  et  tenant 
un  petit  griffon  blanc,  avaient  été  prêtés  à  l'Exposition  de  Cent  Pastels  par  M.  .Arthur 
Veil-Picard. 


PI.  3o 


AiMiAUAM  Van  RuiiAis 
Pastel.  Signé  1767. 

(Musée  du  Louvre) 


—  119  — 

a  parfait  contentement  »  en  taffetas  rose,  elle  porte  une  écharpe 
de  gaze  blanche,  à  rayures  de  satin  blanc.  Marguerite-Georges 
Roussel  de  Rocquencourt,  marquise  de  Courcy,  fille  du  seigneur 
de  Rocquencourt  était,  par  sa  mère,  cousine  germaine  de 
Mareschal,  marquis  de  Bièvre,  célèbre  par  ses  calembours. 

Dans  quelle  ville  a  été  exécuté  le  portrait  au  pastel  de  la  com- 
tesse de  Corbeau  de  Saint-Albin  (1)  qui  est  daté,  lui  aussi,  de 
1772  ?  On  peut  du  moins  mesurer  la  souplesse  du  talent  :  après 
les  portraits  de  Hollande,  plus  de  grâce,  peut-être  aussi  un  peu 
plus  d'afféterie  dans  l'arrangement  de  la  figure,  de  la  poudre 
parsemée  sur  le  haut  toupet,  sur  le  double  croissant  de  boucles, 
sur  les  épaules,  de  l'écharpe  de  gaze  vert  céladon  alternative- 
ment rayée  de  larges  bandes  satinées  ou  mates,  de  la  modestie  de 
dentelle  qui  encadre  le  jeune  décolleté,  du  «  corps  »  d'un  bleu 
délicat,  et  du  «  parfait  contentement  «. 

Le  10  avril  1773,  Perronneau  se  trouve  à  Lyon,  d'où  il  écrit  1773 
à  Desfriches  : 

«  Monsieur  et  vraie  amy, 

«  Que  diray-vous  de  moy,  je  vous  paroitroy  un  négligent  de 
ne  vous  avoir  point  écrit  ni  remercier  des  amitiéz  effectives  que 
vous  avez  eii  toujours  pour  moy.  Hélas,  si  vous  saviez  combien 
i'ay  eii  de  chagrin  depuis  que  je  vous  ay  veii,  vous  me  pardonne- 
riez cette  faute  ! 

«  J'ay  trouvé  M°"  Perronneau  dans  la  plus  grande  mélancolie 
qui  a  tellement  prie  sur  son  tempérament  qu'el  est  tombé  mal- 
lade  ;  je  n'ay  point  de  ses  nouvelles  depuis  quelque  temp  ;  je  ne 
lui  ay  pas  rendu  assé  de  justice  sur  son  économie  et  sur  ses  soins  ; 
sa  vertu  a  esté  trop  haustèrc  et  a  prie  sur  santée  ;  c'est  son  état 
qui  m'a  rendu  mallade  depuis  que  je  suis  à  Lion  où  j'ay  languie. 
Je  me  sent  mieux,  sans  cela  j'aurois  passé  plus  loin,  mais  je  reste 


(H  Collection  Jubiiial  de  Saint-Albin^Geor};e  Duruy. 


—  120  — 

encore  ayant  quelque  occupations.  Je  prie  Madame  de  recevoir 
mes  vœux,  mes  hommages,  mes  remerciments  ;  je  me  souvien 
bien  que  je  vous  ay  promis  le  portraict  de  Monsieur  votre 
gendre  ;  j'espère  qu'en  courant  mons  et  veau,  je  vous  le  feray. 
Continuéz-moy  votre  amitiés  et  présenté  mes  respects  à  Madame 
votre  fille  quand  vous  luy  écriray  ;  je  salliie  nos  amis  et  particu- 
lièrement Monsieur  Soyer,  Monsieur  de  Villeneuve  et  Madame 
son  épouze. 

«  Je  suis,  Monsieur,  avec  bien  de  la  reconnoissance. 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 
Perronneau. » 

«  Mon  adresse  est  chez  M.  Privât,  rue  Royal,  vis  à  vis  la  mes- 
sagerie —  maison  Merciez  à  Lion.  » 

De  ce  séjour,  dont  Perronneau  ne  semble  pas  enchanté,  il 
reste  un  petit  portrait,  aux  trois  crayons,  de  Dutilleu.  Au  Salon 
de  1773  il  envoyait:  N°  62.  Le  portrait  de  V.  R.,  tableau  en 
pastel  de  vingt  sept  pouces  sur  vingt-deux.  —  N°  63.  Le  portrait 
de  M.  Dupérel,  tableau  à  l'huile  de  mêmes  dimensions.  — 
N°  64.  Le  portrait  d'un  vieillard  âgé  de  83  ans,  tableau  ovale  de 
vingt-trois  pouces  sur  dix-neuf.  —  N°  65.  Autres  portraits  sous 
le  même  numéro. 

Quel  est  ce  vieillard  âgé  de  83  ans  ?  Quels  sont  les  «  autres 
portraits  sous  le  même  numéro  »? 

Faut-il  y  voir  les  portraits,  peints  à  l'huile,  de  M.  et  de 
M™  Braun,  signés:  Perronneau,  et  datés:  1773,  qui  se  trouvent 
actuellement  chez  M.  Knœdler,  à  Paris  ?  M.  Braun,  qui  aurait 
eu  le  titre  de  chambellan,  et  M"°  Braun,  celui  de  dame  d'honneur 
à  la  Cour  de  Furstenberg,  vivaient  à  la  fin  du  xyill"  siècle  à 
Strasbourg  où  ils  jouissaient  des  droits  de  bourgeoisie  française. 
Vu  de  face,  dans  un  ovale  de  pierre,  les  cheveux  poudrés,  les 
yeux  bruns,  le  teint  animé,  M.  Braun  est  vêtu  d'un  habit  violet 
pâle  changeant  et  d'un  gilet  bleu  agrémenté  de  passementeries 


—  121  — 

d'or  (pi.  37).  M"'  Braun  est  représentée  de  trois  quaits,  égale- 
ment dans  un  ovale  de  pierre,  les  cheveux  légèrement  poudrés, 
les  yeux  gris-brun  ;  elle  porte  une  écharpe  de  gaze  blanche  bordée 
de  rose  et  un  corsage  de  soie  rose  (pi.  38). 

Le  catalogue  de  la  vente  Cronier  décrivait  ainsi,  sous  le  n°  19, 
le  portrait  de  M.  Dupéril,  une  peinture  sur  toile  ayant  figuré  au 
Salon  de  1773,  signée  et  datée  de  1771:  «  Vu  jusqu'à  mi-corps 
de  trois  quarts  à  gauche,  il  est  vêtu  d'un  habit  rouge  éteint,  d'un 
gilet  à  jabot  de  dentelle  et  à  boutons  de  métal.  Les  cheveux  sont 
poudrés,  coiffés  à  marteaux  et  noués  avec  un  ruban  noir.  La 
physionomie  est  calme  avec  une  certaine  expression  de  dédain.  » 
Perronneau,  en  1771,  voyageait  en  Hollande.  M.  Duperel 
serait-il  un  de  ses  modèles  hollandais  ?  Or,  ce  «  portrait  de 
M.  Dupéril  (1)  »  ressemble  d'une  manière  frappante  à  celui  de 
Jacob  Boreel  Jacobsz  (1746-1794),  que  nous  avons  déjà  décrit. 
Que  penser  de  cette  confusion  ? 

Les  initiales  V.  R.  ne  désignent  pas  Van  Robais,  mais  un 
Parisien.  En  effet,  Daudé  de  Jossan  (2)  imagine  le  dialogue 
suivant  entre  deux  visiteurs  du  Salon  : 

L'abbé.  —  rc  Voulez-vous  jetter  un  coup  d'œil  sur  ces  portraits 
N°'  62,  63,  64  et  65  ? 

Myïord.  —  «  Je  ne  connais  pas  les  personnes.  Je  pense  avoir 
vu  ce  M  ***,  N°  62,  aux  Thuilleries. 

L'abbé.  —  «  Et  moi  aussi,  cela  m'a  l'air  très  ressemblant  ;  mais, 
Mylord,  nous  avons  encore  un  très  beau  sujet  de  marine  à  voir  ?  » 

Les  autres  critiques  ne  donnent  aucun  supplément  d'informa- 
tions. 

Le  Mercure  du  mois  d'octobre  se  borne  à  signaler  le  succès  de 
l'artiste:    «   Plusieurs   portraits   de   MM.    Peronneau,    Drouais. 


(1)  Cf.  Les  Arts,  novembre  1905:  La  collection  Cronier,  par  Arsène  Alexandre.  Cf.  le  cata- 
logue illustré  de  la  vente  Cronier. 

(2)  Entretiens  de  M.  l'abbé  A"  avec  mylord  B".  Eloge  des  tableaux  exposés  au  Louvre 
le  25  août  1773. 


—  122  — 

du  Plessis  et  Aubri  ont  attiré  l'attention  des  connoisseurs.  » 
Ij' Année  littéraire  fait  son  éloge:  «  La  réputation  de  M.  Per- 
roneau  ne  s'est  pas  démentie  ;  au  contraire,  elle  acquiert  un 
nouvel  éclat  par  plusieurs  portraits  à  l'huile  et  au  pastel  où  l'on 
voit  les  détails  les  plus  spirituellement  rendus.  »  Les  Affiches, 
annonces  et  avis  divers  citent  simplement  «  plusieurs  portraits 
de  M.  Perronneau  ».  L'auteur  des  Dialogues  sur  la  peinture  (1) 
prête  à  ses  interlocuteurs  les  paroles  suivantes  : 

M.  Rémi.  —  «  Sans  converser  ici  avec  personne,  voyez  un 
peu  ces  ouvrages  de  M.  Per... 

M.  Fabretti.  —  «  Il  y  a  de  la  noblesse  dans  ces  têtes.  Elles 
sont  touchées  avec  esprit  et  dessinées  scavamment.  Mais  ce 
mérite  perd  bien  de  sa  valeur,  parce  qu'il  n'y  règne  absolument 
aucune  connoissance  sur  la  couleur  locale  et  ses  effets.  » 

Seul,  Du  Pont  de  Nemours,  dans  ses  Lettres  critiques  (2)  sur 
les  salons  de  1773,  1777  et  1779,  publiées  par  Maurice  Tourneux 
dans  les  Archives  de  l'art  français,  affiche  le  plus  profond 
mépris  pourPerronneau  qu'il  classerait  volontiers,  comme  Diderot, 
parmi  les  pauvres  diables  qui  ne  valent  pas  une  ligne  d'écriture. 

La  collection  Wildenstein  a  contenu  deux  portraits  à  l'huile, 
de  mêmes  dimensions,  signés  et  datés  de  1773.  On  remarque 
dans  ces  deux  œuvres  la  même  grâce  que  dans  le  portrait  de  la 
comtesse  de  Corbeau  de  Saint-Albin.  On  nous  a  fait  part  d'une 
ressemblance  entre  les  deux  personnages  représentés  et  les  por- 
traits au  pastel  de  lord  et  lady  Coventry,  par  La  Tour,  qui  pas- 
sèrent en  1905  à  la  vente  Cronier.  Les  deux  peintures  auraient, 
de  plus,  été  trouvées  en  Angleterre,  ce  qui  nous  donnerait  la  date 
d'un  séjour  de  Perronneau  dans  ce  pays,  d'autant  que  l'on  perd 
absolument  sa  trace  après  le  Salon  de  1773,  et  durant  les  années 
1774,  1775,  1776. 


(1)  Deuxième  édition,  enrichie  de  notes. 

(2)  Lettres  adressées  à  la  margrave  Caroline-Louise  de  Bade.  (Archives  de  l'Art  français, 
nouvelle  période,  t.  II,   1908.) 


PL  3i 


a, 


te 

S) 


C-, 


—  123  — 

En  mars  1774,  on  lit  dans  les  Dialogues  sur  la  peinture  de  «774 
Renou  :  Dialogue  IV  —  Sur  M.  Perrotineau  —  une  apprécia- 
tion sur  les  œuvres  du  peintre,  conçue  en  des  termes  absolument 
identiques  à  celle  du  Dialogue  entre  M.  Rémi  et  M.  Fabretti 
cité  à  l'année  1773. 

Peut-être  le  portrait  d'homme,  au  pastel,  qui  a  passé  successive-  1775 
ment  de  la  collection  Thomas  Agnew  à  la  Galerie  Bachstitz  de  La 
Haye,  et  à  la  maison  Artaria  et  C"  deVienne(l)  a-t-il  été  exécuté, 
lui  aussi,  en  Angleterre?  Il  porte,  à  côté  de  la  signature,  la  date 
de  1775.  Et  c'est  une  oeuvre  charmante  :  le  toupet  en  «  vergetîe  », 
les  ailes  frisées,  les  cheveux  légèrement  poudrés  et  noués  en 
catogan  par  un  large  ruban  noir,  voilà  pour  accompagner  l'ex- 
pression volontaire,  un  peu  dure,  du  visage.  Le  peintre  ajoute  à 
cette  lumière  celle  du  tour  de  cou  en  linon  blanc  ;  il  agrémente 
l'habit  bleu  barbeau  de  fausses  boutonnières  que  simulent  des 
galons  d'or  retenus  chacun  par  un  gros  bouton  ;  il  entr'ouvre  le 
gilet  en  soie  pékinée  jaune  et  blanc,  pour  laisser  passer  un  jabot 
de  tulle  brodé  ;  il  glisse  sous  le  bras  du  personnage,  pour  lui 
donner  un  maintien,  un  tricorne  galonné  d'or  dont  le  bord  se 
trouve  naturellement  vergeté  par  la  ganse  que  retient  une  olive. 
Quoiqu'il  n'ait  pas  exposé  au  Salon  de  1775,  nous  relevons  dans 
les  Mémoires  de  Bachaumont  (2),  continués  par  Pidansat  de 
Mairobert,  un  passage  qui  peut  donner  une  indication  sur  l'opi- 
nion publique:  «  Quant  au  peintre,  M.  Robin,  on  lui  trouve  la 
touche  dans  le  genre  de  M.  Perronneau,  c'est-à-dire  grave  et 
pesante,  propre  à  sillonner  un  front  de  rides,  à  rendre  les  phy- 
sionomies dures,  maussades  et  rembrunies.  » 


(1)  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  70,  Ce  pastel  a  figuré  à  la  vente  Rougier  (Galerie 
Georges  Petit,  m.ii  1904,  repr.  d.nns  le  catalogue.)  A  la  Galerie  Baschsiitz  (voir  l'annonce  avec 
image  dans  le  Connaisseur  de  mai  1021),  le  portrait  fut  donné,  on  ne  sait  à  quel  titre,  comme 
étant  le  portrait  de  M.  de  Billy. 

(2)  Lettre  I  sur  le  Salon  de   1775. 


—  124  — 

•777  Perronneau  réapparaissait  au  Salon  de  1777  avec  un  portrait 
ovale,  peint  à  l'huile,  de  M.  Coquebert  de  Montbret,  consul 
général  dans  le  Cercle  de  la  Basse-Saxe,  sur  lequel  les  mêmes 
Mémoires  (1)  apportent  un  semblant  d'éclaircissement:  «  Je 
vous  parlerai  encore  du  Portrait  de  M.  Coquebert  de  Montbret, 
Consul  général  dans  le  Cercle  de  Basse-Saxe,  moins  à  raison  du 
Peintre  M.  Perronneau,  dont  la  manière  dure  est  en  général  peu 
estimée  mais  à  raison  du  personnage  qui,  déjà  Membre  du  Corps 
diplomatique  depuis  plusieurs  années,  se  trouve  initié  aux  mys- 
tères de  la  politique  dans  un  âge  où  l'on  n'en  soupçonne  pas 
encore  l'existence,  et  fournissoit  ainsi  un  sujet  plus  analogue  au 
pinceau  de  l'Artiste.  Celui-ci,  en  vieillissant  la  figure  du  jeune 
homme  a  du  moins  caractérisé  son  génie  précoce  et  sa  prudence 
déjà  consommée.  »  Un  passage  des  Affiches,  annonces  et  avis 
divers  (2)  laisse  à  supposer  que  ce  ne  fut  pas  le  seul  envoi  de 
l'artiste:  «  On  voit  aussi  cette  année  les  productions  de  M.  Per- 
ronneau qui  a  mérité  de  la  distinction  dans  le  portrait  au  pastel.  » 

«77»  M.  Pierre  Decourcelle  possédait  un  portrait  d'homme,  signé 
et  daté  de  1778.  L'exécution  de  Perronneau  se  montre  souple 
comme  à  l'habitude  dans  le  jabot  de  dentelle,  l'habit  violet  pâle, 
l'accord  parfait  du  costume  clématite  et  du  fond  vert.  Le  geste 
du  personnage  qui  semble  montrer,  tant  il  le  tient  en  évidence, 
un  porte-fusain,  le  carton  à  dessin  en  cuir  truite  avec  un  ruban 
vert  flottant,  le  décolleté  familier  aux  artistes,  tout  indique  un 
peintre. 

La  même  année,  nous  l'avons  vu,  Perronneau  voyage  en  Hol- 
lande. Il  y  exécute  la  réplique  que  nous  avons  signalée  du  por- 
trait de  Jacob  Boreel,  le  père,  datée  de  1778  et  conservée  au 
château   de  Westerhoul,   et  les  portraits  de  Joachim  Rendorp 


(1)  Lettre  II  sur  le  Salon  de  1777. 

(2)  17  septembre   1777. 


—  125  — 

de  Marquette  et  de  sa  femme  Wilhelmina  Hillegonda  Schuyt. 
Ces  deux  portraits,  peints  à  l'huile,  appartiennent  à  M™  Gevers 
de  Marquette,  au  château  de  Marquette  (1).  Joachim  Rendorp 
de  Marquette  (1728-1792),  plusieurs  fois  élu  bourgmestre  d'Am- 
sterdam, est  vu  de  trois  quarts  vers  la  gauche,  dans  un  ovale  de 
pierre,  les  cheveux  poudrés,  noués  en  catogan  ;  il  porte  un  tour 
de  cou  en  linon  blanc  et  un  jabot  de  dentelle  ;  la  main  droite, 
sortant  d'une  engageante  de  dentelle,  est  passée  dans  le  gilet. 
La  peinture  est  signée  «  par  J.  B.  Perronneau  en  1778  »  et  porte 
de  plus  l'inscription  peinte  «  Joachim  Rendorp  ond  50  Jaaren 
(âgé  de  50  ans)  ».  Le  portrait  de  M""  Rendorp  (1728-1802), 
n'est  pas  signé  ;  elle  est  représentée  de  trois  quarts,  tournée  de 
gauche  à  droite,  dans  un  ovale  de  pierre  ;  elle  porte  un  collier 
de  perles  ;  le  corsage  décolleté  est  orné  d'un  nœud  «  le  parfait 
contentement  »  que  surmonte  une  modestie  ;  une  écharpe  de 
gaze  passe  sur  les  épaules.  Les  dimensions  de  ces  deux  portraits, 
dont  l'état  de  conservation  laisse  à  désirer,  sont  de  1"03  x  0'"92. 
N'est-ce  pas  à  ce  séjour  de  1778  qu'il  faut  attribuer  les  deux 
peintures  (2)  qui  appartiennent  au  jonkheer  J.  van  Weede  van 
Dijkveld?  Albert  Schuyt  (1722-1791),  d'Amsterdam,  est  figuré 
en  buste,  dans  un  ovale  de  pierre,  tourné  de  trois  quarts  vers  la 
droite,  vêtu  d'un  habit  et  d'un  gilet  de  soie  bleu  foncé  sur  lesquels 
tranche  un  tour  de  cou  blanc.  Le  visage  qui  regarde  de  face, 
avec  des  yeux  durs  sous  des  sourcils  très  marqués,  est  pincé  dans 
une  physionomie  qui  concorde  avec  la  rigidité  derattitude(pl.39). 
Albert  Schuyt  était  le  frère  de  M"""  Rendorp  de  Marquette  et  il 
possédait  une  propriété  appelée  Jagerslust,  à  Heemskerk,  tout 
près  du  château  de  Marquette  (3).  Sa  femme  Johanna  Cornelia 

(1)  Ce  château  s'est  nppelé  château  de  Heemskerk,  nom  de  la  localité  don.  il  dépend, 
jusqu'en  1612,  époque  à  laquelle  Daniel  de  Hertaing,  seigneur  de  Marquette,  lieutenant- 
général  de  cavalerie  au  service  des  Etats-tiénéraux,  possesseur  de  ce  fief,  obtint  le  change- 
ment du  nom  de  Heemskerk  en  celui  de  Marquette,  en  mémoire  de  la  seigneurie  de  ce  nom 
aux  Pays-Bas  méridionaux,  qu'il  avait  vendue.   ^Renseignements  fournis  par  M.  Slaring.) 

(2)  H.  0.75;   L.  O.fil. 

(3)  Renseignements   fournis   par  M.    Staring. 


—  126  — 

van  Gheel  van  Spanbrock  (1737-1797)  n'est  guère  plus  avenante: 
comme  son  mari,  elle  paraît  en  buste  dans  un  ovale  de  pierre, 
tournée  de  trois  quarts  vers  la  droite,  le  visage  haut  coiffé,  d'une 
manière  qui  dégage  l'oreille  ;  elle  regarde  de  face  avec  la  même 
dignité  austère  ;  la  robe  de  soie  bleu  foncé,  le  décolleté  géné- 
reux et  le  nœud  du  «  parfait  contentement»,  l'écharpe  légère  de 
mousseline  blanche,  le  collier  de  perles  ne  suffisent  pas  à  éclairer 
cette  physionomie  rébarbative  (pi.  39). 

«779  Trois  documents  nous  renseignent  sur  l'année  1779.  Le  31  juil- 
let, Perronneau  signe  aux  procès-verbaux  de  l'Académie.  Le 
19  août,  il  «  réclame  les  bontés  de  M.  le  comte  d'Angiviller,  pour 
obtenir  des  bienfaits  du  Roy  un  logement  au  Louvre  ou  dans  les 
maisons  qui  appartiennent  au  Roy.  M.  de  Tournéant  (de  Tour- 
nehem  ?)  lui  avait  donné  sa  parole  qu'il  en  auroit  un  des  premiers 
vacants.  Depuis,  M.  le  marquis  de  Marigny  lui  écrivit  à  Amster- 
dam que  le  premier  seroit  pour  luy  ;  mais  différents  voyages  qu'il 
a  faits  l'ayant  empêché  de  se  rappeler  à  son  souvenir,  les  Peintres 
qui  ont  été  reçus  depuis  luy  ont  profité  du  logement  qui  auroit 
dû  lui  être  réservé. 

«  Le  suppliant  ayant  eu  l'honneur  de  peindre  plusieurs  fois 
devant  Sa  Majesté,  ne  se  servit  point  de  cette  occasion  pour  en 
obtenir  cette  faveur,  se  reposant  toujours  sur  les  promesses  que 
M.  le  marquis  de  Marigny  lui  avoit  fait. 

«  M.  le  comte  d'Angiviller  pourra  juger  de  ses  talens,  s'il 
daigne  jetter  les  yeux  sur  quelques  tableaux  que  le  suppliant 
exposera  cette  année  au  Louvre,  il  espère  beaucoup  de  ses 
bontés,  tant  par  son  rang  d'ancienneté  d'académicien  que  par 
les  promesses  qui  lui  ont  été  faites,  il  ne  cessera  de  faire  des 
vœux  pour  la  conservation  de  ses  jours. 

«  Si  M.  le  comte  d'Angiviller  a  des  ordres  à  donner 
à  M.  Peronneau,  il  aura  la  bonté  de  luy  faire  adresser  chez 
M.  Robin,  agréé  de  l'Académie,  cloître  des  Bernardins.  » 


PI.  32 


M">-'  CouNiiLiA  Stkaalman 
Pastel.  SiRiK'.   1767  ou  176S. 

A  Ui  f.iniilic:  van  Witilo  van  Dijkveld) 


—  127  — 

Cette  supplique  est  annotée  par  Pierre,  premier  peintre  du 
roi,  de  la  manière  désobligeante  que  voici: 

«  Il  y  auroit  trop  de  choses  à  répondre  au  présent  mémoire. 
Elles  pourroient  être  désobligeantes,  quant  au  talent.  Mais 
comme  les  encouragemens  présentés  par  les  supérieurs  ne  sont 
jamais  que  conditionels,  l'on  estime  que  sans  faire  sentir  à 
M.  Peronneau  que  ses  plaintes  ne  sont  pas  plus  fondées  que  ses 
droits,  une  réponse  vaguement  encourageante  doit  suffire  (1).  » 

Et  Perronneau  reçoit,  en  effet,  la  réponse  suivante  (2)  fort 
aimable,  mais  hélas  !  négative: 

«  J'ai  reçu.  Monsieur,  le  mémoire  que  vous  m'avez  adressé 
et  par  lequel  vous  me  demandez  un  logement  au  Louvre  ou  dans 
quelque  maison  du  Roy,  attendu  l'ancienneté  de  votre  réception 
à  l'Académie.  Je  ferai  volontiers  en  votre  faveur  ce  que  les 
circonstances  me  permettront,  sur  quoi  je  crois  néanmoins  devoir 
vous  observer  qu'il  y  a  plusieurs  officiers  de  l'Académie  qui  n'ont 
point  encore  de  logement  chez  le  Roy.  Je  verrai,  au  surplus, 
avec  plaisir,  les  ouvrages  que  vous  comptez  exposer  cette  année, 
et  je  ne  doute  pas  qu'ils  ne  soyent,  comme  ceux  que  vous  avez 
mis  dans  d'autres  occasions,  très  propres  à  vous  faire  honneur, 
ainsi  qu'à  l'Académie.  —  Je  suis... 

d'Angiviller.  » 

Le  25  août,  il  envoyait  au  Salon,  nous  dit  le  livret  :  «  Plusieurs 
Portraits  de  Femmes  en  pastel  sous  le  même  numéro  ».  Les  avis 
furent  partagés.  Le  Mercure  de  France  (3)  se  contente  d'une 
citation:  «  On  voit  de  M.  Peronneau,  plusieurs  portraits  de 
femmes  en  pastel.  »  Radet,  l'auteur  présumé  de  la  brochure: 
Ah!  Ah!  Encore  une  critique  du  Sallon!  Voyons  ce  qu'elle 
chante  déclare  que  M.  Perronneau  a  exposé  «  des  Portraits  dont 


(1)  Archives  Nationales,  0'  1673"  (3M. 

(2)  Archives  Nationales,  0'   1135,  fol.   122 

(3)  Septembre  1779.  Lettre  d'un  Ualien  sur  le  Sallon. 


—  128  — 

on  ne  dit  rien  ».  Une  légère  restriction  dans  la  Bonne  Lunette: 
«  Les  portraits  faits  par  M.  Perronneau  sont  pleins  de  légèreté, 
d'une  teinte  fine  et  délicate  ;  mais  on  demanderoit  plus  de  réso- 
lution dans  les  formes  et  de  fermeté  dans  les  lumières.  »  Un  autre 
folliculaire  (1)  a  plus  de  générosité  dans  le  jugement:  «  Un  por- 
trait de  M.  Loir,  nouvel  agréé,  et  plusieurs  autres  par  M.  Per- 
ronneau, Artiste  dont  on  connaît  la  touche  fine  et  spirituelle, 
ont  obtenu  un  grand  nombre  de  suffrages.  »  h' Année  litté- 
raire (2)  mélange  le  blâme  et  l'éloge  :  «  Les  portraits  de 
Monsieur  Perroneau  quoique  d'une  touche  légère  et  moelleuse 
paraissent  gris  à  côté  de  ceux  dont  je  viens  de  parler  (Callet, 
Duplessis,  Roslin).  » 

"780  Un  pastel  ovale  appartenant  à  M.  Wildenstein,  signé  et  daté 
1780,  nous  donne  une  précieuse  indication  sur  cette  année.  Il 
représente  deux  enfants,  les  frères  Théophile  et  Quirin  de  Caze- 
nove,  peints  à  l'âge  de  15  et  12  ans  (pi.  40).  Leur  père,  Théo- 
phile de  Cazenove,  né  à  Amsterdam  en  1740,  mort  à  Paris  en 
1811,  fut  chargé  par  la  Compagnie  hollandaise  des  Indes  de 
l'achat  de  vastes  territoires  en  Amérique.  Il  réussit  dans  sa  mis- 
sion et  fonda  deux  villes:  Cazenovia,  dans  l'Etat  de  New- York 
et  Olden  Barneveldt.  Il  épousa  en  1763,  à  Harlem,  Marguerite- 
Hélène  de  Volkert  van  Jever  dont  la  mère  était  Quirina  van 
Sypestein.  Il  en  eut  deux  fils:  Charles-Théophile  de  Cazenove 
(1765-1813)  qui  épousa  plus  tard  Julie-Catherine  Roguin 
d'Yllens,  et  Quirin-Henri  de  Cazenove  (1768-1856)  qui  devint 
dans  la  suite  le  mari  d'Elisabeth  de  Villas-Boissière.  Quelle 
meilleure  preuve  pourrions-nous  avoir  d'un  nouveau  séjour  en 
Hollande  !  Quelle  distance  parcourue  depuis  l'infant  chamarré 
de  l'année  1744  jusqu'à  ces  petits  maîtres  dans  la  fleur  de  l'âge, 


(1)  Coup  d'œil  sur  les  ouvrages  de  peinture,  sculpture  et  gravure  de  MM.  de  l'Académie 
royale  au  Salon  de  1779. 

(2)  Exposition  de  peintures,  sculptures  et  gravures. 


—  129  — 

vêtus  à  la  dernière  mode  du  temps  Louis  XVI  !  Leurs  visages 
évoquent  certains  portraits  du  dauphin,  parés  de  mélancolie.  Ils 
ont  la  toilette  négligée  qui  convient  à  leur  âge,  à  leurs  jeux,  à 
leurs  espiègleries.  Comme  les  enfants  de  Chardin,  ils  jouent 
encore  à  la  raquette,  au  volant  ;  mais  leurs  cheveux,  frisés  à 
la  Panurge,  retombant  à  la  jockey,  ne  sont  plus  noués  en  catogan 
et  flottent  à  leur  guise.  Ils  ne  portent  plus  l'habit  à  panier,  mais 
de  petites  vestes  collinettes  lilas  bleu  et  lilas  rose,  prenant  leurs 
nuances  dans  les  ailes  changeantes  des  pigeons,  avec  des  boutons 
en  marcassite,  et  le  col  rabattu.  Les  gilets  de  même  nuance 
s'entr'ouvrent  sur  des  chemises  garnies  de  ces  collerettes  qu'on 
appelle  «  pierrots  hollandais  ».  Il  se  trouve  enfin  que  la  mode 
s'accorde  avec  le  goût  de  Perronneau  pour  la  simplicité.  Elle 
prend  parti  de  plus  en  plus  pour  les  linons,  les  batistes,  les 
mousselines  rayées,  tandis  que  les  splendides  brocarts  de  Lyon 
sont  mis  de  côté.  A  la  simplicité  des  blancs  et  vaporeux  tissus  se 
mêlent  le  charme  et  la  naïveté  des  costumes  pris  à  la  paysannerie 
et  qui,  à  cette  époque,  voltigent  dans  l'espace,  comme  l'air  que 
l'on  respire.  La  paysannerie  est  partout,  dans  l'imagination, 
dans  les  romans,  dans  la  musique  et  dans  les  cœurs.  C'est 
l'églogue  à  la  manière  de  Fontenelle,  quand  il  disait:  «  Il  en 
va,  ce  me  semble,  des  églogues  comme  des  habits  que  l'on  prend 
dans  les  ballets  pour  représenter  des  paysans;  ils  sont  d'étoffe 
beaucoup  plus  belle  que  ceux  des  paysans  véritables,  ils  sont 
même  ornés  de  rubans  et  de  points  et  on  les  taille  seulement  en 
habits  de  paysans.  »  Telle  est  la  dernière  œuvre  datée  que  nous 
connaissions  de  Perronneau. 

Par  une  transition  d'idées  toute  naturelle,  il  nous  faut  citer  ici 
le  portrait  de  Théophile  de  Cazenove  en  habit  de  velours  clair 
sur  un  fond  gris,  vu  de  face  dans  un  ovale  de  pierre,  un  tricorne 
passé  sous  le  bras  (1). 


(I)   Le  commandant  de  Cazenove  possédait  encore  ce  portrait  en   1909. 


V. 


Voyage  en  Russie  et  dernier  séjour  en  Hollande.  —  Mort  de 
l'artiste.  —  Son  caractère.  —  Les  causes  de  son  instabilité. 

1781-1783 


1781  «  Un  document  récemment  découvert  à  Pétersbourg  par  le 
baron  N.  Wrangell,  l'infatigable  chercheur  qui  a  tant  contribué  à 
élucider  l'histoire  de  l'art  russe,  écrit  M.  Louis Réau(l),  confirme 
de  la  façon  la  plus  nette  la  réalité  d'un  séjour  du  grand  pastelliste 
français  en  Russie.  Ce  précieux  document  est  emprunté  à  la 
Gazette  (  Vie  domosti)  de  Saint-P étersboiirg  du  10  décembre 
1781,  n'  99,  qui  mentionne,  parmi  les  personnes  partant  pour 
l'étranger,  «  Perronneau,  peintre  de  l'Académie  de  Paris,  habi- 
tant sur  la  Perspective  Nevsky,  dans  la  maison  Boudakov,  chez 
M.  Barail  ».  On  sait  qu'il  était  d'usage,  à  cette  époque,  pour  tous 
les  étrangers  de  distinction,  d'annoncer  le  jour  de  leur  départ 
dans  la  Gazette  de  Saint-Pétersbourg  (2). 

«  Le  baron  N.  Wrangell,  qui  glisse  cette  note  en  appendice  du 
remarquable  article  qu'il  a  récemment  publié  dans  la  revue  russe 
Staryé  Gody,  sur  les  artistes  étrangers  du  XVIIT  siècle  en  Russie, 
se  demande  s'il  s'agit  bien  du  célèbre  pastelliste  Perronneau  et 
il  n'ose  conclure.  «  Dans  ses  biographies,  écrit-il.  il  n'est  dit  nulle 
part  qu'il  ait  été  en  Russie;  mais,   d'autre  part,  je  n'ai  pas 


(1)  Chronique  des  Arts  du  11  janvier  1913. 

(2)  Cf.  Mémoires  de  Casanova,  t.  VI:  ((  Nous  fixâmes  le  jour  du  départ.  J'en  envoyai 
aussitôt  l'annonce  à  la  gazette  de  la  ville:  c'est  l'usage  des  personnages  de  distinction  ». 


PI.  33 


M""'  JoUHNU   MKRIC 

Peinture.  Signée  et  datée  1769. 

(Ancienne  collection  Demottc) 


—  131  — 

trouvé  dans  un  seul  dictionnaire  un  autre  Perronneau  qui  fût 
membre  de  l'Académie  de  Paris  (1).  » 

«  Il  me  semble  que  nous  pouvons  être  maintenant  plus  affir- 
matifs.  Il  est  inexact  de  prétendre  que  les  biographes  de  Per- 
ronneau ne  fassent  pas  mention  de  son  séjour  en  Russie,  puisque 
nous  voyons  deux  de  ses  contemporains,  l'abbé  de  Fontenay 
et  le  continuateur  des  Mémoires  secrets  de  Bachaiinioni,  con- 
firmer, dans  leurs  articles  nécrologiques  l'exactitude  de  l'infor- 
mation publiée  par  la  Gazette  de  Pétersbourg.  Cette  concor- 
dance a  l'évidence  d'une  preuve.  Il  est  bien  établi,  désormais, 
que  la  vie  errante  de  Perronneau  l'a  entraîné  jusqu'en  Russie. 
Nous  sommes  même  en  mesure  de  préciser  la  date  de  son 
voyage:  c'est  dans  le  courant  de  l'année  1781,  deux  ans  seule- 
ment avant  sa  mort,  que  se  place  son  séjour  à  Pétersbourg. 
Ce  voyage  nous  explique  son  abstention  au  Salon  de  1781.  Il 
faut  donc  ajouter  le  nom  de  Perronneau  à  la  liste  des  nombreux 
peintres  français  :  Louis  Caravaque,  Le  Lorrain,  Lagrenée  l'aîné. 
Louis  Tocqué,  Jean-Baptiste  Leprince,  Elisabeth  Vigée  Lebrun, 
etc.,  qui  sont  venus,  pour  un  temps  plus  ou  moins  long,  profes- 
ser à  l'Académie  des  Beaux-Arts  ou  travailler  à  la  Cour  de 
Pétersbourg. 

«  Dans  quelles  conditions  Perronneau  a-t-il  visité  la  capitale  de 
la  Neva  ?  Il  n'est  guère  croyable  que  la  curiosité  seule  ou 
«  l'inconstance  de  son  caractère  »  l'aient  déterminé  à  entre- 
prendre ce  long  voyage.  D'autre  part,  rien  ne  nous  laisse  sup- 
poser que,  comme  tant  d'autres  artistes  français  du  XVIII*  siècle, 
il  eut  l'heur  et  l'honneur  d'être  mandé  à  Pétersbourg,  qui  était 
alors  l'Eldorado  des  peintres  de  tous  les  pays  d'Europe,  par 
l'impératrice  Catherine  II  ou  par  l'Académie  des  Beaux-Arts. 
Mais  peut-être  céda-t-il  aux  instances  de  quelque  Mécène  russe 
qui  lui  fit  des  commandes  de  portraits  ?  En  attendant  que  la 


(1)  i<  Les  Artistes  étrangers  en  Russie  »  {Staryé  Gody,  juillel-eepterabre  1911,  p.  79). 


—  132  — 

découverte  de  nouveaux  documents  nous  éclaire  sur  les  cir- 
constances et  les  résultats  de  ce  voyage,  nous  devons  nous  bor- 
ner, pour  le  moment,  à  en  affirmer  la  réalité. 

«  Il  est  impossible  que  ce  séjour  en  Russie  n'ait  pas  laissé  de 
traces,  et  les  collections  de  Pétersbourg  recèlent  probablement 
des  portraits  de  Perronneau  qui  n'ont  pas  été  reconnus  et  iden- 
tifiés. On  n'a  pas  signalé  à  ma  connaissance  dans  les  collections 
privées  de  Russie  aucun  pastel  authentique  de  Perronneau.  » 

La  découverte  du  baron  Wrangel  nous  conduit  à  nous  deman- 
der comment  Perronneau  s'était  décidé  à  partir  pour  la  Russie. 
Y  fut-il  introduit  par  un  de  ses  modèles,  le  docteur  Poissonnier, 
oui  se  rendit  en  Russie  de  1758  à  1761  auprès  de  la  czarine 
Elisabeth  ?  Il  a  pu,  d'autre  part,  être  présenté  à  la  comtesse 
Strogonoff  par  Desfriches  qui  était  en  relations  avec  elle.  Par 
un  billet  du  samedi  17  juillet  1779,  elle  prie  le  dessinateur 
Orléanais  de  «  vouloir  bien  se  rendre  à  l'image  S'  Nicolas,  rue 
Bagnier  où  elle  se  trouve  depuis  quelques  moments.  » 

M""  Vigée  Le  Brun,  dans  ses  Souvenirs,  raconte  sa  visite,  à 
Moscou,  à  la  comtesse  Strogonoff,  femme  de  son  vieil  et  bon  ami, 
qu'elle  trouva  hissé  sur  une  machine  très  élevée  qui  faisait  con- 
tinuellement la  bascule.  «  Je  ne  concevais  pas  comment  elle 
pouvait  supporter  ce  mouvement  perpétuel  ;  mais  elle  en  avait 
besoin  pour  sa  santé  ;  car  elle  était  dans  l'impossibilité  de  mar- 
cher et  d'agir,  ce  qui  ne  l'empêchait  pas  d'être  aimable.  » 
La  comtesse  de  Strogonoft  offrit  à  M""  Vigée  Le  Brun  de 
loger  dans  une  maison  qu'elle  possédait  ;  celle-ci  n'accepta  qu'à 
condition  de  faire  le  portrait  de  sa  fille,  comme  prix  du  loyer. 

Chacun  a  pu  voir,  en  1908,  à  l'Exposition  de  Cent  Pastels, 
un  portrait  du  comte  Louis-Claude  Goyon  de  Vaudurant,  sous- 
gouverneur  de  Bretagne,  prêté  par  M.  Wilbrod-Chabrol. 
Edmond  de  Concourt,  qui  avait  les  meilleures  raisons  de  l'admi- 
rer, s'exprime  ainsi,  dans  la  Maison  d'un  Artiste: 


—  133  — 

«  Louis  Claude,  comte  Goyon  de  Vaudurant,  sous-gouverneur 
de  Bretagne,  coiffé  à  l'oiseau  royal  ;  il  est  en  habit  de  velours 
noir,  jabot  de  dentelle,  gilet  de  soie  à  fleurettes  traversé  par  le 
cordon    rouge    de    commandeur    de    l'ordre    de    Saint-Louis. 

Pastel  sur  peau  vélin. 
Provient  de  la  collection  du  docteur  Aussant  de  Rennes,  où  il 
était  attribué  à  La  Tour.  Ce  pastel,  qui  a  tous  les  caractères  du 
faire  de  Perronneau,  n'a  pu  être  exécuté  par  La  Tour  qui,  déjà 
un  peu  fou,  ne  travaillait  plus  à  l'époque  où  M.  Goyon  était 
nommé  commandeur  de  l'ordre  de  Saint-Louis.  » 

La  décoration  donne  la  date  la  plus  ancienne  que  l'on  puisse 
assigner  à  ce  tableau  ;  le  comte  de  Vaudurant  a  été  nommé  com- 
mandeur de  l'ordre  de  Saint-Louis  en  178L  Nous  ne  pensons 
pas,  en  effet,  qu'il  s'agisse  d'une  oeuvre  de  La  Tour;  mais  nous 
restons  tout  aussi  sceptiques  quant  à  l'attribution  à  Perronneau 
d'une  oeuvre  retouchée,  qui  n'a  aucune  des  qualités  de  délica- 
tesse, de  légèreté  qu'on  observe  généralement  dans  l'œuvre  de 
cet  artiste.  Si  nous  avons  bonne  mémoire,  lors  de  la  vente  Gon- 
court,  en  1897,  l'e.x^pert,  au  moment  de  l'offrir  aux  enchères, 
avait  cru  devoir  formuler  des  réserves  sur  cette  attribution  et 
avait  même  prononcé  le  nom  de  Ducreux. 

Nous  A'oici  arrivés  au  terme  de  ce  long  voyage  vers  la  posté-  1783 
rite.  Perronneau  semble  attiré  de  plus  en  plus  vers  cette  Hol- 
lande, où  il  fut  en  1754,  en  1755,  en  1761,  en  1771,  en  1772, 
en  1780.  Il  dut  s'y  arrêter  une  dernière  fois,  au  retour  de  son 
voyage  en  Russie,  à  la  fin  de  l'année  1781  ou  au  commence- 
ment de  l'année  1782,  puisqu'il  quitta  Saint-Pétersbourg  le 
10  décembre  1781. 

Tandis  que  sa  femme  reste  au  logis,  au  Petit-Charonne,  jus- 
qu'en 1783,  et  l'année  de  sa  mort,  rue  Saint-Victor,  dans  la 
maison  de  M.  Dufresnoy,  Perronneau  disparaît  obscurément. 
C'est  à  peine  si,  le  20  décembre   1783,   le  procès-verbal   des 


—  134  — 

séances  de  l'Académie  Royale  mentionne  cette  fin:  «  Il  a  été 
oublié  de  notifier  la  mort  de  M.  Perronneau.  »  Quelques  jours 
plus  tard,  le  10  janvier  1784,  on  lit  dans  le  même  registre: 
«  Aujourd'huy  samedy  10  janvier,  l'Académie  fait  l'ouverture 
de  ses  conférences.  Mort  de  M.  Péronneau,  décédé  à  Amster- 
dam, âgé  de  68  ans.  ■ —  En  ouvrant  la  séance,  le  Secrétaire  a 
notifié  la  mort  de  M.  Péronneau,  Peintre  Académicien,  décédé 
à  Amsterdam  au  mois  de  novembre  dernier,  environ  dans  la 
68°  année  de  son  âge.  » 

Or  on  lit  dans  le  registre  des  enterrements  du  cimetière  de 
Leyde,  situé  à  Amsterdam  près  de  la  porte  de  Leyde  : 

20  novembre  1783- 

Jean-Baptist  Perraimot. 

Van  de  Heeregragt  by  de  Lyse  Straat.  Is  gehaalt. 

Heeregracht  (près  de  la  rue  de  Lyse,  où  J.-B.  Perronneau 
avait  son  domicile). 

Is  gehaalt,  c'est-à-dire  on  a  cherché  le  corps. 

D'autre  part,  on  remarque  cette  note  dans  le  registre  oii  sont 
inscrits  les  noms  des  décédés,  classifiés  selon  une  taxe  fiscale, 
payée  pour  leur  enterrement.  Un  registre  annuel  et  spécial  donne 
les  noms  des  personnes  pauvres  enterrées  sans  payement  de 
cette  taxe  : 

1783  (November  19). 

Jan  Martens  v{oor)  Jean  Baptist  Ferraunot  42  J{aren)  Koorts. 

J.  Martens  est  celui  qui  a  dénoncé,  déclaré  la  m.ort  de 
J.  B.  Perronneau.  —  42  J{aren)  42  ans.  Les  chiffres  ne  donnent 
pas  le  moindre   doute.   --  Koorts.   Fièvre,   cause   de  la  mort. 

Les  documents  français  et  hollandais  concordent  quant  à  la 
date  approximative  de  la  mort  ;  ils  se  contredisent  quant  à  l'âge 
du  défunt. 

Peut-on  voir  dans  cette  contradiction  une  simple  erreur  de 
copie?  On  se  souvient  qu'au  salon  de  1746,  Perronneau  avait 
exposé  «  le  portrait  à  l'huile  d'un  jeune  écolier,  frère  de  l'auteur. 


PI.  34 


Pou  I  HAIT  l'UlCSUMK  l)K  M.   DaUCY 

Peiiituio.    I7f9? 

(Aiicu'iine  collection  Dcmntlc) 


—  135  — 

tenant  un  livre  ».  N'était  la  parfaite  similitude  des  prénoms,  ne 
pourrait-on  pas  voir  dans  cet  écolier,  beaucoup  plus  jeune  que 
son  aîné,  le  frère  de  Jean-Baptiste  Perronneau  ?  L'âge  de  42  ans 
donné  par  le  registre  du  cimetière  fixerait-il  à  l'année  1741  la 
date  de  naissance  du  jeune  écolier  de  1746?  On  remarque, 
d'autre  part,  dans  le  même  document,  qu'on  a  cherché  le  corps 
non  pas  à  la  rue  de  Lyse,  où  J.-B.  Perronneau  avait  son  domi- 
cile, mais  près  de  Heeregracht,  près  de  la  dite  rue.  Il  n'est  pas 
impossible  à  priori,  que  les  deux  frères  soient  morts  à  la  même 
époque. 

Le  même  jour  que  les  registres  de  l'Académie,  l'abbé  de 
Fontenay  signale  en  ces  termes  l'événement  (1)  :  «  Nous  venons 
d'apprendre  que  M.  Péroneau,  peintre  de  portraits  très  distin- 
gué étoit  mort  cet  Automne  en  Hollande.  Cet  artiste,  né  à  Paris, 
fut  d'abord  instruit  dans  le  dessin  par  M.  Natoire  ;  ensuite  il 
entra  chez  M.  Cars,  dans  l'intention  d'être  Graveur  ;  mais  il 
n'étoit  pas  né  pour  l'exercice  d'un  art  qui  demande  beaucoup 
de  constance  et  de  patience.  Il  quitta  la  gravure  et  peignit  au 
pastel.  Il  y  fit  des  progrès  très  rapides  et,  en  peu  d'années,  il  fut 
en  état  de  mériter  l'approbation  des  personnes  de  l'Art  les  plus 
éclairées.  Une  des  plus  grandes  preuves  que  nous  en  puissions 
donner,  c'est  que  le  plus  célèbre  peintre  de  portraits  de  nos 
jours,  M.  de  la  Tour,  a  voulu  avoir  le  sien  de  la  main  de 
M.  Péroneau  et  lui  a  toujours  donné  des  témoignages  de  l'estime 
la  plus  distinguée. 

«  Le  dessin  de  ce  Peintre  était  correct,  ses  attitudes  d'un  choix 
noble,  la  disposition  des  draperies,  agréable,  et  sa  touche  légère 
et  spirituelle.  Le  coloris  et  l'effet  sont  les  parties  foibles  de  son 
talent.  Il  l'a  exercé  presque  par  toute  l'Europe  et  son  instabilité 
fut  une  des  singularités  de  sa  vie.  Rien  n'a  pu  le  fixer  dans  le 


(1)  Affiches,  annonces  et  avis  divers  ou  Journal  général  de  France,  samedi  10  janvier  1784. 
Morts  remarquables. 


—  136  — 


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—  137  — 

même  endroit  quelque  avantage  qui  s'y  présentât.  L'Italie, 
l'Espagne,  l'Angleterre,  l'Allemagne,  la  Russie,  la  Pologne, 
Hambourg,  la  Hollande,  et  toutes  les  villes  principales  de  la 
France  conservent  des  preuves  du  séjour  qu'il  y  a  fait.  Un  goût 
si  marqué  pour  changer  sans  cesse  de  domicile,  n'a  point  empê- 
ché que  M.  Péroneau  n'ait  été  bon  mari,  père  tendre  et  fidèle 
ami.  Il  étoit  de  l'Académie  Royale  de  peinture  de  Paris.  » 

Quelques  jours  après,  le  24  janvier,  les  Mémoires  secrets  de 
Bachaumont,  continués  par  Pidansat  de  Mairobert  (1),  repro- 
duisent avec  peu  de  variantes  cette  notice  : 

«  24  janvier  1784.  —  On  n'a  appris  que  depuis  peu  la  mort 
en  pays  étranger  de  M.  Perronneau,  dont  l'Académie  même 
ignorait  la  destinée,  puisqu'il  se  trouve  encore  sur  la  liste  de 
l'almanach  royal  de  1784.  La  vie  errante  qu'il  avait  toujours 
menée  habituait  à  ne  le  point  voir,  et  à  se  passer  de  ses  ouvrages. 
Il  n'avait  point  exposé  au  Salon  dernier  ni  même  en  1781.  L'in- 
constance de  son  caractère  l'avait  empêché  de  se  fixer  nulle 
part,  quelqu'avantage  qui  s'y  présentât  pour  lui  ;  on  voit  de  ses 
ouvrages  en  Italie,  en  Espagne,  en  Angleterre,  en  Allemagne, 
en  Russie,  en  Pologne,  à  Hambourg,  en  Hollande  où  il  a  terminé 
sa  carrière,  et  dans  les  principales  villes  de  France. 

«  C'était  un  peintre  de  portraits  en  pastel.  Son  dessin  était 
correct,  ses  attitudes  d'un  choix  noble,  la  disposition  de  ses 
draperies  bien  prise,  mais  sa  touche  lourde  et  sans  effet.  Il  avait 
le  coloris  mauvais,  ('e  qui  cependant,  sans  doute,  fait  l'éloge  de 
son  talent,  c'est  que  le  plus  célèbre  peintre  de  portraits  de  nos 
jours,  dans  cette  manière,  M.  de  la  Tour,  l'avait  choisi  pour 
faire  le  sien.  » 

Ainsi  les  contemporains  reculent  encore  l'horizon  de  Perron- 
neau. Nous  suivions  sa  trace  en  France,  à  Ahbeville,  Orléans, 
Angers,  Bordeaux,  Toulouse,  Lyon,  en  Italie,  à  Turin,  à  Rome, 


(1)  Cabinet  des  Estampes,  collection  Deloynes,  t.  M.  Extraits  manuscrits 


—  138  — 

en  Hollande,  à  Amsterdam,  La  Haye,  Utrecht,  en  Allemagne, 
à  Hambourg  (1),  en  Angleterre,  en  Russie,  et  voici  qu'ils 
ajoutent  à  son  itinéraire  l'Espagne  et  la  Pologne. 

A  Paris  même,  quelle  aimable  fantaisie  !  Le  voici  au  moment 
de  son  mariage,  dans  cette  rue  Fromenteau,  ou  Froidmanteau, 
de  mauvaise  réputation  qui  passait  déjà  au  temps  du  poète 
Guillot,  pour  un  centre  de  prostitution  ;  à  la  Gerbe  d'Or,  vis-à-vis 
la  place  du  Vieux  Louvre,  demeurait  M""  Lany,  une  gracieuse 
'(  surnuméraire  »  de  l'Opéra,  un  de  ses  modèles.  En  1756,  il  s'en 
va  au  bas  de  la  rue  des  Fossés  Saint- Victor  (2)  où  Ronsard  avait 
habité,  où  Buffon  devait  habiter  en  1771  ;  quatre  ans  plus  tard, 
nous  le  trouvons  rue  de  la  Madeleine,  dans  une  maison  de  M.  de 
la  Chapelle,  au  coin  du  faubourg  Saint-Honoré  (3).  En  1763, 
il  demeure  «  rue  Notre-Dame  des  Victoires,  la  cinquième  porte 
cochère  à  droite  en  entrant  par  la  place  »,  en  face  du  couvent 
des  Petits-Pères,  et  tous  ces  détails,  on  les  distingue  fort  bien  sur 
le  plan  Turgot  (4).  L'année  suivante,  on  le  rencontre  «  rue  de 
Cléry,  vis-à-vis  la  rue  du  Gros-Chenet  (5)  tout  près  de  la  maison 
de  M"°  de  Cléry,  la  maîtresse  de  l'abbé  Terray,  près  de  la  maison 
de  Robert  Poquelin,  frère  de  Molière,  de  M""  Vigée,  donnant 
dans  son  salon  ses  fameux  repas  à  la  grecque,  puis  y  faisant  dire 
secrètement  la  messe,  tout  près  de  l'autel  où  M.  Lebrun  hospi- 
talise quelque  temps  l'Exposition  de  la  Jeunesse,  tenue  autrefois 
place  Dauphine. 


(1)  On  trouve  l'indice  de  son  passage  à  Hambourg  dans  le  portrait  d'Henrich-Christoph 
Siemers   (1719-1777),  conservé  à  Hambourg  che?   M.  Siemers,  l'un  de  ses  descendants. 

(2)  Aujourd'hui  rue  Thouin,  entre  les  rues  du  Cardinal  Lenioine  et  de  l'Estrapade. 

(3)  Aujourd'hui  rue  Pasquiei*. 

(4)  Planche  XIV. 

(5)  Plan  Turgot,  planche  XIV:  rue  de  Cléry,  entre  la  rue  Montmartre  à  peu  près,  jusqu'à 
la  rue  Beauregard,  n"  60,  et  au  boulevard  de  Bonne-Nouvelle;  sur  l'emplacement  où  est 
actuellement  la  rue  de  Mulhouse,  s'élevait  l'hôtel  de  Cuisy  qu'habitèrent  Necker  et 
M™»  de  Staël. 


PI.  35 


PoRTUAlT  d'uoMMIÎ 

Pastel.  Signé  et  daté  1770. 

(A  il   Geortjes  DormeuilJ 


—  139  — 

En  1765,  le  voici  près  de  l'hôtel  de  Hollande,  rue  du  Bou- 
loir  (1),  dont  le  nom  rappelle  un  jeu  de  boules  et,  non  loin  de 
cette  maison,  de  la  rue  Croix-des-Petits-Champs  où  habitait 
la  Bourdan,  célèbre  entremetteuse  du  XViir  siècle.  En  1770,  il 
s'installe  près  de  la  rue  de  Soly  (2),  dans  la  maison  de  M.  Buret, 
rue  de  la  Jussienne  qui  tirait  son  nom,  par  corruption,  d'une  église 
consacrée  à  Sainte-Marie-l'Egyptienne,  à  qui  les  filles  venaient 
demander,  dans  leurs  neuvaines,  de  ne  pas  devenir  enceintes. 
Dupleix,  le  défenseur  de  Pondichéry,  et  après  lui,  à  la  mort  de 
Louis  XV,  la  Dubarry,  occupait  au  n"  2  un  joli  hôtel  aux  belles 
ferronneries.  En  1771,  la  liste  de  l'Académie  lui  donne  une  rési- 
dence, le  «  Petit  Charonne,  dernière  maison  neuve  à  gauche  », 
cette  maison  de  la  banlieue  qu'il  semble  avoir  achetée  pour  les 
relevailles  de  sa  femme.  En  1772,  il  revient  en  deçà  de  l'enceinte 
fortifiée,  mais  à  l'extrémité  de  Paris,  au  coin  de  la  rue  du  Bout 
du  Monde,  chez  une  marchande  lingère,  dans  cette  rue  des 
Petits-Carreaux,  accaparée,  en  effet,  par  les  lingères  établies 
dans  ce  quartier  depuis  plus  de  deux  siècles.  En  1780,  il  retourne 
au  petit  Charonne,  pour  se  trouver  enfin,  en  1783,  dans  la  maison 
de  M.  Dufrenoy,  rue  Saint-Victor,  où  l'on  voit  encore  de  vieilles 
échoppes,  non  loin  de  la  rue  des  Fossés-Saint-Victor  où  il  avait 
autrefois  demeuré.  Il  semble  qu'il  ait  pris  comme  devise  celle 
de  Regnard,  gravant  sur  un  rocher  du  Cap  Nord:  sistimus  hic 
tandem  nobis  ubi  defuit  orbis. 

Pourquoi  cette  course  errante,  sans  répit?  L'abbé  de  Fontenay 
dit:  «  Son  instabilité  fut  une  des  singularités  de  sa  vie.  Rien  n'a 
pu  le  fixer  dans  le  même  endroit,  quelqu'avantage  qui  s'y  pré- 
sentât. »  Pidansat  de  Mairobert  ajoute:  «  L'inconstance  de  son 
caractère  l'avait  empêché  de  se  fixer  nulle  part.  » 


(1)  Aujourd'hui  la  rue  Ju  Bouloi  va  de  la  rue  Croix-des-Pefits-Champs  à  la  rue  Coquil- 
lière,  n»  27. 

(2)  Plan  Turgot,  planche  XIV,  tout  près  de  la  rue  de  Cléry.  En  1883,  la  rue  Solye  fut  sup- 
primée; elle  commençait  rue  de  la  Jussienne  et  finissait  rue  des  Vieux-Augustins  (aujour- 
d'hui rue  d'Argout). 

10 


—  140  — 

Et  cependant,  tout  le  retient  à  Paris.  L'hostilité  de  La  Tour 
ne  semble  avoir  été  qu'un  mythe  ingénieux,  inventé  par  les  folli- 
culaires pour  corser  l'intérêt  d'une  lutte  d'émulation;  si  l'on 
excepte  Diderot  et  deux  ou  trois  publicistes  sans  doute  fatigués 
de  l'entendre  appeler  le  Juste,  les  journaux,  les  correspondances 
et  les  mémoires  de  l'époque  s'ingénient  à  mettre  les  deux  pastel- 
listes sur  le  même  plan,  à  grouper  leurs  deux  noms,  à  faire  de 
Perronneau,  plus  jeune  de  dix  ans,  le  continuateur  de  son  aîné. 
Ses  amis  et  Fourqueux  «  qui  lui  veut  du  bien  »,  insistent  pour 
qu'il  soit  «  stable  ».  Lui-même  ne  le  désire-t-il  pas  de  tout  son 
pouvoir  ?  L'amour  de  l'intimité  familiale,  du  «  chez  soi  »,  trans- 
paraît dans  son  œuvre,  dans  ses  actes  et  dans  ses  paroles.  Il  a 
laissé  d'adorables  portraits  d'enfants,  des  couples  patriarcaux,  des 
figures  féminines  qui  expriment  une  poésie  paisible.  Ce  qu'il 
aime  à  traduire,  c'est  la  vie  simple,  intérieure  ;  la  monotonie 
même  de  ses  arrangements  révèle  un  homme  qui  découvrirait 
^'olontiers  un  monde  de  joies  dans  un  voyage  autour  de  sa 
chambre.  S'il  voyage,  c'est  que  les  charges  qu'il  a  voulu  assumer 
pour  réaliser  un  certain  idéal  à  la  manière  d'Oudry  et  de  Made- 
moiselle Froissié  sont  un  fardeau  trop  lourd.  Ce  fils  d'un  bour- 
geois de  Paris,  né  pour  passer  de  longs  jours,  comme  Chardin, 
entre  le  Louvre  et  les  boutiques  d'estampes  de  la  rue  Saint- 
Jacques,  n'a  pas  le  droit  de  «  vivre  entre  ses  parents  le  reste 
de  son  âge  ». 

Certains  écrivains  insinuent,  sans  preuves,  que  cette  instabilité 
a  son  secret  dans  la  vie  privée  de  Perronneau.  Or,  jamais  il  ne 
songe  à  faire  grief  à  sa  femme  d'une  succession  qui  a  dû  le 
grever;  comme  il  craint  «  qu'elle  ne  soit  un  peu  attaqué  de  la 
poitrine  »,  il  fait  «  une  folie  »,  lui  qui  n'est  pas  riche,  et  qui 
gagne  «  par  mons  et  veau  »  20.000  livres  en  cinq  ans  ;  il  achète 
une  maison  dans  la  banlieue,  le  Petit  Charonne  «  car  l'air  y  est 
excellent  ».  Ailleurs,  il  lui  rend  un  hommage  maladroit,  mais 
cette  maladresse  même  ne  prouve-t-elle  pas  sa  sincérité  ? 


—  141  — 

«  J'ay  trouvé  M"°  Perronneau,  écrit-il  à  Desfriches,  dans  la  plus 
grande  mélancolie  qui  a  tellement  prie  sur  son  tempérament  qu'el 
est  tombé  mallade  ;  je  n'ay  point  de  ses  nouvelles  depuis  quelque 
temp  ;  je  ne  lui  ay  pas  rendu  assé  de  justice  sur  son  économie 
et  sur  ses  soins  ;  sa  vertu  a  esté  trop  haustère  et  a  prie  sur  sa  santée  ; 
c'est  son  état  qui  m'a  rendu  mallade  depuis  que  je  suis  à  Lion  où 
j'ay  languie.  » 

L'homme  nous  apparaît  sentimental,  modeste,  sans  un  soup- 
çon d'ironie,  un  peu  perdu  dans  le  vaste  monde.  Diderot  qui 
n'est  pas  suspect  de  bienveillance,  l'appelle  «  l'innocent  artiste  » 
et  le  déclare  «  trop  franc  pour  ne  pas  reconnaître  son  infério- 
rité ».  Perronneau  ne  s'abaisse  pas,  mais  s'humilie,  se  fait  petit, 
demande  des  conseils,  n'a  pas  l'autorité  de  son  talent  ni  l'en- 
vergure d'un  La  Tour.  Timidement,  vers  1772,  à  l'âge  de  57  ans, 
cet  académicien  se  risque  enfin  à  s'affirmer  :  «  J'ose  dire  que 
j'ay  acquis  dans  mon  petit  tallans.  »  Partout  dans  ses  lettres,  ce 
ne  sont  que  déboires,  spéculations  malheureuses,  héritages 
embrouillés,  prières  à  ses  amis,  requêtes  aux  grands  :  ce  n'est  pas 
le  ton  d'un  homme  à  bonnes  fortunes.  Il  quitte  le  monde  discrète- 
ment, comme  un  salon  trop  rempli  oii  il  ne  veut  rien  interrompre. 
Trois  mois  après  sa  mort,  sa  femme  épouse  le  peintre  Robin  (1). 


(1)  Jean-Baptiste-Claude  Robin,  né  le  24  juillet  1734,  agréé  de  l'Académie  royale,  fut 
choisi  par  l'architecle  Louis  pour  peindre  le  grand  plafond  du  théâtre  de  Bordeaux.  Il  fit 
des  tableaux  d'histoire  et  aussi  quelques  portraits.  Diderot  fut  aussi  sévère  pour  lui  que  pour 
Perronneau:  k  II  faudrait  renvoyer  cet  artiste  pour  cinq  à  six  ans  à  l'Académie,  écrit-il  dans 
son  Salon  de  1775  »;  en  1781,  il  juge  une  «  Transfiguration  »  de  Robin  pur  ces  mots:  «  Détes- 
table de  tout  point.  Passez  ».  C'est  à  l'âge  de  62  ans  qu'il  épousa,  en  deuxièmes  noces, 
M"!»  Veuve  Perronne.iu  ;  il  habitait  alors  la  Pigeonnière,  commune  de  Chailles,  arrondisse- 
ment de  Blois.  Il  mourut  le  23  novembre  1818,  à  l'âge  de  84  ans;  M"'  Robin,  Veuve  Per- 
ronneau, était  morte  à  cette  époque.  Dans  le  registre  des  oppositions  aux  hypothèques 
(Archives  de  la  Seine.  1123),  nous  avons  relevé  un  acte  d'opposition  ((  du  4<'  jour  de  Pluviôse, 
an  3  de  la  République,  à  la  requête  de  Jacques-Charles-Alexandre  Keguelin,  officier  retiré, 
et  Louise-Barbe-Marie  Rozières,  son  épouse,  demeurant  à  Strasbourg...,  sur  Jean-Baptiste- 
Claude  Robin,  peintre,  et  Charlotte-Louise  Aubert,  sa  femme,  elle  avant  veuve  de  Jean- 
Baptiste  Perroneau,  au  sceau  des  lettres  de  ratification  de  la  vente  d'immeubles  réels  et 
fictifs,  situés  dans  le  ressort  du  tribunal  du  district.  Dans  les  comptes-rendus  des  .Sociétés 
départementales  des  Beaux-Arts,  M.  Marionneau  a  publié  un  travail  sur  J.-B.-C.  Robin. 


—  142  — 

Là  encore,  une  tradition  veut  que  Perronneau  ait  été  dans  la 
logique  de  son  rôle  et  lui  prête  la  générosité  d'avoir  conseillé, 
à  ses  derniers  moments,  cette  nouvelle  union  (1). 

Qu'il  y  a  loin  de  cette  discrétion  à  la  hauteur  d'un  La  Tour. 
Prié  à  Versailles  pour  le  portrait  de  M°"  de  Pompadour,  celui-ci 
répliquait  :  «  Dites  à  Madame  que  je  ne  vais  pas  peindre  en  ville.  » 
Il  lui  réclamait,  pour  ce  faire,  quarante-huit  mille  livres.  Per- 
ronneau n'exige  pas  tant.  Desfriches,  dans  ses  inventaires,  estime 
ses  portraits  entre  30  et  100  livres.  On  lui  paye  six  cent  dix-sept 
livres  celui  du  duc  d'Humières,  gouverneur  du  Boulonnais  ;  voilà 
ses  prétentions.  Cependant  il  ne  manque  presque  jamais  de 
donner  à  l'œuvre  achevée  la  consécration  de  son  paraphe.  Il 
signe  largement,  d'une  écriture  inclinée,  régulière,  appliquée, 
ennoblissant  son  nom  d'une  magnifique  initiale  ;  peu  lui  importe 
l'orthographe  !  Tantôt  il  redouble  Vr,  tantôt  il  redouble  \'n  ; 
parfois  il  se  contente  d'un  seul  r  et  d'un  seul  n  ;  ailleurs  il  donne 
au  mot  toutes  ses  consonnes.  Nous  croyons  qu'il  faut  adopter 
cette  dernière  manière,  qui  est  celle  de  son  contrat  de  mariage. 

Si  les  documents  ne  laissent  pas  le  moindre  doute  sur  ses 
habitudes  morales,  dans  quelle  incertitude  sommes-nous  en  ce 
qui  concerne  son  portrait  physique  !  Il  existe,  au  musée  de  Tours, 
un  fort  beau  portrait  d'homme,  signé,  et  qui  passe  pour  être 
celui  de  Perronneau  ;  il  s'y  présente  de  face,  vêtu  d'un  habit 
rouge  brun  à  boutons  d'or,  d'un  gilet  rose  à  broderies  vermeilles, 
qui  s'entr'ouvre  sur  un  jabot  de  dentelle,  festonné,  attaché  à  un 
tour  de  cou  en  linon  blanc  ;  les  cheveux  poudrés  se  nouent  en 
catogan  ;  la  physionomie  révèle  l'âge,  trente  ans  au  plus,  ce  qui 
assignerait  à  l'œuvre  la  date  de  1745,  mais  rien  ne  trahit  la 
profession.  Charles-Nicolas  Cochin,  ami  de  Desfriches,  n'a  pas 
manqué  de  ranger  le  peintre  pastelliste  dans  sa  galerie  de  médail- 
lons.  Nous  avouons  qu'en  général  ces  profils  en  série  nous 


(  1  )  Rapporté  par  Maurice  Tourneux. 


PI.  36 


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—  143  — 

semblent  dénués  d'accent  personnel  ;  cependant  celui  de  Per- 
ronneau  échappe  à  cette  uniformité.  Ici  le  modèle  paraît  plus 
âgé  ;  mais  autant  qu'on  puisse  comparer  deux  portraits  d'âge  et 
d'arrangement  différents,  la  ressemblance  est  frappante  :  un 
front  dégagé,  un  regard  direct,  un  menton  accentué,  un  visage 
ovale,  des  traits  marqués,  une  certaine  énergie  qui  s'accorde  mal 
avec  tout  ce  que  nous  savons  du  personnage. 


VI. 


Vicissitudes  de  la  réputation  de  J .-B.  Perronneau. 
Sa  technique. 


Voilà  donc  Perronneau  entré  dans  la  postérité.  Là  encore,  il 
retarde  sur  La  Tour  ;  avec  lui,  il  fut  englobé  dans  le  mépris  que 
le  XlX"  siècle,  en  ses  premières  années,  manifestait  pour  tout  ce 
qui  touchait  au  siècle  précédent.  Desfriches,  qui  connaissait  la 
valeur  marchande  des  tableaux,  n'allait  guère  au  delà  de  cent 
livres  pour  un  pastel  de  Perronneau  (1).  En  1912,  à  la  vente 
Jacques  Doucet,  on  adjugeait  cent-dix  mille  francs  le  portrait  du 
comte  de  Bastard.  Lentement  le  pastelliste  s'est  élevé  à  la  gloire 
précise  des  fortes  enchères. 

Le  premier,  à  notre  connaissance,  Arsène  Houssaye,  en  1858, 
dans  une  gentille  comédie  en  un  acte  :  Le  Pastel  de  Mademoiselle 
Fel,  maîtresse  de  la  Tour,  souligne  le  mérite  de  Perronneau. 

Ailleurs  (2),  il  décrit  ainsi  le  portrait  de  M""  Juliette: 

«  Mais  le  portrait  de  Fleur-d'Épine,  par  Péronneau,  est  là  qui 


(1)  Voici  les  œuvres  de  Perronneau  que  mentionne  Desfriches  dans  les  différents  inven- 
taires de  son  cabinet,  avec  les  prix  d'estimation  qu'il  leur  assigne  : 

Le  29  juillet  1752:  2  testes  d'enfant;  1  contre  épreuve  d'Apollon;  1  teste  d'après  l'antique 
plus  grande  que  nature;   1  académie;   1  teste  de  fleuve;  4  testes  de  Perronneau. 

Le  3  septembre  1760:  Le  portrait  de  Gillequin,  par  Perronneau,  présent  qui  m'a  esté  fait 
(la  bordure  12  1.),  30  I.;  le  portrait  de  Robbé,  sous  glace,  par  Péronneau  (la  glace  et  la 
bordure,  36  I.),  72  1. 

Le  28  juin  1774:  Le  portrait  de  Gillequin,  72  1.;  un  pastel  représentant  le  matin,  72  1.; 
Portrait  d'une  femme,  24  '. 

Le  23  janvier  i778:  Le  portrait  de  M"  de  Sabran,  24  1.;  teste  de  femme,  tenant  un  coq. 
72  1.  ;  le  portrait  de  Robbé.  sous  glace,  120  1. 

(2)  Arsène  Houssaye,  Princesses  de  comédie  et  déesses  d'opéra,  t.  XVIII.  Flenr  d'Epine, 
p.  281. 


—  145  — 

me  parle  par  la  plus  jolie  bouche  de  toutes  les  belles  folies  de 
cette  comédienne  oubliée.  Fleur-d'Épine  me  confesse  ainsi 
qu'elle  a  aimé  une  fois,  qu'elle  a  été  aimée  cent  fois,  qu'elle  a 
tyrannisé  tous  les  coeurs  pour  se  venger  de  son  premier  amant. 
O  les  liaisons  dangereuses  !  dirait  La  Clos. 

«  Ce  portrait  est  une  merveille  d'éclat  et  de  fraîcheur,  —  des 
fraises  fondues  dans  du  lait,  des  pêches  mûrissantes,  des  lys  et 
des  roses,  —  ou  plutôt,  comme  dit  le  poète  antique  :  «  Une  goutte 
du  sang  de  Diane  sur  la  neige  des  montagnes  ».  Jamais  le  pastel 
n'a  répandu  plus  de  charme  féminin,  plus  de  grâce  féline,  plus 
de  volupté  pénétrante.  » 

La  biographie  de  Perronneau  manque  à  l'histoire  des  peintres 
de  Charles  Blanc.  L'auteur,  à  qui  Maurice  Tourneux  signalait 
cette  lacune,  lui  répondit  :  De  mifiimis  non  curât  praetor.  Déjà 
cependant  des  amateurs  devinaient  ce  talent  méconnu.  Bien 
avant  la  guerre  de  1870,  M.  Camille  Groult  le  recherchait  très 
loin.  Lisez  plutôt  ce  joli  passage  du  Journal  des  Concourt  (1)  : 
«  Au  bout  d'une  causerie  sur  l'art  qui  lui  apporte  une  espèce 
d'enivrement,  les  yeux  tout  ronds,  le  bout  du  nez  fébrilement 
dilaté,  la  bouche  contractée  comme  en  une  dégustation  gour- 
mande, Groult,  au  milieu  de  paroles  en  déroute,  coupées  par 
cette  phrase  :  «  Vous  les  verrez.  Monsieur,  chez  moi  !  »,  me  parle 
de  deux  Péronneau,  deux  Péronneau  achetés  à  quatre  ou  cinq 
heures  de  Bordeaux...  achetés  dans  une  propriété  à  laquelle  on 
n'arrivait  qu'au  moyen  d'une  mauvaise  carriole...  Et  le  marché 
conclu,  et  M.  Groult  se  disposant  à  les  porter  dans  la  voiture, 
la  femme  qui  venait  de  les  lui  vendre  lui  disant  :  «  Il  y  a  encore 
»  une  condition...  ce  sont  mes  aïeux...  et  je  ne  consentirai  à  les 
»  laisser  sortir  que  la  nuit  tombée.  »  Et  la  vendeuse  promenait 
dans  les  vignes  son  vendeur  jusqu'au  crépuscule.  Ne  trouvez- 


(1)  Mercredi  8  janvier  1890. 


—  146  — 

vous  pas  quelque  chose  de  joliment  superstitieux,  dans  l'arrange- 
ment de  cette  femme  pour  que  ces  portraits  de  famille  ne  puissent 
pas  se  voir  sortir  de  chez  eux  !  » 

Les  frères  de  Concourt  publiaient  dans  la  Gazette  des  Beaux- 
Arts,  dès  1867,  une  étude  sur  le  pastelliste  de  Saint-Quentin  où 
ils  écrivaient,  à  propos  de  son  portrait  par  Perronneau  :  «  Un 
artiste  que  La  Tour  a  eu  raison  de  redouter  et  qui,  en  marchant 
derrière  lui,  a  souvent  dû  l'atteindre.  »  Ailleurs  ils  ajoutaient: 
a  Perronneau  est  un  coloriste  supérieur  à  La  Tour.  Il  y  a  de  la 
lumineuse  école  anglaise,  du  Reynolds  dans  son  pastel.  » 

En  1867,  à  la  première  vente  Laperlier,  passait  le  portrait  du 
marquis  d'Aubaïs,  adjugé  au  peintre  Emile  Lévy.  De  son  côté, 
M.  Roux  (1),  de  Tours,  avait  eu  la  bonne  fortune  d'acquérir,  à 
des  prix  dérisoires,  du  garde  champêtre  de  Nazelles,  le  dernier 
descendant  de  l'artiste,  cinq  portraits  au  pastel;  à  sa  vente,  en 
1868,  M.  Alfred  Marne,  obtenait  pour  470  francs  un  pastel  de 
femme  en  robe  décolletée  vert  céladon  ;  pour  265  francs  un  autre 
portrait  de  femme  endormie  (pi.  41)  ;  M.  Mannheim  avait  pour 
127  et  128  francs  deux  portraits  de  jeunes  garçons,  quelque  peu 
endommagés,  et  le  docteur  Piogey  enlevait  pour  70  francs  un 
portrait  de  jeune  femme  à  la  robe  garnie  d'hermine  et  de  fleurs. 
A  la  même  époque,  Eudoxe  Marcille  achetait  pour  25  francs, 
chez  un  fripier  d'Orléans,  un  portrait  de  femme,  au  pastel. 
En  1869,  M.  Reiset,  dans  son  catalogue  des  dessins  du  Louvre, 
esquissait  une  biographie  du  peintre  pastelliste.  L'année  suivante, 
le  musée  achetait  à  l'expert  Ferai  fils,  pour  300  francs,  le  portrait 
d'une  jeune  fille  tenant  un  chat. 

Il  est  curieux  de  suivre,  d'année  en  année,  d'exposition  en 
exposition,  de  vente  en  vente,  le  processus  de  cette  réhabilita- 
tion, et  de  voir  ce  Perronneau  méconnu  se  dévouer  encore, 


(1)  Philippe  Burty  écrivait  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  en  1862  :  «  Le  cabinet  de 
M.  Roux  est  un  des  plus  intéressants  que  je  connaisse;  un  goût  éclairé,  une  patience  intel- 
ligente et  d'heureux  hasards  ont  présidé  à  sa  formation  ». 


PI.  37 


M.   liliAUN 

PciiUmc.  Si,gnéG  et  ihilcL-  1773. 

(A  M.  Kmcllirr) 


—  147  — 

après  sa  mort,  à  des  œuvres  de  bienfaisance  ou  à  l'édification 
des  fortunes.  Ainsi,  on  voyait  deux  de  ses  pastels,  un  portrait 
de  femme  et  celui  du  comte  de  Bastard,  à  l'exposition  organisée 
au  Palais  de  la  Présidence  du  corps  législatif,  en  1874,  «  au  profit 
de  la  colonisation  de  l'Algérie  ».  En  1876,  à  Orléans,  à  une 
K  exposition  rétrospective  des  Beaux-Arts  et  des  Arts  appliqués 
à  l'industrie  »,  M™  Delzons  prêtait  les  portraits  de  M.  et  de 
M""'  Chevotet,  et  M.  Porcher,  ceux  de  M.  et  de  M"""  Pierre- 
Horace  Demadières.  l.a  même  année,  V Intermédiaire  des  cher- 
cheurs et  des  curieux  (1)  publiait  une  série  de  questions  rela- 
tives à  notre  peintre  pastelliste,  entre  autres  quelques  renseigne- 
ments pris  aux  archives  de  l'ancienne  Académie. 

En  février  1879,  à  la  vente  Laperlier,  on  adjugeait  3,200  francs 
le  portrait  de  Gillequin  ;  quelques  mois  plus  tard,  en  mai  et  en 
juin,  M.  de  Concourt  envoyait  à  l'exposition  des  dessins  anciens, 
à  l'Ecole  des  Beaux-Arts,  le  portrait  de  Vaudurant.  Philippe  de 
Chennevières  écrivait  à  ce  propos  :  «  Perronneau,  avec  le  por- 
trait de  M.  de  Goyon  de  Vaudurant,  sous-gouverneur  de 
Bretagne,  acquis  par  MM.  de  Concourt  à  la  vente  Aussant,  beau 
pastel  d'une  couleur  intense  et  empâtée,  rappelant  les  tons  de 
l'école  anglaise,  fait  ici  bonne  figure  à  côté  de  son  rival.  » 

En  1881,  à  l'exposition  rétrospective  de  Tours,  on  admirait 
le  pastel  de  femme  de  la  collection  Mame  et  Alfred  Darcel  le 
déclarait  «  la  merveille  du  genre  ».  Dans  le  même  temps,  à  la 
vente  Wilson,  on  donnait  5,050  francs  du  portrait  du  comte  de 
Bastard  (2).  En  juillet  1883,  Eudoxe  Marcille  achetait  à  Pui- 
seaux  (Eoiret),  pour  le  musée  d'Orléans,  le  portrait  à  l'huile  de 
Robert  Soyer,  qu'il  payait  100  francs. 

L'année  1884  est  glorieuse:  à  l'exposition  de  l'art  du  XVIII' 


(1)  10  mai   1876. 

(2)  Dans  une  réunion  de.s  Sociétés  îles  beaux-ans  des  liép-irtements,  en  18S2,  M.  Gaston 
Le  Breton  fais-iit  une  cnmmunlcation  sur  «  un  très  beau  pastel  de  J.-B.  Lemoine,  de  la  collec- 
tion Groult  ». 


—  148  — 

siècle  organisée  aux  galeries  Georges  Petit,  il  y  avait  un  pastel 
de  jeune  fille,  à  M.  Camille  Groult.  L'exposition  des  Beaux-Arts 
d'Orléans  ne  comprenait  pas  moins  de  onze  pastels  et  peintures 
du  maître:  Desfriches  et  sa  famille.  M""  Fuet,  l'Aurore,  M.  et 
M""  Pierre-Horace  Demadières,  Robbé  de  Beauveset,  M.  et 
M"°  Chevotet,  la  jeune  fille  au  chat  qui  appartenait  alors  à 
M.  Huau. 

Enfin,  on  lit  en  1884,  dans  les  Comptes-rendus  des  Sociétés 
départementales  des  beaux-arts  :  «  L'ordre  du  jour  appelle  la 
lecture  d'un  travail  de  M.  Eudoxe  Marcille,  membre  non  rési- 
dent du  comité,  vice-président  de  la  réunion,  sur  le  portrait  de 
Robert  Soyer  par  Perronneau.  »  La  même  année  enfin,  Mau- 
rice Tourneux,  dans  l'Intermédiaire  des  chercheurs  et  des 
curieux,  sollicitait,  en  faveur  de  ses  recherches,  le  concours  des 
correspondants  français,  hollandais  et  anglais,  et,  le  10  décembre, 
Alfred  Darcel,  dans  le  même  journal,  donnait  la  première  indi- 
cation :  «  M.  Coquelin  aîné,  sociétaire  de  la  Comédie-Française, 
doit  posséder  un  portrait  de  vieillard  qu'on  dit  être  Jean-Baptiste 
Rousseau,  par  Perronneau.  » 

A  l'exposition  des  portraits  du  siècle,  ouverte  à  l'Ecole  des 
Beaux-Arts,  le  20  avril  1885,  au  profit  de  la  Société  Philanthro- 
pique, c'étaient  deux  portraits  d'inconnus  et  le  bénédictin  de  la 
collection  Marcille.  Le  même  mois,  aux  galeries  Georges  Petit, 
la  Société  des  pastellistes  français,  voulant  se  mettre  sous  le 
patronage  des  maîtres  anciens,  réunissait  dans  une  «  rétrospec- 
tive »  les  portraits  de  Charles  Le  Normant  du  Coudray,  alors  à 
M.  Alexandre  Dumas  fils,  du  comte  de  Bastard,  d'un  gentil- 
homme (à  M.  Marmontel),  de  M.  et  de  M""'  OUvier,  de  M.  et  de 
M"'  Pierre-Horace  Demadières,  de  La  Tour,  une  tête  d'homme 
à  M.  CoqueHn  aîné,  une  tête  de  femme  à  M.  Eudoxe  Marcille. 
A  la  vente  La  Béraudière,  également  en  1885,  passait  un  portrait 
de  Marie  Leczinska  payé  5,500  francs.  A  cette  occasion,  le  baron 
Portails  publiait  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  un  article  qui 


—  149  — 

n'apportait  aucune  lumière  nouvelle,  mais  qui  insistait  avec  bon- 
heur sur  la  valeur  des  oeuvres  de  Perronneau. 

En  1896,  Maurice  Tourneux  publiait  dans  la  Gazette  des 
Beaux-Arts  trois  articles  très  substantiels  (1),  où  il  résumait  les 
études  entreprises  depuis  plus  de  douze  ans.  A  la  vente  de  Gon- 
court,  en  février  1897,  le  portrait  du  comte  de  Vaudurant,  sur 
lequel  l'expert  avait  cru  devoir  formuler  des  réserves  quant  à 
l'attribution,  ne  dépassait  pas  l'enchère  de  3,000  francs.  Au 
mois  d'avril,  l'exposition  des  portraits  de  femmes  et  d'enfants, 
ouverte  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts,  groupait  le  portrait  de  la  col- 
lection Eudoxe  Marcille,  ceux  de  M™  Dutilleu,  et  «  d'une  jeune 
femme  en  costume  noir  et  rose  tenant  un  loup  »  prêté  par  un 
amateur  anonyme. 

En  1898,  à  la  vente  de  M.  Marmontel,  professeur  honoraire 
au  Conservatoire,  un  portrait  d'homme,  au  pastel,  signé  et  daté 
1770,  atteignait  le  prix  de  5,700  francs.  En  1899,  à  la  vente  Mulh- 
bacher,  un  pastel  attribué  à  Perronneau  n'allait  pas  au  delà  de 
2,520  francs. 

A  la  vente  Mame,  en  avril  1904,  Perronneau  triomphe 
enfin:  le  portrait  de  femme  provenant  de  la  collection  Roux 
est  adjugé  70,000  francs  et  la  femme  endormie,  de  la  même 
provenance,  va  jusqu'à  30,000  francs.  Signalons  à  la  vente 
Ch.  P.  de  Meurville,  en  mai  1904,  les  portraits  du  marquis  de 
Camyran  et  d'une  jeune  femme.  Le  même  mois,  à  la  vente 
de  la  collection  de  la  princesse  Mathilde  passent  deux  peintures 
à  l'huile:  le  portrait  de  Laurent  Cars  atteint  12,500  francs  et  le 
portrait  d'un  gentilhomme  que  la  princesse  Mathilde,  conseillée 
par  le  marquis  de  Chennevières  avait  acheté  jadis  175  francs, 
parvient  à  l'enchère  fabuleuse  de  110,000  francs  !  Voici,  à  la 
vente  du  comte  de  Bryas,  le  6  février  1905,  le  portrait  présumé 
de  la  marquise  d'Anglure,  adjugé  39,000  francs. 


(I)  Réunis  en  1903  en  une  plaquette  de  60  paRCS.  Gazette  des  Beaux-Arts. 


—  150  — 

A  la  vente  Cronier,  en  décembre  1905,  les  portraits  de 
M.  Dupéril,  de  Marie-Louise-Catherine-Françoise-Colette  de 
Villers,  épouse  de  Jacques-Nicolas  le  Boucher  de  Richemont, 
peint  en  mars  1770  (10,600  francs),  d'un  homme  (20,000  francs) 
et  d'une  femme  inconnue  (28,000  francs)  ;  dans  un  catalogue 
du  19  avril  1907,  le  portrait  de  M.  E.  Floret,  signé  et  daté  1773, 
(4,000  francs)  ;  dans  un  catalogue  du  16  avril  1907,  le  portrait 
d'un  gentilhomme,  signé  et  daté  1775  (15,000  francs)  ;  dans  un 
catalogue  du  8  avril  1908,  un  portrait  de  femme  signé  et  daté 
1768  (22,000  francs). 

En  1908,  Perronneau  devait  atteindre  à  la  grande  gloire  de  la 
popularité.  L'exposition  de  Cent  Pastels,  organisée  par  la  mar- 
quise de  Ganay,  au  profit  de  la  Société  française  de  secours  aux 
blessés  militaires,  et  ouverte  aux  galeries  Georges  Petit  du  18  mai 
au  17  juin,  réunissait  trente-trois  de  ses  pastels,  presque  tous 
indiscutables.  Le  22  mai,  le  peintre  Albert  Besnard,  aujour- 
d'hui directeur  de  l'Ëcole  nationale  des  Beaux-Arts,  faisant  au 
milieu  de  tous  ces  chets-d'œuvre  une  conférence  sur  le  pastel 
au  XVIir  siècle  (1),  expliquait  avec  un  sens  très  fin  pourquoi 
Perronneau  ne  fut  pas  très  bien  compris  de  ses  contemporains  : 

«...  Je  crois,  moi,  que  si  Perronneau  fut  si  mal  compris  de  son 
temps,  c'est  qu'il  est  venu  trop  tôt.  Ici  même,  au  milieu  de  cette 
troupe  somptueuse,  il  fait  l'effet  d'un  moderne  égaré  chez  les 
anciens. 

»  Personne  ne  comprenait  rien  à  ce  qu'il  voulait  dire. 

»  Des  gens  accoutumés  à  l'acuité  d'un  Latour  ne  pouvaient 
distinguer  la  liberté  de  sa  couleur.  J'ai  dit  plus  haut  que  le  public 
n'aimait  pas  à  être  gêné  dans  ses  habitudes.  Perronneau  le  gênait 
parce  qu'il  l'obligeait  à  regarder  une  chose  dont  personne  n'avait 
eu  jusqu'alors  la  révélation:  la  couleur.  Il  y  avait  bien  eu  Wat- 
teau  !  Mais  ce  n'étaient  que  des  fantaisies  dans  des  paysages. 


(1;  Reproduite  intégralement  par  la  Grande  Revue,  numéro  du  25  juin   1908. 


PI    38 


l'ciiiliiie.  Signée  et  daléc  17/3. 

(A  M.  Knœdler) 


—  151  — 

Portraitiste,  peut-être  eût-il  été  méprisé.  Le  public  devient 
féroce  dès  qu'il  s'agit  de  sa  figure,  et  on  lui  eût  dit  volontiers 
comme  l'Empereur  d'Autriche  à  Mozart  après  la  représentation 
de  Don  Juan  :  «  Trop  de  couleur,  Perronneau,  trop  de  couleur.  » 
A  quoi  il  aurait  pu  répondre  aussi  :  «  Juste  ce  qu'il  en  faut,  ni  une 
de  plus  ni  une  de  moins.  »  Combien  est  étrange  cette  propension 
des  foules  à  faire  l'éducation  du  génie  !  Il  serait  pourtant  bien 
temps  de  reconnaître  que  c'est  toujours  celui-ci  qui,  en  fin  de 
compte,  impose  sa  loi  par  la  raison  très  simple  que  l'intelligence 
des  foules  est  dispersée  et  que  la  sienne  étant  concentrée,  ramas- 
sée, tassée,  par  conséquent  plus  pénétrante,  doit  fatalement 
triompher. 

»  Mais  revenons  à  Perronneau.  Comparez  ses  personnages  à 
ceux  de  La  Tour.  Ceux-ci  droits,  élancés,  toujours  sur  le  qui-vive, 
malins  comme  celui  qui  les  a  peints,  dardent  toute  leur  vie  par 
les  yeux  ;  car  c'est  surtout  par  les  yeux  qu'ils  vivent.  Le  masque 
est  tout  dans  un  portrait  de  La  Tour,  et  c'est  pour  cela  que  ses 
préparations  sont  des  chefs-d'œuvre  qui  se  passeraient  fort  bien 
d'avoir  des  corps.  La  matière  des  vêtements  est  plutôt  indiquée 
que  réalisée,  malgré  l'admirable  conscience  qui  les  a  tracés.  Il 
manque  à  ces  êtres  une  atmosphère  propre.  Aucun  échange 
d'ambiance.  La  coloration  est  arbitraire  et  on  aperçoit  peu  de 
différence  entre  le  teint  d'une  femme  et  celui  de  son  compagnon. 
L'ombre  qui  fait  saillir  la  tête  est  la  même  qui  modèle  les  traits. 
Et,  certes,  cela  ne  se  passe  pas  ainsi  dans  la  nature.  L'absolu 
n'existe  pas  dans  l'apparence.  La  vérité  serait  insupportable  si 
elle  n'était  mouvante.  C'est  donc  une  faute  que  de  nous  la  mon- 
trer immuable. 

»  Perronneau,  lui,  cerveau  moins  complet,  plus  fruste,  doué  à 
cause  de  cela,  sans  doute,  d'une  sensibilité  plus  aiguë,  l'a  com- 
pris ;  ses  têtes,  ses  vêtements,  sont  baignés  de  l'onde  mouvante 
que  créent  autour  d'eux  la  lumière  et  le  reflet.  Il  perçoit  les 
différences  de  matières.   Le  blanc  d'un  jabot  est  différent  de 


—  152  — 

celui  des  cheveux  poudrés.  Le  visage  a  un  ton,  l'habit  en  a  un 
autre  dont  la  lumière  se  comporte  autrement  que  celle  du  visage. 
Il  note  les  accidents  du  costume,  un  bouquet  de  roses  fanées 
s'échappant  d'une  boutonnière.  Il  peint  enfin  des  gens  qui  ont 
la  peau  rose,  rouge,  jaune,  et  dont  les  types  proclament  l'évo- 
lution de  l'espèce,  ce  qui  réjouit  infiniment  notre  cœur  moderne, 
mais  ne  pouvait  toucher  une  société  confinée  dans  le  désir  de 
plaire  et  la  ferme  volonté  de  ne  voir  dans  la  vie  que  le  côté 
plaisant.  Voilà  pourquoi  Perronneau  fut  incompris  de  son  temps. 
Il  lui  montrait  des  prodiges  qu'il  n'était  pas  préparé  à  regarder. 
Plus  avisé,  il  se  serait  dit  que  le  public  est  comme  un  cheval  à 
l'écurie,  il  faut  le  prévenir  avant  de  le  caresser.  Et  Perronneau 
ne  le  prévenait  pas. 

»  Comprenant  que  le  triomphe  complet  ne  lui  viendrait  jamais, 
bien  que  l'Académie  lui  eût  ouvert  ses  portes,  il  s'en  alla  en 
Hollande,  devinant,  ce  maître  des  harmonies,  que  là  était  sa 
vraie  patrie,  non  loin  de  Rubens  et  tout  près  de  Rembrandt.  Il  y 
mourut  à  Amsterdam  en  novembre  1783.  Peu  s'en  inquiéta  le 
public,  l'Académie  encore  moins,  puisqu'elle  oublia  de  notifier 
son  décès  en  temps  voulu  dans  les  séances  mensuelles...  Plus 
j'étudie  cette  admirable  collection,  plus  je  regarde  Perronneau, 
plus  il  me  semble  voir  en  lui  un  frère  de  Watteau.  Même  choix 
de  costume  ou  presque.  Comme  Titien  et  Véronèse,  il  aime  les 
vêtements  noirs  et  gris,  ces  deux  couleurs  favorites  des  pastel- 
listes, parce  qu'elles  aident  au  jeu  des  ombres  et  sont  l'appui 
nécessaire  des  tonalités  claires  ;  d'ailleurs  le  blanc,  le  noir,  le 
gris,  sont  le  point  de  départ  de  toute  harmonie.  Dans  Rubens  il  y 
a  toujours  quelque  part  un  noir,  et  partout  des  gris.  Tous  les 
autres  tons  au  fond  ne  sont  que  des  variétés  de  ces  trois  tons, 
qui  ne  sont  pas,  à  proprement  parler,  des  couleurs,  mais  seule- 
ment des  valeurs  que  l'atmosphère  colore  ou  varie  au  gré  des 
contingences. 

Perronneau  n'use  pas  seulement  de  ces  trois  valeurs,  il  fait  une 


—  153  — 

ample  consommation  de  rose,  comme  Watteau,  de  vert,  de  vert 
miroitant  en  rose,  tons  qui  rayonnent  et  absorbent,  et  variant  de 
tonalité,  par  conséquent,  lui  permettent  le  jeu  divin  des  nuances. 
Aucun  de  ses  contemporains  ne  l'a  osé  comme  lui. 

Voici  bien  des  mots  prononcés,  et  je  n'ai  pas  trouvé  celui  qu'il 
fallait  pour  traduire  exactement  la  nature  de  mon  affection  pour 
Perronneau,  celui  que  Diderot  n'a  pas  manqué  de  ranger  parmi 
les  «  pauvres  diables  qui  ne  valent  pas  ensemble  une  ligne 
d'écriture...  » 

L'Exposition  des  Cent  Portraits  de  Femmes,  organisée  en 
1909,  dans  la  salle  du  Jeu  de  Paume  aux  Tuileries,  par  la  revue 
VArt  et  les  Artistes,  réunissait  deux  des  plus  admirables  pein- 
tures de  Perronneau  :  les  portraits  de  la  dame  de  Sorquainville 
et  de  la  duchesse  d'Ayen.  Enfin,  en  1912,  à  la  vente  de  la 
collection  de  M.  Jacques  Doucet,  deux  peintures  et  cinq 
pastels  de  Perronneau  atteignaient  ensemble  un  total  de  plus 
d'un  demi-million.  Pour  la  première  fois,  dans  une  vente 
publique,  un  pastel  de  Perronneau  dépassait  la  somme  de  cent 
mille  francs  ;  le  portrait  du  comte  de  Bastard  était  adjugé 
110,000  francs,  tandis  que  le  Musée  du  Louvre  se  rendait  acqué- 
reur, au  prix  de  87,000  francs,  du  portrait  de  van  Robais- 

* 
»    • 

On  ne  connaît  de  La  Tour  que  ses  pastels  ;  nous  connaissons 
au  moins  quarante-cinq  peintures  de  Perronneau.  Or,  le  pastel  est 
«  de  toutes  les  manières  de  peindre,  celle  qui  passe  pour  la  plus 
facile  et  la  plus  commode  en  ce  qu'elle  se  quitte,  se  reprend,  se 
retouche,  et  se  finit  tant  qu'on  veut  ».  Mais  ce  n'est  qu'un  pro- 
cédé. Comme  l'aquarelle,  comme  la  détrempe,  il  tire  ses  moyens  de 
la  technique  propre  à  la  peinture  à  l'huile.  L'art  du  peintre  domine 
celui  du  pastelliste.  Leurs  pratiques  que  différencie  le  choix  de  la 
matière,  obéissent  à  des  principes  communs.  On  les  envisage  l'un 
et  l'autre  au  point  de  vue  du  modelé  et  de  la  couleur. 


—  154  — 

Le  modelé,  c'est-à-dire  la  répartition  des  masses  claires  et 
sombres,  l'appréciation  du  degré  d'intensité  lumineuse,  le  juge- 
ment des  valeurs,  cette  science,  Perronneau  et  La  Tour  la  pos- 
sèdent également.  Si  l'on  exige  une  comparaison,  nous  dirons  que 
le  modelé  de  La  Tour  est  plus  systématique,  celui  de  Perronneau 
plus  souple.  C'est  ce  qu'on  observerait  facilement  sur  une  prépa- 
ration de  Perronneau  (1). 

On  n'en  connaît  pas,  mais  il  ne  faut  pas  conclure  qu'il  tra- 
vaillait vite...  et  négligemment.  On  a  vu  (2)  à  quel  point  il  se 
montrait  scrupuleux  dans  l'imitation  de  la  nature.  Si  la  science 
du  modelé  apparaît  moins  dans  l'œuvre  de  Perronneau  que  dans 
celle  de  La  Tour,  c'est  que  le  premier  admet  le  reflet  qui  peut, 
dans  cei tains  cas,  modifier  l'échelle  des  valeurs,  en  atténuer 
l'évidence,  c'est  que  l'autre  ne  l'admet  jamais. 

C'est  aussi  que  Perronneau  est  un  coloriste  supérieur  à 
La  Tour.  A  regarder  ses  œuvres,  on  remarque  la  persistance 
d'un  certain  gris  souris,  le  gris  des  Flamands  et  des  Hollandais, 
qui  règne  dans  les  fonds,  qui  en  est  la  base,  et  se  retrouve  même 
dans  les  têtes  et  les  vêtements.  Ce  gris  fait  valoir  la  couleur. 
Quant  à  ses  tonalités,  Perronneau  les  choisit  avec  un  goût  véri- 
tablement exquis.  Elles  sont  plus  rares  chez  lui  que  chez  La  Tour. 
L'un  a  le  sentiment  de  la  couleur  ;  l'autre  n'en  a  que  l'adresse. 
Ce  sentiment  se  manifeste  dans  la  beauté  de  la  matière,  de 
l'atmosphère,  des  accessoires,  des  chairs  où  le  sang  afflue,  des 
étoffes,  des  dentelles,  et  surtout  des  velours. 

Il  y  a  plus.  Tandis  que  la  coloration  de  La  Tour  reste  mono- 
tone, sans  autre  contraste  que  celui  du  clair  et  de  l'obscur,  celle 
de  Perronneau,  tout  en  tenant  compte  du  reflet,  tout  en  se 
variant  à  l'infini,  s'ordonne,  comme  celle  de  Watteau,  en  deux 
catégories,  l'argenté  et  le  doré,  qui  s'équilibrent  et  s'opposent. 


(1)  Le   dessin    à    la    sanguine   de    la   collection    Ratouis    de    Limay    n'est    qu'une    étude 
d'académie,  et  non  une  préparation  pour  un  portrait. 

(2)  Cf.  Lettres  de  Robbé  à  Desfriches. 


PI.  3g 


M      V 

>•  s  ^ 

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7}      £^     ^ 


—  155  — 

Cette  loi  des  contrastes  colorés,  Delacroix  l'appliquera  plus  tard. 
Il  y  a  des  couleurs  froides  et  des  couleurs  chaudes.  Si  les  lumières 
sont  froides,  les  ombres  seront  chaudes,  et  réciproquement. 
L'observation  de  ce  principe  crée  une  parenté  entre  des  artistes 
qui  ne  sont  séparés  que  par  la  divergence  du  sujet  traité.  Il  n'y 
a  pas  de  classiques  ni  de  romantiques.  Ces  sortes  de  divisions 
ne  correspondent  qu'au  côté  littéraire,  accessoire  des  arts  plas- 
tiques. Il  y  a  des  peintres  que  séduit  particulièrement  la  science 
du  modelé,  et  d'autres  qu'intéresse  davantage  la  classification 
raisonnable  des  couleurs  Les  critiques  reprochent  à  Perronneau 
<f  ses  tons  roux  »  ou  ses  ombres  «  bleues  »,  sans  reconnaître  que 
pour  équilibrer  un  tableau  par  une  opposition,  le  peintre  est 
conduit  à  accentuer  telle  ou  telle  tonalité.  D'autres  tâchent  de 
déterminer  deux  ou  plusieurs  manières,  suivant  que  les  ombres 
sont  «  rousses  »  ou  «  bleues  »,  ce  qui  est  négliger  la  loi  de  réci- 
procité qui  régit  les  couleurs  des  masses  lumineuses  ou  sombres. 
En  réalité,  Perronneau  fait  partie  de  la  famille  qui  unit  Rubens 
à  Watteau,  à  Largillierre,  à  Chardin,  à  Delacroix. 


11 


CATALOGUES 


PI.  40 


Tiiicoi'iiii.i;  HT  QuiKiN  nE  Cazenove 

Pastel.  Si.mié  et  daté  1780. 

(A  il.  Wildenslein) 


CATALOGUE 

de  l'œuvre  gravé  de  J.-B.  Perronneau. 


PAR  LUI. 

Le  serviteur  d'Abraham  auprès  de  Rébecca,  d'après  Boucher. 

Responderuntque  Laban  d'après  Boucher. 

L'Air.  —  La  Terre,  d'après  Charles  Natoire.  —  Gravures  ovales  en 
I.  faisant  pendant.  La  seconde  porte  ce  titre:  La  Terre,  Gravé  d'après  le 
Tableau  de  Charles  Natoire,  Peintre  du  Roi,  Du  cabinet  de  M.  du  Fort, 
par  J.  B.  Perronneau.  A  Paris,  chez  Huquier,  rue  S'  Jacques,  au  coin  de 
la  rue  des  Mathurins,  avec  privilège  du  Roi.  —  (Cabinet  des  Estampes, 
Œuvre  de  Natoire.  Db  26) .  Les  deux  autres  pièces  de  cette  suite  :  Le  Feu 
et  l'Eau,  ont  été  gravées  par  Aveline. 


Quelques  planches  dans  le  Livre  de  diverses  figures  d'académies  dessi- 
nées d'après  le  naturel  par  Edme  Bouchardon,  sculpt.  du  roi.  A  Paris, 
chez  Huquier,  rue  S'  Jacques,  au  coin  de  la  rue  des  Mathurins,  avec  pri- 
vilège du  roi,  1738. 

Dans  le  second  Livre  de  figures  d'Académies,  gravées  en  partie  par  les 
Professeurs  de  l'Académie  Royale: 

Le  titre,  signé  /.  b.  Peroneau  1737,  d'après  C.  Vanloo.  —  La  planche  3, 
signée  Peroneau,  d'après  C.  Natoire.  —  La  planche  10,  signée  /.  h.  Pero- 
neau, d'après  C.  Vanloo.  —  A  Paris,  chez  Huquier,  rue  S'  Jacques,  près 
les  Mathurins.  C.  P.  R. 


Dans  le  Livre  de  Chinois,  dessiné  par  Boucher  et  gravé  par  Aveline  (avec 
privilège  du  Roy,  à  Londres,  chez  Major),  la  planche  6,  Magicien  Chinois, 
signée:  F.  Boucher  del.,  Huquier  exe.  C.  P.  R.,  Perronneau  sculp. 


—  160  — 
D'APRÈS  LUI 

PAR: 

BALECHOU. 

L'EvÊQUE  DE  Messène.  (Cf.  Dictionnaire  de  Heinecken.)  —  II  y  a, 
dans  l'œuvre  de  Balechou,  deux  portraits  de  prélats:  l'un  vu  à  mi-corps, 
tenant  sa  barette  de  la  main  gauche  (le  cartouche  des  armes  en  blanc)  ; 
l'autre  debout,  tenant  de  la  main  gauche  quelques  feuillets  (connu  seule- 
ment par  une  épreuve  avant  toute  lettre.  (Cabinet  des  Estampes.)  I!  est 
permis  de  supposer  que  l'évêque  de  Messène  est  un  de  ces  deux  prélats. 


BENOIT. 

Le  Docteur  Pierre  Poissonnier.  —  Personnage  vu  de  face,  dans  un 
ovale,  à  mi-corps,  assis.  Il  tient  son  chapeau  sous  le  bras  droit.  Sur  la 
gauche,  une  tenture  soulevée  laisse  voir  les  rayons  d'une  bibliothèque. 
Gravure  assez  médiocre. 

On  lit  sur  la  tablette  :  Petrus  Poissonnier.  —  Régis  in  Sacro  Consistorio 
Consiliarius,  Régi  a  Consiliis  Medicis,  in  Regiis  Arcibus  Maritimis  et  Colo- 
niis  totius  Medicinoe  Prœfectus,  é  Regiâ  Scientiarum  Acad.  Parisiensi,  nec 
non  Brestensis,  Divionensis,  Societatis  Regioe  Londinensis,  Stokolm  et 
Petropolitanoe  Socius,  Professor  et  Censor  Regius,  Facultatis  Medicinoe 
Parisiensis  Doctor  Regens. 

A  gauche,  sous  le  trait  carré:  Perronneau  pinxit  1755;  à  droite: 
G.  P.  Benoist,  sculp.  1774,  et  au-dessous:  Offerebat  Ludovicus  Franciscus 
Rigaut  rei  Maritimoe  Reg.  Med.  Physicus  Regioe  Scientiarum  Academioe 
Correspondens  nec  non  Regioe  Societatis  Agrarioe  Laudunensis  Socius. 

Deux  états  au  Cabinet  des  Estampes.  (Portraits  français.) 


IJ.  A.  CLAESSENS. 

Gérard  Meerman,  gravure  au  burin  in-8°,  publiée  avec  les  Bijvoegsels- 
en  aanmerkingen,  bestaande  in  noodige  nalezingen  voor  de  Vaderlandsche 
Historié  van  Jan  Wagenaar,  t.  2,  Amsterdam,  1801. 


—  161  — 

J.  DAULLÈ. 

Charles  de  Baschi,  marquis  d'AubaÏs.  —  Médaillon  ovale  posé  sur 
un  socle.  Personnage  vu  à  mi-corps,  couvert  d'une  cuirasse;  large  figure 
d'une  laideur  caractérisée  ;  armes  sur  le  socle. 

Bonne  gravure,  les  traits  sont  bien  modelés.  —  H.  0.256;  L.  0.178. 
Sur  le  socle:  Charles  de  Baschi,  marquis  d'Aubaïs,  baron  du  Caïla,  seign"^ 
de  Junas,  etc.,  né  au  cha"  de  Beauvoisin  le  20  Mars  1686.  A  la  marge: 
Peint  par  Peroneau,  peintre  du  R.,  juillet  1746.  Gravé  par  J.  Daullé, 
gr.  du  R.  janv.  1748. 

Ch.  le  Blanc,  dans  son  Cat.  de  Wille,  signale  cette  pièce  comme  due  à  la 
collaboration  de  Daullé  et  de  Wille.  (Catalogue  raisonné  de  l'œuvre  gravé 
de  Jean  Daullé  d'Abbeville  par  Delignières,  n"  7.) 

Cette  gravure  fut  exposée  au  Salon  de  1750. 

Cabinet  des  Estampes,  épreuve  avant  toute  lettre  (œuvre  de  Daullé). 

Lazarus  Chambroy.  —  Personnage  vu  à  mi-corps  dans  un  encadrement 
figuré  en  pierre;  il  est  vêtu  d'un  simple  surplis  uni  avec  une  croix  sus- 
pendue au  cou,  la  tête  couverte  d'une  calotte.  Le  corps  est  posé  à  gauche, 
la  figure  raide,  droite,  regardant  en  face;  elle  est  très  laide,  marquée  de 
petite  vérole,  la  bouche  entr'ouverte;  mais  le  portrait  paraît  d'une  vérité 
saisissante.  Armes  au  milieu  du  titre,  à  la  marge  dans  un  second  médaillon. 

Bonne  gravure;  la  figure  est  très  bien  modelée.  —  H.  0.374;  L.  0.280. 
Le  titre  sur  le  socle  :  Lazarus  Chambroy,  abbas  S'^?  Genovefse  Parisiensis, 
praepos.  gênerai,  canon,  regul.  congreg.  Gai. 

A  la  marge:  Rectorem  posuerunt:  fuit  in  illis  quasi  unus  est  ipsis 
(Eccl.  32  cap.  VI).  A  la  bordure,  dans  la  marge  à  g.:  Peronneau  pinx. 
A  droite:  J.  Daullé  sculp.  1749.  (Catalogue  de  Delignières  n°  11.) 

Cabinet  des  Estampes  (œuvre  de  Daullé). 

Gerardus  Meerman.  —  Personnage  dans  une  attitude  un  peu  raide  et 
forcée,  le  corps  tourné  à  droite,  la  figure  vue  de  trois  quarts;  il  est  vêtu 
d'un  vêtement  bordé  de  fourrures.  Armes  dans  la  gravure  même,  au  milieu 
du  titre,  avec  deux  lions  de  chaque  côté  de  l'écusson. 

Tête  fine,  bien  posée  et  assez  bien  modelée;  les  détails  de  manchettes 
et  de  col  sont  bien  rendus.  —  H.  0.207;  L.  0.157.  —  A  la  bordure  (1), 
sous  la  gravure:  peint  par  Peronneau  —  gravé  par  |.  Daullé. 

Dans  la  gravure  même,  au  bas,  le  titre:  Gerardus  Meerman,  reipublicae 
Roterodamensis  consiliarius  et  syndicus. 


(1)  L'écusson  de  la  bordure  avec  deux  lions  se  trouve  dans  l'œuvre  de  Choffard  (Cabinet 
des  Estampes). 


—  162  — 

Trois  élats  avec  la  lettre  : 

1"''  état:  celui  ci-dessus;  la  gravure  est  moins  fine,  le  burin  est  moins 

accusé,  surtout  aux  armes. 
2""' état:  après  J.  DauUé  il  est  ajouté:  grav.  du  roi,  1763. 
3""°  état,  le  plus  complet:  on  lit  dans  une  guirlande  qui  est  au  bas  de 
l'écusson:  Gaudeant  bene  nati. 
Man.  de  Ch.  Le  Blanc,  n°  38.  Meermann  (Gérard),  conseiller  et  syndic 
de  la  ville  de  Rotterdam:  Perronneau,   in-fol.    1753  —  Huber  et  Rost, 
t.  8,  n°  10.  —  Catalogue  de  Delignières,  n°  46.) 

Cabinet  des  Estampes  (œuvre  de  Daullé),  2  états:  avant  l'inscription: 
«  gaudeant  bene  nati  »,  et  avant  les  mots:  grav.  du  roi,  1763. 


GILBERT. 

Le  comte  de  Bastard,  pour  le  catalogue  de  la  vente  Wilson  (1881). 


J.  HOUBRAKEN. 

Jacob  Boreel  Janszoon,  gravure  au  burin  in-8°,  tète  dans  un  médaillon 
ovale  posé  sur  un  socle  qui  porte  l'inscription  :  Meester  Jacob  Boreel  Jansz. 
Raad  en  Advocaat  Fiscaal  van  het  Ed.  Mog.  Collegie  ter  Admiraliteit  te 
Amsterdam,  et,  en  bas:  J.  Houbraken  fec.  na  't  orig.  schilderij  bij  den 
Wel  Ed.  Hr.  Mr  Wm.  Boreel,  Oud  Schepen  en  Raad  der  Stad  Amsterdam. 
Gravé  pour  la  deuxième  édition  de  :  J.  Wagenaar,  Vaderlandsche  Historié 
t.  20. 


F.  HUBERT,  d'abbeville. 

Julien  le  Roy,  in-12  pour  une  notice  biographique  de  le  Prévost 
d'Exmes. 

Cette  estampe  diffère  de  celle  gravée  par  Moitte  d'après  le  même  portrait, 
en  ce  que  Julien  le  Roy  ne  tient  pas  de  livre  de  la  main  droite. 


LUCAS. 


Daniel  Jousse.  —  Gravé  d'après  un  dessin  au  crayon  de  Jacques  de 
Favanne,  en  tête  du  Traité  de  la  Sphère  (1775,  in-12).  Le  dessin  de  Jacques 
de  Favanne  (0.15x0.08)  est  conservé  au  Cabinet  des  Estampes  (Collection 


PI.  41 


PoKTUAlT   Dli  HliMMIC  ENDORMIE 

Pastel.  Signé. 

(A  M"'  la  baronne  G.  de  Kavignan 


—  163  — 

des  portraits  français).  La  gravure,  comme  le  dessin,  porte  autour  de 
l'ovale:  «  Danielle  Jousse,  conseiller  au  présidial  d'Orléans  né  en  1704  ». 
Elle  est  signée:  Peronot  pinxit.  —  Gravé  par  F.  Lucas.  —  Le  dessin  de 
Jacques  de  Favanne  a  été  exécuté  d'après  le  portrait  à  l'huile  de  Jousse, 
aujourd'hui  au  Musée  d'Orléans. 


DE  MARCENAY  DE  GHUY. 

Buste  de  femaie.  —  Dans  un  encadrement  rectangulaire,  de  trois  quarts 
à  droite,  coiffée  en  cheveux  frisés,  attachés  derrière  par  un  nœud  de  ruban 
et  pendants  sur  le  dos.  Collier  de  trois  rangs  au  cou.  Sein  droit  découvert. 
Vêtue  d'une  draperie  légère.  D'après  un  pastel  de  Péronneau.  —  H.  0.072; 
L.  0.057.  —  Fait  pendant  au  numéro  précédent  (Vieillard  dont  l'habit  et 
la  toque  sont  garnis  de  fourrure  d'ap.  Greuze). 

Catalogue  Marcenay.  1764.  Sa  vente  posthume  1811.  Marcenay  avait 
copié  l'original  en  miniature  fn"  9  du  catalogue  de  l'œuvre  de  Marcenay, 
en  tête  de  son  œuvre  au  Cabinet  des  Estampes.  Ef  27  in-f°  4231). 


MIGER. 


Laurent  Cars,  graveur  du  roi.  Médaillon  ovale  suspendu  à  une  patère 
dans  une  planche  carrée;  trois  quarts  à  droite.  Sur  la  console  de  support, 
on  lit:  Laurent  Cars,  Graveur  du  Roi,  conseiller  en  son  Académie  royale 
de  peinture  et  de  sculpture.  Dans  la  marge  du  bas,  on  lit  à  gauche:  Peint 
par  Péronneau,  P'"  du  Roi;  à  droite:  Gravé  par  Miger. 

H.  0.239;  L.  0.170.  —  1777. 

(Catalogue  de  l'œuvre  du  graveur  Miger  par  E.  Bellier  de  la  Chavigne- 
rie,  1856,  n°  206.) 

Cabinet  des  Estampes,  Œuvre  de  Perronneau  (supp'  3). 

La  planche  est  à  la  Chalcographie  du  Louvre  (n°  2123).  Elle  fut  achetée 
en  1782,  par  l'Académie  rovale  de  peinture  et  de  sculpture,  pour  la  somme 
de  300  livres  (V.  Procès- Verbal  du  25  Mai  1782). 

D'autre  part,  on  lit  dans  le  Mercure  de  France  d'Octobre  1777:  «  Gra- 
vures. —  Le  Portrait  de  Laurent  Cars,  Graveur  du  Roi,  d'après  Perron- 
neau. Prix:  1  liv.  4  sols...  chez  l'auteur,  M.  Miger,  rue  Montmartre,  au  coin 
de  celle  des  Vieux-Augustins.  » 


—  164  — 

Pierre  Boucuer,  hydrographe.  Médaillon  ovale  dans  une  planche  car- 
rée; trois  quarts  à  droite.  On  lit  dans  la  marge  du  bas,  à  gauche  :  Peint  par 
Peronneau  ;  à  droite:  Gravé  par  Miger. 

H.  0.239;  L.  0.171.  —  1779. 

(Catalogue  de  l'œuvre  de  Miger  par  Bellier  de  la  Chavignerie,  n°  189). 

Cette  estampe  fut  exposée  au  Salon  de  1779  sous  le  n°  275. 


MOITTE. 

Julien  le  Roy.  —  Vu  de  trois  quarts,  à  gauche,  dans  un  encadrement  de 
fenêtre.  Longue  perruque.  Habit  avec  jabot  et  manchettes  de  dentelle.  De 
la  main  droite  il  lient  un  livre  fermé.  On  lit  sur  la  tablette:  «  Julien  le  Roy, 
Horloger  du  Roi,  ancien  directeur  de  la  Société  des  Arts  »,  et,  en  dessous, 
à  gauche:  k  Né  à  Tours  le  3  Aoust  1686  »  —  à  droite:  <(  Mort  à  Paris 
le  20  7bre  1759  ».  Perroneau  pinx.  Moitte  sculp.  ». 


TEYSSONNIÈRES. 

Robert  Soyer.  —  Eau-forte  (H.  0.095;  L.  0.08)  d'après  la  peinture  du 
musée  d'Orléans,  pour  la  notice  biographique  de  M.  Eudoxe  Marcille  sur 
Robert  Soyer.  —  Orléans  1884. 


VALENTIN  GREEN. 

Le  comte  de  Rochford  :  The  R'  Hon''''^  Henry  Earl  of  Rochford  one 
of  his  Majestys  Principal  secretaries  of  State  And  of  his  Majestys  most 
honourable  Privy  Council,  Lord  lieutenant,  custos  Rotulorum  and  Vice 
Admirai  of  the  County  of  Essex.  —  Peronneau  pinxit. 

Sold  by  V.  Green,  Salisbury  Street,  Strand  London. 

Gravure  en  manière  noire  dans  un  ovale. 

Cabinet  des  Estampes.  Œuvre  de  Perronneau. 


11  existe  deux  lithographies  du  portrait  de  La  Tour  par  Perronneau  : 
l'une  de  Ad.  Moureau,  d'après  un  dessin  de  J.  Geoffroy,  fait  d'après 
le  pastel  de  Perronneau;  l'autre  de  A.  Williot. 


—  165  — 

Portraits  de  J.-B.  Perronneau. 

Par  C.  N.  CocHiN,  gravé  par  B.  A.  Nicolet.  Profil  à  droite,  dans  un 
médaillon  suspendu  par  un  nœud.  Sous  le  médaillon  on  lit:  J.  B.  Peron- 
neau,  de  l'Académie  Royale  de  Peinture  et  sculpture.  Diamètre  du  médail- 
lon .-0.115. 

Au  Musée  de  Tours:  Portrait  présumé  de  Perronneau,  par  lui-même. 
Peinture.  —  H.  0.54;  L.  0.44.  Signée  à  droite:  Perronneau.  —  Provient 
de  la  collection  Schmidt. 

A  la  vente  des  dessins  provenant  de  la  collection  du  Marquis  de  V*** 
(novembre  1907)  passait  un  petit  portrait  à  la  sanguine,  désigné  au  cata- 
logue comme  étant  celui  de  Perronneau  : 

N"  100.  Portrait  de  Perronneau,  peintre. 

Sanguine  en  médaillon.  —  Diam.  0.16.  —  Signé  Fernandez. 


EXPOSITIONS 

des  œuvres  de  J.-B.  Perronneau. 


XVIIP  siècle. 


Salons  du  Louvre  ^■^\ 


1746. 

Par  m.  perronneau,  Agréé  de  l'Académie. 

5  portraits  dont  3  au  Pastel. 

N°  146.  Celuy  de  M.  le  Marquis  Daubail,  en  Cuirasse. 

147.  id.     de  M.  Drouais,  Peintre  de  l'Académie. 

148.  id.     de  M.  Gilcain,  Peintre  (en  huile). 

149.  id.     du  petit  Desnoyel,  tenant  une  Poule  huppée. 

150.  id.    d'un  jeune  Ecolier,   frère  de  l'Auteur,    tenant  un  Livre 

{en  huile). 

1747. 

Par   m.    PERONNEAU 

N°  125.     Un  Portrait  au  Pastel,  du  Fils  de  M.  le  Moyne,  Sculpteur  ordi- 
naire du  Roy,  âgé  de  cinq  ans. 
12Ô.    Autre  représentant  M***  en  habit  de  bal  (2). 
127.     Autre,  M.  Huquer,  d'Orléans. 


(1)  Dans  ce  catalogue,  nous  avons  conservé  l'orthographe  bien  souvent  défectueuse  des 
livrets. 

(2)  Une  autre  édition  du  livret  porte: 

N"  126.  Autre  représentant  M'"  en  Domino. 

N"  ;29.  Autre  représentant  M"»  "'  tenant  un  éventail. 


PI.  42 


rOKTKAlT  n'uN   GI-.NTlLHOMMli 

Peiiitme. 

(Musée  du  Louvre) 


—  167  — 

128.  Autre,  peint  à  l'Huile,  représentant  Madame  de  Villeneuve,  les 

mains  dans  son  Manchon. 

129.  Autre  représentant  M.  C***. 

129bis  Le  fils  de  M.  Huquer,  tenant  un  Lapm. 

1748. 

Par   m.   PERONNEAU 
Six  portraits. 

N°    95.    Celui  du  Révérendissime  ***  Abbé  Régulier  de  Paris,  peint  à 
l'Huile. 

96.  Autre,  an  Pastel,  de  M.  Olivier  en  Habit  de  velours,  appuyé  sur 

une  Table. 

97.  Celui  de  Madame  son  Epouse,  habillée  d'une  Robbe  de  Pequin. 

98.  Celui  de  M.  ***  de  l'Académie  Royale  de  Musique. 

99.  Mademoiselle  Amédée,  de  l'Opéra,  en  Domino  noir. 
100.     Madame  de  ***,  en  Habit  couleur  de  rose. 

1750. 

Par  m.  PERONNEAU,  Agréé. 

N°  126.  Le  Portrait  de  M.  De  ***,  vii  de  côté,  ayant  un  habit  de  velour 
noir. 

127.  M.  C***  tenant  son  chapeau. 

128.  M.  de  la  Tour,  Peintre  du  Roy,  en  Surtout  noir. 

129.  M***  en  Robe  de  chambre. 

130.  M.  l'abbé  De  ***. 

131.  M.  Thiboust,  Imprimeur  du  Roy,  peint  à  l'huile. 

132.  Madame  son  épouse,  au  Pastel. 

133.  Mad.  ***  ayant  un  bouquet  de  Giroflée. 

134.  Mad.  "**  ayant  un  bouquet  de  Barbeau. 

135.  Mad.  Du  ***  badinant  avec  un  éventail. 

136.  M.  Kam,  en  habit  de  velour  noir. 

137.  M""  ***  en  robe  bleue. 

138.  M"°  ***  tenant  un  petit  Chat. 

139.  Mad.  ***  en  robe  verte. 

140.  Le  Portrait  de  M.  Beaumont,  Graveur  de  l'Hôtel  de  Ville,  peint 

à  l'huile. 


—  168  — 

1751. 

Par  m.  PERONNEAU,  Agréé. 

N°    76.  Le  Portrait  au  Pastel  de  M.  le  Comte  de  Bonneval. 

77.  M.  Ruelle,  Premier  Echevin. 

78.  Madame  son  Epouse. 

79.  Monsieur  et  Madame  ***  sous  le  même  N°  (1). 

80.  Madame  de  Saint  ***. 

81.  Mademoiselle  Silanie. 

82.  Mademoiselle  ***. 

83.  M.  Desfriches. 

84.  M.  ***. 

85.  Mademoiselle  Rosalline. 

86.  M.  ***. 

Addition. 
Par  m.  PERONNEAU,  Agréé. 
N°  101.     Le  Portrait,  peint  à  l'huile,  de  Madame  Du  Ruisseau. 

1753. 

Par  m.  PERONNEAU,  Académicien. 

N°  122.     Le  Portrait  de  Madame  la  Princesse  de  Condé. 

123.  Le  Portrait  de  Milord  d'Hunlington. 

124.  Le  Portrait  de  M.  Oudry,  Professeur  de  l'Académie  Royale  de 

Peinture  et  de  Sculpture. 
124t''s  Le  Portrait  de  M.  Adam  l'aîné,  Professeur  de  l'Académie  Royale 
de  Peinture  et  de  Sculpture;  ces  deux  Portraits  sont  les  Mor- 
ceaux de  Réception  de  l'Auteur  à  l'Académie. 

125.  Le  Portrait  de  Madame  le  Moyne,  femme  de  M.  Le  Moyne,  le 

fils,  Professeur  de  ladite  Académie. 

126.  Le  Portrait  de  M.  Julien  le  Roy. 

127.  Celui  de  Madame  ***. 


(1)  Mariette,  sur  son  exemplaire  du  livret  conservé  au  Cabinet  des  Estampes  de  la  Biblio- 
thèque Nationale  (collection  Deloynes)  a  ajouté  à  l'encre  le  nom  de  Fontaine,  sellier  du  roi. 


—  169  — 
1755. 

Par  m.  PERONNEAU,  Académicien. 

N°    92.     Le  Portrait  de  S.  A.   R.  Monseigneur  le  Prince  Charles  de 
Lorraine. 

93.  Le  Portrait  de  S.  A.   R.  Madame  la  Princesse  Charlotte  de 

Lorraine,  Abbesse  de  Remiremont  et  de  Mons. 

94.  Le  Portrait  de  Madame  Vanville,  tenant  un  Bouquet  de  Barbeaux. 

95.  Le  Portrait  de  Madame  ***  en  Chasseuse. 

96.  Le  Portrait  de  Mademoiselle  ***. 

97.  Cinq  Portraits  d'hommes  sous  le  même  N°  dont  un  peint  en 

huile. 

1757. 

Par  m.  PERONNEAU,  Académicien. 

N°    56.     Plusieurs  Portraits  en  Pastel. 

1759. 

Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 
Ouvrages  en  Pastel. 

N"    60.  Le  portrait  de  M.  Vernef. 

61.  Le  portrait  de  M.  Cars. 

62.  Le  portrait  de  M.  Cochin. 

63.  Le  portrait  de  M.  Robbé. 

64.  Quatre  autres  Têtes  sous  le  même  N°. 

1763. 

Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 

N°    82.  M.  et  M"""  Trudaine  de  Montigny,  Portraits  en  ovale. 

83.  M.  Asselart,  Bourguemestre  d'Amsterdam. 

84.  M.  Hanguer,  Echevin  d'Amsterdam. 

85.  M™  de  Tourolle. 

86.  M.  Guelwin. 

87.  M.  Tolling. 

88.  M""  Perronneau,  faisant  des  nœuds. 


—  170  — 

1765. 

Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 
Portraits  à  l'huile. 

N"    59.  M.  Maujé. 

60.  Mademoiselle  Peronneau. 

61.  M.  Denis,  tableau  ovale. 

62.  Une  Tête,  Portrait,  Tableau  ovale. 

Portraits  au  Pastel. 

63.  Mademoiselle  de  Bossy. 

64.  Mademoiselle  Pinchinat,  en  Diane.  Tableau  ovale. 

65.  Madame  Miron. 

1767. 

Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 
N°    45.     Plusieurs  Portraits  sous  le  même  numéro. 

1769. 

Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 

N°    50.     Le  Portrait  de  Madame  Journu  la  mère. 

Tableau  à  l'huile  de  2  pieds  3  pouces,  sur  1  pied  10  pouces. 

51.  Le  portrait  de  M.  Darcy. 

De  même  grandeur,  à  l'Huile  aussi. 

Ouvrages  en  Pastel. 

52.  Le  Portrait  de  M.  le  Normand  du  Coudray. 

Tableau  d'un  pied  10  pouces  sur  1  pied  6  pouces. 

53.  Mademoiselle  Gaugy. 

Tableau  d'un  pied  8  pouces  sur  1  pied  5  pouces. 

1773. 

Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 

N'    62.     Le  Portrait  de  M.  V.  R. 

Tableau  en  pastel  de  27  pouces  sur  22. 
63.     Le  Portrait  de  M.  Duperel. 

Tableau  à  l'huile  de  27  pouces  sur  22. 


PI.  43 


POUTUAIT  VK  FliMMIi 

Peinliirc. 
(A  il.  Georges  Duniicuil) 


—  171  — 

64.  Le  Portrait  d'un  Vieillard,  âgé  de  83  ans. 

Tableau  ovale  de  23  pouces  sur  19. 

65.  Autres  portraits  sous  le  même  numéro. 

1777. 

Addition. 
Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 

N°  210.    Portrait  de  M.  Coquebert  de  Montbret,  Consul  général  dans  le 
Cercle  de  Basse-Saxe. 
Tableau  ovale  peint  à  l'huile. 

1779. 

Par  m.  PERRONNEAU,  Académicien. 
N°    77.     Plusieurs  Portraits  de  Femmes  en  Pastel,  sous  le  même  numéro. 


EXPOSITIONS  DIVERSES. 

1758. 
Salon  ouvert  à  Toulouse. 

PERRONNEAU. 

N°    24.  Portrait  sans  désignation. 

25.  M.  Dujon,  peintre  toulousain,  ami  de  l'artiste. 

26.  M.  le  marquis  de  Mirepoix,  brigadier  des  armées  du  Roi. 

27.  M""'  la  marquise  de  Mirepoix. 


1783. 
Salon  de  la  Correspondance. 

PERRONEAU,  Peintre  de  portraits. 
N°  131.    Un  portrait  de  femme  à  M.  de  S'  Aubin. 

12 


—  172  — 

XIX*"  siècle. 


1874. 

Société  de  protection  des  Alsaciens 

et  Lorrains. 

Catalogue  supplémentaire  des  ouvrages  de  peinture  exposés  au  profit  de  la 

colonisation  de  l'Algérie  par  les  Alsaciens-Lorrains 

au  Palais  de  la  Présidence  du  Corps  législatif,  le  22  juin  1874. 

PERRONEAU  (Jean-Baftiste). 

N°  963.    Portrait  de  femme. 

Collection  de  M.  Heine. 
964.     Portrait  du  comte  de  Bastard. 

Collection  de  M.  Wilson. 
Dans  la  troisième  édition  corrigée  de  ce  catalogue  figure  seulement,  sous 
le  n°  634,  le  portrait  du  comte  de  Bastard. 


1876. 

Exposition  rétrospective  des  Beaux- Arts  et  des 
Arts  appliqués  à  l'industrie  à  Orléans. 

M.  PORCHER. 

N°  269.     Portrait  de  Chevotet,  architecte  du  pavillon  de  Hanovre  et  du 
château  de  Petit-Bourg,  pastel  de  Péronneau,  1751. 
270.     Portrait  de  M"""  Chevotet,  pastel  de  Péronneau,  1751. 

M.  PORCHER. 

1142.  Portrait  de  femme,  pastel  de  Perronneau,  1772. 

1143.  Portrait  d'homme,  pastel  de  Perronneau,  1772. 


—  173  — 

1879. 

Catalogue  descriptif  des  dessins 

de  maîtres  anciens 

exposés  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts. 
Mai-Juin    1879. 

PERRONEAU  (Jean-Baptiste). 

541.  Portrait  de  Louis-Claude,  comte  de  Goyon  de  Vaudurant,  sous- 
gouverneur  de  Bretagne.  Coiffé  à  l'oiseau  royal,  en  habit  de 
velours  noir,  jabot  de  dentelle,  gilet  de  soie  à  fleurettes,  tra- 
versé par  le  cordon  rouge. 

Pastel  sur  peau  vélin.  Ovale.  H.  0.710;  L.  0.580. 
Collection  Aussant,  de  Rennes.  (Appartient  à  M.  de  Con- 
court.) 


1881. 
Exposition  rétrospective  de  Tours 

J.-B.  PERRONNEAU. 
Portrait  de  femme  en  corsage  vert.  —  A  M.  Marne. 


1884. 
Exposition  des  Beaux-Arts  à  Orléans. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N"  493.     Portrait  de  Mad.  Fuet.  —  Pastel  ovale.  —  H.  0.58;  L.  0.48.  — 
Légué  par  M.  Souque  au  Musée. 
494.     L'Aurore  (1767).  —  Pastel.  —  H.  0.50:  L.  0.42.  —  Donné 
par  M.  Gatineau  au  Musée. 


—  174  — 

495.  Portrait  de  Robbé  de  Beauveiset.  —  Pastel  ovale  dans  un  carré.  — 

H.  0.55;  L.  0.45.  —  Donné  par  M.  Gatineau  au  Musée. 

496.  Portrait  de  M.  Pierre-Horace  Demadières.  —  Pastel  ovale.  — 

H.  0.55;  L.  0.45.  —  Appartenant  à  M.  Albert  Porcher. 

497.  Portrait  de  Mad.  Pierre-Horace  Demadières.  —  Pastel  ovale.  — 

H.  0.55;  L.  0.45  (1772).  —  Appartenant  à  M.  Albert  Porcher. 

498.  Portrait  d ' Aignan-Thcmas  Desfriches,  paysagiste  distingué (  1 751  ) , 

né  à  Orléans  le  7  rnars  1715,  mort  dans  cette  ville  le  24  dé- 
cembre 1800.  —  Pastel.  —  H.  0.60;  L.  0.50.  —  Appartenant 
à  M.  Ratouis. 

499.  Portrait  de  Mad.    Desfriches,    née  Marie-Madeleine   Buffereau 

(1751),  née  à  Orléans,  le  25  septembre  1716,  morte  dans  cette 
ville  le  5  février  1813.  —  Pastel.  —  H.  0.62;  L.  0.50.  — 
Appartenant  à  M.  Ratouis. 

500.  Portrait  de  Mad.  Cadet  de  Limay,  fille  de  Desfriches,   née  le 

29  avril  1745,  décédée  le  12  février  1834.  —  Pastel.  — 
H.  0.51;  L.  0.43.  —  Appartenant  à  M.  Ratouis. 

501.  Portrait  de  M.  Chevotet  (Jean-Michel),  architecte  du  Roi  (1751). 

—  Pastel.  —  H.  0.60;  L.  0.52.  —  Appartenant  à  M.  Delzons. 

502.  Portrait  de  M""  Chevotet,   née  Rémond    (Anne-Catherine)   en 

1751.  —  Pastel.  —  H.  0.60;  L.  0.50.  —  Appartenant  à 
M.  Delzons. 

503.  La  jeune  fille  au  chat.  —  Pastel.  —  Appartenant  à  M.  Huau 

(Hippolyte),  à  Orléans. 


Exposition  de  l'Art  du  XVIIF  siècle. 

Décembre  1883  et  Janvier  1884. 
Galerie  Georges  Petit. 

PERRONEAU. 

191.     Portrait  de  jeune  fille.  —  Pastel.  —  Appartient  à  M.  C.  G. 


PI.  4^ 


POUTUAIT  PE  FHMME 

l'einture.  Sijjnée. 

fMusée  Jacqueniurt-Amiré 


—  175  — 

1885. 

Deuxième  Exposition  des  Portraits  du  Siècle. 

Ouverte  au  profit  de  l'œuvre  de  la  Société  philanthropique 

à  l'Ecole  des  Beaux-Arts 

le  20  Avril  1885. 


PERONNEAU. 


N°  216.     Inconnu.  —  Appartient  à  M"""  la  princesse  Mathilde. 

217.  Inconnu.  —  H.  0.38;  L.  0.33.  —  Appartient  à  M""  Charras. 

218.  Un  bénédictin.  —  H.  0.55;  L.  0.45.  —  Appartient  à  M.  Marcille. 


Société  des  pastellistes  Français. 

Exposition  rétrospective  du   1"  au  25  avril   1885 
à  la  Galerie  Georges  Petit. 

PERRONEAU. 

N°    69.     Portrait  de  Charles  Lenormant   Ducoudray,   conseiller,   procu- 
reur du  Roy.  —  Salon  de  1769.  —  A  M.  Alex.  Dumas. 

70.  Tête  d'homme.  —  A  M.  Coquelin  aîné. 

71.  Portrait  de  jeune  femme.  —  A  M.  Eudoxe  Marcille. 

72.  Portrait  de  M.  de  Bastard.  —  A  M.  Georges  Petit. 

73.  Portrait  de  M.  X***,   gentilhomme  de  la  chambre  du  roi.  — 

A  M.  Marmonfel. 

„.    \  Portrait  de  M.  Olivier.  )  c  i      j    n^to         a    «a    r>    ,- 
74    {  o    ,    ...   ,.,„o/-,i-  •       }  Salon  de  1748.  —  A.  M.  C.  G. 
)  Portrait  de  M'"^  Olivier.  \ 

75.  Portrait  d'enfant.  —  Salon  de  1747.  —  A  M.  C.  G. 

76.  Portrait  de  M.  Pierre-Horace  Demadières(  1772). —  A  M.  Porcher. 

77.  Portrait  de  M" 'Pierre-Horace  Demadières(  1772) . — A  M.  Porcher. 

78.  Portrait  de  La  Tour.  —  Appartient  au  Musée  de  Saint-Quentin. 


—  176  — 

1897. 

Exposition  des  Portraits  de  femmes 
et  d'enfants. 

ouverte  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts  le  30  avril  1897. 

PERRONEAU  (Jean-Baptiste) 

161.  Femme.  —  H.  0.54;  L.  0.44.  —  Appartient  à  M"'  H.  J.  — 

(Collection  Eudoxe  Marcilie). 

162.  Madame    Dutilleux.   —   H.   0.68;    L.    0.54.    —   Collection   de 

M.  Michel-Lé vy. 

163.  Jeune  femme  en  costume  noir  et  rose  tenant  un  loup.  —  H.  0.75 ; 

L.  0.60.  —  Collection  de  M.  X. 


XX^  siècle. 


1904. 

Exposition  de  l'Art  Français 
au  XVIIP  siècle. 

organisée  par  la  Société  Française  de  bienfaisance  de  Bruxelles. 

PERRONNEAU  (J.-B.). 

N°    56.     Portrait  de  dame.  —  Pastel.  —  Collection  Paul  Sohège,  Paris. 
96.     Portrait  du  comte  de  Fontenelles.  —  Peinture.  —  Collection 
Arthur  Bloch. 


—  177  — 

1908. 

Exposition  de  Cent  Pastels  du  XVIIF  siècle. 

Organisée  par  M""  la  Marquise  de  Ganay, 

au  profit  de  la  Société  Française  de  Secours  aux  blessés  militaires, 

du  18  mai  au  10  juin  1908.  —  Galerie  Georges  Petit. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste) 

N"    70.     Portrait  d'homme.  —  Ovale. —  Signé  et  daté:  1775.  —  H.  0.61  ; 
L.  0.51.  —  Collection  de  M.  M.  Thomas  Agnew  and  Sons. 

71.  Portrait  d'homme.  —  Signé  et  daté:  1765.  —  H.  0.73;  L.  0.57. 

Collection  de  M.  le  Duc  Decazes. 

72.  Portrait  d'homme.  —  Signé  et  daté:  1763.  —  H.  0.65;  L.  0.52. 

—  Collection  de  M.  le  Duc  Decazes. 

73.  Portrait  d'un  peintre.  —  Signé  à  la  mine  de  plomb  et  daté:  1772. 

—  H.  0.43;  L.  0.55.  —  Collection  de  M.  Pierre  Decourcellc. 

74.  Portrait    d'artiste.    —    H.    0.63;    L.    0.49.    —    Collection    de 

M.  Doistau. 

75.  Portrait  de  Jeanne  Dorus  à  l'âge  de  32  ans,  en  1753,  troisième 

femme  de  J.-B.  Le  Moyne.  —  A  figuré  au  Salon  de  1753, 
n°  122,  —  H.  0.66;  L.  0.57.  —  Collection  de  M.  Georges 
Dormeuil. 

76.  Portrait  d'homme  (1770).  —  H.  0.90;  L.  0.75.  —  Collection  de 

M.  Georges  Dormeuil. 

77.  Portrait  de   femme.   —   H.   0.75;    L.   0.65.   —   Collection    de 

M.  Georges  Dormeuil. 

78.  Portrait  de  M.  Van  Robai.  —  H.  0.71  ;  L.  0.57.  —  Collection  de 

M.  J.  D***  (1). 

79.  Portrait  du  Comte  de  Bastard.  — Signé  et  daté:  1747.  —  H.  0.67; 

L.  0.56.  —  Collection  de  M.  J.  D***. 

80.  Portrait  de  M.  Dutilleul.—  Signé  à  droite.—  H.  0.72;  L.  0.60.— 

Collection  de  M.  J.  D""**. 

81 .  Portrait  de  jeune  femme  tenant  un  bouquet.  —  Signé  et  daté  :  1749. 

H.  0.60;  L.  0.47.  —  Collection  de  M.  J.  D***. 


(1)  Jacques  Doiicet. 


—  178  — 

82.  Portrait  d'enfant.  —  Signé  et  daté  :  1741 .  —  H.  0.51  ;  L.  0.41 .  — 

Collection  de  M.  J.  D***. 

83.  Portrait  de  la  Comtesse  Jacquette  d'Arche,  née  de  Loupes  (1753). 

—  Signé  en  haut  à  droite,  au  crayon.  —  H.  0.47;  L.  0.39.  — 
Collection  de  M'""  René  d'Hubert. 

84.  Portrait  de  la  comtesse  de  Corbeau  de  Saint-Albin.  —  Signé  et 

daté  :  1772.  —  H.  0.98  ;  L.  0.78.  —  Collection  Jubinal  de  Saint- 
Albin.  —  Prêté  par  M""  Georges  Duruy. 

85.  Portrait  du  graveur  Huquier.  —  Signé  et  daté  :  1747.  —  H.  0.62; 

L.  0.52.  —  Collection  de  M.  André  Lazard. 

86.  Portrait  présumé  d'un  fils  de  Le  Moyne,  sculpteur  du  Roi.  — 

Signé  et  daté:  1747.  —  H.  0.40;  L.  0.32.  —  Collection  de 
M.  Albert  Lehmann. 

87.  Portrait  de  femme.   —  H.    0.54;    L.   0.43.  —   Collection    de 

M.  Henry  Michel-Lévy. 

88.  Portrait  de  M""  Dutilleul.  —  H.  0.69;  L.  0.55.  —  CollecHon  de 

M.  Léon  Michel-Lévy. 

89.  PortraitdeM.  delà  Fontaine.  — Signé  et  daté:  1750.  —  H.  0.72; 

L.  0.64.  —  Collection  de  M.  le  Marquis  de  Saint-Maurice 
Montcalm. 

90.  Portrait  de  M°'=  de  la  Fontaine.  —  Signé  et  daté  :  1750.  — H.  0.72; 

L.  0.64.  —  Collection  de  M.  le  Marquis  de  Saint-Maurice 
Montcalm. 

91.  Portrait  de  Aignan-Thomas  Desfriches,  dessinateur  amateur,  né  à 

Orléans  en  1715,  mort  dans  la  même  ville  en  1800.  —  Signé  en 
haut,  à  gauche  et  daté:  1751.  —  H.  0.69;  L.  0.50.  —  Collec- 
tion de  M.  Ratouis  de  Limay. 

92.  Portrait  de  M°"  Jean  Cadet  de  Limay,   née  Desfriches,  née  à 

Orléans  en  1745,  morte  dans  la  même  ville  en  1834.  —  Signé 
en  haut,  à  droite  et  daté:  1768.  —  H.  0.49;  L.  0.40.  —  Collec- 
tion de  M.  Ratouis  de  Limay. 

93.  Portrait  d'homme.  —  Signé  et  daté.  —  H.  0.66  1/2;  L.  0.54.  — 

Collection  de  M.  Sortais. 
94 ._    Portrait  de  jeune  femme  inconnue.  —  H.  0.55;  L.  0.44  —  Collec- 
tion de  M.  Arthur  Veil-Picard. 

95.  Portrait    d'homme  en    habit    rose    (M.    Boyer,    armateur).   — 

H.  0.60;  L.  0.48.  —  Collection  de  M.  Arthur  Veil-Picard. 

96.  Portrait  d'enfant  en  costume  de  hussard  bleu  (enfant  Bover).  — 

Ovale.  —  H'.  0.53;  L.  0.43.  —  Collection  .de  M.  Arthur 
Veil-Picard. 


PI.  45 


ti 


p-  :: 


—  179  — 

97.  Portrait  de  M""  Desfriches  et  de  l'artiste.  —  H.  0.71  ;  L.  0.58.  — 

Collection  de  M°"  X***  (  1  ) . 

98.  Portrait  de  M.  Olivier.  —  Signé  et  daté  :  1748.  —  H.  0.71  ;  L.  0.58. 

—  Collection  de  M"'"  X***. 

99.  Portrait  de  M"'  Olivier.  —  Signé  et  daté:  1748.  —  H.  0.71; 

L.  0.58.  —  Collection  de  M"""  X***. 

100.  Portrait  d'tiomme  à  la  rose.  —  Signé  et  daté:  1751.  —  H.  0.58; 

L.  0.48.  —  Collection  de  M"''  X***. 

101.  Portrait  du  Comte  Louis-Claude  Goyon  de  Vaudurant,    sous- 

gouverneur  de  Bretagne.  —  A  figuré  à  l'Exposition  de  l'Ecole 
des  Beaux-Arts  en  1879.  (Collection  de  Concourt.)  —  Pastel 
sur  peau  vélin.  —  H.  0.71  ;  L.  0.58.  —  Collection  de  M.  Wil- 
Drod  Chabrol. 

Non  catalogué. 
Portrait  de  femme.  —  Signé  et  daté:  1748.  —  H.  0.51  ;  L.  0.41. 

—  Collection  de  M.  Mame. 


1909. 
Exposition  de  Cent  Portraits  de  femmes. 

des  Ecoles  anglaise  et  française  du  XVlir  siècle,  organisée  sous  le 
haut  patronage  de  S.  M.  la  Reine  d'Angleterre  par  la  Revue 
l'Art  et  les  Artistes,  au  profit  de  la  Société  de  secours  aux 
familles  des  marins  français  naufragés,  du  23  avril  au 
1"  juillet  1909,  dans  la  salle  du  Jeu  de  Paume  des  Tuileries. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°    87.     Portrait  de  la  duchesse  d'Ayen.  —  Signé  et  daté.  —  H.  1.20; 
L.  1  m.  —  Collection  de  M.  le  comte  de  Lagarde. 

88.  Portrait  de  M"°  de  Sorquainville.  —  Signé  et  daté:   1749.  — 

H.  1  m.;  L.  0.80.  —  Collection  de  M.  David  Weill. 

89.  Portrait  de  Lady  Coventry.  —  Signé  et  daté.  —  H.  0.95  ;  L.  0.80. 

—  Collection  de  M.  Wildenstein. 


(1)  Camille  Groult. 


—  180  — 

1910. 

Les  Enfants,  leurs  portraits,  leurs  jouets 

(1789-1900). 

Exposition  rétrospective 

organisée  par  la  Société  nationale  des  Beaux-Arts 

dans  les  Palais  de  Bagatelle. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  216.     Les  frères  Casenove  (1780).  —  Pastel.  —  Appartient  à  M.  Wil 
denstein. 


1921. 
Exposition  Het  Portret  in  Nederland 

(1730-1830), 

(Le  Portrait  en  Hollande). 
A  la  Haye. 

N°    56.     Arent  van  der  Waeyen. 

57.  Sara  Hinlopen,   épouse  du  précédent.  —  Collection  du  baron 

van  Lynden  van  Nederhorst. 

58.  Jacob  van  Krefschmar.  —  Collection  du  Jonkheer  J.   A.  van 

Kretschmar  van  Veen. 


ŒUVRES  DE  J.  B.  PERRONNEAU 

ou  attribuées  à   Perronneau 

passées  dans  les  ventes  publiques. 


1852. 

22-24  novembre. 


N°  190.     Une  dame  occupée  à  faire  de  la  tapisserie,  présumée  M^'Geoffrin, 
par  Perronneau,  1776. 


1879. 

Février. 


Vente  Laperlier. 

PERRONEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  36.    Portrait  de  Gillequin,  peintre. 

De  trois  quarts,  tourné  à  gauche,  perruque  poudrée,  cravate  blanche  et 
jabot,  habit  gris,  le  tricorne  sous  le  bras. 

H.  0.62;  L.  0.52.  3,200  francs. 


1881. 

27-28  janvier. 


Tableaux  anciens. 

PERRONNEAU  (Attrihué  à). 

N°  90.     Portrait  du  bailly  de  Suffren. 
Pastel.  — H.  0.59:  L.  0.48.  450  francs. 


182 


Vente  John  Wilson. 

PRRRONNEAU  (J.-B.). 

N°  20.    Portrait  du  comte  de  Bastard. 
Pastel. 


Vente  de  Beurnonville. 

PERRONNEAU  (J.-B.). 


Portrait  de  Gillequin. 
Peinture. —  H.  0.62;  L.  0.52. 


1883. 
Vente  Marmontel. 

PERRONNEAU  (J.-B.). 


5,050  francs 


2,050  francs. 


Portrait  d'homme. 
Pastel.  — H.  0.75;  L.  0.58. 

1,120  francs 

1885. 

Mai. 

Collections  de  feu  M.  le  comte  de  la  Béraudière 

PERRONEAU  (Jean-Baptiste). 

N"  141.    Portrait  de  Marie  Leczinska. 

Une  robe  de  soie  blanche  agrémentée  de  ruches  et  de  rubans  bleus,  avec 
tour  de  cou  et  bonnet  de  dentelle,  les  cheveux  frisés  et  poudrés;  de  face, 
en  buste.  Fond  bleuâtre. 

Très  beau  cadre  en  chêne  sculpté  et  doré  du  xviii'  siècle,  couvert  de 


PI.  46 


Louis  Colas  nie  liiioi^vii.i.K  Mai.mis-e 

Paslcl. 

(A  M.  Colas  des  1-raiics) 


—  183  — 

palmettes,  de  rinceaux  et  d'entrelacs,  très  délicats  et  d'une  grande  richesse 
d'ornementation. 
Pastel.  —  H.  0.55;  L.  0.45.  5,500  francs. 


1890. 

Mai. 

Collection  G.  Rothan. 

PERRONEAU  (Jean- Baptiste). 

N°  184.    Portrait  d'homme. 

En  buste  et  de  trois  quarts.  Imberbe,  les  cheveux  rejetés  en  arrière  et 
poudrés,  cravate  blanche.  Habit  orangé. 

Portrait  en  esquisse,  brossé  avec  une  surprenante  facilité. 

Toile.  H. 0.50;  L.  0.39. 


1891. 

27  avril. 

Vente  X*** 

PERRONNEAU  (J. 

-B.) 

Portrait 
Pastel. 

d'homme. 

300  francs. 


1894. 

Vente  Baudot. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

Portrait  d'une  jeune  dame. 
Pastel.  —  H.  0.52;  L.  0.40.  2.350  francs. 


—  184  — 

1895. 
Vente  Leguillon. 

PERRONNEAU  (J.-B.). 

Portrait  de  Gillequin. 
Peinture.  3,200  francs. 


1897. 

15,   16,   17  février. 

Collection  des  Concourt. 

PERRONEAU. 

(Attribué  à  Jean-Baptiste). 

N°  232.  Louis  Claude,  comte  de  Goyon  de  Vaudurant,  sous-gouver- 
neur de  Bretagne. 

Coiffé  à  l'oiseau  royal,  il  est  en  habit  de  velours  noir,  jabot  de  dentelle, 
gilet  de  soie  à  fleurettes  traversé  par  le  cordon  rouge  de  commandeur  de 
l'ordre  de  Saint-Louis. 

Pastel  sur  peau  vélin. 

Provient  de  la  collection  du  docteur  Aussant  de  Rennes,  où  il  était  attribué 
à  La  Tour.  Ce  pastel,  qui  a  tous  les  caractères  du  faire  de  Perronneau,  n'a 
pu  être  exécuté  par  La  Tour  qui,  déjà  un  peu  fou,  ne  travaillait  plus  à 
l'époque  où  M.  de  Goyon  était  nommé  commandeur  de  l'ordre  de 
Saint-Louis. 

A  figuré  à  l'exposition  de  l'Ecole  des  Beaux-Arts,  en  1879,  sous  le  n°  541. 

L'expert  n'ose  garantir  ce  beau  pastel  comme  étant  une  œuvre  de  Per- 
roneau.  Son  exécution  lui  indiquerait  plutôt  une  œuvre  de  Ducreux. 

H.  0.71  ;  L.  0.58.  3,000  francs. 

1898. 
Collection  de  feu  M.  A.  Marmontel. 

Professeur  honoraire  au  Conservatoire. 
PERONNEAU. 
N°  44.    Portrait  d'homme. 
Il  est  vu  en  buste,  la  main  dans  son  gilet,  et  porte  un  habit  gris  brodé  d'or. 


—  185  — 

Beau  pastel.  —  Signé  en  haut  et  à  droite:  J.  B.  Peronneau.  1770. 

H.  0.73;  L.  0.5S.  5,700  francs. 


30  avril. 

Vente  de  M.  le  comte  C***. 

PERRONNEAU  (J.-B.). 

Portrait  de  femme. 
Pastel.  200  francs. 


1899. 

Mai. 

Collection  G.  Mùhlbacher. 

PERRONEAU. 

(Attribué  à  Jean-Baptiste). 

N"  230.    Portrait  d'un  jeune  gentilhomme. 

Vu  à  mi-corps,  de  face,  les  cheveux  poudrés,  une  main  dans  sa  poche, 
l'autre  appuyée  sur  une  table,  il  porte  un  habit  verdâtre  sur  un  gilet  de  satin 
blanc  à  fleurs. 

Pastel.  —  H.  0.59 ;  L.  0.49.  —  Cadre  bois  sculpté.  2,520  francs. 


Décembre. 

Collection  de  La  Rochenoire. 

PERRONNEAU 

(Attribué  à  Jean-Baptiste). 

Portrait  d'homme  en  buste. 
Pastel.  715  francs. 


—  186  — 
1900. 

14  juin. 

Tableaux  anciens,  gouaches  et  dessins 
de  l'Ecole  française  du  XVIIP  siècle. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  35.    Portrait  d'un  magistrat. 

Vu  en  buste,  presque  de  face  vers  la  droite,  l'œil  injecté  de  sang  ;  il  porte 
une  robe  noire  à  rabat,  coiffé  d'une  perruque  poudrée;  au  fond  à  gauche 
un  rideau  rose  relevé. 

Toile.  —  H.  0.80;  L.  0.63.  —  Cadre  en  bois  sculpté.  700  francs. 


1901. 

25  mai. 


Tableaux  anciens. 

Pastels,  gouaches,  dessins  et  miniatures. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  44.    Portrait  de  petite  fille. 

Elle  est  représentée  de  face,  les  cheveux  sur  les  épaules,  retenus  par  un 
ruban  rose,  elle  porte  un  corsage  iilas  décolleté  et  ceint  d'une  écharpe  rose. 

Très  délicate  peinture  au  pastel.  —  Signé  et  daté  en  haut,  à  droite. 

H.  0.45;  L.  0.37.  —  Cadre  bois  sculpté.  8,825  francs. 

N°  45.    Portrait  du  Baron  P.  de  L.,  Officier  de  la  Maison  du  maréchal 
de  Belle-Isle. 
Vu  en  buste,  tourné  de  trois-quarts  vers  la  gauche,  la  tète  presque  de 
face.  Il  est  vêtu  d'un  habit  bleu  galonné  d'or,  le  chapeau  sous  le  bras. 
Peinture  au  pastel.  —  H.  0.63;  L.  0.57.  —  (Ces  deux  pastels  sont  repro- 
duits en  phototypie  dans  le  catalogue) .  6,200  francs. 


PI.  47 


POKTKAll'  nie  l-iiMME 

Pastel. 

(A  11.  l'eral. 


—  187  — 
1903. 

4  juin. 

Collection  de  M.  le  comte  A.  de  G*'* 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  39.    Portrait  d'un  magistrat. 

Vu  de  face,  la  perruque  poudrée,  il  porte  la  robe  de  Conseiller  à  la 
Cour  du  roi. 

Très  délicate  peinture  aux  tonalités  grises.  —  Signé  et  daté  en  haut  à  droite. 

Toile.  —  H .  0.65  ;  L.  0.54.  —  Cadre  Louis  XV  en  bois  sculpté  et  doré.  — 
(Reproduit  en  phototypie.)  3,000  francs. 

PASTELS. 

N"  69.     Portrait  de  Madame  du  Mas  de  la  Roque. 

Un  bouquet  de  fleurs  dans  les  cheveux,  un  nœud  de  soie  bleu  au  cou, 
vêtue  d'un  corsage  bleu  décolleté.  2,600  francs. 

Pastel  sur  vélin.  —  H.  0.46;  L.  0.36.  —  Cadre  en  bois  sculpté. 

N°  70.    Portrait  de  femme  de  la  famille  du  jurisconsulte  Râteau. 

De  trois  quarts  vers  la  gauche,  la  chevelure  poudrée,  costume  décolleté, 
un  gros  nœud  de  satin  rose  sur  la  poitrine. 

Pastel.  —  H.  0.65;  L.  0.54.  —  Signé  et  daté  en  haut  à  gauche. 

Exposition  de  Bordeaux,  1882.  4,200  francs. 


1904. 

7,  8,  25  février. 


Collection  de  M.  H.-J,  M***. 


*** 


Pastels  provenant  du  château  de  M 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  51.    Portrait  présumé  de  M"""  Miron. 
Les  cheveux  relevés  et  poudrés,  un  collier  de  perles  au  cou,  un  mantelet 


(1)  Cette  vente  fut  remise  au  dernier  moment 
13 


—  188  — 

de  dentelle  noire  sur  son  corsage  bleu  décolleté  à  devant  rose  orné  d'un 
nœud  de  ruban  de  même  couleur,  elle  est  vue  jusqu'à  la  ceinture  de  trois 
quarts  à  gauche. 

Œuvre  remarquable  de  l'artiste,  d'une  grande  fraîcheur  de  conservation. 

Pastel  de  forme  ovale.  —  H.  0.63;  L.  0.50.  —  Signé  et  daté:  1765. 

N°  52.     Portrait  présumé  de  M.  Miron. 

En  perruque  poudrée  à  catogan,  habit  bleu,  chemise  bordée  de  dentelle, 
ouverte  sur  le  cou,  il  est  à  mi-corps,  de  trois  quarts  à  gauche. 

Œuvre  remarquable  de  l'artiste,  d'une  grande  fraîcheur  de  conservation. 

Pastel  de  forme  ovale.  —  H.  0.63;  L.  0.50.  —  Signé  et  daté:  1772. 

(Ces  deux  portraits  sont  reproduits  en  phototypie  dans  le  catalogue 
illustré  de  la  vente). 


Avril. 

Vente  Marne. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N"  64.    Portrait  de  jeune  femme. 

Elle  est  vue  jusqu'à  la  poitrine,  robe  bleue  au  corsage  décolleté.  Ses 
cheveux  poudrés  sont  coiffés  coquettement  d'un  petit  bonnet  de  dentelle 
égayé  d'un  nœud  bleu  sur  le  sommet  de  la  tète.  Un  collier  de  quatre  rangs 
de  perles  enveloppe  son  cou.  Les  yeux  bruns,  à  la  prunelle  très  noire,  ont 
de  la  verve  sous  une  paupière  sensuelle.  Le  menton  est  délicat  dans  l'ovale 
du  visage  un  peu  alourdi  par  l'approche  de  la  trentaine.  Les  lèvres  sont 
aimables,  avec  une  commissure  spirituelle.  Le  nez  est  expressif  avec  des 
narines  promptes  à  l'émotion.  Une  jeune  femme  dont  M"'  du  Deffand 
eût  dit  :  «  Les  yeux  de  la  chair  la  comprennent  mieux  que  les  yeux  de 
l'esprit.  )i 

Signé  à  gauche,  vers  le  bas:  Perronneau  pinx  —  1748. 

Pastel.  —  H.  0.51  ;  L.  0.41.  —  Collection  Roux.  70,000  francs. 

N°  65.     Femme  endormie. 

Oh!  la  sommeilleuse  ravissante!  Quel  galant  apprêt  dans  le  nonchaloir! 
Quelle  science  délicate  dans  l'abandon!  Elle  est  assise,  vue  jusqu'à  la  poi- 
trine, la  tête  reposant  sur  des  coussins,  les  cheveux  tombant  en  boucles 
sur  la  nuque.  De  son  corsage  bleu  aux  dessous  de  fine  batiste,  ses  épaules 
émergent  sans  que  nul  gonflement  vienne  gêner  un  regard  scrupuleusement 
chaste.  De  sa  main  gauche  relevée,  elle  touche  sa  joue  plus  qu'elle  ne  s'y 


—  189  — 

appuie.  Les  paupières  sont  closes  sur  sa  bouche,  nul  rêve  ne  fait  flotter 
le  sourire  ou  l'alarme.  C'est  le  calme,  le  calme  absolu,  rythmé  par  une 
respiration  douce,  qui  ne  doit  pas  gêner  l'harmonie  des  lignes.  Près  de 
la  joue  rosée,  l'oreille  s'arrondit  au  dessin  vivant  et  chaud,  comme  une  fleur 
ou  comme  un  papillon.  Il  y  a  de  la  grâce  dans  cette  figure,  une  fossette 
presque  invisible  au  menton;  au  cou  d'une  blancheur  chaude,  de  petites 
ombres  qui  courent  de-ci  de-là  comme  des  frissons:  c'est  du  repos,  mais 
c'est  aussi  de  la  vie  adorablement  féminine. 
Pastel.  —  H.  0.51  ;  L.  0.41 .  —  Collection  Roux.  30,000  francs. 


3  et  4  mai. 

Collection  Rougier  (de  Lyon). 

Portrait  d'homme.  —  Pastel.  —  Signé  et  daté  1775. 


17  au  21  mai. 

Collection 
de  S.  A.  I.  Madame  la  princesse  Mathilde. 

PERRONNEAU  (J.-B). 

N°  42.    Portrait  de  Laurent  Cars. 

En  habit  gris,  perruque  poudrée,  un  foulard  de  soie  marron  rayée  de 
bleu,  noué  sous  le  menton  et  pendant  sur  la  poitrine;  il  est  représenté  en 
buste,  tourné  de  trois  quarts  à  droite. 

Peinture  exquise  où  le  célèbre  pastelliste  a  déployé  tout  l'esprit  et  toute 
la  délicatesse  de  son  art. 

Toile.  —  H.  0.50;  L.  0.40.  —  (Reproduit  au  catalogue.)      12,500  francs. 

ECOLE  FRANÇAISE  DU  XVI IT  SIECLE. 

N"  48.    Portrait  d'un  gentilhomme. 

Il  est  représenté  à  mi-corps,  de  profil  à  gauche,  la  fête  tournée  de  trois 
quarts  vers  le  spectateur,  en  perruque  poudrée  à  catogan,  habit  gris  orné 
de  boutons  d'or  sur  le  parement  de  la  manche  et  ouvert  sur  un  gilet  brodé 
à  fond  crème. 


—  190  — 

Œuvre  magistrale,  d'une  étonnante  hardiesse  d'exécution,  d'une  rare 
délicatesse  de  couleur.  —  (Reproduit  au  catalogue  en  phototypie.) 

Toiledeformeovale.  —  H.  0.74;  L.  0.59.  110,000  francs. 

Cette  toile  a  été  avec  beaucoup  de  raison  attribuée  à  Perronneau  par 
plusieurs  connaisseurs. 

26,  27,  28  mai. 

Collection  de  M.  Ch.  P.  de  Meurville. 

PERRONNEAU  (J.-B.). 

N"  44.    Portrait  du  Marquis  de  Camyran. 

Il  est  vu  de  face,  la  tète  haute  coiffée  d'une  perruque  poudrée  à  frimas, 
colleté  d'un  jabot  de  fines  dentelles;  il  est  vêtu  d'un  habit  bleu  à  larges 
broderies  et  boutons  d'or. 

Pastel  signé  et  daté  en  haut  à  droite.  —  H.  0.65;  L.  0.54. 

N°  45.    Portrait  de  jeune  femme. 

Cette  femme  d'une  rare  distinction  est  représentée  de  face;  elle  porte  une 
coiffure  poudrée,  la  tête  légèrement  penchée  sur  l'épaule  gauche,  la  poitrine 
décolletée,  elle  est  vêtue  d'une  chemisette  les  épaules  à  demi-couvertes 
d'une  draperie  de  soie  bleue.  —  Œuvre  des  plus  délicates. 

Pastel  sur  vélin.  —  H.  0.46;  L.  0.38.  —  Cadre  en  bois  sculpté. 


11  juin. 

Tableaux  anciens. 

Appartenant  à  M.  le  Comte  A.  de  G***. 

Deuxième  vente. 

PERRONNEAU  (Jean-B.\ptiste). 

N°  20.    Portrait  d'un  conseiller  au  Parlement. 

Il  est  représenté  de  face  jusqu'à  mi-corps,  le  rabat  de  crêpe  noir  à  liseré 
blanc  tombant  sur  la  robe  noire  à  simarre  rouge.  II  porte  la  perruque  courte. 
Ses  yeux  sont  bleus,  le  teint  animé,  les  lèvres  fortes  et  d'un  joli  dessin. 

Œuvre  aux  tonalités  grises.  Signé  en  haut,  vers  la  droite:  Perronneau  1768. 

Toile. —  H.  0.66;  L.  0.54. 


—  191  — 
1905. 

6  février. 

Collection  du  comte  Jacques  de  Bryas. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  17.    Portrait  présumé  de  la  marquise  d'Anglure. 

Vue  à  mi-corps,  presque  de  face,  les  yeux  fixés  sur  le  spectateur,  les 
cheveux  relevés  et  poudrés,  bouclés  sur  la  nuque,  la  poitrine  découverte, 
elle  est  entourée  d'une  draperie  bleue  relevée  sur  l'épaule  gauche  et  laissant 
apercevoir  un  corsage  de  mousseline. 

Très  gracieux  pastel.  —  Signé  en  toutes  lettres.  —  (Reproduit  au  cata- 
logue.) —  Cadre  en  bois  sculpté.  —  H.  0.58;  L.  0.48.  39,000  francs. 


13—15  avril. 

Tableaux  anciens  appartenant  à  divers. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  299.    Portrait  de  M""  Huquier. 

Représentée  en  buste,  le  visage  souriant,  tournée  de  trois  quarts  à 
gauche,  tenant  dans  ses  mains  un  petit  chat  dont  elle  tire  l'oreille. 

Les  cheveux  blonds  bouclés  sur  les  tempes  et  ornés  de  plumes  blanches 
et  bleues,  elle  porte  un  corsage  de  soie  bleue  décolleté  et  un  ruban  de  même 
couleur  noué  autour  du  cou  sur  une  fraise  de  tulle. 

Cette  œuvre,  exquise  de  grâce  et  d'esprit,  fut  dessinée  par  le  maître, 
à  Orléans,  pour  son  ami  Huquier.  Elle  fut  conservée  dans  cette  ville  et  dans 
cette  famille  jusqu'à  ce  jour. 

Pastel.  —  H.  0.45 ;  L.  0.34.  19,000  francs. 

N°  300.    Portrait  de  jeune  femme. 

Vue  à  mi-corps,  de  face,  les  cheveux  poudrés  et  relevés,  en  corsage  blanc 
décolleté,  une  écharpe  bleue  autour  de  la  taille. 

Signé  en  toutes  lettres  et  daté:  1773.— H. 0.72;  L. 0.58.  15,500francs. 
N"  301.    Portrait  d'homme  (pendant  du  précédent). 

En  habit  rose,  ouvert  sur  un  jabot  de  dentelle,  tricorne  sous  le  bras,  il  est 
vu  de  face  à  mi-corps. 

Signé  en  toutes  lettres  et  daté:  1773.  —  H.  0.72;  L.  0.58. 

(Ces  trois  portraits  sont  reproduits  au  catalogue) .  14, 100  francs. 


—  192  — 

10  et  II  mai. 

2'  Vente  de  M'"^  E.  Warneck. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  113.    Portrait  de  femme. 

Vue  de  face  jusqu'à  la  ceinture,  les  cheveux  relevés  et  poudrés,  elle  porte 
autour  d'un  corsage  de  tulle  décolleté  une  écharpe  de  soie  gorge  de  pigeon. 

Pastel  de  forme  ovale.  2,600  francs. 


20  juin. 

Deux  pastels  par  J.-B.  Perronneau. 

N°  I.    Portrait  de  M"^  ***. 

Buste  de  jeune  femme  aux  yeux  bruns,  sourcils  noirs  et  cheveux  relevés 
et  poudrés,  le  visage  de  face,  la  poitrine  décolletée.  Elle  est  vêtue  d'un 
corsage  de  taffetas  noir  agrémenté  de  rubans  roses  plissés,  bordé  de  den- 
telle. La  gorge  est  parée  d'un  tour  de  cou  couleur  de  rose. 

Pastel  de  forme  rectangulaire  sur  papier.  —  Signé  en  haut  et  à  droite. 

Cadre  du  temps  en  bois  sculpté  doré.— H.  0.53;  L.0.44.      11,200  francs. 

N"  2.    Portrait  de  M"'  ***. 

Buste  de  femme  aux  yeux  bleus,  sourcils  châtains,  front  dégagé,  cheveux 
relevés  et  poudrés,  vue  de  trois  quarts  décolletée.  Elle  est  vêtue  d'un  cor- 
sage blanc  bordé  de  dentelle  et  orné  d'un  large  nœud  de  ruban.  Les  épaules 
sont  recouvertes  d'une  légère  écharpe  rose. 

Pastel  de  forme  ovale  sur  vélin. 

Cadre  ancien  bois  sculpté.  —  H.  0.63;  L.  0.53. 

(Ces  deux  pastels  sont  reproduits  dans  le  catalogue  de  la  vente). 

l.IOO  francs. 

4,  5  décembre. 

Vente  Cronier. 

PERRONNEAU. 

N°  19.    Portrait  de  M.  Dupéril. 
Vu  jusqu'à  mi-corps,  de  trois  quarts  à  gauche,  il  est  vêtu  d'un  habit 


—  193  — 

rouge  éteint,  d'un  gilet  à  jabot  de  dentelle  et  à  boutons  de  métal.  Les 
cheveux  sont  poudrés,  coiffés  à  marteaux  et  noués  avec  un  ruban  noir. 
La  physionomie  est  calme  avec  une  certaine  expression  de  dédain. 

Signé  en  haut,  vers  la  droite:  Perronneau  1771. 

Cadre  en  bois  sculpté,  époque  Louis  XVI. —  Toile. —  H.  0.685  ;  L.  0.575. 

36,000  francs. 

N"  39.  Portrait  de  M.'^rie- Louise -Catherine -Françoise -Colette 
DE  ViLLERS,  épouse  de  Jacques-Nicolas  Le  Boucher  de  Riche- 
mont,  peinte  en  mars  1770,  âgée  de  42  ans  et  7  mois. 

Elle  est  vue  jusqu'à  mi-corps,  de  trois  quarts  à  gauche;  elle  porte  un 
manteau  de  satin  blanc  bordé  de  vison,  ouvert  sur  un  corsage  de  soie 
bleue  décolleté;  un  rang  de  perles  autour  du  cou.  Une  coiffe  de  dentelle 
blanche  et  de  batiste  ruchée  domine  ses  cheveux  poudrés. 

La  bouche  est  petite  et  la  commissure  des  lèvres  indique  un  léger  sourire. 
Les  yeux  sont  grands  sous  les  sourcils  bien  dessinés.  Le  nez  a  de  l'espiègle- 
rie; le  menton  d'un  dessin  délicat  est  marqué  d'un  repli  où  s'inscrit  la 
quarantaine.  Le  front  est  dégagé  avec  une  jolie  ligne  de  cheveux  sur  les 
tempes. 

Signé  à  gauche,  vers  le  bas:  J.  B.  Perronneau  1770. 

Pastel.  —  H.  0.73;  L.  0.59.  10,600  francs. 

N"  40.    Portrait  d'homme. 

Il  est  vu  jusqu'à  mi-corps,  de  profil  à  gauche,  la  tète  tournée  de  trois 
quarts.  Il  est  vêtu  d'un  habit  gris,  ouvert  sur  un  gilet  de  soie  rose  à  jabot 
de  dentelle.  Il  tient  sous  son  bras  gauche  son  tricorne  noir.  La  tète,  coiffée 
de  la  perruque  poudrée  à  marteaux,  a  du  caractère  :  la  bouche  est  fine,  le 
menton  puissant,  les  yeux  bleus  ont  de  l'expression  mordante  sous  la  pau- 
pière à  demi  baissée.  La  figure  se  détache  sur  un  fond  giis. 

Signé  à  droite  en  haut:  Perronneau. 

Pastel.  —  H.  0.665;  L.  0.54.  20,000  francs. 

N"  41.    Portrait  de  femme. 

Elle  est  assise,  en  costume  de  bal,  robe  de  mousseline  de  soie  azur,  au 
corsage  amplement  décolleté.  Un  manteau  bleu  gris  est  drapé  sur  les  épaules 
et  semble  retenu  par  une  écharpe  de  gaze  blanche.  Elle  est  vue  jusqu'à  la 
ceinture,  de  face;  son  cou  élancé  est  marqué  par  un  rang  de  perles.  Le 
visage  est  d'une  délicieuse  joliesse;  le  menton  fin,  marqué  d'une  fossette, 
se  dessine  dans  un  ovale  régulier;  la  bouche  est  petite,  sans  excès.  Le  nez 
a  de  la  volonté;  les  yeux  sont  bleus,  avec  d'intelligentes  clartés.  Dans  les 
cheveux  poudrés  se  trouve  piqué  un  petit  bouquet  de  myosotis.  La  figure 
se  détache  sur  un  fond  gris  bleuté. 


—  194  — 

Signé  à  droite,  en  haut.—  Pastel.—  H.  0.665  ;  L.  0.535.      28,000  francs. 
(Ces  trois  pastels  sont  reproduits  en  héliogravure  dans  le  catalogue). 


1906. 

16,  17  mai. 


Tableaux,  Dessins,  Sculptures,  etc.  provenant 
de  la  Collection  de  M.  J***  D***. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  77.    Portrait  d'homme. 

Il  est  vu  de  trois  quarts  vers  la  droite,  assis  sur  une  chaise  cannée,  la  tête 
presque  de  face,  vêtu  d'un  habit  marron  avec  col,  jabot  et  manchettes  de 
mousseline.  Physionomie  vivante  et  expressive. 

Pastel.  —  Beau  cadre  ancien  Régence  en  bois  sculpté  doré.  —  H.  0.65; 
L.  0.51. 

(Reproduit  en  phototypie  dans  le  catalogue) .  5,400  francs. 

N°  78.    Portrait  de  femme. 

En  buste,  la  tèlt  tournée  vers  la  gauche.  Corsage  décolleté,  bordé  de 
mousseline,  nœud  de  ruban  bleu  autour  du  col. 

Cadre  ancien  Louis  XV  en  bois  sculpté  doré,  agrémenté  d'un  écusson 
timbré  d'une  couronne.  —  Toile.  —  H.  0.48;  L.  0.40. 


1907. 

26  avril. 


Vente  de  Tableaux  Anciens. 

Pastels,  etc.,  appartenant  à  M.  X***. 

N°  36.    Portrait  de  C.  Floret. 

Vu  à  mi-corps  de  trois  quarts  à  gauche,  en  habit  bleu,  jabot  de  dentelle, 
perruque  avec  large  nœud  de  ruban  noir  pendant  sur  la  nuque. 

Signé  et  daté:  1773.  —  Pastel.  —  H.  0.65;  L.  0.53. 

(Reproduit  au  catalogue).  4,600  francs. 


PI.  48 


lOKTKAlT  DK  FliM.ME 

Paslol. 
(A  M.  Fci-al) 


—  195  — 

Vente  du  16  Avril. 

Portrait  au  pastel  d'un  gentilhomme. 
Signé,  1775.  15,000  francs. 

1908. 
Vente  du  8  Avril. 

Tableaux  anciens. 

N°  23.    Portrait  de  femme. 

Elle  est  représentée  complètement  de  face,  vue  à  mi-corps,  ses  cheveux 
frisés  et  poudrés  à  frimas,  une  légère  coiffure  de  fines  dentelles,  ornée  de 
petits  rubans  bleus,  retenue  par  des  broderies  de  dentelles  mi-serrées  sous 
le  cou,  la  poitrine  décolletée,  recouverte  d'un  fichu  de  gaze  blanc  ;  elle  est 
vêtue  d'un  corsage  de  soie  lilas,  à  plastron  de  soie  bleue.  Sur  les  seins  et  à 
la  saignée  des  bras,  des  nœuds  de  soie  bleue  sont  disposés  en  coques. 

Signé  et  daté:  Perronneau  1768,  en  haut,  à  droite.  Œuvre  d'une  maîtrise 
et  d'une  harmonie  de  la  plus  haute  distinction  dans  une  harmonie  infiniment 
délicate.  —  Toile.  —  H.  0.73;  L.  0.60.  —  Cadre  en  bois  sculpté  et  doré. 

(Reproduit  au  catalogue).  22,000  francs. 

Vente  du  11  Avril. 

Tableaux  anciens. 

PERRONNEAU 

W  29.    Portrait  de  jeune  femme  endormie. 
Toile.  —  H.  0.62;  L.  0.52.  —  Cadre  en  bois  sculpté. 


1909. 

1"''  avril. 


Collection  de  M.  le  comte  de  L**'. 

N°  26.    Portrait  d'homme. 
Ce  jeune  seigneur  en  perruque  poudrée,  époque  de  Louis  XV,  est  repré- 


—  196  — 

sente  à  mi-corps  et  de  face.  Il  porte  un  liabit  d'hiver,  bleu  pâle,  bordé  de 
fourrure,  et  entr 'ouvert,  laissant  voir  un  jabot  de  dentelle. 

Pastel.  —  Signature  effacée  dans  le  haut  à   droite.  —   Daté:    1757. 

Cadre  Louis  XV,  en  bois  sculpté  et  doré.  —  H.  0.66;  L.  0.51. 


9,   10,   11  juin. 

Collections  de  M.  Félix  Doistau. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N"  93.    Portrait  de  Charles  Le  Normant  du  Coudray. 

Sur  un  fond  de  tenture  verdâtre,  la  tête  se  dégage  de  trois  quarts  à  droite 
légèrement.  Autour  du  cou,  un  mouchoir  de  couleur,  noué  sur  un  habit 
bleu.  De  la  main  droite,  le  personnage  retient  un  album  sur  lequel  on  lit: 
Recueil  d'estampes. 

Signé  et  daté  en  haut,  à  droite:  1766.  —  Pastel.  —  H.  0.63;  L.  0.49. 

Cadre  ancien  Louis  XVI  en  bois  sculpté  doré.  — Vente  Alexandre  Dumas. 
—  Exposition  des  Cent  Pastels  (1908),  n°  74,  sous  ce  titre:  Portrait  d'artiste. 

Nota.  —  Nous  avons  conservé  ici,  pour  le  nom  du  personnage  repré- 
senté, celui  indiqué  par  une  ancienne  note  manuscrite  se  trouvant  au  revers 
du  pastel.  Dans  le  recueil  des  Cent  Pastels,  M.  Roger-Miles  croit  y  recon- 
naître le  dessinateur  Hubert  Gravelot. 

18,500  francs. 


15  décembre. 

Collection  du  D'^  Azam,  de  Bordeaux. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  75    Jeune  fille  en  buste. 

Les  cheveux  blonds  bouclés,  légèrement  poudrés  et  relevés  sur  le  front; 
la  main  droite  drapant  un  fichu  de  gaze  autour  de  son  corsage  bleu,  décolleté, 
elle  tourne  la  tête  de  trois  quarts  vers  la  gauche. 

Pastel.  —  Signé  et  daté.  —  H.  0.43  ;  L.  0.32. 

(Reproduit  au  catalogue).  4,800  francs. 


—  197  -. 
1911. 

29  et  30  mai. 

Collection  Pierre  Decourcelle. 

N°  137.    Portrait  présumé  de  Charles-Nicolas  Cochin. 

Il  est  représenté  de  trois  quarts  à  droite,  vêtu  d'une  large  blouse  d'atelier 
mauve,  le  col  dégagé  de  la  chemise  blanche  garnie  de  dentelle.  Il  tient  de  la 
main  gauche  un  crayon  à  dessin  et  replie  le  doigt  sur  le  bord  d'un  carton. 
Ses  cheveux  poudrés,  relevés  sur  les  tempes,  sont  noués  par  derrière  avec 
un  ruban  noir. 

Pastel.  —  Signé  et  daté:  1772.  —  (Reproduit  au  catalogue).  —  Cadre 
ancien  en  bois  sculpté. 

(Suit  une  longue  note  dans  laquelle  l'auteur  du  catalogue  base  son  iden- 
tification sur  les  relations  de  Cochin  avec  Desfriches  et  Descamps) . 


1912. 

5 — 8  juin. 

Collection  Jacques  Doucet. 

PERRONNEAU  (J.-B.). 

N°  85.    Portrait  d'enfant. 

Vu  à  mi-corps,  très  légèrement  à  gauche,  les  yeux  bleus  regardant  en 
face,  il  est  vêtu  d'une  robe  à  taille,  décolletée  et  à  manches  courtes,  de 
brocart  blanc  à  broderies  jaunes,  bleues,  roses  et  rouges,  bordée  de  den- 
telles au  corsage  et  aux  manches.  Dans  la  main  gauche,  il  tient  un  jouet 
couvert  en  rouge.  Le  bras  droit  pend  le  long  du  corps.  Fond  gris  bleu, 
ombré  à  droite  dans  la  partie  inférieure. 

Signé  en  haut,  à  gauche:  Perronneau  pinx.,  1744.  —  Pastel.  —  H.  0.51  ; 
L.  0.41. 

Cadre  ancien,  d'époque  Louis  XVI,  en  bois  sculpté  et  doré,  avec  nœud 
de  ruban,  formant  fronton,  guirlandes  et  chutes  de  fleurs  et  de  rubans. 

77,000  francs  à  M.  Hœntschel. 
N°  86.     Le  comte  de  Bastard. 

En  buste,  la  tête  levée,  de  trois  quarts  et  regardant  à  gauche,  il  porte 
la  haute  perruque  dite  <(  de  procureur  n,  à  larges  boucles  tombant  sur  les 
épaules.  Il  est  vêtu  d'un  habit  de  velours  gris  noirâtre,  sur  un  gilet  gris 


—  198  — 

foncé  qui  s'ouvre  sur  un  jabot  de  dentelles.  Le  cou  est  serré  dans  une 
cravate  de  linon  blanc.  Sous  le  bras  gauche,  on  aperçoit  une  pointe  du 
tricorne  noir. 

Signé,  au-dessus  de  l'épaule  gauche:  Perronneau  pinx,  no^re  1747.  — 
Pastel.  —  H.  0.67;  L.  0.56. 

Collection  John  W.  Wilson  (1881,  n°  20). 

116,100  francs  à  M.  Guiraud. 

N°  87.    Portrait  de  jeune  femme  tenant  un  bouquet. 

Assise  et  vue  à  mi-corps,  un  peu  penchée  vers  la  gauche,  elle  tourne  vers 
la  droite  sa  tête  coiffée  de  cheveux  bruns,  légèrement  poudrés,  et  regarde 
en  face.  Le  cou  est  orné  d'un  rang  de  perles.  La  robe  décolletée,  d'un  gris 
bleu,  et  les  manches  courtes  sont  bordées  de  fine  batiste  blanche  plissée. 
Le  corsage  et  les  rubans  sont  bleus.  De  la  main  gauche,  qu'elle  ramène  vers 
la  poitrine,  la  jeune  femme  tient  un  petit  bouquet  de  «  barbeaux  »  ou 
bleuets.  La  main  droite  est  posée  à  plat  sur  une  table.  Un  bracelet  de  trois 
rangs  de  perles  serre  le  poignet  gauche.  Fond  gris  clair,  avec,  à  gauche, 
une  draperie  rouge. 

Signé  à  gauche,  au-dessus  du  bras  droit:  Perronneau,  1749.  —  Pastel.  — 
H.  0.60;  L.  0.47.  —  Salon  de  1750  (n"  134.) 

Cadre  ancien,  d'époque  Louis  XV,  en  bois  sculpté  et  doré,  de  forme 
mouvementée,  à  coquilles,  torsades  et  guirlandes  de  fleurs. 

75,000  francs  à  M°"°  Vermaut-Vernon. 

N°  88.    Jacques-Charles  Dutillieu. 

En  buste,  il  est  aperçu  dans  un  ovale  formant  lucarne.  Portant  la  petite 
perruque  poudrée,  nouée  par  un  ruban  noir,  il  est  vêtu  d'un  habit  de 
velours  rouge-orangé,  sur  un  gilet  de  même  couleur.  A  la  cravate  de  linon 
blanc,  serrant  le  cou,  s'attache  un  jabot  de  dentelles.  Sous  le  bras  gauche 
on  aperçoit  la  pointe  du  tricorne.  Fond  gris  bleu. 

Signé  près  de  l'épaule  gauche:  Perronneau. —  Pastel. —  H. 0.72 ;  L. 0.60. 

Ancienne  collection  Willemoy. 

Cadre  ancien,  d'époque  Louis  XV,  en  bois  sculpté  et  doré,  à  baguettes, 
avec  coquilles  et  ornements  dans  les  coins.  28,100  francs. 

N°  89.    Abraham  van  Robais. 

En  buste  et  vu  de  face,  la  longue  perruque  poudrée  tombant  sur  les 
épaules,  il  est  vêtu  d'un  habit  de  velours  rouge.  A  la  cravate  de  linon  blanc 
est  attaché  un  jabot  de  dentelles.  Sous  le  bras  gauche,  on  aperçoit  la  pointe 
du  tricorne.  Fond  gris  jaunâtre. 

Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau.  —  Pastel.  —  H.  0.73;  L.  0.59. 

Cadre  ancien,  d'époque  Régence,  en  bois  sculpté  et  doré,  à  coquilles  et 
ornements  dans  les  coins.  87,000  francs  au  Musée  du  Louvre. 


—  199  — 

N"  90.    Portrait  de  femme. 

En  buste,  la  tête  de  trois  quarts  à  gauche,  elle  regarde  en  face  avec  une 
expression  souriante.  Sur  les  cheveux  bruns,  légèrement  poudrés,  où  sont 
piquées  quelques  fleurettes,  est  posé  un  fichu  bleu  dont  une  pointe  retombe 
sur  l'épaule  droite.  Au  côté  droit  du  corsage  décolleté,  de  gaze  transpa- 
rente, s'attache  une  draperie  bleue  dont  on  voit  flotter  l'extrémité  derrière 
l'épaule  gauche.  —  Pastel.  —  H.  0.6i  ;  L.  0.49. 

Cadre  ancien,  d'époque  Louis  XV,  en  bois  sculpté  et  doré,  avec  fronton 
ornementé.  10,500  francs. 

N°  172.    Portrait  présumé  de  M""  Blondel  d'Azincourt. 

Vue  à  mi-corps,  de  trois  quarts  à  droite  et  regardant  en  face,  la  tête,  aux 
cheveux  poudrés,  recouverte  d'une  coiffe  de  dentelles  à  rubans  bleus,  un 
rang  de  perles  autour  du  cou,  elle  est  vêtue  d'un  manteau  à  capuchon  de 
couleur  bleu  ciel,  à  pois,  bordé  de  fourrure,  retenu  par  un  ruban  de  même 
couleur,  noué  au  cou.  Le  corsage  bleu  décolleté  est  recouvert  d'un  fichu 
transparent  5  rayures  blanches.  La  main  droite,  gantée  de  blanc,  est  engagée 
dans  un  manchon  de  fourrure. 

Signé  en  haut,  à  droite  :  Perronneau,  1766.  —  Toile.  —  H.  0.78  ;  L.  0.62. 

Pendant  du  numéro  suivant.  —  Cadre  ancien,  d'époque  Louis  XV,  en 
bois  sculpté  et  doré,  à  coquilles,  torsades  et  fleurettes. 

83,000  francs  à  M.  Sarrazin. 

N°  173.    Portrait  présumé  de  Blondel  d'Azincourt. 

Vu  à  mi-corps,  de  trois  quarts  à  gauche,  il  regarde  en  face.  Il  porte  la 
petite  perruque  poudrée,  nouée  d'un  ruban  noir.  Une  cravate  de  lingerie 
blanche  serrant  le  cou,  il  est  vêtu  d'un  habit  de  velours  noir  sur  un  gilet 
rouge,  qui  s'ouvre  sur  un  jabot  de  dentelles.  Tenant  son  tricorne  sous  le 
bras  gauche,  il  a  la  main  droite  engagée  dans  l'ouverture  du  gilet.  Au  côté 
gauche  de  l'habit,  l'insigne  de  la  décoration  du  Saint-Esprit  est  suspendu 
à  un  ruban  rouge. 

Toile.  —  H.  0.78;  L.  0.62.  —  Pendant  du  numéro  précédent. 

Cadre  ancien,  d'époque  Louis  XV,  en  bois  sculpté  et  doré  à  coquilles, 
torsades  et  fleurettes.  42,500  francs  à  M.  Graat 

(Tous  ces  portraits  sont  reproduits  au  catalogue) . 


—  200  — 
1913. 

5 — 6  mai. 

Collections  Eugène  Kraemer. 

Deuxième  vente. 

PERRONNEAU  (Je an- Baptiste). 

N°  7.     Raguenet  de  Saint-Albin,  échevin  de  la  ville  d'Orléans. 

A  mi-corps,  de  trois  quarts  à  gauche,  le  visage  presque  de  face,  les  yeux 
fixés  sur  le  spectateur,  il  porte  un  habit  de  velours  vieux  rose,  ouvert  sur 
un  jabot  de  dentelles,  le  tricorne  noir  sous  le  bras  gauche,  la  perruque  pou- 
drée à  catogan,  un  ruban  noir  autour  du  cou. 

Pastel.  —  Signé  et  daté:  1765.  —  H.  0.61  ;  L.  0.50. 

Cadre  en  bois  sculpté.  —  (Reproduit  au  catalogue.)  23,000  francs. 

N°  8.    Portrait  de  M""^  d'Eprémesnil. 

En  buste,  presque  de  face,  les  cheveux  relevés  et  bouclés,  les  yeux  bruns, 
elle  porte,  sur  son  corsage  blanc  décolleté,  une  écharpe  bleue,  retenue  sur 
l'épaule  par  une  agrafe  à  cabochon,  un  collier  de  perles  autour  du  cou. 

Pastel. —  H.  0.60;  L.  0.50. 

Cadre  en  bois  sculpté.  —  (Reproduit  au  catalogue.) 


2 — 5  juin. 
Troisième  vente. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  125.    Portrait  d'homme. 

En  habit  noir,  jabot  et  cravate  de  mousseline,  perruque  poudrée,  la  tête 
relevée  vers  la  droite. 

Pastel.  —  Signé  à  droite  et  daté:  1747.  —  H.  0.56;  L.  0.45. 

Cadre  en  bois  sculpté. 

1918. 

26—27  mars. 

Collection  Edgar  Degas. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  4.    Buste  de  femme. 
Signé  dans  le  haut,  adroite,  et  daté:  1771.  —  Toile. —■  H.  0.66;  L.  0.54. 

30,500  francs. 


—  201  — 

3  mai. 

Collection  du  vicomte  de  Curel. 

N"  56.    Portrait  de  M.  Pommeret. 

Il  est  représenté  de  trois  quarts  à  gauche,  jusqu'à  la  poitrine,  et  vêtu 
d'un  habit  bleu  pâle  avec  une  cravate  blanche  à  barbe  de  dentelle.  Ses 
cheveux  poudrés  sont  noués  d'un  ruban  noir.  La  figure  se  détache  sur  un 
fond  neutre. 

Pastel  de  forme  ovale.  —  Signé  à  droite,  en  haut:  Perronneau.  — 
H.  0.55;  L.  0.44. 

Cadre  en  bois  sculpté  et  doré.  14,600  francs. 

N°  57.    Portrait  de  M"""  Pommeret. 

Elle  est  jeune  encore,  avec  des  yeux  ingénus  et  bleus,  et  le  visage  égayé 
d'un  rose  aimable.  Elle  est  vêtue  de  blanc,  avec  un  corsage  décolleté, 
orné  de  rubans  roses.  Un  étroit  ruban  de  même  couleur  lui  tient  lieu  de 
collier,  et  une  rose  est  piquée  dans  ses  cheveux  poudrés  qui  ne  demande- 
raient qu'à  rester  blonds.  La  figure  se  détache  sur  un  fond  gris  bleu. 

Pastel  de  forme  ovale.  —  Signé  à  droite,  en  haut:  Perronneau.  — 
H.  0.  55;  L.  0.45. 

Cadre  en  bois  sculpté  et  doré. 

(Ces  deux  pastels  sont  reproduits  au  catalogue).  12,000  francs. 


17 — 18  décembre. 

Succession  de  M.  Georges  Boin. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N"  25.    Portrait  de  femme. 

Vue  de  face  en  corsage  rose  décolleté  orné  d'un  gros  nœud  de  ruban. 
Elle  est  parée  d'un  collier  de  perles  et  porte  une  écharpe  sur  ses  épaules. 

Pastel  à  vue  ovale.  —  Signé  et  daté:  1767.  —  H.  0.57;  L.  0.48. 

Sur  une  étiquette  collée  au  revers,  on  lit:  Marguerite...,  épouse  de  Pierre 
Boyer-Fonfrède,  peint  en  1767. 

Cadre  ancien  en  bois  sculpté  doré.  11,500  francs. 


—  202  — 
1919. 

31  mars — 2  avril. 

Succession  Georges  Hoentschel. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N"  18.    Portrait  d'enfant. 

Vu  à  mi-corps,  très  légèrement  à  gauche,  les  yeux  bleus  regardant  en 
face,  il  est  vêtu  d'une  robe  à  taille,  décolletée  et  à  manches  courtes,  de 
brocart  blanc  à  broderies  jaunes,  bleues,  roses  et  rouges,  bordée  de  den- 
telles au  corsage  et  aux  manches.  Dans  la  main  gauche,  il  tient  un  jouet 
couvert  en  rouge.  Le  bras  droit  pend  le  long  du  corps.  Fond  gris  bleu, 
ombré  à  droite,  dans  la  partie  inférieure. 

Pastel.  — Signé  en  haut,  à  gauche:  Perronneau,  pinx.  1744.  —  H.  0.51  ; 
L.  0.41.  —  (Reproduit  au  Catalogue.) 

Cadre  ancien,  d'époque  Louis  XVI,  en  bois  sculpté  et  doré,  avec  nœud 
de  ruban,  formant  fronton,  guirlandes  et  chutes  de  fleurs  ei  rubans. 

Collection  Jacques  Doucet.  Vente  du  5  juin  1912,  n"  85,  catalogue: 
P'  vol.,  p.  89.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  Paris  1908,  n°  82  (indiqué 
par  erreur  comme  daté  de  1741  ) .  49,500  francs. 


12—13  mai. 

Collection  H.  Michel-Lévy. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  106.    Portrait  de  van  Robais. 

De  face,  à  mi-corps,  en  habit  de  velours  rose  ouvert  sur  un  jabot  de 
dentelle,  le  feutre  noir  sous  le  bras  gauche,  une  cravate  de  mousseline 
autour  du  cou,  il  porte  une  longue  perruque  bouclée  retombant  sur  les 
épaules. 

Pastel.—  H.  0.72;  L.  0.57.—  (Reproduit  au  catalogue.)      47,000  francs. 

N"  107.    Portrait  de  Marie-Thérèse  de  Villette,  femme  Laruette. 

En  buste,  de  trois  quarts  tournée  vers  la  gauche,  le  haut  du  corps  penché 
en  avant,  les  cheveux  poudrés  relevés  au  sommet  de  la  tête,  un  ruban  bleu 
autour  du  cou  et  noué  sous  le  menton,  elle  porte  un  corsage  de  soie  jaune 
décolleté  avec  nœuds  sur  la  poitrine,  et  un  mantelet  noir  sur  les  épaules. 

Pastel.  —  H.  0.55;  L.  0.45.  —  (Reproduit  au  catalogue.)  —  Cadre  en 
bois  sculpté. 


—  203  — 

Exposition  de  Cent  Pastels,  n°  87  du  catalogue. 

Marie-Thérèse  de  Viilefte-Laruette,  pensionnaire  du  Roi,  fut  reçue  en 
1760  à  la  Comédie  italienne,  où  elle  créa  un  certain  nombre  de  rôles  dans 
des  œuvres  de  Grétry,  de  Monsigny,  etc.  16,200  francs. 


26—27  mai. 

Collection  François  Flameng. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  33.    Portrait  de  jeune  femme  en  robe  rose. 

Les  cheveux  frisés  et  poudrés,  le  visage  de  face,  les  yeux  bleus,  en  robe 
rose  décolletée  jusqu'à  la  naissance  de  la  gorge  et  survoilée  d'une  écharpe 
de  gaze  rayée,  une  ceinture  bleue  lui  ceignant  la  taille  sous  un  nœud  de 
ruban  de  même  couleur,  elle  est  représentée  à  mi-corps,  dans  un  ovale  de 
pierre. 

Pastel.  —  H.  0.57;  L.  0.47.  —  Cf.:  Les  Arts,  n"  164,  p.  11,  où  il  est 
reproduit.  16.500  francs. 

31    mai. 

Vente  X***. 

PERRONNEAU  (attribué  à  Jean-Baptiste). 

N°  82.    Portrait  d'homme. 

A  mi-corps,  le  visage  de  trois  quarts  vers  la  droite,  un  ruban  gris  nouant 
la  perruque  poudrée,  il  porte  un  habit  rouge. 

Toile.—  H.  0.68;  L.  0.53. 

1&— 19  juin. 

Collection  L.  de  M***. 

PERRONNEAU  (d'après  Jean-Baptiste). 

N°  268.     Portrait  de  M.  Q.  de  Latour. 

Copie  ancienne  du  portrait  du  maître  pastelliste,  par  son  émule,  se  trou- 
vant au  Musée  Lécuyer,  à  Saint-Quentin. 

Pastel.  —  H.  0.55;  L.  0.45. 

14 


—  204  — 
1920. 

10—11    mai. 

Collection  Sigismond  Bardac. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  28.    Portrait  de  femme. 

Un  bonnet  de  dentelle  sur  ses  cheveux  poudrés,  le  visage  souriant  et 
tourné  de  trois  quarts  vers  la  droite,  elle  porte  un  corsage  bleu  décolleté 
en  carré,  dont  le  devant  de  soie  jaune  est  agrémenté  d'un  ruban  de  même 
nuance  et  les  manches  courtes  bordées  de  dentelles.  Les  mains  croisées, 
elle  est  représentée  presque  à  mi-corps. 

Pastel.  —  Signé  à  droite,  en  haut,  et  daté:  1744.  —  H.  0.63;  L.  0.51. 

Cadre  en  bois  sculpté.  —  (Reproduit  au  catalogue.)  31,000  francs. 

N°  29.    Portrait  du  Marquis  de  Puente-Fuerte. 

Les  cheveux  poudrés,  noués  d'un  catogan  de  velours  gris,  le  visage  de 
trois  quarts  vers  la  droite,  il  est  représenté  à  mi-corps.  Un  jabot  de  dentelle 
s'évase  sur  son  habit  bleu  où  brille,  agrafé  à  un  ruban  de  même  couleur, 
un  ordre  espagnol  dans  un  médaillon  enrichi  de  diamants. 

Pastel.  —  Signé  à  droite,  en  haut.  —  H.  0.65;  L.  0.55. 

Cadre  en  bois  sculpté.  —  (Reproduit  au  catalogue.) 

Un  portrait  du  marquis  de  Puente-Fuerte  est  reproduit  dans  la  Gazette 
des  Beaux-Arts,  466"  livraison,  du  1"  avril  1896,  p.  315  (article  de  M.  Mau- 
rice Tourneux).  Cf.  également  la  Gazette  des  Beaux-Arts  du  1""  février 
1896,  pp.  141-142.  21.000  francs. 

N°  30.    Portrait  d'homme. 

Les  yeux  bleus,  la  chevelure  poudrée  nouée  d'un  catogan,  le  visage  de 
trois  quarts  vers  la  droite,  il  porte  un  habit  rose  à  col  gris.  Un  léger  jabot 
de  dentelle  dépasse  à  l'échancrure  du  gilet.  Il  est  représenté  en  buste,  une 
cravate  de  mousseline  autour  du  cou,  le  tricorne  sous  le  bras  gauche. 

Pastel.  —  Signé  à  droite,  en  haut.  —  H.  0.55;  L.  0.44.  —  (Reproduit 
au  catalogue.) 

On  lit  au  verso,  sur  le  cartonnage  de  protection,  la  mention:  Juillet  1756, 
par  Perronneau.  25,500  francs. 


—  205  — 
8—10  juin. 

Collection  A.  Beurdeley. 

Portrait  de  femme  (1). 

Pastel.  —  Signé.  —  H.  0.59;  L.  0.45. 

Cadre  ancien  en  bois.  37,500  francs. 


21—22  juin. 

Tableaux  anciens  et  modernes. 

Provenant  de  la  collection  X***  . 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  25.    Portrait  présumé  de  M.  Miron. 

La  chevelure  poudrée  et  nouée  d'un  catogan,  il  est  représenté  en  buste, 
le  visage  de  trois  quarts  vers  la  gauche;  son  habit  de  velours  bleu,  à  revers 
bleus,  s'enlr'ouvre  sur  une  chemise  de  fine  dentelle. 

Pastel  de  forme  ovale.  —  Signé  et  daté  à  droite,  en  haut  :  Perronneau,  1772. 

H.  0.60;  L.  0.51. 

Collection  du  comte  Joachim  Lepic. 

35,000  francs  avec  le  suivant. 

N°  26.     Portrait  présumé  de  M""  Miron. 

Les  yeux  bruns,  les  cheveux  relevés  et  poudrés,  un  collier  de  perles  au 
cou,  elle  est  représentée  le  visage  de  trois  quarts  vers  la  gauche.  Une  man- 
tille de  tulle  noir  garnie  de  Chantilly  couvre  ses  épaules  et  son  corsage  de 
soie  rose  décolleté  est  orné  d'un  nœud  de  ruban. 

Pastel  de  forme  ovale. —  Signé  et  daté  à  droite, en  haut  :  Perronneau  1763. 

H.  0.62;  L.  0.48. 

Un  portrait  au  pastel  de  M'""  Miron  par  J.-B.  Perronneau  a  figuré  au 
Salon  de  1765,  sous  le  n°  65. 

Collection  du  comte  Joachim  Lepic. 

N°  27.    Portrait  de  femme. 

Les  cheveux  poudrés  et  bouclés,  un  collier  de  perles  autour  du  cou,  elle 
porte  un  bouquet  de  bleuets  à  l'échancrure  de  son  corsage. 

(I)  Portrait  de  la   marquise  d'Entrevaux  de  Ribeyrolles. 


—  206  — 

Pastel.  — •  Signé  à  droite,  en  haut.  (La  signature  est  en  partie  effacée.) 

H.  0.52;  L.  0.44. 

(Ces  trois  pastels  sont  reproduits  au  catalogue) .  20,000  francs. 

N°  28.    Portrait  de  femme. 

Un  bonnet  de  dentelle  sur  ses  cheveux  relevés  et  poudrés,  un  collier  de 
perles  autour  du  cou,  une  écharpe  bleue  sur  les  épaules,  elle  est  représentée 
en  buste,  le  bras  gauche  accoudé  sur  un  coussin  de  velours. 

Pastel.  —  Signé  à  droite,  en  haut,  et  daté:  1766.  —  H.  0.65;  L.  0.53. 

Cadre  en  bois  sculpté.  8,500  francs. 

N°  29.     Portrait  de  femme. 
Un  ruban  noir  autour  du  cou,  les  cheveux  relevés  et  poudrés,  les  yeux 

bruns,  le  visage  de  face,  elle  porte  un  corsage  bleu  et  une  écharpe  brune 

recouvre  ses  épaules. 

Pastel.  —  Signé  à  droite,  en  haut.  (La  signature  est  à  demi  effacée.) 
H.  0.58;  L.  0.46.  9,000  francs. 

N°  30.    Portrait  de  jeune  femme. 

Les  yeux  bleus,  le  visage  presque  de  face,  un  bonnet  ruche  posé  sur  ses 
cheveux  bouclés,  elle  est  représentée  en  buste  et  porte  un  corsage  lilas 
légèrement  décolleté  et  bordé  de  dentelle. 

Pastel  de  forme  ovale.  —  Signé  à  droite,  en  haut,  et  daté:  1780. 

H.  0.55;  L.  0.42.  5,000  francs. 

N°  31.    Portrait  de  femme. 

De  face,  vue  presque  à  mi-corps,  un  collier  de  perles  autour  du  cou,  !a 
main  gauche  contre  la  joue. 

Pastel.  —  Signé  à  droite,  en  haut  et  daté:  1770.  (La  signature  est  en 
partie  effacée.)  —  H.  0.72;  L.  0.58. 

Cadre  en  bois  sculpté.  2,400  francs. 

N"  32.    Portrait  de  femme  en  Diane. 

La  tète  inclinée  vers  la  gauche,  un  carquois  à  l'épaule,  elle  présente  une 
flèche  de  la  main  droite. 

Pastel.  —  Signé  à  droite,  en  haut  et  daté:  1760.  —  H.  0.53;  L.  0.45. 

900  francs. 

N°  33.    Portrait  de  jeune  femme. 
En  corsage  bleu,  coiffée  d'une  fanchon  de  gaze  rayée,  le  visage  tourné 

de  trois  quarts  vers  la  droite,  elle  est  représentée  en  buste. 
Pastel.  —  Signé  et  daté  à  droite,  en  haut:  J.  B.  Perronneau,  1770.  — ■ 
H.  0.53;  L.  0.45.  15,000  francs. 


—  207  — 

N°  95.    Portrait  d'un  magistrat. 

La  perruque  poudrée  et  bouclée,  le  visage  de  face,  il  est  représenté  en 
buste,  dans  un  ovale  de  pierre  et  porte  le  rabat  et  la  robe  rouge. 

Signé  à  droite,  en  haut,  et  daté:  1768.  —  Toile.  —  H.  0.65;  L.  0.52. 

Cadre  en  bois  sculpté. 

(Reproduit  au  catalogue).  15,100  francs. 

6 — 8  décembre. 

Collection  de  M.  Alphonse  Kann. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  133.    Portrait    de    Marie-Louise-Catherine-Françoise-Colette 
DE  ViLLERS,  peint  en  1770. 
En  buste  de  trois  quarts  à  gauche. 

Pastel  de  forme  rectangulaire  à  vue  ovale.  —  Signé  à  gauche,  vers  le  bas: 
H.  0.75;  L.  0.59.  —  (Reproduit  au  catalogue.)  —  Cadre  en  bois  sculpté. 

—  Vente  Cronier,  n°  39. 

1922. 

18—19  mai. 

Collection  Alfred  Sussmann. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N°  48.    Portrait  de  M.  Duperel. 

Vu  jusqu'à  mi-corps,  de  (rois  quarts  à  gauche,  il  est  vêtu  d'un  habit  rouge 
éteint,  d'un  gilet  à  jabot  de  dentelle  et  à  boutons  de  métal.  Les  cheveux  sont 
poudrés,  coiffés  à  marteaux  et  noués  avec  un  ruban  noir.  La  physionomie 
est  calme  avec  une  certaine  expression  de  dédain. 

Peinture  à  l'huile.  —  Signée  en  haut,  vers  la  droite:  Perronneau,  177L 

H.  0.685;  L.  0.575. 

Collection  Lrnest  Cronier;  vente  à  Paris,  les  4-5  décembre  1906,  n"  19 
(sous  la  désignation:  M.  Dupéril).  A  figuré  à  l'Exposition  du  Salon  du 
Louvre,  en  1773,  sous  le  n°63:  le  portrait  de  M.  Duperel.  Tableau  à  l'huile 
de  27  pouces  sur  22.  —  (Reproduit  au  catalogue.)  36,000  francs. 


—  208  — 
1923. 

15  mars. 

Tableaux  et  pastels  appartenant  à  divers. 

PERRONNEAU  (Je an- Baptiste). 

N°  41.    Portrait  du  Marquis  deCamiran. 

Vu  en  buste  et  de  face,  il  est  vêtu  d'un  habit  de  velours  bleu  clair  bordé 
de  larges  galons  d'or  et  orné  de  boutons  d'or. 

Pastel.  —  Signé  et  daté  en  haut,  à  droite.  —  H.  0.65;  L.  0.54. 

Cadre  de  l'époque  de  Louis  XV,  en  bois  sculpté  et  doré. 

Collection  Ch.-P.  de  Meurville. 

(Reproduit  au  catalogue) .  11, 000  francs. 


4  juin. 

Tableaux  anciens  et  modernes. 

PERRONNEAU  (Jean-Baptiste). 

N"  24.    Portrait  de  Van  Robais. 

De  face,  à  mi-corps,  en  habit  de  velours  rose  ouvert  sur  un  jabot  de  den- 
telle, le  feutre  noir  sous  le  bras  gauche,  une  cravate  de  mousseline  autour 
du  cou,  il  porte  une  longue  perruque  bouclée  retombant  sur  les  épaules. 

Pastel.  —  H.  0.72;  L.  0.57.  —  (Reproduit  au  catalogue.)  —  Collection 
H.  Michel-Lévy,  vente  à  Paris,  les  12  et  13  mai  1919,  n°  106  du  catalogue. 

17.000  francs. 


CATALOGUE  CHRONOLOGIQUE 
DE  L'ŒUVRE  DE  J.  B.  PERRONNEAU  ^'^ 


1740. 

M"=  CATHERINE-THÉRÈSE  DESFRICHES.  —  Dessin  au  crayon 
rouge.  (P.  9.) 

1743. 

PETITE  FILLE  TENANT  UN  CHAT.  —  Pastel.  Signé  en  haut,  à  droite: 
Perronneau,  Aoust  1743.  —  Galerie  Nationale  de  Londres,  n°  3588. 
(P.  10,  PI.  2.) 

1744. 

M"'  DESFRICHES  MÈRE.  —  Pastel.  H.  0.54;  L.  0.43.  Signé  en  haut, 
à  droite:  Perronneau,  1744.  —  A  M'""  Ratouis  de  Limay.  —  Coiffée 
d'un  bonnet  blanc  de  dentelle  en  point  de  France,  elle  porte  une  mantille 
de  taffetas  noir  à  fleurettes  brochées,  nouée  en  fichu  sur  la  poitrine. 
(P.  11.) 

PORTRAIT  D'ENFANT.  —  Pastel.  H.  0.51  ;  L.  0.41.  Signé  en  haut,  à 
droite;  Perronneau  pinx.  1744.  —  A  M.  Georges  Dormeuil.  —  Les 
cheveux  blonds,  habillé  d'une  robe  fourreau  en  tissu  de  brocart  à  fond 
crème,  bigarré  de  fleurs  jaunes,  bleues  et  roses.  De  la  main  gauche,  il  tient 
un  livre  ou  une  crécelle.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n"  82.  — 
Vente  J.  Doucet,  1912,  n°  35  (77,000  francs).  —  Vente  Hœntschel, 
1919,  n"  18  (49,500  francs).  (P.  11.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Pastel.  H.  0.63;  L.  0.51.  Signé  en  haut  et 
daté:  1744.  —  Vente  Bardac,  1920,  n°  28  (31,000  francs).  (P.  204.) 


(I)  Nous  avons  cru  inutile  de  reproduire  ;\  nouveau  dans  ce  catalogue  les  descriptions 
des  œuvres  de  Perronneau  déjà  données  dans  le  texte  de  l'ouvrage;  pour  chacune  de  ces 
œuvres,  nous  nous  contentons  d'indiquer  la  page  du  texte  où  elle  a  été  décrite.  Pour  les 
œuvres   reproduites,   l'abréviation   PI.   désigne  le   numéro  de   la   planche. 


—  210  — 
1745. 

PORTRAIT  DU  NÈGRE  BLANC  MAPONDÉ.  —  Pastel.  H.  0.772; 
L.  0.565.  —  Château  de  Drottningholm  (Suède).  (P.  12,  PI.  3.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel,  carré  en  hauteur.  Signé  en  bas,  à 
droite:  Perronneau,  1745.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult. 
(P.  12.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  Signé  en  haut,  à  droite  et  daté:  1744. 

—  Vente  S.  Bardac,  1920,  n"  28  (31,000  francs).  (P.  204.) 

.^  1746. 

CHARLES  DE  BASCHI,  MARQUIS  D'AUBAIS.  —  Pastel.  —  Salon  de 
1746,  n"  146.  —  Gravé  par  Daullé.  —  V  Vente  Laperlier,  1867.  — 
Anciennes  collections  du  marquis  de  Beurnonville  et  du  peintre  Emile 
Lévy.  (Pp.  14  et  161.) 

HUBERT  DROUAIS.  —  Pastel.  —  Salon  de  1746,  n"  147. 

LE  PETIT  DESNOYEL  TENANT  UNE  POULE  HUPPÉE.  —  Pastel.  — 
Salon  de  1746,  n°  149.  (P.  14.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FEMME.  —  Pastel  ovale.  H.  0.54  ;  L.  0.45.  Signé 
à  droite,  près  de  l'épaule:  Perronneau  pinx.,  1746.  —  Au  vicomte 
Fernand  de  Bonneval.  (P.  17,  PI.  4.) 

GILLEQUIN.  —  Peinture.  H.  0.62;  L.  0.53.  —  A  M.  Léon  Michel-Lévy. 

—  Vu  à  mi-corps,  la  perruque  poudrée,  en  habit  gris,  tenant  son  tricorne 
sous  le  bras  gauche.  —  Salon  de  1746,  n°  148.  —  Ventes  Laperlier,  1879, 
de  Beurnonville,  1881,  Leguillon,  1895.  (P.  16.) 

JEUNE  ÉCOLIER,  FRÈRE  DE  L'AUTEUR,  TENANT  UN  LIVRE.  — 
Peinture.  —  Salon  de  1746,  n"  150.  —  Peut-être  le  portrait  d'enfant,  attri- 
bué à  Perronneau,  qui  se  trouve  au  Musée  de  l'Ermitage,  à  Saint- 
Pétersbourg.  (P.  14.) 

1747. 

LE  COMTE  DE  BASTARD.  —  Pastel.  H.  0.67;  L.  0.56.  Signé  dans  le 
fond,  à  gauche:  Perronneau  pinx.,  no.^'^''  1747.  —  A  M.  David  Weill.  — 
En  buste,  les  yeux  bleus,  la  bouche  enfr'ouverte,  portant  un  habit  de 
velours  taupe,  le  gilet  entr'ouvert  sur  un  jabot  de  guipure,  tenant  son 
tricorne  sous  le  bras  gauche.  —  Exposition  pour  les  Alsaciens-Lorrains, 
1874,  n°964.  —  Vente  Wilson,  1881,  n"  20.  —  Exposition  rétrospective 


—  211  — 

des  Pastellistes  français,  1885,  n°  72.  —  Exposition  de  Cent  Pastels, 
1908,  n"  79.  —  Vente  J.  Doucet,  1912,  n°  86  (116,100  francs).  (Pp.  21 
et  197,  PI.  6.) 
GABRIEL  HUQUIER.  —  Pastel.  H.  0.62;  L.  0.52.  Signé  au  milieu,  à 
gauche:  Penoneau  en  1747,  Février.  —  A  M.  André  Lazard.  —  Vu  de 
trois  quarts,  la  perruque  «  moutonne  »  poudrée,  les  yeux  gris-bleu,  por- 
tant un  habit  et  un  gilet  de  nuance  tourterelle,  tenant  sous  le  bras  gauche 
son  tricorne  noir  à  reflets  bleus.  —  Salon  de  1747,  n°  127.  —  Exposition 
de  Cent  Pastels,  1908,  n°  85.  (P.  19,  PI.  5.) 

LE  FILS  DE  M.  HUQUIER  TENANT  UN  LAPIN.  —  Salon  de  1747, 
n"  I29bis. 

PORTRAIT  D'ENFANT  (probablement  le  jeune  Lemoyne,  fils  aîné  du 
sculpteur,  âgé  de  5  ans).  —  Pastel.  H.  0.43;  L.  0.35.  Signé  dans  le  bas 
à  droite:  Perroneau.  —  Les  yeux  bleus,  les  cheveux  frisants,  un  peu 
ébouriffés,  la  bouche  entr'ouverte,  la  tête  un  peu  penchée  vers  la  gauche, 
il  est  vêtu  d'un  habit  bleu  violacé  à  gros  boutons  et  d'un  gilet  bleu 
montant.  Au  dos  du  pastel,  on  lit,  en  écriture  du  temps:  n  Ce  pastel  a  été 
fixé  par  Loriot.  »  —  Salon  du  Louvre,  1747,  n°  125?  —  Exposition 
rétrospective  des  Pastellistes  français,  1885,  n°  75.  —  Ancienne  collection 
de  M.  Camille  Groult.  (P.  18.) 

PORTRAIT  D'ENFANT.  —  Pastel.  H.  0.40;  L.  0.32.  Signé  en  bas, 
à  droite:  Perronneau  pinx.  1747.  —  Les  cheveux  châtains  et  ébouriffés, 
!es  yeux  bruns,  vêtu  d'une  veste  en  velours  vert  pâle  avec  un  gilet  semé 
de  fleurettes  roses.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n"  86  (portrait 
présumé  d'un  fils  du  sculpteur  Lemoyne).  —  Ancienne  collection  de 
M.  Albert  Lehmann.  (P.  19.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  H.  0.56;  L.  0.45.  Signé  à  droite  et 
daté:  1747.  —  3»  Vente  Krœmer,  1913,  n°  125.  (P.  200.) 

G.  FRIEDRICH  KREGEL  VON  STERNBACH.  —  Peinture.  H.  0.58; 
L.  0.488.  Signée:  Perronneau  pinx.,  Paris  17.7.  —  Bibliothèque  de 
l'Université  de  Leipzig.  (P.  22.) 

CHARLES  LE  NORMANT  DU  COUDRAY.  —  Peinture.  H.  0.645; 
L.  0.53.  —  A  M.  B.  Fcssard.  (P.  21.) 

MADAME  DE  VILLENEUVE,  d'Oriéans,  tenant  les  mains  dans  son 
manchon.  —  Peinture.  —  Salon  de  1747,  n°  128.  (P.  19.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Peinture.  H.  0.60;  L.  0.49.  Signée  au  milieu, 
à  gauche:  Perronneau  pinx.  1747.  —  A  M.  Hulin  de  Loo.  —  Dans  ses 
cheveux  bruns  non  poudrés,   un  bijou  retenant  une  grosse  perle  est 


—  212  — 

attaché  à  un  nœud  bleu.  Cette  femme  au  visage  épanoui,  au  teint  coloré, 
aux  sourcils  très  marqués,  est  encore  jeune.  Une  rose  blanche  est  fixée 
à  son  corsage  décolleté,  de  nuance  brun-orangé,  bordé  de  bleu. 

1748. 

LE  PRINCE  D'ARDORE,  MARQUIS  DE  SAINT-GEORGES.  —  Pastel. 
Signé  et  daté:  1748.  (P.  27.) 

LA  PRINCESSE  D'ARDORE,  née  Henriette  Carracciolo  de  Santo- 
Buono,  femme  du  prince  d'Ardore.  —  Pastel.  1748?  fP.  27.) 

M.  OLIVIER.  —  Pastel.  H.  0.71;  L.  0.58.  Signé  au  milieu,  à  gauche: 
Peroneau  pin.  1748.  —  Vu  à  mi-corps,  portant  une  perruque  de  procu- 
reur, vêtu  d'un  habit  de  velours  prune  et  d'un  gilet  de  satin  blanc  brodé 
et  rebrodé  de  passementeries  d'or.  La  main  droite,  sortant  d'une  man- 
chette de  dentelle,  est  posée,  l'index  replié,  sur  une  petite  table.  —  Salon 
de  1748,  n°  96.  —  Exposition  de  l'Union  des  Arts  de  Marseille,  1863.  — 
Exposition  rétrospective  des  Pastellistes  français,  1885,  n°  74.  —  Exposi- 
tion de  Cent  Pastels,  1908,  n°  98.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult.  (P.  22.) 

M""  OLIVIER.  —  Pastel.  H.  0.71;  L.  0.57.  Signé  au  milieu,  à  droite: 
Perronneau  pinx.  1748.  —  Elle  est  représentée  assise,  la  tête  tournée 
de  trois  quarts,  coiffée  d'une  cornette  de  dentelle  blanche,  les  cheveux 
poudrés  et  frisés  en  «  tapé  ».  Elle  porte  au  cou  un  collier  de  perles  de 
trois  rangs.  Le  corsage  décolleté  en  carré  s'ouvre  sur  un  «i  corps  »  garni 
et  barré  d'i<  échelons  »  de  dentelles.  Sa  robe  de  <<  pékin  »  est  brochée 
de  pétales  de  fleurs  rouges  et  de  feuilles  vertes.  Son  bras  droit  est  replié, 
accoudé  sur  une  petite  table  de  marqueterie  ;  la  main  s'appuie  délicate- 
ment sur  le  cou  près  de  l'oreille.  —  Salon  de  1748,  r.°  97.  —  Exposition 
de  l'Union  des  Arts  de  Marseille,  1863.  —  Exposition  rétrospective  des 
Pastellistes  français,  1885,  n°  74.  - —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1909, 
n"  99.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult.  (P.  22.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Pastel.  H.  0.51  ;  L.  0.41.  Signé  au  milieu, 
à  gauche:  Perroneau  pinx.  1748.  —  A  M.  Armand  Marne.  —  Son  visage 
épanoui  s'encadre  dans  la  fine  dentelle  d'une  cornette  à  barbes  pendantes 
ondulant  sur  les  épaules.  Elle  porte  un  collier  de  quatre  rangs  de  perles; 
son  corsage  décolleté  en  carré  est  en  soie  vert  pâle  ou  vert  céladon, 
broché  de  fleurettes  bleues.  —  Peut-être  le  portrait  du  Salon  de  1750 
catalogué:  «  Madame  **"'  en  robe  verte  ».  —  Vente  Marne,  avril  1904, 
n"  64.  —  Exposition  de  Cent  Pastels  (non  catalogué).  (Pp.  29  et  188, 
PI.  10.) 


—  213  — 

PORTRAIT  DE  FEMME  ÂGÉE.  —  Pastel.  H.  0.55;  L.  0.  43.  Signé 
en  bas,  à  gauche:  Perronneau  pinx.  1748.  —  Ancienne  collection  de 
M.  Camille  Groult.  —  Probablement  le  n°  100  du  Salon  de  1748: 
«  Madame  de  ***  en  habit  couleur  de  rose  ».  (P.  25.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  H.  0.67;  L.  0.51.  Signé  et  daté: 
Peroneau,  1748.  —  A  M.  Aicard.  (P.  26,  PI.  8.) 

LA  DUCHESSE  D'AYEN.  —  Peinture.  H.  1.20;  L.  1.00.  Signée  et  datée 
au  milieu,  à  droite:  Perronneau,  1748.  —  A  M.  David  Weill.  —  Exposi- 
tion de  Cent  Portraits  de  femmes,  1909,  n°  87  (à  M.  le  comte  de  Lagarde) . 
(P.  26,  PI.  7.) 

PORTRAIT  D'UN  BÉNÉDICTIN.  —  Peinture.  H.  0.55;  L.  0.45. 
Signé  et  daté  en  haut,  à  droite:  Perroneau  1748.  —  A  M.  Chévrier.  — 
Peut-être  dom  Jourdain,  plus  connu  sous  le  nom  de  dom  Maur.  Cette 
toile  avait  été  donnée  le  9  novembre  1862  à  M.  Marcille  par  M.  Tardif, 
curé  de  Combleux  qui  l'avait  reçue  lui-même  d'un  aubergiste  de  Sully 
(Loiret).  —  2'  Exposition  des  Portraits  du  siècle,  1885,  n"  218.  (P.  28, 
PI.  9.) 

M"^  AMÉDÉE,  de  l'Opéra,  en  domino  noir.  —  Salon  de  1748,  n°  99. 
(P.  24.) 

LAZARE  CHAMBROY.  —  Gravure  de  Daullé  exposée  au  Salon  de  1750, 
d'après  le  tableau  de  Perronneau  ayant  figuré  au  Salon  de  1748,  n°  95. 
(Pp.  22  et  161.) 

M"°  DE  L'ÉPÉE,  LA  JEUNE,  «  en  habit  de  couleur  de  rose  ».  —  Salon 
de  1748,  n"  100.  (P.  25.) 

LE  PAGE,  artiste  de  l'Opéra.  —  Salon  de  1748,  n°  98.  (P.  24.) 

1749. 

M"=  HUQUIER  TENANT  UN  PETIT  CHAT.  ^  Pastel.  H.  0.47  ;  L.  0.38. 
Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau  pinx.  Oct.''"'''  1749.  —  Musée  du 
Louvre.  —  Sur  une  coiffure  basse  à  boucles  frisées,  une  plume  blanche 
et  une  plume  bleue  sont  piquées  dans  ses  cheveux  poudrés.  Elle  porte  des 
boucles  d'oreille.  Son  corsage  bleu  à  ramages  blancs  est  décolleté  en 
ovale.  —  Salon  de  1750,  n°  138.  —  Acheté  le  7  avri'  1870  par  la  Direction 
du  Louvre  à  l'expert  Ferai,  pour  la  somme  de  300  francs.  (P.  33.) 

M"'  HUQUIER  TENANT  UN  PETIT  CHAT.  —  Pastel.  —  Réplique  du 
précédent.  H.  0.45;  L.  0.34.  —  A.  M.  M***.  —  Pastel  venant  de  la 


—  214  — 

succession  de  M.  Huau,  conservateur  du  Musée  de  peinture  d'Orléans, 
légataire  de  Huquier.  —  Exposition  des  Beaux-Arts  à  Orléans,  1884, 
n"  503.  —  Passé  en  1905  à  l'Hôtel  des  Ventes  (19,000  francs).  (Pp.  34 
et  191.) 

DAME  DE  SORQUAINVILLE.  —  Peinture.  H.  1.00;  L.  0.80.  Signée  en 
haut,  à  droite:  Perronneau  1749.  —  A.  M.  David  Weill.  —  Exposition 
de  Cent  Portraits  de  femmes,  1909,  n°  88.  (P.  30,  PI.  11.) 

1750. 

M.  DE  LA  FONTAINE.  —  Pastel.  H.  0.72;  L.  0.64.  Signé  au  milieu,  à 
droite  :  Peironeau,  1750.  —  Il  s'agit  de  M.  de  La  Fontaine,  sellier  du  Roi, 
qui  signe  au  contrat  de  mariage  de  Perronneau.  —  Salon  de  1751,  n"  79. 
—  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n"  89  (au  marquis  de  Saint-Maurice 
Mor.tcalm).  (P.  41.) 

M""  DE  LA  FONTAINE.  —  Pastel.  H.  0.72;  L.  0.64.  Signé  en  bas,  à 
gauche:  Perroneau  1750.  —  Salon  de  1751,  n°  79.  —  Exposition  de  Cent 
Pastels,  1908,  n"  90  (au  marquis  de  Saint-Maurice  Montcalm).  (P.  41.) 

LA  TOUR.  —  Pastel  H.  0.56;  L.  0.48.  Signé  et  daté  en  bas,  à  gauche: 
Perronneau,  1750.  —  Musée  de  Saint-Quentin.  —  Exposition  rétrospec- 
tive des  Pastellistes  français,  1885,  n"  78.  (P.  34,  PI.  12.) 

LA  TOUR.  —  Pastel.  —  Salon  de  1750,  n°  128.  (P.  36.) 

JEUNE  FEMME  TENANT  UN  BOUQUET  DE  BARBEAUX.  —  Pastel. 
H.  0.58;  L.  0.46.  —  Elle  est  représentée  assise,  la  main  et  le  bras  droits 
s'appuyant  à  une  table.  De  la  main  gauche,  elle  tient  un  bouquet  de 
barbeaux  ou  bleuets.  —  Peut-être  le  numéro  134  du  Salon  de  1750.  — 
Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  81.  —  Vente  J.  Doucet,  1912,  n°  87 
(75,000  francs).  (Pp.  32  et  198.) 

M""°  THIBOUST.  —  Pastel.  —  Salon  de  1750,  n"  132.  (P.  32.) 

THIBOUST,  imprimeur  du  roi.  —  Peinture.  —  Salon  de  1750,  n"  131. 
(P.  32.) 

BEAUMONT,  graveur  de  l'Hôtel  de  Ville.  —  Salon  de  1750,  n"  140. 
(P.  31.) 

KAMM.  —  Salon  de  1750.  n°  136.  (P.  32.) 

1751. 

JEAN-MICHEL  CHEVOTET.  —  Pastel.  H.  0.59;  L.  0.50.  Signé  au 
milieu,  à  gauche:  Perroneau,  1751.  —  Musée  d'Orléans.  —  Exposition 


—  215  — 

rétrospective  des  Beaux-Arts  et  des  Arts  appliqués  à  l'industrie,  Orléans, 
1876,  n"  269.  —  Exposition  des  Beaux-Arts  d'Orléans,  1884,  n°  501.  — 
Légué  par  M.  Delzons  au  Musée  d'Orléans.  (Pp.  43  et  45.) 

M"°  CHEVOTET.  —  Pastel.  H.  0.59;  L.  0.50.  Signé  au  milieu,  à  gauche  : 
Perroneau  1751.  —  Musée  d'Orléans.  —  Exposition  rétrospective  des 
Beaux-Arts  et  des  Arts  appliqués  à  l'industrie,  Orléans,  1876,  n°  270.  — 
Exposition  des  Beaux-Arts  d'Orléans,  1884,  n°  502.  —  Légué  par 
M.  Delzons  au  Musée  d'Orléans.  (Pp.  43  et  45.) 

AIGNAN-lHOMAS  DESPRICHES.  —  Pastel.  H.  0.59;  L.  0.50.  Signé 
en  haut,  à  gauche:  Perroneau,  1751.  —  A  M"'  Ratouis  de  Limay.  — 
Salon  de  1751,  n°  83.  —  Exposition  des  Beaux-.'^rts  d'Orléans,  1884, 
n"  498.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n^  91.  (P.  42,  PI.  13.) 

M""  DESFRICHES.  —  Pastel.  H.  0.59;  L.  0.48  —  A  Af"^  Ratouis 
de  Limay.  —  Exposition  des  Beaux-Arts  d'Orléans.  1884,  n°  499. 
(P.  42,  PI.  13.) 

LE  PRINCE  DE  SOUBISE.  —  Pastel.  [P.  47.) 

LE  DUC  D'AUMONT.  —  Peinture.  H.  1.80;  L.  0.67.  —  Hôtel  de  Ville 
de  Boulogne-sur-Mer.  (P.  43.) 

M""  DU  RUISSEAU.  —  Peinture.  —  Salon  de  1751,  n°  101. 

LE  COMTE  DE  BONNEVAL.  —  Salon  de  1751,  n°  76.  (P.  40.) 

M"'  ROSALINE,  DITE  RATON,  artiste  de  l'Opéra-Comique.  —  Salon 
de  1751,  n"  85.  (P.  40.) 

M.  RUELLE,  premier  échevin  de  Paris.  —  Salon  de  1751,  n°  77.  (P.  40.) 

M""  RUELLE.  —  Salon  de  1751,  n"  78.  (P.  40.) 

M"^  SILANIE  (M""  LANY,  danseuse  de  l'Opéra).  —  Salon  de  1751, 
n"  81.  (P.  40.) 

1753. 

LA  COMTESSE  JACQUETTE  D'ARCHES,  née  de  Loupes.  —  Pastel. 
H.  0.47;  L.  0.39.  Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau.  —  Les  cheveux 
poudrés,  elle  est  vêtue  d'un  mantelet  de  taffetas  gris  foncé  avec  le  devant 
du  corsage  bleu.  Un  ruban  bleu,  noué  sous  le  menton,  entoure  le  cou.  — 
Prêté  à  l'Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n"  83,  par  M"'"  René 
d'Hubert.  (P.  52,.) 


—  216  — 

LE  PRÉSIDENT  BIGNON.  —  Pastel.  H.  0.54;  L.  0.44.  Signé  en  haut, 
à  gauche:  Perroneau,  1753.  —  Tourné  de  trois  quarts  vers  la  gauche, 
la  perruque  poudrée,  il  porte  un  tour  de  cou  de  linon  blanc  avec  jabot, 
un  habit  et  un  gilet  noirs.  (P.  53.) 

PIERRE  BOUGUER.  —  Pastel.  H.  0.58;  L.  0.44.  Signé  en  bas.  à  gauche: 
Perroneau,  1753.  —  Musée  du  Louvre.  —  Il  est  représenté  assis  dans  un 
fauteuil,  portant  un  tour  de  cou  de  linon  blanc  avec  jabot  de  dentelle, 
un  habit  lilas  pâle  changeant,  un  gilet  de  même  couleur  mais  plus  pâle. 
11  tient  la  main  droite  passée  dans  son  gilet,  son  tricorne  sous  le  bras 
gauche.  —  Le  10  octobre  1846,  M.  Grangeret  de  Lagrange,  l'un  des 
conservateurs  de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal,  donne,  pour  le  Musée  de 
Versailles,  le  portrait  peint  au  pastel  par  Perronneau,  en  1753,  de  Bou- 
guer,  membre  de  l'Académie  des  sciences.  (Pp.  53  et  164.) 

PHILIPPE  CAYEUX  ET  M"'  CAYEUX.  —  Pastel.  H.  0.71  ;  L.  0.57.  — 
Cayeux  est  assis  au  premier  plan,  le  corps  penché  en  avant,  la  ièit  tournée 
à  gauche.  Il  porte  un  habit  marron  à  gros  boutons  avec  des  manchettes 
de  dentelle.  Sa  main  droite  qui  tient  un  porte-fusain  s'appuie  sur  la 
gauche.  Derrière  lui,  à  gauche,  regardant  par-dessus  son  épaule,  se  tient 
M™"  Cayeux,  sa  femme,  coiffée  d'un  petit  bonnet  blanc  que  recouvre  une 
bagnolette  noire.  Elle  porte  un  mantelet  de  taffetas  noir.  —  Ancienne 
collection  de  M.  Camille  Groult.  —  Il  existe  au  Musée  d'Arras  une 
réplique  de  ce  tableau,  peinte  à  l'huile.  (P.  51.) 

M"'°LEMOYNE,née  JEANNE  DORUS,  troisième  femme  de  J.-B.Lemoyne, 
âgée  de  32  ans.  —  Pas^eZ.  H.  0.66;  L.  0.57.  —  A  M.Georges  Dormeuil. — 
Salon  de  1753,  n"  125.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  75.  (P.  49.) 

ADAM  L'AINÉ.  —  Peinture  (morceau  de  réception  à  l'Académie  royale). 
H.  1.28;  L.  0.95.  —  Musée  du  Louvre.  —  Salon  de  1753,  n°  124.  — 
Collection  de  l'Académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture.  —  Ecole 
nationale  des  Beaux-Arts.  (P.  49,  PI.  14.) 

J.-B.  OUDRY.  —  Peinture  (morceau  de  réception  à  l'Académie  royale). 
H.  1.28;  L.  0.95.  —  Musée  du  Louvre.  —  Salon  de  1753,  n°  124.  — 
Collection  de  l'Académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture.  —  Ecole 
nationale  des  Beaux-Arts.  (P.  50,  PI.  15.) 

LA  PRINCESSE  DE  CONDÉ.  —  Salon  de  1753,  n^  122.  (P.  46.) 

MILORD  DE  HUNTINGTON.  —  Salon  de  r753,  n"  123.  (Pp.  41  et  48.) 

JULIEN  LE  ROY.  —  Gravé  par  Moitié  et  par  F.  Hubert.  —  Salon  de 
1753,  n"  126.  (Pp.  48  et  164.) 


—  217  — 
1754. 

HUBERT  DROUAIS.  —  Pastel.  H.  0.63;  L.  0.56.  Signé  en  bas,  à  gauche: 
Perroneau,  1754.  —  A  M.  Daniel  Halle.  —  Tourné  de  trois  quarts  à 
gauche,  la  perruque  poud'^ée,  vêtu  d'un  habit  de  velours  noir  avec  man- 
chettes de  dentelle,  un  jabot  de  dentelle  s'attachant  sur  un  col  de  satin 
blanc,  il  est  assis  sur  un  fauteuil  au  dossier  de  velours  rouge  ;  de  la  main 
gauche  il  tient  un  portefeuille.  Au  dos  du  tableau,  on  lit:  ((  Peint  par 
Peronot  de  l'Acad.  Royalle  de  France  »,  et  cette  autre  note  :  <(  Ce  portrait 
est  celui  de  M.  Drouais,  le  père  de  M"°  Lutton  peint  par  M.  Peronneaux, 
peintre  de  l'Académie  Rovalle  de  peinture  et  de  sculpture,  peint  en 
l'année  1754  ».  (Pp.  15  et  58.  PI.  16.) 

JACOB  DE  KRETSCHMAR.  —  Pastel.  H.  0.60;  L.  0.45.  Signé:  Per- 
ronneau  peintre  du  roy,  en  1754,  à  la  Haye.  —  A  M.  van  Kretschmar, 
à  IJtrecht.  —  Exposition  k  Het  Portret  in  Nederjand  »,  La  Haye,  1921, 
n°  58.  (P.  58,  PI.  17.) 

1755. 

LE  PRINCE  CHARLES  DE  LORRAINE,  en  cuirasse.  —  Salon  de  1755, 
n°  92.  (P.  65.) 

LA  PRINCESSE  CHARLOTTE  DE  LORRAINE,  abbesse  de  Remiremont 
et  de  Mons.  --  Salon  de  1755,  n°  93.  (P.  65.) 

M-«  VANVILLE  TENANT  UN  BOUQUET  DE  BARBEAUX.  —  Salon 
de  1755,  n''94. 

LE  DOCTEUR  PIERRE  POISSONNIER.  —  Gravé  par  J.-P.  Benoît. 
(Pp.  66  et  160.) 

1756. 

M.  DE  BEAUSÉJOUR.  —  Pastel.  Signé  en  haut,  à  droite:  Juillet  1766, 
par  Perronneau.  —  A  M.  Laliment. 

JEAN  COUTURIER  DES  FLOTTES.  —  Pastel.  H.  0.58:  L.  0.44.  Signé 
en  haut,  à  gauche:  Perronneau.  —  Musée  du  Louvre.  —  Il  est  vu  de 
trois  quarts  à  gauche,  les  cheveux  poudrés,  les  yeux  bruns.  Il  porte  un 
tour  de  cou  de  linon  blanc  avec  jabot  de  dentelle,  un  habit  bleu  avec 
quelques  fleurettes  blanches  à  la  boutonnière.  —  Donné  par  M.  Henri 
de  Fonbrune.  (P.  67.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  HOMME  AUX  TROIS  ROSES   (M.  Tassin  de 


—  218  — 

la  Renardière).  —  Pastel.  H.  0.58;  L.  0.47.  Signé  en  haut,  à  droite: 
Perronneau  1756.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult.  (P.  67.) 

PORTRAIT  D'HOMME  EN  HABIT  ROSE.  —  Pastel.  H.  0.55;  L.  0.44. 

—  Vente  Sigismond  Bardac,  1920,  n"  30  (25,500  francs).  (P.  204.) 

1757. 

L'ABBË  JOURNU.  —  Pastel.  Signé  en  haut,  à  gauche:  Perronneau,  1757. 

—  A  M.  Demotte.  (P.  68,  PI.  18.) 

M'"  JOURNU?  —  Pastel  (1757?).  --  A  M.  Demotte.  (P.  69.) 

PORTRAIT  DE  FEMME  DE  LA  FAMILLE  JOURNU.  —  Pastel.  Signé 
en  haut,  à  dioite;  Perronneau.  (1757?)  —  Ancienne  collection  Demotte. 
(P.  68,  PI.  20.) 

PORTRAIT  D'HOMME  DE  LA  FAMILLE  JOURNU.  —  Pastel.  Signé 
en  haut,  à  droite;  Perronneau.  (1757?)  —  Ancienne  collection  Demotte. 
(P.  68,  PI.  19.) 

PORTRAIT  D'HOMME  DE  LA  FAMILLE  JOURNU.  —  Pastel.  Signé 
en  haut:  Perronneau.  (1757?)  — Ancienne  collection  Demotte.  (P.  69, 
PI.  21.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  H.  0.66;  L.  0.51  ;  daté  1757.  —  Vente 
du  comte  de  L***,  avril  1909,  n°  26.  (P.  195.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  H.  0.55;  L.  0.44.  Signé  en  haut,  à 
droite.  —  Vente  S.  Bardac,  1920,  n'  30  (25,500  francs).  (P.  204.) 

1758. 

DUJON,  peintre  toulousain.  —  Salon  de  Toulouse,  1758,  n°  25.  (P.  69.) 

LE  MARQUIS  DE  MIREPOIX,  brigadier  des  armées  du  roi.  —  Salon  de 
Toulouse,  1758^  n"  26.  (P.  69.) 

LA  MARQUISE  DE  MIREPOIX.  —  Salon  de  Toulouse,  1758,  n"  27. 
(P.  69.) 

1759. 

LAURENT  CARS.  —  Pastel.  H.  0.58;  L.  0.49.  —  Musée  du  Louvre.  — 
Vu  de  trois  quarts  vers  la  gauche,  la  tête  presque  de  face,  la  perruque 


—  219  — 

moutonne  poudrée,  les  narines  dilatées,  la  physionomie  spirituelle  et 
enjouée.  Il  porte  un  habit  gris  à  gros  boutons,  fermé  du  haut  sur  un  tour 
de  cou  de  linon  blanc,  laissant  bouillonner  les  ondulations  de  la  dentelle 
d'un  jabot.  Entre  le  pouce  et  l'index  de  la  main  droite,  il  tient  un  porte- 
crayon,  les  autres  doigts  maintenant  un  carton  bleu  à  dessin.  Il  est  assis 
sur  un  fauteuil  à  dossier  canné.  Il  s'agit  de  Laurent  Cars,  graveur,  né 
à  Lyon  en  1699,  reçu  à  l'Académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture 
en  1733,  conseiller  en  1757,  mort  en  1771.  —  Salon  de  1759,  n"  61. 
(Pp.  77  et  163.  PI.  22.) 

JACQUES-CHARLES  DUTILLEU.  —  Pastel.  H.  0.72;  L.  0.60.  Signé 
en  haut,  à  droite:  Perronneau  pinx.  —  A  M.  Georges  Dormeuil.  — 
Ancienne  collection  Wiilemoy.  —  Vente  J.  Doucet,  1909,  n°  88 
(28,100  francs).  (Pp.  70  et  198.) 

M-""  PEZANT-DUTILLEU  —  Pastel.  H.  0.69;  L.  0.55.  —  Exposition 
des  Portraits  de  femmes  et  d'enfants,  1897,  n°  162.  —  A  M.  Léon  Michel- 
Lévy.  (P.  71.) 

ROBBÉ  DE  BEAUVESET.  —  Pastel  ovale  dans  un  carré.  H.  0.53; 
L.  0.44.  Signé  en  haut,  à  droite  :  Perronneau.  —  Musée  d'Orléans.  — 
Salon  de  1759,  n°  63.  —  Exposition  des  Beaux-.Arts  à  Orléans,  1884, 
n°  495.  —  Ce  portrait  provient  de  la  collection  de  Desfriches  pour  lequel 
Perronneau  l'avait  fait.  En  1760,  Desfriches  l'estimait  72  livres  (la  bor- 
dure et  la  glace  36  livres).  11  a  été  donné  au  Musée  d'Orléans  par 
M.  Gatineau  père,  le  28  décembre  1877.  (P.  76.) 

CHARLES-NICOLAS  COCHIN,  LE  FILS.  —  Salon  de  1759,  n°  62. 
(Pp.  73,  76.) 

JOSEPH  VERNET.  —  Salon  de  1759,  n"  60.  (Pp.  76,  77.) 

1760. 

M.  BOYER,  armateur.  —  Pastel.  H.  0.60;  L.  0.48.  Signé  en  haut,  à 
droite  :  Perronneau  (probablement  fait  en  1760).  —  A  M.  Veil-Picard.  — 
Les  cheveux  poudrés,  frisés  à  marteau,  il  est  vêtu  d'un  habit  vieux  rose; 
un  jabot  de  dentelle  s'attache  sur  un  tour  de  cou  de  linon  blanc.  Il  tient 
son  tricorne  sous  le  bras  gauche.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908, 
n°  95.  (Pp.  79  et  80.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FEMME  (M""  Boyer?).  —  Pastel.  H.  0.55; 
L.  0.44.  Signé  en  haut,  à  gauche:  Perronneau  (probablement  fait  en  1760 
à  Bordeaux).  —  A  M.  Veil-Picard.  —  Les  cheveux  légèrement  poudrés, 

15 


—  220  — 

elle  est  vêtue  d'un  manlelet  de  taffetas  noir,  laissant  apercevoir  sur  le 
devant  du  «  corps  »  le  nœud  bleu  du  ><  parfait  contentement  ».  —  Exposi- 
tion de  Cent  Pastels,  1908,  n"  94.  (P.  80.) 

PORTRAIT  D'ENFANT  en  costume  de  hussard.  (Enfant  Boyer,  proba- 
blement fait  à  Bordeaux  en  1760).  —  Pastel  ovale.  H.  0.53;  L.  0.43.  — 
A  M.  Veil-Picard.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n"  96.  (P.  79.) 

FRANÇOIS  PINCHINAT.  —  Pastel  ovale.  H.  0.63.  —  A  M.le  comte  de 
Richebourg.  (P.  78,  PI.  23.) 

M'"'  PINCHINAT,  née  Avoye  Seurrat.  —  Pastel  ovale  sur  vélin  (fait 
probablement  en  1760) .  H.  0.63.  —  A  M.le  comte  de  Richebourg.  (P.  78, 
PI.  23.) 

PORTRAIT  DE  FEMME  EN  DIANE.  —  Pastel.  H.  0.53;  L.  0.45.  Signé 
en  haut,  à  droite  et  daté  1760.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult.  —  Vente  X***,  1920,  n"  32  (900  francs).  (P.  205.) 

1761. 

ELISABETH-CHRISTINA  VAN  DER  DUSSEN  (1695-1766),  veuve  de 
Willem  Schepers,  bourgmestre  de  Rotterdam.  —  Pastel.  H.  0.66  ;  L.  0.52. 
Signé  et  daté  (gravé  sur  le  verre)  :  Perronneau,  1761 .  —  A  M.  le  docteur 
A'.  Beets,  Amsterdam.  —  Elle  est  vue  en  buste,  presque  de  face,  coiffée 
d'un  bonnet  de  dentelle,  vêtue  d'une  mantille  doublée  de  fourrure  d'her- 
mine. Au  dos,  on  lit  cette  inscription:  «  Madame  la  douairière  Schepers, 
née  van  der  Dussen  par  J.-B.  Perronneau  peintre  du  Roy  de  l'Academy 
Royalle  de  peinture...»  (le  reste  illisible).  (Renseignements communiqués 
à  la  dernière  heure  par  M.  Staring  et  dont  il  n'a  pu  être  fait  mention  dans 
le  texte  de  l'ouvrage  déjà  imprimé.) 

1763. 

LE  BOURGMESTRE  HASSELAER.  —  Pastel.  —  A  M.  J.-O.  Kronig.  — 
Salon  de  1763,  n"  83.  (P.  81,  PI.  24.) 

ARENT  VAN  DER  WAËYEN.  —  Pastel.  Signé  et  daté:  Mars  1763. 
H.  0.56;  L.  0.435.  —  Au  baron  van  Lynden  van  Nederhorst.  —  Tourné 
de  droite  à  gauche,  presque  de  profil.  —  Exposition  <(  Het  Portret  in 
Nederland  »,  La  Haye,  1921,  n°  56.  (P.  82,  PI.  25.) 

M""  ARENT  VAN  DER  WAEYEN,  née  Sara  Hinlopen.  —  Pastel.  Mars 
1763.  H.  0.56;  L.  0.435.  —  Au  baron  van  Lynden  van  Nederhorst.  — 
Iconographia  Batava  door  E.  W.  Moes  (tome  I):  n°  3523.  Sara  Hin- 


—  221  — 

loopen  (1689-1767),  Echtg.  van  Arend  van  der  Wayen.  Door  J.-B.  Per- 
roneau,  pastel.  Bij  de  Freules  Warin  op  den  huize  Nederhorst  bij 
Abcouden.  —  Exposition  »  Het  Portret  in  Nederland  »,  La  Haye,  1921, 
n"  57.  —  (P.  82,  PI.  25.) 

ANTONl  WARIN,  échevin.  —  Pastel.  Avril  1763.  H.  0.56;  L.  0.435.  — 
Au  baron  van  Lynden  van  Nederhorst.  —  Gendre  de  M.  et  de  M'""  Arent 
van  der  Wr ëyen,  Warin  descendait  d'un  Français  chassé  par  les  dragon- 
nades. —  Iconographia  Batava  door  E.  W.  Moes  (tome  II)  :  n"  8859. 
Anthonie  Warin  (1712-1764),  Schepen  van  Amsterdam.  Door  J.-B.  Per- 
roneau,  pastel.  Bij  den  graaf  van  Lynden,  huize  Nederhorst  bij  Nigte- 
vecht.  (P.  83.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  (Portrait  présumé  de  M"^"  Miron).  —  Pastel 
ovale.  H.  0.63;  L.  0.47  (pendant  du  portrait  d'homme  daté:  1772). 
Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau,  1763.  —  Ancienne  collection  de 
M.  Camille  Groult.  —  Vente  H.-J.  M***,  février  1904,  n"  51.  — 
Vente  de  tableaux  provenant  de  la  collection  X*""*,  juin  1920,  n°  26. 
(35,000  francs  avec  le  portrait  présumé  de  M.  Miron).  (Pp.  86  et  205.) 

GÉRARD  MEERMAN,  conseil  et  syndic  de  la  République  de  Rotterdam 
(1722-1771).  —  Peinture  ovale.  1763?  —  Muséum  Meermanno- 
Westreenianum,  à  La  Haye.  —  Vu  de  trois  quarts,  regardant  de  face, 
les  cheveux  poudrés,  frisés  à  marteau,  noués  en  catogan,  il  porte  un 
tour  de  cou  en  linon  blanc,  un  jabot  de  dentelle,  un  habit  et  un  gilet 
bordés  de  skungs.  La  main  droite  est  passée  dans  le  gilet.  (Pp.  81,  160 
et  161.) 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  M""  ANTONl  WARIN.  —  Peinture. 
1763  (?).  H.  0.58;  L.  0.48.  —  >1«  baron  van  Lynden  van  Nederhorst.  — 
Regardant  de  face,  vue  de  trois  quarts,  les  cheveux  poudrés  et  relevés 
en  toupet  retombant  sur  la  nuque  en  dragonne.  Le  décolleté  s'encadre 
d'une  modestie  par-dessus  laquelle  passe  une  écharpe  bleu-clair,  nouée 
sur  l'épaule  par  un  cordonnet  à  glands.  (P.  83.) 

GEELVINCK.  —  Nicolas  Geelvinck,  plusieurs  fois  échevin  et  ensuite 
bourgmestre.  —  Salon  de  1763,  n"  86.  (P.  82.) 

AGATHA-THEODORA  GEELVINCK  (portrait  présumé),  1763?  — 
H.  0.615;  L.  0.49.  —  A  M"'"  la  baronne  de  Constant  Rebecque.  —  Elle 
est  vue  en  buste,  tournée  vers  la  gauche,  un  rang  de  perles  autour  du 
cou,  portant  une  robe  bleue  décolletée  et  un  châle  de  soie  de  nuance  gorge 
de  pigeon  changeante.  —  Fille  de  Nicolaas  Geelvinck,  seigneur  de  Cas- 
tricum,  née  en  1739  et  morte  en  1805,  M"°  Geelvinck  épousa  le  baron 


—  222  — 

n.  W.  de  Lynden  de  Hoevelaken.  (Renseignements  fournis  à  la  dernière 
heure  par  M.  Staring  et  dont  il  n'a  pu  être  fait  mention  dans  le  texte  de 
l'ouvrage.) 

HOGGUER.  —  Le  baron  Daniel  Hogguer,  ministre  de  Hollande  à  Ham- 
bourg, échevin  d'Amsterdam  (1722-1793).  —  Salon  de  1763,  n"  84. 
(Pp.  81,  85.) 

M"^  PERRONNEAU  faisant  des  nœuds.  —  Salon  de  1763,  n"  88. 
(Pp.  83,  86.) 

WILLEM  TOLLING,  avocat,  à  Amsterdam  (1699-1778).  —  Salon  de  1763, 
n°  87.  (P.  82.) 

M-°  DE  TOUROLLE.  —  Salon  de  1763,  n°  85.  (P.  82.) 

TRUDAINE  DE  MONTIGNY.  —  Ovale.  —  Salon  de  1763,  n°  82.  (Pp.  84, 

85,  86.) 

M-""  TRUDAINE  de  MONTIGNY.  —  Ovale.  —  Salon  de  1763,  n"  82. 
(Pp.  84.  85,  86.) 

1765. 

M""  DE  BOSSY.  —  Pastel.  —  Salon  de  1765,  n"  63.  (P.  87.) 

M.  MIRON  DE  PORTHIOUX.  —  Pastel.  H.  0.57;  L.  0.45.  Daté  1765. 
(Pp.  87,  90.) 

M-""  MIRON  DE  PORTHIOUX,  sœur  de  M""  Tassin  de  la  Renardière.  — 
Pastel.  H.  0.57;  L.  0.45.  Daté  1765.— Salon  de  1765,  n°  65. (Pp. 87,  90.) 

M'"'  PINCHINAT  EN  DIANE.  —  Pastel  ovale.  —  Salon  de  1765,  n°  64. 
(P.  87.) 

M.  RAGUENET,  d'Orléans.  —  Pastel.  Signé  (  ?)  en  haut,  à  droite  :  Perron- 
neau  1765.  —  2"  Vente  Krsemer,  1913,  n"  7  (23,000  francs).  (Pp.  88 
et  200.) 

M.  TASSIN  DE  LA  RENARDIÈRE.  —  Pastel  ovale.  H.  0.66;  L.  0.50. 
Daté  1765.  —  M.  Tassin  de  la  Renardière  avait  déjà  été  portraituré  par 
Perronneau  en  1756,  en  un  pastel  connu  sous  le  nom  du  «  Jeune  homme 
aux  trois  roses  ».  (P.  89.) 

M"'  TASSIN  DE  LA  RENARDIÈRE.  —  Pastel  ovale.  H.  0.66;  L.  0.50. 
Daté  1765.  (P.  90.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —Pastel  ovale.  H.  0.73;  L.  0.57.  Signé  et  daté 
1765.  —  A  M""'  Fellows.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n"  71. 
(P.  88.) 


—  223  — 

M.  DENIS.  —  Peinture  ovale.  —  Salon  de  1765,  n°  61.  (P.  86.) 

M.  MAUJÉ.  —  Peinture.  —  Salon  de  1765,  n°  59.  (P.  86.) 

M'"  PERRONNEAU.  —  Peinture.  —  Sans  doute  la  sœur  de  l'artiste.  — 
Salon  de  1765,  n"  60.  (P.  86.) 

ROBERT  SOYER.  —  Peinture.  H.  0.70;  L.  0.57.  Signée  en  haut,  à  droite: 
Perronneau  1765.  —  Musée  d'Orléans.  —  M.  Eudoxe  Marcille,  au  mois 
de  juillet  1883,  se  rendit  acquéreur,  pour  le  Musée  d'Orléans,  de  ce  por- 
trait qu'il  paya  100  francs  à  M.  Lartheau,  juge  de  paix  à  Puiseaux 
(Loiret).  (Pp.  88  et  164.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Peinture.  H.  0.65;  L.  0.53.  Signée  en  haut, 
à  droite:  perronneau,  1765.  —  A  M.  René  Benjamin.  (P.  89,  PI.  26.) 

1766. 

M"'"  FUET.  —  Pastel  ovale.  H.  0.58;  L.  0.48.  Signé  en  haut,  à  droite: 
Perronneau  1766.  —  Musée  d'Orléans.  —  Ce  pastel  a  été  légué  en  1876 
au  Musée  d'Orléans  par  M.  Henri-Joseph  Souques,  conseiller  à  la  Cour 
d'appel  d'Orléans,  petit-neveu  de  M""  Fuet.  —  Exposition  des  Beaux- 
Arts  à  Orléans,  1884,  n°  493.  (P.  91.) 

CH .  LE  NORMANT  DU  COUDRAY.  —  Pastel.  H.  0.63  ;  L.  0.49.  Signé  en 
haut,  à  droite:  Perronneau  1766.  —  Salon  de  1769,  n°  52.  —  Exposition 
rétrospective  des  Pastellistes  français,  1885,  n'  69  (collection  Alexandre 
Dumas  fils).  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  74.  —  Vente 
Doistau,  juin  1909,  n"  93  (18,500  francs).  (Pp.  91  et  196.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Pastel.  H.  0.63;  L.  0.52.  Signé  en  haut,  à 
droite:  Perronneau  1766.  —  Une  cornette  de  dentelle  sur  ses  cheveux 
gris  poudrés,  un  esclavage  de  grosses  perles  autour  du  cou,  elle  porte  une 
mantille  de  soie  noire  à  pois  par-dessus  le  corsage  rose,  le  décolleté  s'ou- 
vrant  sur  un  ((  corps  »  de  satin  blanc  pékiné,  orné  du  nœud  blanc  assorti 
du  «  parfait  contentement  »;  le  bras  gauche  est  accoudé  sur  une  table 
recouverte  d'un  tapis  de  velours  bleu. — Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult.  —  Vente  de  tableaux  provenant  de  la  collection  X""**,  juin  1920, 
n"  28  (8,500  francs.)  (Pp.  92  et  206.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Pastel.  H.  0.54;  L.  0.44.  Signé  en  haut,  à 
droite:  Perronneau,  1766.  —  A  M.  Chévrier.  —  Exposition  rétrospec- 
tive des  Pastellistes  français,  n°  71.  —  Exposition  des  Portraits  de 
femmes  et  d'enfants,  1897,  n"  161.  (P.  92.) 

PORTRAIT  D'HOMME  (Blondel  d'Azincourt?).  —  Peinture.  H.  0.78; 
L.  0.62.  — Vente  J.  Doucet,  1912,  n"  173  (42,500  francs).  (Pp.  92  et  199.) 


—  224  — 

PORTRAIT  DE  FEMME  (M""  Blondel  d'Azincourt?).  —  Peinture. 
H.  0.78;  L.  0.62.  —  Vente  J.  Doucet,  1912,  n"  172  (83,000  francs). 
(Pp.  92  et  199.) 

1767. 

ABRAHAM  van  ROBAIS.  —  Pastel.  H.  0.73;  L.  0.59.  Signé  en  haut, 
à  droite:  Perronneau.  —  Musée  du  Louvre.  —  Exposition  de  Cent 
Pastels,  1908,  n°78.  — Vente  Jacques  Doucet,  1912,  n° 89(87,000  francs). 
(Pp.  98  et  198,  PI.  30.) 

ABRAHAM  van  ROBAIS  —  Pastel.  H.  0.70;  L.  0.57.  Réplique  du  pré- 
cédent, d'une  tonalité  plus  claire.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult.  (P.  97.) 

ABRAHAM  van  ROBAIS.  —  Pastel.  H.  0.71  ;  L.  0.56.  Réplique  des 
pastels  précédents,  la  figure  un  peu  rajeunie.  —  Vente  Henry  Michel- 
Lévy,  1919,  n"  106  (47,000  francs).  —  Vente  du  4  juin  1923,  n°  24 
(17,000  francs).  (Pp.  98,  202  et  208.) 

WILLEM  SRAALMAiN  seigneur  de  Ruwiel.  —  Pastel.  H.  0.615;  L.  0.49 
(1767  ou  1768)  .  —  A  la  famille  van  Weede  de  Dijkveld.  (P.  100,  PI.  31 .) 

M"'  STRAALMAN,  née  Cornelia  van  Meeckeren,  ou  Mekeren.  —  Pastel. 
H.  0.61  ;  L.  0.49.  Signé:  Perronneau  (1767  ou  1768).  —  A  la  famille 
van  Weede  de  Dijkveld.  (P.  100.  PI.  31.) 

M"=  CORNELIA  STRAALMAN.  —  Pastel.  H.  0.61  ;  L.  0.49.  Signé:  Per- 
ronneau (  1767  ou  1768)  .  —  Ala  famille  van  Weede  de  Dijkveld.  (P.  100, 
PI.  32.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel  ovale.  H.  0.63  ;  L.  0.51 .  Signé  en  haut, 
à  droite:  Perronneau,  1767.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult.  (P.  97.) 

L'AURORE.  —  Portrait  de  femme  (peut-être  M"""  Perronneau).  —  Pastel. 
H.  0.51  ;  L.  0.42.  Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau,  1767.  —  Musée 
d'Orléans.  —  Ce  pastel  qui  fit  partie  des  collections  de  Desfriches  fut 
donné  par  M.  Gatineau  père  au  Musée  d'Orléans,  le  28  décembre  1877. 
—  Exposition  des  Beaux-Arts  à  Orléans,  1884,  n"  494.  (P.  95.) 

PORTRAIT  DE  FEMME  en  corsage  rose.  —  Pastel.  H.  0.57;  L.  0.48. 
Signé  et  daté  :  1767.  —  Vente  Boin,  1918,  n"  25  (  1 1 ,500  francs) .  (P.  201 .) 

FRÉDÉRIC  HAUSEN  DE  LILIENDAHL,  consul  de  Danemark.  —  Pein- 
ture. H.  0.88;  L.  0.70.  —  Bibliothèque  de  l'Université  de  Copenhague. 
(P.  97,  PI.  29.) 


—  225  — 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Peinture.  H.  0.80;  L.  0.63.  Signée  en  haut. 
à  droite:  Perronneau,  1767.  —  A  M.  Julien  Potin.  (P.  95,  PI.  27.) 

BONAVENTURE  JOURNU.  —  Peinture.  H.  1.05;  L.  0.85.  Signée  en 
bas,  à  droite:  Perronneau,  1767.  —  Ancienne  collection  Demotte.  — 
1!  s'agit  de  M.  Journu,  ami  de  Vernet,  négociant  et  juge  consulaire,  père 
de  Journu  Auber,  comte  de  Tustal  qui  fut  le  fondateur  du  Musée  de 
Bordeaux  auquel  il  donna  le  cabinet  de  son  père.  (P.  96,  PI.  28.) 

1768. 

M"°  CORRÉGEOLLES.  —  Pastel  ovale.  H.  0.58;  L.  0.47.  (P.  101.) 

M""  DESFRICHES.  —  Pastel.  H.  0.49;  L.  0.40.  Signé  en  haut,  à  droite: 
Perronneau  1768.  A  M""  Ratouis  de  Limay.  —  Ce  portrait,  bien  que 
non  mentionné  au  Livret,  figura  au  Salon  de  1769.  Robbé  de  Beauveset 
écrit  à  Desfriches,  le  20  septembre  1769:  «  Vous  ne  m'aviés  pas  dit  que 
Mademoiselle  Desfriches  étoit  au  Salon  de  la  façon  de  Perronneau. 
Je  l'ay  apperçu  en  détaillant  le  Salon  ;  elle  est  très  ressemblante  et  je  n'ay 
pas  eu  besoin  de  recourir  à  l'écriture  pour  la  deviner.  »  —  Exposition 
des  Beaux-Arts  d'Orléans,  1884,  n°  500.  —  Exposition  de  Cent  Pastels, 
1908,  n°  92.  (P.  100.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel  carré  dans  un  ovale.  H.  0.65;  L.  0.52. 
Signé  en  haut,  à  gauche:  Perronneau  1768.  —  A  M'""  Fellows.  — 
Vu  de  face,  la  perruque  poudrée,  le  toupet  en  <(  fer  à  cheval  »,  les  cheveux 
attachés  par  un  large  nœud  gris,  la  narine  dilatée,  il  est  vêtu  d'un  habit 
de  velours  noir  acier  à  reflets  bleus,  boutonné  du  bas  et  s'ouvrant  du 
haut  sur  un  four  de  cou  de  linon  blanc  avec  jabot  de  dentelle.  Son  gilet 
rose  est  galonné  de  jaune.  Sous  le  bras  gauche,  il  tient  son  tricorne.  — 
Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  72.  (P.  100.) 

PORTRAIT  D'UN  CONSEILLER  AU  PARLEMENT.  —  Peinture. 
H.  0.66;  L.  0.54.  Signée  en  haut,  vers  la  droite  et  datée:  Perronneau 
1768.  —  Vente  du  comte  A.  de  G***,  1904.  (P.  190.) 

PORTRAIT  D'UN  MAGISTRAT.  —  Peinture.  H.  0.65;  L.  0.52.  Signée 
en  haut,  à  droite.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult.  —  Vente 
de  tableaux  provenant  de  la  collection  X*"*"*,  1920,  n"  95  (15.100  francs). 
(P.  207.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Peinture.  H.  0.73;  L.  0.60.  Signée  et  datée 
en  haut,  à  droite:  Perronneau,  1768.  —  Vente  du  8  avril  1908,  n°  23 
(22,000  francs).  (P.  195.) 


—  226  — 
1769. 

M"''GAUGY.  —  Pastel.  H.  un  pied  huit  pouces;  L.  un  pied  cinq  pouces.  — 
Salon  de  1769,  n"  53.  (P.  104.) 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  M.  DARCY.  —  Peinture  (1769?).  — 
Ancienne  collection  Demotte.  (P.  103,  PI.  34.) 

M.  DARCY.  —  Pem/ure.  H.  deux  pieds  trois  pouces;  L.  un  pied  dix  pwuces. 
—  Salon  de  1769,  n"  51. 

LE  CHANOINE  JOURNU,  chanoine  au  chapitre  de  Saint-Dié.  —  Pein- 
ture (1769?). 

M'""  JOURNU  MERE.  —  Peinture.  H.  deux  pieds  trois  pouces;  L.  un 
pied  dix  pouces.  Signée  et  datée,  en  haut,  à  droite:  Perronneau,  1769.  — • 
Ancienne  collection  Demotte.  —  Salon  de  1769,  n"  50.  (P.  102,  PI.  33.) 

M.  RATEAU. 

M"''  RATEAU.  —  Ancienne  collection  du  docteur  Azam.  (P.  103.) 

1770. 

MARIE-CHARLOTTE  de  BUISSY,  épouse  de  François  de  Buissy,  mous- 
quetaire du  Roi.  —  Pastel  sur  parchemin.  H.  0.62;  L.  0.52.  Signé  en 
haut,  à  droite:  Perronneau,  1770.  —  A  M"'  la  comtesse  de  P***. 
(P.  107.) 

M'""  DE  RICHEMONT,  née  Marie-Louise-Catherine-Colette  de  Villers.  — 
Pastel.  Signé  et  daté  à  gauche,  vers  le  bas:  J.-B.  Perronneau,  1770.  — 
Vente  Cronier,  1905,  n°  39  (10,600  francs).  —  Vente  Alphonse  Kann, 
1920,  n"  133.  (Pp.  107,  193  et  207.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  H.  0.90;  L.  0.75.  Signé  en  haut,  à 
gauche:  J.-B.  Perronneau  1770.  —  A  M.  Georges  Dormeuil.  —  Exposi- 
tion de  Cent  Pastels,  1908,  n°  76.  (P.  108,  PI.  35.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Pastel.  H.  0.72;  L.  0.58.  Signature  en 
partie  effacée;  daté:  1770.  —  Agée  de  trente  ans  environ,  les  yeux  gris, 
la  bouche  légèrement  entr'ouverte,  la  physionomie  gracieuse.  Dans  ses 
cheveux  poudrés  on  distingue  un  ornement  de  perles.  Un  nœud  de  satin 
bleu  est  attaché  sur  la  gauche  au  collier  d'une  rangée  de  perles.  Son  habit 
bleu,  frangé  de  petit  vair,  est  entr'ouvert;  le  bras  droit  est  engagé  dans 
un  manchon  de  petit  vair,  le  gauche  est  découvert  jusqu'au-dessus  du 


—  227  — 

coude.  Le  corsage  est  décolleté  en  carré  avec  un  transparent.  Elle  est 
assise  dans  un  fauteuil  à  fond  rose  crevette,  accoudée  sur  une  table  de 
marbre  rouge  ;  la  main  gauche  dont  les  doigts  sont  entr'ouverts  est  repliée 
vers  la  joue  gauche.  Dans  le  fond,  une  tenture.  —  Ancienne  collection  de 
M.  Camille  Groult.  —  Vente  de  tableaux  provenant  de  la  collection  X***, 
1920,  n"  31  (2,400  francs).  (P.  206.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FILLE.  —  Pastel.  H.  0.53;  L.  0.44.  Signé  en 
haut,  à  droite  et  daté:  J.-B.  Perronneau,  1770.  —  Elle  est  vue  de  trois 
quarts,  tournée  de  gauche  à  droite,  regardant  de  face.  Les  cheveux  sont 
poudrés.  Un  nuage  de  linon  s'accrcchant  au  chignon  passe  sous  le  cou 
par-dessus  un  ruban  de  soie  bleue  dont  le  nœud  est  fixé  par  derrière. 
Elle  a  les  yeux  bleu-iris,  le  nez  fin,  la  lèvre  inférieure  avançante;  la  phy- 
sionomie est  spirituelle,  un  peu  gamine;  son  corsage  bleu  avec  une  bor- 
dure plus  foncée  et  une  modestie  de  dentelle  est  décolleté  en  demi-lune. 
—  Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult.  —  Vente  de  tableaux  prove- 
nant de  la  collection  X***.  1920,  n"  33,  portrait  de  jeune  femme 
(15,000  francs).  (P.  206.) 

1771. 

M.  DUPEREL.  —  Peinture.  H.  0.685;  L.  0.575.  Signée  en  haut,  à  droite: 
Perronneau,  1771.  —  Vente  Cronier,  1906,  n"  16.  —  Vente  A.  Suss^ 
mann,  1922,  n''  48  (36,000  francs).  (Pp.  121,  193  et  207.) 

PETRUS  WOORTMAN.  —  Peinture.  H.  0.79;  L.  0.62.  Signée  et  datée: 
1771.  —  A  sir  Philip  Sassoon  Bart.  —  Autrefois  dans  l'église  de  Moïse 
et  d'Aaron,  à  Amsterdam.  —  Iconographia  Batava.  Door  E.  W.  Moes, 
t.  II,  n"  9253:  Petrus  Woortman  (1729-1791),  Pastor  te  Amsterdam, 
door  J.-B.  Perronneau,  1771.  Mozes  en  Aâronkerk,  te  Amsterdam). 
(P.  113.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Peinture.  H.  0.66;  L.  0.54.  Signée  en  haut, 
à  droite  et  datée  1771 .  —  Vente  Edgar  Degas,  1918,  n°  4  (30,500  francs) . 
(P.  200.) 

1772. 

WILLEM  BOREEL.  —  Pas/d ovale.  H.  0.62;  L.  0.51.  {1112?).  — A  M.  le 
Jonkheer  Boreel  van  Hogenlanden.  (P.  115.) 

WILLEM  BOREEL  (le  même).  —  Pastel.  H.  0.63;  L.  0.53.  Signé  en 
haut,  à  droite:  Perronneau,  1772.  —  A  M.  le  Jonkheer  Boreel  vnn 
Hogenlanden.  —  En  habit  de  couleur  violette.  (P.  115.) 


—  228  — 

JACOB  BOREEL  JANSZ.  —  Pastel.  H.  0.65;  L.  0.53.  Signé.  —  A  M.le 
Jonkheer  Boreel  van  Hogenlanden.  —  Gravé  par  J.  Houbraken.  (Pp.  1 14 
et  162.) 

JACOB  BOREEL  JANSZ.  —  Réplique  du  précédent.  —  A  M.  J.-P.  Crom- 
melin,  à  Londres. 

LA  COMTESSE  DE  CORBEAU  DE  SAINT-ALBIN.  —  Pastel  ovale. 
H.  0.98;  L.  0.78.  Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau,  1772.  —  Collec- 
tion Jubinal  de  Saint-Albin-Georges  Diiruy.  —  Exposition  de  Cent 
Pastels,  1908,  n"  84.  (P.  119.) 

LE  MARQUIS  DE  COURCY.  —  Pastel.  H.  0.60;  L.  0.54.  Signé: 
J.-B.  Perronneau,  1772.  —  A  la  marquise  de  Courcy.  (P.  118,  Pi.  36.) 

LA  MARQUISE  DE  COURCY.  —  Pastel  ovale.  H.  0.60;  L.  0.54  .Signé: 
J.-B.  Peronneau,  1772.  —  A  la  marquise  de  Courcy.  (P.  118,  PI.  36.) 

PIERRE-HORACE  DEMADIÈRES.  —  Pastel  ovale.  H.  0.55;  L.  0.45 
(1772?).  —  Exposition  rétrospective  des  Beaux-Arts  et  des  arts  appli- 
qués à  l'industrie,  Orléans,  1876,  n°  1143.  —  Exposition  des  Beaux-Arts 
à  Orléans,  1884,  n"  496.  —  Exposition  rétrospective  des  Pastellistes 
français  à  Paris,  1885,  n"  76.  (P.  118.) 

M™  PIERRE-HORACE  DEMADIÈRES.  —  Pastel  ovale.  H.  0.55; 
L.  0.45.  —  Exposition  rétrospective  des  Beaux-Arts  et  des  arts  appli- 
qué à  l'industrie,  Orléans,  1876,  n"  1142.  —  Exposition  des  Beaux-Arts 
à  Orléans,  1884,  n°  497.  —  Exposition  rétrospective  des  Pastellistes 
français  à  Paris,  1885,  n"  77.  (P.  118.) 

PORTRAIT  D'HOMME  (portrait  présumé  de  M.  Miron  de  Porthioux).  — 
Pastel  ovale.  H.  0.60;  L.  0.51.  Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau, 
1772.  — Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult.  —  Vente  H.-J.  M*** 
1904,  n'  52.  —  Vente  de  tableaux  anciens  provenant  de  la  collection  X***, 
juin  1920,  n°  25  (35,000  francs,  avec  le  portrait  présumé  de  M"'  Miron). 
(Pp.  118  et  205.) 

JACOB  BOREEL  JACOBSZ.  —  Peinture.  H.  0.64;  L.  0.495.  Signée  à 
droite:  Perron...  A  M.  le  Jonkheer  Boreel  van  Hogenlanden.  (P.  114.) 

JACOB  BOREEL  JACOBSZ  (le  même  que  le  précédent).  —  Peinture. 
H.  0.60;  L.  0.50.  —  A  M.  le  Jonkheer  Boreel  van  Hogenlanden.  —  Vêtu 
d'un  habit  rose.  (P.  114.) 

M.  DUCLUZEL,  fils  de  l'intendant  de  la  généralité  de  Tours.  (P.  118.) 


—  229  — 

FOUQUET,  marchand  de  tableaux  à  Amsterdam. 

LE  FILS  DE  J.-B.  PERRONNEAU,  à  l'âge  de  cinq  ans  et  demi,  portrait 
fait  dans  la  première  moitié  de  l'année  1772.  (P.  116.) 

1773. 

JACQUES-CHARLES  DUTILLEU.  —  Petit  portrait  aux  trois  crayons 
fait  à  Lyon  en  1773. 

C.  FLORET.  —  Pastel.  H.  0.65;  L.  0.53.  Signé  et  daté:  1773.  —  Vente 
du  26  avril  1907,  n°  36  (4,600  francs).  (P.  194.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  H.  0.72;  L.  0.58.  Signé  et  daté  1773. 
—  Vente  des  13-15  avril  1905,  n"  301.  (P.  191.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FEMME.  —  Pastel.  H.  0.72;  L.  0.58.  Signé  et 
daté  1773  (pendant  du  précédent).  —  Vente  des  13-15  avril  1905,  n"  300. 
(P.  191.) 

M.  BRAUN.  —  Peinture.  H.  0.715;  L.  0.585.  Signée  en  haut,  à  gauche: 
Perronneau,  1773.  —  A  M.  Knœdler.  (P.  120,  PI.  37.) 

M"'  BRAUN.  —  Peinture.  H.  0.715;  L.  0.585.  Signée  en  haut,  à  droite: 
Perronneau,  1773.  —  A  M.  Knœdler.  (P.  120,  PI.  38.) 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  LORD  COVENTRY.  —  Peinture  ovale. 
H.  0.64;  L.  0.50.  Signée  en  haut,  à  droite:  Perronneau,  1773.  —  Vu  de 
face,  !a  perruque  poudrée,  frisée  à  marteau,  il  porte  un  tour  de  cou  de 
linon  blanc  avec  jabot  de  dentelle,  un  habit  rose  vif,  sans  col,  un  gilet 
rose  déboutonné  du  haut.  —  Vente  des  13-15  avril  1915,  n°301.  (P.  122.) 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  LADY  COVENTRY.  —  Peinture  ovale. 
H.  0.62;  L.  0.50.  Signée  en  haut,  à  gauche:  Perronneau,  1773.  —  Vue 
de  face,  les  cheveux  relevés  en  arrière  et  poudrés,  décolletée  en  ovale, 
vêtue  d'une  draperie  blanche  et  d'une  draperie  bleue.  —  Exposition  des 
Cent  Portraits  de  Femmes,  1909,  n°  89.  —  Vente  des  13-15  avril  1915, 
n"  300.  (P.  122.) 

UN  VIEILLARD  âgé  de  quatre-vingt-trois  ans.  —  Peinture.  H.  vingt-trois 
pouces;  L.  dix-neuf  pouces.  —  Salon  de  1773,  n"  64. 

1775. 

PORTRAIT  D'UN  GENTILHOMME.  ~  Pastel.  Signé  et  daté:  1775.  — 
Vente  du  16  avril  1907  (1,500  francs).  (P.  195.) 


—  230  — 

PORTRAIT  D'HOMME.  — Pûsid  ovale.  H.  0.61  ;  L.  0.51.  Signé  en  haut, 
à  gauche:  Perronneau,  1775.  —  A  MM.  Artaria  et  Cie,  à  Vienne.  — 
Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  70.  —  Anciennes  collections  Thomas 
Agnew  et  Bachstitz. 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Pastel.  Signé  et  daté:  1775.  —  Vente  Rougier, 
1904.  (P.  189.) 

1776. 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  M"«  GEOFFRIN,  faisant  de  la  tapisserie.  — 
Vente  des  22-24  novembre  1852,  n"  190.  (P.  181.) 

1777. 

COQUEBERT  DE  MONTBRET,  consul  général  dans  le  Cercle  de  la  Basse- 
Saxe.  —  Peinture  ovale.  —  Salon  de  1777,  n"  210.  (P.  124.) 

1778. 

JACOB  BOREEL  JANSZ.  —  Pastel.  Réplique,  signée  et  datée  1778,  du 
portrait  fait  en  1772.  —  A  M.  G.-J.  Boreel,  au  château  de  Westerhout, 
prèsde  Beverwijk.  (Pp.  114  et  124.) 

PORTRAIT  D'UN  PEINTRE.  —  Pastel.  H.  0.55;  L.  0.43.  Signé  et  daté: 
1778.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n"  73.  —  Vente  Pierre 
Decourcelle,  1911,  n°  137,  donné  comme  portrait  présumé  de  Ch.  Nicolas 
Cochin,  et  datant  de  1771  (10,100  francs).  (Pp.  124  et  197.) 

JEANNE  BARBARA  VOÉT  van  WINSSEN,  femme  de  Jacob  Boree! 
Jacobsz.  —  Peinture.  H.  0.64;  L.  0.495.  Signée  en  haut,  à  droite:  Per- 
ronneau 1778  (ou  1773?).  —  A  M.  le  Jonkheer  Boreel  van  Hogenlanden. 
(P.  114.) 

JOACHIM  RENDORP  de  M.4RQUETTE.  —  Peinture.  H.  1.03;  L.  0.92. 
Signée  et  datée:  par  J.-B.  Perronneau,  en  1778.  —  A  M'^°  Gevers  de 
Marquette.  (P.  125.) 

M™'  RENDORP  DE  MARQUETTE.  —  Peinture.  H.  1.03;  L.  0.92.  — 
A  M"""  Gevers  de  Marquette.  (P.  125.) 

ALBERT  SCHUYT.  —Peinture.  H.  0.75;  L.  0.61.  —  A  M.  le  Jonkheer 
].  van  Weede  van  Dijkveld.  (P.  125,  PI.  39.) 


—  231  — 

M""'  ALBERT  SCHUYT,  née  Johanna  Cornelia  van  Gheel  van  Spanbrock. 
—  Peinture.  H.  0.75;  L.  0.61.  —  A  M.  le  Jonkheer  J.  van  Weede  van 
Dijkveld.  (P.  125,  PI.  39.) 

1780. 

THEOPHILE  DE  CAZENOVE  ET  SON  FRERE  QUIRIN.  —  Pastel 
ovale.  H.  0.65;  L.  0.54.  Signé  en  haut,  à  gauche:  J.-B.  Perronneau, 
1780.  —  A  M.  Wildenstein.  —  Exposition  rétrospective  de  portraits  d'en- 
fants à  Bagatelle,  1910,  n"  216.  (P.  128,  PI.  40.) 

THÉOPHILE  DE  CAZENOVE.  —  Pastel.  (P.  129.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FE/vIME.  —  Pastel  ovale.  H.  0.55;  L.  0.42. 
Signé  en  haut,  à  droite,  et  daté  :  1780.  —  Ancienne  collection  de 
M.  Camille  Groult.  —  Venie  de  tableaux  provenant  de  la  collection  X***, 
1920,  n°  30  (5,000  francs).  (P.  206.) 


CATALOGUE 
DES  PORTRAITS  NON  DATÉS. 

I.  —  Pastels. 

LA  MARQUISE  D'ANGLURE.  —  H.  0.70;  L.  0.58.  —  Ancienne  collec- 
tion de  Bryas.  —Vente  de  Bryas,  1905  (39,000  francs.  (P.  191.) 

JULIE-EMILIE  BOY  de  la  TOUR.  —  H.  0.54;  L.  0.44.  Signé  en  haut, 
à  droite:  Perronneau.  —  A  M.  M.  Boy  de  la  Tour.  —  Elle  est  vue  en 
buste,  de  trois  quarts  à  gauche,  regardant  de  face,  les  cheveux  relevés, 
vêtue  d'un  corsage  bleu,  bordé  d'une  modestie.  M""  Boy  de  la  Tour  (  1751- 
1826),  épousa  Emmanuel  de  Willading,  bailli  à  Nyon,  veuf  en  premières 
noces  de  M""  de  Goumoëns.  Son  père  était  banquier  à  Lyon  mais 
neufchâfelois  et  sa  mère,  née  Roguin,  offrit  asile  à  J.-J.  Rousseau  au  Val 
de  Travers.  (Voir  Lettre  sur  la  Botanique,  par  J.-J.  Rousseau).  (PI.  45.) 

LE  MARQUIS  de  CAMYRAN.  —  H.  0.65;  L.  0.54.  —  Vente  de  Meur- 
vilie,  1904,  n"  44.  —  Vente  du  15  mars  1923.  n"  41  (11.000  francs). 
(Pp.  190  et  208.) 


—  232  — 

LOUIS  COLAS  DE  BROUVILLE  MALMUSSE.  —  H.  0.60;  L.  0.50.  — 

A  M.  Colas  des  Francs.  —  II  s'agit  de  Colas  de  Brouville  Malmusse 
(1715-1795),  écuyer,  seigneur  des  Fauchets,  membre  du  conseil  de  la 
ville  d'Orléans,  administrateur  de  l'hôpital  général. —  Le  corps  est  de  face 
tandis  que  la  tête,  relevée  dans  un  mouvement  altier,  est  tournée  de 
trois  quarts  vers  la  droite.  Il  porte  une  perruque  poudrée,  frisée  à  mar- 
teau, un  tour  de  cou  de  linon  avec  jabot  de  lingerie,  un  gilet  à  broderies 
entr'ouvert.  A  droite,  un  chien  dont  on  ne  voit  que  la  tête  et  une  patte, 
semble  réclamer  l'attention  de  son  maître.  (PI.  46.) 

M™'  COLAS  DE  BROUVILLE  MALMUSSE.  —  H.  0.60;  L.  0.50.  — 
A  M.  Colas  des  Francs.  —  Elle  est  représentée  assise,  le  corps  de  trois 
quarts,  la  tète  tournée  vers  la  gauche,  coiffée  d'une  cornette  de  tulle. 
Au  point  dit  «  physionomie  »  est  posé  un  bouquet  de  fleurs;  les  cheveux 
sont  poudrés  et  coiffés  en  tapé,  les  yeux  sont  bleu  foncé,  le  visage 
exprime  une  intelligence  enjouée.  Un  ruban  de  velours  noir  entoure  le 
cou.  Elle  est  emmitouflée  dans  une  pelisse  de  velours  gris  argent  dont  le 
capuchon  s'orne  de  petit-gris.  Claude-Marie-Pierre  Colas  de  Brouville 
Malmusse  était  fille  de  Vandebergue,  négociant  hollandais,  établi  à 
Orléans;  sur  la  grande  vue  de  la  ville  et  du  pont  d'Orléans,  en  1761, 
Desfriches  l'a  représentée  à  côté  de  l'intendant  de  Cypierre,  de  M.  Soyer 
et  de  Paul,  le  nègre. 

LA  MARQUISE  D'ENTREVAUX  de  RIBEYROLLES.  —  H.  0.59; 
L.  0.45.  Signé  en  haut,  à  droite:  Perronneau.  —  Elle  est  vue  à  mi-corps, 
tournée  de  droite  à  gauche,  le  visage  de  trois  quarts,  les  cheveux  poudrés, 
coiffés  en  tapé.  Elle  porte  une  robe  de  satin  blanc,  ornée  de  garnitures 
bleues.  De  la  main  droite  elle  tient  un  domino  noir.  —  Vente  Beurdeley, 
1920,  (37,500  francs).  (P.  205.) 

M"=^  D'EPREMESNIL.  —  H.  0.60;  L.  0.50.  —  2^  Vente  Krœmer,  1913, 
n°8.  (P.  200.) 

LE  COMTE  DE  GOLOWKINE,  ambassadeur  de  Russie,  mort  en  1791.  — 
H.  0.62;  L.  0.42.  —  .4  M.  le  comte  F.  d'Aldenburg  Bentinck.  —  II  est  vu 
dans  un  ovale,  presque  de  profil,  tourné  vers  la  gauche.  Ses  cheveux 
poudrés  sont  noués  en  catogan.  Il  porte  un  tour  de  cou  de  linon  blanc,  un 
jabot  de  dentelle,  un  habit  rouge  brique  sur  lequel  est  fixée  la  plaque  d'un 
ordre  russe.  Sur  le  cadre  on  lit  l'inscription  :  «  Iwan  Graaf  van  Golowkin, 
oudste  zoon  van  Alexander  Graaf  van  Golowkin,  ambassadeur  van  Zijne 
Russische  Majesfeit,  en  van  Catharina  Henrietta  Burggravin  en  Gravin 
van  Donna  Ferassière  f  Kinderloos  1791.  » 

LA  COMTESSE  de  GOLOWKINE,  née  Cornelia  van  Sfryen,  née  en  1727, 


—  233  — 

épouse  du  comte  de  Golowkine.  —  H.  0.62;  L.  0.52.  —  A  M.  le  comte 
F.  d'Aldenburg  Benfinck.  —  Elle  est  représentée  en  buste  dans  un  ovale, 
de  trois  quarts,  tournée  vers  la  droite.  Les  cheveux  poudrés  et  relevés  en 
toupet  retombent  sur  la  nuque  en  dragonne,  laissant  l'oreille  droite  déga- 
gée. Une  dentelle  encadre  le  décolleté  du  corsage  bleu  clair  qui  est  orné 
du  nœud  rose  du  »  parfait  contentement.  »  Sur  le  cadre  on  lit  l'inscription  : 
«  Cornelia  Gravin  van  Golowkin  geb.  van  Stryen,  dochter  van  Jacob  van 
Stryen,  schepen  en  Raad  der  Stad  Amsterdam  en  van  Geertruid  Blauw. 
tr.  1759  Iwan  Graaf  van  Golowkin  en  f  1794.  Ce  pastel  et  le  précédent 
proviennent  de  la  famille  de  Wassenaer  d'Obdam  dont  un  membre  épousa 
la  sœur  de  la  comtesse  de  Golowkin.  (Renseignements  fournis  à  la  der- 
nière heure  par  M.  Staring  et  dont  il  n'a  pu  être  fait  état  dans  le  ttxte 
de  l'ouvrage.  Perronneau  aurait-il  exécuté  ces  portraits  en  Russie,  pen- 
dant le  séjour  qu'il  y  fit  en  1781  ?) 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  M""'  HOGGUER.  —  Musée  d'art  et  d'his- 
toire de  Genève.  —  Elle  est  vue  de  trois  quarts  vers  la  droite;  les  che- 
veux sont  poudrés  et  coiffés  en  tapé.  Un  esclavage  de  perles  s'enroule 
autour  du  cou,  attaché  sur  la  nuque  par  un  nœud  de  ruban.  La  robe 
décolletée  en  carré  est  bordée  de  fourrure  noire.  Le  devant  du  corsage 
est  orné  du  <(  parfait  contentement  ».  — •  Provient  du  château  de  Vufflens 
(Vaud),  et  acquis  par  le  Musée  de  la  succession  de  Senardens. 

M""  JULIETTE,  dite  Fleur  d'Epine.  —  Pastel.  —  (P.  144.) 

MARIE  LECZINSKA.  —  H.  0.55;  L.  0.45.  —  En  robe  de  soie  blanche 
avec  tour  de  cou  et  bonnet  de  dentelle,  les  cheveux  poudrés  et  frisés,  vue 
de  face.  —  Vente  du  comte  de  la  Béraudière,  1885,  n°  141.  (P.  182.) 

LE  BARON  P.  DE  L***,  officier  de  la  maison  du  maréchal  de  Belle-Isle. 
—  H.  0.63;  L.  0.57.  —  Vente  du  25  mai  1901.  (P.  186.) 

M"«  DU  MAS  DE  LA  ROQUE  —  Pastel  sur  vélin.  H.  0.46;  L.  0.36.  — 
Vente  de  M.  le  comte  A.  de  G***,  1903,  n"  69.  (P.  187.) 

M""  MÉTAYER.  —  Musée  d'Amsterdam.  —  Un  fil  de  perles  passe  sur  ses 
cheveux  où,  parmi  les  boucles,  est  fixée  une  rose.  Sur  ses  épaules  est  jetée 
une  grande  écharpe  de  gaze  rayée.  —  Provient  d'un  legs  d'un  descendant 
de  Jean  Bernard,  artiste  amateur  qui  vivait  à  la  fin  du  xviii"  siècle. 
(PI.  45.) 

M.  POMMERET.  —  Ovale.  H.  0.55;  L.  0.44.  Signé  en  haut,  à  droite: 
Perronneau.  —  Vente  du  vicomte  de  Curel,  1918,  n"  56  (14,600  francs). 
(P.  201.) 


—  234  — 

M"""  POMMERET.  —  Ovale.  H.  0.55;  L.  0.44.  Signé  en  haut,  à  droite: 
Perronneau.  —  Vente  du  vicomte  de  Curel,  1918,  n"  57  ()2,000  francs). 
(P.  201.) 

LE  MARQUIS  de  PUENTE-PUERTE.  —  Signé  en  haut,  à  droite.  —  On  lit 
derrière  le  p&slel  la  note  suivante  :  ((  Don  Pablo  Antonio  de  Barrenechea 
y  Novig,  marquis  de  Puente-Fuerte,  ministre  d'Espagne  près  des  Etats 
Généraux  des  Provinces  Unies.  »  —  Vente  S.  Bardac,  mai  1920,  n"  29 
(21,000  francs).  (P.  204.) 

PORTRAIT  DE  FEMME  DE  LA  FAMILLE  DU  JURISCONSULTE 
RATEAU.  —  H.  0.65;  L.  0.54.  Signé  et  daté.  —  Exposition  de  Bor- 
deaux, 1882.  —  Vente  du  comte  A.  de  G***,  1903,  n°  70.  (P.  187.) 

LE  COMTE  DE  ROCHFORD.  —  Gravé  en  manière  noire  par  Val.  Green. 
—  Le  comte  de  Rochford  est  William  Henry  de  Nassau-Zuylestein, 
41"  comte  de  Rochford  (1717-1781),  issu  d'une  branche  illégitime  des 
Nassau-Orange.  Il  passa  sa  vie  en  Angleterre  mais  il  possédait  en  Hol- 
lande des  terres  et  le  château  de  Zuylestein  où  il  se  rendit  en  1776.  Peut- 
être  ce  portrait  est-il  du  nombre  des  portraits  hollandais  du  maître? 
M.  Staring  l'a  vainement  cherché  dans  les  familles  hollandaises  appa- 
rentées aux  Nassau-Zuylestein.  (P.  164.) 

M"°  ANNA-ELISABETH-CHRISTINA  DE  TUYLL  DE  SEROOS- 
KERKEN.  —  H.  0.56;  L.  0.46.  —  A  M .  le  comte  W.  d'Aldenburg  Ben- 
tinck.  —  Elle  est  vue  de  face,  dans  un  ovale,  la  tête  très  légèrement  incli- 
née, un  ruban  bleu  autour  du  cou.  Le  large  décolleté  de  son  corsage  bleu 
s'encadre  d'une  draperie  et  d'une  écharpe  de  mousseline.  —  M""  de  Tuyll 
de  Serooskerken,  cousine  de  M""  de  Charrière,  née  en  1745,  morte 
en  1819,  épousa  le  comte  de  Reede,  5*^  comte  d'Athlone  et  seigneur  de 
Middachten.  (Renseignements  communiqués  en  dernière  heure  par 
M.  Staring.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Ovale.  H.  0.62;  L.  0.51.  Signé  en  haut,  à 
droite:  perronneau.  —  Au  baron  de  Crisenoy.  —  Il  est  vu  de  face,  la 
tête  légèrement  inclinée  vers  la  gauche,  les  cheveux  poudrés  et  frisés, 
les  yeux  bruns.  Il  porte  un  tour  de  cou  de  linon  blanc  avec  jabot  de  den- 
telle, un  habit  rouge  à  gros  boutons  d'étoffe,  un  gilet  à  broderies  rouges. 
Partant  du  catogan,  les  rubans  de  la  n  chacone  »  ondulent  autour  du  cou. 
Ce  portrait  est  présumé  représenter  un  membre  de  la  famille  de  Crisenoy 
qui  habitait  Bordeaux;  il  aurait  donc  pu  être  fait  dans  cette  ville. 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  Ovale  dans  un  carré.  —  A  M""  la  comtesse 
d'Oberndorf.  —  Vu 'Hé  face,  le  toupet  en  vergette,  les  ailes  frisées  et 
nouées  d'un  large  ruban  noir.  Il  a  les  yeux  bleus,  le  teint  animé;  il  porte 


—  235  — 

un  tour  de  cou  de  linon  blanc  avec  jabot  de  dentelle,  un  habit  et  un  gilet 
de  velours  bleu.  —  Acheté  à  Amsterdam.  —  Ancienne  collection  du  che- 
valier de  Stuers.  —  Actuellement  prêté  au  Rijksmuseum  d'Amsterdam. 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  H.  0.665;  L.  0.54.  —  Signé  en  haut,  à 
gauche  :  Perronneau.  —  Vu  de  trois  quarts,  tourné  vers  la  gauche,  les 
cheveux  poudrés,  les  paupières  clignotantes,  le  teint  bilieux,  vêtu  d'un 
habit  gris-bleu,  d'un  gilet  de  brocart  rose  s'ouvrant  sur  un  jabot  de  den- 
telle. Il  tient  son  bicorne  sous  le  bras  gauche.  —  Vente  Cronier,  1905, 
n°  40  (20,000  francs).  Prêté  à  l'Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  93, 
par  M.  Sortais;  fut  acheté  à  Lyon  par  M.  Brame  avec  un  portrait  de 
femme  qui  lui  faisait  pendant,  vendu  également  à  la  vente  Cronier. 
(P.  193.) 

PORTRAIT  D'HOMME,  en  habit  gris  brodé  d'or.  —  H.  0.73;  L.  0.59.  — 
Vente  Marmontel,  1898.  (P.  184.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  H.  0.65;  L.  0.51.  —  Vente  de  la  collection 
de  M.  J.  D***,  1906,  n°  77  (5,400  francs).  (P.  194.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  HOMME.  —  En  buste,  le  visage  de  face,  les 
cheveux  poudiés.  Il  porte  un  habit  de  velours  bleu  uni  avec  un  jabot  de 
dentelle  et  un  col  de  satin  blanc.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult. 

PORTRAIT  DE  JEUNE  HOMME  (le  même  que  le  précédent).  —  Le 
corps  légèrement  tourné  vers  la  gauche,  les  cheveux  poudrés,  frisés  à 
marteau,  la  figure  épanouie.  Il  porte  un  habit  de  velours  rose  à  col  noir 
qui  se  détache  sur  un  col  de  satin  blanc  avec  jabot  de  dentelle.  —  Ancienne 
collection  de  M.  Camil'e  Groult. 

TÊTE  DE  VIEILLARD.  —  H.  0.18;  L.  0.15.  —  Dessin  à  la  sanguine 
d'après  l'antique.  —  A  M.  P.  Ratouis  de  Limay.  —  Provient  de  la  collec- 
tion de  Desfriches. 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.60;  L.  0.50.  —  Musée  de  Dijon.  — 
Elle  est  représentée  de  face,  dans  un  ovale  de  pierre,  les  cheveux  relevés 
en  haut  toupet,  jetés  en  arrière  et  poudrés;  l'ovale  du  visage  est  allongé; 
au  cou  elle  porte  un  collier  de  trois  rangées  de  perles.  Son  corsage  gris 
vert  est  en  partie  couvert  d'une  écharpe  jetée  sur  les  épaules.  Le  k  corps  » 
est  formé  de  nœuds  de  soie  bleue  superposés.  Ce  portrait,  qui  semble 
inachevé  ou  abîmé,  présente  de  grandes  ressemblances  avec  celui  de 
Marie-Charlotte  de  Buissy.  —  Donné  en  1910  au  Musée  de  Dijon  par 
Jules  Maciet. 

16 


—  236  — 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.75;  L.  0.65.  —  i4  M.  Georges  Dormeuil. 

—  Vue  de  face,  dans  une  attitude  un  peu  raide;  ses  cheveux  relevés  en 
arrière  sont  poudrés;  sa  physionomie  boudeuse  est  peu  expressive.  Un 
ruban  rose  entoure  le  cou.  Elle  est  vêtue  d'un  corsage  noir  avec  appli- 
cation de  ruches  roses.  —  Vente  du  20  juin  1905:  deux  pastels  par 
J.-B.  Perronneau,  n"  1.  —  Exposition  de  Cent  Pastels,  1908,  n°  77. 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.62;  L.  0.46.  —  A  M.  Georges  Dormeuil. 

—  Tournée  de  gauche  à  droite,  vue  de  trois  quarts,  regardant  de  face, 
le  visage  souriant.  Les  cheveux  relevés  et  poudrés  sont  surmontés  d'une 
fanchon  de  dentelle.  Un  esclavage  de  perles,  noué  par  un  ruban  sur  la 
nuque,  s'attache  autour  du  cou.  Elle  est  vêtue  d'une  robe  de  soie  bleue, 
bordée  d'une  fourrure  de  skungs.  Le  «  corps  »,  barré  de  bandes  de 
fourrure  de  skungs,  fait  suite  au  décolleté  en  carré  orné  d'une  modestie. 
Il  s'agirait,  suivant  M.  Georges  Dormeuil,  d'un  portrait  de  M"""  Lemoyne, 
exécuté  à  Nantes  par  Perronneau,  lors  de  son  séjour  dans  cette  ville.  — 
Collections  Garnier,  Huche  et  Chenard-Huché. 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.62;  L.  0.46.  —  A  M.  Georges  Dor- 
meuil. —  Elle  est  vue  de  trois  quarts  vers  la  droite,  les  cheveux  poudrés, 
coiffée  d'un  bonnet  de  dentelle.  Un  esclavage  de  perles  s'enroule  autour 
du  cou,  attaché  sur  la  nuque  par  un  nœud  de  ruban.  Elle  porte  une  robe 
bleue,  décolletée  en  carré  et  bordée  d'une  bande  de  fourrure.  Une 
modestie  est  disposée  au-dessus  de  trois  échelons  de  fourrure  barrant 
le  «  corps  ». 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.57;  L.  0.47.  —A  M.  Ferai.  —  Vue  de 
face  dans  un  ovale  de  pierre,  elle  parait  âgée  de  quarante  ans  environ  ; 
ses  cheveux  sont  poudrés  et  relevés  en  tapé.  Elle  est  vêtue  d'un  corsage 
de  velours  rose  abricot,  orné  du  nœud  bleu  du  «  parfait  contentement  » 
sur  lequel  est  jeté  un  fichu  de  mousseline.  — Vente  Flameng,  1919,  n"  33 
(16,500  francs).  (P.  203,  PI.  47.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Ovale.  H.  0.61  ;  L.  0.51.  —  A  M.  Ferai.  — 
Vue  de  face,  les  cheveux  relevés  et  poudrés,  les  yeux  bleus.  Le  décolleté 
s'encadre  d'une  draperie  gorge  de  pigeon. 

PORTRAIT  DE  FEMME  ENDORMIE.  —  H.  0.51;  L.  0.41.  Signé.  — 
A  M"""  la  baronne  Gustave  de  Ravignan.  —  Le  décolleté  s'encadre  de 
l'écharpe  de  gaze,  de  la  modestie,  du  ■<  parfait  contentement  ».  Elle  som- 
meille, et  sa  tête  repose  sur  la  main  gauche.  —  Collection  Roux.  —  Vente 
Mame,  1904,  n°  65  (30,000  francs).  (P.  188,  PI.  41.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.52;  L.  0.44.  —  Elle  semble  âgée  de 


—  237  — 

trente  ans.  Elle  est  vue  de  face,  les  cheveux  poudrés,  retombant  de 
chaque  côté  en  frisures,  les  yeux  bleus  largement  ouverts  en  amande.  Le 
corsage  de  linon  blanc  et  bleu,  avec  des  bleuets  à  droite,  est  décolleté 
en  carré;  une  étoffe  de  soie,  à  reflets  prune  et  bleu,  est  jetée  sur  les 
épaules;  un  esclavage  de  perles  entoure  le  cou.  —  Ancienne  collection 
de  M.  Camille  Groult.  —  Vente  de  tableaux  provenant  de  la  collection 
X***,  1920,  n"  27  (20,000  francs).  (P.  205.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.665;  L.  0.535.  Signé  en  haut,  à  droite. 
—  Vente  Cronier,  1905,  n°  41  (28,000  francs).  (P.  193.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Ovale.  —  2-  Vente  de  M"'  Warneck,  1905, 
n"  113  (2,600  francs).  (P.  192.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.53;  L.  0.44.  Signé  en  haut,  à  droite.  — 
Vente  du  20  juin  1905,  n°  1  (1 1,200  francs).  (P.  192.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Pastel  sur  vélin.  H.  0.63;  L.  0.53.  —  Vente 
du  20  juin  1905,  n°  2  (1,100  francs).  (P.  192.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.61  ;  L.  0.49.  —  Vente  J.  Doucet,  1912, 
n°  90  (10,500  francs).  (P.  199.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.52;  L.  0.44.  —  La  fête  tournée  de  trois 
quarts  vers  la  gauche,  légèrement  penchée  en  avant.  Elle  porte  au  cou 
un  collier  de  ruban  bleu  ;  son  corsage  de  soie  puce,  décolleté  en  carré 
et  bordé  d'une  modestie,  est  en  partie  caché  par  un  mantelet  de  taffetas 
noir.  Ce  pastel  provient  des  environs  de  Bordeaux.  —  Exposition  de 
Cent  Pastels,  1908,  n°  87.  —  Vente  Henry  Michel-Lévy,  1919,  n°  107 
(portrait  de  Marie-Thérèse  de  Villette,  femme  Laruefte)  (16,200  francs). 
(P.  202.) 

PORTRAIT  D'UNE  JEUNE  DAME.  —  H.  0.52;  L.  0.40.  —  Vente 
Baudot,  1894.  (P.  183.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FEMME.  —  Pastel  sur  vélin.  H.  0.46;  L.  0.38.  — 
Vente  de  Meurville  1904,  n"  45.  (P.  190.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FEMME.  —  H.  0.60;  L.  0.47.  —  Elle  paraît 
âgée  d'une  trentaine  d'années.  Vue  de  face,  les  cheveux  poudrés,  la 
bouche  un  peu  pincée.  Un  nœud  de  velours  noir  est  attaché  à  la  gauche 
du  cou.  Une  écharpe  de  soie  est  jetée  sur  les  épaules  et  laisse  voir  le 
décolleté  en  carré  du  corsage  de  taffetas  bleu  dont  les  manches  ornées  de 
nœuds  bleus  sont  bouffantes.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult.  —  Vente  de  tableaux  provenant  de  la  collection  X***,  1920, 
n"  29  (9,000  francs).  (P.  206.) 


—  238  — 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FILLE.  —  Ovale.  H.  0.59;  L.  0.58.  Signé  en 
haut,  à  droite.  —  A  M.  Ferai.  —  Elle  est  tournée  de  trois  quarts  vers  la 
droite,  coiffée  d'un  bonnet  de  dentelles  avec  passe  bleue,  les  yeux  bleus, 
les  sourcils  bien  marqués,  la  tête  un  peu  chevaline.  Un  petit  ruban  bleu 
entoure  le  cou.  Elle  porte  un  corselet  bleu  avec  nœud  de  taffetas  de  même 
nuance,  un  mantelet  en  taffetas  gris,  un  fichu  de  mousseline  croisé. 
(PI.  48.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FILLE.  —  H.  0.43;  L.  0.32.  Signé  et  daté  (?). 
—  Vente  du  D"^  Azam,  1909,  n"  75  (4,800  francs).  (P.  196.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FILLE.  —  H.  0.38;  L.  0.29.  —  La  tête  presque 
de  face,  les  cheveux  poudrés  et  coiffés  d'une  légère  dentelle  avec  ruban 
rose  ;  elle  a  les  yeux  bleus.  La  physionomie  est  gracieuse,  la  bouche 
souriante.  Son  collier  de  trois  rangs  de  perles  est  en  partie  caché  par  un 
large  ruban  rose  chiffonné,  formant  devant.  Son  corsage  de  soie  brochée 
bleue,  à  ramages  blancs,  est  bordé  d'une  mince  fourrure  noire.  Des 
pensées  sont  fixées  au  corsage.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille 
Groult. 

PORTRAIT  DE  PETITE  FILLE.  —  H.  0.43;  L.  0.35.  —  Vue  de  trois 
quarts,  le  corps  de  profil,  la  tête  tournée  à  gauche,  les  cheveux  poudrés, 
les  yeux  bleus.  Un  nœud  bleu  entoure  le  cou;  son  corsage  est  bleu.  — 
Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult. 

PORTRAIT  DE  PETITE  FILLE.  —  H.  0.45;  L.  0.37.  —  Vente  du  25  mai 
1901.  (P.  186.) 

II.  —  Peintures  à  l'huile. 

LAURENT  CARS,  graveur.  —  H.  0.50;  L.  0.41 .  —  A  M.  David  Weill.  — 
Vu  de  trois  quarts,  tourné  de  gauche  à  droite,  il  porte  une  perruque 
poudrée.  Il  a  les  sourcils  très  marqués,  les  yeux  brun  clair  à  la  prunelle 
très  noire.  Un  mazulipatam  ou  foulard  rayé  bleu  et  marron  est  noué 
autour  du  cou  sur  une  robe  de  chambre  aux  reflets  d'un  bleu  violet 
changeant.  Fend  vert.  —  Vente  de  la  princesse  Mathilde,  1904,  n°  42 
(12,500  francs).  (Pp.  77  et  189.) 

M-"»  DE  CHAPEAUROUGE,  née  Marie-Elisabeth  Hadorne  (1752-1793). 
—  A  M.  Aug.-Charles  de  Chapeaurouge.  —  Jacques  de  Chapeaurouge, 
son  mari,  banquier  à  Hambourg,  était  né  d'une  famille  internationale  de 
financiers  suisses  comme  les  Hogguer,  les  Thélusson,  etc.  La  coiffure  du 
modèle  semblerait  assigner  une  date  postérieure  à  1770  à  cette  œuvre  qui 
est  reproduite  dans  le  Genealogisches  Taschenbuch  bûrgerlicher  Familien, 
t.  23  (1913). 


—  239  — 

LE  COMTE  DE  FONTE?-^ELLES.  —  Exposition  de  l'Art  français  au 
xviii^  siècle,  1904,  n°  96.  (A  M.  Arthur  Bloch.) 

JOUSSE.  —  H.  0.78;  L.  0.61.  —  Musée  d'Orléans.  —  Il  est  vu  presque 
de  face,  tourné  vers  la  droite,  la  perruque  poudrée  <i  en  procureur  », 
tombant  sur  les  épaules,  les  yeux  brun  clair  spirituels,  le  nez  épanoui, 
la  bouche  volontaire,  le  feint  animé.  Il  est  vêtu  de  la  robe  noire  avec 
rabat  blanc  et  manchettes  festonnées.  Il  tient  sa  main  droite  ouverte  sur 
la  poitrine.  Une  tenture  sombre,  avec  un  gland,  est  soulevée  sur  la  droite, 
laissant  voir  les  rayons  d'une  bibliothèque  et  une  sphère.  —  Daniel  Jousse, 
né  à  Orléans  en  1704,  mort  en  1781 ,  entra  au  présidial  d'Orléans  en  1734  ; 
en  1755,  il  publia  le  Traité  de  la  Sphère.  Ses  travaux  sur  le  droit  criminel 
le  placèrent  au  premier  rang  des  jurisconsultes.  —  Donné  en  1860  au 
Musée  d'Oiléans  par  M""  Regnard,  petite-nièce  de  Jousse.  Ce  portrait  est 
attribué  à  Le  Noir  dans  V Inventaire  des  richesses  d'art  de  la  France 
(Musée  d'Oiléans  par  Eud.  Marcille).  (P.  162.) 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  J.-B.  PERRONNEAU  par  lui-même.  — 
H.  0.54;  L.  0.44.  Signé  en  bas,  à  droite:  Perronneau.  —  Musée  de 
Tours  (collection  Schmidt).  —  Vu  de  face,  éclairé  de  gauche  à  droite, 
les  cheveux  très  légèrement  poudrés,  les  yeux  gris  vert  à  la  prunelle  noire, 
le  regard  très  expressif,  les  narines  dilatées.  L'habit  rouge  brique  tirant 
sur  le  brun  avec  boutons  d'étoffe  or;  le  gilet  rose  à  broderies  d'or, 
entr'ouvert  sur  un  jabot  de  fine  dentelle  festonnée,  attaché  à  un  tour  de 
cou  de  linon  blanc.  L'homme  parait  âgé  d'une  trentaine  d'années.  Fond 
vert  neutre.  (P.  142,  PI.  1.) 

HENRICH-CHRISTOPH  SIEMERS.  —  Ovale.  H.  0.74;  L.  0.59.  — 
A  M.  E.-j.-A.  Siemers,  à  Hambourg.  —  11  est  vu  de  trois  quarts,  regar- 
dant de  face,  les  cheveux  poudrés  et  frisés  à  marteau,  vêtu  d'un  habit 
rouge,  d'un  gilet  blanc  s'ouvrant  sur  un  jabot  de  dentelle.  —  Décrit  et 
reproduit  dans  le  Geneaîogisches  Taschenbuch  biirgerlicher  Familien, 
t.  18  (1910). 

PORTRAIT  D'UN  GENTILHOMME.  —  Ovale.  H.  0.75;  L.  0.60.  Musée 
du  Louvre.  —  Tourné  de  trois  quarts  vers  la  gauche,  regardant  de  face, 
les  cheveux  poudrés,  noués  par  un  large  catogan,  les  yeux  gris-vert,  la 
physionomie  hautaine,  les  pommettes  saillantes,  le  teint  animé.  Il  est 
vêtu  d'un  habit  gris,  orné  de  boutons  d'or  sur  le  parement  de  la  manche, 
largement  ouvert  sur  un  gilet  crème  à  ramages.  Fond  jaune  ambré.  — 
2°  Exposition  des  Portraits  du  siècle,  1885,  n"  216.  —  Vente  de  la  prin- 
cesse Mathilde,  1904,  n"  48  (Ecole  française  du  xviii"  siècle),  acheté 


—  240  — 

110,000  francs  par  le  comte  1.  de  Camondo  et  légué  par  lui,  en  1911,  au 
Musée  du  Louvre.  Une  réplique,  en  miniature,  de  ce  portrait  a  été  publiée 
par  V Illustration.  (P.  149,  PI.  42.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  H.  0.50;  L.  0.39.  —  Vente  G.  Rothan,  1890. 
(P.  183.) 

PORTRAIT  D'UN  MAGISTRAT.  —  H.  0.80;  L.  0.63.  —  Vente  du 
14  juin  1900.  (P.  186.) 

PORTRAIT  D'UN  MAGISTRAT.  —  H .  0.65  ;  L.  0.54.  —  Vente  du  comte 
A.  de  G***,  1903.  (P.  187.) 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  H.  0.50  ;  L.  0.40.  Esquisse  peinte  à  la  manière 
de  Fragonard.  —  Vu  de  trois  quarts,  tourné  de  gauche  à  droite,  regar- 
dant de  face.  Ses  cheveux  poudrés  sont  ébouriffés.  Il  porte  un  habit 
marron  et  un  gilet  gris-vert  avec  jabot  de  dentelle.  La  main  gauche  dont 
on  aperçoit  trois  doigts  est  repliée  vers  un  bouton  du  gilet.  —  Ancienne 
collection  de  M.  Camille  Groult. 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.55 ;  L.  0.44.  —  A  M.  Georges  Dormeuil. 
—  Tournée  de  droite  à  gauche,  vue  de  trois  quarts,  regardant  de  face. 
L'expression  du  visage  est  spirituelle,  la  bouche  souriante.  Sur  les 
cheveux  poudrés  est  jetée  une  fanchon  de  dentelle  à  barbes  pendantes. 
Elle  est  vêtue  d'une  robe  de  taffetas  rose  falbalassée  et  d'un  fichu  de 
dentelle.  Sur  la  poitrine  une  petite  croix.  (PI.  43.) 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  H.  0.48;  L.  0.40.  —  Vente  de  la  collection 
de  M.  J.  D***,  1906,  n°  78.  (P.  194.) 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FEMME.  —  H.  0.52;  L.  0.43.  Signée.  —  Musée 
Jacquemart-André.  —  Tournée  de  gauche  à  droite,  l'expression  un  peu 
sévère,  les  yeux  bruns,  elle  est  coiffée  d'une  cornette  de  dentelle  aux 
barbes  retroussées  avec  une  passe  de  ruban  bleu  se  nouant  en  papillon 
au-dessus  du  front  au  point  dit  «  physionomie  ».  Elle  a  les  cheveux 
poudrés  et  l'oreille  droite  dégagée;  un  esclavage  de  perles  est  attaché 
autour  du  cou  par  un  nœud  de  ruban  blanc.  Le  corsage  bleu  dont  on  ne 
voit  que  le  «  corps  »  est  orné  d'un  nœud  bleu,  le  u  parfait  contentement  » 
que  surmonte  une  modestie  de  malines;  sur  les  épaules  est  jeté  un  man- 
telet  de  taffetas  noir,  garni  de  ruchons.  Ce  portrait  provient  de  la  collec- 
tion Jahan-Marcille  ;  il  offre  une  grande  ressemblance  avec  le  portrait 
au  pastel  d'une  jeune  femme,  provenant  de  la  même  collection  et  appar- 
tenant à  M.  P.  Chévrier.  —  N"  130  du  Catalogue  du  Musée  Jacquemart- 
André.  (PI.  44.) 


—  241  — 

M"«  X***  TENANT  UN  LOUP.  —  Ovale.  H.  0.71  ;  L.  0.56.  —  Vue  de 
face,  la  tête  légèrement  penchée  vers  la  gauche  ;  un  ruban  rose  et  une 
plume  noire  sont  piqués  dans  ses  cheveux  poudrés;  la  figure  est  très 
gracieuse,  l'expression  tendre  et  mélancolique.  Un  nœud  rose  entoure 
le  cou.  Elle  porte  un  corselet  rose  en  pointe  avec  passementeries  noires. 
Le  bras  gauche  est  plié,  la  main  gauche  tient  un  petit  loup.  A  droite,  une 
tenture.  —  Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult. 

PORTRAIT  DE  JEUNE  FEMME  ENDORMIE.  —  H.  0.62;  L.  0.52.  — 
Vente  du  11  avril  1908.  (P.  195.) 


ŒUVRES 
ATTRIBUÉES  A  J.-B.  PERRONNEAU. 

Pastels. 

PORTRAIT  PRÉSUMÉ  DE  CHOISEUL.  —  Musée  de  Saint-Quentin. 

LOUIS  CLAUDE,  COMTE  DE  GOYON  DE  VAUDURANT.  —  Pastel 
sur  vélin.  H.  0.73;  L.  0.59.  —  Collection  des  Concourt.  —  Exposition 
des  dessins  de  maîtres  anciens,  1879,  n°  541.  —  Vente  Concourt,  1897, 
n"  232  (3,000  francs).  (Pp.  132,  147,  184.) 

LE  BAILLI  DE  SUFFREN.  —  H.  0.59;  L.  0.48.  —  Vente  des  27-28  jan- 
vier 1881.  (P.  181.) 

PORTRAIT  D'UN  JEUNE  GENTILHOMME,  en  habit  verdâtre  et  gilet 
blanc  à  fleurs.  ^  H.  0.59;  L.  0.49.  —  Vente  Mùhlbacher,  1899,  n°  230 
(2.520  francs).  (P.  185.) 

TÊTE  D'HOMME.  —  Étude.  —  Musée  de  Toulouse. 

Peintures  à  l'huile. 

CAYEUX  ET  M-'  CAYEUX.  —  Musée  d'Arras.  —  Donnée  par  M.  Braque- 
hay,  notaire.  (P.  51.) 

LECLERC  DE  LESSEVILLE.  —  Musée  de  Versailles.  —  Aux  Archives  du 
Louvre,  on  lit:  «  Le  16  juillet  1846,  M.  de  Cailleux  faisait  l'acquisition 
pour  le  Musée  de  Versailles,  au  prix  de  120  francs,  de  M.  Benoisf,  du 
portrait  au  pastel  de  Charles  Leclerc  de  Lesseville,  président  aux  enquêtes 


—  242  — 

du  Parlement  de  Paris.  »  (Catalogue  Soulié,  n°  4477).  M.  Pératé  nous 
a  écrit  à  ce  sujet:  «  C'est  une  peinture  à  l'huile  du  xviir  siècle,  qui  a 
souffert  et  a  été  rentoilée  sans  doute  au  moment  de  son  admission  dans 
le  musée.  L'inscription  —  du  temps  de  Louis-Philippe  ou  bien  posté- 
rieure —  placée  au  dos  du  tableau  contient,  après  une  notice  sommaire 
sur  le  personnage,  la  mention  :  par  Perroneau  ;  ce  qui,  étant  donné  la 
qualité  de  la  peinture,  est  fort  peu  vraisemblable.  » 

PORTRAIT  D'HOMME.  —  H.  0.68;  L.  0.53.  —  Vente  du  31  mai  1919. 

n"82.  (P.  203.) 

PORTRAIT  DE  FEMME  ÂGÉE.  —  H.  0.90;  L.  0.72.  —  Cette  peinture 
qui  présente  tous  les  caractères  du  faire  de  Perronneau  est  signée  au  bas, 
à  droite:  Boucher.  —  Ses  cheveux  gris  sont  coiffés  d'un  bonnet  de  fine 
dentelle;  elle  a  les  yeux  bleu  foncé,  le  nez  assez  fort,  la  bouche  volontaire; 
la  physionomie  est  un  peu  triste.  Au  cou,  elle  porte  une  rangée  de  perles. 
Un  manteau  bleu  très  foncé,  jeté  sur  les  épaules,  laisse  voir  le  décolleté 
carré  du  «  corps  »  orange,  orné  d'un  nœud.  La  main  gauche,  passée 
dans  une  sorte  de  gant  blanc  montant,  sans  doigts,  tient  un  éventail 
fermé  dont  le  bas  est  posé  sur  les  genoux.  A  droite,  une  tenture.  — 
Ancienne  collection  de  M.  Camille  Groult. 

PORTRAIT  DE  FEMME.  —  Esquisse.  H.  0.34;  L.  0.26.  —  A  A^'  Aimée 
Godard.  —  Vue  de  trois  quarts,  tournée  vers  la  gauche,  regardant  de 
face,  vêtue  d'un  corsage  bleu.  Cette  ébauche,  largement  brossée,  pour- 
rait être  une  élude  pour  un  portrait  de  Belle,  de  Zuylen,  plus  tard  M'""  de 
Charrière.  La  comparaison  avec  la  préparation  de  La  Tour,  du  Musée 
de  Saint-Quentin,  permet  cette  hypothèse. 

PORTRAIT  D'ENFANT.  —  Musée  de  l'Ermitage  de  Saint-Pétersbourg.  — 
Ce  portrait  serait-il  celui  du  d  Jeune  écolier,  frère  de  l'auteur,  tenant  un 
livre  ))  qui  figura  au  Salon  1746?  —  Ancienne  collection  Teplov.  (P.  14.) 


CATALOGUE 

DES 

œuvres  de  J.-B.  Perronneau 

(ou  attribuées  à  J.-B.  Perronneau). 

qui  se  trouvent  dans  des   MuséeS 
ou  des 

Collections  publiques. 


MUSÉE    DU   LOUVRE. 

Adam  l'aîné.  —  Peinture  (morceau  de  réception  de  Perronneau).  H.  1.28; 

L.  0.95.  —  1753. 
J.-B.  OuDRY.  —  Peinture  (morceau  de  réception  de  Perronneau) .  H.  1 .28 ; 

L.  0.95.  —  1753. 
Portrait  d'un  gentilhomme.  —  Peinture  ovale.  H.  0.75;  L.  0.60. 
Pierre  Bouguer.  —  Pastel.  H.  0.58;  L.  0.44.  Signé.  —  1753. 
Laurent  Caps.  —  Pastel.  H.  0.58;  L.  0.49.  —  1759. 
Jean  Couturier  des  Flottes.  —  Pastel.  H.  0.58;  L.  0.44.  Signé.  —  1756. 
M""  HuQUiER  tenant  un  petit  chat.  —  Pastel.  H.  0.47;  L.  0.38.  Signé 

et  daté:  1749. 
Abraham  van  Robais.  —  Pastel.  H.  0.73;  L.  0.59.  Signé.  —  1767. 

MUSÉE  JACQUEMART-ANDRÉ. 
Portrait  de  jeune  femme.  —  Peinture.  H.  0.52;  L.  0.43.  Signée. 

MUSÉE   D'ARRAS. 

M.  ET  M'""  Cayeux.  —  Peinture,  attribuée  à  Perronneau. 

HÔTEL  DE  VILLE  DE  BOULOCNE-SUR-MER. 

Le  duc  d'Aumont.  —  Peinture.  H.  1.80;  L.  0.67.  —  1751. 


—  244  — 

MUSÉE   DE   DIJON. 

Portrait  de  femme.  —  Pastel.  H.  0.60;  L.  0.50.  Don  Jules  Maciet,  1910. 

MUSÉE   D'ORLÉANS. 

Chevotet.  —  Pastel.  H.  0.59;  L.  0.50.  Signé  et  daté:  1751. 
M""  Chevotet.  —  Pastel.  H.  0.59;  L.  0.50.  Signé  et  daté:  1751. 
M°">  Fuet.  —  Pastel.  H.  0.58;  L.  0.48.  Signé  et  daté:  1766. 
RoBBÉ  DE  Beauveset.  —  Pastel.  H.  0.53;  L.  0.44.  Signé.  —  1759. 
L'Aurore  (peut-être  M"'"  Perronneau).  —  Pastel.  H.  0.51  ;  L.  0.42.  Signé 

et  daté:  1767. 
JoussE.  —  Peinture.  H.  0.78;  L.  0.61. 
Robert  Soyer.  —  Peinture.  H.  0.70;  L.  0.57.  Signée  et  datée:  1765. 

MUSÉE  DE  SAINT-QUENTIN. 

La  Tour.  —  Pastel.  H.  0.56;  L.  0.48.  Signé  et  daté:  1750. 
Portrait  présumé  de  Choiseul.  —  Pastel,  attribué  à  Perronneau. 

MUSÉE  DE  TOULOUSE. 

Tête  d'homme.  —  Ëtude,  attribuée  à  Perronneau. 

MUSÉE  DE  TOURS. 

Portrait  présumé  de  J.-B.  Perronneau  par  lui-même.  —  Peinture. 
H.  0.54;  L.  0.44.  Signée. 


Étranger. 


AMSTERDAM. 
RiJKS  Muséum. 
M"°  métayer  —  Pastel. 

COPENHAGUE. 

Bibliothèque  de  l'Université. 

Frédéric  Hausen  de  Liliendahl,  consul  de  Danemark.  —  Peinture. 
H.  0.88;  L.  0.70.  Signée.  —  1767  ou  1769. 


—  245  — 

GENÈVE. 

Musée  d'art  et  d'histoire. 
Portrait  de  femme  (M""°  Hogguer?).  Pastel. 

LA  HAYE. 

Muséum  Meermanno  Westreenianum. 

Gérard  Meerman.  —  Peinture  ovale.  —  1763? 

LEIPZIG. 

Bibliothèque  de  l'Université. 

C.  Friedrich  Kregel  von  Sternbach.  —  Peinture.  H.  0.58;  L.  0.488. 
Signée  et  datée:  Paris,  17.7.  (1747?) 

LONDRES. 

Galerie  Nationale. 
Petite  fille  tenant  un  chat.  —  Pastel.  Signé  et  daté:  Aoust  1743. 

SAINT-PÉTERSBOURG. 

Musée  de  l'Ermitage. 

Portrait  d'enfant  tenant  un  livre.  —  Peinture,  attribuée  à  Perronneau. 
—  Peut-être  le  portrait  du  «  jeune  écolier,  frère  de  l'auteur,  tenant  un 
livre  )y,  du  Salon  de  1746. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE 
des  portraits  exécutés  par  J.-B.  Perronneau. 

Adam  (Lambert-Sigisbert),  dit  l'aîné,  pp.  49,  55,  56,  168,  216,  pi.  14. 

Amédée  (M'"),  pp.  24,  167,213. 

Anglure  (marquise  d'),  portrait  présumé,  pp.  149,  191,  231. 

Arches  (comtesse  Jacquette  d'),  pp.  53,  178,  215. 

Ardore  (prince  et  princesse  d'),  pp.  27,  212. 

AuMONT  (duc  d'),  pp.  43,  215. 

Ayen  (duchesse  d'),  pp.  26,  153,  179,  213,  pi.  7. 

Baschi  (Charles  de),  marquis  d'Aubaïs,  pp.  14,  146,  161,  166,  210. 
Bastard  (comte  de),  pp.  21.  147,  148,  153,  162,  172,  175,  177,  182,  197, 

210,  pi.  6. 
Beaumont,  pp.  31,  167,  214. 
Beauséjour  (de),  pp.  67,  217. 
BiGNON  (président),  pp.  53,  216, 

Blondel  d'Azincourt(M.  et  M""),  portraits  présumés,pp.  92,  199,  223. 
BoNNEVAL  (comte  de),  pp.  40,  16S,  215. 
BoREEL  Jansz  (Jacob),  pp.  114,  124,  162,  227,  230. 
BoREEL  (M.  et  M"^  Jacob  Jacobsz),  pp.  114,  228,  230. 
BoREEL  (Willem),  pp.  115,  227. 
BosSY  (M'"-  de),  pp.  87,  170.  222. 
BouGUER,  pp.  53,  164,  216. 
Boy  de  la  Tour  (M"'),  p.  231,  pi.  45. 
BoYER   (MO, pp.  79,  80,  178,  219. 
Boyer  (M""),  portrait  présumé,  pp.  80,  220. 
Boyer  (fils),  pp.  79,  178,  220. 
Braun  (M.  et  M^O,  pp.  120,  229,  pi.  37. 
BuissY  (M'^'-de),  pp.  107,  226. 

Camyran  (marquis  de),  pp.  149,  190.  208. 

Cars  (Laurent),  pp.  6,  77,  149.  163,  169,  189,  219,  237.  pi.  22. 

Cayeux  (M.  et  ArO,  pp.  51.  179.  216, 

Cazenove  (Th.  de),  pp.  129,  231. 

Cazenove  (Théophile  et  Quirin  de),  pp.  128.  180.  230.  pi.  40. 


—  247  — 

Chambroy  (Lazare),  pp.  22,  161,  213. 

Chapeaurouge  (M"""  de),  p.  237. 

Chevotet  (M.  etM-^"'»,  pp.  43,  45,  147.  148,  172,  174,  214. 

CocHiN  (Ch.  Nicolas),   pp.  73,  76,  169,  219. 

Colas  de  Brouville-Malmusse  (M.  et  M"""),  p.  231,  pi.  46. 

CoNDÉ  (Elisabeth  de  Rohan-Soubise,  princesse  de),  pp.  46,  168,  216. 

Coquebert  de  Montbret,  pp.  124,  171,  230. 

Corbeau  de  Saint-Albin  (comtesse),  pp.  119,  178,  227. 

Corrégeolles  (M""),  pp.  101,  224. 

CouRCY  (marquis  et  marquise  de),  p.  118,  pi.  36. 

Couturier  des  Flottes,  pp.  67,  217. 

Coventry  (lord  et  lady),  portraits  présumés,  pp.  122,  179,  229. 

Darcy,  pp.  103,  170,  225. 

Darcy,  portrait  présumé,  pp.  103,  225,  pi.  34. 

Delépée  la  jeune  (M'"^),  pp.  25,  213. 

Demadières  (M.  ef  M"'  Pierre-Horace),  pp.  118,  147,  148,  174,  175,  228. 

Denis,  pp.  86,  170,  222. 

Desfriches  (M""  Catherine-Thérèse),  pp.  9,  209. 

Desfriches  (M""),  mère,  pp.  10,  209. 

Desfriches  (M.  et  M""  Aignan-Thomas),  pp.  42,  148,  168,  174,  178,  215. 

pi.  13. 
Desfriches  (M""),  pp.  100,  103.  174,  178,  224. 
Desnoyel  (petit),  pp.  14,  166,  210. 
DoM  Maur.  portrait  présumé,  pp.  28,  175,  213,  pi.  9. 
Drouais  (Hubert),  pp.  15,  58,  166,  217,  pi.  16. 
Ducluzel,  pp.  118,  228. 
DujON,  pp.  69,  171,  218. 
Dupérel,  pp.  120,  150,  170,  192,  207. 
DuTiLLEU  (M.  et  M"'°),  pp.  70,  120.  149,  176,  177,  178,  198,  219. 

Entpevaux  de  Ribeyrolles  (marquise  d'),  pp.  205,  232. 
Epremesnil  (M"'°  d'),  pp.  200,  232. 

Floret,  pp.  150,  194,  229. 
Fontenelles  (comte  de),  p.  '76. 
Fouquet,  pp.  112,  228. 
Fuet  (M""),  pp.  91,  148,  173,  222. 

Gaugy  (M""),  pp.  103,  10-1,  170. 
Geelvinck,  pp.  82,  169,  221. 
Geelvinck  (M""),  p.  221. 


—  248  — 

Geoffrin  (M""),  portrait  présumé,  pp.  181,  230. 
GiLLF.QUiN,  pp.  16,  147,  166,  181,  182,  184,  210. 
GoLowKiN  (comte  et  comtesse  de),  p.  232. 

Hasselaer  (G.-A.),  pp.  81,  169,  220,  pi.  24. 
HaUSEN  de  LlLlENDAHL,  pp.  97,  224,  pi.  29. 
HoGGUER,  pp.  81,  85,  169,  221. 
HuNTiNGTON  (milord),  pp.  41,  48,  168,  216. 
HuQUiER  (Gabriel),  pp.  19,  166,  178,  211,  pi.  5. 
HuQUiER,  fils,  pp.  19,  20,  167,  211. 
HuQUiER  (M"^),  pp.  33,  148,  174,  178,  191,  213. 

JouRNu  (abbé),  pp.  68,  218,  pi.  18. 

JouRNU  (Bonaventure),  pp.  96,  224,  pi.  28. 

JouRNU  (chanoine),  p.  225. 

JouRNU  (M""'),  mère,  pp.  102,  104,  170,  pi.  33. 

JouRNU  (M'"),  portrait  présumé,  p.  69. 

JouRNU  (famille),  p.  68,  pi.  19,  20,  21. 

JoussE,  pp.  162,  238. 

Juliette  (M""),  dite  Fleur  d'Epine,  pp.  144,  232. 

Kamm,  pp.  32,  167,  214. 

Kregel  von  Sternbach,  pp.  22,  211. 

La  Fontaine  (M.  et  M""  de),  pp.  41,  178,  214. 

Lany  (M""),  pp.  40,  168,  215. 

Laruette  (M"""),  née  Marie-Thérèse  de  Villette,  pp.  202,  236. 

La  Tour  (Maurice-Quentin  de),  34,  148,  164,  167,  175,  214,  pi.  12. 

Leczinska  (Marie),  pp.  148.  182,  232. 

Lemoyne  (M"^),  pp.  49,  168,  177,  216,  235. 

Lemoyne  (le  petit),  pp.  18,  166,  178,  211. 

Le  Norm.\nt  du  Coudray,  pp.  21,  91,  103,  148,  170,  175,  196,  211,  223. 

Le  Page,  pp.  24,  213. 

Le  Roy  (Julien),  pp.  48,  162,  164,  168,  216. 

Lorraine  (prince  et  princesse  de),  pp.  65,  169,  217. 

Mapondé  (nègre),  pp.  12,  210,  pi.  3. 
Mas  de  la  Roque  (M""  du),  pp.  187,  232. 
Maujé,  pp.  86,  170,  222. 
Meerman  (Gérard),  pp.  81.  160,  161,  221. 


—  249  — 

Métayer  (M""),  p.  232,  pi.  45. 
MiREPOix  (marquis  et  marquise  de),  pp.  69,  171,  218. 
MiRON  DE  PoRTHioux  (M.  et  M"^),  pp.  86,  90,  118,  170,  187,  188,  205, 
222,  228. 

Olivier  (M.  et  M"»),  pp.  22,  148,  167,  175,  179,  212. 
OuDRï  (J.-B.),  pp.  .50,  55,  56,  168,  216,  pi.  15. 

Perronneau  (J.-B.),  pp.  165,  238,  pi.  1. 
Perronneau  (M'"'^),  pp.  83,  96,  169,  221,  224. 
Perronneau  (M"^),  pp.  86,  170,  222. 
Perronneau  (fils  du  peintre),  p.  116. 
Perronneau  (frère  du  peintre),  pp.  14,  166,  210. 
PiNCHiNAT  (M.  et  M""^),  pp.  78,  220,  pi.  23. 
Pinchinat  (M""),  pp.  87,  170,  222. 
Poissonnier  (docteur),  pp.  66,  160,  217. 
Pommeret  (M.  et  M"^"),  pp.  201,  232. 
Puente-Fuerte  (marquis  de),  pp.  204,  232. 

Raguenet  de  Saint-Albin,  pp.  88,  200,  222. 
Râteau  (M.  et  M""),  pp.  103,  226. 
Rendorp  (M.  et  M"'"),  pp.  124,  125,  230,  232. 
RiCHEAiONT  (M-^-^  de),  pp.  107,  150,  193,  207,  228. 
Robbé  de  Beauveset,  pp.  73,  76,  148,  169,  174,  219. 
Rochford  (comte  de),  pp.  164,  233. 
RoSALiNE  (M"'0,  pp.  40,  168,  215. 
Rousseau  (J.-B.),  portrait  présumé,  p.  148. 
Ruelle  (M.  et  M""),  pp.  40,  168,  215. 
Ruisseau  ^M™^  du),  pp.  40,  168,  215. 

Schepers  (M"'^),  p.  220. 

Schuyt  (M.  et'M"'°  Albert),  pp.  125,  230,  pi.  39. 

Sorquainville  (dame  de),  pp.  30,  153,  179,  pi.  11. 

SouBiSE  (prince  de),  pp.  47,  215. 

SoYER  (Robert),  op.  88,  147,  148,  164,  222. 

Straalman  (M.  et  M"'"  Wiilem),  pp.  100,  224,  pi.  31. 

Straalman  (Cornelia),  pp.  100,  224,  pi.  32. 

SuFFREN  (bailli  de),  p.  181. 

Tassin  DE  la  Renardière  (M.  et  M""),  pp.  67,  89,  218.  222. 
Thiboust  (M.  et  M"'"),  pp.  32,  167,  214. 
Tolling  (Willem),  pp.  82,  169,  221. 


•  —  250    - 

TouROLLE  (M™  de),  pp.  83,  169,  221. 

Trudaine  de  Montigny  (M.  et  M""^),  pp.  84,  85,  86,  169,  221. 

TuYLL  DE  Serooskerken  (M""  de),  p.  234. 

Van  der  Waëyen  (M.  et  M""),  pp.  82,  180,  220,  pi.  25. 

Van  Kretschmar  (Jacob),  pp.  58,  180,  217. 

Van  Robais  (Abraham),  pp.  97,  107,  153,  177,  198,  202,  208,  223,  pi.  30. 

Vanville  (M""),  pp.  65,  169,  217. 

Vernet  (Joseph),  pp.  76,  77,  169,  219. 

Villeneuve  (M'-'^de),  pp.  18,  19,  167,  211. 

Warin  (Antoni),  pp.  83,  220. 

Warin  (M'™  Anfoni),  portrait  présumé,  pp.  83,  221. 

Woortman  (pasteur),  pp.  113,  227. 


TABLE  DES  ILLUSTRATIONS. 


En  regara 
page 


Frontispice.  —  Portrait  de  J.-B.  Perronneau  (gravure  de 
Nicoîet,  d'après  Cochin  fils) 

PI.     1.  Portrait  présumé  de  J.-B.  Perronneau,  par  lui- 
même.  Peinture.  (Musée  de  Tours) 2 

PI.    2.  Petite  fille  tenant  un  chat.  Pastel.  1745.  (Galerie 

Nationale  de  Londres) 6 

PI.    3.  Le    nègre   Mapondé.    Pastel.    1745.    (Château   de 

Drottningholm,  Suède) 10 

PI.    4.  Portrait  de  jeune  fem.we.  Pastel.  1746.  (A  M.  le 

vicomte  Fernand  de  Bonneval) 14 

PI.    5.  Gabriel    Huquier.    Pastel.    1747.    (A    M.    André 

Lazard) 18 

PI.    6.  Le  comte  de  Bastard.  Pastel.  MAI.  (A  M.  David 

Weill) 22 

PI.     7.  La  duchesse  d'Ayen.  Peinture.  1748.  (A  M.  David 

Weill) 26 

PI.    8.  Portrait  d'homme.  Pastel.  1748.  (A  M.  Aicard)  .     .  30 

PI.    9.  Portrait    d'un    bénédictin.    Peinture.    1748.    (A 

M.  Chévrier) 34 

PI.  10.  Portrait  de  femme.  Pastel.  1748.  (A.  M.  Armand 

Mame) 38 

PI.  11.  Dame    de    Sorquainville.    Peinture.     1749.     (A 

M.  David  Weill) 42 

PI.  12.  Maurice  Quentin  DE  LA  Tour.  Pasfd.  1750.  (Musée 

de  Saint-Quentin) 46 

PI.  13.  Aignan-Thomas  Desfriches.  M"'"  Desfriches.  Pas- 
tels. \15\.  {kW" 'Raiomsùc  Umzy) 50 

PI.  14.  Lambert-Sigisbert   Adam,    l'aîné.   Peinture.    1753. 

(Musée  du  Louvre) 54 

PI.  15.  J.-B.  OuDRY.  Pt'm/ure.  1753.  (Musée  du  Louvre)  .     .  58 

PI.  16.  Hubert  Drouais.  Pastel.  1754.  (A  M.  Daniel  Hallé).  62 

PI.  17.  Jacob  de  Kretschmar.  Pastel.  1754.   (A  M.  Van 

Kretschmar) 66 

PI.  18.  L'ABBÉjouRNU.Pas/d.  1757.  (AM.  Demotte)  .     .     .  70 

PI.  19.  Portrait  d'homme  de  la  famille  Journu.  Pastel. 

1757?  (Ancienne  collection  Demotte) 74 

PI.  20.  Portrait  de  femme  de  la  famille  Journu.  Pastel. 

1757?  (Ancienne  collection  Demotte) 78 

17 


252  — 


En  renard 


PI.  21.  Portrait  d'homme  de  la  famille  Journu.  Pastel. 

1757?  (Ancienne  collection  Demotte)  ....  82 

Laurent  Cars.  Pastel.  1759.  (Musée  du  Louvre)  .     .  86 

François   Pinchinat  et  M"     Pinchinat.   Pastels. 

1760.  (A  M.  le  comte  de  Richebourg) 90 

Le  bourgmestre  Hasselaer.  Pastel.  Salon  de  176.3. 

(A  M.  J.-O.  Kronig) 94 

Areni  van  der  Waëyen  et  m™'  van  der  Waëyen. 

Pastels.    1763.    (A   M.    le  baron   van    Lynden   de 

Nederhorst) 98 

Portrait  d'homme.  Peinture.   1765.    (A  M.  René 

Benjamin) 102 

Portrait  d'homme.  Peinture.    1767.    (A   M.  Julien 

Potin) 106 

BoNAVENTURE  JouRNU.  Peinture.  1767.   (Ancienne 

collection  Demotte) 110 

Frédéric  Hausen  de  Liliendahl.  Peinture.  1767? 

(Bibliothèque  de  l'Université  de  Copenhague)  .  .  114 
Abraham    van    Robais.    Pastel.    1767.    (Musée   du 

Louvre) 118 

Willem  Straalman  et  M'"'  Straalman.  Pastels.  1767 

ou  1768.  (A  la  famille  van  Weede  de  Dijkveld)  .  .  122 
M""  Cornelia  Straalman.  Pastel.  1767  ou  1768.  (A 

la  famille  van  Weede  de  Dijkveld) 126 

M""  jouRNU  MÈRE.  Peinture.  1769.  (Ancienne  col- 
lection Demotte) 130 

Portrait  présumé  de  M.  Darcy.  Peinture.  1769? 

(.'\ncienne  collection  Demotte) 134 

Portrait  d'homme.  Pastel.  1770.   (A  M.  Georges 

Dormeuil) 138 

Le  marquis  et  la  marquise  de  Courcy.  Pastels. 

1772.  (A  M"°  la  marquise  de  Courcy) 142 

M.  Braun.  Peinture.  1773.  (A  M.  Knœdler)  ...  146 
M"""  Braun.  Peinture.  1773.  (A  M.  Knœdler)  ...  150 

Albert  Schuyt  et  M""'  Schuyt.  Pieintures.   1778. 

(A  M.  le  jonkheer  J.  van  Weede  van  Dijkveld)  .  .  154 
Théophile  et  Quirin  de  Cazenove.  Pastel.  1780. 

(A  M.  Wildenstein) 158 

Portrait  de  femme  endormie.  Palstel.  (A  M""'  la 

baronne  G.  de  Ravignan) 162 

Portrait  d'un  gentilhomme.  Peinture.  (Musée  du 

Louvre) 166 


PI. 

22. 

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23. 

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24 

PI. 

25 

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26, 

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27. 

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28 

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29. 

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30. 

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31. 

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32. 

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33. 

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34. 

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35. 

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36, 

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37. 

PI. 

38 

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39 

PI. 

40. 

PI. 

41 

PI. 

42. 

253  — 


En  regard 
page 


PI.  43.  Portrait    de    femme.    Peinture.    (A    M.    Georges 

Dormeuil) 170 

PI.  44.  Portrait  de  femme.  Peinture.  (Musée  Jacquemart- 
André)   174 

Pi.  45.  M""  MÉTAYER.  Pastel.  (Rijksmuseum  d'Amsterdam). 
Julie-Emilie  Boy  de  la  Tour.  Pastel.  (A  M.  Boy 
de  la  Tour) 178 

Pi.  46.  Louis  Colas  de  Brouville  Malmusse.  Pastel.  (A 

M.  Colas  des  Francs) 182 

PI.  47.  Portrait  de  femme.  Pastel.  (A  M.  Ferai)  ....         186 

PI.  48.  Portrait  de  femme.  Pastel.  (A  M.  Fera!)  ....         194 


TABLE  DES  MATIERES. 


Avant-propos v 

Chapitre  I  :  Les  débuts.  —  Perronneau  graveur,  1715-1742  .     ...        1 

Chapitre  II  :  Perronneau  agréé  à  l'Académie  royale  de  peinture  et  de 

sculpture,  1743-1749 10 

Chapitre  III  :  Perronneau  et  La  Tour.  —  Les  morceaux  de  réception 
de  Perronneau  à  l'Académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture, 
1750-1753 31 

Chapitre  IV  :  Mariage  de  Perronneau.  —  Ses  envois  aux  Salons  de 
Paris  et  au  Salon  de  Toulouse.  —  Séjours  à  Lyon,  à  Bordeaux,  à 
Abbeville,  à  Orléans.  —  Voyages  en  Hollande  et  en  Italie.  — 
Lettres  à  Desfriches,   1754-1780 58 

Chapitre  V  :  Voyage  en  Russie  et  dernier  séjour  en  Hollande.  ■ —  Mort 
de  l'artiste.  —  Son  caractère.  —  Les  causes  de  son  instabilité, 
.1781-1783 130 

Chapitre  VI  :  Vicissitudes  de  la  réputation  de  J.-B.  Perronneau.  — 

Sa  technique 144 

Catalogue  de  l'œuvre  gravé  de  J.-B.  Perronneau 159 

Portraits  de  J.-B.  Perronneau 165 

Expositions  des  œuvres  de  J.-B.  Perronneau.  —  xviii"  siècle. 

Salons  du  Louvre 166 

xviii"  siècle.  Expositions  diverses 171 

xix"  siècle 172 

xx°  siècle 176 

Œuvres  de  J.-B.   Perronneau    (ou   attribuées  à    Perronneau) 

passées  dans  les  ventes  publiques 181 

Catalogue  chronologique  de  l'œuvre  de  J.-B.  Perronneau  .     .     .  209 

Catalogue  des  portraits  non  datés 231 

Œuvres  attribuées  à  J.-B.  Perronneau 241 

Catalogue  des  œuvres  de  J.-B.  Perronneau  (ou  attribuées  à  Per- 
ronneau) qui  se  trouvent  dans  des  musées  ou  des  collections 

publiques 243 

Index  alphabétique  des  portraits  exécutés  par  J.-B.  Perronneau.  246 

Table  des  illustrations 251 


ND 
55 
P4 
1923 


Vaillat,  I^andre 
553  J,B,  Perronneau 

P4.3V3  2.  ^d.,  rev.  et  augm. 


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