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Full text of "Jeanne d'Arc, : ou Coup-d'oeil sur les révolutions de France au tems de Charles VI et de Charles VII, et sur-tout de la Pucelle d'Orléans."

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THE  BOSTON  PUBLIC  LIBRARY 


JOAN  OF  ARC  COLLECTION 


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JEANNE  D'ARC. 


Les  formalités  prescrites  ayant  été  remplies ,  je 
poursuivrai  les  contrefacteurs  suivant  toute  la  rigueur 
des  lois. 


V'VWX'V  w^-v-vw^^v 


Cet  ouvrage  se  iroiwe  aussi  à  Paris  : 
Chez  NÈVE,  libraire,  au  Palais  de  Justice  , 

Et  à  Londres  : 
Chez  Bossange  et  Masson  ,  Dulau  ,  Berthoud  et  Whealley. 


DE  L  IMPRIMERIE  DE  PILLET. 


JEANNE  D'ARC, 

ou 

COUP-D'ŒIL 

SUR  LES  RÉVOLUTIONS  DE  FRANCE 

AU  TEMS  DE  CHARLES  Yl  ET  DE  CHARLES  YH, 

ET   SUR-TOUT   DE 

LA  PUCELLE  D'ORLÉANS. 

PAR  M.  BERRIAT  SAINT-PRIX. 


AVEC   UN  ITINERAIRE  EXACT  DES  EXPEDITIONS  DE  JEANNE    D  ARC , 
SON    PORTRAIT, 

DEUX  CARTES,   l'oNK  DO  SIÈGE  Tl'oRllANS, 
KT  l'aDTRE  du  THtATRE  DE  LA  GUERRE   AU   TEMS  DE  CHARLES  Vil  , 

PLUSIEURS  PIECES  JUSTIFICATIVES   INEDITES,   ET  DES  TABLES 
CHRONOLOGIQUES  ET  ALPHABÉTIQUES. 


A  PARIS, 


CHEZ  PILLET,   IMPRIMEUR-LIBRAIRE, 

ÉDITEUR  DE  LA  COLLECTION  DES   MŒURS  FRANÇAISES, 
RUE  CHRISTINE,  îs°   5. 

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JEANNE  D'ARC, 

ou 

COUP-DOEIL  SUR  LES  RÉVOLUTIONS 
DE  FRANCE, 

AU  TEMS  DE  CHARLES  VI  ET  DE  CHARLES  VII, 

ET  SUR-TOUT 

DE  LA  PUCELLE  D'ORLÉANS.  '> 


Vers  la  fm  du  i4®  siècle,  le  successeur  des 
deux  premiers  Valois  =)  avait  fait  disparaître 
les  maux  accumulés  sur  la  France  par  leur 
imprudence  ou  leur  opiniâtreté,  et  rendu  ce 
royaume  plus  florissant  que  jamais. 

Au  dehors ,  on  comptait  plusieurs  cliens  ou 
alliés ,  et  l'on  n'avait  presque  point  d'ennemis. 
Naguère  maîtres  de  la  moitié  de  notre  terri- 
toire, les  Anglais  se  voyaient  non-seulement 
confinés  3)  dans  les  ports  de  Rordeaux, 
Rayonne  et  Calais ,  mais  réduits  à  veiller  à  la 

^'-  A  l'égard  des  dates  mises  en  marge  ,  çoyez  ci-après  les  notes. 
Observons  seulement  que  l'année  commençait  alors  à  Pâques  ; 
de  sorte  que  les  derniers  mois  étaient  janvier  ,  février  et  mars  , 
et  quelquefois  une  partie  d'avril.  Voyez  la  note  i  ,    n"  iv. 

I 


2  JEATSfTSfE    D  ARC. 

défense  de  leurs  propres  Etats  ,  que  nos 
flottes  4)  menaçaient  à  chaque  instant.  Le 
prince  Noir  n'était  plus  ;  ^)  un  enfant^)  occu- 
pait le  trône  d'Edouard  III  ;  les  rênes  du 
gouvernement  flottaient  entre  les  mains  d'au- 
tres princes  divisés  '^) ,    et  plus  occupés   de 

leurs  intérêts    que  du  bien   de  leur  pays 

Tout  nous  rassurait  contre  des  invasions 
d'outre-mer. 

Au  midi ,  la  maison  de  Castille  nous  devait 
sa  couronne  ;  et  quoique  la  reconnaissance  ne 
soit  pas  la  vertu  des  gouvxrnemens ,  cette 
espèce  de  pudeur  qui  arrête  quelque  tems 
les  démarches  trop  souvent  immorales  de  la 
politique  ,  nous  promettait  que  les  héritiers 
de  lionriTranstamare  n'oublieraient  point  de 
sitôt  les  services  de  Duguesclin. 

L'Italie,  à  l'Orient,  n'était  pas  en  état  de 
faire  même  une  menace.  Le  grand  schisme  de 
la  papauté  amortissait  les  foudres  spirituelles  ; 
Gênes  voulait  se  donner  à  nous  ;  ^)  la  reine  de 
Naples  nous  demandait  un  successeur  ;  le  duc 
de  Milan  craignait  d'en  manquer  ;  les  progrès 
des  Turcs  et  le  soin  de  son  commerce  ab- 
sorbaient l'attention  de  Venise  ;  9)  la  Savoie 
était  trop  faible  pour  penser  à  une  agression  : 
occupée  à  repousser  celles  de  l'Autriche  et  à 
étendre  sa  confédération  ,  la  Suisse  nous  ser- 


JEANNE    d'arc.  3 

vait  de  boulevart  contre  PAllemagne  ;  la  Bour- 
gogne appartenait  à  Pun  de  nos  princes  du 
sang  à  qui  plusieurs  provinces  des  Pays-Bas 
étaient  déjà  dévolues  ;  le  souverain  de  la  Lor- 
raine cherchait  un  gendre  et  un  héritier  dans 
la  maison  d'un  autre  ;  toutes  les  forces  de 
TEcosse  étaient  à  notre  disposition  :  enfin  ,  si , 
par  une  aberration  passagère,  notre  monarque 
avait  voulu  réunir  la  Bretagne^»)  à  son  em- 
pire ,  le  duc ,  satisfait  de  recouvrer  ses  Etats, 
devait  offrir  au  roi  les  moyens  de  réparer  sa 
faute  sans  déshonneur.  >  0 

Dans  rintérieur,  plus  de  séditieux  ni  de  re- 
belles ;  une  armée  nombreuse  et  bien  disci- 
plinée ,  des  généraux  habiles ,  une  noblesse 
pleine  de  valeur ,  une  marine  déjà  égale  à  celle 
deCastille,  supérieure  à  celle  d'Angleterre  ;  ^^) 
des  revenus  considérables ,  quoique  les  taxes 
fussent  modérées  ;  des  finances  bien  adminis- 
trées ,  un  trésor  immense  ;  des  magistrats  et 
des  fonctionnaires  de  tout  genre  formés  par 
l'expérience  à  une  bonne  gestion  de  leurs  em- 
plois; l'agriculture  ranimée  par  l'expulsion 
des  bandes  d'aventuriers  qui  l'opprimaient 
jadis  ;  le  commerce  et  l'industrie  encouragés  ; 
les  sciences ,  les  arts  et  les  études  tirés  du 
long  sommeil  des  siècles  féodaux  ;  les  citoyens, 
enfin,  tous  réunis, ^2)   et  ne.  formant,  pour 


i38c 


^  JEANNE    D  ARC. 

ainsi  dire ,  qu'an  faisceau  autour  d'un  gou- 
vernement dont  ils  appréciaient  d'autant  mieux, 
les  bienfaits  et  les  services ,  qu'ils  en  jouis- 
saient après  vingt  années  de  troubles  ou  de 

dévastations Yoilà  ce  qu'était  la  France 

vers  i38o. 

Cet  état  si  prospère  pouvait  le  devenir  da- 
vantage ;  Charles  V,  à  qui  on  le  devait ,  était 

jeune  encore Hélas!  la  félicité  de  plusieurs 

millions  d'hommes  est  souvent  attachée  à 
l'existence  d'un  seul.  Le  roi  meurt  ;  ^4)  l'admi- 
nistration est  transmise  à  un  régent  ;  ^^)  et 
presqu'aussitôt  un  déluge  de  maux  vient  inon- 
der la  France  pendant  plus  long-tems  que 
celui  que  Charles  avait  eu  l'art  de  tarir. 

Les  dernières  épreuves  qu'on  en  a  fait  ont 
inspiré  contre  les  régences  une  prévention 
qui  s'est  étendue  jusqu'à  nos  jours  :  elle  eût 
été  plus  fondée  et  sur-tout  plus  utile  au  siècle 
de  Charles.  Aujourd'hui ,  un  régent  n'est  que 
le  premier  sujet  du  monarque  ;  alors  ,  c'était 
quelquefois  vm  souverain  :  aujourd'hui ,  il 
peut  être  tenté  de  grossir  sa  fortune  aux  dé- 
pens des  revenus  de  son  prince  ;  alors ,  il  de- 
vait être  induit  à  augmenter  sa  domination  ,  à 
l'aide  et  des  capitaux  et  des  forces  de  l'Etat. 
Charles  Y  avait  craint  le  premier  inconvé- 
nient ;  il  ne  fut  pas  assez  frappé  du  second , 


JEAN^E  d'arc.  5 

ou  peut-être  son  cœur  généreux  lui  en  avait-il 
atténué  le  danger  :  qui  sait ,  d'ailleurs  ,  si  les 
lois  et  l'opinion  eussent  admis  ou  toléré  les 
mesures  propres  à  le  prévenir  ?  Quoi  qu'il 
en  soit,  Charles  n'usa  que  de  précautions  ti- 
mides, et  par  conséquent  inefficaces.^^)  Le 
premier  soin  du  régent ,  le  duc  d'Anjou ,  son  i38i. 
frère  puîné,  fut  de  s'emparer  des  trésors»?) 
de  la  monarchie.  C'est  sur  ces  trésors  qu'on 
en  avait  sur-tout  fondé  la  prospérité  ,  et  avec 
d'autant  plus  de  raison  que  les  finances  des 
pays  voisins  étaient  entièrement  délabrées. 
Mais  avait-on  pu  compter  qu'un  tel  motif  les 
ferait  respecter  d'un  homme  dans  le  cœur 
duquel  un  orgueil  inouï  semblait  n'admettre 
que  la  cupidité  propre  à  le  satisfaire  ?  La  qua- 
lité de  premier  prince  du  sang ,  la  dignité 
éminente  de  régent ,  offraient  de  trop  légers 
alimens  à  sa  vanité  :  il  lui  fallait  une  cou- 
ronne ;  »^)  et  l'espérance  de  conquérir  Naples 
légitima  à  ses  yeux  son  attentat ,  le  pillage  »9) 
des  peuples  dont  il  le  fit  suivre,  faute  de  moyens 
pour  combler  le  déficit  qu'il  avait  produit  : 
enfin ,  l'établissement  de  nouveaux  impôts 
pour  suppléer  à  la  ressource  insuffisante  des 
exactions  ;  ^o)  impôts  qui  causèrent  des  révoltes 
et  forcèrent  le  gouvernement  à  des  mesures 
de  rigueur,  par  lesquelles  il  commença  à  s'a- 


6  JEANNE    d'arc. 

liéner  le  respect  et  Taffection  des  citoyens. 
Le  lëgent  n'avait  pas  achcA^é  les  préparatifs 
de  l'expédition  où,  en  juste  punition  de  ses 
fautes,  il  perdit  bientôt  la  vie,=^0  qu'un  de 
ses  frères  ,  Philippe-le-Hardi ,  duc  de  Bour- 
gogne ,  entraîna  ,  pour  son  propre  intérêt ,  =^2) 
le  jeune  fils  de  Charles  Y  à  une  autre  guerre. 
La  Flandre ,  qui  devait  écheoir  un  jour  à  son 
épouse,  ne  donnait  qu'une  puissance  précaire, 
parce  que  les  Flamands  ,  enrichis  par  le  com- 
merce ,  luttaient  sans  cesse  contre  leurs  sou- 
verains :  on  fit  marcher  le  roi  avec  une  armée 
formidable  pour  les  réduire.  La  victoire  de 
i382.  Rosbecq,  2^)  en  leur  portant  un  coup  dont  ils 
ne  se  relevèrent  plus  ,  affermit  l'autorité  des 
comtes ,  et,  par  la  suite,  celle  de  la  maison  de 
Bourgogne.  Ainsi ,  les  revenus  de  la  monar- 
chie et  le  sang  dé  nos  aïeux  servirent  à  cimen- 
ter un  Empire  qui,  vingt  ou  trente  ans  après, 
faillit  à  renverser  le  nôtre.  Ce  n'est  pas  que 
Philippe  manquât  de  vertus  ou  d'attachement 
pour  la  France  ;  mais  l'ambition  étouffait  en 
lui  tous  les  bons  sentimens  :  il  ne  se  permet- 
tait guère  d'être  honnête  homme  qu'autant 
qu'il  gouvernait  l'Etat ,  et  que  par-là  il  pou- 
vait faire  le  bien  de  sa  famille.  ^4) 

Quoique   le   second   frère  de    Charles  V, 
Jean,   duc  de  Berry,  ne  cherchât  point  de 


JEANNE    B  ARC.  ^ 

couronne,  ^^)  il  n'en  contribua  pas  moins  aux 
malheurs  publics.  Sa  vie  fut  une  continuité 
de  dissipations  si  extravagantes  ,  qu'il  ne  resta 
absolument  rien -6)  des  rapines  de  toute  espèce 
qu'il  commit  pendant  trente-six  années  ,  et 
sur  presque  tout  le  royaume ,  pour  assouvir 
sa  prodigalité,  si  ce  n'est  quelques  palais  ou 
églises,  et  beaucoup  de  reliques. ^7)  A  celte 
passion ,  il  joignait  une  basse  et  pernicieuse 
jalousie.  Des  préparatifs  avaient  été  faits  pour 
une  expédition  contre  l'Angleterre,  qui,  selon 
toute  apparence  ,  eût  prévenu  pour  long-tems 
une  guerre  entre  les  deux  pays.  ^8)  On  était 
sur  le  point  de  mettre  à  la  voile  ;  on  n'atten- 
dait plus  que  lui,  et,  devenu  premier  prince 
du  sang ,  on  était  forcé  de  l'attendre  :  il  fit 
manquer  l'entreprise,  de  crainte  que  CharlesYI  iSSG. 
n'en  eût  seul  tout  l'honneur. ^g) 

Avoir  peint  ces  princes  ,  c'est  avoir  donné 
une  idée  de  ce  que  fut  et  de  ce  qu'éprouva  la 
France  pendant  les  huit  premières  années  du 
règne  de  Charles  YI ,  époque  de  leur  admi- 
nistration ,  et  de  ce  qu'elle  dut  éprouver  dans 
la  suite  et  jusqu'à  leur  mort,  lorsque  la  dé- 
mence de  ce  monarque  leur  permit  de  ressai- 
sir le  pouvoir,  ou  de  combattre  ou  intriguer 
pour  l'obtenir. 

Cependant,  qui  l'eût  cru?  nos  aïeux  au- 


8  JEANNE    d'arc. 

raient  été  cent  fois  moins  à  plaindre  si  Philippe 
et  Jean  eussent  yécu  autant  que  Charles, ^o) 
et  si  celui-ci  eût  été  toujours  en  clémence ^0 
et  sous  leur  tutelle. 
i388  à  1392.         Et    d'abord  ,    l'administration    qu'exerça 
Charles  directementpendant  quatre  années,  ^^) 
depuis  qu'il  les  eut  éloignés  ,  ne  fit  que  livrer 
l'Etat  à  de  nouveaux  déprédateurs ,  les  mi- 
nistres et  les  courtisans,  plus  hardis 3^)  que 
les  deux  princes,  parce  qu'il  leur  fallait  ac- 
quérir là  où  ceux-ci  n'avaient  besoin  que  d'ac- 
cumuler; et  que  Charles,  bouillant,  emporté, 
sans  caractère  ,  sans  application ,  plein  de  ca- 
prices et  de  fantaisies ,  se  livrait  entièrement 
à  leurs  conseils ,  ^4)  pourvu  qu'ils  le  débarras- 
sassent  du  fardeau  du  gouvernement,   qu'ils 
fournissent  des  alimens  à  son  esprit  inquiet,  ^^) 
avide  de  plaisirs  ,  ^^)  de  distractions  et  de  pro- 
jets chimériques.  L'un  d'eux,  du  reste  recom- 
mandable    par   ses    exploits ,  ^7)    Olivier  de 
Clisson,    successeur  de  Duguesclin ,  poussa 
l'abus  de  son  crédit  jusqu'à  faire  déclarer  la 
guerre  au  duc  de   Bretagne ,  sur  le  simple 
soupçon  que  ce  prince  donnait  un  asile  à  un 
ennemi ,  non  du  roi ,  mais  du  connétable.  ^8) 
Les  ducs  de  Berry  et  de  Bourgogne  ,  irrités 
de  ce   que   d'autres   s'étaient  saisis   des    dé- 
pouilles de  la  France ,  d'une  proie  qu'ils  s'é- 


JEANÎsE   d'arc.  g 

taient  accoutumés^  à  regarder  comme  leur  pa- 
trimoine ,  attendaient  avec  impatience ,  et  en 
frémissant ,  une  occasion  de  se  venger. 

Le  mauvais  génie  de  la  France  la  leur  four- 
nit bientôt ,  si  toutefois  ils  ne  la  firent  pas 
naître.  L'apparition  du  prétendu  spectre  ^9)  5  août  iSgi. 
qui  causa  le  premier  accès  de  folie  de  Charles; 
cette  apparition  au  commencement  de  l'ex- 
pédition de  Bretagne ,  à  laquelle  ils  s'étaient 
opposés,  parce  que  le  duc  était  leur  allié; 
leur  soin  de  ne  faire  aucune  recherche  sur 
cette  manœuvre ,  leur  empressement  à  aban- 
donner l'expédition  en  reprenant  l'autorité  , 
leurs  poursuites  instantanées  et  actives  contre 
les  ministres  qui  4©)  auraient  pu  saisir  le  fil  de 

la   trame   que   cachait   l'apparition ,   tout 

donne  le  droit  de  les  en  accuser.  40 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  pressent ,  d'api'ès  le  i.itjaàK^oH. 
caractère  de  ces  tuteurs,  que  la  France  ne 
devint  guère  plus  heureuse ,  parce  qu'ayant  à 
réparer  le  tems  perdu  sous  le  règne  des  mi- 
nistres ,  il  était  naturel  qu'ils  s'attachassent 
avec  plus  d'ardeur  aux  moyens  propres  à  fa- 
ciliter leurs  déprédations  et  augmenter  leur 
pouvoir;  et,  en  effet,  ce  seul  trait  suffit  à 
l'histoire  des  six  années  pendant  lesquelles  ils 
disposèrent  du  royaume  sans  contradiction. 
Hélas  î  il  faut  le  répéter  :  cet  état  déplorable 


10  JEAÎ^NE    D  ARC. 

devait  faire  place  à  un  plus  déplorable  encore  î 
Pendant  cet  intervalle,  le  frère  du  roi,  Louis, 
duc  d'Orléans,  et  la  reine,  avançaient  dans  rage 
de  la  maturité.  Louis  avait  un  extérieur  très- 
avantageux  :  affable ,  gracieux ,  maniant  la  pa- 
role avec  facilité  et  éloquence,  obligeant ,  gé- 
néreux, il  gagnait  l'esprit,  subjuguait  l'affec- 
tion avant  qu'on  eût  pu  l'approfondir  ;  mais 
sa  conduite  dévoila  bientôt  les  secrets  de  son 
caractère  et  de  son  cœur.  4^)  Fastueux  par 
goût ,  dissipateur  sans  mesure  ,  déprédateur 
non  moins  audacieux  que  ses  oncles ,  dé- 
pourvu des  talens  militaires  et  administratifs 
de  l'un, 43)  il  portait  à  l'excès  un  vice  qu'on 
n'imputait  à  aucun  des  deux.  Immolant  tout 
à  son  penchant  pour  la  débauche ,  il  osa 
souiller  jusqu'au  lit  de  son  frère  ,  de  son  sou- 
verain ;  et  cela ,  dans  le  tems  où  il  observait 
avec  scrupule  les  pratiques  de  la  plus  vile  su- 
perstition! 44) 

On  juge  aussi  par -là  du  caractère  de  sa 
complice ,  Isabelle  de  Bavière Arrêtons- 
nous  ;  son  nom  seul  apprend  tout  :  quatre 
siècles  n'ont  pu  effacer  l'horreur  qui  y  est 
attachée  dans  la  mémoire  des  Français. 

Ce  couple  criminel  devait  désirer  le  pou- 
voir ;  il  n'eut  pas  de  peine  à  l'obtenir  dans  un 
instant  où  Charles  jouissait  d'une  lueur  de 


JEAÎÎÎ^E    d'arc.  II 

raison  ;  4^)  et ,  il  faut  Tavouer,  la  régence  sem- 
blait appartenir  à  Louis, 4^)  être  dévolue  à 
son  rang  de  premier  prince  du  sang.  Il  n'eut 
l'art  ni  de  Pexercer  ni  de  la  conserver  :  taxes 
sur  taxes  ,  concussions  sur  concussions ,  4:) 
étaient  toute  sa  science  politique  ;  encore  ne 
savait-il  en  voiler  l'odieux  que  par  des  pré- 
textes ridicules,  qu'il  abandonnait  même  aussi- 
tôt qu'il  en  avait  recueilli  le  fruit.  Ce  sys- 
tème ,  dont  on  ne  pouvait  entrevoir  le  terme , 
puisque  Louis,  noyé  de  dettes, 4^)  faisait 
chaque  jour  des  emprunts,  et  avait  à  conten- 
ter l'avarice  insatiable  d'Isabelle,  acheva  de 
ruiner  sa  réputation ,  déjà  ébranlée  par  sa 
liaison  avec  cette  femme  perfide.  49) 

Le  duc  de  Bourgogne  ,  profitant  des  fautes 
de  son  rival,  s'attacha  à  le  décrier. ^o)  Userait 
tout  au  plus  digne  de  blâme  ,  peut-être  même 
aurait-il  droit  à  des  éloges ,  s'il  se  fût  borné 
à  préparer  la  disgrâce  de  Louis  ;  mais  il  établit 
le  crédit  de  sa  famille  sur  les  ruines  de  l'au- 
torité légitime ,  et  il  ne  fallut  pas  moins  de 
trente  années  pour  dessiller  à  cet  égard  les 
yeux  des  Parisiens  ,  dont  l'aveuglement  n'avait 
pu  être  guéri ,  ni  par  les  maux  où  il  les  avait 
précipités,  ni  par  les  crimes  du  successeur 
de  Philippe.  Un  second  éclair  de  raison  5»  de 
Charles  donna  à  Philippe  le  gouvernement, 


12  JEANNE    d'arc. 

que  Louis  chercha  à  ressaisir  dans  d'autres 
momens  lucides.  Charles  servait  de  jouet  ^2) 
ou  de  mannequin  aux  deux  factions  qui  de'so- 
laient  la  monarchie  ;  il  ne  recouvrait  quelques- 
unes  de  ses  facultés  que  pour  apercevoir  Thor- 
reur  de  sa  situation ,  et  fournir  des  armes 
propres  à  Taggraver  :  retombé  en  démence  , 
il  était  abandonné  à  un  dénuement  dont  on 
frémit, ^^)  lorsqu'on  en  lit  les  détails.  Plus 
malheureux  que  ce  prince  dont  le  premier 
des  poètes  a  dit  avec  tant  d'énergie  : 

L'imbëcille  Ibraïm,  sans  craindre  sa  naissance, 
Trame,  exempt  de  pe'rils ,  une  éternelle  enfance; 
Indigne  e'galement  de  vivre  et  de  mourir , 
On  l'abandonne  aux  mains  qui  le  daignent  nourrir. 

Plus  malheureux  qu'Ibraïm,  Charles  savait 
que  ceux  qui  disposaient  de  ses  revenus ,  que 
son  frère  ,  que  son  épouse ,  quoique  plongés 
dans  le  faste,  ne  daignaient  pas  même  lui 
faire  fournir,  que  dis- je  ?  faire  aussi  donner  à 
ses  enfans  des  habits  ,  et  jusques  à  du  pain  !  ^4) 
Cinq  années  s'étaient  écoulées  dans  cet  état 
de  troubles.  Philippe  meurt  au  commence- 
ment de  i4o4  :^^^  aussitôt  Isabelle  et  Louis  ^ 
croyant  n'avoir  désormais  personne  à  ménager 
ou  à  craindre ,  se  livrent  à  tous  les  emporte- 
mens  dé  leurs  passions  ;  ils  ne  gardent  aucune 


JEANNE    d'arc.  i3 

mesure  5^)  dans  leurs  déprédations  et  leurs  dé- 
bauches. 

On  est  fatigué  de  n'avoir  à  peindre  que  des 
êtres  courbés  sous  le  poids  de  l'immoralité , 
et  cependant  il  reste  à  remplir  une  tâche  bien 
autrement  pénible  ;  il  faut  parler  d'un  des 
plus  grands  scélérats  qui  aient  souillé  les  fastes 
de  l'histoire  ,  du  fils  de  Philippe ,  de  Jean- 
sans-Peur,  qu'on  nommerait  plus  justement 
Jean-sans-Yertus ,  s'il  n'avait  pas  montré  des 
talens  pour  la  guerre  ,  et  de  l'éloignement 
pour  une  vie  licencieuse.  Il  serait  plus  facile 
de  citer  les  vices  qu'il  n'avait  pas  ,  que  d'énu- 
mérer  ceux  dont  il  était  gangrené  :  orgueil , 
ambition,  audace,  haine,  vengeance,  cruauté, 
perfidie Coupons  court  à  cette  liste  révol- 
tante ,  en  indiquant  le  trait  que  nous  aurions 
réservé  pour  le  dernier  coup  de  pinceau  ,  si 
nous  avions  eu  le  courage  de  la  terminer. 
Jean  avait  l'art  de  se  déguiser  complètement 
à  l'aide  d'une  hypocrisie  ^7)  cent  fois  plus  dan- 
gereuse que  tous  ces  mêmes  vices.  ^^) 

Fort  de  semblables  armes ,  à  peine  les 
cendres  de  Philippe  sont  froides  ,  que  Jean  se 
lance  dans  l'arène.  Charles  avait  nommé  Louis  avril  140a. 
lieutenant-général  du  royaume  ;  mais  il  avait 
aussi  créé  un  conseiP9)  composé  des  princi- 
paux personnages  de  l'Etat ,  dont  les  décisions 


l4  JKANNE    d'arc. 

i4o4-  devaient  faire  loi.  Jean  y  demande  et  obtient 
une  place  ;  outre  qu'elle  était  due  à  son  rang, 
on  ne  connaissait  point  son  caractère.  La 
première  fois  que  Louis  veut  user  de  sa  mesure 
favorite  d'administration  (on  devine  qu'il  s'agit 
d'une  nouvelle  taxe),  Jean  s'y  oppose  ;^o)  il 
peint  avec  chaleur  la  misère  des  peuples,  les 
concussions  des  maltôtiers  :  son  avis  n'est 
point  suivi  ,  ainsi  qu'il  s'y  attendait  et  le  dé- 
sirait. Il  a  soin  de  faire  circuler  le  résultat  de 
l'assemblée  ,  et  de  rappeler  la  conduite  et  les 
dilapidations  des  Orléanais.  Les  Français ,  et 
sur-tout  les  Parisiens,  étaient  déjà  trop  bien 
disposés  pour  sa  famille  :  dans  un  instant ,  il 
en  devient  l'idole ,  autant  que  Louis  et  Isa- 
belle en  sont  le  mépris  et  l'horreur.  ^0  II  a 
ensuite  l'art  d'accroître  leur  affection  et  d'ai- 
grir leur  haine  ,  en  feignant  d'être  forcé  de 
chercher  un  asile  dans  ses  Etats  ;  ^^)  mais , 
afm  de  ne  pas  leur  donner  le  tems  de  se  re- 
froidir, il  revient  bientôt  avec  un  corps  de 

i4oj,  troupes.  Isabelle  et  Louis  s'enfuient ^^)  et 
arment.  Les  gens  sages  préviennent  une  guerre 
civile;  on  parvient  à  réconcilier ^4)  ou  plutôt 
à  apaiser  les  deux  factions  ,  en  partageant  le 
gouvernement  entre  ceux  qui  les  dirigeaient. 
Il  semble  que  cet  échec  et  les  années  au- 
raient dû  inspirer  quelque  retenue  au  duum- 


JEKLANE    d'arc.  i5 

virât  :  Isabelle  n'en  fut  que  plus  empressée  à 
thésauriser,  et  Louis  à  dissiper  et  redoubler 
d'impudeur  dans  ses  débauches.  Enhardi  de 
ce  que  son  commerce  avec  la  reine  était  im- 
puni,  il  séduisit  ou  se  flatta  d'avoir  séduit 
l'épouse  de  son  rival  ;  il  eut  même  l'audace 
d'offrir  aux  regards  de  celui-ci  les  gages  et  les 
preuves  de  son  triomphe.  ^^)  Un  tel  outrage 
méritait  une  punition ,  et ,  d'après  les  opi- 
nions et  usages  du  siècle ,  exigeait  une  ven- 
geance. Un  véritable  chevalier  eût  appelé  le 
diffamateur  en  champ  clos;  Jean  dissimula , 
et ,  peut-être  joyeux  de  ce  que  sa  honte  lui 
fournissait  une  excuse  auprès  des  Parisiens , 
il  fit  assassiner  Louis.  6^) 

Il  ne  se  trompa  point.  Un  peuple  frivole  ^7) 
comparait  la  réserve  de  ses  mœurs  aux  débor- 
demens  de  sa  victime  ;  et  l'assassin  fut  non- 
seulement  excusé  ,   mais  il  trouva  des  apolo-  8  mars  4o: 
gistes  jusque  dans  les  niinistres  de  l'Eternel.  ^^) 

Maître  de  l'esprit  des  habitans  de  la  capi- 
tale ;  soutenu  par  l'Université ,  ^9)  dont  les 
lumières  exerçaient  beaucoup  d'influence; 
disposant  des  forces  de  plusieurs  provinces , 
il  ne  lui  manquîiit ,  pour  régner  sur  la  France, 
que  de  couvrir  ses  entreprises  du  nom  sacré 
du  monarque.  70)  Il  réussit  sans  peine  à  se 
saisir  de  ce  fantôme ,  que  l'héritier  de  la  cou- 


23  nov.  1  jo; 


ï6  JEANNE    d'arc. 

ronne ,  le  dauphin  Louis,  à  peine  adolescent 
et  déjà  méprisé  pour  ses  désordres,  70  ne 
pouvait  lui  disputer. 
>4i«>.  Les  princes  et  la  plupart  des  grands  se 
liguent  72)  contre  lui;  les  uns ,  pour  opposer 
quelques  obstacles  à  son  ambition  ;  d'autres , 
tels  que  les  enfans  du  duc  d'Orléans  ,  pour 
satisfaire  leur  vengeance  ;  d'autres  ,  pour  se- 
couer le  fardeau  de  son  administration  tyran- 
nique  ;  presque  tous ,  pour  augmenter  leur 
pouvoir  à  la  faveur  du  bouleversement  qu'ils 
occasionnaient. 

On  arme  de  tous  côtés,  7^)  et,  de  tous  côtés, 
l'autorité  légitime  est  méconnue  74).  L'Etat 
est  plongé  dans  l'anarchie  ;  chaque  maison  de 
plaisance ,  donjon  bu  château ,  devient  une 
forteresse  où  tout  officier  qui  peut  réunir 
quelques  soldats  s'établit  le  tyran  des  villages 
voisins ,  dont  il  leur  livre  le  pillage  pour 
solde ,  toutes  les  fois  que  les  chefs  des  prin- 
cipales factions  n'ont  pas  besoin  d'acheter 
leur  secours. 

Le  duc  de  Bourgogne  était  à  la  tête  du  plus 
puissant  des  deux  partis;  le  .comte  d'Arma- 
gnac, beau-père  du  jeune  duc  d'Orléans, 
dirigeait  l'autre ,  et  lui  donna  même  son  nom. 
Il  n'était  point ,  il  est  vrai ,  de  la  famille 
royale,  mais,  souverain  d'une  contrée  assez 


JEANNE     d'arc.  ly 

vaste  ,  issu  de  la  maison  la  plus  ancienne  de  la 
France ,  allié  à  toutes  celles  qui  avaient  quel- 
qu'illustration ,  ne  le  cédant  en  bravoure  à 
aucun  de  ses  contemporains,  et  supérieur  à 
tous  par  ses  talens  et  son  génie ,  l'opinion  pu- 
blique lui  déféra  cet  honneur,  dont  il  se  mon- 
tra digne  par  son  caractère  égoïste,  ambitieux, 
haineux,  hautain,  vindicatif  et  cruel.  7^) 

Dès-lors ,  et  pendant  plusieurs  années  ,  les 
deux  factions  s'agitent  et  se  combattent  pour 
se  saisir  de  la  capitale  ,  du  roi  et  du  dauphin, 
ou  pour  se  les  enlever.  Les  citoyens  honnêtes, 
victimes  des  fureurs  7^)  et  des  Bourguignons 
et  des  Armagnacs ,  s'efforcent  de  ramener  la 
concorde  :  plusieurs  trêves ,  plusieurs  paix 
sont  signées  et  jurées ,  et  presqu'aussitôt  vio- 
lées; la  France  n'est,  de  toutes  parts,  qu'un 
théâtre  de  dévastations  et  de  carnage.  77)  Dans 
un  de  ces  instans  où  le  duc  de  Bourgogne  dis- 
pose de  Paris  ,  il  arme,  afin  de  s'en  assurer 
pour  long-tems  la  domination,  tout  ce  qu'il 
y  a  de  plus  de  vil  et  de  plus  féroce  :  les  bou- 
chers 78)  et  les  écorcheurs  deviennent  les  sa- 
tellites d'un  prince  du  sang ,  d'un  des  pre- 
miers potentats  de  l'Europe.  Les  partisan^  des 
Armagnacs  sont  abandonnés  799  à  cette  tourbe 
de  brigands  ;  les  proscriptions  de  Marius 
et  Sylla  sont  renouvelées  et  presqu'effacées. 


l8  JEANINE    d'arc. 

L'excès  des  désordres  donne  quelqu'ënergie 
aux  hommes  modérés  ;  ils  sont  secondés  par 
le  dauphin  Louis ,  qui  était  impatient  du  joug 
Août  i4i3,  du  duc  de  Bourgogne  ,  et  qui  essayait  de  for- 
mer un  parti.  80)  On  se  consulte ,  on  se  ras- 
semble ;  enfin ,  on  s'empare  de  la  capitale , 
mais  c'est  pour  la  livrer  aux  Armagnacs.  ^O 
Ceux-ci  n'arment  point  la  multitude  ;  S-)  leur 
administration  n'en  est  guère  plus  douce.  Les 
Bourguignons  sont  poursuivis  et  opprimés  ;  ^^) 
le  moindre  mouvement ,  le  moindre  projet  en 
leur  faveur  est  un  crime,  et  un  crime  puni  de 
mort  aussitôt  que  soupçonné ,  et  presque  tou- 
jours sans  jugement. 

Déjà  vingt  années  se  sont  écoulées  depuis 
la  démence  de  Charles  YL  Pendant  les  troubles 
qui  remplirent  ce  long  espace  de  tems ,  l'en- 
nemi ordinaire  de  la  France  n'avait  presque 
pu  lui  nuire.  D'abord ,  le  successeur  d'Edouard, 
Richard  II ,  détesté  de  ses  sujets,  avait  eu  be- 
soin de  l'appui  de  Charles  ;  ^4)  ensuite ,  le  duc 
iSgg.  de  Lancastre  ,  qui  le  détrôna ,  ^^)  occupé  d'af- 
fermir son  usurpation  et  de  se  défendre  contre 
les  Ecossais  et  les  Gallois,  fut  long-tems  hors 
d'état  de  nous  attaquer.  8^)  Plus  tranquille  sur 
la  fm  de  ses  jours,  la  politique  de  Henri  IV 
consista  à  entretenir  nos  divisions,  afin  d'en 


J  EANNE    D  ARC.  ig 

tirer  parti  lorsque  l'occasion  s'en  présente- 
rait :  il  y  parvint  en  fournissant  tour-à-tour, 
à  chacune  des  deux  factions,  des  secours  suf- 
fisans  pour  maintenir  entr'elles  une  espèce 
d'équilibre.  ^7) 

Nous  voici  arrivés  à  une  époque  où  nous 
sommes  tentés  d'abandonner  notre  tâche,  pour 
être  dispensés  de  rappeler  l'ignominie  dont 
se  couvrirent  nos  aïeux.  L'historien  est ,  il  est 
vrai ,  compatissant  pour  les  erreurs ,  mais 
aussi  sans  pitié  et  même  sans  indulgence  pour 
les  vices  et  les  crimes.  Plus  à  plaindre  qu'un 
juge ,  il  n'est  pas  libre ,  comme  lui ,  de  se  ré- 
cuser lorsqu'il  a  à  prononcer  sur  la  cause  de 
sesparens  et  des  personnes  auxquelles  il  prend 
quelqu'intérêt  :  loin  de  là,  il  est  obligé  de 
fermer  son  cœur  à  tous  les  sentimens  tendres , 
pour  flétrir  sans  ménagement  ceux  qui  man- 
quèrent aux  lois  de  la  vertu.  Il  ne  doit  pas 
se  borner  à  dire ,  avec  le  plus  illustre  de  ses 
modèles  :  Mihi  Galba ,  Oiho  ,  T^itellius  ,  nec 
beneficio^  nec  injuria  cogniii;  il  faut,  ou  qu'il 
jette  la  plume  ,  ou  qu'il  adopte  et  suive  pour 
maxime  :  Amiens  Plaio ,  magis  arnica  veiitas. 
Toutefois  ,  dans  ces  fonctions  si  pénibles ,  une 
considération  est  bien  propre  à  le  soutenir  : 
il  se  dit  que  son  tribunal  est  presque  le  seul 
frein  du  pouvoir   et  du  crédit,   de  quelque 


20  JEAKISE    d'arc. 

source  qu'ils  résultent.  Riches,  guerriers, 
e'crivains,  savans,  magistrats,  administrateurs, 

pontifes,  ministres,  potentats ,  tous  sont 

jaloux  de  laisser  une  mémoire  honorée ,  et 
tous  savent  que  ,  tôt  ou  tard  ,  elle  sera  tra- 
duite et  jugée  sans  appel  à  ce  tribunal  inflexi- 
ble  ;   et  sans  doute  la  crainte  du  pinceau 

vengeur  de  quelque  Tacite  a  étoufle  les  pro- 
jets de  plus  d'un  jeune  Néron. 
i4"'  On  pressent  que  c'est  le  duc  de  Bourgogne 
qui  osa,  le  premier,  réclamer  et  recevoir  les 
secours  ^^)  des  Anglais  ;  mais  s'il  fut  coupable 
de  trop  de  diligence  ,  les  Armagnacs  le  furent 
cent  fois  plus  dans  les  conditions  qu'ils  sous- 
i4",  crivirent^9)  pour  lui  enlever  cette  protection 
infamante.  Qui  pourrait  contenir  son  indigna- 
tion en  voyant  les  premiers  princes  du  sang  , 
les  ducs  de  Berry,  d'Orléans  et  de  Bourbon  , 
et  le  comte  d'Alençon ,  se  reconnaître  les 
vassaux ,  et  se  qualifier  les  sujets  du  roi  d'An- 
gleterre ;  lui  promettre  un  hommage  de  leurs 
apanages  et  forteresses;  s'engager,  enfin,  à 
lui  faire  rendre  tout  ce  que  Charles  Y  avait 
reconquis  de  la  Guienne  sur  Edouard  III  ? 

Cette  fois ,   ils  ne  tirèrent  aucun  fruit  de 

tant  de  déshonneur  ;  la  France  seule  en  fut  la 

victime  :  l'adroit  Henri  n'envoya  des  troupes 

ruiliet  i4ia.  auxiliaires  qu'après  un  traité  conclu  à  Bour- 


JEANNE    D  ARC.  2t 

ges9o)  entre  les  deux  factions.  Ne  trouvant 
point  d'ennemis  à  combattre  ,  les  Anglais  ra- 
vagèrent 91)  plusieurs  de  nos  provinces  :  on  ne 
put  arrêter  le  cours  de  leurs  brigandages 
qu'en  leur  payant  une  espèce  de  rançon,  et 
les  laissant  reprendre  quelques  édiles  de  la 
Guienne,  avecTaide  du  comte  d'Armagnac, 9^) 
qui,  pour  le  moment,  aima  mieux  persister 
dans  sa  honteuse  alliance  que  se  réconcilier 
avec  le  duc  de  Bourgogne. 

Ce  n'était  là  qu'un  léger  prélude  des  maux 
qu'ils  devaient  nous  faire  souffrir.  Henri  IV 
meurt  vers  le  mêmetems,93)  et  est  remplacé  i4i3. 
par  un  héros.  Non  moins  valeureux  que  nos 
militaires  les  plus  distingués,  Henri  V  les 
surpassait  dans  presque  tout  le  reste  :  fermeté, 

prudence ,  activité ,  sagacité ,  tout  faisait  de 

lui  le  premier  homme  de  son  siècle.  Dégagé 
du  titre  d'usurpateur,  qui  nuisait  à  son  père, 
il  profitait  des  travaux  de  celui-ci  :  adoré  de 
ses  sujets ,  il  disposait  de  leur  fortune  et  de 
leur  sang;  à  l'abri  de  toute  inquiétude  au- 
dedans,  il  pouvait  satisfaire  impunément  sa 
soif  pour  les  conquêtes.  94) 

Cependant,  malgré  tant  d'avantages ,  Henri 
eût  vraisemblablement  échoué  dans  ses  pro- 
jets ,  sans  nos  divisions  ;  on  ne  saurait  guère 
en  douter,  lorsqu'on  examine  combien  peu  il 


22  JEANNE    DARC. 

tira  de  profit  de  l'exploit  glorieux  qui  signala 
son  début,  et  auquel  il  s'était  pourtant  pré- 
paré pendant  deux  ans  avec  tout  l'art  d'un 
guerrier  et  d'un  négociateur  consommé.  9^)  On 
nomme  déjà  la  bataille,  ou  plutôt  la  boucherie 
iS  ocf.  i4i5.  d'Azincourt ,  où  périt  ou  bien  fut  prise  l'élite 
de  la  noblesse  française.  9^)  Elle  ne  valut  à 
Hemi  qu'une  retraite  paisible  en  Angleterre; 
et  ce  n'est  qu'au  bout  de  deux  autres  années 
qu'il  put  reprendre  l'exécution  de  ses  des- 
seins. 97) 

On  s'attend  que  les  Français  profitèrent  de 
ce  répit  ;  qu'effrayés  de  leurs  revers ,  ils  se 

réunirent  contre  l'ennemi  commun Hélas! 

il  n'y  avait  plus  de  patrie  ;  on  ne  voyait  que 
des  factions.  Outre  les  deux  partis  principaux 
déjà  connus  ,  on  en  distinguait  un  troisième 
que  le  dauphin  Louis  avait  réussi  à  former  ; 
enfin,  Isabelle....  Isabelle  elle-même  avait  le 
sien!  C'est  ce  qui  a  fourni  à  un  écrivain  cé- 
lèbre 9^)  l'occasion  d'une  réflexion  qu'on  a  ci- 
tée ,  quoique  plus  ingénieuse  que  solide  :  Le 
roi  seul,  dit-il ,  n'aidait  point  de  parti.  Eh  !  il 
aurait  été  à  désirer  qu'en  effet  Charles  VI 
n'eût  été  secondé  de  personne  ;  les  séditieux 
qui  s'emparaient  de  lui  ne  se  fussent  point 
servi  de  son  nom  et  de  son  autorité  pour  se 
procurer  l^ppui  ou  au  moins  obtenir  la  neu- 


JEANNE    d'arc.  23 

tralité  de  tous  les  fonctionnaires  et  citoyens 
fidèles  aux  lois  du  devoir  et  de  Thonneur.  Au 
surplus  ,    nous  n'indiquons  le  parti  du  dau- 
phin ,  qui  disparut  bientôt  à  la  mort  de  ce  i8  déc.  i4i5. 
prince ,  99)  que  parce  qu'avec  un  chef  plus  es- 
timé, et  doué  de  plus  de  capacité  ,^oo)  il  a^. 
rait  anéanti  les  trois  autres ,  sur-tout  vers  le 
tems  de  la  bataille  d'Azincourt ,  où  l'héritier 
de  la  monarchie  en  avait  été  fait  le  lieutenant- 
général  ,  et  où  il  était  maître  de  la  capitale  et 
du  roi.  Loin  de  là ,  on  mit  l'une  et  l'autre  sous 
la  domination  du  comte  d'Armagnac  /°0  que  i4i^- 
Ton  nomma  connétable ,  et  qui ,  pour  fortifier 
son    crédit,    voulut     seul    entreprendre    de 
chasser   les   Anglais ,    en  assiégeant  le  port 
d'Harfleur,  i»^)  fruit  unique  ,  mais  précieux  , 
de  l'expédition  de  Henri  V. 

Deux  victoires  navales  ,  ïo3)  dont  l'une  rem-  i4i6- 
portée  par  le  duc  de  Bedfort ,  firent  évanouir 
les  plans  et  les  espérances  du  connétable  ,  et 
enhardirent  le  duc  de  Bourgogne  à  consom- 
mer son  déshonneur  et  la  ruine  de  la  France, 
en  signant  un  traité  tellement  ignominieux, »^4) 
qu'il  en  rougit  lui-même ,  et  que  ,  soit  par  po- 
litique ,  soit  à  cause  de  ce  reste  importun  de 
honte,  l'on  en  cacha  les  détails  avec  tant  de 
soin ,  qu'il  a  fallu  trois  siècles  pour  les  dévoi- 
ler. Il  y  reconnut  le  roi  d'Angleterre  pour  roi 


s4 

de  France  et  pour  son  propre  souverain  ;  il 
s'y  engagea  à  combattre  Charles  et  ses  enfans 
par  toutes  les  voies  possibles,  jusqu'à  ce  qu'ils 
fussent  détrônés  ;    et  cela ,  sur  la  foi  de  son 

corps  et  par  parole  de  prince! La  plume 

tombe  des  mains. 

Les  échecs  qu'il  venait  d'éprouver,  et  sur- 
tout cette  confédération,  auraient  éclairé  le 
comte  d'Armagnac  sur  ses  véritables  intérêts, 
si  le  bandeau  que  l'esprit  de  faction  jette  sur 
5  avril  i4i6.*  Ics  ycux  était  moins  épais  ;  la  mort  rapide  »o5) 
des  fils  aînés  du  roi  acheva  de  l'aveugler.  As- 
suré de  l'appui  ^o*^)  du  troisième  (Charles  VII), 
1417.  il  ne  s'occupe  que  d'un  objet ,  la  conservation 
de  sa  propre  autorité  ;  et  tous  les  moyens 
pour  y  parvenir  lui  paraissent  légitimes.  Pour- 
vu qu'il  se  maintienne  dans  Paris ,  et  qu'il  y 
dispose  du  monarque,  peu  lui  importe  que 
les  Anglais  envahissent  ^07)  une  seconde  fois 
notre  territoire ,  et  emportent  successivement 
toutes  les  places  de  la  Normandie  ;  que  le 
duc  de  Bourgogne  soumette  ^^'^)  tout  le  nord 
du  royaume  ;  que  la  France ,  en  proie  à  tous 
les  partis,  soit  saccagée  d'un  bout  à  l'autre: 
il  ne  cherche  presque  qu'à  faire  des  ennemis  et 

*  Six  jours  avant  Pâques,  ou  avant  il^ij ^  mort  de 
Jean,  second  Dauphin.  Voy,  ci-après,  note  io5. 


JEANNE    d'arc.  25 

à  lui-même  et  au  dauphin.  Comme  si  le  roi 
n'eût  pas  été  assez  à  plaindre ,  il  choisit  ce 
moment  pour  lui  donner  la  preuve  ,  pour  le 
rendre  témoin  des  débauches  d'Isabelle  ;  ^09) 
et ,  ce  qui  était  encore.plus  criminel  aux  yeux 
,  de  cette  Frédégonde,  il  enlève,  de  concert 
avec  le  dauphin ,  les  trésors  qu'elle  n'avait 
cessé  d'entasser,  malgré  la  misère  publique. "<>) 
De  là  cette  haine  furieuse  qu'Isabelle  voua  à 
Charles  VII,  et,  qu'indigne  du  titre  de  mère , 
elle  conserva  jusques  au  tombeau. 

Loin  de  réparer  ses  fautes  (et,  dans  le  lan- 
gage de  la  politique  ,  une  faute  est  pire  qu'un 
crime  )  ,  le  connétable  les  aggrava"')  par 
son  administration  :  taxes  de  plus  en  plus  ac- 
cablantes ,  exactions  de  tout  genre ,  destitu- 
tions, bannissemens,  supplices ,  on  eût  dit 

qu'il  voulait ,  à  tout  prix ,  et  se  perdre  et  en- 
traîner dans  sa  chute  l'héritier  du  trône ,  qui 
s'abandonnait  à  sa  direction. 

Tel  fut,  en  effet,  le  triste  résultat  de  ses 
sombres  et  fausses  mesures.  Quelque  fortes 
que  soient  les  chaînes  tendues  par  le  despo- 
tisme ,  il  est  difficile  qu'elles  ne  soient  pas 
rompues,  lorsque  le  poids  en  est  trop  lourd. 
Des  Parisiens  parviennent  "^)  à  introduire  les  29  mai  1418. 
Bourguignons  dans  leur  ville,  et,  dans  un 
clin-d'œil,  la  puissance  du  connétable  dispa- 


26  JEAIVNE    d'arc. 

raît.  Que  n'est-il  possible  d'arracher  de  nos 
annales  le  récit  des  horreurs  dont  le  parti 
victorieux  souilla  son  triomphe  !  La  journée 
du  12  juin  r4i8,  ^'3)  où  l'on  massacra  dans  les 
prisons  tous  les  Armagnacs,  y  est  écrite  en 
caractères  si  sanglans ,  que  ni  la  main  du  tems 
ni  la  plume  des  historiens  chargés  d'y  vsubsti- 
tuer  l'exposé  de  journées  modernes  du  même 
genre ,  n'ont  pu  en  effacer  la  trace.  Hâtons- 
nous  de  tirer  le  rideau  sur  ces  atrocités  ;  ob- 
servons seulement  que  le  duc  de  Bourgogne 
vint,  par  sa  présence,  en  consacrer  d'au- 
tres "4)  auxquelles  présidait  un  brigand,  qu'il 
ne  dédaigna  pas  de  traiter  avec  amitié  et  pres- 
que comme  un  égal,  Capeluche,  ^^^)  bourreau 
de  la  capitale  :  elles  ne  cessèrent  que  lorsque 
le  duc  n'en  eut  plus  besoin  ,  lorsque,  sûr  dé- 
sormais de  Paris  et  de  la  reine ,  qui ,  •tourmen- 
tée par  la  soif  de  la  vengeance ,  s'était  jetée 
entre  ses  bras ,  "^)  et  disposant  de  l'autorité 
du  monarque  ,  il  fut  libre  de  se  livrer  à  toutes 
les  inspirations  de  l'ambition  dont  il  était 
dévoré. 

Il  se  trouva  alors  dans  une  grande  per- 
plexité. Maître  en  quelque  sorte  de  la  France, 
il  n'avait  plus  intérêt  à  favoriser  les  Anglais, 
parce  que ,  devenus  maîtres  à  leur  tour,  i' 7)  ils 
auraient  pu  l'opprimer:  d'un  autre  côté,  son 


JEANNE    D  ARC.  27 

appui  semblait  réclamé  par  le  dauphin  ,  qui , 
grâce  au  dévouement  d'un  ser\ileur  coura- 
geux,"^) avait  été  tiré  de  la  capitale  au  mo- 
ment de  la  révolution,  et  qui  était  beaucoup 
moins  à  craindre  pour  le  duc.  Agissant  de 
concert ,  ils  auraient  facilement  abattu  Fen- 
Tiemi  commun.  Les  vrais  amis  de  la  patrie  se 
montrèrent  derechef,  et  essayèrent  de  les 
rapprocher  :  on  s'accorda  ,  ou  l'on  parut  s'ac- 
corder. Les  Anglais  commençaient  à  trem- 
bler *»^>)  et  la  France  à  respirer,  lorsqu'à  une 
entrevue  projetée  pour  resserrer  les  nœuds 
de  l'alliance  ,  le  duc  fut  massacré  ,  en  la  pré-  losept.  1419. 
sence  du  dauphin,  sur  le  pont  de  Monte- 
reau.  ^^^) 

On  se  dispute  encore  aujourd'hui  sur  les 
circonstances  et  les  auteurs  de  ce  forfait  (car 
le  meurtre  d'un  scélérat  n'est  pas  moins  un 
crime  que  celui  d'un  homme  de  bien).  Fut-il 
prémédité  ou  l'effet  du  hasard?  on  ne  le  sait 
guère  mieux.  Toutefois ,  au  travers  des  con- 
tradictions, des  réticences  et  de  l'obscurité 
des  divers  récits ,  soit  des  témoins ,  soit  des 
historiens  du  tems ,  ^2*)  on  découvre  avec  sa- 
tisfaction que  Charles  YIl  n'y  eut  aucune 
part  ;  ^^^)  et  la  répugnance  qu'il  manifesta  pen- 
dant le  reste  de  sa  vie  pour  toute  espèce 
d'acte  de  violence ,  en  est  aussi  une  preuve  ; 


20  JEANNE    D  ARC. 

mais  on  a  de  la  peine  à  croire  qu'il  n'ait  pas 
ensuite  approuvé,  au  moins  tacitement,  l'at- 
tentat qui  le  délivrait  de  son  plus  dangereux 
ennemi ,  puisqu'il  continua  sa  faveur  à  ceux 
qui  le  commirent  ou  qui  saisirent  l'occasion 
de  le  commettre. 

Quoi  qu'il  en  soit  (effrayante,  mais  pro- 
fonde leçon  de  la  justice  éternelle  !  ) ,  si  la 
mort  du  duc  d'Orléans  n'avait  été  vengée  que 
par  des  remords  et  des  alarmes ,  ^^^)  celle  de 
son  assassin  fut  expiée  par  la  ruine  presque 
totale  du  parti  de  Charles  YIÏ.  Philippe-le- 
Bon  ,  successeur  de  Jean,  était  un  adversaire 
bien  autrement  redoutable  :  Jean  se  présen- 
tait entouré  de  crimes  ;  on  ne  connaissait  dans 
Philippe  que  des  vertus.  Les  Français,  étran- 
gers aux  factions  ,  s'éloignaient  de  l'un ,  parce 
qu'il  combattait  son  prince  et  son  pays;  ils 
excusaient  la  conduite  de  l'autre  sur  le  de- 
voir de  venger  la  mort  d'un  père.  Du  reste, 
Philippe ,  avec  les  talens  militaires  de  Jean , 
eut  bientôt  une  puissance  plus  formidable , 
par  l'acquisition  de  l'héritage  des  souverains 
de  Brabant  et  de  Hainaut.  * 

Ptéuni  à  Henri  V  et  à  Isabelle,  ayant  entre 
leurs  mains  les  signes  de  la  royauté  en  la  per- 

-p  roy,  ci-après  noies  171  et  17:! 


JEANNE    D  ARC.  2Q 

sonne  de  Charles  VI ,  le  dauphin  était  pour 
eux  un  bien  faible  ennemi.  ^4)  Huit  mois  après 
le  meurtre  de  Jean ,  le  dauphin  en  est  déclaré 
coupable  ;  on  le  déshérite  ,  on  le  bannit ,  on  ^^  ^^^  *^^*^* 
donne  la  main  de  sa  sœur  et  la  couronne  de 
France  au  roi  d'Angleterre.  ^^^) 

Heureusement  pour  le  dauphin ,  Henri  fut 
obligé  de  passer  à  Londres,  i^^)  Il  avait  besoin 
d'argent  et  de  renforts ,  ^=^7)  et  il  cherchait  à 
nous  priver  de  l'alliance  des  Ecossais ,  qui 
venaient  de  nous  envoyer  des  troupes.  ^^^^^  129) 
Pendant  son  absence  ,  qui  dura  quatre  ou  cinq 
mois  ,  *2°)  le  parti  du  dauphin  se  ranima ,  sur- 
tout après  la  petite  bataille  de  Baugé^^^i)  qu'on  '-  ""^^^  ^^^^• 
gagna ,  moins  par  de  sages  dispositions  que 
parce  qu'on  eut  affaire  à  un  général  impru- 
dent ,  le  duc  de  Clarence ,  et  qui  fut  suivie 
de  la  réduction  de  quelques  forteresses. 

Le  retour  de  Henri  avec  des  subsides  ,  des 
munitions  et  une  armée  de  plus  de  quarante 
mille  hommes,  ^^^)  mit  un  terme  à  ces  légers 
succès.  Il  régla  en  peu  de  jours  les  affaires  de 
l'intérieur,  et  ouvrit  bientôt  la  campagne. 
Il  s'empara  d'abord  de  plusieurs  places ,  et 
entr'autres  de  Meaux ,  l'une  des  plus  impor- 
tantes du  royaume ,  »33)  soit  par  ses  fortifica- 
tions ,  soit  par  sa  situation  sur  la  Marne ,  à 
quelques  lieues  de  Paris ,  dont  elle  pouvait 


3o  JEAî^NE    d'arc. 

intercepter  les  subsistances  et  inquiéter  les 
possesseurs.  Il  occupa  ensuite  une  multitude 
de  petites  villes  ^^4)  qui ,  pour  la  plupart ,  cé- 
dant à  la  terreur  de  ses  armes  et  à  l'influence 
de  son  génie,  venaient  lui  apporter  leurs  clefs. 
De  son  côté  le  duc  de  Bourgogne ,  voulant  se 
montrer  digne  de  le  seconder,  remportait  une 
victoire  auprès  de  Saint-Riquier,  ^^^)  en  Pi- 
cardie ,  et  nous  enlevait  ce  qui  nous  était  resté 
dans  les  environs  de  cette  province.  ^^^)  Déjà 
les  efforts  des  alliés  commençaient  à  se  diri- 
ger ^^7)  vers  la  France  méridionale  ,  seul  asile 
du  dauphin ,  et  où  il  avait  entrepris  le  siège 
3i  août  1422.  de  Cosne ,  lorsque  le  roi  d'Angleterre  mourut 
presqu'inopinément.  S'il  est  vrai,  comme  di- 
vers auteurs  le  pensent,  qu'il  fut  attaqué  de 
la  fistule  ,  ^^^)  mal  dont  on  ne  connut  le  moyen 
curatif  que  sous  Louis  XIV,  il  sera  également 
vrai  que  Charles  et  ses  sujets  durent  leur  salut 
à  l'ignorance  de  leur  siècle  ;  et  c'est  un  argu- 
ment qu'on  livre  aux  personnes  avisées  qui 
voudraient  nous  faire  rétrograder  à  ces  tems 
bienheureux.  Il  suffit  de  comparer  un  ins- 
tant les  deux  rivaux  et  leurs  forces ,  leurs  ap- 
puis de  tout  genre  ,  pour  être  convaincu  que, 
sans  la  mort  de  Henri ,  la  France  n'aurait  été 
qu'une  province  de  son  Empire.  ^-^9) 

La  conviction  d'un  tel  résultat  augmente  ^ 


JEANT^E    d'arc.  3l 

lorsqu'on  voit  que  ,  quoique  cet  événement 
affaiblît  beaucoup  les  ennemis,  soit  en  les 
privant  du  plus  habile  de  leurs  chefs  ,  soit  en 
les  obligeant  de  confier  l'administration  de  la 
France  et  celle  de  l'Angleterre  à  deux  gou- 
verneurs différens,  ^4o)  ce  qui  occasionna  des 
divisions  ;  que  quoiqu'il  eût  été  bientôt  suivi 
de  la  mort  de  Charles  VI,  ï40  qui  leur  enlevait  21  oct.  1422. 
le  simulacre  dont  ils  couvraient  leurs  usur- 
pations ,  les  affaires  de  Charles  YII  n'en  pri- 
rent pas  une  meilleure  tournure  ;  qu'au  con- 
traire ,  il  éprouva  encore  des  défections  et 
des  revers  ;  et  qu'il  ne  fut  sauvé  ,  enfin,  que 
par  une  espèce  de  miracle.  ^4^) 

Nous  ne  serions  pas  néanmoins  surpris  que, 
réfléchissant  aujourd'hui  aux  ressources  pro- 
digieuses de  la  France ,  on  ne  demandât  com- 
ment la  situation  de  Charles  YII  pouvait 
empirer,  sur-tout  n'ayant  pour  compétiteur 
qu'un  enfant  au  berceau  (Henri  YI)  :  un 
exposé  rapide  de  l'état  des  deux  partis  sera 
notre  réponse  ,  et  servira  en  même  tems  à  ré- 
pandre quelque  lumière  sur  les  événemens 
postérieurs,  auxquels  nous  avons  consacré 
plus  spécialement  notre  travail. 

Charles  possédait,  il  est  vrai,,  *43)  une  partie 
de  l'Orléanais  et  de  la  Touraine  ,  et  les  pro- 
vinces situées  au  midi  de  la  Loire ,  ainsi  que 


32  JEANNE    d'aKC. 

le  Dauphiné  ;  mais  la  Provence,  le  Roussillon, 
le  comté  de  Foix  et  la  Navarre  ,  avaient  leurs 
souverains  particuliers  ;  la  Guienne  et  la 
Gascogne  appartenaient  aux  Anglais  ;  dans 
les  provinces  soumises  à  Charles ,  il  y  avait 
beaucoup  de  forteresses  "43  ^/j)  qui  étaient  de- 
venues le  patrimoine  des  aventuriers  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  et  dont  la  protection  était 
dévolue  à  celui  qui  les  payait  le  mieux  ;  enfin , 
divers  cliens  des  Bourguignons,  »44)  tels  que 
le  prince  d'Orange  ,  avaient  dans  ces  mêmes 
contrées  des  enclaves  de  quelqu'importance  : 
tout  ce  qu'on  avait  pu  obtenir  de  la  Bretagne, 
c'est  qu'elle  garderait  une  sorte  de  neutralité. 

Les  Anglais,  outre  la  Guienne  et  la  Gas- 
cogne ,  avaient  conquis  toutes  les  provinces 
septentrionales;  ^45)  à  l'orient,  leur  allié  ré- 
gnait sur  la  Bourgogne  et  la  Franche-Comté , 

et,  au  nord,    il   disposait  des  Pays-Bas 

Ainsi  les  ennemis  l'emportaient ,  quant  à  l'é- 
tendue du  territoire. 

Il  en  était  de  même  quant  à  la  richesse  de 
leurs  pays.  Le  commerce  de  la  Belgique  était 
depuis  long-tems  le  plus  opulent  de  l'Europe 
occidentale  ;  le  commerce  des  cités  de  Charles, 
si  l'on  excepte  celle  de  Lyon ,  était  à-peu-près 
nul.  Si  l'on  excepte  aussi  la  même  ville  ,  il 
n'en  avait  conservé  aucune  qui  fût  très-peu- 


JEATS^ÎÎE    D  ARC.  3!) 

plée  ,  et  sur-tout  comparable  à  Lille  ,  Rouen , 
Bordeaux  ,  Paris  ,  etc.  ^4^)  Presque  toutes  les 
côtes  étaient  au  pouvoir  des  alliés;  Charles 
n'avait  qu'un  ou  deux  ports  par  oîi  il  pût  re- 
cevoir des  secours ,  et  il  manquait  de  flotte 
pour  intercepter  les  renforts  qui  arrivaient  de 
TAngleterre. 

Les  ennemis  n'étaient  pas  moins  supérieurs 
quant  à  l'état  militaire.  Charles  n'avait  point 
d'armée  ,  proprement  dite  ,  mais  seulement 
diverses  bandes  et  quelques  milices  ,  qu'on 
rassemblait  avec  peine ,  dont  on  ne  parvenait 
presque  jamais  à  former  un  corps  considé- 
rable ,  qui  étaient  sans  ordre  et  sans  disci- 
pline ;  enfin ,  qui  au  moindre  échec ,  et  sur- 
tout lorsque  la  solde  et  le  pillage  leur  man- 
quaient, retournaient  sans  obstacles  dans  leurs 
foyers  ou  leurs  repaires  :  on  ne  pouvait  guère 
entrer  en  campagne  que  lorsque  l'Ecosse  en- 
voyait des  troupes  auxiliaires.  *47)  Les  Anglais, 
avaient,  au  contraire,  une  armée  nombreuse 
et  bien  disciplinée  :  la  désertion  leur  était  peu 
nuisible  ,  parce  que  la  mer  empêchait  les 
fuyards  de  regagner  leur  patrie.  Si  Charles 
avait  à  ses  ordres  des  capitaines  d'une  valeur 
éprouvée ,  les  Anglais  n'en  étaient  pas  dé- 
pourvus ;  et  ce  qui  achevait  de  leur  donner 
l'avantage,   c'est  qu'ils  comptaient  plusieurs 

3 


34  JEANNE    d'arc. 

généraux  distingués  et  expérimentés  ,  tels  que 
Salisbury,  Suffolck,  Sommerset,  Talbot  et 
Warwick  ,  »48)  tandis  que  Charles  n'en  a^ait 
point  à  leur  opposei\ 

On  pressent ,  par  le  tableau  que  nous  avons 
fait  de  la  situation  de  la  France ,  et  sur-tout 
des  provinces  méridionales ,  que  ce  qu'on 
appelle  le  nerf  des  gouvernemens  ne  devait 
pas  rétablir  l'équilibre  en  faveur  de  Charles. 
Quelques  impôts  mal  perçus ,  et  dont  les 
exacteurs  retenaient  une  portion  ;  ^49)  les  bé- 
néfices précaires  qu'on  obtenait  à  l'aide  de  la 
méthode  rumeuse  de  hausser  et  abaisser  les 

monnaies ,  »5«)  voilà  les  seuls  alimens  de 

son  trésor,  ^^i)  H  était  sans  doute  difficile  que 
les  alliés  tirassent  un  meilleur  parti  de  la 
France  septentrionale ,  également  ravagée  et 
épuisée  ;  mais  la  Grande  -  Bretagne  et  les 
Pays-Bas  ,  à  l'abri  du  fléau  de  la  guerre ,  et 
les  deux  Bourgognes ,  à  peine  entamées  sur 
leurs  frontières,  leur  offraient  en  tout  genre 
d'abondans  secours. 

Les  ressources  que  leur  fournissaient  leur 
territoire ,  leurs  troupes  et  leurs  finances , 
étaient  en  outre  mises  en  œuvre  par  des  mains 
habiles.  Le  duc  de  Bourgogne  passait  pour  un 
des  premiers,  et  le  duc  de  Bedfort  pour  le 
plus  grand  capitaine  de  son  siècle  ,  et  celui-ci 


JEANNE    d'arc.  3,^ 

n'était  pas  moins  bon  administrateur.  Actif, 
entreprenant ,  infatigable ,  il  se  trouvait  par- 
tout,  et  au  conseil,  et  àTarmée,  dans  toutes 
les  occasions  où  la  présence  d'un  chef  peut 
être  utile. 

On  voit ,  par  cet  aperçu ,  combien  les  en- 
nemis de  Charles  étaient  redoutables  pour 
lui ,  et  néanmoins  nous  n'en  avons  pas  indi- 
qué le  plus  dangereux. 

Cet  ennemi  dangereux qui  l'eût  soup- 
çonné ?  c'était  Charles  lui-même.  Au  com- 
mencement de  son  adolescence,  il  avait  an- 
noncé quelqu'énergie  et  manifesté  quelqu'in- 
térêt  pour  ses  affaires  ;  il  assistait  quelquefois 
à  des  conférences  politiques  et  à  des  expédi- 
tions :  ï^*  ^'^^  parvenu  à  l'âge  de  vingt  ans  ,  et 
revêtu  du  titre  de  roi,  il  devient  à-peu-près 
étranger  à  tout  autre  chose  qu'à  ses  plaisirs, 
à  ses  maîtresses  et  à  ses  favoris.  Tandis  que 
ses  guerriers  prodiguent  leur  sang  et  leur  for- 
tune pour  lui ,  *^=^)  il  ne  s'occupe  que  de  fêtes; 
il  abandonne  les  revenus  de  ses  provinces  au 
pillage  de  ses  ministres  et  de  ses  confidens  ; 
il  souffre  qu'ils  abreuvent  de  persécutions 
ses  sujets  les  plus  fidèles  ,  qu'ils  se  servent  de 
ses  troupes  contre  ses  propres  généraux ,  ^^'^) 
et  il  approuve  souvent  jusqu'à  leurs  crimes, 
car  il  les  choisit  presque  toujours  parmi  des 


36  JEANNE    d'à  RC  = 

hommes  aussi  remarquables  par  leurs  vices  ^^4) 
que  par  leur  défaut  de  talens  :  il  manque  tel- 
lement de  cette  fermeté ,  première  vertu  d'un 
roi  dans  un  tems  de  troubles ,  qu'il  laisse  mas- 
sacrer ses  amis  dans  son  palais  ,  et  en  sa  pré- 
sence ,  sans  entreprendre  de  les  défendre  ni 
de  les  venger. 

Voilà  pourtant  le  prince  auquel  des  histo- 
riens ont  donné  le  surnom  de  T^iciorieux! 
S'il  triompha,  ce  fut  grâce  au  dévouement  de 
ses  guerriers  et  de  ses  peuples,  et  à  des  événe- 
mens  fortuits ,  et  jamais  à  ses  travaux  ou  à  ses 
exploits  ;  il  ne  recouvra  ses  Etats  que  malgré 
lui-même  et  en  dépit  de  sa  conduite  insensée. 
Nous  conviendrons  que ,  vingt  ans  après ,  on 
vit  en  lui  un  tout  autre  homme  ;  ^^^)  qu'il  se 
plaça  enfin  au  niveau  de  son  trône ,  et  nous 
nous  plaisons  à  lui  rendre  la  justice  qu'il  mé- 
rita dès-lors  un  titre  même  plus  honorable 
que  celui  qu'il  doit  à  la  flatterie  :  mais  ce  qu'il 
fit  à  cette  dernière  époque  ne  justifie  pas  son 
étrange  manière  de  gouverner  dans  le  tems  où 
il  aurait  fallu  qu'il  se  surpassât ,  qu'il  agît  en 
homme  en  état  de  lutter  et  contre  ses  ennemis 
et  contre  la  fortune  ,  qu'il  fût ,  en  un  mot , 
un  héros. 

C'est  sur-tout  au  commencement  de  son 
règne  que  le  monarque  doit  faire  preuve  de 


JEANNE    d'arc.  Sy 

courage ,    d'activité ,  de  bonne    administra- 
tion ,  de  toutes  les  qualités  propres  à  un  roi  ; 

voici   le  début  de    Charles Vers  la    fin 

de  1422  ,  ï5^)  à  peine  trois  mois  après  la  mort  i4aa. 
de  son  père  ,  un  de  ses  partisans,  qui  avait 
surpris  par  escalade  la  petite  ville  de  Meulan, 
y  est  assiégé  par  Bedfort  et  Salisbury  ;  il  de- 
mande des  secours  :  le  poste  était  important  ; 
on  lui  envoie  six  mille  hommes.   Au  lieu  de 
marcher  avec  cette  troupe ,  dont  il  fallait  se 
réserver  au  moins  la  surveillance,   Charles 
reste  à  soixante  lieues  de  là.  Même  méthode, 
et  encore  pire ,   relativement  aux  fonds  des- 
tinés à  en  assurer  l'entretien  :  le  favori  chargé 
par  le  roi  de  les  distribuer,  ^^7)  les  consomme 
en  achats  de  vaisselle  ,  de  joyaux ,  de  pierre- 
ries. Arrivée  à  six  lieues  de  Meulan ,  l'armée 
se  débande,  faute  de  paie.  Les  assiégés,  fu- 
rieux d'être  sacrifiés  à  de  tels  hommes  et  pour 
de  tels  objets ,  mettent  en  pièces  les  drapeaux 
de  Charles;  la  ville  se  hâte  de  capituler,  et  la 
garnison  de  passer  au  service  de  l'ennemi.  *^^) 

Bientôt  le  duc  de  Bretagne,  jusque-là  1423. 
neutre  ,  se  joint  aux  Anglais,  qui,  après  cette 
alliance  ,  s'emparent  de  quelques  places. 
Charles  reçoit  au  printems  des  renforts  de 
l'Ecosse  ;  ^^9)  on  forme  une  armée  de  dix 
mille  hommes  qu'on  emploie  à  assiéger  Cré- 


38  JEANNE    d'arc. 

vant.  »^o)  Les  alliés,  commandés  par  Suffolck, 
s'approchent.  Etablie  dans  une  position  à- 
peu-près  inexpugnable,  l'armée  française  pou- 
vait sans  risque  les  braver  et  continuer  le 
siège  ;  mais  elle  manquait  de  chefs  propres  à 
la  guider  et  la  contenir  ;  et  Charles ,  dont  la 
présence  eût  au  moins  servi  à  inspirer  de  la 
circonspection  ,  et  sur-tout  à  étouffer  les  di- 
visions qui  régnaient  entre  les  corps  princi- 
paux ,  n'avait  pas  été  corrigé  par  l'échec  de 
Meulan.  On  abandonne  la  position ,  et  l'on 
marche  à  l'ennemi  sans  s'assujétir  à  aucun  des 
soins  prescrits  par  les  règles  de  l'art.  Les 
alliés  remportent  une  victoire  complète  ;  trois 
mille  Français  sont  tués  ou  pris ,  avec  beau- 
coup d'officiers  ou  généraux  ;  le  siège  de  Cre- 
vant est  levé  ;  plusieurs  autres  villes  se  ren- 
dent au  vainqueur.  ^^^  ^'^  ) 

Cependant,  quelqu'heureuse  que  fût  cette 
bataille  pour  les  Anglais ,  elle  n'eut  pas  des 
résultats  décisifs  :  c'est  que  le  duc  de  Bedfort, 
occupé  d'aplanir  les  difficultés  attachées  à 
l'étabHssement  d'une  régence;  de  gagner  le 
duc  de  Bretagne  ;  de  resserrer  les  nœuds  qui 
l'unissaient  au  duc  de  Bourgogne ,  *^^)  en 
épousant  sa  sœur  ;  d'apaiser  un  différend  qui 
s'élevait  entre  son  frère ,  le  duc  de  Glocestre , 
i't  Je  même  duc  de  Bourgogne,  ne  put,  pen- 


JEANNE    D'aHC.  39 

dant  les  deux  premières  années ,  donner  assez 
de  soins  à  la  direction  de  la  guerre.  Deux  pe- 
tites victoires  remportées  les  mois  suivans ,  à 
la  Gravelle  ^^a)  j^tns  le  Maine,  et  à  la  Bus- 
sière  en  Maçonnais ,  ^^^)  procurèrent  aussi  aux 
Français  quelque  répit ,  et  leur  permirent  de 
recevoir,  à  Touverture  de  la  seconde  cam- 
pagne ,  une  armée  toujours  fournie  par  nos 
généreux  alliés,  les  Ecossais ,  ^^4)  et  un  petit 
corps  de  troupes  envoyé  par  le  duc  de  Milan.  ï^'^) 
Les  Français,  encouragés,  firent  alors  un 
effort  considérable  :  on  parvient  à  rassembler 
environ  dix-huit  mille  hommes,  ^ 66)  et  on  les 
destine  à  secourir  la  ville  d'Ivry,  assiégée  par 
le  duc  de  Bedfort.  Les  deux  armées  se  trou- 
vent en  présence  au  milieu  du  mois  d'août 
1424,^^7)  auprès  de  Yerneuil.  La  supériorité 
des  généraux  ennemis  »6^)  décida ,  comme  à 
Crécy,  à  Poitiers  ,  à  Azincourt  et  à  Crevant , 
du  succès  de  la  journée.  Les  Français,  malgré 
des  prodiges  de  valeur,  furent  entièrement 
défaits;  ils  perdirent  cinq  mille  hommes  »69)  et 
la  plus  grande  partie  de  la  noblesse,  indépen- 
damment d'une  multitude  de  prisonniers  : 
tout  le  reste  se  dispersa.  La  prise  des  équi- 
pages et  du  trésor  de  l'armée  ,  de  la  ville  de 
Verneuil  et  de  toute  la  province  du  Maine  ; 
le  ravage  de  l'Anjou  et  des  contrées  voisines  , 


40  JE  AISNE    d'arc. 

furent  les  suites  immédiates  de  la  victoire.  ^70) 
On  en  craignait  de  bien  plus  funestes,  lors- 
que la  fortune  de  Charles  le  sauvor  encore  ,  du 
moins  pour  quelque  tems.  Jacqueline  de  Hai- 
naut,  171)  héritière  de  la  Belgique  occidentale, 
avait  quitté  son  époux ,  le  duc  de  Brabant , 
en  1421 ,  pour  se  réfugier  auprès  de  Henri  Y 
et  faire  casser  son  mariage  ,   à  l'aide  de  la 
protection  de  ce  monarque.  Le  duc  de  Glo- 
cestre ,  régent  d'Angleterre  ,  séduit  par  Tes- 
poir  de  porter  une  couronne ,   lui  donna  la 
main  :  de  là  une  rupture  avec  le  duc  de  Bour- 
gogne,  qui  était  proche  parent   du  duc   de 
Brabant,    et  qui  comptait  sur  l'héritage  des 
époux  divisés.  Les  soins  et  l'adresse  du  duc  de 
Bedfort  n'aboutirent  qu'à  assoupir  un  instant 
la   querelle.  Enfin  Glocestre,  jetant  tout-à- 
fait  le  masque ,  s'appropria  les  subsides  des- 
tinés à  Bedfort,  leva  une   armée  et  envahit 
le  Hainaut ,  moins  de  deux  mois  après  la  ba- 
taille de  Yerneuil ,  au  moment  où  les  alliés  se 
préparaient  à  achever  la  ruine  de  la  France.  '  7^) 
Aussitôt,  Philippe-le-Bon  retire  ses  troupes 
de  l'armée  de  Bedfort ,  et  vole  à  la  défense  du 
Hainaut.    Cette   guerre  particulière ,    qui  ne 
fut  entièrement  terminée  qu'au  bout  de  quatre 
lin  1428.  ans,  »73)  enleva  aux  Anglais  l'appui  de  Phi- 
lippe ,   et  les  mit  hors   détat  de  profiter  de 


JEANNE    d'aRD.  4^ 

leurs  victoires.  Un  autre  incident  les  retint 
pendant  fort  long-tems  dans  l'inaction.  Privé 
de  subsides,  le  duc  de  Bedfort  eut  encore  à 
pacifier  un  démêlé  qui  s'éleva,  après  l'inva- 
sion du  Hainaut ,  entre  Glocestre  et  Tévêque 
de  \Yinchester,ï74)  leur  oncle,  membre  du 
conseil  d'Angleterre  :  il  fut  obligé  de  passer 
dans  cette  île  ,  et  d'y  rester  jusqu'en  1427.^75) 

La  cour  de  Charles  parut  d'abord  vouloir  144611425. 
profiter  de  ces  conjonctures  favorables.  On 
avait  besoin  d'un  général  ;^7^)  on  en  acquit  un 
dans  le  comte  de  Richemout.  Il  est  vrai  qu'à 
l'épée  de  connétable ,  il  fallut  joindre  d'autres 
dons  non  moins  précieux  ;  mais ,  en  gagnant 
le  comte  ,  on  détachait  le  duc  de  Bretagne  ,  -,  oct.  i.iao 
son  frère  ,  du  parti  des  Anglais ,  et  Ton  en 
obtenait  des  troupes  auxiliaires,  dont  on  avait 
un  pressant  besoin. 

Aussitôt ,  quoiqu'on  se  fût  procuré  de  tels 
secours  par  la  seule  voie  des  négociations ,  on 
fut ,  pour  ainsi  dire,  lassé  par  la  peine  qu'on 
venait  de  prendre.  Une  des  conditions  du 
traité  était  le  renvoi  de  plusieurs  des  mi- 
nistres ou  favoris  de  Charles  ,  coupables  d'a- 
voir participé  à  une  conjuration  contre  le  duc 
de  Bretagne ,  ou  d'avoir  concouru  au  meurtre 
du  duc  de  Bourgogne.  177)  Les  ministres  re- 
fusent de  l'accomplir;  ils  sont  soutenus  par 


42  JEANNE    d'arc. 

les  maîtresses  et  la  plupart  des  courtisans  de 
Charles  :  l'un  d'eux  pousse  l'audace  jusqu'à 
poignarder  un  de  ses  adversaires  ^7^)  en  plein 
conseil ,  et  sous  les  yeux  de  son  souverain. 

On  eut  alors  un  spectacle  sans  exemple  dans 
les  fastes  de  l'histoire.  Le  connétable  s'avance 
vers  la  cour,  à  la  tête  d'une  petite  armée, 
levée  par  ses  soins  et  grâces  à  sa  réputation  et 
à  son  crédit.  Le  roi  fuit  de  ville  en  ville  pour 
garder  les  ministres  qui  le  perdaient ,  et  éviter 
le  guerrier  qui  lui  fournissait  les  moyens  de 
conserveries  débris  de  sa  couronne.  Il  ne  fal- 
lut pas  moins  que  la  retraite  des  princes  du 
sang,  et  les  menaces  de  quelques  villes  de  se 
rendre  à  l'ennemi,  pour  faire  écouter  à  Charles 
la  voix  de  la  raison  ;  et  peut-être  y  eût-il  été 
sourd  tout-à-fait ,  si  l'un  des  ministres  ,  Tan- 
neguy-Duchâtel ,  n'eût  donné  l'exemple  à  ses 
collègues,  en  s'éloignant  de  lui-même. ^ 79) 

Enfin  ,  ayant  surmonté  tous  les  obstacles  , 
Richemont  rassemble  en  Bretagne  une  armée 
de  vingt  mille  hommes, »^o)  et  se  voit,  au 
commencement  de  1426,  '^0  en  état  d'envahir 
426.  la  Normandie ,  d'attaquer  les  Anglais  dans  le 
foyer  de  leur  puissance.  Après  avoir  pris  Pon- 
torson ,  il  assiège  Saint-James-de-Beuvron  ^ 
qui  couvrait  cette  province.  L'entreprise  de- 
vait réussir,  et  était  fort  avantageuse  :  un  fa- 


JEANÎy^E    DARC,  4^ 

vori  de  Charles ,  Giac ,  aidé  d'un  jiiinistre 
breton, iS=^)  la  fit  échouer  en  retenant  les 
sommes  re'servées  à  la  solde  des  troupes.  L'ar- 
mée se  débande  :  Richemont,  désespéré,  tente 
un  assaut  avec  ce  qui  lui  reste ,  et  il  est  com- 
plètement battu.  ^^^) 

Quelle  leçon  pour  Charles  !  Tout  autre  que 
lui  eût  disgracié  et  puni  sévèrement  le  cou- 
pable auteur  de  ce  désastre  ;  mais  un  flatteur 
est  plus  nécessaire  à  un  prince  médiocre  qu'un 
royaume ,  et  la  fortune  d'un  courtisan  plus 
chère  que  le  salut  de  ses  peuples.  Giac  re- 
doubla d'audace  dans  ses  concussions  ;  il  fallut 
un  crime  pour  en  arrêter  le  cours  :  ^^4)  le 
connétable  le  fit  arrêter,  juger  par  une  com- 
mission ,  et  exécuter  malgré  le  roi.  Il  ne  s'a- 
baissa pas  même  à  cette  apparence  de  forme 
à  l'égard  de  Beaulieu  ,  qui  avait  succédé  à  la 
faveur,  à  l'insolence  et  aux  déprédations  de 
Giac  ;  il  se  servit  du  bras  d'un  assassin.  ^^S) 

Ces  actes  de  violence ,  si  répréhensibles  en 
eux-mêmes,  et  si  injurieux  au  monarque,  ont 
inspiré  de  la  compassion  pour  Charles  MI; 
des  historiens  ï^^)  ont  cherché  à  justifier  sa 
conduite  sur  ce  que  ses  malheurs  lui  faisaient 
un  besoin  d'un  confident.  Les  hommes  se- 
raient-ils donc  réduits  à  cet  excès  de  misère  , 
qu'il  n'y  eût  point  trop  de  leurs  biens  et  de 


44  JEANNE    d'arc. 

leur  sang  pour  procurer  quelques  illusions  à 
celui  que  la  Providence  chargea  de  veiller  à 
leur  bonheur?  La  dissipation  de  la  fortune 
publique,  et,  par  une  conséquence  nécessaire, 
Tinvasion  et  la  perte  des  provinces  ,  faute  de 
moyens  de  défense,  n'étaient- elles  pas  les 
services  ordinaires  des  prétendus  amis  de 
Charles  ?  Encore ,  si  Terreur  Teût  entraîné 
aux  mauvais  choix  qu'il  faisait  î  mais  il  n'a- 
vait pas  même  pour  lui  l'excuse  grossière  du 
défaut  de  connaissance  des  hommes.  Riche- 
mont,  s'apercevant  qu'un  favori  est  nécessaire 
à  son  prince ,  propose  la  Trémouille  pour 
remplacer  Beaulieu.  «  Vous  vous  en  repenti- 
»  rez!»^/)  s'écrie  Charles;  je  le  connais  mieux 
»  que  vous.  »  Après  une  telle  réponse  ,  il  faut 
supprimer  toute  réflexion  ;  on  rougirait  d'en 
entreprendre  le  commentaire.  Bornons-nous  à 
observer  que  les  manœuvres  de  Giac  et  de 
Beaulieu ,  et  l'espèce  de  diversion  que  pro- 
duisit le  dessein  de  les  perdre  ,  paralysèrent 
pendant  une  année  (  après  l'échec  de  Beu- 
vron)  les  ressources  qui  restaient  à  Charles, 
el  empêchèrent  de  secourir  plusieurs  places 
dont  les  Anglais  firent  le  siège  et  la  con- 
quête. »88) 

Le  crédit  de  la  Trémouille  nous  devait  être 
encore  plus  fatal.  On  avait  laissé  échapper 


JEAÎÎNE    d'arc.  45 

roccasion  que  Tabsence  du  régent  offrait  à 
Charles  pour  agir.  Bedfort  revient  en  14^7  ; 
il  revient  après  avoir  pacifié  l'Angleterre  ;  il  *^2'7- 
revient  avec  des  subsides  considérables  et  une 
armée  de  vingt  mille  hommes  :  on  ne  daigne 
pas  s'en  occuper  ;  on  le  laisse  marcher  en 
Bretagne  et  forcer  le  duc  h  renoncer  à  notre 
alliance ,  à  signer  enfin  le  traité  qui  déshéri- 
tait Charles.  ^^9)  La  Trémouille  ,  peu  inquiet 
de  perdre  la  monarchie  ,  pourvu  qu'il  assure 
et  augmente  son  pouvoir^  ne  s'attache  qu'à 
mettre  la  discorde  dans  la  cour.  Il  abuse  tel- 
lement de  sa  faveur,  que  des  zélés  royalistes, 
et  jusqu'à  des  princes  du  sang ,  se  soulèvent 
contre  Charles  et  s'emparent  de  Bourges ,  sa 
capitale.  Cette  guerre  civile  s'éteint  *9o)  heu- 
reusement, grâce  aux  efforts  des  véritables 
amis  du  roi ,  ou  plutôt  à  ce  que  la  Trémouille 
s'aperçoit  qu'elle  pourrait  lui  être  nuisible  ; 
mais ,  pendant  ce  tems  ,  on  ne  prend  aucune 
mesure  contre  les  Anglais ,  tandis  qu'ils  n'en 
négligent  aucune  pour  rendre  la  campagne 
suivante,  celle  de  1428,  tout-à-fait  déci- 
sive. ^90 

Nous  touchons  enfin  à  une  époque  où  la 
France  semblait  devoir  succomber.  Elle  avait, 
en  effet ,  en  tête  un  ennemi  formidable ,  et 
elle   était  presqu'entièrement  dépourvue  de 


46  JEANNE    d'arc. 

moyens  de  défense.  Un  tel  dénuement  paraîtra 
peut-être  invraisemblable.  Lorsqu'on  jette  un 
coup-d'œil  sur  la  carte ,  ^9^)  on  voit  que  les 
pays  restés  soumis  à  Charles  forment  à  pré- 
sent vingt-cinq  à  trente  provinces /9^)  qui 
chaque  année  fourniraient  sans  peine  aux  ar- 
mées autant  de  milliers  d'hommes  ,  et  au  tré- 
sor public  trois  fois  autant  de  millions  de 
francs  ;  et  il  est  naturel  de  demander  s'il  est 
probable  que  le  parti  du  roi  fût  réduit  à  la 
dernière  détresse  ;  s'il  est  probable  qu'après 
plusieurs  mois  de  démarches  et  de  soins  on 
ne  fût  parvenu,  à  la  fm  de  1428  ,  qu'à  réunir 
sept  mille  guerriers ,  ^94)  et  qu'à  cause  de  l'in- 
suffisance des  revenus,  on  eût  été  obligé 
d'emprunter  pour  leur  solde  ;  si  cela  est  pro- 
bable ,  sur-tout  lorsqu'on  se  rappelle  l'état 
florissant  du  royaume  à  la  mort  de  Charles  V  ? 
Nous  avions  prévu  ces  questions  :  les  laisser 
sans  réponse ,  c'eût  été  autoriser  à  penser 
que  la  délivrance  de  la  patrie,  dont  le  récit 
était  sur-tout  l'objet  de  notre  ouvrage  ,  fut  un 
événement  trop  peu  extraordinaire  pour  mé- 
riter quelqu'attention.  Afin  de  les  résoudre 
d'une  manière  satisfaisante ,  nous  avons  re- 
monté jusqu'à  la  même  époque ,  et  présenté 
le  tableau  des  principaux  événemens  du  règne 
de  Charles  YI  ;  tableau  où ,  en  effet ,  a  com- 


JEAISÎ^E    d'arc.  4? 

mencéla  solution  du  problême.  Ce  qu'on  vient 
de  raconter  de  celui  de  Charles  VII  a  dû  faire 
évanouir  tous  les  doutes.  Quarante  années  de 
déprédations  ou  divisions  intestines,  et  dix- 
sept  de  guerres  civiles  ou  étrangères ,  voilà 
ce  que  nous  a  offert  l'histoire  du  père  ;  et 
pendant  les  six  premières  années  '9^)  de  l'ad- 
ministration du  fils,  la  France  a  été  affligée 
des  mêmes  maux ,  sans  le  moindre  adoucisse- 
ment ,  parce  que  la  faiblesse  et  la  dissipation 
d'un  roi  sont  aussi  dangereuses  qu'une  dé- 
mence. 

Ajoutons  ce  que  la  crainte  de  fatiguer  le 
lecteur  nous  a  empêchés  de  répéter,  et  qu'il 
aurait  fallu  redire  à  chaque  page.  D'abord ,  la 
guerre  était  bien  plus  désastreuse  alors  qu'à 
présent  :  indépendamment  des  batailles  ran- 
gées, des  simples  combats  et  des  sièges  des 
villes ,  il  y  avait  des  attaques  continuelles 
entre  les  garnisons  ou  entre  les  compagnies 
d'aventuriers  qui  occupaient  de  tous  côtés 
des  places  ou  des  châteaux  ;  en  un  mot , 
la  France  était  embrasée  d'un  bout  à  l'autre  : 
ensuite ,  la  paix ,  ainsi  que  nous  le  verrons 
ailleurs ,  ^9^)  n'était  guère  moins  funeste ,  à 
cause  des  ravages  des  mêmes  compagnies. 

Un  historien  ^97)  demande  ce  qu'étaient  de- 
venues les  richesses  de  la  France  ;  et  il  répond 


48  JEANNE    d'arc. 

qu'elles  avaient  été,  ou  absorbées  par  les 
provinces  limitrophes,  ou  enfouies  par  les 
hommes  qui  se  les  appropriaient.  Yoilà  une 
explication  bien  imparfaite,  ^o^)  La  richesse 
publique  se  compose  des  valeurs  tirées  du  sol 
ou  créées  par  l'industrie  ;  elle  se  conserve  par 
l'économie  ;  elle  s^augmente  par  le  commerce 
ou  par  un  bon  emploi  des  fonds.  Pendant  la 
longue  subversion  de  la  France,  peu-à-peu 
l'agriculture  avait  dépéri ,  et  l'industrie  et  le 
commerce  s'étaient  éclipsés  ;  d'un  autre  côté , 
la  guerre  ,  dont  l'essence  est  de  détruire  une 
multitude  de  choses  sans  rien  remplacer,  oc- 
casionnait une  grande  dissipation  de  valeurs  ; 
ainsi  ,  il  y  avait  une  consommation  plus  forte 
qu'en  tems  ordinaire ,  et  une  production  infi- 
niment moindre.  On  suppléa  d'abord  au  dé- 
ficit annuel ,  à  l'aide  des  capitaux  et  des  va- 
leurs accumulés  ;  mais  ce  secours  avait  néces- 
sairement un  terme.  Lorsque  tout  fut  dépensé, 
il  ne  resta  qu'une  misère  générale,  si  l'on 
excepte  quelques  fortunes  privées ,  fruits  des 
concussions  que  favorisent  les  troubles.  Obser- 
vons, d'ailleurs,  que  les  Anglais  exportaient  *99) 
tout  ce  qu'ils  pouvaient  de  leurs  pillages  ;  que 
l'or  des  concussionnaires  passait  aux  Flamands 
ou  Italiens ,  qui  les  fournissaient  d^objets  de 
luxe,~°°)  et  que  les  expéditions  du  royaume 


JEANNE    D  ARC.  ^Q 

de  Naples,   du  Milanez ,   de  la  Rivière   de 
Gênes, ^°0  y  avaient  versé  une  portion  de  la 

fortune  publique D'après  tout  cela,  est-il 

surprenant  que    la  France    fût  entièrement 
épuisée  ? 

Dans  un  tel  état  de  choses ,  comment  ne 
pas  trembler  pour  les  provinces  préservées 
des  invasions  de  Pennemi ,  non  par  les  ex- 
ploits ou  les  soins  de  Charles,  mais  grâce  à 
des  incidens  imprévus  dont  le  renouvellement 
ne  devait  point  être  espéré?- Les  Anglais,  au 
commencement  de  1428,  étaient  plus  redou- 
tables que  jamais.  La  pacification  de  la  Flan- 
dres^o^)  leur  garantissait  Talliance  du  duc  de 
Bourgogne  ,  et  leur  dernière  expédition  celle 
du  duc  de  Bretagne.  Comme  on  n'avait  rien 
fait  pour  éclairer  et  gagner  les  citoyens  hon- 
nêtes de  l'ancien  parti  des  Bourguignons, 
toujours  aigris  contre  Charles  ,  à  cause  du 
meurtre  de  Jean-sans-Peur,  ils  continuaient 
à  seconder  une  entreprise  dont ,  au  reste ,  le 
succès  leur  paraissait  assuré.  Les  Anglais  ren- 
traient dans  la  lice  avec  vingt- quatre  mille 
guerriers  bien  payés ,  bien  disciplinés,  très- 
valeureux,  animés  par  le  souvenir  de  leurs 
victoires ,  et  guidés  par  d'excellens  généraux. 
Enfin,  le  régent  Bedford,  qui  était  Tame  de 
cette  entreprise,  n'avait  pas  diminué  de  talens. 


5o  JEAî^NE    d'arc. 

Charles ,  on  Ta  vu ,  n'avait  de  trésors  que 
pour  ses  favoris  et  ses  maîtresses  ;  ^02  bis  )  g^^ 
troupes,  trois  fois  moins  nombreuses,  n'é- 
taient ni  entretenues  ni  disciplinées Mais 

peut-être  s'efforçait-on  de  suppléer  au  défaut 
du  nombre  par  Tactivité  et  la  sagesse  des 
mesures  ?  Non ,  non  :  de  plus  en  plus  au-des- 
sôùs  de  son  rang  et  des  circonstances,  Charles 
se  livrait  presque  sans  relâche  aux  occupa- 
tions dont  il  s'était  déshonoré  jusque-là.  Au 
lieu  de  ranger  uùe  armée  en  bataille  ,  de  tra- 
vailler aux  préparatifs  d'une  excursion  ou 
d'un  siège ,  il  combinait  péniblement  l'or- 
donnance d'une  féte.2o3)  La  présence  d'un  roi 
double  la  force  de  ses  troupes  ;  tout  ce  qu'on 
obtint  de  Charles  au  commencement  du  siège 
d'Orléans ,  qui  pouvait  entraîner  sa  ruine  ,  ce 

fut  de  s'en  approcher à  trente  lieues.  Des 

généraux  habiles  leur  sont  encore  plus  néces- 
saires, et ,  à  cette  même  époque ,  Charles  s'é- 
tait privé  de  Richemont;  il  l'avait  sacrifié  à 
son  favori  la  Trémouille  ;  il  refusait  ses  ser- 
vices ,  et  lui  faisait  fermer  les  portes  des 
villes ,  2o4)  comme  à  un  ennemi.  Toujours 
même  désordre  dans  l'administration,  même 
insolence ,  même  rapacité ,  ^oS)  même  igno- 
rance des  triinistres  et  des  courtisans,  même 
discorde  entre  les  fonctionnaires  :  enfin ,  les 


JEANNE    d'arc.  5i 

Français ,  las  du  joug  de  ces  misérables , 
avaient  perdu  toute  affection  et  toute  estime 
pour  leur  prince  ,  et  ne  lui  conservaient  pres- 
que de  la  fidélité  que  par  haine  pour  l'Angle- 
terre. 

Cette  disproportion  entre  les  deux  puis-  Juillet  142S. 
sances  ,  et  presque  sous  tous  les  points  de 
vue,  si  ce  n'est  celui  de  la  valeur,  parut  sur- 
tout à  Touvertuie  de  la  campagne  de  1428, 
qui ,  heureusement ,  n'eut  lieu  qu'au  mois  de 
juillet.  206)  Tandis  que  les  Bourguignons  en- 
lèvent quelques  places  restées  à  Charles  sur 
les  limites  de  la  Champagne  et  de  la  Lorraine, 
les  Anglais ,  dans  le  court  espace  de  deux 
mois,  en  prennent  plus  de  quinze,  et  s'em- 
parent de  toute  la  partie  de  l'Orléanais  située 
aii  nord  de  la  Loire  ,  et  des  petites  villes  si- 
tuées au  midi ,  ^07)  qui  leur  étaient  nécessaires 
pour  cerner  et  isoler  en  quelque  sorte  la  ca- 
pitale de  cette  province,  Orléans,  alors  le 
boulevart  presqu'unique  de  l'Empire  de 
Charles  YIL  ^^8) 

La  moitié  de  l'armée  ^^9)  et  presque  tous  les 
capitaines  français  les  plus  courageux ^'o)  s'en- 
ferment dans  la  ville  (on  sent  que  ce  n'était 
point  le  poste  des  la  Trémouille  et  autres 
complaisans  du  roi)  ;  ils  y  sont  vaillamment 


52  JEANNE    d'arc. 

secondes  par  les  habitans,  plus  aigris  que 
leurs  concitoyens  contre  les  Anglais ,  à  cause 
de  l'assassinat  de  leur  ancien  duc,  encore  im- 
puni, et  dont  nos  ennemis  avaient  protégé 
Tauteur. 

La  ville  d'Orléans  est  située  sur  la  rive 
droite  et  septentrionale  de  la  Loire  ;  elle 
communiquait  avec  la  rive  gauche  ,  où  étaient 
quelques  faubourgs  ou  églises,  par  un  pont 
dont  la  tête  était  défendue  par  le  fort ,  et  suc- 
cessivement par  le  boulevart*  des  Tour- 
nelles.2iO 
Octobrei428.  L'armée  ennemie  s'avança  un  des  premiers 
jours  d'octobre  ;  212)  Salisbury  la  comman- 
dait ,  =*^^)  et  avait  sous  ses  ordres  les  plus  re- 
nommés des  officiers  anglais  ou  bourguignons, 
les  Suffolk ,  les  Talbot ,  les  Fastol ,  les  Lance- 
lot Le  7,  un  gros  détachement  214)  vient 

reconnaître  la  place  sur  la  rive  gauche  ;  on 
fait  une  sortie  ,  et  on  le  repousse.  Bientôt 
l'armée  entière  traverse  la  Loire  et,  le  12, 
s'approche  de  la  ville.  ^ï^)  Les  faubourgs  pou- 
vaient lui  servir  pour  se  loger  ;  on  n'hésite 
pas ,  on  les  embrase.  ^^^)  L'incendie  à  peine 
apaisé,    les  Anglais  construisent  une  forte- 

*  En  lisant  la  description  suivante  du  siège  d'Orléans, 
consultez  la  carte  visuelle  (ou  i"^*^  carte),  qui  est  à  la 
fin  de  l'ouvrage. 


53 

resse^*7)  et  battent  en  brèche,  et  en  même 
tems  attaquent ,  par  une  mine ,  le  bouleyart 
et  le  fort  des  Tournelles. 

Le  2 1 ,  ils  donnent  Passant  et  sont  égale- 
ment repoussés.  Hommes,  femmes,  vieillards, 
enfans  ,  ^^^)  tous  se  joignent  à  la  garnison. 
Généreux  citoyens!  où  était  votre  prince? 
Les  assiégeans  s'attachent  alors  à  leur  mine  , 
et ,  le  23  ,  les  Orléanais  sont  obligés  de  brûler 
le  boulevart^iQ)  et  de  se  retirer  dans  le  fort. 
On  l'emporte  le  lendemain  ;  ^^o)  mais  ils  y 
avaient  suppléé  en  rompant  deux  arches  de 
leur  pont ,  et  construisant  sur  la  suivante  un 
autre  boulevart.  ^^0 

Surpris  de  tant  de  résistance,  les  ennemis 
changent  le  siège  en  blocus.  Ils  reparent  d'a- 
bord les  Tournelles ,  et,  à  l'exemple  des  assié- 
gés ,  les  couvrent  d'un  côté  par  un  boulevart, 
et  de  l'autre  en  rompant  un  arche  du  pont,  ^^a) 
Ils  forment  ensuite  une  ligne  de  circonvalla- 
tion,  avec  douze  grosses  bastilles  ou  espèces 
de  citadelles, ^2^)  qu'ils  tâchent  de  lier  en- 
tr'elles,  du  moins  sur  chaque  rive  de  la  Loire, 
par  un  double  rang  de  fossés  ;  ^^4)  une  trei- 
zième bastille  élevée  dans  une  île ,  et  un  pont 
volant ,  ^^5)  établissent  une  communication 
entre  celles  de  l'une  et  de  l'autre  rive ,  et  in- 
terceptent la  navigation  du  fleuve. 


S4  JEANKE   D^ARC. 

Ces  travaux,  interrompus  par  des  sorties 
multipliées  et  sanglantes ,  ^^^G)  ^^  pouvaient 
être  l'ouvrage  d'un  moment  :  cependant ,  à  la 
fin  de  janvier  227)  ils  étaient  assez  avancés.  La 
difficulté  d'introduire  des  renforts  et  des  mu- 
nitions augmentait  chaque  jour,  ^^8)  et  déjà 
l'on  craignait  une  famine  :  on  résolut  de  se 
tirer  de  cette  situation  fâcheuse  en  privant  les 
ennemis  eux-mêmes  de  subsistances.  On  sa- 
vait que  leurs  magasins  s'épuisaient ,  et  que 
les  environs  d'Orléans  ne  pouvaient  leur  en 
Février  ï^aS.  foumir.  ^=^9)  On  apprend  qu'ils  attendent  de 
Paris  un  convoi  considérable  ,  ^^^)  envoyé  par 
Bedfort ,  et  amené  par  Fastol  ;  ^^0  on  forme 
le  dessein  de  l'enlever.  On  rassemble  à-peu- 
près  ce  qui  reste  de  troupes  à  Charles  ;  et , 
quelque  péril  qu'il  y  eût  à  affaiblir  là  ville  ,  la 
perte  en  paraît  si  certaine,  en  cas  de  revers, 
qu'on  détache  la  moitié  au  moins  de  la  gar- 
nison ,  232)  afin  Je  donner  à  l'armée  française 
une  grande  supériorité  sur  l'escorte  anglaise  , 
où  l'on  ne  comptait  pas  deux  mille  hommes.  ^^^^ 

Mais ,  bien  loin  de  répondre  à  ce  que  l'on 
s'en  était  promis ,  cette  supériorité  de  forces 
n'eut  d'autres  résultats  que  d'inspirer  de  la 
témérité  à  l'un  des  partis  ,  et  de  la  prudence 
à  Tautre.  Les  deux  troupes  se  rencontrèrent 
le  12  février,  vers  l'entrée  de  la  nuit ,  =^^4)  au- 


JEANNE    d'arc.  55 

près  de  Rouvrai -Saint- Denis  ,    à  quelques 
lieues  d'Orléans.  Fastol  agit  en  militaire  digne 
de  la  confiance  de  Bedfort  :   il  rallia  son  es- 
corte, la  forma  avec  soin,  réunit  les  çhar- 
riots  du  convoi  pour  lui  en  faire  un  retran- 
chement ,  aux  issues  duquel  il  plaça  ses  rncil- 
leurs  archers  ;  couvrit  enfin  ceux-ci  par  une 
ligne  de  pieux  ferrés  plantés  en  terre,  et  pro- 
pres à  arrêter  les  premiers  efforts  de  la  cava- 
lerie. Les  Français,  au  contraire,  sans  attendre 
le  jour,  ni  s'assujétir  à  aucun  plan,  ^^^)  ni  user 
de  la  moindre  précaution,  attaquèrent  avec 
leur  fureur  et  leur  indiscipline  accoutumées, 
et  éprouvèrent  aussi  le  même  sort  qu'aux  ba- 
tailles précédentes  :  la  plupart  des  chefs  =^^^)  et 
une    partie  des    soldats   furent  tués;^^^?)  les 
autres  se  dispersèrent,  à  l'exception  d'un  petit 
corps  que  le  célèbre  comte  de  Duiiois^^H)  et 
quelques  officiers  parvinrent  à  ramener  dans 
la  ville  assiégée. 

On  sourirait  aujourd'hui  d'une  semblable 
défaite  ;  et  néanmoins  la  bataille  de  Piouvrai , 
qu'on  nomme  aussi  la  journée  des  harenga,  -"'î-') 
faillit  à  perdre  la  monarchie.  Elle  enlevait  à 
Charles  presque  toutes  ses  troupes  ;  elle  dé- 
courageait ses  partisans  ;  eHe  entraînait  la  ré- 
duction d'Orléans,  que  ses  habitans  offrirent, 
.^ans  succès,  de  remettre  en  dépôt  an  duc  de 


56  JEANNE   d'arc. 

Bourgogne.  240)  Dès -lors,  la  conquête  des 
provinces  méridionales  était  d'autant  plus  fa- 
cile ,  que  leurs  villes  étaient  mal  fortifiées  et 
dépourvues  de  munitions  ,  et  qu'on  n'avait 
plus  d'armée  pour  en  empêcher  l'attaque. 
Enfin ,  on  désespéra  tellement  du  salut  de  la 
France  ,  que  quelques  ministres  de  Charles  lui 
conseillaient  de  se  réfugier  en  Dauphiné.  ^40 

Mais  c'est  assez  parler  de  fautes ,  de  mal- 
heurs et  de  crimes  ;  transportons-nous  sur  un 

théâtre  dont  l'aspect  soit  plus  satisfaisant 

Au  moment  où  tout  paraît  perdu ,  où  le  con- 
seil du  roi  n'aperçoit  presqu 'aucune  ressource, 
il  s'en  offre  une  à  l'improviste ,  et  une  res- 
source assez  efficace  pour  produire  cent  fois 
plus  qu'on  n'aurait  osé  espérer  dans  des  con- 
jonctures plus  heureuses.  Une  hergère ,  à 
peine  au  milieu  de  l'adolescence ,  ^42)  arrive  de 
l'extrémité  des  frontières ,  et ,  après  avoir 
franchi  sans  accident  plus  de  cent  lieues  de 
pays  occupé  par  les  alliés  ,  se  présente  à  la 
cour  comme  envoyée  de  Dieu  pour  délivrer 
Orléans ,  cette  ville  qui  demandait  d'être  con- 
fiée au  duc  de  Bourgogne  ;  pour  conduire 
Charles,  ce  roi  sans  soldats,  à  Reims,  à  quatre- 
vingts  lieues  de  sa  résidence,  au  travers  de 
cent   forteresses  et  d'une   armée   ennemie  ; 


JEANNE    d'arc.  5" 

pour  Vf  faire  sacrer  sans  obstacles  ;  pour 
chasser  les  Anglais,  sauver  enfin  sa  patrie.... 
Elle  promet  donc  plusieurs  prodiges.  Rien 
d'étonnant  jusqu'ici:  une  foule  d'imposteurs, 
et  dans  son  siècle  et  dans  tous  les  siècles , 
n'ont  pas  été  moins  fertiles  en  promesses  ;  mais 
elle  les  accomplit  ou  en  procure  l'accomplis- 
sement ,  et  voilà  le  véritable  prodige.  Avant 
d'en  exposer  les  détails,  jetons  un  coup-d'œii 
sur  les  causes  auxquelles  on  l'a  attribué.  ^1^) 

Selon  les  alliés  et  leurs  satellites,  au  nombre 
desquels  on  rougit  de  compter  des  évéques  et 
l'Université  de  Paris ,  ^44)  Jeanne  d'Arc  était 
sorcière  et  magicienne  :  nos  aïeux  la  croyaient 
réellement  inspirée  et  chargée  d'une  mission 
divine  ;  ^45)  plusieurs  modernes  ne  voient  en 
elle  qu'une  fourbe  que  les  Français  eurent 
l'art  de  mettre  en  jeu.  Aucune  de  ces  opinions 
ne  nous  semble  fondée.  Indiquer  la  première, 
c'est  l'avoir  déjà  réfutée  :  quant  à  la  seconde  , 
quoiqu'il  ne  nous  appartienne  pas  de  détermi- 
ner les  moyens  que  peut  employer  la  Divi- 
nité ,  disons  que  sans  doute  tout  ce  qui  se 
passe  est  réglé  par  les  décrets  de  sa  provi- 
dence ,  mais  qu'il  ne  faut  point  lui  attribuer  le 
projet  d'agir  par  des  merA^illes  ,  lorsque  les 
événemens    qu'on  prétend  miraculeux   sont 


58  JEANÎÎE    d'arc. 

susceptibles  d'une  explication  naturelle,  telle 
que  celle  nous  proposerons  tout-à-Pheure.  ^46) 

Nec  Deus  intersit  ni'si  dignus  vindice  nodus. 

Il  ne  reste  que  Topinion  des  modernes  ; 
mais  elle  est ,  et  trop  injurieuse  pour  Jeanne, 
et  trop  honorable  (  en  politique  du  moins  ) 
pour  les  conseils  de  Charles:  M?)  en  un  mot,  elle 
est  entièrement  démentie  par  le  caractère  et 
la  conduite  de  notre  héroïne  et  des  ministres. 
Jeanne  ne  montra  aucun  de  ces  sentimens 
ignobles  qui  semblent  le  partage  des  fourbes  j 
elle  ne  dévia  pas  une  minute  du  sentier  de 
la  vertu  et  du  courage.  ^48)  On  peut  dresser  un 
imposteur;  on  ne  façonne  pas  aisément  un 
héros.  Pour  former  Jeanne  au  rôle  brillant 
qu'elle  remplit ,  sans  jamais  se  démentir,  il 
aurait  fallu  plusieurs  années  de  prépara- 
tions ,  =^49)  et  la  cour  de  Charles  songeait  à 
peine  au  lendemain,  excepté  quand  il  était 
question  de  déprédations  ou  de  fêtes.  Lorsque 
Jeanne  arriva,  l'héroïsme  était  dans  son  cœur  ; 
il  ne  lui  manquait  que  les  occasions  de  le  dé- 
velopper :  tout  le  mérite  de  la  cour  fut  de  les 
lui  fournir,  ^^o)  Il  n'était  pas  besoin  de  beau- 
coup de  peine  ou  d'adresse  pour  cela  ;  Jeanne 
ne  demandait  qu'à  guider  les  troupes,  à  les 
précéder  dans  les  expéditions  les  plus  péril- 


JEANNE    d'arc.  59 

leuses  :  on  n'est  guère  avare  de  ces  sortes  de 
grâces ,  et  ce  ne  sont  pas  de  tels  emplois  que 
sollicitent  les  imposteurs. 

On  jugea  que  ,  pour  lui  faire  obtenir  de  la 
confiance ,  on  devait  user  de  quelque  mer- 
veilleux :  ^^0  on  payait  ce  tribut  aux  opinions 
du  tems  ;  mais  elle  put  se  prêter  sans  dés- 
honneur aux  mesures  qu'on  prit  dans  cet 
objet.  Reconnaître  le  roi  parmi  ses  courti- 
sans ;  lui  découvrir  un  secret  2^=^)  qu'il  n'avait 
communiqué  à  personne ,  et  sur  lequel  il  garda 
le  silence  ;  se  laisser  examiner  par  des  femmes, 

des   docteurs,    des  magistrats ,   tout   cela 

pouvait  en  imposer  au  vulgaire ,  sans  être  un 
sujet  de  reproches  pour  Jeanne  d'Arc.  Au 
reste ,  on  verra  bientôt  que  toutes  ces  pré- 
cautions étaient  inutiles,  tandis  qu'avec  cent 
fois  plus  de  moyens  mystérieux  ou  de  ma- 
chines merveilleuses  on  eût  échoué  dès  la  pre- 
mière journée ,  2^^)  si  Jeanne  n'avait  été  qu'une 
femme  ordinaire  ou  un  vil  instrument  de  la 
cour. 

Elle  soutint  qu'elle  avait  eu  des  apparitions 
et  des  révélations  où  elle  avait  reçu  la  mission 
de  chasser  les  Anglais  :  de  Jà  on  tire  l'objec- 
tion la  plus  sérieuse  qu'on  ait  faite  contre  sa 
sincérité.  Faut-il  donc  ne  point  tenir  compte 
de  l'époque  où   elle  vivait?  Est -il  juste  de 


6o 

transporter  le  i8^  siècle  au  commencement 
du  i4%  et  de  changer  en  philosophes  une 
pauvre  bergère  et  des  soldats  grossiers  ?  Les 
mœurs  étaient  sans  doute  non  moins  corrom- 
pues alors  qu'à  présent  ;  mais  la  superstition 
était  aussi  une  maladie  universelle,  =^^4)  nourrie 
par  l'ignorance.  Née  au  milieu  des  guerres  ci- 
viles et  étrangères,  élevée  dans  la  haine  du 
nom  anglais,  témoin  des  ravages  continuels 
de  son  pays ,  s'entretenant  de  maux  qui  sem- 
blaient ne  devoir  point  finir,  est-il  fort  extra- 
ordinaire que  Jeanne  d'Arc  n'y  ait  entrevu  de 
remède  que  dans  l'intervention  du  Tout- 
Puissant  ;  que  son  imagination  exaltée  et  ar- 
dente ^^^)  ait  converti  plusieurs  fois ,  pendant 
le  sommeil,  ses  espérances  en  réalités;  et 
qu'enfin ,  douée  de  beaucoup  de  patriotisme 
et  de  courage ,  elle  ait  voulu  mettre  à  exécu- 
tion ce  qu'elle  croyait  de  bonne  foi  une  inspi- 
ration de  la  Providence  ? 

11  est  presque  superflu,  d'après  cela,  de 
s'arrêter  à  une  dernière  remarque  :  on  trouve 
Jeanne  trop  expérimentée  pour  son  âge  et  sa 
condition.  Mais  lorsque  Ton  approfondit  la 
remarque  ,  on  reconnaît  qu'elle  ne  repose  que 
sur  trois  faits  :  Jeanne  maniait  avec  assurance 
un  cheval ,  ^^^)  se  servait  avec  dextérité  d'une 
lance  ,  et  elle  était  éloquente. 


JEANNE   d'arc.  6i 

de  moins  surprenant.  Nous  voyons ,  dans  les 
contrées  où  Ton  élève  le  compagnon  des  tra- 
vaux de  rhomme  ,  de  jeunes  paysannes  aussi 
hardies  que  Jeanne  :  dans  un  tems  de  guerres 
civiles ,  elle  avait  pu  souvent  être  témoin  de 
Texercice  de  la  lance  ;  un  contemporain  assure 
même  qu'elle  s'y  essayait ^S?)  dès  le  bas  âge: 
elle  avait  également  pu  se  perfectionner  dans 
Tun  et  l'autre  talent ,  2^^)  soit  pendant  son 
voyage  de  Lorraine  à  Ghinon  ,  où  était  le  roi , 
soit  pendant  un  séjour  de  deux  mois  qu'elle 
fit  dans  cette  ville  et  dans  les  environs ,  avant 
d'agir.  Quant  à  l'éloquence  ,  ses  discours 
agrestes,  ^^9)  sans  correction  et  sans  ornement, 
n'offrent  que  celle  qu'on  tient  de  la  nature  , 
fortifiée  par  la  persuasion  et  l'enthousiasme  ; 
éloquence  ,  sans  doute  ,  fort  puissante ,  sur- 
tout envers  des  hommes  ignorans  ou  rusti- 
ques ,  ^^o)  tels  que  les  courtisans ,  les  soldats 
ou  les  sujets  de  Charles  ,  mais  à  laquelle  l'art 
est  tout-à-fait  incapable  de  former. 

Laissons ,  laissons  cette  discussion  aride  à 
laquelle  nous  nous  sommes  trop  arrêtés  ;  un 
exposé  succinct  des  principaux  événemens 
qui  survinrent  prouvera ,  mieux  que  tous  les 
raisonnemens ,  l'injustice  ou  la  frivolité  des 
critiques.  Rappelons -nous  d'abord  l'état  de 
la  cour  après  la  bataille  de  Rouvrai  ;  repré- 


62  JEAÎ^NE    d'arc. 

Frvrîer       sentons-iious ,  rassembles  autour  de  Charles, 

et  mars  i^sS. 

les  capitaines ,  les  ministres ,  les  favoris,  trem- 
blant sur  l'avenir,  n'entrevoyant  que  la  des- 
truction de  leur  fortune,  ne  sachant  quel  parti 
prendre ,  ou  divisés  sur  les  plans  et  les  me- 
sures, presque  tous  inquiets  ou  consternés. 
Une  jeune  fille  paraît  :  sa  démarche  modeste 
et  la  beauté  de  sa  figure  ,  où  les  grâces  de  son 
sexe  sont  unies  à  la  dignité  du  nôtre ,  pré- 
viennent en  sa  faveur  ;  ses  regards  pleins  de 
feu  ,  son  attitude  qui  annonce  une  noble  har- 
diesse, sa  physionomie  où  se  peint  la  con- 
fiance ,  le  courage  qui  semble  respirer  dans 
tout  son  être  ,  fixent  l'attention  et  raniment 
les  esprits.  «  C'est  vous,  dit-elle  à  Charles  , 
»  c'est  vous  qui  êtes  le  dauphin.  Le  Roi  du 

>>  ciel  m'envoie  vous  secourir Donnez-moi 

3>  des  gens  de  guerre ,  et ,  par  grâce  divine 
»  et  force  d'armes  ,  je  ferai  lever  le  siège 
»  d'Orléans  et  vous  mènerai  sacrer  à  Reims, 

»  malgré  vos  ennemis ^^0  »    Les  assistans 

sont  ébranlés.  On  l'entoure,  on  la  questionne, 

on  élève  des  doutes elle  répond  à  tout  ;  et , 

dans  chacune  de  ses  réponses ,  262)  même  naï- 
veté, même  assurance,  et,  parfois,  de  cette 
éloquence  qui ,  il  faut  le  répéter,  résulte  de 
l'enthousiasme ,  =^^^)  et  est  si  propre  à  embraser 
l'ame  des  auditeurs...  On  est  à  moitié  per- 


JEAÎ^NE    d'arc.  bj 

suadé...  ;  on  insiste  toutefois.  «  Le  Roi  du  ciel, 
lui  dit-on  ,  a-t-il  besoin  d'armées ,  s'il  veut 
sauver  la  France  ?  »  Elle  réplique  aussitôt  :  ^^4) 
«  Les  gens  d'armes  combattront  en  mon  Dieu , 
»  et  le  Seigneur  donnera  la  victoire.  »  Tout 
le  monde  est  subjugué. 

Représentons -nous  ensuite  Jeanne  d'Arc  Mars  i4a8. 
devant  les  théologiens  et  le  parlement,  char- 
gés d'examiner  sa  mission  ;  écoutons  ces  gra- 
ves docteurs  ou  magistrats  demander  des 
prodiges  pour  preuves.  «  Conduisez  -  moi , 
»  s'écrie  -  t  -  elle  ,  à  Orléans  ,  et  je  vous 
»  donnerai  des  signes  certains  de  ma  mis- 
»  sion,  » 

On  n'hésite  plus  ;  on  rassemble  des  troupes  ; 
la  confiance  réveillée  ramène  une  foule  de 
fuyards  ou  de  gens  indécis;  en  peu  de  tems, 
on  a  six  mille  hommes.  2^^)  Jeanne,  équipée  en 
chevalier,  les  exhorte  et  les  enhardit.  2^*^)  Il 
n'est  bruit  par-tout  que  de  la  Pucelle,  de  l'en- 
voyée de  Dieu  ;  chacun  veut  marcher  sous 
son  étendard.  Les  généraux  ennemis  en  sont 
informés  :  ils  n'ont  garde  d'admettre  sa  mis- 
sion ,  c'eût  été  décrier  leur  cause  :  ils  répan- 
dent qu'elle  est  sorcière  et  magicienne  ;  ils  Avril  1429, 
n'en  sont  guère  plus  avancés  :  pour  le  vulgaire, 
un  ange  est  moins  redoutable  qu'un  magi- 
cien, 26:') 


64  JEANNE    d'arc. 

Le  conseil  du  roi  semble  entièrement  chan- 
gé ;  l'impulsion  générale  qu'a  donnée  Jeanne 
a  entraîné  les  individus  qui  le  composent ,  et 
en  a  fait  des  hommes.  Le  plus  pressant  est  de 
secourir  le  boulevart  de  la  France  ;  l'armée  y 
mène  un  convoi  :  son  avant-garde  est  com- 
posée de  prêtres ,  et  conduite  par  Jeanne , 
portant  une  bannière  qu'ils  ont  sacrée ,  ^^^)  et 
où  sont  peints  des  anges  tenant  des  fleurs  de 
lis.  Ainsi  précédés  et  guidés  ,  tous  les  soldats 
sont  des  héros. 

Le  29  avril  14^9,  on  paraît  à  quelque  dis- 
tance des  Tournelles.  Les  Anglais  ,  en  quelque 
sorte  pétrifiés  ,  laissent  tranquillement  pas- 
ser ^^9)  le  convoi  qu'il  leur  eût  été  si  facile 
d'inquiéter. "^70)  Jeanne,  accompagnée  de  Du- 
nois,  et  suivie  des  guerriers  et  citoyens  les 
plus  distingués  d'Orléans,  y  fait,  à  la  lueur 
des  flambeaux,  une  entrée  triomphante. ^70 
A  son  aspect,  à  ses  discours,  l'enthousiasme 
passe  de  l'armée  à  la  garnison  et  aux  habilans  ; 
la  ville  est  dès-lors  imprenable. 

Ce  n'était  pas  assez ,  il  fallait  encore  chasser 
Mai  1429.  l'ennemi  ;  mais  on  avait  besoin  de  renforts  en 
hommes  et  en  munitions.  On  fait  expédier  un 
second  convoi.  Pendant  qu'on  le  dispose , 
Jeanne  ne  reste  point  dans  l'inaction  '."^i^)  elle 
parcourt  la  ville  pour  en  encourager  les  dé- 


JEANNE    D  ARC. 


fenseurs  ;  elle  somme,  par  plusieurs  messages,  Mai  1429. 
les  Anglais  de  se  retirer  ;  elle  sort  de  la  place 
et  va  reconnaître  leurs  bastilles ,  qui  e'taient 
autant  de  citadelles  avec  remparts ,  -7^)  glacis, 
gabions,  fossés,  artillerie  ;  en  un  mot,  forti- 
fiées suivant  toutes  les  règles  de  Tart,  et  four- 
nies de  munitions  de  toute  espèce. 

Le  4  ïïi^i  matin ,  le  convoi  arrive  ;  la  pu- 
celle  marche  en  avant  ^74)  des  troupes  qui  en 
protègent  Fentrée  ;  les  Anglais  restent  fermés 
dans  leurs  bastilles.  Ces  guerriers  naguère  si 
fiers,  et  auxquels  des  dangers  imminens  n'au- 
raient pas  fait  refuser  le  combat,  sont  main- 
tenant abattus  :  27^)  quoique  secondés  par  leurs 
fortifications,  qui  leur  offrent  un  appui  et  un 
asile  également  avantageux  pendant  une  ac- 
tion ,  et  quoique  toujours  supérieurs  en  nom- 
bre ,  ils  n'osent  plus  agir  sans  avoir  en  quelque 
sorte  décuplé  leurs  forces. 

Orléans  étant'ainsi  muni^TG)  de  tout  ce  qui 
est  nécessaire  pour  soutenir  un  long  siège , 
les  généraux  français  arrêtent  de  se  tenir  sur 
la  défensive.  277)  Ce  parti  paraissait  le  plus 
sage  :  on  ne  courait ,  en  effet ,  aucun  risque  ; 
et ,  dans  peu  de  tems  ,  de  nouveaux  renforts 
promis  par  la  cour  auraient  mis  en  état  d'as- 
saillir les  Anglais  avec  avantage. 

Jeanne  d'Arc  ,  qu'on  n'avait  point  appelée 

5 


66  JEAîïNE    d'arc. 

Mai  1429.  à  la  délibération ,  en  jugea  tout  autrement  : 
elle  pensa  sans  doute  qu'il  ne  fallait  pas  laisser 
aux  Anglais  le  loisir  de  revenir  de  leur  épou- 
vante, ïii  s'exposer  à  voir  refroidir  Pardeur 
des  Français ,  ni  trop  compter  sur  des  secours 
qui  dépendaient  de  ministres  tels  que  ceux  de 
Charles  :  en  conséquence ,  elle  annonce  hau- 
tement qu'il  faudra  marcher  dès  le  lendemain 
et  de  bonne  heure  ,  et,  pour  s'y  disposer,  elle 
va  prendre  du  repos. 

Au  bout  de  quelques  minutes, =^78)  l'agita- 
tion que  lui  cause  son  projet  la  réveille.  Pour- 
quoi renvoyer  au  lendemain  ce  que  peut-être 
il  n'est  pas  impossible  d'exécuter  dans  le  jour  ? 
Aussitôt  elle  se  fait  armer  et  équiper,  et  elle 
s'entretient  en  même  tems  du  point  où  elle 
doit  se  diriger. 

Sur  ces  entrefaites,  ^79)  la  nouvelle  du  même 
projet,  ou  la  confiance  que  Jeanne  avait  ins- 
pirée ,  et  qu'augmentait  le  découragement  des 
ennemis ,  avait  excité  un  détachement  des 
Orléanais  à  escar  mou  cher  contre  la  garnison 
nombreuse  de  la  bastille  de* Saint-Loup  ,  une 
des  mieux  fortifiées  de  la  rive  droite  :  plusieurs 
d'entr'eux  avaient  été  blessés  ou  tues  ;  les 
autres,  près  de  succomber,  reculaient  du  côté 
de  la  ville.  Le  bruit  s'en  répand  lorsqu'on 
achève   d'équiper  Jeanne. ^^o)  Elle   s'élance, 


JEAÎÎNE    d'arc.  67 

sans  délibérer,  hors  de  son  logis  ,  se  saisit  du  ^^^^  *4-9- 
cheval  d'un  page  qui  se  trouve  sur  ses  pas  et 
qu'elle  en  fait  descendre ,  et  vole  à  la  porte 
d'Orléans, ^^0  que  les  Français  repoussés  tâ- 
chaient de  gagner,  entraînant  après  elle  tous 
les  guerriers  qu'elle  aperçoit.  Elle  franchit 
cette  porte  malgré  les  remontrances  du  gou- 
verneur, Raoul  de  Gaucourt ,  ^^2)  qui  tenait 
aux  résolutions  du  conseil ,  mais  qui  bientôt , 
entraîné  lui  -  même ,  la  suit  avec  toute  sa 
troupe.  Elle  court ,  l'étendard  déployé ,  au 
lieu  du  combat  ;  à  l'instant,  tout  change  de 
face  :  les  Anglais  se  retirent  dans  la  bastille  ; 
les  Français  les  poursuivent  et  vont  les  assié- 
ger. 2^3) 

Cependant  Talbot ,  chargé  du  commande- 
ment des  bastilles  du  voisinage  ,  essaie  une  di- 
version en  faveur  de  celle-ci  ;  il  s'avance  avec 
un  corps  de  troupes,  ^^4)  afin  de  placer  les 
Français  entre  deux  feux.  Mais  les  officiers  et 
soldats  restés  dans  Orléans ,  électrisés  par 
l'audace  de  Jeanne ,  sortent  en  foule ,  ^^^)  et 
couvrent  le  siège  de  Saint -Loup.  Talbot, 
étonné,  suspend  sa  marche,  leur  laisse  prendre 

une  position,  et,  peu  de  tems  après ,  ordonne 
la  retraite.  286) 

Enhardis  par  ce  secours ,  et  sur-tout  par 
l'intrépidité  de  Jeanne ,  les  assaillans  redou- 


68  JEANtîE   d\rC. 

Mai  1429.  blent  de  valeur  et  d'efforts  :  en  moins  de 
quatre  heures ,  la  bastille  est  emportée ,  ^^7) 
et  successivement  le  clocher  de  Saint-Loup , 
où  beaucoup  d'Anglais  se  sont  réfugiés  :  pres- 
que tous  ceux  qui  la  défendent  sont  tués  ou 
pris  ;  les  Français  enlèvent  les  munitions  dont 
la  place  regorge  ,  la  démolissent  ou  réduisent 
en  cendres  ,  et  rentrent  dans  Orléans. 

Ce  succès  inouï  montre  aux  généraux  com- 
bien ils  ont  eu  tort  de  ne  pas  consulter  Jeanne. 
Le  5  mai,  jour  de  T Ascension,  ils  tiennent 
conseil  en  sa  présence.  ^^^)  Elle  propose  de  re- 
tourner à  Tennemi  :  soit  timidité ,  soit  pru- 
dence, soit  scrupule  réel,  on  objecte  que  ce 
n'est  point  ainsi  qu'il  faut  célébrer  une  des 
premières  fêtes  de  l'église  ;  Jeanne  se  rend.^89) 
On  arrête  enfin  d'attaquer,  le  jour  suivant, 
les  bastilles  de  la  rive  gauche  :  il  y  en  avait 
quatre,  ^9°)  et  c'étaient  les  plus  fortes  de  toutes. 
On  s'y  prépare  dès  le  soir  avec  tant  d'acti- 
vité, que  tout  est  prêt  pendant  la  nuit.  291) 

Le  6  mai ,  de  grand  matin ,  on  passe  dans 
une  petite  île ,  =^92)  afin  d'y  former  les  troupes  : 
cette  opération  achevée ,  on  défile  sur  un 
pont  construit  à  la  hâte  ,  à  l'aide  de  deux  ba- 
teaux. Rien  n'était  plus  facile  que  d'empêcher 
les  Français  de  débarquer  :  loin  de  s'en  occu- 
per, les  ennemis ,  frappés  de  terreur  par  les 


JEANNE   d'arc.  69 

exploits  de  Jeanne ,  qu'ils  voient  encore  à  la  Mai  1429. 
tête  de  l'expédition ,  abandonnent  la  bastille 
la  plus  prochaine ,  ^o^)  celle  de  Saint- Jean-le- 
Blanc;  aussitôt  on  les  poursuit  dans  la  se- 
conde ,  celle  des  Augustins.^e^)  Jeanne  est  la 
première  au  pied  des  murailles.  Saisis  à  leur 
tour  d'une  terreur  panique,  nos  soldats  re- 
broussent chemin  :  toujours  la  première  dans 
les  attaques ,  Jeanne  est  aussi  la  dernière  dans 
les  retraites.  Pendant  que  les  Français  rega- 
gnent l'île  ,  elle  s'aperçoit  que  les  Anglais  des 
Tournelles  =9^)  font  une  sortie  pour  attaquer 
notre  arrière-garde:  elle  tourne  bride  etmarche 
à  eux ,  accompagnée  de  La  Hire  et  de  quelques 
autres  guerriers  ;  elle  repousse  les  assaillans  et 
les  force  à  rentrer  dans  les  Tournelles.  Ce  trait 
hardi  réveille  le  courage  des  Français  ;  ils  re- 
viennent tous  ,  et  se  reforment  sous  son  égide. 
On  court  à  cette  bastille  des  Augustins  qu'on 
n'avait  presqu'osé  approcher  ;  elle  est  prise 
d'assaut  dans  un  instant  :  la  garnison ,  les  mu- 
nitions et  la  forteresse  éprouvent  le  même  sort 
que  celles  de  Saint-Loup.  ^9^) 

Chaque  exploit  n'est ,  pour  Jeanne  d'Arc , 
qu'une  obligation  d'en  essayer  un  nouveau. 
Les  Anglais  ont  encore,  sur  la  rive  gauche 
de  la  Loire  ,  les  bastilles  de  Saint-Privé  et  des 
Touxnelles  ;  le  soir  même ,  Jeanne  propose 


7^  jëatmî-te  r>  ARC. 

Mai  1109  d'assiéger  la  dernière,  qui  était,  on  Ta  dit, 
couverte  d'un  bouleyart.  Le  conseil  de  guerre 
résiste.  297)  La  place  est  à-peu-près  inexpu- 
gnable par  sa  situation  ;  les  ennemis  y  sont 
en  mesure  ;  la  garnison  est  composée  de  plus 
de  cinq  cents  hommes  d'armes  d'élite  ;  elle 
est  commandée  par  Glacidas  ,  un  des  plus 
audacieux  aventuriers  du  tems....  «  N'importe, 
répond  Jeanne  ;  attaquons,  nous  les  battrons, 
nous  prendrons  le  boulevart ,  nous  emporte- 
rons le  fort ,  et  nous  rentrerons  dans  la  ville , 
demain  ,  par  le  pont  qu'on  a  jadis  brisé  pour 

les  en  éloigner »  On  est  contraint  de  céder  ; 

la  bastille  est  investie  sur-le-champ. 

La  nuit  du  6  au  7  mai  ,^9^)  afin  de  prévenir 
toute  surprise  et  de  protéger  le  débarque- 
ment et  la  distribution  des  vivres  que  les 
Orléanais  envoient  aux  assaillans  harassés  , 
on  fait  bivouaquer  un  corps  de  troupes.  Les 
guerriers  auxquels  ce  soin  est  confié  peuvent 
être  tranquilles;  Jeanne  veille  avec  eux  :  ^99) 
elle  ne  veut  pas  plus  se  donner  de  repos  qu'en 
laisser  aux  ennemis.  D'un  autre  côté,  ceux-ci, 
égarés  par  la  frayeur,  ou  peut-être  regardant 
les  Tournelles  comme  imprenables,  évacuent 
d'eux-mêmes ,  et  à  la  faveur  des  ténèbres ,  la 
bastille  de  Saint-Privé,  ^oo) 

Le  7  mai,  dès  l'aube  du  jour,3oi)  on  place 


JEANNE  d'arc.  "yi 

les  échelles  contre  le  boulevart.  Secondés  par  Mai  n^ag. 
leur  position  ,  leur  nombre ,  la  multiplicité  et 
la  yariété  de  leurs  moyens  de  défense ,  et  ani- 
més par  le  désespoir  de  leurs  pertes ,  le  désir 
de  les  réparer  et  la  nécessité  de  conserver 
leur  dernier  abri,  la  résistance  des  Anglais  ^02) 
passe  tout  ce  qu'on  imaginait.  L'assaut  a  déjà 
duré  presque  toute  la  journée  ^^^^  sans  qu'on 
ait  gagné  du  terrain  :  déjà  les  Français  sont 
fatigués  ;  une  blessure  que  reçoit  Jeanne  ,  et 
qui  l'oblige  de  quitter  la  muraille ,  achève  de 
les  rebuter.  On  pense  à  la  retraite  ;  on  s'y  dis- 
posait ,  ^^4)  et  l'on  commençait  à  ramener  l'ar- 
tillerie  ;  mais  à  peine  le  premier  appareil 

est  mis  sur  sa  blessure  ,  et  à  peine  a-t-elle 
fait  une  courte  prière ,  que  Jeanne  revient. 
Apercevoir  l'embarras  des  Français ,  deviner 
leur  dessein ,  voler  au  pied  du  boulevart ,  y 
planter  sa  bannière ,  ^^^  est  l'ouvrage  d'un 
clin-d'œil.  A  cet  aspect,  les  Français  recou- 
vrent presque  subitement  toutes  leurs  forces, 
et  sentent  augmenter  leur  vaillance  :  ils  ac- 
courent ,  se  pressent  auprès  de  la  bannière , 
reprennent  l'attaque  avec  fureur,  surmontent 
tous  les  obstacles  ,  et  parviennent  en  peu  de 
minutes  au  parapet.  Les  Anglais  se  précipitent 
en  foule  dans  la  forteresse  ;  le  pont-levis  s'é- 
croule sous  le  poids  :  ^^^)  Glacidas  et  la  plus 


7-  JEANISEDARC. 

]Mai  1^39.  grande  partie  de  ses  soldats  sont  jetés  dans  le 
fleuve  et  abîmés  ou  écrasés  par  les  débris.  On 
rétablit  aussitôt  le  pont,  et,  presqu'à  l'ins- 
tant ,  on  enlève  le  fort  et  l'on  rentre  dans  la 
ville Les  événcmens  les  plus  extraordi- 
naires semblent  naître  à  la  volonté  de  notre 
héroïne. 

La  nuit  du  7  au  8  ,  autre  bivouac  de  Jeanne 
sous  les  armes.  ^°7)  Il  faut  veiller  aux  entre- 
prises que  pourraient  tenter  les  Anglais  de 
la  rive  droite,  et  les  empêcher  de  se  ressaisir 
des  Tournelles. 

Mais  la  précaution  était  superflue.  Bien 
loin  de  penser  à  ce  projet ,  le  8 ,  au  matin , 
les  ennemis  sortent  de  tous  leurs  retranche- 
mens  ;  ils  se  mettent  en  bataille.  Les  Français 
s'avancent  ;  les  Anglais  font  une  retraite  pré- 
cipitée ,3o8)  abandonnant  artillerie ,  munitions 
de  guerre  et  de  bouche  ,  équipages  ,  malades, 
tout  ce  qui  peut  les  retarder  ;  ils  fuient,  pour 
ainsi  dire  ,  et  vers  plusieurs  points  différens.... 
Ainsi ,  en  moins  de  dix  jours ,  on  s'est  emparé 
de  fortifications  qui  avaient  coûté  à  l'ennemi 
vingt  fois  plus  de  tems  à  créer  ;  on  l'a  con- 
traint de  lever  un  siège  qui  durait  depuis  sept 
mois  ;  on  a  presque  détruit  ses  moyens  d'at- 
taque, et  dissipé  l'armée  sur  laquelle  il  comp- 
tait le  plus  !  3^9) 


JEANNE    D  ARC.  yi 

Reprenons  haleine.  Entraînés  par  la  rapi-  Mal  1429. 
dite  des  événemens ,  par  les  prodiges  accu- 
mulés sur  les  prodiges,^*o)  nous  avons  presque, 
à  notre  insu,  converti  cette  partie  de  notre 
ouvrage  en  un  simple  journal  ;  mais  ,  en  sui- 
vant une  autre  méthode  ,  aurions  -  nous  pu 
mieux  célébrer  notre  héroïne?  Lorsque  les 
faits  parlent,  il  n'est  pas  besoin  de  réflexions. 
C'est  la  conduite  de  Charles  qui  en  fournirait 
une  ample  matière ,  si  Ton  n'éprouvait  pas 
une  sorte  de  lassitude ,  et  presque  de  dégoût , 
à  représenter  un  prince  conservant  tant  d'apa- 
thie au  milieu  de  sujets  qui  se  distinguaient 
par  tant  d'exploits.  Tout  ce  qu'on  avait  ob- 
tenu de  lui ,  c'était  qu'il  vînt  jusqu'à  Loches  ; 
qu'il  se  rapprochât  d'Orléans  de  quelques 
lieues.  3") 

On  s'indigne  davantage  d'une  telle  inertie, 
lorsqu'on  examine  l'activité  de  Jeanne  d'Arc. 
Dès  le  lendemain  de  la  délivrance  d'Orléans, 
dès  le  9  mai,  2*2)  quoique  blessée,  elle  part 
pour  Loches  :  là ,  il  lui  faut  lutter  contre  des 
adversaires  non  moins  difficiles  à  dompter  que 
les  Anglais.  Elle  a  rempli  la  première  de  ses 
promesses  ;  elle  désire  d'accomplir  la  seconde, 
de  conduire  Charles  à  Reims  pour  le  faire 
sacrer.  On  s'y  oppose  long-tems ,  et  il  faut 
convenir  qu'on  avait  des  raisons  fort  plan- 


74  JEANNE    d'arc. 

sibles  :  ^•^)  il  s'agissait  de  traverser  soixante- 
dix  lieues  d'un  pays  dont  les  habitans  étaient 
dévoués  à  Tennemi ,  qui  était  coupé  par  plu- 
sieurs rivières  et  rempli  de  places  fortes,  toutes 
occupées  par  les  alliés  ;  et  Ton  avait  si  peu  de 
ressources  ,  qu'on  manquait  d'argent3i4)  pour 
assurer  le  transport  de  l'artillerie.  Mais  ou- 
bliait-on ce  que  peut  le  Français,  lorsqu'il 
est  encouragé  par  la  présence  de  son  monar- 
que et  bien  dirigé? Jeanne  ne  se  rebute 

point;  elle  insiste  si  vivement ^^^)  que  la  cour 
se  rend  à  sa  demande  :  on  décide  seulement 
qu'il  faut,  avant  le  voyage,  recouvrer  les 
places  voisines  de  la  capitale  de  l'Orléanais. 
Juin  14:19  La  réputation  de  Jeanne  et  les  succès  qu'on 
a  racontés  faisaient  accourir  des  soldats  •^^^)  de 
toutes  paris.  Vers  le  commencement  de  juin, 
huit  mille  hommes ^^'^)sont  rassemblés  sous  les 
murs  d'Orléans.  Impatiens  de  se  distinguer, 
ils  vont  attaquer  Gergeau ,  à  quelques  lieues 
de  là  :  Jeanne  n'était  point  avec  eux  ;  ils 
échouent  dans  leur  entreprise.  ^^^) 

Ce  léger  revers  n'avait ,  au  reste ,  rien  de 
surprenant  :  la  ville  de  Gergeau  était  extrê- 
mement fortifiée  ;  douze  cents  hommes  d'é- 
lite ^»9)  formaient  sa  garnison  ;  et  quoique  très- 
suffisante  par  elle-même  ,  vu  le  peu  d'étendue 
de  la  place  ,  cette  garnison  semblait  doublée 


JEAN^'E    d'arc.  75 

par  son  chef,  le  célèbre  Suffolck,   que  Bed-  Juin  1429. 
fort  y  avait  envoyé  à  cause  de  Timportance 
du  poste. 

Mais ,  on  Ta  vu ,  quels  que  fussent  les  obs- 
tacles ,  Jeanne  n'en  était  point  intimidée. 
A  peine  est-elle  arrivée  à  Orléans ,  qu'on  re- 
prend l'expédition.  Le  1 1  juin  ,  les  Français 
sont  auprès  de  Gergeau  ;  ^^o)  le  12  ,  d'après 
son  conseil,  ils  donnent  l'assaut.  Elle  ne  se 
borne  pas  à  des  avis  ;  elle  marche  au  premier 
rang,  plante  sa  bannière  au  pied  des  remparls, 
et,  quoiqu'en  butte  à  tous  les  traits  des  as- 
saillans,  elle  excite  à  haute  voix  ses  compa- 
triotes. Atteinte  d'un  coup  de  pierre  ,  et  ren- 
versée dans  le  fossé,  elle  redouble  d'ardeur: 
«  Amis!  amis!  notre  Seigneur  a  condamné 
j)  les  Anglais!  Ils  sont  à  vous;  bon  courage!  » 
A  ces  cris,  les  soldats  s'élancent  ;  ils  renver- 
sent tout  ce  qui  se  présente  ;  la  ville  est  em- 
portée, et  Suffolck  ,  ainsi  que  toute  sa  garni- 
son, faits  prisonniers ^^0  Le   i5,  le  pont 

de  Meun;  le  i6,  Beaugency  ;  le  17,  le  châ- 
teau de  cette  dernière  place  ,-^2 a)  éprouvent 
le  même  sort. 

Cependant  le  duc  de  Bcdfort ,  informé  de 
la  levée  du  siège  d'Orléans,  ^-^)  et  alarmé  des 
désastres  de  son  parti ,  s'efforçait  d'en  rétablir 
les  affaires  dans  l'Orléanais.  Il  confie  d'abord 


7^  JEANNE    d'arc. 

Juin  1429.  le  commandement  des  débris  de  ses  troupes  à 
Talbot  ,  le  plus  vaillant  de  ses  généraux  ;  il  le 
renforce  bientôt  d'un  corps  de  six  mille 
hommes ,  conduit  par  Fastol ,  que  la  victoire 
de  Rouvrai  avait  tant  illustré. 

Après  cette  jonction  ,^^4)  qui  donna  une 
grande  supériorité  aux  Anglais ,  et  le  lende- 
main de  la  prise  du  château  de  Beaugency, 
l'armée  française  les  atteignit  à  Pathay,  dans 
le  voisinage  de  Rouvrai ,  dont  l'aspect  sem- 
blait devoir  augmenter  Tintrépidilé  des  soldats 
de  Talbot  et  Fastol.  Mais  les  tems  étaient  bien 
changés.  Exhortés  par  Jeanne  à  les  assaillir, 
les  Français  ne  leur  donnent  le  loisir,  ni  de  se 
retrancher,  ni  de  se  former,  ni  de  se  recon- 
naître ;  ils  fondent  sur  eux  dès  le  point  du 
jour,  et ,  dans  peu  de  momens  ,  ils  effacent  le 
souvenir  honteux  de  la  journée  des  harengs. 
L'armée  anglaise  est  battue  complètement  et 
détruite  ou  dispersée  ;  Talbot  est  au  nombre 
des  prisonniers;  et  Fastol,  qui  l'eût  cru? 
Fastol  prend  la  fuite  sans  attendre  la  fm  du 
combat  î^^^)  Un  esprit  de  terreur  semble  s'être 
emparé  des  Anglais,  depuis  que  Jeanne  a  paru. 
La  reddition  de  Janville ,  où  étaient  leurs  ba- 
gages ,  leur  artillerie,  leurs  magasins,  et  de 
beaucoup  d'autres  places ,  ^^6)  est  le  fruit  de 
cette  victoire. 


JEATSINE    D  ARC.  77 

On  court  à  Sully  en  exposer  les  détails  à  Juin  i4^9- 
Charles ,  que  tant  de  succès  avaient  déterminé 
à  faire  quelques  pas  de  plus.  Jeanne  essaie  de 
lui  rendre  un  nouveau  service  :  elle  le  solli- 
cite, elle  le  supplie  à  genoux  de  recevoir  les 
secours  du  connétable  ,  ^^7)  qui  venait  géné- 
reusement de  lui  amener  un  détachement  de 
quinze  cents  hommes.  Charles  n'osa  résister; 
mais ,  cédant  bientôt  aux  insinuations  de  la 
Trémouille ,  il  défendit  à  Piichemont  de  rac- 
compagner au  sacre.  Quel  aveuglement  dans 
ce  prince  !  Il  accueillait  avec  facilité  les  me- 
sures qui  étaient  nuisibles  à  l'Etat,  et  il  fallait 
le  contraindre  à  celles  qui  lui  étaient  profi- 
tables, et  même  on  n'y  réussissait  pas  tou- 
jours. Empressés  de  le  voir,  les  habitans  des 
divers  cantons  de  l'Orléanais  se  réunissaient 
dans  leur  capitale  ,  où  on  l'invitait  à  aller  re- 
mercier ses  sujets  de  leur  fidélité  et  de  leur 
zèle,  et  où  ceux-ci  lui  préparaient,  à  leurs 
frais  ,  une  réception  magnifique  ;  il  se  tint 
fermé  à  Sully,  à  Gien  ou  à  Châteauneuf  ^-8) 

Enfin ,  on  se  résout  au  voyage  de  Reims  ; 
on  se  met  en  marche  le  29  juin.^^'J)  L'expédi-  Juillet  1429. 
lion  est  peut-être  plus  étonnante  que  tout  ce 
qui  a  précédé ,  et  c'est  sur-toiit  à  Jeanne  ^^o) 
qu'on  en  doit  le  succès.  En  donner  les  dé- 
tails, 33i)  ce  serait  s'exposer  à  des  répétitions 


Y^  JEA-N-NE    d'aF.  C. 

fastidieuses  ;  car,  en  toute  occasion ,  on  voit 
dans  Cette  guerrière  la  même  bravoure  ,  bien 
secondée  par  l'armée ,  à  qui  elle  inspire  de 
Taudace  ,  en  même  tems  qu'elle  jette  souvent 
du  découragement  parmi  les  ennemis  ;  et  par- 
tout aussi  même  incertitude ,  même  timidité 
dans  le  conseil  de  Charles.  Il  suffit  d'observer 
qu'en  dix-huit  jours  l'espace  qui  sépare  Gien 
de  Reims  est  franchi ,  les  rivières  qui  le  cou- 
pent traversées,  les  villes  qui  y  étaient  semées 
comme  autant  d'obstacles  soumises  ;  qu'enfin, 
le  17  juillet,  ^•^^)  Charles,  considéré  jusque-là 
par  une  multitude  de  Français  comme  un 
simple  héritier  du  trône ,  ^^^)  en  acquiert  à 
leurs  yeux  la  possession  par  l'onction  reli- 
gieuse. Une  foule  de  villes  de  la  Champagne  , 
de  la  Brie ,  de  l'Isle-de-France ,  se  hâtent  de 
chasser  les  garnisons  des  alliés ,  et  de  lui  ap- 
porter leur  repentir. 
Juilleiàmars  Le  même  motif  nous  fera  aussi  omettre  les 
*^^^*  détails  de  tout  ce  qui  se  passa  jusqu'à  la  fm  de 
la  campagne.  2^4)  L'armée  royale  parcourut 
l'Isle-de-France  et  les  environs  ;  quantité  de 
places  furent  également  soumises  ou  rendues  ; 
on  brava  deux  fois  l'armée  anglaise ,  qui , 
quoique  secondée  d'une  autre  armée  destinée 
à  une  croisade  ,  ^^5)  n'osa  accepter  la  bataille  ; 
on  parvint  à  conclure  une  trêve  de  quelques 


JEANî^iE    D  ARC.  -() 

mois  pour  les  provinces  septentrionales  ;  ^•'^) 
on  se  porta  ensuite  au  midi  de  la  Loire ,  où 
Ton  s'empara  de  Saint-Pierre-le-Mouliers , 
grâces  à  Tintrépidité  et  aux  exhortations  de 
Jeanne  ;  ^^^  ^'^)  enfin  ,  on  n'échoua  guère  que 
dans  deux  entreprises,  qui  avaient  pour  objet 
de  surprendre  Paris ,  et  de  détacher  des  An- 
glais le  duc  de  Bourgogne.  La  première  ,  où 
la  Pucelle  fut  blessée  pour  la  troisième  fois,  ^^7) 
ne  put  réussir,  faute  d'une  armée  assez  nom- 
breuse ;  les  Anglais  firent  avorter  l'autre  ,  en 
accablant  Philippe  de  dons  et  d'honneurs.  ^^7  ^'•*^) 

La  campagne  suivante  s'annonçait  sous  de  i43o. 
favorables  auspices  ;  déjà  notre  héroïne,  assis- 
tée de  quelques  capitaines  ,  avait  battu  et  fait 
prisonnier ^^^)  un  fameux  partisan  bourgui- 
gnon ,  nommé  Franquet  d'Arras  ,  lorsque  nos 
progrès  furent ,  sinon  arrêtés ,  du  moins  re- 
tardés par  quelques  circonstances.  Et  d'abord, 
la  prise  de  la  Pucelle ,  ^^9)  au  siège  de  Com-  ^4  m; 
piègne,  où  elle  fut  victime  de  son  courage, 
peut-être  de  la  jalousie  que  les  généraux  com- 
mençaient à  en  concevoir,  ou  de  la  perfidie 

du   gouverneur  de   la  ville ;    ensuite,   les 

efforts  que  fit  le  duc  de  Bourgogne,  en  re- 
connaissance des  libéralités  des  Anglais;  le 
dénuement  d'argent  où  se  trouvait  Charles,  4°) 
et  dont  ses  troupes  s'autorisaient  pour  piller 


8o  JEANNE    d'arc. 

ses  partisans  comme  ses  ennemis  ;  enfin ,  et 
plus  que  tout,  son  étrange  conduite. ^4» '^'j^) 

i43oà  1432.  Après  Pexpédition  à  laquelle  Jeanne  venait 
de  Pentraîner,  non-seulement  il  retomba  dans 
son  ancienne  apathie  et  s'abandonna  à  son 
penchant  pour  les  plaisirs ,  mais ,  de  plus  en 
plus  ministre  ou  esclave  de  ses  favoris, ^40  il 
souffrit  que  la  Trëmouille  employât  Parmée 
royale  à  des  expéditions  contre  les  places  ap- 
partenant au  connétable  ;  il  n'essaya  point 
d'empêcher  cette  guerre  intestine ,  qui  enle- 
vait aussi  à  la  patrie  le  secours  qu'on  eût  tiré 
des  troupes  des  deux  rivaux,  et  l'appui  du 
génie  et  de  la  valeur  de  Richemont  :  elle  ne 
se  termina  même  >  au  bout  de  deux  années  , 
que  parce  que  les  adversaires  de  la  Trémouille 
eurent  l'audace  de  l'attaquer  et  de  le  charger 
de  fers  ;  ^4^)  attentat  inouï  que  le  roi ,  dans  le 
.  palais  duquel  on  s'en  était  rendu  coupable ,  ne 
rougit  pas  d'approuver  devant  l'assemblée  de 
la  nation. 

i'33à  1/35.  Quelque  grands  que  fussent  ces  obstacles, 
l'impulsion  donnée  par  Jeanne  avait  été  si 
forte, ^43)  qu'elle  ne  put  en  être  détruite.  Les 
succès  furent  sans  doute  moins  rapides,  moins 
considérables  et  plus  disputés  ;  mais  ils  l'em- 
portaient sur  les  revers  :  insensiblement ,  ils 
procurèrent  à  Charles  ce  qui  lui  était  absolu- 


8i 

ment  nécessaire  pour  mettre  fm  à  cette  lutte 
si  longue  et  si  sanglante.  Un  monarque  n'est 
réellement  puissant  que  de  l'affection  de  ses 
sujets  :  si  Charles  avait  failli  à  succomber, 
c'est  qu'il  avait  perdu  celle  d'une  grande  partie 
de  ses  provinces ,  et  qu'il  ne  faisait  rien  pour 
la  regagner.  Les  événemens  qui  le  servirent 
paraissant  le  fruit  d'une  protection* spéciale 
de  la  Divinité',  engageaient  les  Français  à  re- 
venir d'eux-mêmes  sous  son  empire.  11  fallait 
jadis  se  défendre  contr'eux  ;  depuis  les  exploits 
de  Jeanne  ,  on  n'eut  presqu'à  combattre  que 
les  garnisons  ennemies.  ^44)  Tous  les  jours  la 
domination  du  roi  s'affermissait  et  s'étendait , 
et  par-là  même  l'ascendant  des  alliés  dimi- 
nuait :  elle  offrait  plus  de  sûreté  et  de  profit 
à  quiconque  accepterait  l'alliance  de  Charles. 
Cinq  ans  après  le  siège  d'Orléans,  le  duc  de  septembre 
Bourgogne  lui  accorda  la  sienne  ;  ^45)  et  suc-  '^ 
cessivement,  au  bout  de  six  mois,  il  rentra  avril  i436. 
dans  sa  capitale.  ^4<^) 

Dès-lors  ,  le  triomphe  de  la  France  cessa 
d'être  problématique.  Charles  qui ,  loin  de  le 
hâter,  ainsi  qu'il  le  pouvait,  semblait  l'at- 
tendre avec  indifférence ,  devint  un  grand 
homme  ,  lorsqu'au  lieu  de  la  ravir  ,  il  n'était 
plus  besoin  que  de  saisir  la  victoire. 

Cependant,   s'il  se  tira  un  peu  tard  de  sa 


82 

honteuse  léthargie  ,  il  faut ,  Téquité  le  veut , 
dire  et  montrer  qu'il   répara  amplement  le 
x437         tems  perdu.  Il  se  débarrasse  tout- à-coup  des 
^  ^^  chaînes  des  flatteurs,  et  s'entoure  de  ministres 

éclairés.  Il  se  met  à  la  tête  de  ses  troupes  ,  et 
donne  de  continuelles  preuves  de  valeur  et  de 
génie ^4^^^'^)  militaire.  Yrai  père  de  ses  sujets, 
le  désir  de  ménager  leur  sang  et  leur  repos 
rengage  à  ne  pas  précipiter  ses  expéditions.  Il 
enlève  peu-à-peu  toutes  les  conquêtes  ^4?)  de 
'453.       l'ennemi ,  qu'il  confine  dans  les  murs  de  Ca- 
lais. Il  porte  même  l'alarme  sur  les  côtes  de 
,^5^.       l'Angleterre  ,   dont  nos  flottes  avaient  oublié 
la  route  pendant  soixante  ans.  ^48)  H  acquiert 
le  respect  et  la  confiance  des  nations  étran- 
ï458.       gères, ^49)  et  la  république  de  Gênes  vient  lui 
demander  une  protection  qu'elle  avait  rejetée 
depuis  un  demi -siècle.  Travaillant  sans  re- 
lâche à  ce  qu'exige  le  bien  de  l'Etat,   et  se 
donnant  à  peine  un  jour  de  plaisance  par  se- 
maine, ^5°)  il  ne  tient  pas  d'une  main  moins 
ferme  et  moins  habile  les  rênes  de  l'adminis- 
tration intérieure.  Il  commence  à  comprimer 
cette  puissance  si  dangereuse   des  premiers 
vassaux  de  la  couronne,  que  son  fils  parvint 
ensuite  à  abattre.  Naguère  on  n'obtenait  rien 
des  grands  qu'à  l'aide  d'une  guerre  ;  Charles 
est  assez  fort  pour  faire  saisir  par  un  huissier 


à  1461. 


JEANNE    d'arc.  g3 

le  comte  d'Armagnac  et  le  duché  d'Alençon  ,      ^\^?J 
et  pour  faire  condamner  à  mort  un  prince  35i) 
du  sang.    Les  finances  sont  assujéties  à  des 
règles; ^^^)  une  économie  sévère,  sans  parci- 
monie ,   est  mise  dans  la  distribution  des  de- 
niers publics.  Après  avoir  été  forcé  à  tant  de 
dépenses  ,  et  réduit  pendant  tant  d'années  à  si 
peu  de  ressources ,  il  laisse  des  fonds  suffi- 
sans^^^)  pour  retirer  plusieurs  des  places  qui 
avaient  été  le  gage  de   l'alliance  du  duc  de 
Bourgogne.  Les  exactions  sont  réprimées  ,  354) 
les  troubles  pacifiés  ;  l'activité  est  rendue  aux 
tribunaux,  dont  l'autorité  était  dès  long-tems 
méconnue.  Il  ne  se  borne  pas  là  :  portant  ses 
regards  dans  l'avenir,  il  ordonne  qu'on  rédige 
et  écrive  les  coutumes  innombrables  qui  ser- 
vaient de  lois,    ou  plutôt  de  moyens  de  dis- 
corde, aux  deux  tiers  de  la  France.  îl  a  ainsi 
la  gloire  de  jeter  les  fondemens  d'un  édifice 
indispensable  à  notre    bonheur,   mais  telle- 
ment difficile  à  élever  que  trois  siècles  et  demi 
en  ont  à  peine  procuré  de  légères  continua- 
tions ou  restaurations  ,  et  qu'il  n'a  pas  moins 
fallu  que  la  plus  extraordinaire  des  révolu- 
tions pour  le  terminer.  A  ce  bienfait,  qui  mé- 
rite à  Charles  une  éternelle  reconnaissance  ,  il 
en  joint  d'autres  non  moins  précieux  :   il  ra- 
nime les  études,  en  procurant  à  rUniversité 


i53. 


Code  civil. 


84 

\\^i.  ^^  Paris ^^^)  un  meilleur  régime;  irrétablit 
la  méthode  des  élections^^^)  pour  la  collation 
des  emplois  judiciaires  et  ecclésiastiques  ;  il 
contient  les  entreprises  de  la  cour  de  Rome, 
et  en  circonscrit  le  pouvoir  dans  des  limites 
que,  pour  le  bien  de  la  religion,  elle  n'eût 
jamais  dû  franchir;  il  consacre  les  droits  si 
improprement  nommés  les  libérâtes  de  l'église 
gallicane^  et  sa  pragmatique-sanction  est  en- 
core un  modèle  pour  nous. 

Quelque  avantageuses  que  soient  toutes 
ces  opérations ,  et  bien  d'autres  que  le  défaut 
d'espace  nous  oblige  d'omettre ,  il  en  est  une 
qui,  dans  la  situation  où  était  la  patrie,  les 
efface  toutes,  et  qui  a  été  la  cause  éloignée 
du  repos  dont  nous  jouissons.  Depuis  l'inva- 
sion des  Anglais,  sous  Philippe  de  Yalois,  la 
France  avait  été  en  proie  à  une  soldatesque 
effrénée  ,  composée ,  soit  de  citoyens  trop  ac- 
coutumés au  pillage  pour  reprendre  à  la  paix 
les  travaux  pénibles  de  l'agriculture  et  de  l'in- 
dustrie ,  soit  d'étrangers  accourus  pour  pro- 
fiter des  troubles,  et  les  uns  et  les  autres 
réunis  sous  des  aventuriers  indépendans  qu'il 
fallait  acheter,  et  qu'il  eût  été  imprudent  de 
combattre.  Charles  Y  s'en  débarrassai^?)  en 
les  envoyant  en  Espagne  ;  ce  n'était  là  qu'un 
faible  palliatif:  les  mêmes  causes  et  les  mêmes 


JEANNE    d'arc.  85 

circonstances  firent  renaître  ces  compagnies 
lors  des  premières  divisions  des  Bourguignons 
et  des  Armagnacs.  Dès  cet  instant,  la  France 
fut  un  champ  de  brigandages  ;  ^^^^  et  les 
troupes  attachées  aux  princes  souverains , 
loin  d'arrêter  le  mal ,  s'aidèrent  à  l'aggraver, 
parce  qu'elles  n'avaient  aucune  discipline  ,-^^9) 
,et  qu'on  n'acquittait  presque  jamais  leur  solde. 
La  guerre  avec  toutes  ses  fureurs  était  quel- 
quefois moins  à  redouter  pour  les  artisans , 
les  marchands  et  les  cultivateurs  ,  qu'une  paix 
ou  une  trêve  qui  laissait  au  soldat  la  liberté 
d'assouvir  chaque  jour  sa  soif  de  dévastations 
et  de  forfaits  :  heureux  lorsque  ,  par  crainte 
ou  par  besoin,  ils  ne  s'en  rendaient  pas  les 
complices  !  car  les  citoyens  étrangers  à  l'exer- 
cice des  armes,  et  jusqu'aux  ecclésiastiques, 2^^) 
souvent  abandonnèrent  leur  profession  et  de- 
vinrent brigands  pour  éviter  d'être  victimes. 
Plus  de  sûreté  dans  les  routes  ;  aucun  asile 
qui  pût  garantir  les  propriétés  et  la  vie  des 
habitans  de  la  campagne  :  il  fallait  tenir  d'une 
main  la  charrue,  et  une  arquebuse  de  l'autre. 
Si  le  désespoir  les  portait  à  se  soulever,  trop 
inexpérimentés  dans  l'art  militaire ,  ils  ne  tar- 
daient pas  à  être  réprimés  et  punis  avec  ri- 
gueur; mais  bientôt  aussi  ils  se  vengeaient, 
sur  les  soldats  épars ,  ^^0  des  maux  qu'ils  en 


86  JEAISNE    d'arc. 

avaient  reçus  en  masse  :  de  là  nn  esprit  de 
cruauté  ou  plutôt  de  férocité  3^^)  qui  avait 
gagné  presque  toutes  les  classes  de  citoyens , 
et  que ,  loin  de  chercher  à  éteindre ,  on  souf- 
flait jusque  dans  l'ame  pure  et  douce  de  l'en- 
fance. ^^3)  j^es  effets  qui  en  résultèrent  furent 
horribles  ;  il  ne  faut  pas  moins  que  le  concert 
unanime  des  monumens  les  plus  authentiques» 
et  la  conviction  de  Pétat  effrayant  où  la  mo- 
narchie était  réduite ,  pour  se  résoudre  à  y 
croire.  On  nous  dispensera  sans  doute  de  nous 
y  appesantir,  sur-tout  lorsqu'on  aura  lu  ce 
que  nous  en  allons  exposer.  A  l'issue  d'un 
siège,  on  condamnait  ordinairement  au  pillage 
et  à  l'incendie  ^^4)  les  villes  qui  avaient  retardé 
et  illustré  leur  soumission  par  une  défense  vi- 
goureuse ;  on  ne  faisait  guère  de  quartier  à  leurs 
garnisons  ;  enfin  ,  il  n'était  pas  rare  de  voir 
massacrer  les  prisonniers ,  ^^^)  non  dans  un 
premier  mouvement  de  colère  excité  par  la 
résistance  ,  mais  au  bout  d'un  intervalle  assez 
long  pour  inspirer  de  la  clémence ,  si  l'on  en 
eût  été  susceptible.  Un  évéque  de  Liège  *^^'') 
dévouait  à  la  corde  tous  les  soldats  pris  dans 
une  forteresse  ;  et  après  avoir  repu  ses  yeux 
de  leur  supplice  ,  pour  lequel  il  contraignait 
leur  aumônier  à  servir  de  bourreau  ,  il  faisait 
brûler  le  malheureux  prctrc-   On  épargnait 


JEANNE    D^ARC.  87 

sans  cloute  les  captifs  dont  on  attendait  une 
rançon  ;  mais  les  pauvres  n'obtenaient  aucune 
miséricorde  ,  et  une  mort  rapide  ^^7)  ne  con- 
tentait pas  toujours  la  rage  de  leurs  vainqueurs  ; 
beaucoup  de  capitaines  étaient  autant  de  des 
Adrets.  Une  autre  conséquence  du  défaut  de 
sûreté  était  le  défaut  de  police  et  de  provi- 
sions. Les  maladies  contagieuses  et  les  fa- 
mines ^^^)  qu'occasionnent  les  guerres  faites 
sans  observation  du  droit  des  gens  exerçaient 
à  un  tel  point  leurs  ravages ,  qu'on  vit ,  pen- 
dant unbiver,  les  loups  pénétrer  ^^^9)  jusqu'au 
milieu  de  la  capitale  pour  y  dévorer  les  ca- 
davres abandonnés  de  ses  babitans Hâtons- 
nous  de  passer  au  moyen  par  lequel  Charles 
remédia  à  tant  de  calamités.  11  fut  très-simple  : 
ce  monarque  n'en  est  que  plus  louable ,  et 
d'autant  plus  louable  que,  jusque-là,  on  n'a- 
vait su  trouver  que  des  palliatifs.  On  forma 
divers  corps  de  troupes  réglées  ;  ^^o)  on  les 
rendit  permanens,  à  l'aide  d'un  recrutement 
périodique  ;  on  les  disciplina  ,  et  on  les  accou- 
tuma à  plier  sous  des  cbefs  qu'on  leur  choisit; 
on  établit  une  taxe  également  permanente , 
par  laquelle ,  en  assurant  à  l'avenir  le  paie- 
ment de  leur  solde  ,  on  leur  ôta  tout  prétexte 
à  des  brigandages  3  on  s'en  servit ,  enfm ,  pour 
disperser  ou  détruire  les  aventuriers  qui  ne 


B8  JEANNE    d'arc. 

voulurent  pas  se  ranger  sous  les  drapeaux  du 
pouvoir  légitime.  La  suite  de  cette  mesure 
s'aperçoit  d'avance  :  le  laboureur  retourne  à 
ses  champs  ,^70  Partisan  à  ses  ateliers ,  le  mar- 
chand à  ses  magasins  ,  les  juges  à  leurs  tribu- 
naux ;  Pagriculture  commence  à  fleurir,  le 
commerce  essaie  de  naître  ;  chacun  jouit  en 
paix  de  sa  propriété  ou  des  fruits  de  son  in- 
dustrie ;  chacun  peut  céder  à  ce  penchant  na- 
turel ,  un  des  principes  vivifians  du  corps  so- 
cial, ^72)  qui  nous  porte  à  améliorer  notre  état, 
et  par-là  même  à  concourir  à  la  prospérité 
publique  ;  l'administration  est  libre  elle-même 
de  s'occuper  des  améliorations  générales  qui 
sont  au-dessus  des  forces  des  particuliers. 
Bientôt  la  France  est  assez  puissante  pour  ten- 
ter de  conquérir  des  royaumes  étrangers;  ^z^) 
et  ce  qui  doit  sur-tout  fixer  notre  attention , 
et  en  même  tems  renouveler  notre  gratitude 
envers  Charles  ,  c'est  qu'après  avoir  été  pen- 
dant deux  siècles  le  théâtre  sanglant  des  excur- 
sions de  ses  voisins ,  si  notre  patrie  a  vu  , 
depuis,  ses  extrêmes  frontières  quelquefois 
entamées,  des  quatre-vingt-quatre  départe- 
mens  dont  elle  était  composée  en  1790,  il  y 
en  avait  au  moins  soixante  qui  ne  connaissaient 
la  guerre  ^74)  que  par  l'assiette  des  imposition» 
ou  les  récits  des  historiens. 


JEANNE    d'arc.  89 

Ce  tableau  rapide  du  gouvernement  de  la 
France,  pendant  plus  d'un  demi  -  siècle  , 
prouve  la  vérité  de  deux  maximes  qui  sont ,  en 
.  quelque  sorte ,  le  but  moral  de  notre  ouvrage  : 
Rien  de  si  malheureux  que  le  peuple  aban- 
donné aux  ministres  et  aux  courtisans!  Pûen 
de  si  heureux  que  le  peuple  qu'un  bon  roi 
gouverne  par  lui-même!....  Celle-ci  s'applique 
aux  Français  pendant  les  vingt-cinq  dernières 
années  du  règne  de  CharlesYII  :  ce  qu'il  fit  dans 
cet  intervalle  le  place  au  rang  des  plus  grands 

monarques  et  des  meilleurs  des  hommes 

Empressés  de  lui  rendre  justice,  et  encore 
pénétrés  de  reconnaissance  pour  les  services 
qu'il  rendit  à  nos  aïeux ,  et  dont  l'influence 
s'est  étendue  jusqu'à  nos  jours,  pourquoi  faut-il 
que  le  Génie  inexorable  de  l'histoire  nous 
force  de  revenir  sur  nos  pas  ,  de  rappeler  un 
des  traits  qui  flétrirent  sa  jeunesse  ? 

Nous  avons  laissé  Jeanne  d'Arc  au  moment  i43i.^ 
où  elle  fut  prise  par  les  ennemis.  Dès-lors  , 
l'Europe  eut  un  spectacle  si  révoltant ,  qu'il 
est  à  souhaiter  que  nos  annales  n'aient  plus  à 
en  décrire  de  semblable.  Jeanne  s'était  rendue 
à  un  seigneur  de  la  maison  de  France  ;  il  la 
livra ^7^)  à  Jean  de  Luxembourg  ,  général  des 
Bourguignons  :  ce  dernier  eut  l'infamie  d'en 
faire  un    objet    de   commerce.    Aussitôt  un 


9©  JEAÎÎNE    d'arc. 

homme  dont  la  mémoire  est  encore  en  exé- 
cration ,  Pierre  Cauchon  ,  évéque  de  Beau- 
vais,  s'unit  aux  théologiens  de  l'Université  de 
Paris, ^76)  tous  d'autant  plus  acharnés  contre 
Jeanne ,  qu'ils  se  sentaient  plus  traîtres  au 
souverain  qu'elle  venait  de  si  bien  servir  ;  et , 
il  faut  l'avouer,  les  Français  de  leur  parti ,  et 
sur-tout  les  Parisiens ,  les  enhardissaient  dans 
leurs  fureurs  par  la  joie  qu'ils  témoignè- 
rent ,  ^77)  les  fêtes  qu'ils  célébrèrent  en  l'hon- 
neur de  la  prise  de  Jeanne.  Ils  n'attendent  pas 
que  les  Anglais ,  cédant  à  la  vengeance  ou  à 
l'espoir  de  décourager  les  royalistes,  excitent 
à  accuser  cette  infortunée  ;  eux-mêmes  pres- 
sent Luxembourg  et  sollicitent  ^78)  l'interven- 
tion du  duc  de  Bourgogne  pour  obtenir  la 
proie  qu'ils  se  proposent  de  dévorer.  C'est 
Févêque  de  Beau  vais  qui  est  le  Proxénète  du 
marché  ;  c'est  lui  qui  offre  la  somme  pour  la- 
quelle la  tête  de  Jeanne  est,  en  quelque  sorte, 
mise  à  prix.  A  peine  a-t-il  la  victime  en  son 
pouvoir,  qu'il  réclame  avec  instance  les  auto- 
risations et  les  appuis  dont  il  a  besoin  pour 
agir  et  en  disposer  sans  obstacles.  Enfin ,  par- 
venu ,  au  mépris  de  toutes  les  lois  canoniques 
ou  civiles, 3/9)  à  se  créer  le  juge  ou  plutôt 
l'inquisiteur  de  Jeanne  d'Arc  ,  il  s'associe  une 
quarantaine  d'ecclésiastiques  ou  de  moines,  ^^^) 


JEANNE    D  ARC.  gt 

la  plupart  d'un  caractère  propre  à  faire  hon- 
neur à  la  cruelle  sagacité  de  leur  chef.  On 
emploie  quatre  mois  à  instruire  le  procès  ,  ou 
plutôt  à  préparer  l'assassinat  380  de  celle  que 
les  anciens  eussent  placée  au  rang  des  demi- 
dieux.  Que  ces  misérables  aient  projeté  ce 
forfait ,  rien  de  moins  extraordinaire  ;  mais 
qu'ils  aient  cherché  aussi  long-tems  des  pré- 
textes pour  le  commettre,  voilà  ce  qui  serait 
inconcevable ,  si  l'on  ne  réfléchissait  qu'heu- 
reusement pour  les  gens  de  bien  le  méchant 
n'est  jamais  tranquille  sur  les  suites  du  crime 
qu'il  médite  !  Opinion  salutaire  î  il  est  telle- 
ment effrayé  du  remords,  de  ce  supplice  in- 
visible qui  l'attend  et  menace  de  le  déchirer 
jusqu'au  tombeau  ,  que  ,  lors  même  qu'il  n'en 
est  pas  retenu,  il  tâche  de  l'étouffer  d'avance 
en  se  procurant  quelques  excuses ,  fût-ce  par 
les  moyens  les  plus  coupa])les. 

Voilà,  en  effet,  ceux  dont  se  servirent^^^) 
les  bourreaux  de  Jeanne  d'Arc.  Questions  et 
réticences  insidieuses ,  impostures,  faux  ma- 
tériels ,  menaces ,  violences ,  ils  ne  négligèrent 
rien  pour  la  faire  tomber  dans  le  piège  ;  tout 
tourna  à  leur  confusion  et  à  sa  gloire.  Pres- 
qu'aussi  admirable  par  sa  noble  résistance  à 
l'oppression  que  par  son  intrépidité  dans  les 
combats,  elle  sut  tcnu^  tête  à  ses  adversaires. 


92  JEANNE    D  ARC. 

et  les  réduire  au  silence  de  la  honte  par  la 
justesse,  la  dignité  et  l'énergie  de  ses  réponses. 
Ils  avaient  imaginé  toutes  sortes  de  manœu- 
vres pour  lui  découvrir  des  fautes  ;  ils  ne  lui 
trouvèrent  que  des  vertus.  Le  seul  résultat  de 
leur  procédure ,  ainsi  que  de  plusieurs  autres 
qu'on  fit  dans  la  suite,  fut  que,  par  sa  sagesse, 
elle  était  le  modèle  de  son  sexe,^^^)  comme 
elle  avait  été  Penvie  du  nôtre  par  sa  bravoure 
au  milieu  des  périls ,  son  humanité  et  sa  mo- 
destie après  la  victoire  ;  enfin ,  par  son  hé« 
roïsme.  Tous  les  témoins  de  ses  exploits,  tous 
les  historiens  de  son  tems ,  ^^4)  amis  ou  enne- 
mis,  nationaux  ou  étrangers,  lui  rendirent 
cette  justice.  On  fut  réduit  à  la  condamner 
sur  ce  qu'elle  prétendait  avoir  eu  des  révéla- 
tions et  apparitions  dont  tout  le  monde  admet- 
tait pourtant  la  possibilité ,  ^^^)  et  sur  ce 
qu'elle  avait  pris  des  habits  d'homme,  après 
avoir  promis  de  ne  s'en  plus  vêtir  ;  encore 
l'avait-on  contrainte  à  cette  précaution  de 
prudence, ^^^  ^'•^)  qu'on  osa  qualifier  de  cri- 
me ,  et  punir  par  le  plus  horrible  des  tour- 
mens  !  ^^^) 

Pendant  ces  longues  et  douloureuses  an- 
goisses de  Jeanne  d'Arc  ,  que  faisait  le  prince 
qu'elle  avait  replacé  sur  le  trône?  Digne  pré- 
décesseur  de   Henri,   savait -il,  comme  lui, 


JEANNE    d'arc.  q3 

s'arracher  des  bras  de  la  volupté  pour  proté- 
ger, contre  les  attaques  de  l'envie  ,  ses  plus 
généreux  défenseurs?  Usait-il  de  toutes  ses 
ressources  pour  dérober  sa  libératrice  aux 
attentats  dont  elle  était  menacée?  Profita-t-il 
de  Pintervalle  où  elle  fut  la  captive  de  Luxem- 
bourg pour  couvrir  honorablement  l'enchère 
ignominieuse  à  laquelle  on  l'avait  mise  ?  Te- 
nant dans  ses  fers  tant  de  prisonniers  qu'elle  lui 
avait  procurés  à  Orléans,  à  Pathay  et  ailleurs, 
sans  compter  ceux  que ,  dans  le  cours  de  sa 
détention  ,  il  dut  à  la  valeur  dont  Gaucourt, 
Xaintrailles  et  Barbazan  firent  preuve  pour 
lui  aux  batailles  d'Anthon  ,  de  Germigny,  de 
la  Croisette  et  de  Chape  ,  ^^7)  proposa-t-il  un 
échange  qu'on  n'aurait  pas  eu  la  hardiesse  de 
rejeter?  A  l'exemple  de  Dunois,^^^)  qui  ne 
dédaigna  pas  ce  moyen  pour  recouvrer  un 
messager  obscur  de  Jeanne ,  essaya-t-il  de 
menacer  les  Anglais  de  représailles,  si  l'évêque 
de  Beauvais  et  ses  satellites  continuaient  leurs 
persécutions?  On  rougit  de  n'avoir  rien  à  ré- 
pondre pour  Charles  YII.%)  Qui  oserait  l'ex- 
euser  sur  quelques  actes  judiciaires  qu'il  au- 
torisa ou  demanda,  au  bout  de  vingt -cinq 
ans ,  390)  pour  justifier  l'héroïne  de  la  France  ? 
Eh!  ce  n'était  pas  à  elle  qu'il  fallait  une  justi- 
fication,  c'était  à  son  ingrat  souverain;   et. 


g4  JEANÎ^E    d'arc. 

au  lieu  d^une  vaine  procédure, -^90  il  fallait  lui 
élever  des  arcs  de  triomphe  ! 

Femme  illustre  et  infortunée  !  voilà  donc  la 
récompense  de  tant  de  services  et  de  vertus! 
Que  dis-je?  la  postérité  ,  cet  asile  vengeur  de 
rinnocence,  lui  ferma  quelquefois  son  temple  î 
On  vit ,   cent  cinquante  ans  après ,  des  écri- 
vains de   son  pays  ^9^)  suspecter  audacieuse- 
ment  sa  chasteté  et  sa  bonne  foi  ;  et  cela ,  sans 
la  moindre  preuve,   et  contre  le  témoignage 
de  tous  les  documcns  où  ils  avaient  à  puiser 
leurs  odieuses  conjectures!  Bien  plus,  comme 
si  sa  mémoire  dût  être  en  butte  à  une  desti- 
née aussi  étrange  que  celle  dont  elle-même 
fut  la  victime  ,  de  deux  ouvrages  auxquels  elle 
eut  le  triste  honneur  de  donner  son  nom , 
Tun ,  que  Ton  voua  à  sa  gloire,  est  composé 
en  dépit  de  tous  les  préceptes  du  goût ,  aularit 
que  l'autre,  où  on  la  tourne  en  ridicule,  brille 
de  tous  les  charmes  de  la  poésie  la  plus  sédui- 
sante ! 

Que  ses  mânes  se  rassurent,  néanmoins! 
La  voix  de  la  justice  perce  tôt  ou  tard  ;  et , 
plus  elle  fut  étouffée  par  la  haine  ou  la  pré- 
vention ,  plus  elle  se  fait  entendre  avec  éclat. 
Déjà,  équitable  appréciatrice  des  tems  et  des 
circonstances ,  elle  proclame  hautement  que 
si  Jeanne   put   se   laisser   éblouir  par  l'idée 


JEANINE    d'arc.  95 

d'être  l'envoyée  de  l'Eternel ,  cette  illusion , 
ennoblie  d'ailleurs  par  le  civisme  qui  en  fut 
la  source  ,  était  favorisée  par  les  opinions  de 
ses  contemporains,  tandis  que  ses  vertus 
furent  les  vertus  de  tous  les  siècles.  Tant  que 
la  pudeur,  la  piété,  la  bravoure,  la  généro- 
sité, le  dévouement  à  la  patrie,  seront  ho- 
norés par  les  Français ,  son  souvenir  vivra 
parmi  eux ,  et  ils  la  présenteront  à  leurs  en- 
fans  comme  un  modèle  plus  facile  à  imiter 
qu'à  atteindre  ! 

Qu'on  ne  croie  pas  ,  d'ailleurs  ,  qu'ils  aient 
tous  montré  de  l'insensibilité  pour  ses  bien- 
faits :  la  ville  qu'elle  préserva  d'un  joug  dé- 
testé célèbre  depuis  cette  époque  une  fête ,  h^) 
et  lui  a  érigé  un  trophée  en  mémoire  de  sa 
vaillance.  %4)  Espérons  que  cet  hommage  exci- 
tera de  l'émulation.  S'il  acquitte  la  dette  des 
Orléanais,  il  est,  pour  la  France,  une  trop 
faible  expiation  de  l'abandon  où  elle  laissa 
Jeanne  d'Arc ,  lorsqu'elle  avait  besoin  de  se- 
cours. Non  î  non  !  ce  n'est  pas  dans  les  murs 
6rOrléans  qu'on  doit  se  borner  à  élever  des 
monumens  en  son  honneur  :  elle  n'appartient 
pas  à  cette  ville  ;  son  courage  lui  a  donné  le 
droit  de  cité  dans  tout  le  royaume.  Oui  !  c'est 
au  milieu  des  plus  grands  hommes  de  tous  les 
tems  que  son  effigie  doit  nous  rappeler  ses 


g6  JEANNE    d'arc. 

exploits  et  ses  vertus  :  oui  !  c'est  dans  le  Pan- 
théon français  qu'il  faut  la  placer,  et  la  placer 
donnant  la  main  au  chevalier  sans  peur  et  sans 
reproche  ! 


NOTES 

DU  COUP-D'OEIL  SUR  LES  RÉVOLUTIONS 

DE   FRANCE, 

AU  TEMS  DE  CHARLES  VI  ET  DE  CHARLES  VU  , 


KT    SUR -TOUT 


DE  LA  PUCELLE  D'ORLEANS. 


Note»),  pag.  i.  Jeanne  d'Arc,  ou  Coup-d'Œil  sur 
les  Révolutions  de  France  au  tems  de  Charles  VI  et  de 
Charles  VII ,  et  sur-tout  de  la  Piicelle  d'Orléans. 

I.  L'intitulé  précédent  fait  entrevoir  le  but  qu'on  Observations 
s'est  proposé  en  composant  cet  essai  historique,  et  le  prelimmaires, 
système  selon  lequel  on  en  a  rédigé  les  notes. 

Sans  négliger  les  événemens  antérieurs  à  CharlesVII, 
on  s'est  attaché  à  indiquer  ou  constater  ceux  de  son 
règne  qui  ont  rapport  à  la  révolution  arrivée  au  tems 
de  Jeanne  d'Arc.  Si  l'on  eût  voulu  parler  de  tous  les 
faits  intéressans  de  la  période  qu'on  a  embrassée ,  il  au- 
rait fallu  donner,  et  au  texte  et  aux  notes  de  l'ouvrage  , 
une  étendue  que  ne  comporte  pas  sa  destination.* 

©i^C^  *  Cet  ouvrage  a  e'té  composé  pour  un  concours  ouvert 
il  y  a  plusieurs  années  par  une  académie  ,  ce  qui  a  forcé  l'auteur 
d'en  resserrer  le  texte  et  d'en  multiplier  les  notes.  Il  avait  de- 
puis formé  le  projet  d'insérer  dans  le  texte  la  plupart  des  notes  ; 
mais  il  fallait  refondre  tout  son  travail,  et  il  n'en  a  eu  ni  le 
loisir  ni  le  courage. 

7 


98  NOTES  DE  JEÂNÎ^E  d'aRC. 

Citations.  II.  H  est  un  autre  soin  dont  on  croit  devoir  dire  un 
mot,  La  plupart  des  historiens  des  derniers  siècles  se 
sont  dispensés  de  citer  les  sources  où  ils  avaient  puisé, 
ou  réduits  à  mettre  en  marge ,  et  de  loin  en  loin  ,  le 
simple  nom  des  auteurs  auxquels  ils  annonçaient  avoir 
eu  recours.  Si  une  telle  méthode  est  nuisible  à  l'ins- 
truction générale  et  aux  progrès  de  la  science,  il  faut 
convenir  qu'elle  est  bien  commode  pour  l'écrivain. 
Pourquoi  se  charger  du  travail  aussi  pénible  qu'en- 
nuyeux de  l'examen  et  de  la  confrontation  des  auteurs 
originaux?  Il  suffit  d'en  parcourir  les  tables,  ou  plutôt 
de  prendre  leurs  noms  à  la  marge  de  quelque  histoire  re- 
lative aux  époques  dont  on  s'occupe  ;  on  ne  court  point 
par-là  le  risque  d'une  critique  fâcheuse.  Qui  est-ce  qui 
aurait  la  patience  de  lire  tout  un  volume  in-folio  pour 
vérifier  si  un  fait,  une  anecdote,  une  date,  sont  tels 
qu'on  est  supposé  les  y  avoir  vus  ? 

Nous  avons  suivi  une  autre  marche.  Il  n'y  a  rien 
dans  notre  ouvrage  que  nous  ne  soyons  en  état  de  fonder 
souvent  sur  plusieurs  autorités.  Si  nous  n'indiquons  pas 
à  chaque  fait  toutes  celles  que  nous  avons  recueillies , 
c'est  par  le  motif  déjà  énoncé,  par  la  crainte  d'excéder 
le?  limites  assignées  en  général  aux  compositions  desti- 
nées à  des  concours  ;  mais,  lorsque  nous  les  indiquons, 
nous  y  ajoutons  les  renseignemens  nécessaires  ,  tels  que 
les  numéros  ou  années  des  volumes,  des  livres  ,  pages , 
éditions,  etc.    {Voy,  entr autres  ci- après  n^  V),  pour 

mettre  à  portée  de  les  vérifier  en  un  instant Comme 

nous  avons  tout  examiné  avec  scrupule ,  et  par  nous- 
mêmes  ,  nous  ne  croyons  pas  qu'il  nous  soit  échappé 
beaucoup  d'erreurs,  et  sur-tout  des  erreurs  de  quel- 
que importance. 


KOTES  DE  JEATSNE  D  ARC.  ^Q 

III.  Notre  méthode  nous  a  conduits  quelquefois  à  la    j,5^^,«.^ 

^        ^  d  Orléans 

découverte  de  faits  dont  on  ne  trouve  aucune  trace  dans 
les  historiens  modernes ,  ou  même  dont  l'existence  ne 
s'accorde  guère  avec  leurs  narrations  ;  nous  l'avons  sur- 
tout reconnu  à  Toccasion  du  siège  d'Orléans ,   qui  est 
cependant  un  point  de  l'histoire  de  France  assez  capital 
pour  qu'on  eût  dû  en  rechercher  et  approfondir  les 
circonstances  ,   et  d'autant  mJeux  qu'on  n'était  pas  dé- 
pourvu de  matériaux.  Indépendamment  de  tout  ce  que 
les  chroniqueurs  nous  apprennent  de  ce  siège,  on  pou- 
vait consulter,    dans   le   procès   justiticatif  de   Jeanne 
d'Arc,   les  dépositions   de  plusieurs  personnes  qui  y 
avaient  assisté.  Enfin ,  Thistoire  ancienne  de  la  Pucelle 
et  le   journal  de   Tripaut  (^Foyez  ci- après    la    Table, 
n°*  19  <?^  25,  pag.    io5  et  106),   rédigés  évidemment 
par  des  témoins  oculaires,  abondent  en  détails  précieux. 
Mais,  il  faut  l'avouer,  si  la  mine  où  l'on  avait  à  puiser 
était  riche,  son  exploitation  ne  présentait  pas  de  mé- 
diocres difficultés.  Les  témoins  et  les  rédacteurs  de  ces 
sortes  de  journaux,  répondant  ou  écrivant  pour  des  con- 
temporains ou  des  compatriotes,   s'inquiètent  peu  de 
donner,  et  sur  les  époques  et  sur  les  localités,  les  éclair- 
cissemens  dont  nous  aurions  aujourd'hui  besoin  pour 
entendre   leurs  relations  ;   ensuite  ,  les  manuscrits  des 
journaux  ont  éprouvé,  avant  d'être  publiés,  plusieurs 
altérations,  soit  par  l'effet  du  tems  ,  soit  à  cause  de  la 
négligence  ou   de  l'ignorance    des  premiers   éditeurs. 
Par  exemple ,  la  Chronique  ,    qui  par  sa  naïveté  ,  son 
impartialité ,  peut-être  par  son  exactitude  prolixe  ,  mé- 
rite le  plus  de  confiance;    en  un  mot,   le  journal  de 
Tripaut  ne  laisse  pas  d'offrir,  au  moins  en  apparence , 
de  la  confusion  dans  les  dates  :  on  y  remarque  un  double 


lOO 

emploi  (l'une  semaine  entière  ;  et  quelquefois  aussi  les 
jours,  soit  des  semaines,  soit  des  mois,  sont  dépla- 
cés ,  etc.  Au  surplus  ,  ce  que  nous  allons  exposer  don- 
nera une  idée  de  l'embarras  qu'auront  causé  ces  docu- 
mens  aux  historiens  modernes  ,  et  qui  le|S  auront  sans 
doute  engagés  à  imiter  l'abbé  de  Vertot ,  à  faire  eux- 
mêmes  leur  siège.  Nous  avons  été  obligés  de  composer 
en  combinant  tous  les  récits  avec  les  cartes  de  géogra- 
phie,  les  descriptions  topographiques,  les  voyages  et 
diverses  chronologies  :  i°  une  carte  visuelle  des  fortifi- 
cations de  la  ville  et  des  assiégeans  ;  *  2°  un  calendrier 
complet  depuis  le  commencement  d'octobre  14.28  ,  ou 
depuis  la  marche  de  l'armée  anglaise  vers  Orléans  , 
jusqu'à  la  fin  de  mai  i/JSo  ,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  prise 
de  la  Pucelle  ;  3°  de  discuter  tous  ces  récits  en  les  com- 
parant au  plan  et  au  calendrier Quoi  qu'il  en  soit , 

si  la  rédaction  de  cette  espèce  de  procédure  a  été  fort 
longue  et  fort  ennuyeuse  ,  nous  en  avons  été  bien  dé- 
dommagés. A  l'exception  de  quelques  circonstances  in- 
signifiantes ,  presque  tout  ce  qui  nous  est  rapporté  du 
siège  d'Orléans  et  des  exploits  de  Jeanne  d'Arc  s'est 
trouvé  parfaitement  éclairci.** 

Années.       IV.  Voici  une  autre  source  d'embarras  et  d'erreurs 

*  Elle  est  ci  -  après  à  la  fin  de  l'ouvrage  (  carte  n»  i  ,  ou 
ire  carte  ). 

**  C'est  aussi  dans  le  même  objet,  et  afin  de  faire  mieux 
apprécier  les  travaux  de  Jeanne  d'Arc,  que  nous  avons  dressé 
une  carte  du  théâtre  de  la  guerre  au  tems  de  Charles  VI  et  de 
Charles  VIÏ ,  où  nous  avons  indiqué  toutes  les  villes,  com- 
munes ,  etc. ,  nommées  dans  notre  ouvrage  ,  et  tracé  l'itinéraire 
des  voyages  ou  expéditions  de  la  Pucelle.  Elle  est  aussi  à  la  fin  , 
carte  n^  2  ou  2«  carte. 


NOTES  DE  JEAKÎ^E  D  ARC.  lOI 

pour  les  historiens  modernes.  L'année,  aux  i4-^  et  i5«  siè- 
cles ,  commençait  à  Pâques,  et  par  conséquent  variait 
sans  cesse,  puisque  cette  fête  ne  se  rencontre  pas  deux 
fois  de  suite  aux  mêmes  jours.  Lorsqu'on  n'y  réfléchit 
pas  avec  attention  ,  comment  s'imaginer  qu'un  traité, 
par  exemple  ,  du  mois  d'octobre  i4-i6,  soit  antérieur 
à  la  mort  d'un  prince ,  arrivée  le  5  avril  de  la  même 
année  {Foy.  ci-après  Note  io5)?  ou  qu'une  bataille 
livrée  les  so  ou  21  mars  soit  la  même  qu'un  chroni- 
queur fixe  au  20  mars  14.20,  et  un  autre  au  21  mars 
14.21  (Koj.  ci-après  Noie  i3i)  ?  Il  y  a  peu  d'auteurs 
que  cette  variation  du  calendrier  n'ait  trompé ,  et  d'au- 
tant plus  facilement  que  leurs  devanciers  n'ont  guère 

d'exactitude  quant  à  la  chronologie On  voit,  dans 

la  table  suivante ,  les  premiers  jours  des  années  sur  les 
événemens  desquelles  nous  nous  sommes  le  plus  arrêtés. 


PAQUES. 

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UES. 

ANNÉES. 

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^  — «'^   -s 

ANNÉES. 

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Mars. 

Avril. 

Mars. 

Avril. 

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1427 

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1428 

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1414 

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1429^ 

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i43i 

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.V.  B.  Cette  table  a  été  puisée  dans  V Art  de  yérijier  les  dates,  édit.  de  1730  et  1770- 


102  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

Si  l'examen  du  calendrier  Pascal  est  indispensable, 
celui  des  fêles  des  saints  est  fort  utile  pour  découvrir 
les  dates  des  événemens  ,  parce  que  les  auteurs  anciens 
se  bornent  souvent ,  comme  cela  est  encore  en  usage 
aujourd'hui  parmi  les  artisans  ou  cultivateurs  ,  à  indi- 
quer ces  mêmes  fêtes  :  c'est  encore  un  soin  que  nous 
n'avons  pas  négligé. 

[abréviations.        y^    Entre    les  ouvrages   qui  nous  ont  servi  pour  le 
Ouvrages  si  i 

cités.  texte  ou  pour  les  notes ,  il  en  est  plusieurs  que  nous  ci- 

tons assez  fréquemment.  Voici  une  table  de  leurs  inti- 
lulés  et  éditions  ,  et  des  abréviations  que  nous  y  avons 
substituées  ,  afin  d'éviter  des  longueurs  et  des  répéti- 
tions fastidieuses. 

N.  B.  Les  abréviations  sont  indique'es  à  la  marge  de  la  table. 
TABLE  DE  PLUSIEURS  DES  OUVRAGES 

CITÉS    DANS    LES    NOTES 
DU  COUP-D'ŒIL  sur  les  révolutions  de  FRANCE. 

....  ..  Désignation  des  ciwrages. 

abrégées. 

Daniel  *"•  Histoire  de  France ,  depuis  l'établissement  de 
la  Monarchie  française  dans  les  Gaules,  par  le  P.Daniel. 
Nouvelle  édition  (in-^'*)  augmentée  de  notes,  de  dis- 
sertations critiques  (par  le  P.  Griffet)  ,  etc.  Tomes  6 
et  7.   Paris,   libraires  associés  ,    1725. 

Hénaut.  2«.  Nouvel  Abrégé  chronologique  de  l'Histoire  de 
France ,  par  le  président  Hénaut.  IH^  édition.  Paris  , 
Praultpère  et  fils,  1749.  Deux  vol.  in-12. 


îo3 

3^  Histoire  de  France,   par  Velly,  Yillaret  et  Gar-   Villaret. 
nier.  Edition  in- 12.  Tomes  11 ,  12,  i3 ,   i4.»  i5  et  16, 
par  M.  Villaret.  Paris,  Desaint  et  Saillant,  1768,  1764, 
1765. 

[^^.   Fœdera  et  cujuscumque  generis  acla  puhlica  ,  etc. ,    Rymer. 
par  Th.  Rymer.  Londres,  1727. 

5^.  Histoire  d'Angleterre ,  depuis  l'invasion  de  César   Hume, 
jusqu'à  l'avènement  de  Henri  VII,  par  David  Hume; 
traduite  de  l'anglais  par  M™^  B.  Edit.  in- 12.  Tomes  5 
et  6.  Amsterdam,  1765. 

6^.    Histoire  d'Angleterre ,  par  Smollet  ;    traduite  de   Smollet. 
l'anglais  par  M.  Targe ,    avec  des  notes  du  traducteur. 
Tomes  7  et  8.  Orléans,  Rouzeau-Montaut ,  1773. 

6®.  his.  Idem.,  par  Rapin-Thoyras.  In-^».  La  Haye,     Rapin- 
1749.  Tome  4.  Thovras, 

7«.  Histoire  de  Charles  VI ,  roi  de  France  ,  par  Ju-  Juvenal. 
vénal  des  Ursins;  mise  en  lumière  par  Théodore  Go- 
defroy.  Paris,  Pacard ,  1614..  In  4-''. 

8^.  A  la  suite  est  une  Chronique  manuscrite,  depuis   Clironlqne 
l402  jusqu'en  l423.  manusc.ite. 

9^  Histoire  de  Charles  VI,  écrite  sur  les  Mémoires  Laboureur, 
de  Guy  de  Monceaux  et  de  Philippe  de  Viliette  ;  tra- 
duite sur  le  manuscrit  latin  tiré  de  la  bibliothèque  de 
M.  le  président  de  Thou ,  par  M.  le  Laboureur. 
Paris,  i663.  Deux  vol.  in-fol.  (avec  une  seule  pagi- 
nation). 

Le  Laboureur  regarde  l'auteur  anonyme  de  cette 
Histoire  comme  très-impartial,  et  les  savans  Dupui  et 
Rignon  en  faisaient  aussi  un  grand  cas.* 

*  De  tels  suffrages  doivent  l'emporter  sur  la  censure  de  Vil- 
laret ,  xj ,  246.  Il  reproche  à  l'anonyme  de  la  superstition  ,  de  la 
crédulité  et  des  suppositions  de   discours   à  la  manière  de  Tite- 


1<>4  NOTES  DE  JEAT^NE  d'aRC. 

Laboureur,  lo''.   On  trouvc  ,  au  Commencement  du  premier  vo- 

lume, des  Mémoires  composés  par  le  Laboureur  pour 
servir  d'introduction  à  la  même  Histoire. 

Cette  introduction  est  sur-tout  recommandable  par 
l'exactitude  et  la  critique  éclairées  de  Fauteur. 
Saiiil-Remi.        ii^.  A  la  fin  du  2^  vol.  est  l'Histoire  de  Charles  VI, 
par  Jean  Lefebvre ,  seigneur  de  Salnt-Remi.  (C'est  un 
partisan  des  Anglais  et  Bourguignons.  ) 
Journal  de        12^.  Mémoires  pour  servir  à  l'Histoire  de  France  et 
^"^'       de  Bourgogne  ,    contenant  un  journal    de  Paris   sous 
Charles  VI  et  VII,   l'histoire   du  meurtre  de  Jean- 
sans-Peur,  l'état  aes  officiers  des  ducs  de  Bourgogne,  etc. 
Paris,   Gaudouin  et  Giffard  ,  1729.  Un  volume  in-4". 
(  L'auteur  anonyme  du  journal  de  Paris  est  encore  un 
partisan  des  Bourguignons.  ) 
Etat  des  Offic.        L'Etat  dcs  Officiers  est  cité  comme  ci-contre. 
Godefroy.        iS''.  Histoire  de  Charles  VII,  par  Godefroi.  Paris, 
mprimerie  royale  ,  1661.  In-folio. 

Ce  Recueil  contient   un  grand  nombre  d'ouvrages 
particuliers.  Voici  ceux  dont  on  a  sur-tout  fait  usage: 
Eloge  de  i4-^.  Eloge  de  Charles  VII,  tiré  d'un  manuscrit ,  et 

composé  peu  de  tems  après  sa  mort.  Il  est  imprimé  à 
la  tête  du  Recueil  de  Godefroy,  et  sans  pagination. 

Live  ,  etc.  ;  mais  tout  cela  ne  prouve  point  que  cet  auteur  soit 
inexact,  et  le  Laboureur  n'eût  pas  manque,  soit  dans  son  in- 
troduction ,  soit  dans  sa  traduction,  de  parler  de  ses  inexacti- 
tudes ,  si  elles  eussent  été  aussi  fre'quentes  que  le  prétend  Vil- 
laret. 

N.  B.  Nous  avons  depuis  recherché  tous  les  passages  où  Villaret  critique  l'ano- 
nyme. Il  y  en  a  quatorze  dont  à  peine  quatre  ou  cinq  paraissent  mériter  quelque 
attention.  En  supposant  ces  critiques  fondées  ,  qu'est-ce  que  quatre  ou  cinq  erreurs 
dans  un  ouvrage  de  s.  vol.  in-folio  ?  Villaret  en  a  commis  dix  fois  plus  dans  les  trois 
Ï/J-J2  qu'il  a  consacrés  à  l'histoire  du  même  règne. 


Chari( 


es  VII. 


io5 

i5c.  Histoire  de  Charles  VII,    par  Jean  Chartier,    Chartier. 
ehantre  de  St.-Denis,  historiographe  de  ce  roi.  (iV.i5.  Il 
fut  témoin  de  plusieurs  des  événemens  qu'il  raconte.) 

16^.    Abrégé   d'Histoire    chronologique ,    de    1422        Histoire 

.„  ,,,,.,  ■    ^        K        ^    •       chronologique, 

a  1467,  par  un  anonyme.  (Il  était  du  parti  des  Anglais 
et  Bourguignons.) 

17e.  Suite  d'une  Chronique,  depuis  l'an  i4.23  jus-   Berry. 
qu'au  décès  de   Charles  VII,    composée  par  Jacques 
Bouvier  (  surnommé  Berry  ^ ,  premier  héraut  de  France. 

i8«.  Deux  continuations  de  cette   même   Histoire ,    Godefroy. 

par   d'autres   auteurs,    depuis    i456  jusqu'à  la  fin  du 

règne  de  Charles  VII. 

19®.  Autre  Histoire  ,  d'un  auteur  dont  le  nom  est  in-       Histoire 

,.      ^  .      1        ,  TV         f^u  de  la  Pucelle. 

connu  ,  qui  contient  partie  du  règne  du  même  l^har- 

les  VII,  savoir,   depuis  1^22  jusqu'en  1429,  commu- 
nément appelée  V Histoire  de  la  Pucelle  d'Orléans. 

(Plusieurs  passages  de  cette  Histoire  annoncent  que 
l'auteur  était  un  témoin  oculaire.  ) 

20^.    Histoire    particulière  d'Artus   III,    comte    de    Histoire  de 
Richemont ,   connétable  de  Fiance  ,  et  ensuite  duc  de      ^^  emon  . 
Bretagne ,    contenant  ses  mémorables   faits  et  grands 
exploits,     depuis    iSgS    qu'il   naquit,    jusqu'en    14^7 
qu'arriva  son  décès. 

(  Ici  finissent  les  ouvrages  du  Recueil  de  Godefroi , 
que  nous  citons  par  une  abréviation  spéciale.  ) 

21^.   Chroniques  d'Enguerrand  de  Monstrelet ,  gen-  Monstrelet. 
tilhomme  ,   jadis  demeurant  à  Cambray  en  Cambrésis- 
Paris,  G™«  Chaudière,  1572.  Trois  vol.  in-fol. 

(  Monstrelet  est  un  partisan  des  Bqurguignons.  ) 

22^.  Histoire  duDauphiné  ,  par  ïhomassin,  manus-  Thomassin. 
crit.  —  Voyez ,  au  sujet  de  ce  manuscrit ,  Lelong  et 
Fevret,  Bibliothèque,  n»  37930. 


\ 


106  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

Choisy.  23e.  Histoire  de  France  ,  sous  les  règnes  de  Saint- 
Louis,  de  Philippe  de  Valois,  du  roi  Jean,  de 
Charles  V  et  VI ,  par  l'abbe  de  Choisy.  Tome  4.. 
Paris,  Didot,  etc.,  1701. 
Lussan.  s^.^  Histoire  et  règne  de  Charles  VI ,  par  M"«^  de 
Lussan.  Paris,  Pissot ,  1753.  Neuf  vol.  in  12. 

(On  assure  que  M.  Baudot  de  Juilly,  auteur  de  THis- 
toire  de  Charles  VU  ,  a  eu  grande  part  à  la  composi- 
tion de  celle-ci,  dont  on  loue  Texactitude.  —  Voy-  la 
Bibliothèque  de  Lelong  et  Fevret,  n"  1714.7  ) 
Tripaut.  25e.  La  y^g  g^  déplorable  Mort  de  la  Pucelle  d'Or- 
léans ,  contenant  au  vrai  l'histoire  de  ladite  ville  assié- 
gée par  les  Anglais,  le  12  octobre  1 4.28,  sous  CharlesVII, 
roi  de  France,  tirée  d'un  vieux  manuscrit.  Lyon  ,  Lar- 
jot,  161 9.  (Par  Léon  Tripaut.) 

(  «  On  doit  regarder,  dit  Leng/et,  t.  2  ^  p.  ig6  ,  ce 

3)  Journal  ou  Chronique  comme  une  pièce  originale.  » 

Voyez-en  aussi   Téloge,   ci-devant   n"  3,  page  99, 

et  dans  Lelong  et  Fevret ,  n»  17179) 

Continuateur        26*^.    Histoire  au  vrai  du  siège  d'Orléans,  sous  le 

*     règne  de  CharlesVII,  tirée  d'un  vieil  manuscrit  trouvé 

à  Orléans.  Troyes ,  1 62 1 . 

(  C'est  le  même  ouvrage  que  le  précédent ,  mais  avec 
des  additions.  ) 

27^.  Hcroinœ  nohIUssimœ  Joannœ  d'Arc  LotJmringiœ , 
liordal  '  ,  .        .  .... 

vuigo  Aurdianensis  puellœ  Justona  ;  ex  variis  gravissimœ 

atque  încorruptissimœ  fidei  scriploribus  excerpta;  auiore 
Joanne  Hordal,  etc.;  Ponti  Mussi  ^  161 2. 

(  C'est  un  Recueil  de  divers  passages  d'auteurs  étran- 
gers ou  nationaux  ,  relatifs  à  la  Pucelle.  ) 
Lenc-îet.        28^.  Histoire  de  Jeanne  d'Arc  ,  vierge,  héroïne  et 


NOTES  DE  JEA^^NE  d'aRC.  IO7 

martyre  d'Etat ,  tirée  des  procès  et  autres  pièces  ori- 
ginales du  tems ,  par  M,  Tabbé  Lenglet  du  Fresnoy. 
Paris  ,  Coutellier ,   lySS,   1754..   Trois  vol.  in- 12. 

(  Ce  savant  était  en  état ,  sinon  de  bien  écrire ,  du 
moins  de  faire  avec  exactitude  Fhistoire  de  Jeanne 
d'Arc  ;  mais  il  paraît  que  par  crainte  d'être  prévenu, 
ou  ,  si  l'on  en  croit  l'abbé  d'Artigni  (  vij ,  827  )  ,  pour 
empêcber  la  publication  d'un  ouvrage  manuscrit  de 
Richer,  *  qu'il  avait  pillé,  il  a  mis  beaucoup  de  pré- 
cipitation dans  la  rédaction  de  cette  espèce  de  traité  : 
aussi  M.  de  Laverdy,  pag.  54-6,  déclare-t-il  que  c'est 
un  ouvrage  très-mêdiocre.) 

2Q^.  Nouveaux  Mémoires  de  Critique  et  de  Litté- 
rature,   par  M.  l'abbé  d'Artigny.   Tome  2  (art.  Sg)  ,  °  ^" 

et  tome  7  (art.  3  et  12).  Paris  ,  Debure ,  17^9  et  1756. 

(  L'art.  12  ,  tom,  7,  pag.  323  à  356,  est  en  partie  un 
extrait  du  manuscrit  de  Richer ,  ci-dev.  n°  28.) 

3o^  Histoire  de  l'Eglise  gallicane,  par  le  P.  Berthicr.   Berthier. 
In-4°,  tom.  16.  Paris,  174-7- 

3i^.  Histoire  de  l'Orléanais  ,   par  M.  le  marquis  de   Luchet. 
Luchet.  In-4-''i  1766.  Amsterdam  et  Paris  ,  Gressier. 

32^.   Dictionnaire  des  Gaules  et  de  la  France  ,    par   Expilly. 
M.  labbé  Expilly.  In-fol. ,    t.  5,  1768,  art.  à'Orléans. 

(Il  a  été  puisé  dans  le  n»  38^  ci-après,  p.  108.) 

33^  Notices  et  extraits  des  Manuscrits  de  la  Biblio-    Notice  àp 

manuscrits, 
ibèque  du  Roi ,  lus  au  comité  ,  etc.  Paris ,  imprimerie 

royale.  Tomes  i  et2,  1787,  178g. 

34.^    La  presque  totalité  du  tome  3^1790)  est  con-   î-averd\'. 

*  Nous  avons  parcouru  une  partie  du  manuscrit  de  Richer, 
et  nous  en  avons  e'te'  en  gcne'ral  peu  satisfaits.  Il  est  à  la  biblio- 
thèque du  Roi ,  fond  de  Fontanieux  ,  n"  280  ,  P. 


io8 

sacrée  à  la  pucelle  d'Orléans.  On  y  trouve  des  notice» 
et  des  extraits  raisonnes  de  tous  les  manuscrits  qui  la 
concernent,  et  notamment  des  procès  de  condamnation 
et  de  justification.  C'est  un  ouvrage  très-précieux  ,  qui 
a  dû  coûter  à  son  auteur,  M.  de  Laverdy,  ancien  mi- 
nistre d'Etat,  des  recherches  immenses. 
Baudot.  35^.  Histoire  de  Charles  VII,  par  M.  Baudot  de 
Juilly.  Deux  volumes  in- 12.  Paris,  Didot ,  lyS^- 
{Foy.  Fcvret  et  Lelong ,  n°  17286.) 

N.  B.  Cet  ouvrage  contient  beaucoup  d'erreurs  dans 
ce  qui  a  rapport  à  Jeanne  d'Arc.  Rien  de  moins  sur- 
prenant. On  voit  par  la  liste  des  auteurs  d'après  les- 
quels il  dit,  page  i,  avoir  travaillé  ,  qu'il  n'a  con- 
sulté ni  Trlpaut  ,  ni  l'Histoire  de  la  Pucelle,  ni  les 
dépositions  des  témoins,  ni  Chartier,  ni  Berry,  etc. 
On  lui  reproche  aussi  d'autres  erreurs  (yoy.  entr'autres 
Villaret,  xiv,  265)  que  nous  n'avons  pas  vérifiées. 

Chronique  de  36«.  \jQ.s  Chroniques  ou  Annales  de  France,  par 
^Nicolas  Cille,  secrétaire  du  roi,  additionnées  par 
Denis  Sauvage  ;  revues ,  corrigées  et  augmentées  par 
François  de  Belleforèt.  Paris,  iSyS  ,  in-fol. 
Bclleforêt.  Les  additions  de  Belleforèt  sont  citées  comme  ci-contre. 
Dutillet.  37e.  Recueil  des  Rois  de  France,  etc.,  avec  les  In- 
ventaires, etc.;  suivi  du  Recueil  des  Traités,  etc. 
In-4.%  1618,  par  Dutillet. 

D.  Vaisselle.        38^     Histoire    générale   du   Languedoc,    par   dom 

Vaissette.  In-fol.,  tom.  4»   1742- 

Polluche.        3ge  Essais  historiques  sur  Orléans  ,  par  Polluche  et 

Beauvais  de  Préaux.  In-8°,  Orléans,  1778. 

',n  Note  =) ,  p.  i.  Le  successeur  des  deux  premiers  Valois. 

Eiat  de  la       Charles  V,  fils  de  Jean-le-Bon  ,  et  petit-fils  de  Phi- 
France.     ,.  ^    XT  \    • 
lippe  de  Valois. 


NOTES  DE  JEANNE  d'àRC.  IOQ 

KoTE  ^>,  p.  I.   Confinés  dans  les  ports 

Ils  avaient  aussi  Brest  et  Cherbourg  ,  dont  nous  ne 
parlons  point  ici ,  parce  que  ces  villes  apparlenaient  au 

duc  de  Bretagne  et  au  roi  de  Navarre Les  Anglais  les 

rendirent  à  leurs  anciens  souverains  en  iSgG  (Y.IIume, 
t.  5,  p.  38o,  4.26;  Choisy,  2,  208;  Villaict,  x,  4.06, 
4.16;  xij,  i5i  );  et  rhéritier  de  Charles-le-Mauvais 
nous  céda  Cherbourg  en  il^ol^.  (Voy.  Villaret^  xij  , 
4i3;    Dutillet,  Recueil  des  Traités,  p.  SSg,  34o.) 

4)1  P-  2-   Ç"^  nos  flottes  menaçaient 

(^Voy.  ci-après  notes  28  et  86;  et  Villaret,  xj ,  436  , 
xij,  406.  ) 

Note  ^),  p.  2.  Le  priitce  Noir 

Le  vainqueur  de  Jean-le-Bon ,  et  l'un  des  plus 
grands  hommes  que  TAngleterre  ait  produits.....  Com- 
munément appelé  le  prince  Noir  à  cause  de  la  couleur 

de  ses  armes Mort   le  8  juin  iSyS.   (Voy.  Hume, 

t.  5  ,  p.  335  ,  340  ;    Villaret^  x,  333.  ) 

Note  ^) ,   p.  2.    Un  enfant 

Richard  II ,  fils  du  prince  Noir,  âgé  seulement  de 
onze  ans.  Il  avait  succédé  ,  le  21  juin  1377,  à  son  aïeul 
Edouard  III,  dont  les  Anglais  regardent  le  règne 
comme  le  plus  glorieux  de  ceux  dont  leurs  annales 
ont  transmis  la  mémoire.  (^\oy.  Hume  ,  t.  5,  p.  336, 
37 1  ;  Villaret ,  x  ,  354-  ) 

Noté  7) ,  p.  2.  Princes  dioisés 

Les  ducs  de  Lancastre ,  d'Yorck  et  de  Glocester 

Le  parlement  confia  l'administration  à  un  conseil;  mais 
ils  en  dirigeaient  les  résolutions Le  duc  de  Lancastre 


IIO  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

avait  des  prétentions  sur  la  couronne  de  Castille;  il 
conduisit  da'is  te  royaume  les  meilleures  troupes  de 
l'Angleterre,  et  y  fil  la  guerre  jusqu'en  i38g.  {Y.Humc^ 
t.  5,  p.  372-877,  379,  897,  4-23;  Laboureur,  Hisl.^ 
123;  Jiivenal^  69,) 

Quant  aux  divisions  et  aux  désordres  qui  régnaient 
dans  le  gouvernement  anglais,  Voy.  Hume ^  tom.  5  , 
p.  3g8,  etc. 

Note  ^)  ,  p.  2.    Gênes  voulail  se  donner  à  nous 

Ceci  eut  lieu  en  1395.  (Voy.  Villaret^  xij ,  220; 
Laboureur^  Zj.[^\  Choisy,  211.) 

Note  9) ,  p.  2.  L'attention  de  Venise 

(  Voy.  Jm^enal,  173.  ) 

Note  '°) ,  p.  3.  Avait  voulu  réunir  la  Bretagne 

(Koyes,  sur  cette  expédition  injuste  et  impolitique, 
la  première  moitié  du  tome  xj  de  Villaret.') 

Note  "^ ,  p.  3.  Sa  faute  sans  déshonneur 

{\oj.  Villaret^  xj ,  sS^- )  Le  i5  janvier  i38o,  ou 
cinq  mois  après  la  mort  de  son  père  ,  Charles  VI  fit  la 
paix  avec  le  duc  de  Bretagne.  {Voy.  Dutillet ,  Rec.  des 
Traités ,  p.  324.) 

Note  *=*) ,  p.  3.  Une  marine supérieure  à  celle  d'An- 
gleterre  

La  marine  anglaise  était  tombée  en  décadence  sous 
Edouard  IlL  Le  parlement  s'en  plaignit  vivement  dès 
la  premxière  année  {idj'j')  du  règne  de  Richard  IL 
(Voy.  Hume  ,  t.  5  ,  p.  363.  Voy.  aussi  Villaret,  xj,  78.  ) 

Quant  à  la  marine  française,  voy.  Villaret,  xj ,  'j3; 
et  ci-après  note  a8,  p.  11 5. 


NOTES  DE  JE  AISNE  B  ARC.  III 

Note  *^) ,  p.  3.  Les  citoyens  fous  réunis 

A  tous  ces  moyens  de  prospérité ,  il  semble  qu'on 
pourrait  ajouter  le  nombre  considérable  des  princes  du 
sang  (Laboureur,  Introd.^  p.  4-0 ,  en  compte  quarante- 
six,  dont  il  donne  la  liste)  ,  puisqu'ils  auraient  dû  être 
les  appuis  de  la  couronne  ;  mais  ils  contribuèrent,  au 
contraire  ,  à  la  ruine  de  l'Etat. 

La  maison  de  Bourbon  descend  du  vingt  troisième 

de  ces  princes Au  bout  de  trois  cent  cinquante  ans, 

la  postérité  masculine  de  tous  les  autres  était  anéantie. 

Note  ^'^^  ,  p.  4-.   Le  roi  meurt Régence  du 

Charles  V  naquit  le  21  janvier   iSSy  ,  monta  sur  le   duc  d'Anjou. 

trône  le  8  avril  i364. ,  et  mourut  le  16  septembre  i38o. 

(  Voy.  Laboureur, //z^/'oJ. ,  p.  3  et  4-  ;  Vilîaret^  xj ,  10 1  ; 

Thomassin ,  86.  ) 

Note  '^) ,  p.  4-   A  un  récent 

Charles  VI  n'avait  que  onze  ans  (  il  était  né  le  3  dé- 
cembre i368)  ,  et ,  d'après  une  ordonnance  de  i374\ 
les  rois  n'étaient  majeurs  qu'à  quatorze  ans.  (Voy.  La- 
boureur, Introduct.^  p.  4  et  5.) 

Note  ''^) ,  p.  5.   Précautions  timides...  inefficaces.... 

Il  ne  prononça  pas  même  le  mot  de  régence  dans  une 
ordonnance  qu'il  fit  pour  le  gouvernement  futur  du 
royaum.e.  De  tout  ce  qu'il  avait  prescrit  à  cet  égard,  la 
fixation  de  la  majorité  fut  la  seule  règle  que  l'on  con- 
serva. (Voy.  Laboureur,  Introduct.,  p.  5,  34^  35. 
Voy,  aussi  CJioisy^  4-) 

Note  '?),  p.  5.   Des  trésors 

(  Voy.  à  ce  sujet  le  Laboureur,   Introduct. ,  p.  5o  ; 


T  I  2  NOTES  DE  JE  AISNE  d'aRC. 

idem^  Hisloire^  p.  i3;   Juçenal,  6,   8;    Choisy,    i3.  ) 


Note  '^) ,  p.  5.  Vamte  :  il  lui  fallait  une  couronne 

(  Yoy.  à  ce  sujet  le  Laboureur,  Hist.,  p.  940 

Note '9) ,  p.  5.  Le  pillage,... 

«  11  épuisa  en  deux  mois  le  royaume...  Il  était  avare 
»  jusqu'à  la  cruauté...  Aussi  redoutable  au  peuple 
»  que  les  ennemis  de  l'Etat ,  etc.  etc.  »  (  Voy.  Labou- 
reur, Introduct^  p.  38,  ^6  et  suiv.  Voy. ,  pour  d'autres 
détails  ,  idem  ,  Hist. ,  p.  9  et  94  ;  Choisy,  5 ,  3i.  ) 

Note  ='^) ,  p.  5.  Nouveaux  impôts...  exactions...  révoltes... 
C'est  ce  que  dit  positivement  le  Laboureur,  Introd.j 
p.  5o.  (Voy.  aussi,  pour  les  détails  de  ces  révoltes  et 
des  mesures  de  rigueur,  idem,  Hist.,,  p.  6,  i3,  i5, 
35,  ^i.  )  C'est  sur-tout  au  mois  de  février  i382,  au 
retour  de  l'expédition  de  Flandres ,  qu'on  en  fit  usage, 
Beaucoup  de  Parisiens,  même  d'une  classe  aisée,  furent 
punis  de  mort ,  et  des  milliers  de  bourgeois  condamnés 
à  des  amendes  qui  les  ruinèrent ,  sans  que  le  trésor  pu- 
blic en  profitât.  (Voy.  idem,  p.  66  à  72.  Yoy.  aussi 
Choisy,  i3,  34,  66  et  suiv.  ;  Hénaut,  an  i38i.) 

Note  **) ,  p.  6.  Perdit..,  la  vie.... 

Le  20  septembre  i384....  H  était  parti  pour  son  ex- 
pédition au  commencement  de  i382.  (Voy.  Labou- 
reur, Introduct. ,  67  ;  id. ,  Hist. ,  46-  ) 

,«  Note  ^=') ,  p.  6.   Pour  son  propre  intérêt..... 

Admmistratîoa       Et  ccla  était  d'autant  plus  injuste  ,  que  le  comte  avait 

des  princes;  _  ,        .  ,         -_^,  , 

lo  Philippe-     occasionné  les  révoltes  des  Flamands  par  sa  mauvaise 
le-Hardî.      a^j^inistration,  et  qu'il  avait  favorisé  les  entreprises  des 


KOTÉS   DE  JEÀKNE  d'àRC.  II  3 

Anglais  contre  la  France.  (  Voy.  Laboureur,  Introd., 
p.  91  ;  id.  ,  Hist.^  p.  29;  Ju^enal^  3o.  Yoy.  aussi  Choisy, 
3i ,  47î  49;  Villciret^  xj  ,  307.) 

Le  duc  de  Bourgogne  entraîna  aussi  Charles  VI,  à- 
peu-près  dans  les  mêmes  vues  ,  à  une  expédition  contre 
la  Gueldre,  où  notre  armée  lut  presque  ruinée  par  les 
fausses  mesures  qu'il  prit  (toujours  dans  les  mêmes 
vues).  Cette  expédition  eut  lieu  de  juillet  à  octobre  i388, 
et  non  pas  en  1387,  comme  l'indique  Villaret ,  xj , 
4.5g.  (Voy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  147 — 156;  Juoenaly 
83,  84..) 

En  1396,  Charles  donna  encore  au  gendre  de  Phi- 
lippe quatre  cents  hommes  d'armes  pour  faire  la  guerre 
aux  Frisons.   (Voy.  Laboureur,  Hist,^  334-) 

Note  ="^) ,  p.  6.  La  victoire  de  Roshccg 

La  bataille  se  donna  le  ii  novembre  i382....  Nous 
puisons  cette  date  ,  omise  par  Villaret  (xj ,  3i5  )  ,  dans 
Laboureur,  Hist. ,  p.  63. 

Quoique  les  Flamands  se  soient  depuis  révoltés  plu- 
sieurs fois ,  nous  n'exagérons  point  ici  l'effet  que  nous 
attribuons  à  la  victoire  de  Rosbecq.  Nous  avons  ,  à  cet 
égard ,  une  autorité  décisive  dans  un  discours  des  am- 
bassadeurs de  Louis  XI  à  Charles-le-Téméraire , 
arrière-petit-tils  de  Philippe  (en  1470).  «Jamais, 
»  dirent-ils,  les  ducs  de  Bourgogne  ne  se  fussent  main- 
«  tenus  dans  cette  haute  fortune ,  si  Charles  VI  n'avait 
M  soumis  les  Flamands ,  et  rétabli  votre  aïeul  dans  la 
»  possession  de  ses  Etats.  »  {\oj.  Villaret,  xvij,  387.) 

Note  =4) ,  p.  6.  Qiiadtant  qu  il  pomait  faire  le  bien  de 
sa  famille.... 

8 


Il  4  3SOÏES    DE    JEAISÎ^E    d'âRC, 

(Voy.  Laboureur,  Introd. ,  p.  96;  Villaret^  xij,  160.) 

Ajoutez  :   Et  satisfaire  à  son  penchant  pour  îe  faste 

,  Sa  maison  était  plus  nombreuse  et  plus  brillante  que 
celle  du  roi.  La  liste  de  ceux  qui  la  composaient  ne 
remplit  pas  moins  de  91  pages.  (Elle  est  à  la  suite  du 
Journal  de  Paris.  Yoy.  aussi  Choisy,  222.) 

Il  se  faisait  tout  payer....  ^  même  les  dépenses  que  lui 
occasionnaient  les  mesures  (comme  l'expédition  de 
Flandres)  prises  pour  son  intérêt...;  et,  malgré  l'im- 
mensité de  ses  pillages,  il  mourut  insolvable.  (Voy. 
Laboureur  ,  Introduct. ,  p.  90  et  suiv. ,  où  il  cite 
un  grand  nombre  d'exactions  de  Philippe-le- Hardi. 
Yoy.  aussi  / J. ,  Hist.^  4-Si  »  CIwisy.,  63,  278;  Villaret., 
xij ,  408.  ) 

20.  Jean  NoTE  ^^) ,  p.  7.  Point  de  couronne....  malheurs  publics.... 

duc  de  Berri.  „  \\  ^\ç  (J^^^  ^^  Berri)  renonça  volontiers  aux  hon- 
j)  neurs  du  gouvernement,  pour  avoir  le  droit  de 
»  piller  les  peuples...  Il  prétendait  que  les  provinces 
»  lui  devaient  ce  que  son  frère  (le  duc  d'Anjou)  leur 
»  avait  pris...  La  prodigalité  fit  de  lui  un  tyran  cruel... 
»  Des  villes  entières  de  son  gouvernement  émigrèrent 
j>  en  Espagne.»  (Voy.  Laboureur,  Introd..,  ip.  38, 
72  et  suiv.  ;  id. ,  Hist. ,  p.  i63  ,  1 78.  Voy.  aussi  Jm>enaly 
88;  Choisy^  i4.2,  261,  280;  Villaret.,  xiij,  4o8  ;  D.Vaii- 
selte,  iv,  ^^o.') 

Note  *^) ,  p.  7.  Il  ne  resta  rien 

(Voy.  Laboureur,  Introduct.,  p.  75.) 

Note  ^7) ,  p.»,  7.  Des  reliques 

On  trouve  notées  celles-ci  dans  l'inventaire  de  ses 


NOTES    DE    JEANNE    D  ARC.  Il5 

meubles  :  i.  Une  côte  de  saint  Zacharie;  2.  une  côte 
de  sainte  Barbe  ;  3.  la  moitié  d'un  pied  de  saint  Cy- 
prien  ;  4-  ^^  moitié  de  l'«ponge  du  tableau  où  la  sainte 
Vierge  pleura  saint  Etienne  ;  5.  la  moitié  du  gril  de 
saint  Laurent  ;  6.  la  moitié  d'une  côte  de  saint  Antoine. 
(  Voy.  Laboureur,  Introduct. ,  p.  85)  ;  et  il  avait  donné 
à  diverses  églises  beaucoup  d'autres  reliques.  Par  exem- 
ple ,  à  l'abbaye  de  Saint-Denis ,  une  partie  du  chef  et 
du  bras  de  saint  Benoît  (  il  en  obtint  en  retour  le  menton 
de  saint  Hilaire) ,  et  ensuite  la  miain  de  saint  Thomas  , 
apôtre.  (Voy.  û/.,  Hist.^  24.9,  327,  ^36;  Juvenal^  127.) 

Note  *^> ,  p.  7.  Entre  les  deux  pays 

C'est  qu'on  avait  fait  des  préparatifs  vraiment  pro- 
digieux. On  avait  entr'autres  (  au  commencement 
d'août  i386  )  neuf  cents  vaisseaux  de  transport  ras- 
semblés au  port  de  l'Ecluse  (^Smollett^  vij ,  ii3,  dit 
même  douze  cents ^.  Le  duc  de  Berri  n'arriva  qu'au 
milieu  de  l'équinoxe.  Les  tempêtes  ou  les  Anglais  dé- 
truisirent ensuite  la  plus  grande  partie  de  la  flotte. 
(Voy.  Laboureur,  Hist.^  p.  126 — 129;  Juoenal ,  58, 
71  ;   Choisy,  97.) 

Note  ^d)  ,  p.  7.  Seul  tout  Thonneur 

(Voy.  Laboureur,  Hist.^  129;  Jwenal,  71.) 

Note  ^°) ,  p.  8.   Fécu  autant  (/ue  Charles 

«  Leur  miort  fut  une  seconde  fois  la  ruine  des  af- 
»  faires  publiques.  »   (Laboureur,  Inirod.  ,  72.) 

Note  3') ,  p.  8.  Toujours  en  démence..... 

"  Il  n'y  avait  point  d'année  qu'il  ne  retombât  trois 
>♦  ou  quatre  fois.  »  (^Choisy^  22S.  Voy.  aussi  Vilhuet . 
xij ,  258.) 


Iî6  TsOTES    DE    JEAÎ^ÎNÉ    D'aRC. 

i38b.  Note  -^^) ,  p.  8.  Pendant  quatre  années 

Adniinist.de  A  dater  de  novembre  i388,  et  non  pas  de  l387, 
époque  indiquée  par  Villaret.  (Voy.  Laboureur, 
Hist.^  iSj  et  suiv.  ;  Juvenal  ^  p.  84  (celui-ci  fixe  au 
3  novembre  le  conseil  où  Charles  résolut  de  prendre  le 
gouvernement);  Choisy,  104..) 

Note  2^),  p.  8.  De  nouveaux  déprédateurs^  les  nii- 
nisires...  plus  hardis..... 

(Voy.  Laboureur,  Hist.^  p»  216;  Jupenal ^  m; 
Choisy.,  i58,  173;    Villaret^  xij ,  37,  93.) 

Note  ^^>,  p.  8.  Se  livrait,.,  à  leurs  conseils.... 

(  Yoy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  2 16  ;  Villaret^  xij,  5i,  67.) 

Note  ^^) ,  p.  8.  Des  alimens  à  son  esprit  inquiet.... 

Ajoutons,  et  à  sa  prodigalité .,  qui  n'était  pas  moins 
extravagante  que  celle  des  ducs  de  Berri  et  de  Bour- 
gogne. (Voy.  Laboureur,  Hist.^  p.  173  ,  34-o  ,  1002  •;: 
Choisy^  iio,  i3i.) 

Note  ^^) ,  p.  8.  Aoide  de  plaisirs 

On  en  trouve  bien  des  exemples  dans  les  historiens. 
(Voy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  ^35  ;  Juvenal.,  90  ,  93,  etc.  ; 
Choisy,  182  ;  Villaret,  xij ,  69,  97.) 

Note  ^7) ,  p.  8.  Par  ses  exploits 

Et  par  sa  cruauté...  Il  était  surnommé  le  Boucher. 
(  Voy. . /«(><?«£//,  234  5  Choisy,  3i2  ;  Villaret,  x,  238,  280.} 

Note  2^) ,  p.  8.  Foire  déclarer  la  guerre....  Un  ennemi 
du  conné fable 


NOTES    DE    JEANNE    d'aRC.  11/ 

C'éfait  Pierre  de  Craon  ,  qui  avait  voulu  faire  assas- 
siner Clisson.  Le  duc  protestait  qu'il  ignorait  le  lieu 
de  la  retraite  de  Craon,  (Voy.  Laboureur,  Hist. , 
p.  216;  Choisy^  162  ;   Villaret  ^  xij ,  iio  etsuiv.  ) 

Note  ^o)  ,  p.  9.  L'apparition  du...  spectre ,3^2 

(Voyez -en   le  récit  dans  Laboureur,  Hist.  ^    219;     Adminlstr. 
Choisy^  i63  ;    Villaret  ^  y\\  .,  ïiJ-) 

On  connaît  aussi  Taventure  du  bal  ,  où  le  feu  prit 
au  costume  de  Charles  VI  (  il  était  déguisé  en  satyre)  ; 
ce  qui  le  fit  retomber  en  démence  à  la  fin  du  mois  de 
janvier  suivant.  (  Voy.  à  ce  sujet  Laboureur,  Hist. , 
p.  235  ;   Juvenal.,   ii5.) 

Mais  ,  selon  beaucoup  de  personnes ,  ces  accidens 
ne  firent  que  précipiter  une  maladie  dont  la  source 
était  dans  «  les  débauches  de  la  jeunesse  de  ce  pauvre 
i>  prince.  »  (Voy.  Laboureur,  Hist.,  826;  Choisy.,  i65, 
i85.) 

Note  ^°>  ,  p.  g.  Leurs  poursuites...  contre  les  ministres..., 
(Voy.    Laboureur,    Hist..,    p.  221;    Juvenal.,  ii3; 
Choisy ,  i6g.  ) 

Note  ^0  ,  p.  g,  A  les  en  accuser....^ 
(  \  oy .  Villaret ,  xij ,  1 1 5  et  suiv.  ) 

Note  ^^) ,  p.  10.  Déooila  les  secrets  de  son  caractère....         ,3^^. 

Une   foule  de  traits  épars  dans  les  historiens  jusli-  Id.  de  Louis, 
fient  ce  portrait  de  Louis  (  duc  d'Orléans.)  —  (Voy.  en-     ^'OH^ans, 
ir'autres  Laboureur,  Hisi.,  l^l^'j,  45 r,  5i5,  5i6,  564-, 
626;    Juvenal.,    log,   iig,    igfi;    Journ.  de  Paris .,  81; 
Choisy.,  265  ,  2g5  ,  3oo  ,  3i3,  819  -,   Villaret,  xij ,  ^06, 

007.   ) 


ii8 


NOTES    DE    JEATSNE    D  ARC. 


Note  ^3) ,  p.  lo.  Bépounm  des  talms.».  àe  Vun 

De  Philippe.  (Voy.  Choisy^  p.  278.) 

Note  44)^  p,  10.  La  plus  vile  superstition 

(Voy.  Vil/aretjxï],  i54.,  4-3 1;  Juoenal^  io^\  Choisy^ 
3oo  ,  326.) 

Note  ^^^ ,  p.  11.  A  V obtenir,.,  lueur  de  raison 

En  14.02....  Dès  long-tems  auparavant,  la  mésin- 
telligence s'était  mise  entre  Louis  et  ses  oncles.  Leurs 
divisions  éclatèrent  en  i4oi  ;  ils  firent  respectivement 
venir  des  troupes  au  mois  de  décembre;  ils  s'accor- 
dèrent ensuite ,    et   se   jurèrent  une   amitié  inviolable 

le    14.  janvier Philippe    profita  de    cet  instant  de 

répit  pour  aller  célébrer  à  Arras  le  mariage  d'un  de  ses 
fds.  A  peine  fut-il  parti  (milieu  d'avril  14.02)  que 
Louis  demanda  et  obtint  toute  l'autorité  (Voy.  Labou- 
reur, /i^^/,,  p.  44i — ^^']^'  Juvenal,  p.  i68,  dit  que 
leurs  divisions  existaient  déjà  en  1898.  (  Voy.  aussi 
Choisy,  284  ,  262  ;  Villaret,,  xij ,  289 ,  828,  84.8.  ) 

Note  46)^  p.  n.  Xa  régence  semblait  appartenir  à 
Louis 

Il  est  vrai  cju'il  n'y  avait  pas  de  loi  bien  positive  à 
cet  égard  ;  mais  il  paraît  qu'au  moins  ,  dans  l'opinion 
des  Français,  on  la  considérait  comme  un  droit  du 
premier  prince  du  sang.  (Voy.  Laboureur,^  44- 1  i  Villa- 
ret,, xij ,  i4-8.  ) 

Note  4?)  ,  p.  1 1.  Taxes  sur  taxes  ,  concussions  sur  con- 
cussions  

Dans  le  premier  mois  de  son  administration  ,  Louis 
établit  un  emprunt  forcé  et  une  imposition  générale. 


(Voy.  Laboureur,  Hisi. ,  44-7 1  448;  Choîsy^  235,  294, 
295.) 

Note  '^^^ ,  p.  11.  Louis  ,  noyé  de  dettes 

«  Une  payait  rien  de  toute  la  dépense  de  sa  maison, 
»  qu'il  faisait  toute  à  crédit.  »  (  Yoy.  Laboureur,  Hist. , 
p.  5i5.) 

Plusieurs  princes  et  seigneurs  l'imitèrent.  (  Voy. 
Laboureur,  Hist^  621  ;    Choisy^  296,  299.) 

Il  achetait  continuelleinent  des  terres.  (  Voy.  en- 
Ir'autres  Iiwenal^  2o3;  Choisy  ^  2i4^  284»  296.) 

Note  ^9> ,  p.  11.  Sa  liaison  aoec  cette  femme 

(Voy.  Villarei^  xij ,  260,  358,  427.) 

Note  ^°' ,  p.  1 1.  S* attacha  à  le  décrier 

Louis  avait  osé  dire  qu'un  impôt  général  (^v.  note  4/ 
delà  p.  118)  avait  été  établi  du  consentement  de  ses 
oncles  ;  Philippe  le  démentit  par  un  manifeste  répandu 
avec  profusion ,  et  où  il  déclamait  contre  les  impôts. 
(  Voy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  44^-  ) 

Note  ^'^ ,  p.  11.   Un  second  éclair  de  raison 

Dès  le  mois  de  juin  ï4o2.  (Voy.  Laboureur,  Hist  ^ 
45 1;  Choisy,  266.) 

Note^=),  p.  12.  Servait  de  jouet 

Quand  il  revenait  dans  son  bon  sens,  le  parti  domi*- 
nant  lui  faisait  approuver  toutes  ses  entreprises.  (Voy. 
Chuisy,  234?  559.  Voy.  aussi  Villaret ,  xij,  218,  278; 
J.ahoureur ,  904.  ) 

Note  ^^) ,  p.  i  2.   Un  dénuement  dont  on  frémit 


120 

(Voy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  5i4.,  620,  558;  Choisy, 
"  284.;  et  ci-après  note  54.  ) 

Note  ^^> ,  p.  12.  Et  jusqu'à  du  pain 

(  Voy. ,  sur  tout  cela  ,  Villâret^  xij ,  33o  ,  ^oi ,  447  ' 
xiij,  86;    CAo/5/,  3oi.) 

Note  ^^),   p.   12.    Philippe  meurt  au  commencement 

de  i4o4 

Le  27  avril  i4o4  (Laboureur,  Hist. ,  p.  48 1).  Vil- 
laret  (  xij ,  4^7  )  se  trompe ,  lorsqu'il  place  cette  mort 
sous  Tannée  i4o3  :  la  fête  de  Pâques  n'a  point  lieu 
après  le  27  avril. 

Note  5^) ,  p.  i3.  Ils  ne  gardent  aucune  mesure 

(Voy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  5o4,  5o5 ,  5i4;  Juve- 
nal,  2o4,  206;  Choisy^  281  ;  Fillaret,  xij,  4^7?  4^1  ? 
432,  471-) 

Note  ^7) ,  p.  i3.   D'une  hypocrisie 

i4o4              (^<^y-  Choisy,  329;  Villaret,  xiij,  11  ;  Laboureur.,  627.) 
Jean  , 
duc  de  Note  ^^) ,  p.  i3.  Que  tous  ces  mêmes  vices 

Les  divers  traits  de  ce  portrait  du  duc  de  Bourgogne 
(Jean)  sont  justifiés  par  ce  que  nous  raconterons  de 
bii ,  et  par  une  foule  de  passages  des  historiens  de 
son  tems.  Il  serait  trop  long  de  les  citer.  D'ailleurs , 
Jean  est  trop  connu  pour  que  cela  soit  utile. 

Notées),  p.  i3.  Créé  un  conseil..... 
(Yoy.Villaret.f  xij,  398,) 

Note  ^0),  p.  i4-  J^^^n  s'y  oppose...  son  apis  n'est  point 
suivi...,. 


Bourgogne. 


NOTES    DE   JEANNE   D  ARC.  J2I 

5  Mars  i4-o4-  (  onze  mois  après  la  mort  de  Philippe). 
(  Voy.  Laboureur,  Hisl. ,  p.  ôo/J.,  5o5  ;  Choisy,  285.) 

Note  ^O  ,  p.  i4-.  Le  mépris  et  Vhorreur 

(Voy.  Laboureur,  Hist.^  p.  5i4.,  53o ,  621.) 

Note  ^^)  ,  p.  i4-.  De  chercher  un  asile 

(Voy.  Laboureur,  Hisi,  ^  p.  5o5.  ) 

Note  ^^)  ,  p.  i4-.    Avec  un  corps  de  troupes.  Isabelle  et       ^^^^' 

r      '       '     r  •     1  Divisions. 

Louis  s  enfuient 

Eté  (vers  la  fm  de  juillet)  de  i4.o5.    (Voy.  Labou- 
reur, Hist.^  521  ;    Jiwenal,  206  5  Villaret  ^  xij ,  ^Sg.  ) 

Note  ^^>  ,  p.  i4-   On  parvient  h  réconcilier 

17  octobre    i4.o5.    (Voy.    Laboureur,   HisL^    533; 
Chronique  manuscr. ,  5o5  ;  Choisy,  3 11.) 

Note  ^^) ,  p.  i5.  De  son  triomphe 

(Voy.  Choisy^3i&;   Fillaret,  xij,  4-73;  Amelgard, 
Notice  des  Manuscr. ,  t.  i  ,  p.  4-ii.  ) 

Note  66)^  p.  i5.  Iljlt  assassiner  Louis i4(.7. 

23  novembre  14.07.   (Voy.  Juvenal^  p.  235;  Thomas-  de  ^Louis 
sin,    87;    Hainaut,    an  14-07.   Voy.   aussi   Laboureur^ 
p.  566,  625  (qui  dit  le  22  novembre)  ;    Villaret,  xij  , 

476.  ) 

Trois  jours  auparavant,   ils  s'étaient  réconciliés  et 
avaient  rom/wM/zzV  ensemble.  (Voy.  Jmenal.,  235.  ) 

Note  67) ,  p.  i5.  Un  peuple  frivole 

«  Criaient   à   Paris    :    Vive  le   duc   de  Bourgogne!  » 
(  Juvenal^  236.  ) 


122  NOTES    DE   JEANNE   d'aRC. 

Note  ^'^> ,  p.  i5.  Dans  les  ministres  de  l'Eternel..... 

Jean  Petit ,  professeur  en  théologie....  Son  apologie 
de  l'assassinat  de  Louis ,  débitée  publiquement  en  pré- 
sence du  roi  et  de  la  cour ,  est  dans  le  Laboureur  , 
Hist.^  p,  63 1.  (Voy.  aussi  Juvenalj  286;  Choisy,  33o  ; 
Villaret^  xiij ,   i4.  ) 

Ses  propositions  furent  condamnées  et  brûlées  le 
24  février  ii4i3,  quand  les  Armagnacs  eurent  pris  le 
dessus  (Voy.  Xaôoi/rewr,  p.  931;  Juvenal.,  336;  Villa- 
ret  ^  xiij  ,  826)  ;  mais  on  les  approuva  solennellement, 
et  dans  un  sermon,  en  i4-i8,  lorsque  les  Bourgui- 
gnons furent  maîtres  à  leur  tour.  (Voy.  Saint-Remi ., 
p.  124.;  Monstrelet^  t.  I ,  f.  265.) 

Note  ^0) ,  p.  i5.  Par  VUnÎQersité..,,. 

(Voy.  Chronique  manuscr.^  5o6,5i5;  Choisy.,  i32.) 

Note  7°) ,  p.  i5.  Du  nom  sacré  du  monarque 

On  donna  l'administration  à  Jean,  le  i^^  déc.  i^og. 
(Voy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  jiS.) 

Note  7') ,  p.  16.  Pour  ses  désordres 

(Voy.  Laboureur.,  860,  1017;  Choisy,  ^07,  4^8; 
Villarei,  xiij ,  3o2 ,  332  ,  334- ,  385.  ) 

Note  7^),  p.  16.  Se  liguent 

i4io.         1^^  j^      /^^     (Voy.   Laboureur,   Hist..,   p.   725; 
(jucrres  t  \         j  1       / 

civiles.     Juvenal,  252.) 

Note  73) ,  p.  16.   On  arme  de  tous  cotés 

(  Voy.  Laboureur,  Hist. ,  p.  727.  ) 

Note  74) ,  p.  16.  L'autorité  légitime  est  méconnue...., 
(Voy.  Laboureur,  Hist..,  p.  73i.  ) 


125 

Note  7^)  ,  p.  17.  Vindicatif  et  cruel.... 

Quant  à  son  caractère  et  à  ses  talens  (  du  comte 
d'Armagnac  )  ,  voy.  ce  que  nous  disons  au  texte ,  p.  24 
etsuiv.  ;  Laboureur^  536,  53g,  787,  1017;  Jin>enal^  211, 
364. 

Note  7<î) ,  p.  17.  Victimes  des  fureurs 

{\oy .  Laboureur^  p.  739,  766,  767,  773.) 

Note  77)  ,  p.  17.  La  France  n  'est  de  toutes  parts  ,  etc.... 

Les  détails  de  cette  guerre  civile  remplissent  près  de 
trois  cents  pages  de  V Histoire  de  le  Laboureur, 
ans  14.11  à  i4i4-  (^oy.  aussi  Juçenal^  255  etsuiv.; 
Cholsy^  347  et  suiv.  ) 

Note  78)  ^  P- ^7-  Il  ^rme,..  les  bouchers Bourgui- 

Par  l'entremise  du  comte  de  Saint  -  Pol ,  gouver-     S^^on^, 
neur  de  Paris,  et  Bourguignon  délerminé.  (  Voy.  Z«- 
^OM/'éi^r,  763  ;  Juoenal^  282;   Chronique  M anusc.  ^  525; 
Journ.   de  Paris,  6;    Cholsy ,  38o  ;  V lîlaret ,  xiij ,  i53; 
Hénaut ,  an  i4io  et  suiv.) 

Au  mois  de  décembre  i4ii ,  Jean  assista  à  l'enter- 
rement de  Legoix  ,  un  des  chefs  des  bouchers ,  tué  dans 
un  combat.  (On  mit  même  une  inscription  sur  son 
tombeau.)  —  C^oy.  Laboureur^  8035  Juvenal^  297; 
Villaret.,  xiij,  20T.) 

Note  79) ,  p.  17.  Les...  Armagnacs  sont  abandonnés... 

(Voy.  Laboureur.,  p.  764  ,  770  7  858  à  884;  Juoenal, 
3i5  ,  3ig,  323;  Chronique  manusc.  ^"^2'j  \  Journal  de 
Paris.,  6  et  suiv.;  Cholsy,  38 1  etsuiv.;  VlUarct  .,  xiij, 
i55,  196.  ) 

Lorsque  le  dauphin   Louis   enleva  Paris  aux  bou-' 


124  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

chers ,  on  trouva  chez  l'un  des  chefs  deux  listes  de 
proscription,  dont  la  première-  ne  contenait  pas  moins 
de  quatorze  cents  personnes.  Dans  la  deuxième ,  il  y  en 
avait  un  grand  nombre  marquées  des  lettres  T  (à  tuer), 
35  (a  bannir)  ,  R  (  à  rançonner).  —  (  Voy.  Laboureur, 
899;  Jmenal,  332  ;  Villaret^  xiij ,  274.  ) 

Note  8o>  ,  p.  18.  Qui  essayait  déformer  un  parti..... 
(Voy.  Laboureur,  p.  858,  865  ;  Villaret,  xiij ,  246.  ) 

i4i3.  NoTE^'),  p.  18.  On  s'empare  de  la  capitale 

Armagnats.  4.  août  i4i3.  (  Y oy .  Laboureur .,  p.  880,  892;  Journ. 
de  Paris,  16  ;  Villaret ,  xiij ,  2-69  et  suiv.  ;  Choisy,  4^6  ; 
et  sur-tout  Juoenal  (son  père  avait  été  le  principal  agent 
de  cette  révolution  ) ,  p.  323  et  suiv.  ) 

Î^OTE  ^^) ,  p.  18.  Ceux-ci  (les  Armagnacs)  n  arment 
point  la  multitude 

Hume,  vi ,  yS  (année  i4i5),  dit  qu'ils  gagnèrent 
les  charpentiers...  Peut-être  a-t-il  fondé  cette  assertion, 
qu'aucun  monument  ne  justifie  ,  sur  ce  qu'un  char- 
pentier parla  en  faveur  de  la  paix  à  une  des  assemblées 
qui  précédèrent  la  révolution.  (Voy.  Juoenal,  p.  326.) 

Note  ^^),  p.  18.  Les  Bourguignons  sontopprimés 

(Voy.  Laboureur,  p.  900  et  suiv.,  926;  Juvenal, 
4io;  Journ.  de  Paris,  18  et  suiv.  ;  Villaret ,  ii.u] ,  275.) 


Relations  NoTE  ^) ,  p.  18.  Richard  II  avait  eu  besoin  de  t  appui 

de  Charles 

Après  quelques    prorogations    partielles  de   trêves. 
(  entr'autres  en  i38i  ,  i383,  1384,  1392.  Voy.  VUla- 


avec 
l'Angleterre. 

loRichardlI. 


NOTES   DE   JEA^NE  d'aRC.  125 

rety  xi,  272,  369;  xij ,  96;  Smolett^  vij ,  88,  181; 
Juvenal  ^  5o ,  5i),  Richard  fit  avec  Charles  YI, 
en  1393,  une  trêve  de  cinq  ans.  En  iSgS  (  ig  mars) 
il  la  prorogea  de  vingt-huit  ans  ;  de  sorte  qu'elle  ne 
devait  expirer  qu'en  14.26*...  Il  fiança  en  menue  tems 
(traité  du  9  mars  i395)  Isabelle  ou  Elisabeth  de 
France....  Le  Laboureur,  i//5if. ,  p.  Soy — 320,  donne 
la  copie  des  deux  traités.  (  Yoy.  aussi  Viilaret,  xij,  211.) 
Hume  ,  t.  5  ,  p.  426  ,  se  trompe ,  et  quant  à  leur  date , 
qu'il  fixe  à  1396 ,  et  quant  à  la  durée  de  la  trêve ,  qu'il 
réduit  à  vingt-cinq  ans.  Il  en  est  de  même  de  Smol- 
lett,  vij  ,  208,  qui  marque  aussi  Tan  1396,  et  vingt- 
six  ans  de  trêves.  (  Voy.  encore  Juvenal  ^  iSg.  ) 

Richard  rendit  ensuite  (en  iSgG)  Brest  au  duc  de 
Bretagne  ,  et  Cherbourg  au  roi  de  Navarre.  (Voy.  ci- 
devant  note  3  de  la  page   109;    Hume  ^  t.  5,  p.  426  ;  S 
Laboureur,  Hist.  ^  34-5;   Ju\>enal^  i4-2  ;  SmoUett^  vij, 
211.)                                                                                              ^ 

Note  S^)  ,  p.  18.   Qui  le  détrôna.^..,  20  Henri ÏV^ 

Septembre,  1399.  (  Voy.  Hume^  t.  5  ,  p.  453  etsuiv.  ; 

Laboureur,  Hist. ,  4ii  ^t  suiv.  ;   SmoUett^  vij,   258  et 

suiv.) 

Note  ^6) ,  p.  i8.  Nous  atUujuer 

(Voy.  Hume,  vi,  ^6.)   Toutes  les  entreprises  des 
Anglais  se   réduisirent  à  diverses  excursions ,    où  ils 


"*  Cela  résulte  aussi  du  traité  ,  puisqu'il  fait  courir  la  proro- 
gation de  28  ans  à  dater  de  la  St-Michel  iS^S.  Voy.  le  au  trésor 
des  Chartres,  mélanges^  vol.  9,  art.  jongle  terre  y  pag.  i33. 
Henri  IV la  confirma  le  18  mai  i^oo.  (  V.  ibid^  pag.  x'^i  ;  Du- 
lillet,  Rec.  des  Traités,  p.  335.) 


126  NOTES    DE    JEANNE  D'aRC. 

pillaient  quelques  parties  de  nos  côtes ,  entr'autres  en 
14.02,  i^oS,  i/fO^?  i4-o6.  (  \  oy.  J«p£/z«/,  187,  200, 
23o;  Laboureur^  ^72  î  4-^7 ?  ^Q^-) 

De  leur  côté ,  les  Français  firent  aussi  quelques 
excursions  sur  les  côtes  des  ennemis;  par  exemple, 
en  i4.o3,  i^o^,  i4o5.  (^Y  oy .  Jiwenal ,  216;  Villaret  ^ 
xij  ,  4o6;  Laboureur^  47^,  ^92  ,  5o3,  527.)  IjCS  plus 
considérables  de  ces  agressions  eurent  pour  objet  de 
faire  passer  quelques  secours  aux  Ecossais  et  aux  Gal- 
lois ,  en  i384  et  i4.o5.  (Voy.  Laboureur^  102,  52g; 
Jwenal ,  58  ;   SmoUett ,  vij  ,  98.  ) 

11  y  eut  aussi  quelques  combats  sur  mer,  livrés  le 
plus  souvent  par  des  Bretons  ou  des  armateurs ,  et 
notamment  en  1387,  i4-o3,  i^oG,  i^io,  (Voy.  Jmpc- 
«a/,  75,  225;  Laboureur^  5o,4-72,  724-) 

On  fit  également  des  trêves  avec  Henri  IV,  presque 
d'année  en  année,  depuis  i4oo  jusqu'à  sa  mort.  (  Voy. 
Dutillet,  ^ec.  des  Traités^  p.  335  à  339.  Yoy.  aussi 
Laboureur ,  424  •>  4^^  )  ;  mais  elles  n'empêchaient 
guère  ces  sortes  d'agressions. 

NoTE*7),  p.  19.  En  fournissant...  des  secours 

Quant  à  cette  politique  de  Henri  IV,  voy.  Hume ^ 
vi,  33,  34,  73. 

Note  ^^) ,  p.  20.  Qui  osa  ,  le  premier ,  rédamer  et  re- 
cevoir.,.,. 

Juillet  i4ii.  {Yoy.  Laboureur,  11^  t  7^8;  Juvenaî, 
290;  Villaret^  xiij  ,  159,  189.) 

Note  ^i)) ,  p.  20.  Dans  les  conditions  quils  souscri- 
(firent 


NOTES    IXE  JEANNE   D  ARC.  I  îy 

(  Voy.  Laboureur^  8i6;  Villaret^  xiij ,  2o5  ;  Rapln- 
Thoiras,  iv,  66  ,  4^3i  ;  Rymer ,  x,  788  (  18  mai  14.12). 

Note  9») ,  p.  20.  i/^rt  n  envoya  des  troupes  qu  après 
un  traité  conclu  à  Bourges 

(^Yoy.  Laboureur^  833etsuiv.  ;  Chron.  manusc.^  523.) 

11  semble,   par  le  récit  de  Rapin-Thoiras  (iv,  66 

et  67),    que  ce   ne  fut  qu'après  avoir  débarqué,   et 

dans    leur   chemin    de  Normandie   à    Blois ,    que  les 

Anglais  apprirent  la  paix ;  mais  le  contraire  résulte 

des  actes  deRymer,  que  Rapin-Thoiras  rapporte  lui- 
même  (ii.,  417).  Ce  n'est  que  le  i"  juillet  que  le  duc 
de  Clarence  fut  nommé  chef  de  l'expédition  ,  et ,  le  11 , 
lieutenant-général  de  la  Guienne  ;  son  départ  est  donc 
postérieur....  Si  l'on  suppute  ensuite  le  tems  nécessaire 
pour  embarquer  et  débarquer  les  troupes,  et  traverser 
la  Manche ,  on  verra  qu'elles  n'ont  pu  arriver  en  Nor- 
mandie que  plusieurs  jours  après  la  paix  de  Bourges , 
qui  est  du  i3  juillet  i4i2.  (Voy.  Laboureur,  ib.) 

Note  9'),  p.  21.  Les  Anglais  ravagèrent.,.,  en  leur 
payant  une....  rançon..... 

{\oy. Laboureur^  84.1  et  suiv.  ;  Chron.  manuscr. ,  Sa^  ; 
Villaret,  xiij  ,  219 — 222.) 

Charles ,  duc  d'Orléans ,  promit  de  payer  la  moitié 
de  la  somme  convenue,  et,  pour  sûreté  de  sa  pro- 
messe, leur  donna  en  otage  Jean,  comte  d'Angoulême, 
son  frère. 

Notes*),  p.  21,  Avec  l'aide  du  comte  d'Armagnac.  ... 
(Voy.  Laboureur^  875;  Viîlaret,  xiij,  221.) 


128  NOTES    DE   JEAISISE   d'aRC. 

>  Henri  V.        NoTE  O^) ,  p.  2 1 .  Henri  IF  meurt 

20  mars  i4.i3 ,  suivant  Hume  ,  vi ,  ^7  ;  mais  ce  n'est 
que  selon  noire  façon  ordinaire  de  compter,  parce  que 
le  20  mars  étant  antérieur  à  Pâques  ,  appartenait  en- 
core à  Tan  14.12.  11  est  étonnant  que  Yillaret,  qui  lui- 
même  a  critiqué  en  cette  occasion  (xiij ,  24.7)  Rapin- 
Thoiras,  ait  néanmoins  commis  beaucoup  d'erreurs 
dans  ses  dates ,  faute  d'avoir  fait  assez  d'attention  à  la 
différence  des  calendriers.  (  Toy.  ci-devant  note  i , 
no4.,  p.  loi.) 

Note  o^)  ,  p.  21.  Sa  soif  pour  les  conquêles 

(  Voy.  dans  Hume,  vi ,  119  ,  le  Portrait  de  Henri  V. 
Voy.  aussi  Jui^enal  j  498) 

Note  O^)  ,  p.  22.  D'un  guerrier  et  d'un  négociateur 

(Voy.  à  ce  sujet  Hume,  vi ,  78  et  suiv.  ;  Laboureur j 
p.  962 ,  992  et  suiv.  ;  Juvenal,  354  ?  364-  et  suiv.  ;  Chro- 
nicfue  manusc. ,  53o  ;  Choisy,  434-  ) 

i4«5-  Note  96)  ^  p.  22.  La  bataille...  d'Azincourt 

Bataille  ^         .  i,  ,  i   •         i  .      ^      r    - 

d'AziiKourt.        On  sait  que  l  armée  anglaise  ,  harassée  de  fatigue  et 

affaiblie  par  des  maladies,  aurait  été  détruite,  presque 
sans  tirer  l'épée  ,  si  les  généraux  français  avaient  eu 
quelque  prudence La  bataille  se  donna  le  25  oc- 
tobre i4i5....  On  estime  la  perte  des  Français  à  dix 
mille  hommes ,  «  desquels  dix  mille  ,  dit  Monstrelet , 
»  ch.i49,  t.i,  p.  226,  on  espérait  y  avoir  environ  seize 
M  cents  varlels ,   et  tout  le  surplus  gentilshommes.*'  » 

*_  Le  même  compte  est  aussi  dans  un    manuscrit  de  Mons- 
trelet, biblioth.  <lii  Uoi ,  n"  83.^5  ,  tom.  i ,  fol.  200,  chap.  i4'>. 


NOTES    DE  JEANNE  d'aRO.  1  29 

On  voit  par-là  que  Hume,  vi ,  89  ,  ou  a  fort  mal  lu 
Monstrelet ,  ou  en  avait  une  mauvaise  édilion  ,  lors- 
qu'après  avoir  évalué  la  même  perte  à  dix  mille 
hommes,  d'après  Saint-l\emi ,  ch.  64,  il  ajoute  que 
Monstrelet  Té  value  à  huit  mille  quatre  cents.  Smollett, 
quoiqu'il  ait  presque  copié  Monstrelet  (ch.  i4-^)  dans 
le  récit  de  la  bataille  n'en  a  pas  mieux  compris  le 
sens.  H  dit,  en  effet  (hv.  4-,  rh.  3,  n°24.,  t.  7,  p.  ^80), 
que  <(  les  Français  perdirent  plusieurs  officiers  de  grande 
»  distinction  (  il  en  nomme  quelques-uns  )  ,  et  environ 
»  dix  mille  soldats.  »  Monstrelet  ,  ch.  i4-9 ,  nomme 
1°  les  principaux  gentilshommes  qui  furent  tués;  et 
sa  liste  n'occupe  pas  moins  de  deux  pages  et  demi  in- 
folio ;  2^  les  prisonniers  de  marque  ,  tels  que  Charles, 
duc  d'Orléans,  fils  de  Louis  ;  le  comte  de  Riche- 
mont  ,  etc.  Le  Laboureur  donne  beaucoup  de  détails 
sur  les  circonstances  de  ce  désastre,  p.  ioo5  et  suiv.  ; 
idem  ,  Juvenul ^  894  et  suiv.  ;  Chron.  manuscr,  ,  532  à 
535  ;    Chuisy^  44-3- 

Note  97) ,  p.  22.  L'exécution  de  ses  desseins 

(  Voy.  Hume  ,  vi ,  91.  )  —  Un  mois  après  (le  .29  no- 
vembre )  ,  il  se  rembarqua.  (Voy.  Juvenal^  l^.oZ.  ) 

Henri  conclut  même  une  trêve  avec  la  France. 
(Voy.  Hume^  ih.  ;  Vi/laret,  xiij  ,  4-ii-  ) 

Note  98)  ^  p.  22.    Un  écrivain  célèbre Facti 

(  Voltaire,  Essai  sur  les  Mœurs.,  ch.  79).  Villarel  ^  xiij  , 
335,  paraît  approuver  cette  réflexion. 

Note  OO)  ,  p.  23.  A  la  mort  de  ce  prince  (  le  dauphin 
Louis) 


on  s. 


l3o  NOTES  DE  JEAÎsNE  d'aRC. 

Elle  eut  lieu  le  i8  décembre  i^iS.  (  Voy.  le  La- 
boureur, 1017;  Journ.  de  Paris,  28;  Juvenal,  4-1 1; 
Tkomassin,  88  (il  dit  qu'il  était  alors  à  Paris).  Villa- 
ret ,  xiij ,  385  ,  la  fixe  au  i5  décembre  ,  mais  sans  citer 
d'autorité. 

Note  'O")  ,  p.  23.  Doué  de  plus  de  capacité 

(Voy.  ci-devant  note  71,  p.  122.  Voy.  aussi  Juvenaî, 
2to8;   Viilaret,  xiij,  332,  385.) 

C'est  le  26  avril  i4.i5  qu'il  avait  été  fait  lieutenant  et 
capitaine  général  pour  le  fait  de  la  guerre.  (  Voy.l'édit 
au  Trésor  des  Chartres,  Mélanges,  l'^^part. ,  vol.  6, 
n°  22,  p.  207.) 

Armagnacs.        NoTE  '«') ,  p.  23.  Bu  comte  d'Armagnac 

(  Voy.  Laboureur,  1016.  )  —  Il  y  arriva  le  2g  dé- 
cembre. (Voy.  JuQenal,  4-12.) 

Le  12  février,  on  le  nomma  gouverneur  et  général  des 
finances  et  des  forteresses.  (Voy.  Juvenal,  l^.i'].) 

Note  '°^) ,  p.  23.   En  assiégeant  Harfleur 

Henri  avait  débarqné  le  i4-  août  i4i5  ,  et  mis  aussi- 
tôt le  siège  devant  celte  ville  ,  qui  promit  de  se  rendre 
si  elle  n'était  pas  secourue  avant  le  18  septembre  ,  et 
qui  se  rendit  en  effet  à  cette  époque ,  faute  de  secours. 
(  Voy.  Hume,  vi ,  80  ;  Laboureur,  ioo5.  Voy.  aussi  Vil- 
laret ,  xiij  ,  4^6.  ) 

Note  '°^),  p.  23.  Deux  victoires 

(  Voy.  Saint-Remi,  p.  io3  ;  Monstrelet  ,  t.  i ,  f  234; 
Juvenal,  4io;  Chron.  manusc,  536;  Villaret,  xiij ,  407-  ) 


Note  ''>^) ,  p.  23.   Traité  tellement  ignominieux. 


NOTES   DE  JEAX^E  d'aRC.  l3l 

On  n'en  a  connu  le  texte  qu'au  18^  siècle,  parla 
publication  du  Recueil  de  Rymer.  (Voy.  Villaret^  xiij  , 
4.10.)  —  On  peut  le  voir  dans  ce  Recueil^  t.  9,  p.  394; 
et  2^  édit. ,  t.  4-1  P^rt.  2  ,  p.  177  ;  et  dans  Kapin-Toiras  , 
iv,  Ifio.  —  Il  est  du  mois  d'octobre  i-4i6,  et ,  peu  de 
tems  après,  le  duc  de  Bourgogne  chercba  à  se  lier  avec 
le  daupbin  Jean,  dont  il  venait  de  jurer  la  perte  (Voy. 
ViUaret^  xiij ,  4-1^?    et  la  note  suivante.) 

Note  "^^),  p.  24..  La  mort  rapide  des  Jils  aînés  du  Roi.... 

Jean  ,  dauphin  ,  qui  avait  succédé  à  Louis  ,  mourut 
le  lundi  5  avril  i4i6  avant  Pâques  {Villaret^  xiij  ,  4i5, 
d'après  les  registres  de  la  chambre  des  comptes)  et  par 
conséquent  environ  six  mois  après  le  traité  dont  on  a 
parlé  à  la  note  104..  Rapin-Thoiras,  trompé  sans  doute 
par  la  différence  des  calendriers  (  Voy.  ci-dev.  note  i , 
n°  4-?  p-  101),  a  cru  que  c'était  six  mois  auparavant 
(Voy.  id. ,  iv,  4-58  et  4-6 1)  ;  et  Yillaret  l'en  reprend  avec 

raison Au  surplus  ,    il  ne  peut  y  avoir  le  moindre 

doute  sur  cette  époque  ;  car  Thomassin  ,  qui  était  alors 
à  Paris  ,  dit  (  f"  89)  le  5  avril  i4-i7i  ainsi  qu'il  le  devait 
faire ,  parce  qu'il  se  sert  du  calendrier  actuel. 

Observons  aussi  que  le  comte  d'Armagnac  avait  été 
débarrassé,  quelques  mois  auparavant,  d'un  autre 
personnage  redoutable,  au  moins  par  son  rang  et  son 
influence  ,  le  duc  de  Berri ,  mort  pendant  le  siège  de 
Harfleur.  (^Vil/aret,  xiij  ,4.07.) 

(  Note  "^^)  ,  p.  24..  Assuré  de  l'appui  du  troisième....  j^iy 

Voy.  Choisy,  4.74.;  Villaref.,  xiij  ,  891.  )  Charles(yiî) 

Dauphin. 

Note  '°:),  p.  24.  Que  les  Andai;i  enoahis.'ient 


l32  îsOTES   DE  JEATsNE  d'aRC. 

(Voy.  Saint -Rémi  ^  p.  ii3,  ii8;  Monstrekt ,  t.  i, 
f.  242,  24.7,  255,  258,  270  ;  Juvenal^  4io,  4%?  Villa- 
ret^  xiij ,  4^2  ;  Chron»  de  France^  323.)  Henri  Y  fit  sa 
descente  à  Toucque  ,  en  i4i6  ,  avec  une  armée  formi- 
dable.  (Voy.  Monstrelet^  d.  f.  242.) 

Note  '°^) ,  p.  24.   Que  le  duc  de  Bourgogne  soumette 

(^y oy.  Saint-Remi ^  p.  iio,  ii3;  Monstreletj  t.  i  , 
f.  247,  248.) 

Note  '^O)  ,  p.  25.  Pow  lui  donner  la  preuve 

Le  favori  d'Isabelle,  Louis  Bourdon  ,  fut  appliqué 
à  la  question  et  noyé,  par  ordre  du  roi  ;  et  Isabelle  re- 
léguée à  Tours  ,  où  elle  fut  rigoureusement  surveillée. 
(Voy.  Hume  ^  vi,  g4  ?  Saint-Remi  ^  107;  Monstrelet  ^ 
t.  I  ,  f.  239;  Jui>enal^  426;  Choisy^  486;  Villarct,  xiij, 
424;  Hénaut ^  ans  i4i5 — i4i8.) 

Note  "°) ,  p.  25.  Les  trésors 

(Voy.  Monstrelet ^  t,  1,  f.  239;  Hume,  vi ,  94; 
Chronique  manuscr. ,  539  '  ^^oisy.,  4^^  »  Villaret ,  xiij , 
425;  Hénaut,  ans  i4i5- —  i4i8;  Chronique  de  France  , 
323;   Saint-Rcmi ,  ^^7-) 

Jusqu 'au  tombeau 

(  Voy.  ci-après  note  345.  ) 

Note  "') ,  p.  25.  Le  connétable  les  aggrava 

(Voy.  Laboureur,  pag.  1019;  Saint-Remi  ,  p.  io5  , 
106,  118  •  Monstrelet,  tom.  i,  f.  23o  ,  234,  ^^7  ;  Jm- 
vénal  ^  42 ï  à  423,  427,  4^6,  44 1  5  Journal  de  Paris  ^ 
29  et  suiv.  y  Choisy,  484;  Villaret  ,  xiij  ,  386,  443  ?  4S5* 

i4iS.  Note"^),  p.  25.  Des  Parisiens  parviennent 

Rour^ui-     '  (Yoy.  Saint-Remi,    120;    Monstrelet ,    t.   i ,  f .   25q; 

gnons.  •' 


NOTES  DE  JEANNE   d'aRC.  î3* 

Journal  de  Paris  ^  38;  Choisy^  l^^^-^  Jmenal ^  l^l^o  {(\u\ 
dit  le  28  mai  )  ;  Villaret  (la  nuit  du  28  au  29  mai),  xiij, 
4.61  ;  Chronif/ue  de  France  ^  824  (le  29  mai  au  point  du 
jour). 

Note  "^),  p.  26.  La  journée  du  12  juin Massacres. 

(  Voy.  Saint  Rémi  ,  119,  121,  122;  Monstrekt  ^  t.  i  , 
f.  261  ;  et  sur-tout  Juvenal^  4-4-3  etsuiv.  ;  Chron.  manusc.^ 
541  ;  Journ.  de  Paris  ,  4-0  j  Choisy^  5 02.)  —  Le  corps 
du  comte  d'Armagnac  fut  traîné  dans  les  rues  pendant 
trois  jours.  On  l'avait  tailladé  ,  et  ceint  d'une  écharpe 
faite  avec  des  lambeaux  de  sa  chair.  (Voy.  Villaret^ 
xiij  ,  469;    Monstrelet,    ib.) 

Les  généraux  bourguignons  approuvaient  ces  hor- 
reurs. ^Voy.  Monstrclet  ^  ih.  ,  f .  261  ;  Choisy^  5o2  ;  Vil- 
laret ,  xiij ,  469-  ) 

Note  "^),  p.  26.   En  consacrer  d'autres 

(Voy.  Saint-Remi^  124  ;  Monstrelet  ^  t.  i,  f.  265; 
Juvenal  ^  l^l^.'j  ;  Journal  de  Paris  ,  4-5.  ) 

Note  '»^),  p.  26.  Capeluche 

(Voy.  Jupenal,  p.  4471  4-4^5  Chronique  de  France , 
325;    Choisy^^o%\    Villaret^  xiij,  474  ) 

Note  "^'),  p.  26.  Sûr...  delà  reine^  qui.,,  s'était  jetée.,.. 
En  1417.  Ç\  oj.  Saint- Rémi ^    116;    Monstrelet^  t.  i, 
f.  25i  ;  Chron.  manuscr. ,  539;    Villaret.,  xiij  ,  440'  ) 

Note  "?),  p.  26.  Parce  que  ,  dei^enus  maîtres  à  leur 

tour 

C'est  que,  pendant  ces  révolutions,  ils  continuaient 


l34  ÎSOTES   DE  JEAT>ÎÎ^E  d'aRC. 

leurs  conquêtes  en  Normandie  (  ils  prirent  Rouen 
en  14.18).  — (Voy.  Villarct^  xiij  ,  18  et  suiv.  ;  Saini- 
Remi^  i3o  ;    Monstrelet ,  t.  i  ,  f.  268.  ) 

Note  ''^),  p.  27.  D\m  senùteur  courageux 

Tanneguy-du-Châlel....  Il  enveloppa  Charles  VII , 
endormi,  dans  un  de  ses  draps,  le  porta  à  la  Ilastille  , 
et  le  conduisit  ensuite  à  Melun Cet  important  ser- 
vice ,  indi({ué  par  le  Journal  de  Paris  ,  p-  87,  est  raconté 
avec  détails  par  deux  autres  contemporains  {Saiut- 
ilemi ,  p.  120  ;  Juvenal  des  Ursins  ,  in-fol.  ,  p.  34-9  )  ,  et , 
d'après  eux,  par  les  auleurs  modernes,  tels  que  Clioisy, 
Soi  ;  Baudot,  t.  i ,  p.  61  ;  \illar  t,  xiij ,  4-63....  Ce- 
pendant Dulillet  (  liée,  des  Traités  ,  p.  319)  l'attribue 
au  chancelier  Rohert-le-Maçon ,  qui,  dit-il,  s'était 
démonié  ipour  Charles-,  et  il  cite,  p.  34-0,  des  lettres 
du  7  novembre  14.20,  où  Charles  fait  à  Pxobert  un  don 
pour  lui  avoir  sauvé  la  vie ,  lorsque  Paris  fut  surpris. 

Note  "9),  p.  27.  On  s'accorda....  les  Anglais  commen- 
çaient à  trembler.... 

Le  10  juin  i4-i9  7  selon  S aint-Remi  ^  i34.7  i35.  Mais 

c'est  le  II  juillet Voyez  Monstrelet.,  t.  i,  f.  273  ,  qui 

donne  le  traité;  etDutillet,  Rec.  des  Traités,  p  34-0  , 
qui  cite  le  registre  où  il  est  transcrit.  (  Voy.  encore  Ju- 
venal ,  4.68  et  suiv.;   Ckoisy.,  5i4-) 

i4iq.  Note  '=°),  p.  27.  Xe  duc  fut  massacré 

Mfurhe  (Voy,  Saint-Remi .,  i36  et  suiv.;  Monstrelet^  t.  i, 
f.  276  ;  sur-tout  Juvenal.,  p.  Ifi^  à  ^73.  Voy.  aussi  Chron 
jnanuscr. .,  566;  Choisy,  617  ;  Villaret^  xiv,  4.1  et  suiv.; 
Voltaire,  Essai  sur  les  Mœurs,  ch.  79;  Hénaut ,  an 
14^19  et  1420J   Chron.  de  France,  326,) 


NOTES  DE  JEAIMNE  d'aR6.  i35 

Note  '^'^,  p-  27.  Toutefois,  au  travers  des  contradic- 
tions.... des  récits ,  soit  des  témoins 

M"^  de  Lussan,  viij ,  333 — Sgo,  les  rapporte  avec 
assez  de  détails...  On  trouve  une  de  ces  relations ,  avec 
un  grand  nombre  de  pièces  justificatives  ,  à  la  suite 
du  Journal  de  Paris.  Enlin  ,  le  P.  Griffet  et  Saint-Foix 
ont  fait  de  longues  dissertations  sur  ce  point  de  notre 
histoire,  si  important  et  si  difficile  à  éclaircir.  (Voy. 
Daniel.)  vi,  ôSj  à  574;  Essais  sur  Paris .,  t.  3 ,  p.  3o3 
à  34.0.  ) 

Note  •==),  p.  27.  Charles  VII  ny  eut  aucune  part 

Hume,  vi ,  102,  dit  que  Textrême  jeunesse  de 
Charles  VII  laisse  douter  qu'il  fût  dans  le  secret  du 
complot. 

M"^  de  Lussan ,  t.  8,  p.  3gi ,  décide  nettement  qu'il 
dut  lui  être  communiqué  ;  mais  elle  ne  se  fonde  à  cet 
égard  que  sur  des  conjectures  auxquelles  on  peut  en 
opposer  d'autres  non  moins  fortes.  Que  répondre  en- 
tr'autres  à  ceci  ?  Charles  n'avait  rien  à  gagner,  et , 
au  contraire  ,  risquait  de  tout  perdre  ,  en  autorisant  ce 
forfait. 

Le  P.  Griffet  (Voy.  note  121)  paraît  se  rapprocher 
du  sentiment  de  M'*^  de  Lussan.  Saint-Foix  (Voy. 
même  note)  et  les  éditeurs  de  Voltaire  (même  ch.  79) 
soutiennent  avec  force  que  le  meurtre  de  Jean  ne  fut 
que  l'effet  d'un  hasard,  et  il  est  difficile  de  répondre 
à  plusieurs  de  leurs  observations. 

Note  '=^2) ,  p.  28.  Par  des  remords  ou  des  alarmes 

(  Voy.  Laboureur,  p.  627  ;  Choisy.,  329  ,  622.  ) 


Note  '-'^>,  p.  2g.  Etait  un  bien  faible  ennemi. 


l36  KOTES  DE  JEA^^E  d'arc. 

L'opinion  générale  était  qu'il  ne  pourrait  leur  ré- 
sister. (  Yoy.  Saini-Remi^  \[^i  ;  Monstrekt  ^  t.  i,  f.  :i86.  ) 

—  Il  paraît  que  le  dauphin  le  craignait  lui-même  ,  puis- 
qu'avant  le  meurtre  de  Jean  il  avait  négocié  avec 
Henri  V,  et  consenti  à  renouveler  le  traité  désastreux 
de  Breligny.  (Voy.  Dutillet ,  Rec.  des  Traités,  819 , 
320  ,  34.0  et  341.) 

1420.  Note  '^^),  p.  29.  Au  roi  d' Angleterre 

Traité  Traité  de  l>oyes...  Il  est  dans  Saint-P^emi ,  p.  i43, 

roje...  ^j  dansYii'iaret,  xiv,  %[^.v  (Voy,  aussi  Monstrelet,  t.  i, 
f.  288  à  291;  Journal  de  Paris ^  63;  Choisy,  53o  ; 
Lussan,  ix  ,  ^5  etsuiv.  ) 

Jugement  du  dauphin....  (  \  oy.  Saint-Remi ,  i53; 
Monstrelet,  t.  i,  f-  298,  3o2  ;  Juvenal ,  4-^7;  Clioisy^ 
538  ;  Lussan  ,  ix,  196  ;  Bapin ,  iv,  497  ;  Hénaut ,  an  1420  ; 
Dutillet ,  Rec.  des  Traités ,  34i  ;  Voltaire  ,  Hist.  du  Par- 
lement^ ch.  6  ;  et  sur-tout  ViUaret  ^  xiv,  106  à  109.) 

Guerre  ÎSOTE  »=^) ,  p.  29.  Heureusement...  Henri  fut  obligé..... 
Il  prit  auparavant  plusieurs  places  fortes,  telles  que 
Sens,  Montereau  el  ^\ç\nx\  ÇW o^- .  Saint-R^emi .,  i45  et 
suiv.;  Jui>enal.,  /^jS  à  486;  Choisy,  532  ',  Monstrelet .,  t.  i, 
f.  291  à  294);  et  il  ht  ,  avec  la  maison  d'Albret ,  un 
traité  qui  mettait  la  Guienne  à  l'abri  d'une  iovasioft. 
(Voy.  Rymer,  x,  ^i  et  4^  ;    Rapin-Thoiras ,   iv,  5o2.) 

—  La  prise  de  Melun  priva  Charles  d'un  de  ses  plus 
habiles  et  plus  vaillans  guerriers  ,  Barbasan  ,  qui  y  com- 
mandait ,  et  qui  ne  fut  délivré  qu'en  1429  pendant  l'ex- 

'••   Il  est  e'galement  au  tre'sor  des  Chartres,  Mélanges  ^  vol.  g  , 
»      pag.  i65. 


péclition  de  TIsle-de-France  ,  et  après  celle  d'Orléans. 
(  Yoy.  Wlonsirekt ,  t.  i ,  f.  298  ;  t.  2  ,  f.  4-9  7  v''.  ) 

Note  '=7),  p.  29.  Il  avait  besoin  d'argent  et  de  ren- 
forts  

(^\  oy.  Saint-Remi^  i52;  Hume  ^  \i ,  iio;  Smolktt , 
vij ,  555;  Monstrelet ^  t.  i  ,  f.  299,) 

Notes  '=^*'  '^'S  ) ,  p.  29.  De  nous  envoyer  des  troupes..,. 

Sept  mille  hommes.  (  Voy.  Hume,  vi ,  112;  Hé- 
naut,  an  14.21.)  —  Quatre  mille,  dit  Choisy,  54-6;  et 
Lussan  ,  ix  ,  2  54* 

Note  '^'^),  p.  29.    Qui  dura  (Quatre  ou  cinq  mois 

Henri  V  partit  à  la  fin  de  janvier,  et  revint  au  mois 
de  juin.  (  Voy.  Saint-Remi ,  i5i  ,  i54.;  Lussan  (  le  1 1 
juin),  ix ,  208,  217,  288;  Monstrelet ,  t.  i,  f.  299 
(celui-ci  ,  f*^  3o3 ,  fixe  son  retour  à  la  veille  de  Sainte- 
Barbe).  Villaret,  xiv,  ii5,  place  mal- à-propos  son 
départ  sous  l'année  14.21,  * 

*  Ce  point  d'histoire  e'tant  assez  important  ,  nous  avons 
examine  avec  soin  tous  les  actes  publics  de  Rymer  (t.  10  ;  2*^ 
ëdit  ,  1.4»)  qui  tendent  à  le  déterminer.  Le  dernier  acte 
de  Henri  en  France  est  daté  de  Rouen  ,  le  3o  janvier  1420  (  et 
142 1  ,  nouveau  style  )  ,  et  le  premier  du  conseil  après  son  de'part 
est  du  8  fe'vrier,  (  t.  10  ,  p.  60.  )  Le  12  de  ce  mois  ,  il  y  a  un 
acte  de  Henri  daté  de  ^Vestminstcr,  (  ï6.  ,  p.  62  ).  Les  derniers 
actes  de  son  séjour  en  Angleterre  sont  datés  de  Douvres  ,  les 
9  et  10  juin,  et  le  premier,  après  son  retour  en  France,  est 
daté  de  Rouen,  le  17  juin,  (  p.  117  à  i3i.  )  Ainsi  il  partit 
le  3i  janvier  ou  un  des  premiers  jours  de  février  1420,  et  revint 
en  France  du  10  au  16  juin  1421,  aubout  d'environ  quatre  mois 
et  demi. 


lOÔ  TsOTES  DE  JEAINÎ^E  D  ARC. 

Bataille  NoTE  '^'),  p.  2g.    La  hataille  de  Baugé 

3"8*^*  A  environ  huit  lieues  E.  d'Angers  ,  que  les  Anglais 
assiégeaient  (ils  levèrent  le  siège  après  la  bataille).,.. 
Le  duc  de  Clarence  y  fijt  tué.  (Voy.  Saint-Remi ^  t53; 
Hume ^  vi ,  i  j3  ;  Choisy^  54-6  ;  Lussan^  ix  ,  257  et  suiv.). 
Elle  se  donna  le  jour  de  Pâques  i4-2i ,  selon  Saint- 
Kemi ,  i53;  et  la  nuit  de  ce  jour,  selon  Monstrelet, 
t.  I,  f.  3o2  ;  et  la  veille  (ou  22  mars  14.20),  selon 
Juvenal,  4^91  ;  Chron.  manuscr.^  55o;  Lussan ,  ix,  aSg; 
et  Chron.  de  France,  327,  v". 

N.  B.  C'est  en  effet  la  veille  :  Anlè  diem  Paschœ  proxi- 
ma  prœteritœ^  disent  des  lettres  datées  de  Rouen  le 
3  avril ,  dans  Rymer,  x  ,  g5. 

L'armée  française  se  porta  ensuite  en  Normandie,  et 
mit  le  siège  devant  Alençon  ;  mais  ,  au  bout  de  quel- 
ques jours  ,  Salisbury  le  lui  fit  lever  ,  et  elle  se  retira  , 
partie  en  Anjou  ,  partie  vers  le  pays  Chartrain. 
(  Voy.  Monstrelet ,  t.  1  ,  f.  3o3.  ) 

1  i2i .  Note  '^=),  p.  2g.  Une  armée  de  quarante  mille  hommes.... 
Hume  dit  seulement,  et  d'après  Monstrelet  (cb.  24.2), 
vingt-quatre  raille  archers  et  quatre  mille  hommes  de 
cavalerie;  mais  Monstrelet  {iùld')  parle  de  quatre 
mille  hommes  d^arjnes.,  ce  qui  fait  supposer  un  nombre 
plus  considérable.  Peut-être  est-ce  la  faute  du  traduc- 
teur de  Hume.  Smollett ,  qui  paraît  pourtant  avoir  éga- 
lement consulté  Monstrelet  ,  évalue  l'armée  de  Henri 
à  trente  mille  hommes  (Voy.  idem.,  liv.  4-^  ch.  3,  t.  7, 
p.56i),  ainsi  que  Saint-Kemi  ,  p.  i52.  Quant  aux 
hommes  d'armes,  voy.  Baudot^  t.  i  ,  préf. ,  p.  11. 

Note  '33)  ^  p.  2g.   //  (Henri  )  s'empara  de...  Meaux..^ 


ÎSOTES   DE  JEÂ^IxE  D'ArxC.  l^^ 

Fin  d'avril  i4-22.  (Voy.  Saint-Remi ,  1^7 — 161; 
Monstrelet^  t.  i  ,  f.  3i5.)  —  Le  traité  de  reddition  est 
au  Trésor  des  Chartres^  sous  la  date  du  2  mai.  (  Voy.  id. , 
Mélanges,  vol.  9,  n.  ^21  ,  p.  168. ) 

Note  '^4)  ^  p.  3o.  Une  multitude  de  petites  villes 

(  Voy.  Saint- Rémi  ^  161,  162;  Monstrekt  ^  t.  i, 
p.  309,  3i5;  Dulillet,  Rec.  des  Traités^  p.  S^^.  ) 

NOTE*^^),  p.  3o.   Auprès  de  Saint-Riquier ///.de 

C'est  ce  qu'on  nomme  la  bataille  de  Mons-en-Yimeu       "     '^1"*^^* 

(  à  environ  deux  lieues  au  N.  E.  d'Abbeville  ).  Elle  se 

se  donna  le  3i  août  14.21.    (^oy.   Saint-Remi ^    i55  ; 

Monstrclei ,    t.   i  ,    f.    3o5   à  309  ;    Lussan ,  ix ,    307   et 

siiiv.  ;    V'iïlaret  ^  xiv,  i36.  ) 

Note  '^'^),  p.  3o.  Bans  les  environs 

Depuis  Paris  jusqu'à  Boulogne.  (Voy.  Monstrekf^ 
t.  .,f.3i7.) 

Note  '^7),  p.  3o.  Déjà  les  efforts  des  alliés  rommen-   ^/^^ 
çaicnt.... 

Août  1422...  Charles  leva  le  siège  de  Cosne  sans  les 
attendre.  (Voy.  Saint-Remi  ^  162;  Monstrelet^  t.  i  , 
f.  320;  Chron.  manuscr.^  553;  Chron.  de  France^  328; 
Pierre  Defenin  ,  dans  l'édit.  in-fol.  de  Juvenal,  p.  -493. 
Voy.  aussi  Choisy^  555.)  — Villaret,  xiv,  i53,  dit,  au 
contraire,  mais  on  ne  sait  sur  quelle  autorité  ,  que 
Charles  voulait  livrer  bataille,  malgré  l'inégalité  du 
nombre;  qu'on  eut  bien  de  la  peine  à  lui  faire  aban- 
donner cette  résolution  courageuse  ,  mais  impru- 
dente ,  etc..  Cette  fiction  romanesque  est  détruite  par 
le  témoignage  uniforme  des  auteurs  précédens. 


îl 


ceiifcnri 


1^.0 

^loT\  Note  '2^),  p.  3o.  Qu'il  fut  attaqué  de  la  fistule  (ou 

mal  de  saint  Fiacre).... 

Hume,  vi,  117,  l'affirme.  (Voy.  aussi  Monstrelet ^ 
t.  I,  f.  321  ;  Juç>enal^  4^97  5  Chron.  manuscr.^  553; 
Lussan^  ix,  372,  3g6  ;  Amelgard  ,  Notice  des  Manuscr.  , 
t.  I  ,  p.  4i5  ;  Chron  de  France^  328.  ) 

Villaret,  xiv,  157,  suit  l'opinion  dw  secrétaire  de 
Henri  V,  selon  lequel  ce  roi  mourut  d'une  pleurésie; 
mais  cette  opinion  ne  serait  vraisemblable  qu'autant 
que  la  maladie  n'aurait  duré  que  peu  de  jours  ;  et  il 
paraît,  au  contraire,  certain  qu'elle  dura  au  moins  un 
mois,  parce  que  Henri  en  fut  atteint  peu  de  tems 
après  son  départ  (avec  son  armée  )  ,  et  qu'il  mourut 
le  3i  août.  Or,  son  départ  ne  dut  guère  avoir  lieu  que 
vers  le  milieu  de  juillet.  On  sait  en  effet  que  le  duc  de 
Bedfort,  qu'il  détacha  en  avant  aussitôt  qu'il  fut 
tombé  malade  (Voy.  Chron.  de  France^  328;  Rapin— 
Thoiras^  iv,  i63  ;  Villaret^  xiv,  i53),  arriva  le  27  juillet, 
avec  beaucoup  de  troupes,  à  Auxerre,  d'où  il  repartit 
le  4  août  pour  se  rendre  à  Vezelay,  où  était  le  rendez- 
vous  général  de  l'armée  des  alliés.*  (Voy.  Lebœuf, 
Hist.  du  Diocèse  d'yluxerre  ^  ly^^,  t.  2,  p.  279,  280.) 

Rapin-Thoiras,  ibid ,  etSmollett,  vij ,  565,  parlent 
d'une  dyssenterie ,  mais  sans  citer  d'autorité. 

Note  ^^0) ,  p.  3o.   Une  province  de  son  Empire.... 

Hume,  vi,  ii5,  dit  que  les  armes  des  alliés  mena- 
cèrent Charles  d'une  ruine  totale.  (  Voy.  aussi  ci- 
devant  note  124  ,    p.  i35. ) 

*  Si  l'on  lit  avec  attention  le  re'cit  détaillé  de  Monstrelet, 
lom.  I  ,  fol,  320  et  021  ,  on  verra  qu'il  confirme  nos  conjeç--- 
turcs. 


NOTES  DE  JEANNE  d'àRC.  l /{l 

Note  '^°) ,  p.  3i.  A  deux  gouverneurs  di/férens.... 

Bedfort  était  régent,  sous  le  titre  de  protecteur; 
mais  ,  en  son  absence  ,  le  duc  de  Glocester,  son  frère, 
jouissait  en  Angleterre  du  même  titre  et  de  la  même 
autorité  ,  tempérée  toutefois  par  un  conseil  qu'avait 
choisi  le  parlement.  Bedfort  avait  en  France  le  titre 
de  régent    (  ^  oy.  Rcipin -  Thoiras ^  iv  ,  187;  Hume,  vj , 

l32.) 

Quant  aux  divisions... ,  voy.  ci-dev.  le  texte,  p.  ^i. 

Note  •^') ,  p.  3i.  La  mort  de  Charles  VI....  MotIûq 

(  Yoy.  Saint-Remi.,  166;  Monstrekt,  t.  i  ,  f.  828  ; 
Juoenal,  ^99  (il  ^^^  1^  20  octobre)  ;  Thomassîn  (le  19), 
87;  Lussan  (du  21  au  22),  ix,  4-25.)  —  Chartier, 
p.  2  ;  le  Journal  de  Paris  ,  p.  88  ;  VHist.  de  la  Pucelle  , 
p.  481 1  et  la  Chron.  de  France  ,  f.  828  ,  disent  le  vingt  un. 

Note  '^''),  p.  3i.    Que  par  une  espèce  de  miracle Charles  VIL 

Les  ennemis  se  croyaient  si  sûrs  du  triomphe ,  qu'ils 
donnèrent  dès-lors  à  Charles  YII,  et  par  dérision,  le 
titre  de  roi  de  bourges.  (Voy.  Thomassin ,  91  ;  Da- 
niel, vij ,  7;  Lussan,   ix  ,  4-3^5    Chron.  de  France,  828.) 

Note  *^^>,  p.  3i.  Charles  possédais. ...  État  des 

(Yoy.  V  Atlas   historique   de   Rizzi-Zannoni ,    et  ci-   deux  psrds. 
après  note  198.) 

La  Provence  et  l'Anjou  appartenaient  au  roi  de  Si- 
cile (  Voy.  ci-après  note  i44)  1  le  Maine  ,  à  son  frère 
Charles  d'Anjou;  le  comté  d'Etampes,  à  Jean  de 
Bourgogne  ,  comte  de  Nevers ,  fils  du  troisième  fils  de 
Philippe-le-Hardi,  et  cousin-germain  de  Philippe- 
le-Bon.  (Yoy.  Longuerue,  Descript.  de  la  France,  part,  i, 
p.  344?  9^  et  2^;  Anselme,  Généalogies,  t.  i,  p.  252.  ) 


1^2  NOTES  DE   JEANNE  d'aRC. 

Note  >43*'.),  p.  32.  Dans  les  provinces  soumises  à 
Charles,  il  y  aimit  beaucoup  de  forteresses 

Lits  Anglais  en  avaient  aussi  (et  jusque  dans  la  sé- 
néchaussée de  Toulouse)  qu'ils  possédaient  encore 
en  i4.3o.  (  Voy.  B.  Vaisselle^  iv,  476,  4-69.) 

N0TE'^^>,  p.  82.  Divers  c liens 

Tels  étaient  encore  le  duc  de  Savoie.  {^Yoy.  Lussan  ^ 
ix,  4-20  ;    Daniel ^  vij ,  88.  ) 

Charles,  au  contraire,  avait  été  privé  depuis  deux 
ans  des  secours  du  plus  puissant  des  siens  ,  Louis  111 , 
comte  de  Provence ,  duc  d'Anjou,  roi  de  Sicile.  Ce 
prince  ,  qui  avait  conduit  à  Naples  presque  toutes  ses 
troupes,  en  i4-20  ,  ne  revint  en  France  qu'en  1^29, 
après  l'expe'dition  d'Orléans  et  pendant  celle  du  sacre. 
(F.  M ùnstrelet ,  t.  i,  f. 294  ;  Villaret,  xiv,  11 4- et  412.) 

NOTE»^^)  ...p.  ?)2..  De  la  Bretagne...  une  sorte  de  neutralité. 

Le  duc  de  Bretagne  s'était,  il  est  vrai,  allié  avec 
Charles  Vil  en  14.21  -,  mais  il  se  borna  à  un  léger  se- 
cours qu'il  lui  avait  fourni  aussitôt  après  la  conclusion 
du  traité ,  parce  qu'il  prétendit  que  Charles  n'en  avait 
pas  rempli  les  conditions.  {^V.  Morrice  ,  Histoire  de 
Bretagne  ,  t.  i ,  p.  4-8^ •  ) 

Les  provinces  septentrionales... 

(^Voy.  Juvenal^  4^77')  P^rmi  ces  provinces ,  la  Nor- 
mandie ,  eu  égard  aux  ressources  qu'elle  procurait , 
était  considérée,  même  sous  Louis  XI,  comme  équi- 
valente au  tiers  de  la  monarchie.  {V.  Villaret,  xvij ,  170.) 

Note  '^^).  p.  33.  Comparable  «...  Paris.... 

La  seule  possession  de  la  capitale  donnait  un  grand 


NOTES  DE  JEAKNE  d'aRC.  Il\5 

avantage  aux  alliés ,  parce  que  sa  population  et  ses 
richesses  leur  procuraient  des  secours  continuels  en 
hommes  et  en  argent.  Au  surplus ,  les  efforts  que  firent 
successivement  et  pendant  plus  de  trente  années  les 
Armagnacs  et  les  Bourguignons,  les  Anglais  et  les 
Français,  pour  s'en  emparer,  prouvent  combien  on 
attachait  d'importance  à  cette  possession.  (Voy.  aussi 
Journal  de  Paris,  170;  ci -api  es,  notps  229  et  23o.  ) 
«  De  la  possession  de  cette  ville  ,  dit  Bedfort  (Instruc- 
tions citées  ci-après ,  noie  335  )  ,  despend  reste  seignourie 
(  le  royaume  de  France).  » 

Au  tems  de  la  guerre  du  bien  public  (  i4.65), 
Louis  XI  disait  que  «  s'il  y  pouvait  entrer  le  premier, 
n  il  se  sauverait  et  avec  sa  couronne  sur  sa  tête  ;  mais 
i>  que  si  ses  ennemis  y  entraient  les  premiers  que  lui, 
»  il  serait  en  danger.  »  (Voy.  Villaret,  xvij ,  82.) 

Note  '^7),  p.  33 .  Lorsque  l'Ecosse  envoyait  des  troupes... 

Jacques  1«%  roi  d'Ecosse,  fut  pris  sur  un  vaisseau 
en  14077  et  retenu  (contre  le  droit  des  gens,  car  on 
était  alors  en  trêve)  prisonnier  en  Angleterre  jusqu'en 
1423  ;  mais  la  régence  de  son  royaume  n'en  fut  pas 
moins  zélée  pour  les  intérêts  de  la  France.  {F.  Hume, 
vi ,  32  ,  143  ;  fillarel ,  xiv  ,  I23.  ) 

Au  reste ,  il  était  de  l'intérêt  des  Ecossais  d'empêcher 
que  nous  ne  fussions  asservis  à  l'Angleterre,  et  Charles 
d'ailleurs  les  comblait  d'honneurs  et  de  grâces.  (  V.  Hume, 
vj,  iio,  142.) 

N.  B.  Ces  remarques  sont  confirmées  par  le  trésor 
des  Chartres  {Mélanges,  vol.  g,  art.-  Ecosse).  Nous  y 
trouvons,  1".  Deux  confirmations  des  traités  anciens 
avec  la  France ,  datées  de  Perth  et  Sterling,  les  6  jan- 


I  44  NOTES  DE  JEAîsNE   d'^RC. 

vler  14077  et 6 octobre  1426.  (/è/J.,  n^^  I9et20,p.3g2.) 
2».  Deux  procurations  pour  les  renouveler,  datées  de 
St.-Jean  ,  le  12  juillet  1428.  {Ib/'d.^  n»*  22  et  23.) 
S*'.  Un  traité  fait  à  Chinon,  le  10  novembre  1428,  où 
Charles  YII^  en  cas  que,  par  le  moyen  de  Jacques  I^"", 
il recoui^re  son  royaume^  s'oblige  à  lui  donner  le  duché 
de  Berri  ou  le  comté  d'Evreux.  (//5»/J. ,  n»  27,  p.  393.) 
Enfin  on  voit  aussi  dans  Dutillet  (^Rec.  des  Traités, 
p.  358,  359,  36i  et  362)  la  notice  d'un  grand  nombre 
de  traités,  accords,  dons,  etc.,  entre  les  mêmes,  depuis 
1422  jusqu'à  1428. 

Note  '^S)  ,  p.  34-  Talbot  et  TVarwick.... 
Ajoutez  Arondel...  Hume  les  regarde  comme  les  plus 
célèbres  généraux  de  ce  siècle.  (  Voy.  idem  ,  vi ,  i34-) 

Note  '^9) ,  p.  34-  Les  exacteurs  retenaient  une  partie.... 
(Voy.  Jm^enal ,  47^-) 

Note  '^'^),  p.  34-  J^e  hausser  et  abaisser  les  monnaies.... 

C'était  un  système  très-commun  dans  ce  siècle.  Il 
serait  trop  long  de  citer  tous  les  exemples  que  les  auteurs 
en  rapportent.  (Y.  entr'autresJz/c^wrt/,  56  ;  C/toisy,  169;^ 
Monstrekt ,  t.  i,  f.  3o2  ,  3o4,  3i6;  Villaret ,  xiv,  i3i  ; 
Chartier,  86.  — Yoy.  aussi  J).  Vaissetie,  iv ,  46i.) 

Note  '^0,  p.  34-  Voilà  les  seuls  alimens  de  son  trésor... 

On  cite  des  exemples  bien  frappans  de  la  détresse  du 
roi.  Le  chapelain  qui  s'aida  au  baptême  de  Louis  XI 
(juillet  1423 )  devait  gagner  les  vases  d'argent  em- 
ployés à  la  cérémonie.  On  les  dégagea  pour  40  livres, 
et  l'on   ne  put  acquitter  cette  somme  qu'à  la  fin  de 


KOTES  DE  JEÂÎiNE  d'aRC.     ,  I  4^ 

l'a«née.  (Voy.  Villaret,  xiv  ,  285.)  En  i4-29,  lorsqu'il 
fut  question  de  ravilailler  Orléans  ,  le  trésorier  de  la 
reine  n'avait  que  quatre  écus  en  caisse.  (  Yoy.  Lacerdy, 

3i4:.) 

Note  «^«tis)  ^  p_  35^  //^  Charles)  assistait  quclijHef ois   Conduile  de 
à  des  expéditions Charles. 

En  i4iB,  aux  sièges  de  Tours  et  d'x\zay  près  l'ours 
(Voy.  Chronique  de  France,  32^,  325)  ;  en  14.19  et  1420  , 
à  ceux  de  Nîmes  et  du  Saint-Esprit  ;  en  il^^i  ,  à  ceux 
de  Béziers,  de  Sommière  près  Nîmes  (Voy.  D.  Vaissette^ 
iv,  453,  4^7»  4^8),  de  Chartres,  et  de  quelques  places 
du  Perche  et  environs  (Voy.  î^iliaret,  xiv,  i25  ,  i3o)  ; 
en  1422 ,  à  celui  de  Cosne.  (J^oy.  ci-dev,  note  iSy.  )  De- 
puis cette  époque  jusqu'à  l'expédition  du  sacre  (  1429  )  , 
il  ne  paraît  pas  qu'il  se  soit  montré  à  l'armée. 

Note  '^=>,  p.  35.  Et  à  ses  faooris.  Tandis  que  ses  guer-   Ses  favoii.s. 
riers 

(  Voy.  sur  tout  cela  ce  que  nous  disons  au  texte  , 
ci-dev.  p.  44?  4^7  5o,  etc. — -  Voy.  aussi  Laverdy .,  534; 
Smollett,  viij  ,  12.) 

Note  ••^^),  p.  35.   Contre  ses  propres  généraux 

(  Voy.  ce.  que  nous  disons  au  texte,  p.  80.  ) 

Note  '^4)^  p,  35.  Par  leurs  vices 

(Fo/.  Chartier,  i3.  —  Voy.  aussi  ce  que  nous  disons 
au  texte ,  p.  43  et  440 

Charles  VII  eut  pendant  dix -sept  ans  pour  surin- 
tendant du  Languedoc,  c'est-à-dire  de  la  province 
d'où  il  tirait  la  plus  grande  partie  de  ses  ressources, 
Guillaume  de  Champeaux,  éveque  de  Laon,  qu'il  fut 

10 


i46 

enfin  obligé  de  destituer  (  oi  décembre  144*  )•  Cet 
évêque  V endommagea  de  six  à  sept  cent  mille  écus ,  somme 
effrayante  pour  le  tems....  et,  peu  satisfait  de  tels  pro- 
fits ,  commit  plusieurs  crimes ,  conspira  contre  le  roi , 
et,  malgré  ses  ordres  réitérés  à  plusieurs  reprises  ,  se 
maintint  long-tems  dans  ses  fonctions.  (Yoy./c^ie/Z/ri 
de  destitution ,  àa^ns  D .  V aisseite  ,  iv  ,  preuves,  4^1) 

Note  ■^^),  p.  36.   Un  tout  autre  homme 

{Voy.  l'éloge  que  nous  faisons  de  lui,  au  texte  ,  p.  8f 
et  suiv.  ) 

Note  '^^),  p.  Sj.  Vers  la  fin  de  1422 

Le  i4  févr.  (Voy.  Si.  Remy,  167.) — Vers  la  fin  de  1422. 
(Yoy.  Histoire  chronologique,  328. —  Villaret,  xiv,  273.)  — 
Monstrelet,  t.  2 ,  f  2 ,  dit  le  14  janvier. 

Note  '^7),  p.  37.  Le  favori  chargé...  de  les  distribuer... 
(Voy.  Villaret,  xiv,  273,    d'après  une   chronique 
manuscrite.  ) 

Note  '5^),  p.  37.  Les  assiégés  furieux...  la  garnison  de 
passer 

Ou  au  moins  une  partie  des  chefs  de  la  garnison. 
(  Voy.  à  ce  sujet  Monstrelet,  t.  2  ,  f.  2  et  3  ;  Journal  de 
Paris ,  92  5  Villaret,  xiv,  275.  ) 

1423.        Note  '^9),   p.  37.  Charles reçoit  des  renforts  de 

r  Ecosse 

(  Voy.  Villaret,  xiv  ,  281.  ) 

Il  paraît  qu'il  en  avait  aussi  reçu  de  l'Espagne.  (  Voy 
Serry ,  370.  ) 


NOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  l^'J  * 

Note  "^°),  p.  38.  A  assiéger  Crevant  (^  ou  Craifant') Bataille 

T^'  >  I         Ml         ^7        .  /       Ti  de  Crevant 

(Foj. ,   quanta  cette  bataille  ,   (Jiartier ,    4;    Berry , 

370  ;  Histoire  de  la  Puce/le,  4B3  ;  Chronique  mss. ,  555  , 
et  sur-tout  Monsirelei ,  t.  2  ,  f.  7.  ) 

Elle  se  donna  le  3i  juillet.  (  Voy.  D.  Plancher,  Hist. 
de  Bourgogne,  t.  4?  p-  74  ^t  75  ;  Monstrelet  dit  au  com- 
mencement de  ce  mois.  ) 

Note  'Cobis)^  p  33^  Trois  mille  Français  sont  tués  ou 
pris 

C'est  Tévaluation  la  plus  commune.  (^Voy. Chronique 
de  France,  33o  ;  Chartier ,  l^\  Hist.  de  la  Punelle,  483; 
Vlllaret,  xiv,  283.  ) 

Berry^  370  ,  dit  huit  cents  à  mille  ;  les  registres  du 
parlement  (  dans  Vlllaret,  ib.  )  ,  plus  de  trois  mille  tués  ; 
le  Journal  de  Paris,  p.  94,  six  mille  cinq  cents  tués,  pris 
ou  noyés;  Claude  de  Chasiellux,  gouverneur  de  Crevant , 
quatre  à  cinq  mille  morts,  pris  et  emmienés.  —  Voy. 
deux  Actes  du  6  août  i4i3  (  six  jours  après  la  bataille)  , 
dans  Lebœuf ,  Hist.  du  Dioc.  d'Auxerre,  t.  2  ,  preuves, 
n»^-  383  et  384,  p.  3i5.  ) 

La  perte  de  la  bataille  entraîna  celle  de  Mâcon,  dont 
les  Français  s'étaient  récemment  emparés.  (  Voy.  Vll- 
laret,  xiv,  281,  284.) 

Note  '^'),  p.  38.  De  resserrer  les  nœuds....  en  épousant 
sa  sœur 

Traité  du  17  avril  i423.  (  Voy.  Monstrelet,  t.  2,  f .  4  ; 
Dutillet,  Rec.  des  Traités,  p.  343.)  KUe  fut  demandée 
au  mois  de  février  1422 ,  fiancée  au  mois  de  mai  1428, 
et  mariée  au  mois  d'octobre  ,  selon  l'état  des  officiers^ 
p.  209,   note  ^). 


i48 

Bataille  de  NoTE  »^^),  p.  89.  A  la  Graveîle 

la  Gravelle. 

L^ Abrégé  Chronologique,  p.  $28,  et  Monsirelet^  t.  2.^ 

£  4î  placent  cette  bataille  vers  la  fin  de  14.22,  et  par 

conséquent  avant-  celle  de  Crevant.  —  Cliartier,  p.  4 

à  6;   Berry,  p.  Syo  ;  V Histoire  de  la  Pucelle ,   p.   4^3; 

lu  Chronique  de  France ,  f.  33o  ;  et  Dom  Plancher ,  t.  4  ? 

p.  78,  la    placent  après  celle  de  Crevant.  ISlous  avons 

suivi  cette  opinion.  Chartier  et  l'historien  de  la  Pucelle 

paraissent  baeucoup  mieux  instruits  que  les  autres  des 

détails  de  l'action,  et  Berry  dit  positivement  qu'elle 

eut  lieu  après  celle  de  Crevant. 

iV^  B.  La  Gravelle  est  près  de  Laval.  (  Yoy.  Cliar- 
tier, p.  6.) 

Idem  de  la        NoTE  »63)^  p.  36.  J  la  Bussière 

Busslère. 

(  Voy.  Chronique   de  France  ,  f.  33o  ;  Berry  ,   870  ; 

Histoire  de  la  Pucelle^  486  ;  Histoire  Chronologique,  328.) 
Elle  se  donna  après  la  bataille  de  Crevant.  (  Yoy.  JDom 
Plancher  (il  dit  le  27  août),  iv,  77  et  78;  Etat  des  Offi- 
ciers, p.  201  ,  202  ,  2i3  ,  aux  Notes.  )  * 

Note  '^^),  p.  39.   Une  armée...  fournie  par...  les  Ecos- 
sais... 

(  Voy.  Berry,  870  ;  Villaret,  xiv  ,  291.  ) 

ï4a4-        Note  *^^),  p.  39.  Envoyé  par  le  duc  de  Milan 


eau- 


*  Selon  quelques-uns  de  ces  auteurs ,  la  Bussière  est  en  B 
jolais  ;  selon  d'autres ,  en  Maçonnais.  Nous  avons  suivi  ce 
dernier  sentiment  dans  notre  2«  carte.  Au  reste  la  mt'prise  des 
premiers  est  peu  étonnante ,  parce  que  la  Bussière  est  près  tV^ 
la  frontière  du  Beaujolais 


ÎÎOTES  DE  JEANISE  d'aRC.  i49 

Six  cents  lances  et  mille  hommes  de  pied.  (^oy. 
Bcrry  ,  870.  ) 

Ce  duc  était  Philippe-Marie  Visconti ,  frère  de  Ya- 
lentine,  morte  en  1408,  quatre  mois  après  l'assassinat 
de  son  époux,  Louis,  duc  d'Orléans...  Il  fut  toujours 
attaché  à  Charles  VIL 

KoTE  '66)^  p.  3g,  Dix-huit  mille  hommes 

Hume,  vj ,  14.6  (d'après  Monstrelet,  t.  2,  p.  i/j. , 
et  Grafton  ) ,  dit  i4.,ooo  hommes,  dont  la  moitié 
étaient  Ecossais.  Même  nombre  dans  Daniel,  vij ,  17. 
Yillaret ,  xiv  ,  297  ,  le  porte  à  20,000  hommes.  Le 
Journal  de  Paris,  p.  99  ,  et  Monstrelet ,  t.  2  ,  f.  i3,  en 
comptent  18,000. 

Note  '^7),  p.  39.  ylu  milieu....  d'août....  Bafaille 

Le  jeudi  17.  Monstrelet ,  t.  2  ,  f.  i4  ,  et  Thomassin  ,    de  Yerneulî 
f.  91.  —  La  Chronique  de  France ,  f.  33 1  ,  et  Daniel, 
vij ,  18 ,  disent  le  16;  et  Hume,  vj ,  i48,  le  25  (peut- 
être  est-ce  une  faute  d'impression  ). 

Note  ^^^\  p.  39.  La  supériorité  des  généraux  ennemis... 
Il  faut   ajouter   l'imprudence    et   l'indiscipline    des 
Français.  (  Voy.  Hume  ^  vj ,  149;  Beriy  ,  3jo.  ) 

Note  '^9),  p.  89.  Les  Français...  furent  défaits... 

(  Voy.,  sur  la  bataille  de  Verneuil,  Chariier,  p.  9  ; 
Berry ,  170  ;  Histoire  delà  Pucelle,  487  ;  Journal  de  Paris  ^ 
97;  Hume,  vj ,  iSo;  Daniel,  vij,  18;  Monstrelet,  t.  2, 
f  1 3  à  1 5  ;  Villarel  ,  xiv  ,  296  ;  Chronique  de  France , 
â3i. 

Quant  au  nombre  des  morts  ,   Hume  n'en  compte 


l5o  TîOTES  DE  JEAN15E  d'aRC. 

que  4ooo;  Berry ,  45oo--  ;  ^^  Journal  de  Paris  les  porte 
jusqu'à  9000. 

!NoTE  '7°),  p.  4-0.  Furent  les  suites...  de  la  vicloire... 
(  Voy.    Berry  ^   «^yS  ;    Histoire  de   la   Pucelle  ,    4-^^  » 
Monstrelet,  t.  2,  f.  i5j  17,  22,  etc.  ) 

Diversions.        NoTE  '7'),  p.  40.  Jacqueline  de  Hainaui... 

Ou  Jacqueline  de  Bavière,  veuve  du  dauphin  Jean  j 
et  épouse  du  duc  de  Brabant,  cousin  germain  de  Phi- 
lippe. (  Voy. ,  à  ce  sujet,  ainsi  que  sur  ce  différend, 
Si.  Rémi,  128,  i52;  Monslrelet,  t.  i ,  f.  286,  255,  263, 
3oo;  t.  2  ,  17  à  21  ,  28  à  29,  36;  Daniel,  vij  ,  22; 
Lussan,  ix  ,  221  à  281  ;  Villaret,  xlv ,  128,  3o3 ,  3i8  , 
388;  SmoUett,  vilj ,  35  et  suiv.  ;  Dutlllet,  Piecueil  des 
Traités  ,  34-5.  ) 

Jean  de  Bourgogne,  due  de  Brabant,  était  fils  d'An- 
toine, second  fds  de  Phillppe-le-llardl  ;  une  grand'- 
tante  maternelle  d'Antoine  lui  avait  laissé,  en  i4-o6, 
les  duchés  de  Brabant  et  de  Limbourg.  A  la  mort  de 
Jean  ,  en  14^7  ,  ils  passèrent  à  son  frère  Philippe  ,  et 
après  celui-ci,  en  i43o,  à  Phlllppe-le-Bon  ,  leur 
cousin.  (  Voy.  Anselme,  Généalogies ,  t.  i ,  p.  248.  ) 

Note  ^7=),  p.  40.   La  ruine  de  la  France... 

Tous  les  auteurs  conviennent  que  sans  cette  diver- 
sion Charles  VII  était  perdu.  (Voy.,  entr'aulres , 
Hume,  vj ,  i5o  ;  Smolleit,  liv,  4?  ch.  4?  t.  8,  p.  85  ; 
Daniel,  vij,  22;  Rapin-Thoyras ,  iv,  206  et  5 14.) 

Note  '73),  p.  40.   Qu'au  bout  de  quatre  ans... 

Par  le  traité  de  Delft,  fait  le  3  juillet  1428,  entre 


NOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  i5i 

Philippe  et  Jacqueline.  (Voyez-le  dans  Dumont,  t.  2, 
pan.  2  ,  p.  2 18.  )  Il  paraît  que  Yillaret ,  xiv  ,  338 ,  ne 
le  connaissait  pas,  puisqu'il  hésite  sur  l'époque  de  la 
fm  de  cette  guerre. 

Dans  l'art.  3  de  ce  traité,  Philippe  est  nommé  héri- 
tier, et  dès  cet  instant  gouverneur  des  biens  de  Jac- 
queline, c'est-à-dire  du  Hainaut,  de  la  Hollande,  de 
la  Zélande  et  de  la  Frise. 

La  même  année  (14.28)  il  avait  acheté  les  comiés 
de  Namur  et  de  Zuphten.  (  \oy.  Anselme^  t.  i  ,  p.  24.0.) 
Qu'on  juge  maintenant  combien  un  tel  ennemi  devait 
être  redoutable  pour  Charles  VII  ! 

jSote  '74)^  p.  /^_l,  L'é^cf]ue  de  JVlnchcsier... 

Il  était  grand -oncle  du  roi,  et  chargé  de  sa  per- 
sonne et  de  son   éducation 11  avait  des  différends 

continuels  avec  Glocester.  (  Voy.  Hume,  vj ,  i33,  i56.) 

Note  'T^),  p.  4.1.  Il  fui  obligé  de  passer  dans  cette  ile... 

Hume,  vj  ,  i56  à  160  ,  et  Daniel ,  vij ,  28,  fixent  le 
départ  de  Bedfort  à  l'année  i425 ,  et  son  retour  (après 
wn  séjour  de  huit  mois)  à  l'année  suivante.  C'est  qu'ils 
ont  uniquement  suivi  la  relation  de  Monslrelet,  t.  i* , 
f.  27  à  29.  Mais  l'histoire  de  Monslrelet,  depuis  i4.23 
jusqu'à  1428,  fourmille  d'erreurs  de  dates  :  beaucoup 
d'événemens  y  sont  confondus.  Par  exemple,  il  dit, 
sous  la  date  de  1427  ,  f.  35  ,  que  Fvichemont  avait  été 
tout  noiu^ellemcnt  fait  connétable,  tandis  que  cette  pro- 
motion est  antérieure  de  trois  ans.  (  Voy.  ci -après 
notes  176,  188,  T8g.  )  Au  surplus,  le  Journal  de  Puris  , 
p.  108,  fixe  positivement  le  retour  de  Bedfort  au  sa- 
medi 5  avril  1427,   après  une  absence  de  seize  mois, 


NOTES    DE  JEÂÎSNE   d'aRC. 


ce  qui  fait  remonter  son  départ,  au  plutôt,  au  mois  de 
novembre  i425.  ^ 


1/(2 


'4-^-         Note  'yC),  p.  4.1.   On  en  acquit  un  dans...  Richemont... 

de  la  cour  -^'^  "^^^^  i^^l^-  (  Voy.  Histoire  de  Richemont^  74.8; 

de  Charles,     VîUaret,    xiv ,    Si^..  )    Daniel,   vij  ,    3o  ,    recule  mal  à 

propos  cette  nomination  d'une  année.  Dutillet,  Recueil 

des  Rois ,  p.  397,  en  cite  les  lettres,  qui  sont  du  7  mars, 

d'après  les  registres  du  parlement  de  Poitiers. 


*  Nous  avons  depuis  fait  beaucoup  de  recherches  pour 
ëclaircir  ce  point  important  d  histoire.  Nous  avons  entr'autres 
ve'rifié  avec  soin  toutes  les  lettres-patentes  insérées  au  Trésor  des 
Chartres,  reg.  173,  années  i425,  1426  et  14^7  La  dernière  qui 
se  soit  donnée  à  Paris,  à  la  relation  du  duc  de  Bedfort,  est  du 
3o  novembre  i4'^5  {iâid. ,  n»  376).  Depuis  cette  époque  jus- 
qu'au 8  avril  1426,  avant  Pâques  (c'est-à-dire  jusqu'au 
8  avril  1427  ,  selon  notre  manière  artuclle  de  compter  )  ,  elles 
sont  toutes  à  la  simple  relation  du  conseil,  et  l'on  en  trouve 
plusieurs  données  pendant  cet  intervalle  en  Angleterre  ,  à  la 
relaiion  du  duc  de  Bedforl  ,  savxîir  :  20  décembre  il^iS  ,  à 
Sandwich  (  n"  4^2  )  ;  9  mars  il\25,  à  Worcester  (  n»  4^^  )  » 
12  id. ,  à  Leicesler  (  n"  636)  ;  29  août  1426,  à  Sulbruck 
(nos  ^80  et  ^8,  )  5  5  décembre  142^  ,  à  Westminster  (n^  63i). 
Voici  les  premières  qui  sont  cjjsuite  données  à  Paris,  à  la  mêine 
relation  :  8  ,  11  et  12  avril  1420,  avant  Pâques,  n°^  628,  63o  , 
632,  647,  634,645. 

Tout  ceci  confirme  l'assertion  du  journaliste  de  Paris.  Il 
en  résulte  en  effet  que  Bedfort  partit  de  Paris  un  des  premiers 
jours  de  décembre  i425  (  selon  notre  manière  de  compter  )  , 
et  qu'il  y  fut  de  retour  un  des  premiers  jours  d'avril  1427.  Ainsi 
son  absence  dura  seize  mois. 

N.  B.  Yiliarel  ,  xiv  ,  344  >  p'ace  liien  le  retour  de  Bedfort  à  l'an  i437  ,  mais  il 
commet  la  même  faute  qn'Humc  et  Daniel  en  restreignant  son  absence  à  huit  mois- 


NOTES   DE  JEAîsNE  D  ARC.  100 

Note  '77),  p.  4-i-  Contre  le  duc  de  Bretagne...  au  meurtre 
du  duc  de  Bourgogne... 

(  Voy.  Villaret,  xiv,  3ii;  Griffe t,  Obseroaiions  sur 
Daniel,  vij ,  34-1  et  suiv.  ;  Du  tille  t ,  Recueil  des  Traités, 
344 9  357.  (Traité  du  7  octobre  14.^5.  ) 

C'est  que  Richemont  était  gendre  du  duc  de  Bour- 
gogne (  Jean  ).  (  Voy.  Histoire  de  Richemont,  746 ,  747-) 

Note  '78),  p.  42.   A  poignarder  un  de  ses  adversaires... 
Le  dauphin  d'Auvergne...  tué  par  Duchâtel.  (Voy. 
Villaret ,  xiv,  3i5.) 

Note  '79),  p.  42.   Tanneguy  Duchâtel.. 

(Voy.,  sur  tout  cela,  Histoire  de  la  Pucelle ,  4^9' 
Villaret,  xiv,  3i4;  Chronique  de  France.,  332;  et  sur- 
tout Histoire  de  Richemont .,  748.) 

Le  fameux  président  Louvet  voulut,  en  se  retlrauf , 
conserver  de  Finfluence,  ou  plutôt  s'assurer  que  Ton 
continuerait  à  commettre  les  désordres  auxquels  il  ne 
pouvait  plus  participer.  Il  laissa  à  la  cour  Giac ,  qui 
était  une  de  ses  créatures,  et  conseilla  à  Charles  de  le 
prendre  pour  favori.  Ce  Louvet  était  parvenu  à' un  tel 
degré  de  puissance,  que  le  comte  de  Dunois*  n'avait 
pas  dédaigné  de  devenir  son  gendre.  (  Voy.  Daniel , 
vij  ,  3i;  Villaret,  xiv,  3 16.) 


*  Ce  héros  e'taitne'  en  i4o2 ,  la  même  année  que  Charles  YW  , 
de  Louis,  duc  crOrle'ans(  Voy.  ci-devant  p.  lo)  ,  et  de  la  dame 
de  Cany.  Le  double  adultère  auquel  il  devait  le  jour  ne  lui 
avait  point  nui.  Lu  duchesse  d'Orléans  (  Valentine  de  Milan  ) 
regrettait  même  de  n'être  pas  sa  mère  :  il  lui  avait  été  emôlé 
(dérobé),  disait-elle.  (Voy.  Villaret^  xij,   35;,  xlij ,   71.) 


l54  NOTES  DE  JEANî^E  D'aRC. 

Note  -s»),  p.  42.  Vingt  mille  hommes... 
(  Yoy.  Chartier  ,   11;  Villaret,  xiv  ,  82 o.) 

Note  «S.)^  p.  ^2.  y^w  commencement  de  14.26... 
Ou  vers  la  fin  de  i425.  (Voy.  Histoire  de  Richemont, 
749.  —  Mais  voy.  ci-dessous  note  i83.) 

1426.  Note  '^-\  p.  43.  Aidé  d'un  ministre  breton... 

Le  cliancelier  de  Bretagne.  (  Voy.  Histoire  de  Riche- 
mont,  749*1  Daniel,  vij  ,  33  ;  Villaret ,  xiv,  32 1.  ) 

En  novembre  i425,  Charles  VII  avait  obtenu  du 
clergé  de  Languedoc  denoa  dixièmes,  et  des  communes 
une  aide  de  25o  mille  livres  pour  la  guerre  ,  outre 
12  mille  livres  pour  en  faire  son  plaisir.  Giac  ,  abusant 
de  son  crédit,  tourna  presqu' entièrement  cette  aide  il  son 
profit.  (  Voy.  D.  Vaissette,  iv ,  467.  ) 

Note  '«3),  p.  43.  Il  est  battu... 

(  Voy.  Monstrelet,  t.  2  ,  f.  35  ;  Daniel,  vij ,  33  ;  Vil- 
''  laret,  xiv,  32  2;  Histoire  de  Richemont,  J^^',  Ancienne 
Chronique  (  elle  fixe  à  1426  cette  action),  notice  des 
manuscrits  ,  ij ,  3o8.  ) 

Note  '^^\  p.  43.   Giac  redoubla...  il  fallut  un  crime... 
(  Voy.  Histoire  de  la  Pucdle ,  492  ;  Histoire  de  Riche- 
7nont ,  750;  Daniel,  vij,  35;  Chronique  de  France ,  d)3'5. 

Note  '^^),  p.  43.  D'un  assassin... 

(  Voy. ,  sur  tout  ce  qui  précède,  dans  le  texte  ,  Char- 
tier, i3  ;  Berry,  074  ;  Histoire  de  la  Pucelle  ,  492  ,  4-9^  ; 
Histoire  de  Richemont,  75o  ;  Hé/iaut ,  ans  1426,  1427» 
Chronique  de  France,  333. 


NOTES  DE  JEANNE  D  ARC.  \JJ 

Note  '^),  p.  4-3.   Des  Historiens,.. 
(  Voy.  Villaret,  xiv  ,  328.  ) 

JNoTE  '^7),  p.  4.4-  Vous  vous  en  repentirez.... 

(  y  oy.  Histoire  de  Richemont ,  jSa  ;  Villaret,  xiv,  328.) 

Note  'S^),  p.  44-  Paralysèrent...  et  empêchèrent  de  se- 
courir plusieurs  places... 

Il  faut  néanmoins  excepter  Montargis,  que  Warwick 
etSuffolck  assiégeaient,  et  que  Dunois  secourut:  chi 
moins  il  paraît  que  c'est  à-peu-près  dans  ce  tems  que 
se  fit  cette  expédition.  (Voy.  Histoire  de  la  Pucelle,  4-94  i 
Berry,  874  ;  Villarel.,  xiv  ,  SSq  ;  Daniel,  vij ,  38  ;  Chro- 
nique de  France,  333.) 

Hume ,  vj ,  160  ,  d'après  Monstrelet ,  t.  2  ,  f.  02  ,  la 
place  vers  Tannée  i425.  Mais  voyez  noie  lyS,  ci-dev. 
p.  i5i,  et  ci-dessous,  note  189. 

Les  Français  surprirent  aussi  le  Mans  vers  la  même 
époque  ;  mais  Talbot  et  Suffolck  les  en  chassèrent  et 
s'emparèrent  ensuite  de  Laval.  (  Voy.  Villaret,  xiv,  344-) 

Note  ^h),  p,  4-5-  Et  forcer  le  duc  ii  renoncer  à  notre 
alliance... 

Hume,  vj ,  161...  Le  récit  de  cette  expédition  est 
placé  à  la  dernière  page  où  il  traite  de  l'année  1426; 
et,  tout  de  suite,  p.  162  ,  il  passe  à  Tannée  14.28,  sans 
rien  rapporter  de  1427.  (Voy.,  ci-devant,  note  lyS, 
page  i5i.  )  Mais  ce  qui  ôte  toute  incertitude  sur  le 
tems  de  l'expédition  de  Bedfort,  et  montre  Terreur  de 
Hume,  c'est  une  lettre  du  8  septembYe  1427,  contenue 
au  Trésor  des  Chartres  ( Mélanges,  v.  3 ,  n.  90 ,  p.  4o3  )  , 
où  le  duc  de  Bretagne  déclare  renoncer  à  toute  alliance 


l56  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

au  préjudice  de  Henri,  et  promet  de  lui  obéir  ainsi 
qu'au  régent, duc  de  Bedfort,  etc.  (Elle  est  citée  avec 
les  sermens  des  villes  ,  etc. ,  de  Bretagne,  dans  Dutillet, 
Recueil  des  Traites ,  SSg  à  36i.  )  Le  roi  de  Navarre  fit, 
le  i6  du  même  mois,  un  semblable  serment  pour  le 
duché  de  Nemours.  — Dutillet,  iL,  34-5  ,  862. 

Note  '9«),  p.  4.5.   Cette  guerre  rioiie... 
(  Voy.  Eerry ,  87 5  ;  Histoire  de  la  Piieelle,  4-97  '■>  His- 
toire de  Richemont ,  754-;   Villaret,  xiv,   348.) 

1428,        Note  '90,  p,  4-5.  La  campagne...  de  1^28,  tout-à-fait 
décisive.^.  j 

Hume,  vj ,  161,  162,  à  l'occasion  du  siège  d'Or- 
léans ,  dit  que  Bedfort  résolut  de  tenter  une  entreprise 
qui,  si  elle  réussissait  comme  il  l'espérait,  emporterait 
la  balance...  et  préparerait  les  voies  à  l'entier  assujétis- 
sement  de  la  France. 

Etat  des  Note  *î)=*>,  p.  4-9-   Un  coup-d'œil  sur  la  carte... 

^  (Voy.  VâiXd^s  àt  Rizzi  Zannoni ,  18^  carte.) 

Note  'O^)^  p.  8G.   Vingt-cinq  à  trente  provinces... 

Savoir,  les  départemens  dont  les  noms  suivent  (en 
remontant  du  midi  au  nord)  :  Aude,  Haute-Garonne, 
Hérault,  Gard,  Lozère,  Ardèche ,  Cantal,  Haute- 
Loire,  Isère,  Rhône,  Loire,  Puy-de-Dôme,  Al- 
lier, Vendée,  Deux- Sèvres  ,  Vienne  ,  Indre,  Indre- 
et-Loire,  Cher,  Loir-et-Cher,  Creuse,  Loiret, 
Nièvre,  Yonne,.-. et  des  portions  d'autres  départemens: 
par  exemple,  du  Tarn,  de  la  Drôme ,  de  Maine-eL-^ 
Loire,  de  la  Haute-Vienne,  delà  Meuse,  etc. 


NOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  iSj 

Note  *94),  p.  4-6.   Qu'à  réunir  sept  mille  guerriers... 
C'est  à  ce  nombre  que  Villaret,  xiv  ,  363,  évalue 
l'armée  de  Charles  YII,  même  en  y  comprenant  la  gar- 
nison d'Orléans. 

Charles  V,  dans  de  semblables  circonstances,  c'est- 
à-dire  en  montant  sur  le  trône ,  avait  eu  de  la  peine  à 
former  un  corps  de  douze  cents  combattans.  (  Voy, 
Villaret,  x,  365.) 

JXoTE '9^),  p.  47'  Les  six  premières  années... 

Ainsi,  depuis  l'avènement  de  Charles  VI  jusqu'au 
siège  d'Orléans,  on  peut  compter  environ  quarante- 
huit  années  de  pillages  ou  de  troubles ,  et  vingt-trois 
années  de  guerres,  à  quelques  légères  interruptions 
près. 

Note  *9^),  p.  l^.'].  La  paix...  nous  le  verrons  ailleurs. .> 
(  Voy.  ce  que  nous  disons  au  texte ,  p.  84.) 

Note  '97),  p.  4"^.   Un  historien  demande... 
(  Yoy.  Villaret,  xv ,  i3  et  14.  ) 

Note  «98),  p.  48.  Voilà  une  explication  bien  impar- 
faite... 

Cela  n'est  point  surprenant  :  à  l'époque  où  Villaret 
publiait  son  ouvrage  ,  les  véritables  principes  de  l'éco- 
nomie politique  étaient  bien  peu  connus  en  France. 

Note  '99),  p.  48.  Observons  que  les  Anglais  exportaient... 

On  le  conçoit  facilement,  et  beaucoup  de  passages 
de  nos  anciens  historiens  en  offrent  la  preuve.  Il  suffira 
de  citer  celui-ci  :  «  Le  18  août  1427,  ce  parly  de  Paria 


i58 

»  le  régent  qui  toujours  enrichissait  son  pays  d'aucune 
3>  chose  de  ce  royaulme ,  et  si  n'y  rapportait  rien  que 
.'>  une  taille  quant  il  revenait.  »  Joiirn.  de  Paris  ^  m. 

Note  ^°o),  p.  4-8.  Qui  les  fournissaient  d'objets  de 
luxe 

Une  foule  d'autres  passages  de  nos  historiens  prou- 
vent également  le  faste  de  ces  enrichis.  (  Voy.  en- 
tr'autres  Vîllaret,  xij ,  Sy  ,  xiij ,  86.  ) 

Note  =«'),  p,  49-  -^^-^  expéditions  de  Naples...  du  Mi- 
lanez...  de  Gênes... 

Il  y  eut,  sous  Charles  VI  ,  plusieurs  expéditions 
lointaines  faites  soit  par  ses  ordres,  soit  pour  le  compte 
de  quelques  maisons,  telles  que  celles  d'Anjou  et  d'Ar- 
magnac, et  notamment  les  suivantes  : 

1082,  Naples (  Voy.  ci-dev.  noie  21  ^  pag.  112.) 

i383,  Barbarie...   (Voy.  .hwenal,  Si.) 

i384.,  Ecosse...  {\oy.  Laboureur,  102;  Juoenal^  58.) 
i388,  Gueldres...  (Yoy.  ci-dev.  noie  22  ,  p.  ii3.) 

iSgo  ,  Barbarie...  {  \ oy.  Juoenal ,  99.) —  1891  et 
1895,  Milanez...  (^Yoy.  Laboureur,  2o5  ;  Juçenal,  io5.) 

1396  et  1899,  lurquie  ou  Hongrie...  (^\oy.  Labou- 
reur,  333,  4-07  ;  Jm^enal.,   1^3.  ) 

1399,  Naples...  (Voy.  Laboureur,  /j25.)  —  1402, 
Constantinople...  (Voy.  Laboureur,  /j.55.) 

i4-i5  et  14.16,  Italie...  (Voy.  Monstrelet,  t.  i  ,  f.  227, 
236.) 

Note  2°=),  p.  4-9-  La  pacification  de  la  Flandre.... 
(\oy.  ci-devant  le  texte ^  page  4o  ?  ^t  la  «o/e  173, 
p.  j5o. 


1% 

Note  ^°*  ^'^).  Trésors  que  pour  ses  favoris  et  ses  maî- 
tresses... 

Bedfort  se  conduisait  bien  différemment.  On  trouve 
au  Trésor  des  Chartres  une  foule  de  dons  de  rentes  , 
terres  ,  seigneuries  ,  etc. ,  faits  aux  généraux  des  alliés  , 
tels  que  TV^arvick  (registre  ijS  ,  n<»  220;  reg.  ly^? 
nos  i3S^  196),  Salishury  (reg.  178,  n"  64-5),  Taîbot 
(reg.  174.,  n°  i5o;  reg.  I75,n°3i7),  Fastolf  {re^. 
172,  n»  34-5;  reg.  176,  n»"  2o3,  287),  Arundel  (reg. 
175,  nos  365,  366),  Suffolck  (reg.  172,  n"  571), 
Luxembourg  (  reg.  172,  n»  90;  reg.  173,  n^^  646, 
686  ) 

Il  est  vrai  i"  que  ces  dons  ne  coûtaient  pas  beau- 
coup ,  puisqu'il  s'agissait  de  confiscations  sur  les  par- 
tisans de  Charles;  2°  que  Bedfort  ne  s'oubliait  pas 
lui-même  dans  ses  largesses.  (  Voy.  reg.  172  ,  n°s  4.87, 
5i8;  reg,  178,  n»  319;  reg.  174,  n°  33o  ;  reg.  lyô, 
n"  69.  ) 

f 

Note  =0^) ,  p.  5o.  //  combinait.,  l'ordonnance  d'une 
fêle....        , 

Tout  le  monde  sait  qu'au  lieu  de  répondre  à  Lahire , 
chargé  de  lui  communiquer  des  affaires  de  la  dernière 
importance ,  il  lui  montra  ses  préparatifs  de  fête  ;  et  la 
réponse  de  ce  vaillant  guerrier  n'est  pas  moins  connue. 
(Voy.  Encyclopédie ,  dict.  d'Hist,  mot  Fignoles,  \illa- 
ret,  xiv,  35g;  Hénaut ,  an  1457.  ) 

N.  B.  Richer  (manuscrit  indiqué  ci-dev.  note  1"^% 
n»  28,  p.  107)  rapporte  aussi  cette  anecdote  d'après 
Egnalius  et  le  chancelier  de  LhôpltaL..  11  en  fixe  la  date 
au  milieu  du  siège  d'Orléans. 


iGo  KOTES    DE   JEAÎS^NE   d'aRC. 

Note  ^f^^),  p.  5o.  Fermer  les  portes  des  villes.... 
(Voy,  Histoire  de  Richemont  ^  7^3.) 

Note  ^°^),  p.  5o.  Même  rapacité.... 

(  Voy.  Histoire  de  la  Pucelle  ,  ^^2.  )  Sur  les  plaintes 
des  Etats  tle  Chinon  (voy.  ci-ap.  note  24.1,  p.  176)  rela- 
tivement aux  abus  des  finances  ,  tous  les  changeurs  furent 
cassés  vers  novembre  14.28.  (Voy.  D.  Faissette .,  t.  4  7 
p.  47^.  —  Voy,  aussi  ci-devant  note  i54-,  p.  i45) 

1428.  Note  ^"6),  p.  5i.  Ju  mois  de  juillet.... 

juillei.  Suivant   Monstrekt,  t.  2  ,  f.  87  ,  Salisbury  passa  la 

mer  après  la  Saint-Jean. 

Expédillon        J^OTE  ^°7),  p.  5i.  De  toute  la  partie...  située  au  nord... 

de  .j, 

l'Orléanais.    «"  midi... 

(  Yoy.Chartier,  18,  19;  Histoire  Chronologique ,  33 1  ; 
Berry,  376  ;  Histoire  de  la  Pucelle.,  4-99 ?  5 00;  Monstrelet , 
t.  2  ,  f.  37  et  38;  Hume .,  vj  ,  162  ;  Chroni(/ue  de  France, 
334- — Ces  auteurs  nomment  enlr'autres,  au  nord  ,  No- 
gent-le-Roi,  Nogent-le-Rotrou,  Jenville,  Mehun-sur- 
Loire,  Beaugenci ,  Marchenoir,  Chartres,  Rambouil- 
let, Rochefort,  Pétbivier,  Puiset,  Châteauneuf;*  et  au 
midi,  Gergeau, Sully,  La  Ferté-Hubert.Toutes  les  villes 
sur  la  Loire,  jusqu'à  Blois,  et  toutes  celles  de  la  Beauce, 
excepté  Chàleaudun  ,  étaient  anglaises,  dit  Chartier. 

Note  ^"S),  p.  5i.   Le  bouleçart  presqu  unique... 

(  Voy.  Hume,  vj ,  162.  ) 

Une  partie  des  garnisons  des  villes,  indiquées  à  la 

*  Ajoutez  à  ces  villes,  qui  sont  ci-après  sur  la  2^  carte  ,  Thou- 
ry  (à  1  lieue  E.  de  Jenville)  et  Montpipeau  (à  a  lieues  N.  clf 
^lehun-sur-Lolre)  ,  que  nou»  n'avons  pu  y  placer. 


NOTES    DE   JEAÎvNE   d'aRC.  ibl 

note  2Ô7,  açait  pris  le  party  des  Anglais. — Chronique  de 
France,   334- 


Noté  -°î)),  p.  5i.  La  moitié  de  l'armée...  i^aS. 

(  Voy.  Villaret,  xiv ,  363.  ) 

Le  25  octobre  on  conduisit  à  Orléans  un  renfort 
d'un  millier  d'hommes;  le  5  janvier,  200;  le  7  fé- 
vrier, environ  i4oo;  etc.  (Voy.  Tripaut^  8,  20,  34, 
35.) 

TSOTE  ='°),  p.  5i.  Fresque  tous  les  capitaines  français...        Si«ge 

Dès   le   commencement  du  siège  ,  il  y  avait  Xain-  "  Orkaii> 

trailles  et  son  frère,  Guitry,   \iUars,    Lacbapelie 

GaiiCourt  était  gouverneur  de  la  place  ;  mais  dans  le 
principe  il  ne  dut  guère  être  utile,  parce  qu'il  se  démit. 
le  bras,  le  21  octobre,  en  courant  donner  des  ordres 
pour  la  défense  des  tournelles 

Le  20  octobre  ,  ils  furent  joints  par  Dunois,  Sainte- 
Sévère  ,    Beuil  ,    Cbabanes,    Cbaumont ,     Labire 

(  Yoy.  Tripaut,  4  7  ^  ■>  ^) 
• . 

Note  ^"),  p.  52.  Par  le  fort  et..,  le  boulei^art  des  tour- 
nelles... 

Le  fort  était  placé  à  l'extrémité  du  pont;  mais  il  était 
séparé  de  la  rive  gauche  par  un  ravelln  environne 
d'eau  qu'on  passait  au  moyen  d'un  petit  pont.  (  Voy. 
Polluche,  note  117,  p.  i47  ;  Expil'y .,  35 1.) 

Les  Orléanais,  voulant  couvrir  le  fort,  construisi- 
rent un  boulevart  sur  cette  même  rive...  11  était  fermé 
de  tous  côtés  afin  d'être  en  état  de  défense,  même  pen- 
dant les  basses  eaux  ;  mais  il  n'était  pas  entièrement 

î  I 


l62  NOTES   DE  JEANTs^E  D'aRC. 

achevé  lorsque  les  Anglais  arrivèrent.   (  Voy.  Histoire 
de  la  Pacelle^  p.  Soi  ;   Tripaut^   6.  ) 

Villaret  désigne  ces  fort  et  boulevart  par  le  nom  de 
tourelles  ;  nous  avons  préféré  celui  de  toiirnelles ,  dont 
se  servent  les  anciens  auteurs.  (Voy.  aussi  Po Huche , 
ibid.  ;  Expilly,  35 1.)  * 

Note  ^»^>,  p.  52.   Un  des  premiers  Jours  d'ocft^bt-e... 

Le  2 ,  elle  attaqua ,  et  le  5 ,  elle  prit  Gergeau ,  en- 
suite Chateauneuf.  (  Voy.  Histoire  de  la  Pucelle,  5oo  ; 
Chroni(]ue  de  France ,  334-  ) 

Note  ^'^),  p.  52.  Salisbury  la  commandait... 

(Yoy.  Hume^  vj,  162.)  Il  y  fait  l'éloge  de  Salisbury, 
qui  venait  d'amener  à  Bedfort  un  renfort  de  six  mille 
hommes.  11  dit,  p.  164,  que  Salisbury  n'avait  que  dix 
mille  hommes  :  il  ajoute  bientôt  (  d.  p.  164.)  que  Suf- 
folck  ,  qui  prit  le  commandement  après  la  mort  de 
Salisbury  ,  fut  renforcé  par  un  grand  nombre  d'An- 
glais et  Bourguignons.  Yillaret,  xiv ,  362,  Rapin- 
Thoyras,  iv ,  232,  et  SmoUett ,  viij ,  61,  évaluent  à 
vingt-trois  mille  hommes  l'armée  anglaise  après  qu'elle 
eut  reçu  tous  ses  renforts. 

(  Voy.  encore  Chariier ,  18;  Monstrelet,  t.  2,  f  38, 
39;  Tripaut,  2  ,  12,  16;  Histoire  de  la  Pucelle.,  5oo  , 
5o3  ;   Daniel  ^  vij ,  4-^.  ) 

Tous  les  historiens  du  tems  donnent  aussi  de  grands 
éloges  à  Salisbury  :  il  fut  blessé  à  mort,  le  24  octobre 

*  11^^^  On  comprendra  mieux  cette  note  et  la  plupart  des 
suivantes  en  consultant  la  carte  visueUe  (ou  i^*  carié;  )  qui 
est  ci  aprèwS  à  la  fin  de  l'ouvrage. 


NOTES    DE    JEANNE    D  ARC.  IOj 

soit",  d'un  coup  de  canon.  Placé  dans  Tembrasure 
d'une  des  fenêtres  des  tournelles  ,  il  observait  TassieLte 
d'Orléans  ;  il  mourut  trois  jours  après.  (  Voy.  Tripaut , 
7  et  9  ;  Chartier  ^  19;  Histoire  de  la  Pur.elU  ^  5o2  ^ 
Moiistrelet^  t.  2  ,  f.  38  ;  Smollelt^  viij  ,  62  ;  Chronique  de 
France^  335. 

Note  ^"^),  p.  52.   Un  gros  détachement... 

C'est  celui  qui  venait  de  prendre  Gergeau....  Dès 
le  8  septembre  l'armée  avait  reconnu  la  place  d'Orléans 
sur  la  rive  droite  ;  mais  elle  s'était  ensuite  divisée  pour 
attaquer  les  villes  voisines.  (Voy.  Histoire  de  la  Purelie, 
5oo  5  Chronique  de  France ,  334-  ) 

Note  ='^),  p.  52.  Le  12  ,  s  approche  de  la  ville... 

C'est-à-dire  des  faubourgs  de  la  rive  gauche,  connus 
sous  le  nom  de  Portereau ,  et  qui  n'étaient  pas  fermes 
de  murs.  (  Voy.  Tripaut .,  2  ;  Histoire  de  la  Pitcelle,  5 00  : 
Expilly  ,  352  ;    Chronique  de  France,  334-  ) 

Note  ^•^),  p.  52.  Les  faubourgs...  on  les  emlrase».. 

On  en  avait  commencé  la  démolition.  Surpris  par 
l'arrivée  des  Anglais  ,  les  Orléanais  y  mirent  le  feu. 
(  Voy.  Histoire  de  la  Pucelle .,  5oi  ;   Tripaut,  2.  ) 

Pendant  les  mois  de  novembre  et  décembre  -  les 
Orléanais  démolirent  aussi  ou  brûlèrent  les  faubourgs 
et  églises  ou  couvens  (  on  en  compte  vingt-une  )  de  la 
rive  droite  ,  *  toujours  pour  empêcher  les  Anglais  de 
s'y  loger.  (Voy.  Tripaut.,  10,  i5  ;  Histoire  de  la  Pucelle  ^ 

*  Voyez-en  la  liste  aux  observations  sur  la  carte  vliuelie  ou 
!«■«  carte,  §  4 


i64 

5o4.;  Expilly  ^  334-  et  siiiv.  —  Voy.  aussi  Monstvéîet^ 
t.  2  ,  f.  28.  ) 

NoTE^'?)^  p.  53.  Les  Anglais  construisent  une  for- 
teresse... 

Ils  rétablirent  au  couvent  et  dans  l'église  des  Augus- 
tins ,  dont  la  démolition  n'était  pas  achevée.  Ce  fut 
leur  première  bastille.  ÇV  oy.  Histoire  delà  Pucelle.,  Soi  ; 
Daniel.,  vij  ,  4-^;  Chronique  de  France  ,  334.  ) 

Ils  formèrent  aussi  des  batteries  qui  lançaient  des 
pierres  dont  quelques-unes  pesaient  jusqu'à  i5o  livres. 
(  Voy.  Tripaut^  p'  3  ;  Histoire  de  la  Pucelle ,  5 01.) 

Leur  premier  soin  fut  de  les  employer  à  détruire 
tous  les  moulins  qu'Orléans  avait  sur  la  Loire  ;  mais 
les  assiégés  y  suppléèrent  par  des  moulins  à  chevaux. 
(  Voy.  Tripaut ,  3.  ) 

Note  =*S),  p.  53.  Le  21...  hommes^  femmes^  vieillards^ 
enfans... 

«  Les  femmes  ne  cessaient  de  porter  très-diligem- 
»  ment  à  ceux  qui  défendaient  le  boulevart  plusieurs 
»  choses  nécessaires,  comme  eaux  ,  huiles  et  graisses 
j>  bouillans,  chaux,  cendres,  chausse-trapes.  »  (Voy. 
Tripaut^  p.  5;  Histoire  de  la  Pucelle^  5oi.) — Ainsi 
que  des  vivres  et  rafraîchissemens....  quelques  -  unes 
même  combattirent  sur  le  parapet,  à  coups  de  lances. 
(Voy.  idem,  p.  5oi;  Daniel.,  vij,  4^-  —  Voy.  aussi 
Chronique  de  France,  335.  ) 

Note  ''•s),  p.  53.  Les  assiégcans  s'attachent  à  leur  mine  ^ 

et  le  23  les  Orléanais  sont  obligés  de  brûler  le  boulevart..^.. 

Il  n'était  plus  retenu  que  par  des  étais  auxquels  il 


suffisait  de  mettre  le  feu  «  pour  faire  fondre  iceluy  bou- 
levart.  »  (  Voy.  Histoire  de  la  Pucelle ,  5oi  ;  Tripaut,  6  ; 
Daniel,  vij ,  l^'j.  —  Voy.  aussi  Chronique  de  France ,  335.) 

Note  =^°),  p.  53.   On  l'emporte  le  lendemain... 

Le  24  octobre  ,  il  était  déjà  en  partie  ruiné  par  l'ar- 
tillerie,  et  il  y  avait  «  peu  de  gens  de  faict ,  la  plupart 
a  ayant  été  blessés  à  Tassaut  du  boulevart.  »  (  Voy. 
Histoire  de  la  Pucelle ,  5oi;   Tripaut^  6.  ) 

ISoTE  ''''*),  p.  53.  Hs  (  les  assiégés  )  y  avaient  suppléé 
en  rompant  deux  arches....  construisant  sur  la  suivante  un 
houlevart.... 

Dès  le  22  octobre....  Tripaut,  6,  àxtune  arche,  et 
l'Histoire  delà  Pucelle,  aucunes  arches;  ce  qui  n'est  point 
contradictoire  ,  parce  que   l'on  put  rompre   d'autres 

arcbes  après  le  22 Le  boulevart  fut  établi  sur  une 

pile  au  lieu  appelé  la  Belle-Croix.  (  Voy.  Tripaut,  ib.  ; 
Po Huche  j  i4-7'î  Expilly,  352.) 

Note  ===),  p.  53.  Ils  (les  Anglais  )  réparent  les  tour- 
nelles...  les  couvrent  par  un  boulevart...  rompent  une  arche... 

(  Voy.  Histoire  de  la  Pucelle  ^  5oi ,  5o2  ;  Tripaut.,  6  et 
7 ,  qui  dit  deux  arches. 

Ce  boulevart  était  très-fort ,  et  «  tenable  contre  toute 
»  puissance.  »  (  Voy.  Histoire  de  la  Pucelle  ,  5o2  ;  Tri-^ 
paut,  7.  ) 

Note  -=^),  p.  53.  Avec  douze  grosses  bastilles...  Basîiiles 

T       1  •         •  "  •  1-  '  anglaises 

Les  historiens  modernes  se  sont  singulièrement  trom-      a„  ^\^^^. 

pés  sur  cette  espèce  de  circonvallation.  Hume,  vj ,  i65,    ^  Oricans.. 

parle  vaguement  de  redoutes  ,   construites  de  distance 


en  distance  ,  et  de  retranchemens  par  lesquels  Suffolck 
voulait  les  lier  au  printems...  Selon  Smollett,  viij ,  60  , 
on  construisit  seize  petits  forts  ou  redoutes  ,  dont  six 
plus  considérables  que  les  autres,  pour  commander  aux 
principales  avenues...  Daniel ,  vij  ,  ^9  •>  dit  qu'on  éleva 
de  distance  en  distance  un  grand  nombre  de  bastilles 
ou  redoutes  ;  qu'il  y  en  avait  trois  principales  :  une  à 
la  porte  de  Saint  -  Privé  ,  appelée  Paris;  la  2^  aux 
Douze-Pairs,  appelée  Ijondres;  la  3^  à  un  pressoir,  ap- 
pelée Rouen...  D'après  Villaret,  xiv,  362  ,  six  grandes 
bastilles  étaient  placées  aux  principales  avenues ,  et  se 
communiquaient  par  soixante  redoutes  moins  consi- 
dérables ,  édifiées  dans  les  intervalles...  Baudot ,  t.  i , 
p.  29g,  3oo  ,  compte  cinquante -quatre  forts  et  six 
bastilles  :  il  place  celle  de  Londres  aux  Augustins,  et 
celles  de  Saint-Jean-Leblanc  et  de  Saint-Ijoup  en- 
semble auprès  de  la  porte  Bourgogne...  Presque 
autant  d'erreurs  que  de  mots  dans  ces  écrivains. 

1°.  Dans  tous  les  détails  que  nous  donnent  les  té- 
moins oculaires  sur  les  diverses  attaques  ,  soit  des 
Français,  soit  des  Anglais,  il  n'est  jamais  question  de 
redoutes  ;  le  seul  Monstrelet ,  t.  2  ,  f.  4-2  ,  v»,  en  parle  , 
et  les  porte  ,  il  est  vrai  ,  «  jusques  au  nombre  de 
soixante.  »  Mais  il  n'était  point  au  siège,  dont  il  dé- 
clare positivement ,  f.  38 ,  v°,  qu'il  fait  le  récit  d'après 
aucuns  notables.  "^  D'ailleurs,   vu  le  peu  d'étendue  de 


*  Ces  notables  ont  fort  mal  renseigne'  Monstrelet.  II  dit  en- 
tr'autros  que  la  Pucelle  partit  pour  l'expédition  de  Gergeau 
le  4  lïiai  (  ce  n'est  que  le  1 1  juin  ,  F.  ci-dei>ant  le  texte  ,p.  76  ), 
après  la  leve'e  du  sie'ge  d'Orléans,  qui  précisément  n'eut  lieu 
que  le  b  mai. 


,67 

îa  place  (  elle  n'occupait  guère  que  le  tiers  de  sa  su- 
perficie actuelle ,  voy.  Polliiche,  36  )  ,  on  ne  conçoit 
pas  où  auraient  pu  être  placées  ces  nombreuses  re- 
cloutes ,  et  Ton  conçoit  encore  moins  comment  les 
assiégés  auraient  pu  recevoir  des  secours.  C^est  mal  à 
propos  que  Yillaret  (  z'Z»/W.  )  annonce  que,  plus  d'une 
fois ,  les  Gaucourt ,  Xaintrailles ,  Lahire ,  etc. ,  forcèrent 
les  quartiers  des  assiégeans  pour  introduire  des  convois: 
nous  ne  voyons  rien  de  semblable  dans  les  auteurs  con- 
temporains. Il  paraît  seulement,  par  le  Journal  de  Trl- 
piiut  (p.  25 ,  28  ,  29  ,  33,  64.,  76),  que  dans  les  derniers 
tems  on  se  glissait  dans  la  ville  pendant  la  nuit  ou  à 
l'aube  du  jour.  (  Yoy.  aussi  Char/ier ,  ly  ;  Monsirelet  ^ 
t.  2  ,  f.  38.  ) 

2°.  Le  nombre  et  les  noms  des  bastilles  ou  bastides 
sont  spécifiés  de  la  manière  la  plus  claire  et  la  plus 
expresse  par  Thistorien  de  la  Purelle  ,  dont  le  témoi- 
gnage est  confirmé  indirectement  par  Tripaut  et  par 
la  Chroniijue  de  Frafîce ,  qui  ,  dans  divers  passages  , 
indiquent  presque  toutes  les  bastilles  désignées  par 
r historien  (sur  treize,  ils  en  nomment  onze),  et  n'en 
indiquent  aucune  de  noms  différens."*^  (Voyez  Tri- 
paut ,8,  16,  18 ,  20  ,  21  ,  24. ,  28 ,  58,  59,  64,  797 
84. ,  etc.  ;  Chronùjue ,  f.  335  ,  338  et  339.) 

<f  Pour  enclorre  la  cité ,  dit  l'historieu  ,  fermèrent 

«  et  fortifièrent   plusieurs   boulevards   et   bastides 

»  C'est  à  savoir  la  bastide  de  Saint-Laurent ,  la  bas- 
;>  ticle  du  Colombier ,  la  bnslide  de  la  Croix-Eoissée, 
»   la  baslide  qu'ils  nommèrent  Londres  ,   au  lieu   des 

*  Chartier,  16  et  20  324,  et  Berry  ,  3-6  et  877,  rappellent 
aussi  plusieurs  des  mêmes  noms. 


68 


TvOTES    BE    JEATs^NE    D  ARC. 


j)  douze  Pierres  (Pairs),  la  bastide  (Aro)  du  Pressouer 
5)  yirs  ^  nommée  Rouen,  la  bastide  de  Saint-Pouer 
i>  (Pouoir),  nommée  Paris,  la  bastide  de  Saint- 
3)  Loup  ;  et  dedans  la  Loire  au  droit  de  Saint-Lau- 
3)  rent ,   en   Tisle  Charlemaigne  ,  une  autre  forte  bas- 

»  tide et   ainsi   appert   que   tant   de    la  partie  de 

55  Beau  ce  que  comme  de  Souloigne ,  fut  la  ville  en- 
»  close  de  treize  places  fortifiées  ,  -tant  boulevards 
3j  comme  bastides...  *j>(Voy,ïW.manus.B.R.n°.  10297, 
«  f.  182,  i33;  et  rec.  de  Godefroy,  p.  5o3.) 

Pour  entendre  ce  dernier  passage  ,  il  faut  observer 
qu'auparavant  (  p.  5o2  de  Godefroy  )  Thistorien  a 
indiqué  les  bastilles  de  la  rive  gauche  (  partie  de  So- 
logne )  ,  c'est-à-dire  ,  les  tournelles,  le  boulevart  de 
devant  (les  tournelles)  ,  les  Augustins  ,  Saint -Privé 
et  Saint-Jean  Le  Blanc ,  ou  cinq  bastilles  ou  boule- 
varts ,  et  en  y  joignant  celles  de  la  rive  droite  ou  de 
Fîle,  en  tout  /mie  bastilles. 

3°.  On  voit  par  la  nomencltïure  précédente  que 
Daniel  et  Baudot  se  sont  trompés  et  sur  les  noms  et 
sur  les  positions  des  véritables  bastilles.  En  voici  l'or- 
dre ,  d'après  le  même  passage  (  Voy.  d'ailleurs  ci- 
après  la  carte  visuelle  à  la  fm  de  l'ouvrage)  : 

Sur  la  rive  gauche,  d'occident  en  orient,  en  remon- 
tant la  Loire  ,  1°  Saint-Privé;  2°  le  fort  des  Tour- 
nelles ;  3°  en  avant  de  ce  fort ,  le  boulevart  du  même 
nom;  4°  ^^  avant  du  boulevart  ,  mais  à  ce  qu'il  pa- 
raît un  peu  du  côté  de  l'orient ,  les  Augustins  ; 
5°  Saint-Jean-le-Blanc,  où  les  Anglais  établirent  un 

Les  mots  imprimés  ci-dessus  en  italiques  sont  dans  le  ma- 
nuscrit ;  Godefroy  leur  a  substitue'  ceux  que  nous  avons  placés 
entre  des  parenthèses,  et  a  omis  le  dernier  (forte). 


NOTES    DE    JEATslVE   d'aRC.  169 

corps  de  troupes  pour  empêcher  le  passage  du  fleuve. 
(  Tripaut,  84.  ) 

Sur  la  rive  droite  ,  de  l'orient  au  nord  -  ouest ,  et 
successivement  de  ce  point  au  sud-ouest,  en  faisant 
le  tour  de  la  ville;  6°  Saint-Loup,  qui  aurait  dû  être 
vis-à-vis  de  Saint -Jean -le -Blanc  ,  mais  qui  était 
beaucoup  plus  éloigné  de  la  ville;  y^»  à  11°  *  Saint- 
Pouaire  ou  Paris  ;  le  Pressoir  Ars  ou  Pxouen  ;  les 
Douze  Pierres  ou  Londres  ;  la  Croix  Boissée  ;  le 
Colombier  ;    12"  Saint-Laurent. 

i3o.  Enfin  ,  dans  l'île  de  Charlemagne,  une  der- 
nière bastille.  Celle-ci  était  placée  entre  Saint- Lau- 
rent et  Saint-Privé  (du  côté  et  au  droit  de  Saint- 
Laurent....  au  champ  de  Saint -Privé,  au  droit  de 
l'autre...  disent /'jff/6/.  de  la  Pacelle ^  5o3,  et  Tripaut^  ai), 
et  les  faisait  communiquer  au  moyen  d'un  port  par 
eau.  (  \  oy.  mêmes  pages  5o3  <?^  21.  ) 

Note  ='=^>,  p.  53.  Qu'ils  tâchent  de  lier  par  un  double 
rang  de  fossés.... 

(  Voy.  Char  lier  y  17;  Tripaut ,  Sg.  —  ^'oy-  ^ïussi 
Chronique  de  France  ^  335.  ) 

Nous  disons  qu'ils  tâchent ,  parce  qu'il  paraît  que 
cette  dernière  fortification  ne  fut  pas  terminée....  Selon 
Chartier  (  ibid.  )  ,  les  fossés  doubles  furent  ouverts  , 
depuis  la  bastille  de  Saint-Laurent  jusqu'à  celle  de 
Londres ,  et  commencés  entre  celle-ci  et  la  bastille 
de  Saint-Loup.  Mais  il  n'annonce  point ,   comme  le 

*  Voyez  au  sujet  de  ces  cinq  bastilles  ,  dont  l'Histoire  de  la  Pu- 
celle  ne  donne  pas  l'ordre  naturel,  ci-après  les  obserçations  sur 
la  caris  çisuelle  ,  ou  \^^  carte  ,  §  2. 


170  KOTES    DE    JEANNE   D'aRC. 

prétend  Daniel,   vij  ,  54-,  que  la  circonvallation  était 
achevée  ,  et  les  bastilles  jointes  par  les  fossés. 

Note  225),  p.  53.  Un  pont  volant.... 
Le  port  dont  nous  avons  parlé  à   la  fm  de  la  note 
223  ,  page  169. 

Note  ^^^),  p.  54..  Par  des  sorties  multipliées  et  san- 
glantes.... 

Tripaut .,  p.  i3  à  32,  en  donne  les  détails...  Mons- 
trelet^  t.  2 ,  f.  38,  dit  qu'il  n'a  point  «  su  que^'les  as- 
j>  sièges  aient  fait  dans  leurs  saillies  grand  dommage 
»  aux  assiégeans.  » 

/ 
i4a8.  Note  ^^^t),  p.  54.-  A  la  fin  âe  janvier.... 

janvier.  j^^^  fortifications  de  la  rive  droite  ne  furent  com- 
mencées que  le  29  décembre.  Mais  les  Anglais,  qui  ve- 
naient de  SG  renforcer  en  hommes  et  munitions  ,  y 
travaillèrent  dès-lors  avec  beaucoup  d'activité.  (Yoy. 
Hist  de  la  Pucelle ,  5o2  ,  5o3  ;  Tripaut.,  i5  et  suiv.  ;  Da- 
niel., vij ,  4^8.  — Voy.  aussi  Chronique  de  Fr.,  335.) 

Note  =-8),  p.  54-  La  difficulté  d'introduire  des  renforts 
augmentait 

Les  auteurs  contemporains  parlent  de  cette  diffi- 
culté ,  ainsi  que  de  la  détresse  qu'éprouva  la  ville 
lorsque  les  fortifications  des  assiégeans  furent  ache- 
vées. (  Voy.  entre  autres  ,  Hist.  de  la  Pucelle  ,  5o3  ; 
Tripuut.,  25,  79;  continuateur,  f  A,  p.  8  et  i3;  Char- 
iier .,  18;  un  témoin  dans  Laverdy  ,  3o4-;  Chronique  de 
France.,  336.) 

Au  reste  ,  la  démarche  riue  firent  les  Orléanais  au- 
près du  duc  de  Bourgogne  en  est  une  preuve  sans  ré-r 


NOTES    DE  JEAÎÎÎ^E    D  ARC.  I7I 

plique.    (Voy.  le   texte  ,  p.   55  ,   et  ci-après  note  24.0.  ) 

Note  ^^9).  p.  54-.  Que  les  environs  d'Orléans  ne  pou-^      i4'fS- 
.  ,  février. 

valent  leur  en  fournir... 

C'est  qu'ils  étaient  déjà  saccagés...  Les  Anglais  re- 
çurent à  plusieurs  reprises  des  convois  de  Paris ,  en- 
tr'autresle  i*^^  décembre,  le  29,  le  16  janvier.  (Voy. 
Tripaut ,  12  ,  16,  23.)  Chartier ,  p.  17,  assure  qu'ils  ne 
pouvaient  en  tirer  que  de  cette  ville. — Voy.  aussi  Joz/r- 
nal  de  Paris  ,  120. 

Note  =^°),  p.  54-  Be  Paris  un  convoi  considérable....  Journée 

Il   était     composé    de  plus  de  trois    cents  chariots   Harengs. 

chargés  de  munitions  de  toute  espèce ,   et  de  vivres 

fournis     par    les  habitans  de  Paris  et    des   environs. 

(\  oy.  Journal  de  Paris.,  118  ;  Hist.  de  la  Pucelle  ,  5o3  ; 

Tripaut.,  3g;  Monslrelet  (  4  ou  5oo  chars)  ,  t.  2  ,  f.  4o.  ) 
Cinq  jours  après  la  bataille,  il  fut  amené  aux  bastilles 

anglaises.  (Voy.  Tripaut.,  lfi\  Monstrelet .,   t.  2  ,f.  4i.) 

Note  ^^O,  p.  54.  Amené  par  Fastol... 

C'est  ainsi  que  l'appellent  plusieurs  auteurs  fran- 
çais.... Son  véritable  nom  é\ûi  Falstolf.  (Voy.  Hume., 
vj,  134.) 

Note  ^^a)^  p.  5^.  Xa  moitié  de  la  garnison.., 
(  Voy.  Tripaut ,  37  ,  38.  ) 

Note  ^^^),  p.  54-  Oïl  Ton  ne  comptait  pas  deux  mille 
hommes.... 

Les  auteurs  varient  sur  le  nombre  précis  des  deux  ar- 
mées. 

Tripaut ,  39 ,  le  Journal  de  Paris  ,118,  donnent  aux 
Anglais    i5oo   hommes  ;   Monstrelet  i6oo ,    et  ensuite 


lys  ÎÇOTES    DE   JEANNE    D'aRC. 

1700  (idem,  Smolletl^  viij  ,  63),  outre  mille  communs 
(c'est-à-dire,  les  habilans  chargés  de  conduire  les 
chariots).  Le . /oM/'wa/ Je  Pûm,  ibid.,  compte  jusqu'à  sept 
mille  Français  (  qu'il  nomme  encore  les  Armitias  )  ,  et 
la  Chronique  de  France  (  f.  336)  ,  six  mille;  ce  qui  pa- 
raît exagéré.  Biais  tous  conviennetit  que  les  Français 
étaient  en  beaucoup  plus  grand  nombre. 

Note  =^^) ,  p.  54-  Vers  Ventrée  de  la  nuit 

Selon  l'historien  de  la  Pucelle  ,  p.  5o4^,  la  bataille  se 
donna  environ  vêpres  \  et  selon  Tripaut,  p.  4^2,  entre 
deux  ou  trois  heures  après  midi.  Nous  avons  suivi  la 
relation  de  Monstrelet  (t.  2  ,  f.  4^o),  qui  nous  a  paru 
plus  exacte  et  mieux  circonstanciée  que  les  autres,  et 
qu'a  adoptée  Yillaret ,  xiv,  364^.  Or,  d'après  cet  au- 
teur, la  bataille  fut  faite  la  nuit^  et  par  conséquent  les 
armées  durent  être  en  présence  vers  l'entrée  de  la  nuit. 
Ce  qui  semblerait  le  confirmer,  c'est  que  1°  Tripaut, 
p.  39  ,  dont  le  récit  offre  d'ailleurs  quelques  contra-> 
dictions  ,  annonce  que  l'armée  française  ne  se  mit  en 
mouvement  qu'à  trois  heures  après  midi  ;  2°  selon  le 
Journal  de  Paris  ^  p.  118,  les  cavaliers  français  furent 
très-surpris  lorsque  leurs  chevaux  s'enferrèrent  dans 
les  pieux  aigus  et  les  chausses-trapes;  surprise  qu'ils 
n'auraient  point  éprouvée  ,  si  l'attaque  eût  commencé 
en  plein  jour. 

Au  surplus,  si  la  bataille  s'est  en  effet  donnée  en 
plein  jour,  les  fautes  des  Français  n'en  sont  que  plus 
grossières, 

Note '33)^  p.  55.  Les  Français....  sans...,  s'assvjctîr  à 
aucun  plan 


NOTES    DE    JEANNE    d'aRC.  l^D 

Les  auteurs  varient  encore  sur  les  fautes  des  Fran- 
çais.... L'historien  de  la  Pucelle ,  p.  5o3  ,  parle  même 
d'une  mesure  qui  aurait  dû  leur  donner  la  victoire. 
Selon  lui,  ils  dirigèrent  d'abord  contre  le  rempart  for- 
m.é  par  les  chariots  de  l'ennemi  une  batterie  qui  les  mit 
en  pièces.  Ainsi  Villaret ,  xiv,  365  ,  se  trompe  lorsqu'il 
reproche  à  Daniel  (il  fallait  lui  associer  Hume,  vj, 
166)  d'avoir  rapporté  (vij,  5i)  cette  particularité  , 
dont  les  auteurs  contemporains,  dit  Villaret,  ne  font 
aucune  mention. 

L'historien  de  la  Pucelle  impute  la  perte  de  la  ba- 
taille à  une  désobéissance  des  Ecossais  5  et  Tripaut , 
p.  4^1  et  4-6,  à  la  négligence  et  aux  lenteurs  du  chef  du 
corps  principal  de  l'armée  française ,  qui  retarda  les 
attaques  du  corps  avancé,  et  ne  vint  point  le  secourir 
après  sa  défaite. 

Quoi  qu'il  en  soit,  tout  le  monde  s'accorde  à  re- 
jeter ce  désastre  sur  les  fautes  des  Français ,  et  personne 
ne  varie  sur  la  sagesse  des  mesures  de  Fastol.  « 

A  l'égard  des  autres  circonstances  de  l'action,  voy.  les 
auteurs  précédens ,  et  Chartier^  17  ;  Chroniq.  de  fr.,  336. 

Note  ='^^),  p.  55.  La  plupart  des  chefs..,  furent  tués..., 

Guillaume  d'Albret,   le  connétable  d'Ecosse  et  son 

frère,  Louis  de  Rochechouart,  Châteaubrun,  Lescot, 

Chabot,    etc.   (  Yoy.   Hist.  de  la  Pucelle^  5o4.;    Tri-* 

paut,  4-5-) 

Note  ''^7),  p.  55.   Une  partie  des  soldats  furent  tués..,^ 
Quatre  ou  cinq  cents  seulement;   priais  tout  le  reste 

se   dispersa  en   effet.  (  Voy.  Hist.  de  la  Pucelle.,  5o4; 

Tripaut j  44  etsuiv.  :  Villaret^  xiv,  365  ;  Hume.,\] ,  167.) 


174  KOTES    BE    JEANNE   d'aRC 

Note  ^^S>  ,  p.  55.   Le  célèbre  comte  de  Bunois.... 
11  y  fut  grièvement  blessé.   (  Yoy.  Tripaut^  4.5,  ^6; 
Hist.  de  la  Piicelle^  5o4..  ) 

Note  ^^o),  p.  55.  Ç?^'o«  nomme  aussi  la  Journée  des 
Harengs.... 

«  Pource  que  c'était  au  tems  de  Caresme,  il  y  avait 
»  plusieurs  chars  chargés  de  harencs.  »  {^Ckarticr^  i-, 
Voy.  aussi  Beny,  3-6.  ) 

Note  -^<') ,  p.  56.  De  remettre  en  dépôt  au  duc  de  Bour- 
gogne.... 

(Voy.  Chariîer^  i8;  lîist.  Chronolog.  .^ZZi  ;  Hist.  de  la 
Pucelle.,  5o4-;  Monstrelet,  t.  2,  f.  4-2  ;  Villaret^  xiv,  Syo; 
Hume  ,  vj ,  168;  Tripaut,  81  ;  Chron.  de  Fr. ,  336.  ) 

Projet  Note  ^-^0.  p.  56.  Lui  conseillaient  (  à  Charles  vu)  de 

de  retraite    ^^  réfugier  en  Dauphiné.... 

en  -^^  ^ 

Dauphiné.        (^oy.  Mézerai ,  Abrégé  in-4",  t.  2 ,  p.  684;  Daniel, 

vij ,  55;   Villaret,    xiv,  366  à  368;  Smollett.,  viij ,   64.; 

Tripaut.,  5o;   Richer  dans  Dartigny^  vij,  339;  Rapin- 

Thoyras .,  iv,  234,  elc.) 

Daniel  et  Villaret  donnent  de  grands  détails  à  ce  su- 
jet, et  le  premier  cite  pour  autorité  les  Annales  de 
France  de  Nicolas  Gille.  (C'est  Belleforêt  (f.337)  seu- 
lement qu'il  aurait  dû  citer.) 

Néanmoins  Luchet  (p.  309)  déclare  que  «c'est  un 
j»  fait  bien  hasardé  ,  sur  lequel  il  a  vainement  voulu  ras. 
î>  sembler  quelques  preuves  décisives;  que  si  le  déses- 
»  poir  eût  conseillé  à  Charles  une  semblable  bassesse  , 
;>  elle  ne  fût  pas  devenue  publique  ,  et  Von  n^aurait  pas 


NOTES  DE  JEÂNÎ4E  b'aRC.  1^5 

j)  arrêté  (ceci  est  une  critique  dirigée  contre  Villaret) 
n  que  le  Roi  ne  s'éloignerait  pas.  » 

Il  est  sans  doute  difficile  d'avoir  des  preuves  déri- 
sîves  d'une  discussion  dont  assurément  on  ne  tint  point 
registre;  mais  le  témoignage  des  auteurs  précédens  est 
fortifié  par  une  foule  de  circonstances ,  et  entre  autres 
par  les  vers  que  François  i^"",  sans  doute  plus  instruit 
que  Luchet  d'un  événement  peu  ancien  pour  lui ,  fit 
en  l'honneur  d'Agnès  Sorel.  Nous  ajouterons  une  au- 
torité que  ces  écrivains  n'ont  point  connue,  et  qui  nous 
paraît  du  plus  grand  poids.  Voici  ce  que  nous  lisons 
dans  Thomassin  (f.  96),  un  des  conseillers  principaux 
de  Louis  XI,  par  les  ordres  duquel  il  écrivait  trente  ans 
après  le  siège  d'Orléans,  et  à  qui  il  présenta  son  ou- 
vrage :  <f  On  avait  mis  en  délibération  que  Ton  de- 
M  vait  faire  si  Orléans  estait  pris ,  et  fut  avisé  par  la 
j»  plus  grand  part ,  s'il  estait  pris  ,  qu'il  ne  fallait  tenir 
i>  compte  du  demourant  du  royaulme ,  veu  Testât  en 
»  quoy  il  estait,  et  qu'il  n'y  avait  remède  fors  tant  seu- 
»  lement  de  retraire  mondit  seigneur  le  daulphin  en 
j>  cettuy  pays  de  Daulphiné  ,  et  là  le  garder  en  atten- 
>>  dant  la  grâce  de  Dieu  ,  etc.  j> 

Observons  encore  que  l'objection  faite  par  Luchet, 
sur  ce  que  la  délibération  ri  aurait  pas  été  rendue  publi- 
ijue  ^  est  une  pure  subtilité.  Personne  ne  dit  qu'on  la 
rendit  publique  ;  et  il  n'y  a  rien  d'extraordinaire  qu'une 
décision  d'un  conseil  d'état  parvienne  dans  la  suite  à 
la  connaissance  des  historiens. 

Au  surplus,  tous  les  auteurs  sont  également  d'accord 
sur  les  résultats  funestes  de  la  Journée  des  Harengs. 
(  Voy.  les  passages  cités  au  commencement  de  cette  note  ; 
Chartier^   18;   Monstrekt,   t.   2,f.  38,  /^o,)  «Charles, 


Î^G  ILOTES  DE  JEANNE  d'arc. 

«  dit  celui-ci ,  f.  4i  î  eut  au  cœur  grande  tristesse  ^ 
»  voyant  de  toutes  parts  ses  besongnes  venir  au  con- 
»  traire  et  persévérer  de  mal  en  pis.  »  (Voy.  aussi  Yavts 
de  deux  témoins ,  dans  Laverdy^  3 1 3.  ) 

Terminons  par  une  remarque  presque  décisive.  Tout 
ce  que  faisait  la  cour,  ordinairement  si  indolente  ,  de 
Charles  VII ,  prouve  combien  elle  craignait  que  la  prise 
d'Orléans  n'entraînât  la  ruine  de  ce  monarque.*  Pour 
nous  borner  à  un  seul  trait,  nous  voyons  qu'on  commet 
à  la  défense  de  la  place  l'amiral  (Culant)  et  un  des 
maréchaux  de  France  (Sainte-Sévère),  le  connétable 
d'Ecosse  ,  les  Dunois ,  les  Lahire ,  les  Xaintrailles  ,  etc.  ; 
que  dans  la  suite  on  envoie  au  secours  de  la  place  un 
prince  du  sang  (le  comte  de  Clermont),  un  autre  ma- 


^'  Les  expressions  et  les  conditions  du  traite  fait  le  lo  no- 
venibre  (  rapporté  ci  -  deçant  ^  note  i/fy  ,  page  1^4  )>  quinze 
jours  après  la  prise  des  tournelles  par  les  Anglais  ,  en  sont 
aussi  une  preuve  non  moins  frappante. 

Autre  preui'e.  Deux  mois  après  la  bataille  de  Rouvray,  le 
i3  avril  1429,  un  des  plus  fidèles  et  des  plus  puissans  alliés  de 
Charles  ,  le  duc  de  Bar  ,  négocia  avec  le  roi  d'Angleterre,  et 
traita  avec  lui  et  lui  prêta  serment  le  5  mai  (  ce  qui  affaiblit 
Charles  ,  dit  Dutiltet)  ;  mais  aussitôt  qu'il  connut  les  succès  de 
Charles  ,  dès  le  3  août ,  il  renonça  à  ces  traités  et  sermensi, 
(  V.  Dutillet,  Rec.  des  Traités ,  34G,  347  ,  362  ,  363.  ) 

Autre.  Les  états-généraux  des  provinces  fidèles ,  assemblés  à 
Chinon  ,  en  octobre  et  novembre  1428  (  au  commencement 
du  siège  )  ,  accordèrent  à  Charles  un  aide  de  quatre  cent  mille 
francs  ,  payable  par  toute  sorte  de  gens  ,  pour  résister  aux  An- 
glais ^\  pour  le  secours  d'Orléans.  Ils  demandèrent  qu'on  mandat 
le  roi  de  Sicile,  Charles  de  Bourbon  ,  les  comtes  d'Armagnac  , 
de  Foix ,  etc.  ,  pour  venir  servir  le  Roi  en  cette  extrémité. 
C  V.  D.  Vaisseite ,  /.  4  ,  p.   472.  ) 


177 

récîial  (Rays)  ,  etc.  (Voy.  ci-devant /zo/e  210,  p.  161  ; 
et  Tripaut^  P»  2  i ,  3/,  97  et  100.  ) 

NoTE*^^>,  p.  56.    Une  bergère^    à  peine  au  milieu  de  ï4^S- 

Mars. 
l  adolescence....  Pacelle 

«  Une  pucelle  ,  jeune  fille  aagée  de  QÎngt  ans  ou  envi-     d'Orléans; 
»>  ton...,  laquelle  fut  grand  espace  de  temps  cliambrière   et  profession. 
)>  en  une  hostellerie,   et  étoit  hardie    de   chevaulcher 
»  chevaux  et  les  mener  boire ,  et  aussi  de  faire  apertises 
»  et  autres  habilités  cjne  jeunes  filles  n'ont  point  accou- 
.'>  tumé  de  faire,  »> 

Ces  expressions  de  Monstrelet,  f  4^?  v"  ,  ont 
fourni  à  plusieurs  modernes ,  entre  autres  à  Voltaire 
(^Dîclionn,  philos.,  mot  ARC)  et  à  Hume,  vj ,  170  et 
suiv. ,  un  texte  à  des  commentaires  sur  YHistoire  de  la 
Pucelle. 

I.  Hume  dit  que  Jeanne  était  âgée  de  vingt-sept  ans  ; 
qu'elle  avait  été  servante  d'auberge,  etc.  ;  en  un  mot, 
il  copie  (sauf  pour  l'âge)  Monstrelet;  et  il  ajoute, 
p.  177?  que  dans  la  suite  on  nia  le  premier  état  de 
Jeanne,  et  qu'on  la  métamorphosa  en  bergère,  em- 
ploi qui  plaisait  davantage  aux  imaginations  vives  ;  que, 
pour  la  rendre  plus  intéressante,  on  supprima  près  de 
dix  ans  de  son  âge,  etc. 

On  pourrait  répondre  qu'il  importe  assez  peu  que 
Jeanne  ait  été  servante  ou  bergère ,  âgée  de  vingt-sept 
ans  ou  seulement  de  vingt ,  etc.  ;  que  tout  ce  qu'elle  fit 
n'en  serait  guère  moins  étonnant  ;  et  cette  vérité  est 
si  évidente,  que  l'un  des  antagonistes  les  plus  pro- 
noncés de  la  Pucelle  (^Luchet,  821 5  n'en  a  point  dis- 
convenu. 

Mais  on  n'en  est  pas  réduit  à  cette  alternative.  Et 


l-'S        ■  ÎÎOTES  DE  JEANÎs^E  d'aRC. 

d'abord ,  la  jeunesse  de  la  Pucelle  est  élablie  par  son 
propre  témoignage  et  par  celui  de  tous  les  écrivains  de 
son  siècle,  ou  les  plus  rapprochés  de  son  siècle.  En 
voici  la  notice  exacte  :  i°  Seize  ans  ou  environ....  Tlio- 
massin^  f.  loi  5  Daiilon  dans  Lengîet^  ij  ,  107.  — 2»  Dix- 
sept  à  dix-huit...,  Hist  de  la  Pucelle^  p.  5o5.  —  S'*  Dix- 
huit  ans....  Meyerus  et  Marianna^  dans  Hordal  ^  p.  Sy  et 
g4-  —  4°  Dix-huit  à  vingt  ans....  Berry^  pag.  876.  — 
So  Vingt  ans....  Gagitin,  Laziard,  Genebrard ,  Forcadeî , 
SymphorienCliampier^  PofydoreVirgile,  dans Hordal^  p.  66, 
90,  92,  102  ,  III  et  124.;  et  Chariier ,  p.  19. —  Enfin, 
Jeanne  elle-même ,  à  son  premier  interrogatoire  (2 1  fé- 
vrier i4-3o),  c'est-à-dire  une  année  après  son  départ 
de  Dom-Remy,  se  donna  dix-neuf  ans;  et  dans  son 
procès  justificatif,  vingt  témoins  attestèrent  la  vérité 
de  sa  déclaration.  *  (  Voy.  Villaret^  xvj,  389;  Ber- 
thier^  48 o  ;  Laverdy^  27;  Lenglet^  t.  3,  p.  11 4-  —  Voy. 
aussi  Villaret,  Gazette  Littéraire  de  1764.7  t.  3  j  p.  265.) 
Hume  n'oppose  à  tout  cela  que  l'autorité  de  Mons- 
trelet,  de  Hall  et  de  Graflon,  sans  indiquer  même  si 
ces  auteurs  se  sont  expliqués  et  sur  l'âge**  et  sur  la 

*  Lorsque  ses  parens  demandèrent  l'annullation  de  son  ju- 
gement ,  ils  se  fondèrent  entr'autres  sur  ce  qu'on  ne  lui  avait 
point  donné  de  conseil ,  quoiqu'elle  fût  mineure  d'âge.  (  V.  La— 
verdy  ^  5i5.) 

**  Rapin-Thoyras  ,  Histoire  d'Angleterre ,  t.  4,  p.  378,  avait 
déjà  attribué  cet  âge  de  27  ans  à  la  Pucelle.  Il  se  fonde  sur  un 
passage  de  Pasquier,  qui  donne  en  effet  à  Jeanne  29  ans  à 
'époque  de  son  procès.  Mais  ,  ou  les  actes  dont  s'est  servi  Pas- 
quier étaient  falsifiés ,  ainsi  que  le  dit  Berthier ,  p.  4^*^  >  ^^ 
il  y  a  une  faute  d'impression  dans  son  ouvrage  ,  où  l'on  aura  mis 
29  ans  au  lieu  de  19. 


IS'OTES  DE  JEAKNE  D  ARC.  I  yn 

condition  de  la  Pucelle.  Quoique  nous  ne  connaissions 
point  les  deux  derniers,  nous  osons  affirmer  que  leur 
opinion  n'est  ici  d'aucune  importance.  Nous  voyons  , 
d'après  les  citations  de  Hume,  que  Hall  a  écrit  tout  au 
plus  tôt  à  la  fm  du  i5^  siècle  ,  et  Grafton  au  milieu 
du  i6^  ;  ce  ne  sont  donc  pas  des  contemporains.  A. 
l'égard  de  Monstrelet,  dans  l'édition  que  nous  avons 
sous  les  yeux,  il  ne  parle  que  de  'pingt  ans  ;  et  les  ex- 
pressions de  jeune  fille  ^  dont  il  se  sert  à  plusieurs  re- 
prises ,  se  rapportent  plus  à  cet  âge  qu'à  celui  de  vingt- 
sept  ans.  * 

2.  En  second  lieu  ,  la  profession  de  Jeanne  n'est  pas 
moins  positivement  constatée  par  les  procédures  qu'on 
vient  de  citer  :  les  soins  du  ménage ,  et  quelquefois  la 
garde  des  troupeaux  de  ses  parens,  voilà  quelles  étaient 
ses  occupations ,  suivant  ses  réponses  et  le  rapport  una- 
nime de  trente-quatre  témoins,  tous  de  son  pays  ou 
des  environs.  (  Voy.  Lai>erdy,3^^  298,  29g.)  Elle 
ne  fut  servante  d'auberge  que  pendant  quinze  jours, 
d'après  sa  propre  déclaration  ,  et  un  espace  de  tems 
aussi  court  a  fort  bien  pu  leur  échapper  (Voy.  Ber^ 

*  Nous  avons  consulté  depuis  toutes  les  e'dilions  in-folio  et 
tous  les  manuscrits  de  Monstrelet  que  possède  la  bibliothèque 
de  Paris  :  partout  on  Ht  vingt  ans  ou  ençiron.  Voici  la  notice 
des  passages:  Edition  gothique  ,  Paris,  Bernard,  t.  2,  fol.  l^\. 
—  Autre  ,  Paris  ,  i5i8  ,  t.  2  ,  fol.  29.  —  Autre  ,  Paris  ,  i6o3 , 
t.  2  ,  fol.  42.  —  Manuscrits.  N^  8346,  t.  2  ,  fol.  5o.  —  Idem, 
de  Colberl,  n»  8299 ,  fol.  5o.  —  Idem,  de  Lavallière,  no  5o56, 
t.  2  ,  ch.  54. —  Idem  ,  un  Mss.  venu  de  Vienne.  —  Ainsi  Hume 
s'est  trompé  ,  ou  avait  une  mauvaise  édition  de  Monstrelet  ; 
ou  peut-être  il  se  sera  rapporté  de  confiance  à  l'assertion  de 
Hapin-Tlioyras. 


ItSo  NOTES  DE  JE  AISNE  d'aPX. 

thier^  48o  ;  Lucket,  3ii),  d'autant  qu'ils  déposaient 
vingt-cinq  ans  après  sa  mort.  (  Voy.  ci-après  note  2^3  , 
n°4-,p.i8i.) 

Au  reste,  pour  mettre  à  portée  d'apprécier  le  degré 
de  confiance  que  méritent  les  témoins,  voici  leurs  pro- 
fessions ,  que  nous  avons  extraites  des  Listes  de  Laver- 
dy,  p.  286,  et  Lenglet,  t.  2 ,  p.  166  et  suiv.  Quant  à 
leur  âge,  on  conçoit,  par  ce  qu'on  vient  de  dire,  qu'ils 
devaient  tous  être  au  moins  dans  la  force  de  la  matu- 
rité. 

Un  couvreur  de  toits  ;  neuf  laboureurs  ;  quatre 
épouses  de  laboureurs;  une  épouse  de  notaire;  une 
épouse  d'un  clerc;  un  drapier;  deux  notaires;  un 
prêtre;  deux  curés;  deux  chanoines  et  curés;  trois 
écuyers;  deux  seigneurs  ,  dont  un  chevalier  (la  profes- 
sion de  quatre  hommes  et  d'une  femme  n'est  point  dé- 
signée ). 


Premières        ]>îoTE  =^^),  p.  Sy.  Jetons  un  coup-d'œil  sur  les  causes 
années  „  .1     , 

de  auxquelles  on  la  attribue.... 


laPucelIe. 


Il  ne  sera  pas  inutile ,  pour  fortifier  l'opinion  que 
nous  avons  embrassée  relativement  à  ce  prodige,  de 
dire  ici  un  mot  des  premières  années  de  Jeanne  d'Arc,  et 
de  ce  qu'elle  fit  avant  l'expédition  d'Orléans. 

Nous  venons  {note  21^2)  de  constater  quels  étaient 
son  âge  et  sa  profession  ;  nous  n'avons  pas  des  docu- 
mens  moins  précieux  pour  ce  qui  nous  reste  à  rappor- 
ter. Nous  tirerons  nos  raisonnemens  des  dépositions  des 
trente-quatre  témoins  déjà  cités ,  en  élaguant  tout  ce 
qui  est  surnaturel  et  trop  minutieux,  et  nous  nous  ser- 
virons principalement  de  l'analyse  qu'en  a  faite  M.  de 


T^OTES  DE  JEAIS^NE  d'aRC.  i8i 

Laverdy,  pag.  298  et  siiiv. ,  sauf  à  en  remplir  les  la- 
cunes à  l'aide  d'autres  autorités. 

1.  Le  père  de  Jeanne  se  nommait  Jacques  d'Arc ,  ou 
Day,et  sa  mère  Isabelle  Romée,  habitant  à  Dom-Remy, 
près  VaucGuleurs.  (Voy.  lettres-patentes  d'anoblisse- 
ment de  sa  famille,  de  décembre  i4-29,  dans  Godefroi ^ 
p.  897;  et  Lenglel^  t.  i  ,  p.  3.)  C'étaient  des  cultiva- 
teurs peu  aisés ,  mais  estimés  généralement  ;  leur  fa- 
mille était  composée  de  cinq  enfans.  {\ oy.  Laverdy^ 
298;  Lengkt  ,  page  3  ;  Luchei  ^  3ii;  Dartigny ,  vij , 
340.) 

2.  Jeanne  fut  instruite  dans  les  travaux  du  ménage 
et  dans  la  religion  chrétienne  :  elle  était  fort  pieuse; 
elle  se  confessait  et  communiait  fréquemment;  allait 
toutes  les  semaines  en  pèlerinage  à  une  petite  chapelle 
des  environs  ^  visitait  et  soignait  les  malades;  assistait 
les  pauvres  et  accueillait  les  pèlerins  ;  gardait  quel- 
quefois les  troupeaux  de  san  père,  ou  accompagnait  la 
charrue  ;  mais  ordinairement  elle  cousait  et  filait....  Il 
n'y  a  qu'une  voix  sur  la  douceur  de  son  caractère,  la 

.  sagesse  de  sa  conduite ,  et  son  amour  pour  le  travail. 
(Voy.  ci -après  noie  383;  Laoerdy,  298,  299;  Len- 
glet^  4-  €t  5.  —  Voy.  aussi  Lucliet ,  018 ,  35i  ;  Dartigny, 
vij ,  34.0  à  34.3.  ) 

3.  Depuis  plusieurs  années,  elle  s'occupait  et  s'in- 
quiétait beaucoup  de  l'état  du  royaume  ;  mais  il  pa- 
raît qu'elle  ne  quitta  Dom-Remy  que  peu  de  tems  avant 
son  expédition  ,  et  seulement  pour  six  ou  sept  voyages 
très-courts  qu'elle  fit  à  Neufchâteau  en  Lorraine ,  à 
Toul,  à  Nancy  et  à  Vaucouleurs.    " 

4..  Le  premier  voyage  fut  déterminé  par  une  excur- 
sion des  Bourguignons  du  côté  de  Dom-Remy  ;  Jeanne 


l82  IS'OTES  DE  JEANTs'E  d'aRC. 

suivit  ses  parens  et  d'autres  habitans  de  son  village. 
(  Voy.  Laverdy^  p.  298.)  Il  est  à  présumer  que  c'est  alors 
qu'elle  fut  servante  d'auberge  (ci-devant  note  24.2,  n.  2, 
P-  ^79)  •)  p^rce  que  de  pauvres  cultivateurs,  tels  que 
ses  parens  ,  devaient  cbercher  des  ressources  pendant 
leur  émigration.  Si  notre  conjecture  est  fondée  ,*  le 
silence  des  témoins  sur  cette  profession  s'explique  na- 
turellement. Il  est  vrai  qu'ils  ne  parlent  pas  non  plus 
d'un  voyage  à  Toul ,  qu'elle  indique  dans  son  inter- 
rogatoire (Voy.  Looerdy^  p.  89;  Lengîet^  t-  i?  p.  12); 
mais  il  a  pu  ,  nous  le  répétons,  leur  échapper  par  sa 
brièveté.**  Un  oncle  de  Jeanne  l'accompagna  dans  les 
derniers  voyages. 

5.  Elle  annonce  aussi  dans  cet  interrogatoire  que  ses 
révélations  et  apparitions  multipliées  ont  commencé 
lorsqu'elle  avait  treize  ans.  {Y  oy .  Laverdy  ^  36.)  Ce- 
pendant elle  ne  les  communiqua  point  à  ses  compa- 
triotes ;  sa  croyance  à  ces  révélations  est  peu  surpre- 
nante ,  vu  la  crédulité  superstitieuse  de  sa  contrée  ,  et 
dont  il  suffit  de  donner  un  exemple.  Les  fées  venaient 
à  Dom-Remy  sous  un  arbre  ;  afm  de  les  écarter ,  le 
curé  y  allait  chanter  un  évangile ,  la  veille  de  l'As- 
cension ;  il  était  accompagné  des  habitans.  Jeanne 
d'Arc  l'y  suivait  comme  eux  ;  mais  on  ne  la  vit  point 
s'y  rendre -seule.  (Voy.  Laverdy  ^  3oo  ;  Dartigny  ^  vij , 
35o.  ) 

*  Elle  l'est  en  effet  comme  nous  l'avons  ve'rifié  depuis. 
(V.  la  réponse  de  Jeanne  au  8^  art.  ,  extraite  par  Belleforct ^ 
sur  la  chronique  de  France  ,  foi.  348,  v".) 

**  Il  fut  tout  au  plus  de  deux  ou  trois  jours  ,  puisqu'elle  le  fit 
pendant  son  séjour  à  Neufchâteau.  (  V.  Lenglct  et  Bclleforèt , 
ibid.  ) 


NOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  i83 

6.  Ses  discours  ,  sa  conduite  retirée  ,  car  elle  ne  se 
mêlait  point  aux  jeux  des  filles  de  son  âge  ;  quelques 
mots  de  son  projet  en  faveur  de  Charles  vil  (  Voy. 
Laverdy^  ^99»  3oo  )  ;  voilà  ce  qui  put  donner  d'a- 
bord des  soupçons  sur  les  pensées  dont  elle  était 
agitée.  Mais  c'est  sur-tout  pendant  les  deux  années  im- 
médiatement antérieures  à  son  expédition  qu'elles  se 
manifestèrent.  Elle  sollicita  son  oncle,  Jean-la-Part,  de 
la  conduire  à  Vaucouleurs  auprès  de  Baudricourt , 
commandant  de  la  place.  Elle  voulait,  disait  elle,  aller 
trouver  le  dauphin  pour  le  faire  couronner,  et  Bau- 
dricourt devait  l'envoyer  à  ce  prince.  {Y oy .  Laverdy ^ 
3oo;  Darllgny  ^  vij ,  346,  35o.  ) 

7.  Jean-la-Part,   cédant  à  ses  instances  ,   la  mena  à       Fut-elle 
Yaucouleurs  ,  au  mois  de  mai  14.28.  {Noy.  LciQerdy ^  rôle 
3oo  ,  3oi  ;  Lenglei,  t.  i,  p.  i5  ;   Luchet,^,  3i3.)                 qu'elle  joua  ? 

Avant  d'aller  plus  loin  ,  présentons  deux  observa- 
tions :  1  °.  Les  habitans  de  Dom-Remy ,  à  l'exception  d'un 
seul,  étaient  d'ardens  royalistes.  (  Voy.  Lenglet ^  t.  i, 
p.  5  ;  Bartlgny  ,  vij  ,  346.  )  2°.  Et  ceci  paraît  avoir 
échappé  à  tous  les  critiques,  les  instances  de  Jeanne 
sont  antérieures  de  onze  mois  au  siège  d'Orléans  ,  de 
sept  mois  au  débarquement  de  Salisbury  avec  des 
renforts  considérables  (ci-devant  note  2i3,  p.  162); 
elles  remontent  à  une  époque  où  le  part],  de  Char- 
les VII  avait  encore  des  ressources  ,  si  Ton  eût  su  en 
faire  usage.  Enfin  ,  le  premier  voyage  de  Vaucouleurs 
a  précédé  le  siège  de  cinq  mois  ,  l'ouverture  de  la 
campagne  funeste  de  1428   de   deux  mois,  l'arrivée  de 

Salisbury     d'un    mois Comment     supposer    que 

Jeanne  fût  dès   long  -  tems  préparée    à   son   rôle  ?...» 
L'abbé  Lenglet,    dans  ses  Jpçlogies  indiscrètes  ^"^vèiQ^ 


ï84  Î^'OTES  DE  JEANTsE  d'aRC. 

il  est  vrai  ,  à  des  réflexions  opposées  ,  mais  par  des 
erreurs  grossières.  11  prétend ,  p.  i5  ,  qu'au  mois  de 
mai  14.28  «  on  murmurait  déjà  sur  le  siège  d'Or- 
»  léans  que  les  Anglais  devaient  faire  ,  parce  qu'ils  se 
î)  rendaient  maîtres  des  villes  de  la  Loire ,  au-dessus  et 
»  au-dessous  d'Orléans,  pour  empêcher  qu'on  n'y  portât 
»  des  vivres.  «  Tous  ces  événemens  ,  on  l'a  vu  ,  sont 
postérieurs.  (  Voy.  le  texte  ci-devant ,  p.  5i.  ) 

8.  Baudricourt  accueillit  fort  mal  et  renvoya  l'on- 
cle et  la  nièce  ;  il  se  borna  à  informer  Charles  vii 
des  demandes  de  Jeanne.  Un  deuxième  voyage ,  dont 
on  ignore  l'époque  précise  ,  n'eut  pas  plus  de  suc- 
cès. (Voy.  Lcwerdy  y  3oi  ;  Lenglel ,  16,  21;  Liichef  ^ 
3i4.) 

g.  Sur  ces  entrefaites,  les  discours  tenus  par  Jeanne 
pendant  ces  mêmes  voyages  répandirent  aux  environs 
le  bruit  de  son  projet;  et  son  oncle  Tayant  conduite 
à  im  pèlerinage  auprès  de  Nancy  ,  le  duc  de  Lorraine 
eut  la  curiosité  de  la  voir  ,  et  même  de  la  consulter 
sur  une   maladie.  (  Voy.  Laverdy  ,  3oi  ;  Lengïet^  t.  i, 

10.  Enfin  ,  à  un  troisième  voyage  qu'ils  firent  à  Vau- 
couleurs,  vers  le  mois  de  février,  et  qui  dura  trois  se- 
maines, les  désirs  de  Jeanne  furent  remplis.  Deux  gen- 
tilshommes lui  fournirent  des  habits  d'hommes,  des 
armes  et  un  cheval,  et  se  chargèrent  de  l'accompagner; 
et  Baudricourt  ,  après  une  réponse  de  la  cour ,  auto- 
risa le  voyage  de  Chinon  ,  et  donna  une  lettre  pour  le 
roi.  (  V.  Laverdy  y  3o3;  LengJet^  21  à  23.) 

Arrêtons-nous  encore.  Prions  le  lecteur  de  réfléchir 
un  instant  sur  la  conduite  de  ce  gouvernement  à  qui 
l'on  prête  des  vues  si  profondes,  et  des  mesures  qui 


IsOTES   DE  JEAÎ^^E  D  ARC.  ibo 

auraient  exigé  des  années  de  préparations.  Il  laisse 
écouler  dix  mois  avant  de  répondre  à  Baudricourt  :  il 
laisse,  pendant  ce  long  intervalle,  la  jeune  fille  dont 
on  veut  qu'il  se  soit  fait  un  instrument,  habiter  dans 
un  canton  entouré  d'ennemis  ,  voyager  dans  les  Etats 
d'un  prince  étranger  ;  en  un  mot ,  il  la  laisse  au  milieu 
de  gens  qui  auraient  pu  éclairer  et  dévoiler  des  pré- 
paratifs qu'il  fallait  ensevelir  dans  le  secret,  s'il  y  avait 
eu  du  mystère.  * 

II.  Les  mêmes  gentilshommes  accompagnèrent 
Jeanne  pendant  le  voyage  de  Vaucouleurs  à  Chinon  , 
qui  dura  onze  jours,  "**  et  où  ils  éprouvèrent  beau- 
coup d'inquiétudes  et  de  difficultés  à  cause  des  partis 
anglais  ou  bourguignons  qui  battaient  de  tous  côtés  la 

*  Celte  observation  nous  parait  d'autant  plus  de'cisive,  \°  que 
le  duc  de  Bar,  près  des  Etats  duquel  Jeanne  habitait  et  voya- 
geait, fut  avant  et  pendant  ses  premiers  exploits  (du  i3  avril  au 
3  août  1429  )  rallié  des  Anglais  (V.  ci-deiant  note'n.l^x  ,p.  176)  ; 
2.°  qu'au  commencement  du  procès  de  Jeanne,  le  même  duc 
et  Antoine  ,  comte  de  Vaudemont,  également  voisin  du  même 
pays  (  Vaudemont  est  à  quatre  lieues  de  Dom-Remy  )  ,  furent 
en  différend  et  bientôt  en  guerre  pour  la  succession  de  Char- 
les II  ,  duc  de  Lorraine  (mort  le  25  janvier  i43o  )  ,  et  que  le 
roi  appuya  de  toutes  ses  forces  le  parti  du  premier,  et  le  duc 
de  Bourgogne  celui  du  second.  (  V.  79.  Calmet ^  Ili'st.  de  Lor- 
raine.  noui>.  édi'Ly  tom.  S,pag.  10  à  12.)  Les  alliés,  qui  voulaient 
décrier  la  Pucelle,  et  ensuite  lui  cherchaient  des  torts,  eussent 
reçu  des  renseignemens  de  l'un  ou  de  l'autre  des  deux  rivaux 
à  ces  divei'ses  époques  ,  sises  premières  démarches  eussent  an- 
noncé du  mystère  et  de  la  fraude. 

**  Polluche  dit  douze  à  quatorze.  (Y.  Darfigpy  ^  vij\  Sg.  ) 
Quant  à  son  itinéraire,  voyez,  à  la  fin,  l'explication  de  la 
deuxième  carte  ,  5  2. 


i86  ^"OTEs  DE  JEA^'îïE  d'arc. 

campagne.  . .  Sa  sagesse  et  sa  piété  les  édifièrent. . . 
Le  roi  remboursa  leurs  dépenses,  (  Voy.  Laver dy  ^ 
3o3  ,  3o4.  ;  Lenglet  ^  t.  i ,  p.  24.  à  27  ;   Tripaut^  4g.  ) 

12.  Jusqu'à  présent,  nous  n'avons  entrevu  aucun 
moment  pendant  lequel  cette  cour  si  habile  de  Charles 
ait  pu  faire  les  préparatifs  nécessaires  à  son  stratagème. 
Examinons  si  depuis  elle  a  eu  plus  de  tems. 

Nous  ne  connaissons  pas  précisément  le  jour  de  l'ar- 
rivée de  Jeanne  à  Chinon  ;  mais  comme  Baudricourt 
ne  consentit  à  son  départ  qu'après  la  nouvelle  de  la 
Journée  des  Harengs  (Voy.  Lenglet,  t.  i,  p.  23),  qu'il 
dut  recevoir  tout  au  plus  tôt  du  i5  au  20  février,  et 
comme  le  voyage  dura  onze  jours,  c'est  aussi  tout  au 
plus  tôt  un  des  derniers  jours  de  février  que  Jeanne 
put  entrer  à  Chinon.  * 

L'époque  où  elle  quitta  la  cour  pour  aller  au  siège 
d'Orléans  n'est  pas  non  plus  connue  positivement  ; 
du  moins  il  y  a  sur  ce  point  plusieurs  versions  que 
nous  exposerons  dans  l'itinéraire  de  Jeanne  (Voyez-le 
ci-après,  à  sa  note  11  ).  En  admettant  celle  qui  retarde 
le  plus  le  départ  de  Jeanne  ,  le  gouvernement  aura  eu 
cinquante  jours  pour  la  former  au  sang- froid,  à  la 
présence  d'esprit  ,  à  la  bravoure  ,  à  l'intrépidité  ,  etc. , 

dont  elle  donna  des  preuves  si  extraordinaires! C'est 

déjà  bien  peu.  Mais  que  dire,  lorsqu'on  voit  que  cetin- 

*  Il  est  même  probable  que  c'est  plus  lard  ,  d'après  ce  passage 
d'une  ancienne  chronique  :«  Six  mars  1428  la  Pucclle  vint  au 
Roi.  M  (V.  Notice  des  Mss. y  ij\  3o8.  )  Serres,  dans  sort  iftren- 
taire ,  p.  224 ,  dit  également  le  six  mars.  Idem  ,  Guyon ,  Hist. 
d'Orléans  ^  p.  20  j. 


Î^OTES  DE  JEAISÎ^E  d'aRC.  187 

tcrvalle,  au  lieu  ci'êlre  employé  à  l'exercer  à  l'équitation, 
au  maniement  des  armies  et  aux  manœuvres,... à  lui  en- 
seigner les  moyens  à  l'aide  desquels  on  peut  exercer 
de  l'influence  sur  le  soldat ,  l'enhardir,  le  pousser  en 
quelque  sorte  au  combat,  etc.,  est  absorbé  par  des 
conférences  du  conseil,  des  recherches  de  matrones, 
des  examens  de  théologiens  ,  des  interrogatoires  de 
magistrats  (  ces  interrogatoires  durèrent  seuls  pendant 
trois  semaines  ,  et  on  y  procéda  à  Poitiers  ,  à  quinze 
lieues  de  la  cour)  ,  des  voyages  de  Chinon  à  Poitiers 
et  à  Blois  5  des  enquêtes  sur  Jeanne  ,  etc.  ,  etc.  ?  (On 
peut  en  voir  les  détails  ,  qu'il  serait  aussi  long  qu'en- 
nuyeux de  noter,  dans  tous  les  historiens,  et  sur-tout 
dans  Lenglet^  t.  i ,  p.  25  à  5i  ;  et  Lcwerdy  ^  p.  4-i  ?  ^t 
3o4  à  3i5,  352,  note  26.  —  Voy.  aussi  ce  que  nous 
disons  ci-après,  note  392,  de  la  prétendue  influence 
d'un  moine  sur  Jeanne  d'Arc.) 

i3.  Résumé.  11  résulte  de  l'exposé  précédent  que 
Jeanne,  cédant  au  civisme  et  sur-tout  à  l'enthousiasme 
dont  elle  était  animée  ,  conçut  elle-même  son  entre- 
prise ;  que  la  cour  n'eut ,  comme  nous  le  disons  au 
texte,  p.  58,  d'autre  mérite  que  de  lui  fournir  les 
occasions  qu'elle  sollicitait  ;  que  tout  au  plus  ,  lors- 
qu'on se  fut  décidé  à  l'employer,  put- on  chercher 
par  quelques  épreuves  à  lui  donner  de  l'aisance  et  de 
la  fermeté  dans  l'exercice  du  cheval  et  de  la  lance  ,  si 
toutefois  elle  n'en  avait  pas  acquis  ,  soit  pendant  son 
enfance  (  Foj.  le  texte,  p.  60  ,  et  ci-après  note  257  )  , 
soit  pendant  ses  voyages  ,  etc. 

Mais  à  quoi  bon  tous  ces  conseils,  examens,  inter- 
rogatoires—  Voilà  l'objeclion  des  critiques  ,  tels  que 
Hume  ,  p.  175  et  suiv Nous  répondrons  que  ,  selon 


l88  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

toutes  les  probabilités  confirmées  par  les  récits  des 
historiens  (Voy.  Laverdy^  p.  3o5  ;  Lenglet^  t.  i ,  p.  27; 
Belkforêt  ^  Chronicjue^  f.  SSy -,  FzV/are/,  xiv,  876,  etc.)  , 
on  hésita  d'abord  à  accepter  les  services  de  Jeanne  ;  la 
crainte  du  ridicule  et  du  mépris,  en  cas  qu'elle  échouât, 
suffisait  pour  retenir  les  ministres.  Une  fois  subjugués 
par  féloquence  et  l'entbousiasme  de  Jeanne  ,  et  peut- 
être  ajoutant  quelque  confiance  à  ses  révélations  ,  ils 
prirent  toutes  ces  mesures,  et  employèrent  quelque  mer- 
veilleux pour  en  imposer  au  vulgaire. 

Comment  Hume  peut -il  leur  prêter  tant  de  philo- 
sophie, lui  qui  a  fait  auparavant,  p.  lyS,  cette  réflexion 
judicieuse  :  Il  est  incertain  si  Baudricourt  sût  discer- 
ner le  parli  qu'on  pouvait  tirer  «  d'un  instrument  si  bi- 
j>  zarre,  ou,  ce  qui  est  plus  vraisemblable  dans  ce  siècle 
»  crédule  ,  s'il  fût  persuadé  lui-même  de  la  mission 
»  divine  de  cette  visionnaire,  n 

i4-  On  voit  que  nous  n'avons  point  parlé  des  cir- 
constances miraculeuses  qui  ont  accompagné,  dit-on, 
l'entreprise  de  Jeanne  ;  que  nous  n'avons  point,  en  un 
mot ,  imité  le  père  Berlhier  (  p.  4^3  et  suiv.  ),  à  qui  le 
désir  de  trouver  dans  la  mission  de  la  Pucelle  quelque 
chose  de  divin  ,  fait  ajouter  trop  de  confiance  aux  ré- 
cits des  auteurs  du  tems.  C'est  que  nous  n'en  avions 
nul  besoin  ;  qu'il  suffit  de  lire  ces  auteurs  pour  être 
convaincu  de  leurs  dispositions  à  voir  et  créer  des  mer- 
veilles; qu'après  avoir  examiné  avec  scrupule  leurs  ou- 
vrages et  le5  dépositions  des  témoins  ,  nous  avons  re- 
connu qu'on  pouvait  dégager  de  tous  les  événemens 
qu'ils  racontent  toutes  ces  prétendues  merveilles ,  sur 
lesquelles  d'ailleurs  ils  sont  très-peu  d'accord  (F.  ci-apr. 
«o/c  202,  p.  190),  sans  que  la  vérité  des  faits  admis  par 


NOTES  DE  JEANî^E  d'aRC.  189 

tous  les  partis  en  reçoive  aucune  atteinte  ;  qu'enfin , 
nous  nous  sommes  dit  avec  Hume ,  p.  192  ,  que  les  faits 
réels  et  incontestables  accréditaient  les  exagérations  y 
quoiqu'ils  fussent  assez  surprenans  par  eux-mêmespour 
n'en  être  pas  susceptibles. 

KoTE  ^^'+),  p.  Sy.  Des  éi>êjues  ei  V Université.... 
(  Voy.  le  texte  ,  p-  90  ,  et  les  notes  876 —  SjS.  ) 

Note  ^^^\  p.  Sy.  Chargée  d'une  mission  divine.... 

(  Voy.  leurs  opinions  dans  Berthier,  p.  4^3  et  suiv.) 

Note  ^^^^ ,  p.  58.  Explication....  (jue  nous  proposerons 
tout- à-l'heure 

Ç^Voy.  le  texte  p.  58  et  suiv, — Voy.  aussi  ci-devant, 
noie  24.3  ,  n.  i3,  p.  187.) 

Note  =^7) ,  p.  58.  Pour  les  conseils  de  Charles.,.. 
(  Voy.  note  243  ,  n.  10  ,  12  et  i3  ,  et  presque  tout  le 
texte  de  notre  ouvrage...) 

]V}qj£248)  ^  p^  53,  Du  sentier  de  la  vertu  et  du  courage..,: 

Les  auteurs  anglais  le  déclarent  eux-mêmes.  «  Cette 

j)  fille  ,  dit  Hume,  vj ,  171  ,  172  ,  était  d'une  vie  irré- 

n  prochable....  et  elle  avait  une  intrépidité  rare.  »  {^Voy, 

au  reste  ,  le  texte ,  p.  90  ,  et  la  note  383.) 

«  Quand  on  parlait  de  guerre  ,  ou  qu'il  fallait  mettre 
»  des  gens  en  ordonnance,  il  la  faisait  bel  ouïr  et 
»  voir  faire  les  diligences  nécessalrè^s  :  et  si  l'on  criait 
»  A  l'arme  ,  elle  était  la  première  et  la  plus  diligente , 
»  fût  à  pied  ou  ci  cheval.  »>  (  liist.  de  la  Pucelle ,  520.) 


igo  NOTES  DE   JEANNE  d'aRC, 

Note.  -^9),  p.  58.  Plusieurs  années  de  préparation..,. 
Cela  est  de  toute  évidence.    (^Voy,  aussi   note   243, 
n.  lo  ,  12  ,  i3,  p.  184.  et  sulv. ;  et  ci-après  ,  note  392.) 

Note  =5°) ,  p.  58.  Tout  le  mérite  de  la  cour.... 
{Voy.  à  ce  sujet  note  24-3,  n.  i3  ,  p.  187.) 
Ajoutons  que  le  roi  lui  fit  aussi  fournir  un  équipe- 
ment militaire  ,  qu'il  lui  donna  un  écuyer  et  un  confes- 
seur, *  et  qu'il  se  chargea  de  sa  dépense.  (Voy,  ia- 
verdy.,  p.  3 04.  ,  3i4;  Lenglet .,  t.  i  ,  p.  5o  ;  Tripaut.,  54'- 
il  parle  aussi  d'un  page.  ) 

Note  ^^')  ,  p.  5g.  User  de  (pielque  merveilleux.... 
{^Voy,  ci-devant  note  243  ,  n.  i4,  p.  188) 

Note  "=) ,  p.  5g.  Lui  découvrir  un  secret.... 

Nous  avons  observé  ,  note  243  ,  n.  14,  p.  188,  que 
les  auteurs  sont  très -peu  d'accord  dans  le  récit  des 
circonstances  merveilleuses  sur  lesquelles  on  fonde  la 
mission  de  Jeanne;  preuve  assez  forte  que  la  plupart 
ne  furent  que  le  fruit  de  l'imagination  du  vulgaire  ,  qui 
se  complaît  tant  dans  les  événemens  singuliers.  Nous 
remarquons  sur-tout  cette  discordance  ,  quant  à  ce  fa- 
meux secret.  Selon  la  relation  de  Thomassin  ,  f  94, 
les  réponses  de  Jeanne  au  roi  sont  tournées  de  telle 
sorte  qu'elles  excluent  toute  idée  de  secret.  Ensuite , 
après  avoir  fait  mention  de  ses  exploits  ,  Thomassin, 
f.   io3 ,  se  borne    à  raconter,  d'une  manière  vague  , 

* 
*  L' écuyer  était  Jean  Daulon  ,  depuis  sénéchal  deBeaucaire, 
et  le  confesseur  le  père  Paquerel ,  augustin.  Tous  les  deux  furent 
dans    la  suite   témoins   dans   la  révision  du  procès  de  Jeanne 
d'Arc. 


NOTES   DE  JEANNE  D  ARC.  I9I 

qu'elle  a  souvent  Jlt  au  roi  des  choses  secrètes  que  peu 
de  personnes  savent....  Le  continuateur  de  Tiipaut , 
fie  A,  déclare  nettement  que  ce  secret  n'est  point  dans 
4es  Chroniques....  Tilpaut ,  p.  52,  le  place  après  les 
«remiers  examens  de  Jeanne  ,  etc. 

Note  *^^) ,  p.  Sg.  Dès  la  première  journée 

On  en  eut  presque  aussitôt  la  preuve,  dans  le  berger 
que  Xaintrailles  essaya  de  faire  agir  comme  inspiré  ,  et 
qui  ne  servit  que  de  jouet  aux  ennemis  (en  i4-3i  ). 
(Voy.  Villaret  ,  xv,  35  et  98;  Journal  de  Paris  ^  i43  , 
i44;  Monstrelet,  ij  ,  68.) 

Note  ^^^) ,  pi-  60.  La  superstition  était   une   maladie   Superstition 

de 
universelle....  son  siècle. 

S'il  était  nécessaire  de  le  prouver  ,  il  nous  suffirait 
de  ciler  quelques  passages  des  écrivains  du  tems,  consi- 
dérés ,  à  raison  de  leur  profession  ,  comme  les  plus 
éclairés.  Nous  citerions,  par  exemple,  dans  l'histoire 
de  l'abbé  de  Saint-Denis ,  que  le  Laboureur  a  traduite, 
le  chapitre  où  ,  à  l'occasion  d'une  éclipse  de  soleil,  il 
dit  sérieusement  que  «  les  astrologues  ,  jugeant  par  une 
5)  science  naturelle  des  effets  par  les  causes  ,  pronosti- 
»  quèrent  qu'il  en  arriverait  des  accidens  extraordi- 
»  naires ,  ce  qui  se  trouva  véritable.  (  Toy.  Laboureur^ 
p.  548.) 

Nous  citerions  sur-tout  divers  récits  de  Juvénal  des 
Ursins  ,  archevêque  de  Rheims.  Selon  lui ,  tantôt  l'i- 
mage d'un  saint  a  tourné  subitement  le  dos  au  soldat 
qui  la  voulait  prendre,  l'a  rendu  enragé,  et  tous  ses  ca- 
marades dévots  (  p.  5o) Tantôt  des   prêtres,  au 

moyen  d'invocations,  font  venir  le  diable,  et  on  a  tant 


Tg2  NOTES  I)E  JEANNE  d'aRC. 

de  confiance  en  eux  ,  que  le  conseil  de  Charles  VI  ar- 
rête qu'on  les  priera  d'essayer  sa  guérison  (p.  192  ).... 
Tantôt  le  tonnerre  entre  dans  la  maison  du  dauphin  , 
lue  un  enfant ,  en  blesse  plusieurs  autres  ,  et  il  conti- 
nuait ce  métier  «  jusques  à  ce  qu'on  print  de  l'eau  bé- 
f>  néite ,  en  l'aspergeant  en  la  chambre  et  ailleurs  par 
w  l'hôtel, et  nesceut-ononcquescequ'il  devint  (p. 206).» 
Mais  puisqu'il   s'agit   de  visions  et    révélations  ,   le 
même  Juvénal  nous  montrera  aussi  que  les  grands  n'y 
avaient  guère  moins  de  confiance  que  les  pauvres.   Un 
mathurin  ,  un  carme  et  autres  de  l'Université  s'assem- 
blent,  en   i4i3  ,  pour  imaginer  quelle  sera  la  fin  du 
gouvernement  des  bouchers  bourguignons  (  ci  devant 
note  78  ,  p    123)  ,  et  ils  prient  Juveiral  du  Treignel , 
père  de  l'archevêque  et   l'un   des  personnages  les  plus 
importans  de  l'Etat ,  de  se  réunir  à  eux.  l!s  délibèrent 
de  s'adressera  des  personnes  menant  vie  contemplative, 
telles  que  des  religieuses.  Celles-ci  leur  communiquent 
des  vidons....  L'une  voit  trois  soleils  ;  la  seconde  trois 
divers  tems  ;  la  troisième  1?  roi  d'Angleterre  au  haut 
des  tours  de  Notre-Dame....  Sur  ce,  deux  autres  as- 
semblées où  ces  graves  docteurs  concluent  qu'il  pourra 
y   avoir   mutation    de   seigneurie    au   royaume   (Ju- 
vénal,  p.   3i6)....  Sept   ans   après  ,  l'archevêque    de 
Rheims,  qui  écrivait  alors  son  histoire  ,  ayant  occasion 
de  parler  du  traité  de  Troyes  (ci-dev.  note  i25,  p.  i36), 
ne  manque  pas  de  se  souvenir  de  ces  visions  vues  par 
bonnes  créatures....  des  trois  soleils  ;  car  en  effet ,  observe- 
t-il ,  «  y  eut  trois  rois  en  France,  c'est  à  savoir  France, 
«Angleterre,  et  Monseigneur  le  Dauphin.  »    {Juvé^ 
ual,  p.  /t^jj-)   Enfin,  sa  mère  avait  aussi  des  visions 
à-peu-près  de  la  même  force.  (Fo/.  id.  324-  — ^oy. 


>OTES  DE  JEANNE  d'aRC.  igS 

dans  Voltaire  ,  Essai  sur  les  Mœurs  ^  ch.  ^9  ,  note  16  , 
uïi  éloge  de  Juvénal  du  Treignel.) 

Note  *^^),  p.  60.  Que  son  imagination  exaltée 

Hume ,  vj ,  172  ,  est  à-peu-près  du  même  avis ,  et 
Luchet  lui-même  ne  peut  s'empêcher  de  dire ,  p.  338  : 
«  La  question  n'est  pas  si  elle  se  croyait  inspirée  ;  qui 
en  doute  ?  mais  si  elle  l'était.  ».... 

Mais  dès  que  Luchet  connaissait  si  bien  la  véritable 
question,  pourquoi  a-t-il  fait  tant  de  pages  pour  ré- 
futer ce  qui  ne  méritait  pas  une  réfutation  ?.... 

Note  ^SC)^  p.  go.  Jeanne  maniait  ai^ec  assurance Exercice 

^  .du  cheval 

Et  encore  faut-il  supposer  que  ses  contemporams,       et  de 

émerveillés  de  ses  exploits,  n'auront  pas,  selon  leur    ^^  ^^nce. 

coutume  ,  mis  de  l'exagération  dans  leurs  éloges. 

Note  *^7),  p.  61.  Un  contemporain  assure  qu'elle  s'y 
essayait.... 

A  principio  œtatis  suœ pascendo  pecora sœpius 

cursum  exercebal  ;  et  modo  hîic  afque  iliiic  illi  frequens  cur- 
sus erat;  et  aliquando  currendo  hastam  ut  fortis  eques  manu, 
capiehat  et  arborum  irumos....  percutiebat ,  etc.  —  Phi- 
lippe de  Bergame  ,  dans  Hordal ,  p.  4o. 

iV.  B.  Cet  auteur  est  né  en  i434.;  (Voy.il/orm,  mot 
Foresti.  ) 

Nous  conviendrons  que  les  enquêtes  et  interroga- 
toires relatifs  à  Jeanne  ne  font  point  mention  de  cette 
particularité;  mais,  1°  ils  ne  contiennent  rien  (voyez- 
en  V extrait  à  la  note  242  ,  p.  177  et  suiv.  )  qui  y  soit 
contraire;  2°,  Philippe  nomme  le  témoin  oculaire  de 

i3 


194 

qui  il  la  tient;  3"  enfin  ,  le  duc  d'Alençon  la  confirme 
.    indireclement.  En  effet ,  aussitôt  qu'il  apprit  l'arrivée 
de  Jeanne  à  Chinon  ,  il  s'y  rendit  de  Saint-Florent, 
où  il  se  trouvait,  et  dès  le  lendemain  il  la  vit  passer, 
tine  lance  à  la  main  ,  quelle  portait  et  faisait  mouQoir  aQec 
beaucoup  de  grâce  ^  et  alors  il  lui  fit  don  d'un  beau  che- 
val. (Voy.  Laverdy,  807,  3o8  et  34-8,  note  8.)  Saint- 
Florent  n'est  éloigné  de  Chinon  que  d'environ  vingt- 
cinq  lieues  ;  il  ne  dut  donc  y  avoir  que  quatre  ou  cinq 
jours  d'intervalle  entre  son  arrivée  et  sa  rencontre  avec 
le  duc...  D'autre  part ,  Jeanne  ne  fut  admise  auprès  du 
roi  qu'au  bout  de  deux  jours.  {^Dunois  dans  Laoerdy^ 
p.  352  ,  note  26.  )  Il  ne  reste  donc  plus  que  deux  ou  trois 
jours  d'intervalle.  Elst-il  probable  que  pendant  ce  court 
espace  de  tems    elle  eût  pu  apprendre  à   manier  avec 
grâce  une  lance  ?... 

IXoTE  ^^^),  p.  61.  Elle  avait  pu  se  perfectionner..,, 
{Vorez  ci-devant  note  24-3,  n«  i3,  pag.   187,  et  la 
note  257.  ) 

Son  Note  "9),    p.  6[.  Quant  à  l'éloquence  ^  ses  discours 

quel!  e.    ^^g^/g^  _^^ 

Il  est  même  des  auteurs  qui  ne  lui  en  accordent 
point.  Ils  se  fondent  entre  autres  sur  Tobscurité  et  le 
galimathias  des  lettres  qu'elle  dicta  (  lorsqu'elle  était  à 
Blois  )  pour  les  chefs  de  l'armée  anglaise  ,  et  de  quel- 
ques réponses  de  son  interrogatoire.  —  i^oy.  Luchet^ 
34.3  et  suiv. ,  38o  et  suiv.) 

Mais  ,  1°  ce  n'est  point  d'après  ces  lettres  assez  lon- 
gues, et  dont  la  rédaction,  en  supposant  qu'elle  appar- 
tienne en  entier  à  Jeanne,  pouvait  être  au-dessus  de 


>'OTES  DE  JEANNE  d'aRC.  igS 

ses  forces,  qu'il  faut  apprécier  son  éloquence  ;  2°  ce 
n'est  point  non  plus  d'après  des  réponses  également 
d'une  certaine  étendue  ,  et  dont  l'obscurité  peut  appar- 
tenir au  greffier  tout  aussi  bien  qu'à  la  Pucelle;  3^  ce 
n'est  point  encore  en  s'atlachant,  pour  ainsi  dire,  à 
l'écorce  d'un  style  enveloppé  dans  le  vieux  ,  lourd  et 
diffus  langage  du  tems....  C'est  d'après  le  sens  de  ces 
réponses  ,  de  ces  exclamations ,  de  ces  observations  ra- 
pides ,  dont  elle  put  faire  usage  auprès  des  soldats  et 
des  habitans  ,  etc.,  auxquels  il  ne  fallait  pas  de  longs 
discours,  et  qui ,  dans  la  plupart  des  évènemens  que  nous 
rapportons  ,  n'auraient  pas  eu  le  loisir  de  les  écouter. 
Nous  donnons  dans  le  texte  ,  p.  62  et  63,  deux  exemples 
de  cette  espèce  d'éloquence.  Ajoutons  ceux-ci  :  1°  Ses 
juges  lui  demandent  si  elle  sait  qu'elle  soit  en  la  grâce 
de  Dieu.  Elle  répond  :  «  Si  je  n'y  suis  ,  Dieu  veuille  m'y 
»  mettre^  et  si  j'y  suis  ^  Dieu  veuille  m* y  tenir  l  »  Le  cri- 
tique Lucbet  ne  peut^  en  transcrivant  cette  ligne, 
page  383,  s'empécber  de  s'écrier:  Réponse  sublime! 
2^.  Autre  question  :  Pourquoi  a-t-elle  assisté  au  sacre 
de  Charles  vir....  //  est  Juste  que  qui  a  eu  part  au  tra-^ 

V ail  en  ait  à  Vhonneur Réponse  digne  d'une  éternelle 

mémoire  ,  dit  Voltaire,  Essai  sur  les  mœurs ^  cb.  180. 
3°.  A-t-elle  fait  entendre  aux  soldats  que  sa  ban- 
nière portât  bonheur?  «  Non  :  je  leur  dlsois  pour  toute 
i>  assurance  ,  Entrez  hardiment  au  milieu  des  Anglais;  £T 
i>  j'yentrois  moi-même!  »  (  Villaret^  XV,  5i  )...  Nous 
croyons  qu'on  peut  répéter  ici  :  Réponse  sublime  ! 

Note  ^^°),  p.  61.  Sur-iout  envers  dès  hommes  ignorans 

Oii  rustiques 

«  S'émerveilloient  bien  davantage  les...  capitaines  de 


196 

»  guerre  et  autres ,  des  réponses  qu'elle  faisoit.  »  Hlst. 
de  la  Puceîle  ^  Soy. 

Note  *^') ,  p.  62.  Malgré  vos  ennemis.... 
Ce  discours  est  en  substance  dans  les  auteurs.  (  Voy, 
Trlpaut ,  5i  et  suiv.  ;  Laverdy  ^  5i  et  suiv.) 

Note  =^^),  p.  62.  Et  dans  chacune  de  ces  réponses.... 
«  Elle  répondait  parfaitement ,  magno  modo.  »  (  Voy. 
Laverdy.,  3og.) 

Note  ^6^) ,  p.  62.  Qui  résulte  de  t enthousiasme.... 

Presque  toutes  ses  réponses,  même  celles  dont  le 
style  est  le  plus  agreste ,  respirent  en  effet  l'enthou- 
siasme. 

En  se  présentant  à  elle ,  les  docteurs  lui  annoncent 
que  le  roi  les  a  chargés  de  l'examiner  :  «  Je  le  crois, 
»  je  ne  sais  ni  A  ni  B  ;  je  viens  de  la  part  du  Roi  du 
»  ciel,  pour  faire  lever  le  siège  d'Orléans,  et  mener 
»  le  roi  à  Pxheims.  »  (  Voyez  Laverdy.,  3 12  et  35 1, 
note  24.) 

Note  ^^^>,  p.  63.  Elle  réplique.... 
(Voy.  LaQerdy^  309  ;  Tripaut ,  53) 

Note  =^^),  p.  63.  On  a  six  mille  hommes.... 

(Y oy.  Villaret,  xiv,  385;  Monstrelet  (il  dit  7000),  t.  2, 

Note  ''^^) ,  p.  63.  Les  exhorte 

«  Elle  ordonna  aussi  qu'ils  se  confessassent ,  et  leur 
«fit  oster  leurs  fillettes,  et  laisser  leurs  bagaiges.  s 
(Voy.  Histoire  de  la  Pucelle  ,  ôog  ;   Tripaut ,  Sj  ,  88.) 


NOTES  DE  JEANNE   D  ARC.  I97 

ISoTE  ^^7),  p.  63.  Qu'elle  est  sorcière  et  magicienne  ;  ils      1429. 
n'en  sont  guère  plus  aisances ^^^^  ' 

Les  historiens  anglais,  tels  que  Carte  (dans  Lenglet,  sur  le? 
t.  3,  p.  125,  126,  i3o);  Rapin-Thoyras  (iv,  287  )  ,  ennemis. 
Smollett  (  viij  ;,  68  )  ;  Hume  (  vj ,  i84),  etc.,  conviennent 
tous  de  Teffet  prodigieux  que  Jeanne  produisit  sur  les 
soldats  anglais.  Les  généraux ,  observe  Hume ,  essayè- 
rent de  dissuader  leurs  soldats  du  surnaturel.  Mais 
frappés  eux-mêmes  de  cette  idée  ,  tout  ce  qu'ils  osèrent 
avancer  de  plus  hardi ,  c'est  qu'elle  était  «  l'instrument 
jj  du  diable  «.Cependant  comme  les  Anglois  avoient  fait 
j)  la  triste  expérience  (à  la  première  attaque  de  Jeanne) 
))  que  le  diable  pouvoit  avoir  quelquefois  le  dessus,  ils 
«ne  tirèrent  pas  une  grande  consolation  de  s'être  for- 
3)  tifiés  dans  cette  conjecture.  »  (  Rétlexion  peu  digne 
de  la  majesté  de  l'histoire.) 

Cell^-ci,  des  auteurs  contemporains,  peint  encore 
mieux  le  même  effet  :  «  Paravant  qu'elle  arrivât,  deux 
»  cents  Anglois  chassoient  aux  escarmouches  cinq  cents 
»  François,  et  depuis  sa  venue  deux  cents  François 
»  chassoient  quatre  cents  Anglois.  (Voy.  Histoire  delà 
j>  Pucelle^  5 10.) 

Asserît^  dit  l'immortel  Dunois  (dans  Laverdy,  354, 
noie  3i),  Asserii  qubd  Anglici  qui  200  priîis  fugahant  800 
aut  1000  de  exercilu  régis  ^  à  post  et  tune  l^.oo  mit  5oo  cir- 
matorum  pugnahant  in  confliciu  contra  totam  poieslateni 
Anglicorum  ,  etc. 

«  Toutes  choses,  dit  Bedfort  {lettre  dans  Rymer,  x, 
))  4-o8,  traduite  par  Rapin,  iv,  237),  prospéroient  jus- 
»  qu'au...  siège  d'Orléans.,., où  vos  troupes,  qui  étoient 
»  en  grand  nombre,  ont  reçu  un  terrible  échec.  Cela 
^  est  arrivé  en  partie  par  la  confiance  que  les  ennemis 


igS  NOTES  DE  JEAKNE   d'aRC. 

j>  ont  eue  en  une  femme  (la  Pucelle)...  Cette  défaite... 
»  a  fait  perdre  courage  à  celles  (les  troupes)  qui  res- 
»  tent ,  etc.  » 

Ravitaille-       NoTE  ^^8)^  p,  ^^  Son  awnt  garde..,  une  bannière... 
le'ans.  (  Voy.  Tripaut ,  p.  go  ;  Histoire  de  la  Pucelle ,  5o8  ;  La- 

verdy^  3i5  et3i8;  Leuglet.,  t.  i,  p.  69,  etc.) 

Quelques-uns  disent  aussi  qu'il  y  avait  un  globe, 
d'autres  une  croix,  une  annonciation ,  etc.;  mais  pres- 
que tous  s'accordent  sur  les  fleurs  de  lis,  symbole  de 
la  Frahce. 

Note  '^''9^  p.  6^.  Laissent  tranquillement  passer  le  con- 
voi.... 

(Voy.  Tripaut.,  igo;  Laoerdy,  3i6,  Siy;  Lenglei^  t.  i, 
p.  61;  Journal  de  Paris.,  122  ,  etc.) 

Ils  le  regardèrent  passer,  dit  Hume.,  vj ,  180 ,  avec  un 
étonnement  slupide.* 

KoTE  =7«),  p.  64-  Qu'il  eût  été  si  facile.... 

Soit  pendant  sa  marche  (il  mit  trois  jours  à  venir  de 
Blois.  Voy.  Laperdy,  3i5),  soit  pendant  l'embarque- 
ment et  débarquement  des  effets  (ils  étaient  maîtres  de 

la  Loire) Avec  leur  seule  artillerie  ,  et  sans  quitter 

leurs  bastilles ,  ils  auraient  pu  en  détruire  la  plus 
grande  partie. 

Note  ^7»),  p.  64-  A  la  lueur  des  flambeaux,  une  entrée 
triomphante.... 

*  Relativement  à  la  note  269  et  à  la  plupart  des  suivantes  jus- 
ques  à  3o8  ,  consultez  de  nouveau  à  la  fin  de  l'ouvrage  ,  la  carte 
visuelle  ,  ou  i^^  carte. 


NOTES   DE  JEA^'^^E  d'aRC.  I99 

(Voy.  Tripaiit ,  ^o ,  ^i  ;  Hisi.  de  laPucelle^  Sog;  La-   i^^g- 
oerdy^  317.) 

Note  ^7=),  p.  64.  Jeanne  ne  reste  point  dans  V inaction... 

(Voy.  Tripaut^  98  à  96;  Hisl.de  la  VuceUe,  5io;  La- 
verdy,  817  ;  Lenglet ,  t.  i,  p.  61  et  62.) 

On  ne  reçut  pas  dans  cet  intervalle  plusieurs  con- 
vois, comme  \e  dit  Viilaret ,  xiv,  387.  (^Yoy.  les  auteurs 
précédens;  Chartier,  21.) 

Note  ^7^),  p.  65.  Autant  de  citadelles,  avec  remparts,  etc. 

(Voy.  ci-devant /2o/e  222,  p.  i65;  Hist.de  la  Pucelk, 
5o2,  5o3,  5i2;  continuateur  de  Tripaut,  f.  A,  p.  vj  ; 
Tripaut,  175.) 

Note  =74),  p.  65.  Le  4  mai...  la  Pucelk  est  en  avant... 

(Voy.  Tripaut,  96,  97  ;  Hist»  de  la  Pucelk,  5 11;  Lai- 
verdy,  3i8;  Lenglet,  t.  i,  p.  65;  Chartier,  21;  Chroni(jue 
de  France ,  338.) 

Ce  convoi  vint  par  la  Beauce.  (Voy.  ci-après,  ex;?//- 
calions  de  la  2.^  carte,  note  i3.) 

Note  =7^),  p.  65.  Ces  guerriers...  sont  maintenant  abat- 
tus.... 

(Voy.  ci-devant ,  note  1^'],  p.  188.) 

Note  ^1^),  p.  65.  Orléans  étant  ainsi  muni.... 

Comme  notre  relation  des  circonstances  de  la  levée 
du  siège  diffère  en  beaucoup  de  points  de  celles  de  tous 
les  historiens  modernes ,  nous  croyons  devoir  insister 
sur  la  méthode  que  nous  avons  employée.  (Voy.  notei, 
n°  III,  p.  99)  Entre  les  mêmes  auteurs,  les  uns  n'ont 
consulté  que  les  récits  des  chroniques,  parfois  d'une 
seule  chronique;  d'autres  ne   se   sont  altachés  qu'aux 


200  KOTES  DE  JEANNE  D  ARC. 

dépositions  des  procédures;  aucun  d'eux  ne  s'est  formé 
une  idée  juste  ni  du  local,  ni  de  l'état  de  la  ligne  de 
circonvallalion  (Voy.  ci-devant,  note  228,  p.  i58)  ,  ni 
de  l'extérieur  de  la  ville  ,  ni  des  dates  précises  des  sor- 
ties,  assauts,  elc.  Les  chroniques  ou  les  dépositions 
consiillées  séparément  ne  rendent  point  raison  des 
diverses  attaques;  presque  toutes  offrent  des  anachro- 
nismes  ,  des  fautes  dans  les  noms  ,  les  indications  ,  elc. 
On  ne  peut  se  tirer  de  ce  labyrinthe  qu'en  se  ser- 
vant de  tous  les  dopumens  ensemble ,  et  en  les  com- 
parant à  chaque  fait,  soit  entr'eux,  soit  sur -tout  avec 
un  plan  du  siège  et  un  calendrier.  Ce  travail  est  si 
long  et  si  difficile,  que  les  erreurs  ou  les  omissions 
des  historiens  ,  distraits  par  d'autres  recherches  ,  ne 
sont  point  surprenantes.  Nous-mêmes,  dans  un  pre- 
mier essai,  quoique  plus  exact  que  ce  qu'on  avait  fait 

jusqu'alors,  nous  en  avions  commis  quelques-unes 

Nous  pouvons  maintenant  assurer  qu'il  n'est  aucune 
des  circonstances  exposées  au  texte  ou  aux  notes  qui  ne 
soit  fondée  sur  des  autorités  et  qui  ne  cadre  parfaite- 
ment avec  les  localités,  les  dates  ,  les  circonstances  an- 
térieures ou  postérieures,  et  les  relations  les  plus  sûres; 
tandis  qu'aucune  des  histoires  modernes  n'offre  de  sem- 
blables a^anta§es,  et  bien  loin  de  là.  11  serait  même 
trop  long  d  en  indiquer  toutes  les  fautes  ou  lacunes. 

Note  ^77),  p.  6,o.  Les  généraux  français  arrêtent.... 

(Voy.  sur  cette  délibération  Leuglel ,  t.  i,  p.  65,  66, 
d'après  le  P.  Paquerel  ,  confesseur  et  aumônier  de 
Jeanne.)  , 

Sortie.  Note  =78),  p.  66.  Au  bout  de  quelques  minutes..,. 

*(Yoy.  sur  tout  cela  Dauion  (Técuver  de  Jeanne)  ^ 


201 


ilans  Lenglet ,  t.  2,  p.  ii4à  116;  Xat^^rJy,  p.  3i8,  319; 
Hist.  de  la  Pucelle ,  p.  5 1 1 .) 

Note  ''79),  p,  66.  Sur  ces  entrefaites,  etc. 

(  Voy.  à  ce  sujet  mêmes  autorités  qu'à  note  278.) 

KoTE  ^80),  p.  66.  Le  bruit  s'en  répand  lorsqu'on 
achève ,  etc. 

(Voy-  sur  ces  faits  mêmes  autorités  qu'à  note  278.  — 
Voy.  aussi  Berry,  877  ;  Chronique  de  France,  338,  33g.) 

Î^OTE  ^'^'^  p.  67.  Vers  la  porte  d'Orléans.... 

Vers  la  porte  de  Bourgogne,  dit  Daulon  (dans  Len- 
gJet.,  t.  2,  p.  i55,  et  Laverdy,  p.  355) C'est  précisé- 
ment la  porte  la  plus  orientale  de  la  ville,  dans  la  di- 
rection de  laquelle  était  l'église  de  Saint-Loup  (Voy. 
Expilly,  p.  334.)5  et  par  conséquent  la  bastille,  de  ce 
nom.  (Voy.  ci-devant  note  223,  p.  169.) 

Observez  que  Jeanne  était  logée  à  la  porte  occiden— 
ta'e  (ou  porte  ^egnart....  Voy.  Tripaut,  92),  de  sorte 
qu'elle  traversa  toute  la  ville  pour  se  rendre  au  lieu  du 
combat. 

Note  ^S^)^  p  g^.  Malgré  les  remontrances  de  Gaucourt... 

(Voy.  sur  ces  faits  la  déposition  de  Simon  Charle  , 
président  de  la  chambre  des  comptes,  dans  Laverdy, 
p.  291,319,358.) 

11  est  vrai  que  Charle  rapporte  cette  circonstance  au 
jour  de  l'attaque  des  Augustins  ;  mais  il  s'est  évidem- 
ment trompé  de  nom  sur  la  basiille  (ce  qui  est  peu 
étonnant,  parce  qu'il  dépose  au  bout  de  vingt-six  ans , 
sur  un  récit  de  Gaucourt).  En  effet,  les  Augustins  ne 
furent  attaqués  que  le  vendredi  6  mai,  d  après  la  déli- 
bération prise  la  veille  (jour  de  l'Ascension)  par  leçon- 


202  KOTES   DE  JEÂTs^NE   d'aRC. 

seil  de  guerre.  Comment  Gaucourt,  ainsi  que  le  dit 
Charle  ,  se  serait -il  opposé  à  la  sortie  de  Jeanne,  par 
le  motif  qu'on  avait  arrêté  de  ne  pas  faire  l'attaque  des 
Augustins  ,  que  précisément  on  avait  résolue?..  Ce  qui 
j^rouve  d'ailleurs  l'erreur  de  Charle,  c'est  qu'il  place 
la  prise  des  Augustins  à  la  veille  de  l'Ascension...  Aussi 
Laverdy  et  Lenglet,  qui  n'ont  consulté  que  le  récit  des 
témoins,  ont-ils  fait  une  espèce  d'imbroglio  des  di- 
verses attaques.  (Voy.  Laverdy^  3ig,  820,  358;  Lenglet^ 
t.  I,  p.  63  et  suiv.) 

Attaque  NoTE  =^^^  p.  67.  Les  Français...  vont  les  assiéger....    ^ 

Saint-Loup.  Dans  la  bastille  de  Saint-Loup.  (Voy.  Histoire  de  la 
Pucelle  ^  5ii  ;  Daiilon .,  dans  Lenglet,  ij ,  116;  Laoerdy, 
356;  Tripaut,  97^98;  Chariier.,  21.) 

Note  =^^^),  p.  67.  Il s'aoanre  aoec  un  corps  de  troupes... 
Un  corps...  tiré  de  ces  bastilles ,  sur-tout  de  celle  de 
Saint-Pouaire  (c'était  une  des  plus  voisines  de  Saint- 
Loup).  (^  oy.  ci- devant  note  2  23,  p.  169.  —  Voy.  His- 
toire de  la  Pucelle.,  5ii;  Tripnui ,  98;  Hume.,  vj  ,  182.) 

Note  =^^),  p.  67.  Mais  les  officiers  et  soldats.,  sortent.,. 

Commandés  par  Sainte  -  Sévère  ,  et  au  nombre  de 
six  cents  hommes.  (Voy.  Hist.  de  la  Pucelfe.,  5ii;  Tri- 
paut.)  98.) 

Note  =^^> ,  p.  67.  Talbot.,  étonné,....  ordonne  lare-' 
traite.... 

(Voy.  Hist.  de  la  Pucelle .,  5ii;  Tripaut.,  99;  Chariier, 
21;  Berry,  377.) 

Hume,  vj ,  182,  convient  que  Talbot,  après  avoir 
tiré  des  troupes  des  bastilles,  n'osa  paraître  (il  fallait 


NOTES    DE    JEANISE   d'^TRC.  ^oS 

flire  rester)  en  rase  campagne  contre  un  ennemi  si  for- 
midable. (D'après  le  récit  de  Tripaut ,  extrait  à  la 
note  285,  il  n'était  formidable  que  par  son  courage.) 

Note  =87)^  p.  68.  En  moins  de  quatre  heures.... 

(Voy.Tr7))«M/,  98,99;  son  continuateur,  f.  B,  p.  iv; 
Daiilon,  dans  Lenglet,  ij ,  216,  et  Laverdy^  ^^9?  356; 
Hist.  de  la  Pucelle  ,  5i  i .) 

KoTE  ^^^),  p.  68.  Le  5  mai...  ils  tiennent  conseil ,  etc. 
(Voy.  Tripaut ,  99  ,  100;  Histoire  de  la  Fucelle,  5i  i; 
Lenglet.,  t.  i,  p.  68;  Chartier^  21,  22.) 

KoTE  ^^9),  p.  68.  Jeanne  se  rend.... 

Le  président  Charle  dit  au  contraire  que  c'est 
Jeanne  qui  empêcha  d'attaquer  le  jour  de  l'Ascension; 
circonstance,  du  reste,  assez  indifférente.  (Voy.  La- 
verdy,  Sig,  358.) 

Note  ^9°),  p.  68.  Il  y  en  avait  quatre....  f  jj^^ 

Et  même  cinq,  en  comptant  le  boulevart  des  tour-   des  autres 

nelles;   savoir,  Saint-Jean-le-BIanc,  les  Augustins,  le 

boulevart  et  le  fort  des  tournelles,  et  Saint-Privé.  (Voy. 

ci-devant  note  223,  p.  168;  et ,  quant  à  la  délibération, 

Tripaut,  100;  Hist.  de  la  Pucelle .^  5ii.) 

Note  =90,  p.  68.  Que  tout  est  prêt  pendant  la  nuit... 
(\oy.  Tripaut^  100.) 

Note  ^9=),  p,  68.  On  passe  dans  une  île,  etc.... 
Située  entre  Saint-Loup  et  la  tour  neuve,...  vis-à-vis 
Saint-Aignan.  (Voy.  sur  tout  cela  Daulon,  dans  Len-> 


2o4  NOTES  DE  JEÂÎÎNE  d'aRC. 

glet,  ij  ,  iij  ^  et  Lcwerdy  ^  320  ^3SG;  Tripaut^  lOi. — Voy. 
aussi  Chartier,  23.) 

Note  =*93),  p.  69.  Abandonnent  Saint-Jean-le~Blanc...: 
(Voy.  Baulon^    dans  Lenglet,   ij,  118,  et  Laoerdy, 
320,  356;  Tripaut,  loi;  Hist.  delaPucelle^  5 12;  Chron. 
de  trance,  ^^g.) 

C'est  dans  cetle  occasion  sur-tout  f[u'on  reconnaît 
combien  la  terreur  ôtait  aux  Anglais  toute  présence 
d'esprit.  D'après  la  position  indiquée  à  la  note  292,* 
l'île  par  où  les  Français  débouchèrent  était  en  face  de 
Saint-Jean-le-Blanc.  Les  Anglais  ,  sans  c|uitler  leurs 
remparts,  auraient  pu  foudroyer  et  le  pont  de  bateaux 
et  leurs  adversaires.  D'abord  ils  ne  manquaient  pas 
d'artillerie,  puisque  dès  le  17  octobre  ils  avaient  une 

batterie  derrière  la  digue  de  Saint- Jean-le-Blanc 

Ensuite ,  quoique  cette  arme  meurtrière  fût  bien  éloi- 
gnée de  la  perfection  où  elle  est  parvenue  depuis,  elle 
leur  avait  servi  à  détruire  tous  les  moulins  qui  étaient 
auprès  de  la  tour  neuve,  et  par  conséquent  au-delà  de 
i'île.  (Voy.  Tripaut,  3.  —  Voy.  aussi  ci-dev. ,  note  217, 

p.  M) 

Î^OTE  =9^^>,  p.  69  On  les  poursuit  dans  la  seconde^  celle 
des  Angustins.... 

Relativement  à  tout  ce  qui  suit,  jusqu'à  la  fin  de  l'a- 
linéa du  texte,  voyez  Daulon ,  dans  Lenglet,  ij,  117  et 
suiv.;  Laverdy^  356,  357;  Tripaut^ïO\\  Hist.  delà Pucelle, 
5i2  5  Chartier^  23;  Monstrelet,  ij ,  4-3;  Chron.  de  France  j 
339  (mais  en  les  comparant  ensemble,  comme  nous 
Favons  fait  dans  toutes  les  notes  précédentes). 

*  C'est  le  11044  ^Ê  la  carte  visuelle. 


NOTES  DE  JEAÎs^'E  D  ARC. 


2o5 


Note  "O^),  p.  6g.  La  garnison  des  tourneîles,.,. 

L'Histoire  de  la  Pucelle ,  p.  5i2,  dit  «  seulement 
»  qu'un  cry  annonça  que  les  Anglois  venoient  à  puis- 
»  sance  du  côté  de  Saint-Privé »  J'ai  préféré  la  ver- 
sion de  Tripaut,  p.  loi,  qui  me  paraît  plus  vraisem- 
blable ,  et  qu'au  reste  la  première  ne  contrarie  point. 

Note  =^9^) ,  p.  69.  Eprouvent  le  même  sort  que  celles  de 
Saint-Loup..., 

{Voy.  les  autorités  de  «0/^294»  p-  204..  )  On  y  déli- 
vra aussi  beaucoup  de  prisonniers  français.  (  Voy.  Tri- 
paut ,101.) 

Note  ^97) ,  p.  jo.  Le  conseil  de  guerre  résiste....  Idem 

(^Voy..,   quant  à  ces  propositions   et  délibérations,   tourneîles. 
Daulon  dans  Lenglet,  t.  2  ,  p.  122  ;  Chronique  de  France , 
339;  et  sur -tout  Hist.  de  la  Pucelle^  p.  5125  Paquerel 
dans  Laverdy,  291  ,  32i ,  359  ,  36o.) 

L'bésiîation  du  conseil  est  peu  surprenante,  d'après 
tout  ce  qu'on  rapporte  des  tourneîles.  «  La  très-forte 
M  (dit  Monstrelet,  t.  2 ,  f.  4-3  )  bastille  et  forteresse  du 
j)  bout  du  pont,  qui  étoit  très-forte  ,  merveilleusement 
i>  et  puissamment  édifiée ,  et  si  étoit  dedans  la  fleur  des 
»  meilleures  gens  de  guerre  d'Angleterre,  etc.»  (^Voy. 
aussi  ci-après  noie  3io.  ) 

Note  ^9^),  p.  70.  La  nuit  du  6  au  7  mai.... 

(  Yoy.  Tripaut ,  102  ;  Hist,  de  la  Pucelle  ,  5 12.  ) 

Note  ^99) ,  p.  70.  Jeanne  veille  ai>ec  eux.... 
(Yoy.    Daulon  dans  Lenglet,   t.  2  ,    p.   121,   122; 
Chartier^  20.) 


2o6 

Note  2°°) ,  p.  70.  Evacuent  d'eux-mêmes...  la  bastille  de 
Saint-PrÎQé.... 

(  Voy.  Hisl.  de  la  Pucelle ,  5 1 2  ;  Cliron.  de  Fr. ,  33g.  ) 

Note  3"') ,  p.  70.  Le  7  mai^  dès  l'aube  du  jour.... 
Le  samedi  7  mai.  (Voy.  Tripaut,  102;  HhL  delà 
Pucelle^  5 12  ;  Lenglet .,  t.  i  ,  p.  70.) 

Note  ^°^) ,  p.  7 1.  La  résistance  des  Anglais.... 
(V.  Tripaut.,  102,  io3.  ) 

Note  ^°^),  p-  71.  Presque  toute  la  journée....  Une  blessure 
que  reçoit  Jeanne.... 

{Voy.  sur  tout  cela  Tripaut .,  io3  à  106;  Daulon  dans 
Lenglet,  t.  2,  p.  122  et  1 25  ;  Paquerel  et  Dunois  dans 
Laverdy,  822  ,  36o  à  362  ;  Hist.  delà  Pucelle.,  5i3  ;  Char- 
iier.,  23;  Berry .,  877,  378;  Registres  du  parlement .,  à^ns 
Laverdy,  324- ;  Monstrekt^  t.  2,  f.  43  ;  Chron.  de  Fr. ,  339.) 

Note  3°^),  p.  7 1 .  O/z  yo*?/?^^  «  /«  retraite  ;  on  s 'y  disposait... 
Dunois  le  déclare  lui-même  (p.  36o  )  :  Deponens  l'o- 
lebal  quod  ejoercitus  retraheret  in  civitatem. 

NoTE^"^),  p-  71-  Y  planter  sa  bannière .,  etc. 

{Voy.  pour  tout  ce  qui  suit  {au  texte)  les  autorités 
de  note  3o3.  ) 

Il  est  inutile  de  répéter  que  dans  tous  ces  récits  nous 
écartons  le  merveilleux  que  nos  bons  chroniqueurs  y 
ont  joint  comme  si  cela  eût  été  nécessaire.  Ainsi  deux 
d'entr'eux  s'imaglnant  donner  plus  de  réputation  à 
Jeanne,  en  la  présentant  plutôt  comme  prophétesse 
que  comme  guerrière  intrépide  ,  la  font  rester  au  lieu 
où  elle  s'était  retirée  pour  son  pansement.  Ils  ajoutent 


NOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  207 

que  là  elle  dit  que  quand  la  queue  de  son  cheval  *se 
dirigerait  contre  le  boulevart,  il  tomberait  entre  les 
mains  des  Français;  ce  qui  ne  manqua  pas  d'arriver 
(  Voy-  Tripaut,  lo^;  Hist.  de  luPucelle^  5i3);  et  l'aris- 
tarque  Luchet  ne  manque  pas  non  plus  de  triompher 
de  ces  pauvretés.  (Voy.  Luchet ,  p.  323.  ) 

Mais  on  nous  permettra,  peut-être,  de  préférer  la 
narration  de  l'immortel  Dunois  :  Et  Joanna  posuit  se 
super  lordum  fossali  ^  et  instante^  ibi  ipsâ  exdstenie  ^  Ari- 
glici  tremiieruut  et  effccii  sunt  pavidi;  armaii  vero  Régis 
resumpserimt  animum  et  ceperuni  ascendere  ...  BoUevardum, 
fuit  captum^  etc.  (Voy.  id. ,  dans  Laverdy,  36 1  ,  362.) 

Note  ^°^),  p.  71.  Le  pont-lcvis  s  écroule^  etc.... 

(  Voy.  sur  ces  divers  points  Tripaut  ^  106;  Hist.  de  la 
Pucelle.,  5i3;  Dunois.,  p.  362;  Daulon ,  dans  Laverdy, 
dans  Lenglet ,  t.  2  ,  p.  128;  Chartier ^  23  ;  Berry,  ^'j'j  , 
878  ;  Laverdy.,  323  ;  Chronitjue  de  France.,  339,  ) 

Note  ^"7) ,  p.  72.  Autre  bivouac  de  Jeamie.... 
(Y oy.  Tripaut .,  107,  108.) 

NoTE"°S),  p.  72.  Le  8  au  matin...,  les  .Anglais  font     I-eyee 
.      .,  du  siège. 

retraite....  " 

Le  dimanche  8  mai.  (  Voy.  pour  tout  ce  qui  suit  dans 
le  texte,  Tripaut,  108  à  m  ;  LIist.  de  la  Pucelle^  5i4.; 
Daulon  dans  Lenglet,  t.  2  ,  p.  12S  ;  Dunois  et  autres  té- 
moins dans  Laverdy ,  362  ,  363  ;  Chartier,  23 ,  24-  ;  Berry^ 
378;  Lenglet,  t.  i  ,  p.  73  ;  Monstrelet,  t.  2  ,  f.  4.3  ;  Chro- 
nique de  France ,  339.  ) 

Note  309)^  p,  y .3.  Dissipé  t armée  sur  laquelle  ils  comp^ 
talent  le  plus.... 


2o8  înOTES  de  JEAîSiîs'E  d'arC. 

Ils  perdirent,  suivant  Hume,  vj ,  184,  six  mille 
hommes  ,  et  furent  jetés  dans  la  consternation  et  le  dé- 
sespoir.... Selon  Monstrelet,  t.  2  ,  f.  4^3,  six  à  huit 
mille. 

Ajoutons  que  leur  plus  habile  général ,  Salisbury ,  et 
deux  de  leurs  plus  vaillans  guerriers ,  Glacidas  et  Lan- 
celot,  périrent  à  ce  siège.  Le  dernier  avait  été  tué  le  29 
janvier,  d'un  coup  de  canon.  (  Voy.  TripaiU^  3i  ;  Mons- 
Irelet ,  t.  2  ,  f.  38.  ) 

Note  ^''°),  p.  73.  Par  les  prodiges.... 

Si  l'on  se  rappelle  tout  ce  que  nous  avons  dit  des 
fortifications  anglaises ,  on  verra  que  nous  sommes  au- 
torisés à  nous  servir  de  cette  expression.  Un  excellent 
militaire,  le  duc  d'Alençon  ,  qui  en  vit  les  restes  quel- 
que lems  après,  et  notamment  les  tournelles  (elles  ne 
furent  point  détruites),  s'écria  qu'avec  fort  peu  de 
monde  il  y  aurait  résisté,  pendant  plusieurs  jours,  à 
des  armées  considérables,  e/,  ajouta-t-il,  sibi  videtur 
quod  eum  non  cepissent...  Ambroise  de  Lore  ,  un  des  plus 
vaillans  officiers  du  siège,  et  Dunois,  regardaient  aussi 
ces  expéditions  comme  miraculeuses.  (^\ oj »  Laverdy ^ 
321  ,  35g  ;  Lenglet  ^  t.  i  ,  p.  72  et  yS  ;  t.  2 ,  p.  128.  — 
Voy.  aussi  Thoniassin ,  97-  ) 

Note  ^"),  p.  73.  Juscjues  à  Loches.... 

Charles  était  à  Chinon  dès  le  21  avril  1429.  (  Yoy. 
D.  Vaisselfe,  iv,  ^Ji*  ) 

Selon  la  Chronique  de  France,  f.  34-0,  et  Lenglet, 
t.  3,  p.  345  (  sans  doute  d'après  cette  Chronique  )  ,  il 
y  était  encore  lorsque  Jeanne  vint  le  trouver  après  le 
siège  d'Orléans;  tandis  que,  selon  le  même  Lenglet, 
t.  2  ,  p.  i35  et  suiv.,  qui  soutient  ainsi  les  deux  versions 


NOTES    DE   JEANNE   d'aRC.  20^ 

sans  s'en  apercevoir;  selon  Villaret,  xiv ,  894»  et  se- 
lon M.  de  Laverdy ,  pag.  32$ ,  d'après  le  procès  de 
Jeanne ,  le  roi  était  à  Loches. 

Un  compte  du  trésorier  des  guerres ,  puisé  dans  les 
archives  de  la  chambre  des  comptes,  et  publié  par  La 
Roque  ,  Traité  de  la  Noblesse  ,  ch.  4-3 ,  p-  238  ,  nous  a 
mis  en  quelque  sorte  sur  la  voie  pour  expliquer  celte 
contradiction,  qui  nous  avait  long-tems  embarrassés  , 
pour  constater  la  conduite  singulière  de  Charles,  et 
pour  ajouter  une  nouvelle  preuve  à  celles  par  lesquelles 
nous  avons  établi  que  Jeanne  ne  fut  point  un  instru- 
ment de  la  cour. 

Il  est  dit  dans  ce  compte  que  ,  par  des  lettres-patentes 
données  à  Chinon,  le  dix  mai  1429,  Charles  ordonna 
de  payer  diverses  dépenses  faites  à  Tours  et  ailleurs 
pour  l'équipement,  l'entretien  ,  etc. ,  de  Jeanne  et  d'un 
de  ses  compagnons. 

D'autre  part,  1°  il  est  certain  que  Jeanne  partit 
d'Orléans  le  lendemain  de  la  levée  du  siège  ,  c'est-à- 
dire  le  neuf  mai  (  Voy.  les  autorités  de  la  note  3i2  ,  ci- 
après);  2°  suivant  la  déposition  de  Dunois  (Voy.  La- 
verdy ,  p.  363  et  367  )  ,  celui-ci,  après  celte  levée  ,  se 
rendit  avec  Jeanne  auprès  de  Charles  vil  ,  qui  alors 

allait  à  Loches  ,  dicta  puella  cum  déponente  et  aliis 

accessit  ad  Regem  eiintem  in  loco  de  Loches, 

Cela  posé  ,  il  est  clair,  1°  que  Jeanne  et  Dunois  ren- 
contrèrent Charles  vu  entre  Loches  et  Chinon  ,  et 
revinrent  avec  lui  à  Loches  (  ainsi,  il  est  peu  étonnant 
que  les  auteurs  ou  témoins  ne  se  soient  pas  accordés  sur 
l'indication  de  ces  villes)  ;  2°  que  vu  la  distance  routière 
qui  sépare  Orléans  de  Loches ,  ils  ne  purent  le  rencon- 
trer, au  plus  tôt.  que  le  onze  ou  le  douze  mai,  le  jour  ou 

•4 


210  NOTES    DE    JEANNE    D  ARC. 

le  lendemain  de  son  départ  de  Chinon  pour  Loches  ; 
3°  que  Charles  ne  se  détermina  à  quitter  Chinon  que 
lorsqu'il  eut  appris  la  levée  du  siège  ,  parce  qu'aussitôt 
qu'elle  eut  lieu,  c'est-à-dire  dès  le  /îm// malin,  le  gou- 
verneur d'Orléans  dut,  pour  l'informer  d'un  événement 
aussi  important,  lui  expédier  un  courrier  qui,  quoi- 
qu'il n'y  eût  point  encore  de  poste ,  ne  put  employer 
plus  d'un  jour  et  demi  ou  deux  jours  pour  se  rendre  à 
Chinon. 

Quoique  cette  étrange  inertie  s'accorde  avec  le  ca- 
ractère de  Charles  ,  il  est  probable  ,  vu  la  difficulté  des 
circonstances ,  que  si  Jeanne  eût  été  un  instrument  de 
Ja  cour,  on  se  serait  plus  tôt  rapproché  dulhéâlre  des 
événemens  pour  être  à  portée  d'y  veiller,  et  sur-tout 
on  s'en  serait  rapproché  davantage.  Mais  loin  d'en  for- 
mer le  dessein,  il  paraît  qu'on  avait  celui  de  se  fixer  à 
Loches  pour  long-tems  ,  puisque  la  cour  y  était  encore 
au  commencement  de  juin  ,  qu'on  y  avait  même  amené 
Je  dauphin  (Foy.  Lettre  de  Gui  de  Laval,  dans  le 
Recueil  de  Godefrai ,  p.  895  ) ,  à  peine  âgé  de  sept  ans , 
et  qu'enfin  Jeanne  fut  obligée  d'y  séjourner  jusqu'à 
cette  époque  pour  solliciter  Charles  de  consentir  à  l'ex- 
pédition du  sacre  (^instantissimè  et  fréquenter  insiîgabat 
Itegem^  dit  Dunois  ,  d.  p.  363  et  367  ). 


{'lopositlon        Note  ^«a),  p.  ^3.  Dès  le^  mai.... 

sacre.  (^Voy,  pour  ce  qui  suit,  au  texte  ,  Tripaut.,  m  ,  ii5 

à  n8;  Lengkt,  t.  i,  p.  75  et  suiv. ;  Laverdy^  325;  HisL 
de  la  Puceîle  ,  5 1 5 .  ) 


Note  ^'•^) ,  p.  74-  Des  raisons  fort  plausibles.,,. 
Hume,  vj ,  189  ,  dit  que,  quelques  semaines  aupa- 


211 

ravant ,  cette  proposition  eût  paru  de  la  dernière  extra- 
vagance.... Il  ajoute  que  Charles  résolut  de  suivre  les 
inspirations  de  la  prophétesse,  etc....  Hume  prête  sou- 
vent à  Charles  une  politique  démentie  par  sa  conduite... 
11  en  est  de  même  de  SmoUett ,  qui  le  fait  marcher  à 
Beaugency,  commander  les  troupes  à  Palhay,  etc. 
(  Yoy.  id. ,  viij ,  69 ,  70.  )  En  général  les  Anglais ,  con- 
fondant les  époques,  présentent  Charles  comme  un  roi 
très-habile ,  afin  ,  sans  doute  ,  de  donner  à  entendre 
que  Jeanne  ne  fut  qu'un  instrument  de  ses  desseins. 

Note  3*^) ,  p.  74..  Qu'on  manquait  d'argent... 

(Voy.  Lenglet.,  t.  i ,  p.  78  ;  Chariler^  28.  —  Foy.  aussi 
ci-devant,  note  i5i ,  p.  i4-4)  Lorsqu'on  se  mit  en  mar- 
che pour  Rheims,  tout  ce  qu'on  put  faire  ,  malgré  les 
succès  obtenus  jusque-là,  ce  fut  de  ^ayer  trois  francs 
de  solde  par  homme  d'armes.  (Voy.  Chartier,  28;  Chro- 
nique de  France,  34-1  ;  Hist  de  la  Pucelle^  620.  (On  y 
dit  que  c'^étoit  peu  de  chose.  ) 

Note  2'^),  p.  74..  Jeanne»...  insiste.... 

(Voy.  Chartier f  27;  Tripaut,  ii5,  iiG;  Laper dy^ 
328  à  33o  ;  Lenglet,  t.  i  ,  p.  76  ;  Hist.  de  la  Pucelle,  5i5  ; 
Chronique  de  France  ,  34-0 ,  v**.  ) 

NoTE^'G)^    p.  74..  La  réputation  de  Jeanne....  faisait 

accourir  des  troupes.... 

{Yoy.  Chartier^  26,  28;  Tripaut,  124,  i25;   Mons-        1429. 

irelet,  t.  2  ,  f  4-4>  45.)  C'est  aussi  ce  qu'écrit  dans  le        ï"'"\ 

Expédition 
de 
■^  Consulter,  à  la  fin,  la  carte  du  théâtre  de  la  guerre,  on   l'Orléanais.-* 
2«  carte. 


212 

même  lems  ( le  mercredi  8  juin  1429)  Gui  de  Laval. 
(  Voy.  Lettre  dans  Godefroi ,  p.  896  à  897.  — Voy.  en-, 
core  Chronique  de  France  ,  3^0  ,  v°.  ) 

Note  3'7) ,  p,  y4..  Huit  mille  hommes.... 

(Voy.  Tripaut .,  118.)  Mais  ce  nombre  s'accrut  bien- 
tôt ,  et  avant  la  fm  du  mois  on  avait  déjà  onze  ou  douze 
mille  hommes.  (Voy.  Tripaut ,  124  ,  12$  ;  Lenglet ,  t.  i , 
p.  82  ;  Hume,  vj ,  i85.  ) 

Note  ^'^) ,  p.  74-  Us  échouent  dans  leur  entreprise,... 
(  Voy.  Tripaut ,  p.  1 14  à  116.) 

Note  ^'9) ,  p.  74..  Douze  cents  hommes..,, 

(  Voy.  Lenglet.,  t.  i  ,  p.  82.  ) 

D'autres  ne  parlent  que  de  six  à  sept  cents  hommes; 

{^Voy.  Tripaut,  119;  Chartier,  2S.) 

Note  ^^°),  p.  75.  Le  11  juin  les  Français  sont  auprès 
de  Gergeau.... 

Quant  à  toute  cette  expédition,  voyez  Tripaut,  118 
à  1^4  ;  Lenglet,  t.  i ,  p.  82  à  84  j  Hume,  vj ,  186;  La- 
verdy ,  325  à  828  ;  le  duc  d'Jlençon ,  ibid. ,  363  à  365  ; 
Chartier,  25  ;  Hist.  de  la  Pucelle ,  5i5,5i6  (il  y  a  quel- 
ques fautes  de  dates  ,  mais  ce  ne  sont  que  des  fautes 
d'impression);  Monstrelet ,  t.  2 ,  f  44  î  Chronique  de 
France ,  34o. 

.  N.  B.  Le  duc  d'Alençon  commandait  l'armée.  (Voy. 
Chartier,  25;  Tripaut,  117.)  Fait  prisonnier  à  Ver- 
neuil ,  il  avait  obtenu  sa  liberté  en  1427  (  Villaret ,  xiv, 
347) ,  niais  en  laissant  des  otages  pour  une  partie  de  sa 


NOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  2i3 

rançon.  Il  les  dégagea  soit  au  moyen  de  ventes  de  terres , 
passées  en  décembre  14.28  et  avril  1429  ,  au  duc  de 
Bretagne  {Actes  aux  Mém.  de  Bretagne  ,  par  D.  Morice  , 
ij,i2i3,  1220),  soit  à  l'aide  de  vingt-quatre  mille 
écus  que  Charles  vu  lui  donna  en  14.27  et  1428.  Enfin, 
le  duc  de  Bedfort  le  déclara  quitte,  même  de  ses  foi  et 
promesse  ,  le  2 1  mai  1 429  (  Actes  cités  dans  thistoire  du 
duché d'Alençon,  par  Bry,  1620  ,  p.  32o)  ;  de  sorte  qu'il 
put  rentrer  au  service  du  roi  après  la  levée  du  siège 
d'Orléans. 

KoTE  3^'),  p.  75.  Et  SuffoicL...  fait  prisonnier,... 

Un  de  ses  frères  (Alexandre  de  la  Poole)  y  fut  tué, 
et  un  autre  fait  prisonnier.  (Voy.  Tripaui .,  laS  ;  Char^ 
iier ,  aS  ;  Hist.  de  la  Pucelle ,  5i5  ;  Monstrelet ,  t.  2  ,  f.  44  ; 
Chronique  de  France  ,  34o.  ) 

KoTE  3^*),  p.  75.  Le  i5  le  pont  de  Meung .,  etc.... 

(Voy.  Tripaut,  i25  à  128;  Laperdy.,32j',Lengleij 
t.  1  ,  p.  85  à  88  ;  Chartier.,  2S  à  26  ;  Hist.  de  la  Pucelle  , 
5 1 7  ;  Monstrelet ,  t.  2 ,  f.  44  ;  Chron.  de  Fr. ,  34o.  (  N.  B.  Il 
s'agit  ici  de  Meun  ou  Mehung-sur-Loire.  )  Après  la 
prise  de  Gergeau ,  la  garnison  anglaise  de  la  Ferlé- 
Hubert  évacua  cette  place  et  alla  renforcer  celle  de  Beau- 
gency.  (  Voy.  Monstrelet ,  ibid.  ) 

Note  3^^) ,  p.  yS.  Cependant...  Bedfort  informé....  Bafaiîïe 


(  Voy.  Monstrelet,  t.  2  ,  f.  44-  )  -pj^ 


av. 


Note  3=^) ,  p.  76.  Après  cette  jonction.,,. 
A  l'égard  des  détails  de  la  bataille  de  Pathay,  voyez 
Tripaut,  12S  à  i3i  ;  Lenglet,  t.  i ,  p.  88  à  91  (il  paraît 


21 4  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

qu'il  n'en  a  pas  reconnu  le  jour,  que  détermine,  au 
contraire  ,  Tripaut,  ibid.  );  Laverdy  ^  827,  828  ;  Regis^ 
ires  du  parlement^  ibid.  ;  Chartier^  26  ,  27  ;  Hist.  de  la 
Pucelle,  Si^;FIist.  de  Richemoat,  755,  756;  Monsireîet^ 
t.  2,  f-  4-4  ^^  4^  ?  Chronique  de  France^  34-0. 

Hume ,  vj ,  186  ,  187  ,  n'a  point  approfondi  tous  ces 
détails.  Il  semble,  par  son  récit,  que  Suffolck  était  en- 
core à  l'armée. 

Note  3=^),  p.  76.  Fastol  prend  la  fuite.... 

(  Voy.  Tripaut^  i3i  ;  Hist.  de  Richemoni,  706  ;  Mons- 
irelel ,  t.  2  ,  f.  45.) 

,  Les  Anglais  eux-mêmes  en  conviennent.  (Voy. 
Hume ,  vj ,  187  ;  SmoUetl^  viij ,  70.  ) 

Note  2^^) ,  p.  76.  La  reddition  d^Ienville  ,  etc.... 

(  Voy.  Tripaut^  i3i ,  i32  à  i35  ;  Chartier ,  27  ;  Hist. 
de  la  Pucelle  ^  5 18.)  On  cite  entr'autres  Montpipeau  , 
]VIarchenoir  et  Bon  y.  (Voy.  Tripaut ,  ibid.  ) 

Note  ^^7) ,  p.  77.  Jeanne,...  le  sollicite....  de  recevoir  les 
secours  du  ronnétahle.i.. 

Il  y  a  différentes  versions  sur  la  première  entrevue  de 
Jeannf^  et  du  connétable,  qui ,  selon  les  uns,  y  montra 
beaucoup  de  fierté  ,  et ,  selon  d'autres  ,  beaucoup 
d'humilité.  (Voy.  Griffet,  vlj,  34-6  et  suiv.)  Mais  les 
démarches  de  Jeanne  et  les  perfidies  de  la  Trémouille 
ne  sont  point  révoquées  en  doute.  (Voy.  à  ce  sujet 
Tripaut.,  i32  à  i34;  Lenglet,  t.  i,  p.  87,  gi,  93;  Char-- 
tierj  28;  Hist.  de  la  Pucelky  $17,  5 19,  52 o;  Hist.  de  Ri" 
ckemont ,  755 ,  756  ;  Chron.  de  France ,  34o  ?  34i  ?  Belle- 
forêt^  ibid.) 


Note  ^-^\  p.  77.  Il  se  tint  fermé  à  Sully  ^  etc. 

«c  Dont  ceux  de  la  cité  (d'Orléans),  qui  l'avoient  fait 
»  tendre  et  parer,  en  furent  mal  contents.  »  (Voy. 
Tripaut,  i32. — Yoy.  aussi  H/5/,  de  la  Pucelle,  5 19.) 

Note  ^29),  p.  77.  Le  29  juin....  Expëdîtion 

Le  29,  jour  de  Saint-Pierre   (Voy.  Tripaut,  i35  ;     ^"  s»*^''*-'- 

Hist.  de  la  Pucelle  ^  Sig)  ,  et  non  pas  le  19,  comme  le 

dit  Lenglet,  t.  i,  p.94— Au  reste,  il  fourmille  d'erreurs 

quant  aux  dates. 

On  avait  une  armée  de  douze  mille  hommes.  (Voy.        i^^o- 

Tripaut^  i35,  i36;  Hume^  vj ,  190.)  ^"' 

Note  2^°),  p.  77.  Et  cest  sur-tout  à  Jeanne  quon  en 
doit  le  succès. 

Elle  contribua  notamment  à  la  reddition  de  Troyes  ; 
elle  accéléra  la  marche  de  l'armée,  etc.,  etc.  (Voy.  au 
surplus  Tripaut^  i35  à  1^3 ;  Lenglet,  t.  i,  p.  95  à  109; 
Chartier,  28  à  32;  Berry^  378,  379;  Laverdy^  33o,  33 1; 
Hist.  de  la  Pucelle .,  5 19  à  524.;  Villaret,  xiv,  4^17  à  42^; 
Daniel^  vij ,  72  à  76;  Chron.  de  France ,  34i,  342.)  Un 
des  grands  obstacles  à  l'expédition  était  le  défaut  d'ar- 
tillerie ,  d'argent  et  de  vivres.  (Voy.  Tripaut,  i^j   et 

,39.) 

Note  33i)^  p.  77.  En  donner  les  détails.... 
Ils  sont  d'ailleurs  dans  tous  les  historiens.  (Voy.  en- 
Ir'autres  ceux  de  la  note  33o  ci-dessus;  Monstrelet,  t.  2, 
f.  4^,  47. —  Voy.  aussi,  pour  les  stations  principales, 
l'explication  de  notre  2^  carte,  §  5,  n°  23,  p.  209.)  Dans  le 
même  tems,  Richemont  se  porta  en  Normandie,  vers 
Evreux  ;  diversion  qui  favorisa  l'expédition  de  Rheims. 
(Voy.  Mo«j<re/e/,  ib.,  f  46  et  5o.) 


2l6  NOTES  DE  JEAîîNE  b'arC. 

Note  ^^^\  p-  78.  Qu'enfin  le  i-j  juillet... 

(Voy.  Thomassîn .,  92,  102;   Carte,  dans  Lenglet 
t.  3,  p.  127  ;  Laverdy^  SSj  ;  Hénaut,  an  14.28  ,  1429;  et 
sur-tout  Grîffet.,  vij,  74) 

Suivant  Monstrelet,  t.  2,  f.  47?  c'est  le  huit  juillet; 
suivant.  Villaret,  xiv,  4^4^  le  vingt-huit;  suivant  Len- 
glet,  t.  I,  p.  109,  le  dimanche  sept;  suivant  Godefroy, 
p.  332  et  523,  tantôt  le  dix-huit,  tantôt  le  vingt-huit. 

Les  erreurs  de  tous  ces  écrivains  ont  été  causées  par 
le  défaut  de  calendrier.  Si  Lenglet  et  Villarct  ,  par 
exemple  ,  s'en  fussent  composé  un  ,  ils  auraient  vu 
qu'après  avoir  fixe  la  fête  de  l'Ascension  (Voy.  le  texte, 
p.  68,  et  note  288,  p.  2o3)  au  cinq  mai ,  et  le  dimanche 
suivant  au  huit,  le  second  samedi  et  le  second  diman- 
che de  juillet ,  jours  auxquels  ils  reconnaissent  que 
l'entrée  et  le  sacre  du  roi  dans  la  ville  de  Rheims 
eurent  lieu,  ne  pouvaient  être  ni  les  6  et  7  ,  ni  les  27 
et  28  de  juillet,  mais  bien  les  16  et  17.  Les  6  et  7  et 
27  et  28  juillet  furent  des  mercredis  et  des  jeudis.  Un 
calendrier  eût  aussi  épargné  à  Griffet  ses  longues  re- 
cherches pour  la  fixation  de  cette  époque  célèbre. 

Lenglet  aura  sans  doute  copié  Tripaut ,  p.  i43  ; 
mais  ,  en  calculant  les  jours  que  Tripaut  note  pour  les 
expéditions  du  voyage,  on  voit  qu'il  y  a  une  faute 
d'impression.  (i\\  B.  Voy.  au  reste  ci-après  la  S'^  pièce 
jusiijicaiive .,  qui  confirme  noire  opinion.  ) 

-  .y 

Note  ^•^^),  p.  78.  Considéré...  comme  un  simple  héritier 
du  trône.... 

C'était  l'opinion  générale...  Jeanne  elle-même  n'ap- 
pelait Charles  que  le  Dauphin.  (Voy.  Tripaut,  i45, 
\lfi  ;  continuateur,  f.  B,  p.  xvij  ;  Hisi.  de  laPucelle,  524) 


NOTES  DE  JEANÎÎE  d'aRC.  21  7 

Note  3^4),  p.  78.  Justpies  à  la  fin  de  la  campagne....  ^,'ùîrns. 

Ces  détails  se  trouvent  également  dans  tous  les  bis-  Y\n 

toriens.  (Voy.  entr'autres  les  auteurs  nommés  dans  la  <le  1429. 
note  33o,  p.  2i5,  aux  pages  qui  suivent  celles  qu'on 
y  indique. — Voy.  aussi  Monstrekt ,  t.  2 ,  f.  4^7  à  56.) 
D'ailleurs  les  faits  les  plus  intéressans  et  les  stations 
principales  de  l'armée  sont  indiqués  ci-après  ,  à  l'ex- 
plication de  notre  2«  carie,  n»*  24  à  29,  et  notes  sS 
à  39,  p.  259  à  263. 

Note  ^^^\  p.  78.  D\tne  armée  destinée  a  une  croisade... 

Elle  était  composée  de  cinq  mille  hommes  qu'ame- 
nait Winchester,  et  qui  étaient  destinés  à  combattre 
les  Hussiles.  (Voy.  Hume ^  vj,  194.- — Voy.  aussi  Mons- 
trekt ,  t.  2 ,  f.  4-6.) 

Elle  fut  levée  en  juin  ,  et  dès  le  i"  juillet  on  convint 
qu'elle  serait  pendant  six  mois  au  service  de  Bedfort. 
Le  165  il  envoya  en  Angleterre  un  héraut,  pour  en 
presser  le  départ.  Ses  instructions  attestent  la  révolu- 
tion étonnante  qui  venait  de  s'opérer  dans  les  affaires 
de  Charles  vu.  (Voy.  Rapin-Thoyras ^  iv,  24.2  et  53o; 
Rymer^  t.  10,  p.  4^0,  421,  432.) 

Note  2^^),  p.  79.  Une  trèoe...  pour  les  provinces.... 

Depuis  le  28  août  1429  pour  les  pays  au  nord  de  la 
Seine  (de  Nogent  à  Harfleur)  ,  et  depuis  le  28  septem- 
bre jusqu'à  Noël  pour  les  environs  de  Paris Elle  y 

fut  publiée  le  i3  octobre.  (Voy.  Butillet,  Rec.  des  Trai- 
tés, 347,  363  (il  cite  les  lettres  de  Charles,  les  villes 
comprises,  etc.);  Regist,  du  Parlement.,  dans  l'Hist.  de 
Paris  de  D.  Felibicn,  t.  3  ,  p.  ôgi;  Journal  de  Paris , 
127.) 


j4.'»o. 
mai. 


2l8  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

Note  ^^^  ^'*),  p.  yg.  Grâce  à  l'intrépidité  et  aux  exhor- 
tations de  Jeanne.... 

{\oy. Lenglet,  t.  i,  p.  121;  Dauîon^  ibid. ,  t.  2,  p.  128; 
Laoerdy^  ^%î  ^t  sur-tout  même  2,^  carte ^  notel^o^  p.  264.) 

Note  ^^y),  p.  7g.  Ow  la  Pucellefut  blessée  pour  la  troi- 
sième fois.... 

(La  première  fois  aux  tournelles,  la  seconde  à  Ger- 
geau.)  Voy.  Chartier,  36,  87  ;  Monstrelet ,  t.  2  ,  f.  5o,  5i; 
Laverdy^  338;  Lenglet,  t.  i,  p.  118;  Chron.  de  France, 
34-3;  Tripaut,  i65;  Daniel,  vij ,  81,  82;  Hist  delà 
Pucelle,  S2S  (ce  dernier  auteur  cite  même,  p.  5 12  ,unc 
quatrième  blessure  qu'elle  reçut ,  selon  lui ,  au  siège 
des  Augustins). — V.  sur-tout  d.  2«  carte,  note  67,  p.  262, 

Note  ^^7  ^'O,  p.  «^g.  Philippe  de  dons  et  d'honneurs.... 

Le  i3  octobre  i^^g  on  le  fit  lieutenant-général  d'une 
partie  du  royaume  ;  et  le  8  mars  suivant  on  lui  donna 
la  Champagne  et  la  Brie.  (Voy.  Dutillet^^ec.  des  Trai- 
tés ,  34g  et  363.) 

Note  ^^^\  p.  7g.  Avait  battu  et  fait  prisonnier.... 

(Voy.  Chartier,  4i;  Monstrelet,  t.  2,  f.  67  ;  et  sur-tout 
Lenglet,  t.  i,  p.  i25,  et  t.  3,  p.  i5o;  et  même  2^  carte ^ 
notes  47  à  5o ,  p.  267  à  270.) 

Note  ^-^a),  p.  7g.  La  prise  de  la  Pucelle.... 

(Voy.  à  ce  sujet  Chartier,  4^?  42;  Berry,  382;  Mons- 
trelet, \.  2,  f.  57,  58;  Villaret,  xv,  16;  Laçerdy,  33g, 
3405  Daniel,  vij,  gi  à  g3;  Thomassin ,  io3;  continua- 
teur de  Tripaut,  f.  C ,  p.  iij  ;  Lenglet,  X.  i,  p.  128  ;  même 
2"  carte,  notes  48  à  62 ,  p.  268  à  270.) 


NOTES  DE  JEATîNE  d'aRC.  219 

KoTE  ^^°),  p.  79.  Le  dénuement  où  se  troiioait  Charles.... 

(Voy.  ci- devant no/^5  i5i  et  3i4,  p.  1^4  et  211.)  «  Il 
n'y  a  point  de  soulde ,  »  dit  Guide  Laval.  (Voy.  lettre 
cilée  à  noie.  3i6,  p.  211.)  Il  faut  ajouter  la  sagesse  et  la 
dextérité  de  Bedfort,  dont  Hume,  vj,  192  à  194 1  f^it 
l'éloge. 

Note  340  lIs)^  p^  go^  5*^^  étrange  conduite..,.  Cnndnile  de 

Amelgard  s'en  plaint  vivement.  Selon  lui,  si  Charles,    *-•''•' '^'^^'^i' 
vers  cette  époque,  avait  eu  moins  d'apathie  et  de  goût         1429 
pour  les  plaisirs,  s  il  avait  empêche  les  degats  de  ses 
troupes  et  secondé  le  zèle  des  habitans  de  la  Normandie, 
il  aurait  pu  recouvrer  cette  province.  (Voy.  Notice  des 
M55.,t.  i,p.  4.19.) 

Note  ^^'),  p.  80.  De  plus  en  plus  ministre  ou  esclave.., 
etc 

(\oy.  pour  tout  cela  Charfi£r.,  28,  64?  65;  Berry^  ^ 

386;  Hist.  de  Richemonty  7 56,  768;  Villaret,  xiv,  4ii? 
474;  XV,  32,  i5o;  Daniel^  vij,  112  à  11 5.)  Charles 
|)oussa  la  faiblesse  au  point  de  faire  déclarer  Louis 
d'Amboise  criminel  de  lèse-majesté .,  pour  avoir  essavé 
d'arrêter  la  Trémouille  gouvernant  le  royaume,  dit  l'ar- 
rêt.... Encore  c'était  la  Trémouille  lui-même  qui  avait 
fait  arrêter  et  qui  retenait  prisonnier  Louis  d'Amboise. 
(Voy.  Villaret,  xiv,  477-) 

Note  3^=),  p.  80.  De  V attaquer  et  de  le  charger  de  fers... 

II  fut  même  blessé  d'un  coup  d'épée...  On  le  traîna 
dans  un  château  fort  appartenant  à  un  des  conjurés. 
(Voy,  Chartier,  65  ;  Berry,  386  :  Chron,  de  France ,  36o  ; 
Monstrelet,  \]^i^i.') 


220  NOTES  DE  JEAiSNE  d'aRC. 

Note  ^^'^\  p.  80.  L'impulsion  donnée  par  Jeanne *... 

C'est  aussi  la  remarque  de  Thomassin.  «  Depuis  le 
»  siège  d'Orléans,  dit-il,  fol.  97,  les  Anglois  ny  leurs 
»  alliés  n'eurent  force  ne  vertu.  » 

Il  faut  également  observer,  avec  Hume,  vj,  194» 
que  l'enrôlement  se  faisait  difficilement  chez  les  An- 
glais ,  «  intimidés  par  le  pouvoir  magique  et  infernal 
»  de  la  Pucelle.  » 

Enfin  ,  des  actes  du  tems  prouvent  que  la  frayeur 
qu'elle  leur  inspirait  était  si  forte,  que  les  enrôlés  mêmes 
n'osaient  se  rendre  en  France.  Le  3  mai  i43o,  quelques 
jours  après  le  départ  de  Henri  yi  pour  ce  royaume ,  le 
duc  de  Glocester  fit  à  Cantorbéry  des  proclamations 
dont  voici  le  titre  :  Contra  capitaneos  et  soldarios  tergiver- 
santes ^incaniationibus  Puellœ  terrijicatos.  (Rymer,  x,  4-59) 

Note  ^^^),  p.  81.  A  combattre  que  les  garnisons  enne- 
mies.... 

Hume  parle  de  plusieurs  places  «  que  l'affection  du 
»  peuple  avoit  livrées  à  Charles.  »  11  ajoute  que  l'habi- 
leté de  Bedfort  fut  impuissante  contre  l'inclination  des 
Français  à  rentrer  sous  la  domination  du  roi.  (Voy, 
id.  ,195,  202. — Voy.  aussi  Monstrelet ,  t.  2 ,  f^  4^  ^^  ^o  ,' 
v^;  Chartier,  44 î  65,  66,  71,  89.)  Parmi  les  places  li- 
vrées volontairement  à  Charles ,  il  y  en  eut  en  effet  que 
les  Anglais  ne  purent  reprendre  qu'après  six  ou  sept 
jQois  de  siège.  (Voy.  Monstrelet,  ibid.) 

«  On  ne  peut  trop  insister  sur  cette  vérité  :  le  réta— 
»  blissement  de  Charles  vu  sur  le  trône  de  ses  pères  fut 
»  l'ouvrage  de  la  nation.  »  {Villaret^  xiv,  26a.) 

1435,       Note  345)^  p,  81.  Le  duc  de  Bourgogne  lui  accorda  la 
sienne..,. 


NOTES  DE  JEANÎîE  D  ARC.  221 

Par  ie  traité  de  paix  d'Arras.  (Voy.  VîUaret,  xv,  i8i 
et  suiv.  ;  Daniel,  vij ,  122  et  suiv.  ;  Chartier,  84.;  Chron. 
de  France^  362.)  Il  est  au  Trésor  des  Chartres. 

Hume,  vj,  210,  au  sujet  de  cette  paix,  dit  que,  pour 
calmer  Philippe,  Charles  bannit  de  sa  cour  Duchâtel 
et  tous  les  assassins  de  Jean.  Il  se  trompe  de  huit  an- 
nées. (Voy.  ci-dev.  le  texte ^  p.  4i)  et  note  17g,  p.  i53.) 

Un  événement  qui  favorisa  encore  beaucoup  Charles 
dans  ce  même  tems,  fut  la  mort  du  duc  de  Bedfort 
(i4-  décembre  i/^3S...Fiilarei,  xv,  199)- 

Nous  n'en  dirons  pas  autant  de  celle  d'Isabelle  (3o 
sept.  14.35  ,  neuf  jours  après  le  traité  d'Arras),  précipi- 
tée ,  à  ce  qu'on  présume,  par  la  douleur  du  triomphe 
de  son  fils,  parce  que  ,  depuis  qu'elle  l'avait  fait  dés- 
hériter (à  Troyes,  ci-devant  note  i25,  p.  i36),  elle 
était  méprisée  et  abandonnée,  et  vivait  à-peu-près  dans 
la  misère.  (Voy.  Villaret ,  xv,  194.;  Monstrelei,  ij ,  117.) 

Note  ^^6),  p.  8i.  Il  rentra  dans  sa  capitale..,.  i436. 

Le  vendredi  i3  avril  i436.  (Voy.  Villaret,  xv,  211; 
Hénaut,  an  i4-36;  Daniel,  vlj,  137  et  suiv.;  Journal  de 
Paris  ,166;  Chronique  de  France,  365  ;  Dutillet,  Rec.  des 
Traités,  35i.) 

Au  reste,  il  ne  faut  point  prendre  ceci  à  la  lettre.  Ce 
furent  les  officiers  de  Charles  vu,  les  Richemont,  les 
Dunois,  etc.,  qui  recouvrèrent  la  capitale.  On  s'attend 
qu'au  moins  il  se  hâta  de  s'y  rendre  pour  y  affermir 
son  autorité  et  regagner  l'affection  des  habitans,  aux- 
quels il  était  étranger  depuis  vingt  années.  Loin  de  là, 
il  n'y  fit  son  entrée  qu'au  bout  dç  dix -neuf  mois 
(12  nov.  14.37),  et  à  peine  y  séjourna-t-il  trois  se- 
maines. «  Le  Roy  se  despartit  de  Paris  le  3  décembre 


222  ISOTES   DE  JEANNE  D  ARC. 

w  sans  que  nul  bien  y  fît  pour  lors,  et  sembloit  qu'il 
>»  ne  fût  venu  seulement  que  pour  voir  la  ville.  »  {Journal 
de  Paris,  178.) — Voy.  ci-apr. ,  i^^^  Pièce  justifie,  note  l^S), 

Note  346  bis) ^  p  33,  //  donne  des  preuves...  de  valeur..* 
Enlr'autres  aux  sièges  de  Montereau,  en  14.37  ,  et 
d'Harfleur,  en  14.49  {Monstrelet .,  t.  3,  p.  24.)-..  Lors  du 
premier,  Charles  lit  jeter  de  gros  engins  contre  la  ville, 
«  et  lui-même  de  sa  personne  y  prit  moult  grand  tra- 
»  vail.  »  (/</. ,  ij ,  i4-i-  —  Voy.  aussi Ser/y,  3g5.)  Tel  est 
le  récit  des  historiens  (Chartier,  p.  g^?  ^^  Chronique 
de  France,  f.  328,  et  l'Hist.  de  Richemont  ne  disent 
rien  à  ce  sujet).  Selon  les  registres  du  parlement  (citéjï 
par  Villaret,  xv,  2^1,  et  par  le  P.  Anselme,  Généalo- 
gies, t.  I,  p.  Ï16),  Charles  vu  se  précipita  le  premier 
dans  le  fossé,  le  traversa  ayant  de  l'eau  jusqu'à  la  cein- 
ture, planta  une  échelle,  la  monta  l'épée  à  la  main,  à 
travers  une  grêle  de  traits,  etc. 

Elooede  Note  34?),  p.  82.  Il  enlève  peu-à-peu...  dans  Calais... 

Chai  les  VII.  Les  Anglais  essayèrent  de  rentrer  dans  la  Guienne, 
'*  '  ^  '  mais  ils  furent  battus  complètement  à  Castilhon  (à  huit 
lieues  E.  de  Bordeaux ,  au  mois  de  juillet  i4.52).Talbot 
termina  dans  cette  action  sa  glorieuse  carrière.  (Voy. 
Villaret,  xvj ,  72;  Smollett,  viij ,  209,  22$;  Monsirelet ^ 
t.  3 ,  f.  55  à  59.) 

Les  traités  faits  en  i^Si,  14.^2  et  1 4.53,  pour  la  sou- 
mission des  Etats  et  des  villes  de  Guienne ,  sont  cités 
dans  Dutillet,  Rec.  des  Traités.,  p.  368,  369. 

Outre  Calais,  les  Anglais  conservèrent  encore  en 
avant,  et  à  deux  lieues  au  sud  de  cette  ville ,  Guine  et 
liâmes.  (Voy^  Monsirekt^  t.  3,  p.  87.) 


NOTES   DE  JEANNE  d'aRC.  22^ 

Note  3^3),  p.  82.  Avaient  oublié  la  route.... 
(Voy.  ci-devant  note  86,  p.  i25  j  Hume,  t.  5,  p.  894; 
Fillaret,  xvj  ,182;  Monstrelei^  t.  3,  f.  70  et  72.) 

Note  ^'^o),  p.  82.  Des  nations  étrangères...  Gênes... 

(Voy.  Eloge  de  Charles  vu  ,  p.  8.)  Les  rois  de  Dane- 
marck  et  d'Ecosse  le  nommèrent,  en  14^7,  arbitre  de 
leurs  différends.  (Voy.  ?^i7/ûr<?;f,  xvj,  209.) 

Quant  aux  Génois,  ils  avaient  chassé  les  Français  en 
1409,  pour  se  donner  au  marquis  de  Monlferrat( Théo- 
dore II ,  de  la  maison  Paléologue ,  qu'ils  chassèrent  en- 
suite en  i4ï3).V.  i?eVo//^/.  de  Gênes.,  Paris,  1750,1,  281; 
même  i'*^  Pièce  justijicaiii>e .,  notes  12  et  16. 

Note  ^^°),  p.  82.  Un  jour  de  vlmsa.^ ce  par  semaine... 

C'est  l'expression  naïve  de  l'auteur  anonyme  de  son 
Eloge,  p.  5. 

Les  étrangers  font  aussi  l'éloge  de  son  administra- 
tion. (Voy.  Hume,  vj,  23g.) 

Note  ^^'),  p.  83.  A  mort  un  prince  du  sang.... 

Le  duc  d'Alençon.,.  Il  fut  arrêté  en  i456,  et  con- 
damné en  x458.  (Voy.  Villaret,  xvj ,  160  et  suiv.  ;  Da- 
niel, vij,  293;  Monsireletf  t.  3,  f.  67,  74  et  suiv.) 

Note  2^^),  p.  83.  Les  finances  sont  assujéties  à  des  rè- 
gles, etc. 

(Voy.  Eloge  de  Charles  vii,p.3,4,  6,7;  Villaret, 
xvj ,  iio.)  «  11  voyoit  chacun  an  et  plus  souvent  le  fait 
«  de  ses  finances,  et  le  faisoit  calculer  en  sa  présence.... 
»  11  ne  faisoit  faire  aucun  pied  nouveau  ou  changement 
n  de  monnoie.  »  {Xà.EAoge,  p.  6 et  7.— Voy.  aussi  Vil-- 
laret,  xvj ,  327  ;  et  ci-dev.  note  i5o,  p.  144.) 


224  NOTES  DE  JEANNE  d'arc. 

Note  ^^^),  p.  83.  //  laisse  des  fonds  suffisanst... 

(  Voy.  Eloge  de  Charles  vu  ,  p.  8;  Villaret^  xvj ,  3 14.) 
Louis  XI  termina  ce  rachat  un  ou  deux  ans  après  la 
mort  de  son  père.  (Voy.  ib.^  xvij,  9.) 

Note  3^^),  p.  83.  Les  exactions  sont  réprimées.... 

(  Voy.  Eloge  de  Charles  vu  ,  p.  3 ,  5 ,  7  ;  Villaret ,  xvj , 
110.) 

Ce  que  nous  disons  en  l'honneur  de  Charles  dans 
les  notes  35o,  352,  353,  354  et  356,  reposant  princi- 
palement sur  le  témoignage  de  l'auteur  anonyme  de 
son  Eloge,  peut  sembler  n'être  pas  suffisamment  jus- 
tifié, parce  qu'il  est  possible,  dira-t-on,  que  cet  auteur 
ait  été  un  de  ses  protégés  ou  favoris  ;  mais  ce  témoi- 
gnage est  fortifié  par  la  meilleure  de  toutes  les  autorités 
en  cette  matière  ,  par  le  suffrage  des  representans  de  la 
nation.  Dans  les  états-généraux  tenus  à  Tours  en  i484» 
à  une  époque  assez  rapprochée  (  Charles  est  mort  en 
l46i)  pour  que  l'on  connût  encore  bien  son  adminis- 
tration ,  on  en  fait  à  chaque  instant  l'éloge.  (  Voy.  G«r- 
nier  (successeur  de  Villaret),  xix,  268  et  suiv.) 

Note  ^^^),  p.  84.  En  procurant  à  Vunii?ersité.... 
En  1452.  (  Voy.  Villaret ,  xv  ,  58.  ) 

Note  ^^^) ,  p.  84.  Il  rétablit  la  méthode  des  élections.... 
(Voy.  Eloge  de  Charles  vu  ,  p.  5  ;  Villaret,  xij ,  21, 
345.) 

Ravages  et        NoTE  ^^7) ,  p.  84.  Charles  V  s  en  débarrassa.... 
cruauté  des       f  Yoy,  VHist.  de  Duguesclin  par  Guyard  de  Berville, 
soldats.  1.  \»  .     V 

hv.  3 ,  t.  I  ,  p.  291  et  suiv.) 


îsOTES   DE  JEANNE   d'aRC.  225 

H  fallait  le  plus  souvent  acheter  leur  retraite ,  tout 
aussi  bien  que  leurs  services.  (Voy.  D.  Vaissette ,  t.  4  » 
p.  4-85 ,  4-89,  492  )  etc.  ) 

Note  ^^^) ,  p.  85.  Dès  cet  instant  la  France  fut  un  champ 
de  brigandages. . . 

Il  serait  trop  long  et  trop  pénible  de  rapporter  tous 
les  faits  qui  le  prouvent.  Nous  avions  pris  la  note  des 
p^ges  des  auteurs  du  tems  où  il  en  est  question;  elle  ne 
remplit  pas  moins  d'un  feuillet.  Bornons -nous  à  en 
citer  quelques-unes.  (Voy.  Laboureur.,  hist.  221  ,  49^» 
533,   688,  691,  739,   785,815,  938.  —Monsirekt, 

t.   I  ,   f.   23l  ,    240,  2497  271  ,  295,305  ,  320  J    t.  2  ,  p. 2  , 

i5  ,  etc.  —  Juvénal,  292  ,  467.  —  Journal  de  Paris  ,  22  , 
80,  95,  137,  i52,  i58.  — Saint-Remi,  109.  —  Tri- 
paut,  32  ,  61 ,  65.  —  Continuateur  de  idem,  p.  ic)6.  — 
uimelgaid ,  Notice  des  Mss. ,  t.  i  ,  p.  4^6,  4^9"  — 
Chartier  ,  39 ,  67  ,  68  ,  96  ,  99.  —  Voy.  aussi  D.  Vais- 
sette^ t.  4 7  p- 459 ,  462,  470 7  473,  476  î  48<^  1  4^5  , 
489,  492,  etc.) 

Note  ^^9) ,  p.  85.  Parce  (ju  elles  naçaieni  aucune  disci-- 
pline.... 

(  Voy,  les  auteurs  cités  à  la  note  358.  —  Voy.  aussi 
D.  Vaissette  ,  t.  4,  p.  495  ,  496 ,  497-  ) 

NoTE^^"),  p.  85.  Les  citoyens....  et  jusques  aux  ecclé- 
siastiques.... 

(  Voy.  Jménal,  439  ;  Choisy ,  383  ;  Tripaut ,  18.  ) 

Note  3^') ,  p.  85.  Ils  se  vengeaient  sur  les  soldats 
épars.... 

î5 


226  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

Il  se  forma  souvent  des  compagnies  de  paysans  qui 
se  tenaient  en  embuscade  dans  les  forets  ,  d'où  ils  atta- 
quaient et  détroussaient  tout  le  monde.  On  les  connais- 
sait sous  le  nom  de  brigantins  ^  pîquiers  ^  porte- piques. 
(  Voy.  Laboureur^  1^7  i  77^  •>  7^^?  7^9?  Journal  de 
Paris  ^  io5;  Hainaut,  p.  243.) 

Note  ^^''),  p.  86.  De  là  un  esprit  de  férocité.... 

Il  n'y  en  a  que  trop  d'exemples  dans  Thistoiredeces 
tems.  (  Voy.  Laboureur ,  107  ;  Journal  de  Paris ,  84. ,  85  ; 
Monstrelet,  t.  i  ,  f .  269,  etc.)  Des  brigantins  mirent 
un  bacinet  ardent  sur  la  tête  d'un  noble ,  écorchèrent  et 
brûlèrent  un  prêtre  ,  etc.  (Voy.  Juoénal,  52.  ) 

NoTE^^^>,  p.  86.  On  soufflait  dans  lame....  de  F  en- 
fance..., 

Monstrelet  raconte  qu'à  un  petit  combat  où  les  Bour- 
guignons défirent  (en  i4.33)  un  détachement  de  Fran- 
çais ,  soixante  à  quatre-vingts  de  ceux-ci  furent  pris ,  et 
pour  la  plupart  pendus  ou  tués  le  lendemain  par  ordre 

de   Jean   de  Luxembourg; qu'en  poursuivant  les 

fuyards  «  plusieurs  furent  morts  et  pris;  »  et  il  ajouter 
«  Si  fut  ce  jour  le  jeune  comte  deSaint-Pol  (neveu  de 
n  Luxembourg  et  âgé  de  quinze  ans)  mis  en  voie  de 
»  guerre  :  car  son  oncle  lui  en  feit  occire  aucuns  ,  lequel 
»  y  prenait  grand  plaisir.  »  (  Voy.  id. ,  t.  2  ,  f.  92.  — 
\oy, AUSSI  Villarei y  xv,  160.) 

Note  ^^^\  p.  86.  On  condamnait  au  pillage  et  à  l'in- 
cendie.... 

(Voy,  des  exemples  dans  le  Laboureur.,  p.  65,  78,  79, 
53i ,  789 ,  947  7  etc.  ;  Saint'Remi,  p.  109  ;  Monstrelet ^ 


NOTES  DE  JEANKE   d'aRC.  227 

t.  î  ,  f.  276  ,  284  à  288  ,  3ii  ;  t.  2  ,  f.  69  ;  Amelgard, 
Notice  des  Mss.  ,  1. 1  ,  p.  4i3  ,  etc. 

Note  3^^) ,  p.  86.  Massacrer  les  prisonniers.... 

(  Voy.  Laboureur.,  80 1 ,  836  ,  94.8  ;  Saint- Rem i ,  118, 
i3i,  161;  Monsireiety  t.  i,  f.  234 ,  267,  270,284.; 
t.  2,  f.  6,  II  ,  22  ,  etc.  ;  Chartier,  p.  i3  ;  Hist.  de  la  Pu- 
celle,  494»  Juvénal.,  4-39  1  4^5  ,  49^  »  Chronique  Mss., 
540  ;  Journal  de  Paris.,  83;  Z>.  Vaisselle .,  t.  4?  P-  4^5,  etc. 

Note  ^66)  ^  p.  85,  f/,^  <?Wy7/e  ^c  Liège.... 

(  Voy.  Monstrelet,  t.  2  ,  f.  126  ;  Villaret ,  xv  ,  219.  )  Il 
faut  pourtant  observer  que  le  prêtre  était  plutôt  guer^ 
rier  lui-même  qu'aumônier.  (Voy.  Monstrelet.,  ibid.) 
L'évêque  était  Jean-sans-Pitié,  de  la  maison  de  Bavière, 
oncle  maternel  du  duc  de  Bourgogne ,  Philippe-le-Bon. 
(Voy.  Fillaret,  xv,  357.  ) 

Note  ^^7),  p.  87.  Une  mort  rapide.... 

On  a  àes  exemples  de  prisonniers  qu'on  laissait  mou- 
rir de  faim.  (  Voy.  Jui^énal,  4^5  ,  490?  Villaret,  xiv, 
104.) 

Note  ^^^),  p.  87.  Les  maladies  contagieuses  et  les  fa^ 
mines.... 

(Voy.  Laboureur.,  833;  Saint-Remi ,  124  ,  i3o,  i48, 
i54  ;  Monstrelet.,  t.  i ,  f.  265  ,  268  ,  296  ;  Juve'nal,  74  ; 
Journal  de  Paris.,  'j3  et  I79  ;  Chartier,  99;  Smolletl^ 
viij  ,  125  ;  Villaret,  xv  ,  253  ;  D.  Vaisselle  ,  iv,  467.  ) 

Note  269),  p.  87.  Qu'on  i>it  les  loups.... 
(  Voy.  Journal  de  Paris ,  94  et  1 79  ;  Villaret ,  xiv ,  11 3  ; 
Chartier.,  99.  ) 


228  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC. 

Note  ^7°) ,  p.  87.  Divers  corps  de  troupes  réglées  ,  etc.. 

Les  ordonnances  relatives  à  cette  institution  salutaire 
sont  malheureusement  perdues  ;  *  mais  on  trouve  quel- 
ques détails  curieux  dans  la  Chronique  manuscrite  d'A- 
melgard,  (  Voy.  Notice  de^  Mss. ,  t.  i,  p.  4^23.  —  Voy. 
aussi  Eioge  de  Charles  vu  ,  p.  5  à  7  ;  Chartier,  109.  ) 
En  14^7  ,  les  commissaires  du  roi  demandèrent  aux 
Etats  de  Languedoc  25o,ooo  liv. ,  tant  pour  l'aide  ordi- 
naire que  pour  l'entretien  de  cinq  cents  lances  (trois 
mille  cavaliers)  et  mille  archers,  qui  devaient  être 
à  la  charge  de  la  province.  (  V.  D,  Vaisselle ,  v,  9.  ) 

Note  ^7'),  p.  88.  Le  laboureur  retourne ,  etc.... 

«  Les  gens  d'armes  vivoient  sans  aucune  pillerie.... 
j)  Les  laboureurs  ne  laissoient  point  de  labourer,  n 
(  Eloge  de  Charles  vu  ,  p.  5  ,  8.  )  «  Les  gens  d'armes  se 
»  gouvernoient  si  honorablement,...  qu'il  n'y  avoit 
»  brigand  qui  osât  plus  dérober  sur  les  chemins...  Ils 
j>  conduisoient  et  guidoient  les  marchands,  etc.  » 
{Monstrelet^  t.  3,  f.  87.) 

Note  ^7=) ,  p.  88.  Un  des  principes  oii>ifians... 
(Voyez  Vandermonde  j    Leçons   d'économie  politique , 
Ecoles  normales  ,  t.  3,  p.  i49'  ) 

Note  ^7^) ,  p.  88.  Des  royaumes  étrangers.... 
Expéditions  de  Naples  et  d'Italie  sous  Charles  viii , 
Louis  XII ,  François  i^^ 

^  Elles  sont  citées  par  Charles  lui-même  dans  des  lettres 
de  1454.  (  Voy.  D.  Vaissette ,  t.  5 ,  Preuves  ^  p.  i5.  )  Les  me- 
sures préparatoires  de  l'institution  avaient  été  prises  par  Tor- 
donnance  du  2  novembre  1439.  (  Dans  Fonfûnon^  iij ,  162.  )    , 


NOTES  DE  JEANNE  D  ARC.  229 

Note  ^7'+) ,  p.  88.  Qui  ne  connaissaient  plus  la  guerre.... 
Excepté  pendant  le  seul  tems  des  guerres  civiles  de 
la  fin  du  i6^  siècle  ,  et  de  celles  des  camisarts. 

Note  ^7^),  p.  89.  Un  seigneur  de  la  maison  de  France...       Prise  de 

Ti  j     T  la  Pucelle. 

Il  la  livra..., 

Lyonnel,  bâtard  de  Vendôme.  (  Voy.  Villarei,  xv  ,        niai. 
17  ;   Monstrelef ,  t.  2  ,  f.  58;  Laoerdy ,  8.  )  Il  la  vendit  à 
Luxembourg.  (  Voy.  Laver dy  .,  8.) 

Elle  fut  détenue  ,  pendant  plusieurs  mois ,  dans  divers 
châteaux,  et  notamment  au  Crotoy  et  à  Beaurevoir, 
d'où  on  la  transféra  à  Rouen.  (Voy.  Monstrelet .,  ibid.  ; 
Lenglet .,  t.  i  ,  p.  i33;  Laverdy .,  342.)  Le  roi  d'Angle- 
terre paya  tous  les  frais  du  procès.  (Voy.  Chaussard,  68.) 

Note  ^7^) ,  p.  90.  Aux  théologiens  de  l'Université... 

«  L'Université  de  Paris  a  presque  donné  l'existence  à 
i>  cette  affaire  par  ses  clameurs  et  ses  démarches.  » 
(  Laver dy  ,18.) 

«  Elle  prostitua  aux  ennemis  de  l'Etat  les  preuves  du 
i>  dévouement  le  plus  lâche  et  le  plus  servile.  »>  {Vil- 
iarei,  xv  ,  4o.  —  ^oy.  ci-après  note  378  ,«011.) 

Note  ^77),  p.  90.  La  joie  qu'ils  témoignèrent.... 

(Voy.  Lenglety  t,  i  ,  p.  i32  ;  Monstrelet ,  ij  ,  58;  Fil- 
laret,  xv,  19.  ) 

Les  habilans  de  Tours  se  conduisirent  bien  différem- 
ment. Aussitôt  qu'ils  furent  informés  de  la  prise  de 
Jeanne  ,  ils  firent ,  pour  sa  délivrance  ,  des  prières  et 
des  processions  générales  ,  où  l'on  pt)rta ,  à  nu-pieds  , 
les  reliques  des  saints.  (  Voy.  Maan^  Hist.  S.  eccles.  Tu- 
rwiens.  ,  1667,  p.  164.) 


23o  NOTES  DE  JEANNE  d'aRC; 

Procès  de  NoTE  h^) ,  p.  Qo.  Eux-mêmes  pressent  Luxemlourg  et 

la  Pucelle.  „.   . 

,3       ,-  sollicitent^  etc. 

1430, 143 1.  ' 

Nous  allons  donner  une  idée  rapide  des  mesures  an- 
térieures au  procès  de  Jeanne  d'Arc,  et  de  la  marche 
de  ce  même  procès. 

1.  Presque  aussitôt  après  la  prise  de  Jeanne,  l'Uni- 
versité demande  qu'on  lui  fasse  son  procès  ;  elle  écrit 
pour  cela  au  duc  de  Bourgogne.  (Voy.  Laverdy  ^  8.  ) 

2.  Au  bout  de  quelques  jours ,  nouvelles  lettres  et  au 
duc  de  Bourgogne  et  à  Luxembourg ,  pour  qu'on 
remette  Jeanne  à  l'évêque  de  Beauvais  et  à  l'inquisi- 
teur (  le  pape  en  avait  envoyé  un  *  en  France  ).  (  Voy. 
Zapcrû?/, 8etg.)  Lenglet,  t.  i,p.  i4-5,  t.  2, p.  i57,ditque 
les  lettres  sont  du  27  mai  i^So;  mais  il  est  probable 
que  cette  date  convient  tout  au  plus  à  la  première  lettre. 
Le  continuateur  de  Tripaut,  f.  C,  p.  viij ,  note  là 
date  de  l'une  d'elles  au  i^  juillet  i4.3o. 

3.  \I^  juillet  i43o...  Sommation  de  Cauchon ,  signifiée 
par  notaires,  au  duc,  à  Luxembourg  et  à  Vendôme,  de 
lui  remettre  Jeanne  ,  comme  suspectionnée  de  sortilège  , 
idolâtrie ,  etc.,  et  au  besoin  ,  offre  (  au  nom  du  roi  d'An- 
gleterre )  d'en  donner  6,000  fr...  et  si  l'on  n'en  est 
pas  content,  il  porte  cette  offre  jusques  à  10,000  fr. 
(  Voy.  Laoerdy,  11  ,  12  ;  Lenglet,  t.  i ,  p.  14.7  ;  Continua- 
ieur  de  Tripaut,  f.  C.  ,  p.  vj ,  où  la  lettre  est  en  entier.  ) 

*N.  B.  Le  marc  d'argent  étant  alors  à  7  liv.  5  s,{^Voy. 
Dupré  de  Saint-Maur,  Essai  sur  les  monnaies  ,  in-^" , 
p.  2i5)  ,  les  10,000  fr.  offerts  vaudraient  à  présent  en- 
viron 76,000  fr. 

4..  21  novembre  i4.3o.  Lettre  de  l'Université  à  Cau- 

*  Frère  Jean  ou  Jacques  Gravèrent ,  dominicain  ,  inquisi- 
teur-général en  France.  (  V.  Lenglet^  t.  a,  p.  iSg;  Laverdy^  i43.) 


23l 

cbon  et  au  roi  d'Angleterre,  toujours  pour  la  rendition 
de  la  Pucelle.  (Voy.  Laoerdy ,  9  ;  Lenglet ,  t.  i  ,  p.  148; 
t.  2,  p.  i58.  ) 

5.  28  décembre.  Permission  donnée  à  Cauchon  ,  par  le 
chapitre  de  Rouen  ,  d'instruire  le  procès  dans  son  terri- 
toire. (  Voy.  Laoerdy  ,  16  ;  Lenglet,  t.  2  ,  p.  i58.  ) 

6.  3  janvier  (toujours  i4.3o  ,  vieux  style  ).  Lettres- 
patentes  de  Henri  vi ,  qui  ordonnent  la  remise  de  Jeanne 
à  Cauchon.  (Voy.  Laverdy,  i3;  Lenglet ,  t.  i  ,  p.  iffi  ; 
t.  2  ,  p.  i58.  ) 

7.  (  g  ,  i3  et  n^  janvier  ;  19  et  20  février.')  Consulta- 
tions sur  l'afifaire....  Nominations  des  promoteur,  gref- 
fier,  huissiers  et  juges-assesseurs....  Discussions  sur  une 
difficulté  de  juridiction.  Il  s'agissait  de  savoir  si  Cau- 
chon procéderait  avec  un  délégué  de  l'inquisiteur  *  ,  et 
c'est  ce  qui  fut  décidé  et  pratiqué.  Ainsi,  ce  sont  les 
formes  effrayantes  de  l'inquisition  qu'on  a  suivies  dans 
ce  procès!  (Y oy.  Laver dy^  p.  i5  et  suiv. ,  et  sur-tout 
p.  22  ,  24.  j  82  ,  35  et  4-63  ,  où  il  démontre  les  abus  de 
ces  formes.  —  Voy.  aussi  Len g ki ,  t.  2,  p.  i58  et  iSg.) 

8.  {20 février.)  Assignation  pour  être  interrogée, 
signifiée  à  Jeanne  le  21  ,  jour  de  son  premier  interro- 
gatoire   Elle  en  a  subi  quinze  jusqu'au  milieu  de 

mars. 

On  lui  a  lu  alors  ses  réponses,  et  on  en  a  extrait 
trente-huit  articles  ou  propositions  ,  qui  ont  formé  au- 

*  Frère  Jean  Magistri  (  ou  Lemaitre  ) ,  déle'gué  de  frère 
Jean  Graveront,  ou  viee-inquisiteur,  ou  vicaire  de  l'inquisiteur. 
(  Voy.  Lenglet^  t.  2  ,  p.  iSg  ;  Laverdy  ,  18.)  11  objectait  qu'il 
n'était  vicaire  que  pour  le  diocèse  de  R^uen  et  qu  il  s'agissait 
du  diocèse  de  Beauvais.  Fr.  Gravèrent  lui  envoya  dans  la  suite 
une  commission  spéciale.  (Voy.  Lat^erdy ,  20.) 


232  NOTES  DE  JEAN^^E  d'aRC. 

tant  de  chefs  d'accusation  contre  elle.  (  Voy.  Laoerdy^ 
p.  21  et  suiv. ,  et  ^wx-\.o\x\.  Lenglei  ^  t.  i  ,  p.  i5oà  172; 
t.  2,  p.  iSg.  ) 

9.  (  27  mars  etjeurs  suivons.  )  Elle  est  interrogée  sur 
cesarllcles.  (V.  Laoerdy^  p.  82  ;  Lenglet,  p.  174  et  suiv.) 

10.  (  2  aoril  i43i  ;  lendemain  de  Pâques  et  jours  sui^ 
oans.  )  Les  trente-huit  articles  sont  réduits  à  douze. 

Ces  douze  chefs  d'accusation,  que  Laverdy  rapporte 
en  entier  (/9-5i  à  98),  et  qu'il  a  la  complaisance  de 
réfuter,  se  réduisent  aux  apparitions  et  révélations ,  à 
ce  qu'elle  a  pris  un  habit  d'homme ,  à  ce  qu'elle  s'est 
précipitée  d'une  tour  (  ce  fut  pour  s'échapper  de  sa  pri- 
son )  ;  à  ce  qu'elle  a  mis  une  croix  en  tête  de  ses  lettres... 
(Voy.  aussi  Luchet ,  3gj  ;  ci-après  3^  Pièce  justificative^ 

11.  Les  mêmes  articles  sont  envoyés  à  àes  docteurs, 
licenciés,  évêques,  et  à  l'Université  de  Paris,  pour 
avoir  leur  avis  sur  le  point  de  savoir  si  les  propositions 
qu'ils  contiennent  sont  opposées  à  la  foi.  L'Université 
s'assembla  à  la  fin  d'avril  et  au  commencement  de  mai. 
Elle  décida  que  les  apparitions,  etc.,  procédaient  de 
Uélial,  Satan  et  Belzébulh  ;  que  Jeanne,  en  ce  qu'elle 
portait  un  habit  d'homme,  était  suspecte  d'idolâtrie  et 
d'avoir  donné  sa  personne  et  ses  habits  au  démon  ^  en  imi- 
tant l'usage  des  païens,  etc.*  (Voy.  Laverdy^  ibid.  et 
p.  34.5  5o ,  59,  75.  — Voy.  aussi  Lenglet  ^  t.  i  ,  p.  178.) 

*  Elle  ne  s'en  tint  même  pas  là.  Elle  écrivit  le  i4  mai  au  roi 
(l'Angleterre  et  à  Çauchon  (elle  loue  beaucoup  celui-ci)  pour 
les  exhorter  à  faire  punir /r<?//<?y^/wOTtftrès-promptetnent.  (Voy. 
Lengïet ,  t.  2  ,  p.   160  ;  Laçerdy  ,  54  et  55.) 

Enfin  peu  de  tems  après  le  jugement  de  condamnation ,  elle 
en  fit  l'apologie  dans  des  lettres  adresse'es  (  28  juin  )  au  pape  , 
à  l'empereur  et  aux  cardinaux.  (  Voy.  Lenglet ,  t.  2  ,  p.  i56  et 
i6i  ;  Uist.  universHat.  Paris.  ,  t.  5  ,  p.  4o6.  ) 


NOTES  DE  JEANNE  B  ARC. 


:33 


12.  Pendant  cet  intervalle  ,  on  continua  le  procès; 
on  fit  à  Jeanne  diverses  admonitions  ou  remontrances; 
on  la  menaça  de  la  torture  ,  etc.  Enfin  ,  lorsqu'on  eut 
reçu  l'avis  de  l'Université,  le  19  mai,  on  condamna 
Jeanne  ,  mais  en  subordonnant  son  jugement  à  de  nou- 
velles admonitions^  dont  la  dernière  eut  lieu  le  24. ,  en 
présence  d'un  grand  concours  de  peuple,  et  dans  un 
cimetière  où  Ton  avait  dressé  un  bûcher.  (Voy.  ÎMverilyj 
p.  99  et  suiv.  ;  Lenglet  ^  t.  i ,  p.  190  et  suiv.  )  Un  théo- 
logien indiqua  à  Jeanne  les  crimes  qu'on  lui  imputait , 
et  l'interpella  indirectement  de  les  avouer. 

i3.  Après  avoir  déclaré  qu'elle  se  soumet  à  i'é- 
ghse  et  au  pape  ,  la  Pucelle  répond  «  qu'aucun  de  ses 
»  faits  et  discours  ne  peut  être  à  la  charge  de  son  roi  ni 
»  d'aucun  autre  ;  que  s'il  y  a  quelques  reproches  à  lui 
»  faire  (à  elle)  ,  ils  viennent  d'elle  seule  et  non  d'au- 
î>  cun  autre.  »  (Voy.  Laperdy  ,  p.  m  ,  qui  s'écrie  avec 
raison  :  Exemple  admirable  d'une  fidélité  à  toute 
épreuve ,  dans  la  plus  terrible  des  circonstances  !  ) 

i4..  Cauchon  et  le  vice-inquisiteur  ,  sans  prendre  l'a- 
vis des  juges,  déclarent  que  le  pape  est  trop  éloigné; 
ils  insistent  sur  un  aveu,  et  Jeanne  gardant  le  silence  , 
ils  prononcent  la  condamnation,  où  ils  ont  Timptidence 
de  dire  qu'elle  a  refusé  de  faire  au  pape  la  soumission 
qu'elle  venait  précisément  de  répéter.  (^Y oy.  Laçerdy, 
112,  ii3. ) 

i5.  Jeanne  interrompt  la  prononciation  pour  réité- 
rer sa  soumission  à  l'Eghse  ,  et ,  dit-on  ,  en  même  tems 
à  tous  ses  juges.  On  dresse  une  rétractation  ou  abjura- 
tion qu'on  lui  fait  prononcer.  Ensuite,  abusant  de  ce 
qu'elle  ne  sait  pas  lire  ,  on  substitue  à  cet  acte  une  autre 
rétractation  où  on  lui  fait  mettre  la  marque  qm  lui  le- 


234  NOTES   DE  JEATSÎîE  dVrC. 

naît  lieu  de  seing  ,  et  où  elle  s'avoue  coupable  de  fautes 
qu'elle  avait  toujours  désavouées.Onla  relève  aussitôt  de 
l'excommunication ,  et  l'on  commue  sa  peine  en  une  pri- 
son perpétuelle ,  au  pain  et  à  l'eau.  (Voy.  Laverdy,  n^. 
à  1 18  ;  Lengkt ,  t.  i  ,  p.  195  à  iqS  ;  t.  3  ,  p.  i53;  Darti^ 
gny,  vij,  66.) 

16.  Reconduite  en  prison  et  toujours  chargée  de  fers, 
le  vice-inquisiteur  lui  fait  prendre  des  habits  de  femme 

et  laisser  auprès  d'elle  ses  anciens  habits  d'homme 

Trois  jours  après  (le  27  mai),  selon  ce  qu'elle  rap- 
porta elle-même,  les  garder  lui  enlèvent  les  premiers 
€t  l'obligent  par  conséquent  à  se  vêtir  des  autres.  Cette 
atrocité  n'est  point  prouvée  ;  mais  ce  qui  paraît  incon- 
testable ,  ce  sont  les  violences  que  l'on  tenta  contre  elle 
<^lepuis  le  28  mai  ,  et  qui  la  contraignirent  de  prendre 
vin  habillement  sous  lequel  elle  pouvait  beaucoup  mieux 
se  défendre.  (Voy.  Lm^erdy  ^  1 18  et  suiv. ,  434  et  suiv.  ; 
Lengkt^  t.  I  ,  p.  196;  ci-après  ;/o/<?  385  bis.) 

17.  Le  28  mai^  les  juges  se  hâtent  de  se  rendre  à  la 
prison  pour  se  convaincre  du  crime  que  Jeanne  vient 
de  commettre ,  et  ils  ont  un  entretien  avec  elle  à  ce 
sujet.  Le  29,  ils  rassemblent  une  partie  de  leurs  com- 
plices et  condamnent  Jeanne  au  feu  ,  sans  interro- 
gatoire, serment,  admonition,  etc.  Ainsi,  selon  la 
remarque  de  Laverdy  ,  p.  i23,  un  instant  d'une  simple 
conversation  a  suffi ,  sans  autre  forme  de  procès,  pour 
l'envoyer  au  plus  affreux  des  supplices  ! 

Note  ^79) ,  p.  go.  Au  mépris  de  toutes  les  lois 

La  Pu  celle  n'étant  point  de  son  diocèse,  etn'ayanî 
point  été  prise  sur  son  territoire  ,  ne  pouvait  être  sou- 
mise à  sa  juridiction.  (Voy.  Lenglei^  i.  i ,  p.  129;  Vol- 


NOTES  DE  JEÂÎsî^E  d'aRC.  235 

taire  ,  Dict.  philosoph.^  mot  Arc  ;  Villarei  ,  xv  ,  4^2  ;  La- 
cer dy^  5i40 

Note  ^^°) ,  p.  90.  Une  quarantaine  d'ecclésiastiques  ou 
de  moines.... 

Plus  de  cent  y  ont  assisté,  mais  il  en  est  un  grand 
nombre  qui  n'ont  opiné  que  dans  certaines  parties  de 
la  procédure.  Laverdy  ,  p.  142  à  i55,  en  donne  la  liste 
avec  des  éclaircissemens.  Hume,  vj ,  201  ,  remarque, 
avec  satisfaction  ,  qu'on  n'y  voyait  qu'un  seul  Anglais 
(le  cardinal  de  Winchester,  dont  nous  avons  parlé  plu- 
sieurs fois). 

Note  ^^') ,  p.  91.  ^  préparer  l'assassinat... 

«  Sa  mort  fut  un  véritable  assassinat  prémédité  et 
3>  exécuté  sous  l'apparence  de  l'ordre  et  de  la  forme 
»  judiciaire.  »  (^Laverdy ^  4^3.) 

Note  3^='),  p.  91.  Voilà  ^  en  effet.,  ceux  dont  se  ser- 
virent.,  etc.... 

{^Voy.  sur  tout  ce  qui  suit  (au  texte),  ci-devant, 
notes  379  et  38 1 ,  et  note  SyS  ,  n"  i3  à  16  ,  et  les  extraits 
des  réponses  de  Jeanne^  dopnés  par  Laverdy  ,  p.  36  à  4^9; 
et  Lenglet^  t.  i  ,  p.  52  et  i5o  à  178.  ) 

Ajoutons  qu'elle  était  détenue  avec  une  incroyable 
rigueur  ,  qu'elle  avait  toujours  les  fers  aux  pieds  et  aux 
mains  ;  que  dans  ses  interrogatoires  l'infâme  Cauchon 
ne  cessait  de  l'accabler  d'injures  grossières  ,  de  la  me- 
nacer du  feu,  etc.  ;  que  Ton  falsifia  plusieurs  des  pièces 
sur  lesquelles  on  fondait  les  accusations  ,  telles  que  ses 
lettres  aux  Anglais  (  Voy.  ci-après  3^  Pièce  justificative)  ; 
et  finissons  par  citer  le  témoignage  de  l'historien  le  plus. 


236 


^^OTES  DE  JEANNE   D  ARC. 


célèbre  des  Anglais,  qui  convient  que  tous  les  discours 
de  Jeanne  montrèrent  de  la  fermeté  ;  que  ,  quoique 
fatiguée  d'interrogatoires  continuels  ,  elle  ne  donna  au- 
cune prise  par  sesréponses  ,  sauf  sur  les  révélations  ,  etc. 
(  Voy.  Hume  ,vj  ,  201.) 


le 


[œurs  ^f)TE  2^^) ,  p.  92,  Fut  que  par  sa  sagesse  elle  était  h  mo- 

!a  Pucelle.    '^^^^  ^^  -^ow  sexe.... 

11  n'y  a  qu'une  voix  parmi  les  nombreux  témoins 
(  ci-après  ,  note  390  )  de  ces  procédures  ,  sur  sa  piété  , 
sa  charité  envers  les  pauvres,  son  humanité  envers  les 
soldats  malades  ou  blessés;  la  sévérité  de  ses  mœurs, 
sa  bravoure,  etc.,  etc.  (Voyez-en  le  résultat  dans 
Laverdy  ^  33 1  à  336,  exLenglet^  t.  i,  p.  212  à  218.) 
Bornons-nous  à  un  ténnoignage  non  moins  sûr.  Nous 
avons  déjà  rapporté  («0^^248,  p.  l'Sg)  ce  qu'en  dit 
Hume.  Ailleurs ,  vj  ,  igg  ,  200  ,  il  traite  le  procès  que 
BeJfort  fit  intenter  à  Jeanne,  «  d'action  qui,  soit 
j)  qu'elle  appartînt  à  la  vengeance  ou  à  la  politique  , 
«  éloit  également  barbare  et  déshonorante.  »  Il  ajoute 
qu'elle  était  prisonnière  de  guerre ,  qu'elle  n'avait 
commis  aucun  acte  de  mauvaise  foi  ou  de  cruauté  dans 
ses  campagnes,  et  aucun  crime  dans  la  vie  civile  ; 
qu'elle  avait  observé,  avec  rigidité,  la  pratique  des 
vertus  et  les  bienséances  de  son  sexe  ;  —  «  que  les  An- 
»  glais  n'ont  jamais  rien  reproché  à  la  pureté  de  ses 

i>  mœurs >>   Plus  loin  ,  p.  214. ,  en  parlant  delà  mort 

de  Bedfort  ,  il  déclare  «  que  sa  mémoire  est  sans  tache, 
»  excepté  l'exécution  barbare  de  la  Pucelle....»  Smol- 
lett,  viij  ,  86  ,  déclare  aussi  qu'on  ne  peut  justifier  sur 
ce  point  la  conduite  du  régent..,.  Enfin  ,  Carte  (  dans 
Lengkt ,  t.  3,  p.  iSg  )  ,  qui  se  tait  sur  l'iniquité  atroce 


NOTES  DE  JEÂ^^NE  d'aRC.  287 

du  jugement ,  avoue  que  «  la  chasteté  de  Jeanne  n'a 
w  jamais  été  révoquée  en  doute  ,  même  par  ses  plus 
ï*  grands  ennemis;....  qu'on  ne  peut  assez  admirer  son 
w  courage  ,  etc.  » 

Quant  à  son  humanité,  Jeanne  déclara,  et  aucun  au- 
teur n'a  non  plus  révoqué  en  doute  sa  sincérité  sur  ce 
point,  que  si  elle  portait  une  bannière  ,  c'est  qu'elle  ne 
voulait  tuer  personne,  ni  même  se  servir  de  son  épée. 
ÇVoj.Villaret,  xiv,  38g,  d'après  le  procès  manuscrit.) 

Note  ^^■i),  p.  92.  Les  hîstoi'iens  de  son  tems..,. 

Nous  aurions  dû  dire  tous  les  écrivains....  Hordal 
rapporte  des  passages  élogieux  de  cinquante-trois  au- 
teurs de  lout  genre,  historiens,  jurisconsultes,  poètes, etc. 
(  Voy.  aussi  Lenglet ,  t.  3,  p.  là  igS)  ,  entre  autres  du 
célèbre  pape  Pie  11  {Hordal,  p.  37  ).  —  Voy.  ci-après 
1^^  Pièce  justijicatwe  ,  noie  ij. 

Note  2^^),  p.  92.  RéQélaiions...  dont  tout  le  monde  ad- 
mettait la  possibilité.... 

Les  juges  et  consulteurs  se  réduisaient  à  dire  qu'elles 
ne  venaient  pas  de  Dieu....  Mais  ,  d'ailleurs  ,  à  quoi  pou- 
vaient-ils le  distinguer  ?  Aussi  plusieurs  des  consulteurs 
avaient-ils  eu  soin  d'ajouter  à  leur  avis  que  ,  si  les 
révélations  venaient  de  Dieu,  il  n'était  pas  permis  de 
les  interpréter  en  mauvaise  part.  (  Voy.  Laverdy  ,  5o 
à  53.) 

Note  ^85  bis  ) ,  p.  92.  Précaution  de  prudence.... 

Ellereprit  ces  habitspourpouvoirmieuxse  défendre... 
Lorsqu'elle  les  avait  quittés  on  avait  essayé  de  lui  faire 
violence  dans  la  prison....  M.  de  Laverdy  ,  p.  439 ,  pré- 
sente ce  fait  comme  constant. 


a38  KOTES  DE  JE  AISNE  d'arC. 

Note  ^^^) ,  p.  92.  Par  le  plus  horrible  des  tourmens  ... 

3o  mai  i^Si...  Nous  n'avons  pas  le  courage  d'en  don- 
ner les  détails  ;  on  peut  les  voir  dans  tous  les  historiens, 
entr'autres  dans  Lenglet^  t.  i ,  p.  199;  Baudot^  t.  1, 
p.  421  ;  Villaret^  xv,  71  ,  xvj  ,  Sgo. 

Note  %),  p.  93.  Aux  batailles  d'Anthon,  de  Germi^ 
giry  ,  de  la  Croiselie  et  de  Chappe.... 

La  première  se  donna  à  Anlhon  ,  sur  les  bords  du 
Rhône  ,  au  nord-ouest  du  Dauphiné  ,  le  1 1  juin  i43o. 
Gaucourt,  devenu  gouverneur  de  celte  province  (et  non 
du  Languedoc,  comme  le  dit  Yiliaret ,  xiv,  479)  )'  ^^^^^ 
l'armée  ennemie  composée  de  Bourguignons  et  de  Sa- 
voisiens,  et  commandée  par  le  prince  d'Orange.  (Voy. 
Thomassin  ^  f.  104.  et  suiv.  )  On  trouve  dans  cet  auteur 
de  grands  détails  *  sur  l'invasion  du  midi  de  la  France, 
que  ce  prince  avait  commencée,  et  qui  fut  arrêtée  par  la 
victoire  de  Gaucourt.  (  Yoy.  aussi  ,  quant  à  la  bataille , 
Valbonnais,  Hisl.  de  Dauphiné ^  t.  2,  p.  62  à  65.) 

La  deuxième  se  donna  à  Germigny ,  près  de  Roie  en 
Picardie  ,  et  la  troisième  à  la  Croisette  ,  près  de  Châ- 
lons  en  Champagne.  Nous  n'en  connaissons  pas  les 
époques  précises  ;  mais  il  paraît  que  celle  de  Germigny 
eut  lieu  au  commencement  de  novembre  i43o,  puisque 
Monstrelet,  t.  2  ,  f.  65  ,  qui  en  raconte  les  circonstances, 
annonce  indirectement  que  c'est  peu  de  jours  après  le 
siège  de  Compiègne,  que  les  Français  firent  lever  au  plus 
tard  à  la  fin  d'octobre.  (Voy.  Chartier ,  4-2;  Chronique 
de  France  j  355  ,  v^  (ils  disent  que  le  siège  dura  six  mois , 
et  il  avait  commencé  en  mai  )  ;  Daniel,  vij ,  94  ;  Lenglet, 

*  V.  les  ci-après  à  la  2^  Pièce  justificatii^e. 


IsOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  289 

t.  I  ,  p.  i3i;  e.t  suT-iout  ancienne  Chronique,  notice  des 
Mss.,  ij ,  3o8  (elle  fixe  cette  levée  au  25  octobre  ). 

Chartier,  p.  4.5,  parle  de  la  bataille  de  la  Croisetle, 
dont  un  témoin  oculaire  vint  lui  faire  le  récit,  à  la  lin  de 
son  chapitre  de  l'an  i4-3o  ;  et  la  Chronique  de  France^ 
f.  356  ,  357  ,  la  place  avant  le  combat  de  Chappe  (  près 
Troyes) ,  qui  eut  lieu  le  i3  décembre  i4.3o.  (Voy.  Dom 
Plancher^  Hisl.  de  Bourgogne  (  il  en  donne  les  détails)  , 
t.  4- 1  P-  1 4^  ,  1 4-3.  )  Barbasan  commandait  dans  ces  deux 
dernières  actions  ,  et  toutes  les  quatre  sont,  comme  ou 
le  voit ,  antérieures  au  jugement  de  la  Puceile. 

Note  2^^> ,  p.  gS.  A  Vexemple  de  Dunois.,.. 

(  Voy.  Tripaut^  g3;  Lenglet,  t.  i  ,  p.  62  ;  t.  3.  p.  208; 
Laver dy  ,  3i7  ;  Dartigny^  ij  ,  5o.  ) 

Ajoutons  que  vers  ce  miême  tems,  Xaintrailles ,  fait 
prisonnier  près  de  Beauvais,  fut  échangé  contre Talbot, 
qui  lui  était  pourtant  bien  supérieur  en  grade  comme 
en  mérite.  (  Voy.  Berry^  384  ;  Char  lier  ,  47-  ) 

Note  ^^9)  ,  p.  q3.    De  n'cwoir   rien    à  répondre  pour   Justification 
Charles  yil....  Charles  vii. 

M.  de  Laverdy  a  entrepris  le  premier  de  le  justifier 
(Voy.  id. ,  p.  1 56  à  170  )  ;  mais  il  ne  se  fonde  presque 
que  sur  des  conjectures.  11  prétend  ,  par  exemple,  que 
Charles  ne  pouvait  proposer  un  rachat  ou  échange, 
parce  que  Henri  VI,  comme  chef  de  guerre  ,  avait  le 
droit  de  ravoir  un  prisonnier  quelconque,  en  donnant 
dix  mille  francs....  Admettons  que  ce  drofit  soit  aussi 
bien  prouvé  qu'il  l'est  peu  (quoi  qu'en  dise  l'auteur)  , 
est-il  bien  sûr  qu'un  Luxembourg ,  après  avoir  acheté 
Jeanne ,  eût  refusé  de  la  revendre  à  celui  qui  en  aurait 


24o  ÎJOTES  DE  JEANNE  d'arC. 

donné  le  prix  le  plus  considérable  ?  Ce  Luxembourg  , 
sujet  du  duc  de  Bourgogne  ,  aurait-il  été  retenu  par  la 
crainte  de  mécontenter  Henri  qui ,  alors ,  devait  tant 
de  ménagemens  aux  Bourguignons?  Le  contraire  ré- 
sulte de  la  lenteur  de  la  négociation.  Dès  le  14.  juillet, 
Caucbon  avait  offert  les  dix  mille  francs  (ci-devant 
note  378 ,  n»  3,  p.  23o)  ,  et  ce  n'est  qu'après  le  3  jan- 
vier,  au  bout  d'environ  six  mois ,  que  le  marché  a  été 
conclu....  Enfin,  tant  qu'il  n'était  pas  conclu  ,  Charles 
pouvait  racheter  Jeanne  ,  sans  que  Luxembourg  vio- 
lât ce  prétendu  droit  de  Henri  vi  ;  et  il  s'écoula  sept 
mois  et  demi  depuis  la  prise  de  la  Pucelle  jusques  à 
sa  remise  entre  les  mains  de  l'évêque  de  Beauvais.... 
Mais,  pour  trancher  toute  difficulté,  où  sont  les  dé- 
marches que  Charles  a  faites, soit  pour  ravoir  Jeanne, 
soit  pour  empêcher  son  supplice.^  On  n'en  cite  pas  une, 
et  tous  les  historiens  se  fussent  empressés  de  rapporter 
et  même  de  louer  tout  ce  qu'aurait  entrepris  le  conseil 
du  roi ,  s'il  avait  seulement  essayé  la  mesure  la  plus  in- 
signifiante.* 

Note  ^ô*^),  p.  g3.  Sur  des  actes  judiciaires.... 
C'est  ce  qu'on  nomme  \q  procès  de  révision  qui  com- 
mença en  1452  ,  fut  aussitôt  interrompu ,  et  ensuite  re- 

*  Voici  une  nouvelle  preuve  de  la  bonne  foi  de  Jeanne.  Si  la 
cour  Veut  formée  au  rôle  qu'elle  joua,  n'aurait-on  pas  employé 
toutes  les  mesures  imaginables  pour  la  délivrer  ?  Ne  devait-on 
pas  craindre  en  effet,  dans  cette  supposition ,  que  Jeanne  ,  soit 
par  un  juste  ressentiment  de  se  voir  sacrifiée  ,  soit  dans  l'espoir 
d'échapper  au  supplice  ,  ne  dévoilât  tout  ce  qui  se  serait  passé 
(et  combien  les  Anglais  auraient  tiré  d'avantage  d'un  tel  aveu!). 
Néanmoins  pendant  la  procédure  elle  fit  constamment  l'éloge 
du  roi.  (  Voy.  ci-devant  noie  878  ,  x\9  i3.) 


24  I 

pris  en  i4-55.  (  Voyez-en  les  détails  dans  La\?erdy^  209 
et  suiv. ,  247  à  54-1.  — Voy.  aussi  Lengkt ,  t.  i ,  préf.  , 
p.  27  et  suiv.  )  On  y  entendit  cent  quarante-quatre  té- 
moins.... Nous  avons  indiqué,  Jiote  242  ,  n**  2  ,  p.  180, 
la  profession  de  trente-quatre  d'entr'eux  ;  parmi  les 
autres  ,  on  voit  des  princes  du  sang  et  généraux  (le  duc 
d'Alençon ,  Dunois ,  Gaucourt),  des  évêques  ,  des 
prieurs  ,  curés  ,  théologiens ,  présidens ,  avocats ,  bour- 
geois ,  etc.  ,  etc....  On  rendit  ensuite  un  jugement  par 
lequel  on  déclara  que  dans  le  procès  de  condamnation 
tout  est  faux,  captieux,  plein  de  calomnie,  de  ma- 
lice ,  etc.  (Voy.  aussi  Laverdy^  4^0  ^^  ^^^  '■>  Daniel^  100 
et  suiv.  ) 

Note  ^O'),  p.  94.  Au  lieu  d'une  vaine  procédure.... 

N'oublions  pas,  toutefois,  que  Charles  vu  avait 
accordé  à  Jeanne  et  à  sa  famille  des  lettres  de  noblesse. 
(Voy.  Lcnglet ,  t.  i,  p.  128;  t.  3,  p.  280;  et  ci-devant , 
note  243,  n°  II  ,  p.  i85.  ) 

Note  39-) ,  p.  94.  Des  écrimins  de  son  pays....  Imputalîons 

Dubelley-  Langey  et  Duhaillan  ,  écrivains  des  i6«    des  auteurs 
„     •>   1         T  •  •  1  -1  modernes, 

et    17^  siècles.  JLes   critiques  de  ces  auteurs  sont  dans 

Lenglet.,  t.  3 ,   p.   i65  et  suiv.,  171  et  suiv Elles  ne 

sont  fondées  que  sur  des  ouï-dire....  Lenglet  les  a  dis- 
cutées et  réfutées.  (  Voy.  aussi  Berihier,  480.  ) 

Celles  des  écrivains  du  18^  siècle  n'ont  pas  plus  de 
fondement  et  ne  méritent  pas  une  réfutation.  *  Nous 

*  Telles  sont  celles  de  l'auteur  de  l'article  Vaucouleurs  du 
Dictionnaire  de  géographie  moderne  de  l'Encyclopédie  par 
ordre  de  matières  ,  article  qui  presque  d'un  bout  à  l'autre  est  un 
tissu  d'erreurs. 

16 


242  Î^OTES  DE  JEAKNE  d'aRC. 

dirons  pourtant  un  mot  d'une  imputation  de  l'abbé 
d'Artigny  (  t.  2  ,  p.  52  ;  t.  7  ,  p.  Sj  et  suiv.)  ,  répétée  ou 
puisée  à  la  même  source  par  Voltaire  (^DicL  philosoph. , 
mot  Arc  ) ,  Beaumarchais  ,  le  marquis  d'Argens  et  l'é- 
diteur du  journal  de  la  Haye  (ces  trois  derniers  cités 
par  d'Artigny  ,  vij,  63  à  65  )  ,  parce  que  Polluche,  qui 
leur  a  répondu  (  même  t.  7,  p.  57  et  suiv.)  ,  a  omis  les 
observations  les  plus  essentielles. 

Selon  d'Artigny,  Beaumarchais  ,  etc. ,  Jeanne  avait 
été  formée,  avec  trois  autres  filles  ,  au  rôle  qu'elle  rem- 
plit ,  par  un  cordelier  royaliste  ,  nommé  frère  Richard , 
qui ,  pour  exercer  sur  elle  une  plus  grande  influence, 
lui  donna  trois  fois  la  communion  ,  le  jour  de  Noël ,  à 

Gergeau On  cite  sur  tout  cela  le  témoignage  unique 

du  journaliste  de  Paris. 

1°.  Le  journaliste  ne  mérite  aucune  confiance  ;  c'est 
le  plus  fougueux  partisan  des  Bourguignons  qu'on  ait 
connu.  Jusqu'à  la  reprise  de  Paris  ,  en  i436  ,  il  ne 
distingue  le  roi  et  ses  partisans  que  sous  la  dénomina- 
tion d'ArminaSj  et  il  les  accuse  de  toutes  les  horreurs 
imaginables. 

2°.  Ce  n'est  pas  le  journaliste  qui  fait  l'imputation  ; 
c'est  (croirait-on  que  Voltaire  et  d'Argens  se  fussent 
fondés  sans  s'en  douter  ,  il  est  vrai ,  sur  une  semblable 
autorité?  )  c'est  un  inquisiteur...  Le  journaliste  rap- 
porte, pages  14.1,  i4-2,  un  extrait  d'un  sermon  pro- 
noncé à  Paris  par  ce  misérable  ,  un  mois  après  *  le 
supplice  de  Jeanne  ,  et  qui  est  rempli  d'accusations  ca- 
lomnieuses et  démontrées  matériellement  fausses. 

*  Le  jour  de  Saint-Martin  le  Bou'iWant  (Journ.  de  Paris,\^i.)f 
correspondant  au  4  juillet.  {j4rt  de  vérifier  les  dates,  éd.  de  1770  ; 


NOTES  DE  JEANNE   d'aRC.  243 

3°.  Nous  avons  montré  (wofe24-3,  n»  12,  p.  186) 
qu'il  n'y  eut  aucun  moment  où  la  cour  ait  pu  vrai- 
ment  former  Jeanne  à  son  rôle.  Frère  Richart  eut-il  plus 
de  loisir?  Il  venait  de  Jérusalem;  il  arrive  à  Paris  vers 
le  12  avril  1^29  {^Journal,  p.  119)  ,  et  il  n'en  part  qu'a- 
près la  levée  du  siège  d'Orléans  ,  coïiime  nous  l'ap- 
prend le  journaliste  lui-même  ,  p.  121  et  122...  Com- 
ment a-t-il  pu  inspirer  à  Jeanne  un  dessein  qu'elle 
avait  communiqué  à  Baudricourt  plus  d'une  année  aupa- 
ravant? Comment  put-il  exercer  de  l'influence  sur  elle 
lors  de  l'expédition  d'Orléans,  pendant  toute  la  durée 
de  laquelle  il  demeura  à  Paris  ? 

4°.  On  ne  parle  plus  de  frère  Piichard  après  son  dé- 
part, jusqu'à  la  prise  de  Troyes,  c'est-à-dire  jusqu'au 
commencement  de  juillet  1429.  Il  était  dans  cette  ville 
et  tenait  par  conséqi^ent  le  parti  <\e.s  Bourguignons;  il 
y  essaya  même  d'exorciser  Jeanne.  (\  oy.  Lenglel ,  t.  i , 
p.  102.) 

5°.  Il  paraît  que  ce  moine  changea  alors  de  bannière 
Il  accompagna  l'armée  de  Charles  dans  son  expédition 
de  risle-de-France  (  Voy.  le  texte  ,  p.  'j^  et  suiv.  )  ,  et 
prêcha  en  sa  faveur.  Le  journaliste  de  Paris  ,  p.  124 ,  se 
plaint  de  ces  démarches  ,  mais  ne  dit  rien  de  plus. 

6".  La  triple  communion  de  Gergeau  ,  si  elle  est 
vraie,  ne  signifie  rien  en  cette  occasion  ,  parce  qu'elle 
ne  put  avoir  lieu  qu'à  Noël  1429  ,  HUIT  Mois  après  la 
levée  du  siège  d'Orléans  ,  Gergeau  n'ayant  été  repris  que 
le  12  juin  précédent  sur  les  Anglais,  qui  l'occupaient 
depuis  le  5  octobre  1428.  (Voy.  ci-devant  le  ^ea;/ô, 
p.  74  ;  Pollue he  ,  p.  60  ;  Hist.  de  la  Pucelle  ,  p.  5oo  ;  ci- 
après  ,  Explication  de  la  carte  2.^ ,  note  42  ,  p.  263.) 

ip".  Quant  aux  prétendues  compagnes  que  le  véné- 


*l44  NOTES  DE  JEAISNE  d'aRC. 

tablé  inquisiteur  donna  ensuite  à  Jeanne  d'Arc,  le 
journaliste  de  Paris  nous  apprend  seulement,  p.  i34.i 
que  l'une  de  ces  femmes  fut  brûlée  à  Paris  le  3  septem- 
bre i43o  ,  et  qu'elle  faisait  l'éloge  de  Jeanne. 

Et  voilà  des  argumens  îrrésist'ihles  que  la  bravoure  et 
les  exploits  de  Jeanne  sont  du's  à  frère  Richard! 

Note  ^9^),  p.  gS.  La  ville....  célèbre  depuis  celle  èpoqut 
une  fêle..., 

(Voy.  Luchet^  p.  4*4»  4ï5;  Laperdy ,  p.  219;  Len- 
glet,  t.  3  ,  p.  259  et  suiv.  ;  Daniel,  vij ,  67.  — Voy.  aussi 
Polluche  ,  p.  m.) 

Note  ^9^) ,  p.  gS,  Lui  a  érigé  un  trophée..., 

(Voy.  Luchel,  p.  67,  ^16;  Expilly ,  352.  —  Voy. 
aussi  Polluche ,  p.  108.  )  Il  en  est  de  même  de  la  ville  de 
Rouen.  (Voy.  Daniel.,  vij,  104 ;  Belbeuf,  Recher- 
ches ,  etc.  ,  dans  la  Notice  des  Mss. ,  t.  3  ,  p.  SSg.  ) 

Le  premier  monument  érigé  (en  i458)  dans  Orléans , 
à  Jeanne  d'Arc  ,  est  décrit  et  gravé  dans  les  Antiquités 
nationales  de  M.  Millin  ,  t.  2  ,  art.  9.  Il  a  été  détruit 
depuis  la  publication  de  cet  ouvrage  (en  lygS),  et  on 
lui  a  substitué  (en  io85)  une  statue  de  bronze ,  qui  est 
aussi  gravée  et  décrite  dans  l'intéressant  Voyage  au 
midi  de  la  France,  du  même  auteur,  t.  4  »  p.  795. 

L'un  et  l'autre  sont  également  décrits  aux  pages  4^2 
et  suivantes  d'un  ouvrage  récent  de  M.  Chaussard ,  in- 
titulé Jeanne  d'Arc ,  ou  Recueil  historique  et  complet,  etc. 
(Orléans,  1806),  que  nous  n'avons  connu  que  pendant 
l'impression  du  nôtre  ,  et  où  l'on  trouve  :  1°  un  coup- 
d'œil  rapide  (24  p^ges)  sur  le  siècle  de  Charles  vil  ; 
2.^  une  analyse  étendue  du  grand  travail  de  M.  de  La- 


NOTES  DE  JEANNE  d'aRC.  2.^5 

verdy,  que  nous  avons  cité  si  souvent;  3°  un  catalogue 
bibliographique  raisonné,  instructif,  et  plus  complet 
que  celui  de  Lenglet,  des  ouvrages  en  tout  genre,  soit 
imprimés,  soit  manuscrits,  où  il  est  question  de  la 
Pucelle;  4-°  une  notice  des  portraits,  gravures  et  mo- 
numens  qui  la  concernent. 

Au  surplus ,  la  statue  de  Jeanne  et  les  autres  figures 
du  monument  détruit  en  1793  ne  dataient  que  du 
16^  siècle.  Elles  avaient  été  substituées  en  1571  aux 
ligures  primitives,  brisées  lors  des  guerres  civiles  reli- 
gieuses en  1567.  La  destruction  de  celles-ci  est  d'autant 
plus  fâcheuse,  que,  selon  la  remarque  de  M.  Chaus- 
sard  ,  p.  4-4-2  et  4-52 ,  sculptées  vers  i458 ,  à  une  époque 
très-rapprochée  du  tems  de  Jeanne  d'Arc,  sa  statue 
devait  reproduire  ses  traits  avec  exactitude. 

Le  même  auteur,  p.  458  et  suiv. ,  donne  une  liste  des 
souscripteurs  qui  ont  fait  les  frais  de  la  statue  de  i8o5, 
ouvrage  distingué  de  M.  Goix. 


FIN  DES  NOTES. 


EXPLICATION  DES  CARTES 


•w-wx/vi 


CARTE   r, 

ou  CARTE  VISUELLE  DU  SIÈGE  D'ORLÉANS. 


§   i*"^.   Observations. 

On  a  déjà  indiqué,  note  i  ,  n"  3,  p.  99,  les  données 
qui  ont  servi  à  dresser  cette  carte.  Elle  est  simplement 
visuelle ,  et  réchelle  qu'on  y  a  jointe  ne  doit  être  regar- 
dée que  comme  un  moyen  d'en  apprécier  les  distances 
avec  quelque  approximation.  Néanmoins  ,  on  croit  que , 
vu  les  soins  qu'on  a  apportés  en  la  composant ,  elle  suf- 
fira pour  entendre  tout  ce  qu'on  dit  du  siège  d'Orléans , 
soit  dans  l'ouvrage  précédent,   soit  dans  les  auteurs 

contemporains. 

§  2.  Bastilles. 

La  position  de  plusieurs  d'entr'elles  n'a  pu  être  dé- 
terminée avec  rigueur.  On  ignore  le  nom  de  celle  du 
n«  3 1  de  la  carte,  qu'on  a  placée  à  ce  lieu,  parce  qu'il 
est  dit  positivement ,  dans  V Histoire  de  la  Pucelle^  p.  5oo 
et  Soi  du  Recueil  de  Godefroy,  et  f.  i32duMss.B.R. , 
n»  10,297,  que  les  Anglais  en  établirent  sur  tous  les  che- 
mins passans.  *  Il  en  est  de  même  d'une  autre  dont  on 

*  On  rapporte  d'ailleurs  (  Voy.  Tn'paut  ^  83  à  8S)  qu'un 
corps  d'Anglais  se  logea  d'abord  aux  environs  de  la  croix  de 
Fleury  (  n°  4^  ^^  l^  carte  )  ,  et  que  plusieurs  jours  après  ,  les 
Français  se  portèrent  jusqu'à  cette  croix  pour  protéger  des 
marchands  qui  se  rendaient  à  Orle'ans  ,  et  à  la  marche  desquels 
les  Anglais  mettaient  obstacle  ;  ce  qui  annonce  que  les  Anglais 
s'e'taicnl  ensuite  établis  entre  cette  croix  et  Orléans. 


CARTE    VISUELLE 

DU  SIEGE  nORLÉAJVS 

en  140-8  e^j.42,9. 


'^ 


■0 


C-eÂefâ  de.  mnlmn  ^ '^°Ti>ùi 


"Q. 


B'^. 


'i^r>.  ••■.■.-■- a' 


58+24 


4.7  û  64, 


s*  n   18. 


^  .  J  .  .  Z,  ^/a.,.. 


s.  X-oty» 


CAllTE    PREMIÈRE.  247 

n'a  pu  non  plus  fixer  précisément  l'assiette  ;  mais  elle 
devait  être  ou  au  n"  28,  ou  au  n"  3o.  On  a  aussi  quel- 
que raison  de  penser  que  la  bastille  de  la  Croix-Bois- 
sée  était  vers  le  n°  26.  Quant  à  celle  du  Colombier,  il 
est  fort  probable  quelle  était  au  n°  27 ,  parce  que  les 
Anglais  de  sa  garnison  faisaient  des  excursions  et  li- 
vraient des  combats  aux  Orléanais  aux  environs  du 
colombier  Turpin,  qui,  d'après  ce  qu  observait  Mi- 
quellus  au  siècle  suivant  (  Yoy.  Aurelîœ  ohsidlo ,  etc. , 
p.  26,  édit.  de  i56o),  était  dans  le  lieu  qu'occupe  à 
présent  la  rue  du  Colombier,  n"  22. 

L'incertitude  qu'on  a  éprouvée  sur  l'emplacement  de 
ces  diverses  forteresses  \âent  de  ce  que  l'bistoire  déjà 
citée  ne  les  nomme  pas  dans  l'ordre  où  elles  devaient 
être  entr'elles.  A  l'égard  des  autres  bastilles ,  on  croit 
les  avoir  très  -  approximativement  placées  aux  lieux 
qu'elles  occupaient. 

§  3.  Désignations. 

On  verra  dans  l'Explication  ci-après  ,  §  5 ,  les  divers 
édifices  ,  forts ,  etc. ,  désignés  sur  la  carte.  Obligé  de 
travailler  sur  une  échelle  fort  petite  ,  on  s'est  borné  à  y 
marquer  les  points  utiles  à  l'histoire  du  siège  d'Or- 
léans. 

§  4-  Eglises  brûlées. 

Voici  les  noms  des  églises  de  la  rive  droite  que  les 
Orléanais  brûlèrent  (  Voy.  ci-dev.,  noie  216,  p.  iG5  ),  et 
dont  parle  Tripaut ,  p.  1 1  et  i5  :  Saint-Aignan,  n°  5o  de  la 
carte  ;  Saint-Michel ,  n**  5i  ;  Saint-Aux,  ou  Saint- A  vit 
(  aujourd  hui  le  séminaire.  Voy.  PoUuche ,  127  ) ,  n"  54-  ; 
chapelle  du  Martroy ,  n»  55  ;  Saint- Victor  ^  au  faubourg 
de  la  porte  Bourgogne  ,  n*^  52  ;  Saint-Michel-sur-les- 


248  EXPLICATION    DES    CARTES. 

fossés,  n»  56;  les  Gordeliers  (depuis,  les  Récollets), 
n»  60  ;  les  Jacobins  ,  n°  Sy  ;  les  Carme^ ,  n°  59  ;  Saint- 
Mathurin ,  n0  23  ;  Aumône-Saint-Pouaire ,  ii«  58  ;  Saint- 
Laurent ,  n«  25;  Saint-Loup,  n»  82;  Saint-Marc, 
n"  4-2  ;  Sainte-Euverte ,  n»  18;  chapelle  Saint- Aignan, 
11»  53;  Saint- Vincent-des- Vignes ,  n"  4.1  ;  Saint-Ladre 
ou  Saint-Lazare  ,  n»  4-6  ;  Saint-Pouaire  ou  Saint-Pa- 
terne, n»  24;  la  Madeleine,  n«  27;  Saint  -  Gervais 
(  aujourd'hui  Saint-Phallier V.  Poliuche,  19  et  i53) , 

§  5.  Explication  des  numéros  de  la  Carie  visuelle. 

I ,  2  ,  3,  4î  ^t  ^1  7?  8,  9,  10  et  II.  Enceinte  d'Or- 
léans au  tems  du  siège. 

12,  i3,  14.,  i5,  16,  17,  18,  19,  20,  8,9,  10,  n 
et  I...  Enceinte  actuelle. 

1.  Notre-Dame  de  Recouvrance. 

2.  Porte  etboulevart  Renard. 

3.  Porte  et  boulevart  Banier  (  ancienne  ). 
4..  Poterne  Saint-Samson. 

5.  Porte  Parisis. 

6.  Evêché. 

7.  Porte  Bourgogne  (ancienne). 

8.  Poterne  de  la  tour  Neuve. 

9.  Tour  Neuve. 

jo.  Poterne  Chesneau. 

II.  Le  Châtelet  et  porte  du  Pont  ( ancien  ). 

12.  Jardin  de  la  ville  et  jadis  porte  de  Saint-Laurent. 

i3.  Porte  et  faubourg  Madeleine. 

14.  Porte  et  faubourg  Saint-Jean. 

i5.  Porte  Banier  actuelle. 

i6.  Porte  Saint-Vincent  actuelle. 


CARTE    PREMIÈRE.  2^9 

17.  Porte  Sainte-Euverte  (murée  depuis  ). 

18.  Sainte-Euverte. 

19.  Porte  Bourgogne  actuelle,  à  l'extrémité  de  l'an- 

cien faubourg.  (Auprès  est  Notre-Dame 
Duchemin,  qui  était  jadis  la  chapelle  Saint- 
Aignan.  — V.  Expilly^  345  ;  Polluche. ,  121.  ) 

20.  Tour  de  la  Brebis. 

21.  Croix  ?dorln. 

22.  Rue  du  Colombier. 

23.  La  Visitation  ,  jadis  Saint-Mathurin. 

24.  Saint-Paterne  ,  nommé  jadis  Saint-Pouaire.  * 

25.  Bastille  de  Saint-Laurent, 

26  et  27.  Bastilles  de  la  Croix  Boissée  et  du  Co- 
lombier. 

28  et  3o.  Dans  l'un  de  ces  points  devait  être  une 
bastille.  {Voy.  ci-devant,  §  2  ,  p.  24.6.) 

29.  Bastille  de  Saint-Pouaire. 

3i.  Ici  devait  être  une  bastille.  (F. même  §2,  p.  246.) 

32.  Bastille  de  Saint-Loup. 
.    33.  Idem  de  Saint-Jean-le-Blanc. 

34-  Idem  des  Augustins. 

35.  Boulevart  des  Tournelles. 

36.  Les  Tournelles. 

37.  Bastille  du  champ  de  Saint-Privé. 
3*8.  Idem  de  l'île  Charlemagne. 

39.  Boulevart  de  la  Belle-Croix  de  l'ancien  pont. 

40.  Mottes  des  Poissonniers  et  de  Saint-Antoine.  ** 
4i .  Saint- Vincent-des-Vignes ,  paroisse  et  faubourg. 

*  Les  Anglais  de  la  garnison  de  Saint-Pouaire  (n»  29)  ve- 
naient faire  le  guet  près  de  cette  e'glise.  (Voy.  Tripaut,  92.) 

**  Cette  île  a  été  détruite  lors  de  la  construction  du  pont 
actuel. 


25o  EXPLICATION   DES   CARTES. 

4.2.  Saint-Marc ,  paroisse. 

43.  L'Orbette.  * 

44-  Isle  qui  était  vis-à-vis  Saint- Aigu  an. 

4.5.  La  Croix  de  Fleury. 

46.  Les  Chartreux,  jadis  St-Lazare  ou  St-Ladre. 

47.  Saint-Phallier,  jadis  Saint— Gervais. 

48.  Le  pont  actuel. 

49.  Les  trois  faubourgs  du  Portereau. 

50.  Saint-Aignan. 
5i.  Saint-Michel. 

52.  Saint-Victor,  faubourg  de  la  porte  Bourgogne. 

53.  Chapelle  de  Saint-Aignan. 

54.  Saint-Aux  (ou  Saint-Avit). 

55.  Chapelle  du  Martroi. 

56.  Saint-Michel-sur-les-Fossés. 

57.  Les  Jacobins. 

58.  Aumône-Saint-Pouaire. 

59.  Les  Carmes. 

60.  Les  Cordeliers  (  depuis,  les  Récollets). 

*  Les  Anglais  de  la  garnison  de  Saint-Loup  (  n®  82  )  venaient 
faire  le  guet  à  l'Orbette, —  (Voy.  Tripaui ,  80;  Guyon,  Histoire 
da  diocèse  d'Orléans  j  p.  316.) 


H^ 


^^^^"*37l /V°         /    y  THEATRE  oje  la  GUERRE 

AU  TEMPS  Je  CHARLES  VI  et 

^  T  o  I   siy    j  -         "I  Je  CHARLES' Vil  etfurtout  de 
JEANNE  dXRC 


B.S.Hlr^^ 


EXPLICATIO^"  DES  CARTES.  2.5  I 

CARTE    ir, 

ou  CARTE  DU  THEATRE  DE  LA  GUERRE 

^11  tems  de  Charles  vi  et  de  Charles  vu  ,  et  sur-tout  de 
Jeaî^ne  d'Arc. 

ARTICLE    PREMIER. 

Obserçations  générales. 

Cette  carte  contient  la  position  de  tous  les  lieux  dont 
il  est  question  dans  notre  ouvrage  ou  dans  l'itinéraire 
de  l'article  deuxième.  *  Elle  a  été  dressée  sur  la  carte  de 
Hérisson  pour  les  positions  principales ,  les  limites 
des  provinces  et  les  villes.  On  y  a  ajouté  les  bourgs , 
villages  et  châteaux  omis  dans  la  carte  de  Hérisson  à 
cause  de  son  peu  d'étendue  ;  mais  à  un  petit  nombre 
d'exceptions  près ,  et  afin  d'éviter  de  la  confusion ,  on 
n'y  a  point  compris  les  villes  non  citées  dans  notre  ou- 
vrage. 

On  répétera  ici  ce  qu'on  a  déjà  observé  au  sujet  de 
la  première  carte.  Quelque  soin  qu'on  ait  apporté  à 
celle-ci ,  on  ne  la  présente  point  comme  un  modèle 
de  précision  géographique  ;  il  suffisait,  pour  notre  ob- 

*  Excepté  loles  bourgs  ,  etc.  ,  que  lede'faut  d'espace  n'a  pas 
permis  d'y  placer  (  mais  on  indique  dans  l'ouvrage  les  villes  de 
la  carte   dont  ils  sont  voisins  ) ;  rio  la  partie  méridionale  de  la 
France . 


2^2  EXPLICATION    DES    CARTES/ 

jet ,   que   les  positions  y  fussent  fixées  avec   quelque 
approximation. 

iV.  B.  Les  limites  des  provinces  sont  indiquées  par  de  très- 
petits  points  ( )  ;  l3  route  suivie  par  Jeanne  d'Arc,  par 

des  points  alonge's,  ou  traits  d'union  ( ). 

ARTICLE   II. 

Itinéraire  des  voyages  ou  expéditions  de  Jeanne  d'Arc. 

Voici  un  ouvrage  entièrement  neuf.  Il  est  néanmoins 
si  utile  pour  donner  une  idée  juste  des  travaux  de  Jeanne 
d'Arc  et  de  l'expédition  la  plus  importante  de  Char- 
les VII,  qu'il  est  étonnant  qu'on  ne  l'ait  pas  essayé 
jusqu'à  ce  jour.  Il  est  vrai  que  le  tracé  de  cet  itiné- 
raire offrait  de  grandes  difficultés.  Les  anciennes  Chro- 
niques sont  incomplètes  et  souvent  inexactes.  Aucune 
d'elles  n'indique  toutes  les  stations ,  et  lorsqu'elles  en 
énoncent  de  semblables,  plus  d'une  fois  elles  leur  don- 
nent des  dénominations  différentes,  et  varient  sur  leurs 
époques ,  ou  n'en  indiquent  point  de  précises.  Presque 
toutes  omettent  les  stations  intermédiaires.  Enfin ,  les 
indications  sont  rares ,  éparses ,  et  en  quelque  sorte 
noyées  dans  les  volumes  où  l'on  est  obligé  de  les  cher- 
cher.... Toutes  ces  observations  s'appliquent  aux  procès 
de  Jeanne  d'Arc Il  a  fallu,  pour  se  tirer  de  ce  laby- 
rinthe ,  user  encore  de  la  méthode  indiquée  ci-devant 
à  la  noie  V^^  n°  m,  p.  99,  c'est-à-dire  comparer  soi- 
gneusement toutes  les  relations,  soit  entr'elles,  soit  avec 
des  calendriers ,  des  cartes ,  etc. 


CARTE    DEUXIEME. 


25: 


CALEÎ^DRIER 


ANCIEN. 


Mai. 

Milieu 
de  mai. 


1429. 
Fév. 


Avant 

ses 
expéd. 


1428. 
Mai. 

Milieu 
de  mai. 


Fe'v. 


1429. 

1428. 

Fin 

Fin 

de  fév. 

de  fév. 

et  1"» 

et  lers 

jours 

jours 

de  mars. 

de  mars. 

§    i^'^.  Voyages  aux  environs  de 
Domrémy. 

lieues. 

1.  DeDomréiïiyàNeuchâteau; 
de  Neufchâteau  à  Toul  ;  de  Toul 
à  Neuf  château  ;  de  Neufchâleau  à 
Domrémy  (i). 

2.  De  Domrémy  àVaucouleurs, 
et  retour ,  deux  voyages  (2). 

3.  De  id.  à  Nanci,  et  retour  (3). 

4.  De  id.  à  Vaucouleurs,  troi- 
sième voyage  (4)- 

S  2 .  Voyage  à  la  cour  de  Charles  vu. 

5.  De  Vaucouleurs  à  Chinon, 
i»  en  traversant  beaucoup  de  ri- 
vières ,  savoir  (5):rOniain,  le 
Saux,  la  Marne,  l'Aube,  l'Ar- 
mançon ,  le  Serain ,  l'Yonne  ,  le 
Douant,  le  Loing,  la  Loire,  le 
Cher  et  l'Indre  ;  2*'  en  passant  par 
Saint-Urbain  ;  ensuite  près  d'Au- 


(i)  Sur  ces  voyages,  voyez  ci-devant  notes  "xù^,  1104  >  ^t  ^4^» 
n<»  2  ,  pages  181  et  179. 

(2)  Voyez  note  2^3  ,  n*^*  4  >  7  ^*  ^  • 

(3)  Voyez  note  243,  n°  9 ,  p.  184. 

(4)  Voyez  note  24^  ,  no  10  ,  p,  184. 

(5)  Ces  rivières  sont  indiquées  ici  dans  leur  ordre  naturel , 
de  l'orient  à  l'occident ,  de  sorte  qu'il  sera  facile  de  trouver 
sur  la  carte  celles  dont  I9  défaut  d'espace  n'a  pas  permis  d'y 
graver  le  nom. 


254  EXPLICATION    DES    CARTES. 

CALENDRIER  lieues, 

xerre  ;  enfin  par  Gien  et  Sainte- 
Calherine-de-Fierbois  (6).  io4. 

6,  De  Chinon  au  Coudray,  et 
jours     du  Goudray  à  Chinon  (7).  6 


1429. 

jers 

jours 
de  mars. 


de  mars. 


(6)  Le  premier  jour ,  Jeanne  vint  coucher  à  l'abbaye  de  Saint- 
Urbain.  {Réponse  à  son  a*  interrogatoire  dans  Luchet^  38i.) 

Sa  route  depuis  Saint-Urbain  jusqu'aux  environs  d'Auxerre  a 
été  tracée  par  conjecture  et  d'après  ce  qu'observent  les  auteurs 
ou  témoins  (Voy.  nofe  243,  n»  11,  p.  i85  ;  Lacerdy ,  3o3  ; 
Zen  g! et  y  i  ,  25  ;  Tripaut  ^  49*»  Histoire  de  la  Pucelle  ,  5o5  ; 
Belle  forêt  y  337  )  ,  qu'elle  fut  obligée  de  traverser  plusieurs  ri- 
vières ,  et  de  faire  beaucoup  de  détours  pour  éviter  les  places 
ennemies,  etc. 

L'Histoire  de  la  Pucelle  {d. p.  5o5  )  ajoute  qu'elle  passa  par 
Auxerre   «   et   plusieurs   autres   villes ,    villages  et  passages  des 

»  pays  ennemis.  .  sans  aucuns  empêchemens »  Nous  croyons 

qu'il  y  a  ici  une  faute  d'impression  ou  de  copie  ,  et  qu'il  faut 
\\vç.près2i\x  lieu  de.  par.  Il  n'est  pas  vraisemblable  qu'un  cortège 
de  sept  personnes  (  Lenglet ,  i ,  24 ,  )  armées  eût  pu  passer 
sans  obstacle  dans  des  villes  de  guerre.  En  conséquence,  nous 
avons  tracé  la  route  /?a<?j^  d'Auxerre  et  d'autres  villes,  et  non  par 
Auxerre  ,  etc. 

D'Auxerre  elle  passa  par  Gien  (  ici  elle  arrivât  dans  les 
villes  soumises  au  roi).  — Danois  dans  Laverdy  ,  352,  note  26. 

De  Gien,  nous  présumons  qu'elle  se  dirigea  sur  Loches  ,  par 
Romorantin ,  Selles  et  Saint-Aignan ,  parce  qu'elle  parcourut 
dans  la  suite  la  même  route  (Voy.  ci-après  n^  i4  et  note  17  , 
p.  257  ) ,  qui,  au  reste  ,  est  à-peu-près  en  ligne  directe. 

Elle  passa  ensuite  à  Sainte-Catherine  de  Fierbois  avant  d'arri- 
ver à  Chinon.  (Voy.  Belleforèt,  35o  ;  Villaret^  xiv,  383.) 

(7)  Après  son  arrivée  à  Chinon ,  elle  fut  d'abord  logée  au 
château  du   Coudray,  ou  elle  reçut  plusieurs  cisiles.  {Laperdy, 


CARTE    DEUXIEME. 


2bb 


CALENDRIER 


ACTUEL. 

1429. 

Fin 

de  mars 

et  com* 

d'avril. 


Idem. 


1428. 

Fin 
de  mars 
et  1429, 
commt 
d'av.  (8) 


Idem. 


lieues, 
7.  De  Chinon  à  Poitiers  (9).  16 


8.  De  Poitiers  à  Chinon. 

§  3.  Expédition  d'Orléans. 
g.   De    Chinon   à    Tours  ;    de 


Tours  àBlois  (10). 

9  bis.  De  Blois  à  Chinon  par 
Tours,  et  retour  à  Blois  (11). 


22 


44 


3o6.)  Quant  à  l'époque  de  son  arrivée,  voy.  note  ^i^Z ,  n»  12, 
p.  186. 

(8)  Pâques,  ou  le  premier  jour  de  l'an  1^29,  était  le  27  mars. 
{Tr/paut y  73.) 

(9)  Voyez  dite  nofe  ,  ^43  ,  n^   12. 

(10)  Voyez  Laçerdy,  3 14  et  3i5;  Lengîet ^  i,  5i. 

(11)  Lorsque  Jeanne  quilla  la  cour  pour  se  rendre  à  Blois  et  de 
là  à  Orléans,  la  cour  était  à  Chinon.  Nous  avons  dit  (^notei!^, 
no  12)  que  l'époque  de  son  départ  n'était  pas  précisément  con- 
nue. 1°  Lenglet,  t.  i ,  p.  Sg  ,  fixe  son  voyage  à  Blois  au  18  ou  19 
mars,  a*»  Tripaut,  p.  69,  la  dit  arrivée  dans  cette  ville  le  aa. 
3®  La  lettre  qu'elle  y  écrivit  aux  Anglais  (Voy.  Hist.  de  la  Pue. , 
3o8  ;  Tripaut  ^  6g;  Belleforét  ^  338;  Lenglet ,  t.  i  ,  p.  52  )  est  da- 
tée du  mardi  ou  du  samedi-saint,  c'est-à-dire  ou  du  ii 
ou  du  26  mars.  (  On  l'a  jointe  ci-après,  à  la  Z^  pièce  justifi- 
cative ,  n»  4  )•  4°  I'  résulte  d'un  interrogatoire  subi  par  Jeanne 
le  10  mars  i43i  (  calendrier  actuel  )  ,  qu'elle  était  auprès  de  Chi- 
non dans  les  premiers  jours  d'avril  1429,  puisqu'elle  y  fixe  cetle 
station  à  deux  années  avant  l'interrogatoire,  et  au  mois  d'avril, 
immédiatement  après  Pâques  (  \  oy.  Lenglet  ^  t.  i  ,  p.  iSg  ;  La- 
verdy,  6g) ,  et  que  Pâques  de  i^ag  était  le  27  mars,  5»  Elle  de- 


256  EXPLICATION    DES    CARTES, 

CALENDRIER 


ACTUEL. 


1429. 

Fin 
d'avril. 


ANCIEN. 


lieues. 
1429.  10.  De  Blois  à  Orléans  par  la 

d'avril.     Sologne,   ou  le  midi  de  la  Loi- 
re (12).  i3 


vait  même  y  être  encore  le  21  avril  matin  ,  d'après  les  lettres- 
patentes  du  même  jour,  citées  dans  un  compte  (Voy.  Godefroy, 
p.  007  ),  et  où  l'on  ordonne  de  payer  100  livres  à  l'un  de  ses 
officiers  pour  les  frais  faits  à  Chinon  ^\  ^oxsx  ceux  à  faire  au 
çoyage  quils  avaient  lors  intention  de  faire....  pour  le  secours 
d'Orle'ans.  6»  Il  résulte  aussi  de  la  narration  de  M.  de  Laverdy, 
p.  3i5,  fondée  sans  doute  sur  quelque  déposition,  que  Jeanne 
n'arriva  à  Blois  que  vers  le  23  avril.  (  Il  annonce,  en  cflet, 
qu'elle  y  resta  trois  jours  ,  et  qu'on  en  mit  autant  à  se  rendre 
à  Orléans  ;  or ,  on  arriva  le  29  à  Orléans,  ) 

Ces  diverses  leçons ,  si  contradictoires  au  premier  aperçu , 
se  concilient  très-facilement,  en  admettant,  comme  nous  le 
faisons  au  texte  ,  n»  9  bis ,  pag.  255 ,  que  Jeanne  a  fait  deux 
voyages  à  Blois ,  l'un  après  le  18  mars  ,  l'autre  après  le  20  avril. 
Pendant  le  premier,  elle  aura  commandé  ses  bannières  ou  éten- 
dards à  Tours  (  ils  y  furent  faits  et  peints ,  suivant  le  compte 
indiqué  ci- devant,  note  3ii  ,  p.  209),  et  aura  adressé  (de 
Blois  )  ses  lettres  aux  Anglais.   N'en  recevant  pas   de  réponse 

(ils  retinrent  même  son  héraut Voy.  ci-dev.  p.  93),   elle 

sera  revenue  à  Tours,  où  elle  aura  pris  les  étendards,  et  de  là, 
pour  demander  les  ordres  du  roi ,  à  Chinon ,  d'où  elle  sera  re- 
partie le  21  avril  soir  (  après  le  paiement  fait  à  son  écuyer  )  pour 
Blois,  où  elle  sera  arrivée  le  23  soir. 

Au  reste  ,  ceci  prouve  encore  que  si  Jeanne  fut  un  instru- 
ment de  la  cour ,  on  eut  bien  peu  de  tems  pour  la  former  au 
rôle  brillant  qu'elle  remplit  si  bien.  (Voy.  d.  note  243^ 
no  12 ,  p.  186.  ) 

(12)  Voy.  Tripauty  88;  Histoire  de  la  Pue e île  ^  5io;  Chron. 
da  France j  338,  v^j  Lenglet ,  i ,  60. 


CARTE  DEUXIÈME. 


25' 


CALENDRIER 


ACTUEL. 


1429. 

Mai. 


.     9  ,. 
jiisqu  a 

latin 

du  mois. 

Idem, 


Juin. 
Premrs 
jours. 


1429. 
^Jai. 


.     9  „ 
]usqu  a 

la  fin 

dumois. 

Idem. 


lieues. 

11.  D'Orléans  aux  environs  de 
Pathay,  dans  la  Beauce ,  et  retour 
à  Orléans (i3);  ensuite,  attaques 
diverses  des  bastilles  ,  etc.  (i4)-         10 

12.  D'Orléans  au-delà  de  Lo- 
ches (i5),  et  retour  à  Loches.  35 


i3.  De  Loches    à  Tours  ;    de 
Tours  à  Loches  (16).  20 

Juin.  i4-  De  Loches  à  Saint-Aignan  ; 

Premrs    ^^  Saint-Aifirnan  à  Selles  ;  de  Sel- 
jours.  " 

les  à  Romorantin  ;  de  Romoran- 

tin  à  Orléans  (17).  29 


(i5)  C'était  pour  aller  au-devant  du  second  convoi.  (  V.  ci- 
dev.  texte  ,  p.  65,  et  note  274  ,  p.  199,  et  les  auteurs  de  Idi  note  12, 
page  256.)  Lenglet ,  t.  i  ,  p.  64,  prétend  ,  sans  citer  d'autorité, 
qu'il  fut ,  comme  le  premier,  amené  par  la  Sologne.  C'est  une 
erreur.  Tous  les  auteurs  s'accordent  à  dire  que  ce  fut  par  la 
Beauce,  et  la  Chronique  de  France,  338,  vo,  ajoute,  qu'on 
l'amena  jusques  vers  Pathay. 

(i4)  Voyez  ci-devant  texte  ,  p.  65  et  suivantes ,  notes  276  à 
309  ,  p.  199  et  suivantes. 

(i5)   ^0/.  sur  ce  voyage  ,  ci-devant,  note  3ii,  p.  208. 

(16)  L'Histoire  de  la  Pucelle  ,  p.  5i5  ,  et  Tripaut ,  p.  ii5, 
indiquent  plusieurs  conseils  tenus  à  Tours  ,  d'où  Jeanne  dut  re- 
venir avec  le  roi  à  Loches ,  parce  qu'il  paraît  par  la  lettre  de 
Gui  de  Laval,  citée  à  la  fin  de  la  note  3ii,  p.  208,  qu'elle  pré- 
cédait le  Roi,  dans  sa  marche ,  à-peu-près  d'une  journée. 

(17)  Voyez  la  même  lettre,  la  note  précédente,  et  d'Alençon 
dans  Lacerdy,  p.  363  ,  note  49-  Jeanne  partit  de  Selles  le  6  juin, 

17 


'58  EXPLICATION    DES    CARTES. 

CALENDRIER 


1429. 

Juin. 

II  et  12. 

i3 
et  jours 


Fîn 
de  juin. 

Idem. 


ANCIEN. 


1429. 

Juin. 

II  et  12. 


et  jours 
suivans. 


Fin 
de  juin. 

Idem, 


§  4^.  Expéditions  des  environs  d^Or- 

lèans ,  et  bataille  de  Pathay. 

lieues. 
i5.  d'Orléans  à  Gergeau,  qui 
fut  pris  (18).  4 

16.  De  Gergeau  à  Orléans.  4 

17.  D'Orléans  au  pont  de  Meun 
(prise).  3 

18.  Du  pont  de  Meun  à  Beau- 
genci  (prise).  2 

19.  De  Beaugenci  à  Pathay 
(bataille).  7 

20.  De  Pathay  à  Jenville  (prise) 

et  environs  (19).  5 

21.  De  Jenville  à  Orléans  (20).         7 

22.  D'Orléans  à  Sully  ;  de  Sully 
à  Saint- Benoît- sur -Loire;  de 
Saint-Benoît  à  Châteauneuf;  de 
Châteauneuf  à  Sully  ;  de  Sully  à 
Orléans;  d'Orléans  àGien(2i).     44 


(  Elle  y  était  au  moins  depuis  le  trois.  )   Même  lettre  y  p.  SgS , 
896. 

(18)  Voyez  les  autorite's  de  la  note  020,  ci-devant  p.  206. 

(19)  Pour  les  voyages  ou  expéditions  des  n^s  16  à  ao,  voyez 
ci-devant  le  texte  ,  p.  74 ,  et  les  autorités  de  note  Z11  à  826 , 
p.  207  et  suivantes. 

(20)  Aboyez  Tripaut ,  i32  ;  Histoire  de  la  Pucelle ,  5 18  à  la  fin. 

(21)  Tous  CCS  voyages  sont  indiqués  par  l'Histoire  de  la  Pu- 
celle, p.  519,  à  l'exception  de  celui  de  Salnt-Benoit-sur-Lolre  , 
dont  parle  le  président  Cliarle  (dans  Laçcrdy^  p.  3()7,  note  58). 


CARTE    DEUXIEME. 


269 


CALENDRIER 


1429. 
39  juin 

au 
17  juin. 


20  juill. 
jusque 

au 
i3  août. 


ANCIEN. 


§  5.  Expéditions  pour  îe  sacre  de 
Charles  Vli. 


lieues. 


29  juin 
au 


sS.DeGien  à  Auxerre,  d'Auxer- 
re  à  Sainl-Florentin  ;  de  Saint- 
17  juill.  Florentin  à  Troyes  ;  de  Troyes  à 
Châlons-sur-Marne  ;  de  Châlons 
à  Sepsaux  (22);  de  Sepsaux  à 
Reims  (23),  en  traversant  ainsi 
le  Loing,  le  Douant,  l'Yonne  ,  le 
Serain,  l'Armançon,  la  Seine, 
l'Aube  et  la  Marne  (24.). 

§  6.  Expéditions   de  Vlsle-de- 
France ,  de  la  Brie  et  environs. 

24.  De  Reims  à  Saint- Mar- 
coni ou  Corbény  (2  5)  ;  de  Saint- 


59 


20  juill. 
jusque 

au 
i3  août. 


Il  fut  te'moîn  ,  dit-il ,  d 'exhortations  faites  au  Roi  pér  Jeanne , 
à  Saint-Benoît,  relativement  à  son  sacre...  Cela  n'a  pu  se  passet 
que  dans  un  des  voyages  de  Sully  à  Châteàùneuf ,  Saint-Benott 
étant  situé  entre  ces  deux  villes. 

Dans  cet  intervalle  (le  26  juin),  Tamiral  de  Giilant  as- 
siégea et  prit  Bony-sur-Loire, 

(22)  SepsauK  ,  château  de  l'archevêque  de  Reims. 

(23)  Quant  aux  détails  de  cette  expédition  de  Gien  à  Reims, 
pendant  laquelle  les  villes  indiquées  ci  -  dessus  se  soumirent 
ou  furent  prises ,  coyez  les  autorités  de  la  note  33o ,  ci-devant 
p.  2l5. 

(24)  Ces  rivières  sont  indiquées  ici  dans  leur  position  natu- 
relle ,  du  sud-ouest  au  nord-est. 

(25)  On  emploie  ces  noms  indifféremment.  (  Voye^  Tri" 
paut ,  x46  ;  Histoire  de  la  Pucelle ,  524  »  Monstrelet  ^  ij ,  47') 


26o 


EXPLICATION    DES    CARTES. 


CALENDRIER 


lieues- 


ACTUEL. 

20  juill. 
jusque 

au 
i3  août. 


20  juill. 
jusque 

au 
i3  août. 


Marcoul  à  Vailly  (26)  ;  de  Vailly 
à  Soissons  (27)  ;  de  Soissons  à 
Château -Thierry;  de  Château- 
Thierry  à  Provins  (28). 

25.De  Provins  à  la  Motte  de  Nan- 
gis  (29)  ;  de  la  Motte  à  Provins; 
de  Provins  auprès  de  Bray  (3o)  ; 
de-là  ,  retour  à  Provins. 


36 


17 


(26)  On  apporta  ici  à  Charles  les  clefs  de  Soissons  et  de 
Laon.'  {Tri'paut  y  146  ;  Histoire  de  la  Pucelle ,  524-  ) 

'.  (27)  Ici  l'on  apprit  la  soumission  de  Château  -  Thierry  ,  de 
Crécy  enrBri«,  de  Provins,  de  Cpulommicrs  et  de  plusieurs 
autres  villes.  {T ri p aut  ç.\  Histoire  de  la  Pucelle  ^  ibid.  Voy.  aussi 
Monstrelet ,  ij  ,  49  ^^  ^o  >  <^1"^  cite  (  outre  les  préce'dentes  )  , 
quatorze  vilks  ou  châteaux,  et  finit  également  par  les  mots  et 
plusieurs  autres. 

En  calculant  les  diverses  époques  indiquées  par  Tripaul» 
p.  146,  il  paraît  qu'on  dut  arriver  à  Soissons  vers  le  a3  au  ^5 
juillet.  Il  ajoute  que  le  roi  y  fit  séjour /7/z/-  aucun  tcms . ...  Ce  sé- 
jour dut  se  prolonger  jusqu'avi  commencement  d'août,  puis- 
jqii'à  cette  époque  Charles  fit  délivrer  à  Jeanne  un  cheval , 
comme  cela  résulte  du  compte  déjà  cité  à  la  note  3ii,  p.  208. 

._  (2^)  Noy..Tiipûut ,  et  Hisl  de  la  Pucelle ,  ibid.     ;  îo   p.ntid 

(29)  Château  près  de  Nangis.  (Voy,  Hist.  de  la  Puvéilè  i^ttill  \ 
Chronique  de  France  ,  34^;  Tripaut.  147  :  il  dit  Maugis  ,  mais 
c'est  nne  faute  d'impression  ).  Le  roi  s'y  avança  pour  présenter 
ïa  bataille  au  duc  de  Bedfort,  qui  s'était  porté  à  Corbeil  et 
Melun  (  et  même  jusqu'à  Mpntereau ,  selpn  Monstrelet,  ij , 
47  )  ;  mais  Bedfort  s'en  retourna  à  Paris.  {Mêmes  auteurs/) 
Le  7  août  il  avait  envoyé  une  espèce  de  défi  au  roi.  (Voyez 
Monstrelet  yWîià.) 

(30)  Cette  marche  rétrograde  de  Charles  après  la  retraite  de 
Bedfort,  qu'il  eût  au  contraire  fallu  poursuivre  ,  fut  l'effet  des 


CARTE   DEUXIEME. 


261 


CALE^DRIER 


1429. 

Août. 

14  au  28 


li 

1429-         26.    De   Provins   à    Château- 

i4au28.   Thierry  (3i);  deChâteau-Thierry 

à  la  Ferté-Milon  (Sa)  ;  de  la  Ferté 

à  Crépy  ;   de  Crépy  à  Dammar- 

tin  et  environs  (33). 

27.  De  Damniartin  à  Crépy; 
de  Crépy  à  Baron  et  à  Monlpi- 
loy  (34.)  ;  de  Baron  à  Crépy;  de 
Crépy  à  Compiègne  ;  de  Com- 
piègne  à  Senlis  *,  de  Seiilis  à  Saint- 
Denis  (35). 


28 


3o 


insinuations  des  courtisans.  Heureusement  on  ne  put  forcer  le 
passage  de  la  Seine  à  Bray  ,  ce  qui  obligea  de  revenir  combattre 
dans  riIe-de-France.  {Voy.  mêmes  auteurs.  ) 

(3i)  La  Chronique  de  France,  fol.  342,  fixe  le  voyage  ds 
Château-Thierry  à  la  veille  de  la  mi-août. 

(32)  Dunois  (  dans  Laverdy,  p.  369  ,  note  68  )  cite  cette  excur  - 
sion  à  la  Ferte'. 

(33)  Voy. ,  sur  les  excursions  du  n»  26,  Tripaut ^  i-JS  à  i5o  ; 
Jlist.  de  la  Pucelle ,  525;  Chronique  de  France ,  Zl^i. 

Les  arme'es  françaises  et  anglaises  furent,  pour  la  second* 
fols,  en  présence;  Charles  était  aux  environs  de  Dammartin, 
et  Bedfort  à  Mitry,  à  deux  lieues  au  S.  O.  de  cette  ville.  Après 
quelques  escarmouches  il  se  retira  sur  Paris.  {Mêmes  auteurs.  ) 

(34)  Ou  Mont-Piloi,  ou  Mont-Piloer ,  ou  Mont-Piloir, 
bourg  et  montagne  un  peu  au  N.  O.  de  Baron. 

(35)  Quant  aux  excursions  du  n»  27,  voyez  Tripaut^  i5i  à  162  ; 
Hist.  de  la  Pucelle ,  523  à  628  ;  Chron.  de  France  ^  f.  342 ,  343. 

Les  mêmes  armées  se  rapprochèrent  encore.  Celle  de  Charles, 
était  entre  Baron  et  Mont-Piloi  ;  celle  de  Bedfort  sur  la  petite 


262  EXPLICATION    DES    CARTES. 

CALENDRIER 


1429. 
29  août 

au 
11  sept. 


Du  12 

sept. 

au 

25  oct. 

envir. 


ANCIEN. 

lieues. 
1429-         28.  De  Saint-Denis  à  la  Cha- 
au       pelle  (  attaque  de  Paris  )  ;   de  la 
II  sept.    Chapelle  à  la  Villette  (36);  de  la 

Villette  à  Saint-Denis  (87).  3 

Du  12        20.  De  Saint-Denis  à  Lagnv  ; 

au       de  JLagny  a  Provins  ;  de  Provins 

25  oct. 


rivière  qui  passe  à  Baron-  Toutes  les  dispositions  furent  faites 
pour  une  bataille,  et  Jeanne  fiit  placée  au  corps  chargé  des  es- 
carmouches, avccDunois,  Lahire,  etc..  Ces  escarmouches  furent 
assez  vives,  mais  au  bout  d'un  jour  les  deux  armées  se  replièrent. 
Ç  Voy.  mêmes  auteurs.  ) 

Le  roi  apprit  à  Crépy  la  soumission  de  Compiègne  et  de 
Beauvais ,  et  à  Saint-Denis  celle  de  Lagny.  (  Voy.  idem.  )  II  en- 
tra à  Compiègne  le  22  août  {Lenglet  ^  t.  i ,  p.  142;  t.  2  ,  p.  160) 
et  à  Saint-Denis  le  29,  selon  l'Histoire  de  la  Pucelle  ,  529,  et 
la  Chronique  de  France,  f.  343,  \°.  Selon  Tripaut ,  p.  162, 
Charles  partit  de  Scnlis  enviiion  le  dernier  jour  d'août....  Peut- 
être  même  n'est-ce  que  le  i^^  ou  le  2  septembre,  puisqu'il  est 
dit ,  dans  le  compte  cité  à  note  3ii ,  p.  208  ,  que  le  roi  fit  donner 
à  Jeanne  un  second  cheval ,  à  Senlis  ,  au  mois  de  septembre.  Mais 
il  est  aussi  possible  que  de  Saint-Denis  elle  soit  retournée  à  Sen- 
lis pour  cet  objet.  Il  y  aurait  alors  quelques  lieues  à  ajouter  à 
l'itinéraire. 

(36)  On  n'a  pu  graver  sur  la  carte  que  l'un  de  ces  deux  bourgs , 
qui,  au  reste,  sont  très-voisins. 

(37)  Quant  aux  excursions  du  x\P  28  ,  voyez  Tripaut ,  162  à 
167  ;  Hist.  de  la  Pucelle ,  528,  529  ;  Chron.  de  France .,  343. 

Le  8  septembre  on  attaqua  Paris.  (  Voy.  Laverdy,  338  ;  Jour- 
nal de  Paris .,  127.)  Jeanne  traversa  le  premier  fossé,  entra 
dans  le  second  et  le  sonda,  Blessée  soudain  d'un  coup  de  flèche 


CALENDRIER 


14-29. 
Idem. 


Idem. 


CARTE    DEUXIÈME.  263 


lieues, 
à  Bray  ;  de  Bray  à  Courtenay, 
en  passant  la  Seine  au-dessous 
de  Sens  -(38)  ;  de  Courtenay  à 
Château  -  Renard  ;  de  Château- 
Renard  à  Montargis  ;  de  Montar- 
gisàGien;  deGien  àBourges(39).     67 


à  la  cuisse  ,  elle  ne  voulut  point  renoncer  à  son  projet;  elle  fit 
apporter  des  claies  et  des  fascines  pour  combler  le  fosse';  entre- 
prise qu'elle  n'abandonna  qu'à  la  nuit;  encore  fallut-il  l'en- 
voyer chercher  à  plusieurs  reprises.  Sa  plaie  ne  fut  pansée 
qu'après  son  retour.  (  Voy.  Tripauf ,  i65;  Chartier ,  36  ;  Hist. 
de  la  Pucelle  ,  SaS  ;  Chron.  de  France ,  343  ;  Monstrelet ,  ij  ,  5o.) 

(38)  Bray  se  soumit  cette  fois  à  Charles  et  lui  livra  passage  , 
tandis  que  Sens  le  refusa.  (Voy.  Tripaut  ^  1G8.)  Ainsi  Villaret, 
xiv,  4^8,  se  trompe  lorsqu'il  place  avant  l'arrive'e  de  Philippe 
à  Paris  (c'est-à-dire  avant  le  3o  septembre....  ci-après /zo/(? 3y) 
la  re'duction  de  Sens  et  celle  de  Melun  ,  qui  n'eut  lieu  que 
plusieurs  mois  après,  (  Voy.  note  45  ,  p.  a66.) 

(39)  Quant  aux  excursions  du  n"  29 ,  voyez  Chartier^  37  ; 
Berry^  379?  Chron.  de  France^  ^4"^»  *^^  sur-tout  Tripaut ^  168 
et  169. 

En  examinant  avec  soin  la  relation  de  Tripaul,  et  comparant 
le  tems  qu'exigèrent  les  parties  du  voyage  dont  il  omet  les  épo- 
ques ,  et  celles  dont  il  indique  les  dates ,  et  en  tenant  compte  des 
séjours,  il  paraît,  i©  que  le  roi  quitta  Saint-Denis  le  12  septem- 
bre et  arriva  à  Gien  le  19  ;  2°  qu'il  en  partit  vers  le  20  ou  le  11 
octobre  ,  et  arriva  à  Bourges  du  22  au  25.  Il  annonce  ,  en  effet , 
que  Charles  attendit  à  Gien  aucuns  jours  y  croyant  avoir  accord 
avec  le  duc  de  Bourgogne ,  et  qu'il  s'en  retourna  à  Bourges 
lorsqu'il  fut  averti  que  le  duc  avait  renouvelé  son  traité  avec 
Bedfort  (on  accorda  seulement  une  trêve  à  Charles....  Voy.  ci- 


264 


EXPLICATION    DES    CARTES. 


CALENDRIER 


1429. 
D'ocl. 
à  déc. 


§  7.  Expéditions  et  excursions  du 
ANCIEN.  Berri  et  des  environs. 


lieues. 


1429.  3o.  De  Bourges  à  Mehun-sur- 

à  déc.     Yèvre  ;  de  Mehun  à  Bourges  ;  de 

Bourges  à  (4.0)  Saint-Pierre-le- 

Moutier  (siège  et  prise)  ;  de  Saint- 


devant  p.  78  et  note  336,  p.  217  )  ,  et  était  retotirné  en  Picar- 
die.... Or,  nous  voyons  par  le  Journal  de  Paris,  p.  127  et  128, 
que  Philippe  ,  arrivera  Paris  le  3o  septembre  ,  en  était  reparti 
la  veille  de  Saint-Luc,  ou  le  17  octobre.  Il  fallut  bien  ensuite 
quelques  jours  pour  en  recevoir  avis  et  se  rendre  à  Bourges. 

N.  B.  Les  auteurs  remarquent  que  dans  toutes  les  excursions 
ou  expéditions  décrites  ci-dessus  aux  no*  28  à  29,  Jeanne  accom- 
pagna toujours  le  roi. 

(4o)  C'est  à  Mehun  qu'on  arrêta  les  expéditions  de  Sainl- 
Pierrc-le-Moutier  et  delà  Charité....  L'assemblée  de  la  com- 
pagnie de  Jeanne  se  fit  ensuite  à  Bourges  ,  d'où  l'on  se  rendit  à 
Saint -Pierre-le-Mou lier.  (  Fb/.  Daulon  dans  Lcng/et ,  ij ,  126.) 
Jeanne  montra  aux  attaques  de  Saint-Pierre  le  même  courage 
qu'à  celles  d'Orléans,  de  Paris  ,  etc.  Les  Français  ayant  été  re- 
poussés lors  de  l'assaut ,  elle  resta  presque  seule  ,  et  malgré  les 
exhortations  des  olficiers,  près  des  fosses ,  exposée  aux  traits  des 
ennemis  (  elle  avait  oté  son  casque  )  ,  et  cria  à  haute  voix  qu'on 
apportât  des  fagots  et  des  claies  pour  faire  un  pont....  On  lui 
obéit;  oh  passa  les  fossés  et  la  ville  fut  prise  en  un  moment,' 
(  Voy.  Daulon  ,  d.  p.  126  et  suiv.  )  Chartier,  Sg,  et  la  Chro- 
nique de  France,  344,  parlent  aussi  de  cet  assaut,  mais  sans 
détails. 

Nous  ne  connaissons  ni  l'époque  ,   ni  la  durée  précise  de  ce 

siège Daulon  ,  ibid, ,  dit  qu'il  dura  aucun  temps....  Comme  on 

Se  rendit  ensuite  à  la  Charité  où  l'on  était  à  la  fin  de  novembre  , 
iJ  est  probable  que  Saint-Pierre  fui  assiégé  au  commencement 
<jLe  ce  mois. 


ACTUEL. 


ANCIEN. 


CARTE  DEUXIÈME.  265 

CALENDRIER  lieues. 

Pierre-le-Moutîer  à  la  Charité 
(siège);  de  la  Charité  à  Bourges; 
de  Bourges  à  Mehun  (4-i)-  4-6 

1429.         3i.  De  Mehun-sur-Yèvre  à  Ger- 
dedéc     §^21^  5  ^^  Gergeau  à  Mehun  (42).      36 


1429. 

Fin 

de  déc. 

i43o. 
Dejanv. 
aux  I^rs 

jours 
d'avril. 


^i^9-       82. De  Mehun-sur-Yèvre  à  Bour- 

I  J  P  lîîïî  V 

aux  lers  ges  (4-3)  ;  de  Bourges  aux  Marches 


jours 
d'avril. 


(4i)  Le  siège  de  la  Charité  fui  levé  au  bout  d'un  mois.  (  Chron, 
de  France^  344;  ^crry^  38i.  )  Chartier,  3y  ,  et  Belleforêt  (/V5/^. , 
353  ,  d'après  l'interrogatoire  de  Jeanne  )  en  font  aussi  mention. 
On  peut  présumer  qu'on  échoua  par  défaut  de  ressources  et  non 
point  de  courage.  A  la  fin  de  novembre  ,  d'Albret  et  Jeanne  , 
qui  commandaient,  réclamaient  des  secours  en  argent,  faute  de 
quoi  ils  seraient ,  disaient-ils ,  obligés  de  lever  le  siège.  Le  24 , 
la  ville  de  Bourges  établit  un  impôt  d'un  i3e  sur  le  vin  ,  et 
chargea  le  fermier  d'envoyer  à  d'Albret  et  Jeanne  i3oo  écus  d'or 
pour  entretenir  l'armée  occupée  au  siège.  {Voy.  le  bail  dans 
riiisi.  du  Berry  par  La  Thaumassière  ,  liv.  3  ,  chap.  28  ,  p.  161.  ) 

Après  la  levée  du  siège  on  dut ,  pour  rendre  compte  de  1  ex- 
pédition ,  revenir  à  Mehun-sur-Yèvre ,  où  il  paraît  que  le  con- 
seil se  tint  pendant  les  mois  de  novembre  et  décembre. 

(42)  Jeanne  avoue  dans  ses  réponses  qu'elle  fut  à  Gergeau,  où 
elle  coucha  plusieurs  nuits  avec  une  femme  nommée  Cathe- 
rine. (  Voy.  Belleforêt  dans  la  Chron,  de  France ,  f  353.  )  D'un 
autre  côté ,  on  lui  impute  d'avoir  communié  à  Noè'l  dans  cette 
ville.  (  Voy.  ci-devant  note  392 ,  n»  6 ,  p.  243  )  :  c'est  donc  à 
celte  époque  qu'elle  fit  le  voyage  de  Gergeau. 

De  Gergeau  elle  dut  revenir  à  Mehun,  où  on  lui  donna  des 
lettres  de  noblesse  le  29  décembre.  (  Elles  sont  datées  simple- 
ment du  mois ,  dans  le  Recueil  de  Godefroy,  p.  898  ;  mais  La- 
vcrdy,  p.  34o  ,  en  fixe  la  date  au  29.  ) 

(43)  De  Mehun  Jeanne  vint  sans  doute  à  Bourge?.  On  sait 


266  EXPLICATION    DES    CARTES. 

CALENDRIER 

lieues. 


ACTDEL. 


i43o. 
Idem. 


ANCIEN. 


de  Berry  (4-4)  ;  des  Marches  de 


1429.     Berry  à  Melun,  en  passant  par 

Bourges  ,  Gien  et  Montargis  (45).     76 


qu'elle  y  fit  quelque  se'jour  après  l'expédition  de  l'Isle-de-France 
(  Voy.  Laçerdy,  334,  339  )  »  ^^  ^^^^  ^^''^  "^^''s  cette  e'poque , 
d'autant  que  se.%  lettres  de  noblesse  furent  enregistrées  le  16  jan- 
vier (  Voy.  Godefroy ,  p.  899  )  à  la  chambre  àç.^  comptes ,  que 
Charles  avait  transfe'rée  dans  cette  ville. 

Nous  perdons  alors  sa  trace  jusque  vers  la  fin  de  mars.  Il  est 
pourtant  à  pre'sumer  qu'elle  ne  resta  pas  toujours  à  Bourges, 
puisque  Charles  vil ,  qu'elle  accompagnait  ordinairement ,  se'- 
journa  pendant  cet  intervalle  à  Chinon  (  il  y  était  vers  le  mois 
de  janvier,  ainsi  qu'on  peut  l'induire  de  la  Chronique  de  France, 
f.  344  >  v»  )  ,  à  Yierzon  (  vers  le  26  janvier  )  ,  à  Gergeau  (en 
février  ) ,  et  à  Sully  (  les  6,  i3  et  28  mars  ).  Voy.  Pièces  fugi^ 
iiçes  relatii>cs  à  VHîst.  de  France  ,  in-4°,  t.  i ,  p.  94  »  Histoire 
générale  de  Languedoc ,  t.  4 ,  P-  47^- 

(44)  Jeanne  était  es-marches  de  Berry  avant  l'expédition  de 
Lagny,  dont  on  parlera  tout-à-l'heure.  (  Voy.  Chron.  de  France  ^ 
345  ,  ligne  2.  )  (  Chartier,  p.  l^\ ,  dit  au  pays  de  Berry.  )  Ce  mot 
marches  signifie  en  général  frontières.  Dans  cette  occasion  il  doit 
s'entendre  de  la  frontière  méridionale  du  Berry,  des  points  qui 
le  séparent  de  la  Marche  proprement  dite  ,  parce  que  les  can- 
tons de  la  Marche  qui  touchaient  aux  autres  provinces  s'appe- 
laient les  marches  de  telle  province.  On  disait ,  par  exemple  ,  les 
piarches  du  Limousin.  (  Voy.  Encycl. ,  Dict.  géogr.  ,  mot  Marche.) 

(45)  Elle  se  trouva  vers  les  fêtes  de  Pâques  à  Melun  (  Voy. 
Lenglet ^  t.  i  ,  p.  124;  Belleforêt  dans  la  Chronique  de  France  ^ 
f.  353)  qui,  depuis  peu,  s'était  soumis  au  roi....  (Voy.  Char- 
tier^ 4'4î  ^^ffyi  38o  ;  Monsirelet .,  ij ,  56.  )  Les  points  intermé- 
diaires de  la  route  la  plus  courte,  des  Marches  à  Melun,  sont 
Bourges  j  Gien  et  Montargis. 

I 


CARTE    DEUXIÈME.  267 


CALENDRIER 

ACTUEL. 


i43o. 
Avril 

et  com- 
mence 

de  mai. 


§  8,  Expéditions  de  Lngny  et  Corn- 
ANCIEN.       piègne ,  ou  dernières  expéditions 

de  Jeanne. 

lîeues. 

i43o.         33.  De  Melun  à  Lagny  (46).Dé- 
et  com-  ^^^^^   ^^  Franquet  d'Arras,  aux 

menct    environs ,  et  retour  à  Lagny  (4.7).       9 
de  mai. 


(46)  N.  B,  Les  historiens  ,  tels  que  Berry,  Chron.  de  France  , 
f.  345 ,  et  Monstrelet ,  t.  2 ,  f.  56  à  58 ,  sont  peu  d'accord  ,  soit 
cntr'eux  ,  soit  avec  eux-mêmes  ,  sur  les  dates  et  l'ordre  des  ex- 
pe'dîtions  ou  excursions  indiquées  ci-dessus  aux  nos  33  à  S;....  II 
a  fallu  encore  user  de  la  me'thode  cite'e  plusieurs  fois  ,  pour  trou- 
ver l'itine'raire  le  plus  probable  de  Jeanne  d'Arc.  Au  reste ,  nous 
avons  accorde,  dans  celte  occasion,  plus  de  confiance  à  Mons- 
trelet cju'aux  autres  historiens,  parce  qu'e'tant  au  sie'ge  de  Com- 
piègne  (  Voy.  idem  ,  f.  58  ),  il  devait  avoir  présens  à  la  pense'e  les 
faits  qui  précédèrent  la  prise  de  Jeanne  ,  d'autant  qu'ils  se  pas- 
sèrent dans  l'intervalle  de  moins  d'un  mois. 

(47)  Voy.  Chartier^  l^\  ;  Lcnglet ,  t.  i,  p.  i25,  et  t.  3  ,  p.  i5o  ; 
Chron.de  France^  345,  au  commencement;  Beîleforét ,  ibid. , 
352;  Monstrelet^  ij ,  5 7. 

Monstrelet  place  le  récit  de  la  défaite  et  exécution  de  Fran- 
quet après  celui  des  expéditions  de  Noyon  et  de  la  prise  de 
Soissy  (  ci-après  ,  n»  34  et  35  );  mais  ,  comme  nous  l'avons  déjà 
observé ,  il  y  a  très-peu  d'ordre  dans  son  ouvrage.  Il  annonce 
d'abord  (f.  56),  1°  que  le  duc  de  Bourgogne  célébra  la  fête  de 
Pâques  à  Péronne  (Pâques  était  le  16  avril);  2°^  qu'au  com^ 
mencement  de  i43c  (c'est-à-dire  après  Pâques  )  il  se  rendit 
avec  ses  gens  d'armes  à  Montdidier,  oîi  il  fut  aucuns  jours  ; 
3''  qu'il  assiégea  Gournay-sur-Aronde  (à  six  lieues  S.'O.  de 
Noyon  )  ,  et  se  hâta  de  traiter  avec  la  garnison ,  afin  d'aller  au 
secours  d'un  château  dont  les  Français  levèrent  le  siège  sur  l'a- 
vis de  son  projet;  4°  qu'il  alla  passer  environ  huit  jours  à  Noyon  ; 
5°  qu'il  assiégea  Soissy....  Monstrelet  raconte  alors,  f.  56,  v®,  et 


268 


EXPLICATION    DES    CARTES. 


CALENDRIER 


ACTUEL. 


i43o. 

Suite 

de  mai. 


ANCIEN. 


i43o. 

Suite 

de  mai. 


lieues 


34..  De  Lagny  à  Soissons,  en 
passant  par  Château-Thierry  et 
Crépy;  de  Soissons  à  Crépy  ;  de 
Crépy  à  Gompiègne  (^8).  36 


57  ,  l'attaque  de  Pont-l'Evêque  ,  et  successivement  rétablisse- 
ment des  corps  de  l'armée  du  duc  dans  les  villages  voisins  de 
Compiègne.  Enfin  il  passe  à  la  de'faite  de  Franquet,  dont  il  fixe 
l'époque  au  commencement  de  mai. 

Si  l'on  suppute  le  tcms  qu'exigèrent  les  marches  diverses  de 
Péronne  à  Montdidier,  de  Montdidier  à  Gournay,  de  Gournay 
à  Noyon  ,  de  Noyon  à  Soissy,  le  siège  de  Gournay,  etc.  ;  et  si 
l'on  y  ajoute  les  séjours  à  Montdidier  et  Noyon  ,  on  voit  que  le 
duc  ne  put  commencer  le  siège  de  Soissy  qu'au  mois  de  mai, 
après  la  défaite  de  Franquet.  Cette  première  époque  une  fois 
déterminée,  il  est  facile  de  fixer,  avec  assez  de  certitude,  les 
époques  des  dernières  expéditions  de  Jeanne  ,  et  même  défaire 
accorder  les  historiens  dans  leurs  récits,  comme  on  le  verra  dans 
les  notes  suivantes. 

N.  B.  Villaret,  xv,  7  etsuiv. ,  a  commis  beaucoup  d'erreurs 
quant  à  ces  expéditions  de  Jeanne  ou  de  Philippe.  11  les  place 
entr'autres  avant  le  débarquement  de  Henri  vi  à  Calais  (jour 
de  Saint-George  ou  28  avril Monstrelei ,  ij ,  58  )  ,  qui  est  an- 
térieur à  la  plupart. 

(48)  Le  détour  par  Château-Thierry  était  nécessaire  pour 
passer  la  Marne, ,  et  T.englel  (  t.  i  ,  p.  128  )  suppose  c^u'elle  passa 
par  Crépy,  puisqu'il  annonce  que  de  Soissons  elle  y  retourna. 

Le  but  de  cette  expédition  était  de  secourir  Soissy  (  ou  Pont- 
à-Soissy,  ou  Choisy-sur-Oise  ) ,  assiégé  par  le  duc  de  Bourgogne , 
et  situé  entre  l'Aisne  et  l'Oise ,  près  de  leur  confluent.  Il  fal- 
lait passer  l'Aisne  à  Soissons;  le  gouverneur  refusa  le  passage 
(Voy.  Lengletj\h\à.',  Chron.  de  France ,  f.  345),  ce  qui  força 
Jeanne  de  retourner  à  Crépy  et  d'aller  chercher  un  passage  à 


CARTE  DEUXIÈME. 


269 


CALEÎnDRIER 


ANCIEN 


i43o. 
Idem. 


i4.3o. 
Idem. 


lieues. 
35.  De  Compiègne  à  Pont-rE- 
vêque  ;  attaque  infructueuse  de  ce 
bourg  ;  retour  de  Jeanne  à  Com- 
piègne(49).  12 


Compiègne  pour  înquie'ter  au  moins  les  convois  des  assie'geans. 
(  Voy.  la  ;7c/^  suivante.  )  Berry,  38i,  dit  qu'on  reçut  Jeanne 
dans  Soissons ,  du  moins  pour  y  passer  une  nuit ,  et  qu'elle  alla 
ensuite  à  Compiègne. 

(49)  Quoique  le  seul  Monslrelet  (  f.  56  vo  et  57)  parle  de  cette 
expédition,  nous  n'he'sitons  pas  à  la  placer  ici,  par  les  molifs 
déjà  indiqués  aux  notes  46  et  47  »  et  parce  que  les  Français  du- 
rent la  tenter  pour  faire  lever  le  siège  de  Soissy,  poste  impor- 
tant qui  les  rendait  maîtres  du  cours  de  l'Oise  et  de  l'Aisne  au- 
dessus  de  Compiègne,  et  mettait  obstacle  aux  entreprises  que 
Philippe  pouvait  former  contre  cette  ville  ,  ou  les  places,  telle 
que  Lagny,  situées  au  midi  de  l'Aisne.  Philippe,  qui  sentait  la 
nécessité  de  s'en  emparer,  avait  pris  des  mesures  pour  empê- 
cher que  la  garnison  de  Compiègne  n'interceptât  ses  vivres 
(Voy.  Monstrelet ,  ibid.  )  qu'il  tirait  de  Montdidler,  Noyon  et 
autres  villes  de  Picardie,  et  qui  lui  parvenaient,  selon  toute  ap- 
parence ,  par  le  pont  ou  port  de  Pont-l'Evêque,  bourg  situé  à 
600  toises  au  midi  de  Noyon  ,  et  défendu  par  un  détachement 
de  l'armée  anglaise.  Il  avait  en  conséquence  placé  un  corps  de 
troupes  dans  les  faubourgs  de  Noyon ,  afin  d'être  à  portée  de  se- 
courir les  Anglais  en  cas  d'agression.  L'événement  justifia  sa 
prévoyance.  Jeanne  d'Arc,  Chabanne  ,  Xaintrailles,  etc.,  avec 
deux  mille  hommes,  vinrent  en  effet  de  Compiègne  attaquer  les 
Anglais,  et  ils  étaient  au  moment  de  les  forcer,  lorsque  les 
Bourguignons,  postés  à  Noyon  ,  accoururent ,  mirent  les  Fran- 
çais entre  deux  feux,  et  les  contraignirent  à  se  replier  sur  Com- 
piègne. 

Cette  exoédilicn  fait  d'autant  plus  d'honneur  au  courage  de 


270  EXPLICATION    DES    CARTES. 

CALEISDRIER 


i43o. 

Suite 

c!e  mai. 


Idem 
jusque 
au  2.4. 


ANCIEN. 


i43o. 

Suite 

de  mai. 


Idem 
jusque 
au  24- 


lieues. 


36.  De  Compiègne  à  Lagny , 
en  passant  par  Crépy  et  Château- 
Thierry  (5o). 

37.  De  Lagny  à  Compiègne  par 
Château  -Thierry  et  Crépy  (5i). 
Sortie  et  prise  de  la  Pucelle  (Sa). 

Total 


902 


Jeanne,  qu'elle  s'exposait  à  être  coupe'e  par  Tarme'e  bourgui- 
gnonne chargée  du  blocus  de  Gournai.  Mais  si  elle  avait  réussi , 
le  plan  de  campagne  de  Philippe  eût  entièrement  échoué, 

(5o)  Ce  départ  de  Jeanne ,  de  Compiègne ,  à  la  veille  d'un 
siège,  paraît  d'abord  singulier.  Mais  tant  que  Soissy  n'était  pas 
pris  ,  il  était  difficile  de  connaître  précisément  les  projets  de 
Philippe.  En  passant  par  Soissous,  que  le  gouverneur  Bournel 
venait  de  lui  vendre  {Berry^  38 1  ;  Chron.  de  France  ^  345  )  ,  il 
pouvait  se  porter  sur  Lagny,  que  son  parti  avait  déjà  essayé  plu- 
sieurs fois  d'enlever  à  Charles  vil.  Le  voyage  de  Jeanne  à  Lagny 
explique  d'ailleurs  une  de  ses  réponses  (  Voy.  Belleforêt  dans  la 
Chronique  ^  f.  35^  ) ,  où  elle  dit  que  le  tribunal  de  Lagny  em- 
ploya quinze  jours  au  procès  de  Franquet.  Or,  si  elle  ne  fût  pas 
revenue  à  Lagny  après  l'expédition  de  Noyon ,  il  eût  été  impos- 
sible qu'elle  s'y  fût  trouvée  à  la  fin  du  procès....  Enfin  Chartier, 
p.  42,  et  la  Chronique  de  France,  f  345,  disent  positivement 
qu'elle  partit  de  Lagny  pour  Compiègne,  lorsqu'elle  apprit  que 
cette  ville  était  déjà  un  peu  à  Vestroit. 

(5i)  Voyez  la  fin  de  la  note  précédente  ;  et ,  quant  à  la  roule  , 
le  commencement  de  la  note  48,  p.  268. 

(52)  D'après  ce  qu'on  a  observé  (  note  5o  ,  à  la  fin  )  ,  Jeanne 
fut  peut-être  obligée  de  livrer  un  combat  pour  s'introduire  dans 
Compiègne.  Le  jour  même  de  son  arrivée  {Fïtlaret^  xv,  18) 


CARTE    DEUXIEME.  27  1 

§  9.  Piésumé. 

Les  voyages  ou  expéditions  de  Jeanne  d'Arc  ,  rela- 
tifs à  son  projet  de  sauver  la  France,  ont  commencé  à 
la  fm  de  février  14.28  (  Voy.  ci-dev.  §  2  ,  n«  5,  p.  253  )  ; 
ils  se  sont  terminés  au  24  mai  i4-3o  :  ainsi ,  ils  ont  duré 
en  tout  quinze  mois  (53). 

Nous  avons  mesuré  ,  avec  exactitude  ,  l'espace  com- 
pris ,  à  vol  d'oiseau,  entre  chacune  des  stations  indi- 
quées depuis  le  même  numéro  jusqu'à  la  dernière  expé- 
dition de  Compiègne  (n"  Sy  ),  et  nous  avons  trouvé  que 
Jeanne  d'Arc  a  parcouru  ,  dans  ce  court  intervalle  de 
quinze  mois  ,  plus  de  neuf  cents  lieues  (  de  2  5  au  degré  ). 
Si  l'on  réfléchit  maintenant  qu'à  cette  époque  les 
grandes  routes  n'existaient  point  encore  ;  qu'il  n'y 
avait  qu'un  très-petit  nombre  de  ponts;  que  le  terri- 
toire parcouru  était  semé  de  places  eimemies  ;  que  des 
partis  battaient  sans  cesse  la  campagne on  sen- 
tira que  ce  n'est  pas  exagérer  que  de  porter  à  un  tiers 
de  la  distance,  à  vol  d'oiseau  ,  l'espace  compris  dans  les 
détours  que  nécessitèrent  ces  divers  obstacles  :  de  sorte 
qu'au  lieu  de  neuf  cents  lieues,  Jeanne  a  dii  en  par- 
courir   au   moins   douze  à   treize   cents  ^    et   cela    sans 

elle  fit  la  sortie  où  elle  fut  prise ,  lorsque  pendant  la  retraite  elle 
fermait  l'arrière- garde. 

(53)  Remarquons  de  nouveau  combien  la  comparaison  des 
calendriers  est  nécessaire  à  l'intelligence  de  l'histoire  ancienne. 
Si ,  en  effet ,  on  s'en  rapporte  uniquement  à  l'ancien  calendrier, 
comme  ces  voyages  ont  commencé  (  Voy.^  même  n^  5  )  à  la  fin 
de  février  i4-^  »  et  ne  se  sont  terminés  qu'au  24  mai  i43o,  on 
serait  porlé  à  croire  qu'ils  ont  duré  çHngt-sept  mois  au  lieu  de 
quinze. 


272  EXPLICATION    DES    CARTES. 

parler  des  voyages  qu'elle  dut  faire  pendant  les  trois 
mois  et  demi  (Voy.  ci-devant  note  4-3,   p.  266),  à 

regard  desquels  nous  n'avons  aucune  notion  (54-) 

Enfin  ,  remarquons  que  dans  le  petit  intervalle  où  elle 
fit  ces  longues  excursions  ,  elle  prit  part  à  plus  de  vingt 
batailles,  ou  combats,  ou  sièges,  ou  levées  de  siège,  etc. 
Il  nous  semble  que  ce  simple  xésumé  suffirait  à  l'é- 
loge de  Jeanne  d'Arc. 

{5^)  Si  Jeanne  suivit  alors  la  cour,  comme  on  le  présume 
dans  celle  note  ,  il  faudrait  ajouter  plus  de  cent  lieues  au  calcul 
précédent. 


CARTE  DEUXIÈME.  2y3 

ARTICLE  III. 

Table  alphabétique  des  {>illes,  bourgs,  villages  et  châteaux 
désignés  dans  /û  2™^  Carte. 

N.  B.  Afin  d'en  faciliter  la  recherche,  on  donne  ci-dessous 
leurs  degre's  de  longitude  et  de  latitude. 

Les  chiffres  les  plus  rapproche's  des  noms  sont  ceux  des  pages 
de  l'ouvrage  où  il  en  est  question ....  Les  mots  V.  Tab.  in- 
diquent les  villes,  etc. ,  dont  il  est  fait  mention  dans  la  dernière 
table  alphabe'tique. 

On  a  aussi  indiqué  ci-après  quelques  bourgs  que  le  de'faut 
d'espace  a  empêché  de  placer  sur  la  carte;  mais  on  a  désigné 
en  même  tems  les  lieux  de  la  carte  dont  ils  sont  le  plus  rap- 
prochés. 

Long.  Lat. 

Abbeville,  iSg.  19  5o 

Alençon,  83,  i38.  17  4.8 

Amiens.  19  ^9 

Angers ^^  i38.  *                          17/^7 

An  thon.  V.  Tab.  22  4^5 

Arras,2i9.  20  5o 

Auxerre,  i^o ,  254 ,  255.  21  ^7 

Azincourt.  V.  Tab.  19  5o 

Baron,  261.  20  ^9 

Bar-sur-Ornam,ouBar-le-Duc,  i85.  22  4^8 

Baugé.  V.  Tab.  17  f^j 

Beaugenci.  V.  Tab,  19  It-'j 

Beaurevoir,  22g.  20  5o 

Beauvais,  262.  19  4^9 

Besançon.  23  l^.'j 

Blois,  255,  256.  I                           19  4.7 

Bony.  V.  Tab.  20  ^7 

Boulogne,  iSg.  19  5o 


•i74 


EXPLICATIOIVI    DES    CARTES. 


Bourges,  20  ,  ^5,  127 ,  263  à  266. 

Bray ,  260  ,  263. 

Calais  ,  1 ,  82  ,  268. 

Ghâlons-sur-Marne ,  238. 

Châlons-sur-Saône. 

Chappe,  F".  Tab. 

Chartres,  i45 ,  160. 

Châteaudun  ,160. 

Château-Neuf,  77,  160. 

Château-Renard,  263. 

Château-Thierry,  260  ,  261  ,  268  à  270. 

(^haumont. 

Cherbourg,  109,  i25. 

Chinon,  61 ,  176 ,  184. ,  194»  ^53  et  suiv. 

Choisy.  Voy.  Soissy. 

Compiègne,  79 ,  261 ,  268  et  suiv. 

Corbeil,  260. 

Corbéni.  V.  Saint-Marcoul. 

Cosne,3o,  139,  i45. 

Coulommiers ,  260. 

Courtenay,  263. 

Crécy  en  Ponthieu ,  39. 

Crécy  en  Brie  j  260. 

Crépy,  261 ,  268  et  suiv. 

Crevant  ou  Cravant.  V.  Tah, 

Dammartin,  261. 

Dijon. 

Domréml ,  1 78  et  suiv. ,  253. 

Estampes,  i4i- 

Evreux,  i44î  21 3. 

Fierbois  (  Sainte-Catherine  de  ) ,  254- 


Long. 

Lat. 

20 

47 

20 

48 

19 

5o 

32 

48 

22 

46 

21 

48 

19 

48 

18 

48 

»9 

47 

20 

47 

21 

49 

22 

48 

16 

49 

^7 

47 

20 

49 

20 

48 

20 

47 

20 

48 

20 

48 

'9 

So 

20 

48 

30 

49 

21 

47 

30 

49 

32 

47 

23 

48 

19 

48 

18 

49 

18 

47 

CARTE  DEUXIÈME.  275 

Long.       Lat. 
Genève.  23         4^ 

Gergeau.  V.  Jargeau. 

Germigny ,  93 ,  238.  ^    20         4^9 

Gien  ,  77  ,  78,  258,  259,  263,  266.  20         4^7 

Gournay-sur-Aronde  est  un  peu  au  N. 

O.  de  Noyon.  V.  ce  mot,  et  267  ,268. 
Gueret.  19         46 

Guines,  220.  19         5o 

Harfleur,  23 ,  i3o.  17         ^9 

Ivry,39.  19         48 

JanvlUe ,  ou  Jenville  ,  ou  Yenville  ,  76, 

160.  19         48 

Jargeau  ,    ou   Jergeau  ,   ou  Gergeau. 

Foy.  Tab. 
Labusslère.  V.  Tab. 
La  Chapelle  est  près  la  Vilietle.  V.  ce 

mot,  et  262.  * 

La  Charité,  265. 
La  Croisette.  V.  Tab. 
La  Ferté-Hubert  ou  la  Ferté-Senne- 

terre ,  160,  2i3. 
La  Ferté-Milon ,  261. 
Lagny,  262  ,  267  et  sulv. 
La  Gravelle.  V.  Tab. 
Lamotte-Nangis ,  prèsNangis.  V.  ce  mot. 
Langres. 
Laon ,  260. 
La  Rochelle. 
Laval,  148,  i55. 
Lavillette  ,262. 
Le  Coudray,  254-  # 


'9 

47 

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46 

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47 

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48 

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49 

16 

46 

16 

48 

20 

48 

18. 

47 

.76 


EXPLICATIOÎ^    DES    CARTES. 


Long. 

Lat 

Lé  Crotoy,  229. 

ï9 

5o 

Le  Mans,  i55. 

17 

48 

Lille,  33. 

20 

5o 

Loches,  73,  210,  257. 

18 

^7 

Lyon,  32. 

22 

45 

Mâcon,  39,  14.7. 

22 

46 

Marches  de  Berry,  266. 

19 

46 

Marchenoir,  160,  214. 

19 

47 

Meaux.  V.  Tab. 

20 

48 

Mehun-sur-Loire.  V.  Tab. 

19 

47 

Mehun-sur-Yèvre  ,  264. ,  265. 

^9 

47 

Melun  ,  137 ,  260 ,  266. 

20 

48 

Metz. 

23 

49 

Meulan.  V.  Tab, 

^9 

49 

Mitry  est  un  peu  au  S.  O.  de  D 

ammar- 

tin.  V.  ce  mot  et  261. 

Montargis,  i55,  263,  266, 

20 

47 

Montdidier,  267. 

20 

49 

Montereau.  V.  Tab. 

Montpiloy  est  un  peu  au  N.  O. 

de  Ba- 

ron.  r.  ce  mot  et  261. 

Mont-Pipeau  ,  à  2  lieues  N.  de  Mehun- 

sur-Loire.  V.  ce  mot  et  160 , 

214. 

Moulins. 

20 

46 

Nancy,  181 ,  184. 

23 

48 

Nangis ,  260. 

20 

48 

Nantes. 

16 

47 

Neufchâteau,  181. 

23 

48 

Nevers. 

20 

46 

Nogent-le-Roi ,  160, 

19 

48 

Nogent-le-Rotrou,  160. 

18 

48 

CARTE  DEUXIEME. 

277 

Long. 

Lat. 

1,217. 

21 

48 

20 

49 

'' 

^9 

47 

20 

48 

19 

48 

20 

49 

r,  160. 

19 

48 

18 

46 

Nogent-sur-Seine ,  217. 

Noyon,  268,  26g. 

Orléans.  F.  Tab» 

Paris.  F.  Tab. 

Pathay.  V.  Tab. 

Péronne,  267. 

Pluvier  ou  Pelivier,  160. 

Poitiers,  Sg  ,  187. 

Pont-à-Soissy.  V.  Soissy. 

Ponl-rEveque ,  bourg  à  600  toises  au 

midi  de  Noyon.  ^.  Noyon. 
Pontorson,  42. 
Provins  ,  260  ,  262. 
Puiset  ouPuiseaux,  160. 
Rambouillet,  160. 
Rennes. 
Reims.  V.  Tab, 
Roanne. 
Rochefort ,  160. 
Romorantin,  254,  257. 
Rosbecq.  V.  Tab. 
Rouen,  33,  i34,  i38,  244- 
Rouvray.  V.  Tab. 
Roye  ,  238. 

Saint-Aignan  ,  255  ,  257. 
Sainl-Benoît-sur-Loire ,  258. 
Saint-Denis,  261  ,  262. 
Saint-Florent,  ig4. 
Saint-Florentin ,  25g. 
Saint-Jame-de-Beuvron.  V.  Tab. 
Saint-Marcoul ,  ou  Corbéni,  260. 


16 

48 

20 

48 

20 

48 

ï9 

48 

17 

48 

21 

49 

21 

46 

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48 

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47 

21 

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18 

49 

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48 

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47 

20 

47 

20 

48 

16 

47 

31 

47 

16 

48 

21 

49 

2?^  EXPLICATION    DES    CARTES. 


totiR.        Lat. 


20 

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20 

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20 

48 

21 

^9 

20 

4-> 

20  ^9 


Saiiil-PJerre-Ic-Moutlers,    79,    3G4. 

277. 

Saint-Riquier.  T.  Tah, 

Saint-lJrbaiu,253,  25^. 

Sainie-(]athcrine.  V.  Fierbois. 

Selles ,  254,  257. 

Seiilis,  261. 

Sens  ,  137  ,  263. 

Sopsaux ,  259. 

Soissons  ,  2G0 ,  268  et  siiîv. 

Soissy,  ou  Pont-à-Soissy,  on  Cholsy- 
le-Bac,  ou  Choisy-sur-Oise ,  267 
à  2G9. 

SuJly,  77,  160,  258 ,  266.  30         Y 

Thoury,  à  une  lieue  E.  de  Jeuville.  /  ".  ce 

mot  et  iGo. 
Toucques,  i32. 
Toul,  181  ,  253. 
Toiîivs,  14.5,  255. 
Troyes  ,  i36  ,  2i5  ,  209. 
Vailly,  260. 

V^iucouleurs,  181  à  i85,  253> 
Vaudemont,  i85. 
Verdun. 

Verneuil.  /'.  Tah, 
Vezelay,  i4^o. 
Viei7:on,  366. 
Ycnville.  J  .  Janvilie. 

FIN   DE    l'explication   P£S    CARTES 


17 

•'^9 

23 

48 

18 

47 

0  \ 

48 

21 

49 

23 

48 

23 

48 

23 

49 

i8 

48 

21 

47 

^9 

47 

pip:ces  justificatives. 

*/w%/v*.  ■«/vx/vw  •vx'V'wx 

PREMIÈRE  PIÈCE. 

Notice  d'un  Manuscrit  inédit  de  la  Biblio- 
thèque publique  de  Grenoble ,  contenant  les 
Poésies  d'Ant.  Astezan ,  d'Âst  en  Piémont. 

N.  B.  Cette  notice  ,  lue  au  Jycee  de  Grenoble  en  1800,  a 
été  imprimée  dans  le  Magasin  encyclopédique  de  M.  Millin  , 
8*  année  ou  1802,  tome  i»""  (i)  ;  mais  il  i'y  était  glissé  Leau- 
coup  de  fautes,  et  nous  y  avons  fait  aussi  plusieurs  additions. 

Nous  l'insérons  ici  parce  qu'on  y  trouve  divers  détails, 
soit  sur  Jeanne  d'Arc  ,  soit  sur  divers  personnages  ou  évé- 
nemens  dont  nous  avons  fait  mention  ci-devant. 


PREMIEPtE  PARTIE. 

Description  du  Manuscrit, 

A  la  première  colonne  de  la  première  page  de  ce  ma- 
nuscrit, on  lit  ce  titre  ,  écrit  en  lettres  routes: 

Ad  illuslrissimum  principem  et  excellentissimum  domi- 

(i)  Elle  fut  aussi  adressée  à  la  classe  de  littérature  et  beaux- 
arts  de  l'Institut,  dont  le  secrétaire  ,  M.  Viliars,  répondit,  le 
i^  avril  1802  :  "  La  classe  a  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  votre 
i>  notice....  On  a  même  arrêté  qu'elle  serait  renvoyée  à  la  com- 
)»  mission  chargée  d'examiner  et  recueillir  les  notices  et  extraits 
»  des  manuscrits  que  doit  publier  l'Institut.  C  est  une  justice 
»  qu'on  a  rendue  a  un  travail  bien  fait  et  digne  d'être  mis  au 
*  jour.  >* 


28o 


PIECES  JUSTIFICATIVES. 


niim^  dominum  Karohim^  ducem  Aurelianensem  et  Me- 
diolanensem  Antonii  Astezani  chls  Astensis  Uhellus  incipit 
de  admirabili  terre  motu  qui  in  regno  NeapoUtano  acci- 
dit  anno  Christi  millesimo  quadringenlesimo  guinf/uagesimo 
sexto  ^  die  quarto  derembris,  nec  non  de  apparitione  cru- 
cijîxi  apud  Capuam  dicti  regni  cioiiatem. 

Ce  titre  n'est  point  le  titre  propre  de  tout  le  manus- 
crit, mais  celui  seulement  de  l'une  des  pièces  qu'il 
contient,  pièces  dont  voici  la  table  : 

1.  Du  tremblement  de  terre  du  royaume  de  Naples, 
et  de  l'apparition  du  crucifix  à  Capoue.  Feuillet  i 

2.  Félicitations  sur  l'acquisition  de  Gênes,  adres- 
sées à  Charles  vu ,  roi  de  France.  6 

3.  Traduction  des  poésies  du  duc  d'Orléans.  9 
4..  Quatre  livres  d'élégies.                                        ii3 

5.  Trois  livres  d'épîtres  héroïques.  i35 

6.  Un  livre  sur  l'apparition  de  la  croix  à  Bayonne.  i53 

7.  Un  livre  intitulé  De  refunerea.  i55 

On  donnera  à  la  troisième  partie  une  notice  de  ces 
divers  ouvrages. 

A  la  Jtête  de  la  deuxième  colonne  de  la  première 
page,  on  lit  ces  mots  :  Ex  ïihris  Claudii  Expilly  (avec 
paraphe),  1607;  ce  qui. annonce  que  le  manuscrit 
a  appartenu  à  Expllly,  président  au  parlement  de  Gre- 
noble (2) ,  dont  la  bibliothèque  existe  en  grande  partie 
dans  celle  de  ta  ville  de  Grenoble  ,  formée  par  les  soins 

(2)  Expilly  a  pu  se  procurer  ce  manuscrit  pendant  divers 
voyages  qu'il  fit  en  Piémont,  et  notamment  en  1606,  époque 
où  il  fut  un  des  commissaires  chargés  de  régler  les  limites  de  la 
France  et  du  Piémont  du  côté  du  marquisat  de  Saluées.  (Voy. 
sa  çùe  ■;  par  Boniel;  p.  58.) 


PREMIERE  PIÈCE.  28 I 

du  savant  évêque  Caulet,  et  acquise  de  ses  héritiers  par 
plusieurs  de  nos  concitoyens. 

Le  manuscrit  est  en  très-beau  parchemin  de  32  cen- 
timètres de  hauteur  sur  24.  de  largeur.  Il  contient  i58 
feuillets  ou  3 16  pages  ;  chaque  page  est  divisée  en  2  co- 
lonnes de  32  à  34  lignes;  les  alinéa  y  sont  en  général 
séparés  par  un  assez  grand  espace.  Les  marges  des  côtés 
ont  13  2  centimètres  de  largeur;  la  marge  supérieure 
en  a  3  ,  la  marge  inférieure  7. 

Les  premières  pages  de  la  plupart  des  livres  que  nous 
avons  cités  sont  entourées  d'un  filet  d'or  et  d'une  bro- 
derie en  fleurs  peintes  en  or  et  en  diverses  couleurs. 
Quelques  autres  n'ont  une  broderie  que  dans  un  des  cô- 
tés ou  à  la  marge  supérieure  et  inférieure.  Les  premières 
lettres  des  principaux  alinéa  sont  de  grandes  majuscules 
dorées  et  peintes  alternativement  en  rouge  et  en  bleu  ; 
celles  des  autres  alinéa  sont  des  majuscules  moyennes 
en  bleu  et  en  rouge  sans  dorure  ;  celles  de  chaque  ligne 
sont  de  petites  majuscules  écrites  à  l'encre  ;  enfin  les 
lettres  ordinaires  ont  2  millimètres  de  hauteur. 

On  n'y  remarque  aucune  figure,  à  l'exception  d'un 
ange  supportant  les  armoiries  de  la  maison  d'Orléans, 
écartelées  avec  celles  de  Valentine  de  Milan  (3);  d'un 
paon  et  de  deux  oiseaux  de  chasse.  L'ange  se  trouve 
àans  la  première  lettre  de  la  traduction  des  poésies 
d'Orléans ,  et  les  oiseaux  dans  la  broderie  servant  de 
cadre  (feuillet  9). 

Il  ne  peut  guère  y  avoir  d'incertitude  sur  l'âge  de  ce 

(3)  Epouse  de  Louis,  duc  d'Orle'ans,  frère  de  Charles  vi , 
dont  nous  avons  parlé  ci-devant,  p.  10.  Elle  e'tait  fille  de  Jean 
et  sœur  de  Jean-  Marie  et  Philippe-  Marie,  derniers  ducs  de 
Milan,  de  la  maison  Galeas-Visconli.  (Voy.  aussi  p.  i53.} 


282  PIÈCES  J/USTIFICATIVES. 

manuscrit.  La  dernière  page  contient  deux  e'pitaphes  de 
Charles  vu,  roi  de  France,  mort  en  i4-6i  ;  l'impri- 
merie était  déjà  inventée.  Il  n'est  pas  vraisemblable 
qu'il  soit  beaucoup  postérieur  à  cette  époque. 

Quoiqu'il  y  ait  dans  ce  manuscrit,  comme  dans  ceux 
du  quinzième  siècle  ,  un  grand  nombre  d'abréviations  y 
avec  un  peu  d'attention ,  on  le  lit  très-aisément ,  parce 
que  les  lettres  sont  bien  formées  et  très-distinctes  les 
unes  des  autres. 

Toutes  les  recherches  qu'on  a  faites  jusqu'à  présent 
annoncent  que  ce  manuscrit  est  original.  Ce  qui  sem- 
blerait le  prouver,  c'est  que  Muratori ,  dans  sa  notice 
des  œuvres  d'Astezan  {Scripior.  rer.  italicamm,  t.  i4.  ♦ 
p.  1008),  ne  fait  aucune  mention  de  celles  que  nous 

allons  analyser Nous  ne  croyons  pas  non  plus  qu'on 

ait  publié  quelque  notice  de  ce  manuscrit. 

SECONDE  PARTIE. 

Notice  sur  Antoine  Astezan  et  ses  Ouvrages. 

Muratori  a  publié  dans  son  grand  ouvrage  (4-)  «n 
manuscrit  d'Astezan ,  intitulé  De  varietate  foriunce  (5  ) , 
et  Ta  fait  précéder  d'une  notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
de  ce  poète,  notice  qu'il  a  extraite  de  ce  même  manus- 

(4)  Rerum  italicarum  scri'ptores,  t.  i4  ,  p.  1007.  Muratori  fit 
des  recherches  sur  Astezan,  d'après  un  passage  de  l'histoire  de 
Savoie ,  où  Guichenon  met ,  au  nombre  des  écrivains  d'Ast , 
Antoine  Astezan  ,  poète  qui  a  e'crit  en  çers  élégiagues. 

(5)  La  bibliothèque  de  Turin  possède  un  2^  exemplaire  de  ce 
manuscrit.  Il  s'y  trouve  quelques  différences  de  copie!,  qu'on  a 
notées  dans  la  table  des  Mss.  de  cette  bibUolhèque ,  t.  2. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  283 

crit.  Nous  en  allons  donner  un  précis,  auquel  nous  join- 
drons quelques  observations. 

Antoine  Astezan,  poète  recommandable  pour  le  tems 
auquel  il  écrivait,  naquit  en  i4-i2 ,  à  Villeneuve-d'Ast , 
où  ses  ancêtres,  chassés  d'Ast  par  une  faction ,  s'étaient 
réfugiés  depuis  iSag.  S'il  faut  en  croire  ce  poète,  sa 
famille,  avant  cette  époque  fâcheuse  (6)  ,  était  distin- 
guée," et  par  sa  noblesse,  et  par  son  opulence;  mais 
elle  déchut  bientôt  de  sa  splendeur.  Pierre  Astezan, 
son  père,  scribe  public,  c'est-à-dire  chancelier  ou 
notaire  de  l'université  de  Villeneuve ,  et  qui  professait 
en  même  tems  la  grammaire  et  les  mathématiques,  l'en- 
voya, en  1^27,  à  Turin,  et,  en  1^29,  à  Pavie,  pour 
y  apprendre  la  grammaire  et  la  rhétorique.  Les  institu- 
teurs d' Astezan  furent  Yalla  ,  Yeggio  et  Antoine  Fer- 
rari, religieux  carme.  Les  deux  premiers  étaient  des 
littérateurs  célèbres  dans  leur  siècle. 

Astezan ,  craignant  d'être  attaqué  de  la  peste ,  quitta 
Pavie  en  i43i  ;  mais  le  même  motif  l'écarta  bientôt  de 
Gênes,  son  nouveau  séjour.  11  vint  alors,  suivant  le 
conseil  de  son  père,  se  fixer  à  Ast,  où  il  enseigna  la 
littérature. 

Muratori  ajoute  qu'il  ne  voit  pas  bien  clairement 
quelle  fut  ensuite  la  destinée  du  poète  d'Ast.  îl  induit 
d'un  passage  de  son  li^Te  que  le  duc  d'Orléans,  ayant 
recouvré  la  ville  d'x\st  vers  i/f^y?  le  nomma  capitaine 
du  château  de  Mont-Raynier,  et  son  premier  secrétaire 
tlans  cette  ville.  Enfin  il  pense  que  le  pocme  De  varie- 
iateforiunœ  a  été  composé  vers  Tan  i4.5o. 

Nous  allons  faire  quelques  observations  sur  cette  notice. 

(6)  C'est  à  cette  même  époque  que  cette  famille  fut  appele'e 
du  ncm  à' Astezan ^  à  cause  de  la  vijle  d'où  elle  e'talt  originaire. 


284  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

i»  Astezan  paraît  effectivement  être  né  en  14.12.  Dans 
notre  manuscrit  (  à  la  fin  du  i^"^  livre  des  élégies ,  f*^  122  ) , 
il  annonce  qu'il  a  atteint  sa  trentième  année,  et  l'épi- 
logue où  il  fait  cette  annonce  est  datée  de  il^.l^.i. 

2"*  Dans  lépitaphe  de  Pierre  Astezan,  son  père 
QMss.,f°  1 58),  Antoine  nous  confirme  que  Pierre  était 
de  famille  noble,  et  professeur  à  Villeneuve.  Il  ajoute 
qu'il  laissa  plusieurs  filles  et  quatre  fils  tous  très-écl  aires. 

3"  Antoine  Ferrari ,  religieux  carme ,  Tun  des  insti- 
tuteurs d' Astezan,  dont  il  était  compatriote,  venait 
d'être  nommé  évêque  de  Tortone,  lorsqu'il  mourut 
{Mss.,  fi  iSS). 

4."  Notre  manuscrit  nous  donne  sur  la  vie  d' Astezan 
quelques  détails  que  Muratori  ignorait.  C'est  à  Pavie 
qu'il  composa  la  plupart  de  ses  poésies  légères  (M55. , 
fi  122).  Il  abandonna  le  genre  badin  en  i44-i  -,  époque 
à  laquelle  il  se  maria  à  la  fille  de  Barthélémy  Carrari , 
chirurgien  d'Ast  {ihîd.  et  i56).  Il  fit  un  voyage  en 
France  vers  i4-5o  ,  et  il  y  resta  (principalement  à  Blois 
et  à  Tours)  pendant  les  années  i45i  et  i452  ,  ainsi  que 
nous  l'apprenons  de  plusieurs  lettres  héroïques  que 
nous  analyserons  à  la  troisième  partie.  Retourné  dans 
son  pays,  il  y  vivait  encore  à  la  fin  de  i46i ,  puisque 
notre  manuscrit  est  terminé  par  plusieurs  épitaphes  de 
Charles  yii,  mort  le  22  juillet  de  la  même  année. 

5°  Muratori  se  trompe  lorsqu'il  dit  (p.  1008)  que  le 
livre  De  iHirieiate  fortimœ  a  été  composé  par  Astezan 
vers  i45o.  Dans  le  chapitre  9*^  du  livre  i«^  de  cet  ou- 
vrage (p.  1019),  Astezan  fait  des  reproches  aux  Génois 
sur  ce  qu'ils  souffrent  que  leurs  filles  soient  très-fami- 
lières avec  les  garçons.  Il  leur  cite  une  aventure  dont 
il  a  été  témoin  en  France ,  auprès  d'Orléans.  Quod  ego 


PREMIÈRE  PIÈCE.  285 

çîdi  per  gallica  rura Ager  Aurelianensi  paiilum  semotus 

ab  urbe.  Comme  ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit ,  il  était  en- 
core en  France  en  1^52  ,  le  poème  publié  par  Mura- 
tori  est  d'une  date  postérieure. 

G''  C'est  encore  après  cette  époque  qu'Astezan  a  fait 
sa  traduction  latine  des  poésies  du  duc  d'Orléans ,  poé- 
sies qu'il  ne  connut  (ainsi  qu'il  le  dit,  feuillet  9)  que 
pendant  son  voyage  en  France. 

^'^  Astezan  n'a  pas  seulement  écrit  envers  élégiaques, 
mais  encore  en  vers  héroïques.  Dans  notre  manuscrit, 
ceux  de  sa  traduction  des  poésies  d'Orléans,  des  quatre 
livres  d'élégies,  du  livre  De  refunerea^  de  la  description  du 
tremblement  de  terre  de  Naples,  et  de  Tépître  à  Char- 
les VII  sur  l'acquisition  de  Gênes ,  sont  de  la  première 
espèce.  Ceux  des  trois  livres  de  lettres  héroïques,  et  de 
l'apparition  du  crucifix  à  Baïonne  ,  sont  de  la  seconde. 

8^  Le  marquis  de  Monlferrat  (ci-après,  note  16) 
l'avait  chargé  de  faire  un  poëme  sur  l'histoire  de  la  mai- 
son de  Paléologue.  Celte  commission  excita  l'envie 
d'un  jeune  poète ,  dont  les  calomnies  déterminèrent 
Astezan,  du  moins  il  le  dit,  à  suspendre  son  travail  déjà 
commencé  vers  14.48.  Réfléchissant  ensuite  que  ses  vers 
avaient  l'approbation  de  plusieurs  littérateurs  célèbres , 
tels  que  Veggio ,  Philelphe  et  Guarini ,  il  le  reprit  bien- 
tôt (il  parle  de  tout  cela  dans  la  7*  épître,  liv.  4  ^es 
élégies,  feuillet  129).  Il  n'est  pas  néanmoins  probable 
qu'il  l'ait  achevé ,  car  on  trouve  dans  une  de  ses  épîtres 
(ci-après,  note  3g)  un  fragment  sur  la  même  famille, 
qu'il  n'y  a  placé ,  selon  toute  apparence ,  que  pour 
tirer  quelque  parti  de  ce  qu'il  avait  fait. 

9°  Nous  allons  à  présent  hasarder  notre  opinion  sur 
le  mérite  littéraire  de  l'auteur  du  manuscrit. 


286  PIÈCES  JUSTIFiCAïiVES. 

Aslezan  nous  a  paru  un  bon  et  facile  versificateur, 
mais  un  poète  au  moins  médiocre.  Ses  ouvrages  sont  en 
général  aussi  abondans  en  mois  que  pauvres  en  idées. 
11  se  plaît  sur-tout  à  répéter  et  à  reproduire  sous  un 
grand  nombre  de  formes  la  même  pensée  ,  quelque 
commune  qu'elle  soit.  11  n'emploie  pas  avec  moins  de 
complaisance  les  comparaisons,  sans  s'inquiéter  si  elles 
sont  ou  ridicules ,  ou  disparates ,  ou  fausses ,  et  les 
siennes  le  sont  presque  toujours.  Un  citoyen  obscur, 
ou  tout-à-fait  inconnu  de  Gênes,  sera,  par  exemple, 
mis  bien  au-dessus  des  Pompées ,  des  Scipions ,  des 
Crassus;  les  vers  du  duc  d'Orléans  vaudront  mieux 
que  ceux  d'Ovide;  les  peintures  du  premier  barbouil- 
leur de  vitraux  d'églises  sont  au  moins  dignes  d' Ap- 
pelles ,  etc.  (7). 

Malgré  ces  défauts ,  nous  pensons  avec  Muratori 
qu'Astezan  est  un  écrivain  recommandable  pour  le  tems 
où  il  vivait. 

Observons  aussi  qu'il  était  versé  dans  la  littérature 
latine  ;  les  ouvrages  des  poètes  lui  paraissent  sur-tout 
très-familiers. 

TROISIÈME  PARTIE. 

Notice  des  diverses  Poésies  d'Astezan  contenues  dans  ce 
manuscrit. 

N°  I.  Livre  sur  le  tremblement  de  terre  qu'éprouva  le 
royaume  de  ISaples,  le  4  décembre  i4.56,  et  sur  l'ap- 
parition du  crucifix  à  Capoue  (i^"^  feuillet). 
Du  Tremblement  de  terre. 
^  Il  n'y  a  point  eu,  dit  Astezan,  de  si  grand  désastre 

(7)  Ces  comparaisons  sont  aussi  très-souvent  tirées  de  la  my- 


PREMIÈRE  PIÈCE.  287 

depuis  le  déluge  :  plusieurs  villes  ont  été  détruites  ;  plu- 
sieurs milliers  d'hommes  ont  péri.  Nous  rapporterons 
les  noms  de  toutes  les  villes  qu'il  annonce  avoir  été  ren- 
versées ou  submergées.  Cette  notice  peut  être  utile 
pour  l'histoire  de  Naples  (8). 

«  Urbs  Arianensis ,  Aliphi ,  Boiani ,  Sancta-Agatha , 
»  Asculus,  PaduUarum-Terra,  Castellonus,  Sanctus- 
3)  Maximus,  Fornellus,  Guardia,  Cerritum,  Fiesso- 
»  lonum,  Rocha-Vallis-Obscure ,  Voltorinum,  Cas- 
j)  trum— de -Sanguine  ,  Sanctus- Angélus,  Peschum, 
»  Castrum-Caramanici,  Turris-Comara,  Civitella , 
j)  Locus-Rippe  ,  Sanctus-Luppus ,  Casetinum  ,  Locus- 
i*  Carpinonum,  Bicheri,  Campus-Bassus,  Gomitatus 
»  (  pêne  totus  )  NoUisii ,  etc.  » 

Noms  des  pilles  à  qui  ce  tremblement  a  causé  de  grands 
dommages. 

«  Mechera,  Morchona,  Acerre ,  Sanctus-Germa- 
y»  nus,  Olivetum,  Pezolum,  Meon,  Capua,  Quinque- 

thologie.  «  Alcyone  et  Ceyx,  dit-il  à  Florida  (  ci-après ,  ëpît.  i6, 
du  no  zj,  )  ,  ne  se  séparaient  pas  avec  autant  de  douleur  que  je 
me  sépare  de  vous.  » 

«  Ceyx  ,  dit-il  à  Silanus  (  ci-après ,  ép.  3 ,  du  n^  5  )  ,  n'aimait 
pas  tant  Alcyone  ,  ni  Yphise  Yanthe ,  ni  Perse'e  Andromède , 
ni  Orphée  Eurydice ,  que  Philostrate  aime  Phanie.  » 

(8)  Nous  avons  parcouru  beaucoup  de  vieux  historiens  d'Ita- 
lie. Aucun  ne  donne  sur  ce  tremblement  de  terre  d'aussi  grands 
détails  qu'Astezan.  Ils  disent  en  général  qu'il  y  eut  un  grand 
nombre  de  villes  détruites,  et  ils  se  bornent  à  en  citer  quel- 
ques-unes. (  Voy.  à  ce  sujet  Annales  P lacent inl  ab  Antonio  de 
'Mipalta,  dans  Muratori  ,  t.  20,  p.  900  ;  Annales  Bonincontru , 
id.,  t.  21,  p.  iSg  ;  Giornali  Napolitani ^  id.,  p.  ii32;  Annales 
Forolmenses,  llîid.,  t.  3i,  p   2a4  ?  Histon'aNapolitana  Ludovici 


288  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

j)  Alte  -Ville  -  Comltis ,  CoUella-  Sancli  -  Framondi , 
n  Bénévent,..  « 

Quid  Beneoentanam  memorabo  cersiôus  urbem 
Cui  fuit  ex  tanta  parte  ruina  data 
Ut  non  immerito  Maleventi  nomine  diii 
Possit  ut  antiquo  t empare  dicta  fuit, 

«  Arpinum  (à  qui  il  ne  put  rien  servir  d'avoir  pro- 
w  duit  Cicéron  et  Marius)  ,  Nola,  Sora,  Salernus,  la 
i>  ville  fondée  par  Enée  ,  Canne ,  Sulmo ,  la  ville  où 
j>  est  né  Ovide.  » 

Le  tremblement  commença  deux  heures  avant  le 
jour,  et  decimo  unius  hore  dur  a  vit. 

La  ville  fut  presque  entièrement  détruite.  Astezan 
cite ,  entr'autres  édifices  renversés ,  plusieurs  églises 
et  un  mur  construit  par  les  Romains ,  mur  le  plus  an- 
cien qu'on  connût. 

Eveillés  par  la  commotion ,  les  habitans  se  sauvèrent 
dans  la  campagne ,  sans  se  donner  le  loisir  de  prendre 
leurs  vêtemens.  Dans  le  même  tems  une  tempête  af- 
freuse brisa  la  plupart  des  vaisseaux  qui  se  trouvaient 
dans  le  port;  et  les  eaux  des  puits  les  plus  profonds 
versèrent....  Il  remarque  aussi  que  de  toutes  les  cloches 
de  la  ville  il  n'y  en  avait  plus  que  septc^n  pussent  rendre 
des  sons. 

Tu  m  Pedicatus  detestahantur  iniçui  ^ 
Turpe  scelus ,  Domine ,  crimen  et  horriliîe  ;  . 
Iratumque  Deum  clamabant  esse  supremum , 
Propter  id,  atque  urbem  perdere  veïle  suam 

de  Rainio,  id.,  t.  23,  p.  a3i.)  Plusieurs  autres  chroniques  du 
tems  ne  parlent  point  de  ce  fle'au ,  mais  les  auteurs  ci-dessus 
s'accordent  à  le  peindre  comme  le  plus  épouvantable  dont  on 
eût  mémoire  et  dont  l'histoire  fil  mention. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  289 

Sicut  et  antiquo  submersit  tempore  binas , 
Urbes  ob  tantum  crimen  et  acre  s  celas  (9). 

Il  y  périt  cent  mille  âmes. 

Apparition  du  Crucifix. 

A  la  même  époque  (au  mois  de  décembre  )  le  Christ 
apparut  dans  les  airs  à  plus  de  vingt  mille  hommes  qui 
faisaient  une  procession  à  une  lieue  de  Capoue.  Il  était 
attaché  sur  la  croix  sainte  ;  sa  mère  était  à  ses  côiés!.... 
Qui  p'urrait  révoquer  en  doute  une  apparition  dont 
furent  témoins,  pendant  quatre  heures,  tous  les  habi- 
tans  d'une  grande  ville  (10)? 

A  cette  occasion,  Astezan  chante  une  espèce  de  can- 
tique où  il  rappelle  la  plupart  des  miracles  que  l'Ecri- 
ture nous  apprend  avoir  été  opérés  par  l'Eternel. 

Il  revient  ensuite  au  tremblement  de  terre  de  Naples, 
qu'il  attribue  à  la  colère  céleste ,  excitée  par  les  trois 
causes  suivantes  : 

i^  Les  vices  du  peuple  :  2°  le  parjure  du  roi,  qui  ne 
s'est  pas  servi ,  contre  les  infidèles,  des  décimes  accor- 
dées par  le  pape  ;  3°  son  usurpation  du  royaume  de 
Naples  sur  René  (11),  à  qui  il  appartenait. 

(9)  Ce  passage  ,  et  plusieurs  autres  que  nous  citerons  en  don- 
nant l'extrait  des  livres  suivans  (entre  autres  du  liv  i^r  Elegoruntj 
n°  2  ;  liv.  2,  nf"s  3,  4  e*  ^>  etc.)  montrent  que  les  mœurs  de 
ces  lems  étaient  plus  corrompues  que  certains  auteurs  ne  le 
pensent. 

(10)  Un  autre  auteur  parle  de  cet  éve'nement,  et  il  le  pré- 
sente plutôt  comme  un  phe'nomène  que  comme  un  miracle. 
Apparuere ,  dit-il ,  quatuor  stellœ  mirabiles  ab  oriente  in  occiden-r 
tem  fortiter  pergentes^  et  erant  quasi  in  modum  crucis.  (  Annales 
de  Ripalta ,  dans  Muratdri ,  t.  20,  p.  goS.) 

(11)  René  d'Anjou,  que  Jeanne  11,  reine  de  Naples,  avait 

19 


200  PIECES  JUSTIFICATIVES. 

Il  exhorte  enfin  Alphonse  à  accomplir  son  vœu  et  à 
restituer  les  Etats  par  lui  usurpés  ,  et  les  Napolitains  à 
renoncer  à  leur  vie  criminelle.  Peuvent-ils  se  plaindre 
d'un  désastre  dont  ils  avaient  été  prévenus  ainsi  que 
les  Ninivites  le  furent  du  leur  par  Jonas?  N'ont-ils  pas 
vu  plusieurs  fois  cette  année  une  comète  ?  La  queue  d'une 
comète  n'est-elle  pas,  selon  tous  les  devins,  un  signe  non 
équivoque  de  menaces  ? 

Cette  pièce  est  terminée  par  un  envoi  au  duc  d'Or- 
léans, et  est  datée  d'Ast,  le  i"  avril  i^^J. 

N°  II  (feuillet  6).Epître  de  féhcitation  adressée  à  Char- 
les VII,  au  sujet  de  l'acquisition  de  Gênes,  et  datée 
d'Ast,  le  23  mai  i4.58. 

Il  annonce  que  plusieurs  Génois  puissans ,  exilés  par 
la  faction  de  Frégose ,  doge  de  Gênes  ,  qui  dominait 
alors  dans  cette  ville,  avaient  invité  le  roi  d'Aragon 
(Alphonse  )  à  venir  s'en  emparer  ;  mais  que  la  flotte  de 
ce  monarque  avait  été  prévenue  par  celle  de  France  , 
commandée  parle  duc  de  Calabre  (Jean ,  fils  de  René 
d'Anjou)  ;  que  la  plus  grande  partie  des  habitans  ap- 
pelaient les  Frc^giçais ,  et  que  ceux-ci  leur  ayant  apporté 
des  vivres  (la  famine  y  régnait)  ,  avaient  été  très-bien 
accueillis  ;  que  le  doge  Frégose  leur  avait  remis  tous 
les  forts,  etc.  C'est  le  9  mai  soir  qu'eut  lieu  cette 
occupation. 

Quelques  jours  après  arriva  la  flotte  du  roi  d'Aragon. 

appelé  à  la  succession  de  ses  états.   Alphonse ,  roi  d'Aragon, 
s'en  empara  sur  lui  en  ï44i- 

René  d'Anjou  était  en  même  tems  duc  de  Bar;  c'est  lui  dont 
ona  parlé  ci-devant ,  note  243,  no  10,  p.  i85. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  29  I 

Astezan  prédit  à  son  amiral  qu'il  échouera  dans  ses  pro- 
jets, et  il  l'exhorte  à  s'en  retourner  dans  ses  ports  (12). 
Cependant  Thistoire  nous  apprend  que  Gênes  n'évita 
d'être  prise  que  grâce  à  la  mort  d'Alphonse  ,  arrivée 
le  23  juin  suivant. 

N»  III  (  feuillet  9  ).   Traduction   en   vers   latins  des 
poésies  du  duc  d'Orléans  (i3). 

Cette  traduction  est  précédée  d'un  prologue  où  As- 
tezan fait  le  plus  pompeux  éloge  du  duc  d'Orléans  , 
pour  avoir  composé  en  prison  la  plus  grande  partie 
d'un  si  bel  ouvrage.  Il  avait  souvent ,  dit-il ,  admiré 
Ovide ,  qui  avait  fait  ses  vers  en  exil  ;  son  admiration 
cesse  lorsqu'il  lit  ceux  du  duc  d'Orléans.  Il  se  félicite 
ensuite  de  Ihonneur  que  lui  procurera   sa  traduction. 

Nous  ne  dirons  rien  des  poésies  duduc  d'Orléans(i4.). 
Il  en  existe  un  manuscrit  à  la  Bibliothèque  royale  ;  et 
plusieurs  ouvrages  très-répandus  en  ont  donné  des  no- 
tices (i5).   La  traduction  d'Astezan  est  assez  fidèle  ; 

(12)  Nous  avons  fait  menlion  ,  ci-devant  p  82 ,  et  note  34g, 
p.  223,  de  l'expulsion  des  Français  et  de  leur  rentre'eà  Gènes- 
(  Voy.  aussi  Réi'olut.  de  Gènes  y  i^So ,  t.  i,  p.  270.  )  On  y  fixe  ce 
dernier  événement  au  11  mai  i458. 

(i3)  Charles  d'Orléans,  fils  de  Louis,  petit-fils  de  Charles  v, 
père  de  Louis  xii ,  et  grand-oncle  de  François  i^»^.  Fait  prison- 
nier à  Azincourt  (ci-dev.  p.  22  et  129),  il  ne  recouvra  sa  li- 
berté qu'en  \l\^\o.  Il  avait  des  droits  au  duché  de  Milan,  comme 
fils  de  Valentine;  mais  il  ne  put  obtenir  que  le  comté  d'Ast  (vers 
1447)' — Voy.  Villaret^  xv,  299,  l^\^ ,  et-ci-après  note  39. 

(i4)  Elles  sont  écrites  en  regard  de  la  traduction. 

(i5)  Académie  des  ïnscriplions,  t.  i3:  Bibliothèque  fiançaisf? 


392  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

mais  elle  n'a  ni  la  précision  ni  les  grâces  de  l'original. 
Le  passage  suivant  (  feuillet  78)  mettra  à  portée  d'en 
juger  : 

Le  temps  a  laissié  son  manteau 

De  vent  de  froidure  et  de  pluye 

Et  s'est  vestu  de  broderie 

De  soleil  raiant  clei*  et  beau 

Il  n'y  a  beste  ne  oiseau 

Qui  en  son  jargon  ne  chante  ou  crye 

Le  temps  a  laissié  son  manteau 

Rivière  fontaine  et  ruisseau 
Portent  en  llurée  jolye 
Gouttes  d'argent  d'orfèvrerie 
Chascun  s'abille  de  nouveau 
Le  temps  a  laissié  son  manteau 

Tempus  çuod  régnât  clamidem  dimisit  acerham 

Ventorum  nec  non  frigo  ris  ac  plucie. 

Et  comptas  Claris  radiis  solaribus  atque 

Formosis.  Vestes  induit  inde  novas 

Non  est  nunc  aies  ;  non  est  nunc  bellua ,  quœ  non 

Cantet  vel  clamet  more  sonoque  suo  : 

Tempus  quod  régnât  clamidem  dimisit  acerham 

Ventorum  nec  non  frigoris  ac  plucie. 


de  Goujet,  t.  9;  Annales  poétiques,  t.  i;  Nouvelle  Bibliothèque 
des  Romans,  2e  année,  t.  3,  p.  104. 

N.  B.  Depuis  la  première  édition  de  cette  notice ,  M.  P.  V. 
Chalvet,  professeur  d'histoire  et  bibliothécaire  de  Grenoble, 
dont  les  lettres  et  l'amitié  pleurent  la  mort  prématurée  (1807),  a 
publié  les  Poésies  de  Charles  d'Orléans ,  telles  qu'elles  sont  dans 
notre  manuscrit  (in-12,  Grenoble,  i8o3) Le  passage  ci- 
dessus  est  à  la  page  îDy.  Au  commencement  du  volume  est  un 
précis  sur  la  vie  de  Charles. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  290 

Et  fluçii  ei  fontes  et  rivi  in  signa  jocoste 
Latitiœ  varia  nunc  tcgumcnta  ferunt. 
Argenti  çario  textas  ex  ordine  guttas. 
Assumil  i^esies  nunc  sibi  quisque  nôças. 
Tempus  quod  régnât  clamidcm  dimisit  acerbam 
Ventorum  nec  non  fn'goris  ac  pluvie. 

La  traduction  de  ces  poésies  occupe  les  deux  tiers 
du  manuscrit;  l'autre  partie  contient  quatre-vingt-quinze 
pièces  de  vers  sur  différens  objets.  La  plupart  d'entre 
elles  ne  méritent  pas  une  notice ,  il  suffira  d'en  indi- 
quer le  sujet;  nous  ne  nous  arrêterons  qu'à  celles  qui 
offriront  quelque  passage  remarquable. 


N°  IV  (feuillet  ii3).  Elégies.  Livre  i".  16  Pièces. 

I.  Epître  à  Jean-Jacques,  marquis  de  Montferrat  (16), 
à  qui  Astezan  adresse  ses  poésies  dans  l'objet  d'exciter 
sa  gaîté. 

. . .  Lege  et  risum  cape  prestantissime  princeps 

Si  mea  sunt  risu  carmina  digna  tuo. 

2  A  Florida  de  Pavie,  sa  maîtresse.  Invitation  de  céder 
à  l'amour.  «Ne  crains  point,  lui  dit-il,  qu'on  s'aperçoive 
de  notre  affection  :  je  trouverai  quelque  vieille  matrone, 

(16)  Jean- Jacques  Pale'ologue,  d'une  branche  cadette  de  la 
maison  impe'riale  de  Constantinople,  souveraine  du  Montferrat 
depuis  i3o6.  Il  était  fils  de  The'odoie  11,  dont  nous  avons  parlé 
note  349,  p-  223.  De'pouille'  de  ses  e'tats  en  i43i  ,  par  Philippe  - 
!Marie  Visconti  (  ci-dev.  note  3,  p.  281) ,  il  les  recouvra  en  i433j 
et  mourut  en  i445.  Astezan  (11  l'annonce,  feuillet  127)  lui  de'dia 
le  i<=i"  livre  des  éle'gies,  et  les  trois  autres  à  Jean  ,  Théodore  et 
Bonifare ,  ses  enfans  (  ci-après /?tf/<?j-  18,  19  et  20),..  Les  dédicaces 
sont  dans  les  premières  épîtres  de  chaque  livre. 


'2g 4  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

rusée  et  fidèle  ,  qui,  séduite  par  mes  présens,  pourra 
servir  d'intermédiaire  à  notre  correspondance.  » 

Ne  super  hoc  timeas.  Vetulam  cautam  aiguë  fidelem 

Inçeniam  ,  precio  protinus  ïpse  meo  , 

Quœ  mandata  gueat  nostrum  utriusque  referre. 

3.  Au  jeune  Gallus.  Il  lui  apprend  comment  il  doit 
se  conduire  pour  se  faire  aimer  de  Philomène.  Il  lui 
conseille  sur-tout  d'user  de  ruse  ,  et  de  se  méfier  de  sa 
belle  lorsqu'elle  lui  demandera  de  l'argent.  Il  lui  ra- 
conte à  ce  sujet  une  aventure  plaisante  arrivée  au  cé- 
lèbre Crassus. 

L'épouse  d'un  pauvre  laboureur,  dont  il  était  épris  , 
lui  accorda  un  rendez-vous,  du  consentement  de  son 
mari.  Elle  exigea  seulement  qu  il  lui  payât  d'avance  les 
cent  sesterces ,  prix  de  son  infidélité ,  et  qu'il  quittât 
ses  habits  en  arrivant  chez  elle.  Le  laboureur  revêtit 
les  habits  de  Crassus,  et  se  rendit  à  son  palais  au  mi- 
lieu de  la  nuit.  Il  éteignit  avec  adresse  les  flambeaux 
qu'une  esclave  apportait  à  son  arrivée.  Craignant  en- 
suite que  le  son  de  sa  voix  ne  le  dévoilât  à  l'épouse  du 
riche  luxurieux,  il  la  forr.a  de  se  taire  en  répondant 
par  quelques  coups  aux  douceurs  que  dans  son  erreur 
elle  lui  débitait.  Il  vint  remettre  enfin  à  leur  place  les 
habits  dérobés ,  avant  que  Crassus  eût  quitté  le  lit  qu'il 
souillait.  Crassus  ne  se  douta  de  la  revanche  qu'on  ve- 
nait de  prendre  qu'aux  questions  ingénues  que  lui 
adressa  son  épouse  sur  son  silence  obstiné  ,  sa  colère 
et  ses  transports  amoureux  de  la  nuit  précédente. 

4-.  Epitaphe  de  la  chienne  de  Jean-Jacques,  mar- 
quis de  Montferrat. 

5.  Epitre  à  Sorica ,  qui  méprisait  son  amant. 

6.  Epitaphe  du  singe  de  Barthélemi  Vicomte ,  évêque 


PREMIÈRE  PIÈCE.  295 

de  Nôvare,  (nommé  en  1^29,  mort  en  1457...  Voy. 
Italia  sacra ^  ci-dessous,  note  17  )• 

7.  Epître  à  Jean  Mutias,  de  Gênes,  ami  d'Astezan. 

8.  A  Philomène,  sur  ce  qu'elle  ne  Toalaitpas  regar- 
der G  allas  ,  son  amant. 

9.  Salut  à  la  maison  de  Florida. 

10.  Epître  à  Florida.  Remercîmens  de  ce  qu'elle 
a  reçu  les  présens  et  porté  les  bouquets  de  lauteur... 
Vœux  pour  la  matrone  qui  a  persuadé  Florida. 

11.  A  JEnéas  Silvius  Piccolomini,  de  Sienne,  poète 
et  orateur. 

<f  Pendant  qu'éloigné  de  nos  pays,  lui  dit-il,  vous  êtes 
absorbé  par  les  affaires  les  plus  importantes  ,  Cintbie  , 
votre  maîtresse ,  que  vous  préférez  à  toute  autre  (17)  y 

(17)  ^néas  Silvius,  né  en  i4oo,  à  Corsiniano ,  près  de  Sienne, 
fut  secrétaire  de  plusieurs  prélats  au  concile  de  Bàle  ,  et  notam- 
ment de  l'évêque  de  Novare  ,  dont  notre  poète  a  loué  ci-devant 
\e  singe.  Il  revint  avec  lui  à  Novare,  où  il  est  probable  qu'il  se 
lia  avec  Astezan.  Après  avoir  été  employé  dans  une  foule  d'af- 
faires importantes  ,  il  fut  successivement  évêque  ,  cardinal ,  et 
enfin  pape  en  «458,  sous  le  nom  de  Piz  il.  (Voy.  Italia  sacra , 
Rome,  i652,  t.  4,  p-  981;  Gesta  pontificum  ^  par  Pabtjus,  Ve- 
nise, 1688,  t.  3  ,  p.  583;  PU  II  Commentarii ^  etc.,  par  Jean 
Gobelin  ,  i6i4  ,  p-  2  ) 

La  petite  épitre  d'Astezan  nous  apprend  une  anecdote  que 
nous  avons  vainement  cherchée  dans  la  vie  de  cet  homme  cé- 
lèbre ,  et  dans  plusieurs  ouvrages  relatifs  à  l'histoire  des  papes... 
Il  parait  même,  par  les  expressions  d'Astezan,  que  Cintliie 
n'était  pas  la  seule  maîtresse  d'^ïneas..  .  ]Mais  il  est  juste  d'ob- 
server que  cela  se  rapporte  à  une  époque  { vraiseraLlablemeut 
de  i43o  à  i44o)  où  M.i\izs  Silvius  n'avait  pas  été  promu  et  ne 
devait  guère  espérer  de  parvenir  aux  dignités  ecclésiastiques,  qu'il 
remplit  avec  tant  d'éclat  dans  la  suite. 

Rappelons  aussi  qu'/Enéas  Silvius  a  fait  l'éloge  de  Jeanne 
d'Arc  (Voy.  ci-dev.  note  384,  P-  23;.) 


296  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

a  été  atteinte  d'une  maladie  dangereuse  à  laquelle  elle 
a  échappé  ,  grâce  à  mes  soins.  » 

12.  Contre  un  orfèvre  qui,  par  ses  mauvais  propos, 
troublait  Astezan  dans  son  amour  pour  Florida. 

Bacchus  voulut  que  tout  ce  que  toucherait  Midas  se 
changeât  en  or  :  <f  Puisse,  s'écrie  le  poète,  puisse  Cupi- 
don  tinfliger  un  supplice  inverse ,  et  que  tout  l'argent 
ou  or  que  tu  travailleras  se  change  en  fumier!  » 
In  çilem  çcrlat  mox  tua  dextra  Jimum  ! 

i3.  Eloge  de  la  belle  et  jeune  Hippia. 

i4^.  A  Cupidon...  Plainte  de  ce  qu  il  est  malheureux 
dans  son  amour  pour  Florida. 

i5.  A  la  jeune  Adamas...  Après  des  détails  sur  sa 
beauté  ,  est-il  étonnant ,  lui  dit-il ,  qu'on  vous  nomme 
D/a772tt«/  (Adamas)  ?  Veuillez  au  moins  ne  pas  avoir  la 
dureté  de  cette  pierre  précieuse  ,  dureté  qui  est  si 
grande,  qu'aucun  métal  ne  peut  briser  le  diamant.  (  Il 
n'y  a,  ajoute-t-il,  que  le  sang  de  bouc  qui  ait  la  propriété 
de  le  dissoudre.) 

16.  Plainte  sur  le  départ  de  Florida. 

N"  V  (feuillet  117).  Livre  2.  7  Pièces. 

1.  Epître  à  Jean,  fils  aîné  de  Jean-Jacques,  mar- 
quis de  Montferrat  (18).  Astezan  lui  envoie  ses  vers 
pour  le  distraire  des  soins  du  gouvernement. 

2.  Fable  adressée  à  un  goutteux...  Il  a  pour  but  d'y 
prouver  que  la  goutte  attaque  ordinairement  les  riches. 
Il  y  délaie  dans  cent  vingt  vers  l'ancienne  fable  de 
la  goutte  et  de  l'araignée ,  si  bien  rendue  depuis  par  La 
Fontaine  avec  trois  fois  moins  de  mots. 

(18)  Jean  iv,  marquis  de  Montferrat  après  son  père  Jean- 
Jacques.  Il  mourut  en  i4^4- 


PREMIÈRE  PIECE.  297 

3.  Fpître  au  jurisccn>ul  e  Sllanus.  Il  l'entretient  du 
mariage  de  Phanie  et  Philostrate ,  qui  s'aimaient  ar- 
demment. 

4..  Epître  au  prince  Boniface  de  Montferrat  (19)  , 
contenant  le  récit  de  ce  qui  s'est  passé  aux  noces  de 
Cassius  et  de  Sentiola. 

Un  ami  de  Cassius  le  fit  cacher  après  le  repas  dans 
la  chambre  de  son  beau-père,  où  sous  un  prétexte 
adroit  il  engagea  Sentiola  à  se  réfugier.  Le  frère  de 
l'épouse,  instruit  de  l'aventure,  présenta  une  jeune 
et  belle  sei^ante  aux  conviés,  nolens  sodales  expertes  ve~ 
neris  esse  siios.  Il  paraît  qu'Astezan  était  du  nombre. 

5.  Epître  au  médecin  Bombelle  de   Ceva Récit 

d'une  autre  anecdote. 

On  envoya  des  troupes  à  Ceva,  qu'on  craignait  de 
voir  attaquer.  Cette  ville  jouissait  depuis  long-tems  d'une 
paix  profonde.  Un  nommé  Cormitus,  qui  n'avait  jamais 
vu  des  getis  de  guerre ,  s'imagina  à  l'aspect  des  nou- 
veaux-venus qu'ils  sortaient  armés  du  sein  de  leur  mère. 
Charmé  de  cette  décoration ,  il  désira  vivement  d'a- 
voir un  enfant  qui  en  fut  revêtu.  Dans  cet  objet ,  il 
prie  un  soldat 

Uxorem  graçîdam  reddat  ut  ipse  suam. 

Le  soldat  crut  d'abord  que  c'était  une  plaisanterie, 
et  il  n'accepta  la  proposition  que  lorsque  Cornutus  lui 
eut  donné  de  l'argent. 

Uxor  cui  notas  s  impie  x  erat  ipse  maritus 
Gaudei  in  ampîexus  posse  subire  novos. 
Presertim  quoniam  informis  gracilisque  maritus 
Non  pot  erat  çenerem  sat  satiari  suam. 

(19)  C'est  vraisemblablement  Boniface  y,  marquis  de  Mont- 


298  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

Mais ,  pour  obtenir  cet  enfant  désiré ,  il  fallait  en- 
core que  la  femme  se  soumit  à  une  condition  difficile  : 
qu'elle  résistât  pendant  deux  jours  à  un  besoin  im- 
périeux. 

Miles Comuto  dicit  :  ui  uxor 

Concnbitu  pregnans  sit  sua  fada  nopo 
Ut  puerum  armatum  paritura.  Sed  est  necesse 
Per  biduum  conjux  mingat  ut  l'psa  nihil  ^ 
Nam  si  fors  conjux  urinam  emiserit  y  unà 
Emittet  pueri  se  mina  jacta  sui 

Fidèle  à  cet  avis,  le  howComutas  ne  perd  pas  de 
vue  sa  femme.  Malheureusement  il  est  obligé  de  sortir 
avant  la  iin  du  deuxième  jour,  et  sa  femme  va  satis- 
faire dans  son  jardin  le  besoin  dont  elle  était  tour- 
mentée. Un  limaçon  venait  de  naître  au  même  lieu. 
Cornutus  ^  à  Taspect  de  ses  cornes,  simagine  que  c'est 
le  fruit  qu'il  attendait;  il  se  désole  sur  ce  que  le  même 
instant  a  vu  naître  et  périr  son  enfant  armé.  Il  mande 
tous  les  prêtres  de  Céva  pour  célébrer  ses  funérailles; 
les  prêtres  ,  irrités,  et  croyant  que  Cornutiis  les  joue,  se 
saisissent  de  Timbécille  et  lui  infligent  un  rigoureux 
supplice. 

6.  A  l'abbé  de  Saint-Quentin.  Fable  dont  voici  le 
sujet  :  Pourquoi  la  fortune   est  si  favorable  à  certains 

hommes,  et  si  contraire  à  d'autres? Elle  n'a   pas 

moins  de  cent  cinquante-quatre  vers. 

7.  Titre  de  cette  pièce  : /«  pcdicones.  Quod  pedica- 
ius  virîum  non  sohim  In  homine  sed  etîam  in  helluaturpe  est. 

«  Comment,  s'écrie  Astezan,  éviteraient-ils  la  puni- 
tion due  à  leur  crime ,  lorsque  Dieu  l'inflige  aux  ani- 

ferr:^t  en   i483,  après  ses  frères  Guillaume  vii  et  Jean  iv,  et 
par  conse'quent  troisième  fils  de  Jean-Jacques  Paléologue. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  291) 

maux  mêmes  qui  s'en  som  rendus  coupables  ?  Et  il  cite 
à  ce  sujet  magnus  qui  geminos  asimis  vitiârai  aselLos  ^ 
qu'un  énorme  morceau  de  grêle  tua  sur  la  place.... 
Cela  est  arrivé  récemment ,  dif-il,  au  mois  de  juillet  , 
la  septième  année  du  pontificat  d'Eugène  lY  (en 
i438).  » 

8.  Astezan  avertit  que  s'étant  marié  en  i4.4i  1  <^t 
ayant  atteint  sa  trentième  année  ,  il  abandonne  la  poé- 
sie gaie  pour  la  poésie  sérieuse. 

N«  VI  (feuillet  122).  Livre  3^.  26  Pièces. 

i.Epître  à  Théodore  de  Montferrat ,  protonotaire 
du  Saint-Siège  (20)...  Il  lui  annonce  qu'il  avait  adressé 
un  grand  nombre  de  vers  à  un  grand  nombre  de  personnes, 
pour  se  faire  nommer  professeur  de  rhétorique  à  Gênes, 
ou  être  chargé ,  sous  une  récompense ,  de  chanter  les 
grands  hommes  de  cette  ville  célèbre.  Le  duc  d'Or- 
léans est  heureusement  venu  dans  ce  pays  (21).  La 
réputation  d'Astezan  a  pénétré  jusqu'à  ce  prince,  qui 
n'a  pas  voulu  que  le  poète  en  fût  réduit  à  être  obligé  de 
quitter  sa  patrie  ;  mais  l'a  mis  en  état ,  par  ses  lar- 
gesses, d'habiter  où  bon  lui  semblerait. 

Les  25  pièces  qui  suivent  sont  adressées  au  doge , 
au  capitaine ,  au  chancelier ,  à  plusieurs  sénateurs ,  no- 
bles (22) ,  et  jurisconsultes  de  Gênes.  Il  fait  l'éloge  de 

(20)  Théodore,  quatrième  fils  de  Jean- Jacques  Paléologue  , 
fait  cardinal  en  i4<î4  >  mort  en  1481.  (Voy.  Fasti  Cardinalium , 
Venise,  1701,  t.  2,  p.  35i.) 

(21)  II  était  dans  le  comté  d'Ast  vers  144?  et  i448.  (Voy.  Vîl- 
iarei ,  xv,  44^;  Monstreîet  ^  1.  3,  f.  5.)  . 

(22)  Tels  que  les  Doria ,  les  Fiesque,  les  Fre'gose  ,  les  Lo- 
mellini ,  les  Spinola  ,  les  Vivaldi. 


3oO  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

tous  ;  il  les  compare  aux  Grecs  et  aux  Romains  les 
plus  célèbres  ;  il  leur  dit  qu  il  leur  porte  la  plus  vive 
affection  ;  mais  bientôt  le  bout  d  oreille  perce  :  c  est  un 
emploi  de  lecteur  ,  de  professeur  ou  d  historien  qu  il 
réclame.  Et  enfmil  se  restreint  à  obtenir  au  moins  des 
secours  qui  le  mettent  en  état  de  faire  le  voyage  de 
Gênes  (23) ,  ou  qui  réchauffent  sa  muse.  Reconnais- 
sant de  leurs  services ,  il  portera  jusques  aux  cieux  les 
noms  de  tous  ces  Génois,  les  rendra  immortels  par 
ses  vers,  en  fera  des  milliers  pour  eux,  etc.  (24). 

Aucune  de  ces  pièces  ne  mérite  une  mention  parti- 
culière (25). 

(23)  Il  invite  (f.  126)  les  sénateurs,  s'ils  lui  accordent  une  place, 
à  l'en  informer  d'avance,  afin  qu'il  mette  ordre  k  ses  affaires: 

Tante  namque  vie  nolim  perferre  laborem 
Aut  sumptum ,  nisi  sim  certior  ante  rei. 

Et  il  ajoute  plu;  bas: 

Vercor  si  hâc  tempe state  çenirem 
Ne  frustra  tantum  conficeretur  iter. 

C'est  le  passage  des  Apennins,  qui  parait  si  effrayant  au  poète; 
Il  a  de'crit  dans  la  suite  ce  passage  au  poé'me  De  Varietate  For- 
tunée y  lib.  I,  cap.  II,  et  il  y  reproduit  les  mêmes  idées. 

Heuï  heu\  quale  mihi  tumfuit  illud  iter. 
Credo  me  tantos  nunquam  potuisse  labores 
Nec  tam  difficiles  sustinuisse  vias. 
Cependant  il  n'y  a  qu'une  vingtaine  de  lieues  d'Ast  à  Gênes. 

(24)  Te  carminé  ad  astra  feram . .  .faciam  arbitrio  carmina  mille 
tua Ces  offres  sont  presque  à  chaque  feuillet  des  livres  3^ 

et  4'=- 

(aS)  On  pourrait  néanmoins  citer  une  maxime  dont  il  se 
sert  (feuillet  124)  pour  consoler  le  doge  des  attaques  de  l'en- 
vie :  «  On  ne  peut  jamais  obtenir  de  la  gloire  sans  y  être  ex- 


*  / 


PREMIERE  PIECE.  JOI 

N»  VII  (feuillet  128.)  Livre  4.^  14.  Pièces. 

La  plupart  des  pièces  de  vers  contenues  dans  ce 
livre  renferment  aussi  des  demandes  de  secours  ,  des 
protestations  d'amitié  et  de  soumission,  des  éloges,  etc., 
adressés  à  des  Génois,  au  marquis  de  Montferrat  (26), 
au  comte  d'Angoulême,  au  cardinal  de  Chypre  (27), 
au  prince  de  Piémont ,  au  chancelier  de  Savoie  ,  ant 
duc  d'Orléans ,  à  l'envoyé  des  Milanais....  Dans  les 
deux  dernières,  dont  l'une  fut  débitée  au  même  duc, 
à  Villeneuve  d'Ast,  le  poète  félicite  les  habitans 
d'Ast  et  de  Milan  ;  les  premiers,  de  ce  qu'ils  ont  ac- 
quis le  duc  d'Orléans  pour  souverain  ;  les  seconds  ,  de 
ce  qu'ils  veulent  le  reconnaître. 

Ce  4-*^  livre  est  daté  d'Ast,  en  14.4.8  (28). 

!N°  VIII  (feuillet  i35).  Lettres  héroïques.  Liv.   1". 
3  Pièces. 

I.  A  Charles  VII.  Eloge  de  ce  prince....  Astezan  lui 
dédie  ce  livre ,  et  le  félicite  de  ce  qu'il  a  recouvré  dans 

posé  ;    elle  s'attache  à  la  gloire  comme  la  rouille  au  vieux  fer.  >» 

£7/  sequitur  ferrum  mordax  rubigo  çetustum  , 
Virtutem  liçor  sic  solet  ipse  sequî. 

(26)  C'est  dans  celle-ci  qu'il  parle  du  poëme  indiqué  ci-dev. 
partie  2 ,  n»  8,  p.  285. 

(27)  Jean,  comte  d'Angoulême,  fils  de  Louis,  et  frère  cadet 
de  Charles,  duc  d'Orle'ans  (ci-dev.  note  i3  ,  p.  291)  ,  et  grand- 
père  de  François  l^"^.  (Voy.  Anselme,  Généalogies  de  France, 
1726,  t.  I,  p.  209.) 

Hugue  de  Lusij^nan ,  frère  du  roi  de  Chypre ,  cardinal  en  1426, 
mort  en  i44^'  (  ^  oy-  Fasti  Cardinalium  ^  1701,  t.  3,  p.  2o3.) 

(28)  Ici  et  dans  les  lettres  suivantes  Astezan  prend  la  qualité 
de  premier  secrétaire  du  duc  d'Orléans. 


3o2  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

une  année  la  Normandie  et  tout  récemment  la  Guien- 
ne  (29)...  II  espère  que  bientôt  par  la  prise  de  Calais  , 
il  purgera  d'ennemis  le  territoire  français... 

2.  Au  duc  d'Orléans. 

Cette  épître  contient  une  histoire  abrégée  de  la  vie 
de  Jeanne  drArc  jusqu'au  siège  d'Orléans.  Nous  nous 
y  arrêterons  beaucoup  plus  qu'aux  autres  ouvrages 
d'AstezanÇparce  qu'elle  sert  en  quelque  sorte  de  pièce 
justificative  à  plusieurs  points  du  nôtre.  Le  témoignage 
d'Astezan  peut  être  de  quelque  importance  :  il  écrivait 
en  1^35,  cinq  ou  six  ans  après  les  aventures  de  Jeanne 
d'Arc,  et  sa  place  de  premier  secrétaire  du  duc  d'Or- 
léans le  mit  dans  la  suite  à  portée  de  s'assurer  de  l'exac- 
titude de  son  récit. 

Jeanne  d'Arc  naquit  le  jour  de  l'Epiphanie ,  dans 
un  village  situé  auprès  de  la  frontière  de  Champagne  , 
de  parens  honnêtes  et  pieux.  Ce  jour  même  les  ha- 
bitans  de  ce  village  ,  agités  d'une  joie  dont  la  cause 
leur  était  inconnue ,  coururent  çà  et  là  et  chantèrent 
pendant  deux  heures.  On  donna  à  la  Pucelle  le  nom 
d'une  fontaine  sainte  du  lieu. 

Son  père  lui  confia  de  bonne  heure  (à  sept  ans )  la  ' 
garde  de  ses  troupeaux.  Elle  s'acquittait  un  jour  de  ce 
soin  (  elle  avait  alors  douze  ans  ),  lorsque ,  à  l'invitation 
d'une  bergère  ,  elle  se  rendit  dans  un  pré  où  ses  com- 
pagnes se  défiaient  à  la  course.  La  sienne  fut  si  rapide 
qu'on  s'écria  d'une  commune  voix  que  ses  pieds  ne  pa- 
raissaient pas  toucher  la  terre.  Pendant  qu'elle  se  repo- 
sait de  ses  fatigues ,  un  jeune  homme  lui  apparut  et  lui 

(29)  La  Normandie  fut  recouvrée  en  i449  c*  i45o,  et  la 
Guienne  en  i45i.  (  Voy.  ci-dev.  note  34? j  P-  222  ;  Villaret,  \v, 
455  et  suiv.  ;  xvj  ,  27  et  suiv.) 


PREMIÈRE  PIÈCE.  3o3 

dit  de  se  rendre  auprès  de  sa  mère,  qui  la  demandait. 
Persuadée  que  c'était  son  frère  ou  quelque  voisin  qui 
lui  transmettait  cet  ordre  ,  Jeanne  s'acheminait  vers  la 
maison  paternelle,  quand  tout-à-coup  sa  mère  lui 
vint  au-devant  et  la  querella  de  ce  qu'elle  abandonnait 
son  troupeau.  Jeanne  ,  surprise  ,  retourna  sur  ses  pas. 
A  l'instant  les  nuées  devinrent  étincelantes  ,  et  une 
voix  en  sortit  qui  lui  dit  qu  il  fallait  changer  de  vie  : 
que  Dieu  T avait  choisie  pour  sauver  le  royaume  de 
France  ,  qu'elle  eût  à  se  rendre  auprès  de  Charles  vu, 
et  à  lui  enjoindre  de   se  conformer  à  ses  avis. 

Jeanne ,  étourdie  de  cette  vision ,  qu'elle  se  rap- 
pela souvent,  garda  néanmoins  le  silence  pendant  près 
de  cinq  ans  (3o).  Sur  ces  entrefaites,  les  maux  des  Fran- 
çais parvinrent  à  leur  comble  ;  la  même  voix  se  fit 
encore  entendre  et  adressa  à  Jeanne  des  reproches  sur 
sa  négligence. 

Quelque  positif  que  fût  cet  ordre  ,  Jeanne  était  in- 
décise. Elle  repassait  dans  son  esprit  les  obstacles 
qu'elle  aurait  à  surmonter:  par  exemple  ,  elle  ne  con- 
naissait ni  le  roi ,  ni  le  chemin  qu'il  fallait  suivre  pour 

arriver  jusqu'à  lui «  Dieu  le  veut  ainsi,  s'écrie 

«  alors  la  voix:  va-t'en  dans  la  ville  de  Champagne  , 
w  la  seule  qui  soit  restée  fidèle  au  roi  ;  le  gouverneur 
»  te  conduira  à  ce  prince  (3i).  » 

(3o)  Ainsi,  selon  Astezan  ,  elle  avait  dix-sept  à  dix- huit  ans 
lorsqu'elle  se  rendit  auprès  de  Baudricourt  ;  ce  qui  s'accorde 
avec  sa  déclaration.  (Voy.  ci-devant  no/e  242,  n»  i,  p.  177.) 

(3i)  Ce  re'cit  des  visions  de  Jeanne  est  différent  de  ceux  des 
auteurs  et  des  procédures  :  nouvelle  preuve  que  le  merveilleux 
qu'on  a  mêlé  à  son  histoire  était  le  fruit  de  l'imagination  de  se* 
contemporains.  (Voy.  ci-dev.  noU  ^43,  n"  i4,  p-  iBS) 


3o4  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

Jeanne  cède  enfin.  Elle  se  rend  auprès  du  gouver- 
neur ,  qui ,  soit  qu'il  fût  mû  par  un  motif  d'humanité , 
soit  qu  il  eût  élé  averti  par  quelque  ordre  divin  ,  lui  fit  un 
bon  accueil  (82) ,  et  la  conduisit  au  roi  sans  qu'il  lui 
arrivât  le  moindre  accident,  quoiqu'il  eût  pris  son  che- 
min à  travers  les  ennemis  (33). 

Illius  adçenfum  rex  senserat.  Aique  suorum 
Consilio  procerum  minime  decreçerat  il' a  m 
Audire  an  le  dies  très  (34)  dum  venisset  ad  ipsum. 

A  peine  Jeanne  approche,  que  les  cœurs  de  tous  ces 
conseillers  ^ont  changés  :  elle  est  approuvée  par  des 
théologiens. 

Post  hœc  rex  prudens  astutè  fungitur  ej'us 
Colloguio  ut  meliits  nympham  dignoscere  passif. 
Mox  per  non  nullas  mulieres  queerit  honestas 
Ipsias  mores  agnoscere  çirginis  omnes. 
Omnibus  in  rébus  virgo  reperitar  honesta. 

Non  content  de  cette  enquête  ,  Charles  ordonne 

■ Quadraginta  diebus 

Illam  sen>ari  mulieres  inter  honestas. 

Et  l'on  reconnaît  que  Jeanne 

Nulla  penitus  leçitate  movetur  (35). 

Il  l'envoie  alors  secourir  Orléans,  assiégé  depuis  long- 

(32)  Au  contraire  ;  il  la  rebuta  d'abord.  (  Voy.  ibid. ,  n©  8  , 
p.  184.) 

(33)  Ce  ne  fut  point  Baudrîcourt  qui  la  conduisit,  (Voy.  ib.^ 
n»  10.) 

(34)  Ceci  confirme  l'observation  pre'sentée  à  la  fin  de  la 
note  257  ci-devant,  p.  194,  où  même  Ton  ne  parle  que  de  deux 
jours. 

(35)  Voy.  sur-tout  ce  passage  j  note  243 ,  n©  13,  ci-dev.  p.  186. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  3o5 

lems.  Elle  sauve  cette  ville  ,  quoique  les  ennemis  fus- 
sent très-nombreux  et  qu'elle  eût  peu  de  monde  avec 
elle.  Beaucoup  furent  tués  ou  s'enfuirent,  et  elle  fit 
un  grand  nombre  (//2«î/mm)  de  prisonniers. 

Elle  retourne  alors  auprès  du  roi ,  qui  lui  vient  au- 
devant  ,  l'accueille  avec  transport ,  la  fait  asseoir  quel- 
que tems  à  ses  côtés  (36).  Elle  le  supplie  de  la  ren- 
voyer combattre  le  reste  des  ennemis.  On  lui  donne 
des  troupes.  Elle  leur  enlève  des  villes ,  les  combat , 
les  défait,  en  prend  un  grand  nombre  ,  met  en  fuite 
des  chefs  aguerris ,  recouvre  en  peu  de  tems  une  vaste 
étendue  de  territoire  ;  enfin  ,  tout  le  monde  lui  attribue 
le  salut   de  la  patrie. 

Tanins  eral  pudor  Ituic  et  ianta  modestia  ut  l'psa 
Esse  fidereturmirœ  Lucrecia  famœ  (3  7). 

Elle  buvait ,  mangeait  -et  dormait  peu.  Elle  passa  six 
jours  et  six  nuits  sous  les  armes,  sans  se  reposer.  Elle 
se  tenait  bien  à  cheval,  se  plaisait  à  l'entretien  des 
hommes ,  et  méprisait  celui  des  femmes.  (  Verha  (>ana 
fugiens.  ) 

Dieu  voyant  enfin  que  la  France  pouvait  se  soutenir 
par  elle-même,  la  priva  du  secours  de  Jeanne. 

Cette  épître ,  datée  d'Ast,  en  i435,  est  terminée 
par  un  éloge  du  duc  d'Orléans ,  une  exhortation  faite 
à  ce  prince  de  supporter  patiemment  sa  captivité,  etc. 

3.  Epître  à  Biaise  de  Asireo  ,  amiral  génois.  Il  le  fé- 
licite de  ses  derniers  exploits ,  et  sur-tout  de  la  victoire 


(36)  Les  auteurs  ne  parlent  point  de  ceà  circonstances ,  quî 
néanmoins  ne  sont  pas  improbables. 

(37)  Voy.  note  383,  ci-dev.  p.  236. 

20 


3ob  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

qu'il  a  remportée  sur  le  roi  d'Aragon  (38).  Cette  épîlrç 
est  datée  de  Pavie  ,  en  i436. 

N»  IX.  (feuillet  i4-o).  Lettres  héroïques,  Liv.  2^ 
5  Pièces. 

Les  trois  premières  lettres  de  ce  livre  sont  datées 
d'Ast,  en  i4.4^^t  i44^7  c*  adressées  au  marquis  de  Sa- 
luées ,  au  comte  de  Dunois ,  et  au  doge  de  Gênes.  Elles 
ne  contiennent  que  des  éloges  ou  des  offres  de  célé- 
brer leurs  hauts  faits,  etc. 

La  4-^ ,  datée  de  i448  ,  est  adressée  aux  sénateurs  et 
principaux  citoyens  de  Milan.  Elle  contientunlong  éloge 
du  gouvernement  monarchique.  Astezan  soutient  que 
Jésus- Christ  lui-même  préfère  ce  régime  ,  puisqu'il 
n'a  pas  voulu  naître  sous  la  république  romaine  ,  mais 
bien  au  commencement  de  l'empire  ,  après  la  clôture 
du  temple  de  Janus. 

Il  demande  alors  aux  Milanais  pourquoi  ils  diffèrent 
de  se  soumettre  à  la  domination  de  son  prince  et  maître, 
le  duc  d'Orléans  ,  dont  il  expose  les  droits  héréditaires 
comme  fils  de  Valentine ,  etc.  (39) ,  et  dont  il  fait  en- 

(38)  Alphonse  v,  roi  d'Aragon  ,  qui  fut  battu  et  fait  prison- 
nier le  5  août  1435,  dans  une  grande  bataille  navale  que  lui  li- 
vrèrent les  Génois  ,  alors  soumis  à  Philippe  -  Marie ,  duc  de 
Milan. ...  Ils  prirent  aussi  le  roi  de  Navarre  ,  le  prince  de  Ta- 
rente,  etc.  Mais  Philippe  les  renvoya  tous  sans  rançon.  (Voy. 
Résolut  de  Gènes  ^  17S0,  t.  i ,  p.  249:  Aslreo  y  est  appelé 
Asseretlo.)  Astezan  e'gale  ici  Aslreo  aux  Déclus  ,  aux  Scipion , 
aux  Alexandre,  aux  Pompe'e ,  etc. 

(34)  Il  rappelle  que  Jean  Gale'as  (ci-devant  noie  3  ,  p.  2B1  ) 
avait  assure' ,  en  cas  d'extinction  de  sa  postérité  masculine ,  le 
duché  de  Milan  aux  cnfans  de  sa  fille C'était  en  effet  une 


PREMIÈRE  PIÈCE.  Soy 

suite  l'éloge....  Il  dit  entre  autres  qu'il  est  le  prince  le 
plus  religieux  du  monde. 

...  Hic  etenim  patitur  jejuni'a  tanta 
Totgue  prcces  supcris  et  çerba  precantia  dicit 
Quotidie ,  ut  nullus  faciat  se  plura  sacerdos. 

Il  loue  encore  sa  générosité. 

Argentum  large  large  consumpsH  et  aurum. 

Et  néanmoins  (  malgré  sa  longue  captivité  ) 

Non  çendidit  oppida  terre 

Nil  cuiquam  reddere  débet 

Quin  imb  multi  reges  ducesque  patentes 
Penè  sibi  innumerum  sese  debere  fatentur 
Aurum.  Quod  tribuent  sibi  dum  res  exigit  ipsa 
Aut  aurum  dantcs  aut  ipsius  arma  juçantes  ,  etc. 

Il  ajoute  qu'il  leur  procurera  la  paix  ,  et  qu'ils  se  cou- 
vriront de  gloire  en  le  reconnaissant ,  etc. 

5.  A  Juvénal  des  Ursins  ,  chancelier  du  roi 
Charles  vu  (4.0). 

Après  des  protestations  d'amitié,  ill' exhorte  à  pro- 
téger les  poètes. 

Quamçis  sint  muneris  aurî 

Argentique  inopes 

Par  eux  seuls  on  peut  acquérir  de  la  renommée. 

disposition  du  contrat  de  mariage  de  Valentine.  (  Voy.  Villaret, 
XV,  416.) 

Il  ne  faut  pas  rejeter,  a-t-ildit  aupai'avant,  ceux  qui  ne  suc- 
cèdent que  par  les  femmes,  et  il  a  cité  pour  preuve  la  maison 
Palëologue ,  qui  acquit  de  cette  manière  la  souveraineté  du 
Montferrat  (par  le  mariage  de  l'empereur  Andronic  avec  Yo- 
lande ,  he'ritière  de  ce  marquisat). 

(4o)  Frère  de  l'auteur  de  l'histoire  indique'e  ci-devant  note  i, 
n^'s  5  et  7,  p.  io3. 


3o8  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

(  Idée  qu'il  met  en  avant  dans  presque  tous  les  ou- 
vrages ci-dessus.  ) 

En  vain  quehjues  philosophes  ont-ils  dit  qu  il  fallait  mé- 
priser la  gloire  ,  leur  nom ,  écrit  à  la  tête  de  leurs  traités ,  at- 
teste qu'ils  étaient  aussi  jaloux  de  vivre  dans  la  posté- 
rité que  tous  les  autres  hommes ,  qui  ont  toujours  ce 
but  en  vue  (4ï)- 

|;i  II  finit  par  demander  à  Juvénal  de  lui  faire  accorder 
assez  de  biens  pour  qu'il  puisse  s'occuper  uniquement 
de  chanter  les  hauts  faits  des  Français ,  qui  ne  seraient 
connus  que  d'eux-mêmes  s'ils  étaient  célébrés  dans 
leur  langue  ,  tandis  que  le  latin  en  instruira  toutes  les 
nations. 

A  Blois,  i4-5o. 

JN»  X  (feuillet  ilfi).  Lettres  héroïques.  Liv.  3«. 

Ce  livre  ne  contient  qu'un  prologue  adressé  au 
comte  d'Angouleme,  et  une  longue  lettre  dans  la- 
quelle il  décrit  au  marquis  de  Montferrat  (Jean  iv) 
les  choses  admirables  qu'il  a  vues  en  France  ,  et  qui 
sont  si  nombreuses  que  Virgile  ni  Homère  ne  pour- 
raient suffire  à  leur  description. 

§  I".  Paris.  La  plus  belle  ville  du  monde.  Voici 
les  principales  choses  qu'il  y  a  admirées  : 

1.  Ses  ponts  superbes,  couverts  de  maisons,  ponts 
qu'on  traverse  sans  croire  passer  sur  un  fleuve  (il  y  a 
été  trompé  lui-même). 

2.  Les  palais  des  rois  et  de  la  famille  royale. 

3.  Le  Palais  de  Justice.  Il  y  admire  sur-tout  les   di- 

(4i)  Celte  pensée  est  tirée  de  Cicéron  :  pro  Archiâ  poctâ^ 
d[i.  26. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  3o9 

verses  espèces  de  marchandises  qu'on  y  vend,  lin, 
îaine  ,  soie  ,  or,  argent,  fer,  toute  espèce  de  métal  et 
d'habillement. 

Dhersosgue  libros  diçcrsis  artibus  aptos. 
Des  joujous  pour  tous  les  âges. 

Non  desunt  pupee  gratis sima  dona  tenellis 
Virginibus  miro  cultu  formâgue  decorâ 

Ily  a  des  monumens  de  la  victoire  de  Godefroy  sur 
le  dragon. 

Cujus  pellîs  adhiic  muro  est  affxa  palatii  (42). 

4..  La  Bastille. 

5.  Les  églises  très-riches  et  les  peintures  de  leurs 
vitrages. 

6.  La  Sainte-Chapelle,  où  il  remarque  sur-tout  une 
patène  d'or  transparente  comme  du  verre  ,  et  les  re- 
liques qui  sont  fermées  sous  trois  clefs  -,  une  de  ces 
clefs  est  confiée  au  grand-chambellan,  le  comte  de 
Dunois;  la  deuxième,  au  recteur;  la  troisième  ,  à  l'or- 
fèvre du  Roi ,  pour  vérifier  et  réparer  les  bijoux.  On  dit 
qu'il  s'y  trouve  le  fer  de  la  lance  de  saint  Longin,  qui 
a  percé  Jésus-Christ  ;  l'habit  sans  couture  qu'il  a  porté 
dans  son  enfance ,  habit  fait  des  mains  de  la  Sainte- 
Vierge  ,  qui  occulté  crescehat  taniînn  (juantiim  corpus  su- 
blime gerentis  ;  l'éponge  qu'on  lui  présenta  sur  la  croix  ; 
un   des  trois   clous  dont  il  fut  également  percé  ;    sa 

(42)  L'histoire  des  croisades  fait  mention  d'un  ours  e'norme 
tué  par  Godefroy  de  Bouillon,  et  d'un  serpent  dont  Geoffroi 
de  la  Tour  débarrassa  un  lion  que  ce  monstre  étouffait  de  ses 
replis.  (Voy.  Ma/mbourg,  1686,  t.  2,  p.  i-o3  et  160.)  Ce  dernier 
événement  semble  être  celui  dont  parle  le  poète  ;  cependant  les 
mots  Gothofredus  eXprinceps  qu'il  emploie  se  rapportent  mieux  à 
Godefroy  de  Bouillon, 


3 10 


PIECES  JUSTIFICATIVES. 


couronne  d'épines ,  (  c'est  bien  la  même ,  dit  Astezan , 
puisqu'eile  a  des  fleurs  et  qu'on  sait  que  cette  cou- 
ronne Oeuril  au  jour  de  la  mort  de  Jésus-Christ); 
le  saint- suaire  ;  une  partie  du  linge  avec  lequel 
Joseph  Tensevelit;  celui  dont  Jésus -Christ  se  cei- 
gnit lorsqu'il  lava  les  pieds  des  apôtres;  son- sceptre; 
une  partie  de  son  tombeau;  sa  chaîne;  le  bois  de  la 
vraie  croix  ;  le  lait  de  la  Vierge  ,  et  une  partie  des  poils 
qui  ont  précédé  ses  cheveux;  les  chefs  des  saints  Biaise  , 
Clément,  Siméon,  etc,  etc. 

7.  L'ègiise  de  Notre-Dame  ;  ses  admirables  sculp- 
tures, qui  représentent  l'Kistoire  sainte;  le  colosse 
de  saint  Christo-^he. 

8.  Les  Gélesiins ,  où  se  trouve  la  chapelle  du  duc 
d'Orléans  ,  qui  contient  des  tableaux  dignes  d'Apelles  ^ 
et  le  tombeau  de  son  père  Louis.  Ce  dernier  a  comblé 
de  bienfaits  cette  église  ;  il  a  ,  entre  autres ,  fondé  une 
messe  solennelle  qu'on  dit  chaque  jour  pour  le  repos 
de  son  ame.  (^^^oy.  ci-dev.  p.  10  et  suiv.  ) 

9.  L'Hôpital ,  auquel  sont  attachés  un  physicien ,  un 
chirurgien  ,  deux  médecins ,  et  un  pharmacien  qui 
prépare  et  administre  ce  qui  est  prescrit  par  les  mé- 
decins. 

10.  L'Université,  où  l'on  enseigne,  entre  autres,  la 
théologie  et  le  droit  canonique  ;  mais  non  pas  le  droit 
civil. 

11.  Quatre-vingts  collèges  ,  où  il  y  a  des  bourses. 

12.  Le  Parlement,  dont  la  réputation  d'équité  est 
si  grande  ,  que  les  étrangers  ,  les  païens  même  lui 
soumettent  quelquefois  leurs  causes. 

i3.  Les  ouvriers,  en  général  très-habiles. 

14.  La  multitude  incroyable  d'habitans ,  de  prêtres^ 


PREMIERE  PIÈCE.  6  I  t 

et  de  chevaux.  Pour  donner  une  idée  du  nombre  des 
derniers,  ii  dit  qu'il  n'a  jamais  passé  sur  les  ponts  où 
habitent  les  orfèvres  et  les  bijoutiers ,  sans  rencontrer 
des  chevaux  blancs  et  des  moines  noirs. 

Miror  et  innumeras  forma  pressante  puellas 

Tarn  lascivo  habita  cuitas  adeoguc  facetas 

Ut  Priamum  aut  Vetercm  succendcre  Ncstora  possint  (43). 

§  1.  La  forêt  de  ViNCENNES.  Son  château  entouré 
d'un  triple  et  quadruple  rang  de  fossés  et  de  murs.  Son 
temple,  qui  entretient  quinze  prêtres  ;  son  parc  ,  si  pro- 
pre à  la  chasse  et  si  fourni  de  gibier  de  toute  espèce  , 
sangliers,  daims,  cerfs,  lièvres,  lapins  (on  en  voit 
quelquefois  rassemblés  par  milliers). 

§  3.  Le  bourg  de  Saiist-Deîsis  ,  où  le  corps  du  saint 
a  été  transporté  à  l'aide  d'un  miracle. 


lies  mira  est  caput  ipse  saura  Dionisius  illuc 
Truncatum  portons  reguiet>it  in  illo. 

On  croit  aussi  que  l'église  de  Saint-Denis  a  été  sacrée 
de  la  propre  main  du  Christ,  selon  le  témoignage 
d'un  lépreux  qui  avait  couché  dans  l'église  ,  et  dont 
le  Christ  transporta  la  lèpre  aux  murs  de  Féglise  pour 
qu'il  ne  doutât  pas  de  la  réalité  de  sa  vision.  Aussi  a- 
t~on  recueilli  et  conserve-t-on  encore  avec  soin  cette 
lèpre. 

11  admire  encore  les  tombeaux  des  rois  et  les  trésors 
qui  y  ont  été  conservés  miraculeusement.  Le  pontife 
les  cacha  dans  la  terre ,  et  les  Anglais  les  cherchèrent 

(43)  On  trouve  la  même  comparaison  dans  son  poëme  De 
Varictate  Fortunes ,  11b.  I,  cap.  8  ;  Murafbri ,  t.  i4,  p.  iOi6. 

Ut  çuicumçue  senex  incendi  possit  amore , 
Ut  Friamus  valcat ,  Nestor  et  ipse  capi. 


3l2  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

vainement.  Les  Anglais  ont  tres-peAi  ou  même  nont  point 
de  religion;  ils  ne  se  font  aucune  peine  de  profaner  les 
temples  ;  aussi  Dieu  les  a  punis  et  les  a  fait  écraser 
par  Charles  vu  ,  roi  le  plus  religieux  <^.e  ce  tcms. 

Ils  ont  étrangement  dévasté  Saint-Denis,  qui  était  le 
premier  bourg  de  France ,  comme  Paris  la  première 
des  villes;   le  Roi  commence  à  le  rebâtir. 

§  4-  CoucY ,  château  du  duc  d'Orléans,  situé  sur 
les  frontières  de  Picardie,  à  cinq  lieues  à  Touest  de 
Laon....  Astezan  le  nomme  Conciacum,  et  le  diction- 
naire géographique ,  Codiciacum. 

Sa  tour  est  la  plus  haute  de  France  ;  on  compte  dans 
son  escalier  deux  cent  vingt-deux  degrés  ;  elle  a  trente- 
trois  grandes  brassées  de  hauteur  et  autant,  dit-on  , 
dans  les  fondations  ;  ce  qui  est  possible  ,  puisque  son 
puits  a  plus  de  quarante  brassées.  Elle  contient  un 
moulin  à  bras  et  un  four.  Elle  est  ronde  et  a  soixante 
brassées  de  tour.  Ses  murs  ont  vingl-cinq  pieds  d'é- 
paisseur ou  quatre  brassées  et  demie.  Elle  a  dans  l'in- 
térieur cinquante  pieds  de  large  et  quatre-vingt-six 
vers  son  sommet.  Elle  est  couverte  de  plomb.  On 
conserve  sur  le  toit  des  poissons  comme  dans  un  vi- 
vier. (Miracle  semblable  à  ceux  de  Deucalion.)  Sur 
la  porte  on  voit  les  portraits  de  deux  princes  ,  dont 
l'un  l'avait  fait  bâtir ,  et  l'autre  avait  tué  un  lion  qui 
dévastait  tout  le  pays.  La  figure  du  lion  y  est  aussi. 

Il  y  a  quatre  tours  un  peu  moins  grandes,  dans  cha- 
cune desquelles  sont  trois  chambres  surmontées  de 
voûtes  admirables.  Au  rez-de-chaussée  est  une  prison 
(^Junnanus  carcer')  assez  douce  pour  les  petits  délits; 
pour  les  crimes ,  il  y  a  sous  terre  un  affreux  cachot.  La 
chapelle  contient  plusieurs  bustes,  et  sa  voûte  est  ornée 


PREMIÈRE  PIÈCE.  3l3 

de  plusieurs  peintures.  Celles  des  vitrages  surpassent 
tout  ce  qu'on  peut  imaginer.  Elles  représentent  plu- 
sieurs sujets  tirées  de  l'Histoire  sainte  et  moderne  , 
mais  elles  ont  été  détruites  en  partie  dans  les  dernières 
guerres.  (La  trahison  avait  livré  cette  tour  (44)  qui  est 
imprenable.)  Jean,  duc  de  Berri  (45),  offrait  douze 
mille  écus  d'or  de  ces  peintures. 

La  salle  du  château  est  superbe  ;  deux  cents  pieds 
de  long  sur  cinquante  de  large;  une  voûte  très-élevée  ; 
beaucoup  de  grandes  fenêtres;  quatre  belles  cheminées, 
dont  deux  fort  bien  décorées,  sont  à  la  tête  de  la  salle. 
Entre  ces  deux  cheminées  est  une  tribune  élevée  et 
remarquable  par  la  beauté  de  ses  ornemens.  Toutes 
les  figures  sont  faites  de  la  même  main ,  et  si  je  ne 
l'eusse  vu  de  mes  propres  yeux  ,  je  n'aurais  pu  croire 
qu'on  pût  sculpter  sur  une  pierre  très-dure  les  feuilles 
et  les  fruits  des  arbres ,  et  autres  objets  très  petits. 
De  cette  tribune,  les  seigneurs,  séparés  du  peuple  , 
peuvent  voir  les  jeux  qui  ont  lieu  dans  la  salle.  Les  fi- 
gures de  Josué  ,  Judas  Machabée ,  David,  Hector, 
César,  Alexandre  ,  Arthus  ,  Charlemagne  et  Godefroy 
de  Bouillon  ,  que  les  Français  appellent  noveni  viri 
prohi ,  y  sont  sculptées  sur  de  la  pierre  blanche.  Louis , 
duc  d'Orléans  (^Voy.  ci-devant  note  i3,  p.  291  ),  père 
de  Charles,  qui  a  beaucoup  augmenté  ce  château,  leur 
a  joint  le  portrait  de  Duguesclin  (  de  Claschin) ,  le  plus 
grand  guerrier  de  son  tems. 

(44)  Monstrelet,  t.  i,  ch.  2o3,  f.  270,  année  i4 18 ,  donne  les 
détails  de  la  surprise  de  ce  château,  dont  Sainlrailles  était  gou- 
verneur pour  le  duc  d'Orle'ans. 

(45)  Celui  dont  il  a  été  question  ci-devant ,  p.  6  et  suiv. 


3l4  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

Dans  une  autre  chambre  sont  novem  muUeres probcc  : 
Sémiramis,  Thomirys,  Deïphile,  Lampedo  ,  Mena- 
lippe ,  Marpesie ,  Orithée,  Penthasilée  et  Hippolyte. 
Toutes  ces  figures  sont  admirables.  Deux  cheminées, 
artistement  travaillées,  ornent  encore  cette  chambre; 
il  y  a  un  cabinet  caché  dans  le  mur,  où  le  prince  peut, 
en  secret ,  assembler  son  conseil  et  faire  tout  ce  qu'il 
veut. 

Je  passe  sous  silence  la  cuisine,  digne  de  Néron  ;  les 
écuries  ;  les  escaliers  pris  dans  le  nmr;  le  portail;  la 
cave ,  dont  l'escalier  a  40  marches ,  et  à  côté  de  la- 
quelle est  un  souterrain  propre  à  surprendre  les  enne- 
mis ;  un  puits ,  au  bas  duquel  est  un  autre  souterrain  où 
le  seigneur  de  Couci  cachait  ses  trésors  et  bijoux;  la 
porte  du  château,  etc. 

§  5.  Lyon,  jadis  le  siège  de  la  rhétorique.  La  Saône 
la  divise  en  deux  parties.  Le  Rhône  baigne  ses  murailles, 
et  sépare  la  France  de  l'Empire  (4^)-  Ces  deux  fleuves 
rendent  la  terre  fertile  ;  les  monts  qui  la  défendent  por- 
tent du  vin  et  des  fruits;  sur  ces  monts  on  voit  deux 
temples,  des  tombeaux  de  martyrs,  une  partie  de  la  co- 
lonne à  laquelle  fut  attaché  Jésus-Christ. 

La  Saône  {Sangona)  a  reçu  son  nom  du  sang  des 
martyrs  qui  en  a  teint  les  eaux.  Auprès  de  la  ville  est 

Bustum 

Qui  tmïgo  iumulus  geminorum  fertur  amnnfium. 

On  dit  que  ces  deux  amans  sont  Hérode  et  sa  femme. 
On  dit  aussi  que  Pilate  est  né  à  Lyon  d'un  commerce 
illégitime.  Son  père  ,  très-illustre,  s'appelait  Tus^  et  sa 

(46)  Au  tems  d'Astezan,  le  Dauphiné  était  encore  regardé 
comme  terre  de  l'Empire. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  3l5 

mère  ,  filie  d'un  meunier,  se  nommait  Fila  ,  d'où  vient 
le  nom  de  Pilaius. 

Le  temple  de  Saint-Jean  a  cent  chanoines.  La  ville 
est  dominée  par  un  château.  ïi  y  a  tant  de  jeux  et  de  vo- 
lupté ,  qu'on  pourrait  l'appeler  la  ville  d  Epicure. 

g  6.  Bourges.  Jean ,  duc  de  Berri ,  y  a  fonde  une 
chapelle  dont  les  figures  sont  peintes  avec  tant  d'art 
qu'elles  paraissent  vivantes.  Je  ne  parle  ni  des  fenêtres 
peintes ,  ni  des  reliques  renfermées  dans  des  caisses  d'or 
et  d'argent ,  des  pierres  précieuses  ,  d'une  croix  d'or,  du 
temple  magnifique  de  Sainl-Etienne  ,  qui  renferme , 
dit-on ,  le  corps  de  ce  saint  ;  du  palais  du  prince  ,  aussi 
riche  que  celui  de  Crassus.  Quoiqu'il  ne  soit  pas  fini,  on 
y  a  déjà  employé  cent  mille  écus  d'or  (^l^']'). 

§  7.  Blois.  Il  y  a  ,  près  de  la  Loire  ,  sur  une  colline , 
un  château  fort  et  si  vaste ,  qu'il  peut  loger  plusieurs 
milliers  d'hommes  et  de  chevaux.  Il  renferme  un  temple 
également  très-vaste,  auquel  sont  attachés  beaucoup 
de  prêtres.  On  y  admire  un  orgue  (le  plus  grand  que 
j'ai  vu)  qui  a,  dit-on,  quatorze  cents  tuyaux  d'élain  , 
dont  j'en  ai  observé  de  si  larges  qu'un  homme  pourrait 
y  passer.  Au  milieu  du  bourg  est  une  fontaine  qui  suffit 
à  tous  les  habitans.  Les  filles  ont  un  teint  naturel  très- 
coloré;  je  les  préfère  aux  filles  de  Lombardie.  La  terre 
est  fertile ,  très-riche  en  vignes,  forêts  ,  prés  et  eaux. 

§  8.  Orléans.  Cette  ville  est  très-peuplée  ,  sur-tout 
d'ouvriers  ;  son  université  supplée  à  celle  de  Paris  pour 
l'étude  du  droit.  On  y  voit  le  couteau  dont  Jésus  perça 
l'agneau;  les  vases  dans  lesquels  on  versa  le  poison  des- 

(^7)  Voyez,  au  sujet  de  tout  ceci,  ci-devant  p.  6  et  suiv.,  et 
notes  25  et  suiv. ,  p.  ii4« 


3l6  PIÈCES  JUSTIFfCATIVES. 

tinc  à  s.  Jean  ,  poison  qui ,  grâce  à  Dieu ,  ne  lui  fit  aucun 
mal.  Ce  canton  produit  du  blé  ,  du  vin  ,  des  pommes  , 
des  noix.  Il  y  a  des  prés  et  des  forets.  La  Loire  fertilise 
Orléans,  Tours,  Blois,  Baugenci,  etc.  On  la  traverse 
sur  plusieurs  ponts  fortifiés  de  tours  ;  celui  d'Orléans 
est  le  plus  beau  d'entre  eux.  Le  palais  des  ducs  est  auprès 
de  la  rivière. 

§  g.  Tours.  Charles  \'II  y  a  bâti  un  très-beau  palais. 
C'est  là  que  ,  depuis  sa  fuite  de  Paris ,  saisi  d'un  juste 
courroux,  il  fait  le  plus  souvent  sa  résidence  (4^8).  La 
ville  de  Tours  est  très-riche  -,  le  terrain  très-fertile.  On 
y  voit  le  corps  de  S.  Martin ,  et  Tépée  avec  laquelle  il 
coupa  son  habit  pour  le  partager  avec  un  pauvre;  les 
rorps  des  sept  dormons. 

§  lo.  INoYON  ,  ville  de  S.  Eloi ,  dont  Astezan  y  a  vu 
les  instrumens  ,  le  marteau  et  Venclume. 

§  II.  Senlis  et  CoMPiÈGT^E.  Il  passe  sous  silence  la 
première,  ainsi  appelée  {Si/oanectum)  parce  qu'elle  est 
entourée  d'une  forêt. 

Le  bourg  de  Compiègne  a  été  engraissé  parles  inon- 
dations. On  y  voit  l'anneau  et  le  voile  de  la  Sainte- 
Vierge, 

§  12.  Lâon,  ville  très-forte,  située  sur  une  montagne; 
pays  très-fertile  en  vins  et  autres  fruits.  Il  y  a  une  très- 
belle  église.  Non  loin  de  là  (à  trois  lieues)  est  le  temple 
si  connu  de  tous  les  Français,  dédié  à  Notre-Dame-de- 

(48)  Ce  passage  d' Astezan  est  pre'cieux.  Il  supple'e  au  silence 
des  contemporains  sur  les  motifs  de  Charles,  qui,  en  effet,  de- 
puis qu'il  eut  recouvté  Paris  (ci-devant  no/e  346,  p.  221)  ,  vint 
très-rarement  dans  cette  ville  ;  son  ressentiment  était  juste, 
mais  sa  conduite  était-elle  politique? 


PREMIÈRE  PIÈCE.  SlJ 

Liesse ,  qui  fait  assidue  des  miracles  célèbres  dans  tout 
l'univers. 

§  i3.  SoissoNS.  Il  est  traversé  par  une  rivière  qui  fer- 
tilise sa  vallée ,  et  près  des  bords  de  laquelle  est  un  châ- 
teau fort  du  duc  d'Orléans,  qui  domine  la  ville....  Le 
coi'ps  de  S.  Sébastien  est  dans  son  église. 

§  i4.  iVMiEiss.  Une  partie  de  la  ûice  de  S.  Jean- 
Baptiste  est  à  Amiens-,  la  partie  supérieure  de  la  tête  à 
Saint-Jean-d'Angely  (^9)  ;  son  menton  à  Lyon,  et  les 
cendres  de  son  corps  à  Gênes.  Le  temple  d'Amiens  est 
le  plus  beau  de  France  ,  quoique  plusieurs  lui  préfèrent 
celui  de  Chartres.  On  doute  que  celui  de  Milan  les  sur- 
passe ,  quand  même  on  le  finirait.  S'il  a  tant  parlé  de 
temples  et  de  reliques,  contre  Tusage  des  poètes,  ajoute 
Astezan ,  c'est  que  la  France  seule  lui  a  paru  surpasser 
la  Lomhardie  dans  ce  point. 

Il  y  aurait  encore  beaucoup  de  choses  à  dire  sur  les 
villes  de  France.  Ecrit  à  Blois  en  14.01. 

N°  XI  (feuillet  i53).  Livre  sur  l'apparition  de  la  croix 
à  Baïonne,  dédié  à  Charles  vu. 

L'Aquitaine  tire  son  nom  des  fleuves ,  étangs  et  lacs 
dont  elle  est  remplie.  Clovis  soumit  le  premier  la  Gas- 
cogne. Les  Anglais  , 

Barbara  gens  .  aliéna  pctens  et  semper  anhelans 
Et  nusquam  contenta  suo 

l'enlevèrent  et  la  conservèrent  long-tems.  Charles  vu , 
après  avoir  soumis  la  Normandie  dans  l'espace  d'un  an, 
reprit  la  Gascogne  en  un  été  (Astezan  voudrait  célé- 

(49)  On  prétend  même  y  posséder  toute  la  tête.  (Voy  Des- 
cription de  la  France^  par  l'abbé  de  Longuerue,  partie  i^'e,  p  lôo  ) 


3l8  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

brer  ces  guerres  merveilleuses  ;  la  pauvreté  ne  lui  en 
laisse  pas  le  loisir),  et  fit  ensuite  assie'ger  Baïonne  avec 
une  armée  formidable  (5o). 

La  sainte  croix  apparut  tout-à-coup  pendant  plus 
de  deux  heures  dans  les  airs.  Le  ciel  était  pur.  Elle  était 
petite,  fixe  et  entièrement  blanche.  Elle  fut  vue  par  les 
citoyens  de  Baïonne  ,  par  la  garnison  anglaise  ,  par  les 
troupes  de  Charles,  et  parleurs  auxiliaires,  les  Espa- 
gnols, les  Ecossais....  LesBaïonnais,  fondant  en  pleurs, 
se  rendirent  aussitôt  à  Charles  vu.  Ce  signe  miracu- 
leux, et  sur-tout  la  couleur  de  la  croix  (5i),  leur  an- 
nonçait que  le  Ciel  se  déclarait  en  sa  faveur Im- 
précations du  poète  contre  les  Anglais;  éloges  de 
Charles  vu Astezan  le  prie  de  lui  accorder  du  re- 
pos ,  c'est-à-dire  les  moyens  de  célébrer  ses  exploits. 
A  Tours,  février  i4.52. 

N*^  XII  (feuillet  i55).  Livre  De  Refunerea.  27  pièces. 

Ce  livre  est  adressé  à  Thomas  Francus,  Grec,  phy- 
sicien royal  (médecin  du  Roi).  Il  contient  deux  épi- 
grammes  et  vingt-quatre  épitaphes  dont  nous  allons 
donner  la  notice. 

(5o)  Au  mois  d'août  i45i..  .  .  L'armée  était  commandée  par 
les  comtes  de  Foix  et  de  Dunois. . .  .  Baïonne  se  rendit  le  26. 
(Voy.  Slonstrelet,  t.  3,  f.  38  à  4o;  Fillaret,  xvj ,  38  à  42.) 

(5i)  Les  Français  portaient  la  croix  blanche,  et  les  Baïon- 
nais  la  croix  rouge.  {\oy.  Monsirelef ,  ibid.)  Selon  lui,  la  croix 
apparut  seulement  une  demi-heure.  Ni  lui  ni  Astezan  ne  disent 
comme  Villaret,  l'ùid.,  qu'elle  fût  surmontée  d'une  couronne, 

et  que  celle-ci  se  soit  changée  en  fleurs  de  lis Au  reste , 

Astezan  assure  que  les  députés  de  Baïonne  racontèrent  cet  évé- 
nement à  Charles  vji ,  en  présence  d'un  grand  nombrede  sei- 
gneurs, de  magistrats,  etc. 


PREMIÈRE  PIÈCE.  JI9 

1°  L'épitaphe  de  Guarlni  de  Vérone  (52)  que  l'on 
croyait  mort  (sa  réponse  à  Astezan  suit  cette  épitaphe)  ; 
2^  de  Ferrari ,  d'Ast ,  carme,  éveque  élu  de  Tortone  ; 
3°  Louis  Tition,  conseiller  et  secrétaire  du  marquis  de 
Montferrat  ;  4^°  de  Barth.  Caprée,  chanoine  de  Novane; 
5»  trois  de  Jean-Jacques,  marquis  de  Monlfen at  ; 
6''  Louis  Guascho  ;  7°  Jean  Percival  Pvotarius  ;  8^  Pe- 
trlna,  jeune  fille  ;  9°  Argenline ,  femme  de  Jean  Be- 
noît Rotarius,  d'Ast  ;  10°  Trinia  ,  jeune  fille  ;  1 1^  Angia  ; 

Animi  femina  vilis  erat 

Dégénères  démens  hœc  preponebat  amantes 

Nobilibus  ;  famulos  anieferebat  hen's. 
Nemo  siui  gratus  prestans  ç'iriute  ,  sed  omni's 
Scn'us ,  et  acceptas  rusticus  omnis  erat 

12°  Jean  Yelsecher,  général  autrichien  ;  iS"  Bartli. 
Carrari  ,  chirurgien  d'Ast ,  beau-père  de  l'auteur  ; 
14°  Gérard Macheto,  éveque  de  Castres,  confesseur  du 
V\o\  (53);  i5»  Elisabeth,  duchesse  d'Orléans,  et  veuve 
du  roi  d'Angleterre  (5^)  ;  16^^  deux,  faites  par  anticipa- 

(Sa)  Un  des  plus  savans  hommes  du  quinzième  siècle,  et  un 

des  restaurateurs  des  lettres  en  Italie C'est  le  bisaïeul  de 

l'auteur  du  Pastor fido Il  mourut  en  1460.  (  Voy.  Bayle ^ 

mot  Guarin.) 

De  telles  liaisons  annoncent  qu'Astez>?n  jouissait  d'une  grande 
ve'putation. 

(53)  Confesseur  de  Charles  vu  et  conseiller-d'état,  mort 
en  1448. 

(54)  Elisabeth,  ou  Isabelle  de  France,  fille  de  Charles  vi, 
veuve  de  Richard  il  (ci-devant  note  84,  p.  ï^^),  épousa  en  1^06 
Charles,  duc  d'Orléans.  Elle  mourut  en  1409,  laissant  une  fille 
qui  fut  mariée  en  1421  {jubente  pâtre  ^  dit  Astezan)  à  Jean,  duc 
d'Alençon,  dont  nous  avons  parlé  plusieurs  fois  Le  P.  Anselme 
{Généalogies ^   t.  i,  p.  208  et  2-3)  observe  que  ceile-ri ,  morte 


320  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

tion,  pour  le  tombeau  de  Charles,  duc  d'Orléans,  et  d'a- 
près ses  ordres  ;  précédées  d'un  envoi  à  Jean  ,  marquis 
de  Saluées;  17°  Pierre  Astezan  père,  professeur  (55)  ; 
iS*^  Andrionus  de  Brena,  d'Ast;  19»  trois  de  Charles  vu, 
mort  en  14.61.  Dans  la  première,  il  dit,  entre  autres, 
que  Charles  délivra  la  France  de  ses  ennemis  : 

Auxilium  imprimis  illi  p restante  Johanna 
Virgine  :  guœ  cœli  nuncia  régis  erat. 

ce  qu'il  répète  à-peu-près  avec  les  mêmes  expressions 
dans  la  seconde A  la  fin  de  la  première,  on  lit  en- 
core : 

At succès sorem  (Louis  xi  )  tantâ  virtute  rel///u/i, 
Ut  de  se  non  sit  spes  capienda  minor. 

Il  règne  dans  toutes  ces  épitaphes  le  même  ton  de 
louanges.  Les  morts  célébrés  sont  presque  toujours  au 
moins  égalés  aux  personnages  les  plus  fameux  de  l'his- 
toire ancienne  ou  de  la  mythologie. 

La  chapelle  du  cardinal  Ardicin  de  La  Porte,  de  No- 
varre  (56) ,  et  celle  du  beau-père  d' Astezan ,  sont  le 
sujet  des  deux  épigrammes  ou  plutôt  des  deux  inscrip- 
tions de  ce  livre. 

en  1432,  lie  laissa  point  d'enfans  ;  cependant  Astezan  dit  ex- 
pressément que  le  duc  d'Alençon  en  eut  ires pan>o  tempore  naios. 
Après  la  mort  dlsabelle,  Charles  e'pousa  Bonne,  fille  du  con- 
nétable d'Armagnac. 

(55)  Celle-ci  est  termine'e  par  ces  vers  touchans  : 
Lector  ab  his  paucis  multas  inteliige  laudes  ; 

Pressa  dolore  manus  scribere  plura  neguit. 

(56)  Savant  jurisconsulte,  fait  cardinal  en  14^6,  mort  en 
1434.  (Voy.  Fasti  cardinalium  ^  t.  3,  p.  2o3.) 


PIÈCES  JUSTinCATIVES.  021 


DEUXIEME  PIECE. 

I)e  V expédition  projetée  en  i43o  par  le  prince 
d'Orange  contre  le  midi  de  la  France ,  et 
terminée  par  la  bataille  d''  Anthon. 

N.  B.  Nous  avons  tiré  ce  fragment  de  l'histoire  ine'dite  de 
Thomassin  (  Voy.  ci -devant  note  i,  No  IV  et  22  ;  et  note  887, 
page  io5  et  238  ) ,  et  nous  y  avons  joint  des  notes  explicatives 
et  supplétives,  dont  plusieurs  ont  été  extraites  des  pièces  justi- 
ficatives de  \ Histoire  du  Dauphine,  par  Valbonnais,  t.  I,  p.  62 
et  suivantes. 


«  MESSlRELoysde  Challoiis,  seigneur  d'Arlay  et  prince 
d'Orange  homme  et  vassal  du  Daulphiné  comme  des- 
sus est  déclaïré ,  voyant  le  royaulme  bien  au  bas  et  petit  estât 
et  que  le  roy  daulphin  avoit  petite  puissance,  voyant  aussi 
que  tous  les  nobles  du  Daulphiné  portant  armes  estoient 
demourés  à  la  bataille  de  Vernueil  comme  dessus  est  dict 
et  que  le  Daulphiné  pour  lors  estoit  de  petite  et  poure 
défense,  mit  en  son  dampne  propos  et  délibéra  de  con- 
quérir et  usurper  le  Daulphiné,  et  voyant  qu'il  n'avoit 
point  de  port  sur  la  rivière  du  Rosne  pour  entrer  au 
Daulphiné  procura  et  fit  tant  que  la  reîessée  (veuve  )  de 
feumessire  Bertrand  de  Saluées  qui  estoit  mort  en  ladicte 
bataille  de  Vernueil  lui  remit  et  transporta  tous  les 
droits  et  actions  qu'elle  pouvoit  avoir  au  chasteau  d' An- 
thon,  et  aux  chasteaux  de  Colombier  et  Saint-Ro- 
main (i)  ,  où  ladicte  reîessée  n'avoit  point  de  droit. 

(i)   Anthon-sur-le-Rhône  (  Voy.  la  2e  carte  )....  Colombier,  à 
3  lieues  au  sud ,  et  Saint-Romain  ,  à  2  lieues  au  sud-est  d' Anthon, 

31 


322  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

>i  Et  soubs  couleur  dadict transport  l'an  1^28 ,  près  de 
la  fm  du  mois  d'avril ,  ledict  prince  envoya  de  ses  gens 
devers  ladicle  relessée  ,  qui  estoit  dedans  ledict  cliastel 
d'Anthon  qui  les  mit  dedans  et  s'en  alla.  Tantost  après 
ledict  prince  y  envoya  deux  cents  hommes  d'armes  les- 
quels passèrent  par  le  port  d'Anthon  et  fournirent  le 
chastel  de  gens  d'armes  et  de  traits  ;  puis  prinrent  ledict 
Colombier  et  Saint-Romain  et  les  garnirent  aussi  de  gens* 
Paravant  ledict  prince  avoit  mis  grosse  garnison  au  chas- 
teau  d'Aulberive  (2)  près  de  Vienne.  Après  qu'ils  eurent 
ainsi  garni  secrettementlesdictes  places  ils  les  firent  fort 
fortifier,  puis  coururent  par  les  mandements  desdictes  pla- 
ces et  aultres  du  pays  voisines ,  en  prenant  prisonniers, 
bestes  et  aultres  biens  de  ceulx  du  pays  et  firent  forte  guerre 
auDaulphiné  (3)  qui  dura  jusqu'à  la  bataille  d'Anthon. 
Au  Daulphiné  n'avoit  point  de  gouverneur,  car  quand 
messire  Mathieu  de  Foix,  comte  de  Comminges,  gou- 
verneur du  Daulphiné  lequel  estoit  compagnon  d'arme$ 
dudict  prince,  sceut  que  ledict  prince  vouloit  faire  guerre 
au  Daulphiné ,  laissa  le  pays  et  résigna  son  office  à  mes- 
sire Raoul  y  seigneur  de  Gaucourt^  lequel  vint  à  Grenoble 
pour  prendre  possession  dudict  office  ;  et  après  ce  qu'il 
l'eut  prinse  vinrent  nouvelles  que  du  tout  la  guerre  estoit 
oincte,  dont  il  fut  bien  esbahy,  disant  fauldra-il  que  le 
pays  se  perde  en  mes  mains  ?  fut  mise  la  chose  en  délibé- 
ration qu'il  estoit  de  faire.  La  chose  estoit  ainsi  comme  ea 

(2)  Auberive  ,  à  3  lieues  au  sud  de  Vienne  ,  12  lieues  au  sud- 
ouest  d'Anthon. 

(3)  Ils  s'emparèrent  de  divers  châteaux,  et  notamment:  1°  de 
ceux  de  Puslgnan  et  d'Azieu,  près  Gênas,  à  2  et  3  lieues  au 
sud' ouest  d'Anthon;  ao  de  Falavier,  près  la  Verpillière  ,  à  6 
lieues  au  sud. 


DEUXIÈME   PIÈCE.  3 23 

désespoir  veu  qu'on  avoit  souvent  escrit  auroy  daulphin 
qu'il  y  voulsist  pourvoir,  et  qu'il  aVoit  rescrit  que  consi- 
déré les  grans  affaires  qu'il  avoit ,  qu'on  fist  le  mieux 
qu'on  pourroit,  veu  aussi  que  le  pays  estoit  dépourveu  de 
gens  de  défense.  Toutefois  fut  délibéré  qu'il  estoit  expé- 
dient que  ledict  gouverneur  incontinent  se  transportast  à 
la  côte  S.-Andrieu  (4)  près  desdicts  ennemis ,  et  qu'il 
menast  avecques  lui  messire  Jehan  Girard  son  lieute- 
nant, messire  Jehan  Dury,  messire  Loys  Portier,  Jehan 
de  la  Barre  trésorier  et  mol  conseiller  dalphinal  e^i  des  no- 
bles ce  qu'il  pourroit  avoir  et  que  là  on  avisast  au  mieulr 
qu'on  pourroit  sur  la  défense  du  pays  ;  et  fut  dict  que 
pour  les  avoir  falloit  faire  empruncts  parmi  le  pays  pour 
avoir  argent  promptement  et  puis  on  feroit  une  taille 
pour  restituer.  Tout  ainsi  fut  faict(5).  Monsieur  le  gou- 
verneur après  lad.  délibération  alla  au  royaulme  et  au 
paysdeVellay  (6)  où  estoit  ung  capitaine  appelé  Rodri- 
gues  de  Yillendras  du  pays  d'Espagne  ,  lequel  il  amena 
avecques  ses  gens  et  leur  fut  baillé  argent  pour  passer,  et 
passèrent  sur  le  port  de  Vienne  (7).  Messire  Humbertde 
Grollée  mùtre^c/zû/duDaulphiné,  capitaine  des  frontières 
de  Lyonnois  et  de  Masconnois  fit  amas  de  gens  ce  qu'il 
put  tant  du  Daulphiné  que  d'ailleurs ,  lesquels  avec  les 
gens  dudict  Rodrigues  ,  mesdits  seigneurs  gouverneur  et 

(4)  La  côte  Saint- André  ,  à  10  iieues  au  sud  d'Anthon. 

(5)  On  résolut  de  lever  cinquante  mille  florins.  On  envoya 
aussi ,  mais  sans  succès ,  deux  ambassades  au  duc  de  Savoie 
(  Ame'de'e  viii)  pour  le  prier  de  ne  fournir  aucun  secours  au 
prince  d'Orange...  Celui-ci  avait  au  contraire  dans  ion  arme'e 
cinq  capitaines  savoisiens. 

(6)  A  Annonay 

(7)  Le  26  mai  i^So. 


B^i  PlÈCiES   JUSTIFICATIVES. 

mareschal,  tout  droit  menèrent  devant  Aulberive  et  y 
donnèrent  l'assault  (8).  Ceulx  de  dedans  au  comnnence- 
ment  vaillamment  se  défendirent ,  puis  eurent  le  cœur 
failly  et  se  rendirent,  leurs  biens  saulves,  après  ce  qu'ils 
eurent  rendu  la  grosse  tour.  L'on  fut  esbahy  comment  ils 
avoient  esté  si  lasches  de  aussitost  se  rendre  attendu  que 
la  tour  estoit  forte  et  de  grande  défense  et  qu  ils  estoient 
beaucoup  de  gens  bien  habillés.  Ils  s'en  allèrent  ungbâton 
au  poingt.  Après  ce  que  la  dernière  tour  fut  rendue , 
monsieur  le  gouverneur  en  fit  abattre  lapluspart;  l'aultre 
demourant  y  est  encore,  en  signe  que  la  place  et  le  sei- 
gneur ont  esté  rebelles  à  leur  prince  et  inféaux  et  de  ce 
doit-on  avoirgrande  souvenance  et  mémoire  perpétuelle. 

j>  De  ladicte  place  d' Aulberive  M,  le  gouverneur  et 
M.  le  mareschalavecquesladictecompaignie s'en  allèrent 
par  toutes  les  places  que  les  Bourguignons  tenoient  et 
les  prinrent  toutes  (9)  jusqu'au  chastel  de  Colombier  qui 
estoit  très  bien  fortifié  et  y  avoit  bonne  garnison.  Là  mi- 
rent le  siège  etdedans  peu  de  temps  après  donnèrent  plu- 
sieurs assaults ,  finalement  ledict  chasteau  fut  prins  et 
tous  ceulx  qui  estoient  dedans  ;  ce  fut  le  samedi  10  juin 
i4-3o. 

»  Ledict  prince  partit  de  Bourgongne  à  grande  et  no- 
ble armée  tant  pour  renforcer  ses  gens  qui  desjà  estoient 
en  Daulphiné  comme  pour  le  conquester  et  passa  le 
Rosne  au  port  d'Anthon  ledict  jour  ignorant  que  ledict 
Colombier  fust  prins;  et  quand  il  fut  dedans  le  chasteau 
d'Anthon  il  se  fit  appeler  daulphin  de  Viennois  et  donna 
les  offices  du  pays,  et  des  chaste  aux,  villes  et  aultres  biens 
dudict  pays  il  disposa  à  son  plaisir;  et  les  distribua  debou- 

(8)  Le  28  mai. 

(9)  Entre  autres  Pusignan,  le  7  juin,  et  Azieu,  le  8. 


DEUXIÈME   PIÈCE.  3 2 5 

che  à  ceulx  qui  estoient  avecques  lui ,  en  soi  moult  glo- 
rifiant et  disant  qu  il  les  feroit  tous  riches  ;  mais  sa  gloire 
ne  dura  guière  dieu  merci. 

»  Mesdicts  seigneursgouvemeuretmareschaldésirant 
tirer  à  Anlhon  pour  mettre  le  siège  devant  et  pour  des- 
chasser ceulx  qui  y  estoient,  ignorant  que  le  prince  y  fust 
arrivé,  y  envoyèrent  Daulphin  le  hérault  pour  savoir  du 
commis  des  Bourguignons.  Quand  il  fut  là  il  trouva  le— 
dict  prince.  Il  fut  prins  et  détenu,  et  par  lui  il  (le  prince) 
sceut  comment  C  olombier  étoit  prins  et  pour  ce  il  fit  son- 
ner ses  trompettes  et  à  toute  son  armée  que  moult  faisoit 
beau  voir  à  belles  bannières  et  estendards  déployés,  des- 
marcha dudict  Anthon  pour  tirer  audiet  Colombier  en 
belle  bataille  bien  ordonnée  ;  et  envoya  deux  gentils- 
hommes devant  pour  savoir  comment  il  estoit  de  Co- 
lombier :  lesquels  furent  prins  et  interrogiés  où  estoit  le 
prince  et  respondirent  qu'il  estoit  près  de  là  au  rivage 
d'ung  bois  oùii  faisoit  des  chevaliers  pour  donner  la  ba- 
taille. Lors  mesdicts  seigneurs  gouverneur  et  maresclial 
mirent  en  délibération  qu'ils  dévoient  faire  et  plusieurs 
grans  difficultés  y  avoit  de  donner  bataille  sans  le  sceu 
et  commandement  du  roy  daulphin,  mesmement  consi- 
déré qu'ils  estoient  peu  de  gens  au  regard  des  ennemis  et 
si  la  bataille  se  perdoit  tout  le  pays  seroit  perdu  sans 
nul  contredict  et  en  après  tout  Languedoc  et  Lyon- 
nois.Par  ainsi  le  demourant  du  royaulme  seroit  en  branle 
d'être  ainsi  du  tout  perdu  :  et  puis  fut  dict  au  contraire 
que  attendre  la  licence  et  secours  du  roy  ce  estoit  néant 
veu  que  le  prince  estoit  si  près  et  en  si  grande  armée  ; 
d'aultre  part  de  non  donner  bataille  «t  laisser  aller  par 
le  pays  Tarmée  du  prince  et  défendre  les  places  que  ce 
ne  seroit  que  guerre  guerroyable  pour  gaster  le  pays  e| 


326  PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 

à  la  fm  le  perdre.  Et  pour  ce  fut  délibéré  et  conclu  de 
courre  sur  lesdicts  Bourguignons  et  les  surprendre  etpar 
celui  moyen  à  Taide  de  Dieu  on  viendroit  au-dessus  et 
seroit  saulvé  le  pays  veu  que  le  prince  avoit  très  mau- 
vaise querelle  et  venoit  contre  son  scel ,  ses  promesses 
et  son  serment ,  et  contre  les  appoinctements  qui  para- 
vant  avoient  esté  prins  avecques  lui  de  non  faire  guerre 
ni  donner  dommaige  au  pays.  Geste  conclusion  prinse 
Rodrigues  dict:  mes  gens  sont  estrangiers  et  de  diverses 
nations,  je  ne  me  oserois  pas  bien  fier  en  tous.  Pour  ce 
je  vous  prie  que  me  fassiez  cest  honneur  que  j'aie  l'a- 
vant-garde  et  à  l'aide  de  Dieu  je  m'y  porterai  tellement 
que  vous  en  serez  bien  contents.  Mesdicts  seigneurs  gou- 
verneur et  mareschal  eurent  considération  aux  paroles 
dudict  Rodrigues  et  à  ce  qu'il  estoitestrangier  et  avoit  li- 
béralement octroyé  de  venir  au  secours  du  pays  lui  pas- 
sèrent sa  requeste  dont  il  les  remercia  et  en  fut  très 
joyeulx.  Ce  faict  fut  crié  que  incontinent  chascun  fust 
monté  et  habillé  (lo)  ;  que  Ton  oyst  messe  et  se  mist 
chascun  en  bon  estât  et  puis  bust  légièrement.  Après  fut 
dict  publiquement  que  s'il  y  avoit  personne  qui  eust 
point  de  pour,  qu'il  se  retirast.  Lors  chascun  respondit 
qu'il  avoit  bon  cueur,  puis  leur  fust  dit  vous  serez  tous 
riches  en  ceste  journée  ;  le  prince  d'Orange  nous  vient 
assaillir  en  nostre  pays  à  son  très  grand  tort  et  nous 
avons  juste  et  raisonnable  cause  de  nous  défendre  ;  Dieu 
nous  aidera.  Pour  ce  ne  soyez  esbahys  s'ils  sont  plus 
que  nous.  L'avant-garde ,  la  bataille  et  les  ailes  selon  le 

(lo)  Qu'on  pansât  les  chevaux,  qu'on  mît  les  selles,  que 
chacun  montât  et  s'allât  placer  près  de  l'étendard  de  son  ca- 
pitaine (  ces  proclamalions  se  firent  au  son  de  la  trompette  )- 
V,  Processus  super  insulta  guerres  Anihonis ,  dans  Valbonnais  ,  il> 


DEUXIÈME  PIÈCE.  S2-J 

peu  de  gens  qu'il  y  avoit  furent  très-bien  ordonnées  et 
chascun  avoit  très  grand  cueur  et  joyculx  de  bien  faire 
son  devoir.  Et  ainsi  se  départirent  (ii)  dudicl  lieu  de 
Colombier  pour  aller  au-devant  dud.  prince  qui  desjà 
estoit  en  une  grande  plaine  entre  Anthon  et  Colombier 
faisant  ses  chevaliers  comme  dict  est  ;  et  quand  il  vit  les 
Dalphiniens  il  n'en  fit  pas  grand  compte  veu  le  petit 
nombre  qui  estoit  au  regard  de  ses  gens  et  ne  tenoit  pas 
moins  que  quand  viendroit  à  l'assemblée,  que  Rodrigues 
et  ses  gens  ne  s'enfouyssent  et  que  du  demeurant  tantost 
en  viendroit  au-dessus  (12).  Quand  nos  gens  furent  près 
à  coup  subitement  et  à  grands  cris  frappèrent  dedans  les 
gens  du  prince  tant  qu'ils  les  rompirent  et  mirent  en  dé- 
sarroy  (i3)  et  à  donc  le  prince  honteusement  s'enfouyt 
et  fut  poursuivi  jusques  au  port  d' Anthon  (i4-)  où  il  passa 

(11)  Sono  iubœ  repelito.  .  ..  On  laissa  auparavant  des  gens  de 
traits  et  fantassins  à  la  garde  des  bagages  ;  et  le  gouverneur,  (^ene- 
rabili  signo  sanctœ  crucis  prœmisso  ^  se  mit  en  inarche  vers  midi 
Voy.  Processus ,  etc. 

(12)  A  l'aspect  de  l'arme'e  du  prince  ,  Gaucourt  rangea  1.» 
sienne  et  lui  fit  une  exhortation;  Grollëe  se  jeta  à  genoux,  et 
invocjua  Dieu  à  haute  voix.  . .  l^a  mèle'e  commença  au  son  d'un 
grand  nombre  de  trompettes.  Voy.  Processus,  etc. 

(i3)  Beaucoup,  après  avoir  abandonné  leurs  chevaux,  s'en- 
fuirent comme  des  lièvres.  Les  uns  se  cachèrent  dans  les  blés  ou 
bois  voisins,  où  ils  furent  découverts,  dépouillés  et  tués  par 
les  paysans;    d'autres,   au  nombre  de  plus  de  deux  cents,  se 

noyèrent  en  traversant  le  Rhône La  bataille  fut  finie  vers 

deux  heures  après  midi.  Voy.  Processus  y  etc. 

(i4)  II  reçut  plusieurs  blessures —  Il  était  tellement  couvert 
de  sang  qu'on  ne  pouvait  le  reconnaître. ...  II  s'enfuit  à  toute 
bride ,  et  se  ferma  dans  Anthon.  . .  Mais,  au  milieu  de  la  nuit, 
encore  effrayé,  il  passa  le  Rhône  tanquam  latro  avec  quelques 
soldats,  abandonnant  à  Anthon  son  artillerie,  ses  traits,  et  des 


328  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

et  laissa  sur  la  place  sa  bannière  et  son  estendard  et  toute 
son  armée  de  laquelle  y  en  eut  plusieurs  morts  et  en  espé- 

cial  le  comte  de et  sa  compaignie  d'Allemands  qu'il 

menoit.  Là  fut  la  plus  grande  mortalité  et  des  vifs  la  plus- 
part  fut  emprisonnée  et  les  autres  s'enfouyrent  (i5).  La- 
dicte  desconfite  par  la  grâce  de  Dieii  fut  faictel'an  i4.3o, 
le  1 1  juin  ,  qui  estoit  dimanche  ,  et  fête  de  la  S.-Trinité 
et  de  S.  Barnabe  apostre;  en  bon  jour  bonne  œuvre. 

»  Long-temps  paravant  en  Viennois  on  avoit  accous- 
tumé  de  dire  Dieu  :  te  conduise  et  le  marqhé  d'Anlhon, 
pource  qu'au  marché  d'Anthon.chascun  n'y  gaignoit  pas. 
Aussi  ne  fil  ledict  prince  sur  ceste  desconfite.  Doresna- 
vant  les  joennes  gens  duDaulphiné  réduiront  leur  mé- 
moire et  leur  aage  comme  faisoient  paravant  les  anciens 
quand  ils  estoient  interrogiés  de  leur  aage  et  mémoire, 
ils  disoient  quil  leur  souvenoit  des  Bretons  (ce  fut  une 
compaignie  de  gens  d'armes  qui  passèrent  par  le  Daul- 
phiné  et  y  firent  plusieurs  maulx). 

y>  De  là  on  alla  à  Anthon  où  Tonne  trouva  pas  grande 
résistance  (i6).  Ainsi  parla  grâce  de  Dieu  et  miracu- 
leusement tout  considéré  le  Daulphiné  fut  délivré  des 
mains  des  ennemis  et  eschappa  le  grand  péril  auquel  il 

vivres  pour  deux  ans,  etc.  Voy.  Processus^  etc....  Chorier^  t.  II, 
p.  427,  dit  au  contraire  qu  étant  poursuivi  après  la  bataille,  il 
s'élança  à  cheval  dans  le  Rhône,  et  traversa  ce  fleuve  la  lance 
à  la  main. 

(i5)  Il  y  eut  plus  de  5oo  prisonniers,  tant  Bourguignons  que 

Savoisiens  ;  plus  de  460  tués On  prit  1200  chevaux  ,  dont  la 

plupart  furent  vendus  trois  jours  après  à  Crémicu  (à  trois  lieues 
au  sud-est  d' Anthon).  Voy.  Processus  y  etc. 

(16)  Le  lendemain ,  12  juin....  Et  le  i5  on  prit  Falavier.... 
On  confisqua  en  même  tems  plusieurs  châteaux  apparlenans  au 
prince  d'Orange,  dans  le  Gapençais  et  les  Baronnies. 


DEI'XIÈMF,  PIÈCE.  320 

cuyda  estrc  et  pour  ce  de  ceste  bataille  le  Daulphiné  à 
tous  temps  en  doit  faire  grande  joie  en  remerciant  Dieu. 
Mesdicts  seigneurs  le  gouverneur  et  mareschal,  pour 
prier  Dieu  pour  les  morts  et  pour  perpétuelle  mémoire 
de  ceste  louable  besongne  ordonnèrent  qu'au  cbamp  où 
avait  esté  faicle  la  bataille  l'on  fistune  belle  cbapelle  bien 
rentée  pour  y  dire  messe  tous  les  jours,  mais  rien  ne 
s'y  est  encore  faict  et  Dieu  en  pourroit  estre  mal  content. 
L'on  a  bien  faict  et  très-bien  faict  aucunes  peinctures  , 
messes  et  commémoration  pour  ceulx  qui  moururent  à 
Yernueil  comme  dict  est.  Ceste  bataille  estoit  et  doit  es- 
tre de  plus  grande  commémoration  pour  remercier  Dieu 
et  à  Thonneur  de  tout  ce  ;  car  si  le  prince  eust  obtenu  vic- 
toire plus  grande  mortalité  y  eust  eu  et  sans  comparaison 
que  audit  Vernueil  (17),  tant  de  ceulx  qui  estoient  en 
ladicte  bataille  comme  des  ault  res  que  l'on  eust  tués  après 
et  sans  les  aultresinnumérables  inconvénients  et  qui  pis 
est  on  eust  perdutout  le  pays  avec  les  aultres  pays  comme 
dict  est.  Pour  ce  y  doivent  adviser  ceulx  du  Daulpbiné  de 
faire  leur  devoir  et  qu'ils  ne  soient  pas  ingrats  envers  Dieu 
car  grand  et  périlleux  péché  est  que  ingratitude.  Si  Ton 
a  faict  commémoration  de  ceulx  qui  sont  morts  à  Ver- 
nueil Ton  doit  mieulx  faire  commémoration  pour  la 
grande  grâce  que  Dieu  afaicte  de  saulverles  corps  et  les 
âmes  avecques  leurs  femmes  et  enfants,  et  tous  leurs  biens. 
»  Ladicte  bataille  comme  dict  est  fut  faicte  entre  Anihon 
et  Colombier  et  plus  près  de  Colombier  que  d'Antbon. 
Du  costé  du  prince  avoit  environ  800  chevaliers  et 
escuyers  sans  aultres  gens.  Il  y  mourut  ung  très  bel  et 

(17)  Thomassin  veut  dire  sans  doute  q^'il  y  eût  plus  pe'ri  de 
Dauphinois  qu'à  Verneuil ,  où  il  y  en  eut  3oo  de  tues  (  Choiier^ 
liist.  du  JDaup/uné y  t.  Il, p. 422). 


33o  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

notable  chevalier  de  Bourgongne  appelé  messire  Loys 
de  la  Chapelle  ,  qui  fut  porté  à  Crémieu  et  là  est  se- 
veliau  couvent  des  Augustins.  Tous  les  aultres  notables 
en  bien  grand  nombre  furent  prisonniers  et  ont  payé 
de  grans  rançons.  La  journée  fut  très  bonne  pour  les 
gens  de  nostre  part  et  bien  a  esté  raison  et  oultre  ce  on 
les  doit  avoir  fort  en  mémoire  perpétuelle  car  ils  ont 
mis  leur  vie  pour  la  défense  de  la  chose  publique  du 
Daulphiné  et  aussi  duroyaulme  ;  le  roi  n'a  pas  mis  cel- 
lui-ci  service  et  les  auUres  quelles  bons  et  loyaulx 
Dalphiniens  ont  faicts  au  temps  passé  comme  sera  dict 
ci-dessous  sur  monseigneur  qui  est  à  présent  (i8). 

Lcdicl  prince  en  ladite  bataille  laissa  sa  bannière  que 
ledit  Pxodrigues  fit  porter  en  son  pays ,  et  aussi  y  laissa 
son  estendard  grand  et  bien  pompeux  ;  la  moitié  rouge 
et  Taoltre  perse  :  au  plus  hault  ung  soleil  d'or  qui  estend 
ses  ravs  au  long  de  l'est endard  jusques  au  bas.  Il  fut 
porté  à  (Grenoble  et  là  est  encore  en  la  chapelle  de 
messieurs  les  Daulphins.  Les  aultres  bannières  et  esten- 
dards  des  capitaines  pareillement  y  demeurèrent.  L'es- 
tendard  du  seigneur  de  Salleneuve,  blanc  et  rouge,  fut 
porté  audict  Grenoble  et  mis  en  la  grande  église  ;  les 
aultres  furent  portés  en  d'aultres  lieux. 

. Par  ceste  manière  onpeultcongnoistre  comment  il  en 
prend  aux  présomptueux  et  gens  outrecuidés  et  or- 
gueilleux. Ledict  prince  fit  une  très  grande  despense  pour 
mettre  à  exécution  son  mauvais  et  dampne  propos  et 
tout  perdit  en  une  heure  et  qui  pis  son  honneur,  il  estoit 
de  Tordre  du  duc  de  Bourgongne  laquelle  lui  fut  ostée 
pour  ce  que  honteusement  s'en  estoit  fouy  et  con- 
damné de  jamais  avoir  bannière  ne  estendard  jusques  à 

(i8)  Louis,  daiiplilri,  depuis  Louis  Xi. 


DEUXIEME  PItr.E.  00  1 

ce  que  les  aie  recouvrés  en  aullrc  juste  et  raisonnable 
et  honorable  bataille.  Mais  jamais  ne  le  fera  car  il  est 
vieulx  et  pour  ce  porte  en  sa  devise  non  plus  ,  laquelle 
j'ai  veue  depuis  sur  le  portail  de  Lyon-le-Sauhiier  ,  où 
estlahoreloge.  Monseigneur  m' a  envoyé  souvent  devers 
lui  et  lui  ai  ouy  dire  que  si  la  chose  estoit  à  faire  ,  que 
jamais  ne  la  feroit  et  de  l'avoir  faict  fort  se  repent  ;  mais 
c'est  trop  tard.  Je  me  voulus  enquérir  pourquoi  il  por- 
toit  cette  devise  et  depuis  quand  Tavoit  prinse;  il  me  fut 
dict  qu'il  Tavoit  prinse  depuis  ladicte  bataille,  etl'avoit 
prinse  pour  ce  que  monseigneur  de  Bourgongne  lui  dit 
qu'il  falloit  qu'il  retournast  à  Anthon  en  Daulphiné  pour 
recouvrer  ce  qu'il  avoit  perdu  ;  mais  il  lui  respondit  non 
plus  ,  et  depuis  a  porté  cellui  mot.  D'aultre  part  ledict 
prince  a  faulsé  son  hommage  ,  sa  foi ,  ses  promesses, 
son  scellé  et  son  serment,  dont  il  est  crimineulxen  plu- 
sieurs cas  et  digne  de  grande  pugnition  au  regard  de  sa 
personne  ;  et  se  doivent  confisquer  tous  les  biens  qu'il 
tient  à  hommage  du  seigneur  Daulphin  ;  et  avec  ce  il 
est  tenu  à  grands  intéresJs  pour  les  grands  dommages 
que  monseigneur  le  Daulphin  et  le  Daulphiné  ont  souf- 
ferts par  ladicte  guerre.  J'ai  fairl  ungtrailiépar  manière 
de  mémoire ,  du  commandement  exprès  de  la  bouche  de 
monseigneur  et  lui  en  ai  envoyé  le  double  qui  se  com.- 
mence  ainsi  :  S'ensuivent  les  mémoires^  etc.  Il  seroit  trop 
long  pour  mectre  ici  ;  toutefois  n'est-il  pas  de  mectre  en 
oubli  ;  une  fois  justice  se  remectra  sus. 

»  Avecledictprinceavoitlesplns  espéciaux  et  vaillants 
de  Savoie  et  qui  pis  est  des  terres  qui  sont  de  Thom- 
mage  du  Daulphiné.  Ils  n'y  allèrent  pas  sans  le  congé  et 
vouloir  de  leur  seigneur  le  duc  de  Savoye  dernièrement 
mort  qui  estoit  consentant  de  ladicte  enlreprinse  et  avoit 


3o2 


PIECES  JUSTIFICATIVES. 


certaines  paches  et  convenances  avec  ledict  prince.  De 
ceste  matière  j'en  ai  faictungauitre  Iraitié  lequel  se  com- 
mence ainsi  :  Pour  remontrer^  etc.  ,  qui  ne  se  doit  pas 
mectre  en  oubli ,  comme  a  esté  dict  de  l'autre. 

«  Tantost  après  ladicte  bataille  mesd.  seigneurs  gou- 
verneur et  mareschalavecques  leur  armée  s'en  allèrent  en 
la  principaulté  d'Orange  et  d'assaultde  bonne  et  juste 
guerre  conquirent  la  ville  et  le  chastel  (19)  et  toutes 
les  aultres  places  de  la  principaulté.  Ceste  matière  est 
comprinse  bien  au  long  aud.  traitié  du  prince  d'Orange. 

j>  De  ladicte  bataille  d'Antbon  s'en  est  suivi unggaige  de 
bataille  de  l'an  i4.3i  entre  ung  gentilhomme  de  Bour- 
gongne  nommé  Loys  de  Maulpre  appelant  et  ung  autre 
gentilhomme  du  Daulphiné  nommé  Pierre  Pèlerin  dé- 
fendeur et  appelé.  La  journée  dud.  gaige  devant  mon- 
dict  seigneur  le  gouverneur  esleu  à  ce  par  lesdictes  parties 
fut  tenue  à  Vienne  le  dixième  jour  de  juillet  l'an  que 
dessus,  et  là  se  trouvèrent  environ  de  7  à  800  chevaliers 
et  escuyers  tant  du  royaulme  de  l'obéissance  du  roy  que 
du  Dauphiné  ,  dont  les  Anglois  et  Bourguignons  furent 
bienesbahys,  car  ils  ne  cuidoient  pas  que  attendu  les 
pertes  que  le  roy  avoit  faictes  l'on  peust  encore  trouver 
si  notable  et  belle  compaignie  en  l'obéissance  du  roy,  la- 
quelle chose  porta  depuis  grand  prount  au  roy  daulphin 
etpourlacause  que  je  fus  présent  j'en  ai  faict  ung  traitié 
et  procès-verbal  qui  se  commence  ainsi  :  Au  nom  de  notre 
seigneur,  etc.  auquel  au  temps  advenir  ceulx  qui  voudront 
faire  gaige  de  bataille  pourront  avoir  recours  pour 
avoir  advis  comment  ils  se  devroient  maintenir  et  pro- 
poser le  cas  d'ung  costé  et  d'aultre.  J'en  ai  faict  ici  men- 
tion pour  ce  que  c'est  Thonneur  du  Daulphiné  et  tous 

(19)   Orange  fut  assiégé  le  29  juin  ,  et  pris  le  3  juillet. 


DEUXIÈME  PIÈCE.  333 

ces  trahies  se  doivent  mectre  en  la  chambre  des  comptes 
avecques  ce  registre*  « 

Remarque  concernant  Thomassin. 

Nous  avons  dit,  note  24^1,  page  lyS,  que  le  té- 
moignage de  Thomassin ,  quant  au  projet  attribué  à 
Charles  VII  de  se  retirer  en  Dauphiné,  nous  paraissait 
d'un  très-grand  poids.  Il  faudra  peu  d'observations  pour 
justifier  notre  opinion.  Thomassin  est  non-seulement 
un  auteur  contemporain ,  mais  il  a  été  à  portée ,  par 
ses  emplois ,  de  vérifier  beaucoup  de  fails  secrets  de 
l'histoire  de  son  siècle.  Il  était  dans  la  force  de  1  âge  (20) 
et  pourvu  de  la  charge  de  conseiller  au  conseil  delphi— 
nal  (21)  lors  du  siège  d'Orléans.  Il  avait  en  outre  fait 
plusieurs  séjours  dans  cette  ville  ou  à  Paris  (22).  Quel- 
ques années  après  que  Louis  xi  eut  obtenu  de  Charles  vu 
(en  i44o)  Tadministralion  du  Dauphiné,  il  chargea 
Thomassin ,  comme  le  plus  ancien  de  ses  officiers  (23), 
et  comme  ayant  beaucoup  de  lumières  et  d'expérience , 
de  composer  le  recueil  manuscrit  d'où  nous  avons  tiré 
le  fragment  précédent.  Ce  recueil  est  donc  officiel,  et 
tout  annonce  que  les  relations  qui  y  sont  faites  eurent 
l'approbation  de  Louis  xi. 

(20)  Il  annonce  dans  son  manuscrit,  f.  86,  cju'à  l'âge  de  seize 
ans,  à  la  Saint-Jean  de  14^75  il  alla  étudier  à  l'université  d'Or- 
léans. Il  avait  donc  environ  trente-sept  ans  à  l'époque  du  siège. 

(21)  Voir  le  fragment  pre'ce'dent ,  page  323.  D'après  son  ma- 
nuscrit, f.  162  ,  des  1426,  il  avait  été  commissaire  pour  im  rè- 
glement de  limites  entre  le  roi  et  le  comte  de  Savoie. 

(22)  Voir  la  note  20  ci-dessus  ,  et  la  nole^^  ,  ci-devant  p.  i3o, 

(23)  C'est  ce  qui  est  exprimé  dans  les  lettres-patentes  de  sa 
commission,  datées  de  Romans  le  ao  mai  i456.  Mss.y  f  i^f. 


334  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

TROISIÈME  PIÈCE. 

Lettre  de  Jeanne  d'' Arc  au  duc  de  Bourgogne , 
jusqu'à  présent  inédite  ;  suivie  de  ses  lettres 
aux  Anglais  et  au  comte  dArmagnac. 


I.  Un  nous  a  procuré,  pendant  l'impression  de  notre 
ouvrage ,  une  copie  figurée  de  cette  lettre  (i) ,  qui  est 
conservée  dans  les  archives  de  Lille.  Quoique  Jeanne 
d'Arc,  ne  sachant  ni  lire,  ni  écrire  (2),  fut  réduite  à 
dicter  ses  lettres  (3) ,  qu'il  fût  par-là  facile  de  lui 
en  attribuer  auxquelles  elle  n'aurait  point  eu  de  part, 
ou  d'altérer  celles  qu'elle  aurait  dictées  (4),  qu'enfin 
aucun  auteur  contemporain  ne  fasse  mention  de  celle- 
ci,  cependant  nous  sommes  persuadés  de  son  authenti- 
cité. Nous  nous  fondons  entre  autres  sur  la  conformité 
de  son  style  avec  celui  des  lettres  écrites  aux  Anglais  (5) 
et  au  comte  d'Armagnac,  que  l'on  produisit  pendant  le 
procès  de  Jeanne,  et  sur  l'exactitude  de  ce  qu'elle  y 
énonce  relativement  au  sacre  de  Charles  vu. 

(1)  Nous  la  devons  à  la  complaisance  de  M.  D*,  homme  de 
lettres,  recteur  de  l'académie  de  ***. 

(2)  Voy.  ci-devant  note  SçjS  ,  no  i5 ,  p.  a33. 

(3)  Thomassin  ^  f.  tjS  ,  dit  positivement  qu'elle  dictait  ses  let- 
tres :  «  Fil  escrire  des  lectres  qu'elle-mesme  dicta. ...» 

(4)  C'est  ce  qui  est  arrivé...  Voy.  ci-après  notes  10  à  i5, 
pages  337  et  338 ,  et  ci-devant  note  33^  ,  p.  235. 

(5)  Lenglet  et  Tripaut  n'en  donnent  qu'une.  Thomassin , 
f.  95  et  96,  en  rapporte  quatre  ,  dont  il  avait  vu  lui-même  les 
copies,  mais  qui  ne  semblent  que  des  fragmens  de  celle  qu'on 
va  rapporter  (ci-après  n»  IV,  p.  SSj),.  où  ce  qui  est  énoncé  dans 
tes  quatre  se  trouve  compris. 


TROISIÈME   PIÈCE.  335 

ÎI.  Considérée  quant  à  son  étal  matériel ,  la  lettre 
est  écrite  en  caractères  gothiques,  avec  beaucoup  d'a- 
bréviations; mais  elle  se  lit  très-aisément.  Elle  a  dix- 
sept  lignes  et  demie,  qui  ont  chacune  deux  cent  soiîtante- 
dix  millimètres  de  longueur.  Elle  est  pliée  à-peu-près 
comme  nos  lettres  ordinaires ,  mais  sous  un  format  assez 
grand  et  presque  carré,  de  centquarante-neuf  sur  cent 
trente-cinq  millimètres.  Vers  le  bas  de  la  partie  exté- 
rieure pliée  ,  il  y  a  pour  toute  adresse  :  Au  Duc  de  Bour^ 
goin^ne. 

III.  Voici  ce  que  contient  l'intérieur  : 

f  Jésus  Maria  (6) 

Hault  et  redouble  prince  Duc  de  Bourgoi'ngne  Jehanne  la 
pucelk  vous  retjui'ert  de  par  le  roy  du  ciel  mon  droilurier 
et  souuerain  seigneur  que  Le  roy  de  France  et  vous  faciez. 
bonne  paix  ferme  qui  dure  longuement^  pardonnez  lun  a 
lautre  de  bon  cuer  entièrement  ainsi  que  doiuent  faire  loyaulx, 
christians ,  et  sil  vous  plaist  a  guerroier  si  alez  sur  les  Sar- 
razins.  Prince  de  Bourgoingne  je  vous  prie  supplie  et  requiers 
tant  humblement  que  requérir  vous  puis  que  ne  guerroiez  plus 
ou  (au)  saint  royaume  de  France^  etfailtcs  retraire  incontinent 
et  hriefment  voz  gens  qui  sont  en  aucunes  places  et  foriesses 
(forteresses)  dud,  saint  royaume^  et  de  la  part  du  gentil  roy 
de  France  il  est  prest  de  faire  paix  a.  vous  sainte  son  hon- 
neur sil  ne  tient  en  vous  et  vous  fais  a  sauoir  de  par  le  roy  du 
ciel  mon  droiturier  et  souuerain  seigneur  pour  votre  bien  et 
pour  votre  honneur  et  sur  voz  vie  que  vous  ny  gaigncrez  point 
bataille  a  lencontre  des  loyaulx  François,  et  que  tous  ceul% 
qui  guerroient  ou  (au)  saint  royaume  de  France  guerroient 

(6)  Le  mot  Jésus  est  ainsi  écrit:  Jhus. 


336  PIECES  JUSTIFICATIVES. 

contre,  le  roy  Jhus  (  Jésus  )  roy  du  ciel  et  de  tout  le  mondg 
mon  droiturier  et  souuerain  (y)  seigneur  et  vous  prie  et  re- 
quiers a  jointes  mains  que  nefaittes  nulle  bataille  ne  neguer- 
roiez  contre  nous  vous  voz  gens  ou  subgiez  et  croiez  seurement 
que  quelque  nombre  de  gens  que  amenez  contre  nous  quih 
ny  gaigneront  mie  et  sera  grant  pitié  de  la  grant  bataille  et 
du  sang  quy  y  sera  respendu  de  ceulx  qui  y  vendront  (vieiî- 
dront)  contre  nous,  et  a  trois  sepmaines  que  je  vous  auoye  es- 
rript  et  enuoie  bonnes  lettres  par  (8)  ung  herault  que  /eussiez 
au  sacre  du  roy  qui  aujourduy  dimenche  xvij'"^  jour  de  ce 
présent  mois  de  juillet  ce  fait  en  la  cite  de  Reims  (9)  dont  je 
nay  eu  point  de  réponse  ne  nouy  oncques  puiz  nouuelles  dud. 
herault.  A  Dieu  vous  commens  et  soit  garde  de  vous  sil  luy 
plaist,  et  prie  Dieu  quily  mette  bonne  paix.  Escript  aud.  lieu 
de  Reims  led.  xvif^^  jour  de  juillet. 

(7)  Droiturier  et  souverain  seigneur. . .  Ces  expressions  ue  sont 
pas  dans  les  lettres  suivantes  ;  mais  Jeanne  s'en  est  servie  dans 
ses  interrogatoires.  Voy.  Lai>erdy^  p.  44- 

(8)  Les  auteurs  ne  font  non  plus  aucune  mention  de  cette  pre- 
mière lel[re  adresse'e  à  Philippe-le-Bon  ,  ni  de  l'arrestation  du 
héraut  de  Jeanne.  Elle  fut  e'crite  probablement  de  Sully,  de  Saint- 
Benoit ,  ou  de  Cliâteauneuf,  villes  où  la  pucelle  était  vers  la 
fin  de  juin ,  et  où  Texpédition  du  sacre  fut  définitivement  ré- 
solue. Voir  ci-devant  le  texte  ^  P-  77  î  ^t  V itinéraire^  p.  258.  L'ar- 
restation du  héraut  est  une  preuve  que  Philippe  n'avait  point , 
comme  certains  auteurs  l'ont  pensé  ,  tacitement  consenti  à  ue 
mettre  aucun  obstacle  à  l'expédition  de  Reims.  S'il  eût  été  en 
bonne  intelligence  avec  Charles,  il  n'aurait  pas,  contre  toutes 
les  lois  de  la  guerre  ,  retenu  le  héraut. 

(9)  Ce  passage  est  précieux.  Voilà  enfin  un  monument  au- 
thentique de  l'époque  précise  du  sacre  de  Charles  vii.  Il  con- 
firme ce  que  nous  avons  observé  à  ce  sujet,  ci-devant  note  332, 
page  2i6  (imprimée  loug-tenis avant  que  nou.*  connussions  (a 
lettre  ). 


TROISIÈME  PIÈCE.  33 7 

IV.  Nous  allons  maintenant  rapporter  comme  pièces 
de  comparaison  les  lettres  aux  Anglais  et  au  comte  d'Ar- 
magnac, telles  qu'elles  nous  sont  données  par  Lenglet, 
tome  h"  (10).  Nous  y  joindrons  les  notes  où  il  remarque 
les  altérations  qui  y  furent  faites. 

Lettre  aux  Anglais. 

\  Jésus  Maria,  f 

îioy  d' Angleterre ,  et  vous  duc  de  Bedfort ,  qui  vous  dictes 
régent  le  royaulme  de  France  :  vous  Guillaume  de, la  Poule  y 
comte  de  Suffort ,  Jehan  sire  de  Tallebot ,  et  vous  Thomas 
sire  d' Esclaves  (  Esc  ailes),  ^m/wm*  dictes  lieutenants  dudict 
duc  de  Bedfort ,  failles  raison  au  roy  du  c^W  rendez  à  la  pu- 
celle  (11)  qui  est  ici  envoyée  par  Dieu  le  roy  du  ciel 
les  choses  de  toutes  les  bonnes  villes  que  vous  avez  prises  et 
violées  en  France  :  elle  est  ici  venue  de  par  Dieu  pour  récla- 
mer le  sang  royal  ;  elle  est  toute  prête  défaire  paix  si  vous 
lui  voulez  faire  raison  ;  par  ainsi  que  la  France  vous  mettez, 
sus  et  payerez  ce  que  vous  l'avez  tenue.  Etentre  vous  archiers , 
compaignons  de  guerre  gentils  et  aultres  (jui  estes  devant  la 
ville  d'Orléans^  allez  vous-en  en  voire  pays  de  par  Dieu,  et 
si  ainsi  ne  lefaittes ,  attendez  les  nouvelles  de  la  pueelle^  qui 
vous  ira  férir  briefment  à  vos  bien  grands  dommaiges  :  roy 

(10)  La  lellre  aux  Anglais  est  dans  d'autres  auteurs  ,  tels  que 
ïrlpaut,  6g,  mais  avec  quelques  variantes.  Nous  nous  sommes 
aussi  servis  de  la  leçon  de  Laverdy  ,  Si  à  85  ,  qui  ne  diffère  de 
celle  de  Lenglet  que  dans  un  très-petit  nombre  de  mots. 

(11)  Ce  qui  est  ici  en  romain  a  été  changé  et  altéré  par  les 
juges.  Au  lieu  de  rendez  à  la  pucel/e,  etc.,  il  y  avait ,  dans  la 
lettre  originale,  rendez  au  roy  les  choses  de  toutes ,  etc.  Interro- 
gatoire du  22  février  i43i.  (  Note  de  Lenglet.  ) 

22 


338  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

d 'Angleterre^  si  ainsi  ne  lefailtes\e  suis  chief  de  guerre  (12) 
et  en  qiœlcjue  lieu  que  je  attendrai  {\ù)  vos  gens  en  France^  je 
les  ferai  aller ^  oeuillenl  ou  non  oeui lient  ;  et  si  ne  veulent  obéir 
Je  les  ferai  fous  occire.  Je  suis  ici  envoyée  de  par  Dieu  le  roy 
du  ciel  cor^s  pour  corps  (i4)  P^^^'f  ^^^us  bouter  hors  de  foute 
France  ;  et  si  veulent  obéir ^  Je  les  prendrai  â  mercy  ;  et  n'ayez 
point  en  votre  opinion  .  car  vous  ne  tiendrez  point  le  royaulme 
de  France;  Bien  le  roy  du  ciel.,  fils  de  sainte  Marie  (i5)  : 
aifis  le  tiendra  le  roy  Charles  vray  héritier;  car  Dieu  le  roy 
du  ciel  le  veut ,  et  lui  est  révélé  par  la  pucelle  ,  lequel  entrera  à 
Paris  en  bonne  compaignie.  Si  ne  voulez  croire  de  par  Dieu 
les  nouvelles  de  la  pucelle.,  en  quelque  lieu  que  vous  trouverons^ 
nous  fér  irons  dedans,  et  y  ferons  ung  si  grand  hahay,  que  en- 
core a-t'ilmil  ans  que  en  France  ne  fut  si  grand;  si  vous  ne 
faittes  raison,  croyez  en  fermement  que  le  roy  du  ciel  envoyera 
plus  de  force  à  la  pucelle  que  vous  ne  Vy  sauriez  mener  de 
fous  assaulx  à  elle  et  à  ses  bons  gens  d'armes,  et  aux  horions 
i>erra-t-onqui  aura  meilleur  droit  du  roy  du  ciel.  Vous,  duc  de 
Bedfort ,  la  pucelle  vous  prye  et  vous  requiert  que  vous  ne  vous 
fassiez  mie  destruire  :  si  vous  lui  faittes  raison ,  encore  pour- 
rez vous  venir  en  sa  compaignie  ,  ou  que  les  François  feront 
le  plus  belfaictque  onCquesfutfaictpar  la  chresiienté;  et  faittes 
responses  si  vous  voulez  faire  paix  en  la  cité  d'Orléans;  et  si 

(12)  Je  suis  chief  de  guerre  :  Ces  mots  ne  sont  pas  dans  l'ori- 
ginal.  (  Note  de  Lenglef.  ) 

(i3)  Il  faut  lire  attindrai.  (  Note  de  idem.  ) 

(i4)  Corps  pour  corps  ,  et  chief  de  guerre*  Nie  que  ces  mots 
soient  dans  l'original  de  ses  lettres.  Interrogatoire  du  22  février 
i43i.  (  Note  de  idem.  ) 

(i5)  Ceci  paraît  une  espèce  d'attestation  <îu  nom  de  Dieu. 

(  Note  de  Laçerdy^  83.  ) 


TROISIÈME  PIÈCE.  SSq 

ains  ne  îe  f alites  ^  de  vos  biens  grands  domaiges  vous  sou- 
vienne ôriefment.  Escrit  ce  samedy  semaine  sainte  (16). 

V.  La  lettre  suivante  est  une  réponse  à  une  lettre 
dans  laquelle  le  comte  d'Armagnac  consultait  Jeanne 
sur  lefaici  des  papes ,  dit-il;  observant  qu  il  y  avait  alors 
trois  contendans  à  la  papauté  :  le  premier,  Martin-Çw/w^, 
auquel  il  avoue  que  tous  les  rois  chrétiens  obéissent  ;  le 
deuxième,  Clément  yii  (17),  demeurant  à  P^niscelle  , 
au  royaume  de  Valence  ,  en  Espagne  ;  elle  tiers,,  qu'on, 
ne  sait  où  il  demeure  ,  Benoît  xiv. 

Lettre  au  comte  d' Armagnac . 
Jésus  f  Maria. 
Comte  dJrmignac^  mon  très  cher  et  bon  amy^  Jehanne  la 
pucelle  vous  fait  sçavoir  que  votre  message  est  venu  par  devers 
moi,,  lequel  m 'a  dîct  que  l'avez  envoyé  par  deçà  pour  sçavoir  de 
moi  auquel  des  trois  papes  que  mandez  par  mémoire  vous 
deviez  croire  ;  de  laquelle  chose  ne  vous  puis  bonnement  faire 
sçavoir  au  vrny  pour  le  présent,  jusques  à  ce  que  je  sois  à  Paris 
ou  ailleurs  à  requoy  ;  car  je  suis  pour  le  présent  trop  empes- 
chée  aux  faicts  de  la  guerre  ;  mais  quand  vous  saurez  que  je 
serai  à  Paris,  envoyez-moi  ung  message  par  devers  moi,,  et  je 
vous  fer  ai  sçavoir  tout  au  vrai  auquel  vous  devrez  croire  (18), 

(16)  Dans  Tripaut,  70,  et  Thoniassin,  f.  95,  la  date  est  du 
mardi.  Voy.  ci-devant,  note  11  de  l'itinéraire,  page 255. 

(17)  Tel  est  le  nom  que  le  comte  donne  à  cet  anti-pape.  Si 
on  l'eût  reconnu  comme  pape  légitime  ,  on  Tappeileroit ,  dans 
l'ordre  de  l'histoire  ,  Clément  viii. 

(18)  Jeanne  s'est  plainte  ,  dans  le  cinoulème  interrogatoire, 
qu'on  avait  altéré  ses  lettres.  Il  paraît  que  ce  fut  sur-tout  cette 
réponse  ,  où  elle  semble  en  doute  sur  le  pape  auquel  ou  doit 
obéissance.  Elle  dit  qu'elle  obéissait   au  pape  séant  à  Rome 


34o  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

et  que  en  aurez  sçu  par  le  conseil  de  mon  souverain  seigneur  le 
roy  de  tout  le  monde ,  et  que  en  aurez  affaire  à  tout  mon  pou- 
voir.  A  Dieu  vous  commens  ;  Dieu  soit  garde  de  vous.  Escrit 
à  Compiègne  (19)  /e  xxij'^^  jour  d'août  (14.29). 

(  Martin  v,  élu  par  le  concile  de  Constance  après  l'abdication 
de  Grégoire  xii ,  et  la  déposition  de  Jean  xxiii  et  de  Be- 
jioît  XIII  )  ,  et  que  telle  était  la  réponse  qu'elle  avait  faite  au 
messager  du  cornle  d'Armagnac.  (  Obserçation  de  Lenglet.  Voy. 
aussi  Laçerdy,  44-  ) 

N.  B.  Ce  comte  d'Armagnac  était  Jean  iv,  fils  du  fameux 
connétable  dont  nous  avons  parlé  plusieurs  fois.  . . .  Voyez  ci- 
après  la  table,  p.  35 1,  mol  Armagnac. 

(19)  Ceci  prouve  que,  comme  on  l'a  remarqué  à  la  note  35 
de  l'itinéraire  ,  ci-devant  p.  262,  le  roi  entra  à  Compiègne  le 
22  août ,  puisqu'il  était  ordinairement  accompagné  de  Jeanne 
d'Arc. 


Flî^   DES  PIECES  JUSTIFICATIVES. 


TABLE  CHRONOLOGIQUE 

Bes  principaux  faits  dont  il  est  question  dans 
cet  ouvrage. 


T.  signifie  texte ,  n.  note ,  p.  page. 

i38o.  Etat  florissant  de  la  France  à  l'avènement  de 
Charles  vi....  Ses  relations,  alliances,  e\.c,  ■— Texte  ^ 
page  I  à  4 ;  note  2  à  i3 ,  page  1 08  à  1 1 1. 

i38o.  Régence  du  duc  d'Anjou  ,  oncle  du  roi.  —  T., 

^.  5;  w.   14.  à  20,  ;?.  III. 

i382.  Administration  de  Philippe-le-Hardi ,  duc  de 
Bourgogne,  et  de  Jean,  duc  de  Berri,  oncles  du  roi. 
—  T., p.  6;  n.  21  à  3i,  p.  112. 

i388.  Administration  de  Charles  vi  et  de  ses  minis- 
tres; sadémence.  — r.,/>.  8;  /2.  32  à  38, /9.  116. 

1392.  Deuxième  administration  de  ses  oncles.  —  T. , 

p,  9;  n.  39  à  4.1,;?.  117- 

1398.  Idem ,  des  mêmes  et  de  Louis ,  due  d'Orléans , 
frère  du  roi,  et  de  la  reine  Isabelle  de  Bavière.  — T., 
p.  10;  n.  4-2  à  56,  p.  117. 

i4o4..  Mort  de  Philippe....  Intervention  de  Jean- 
Sans-Peur,  duc  de  Bourgogne.  — r.,  /?.  12;  n.  57  à 

62 ,  P'  120. 

i4o5.  Divisions  entre  les  princes,  la  reine,  etc.— 
T.,  p.  i4;  ri.^?>  à  65,/?.  121. 

1407.  Meurtre  du  duc  d'Orléans....  Apologie  et  do- 
mination de  Jean.-  T. ,  p.  i5  -,  n.  66  à  71,  p.  121. 

i4io.  Guerres  civiles....  Partis  des  Bourguignons  et 


342  TABLE   CHRONOLOGIQUE 

des  Armagnacs....  Bouchers  et  écorcheurs....  Proscrip- 
tion des  Armagnacs.  —  T. ,  p,  16;  n.  72  à  77,  p.  122. 

i4.i3.  Partis  des  modérés  et  du  dauphin  Louis.  Ils 
se  saisissent  de  Paris  et  se  lient  aux  Armagnacs....  Op- 
pression des  Bourguignons. —  T.^  p.  17  ;  «.78  à  83  , 

p.   123. 

i38o  à  i4i2.  Belations  de  la  France  avec  l'Angle- 
terre :  1°  sous  Richard  11  (i38o  à  iBgg).  Trêves  et 
traités.  —  T.,  p-  18;  n.  84.,/?.  124. 

2°.  Sous  Henri  tv  (  i4o2  à  i^-io  ).  Excursions  sur  les 
côtes;  combats  partiels  sur  mer, etc.  —  T.^p.  18;  n.  85 
et  86  ,  p.  125. 

3°.  Idem  (i4ii,  1412)....  Traités  horlleux  du  duc 
de  Bourgogne,  et  ensuite  des  autres  princes  français 
avec  Hpiri  iv....  Son  armée  ravage  la  France.  —  T., 
p.  19  ;  n.  87  à  92  ,  p.  126. 

i4i3.  Mort  de  Henri  iv.  Portrait,  projets  et  con- 
duite de  Henri  v.  —  T.^  p.  21  ;  n.  gS  à  gS,  p.  128. 

i4i5.  Bataille  d'Azincourt....  Factions  diverses  en 
France....  Mort  du  dauphin  Louis....  Le  comte  d'Ar- 
magnac nommé  connétable. —  T.,  p.  22  ;  n.  96  à  102, 
p.  128. 

i4^6,  1417-  Traité  ignominieux  de  Jean,  duc  de 
Bourgogne....  Mort  dti  dauphin  Jean  et  du  duc  de 
Berri....  Le  nouveau  dauphin  (Charles  vu)  appuie  le 
connétable....  Administration  tyrannique  de  celui-ci.... 
Sa  conduite  imprudente  envers  Isabelle....  Conquête 
de  la  Normandie  par  les  Anglais....  La  France  est  sac- 
cagée.—T.,  jo.  23;  n.  io3  à  III,  p.  i3o. 

î4i'3  ,  1419.  On  livre  Paris  au  duc  de  Bourgogne.... 
Massacres  des  x\rmagnacs....  Il  négocie  avec  le  dauphin 


DES   PRINCIPAUX  FAITS.  343 

Charles....  Il  est  ensuite  massacré.  —  T. ,  p.  2S  ;  n.  112 
à  122,  p.  i32. 

i4i9î  1^20.  Philippe -le -Bon  ,  nouveau  duc  de 
Bourgogne....  Désastres  du  dauphin  Charles....  Il  est 
déshérité....  Traité  de  Troyes....  La  couronne  de  France 
est  donnée  à  Henri  v....  Son  voyage  en  Angleterre.... 
Bataille  de  Baugé....  T. , p.  28;  n,  i23  à  i3i,y3.  i35. 

i^ai,  i4-22.  Belour  de  Henri..,.  Ses  conquêtes.... 
Celles  de  Philippe....  Bataille  de  Saint-Riquier....  Le 
dauphin  lève  le  siège  de  Cosne....  Mort  de  Henri....  Le 
duc  de  Bedfort,  régent.,..  Le  duc  de  Glocester,  prolec- 
teur en  Angleterre Mort  de  Charles  vi.  —  T. ,  /o.  29  ; 

n.  i32  à  14.1,  p'  i38. 

1422.  Charles  vu  est  appelé  roi  de  Bourges....  Etat 
des  deux  partis  ;  leurs  provinces ,  richesses ,  commerce , 
alliés  (les  Ecossais  sont  ceux  de  Charles),  troupes  ,  gé- 
néraux, finances  ,  revenus....  Talens  des  ducs  de  Bour- 
gogne et  de  Bedford.... — T.,  p.  3i  ;  n.  142  à  i5i  , 
/?.  i4i. 

1422.  Conduire  de  Charles  vu  dans  sa  jeunesse 
(i4i8  à  1422.  —  T.  ^  p.  35;  et  n.  i5i  bis,  p.  i45).... 
Idem  depuis  son  avènement....  Crédit,  tyrannie,  pil- 
lage, etc.,  de  ses  favoris....  Perte  de  Meulan.  —  T., 
p.  35  ;  n.  i52  à  i58,  ys.  145. 

1428.  Le  duc  de  Bretagne  se  joint  aux  Anglais....  Les 
Ecossais  et  les  Milanais  envoient  des  troupes  à  Char- 
les VII....  Batailles  de  Crevant,  de  la  Gravelle  et  de  la 

Bussière Mariage  de  Bedfort.  —  T. ,  p.  Sj  ;  n.  iSg  à 

164 ,  p.  i46- 

1424,  i425.  Bataille  de  Verneuil....  Conquêtes  des 
Anglais....  Diversions  heureuses  opérées  par  deux  dif- 


344  TABLE  CHRONOLOGIQUE 

férents  de  Glocester  avec  le  duc  de  Bourgogne  (relati- 
vement à  Jacqueline  de  Hainaut)  et  avec  l'évéque  de 
Winchester....  Long  voyage  de  Bedfort  en  Angleterre. 

—  T.  ^  p.  39  ;  n,  i65  à  175,  p.  i48. 

1424  à  1426.  Divisions  de  la  cour  de  Charles  vu... 
Bichemont ,  connétable ,  lui  procure  l'alliance  du  duc 
de  Bretagne  et  fait  renvoyer  les  ministres....  Il  prend 

Pontorson Les    manœuvres    de    Giac  ,  favori    de 

Charles  ,  le  font  battre  à  Saint-James-de-Beuvron.... 
Exécution  de  Giac  et  de  Beaulieu,  son  successeur...,  La 
Trémouille ,  nouveau  favori....  Dunois  fait  lever  le  siège 
de  Montargis.  —  T. ,  p.  4i  ;  «•  176  a  188 ,  p.  i52. 

1427.  Betour  de  Bedfort....  La  Bretagne  et  la  Navarre 
accèdent  au  traité  de  Troyes.  Troubles  et  guerre  civile 
dans  le  parti  de  Charles  vu  ,  excités  par  la  Trémouille. 

—  T.  y  p.  45;  n.  189  et  190,  p.  i55. 

1428.  Etat  des  deux  partis,  leurs  provinces,  troupes, 
alliés  ,  etc..  Buine  de  la  France  (ses  expéditions  à 
l'étranger,  de  i382  à  i4i6;  n.  201,  p.  i5(S);  favoris  et 
indolence  de  Charles  vu  ;  rapacité  des  courtisans  ,  etc. 
^-T. ,  p.  45;  n.  191  à  2o5,  p.  i56. 

1428,  juinet  à  octobre.  Ouverture  de  la  campagne.... 
Conquêtes  en  Champagne....  Prises  des  villes  voisines 
d'Orléans;  leurs  garnisons  se  joignent  en  partie  aux 
Anglais.  —  T. ,  yo.  5i  ;  n.  206  à  208 ,  p.  160. 

1428,  octobre.  Siège  d'Orléans....  Sa  garnison....  Sa 
situation....  Les  tournelles....  Approche  de  l'armée  an- 
glaise ,  commandée  par  Salisbury  (  sa  mort  ).  —  T.  , 
/?.  5i  ;  n.  209  à  2i5,  jo.  161. 

1428,  octobre.  Incendie  des  faubourgs  et  églises 

Attaque  et  prise  des  tournelles....  Béparations  et  cons- 


DES  PRmCIPAUX  FAITS.  34"^ 

truclions  réciproques  de  boulevarls  sur  le  ponf. —  T. , 
^.  Sa;  «.  216  à  222  ,  p.  i63,  V.  aussi  carie  visuelle,  ex- 
plication ,  ^  ^  ,  p.  2^-j. 

1^28,  octobre  à  janvier.  Description  de  la  circonval- 
latlon  d'Orléans,  bastilles  (leurs  noms  et  positions, 
n.  223  et  même  explicai.^  §  ^  iP-  ^i^)  1  fossés,  ponts  ,  etc. 
Sorties  ,  détresse  des  assiégés ,  etc.  —  T. ,  p.  53  ;  n,  223  à 
22g,  ;?.  i65.  (Traité  avec  les  Ecossais ,  72.  14.7  et  24.1*, 
p.  14.3  et  176;  aide  accordée  par  les  Etats,  V,  d.  n.  24i  *, 
p.  176.) 

1428  .février.  Convoi  amené  aux  Anglais  par  Fastol... 
Sortie  d'Orléans....  Journée  des  Harengs....  Orléans  of- 
fert au  duc  de  Bourgogne....  Consternation  de  la  cour 
de  Charles  vu....  Le  duc  de  Bar  l'abandonne....  On 
propose  de  se  relirer  en  Dauphiné.  —  T". ,  ya.  54  j  n.  200 
à  241  •>  p-  171- 

1428,  mars.  Arrivée  et  promesses  de  Jeanne  d'Arc. 
{T.  ^  p.  56  ).  Discussions  sur  son  âge  (18  ans  )  et  sa  pro- 
fession (bergère).  (iV.  242,;?.  177).  Digressions  sur  ses 

premières  années Son  éducation,  ses  occupations; 

ses  voyages  à  Neufchâteau  ,  Nancy,  Toul  et  Vaucou- 
leurs(/2.  2^3  ,  n°  I  à  g,  p.  kSo).  Troisième  voyage  à 

Vaucouleurs,   et  voyage  de  Vaucouleurs  à  Chinon 

Elle  ne  fut  point  un  instrument  de  la  cour...  {^Ibid.  n°  10 
«  if^.,  p-  184.  V.  aussi  explication  de  la  2^  carte,  n.  5  à  8 , 
p.  253.  )  La  cour  n'eut  d'autre  mérite  que  de  lui  four- 
nir des  occasions  d'exercer  son  courage.  Réponse  aux 
objections  des  Anglais  et  autres....  Secret  prétendu  dé- 
couvert à  Charles...  Motifs  du  merveilleux  qu'on  em- 
ploya... Superstition  de  son  siècle.  (  T. ,  /?.  Sy  ;  n.  244  ^ 
255  ,  p.  189.)  Son  adresse  à  l'exercice  de  la  lance,  et  son 
éloquence.  —  T. ,  ^.  60  ;  n.  256  à  260,  p.  igS. 


346  TABLE  CHRONOLOGIQUE 

14.28,  7nars^,el  i^ag,  ai>riL  Instances  de  Jeanne  d'Arc 
auprès  de  la  cour....  Son  influence  sur  les  soldats  fran- 
çais et  anglais  (ceux-ci  la  traitent  de  sorcière).  Convoi 
conduit  à  Orléans....  Son  entrée  dans  cette  ville....  Ses 
reconnaissances  des  bastilles....  Sommations  aux  Anglais. 
—  T. ,  yo.  62  ;  72.  261  à  273  ,  p.  196.  V.  aussi  explication 
de  la  2^  carte ^  n.  11  et  i3  ,  /?.  255  et  257. 

14.29,  mai.  Le  4,  2«  convoi....  Découragement  des 
Anglais....  Sortie  des  Français  du  côté  de  Saint-Loup.... 
Ils  sont  repoussés....  Jeanne  les  secourt  et  les  ramène 
au  combat....  Attaque  de  la  bastille  de  Saint-Loup.... 
Talbot  veut  la  secourir....  Il  est  contenu....  Prise  de  la 
bastille  et  du  clocber  de  Saint- Loup. —  T.,  p.  64.; 
n.  274.  à  287  ,  p.  199. 

1429  ,  mai.  Le  5  ,  conseil  et  préparatifs....  Le  6  , 
passage  de  la  Loire  pour  attaquer  les  bastilles  de  la  rive 
gaucbe....  Evacuation  de  Saint  Jean-le-Blanc...  Attaque 
des  Augustins....  Les  Français  se  replient..,.  Jeann^  les 
ramène....  Prise  des  Augustins....  Conseil..,.  Investisse- 
ment des  tournelles...  Bivouac  de  Jeanne...  Evacuation 
de  la  bastille  de  Saint -Privé.  —  T.,  p.  68;  n.  288  à 
3oo,  /?.  2o3. 

1429,  mai.  Le  7,  attaque  du  boulcvart  et  du  fort  des 
tournelles....  Jeanne  est  blessée.,,.  On  ordonne  la  re- 
traite.... Jeanne  ramène  les  Français  au  combat.... 
Prisedes  tournelles....  Glacidas  et  les  Anglais  se  noient.... 
Le  pont  est  rétabli....  La  nuit,  nouveau  bivouac  de 
Jeanne....  Le  8,  évacuation  des  autres  bastilles....  Re- 
traite des  Anglais.,..  Résumé  des  succès  obtenus.  —  T., 
p.  70;  n.  3oi  à  3io,  p.  206. 

1429  ,  mai  et  Juin.  Indolence  de  Charles  Yll...  Voyage 


DES  PRilSCIPAUX  FAITS.  347 

de  Jeanne  à  Loches....  Proposition  du  sacre...  Expédi- 
tion de  l'Orléanais....  Attaque  de  Gergeau....  Jeanne 
est  blessée  et  renversée....  Elle  encourage  les  soldats.... 
La  ville  est  prise  ainsi  que  Suffolk,  son  gouverneur.... 
Prise  de  Meun ,  de  la  ville  et  du  château  de  Beaugency, 
—  T.  !f  p.  78;  «.  3ii  à  822,  p.  208.  V.  aussi  explication 
de  la  2^  carie ^  n9^  12  à  \%  et  leurs  notes  ^  p,  2.S']. 

i/^t^g^juin.  Bataille  de  Pathay...  Défaite  des  Anglais  ; 
prise  de  Talbot....  Fuite  de  Fastol....  Reddition  de 
Jenvllle,  etc.  Voyage  de  Jeanne  à  Sully,  auprès  de 
Charles  vu....  Prières  pour  Richemont....  Apathie  de 
Charles....  Le  sacre  est  résolu.  —  T.,p,  'jS;  n.  Sso  à 
328,  p.  2i3;  explication  de  la  2^  carte ^  n^^  19  à  22  et 
note  1 1 ,  sur  idem ,  p,  258. 

1^29,  2 (^  juin  au  i^  juillet.  Expédition  du  sacre.... 
Attaque  ou  soumission  d'Auxerre  ,  Saint-Florentin, 
Troyes  ,  Châlons  ,  Sepseaux  ,  Reims....  Sacre.  —  T., 
p.  77;  n.  329  à  333,  p.  2i5  ;  même  explication^  §  ^» 
p.  269. 

14.29,  juillet  (le  20)  à  octobre.  Expédition  de  Tlle- 
de- France  ,  de  la  Brie  et  environs....  Prise  ou  soumis- 
sion des  villes  suivantes  :  Saint-Marcoul ,  Vailly,  Sois- 
sons,  Laon,  Château-Thierry,  Crécy,  Coulommiers  , 
Provins,  Nangis  (bataille  offerte  aux  Anglais),  la 
Ferlé-Milon  ,  Crépy,  Dammarlin  (bataille  offerte  iW.), 
Compiègne  ,  Beauvais  ,  Lagny,  Saint-Denis,  etc.,  etc. 
Attaque  de  Paris....  Troisième  ou  quatrième  blessure 
de  Jeanne.  Ensuite  retour  à  Bourges,  par  Bray, 
Courtenay,  Château  -  Renard  ,  Montargis  et  Gien.... 
Trêve  avec  le  duc  de  Bourgogne.  —  T. ,  p.  78  ;  n.  334^ 
à  337  bis,  f.  217  ;  sur-tout  même  explication  ,  §  6  ,  et 
notes.  25  à  39  de  id. ,  p.  259. 


348  TABLE  CHRONOLOGIQUE 

1429,^/2  d'octobre  aux,  premiers  jours  d'avril.  Expé- 
ditions ou  excursions  du  Berri  eL  environs...  Attaque  et 
prise  (le  Saint-Pierre-le-Moutier...  Courage  de  Jeanne.. 
Siège  de  la  Charité....  Voyages  de  Gergeau  et  autres.... 
Jeanne  est  ennoblie  ,  etc.  —  V.  même  explication  ,  §  7, 
et  les  notes  4.0  à  4-5  ,  de  id. ,  p.  264. 

i43o  ,  ^rt  d'avril  jusqu'au  2^  mai.  Expéditions  de 
Lagny....  Jeanne  défait  et  prend  Franquet....  Id.  de 
Soissons,  Noyon  et  Compiègne....  Courage  et  prise  de 
Jeanne.  (T.,  p.  79;  n.  338  et  339,  p.  218;  sur-tout 
même  explication^  §  8  et  notes  {6  kS2  de  id.  ,  yo.  267).  Ré- 
sume des  voyages  ,  expéditions  ,  etc. ,  de  Jeanne.  —  K. 
D.  explication  ,  §  9,  /?.  27  i.  iV.  fi.  D'autres  faits  de  i43o 
et  143 1  sont  indiqués  ci-dessous,  à  la  fin  de  cette  table. 

i43o  à  i436.  Apathie  de  Charles...  Nouvelles  dissen- 
tions de  sa  cour.. .  Les  Français  se  rangent  d'eux-mêmes 
à  leur  devoir Traité  (i435)  avec  le  duc  de  Bour- 
gogne.... Soumission  (  i43G)  de  Paris....  Triomphe  de 
la  France  assuré.  —  T. ,  /?.  80  ;  n.  34o  à  346  ,  /?.  219. 

1437  à  1461.  Charles  change  de  conduite....  Eloge 
de  son  administration  et  énumération  des  bienfaits  dont 
la  France  lui  est  redevable,  sur-tout  de  la  formation  des 
troupes  réglées,  de  la  dispersion  des  bandes  qui  rava- 
geaient la  France,  de  l'expulsion  des  Anglais,  etc. 
Tableau  de  leurs  ravages  et  de  nos  malheurs ,  etc.  ; 
ensuite  de  la  puissance  et  du  bonheur  de  la  France,  etc. 

—  T.,  p.  82  ;  n.  347  à  374»  P-  222. 

i43oet  i43i.  Procès,  persécutions,  condamnation 
et  supplice  de  Jeanne  d'Arc.  Son  éloge,  ses  vertus ,  etc. 

—  T.,  p.  89;  n.  375  à  386;  sur-tout  n.  878  oCi  est  l'a- 
nalyse des  procédures  ,  p.  229. 


DES  PRITSCIPAUX  FAITS.  349 

Inaction  de  Charles..  Au  lieu  de  proposerun  échange 
des  prisonniers  faits  à  cette  époque  aux  combats  d'An- 
thon  ,  de  Germigny,  de  la  Crolselle  et  de  Chappe ,  ou 
bien  de  racheter  Jeanne  ,  etc. ,  on-  se  borne ,  vingt-cinq 
ans  après,  à  faire  la  révision  de  son  procès. '— T.  , 
p.  92;  n.  387  à  jqi ,  p.  238. 

Kéfulation  des  calomnies  des  écrivains  modernes.... 
Honneurs  rendus  ou  à  rendre  à  Jeanne  d'Arc.  —  T.  ^ 
p.  94  ;  n,  392  à  394,  P'  24 1- 


im   DE  LA   TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


TABLE  ALPHABETIQUE 

DES  MATIERES. 


ytîiNEAS  SiLVius  OU  Pie  II ,  pape  ,  fait  1  eioge  de  Jeanne  d'Arc  , 
pages  237  et  296  ;   anecdote  inconnue  le  concernant,  295  ; 
autres  faits ,  l'bid. 
Albret  (  Guillaume  d'  ),  officier  tué  à  Rouvray,  173. 
Alençon  (  le  comte  d'  ),  prince  du  sang;  traité,  20. 

(  le  duc  d')  ,  fils  de  idem;  sa  rançon;  commande  Tarajée  , 

212  ;  sa  condamnation,  223  ;  autres  faits,  ig4,  212,  241,  319. 
Alliances .  ..  VoyezTvz\\és. 
Alphonse  s,  roi  d'Aragon,  s'empare  du  royaume  de  Naples,  289; 

est  défait  prt-s  de  Gènes  ,  3o6. 
Amédée  VIII  ^  duc  de  Savoie,  secourt  le  prince  d'Orange,  323. 
Amiens ,  choses  remarquables  dans  cette  ville,  Si;. 
Anglais ^  défaut  de  religion  ,  ambition  ,  etc. ,  3i2,  3 17  ;  courage  , 

197;  est  abattu  à  l'arrivée  de  Jeanne  d'Arc,  ibid. 
Angleterre.  Son  état  à  la  mort  de  Charles  v,  i  ;   de   Charles  vi, 
3i  ;  au  tems  du  siège  d'Orléans,  49  5  divisions  des  princes  ,  ré- 
gences,   etc.,  3,  32,  110;  autres  faits,  82,  i43. —  K.  aussi 
Bedfort ,  Henri ,  Richard  ,  etc. 
Angouléme  (  Jean,  comte  d'  )  ,  aïeul  de  François  ic,  127,  3oi. 
Anjou  (  Louis,  duc  d'  )  ,  régent  de  France  ;  administration  ,  ex- 
pédition à  Naples  ,  sa  mort,  4  >  1 1--  —  Louis  et  René  j  ses  pti- 
tits-fils. . .     V.  Sicile 
Anselme  (le  P.  )  ,  réfuté  ,319. 

Anihon.  Bataille,  93,  238;  récit   détaillé,  faits  qui  la  précédè- 
rent et  suivirent ,  etc.,  321  et  suiv. 
Argens  (  le  marquis  d'  ),  réfuté  ,  242. 
Armagnac  (le  comte  d'  ).    Portrait;   sa  conduite  tyrannique  et 

celle  de  son  parti,  i6  et  suiv.  ;   laS  et  suiv.  ;  sa  mort ,  i33. 
Armagnac  (  le  comte  d'  )  ,  son  fils  ,  consulte  Jeanne  ,  339. 
Armagnacs  (  parti   des  ).   Leur  nom  est    donné  long-temps  au 

parti  de  Charles  vil,  242.  —  V.  Armagnac 
Armée  de  Charles  Yii,  33,  46,  157. 


352  TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Arondel^  général  anglais,  i44« 

Artigny  (  l'abbé  d'  ) ,  ouvrage  ,  107  ;  opinions  citées  ,  disculées  ou 
réfutées  ,  107  ,  242. 

Asiréo^  amiral  génois,  victoire  navale,  3o5. 

Ast^  recouvré  par  Charles,  duc  d'Orléans,  283. 

Astezan.  Notice  sur  son  manuscrit ,  279  et  suiv.  ;  sur  sa  vie  et 
ses  ouvrages ,  282  et  suiv. 

Auberhe  ^  château  ,  pris  et  repris,  822,  324. 

Auteurs  cités  dans  notre  ouvrage  (  liste  des  ) ,  102  et  suiv. 

Autorités  des  faits  cités  dans  notre  ouvrage,  98. 

Azafy  château,  assiégé  par  Charles  VII,  i45. 

Atieu^  château,  pris  et  repris,  822,  324. 

^zZ/z^oa/-/.  Bataille ,    22,    128. 

Bar  (  René  ,  duc  de  )  adhère  au  traité  de  Troyes  ,  176  ;  autres 
faits,   i85,  290...  /^.Sicile. 

Barbazan  ;  son  éloge;  pris  à  Melun  ;  quand  délivré,  i3G; 
vainqueur  à  la  Croisette  et  à  Chappe  ;  98;   239. 

Bastilles  des  Anglais  au  siège  d'Orléans;  noms  et  position,  i65 
et  suiv.  et  246  ;  i^^  de  id.  ,  i64;  leurs  attaques,  prises  et  évacua- 
tion, 66  et  suiv.,  201  et  suiv.;  leur  force,  65,  i63,  201 ,  2o5, 208. 

Batailles  ou  combats...  V.  Anthon,  Azincourt ,  Baugé  ,  Cas- 
tlllon ,  Chappe,  Crevant,  Germlgny,  Harengs,  la  Bussière, 
la  Croisette,  la  Gravelle ,  Pathay,  Rosbecq,  Rouvray,  Saint- 
James,  Saint-Riquier,  Verneuil. 

Baudot  de  Juilly.  Histoire  et  opinions  discutées  ou  réfutées, 
108,  i34,  166. 

Baudricûurt  rebute  et  ensuite  accueille  Jeanne  d'Arc,  et  l'en- 
voie à  Charles  vii ,    184  et  suiv. ,  243 ,  3o4. 

Baugé  ^  bataille,  29,  i38. 

Baïonne  ^  assiégé  et  pris  par  Charles  vil ,  3 18. 

Beaugency  ^  pris,  160;  repris,  75,211,  258.  —  ^.  aussi  2i3. 

Beaulieu  ,  favori  de  Charles  vu  ,  4^  >  44- 

Beaumarchais ,  réfuté  ,242. 

Beauvais  (  Pierre  Cauchon  ,  évêque  de  )  ,  fait  acheter  Jeanne 
d'Arc,  dirige  et  instruit  son  procès,  la  persécute,  fait  brû- 
ler,"etc.  ;  .90  et  suiv.  ;  23o  et  suiv,  —  Il  n'était  pas  son  juge 
naturel ,  23.4. 


DES  MATIÈRES.  353 

Bedfort  {\e  duc  de),  oncle  de  Henri  vi.  Eloge,  talens  ,  34, 
49  et  236;  nommé  re'gent  de  France,  i4i  ;  victoires,  23  et 
Sg;  mariage,  38  et  147  ;  voyage  en  Angleterre,  4»  et  i5i  ; 
sa  mort,  223;  le  supplice  de  Jeanne  est  une  tache  à  sa  me'- 
moire,  236;  autres  faits,  34,  87,  45,54,75,  i4o,  i4i ,  i56, 
109 ,  162 ,  2i3  ,  260  à  262. 

jÇ^'m  (Jean,  duc  de),  oncle  de  Charles  vi.  Portrait,  de'pre'- 
dations  ,  6  et  suiv. ,  ii4ct  suiv.  ,  3i5;  traité  honteux  ,  20  ;  sa 
mort,  i3i  ;  il  laisse  beaucoup  de  reliques,  ii4;  autres  faits, 
3i3,3i5. 

Berthier  (le  P.  )  ,  opinion  citée ,  188. 

Béziers ,  assiégé  par  Charles  vu  ,  i45. 

Beuil^  officier,  161. 

Blois,  Choses  remarquables  à  id.  ,  3i5. 

Bony  ^  pris  par  Culant ,  259. 

Bordeaux ,  i  ,  33. 

Bouchers.   Leurs  massacres   et  liste   de   proscription,  17,  i23. 

Bourbon  (  le  duc  de  ) ,  traité  honteux  ,  20. 

Bourdon^  favori  d'Isabelle,  noyé,  i32. 

Bourges.  Choses  remarquables,  3i5. 

-5i?z^/-^c^;7^  (Philippe-le-Hardi ,  duc  de),  oncle  de  Charles  vi. 
Portrait,  ambition,  déprédations,  puissance  formidable,  etc., 
6  à  12  ,  112  à  120  ;  il  meurt  insolvable  ,  ii4  et  120. 

Bourgogne  (  Jean-sans-Peur ,  duc  de  )  ,  fils  du  précédent.  Por- 
trait, intrigues;  est  aimé  des  Parisiens;  guerres  civiles;  fait 
assassiner  le  duc  d'Orléans;  protège  les  bouchers,  i3  à  18, 
120  à  123  ;  traités  honteux  avec  l'Angleterre,  20  à  23,  et 
i3o;  sanctionne  les  massacres  des  Armagnacs,  26  et  i33  ; 
s'unit  avec  Isabelle  ;  traite  avec  Charles  vu  et  est  massacre  , 
27  et  134. 

Bourgogne  (  Philippe-le-Bon ,  duc  de  ).  Eloge  ,  portrait ,  28  et 
34  ^  victoire,  3o  et  139;  rupture  heureuse  avec  Glocester, 
4o,  49  et  i5o  ;  ou  lui  offre  Orléans,  55  et  174  ;  fait  une  trêve 
avec  Charles  ,  puis  reste  uni  aux  Anglais ,  78,  217,  263  et  336  ; 
expéditions  de  Soissy  et  Compiègne  ,  .267  et  suiv.  ;  il  traite 
enfin  avec  Charles  vu  ,  81 ,  83  et  220  j  autres  faits ,  42  ?  3»  » 
23o  ,  240  ,  264. 

23 


354  TABLE   ALPHABETIQUE 

JOouniel ,  gouverneur  de  Solssons  ,  270  ,  26S. 

Brabani  (  le  duc  de  )  ,  4o  >  "So. 

Brest ,  loç). 

Bretagne  (le  duc  de).  Traite  tantôt  avec  les  Anglais,  tantôt 
avec  les  Français,  3;  ,  38,  ^t  »  4^  >  49  .  i55  ;  autres  faits  ,  3  , 
110  ,  125  ,  i55. 

6â'/^/?û^A/>/-;  nécessite' pour  l'histoire,  100  ,   271. 

Capeluche ,  bourreau,  26. 

Capoue.  Apparition  de  la  croix  ,  289. 

Cartes  du  siège  d'Orle'ans,  246etsulv.  ;  du  théâtre  dé  la  guerre 
et  des  voyages  de  Jeanne  ,  aSi  et  sulv. 

Casti'tte,  alliée  de  la  France  ,  2  ;  attaquée  par  le  duc  de  Lcn- 
castre  ,110. 

Castillon  ^  bataille,  222. 

Cauchon  ,  évêque.  V .  Beauvais. 

Chabanes  ,  officier ,  161  ,  269. 

Chabot ,  officier  tué  à  Rouvray  ,  173. 

Ctiahet ,  professeur  d'histoire  à  Grenoble;  éloge  et  mort,  292. 

Champeaux ^  ministre  des  finances;  déprédations,  i4j. 

Chappe  ^  bataille,  93,  238. 

Charles  V.  Etat  florissant  de  la  France  à  sa   mort ,    1  à  4  >   »« 
à  m  ;  autres  faits,  84  et  224. 

Charles  VI.  Expéditions,  administration,  caractère,  démence, 
dénuement,  etc.  ,  6à  12  ,  112  et  sulv.  ;  son  nom  sert  aux  di- 
vers partis,  22  et  sulv.  ;  sa  mort,  3i  et  \l^\  ;  état  affligeant 
de  la  France  Sous  son  règne,  46- 

Charles  VII.  Sa  naissance,  i53  ;  se  laisse  diriger  par  le  comte 
d'Armagnac,  24  et  i3i  ;  est  sauvé  des  massacres,  27  ,  i34; 
traite  avec  Jean,  duc  de  Bourgogne  ;  n'a  aucune  part  à  son 
assassinat,  27  et  i34;  faiblesse  de  son  parti ,  2g  et  i35;  il  est 
déshérité  ,  29  et  i36  ;  état  de  ses  forces  à  son  avènement ,  3^1 
et  sulv.  ,  141  et  siiiv.  ;  activité  avant  cette  époque,  et  apathie 
postérieure,  35  etsuiv.;  i45  etsuiv.  (  K  aussi  ci-après  Orléans 
et  Paris  )  ;  sa  faiblesse  pour  ses  favoris,  ministres,  etc. ,  35,  4^ 
et  suiv,  ,  77  ,  i4^>  "^^  ^^  ^"''^-  >  ^'9  '  ^'^'^  ^^  ^^^  forces  en 
1428  ,  4^  et  suiv.  ,  i56  et  suiv.  ;  conseillé  de  se  retirer  en 
Dauphiné  ,  56,  174  el  333  ;  Jeanne  d'Arc  ranime  son  parti  et 


DES  MATIERES.  355 

delerniine  à  secourir  Orléans,  6i  el  suiv. ,  196;  il  se  ticnL 
d'abord  éloigne  de  l'armée,  73,  77,  208, 2i5;  elle  l'engage 
à  l'expédition  du  sacre,  77  ,  2i5  et  suiv.  ,  a5g  et  suiv.  ;  divi- 
sions dans  sa  cour  ,  80,  214,  219;  tableau  et  éloge  de  son  ad- 
ministration et  de  sa  conduite  dans  les  vingt-cinq  dernières 
années  de  son  règne  ,  8i,  222  et  suiv.  ;  il  ne  fait  rien  pour 
délivrer  Jeanne  d'Arc,  92  et  139;  il  recouvre  la  Normandie 
et  la  Guienne  ,  3oi  ,  3oa  ;  sa  dévotion  ,  3 12  ;  il  se  tient  éloigné 
de  Paris,  3 16;  sa  mort ,  284,  320. 

C/jar/i'cr^  historien ,  témoin  oculaire,  io5. 

Chàteaubrun  ^  officier  tué  à  Rouvray  ,    173. 

Chaumont^  officier,  161. 

Choisy  (  l'abbé  de  )  ,  opinions  citées  ,  etc. ,  i34. 

Cîarcncc  (  le  duc  de  )  ,  frère  de  Henri  v,  défait  et  tué  à  Baugé, 

29  et  i38. 
Clermont  (le  comte  de  )  ,  envoyé  à  Orléans  ,  176. 
CUsson,  connétable;  sa  cruauté;  8  et  116. 
Colombier^  château  pris  et  repris,  322,  324- 
Compagnies    (  grandes  ).    Leur  formation   et  leurs  ravages  en 

France,  84,  224,  16,  32,  47,  etc. 
Compiègne.  Choses  remarquables,  3i6;  se  soumet  à  Charles  vit, 

262  ,  340. 
Coucy,  château  du  duc  d'Orléans,  livré  par  trahison,   3i3  ;  sa 

description ,  3 12. 
Craon  ^  ennemi  de  Clisson  ,  8  et  116. 
Crevant,  siège  et  bataille,  37  et  147. 
Croix.  Apparitionsà  Capoue ,  289;  à  Baïonne ,  317. 
Croix-Boissée.  Bastille  au  siège  d'Orléans,   167. 
Cuîant  ^  amiral  ,  176;  prend  Bony,  269. 

Daniel  {  le  P.  )  ,  opinions  citées,  discutées  ou  réfutées,  i5i, 

166  ,  170,  174. 
Daulon  j  écuyer  de  Jeanne  >  190,  201. 
Dauphinois.  Plus  de  3oo  tués  à  Verneuil ,  322  ,  329. 
Dauphins.  V.  Jean  et  Louis...  id.  d'Auvergne,  i53. 
Duèelley-Langey ,  calomnies  sur  Jeanne  réfutées  ,  241. 
Duguesclin  ,  connétable  ,  2  et  8. 


356  TABLE  ÂLPHAEÉTFQUE 

Du^a///an,  culomiiles  sur  Jeanne    réfutées  ,  241. 

Diinois  ,  ou  le  bâtard  d'Orléans.  Sa  naissance  et  regrels  de  la 
duchesse  ,  ï53;  gendre  de  Louvet,  ibid.\  fait  lever  le  siège  de 
Montargis,  i55;  va  dans  Orléans,  161,  176  •  est  blessé  à  la 
iournée  des  Harengs  ,  et  néanmoins  dirige  la  retraite ,  55 
et  174;  accompagne  Jeanne  d'Arc,  6461209;  force  les  Anglais 
à  rendre  son  héraut ,  gS  et  aSi)  ;  dépose  dans  le  procès  de  ré- 
vision ,  24,  206;  concourt  à  la  reddition  de  Paris,  221. 

Ecosse  ,  alliée  de  la  France  ;  traités  ,  2  ,  \Çy\  envoie  des  secours, 

33,87,  ^9»  ^^^'  '4^'    ^4^'  ^°"  connétable,  173,  176. 
Edouard III,  roi  d'Angleterre,  2,  i8,  20,  109. 
Eglises  d'Orléans,  brûlées,  i63  et  sur-tout  247. 
Elisabeth.  V.  Isabelle. 

Expéditions  de  la  France  à  l'étranger,  126,  i58. 
Expilly,  président  au  parlement  de  Grenoble  ,  280. 
Expillfy  écrivain;  où  il  a  puisé,  107.  V.  Pollucbe, 

Falapier,  château  pris  et  repris,  822,  828. 

Fastol  ou  Falstol/y  général  anglais  ,  triomphe  à  Rouvray  ,  55 
et  171  ;  fuit  à  Patliay  ,    76  et  214. 

Facoris  àç.  Charles  vu.  F.  Beaulieu  ,  Charles  vii ,  Giac,  la 
Trémouille. 

Finances.  Mauvais  état,  dissipation,  etc.  ,  34,  i44»  *4'^- 

Flandre.  Expédition,  6  et  ii3. 

France.  Etat.  V.  Charles  v,  Yi  et  vu,  et  compagnies;  son  terri- 
toire et  ses  richesses,  3i. 

France  (  maison  de  ).  Ses  branches  ,  m. 

Franquei  d'Arras,  défait  par  Jeanne,  79  et  267. 

Frégose ^  doge  de  Gênes,  290. 

Gale  as ,  duc  de  Milan  ,  et  ses  fils  ,  281 ,  3o6,   149.  V.  Milan. 

Gaucourt ^  gouverneur  d'Orléans,  67  et 201  ;  vainqueur  à  An- 
thon  ,  93  ,  288  et  822  ;  témoin  au  procès  de  révision  ,  241. 

Gênes.  Renvoie  et  rappelle  tour-à-tour  les  Français  ;  veut  se 
donner  à  la  France  ,  2  ,  49  »   82  ,  1 10  ,  i58  ,  228  et  290. 

Gergeau ,  pris  par  les  Anglais,  160  ,  162;  repris  par  Jeanne, 
75  et  212  ;  autres  faits  ,  166,  218;  24^' 

G&rmigny,  Bataille,  93  et  238. 


DES  MATIÈRES.  35; 

Giac ^  favori  de  Charles  vu,  4^  ,  i53  et  i54' 
Glacidas^  "commandant  des  tournelles ,  70,  71  el  208. 
Glocester  (le  duc.  de  ).  Ses  différents  avec  le  duc  de  Bourgogne 

et  1  evêque  de  \'N^inchester ,  38  à  40,  i^i  ,  i5i. 
Gravèrent  (  Frère  Jean  )  ,  inquisiteur  en  France  ,  23o. 
Griffet  (  le  P.  ).  Opinions  cile'es  ,  etc.  ,  i35,  2i4  ,  216. 
Groslée y  un  des  chefs  à  la  bataille  d*Anthon,  323  ,  etc. 
Guan'ni,  bisaïeul  de  l'auteur  du  Pas  for  Fido  •  Sig. 
Gui'e/ine ,Tecou\Yée  par  les  Français,  222  ,  3oi. 

Hainaut  (Jacqueline  de  )  ,  4o  et  i5o. 

Harengs  (  journées  des  )  ,  54  et  suiv. ,  171  et  suiv. 

Harjleur.  Siège  et  prise  ,  23  et  i3o  ;  repris,  222. 

Henri  IV ^  roi  d'Angleterre  ;  auparavant  duc  de  Lencaslre.. 
Détrône  Richard  ;  sa  politique  envers  la  France  ,  sa  mort  , 
18  à  21  ,   125  à  127. 

Henri  Vy  son  fils.  Portrait,  conduite,  -victoires,  conquêtes,  21 
3  23,  ia8,  129,  i32  et  i36  ;  fait  roi  de  France;  voyage, 
29  et    i36;  retour,  conquêtes,  mort ,  29,  i37  à  i4o. 

Henri  VI ,  son  fils,  3i  ,  220  ,  23o  ,  240  ,  268. 

Hire  (la),  célèbre  capitaine  ,  69,    161,  167,  176. 

Histoire  de  la  Pucelle  ;  éloge  de  cette  chronique  ,  99  et  io5. 

Hume  ^  historien,  opinions  citées,  discutées  ou  réfutées,  i25, 
129,  i35,  i5i,  i55,  i56,  i65,  177,  187,  189,  202 ,  208 , 
2i4,  221 ,  235  ,  236. 

Inquisition.  Ses  formes  effrayanlos  ont  été'  employées  dans  le 
procès  de  Jeanne  d'Arc  ,  23i. 

Isabelle  de Bai>iere  ^  10  à  12,  22,  25,  28,  121  et  182 ;  fait  dés- 
hériter son  fils  ;  sa  mort  ,221. 

Isabelle  ou  Eliiabel/t ,  sa  fille,  femme  de  Richard  11  et  de 
Charles,  duc  d'Orléans,  i25  et  319. 

Itinéraire  de  Jeanne  d'Arc,  252  et  suiv. 

Jacques  /«'',  roi  d'Ecosse  ,  i43  ,    i44- 

Jean   dauphin,  second  fils  de  Charles  VI  ;  sa  mort ,  24  ,  i3i ,  100. 

Jean-le~Bon ,  roi  de  France  ,   i  et  loB. 

Jean-sans-Peur-  V.  Bourgogne, 

Jeanne  û'Arc.  Sa  naissance,  3o2;  son  âge  ,  177  à  179  et  3c3i 


bO  TABLE  ALPHABETIQUE 

son  pays  ,  ses  père  ,  mère  et  oncle  ,  î8i  et  i83,  n^s  i  el  6  cl 
3o2  ;  son  éducation,  ses  occupalions,  sa  conduite  dans  sa 
jeunesse  el  sa  profession  ,  179,  n°  1  et  181  ,  n^s  iet4el3o2; 
petits  voyages  aux  environs  de  Domrémy  ,  181 ,  n^*  3  et  4  >  et 
184  no  g  ;  ses  re'vélations  et  son  projet  de  sauver  la  France  , 
i83  ,  no  7  ,  et  3oj  ;  premier  voya;;e  à  Vaucouleurs  ,  où  el!e  en 
fait  part ,  long-tems  avant  le  sie'ge  d'Orléans;  elle  est  rebutée, 
i83  ,  n''  7,  et  184  ,  no  8  ;  elle  est  accueillie  à  un  troisième  ,  et 
envoyée  en  France  :  toutes  ces  courses  prouvent  qu'il  n'y  eût 
point  d'artifice  ,  184,  n^^  g  et  10.  Voyages  à  Chinon  ,  à  Poi- 
tiers et  à  Blois  ;  autres  preuves  ,  i85  à  187,  et  253  à  256  et  3o3  ; 
opinions  des  anciens  et  des  modernes  sur  Jeanne  réfutées, 
57  et  suiv.  ;  elle  ne  fut  point  formée  au  rôle  qu'elle  joua  ;  ses 
démarches  furent  uniquement  le  fruit  du  civisme  et  de  l'en- 
thousiasme ,  5g  et  suiv.,  i83  el  suiv.,  187  ,  n»  i3  ,  189  et  suiv., 
241  (  poyez  aussi  ci-après  Richart)  ;  ce  qu'on  peut  penser  du 
merveilleux  qu'on  employa  ,  5g  ,  187  ,  n^  i3  ,  190  et  suiv.  ;  sur 
ses  révélations,  Sg  ;  sur  les  examens  auxquels  elle  fut  soumise, 
187,  3o4;  sur  son  adresse  à  l'exercice  delà  lance  et  du  cheval. 
Go  et  193;  sur  son  éloquence,  61  et  194  à  19^  '■>  elle  se  présente 
à  la  cour  ,  ranime  les  esprits  abattus,  promet  de  faire  lever 
le  siège  d'Orléans  et  de  conduire  le  roi  à  Reims,  56  et  62;  les 
Français  reprennent  el  les  Anglais  perdent  courage  ;, ceux-ci 
la  croient  magicienne,  63  ,  197,  220;  elle  opère  une  espèce  de 
révolution  ,  217.  — Elle  conduit  un  premier  convoi  à  Orléans, 
reconnaît  les  bastilles  des  Anglais  et  letirfait  des  sommations, 
64  et  198;  elle  protège  l'entrée  d'un  deuxième  convoi,  et  est 
d'avis  d'attaquer  les  Anglais,  64  ,  199  et  257  ;  vole  au  secours 
des  Français  repoussés  dans  une  sortie  ;  repousse  les  Anglais  ; 
attaque  et  prend  la  bastille  de  Saint-Loup,  66  et  67  ,  201  à 
2o3  ;  conseil  ;  attaque  des  Augustins  ;  les  Français  se  replient 
et  sont  poursuivis;  Jeanne  repousse  encore  les  Anglais,  et 
ramène  les  Français  à  l'attaque  ;  prise  des  Augustins  ,  68  ,  69 
et  2o3  à  2o5  ;  elle  obtient  qu'on  fera  le  siège  des  tournelles  ; 
passe  la  nuit  au  bivouac;  attaque  ;  elle  est  blessée;  les  Fran- 
çais font  retraite  ;  après  son  pansement ,  elle  les  ramène  el 
plante  sa  bannière  sur  les  bords  du  fossé  ;  prise  du  boulevart , 


DES  MATIÈRES.  359 

tlîi  fort ,  elc. ,  67  à  72  ,  2o3  à  207  ;  second  bivouac  de  Jeanne  ; 
leve'e  du  sie'ge,  72  et  207  ;  voyage  à  la  cour,  70  et  208  ;  elle 
rencontre  le  Roi ,  208  a  210;  accueil  qu'il  lui  fait,  3o5  ;  elle 
insiste  pour  qu'on  aille  à  Reims  ;  on  arrête  de  reprendre  aupa- 
ravant les  places  voisines  d'OiIe'ans  ;  sa  rcputalion  fait  accou- 
rir des  troupes,  78,  210,  211,  257  et  258  ;  attaque  de  Gergeau; 
deuxième  blessure  de  Jeanne  ;  elle  enhardit  les  Français  ;  prise 
de  la  place  ,  et  de  Mehun,  Beaugency,  etc.  ,  7^  et  75  ,  212  et 
2i3;  bataille  et  victoire  de  Fathay,  75  et  76,  2i3  et  214  : 
voyages  ^e  Jeanne  à  la  cour;  elle  sollicite  pour  la  rentrée  en 
grâce  du  conne'iable  et  pour  le  sacre  ;  expe'dition  de  Reims  ;  ses 
services,  77,  78,  214  à  216,  259;  expe'dition  de  l'Ile-de-France 
et  de  la  Brie  ;  Jeanne  est  au  corps  des  escarmouches  ;  attaque 
Paris  ;  est  blessée  pour  la  troisième  fois  ;  accompagne  toujours 
Parme'e  du  roi,  78  ,  217,  2i8et  sur-tout  289  à  2G3  ;  attaque  et 
prise  de  Saint-Pierre-le-Moutier  ;  bravoure  de  Jeanne  ,  7g, 
264  et  265  ;  siège  de  la  Charité ,  264  et  265;  ses  voyages  à  Ger- 
geau, Mehun,  Bourges,  etc.;  elle  est  ennoblie,  265  et  2G6  ; 
expédition  de  Lagny  ;  elle  défait  et  prend  Franquet  d'Arras, 
2663268;  expédition  de  Soissons  et  Soissy;  elle  attaque  les 
alliés  près  de  Noyon  ,  2G8  à  270  ;  retour  à  Lagny;  expédition 
et  sortie  de  Compiègne  ,  où  elle  est  prise  ,  270,  271,  79; 
elle  se  rend  au  bâtard  de  Vendôme  ;  est  vendue  à  Luxem- 
bourg ;  détenue  dans  plusieurs  châteaux;  joie  des  alliés  et  des 
Parisiens,  89,  229.  —  L'université  de  Paris  et  Cauchon  deman- 
dent qu'elle  soit  poursuivie;  elle  est  revendue  dix  mille  francs, 
89,  23o  et  23i  ,  nos  I  et  4  ;  analyse  de  son  procès  ,  où  Ton  a 
employé  les  formes  de  l'inquisition,  et  où  préside  avec  Cau- 
chon un  inquisiteur,  23i  à  234,  ^°*  ^  21  17  >  ses  juges, 
leur  caractère  ,  leurs  affreuses  manœuvres  ;  ils  commi- 
rent un  véritable  assassinat ,  go  ,  qi  ,  234  à  236  ;  son  supplice, 
238  ;  ses  mœurs,  ses  vertus  ,  etc. ,  sont  attestées  unaiiiinemenl, 
92,  236  ,  3o4,  3o5;  son  procès  estt  revu  ,  et  sa  condamnation 
cassée,  93  et  240  ;  imputations  calomnieuses  des  écrivains  pos- 
térieurs réfutées  ,  notamment  quant  shfrère  Ricbart ,  g4;  241 
à  a44;  sou  éloge  ;  fêtes  et  trophées  en  son  honneur,  gS,  96, 
2-^4?  itinéraire  et  cartes  ;  voyages  et  expéditions,  loo,  246  et 


36o  TABLE  ALPHABÉTIQUE 

suiv.  ;  résumé  de  ces  voyages  et  expéditions,  271  ;    lettres  de 

Jeanne  d'Arc  au  duc  de  Bourgogne  ,  334  '•>  ^"x  Anglais  ,  337  -, 

nu  comte  d'Armagnac  ,  33g. 
Jeanne  II ,  reine  de  Naples  ,  28g. 

Journal  de  Paris.    L'auteur  est  un  partisan  effréné  des  Bour- 
guignons ,  io4,  2^2. 
Jufénal  des  Ursins  ,  historien  ,  io3. 
Jut>énal ,  chancelier  de  France,  son  frère,  307. 
La  Bussière,  bataille,  Sg  et  148. 

La  Chapelle  ,  officier  bourguignon ,  tué  à  Anthon  ,  33oo 
La  Croisette.  Bataille  ,    Ç|3  et  sSg. 
La  Grai>eîle.  Bataille  ,  3g  et  i48. 
Lancetot ^  général  bourguignon,    tué  au  siège  d'Orléaiis,  52  et 

208. 
Laon ,  choses  remarquables  à  /</. ,  3i6. 
Lu  T remouille  ^  favori  de  Charles  vu  ;  exactions  ;  divise  la  cour; 

fait  la  guerre  à  Ricbemont  ;  est  arrêté  ,  44  ?  4^  »  ^°  >  77  >  ^^  » 

2i4,  2ig. 
Laf^erdy  (M.  de).  Ministre   d'état;   éloge    de  ses  extraits    des 

Mss.    de  Jeanne  d'Arc,    107;  opinions   citées,    discutées  ou 

réfutées ,  202  ,  20g  ,  23g  ,  256. 
Le  Laboureur.  Opinion  sur  son  histoire  de  Charles  vi,  io3. 
Lencastre  (le  duc  de),  oncle  de  Richard  II,  fait  la  guerre  à  la 

Castille  ,    10g. 
Lencastre   (  le  duc  de  ) ,  son  fils  ,   détrône  Ricbard  ;  est  roi  sous 

le  nom  de  Henri  iv.  V.  ce  mot  et  p.  18. 
Lenglel{  l'abbt-).  Opinions  citées,   discutées  ou  réfutées,  106, 

i83,  202,  208,  2i3,  2i5,2i6,  255,  207;  a   pillé ,  dit-on , 

Riche  r,  107. 
Lescûl ,  officier  ,  tué  à  Rouvray  ,  173. 

Liège  (Jean-Sans-Pitié,  évêque  de).  Sa  cruauté,  88  et  227. 
Loches ,  C!iarles  VU  y  résidait  souvent ,  20g ,  etc. 
Lore  (  Ambroise  de  )  regarde  les  expéditions  de  Jeanne  comme 

miraculeuses,  208. 
Lorraine  (  le  duc  de)  consulte  Jeanne  ,  184,  no  g. 
Louis  y  dauphin,    fils  aîné  de  Charles  vi  ;  lieutenant-général  ; 

sonparfi,  sa  mort ,  etc.  j,  16,  i8  ,  22,23,  129. 


DES  MATIERES. 


36 


Louis  ,  duc  d'Orléans.  . .    Voyez  ci-aprcs  Orléans. 

Louis  XL  y  son  éloge,  32o;  autres  faits,  210,  33o  ,  333. 

Louf'et y  ministre  de  Charles  vu;  sa  puissance,  i53. 

Luchet  {  le  marquis  de  ).  Ses  critiques  de  Jeanne,  de  son  in- 
fluence, etc. ,  re'fute'es  ,  174,   177,   iqS  à  igS  ,  207. 

Lussan  (IM"e  de  ).  Opinions  citées,  discutées  ou  réfutées,  106, 
i35. 

Luxembourg  ^  général  bourguignon  ;  achète  et  revend  Jeanne  ; 
89, "go,  229,  23o,  240  ;  enseigne  à  son  neveu  à  tuer  les  pri- 
sonniers ,  226. 

Lyon,  choses  remarquables,   3i4. 

Magisiri  (  frère  Jean  )  ou  Lemaitre ,  vice-inquisiteur  ,  assiste  au 

procès  de  Jeanne  ,  23i. 
Marches.  Sens  de  ce  mol ,  266. 
Meaux^  pris  par  Henri  v  ,  29  et  i38. 
Mehun-sur-Loire y  pris  par  les  Anglais  ;  repris  par  les  Français, 

160  ,  75  ,  2i3et  258.  V.  Jeanne. 
Meulan  ,  pris  par  Bedfort ,  37. 

Milan  (  duché  de  )  ,  assuré  au  duc  d'Orléans  ,  3o6,  291. 
Milan  (  le  duc  de  )  secourt  Charles  vu  ,  Sg  et  14S.  V.  Galéas, 
Mœurs  corrompues  ,  60  ,  289, 
Monnaies.  Leurs   altérations  ,  34,    ^44»  ^'^^• 
Mons-en-Vimeu.    V.  Saint-Riquier. 
Monstrelet ,  écrivain   bourguignon;   opinions    citées,    discutées 

ou  réfutées,  io5,  iS;,  i38,  i^o,  146,    166,  176,216,  267; 

est  au  siège  de  Compiègne  ,  267. 
Montereau  ,  pris  par  Henri  v,  i36  ;  repris  par  Charles  VU ,  222. 
Montferrat.  V.  Paléologue. 
BToulier  (  Saint-Pierre-le  ).   V.  Jeanne. 

Naples expéditions,  5,  4y  >  1^8  ,  228  ;  tremblement  de  terre  , 

286. 
Navarre  (  roi  de  )  ,  109  ,  120  ,  i56. 
Nimes  y  assiégé  par  Charles  vil  ,  i45. 
Normandie,  conquise  par  les  Anglais,  24,  i34,  219;  recouvrée 

par  Charles  VII ,  222  ,  3o2. 
Noyon  ,  expéditions  près  de  cette  ville  ,  267,  268  ;  choses  remar- 

cjuables,  3 16. 


362  TABLE  AL?HABÉTI<?UE^ 

Orange  y  pi  is  par  Gaucoarl  et  Groslec  ,  332. 

Grange  (  prince  d' ) ,  allié  des  Bour^^'uignons  ,  est  battu  à  An- 
thon,  32  et  238,  32  1  et  suiv. 

Orléanais  y  conquis  par  les  Anglais,  5i  et  î6o  ;  repn's  par  les 
Français ,  sous  Jeanne  ,  ^5  ,  212  a  21  j  ,  258. 

Orléans.  Les  Anglais  prennent  \e?,  villes  voisines,  5i,  160; 
est  le  boulevarl  des  e'tats  de  Charles  vil,  5i  et  i56  ;  son 
siège,  52;  erreurs  <]es  historiens  sur  ce  siège,  et  carte  qu'un, 
en  a  faite  ,  99,  100,  i65,  199,,  2^^;  sa  garnison  nombreuse, 
sa  situation  ,  brûle  ses  faubourgs  et  leurs  églises  ,  52,  161  à 
165  ;  courage  he'roïque  de  ses  habltans  ,  53  et  164  ;  circon- 
vallation  et  fosse's  ;  leur  détresse,  53,  i65  et  170  ;  ils  offrent 
de  se  rendre  au  duc  de  Bourgogne,  55,  174,  170.  V.  pour 
le  reste  du  siège  ,  Bastilles  et  Jeanne.  Us  sont  fâche's  de  ne  pas 
voir  Charles  VII,  77  et  2i5;  fête  et  monument  en  l'honneur 
de  Jeanne  ,  95  et  244 >  choses  remarquables  ,  3x5. 

Orléans  (  Louis  ,  duc  d'  )  ,  frère  de  Charles  VI  ,  porirait ,  dé- 
bauches,  déprédations,  mauvaise  administration;  est  assas- 
siné, ioài5,  117a  121,  3x3. 

Orléans  (  Charles ,  duc  d'  )  son  fils ,  i6  et  20  ;  fait  prisonnier  à 
Azincourt  ,  129  et  291;  recouvre  sa  liberté  en  i^^o»  291; 
avait  des  droits  au  duché  de  Milan,  291,  3oG  ;  n'obtient  que 
le  comté  d'Ast,  233,  291  ,  299;  ses  poésies,  291  ;  il  épouse 
Elisabeth,  veuve  de  Richard  il ,  3i9,  et  ensuite  la  bile  du 
connétable  d'Armagnac,  ib. 

Paléologue  (  maison  )  ou  de  Monlferrat.  Une  de  ses  branches 
cadettes  acquiert  le  Montferrat  par  les  femmes ,  293 ,  3o7  ; 
Jean-Jacques  (  marquis  de  Montferrat)  ,  Jean  ,  Théodore  et 
Bonlface,  ses  enfans  ,  293  ,  296  à  299  ,  285  ,  223. 

Papes  et  antipapes  au  tems  de  Jeanne  ,  339. 

Pâques^  commencement  de  l'année,  tableau  des  jours  de  Pâques, 
de  i4oi  à  i43i,  p.  loi. 

Paquerel  (le  P.  )  ,  confesseur  de  Jeanne  ,  190. 

Paris.  Avantages  de  sa  possession  ,  142;  les  partis  se  le  dispu- 
tent, 17,  23,  24,  123,  124;  est  livré  aux  Bourguignons, 
massacres  des  prisons  ,  it>  et  i32  ;  attaqué  par  Jeanne  ,  79  , 
et   262;  joie  de    ses  habifans  à   la   nouvelle    de  la  prise   de 


DES  MATIERES. 


363 


Jeanne,  90  et  i-ag;  est  rendu  à  Charles  vu,  qui  n'y  vient  que 
tard  et  fort  rarement,  81 ,  221  et  3iG;  choses  remarquables, 
008  à  3i  I.        ♦ 

Parlâment  de  Paris,  sa  réputation  ,  3io. 

Pasquier.  Ses  erreurs  sur  Jeanne  ,178. 

l^athay  ,  bataille  ,  76  et  21 3. 

Pe//'/  (  Jean  )  ,  cordelier,  apologiste  de  l'assassinat  du  duc  d'Or- 
léans,   i5  et  122. 

Philippe  de  Valois  ,  roi  de  France  ,  i  ,  84  ,  108, 

Philippe-le-Hardi ;  id.  le  Bon.    V-  Bourgogne. 

Pie  II  ^  pape.  V,  /Ene'as. 

Pièces  justificatives,  i»  Manuscrit  d'Asie  zan  ,  279;  1^  id.  de 
Thomassin ,  32i  ;  3»  lettres  de  Jeanne  d'Arc,  334- 

Polluche  ^  historien,  108;  copié  parExpilly,  107. 

Pont-VEvéque ,  près  Noyon  ,  attaqué  par  Jeanne  ,  269. 

Prisonniers  de  guerre  massacrés,  86,  227. 

/"/■/jo/jj-...  Massacres...  Voy.  Paris,  Bourgogne,  etc. 

Procès  de  Jeanne  d'Arc...  V .  ce  mot  et  Cauchon. 

Propinces  de  Charles  vii ,  3i  ,  4^,  i4i)  i56. 

Pusignan  ,  château  pris  et  repris ,  322 ,  324. 

Papin-Thoyras ,  opinions  citées,  discutées  ou  réfutées,  127, 
128  ,  i3i  ,  i4o  ,  178. 

Piays  (  le  maréchal  de  )  eat  à  Orléans,   177. 

Pieligues...  du  duc  de  Berri  ,  ii4  ;  de  la  Sainte-Chapelle  ,  3o9; 
de  diverses  villes,  3ii,  3i5à  317. 

Picims.  Expédition  et  sacre,  56 ,  62  ,   73,  77,  2i5,  209 

Richard  II .,  roi  d'Angleterre;  traités  avec  la  France;  est  dc- 
. trôné  ,  2,  17,   109,  iio,  I24- 

Piichart  (  frère  )  ,  cordelier.  Il  est  faux  qu'il  ait  pu  inspirer  à 
Jeanne  le  rôle  qu'elle  joua,  puisqu'il  ne  la  vit  pour  la  pre- 
mière fois  qu'à  Troyes ,  long-tems  après  le  siège  d'Orléans  et 
l'expédition  pour  l'Orléanais,  242  à  244- 

PLichcmont  (  le  courte  de  ) ,  connétable  de  France;  démêlés  avec 
les  favoris  et  ministres  de  Charles  VII  ;  expéditions  ,  elc  ,  i^i  à 
43,  5o  ,  77,  80,  i5i,  i52,  221. 

Richcr ^  historien  ;  opinion  sur  son  ouvrage;  il  a  été  pillé,  dit-on, 
par  l'abbé  Lenglet ,  107;  cité,   iSq, 


364  TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Robcrt-Ie-]\Taçon  ^  chancelier  de  Charles  vil ,  \h\. 

Rochecho!jart  (  Louis  de  )  ,  tué  à  Rouvray  ,  173. 

Rosbecq  ,  bataille  ,6,  1 13. 

Rouçray ^  idem,  ou  Journée  dos  Harengs.  V.  ce  mot. 

Sacre  de  Charles  vu  ,  e'poque  véritable  ,  216  ,  et  sur- tout  o3G 

Saint-Denis  ^  choses  remarv}uables  ,  3 11. 

Saint  Esprit^  assiégé  par  Cliarles  vil ,   1^5. 

Saint-Foix.  Opinion  sur  le  meurtre  de  Jean,  i35. 

Saint-James  de  Beuvron ;  siège  et  déroute  ,  l^-x  et  44* 

Saint  Jean~le-Hlanc ,  bastille  d'Orléans,  69,  i66,  168,  2o3,  204. 
Saint  Laurent ,  idem,  167  et   169. 

Saint-Loup ,  idem,  66  à  68  ,  1G6  à  169,  201  et  suiv. ,  aSo. 
Saint-Pot  (le  comte  de)  tue  des  prisonniers,  226. 
Saint- Pouaire  ,  bastille  d'Orléans  ,  168,  202,  249* 
Saint-Priçé  ,  idem  ,  69  ,  70  ,  168,  i6g  ,  2o3  à  2o5. 
Saint-Remiy  historien,  partisan  des  Bourguignons  ,   io4;  opi- 
nions citées  ou  réfutées,  i34,  i38. 
Saint-Riçuier,  ou  Mons-en-Vimeu ,  bataille,  3o  et  139. 
Saint-Romain ,  château  près  Colombier,  32i. 
Sainte-Severe^  maréchal  de  France,  161 ,  202. 
Saintrailtes...  V.  Xainlrailles. 
Salisbury  ,   général  anj^lais  ;   son  éloge  ,   ses  conquêtes  ;    assiège 

Orléans,  y  est  tué,  34,  52,  162;  autres  faits  ;  37,  i38,  i83, 

208. 
Sentis^  origine  de  son  nom,  3i6. 
Sicile  (rois de)  ,  Louis  m  ,  duc  d'Anjou  ,  142  ;  René  ,  son  frère  ^ 

duc  d'Anjou  et  de  Bar,  176,  i35  ,  289,  290. 
Smollett.   Opinions,   citées,    discutées  ou  réfutées^  i25  ,    120, 

140 ,  ï66,  211. 
Soissons ,  vendu  à  Philippe-le-Bon  ,  270...  F",  aussi  268  ,  317. 
Sommerset ,  général  anglais,  34- 
Sommière.  Assiégée  par  Charles  vu,  i45- 
Suffolk y   général   anglais,   éloge,  34;  victoire  à  Crevant,   38; 

remplace  Salisbury  à  Orléans,  52,  162,  166;  est  pris  à  Ger- 

geau  ,  75  ,  2i3  et  214  ;  autres  faits,  i55. 
Superstition  au  tems  de  Jeanne,  191  ,  197. 

Tables..,  1°  des  lieux  indiqués  dans  la  carte  du  siège  d'Orléans  , 


DES   MATIERES.  365 

248  el  suiv.  ;  2.^^  alphabétique  des  villes,  bourgs,  etc.,  de  la 
:2e  carie  ,  27^  et  suiv.;  3°  chronologique  des  principaux  faits 
de  notre  ouvrage,  34i  et  suiv.  ;  4°  alphabétique  des  matières 
(ou  présente  table)  35i  et  suiv.  ;  5^  des  matières  selon  l'or- 
dre de  ce  volume,  ^67. 
TalLot y  général  anglais,  son  éloge  ,  34  et  i44;  un  des  comman- 
dans  au  siège  d'Orléans,  Sa  ,  67,  202  ;  défaite!  pris  à  Pathay, 
76;  échangé  ,  23g  ;  prend  le  Mans  et  Laval ,  i55  ;  est  tue  à 
(^aslilhon  ,  222. 
Tannegui  Duchâlcl ,  ministre  et  favori  de  Charles  vu,  le  sauve, 

27  et  i34;  se  retire  de  la  cour,  4-  et  i53,  221. 
Témoins  au  procès  de  révision  de  Jeanne,   profession,  noms, 

etc. ,  180  ,  241. 
Thomassin  ,  historien  ,  io5  ;  suffrage  de  grand  poids,  175  et  333  ; 
opinions  citées ,  etc.,  i3o ,  i3i  ,   190;  notice  sur  sa  vie,   ses 
emplois,  son  ouvrage  ,  333  ;  fragment  que  nous  en  avons  tiré  , 
321  et  suiv. 
Tournelles  (les  )  ,  boulevart  et  fort  d'Orléans,  situation,  82,  161, 
168  et  2o3  ;  force,  70,  i65,  2o5,  208;  pris  par  les  Anglais, 
53  ,  i63  à  i65  ;  attaqués  et  repris  par  Jeanne  d'Arc ,  69  à  72  , 
2o5  à  207. 
Tours  ^  choses  remarquables ,  3iG;  Charles  y  réside  souvent,  il.; 

Processions  pour  Jeanne  d'Arc,  229. 
Traités,  alliances,  etc.;  Arras,  81,  221;  Bretigny,  i36;  Delft, 
i5o  ;  Troyes  ,  i36;  avec  l'Ecosse  ,  i43;  autres  ,  17  ,  20  ,  23  , 
126,  129,  i3o,  i39 ,  142,  263. 
Transtamare  (  Henri  )  ,  roi  de  Castille  ,2. 
Trêves  ^  i^,  78,  125,  217,  263. 
Tripaut ,  chroniqueur,  son  éloge  ,  99,  io6." 

Université  de  Paris  ;  persécute  Jeanne  d'Arc,  90,  229  et  suiv.  j 
justifie  sa  condamnation  ,  232  ;  est  réformée  par  Charles  vu, 
83,  224. 

Valentine  àe.  Milan,  149,  253,  291,  3o6. 
Vaudemont  (  le  comte  de  )  ,  i85. 
Vendôme  (  le  bâiard  de  )  ,  vend  Jeanne  d'Arc  ,  229. 
Verneuil ,  bataille,  Sg  et  l^o  ,    149. 


366  TABLE  ALPHABÉTIQUE  ,   etc. 

Viîlandras ,  chef  de  partisans  ,  prend  part  à  la  balaille  d'Anthon , 
323  el  siiiv. 

Villaret ^  continuateur  de  l'histoire  de  Fiance  de  Velly,  io3; 
opinions  cite'es,  discutées  ou  réfutées,  io3,  io4,  ii3,  116, 
120  ,  128  ,  i2f),  i3o ,  i3i,  134,  i37,  iSg ,  i4o  ?  ^49'  i^i  ,  162  , 
i57,  162,  166,  167,  172,  173,  175,  20g,  216,  220,  222, 
263  ,  268. 

Visconti  y  duc  de  Milan  ,  i49'  •  ^  Gale'as. 

Voltaire  f  opinions  citées,  discutées  ou  réfutées,  i35,  177,  igS 
242. 

T'farçvick ,  général  anglais;  éloge,  34;  Dunois  lui  fait  lever  le 
siège  de  Montargis  ,   i55. 

Winchester {^  le  cardinal  de)  ,  divisions  heureuses  avec  Glocestcr, 
4i  et  i5i  ;  amène  à  Bedford  une  armée  levée  pour  une  croi- 
sade, 78  et  217  ;  est  au  nombre  des  juges  de  Jeanne  ,  235. 

Xaintrailles  (  Poton  de  ) ,  valeureux  capitaine  français  ,  03 ,  167, 
176,  191,  239,  269. 

York  (  le  duc  d'  )  ,  oncle  de  Richard  ,  109. 


FIN  DE  LA  TABLE  ALPHABETIQUE. 


TABLE  DES  MATIERES 


SELON  l'ordre  de  CE  VOLUME, 


J  Pages. 

EANNE  d'arc  ,    OU   Coup-d'Œil  sur  les  révolutions  de 

France  au  tems  de  Charles  vi  et  de  Charles  vii ,  et  sur- 
tout de  la  Pucelle  d'Orle'ans...  Discours  ou  texte.    ...  i 
Note  première  du  Coup-d  Œil,  etc. ,  où  il  est  question  du 
plan  de  l'ouvrage,  des  citations,  abre'viations,  calendrier, 

ouvrages  cite's  ,   etc tj7 

Note  deux  et  suivantes io8 

Explication  des  cartes  jointes  à  l'ouvrage 24*^ 

Carte  première  ou  carte  visuelle  du  sie'ge  d'Orle'ans ,  ^  i , 
observations  ;  §  2  ,  bastilles  ;  §  3  ,  de'signations  ;  §  4  > 
églises  brûle'es  ;  §  5 ,  explication  des  n»*  de  la  carte  vi- 
suelle   248 

Carie  deuxième,  ou  carte  du  théâtre  de  la  guerre,  au 
tems  de   Charles  VI  et  de  Charles  Yii ,  et  sur-tout  de 

Jeanne  d'Arc aSi 

Article  I«r.   Observations  générales ih 

Article  II.  Itinéraire  des  voyages  ou  expéditions  de  Jeanne 
d'Arc  ,  §  I ,  voyages  aux  environs  de  Domrémi  ;  §  2  ,  à 
la  cour  de  Charles  vil  ;  5  3  ,  expédition  d'Orléans  ;  5  4  » 
idem,  des  environs  d'Orléans;  §  5,  idem,  du  sacre; 
5  6,  de  riIe-de-France,  Brie,  etc.  ;  §  7,  du  Berri,  etc; 

§  8,  de  Lagny  et  Compiègne  ;  §9,  résumé 271 

Article  III.  Table  alphabétique  des  villes,  bourgs,  villages 
et  châteaux  désignés  dans  la  2^  carte  ,  avec  leurs  degrés 

de  longitude  ,  latitude,  etc 273 

Piemière  pièce  justificative.  Notice  d'un  nianuscrit  inédit 
d'Astezan  .  où  il  est  question  de  Jennne  d'Arc  et  de  di- 
vers person nattes  ou  événemens  mentionnés  dans  le 
Coup-d'Œil  et  les  notes 279 


368  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Pages . 

Deuxième  pièce  justificative.  Fragment  d'un  manuscrit 
inédit  de  Thomassin  ,  où  il  est  question  des  mêmes  ob- 
jets, et  sur-tout  de  la  bataille  d'Anthon 32i 

Troisième  pièce  justificative.  Lettre  de  Jeanne  d'Arc  au 
duc  de  Bourgogne,  jusqu'à  pre'sent  inédite;  suivie  de 
ses  Lettres  aux  Aiîglais  et  au  comte  d'Armagnac.    .    .     334 

Table  chronologique  à^%  principaux  faits  dont  il  est  ques- 
tion dans  le  coup-d'œil ,  etc 34 1 

Table  alphabe'tiqiie  des  matières 35 1 


^^*  Voir,  au  mot  Jeanne  d'Arc,  ci-devant  pages  357  ^ 
36o  ,  un  sommaire  chronologique  de  la  vie  de  notre  he'roïne. 

Erratum.  Page  6o ,  ligne  2  ,  au  lieu  du  i4^  ,  Usez  du  iS^. 


FIN. 


Extrait  du  Catalogue  des  Livres  de  fonds  qui  se 
trouvent  chez  PlLLET,  imprimeur-libraire^  me 
Christine ,  is»  5. 


i<'HERMiTE  de  la  Chaussée-d'Antin,  ou  Observations 
sur  les  Mœurs  et  Usages  des  Parisiens  au  commence- 
ment du  19e  siècle  ;  avec  cette  épigraphe  : 

Chaque  âge  a  ses  plaisirs,  son  esprit  et  ses  mœurs. 
BoiLEAU,    Art  -poéùque. 

Par  M.  de  Jouy,  membre  de  l'Académie  française. 
Cinq  fortsvol.in-i2,  orne's  de  douze  charmantes  gra- 
vures et  de  fleurons. 

Prix 18  fr.  75  c. 

Le  même,    cinq   vol.  in-8° 00  .    .  o     . 

Papier  ve'lin 5o  '.  .    o     . 

Guillaume  le  Franc-Parleur ,  ou  Observations  sur  les 
Mœurs  et  Usages  Parisiens  au  commencement  du 
19e  siècle  ,  faisant  suite  à  THermite  de  la  Chaussée- 
d'Antin  ,  et  par  le  même  auteur.  Deux  vol.  in-12, 
ornés  de  quatre  jolies  gravures  et  de  fleurons  7  f  5o 
Le  même,    2  vol.  in-S» 12    o  c. 

L'Hermite  delà  Guiane,  ou  Observations  sur  les  Mœurs 
françaises  au  commencement  du  19*^  siècle;  faisant 
suiteàl'Hermite  de  la  Chaussée-d'Antin  et  au  Franc- 
Parleur  ,  et  par  le  même  auteur.  Trois  vol.  in-  12  , 
ornés  de  jolies  grav.  et  de  fleurons.  Prix.  11  f  a5 
Le  même,  trois  vol.  in-S».  Prix 18     oc. 

Nota.  Chaque  çolume  se  vend  séparément.  Il  y  en  a  de 
diverses  reliures  dans  les  deux  formats. 

On  trouve  dans  cet  ouvrage  ,•  dont  le  succès  va  toujours  crois- 
sant, une  peinture  fidèle  des  mœurs,  des  usages  et  des  habitudes 
des  Français  de  toutes  les  classes.  Tous  les  journaux  de  la  capitale 
ont  rendu  compte  avec  éloge  de  ce  livre  ,  qu'ils  placent  sur  la  li- 
gne du  Spectateur  Anglais.  Les  premiers  volumes  sont  à  leur  Lui-» 
tième  édition.  Il  en  a  paru  des  traductions  en  Angleterre  ,  en  Al- 
lemagne, en  Russie,  en  Ita'ie. 


Histoire  de  l'Ambassade  dans  le  grand -duché  de  Var- 
sovie en  1812  ;  par  M.  de  Pradt  ,  archevêque  de 
Malines,  alors  ambassadeur  à  Varsovie,  avec  cette 
épigraphe  : 

Discite  justitiam  moniti,  et  non  temnere  reges. 

Huilieme  édition ,  revue  et  corrigée.  Un  vol  in-S". 
Prix i^  {.  ^o  c. 

Nota.  Tous   les  exemplaires  portent  le  chiffre  et  la  signature  du  li- 
braire-éditeur. 

Histoire  de  Louis  XVI ,  roi  de  France  et  de  Navarre  , 
contenant  le  Récit  complet  des  événemens  qui  ont 
amené  la  chute  du  trône  et  la  mort  de  cet  infortuné 
prince.  Dédié  aux  Français.  Un  vol.  in-S'',  orné  du 
fac  simile  du  testament  de  Louis  XVI.  Prix  6  f.  o  c. 

Jeanne  d'Arc,  ou  Coup-d'Œil  sur  les  révolutions  de 
France  au  tems  de  Charles  VI  et  de  Charles  VII ,  et 
sur-tout  de  la  Pucelle  d'Orléans;  ouvrage  composé 
d'après  les  documens  les  plus  précieux  et  les  plus  au- 
thentiques, et  accompagné  de  toutes  les  pièces  justi- 
ficatives et  de  la  correspondance  de  Jeanne  d'Arc.  Un 
vol.  in-80,  orné  de  cartes,  et  d'un  portrait  de  cette 
célèbre  héroïne.  Prix 6  f.  o  c. 

Lothaire,  tragédie  en  3  actes,  par  MM.  H.  Bis  et  F. 
Hay.  In-80.  Prix 2  f.  o  c. 

Œuvres  complètes  de  J.  La  Fontaine,  précédées  d'une 
nouvelle  Notice  sur  sa  vie,  avec  les  Notes  et  Remar- 
ques de  Chamfort ,  Voltaire  ,  La  Harpe  ,  Marmon- 
tel ,  Guillon ,  Gaillard,  Geoffroy,  Solvet ,  etc.,  ses 
commentateurs,  et desObservalions  nouvelles.  Edition 
plus  complète  que  toutes  celles  qui  ont  paru  jusqu'à 
ce  jour,  ornée  d'un  portrait  de  La  Fontaine,  d'un 
fac  simile  àe  son  écriture  ,  d'une  vignette  représentant 
la  maison  du  célèbre  fabuliste  à  Château-Thierry, 
telle  qu'elle  existait  en  i8i4,  et  de  i5  gravures  pour 
les  fables.  Un  vol.  in-80  de  1000  pages,  divisé  et  pou- 
vant être  relié  en  deux  parties.  Prix  pour  les  souscrip- 
teurs     12  f.  o  c. 

Pour  les  personnes  qui  n'ont  pas  souscrit  i5  .  o  . 
Il  en  a  été  tiré  quelques  exemplaires  papier  vélin  sa- 
tiné. Prix 3o  f.  o  c. 

Nota.  Les  Contes  de  La  Pontaioe,  qui  peuvent  être  livrés  à 

part,  si  ou  le  désire,  forment  la  dernière  partie  de  l'ouvrage. 


Eloge  historique  de  Marie- Clotilde-Ade'laïde-Xavier 
de  France ,  reine  de  Sardaigne  ,  avec  des  notes  et  des 
pièces  ine'dites.  Un  volume  in -8°,  avec  gravures. 
Prix 2  fr.   5o  c. 

Essai  sur  la  Monarchie  Française,  ou  Précis  de  l'His- 
toire de  France  ,  considérée  sous  le  rapport  des 
arts  et  des  sciences,  des  mœurs,  usages  et  institu- 
tions des  ditïérens  peuples  qui  l'ont  habitée,  depuis 
l'oii^ine  des  Gaules  jusqu'au  règne  de  Louis  XV  ; 
suivi  d'une  Notice  sur  les  Grands  Capitaines  qui  se 
sont  distingués  depuis  Henri- le-Grand.  Par  F.  Rouil- 
lon-Petit,  ex-professeur  de  philosophie  et  de  rhé- 
torique.   Un    fort  vol.  in-i2.    Prix.  .   .  .  3  fr.   o  c. 

Essais  historiques  sur  Paris,  pour  faire  suite  aux  Essais 
historiques  de  Saint-Foix  ;  par  Aug.  Poulain  de  St.- 
Foix  neveu.  Deux  vol.  in-i2  ,  ornés  du  portrait  de 
l'oncle.    Prix 3  fr.  o  c. 

Histoire  des  Croisades,  par  M.  Michaud  ,  de  l'Aca- 
démie française  ;  tome  3.  Un  gros  volume  in-8o,  orné 
de  cartes.  Prix 7  fr.  o  c. 

Les  tomes  i  et  a i4fr.  oc. 

Histoire  de  Christine,  reine  de  Suède,  avec  un  Précis 
historique  de  la  Suède  depuis  les  anciens  tems  jusqu'à 
la  mort  de  Gustave-Adolphe-le-Grand ,  père  de  la 
reine;  par  J.  P.  Catteau- Calleville  ,  membre  de 
l'Académie  royale  des  sciences  de  Stockholm  ,  de 
celle  des  belles- lettres  ,  histoire  et  antiquités  de  la 
même  ville ,  etc.  ,  auteur  du  Tableau  de  l»mer  Bal- 
tique ,   etc.   Deux  v.  in-S»  avec  portrait.   lo  Ir.   o  c 

Journée  de  l'homme  des  champs  ,  ou  Manuel  des 
cultivateurs  ruraux  ,  dans  les  principes  d'Olivier  de 
Serres,  de  l'abbé  Rozier,  et  de  divers  autres  savans 
agronomes  ,  anciens  et  modernes,  regnicoles  et  étran- 
gers ;  par  P.  L.  Durouëdic,  auteur  delà  Ruche 
Pyramidale  ,  des  Feux  Crépusculaires ,  etc.  Un  vol. 
in-i2.  Prix ï  fr.   25  c. 

Leçons  élémentaires  de  Cosmographie,  de  Géographie 
et  de  Statistique,  à  l'usage  des  jeunes  personnes  et 
des  maisons  d'éducation.  Par  M.  Graberg  de  Hemso. 
Un  volume  in-i2.     Prix.    .    .    .-  .    .    .    .    2  fr.  o  c. 

Le  Guide  des  Epoux  et  des  Epouses,  ou  des  Moyens 


d'être  heureux  en  mariage  dans  toutes  les  classes  de  la 
socle'te';  où  l'on  indique  les  causes  qui  produisent  les 
mauvaises  unions,  amènent  e\  entretiennent  la  dis- 
corde ,  le  trouble  et  le  desordre  dans  les  ménages  ;  où 
Ton  pre'sente  en  même  tems  les  moyens  de  bien  as- 
sortir les  e'poux  et  les  e'pouses;  de  les  rendre  fidèles; 
de  les  pre'server  et  gue'iir  de  la  jalousie  ,  etc.  ,  et  de  les 
faii  e  jouir  de  la  pnix  et  du  bonheur  dans  le  mariage. 
Ouvrage  utile  non-seulement  aux  personnes  nouvelle- 
ment et  anciennement  marie'es,  mais  encore  aux 
veufs,  A'^euves,  et  à  tous  les  jeunes  gens  d'âf;;e  à  con- 
tracter le  mariage.  Par  M.  Léopold,  ancien  avocat. 
Un  vol.  in-i2.  Prix i  fr.  5o  c. 

Le  Rideau  levé  ,  ou  Coup-d'Œil  général  sur  les  prisons 
de  Paris,  offrant  un  grand  nombre  d'anecdotes  sur 
les  prisonniers  de  toutes  classes  qui  y  ont  été  détenus 
depuis  20  ans.  Un  vol.  in-  i  2  ,  grav.  Prix   .    2  fr.  o  c. 

Lettres  de  Ninon  de  Lenclos  au  marquis  de  Sévigné  ; 
Correspondance  de  cette  femme  célèbre  avec  Saint- 
Evremont  ef  madanie  de  Maintenon  ;  Notes  histo- 
riques et  explicatives  sur  chaque  lettre,  par  M.  G. 
des  H.  ;  Histoire  de  Ninon.  Trois  v.  in-i8 ,  bien 
imprimés,  et  ornés  de  trois  jolis  portraits  de  Ninon, 
de  Saint-Evremont  et  de  Marion  de  Lorme.  Prix  4  f 

Lettres  du  comte  de  Chesterfield  à  son  fds  Philippe 
Stanhope,  envoyé  extraordinaire  à  la  cour  de  Dresde, 
avec  quchjues  pièces  diverses.  Nouv.  édit.  Quatre  v. 
in-i2.  Pj^x 10  fr.  o  c. 

Manuel  de  Santé  ,  ou  Description  alphabétique  et  rai- 
sonnée  des  maladies  les  plus  communes  ,  et  des  di- 
vers accidens  auxquels  on  est  exposé;  suivie  àe& 
moyens  les  plus  prompts,  les  plus  sûrs,  les  plus  fa- 
ciles de  les  prévenir  ,  ou  d'y  remédier  avec  succès  ; 
oiivrage  où  la  médecine-pratique  est  mise  à  la  por- 
tée de  tout  le  monde  ,  et  devient  très-utile  aux 
pères  de  famille ,  aux  mères  qui  nourrissent .  aux 
curés ,  aux  cliefs  des  lycées ,  des  maisons  d'édu-, 
cation  ,  des  comités  de  bienfaisance  ,  aux  voyageurs 
et  à  tous  ceux  qui  se  consacrent  au  soulagement  de 
l'humanité.  Un  vol.  in- 18,  Prix 3  fr.  o  c. 


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