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JOURNAL ASIATIQUE.
QUATRIÈME SÉRIE.'
TOME X.
JOURNAL ASIAT
RECUEIL DE MÉMOIRES,
D'EXTRAITS ET DE NOTICES
RELATIFS X L'HISTOIRE, X LA PHILOSOPHIE, AUX LANGUES
* «T X LA LITTÉRATURE DES PEUPLES ORIENTAUX *,
RBD1GÉ PAR MU. ,
BIANCHI , ÉD. BIOT, BOTTA, BURNOUF, CAUSSIN DE PERCEVAL, D'KCKSTEIN,
C. DEFRÉMERY, L. DUBEUX, FRESNEL, 6ARC1N DE TASSY,
GRAJiGERET DE LAGRANGE, DE HAMMER-PURGSTALL , Sf AN. JOUER,
DE SLANE, J. MOHL, S. M UNE, RE1NAUD, L. AM. SÉDILLOT,
ET AUTRES SAVANTS FRANÇAIS ET ETRANGERS,
ET PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
QUATRIÈME SÉRIE.
TOME X.
PARIS.
IMPRIME PAR AUTORISATION DU ROI
A L'IMPRIMERIE ROYALE.
M DCCC XLVII.
r
6 JOURNAL ASIATIQUE.
M. de Paravey écrit à la Société pour lui adresser
trois de ses ouvrages, dont les titres sont cités ci-
après. M. ik Paravey, présent à la séance, reçoit les
remercîments de rassemblée.
M. le vice-président Caussin de Perceval dépose
sur le bureau les premières feuilles ipiprimées d'un
Essai sur l'histoire des Arabes avant l'islamisme, pen-
dant V époque de Mahomet, et jusqu'à la réduction défi-
nitive de toutes les tribus sous la loi musulmane, ouvrage
devant former trois volumes in-8°.
M, Mohl , secrétaire adjoint de la Société, lit son
rapport sur les travaux de la Société pendant Tannée
qui vient de s écouler.
Les ouvrages dont les titres suivent sont présen-
tés à la Société : -
' Rudiments de la langue hindoui, par M* Garcin de
Tassy. Paris, Imprimerie royale, 18&7.
Histoire de la littérature hinâoui et hindoastûni, par
M. Garcin de Tassï, tom. IL, Paris,. 18147; in-8°.
Recherches sur les populations primitives et les plus
anciennes traditions du Caucase, par Vivien de Saint-
Martin. Paris, 1847.
Essai sur le symbolisme antique d'Orient , principale-
ment sur le> symbolisme égyptien, .par M. de Brière.
Paris, 1847.
Die persischen KeibSchriften mit Uebersetzung uni
Glossar, von Theodor Benfey. Leipzig, 1847.
Beidhawii commentarius in Coranum edidit indici-
busque instruxit H. 0. Fleischer; fasciculus V. Leipzig,
i847in-â°.
JUILLET 1847. % 7
Jo. Jac. Reiskii primœ lineœ hutoncœ regnorum
arabicorum et rerum ab Arabibusmedio inter Christum
et Mohxtmmedem tempore gestarum. E libro manu-
scripto bibliothecœ Gottingensis etadjectk annotationibus
edidit Fêrd. Wôstewpbld, 17/17.
Marina von M. Steinschneider. Berlin 18/17. (^e *a
part de l'auteur.)
Ninive et Babylone expliqués, danè leurs écritures et
leurs monuments, par les livres importés en Chine et qui
sont d'origine chrétienne, par M. de Paravey, membre
du corps royal du génie, des ponts et chaussées.
Paris, i845.
L'Amérique, sous le nom de pays de Fou-sang, a-t-ellè
été connue en Asie, dès le vc siècle de notre ère, dans les
grandes annales de la Chine, et, dès brs, les Sama-
néens de l'Asie centrale et du Caboul y ont-ils porté le
Bouddhisme, ce qu'a cru voir le célèbre Deguignes, et
ce qu'ont niéGaubil, Klaproth et M. de Humboldt? par
M. de Paravey, du corps royal du génie in-8°.
De la sphère et des constellations de l'antique astro-
nomie hiéroglyphique, ou preuves directes, nouvelles et
nombreuses, que cette astronomie primitive était la
même pour tous les anciens peuples, et spécialement pour
les Chaldéens, les Égyptiens, et pour les peuples sémi-
tiques qui ont civilisé l'Inde, la Chine et le Japon.
Mémoire formant la deuxième partie de notre réfu-
tation des anciens et des nouveaux écrits de M. Biot ;
avec un tableau comparatif des vingt-huit constel-
lations de la lune chez tous les anciens peuples,
par le chevalier de Paravey. Paris , 1 8 3 5 .
8 JOURNAL ASIATIQUE.
Divers Extraits du Journal asiatique , offerts par
MM. Dozy , Dulaurier et Cherbonneàu.
Revue de l'Orient et de l'Algérie, rédigée par O. Mac
Carthy. Janvier 1847.
Bulletin de la Société de géographie, 3* série , t. VII,
n° Ao. Avril 18A7.
Journal des Savants , mai 18/17.
Congrès scientifique de France, XVe section. In-4°.
Poésies populaires latines du moyenne, par M. Ethel
STAND DU M&UL. Paris, 18/17.
On procède,, conformément au règlement, au
renouvellement des membres sortants du Conseil,
et le scrutin donne les nominations suivantes :
Président : M. Reinaud.
Vice-présidents : MM. le comte de LasteyRie et
Caussin de Perceval.
Secrétaire : M. Eug. Burnouf.
Secrétaire-adjoint : M. Mohl.
Trésorier : M. F. Lajard.
Membres composant la Commission des fonds :
MM. Landresse , Mohl , Garcin de Tassy.
Membres du Conseil : MM. Noël Desverger, Biot,
Longpérier, Dulaurier, Ampère, de Saulcy,
Dubeux, Stanislas Julien, Derenbourg.
Bibliothécaire : M. Kazimirsri de Biberstein.
Censeurs : MM. Biancht et Marcel.
La séance est levée à deux heures.
Pour copie conforme :
Eug. Burnouf , Secrétaire.
JUILLET 1847.
TABLEAU
DU CONSEIL D'ADMINISTRATION,
CONFORMÉMENT AUX NOMINATIONS FAITES DANS L'ASSEMBLEE
GENERALE DO \l\ JUIN 18^7.
PROTECTEUR.
S. M. LOUIS-PHILIPPE,
ROI DES FRANÇAIS.
PRÉSIDENT.
M, Reinaud.
VICE-PRÉSIDENTS.
MM. le comte i>e Lasteyrie.
Caussin de Percçval.
SECRÉTAIRE.
M. Eug. Burwouf.
SECRÉTAIRE-ADJOINT,
M. Mohl.
TRÉSORIER.
M. F. Lajard.
- COMMISSION DES FONDS.
MM. Garcin j9è Tassy.
Mohl.
Landresse.
10 JOURNAL ASIATIQUE.
MEMBRES DU CONSEIL.
MM. Troyer.
BlANCHI.
Hase*
Langlois.
Pavie.
Grangeret de Lagrange.
Le baron de Slane.
Marcel.
Bazin.
L'abbé ÎBarges.
Defrémery.
Régnier.
Eighhoff.
Noël Desvergers.
Biot.
Longpérier.
dulaurier.
Ampère.
de Saulcy.,
DUBEUX.
Stanislas Julien.
Derenbourg.
CENSEURS.
MM. BlANCHI.
Marcel.
BIBLIOTHÉCAIRE.
M. Kazimirski de Biberstein.
JUILLET 1847. H
AGENT DE I*A SOCIETE. *
M. Bernard, au local de la Société, rue Ta
ranne , n° i a . < •
N. B. Les séances de la Société ont lieu ic secoud vendredi de
chaque mois, a sept heures et demie du soir, rue Taranoe, n° 12.
12 JOURNAL ASIATIQUE.
RAPPORT ANNUEL
Fait à la séance générale delà Société asiatique, le 1 U juin 1 8A7,
par M. J. Mohl.
Messieurs,
Quand une société comme la nôtre a traversé un
quart de siècle , quand elle a pris dans le monde sa-
vant à peu près la place que lui assigne la nature de
ses travaux , quand le temps a fait disparaître , d une
part les difficultés, de Fautre les espérances exagé-
rées qui s'attachent à toute entreprise nouvelle, il
est rare qu'il lui arrive, dans le cours d'une année,
des changements et des événements majeurs. Il n'y
a, d'un côté, que le progrès lent et mesuré de la
science qui marque presque insensiblement le temps
qu'on a parcouru, et de l'autre, la mort qui renou-
velle forcément toute chose humaine , et qui nous
oblige de serrer nos rangs et de chercher à cacher
nos pertes par un redoublement d'activité.
C'est la troisième fois que nous avons perdu notre
président. M. Amédée Jaubert avait été l'un des
fondateurs de la Société, et a fait partie du conseil
depuis le commencement. Le zèle qu'il avait tou-
jours montré pour l'intérêt des lettres, sa position
dans le monde et dans la littérature, et la facilité
JUILLET 1847: 13
de son caractère le désignèrent naturellement au
choix de ses confrères pour succéder à M. Silvestre
de Sacy. Je n'ai pas à retracer ici sa vie politique et
littéraire, c'est un devoir que les différents corps
auxquels il a appartenu ont déjà rempli ; mais il est
impossible de ne pas rappeler dans ce rapport, avec
un sentiment de juste reconnaissance , le dévoue-
ment et l'esprit de conciliation avec lesquels il a
présidé à nos affaires, jusqu'à ce que les infirmités
d'une vieillesse prématurée, suite des fatigues et des
dangers auxquels l'avait exposé; sa carrière, nous
aient privé de son concours. - -
Le Journal asiatique a continué à servir d'organe
aux travaux de la Société, et il y a peu de parties
de l'Orient qui n'aient été , dans votre recueil ,
l'objet d'études neuves et intéressantes. Ainsi, pour
n'en citer que quelques-unes , M. Stanislas Julien a
commencé à publier une série d'articles tirés des
géographes et des historiens chinois, et traitant des
pays et des peuples étrangers. Il nous fait espérer
qu'il suivra toute ,1a frontière occidentale de la Chine,
et nous donnera tous les renseignements que fournis-
sent les historiens et les voyageurs chinois sur la
Tartarie, la Bactriane, la Perse et l'Inde , et qui ser-
viront à compléter et à éclaircir les données que nous
devons aux auteurs indigènes. M- Garcin de Tassy
a achevé son travail sur la rhétorique des nations mu:
sulmanes; MM. Dulaurier etDozon ont inséré dans
le Journal leurs études sur les Malais ; MM. Defré-
inery et Gherbonneau ont donné une suite de mé-
14 JOURNAL ASIATIQUE.
moires sur différentes dynasties arabes et persanes ;
MM. Fresnel, Judas et Barges ont publié et discute
de nouvelles inscriptions phéniciennes; enfin, vous
recevrez. sous peu de jours la première partie d'un
travail considérable de M. Botta sur les inscrip-
tions assyriennes, qui a pour objet la classification
des caractères et la détermination de ceux qui peu-
vent 3e permuter, travail préliminaire, qui sera
d'un grand secours pour toute tentative de résou-
dre le grand problème de la lecture de ces inscrip-
tions. C'est la plus belle de toutes les questions qui
occupent dans ce moment les savants. Il s'agit de
lire des inscriptions dans un alphabet inconnu et
compliqué, et dans un idiome dont on ne peut
encore que conjecturer à quelle famille de langues H
appartient; mais l'importance du résultat soutiendra
le zèle des savants qui s'occupent de cette question ;
car la lecture de ces inscriptions* presque innom-
brables , fera époque dans 1 étude de l'histoire an-
cienne, et le siècle qui a vn déchiffrer les hiérogly-
phes et les inscriptions persépolitaines , a 4e droit
de ne désespérer d'aucun problème de ce genre.
Je regrette de ne pouvoir encore vous annoncer
le renouvellement des encouragements que le mi-
nistère de l'instruction publique accordait autrefois à
la Société asiatique ; mais nous devons espérer que
M. le ministre, dont les bonnes intentions ne Sont
pas douteuses, trouvera le moyen de rétablir une
allocation modeste, que la Société asiatique a la
conscience d'avoir méritée, et dont elle a besoin
JUILLET 1847. 15
pour rendre aux études orientales tous les services
qu'on a droit d'attendre d'elle, pour encourager
nos voyageurs en Orient par la publication prompte
de leurs découvertes, et soutenir le zèle des orien-
talistes en France par l'impression de leurs ou-
vrage*; en un mot, pour pouvoir maintenir son
rang au milieu des sotiété* asiatiques qui se, sont
formées et qui se forment tous les ans, dans toutes
les parties du inonde H< "
Nous avons reçu, de presque toutes ces sociétés
les publications quelles ont faites pendant Tannée
dernière. La société de Calcutta, qui maintient son
ancienne activité, nous a fait parvenir régulièrement
son journal/2. La société de Madras a recommencé la
publication' du sien , qui avait été interrompue pen
dant Quelque temps. La société asiatique de Bom-
bay continue à faire paraître son journal trimestriel,
mais elle en a remis la publication entre des mains
privées. La société géographique de Bombay nous a
envoyé la première partie chj cinquième vohime
de ses . Transactions 3, dont elle n a malheureuse-
ment fait aucun dépôt en Europe , de sorte que
cet excellent recueil est ii freu près introuvable. La
1 Pendant queues feuilles étaient sous presse, la Société a reçu
une lettre de M., le ministre de l'instruction publique, dans laquelle
il lui annonce qu'il a rétabli une partie de la subvention dont la
Société jouissait autrefois , et lui donne l'espoir qui! la lui rendra
plus tard en entier, et même qull l'augmentera.
* Journal of the asiatic tooiêty of Btngal Le dernier cahier, qui
est arrivé à Paris, est le numéro clxx,
* Transactions of Ùte Bombay geograpkical Society, Frorn JVtay i 8 4 4
toFebr. i846. Bombay, i846, in-8° (1*99 pages).
16 JOURNAL ASIATIQUE,
société ne paraît pas sentir tout l'intérêt que des
travaux comme les siens excitent en Europe ; mais
c'est un excès de modestie qui prive nos bibliothè-
ques des moyens 4e se procurer un des recueils les
plus riches en 'matières neuves et importantes. La
Société asiatique de Londres a publié trois nouveaux
cahiers de son journal \ dont deux contiennent
le commencement du beau travail de M. Rawlin-
spn sur la grande inscription de Darius à Bisi-
toun, travail que le monde savant attend depuis
quelques années avec une juste impatience, M. Raw-
linson nous y donne le texte et la traduction de
l'inscription , et la première partie de son commen-
taire sur ce magnifique monument de l'antiquité
persane. La Société asiatique de Londres a de phis
formé, dans le courant de Tannée , à Hong-Kong,
une nouvelle succursale , qui doit soccuper exclusi-
vement de la Chine , et publier un journal indépen-
dant de celui de la société mère.
La Société asiatique allemande nous a envoyé
Hon compte rendu de Tannée 1 8 A 6 et le premier
cahier de sop journal 2. L'état de cette société parak
être très-prospère, le nombre de ses membres aug-
mente rapidement, et tout lui promet un rang
honorable parmi les associations analogues.
1 The Jtfarnal of the royal asiati<± Society of Great Briiain and
Ireland. Num. XVII et Vdi. X , i et a.
1 Jahresberwkt der deutschen morgenlendischen GfselUchajl. Fur
1 845-6. Leipzig, i846, in-8* (160 pages).
ZeitschriJÏ der deutschen morgenlœndischen Gesellschafl. Leipzig,
1 846, in-8°, cahier i (90 pages).
JUILLET 1847% 17
Enfin, il s est formé trois nouvelles sociétés, Tune
à Londres, sous le titre de Société de Sydenhàm, dont
le but est de publier les ouvrages des médecins
arabes; la seconde à Dehli, sous le titve de Société
archéologique de Dehli; elle a tenu sa première
séance le 3 avril 1847, et e^e annonce l'intention
d'envoyer ses mémoires à la société de Calcutta;
mais il faut, espérer qu'elle trouvera bientôt moyen
de publier ^le-mênae ses travaux; car l'expé-
rience de toutes les sociétés libres prouve que,
pour soutenir le zèle de leurs membres, elles ont
besoin de faire paraître elles-mêmes leurs travaux.
La société de Dehli est d'ailleurs si favorablement
située , et contient dans son sein des hommes si
distingués, quelle ne peut pas craindre de manquer
de matériaux pour composer un excellent recueil.
Enfin, la troisième de ces sociétés nouvelles a été
fondée à Beyrouth par des jeunes gens du pays, qui
se proposent d'entreprendre des travaux sur la lit-
térature arabe. Ce symptôme de vie littéraire , dans
une population orientale, sera reçu en Europe avec
une curiosité bienveillante; mais jusqu'à présent
cette association n'a encore donné aucune preuve
publique de son existence.
Depuis plusieurs années vous avez bien voulu
me permettre de vous présenter un tableau pério-
dique des progrès de la littérature' orientale ; vous
avez accueilli avec indulgence les renseignements
incomplets que je pouvais donner sur les travaux
18 JOURNAL ASIATIQUE.
entrepris dans des pays si divers, et cette indul-
gence ma encouragé à persévérer dans l'accomplis-
sement dune tâche dont je m'étais chargé un peu
témérairement. Mais vous me pardonnerez facile-
ment si j'interromps cette année ia série des cata^
logues raisonnes que je vous ai successivement pré-
sentée pour vous parler d'un autre sujet, d'un sujet
dont l'importance est extrême pour' les progrès
des études qui nous occupent, mais que la sura-
bondance des matières ne m'a pas permis d'aborder
jusqu'à présent, je veux parler des voyages en
Orient.'
Si la littérature orientale reste nécessairement le
premier et le principal moyen d'étudier les langues,
l'histoire , les religions , la poésie et les antiquités des
peuples de l'Asie, les travaux des voyageurs en four-
nissent un commentaire qui nous est indispensable.
Il serait superflu de développer, une thèse dont la
vérité est évidente par elle-même, et dont nous
faisons journellement l'application ; car qui de nous
n'a besoin, pour l'intelligence d'un auteur oriental,
des récits des voyageurs , soit pour se rendre compte
de la position géographiqued'un pays, soit pour y
trouver la description des monuments anciens ou des
copies d'inscriptions , soit pour découvrir le sens
dune allusion tirée de l'histoire naturelle du pays,
soit pour y recueillir des traits de mœurs qui peu-
vent éclairer l'histoire du passé et l'éclairent d'autant
mieux que les mœurs sont plus constantes en Orient;
en un un mot, qui de nous n'a besoin dans tous
JUILLET 1847. 19
ses travaux du tableau vivant des pays dont il s'oc-
cupe, tableau que les voyageurs seuls peuvent lui
fournir?
On a fait de «notre temps de grands progrès dans
l'exploration <Je l'orient ; les Européens l'ont tra-
versé dans gpesque tous les sens. Des missionnaires,
des officiers, des médecins, des diplomates, des né-
gociants et des voyageurs chargés de missions scien-
tifiques ont pénétré dans 4 es pays réputés les plus
inaccessibles. Bokhara , le Kurdistan , les sources de
l'Oxus, le midi de l'Arabie, l'Afghanistan, le Japon,
le Tibet ont été visités et décrits ; les monuments
assyriens, persans, sabéens, las stupas de l'Afghanis-
tan ont été exhumés ou fouillés ; un nombre immense
d'inscriptions indiennes, himyarites, babyloniennes,
assyriennes, médiques, persanes, phéniciennes et
lyciennes ont été copiées et sont aujourd'hui sou-
mises aux investigations des savants.
Mais tout en proclamant ce qui a été accompli
par le savoir et le courage des voyageurs en Orient,
on ne peut se dissimuler que ce qui a été fait jusqu'à
ee jour n'est que le commencement dupe carrière
presque illimitée; qu'aucun pays n'a été suffisam-
ment exploré ; qu'il reste une infinité de monuments
antique* à découvrir; que nous sommes loin de
connaître parfaitement l'organisation sociale des
peuples qui couvrent l'Asie; que la géographie pré-
sente encore beaucoup de points obscurs, qu'on
pourrait éclaircir ; enfin , qu'il n est pas douteux que
tes bibliothèques de l'Orient ne contiennent encore
20 JOURNAL ASIATIQUE,
un grand nombre d'ouvrages qu'il serait; important
d'en tirer, pour les sauver dune destruction im-
minente et les livrer à la critique européenne. La sur-
face de la plupart des pays orientaux nous est connue
sous le double rapport physique et. moral ; çiais
quand on lit le récit d'un Européen infligent qui'
a résidé longtemps dans une contrée, même dans*
celles qui pnt été visitées par un grand nombre de
voyageurs et qu'on supposerait à peu près connues, on
sent à l'instant qu'il nous ouvre un monde nouveau ,
et l'on reste surpris tant de ce qu'il nous apprend
que de ce qu'il nous laisse entrevoir et qui reste ré-
servé à ses successeurs. Qu'on lise , par exemple , la
description du Radjpoutana, par Tod, et l'on sera
frappé de la masse de renseignements curieux qu'il
nous donne et du tableau de mœurs qu'il déroule
devant nous; mais, cette lecture terminée, on éprou-
vera le besoin d'en apprendre bien davantage, de
voir étudier plus profondément cette , organisation
féodale, ces poèmes épiques, ces monuments d'art
dont il parle. Qu'on lise les fragments qu'a donnés
M. Rawlinson de ses voyages en Perse, ou les notes
de M. EUiot sur les provinces supérieures de l'Inde ,
et l'on sera étonné de tout ce qu'ils ont observé et
de ce qu'ils indiquent comme sujet d'étudesifiitures
et de découvertes à faire. L'histoire des peuples est
comme l'histoire naturelle, plus on l'étudié plus on
trouve combien on ignore, et combien le phéno-
mène le plus petit , le plus insignifiant en apparence,
révèle de mystères. Certainement personne .n'a par-
JUILLET 1847. 21
couru l'ouvrage de M. Briggs sur l'impôt territorial
dans flnde sans être émerveillé des grands enseigner
ments historiques que peut fournir l'étude attentive
d'un pamvre village indien; or, s'il plaisait à un mis-
sionnaire, en Chine > de nous faire connaître d'une
manière aussi complète l'organisation municipale de
l'endroit qu'il habite, de nous eii donner le budget
communal dans ses moindres détails , et de nous ex-
pliquer tout ce qui s'y rapporte, il nous rendrait un
service non moins émihent, et nous ferait connaître
un grand et important côté de la civilisation chi-
noise , sur lequel nous chercherions en Vain des ren-
seignements dans lés annalistes impériaux. Je me
rappelle avoir entendu faire à M.Fresnel la descrip-
tion de son séjour dans un village derrière Thaïf ,
près de> la Mecque , et je n'ai, jamais vu de com-
mentaire plus instructif sur i'état des Arabes avant
l'islamisme; pourtant, il n'y avait là ni événements
à raconter, ni souvenirs historiques à évoquer, ni
monuments à découvrir; c'était une observation in-
telligente des mœurs et du caractère d'une race qui
ne change guère, faite par un homme qui sait voir et
surtout qui sait s'intéresser à ce qu'il voit! Ge n'est donc
pas la matière qui manque aux recherches -du voya-
geur, quel que^soit le sujet de prédilection de ses étu-
des, l'antiquité ou l'état moderne d'un pays, la lit-
térature ou la géographie, l'homme ou la nature, il
trouvera une ample moisson de découvertes à faire ,
pourvu qu'il ait des yeux pour voir et les connais-
sances nécessaires pour comprendre ce qu'il voit.
22 JOURNAL ASIATIQUE.
Ii n'y a jamais eu de temps plus favorable aux
voyages en 'Orient que le nôtre. Tout s'outre devant
la puissance de l'Europe , et les pays que la jalousie ,
la rapacité ou le fanatisme rendaient inaccessibles,
deviennent de jour en jour plus faciles à visiter,
non pas sans danger, mais, au moins dans -beau-
coup de cas, avec des dangers moindres qu aupara-
vant. Cette influence croissante de l'Europe n'est
pas Un avantage sans mélange pour le voyageur,
car elle détruit beaucoup de choses chez les peuples
sur lesquels elle s étend ; elle efface bien des sou-
venirs antiques; elle fait disparaître beaucoup de
monuments que l'incurie et la barbarie des habi-
tants avaient conservés jusqu'à présent. Mais ce n'est
qu'une raison de plus pour se hâter d'explorer les
pays qui s'ouvrent devant nous et qui bientôt, en
devenant d'un accès plus facile encore, seront en
même temps plus stériles pour l'observateur. Le ■
moment le plus favorable à l'exploration d'un pays,
est cehii où il devient accessible pour la première
fois, et il en est ainsi aujourd'hui d'une grande
partie de l'Orient , qui est frappée d'une terreur
presque superstitieuse par suite de son contact avec
l'Europe.
Schulz et M. de Slane ont pu examiner à'loisir
les bibliothèques des mosquées de Gonstantinople ,
non sans difficultés mais sans trouver d'obstacles
absolus; un homme savant et courageux comme eux
trouverait probablement moyen d'en faire autant à
Damas avant que les bibliothèques qui s'y trouvent
JUILLET 1847. . 23
encore intactes ne soient dispersées et détruites
comme il est arrivé à celles du Caire. M. Hodgson a
vu s'ouvrir devant lui les collections des monastères
bouddhiques du Népal, et si les bibliothèques des
Djaips à Abou existent réellement , leurs portes ne
résisteront pas longtemps à la curiosité et à l'ipr
(luence d un employé anglais dans l'Inde. M. Layard
a pu entrer seul et sans aucun appui dans le pays
de Bakhtiaris, et ce qu'il a fait si bien et si coura-
geusement eût été sans doute impossible, vingt ans
plus tôt; MM. Gabet et Hue sont revenus du Tibet,
où ils auraient probablement laissé leurs têtes il y a
cinq ou six ans, et plusieurs voyageurs sont parvenus à
visiter, sans grand risque pour leur vie, les. lieu* où
Schulz a été assassiné, uniquement parce qu'il était
Européen. Au reste, si je dis que le danger d avoir
à subir des violences extrêmes de la part.de certaines
populations a diminué dan» une partie de l'Orient,
ce n'est point pour déprécier Je mérite de ceux qui
s'aventurent dans des pays barbares; car, outre les
périls:inévitables et incessants qui résultent du cli-
mat, des fatigues et des privations, il reste assez à
craindre de la part des hommes pour mettre à
l'épreuve le courage le plus déterminé, et personne
ne refusera son admiration à des voyageurs tels que
Maeson, Wolf, Wood, Arnaud, Layard, Wrede,
Bode et tant d'autres qui ont risqué leur vie pour
ajouter à la masse de nos connaissances. Tout ce
que je voudrais dire, c'est que les circonstances
actuelles sont ^lus favorables aux voyages et qu elles
24 JOURNAL ASIATIQUE,
permettent des entreprises qui eussent été impos-
sible autrefois et qui aujourd'hui ne sont plus que
périlleuses*
Une suite naturelle de cet état de choses, est l'ac-
croissement considérable du nombre des voyageurs
en Oient. C'est surtout à l'Angleterre que nous
devons les descriptions les plus nombreuses et les
meilleures de cette partie du monde, ce qui s'ex-
plique par la possession de l'Inde , par un commerce
qui pénètre partout, par une diplomatie qui a des
agents sur tous les points importants, et surtout par
la richesse des particuliers, qui permet à un nombre
infini de personnes de suivre l'impulsion de leur goût
pour des entreprises lointaines et aventureuses. Je
n'essayerai pas de citer même les plus considérables
de ces voyages, la liste serait trop longue et néan-
moins incomplète, et le choix serait difficile parmi
tant dé rapports adressés au gouvernement ou à la
compagnie des Indes, tant de descriptions de pays
et de villes faites par des employés diplomatiques
ou administratifs, tant de récits publiés par des.
hommes que leur vocation de missionnaires ou leur
goût pour l'antiquité ont poussés à visiter toutes les
parties de l'Orient. Ce grand mouvement se fait sans
que le gouvernement anglais y intervienne de quelque
manière que ce soit , et les ouvrages qui en résultent
sont suffisamment encouragés par la curiosité intelli-
gente du public pour que leur publication n ait pas
besoin d'un secours officiel.
Sur» le continent, il en est tout autrement. La
JUILLET 184t. 25
France ne possède que des territoires insignifiants en
Orient, et ses' employés y sont infiniment moins
nombreux que ceux de l'Angleterre. Le goût des
voyages $*gst certainement développé dans ces der-
niers temps, et l'on voit de riches voyageurs français
visiter l'Orient, et surtout un nombre très-considé-
rable de missionnaires pénétrer dans des pays dont
l'accès est le plus difficile; mais les uns et les autres
n'écrivent de livres que rarement, et, à l'exception
d'un petit nombre de lettres qui paraissent darfs les
Annales de là propagation de la foi , la science ne tire
ordinairement que peu de profit des fatigues et des
dangers dé ces émissaires volontaires de la France.
Il en est de même dan§ le reste de l'Europe; les
voyageurs y sont rares, et si de temps en temps un
prince ou un grand seigneur se laisse aller à la fan-
taisie tïe visiter un pays de l'Orient , c'est plutôt dans
un but d'amusement et d'instruction personnelle
que dans l'intérêt de la science. '
Dans cet état de choses , les gouvernements ortt
compris qu'il y avait là de la gloire à acquérir et
un devoir à remplir envers la stience. Ils ont envoyé
de loin en loin des voyageurs et des commissions
scientifiques pour explorer les pays qu'on leur signa-
lait, et il est résulté de ces missions quelques ou-
vrages 'excellents qui feront un honneur immortel
à leurs auteurs et à leurs promoteurs. Pendant long-
temps ces entreprises forent isolées et seulement
exécutées quand un prince ou un ministre s intéres-
sait accidentellement à un savant ou à une branche
2e, JOURNAL ASIATIQUE,
particulière d'étude. Même en France, le gouver-
nement ne s engageait que rarement tet difficilement
dans cette voie, et plusieurs d'entre vous se rappel-
leront certainement combien il a fallu de temps et
d'influences puissantes pour déterminer le gouver-
nement de la restauration à envoyer Champollion
en Egypte , et Schulz en Perse. Depuis cette époque,
on a élargi la voie, et las voyages scientifiques sont
devenus une partie régulière et considérable des
eflbfts que fait le gouvernement français pour l'avan-
cement de la science. C est un fait infiniment hono-
rable; il marque la sollicitude éclairée du pays pour
tous les progrès des connaissances humaines ; il peut
et doit avoir pour le progrès des études orientales
en particulier les conséquences les plus heureuses.
Mais le système est encore nouveau , et à travers
les tâtonnements inséparables de tout commence-
ment, on n a pas encore trouvé les règles ni les pré-
cautions qui peuvent garantir l'emploi le {dus avan-
tageux des fonds destinés aux voyages. Quelques-
unes de ces entreprises ont été bien exécutées,
d autres ont été complètement infructueuses. Mon
intention n'est point de faire la critique du passé,
quoique le moyen le plus sûr de signaler les fautes
à éviter soit d'indiquer celles qui ont été commises;
mais je ne pourrais me livrer à cette analyse sans
faire de la peine à des personnes que je ne voudrais
pas blesser; je me bornerai donc à vous demander
la permission de vous soumettre quelques idées
générales sur le but qu'on doit se proposer dans
JUILLET 18<i7. 27
les voyages en Orient faits par ordre du gouver-
nement, et quelques vœux sur les moyens qu'on pour-
rait employer p6ur l'atteindre autant que possible.
La première chose à faire, et là première règle
à poser serait de restreindre l'étendue des voyages
qu'on veut faire exécuter. Je ne parle ici que des
voyages faits dans urî but historique et littéraire ,
et non pas de ceux qu'on entreprendrait pour l'é-
tude dé la géologie, de la botanique ou d'autres
sciences , voyages qui exigent nécessairement le par-
cours de grandes distances. Presque tous les plans
que les voyageurs en Orient soumettent au Gouver-
nement pèchent par leur étendue; et ce défaut est
si naturel, qu'on ne saurait être assez sur ses gardes
pour résister à l'entraînement dé l'imagination, qui
fait briller devant nos yeux une sérié de noms de
villes et de pays les plus curieux à examine]4, les
phls célèbre dans l'histoire ; ; les plus riches en mo-
numents et en souvenirs. L'administration elle-
même est facilement éblouie par un panorama aussi
magnifique; mais la grandeur de ces plans est pré-
cisément ce qui en rend l'exécution infructueuse.
Autrefois , quand on en était au commencement
dés découvertes géographiques; quand les choses
les plus connues aujourd'hui étaient ou entièrement
ighorées, ou seulement l'objet d'un souvenir vague
et mystérieux , échappé aux temps de barbarie , il
était utile et nécessaire de suivre les grandes routes
de l'Orient aussi loin qu'elles pouvaient conduire ,
et de raconter tout ce qu'on y avait vu et entrevu.
/
28 JOURNAL ASIATIQUE.
Marc Paul et Pian Carpin ne pouvaient pénétrer
trop avant dans les pays qu'ils ont visités, et même
du temps de Tavernier et de Mandetslo on ne
pouvait faire trop de chemin, car tout ce qu'on
voyait était neuf, et il s'agissait , avant tout , de faire
la carte des contrées parcourues» de savoir quels
en étaient les royaumes, quels peuples les habi-
taient, et où Ion pouvait espérer de trouver des
monuments à étudier, des bibliothèques à explorer,
des traitions à recueillir, d'anciennes coutumes à
observer. Mais aujourd'hui, en se tenant sur les
chemins battus, on peut traverser presque toute
l'Asie sans découvrir rien de nouveau, et, après de
grandes fatigues, ne rapporter que des impressions
de voyage sans utilité pour la science. Cela peut
convenir à un touriste, que la curiosité pousse à
travers le monde , et qui n'a de comptes à rendre à
personne ; mais il s'agit d'autre chose pour un voya-
geur envoyé par un gouvernement. Dans l'état ac-
tuel de nos connaissances sur l'Orient, nous avons
besoin d'approfondir davantage les secrets de son
histoire et de son organisation, de fouiller son sol
pour découvrir les resteà de ses antiquités, et d'é-
tudier, en détail, les lieux qui ont été autrefois des
foyers de civilisation, ou qui sont aujourd'hui les
centres de «ce qui y reste de pouvoir; nous avons
besoin d'éclairer une foule de questions spéciales
sur l'origine , les traditions et les langues des tribus
qui habitent aujourd'hui des pays jadis célèbres;
nous voulons connaître leurs institutions civiles et
JUILLET 1847. 29
religieuses , leur droit territorial , leur organisation
municipale; nous voulons obtenir les livres qui
manquent à nos bibliothèques , et qui se trouvent
encore dans un coin quelconque de l'Asie.
Mais tout cela ne s'apprend pas quand on se con-.
tente de parcourir un pays , ni même pendant un
séjour plus long que ne le font ordinairement les
voyageurs; il faut être, pour ainsi dire, domicilié
dans une prqvince , pcwr vaincre les difficultés que
nous opposent l'ignorance , la méfiance ou la bar-
barie des habitants; il faut avoir le temps de se lier
avec les gens du pays, afin de pouvoir observer
leurs institutions, et apprendre d eux où il y a quel-
que chose à trouver; il faut pouvoir attendre le
moment et les occasions de perpétrer dans un canton
difficile; il faut connaître d'avance l'histoire, la
langue et la littérature d'un peuple pour s'intéresser
à ce qu'on y voit, et pour que la partie respectable
et savante de la population vous honore et vous
aide à découvrir ce qui échajppe à un examen su-
perficiel. Je vais donner un exemple ou deux qui
mettront mieux en lumière la différence qu'il y a
entre les deux classes de voyageurs dont je parle.
1ML Rich visita Mossoul quatre fois , il y fit tout ce
que peut faire yn voyageur savant et consciencieux
pendant un court séjour; il examina les ruines de
Ninive, acheta les antiquités qu'on lui offrait, re-
marqua des murs couverts d'inscriptions cunéi-
formes, et formant les caVes de quelques maisons
du village de Nebbi Younés; il raconta qu'on avait
30 JOURNAL ASIATIQUE,
trouvé un bas-relief de la hauteur de deux hommes ,
couvert de sculptures d'hommes et d animaux , mais
qp'il avait été détruit. C'jîst tout ce que pouvait
faire et observer le voyageur je plus zélé qui ne sé-
journait pas dans le pays; et c'est plus que n'ont
fait tous ceux qui ont passé par, Mossoul , avant e£
après Rich, jusqu'au moment où M. Botta vint se
fixer dans cette ville. Alors seulement nous avons
vu commencer et se succéder rapidement ces dé-
couvertes merveilleuses d'antiquités assyriennes, qui
feront époque dans l'étude de l'histoire, des langues
et des arts de l'Orient.
Pendant que Niebuhr, et j'aime à Je citer avec
le respect qui est dû à ce grand nom , pendant que
Niebuhr voyageait dans le Yémen , il entendit parier
plusieurs ibis d'inscriptions qui ne pouvaient être
qu'en caractères himyarites, mais qu'il ne put pas
visiter malgré son vif désir de les copier, parce que
tantôt la mauvaise volonté d'un chamelier, tantôt des
maladies, tantôt le manque de sécurité sur les routes
l'en empêchaient, et que l'étendue de son itinéraire
ne lui permettait pas d'attendre de meilleures occa- '
sions. Mais M. Arnaud est parvenu à atteindre Saba ,
parce qu'un long séjour lui a fourni les moyens de
vaincre toutes les difficultés. Il nous a rapporté cin-
quante inscriptions himyarites , et en aurait obtenu
un bien plus grand nombre si ses moyens pécuniaires
n'avaient pas été épuisés; Je profite de cette occa-
sion pour remercier MM. les ministres de l'instruc-
tion publique et des affaires étrangères d'avoir bien
JUILLET 1847. 3i
voulu meWe M Arnaud en état de retourner à Saba
pendant trois ans , et xie lui avoir donné ainsi le temps
de copier les nombreuses inscriptions sabéennes qui
couvrent les ruines de Khariba et d'autres villes an-
tiques qu il n'avait pu visiter dans sa première expé-
dition.
Enfin, que Ton prenne les ouvrages de Heber ou
d'autres voyageurs que je pourrais nommer, qui
ont parcouru l'Inde dans toute sa largeur, et Ton
verra que ce sont des récits amusants pour le
public , mais à peu près inutiles pour les savants ;
qu'on les compare aux notes de M. EUiot sur les
provinces supérieures, aux lettres de M. Shore, aux
travaux de Stirling sur l'Orissa, aux ouvrages dé
Sleeman , et Ton sentira que, sous lia plume de ces
derniers, le pays, ses intérêts, son histoire, son
organisation revivent devant le lecteur- Et pour-
tant les premiers étaient des hommes aussi savants
et aussi intelligente que les derniers; mais ils n'a-
vaient pas eu le temps d'étudier les pays qu!ils ne
faisaient que parcourir.
U faudrait donc envoyer successivement des voya-
geurs sur les points les plus intéressants de l'Asie,
assigner à chacun d eux , pour centre de ses opéra-
tions/ une des grandes Biles qui ont formé ou
forment encore les foyers de la civilisation, lui in-
diquer un rayon suffisant, borné par-la langue et les
circonstances historiques et politiques du pays , et lui
demander la description complète de ce territoire ,
de ses antiquités, de ses bibliothèques, de son or-
32 JOURNAL ASIATIQUE.
ganisation et de ses institutions actuelles; it faudrait
lui accorder six ou sept ans , enfin un temps suffi-
sant ppur remplir la tache qu'on lui imposerait ; il
lui serait possible alors de faire des fouilles, et de
se familiariser avec les savants et les chefs du pays ,
pour obtenir d'eux le moyen de pénétrer partout;
et Ton devrait même lui demander la traduction
d'une histoire locale, s'il en existe une, ou d'un
ouvrage quelconque pour lequel il trouverait dans
la contrée même des ressources particulières. Pour
donner une idée plus précise de ce plan d'explora-
tion, il suffira d'indiquer quelques-unes des stations
qu'on pourrait établir successivement, à mesure
qu'il y aurait des fonds, et qu'il se présenterait des
hommes auxquels on pourrait les confier. Ainsi on
enverrait un voyageur à Bagdad, en lui assignant
pour limites la Babylonie ancienne ou le paschalik
moderne de Bagdad; un autre occuperait Damas,
dont les bibliothèques nous sont. inconnues, et doi-
vent renfermer bien des ouvrages qui passent pour
perdus; ses recherches comprendraient la Syrie mé-
ridjpnale, une partie du Liban, et les tribus arabes
qui dépendent de Damas. Le centre d'une autre ex-
pédition serait Hamadan, afin d'explorer l'ancienne
Médie, les ruines d'Ecb^fane et celles d'autre» villes '
antiques, et pour étudier les dialectes populaires de
cette province. Il serait important qu'un savant s'é-
tablît à Yezd ou à Kirman , où il aurait à s'occuper
des zoroastriens ; il rechercherait les livres zends et
pehlewis qui nous manquent , et trouverait dans les
JUILLET 1847. 33
antiquités du Seistan et dans l'état moderne du pays
des sujets d'étude abondants ;et entièrement neufs.
Un autre irait à Bénarès pour y fréquenter les écoles
brahmi niques, et compléter nos collections de livres
sanscrits. Un indianiste qui séjournerait dans le Radj-
poutana pourrait nous rapporter une traduction des
poèmes épiques de Tchand faite sur les lieux mêmes
et au milieu de la tradition vivante ; il étudierait
l'organisation des Radjpoutes, et compléterait ou cor-
rigerait les vues de Tod sur ce sujet. Une autre
station du même genre devrait être établie parmi
les Djains du Guzarate , dont les monuments et les
livres ne nous sont .connus que bien vaguement.
Enfin, il faudrait, aussitôt que les circonstances le
permettront, envoyer un voyageur à Balkh, etiui
confier l'exploration de la Bactriane, l'étude des
monuments de Bamian , et celle des traces de l'em-
pire grec et-des états barbares qui lui ont succédé. .
Mais je m'arrête , car mon intention n'est pas de
donner une liste complète dés points à occuper, je
n^i voulu qu'indiquer un système à suivre. Je crain-
drais, d'ailleurs, en continuant cette énumération,
qu'on ne m'accusât de demander l'impossible. Et
pourtant rien ne serait plus facile que d'explorer
ainsi successivement toute l'Asie , en y apportant les
précautions et la sage lenteur que permet* un sys-
tème suivi par un gouvernement. Le plus difficile
est fait; les moyens sont inscrits au budget, et la
part qui doit en revenir naturellement à l'Orient
suffira à tous les besoins ; car ce serait assez d'en-
»
x. 3
34 JOURNAL ASIATIQUE.
voyer chaque année un voyageur, de telle sorte
qu'il y en aurait à la fin, et quand le système serait
en parfaite voie d'exécution, six à la fois, ce qui ne
serait certainement pas disproportionné avec les
droits que l'Orient peut revendiquer dans la répar-
tition du budget des missions scientifiques.
L'adoption d'un plan semblable aiderait en même
temps à la solution de la question, aujourd'hui si
difficile, du choix des personnes. Il est évident que
tous ceux qui ne désirent que faire un voyage
agréable aux frais du Gouvernement seraient exclus
par les exigences même du plan qu'ils auraient à
suivre. La connaissance des langues savantes du
pays qu'on voudrait explorer. deviendrait une con-
dition sine qua non du choix, comme elle aurait dû
l'être dès le principe , et il n'y aurait que des hommes
préparés par une étude sérieuse des langues et de
l'histoire qui voudraient se présenter. Les élèves des
écoles orientales de Paris y trouveraient un objet
de légitima ambition qui soutiendrait leur zèle et
leqr offrirait une occasion précieuse de continuer
et de perfectionner ieurs travaux dans le pays même
qui en est le but. Qui peut douter qu'on ne trouvât,
tous les ans, un jeune homme instruit, courageux
et désireux de se distinguer par des découvertes
presque certaines, et dentier dans la vie littérairer
par une porte aussi belle et aussi sûre ? Qui peut
douter qu'en suivant avec persévérance un plan
semblable , on n'obtienne les résultats les plus hono-
rables pour la France et les plus utiles pour la
JUILLET 1847. 35
science ?• Sans aucun doute , tous les points de l'Orient
qu'il importe de connaître seraient visités successi-
vement par des hommes compétents, des trésors
inconnus d'antiquités viendraient enrichir nos mu-
sées, maint ouvrage précieux que nous croyons
perdu viendrait combler les lacunes de nos biblio-
thèques , eties langues , l'histoire et les institutions de
ton* les peuples de l'Asie seraient mieux étudiées.
D me reste à dire un mot de la publication des
résultats de ces voyages; car; dans l'état actuel des
choses , il est indispensable que le Gouvernement y
pourvoie, si l'on ne veut pas que le fruit de tant
de travaux reste stérile entre les mains de leurs au-
teurs; mais ici encore le plus difficile est déjà fait,
et les moyens d'exécuter tout ce que peut exiger
l'avancement des sciences existent. Le Gouverne-
ment français a publié un nombre assez considérable
de voyages avec une libéralité qui fait le plus grand
honneur à ses intentions et h son respect pour la
science, et quand les fonds dont pouvaient disposer
les différents ministères ne suffisaient pas, il s'est
adressé à plusieurs reprises aux Chambres, qui, se
sont toujours montrées également empressées à ac-
corder tout ce que l'on croyait nécessaire pour
faire profiter le monde savant des découvertes des
voyageurs français. Aucun pays n'a jamais fait autant
dans ce genre;, on ne saurait donc trop louer la libé-
ralité du Gouvernement français, ni trop en désirer'
la continuation ; mais cela ne doit pas nous empêcher
d'exprimer des vœux pour que l'emploi des ressources
3.
36 JOURNAL ASIATIQUE.
mises au service (Je la science soit réglé de- manière
à ce qu'elle en tire tout le profit possible.
Il y a une chose qui frappe au premier abord
quand on regarde la série dés voyages publiés au frais
du Gouvernement, c'est leur dimension énorme,
et leur prix , qui les exclut de l'usage commun des
savants. Autrefois oh se plaignait du prix des livres
anglais, mais aujourd'hui ce sont les voyages fran-
çais qui sont les plus chers et les plus inaccessibles
de tous les livres qui se publient dans, le monde.
C'est un grand mal, car un ouvrage que seulement
quelques bibliothèques centrales peuvent acquérir,
manque son but et retombe presque dans la classe
des manuscrits. Je dois dire quelques mots jsur les.
raisons qui ont amené cet état de choses ; mais je
n'entrerai dans ce sujet qu'autant qu'il est indispen-
sable de le faire. Voici comment on procède aujour-
d'hui. Un voyageur revient; il désire publier les
résultats de ses travaux; le ministère qui a fait les
frais de l'expédition, demande communément à
l'Institut un rapport sur les manuscrits, collections
et çlessins rapportés; une commission est formée,
examine les- matériaux qu'on lui soumet et fait son
rapport. Si le rapport est favorable, le voyageur
s'adresse à un libraire, parce que le Gouvernement
a pour principe de ne donner ses encouragements
que sous forme de souscriptions. Le libraire est in-
téressé à ce que l'ouvrage dont il doit avoir ïa vente,
mais dont il ne fait pas les frais, soit aussi volumineux
et aussi riche de gravures , c'est-à-dire en définitive
JUILLET 1847. 37
aussi cher que possible , et comme l'auteur désire
naturellement de son côté que rien de ses matériaux
ne soit omis, et* que son livre soit aussi beau et
aussi conffidérable qu'il se peut, tout concourt pour
faire soumettre au ministre la proposition d'un ou-
vrage immense, dont on répartit les frais sur un
grand nombre d'années pour faire rentrer les dé-
penses dans les limites du budget, à moins qu'on ne
demandé à la Chambre un crédit extraordinaire.
C'est ainsi qu'on a ajouté à un ouvrage , qui devait
être entièrement scientifique, jusqu'à cent* planches
pittoresques, dont la commission dé l'Institut n'a eu
aucune connaissance; que, dans d'autres cas, on a
publié simultanément dans deux., ouvrages les des-
criptions et les représentations des mêmes monu-
ments, et que, dans d*autre's enfin , on a surchargé
d'immenses compilations faites après le retour, les
matériaux rapportés du voyage même. Je me con-
tenterai dé parler avec quelque détail d'un seul cas
que je choisis, parce que personne n'aura l'idée qu'il
puisse y avoir de ma part l'ombre même d'un mau-
vais vouloir. L'Ouvrage qui nous fait connaître les
découvertes de M. Botta, contiendra quatre cerït cinq
gravures in-folio ; là tout est nouveau, tout est im-
portant, tout est scientifique , et néanmoins l'ouvrage
coûtera le double de ce qu'il aurait dû coûter, et voici
comment. D y aura cent quatre-vingts gravures re-
présentant des dessins de bas-reliefs et des plans
d'architecture, et deux cent vingt-cinq planches
d'inscriptions assyriennes. Or, sans parler du nombre
36 JOURNAL ASIATIQUE.
mises au service de la science soit réglé de manière
à ce qu'elle en tire tout le profit possible.
Il y a une chose qui frappe au premier abord
quand on regarde la série dès voyages publiés au frais
du Gouvernement, c'est leur dimension énorme,
et leur prix , qui les exclut de l'usage commun des
savants. Autrefois on se plaignait du prix des livres
anglais, mais aujourd'hui ce sont les voyages fran-
çais qui sont les plus chers et les plus inaccessibles
de tous les livres qui se publient dans, le monde.
C'est un grand mal, car un ouvrage que seulement
quelques bibliothèques centrales peuvent acquérir,
manque son but et retombe presque dans la classe
des manuscrits. Je dois dire quelques mots jsur les.
raisons qui ont amené cet état de choses ; mais je
n'entrerai dans ce sujet qu'autant qu'il est indispen-
sable de le faire. Voici comment on procède aujour-
d'hui. Un voyageur revient; il désire publier les
résultats de ses travaux; le ministère qui a fait les
frais de l'expédition, demande communément à
l'Institut un. rapport sur les manuscrits, collections
et çlessins rapportés ; une commission est formée ,
examine les matériaux qu'on lui soumet et fait son
rapport. Si le rapport est favorable , le voyageur
s'adresse à un libraire, parce que le Gouvernement
a pour principe de ne donner ses encouragements
que sous forme de souscriptions. Le libraire est in-
téressé à ce que l'ouvrage dont il doit avoir ïa vente,
mais dont il ne fait pas les frais, soit aussi volumineux
et aussi riche de gravures , c'est-à-dire en définitive
JUILLET 1847. 37
aussi cher que possible, et comme l'auteur désire
naturellement de son côté que rien de ses matériaux
ne soit omis, et* que son livre soit aussi beau et
aussi considérable qu'il se peut, tout concourt pour
faire soumettre au ministre la proposition d'un ou-
vrage immense, dont on répartit les frais sur un
grand nombre d années pour faire rentrer les dé-
penses dans les limites du budget, à moins qu'on ne
demande à la Chambre un crédit extraordinaire.
C'est ainsi qu'on a ajouté à un ouvrage, qui devait
être entièrement scientifique, jusqu'à cent- planches
pittoresques, dont la commission de l'Institut n'a eu
aucune connaissance; que, dans d'autres cas, on a
publié simultanément dans deux, ouvrages les des-
criptions et les représentations des mêmes monu-
ments, et que, dans d*autre's enfin , on a surchargé
d'immenses compilations faites après le retour, les
matériaux: rapportés du voyage même. Je me con-
tenterai de parler avec quelque détail d'un seul cas
que je choisis, parce que personne n'aura l'idée qu'il
puisse y avoir de ma part l'ombre même d'un mau-
vais vouloir. L'Ouvrage qui nous fait connaître les
découvertes de M. Botta, contiendra quatre cent cinq
gravures in-folio; là tout est nouveau, tout est im-
portant, tout est scientifique , et néanmoins l'ouvrage
coûtera le double de ce qu'il aurait dû coûter, et voici
comment. D y aura cent quatre-vingts gravures re-
présentant des dessins de bas-reliefs et des plans
d'architecture, et deux cent vingt -cinq jtf anches
d'inscriptions assyriennes. Or, sans parler du nombre
38 JOURNAL ASIATIQUE.
dés planches de dessins qu'on a augmenté sans né-
cessité, la gravure de ces deux cent vingt-cinq
planches d'inscriptions est inutile j pàrtee que l'Impri-
merie royale , où ïe texte de l'ouvrage s'imprime, a
fait graver et fondre un caractère assyrien. Il aurait
parfaitement suffi d'imprimer les inscriptions dans
le texte, au lieu de les foire graver sur cuivre; l'ou-
vrage aurait contenu exactement ce qu'il contient
aujourd'hui , le Gouvernement aurait épargné une
somme qui aurait suffi pour faire exhumer un autre
païais assyrien , le Irvtfe eût été mis en vente à un
tiers de son prix actuel ; il eût donc été infiniment
plus aocessibie et partant plus utile. H est probable
que le libraire aurait moins gagné , mais cela n'aurait
pas été un grand mal , puisque l'Etat fait les frais en-
tiers de la publication.
Pour prouver la vérité de ce que j'ai avancé sur les
inconvénients de ce système, il me suffira de citer le
prix de quelques-uns des voyages qui sont en 'cours
de publication. Le voyage de Dfcrville au pôle
Sud coûtera i,45o francs; l'ouvrage de la commis-
sion de Morée coûte 1 ,080 francs; les deux voyages
de M. Texier coûtent 1,600 francs; le voyage de
MM. Fiandin et Coste coûte 1 ,4oo francs; l'ouvrage
sur Nînive cloutera 1 ,800 francs , le voyage en Islande
coûte 1 ,8a 5 francs. Comment peut-on s'étonner qtte
ces livres ne se répandent pas et n'arrivent pas au*
mains de ceux auxquels ils sont destinés? Combien
y a-t-il de savants et même de bibliothèques pu-
bliques qui puissent acheter beaucoup de livres à ce
JUILLET 1847. 39
prix? Je pourrais citer une foule de faits à l'appui
de ce que je dis; je me contenterai d'un seul. Me trou-
vant à Bonn, l'automne dernier, je désirais, pendant
une conversation avec M. Lassen, consulter une
planche d'inscriptions dans le Voyage de MM. Plan*
din et Coste; mais M. Lassen me dit que la biblio-
thèque dé l'Université ne le possédait pas, parce qu'il
était trop cher. Or personne de vous tugnore que
M. Lassen est , avec M. Burnouf, celui qui a fiait le
plus pour l'interprétation des inscriptions persépo->
litaiws. Et pour qui donc publierait-on des ouvrages
sur les antiquités de la Perse si ce n'est pour lui et
des hommes comme lui?
On dira peut-être que le Gouvernement distribue
ks exemplaires qu'il reçoit pour prix de ses sous-
criptions. C'est vrai, et on ne peut que rendre justice
à la libéralité des ministres sous ce rapport ; mais
il* est dans la nature des choses qu une distribution
gratuite n'atteigne jamais le but qu'on se propose. Il
est impossible à un ministre de découvrir, même
en France, les personnes qui ont le plus besoin d'un
ouvrage. Comment pourrait-il savoir quelle biblio-
thèque en Allemagne ou en Italie est trop pauvre
pour acheter le livre , quel savant est arrêté dans ses
travaux, parce qu'il ne peut en obtenir la vue? Et
comment pourrait-on demander au Gouvernement
de répandre sur le monde entier des laf gesses aussi
coûteuses? Le système dés distributions est nécessai-
rement illusoire ; on donne surtout aux riches „ mais
ce sont les pauvres qui ont besoin et qui travaillent
40 JOURNAL ASIATIQUE. . .
le plus , et il n y a qu'un moyen de répandre* uti-
lement un livre , c est de le mettre à un prix que
puissent payer ceux qui voudraient s'en sfervir.
En exposant quelques-uns des inconvénients de
l'état actuel des choses, je suis loin de vouloir faire
un réproche à qui que ce soit; ni aux commissions ,
qui ne jugent que la valeur des pièces qu'on leur
soumet , et ne sont jamais consultées sur le plan de la
publication du voyage , ni aux ministres * qui mettent
la meilleure .volonté du monde à encourager la
science, mais n'ont aucun moyen de distinguer ce
qui est nécessaire de ce qui est de trop dans un
plan de publication qu on leur soumet, ni aux au-
teurs , qui ont le désir naturel de faire une publication
somptueuse, et qui la font trop souvent sans aucune
autre récompense, ni même aux libraires, qui veulent
avoir une affaire la meilleure possible. La faute en
est au système et à la nouveauté de l'institution , qui
n'a pas encore trouvé son assiette ni son organisa-
tion ; mais je crois que l'expériepce du passé suffit
maintenant ppùr indiquer le remède au* différents
inconvénients qui se sont montrés dans les voyages
entrepris par ordre du Gouvernement.
Si vous voulez me permettre de dire mon avis
sur le moyen à employer pour atteindre le plus sim-
plement et le plus sûrement le but qu'on se propose,
je crois que*ce serait la nomination d'une commis-
sion unique, permanente et peu nombreuse, qui se-
rait chargée de toutes les propositions concernant des
voyages à entreprèndre aux frais ou avec l'encoura-
JUiLLET 1847. 41
gement du, Gouvernement , et qui aurait à donner
son avis sur les plans de ces missions, sur le choix
dès voyageurs et sur la publication de leurs travaux.
U faudrait qu'elle fût unique , pour qu elle pût ju-
ger par comparaison de l'importance de tout ce qui
est proposé : f inoonvénient des commissions isolées
est quelles ne savent pas ce que d'autres commis-
sions ou ce que les bureaux d'un ministère ont fait ou
font dans le moment même. Il faudrait qu'elle fut
permanente pour qu'elle pût former, faire adopter et
maintenir un système, et qu'il lui fût possible d£
suivre les travaux des voyageurs, de les encourager et
de les diriger de ses avis , et de régler la publication
des voyages en écartant, d'un côté, les doubles em-
plois, le luxe du pittoresque, les formats monstrueux,
ies compilations' faites après coup, et, de l'autre, en
prêtant l'appui de son autorité à tout ce (fu'exige
l'avancement de la science, à tout ce qui est nou-
veau et important. Enfin, il faudrait quelle fût peu
nombreuse, pour que la responsabilité d'un avis
restât quelque part, et pour qu'elle eût la force de
résister aux sollicitations et aux exigences qui en-
tourent toute affaire de ce genre..
. Je n'ai pu traiter ici que bien imparfaitement un
sujet aussi vaste que l'exploration scientifique de
l'Asie; #t si j'ai pris la liberté d'émettre un vœu sur
la manière d'exécuter un plan qui exige tant de temps
et de précautions, je n'ai pu vouloir qu'appeler
l'attention de la Société asiatique sur quelques points
dignes de tout son intérêt. U est probable que de
42 JOURNAL ASIATIQUE.
meilleures idées sur tous ces.points seront proposées,
que des moyens d'exécution plus faciles seront trou-
vés ; mais il y a une chose au moins sur laquelle
nous serons tous unanimes, c'est l'étroite liaison qui
existe entre les études orientales et les voyages en
Asie, c'est la nécessité de soutenir les unes par les
autres. D'un coté , les missions en Orient ne porteront
tous leurs fruits que quand elles seront confiées à
ceux qui ont fait des langues et des littératures de
l'Asie l'objet de leurs études , et de l'autre , les études
savantes sur l'Orient n'acquerront tout leur intérêt
que quand on aura donné aux orientalistes les moy ens
de visiter eux-mêmes les pays dont ils s'occupent.
Ainsi ces deux buts seront atteints par une même
mesure, l'Orient sera mieux exploré, et les études
orientales en France acquerront une vie rtouvelle.
JUILLET 1847. 43
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
i.
LISTE DES MEMBRES SOUSCRIPTEURS
PAR ORDRE ALPHABETIQUE. ,
S. M. LOUIS-PHILIPPE,
• PROTECTEUR.
L'Académie royale des Inscriptions et Belles-
Lettres. *
MM. Abbadie (Antoine d ), à Axum.
Ampère, membre de l'Institut, professeur de
littérature française au Collège royal de
France.
Amyot , avocat à la cour royale.
André (l'abbé), à Montrouge.
Antoine (l'abbé Joseph), à Pontaïlier.
Arconati (le marquis).
Artigues (d»).
Avogadrode Valdengo (Th. D,), aumônier de
S. M. le roi de Sardaigne, à Turin.
Ayrtou, avocat à Londres.
44 JOURNAL ASIATIQUE.
MM. Bach (Julien).
Badiche (l'abbé), trésorier de la métropole.
Bailleul, fils. >
Barges (l'abbé) , professeur à la faculté de théo-
logie de Paris. *
Barthélémy de Saint-Hilaire, professeur au
Collège royal de France.
Barccchi, directeur du musée, à Turin.
Bary, lieutenant à la garde municipale de
Paris,
Baxter (H.J.), Middle-Tempie, à Londres.
Bazin , professeur de chinois à l'École spéciale
des langues orientales.
Belgiojoso (Mmela princesse). #
Belin (François-Alphonse).
Bernay (le docteur Ferdinaqd), à Berlin.
m Bertrand (l'abbé), curé à Herblay (Seine^et-
Oise).
Bianchi, secrétaire interprète du Roi pour les
langues orientales.
Biot (Edouard).
Bland, membre de la société royale asiatique
de Londres.
Boilly (Jules). *
Boissonnet de la Touche (Estève) , capitaine
d'artillerie , à Constantine.
Bonar (Henry).
Bonnety, directeur des Annales de philosophie
chrétienne.
Bore (Eugène), correspondant de l'Institut.
JUILLET 1847. 45
MM, Botta (Paul) , consul de France à Mossul.
Boutros, ancien principal du collège de Delhi.
Bresnier, professeur d'arabe, à Alger.
Brière (de), hommes de lettres.
Brockhàus (le docteur Herman).
Brosselard, attaché ai administration civile de
l'Algérie.
Burgraff, à Liège.
Burnouf (Eugène), membre de l'Institut, pro-
fesseur de sanscrit au Collège royal de France .
Brown (John), interprète des Etats-Unis, à
Cottstantinople.
Carlin (Louis-Adolphe).
Caspari , professeur à Leipzig.
Cassel (Ph. D.) à Paderborn.
Caussin.de Perceval, professeur d'arabe à TE-
cole des langues orientales vivantes, et au
Collège royal de France.
Charmoy, conseiller d'État, ancien professeur
à l'université de Saint-Pétersbourg.
Chaslin (Edouard).
Chastenay (M™0* la comtesse Victorine de).
Cherronneau, professeur d'arabe à Constan-
tin e.
Cicconi (l'abbé Tite), bibliothécaire du palais
Albani, à Rome.
7 \
Clément-Mullet (Jean-Jacques).
Clermont-Tonnerré (le marquis de), colonel
d'état-major.
46 JOURNAL ASIATIQUE.
MM. Cohn (Albert), docteur en philosophie à Pres-
bourg.
Collot.
combarel.
GoNpN de Gabelenti , conseiller d'État à Alten-
bourg.
Coquebert de Montbret (Eugène). ■
Cor , premier drogman de l'ambassade de
France à Cônstantinople.
Cotelle (Henri), interprète de l'armée d'A-
frique.
Defrémery (Charles) , élève de l'École spéciale
des langues orientales vivantes.
Delitzsch, professeur à Leipzig.
Derenbourg (Joseph), docteur.
Dbsaux (Jules).
Desgranges (Alix), secrétaire interprète aux
affaires étrangères, professeur au Collège
de France.
Desvergers (Adolphe-Noël).
Dieterici (Ph. D.) , au Caire.
Dillmann , à Tubingue.
Dittel, professeur à l'Université de Saint-Pé-
tersbourg.
Dozom (Auguste).
Drach (P. L. B.), biblipthécaire de la Propa-
gande.
Dubeux (J. L.), conservateur adjoint à la Bi-
bliothèque royale.
«UILLET 1847. ' kl
MM: Diœau&roy, secrétaire-interprète du Roi.
Dulaurier (Edouard), professeur de malai à
l'École àes LL. 00.
Dumeril (Ethelstand).
Dumoret(J.), à Bagnëres (Hautes-Pyrénées).
Duncan Forbes, professeur de LL. 00. au
King's-Coiïege , à Londres.
Ecrstein (le baron d )
Eichhoff , bibliothécaire de $. M. la Reine des
Français.
Eichthal (Gustave d').
Elliot (Charles-Boileau), membre de l'Aca-
démie royale de Londres,
Elus, ancien ambassadeur d'Angleterre en
Perse et en Chine.
Etheridge (le R. J. William)', pasteur anglais.
FAixoitëjER Forbes, professeur de LL. 00. à
l'University-College de Londres.
Fallet, docteur en théologie, à Courtelary.
Ferraô de Castelbranco (le chevalier).
Finlay (Edouard), à la Havane.
Fleischer , professeur à Leipzig.
Florent , examinateur dramatique au Minis-
tère de l'intérieur.
Flottes, prof, d& philosophie , à Montpellier.
Flugbl, professeur, à Meissen (Saxe).
Forth-Rouen , ministre de France en Chine.
Foucaux (Ph. Édourd).
kS JOURNAL ASIATI<?UE.
MM. FVesnel, consul de France, à Djedda.
Garcin de Tassy , membre de l'Institut , pro-
fesseur d'hindoustani à l'Ecole spéciale des
langues orientales vivantes.
Gayàngoz, professeur d'arabe à Madrid.
Gildemeister , docteur en philosophie à Bonn.
Goldenthal (Ph. D. ) , à Leipzig.
Goldstucer (Ph. docteur ), à Kônigsberg.
Gorresio (Gaspard); membre de l'Académie
de Turin.
Graf , licencié en théologie.
Grangeret de Lagrange, conservateur de la
bibliothèque de l'Arsenal, rédacteur du
Journal asiatique.
Guerrier de Dumast { Auguste-François-Pros-
per) , secrétaire de l'Académie de Nancy.
Guigmaut , membre de l'Institut.
GuillarddvArcy, docteur en mé<Jecine.*
Haight , à New-York.
Hamelin , avocat , élève de l'Ecole spéciale des
LL. 00. vivantes.
Hase , membre de l'Institut.
Hassler (Conrad-Thierry), professeur à Ulm.
Hedde , délégué du commerce en Chine.
Hoffmann, conseiller ecclésiastique, à Jéna.
Holmboe , conservateur de la bibliothèque de
Christiania.
Humbert (Jean), professeur d'arabe à l'Univer-
sité de Genève.
JUILLET 1847. 49
MM. Jabba, vide-consul , chancelier du consulat
d'Autriche, à Symrne.
James (Aimé-François).
Jom4*d, membre de l'Institut, conservateur-
* administrateur de la Bibliothèque royale.
Jost (Simon), docteur en philosophie.
Joyau (Firmin) , conseiller à la cour royale .de
Pondichéry.
Judas , secrétaire du conseil de santé des ar-
mées , au Ministère de la guerre.
Julien (Stan.), membre de l'Institut, profes-
seur de chinois au Collège royal de France,
' l'un des , conservateurs-adjoints à la Biblio-
ythèque royale. ,
Kazimirsm de' Biberstein ; bibliothécaire de la
Société asiatique. ,
Kellgren (Herman) , Ph. D.
Laas d'Aguën.
La Ferté de Senectère (le marquis), a Azay-
le-Rideau (Indre-et-Loire).
. Lagrénée (de), envoyé de France en Chine.
La jard ( F. ) , membre de l'Institut.
LaDcereau , maître de conférences au collège
royal Saint-Louis.
Landrèsse , bibliothécaire-dé l'Institut.
Langlois, membre de l'Institut, inspecteur de
l'Université.-
Lanjuinais (le comte), pair de France.
v
kS JOURNAL ASIATI<?UE.
MM. F*resnel, consul de France, à Djedda.
Garcin de Tassy , membre de l'Institut , pro-
fesseur d'hindoustani à l'Ecole spéciale des
langues orientales vivantes.
Gayângoz, professeur d'arabe à Madrid.
Gildemeister , docteur en philosophie à Bonn.
Goldenthal (Ph. D. ) , à Leipzig.
Goldstûcer (Ph. docteur), à Kônigsberg.
Gorresio (Gaspard); membre de l'Académie
de Turin.
Graf , licencié en théologie.
Grangeret de Lagrange, conservateur de la
bibliothèque de l'Arsenal, rédacteur du
Journal asiatique.
Guerrier de Dumast { Auguste-François-Pros-
per) , secrétaire de l'Académie de Nancy.
Guigmaut , membre de l'Institut.
Guillardd'Arcy, docteur en mé^cine.*
Haight , à New-York.
Hamelin , avocat , élève de l'École spéciale des
LL. 00. vivantes.
Hase , meiribre de l'Institut.
Hassler (Conrad-Thierry), professeur à Ulm.
Hedde, délégué du commerce en Chine.
Hoffmann , conseiller ecclésiastique , à Jéna.
Holmboe , conservateur de la bibliothèque de
Christiania.
Humbert (Jean), professeur d'arabe à l'Univer-
sité de Genève.
JUILLET 1847. 49
MM. JÀbba, vicie-consul, chancelier du consulat
d'Autriche, à Symrne.
James (Aimé-François).
JomiUvd, membre de l'Institut, conserva teur-
* administrateur de la Bibliothèque royale.
Jost (Simon), docteur en philosophie.
Joyau (Firmin), conseiller à la cour royale de
Pondichéry.
Judas , secrétaire du conseil de santé des ar-
mées , au Ministère de la guerre.
Julien ($tan.), membre de l'Institut, profes-
seur de chinois au Collège royal de France,
' l'un des 4 conseirateurs-adjoints à là Biblio-
: thèque royale. ,
Kazimirsm de1 Biberstein , bibliothécaire de la
Société asiatique.
Kellgren (Herman) , Ph. D.
Laas d'Aguén.
La Ferté de Senectère (le marquis), à^Azay-
le-Rideau (Indre-et-Loire).
. L agréée (de), envoyé de France en Chine.
Lajard (F.), membre de l'Institut.
LaDcereau , maître de conférences au collège
royal Saint- Louis.
Landrèsse , bibliothécaire de l'Institut.
Langlois, membre de l'Institut, inspecteur de
l'Université.-
Lanjuinais (le comte), pair de France.
v
50 JOURNAL ASIATIQUE.
MM. Laroche (le marquis de), à Saint -Amand-
Montrond.
Larsow, professeur à BerJin.
Lasteyrie (le comte de). ?
LATopcHfi (Emmanuel), élève de l'Écote spé-
ciale des LL. 00. vivantes.
Lazakepf (Christophe db), Conseiller d'État
actuel, chambellan de S. M. l'empereur de
Russie,
Le Bas, membre de l'Institut.
Leduc (Leouzon).
Lenormant (Ch.), membre de l'Institut, admi-
nistrateur de la Bibliothèque royale.
Letteris, directeur de l'Imprimerie impériale
orientale, à Prague. v
Libri, membre de l'Institut, professeur à la fa-
culté des sciences et au Collège de France.
Lïttré , membre de l'Institut.
Loewe (Louis), docteur en philosophie, à
Londres.
LOEWENSTERN (Isîdorç).
Longard (le docteur).
Longpéeibr (Adrien de) , conservateur des anti-
quités au Musée du Louvre.
Mac Guckin de Slane (le baron).
Mahâkji Cursetji , à Bombai.
Mandel (le Dr), à Kremsir, en Moravie.
Marcel (J. J.), ancien directeur de l'Imprimerie
royale.
JUILLET 1847. 51
MM; Margossi^n , à Londres. . '
Martin , interprète de l'armée d'Alger.
Maury (A.)j sous-bibliothécaire d« l'Institut.
Meier, agrégé à Tubingen.
Merlin , sous-bibliothécaire au Ministère de
l'intérieur.
Méthivier (Joseph), chanoine d'Orléans, doyen
de Bellegarde.
Mignét , membre de l'Institut , conseiller d'État.
Milon , sénateur, à Nice.
Miniscatchi, chambellan de S. M. l'empereur
d'Autriche, à Vérone.
Moitl (Jules), membre de l'Institut.
Mohn (Christian).
Monrad (D. G.), à Copenhague.
Montucci (Henry).
. Mooyer, bibliothécaire, à Minden.
MorMunt Rïcketts.
Morley, trésorier du Comité pour la publica-
tion des textes orientaux , à Londres.
Mosèlech (l'abbé). *
Mottelettes (Imbert dé), secrétaire de la So-
ciété ethnologique.
Mourier , attaché au cabinet du Ministre de
l'instruction publique.
Muller (Ph. D. Maximilien).
Munk (S.), employé aux manuscrits de la Bi-
bliothèque rôyailé.
Nève, professeur à Funiversité de Louvain.
52 JOURNAL ASIATIQUE.
MM. Ocampo (Melcbior).
Orianne , conseiller à la cour royale de Pondi-
chéry.
Pages (Léon).
Pabavey (le chevalier de), membre du corps,
royal du génie.
Parthey(P1i. D.), à Berlin.
Pasqwer (le duc), pair et chancelier de
France.
Pastoret (le comte Amédée de), membre de
l'Institut.
Pavie (Théodore), élève de -l'École spéciale
des langues orientales.
Perron , directeur de l'École de médecine du
Kaire.
Pictet (Adolphe), à Genève.
Picquéré, professeur à l'Académie orientale, à
Vienne.
Platt (William).
Popovitz (Dimitri), à Jassy , en Moldavie.
Port al, maître des requêtes.
Portalis (le comte ) , pair de France , premier
président de la Cour de cassation, membre
de l'Institut.
Pou jade, consul de France àTarsous.
Prisse.
Pi jn appel, jy et lecteur à l'Académie de Delft.
Qdinsonas (le vicomte de).
JUILLET 1847. 53
MM. Rawlinson , consul général d'Angleterre à Bag-
dad.
Rauzan (le duc de).
Régnier, instituteur de S. A. R. le comte de
Paris.
Reinaud, membre de l'Institut, professeur
d'arabe à l'École spéciale des LL. 00. pré-
sident de là Société.
Renan (Ernest), élève de -l'École des langues
orientales.
Reuss, docteur en théologie, à Strasbourg.
Ricardo (Frédéric).
Rieu (Charles), PhD.
Ritter (Charles), professeur à Berlin.
Rochet , statuaire.
Roediger, professeur à l'université de Halle.
Roehrig (Otto), docteur en philosophie.
Rohrbacher (l'abbé), supérieur du séminaire
de Nancy.
Rondot, délégué du commerce en Chine.
Rosin { de ) , chef d'institution , à Nyon , canton
de Vàud.
Roth, docteur eh philosophie à Tuhingue.
Rougé (le vicomte Emmanuel de).
Rousseau, secrétaire -interprète attaché au
parquet de M. le procureur général, à
Alger.
Royêr , orientaliste , à Versailles.
Salle (le commandeur Eusèbe de), profes-
54 JOURNAL ASIATIQUE.
sëifr d'arabe à l^cole des LL. 00. sucèufr-
sale de Marseille.
MM. Santarem (le vicomte ©e), membre de l'Aca-
démie des sciences de Lisbonne , corres-
pondant de l'Institut de Frande.
Sàulcy^d'e), membre de ^Institut, conserva-
teur du Mttsée <Taart»Herie.
Sawelieff (Paul), attaché à l'Académie impé-
riale des sciences, à Saint-Pétersbourg.
Schloezer (Kurd de).
StftftJLz (le dècte»?), à Jétëtsàlem.
Scott (le Dr John), à Londres.
SfoiLLOT (L. Am.), professe» d'histoire au
Collège poyal Saint-Louis.
Sernin , docteur-médecin de l'hôpital , à Nar-
bonne.
SktoWER ( Sigismônd ) , professeur au collège
iWyal d'Amiens.
Smith (Arthur), conservateur à Ja "bibliothèque
de la Sorbonne.
SoLVteT, substitut du plrocureur général à Alger.
St^eh^lin (J. J.), docteur ôt professseur en
théologie, à Baie.
Stàuntok (sir Georges-Thomas), membre du
Parlement.
Sîiecher (Jean), profess. à l'univers, de Gand.
Steinêr (Louis), à Genève.
Sumner (Georges), de Boston.
Theroulde.
JINLLJLKT 1847. «
MM. Thomas, élève de l'École spéciale des hh. 00.
Theïmouraz (S. A. R. le Tsarewitch), à Saint-
PétersbojjBg. ,
Tolstoï (le coiohél Ja&pies).
Trioten (J. F.).
TkoyA (te capitaine),
Tuulberg, docteur en philosophie à univer-
sité d'Upsal.
Umbreit, Dret conseiller ecclésiastique, à Hei-
delfeetfg.
Vaïsse (Léon), professeur à l'Institut royal des
sourds-muets.
Van der Màelen , directeur de rétablissement
géographique, à Bruxelles.
Vaocel (Louis) , à Ghampremont (Mayenne).
Vêtu, professeur de iaqgue^ oi^qntçdes, à
Amsterdam.
Vignard, interprète à l'armée d'Afrique.
Vigoureux , professeur à Brest.
ViuMfAiNs pair de FirWtàe, miembfre dé lïns
titut.
Vincent , orientaliste :.-
Vivien, géographe.
Weber (Ph. 0.), employé au ©rttïèh Muséum
à Londres.
Wêil, bibliothécaire de l'université, à Heidel-
56 JOURNAL ASIATIQUE.
MM. Wessely (Th. D ) , à Prague.
Wetzer (Henri- Joseph), professeur de littéra-
' ture orientale, à Fribourg. /
Wetzstein (Ph, D.), à Leipzig.
WlLHELM DE WURTEMBERG (S. A. le.COUlte).
Worms (M. D.), à l'école de SainfcGyr:
Wustenfeld, professeur à Guttingen.
Yermoloff (de), général au service de Russie.
Zenker (Jules-Théodore), docteur en philo-
sophie.
IL
LISTE* DÉS AffiMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS
SUIVANT L'ORDRE DES NOMINATIONS.
MM. le baron de Hammer-Purgstall (Joseph), pré-
sident de l'Académie impériale de Vienne.
Le docteur Lee, à Cambridge.
Le docteur Macbride, professeur à Oxford.
Wilson (H. H.), professeur de langue sanscrite,
àOxford.
FRiEHN (le docteur Charles-Martin), membre
dé l'Académie des sciences , à' Saint-Péters-
bourg.
JUILLET 1847. 57
. Ouwaroff , ministre de l'instruction publique
de Russie, président de l'Académie impé-
riale , à Saint-Pétersbourg.
Humbert V professeur 'd'arabe : à Genève:
Le/comte de Castiglioni (G. 0;), à Milan.
Rickets, à Londres.
Peyron (Amédéé); professeur de langues orien-
tales, à Turin. '
Freytag , professeur de langues orientales à
l'université de Bonn.
Kosegarten (Ïeàn-Godefroi-Louis) , professeur
à l'université de Greiswalde;
Bopp (F; ) , membre de l'Académie de Berlin.
D'Ohsson, ambassadeur de Suède à la cour de
BéHin. i i '
Sir Graves Chamney Haught^on , associé étran-
ger, de l'Institut de France
WYNbHAM Knatchbull, à Oxford.
Schmidt (L. J. ), de l'Académie impériale de
Saint-Pétersbourg.
Haughton (R.), professeur d'hindoustani au sé-
minaire militaire d'Addiscombe , à Croydon.
Moor (Ed.), de la société royale de Londres
et de celle de Calcutta.
Jackson (J. Grey), ancien agent: diplomatique
de S. M. Britannique, à Maroc.
Shakjespear , à Londres.
Lipovzoff , interprète pour les langues tartares,
à Saint-Pétersbourg.
Le général Briggs.
58 JOURNAL ASIATIQUE.
MM. Crant-Ouff, ancien résident à la cour de Salara.
Hoodson (B: H.), ancien résident à la cour de
Népal.
■ Radja Radhacant Dbb, à Calcutta.
Radja Kali-Kricrna Bahadour, à Calcutta.
Manakji-Cursetji , membre de la Société asia-
tique de Londres, à Bombai.
Le général Court , à Lahore.
Le général Ventura , à Lahore.
Lassen (Chr.), professeur, à Bonq.
Rawlinson , consul général d'Angleterre à
Bagdad.
Vullers, professeur de langues orientales à
Giessen.
KowALfcwsKi (Joseph-Etienne), rJrofesseur à
Kasan.
Flugel , professeur à Metssen.
Dozy (Reinhart), bibliothécaire à Leyde.
m.
LISTE DES OUVRAGES
PUBLIES PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
Journal asiatique, seconde série, années 1828-1 835, 16 vol.
in-8°, complel; 1 33 fr. et pour les membres de la Société,
ioo fr /Chaque volume séparé (à l'exception des vol. I et
II, qui ne se vendent pas séparément) coûte 8 fr. et pour
les membres 6 fr.
JUILLET 1847. 59
Le mène jtmriud, troisième série, aimées i£36-i84a ,
i4vol.int8° 175 fr.
Quatrième série , années 1 843 - 1 847 > * ° v°l in-8° ; 1 a 5 fr .
Choix db fables arméniennes du docteur Variait, accompa-
gné d'une traduction littérale en français, par -M. J. Saint-
Martin. Un vol. hv8a; 3 ir. 60 c. et i fi\5o c /pour les
membres de la Société.
EnhqbfTS de la grammaire JAPONAISE, parie P. Rodrigue*,
traduit* du portugais par M. Landresse ; précédés d une
explication des syllabaires japonais, et de deux planches
contenant les signes de ces syllabaires, par M. Abel-Ré-
• musat. Paris, 1825, 1 vol. in-8°; 7 fr. 5o c. .et à fr. pour
les membres de la Société.
Supplément a la Grammaire japonaise, par MM. G. de
Humbolât et Landresse. In-8° br. 2 fr. et 1 fr. pour les
membres de la Société.
Essai sur le Pâli , ou langue sacrée de la presqu'île au delà
du Gange, par MM. E. Burnouf et L&sseii. 1 Vol. in-8°,
grttnd raisin , orné de six planches; iS fr. et 6 fr. pour
les membres de la Société.
Mhng-tseu du Mbncius, le plus célèbre philosophe chmtfi*
après Cofl rackrs ; traduit en latin , avec des notes , par
M. Stan. Julien. 2 vol. in-S° ( texte 4hmois lithographie et
trad. ) ; 24 fr. et 16 fr. pour les membres de la Société.
Yadjnadattabadha ou la Mort d'Yadjnadatta , épisode
extrait du Râmâyana , poëme épique sanscrit ; donné avec
le texte gravé, une analyse grammaticale très détaillée ,
une traduction française et des notes, par À. L. Chézy, et
suivi d'une traduction latine littérale par J. L Burnouf.
1 vol. in-4*. orné de i5 planches; iT> fr. et '6 fr. pour les
membres de la Société.
Vocabulaire géorgien , rédigé par M. Klaproth. 1 vol. in 8°;
i5 fr. et 5'fr. pour les membres de la Société.
60 JOURNAL ASIATIQUE.
Poème sur la prise dÉdesse, texte arménien, revu par
MM. Saint-Martin et Zohrab. 1 vol. in 8°; 5 fr. et a fr. 5o c>
pour les membres de la Société.
La Reconnaissance de Sacoontala; drame sanscrit et pra-
crit de Kâlidâsa , publié en sanscrit et traduit en français
par A. L. Cnézy. î fort volume in-4a» avec, une planche;
35 fr. et i5 fr. pour les membres de la Société.
Chronique géorgienne, traduite par M. Brosset; Imprime-
rie royale. î vol. grand in - 8° ; io fr. et ;6 fr. pour * les
membres de la Société.
Chrestomathie chinoise, in-4°; 10 fr. ,et 6 fr. pour les
membres de la Société.
.Éléments de la langue géorgienne, par M. Brosset, membre
adjoint de l'Académie impériale de Russie, i vol, grand
in-8°; Paris, Imprimerie royale. i,a fr. et 7 fr. pour les
membres de la Société.
Géographie d*Aboitlféda, texte arabe, par MM. Reinaud
et le baron de Slane. In-4°; 5o fr. et 3o fr. pour les
membres de la Société.
Histoire des rois du Kachmîr, en sanscrit et en français,
publié par M. le capitaine Troyer: 2 vol. in-8°; 36 fr. et
2& fr. pour les. membres de la Société.
OUVRAGES ENCOURAGES
DONT il reste des exemplaires.
TarafjE Moallaca, cuui/Zuzenii scholiis, edid. J. Vullers
1 vol. in-4°; 4 fr. pour les membres de la Société.
Lois de Manou , publiées en sanscrit , avec une traduction
française et des notes , par M. Auguste Loiseleur-Deslong-
JUILLET 1847. 61
champs. 2 voLin-8°; ai fr. pouf les membres de' la So-
ciété. •
Vexdidad-Sadé , Tan des livres de Zoroastre, publié d'après
le manuscrit zend de la Bibliothèque du Roi , par M. E.
Burnouf , en 10 livraisons in-fol. 1 60 fr. pour les membres
de la Société.
Y-uiiG, ex latina interpretatione P. Régis, ediditj. Mohl.
2 vol. in-8*; là fr. pour les membres de la Société.
Contbs arabes du chbtxh El-Mobdt , traduit * par J. J.
Marcel. 3 vol. in-8°, avec vignettes ; 1a fr.
Mémoires relatifs. X. la Géorgie, par M. Brosset. 1 vol.
in-8% lithographie ; 8 fr.
DlCTIOmiAIRE FRANÇAIS -TAMOUL ET TAMOQL- FRANÇAIS , par
If. A. Blin. 1 vol. oblong ; 6 fr.
Nota. Il M. les membres de la Société doivent retirer les ouvrages
dont Us veulent faire l'acquisition à l'agence de la Société, rue Ta-
ranne, n* 1 s. Le nom de l'acquéreur sera porté sur un registre et
inscrit sur la première feuille de l'exemplaire qui lui aura été dé-
livré en vertu du règlement.
IV.
LISTE DES OUVRAGES
MIS EN DÉPÔT PAR LA SOCIETE ASIATIQUE DE CALCUTTA,
POUR LES MEMBRES.
Raja Tarangini» Histoire de Kachmir. 1 vol. in-4°; 27 fr.
Moojiz el-Qanoon. 1 vol. in-8#; i3 fr.
62 JOURNAL ASIATIQUE.
BAsha Pamovbeda. i vol. in-8°; 7 fr.
Lilavati (en persan). 1 voL in-8°; 7 fr.*
Persian sélections, i vol. in-8° ; 10 fr.
Kifaya. Vol. III et IV. a vol. in-4° ; 38 fr. le volume.
Inayah. Vol. III et IV. 2 vol. in-4°; 38 fr. le volume.
Anatomy, description of the heart. (En persan.) i vol.
in-8°; a fr. 5o c.
Raghu-Vansa. i vol. in-8S; 18 fr.
ASHSHURH OOL-MOOGHNEE. 1 Vol. ÎH-4#; 38 fr.
Thibetan Dictionary, by Csoma de Kôrôs. i vol. in-4°;
27 fr.
Thibetan Grammar, by Csoma de Kôrôs. i vol. in 4°; 22 fr.
MahâbhArata. 4 vol. in-4°; chaque volume 3o fr.
Table des matières du Mahâbhàrata, quatre cahiers in-4a;
16 fr.
Susruta. 2 vol. in-8°; 25 fr.
Naishada. 1 vol. in.8°; 22 fr.
Asiatic Researches. Tomes XVI et XVII. 2 vol. in-4° ; 34 fr.
le volume.
Tome XVIII, iw et 2e part. 1 vol. in-4; 22 francs chaque
partie.
Tome XIX, 1" partie. 1 vol. in-4°; 25 fr.
Tome XX, impartie. 1 vol. in-4°; 22 fr.
Index, 1 vol. in-4°i 20 fr.
Journal of the Asiatic Society of Bengal. Les années
1 836- 1846; 4o fr. Tannée.
flfr»»«4fr'
JUILLET 1847. 63
RÈGLEMENT
DE
LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
s Ier.
BUT DE LA SOCIÉTÉ.
ARTICLE PREMIER.
h$ Société est instituée pour encourager l'étude
des langues de l'Asie.
Celles de ces langues dont elle se propose plus
spécialement, mais non exclusivement, d'encourager
l'étude , sont :
■ <-
i° Les diverses branches (tant en Asie qu'en
Afrique) des langues sémitiques;
a0 L'arménien et le géorgien;
3° Le grec moderne ;
4° Le persan et les arçciens idiomes morte de la
Perse ;
5° Le sanscrit et les dialectes vivants dérivés de
cette langue ;
6° Le malay et les langues de la presqu'île ulté-
rieure et citérieure de l'Archipel oriental ;
7° Les langues tàrtares et le tibétain ;
8° Le chinois.
64 JOUftNAL ASIATIQUE.
Art. 2.
Elle se procure les [manuscrits asiatiques; eHe les
répand par la voie de l'impression; elle en fait faire
des extraits ou des traductions. Elle encourage en
outre la publication des grammaires, des diction-
naires et autres ouvrages utiles à la connaissance de
ces diverses langues.
Art. 3.
Elle entretient x des; relations ! et une correspon-
dance avec les sociétés qui s'occupent des mêmes
objets, et avec les savants asiatiques ou européens
qui se* livrent à l'étude des langues asiatiques et qui
en cultivent la littérature. Elle nomme, à cette effet/
des [associés correspondants.
$ II.
ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ.
ARTICLE PREMIER.
Le nombre des membres de la société est indé-
terminé. On en fait partie après avoir été présenté
par deux membres et avoir été reçu à la pluralité
des voix , soit par le conseil , soit par l'assemhlée gé-
nérale.
Art. 2.
Indépendamment des don$ qui pourront être
JUHLLET 1847. 65
offerts h la Société, chaque membre paye une sous-
cription annuelle de trente francs.
Art. 3.
Les membres de la Société nomment un conseil,
et sont convoqués, au moins une fois Tan, pour
entendre un rapport sur les travaux, sur l'emploi
des fonds, et pour nommer les membres du conseil.
$ ÏIÎ.
ORGANISATION DU CONSEIL.
ARTICLE PREMIER.
Le conseil se compose :
Dun ou de plusieurs présidents honoraires,
Un président,
Deux vice-présidents,
Un secrétaire ,
Un secrétaire adjoint et bibliothécaire,
Un trésorier,
Trois commissaires pour lés fonds,
Vingt-quatre membres ordinaires.
Art. 2.
Les présidents honoraires sont^ nommés à vie par
l'assemblée générale, et ont voie délibérative dans
le Conseil. Le secrétaire est nommé pour cinq ans
par la même assemblée. Le président , les vice-pré-
66 JOURNAL ASIATIQUE.
sidents, te secrétaire-adjoint, le trésorier et les com-
missaires des fonds, sont nommés chaque année, et
tous ces membres sont rééligibles. Les vingt-quatre *
autres membres sortent par tiers, et à tour de rôle,
chaque année», Ils peuvent être réélus. Le sort dési-
gnera, les deux premières années, ceux qui devront
sortir.
Art. 3.
L'élection des membres du conseil aura lieu à la
majorité relative des suffrages.
Art. 4.
L'assemblée générale nomme, chaque année,
parmi les membres restants du conseil, deux cen-
seurs chargés d'examiner les comptes de l'année pré-
cédente , et de lui en faire un rapport à la plus pro-
chaine assemblé générale.
Art. 5.
Le conseil est chargé de diriger les travaux litté-
raires qui entrent dans le plan de la Société , ainsi
que du recouvrement et de l'emploi des fonds ; il
ordonne l'impression des ouvrages qu'il reconnaît
utiles; il en fait faire des traductions ou des extraits ;
il examine les ouvrages relatifs au but de la Société;
il donne des encouragements; il nomme les asso-
ciés correspondants; il fait l'acquisition des manus-
crits et des ouvrages asiatiques, lorsqu'il le croit
convenable.
JUILLET 1847. 67
v Art. 6.
Le secrétaire de la Société fait un rapport annuel
des travaux du conseil et de remploi des fonds. Ce
rapport sera imprimé avec la liste des souscripteurs,
le montant des dons pécuniaires ou des offrandes
en livres , manuscrits , objets d'arts , etc. faits à la
Société, avec les noms des donateurs.
Art. ?.
Le conseil se réunit en séance ordinaire au moins
un fois par mois. Tous les membres souscripteurs
delà Société sont admis à ses séances, et peuvent
y faire les communications qui leur paraissent utiles.
Art. 8.
Le conseil s'occupera , le plus tôt possible , des
moyens de rédiger, sous le titre de Journal asiatique,
un recueil littéraire qui paraîtra à des épQques plus
ou moins rapprochées, et qui sera donné gratis aux
souscripteurs de la Société.
Art. 9.
Les menibres de la Société pourront acquérir
chacun un exemplaire des ouvrages qu elie publiera ,
au prix coûtant.
$ IV.
COMPTABILITÉ.
ARTICLE PREMIER.
La commission des fonds présente a\u conseil
5.
68 JOURNAL ASIATIQUE,
d'administration, dans le premier mois de l'année,
l'aperçu des recettes et dès dépenses pour l'année
qui commence.
Le conseil d'administration détermine en consé-
quence, pour l'année entière, les dépenses ordi-
naires et fixes , et assigne , pour l'année aussi , un
maximum pour les dépenses de bureau, les autres
menus frais journaliers et variables.
Art. 2.
Les dépenses extraordinaires, proposées pendant
le cours de l'année , sont arrêtées par le conseil d ad-
ministration , après avoir pris préalablement l'avis
de la commission des fonds.
Art. 3.
Les délibérations du conseil d'administration por-
tant autorisation dune dépense , sont immédiatement
transmises à la commission des fonds par un extrait
signé du président et du secrétaire de la Société.
Art. 4.
La commission des fonds tient un registre dans
lequel sont énoncées, au fur et à mesure, les dé-
penses ainsi autorisées , avec indication de l'époque
à laquelle leur payement est présumé devoir s'effec-
tuer.
Art. 5.
Dans le cas où une dépense serait arrêtée par la
JUILI^T 1847. 69
Société, seulement en principe et sur une évalua-
tion approximative , cette dépense sera portée pour
son maximum au registre prescrit par l'article pré-
cédent. .
Dès que le projet de dépense donne lieu à un
engagement de la Société, on assigne les fonds né-
cessaires pour l'acquitter à l'échéance, de manière
que le payement ne puisse, en aucun cas, éprouver
ni incertitude, ni retard.
Art. 6.
Toute somme allouée pour une dépense extraor-
dinaire , ordonnée par le conseil , reste affectée d'une
manière spéciale pour l'objet désigné : elle ne peut
être détournée de sa destination et appliquée àypn
autre service que sur une nouvelle décision du con-
seil, prise selon la forme indiquée dans l'article a.
Art. 7.
Il pourra cependant admettre en principe la pro-
position de faire imprimer de nouveaux ouvrages au
fur et à mesure que les facultés pécuniaires de la
Société le permettront , mais sans que cela Ke la So-
ciété et l'empêche de donner la préférence à tous
autres ouvrages qui lui seraient présentés postérieu-
rement, et dont elle jugerait la publication plusopr
portune ou plus utile.
Art. S.
La commission des fonds tient un registre dans
16 JOURNAL ASIATIQUE,
lequel sont contenus tous ses arrêtés portant man-
dat de payement.
•Lesdits arrêtés doivent être signés au moins de la
majorité des membres de la commission.
•Art. 9.
Les dépenses sont acquittées par le trésorier, sur
un mandat de la commission des fonds, accompagné
des pièces de dépense visées par elle ; ces mandats
rappellent les délibérations du conseil d'administra-
tion par lesquelles les dépenses ont été autorisées.
Le trésorier n'acquitte aucune dépenseTsi elle n'a
été préalablement autorisée par le conseil d'adminis-
tration et ordonnancée par la commission des fonds.
** Art. 10.
Le trésorier et les membres de la commission des
fonds se réunissent en séance particulière une fois
chaque mois ; dans cette séance sont traitées toutes
les affaires sur lesquelles la commission est appelée
à délibérer. On y dresse l'état mensuel de situation
des fonds, pour le présenter au conseil d'adminis-
tration.'
Cet état est transcrit sur le registre dé la commis-
sion, ainsi que le procès -verbal de chaque séance
particulière.
Art. 11.
Tous les six mois, en septembre ou en mars, la
commission des fonds fait d'office connaître la si-
JUILLET 1847. , 71
tuation réelle de la caisse, en indiquant les sommes
qui s'y trouvent et celles dont elle est grevée , soit
pour les dépenses fixes et variables, soit pour les
dépenses extraordinaires , de façon que le conseil
d'administration puisse toujours savoir quelle est la
quotité exacte des valeurs disponibles.
Art. 12.
A la fin de Tannée , le trésorier présente son
compte à la commission des fonds, qui, après la-
voir vérifié, le soumet à l'assemblée générale, pour
être arrêté et approuvé par elle. La délibération de
l'assemblée générale sert de décharge au trésorier.
72 JOURNAL ASIATIQUE.
ARTICLES RÉGLEMENTAIRES.
I. Articles relatifs à la surveillance des travaux
ORDONNÉS POUR LE COMPTE DE LA SOCIÉTÉ
Adoptés par le Conseil, dans sa séance du 3 juillet 1827.
Le conseil de la Société asiatique, considérant ,
i° Que, par le règlement du k juillet 1825, il
a été suffisamment pourvu à la surveillance qui doit
être exercée sur l'exécution des ouvrages ordonnés
par le conseil , pour le compte de la Société, et aux
mesures convenables pour que le conseil soit toujours
instruit des progrès desdits travaux ;
a0 Que, par les divers articles du règlement du
3' juillet 1826 , il a été statué sur les formes à ob-
server , soit par le conseil , soit par la commission des
fonds , toutes les fois qu'il s'agit d'ordonner un travail
qui doit donner lieu à une dépense, et d'ouvrir un
crédit spécial pour son exécution.
S0 Que néanmoins il pourrait arriver qu'un tra-
vail ordonné et pour lequel il a été ouvert un crédit
spécial entraînât la Société dans une dépense plus
forte que celle qui avait été prévue, soit parce que
l'évaluation primitive aurait été faite d'après des bases
peu exactes, soit parce que, dans le cours même de
l'exécution, le désir d'améliorer un ouvrage et de
JUILLET 1847. 73
le rendre plus utile , aurait engagé l'auteur à lui don-
ner plus d'étendue qu'il ne l'avait d'abord pensé, ou
à y joindre des accessoires qui n'auraient pas été
compris dans l'évaluation primitive ;
4° Que, par suite de cela, la balance des recet-
tes et des dépenses établie par le budget annuel se
trouverait dérangée , et la Société engagée à son insu
dans des dépenses plus fortes que les crédits ou-
verts, et voulant prévenir ces inconvénients,
A arrêté ce qui suit :
Article premier.
Outre le compte verbal qui , aux termes de l'article
a du règlement du A juillet 1 8a 5 , doit être rendu,
à chaque séance du conseil, des progrès des divers
ouvrages ordonnés, par les personnes chargées d'en
suivre respectivement l'exécution, il sera, dans la
première séance des mois de juin et de décembre
de chaque année, rendu un compte général de la
situation de tous les travaux ordonnés, de quelque
nature qu'ils puissent être , et pour lesquels il aurait
été ouvert des crédits ; de la dépense à laquelle ils
auront donné lieu pendant les six mois précédents,
et de celle que nécessitera leur entier achèvement.
Art. 2.
À cet effet, le conseil nommera, chaque année,
dans la séance qui' suivra la séance générale de la
Société, une commission de trois de ses membres.
Cette commission portera le ■titre Je commission de
74 JOURNAL ASIATIQUE.
surveillance des travaux entrepris pour le compte de la
Société.
Art. 3.
Les membres du conseil , auteurs ou éditeurs des
travaux ordonnés et non encore terminés, et les
membres de la commission des fonds, ne pourront
point être membres de la commission dont la for-
mation est prescrite par l'article fc. Les membres de
ladite commission pourront être réélus immédiate-
ment.
Art. 4.
La commission devra se faire remettre , dans le
cours du mois qui précédera là séance où elle doit
faire son rapport, soit par les commissaires spéciaux
chargés de veiller à l'exécution de chacun des tra-
vaux ordonnés, soit par les imprimeurs, graveurs,
traducteurs ou autres personnes employées auxdits
travaux, tous les renseignements qui devront servir
de base à son rapport et en garantir l'exactitude.
Art. 5.
S'il résulte du rapport de la commission que le
crédit ouvert pour un travail ordonné ne sera point
dépassé, et qu'il n'excède point notablement la dé-
pense à laquelle ce travail doit donner lieu, il n'y
aura point ouverture à une délibération.
JUILLET 1847. 75
1
ART. 6.
Dans le cas où le crédit ouvert excéderait nota-
blement la dépense à laquelle il s'applique, Iç con-
seil pourra réduire le crédit primitif et appliquer le
boni résultant de cette réduction à un autre objet.
Art, 7.
Si, au contraire, il est reconnu que le crédit ou-
vert est insuffisant, pour quelque motif que ce soit;
le conseil devra en délibérer, à 1 effet, sent de pren-
dre les mesures convenables pour que la dépense
n'excède pas le crédit primitif, soit d'ouvrir un cré-
dit supplémentaire. Dans ce dernier cas, la com-
mission des fonds devra être consultée, et il ne sera
ouvert un nouveau crédit, s'il y a lieu, que d après
son rapport.
Art. 8. #
H n'est, au surplus, aucunement dérogé, parle
présent règlement, à ceux des 4 juillet 1825 et
3jitfllet 18a 6.
II. Articles relatifs* à la rédaction bt A l'impression
'• DU JOURNAL ASIATIQUE
Adoptés par le Conseil, dans sa séance du 3 décembre i83a.
Article premier.
La commission du Journal asiatique est composée
de cinq membres nommés par le conseil et choisis
76 JOURNAL ASIATIQUE,
dans son sein. Le président du conseil assiste et
prend part aux délibérations de la commission,
toutes les fois qu'il le juge convenable.
ï
Art. 2.
La commission du Journal nomme un de ses
membres éditeur du Journal asiatique, et le charge
de tous les détails relatifs à la rédaction et à l'im-
pression.
Art. 3.
La commission se rassemble une fois par mois;
elle entend le rapport de l'éditeur, qui lui -soumet
Tes articles dont l'insertion a été demandée , et lui
communique les réclamations, de quelque nature
qu'elles soient, auxquelles la rédaction a pu donner
lieu.
Art. 4.
La commission entend la lecture des articles
adressés à l'éditeur , ou en renvoie l'examen à un de
ses membres , qui lui en fait son rapport.
Art. 5.
Nul mémoire, article ou fragment, quel qu'il soit,
ne peut être inséré dans le Journal , sans que l'édi-
teur ait été autorisé à 1 admettre par une délibéra-
tion spéciale de la commission.
JUILLET 1847. 77
Art. 6.,
La commission du Journal sera autorisée à faire
faire des traductions et des extraits des mémoires
insérés dans les recueils étrangers , et à allouei;une
indemnité aux traducteurs.
Art. 7.
Les auteurs ne pourront pas faire de changements
considérables à la rédaction des mémoires ou arti-
cles dont ils auront obtenu l'insertion dans le Jour-
nal, et dont réditeur aura cru devoir leur adresser
une première épreuve. Dans le cas où les change-
ments faits par les auteurs seraient trop nombreux ,
les frais de remjaniement et de composition reste-
ront à~ leur charge.
Art.* 8.
Les auteurs auront le droit de faire tirer à part
cinquante exemplaires au plus de leurs mémoires ou
articles. Les frais du tirage à part pourront, avec
{autorisation de la commission , être laissés à la
charge de la Société.
/ Art. 9.
La commission est autorisée à allouer une in-
demnité à l'éditeur du Journal.
Art. 10.
La commission du Journal est renouvelée chaque
78 JOURNAL ASIAf IQUE.
année , dans la séance qui suit l'assemblée générale
de la Société; les membres de la commission peu-
vent être réélus indéfiniment.
III. Articles relatifs aux publications de la Société
ASIATIQUE
Adoptés en 1842.
Article premier.
Tous les ouvrages que la Société publiera (à l'ex-
ception du Journal asiatique) seront imprimés dans
le même format, de manière à former une collec-
tion intitulée : Mémoires, textes orientaux et traduc-
tions, publiés par la Société asiatique.
Art. 2.
Une commission permanente est chargée de l'exé-
cution de cette mesure. Elle est composée du pré-
sident, du- secrétaire, de deux vice-présideiits et de
trois membres élus» Elle est renouvelée parle Con-
seil, dans sa séance du mois de janvier de chaque
année. Les trois membres sortants sont rééligibles.
Art. 3.
La commission des publications examine tous les
travaux présentés pour être insérés dans la collec-
tion, et fait sur chacun un rapport dans son sein.
Elle propose au Conseil la composition de chaque
JUILLET 1847. 79
volume , et le Conseil vote sur l'adoption ou l'exciu-
sion de chaque travail proposé pour l'impression par
la commission.
Art. 4 •
La commission ne peut proposer pour l'impres-
sion que des travaux qui sont entièrement achevés
et déposés entre ses mains; mais la priorité de pré-
sentation n entraîne pas la priorité d'impression.
Art. 5.
La commission est chargée de tous les soins
qu exige l'exécution matérielle des impressions.
Art. 6.
La commission peut proposer au Conseil d'accor-
der aux auteurs des exemplaires gratis; dont le
nombre ne pourra dépasser cinquante par volume.
Si un volume se composait de travaux différents,
ces exemplaires seraient répartis en raison de l'é-
tendue de chaque travail.
JOURNAL ASIATIQUE.
AOUT 1847.
NOTICES
Sur les pays et les peuples étrangers , tirées des géographies
el des annales chinoises; par M! Stanislas Julien.
(Suite.)
V.
THIEN-TCHOU, L'INDE.
i.
EXTRAIT DE MA-TOUAN-LIN, LIV. CÈCXXXVIII, FOL. 14.
OBSERVATIONS SUR UN SYSTEME J>E TRANSCRIPTION METHODIQUE
DES MOTS SANSKRITS QUI SE RENCONTRENT DANS LES OU-
VRAGES CHINOIS.
Avant de commencer à traduire le chapitre de Matouan-
lin qui traite de l'Inde; la curieuse relation du voyage de
KhUnie, à la tête de trois cents Samanéens chinois, exécuté
par ordre impérial, entre les années 964 et 976 ; le voyage de
Song-yun, etc. que je donnerai bientôt successivement, j*ai
besoin de soumettre au lecteur quelques observations préli-
84 JOURNAL ASIATIQUE.
et soumettre ces caractères , devenus des lettres , à une clas-
sification rigoureuse. J'ai donc commencé à écrire, sur des
cartes séparées, tous les signes de ces trois alphabets, avec
l'indication de la lettre sanskrite correspondante. J'ai fait dé
même pour un quatrième et un cinquième alphabet que j'ai
trouvés, l'un dans le Dictionnaire bouddhique I-tsie-king-in-i
(livre II, fol. 7 v.) , de Yoaen-ing, qui écrivait sous les Thang,
yers 65o de J. C. , et l'autre (non classé, mais accompagné
d' exemples décisifs), dans le treizième livre du Fan-i-ming-
i-tri, ou Dictionnaire des mots indiens cités et expliqués
dans les livres chinois , publié sous les Song, en 1 1 57. Puis
j'ai transcrit en français la prononciation de tous les mots in-
diens des dictionnaires précités, en ajoutant la, traduction
des explications , souvent fort discordantes , qu'en rapportent
Youen-ing et Tcheoutun-i, auteur du Fan-i-ming-i-tsi.
A l'aide de ce doublé secours, M. Théodore Goldstuecker,
dont je ne saurais trop reconnaître l'obligeante assistance ,
a pu me transcrire, en sanskrit correct, un bon quart des
mots indiens figurés en caractères chinois. Leur corres-
pondance étant une fois bien établie et reconnue , j'ai analysé
ces mots, et les ai, pour ainsi dire, disséqués syllabe par
syllabe ; puis j'ai consacré une carte particulière aux nou-
veaux signes chinois que présentaient ces mots indiens, et
qui manquaient dans les alphabets précédents , sans oublier
4'appuyer la correspondance sinico-indienne des mots chi-
nois phonétiques, par la citation du mot sanskrit qui me
l'avait fournie. Soutenu par ces premiers secours , et par une
connaissance du sanskrit suffisante pour l'objet que je me
proposais , j'ai continué à rechercher la lecture correcte de
plusieurs milliers d'autres mots qu'il restait à déterminer;
puis cette lecture trouvée, à peu d'exceptions près, j'ai tra-
vaillé à compléter, par les procédés décrits ci-dessus , l'alpha-
bet dont je voulais me servir pour transcrire, non-seulement
les noms sanskrits dont j'avais la traduction exacte en chi-
nois , mais encore beaucoup de noms de p?ys, dont la signi-
fication manquait aux religieux samanéens.
AOUT 1847 85
Par suite de travaux minutieux et pénibles, exécutés pa-
tiemment et sans bruit, pendant plus de quatre ans, j'ai
commencé à ouvrir une voie nouvelle dans les études chi-
noises qui se rattachent à FInde et à ses religions , et j'ai déjà
réussi, en grande partie, à préparer un instrument qui se
perfectionnera de jour en jour, soit entre mes mains, soit
entre d'autres plus heureuses ou plus habiles , et dont l'uti-
lité se fera sentir de plus en plus dans les publications fu-
tures , destinées à faire mieux connaître , non-seulement la
géographie, l'histoire et les monuments religieux de l'Inde,
mais encore la chronologie bouddhique, la biographie des
Samanéens les plus célèbres et le tableau des sectes reli-
gieuses , mis en rapport avec les faits et les événements de
l'histoire chinoise.
Un de mes savants confrères (M. Reinaud) a eu plusieurs
fois l'occasion d'apprécier (et il a eu la bonté de le recon-
naître publiquement) l'utilité de mon alphabet pour la lec-
ture des noms indiens, habituellement défigurés dans les.
livres chinois. C'est par ce moyen qu'il a pu constater la
mention , déjà soupçonnée par lui dans Hiouen-rfuang , des
rois Harchavarddhana elVikramâditya, etc. qui avaient échappé
à M. Rémusat sous les formes chinoises Ko-li-cha-fa-tan-na
et Pi-ki-lo-mo-o-tie-to , etc. On peut en dire autant des noms de
rois suivants, dont la prononciation chinoise était loin de don-
ner la lecture sanskrite, par exemple : Che-chang-kia\)QurS'as%~
ângka, Po-lo-kieAchfa-tan-na pour Prabhakâravarddhana, Toa-
lo-pouan-pa-to pour Dhrouvapatou , Mo-hi-in-to-lo pour Mahen-
dra, Ko-lo-tofa-tan-na pour Râdjavarddhana, Tan-ta-kie-to-
khieouto pour Tathâgatagoapla, Pan-lo-o-tie-to pour Vârâdi-
tya, Pi-lou-tse-kia pour Viroâdhaka, Ouen-tan-lo-si-na pour
Oattarasena, Mo-hi-lo-kie-lof our Mahirakoula, Sou-da*nafo\iT
Soudanta,Sha'to*p<hho pour Sadvaha, Pan-saï-kie-lo-fa-mo pour
Bhâskaravarma, Yangchoufa-mo pour Ansouvarma, etc. etc.
La plus grande difficulté n'était pas de trouver ainsi, à
travers une multitude effrayante d'homophones , la loi de
transcription, mais de découvrir et de récueillir les mots
86 JOURNAL ASIATIQUE.
sanskrits sacramentels, correspondant à plusieurs* milliers
de mots chinois qui pouvaient être traduits de plusieurs
manières différentes.
Dans les ouvrages chinois relatifs à l'Inde ou au Boud-
dhisme indien, les noms de lieux, d'hommes, de choses,
sont le plus souvent exprimés par leur traduction littérale;
mais si Ton priait quelque savant indianiste de retraduire
en sanskrit tel ou tel mot chinois, il pourrait, dans certains
cas , trouver, par bonheur, le mot indien que l'auteur avait
en vue; mais, dans d autres fort nombreux, il lui arriverait
infailliblement 4e proposer plusieurs mots sanskrit*, ayant
bien la signification requise, mais dont aucun ne correspon-
drait au mot original que Ton cherche pour ne point offrir
aux savants un son vide de sens , ou une traduction aer-
vile qui ne pourrait nullement conduire à deviner le mot
indien qu'elle recèle. Les auteurs chinois ont commis , il faut
en convenir, une faute immense , lorsque, dans les cas que
je viens de mentionner, ils se sont contentés de traduire les
noms propres indiens, sans ajouter la prononciation des
sons originaux. Les traducteurs thibétains ont constamment
fait la même faute. On ne peut la comparer quà celle dans
laquelle sont tombés sciemment certains écrivains arabes
qui , ayant à transcrire des noms géographiques , par exemple •
des noms de pays de l'Inde, ont négligé d'ajouter les points-
voyelles et de faire usage de points diacritiques pour fixer
la lecture des consonnes. A quoi bon décrire les pays étran-
gers, si Ton ne prend pas les précautions nécessaires pour
que la postérité, et même les contemporains, sachent nette*
ment de quoi Ton a voulu parler?
Heureusement pour nous qu'il y a eu, en Chine, des au-
teurs curieux et patients, qui ont recueilli la plus grande
partie des mots indiens des livres bouddhiques , en donnant
leur transcription et leur traduction convenue, en caractères
chinois. De sorte qu'en retournant, pour ainsi $ire, leur tra-
vail, et en écrivant sur des cartes séparées les mots chinois
qui, dans l'ouvrage original , se trouvaient sous chaque mot
i*4ienK W ponvaft retrouver (pourvu qufon, %fo Ift Hre coj-
ttctenaenj) Je mot sanskrit sacramentel que le> apeuré <Wt
habituellement en vue quand tfs emj4oi#nt telle, oy teJfc
expression chinqise, qui, |*e»t qta te, oçatFe-ép^eu^ d'W
mot indien. C est là ce que j'ai feit en écrivant à part, sçu*
le «wtf Wuwoà et sous le mat indien figuré m cjtènois , rçon-
seulement tous les mots du grand Dictionnaire Fani-ming-
i-iH ( 6 val petit infol.) «t du Vocabulaire dw livre* boud-
dhiques Jonea-ingi-tsie^hin</rini (§ vol.), qui présentaient
ce#e double utiUté, maïs encore eu ajoutant, chaque jour»
aux cartes q«Â s» représentent pour ainsi dire, VwwtmH
h#\n$ue, tous les m#te que je découvre dans mes l#<*ure&.
Plus tard . je publierai uoe série de paradigmes pré^nt^,
a la au&e de chaque lettre on syllabe sanakrite , to#s les atypes
chinois qui ont été adoptés, pour la représenter phonéti-
quement, depuis le iv* jusqu/ai* *n* siècle de notre ère. Je
U oublierai pas de Justifier Tenftploi de chaque caractère p^r
des exemptes authentique* faciles à vérifier-
Le catalogue des mots chinois, dont les traducteurs euro-
péens ont besoin de donner la forme sanskrite, n'a pas une
moindre importance. Je regarderai comme un devoir de le
publier aussi complet que possible , et d'accompagner chaque
mot, non -seulement des expressions indiennes, dont la cor-
respondance est bien déterminée, mais encore de celles qui,
transmises servilement par les auteurs , sous une forme altérée
ou presque barbare, ont besoin d'être soumises à l'attention et
à la sagacité des indianistes, ou d'être rétablies à l'aide «te
la traduction chinoise de l'Àmarakocha, qui parait avoir été
publiée ep chinois, sous le titre de Fqn-wï-kQW'yVi
h m w * * «£'< a #♦ *>-
che-km-w-ywm-*te (kiurcke, qu'on explique par recueil , ré-
pond à kothaÉts], par GawiamtQ, maître versé dans la doc-
trine des frai* eolhf tiens { Tripit0%âtob4fi$y&), originaire du
royaume iïOwtfaym, lequel vivait stius } 'empereur Wo&ti>
88 JOURNAL ASIATIQUE.
de la dynastie des Tcheou (56i-566). (Cf. Ta-thang-nêï-tien-
lou, liv. 5\ fol. 1 1 , v.) J'ignore si cet important ouvrage existe
encore aujourd'hui. Pour s'en assurer, il faudrait posséder en
chinois , comme le gouvernement russe , le Gandjour ( 1 68 vol.
pet, fol.) et le Dandjour (a^o vol.] , ou du moins l'index com-
plet de l'édition de Péking de ces deux vastes recueils boud-
dhiques. .
Quelque imparfait que soit encore mon alphabet, bien
qu'il se compose déjà de plus de huit cents signes différents,
il est aisé de voiç, par ce qui précède , quel important secours
il peut fournir pour la transcription correcte des sons chinois
qui répondent à des mots indiens. Mais il ne faudrait pas
attribuer à cet alphabet, composé d'éléments divers, em-
pruntés à une multitude d'auteurs qui n'ont pu se concerter
entre eux sur l'emploi phonétique des signes chinois, ou
qui ont recueilli des mots indiens sans les comprendre, une
utilité qu'il n'a pas et ne saurait avoir. Si l'on peut souvent
s'en servir avec bonheur, pour obtenir une lecture exacte,
c'est à la condition que les mots sanskrits , figurés par des
sons chinois, auront été cités, comme cela arrive toujours
dans Hioaen-thsang , par un écrivain qui savait parfaitement
la langue, et employait constamment les mêmes mots chinois
pour figurer les mêmes sons sanskrits, et qui, de plus, aura
eu soin de ne pas les tronquer ou défigurer, comme l'ont
fait trop souvent Fa-hien et beaucoup d'autres écrivains boud-
dhistes. Si donc l'on espérait arriver, avec un tel alphabet,
fût-iïparfaitement complet, à tirer des mots sanskrits corrects
et complets, de sons chinois tronqués et altérés, ce serait
vouloir opérer une métamorphose impossible, excepté dans
les cas où une forme incomplète ou corrompue suffit, à une
personne exercée, pour découvrir la leçon entière et correcte.
Sans cela, qui pourrait, par exemple, trouver Khotan (nom
de ville) dans Yu-thien, Samghârâma (un couvent) dans Kia-
lan, Brahma dans Fan (pour Fa-la-ma)% Pantchaparichad
(assemblée quinquennale) dmsPan-tche-ya-tse, que Klaproth
avait lu Pantchayoukiik ; Maitreya (nom d'un Bodhisattva)
AOUT 1847. 89
dans Mi-le, As'oia (nom de roi) dans A-yu, Bharmagoupta
dans Tan-wou-te? etc. Fa-hien, d'où sont tirés les mots, pré-
cédents, pourrait m'en fournir une multitude du même
genre.
La notice de Ma-touan-lin sur l'Inde, qui va suivre, étant
composée de fragments des grands historiens chinois, dont
pas un seul, peut-être, ne connaissait les langues de l'Inde,
on doit s'attendre à y rencontrer un bon nombre de mots
défigurés d'abord par les écrivains originaux, et ensuite par
les différents éditeurs du Wen-hien-thong-kkao. Cest ainsi
qu'on y trouve Ki-U-tchi et T$a-U pour Kchattrya (homme
delà caste guerrière), So-tou pour Stoâpa (un tombeau),
Chi-lo-y-to pour Çîlâdityd (nom de roi), Kia-mo-lo pour Kapila
(ville). J'ai pu faire disparaître ces altérations, lorsque je
connaissais d'ailleurs la forme correcte-, mais que pouvais-je,
que devais-je faire, en présence de mots indiens, dont je
ne trouvais aucune trace dans mes dépouillements boud-
dhiques, de noms de pays étrangers qui, peut-être, n'ap-
paraissent qu'une seule fois dans le morceau unique où
Ma-touan-lin lesfa pris? J'ai adopté, je crois, le seul parti
que conseillait la prudence. Si quelquefois j'ai tenté, dans ce
cas, une transcription, je l'ai placée entre parenthèses, suivie
d'un signe de doute ( ? ) , ou bien je me suis borné à trans-
crire simplement les sons chinois , en attendant que d'autres
personnes, plus heureuses ou plus versées en sanskrit, réus-
sissent à rétablir l'orthographe originale. .
Quant aux noms propres chinois , qui me paraissent évi-
demment tirés du sanskrit, j'ai pris la liberté d'en propo-
ser la traduction , non d'après un dictionnaire quelconque,
mais en me servant de mots indiens déjà employés à ma
connaissance, par des écrivains bouddhistes, pour rendre
les mêmes mots chinois; et, comme la langue sanskrite peut
ofirir souvent plusieurs traductions d'un mot donné, j'ai
toujours fait suivre d'un signe de doute (?) le mot proposé,
même dans les cas où j'avais presque la certitude d'avoir
trouvé le mot sacramentel.
90 JOURNAL ASIATIQUE.
Je Déterminerai pas ces ohsQtvatioas sans ajouter qmh
morceau de Ma^tQwmAw quvon va Ure, m'a présenté, tant »
cause des noms de produits étrangers et des mw» indien* ,
que des passages altérés par les éditeurs , des difficultés qu'où
n'est pas accoutumé à rencontrer dans les historiens chinois.
J'ai été obligé, pour rectifier le te*te* de rechercher patiem-
ment les notices originales extraite» par l'auteur, et quoique
ce genre d'investigation m'ait réussi en plus d'an endroit«je
n'ai pas toujours retrouvé les passages qu'3 a dû avoir sou*
les yeux, ou bien» je les ai trouvés entachés, des mêmes
fautes. ' ■
J'avais besoin de soumettre ces observrôen* ai» lecteurs*
pour montrer que dans cette tangue notice et dans les rela-
tions de voyages dans l'Inde , que je donnerai successivement ,
les difficultés que je viens de signaler me donnent peujt-ftr*
quelques droits a leur indulgence.
C'est sous la dynastie des Ha» postérieurs que la
Chine est entrée en relations avec le Thien - tchou }
1 Suivant l'ouvrage bouddhique Lity-yeu-bi-tekon (liv.I, fol, ?),
le mot Thîen-tckoa veut dire Urne (en sanskrit in Job S^j). On voit,
par cette étymologie, que les deux syllabes de ce mot sont altérées,
et on a lien de s'étonner que cette orthographe corrompue ait pu
se conserver jusqu'à nos jours dans les écrivains chinois. Tâchons
dé remonter à l'origine de cette altération.
On lit dans le dictionnaire Tching-tseu-thong , au mot ^2 (vulgo
fo*oa):dans J§§> fTfl (vulgo Ckin-4ou),méme mpt que y^ \5£
(vulgo thien-tçhou) » le mot -fçt doit se, prononcer comme |B
(on (don). Or, le son de Jpp -ff& (vulgo chin-tou) a été changé en
celui de y^ \2L (vulgo thien-tou)t pui* en a aJtaégé le u*ot
AOUT L847. 91
^ d3f . Ce nom est le même que «elui de Ckin-
toa J§|> IjxL , employé du temps des Han.
Dans l'origine, fait observer Ma-touau-tin , en
note, le général Tchang-kieh, ayant été envoyé en
mission dans le Ta-hia1 5^ J£ (la Bactriane), vit
gâ toa(cfcm) en ~ST (Bfowg-fa rapporte cette abréviation eu
mot jSS <oo) ; enfin l'abréviation \2£ ton (don) a reçu le son de
Quant an caractère Sf (vnlgo c/im) , suivant l'historien &*.
ma4hsîen (c'est toujours le Tching-tseu-thong que nous citons), il
doit se prononcer ici comme JJh j^aen (mot qui, dans Khang-
ki. se prononce aussi yun, son très-voisin àeyn ou m).
D'après ce qui précède, on s'explique bien comment le mot Inde,
qui, d'après le voyageur Hiouen-thsang , doit s'écrire rX\ jS
in-teu (iWou), transcription phonétique du mot sanskrit 7TJ indon
(lune), a pu être écrit (Cf. Fan-i-ming-i-tsi, liv. VII, fol. 8, et
Khang-hi) par des voyageurs chinois, qui en ignoraient l'étymolo-
Pe' Jl^Êf: (thien-tou), Jf1 4l| (chin - ton) *t Jf>J|
(caille»), ;j:j| J|f| (jam-fou), jg jîî «#*-**» ( jgT
(eoa représente le son dou 3 dans mon alphabet), et enfin ^f
£5; tkien-tchou, par suite de l'altération des deux syllabes du mot
sanskrit ?rg indou, lune.
1 Suivant l'historien Sse-mç-thsien, le pays de Tarkia était situé à
eaviron 9000 lis (aoo lieues) au sud-ouest de Ta-wan yr £j? ( au»
joowThui Tachiga* (en arabe Tkachkend) , suivant la deuxième édi-
tion de la Géographie universelle Thaï-ihsing-i-tong-tchi; Khohand,
suivant le Hai-hotœ-thou-tchi), au sud de la rivière Weï jféjfc ( eu
sanskrit 5T^ Fatefc), l'O^iw.
92 JOURNAL ASIATIQUE,
des cannes en roseau de Khiong J|J et des toiles
de Chou. Jfjf . «Où vous êtes-vous procuré ces ob-
jets? demanda -t- il aux habitants du Ta-hiq. Nos
marchands, répondirent-ils, sont allés les acheter
dans le J§|> -g£ (vulgo Chin-toa), qui est le même
pays que le ^Ç ^£ (vulgo Thien-tehoa, Inde).»
Quelques auteurs l'appellent Mo-kie-iho (Magadha
WW() et d'autres Po-lo-men [houe) $M<yUHI^ ale
royaume des Brahmanes. Il est situé au sud des monts
Tsong-ling, et, au sud-est, il est éloigné de plusieurs
milliers de lis des Youeï-tchi. Cette contrée a une
étendue d'environ 3o,ooo lis (3,ooo lieues); elle
est divisée en cinq parties appelées les cinq Thien-
tchou (Indes), savoir : le Thien-tchou du milieu
(l'Inde centrale) , le Thien-tchou de l'est (l'Inde orien-
tale), le Thien-tchou du sud (l'Inde méridionale) , le
Thien-tchou de l'ouest (l'Inde occidentale), et le
Thien-tchou du nord (l'Inde septentrionale). Chacune
de ces divisions renferme plusieurs milliers de lis, et
compte plusieurs centaines de villes grandes et pe-
tites.
L'Inde méridionale est bornée par une grande
mer; celle du nord s'étend jusqu'aux montagnes
neigeuses (Sioue-chan J|jp |X| > les monts Himalaya
f^MlçW). De tous côtés, s'élèvent des montagnes
qui forment une sorte de muraille. Dans la partie
sud, s'étend une vallée par laquelle on peut péné-
trer, et qui est considérée comme la porte de cette
partie de l'Inde.
AOUT 1847. 93
. « L'Inde orientale est bornée à Test par une grande
mer; elle est voisine du Fou-nan1 J& "p^j (Siam) et
du Liîbi jfck p* (Tsiampa)', elle n'en est séparée
que par une petite mer.
«L'Inde occidentale touche au Ki-fin (Caboul) et
au Po-sse [Pars' a, la Perse).
« L'Inde centrale est située au milieu des quatre
(autres) parties de l'Inde.
« Tous les royaumes de llnde sont gouvernés par
des rois. Du temps des Han, il y avait encore le
royaume de Youen-toa2 tft -gi , qui était éloigné de
1 On lit dans l'histoire du royaume de Fùu- non (Siam): le
royaume de Che-wei ^fe jÇê£+ (Çrâvasti) dépend de Tinde; le
royaume de Kia-chi (Kâçi), s'appelle aussi le royaume de Po-lo-naï
[Varanaçh Bénarès), et Chi-po-lo-naX[Çrîvaranaçi, le glorieux royaume
de Bénarès). Il est dit dans l'ouvrage intitulé : Tchou-fa-weï-Fo-koue-
ki, ou Mémoires sur les royaumes de Bouddha, par le samanéen
Tchou-fa-wei (en sanskrit : Dharmapâla?). Le royaume de Po-lo-naï
(Varanaçî, Bénarès) est situé à i48o lis au sud du royaume de Kia-
weï-lo-yoaeî (Kapilavastou , Kapila). La loi de Çâhyamotmi y est flo-
rissante. (Note de l'auteur.) '
Ma-touan-lin rapporte ensuite, d'après l'ouvrage Li-koue-tchouen
rfô tëKl 1& > un **** bizarre et sans doute imaginaire « sur une
espèce de boeuf du même pays, qu'on appelle 3ch ~§>H /\%
chao-ko-nieou , c'est-à-dire le bœuf dont l'on coupe la chair peu à peu.
• H est noir et porte des cornes minces, longues de quatre pieds.
Tous les dix jours, en coupe une portion de sa chair; sans cette
précaution , il tombe malade ou meurt. Ceux qui boivent de son
sang, et, en général, les habitants de ce royaume, vivent jusqu'à
un âge très-avancé. Cette espèce de bœuf vit autant que les hommes.
Le roi actuel (dit l'auteur du Li-koué-tch'ouen) est âgé de cent ans;
son royaume fait aussi partie du Thien-tchou, c'est-à-dire de l'Inde, t
5 L'auteur des Annales des Han, qu'extrait Ma-touan-lin, ne s'est
94 JOURNAL ASIATIQUE.
la ville de Tchang-'an de 9,800 fis, et de 2,800 lis
de la résidence du TouJum (ou généralissime chi-
nois 'du Si-yu). Au sud, il touchait aux monts Tsoiig-
ling; au nord, il était limitrophe du pays des 0a-
sun. Les habitants s'habillaient de même que les
Ou-sun; ils cherchaient, comme eux, les eaux et les
pâturages. Hs «étaient de l'ancienne race des Sàî i^|
^g. Le mot ift J|f£ (vulgo jou^n-fou), dit Yen-sse-
bm, est le même que ]&lrÈL (vulgo Gkin-tou,
TInde). L'expression Sqï-tchong ^ ^2] est la même
que 4^ ^fi (Chitchont)) , la race des Çdfcyo5, ou des
enfaots de Gâkya (c'est-à-dire la tribu à laquelle
appartenait le fondateur de la religion bouddhique,
surnommé Çâkyamouni fiJIoMMpI ou Le religieux
de la famille Çâkya), Il y a eu ici, ajoute le com-
mentateur, une légère altération de sons, savoir du
mot chi tJjg| en celui de J|| sàï. »
Tous les pays, continue Ma-touan-Un, «qui s'éten-
dent du sud-ouest des Youeï-tchi et du royaume dé
Kao-fou (Caboul), jusqu'à la mer occidentale (SiJiaï
"ffi 3»)' et * *est JusT1,i Pan-khi ^ j|£ ou
pas aperçu que le royaume appelé par erreur Yuen-ton ^H
..jTffr est précisément celui qu il a décrit plus haut sous le nom de
fjj. { vulgo Chiu-lou , pour Indou) \ il ne se trompe pas moins
plus be&, en comparant les Indiens aux Ou-snn, peuples noaiades
qui, dans leurs migrations continuelle», recherchaient les eaux et
les pâturages. La première erres r est rectifiée plus loin par Ytn~
sseJcoa, commentateur des Annales des Hem..
AOUT W47. 96
(on éerit aussi $|^$ Pan-yttwï), appar-
tiennent au£&w-foa J& -££ ( à l'Inde). Il y a plu-
sieurs centaines dé villes distinctes qui sont soumises
i des chefe puissants ; il y a plusieurs dizaines de
royaumes distincts qui sont gouvernés par des rois.
Quoique ces pays diffèrent un peu l'un de l'autre,
cependant an les comprend tous ensemble sous le
nom de J§|» SÊj* (vulgo Chin-toa id-est Jn-dou, Inde).
La capitale est voisine du fleuve Heng-ho ({jaAgâ,
le Gange), qu'on homme aussi Kia-pi-li-ko , ou le
fleuve de Kapila.
La montagne du Vautour, Lmtj-tsieoa-ckari, s'ap-
pelle dans la langue des barbares KUtoû-hae-chan
{Giïihrakûla). Elle est formée de pierres bleues,
et son sommet (Mtd) ressemble à l'oiseau Tsieou [Grï-
âhra? vautour *). À cette époque, tous ces royaumes
appartenaient aux Youeï-tehi.
Les ¥oàel4chi tuèrent les rois de ces royaumes , et
Us remplacèrent par des généraux qu'ils chargèrent
de les gouverner. Les peuples pratiquent le boud-
dhisme (Feou-4'QUrtao) , qui défend de tuer des êtres
vwabCs <6t de boire du vin. Bientôt cette défense
passa dans les moeurs. Le sol est bas et humide, et
le clittiat est extrêmement chaud.
Ce jroyaume est voisin d'un (c'est-à-dire arrosé
par un) grand fleuve. Les soldats combattent montés
1 tl est situé au sud de mo-hie-ti ( Magadka ïtïtv) » royaruttïe qui
M( atossi partie du Thièn-teltw. (Tc!h6UrJk~*té(:f<}-kotie-ki).
♦ **
9ft JOURNAL ASIATIQUE.
sur dés éléphants. Les hommes de ce pays sont plus
faibles que les Youeï-tchi.
L' empereur JVoa-ti, de la dynastie des Han (qui
régna depuis Tan i4o jusqu'à Tan 85 avant J. C),
envoya une dizaine de fois des officiers qui sortirent
de la Chine par le sud-ouest, dans le but de cher-
cher à entrer dans le Chin-toa (l'Inde); mais ils
furent arrêtés par les Koaen-ming , et aucun d'eux ne
put y pénétrer.
Sous le règne de Ho-ti ( de la dynastie des Han pos-
térieurs, entre 89 et io5 de J. C), l'Inde envoya
plusieurs fois son tribut à l'empereur; mais, bientôt
après, cet hommage fut interrompu par suite delà
révolte des peuples du Si-yu.
Dans la deuxième année de la. période \en-hi, de
l'empereur Houan-ti (1 58- 189 de J. C), (les am-
bassadeurs de l'Inde) franchirent plusieurs fois les
frontières du Ji-nan Q "j^ (le Tonquin actuel), et
vinrent offrir le tribut à l'empereur de la Chine.
La tradition rapporte que l'empereur Ming-ti( de
la dynastie des Han postérieurs , qui régna de 58 à 76
de J. C.) vit en songe un homme de couleur d'or et
d'une haute stature, dont le sommet delà tête laissait
échapper un jet de lumière. Il interrogea, à ce su-
jet ses officiers, et l'un d'eux lui dit : «Dans l'Occi-
dent, il y a un dieu nommé Fo (Bouddha) ; son corps
est haut de six tchi f^ , et jaune comme l'or. »
Là-dessus l'empereur envoya des messagers dans
le Thien-tchoa pour obtenir des renseignements sur
AOUT 1847. 97
la doctrine de Fo {Bouddha). Bientôt après, les images
et les statues de Fo se répandirent en Chine.
Le roi de Thsou, nommé Ying, fut le premier qui
commença à mettre sa foi dans le bouddhisme. Cette
conversion fut cause qu'il y eut , en Chine , une foule
de personnes qui embrassèrent cette nouvelle doc-
trine.
Dans la suite, l'empereur Houan-ti, qui était fort
adonné au culte des esprits, offrit souvent des sacri-
fices à Feou-ihou (à Bouddha) et à Lao-tseu. Peu à
peu, il y eut des gommes qui pratiquèrent le boud-
dhisme, et, bientôt après, il devint florissant. Sous
les dynasties des JVei et des Tsin (de 220 h k 1 9 de
J. C), les relations entre la Chine et l'Inde éprou-
vèrent une interruption et furent longtemps sans se
renouer. Seulement, sous la dynastie des On (aaa-
227 \ de J. C), Fan-tchen, roi de Feu-non (Siam),
envoya un de ses parents, nommé Sou-we, en am-
bassade dans flnde. Une fois sorti de Foa-nan, il
s embarqua à l'embouchure du Teou-keou4i, côtoya
la mer, et arriva dans un grand* golfe qui se trouvait
juste au nord-ouest. 11 traversa plusieurs royaumes
situés le long du golfe» , et, au bout d'environ un an ,
il arriva à l'embouchure du fleuve du Thien-tchou
(de l'Inde). H remonta le courant du fleuve sur
une étendue de 7,000 lis (700 lieues), et arriva
au lerme de sa mission.
Le roi de l'Inde fut rempli d'étonnement, et
s'écria : « Eh quoi ! il existe encore de tels hommes
sur les rivages les plus éloignés des mets. » Àus-
98 JOURNAL ASIATIQUE.
sitôt il l'invita à visiter l'intérieur de son royaume.
Par suite de cette ambassade, il envoya deux
officiers, Tchin-song et un autre, pour aller offrir à
FtmAcken et à Soa-we, quatre chevaux du pays des
Youeï-tchi, comme un témoignage de sa reconnais-
sance. Ils n'arrivèrent qu'au bout de quatre ans. A
cette époque, l'empereur de la dynastie Ou avait
envoyé Khang-ihaï, du titre de Tchong-lang , en mis-
sion dans le royaume de Fou-nan. Ayant vu Tchin-
song et son collègue, il les interrogea sur les mœurs
dû Thien-tchou (de l'Inde). «C'esfc répondirent-ils,
un royaume où fleurit la loi de Bouddha. Les hommes
sont droits et honnêtes, et la terre est d'une grande
fertilité. Le roi s'appelle Meou-lnn; la capitale où il
réside est entourée de murailles. Les rivières et les
eaux des sources se divisent en une multitude de
courants qui circulent dans dés canaux et des fossés,
et vont se jeter dans un grand flauve. Les palais sont
ornés de sculptures élégantes; dans les rues et sur
les places publiques, dans les maisons, les pavillons
et les galeries élevées , on entend le son des clochettes
ou du tambour et des chants harmonieux; on voit
de riches vêtements et d'on respire le parfum dès
fleurs.
« Les marchands y arrivent par eau et par terre ,
et s'y réunissent en grand nombre; ils offrent,
suivant le goût du public, des vases artisteméht
travaillés, et des objets curieux ou du plus grand
prix.»
A gauche et à droite, ou rencontre seize grands
AOUT 1847. 99
royaumes, savoir: Kia-weï (Kapiia), Ghe-wéï (Çrâ-
va$ti) , Ye-po ^ ^jf 1 - etc.
Quelques royaumes , bien qu'éloignas de deux à
trois milles lis du Thien-tchou (Inde), le respectent
et lui obéissent, parce qu'ils considèrent ce royaume
comme étant au centre de l'univers.
Dans la cinquième année de la période Youen-
fafa, du règne de Wen-ti, de la dynastie des Smg
(en Tan 4^8 de J. C), Yoaeï~aî (c'est-à-dire aimédq
la lune, en sanscrit Tchanàrapriya) 4 roi de.Kia-pi-U
(Kapiia) dans le Thien4choti, envoyé un ambassa-
deur pour présenter a l'empereur, une lettre et lui
offrir une bague ornée de diamants, un bracelet en
or pur, 0 Iffi $£ (roo-k, pour jijjf 0 fë
amala, pur), divers objets précieux, et deux perro-,
quets, l'un rouge et l'autre blanc: f
Dans la deuxième urinée de la période Thaï-chi,
du règne de i^fmjf-ti{466 de J. C), il envoya encore
un ambassadeur pour offrir le tribut. L'empereur
lui conféra le titre de Kien-weï-tsim(j-kian [{ littéra-
lement : général qui établit l'autorité)2..
1 Ce nom de royaume ne se trouve pas dans la grande relation
iïHiouen-thsang , et je ne l'ai pas rencontré ailleurs-, il me paraît
altéré.
1 Dans la dix-huitième année de la période Youen-kia (44i de
J, G.), le roi de Sou-mo~li envoya un -ambassadeur pour offrir des
productions de son pays. Dans la deuxième année de la période
Hiao-kien, du règne de Hiao-wou (455 de J. C.) , le roi de Kin-tho-li
envoya un officier du titre de TcKang-ûki pour offrir des vases pré-
cieux en «r et en argent. Plus tard, dans la première année de la
période Youen-hoeï du règne de Feî-ti (lisez Tsang-ou-wang , fan
100 JOURNAL ASIATIQUE.
Au commencement de la période TMen-kim (du
règne de fFou-ti) de la dynastie des Liang (5 02 de
J. C), Kio-to (Goupta) roi de l'Inde f envoya Tcfcoo-
Uhta, du titre de Tchang-chij pour présenter à lem-
pereur une lettre et lui offrir un crachoir en lieoa-
li (vaïdoâryya, lapis lazuli), divers parfums, des étoffes
de kie-pel gj JH (karpâsa, coton), etc. Son royaume
était voisin d'un grand fleuve (appelé) Sin-thao jjjftj
ftfft (Sindh), qui prend sa source dans les monts
Koaen-lan (Anéouta), et se divise en cinq fleuves,
dont le nom collectif est Heng-chouï '({jj^ ^|C (Ie
fleuve Heng ou Gange). Son eau est douce et lim-
pide. Au bas (de ce fleuve), on trouve du sel pur
(sel gemme) qui est blanc comme du crystal de
roche.
Sous le règne dç Siopen-wou , de la dynastie des
JVeï postérieurs (5oo-5o4 de J. C), le roi de llnde
envoya un ambassadeur pour offrir un cheval bien
dressé. Il raconta que ce royaume produisait des
lions, des martres zibelines , des léopards , -des
Hoen1, des chameaux, des rhinocéros et des élé-
phants.
Il y a une production minérale > appelée ^
473 de J. G.), le royaume de Po-li envoya offrir le tribut. Ces divers
royaumes suivaient la doctrine de Bouddha. (Note de Ma-touan-li*.)
1 Martouan-lin écrit iHg hoen (agitare, movere), mot corrompu
pour hoen 5np , rat, dont la fourrure est fort estimée. J'emprunte
cette correction au passage original inséré dans le Pien-i-tien,
livre LVIII.
' AOUT 1847. 101
hô-tsi, qui ressemble au» yan -mou g? ■ffi
(mica laminaire), mais elle est de couleur violette.
Elle peut se fendrç l en feuillets minces comme
l'aile d'une cigale, et qui, entassés les uns sur les
autres , ressemblent à une étoffe de gaze plusieurs
fois repliée sur elle-même. On y trouve une espèce
de diamant semblable au Ts'è-chi-ing Jjjç >K 2£
(quartz hyalin cristallisé), que le feu le plus ardent
ne saurait dissoudre et qui peut couper le jade ;
des objets en écaille , de l'or, du cuivre, du fer, du
plomb, de fétain ; des tissus en fil d'or2, des tapis
ornés d'or et des tapis en pé-thié Q jgg (coton);
des parfums provenant de l'arbre tchen-tan 1m.
>£§[ (^R5*T tchandana, santal) et de la plante yo-
kin; la canne à sucre et autres fruits; du sucre
cristallisé, du kou-Uiao "jjH jfljjjl (piper mgram), du
gingembre et du sel noir.
A l'occident , ce royaume entretient , par mer, des
relations commercisiles avec les peuples du Ta-
thsin et les 'A-si ^ç ^ (Parthes). Quelquefois ses
habitants se rendent aux royaumes de Fou-nan (à
1 II y a dans le texte <yj J lie, • ranger ; • c'est une faute; je croie
qu'il faut lire 2BL • fendre, t Cette correction est confirméepar un
passage identique du Pien-i-tUn (hV. LVIH), où la même pensée
est rendue par 6j f • diviser, t
* Il y a eu dans le texte ^B •graver;» je crois qu'il faut lire
«fil.»
102 JOURNAL ASIATIQUE.
Sitm) et de Kiao-tchi (Tonking) pour y trafiquer.
Us possèdent .beaucoup de corail, de perles, de
lang-kan (sorte de corail). Us ne sont pas habitués
à tenir des livres de comptes ; ils payent les mar-
chandises avec des tchi-peï g& JpJ ou coquilles
dentelées (des cauris); ils excellent particulièrement
dans les sciences magiques (littéralement, à opérer
des transformations). La plus grande marque de res-
pect que puisse donner un homme consiste à baiser
les pieds de quelquun et à toucher doucement ses
talons avant 4c lui adresser la parole. Dans les mai-
sons (riches), on voit déjeunes chanteuses et des
jongleurs qui y portent le plaisir et la joie. Le roi
et ses grands officiers s'habillent d'étoffes de soie
brochée; le souverain conserve, sur le sommet de
la tête(, une petite touffe de cheveux disposés en spi-
rale, et porte le reste de ses cheveux très-courts. Les
hommes se font couper les cheveux et se parent de
pendants d'oreilles ; ils sont tous habitués à mar-
cher pieds nus. Pour leurs vêtements,, ils préfèrent
la couleur blanche. Ils sont timides et peu propres
à la guerre et aux combats. Ils font usage d'arcs,
de flèches, de cuirasses et de lances; ils savent
aussi se servir d'échelles volantes ^ /ftjjj (pour l'es-
calade), de bœufs en lois 7]^ ^p et de chevaux jtot~
tants ¥jtf j|§ (pour traverser les rivières) et prati-
quer des chemins souterrains. Ils ont une écriture
et excellent dans l'astronomie et les calculs du ca-
lendrier. Les Indiens étudient tous l'ouvrage (élé-
, AOUT 1947, 103
meutaire) intitulé Si-ta-tchm<j ^.§gj|i {^
Siddha, sorte de syllabaire) ; ils écrivent les choses
mémorables sur des feuilles appelées peï-to-ye J^
Yang-ti, (premier) empereur de la dynastie des
Souï (6o5 de J. C), ayant formé le projet d'ouvrir
des relations avec le Si-ya (les pays à l'ouest de la
Chine) , envoya Feï-taupour engager2 les Si-fan (Thi-
bétains) et autres peuples à venir rendre hommage
à l'empereur. Il y eut beaucoup de princes qui ré-
pondirent à son appel; ceux de l'Inde furent les
seuls qui refusèrent d'entrer en rapports avec la
Chine. L'empereur en fut fort irrité.
Les rois de l'Inde sont de la famille des KyU-tchi,
qu'on appelle aussi T$a4i (les Kchattryfo iA feWIH ) *,
1 On iit dans la Botanique impériale Kouang-kiun-fang-pou, sec-
lion des arbres, liv. XIV : PeUto-chou j=D >EL j&Jt- «Cet
arbre est originaire de Magadha; il s'élève à soixante ou soixante et
dix pieds, et ne perd jamais ses feuilles en hiver. Il y en a trois
espèces, dont la première est appelée. To-lo-po-li-tcha ( en sanskrit
Tâhvrïkcha). Ses feuilles se nomment To~lo-po~li-tcha-pei-to ( en
sanskrit Tâlavrïkchapatra). Le mot peï-to est un mot indien (patra)>
qu'on traduit en chinois par feuille. Les auteurs chinois écrivent
tantôt ye-chou ( en sanskrit peî-to-po-li-tcha; lisez patravrïkcha, litté-
ralement: arbre à feuilles), tantôt Peï-to~chou9 mot hybride com-
posé de patra, feuilles, et de chou, arbre. »
« Dans Tlnde, on se sert de Técorce et des feuilles de ces trois es-
pèces d'arbres pour écrire les livres. » Cet arbre est le palmier nommé
BorassusjlabelUformis. La Botanique impériale, citée ci-dessus, ex-
plique l'expression Peï-to-chou avec une netteté et des développe-
ments que n'avaient pas encore fournis les livres chinois. (Cf. Fan-i-
ming-i-tsi, liv. VII, fol. 26 v.)'
1 II y à en chinois : aller au-devant.
104 JOURNAL ASIATIQUE.
depuis des siècles, ils occupent le trône sans l'avoir
jamais acquis par l'usurpation ni par le meurtre.
Le riz mûrit quatre ibis par an ; la plus grande
des céréales s appelle mo-to-iho l ^T fé ]|£ .
Xes femmes portent des colliers d'or, d'argent et
de perles. On brûlé les ossements des morts, oh
recueille leurs cendres et on les dépose dans un
so-tou* (un stâpa Çra*) ; mais il arrive quelquefois
qu'on abandonne les morts au milieu d'un désert ,
ou qu'on les jette dans un fleuve : ils servent alors
de pâture aux oiseaux de proie et aux bêtes fauves,
aux poissons et aux tortues. Nulle loi ne détermine
la durée du deuil. Ceux qui se sont rendus cou-
pables de trahison ou de révolte sont mis à mort
dans un lieu secret ; les peines des délits légers se
rachètent avec de l'argent. Ceux qui ont manqué
aux devoirs de la piété filiale , subissent l'amputa-
tion des mains ou des pieds, du nez ou des oreilles,
ou sont exilés aux frontières.
Les Indiens possèdent une écriture, et ils excel-
lent dans les calculs astronomiques9 et la science
1 Ce mot ne parait pas entièrement indien , car les deux dernières
syllabes signifient, en chinois, chameau. Le caractère mo (ma) semble
être l'abréviation d'un mot sanskrit. Le mot chameau est sans doute
employé par allusion à la hauteur extraordinaire de cette céréale.
a Liseï So-tou-po JjS? ^J jJjrfT. (Cf. Fan-i-ming-i-Ui, \iy. XX,
fol. 5 r. ) C'est de ce mot stâpa qu'on a fait le mot tope. Le texte dit ,
littéralement : « et 1 on bâtit un stàpa, »
3 Ma-touan-lin a omis le mot JjrW avant ^4p . (Cf. Veï-mn-yun-
>ti, liv. LXXXV, fol. 191 r.)
AOUT 1847. - 105
du calendrier. lis font usage des caractères inventés
par le dieu Fan l ^^. Ils écrivent les choses mémo-
rables sur des feuilles appelées peï-to-ye2. Dans toutes
les parties de l'Inde , on montre les antiques traces
de Fo (Bouddha Çâkyamouni)3. Les habitants ont
foi dans les serments solennels ; ils se transmettent
des formules magiques qui peuvent, dit-on, faire
venir les dragons et appeler la pluie.
Dans la période Wou-te (du règne de Kao-Uoa de
la dynastie) des Thang (618-627), des troubles
graves éclatèrent dans l'Inde. Le roi Chi-lo-y-to (Çîlâ-
iitya) leva une nombreuse armée et combattit sans
cfue personne pût lui résister. 'Lés éléphants ne quit-
tèrent point leurs selles ni les soldats leurs cuirasses.
H châtia les rois de quatre parties de l'Inde qui,
tous, la face tournée vers le nord, lui firent leur
soumission.
A cette époque , un religieux bouddhiste , nommé
1 Ce moi Fan 4^- est 1 abréviation de Fan-lan-mo, Brahma.
(Cf. San-thsang -fa-sou, liv. XLVI, fol. 3.) On écrit plus ordinaire-
ment Fan-mo -TjS* fig* Brahma. (Gf. Fan-i-ming-M, liv. XJ> fol. il,
ligne 4.)
1 Ce passage se trouve déjà dans un extrait précédent, tiré d'un
autre corps d'annales. Nous le conservons pour ne rien retrancher
du texte de Ma-touan4in. *
3 Je crois qu'il s'agit ici des vestiges d'anciens monuments boud-
dhiques construits dans les lieux visités par le Bouddha. En chinois,
l'expression kou-tsi fj/T fflk désigne souvent les restes d'anciens
monuments. (Voir le Thaî-tswg-i-tong-tchi, à la section intitulée
Kou-tsi.)
106 JOURNAL ASIATIQUE.
Hiouehthsantj, arriva dans son royaume. Chi-lo-y4o(Çî-
loditya) l'invita à venir le voir et lui dit : Dans votre
royaume, il est apparu un homme (un monarque)
rempli de sainteté , et Ton a composé un chant guer-
' rier pour célébrer les conquêtes de l'empereur de
Thsin ^Ëi j^£ (c'est-à-dire de la Chine); essayez, je
vous prie, de me te faire connaître.
Hiouenthsang lui apprit sommairement de quelle
manière ThaSrtsong avait apaisé, par sa valeur di-
vine, les malheurs et les troubles de l'empire, et
soumis à sa puissance les peuples étrangers1. Tchoang-
ouang (en sanskrit ÇîlâJUtya) fut ravi de ces paroles
et s écria : «Il convient que je- me tourne vers Test
et lui rende mes hommages. »
Dans la quinzième année 4e la période Tching*
kouan (en 64 1), il se donna le titre de roi de Mo-
kie-tho (Magadha) et envoya un ambassadeur pour
présenter une lettre à l'empereur. Ce monarque
ordonna à Liang-hoaï-king, du titre de Yun-ki-weï , de
se rendre auprès de lui1, muni d une patente impé-
riale, et de l'inviter à la soumission. Çilâditya fut
rempli d'étonnement. « Depuis l'antiquité, demanda-
t-il à ses officiers , est-il jamais venu ici un ambas-
sadeur du MoJio-chin-tan? — Jamais, répondirent-
ils tous ensemble.» Dans la langue des barbares
55* "Hf (c'est"à ^re ^e ce Peuple ), ajoute l'auteur, le
1 II y a en chinois Sse-i n| UH , les • quatre étrangers,»
c'est-à-dire les étrangers des quatre points cardinaux (de Test et de
l'ouest, du nord et du midi).
AOUT 1847. 107
royaume du Milieu ( la Chine ) s'appelle Mo-ho-chin-
tau (en> sanskrit MaMt(Mnasthâna M^I^H^M1 )•
Le roi sortit alors, salua en fléchisssant les genoux,
reçut ainsi le décret impérial et le plaça sur sa tête
(ea signe de respect).
Dès que l'envoyé chinois fut de retour, il entra
immédiatement dans le palais* Un nouveau décret
chargea Xi-i, du titre de PFeï-ipéî-tclring, daller por-
ter (au roi de Magadha) la réponse de l'empereur.
Les grands officiers allèrent au-devant de lui, en
dehors de la ville, avec les habitants de la capitale
et des villes (voisines) qui affluaient pour le voir et
brûlaient des parfums sur son passage. Çîtâditya vint
lui-même, à la tête de ses ministres, et reçut le
décret impérial, le visage tourné vers l'orient. Il
offrit de nouveau de Vho-tsi (dju mica laminaire) , du
parfum appelé yo-kin et un arbre appelé poa-ti-chou( en
sanskrit bodhidroumas «ti fèl4*tt^ a l'arbre de l'intelli-
gence ,^/itfiw reUgiosa). » •
Dans la vingtième année de la période Tching^
koaan (£* 6/j6), l'empereur chargea Ouang-hionen-
tse, du titre de Yeoa-weï-so-fourtchang-chilf d'aller en
ambassade dans ce royaume , et lui adjoignit Tsiang-
chi-jin. Avant qu'il fût arrivé, le roi Çîlâditya
mourut, et son royaume tomba dans l'anarchie.
1 ~L'ençyclopédie Fa-youen-tckou-Un (liv. CXX) loi donne le titre
de Tch'ao-san-ta-fou, sorte de conseiller aulique; nous Voyons plus
bas qu'il le reçut après avoir accompli son voyage. Malheureuse-
ment la relation qu'il composa,, en douze livres, n est point parvenue
jusqu'à nous.
108 JOURNAL ASIATIQUE.
Un de ses ministres, nommé Nafo-ti-a4a-na-chtm
(Nava...?), s empara du pouvoir suprême et envoya
des soldats pour repousser Ouang-hiouen-tse. A cette
époque, sa suite ne se composait que de quelques
dizaines de cavaliers, qui luttèrent sans succès et
furent tous faits prisonniers. Bientôt après, l'usur-
pateur employa la violence pour se faire payer le
tribut par les différents royaumes. Hiouan-tse, ré-
solu à se mettre en avant, se retira d abord dans
une ville située sur la frontière occidentale des Ton-
fan, et, de là, il appela aux armes les royaumes
voisins. Le roi des Toarfan vint avec un millier de
soldats, et celui du Ni-po-lo (Népal) avec sept mille
cavaliers. Hiouen-tse les divisa en plusieurs corps et
marcha contre la ville de Ta-po-fohlo l , qu'il prit
d assaut au bout de trois jours. Il coupa trois mille
têtes , et il y eut dix mille personnes de noyées.
A-Ia-na-chun abandonna son royaume et s enfuit; .
puis il recueillit ses troupes dispersées et tenta une
nouvelle bataille. Le général Jin (ou Tsiang-chi-jin)
le prit vivant, Il captura et décapita mille àpmmes.
Le reste de l'armée ennemie, obéissant aux ordres
de la reine , voulut lui fermer le passage sur les
bords de la rivière de Khien-to-weï ( Gandhâra)-, mais
Tsiang-chi-jin les battit et les mit en déroute. Il fit
prisonniers la reine et les fils du roi , captura douze
mille hommes et femmes, et vingt mille têtes d^bé-
1 Ce nom de ville, qu'on pourrait prononcer Daxakara (?), ne
se trouve dans aucun autre ouvrage chinois.
AOUT 1847. 109
tail , et soumit cinq cent quatre-vifkgts villes , grandes
et petites, #
Chi-kieou-ma ( Çrîkoumâra?), roi de l'Inde orientale,
lui envoya trente mille bœufs et chevaux, ainsi que
des vivres pour toute son armée ; à quoi il ajouta
des arcs, des sabres et des colliers d'un grand prix.
Le roi de Ria-mo-h j$0 ^ Jj^f1 lui offrit des ob-
jets rares , une carte de ses états et plusieurs statuettes
de Lao-tseu.
Hiouan-tse fit prendre A-la-na-c h un et alla le pré-
senter à la porte du palais. Les magistrats procla-
mèrent cette victoire dans le temple des ancêtres ,
et l'empereur l'éleva au rang de Tch'ao-san-ta-fqu
(sorte de conseiller aulique).
Il avait rencontré un magicien nommé Na-lo-mi-
po-so-meï (Nâradevasvcmin?), qui se disait âgé de deux
cents ans et prétendait posséder fart de procurer
l'immortalité: L'empereur étant atteint (Finie ma-
ladie mortelle, lui ordonna de préparer son remède
merveilleux. Il chargea Thsom-tun-U, président du
ministère de la guerre, de protéger et de surveiller
ses émissaires, qui devaient parcourir tout l'empire
potfr recueillir des plantes médicinales d'une vertu
extraordinaire et les minéraux les plus rares- Il y
en eut même qui coururent dans tous les royaumes
des Po-h-men (Brahmanes). Suivant lui, «la rivière
qu'op appelle Pan-da-fa •$& ^s ^^ ^prt du mi-
1 Un autre auteur écrit, dans le même endroit, Kia-pi-U ( Kapila). •
(Cf. Pien-i-ûen, Hv. LVIII.j
110 JOURNAL ASIATIQUE.
Heu d'une auge dfe pierre. Elle est gardée par des
hommes en pierre, H y a sept espèces d eaux : les
unes sont chaudes et les autres froides ; (les pre-
mières) peuvent dissoudre rapidement des plantes,
des herbes et des métaux. Si un homme y plonge
la main, elle se trouve cuite et décomposée à l'ins-
tant mêtpe. On puise cette eau avec un crâne de
chameau et on la verse dans une calebasse (sic).
«Il y un arbre appelé ta-laï-la dont les feuilles
ressemblent à celles du U (sorte d'ébénier) ; il croît
sur les bords escarpés d'une montagne taillée à pic,
dont l'accès est défendu par un grand serpent caché
dans une caverne. Ceux qui veulent se procurer de
ses feuilles, les font tomber en lançant contre les
branches, des flèches à pointe quadrangulaire; mais
elles sont bientôt emportées par une multitude
d'oiseaux; on lance de nouveau des flèches, et l'on
finit par en obtenir. » Telles étaient les fables que
débitait ce charlatan. Mais, dans la suite, sa science
magique étant demeurée sans effet, l'empereur lui
permit de s'en retourner. Il n'eut pas le temps de
partir et mourut à Tchang'an.
Du temps de l'empereur Kao-tsong (qui monta
sur le trône en 65o), Lou-kia-y-to (Lokûditya) , ori-
ginaire de Ou-ta 1 se fit aussi présenter à l'empereur,
à l'aide de (prétendues) connaissances magiques. U
reçut le titre de Hocû-hoa-ta-tsiang-kiiin.
1 II y a dans le texte Niao-ta JEpL 3K ; ç est une faute pour
fm '£r ®a(ïa (Odra, aujourcTdui Orissa).
AQUT Ï847. 111
Dans la troisième année, de la période Khien-fong
(668 de J. C), les rois des cincj Indes vinrent tous
présenter leurs hommages à l'empereur.
Dans la période Khm-yoaei} ( 7 1 3-y 1 k ) , il arriva
trois fois des ambassadeurs de. f Inde centrale, et
une fois un envoyé de l'Inde du midi. Ils oiFriren*
un oiseau de cinq couleurs , qui savait parler. Ils de-
mandèrent des troupes pour châtier les Ta-àhi (les
Tazi, Arabes ) et les Ton-fan (Thibétains) , et prièrent
l'empereur de donner un nom honorifique à leur
année, Hioaen^tsong rendit un décret paï lequel il lui
décernait le titre de Hoaï-te-Mun (1 aimée qui chérijt
fy vertu).
a Les étrangers , dit l'ambassadeur, ne se croient
honorés que par un manteau et une ceinture. »
Lempereijr lui fit présent d'un manteau çn bro-
cart, d'une ceinture de cuir rehaussée d'or, d'up
sachet orné de poissons \ et de sept autres objets
précieux.
Le roi de l'Inde du nord vint une fois^ présenter
ses hommages à l'empereur. . ,
Vers la fin de la période Khien-youeii (668-670) ,
la Chine ayant perdu le pays de Ho-bng , les rois de
l'Inde cessèrent dès lors de venir à la cour.
Dans la troisième année de la période Kouang-
chan des Tcheou (g53 de J. C,), * seize Samanéens
de l'Inde occidentale, Sa-man-to (Samanta) et autres,
vinrent .offrir, çn tribut, des chevaux renommés.
1 On voit, par les Annales des Thang, que ces poissons étaient
tantôt en jade taillé, tantôt en or ou en argent ciskîé.
112 JOURNAL ASIATIQUE.
Dans la troisième année de la période Khien-te des
Song ( 965 de J. C), Tao-youen , religieux bouddhiste
de Tsang-tckeoor, revint du Si-y u (des pays de l'ouest).
S'étant procuré une portion des ChezU (Çarîra) ou
reliques de Bouddha , un vase en cristal de roche et
quarante fascicules de livres indiens, écrits sur des
feuilles de palmier, il vint en faire hommage à l'em-
pereur.
Tao-youen était allé visiter le Siyu dans la période
Thien-fou (9^7 de J. C), et était resté douze ans
en voyage. Il avait résidé pendant six ans dans les
cinq Indes. Par les cinq Indes 5EL PP J^t' on en"
tend le Thien-tchou. A son retour, il passa par Yu-
ihieri (Khotart) et arriva en même temps que les en-
voyés (de l'empereur). Thàx-tsou le fit appeler au
palais et l'interrogea sur les mœurs, les montagnes,
les rivières et l'itinéraire des pays qu'il avait par-
courus. Il répondit de point en point à toutes ces
questions.
Dans la quatrième année de la période Khien-te
(966 de J. C), le religieux. Hing-kin, suivi de. cent
cinquante-six autres de ses compagnons , se présenta
à la porte du palais , et exprima à l'empereur, le dé-
sir qu'il avait de se rendre dans le Si-ya (dans les
contrées de l'ouest) , pour s'y procurer des livres
bouddhiques. Cette demande lui fut accordée.
Hs traversèrent les arrondissements de Khan-
tcheou, Cha-tcheou, l-tcheou, Sou-tcheon, etc. les
royaumes de Yen-hi (aujourd'hui Kharachar), Kieou-
tse (Koutché), Ya-ihien (Khotan), Kolo (Kolom), etc*
AOUT 1847. 113
Os passèrent, en outre, par les royaumes de Pou-
bu-cha (Pourouchapoura, aujourd'hui Peichaver),
Kia-chi-mi-lo (Cachemire) , etc. dont* tous les princes
rendirent des décrets et promulguèrent des ordres
pour que les habitants prissent soin de les guider et
de les conduire.
Après la période Khaï-pao (968-976), on vit arri-
ver, sans interruption, des religieux indiens qui
apportaient des manuscrits bouddhiques pour les
offrir à l'empereur.
Dans l'hiver de la huitième année- (976), Yang-
kie-kouang-lo (d'autres lisent Ymg-kie-choue-b, Ang-
kasvara?), fils du roi 4e l'Inde orientale, vint offrir
le tribut et présenter ses hommages à l'empereur.
D'après les lois de l'Ind%, lorsqu'un roi meurt,
son fils aîné (Koumâra-râdja) lui succède; les autres
fils quittent la famille et embrassent la vie religieuse^
et il ne leur est plus permis de résider dans leur
royaume natal.
Il y eut un fils du roi de l'Inde orientale , nommé
Man-tchoa-chi-U (Màndjoas'rî), qui arriva à la capi-
tale à la suite de plusieurs religieux de Chine. Tkal-
isong (qui monta sur le trône en 976) ordonna de
le loger dans le couvent appelé, Siang-koné-sse. U
observait sévèrement les préceptes bouddhiques , et
devint, pour les habitants de la capitale, un objet
d'estime et d'admiration. L'empereur l'ayant comblé
de richesses et de faveurs > tous les religieux lui por-
tèrent envie et le prirent en haine,. et conime il ne
comprenait pas la langue chinoise , ils fabriquèrent
114 JOURNAL ASIATIQUE.
un feux placet, par lequel il était censé demander là
permission de s'en retourner dans son pays. L'em-
pereur le lui permit.
Quand le décret fat rendu , Man-tchoa-chi-li (Mm-
djoas'ri) fat d'abord rempli de stupeur et d'indigna-
tion. Les religieux lui firent savoir que ce décret était
irrévocable. Il resta encore quelques mois et partit.
11 annonça qu'il se rendrait sur les bords de la mer
du Midi, et s'en retournerait sur un vaisseau mar-
chand. On a jamais su dans quel pays il s'était retiré.
Dans la septième année de la période Thoi-p'ing-
hing-koaé (986 de J. C.f, KoQangyoatn , religieux de
I-tcheoa, alla dans l'Inde, et (à son retour) il pré-
senta à l'empereur une lettre du roi de ce pays,
nommé Mo-si-nang. L'empereur ordonna à Chi-hoa
{Dânapâh?) , religieux indien , de la traduire en chi-
nois. Voici cette lettre : «Dans ces derniers temp6,
j'ai appris qu'il y avait dans le royaume de Tchîna
(Chine), un roi aussi grand qu'éclairé, parfaitement
saint, parfaitement intelligent , et qui, par sa ma-
jesté et sa puissance, règne en- maître souverain.
Chaque jour, je songe avec confusion à mon peu de
bonheur, et je gémis de ne pouvoir aller vous offrir
moi-même mes hommages. De loin , je dirige affec-
tueusement mes regards vers la capitale de la Chine,
et je souhaite & votre sainte personne dix mille
félicités.
« À f arrivée de Kouang-yoaen, j'ai eu l'honneur de
recevoir une sainte statuette enrichie de diamants,
représentant Çâkyamouni, assis dans l'attitude du
AOUT 1847. 115
bonheur et du calme divin. Je me suis revêtu du
hacha et lui aï fait des offrandes. »
uJe désire humblement que l'auguste empereur
de la Chine obtienne une félicité et une intelligence
complètes, qu'il jouisse dune longue existence
pour qu'il guide tous les êtres au bonheur, et cgu'il
fasse traverser, à tous ceux qui sont exposés au nau-
frage, la mer immense de la vie et de la oaort. Au-
jourd'hui , j'ai remis à Kowng-yoaen, des reliques de
Çâkyamoani, pour qu'il les offre de ma part à votre
majesté. »
Chi-hoa (Dânapâla?) traduisit encore une lettre
collective des religieux du même royaume , qui, par
le style et les pensées, était analogue à celle du roi
Mo-si-nang.
(Suivant) le Samanéen C/ti-on ( Dânapâla?), «le
royaume dé Oortien-nang (Oaiyâna) appartient k l'Inde
du nord. Au bout de douze jours de marche dans la
direction de f ouest , on arrive au royaume de Khien-
tho4o (Gandhârn); au bout de douze autre» jours de
marche dans la même direction, on arrive au
royaume de Nang-go-Uhkia-b (Nagarahara) ; au bout
de dix autres jours de marche dans la même direc-
tion, on arrive au royaume de Lan-po (Lampa,
WLamghan) \ au bout de ditf autres jours de marche
vers l'ouest, on arrive au royaume de Go-je-nang
(Gadjana?); en continuant à marcher vers l'Ouest,
on arrive au royaume de Po-s&e (Pars' a, la Perse);
de là, on peut s embarquer sur la mer de l'Ouest.
« En partant de llnde du nord , au bout de ceftt
8.
JI6 JOURNAL ASIATIQUE.
vingt jours de marche, on arrive à l'Inde centrale.
a De l'Inde centrale, en marchant vers l'ouest,
après trois étapes, on arrive à AAa-oaeï (?); après
douze jours de marche vers 1 ouest, on arrive1 à Ka-
ra-na-kiu-je (la deuxième syllabe est de trop : Kariya-
koûbdja, Canoge) ; au bout de douze autres jours
de marche yers l'ouestv on arrive au royaume de Ma-
la-oueî; au bout de douze autres jours de marche
vers l'ouest, on arrive au royaume de Ou-jen-ni2
(Oudjayani); au bout de vingt-cinq jours de marche
vers l'ouest, on arrive au royaume de Lob (Lara?}\
au bout de quarante jours de marche vers l'ouest,
on arrive au royaume de Sou-la4a [Surâchpu).
« Après avoir marché encore onze jours versl'ouest,
on arrive à la mer occidentale.
<* En général , il faut trois mois de marche pour
arriver de l'Inde centrale à Unde du «midi ; de là ,
en marchant quatre-vingt-dix jours vers Fôuest, on
arrive au royaume de Konq-ldana (Konkanapoara,
le Korikm); d'où, après un jour de marche vers
l'ouest, on arrive à la mer.
1 Dans ce passage, qui est tiré des Annales des Song, Ma-
ioaan-lin a omis vingt-trois mots dont voici le sens : On arrive au
"royaume de ïVeUnang-lo ou Mo-nang-lo (on écrit souvent y& outi.
pour -J^ mo\ cette dernière orthographe donnnerait ie son Manara?)?
En marchant encore douze jours vers l'ouest, on arrive à Po-lai-
ye-kia (Prajàga)\ en marchant encore soixante jours vers l'ouest,
on arrive (à Kanyakoubdja).
1 II ya une faute dans le texte, où l'ont lit niao J|g^ au lieu
de oo
AOUT 1847. 117
«En partant de FInde méridionale, et en mar-
chant dans la direction du sud, au bout de six mois ,
on arrive à feu mer du Midi. »
Tels furent les itinéraires que fit connaître le re-
ligieux Chi-hou {Dânapàk ? ^IHMIH)
Dahi la huitième année (en 983 de J. G.), un
religieux, nommé Fa-yu >}^ ^r , étant parti de ITnde ,
où il était allé chercher des livres bouddhiques*
arriva, en revenant, dans le royaume de San-fo-tsi
(partie dp Sumatra) ,< où il rencontra un religieux
indien nommé Mei-mo-lo-chi-li (Mîmaras'ri?) > qui,
après un court entretien, le pria de se charger d'une
lettre dans laquelle il exprimait le désir de se rendre
dans le royaume du Milieu, et d'y expliquer les
livres sacrés.
L'empereur rendit un décret bienveillant poup
Rappeler à la capitale.
Forya se remit à quêter et fit fabriquer un dais
orné de dragphs et un kia-cha (sorte de vêtement
religieux, du mot sanskrit haçhâyaK brun).
Comme il avait le désir de retourner dans l'Inde,
il demanda des lettres impériales pour lui servir de
recommandation auprès des princes étrangers dont
il devait traverser les états. Il les présenta au roi
de San-fo-tsi (Sumatra); d'où, après un long voyage,
il se rendit auprès du prince d'A-fcoa-ia, de Kie-
mang (Kâma?), intendant de cavalerie, chef du
royaume de Ko-lan, de Tsan7ta-h [Tchandra) roi de
l'Inde occidentale, dont le fils nommé Moa-tho-
US JOURNAL ASIATIQUE.
sien (Moudhâsîna ?) lui remit , à son départ , des lettres
de recommandation.
Dans la période Yonglii (986-988 de J. C),
Thse-han, religieux de ïVeï-tcheoa, revenant du Si-ya
(des contrées de l'ouest) , avec un religieux étranger
nommé Mi-tan-lo (Mitra) , apporta des lettres du
roi de flnde du nord et de Na-lan-tho (Nalanda),
qui s asseyait sur un trône orné de diamants ( Vadj-
râsanam).
D y eut, en outre, un brahmane nommé Yonq-
chi et un sectaire hérétique de la Perse, nommé
A-ti-in, qui arrivèrent ensemble à la capitale.
Yàng-cki annonça que son royaume natal s'appe-
lait Li-te, et que le roi se nommait Yo-lo-oa-tl; son
surnom était À-je-toi-fo; il était vêtu de jaune et
portait un bonnet d'or enrichi des sept choses pré-
cieuses '. Quand il sortait , il montait sur un éléphant ,
ou était porté en palanquin. Son cortège était pré-
cédé de musiciens qui faisaient entendre des chants
harmonieux, accompagnés du son des conques et
des cymbales. Il visitait souvent les couvents boud-
dhiques, et distribuait aux pauvres d'abondantes
aumônes. La reine s'appelait Mo-hHti (Mahâni?);
elle portait une robe de taffetas rouge -, qui était en-
richie de lames d'or ciselé. Elle ne sortait qu'une
1 Savoir:' 1* Sou-fa-lo (Soavam'a), l'or; s* J-loa-pa (fiotyr/a),
l'argent; S* Lvon-U {Vc&doûrya), le lapis laiuli; 4* Pko-U {Sph*-
t'ika) , le cristal de roche; 5* Meou-so-Uhkie-la-po ( Masârvujarbha) ,
l'émeraude; 6* Mo-lo-kia-lit l'agate; 7* Po-ma-hAda [Padmardga),
le rubia. (Cf. San-Uang-f a-sou, liv.XXX, fot. U.)
AOUT 1847. 119
fois par an , et répandait de grandes largesses pour
secourir les malheureux. Si quelqu'un avait à se
plaindre d'une injustice ou d'un acte tyrannique , il
attendait que le roi ou la reine sortissent pour se
promener; il les suivait et leur exposait ses griefs. Il
y avait quatre ministres qui dirigeaient l'administra-
tion <|u royaume , et qui décidaient de toutes les
affaires.
Les différentes sortes de grains, les animaux domes-
tiques et Tes espèces de fruits étaient Jes mêmes qu'en
Chine. Dans les marchés et pour toute transaction
commerciale , on faisait usage de monnaies de cuivre.
On en distinguait (comme en Chine) la face
jj(£ ,. le revers ^^ ou l|lt (qui portaient différentes
inscriptions ou ornements); elles étaient rondes,
et du même diamètre que celles de Chine ; seule-
ment, le centre était plein, et n'était pas percé d'un
trou pour qu'on pût les enfiler dans une corde.
Lorsqu'on sort de ce royaume et quon marche
pendant six mois vers l'est, on arrive au royaiftie
des Ta-chi ( Tazi, Arabes) ; deux mois après, à Si4cheoa
(Toarfan, pays des Oîgours); trois mois après, à
Hia-tchêou.
A-ti-irt ajouta que le roi de son pays natal avait
pris le titre de fle-î( c'est-à-dire Vêtu d'habits noirs 1);
son nom de famille était Tchang , et son surnom
Li-U-mo. Il portait des vêtements de soie brochée
1 Cette expression désigne les khalifes abbassides^Le khalife qui
régnait en Perse *ers cette époque (97A-991 4e J. C.) était Tkay»
Liliah. ( Voy. L'art de vérifier Us dates, pag. £78.)
130 JOURNAL ASIATIQUE.
de différentes couleurs. Chaque fois qu'il sortait
pour se promener ou aller à la chasse, il restait
absent deux ou trois jours ; il lui fallait un jour pour
revenir.
L'administration des affaires publiques était con-
fiée à neuf personnages du rang le plus élevé.
Les habitants ne faisaient point usage de monnaies
dans leurs transactions commerciales; différents
objets servaient à acquérir les marchandises par
échange.
Lorsqu'on quitte ce royalume, après six mois de
marqhe vers l'est, on arrive au royaume des brah-
manes (dans l'Inde).
Dans la deuxième année de la période Tçhi4ao
(996 de J. C), un religieux de l'Inde aborda en
Chine sur un vaisseau marchand. Il apportait une
cloche destinée à l'empereur, un battanj1 (de cloche)
orné de sonnettes, une sonnette de cuivre, une
statuette de Bouddha, et un livre sacré écrit-sur
de* feuilles de palmier. Il ne comprenait pas la
langue chinoise..
Dans la troisième et la neuvième année de la
période Thien-ching (102 5 et 1026 de J. C), des
religieux de l'Inde occidentale, 'Aï-Men-tcki, (c'est-
à-dire aimant la connaissance, que possèdent les
sages, Prflbhatfnânapriyja,?), Sin-hou (c'est-à-dire le
protecteur de la foi, Pranayapâla?) , etc. vinrent
1 Je trouve le mot tckou JZÙ , ayec lesens de battant {de clo-
che) dans le Pen-ts'ao-kang-mo, liv. XXXV B, fol. 39 v.
AOUT 1847 121
offrir defc livres bouddhiques écrits sur des feuilles
de palmier. L'empereur leur donna, à chacun , un
manteau violet de forme carrée, et une riche cein-
ture. ,
Dans le deuxième mois de la cinquième année
(ioa.7), cinq reiigidux, savoir: Fa-kïe-tsiang (fc'est-
à-dire Bonheur de la loi, Dharmaçrî?), etc. vinrent
offrir à l'empereur des livres bouddhiques ; 'il leur
donna, à chacun, un manteau violet de forme
carrée.
Dans le premier mois de la troisième année dp
la période King-yeou (io3£ de J. C), neuf reli-
gieux, savoir: Ghen4cking (c est-à-dire celui qui a
bonne renommée, Soqyas'as?)* etc; vinrent offrir
à l'empereur des livres bouddhiques et des reliques
de Bouddha, ainsi qu'une, statuette de Tong-yafou-
sa (c'est-à-dire du Bodhisattva à dents de cuivre,
Tâmradantabodhisattva?). L'empereur leur donna des
pièces de soie.
MÉMOIRE
Sur l'écriture cunéiforme assyrienne, par M. Botta.
(Suite.)
35.
■v
1.
ISt JOURNAL ASIATIQUE.
»-*- t — HRh^^ — = »-tit=$*f-
>» T i-
& > T = ^|> >m *
Ce type fournit un exemple propre à montrer avec
quelle réserve on doit se prononcer sur l'idefritité ou
la différence des diverses espèce» d'écritures assy-
riennes. On ne peut jamais savoir si an caractère
qu'on n'a pas encore rencontré dans une localité ne
se montrera pas dans d'autres inscriptions tirées du
même endroit. Ce n'est , en effet , qu'à la fin de mes re-
cherches à Khorsabad, que j'ai trouvé , dans plusieurs
inscriptions, le signe ► ► T — constamment rempla-
cé par »ffi^ , groupe considéré comme caractéris-
tique de l'écriture babylonienne. Les exemples de
substitution en sont si nombreux, qu'il nest pas
possible de douter de l'identité de valeur, et pour-
tant, pendant longtemps, j'aurais pu assurer que le
signe babylonien n'avait pas été employé dans l'écri-
ture de Ninive. C'est, au reste, quand il est isolé,
qu'il remplace ► »■ y^ et jamais lorsque ce dernier
signe entre en composition avec ^£, comme dans
AOUT 1847. 123
^» ►■ T — . Dans ce cas, les variantes de» » y —
sont différentes, ce sont ► ►ttt et ► TY , comme
on le voit par les exemples. Il me semble cependant
qu'il y a deux cas de composition dans lesquels on
peut apercevoir une sorte de passage entre >-+ — ^ —
et *y^-~; dans le second et le troisième, en effet,
on voit une certaine analogie ,entre ^^fC^ , subs-
titut de ► ► y — , et w-^y T qui entre dans la
composition de »-frT JJ et de ^J THP*
Les exemples de substitution de x£*^*TTT à
£> ►T1 sont très-nombreux. Ce sont les signes qui,
selon moi, représentent, dans récriture de Ninive,
le caractère ^jj^-* — , qu'on voit souvent dans les
inscriptions trilingues et, en particulier, dans le nom
de Xerxès. Je crois pouvoir démonter cette identité
par des équivalents. remarquables.
Le signe ► +•! lui-même se rencontre dans les
inscriptions de Persépolfc et de Van , mais il manque
dans l'écriture babylonienne , où il est probablement m
toujours remplacé par »ffi^ .
Il n'est pas inutile de remarquer que, quoique
les signes £*• > * et ^> »rrr se substituent fré-
quemment 1 un à l'autre, db n'est cependant pas en
droit d'en conclure que » ► t soit l'équivalent de
*»m . Ce dernier, en effet, n'est jamais isolé et
ne paraît que joint* à ^; 3 semble qu'il n'ait pas
de valeur par lui-même , ce qui n'est pats le cas pour
-, que l'on rencontre fréquemment isole.
Tout le monde fait du signe » » *■ une des formes
124 JOURNAL ASIATIQUE,
de la voyelle a, et l'on se fonde sur ce qu'il a cette
valeur dans le système cunéiforme médique. Je
ne crois pas cette raison valable, car il est évident
pour moi que le déchiffrement de . cette écriture
n'est pas arrivé à un degré de sûreté assez grand
pour pouvoir servir de terme positif de comparaison.
Pour en être convaincu, il suffit de considérer à
quelle langue étrange conduisent les valeurs résul-
tant de ce déchiffrement. En outre , nous ne savons
pas si les mêmes signes n'ont pas, dans les diverses
espèces' d'écriture cunéiforme, des valeurs diffé-
rentes. Quoiqu'il en soit, si l'on retranche la preuve
tirée de l'écriture médique, il n'en reste absolument
aucune pour nous engager à donner à ► ► T la
valeur d'une voyelle; on ne peut, en effet, s'appuyer
sur sa présence dans le nom d'Achéménide , puisque
c'est précisément sur cette valeur déterminée a
priori, que l'on se base pour lire ce nom comme
on le fait. Cette lecture est donc purement arbitraire
et rien n'en prouve l'exactitude. À la fin de ce tra-
vail, après avoir passé en revue tous les caractères,
je donnerai mes propres idée? et ferai voir qu'on
peut très-bien lire le nom d'Achéménide, en consi-
dérant le signe ►-***- comme la letttre n, et * yr
comme une voyelle, ainsi que je l'ai proposé. Ce
changement rendrait possible la lecture du mot oiel
dans les incriptions trilingues; ou du moins, il me
semble que Ion pourrait le ramener, d'une manière
plausible, à deux mots chaldéens, qui seraient la
traduction de ïAhûm Vahistém zend.
AOUT 1847. 12$
36
^< = ff<^i.
Je ne répéterai pà$ ce que j'ai dit au siyet de ce
type , en parlant de ►~^J et de ^jT: il ne peut y
avoir de doute sur l'équivalencede ces signes, puis-
qu'on en rencontre des exemples même dans les
inscriptions de Van. L'inscription XLII de Schulz
nous montre, en effet, dans le même nom propre
$£=. Jf tU£= £jf ^^ lig. a, le signe
remplacé ligne, i3, par >4^-.
37.'
Au commencement de certravail , j'ai eu occasion
de parler de ce type »% y T et ^e s^s ^ès-fréquents
126 JOURNAL ASIATIQUE.
équivalents ^4 et ►vZjJ ; j'ai dit que ces signes se
trouvaient en tête de tous les noms gravés sur les
villes dont la prise est représentée dans les bas-reliefs
de Khorsabad ; j'ai aussi montré l'analogie de forme
et d emploi entre l'équivalent ^4 et le signe aS,
qui, à Nakchi Roustam, précède les noms de pays.
Il ne peut, je. crois, y atoir aucun doute sur l'iden-
tité de tous ces caractères.
Parmi les exemples ajoutés , il en est un t le troi-
sième, dont je viens encore de vérifier l'exactitude
sûr les empreintes et qui mérite l'attention; le signe
^f< y paraît comme l'équivalent d'un groupe très-
compliqué ^\rrr ; celui-ci n'est pas sans quelques
rapports avec le monogramme représentant le mot
r0l> Ç~^rrr ' cIue cePen(iant & ne remplace* jamais;
mais ces rapports n'en entraînent pas moins une
certaine analogie entre les équivalents respectifs de
ces deux caractères; ainsi on trouvé,
W W T T I ■ - —
Le type »-^"~| n'existe pas dans les inscriptions
trilingues, et son équivalent ^4 y prend la forme
de ^V^. Dans l'écriture assyrienne de y an , on ren-
contre K-^jy et ^4 ; dans les inscriptions babylo-
niennes on ne trouve,, que le signe ^4. Cependant,
il me semble qu'il y a, dans la pierre de Michaud,
AOUT 1&47. 127
un exemple de la substitution du «igné ^T~J— à
<^4;<;ela conduirait^ voir dans le caractère babylo-
nien ^Tjrr- une forme, diverse du ninivite ►y^"~|.
Il serait bien important de pouvoir fixer la valeur
des signes ►-* T |« ►% JJ et ^4, mais j'avjôue
n'avoir pu, avec les moyens que je possède, arriver
à un résultat satisfaisant. La première idée qui se
présente en voyant ces signés précéder sur les bas*
reliefs les noms de villes, est d'en faire un pronom
démonstratif signifiant ceci est: mais H me parait
impossible de faire concorder cette supposition
avec la présence de ces mêmes caractères au com-
mencement de ces mêmes noms reproduits dans les
listes que contiennent les inscriptions elles-mêmes;
La figure des objets dont on parle n'étant plus pré-
sente , on ne peut supposer que dans ces listes lès
caractères »~* T | et ^4 aient le sens d'un pronom
démonstratif. H faut nécessairement alors y chercher
ou .un mot ou une abréviation servant de détermi-
natif.
On doit (Tailleurs observer que , quoique le signe
►-* T y soit constamment placé au commencement
des noms inscrits sur les villes, on ne peut dire,
cependant, qu'il n'ait pas été employé autrement
que comme déterminatif. Au contraire, non-seule-
ment il paraît avoir eu une valeur phonétique et
ayoir été employé comme lettre, mais, encore, j'ai
de fortes raisons de croire qu'il précède aussi des
noms propres d'hommes, ou du moins des groupes
128 JOURNAL ASIATIQUE.
de caractères précédés du clou perpendiculaire ] .
Je puis citer, pour exemple , le nom suivant : | ^
1^ >^- >^- >-^X * cet assemblage de caractères
est, comme on le voit, précédé du trait perpendi-
culaire et suivi du monogramme représentant le mot
roi. Or, j'ai vu , dans une autre inscription , ce même
nom précédé du signe >-^""|; il faut donc que ce
dernier signe puisse tout à la fois indiquer les noms
propres d'hommes ou de contrées, ou bien qu'un
nom de roi ait pu être en même temps un nom de
ville.
Ce n'est pas ici le moment de discuter ce qui a
rapport à ce nom propre, qu'on peut si facilement
représenter par les lettres Kh, n, n, et qu'on peut,
par conséquent, ramener à un nom sémitique,
Hannon, par exemple, ou Canaan. Plus tard, je re-
viendrai sur ce sujet, après avoir passé en revue
tous les caractères et préparé ainsi les bases d'une
discussion approfondie.
Comme dernière observation , je dois dire qu'une
de mes inscriptions paraît contenir une liste dans
laquelle le signe ►-* T | est constamment suivi de
^tVT, qui, dans l'écriture ninivite, est le rempla-
çant du d £E^J, usité à Persépolis. On y trouve,
par exemple :
AOUT 1847. • 120
.38
Le signe * est extrêmement rare dans les ins-
criptions. Le caractère fc=^ yy J. que j'ai rencontré
deux fois à sa place, est, au contraire, assez corn-'
mun. C'est la seule observation que j'aie eu lieu de
foire.
39.
►*- *w- — >— 1 1 «« V
2.
Le type ^"" m'a paru deux fois substitué à t^z»
qui est lui-même un équivalent fréquent de ^jf-
Dans l'inscription XIV de M. Westergaard, à -la
ligne 1 6 , nous avons même un exemple direct de
la substitution de ^T à *T f au commencement
du verbe si commun £~jjf **►— » ^*f Eq. Or
les caractères fc^E et * t f s011* certainement des
voyelles simples ou aspirées, comme je le montre-
rai ; il est donc impossible de faire la lettre n de
leur équiyalent ^jT , comme le voudrait M. de
Lôwenstern, pour obtenir le mot nacar, qui, suivant
lui, signifie terre. Pour y parvenir, il est obligé
130 . JOURNAL ASIATIQUE.
d assimiler le signe ^~~ à * yy , dont on fait ïn
du mot Achéménide ; mais jamais ces deux carac-
tères ne se substituent l'un à l'autre, et il ti'y a ni
dans les inscriptions trilingues, ni dans les miennes,
aucune preuve de leur équivalence. En consé-
quence, quand même la valeur de n pour * yy
serait certaine, on n'est nullement en droit d'en
déduire 4a même valeur pour ^""." surtout quand
on obtient pour résultat un mot comme nacàr. 11
est possible, je cfoîs, de proposer des valeurs plus
satisfaisantes pour les trois lettres qui , dans certains
cas, forment le mot tçrre. Dans les inscriptions
achéméniennes, le signe |^,* conflue tout porte à le
croire, est le h des^Hébreux; son substitut t^-
doit donc avoir Une valeur semblable, jet il doit en
être de même du signe ^T, qui remplace t^E«
Ces caractères peuvent donc représenter l'article;
en en faisant abstraction, il nous reste, pour le
mot terre, deux lettres, *J et £fj, dont la dernière
est certainement un r et la première inconnue. En
supposant à celle-ci la valeur b,. on obtient le mot
bar, qui répond assez bien aux conditions de sens
et de forme. Je ne tiens pas, au reste, à cette hypo-
thèse, contre laquelle il est fort aisé d'élever beau-
coup d'objections.
L'exemple de h substitution de ^~ à ^~f%
que nous donne l'inscription de M. Westergaard, a
paru douteux à ce savant ; mais il ne l'est pas Vouv
moi ; car j'en trouve la confirmation dans mes pro-
pre* inscriptions» et précisément dans le même
AOUT 1847. 131
mot. Les exemples que j'ai ajoutés montrent, en
effet, le signe ^~" remplaçant ^Jjf dans des abré-
viations du verbe » t **►— * *T Ef, qui est
tout aussi commun dans les inscriptions de Ninive
que danè celles de Persépolis. J'appelle l'attention
du lecteur sur cette coïncidence, parce qu'elle
concourt à prouver que , non-seulement l'écriture ,
mais même la langue des inscriptions ninivites
sont identiques à celles des inscriptions trilingues.
De plus, je vois dans ce fait la preuve que iïn-
dinaison des clous horizontaux ne change rien à
la valeur des signes. En nous démontrant que les
signes ^T et J£> sont identiques, cet exemple
s'ajoute à d'autres pour montrer qu'il en est de
même de ? ™ et de Jfe> , de ^^y et de jy*^.
40.
• J'ai déjà parlé des équivalents de ce signe à pro-
pos des caractères v~^- et +-f~\
41.
<« ►TTY
132 JOURNAL ASIATIQUE.
On voit que le signe *ytt « quapd il est isolé, n'a
que de rares équivalents, dont l'un * yy n'est peut-
être dû qu'à une faute, puisqu'il n'y en a qu'un
exemple et que les deux formes sont très-voisines.
Le premier ^[Jf est certain; mais on aurait
tort d'en conclure immédiatement que les deux
signes ^y, et t-JJf aient la même valeur; car
celui-ci n'est peut-être qu'une abréviation d'un autre
groupe , peut-être même d'un mot. Les exemples ajou-
tés montrent, en effet, que le groupe compliqué
^jjrjyfj, dans la composition duquel entre le
signe t^fjf i* est lui-même très-souvent remplacé par
trois caractères <\>^- «««frnr^* dont le dernier se
rapproche beaucoup du type ^yyy dont nous par-
lons. Il est fort possible que les mots ^QfyfJ et
aJ>— ^^ eTT^ soient en réalité différents , quoique
de sens rapproché, et qu'ils soient respectivement
remplacés, dans quelques cas, par un des signes
qui les forment : l'un par t^JJf, et l'autre par £j^r.
Les abréviations respectives de ces deux mots à
sens équivalents pourraient les remplacer, sans que,
pour cette raison, on fût en droit de conclure que
les signes représentatifs de ces abréviations eussent
des valeurs phonétiques semblables.
Jfe ne crois pas qu'il puisse y avoir de doute sur
AOUT 1847/ 133
l'équivalence des deux signes ^TTT et ^^ ; cepen-
. dant, on voit que, joints à ^*, ils ont chacun une
variante différente : JëeJI pour le prçmier, et
fc E~~T w^ pour le second. Ce dernier groupe a
beaucoup de rapports avec le monogramme royal
f-\^ > qui souvent, comme on Ta vu, est figuré
a*ns* : fc^m.» ^ en diffère cependant, parce
que, dans celui-ci, le clou horizontal supérieur du
signe ^yyy est remplacé , dans le monogramme , par
trois têtes de clous >►► . On serait peut-être en
droit d'en conclure que, dans cette abréviation du
mot roi, les trois têtes horizontales forment la por-
tion du groupe qui représente la lettre r, qu'on
voit* à la fin du mot complet «««J*""T *fT* Dans ce
cas, si la lecture que j'ai proposée pour ce mot
était certaine, on pourrait en déduire la valeur ou
pour le signe £^~, puisque les clous horizontaux
E e représentent certainement les six petits coins
***. Cet indice tendrait encore à confirmer au
signe ^ yy la valeur d'une voyelle, puisqu'un ca-
ractère de forme très-rapprochée ^yy en serait
une également. Mais je n'ose rien affirmer; car j'ai
très-peu de confiance dans une méthode de déchif-
frement basée sur la décomposition dès signes. On
ne doit pas; sans doute, négliger ces indications;
mais il ne faut, pas s'y iier. Dans le ca$ présent
même, on doit se rappeler que j'ai trouvé *£*£^w-
134 JOURNAL ASIATIQUE.
substitué, non-seulement à fc~çEE , mais encore
au monogramme ^'^^ lui-même, et, s il n'y a.
pas eu erreur, cela prouverait qu'il n'y a pas de
différence réelle entre yg=T et fc»TTT .
J'ai vu quelque fois le signe *ytt supprimé entre
deux r, exemple :
- HW MM = HW ^ HW:.
Ce caractère ne se rencontre pas dans l'écriture
assyrienne de Van; dans celle de Babylonë, il a
été usité; à Persépolis, on trouve deux signes qui
lui ressemblent ^^~ et J^~- Le premier tne parait
identique au signe de Khorsabad, mais je n'oserais
assurer qu'il en fût de même du second.
42.
Tout le monde connaît le caractère £rj, qui, dans
l'écriture cunéiforme persane est un b. Dans te*
inscriptions de Darius, à la fin du nom d'Hystaspe,
on trouve la première variante gf~**, et cette rài*
son engage à conserver à JtJ, dans l'écriture asfey-
AOUT 1847. 135
rienne, la valeur qu'il a dans le premier système.
Je q ose contredire cette opinion , mais je conserve
et conserverai des doutes à cet égard, jusqu'à ce
que d autres noms propres viennent confirmer cette
détermination.''
Deux fois, comme on le voit, j'ai trouvé JfdJ
remplacé par fr| , mais ce n'est pas, selon iuoi*
une preuve d'identité. Ces deux signes ont une
forme si rapprochée, qu'on a pu facilement les con-
fondre ; je le crois , d'autant plus que , ces caractères
étant très-communs, deux exemples de substitution
ne sont presque rien, en comparaison du nombre
de cas ou ils ont été employés.
Une équivalence plus singulière est celle du signe
t^J'i on rie peut l'attribuer à une erreur, les deux
signes étant très-diflerents; mais le caractère ^JJ
a, dansle système médique , la valeur de ch , et , comme
dans, les inscriptions -trilingues il se rencontre à
la fin du nom cTAchéménide , on est tenté de lui
attribuer la même valeur dans le système assyrien.
Mais comment accorder alors cette valeur avec celle
du b déduite pour le signe fc^, de sa présence à la
ïin du nom d'Hystaspe? C'est ce que je ne me charge
pas d'expliquer.
Le caractère fc^ff est certainement composé de
deux signes , f£J et ff, car on le trouve fréquem-
ment scindé en deux portions.
Je n'ai rencontré que deux fois *J substitué à f£J;
ce n'est pas une raison eoffisanté pour regarder ce
136 JOURNAL ASIATIQUE,
dernier signe comme équivalent de *J, car la ressem-
blance a pu causer «me erreur; par conséquent,
lors même qu'on ferait un b ou un p du signe t^J,
on ne pourrait attribuer la même valeur au signe
^J, qui commence le nom de pays de ^J "T^-f fc^TfT'
dans lequel M. de Lôwenstern voit le nom de la
Perse.
43.
Hiïsï= = JTW*
^yytï= = ^yyftî=
Je n'ai presque rien à dire sur ce caractère , qui
AOUT 1847. 137
se voit dans les écritures assyriennes de toutes lés
localités. C'est seulement en combinaison arec J*""TT
qu'il ma paru comme équivalant de aJ — ; il n'y a
donc rien à conclure de ce fait, puisque ce sont
peut-être des mots différents.
Le signe fcfcr: isolé est rare , et c'est surtout en
combinaison avec aT ou T qu'il est le plus fréquent.
Il produit alors le groupe *|g| que Ton remar-
que dans plusieurs noms tirés des inscriptions de
Van. .
44.
Mf 2^ = 5:1.
J'ignore par quelles raisons on a proposé la va-
leur de r pour le signe ^"~f; car je n'ai jamais vu
ce signe ni sa variété, fc£^, remplacer aucune des
formes de IV; pour moi, je suis conduit à lui don-
ner une valeur toute différente. ^}Tj. en effet,
remplace J^ et ^, signes qui doivent être* des
138 JOURNAL ASIATIQUE.
voyelles ou des aspirations à peu près semblables,
puisqu'elles se substituent Tune à l'autre dans le
même mot J^ >m^^~J\ j'ai donc quelque raison dV
vancer qtte le signe ^T^> est lui-même une voyelle
ou une aspiration, et la très-fréquente suppression
de ce caractère , soit dans mes inscriptions, soit dans
celles de Van, me confirme dans cette opinion. On
peut même, par une suite d'inductions assez plausi*
blés , arriver à lui donner ta valeur d'un î ou d'un yi
je viens de dire en effet que **"T"^ se substitue fré-
quemment à fc-* ; il y en a des exemples nom-
breux même dans les inscriptions trilingues; or, dans
une des inscriptions des fenêtres à Persépolis, ce der-
nier signe se trouve ajouté à celui qui ordinairement
se trouve seul pour représenter ïi du nom de Darius.
On y voit
au lieu de
Il est difficile de ne pas croire que, dans ce cas,
K^ représente ïi bref, et £Ë^ lï long ou y:, en
conséquence, le digne ^"T"f doit aussi avoir la va-
leur d'un ï, puisqu'il remplace si fréquemment à
Persépolis le signe ^. Je dois faire remarquer que,
selon moi, les caractères ninivites ^ et ^-*" fy
ont les mêmes valeurs que les caractères persépoît
tains ^ et ffifo il n'y a qu'une légère différence
de formé et, comme de part et d'autre ils équivalent
aux mêmes signes , je ne crois pas qu'on puisse con-
AOUT 1847. 139
tester leur équivalence mutuelle. Telles sont les
raisons qui me portrait à attribuer au signe ^JT|
la valeur tfuàe voyelle simple on aspirée.
Puisque je suis conduit à parier du nom de Da-
rius, je ferai remarquer une erreur que Ton a com-
mise au sujet des variétés qu'il peut présenter. On
a dit à tort que les signes **^ sont équiva-
lents à »JTC<y-gEffi cette substitution n'est due qu'à
une faute de copie. Dans sa vnic inscription , Scbulz
a, par inadvertance , introduit dans le nom de Darius
les deux signes M<^\ de la ligne suivante, qui font
partie de ce qui représente le mot père. Depuis long-
temps je connaissais cette faute , parce qu'en 1 863 ,
étonné de ce fait, j'avais collationné l'inscription de
Schulz avec une copie de la même inscription prise
par M. Dittel, compagnon de voyage dejt|. Wes-
tergaard, et que, dans cette copie, le nom de Da-
rius avait sa, forme ordinaire. S'il restait des doutée
à cet égard , je ferais remarquer que la xxu* inscrip-
tion de Rich est la même que la vine de Schulx,
et la copie de Rich donne lé nom de Darius écrit
comme partout.
Je fais cette remarque, parce que je sais que Ton
a déjà basé dei interprétations sur cette erreur. D
est évident, cependant, qée i'on ne peut appeler va-
riantes ou homophones, les différences qui se pré*
sentent dans les copies de la même inscription prises
par diverses personnes; le même signe n'a pu être
écrit que d une seule manière dans une seule inscrip-
tion , et les différences sent des erreurs. La oompa-
140 JOURNAL ASIATIQUE,
raison entre ces diverses copies ne doit servir qu'à
trouver la vraie forme d'un signe dans un cas donné;
mais , une fois cette forme démontrée par une bonne
copie, on ne doit pas enregistrer les autres comme
des homophones; c est ce que j'ai cherché à éviter,
et , avant de prononcer que j'avais trouvé un équi-
valent, j'ai eu soin de m' assurer que je ne comparais
pas deux copies d'un seul et même objet Pour moi,
je me suis basé sur les inscriptions de Rich* Wes-
tergaard et Niebuhr, et je n'ai pas tenu compte des
différences que peuvent offrir les mauvaises copies
rapportées par des personnes dont les inutiles tra-
vaux n'ont rien ajouté à ce que leurs devanciers
avaient su faire mieux qu'elles.
C'est au commencement d'un même verbe , ^Tjf
*%— £^J J=?(, qu'on remarque à Persépolis 1g
substitution mutuelle de ^7"j[ et de ^ (ou bien
£t^) ; or je prie le lecteur de se rappeler que M. Wes-
tergaard, dans sa planche XIV, lig» 16 et 19 1 nous
montre ce même verbe commençant tantôt par
^"", tantôt par * „*]. Nous avons donc dans le
même mot un exemple de l'échange des signes ^~f»
^ , *~~ et * yj*^, et il ne faut pas oublier que
les deux premiers s'échangent avec TC et le dernier
avec * ~ . Il y a donc quelques raisons de donner
une valeur à peu près semblable à tous ces carac-
tères dont l'un Y¥, est indubitablement une voyelle
ou une aspiration. Si je ne me trompe, ces rappro-
chements semblent indiquer une sorte de système
dans la formation de certains caractères, et nous
AOUT 1847. 141
montrent peut-être une différence entre les voyelles
simples ou brèves dune part , et longues ou aspirées
de l'autre. J'invoque l'indulgéncç des lecteurs sur ce
que je vais dire; mais, dans un sujet si obscur, il
peut m' être permis de présenter modestement mes
conjectures.
Le signe J^, est, de l'aveu de tout le monde, une
voyelle ou une aspiration ; or cent exemples prouvent
que les formes Tt et rS sont absolument équiva-
lentes, soit isolées, soit en composition. On verra,
par exemple, les' mots 44 ►VT Tf Tf et Ef EFlT
Tf Tf ëcri* «~rTAAetBTKiïAA
on trouvera également les signes £r^ et t-* Vf
figurés ainsi ç-ft et fc=*~jY- Cette forme j^y est
même la plus commune dans les inscriptions baby-
loniennes, et particulièrement sur la pierre de Mi-
chaud. Or la forme y^ est composée d'un clou per-
pendiculaire Y plus de l'élément S, qui équivaut à aT.
Maintenant qu'est-ce que le signe ^"|^ pu ^7~f»
si ce n'est ^JT, plus ce même élément ^, ^ ou a|?
Or nous avons vu dans un même mot ces deux ca-
ractères ^~ et ^JTjf substitués l'un à l'autre; leur
valeur doit donc être à peu près semblable. N'est-il
pas permis de supposer qu'ils ne diffèrent que par
l'aspiration, le hamza en quelque sorte, qui serait
représenté par l'élément ^ — ^ — aJ?
D en serait de même du caractère ^ , qui rem-
place si fréquemment J^ daps le mot jy^l^"y dont
j'ai parlé ; c'est certainement une voyelle , comme
142 JOURNAL ASIATIQUE,
cela est prouvé , non-seulement par sa substitution
à TC, mais encore par sa présence après ïr dans le
nom de Darius ; dans certains cas , cette voyelle fc-*
subirait ïadjonction de l'aspiration et deviendrait
E-* T^F. Je sais que dans ce cas l'élément ^, signe
de l'aspiration , ne serait plus seul, et qu'il y aurait
un clou perpendiculaire de plus Tf; mais fc-* Vi
est peut-être une diphthongue aspirée, et si ^^
représente î, ^ T^ représente peut être iah.
On va voir que j'ai rencontré une fois un autre
caractère ^Tj substitué à ^rfT ; quoique la règle
ne s'applique pas exactement à ce cas , il est permis
cependant d'y voir une certaine analogie; elle serait
complète si le signe* ^ gavait trois clous perpen-
diculaires au lieu de deux ; *m serait alors la voyelle
simple , et ^TYT f la voyelle aspirée.
On fait du signe * ^ la lettre n, mais j'ai déjà
fait remarquer à quelle difl&culté donnait lieu cette
détermination. D'une part, * ^ se substitue très-
fréquemment à *T* — , dont on fait le ch de Xerxès;
de l'autre il s'échange également avec * „*(, pre-
mière lettre du nom d'Hystaspe. Si on donnait à
* yy la valeur de fi, on ne pourrait expliquer ces
substitutions que par des erreurs trop nombreuses.
Tout s'explique au contraire aisément si l'on regarde
le signe * ^ , non comme la consonne n, mais
comme une voyelle simple, et le signe *[>— > non
plus comme un ch , mais comme une voyelle aspi-
rée. La substitution de ces deux signes devient alors
AOUT 1847. 143
facile à concevoir sans l'attribuer à des erreurs trop
nombreuses pour être supposables.
Dans ce système , pour avoir la voyelle * ^ as-
pirée, il faudrait lui adjoindre l'élément ^ ou a| , et
c'est ce que donnerait précisément la première lettre
du nom d'Hystaspe * ^^J. Je sais qu'on veut faire de
ce dernier signe un eh; mais pour cela il faut né-
cessairement supprimer l'aspiration radicale qui
commence ce nom, et cependant on sait combien
cç genre d'articulation est tenace. Pour moi , je crois
préférable de la conserver et de voir dans ^^J
la voyelle ^^~ aspirée. Hittaspa, par exemple, re-
présente certainement mieux le nom d'Hystaspe que
Chtaspa, Je proposerais donc de voir dans les signes
^ffl et » YY*!» fF" $e substituent l'un à l'autre , les
signes d'une voyelle simple dans le premier cas,
aspirée dans le second.
Le caractère aJ* — n'aurait donc plus pour moi
la valeur de ch, mais ce serait l'aspiration d'un signe
^►— , qui effectivement le remplace assez souvent.
Cela changerait nécessairement les lectures proposées
pour le nom de Xerxèsr mais je crois possible de
déchiffrer ce nom d'une manière tout aussi plausible
en donnant à aTi- — la valeur d'une voyelle ou d'une
aspiration, qu'en en faisant la lettre ch. Ce signe
aT*~, en effet, se trouve trois fois dans ce nom,
et il est radicalement impossible d'y mettre trois
chuintantes ; aussi , lés personnes qui ont adopté cette
lecture, sont-elles obligées d'en supprimer une en
la confondant avec l'r suivante. Il n'est pas moins im- N
144 JOURNAL ASIATIQUE,
possible de faire commencer par une chuintante le
nom d'Artaxerce , et cependant nous voyons en tête
de ce nom les lettres aJ^— ►"Ty^J- Enfin, la suppres-
sion fréquente du signe ^T*— tend encore plus à
confirmer mon opinion.
Je pourrais étendre cette analyse à d'autres ca-
ractères et montrer que beaucoup ont deux formes
interchangeables et différant par la présence ou l'ab-
sence de cet élément V[, que je suis porté à régar-
der comme un signe d'aspiration, mais je suis loin
d'en conclure qu'il faille voir des voyelles aspirées
dans tous les caractères qui le contiennent. On re-
marque, en effet, la présence de cet élément dans
des signes dont la valeur comme consonne est fixée
d'une manière indubitable , tels que l'r ►-TW[ et le
d ^Mf. Quant au premier, on sait que dans cer-
taines langues , comme en zend , l'aspiration est in-
hérente à la lettre r; par conséquent il ne serait pas
étonnant de la voir indiquée dans un caractère cu-
néiforme ayant cette valeur. Quand au d ^[^J » j'au-
rai occasion de montrer que la forme qu'il affecte
dans les inscriptions trilingues n'est qu'une corrup-
tion d'une forme plus compliquée *§}(| > <pu est
la plus commune à Khorsabad. J'ai, en effet, dans
mes inscriptions tous les passages d'une forme à
l'autre.
Si mon idée est juste , nous aurions une suite de
voyelles avec leurs aspirées correspondantes.
AOUT
1847.
Simples.
Aspirées.
.. T . •
■•ÏÏ.A
T-
<T-
*-*-
Kf
> ■
5£*T
.
*-W-
►m-
53
ir
B3f
145
Il serait même possible de montrer que les signes
*^- et >^/~"T> substitués si fréquemment à a V—
et à * ww , n'échappent pas à cette espèce de règle.
Le signe ^ ^~T est en effet certainement composé
de ►-* et de S ou a|, car on le trouve souvent fi-
guré ainsi > — ^J ; le caractère >^~, de son côté, sup-*
porte 1 adjonction de la marque d'aspiration aJ, et
devient aJ*^-; on aurait alors à ajouter à la liste
précédente :
Simples. Aspirées.
Je ferai rémarquer enfin que , dans le système mé-
dique, M. Westergaard donne au sigq£ 4, la valeur
de ou ou de v devant les voyelles; ainsi il lit tri le
.premier caractère du nom d'Hystaspe 4!^-* . Dans
ce système , ce caractère ne serait-il pas notre voyelle
^"~ précédée du signe de l'aspiration «<? Hystaspa
140 JOURNAL ASIATIQUE,
serait certainement une lecture de ce nom tout aussi
satisfaisante que* Vistaspa. Ce changement de valeur
pour le signe 4 peut également s'appliquer au nom
de Darius dans ces mêmes inscriptions , mais j'ignore
s'il pourrait avoir aussi heureusement lieu partout
où il se présente dans l'écriture cunéiforme médique.
Les valeurs que je viens de proposer pour les
signes *^-, ^^~T» <\> — » renversent nécessaire-
ment tout ce qui a été dit par d'autres et tout ce
que j'ai dit moi-même dans le paragraphe 2 5; par
conséquent, il faudrait lire autrement tout ce qu'on
a cru lire , soit en noms propres , soit en pronoms ,
etc. Quant à ces derniers, depuis bien longtemps
j'ai proposé pour lecture du pronom de la première
personne le mot anoc, |f > ^~| ^Jy mais j'ai tou-
jours conservé des doutes, parce que ce mot se ren-
contre plusieurs fois dans les inscriptions à des places
où il est impossible de lui donner le sens de je ou
de moi, à moins de supposer que les transcriptions
assyriennes ne reproduisent pas exactement le texte
zend. Cela peut être, certainement; mais si on peut
supposer une différence de texte pour expliquer la
présence des lettre* J^ >^M[ £E=J, avec le sens de
ego , dans des endroits où l'on ne s'attend pas à trouver
le pronom, je suis tout aussi biep en droit de me
servir de cettj supposition et de donner à ces lettres
un autre sens dans Un seul cas , cçlui où elles se pré-
sentent avant le nom du roi. Je pi*is dire que, ^lans
le texte assyrien , le roi ne parle pas à la première
personne comme dans le texte zend; dans un cas
AOUT 1847. 147
comme dans l'autre il faut faire un changement.
Quant au mot |^ p f~~J , que je regarde comme un
des pronoms de troisième personne , on peut très-
bien, dans mon système, le lire haaa ou kou, ce qui
donne une forme sémitique très-satisfaisante.
Je livre ces considérations au lecteur pour ce
qu'elles valent, et ne serai ni étonné, ni fâché, si
l'on trouve un meilleur moyen d'expliquer l'échange
mutuel et la suppression fréquente dés caractères dont
j'ai parlé. Mieux que personne je connais les diffi-
cultés de cette étude , parce que , sachant pour ainsi
dire par cœur des textes très-nombreux et d'une cor-
rection parfaite , je connais ce qui concerne chaque
caractère et aperçois les obstacles et les contradic-
tions là où tout paraît à d'autres simple et facile.
Je suis convaincu que nous ne sortirons des hy-
pothèses que lorsque de nouveaux noms propres
nous fourniront des moyens de contrôle qui nous
permettent de fixer d'une manière certaine la valeur
de certains signes importants, tels que ^J, * ^ ,
►^-, <î*^-> etc.
Après cette longue digression p reviens a\ix faits
qui concernent le signe ^TjF- Une seule fois je l'ai
trouvé remplacé par la marque du pluriel | <««.
Quoique unique, cet exemple n'en est pas moins
remarquable, car, si l'on pouvait conclure quelque
chose d'un cas isolé et que le signe ^~Zjf fût réelle-
ment un ï, on arriverait à donner la même valeur
4 J-*««, et l'on pourrait y voir la forme sémitique
du pluriel construit.
148 JOURNAL ASIATIQUE.
La substitution de ^jf T*~ * ^jà*""**" **' ^8a"
iement digne de remarque, car ceaernier groupe
représente, selon moi, à Khorsabad, le groupe
j£»~- des inscriptions trilingues, employé dans le
nom de Xerxès et* dans quelques autres. Si ^T"^
est un i, le composé ^~J J*— serait un argument
à faire valoir en faveur de l'opinion qui attribue au
groupe ^jfl**- ^ valeur de la diphthongue ia. Mais
comment accorder cette valeur avec la présence de
^jà»»- i 1& fin des noms d'Ormuzd et de Xerxès?
Le signe ^Tjf est tout aussi fréquent "dans les,
inscriptions de Van et de Persépolis que dans les
miennes; à Van et à Khorsabad il est très-fréquem-
ment final. Le même fait se remarque sur la pierre
'de Michaud, où, en outre, ^~"f prend souvent,
comme dans l'écriture ninivite, la forme £^(* Je
n'ai pas vu oe signe dans la grande inscription de
la compagnie des Indes.
{ La saute à un, prochain mimera)
CRITIQUE LITTÉRAIRE.
AUI BEN-ISA
Monitorii oculariorum spécimen , edidit Car. Aug. Hille ,
Med. Dr. — Dresde et Leipzig, i845, in-8°.
L'étude de l'histoire de la médecine , si fertile en
enseignements , a pris de nos jours un développe-
ment inusité. Si, jusqu'à présent, l'Occident avait
AOUT. 18<L7.' 140
eu le privilège de fixer Fattention des médecins éru-
dits, uniquement occupés des auteurs grecs et ro*
mains; si les Arabes avaient été négligés par eux,
malgré l'intérêt et l'importance qu'on ne peut s'em-
pêcher de leur reconnaître , quand il s'agit de ce
genre d'étude : on voit avec plaisir que , depuis
quelque temps, l'Orient ausçi a trouvé ses appré-
ciateurs. Des hommes parfaitement capable* de pui-
ser eux-mêmes aux sources originales ont publié
plusieurs ouvrages de première valeur sur la méde-
cine chez les Arabes et particulièrement sur leur
matière médicale; enfin, l'on est en droit d'espérer
que prochainement le nombre de ces recherches çt
de ces publications augmentera encore.
Parmi les branches de la médecine , il en est une ,
Fophthalmologie , qui , dans les siècles où les Arabes
régnaient sur l'art de guérïr, a été cultivée par çux
de prédilection et avec bonheur. Bien qu'ils n'aient
en général fait que reproduire et amplifier ce qu'ils
avaient reçu des Grecs, ils ont eu cependant occa-
sion d'exercer cette partie des sciences médicales
dans une si grande étendue, que souvent ils ont au
moins pu rendre plus pratiques et plus détaillés les
préceptes de leurs maîtres. Les climats chauds et
les' contrées orientales ont donné de tout temps, et
donnent encore aujourd'hui naissance à des inflam-
mations intenses et fréquentes des organes de la vue,
qui souvent même deviennent endémiques et épidé-
miques. Ces ophthalmies entraînent à leur suite
d'autres affections graves de l'œil. En outre, des
150 JOURNAL ASIATIQUE,
maladies nouvelles , et qui auparavant n'avaient pas
été décrites , telles que la variole et d autres fièvres
éruptives, certaines affections cutanées, étaient pro-
pres aux pays sur lesquels dominèrent les Arabes,
et au temps de4eur plus grande puissance. En éten-
dant leurs effets aux yeux et à leurs dépendances ,
elles y produisaient souvent des maladies symptôma-
tiques exigeant des traitements spéciaux, et capables
d'éveiller l'attention des praticiens. Toutes ces cir-
constances sont de nature à donner un grand intérêt
aux recherches sur l'histoire de loplithalmologie chez
les Arabes. De toute manière,. leurs théories et leur
pratique, en matière de médecine oculaire, devaient
être de quelque importance pour ceux des ophtal-
mologistes qui tendent à considérer cette branche
importante de 'la science médicale, non-seulement
pa^r rapport à ses applications , mais encore sous le
point de vue scientifique.
Depuis plusieurs années, ces raisons m'avaient
engagé à consacrer quelques-unes de mes heures de
loisir à l'étude de l'arabe et de l'hébreu, afin de
pouvoir, par moi-même , me former une opinion sur
les ophthalmologistes arabes et sur les Hébreux , leurs
traducteurs les plus habituels et les plus fidèles. Il
ne faut pas oublier que ieà traductions latines des
ouvrages médicaux arabes sont presque toutes le
produit du moyen âge , et qu'étant faites dans un
latin trop calqué sur l'arabe ou sur l'hébreu, et
mêlées de tenhes techniques arabes orthographiés
de manière que souvent on n'en peut plus déchif-
AOÛT 1847. 151
frer le sens , elles deviennent ou infidèles ou inin-
telligibles. Souvent aussi ces traducteurs ont mutilé
le texte par la suppression de passages important^ ,
ou bien parce qu'ils ont rédigé leur travail sur des
manuscrits tronqués eux-mêmes. Après m être un
peiHamiliarisé avec la littérature ophthalmologique
des Arabes anciens, voyant que ni parmi les orien
talistes, ni parmi les médecins possédant la langue
arabe, personne ne semblait désireux de s occuper
de l'étude historique de l'oculistique , je me propo-
sais de combler cette lacune , en écrivant une his-
toire de cette branche de l'art de guérir chez les
peuples de l'Orient. Je m'étais tracé un plan pour
ce travail de longue haleine , et j'avais réuni de
nombreux matériaux. Entre autres , je m'étais oc-
cupé d'un oculiste arabe du ixe siècle, à peine
connu dans les écoles médicales modernes, et qui
<#ait été l'objet de mes premières investigations.
C'est Isa ben-Ali, appelé Jésus Hali par les écrivains
du moyen âge; 1^ Bibliothèque royale de Paris pos-
sède un manuscrit très-complet de l'ouvrage de cet
auteur, dont il n'existe qu'une ancienne traduction
latine , aussi, mauvaise que remplie de lacunes. U
entrait dans mes intentions de faire connaître cp
manuscrit aux philologues spécialement versés dans
l'étude des langues orientales et aux oculistes.
Au milieu de mes préparatifs, je fus agréable-
ment surpris par la publication d'un opuscule, qui
me fit concevoir l'espérance de voir une autre per-
sonne s'acquitter beaucoup mieux que moi d'une
152 . JOURNAL ASIATIQUE,
tâche méritoire , en initiant les médefcins et les orien-
talistes à la littérature ophthalmologique arabe. Cette
note a pour objet de rendre un compte succinct de
cet opuscule et du plan que l'auteur s est tracé.
C'est un travail qui me parait devoir intéressé les
lecteurs du Journal asiatique par son contenu d arord,
et ensuite par ce qu'il nous promet, si l'auteur per-
sévère dans sa louable entreprise. Voici quel est son
titre complet :
Alii ben-Isa Monitorii oculariorum seu compendii
ophthalmiatrici ex Cod. arab. Mst. Dresdens. latine
redditi spécimen, prœmissa de medicis arabibus oculariis
dhsertatione , edidit Carolus Augustes Hille, Med. et
Chir. Doctor.
Il a 64 pages , grand in-8°, et se compose de deux
parties. La première (p. 10 à 46) est une esquisse
de l'ophthalmologie arabe ; aperçu concis, mais subs-
tantiel et très-bien fait. On y reconnaît parfaitement
que l'auteur, non content de puiser avec conscience,
patience et sagacité dans les écrits de, ses prédéces-
seurs , surtout dans l'excellent ouvrage de M. Wùs-
tenfeld (GescMchte der arabischen Aerzte und NcUnr-
forseher, Gôttingen, 18A0, in-8°), a de plus fait de
laborieuses recherches originales. Ce n'est pas sans
une vive satisfaction que j'ai trouvé, par exemple,
dans ce spécimen, une note historique sur un ocu-
liste arabe , au sujet duquel personne jusqu'ici n'a
indiqué aucune particularité, que M. Choulant
(Handbuch der Bûcherkande fur die aekere Medicin,
Leipzig, i84i, in-8°, p. 339), contrairement à son
AOUT 1847. 153
habitude, a cité sans donner aucun renseignement,
et que M. Wûstenfeld a même entièrement passé
sous silence. Cet oculiste est Canamusali de Baldach.
Nous^ possédons de lui un petit traité pratique sur
les maladies des yeux, imprimé en latin avec les
traductions anciennes d'Isa ben-Àli. D après M. Hille
(p. 45), « Canamusali (ou Al-Canamusali) était Ar-
ménien de naissance, mahométan de religion, et
cultivait à la fois la médecine et la philosophie.. Il
vivait à Bagdad peu de temps avant que cette ville,
en 1 2 58 , fut prise d'assautpar les Tartares. » M. Hille
donne également des détails exacts et complets sur
Isa len-Ali, qu'il appelle Ali ben-ha avec le manus-
crit de Dresde. •
La seconde partie de la brochure est un pro-
drome ou un spécimen dune édition du traité
d'Isa ben-Ali que M. Hille se propose de publier.
Elle commence (p. 47) par la traduction du pre-
mier des trois livres; puis suit (p. 62) cellfe de la
table des matières, indiquant les titres des chapitres
des trois livres de l'ouvrage entier. Cette traduc-
tion, toujours exacte, si j'en juge par le morceau
que j'ai comparé avec le manuscrit de la Bibliothèque
royale, est rédigée en un latin correct, clair et
exempt d affectation. Laissant de côté les remarques
et les questions de détail, je demanderai seulement
à M. Hille , pourquoi il rend toujours par strata ocali,
stratam, les mots aijJs, <jv*M <^U*b, qui sont l'équi-
valent exact des termes de membranes de l'œil,
membrana, tanica, et du mot grec xtr^
154 JOURNAL ASIATIQUE.
Par ce prodrome, M. Hiile a voulu montrer ce
qu'il se propose de faire, et, en même temps, il a
fourni la preuve qu'il était parfaitement à la hau-
teur de sa tâche. Je n'eus pas plutôt pris connais-
sance "de son opuscule, que je me proposai d'en
rendre compte dès que j'en aurais le loisir. Plusieurs
mois s'écoulèrent, quand l'auteur,. lors d'un voyage
scientifique à Paris, se présenta chez moi et me fit
connaître son plan. Il ne s'agit rien moins que de
publier une histoire complète de 1 ophthalmologie
chez les Arabes, en commençant par une édition
critique d'Isa ben-Ali. On comprend sans peine que
je l'encourageai de toutes les manières. Renonçant
désormais, et de grand cœur, à l'iéée que j'avais eue
d entreprendre un semblable travaille lui commu-
niquai les notes que j'avais réunies sur ce sujet, et
je l'aidai à collationner le manuscrit parisien d'Isa
ben-Ali. Si je mentionne ces circonstances, c'est
uniquement parce que les rapports que j'ai eus avec
M. Hille m'ont convaincu de son double mérite.
Comme arabiste , il est parfaitement en mesure de
tenir ses engagements; comme médecin, il est très-
versé dans l' ophthalmologie pratique et scientifique,
et il connaît parfaitement l'état actuel de la science.
Cette dernière circonstance, et sur ce point je ne
crains pas d'être désavoué par les hommes compé-
tents, est essentielle. En effet, comment expliquer
les anciens, si une connaissance profonde et pra-
tique de la matière ne vous donne pas la clef de la
critique et de l'interprétation?
AOUT 1847, 156
orientalistes et les médecins peuvent donc
lesp&er en toute certitude, Sédition d'Isa ben-Ali,
que prépare M* Hille, remplira les conditions que
l'on peut exiger. Je vais leur faire connaître en
quelques mots le plan de l'auteur. Sa première in*
tention était de se borner à donner seulement une
traduction de l'ouvrage entier, conforme à celle
qu'il a déjà publiée du premier livre. Actuellement^
il s est arrêté à l'idée de publier le texte avec la
traduction» en remplissant les lacunes par la com-
paraison exacte des deux manuscrits que possèdent
les bibliothèques de Dresde et de Paris, et en in*
diquant soigneusement les différentes leçons. Dam
ce but, il a copié une partie du manuscrit de Paris,
et, avec ma coopération, il a collationné l'autre
partie sur une copie du manuscrit de Dresde qu'il
avait faite précédemment. Quant à moi, la compa-
raison de ces deux manuscrits me fait croire qu'ils
sont émanés tous les deux du même texte original,
ou de deux textes très-semblâbles, mais que, par
l'inexactitude des copistes, il a été oublié, tantôt
dans l'un, tantôt dans l'autre * un ou plusieurs mots,
ou même une phrase entière, Très-heureusement il
ne semble pas arriver que dans tous les deux on ait
omis la même phrase ou le même fragment de
phrase. De cette manière, en collationnant attenti-
vement les deux manuscrits, on parvient à recons?-
tituer un texte très-complet, et dont les variantes
sont en général plus verbales que matérielles. De
plus, il existe, dans les deux manuscrits, des gloses
156 JOURNAL ASIATIQUE,
qui tantôt rappellent, dans l'un des deux seulement,
la leçon adoptée dans l'autre, tantôt donnent une
leçon nouvelle. Quant à celui de Paris, outre les
variantes qui sont analogues aux leçons du manus-
crit de Dresde, et qui, toutes, sont d'une autre
main que le texte, on y trouve encore des notes
marginales, fournissant^ des variantes écrites d'une
troisième main, et rarement conformes aux mots
correspondants du texte de Dresde, d'où l'on peut
conclure qu'elles sont puisées dans un texte primi-
tif, qui diffère encore du Codex de Dresde et de celui
de Paris. Ce troisième ordre de notes marginales
fournit quelquefois de très-bonnes leçons. De cette
manière les deux manuscrits se complètent parfai-
tement; mais, avec l'un ou l'autre isolément, il eut
été impossible de faire une édition irréprochable,
exempte de très-notables lacunes.
Afin qu'on puisse mieux juger la différence des
deux manuscrits, nous allons rapporter ici un cha-
pitre d'après le texte de Dresde, en ajoutant entre
des crochets, avec addition de la lettre P, les va^
riantes du texte de Paris. Les notes marginales des
manuscrits de Paris ou de Dresde sont indiquées
par les lettres P. gl. et Dr. gl En même temps,
nous avons chaque fois marqué par des mots soulignés
celle des variantes que nous regardons comme la
meilleure et que nous adoptons. Pour faire res-
sortir l'utilité d'une nouvelle traduction , nous avons
également, dans la nôtre , ajouté entre crochets quel-
ques fragments de la traduction du moyen âge avec
AOUT 1847. 157
nos remarques. Nous nous sommes servis de l'édition
suivante : Tractaius de oculis Jesu Hali. Venet. 1 5oo.
In-folio. (Ad câlcem Gyrargùe parvm Guidonù de Caa-
liaco.)
£Uâ£)y| Uî [P.: a>^] y*jcr3 éUs^l & £?UI vW'
P.: ùb-A-Jl] pl^^M UI ^f^t [P.:XJUUU] A»JUU
Ulj • <sr*-lJl atj*o [Dr.gLetP.:Û} <£*$ [P;.gL: £Lo*ll
[P.gL: ^UaaJl P.:û!>jdl] 6^' ^b 'fcfc*11 <i>U*
(^ JJi ,jbj-l*y *j-à-*l* [Dr. gl.etP.:l_S«X».J] fcj^Uil
Jj-JÎj >j^ s** «*** cjr^h < V^ O^ O**1*1
j4*J [P-'^H-N! Dr.^.JsS]^ là» [P.iS^fcJlj J**Jl ]
tj+ ^AJtJt £/Uf *AjJl * jk£j t-^ ^JJI ^O^XaJI? (^AjJt
[Dr.gl.etP.:Ov^] J^<X3 UI «jjJb g^ï i^il %frw
P.,^**Jt] iULaSç^y* & [P.: J*ll ] J*Uf ^
[P.:(s)A3)LuflL?] (^jÙjl [P.:*;L*a*] *jLà* 0*4 «**
P.:^LjUJ *j-*-3 <£*. /i^Alôtlf [P. gl.:Jguu) J^jU l£
158 JOURNAL ASIATIQUE.
tl' <f^lp•&l•, (j**1*) (^?*UfJl? *ii^U tt%4U?
[P.:jJ^]^JâJi3^S* [P. : (^JuJl] iJyyuUJl yo Jjà ^
/ ^ (^00 [P.:^J^«] J^lM [P.: UIûj] ^ylûï ^&J|
*j — k*o3^+é*jb\ Juc XJ^uU! [p.: «y^^] «***3$ ^U*
P.: ^I>-XJ^1] §\ HLjJSt ^ ub ' Jb^H (** oJ^Uus
AOUT 1847. 159
[P.;L»i**] ^ (£#44 O^ £»*>> '[*•:' fctffttj ^M >
[ P. :^*k^l3 ] j-^l$ [ p. : st*Kjv**»t ] sl«x*i*tfî *jty> y
[P.gl.: ^WM P.: ^IjnJî ] ^LaXJ^t [P.: ^jU*] *>*? ^'
*■ -C .,«*» [P. gi,:0 i, i.41) (jJaàil [P.:^X?] 4^*3 ul*
^Lj^j^Tj jlfj-XJlf Ub [P.: As^j Dr.gl. : Aka&j]
/ [P.: ^U^jJtj ]
* Livre II, chapitre vu. De ï adhérence (symblépha-
ron et ankyloblépharon) et de son traitement.
a II existe trois espèces d'adhérences [entre les par-
ties de l'œil ] : l'adhérence de la paupière avec la
prunelle de l'œil [la cornée], celle avec le blanc de
l'œil et l'adhérence des paupières entre elles. Cette
maladie survient par suite de deux causes. L'une
d'elles est une ulcération qui se développe sur Fœil",
et la paupière , allongée , recouvre davantage le globe.
L autre cause est le traitement du ptérygium et du
pannus, lorsque l'œil n'a pas été soumis à une thé-
rapeutique convenable. Cette maladie enlève à l'œil
la facilité de ses mouvements.
« Traitement. — H faut introduire ui* stylet sous la
paupière, à l'endroit [de l'insertion] des cils [c'est-
160 JOURNAL ASIATIQUE,
à-dire au bord libre; tr. sub palpebra in loco] et Té-
lever [tr. elevabis palliant] à l'aide du stylet, ou la
tendre avec une ou deux érignes [tr. cum ano banio
vel cum daobas], puis disséquer l'adhérence avec une
aiguille à cataracte 1 [tr. cum mendech, alias moliace],
comme dans l'opération du ptérygium, jusqu'à ce
que les adhérences soient détruites [tr. aperiatur].
Si vous n'y réussissez pas avec l'aiguille à cataracte
[tr. et si non convenu ei mendech], disséquez-les avec
le scalpel [tr. cum gamedei]. Il faut éviter avec le
plus grand soin de tirailler la membrane cornée ,
car il pourrait en résulter une procidence de l'iris.
Ensuite instillez dans l'œil de l'eau de cumin et de
se] [une infusion de cumin additionnée de sel], pla-
cez entre les lèvres de la plaie du coton [tr. cotam]
imbibé d'huile de rose et de jaune d'œuf , et recou-
1 Les manuscrits ont c>gLvt ^ &ut, selon moi, ogtL. Le
mot cxg* ne se trouve point dans le lexique de Freytag. 11 est
fréquemment employé par les chirurgiens et oculistes arabes pour
une espèce d'aiguille à cataracte, différente du ^-(JlJL^ d'après
Avicenne (tom. I, pag. 353, éd. Rom.). De même que r-O^JL*
vient de fc> — 9 , «puiser avec une cuillère, vider ou écurer une
fontaine,! le mot ^x^», et non o4** doit dériver de c>*S
« épancher ou répandre un liquide, ■ bien que Castell Tait placé sous
c*g*t avec le sens duquel il n'a aucun rapport. Les Arabes nom-
maient la cataracte l'eau ( *U|); ils la regardaient comme l'accu-
mulation dans l'oeil d'un liquide opaque, et comparaient son opé-
ration à l'action d'évacuer une eau trouble, d'épuiser ou de vider
l'eau d'une fontaine, lorsqu'elle a perdu sa limpidité. C'est au
moins, ce qui me parait ressortir du sens des passages que j'ai com-
parés, bien*pt'à cet égard les chirurgiens arabes et les dictionnaires
gardent le silence.
AOUT 1847. 161
vrez l'œil d'un bandeau [tr. et liga saper oculam vi-
teUum ovi cum oleo rosœ\ Le second jour, instillez
dans l'œil de l'eau de cumin et de sel , et renouvelez
le bourdonnet [tr. lichinium] et l'application de
jaune d'oeuf sur la cicatrice [tr. saper seissuram]. Le
troisième jour, selon ce que [là marche de] la ma-
ladie vous indiquera [de faire], employez un col-
lyre épulotique.
«Lorsque l'adhérence existe entre les deux pau-
pières, alors il faut, si cela est possible , introduire
le stylet sous la paupière. Dans le cas contraire,
pratiquez du côté du petit angle une incision peu éten-
due, juste assez grande pour que le stylet puisse en-
trer; ensuite poussez la paupière en haut, au moyen
du stylet , et disséquezJa avec le scalpel [tr. cum game-
dein]. Si , au lieu du stylet, vous préférez introduire
la serpette [le scalpel falciforme , tr. elmengab , alias
falcem similem hamo] , dune forme semblable à celle
du scalpel en faux pour les fistules [tr. sicat mengral
fistulœ], servéz-vous-en pour l'incision [tr. et scindé
vel aperi cum eo etoperare ; il a donc lu JJfcUpour Joûb].
Lavez [la plaie] avec l'eau de cumin et de sel, et
placez entre les paupières du coton [tr. cotum ad-
modum tentœ] imbibé d'huile de rose et de scorie
d'airain [oxyde dé cuivre , tr. batiturœ œris] ou d'em-
plâtre de céruse [tr. vel emplastrum de cerusa decem
marsiam]. Gardez-vous bien de donner lieu à une
récidive de l'adhérence , en voulant fortifier la pau-
pière et en y appliquant aSsiflûment des collyres
[astringents], tels que la scorie et la pyrite. [Tr. et «'
162 JOURNAL ASIATIQUE.
redit çonglatinatio , cave ne fortifiées alcophôl et ako-
fkola eam qaotidie cum batitara œris et rustoim, etc.
Cette traduction fournit une troisième leçon : Jl
J*^sS"pour (^«Ul. Celle que j'ai donnée, sans être
en contradiction arec le sens grammatical un peu
vague du passage, est plus particulièrement basée
sur sa teneur médicale et sur la comparaison avec
les passages analogues des chirurgiens arabes.] »
A propos du travail de M. Hille , il se présente en-
core à mon esprit quelques considérations d'un autre
ordre, que je crois utile de signaler ici à mon jeune
confrère , ainsi qu'à tous ceux qui s'occuperont de
littérature ophthalmologique arabe.
i° Quant à la traduction , il, est évident que, si
elle doit faciliter la lecture de l'ouvrage à ceux qui
connaissent l'arabe et leur servir de guide, de com-
mentaire , elle est surtout destinée à remplacer le texte
original pour ceux qui ignorent cette langue. Il faut
donc qu'elle soit aussi littérale que possible. Toutes les
fois que la clarté du sens exigera l'addition d'un ou
de plusieurs mots explicatifs ou complémentaires ,
on ne devra ajouter ces mots qu'entre des crochets.
Plus d'une fois des discussions scientifiques ont été
soulevées qui n'auraient pas eu lieu sans l'addition
arbitraire de quelques mots par un traducteur. En-
core dernièrement ce cas s'est présenté à l'occasion
de recherches historiques sur l'opération de la ca-
taracte par le procédé de la succion, usité vers le
xe siècle , dans l'Irak et le Khorasan.
2° S'il est indispensable d'appliquer aux travaux
AOOT 1847. 163
des anciens une critique qu'on pourrait appeler pra-
tique f parce qu'elle doit avoir pour base l'étude cli-
nique et anatomique des maladies des yeux, il n'est
pas moins nécessaire d'avoir recours à la critique et
à l'herméneutique historiques. JLes Arabes ont pres-
que toujours puisé chez leurs devanciers. Là donc
où leurs écrits présentent de l'obscurité , on parvient
à la dissiper le plus souvent en remontant aux Grecs
et aux Romains. Loin qu'on puisse négliger l'étude
de ces derniers, on comprendra sans peine qu'il
faille commencer par eux avant d'arriver aux Arabes.
Dès que chez ces derniers il y aura quelque pas-
sage inintelligible , il faudra le comparer aux écrits
des auteurs grecs et romains. Souvent ils fourniront,
les Grecs surtout, l'origine d'une théorie, d'un mode
de traitement, le sens jet l'explication d'un terme
technique obscur dans le texte arabe. On ne devra
pas trop se hâter de regarder comme nouvelle une
idée ou invention médicale, émanant des Arabes,
avant que d'avoir bien compulsé sur le même sujet
la littérature ancienne de l'Occident, à moins tou-
tefois qu'il ne s'agisse d'un point relatif à une mala-
die manifestement nouvelle , endémique en Orient
et inconnue des anciens.
3° Quand les manuscrits arabes manquent , ou
qu'ils ne fournissent pas une leçon satisfaisante, les
traductions hébraïques peuvent y suppléer. Exacte-
ment calquées sur l'original , chose facile à cause de l'a-
nalogie des deux langues, elles conservent les termes
techniques arabes avecr l'orthographe exacte. Pour
164 JOURNAL ASIATIQUE.
cela, il leur suffit de substituer aux lettres du texte *
les lettres correspondantes de l'alphabet hébreu.
4° Les traductions latines du moyen, âge, soit
imprimées, soit manuscrites, sont également une
ressource qui n'est pointa dédaigner, en ce qu'elles
fournissent quelquefois de bonnes leçons, ou même
des passages oubliés dans les manuscrits arabes.
Lorsque le texte original nest pas venu jusqu'à
nous, un homme versé dans la connaissance de l'a-
rabe, et surtout de l'arabe médical , peut même , avec
leur aide, le reconstruire en partie, tandis que les
personnes étrangères à cette langue ne comprennent
absolument rien à ces traductions littérales et n'en
sauraient rien tirer. Pour ne citer qu'un exemple, le
mot mollijicatio, employé fréquemment dans les tra-
ductions latines du moyen âge, et spécialement dans
celles d'Ibn-Sina, ne donne souvent aucun sens, et
le texte reste tout à fait obscur, si, ne sachant pas
qu'il est l'équivalent de Ai^Jt**! , on n'y substitue le
mot de relaxatio, relâchement.
Le sujet de cette note nous rappelle une perte
très-sensible que l'étude de l'antiquité médicale , au-
tant de l'Orient que de l'Occident, a faite par la
mort prématurée du docteur Dietz, professeur de
clinique médicale à la faculté de Koenigsberg. Cet
homme d'un profond savoir, pendant ses longs
voyages, a collationné et copié une quantité innom-
brable de manuscrits médicaux grecs, latins et ara-
bes , dans la plupart des bibliothèques de l'Europe.
Si M. Hille pouvait obtenir du gouvernement de
AOUT 1847. 165
Prasse l'autorisation de mettre à profit les matériaux
inédits recueillis par Dietz , il en tirerait sans doute
un parti très-avantageux pour l'exécution de son
plan littéraire. Ce serait un élément de plus pour
assurer à son entreprise, déjà si méritoire par elle-
même, un accueil favorable auprès du monde médical.
Certes, ce n'est pas Tétudë de la langue arabe qui
contribuera à former des praticiens. Mais ceux qui
cherchent dans une science qi^elque chose de plus
que le simple besoin de tous les jours; ceux qui n'i-
gnorent pas que l'étude de l'histoire d'une science ,
et particulièrement de la médecine, fait éviter les
erreurs séculaires où conduit l'esprit de système:
ceuk-là ont la conviction, devenue aujourd'hui gé-
nérale, que l'étude des langues occidentales est loin
de suffire, et que c'est un tort de les avoir cultivées
exclusivement et aux dépens des langues orientales.
D serait à désirer quun certain nombre de jeunes
médecins instruits, non encore surchargés, par les
devoirs de clientèle et d'enseignement, s?entendîs-
sent pour répartir entre eux les recherches histori-
ques à faire, dans les auteurs arabes, sur les diffé-
rentes branches de l'art de guérir. H va sans dire
que ce travail est inexécutable , si, à un profond sa-
voir dans les langues grecque, hébraïque et arabe,
pn ne joint pas une connaissance pratique et non
moins prpfonde des diverses branches *de la méde-
cine que l'on choisira de préférence pour objet de
ses investigations,
Sichel, D. M- ^
166 JOURNAL ASIATIQUE.
LETTRE
Sur quelques mots arabes qui se trouvent dans le cclxiv* chapitre
de la Chronique catalane d'En Ramon-Muntaner, par M. Rein-
hart Dozy.
A M. DAVEZAC, A PARIS.
Leyde, 3 mai 18^7.
Monsieur,
A l'époque où je rédigeai mon ouvrage sur les noms des
vêtements chez les Arabes, je ne pouvais consulter l'original
de la Chronique catalane de Muntaner, car vous savez que les
anciennes éditions de cet ouvrage sont si rares, qu'aucune
bibliothèque en Allemagne ou en Hollande n'en possède un
exemplaire. Depuis ce temps, M. le docteur Charles Lanz a
rendu un service éminent à l'histoire et à la philologie en
donnant unie nouvelle édition de cet important ouvrage1.
M'étant hâté de me la procurer, j'y avais remarqué le pas-
sage que vous nie signalez. Permettez-moi de vous soumettre
mes observations à ce sujet ; peut-être pourraient-elles intéres-
ser aussi quelques lecteurs du Journal asiatique; c'est pour-
quoi, je reproduirai le texte catalan du passage en question :
a E com yo fuy dauayllat de la galea, yo fin treer dos baies
de tapits en terra, qui eren de Tripol, e anibles e ardiens e
almaxies e alquinals e maetans e jucies e daltrts joyes. »
Nous sommes d'accord, je crois, et la particule e avant
anibles le prouve suffisamment , que les objets énumérés par
Ramon Muntaner n ont rien de commun avec les tapis de
Tripoli. Ce point admis , le premier mot d'origine arabe que
1 L'édition de M. Lanz a paru en 18/4/1 ; elle forme le huitième volume
des ouvrages publiés par la Société littéraire de Stuttgart.
AOUT 1847. 167
nous rencontrons est antble. J'ai fait observer, dans mon
Dictionnaire (p. 91, a l\ 3), que les auteurs espagnols repré-
sentent fort souvent le son, f~, qui, en Afrique et en Espagne,
se prononçait é, par î ou f. Vous savez également que le fa
arabe et le b catalan se permutent, de même que les lettres
b et v en espagnol. Anible est donc le mot arabe *JiU , avee
l'article iiiUlt ariîfle, arable, amble. Ce mot signifie, en gé-
néral , un cadeaa. U s'agit probablement ici de ces élégantes
bagatelles dont on fait présent aux femmes , et je suppose
que les ambles furent offertes à l'infante. Le mot ardiens, qui
suh% ne présente aucune difficulté ; c'est le mot arabe i&ïjl
pluriel de >F3j, «un manteau» (mon Dictionnaire, p. 69)
Suit almaœie. C'est le mot arabe £Ukt| almagschiyeh , qui
manque dans nos dictionnaires ; mais divers autres termes
dérivés de cette même racine ^ûd signifient tegumentum, vé-
lum. Il désigne sans doute ici un mouchoir* précieux dont on
couvre divers objets pour les préserver de la poussière. Vous
remarquerez que Yx a ici le son du jota espagnol suivi d'un
schin. Nous n'avons pas besoin de nous arrêter au mot alqui-
nal; l'espagnol a conservé ce terme, et vous avez déjà remarqué
vous-même que c'est le mot arabe &(jjf , dont j'ai parlé dans
mon Dictionnaire. Mactan est le terme arabe «Liu, qui,
ainsi que je l'ai fait observer (Dicïiûnnaire , pag. 368), dé-
signe une pièce d'étoffe, et encore (p. 180) le Un. Vous voyez
que Muntaner représente le son nasal £ au moyen du n na-
sal. D ne nous reste à explique* que jucie, et j'avoue que
c'est le seul mot qui m'ait embarrasse. Vous êtes porté à
créire que c'êbt le terme TajêIô ichéschiyah, sur lequel j'ai
parlé longuement dans mon ouvrage. Je dois avouer que je
n'ai trouvé aucune explication qui me parût plus satisfaisante ;
mais si jucie est réellement schèschiyah, schischiyah selon
la prononciation des Espagnols, je proposerai de lire jicie
au Heu de jucie, caria voyelle u ne peut s'expliquer ici d'au-
cune manière. Il est déjà probable a priori qu'il y a quelques
168 JOURNAL ASIATIQUE.
fautes dans les mots arabes qui se trouvent dans l'ouvrage
de Muntanjer, publié par des éditeurs qui ignoraient l'arabe,
et l'expérience confirme cette supposition. Ainsi, on Ut dans
le chapitre ccxlvii : • Ani be ha soltan , • au lieu de « Ani ben
ha soltan » ((^LLLJt ^[ liî, « je suis le fils du sultan •). Ce
passage où Ton trouve ani au lieu de ané ou anag prouve
encore que Muntaner représente le son, è par i.
Voici donc la traduction du passage en question : « Quand
je fus débarqué de la galère , je fis porter à terre deux ballots
de tapis qui venaient de Tripoli, de jolis cadeaux, des man-
teaux, des mouchoirs précieux, des fichus que Ion pose sur
sa tête, des pièces d'étoffe, des bonnets et d'autres présents. »
Veuillez agréer, etc.
NOTE
Sur deux passages d'Ibn-Bathouthah.
A M. LE RÉDACTEUR DU JOURNAL ASIATIQUE.
Paris, le 7 mai 1867.
Monsieur et cher confrère ,
Suivant le désir qu'en a témoigné mon excellent ami M. le
docteur Reinhart Dozy, M. d'Avezac m'envoie la lettre qui
précède , avec prière de la faire insérer dans le Journal asia-
tique. En vous la transmettant, je prends la liberté d'y join-
dre quelques courtes observations sur deux passages d'Ibn-
Bathouthah. Ces passages n'ont rien de commun, il est vrai,
avec celui qui fait l'objet de la lettre de notre savant et labo-
rieux correspondant; mais ils ont été publiés par M. Dozy,
dans un important ouvrage dont j'ai entretenu, il n'y a pas
longtemps, les lecteurs du Journal asiatique r. J'ose donc
croire que l'on voudra bien accueillir cette note comme une
1 Numéro d'octobre 18A6, pag. 366 et suiv.
AOUT 1847. L69
espèce de supplément à mon article , et que , grâce à ce titre ,
on ne lui reprochera pas d'arriver à contre-temps.
Dans l'inappréciable Dictionnaire des noms 4es vêlements
chez les Arabes1, on lit un passage d'Ibn-Bathouthah, ainsi
conçu :>>^4^ ç*»j-° [sic) Ojd^'j^j cilki-JI l$~fj J^j
j^î^l^Ul jjfcjjj o^Uf <jj. t,EUe portait sur sa tête un hoq-
thaf, c'est-à-dire, un akhrouk, incrusté de pierreries, et orné
de plumes de paon à sa partie supérieure. » Le même mot
cjubb se rencontre dans un autre passage du voyageur
maghrébin, également publié par M. Doay*. On y lit : « Sur
la tête de la khatoun se trouvait un bogthaf, c'est-à-dire,
une espèce de petit tadj (couronne), orné de pierreries, et,
à sa partie supérieure, de plumes de paon. » M. Dozy a fait
observer, entre parenthèses, que le mot OUuu, employé
dans ces deux endroits par Ibn-Bathouthah , n'était autre que
le mot persan ci^u- Ceci exige une explication. Le mot
(jLxàJ ne me parait pas correctement écrit. On le trouve,
il est vrai, dans la dernière édition du Dictionnaire per-
san-anglais de Richardson, avec le sens de turban; mais
on y lit aussi ^Uaju, avec la même signification, et cette
dernière leçon me semble préférable. i°On la trouve dans le
Borhani Cathi, avec cette explication : Jfi-*> c5^^ (jj^2*^
0OjjT-ÎjC£!-)J>j «il^Li^ OJAJ* • ° Bagthak, avec le tha, se
prononce avec les mêmes voyelles que tchathmak (pierre à feu) .
C'est le nom qu'on donne à. un bonnet et à une fente (puden-
dum muliebrei) s. » On lit, un, peu plus haut, dans le même
dictionnaire « que bagtak s'écrit aussi avec un ta, $\ — X-A-j
owàji' t^L— >L>. Mais on y chercherait vainement la forme
oL&u ; ce qui me fait croire qu'elle s'est glissée, dans le Ri-
chardson , à la faveur d'une faute d'impression, a0 J'ai colla-
tionné les deux passages en question d'Ibn-Bathouthah , sur
un des manuscrits de la Bibliothèque royale. Celte copie ,
1 Pag. a3.
a Ibidem, note î.
* Borhani- Cathi , édition de 1 83/i , pag. i3 1 . ,
170 JOURNAL ASIATIQUE.
écrite en caractères maghrébins, porte distinctement, dans
l'un et l'autre endroit, c>Lk*JI\ c'estrà-dire, en tenant
compte de la valeur particulière au ci » avec un point par-
dessus , dans l'écriture maghrébine , (j'LLéj •
D'ailleurs , le mot bogtac se rencontre souvent chez les écri-
vains persans, et toujours sous une de ces cinq formes:
^LcjU, ijfLx&i, (jfltéjj ou ô^*J** ou encore <3^ ■*' 4**
M. Quatremère en a donné plusieurs exemples *. Il ressort
de ces exemples que le bogtac était une coiffure en or, brodée
de perles ou ornée de pierreries, dont se servaient les kha~
toun (princesses) mongoles, et dont l'extrémité ou appendice
J^_-ô traînait jusqu'à terre. On lit dans RaschicUEddin :
sa tête, et devint khatoun. • M. Quatremère a aussi indiqué
des passages de Rubruquis, où ce voyageur, décrivant le ces*
tume des femmes mongoles, fait mention d'un ornement de
tête que portaient exclusivement les femmes mariées, et qu'il
appelle botta et boccha, c'est-à-dire , comme le suppose le
savant académicien, bocta. M. Quatremère a omis de nous
apprendre si le bogtac est encore en usage chez les Orien-
taux. Mais , ou je me trompe fort, ou c'est cette coiffure qu'a
en vue M de Meyendorff, quand il nous parle « d'un riche
diadème fort haut en or, garni de turquoises et de rubis-
balais, coiffure de femme kirghize *. » C'est elle aussi que je
reconnais dans ce passage d'un entreprenant et trop malheu-
reux voyageur : « Cest le privilège d'une femme mariée (chez
les Turcomans) de placer sur sa tête un bonnet pesant et
difforme, quelque peu semblable à celui d'un hussard : delà
partie postérieure de ce bonnet pend une bande de soie rouge,
et sur le devant sont enfilées autant de monnaies d'or que le
mari peut en fournir*.» Cest encore le bogtac dont parle
1 Mb. avabe, supplément n° 668, fol. 167 r. 169 r.
- Histoire des Mongols de la Perse, pag. 10a , note So.
3 Voyage d'Orenbourg à Bokhara , pag. 1 7.
4 Journey to the north of India, overland front England throagh Russia,
Persia and AfghanisUmn ; by lient. Arthur Conofiy, a* édition, t. I , p. i£o.
AOUT ia47. 171
Fraser, dans un passage de son précieux voyage dans le Kho-
racan , passage que son étendue m'interdit de reproduire ici ' .
Enfin , selon Klaproth (Voyage au Caucase et en Géorgie, t. II ,
p. a 46, aàsj) » bogtac désigne encore la coiffure des femmes
d'un certain âge chez les Tcherkesses et les Ossètes.
Ma seconde observation portera sur un passage d'ibn-
Bathouthah, qui a été cité en deux endroits différents , par
M. Dozy'. On y lit, en parlant de la cour du souverain mon-
gol du Kiptcbak : • Alors vient le baroudj\â c'est-à-dire, Técuyer
tranchant; il porte des habits cU soie, par-dessus lesquels
est attachée une serviette de soie, etc. • Au lieu de ^Utl,
baroadjij je n'hésite pas à lire ^j>y-y î , baverdji. D'abord ,
la leçon bawartçhi ^jjI—j est donnée par Richardson ,
avec cette double signification : • Officier chargé du soin de
la table d'un grand , cuisinier. • Cette leçon et cette explica-
tion sont confirmées par le Borhani-Cathi, dans lequel en lit:
tV-ôLi ftL^^L f[*b} «Usli* A&&J J& L$V&^ *•» CV"t *£&jj
*ùA £ (Jjte i\4? \S** o*^j cvf fjj\}^ O^J o*J O^J
o*f. « Bavertchi. C'est ainsi que l'on appelle, dans l'Hin-
1 Narrative ofajourney into Khorasan, pag. a65, 266. Plus loin (Appen-
dix B , pag. 68 ), Fraser nous apprend que «les femmes uzbèkes de Khivah se
vêtent, en grande partie, comme celles des Turcomans du désert, portant
sur la tète un bonnet élevé, avec de nombreux ornements, qu'il n'est pas
facile de décrire, et un mouchoir par-dessus cette coiffure.» Le premier de
ces passages de Fraser doit être rapproché de la description du bocca, par
Rubruquis (édition de la Société de géographie, dans le Recueil de Voyages
et de Mémoires , tom. IV, pag. a 3 a , a 3 3) . (Cf. aussi l'excellente édition de Jean
du Plan de Garpin, publiée par M. cTAvezac, dans le même recueil, loc.
laad. p. 61 5, et Pétis de la Croix, Histoire du grand Genghizcan, p. A70.)
On remarquera facilement que la forme du bogtac a quelque peu changé
depuis le xm* et le xiva siècle.
* Pag. 1 Ao et pag. 339 , note 1 .
172 JOURNAL ASIATIQUE.
doustan, un cuisinier. L'auteur du Mouveud-al-Fodhéla
( l'auxiliaire des hommes distingués ) , dit que ce mot signifie
aussi : • l'officier préposé pour goûter, avant le prince, les
boissons et les mets servis à la table royale. Il est écrit dans
Bleninski, avec le même sens, sur l'autorité du Ferhengui-
ChoourL C'est un mot de la langue du Kharezm. On le trouve
aussi employé dans ce sens avec un àjim (baverdji) \»Un
autre synonyme de baverdji , chez les Turcs, d'après le sultan
Baber\ c'est le mot JjLio bahdoûl. Ce mot est encore en
usage à Bokhara.lSn effet, d'après Khanikoff, le bakaoul est,
dans cette ville, le chef des cuisiniers8. Quant au titre de
Baoardjiou Baverdji, il a été porté par des personnages illustres
chez les Mongols, tels que Kitobouca-Noïan * et Poulad-
Tchingsang. Aussi me parait-il peu convenablement traduit,
en parlant de ce dernier, par le mot cuisinier8. C'est abso-
lument comme si l'on donnait le titre de cuisinier au célèbre
voyageur Bertrandon de la Brocquière, sous prétexte qu'il
était premier écuyer tranchant de Philippe le Bon , duc de
Bourgogne.
Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance des sentiments de
haute considération avec lesquels je suis,
C. Defrbmery.
1 flor/wm- Cat/u, appendix, pag. i5.
1 Cité par M. QusXremère l Histoire des Sultans mambuks, tom. I, p. a,
note A.
3 Bohhara : ïts amir and its people, translatée from the rmsian by the
baron CL A. de Bode, pag. 2 Ai.
* Rachid-eddin , Histoire des Mongols de la Perse , pag. i38.
5 Ibidem, pag. 77, note.
AOUT 1847 173
NOUVELLES ET MÉLANGES.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 0 JUILLET 1841
Il est donné lecture du procès-verbal de la séance précé*
dente; la rédaction en est adoptée.
On lit une lettre de M. le Ministre de l'instruction publique*
qui annonce à la Société qu'il lui accorde une subvention de
cinq cents francs pour Tannée courante, et exprime l'espoir
qu'il lui sera plus tard possible de renouveler et d'augmenter
l'indemnité attribuée à la Société.
M. Dittel, professeur à Saint-Pétersbourg, est présenté
par MM. Reinaud et Stanislas Julien ; il est reçu membre.
On procède à la nomination de la commission du Journal.
Le résultat du scrutin donne les noms suivants :
MM. Burnouf,
G. DE LflkGRANGE , •
Landresse ,
Garcin de Tassy,
MOHL.
M. Biot propose de mettre dans le règlement qu'aucun
mémoire ne puisse être inséré dans le Journal sans que l'au-
teur en ait donné connaissance au conseil. On demande de
nommer une commission pour examiner cette proposition ,
qui n'est pas adoptée.
OUVRAGES PRÉSENTÉS DANS LA SÉANCE DU 9 JUILLET.
Par l'auteur. A Chrestomathy ofthe Pushta or Afghan lan-
guage to which is subjoined a Glossary in afghan and english.
Edited by Fr; ReijihardOozy. Saint-Pétersbourg, 1847, in A'.
174 JOURNAL ASIATIQUE.
Par l'auteur. Glossarium sanscnptum in quo omnes radiées et
vocabula usitatissima explicantur et cum valgatis gratis, Infi-
nis, etc. eomparantur a Francisco Bapp. Berolini, 1847, m"4°«
Par l'auteur. The progress of Eihnology, by John Russe!
Barkhtt. Newyork, 1847, in-8°.
Par Fauteur. Beschreibung einer silbemen Schale von Otto
Bœthlingk. Saint-Pétersbourg, in-8°. *
Par la Société; Transactions of the american phiksophècal
Society in Philadeîphia. Vol. IX, p. m. i846, in-4°.
Par la Société. Bulletin de ta Société ethnographique de
Paris, tom. I, année 1847. Paria. (
Par Fauteur. Notice sur les Yang delà Chine, par M. Na-
talis Rondet. (Extrait du Journal asiatique.) 1847, in~8°*
Par Fauteur. La Rhétorique des nations musulmanes, par
M. Garcin deTassy (4* extrait). Pari}, 1847, in-8*.
NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. KRAFPT.
M. Albert Krafft, membre de la Société asiatique , est mort
le a 3 mai 1847. Né * Vienne (en Autriche ), le a 5 février
1816, il fit ses études au Gymnase des Bénédictins dits les
Ecossais. Il fréquenta en même temps, pendant deux ans,
F Académie des arts plastiques; car son père, directeur de la
Galerie impériale et royale de tableaux, le destinait à la pein-
ture. Mais , dès qu'il eut commencé ^on cours de philosophie
à l'Université, il sentit s'éveiller en lui un penchant irrésis-
tible pour les sciences. En 1 83 5, le jeune Krafft fut reçu à
F Académie des langues orientales. Dès ce moment, les lan-
gues turque , persane et arabe devinrent son étude favorite.
S' appliquant par inclination et par devoir à la littérature de
ces trois langues , doué comme il Fêtait de talents distingués
et d'un zèle infatigable , il y fit des progrès brillants et
rapides.
Pendant dix ans, il avait, sous la direction de son père,
AOUT 1847. 175
étudié, dan» le plus grand détail, la Galerie de tableaux,
et recueilli les matériaux, pour en faire un catalogue. En
i836 il publia ce catalogue ,ydont l'exactitude a été généra-
lement appréciée. La quatrième édition de cet ouvrage a
paru en i845, en français et en Allemand.
Lorsque M. Kxafft eut achevé ce travail , il employa les
loisirs que lui laissait son cours d'études à l'Académie des
langues orientales à visiter le cabinet des médailles et des
monnaies, et à décrire les monnaies orientales qui s'y trou-
vent Il comptait en publier un catalogue raisonné. Son tra-
vail doit être à peu près terminé , et il serait bien à regretter
si ces écrits sur cette matière venaient à se perdre. Pour foire
la copie des pièces qu'il décrivait, et la multiplier à volonté,
il avait inventé un procédé aussi simple qu'ingénieux, dont
il a donné de nombreux spécimens dans les Wiener Jahrbù-
cher der Litteratur. Ce fut vers ce temps-là qu'il fut nommé
membre de la Société archéologique d'Athènes.
En i84o, il entreprit de faire le catalogue très-détaillé des
manuscrits que possède l'Académie des langue* orientales.
Cet ouvrage, publié en i84a , prouve l'étendue des connais-
sances que possédait le jeune orientaliste. Ce fut en consi-
dération de ces mérites, qu'en i84i il fut nommé secrétaire
à la Bibliothèque impériale et royale. On le chargea démettre
en ordre les manuscrits orientaux et les livres imprimés en
Orient, et d'en faire le catalogue. Il s'occupait de cette tâche
avec son zèle accoutumé, lorsque la mort est venue l'inter-
rompre dans ses travaux. M. Krafilt avait aussi étudié la
langue arménienne et la langue hébraïque. En considérant
son goût pour la littérature orientale, son caractère doux et
tranquille, et son esprit d'ordre, on serait tenté de dire qu'il
était né pour la place qu'il occupait ; aussi sa perte sera-t-elle
longtemps et vivement ressentie à la Bibliothèque impériale.
M. Krafft était en même temps interprète pour les langues
orientales et pour la langue grecque au tribunal des nobles
de la basse Autriche.
En i844» il fut nommé correcteur à l'Imprimerie impé-
176 JOURNAL ASIATIQUE.
riale pour les ouvrages orientaux , et chargé de tracer les
types et de surveiller la fonte des beaux caractères neschi
que possède maintenant cette imprimerie, qui, sous son di-
recteur actuel, M. Auer, a pris un tel essor, que, pour la ri-
chesse et la multiplicité des caractères orientaux, elle doit
être considérée comme une des premières de l'Europe.
Outre les ouvrages indiqués, M. Krafft a inséré un grand
nombre d'articles dans les Wiener Jahrbâcker fier Litteratur,
et dans les journaux littéraires. H avait aussi traduit un ma-
nuscrit arabe, très-rare, que possède l'Académie des langues
orientales, et qui est intitulé : t^ *-^ <J o-O4*^ *"fj>
^Off ^jil 0-jj-^, Histoire des Beni-Merin (voyez le nu-
méro CCLIV du catalogue de M. Krafft) , et il se disposait à
publier sa traduction , lorsque la longue maladie à laquelle
il a succombé, l'a empêché d'y mettre la dernière main.
La mort, en l'enlevant au début de sa carrière, a privé la
Bibliothèque impériale d'un employé aussi actif qu'éclairé ,
et sa ville natale , d'un jeune homme plein de talents , qui ,
avec l'amour de l'étude dont il était animé , n'aurait pas
manqué d'occuper bientôt un rang distingué parmi les sa-
vants orientalistes dont s'honore l'Allemagne.
PiQueré.
JOURNAL ASIATIQUE.
SEPTEMBRE 1841
NOTICE
Sur le premier Àntmaire (x*U)Lm sâînâmè) impérial de l'em-
pire ottoman, publié à Constantinople pour l'année de
l'hégire 1 263 ( 1847 ).
Depuis qu'il subit l'irrésistible ascendant de fa
civilisation européenne, l'empire ottoman est évi-
demment celui de tous les Etats de l'Europe dont
1 organisation politique a, durant le quart de siècle
qui vient de s'écouler, éprouvé le plus de change-
ments et d'innovations. Il y a quelques années encore
que la suite du tableau de cet empire, publiée en
18a 4 par M^ Charles d'Obsson, et les publications
non moins importantes de M. de Harnmer, pou-
vaient être considérées comme les ouvrages qui fai-
saient le mieux connaître l'état * politique , civil,
militaire et administratif de la Turquie; mais, à
partir des réformes introduites dans là constitution
de ce pays , d'abord avec tant de peines , par Mah-
moud II , et continuées ensuite par la noble et coura-
T78 JOURNAL ASIATIQUE.
geuse persévérance de son fils sultan Abdul-Medjid ,
actuellement régnant, les ouvrages que nous venons
de citeïi, tout précieux et indispensables qii'ils sont
encore au point de vue historique, ne pourraient
plus donner une idée précise et exacte de l'empire
ottoman tel qu'il existe aujourd'hui. Datas l'absence
totale d'un seul ouvrage qui résume le nouvel ordre
de choses, le public aurait donc pu longtemps en-
core ignorer complètement l'organisation intérieure
de cet empire et de ses rapports, même avec l'é-
tranger, si l'Annuaire qui fait l'objet de cette notice
n'était venu, par les renseignements curieux et utiles
qu'il renferme, jeter un nouveau jour sur cette ma-
tière 1.
Ce document, qui, pour la forme aussi bien que
(tour le fond, eat une imitation de notre Atarjahach
royal , forme uo volume in- 1 a de <;ent quatre vingts
pages environ, écrit en turc, et lithographie avec
beaucoup de soin. L'éc? iture neskhy en est teHe-
n&ent serrée, que sa traduction littérale en français
pourrait fournir la matière d'un volume de plus de
quatre cents page» ii*-8°.,
Dans la courte préfeee de cet ouvrage , l'auteur,
ou l'un des rédacteur», nous apprend que, nouveau
1 En faisant le premier connaître en partie dans un Aperçu placé à la suite
de sa grande et JbeHe Histoire de l'Empire etteaian tas innovations progre#-
sives de Mahmoud II, M. de Hammer avait déjà fait entrevoir, avec autant
de talent que de précision , toute la diversité qui existe entre les nouvelles
et les anoieanes institutions» Cependant , comme les indications de et savaat
orientaliste ne dépassent pas Vannée i834 , on comprendra tout ce que le
progrès rapide et non-interrompu des réformes , durant treize années consé-
cutives , a dû produire dis «Wigemeats.
SEPTEMBRE 1847. 179
gage de cette sollicitude pour le bien public dont
Sa Majesté le sultan Abdul-Medjid a donné de si
nombreux témoignages depuis son avènement, cet
Annuaire a été rédigé par son ordre, et publié sous
ses auspices impériales.
Résumant ensuite dans un court sommaire les
matières qu'il renferme : «celles-ci se, composent r
dit-il, i° d'un calendrier, *~*>& taqvîm, indiquant les
mois et les jours de Tannée solaire et lunaire *et fai-
sant connaître, avec les fêtes religieuses des diverses
communions musulmanes, chrétiennes et juives, ta
tenue et la durée des grandes foires, j— i^>U^ àyo
buïuk panâïrler, qui ont lieu annuellement sur di-
vers points de l'empire; s° de plusieurs tableaux
explicatifs, savoir : celui du cabinet ou des ministres
d'État de la Sublime Porte, aaX* oJ,* ^^ vukeldï
devleti 'alïiè; 3° celui des autres vizirs et hauts fonc-
tionnaires du gouvernement en résidence à Cons-
tantinople et dans les provinces*^0 celui des agents
diplomatiques et consulaires de la Sublime Porte
auprès des puissances chrétiennes; 5° celui des am-
bassadeurs et autres agents des puissances étrangères
accrédités auprès du gouvernement de SaHautesse;
6° d'uhe statistique de» Etals "européens, qui in-
dique succinctement la composition de leur minis-
tère, la forme et les ressources de leur gouverne-
ment; 70 d'un tableau des monnaies turques et
européennes ayant cours dané l'empire ottoman,
avec l'indication de leur valeur en piastres turques,
^V* ' ghoaroach, et en •>l, para, conformément
180 JOURNAL ASIATIQUE,
au règlement adopté à cet égard à l'hôtel impérial
des monnaies de Constantinople ; 8° d un état gé-N
néral ou livre des postes de terre, jJ*JJ»y$ y
qara postalar, qui desservent lès principales routes
de la Turquie d'Europe et d'Asie , avec l'itinéraire
des différentes lignes suivies par les courriers du
gouvernement; 90 enfin, un tableau indicatif des
jours d'arrivée et de départ, de tous les bateaux à
vapeim qui , sous la direction des diverses compa-
gnies ottomanes et européennes, parcourent aujour-
d'hui les mers du Levant. »
L'auteur, en terminant sa préface, prévient le
lecteur que cet Annuaire est destiné à être publié à
l'avenir tous les ans. Il observe, en outre, que si,
pour l'année courante, il laisse encore beaucoup à
désirer, il espère néanmoins trouver dans l'accueil
que le public aura bien voulu faire à ce premier
essai, l'encouragement et les moyens de lui donner,
dans la suite , le degré de perfection qu'on est encore
en droit d'attendre.
Cet extrait de la préface de l'auteur ne pouvant
donner qu'une idée très-incomplète de cet Annuaire
et de son utilité , nous entrerons dans plus de dé-
tails sur les parties essentielles dont il se compose,
sans toutefois nous astreindre à un traduction, dont
l'étendue dépasserait les limites de cette notice.
De toute cette hiérarchie des divers pouvoirs
ottomans et du personnel dont elle se coçnpose,
nous ne voulions d'abord qu'indiquer les noms des
fonctionnaires appartenant aux branches principales
SEPTEMBRE 1847. 181
des services publics ; mais , considérant que la tota-
lité de ces noms dépasse à peine ici le nombre de
sept cents, nous n'avons pas voulu, pour quelques
retranchements insignifiants, ôter à cette statistique
le caractère de simplicité qui lui est propre, et qui
contraste , d une manière si frappante , avec les com-
plications et les prodigalités administratives de la
plupart des gouvernements européens.
Ce n'est , au reste , que depuis les réforme* de
Mahmoud II que des réductions importantes ont
été opérées dans les emplois publics , et plus parti-
culièrement encore dans le personnel du palais im-.
périal. Toutes ces charges de l'ancienne cour, somp-
tueux et inutile héritage de celle du bas-empire,
ont aujourd'hui presque entièrement disparu, pour
faire place à un ordre de choses plus en harmonie
avec les usages des gouvernements européens. M. de
Hammer a déjà fait connaître celles de ces suppres-
sions qui avaient eu lieu jusqu'en 1 834. Dans ce
moment encore, il s'en effectue chaque jour de nou- '
velles; et nous devons aux communications bien-
veillantes de M. l'ambassadeur de la sublime Porte
à Paris, l'indication de changements notables qui
ont eu lieu depuis la publication même de cet an-
nuaire , et que nous nous sommes empressé de mettre
à profit dans cette traduction.
L'indication textuelle des nouvelles fonctions ad-
ministratives, et celle des noms géographiques que
nous nous sommes attaché à rendre , dans cette no-
tice , en caractères turcs , avec leur prononciation en
182 JOURNAL ASIATIQUE,
lettres françaises, nous ait paru de nature à intéres-
ser ies orientalistes , et n être pas inutiles à ceux de
nos agents qui appartiennent à la carrière diploma-
tique et consulaire du Levant.
CALENDRIER, ^»yb taqvim.
Ci0 calendrier- est divisé en cinq colonnes principales. La
première, qui est celle des quantièmes du mois, se subdivise
elle-même en jours ou quantièmes arabes, grecs ou francs;
la seconde colonne indique les jours de la semaine en turc ;
. Ja troisième, le temps du midi, *>Jô zouhr, et se subdivise
/en deux autres colonnes, celle des heures et des minutes; la
quatrième colonne indique les saisons, les jours fériés mu-
sulmans, la tenue et la durée des grandes foires, j^U^
panàïr l, et les premiers du mois de Tannée solaire ; la cin-
quième colonne, enfin, marque les jours de jeûne des diffé-
rentes communions et, par abréviation, les fêtes religieuses des
Grecs et Arméniens schismatiques , des Grecs et Arméniens
catholiques, des Latins ou Francs et des juifs.
1 Ces foires, qui se divisent en foires ordinaires et grandes foires, sont
celles d'Angora, de Berghaus, d'Okhri, de Bazardjik, d'Eskidjuma, de
Balouc ecer, de Cavanna, de Schoumla, de Caria Abad, de Yamboli, de
Varna, de Caraçou (une foire d'été et une d'automne), de Mer'ach en Ma-
cédoine, de Tatar Bazari, de Yanina , de Serfidjè, de Tcherpau, de Otizoundjè
ovm, de Silivri, de Ncvracoub, d'Istemuak, de Sistov, de Tchataldjc,
d'Eski Zaghra, de Yenidjè, de Kyzanlyk et de Zilè.
SEPTEMBRE 1847. 183
CONSEILS MINISTÉRIELS ET ADMINISTRATIFS DE
LA SUBLIME PORTE, jufe- cJ3» ^J\a&>MEDJA.
UCI DEVLETI ALJÎÈ.
MrMSTRES SECRÉTAIRES D'ÉTAT ET MEMBRES DU CONSEIL
PRIVÉ , Jpt-£* (jnJ^ ^Uâ-fcl y a&m» <^UULm ^S^
VUKELAÏ SALTHANETl SRNÏlÈ VÉ A'ZAÎ MEDJlICI
UiASS.
Le grand vizir, plàfi] j«X^ sadriazéyi, Moustafa Recliid
^acba1;
Le mufti ou cheikh ul-isiâm , ^%$sj»$\ #J», Arif Hikaiet
bey efendi ;
Le conseil privé se compose en outre de huit muchirs,
jjçâvt , conseillers ou sous-secrétaires d'Etat*, et de trois fonc-
tionnaires de premier rang, qui sont :
Mehemmed Khosrev pacha;
Mehemmed Sa'ïd pacha, ser asker, général en chef de la
garde impériale, des troupes réglées, et ministre de la
guerre-,
1 Cet homme d'Etat, duquel dépendent aujourd'hui le succès des réformes
et la prospérité de l'empire Ottoman , est le même qui , durant plusieurs an
uées, a rempli, avec autant de talent que de succès, les fonctions de ministre
des affaires étrangères à Couslantinopic , et d'ambassadeur de la Porte en
France et en Angleterre.
* Dans l'ordre militaire, ce mot de muchir désigne également un grade
intermédiaire entre celui de ser asker, généralissime , et équivalant à celui de
maréchal. C'est aussi celui d'un officier général revêtu 4'un commandement
en chef. On peut encore l'assimiler à celui de feld maréchal en Autriche.
184 JOURNAL ASIATIQUE.
Ahmed Fethi pacha, grand maître de l'artillerie, chargé
en outre de la garde des détroits et des places fortes de l'em-
pire1;
Khalil Rif'at pacha, capitan pacha, ayant dans son dépar-
tement une partie des îles de la mer Blanche, c'est-à-dire
de la mer Egée et de Y Archipel;
Sadyq Rifat pacha, président du conseil suprême de jus-
tice, (£M*-ip A-*J«>^ y&>*\ &*\) \jà*r medjîici vâlâï
ahkiâmi 'aalïiè reïci;
Sarym pacha, ministre des finances, «-gjlâb A-&JU mâlïi
nâziri;
Riza pacha, ministre du commerce et de l'agriculture,
ugjlâti iï+sSjj) ^>j\*F tidjâret vè zirâ *at nâziri;
Hacib pacha, intendant des vaqfs ou fondations pieuses,
igjiête (jy-^i ôbj>f evqâji humàîoun nâziri;
Arif pacha, membre du conseil de justice ;
Mehemmed Hafyz pacha, ministre de la police, ft A fa»^
igjiôi) zabthïiè nâziri ;
Ali efendi, ministre des affaires étrangères, *-A_r»^L^
^bb khâridjïiè nâziri;
Hadji Edhem bey, conseiller j \j$*jJ*** mustechqr du grand
vizir ;
Thahir bey, intendant de la sultane validé et directeur
général de la monnaie, a_jL>?^^ UX* «Xy* ^l^X^aiO
^-bb kethhoudâi mehdi Wïâ vè zarbkhânè nâziri.
CONSEIL SUPREME DE JUSTICE, y& T»t ^\^ j» i <
A*J«X* MEDJLICI VALAÏ AHKIAMI *ADLÏIÈ.
Ce conseil se compose d'un président, de six membres, et
d'un premier et d'un second secrétaire. Le président et les
quatre premiers membres du conseil ont le rarçg de mucliir ;
1 Beau-frère de Sa Majesté le sultan , ancien ambassadeur à Vienne et à
Paris.
SEPTEMBRE 1847. 185
les cinq derniers membres, y compris les secrétaires , sent
fonctionnaires de premier rang.
Président. — p*M*J; rets, Sadyq Rif at pacha.
Membres. — \*às) azâ> Arif pacha;
Arif efendi ;
Nafy' efendi ;
Sebib efendi;
Moukhtar bey , intendant général de la douane par inté-
rim, <jta-*l dJ^iEjLiy* muvaqqaton gumruk emîni.
Secrétaires. — Na3 bey ;
Thal'at efendi \
CONSEIL OU COMMISSION DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE,
A**yfc <3;l** (JmJcSS MEDJLIC1 ME' ARIF I 'OUMOUMÏ1È.
Ce conseil se compose de deux directeurs généraux, d'un
président, de dix membres, et de deux secrétaires.
Directeurs généraux. — Rifat pacha, président du conseil
suprême de justice ;
Ali efendi, ministre de» affaires étrangères;
Président. — Emin pacha, président du conseil militaire.
Membres. — Cheikh Zadè Es'ad efendi, grand juge de la
Roumilie, inspecteur général des écoles, et historiogra-
phe de l'empire * ;
Halim molla efendi, l'un des grands juges de l'empire;
Sa'id Muhyb efendi, garde des archives, ^L-a— «I j«*-£à
defter emîni;
1 Ancien chargé d'affaires à Paris , et ensuite ambassadeur à Berlin.
3 Ancien grand juge d'Anatolie, puis ambassadeur en Perse, Es'ad efendi,
qui peut, à juste titte; passer pour l'un des hommes les plus instruits de
l'empire Ottoman, est auteur d'une histoire de la destruction des janissaires,
imprimée à Constantinople , sous le titre de ^fii? ,#»[ assi zajtr (base de
victoire ) , et dont M. Caussin de Percevàl a publié la traduction en 1 833.
186 JOURNAL ASIATIQUE.
Ziver efendi, fonctionnaire de première clause ;
Ismaïl efendi, idem.
Fuad efendi , chef du protocole , rapporteur des confé-
rences du divan impérial, (j^s?v$ (j'y** <^*^** âmedii
dîvâni humâïoun l ;
Ismaïl efendi, premier médecin de Sa Majesté le sultan,
i£j^j~\p& s&yhr* &v^\ j** seri athybbâï hazreli cheh-
rïâri.
Secrétaires. — Ridjaï efendi, l'un des chefs du bureau
de l'amedi ou protocole, yy—AJ§l yjj—^£ «^Owtt
(gjjô^ ^.aJs^I âmedii dîvâni humâïoun odhaci kkoii-
lèfâci.
Kemal efendi, adjoint à l'inspecteur général des écoles,
jjU* jjUâj Ax*y£ 4**3&# mekiâtibi 'oumoumïic ne-
zâredmouâvini,
CONSEIL MILITAIRE, &jS++* ^SjyJÏ j\* DAHJ CBOUBAÏ
'askbri.
Ge conseil se compose d'un président, de (louze membres
et d'un secrétaire, pris parmi les fonctionnaires de premier
rang, les généraux de division , lieutenants généraux, (y~?j*
ferîq, les généraux de brigade, maréchaux de camp, \y jXA
mîri livâ, les mollas, Jf^e mevâli*, et les fonctionnaires de
second rang.
Président. — Emîn pacha.
Membres. — Abdi pacha , lieutenant général commandant
de la milice nationale, ou sorle de landwehr, Jf^i U^^j
redîffiriqy;
Rifat pacha, inspecteur de l'école militaire, <•„ , * ï^a
{jjkAi A&j^ mektebi harbïiè nûzirii
1 Ex-chargé d'affaires à Londres, puis ambassadeur extraordinaire à Ma-
drid et à Lisbonne.
9 Juges de première classe, légistes docteurs de la loi.
SEPTEMBRE 1847. 187
Seiami efendi ;
Vamyq efendi ;
Medjid efendi ;
Ibrahim pacha, président du conseil d'état-major, y^jS
^uu; aa^ erkiâni harbïiè reïci ;
Ahmed pacha, directeur de l'école militaire, <j V f i i
^-jO^ê aajj* mektebi harbïiè mudiri;
Ibrahim pacha , directeur de l'école préparatoire militaire ,
igjlôv ^j^- *£dt «k*t ****£<* mektebi y'dàdïèï harbïiè
nâziri;
, Azmi pacha ;
Necîb pacha;
Mehemmed Ruchdi efendi;
Arif efendi.
Secrétaire. — Ahmed bey.
CONSEIL DE LA MARINE OU DE L'AMIRAUTE , *J>j& (j*-^
MEDJLICJ BAHRÏIÈ.
Composé d'un président, de sept membres, et d'un pre-
mier et second secrétaire.
Président — Ali pacha, lieutenant général, frijïferîq.
Membres. — Raghyb pacha, maréchal de camp, \yj j~k-a
mtri livâ;
Ahmed pacha, idem.
Mahmoud bey, colonel, &M jb* mîriâlâï;
Ahmed bey, idem.
Suleîman efendi, professeur à l'école de rédaction, lieu-
tenant-colonel , appartenant à la classes des mollas ou
docteurs de la loi ; ^d^SyÀ. a^Lmj! <***£* mektebi
inchâïè khodjaci.
Khoulous efendi, idem.
Premier secrétaire. — Zouhdi efendi , fonctionnaire de troi-
sième rang;
Second secrétaire. — Salyh efendi, idem.
188 JOURNAL ASIATIQUE.
CONSEIL DE L'ARSENAL OU DU MATERIEL DE L'ARTIL-
p
LERIE, ùj*\* X>ts£jb tfJ&Z MEDJJLICI THOPKHANÈÏ
AMIRÈ.
Composé d'un président et de quatre membres.
Président — Moustafa pacha, lieutenant général.
Membres. — Mouça pacha, maréchal de camp ;
RiTat bey , colonel;
Roustem bey, idem ;
Edhem bey, lieutenant-colonel. .
CONSEIL DES FINANCES, AaJU ^yJ^ MEDJL1CI MALÏ1B.
Composé d'un président, de dix membres et d'un pre-
mier et deuxième secrétaire.
Président — Hadji Edhem efendi , fonctionnaire de premier
rang.
Membres. — Chevqy efendi, fonctionnaire de premier rang;
Ibrahim efendi, idem;
Ken an efendi, qapou ketkhoadacî, vulgairement qapi kia
hïa1*, fonctionnaire de deuxième rang;
Suleîman efendi» idem ;
Mufid bey, idem;
Kechchaf efendi, idem ,-
Chevket bey, idem ;
Nafi efendi, molla ou docteur delà loi.
Premier secrétaire. — Mehemmed efendi , fonctionnaire de
troisième rang.
Deuxième secrétaire. — Re'ouf bey, idem.
1 Ce mot désigne le fondé de pouvoir, auprès de la. Porte , d'un fonction-
naire ou d'un personnage absent.
SEPTEMBRE 1847. 189
C0NSBIL DE L'AGRICULTURE, <2**l£ <J*ks2 MEDJLICI
ZIRA'AT.
Composé d'un président, de six membres et d'un secré-
taire.
Président — Le ministre du commerce. (Voyez page 184.)
Membres.— Chehab efendi , fonctionnaire de deuxième rang ' ;
Aly bey, idem;
Edhem bey, attaché aux écuries impériales;
Ysmet bey, molla ou docteur de la loi;
Chakir efendi, fonctionnaire de troisième rang.
Secrétaire. — Ysmet efendi, fonctionnaire de troisième rang.
CONSEIL DES MINES, ^U* y*JcC MEDJLICI ME'ADIN.
Composé d'un président, dé cinq membres et d'un secré-
taire.
Président. — Thahir pacha, directeur de la monnaie, Ki\j£?jAà
(Sj&j zarbkhânè nâziri.
Membres. — Ibrahim efendi, essayeur (jUc <mr*&*\j&Sâhib
ymr);
Es'ad efendi, secrétaire ou garde de la cassette particulière
du sultan, &*>% (jyïtë <~**s?' djeïbi humâtoun Jaâtibi;
Vahdi efendi, contrôleur vérificateur des écritures,
igy+A <^*j-?j^ takrtrât mumeïizi.
Nouri efendi, contrôleur des revenus publics, c^t^jl^
(gffJf vâridât mumeïizi;
Duz oghlou Hodja Mirhan , banquier de la cassette impé-
riale. &)j4& {jyï\& <~*t~r djeïbi humâioun sarrâfi ;
Secrétaire. — Ahmed Hacîb efendi.
1 Titre qui équivaut au grade de sous-gouverneur de province.
190 JOURNAL ASIATIQUE.
CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA POLICE, A*U*y* q*^
MEDJLWI ZABTHYÏÈ.
Composé d'un président et de douze membres.
Président. — Seïd efendi, sous-directeur de la police, &.ftla**>
j^U* zabihyïè mouâvini.
Membres. — Hussein bey, inspecteur des vivres, <£jibv *j&^*
zakhyrè nâziri.
Abdul-Halim efendi, inspecteur des eaux, <^t>w ye sou
nâziri;
Tevfyq bey, lieutenant-colonel;
Osman bey, fonctionnaire de deuxième rang;
Sermed efendi , fonctionnaire de troisième rang ;
Qoudsi efendi, idem;
Chakir efendi, professeur, ^«X* muderris ;
Es ad efendi, chef de bureau, conseiller d'État, ytert^-
khodjagiuàn x ;
Ahmed efendi , khodjaguian ;
Mehemmed efendi, idem.
Hussein Saib efendi » idem.
INTÉRIEUR DU PALAIS IMPERIAL, DONT L'ACCÈS N'EST
PERMIS QU'X UN PETIT NOMBRE D'OFFICIERS, fcJv*U
QyM MABÇÏNI RUMAÏOUff.
OFFICIERS (MILITAIRES ET CIVILS ) DU SERVICE PARTICULIER
DE LA MAISON DU SULTAN OU DU MABEÏN, {jy&\£ yV*l*
SÏ>\yS fj\xi^i »^Xjfe^X* MABEÏNI HUMAÏOUNl MCLQU-
KlANEDE BOÛLOUNAN ZAVAT*.
Thygour agha, chef des eunuques du sérail, grand di-
1 Khodjaguian , titre générique commun à la plupart des fonctionnaires
du divan. Il est quelquefois aussi purement honorifique.
* Ces oificiers sont aussi désignés collectivement sous le nom de ^yâ-oU
Mâbeïndji.
SEPTEMBRE 1847. m
giutatire-de la cotuy^Lit Ai^&H &&U«J| jtà dur
us-séâdet nch-cherifè aghâci1;
Hamdi bey, lieutenant général , chef des officiers d'ordon-
nance^ ou aide de camp de sa Hautesse\ &*ji w**
gi&XiJb *ï*yà&* sert qoufenâï hazreti ehehïnchâhi;
Selîm bey, lieutenant général, aide de camp ou officier
d ordonnance;
Mehemmed bey, idem.
Hassan efendi , maréchal de camp et officier d ordonnance.
Raghyb agha , idem.
Mehemmed agha , colonel , aide de camp ;
Moustafa agha, idem.
Belygh efendi , maître de la garde robe du sultan , fonction-
naire de deuxième classe, £U&JL^«& Kï>j^à.3— ^\yà
sevdbii hozreti chehinchéhi ;
Ziver agha, administrateur du mabeïn impérial, fonction-
naire de troisième classe; t^tX* y>*^ fc3!s*U tnôbeïni
htimâïoan mwttri. . , -
Mehemmed Yzzet efendi, premier aumônier de Sa Ma-
jesté le sultan, appartenant à la classe des grands juges,
glûJLo** c^Aftjf»» J}t *U1 {jïj}à*éo soudourden imâmi
evtoeli hazreti chehinch$hi ; '
Mustafa Ourf efendi, deuxième auménier de Sa Majesté,
appartenant à la classe des mollas, ^*U) (j<X ■ a Jt^— *
^LaJL^aw c^jwfa^. jb mevàlîdeh imâmi tànii hazretiche-
hinchâki;
Chefiq bey, premier secrétaire du mabeïn impérial, fonc-
1 Littéralement, Vagka de h demeure de la félicité ;ce&t Y ancien fyxlaragha,
dont le nom seul a changé.
* \jj9 ooare/uS est le pluriel arabe de ^.jS yartn. Ce mot signifie litté-
ralement «joint, associé, qui accompagne.» Je prie le lecteur de remarquer
ici, une fois pour toutes, que la réforme ayant introduit dans l'organisation,
civile et militaire de la Turquie une foyle de dénominations nouvelles qui
ne se trouvent encore dans aucun dictionnaire , j'ai dû, en traduisant celles-
ci, me conformer plutôt au sens relatif qu'au sens littéral.
192 JOURNAL ASIATIQUE.
tionnaire de premier rang, ^w^ (jfcL ^alifc <jv-?U
mâbeïni humdïoun bâch kiâtibi;
Ferîd efendi, deuxième secrétaire du mabeïn impérial,
deuxième division des fonctionnaires de premier rang,
l£*3^ ^ jgv C^t uj^~#\$ (Jfc*l* mâbeïni humâloun ikindji
kiâtibi ;
Riza efendi, troisième secrétaire du mabeïn impérial, idem.
Safvet efendi , quatrième secrétaire du mabeïn impérial , idem.
v Hadji Memich agha , premier messager référendaire de la
cour, Jj! ^AAAâio telkhyci evvel, fonctionnaire de qua-
trième rang;
Moustafa agha, premier tchoqadar de la porte du mabeïn,
J^t j\*xiy*- y$> Oftte (&r>\* mâbeïni humàîouni qupou
tchoqadâri cweli, fonctionnaire de quatrième rang;
Hassan agha, deuxième messager référendaire, j*» » ^ "
jb telkhyci sâni, fonctionnaire de cinquième rang;
Danich agha, deuxième tchoqadar de la Porte, fonctionnaire
de cinquième rang;
Abdul-Azîz agha, directeur des écuries impériales, J^h-r^
igj^ù^ &j*\s. ysthabiîi 'âmilrè mudîri;
Chukri agha, chef du corps des capidji, ou chambellans,
^lO^acO j^as>>^aS (fapoudjtler ketkhoudâci.
OFFICIER» AUXILIAIRES OD AIDES DE CAMP ATTACHAS À LA
MAISON MILITAIRE DU StJLTAN * ^J^- J}\* ÏAVERI HABB.
Hussein bey, colonel de cavalerie de la garde impériale.
^y) j*a ^\ym a^Iâ» khâssa sotwâri mîr âlâïi;
Mahmoud agha , chef d'escadron de la cavalerie de la garde ,
{£u*A»âU iiLo i&^y* *-»^- khâssa souvâri bîn bâchici;
Ahmed agha, chef de bataillon d'état-major, x-a-j%^> yty
(£***•& l» dLo erkiâni harbïiè bîn bâchici;
SEPTEMBRE 1847: 193
tfonstafii agha, adjudant d'état-major, JjJ» * t. )j »> yfy
gwUt erkiâni harbïiè qol aghàci;
Ibrahim bey, adjudant commandant de l'infanterie de la
garde , (g»lét Jyi t^l^g A-»là* khàssa piâdè qol aghàci i
Ahmed agha, capitaine de cavalerie de la garde, A-«crtà»
(&**** jyfi (S^y** khâssè soavâri ïaz bàchici;
Mehemmed agha, idem;
Ismaîl agha, idem; capitaine d'infanterie de la garde, JWel»-
c£**A*»l? jyi •* W khâtsa piâdè ïaz bâchïci^ .
Rustem agha, idem;
Hassan agha, idem;
Arif agha, directeur du' trésor impérial, fonctionnaire de
première classe, J^5j (jp/>\$ AÂgyà» khaztneï humâïoan
vekîîi;
Sadyq efendi, intendant de la caisse ou trésor impérial,
fonctionnaire de premier rang, (gJiXusgO QyfM *+&±*
kKàzînèï humâïoan ketkhoudàci;
Abdul-ghani agha, fonctionnaire de premier rang, «K^*
(g»uM Ij&W <;*â VïL* ^IaA* mehdi 'àliâï salthanet bâck
ughâci1;
Becim agha, premier mouçahib, ou page de Sa Majesté,
fonctionnaire de deuxième rang, <.* .r^l j*i,« j&L bâch
mouçàhyb a;
Mehemmed agha, agha ou garde de la porte impériale, dite
de félicité, fonctionnaire de troisième rang, c»àU*Jf ç>t?
^\à\ AjOjJI bàb us-seâdet ul-'alîiè aghàci;
Hussein agha, deuxième mouçahib, fonctionnaire de troi-
sième rang, u*s»-Ua.« ^rfS?) ikindji mouçàhyb;
Bekir agha , intendant de la chambre particulière du sultan ,
1 Sorte d officier de la chambre intérieure du sultan.
' Dans l'ancien ordre de chose», les plus anciens eunuques du sérail por-
taient le titre de mouçàhyb, parce qu'ils avaient la permission de parler au
grand seigneur quand ils voulaient.
x. . i3*
1M JOURNAL ASIATIQUE.
fonotk«naire(feiroi8ièitwnmgt ^t^X^siJj Ais»y jjoLi*
khàss odha hetkhoudâci;
Becim agha, troisième mouçahâb, fonctionnaire de qua-
trième rang, <-*^»Ua« ^j^a^\ utchundji mouçâhyb;
Khalid agha, quatrième mouçahib, fonctionnaire de qua-
trième rang, u*t»»Ua+ i^spïjS dordundju mouçâhyb;
Nazyf agha , chef des officiers préposés à la garde de la sainte
robe, fonctionnaire de quatrième rang, c^àLx— w xJ^à*
tgwfetfX^ jm khyrqaî se'âdet seri khademèci1.
BUREAUCRATIE,
OU ADMINISTRATION MINISTERIELLE , **+)£ QALEMÏ1È 2.
Ce titre comprend la généralité des emplois du divan ' ou
de la chancellerie d'État, AAit^gd c***z\à* menâcybi divânïiè.
PREMIÈRE CLASSE DBS FONCTIONNAIRES DE PREMIER RANG.
Zouhdi efendi, directeur de l'arsenal maritime, *— jL.«»j-j
<<>ièAi oy\s> tersânèi 'âmirc nâziri;
Sa'ïd Mouhib efendi, archiviste, (&4ï*\j+** dejler emîni;
Moumtaz efendi, conseiller du serasker, &j\j5&*^ jtimSjȏ
serasker mustechâri;
Tevfîq bey, directeur des dépenses, ^— bb c^Ujl *r ■ *
meçârifàt nâziri;
Moukhtar bey, directeur de la fonderie et du matériel de
1 Khyrqaï se'âdet ou khyrtfai cherif, robe de camelot noir de Mahomet ;
elle est gardée au sérail avec le sawJ^aq cherif , ou étendard sacré.
1 Littéralement : les emplois de la plume. Anciennement ce mot désignait
l'un des bureaui du département des finances.
* Ce qu'on entend ici par le mot divan , c'est le ministère de lu Porte
Ottomane» quelquefois par opposition avec le serai et le mabeïn, ou la cour
du sultan.
SEWrEMBRfc ïbhl. 105
l'artillerie, ^JbU J^-*U Aàtiifjjs thopkHneî 'âmirè nâ-
ziri;
Moukhtar bey, intendant général de la douane, <$La*Î i)j£
gumruk emîm;
Mazloum bey, directeur des causes judiciaires, ou ministre
de la justice» ^làb <£• \s& de 'âvi ncteiri;
Fuad efendi, directeur du protocole du divan impérial, et
rapporteur des conférences, (j^t^i (J^* <£«^*1 âmcdii
dtvâni hurnâïoun;
Kiani bey, intendant de la douane des tabacs, &j$* ^^.S
<£uuti doukhân gumragui emîni;
Sa'îd efendi, directeur de la rédaction et de l'impression du
Moniteur ou de la Gazette d'État, ^fe>b &l>. ^t-rfytf
taqvînx khânè nàziri ;
Yzzet pacha, prévôt des corporations, ayant rang de mir-
mirân, <*fr&* 4->L,^>. ^■>*wï yhtiçâbnâziri.
DEUXIÈME CLASSE DES FONCTIONNAIRES DE PREMIER RANG.
Sa'ïd bey, maître des cérémonies, <j£-s>l4 {j^j?.* &\x&j&3
tecltrîfâti dîvâni hurnâïoun;
Mahmoud bey, premier secrétaire ou chef du cabinet du grand
vizir, <JL^j*X^> ^y$l* mektoabii sadri 'âli ;
Chevketbey, vice-chancelier du divan impérial, ^-a^LO
^>l$ (j\jï* beïliktchii dtvâni hurnâïoun,1 ;
Emin efendi, premier drogman du divan impérial, q\*JFj2
yyj\£ (jt^^> terdjamâni dîvâni hurnâïoun* ;
1 C'est aussi le chef du bureau des dépêches de la Porte y chargé d'expé-
dier aux gouverneurs des provinces et autres autorités focales, les ordres
relatifs à fa police intérieure de l'empire , et toute espèce de firmana ob-
tenus sur la demande des ministres publics , et concernant les affaires étran-
gères de la Porte.
8 Voyèï la note 2 , pag. 198.
i3.
196- JOURNAL ASIATIQUE.
Nazyf efendi, premier secrétaire du département de l'inté-
rieur, <$3^ A/uW.ld dâkhylïiè kiâlibi ;
TevHq efendi, premier secrétaire ou chef du cabinet du dé-
partement des affaires étrangères, <&% aas*^L^. khâ-
ridjtiè kiâtibi;
Eumer Djemal efendi , premier adjoint au directeur des causes
judiciaires, <J^t U-J^*4 ^^^àeàvimouâvini evveli;
Ismail efendi, premier médecin de Sa Majesté le sultan,
<£j^tYir*> ^yà** <$Wbl y» seri ethybbâï hazreti cheh-
rîari;
Haled efendi «trésorier ou receveur général de la Roumilie,
^j\ïjZis {J^\*2j wumtUdefterdâTï;
Sady* bey, trésorier de TAnatolie, ^Idj^Lià J^Jsbl
anâthoîy defterdâri;
Hussein bey , directeur des postes et des subsistances pu-
bliques , c£^3" *j*±»ï>2 *j\s*. &jJ»y3 posta khânè vè za-
khyrè nâziri;
Khalid efendi, maître des comptes, contrôleur des revenus.
de la Roumilie, ^^xg^x^iÀ^ c^t^l^ J^t-iy roumîli
vâridât mouhâcebèdjîci ;
Rachîd bey , maître des comptes , contrôleur des dépenses de
la Roumilie; gy*-!^*****^ c^L^La* J^îpjj; roumîli
mouçârifât mouhâcebèdjîci.
Seïd efendi , directeur adjoint de la police . j^L*-* ft»k*«fr
zabthïè mouâvinL
PREMIÈRE CLASSE DE FONCTIONNAIRES DE DEUXIEME RANG.
Tevfîq bey, adjoint au département du commerce, vj>j\j?
■^3 ut* tidjârel mouâvini;
Hussein efendi, directeur des actes et expéditions du conseil
suprême de justice, <£j-3«Xj# ($\j}\ Mj <p**^S medjhci
vâld evrâq mudîri;
Bahir efendi, deuxième adjoint au directeur des causes ju-
SEPTEMBRE 1847. * 197
dickires^ <$*hA-jb ui^** <£^** (fe'âw mou' âvini sântci1 ;
Es ad efendi, drogman du bureau des deux villes saintes
( la Mecque et Médine), j^^j (^y*^- haremeïn terdju
mâni;
Afîf efendi, chef de bureau de la vice-chancellerie, ^s&&
^JïtL^jS'beïliktcki Mcèdâri;
Abdul-Halîm efendi, directeur des eaux, ^b\i yo sou
nàziri.
DEUXIÈME CLASSE DES FONCTIONNAIRES DE DEUXIÈME RANG.
Kemal efendi, adjoint et sous-chef à la direction des écoles
publiques, <£*l** tU^* *4**y£ t^S&o mekiâtibi 'ou-
moumïiè nezâreti mou âvini f;
Ahmed efendi, secrétaire du bureau des huissiers appari-
teurs, ^k-5^ «Juû^L^. tchâvouchlar kiâtibi;
Sadyq bey, contrôleur des revenus de TAnatolie, J^-kbt
££!*££>• AxwltfS c^lijl^ anâtholi vâridât mouhâcebèdjîci ;
Khaîri efendi , contrôleur des dépenses de TAnatolie, J^tbl
i£M t ^*4**h& c^l^Lkâ^t anâthouli mouçârifat mouhâce-
bèdjîci;
Rifat efendi, contrôleur des fermes viagères, x_iLéaJL*
4£M*A>Ax*»laâ mâlikiânè mouhâcebèdjîci;
Haçan efendi, contrôleur de la comptabilité des stipendiés,
^^v**—^ *•*•** ^ &j+» sergui mouhâcebèdjîci;
Abdul-Azîz efendi, contrôleur des obligations ou papier-
monnaie, appelés sehm 3, ^u*a_^a***Is2 *L^m| eshâm
mouhâcebèdjîci ;
1 Ancien chargé d'affaires à Paris.
2 Auteur d'un Guide de la conversation en persan et en turc iatifdi :
«M
^«JUj >dû* cS»j\* S3™ t'Wum riçdlèci, qui vient de patate, et
dont il sera rendu compte dans le Journal Asiatique.
* La si^jitJjcatinii primitive de ce mot tsi fof, pris», pfcriei arabe
196 JOUBNAE ASIM1QUJ1.
Khalid efendi, contrôleur du Iwredes receltes et dépenses,
tfAxh r&A&m\t& i^jï* djjertdè mouhàaebèdjtci1 \
Abdul-Qadir efendi, contrôleur de la comptabilité des vaqf
pu fondations pieuses, ^ua^AjuiA^ cj\fy\ evqâfmouhà-
cébèfLjîci;
Housrii efendi, chef du cabinet du ministère des finances,
i^j&Çy&j* A&U* mâlïiè mektwbdjîci;
Nazyf efendi, secrétaire au ministère des finances ♦ **lU
<$3^ mâlïiè kiâtibi;
Raehid bey, directeur des ordonnances ou arrêtés du minis-
tère des finances, i£j**^* *-£\" j*\}\ evâmiri mâlïiè
mpdîri;
Rechîd bey, directeur du trésor public, ^j-t**^* JLU c*ft>
beit ul-mâl madtri;
Emîn efendi, contrôleur du nizâmïiè* (£**&iu*»\a£ A£«Ua>
nizâmïiè mouhâcebèdjîci ;
Houbab efendi , chef de correspondance du ser asker,j£«*£^w
tgHKkjgyS** serasker mektoubdjtci ;
Nouri efendi, contrôleur de la comptabilité de la marine,
{£***> AAAultfS **Hj& bahriiè moakâcebèdjîci ;
Khalid efendi, chef de correspondance de la marine, *%j&
ipMjjfiyiM bahrïiè méktoubdjloi ;
Ibrahim bey, essayeur ou vérificateur en cfoef -des espèces
monnayées , j U«Aft»> L* sâhyb 'yîâr;
Hassan efendi, contrôleur de la comptabilité de la fonderie
et du matériel de l'artillerie, ^u^-*-£=-x-«uwlrf2 AittfZjk
thopkhônè meuhâctebèèjtei;
Arif efendî, chef de la correspondance, ou secrétaire général
de l'arsenal de terre et du matériel de l'artillerie , xjliç^t
(gtKApry&A thopkhânè mektoabdjîci ;
1 Je ne puis garantir l'exactitude de cette fonction, et j'ignore si ce titre
est le même que celui que M. de Hammer écrit Djeridi nàziri, et qu'il tra-
duit par ; inspecteur du cadastre ou du bureau de statistique ? ( Histoire de
l'Empire ottoman , traduction de HeHert , t. XVI , p. 1 83. )
3 Je pense , sans pouvoir le garantir, que ce titre peut désigner le contrô-
leur de l'administration des troupes réglées.
SEPTEMBRE 1947. 199
Àbdul-Halîm efendi , intendant des bâtiments de la couronne,
^>*X-« Jue\&. ***?! ebnïièï kkâisa mudîri;
Yacoub agha, percepteur des droits sur les boissons , officier
des écuries impériales , Jua^ tïyrj zidjrïè mouMcyli.
FOUGTIOllltAIIUSS DE TROISIÈME RANG.
Kiâmil bey, maître des cérémonies au département des
affaires étrangères , ^maa^U^ûJ x^a— ->^L^. khâridjïiè
techrîjatdjîci;
Hachem bey, directeur des droits sur les bestiaux, ^/%Lâ£|
^jjt^y^ aghnâm mudîri ;
Mehemmed agfaa, directeur en chef des -poids et mesures ,
^û»L jlàJu-ij^ veznidàr bàchL
EMPLOYÉS DU BUREAU DU PROTOCOLE IMPÉRIAL , ^«X-^tl
igJjÛ** UfM u!*** AMEDIl DJVANI HUMAÏOVN
KHOUpEFACI. "
Osman bey, fonctionnaire de premier rang;
Ridjaî efendi, fonctionnaire de la deuxième division du pre-
mier rang;
Mahmoud bey, idem;
Ibrahim bey, idem;
Edib efendi, fonctionnaire de la deuxième division du
deuxième rang;
Chefîq bey, idem;
Mebemmed bey, idem ;
Djemil bey, idem;
Sa'ïd efendi, idem;
Moustafa Raîf efendi , idem;
Mahirèey, idem;
Neïr bey, idem;
Atha bey, idem;
Rifat bey , idem;
Sureîia bey, idem. .
200 JOURNAL ASIATIQUE.
EMPLOYÉS OU OFFICIERS SUP&UEURS DES BUREAUX,
p^Vit ^jU^L* ZABITHANI AQLAM.
PREMIÈRE DIVISION DES FONCTIONNAIRES DE DEUXIÈME RANG,
J3I vjfcju* &ajI$ xtf; rutbèï sânïiè synfi eweli.
Nouri efendi, adjoint au chef de la correspondance du grand
vizir, j^U* JIêj«X*3 j^aM mektouhii sadri 'âli moud-
vini;
Fakhr eddin efendi, premier commis du bureau de la cor-
respondance du grand vizir, ^JuUXà» Jl*j<X*tt &y&*
mjektovhii sadri 'âli khaUJèci.
DEUXIÈME DIVISION DES FONCTIONNAIRES DE DEUXIÈME RANG,
<£**£& uÂÂ40 *a3w A*3j rotôèî 5âni<è synfi sànici.
Ahmed bey, chef du bureau du cérémonial, t^»Ugj*«£
^tilîf mj.^! techrîjat kîcèdâri;
Nour eddîn bey ^premier traducteur, J3I pjjL* mute-
redjimi ewel;
Atha efendi, chef du bureau des affaires importantes et de
la rédaction supérieure, ^j^ù** A-«y-* maJtimmè mudiri ' ;
Tahsîn efendi, chef du bureau du divan, ^J^^mji.^Ti (j'^î^
cftvân kîcèdâri;
Muhib efendi, chef du bureau des décrets et ordonnances
du sultan, çgj\* ff un iQ (j-jy rou'ou* kîcèdâri;
Halimi efendi, chef du bureau des mutations et transferts,
tg?fo*yijlCi?Jsjj^ tafcvfl kîcèdâri;
1 Ce bureau est aussi celui de l'enregistrement de' toutes les transactions
avec les puissances] européennes, et où se traitent également les intérêts
ecclésiastiques des chrétiens.
SEPTEMBRE 1847. 201
Ouçam efendi, chef du bureau des procès ou causes judi-
ciaires, <^)t5|fuiijtfr,i <£jl*à de'âvi ktcèdâri.
TROISIÈME DIVISION DES FONCTIONNAIRES DE DEUXIEME RANG ,
(£t*A& \^X*o *mv x&j rutbèïsâlicè synfi sânici.
Moukhtar efendi, vérificateur (mumeïiz l) de la comptabilité
des revenus de la Roumilie, gffAfawLfS c^làjl^ <i^Vjt)
^yJt roumîli vâridâtmouhâcebèci mumeiizi;
Ahmed Yumni efendi, vérificateur des revenus de l'Ana-
tolie , isytf igitJ&Aa? c^làjt^ J^iolit anâtholy vâridât
mouhâcèbèci mumeïizi;
Hylmi efendi, vérificateur des dépenses de la^Roumilie,
^yxJm ^wH.Mwla^ c^l^Uû^f Jmt*%} roumfli muçârifât mou-
hâcèbèci mumeïizi;
Mehemmed efendi, vérificateur des dépenses de l'Anatolie,
4^-Ju^ ^«Xa-^1^ c?U;Ua* JjJobt anâtholy muçârifât
mouhâcèbèci mumeïizi;
Mahmoud efendi, vérificateur du registre de la rentrée des
payements, (£y*!& j'^A$ &j»* sergui vâridâti mumeïizi;
Alimed efendi, vérificateur du registre de dépense pour les
payements, <£ji4 <^>li>La* &j*» sergui muçârifât mu-
meïizi;
Emîn efendi, vérificateur de la comptabilité des obligations
dites eshâm*, <£)£ ^Xcwlaé «IgAwl eshâm mouhâcèbèci
mumeïizi;
Chefîq bey, vérificateur du djerîdè ou du Ijureau de la sta-
tistique de l'empire, <£h«h$ g»****^ #«X^s>> djerîdè
mouhâcèbèci mumeïizi;
1 Dans l'ancien ordre de choses, le mametû était le secrétaire du bureau
de la chancellerie d'État ; c. d*Ohsson.
a Voyez la note a, pag. 198.
S02 JOURNAL ASIATIQUE.
Saîd efendi, vérificateur de la comptabilité des fermes via-
gères, ^yjJi ^mXmwI^ Aî^3U mâîikiâhè mouhâcebèci
mumeïizi;
Moustafa efendi, vérificateur au bureau des échanges ou
mutations, &yk6 ($**bjl c?àt<X* bedelât odhaci mu-
nmizi;
Yrâftft efendi , premier con^mis du département des finances ,
(gMAJuX^. aIH* J^*£* mektoubii mâliïè khaUfèci;
vérificateur du bureau des traductions
à l'hôtel du ser' asker, ^àJsjI tJÇjS ^ji^èSjm ç>l»
iSy^A bàbi serasheri terdjemè odhaci mumeïizi l ;
Sabri efendi, directeur du bureau de correspondance du
ser'asker, <£)44>vt (&»&&yS** J^mSym ser asker mektoab-
djiei mudîri ;
Kiami efendi, directeur du bureau des actes et écrits , $\jp\
&j*<yA evràq mudîri ;
chef du bureau de la garde impériale, J^eL*.
«M
t£>£t khûssa mumeïizi ;
Echref bey, directeur du bureau des rapports journaliers de
l'armée» <£^i!«>vt Jb^J journal mudîri;
Ghalih efendi, directeur des inspections, <^«>w» vJ&y
ïoqlama mudîri;
Hadji Khalid efendi, secrétaire au bureau du Nizamïiè ou
de l'armée régulière de la ligne, ($3^ £\jfj& A^tUâi
nizamïiè tahrîràti kiàtibi.
Ëioub efendi, vérificateur de comptabilité, <£)-*£ *&m\a£
mouhâcebè mumeïizi;
Tevfîq efendi, directeur des archives du bureau des répar-
titions journalières de l'armée, (&**^*së\ijjp. t^Ugjjj
tevzfât rouznâmtchèdjîci ;
Place vacante.
SEPTEMBRE 1847. 803
Hadji bey, directeur des archives du bureau des ventes des
objets militaires, <^^^ljk> c^U^ls* mubâï'àt rouz-
nâmtcèdjîci;
Rouçoukhy efendi, vérificateur des écritures du conseil,
{&*& ûhi/^ hy^J^ ^n c^ourâ tahrîràti mumeïizi;
Es'ad efendi, secrétaire de l'administration de la cassette
impériale» ^yW ^j^V$ *-***?• djeïbi humâïoun kiâtibi;
Vahdi efendi , vérificateur des écritures à l'hôtel des mon-
naies, <$)£$ cïiK^" *#W^ zarbkhânè tahrîrâti mu-
meûzi;
Nôuri efendi, vérificateur des revenus de l'hôteà èps mon-
naies, <£)*£ ci'^lj *j\j*?j*è zarbkhânè vdridâti mu-
meîizi;
Hacîb efendi, secrétaire de l'administration des mines,
t£2^ ij*\** meâdin kiâtibi ;
Yzâ efendi, secrétaire pour les écritures de l'administration
des legs et fondations pieuses , &*& jl^rf cifejl evqàf
tahrîrâti kiâtibi;
Yzzet efendi , premier commis des legs et fondations pieuses ,
^wXjUX^- <&-*ï> ôbjt evqâf zimmeti khalîfèci;
Ali efendi, premier commis au registre des dépenses de la
marine, ^tduXi*. £j** **j& bahriïè sergui khalîfèci;
Rachîd efendi, inspecteur aux revues de la marine, tej&
^q.A ?~A&iyt bahrïiè ïoqlamaèjtei ;
Abdus-seltar efendi, écrivain- au journal de la marine, AtfjJ*?
^y^ i*jy$ bahriïè journal kiâtibi. ,
204 ~ JOURNAL ASIATIQUE.
EMPLOI DE L'ÉPÉE OU DE L'ARMÉE,
SEÏFÏIÈK
Ce chapitre embrasse les subdivisions suivantes :
CONSEIL COMMISSION MILITAIRE DE LA GARDE IMPÉRIALE DU
SULTAN, ^u»..V-g JULw^àjt A*>lAlâ *jû\±>j£=>\m**i
ACAKIRI KHASSÈJ CHAHANÈ ORDOUCINUN MEDJLICI.
Composé d'un président, d'un mufti (docteur de la foi)
et de quatre membres. '
Président. — Yzzet pacha , lieutenant général , &*j*ferîq.
Mufti. — Hussein efendi.
Membres. — "Mes'oud pacha, maréchal de camp * |pj&*
^ min livâ; ^
Ysmet bey, colonel, igMjju* miri âlài;
Suleïman bey, idem;
Suleïman bey, lieutenant-colonel, |*&çt» qâïmaqâm.
CONSEIL MILITAIRE DE L'ARMEE DE CONSTANTINOPLE,
^uJcSS dUU»j&;1 ipàUmjà DERJ SE'ADET ORDOUCI-
JVUN MEDJLICI.
Composé d'un président, d'un mufti et de cinq membres.
Président — Eioub pacha , lieutenant général.
Mufti. — Hafiz Emîn efendi.
Membres. — Chakir pacha, maréchal de camp ;
Nouri bey, colonel ;
Thahir bey, idem;
m
1 Ce mot est une abréviation de cette phrase : XJLJLa.«w ^olu
menàcibi seïfîiè.
SEPTEMBRE 1847. 205
Chemsi bey, idem; •
Yzzet bey, lieutenant-colonel.
CONSEIL MILITAIRE DE L'ARMEE DE L\ROUMILIE , J^'pjy
<£uJ^â *AXmj*j\ ROUMILI ORDOUCINDN MEDJLICI.
Composé d'un président et de quatre .membres.
Président. — Ismàîl pacha, lieutenant général.
Membres. — Khourchîd pacha , ; maréchal de camp ;
Moustafa bey, colonel ;
Chukri bey, idem ;
Ahmed bey; lieutenant-colonel.
CONSEIL MILITAIRE DE V ARMEE DE L'ANATOLIE, JjJslit
tf/ulsé dJ*»j*j\ ÂNATHOLOU ORDOVCINUN MEDJLICI.
Composé d un président tt de quatre membres.
Président. — Sabri pacha, lieutenant général.
Membres. 7-r Mou'amer pacha, maréchal de camp ;
Moustafa bey, colonel;
Hussein bey, idem;
Moustafa bey, lieutenant-colonel.
CONSEIL MILITAIRE DE L'ARMEE D'ARABIE, jU^^ g
(£U*^S2 JUU^àjlt 'ABAB1STAN ORpOÇQINVN MEDJLICI.
Composé d'un président et de quatre membres.
Président. — Rechîd pacha , lieutenant général.
Membres. — Beidjan pacha , maréchal de camp ;
Morali Ahmed pacha, colonel;
Moustafa bey, idem ;
Sabri bey, lieutenant-colonel.
Indépendamment des gouvernements ou préfectures mili-
206 JOURNAL ASIATIQUE.
taires, Saliva, pi. a. *apt ehiè\ qui font exception, la
totalité de f armée régulière de ïémgke est divisée en cinq
grands corps d'armée, et chaque corps d'armée, avec son
quartier général ,j^5^# merkez, est disposé en dix parties,
et composé de six brigades militaires , !p livâ. La garde im-
périale seule n'est divisée qu'en cinq parties.
SERVICES SPÉCIAUX DE L'ARMÉE.
Khalîl Rifat pacha, maréchal de camp, commandant les
troupes de la marine, g»^ j^(cS^uS> &*>& bàhriïè
'askeri mtri' livâci ;
Mehemed pacha, maréchal de camp de la réserve , comman
p
dant les troupes de l'artillerie, ^jX-utS- *^*l* Ailitf^b !
(g*\ ^ wt* adUx^-I thopkhânèï 'âmirè 'askeri yhtiâth mtri
livâci;
Selim pacha , maréchal de camp , commandant les fortifica-
tions, <s»\^j** *&&*»\ istihkiâm mtri livâci;
Hussein pacha, maréchal de camp, commandant le détroit
de la mer Blanche ou des Dardanelles, isj&y? $*4***j&!
(£»\y} yk* bahri sefîd boghâzi mîri livâci;
Niazi pacha, maréchal de camp, chargé de la direction. des
munitions de guerre, {£»)yjfr**ètj^ <^l#** muhim-
mâti harbïiè mtri livâci;
Bekîr pacha , maréchal de camp du génie militaire,
^\yj uu% Ajlfl^JsJL^* muhendiskhânè mtri livâci;
Hamdi pacha, lieutenant général, commandant les troupes
de Bagdad, J&j* <£>£**£ *\<>Ju baghdâd 'askeri fertqy;
Mehemmed pacha, lieutenant général, commandant les
troupes du Hydjâz, J&j* ^j^^j^^ hydjâz 'askeri
fertqy;
Bekîr pacha, maréchal de camp, commandant les troupes de
1 Je pense que ces livas , qui font ici exception à l'armée proprement dite,
sont ceux de la milice nationale, ^J >j redtf.
;
iH
COBFS »»ABMiBf
^j\ oidow.
GARDE
IMPÉRIALE,
V KHASSA.
COHMAMDâHT
en chef,
yJmA mnckir.
V. la note p. >83.
IHTBHOA1T
charg
de»**»
la eompti
monkàetl
Meheraroed pa
cha.
'Yswtbey* ^
tioonaiJB ,
«ng. v
II.
Journal asiatique, sept
GB
IA■»4lfâa,,■1,
chef ,owbB.
* mua
COKMaXaUlT
en chef,
j*À<e awefc>.
IITtMDAUT CITO
charge
de
la comptabilité,
movÂôc«ttrffi.
QUA1TIIR
général,
lijA inerte*.
••lieux
dnganrito».
orricinaeiiajuux.
CEE
nlliediBIE,
1 paeh
Namyq pacha.
Rachid efeadi,
fonctionnaire
de s* clame.
Damas.
Àlep.
Beîroat.
Deïr el-qamer.
Tripoli de Syrie.
Khalid pacha, ma-
réchal de canif
d'infanterie.
Eamer pacha, lie»
tenant général.
Davond pacha , lie»
tenant général.
Hoteein pacha , m»
réchal de camp
d'infanterie.
r
Latakie.
Ibrahim pacha, idem,
Home.
Rachid pacha, ma-
réchal decampdi
cavalerie.
Saint-Jean
d'Acre.
Mehemed pacha ,
idtm.
Seide.
Tahex pacha , mari
chai de camp d'ar-
tillerie.
Houran.
Motsnl.
Nouri bey, lieute*
nant-colonel d'in-
fanterie.
-
_
•
SEPTEMBRE 1847. 207
Tripoli de Barbarie, <gmlj} j*a &j£#*£> <J>jà lp^\j!h
tkarâboulouci gharb 'askeri nuri îivàci;
Ahmed pacha et Aly pacha, maréchaux de camp, préposés
• au tirage au sort de la milice ou conscription, xjt^i
iSyjy\" qoura memourleri.
( La suite à un prochain numéro. )
MÉMOIRE
Sur l'écriture cunéiforme assyrienne, par M. Botta.
(Suite.)
45.
Je n'ai pas d'observations à faire sur ce type , si
ce n'est que je crois, comme je l'ai dit, que c'est
une voyelle.
46.
<tffi = <:î3y4.
Le type t=-Jff est certainement composé de deux
portions g^J et jf , car il est aussi fréquent de les
208 JOURNAL ASIATIQUE,
trouver, séparées que réunies. Je crois que ce-signe
représente à Ninive le persépolitain H^, mais je
ne puis cependant l'assurer parce que ces deux ca-
ractères nont pas d'équivalents connus, et Ton né
peut, en conséquence, les identifier qu'à cause de la
ressemblance de forme. s
47.
La variante £T J — est peut-être due à la grande
ressemblance des signes £jj et grj.
48.
49.
• . 50.
%
51.
Mïï= =^*=ïï-2- tïïT4- MÏÏT2- B^ * <2-
s *• s-w 2- :
J'ai réuni ensemble les paragraphes 48, 4g, 5o
J
SEPTEMBRE 1847. 209
et 5 1 pour qu on puisse voir comment ces différents
signes passent de l'un k l'autre , en sorte qu'il est
difficile de décider si les substitutions proviennent
de la similitude de valeur ou de la ressemblance
des formes. On peut, par exemple, soupçonner une
erreur dans la substition de É^yj|= à fcz^jy» puisque
la prolongation des clous horizontaux dans l'un de
ces signes en fait Tunique différence; mais on voit,
d'un autre côté, que ce même signe f^JJ se subs-
titue encore plus fréquemment à fc^-|TT— , et dans
ce cas Terreur est moins probable, puisque la diffé-
rence de forme est plus grande.
Les exemples de la substitution de tdf|J à ^fjp^
«ont tellement fréquents, qu'il est impossible de
douter de l'équivalence de ces deux signes; ils ont
d'ailleurs les mêmes équivalents, et tous les deux,
en outre, sont très-souvent supprimés; par consè-
quent, ce que Ton peut dire de l'un s'applique éga-
lement à l'autre.
Un des équivalents les plus remarquables de
E~TTT — T est feJTTTT» qui se trouve au commencement
du nom d'Ormuzd dans upe des inscriptions de Per-
sépolis, et qui y est suivi immédiatement de Tp *JJ.
Cela conduit naturellement à donner au signe £^|j|,
et par suite à son substitut £dTYfci, soit la valeur
de la voyelle ou, soit celle de l'aspiration hou. Il
faut de plus remarquer que, dans le syjjème cunéi-
forme médique , une des formes > de fm est fdTfc:,
210 JOURNAL ASIATIQUE,
qui se rapproche beaucoup de notrç ÊcJT?-1* Dr
on connaît l'affinité de la lettre m avec fa voyelle
oo, et sî la détermination de la lettre mëdique est
exacte, il ny a rien d'improbable à donner une va-
leur analogue à une lettre assyrienne presque sem-
blable. Nous voyons, en outre, que les deux signes
£^y]fc= et ^JpE: s'échangent ayec le cpia 4, qui,
selon M. Westergaard, est fou du système médique.
Eaftn, le signe £zfTf=: peut être remplacé par un
groupe composé ^►^J» dans lequel entre le signe
►~Y*T, qui parait dans le uqm d'Ormuod à la place
où doit se trouver la voyelle eu. Tous ces indices
réunis conduisent avee assez de probabilité à donner
aux deux caractères équivalents S^fH^i et £3fflËE»
les valeurs analogues de m, ou, w et hou.
Mais alors que doit-on penser du signe *| , qui
parait quatre fois à la place de fc^fTT-- ** Faut-il ^on-
ner à ce caractère les mêmes valeurs? Cela est bien
difficile , et cet exemple est propre à montrer com-
bien nous avons besoin de nouveaux éléments avant
de pouvoir assigner des valeurs certaines aux carac-
tères en apparence les plus faciles à déterminer.
Les deux formes t-TTJ~ et ^J^ sont égale-
ment communes dans les inscriptions de Khorsabad,
mais rarement elles sont employées à la fois dans
la même inscription. Cçst même l'emploi constant
d'un de ces signes et l'absence complète de l'autre
dans quelques textes qui a appelé mom* attention
sur les substitutions.
SEPTEMBRE 1847. 21t
Dans les inscriptions trilingues, on ne ràk ni
Inïlfc:, ni fcy[T— : oes deux signes y sont, je crois ,
représentés par leur équivalent tdfJJ], qui y est
beaucoup plus commun relativement que dans nos
inscriptions. Dans celles de Babylone , comme je l'ai
dit, le signe ^[|f=, est augmenté d'un clou dâïre
lés deux sens et se trouve figuré ainsi ^^jy^Ez.
Le signe èl|||J est un nouvel exemple des rap-
ports qui existent entre toutes les variétés de récri-
ture cunéiforme assyrienne. L'équivalent J^T est
un type tellement fréquent dans Fécritûre babylo-
nienne , qu'à a pu en être considéré comme caractéris-
tique. J'avais copié plus de cent inscriptions à Khors-
abad sans y avoir rencontré cette forme et , plus tard ,
dans d autres inscriptions , je lai trouvée substituée
partout à ^z||jy. Qui peut assurer qu'il n'en soit
pas de même pour un grand nombre de signes ba-
byloniens?
Notre signe {ts|yj| se trouve dans quelques ins-
criptions de Persépolis en tête du nom d'Ormuzd,
{autant du moins qu'on peut le séparer de ce qui
i'entoqre); aussi s'âocorde-t-oh en général à lui don-
ner la valeur de k voyelle oh, simple ou aspirée.
Je crois en outre que ce caractère peut représenter
a.
212 JOURNAL ASIATIQUE,
également les lettres wf b, m, qui toutes ont de
l'affinité avec la voyelle ou* Ce n est cependant qu'une
supposition; car j avoue n avoir jamais pu expliquer
à ma satisfaction les mots très-nombreux des ins-
criptions trilingues dans lesquels ce signe se pré-
sente.
Le signe £f[|J|, suivi de £■■][*— ou ^f— > com-
mence toutes les grandes inscriptions de Khorsabad,
toutes celles qui sont gravées derrière le revêtement
de gypse, toutes celles des briques de Ninive. L'é-
chantillon des inscriptions de Nimroud que ma
envoyé M. Layard, commence également par ce
même caractère. Sauf ce cas, t£jfj| est d'un em-
ploi assez rare dans mes inscriptions ainsi que dans
celles de Van. Dans celles de Persépolis, il est beau-
coup plus fréquent, ce qui tient, je crois, à ce que
l'équivalent fcffjbi n'y a pas été employé.
53.
é£~M =
J'ai déjà dit que, selon moi, le signe .fcfcz était
une voyelle, et il est inutile de répéter ce que j'ai
écrit à ce sujet dans le paragraphe 44; comme les
autres voyelles, il est souvent supprimé.
SEPTEMBRE 1847. 215
■■,'■- 54- -
Le premier équivalent, fc*»<|> me parait être le
seul certain, car, non-seulement, les deux formes
sont très-différentes, mats encore cette substitution
est confirmée par celle de *^><| à ^^f ($ \5)1. H
semble résulter de la comparaison de ces deux
exemples, qu'en composition ^R| remplace £jj.
Les deux autres variantes **-pEf et E f T EPe
paraissent être des fautes dues à la similitude des
signes.
La lecture de quelques noms propres dans l'ins-
cription de Nakchi-Roustâm a conduit à donner
au signe fc^zf la valeur d'un t; avec cette déter-
mination , il serait impossible de trouver dans une
langue sémitique ou arienne un mot, ayant le sens
de père , qui convint à la forme que ce mot présente
dans les inscriptions trilingues , ,
tS^ïïïïïït^fte^IÏÏÏÏ- -
Je sais qu'on l'a cherché dans la langue copte, mais
ce n'est certainement pas cette langue qu'on s'atten-
1 C'est par erreur que cette équivalence a été marquée d'un point
d'interrogation ; je me suis assuré qu'elle est très-certaine.
214 J0URNA1 ASIATIQUE,
draif à trouver dans les inscriptions de la Mésopo-
tamie. Quoique, en conséquence, je ne croie pas
à cette interprétation , je mfabstiens dé ia eptiquer
puisque je n*ai rien de mieux à proposer; je ferai
même observer que le mot' roi, tel qu'il résulte de
mes inscriptions (S *^), pourrait -#tre facilement
ramené à un mot égyptien ayant cette signification.
J'ai ajouté deux cofçbtnafeons remarquables dans
lesquelles entre le>signe Çn^J. Dans la première,
on voit le signe -^4, l'équivalent de *-^T^ et celui
qui précède 'tous les noms de pays; on le voit, dfe^
je, remplacé par ^^1 fcr^J-Dapitelea systèmes
proposés, ees signes représenteraient les lettres ni , et
par conséquent il faudrait chercher dans ces deux
lettres le mot ville ou pays. Je laisse à d'autre* à
trouver un mot qui convienne.
La seconde combinaison est également dfficile à
expliquer; elle nous donne ff— , e'esfeà-dire la
dernière lettre du nom d'Hystepe comme équiva-
lant çle ff* fc^3f • Or °& <to*K à'o&tè* Ie? J44e$ re-
çues, donner à ees deux signes la valeur de /du.
Ces valeurs sont inconciliables; il faut donc néces-
sairement que l'on se poit tro*ipé dans lobe ou
1 autre de ces déterminations, car les équivalents
sont si différents, que fon ne peut supposer une
erreur de gravure ou de cppie.
55.
S^*=ECTÏ3'
SEPTEMBRE 1847. . 215
Ces dçux signes sont évidemment les mên)es et
tous deux, représentent indubitablement la forme
^ ^ Jf. employée à Persépoiis. Ils ont, comme je
l'ai. dit, la valeur d'une voyelle, et probablement
de l'i.
• 56.
Je crois que la première variante t^-1 est une
erreur ; quant à la seconde, Sg^SrC' elle est cer-
taine et très-remarquable. On sait en effet que, dans
le nom d'Ormuzd , le signe qui doit contenir Y$ ou
le z est ^^^ • Une des portions de ce groupe est
notre type fcSp^ et il est facile de reconnaître
l'autre portion W dans les six petites têtes de dots
ajoutées dans l'intérieur du signe JerJEÇ» équiva-
lent de ce mçme type Ë^~z- U est donc probable
que le groupe persépolitain fc*£^ et les ninivites
Êîe2§C et Mfc^ sont 'es m^mes' or Ie signe persé-
polîtain doit avoir la valeur de as ou az , et il doit
alors en être de même pour les signes ninivites.
Mais des deux portions qui entrent dans la compo-
sition de fc^=, savoir : ^ et fc^=, quelle est
celle qui représente 1» consomme ? Si l'on tient compte „
L^
216 JOURNAL ASIATIQUE,
des résultats obtenus dans le déchiffrement du sys-
tème médique, il est probable que ^ représente
cette consonne, car, dans cette écriture, ce signe
a la valeur de z ou za. L'autre portion , t^E » serait
alors une voyelle. Cette dernière valeur est cepen-
dant contredite par une équivalence que nous
donnent les inscriptions trilingues. Un des mots
représentant ce que M. Lasse© tFaduit par sastenta-
tor, aactor, y est écrit de plusieurs manières.
£ÏJ|^ ^E= Sehuiz, pi. Vm, lig. 18.
K^T tf= Ëee r m *• p1- vn. 1. 18.
Dans ces deux assemblages de signes , les premiers ,.
£ÏT et E%y. I' sont certa^nement équivalents, et les
deux derniers semblables; il en résulte, ce me sem-
ble, que le groupe t^5 équivaut à fr| fcT ;
or, dans le premier groupe composé , il est difficile
de ne pas admettre que* la portion *T représente
PT t et Tautre portion t^^ représente fcT ■ .
Mais ce dernier signe termine le nom de Cyrus et
l'on en fait un s; il faut donc donner la même va-
leur au signe correspondant È^^, et Ton ne peut
pas le considérer comme une voyelle , ainsi que j.e
le disais tout à l'heure.
Je dois faire observer en passant que ces deux
exemples d'équivalence sont peu sûrs, .parce qu'ils
sorçt tirés .de copies dont l'exactitude est très-dcra-
SEPTEMBRE 1847. 217
teuse, lés inscriptions de Haœadan n'ayant pas été
copiées par Schulz lui-même. J'ai cherché à vérifier
le fait en consultant l'ouvrage de MM. Flandin et
Goste , mais la confusion des' signes y est telle que
je n'ai pu en faire usage. Je doute d autant plus du
groupe Ç^£^* donné parla VIII6 planche de Schulz,
que , dans les excellentes copies de Rich et de Wes-
tergaard , le même mot est écrit ainsi :
Le dernier groupe h-*«J~« équivaut à ^£= ($$• •
et 5), Hh-= ÎI = ^Éf = ^^); quoique
y ait un groupe de plus, J^j£*f il n'en est pas
moins probable que c'est le signe ordinaire t^r^ >
et non pas Ç^^» f[uH faut voir dans le mot en
question. Au reste, cela ne change rien à mon rai-
sonnement, puisque t1^^ a bien certainement la
valeur de 5 qujk; s il est remplacé par gj, M ,
il en résulte toujours la même valeur pour ^T
et par conséquent'pour fcfe=. Ce sera alors le signe
tf l, dernière lettré du nom cTHystaspe, qui de-
viendra l'objet d'une difficulté, puisqu'il se trouvera
correspondre à W dont on fait une s ou un z; mais
ce n'est pas le moment de discuter ce point, sur
lequel j'aurai l'occasion de revenir. -
' L'exemple que j'ai ajouté à ce paragraphe donne
218 JOURNAL ASIATIQUE.
u* «nouvelle probabilité à la détermination Aè \
comme représentant is ou le z. On y voit, en effet,
deux combinaisons terminées, l'un* par ce signe
fcz0^, et l'autre par ^^y» Or ce dernier signe est
une chuintante dans le système médique, et il a pro-
bablement la même valeur dans le système assyrien ,
puisqu'il se trouve à la fin du nom d'Achéménès.
Nous sommes donc conduits, par cette discussion,
à donner aux signes^ et fc^— la valeur de sifflantes ;
pour expliquer leur réunion dans un seul groupe
t>^ ou ȕ^, ne sei*ait-il pas possible d'ad-
mettre qu afin de représenter une articulation étran-
gère à leur langue, les Assyriens eussent réuni
deux lettres , comme nous le faisons nous-ipêmes
dan» beaucoup de cas? 11 est certain que les signes
Ç>£^3 et Çjfc5c^*sont tous les deux fort rares
dans les inscriptions de toutes les localités.
57.
Le «gne ££JJ est employé daiis le système wé-
dii|ue, et la place qu'il occupe dans les noms de
Darius et d'Hystaspe conduit à lui donner la valeur
de ch; dans l'écriture assyrienne, il se trouve à la
fin du nom d'Acheminés, et cette valeur y convient
également à ce signa, surtout si du caractère suivant
on fait une. voyelle et non la chuintante.
SEPTEMBRE 1847. 219
On remarquera que Î~*J\ vient à la plaée de pj,
qui représente le à -de l'éGritur^ cunéiforme persane;
ceta, comme je lai déjà dit, est inexplicable. J'invite
de plu* 4e lecteur à t approcher ce lait de celui dont
j'ai parlé dana le paragraphe précédent Mous y
avons vu, par l'équivalence de t>^ avec gj,
M , que le signe pj était probablement rem-
placé par ^; frf, dans Iç système médique, ^ a la
valeur de z. Nous trouons donc Ç^ et p| T deux
signes auxquels, dans récriture cunéiforme assy-
rienne, on veut donner les valeurs de h et de p
remplacés par des signes £^JJ et fî » ayant respec-
tivement, dans l'écriture médique, la valeur de deux
sifflantes, ch et z. Ces valeurs sont inconciliables;
et, si je ne me trompe, il y a là quelque chose de
propre a nous faire douter des valeurs que Ton
donne ordinairement, dans le système assyrien, aux
signes £f "et ff -
La seconde équivalence nous montre ^TT rem-
plaçant ►~yj,4ji ►-/""!» <fo*t» je crois, une erreur,
car cet assemblage de sigqçç, quaad il n est pas écrit
en entier, est toujours remplacé par £^5f » signe
dont la ressemblance avec JS^fJ» a pu causer une
erreur, soit de ma part, soit de celle du graveur de
l'inscription.
58: t
220 JOURNAL ASIATIQUE
Le signe t^[\ est fort rare dans les inscriptions ,
où il parait comme une abréviation, à en juger du
moins par l'unique équivalence que j'ai rencontrée.
Il est au contraire très commun dans l'inscription
de Nemroud qui m'a été envoyée par M. Layard.
59.
#
J,a première variante ^ T | est probablement
une faute. La seconde, quoiqu'elle ne se soit pré-
sentée qu une fois , est assez différente du type pour
mériter l'attention; je n'ai du reste aucune remarque
à faire sur le caractère t^Tjp, et je me suis borné
à ajouter un exemple qui peut être intéressant parce
qu1 il montre le signe du pluriel \-+*< remplacé par
d'autres caractères.
60:
La première variante *^JJT» me paraît douteuse,
parce que Ion a pu facilement oublier le premier
clou horizontal du signe HQiï- Les autres sont cer-
taines, comme on le voit, mais rares; ce caractère
SEPTEMBRE 1847. 221
n'ayant pas d'équiralents sur la valeur desquels nous
ayons des données , je ne puis rien en dire.
6J.
trSTTT -THT — T- = tT
Les trois variantes du signe ^-^J| sont remar-
quables; la première ÉrJJff . £t la troisième fc^fy
conduisent à lui donner la valeur d'une voyelle;
mais la seconde, ►^J-m, rend cette détermination
presque impossible, et cependant cette variante,
quoiqu'elle ne se soit présentée qu'une fois, n'en
est pas moins certaine , car nous en ayons dçs preuves
indirectes. En effet , la substitution de t^]]] &
t^yyj «st assez fréquente pour être regardée comme
certaine, or, t^Tff équivaut àf^J^zz^qui équivaut
lui-même à *Y, équivalent indubitable de ►—«Y-*:
nous avons donc directement dune part ,
et, indirectement , de l'autye,
fcSÏÏ = Niïïï = Mïï= = ÎT = ~T-
L'exemple même que j'ai ajouté nous donne, si je
ne me trompe , une autre confirmation de cette équi-
valence. Dans ces deux combinaisons, ie dernier
222 JOURNAL ASIATIQUE,
signe de l'une, ^J , est un équivalent certain du der-
nier signe de l'autre , ► «| < ($ i ) ; le signe du milieu
de la première, ►-f^f » représente certainement le
signe du milieu de la seconde, »~TT; et, en consé-
quence, le premier caractère g^JJJ équivaut à *J.
Or, comme je l'ai dit, *| et ►^J-^ se substituent
fréquemment l'un A l'autre.
Il n'y a donc pas lieu de douter qu'il n'y ait subs-
titution, et, par conséquent, similitude de valeur
entre* f^EfïT et *~tf~4, Mais alors nous voyons
reparaître la même difficulté qui s'est déjà présentée
au sujet de l'équivalence de *J et de g-TTT — '« l&
dernier de ces deux caractères parait être une
voyelle , mais peut-il en être de même du premier
*T, et, par conséquent, de ses équivalents **T, ^Ëf,
►~«t-<, etc.? Pour concilier ces apparences, il faut
attendre, comme je lai déjà dit plusieurs fois, qu*
nous ayons à notre disposition de nouveaux élé-
ments de déchiffrement.
62.
0^ = 53"-
SEPTEMBRE 1847. 223
La première variante MfrHf est extrêmement
fréquente, mais c'est surtout à la fin des lignes
* qu elle se substitue à la forme ordinaire fc=T, lors-
qu'un mot n'était pas assez long pour la remplir
entièrement. Il semble que , dans ces cas , le graveur,
forcé d'allonger les caractères pour atteindre la fin
de la ligne , ait trouvé la figure ►-J^-T plus propre
à subir cet allongement. Cependant , on rencontre
cette variante substituée à JtT, ailleurs qu'à la fin
des lignes.
Le second équivalent, ffi» — , quoique assez fré-
quent, me paraît cependant douteux, parce que le
clou horizontal isojjé a pu facilement être ajouté ou
oublié. Quant au troisième 44, cette cause d'erreur
ne peut être admise, parce que les signes ne se
ressemblent pas, et, en conséquence, ces exemples
de substitution de '44 à ^T doivent inspirer des
doutes sur la valeur communément attribuée- aux
deux coins 44. Comme on les voit, dans le nom
d'Achémértès, remplacer deux ou trois signes parmi
lesquels doit se trouver cçlui qui représente la lettre
n, on en a conclu, immédiatement, que ces coins
devaient représenter la syllabe ni; mais noua les
voyons paraître cinq fois à la place du signe £^>
224 JOURNAL ASIATIQUE. .
dont la position , dans les noms d'Ormuzd et d'Aché-
ménès, est telle, qu'il est impossible de ne pas le
regarder comnte le représentant de la lettre m; il
y a donc erreur, soit dans cette dernière détermi*
nation, soit dans celle du signe 44*
Pour moi, je suis convaincu. que ces deux coins
44 ne représentent pas uniquement la syllabe ni,
mais peuvent avoir également des valeurs très-diffé-
rentes, et, par conséquent, j admets la valeur de
m pour le signe ^; en même temps, cependant,
je crois que, dans beaucoup de cas, il peut repré-
senter la voyelle ou; sans cela, je ne m'expliquerais
pas l'adjonction si fréquente de trois clous hori-
zontaux à beaucoup de signes dans la composition
desquels ils n'entrent pas ordinairement, tels que
►V^T et »^' Peut"être même peut-on voir quel-
que analogie entre le signe de la voyelle ou, ►~Ja|,
tel que je l'ai déterminé, et 1<j variante ^"JHT de
notre m KF
Dans le système médique , le signe W est, selon
M. Westergaard, un p, et par suite de l'analogie de
«ette lettre avec le 6, et de celui-ci avec l'm, on peat
y voir une confirmation de la valeur m attribuée
dans le système assyrien à ce même signe ET. Il
faut cependant remarquer que, dans l'écriture cu-
néiforme persane, ce dernier caractère représente
la lettre r. Cela montre qu'il ne faut pas ajout»
trop de confiance aux inductions tirées de la res-
semblance des signes dans les divers systèmes.
SEPTEMBRE 1847. 225
.. 63.
E^ = H4.g-*;^i.<Bf-i.
J'ai dit , dans le paragraphe précédent , que ia subs-
titution de W à M-^ me paraissait être l'effet d'une
erreur. Les autres équivalents sont certains au con-
traire , mais cependant il peut rester des doutes sur
lechange de H^— et de W — , à cause de la simi-
litude des signes. C'est la même difficulté qui s'est
déjà présentée au sujet des signes aJ*— et ^J*— ,
et de leurs substituts aJ— -, ^— . **'
Je ne doute pas que le signe persépolitain fcï^-
ne soit le même que le ninivite ^T*— » et quelques
inductions tirées des inscriptions trilingues permet-
tent de leur assigner, avec quelque probable, la
valeur de r. En effet, dans la transcription assyrienne,
les signes qui représentent le mot wazarka du texte
zend sont tantôt
— ^-BT— MTTT
et tantôt .
Dans ces deux combinaisons, les premiers et les
derniers signes sont identiques, et si l'on suppose
qu'elles représentent le même mot, il s'ensuivra
que le signe ^T»~- de l'une représente les deux ca-
ractères ^T y **►— de l'autre; or, de ces deux
x. i5
226 JOURNAL ASIATIQUE,
signes, le premier £st certainement un r, et cette
même valeur devra alors se trouver dans le subs-
titut £J>— .
Un autre mot des inscriptions trilingues nous
offre un second exemple de la substitution de ^J*
à une combinaison de signes parmi lesquels se ren-
contre la lettre r; ce$t le premier des mots qui
représentent le sustentator, auctor, de M. Lassen. Erç
comparant les planches XIV et XVI de M. Wester-
gaard, on verra, à la ligne 8 de la première , ce mot
écrit
A la i ie ligne de la seconde, ces deux caractères
sont remplacés par
Si le signe ^T* — n'était pas un r, ce serait un bien
singulier hasard que celui qui, deux fois dans des
mots différents , le montrerait substitué à des com-
binaisons renfermant cette lettre. Il n'est pas inutile
de faire remarquer que cette détermination rendrait
raison de la forme de la lettre r dans récriture cunéi-
forme persane £=T; ce serait une simple dégrada-
tion du signe assyrien ^V— .
Si l'on admet cette détermination , il devient assez
facile de lire le mot ►-►-*- ^zjfr^- £4TTf- Le pre-
mier signe, ► »»t , est, selon l'opinion générale, un
a ou un h) et représenterait l'article. Le dernier
signe, fc^fjyy» est probablement une des formes de
SEPTEMBRE 1«47. 227
la voyelle ou, mais, à cause de l'affinité de cette
voyelle avec la consonne m, on est en droit dattri-
buer à fcJTTT cette même valeur, et Ton obtiendrait
le mot rom, racine sémitique bien connue. Ce même
mot convient également bien aux signes ^J*~-,
fc^fyjy, dans d'autres passages des inscriptions tri-
lingues où ils se rencontrent aprè$ le monogramme
représentant le mot roi: Enfin, presque toutes les
inscriptions de Khorsabad commencent, comme je
lai dit, par trJJJJ ^ — ; et Ton pourrait y voir le
mot mar ou mory qui signifie seigneur en cbaldéen
ou en syriaque.
Telles sont les suppositions que je puis faire, et
je les donne avec d'autaht plus de méfiance que ,
jusqu'à ce qu'on Tait démontré par des arguments
péremptoires, je me refuserai à croire que la langue
des inscriptions assyriennes soit une langue sémi-
tique.
64.
Ce caractère étant évidemment le même que
HHfT — T je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit dans
le paragraphe 5 1 ; je me bornerai à ajouter que
l'inscription de Nakchi Roustam nous otfre, au com-
mencement, un exemple de la substitution du coin
i au signe fzTTTT. C'est une raison de plus d assi-
miler ce caractère au signe fci^ptz: ou à sa variante
fcJTT— , puisque ce, coin* remplace souvent ceux-ci.
228 JOURNAL ASIATIQUE.
- 65. ''
Jai parlé de ce signe dans le paragraphe 36, et je
ne le place ici que pour ne pas interrompre la série
des caractères commençant par trois clous hori-
zontaux.
\ 66.
Ce type est, selon moi, identique au caractère qui
tient la place de ïy dans le nom de Darius, c'est3^
dire à HP^Tf; je ne crois pas qu'il puisse y avoir de
doute à cet égard. Ce serait donc une voyelle , comme
je lai dit au paragraphe l\U, et cette détermination
viendrait à l'appui de tout ce que jai avancé au
sujet des signes a| — et aJ. Nous les voyons en effet ,
paraître comme substituts dé E-* T¥, et si celui-ci
est réellement une voyelle, on ne pourrait accorder
cette valeur avec celle de cli attribuée au signe aT — .
lia grande différence des caractères ne permet ce-
pendant pas d attribuer la substitution à une autre
cause qu'à une similitude de valeur.
Les variantes ^-* T | et fc^Tjf me paraissent,
au contraire, être dues, comme je lai dit, à des
erreurs faciles à commettre à l'égard de signes qui
SEPTEMBRE 1847. 229
se ressemblent autant. Quant au signe ^p, il est
trop différent pour qu'on puisse lé regarder pomme
une faute; je crois que c'est un chiffre auquel on a
pu substituer une lettre, comme cela ma paru avoir
indubitablement lieu pour un autre chiffre ainsi que
je le dirai plus tard.
(La suite à un prochain numéro. )
BIBLIOGRAPHIE,
SANSCRIT OG OLDNORSK AFHANDLING, etc.
C'est-à-dire, Le sanscrit et l'ancien norvégien, dissertation par €. A.
Holmboê, professeur de langues orientales à l'Université- de
Norwége, etc. Christiania, 1 846, iu- 4°.
(Suite.)
LEXICOLOGIE.
M. Holmboë , après avoir tiré de la grammaire des preuves
de parenté entre le sanscrit et l'ancien norvégien ou norsk,
termine son opuscule par un extrait du dictionnaire de cha-
cune de ces deux langues dans lequel il a classé les mots par
ordre de matières ; c'est en effet le moyen le plus sûr pour
faire constater l'analogie. Nous allons suivre l'auteur comme
dans l'article précédent.
1° DB L'HOMME, DE ta FAMILLE, DO COUPS HUMAIN, ETC.
Mannr, ou madkr m. « homme, »=*rej mantu ou *lMbl
mânava «homme;» d'où mmskr, adj. « humain, w—m^p
230 JOURNAL ASIATIQUE.
mânwchél adj. « humain ; * et jjtanmskja, f. ■ homme ; » ïïTgpi
mânuschya, m. «homme.» Mannr ou madhr signifie, non-
seulement l'être humain en général, mais il spécifie aussi le
' sexe mâle , comme l'anglais man et le français homme.
Verr, m. « l'homm/e » (latîn vir) , — éftj vtra, m. « héros ,
guerrier;» pris adjectivement «excellent, brave, robuste;»
etsrç vara, m. « mari. »
Kvendi , n. « femme r » Aw£ti ou kvon , f. « épouse , » A»>iui « « la
femme, » ont du rapport avec 9t3TT kanyâ, f. « vierge, » en
zend *tf**i haine, «jeune fille. » Genta, f. « soubrette, • parait
appartenir à la même racine ; en norvégien moderne , jente
désigne une fille ou une femme non mariée ; en hindoustani ,
\J<3»janî, « une servante. »
TheÏÏa, f. « femme » poét. zzirTTOïT tallâ , f. «jeune femme. »
Karl, m. « un homme » (wr), paraît analogue à 5»T^ kâra,
m. « l'agent. » On le retrouve dans l'ancien persan , par exem-
ple dans l'inscription 1 de Nipbuhr, planche xxxiii» ligne 8,
oupârsckâ kârâ signifie probablement « les hommes persans. •
En norvégien moderne, on dit aussi kar plus fréquemment
que karl1.
Patti, m. « petit enfant; »cf.tgr m. « enfant. »
Mœr, f. «vierge,» proprement «pure, non violée;» hin-
doust. j-j-* mahar,* femme, » dérivé probablement par aphé-
rèse de *Ml[i kumârî, f. « jeuae fille de dix à douze ans,
vierge. » L'adjectif meurr veut dire «pur; » §jMÏ{ kumâra, n.
signifie de même « de l'or pur. »
Mey, f. « vierge ; » megda, f. « petite fille ; » cf.xjttTT mugdhd,
f. « femme jeune et aimable. »
Barn, m. « enfant, garçon, » de lera, « porter, »=*J bhri,
zend, fay berev «porter;» corrélatif du persan U/j, barnâ,
«jeune nomme *. »
1 Le lecteur se rappelle sans doajte que Karl est la forme primitive du
nom propre Charles , importé dans les Gaules lors de l'invasion t eu tonique
— B.
a Aram. "Q bar, K1D &«"«* «uu JUs,» tic K13 hara, « procréer ;•» grec
• <pépœ, lat. fero, «porter, produire.» — 13.
SEPTEMBRE 1847. 231
Kruki, m. «petit garçon;» conf. hindoust. ^fjfguvgâ,
« petit garçon , marmot. »
Bedhja, f. «épouse, » = S|U^ badhâ, f. * femme, épouse. »
Gipta , « marier, donner en mariage, » = q^ yabh ott §n^
jabh, « unir, joindre. »
Gela , « engendrer, » = 51^ Jf an * « engendrer. »
Hjon, n. pi. terme islandais, « les époux ; » on dit jun dans
le dialecte de Bergen en. Norwége , = sp^ yug, « une paire ,
un couple, » de g&yy, • joindre. »'
Tobtî, n. • cohabitation ; » cf. çrf^ dâri, L « action de se ma-
rier; t <yf^ dârin, n. mari, • ^ dâra, m. pi. « une
femme ; » de £ dri, « prendre un mari. »
Fridkill, m. ■ amoureux, galant; *fridhla, f. «concubine,
maîtresse; » conf. îft prt, zend jléfrt, «aimer, » fifcr pr/ya,
« cher. •
Amma, f. « aïeule , » = «M4I amfoî, f. « mère *. »
Fadhir, m. « pève, »=fti?| pitri, m. « père. »
Modhir, f. « mère , »=*n?| mâtri, f. « mère. »
Mamma-pappa = hindoust. c^\j L» mâ-bap , « les parents ,
le père et la mère. »
Brodhir, m. « frère , » =WT?| bhrâtri, m. « frère. »
Systir, f. « sœur, » = SSPÇ swasri, f. « sœur. »
Sonr, m. «fils, »=3TJ$d/ui, m. «fils,» de'^jchâ, «por-
ter. »
Bôrr ou 6arr, m. «fils;» conf. 5rç tara., «gendre» ou
JJ Uri, « porter. »
Kundr, m. «fils,» poét. conf. 37*13 kunda, «enfant adul-
térin.»
Dottir, f. o fille, » = 3%| duhitri, f. « fille. »
Systkin, n. pi. « frère et sœur; » c'est un des rares compo-
sés de la langue norske, qui présentent une affinité avec les
dwanda sanscrits , car il est composé de sytf pour systir, et
de kynn, « genre, race. »
1 Hébr. QK «m, aram. tfDft imma, et arabe y+\ omm, «mère.» — B.
232 JOURNAL ASIATIQUE.
Fedhgin , n. «père et fille , • mo&dhgin , n. ■ mère et fils ♦ • sont
formés par le même procédé defadhir et de modhir réunis à
kynn, dont le k s'est changé en g à cause du dh précédent
qui est consonne douce. Il en est de même de fedhgar, m.
« père et fds , » mœdhgur, f. « mère et fille , » dont la dernière
syllabe n'a retenu que la lettre g de la racine géta (5T^ jan) ,
« engendrer, • à laquelle on a ajouté la terminaison plurielle.
Cf. ftrTjsiï pitaputmu, « père et fils.
Svœra, f. «belle-mère,* = ssraj^ swasrû, f. (lai. socm)
« belle-mère. • En suédois : svœr, beau-père, • = goth. svaih-
ro = *<**li swasura, m. (lat socer,) « beau-père. »
Verfadhir, m. « beau-père , » pourrait çtre considéré comme
formé par aphérèse de sverfadhir; mais » comme on l'emploie
principalement pour désigner le père de l'époux , il vient
plutôt de ver = srç vara, «mari,» et fadhir, «père;* de
même verbrodhir, « frère de l'époux et de l'épouse. »
Svilar, m. pi. « beaux- frères , maris des soeurs; » conf. SBTTCT
m. syâla , « frère de l'épouse. »
Kâdk, « enfant nouveau-né; • smjâta, m. « enfant. »
Kyllir, m. «scrotum,» a du rapport avec l'islandais mo-
derne kylla, c engendrer, • le suédois kull, et le danois kuldt
«famille, race,* = 9jô?T kula, «famille, raee, caste,* de
5^ kul, « être parent. •
Kynn, «race, famille, sexe;» kind, f. id. = srft' jani,
f. «naissance, production. »
Vensl, n. «alliance, parenté, » = cfar txzjua, m. «race, li-
gnage, famille.»
Vandamenn, m. pi. « alliés, parents; » vandalaas, adj. • qui
n'est pas de la parenté ; » cf. SFg bandha, m. « parent, allié , •
de sh^ band, « lier. »
Folk, n. dans le dialecte le plus ancien signifie « armée
nombreuse , »etparsuile« peuple, »=cïteçr»oft4>f. « armée, •
suivant M. Lassen, qui, d'après une règle observée dans le
Rigvéda, fait dériver ce mot de sftç voda, part, de 5^ vah,
SEPTEMBRE 1847. 233
«couler en ruisseau. % On doit rapporter à la même racine
fylkia , ranger en ordre de bataille , eïfylkir, « général d'armée ,
roi. »
Sàl ou sala, f. « âme , * = 3T{ sàra , in. « la partie vitale ou
essentielle d'une chose.
Andi, m. « esprit, respiration; » —WH âna , « haleine , » de
S^ an, « respirer. »
Smna , « esprit , » — pers. *^w stna, « le sein, la poitrine »
(lat. sinus).
Kroppr, m. «le corps, t = zend, e^d keref ou kerep, «le
corps » (lat. corpus), de^F^ï^ klrip, ou krip , « faire. »
Hôfud, n , « la tête , » = thMM kapâla , « le crâne ; » hindoust.
iSriji*-* khopri, « le crâne » \
5vtpr4 m. « visage, » = ^$r chubra, n. ou ^T chupa, « la
face.»
^o^a, f. « œil , » = fjf% afrif, n. ou OTJJT, contr. ^J^afeiî,
«l'œil'.»
Brun, f. « sourcil , » =m ^ iftra, f. « sourcil8. »
£T varmr, m, «paupière ;»conf. d«î^, varmman, n. «ar-
mure, » de ^ vri, « couvrir. »
iVoj, f. pi, «les narines,* — ^T^ /uw ou TOT no*!, «le
nez. » *
Mudhr ou munnr, m. «la bouche, » = gj?f mukha, n. « la
bouche, • d'où les Hindous modernes ont formé &* muah, m.
Gap, n. «hiatus, embouchure, » = sn^ jafcfc, «bâiller. »
M. Holmboê retrouve cette racine dans le compose zend
CfteV»&'^ tri'jafh-em, «(serpent) aux trois gueules,» dans
lequel M. Burnouf voit le substantif jqfha, «bouche» ou
1 Grec, xcpoXïf , «tête;» grec moderne, xeÇx&a, «grotte tète;» latin,
eafmi. Le nortk a tobi nne modification analogue à eetie dn latin. — B.
*' Hindonst. ^jS , ànkh. — D.
1 Pers.j^fo&rû.— B.
254 JOURNAL ASIATIQUE.
« gueule, » de jaf pour jdp, identique au sanscrit W^jap,
«parier1.»
HvoptTj m. «bouche; » cf. SSTO swabhra, m. «bâillement,
ouverture. »
Lap, n. et lepra, f. «breuvage,» et kpja, «lamper à h
manière d'un chien;» ces mots semblent indiquer qu'il a
existé autrefois une racine de laquelle est dérivé le norvégien
moderne lœbe, «lèvre.» Le sanscrit 91^ lap, «parler,» et
çftR lapana, n. « la bouche , » ainsi que le persan oJ lab , ac-
cusent la même racine *.
Tônn, f. « dent, » •==. ^fT danta , m, « dent8. »
Jaxlar, m. pi. « les molaires , les maxillaires , » de sf^ jaks,
« manger. »
Nous trouvons, à la page 17, deux termes norsks qui,
au premier abord, paraissent avoir peu d'analogie avec
leurs corrélatifs sanscrits; cq sont; tunga, f. = fziïgjihva,
f. «langue,» et eyra, f. msnjT harna9 m. «oreille.» Mais
M. Holmboe justifie, pour le premier, le changement du sîj,
en une lettre linguale ou dentale, par plusieurs exemples;
ainsi: thiodh ou thydhi, «peuple, »=$nfit iâti, «race, fa-
mille; » dôgl, n. pi. « armes , » = ïïJmjagah, m. « armure; ■
theli, m. « froid, » = $m jala, n. « froid. » Tonga peut donc
être corrélatif de fàf[ jihva (zend hizvâ ; lat. a ne. diiigaa,
mod. lingua, goth. tuggô)% a langue. » — Eyra, «oreille,»
paraît d'abord fort éloigné de crut karna; M. Holmboé a été
amené à cette corrélation par une observation de M. Bur-
nouf , qui fait dériver le ohr germanique du zend gaoteka,
pers,. (jyT gosch, goth. auso, corrélatifs du sanscrit sita
ghoscha, « son (sonus). » Le changement de Y s en r, se trouve
expliqué dans l'exemple suivant.
1 Jowrn. asiat. décembre i8AA, pag. h 96.
* Latin, labivm , lambere ; gtec, Xàvmv, X«#7e«*. — B,
3 La voyelle 0 se retrouve dans le grec 6ê6v(ros) ; les latins changeaient
également fa ou Ye (a bref du sanscrit) en 0 : pondus de pendo; domo , domos
de ha\ûùy SapSç; spondeo de vnévêù), etc. — B.
SEPTEMBRE 1847. 235
Hàk, m. «cou,» — im gala, m. • gosier.» H est intéres-
sant, dit en remarque M. Holmboë, de rechercher si la
lettre s, à la fin de ce mot et de plusieurs autres, ne serait
pas un ancien suffixe du nominatif (semblable à Y s des
Indiens, pour les noms masculins et féminins «laquelle a été
changée en r dans plusieurs mots de l'ancien norsk) ; ainsi,
hab représenterait le sanscrit rre?T^ galas, «le cou;» snavs,
«ordure; » *PT^ sanàs, « excrément, ordure. ». Ce qui confir-
merait cette opinion» c'est que le sanscrit çfà^ krimis, « ver, »
est devenu en persan J^ji? kirmiz (lat. vermis); sTfàr^ janis,
■jeune fille,» est devenu en persan y^kenlz. Si cette déri-
vation est exacte, le suffixe m, que Ton trouve à la fin de cer-
tains mots, viendra de l'anuswara (• ) , qui sert à caractériser
certains cas; exemples : likam, « le corps , » le même que lik,
représenterait ^^iéham; rikdom, « richesses, » = Mfrvî rik-
tham. Le norvégien skjelrfi , % vaurien , » viendrait de %%ï cha-
lam, «méchanceté;» le pronom interrogatif hvem (qui se
dit kem, en certaines provinces) viendrait fie f^ï kim.
Kverk , f . t gorge , » ^= Ç3> kfika , « gosier, larynx. »
Sviri, m. « chignon du cou ; » eonf. fèç chirâ, « le joint -des
épaules. »
Oxl ou ôx, f. « épaule, aisselle , » = ?te ansa , « épaule. » Le
norvégien skulder, « épaule, » paraît correspondre au sanscrit
Wfef skandha , « épaule. »
Hônd, f. «main,» ±=^?T Jiàsta, m. «omain , » d'où Thin-
doustani ^j*U hâth, et le pâli hatta.
Finqr, m. « doigt; »cf. ïïîfl anguri, f. « doigt, » de *^ ang,
« compter. »
NôgU f. ou nagl; m. « ongle, » =?n?î nakha, m, ou TO^
nakhara', « doigt* »
Gaupn, t « la paume de k main ; » cf. ^ftfiîr kupâni, « qui
a les mains erochues , » de 5 kut « mauvais*, » et crrjrjr pâni*
1 main. » .
236 JOURNAL ASIATIQUE.
Speni, m «mamelle ;• cf. ÇFR stana, m. «le sein d'une
femme l. »
Nafii, m. « nombril, » = =nft adMi, m. f. « nombril. »
Hryggr, m. « dos , derrière; » cf. ÇPT rogna, « courbé, » de
Çs^ ruj, « courber. »
Daoj, m. « fesses, podex; nef. 3^ cfcùcA, « être impur. •
Seti, m. a anus, fesses,» est dérivé communément de
sidde, «s'asseoir; » mais il est absolument semblable à $(ti
stdhra, m. « l'anus , » de éfaïT sîià, f. « sillon. »
Fôtr, m. « pied, » = m^ pdd, m. • pied. »
Knéou hnie, a genou, » snjjtfna, m. • genou. » La voyelle
longue pourrait faire douter de l'analogie de ces deux noms,
mais M, Holmboë fait observer que l'a de ce nom se perd
quelquefois en sanscrit même, par exemple dans l'adjectif
^r sajna, cqui a reçu un coup de genou;» en zend, la
voyelle est devenue brève et donne schenâ V
Leggr, m. «jambe , » = çro lanja, m. « pied. •
Hjarta,n. « cœur, » 32 f^ hrid, ou ^ hrit, n. «cœur. »
Mergr, m. « moelle, »= «Rspr^ majjan, f. « moelle '. »
Sût, f. « nerf, » =^îi8r sném -, m. ou tRig iriâyti , « muscle ,
tendon. »
Hàd, f. « peau ; » cf. g^ kkad* « couvrir. »
Staka, f. « cuir, peau , » — tfj^ schtkag. « couvrir. »
Hôrund, m. «peau, derme; » cf. çrçqr sarana, n. «ce qui
protège ou préserve;» W{ *ara, m. «la crème qui se forme
sur la superficie du lait caillé. »
1 Hoefer a démontré, par de nombreux exemples, que le p et le t permu-
tent en sanscrit et en d'autres langues. — H.
1 Le latin gêna parait venir du zend, tandis que le grec yiwu est plus
proche du sanscrit, par le doriea yéw quia conservé la voyelle longue. —
* La lettre r peut s'assimiler au 9 comme on le voit dans le pâli magga,
== sanscrit marga , «voie.» — H,
SEPTEMBRE 1847. 237
2° DES ROIS, DE LA GUERRE, DES ARME?, ETC.
Regin, n. pi. « dieux souverains des païens;, > = ^TsP^ râ-
jan, m. • roi, prince, souverain; » de JŒ^râj, ■briller. »
Skati, m. « roi (ppét.) ; » en zend kschaeta, « souverain » de
khschi == sanscr. f% ksi , « gouverner \ » et khschathra, « roi. *
Dans les inscriptions en ancien persan, le titre de roi se rend
par khsâyathya, d'où, en persan moderne, * la schâh. En
sanskrit r on trouve encore W% khschattra, m. a individu de
la caste guerrière ou royale. »
Drottinn, m. «seigneur,» drotning, £ i reine,» drothna,
• gouverner, régir» cf. %5 dridha, adj. «fort, puissant, » de
3JT <lr& « s accroître. »
Kongr, m. « roi ; » on peut comparer ce mot avec Thindoui
\j£j=> kangrâ, adj. «fort; robuste, » et ^\yJS=> kangrâi, f.
« force. »
Hroi, m. « roi, » = |ïf^ rdj (lat. rex pour rfji = franc.
roi)~ .
Stiïlir, m. «roi (poét.) » cf. t*TC]^ stkai «se tenir ferme. »
Dans la partie de l'Edda moderne connue sous le nom de
Skàlda ou Skàldtkapvrmâl, il est fait mention d'un roi nommé
Halfdan l'Ancien, auquel on donne dix-huit enfants, dont
neuf aînés d'une part et neuf cadets de l'autre. Les savants s
regardent les noms de ces dix-huit enfants comme des attri-
buts royaux qui expriment les charges, les dignités ou les
vertus royales et militaires. H est donc à propos de comparer
ces noms avec leurs corrélatifs sanscrits. Ceux des neuf pre-
miers sont: •
i° Thengill, de thinga, «jus dicere, conventum agere,»
conf. f%3£ chirij « assembler. »
1 M. Burnouf remarque dans son Commentaire sur le Yaçna, que khsi
s'écrit en zend ski lorsqu'il est verbe et qu'il n'est précédé d'aucun préfixe
qui se joigne immédiatement à lui. — H.
* Keyser, on+Nordmœndenes. Herkomst og Folkesl>skab , pag. 295. P. E.
MûUer, Sagabibliothek, 11 P. pag. hhh. — H.
238 JOURNAL ASIATIQUE.
a° Rouir, « qui procursare facit , » ou de hros, « louange ; »
conf. ^ST irêsa, « roi, souverain. » *
3° Gramr, «severus, » conf. 5FT krama, «pouvoir, puis-
sance, » de 85^ kram, « s'accroître. »
4° fyj/? « deauratus » (de gall, l'or) suivant Mulier; mais
M. Holmboë préfère le comparer au sanscritnç^gafô&j « être
hardi, intrépide. »
5° Hihnir, « pugnatof; » conf. qîteT kîla, « lance, pique. »
6° Jôfri d'xfir, «super;» conf. 3^ upari (inrép), «sur,
dessus;» d'où le norvégien moderne ypperlig, «excellent,
éminent. » Si on admet que le g ait pu être changé en j,
jôjr s'expliquerait par gàfugr, « noble, illustre, » qui est ana-
logue à un adjectif zend dont nous ne connaissons encore
que le superlatif sckevista = sanscr. UlfotV savischlha ( nor-
vég. mod. gjœveste), que l'on trouve dans le Rigvéda et le
Samavéda, et qui signifie, suivant Rosen et Stevenson , « très-
fort, très-robuste. »
7° Tiggi , de tiginn, «ornatus;» conf. tign, f. «honneur,
dignité, =^5T^ tejas, n. «splendeur, dignité,» de fhï^ tij,
« briller. » '
8. Skuli, « protecteur, » deskyla, = g» ska, « couvrir. » Ce
nom cependant pourrait n'être qu'une autre forme de sjoli,
m. « roi; » eonf. S^ sura , m. « héros. »
9. Harri, « seigneur, » de ïft srî, titre honorifique que l'on
prépose aux noms propres. M. Holmboë a prouvé au com-
mencement de cet opuscule que le h norsk correspond, entre
autres, au ST sa sanscrit. Mais il existe en sanscrit même un
autre nom qui rappelle encore plus expressément le harri des
anciens Scandinaves ; c'est ^r' hara ou ^ hari, une des prin-
cipales dénominations de Vichnou , et qui signifie également
«« seigneur, » de 5 hri, « s'emparer, prendre d'autorité. » C'est
de là qu'est venu très-probabïement le herr germanique, le
herus latin, etc \
1 Voyez ci-dessous Hari. — Le changement du h en .» nous permet de
SEPTEMBRE I8&7. 239
Les neuf fils puînés de Halfdan sont :
i° HiUdir, de hittdar, « bellona, prœlium; ■ conf. hind. jJU
hvdlar, « tumulte, trouble, » et %SU halld,* tumulte, assaut1. »
a° Nefir, de nefr, « fdius » d'après Muller ; mais plutôt, sui-
vant M. Holmboë, corrélatif de ^rrfÏT nâbhi, « roi, chef. »
3. Audki , de aadhi, « opes ; » conf. zend aodjô, dont le super-
latif est ^p&uçl« aodjistô, île plus fort, » = «Id^ o^/Vw,
• splendeur, force ; » ou bien audhi serait corrélatif de irra*
àdya ;, a opulent , riche. »
4. Ymjvi, de ttity, qui avait' peut-être autrefois le même
sens que *£ôF^ yuvan, «jeune, excellent, doué d'une force
native ou naturelle. •
5. Dagr = dâdigr, «strenuus;» conf. ^ dah, «briller,
brûler.» (
6. Bragi; conf. H1^ bhrâj , «briller*. »
7. Badhîi, de fowft, «pugna;» conf. ^ tuuft, «blesser,
tuer; igpr bkâdhana, « roi; » ijfflf 6/iufz, « pouvoir, dignité, »
8. Lofdhi =2 lofadhi, «laudatus;» conf. ^udir^ râpavat,
« beau. •
9. Sigarr* ,de «jfr, «Victoria;» conf. ^frjrt, «conquérir,
réduire 3. »
JU serait peut-être préférable de comparer ce nom à WR
saha, «souverain, prince qui donne son nom à une ère,»
de srqr sak, « être compétent, puissant. »
Le skâlda fait encore mention d'un autre roi appelé sinnjor
ou senjor, dont le nom, au premier abord, paraît venir du
français seigneur, lat. <seniov; mais si ce nom est antérieur au
latin et au français dans la Norwége, on pourrait le tirer de
SÎJ sanyu, « heureux , fortuné, »
rapprocher de 3n sri et de f^fi" hari, l'hébreu "î# sar, «prince, chef.»
— B.
1 Ajoutons en sanscrit ÇT3 ^^ ou ^tr; hind. Kjji larnâ, «combattre.»
t^ljJ larâi, «bataille.» — B.
* Brage est aussi, dans l'Edda, le dieu de Télocjucnce et de la poésie. — B.
3 Persan [CvSÎjwîri, en compos. «conquête.» — B.
240 JOURNAL ASIATIQUE.
Jarl ou joli, « duc , comte. » On n'est pas d'accord sur l'é-
tymologie de ce mot; Haldorsen le fait dériver de âr, i com-
pagnon , garde d'un prince » (9^ ara , « prompt , agile) ; » Ihre,
de eriles pu heriles (dimin. de heras), nom que Ton donnait
aux princes , en latin du moyen âge ; Seldenus , de œra, « hon-
neur ; • œrlig , « honnête l , que l'on retrouve dans le zend airya,
« venerandus , » et dans le sanscrit 3TCT aryya, «excellent
maître. » Mais comme les groupes ri et II se prononcent en
ancien norsk presque comme dî, il me. semble préférable de
le comparer avec ^ yatir, «soumettre, diriger. »
Hundinqi, «chef (propr. centurion);* conf. Siï?T sata, n.
« un cent, » d'où sont venus, en nasalant la voyelle, le latin
cejitum, le français cent, le, gothique et l'anglo-saxon hund;
ce dernier parait avoir été aussi la forme la plus antique de
l'ancien norsk (plus tard on dit hundradk); û est vraisem-
blable qu'on prononça aussi sund, car thusund, «mille, ■ est
indubitablement composé de tugr, « dix, » et sund — hund,
« cent. »
Hari, « h^ros; 1 conf. ^T{ hâra, m. « guerre, bataille, » de
5 hri, « s'emparer. •
Gunni, « guerrier ; » conf. nïïT guna, m. « héroïsme, valeur. *
Tirar ou tyrar, pi. « braves, » de Tyr, le Mars des peuples
du nord, d'où tirsdag, « mardi; » conf. ^ ckara, « la planète
de Mars. »
Beimar, pi. «soldats,! conf. iïfarç bhimara, m. «guerre,
bataille , » dé *ft*T bhtma, « frayeur. »
Baratta , f. « bataille; » beria, * frapper. » Quelques auteurs
traduisent le nom Mahâ-bhârata (titre du principal poème
épique des Hindous) , par « la grande bataille ; 1 mais , bien
que in^tT bhârata soit le nom du combat décrit dans cet ou-
vrage, on peut douter que ce mot soit corrélatif du norsk
baratta, car il parait venir plutôt de ^jrïbharata, « rapsode,
celui qui récite ces sortes de poèmes. »
1 Cet adjectif se retrouve dans le nom à'Aerlik-hhan , un des principaux
Bourkbans du système tbibétain-mongol. — B.
SEPTEMBRE 1847. 241
Voir, m. «cannage; • conf. §ten veM, f. « mort soudaine. »
Dôgl, n. pi. • armes; » conf. T^dagh, « blesser, tuer, pro-
téger, » ou Ittl&jagàla, m. ■ armure. »
Svidhah, f. t framée; » conf. hdlïH svâti, f. «épée » (ital.
spada).
Laufi, m. « glaive; » conf. çjo^ lup, «couper, trancher. »
Sledda, f. « cimeterre; » conf. SRfli^ shth, «tuer. »
Gladhiel, n. «glaive; ■ paraît venir de Qladius, gladeolus;
mais l'un et l'autre peuvent se rapporter à ÇRt^ kratk ou
591^ sîath, « tuer. »
Spjôt, n: « lance; » conf. fètf£ ;p&it, « tuer. »
Geir, m. « lance , pique , » = ^ jira , m. « cimeterre ; » de
firfçjir», «blesser, tuer. »
Késia, f. «javelot;» conf. grç^ faw, «tuer, frapper,» Cfî^
kasch, f détruire, tuer.»
Or, f. «flèche;» identique avec l'adj. ôr, «agile,» = irç
ara, «prompt, agile;» (hind j\ dr, «aiguillon»).
Pila, f. «flèche, trait,» = qfa| pîla, m. «flèche, • de
fite^ pil, «jeter, lancer. »
Hjàlmr, m. « casque, heaume; • conf. 39^ hal, «cou-
vrir. »
Stika, «fortifier, palissader,» = sq? schlak, «résister,
opposer. »
Veria, «défendre contre l'ennemi;» verni, ou vont, «dé-
fense, protection ; » cont q vri ( prés, «gilîtà vrintté) , « mettre
à couvert, couvrir; » 3J^ ûrnu, « couvrir. »
3° WO FED, DE LA LUMIERE, ETC.
£/Wr, m. «feu,» parait corrélatif de 39^ ul, «brûler;»
3TOîT ulkâ, f. «tison, flamme,»' car on retrouve la voyelle
* labiale dans d'autres mots de même origine, tels que ulli,
m. «feu;»;yJr, m. «chaleur;» ytia, «chauffer;» volgr, adj.
x. 16
242 JOURNAL ASIATIQUE.
« tiède; rvelgia, « faite tiédir. » Dans quelques cantons de la
Norwége , le peuple appelle une grande chaleur 61 ou 611.
Herkir, m. « feu. » Haldorsen pense que ce mot dérive de
hark, « pétillement, » parce que le feu pétille; mais M. Holm-
boë le compare au sanscrit sH^ ***** « échauffer, » d'où le
subst. séf arka, a soleil, » ou bien SRsfr karka, « feu. »
Log, n. ou logi, m. «lumière (fasc);© conf. gs^ laj (et
crriS" luji)% «briller;» hind. J lau, «flamme d'une bougie;»
,g£y lâkh, « flamme. »
Duni, m. « feu (poét.) » == gôPT dhuvana, m. « un des titres
d'Agni, dieu du feu chez les Hindous; » de ^ dha, « agiter; »
et fegT dhuna, adj. « accablé de chaleur ou altéré. » Conf. $ôT
dava, m. «feu en général, » = (j^3 daon en hindoustani. Il
y a encore, en ancien norsk, d'autres termes corrélatifs:
tundra, « s'embraser; » tundr, « trait de feu, » = hirid. oJLi
tunJ, « chaud; » persan jjOJM tandâr, « four. »
Varmi, m. « chaleur. » On peut comparer ce mot ou à 8W
gkarmma, m. «chaleur,» ou à 3G*T uschma, m. «chaleur1.»
Conf. orna, « échauffer; » Hrymr, m. « feu, » est corrélatif de
varmi et du sancrit d^T grtchma, « chaud. »
4° dd TEMPS.
Tuf, f. « temps, » = fà*T fûfca, m. « temps. »
A'r, n. « année. » On pourrait rapprocher ce mot de Wf ara,
m. a une division du temps chez les Jaïns , » si cette dernière
dénomination ne comprenait pas une longue suite d'années.
Mais il paraît hors de doute que âr soit corrélatif du zend
y are, « année, » selon MM. Lassen et Burnjmf, =z *5Ç avda,
et 3Scl£ urvvala. Il est digne de remarque que , en hindoustani,
pour exprimer : « il y a trois ans, » ou « dans trois ans, » on
se sert de l'expression tyjjz* teoras, composée de tri ou ire
1 Le g et le v permutent dans plusieurs langues ; il en est de même de s
et de r. 11 serait superflu d'en apporter des exemples. — H.
SEPTEMBRE 1847. 243
(hmcL tin), «trois,» et de or, qui semble exprimer l'idée
d'année1.
Olld, f. «siècle, âge;» alUr, m. «temps, âge;» elli, £
«vieillesse.» Conf. ^5 vriddka; adj. tâgé, ancien;» item,
« accumulé; » urdr, m. « grande multitude. » ^
Goi, f. nom du second mois dans lequel le soleil parcourt
le signe des Poissons. Ce nom se rapprocha de ïft go, m.
« taureau, le moment où le soleil entre dans le signe du Tau-
reau. » Or la mansion du soleil dans le signe du Taureau
indique le second mois, suivant le système astronomique des
Hindous et de plusieurs autres- peuples de l'antiquité, qui
commencent Tannée à Téquinoxe du printemps. 11 est pro-
bable que les anciens Norsks commençaient Tannée au même
moment; goi était donc alors, pour eux, le second mois,
comme il Tétait pour les Indiens. Mais lorsque le commen-
cement de Tannée fut transporté au milieu de Thiver, on
garda le nom du mois, sans faire attention à son origine.
La même chose est arrivée chez les Romains, qui ont con-
servé les noms de septembre* octobre, etc. à des mois qui sont
devenus les neuvième, dixième, etc. du comput actuel.
Dagr, m. «jour. » Ce mot n'a de commun que la consonne
initiale avec JJ dyu, n. «jour*; » mais" comme le *r y a sanscrit
correspond souvent au g de Tancien norsk, ces deux mots
peuvent avoir la même origine. H en est de même de Qoiu
divasa, «jour,» qui est devenu, en pâli, diahu. Le sanscrit
9^J^ ahan, m. «jour, » s'en rapproche davantage, si Ton
1 Nous croyons qu'ici M. Holmboë n'a pas assez tenu compte de f étymo-
logie; l'expression /«»)**£ teoras (corruption du sanscrit (TrTOeTKT tritiya-
varscha) est composée de q*j tin, «trois,» et de /j»j4 oras pour /j*>>
haro» = sansc. çjij varscha, «année, saison des pluies»; ce qui nous mène
on peu loin du norsk or. — - B. .
a On remarquera que ce substantif sanscrit est absolument l'adverbe latin
(ancien ablatiQ diu , «de jour. » Conf. latin dies et chin, H ji , soleil ,
jour. » — B.
iG.
244 JOURNAL 43IATIQUE.
admet qu'on a pu préposer un d accidentel; dagan, f. «le
« point du jour, » serait alors presque identique. Mais nous
préférons nous en tenir à la racine suivante, que donne aussi
M. HolmbQê : ZJ^dah, « briller, luire , » d'où zpn dagdhâ, f.
« partie de la journée ou Ton peut voir le soleil. » Parmi les
noms des jours de la semaine, l'auteur ne cite que le mer-
credi, en norsk : onsdag ou odins-dag; en saoscrit «J^cTT^ bu-
dhavâra, c'est-à-dire, « le tour ou le jour de budha »; en hin-
doustani, gjo hudh seulement exprime mercredi, d'où il
résulte que odin et budha ou badh seraient identiques.
Nôtt (pour noki) , f. ■ nuit-, » = *m nakta, n. t nuit. » (Cette
forme n'est restée que dans l'adverbe naktam, tde nuit [tat.
noctu] , » de nù, « nuit ).»
Sumar, n. a été,» c'est-à-dire f saison dés fleurs;» conf.
g*T suma, n. a fleur; » ^ter sdumya, « beau, plaisant, doux; »
pâlit sommo, « agréable. »
Vetr, n. • hiver, » c'est-à-dîre « saison du vent ; » conf. STlfT
vâta, ou sr ta,, m. • air, vent. »
BU, n. «moment, intervalle de temps ou de lieu; » conf.
d^TT velâ, t. « temps,» et fàfl^ bhil, « séparer. » Ce mot est
resté dans plusieurs dialectes de la Norwége, où il se pro-
nonce bel, en hindoust. silo belâ, « temps, espace de temps,
fois. »
Ridh ou hridh, f. «court espace de temps,» = srtj rita,
«saison.»
Nu, adj. « maintenant; » conf. 5 nu, m. « temps; » latin,
nunc (grec vtto).
Tha, adv. « alors , » = fïÇï tadâ, * alors, en ce temps; »
hindoust. Ji taa, « alors, en ce cas; » en p'enjabi, te ou tan,
« alors *. »
Tha, conj. «lorsque, » = 7'aàl, «lorsque, dans le temps
1 On dit aussi en hindoust. (j*j> ton, «alors» (en prononçant ee mot
connue le substantif français ton); les Latins, en nasalanf également la
voyelle , écrivirent et prononcèrent Corn. — B.
SEPTEMBRE 1847. 245
que. » En sanscrit, le suffixe dà exprime le temps dans plu-
sieurs mots composés; exemples: ?3T idâ, «en ce temps-ci,
maintenant; » ÇféïJ sarvadâ , « eh tout temps , toujours. »
Le suffixe vary dans les mots tvisvar, « deux fois, et thrisvar,
«trois fois,» est le sanscrit 5rrç vâra, «quantité, fois,» au-
quel on prépose fè^dvis et fè^tris. C'est de là encore que
dérive bôrt, «fois, ordre, » encore en usage dans le dialecte
de Bergen.
Nous avons supprimé une partie de la lexicographie de
M. Holmboê, non qu'elle ne nous parût très-plausible, mais
afin de ne pas passer les bornes d'une analyse. Ce que nous
en avons extrait suffit pour donner une idée du travail de
l'auteur, et pour démontrer que l'ancien norsk, qu'on peut
appeler le Scandinave, est une des langues corrélatives du
sanscrit. La dissertation du savant Norvégien est ainsi un
appendice nécessaire aux travaux de MM. d&Schlegel, Bopp,
Eichhoff,Piçtet, etc. Elle n'est au surplus qu'un spécimen d'un
grand ouvrage sur cette matière qu'a préparé M. Holmboê,
et dont la publication est vivement à désirer dans l'intérêt
de la science. Nous faisons des vœux pour que le Gouverne-
ment suédois en facilite noblement l'impression, et per-
mette ainsi à l'Europe savante d'en jouir bientôt.
L'abbé Bertrand.
N. B. — M. Holmboê nous signale quelques inexactitudes qui se sont
glissées dans le premier article, inséré dans le numéro d'avril , et qui pro-
viennent la plupart du système graphique adopté dans le manuscrit latin.
Les plus importantes sont : pag. 356 , lig. 1 5 , lotus, lises : to<9*« — P. 3 60 ,
lig. ai, sel (salit), lisez : assez (salis). — Pag. 366 , lig. 18, lire (légère),
liseï : cacher ( légère ) . *~
246 JOURNAL ASIATIQUE.
è
NOUVELLES ET MÉLANGES.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
SÉANCE DU l3 AOÛT 18^7.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
On Ht une lettre du secrétaire de la Société de philoso-
phie de Philadelphie, par laquelle il remercie la Société de
Tenvoi du Journal asiatique.
On lit une lettre de M. le directeur de l'Imprimerie royale,
qui accompagne Tenvoi du volume intitulé : Notice sur les
types étrangers du Spécimen. .
On lit une lettre dans laquelle S. A. R. Hélène, Tsarewna
de Géorgie , annonce la mort de son mari , le Tsaréwitch
Teimouraz, décédé à S*-Pétersbourg , le 28 octobre 1846.
La Société charge le secrétaire d'exprimer à S. A. R. la Tsa-
rewna ses condoléances.
M. Stern, ùe Vienne, écrit à la Société pour lui offrir
plusieurs ouvrages publiés par lui, en hébreu et en alle-
mand, dont la liste est donnée ci-dessous.
Sont présentés et reçus comme membres de la Société :
M. Kellgren ( Hermann ) , docteur en philosophie de
Helsingfors, en Finlande;
M. Lowenstern (Isidore) ;
M. Renan (£.), élève de l'École des langues orientales;
If. Veth (Pierre- Jean) , professeur de langues orientales à
Amsterdam;
M. RossETTE.(le comte Charles de) , gentilhomme valaque ,
né à Bucharest en Valachie ;
M. le docteur Jolius Opï>ert ;
M. Dmm aisons , conseiller d'État et directeur de l'Institut
oriental à Sl-Pétersbourg.
SEPTEMBRE 1847. 247
M. Boissonnet, directeur des affaires arabe? à Constan-
tine, fait connaître à la Société la publication de quelques
ouvrages en arabe, dans le but de propager les connais-
sances et la civilisation européennes.
M. Reinaud , président de la Société , lit la vie d'Abulféda ,
qui doit figurer en tête de la traduction de sa Géographie.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Par M. le directeur de l'Imprimerie royale. Notice sur les
types étrangers du Spécimen de l'Imprimerie royale.
Par M. Reinaud. Controverse à propos du feu grégeois,
réponse aux objections de M. Ludovic Lalanne, par MM. Rei-
naud et Favé. r
Par M. Boissonnet. Annuaire arabe pour Vannée 16*47, pu-
blié à Constantine par Salah-el-Anteri.
Parle même. Les Nedhmou, de Ebnou-Achir et d'Ei-
Kortobi.
Par M. Dieterici. MutanabbiundSeifuddaula, etc. Motenabbi
et Seifeddaula, d'après les manuscrits de Paris et de Gotha,
par M. Dieterici. Leipâick, 1847.
Par M. Kellgren. Die Grundçugz derjinnischenSprache,Èlè-
ments de la langue finnoise , par M. Kellgren. Berlin, 18A7.
Par M. Stem. Sont envoyés les ouvrages suivants : *■
i° Kohbè Ishaq. Étoiles de Isaac, onze cahiers.
a° Rechinot Olam. Observations sur la^ vie de ce monde.
Vienne, 18^7.
3° Commentaire sur le prophète EzékieL
4° Tipheret hatischbi. Vienne, 1839.
5° Klànge aus der Vorzeit. Sons des temps passés. Poésies
allemandes.
6° Perlen des Oriyites. Perles de l'Orient, traduction du
chapitre du Talmud, intitulé Pirke Aboth.
70 Jésus, fils de Sirach.
8° Dichtungsblâthen. Fleurs de poésie.
248 JOURNAL ASIATIQUE.
Par M. Troyer. Notice sur deux manuscrits de l'hymne à
Parvati. (Extrait du Journal asiatique.)
Par M. Ariel. Tiruvaîlar tcharitra, extrait concernant Ro-
vaé et sa généalogie. (Extrait du Journal asiatique.)
Le Journal des savants, cahier de juillet 1847.
Par la Société de géographie de Paris. Le 4i* cahier du
Bulletin de cette Société.
Par la Société géographique de Londres. La première
partie du XVII" volume du Journal de cette Société.
Par la Société américaine orientale. Le troisième cahier
du premier volume de son Journal.
ANNONCES DE LIVRES ORIENTAUX.
TURQUIE.
TraiUmuvecm des conjugaisons wrabes,ei^]iq}ié en tvurc, intitulé *Jbul
«Oçjjci Emsilel djedidè. Par Ibrahim pacha ^ 1 vol. in- fol. litho-
graphie à l'imprimerie de l'École impériale militaire de Constan-
tinople , 1 a 63 de l'hégire (1 8 47). m
Guide de 1a conversation en persan et en turc, intitulé fJoo (fj*
^•jJLm% farci tekelhun riçaUtci. Par Kemàl efendi, sous-chef de
la Direction des école* au ministère de l'Instruction publique.
Un volume lithographie , in-8° oblong » de l'Imprimerie impériale.
Constantinople, ia63 (1847)*
EGYPTE.
Impression du Multeka ul-ebhar, commencée sous la direction de
l'éditeur Mehemmed Àthabek, ancien cadi du Caire.
PERSE.
Le Coran, un vol. in-18, lithographie. Tehran, 1847.
Les Mille et une Nuits, traduction persane , lithegraphiée à Tehran.
Un vol. in-folio/ 1847.
SEPTEMBRE 1847. 249
CONCORDANCE
ENTRE LE CALENDRIER MUSULMAN ET LE CALENDRIER CHRETIEN ,
PARSOLIMAN-EL-HARAÎRI, TRADUIT DE L» ARABE PAR HENRI
COTELLB, DEUXIÈME DROGMAN DU CONSULAT GENERAL DE
FRANCE X TUNIS/ ' ^
MOYEN-
De trouver la concordance entre une date de l'ère musulmane
et une date de l'ère chrétienne, et vice versa*
AVERTISSEMENT.
Les orientalistes, les interprètes, les propriétaires d'actes
' et de titres en arabe , tous ceux enfin qui- s'occupent de la
littérature orientale, ont souvent besoin de connaître à
quelle date de l'ère chrétienne répond une date de l'ère mu-
sulmane, et vice versa.
Pour établir cette concordance , on est généralement obligé
de recourir à des calculs longs et compliqués ; je crois donc
rendre un véritable service au public en lui offrant un moyen^
simple et assuré d'obtenir aisément la date qu'on cherelie.
Au premier abord, les détails dans lesquels je vais*entrer
pourront paraître obscurs et difficiles à saisir; mais cette
difficulté n'est qu'apparente , car l'opération tout entière ne
se compose que de quelques additions et soustractions de
nombres entiers. Il suffira de l'exécuter trois ou quatre fois
pour en saisir parfaitement le mécanisme, et on s'épargnera
ainsi, pour l'avenir, une foule de calculs compliqués, qui
demandent d'ailleurs beaucoup de temps.
La méthode que je vais détailler ci-après m'a été commu-
niquée par Soliman-el-Haraïri , orientaliste musulman dis-
tingué , et tout mon travail s'est borné à traduire en français
les explications que j'ai reçues de lui en arabe.
250
JOURNAL ASIATIQUE.
TABLEAU N° I.
ANNEES
MD8DL-
MAHI8.
o
3o
60
90
120
i5o
180
210
ado
270
3oo
33o
36o
390
420
45o
48o
•5io
54o
570
600
63o
660
ANNEES
CHHé-
TIBKVB8.
621
65o
679
708
737
767
796
825
854
883
912
94i
97°
999
1029
io58
1087
1116
n45
n74
1203
1232
1261
JOURS.
195
234
273
3n
35o
24
62
101
i4o
*79
217
256
295
334
7
46
85
123
162
201
24o
278
3i7
ANNEES
MCSITL-
■AXK8.
69O
720
750
780
8lO
84o
870
900
93o
960
99o
1020
io5o
1080
1110
n4o
1170
1200
1230
1260
1290
i3ao
i35o
ANNEES
CHRé-
TIIHXKS.
1290
i3ao
i349
1378
1407
i436
i465
1494
i523.
i552
i582
1611
i64o
1669
1698
1727
i756
i785
1814
i843
1873
190a
1931 I
JOURS.
356
*9
67
107
i46
184
223
262
299
339
i3
52
90
129
168
207
245
284
323
362
35
7t
110
SEPTEMBRE 1847. 251
TABLEAU N° IL TABLEAU N° 111.
1
2
3
ANNÉES
ANNÉES
MU8UL-
chrA-
JOURS.
U AXIS.
TUIIU.
j
O
354
2
1
343
3
2
332
4
3
321
5
A
3n-
6
5
399
7
6
289
8
7
278
9
8
267
ÎO
9
256
n
10
245
* 12
11
234
i3
12
224
a
i3
212
i5
i4
202
16
*• i5
*9*
ll
16
180
18
*7
169
*9
18
i58
20
19
147
21
30
137
32 .
21
125
23
22
n4
24
23
io4
25
24
93
26
25
82
37
26
71
28
27
60
29
28
5o
.3o
29
38
Moharrèm.
3o
Sefeur.
59
r Rebie-el-ewel.
89
» Rebie-el-tani.
118
Djoumad-el-oula.
i48
Djoumad-elttania.
• *77
Redjeb.
207
Châaban.
236
Rhamadan.
266
Chouale.
295
Zi-el-qada.
325
Zi-el-heujja.
354
TABLEAU N° IV.
Janvier.
3i
Février.
59
Mars.
90
Avril.
120
Mai.
i5i
Juin.
181
Juillet.
212
Août.
243
Septembre.
273
Octobre.
3o4
Novembre.
334
Décembre.
365
252 JOURNAL ASIATIQUE. •
CONCORDANCE ENTRE UNE DATE DB L'ÈRE MUSULMANE
ET UNE DATE DE L'ÈRE CHRETIENNE.
Soit la date : 24 rebie-el-tani 1243. Quelle que soit la
date musulmane dont on cherchera la concordance, il faudra,
avant tout , enlever une unité au nombre de ses années ; soit :
.1243
i24a
Ceci fait t on cherchera ce reste dans la première colonne
du tableau numéro î. Si on l'y trouve, on rinscrira, ainsi
que les deux nombres placés à sa droite, sur la même ligne
horizontale dans les colonnes 2 et 3. Si on ne l'y trouve pas,
ce qui arrivera le plus souvent, on inscrira à sa place celui
qui, dans la première colonne du même tableau, lui sera le
moins inférieur. Dans notre exemple, 1 24a ne se trouve pas;
mais on rencontre i23o, qui est le nombre inférieur s'en
rapprochant le plus. Supposons donc : i23o, 18 1/4, 3a3.
On examinera ensuite quelle est la différence entre le
nombre des années moins une de la date musulmane dont on
s'occupe, et le nombre qu'on trouve dans la première colonne
du tableau numéro 1 . Or, dans notre exemple , là différence
entre 1242 et ia3o est 12.
On passera alors au deuxième tableau, et on cherchera
cette différence dans sa première colonne ; puis on prendra
le nombre inscrit à la droite de cette différence dans la
deuxième colonne , et on l'additionnera avec le nombre trouvé
dans la deuxième colonne du tableau numéro 1. Dans notre
exemple, nous cherchons 12 dans la première colonne du
deuxième tableau, et, à sa droite, nous trouvons 11, que
nous ajoutons à 181 4; soit:
1814
1825
SEPTEMBRE 1847. 253
On prendra également le nombre inscrit dans la troisième
colonne du tableau numéro a , à la droite de 1 a , et on l'ad-
ditionnera avec le nombre trouvé dans la troisième colonne
du tableau numéro 1 ; soit :
3a3
a34
557
Ceci fait, on ajoutera à ce dernier total le nombre des jours
écoulés entre la date dont on s'occupe et le i" moharrem
de Tannée musulmane qui la renferme. Ce nombre de jours
écoulés sera bien facile à trouver,, au moyen du tableau nu-
méro 3. En effet, dans ce dernier, tous les mois arabes sont
écrits, et devant chacun d'eux se trouve le nombre des jours
écoulés entre leur dernier jour et le iw moharrem. Notre
date est a4 rebie-el-tani.Or, le troisième tableau nous indique
qu'à la (in de rebie-el-ewel,8g jours se sont écoulés depuis
le i" moharrem; ajoutons-y les a 4 jours de rebie-el-tani , et
nous trouvons un total de n3 jours. Ajoutons donc ce
nombre à 557, comme il est dit ci-dessus; soit :
557
n3
670
Du total qui est obtenu , on retranchera alors 365 autant de
fois qu'il y sera contenu , et on ajoutera ce nombre de fois
au total de l'addition des deux nombres qu'on aura trouvés
dans les deuxièmes colonnes des tableaux numéro 1 et nu-
méro a ; soit :
670
365
3o5
670 ne contient 365 qu'une seule fois, et il reste, après la
254 JOURNAL ASIATIQUE.
soustraction, 3o5. Ajoutons ce nombre de fois, qui est 1 , au
total susdit; soit:
iS*5
1826
Ce dernier total , augmenté d'une unité, forme l'expression
de Tannée chrétienne qu'on cherche , et qui sera donc dans
notre exemple 1827.
Quant au reste de la dernière, soustraction, c'est-à-dire.
3o5 , il indique le nombre de jours écoulés entre la date
qu'on cherche et le 1er janvier de l'année qui la renferme. D'où
il résulte que la date musulmane que nous avons prise pour
exemple, correspond aux 3o5e jour de l'année 1827.
La réduction de ce .reste de jours sera facile à opérer au
moyen du quatrième tableau , puisque chaque mois chrétien
y est inscrit, et a vis-à-vis de lui le nombre de jours écoulés
entre son dernier jour et le 1er janvier. Dans notre exemple,
il reste 3o5 jours; or, le quatrième tableau indique que 3o4
jours se sont écoulés à la fin d'octobre, donc la date qu'on
cherche est le ier novembre 1827.
Tout ce qui précède n'a d'application que jusqu'à l'année
i582. Après cette époque, on devra ajouter 10 jours à la
date qu'on aura obtenue , si elle est comprise entre 1 582 et
la fin de 1 700 ; on ajoutera 1 1 jours , si elle est comprise entre
1 700 et 1800 ; 1 2 jours , si elle se trouve entre 1800 et 1 900 ,
et enfin 1 3 jours, si elle est renfermée entre 1900 et 2100.
Ceci tient à la réforme apportée dans le calendrier, en 1 582,
par le pape Grégoire XIII.
En conséquence, puisque notre date est comprise entre
1800 et 1900, ajoutons y 12 jours, et nous aurons définiti-
vement i3 novembre 1827, qui répond au 2 4 rebie-el-tani
1243.
SEPTEMBRE 1847. 255
CONCORDANCE ENTRE ONE DATE DE L'ÈRE CHRÉTIENNE
ET UNE DATE DE L'ÈRE MUSULMANE.
Cette opération est le contraire de la précédente ; et elle
s'exécute au moyen des mêmes tableaux. Les procédés peuvent
se servir mutuellement de preuve.
Soit la date 16 avril i847-
On cherchera çUuis la deuxième colonne du premier ta-
bleau Tannée moins une de la date dont on s'occupera, soit
dans notre exemple 1846. Si ce nombre s'y trouve, on l'ins-
crira , ainsi que ceux qui se trouvent à sa droite et à sa
gauche dans les colonnes i* et 3 sur la même ligne horizon-
tale. Si ce nombre ne s'y trouve gas ( comme cela arrive dans
notre exemple) , on inscrira celui qui lui sera le moins infé-
rieur, ainsi que ceux de droite et de gauche. On ne rencontre
pas 1846 dans la deuxième colonne du tableau numéro 1 ,
mais on y voit i843 , qui est le nombre inférieur s'en rappro-
chant le plus, Posons donc 1260, i843, 36a ; on soustraira
ensuite le nombre de la colonne du milieu , de celui , moins
un, des années de la date dont on s'occupe ; soit :
i846
i843
Ceci fait , on examinera combien de jours se sont écoulés
entre le iw janvier et la date en question \ puis on soustraira
de ce nombre de jours celui qu'on aura trouvé dans la troi-
sième colonne du tableau numéro 1.
Quelquefois cette soustraction sera possible, quelquefois
elle ne le sera pas, parce que le nombre à soustraire sera
1 II sera facile , au moyen du quatrième tableau , d'opérer ce calcul ,
puisque le nombre placé devant le nom de chaque mois chrétien indique
combien de jours se sont écoulés depuis le i*r janvier jusqu'au dernier jour
de Vannée.
256 JOURNAL ASIATIQUE.
plus grand que celui dont on voudra le soustraire. Ce der-
nier cas se présente dans notre exemple. En effet, il s'est
écoulé entre le 1" janvier et le 16 avril 106 jours; or, il est
impossible de retrancher 36a de 106. Dans ce cas, et dans
les cas semblables, on ajoutera 365 au nombre à soustraire,
et alors la soustraction sera toujours possible ; soit :
106
365
471
Retranchons maintenant 36a de £7 1 ; soit :
471
36a
109
Dans le cas où on aurait dû , comme dans notre exemple,
ajouter 365 au nombre à soustraire, il faudrait, pour com-
penser, retrancher une unité au reste de la première sous-
traction des années dont nous avons parlé plus haut; soit:
3
1
a 3 moins 1, reste a.
U ne faudrait pas retrancher cette unité, s'il n'avait pas été
nécessaire d'ajouter 365 pour rendre la soustraction pos-
sible.
On prendra ensuite le deuxième tableau, et on cherchera,
dans sa deuxième colonne, le nombre d'années, reste de la
dernière soustraction d'une unité (ou simplement des an-
nées ) dont il vient d'être question. On passera alors à la case
Voisine de droite dans la colonne numéro 3 du même tableau,
et on y trouvera un nombre qu'il faudra soustraire de celui
des jours, reste de la soustraction des jours écoulés entre le
1* janvier et la date dont on s'occupe. Or, dans notre compte,
SEPTEMBRE 1847. 257
le reste de cette soustraction est 109, et le nombre trouvé
dans la troisième colonne du tableau numéro 2 , est 332. Ce
dernier nombre ne peut pas être soustrait du précédent. Dans
ce cas, qui se présente souvent, il faut substituer au nombre
que Ton ne peut soustraire celui qui se trouve dans la case
au-dessus de la sienne, dans la même colonne. En remon-
tant ainsi d'un degré, on trouve 343. La soustraction est de
nouveau impossible; il faut alors, dans ce cas, qui est com-
mun, ajouter 365 au nombre dont on doit soustraire l'autre,
et la soustraction sera toujours possible; soit:
109
365
474
Soustrayons :
474
343
i3i. Reste i3i jours.
Soit que la soustraction du nombre trouvé dans la troi-
sième colonne du tableau numéro 2 ait été possible de prime
abord, soit qu'on ait dû remonter à la case supérieure, soit
enfin qu'on ait dû ajouter 365 au reste des jours, pour rendre
possible la soustraction, il faudra prendre le nombre inscrit
dans la première colonne du tableau numéro 2 sur la même
ligne horizontale que celui qu'on aura soustrait , et ajouter
ce nombre à celui qu'on aura trouvé dans la colonne numéro
1 du tableau numéro 1. Dans notre exemple, ce dernier
nombre est 1260, et celui de la première colonne du tableau
numéro 2 est 2. Additionnons; smt :
1260
1263
Ce dernier total , augmenté d'une unité, forme l'expression de
x. 17
258 JOURNAL ASTATIQÛE.
Tannée musulmane qu onche relie , laquelle sera donc ici
ia 63. Quant aux i3i jours restant de la dernière soustrac-
tion , ils indiquent le nombre de jours écoulés entre le i* mo-
harrem et la date qu'on cherche; ainsi cette date sera le
1 3 ie jour de F année 4 263.
Pour opérer la réduction de ce nombre de jours , on se
servira du troisième tableau. Chaque mois musulman y est
inscrit, et le nombre posé vis-à-vis indique combien de jours
se sont écoulés entre le dernier jour du mois et le ier mo-
harrem. Dans notre exemple, le troisième tableau nous montre
que 1 1 8 jours se sont écoulés à la fin de rebie-el-tani. De
1 18 à i3i, la différence est i3; donc, notre date devrait
être le i3 djoumad-el-aoual.
Tout ce qui précède n'a d'application que jusqu'à Tannée
i58a. Après cette époque, on devra retrancher 10 jours à
la date qu'on aura obtenue, si la date chrétienne dont on
cherche la concordance est comprise entre 1 582 et la fin de
1700; on retranchera 1 1 jours, si elle se trouve entre 1700
et 1800 ; on retranchera 12 jours, si elle est comprise entre
1800 et 1900; enfin, on retranchera i3 jours, de 1900 à
* 2 100. Ceci tient à la réforme apportée dans le calendrier, en
1 582, par le pape Grégoire XIII.
En conséquence, puisque notre date est comprise entre
1800 et 1900, retranchons 1 2 jours de celle que l'opération
nous a fournie , et le reste sera la vraie date que nous cher-
chons, soit: 1263 1" djoumad-el-aoual, qui correspond au
16 avril 1847.
Les deux opérations ci-dessus décrites sont applicables à
la plus grande partie des dates. Il en est cependant quelques-
unes pour lesquelles il serait nécessaire d'apporter quelques
légères modifications aux procédés que je viens d'indiquer.
J'en ferai l'objet d'un second article. *
SEPTEMBRE 1847. 259
NOTE
Sur les Nedmou de Ebn-Achir; février i846.
Les Nedmou de Ebn-Achir sont deux sortes de catéchismes
à l'usage des écoles élémentaires arabes, d'un usage tout à
fait général dans la province de Constantine.
La pensée qui a présidé à cette petite, publication a été
celle-ci : qu'il fallait avant tout disposer les esprits à accepter
les productions de la presse en Algérie. Les consciences
musulmanes ne sont en effet que trop préparées à s'alarmer
des projets de propagande chrétienne que formulent impru-
demment quelques personnes. La foi si vive des populations
arabes s'inquiète des publications officielles annoncées depuis
longtemps ; elle redoute l'usage qui peut être fait de la. presse :
il importait de la rassurer.
La publication des Nedmou , toute désintéressée au- point
de vue chrétien, devait éteindre les méfiances ; elle répondait
à un besoin des populations. Aussi, loin d'être, repousses
par les talebs comme le perfide présent de l'ennemi , ces
petits livres ont-ils été partout accueillis avec faveur, et re-
cherchés avidement.
Par le succès 'de cet ouvrage, il est permis d'espérer que
les résultats désirés ont été atteints, au moins dans la pro-
vince de Constantine.
NOTE
Sur l'Annuaire arabe publié à Constantine par Salah-ei-Anteri
(novembre 1 846) pour l'année 1867.
Cette petite production est le développement de la pensée
qui a présidé à la publication première des Nedmou , et qui
est celle-ci : qu'après la conquête du sol par les armes , rien
n'était plus urgent que la conquête successive des esprits
par la presse.
260 JOURNAL ASIATIQUE.
Il y a ici progression.
L'ouvrage est encore musulman par la forme. Ce n est
point l'autorité française qui parle; elle ne pourrait, sans
se renier, prendre la robe de l'islamisme. Mais c'est un
musulman éclairé qui instruit ses frères. Le cadre prête
déjà à palier de la morale de l'Évangile, des progrès sociaux
de l'Europe. Seulement, ces idées nouvelles sont habillées
du vêtement du croyant. L'idée religieuse et l'idée littéraire
du pays conservent une bonne part du livre. '
La table des matières en offre d'ailleurs une analyse dé-
taillée.
La voici :
i° Dédicace; vers sur l'arrivée des eaux à la casbah de
Constailtine, symbole de l'extension prochaine de l'enseigne-
ment, avec traduction de M. Vignard, interprète principal de
l'armée d'Afrique;
2° Calendrier concordant, et préceptes d'agriculture pour
1847;
3f Fêtes musulmanes pour 1847;
4e Commencement des saisons;
5* Époque des nouvelles lunes;
6° Époque des éclipses en 1847;
70 Du soleil;
8° De la lune;
90 Explication des éclipses;
io° De la terre; •
ii° Principes de la langue et de l'écriture française, en
arabe;
12° Numération française;
i3* Dialogues usuels arabes et français, en caractères
arabes ;
i4é» i5°, 160, 170 Exercices de lecture française expli-
qués en arabe ;
1 8* Morale de l'Évangile ;
1 9° Oraison dominicale ;
ao° Salutation évangélique;
SEPTEMBRE 1847. 261
2i# Vers de Si Chadli sur le départ de S. A. R. Monsei-
gneur le Duc d'Aumale , gouverneur général de la province
en i844;
22«, 2$*, a4°, 25° Ver» de Si Chadli et dû marabout R. el
kadi sur divers sujets t
26* Vers sur les merveilles de Paris et les voyages du bey
de Tunis et cf Ibrahim pacha ;
27' Des merveilles de l'Europe, par le cheikh Ebn-el-
Attar du Caire;
2 8° De la vapeur et de l'industrie des machines;
29° Des aérostats ;
3o° Du baromètre;
3i* Des télégraphes;
32* Des chemins de fer ;
53* Des paratonnerres;
34° De l'imprimerie et des journaux;
35° De la vaccine ;
36° Considérations sur la médeeine et la destinée;
37* Préceptes de conduite;
38° Dernières recommandations de Aly-ben-Abi Taleb à
son fils Hossein;
39* Collusion;
4d* Versets du CcYan sur la tolérance.
Ces matières sont traitées d'une manière bien imparfaite,
»ans doute; mais l'œuvre est de sa nature essentiellement
perfectible, devant croître chaque année en volume et en
importance.
11 faisait «onHnenoer; le temps manquant pour bien faire/
on a opéi*é de nombreux emprvnts à deux ouvrages publiés
au Caire* le Voyage en France du cheikh Refâ , et le Kitab
talim el at'fei; mais ces emprunts ont précisément servi de
passe-port au livre. A part les passages extraits de ces deux
ouvrages, la rédaction est originale.
Les dialogues français , ainsi que les éléments d'écriture ,
sont imparfaits ; mais les Arabes n en ont pas moins tiré pro-
fit. Ils ont surtout apprécié cette pensée nouvelle de livres
2Ô4 JOURNAL ASIATIQUE.
faits pour eux , qui leur permissent d'apprendre notre langue,
comme nous apprenons la leur.
VAkbar, journal d'Alger, a blâmé les citations de l'Évan-
gile ; mais il ignorait sans doute qu'elles étaient tirées d'un
livre musulman, le Sfinat-raghib, imprimé au Caire.
Ce qui peut surtout recommander la petite publication
dont il est ici rendu compte, c'est sa forme. Elle présente
bien, dans la pensée de l'auteur du moins, un annuaire
algérien, constantinien avant tout; elle devait, à ses yeux»
porter un cachet original qui la recommandât aux indi-
gènes.
C'est encore ainsi que le caractère maugréhin, tel qu'il
existe à Constantine , employé en cette circonstance , et fidè-
lement reproduit par la lithographie, a eu cet avantage im-
portant pour le succès, de présenter le type d'écriture local,
si agréable aux nationaux.
La meilleure part de la rédaction revient à Si Chadli, le
kadi de la direction des affaires arabes de Constantine.
Quant à Si Salah ei-Anteri , dont le nom figure sur la cou-
verture du livre» c'est le fils d'un secrétaire de l'ancien bey
de Constantine et pacha dé l'Algérie, Hadj- Ahmed, mis à
mort par ordre de ce dernier, par suite de ses rapports avec
les Français, jeune homme à tous égards intéressant.
En résumé, les deux petites publications arabes dues à la
direction des affaires arabes de Constantine sont fort impar-
faites, sans aucun doute; mais l'apparition de ces deux pro-
ductions de la presse dans l'ancienne, et jusqu'à ce jour si
' désolée capitale de la Numidie, n'en parait pas moûts digne
de quelque attention de la part du public arabisant.
Du reste, S. E. M. le ministre de la guerre a bien voulu
les honorer de sa haute approbation.
SEPTEMBRE 1847. 263
GÉOGRAPHIE DABOULFÉDA,
Traduite de l'arabe en français , et accompagée de notes et d'éclair-
cissements, par M. Reinaud; tom. I*r (pour paraître au mois de
décembre prochain ).
Les lecteurs du Journal asiatique se rappellent qu'en
1 835, MM. Reinaud et de Slane entreprirent, sovsles auspices
de la Société asiatique, une édition critique et complète du
texte de la Géographie d' Aboulféda. En même temps M. Rei-
naud commença une traduction, et la poursuivit, au fur et
à mesure que les épreuves du texte lui passaient* sous les
yeux. Cette traduction doit former deux volumes, dans le
format grand in-4°, qui «st celui du texte. Le premier volume
est imprimé depuis environ cinq ans , et dès cette époque il
en a été communiqué des chapitres, à différentes personnes;
mais l'ouvrage d' Aboulféda est fondé sur la connaissance des
divers systèmes géographiques qui, à l'exemple de ce qui
avait eu lieu chez les Grecs et les Romains, eurent cours en
Orient, et M. Reinaud crut devoir faire précéder sa traduc-
tion d'une introduction générale. Cette introduction lui a
pris beaucoup plus de temps qu'il Savait pensé, et c'est ce
qui a été cause d'un si long retard.
Le premier volume de la traduction répond aux deux
cent vingt-quatre premières pages du texte, et comprend,
outre l'Arabie, toute l'Afrique, toute l'Europe et le nord de
l'Asie. On sera curieux: de lire ce qui s'écrivait en Syrie dans
la première moitié du xive siècle de notre ère, au sujet de
la France, de l'Angleterre, etc.
L'introduction , qui , à elle seule , occupe trois cents pages ,
se divise en quatre paragraphes. Le premier paragraphe est
consacré à la personne d' Aboulféda. Le deuxième para-
graphe, formant cent trente-cinq pages, offre la notice chro-
nologique des principaux géographes orientaux; on trouve
dans le troisième paragraphe, qui est aussi long que le se-
cond, le tableau des doctrines géographiques de l'Orient;
264 JOUBNAL ASIATIQUE.
pour le quatrième paragraphe , c'est l'exposé de la marche
que M. Reinaud a suivie dans le cours de son travail.
Le volume est accompagné de trois planches gravées. La *
première planche renferme : i° la carte qui lut dressée à
Bagdad, sous le khalifat d'Almamoun, et dont on trouve la
description dans les Prolégomènes des tables astronomiques
d'Alhateni (manuscrit de l'Escurial); a° une carte dressée
par M. Reiitaùd, d'après le Moroudj aldzeheb et le Ketob
altanbyh de Massoudi, ainsi que d'après la relation des
voyages des Arabes et des Persane dans l'Inde et à' la Chiné;
3* une rose des vents, usitée chez les musu|pians, d'après
un manuscrit arabe de la Bibliothèque royale. M. fteinaud
décrit t dans son introduction , une autre rose disposée d'a-
près un point de vue différent. La deuxième carte est le
fac-similé du planisphère général qui accompagnait primi-
tivement les Traités d'Alestakhry et d'IbnHaucal, et que
M. Reinaud a trouvé dans un manuscrit persan de la Biblio-
thèque royale. Ce planisphère manque dans le Traité origi-
nal d'Alestakhry conservé a Gotha, et les cartes particulières
ne peuvent pas y suppléer, vu que ces cartes n'ont trait qu'aux
pays musulmans. Quant à la troisième carte , c'est un fac-
similé du planisphère d'Édrisi, d'après les manuscrits de
Paris et d'Oxford.
ERRATA.
Pag. 173, ligne dernière, au heu de : Reinkart Dûtjr, liset:
Bernhard Dont.
«©•
JOURNAL ASIATIQUE.
OCTOBRE 1847.
RENSEIGNEMENTS
BIBLIOGRAPHIQUES
Sur les relations de voyages. dans l'Inde et les descriptions
du Si-y fit, qui ont été composées en chinois entre le v* et
le xviii* siècle de notre ère, par M. Stanislas Jdlien.
Du ve au xviii6 siècle de notre ère , divers auteurs
chinois ont composé un assez grand nombre d'ou-
vrages relatifs à la géographie, à la statistique et à
Thistoire du Si-yu "JTÏJ ra£ , expression qui désigne à
la fois les contrées situées à l'occident et au nord de
la Chine. Les une étaient des écrivains officiels , des
généraux ou des savants délégués par les empereurs
dans les états qui étaient déjà soumis à la Chine,
ou que le Céleste empire désirait ajouter à ses im-
menses possessions; les autres, plus dignes peut-être
de notre attention, à cause de leur abnégation et
de leur dévouement personnel , étaient des pèlerins
bouddhistes, dont lurâles plus connus en Europe
était Fa-hien (en samskrit Dkarmayaças), auteur du
266 JOURNAL ASIATIQUE.
Fo-koue-ki, ou Mémoires sur les royaumes de Bouddha.
Ces derniers se sont attachés à décrire les pays qu'ils
avaient parcourus avant d'arriver dans llnde, dont
le voyage était le but constant de leur pieuse cu-
riosité, et ceux qu'ils avaient traversés et étudiés
dans l'Inde même , où ils se rendaient pour recueil-
lir des livres religieux, s'instruire dans la doctrine
de Çâkyamouni, et contempler les antiques monu-
ments qui leur rappelaient les traces vénérables des
Bouddhas passés.
Je me propose de faire connaître, tant dans le
Journal asiatique que dans des ouvrages séparés, tout
ce qui nous est resté de leurs relations de voyages;
mais ma tâche serait incomplète , si je ne donnais
quelques renseignements sur les ouvrages de ce
genre que Ton possédait anciennement en Chine,
et dont uri bon nombre , parmi lesquels il en est
de fort étendus, paraissent ne pas être venus jus-
qu'à nous. Le souvenir des pertes que 1 on a faitçs
donnera plus de prix au peu qui subsiste, et peut-
être aussi que la mention exacte des titres originaux
stimulera le zèle des sinologues et des missionnaires
qui résident en Chine , et les aidera à faire ou à or-
donner des recherches dans les bibliothèques des
grands centres littéraires, par exemple de Nan-king,
de Sou-tcheou-fou et de Pe-king. Que de reconnais-
sance ils feraient éclater en Europe, si, par leurs
efforts combinés ils réussissaient à découvrir quel-
ques-unes de ces vastes descriptions de l'Inde an-
cienne , et de ces grandes relations de voyages dans
OCTOBRE 1847. 267
le Si-ya que nous allons mentionner, et dont le si*
lence du Catalogue de la bibliothèque impériale
de Pe-king et de toutes les bibliographies chinoises,
semble nous faire redouter la perte.
Pour donner une idée des ressources qu'offrent
les grandes bibliothèques de la Chine aux per-
sonnes instruites qui y ont accès , et savent y faire
elles-mêmes des recherches ou diriger les investi-
gations des lettrés, je citerai une sorte de décou-
verte due au zèle de M. Robert Thom, ci-devant
consul d'Angleterre à Ning-po, dont tous les sino-
logues regretteront à jamais la mort prématurée.
Après avoir traduit et imprimé leTao-te~king i||
tÉ>$x (*e Livre de la Voie et de la Vertu), de
Lao-tsça 4£ ^&y philosophe chinois du vi* siècle
avant J. C. je conçus le projet de publier, avec des
notes perpétuelles, le Nan-hoa-king r£j Ëê |fc?S, de
Tchoang-tseu £jj ^p , le plus illustre philosophe
de son école, etfun des plus brillants écrivains de
la Chine ancienne, qui florissait dans le ive siècle
avant potre ère.
Mais pour bien comprendre ses nombreux ou-
vrages, et en particulier ceux qui traitent de la doc-
trine ésotérique des Tao-sse, il était nécessaire de
posséder un bon nombre de grands commentaires
qui n'existent pas en Europe, et que, malheureu-
sement, mes correspondants de Chine avaient cher-
chés en vain pendant plusieurs années, d'après les
indications du Catalogue général de la bibliothèque
18.
268 JOURNAL ASIATIQUE,
de l'empereur Khien-bng, en 120 vol. in-8* (Sse-kou-
ts'ioaen-chou-tsong-mo-ti-yao) , lequel se trouve à la
Bibliothèque royale de Paris.
Voici les titres de ces éditions, dont les princi-
pales manquent dans la librairie chinoise depuis plus
d'un siècle :
i° Nan-hm4chin-king4'haï-tsouan-weï, en CVI li-
vres;
a° Nan-hoa-tchin-kiag-keou-i, en XXXII livres;
3° Nan-hoa-tchin-king-tchang-kia-in-i, en XIV li-
vres ;
If Nan-hoa4chin-king-tchang-kiu-ya'S$e, en I livre;
5° Nan-hoartchin-king-yusse~tsa-lou , en II livres;
6° Nan-hoa-tchin-king-sun-pen, en XXX livres;
70 Nan-hoa-tchin-king-sin-tcKouen, en XX livres;
8° Nan-Twa-tchin-king-chi-i, en I livre;
90 Nan-hoa-tchin-king-tchou-sou, en XXXV livres.
Je m'adressai alors à M. Robert Thom, qui char-
gea un mandarin chinois de ses amis, nommé Yen
(inspecteur des salinesjf, de lui acheter ces ouvrages.
Celui-ci, n'ayant pu en découvrir un seul, s'adressa
au directeur de la bibliothèque de Nan-king, em-
prunta les éditions ci-dessus et les fit copier toutes,
dans l'espace d'un mois, par un grand nombre de
lettrés. Leur réunion forme 2^2 vol. in- 4°, sur pa-
pier blanc; j'ajouterai que l'écriture des calligraphies
employés par le mandarin Yen, peut rivaliser, pour
la correction et l'élégance, avec les belles éditions
de Sou-tcheou ou de Pe-king.
De nombreux missionnaires français se trouvent
OCTOBRE 1847. 269
maintenant dans le voisinage de Nan-king. Si donc
quelques-uns d'entre eux, jaloux d'attacher leur
nom à la découverte des trésors littéraires que nous
allons signaler à leur attention, les faisaient cher-
cher dans la riche bibliothèque de cette ville , par
de/ lettrés instruits et patients, ils en trouveraient
sans doute un certain nombre, et Ton peut être
assuré d'avance que les frais de copie seraient
grandement compensés par les précieux documents
dont s'enrichiraient l'histoire et la géographie de
l'Asie.
Les renseignements que je vais offrir aux lecteurs
sont extraits d'ouvrages qui se trouvent à la Biblio-
thèque royale de Paris t savoir, i° de l'Encyclopédie
Yu-haï I]~ téi ; du grand Catalogue de l'empereur
Khien-hng , Sse-koa-ts'wuen-cJiQu - Uong-mo-ti-yao ; de
l'Encyclopédie de Ma-touan-lin, intitulée fVen-hien-
thong-khao , et du Supplément impérial de la même
encyclopédie Khin-ting-soii-weli-hien-thong-lihao.
Je commence par le petit nombre d'ouvrages re-
latifs à llnde ou au Si-ya ( aux contrées situées à
l'ouest et au nord de la Chine) qui sont parvenus
jusqu'à nous et que nous possédons la plupart à
Paris.
270 JOURNAL ASIATIQUE.
I.
FO-KOfJE-Kl 1.
M H IE
MÉMOIRE SUR LES ROYAUMES DE BOUDDHA, EN UN LIVRE.
Cet ouvrage a été composé, sous les Song, par
le Samanéen Fa-hien, ^^ JtB. Le Thong-tien 55
J^L , de Thouyeou ;jv£ fâ (publié sous les Thang) ,
cite cette relation , mais il donne à l'auteur le nom
de Fa-ming, ^£ 0Jij\ Ôr, comme l'empereur Tchong-
tsong des Thang avait le petit nom de Hièn MM, les
écrivains des Thang (obligés d'en éviter l'emploi) le
remplaçaient alors par le mot synonyme ming , fJH
(éclat, splendeur).
' Fa-hien partit de Tchang-ati dans la période i-hi
des Tsin (4o5-/ii.9 de J. C.)2< et visita une tren-
taine de royaumes du Thien-tchoa (de l'Inde). A son
retour dans la capitale, il entra en relation avec
un religieux de l'Inde qui l'aida à revoir et à cor-
riger les matériaux qu'il avait recueillis, et com-
posa le présent mémoire. Hou-tchin-heng , "iB jËk
J==? , le grava et le fit entrer dans les archives se-
1 Catalogue de la Bibliothèque impériale de Béking,Y\v. lxxi, fol. 4.
2 Suivant l'Encyclopédie bouddhique Fa-youen-lchou-lin ,■ liv.
XXXIV fol. 23 , ce fut dans la troisième année de la période Long- 'an
4es Tsin (399 de J. C. ). La même date se trouve dans la description
historique des livres bouddhiques qui existaient sous les Tbang,
intitulée Khaïyouen-chi-kiao-lou, liv. III, fol. 18.
OCTOBRE 1847. 271
crêtes du palais. Nous %avons conservé ici l'ancien
titre de cet ouvrage et lavons appelé Fo-koue-ki;
mais, d'après l'épilogue ajouté par Tching-heng , il
conviendrait de le nommer Fa-hien-tch'ouen , *ti£~
Hlï T§ i ou la .relation de Fa-hien.
En effet, Li-tao-youen , dans son Commentaire du
livre des eaux "ll^ Éfi? yi, cite deux passages de
l'ouvrage de Fa-hien, l'un de quatre-vingt-neuf mots
et l'autre de deux cent soixante et seize, et, dans
ces deux endroits, il a adopté le titre de Fa-hien-
tch'ouen. Il paraît résulter de là que la dénomination
adoptée par Tchin-heng n'est pas sans fondement.
Les Annales des Souï, dans la section des Mélanges
historiques, citent le Fa-^îefl-<cfcotte7l,^■ J||| ^ (la
relation de Fa-hien) en deux livres, et le Fa-hien-
hing-tch'oaen, >i^ Jf|ï 3-jr ^ (Histoire du voyage
de Farhien) en un livre, mais elles ne rapportent
pas le nom de fauteur iB? À . Dans la section de
la Géographie, elles mentionnent le Fo-koue-ki, 4&
|£,enun livre, et ajoutent fy p*J ^p ^
fjf (( composé par le Samanéen Fa-hien1. »
1 Je ne traduis pas «le Samanéen Chi-fa-hien,* commt l'a fait
M. Rémusat, parce qu'il m'est démontré que Cha-men Snl PR
et Chi jjga forment une tautologie, le mot Chi désignant ici
un Samanéen, comme on peut s'en convaincre en examinant dans
le grand Catalogue impérial (Ssc-kou~tsiouen-chou-ti-yao,\iv.CXLV)%
d'où cette notice est tirée, les titres et les noms d'auteurs des ou-
72 JOURNAL ASIATIQUE.
On voit par là que ce livre a reçu deux fois trois
noms différents. Pour peu qu'on les compare entre
eux, on n'a pas de peine à reconnaître qu'il n'est
nullement nécessaire de changer le titre de Fq-
koue-ki en celui de Fa-hién-tcKouen.
Dans cet ouvrage , l'auteur appelle l'Inde tchong-
koue, rf* E^J, ouïe royaume Central, et 11 désigne
le royaume du Milieu , proprement dit (la Chine) , par
l'expression pien-ti, $È ffy (pays des frontières).
Cette manière de parler vient de ce que les reli-
gieux bouddhistes ont le plus grand respect pour
leur doctrine. Cette erreur, dit le critique chinois,
( qui consiste à appeler l'Inde le royaume du Milieu) ,
ne vaut pas la peine d'être réfutée. .
Ici finit la notice du grand Catalogue impérial. Le
Fo-koae-ki, ou Mémoires sur les royaumes de Fo,
a été traduit en français par M. À, Rémusat, et publié,
après sa mort, en un vol. in-A°, par MM. Klaproth
et Landresse, qui en ont complété la version et le
commentaire 1.-
vrages bouddhiques. Du reste, nous ne faisons que suivre ici
l'exemple des auteurs du Catalogue et de beaucoup d'ouvrages offi-
ciels, tels que l'Encyclopédie impériale, Tseu~sse4h$ing-hoa «3-*
"*~ î|vj| ^È» etc.
1 Le Fo-koue-ki se trouve à Paris à la librairie de Benjamin
Duprat.
OCTOBRE 1847. 273
IL
Seng-hoeî-sing-sse-si-yu-ki.
4jr*£*S£fc
MÉMOIRE DU S4MANÉEN HOEÏ-SENG, ENVOYE DANS LE SI-YU.
Dans le onzième mois de la première année de
la période Chin-kouéi , de la dynastie des Weï du
nord (en Tan 5 18), l'impératrice chargea Hoeï-sing,
bhikchou (religieux mendiant), attaché au couvent
de Thsong-li, etSong-yun, £fc* ^^, originaire de Tun-
hoang, d'aller dans le Si-ya pour chercher des livres
bouddhiques. Ils se procurèrent cent soixante et dix
ouvrages différents qui appartenaient tous à la doc-
trine profonde du Mahâyâna (du grand Véhicule).
Cette relation, qui forme une trentaine de pages
dans la nouvelle édition du recueil intitulé Han-
wéi-tsong-choa, se trouve, en outre, dans la collection
Tsin-taï-pi-chou de la Bibliothèque royale. Elle a été
-publiée en allemand, en i833, par M. C. Fréd.
Neumann , dans son mémoire qui porte le titre de
PUgerfdkrten buddhistischer Priester von China nach
India. Mais le savant bavarois s est servi d'un texte
fort incorrect, celui de Han-weï-tsong-chou, auquel
il faut attribuer surtout de graves erreurs qui lui
sont échappées. Je me propose d en donner une tra-
duction française dans le Journal asiatique ; je me
contenterai de rapporter au bas des pages, les va-
274 JOURNAL ASIATIQUE.
riantes kt les corrections que peut fournir l'édition
du Tsin-taî-pi-chou.
IIL
CHl-CHI-SI-YU-KI.
MÉMOIRE SQA LB SIYU, PAR UN RELIGIEUX BOUDDHISTE.
Cet ouvrage ne nous est point parvenu entier. On
en trouve plusieurs fragments dans le ChouïAdnq-
tchou 9 -àt &§? 4fc ( en quarante livres ) , le Livre des
eaux, commenté par Lirtaoyouan, qui vivait , comme
Hoeï-sing, sous la dynastie des Wéi postérieurs.
Ces morceaux ont été réunis dans 1 ouvrage géo-
graphique Haï-koae-ihoU'tchi9j^1 jj|[J |g| :=fc, du
célèbre Lin-Ue-sia, jtik J|)J jfêfc (voir le Journal
asiatique, n° de juin 18/17, pàg. 5 20), liv. XVII.
J'en donnerai une traduction française.
IV.
TA-THANG-SI-YV-Kl.
MÉMOIRES SUR LES CONTREES DU SI-YU, COMPOSES SOUS LA
GRANDE DYNASTIE DES TUANG, EN DOUZE LIVRES.
Cet ouvrage, le plus étendu et le plus im-
portant de tous ceux du même genre qui sont
OCTOBRE 1847. 275
parvenus jusqu'à nous (il forme 585 pag. in-4°),
fut rédigé, d'après les livres indiens ( litt. traduit
fS), vers Tan 645 , en vertu d'un décret impérial,
par Hiouen-tsang, ^ ^, religieux bouddhiste,
du titre de San-thsangrfa-s$e} ~ jt2& xLh êrfi, c'est-
à-dire, docteur de la loi, versé dans la connais-
sance des trois recueils (en samskrit Tripitàkâ-
tchâryya), et augmenté de ses observations person-
nelles sur les pays qu'il avait parcourus. L'ouvrage
fut ensuite remis en chinois plus élégant par le Sa-
manéen Pien-ki, ^^ffijè , attaché au couvent 7a-
tsong-tchi-sse. On n'est pas étonné d'apprendre que
cet ouvrage a été soumis à une nouvelle rédaction ,
lorsqu'on songe que Hiouen-tsang arrivait alors de
l'Inde où, pendant dix-neuf ans , il avait uniquement
parlé les différents dialectes de cette contrée, et
que , dans une absence aussi longue de son pays
natal , il avait dû perdre l'habitude d'écrire sa propre
langue avec la correction et l'élégance désirables.
La biographie d1 Hiouen-tsang se trouve dans
les premières Annales des Thang , intitulées Khieou-
ihang-chou 4g[ M* ^ ; l'Encyclopédie boud-
dhique Fa-yoaen-tchou-lin '^ y^Jj 3jj£ jj>|t donne
(liv. XXXVIII, fol. 2 et liv. XXXIX) un itinéraire
un peu différent de celui qu'offre son ouvrage ; en-
fin, on peut lire dans le Sou-kao-seng-tch'ouen jÊi
]frj jç(* ^ * (liv. IV et V) une biographie de ce re-
276 JOURNAL ASIATIQUE.
ligieux et une esquisse de son voyage, qui forment
1 1 Ix pag. in-£°.
Suivant l'abrégé du Catalogue de la bibliothèque
de Khien-hng (Sse-kou-teHouen^hoa-kien-ming-mo-lo,
liv.VÏÏ, fol. 4a), ce voyageur aurait visité cept quatre-
vingt-trois (i83) royaumes, mais on voit, par la
notice du grand Catalogue (liv. LXXI, fol. 7), qu'il
y a là une transposition de chiffres, et qu'il faut
lire cent trente-huit (1 38). Ce nombre est confirmé
par l'Encyclopédie Yu-hal. Un autre .auteur, cité dans
ce dernier ouvrage, juge que Hioùen-tsang n'a visité
que cent quatorze royaumes , et parle de vingt-huit
autres pays, d'après la tradition ou- les récits de ses
contemporains. H a consacré les livres VIII et IX
à la description du royaume de Magadha. Dans cet
ouvrage, «il a décrit les mœurs et usages, les céré-
monies, les vêtements, l'étendue des pays étrangers,
les produits du sol , le commerce et l'industrie des ha-
bitants , et s'est particulièrement étendu sur les faits
historiques, les événements politiques et religieux,
les monuments et les légendes, les sectes et les ou-
vrages qui étaient propres à faire connaître le boud-
dhisme et le brahmanisme. »
Les différentes parties du Ta-thantj-siyu-ki se
trouvent distribuées , à leur place géographique,
dans le Pien-i-tien; seulement, on y a omis l'impor-
tante description de Kapilavastou. Heureusement
que nous possédons à Paris deux éditions différentes
de cet ouvrage, où les notices géographiques sont
disposées dans l'ordre qu'avait adopté l'auteur. Un
OCTOBRE 1847. 277
second exemplaire de l'édition impériale a été ren-
voyé par moi en Chine, pour servir à la gravure et
à l'impression d'un texte parfaitement identique,
dont je me propose d'accompagner la traduction et
le commentaire que je prépare depuis plusieurs
années. Cette relation, dont il existe en Russie un
exemplaire, est tellement rare en Chine, que
MM. Rémusat et Klaproth l'y ont demandée en vain
pendant plus de vingt ans. Ce serait donc, si je ne
me trompe, rendre service aux sinologues que d'en
donner une nouvelle édition, d'après le magnifique
texte ponctué que nous possédons.
•
V.
KHIEOV'FA-KAO-SBNG-TCBOUEN.
t # '•
Suivant le Chin-i-tien, livre CI , S vin, fol. 43 (Des-
cription des livrer sacrés du Gandjour et du Dand-
jowr), cet ouvragé, qui forme deux livres, a été com-
posé sous la dynastie des Thang, dans le royaume
de Chi-li-fo-tche (Çrîbodja), que baigne la mer du
Midi, parleSamanéenJ-fftsmjj ÊÈ $#, à son retour
des royaumes du Si-yu. L'auteur y raconte la vie et
les voyages de cinquante-six religieux bouddhistes de
Chine, de Kiao-tcheou (la Cochin chine) , et de Sin-lo
(Siam) , qui , sous les Thang , allèrent dans l'Inde pour
étudier la doctrine de Bouddha. Beaucoup d'entre
278 JOURNAL ASIATIQUE.
eux tombèrent malades dans ce pénible voyage et
ne purent revoir leur patrie. Il donne vers la fin
une* description extrêmement détaillée du couvent
de Karandaka. '
Ma-touan-lin nous apprend (liv. CCXXVII, fol.
16) que le religieux I-thsing se rendit dans l'Inde
sous f empereur Tchouï-kong des Thang (entre 686
et 689).
La plupart des éditions portent les mots : Rédigé
en vertu <Tun décret impérial. Cette circonstance ho-
norable montre la confiance dont jouissait alors
cet écrivain, et ajoute une grande valeur à sa re-
lation , qui est deux fois plus étendue que cetfe de
Fa-hien.
VI.
KHI-NlE-Sl'-YU-HING- TCH'ING.
ITINÉRAIRE DU VOYAGE DE KHI NIE DANS LE SI-YU.
Dans la deuxième année de la période Khien-te,
des Song (en 96/1), Fempereur rendit un décret
par lequel il ordonnait à trois cents Samanéens de
se rendre dans le Thien-tchoa (dans l'Inde), pour aller
chercher des che-li {carîra) , ou reliques de Bouddha ,
et des livres écrits sur des feuilles de palmier1. On
mit à leur tête un religieux bouddhiste nommé thi-
1 Voir le Journal asiatique, août 18A7 , p. io3 , note 1 .
OCTOBRE 1847. 279
nie :6Ë| âjÉ# de *a famille Wang, originaire dje loo-
tcheou. Il s'en revint dans la neuvième année de la
période Khaî-p'ao (976). Parmi les manuscrits que
renfermait le teouvent auquel il était attaché, se trou-
vait un ouvrage sur le Nirwâna en quarante livres. A
la fin de chaque livre, il avait décrit de point en point,
mais d'une manière succincte, les circonstances de
son voyage.
Cet itinéraire se trouve dans l'ouvrage intitulé
Ou-tchouen-loa )& $jft $& , composé par Fan-
teh'ing-ta ^g f^ ^, qui vivait sous la dynastie
des Song. Le Oa-tch'ouen-lou, qtii forme deux livres, a
été réimprimé dans la dix-huitième section du grand
Recueil littéraire Tchi-pou-tso-tchaï (en 2 ko vol.)
que possède la Bibliothèque royale de Paris.
J'ajouterai, quoique ce soit sortir du cadre que
je me suis tracé, que la seizième section du même
Recueil littéraire contient la relation fort étendue
d'une ambassade envoyée en Cor.ée , dans la sixième
année de la période Sioueh-ho des Song ( 1 1 2 4) ; elle
est intitulée g fô $ jfcfê $f |g |g et
forme quarante livres.L auteur, quisappelait&'u-AAinj
jfêfc ïjàj , faisait partie de cette mission. A son retour
de Corée , il rédigea cet ouvrage et le présenta à l'em-
pereur. Les quatre volumes dont il se compose sont
divisés en vingt-huit sections , qui embrassent la
géographie de la Corée, les mœurs et les coutumes,
les lois et les règlements , les règles de l'étiquette et
280 JOURNAL ASIATIQUE,
l'itinéraire que suivit la légation en allant et en re-
venant. Seulement, dit le Catalogue impérial, d'où
nous tirons ces détails, les cartes géographiques
et les planches qui accompagnaient le texte dans
l'origine , n existent plus depuis la dynastie des Song
du sud.
VIL
CHl-KIA-FANG-TCHI.
Description des pays de l'Inde, illustrés par la
prédication de Çâhyamouni (en trois livres), composée
sous la dynastie des Thang, par Tao-siouen wg jg[ ,
religieux attaché au couvent Si-ming-sse tftf fj[JJ ^rf •
Il vivait sous l'empereur Yong-chun des Thang (68a-
683 de J. C). Il est fauteur de plusieurs ouvrages
très-importants, par exemple du Ta-ihang-néi-tien-lo ,
Catalogue des livres bouddhiques qui existaient de
son temps , 4 vol. in-80; du Supplément à l'histoire
des Samanéens célèbres Sou-kao-teng-tcliouen, 20 v. ;
et du Fa-youenTtchou-lin (littéral, la forêt des perles
du jardin de la loi), vaste et précieuse encyclopédie
bouddhique, en 120 liv. 4o vol.in-4°. (Cf. Fo-tsoa-
tong-ki, liv. XXXIX, fol. 36 r.)
VIII.
Ta-thang-tse-ngen-sse-san-thsang-fa-sse-tch'oaen , en
OCtOËRE 1847. 281
dix livfes : c'est-à-dire, Histoire du maître de la loi,
versé dans la doctrine des trois Recueils (Tripiiakâ-
tchâryya), attaché au couvent de ia bienveillance,
sous la grande, dynastie des TTiang.
Le religieux samanéen mentionné dans ce titre
n'est autre que Hiouen-tsang. Autant que j en puis
juger par de longs fragments insérés d^ns l'Encyclo-
pédie Fa-yoaenrtckourlin (liv. XXXVIÏI, XXXIX), cet
oyvrage est moins l'histoire du célèbre voyageur
bouddhiste, dont nous possédons l'ouvrage, qu'une
description de son itinéraire à travers l'Indç, Elle
diffère en beaucoup d'endroits de la relation origi-
nale, et pourrait servir à l'expliquer ou à la déve-
lopperv
Nous voyons dans le Khaï-youen-cbi-kiao-lo (Cata-
logue des livres bouddhiques qui existaient sous les
Thang, dans la période Khaï-youeji, c'est-à-dire en
71 3-742 de J. C.(liv. XX, fol. 33), que cet ouvrage,
qui forme deux volumes , fut composé , sous- la même
dynastie, par les Samanéens Hoeï-li, etc. qui étaient
attachés au couvent appelé Si-thaï-youen-sse.
Il existe encore et fait partie, ainsi que le précé-
dent, de l'édition chinoise du Dandjour (la seconde
collection bouddhique, en <a4o vol. pjet in-fol.),
que lé gouvernement russe vient de faire acheter à
Pe-kinq, en même temps que le Gandjour chinois (la
première collection, en 108 vol. pet. in-fol).
282 JOURNAL ASIATIQUE.
■•*'''■
IX.
HQANG'YU-SI-YU-THOU- TCHI.
Description historique et géographique des con-
trées de l'ouest soumises à la Chine , avec planches
et cartes; cinquante-deux livres.
Cet ouvrage, rédigé par ordre impérial, a paru
dans la 27e année du règne de Khiën-long ( vj63 ).
Il est divisé en vingt sections :
i° Quatre livres d'éloges en l'honneur des con-
quêtes de l'empereur. 20 Examen des cartes géogra-
phiques , en trois livres. Ces cartes sont au nombre
de vingt et une ; on y a ajouté douze cartes anciennes
que la tradition a conservées. 3° Tables ou paradig-
mes qui montrent les divisions politiques et territo-
riales, et* les changements.de noms de pays qui ont
eu lieu depuis les dynasties des Thsin (l'an 1 kg av.
J. C.) et, des Hanf jusqu'à celles des Yoaen et des
Ming (16/17 de notre ère), deux livres. l\° Degrés
de longitude et de latitude , deux livres: 5° Limites
et frontières, douze livres. On a divisé les pays dé-
crits en quatre provinces [litt routes jffj lou).
A. JAn-si-nan4ou. Elle comprend tous les arron-:
dissements situés en dehors de la barrière appelée
Kia-kou-kouan.
B. 'An-si-pe-hu. Elle s'étend depuis Ha-mi jusqu'à
OCTOBRE 1847. 2*3
Tchin*stfoa (Barkoul). Tirhoa-tcheoix (Ouroutntsi) fcn
dépend.
G. Thien-chan-pe-lou ( la Dzongarie). Elle s'étend
depuis Kourkara ousou jusqu'à Tarbagataï. lli en dé*
pend,
D. Thien-chan-nan-lou (la petite Boukharie). Elle
s'étend depuis Pidjan jusqu'à Khotan. Les hordes des
Hoeï (musulmans) en dépendent.
6° Montagnes , quatre livres, 70 Rivières , cinq
livres. En dehors de la barrière Yu-men-koaan, dé-
tendent des chaînes de montagnes, et Ton voit cou-
ler de larges rivières qui occupent un espace de onze
cents lis. Comme il n'a pas été possible de couper
les chaînes de montagnes et les rivières pour les
rattacher à des pays particuliers , elles ont paru mé-
riter des sections spéciales. 8° Magistratures civiles
et militaires, deux livres. 90 Armée et fortifications ,
un livre. On a ajouté les forts et les stations mili-
taires. 1 o° Colonies militaires et leur administration ,
deux livres. On a ajouté des tables de population.
1 1 - 1 3° Tributs et impôts; système monétaire ; écoles,
trois livres. 16° Principautés conférées par décret
impérial, deux livres. i5-i6° Mœurs et coutumes;
musique , deux livres. 1 70 Vêtements et étoffes ,
deux livres. 180 Productions indigènes, un livre.
1 90 Pays situés en dehors des frontières, trois livres.
Ce sont tous ceux qui suivent le calendrier chinois
et payent tribut à l'empereur. 200 Mélanges histo-
riques , deux livres.
Suivantie grand Catalogue de Khien-long(l. LXVII1,
234 JOURNAL ASIATIQUE.
foi. À7)r d'où nous avons tiré les détails qui pré-
cèdent, « cetouvrage a été rédigé par ordre impérial,
non-seulement pour remplir les lacunes des anciennes
annales et des traités de géographie, mais encore
pour rectifier les erreurs qui ont pu échapper aux .
historiens des différentes dynasties. »
La table ci-dessus peut faire juger de la haute
importance de ce travail; il m'est pénible d'ajouter
qu'il n'existe, à ma connaissance, dans aucune col-
lection chinoise de l'Europe, et que , jusqu'à présent,
il m'a été impossible de le trouver en Chine.
Le plénipotentiaire chinois Lin, AnS* l'a eu en
sa possession et en a tiré un grand parti pour la rédac-
tion du vaste traité de géographie qu'il a fait publier
en 1 844, sous le titre àeJHaïl«mé-ihoa-tchi, J^ pj
HH j^ , en 20 vol. in-4°;
Le -caractère officiel du Hoang-ya-siya-ikou-tchi,
jj| J& 1© ijjE HH jfâi » h" donne une autorité
imposante. Espérons que les détails dans lesquels
nous sommes entré inspireront aux sinologues qui
résident en Chine le désir de l'obtenir à tout prix,
pour communiquer au monde savant , soit par leurs
efforts personnels, soit par l'entremise de leurs
amis d'Europe, le résumé des précieux documents
qu'il renferme sur l'histoire , là statistique et la géo-
graphie du Si-yu.
OCTOBRE 1847. 285
OUVRAGES SUR LE SI-YU,
DONT L'EXISTENCE EST INCERTAINE.
Je passe maintenant aux ouvrages qui se trouvent
décrits dans l'Encyclopédie Yurhaï (iiv. XVI) et dans
d'autres recueils, ou que citent. souvent les auteurs
chinois, sans indiquer si les passages qu'ils en
donnent -ont été extraits par eux de l'original, ou
si ce sourdes fragments conservés par la tradition.
Il serait digne des missionnaires qui résident
dans l'intérieur de la Chine, de recueillir les titres
que nous allons rapporter, et de faire exactement,
pour doter le monde savant des ouvrages de ce
genre qui peuvent être encore enfouis dans les
grandes bibliothèques de Chine, ce que fit, pour
moi, le mandarin Yen, à la demande du consul
anglais de Ning-po, feu Robert Thom.
SOUÏ-SI-YU-THOU-KI.
Mémoires sur le Si-y a, accompagnés de cartes,
publiés sous la dynastie des Som; trois livres.
Dans la deuxième année de la période Ta-ye
(696 de J. C), comme les peuples des différents
royaumes du Si-ya venaient trafiquer à Tchang-ye,
^1 ^ > l'empereur ordonna à Feï-kia, :g| ^Jjî ,
296 JOUKNAL ASIATIQUE,
de les protéger dans leurs transactions commer-
ciales, de les surveiller et étudier. Celui-ci fit des
recherches sur les royaumes barbares de ces mar-
chands, sur leurs mœurs et coutumes, leurs mon-
tagnes et rivières, et sur les moyens qu'on- aurait
de soumettre ces contrées tà l'empire chinois. Ce
fat alors qu'il composa les mémoires ci-dessus, en
trois livres. .Cet ouvrage embrassait la description de
quarante-quatre royaumes. H fit en outre, à cette
occasion, un recueil de cartes géographiques (ti-tkoa,
J[^|§J). Il reconnaît trois routes principales, sa-
voir: la route du nord, qui commençait à I-gou; la
route du milieu, qui commençait à Kao-tch 'ang.(qui
devint plus tard le pays desOïgours); et la route du
midi, qui commençait à Chen-chen (aujourd'hui le
désert de Makhaï), et à Yu-thieh (Khotan).
Sous la même dynastie , l'on fit paraître :
SOUJSI-YU-TCHJ.
Description géographique et statistique du Si-yn,
c<
?omposée sous les Souï, en trois livres.
OCTOBRE 1847. 287
,'■ ■ . 3.
Iff-VttJgMfc' .
SOUÏ-SI-rU~TAO-L!'Ki .
Mémoire sur les distances itinéraires des pays du
Siryu, composé sous les Soaï, en trois livres,
4.
Hti#gjte
SOUÏ-TCHOU-FAN-KOUB-Kl.
Mémoires sur les royaumes étrangers , composés
sous les&iu, en dix-huit livres.
5.
WANG-YOUEN-TSE-TCHONG-THIEN-TCHOU-HING-KI,
EN DIX LIVRES.
Dans l'annéç 648 de notre ère , l'empereur envoya
dans Tlnde un haut fonctionnaire nommé Wang-
youen-tse. On peut voir, dans Ma-touan-lin9 le récit
de son expédition. [Journal asiatique, numéro d'août,
pag. 107.)
À son retour, il publia l'ouvrage ci-dessus, dont
le titre signifie : Mémoires sur le voyage de Wang-
youen-tse, dans llnde centrale.
L'Encyclopédie Yu-hm cite encore :
288 JOURNAL ASIATIQUE.
6. '
TCH'INGSSE' TCHANG-SI-YV-TAO-LI-KI .
C est-à-dire, mémoire de Tch'ing-sse-tchang , sur
les distances itinéraires des pays du Si-y à, en trois
livres. <
7.
Mémoire de JVeï'hong-ki, sur son voyage dans
le Si-yu.
Les deux ouvrages précédents1 ont été. publiés
soiïs les Thang; on ignore les circonstances qui se
rattachent à leur composition.
8.
' SI-tiAN-BAÏ-TCHOU-FAN-KI.
Mémoire sur les barbares des royaumes que
baignent les mers de 1 ouest et du sud, en un livre.
Cet ouvrage fiit composé sous les Thang, dans la
période Tayouen ( entre 67 lx et 676) , par Ta-hi-thong,
qui était gouverneur d'un tcheou (arrondissement).
Il avait été envoyé en mission , au delà des mers, en
qualité de Ta-li-s$e-tchL II partit de Tch'i-ihou, ^j*
OCTOBRE 1847. 289
Tf , et alla jusqu'à Kien-na Jgg ^jj|$ ; il parcourut
seize royaumes. Il a décrit, dans ce petiUouvrage ,
toutes les circonstances de son voyage. . ■'
TBANG'&7-YU-TaOU~TCBI.
Description géographique et statistique du Si-yu ,
avec des planchés et des cartes, publiée, sous les
Thâng, en quarante livres.
Après avoir pacifié les contrées situées à l'ouest de
la Chine, l'empereur Kao-tsong (qui monta sur le
trône en 65o de J. C. ) envoya, par différentes routes,
des officiers qu'il chargea d'explorer le Khang-hiu
(la Sogdiane ) et le Tou-ko-h (le Tokharestan ).
Ils firent de» recherches sur les moeurs , les cou-
tumes et les productions des pays qu'ils avaient
la mission de parcourir, et remirent à l'empereur
divers mémoires accompagnés de dessins et de
planches. Jja rédaction définitive de cet ouvrage fut
confiée, ëh vertu d'un décret spécial, aux historio-
graphes du palais, sous la direction de King-tsong
wL ^? • B ne fut terminé et présenté à l'empereur
que dans la troisième année de la période Men-king
(en Tan 658 de J. C). Les savants, ajoute l'ency-
clopédie où nous puisons ces^détails, en parlent avec
éloge comme. d'un ouvrage rempli de riches maté-
riaux.
290 JOURNAL ASIATIQUE.
10.
SI-YO-THOU'KI.
Mémoires sur le Si-y a, avec planches et cartes.
Le 1 7 du 6e mois de la première année de la pé-
riode long-sou (Tan 66 1), l'empereur établit des
tcheou (arrondissements) et des hien (districts)
dans la province de Ton-ho-lo (Tokharestan). Wang;
surnommé Youen, qui y avait été envoyé en qualité
de commissaire impérial, présenta à Kao-Uong l'ou-
vrage ci-dessus, et le pria , en même temps , d'établir,
dans chacun des seize états qui le composaient, un
Toa-ton-foa, c est-à-dire le siège d'un gouverneur
chinois, des arrondissements et des districts.
11. Y
Description du Siyu (Siyu-tchi) , en soixante li-
vres, avec quarante livres de dessins et de cartes
(hoa-thou).
Cet ouvrage , dont les deux parties réunies for-
ment cent livres, fut rédigé par un grand nombre
d'écrivains officiels, en vertu d'un décret de la troi-
sième année de la période Lin-te (666 de notre ère).
(Voyez l'Encyclopédie bouddhique Fa-yoaen-tchoa-
Un, liv. CXIX, fol. a3 v.)
OCTOBRE 1847. 291
12.
SI-YU-Kf.
Mémoires sur le Si-y a, composés dans la période
Khcâ-youen (entre 713 et 7^ ), par Kaï-kia-hoeï
S i§u ^ » ^u t^tre ^e An^i-tourhoa , littéralement
protecteur général, chargé de la pacification de
l'ouest,
13.
SI-YU-THOV.
Cartes géographiques du Si -yu. Le quinzième
jour du quatrième mois de la sixième année de la
période Thien-pao> l'empereur demanda qu'on lui fît
connaître les distances itinéraires des royaumes bar-
bares soumis à la Chine. fVang-tchong-sse jj* j^
Igjij , du titre de Hong~ka-king (président du bu-
reau des promotions) lui répondit en lui présentant
les cartes ci -dessus, qui se rapportaient à seize
royaumes. Le résumé historique intitulé Tkang-hoeï-
yao donne les mêmes détails, mais il réduit à douze
le nombre de ces royaumes et des cartes qui sy
rapportent. /
292 JOURNAL ASIATIQUE.
14.
CHI~TAO->ANSI-YU-TCHI.
Description du Siyu, par le Samanéen Tao-'aw.
Cet ouvrage est cité dans l'Encyclopédie Youen-
hien-huï-han, publiée sous l'empereur Khang-hi, en
1710 (liv.CCCXVI, fol. io).
Suivant l'ouvrage Chin-&eng4cli'ouen (liv.II,fôl. 1),
Tao-'an était originaire de Tch'ang-chari, dans la pro-
vince de Tche-kiang. Ses ancêtres avaient toujours
appartenu à la secte des lettrés. Ayant perdu ses
parents en bas âge , il fut élevé par son frère aîné.
Dès l'âge de sept ans, il était doué d'une telle mé-
moire, qu'il lui suffisait ^de lire deux fois un mor-
ceau littéraire pour le réciter par cœur. Ses dispo-
sitions précoces faisaient l'admiration de ses voisins
et de ses concitoyens/ Il embrassa le bouddhisme à
1 âge de vingt ans et devint l'ami intime du célèbre
bouddhiste Fo-thou-tching ^ ® ^ (dont M. Ré-
musat a écrit la vie dans la Biographie universelle
de Michaud). Il mourut dans la dixième année de la
période ihaï-yoaen des Tsin (en 385 de J. C). On voit,
par ce que nous venons de rapporter, que Tao-'an a
précédé Fa-hien, auteur du Fo-koue-kL II est donc
fort à désirer que sa description géographique dont
le Pien-i-tien, imprimé "du temps de Khang-hi, cite
de nombreux fragments , existe encore de nos jours :
OCTOBRE 1847. 293
elle nous fournirait, sans doute, d'intéressants ma-
tériaux qui permettraient d'éclaircir et de déve-
lopper les détails un peu arides que nous a laissés
Fa-hien.
15.
TBIElt-TCHOU-PEN-Kl.
Ce titre, qui signifierait Histoire de l'Inde, se
trouve dans la liste des ouvrages cités en tête de l'En-
cyclopédie littéraire Tsien-khio-louï-chou , en quatre-
vingts volumes. Je ne possède aucun détail sur le reli-
gieux bouddhiste qui a composé cet ouvrage , ni sur
l'époque où il fa publié; mais j'ai des raisons de
croire que ce titre est abrégé et qu'il faut lire 4Êfc
1$t 1FL 1ÊL >$£ $E Fo-yeou-ihien-tchou-pen+ki,
«Histoire des excursions du Bouddha dans l'In-
de,» Cet ouvrage, que j'ai vu maintes fois men-
tionné^ pourrait bien être la même chose que le
Qdyeow>king -f^ J^ *§f « Le livre sacré des dix
excursions (du Bouddha), » qui fait encore partie
du Dandjour chinois.
16.
t « Ï5 $ *
TÇANG-TONG-SI-YU-TCBl.
Description du Si-yu par Tong, qui vivait sous
les Thang.
294 JOURNAL ASIATIQUE.
Cet ouvrage est cité dans une description mo-
derne de Canton, intitulée Koaang-tong-sin-yu.
17.
mtmn
Continuation de la relation de Hiouen-tsang,
auteur du Ta-thang-si-ya-ki. (Voyez plus haut, pre-
mière section, n°IV, pag. 27/1.)
On trouve plusieurs fragments de cet ouvrage
dans l'Encyclopédie ^Ç *|* ||[* Thien-tchongki
(liv. XXXVI, fol. 10).
'.»**j:.*5*-
CHhÊOUANChP'IN-CHANG- THIÉN- TCHOU- TÙHl ,
EN QUINZE LIVRER.
Description de l'Inde par le Samanéen Kouang-
p'in. Le mot chang J^ « monter » indique que l'au-
teur a parcouru lui-même les pays qu'il a décrits.
Cet ouvrage est mentionné, ainsi que le suivant,
dans la section bibliographique du supplément im-
périal de Ma-iouan-lin (liv. CLXXI, fol. 8).
OCTOBRE 1847. 295
19.
TCQANG-TÇBI'TSAJ-TONG-THIEN-TCHOU'MO-TCHl,
EN HUIT LIVRES.
Description de l'Inde orientale par Tchang-tchù-
foaï.
L'auteur, en employant l'expression mo-tchi 13
jjjjj, littéralement «description faite de visu,» a
voulu montrer qu il avait vu de ses propres yeux les
contrées dont la description est l'objet de son livre.
Ici s'arrête la liste des ouvrages géographiques rela-
tifs au Si-yu, que j'ai vus mentionnés ou cités par frag-
ments dans les auteurs chinois, et dont l'existence me
paraît incertaine. Si cet article parvient aux mission-
naires catholiques qui se trouvent en Chine dans le
voisinage desgrandes bibliothèques, et aux membres
de la mission russe de Pe-king, il$ auront sans doute
à cœur de faire ou d'ordonner des recherches actives
dans le but de découvrir, s'il est possible , la plu-
part des importants ouvrages que je viens de signa-
ler à l'attention des savants. Il est permis d'espérer
que leur zèle éclairé saura bien trouver ce qui en
existe encore, tant dans les collections impériales
que dans les bibliothèques des couvents bouddhi-
ques, où. l'indifférence des Chinois pour ce qui
regarde les pays étrangers , les aurait peut-être laissés
éternellement ensevelis.
296 JOURNAL ASIATIQUE.
i i, y t ■ r r i i , ,„.,,.. ■ nui! i, il i sas=a»a- ■ i ■ ,sesB=a
MÉMOIRE
Sor l'écriture cunéiforme assyrienne, par M. Botta.
(Suite.)
67.
Ce type est le d-tel qu'il est fait datas les inscrip-
tions trilingues. J'en parlerai à propos de ses équi-
valents "§VT et fTf.
68.
H*T=Hf * HI'* HI2- ^2- .
SXfi
Les équivalents du type E^TaT n'en sont, comme
on le voit, que de simples variétés; jamais je ne
lai vu remplacé par WaT, ainsi qu'on aurait pu s'y
attendre, et ce fait se joint à beaucoup d autres
pour montrer combien peu oii doit se fonder sur
la ressemblance des formes pour déterminer la
OCTOBRE 1847. 297
valeur des caractères. ^|a| .est certainement un i?
et £EjAJ n'en est probablement pas un, puisque ce
dernier signe ne se substitue jamais au premier.
Il m est au reste impossible de rien dire de pro-
bable au sujet de la valeur de ^P^a|, car ce carac-
tère n'a, si je puis ni exprimer ainsi, ni tenants ni
aboutissants, puisqu'il ne se substitue à aucun signe
conpu. Un des exemples que j'ai ajoutés paraît ce-
pendant le présenter comme équivalent de * ^ T,
que je suis porté à regarder comme une voyelle,
mais je ne puis en donner la preuve ; et d'ailleurs
l'exemple n'est pas concluant , puisque les derniers
signes de chacune des combinaisons t équivalentes
ne sont pas exactement semblables : il est possible ,
en conséqence , que les deux assemblages de signes
représentent des mots différents.
Dans les inscriptions de Van, il y a un signe
assez commun ^^^àJ, que je n'ai pas rencontré à
Khorsabad, et qui est peut-être une simple variété
du ninivite K^aT; si l'on pouvait démontrer l'iden-
tité de ces deux signes, on pourrait avoir un moyen
de parvenir à déterminer la valeur de ce dernier
^k|. En effet /après avoir bien considéré le rôle
du signe ► E~~TàT, j'ai acquis la conviction qu'il re-
présente dans les inscriptions de Schulz le signe
ninivite ^/JÈJ, qui n'est autre, comme je l'ai dit,
que le caractère très-usité ^/""J, dont on fait gé-
néralement une n. H me semble qu'à Van le groupe
très-commun J^ ► £~~TAT rePr^sente k Jf ►~^ezT
298" JOURNAL ASIATIQUE,
ou W ^^-y de Khorsabad et de Persépolis; il me
paraît également qu'un autre groupe très-usité dans
les inscriptions trouvées en Arménie, savoir : J^
► ^"~T* J eJMT représente ce que Ton regarde comme
le pronom de la première personne dans les inscrip-
tions trilingues, TT *y *j=^T; dans ces dernières com-
binaisons de signes, l'identité des signes terminaux
est à peu près certaine , comme je le montrera. Je
laisse aux lecteurs à juger si 1 on peut être fondé à
rapprocher le signe » ^"""T^y du ninivite ÈjEM el
à déduire de ce rapprochement les conséquences
que je viens d'exposer. ç
t
69.
Les deux premiers équivalents ^^ et *\
sont très-fréquents, le troisième -^4 est Lien certain,
mais, comme il ne se rencontra que dans une seule
place des inscriptions de Khorsahad, il ne serait
pas prudent, je crois, d*en conclure l'identité des
deux signes ^^ et -^4; je n'en ai pas moins dû
noter ce fait, et j'ai fait voir, dans le paragraphe 37,
qu'il y avait une certaine analogie entre les équiva-
lents des signes , analogues eux-mêmes , ►^^T
etC~»TTT •
Des deux derniers équivalents, l'avant- dernier,
OCTOBRE i847. 399
f^Yn"' quoique rare, est certain, mais il n'en est
pas de même du dernier fc-» m <» car' en gé*1*^'
ce signe ne se substitue pas à ^^ , et on £eut
avoir oublié une fois les deux coins *, qui consti-
tuent toute la différence.
Le signe ^^j^, ainsi que.son congénère ►^y^T,
ne me paraît pas avoir été employé* comme signe
phonétique; cela du moins me semble démontré par
son inégale distribution dans le cours des inscrip-
tions, où il ne se rencontre qu'à des places déter-
minées et toujours les mêmes. En général, quand
il paraît dans un endroit , il se répète plusieurs fois
après de courts intervalles remplis par trois ou
quatre signes. Cette particularité tend à faire consi-
défcr ces successions de signes comme des listes de
noms, soit d'hommes, soit d'objets matériels, tous
précédés d'un signe particulier |j-*^ > comme les
noms de villes ou de pays sont précédés des signes
»»-*"T"T ou -^4 à Khorsabad, et ^V à Persépolis.
Gela n'est sans doute qu'une supposition , mais elle
se présentera, jp crois, à l'esprit de quiconque exa-
minera la distribution de ce signe dans les grandes
inscriptions de Khorsabad, soit celles des pavés,
soit celles des taureaux.
Malheureusement, je n'ai jamais trouvé le signe
|~*^> remplacé, comme son analogue fc-^CT" > par
plusieurs caractères, et par o^séquent je ne puis
avoir aucune donnée sur ce qu'il représente. Si
j'avais plus dé confiance dans la méthode de la dé-
300 JOURNAL ASIATIQUE,
composition des signes, je dirais, cependant, qu'il
est l'abrégé du mot bar, fils, ou mar, seigneur. En
eflet, ^^ et >-£T' ont chacun une partie com-
mune £££% qui, très-probablement, représente IV
final du mot, quel qu'il soit, formé par les lettres
***jyr *JJ dont fr-^^T est en quelque sorte le
chiffre. Puisque cette portion se trouve dans^y^,
il est permis de croire que le mot représenté par
ce signe se termine aussi par une r, çt Ton peut
voir le rudiment dune m pX dans les trois clous
horizontaux qui commencent ce signe. Si Ton y
voit une m, le mot sera mar; si, à cause de l'affi-
nité de ïm et du b on y voit cette dernière lettre,
t^^Ç représentera le mot bar et, dans cecas^Ies
séries de signes précédées de ce caractère seraient
des nome propres, et leur suite constituerait une
généalogie. Je ne #dois pas cacher que cette idée est
contredite par l'absence du clou perpendiculaire
avant les signes précédés par ^^ , mais cette
difficulté n'est pas insurmontable, car il ne me
semble pas prouvé', comme je le dirai , que ce clou
perpendiculaire précède toujours les noms propres.
Lorsque je parierai de ce clou J, je ferai voir au
moins qu'il précède des mots qui ne peuvent être
des noms, comme des chiffres, par exemple. H ri'y
a donc aucune raison de le regarder comme une
marque absolue ^nécessaire des noms propres.
Les personnes Mêmes qui veulent voir urçe généa-
logie au commencement des inscriptions de Jthors-
OCTOBRE 1847. 301
abad, dans les signes toujours précédés du mono-
gramme fc^T\ sont bien forcées d'admettre que
le clou manque quelquefois devant les noms propres,
puisque là il ne parait qu'en têfe de la liste , et ne se
reproduit pas devant les signes dans lesquels on croit
trouver des noms de rois. Je ne crois donc pas
que l'absence du clou perpendiculaire après ^^
suffise pour empêchçr de regarder les signes qui le
suivent comme représentant des noms propres. Pour
aider les savants qui croiraient mes idées justes à
chercher des noms dans les séries de signes com-
mençant par ^-*^ , je vais leur en soumettre une
eA attendant que les grandes inscriptions soient
gravées.
Mmf= ::— <tt: es£ h& a**-
Avant et après ce passage de mes inscriptions , il
y en a d'autres semblables, mais plus courtes, Dans
lune d'-elles (pavé de la porte L, lig. a5), on re-
marque le signe fe-*^ suivi d'un groupe de carac-
tères précédés du clou perpendiculaire :
302 JOURNAL ASIATIQUE.
Je crois que quiconque observera l'inégale distri-
bution du signe ^^ et son apparition dans de
certains endroits , à des intervalles réguliers , remplis
par trois ou quatre caractères , pensera comme moi
qu'il faut y voir non une lettre, mais un mot.
Je n'ai rien vu de semblable à t^^Ç dans tes
inscriptions de Van et de Persépolis, mais dans ces
dernières on trouve l'équivalent a\ qui paraît y
avoir été employé pour représenter le mot homme;
cela engagerait à considérer comme des noms de
peuples les caractères précédés de t-^ ^
70.
Je ne puis rien dire au sujet de ce type , dont
i emploi est assez rare , et qui me parait , ainsi que le
précédent, n'avoir pas été usité comme signe pho-
nétique.
71-
^ =!>«*-»• gin i-
72.
En comparant les numéros 71 et 72 il paraîtra
OCTQBRÇ 1347. 303
évident, je pense, que les formes ^>m et PTfl
ne sont que de simples variétés , puisqu'elles équi-
valent toutes deux au même caractère, HTTT. De
plus, ces deux exemples prouvant que, pour certains
signes, le nombre des clous était à peu près indifférent
et qu'on pouvait, à volonté, en mettre tantôt trois ,
tantôt quatre; cela concorde avec ce que j'ai dit au
sujet de l'identité des signes ninivites***fc[T, fcJTT^,
etc. avec les signes persépolitains ou babyloniens
73.
74.
Je n'ai qu'une observation à faire sur les deux
numéros ci-dessus, c'est qu'ils montrent que l'on
pouvait changer la place des clous. Dans chacun de
ces signes , tantôt on voit les quatre clous verticaux
distribués deux par deux , tantôt on les voit en deux
groupes, l'un de trois, l'autre d'un seul clou. C'est
quelque chose d'analogue à ce que nous avons vu
pour beaucoup de signes ►•^"J. FTTT* £y7~f«
etc. que nous avons rencontrés indifféremment figu-
304 JOURNAL ASIATIQUE.
75.
T
Le clou vertical isolé J n'a pas d'équivalents cer-
tains; on pourrait conclure, d'un des exemples ajou-
tés, que sa valeur est la même que celle de £jjjt
mais cette substitution me paraît due à une erreur.
Tout le monde sait que ce clou vertical précède,
dans les inscriptions trilingues, les noms propres
d'hommes , mais non pas les noms de dieux , puis-
qu'il ne se trouve pas avant le nom d'Ormuzd. On
s'est hâté d'en conclure que c'était un indice certain
et qu'on devait trouver un nom propre partout où
il se rencontrait; c'est, je crois, une erreur, comme
je l'ai déjà dit, et Ton en a la preuve, non-seule-
ment dans les inscriptions de Khorsabad, mais même
dans celles de Persépolis. Dans les miennes, d'abord,
le clou est souvent supprimé; j'en conclus que son
emploi n'est pas indispensable , et que , par consé-
quent, il peut y avoir des notas qui n'en soient pas
précédés. En outre , j'ai la certitude que cette mar-
que se place aussi devant dçs groupes de signes qui
ne représentent pas des noms, mais des chiflres.
Voici comment je m'en suis assuré : on trouve dans
les inscriptions des taureaux du palais de Khorsabad
cette série de signes :.
OCTOBRE 1847. 305
Aucune combinaison phonétique ne pouvait pro-
duire un pareil assemblage de signes, et j'en conclus
que ce {levaient être des chiffres; ce fut aussi l'opi-
nion de M. Rawlinson, auquel je communiquai ce
fait. On y voit déjà le clou perpendiculaire employé
d'une manière qui ne permet pas dans cet endroit
de le considérer comme la marque d un nom propre.
Pans les inscriptions des pavés, cette ^éric de ca-
ractères ne se trouve pas, mais on y voit celle-ci :
Ici nous voyons le clou vertical précédant des
signes que nous avons été conduits à regarder comme
des chiffres, fet il semble évident que là, au moins,
il n'est pas l'indice d'un nom propre. On demandera
naturellement pourquoi la première série de chiffres
n'est pas, comme la seconde, précédée de cette
marque. En voici je crois là raison : ce gigne £*,
quoique pouvant être employé cofhme chiffre, est,
comme on le Verra, un équivalent très-certain d'un
caractère très-usité, Jjn il fallait donc indiquer si
on l'employait comme signe numéral ou comme
signe phonétique, et dans ce dernier cas qp le dis-
tinguait par le clou perpendiculaire ; mais cette pré-
caution n'était nécessaire que lorsqu'il pouvait y
avoir doute, c'est-à-dire lorsque les circonstances
n'indiquaient pas clairement que £* devait être lu
306 JOURNAL ASIATIQUE,
comme un chiffre. Or ce doute ne pouvait exister
lorsqu'on voyait ce même caractère répété quatre
fois de suite, comme dans la première série que j'ai
citée; dans ce cas, le clou était inutile, tandis qu'il
pouvait être nécessaire dans la seconde séri^, où ^
ne paraît qu'une fois. C'est même, si je ne me
trompe, la raison pour laquelle nous voyons, dans
le premier cas, ce même clou précéder les deux
signes * „*( et ►-!, qui ont certainement des valeurs
phonétiques, mais qui là, peut-être, sont employés
comme chiffres.
Cette raison est encore bien plus évidente , lors-
qu'à la place du signe ^ 0n,a employé, dans les
mêmes passages, ses équivalents ^jj ou 4JJp-***-i
qui sont indubitablement des lettres. On trouve en
effet, dans les inscriptions des pavés, la seconde
série de chiffres écrite ainsi :
T <** t* fflf ££T w
Dans ce cas , il fallait nécessairement indiquer que
le premier sign#ne devait pas être pris là comme
lettre et c'est, je croîs, dam ce buf qu'on a mis le
dou isolé. Les personnes qui ne connaissaient pas
l'équivalence des signes ^ et >jj ont été trompées
par cett^marque distinctive qu'ils ne croyaient appli-
cable qu'aux noms propres, et elles en ont cherché
un dans cette combinaison de signes , qui certaine-
ment ne représentent qu'un nombre.
Lesinscriptk)nstrilingue& nous fournissent d'autres
OCTOBBE 4847. 307
preuves de remploi du clou isolé autrement que
comme indication des noms propres. Examinons
d'abord le nom de Gyrus dans la courte inscription
de Pasagarde; cette légende commence par deux
lettres semblables, TJjE? J^q; si, pour expliquer
ce fait, on suppose que la première représente le titre
honorifique liei ou le pronom, alors ces mots se trou-
veront précédés du clou vertical, et cependant ce ne
sont pas des noms propres. Si on ne veut pas admet-
tre cette explication, il faudra considérer ces deux
signes semblables comme n'en faisant qu'un seul,
car le nom de Cyrus ne comporte pas deux lettres
pareilles au commencement. Dans ce cas, on sera
forcé d'admettre que les clous, en apparence isolés,
font réellement, comme je le crois, partie des signes
YfEJ, auxquels ils sont juxtaposés, et qu'ainsi lç nqm
de Gyrus est privé de la marque dktinottve des
noms propres.
H y a plus; si Ion veut voir des noms propre*
dans tous les groupes de caractères précédés du clou
vertical, il est évident que la èolonne assyrienne des
inscriptions trilingues ne représente pas du tout le
texte zend. Dans presque toutes , en effet, cette pré-
tendue marque des noms propres se trouve à 'des
places où aucun personnage n'a pu être nommé; je
citerai pour exemple les lignes 21, 22, a3, 24 de
l'inscription de Nakchi-Roustâm. Mais il y en a un
phis remarquable encore à la fin de la ligne 7 de
Finscrip tion trilingue de Van , exemple indubitable >
308 JOURNAL ASIATIQUE,
puisqu'il se reproduit dans les excellentes copies
d'une autre inscription prise à Persépolis par
MM. Rich et Westergaard. (Wester. tab. XVI, L 6,
et Rich, tab. XXII, 1. 6.) En jetant les yeux sur ces
inscriptions, on y verra, aux lignes indiquées, le
clou Y dans une situation où il est impossible de
supposer la mention d'un personnage; pour moi, je
ne doute pas que dans cet endroit le clou vertical
n'indique, comme dans mes inscriptions, que les
caractères suivants, *!►— - aT, sont employés comme
chiffres et représentent le nombre des pays ou sa-
trapies soumis à Xerxès ou à Darius; le mot qui
vient après est en effet celui qui doit signifier ville ou
pays. H y a même dans les inscriptions assyriennes
de Van quelques endroits dans lesquels il est diffi-
cile de ne pas croire que les caractères aT> — et a|
servent de chiffres.
Quelle que soit la valeur de cette dernière con-
jecture, il me paraît certain que le clou vertical a
pu servir à indiquer, soit des chiffres, soit d'autres
choses que nous ignorons encore; par conséquent,
on a tort de chercher des noms propres partout où
il se rencontre , et l'absence de ce signe ne doit pas
empêcher d'en voir là oh il manque.
76.
Le signe TC est un de ceux dont la valeur semble
le mieux déteripinée , et tout le monde est d'accord
OCTOBRE 1847. 309
pour en faire, soit la voyelle a, soit une. aspiration
semblable au he des Hébreux. Dans mes inscriptions,
comme dans celles dé Persépcrlis, ce caractère est
très-souvent supprimé, indice qui confirme sa valeur
de voyelle. Il est possible que quelquefois il soit
employé comme chiffre, car je lai vu répété trois
fois de suite au commencement même d'une inscrip-
tion , et l'on ne peut supposer qu'un mot ait com-
mencé par trois lettres semblables. Le signe TT peut
aussi représenter des abréviations, du moins, il
semble que, dans quelques inscriptions de Persépo-
lis , on ne trouve que ce caractère à la place du mot
qui doit signifier fils; enfin, j'ai déjà fait remarquer
que, deux fois répété, il constitue la terminaison de
beaucoup de noms de pays, soit à Khorsabad, soit
à Persépolis.
La forme yS est une variante très-commune du
signe TC isolé ou en composition , et cette substitu-
tion a lieu même dans d'autres inscriptions que
celles de Ninive, comme sur la pierre de Michaud,
par exemple; on y woit les formes y4* et fc^fNv au
lieu des signes J^ et fzR.
Parmi les autres équivalents de Tf, il n'y a que
^ qui soit commun; cette substitution se remar-
que surtout dans le mot Tt ^ >"~T ou fc~* ^ >"~Y
dont j'ai déjà parlé. Une seule fois, j'ai vu ► »t à
la place de J^, mais les personnes qui veulent faire
une voyelle du premier de ces deux signes n'en
verront pas moins dans ce fait une confirmation de
leurs opinions. Quant au signe ^, il est si rare et
310 JOURNAL ASIATIQUE.
si inégalement distribué dans les textes, que je ne
puis m'empêcher de croire que ce n'est pas un signe
phonétique , mais un chiffre ou une abréviation.
77.
78.
HP = *£«»•
79. ,
80.
OCTOBRE 1847. 311
81.
6=S-T = ^ï: — TT ïï »-
82.
^t^ = VHft^ïï2-
J'ai déjà parlé des équivalents du coin isolé ^,
çt je n'ai pas d'observations à ajouter. Je me bor-^
nerai à dire que les inscriptions trilingues nous
donnent un exemple de la substitution du coin à
un autre signe que ceux que j'ai notés d'après mes
inscriptions. En comparant les planches XIV et
XVIII de Westergaard, on verra que le mot repré-
sentant le zend wazarRa y est écrit B>— tffTTT
dans la première, et FT*— < dans la seconde : le
simple coin> est donc substitué dans cet endroit à
fcrTTTT. Cet échange n'a rien d'étonnant puisque,
dans les inscriptions de Khorsabad, le coin unique
se substitue à ^|^, qui, ainsi que nous l'avons
vu, s'échange de même avec fciJTTT ; c'est une con-
firmation de ce que j'ai dit au sujet de l'identité de
valeur des signes £d(yf| et tdpf^zz. On y verra
Il2 JOURNAL ASIATIQUE.
aussi, je pense, une preuve très-forte de l'identité
des écritures, assyriennes de Persépoiis et de Ninive.
83.
J'ai déjà fait voir que les deux coins H étaient
un équivalent certain du signe w-/^, et par con-
séquent qu'il représentait souvent le mot roi; je ne
crois pas qu'il puisse rester de doute à cet égard
dans l'esprit de personne. Les deux autres variantes
Ef et >jj montrent que ces deux coins peuvent
encore servir à représenter des lettres, et nous en
avons d'ailleurs la preuve dans les inscriptions tri-
lingues, puisqu'ils y remplacent la syllabe ni dans
le nom d'Achéménide. Il faut donc, je crois, être
très-prudent lorsqu'il s'agit de déterminer la valeur
de ce signe dans un cas donné.
Admettant que leg deux coins 4i représentaient
le titre royal , j'ai dit que , dans les inscriptions assy-
riennes de Van, ils avaienj été, selon toute proba-
bilité employés de là même manière, et j'en avais
cité un exemple; comme ce fait est important, je
vais en citer un autre plus concluant. La planche ln
de Schulz nous ^ffre , sous le numéro i , une inscrip-
tion malheureusement très-fruste, mais qui cepen-
dant me parait mériter l'attention. A en juger d'a-
bord par îe clou perpendiculaire, on y voit deux
noms propres que je crois pouvoir rétablir ainsi, en
comparant les lignes 1 , 5 et 7 où ils sont répétés :
OCTOBRE 1847. 313
Il est à remarquer que le premier de ces deux
noms est terminé par le signe TT, qui, dans quelques
inscriptions trilingues, est le seul signe indiquant
la relation dé parenté entre les personnages; il y a
donc, par cela seul, quelque raison de croire que
nous avons ici les noms de deux individus, dont le
premier était fils du second.
A la suite de ces deux groupes de signes, viennent
lesrdeux coins 44, répétés plusieurs fois, et, ce qui
est plus remarquable , ils sont chaque fois*suivis des
mêmes signes que dans les inscriptions de Khors-
abad; ainsi, à la fin de la première ligne, après IV
qui termine le nom, viennent les signes
«0— M-- «tïït*<-«l«
A Khorsabad et à Nemroud on a *
A la ligne 5 de l'inscription de Van, les mêmes noms
sont répétés, mais à cet endroit, le second est suivi
de 44 44 T ►"***» ee ([ui représente exactement les
signes persépolitains È>^2 fc>^ï Jt^ dont ^a si-
gnification est certainement toi des rois> Je ferai ob-
server en outre que le mot ^J— Ë^J^zz, qui dans
les inscriptions de Van et de Khorsabad suit les
deux coins 44, est le même que £?*— * Ë^fTTTi «pu
314 JOURNAL ASIATIQUE.
àPersépoljssuitlemoiiog^amme^:^^. Nous avons
vu, en effet, que les signes fc^JJJ et tïfc sont équi-
valents, et que le second, n'ayant pas été employé
dans les inscriptions trilingues, y est toujours rem-
placé par £rT|JJ.
x Ce sont ces raisons qui m'ont engagé à voir des
épithètes dans ces groupes de signes suivant le mo-
nogramme royal fc-^^T" ou son abréviation 44 Je
sais cependant que , selon MM. Rawlinson et Lay ard ,
le premier de ces groupes représente le nom même
du roi : ils se fondent sur ce que ces signes varient
dans les inscriptions sur pierres ou sù£ briques décou-
vertes dans les divers monuments déterrés jusqu'à
présent; ainsi, selon eux, le roi qui a bâti le palais
de Khorsabad serait
celui qui a construit un des monuments du monti-
cule nommé Koyoundjouk serait
enfin , le fondateur d'un des monuments de Nemroud
aurait été
— v-îVïï
M. Layard m'a même écrit qu'il a trouvé dans
ses inscriptions des listes d'après lesquelles il a pu
établir la généalogie de tous ces personnages. On
conçoit qu'ignorant complètement les raisons sur
OCTOBRE 1847. 318
lesquelles cette opinion est fondée, je doive m'âbs-
tenir de la contredire; d'ailleurs, toute di&eussion
relative à la lecture des bonis propres contenus dans
les inscriptions de Khorsabad, Persépolis, etc. sera
mieux placée après l'exposition complète du cata-
logue des variantes. Pour le moment, je me conten-
terai de faire remarquer que si les signes ç-^T'
►-jy^jj >~/*~T ^F^^tent *e nom d'un roi assyj
rien, ce nom a certainement contenu, comme partie
intégrante, le mot même qui signifie roi; en outre,
et cela serait plus extraordinaire, ce nom serait trèa-
souvent remplacé par une abréviation , puisque dans
le même monument il est tout aussi fréquemment
écrit g^^T *~^Y. Nous saurons à quoi nous en tenir
sur ce sujet lorsque M. Rawlinson aura publié ses
découvertes.
83.
84.
Le signe Jj±^ est, comme on le sait, à Persépo-
liS, la marque du pluriel; à Khorsabad, la forme
3lfl JOURNAL ASIATIQUE.
T-*m est pins commune, mais on y rencontre fré-
quemment aussi la forme persépolitaine T££; celle-
ci n'est même qu'une simple variété d'une forme
très-commune à Khorsabad |» <««.
Je n'ai aucune donnée sur la valeur phonétique
de ce signe qui, cependant, a certainement été em-
ployé comme lettre, puisqu'il a pu être remplacé
par des caractères indubitablement phonétiques;
l'un de ces caractères est ^jf> qui est certainement
une voyelle, d'où l'on pourrait conclure que f-***
en est une également. Cette conjecture serait appuyée
par le fait de la suppression très-fréquente du signe
T-**<; mais, sur d'aussi faibles indices, il est im-
possible de baser aucune détermination certaine.
85.
Je n'ai qu'une remarque à faire sur ce signe,
c'est que sa variante ^ ^ concourt à prouver
que lé nombre des clous est, danfr quelques carac-
tères, à peu près arbitraire; c'est ce que nous avons
déjà fait voir pour les signes É^Jtz, È-TTf—^
86.
OCTOBRE 1847. TH7
Ce signe n'a qu'une seule variante dont la forine
est presque exactement celle du signe <J[ que Ton
^marque parmi ceux qui représentent le mot terre
dans les inscriptions trilingues.
A cause de la similitude des formes, on aurait
pu croire que 4_J s'échangerait avec ^""T; niais il
n'en est rien comme on le voit. Les équivalents de
celui-ci sont tout différents, puisque ce n'est qu'une
des formes du signe ^J » dont les équivalents certains
sont «^, ^f-i, etc.
87.
L'équivalent le plus remarquable du sigite ^!3[
est ^«"Y; les numéros 88 et 89 vont nous montre*
que les signes analogues à ^-\ sont également
remplacés par des variantes voisines de l5«f ; ^3fî
348 JOURNAL ASIATIQUE.
par ^jrjy et ^jEÏTf T par ,$R«Ty?T# ^e **** e8t *****'
ressant, parce qui! lait disparaître une des rares
différences entre f écriture assyrienne de Van et
celle de Khorsabad; dans les inscriptions de Schulz,
en effet, la forme ^^ et ses congénères (souvent
faites ainsi »~*<J,>» ***||) s01** très -fréquentes,
tandis qu'on ne voit jamais les formes 1^3 , etc.
On ne pourrait certainement se douter de l'identité
de oea signes, si, dans mes inscriptions, on ne les
voyait pas fréquemment employés les uns à la place
des autres.
88*
89.
Je ne' ferai qu'une observation sir ce signe : ce
doit être un mot OU l'abréviation d'un mot, un
pronom ou une particule; je suis conduit à faire
trettç ccHajectUre* parce que je le vois souvent rem-
placé p^r xm assemblage de trois signes. Comnw
ces, aiguës voient eux-mêmes légèrement, je
dernier toutes les variantes.
OCTOBRE IS47.
319
«W =
Ces variantes sont curieuses , parce quelles
montrent tout à la foi* l'échange des signes *!►— ,
aT — , V- , la substitution des clous horizontaux
\ty~ aux s*x co^s <<Ay et la suppression dans un
cas. de deux de ceux-ci. Selon les idées que j'ai pro-
posées, ces trois signes réprésenteraient le mot<j£Jt
mais je suis très -loin de vouloir rien affirmer.
90.
91.
Je n'ai rien de particulier à dire sur les paragra-
phes 90 et 9 1 , et je pa#se à une série remarquable
de signes , ceux qui sont en grande partie constitués
par l'encadrement |^y.
3*0 JOURNAL ASIATIQUE.
92.
On s'aperçoit, au premier coup d'oeil, que l'enca-
drement j|, très-commun à Ninive, ne se trouve
pas dans les inscriptions trilingues, ni dans les ins-
criptions assyriennes de Van; il y est, selon moi,
représenté par la forme J |. Nous allons voir des
preuves nombreuses à l'appui de ce rapproche-
ment.
93.
. 94.
Le$ signes pf et jy sont au nombre des plus
OCTOBRE i 84 7. S2i
embarrassants, parce qu'ils sont d'un emploi très-
fréquent, et qu'ils paraissent susceptibles de recevoir
des valeurs inconciliables. Je ferai d'abord observer
qu'ils ne diffèrent que par l'adjonction d'un coin
4 au second signe; aussi ce dernier est-il très-sou-
vent figuré ainsi <J^Ï ou -J^-î- H faut ensuite ob-
server que cette différence, étant très-légère, a pu
amener quelquefois une confusion entre ces deux
signes eux-mêmes, ou entre leurs variantes respec-
tives. C'est ainsi que j'ai trouvé deux fois yîi^
substitué à TmN e* que j'ai trouvé également deux
fois la variante |0 attribuée à TMN quoique en
réalité elle n'appartienne qu'à Jyr. Deux seuls
exemples de pareilles substitutions sont en réalité
peu de chose en comparaison de l'emploi extrême-
ment fréquent de ces caractères, et l'on est en droit
de les attribuer à la confusion produite par la res-
semblance des formes. Je crois donc qu'il faut éla-
guer la plupart des variantes du signe TMT» telles
que T*— J, J^f> ©te. Il ne nous restera alors pour
ce signe qu'un seul équivalent certain , savoir : TEEJ
( b=:T est probablement une faute.)
Pour le signe J^T, ^ ^aut d'abord retrancher
l'équivalent Jfc=TT » qui appartient à un autre carac-
tère Y^y, et qui ne me paraît avoir été substitué à
j£^ que par erreur; il nous restera alors pour ce
signe deux équivalents certains jébr et «feT» qui
322 JOURNAL ASIATIQUE.
n'en sont évidemment qu'un seqL Nous aurons
donc :
On voit que tes équivalents, comme tes types» ne
diffèrent en réalité que par l'adjonction d'un coin «.
Les deux caractères T^y et Jy ne paraissent
pas avoir été employés à PersépoHs; ils y sont re-
présentés» selon moi, par deux variantes très-çap-
prochées des équivalents Tp=| et «fe=T savoir j{q
et ^^> ; je M crois pas me tromper en regardant
ces signes comme semblables.
Dahs l'écriture assyrienne de Van , on trouve les
mêmes Variantes qu'à Persépolis; seulement la se^
cpnde se rapproche encore plus de la forme ninivite.
Ces signée sont JS==J et ^l^T- On peut en voir des
exemples dans la IIe planche de Schufe, na v, lig.
3, 3a, 33, etc.
Avant de discuter la valeur probable de ces
signes, il est essentiel de faire observer qu'ils se
rencontrent, ainsi que leurs variantes , très-fréqueûi-
ment à la fin des lignes; par conséquent, il y a tout
lieu de croire qu'ils constituent dès terminaisons de
mats très-communes. Or, si les rapprochements que
j ai faits plus haut sont justes, te signe. ninivite fÊy
doit être un h eu un k, puisque l'équivalent per-
OiCTOBBE 1847. 323
sépolitain Vfcj est la premier* lettre du ©ûm de
Cyrus. Le signé «J^T et son équivalent «fe=T> ne
différant que par l'adjonction du coin, <«, seraient
ou une aspiration plus forte, ou un k aspiré. Nous
devrions donc admettre que, dans la langue assy-
rienne, beaucoup de mots ont été terminés par une
forte aspiration ou par un h; nestril pas remarquante
que ce soit précisément le mêfrie cas pour le
pehjyi? Le mémoire de M. Mûllei4 [Journal asia-
tique, me série) nous apprend en effet que, daas
cette langue , les mots qui en persan prennent le * ,
«ont terminés par un k, et <p*e cette lettre, à wae
certaine époque, a certainement dû être prononcée :
ce fait n est pas sans importance.
La terminaison en j£j se remarque à la fin de
quelques poms de pays , dans l'inscription de Nakchi-
ïkmstâm, et, entre autres, dans celui dont on lait fe
nom deJ'Àssyrie ►-►V ^^y* , nom qui se retrouve
dans les inscriptions de Khorsabad sous la forme
*>^*jmr ^T^» comme la déjà annoncé M* de Long-
perrier. C'estmême sur la forme de ce nom, dans fins-
crijption de Nakchi-Roustâm , que^ quelques personnes
se basent pour attribuer à Ninus lui-même la fonda-
tion du palais de Nemroud. On dit que ce nom est
formé de deux lettres de même valeur et ne peut , par
conséquent, représenter Assur, -mais bien Ninive. Le
signe J^y serait alors une fis mais j avoue ignorer
324 JOURNAL ASIATIQUE,
complètement sur quelles raisofts on peut fonda:
cette détermination. Il me paraît certain que d le
nom de Ninive se trouve dans les groupes ci-dessus,
il y est représenté uniquement par le premier
» » TIT , le second étant une terminaison. Mais je
suis loin de rien affirmer, car il se peut que le signe
j£j soit la marque d'un pluriel sémitique et re-
présente, par conséquent, la lettre n.
Si le signe J^T était un A:, il en résulterai^ une
preuve assez forte en faveur de l'attribution à Sar-
goun du monument de Khorsabad. Un exemple
ajouté montre en effet le signe ^ *| comme équi-
valent de JMT * ^ , qui seraient fc, n; en admet-
tant que le monogramme royal se prononçât sar,
on obtiendrait pour le nom 44* *T la valeur sarkn.
J'ai déjà fait observer ailleurs que, dans cette
manière d'écrire ce nom propre, le signe ^T^
était l'abrégé des signes ordinaires ►— JJ^jJ » ^Mf*
dans lesquels le dernier est considéré comme une n,
et j'ai dit que cela expliquait pourquoi ce même
signe ^ *J se substituait également à J^T > w
groupes contenant^ aussi une n. Dans tous les cas , il
est évident que * *T ne peut être un à comme
on l'a prétendu.
(La suite au prochain numéro.)
i OCTOBRE 1847. . 525
CRITIQUE LITTÉRAIRE.
RÉPONSE
Aux nouvelles observations de M. Defrémery, sur le véri-
table auteur de l'Histoire du Pseudo-Haçan-ben-Ibrahim.
Lorsque j'ai donné , dans le Journal asiatique de
Tan i84a, une note sur le véritable auteur de l'his-
toire du prétendu Yafii, je ne m'attendais pas à ce
que cette note de deux pages pourrait fournir, après
quatre ans , à M. Defrémery, de la matière pour des
observations de vingt pages, et moins encore à ce
qu'il m'attribuerait plusieurs fautes qui ne m'appar-
tiennent guère, tout en convenant que je devinais
juste le véritable auteur.
(( M. de Hammer, dit M. Defrémery dans sa note. ,
pag. 5 1\ 5, s'exprime ainsi: «Il (l'auteur du prétendu
« Yajiï) dit avoir lu lé livre de l'imam Schems-eddin-
« Mohamed dans les contrées du Nord, l'an 783 de
«l'hégire, et dans la Biographie d'Âîni, nousappre-
u nons qu'il# avait fini ses études, cette même année,
«àHaleb;»et puis, pag. 54 1 : a M. de Hammer s'estv
trompé en avançant que , dans le passage du pré-
tendu Haçan rapporté ci-dessus, le chiffre de l'an-
née était effacé. »
Comment donc aurais-je pu assurer de mon chef
ces deux faits sur la foi du manuscrit que je n'ai
jamais vu? J'ai cité ces deux passages d'après
326 JOURNAL ASIATIQUE.
M. Quatremère, qui a eu sous la main le manuscrit
et qui marque, pag. 179 : «Tan huit cent » Il y
a donc effectivement le chiffre des unités et celui
des dizaines effacés , et c'est pure chicane s'il plaît
à dire à M. Defrémery que je me suis trompé en
avançant que le chiffre de l'année était effacé. Je
partage avec M. de Quatremère «les deux erreurs
très-graves» (s'il y en a une) dans l'interprétation
du texte d'Hadji-Khalfa ; niais j'ai à répondre tout
seul à l'accusation de l'erreur que j'aurais commise
en prenant le manuscrit de Paris pour le Bedr et la
traduction turque du catalogue de mes manuscrits
pour ïlkd du même auteur. M. Defrémery dit : « Si
nous en croyons M. de Hammer, ce savant possé-
derait, dans sa collection de manuscrits orientaux,
une traduction turque de ï[kd~al-Djouman, faite sous
le règne du sultan Ahmed I", par quarante ouléma. »
La tournure 4e la phrase : «si 'nous en croyons
M* de Hammer, il posséderait» est assurément fort
honnête et n'implique aucun doute que j'aie pos-
sédé effectivement le manuscrit dont j'ai donné la
notice dans le catalogue imprimé dans les Annales
de littérature de Vienne ; je n'ai donc qu a rassurer
M. Defrémery sur sa crainte « que je sois encore
tombé ici dans une grave erreur.» Pour mettre
pièces sur table, je transcris et traduis d'abord ici
la note qui se trouve à la fin de la traduction tur-
que de l'ouvrage d'Aïnj qui m'a appartenu et qui
se trouve actuellement à la bibliothèque impériale
de Vienne :
OCTOBRE 1847. 327
UUJ^ ç£y *jk«XÀil u^l aaXc oJjà *£|* ^ylOJU
a*J* |«M&t^t JJLiL Jjt «>J^ v^t ^^ ^=r yWy\
<>&*** ax^^X^- g^ v>^ «txj^t ju^J^/u^ajUj^I
£J-^ (y/tÂ^jJ (J&-&H J£J *iù* ^Uâ*. v>^' gpk^j
«L'an 1 136 (1723), le défunt grand vezir IbraT-
him Pacha fit distribuer à quarante-cinq ouléma,
éfendis de la Sublime Porte, l'histoire d'Aïni, pour
1 Le premier Kirk est probablement une faute de copiste, à
moins que l'auteur n'ait voulu $re à quarante ou quarante-cinq.
328 JOURNAL ASIATIQUE.
être traduite en turc. La partie dont la traduction
a été ordonnée à l'humble auteur de cet ouvrage
commence au califat de Hakim bi-emr-illah, de fan
387 (997) jusqu'à fan 43o (io38): Le premier vo-
lume fut traduit de F histoire d'Aïni jusqu'à la hui-
tième section , qui traite des Béni Koreisch ; de là,
la traduction fut continuée de l'histoire ÔLlbn-Schîhné
jusqu'à Fan 386 (996), et cette traduction, ajoutée
à l'histoire d'Aïni, forma le troisième volume de la
traduction ordonnée par le défunt Ibrahim Pacha.
Le premier volume commence par la légende d'A-
braham , et le troisième volume finit à l'année 43o
(io38). La traduction fut achevée dans les derniers
jours de moharrem de Fannée 1161 (1 768). »
Cette note donne la certitude que la traduction
turque du Catalogue de mes manuscrits est celle
qui a été ordonnée par le grand vezir Ibrahim Pa-
cha ; il s'agit maintenant de prouver, par un passage
de l'historiographe de l'empire ottoman, Aassim-
Tchelebi-zadé Efendi, que l'histoire traduite par ordre
d'Ibrahim Pacha était effectivement Ylkd de l'histo-
rien Aïni, comme je l'ai assuré sur la foi de l'histo-
riographe ottoman. M. Defrémery m'eût épargné le
travail de cette traduction comme il eût pu épargner
à M. le baron de Siane le renseignement des qua-
rante-cinq traducteurs, s'il avait voulu consulter lui-
même l'historiographe ottoman et les Annales de
littérature de Vienne, car je suis loin de supposer
qu'il n'entende ni le turc ni l'allemand1.
1 H y a ici dans le manuscrit de M. de Hammer tin renvoi au
OCTOBRE 1847. 329
«5. E. le kiaya (ministre de l'intérieur) Moham-
med Pacha, ayant mis sous les yeux de S. A. le
grand vezir un rapport énonçant qu'à la bibliothèque
de la mosquée du sultan Sélim , à Àndrinople , il s'est
trouvé , parmi ïes effets provenant de l'héritage du
défunt juge de la Mecque, Moujd Ahmed Éfendi,
mort en chemin , un exemplaire de l'excellente his-
toire qui a pour titre : Nœuds de coraux noués sur •
l'histoire de contemporains , dont l'auteur est Bedr-eddin
Aïni, le commentateur du Bohari ed Hidayet, S. A. le
grand vezir a résolu sur-le-champ que les avantages
de ce livre parfait et de cette histoire universelle
soient rendus communs par une traduction qui por-
terait en tête le nom du padichah des sept climats ;
mais ce \rvt e étant vaste comme la mer d'Amman et
comme l'immense Océan , et la traduction ne pouvant
être finie que dans un grand nombre d'années, le
travail de cette traduction fut distribué en donnant
cinq à dix cahiers à plusieurs des grands mollahs et
mouderris honorés , versés dans cette science et lit-
térateurs célèbres ; le ferman énonça que cet hon-
neur ferait partagé par tous les hommes de mérite ;
en conséquence, lurent nommés comme traduc-
teurs': »
(Ici suivent les noms de trente traducteurs de
texte turc qui devait se trouver sur un feuillet séparé pour être in-
séré à cette place. Ce feuillet ne nous est pas parvenu ; mais si M. de
Hammer croit utile de réparer cet accMent, et de nous envoyer une
nouvelle copié du passage, nous nous empresserons de le publier.
— Note de la Bédaction. ^
X. 2 2
330 JOURNAL ASIATIQUE.
l'ouvrage dAïni et puis ceux des sept traducteurs du
Babih-es-siyer.)
Par ces deux passages de la traduction turque de
Thistoire d'Aïni et de l'historiographe turc, il n'y a
pas à douter que la première ne soit effectivement le
travail ordonné par Ibrahim Pacha et que l'original
dé cette traduction ne soit donné par l'historiographe
* Àassim , qui était lui-même un des traducteurs pour
l'histoire univejrselle d'Aïnî, intitulée Iki-ol-Djenwn.
Voici qui suffira, je crois, pour rassurer M. De-
frémery sur sa crainte que je ne sois encore tombé
ici dans une grave erreur,
Hammer-Pukgstall.
BIBLIOGRAPHIE.
THE HISTORY OF THE ALMOHADES,
Preceded by a sketch of the history of Spain , from the times of
the conquest till the reign of Yusof-ibn-Tashifîn , and of the his-
tory of the Almoravides, by ÀbdoH-wahid-al-Marrekoshi. Now
first edited from a Ms. in^ the library of Leyden, the only one ci-
tant in Europe, by D* R. P. A. Dozt. i volume grand in-8° de
xxn et M* (290) pages. Leyden, S. and J. Luchtmans, 1847.
Nous possédons enfin , grâce au zèle infatigable de M. Dozy
et à la libéralité du comité anglais |feur la publication des
textes orientaux, une histoire originale des six premiers
princes de la dynastie dm Almohades. Cet ouvrage, remar-
quable par l'air de bonne loi qui y règne, le style générale-
ment simple et naturel dans lequel il. est écrit, se recoin-
OCTOBRE 1847; 331
mande de plus à nos yeux par un autre mérite, celui de
retracer, pendant une période de cent six années , l'histoire
de vastes contrées dont quelques-unes sont maintenant sou-
mises à notre domination. Quoique le livre d'Abd-el-Vahid
soit loin de présenter la chaîne complète et noifinterrompue
des annales des Almohades , il ne nous offre pas moins une
foule de faits ou totalement ignorés, ou incomplètement con-
nus. J'ai donc jugé convenable d'en donner ici un aperçu
tant soit peu étendu. Cette tâche ma, d ailleurs, été singu-
lièrement facilitée par la préface que M. Dofcy a placée en tète
de son édition. Cette préface courte, mais substantielle,
forme un excellent morceau d'histoire littéraire et de cri-
tique. Je ne saurais mieux faire que d'en donner ici la subs-
tance.
Abou-Mohammed-Abd-el-Vahid ibn-Ali-et'Témimi, c'est-
à-dire, de la tribu de Témim, qui reçut, par la suite, en
Egypte, le surnom de Mohiï-eddin, naquit à Maroc, le 8 de
rebi second de Tannée 58 1 (9 juillet 1 185), au commence-
ment du règne, d'Abou-Ioucef-Iaoo^b, le troisième sultan
Almohade. A l'âge de neuf ans, il quitta sa ville natale pour
Fez, cité renommée pour les savants qu'elle possédait, et où
il étudia le Coran et suivit les leçons de plusieurs docteurs
célèbres* H retourna ensuite à Maroc , et fit différents voyages
de Maroc à Fez et réciproquement. Vers cette époque (5^5
= 1198-9), il rencontra le grand médecin AbQU-Becr-ibn-
Zohr (Avenzoar) , qui était alors fort avancé en âge, mais qui
traita le jeune Abd-el-Vahid avec beaucoup d'amitié, lui ré-
cita plusieurs fragments de ses poésies, et lui communiqua
quelques détails intéressants sur le poète Ibn-Abdoun. Dan»
Tannée 6o3 (1306-7) * ^ rencontra à Maroc le fils du célèbre
philosophe Ibn-Tofaû4, qui lui répéta plusieurs poèmes com-
posés par son père. Au commencement de cette même année,
U passa en Espagne, où il étudia sous un grand nombre
d'hommes savants dans toutes les branches des connaissances
Néanmoins , soit par modestie * soit^potir quelque autre motif»
il affirme que, comme la Providence lui avait refusa du ta-
332 JOURNAL ASIATIQUE.
lent, il ne profita pas beaucoup de leurs leçons. Dans l'année
6o5, il fut présenté , par un ami appelé Mohammed-ibn-el-
Fadhl , qui était un des secrétaires d'état, à Ibrahim, frère
d'Abou-Abd- Allah-Mohammed, quatrième sultan Almohade.
Ce prince était alors gouverneur de Séville , et Abd-el-Vahid
lui récita un poème dans lequel il le loue fort et qui, sans
être précisément mauvais , ne révèle pas un grand talent poé-
tique. Depuis cette époque , notre auteur jouit de la faveur
du prince. Dans le cours de Tannée 606 et des deux sui-
vantes , il étudia les belles-lettres à Cordoue , sous la direction
d'Abou-Djafer-Ahmed-ibn-Mohammed-al-Himiari. Nous re-
trouvons Abd-el-Vahid à Maroc, dans Tannée 610 (131 3-4);
il y assista à l'inauguration solennelle du sultan Ioucef II; il
nous informe que, dans Tannée suivante, il eut un entretien
particulier avec ce sultan, en qui il trouva un homme intelli-
gent et instruit» Mais il quitta la capitale pour l'Espagne dans
la même année, et dans la suivante nous le revoyons à Sé-
ville. Le dernier jour de Tannée 61 3 (9 avril 1217), il dit
adieu à son protecteur Ibrahim , dans l'intention de faire un
voyage en Egypte. Il s'embarqua probablement dans un port de
mer du district de Murcie et passa à Tunis. Nous le trouvons
dans la haute Egypte en 617, et il nous apprend qu'il était
en Egypte en 618 et 619. Il visita la Mekke Tannée suivante.
A ces faits, Ton peut ajouter qu'il vit, dans le cours de ses
voyages, Sous, Sidjilmeçah et d'autres provinces de Tempire
des Almohades.
Enfin, Abd-el-Vahid nous dit très-souvent qu'il rédigeait
son Histoire des Almohades en 6a 1 (1 a a 4) • mais il a négligé
de fixer dans quelle contrée il se trouvait vers cette époque.
M. Veijers est d'avis qu'il écrivait en Espagne ; mais cela ne
peut être admis , car nous savons qu'il quitta cette contrée
en 6 1 4, et rien ne nous autorise à penser qu'il y soit jamais
retourné. 11 y a même une forte preuve du contraire , laquelle
preuve, en même temps, démontre qu Abd-el-Vahid n'était
pas non plus à Maroc lorsqu'il composa son livre l. M. Doiy
1 Voyex ce passage traduit dans rintroduction de M. Docy ( p. toi). Une
OCTOBRE 1847. 333
Suppose qu'Abd-elVahid écrivait en Egypte, et il fonde son
opinion sur un argument qui me parait péremptoire. Abd-el-
Vahid composa son livre à la prière d'un protecteur dont il
ne nous donne pas le nom, mais qui est mentionné dans
l'inscription que Ton trouve sur le premier feuillet du ma-
nuscrit, par le titre d'al-vézir as-saliib et le surnom d'Iot-
eddin. Or, l'office de vézir sahib n'existait pas dans l'Occi-
dent, et les surnoms du genre de celui d'Iu-eddin y étaient
également inconnus.
«Gomme Àbd-el-Vahid, difM. Dozy, avait vécu dans les
états de là dynastie dont il retraça ensuite l'histoire, mais
qu'il n'y séjournait pas au moment où il écrivait, nous pou-
vons espérer que son récit sera entièrement impartial et sin-
cère, puisqu'il n'avait pas à craindre le ressentiment de ses
compatriotes qui occupaient les premiers emplois de l'em-
pire, lorsqu'il jugeait librement leurs actions; et, en vérité,
nous trouvons qu'il est généralement impartial. Si ses juge-
ments sont quelquefois très-louangeurs, cela doit être attri-
bué à son admiration réelle pour les hautes qualités de la
personne de laquelle il parle, à ses anciennes relations ami-
cales avec elle, et à la protection dont il avait joui auprès
d'elle; mais on ne remarquera aucune vile adulation dans son
histoire. 11 se distingue par là très-favorablement d'un autre
écrivain qui composa, vers le même temps , un ouvrage sur le
même sujet. Malgré les détails intéressants qui se rencontrent
dans le seul volume d'Ibn-Sahibi'ssalat existant jusqu'ici en
Europe , cet auteur paraît être un panégyriste des Almohades ,
payé pour chanter leur gloire en périodes ampoulées, tandis
qu'au contraire, le style simple, je pourrais presque dire franc
et bienveillant d' Abd-el-Vahid, nous donne d'avance une
idée favorable de son impartialité; et, vraiment, nous pou-
vons, en toute sûreté, souscrire à ce jugement qu'il rend
Mitre preuve qu'Abd-el-Vahid n'écrivait pas à Maroc peut se tirer du
passage suivant , dans lequel il est question d'une femme d'Atxxt-Iacoab
Ioucef : «Je la laissai en vie lorsque je partis de Maroc dans Tannée 611.»
(Pag. If v.)
3M JOURNAL ASIATIQUE.
sur lui-même : « Je ri'ai consigné rien que je n'aie trouvé vrai,
soit que je Taie emprunté d'ouvrages antérieurs, ou que je
Taie appris de personnes dignes de confiance, ou que j'en aie
été moi-même témoin. J'ai écrit avec la ferme résolution de
dire ta vérité et d'être juste , car mon plus grand soin a été
de ne pas dissimuler une seule bonne qualité chez les per-
sonnes que je mentionnais, et de ne pas leur accorder le plus
léger éloge immérité. »
Comme un exemple remarquable de l'impartialité d'Abd-
ei-Vabid , je citerai la manière aont il raconte la lutte des Àl-
moravides contre les Almohades. Cette partie de son ouvrage
laisse beaucoup à désirer sous le rapport historique ; on n'y
rencontre pas des faits importants , qui se trouvent cependant
dans des auteurs orientaux dont l'objet n'était pas d'écrire
ufle histoire complète des Almohades, tels qu'Abou'lféda l et
Ibn-Khallican * ; mais , en revanche , on n'y peut méconnaître
une bonne foi, une impartialité entière. «Après l'entrée
d'Abd-el-Moumin dans Maroe, dit l'auteur3, ce prince fit
chercher avec le plus grand soin le tombeau de l'émir AI-
Moslimin (Ali, fils de Ioucefj. Mais Dieu déroba ce tombeau
aux recherches de l'ennemi, et protégea ce prince après sa
mort, comme il Favait protégé durant sa vie. C'est ainsi que
Dieu en agit avec les hommes pieux et «bienfaisants. »
L'ouvrage d'Abd-el-Vabid se divise en deux portions bien
distinctes: la première, après une courte esquisse géogra-
phique de l'Espagne, retrace l'histoire de cette contrée depuis
sa conquête par les Arabes jusqu'à Ioucef-ibn-Tachifin ; elle
se termine par quelques détails sur ce prince et ses deux
successeurs. La seconde est consacrée aux règnes des pre-
miers souverains almohades.
Ainsi que le fait observer M. Dozy (p. xi) , les renseigne-
ments contenus dans l'introduction sont, eh général, exacts
et dignes de confiance. En effet, Abd-el-Vahid s'est servi,
1 Ahvdfedœ Annales moslemici, t. III, pag. 4o/i, Ao6, 608.
3 Biographical ctictionary, t. II , pag. 1 83.
'Pfeg.lPf.
J
OCTOBRE 1847. > 335
pour cette partie de son livre , des écrits d'un des meneurs
auteurs sur cette période historique, El-Homaïdi} ou, plus
exactemement, il Ta copié mot pour mot. L'histoire des
petites dynasties, excepté celle des Benou-Hammoud , rois
de Malaga, empruntée servilement d' El-Homaïdi, est assez
superficielle et ne mérite pas une confiance aveugle, ainsi
que M. Dozy l'a montré par plusieurs exemples.! A ces
exemples, on peut en ajouter un autre, qui n'a pu échapper
au savant historien des Abbadides , mais qu'il s'est réservé* de
signaler ultérieurement1. Abd-el- Vahid a attribué2 à El-
Motadhid-Billah l'idée d'avoir fait revivre, pour servir à ses
desseins politiques , le khalife Hicham II , tandis qu'il est bien
connu que le mérite de cette idée appartient à Abou'lcaciuv
Mohammed ibn-Abbad, père d'El-Motadhid. Ce dernier ne
fit que suivre l'exemple de son père jusqu'à l'année 45 *
(1059), ainsi que* nous l'apprend Ibn-Haiyan, auteur con-
temporain 3, et non 455 comme écrit Abd-el- Vahid.
«Mais, dans la partie principale dé l'ouvrage» l'Histoire
des Almohades , le lecteur trouvera que les renseignements
donnés par Abdel* Vahid sont vraiment inappréciables. En
effet, il cite partout, presque à chaque page ,'des témoignages
contemporains des événements qu'il raconte, et, parmi ces
noms , se présentent fréquemment , non-seulement ceux des
plus hauts dignitaires de l'État, mais des princes eux-mêmes4;
bien plus , il nous informe qu'il tira la plus grande partie de
.ses renseignements d'une autorité hautement respectable, de
Iabia, le petit-fils du fondateur de la dynastie. De plus,
comme il ne put consulter aucun livre sur l'histoire des Al-
mohades, son récit est, pour ajnsi dire, original. »
L'ouvrage d*Abd-el- Vahid est resté inconnu à tous les his-
toriens arabes postérieurs, excepté Ed-Dzéhébi8, £n re-
1 «The long chapter on the kings of Seville I will examine in the second
volume of my HUtoria Abbadidarum. »
3 .Apud Dozy, Historia Abbadidarum, t. I , pag. a5o.
* Voyez-en des exemples, pag. Mô\ lig. i3 et pag. I v« .
8 Je dois faire observer, cependant, qn'Abou'lféda cite souvent, Abd-el-
336 JOURNAL ASIATIQUE.
v anche , il a été mis à contribution par plusieurs orientalistes
depuis plus de soixante ans. Asso dël Rio (178a), Rmck
(1791 et 1802) et M. Weijers (i83i) en avaient déjà pubUé
des fragments , lorsque ce dernier et regrettable savant appela
plus particulièrement l'attention sur cet ouvrage, par une
notice substantielle et intéressante, intercalée dans un travail
de M. Hoogvliet *. M. Hoogvliet lui-même (1839), M. Munck
(18A1) et M. Tornberg (i846) en ont fait également usage.
Il n est peut-être aucune des petites dynasties africaines
ou espagnoles , antérieurement au xiii* siècle, dont l'histoire
ne puisse profiter de 1 ouvrage d' Abd-el-Vahid. Je citerai,
comme preuve de cette assertion , la dynastie des Benou-Ham-
mad, rois de Bougie. Voici ce qu'en dit Abd-el-Vahid*:
«Lorsque toutes les provinces du Maghreb-el-Acsa que
possédaient les Almoravides se furent soumises à Abd-ei-
Moumin , et que leurs habitants eurent reconnu son autorité,
il rassembla une armée considérable, et partit de Maroc, se
dirigeant vers la principauté d'Iahia, fils d'El-Aziz, fils d'El-
Mançour, fils d'El-Montaçir, es-Sinhadji. Ce prince possédait
Bougie (Bidjaïah) et ses dépendances jusqu'à un lieu appelé
Sivicirat3. Ce lieu le séparait des Lemtounah (Almoravides)'.
Abd-el-Moumin marcha donc contre lahia, dans Tannée 54o
(1 i45-6), assiégea Bougie et la resserra de très-près. Lorsque
lahia, fils d'El-Aziz, vit qu'il n'était pas en son pouvoir de
repousser les ennemis, il s* enfuit, par mer, dans la ville de
Bone , sur la frontière de l'Afrikiyah ; puis il en sortit et se
retira à Constantine du Maghreb. Abd-el-Moumin envoya
contre lui des troupes, qui le tirèrent de sa retraite et l'a-
menèrent à Abd-el-Moumin , après que celui-ci eut ordonné
Vahid, dans sa Description dq Maghrib. M. Reinaud s'est utilement servi de
l'histoire d'Abd-el-Vahid, dans les notes de sa traduction de la Géographie
d'Abou'lféda.
1 Spécimen exhibent diverserwn scriptorum locos de regia ApkUmdanm
familia, pag. 6-18.
* Pag. iFi, IPv.
* Ailleurs (pag. fâA), Abd-el-Vahid nom apprend que Sivicirat était
éloigné, de Bougie de neuf journées de marche.
OCTOBRE 1847. 337
de promettre à lahia sûreté pleine et entière pour lui et sa fa-
mille. Àbd-el-Moumin entra dans Bougie et s'en empara ,
ainsi que du château des Benou-Hammad, qui était la prin-
cipale place forte des Sinhadjites et leur lieu de refuge le plus
inexpugnable. C'était dans cette forteresse que leur autorité
avait pris de l'accroissement, et c'est de là que leur pouvoir
s'était répandu sur les contrées environnantes. Ce lahia, son
père El-Aziz, son aïeul et (son bisaïeul) El-Mançour et El-
Montacir et leur premier ancêtre Hammad étaient au nombre
des partisans des Benou-Obaid (Fatimites), de leurs secta-
teurs et des propagateurs de leur doctrine. C'est parle pays
des Sinhadjites que la doctrine des Obaîdites commença à se
répandre ; ce sont eux qui la publièrent, la propagèrent et lui
prêtèrent leur appui. Le pouvoir des Benou-Hammad dura
sans interruption et sans que personne leur disputât quelque
portion du territoire qu'ils occupaient, jusqu'à ce que Abou-
Mohammed- Abd-el-Moumin , ûls d'Ali , les chassât, à l'époque
ci-dessus indiquée , de tout ce territoire , le conquit entièrement
et l'ajouta à son royaume. Lorsque Abd-el-Moumin se fut em-
paré de Bougie, du château et de leurs dépendances, il char-
gea des Almohades de défendre ces contrées et d'en écarter
l'ennemi, II y établit comme gouverneur son fils Abd-Allah ;
puis il se remit promptement en marche pour Maroc, ac-
compagné d'Iahia, fils d'El-Aziz, roi des Sinhadjites et des
principaux personnages de son royaume. Lorsqu'ils furent
arrivés à Maroc, il leur assigna des demeures étendues, des
chevaux magnifiques, des vêtements superbes, des sommes
considérables. En outre, il distingua lahia, d'une manière
toute particulière, dans la distribution de ces présents. lahia
obtint auprès de lui un rang élevé et une position considé-
rable1. »
1 Je ne traduis pas l'anecdote qui suit ce récit, quoique très-curieuse,
parce qu'elle n'est d'aucune importance pour l'histoire des Benou-Hammad.
Mais j'engage les personnes qui prennent intérêt à ce qui regarde la numis-
matique musulmane à rapprocher ce passage des extraits de Noveïri et de
Makrizi, traduits par S. de Sacy, dans une des notes les plus précieuses de
338 JOURNAL ASIATIQUE.
Ce passage peut servir à compléter, sur plusieurs points»
le récit cT AbouTféda l , qui, ainsi que lui-même nous rap-
prend, est tiré du Camil d'Ibn-Alathir. Ces deux écrivains et
un autre abréviateur d'Ibn-Alathir, NoveiriS placent l'expé-
dition d'Abd-el-Moumin contre Bougie eu 5^7 (n5a.) On
pourrait être porté à préférer au témoignage d'Ibn-Alathir,
quoique cet auteur soit contemporain d' Abd-el-Vahid , celui
d'un sujet et d'un historien des Almohades. Mais j'espère
montrer plus bas que la date donnée par Abd-el-Vahid ne
peut se concilier avec d'autres faits bien constatés. Nous avons.
vu que le prince appelé Nacir, par Abou'lféda3, Noveïri et
Ibn-Khaldoun , porte, chez Abd-el-Vahid, le nom de Mont*
cir*. Le père de ce prince est nommé Alnas .JjJle, par
Abou'lféda et Ibn-Khaldoun, et Elias, par Deguignes, qui en
a lait à tort un fils de Mohammed , au Heu de Hammad ,
qu'on trouve dans Ibn-el-Abbar, Abou'lféda et Ibn-Khaldoun1.
sa Chrestomathic arabe (2* édition, t. I, pag. 2^7, 253). Dans le passage
d'Abd-el-Vahid , le mot Ojj^° i pluriel de c>j*o , signifie de petites pièces
de monnaie comme des moitiés de dirhem, des roufc' (quart de dirhem),
etc. Pins loin (pag. 1 52, ligne dernière) , Abd-el-Vahid parle de dinars al-
mora vides, aaI&jI \a jULO
1 Annales , t. III , pag. 5 16 ; cf. t. II , pag. Ô96. ( Voye* aussi lbn-Alatlùr,
apud Tornberg , Kartas , p. 606 . )
9 Apud Deguignes, Histoire des Huns, t. I, 1" partie, pag. 373, 37a.
Plus loin (pâg. 379) , Deguignes met cette expédition en 546 ( 1 1 5i).D'après
M. Tornberg (Ibn-Khaldani narratio de expeditiouibus Franc orum in terras is-
lamismo subjectas, pag. îAA), Ibn-Khaldoun, dans l'histoire des Berbères,
place la mort de Iahia en 546. C'est évidemment par une faute d'impression
qu'on lit , dans le même endroit, à$7 comme la date du meurtre de Mohcin
ou Mohassin (le Mahasen de Deguignes) ; c'est 4 A 7 (io55) qu*il faut lire. 0
faut également substituer, avec Deguignes et Abou'lféda , a 46 k a A 9 da»
l'article d'El-Caïd, père de Mohcin.
3 T. II, pag. 596.
4 Le même nom se trouve répété, pag. 160, lig. 2. Ibn-el-Abbar (apud
Dozy, Recherches sur l'histoire politique et littéraire de l'Espagne pendant l*
moyen âge (ouvrage sous presse) ,.t. I, p. 125, note 3) appelle En-Nacir le
père d'AImansour. Le même auteur écrit ainsi le nom du père d'En-Nacir:
jjXJU Au lieu d'Alnas, le Beian-el-Moghrib (cité ibidem) porte (j****
» Cf. Ibn-AIathir (ms. de C. P. t. V, f. 94 r. et f. 106 v;). — Je d»*
OCTOBRE 1847, 339
C'est en 454 (io6a), comme nous rapprennent Aboulfiéda
et Ibn-Khaldoun, et non en 457, comme on pourrait être tenté
de le faire, d'après Deguignes, qu'il faut placer le commen-
cement du règne de Nacir ou Montacir. Quant à Ànz, père
de notre Iahia, Abou'lféda avoue qu'il ignore la date de sa
mort. Deguignes dit que ce prince régnait encore Fan 543
(n48). Mais un fait raconté par Abou'lféda1 et Ibn-Khal-
doun* démontre que Iahia, fils d'El-Aziz, occupait déjà le
trône de Bougie , en 543 ; un autre fait qui nous est trans-
mis par le second de ces historiens, mais dont il n'indique
pas la date précise8, prouve, non moins clairement, que l'avé-
nement d'Iahîa était antérieur à cette époque. Ibn-Khaldoun
place la mort d'El-Aziz en 5i5(uai-2), mais il se trompe :
Iahia commença à régner en 5i3 , d'après Ibn-Adhari , auteur
du Beîan el-Moghrib. D'un autre côté , la mention faite par
Abou'lféda et Ibn-Khaldoun, d'Iahia , fils d'El-Aziz, dans le
récit dé la prise de Mahdiah, par la flotte de Roger, roi de
Sicile , en 543 ( 1 148) , prouve que Iahia occupait encore, à
cette époque , le trône de Bougie. D'ailleurs , nous savons par
Abou'lféda4, que ce ne fot qu'à la fin de 54o qu'Abd-el-Mou-
min prit Fez. D'après le même auteur, Séla (Salé) fut pris
seulement l'année suivante. Maroc ne succomba qu'en 54a.
Pour ces diverses raisons, il me paraît impossible d'admettre
avec Abd-el-Vahid, que l'expédition qui mit fin au règne
d'Iahia, fils d'El-Aziz, eut lieu en 54o.
Il est encore question des Benou-Hammad dans un autre
passage d' Abd-el-Vahid , dont voici la traduction : «Avant
cela , et lorsque Abd-el-Moumin voulait passer en Espagne , .
il avait appelé sous ses drapeaux tous les habitants du Magh-
reb et, parmi eux, les Arabes qui se trouvaient dans les états
avouer cependant que Deguignes parait d'accord ici avec un passage d'Iba-
Alathir (ms. de C. P. t. V, fol. 9Â r.), qui écrit Alnas, fils de Mohammed ,
fils d'Hammad.
1 Tom. III, pag 5oA.
' ApuâTomberg, pag. 3 9.
' lbid. pag; i&5 ,tfg. 19.
4 Tom. III , pag. ao6.
340 JOURNAL ASIATIQUE.
d'Iahia, fils d'El-Aziz. Ces Arabes étaient des branches de h
tribu d'Hilal , fils d'Amir ; ils se dirigèrent vers ces contrées,
àl'époque où les Benou-Obaïd ( c'est-à-dire les Fathimites)
leur laissèrent un passage libre vers le Maghreb x. Ils firent a
Caïroan des dégâts considérables , et qui sont la cause de l'état
de ruine où cette ville se trouve encore aujourd'hui, fis sou-
mirent le royaume des Benou-Ziri, fils de Monad, après la
mort de Moizz, fils de Badis; et Témim (fils de Moizz) se
transporta à Mahdiah (pour s'éloigner de leurs attaques). Ces
Arabes continuèrent leur marche jusqu'à ce qu'ils arrivèrent
dans les états de Mançour, fils de Montacir. Ce prince fit la
paix avec eux, à condition qu'il leur abandonnerait la moitié
des récoltes de ses états, en dattes, en froment, etc. Ce traité
fut en vigueur de part et d'autre durant le règne de Mançour
et durant ceux de son fils , surnommé El-Aziz et de Iahia.
Mais Abou-Mobammed - Abd-el-Moumin s'empara des états
d'Iahia , mit fin à ce trjbut payé aux Arabes , les enrôla dans
ses troupes , et donna en fief à leurs chefs une portion de
cette contrée \ »
Ce passage intéressant demande quelques éclaircissements.
Par cette expédition de tribus issues d'Hilal , fils d'Amir,
dans le Maghreb, Abd-el-Vahid désigne l'incursion faite, en
44a ( io5o-5i ), parles Benou-Hilal, dans les états de Moûs-
ben-Badis. L'idée de cette incursion fut suggérée aux Arabes
par un vizir du khalife Fathimite Mostancer-Billah s, dans la
1 Abd-el-Vahid a encore parlé de cet important événement, pag. Y àV.
1 Pag. Id4, M-.
8 D'après Ibn-Khaldoun (ajmd Tornberg, opas supra tond, pag. 38), ce
vizir se nommait Al-Djordjani, ^labt^L M. Tornberg a remarqué avec
raison , dans une note (pag 1/17) que le mot djordjani était fautif. Il a cité
l'autorité d'Àboulféda , qui appelle ce vizk Haçan , fils cTAli , Iazouri. Mais 3
ajoute que SokraÛu nomme ce ministre Àboulbérékat.Hoceîn, fils d'Ahmed
Djardjéral. Ici, M. Tornberg me parait avoir confondu deux vizirs de Mos-
tancer-Billah. Le premier, Abou'lbérékat-Hoceïn-el-Djardjéraï, fut arrêté et
relégué en Syrie, en l'année kk 1 , et eut pour second successeur Abou-Mobam-
med Haçan, fils d'Ali, Iazouri, qui envoya dans l' Afrikyiah les deux tribus rivakf
des Benou-Zigbah (je suis , pour ce mot , la prononciation indiquée par Abd-
el-Vahid, pag. 161 , 1%. 3; cf. Abou'iféda, t. III , pag. i34; M. Quatremérc
OCTOBRE 1847. 341
vue de se venger de Moizz-ben-Badis , qui avait blessé sa va-
nité. D après Abd-el-Vahid \ ce fut Témim qui abandonna le
séjour de Gairoan pour cehjpde Mahdiah. Mais, à en croire
Ibn-Alathir et Abou'lféda, Caïroan fut déserté par Moizz, fils
de Bactis, en kk§ (10&7), et cette ville fut pillée par les
Arabes, au mois de ramadhan 4A9. C'est, sans doute, cet
événement qu'a en Yue le géographe Abou-Obaïd-ai-Bécri ,
, lorsqu'il s'exprime ainsi : « L'an 5a (45a), Kaïrowan fut pillée
et sa population enlevée presque tout entière, de manière
qu'il n'y resta que les plus pauvres des habitants *. »
Un fait curieux, que nous apprenons d' Abd-el-Vahid, c'est
la présence de Gardes ou , comme il les appelle , de Ghozz ,
dans les armées africaines. « Sous le règne d'Abou-Iacoub ,
dit-il, nous vîmes arriver, dans le Maghreb, les premiers
Ghozz qui entrèrent dans ce pays. Cet événement eut lieu à
la fin de Tannée b*jk (1 179). Ils ne cessèrent pas d'arriver
chez nous en grand nombre ,*jusquH»fin du règne d'Abou-
Ieucef 3. » Plus loin4, il nous apprend que , dans l'année 58a,
écrit Zabah) et des Benou-Riah. Voyez M. Quatremère , Mémoires sur l'Egypte,
t. II, pag. 3oAf 309; Abou'lféda, ibid. pag. i34-i36; Tornberg, ibid.
pag. îAa; cf. M. Quatremère, ibid. pag. aia, ai5. (Dans ce passage, au
feu de Séhm , il faut lire Soleim. Voyez Soyoutbi %Jjobb-el-Lobab , pag. i3q.)
M ne feu* pas confondre Hocein-el-Djardjérai avec un autre vizir de Mos-
tancer surnommé également Djardjéraî, mais qui mourut en 436 (io/»5),
après dix-sept ans, huit mois et dix-huit jours de ministère. Celui-ci se nom-
mait AboulcacinvAH, fils d'Ahmed. M. Quatremère (ibid, pag. 298) l'ap-
pelle Ahmed-ben- Ali , d'après Makrizi. Plus loin (ibid. pag. 374), il écrit
Ahmed-al-Djardjaray. J'ai préféré adopter la leço^d'lbn-Khaïïican (cité par
M. Heinaud, Nouveau Journal asiatique > t. XV, p. 357-358). Cette leçon
se trouve d'aHfcurs sur le cachet d'AlrDjardjéraï, que S. de Sacy a publié et
traduit (ibid. p. 35 1, 35a). Enfin, elle est donnée par Makrizi lui-même, dans
on passage rapporté par SU vestre de Sacy (Çhrestomathie arabe, 1. 1, p. 196).
Nous avons vu que Soîouthi donne à Abou'lbérékat Hoceîn le nom de fils
d'Ahmed ; d'après cela, il est permis de supposer qu'il était frère d'Aboul-
CacimAli.
1 Abd-el-Vahid répète cette assertion à la page f 64.
* Notices du manuscrits, t. XII » pag. Ifjh,
3 Pag. lAr5.
4 Pag. M- .
342 JOURNAL ASIATIQUE.
ou 583, des Ghozz arrivèrent d'Egypte dans le Maghreb. Il
y avait parmi eux un mamelouk nommé Caracouch, qui
avait appartenu à Taki-eddirtPfcieveu de Sélali-eddin1; un
autre individu nommé Chaban* qui, à ce qu'on prétendait,
était au nombre des émirs ghozz; enfin, un soldat égyptien,
connu sous le nom de Cadhi-Imad-eddin. Celui-ci arriva un
des derniers. Abou-Ioucef les reçut très-bien, leur témoigna
une considération sans bornes, et leur assigna une préémi-
nence marquée sur les Almohades ; car les Almohades rece-
vaient leur solde trois ibis Tan , c'est-à-dire une fois tous les
quatre mois*; tandis que la solde des Ghozz leur était payée
chaque mois sans interruption. Abou-Ioucef dit à ce propot :
« La distinction que nous faisons entre les Almohades et ces
gens-là a pour motif qu'ils sont étrangers, et ne possèdent
rien dans ce pays à quoi ils puissent recourir, excepté cette
solde, au lieu que les Almohades ont des fiefs et des richesse!
assurées. Outre cela, ÎI donna aux principaux de ces étran-
gers des fiefs comme ceux des Almohades, ou même plus
considérables. Il donna ainsi à un d'entre eux qui, à ce que
j'ai appris, était originaire d'Arbil et s'appelait Ahmed-el-
Hadjib, des localités telles qu'aucun des proches du sultan
n en possédait de pareilles. 11 accorda en fief à Chaban, dont
il a déjà été question, un grand nombre de bourgades, en
Espagne, qui produisaient chaque année environ neuf mille
1 Cf. sur Caracouch un autre passage d'Abd-el-Vahid, pag. f dr% lig. Set
6. D'après Deguignes (t. I, impartie, p. 38i; Cf. um-Akthir, Ms. de C.P.,
t.V>fol.309v.,2ior.et^3V.AbouTféda,t.IV,p.é},ran668clelliégk«(de
J. C . 1 1 7 a-3) , une troupe de Turc» , qui avaient quitté l'Egypte sous le fègie
de Selah-eddin, étaient venus en Afrique sous la conduite dt TAûeddm[l)
Caracouscn et, secourus d'une quantité d'Arabe», 3s s'étaient rendus maures
de Tripoli et de quelques autres endroits.» Voici la traduction du pwiy
d'Abd-el-Vahid indiqué ci-dessus : «La ville de Tripoli est la piesMèrc place
de l'empire des Masmoudites (c'est-à-dire des Almohades). Le inaudout C**
racouch, déjà mentionné plus haut dans la notice sur Abou-Ioucef, s'était
emparé de Tripoli sous le règne d'ABou-Iacoub, un des Almohades; pus les
Masmoudites le chassèrent de cette ville. Iahia-ibn^Gbamah s'en empara
ainsi que d'une grande partie de rAfrikyiah.»
* Cf. Abd-el-Vahid, pag. rï"H, lig. i5-i7.
OCTOBRE 1847. 343
dinars; cela, sans compter une solde considérable et supé-
rieure à celle de tous les autres soldats. »
Plus loin1, Âbd-el-Vahid nous apprend que celui qui tua
Abd-Âllah , fils d'Ishac (fils de Mohammed), fils de Ghaniah,
émir de Majorque, était un Curde ï\jJ=>!}\ ^ JL^j , nomme
Omar-al-Mocaddem. Plus loin encore *, il est parlé d'un dé-
tachement de Ghozz et d' Almohades ; enfin , les Ghozz sont .
cités au nombre des troupes des Almohades s.
On peut se faire une idée, d'après ces divers passages, de
tout l'intérêt que les futurs historiens de l'Afrique septen-
trionale peuvent se promettre de la lecture d' Abd-el-Vahid.
L'histoire politique et littéraire de l'Espagne trouvera aussi
à y recueillir des renseignements et des faits importants.
L'édition de M. Dozy se recommande par une grande exac-
titude. Le savant éditeur a scrupuleusement reproduit les
leçons du manuscrit, excepté lorsqu'elles lui ont paru évi-
demment fautives. Il s'est servi des secours que lui offraient
d'autres écrivains arabes occidentaux, tels que Ibn-Khacan,
Ibn-Bassam, etc. pour corriger divers passages de son au-
teur. On ne peut reprendre, dans cette belle publication,
que quelques fautes d'impression, faciles à reconnaître1.
Qu'il nous soit permis, en finissant, de féliciter M. Dozy
1 Pag. tri.
•pug.rw.
* Pag. Ma. Dans le même endroit, Abd-el-Vahid. mentionne également
des chrétiens dans le dénombrement des troupes almohades. (Cf. sur ce point
les observations de MM. Dozy et Reinaud, Journal asiatique, iv° série,
tom. III, pag. 391, note.)
4 Par exemple : pag. 6, lig. 1 4, /ï\p± pour (Jo^ ; pag. 1 a, lig. dernière,
ji*5j] pour **$J\; pag. 98, UoliUa.1 pour UOIaX&i; pag. 139,
lig. 32, <£*4»âb pour ££w«^ ; pag. 87,%. 7, <Al\ pour cd-lU ;pag. ao3>
4jJ\j\ pour^uJIjI; pag. aa5, lig. 10, *ft*J| pouryfcJÎ; pag. 23a, lig. 1,
v^jC pour^A^f; pag. 23g, lig. dernière, 0^>uJf pour JUsWf.
Pag. a3i, lig. 7, au lieu de i«4 &«> .«l'année 609,» il faut lire 644 «599,.»
ainsi qu'on le voit par la suite des faits/(,Voy. surtout même page, lig. ao, et
cf. pag. aoo, ligne 6.)
344 JOURNAL ASIATIQUE.
sur la direction judicieuse et éminemment utile qu'il adonnée
à ses travaux. La philologie et l'histoire des Arabes, qui lui
doivent déjà tant, peuvent attendre plus encore de son éru-
dition étendue et de son ardeur pour le travail. Espérons
donc qu'à l'édition d'Abd-el-Vahid viendra se joindre bien-
tôt celle d'un autre historien arabe, non moins important,
Abou-Becr-el-Codhaî-Ibn-el-Abbar.
C. Defr£mery.
NOTICE.
Gbammaiab raisonmée de la langue ottomane, suivie d'un appendice,
etc. par James W. Redhouse. Paris, Gide et e*, 1846. In-8#,
35o pages.
Ce fut en l'an 1 6 1 2 que Megiser, auteur du célèbre Thé-
saurus polygbtlus,en quarante langues, fit paraître ses Insu-
intimes linguœ turcicœ. Jusqu'à cette époque, on n'avait jamâi?
essayé d'établir et de coordonner les principes grammaticaux
de la langue turque , idiome peu cultivé alors chez les na-
tions chrétiennes. Megiser entreprit cette tâche, et, consi-
dérant les grandes difficultés qu'il lui fallait nécessairement
surmonter, il s'en acquitta avec quelque succès. Son ouvrage
fut suivi par ceux de Duryer, de Seaman et de Podesta;
puis parut la belle grammaire de Meninski. Après celle-ci, on
peut ranger, en ordre chronologique, les grammaires de Hol-
dermann, du père Viguier, de Comidas, de Trojuaski,
de Jaubert, de Hindoglu, de Davids, de Berswords et de
Scott. La série, dont nous n'indiquons ici que les traités les
plus remarquables , se compose d'environ trente ouvrages et
se ferme par celui qui fait le sujet de cet article.
M. Redhouse , employé au bureau des interprètes du divan
impérial ottoman et secrétaire interprète de la commission
anglaise de médiation aux conférences d'Erzerouro, ayant
OCTOBRE 1847. 345
reconnu que les auteurs de ees grammaires s'étaient souvent
égarés du vrai chemin , et que leurs ouvrages , déparés quel-
quefois par des erreurs et des contradictions graves , ne suf-
fisaient pas pour conduire l'étudiant dans le sanctuaire d'une
langue si belle et si simple, entreprit de rédiger un nouveau
Iraité sur le même sujet. La longue expérience qu il avait
acquise pendant ses travaux officiels lui inspira la confiance
de pouvoir mieux faire que ses devanciers , et il conçut l'es-
poir que les savants et tous ceux qui sont appelés à étudier
la langue et la littérature des Osmanlis trouveraient, dans le
secours qu'il allait leur offirir, des moyens d'étude bien su-
périeurs à ceux qui, autrefois, étaient à leur disposition.
Ce fut d'après ces motifs que M. Redbouse composa et pu-
blia une nouvelle grammaire, ouvrage fort remarquable sous
plusieurs rapports. « Je ne prétends nullement, dit-il , donner
dans cette première édition un ouvrage parfait dans toutes
ses parties, mais j'espère qu'on n'y trouvera point d'erreurs,
et si je n'ai pas toujours indiqué la solution cVune difficulté
rencontrée par mes lecteurs, je n'aurai pas, du moins, à
me reprocher de les avoir conduits dans de fausses routes. »
Nous allons examiner jusqu'à quel point ces espérances son t
fondées; mais, avant d'entrer en matière, nous devons pré-
senter quelques observations sur la nature de la langue ot-
tomane et sur la marche qu'elle suit dans l'expression des
idées. Nous prendrons la même occasion pour apprécier le
mérite relatif de quelques-uns des ouvrages qui traitent de
la construction grammaticale de l'idiome osmanti.
Dans la série des ouvrage» qui forment le corps de la lit-
térature ottomane, on peut suivre le progrès de la langue
turque, du moment où elle se dégage de sa grossièreté pri-
mitive jusqu'à l'époque où elle parvient à son entier déve-
loppement. On peut ainsi reconnaître par quelle voie et par
quels moyens elle est arrivée à la singulière beauté dont les
ouvrages composés à Constantinople dans les derniers siècles
offrent de si nombreux et de si frappants exemples. Née sous
la forme d'un dialecte tartare, elèe se ressentit, pendant
x, 23
346 JOURNAL ASIATIQUE.
quelque temps, de la pauvreté et de la barbarie qui régnaient
chez la peuplade qui s'en servait. Bientôt, elle s'empara d'un
grand nombre de mots tirés du persan , puis , à l'introduction
de l'islamisme chez les peuples qui avoisinent la mer Cas-
pienne, elle acquit de nouvelles richesses par de larges em
prurits faits à la langue arabe. S'étant assimilé, avec une
extrême facilité, la plupart des mots de ces deux langues,
après les avoir soumis a ces propres règles de construction
et d'inflexion , elle gagna cette ampleur, cette aisance d'ex-
pression par lesquelles elle est maintenant si distinguée.
La construction de la phrase turque est. inverse de la
nôtre : dans toutes propositions, on place d'abord les circons-
tances de temps, puis celles de lieu; ensuite, on indique la
nature de l'action, puis l'objet de l'action et on termine par
le verbe. Six ou même dix formes du gérondif permettent
d'enchaîner plusieurs phrases les unes aux autres, de manière
à en former une seule ; mais il est nécessaire que le dernier
mot du dernier paragraphe soit le verbe. Il est donc possible
de faire en turc une seule phrase qui remplirait une ou deux
pages, et, chose singulière, le lecteur n'y entendrait rien
avant d'arriver au dernier mot. Jusque-là, il ignore et l'ac-/
teur et l'action , tout ce qui précède n'étant que des modifi-
cations ou des accessoires de l'idée que l'auteur a voulu ex-
primer.
Ce genre de construction, déjà fort embarrassant, de-
vient encore plus difficile par l'emploi de l'ellipse. Tantôt
on supprime le sujet du Yerbe, tantôt le complément et
quelquefois même les particules qui servent à donner de
la précision au discours. C'est par l'habitude et la pratique
seules qu'on peut espérer vaincre ces dernières difficultés;
mais , pour se familiariser avec les inflexions des noms et des
verbes , et pour reconnaître la valeur que chaque mot ac-
quiert par sa position dans la phrase , il faut avoir recours
aux traités grammaticaux.
Une bonne grammaire de la langue turque doit donc nova
offrir la solution de toutes ces difficultés ; mats aucune, jus-
OCTOBRE 1847. 547
qu'à présent, ne remplissait cette condition. Meninski nous a
fourni ♦ dans son ouvrage intitulé Institutiones Unguatum orien-
talium, trois grammaires combinées dans une seule et servant
à faire connaître les inflexions grammaticales et la construc-
tion des langues arabe , persane et turque. De nombreux
exemples y viennent à l'appui des règles données par l'au-
teur et une riche moisson d'observations et d'éclaircissements
s'y offre à l'étudiant. Mais on s'aperçoit bientôt que l'auteur
a négligé de signaler plusieurs formes des verbes dérivés,
qu'il n assigne pas toujours aux formes verbales leur signifi-
cation exacte et que, dans son traité de syntaxe, le sujet est
à peine effleuré. Malgré ces imperfections , la grammaire de
Meninski tient encore le premier rang et on peut la regarder
comme un ouvrage indispensable à l'étudiant.
La grammaire de Viguier n'est qu'un traité élémentaire ;
cependant, on y trouve des observations d'une nouveauté et
d'une justesse vraiment remarquables. L'ouvrage de M. Jau-
bert se distingue par sa simplicité et par la clarté ; mais il
ne renferme que les premiers éléments de la langue et on
peut dire que la syntaxe y manque tout à fait. Celle de Davids
a beaucoup de mérite, mais elle est incomplète dans certaines
parties. Les autres grammaires que nous avons vues ren-
ferment d'excellents renseignements, mais, il faut le dire,
aucune deÛes ne peut remplacer le traité de Meninski.
H nous reste maintenant à examiner si la grammaire de
M. Redbouse est plus complète que celle de ses devanciers,
si elle renferme des vues nouvelles et si elle offre à l'étudiant
tous les secours dont il peut avoir besoin. Cet ouvrage se
compose cV quatre parties, dont la première est consacrée à
l'orthographe , la seconde k l'étymologie, la troisième à la
dérivation et à la composition des mots, et k quatrième à la
syntaxe. Dans la première partie, l'auteur, après avoir traité
des lettres, des signes orthographiques, des syllabes et des
mots, passe à un sujet très-curieux, celui de Y euphonie, C'est
une qualité qui existe surtout dans les mots d'origine turque
et qui influe sur la prononciation et même sur l'orthographe
23.
348 JOURNAL ASIATIQUE.
de ces moto. « Il y a, dit notre auteur, dans chaque mot un
son voyelle principal ou bien une lettre consonne qui donne
le ton euphonique ; les autres sons voyelles du mot , et, autant
que possible, les autres lettres consonnes doivent se confor-
mer à celui-ci. » Si le ton dominant est doux, les sons voyelles
du mot doivent être doux ainsi que toutes les consonnes ;
s'il est dur, les voyelles et les consonnes du mot doivent être
dures. La connaissance des règles de l'euphonie est donc
d'une haute importance ; elle enseigne la juste prononciation
des mots et la manière de les orthographier. Ce chapitre,
quoique court, trop court peut-être, est très-utile et très-ins-
tructif.
La seconde partie traite du nom , du verbe et des autres
parties du discours. Elle nous offre la matière de plusieurs
observations que nous présenterons tantôt.
Dans la troisième partie, l'auteur traite de la dérivation
des mots arabes, persans et turcs., et de la formation des
mots composés. Tous les chapitres de cette partie renferment
des notions très-utiles, mais on trouvera peut-être que l'ex-
position des règles de la dérivation persane n'a pas assez
d'étendue.
La quatrième partie est consacrée à la syntaxe. Elle forme
le traité le plus complet que nous possédions sur ce sujet;
cependant, il nous semble que le chapitre sur le verbe ofire
des lacunes et que ceux qui traitent de l'adverbe et des autres
particules sont trop courts.
Nous allons maintenant indiquer ce qui nous a frappé le
plus en parcourant ce volume. Parmi les formes qui résul-
tent, de la conjugaison du verbe turc, il en existe deux qu'on
avait regardées, jusqu'à présent, l'une comme le participe
passé (ex. <dïy*) et l'autre comme le participe actif futur
(ex. 0e**yJ\. Il n'en est cependant pas moins vrai que la
première de ces formes remplit quelquefois les fonctions
d'un participe passif aoriste et que k seconde peut représen-
ter un participe passif futur. On leur a reconnu aussi la fa-
culté de pouvoir servir de noms verbaux : la première d'une
OCTOBRE 1847. 349
manière absolue, et la seconde arec la signification du futur.
M. Redhouse , ayant égard aux trois valeurs bien distincte*,
que possède chacune de ces formes, n'a pas hésité à ad-
mettre dans le paradigme du verbe quatre nouvelles formes ,
savoir : un participe passif aoriste, un participe passif futur,
un nom verbal pour le passif et un autre pour le futur.
Quant au nom verbal du présent, il est représenté par la
forme u*y». Cette innovation hardie lève bien des difficultés
et nous paraît être parfaitement autorisée.
L'établissement d'un nouveau mode, le dubitatif, ayant la
forme (J^y» , est encore une grande amélioration. Viguier
lavait déjà entrevu, mais M. Redhouse peut, avec justice,
réclamer l'honneur de l'avoir bien reconnu.
Les autres parties du verbe sont traitées avec une grande
clarté , mais il nous semble que l'auteur aurait dû faire en-
trer dans le paradigme du verbe tous les modes composés
dont il donne les formes dans ses notes.
Les syllabes finales qui forment les inflexions des noms
et servent à en marquer les cas sont regardées par notre au-
teur comme des prépositions. L'on sait que la préposition
turque se place toujours après son régime. L'opinion de
M. Redhouse peut être vraie en théorie, mais elle entraine
de graves inconvénients dans la pratique. L'étudiant est d'a-
bord étonné d'apprendre que les noms turcs sont indécli-
nables, lui qui, jusqu'alors, avait cru, sur la foi des gram-
mairiens , qu'il y avait six cas. Il est donc obligé de chercher,
dans le chapitre des prépositions, les signes qu'il croyait
servir uniquement à indiquer les cas obliques. Pour un com-
mençant, ceci est très-incommode, et l'auteur l'a si bien
senti que, dans ce même chapitre des prépositions, il a
donné en note les tables des déclinaisons. Il aurait mieux fait
de conserver à ces tables la place qui leur convient dans le
chapitre du nom, et, s'il tenait beaucoup à sa théorie, il lui
aurait été facile de faire observer qu'eJRonnant des tables
de déclinaison, il sacrifiait la vérité grammaticale à la com-
modité de l'étudiant. M. Redhouse n'admet pas non plus le
350 JOURNAL ASIATIQUE.
cas du Vocatif; cependant, ce cas existe bien certainement,
mais sous la même forme que le nominatif. Poussant jus-
qu'au bout les conséquences de cette théorie 9 contre l'appli-
cation de laquelle nous nous élevons, l'auteur fait dispa-
raître plusieurs cas du tableau de la déclinaison des pronoms
personnels ; la déclinaison irrégulière de ces pronoms Fa
cependant empêché d'en supprimer tous les cas obliques.
Sans cette irrégularité, ils n'auraient pas pu résister à l'a-
nalyse sévère de notre auteur.
En revoyant le chapitre des prépositions, nous nous
sommes aperçu que toutes les valeurs de qA n'y sont pas
indiquées , et que les chapitres sur les adverbes et les conjonc-
tions sont loin d'être complets. L'absence d'un chapitre sûr
le pronom relatif <£=» nous paraît inexplicable.
Dans les exemples donnés par l'auteur, on trouve quelque-
fois le verbe J^çsî traduit par « faire. » Cette signification
n'est pas assez précise et prête à l'équivoque: ce mot veut
dire «bâtir, construire, fabriquer. »
A la fin du volume, on trouve le texte de la préface que
Wacif effendi composa pour accompagner l'atlas du sultan
Selim. Faisons observer ici que, dans l'ouvrage de M. Red-
house, on a imprimé Tarif effendi; mais c'est bien certaine-
ment là une erreur de l'imprimerie. Cette pièce est accom-
pagnée d'une analyse grammaticale et d'une traduction ; cette
analyse est faite avec une très-grande habileté et fournit une
excellente leçon grammaticale à l'étudiant. Nous avons en-
core ici la matière d'une observation : M. Redhbuse , en vou-
lant suivre le texte original pas à pas , s'est souvent laissé con-
duire à faire des phrases qui ne sont pas françaises et qui
offrent quelquefois des contre-sens. Tel est le passage suivant
„ (voyez Grammaire, pag. 3 18) :
<_**>[j— âbj çU.^ **J*j JJaÂ* Kmj\ ^^jju (^LiLÂilfat
qu'il rend de cette manière :
« Quant à l'introduction du Djihan-numA , elle est un traité
OCTOBRE 1847. 351
détaillé , qui a besoin d'un commentaire • spécial aux hommes
spéciaux et difficile à entendre. »
11 fallait traduire ainsi :
«L'introduction du Djihân-numâ, étant un traité destiné
aux hommes d'élite, est difficile à entendre et a hesoin d'un
commentaire détaillé. »
A la page 3o2, l'auteur -écrit o^u HI avec un fetha sur le
3; c'est une faute; on doit écrire j^u Lot avec un domina.
Nous ajouterons que cette expression banale ne signifie pas
« quant à ce qui est après , » mais « après ce que nous venons
de dure. » On peut la rendre en français par les mots « passons
maintenant à notre sujet » ou « entrons en matière. »
Ayant signalé le mérite de ce traité ainsi que ses imper-
fections, nous devons reconnaître que l'auteur n'aura nulle-
ment à se reprocher d'avoir conduit ses lecteurs dans de
. fausses voies ; bien au contraire, le plan de son ouvrage est
fort bien conçu et l'exécution répond presque toujours aux
espérances que la préface fait naître. Cette grammaire de-
viendra indispensable à tous ceux qui cultivent la langue
turque; elle ne remplacera pas tout à fait, cependant, la
grammaire de Meninski.
H faut convenir aussi que la rédaction d'une nonne gram-
maire est une tâche fort difficile ; l'auteur doit d'abord se
proposer pour but de produire un traité également utile aux
commençants et aux personnes plus avancées dans la con-
naissance de la langue. Renfermant jusqu'aux notions les
plus simples, une, grammaire turque doit fournir en même
temps la clef de toutes les difficultés et épargner ainsi la né-
cessité d'avoir recours à d'autres traités. Des tableaux détail-
lés offriraient toutes les modifications dont le verbe est sus-
ceptible ainsi que la valeur et l'influence des syllabes qui
s'attachent aux noms. Toutes les particules devraient y être
énumérées avec l'indication de leurs diverses significations ;
et des exemples nombreux, choisis dans les meilleurs écrits,
serviraient à illustrer les règles de Ja syntaxe. D'autres
552 JOURNAL ASIATIQUE.
exemples, tirés des ancien» ouvrages , fourniraient l'explica-
tion des irrégularités dont on ne saurait autrement se rendre
compte. La pronciation de tous ces exemples serait figurée en
caractères européens. Un traité de prosodie et un index bien
détaillé termineraient le volume. C'est pour ainsi dire d'après-
ces principes que l'illustre de Sacy composa sa grammaire
arabe, cet admirable répertoire qu'on est presque tenté de
regarder comme son chef-d'œuvre.
Alger, 5 octobre 1847.
M. G. de S.
NOUVELLES ET MÉLANGES.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
SÉANCE DU 10 SEPTEMBRE 1847.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
ty . Reinaud lit quelques extraits de son ouvrage sur l'o-
rientation chez les Arabes, mémoire qui doit figurer en tête
de sa traduction de la Géographie d'Aboulféda.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Le a* cahier du Journal de la Société orientale allemande.
Bulletin de la Société ethnologique de Paris , 1. 1 de 1847.
Bulletin de la Société de géographie.
Sur la publication des monuments de la géographie 3 par
M, Jomard.
Journal des Savants , cahier d'août 1847.
Nouvelles preuves que le pays du Fou-sang est V Amérique >
par M. de Mecque.
OCTOBRE 1847. 353
SPÉCIMEN
D'UNE COLLECTION DE LETTRES HINDOUSTANI ORIGINALES.
J'ai publié, en i833, dans l'Appendice à mes Rudiments
de la langue hindoustani, quelques lettres hindoustani ori-
ginales, accompagnées d'une traduction et de fac-similé. De-
puis ce temps, j'ai réuni un grand nombre de ces lettres
tant en caractères persans qu'en caractères nagaris. Plusieurs
de celles en caractères nagaris m'ont été obligeamment con-
fiées par la Société royale asiatique de Londres ; les autres
m ont été données ou communiquées , pour en prendre copie,
par MM. le D* Peterkin, F. Boutros, Nath. Bland, Cb.
d'Ocboa, C. Tarral et autres orientalistes ou voyageurs. Mon
intention est de publier prochainement cette collection ac-
compagnée d'une traduction anglaise et de fac-similé. Je me
suis adjoint, pour ce travail, M. l'abbé Bertrand, un de mes
élèves les plus distingués , déjà avantageusement connu dans
la république des lettres orientales par sa traduction des
Séances de Haîdari, par d'autres ouvrages et par des articles
d'une érudition variée, qui ont paru dans le Journal asia-
tique , dans les Annales de philosophie chrétienne , et autres
recueils périodiques. En nous occupant , M. Bertrand et moi ,
de ce travail, nous avons remarqué quelques lettres qui s'é-
loignent des lieux communs épistolaires , et.il m'a paru con-
venable de publier, dans le Journal asiatique, comme échan-
tillon de ma collection , le texte et la traduction d'une de
ces lettres.
Garcin de Tasst.
5
3tt JOURNAL ASIATIQUE.
J*JL* cO^' J-ft* ***** t* ""dtfcjj-tf' 4jL»jjf<£l
yb Jfj o^au ^^j eL»3jj C^J^jJ^ JJ o^ &Xj »Mj)
P^ vivjt Jjj^ o^ ^<j^ vj^-^t jy ^f> tJ»\
<3rV t>J3jL) tLH*y jjf bj U>^e^* «/cjj*' O* ^ ci
1 Ceci est une expremon particulière à l'auteur de cette lettre, car on dit
t dans eeea«f^jM^9
OCTOBHE 1847. 9*«
DIEU»
Mon ami, salut! *
Après mes salutations empressées, la présente est pour vous pré-
venir que, suivant le rapport de quelques personnes, il se prépare
un conflit entre les Hindous et les musulmans, parce que, cette an-
née-ci, le holî coïncide avec le muharram l. (Test pourquoi je vous
écris, afin que vous vous gardiez bien de prendre part à la querelle,
en vous laissant tenter par les conseils de qui que ce soit, car
tous ceux qui y participeront en quelque chose n'en retireront à la
fin que des regrets et de la confusion; bien plus, c'est un acte
déshonorant. Cela est arrivé ainsi, il y a déjà un certain nombre
d années, à l'occasion de cette coïncidence du holî et du muharram.
Les Hindous d'Arkât* voulurent, suivant leur coutume, porter
processionnellement leur dieu et l'amener devant la mosquée9. Il n'y
avait pas alors plus de cinq à dix hommes dans la mosquée. Lorsque
les Hindous en furent proche , les gens de la mosquée en sortirent
et s'opposèrent aux Hindous en disant : c II n'est pas convenable que,
contre la coutume, vous ameniez votre dieu devant la mosquée. Vous
devez avoir égard à nos observations et porter votre dieu par le chemin
accoutumé : alors ce sera bien , autrement vous aurez ce que vous
méritez. • Bref, ceux-ci , se targuant de leur pouvoir et de leur
grand nombre, voulurent amener l'idole par force; mais les mu-
sulmans, qui n'étaient que de cinq à dix, prenant des bâtons, et
1 Le holî ou carnaval indien est une fête solaire qui a lieu en février, et le
muharram est un mois lunaire ; mais il faut entendre ici , par ce mot , le daha
ou la fête du martyre d'Huçaïn, fête mobile qui a lieu au commencement du
mois dont il s'agit et qui peut ainsi coïncider avec le holî. Voyez des détails
sur ces fêtes dans mon Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde
(Journal asiatique , i83a) et ma Notice des fête populaires des Hindous (ifcirf.
i83a).
9 Ville plus connue sous le nom d'Arcate ou Arcot.
3 II s'agit ici de la statue de Krischna , dont les Hindous célèbrent la fête à
cette époque sons le nom de Govind.
356 JOURNAL ASIATIQUE.
proférant cent injures, se mirent à courir suif eux et à frapper
l'idole. Les Hindous, voyant ce qui se passait, jetèrent a bas le
dieu et prirent la faite. Alors les musulmans jetèrent au feu l'idole
avec les ornements, lor et les joyaux. Ensuite le patel1, et le
collecteur d'Àrkat, qui étaient Hindous, ayant rassemblé tous les
Hindous des bourgs et des villages de leur dépendance, se prépa-
rèrent à attaquer les musulmans. Cette nouvelle étant parvenue au
gouvernement , monsieur Kalkar * se bâta de se rendre à la ville et
parvint à apaiser le différent. Le jour suivant, après avoir instruit
l'affaire» le susdit monsieur condamna à la prison tant les musul-
mans qui avaient brûlé la statue, que les Hindous qui avaient usé
de violence, et il les disgracia. C'est pourquoi je vous ai écrit ceci,
afin que, si vous avei à cœur Tbonneur et la dignité , vous ne pre-
niei point part à tout cela. Au surplus, vous êtes libre. Quoi de
plus?
1 Ce mot équivaut à maire. — s Serait-ce Clark*?
ERRATA DO CAHIER DE SEPTEMBRE.
P. 18a , Ug. i , au lies de nous oit paru, lisez ; nous ont paru.
P. 189, reportes la note du bas de cette page au mot mir-miran de ta
page 196.
P. aoa , lig. s , emploi, Use* emplois.
Jbid. lig. 4 , fljw conseil , ajoutée ou.
I
I
/ounial , lsuiùi/tn\ . Vom'rttfirt' - />
I
JOURNAL ASIATIQUE.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847.
LA RHÉTORIQUE
DES NATIONS MUSULMANES.
D'APRÈS LE TRAITÉ PERSAN IHTITDLÉ : UADÀYIC OLBALÂGAT,
Par M. Garcin de Tasst.
(5* et dernier extrait.)
IIP PARTIE. '
DES ÉNIGMES, Cm, ET DE TOUT CE QUI CONCERNE
LES COMBINAISONS ÉNIGMATIQUES K
On nomme muamma, \Zjl* (énigme), un discours
qui désigne un mot par différentes indications rela-
1 Cette partie delà rhétorique orientale; la plus obscure de toutes,
et à la vérité la moins utile, n'a pas été reproduite dans la version
hindoustani du Hadàyic. J'aurais dû imiter peut-être Imâm-Bakhsch,
et ne pas la donner non plu» en français, à cause de la difficulté
qu'il y a de développer d'une manière intelligible ces théories com-
pliquées , et surtout parce que l'auteur a souvent négligé d'expliquer
X. .24
358 JOURNAL ASIATIQUE.
tives aux lettres , Sj~»~ tzritt* , ou par des allusions
relatives à la prononciation , Jôi) i^lâl . Cette figure
a surtout lieu en poésie, mais cependant elle est aussi
employée dans la prose. Quelquefois l'énigme n'a pas
pour objet un nom seulement, mais une expression
entière.
Tl faut d'abord se rappeler que les lettres ont
trois valeurs : celle de prononciation , JaiJ t la valeur
alphabétique, ^i), et la valeur numérale, ^«x*.
Ainsi les indications et les allusions énigmatiques,
Jl+M c^UIj <ï>Ms , ont trait à ces trois choses.
On distingue quatre espèces d'énigmes, L
d'après leur degré de perfection ou d'imperfection.
La première , qui est la plus parfaite , est celle dans
laquelle on indique les lettres du mot, <*»( c3§j^,
ainsi que leur arrangement, c3«^ <-*v>3; les motions
ou points voyelles, c»\£», et l'absence de ces mo-
tions, cvLLdtf, comme, par exemple, dans le vers
suivant, sur le mot Haçàn :
<
Mon cœur, en vue de ton beau nom, laisse lejazm du
mot husn, et le remplace avec bonheur par un fatka.
tes exemples qu'il donne, exemples dont il est ainsi quelquefois
difficile d'apprécier le justesse. Mais cette partie de la rhétorique
musalmane, étant généralement inconnue en Europe, j'ai cru devoir
la mettre en lumière, toute ridicule qu'elle puisse paraître; seu-
lement, j'ai soutent abrégé l'ouvrage que j'ai pris peur base de mon
travail.
\
NOVEMBRE-DÉCEMfeftE 1847. 359
Ce qui signifie simplement que de ^_nr~ il faut
faire iù^.
La deuxième espèce consiste à indiquer les lettres
d'un mot et leur arrangement, mais sans désigner ,
les motions ou leur absence. Cette seconde espèce
n'est pas dépourvue de perfection, et c'est à elle
qu'appartiennent la plupart des énigmes, car l'indi-
cation des points voyelles n'est pas nécessaire pour
l'intelligence de l'énigme.
La troisième espèce consiste à indiquer la matière
du mot, ç*»\ *$U> mais non l'arfengement des lett/es.
L'énigme de cette catégorie n'est pas exempte de
défaut c.«y*uô yUaiij^l JL*..
Enfin, la quatrième espèce, qui est «décidément
défectueuse, consiste à indiquer sommairement,
jl£:1 oJ^à, la totalité des lettres d'un nom, mais
sans désignation spéciale d'aucune lettre. Tel est le
vers suivant sur le mot Lp*«£ , soleil.
r
J'ai choisi dans les deux mondes (le céleste et le terrestre)
un être unique dont les trois lettres, qui valent 4oo\ forment
le nom de mon amie.
On nomme uçûl, ùy**\ , fondement , les portions
essentielles du vers où est exprimée l'énigme, et les
1 En effet, la valeur numérique du schin (première lettre du
mot (V+àiï) est 3oo , celle du mùn do, et celle de sin 6o, ce qui fait
4oo.
24.
360 JOURNAL ASIATIQUE.
portions qui ne sont pas essentielles se nomhient
lawâhic, &s»^, accessoires. De plus, les uçâl sont
de deux sortes, les açûl-i mucauivama, x*yL* J^>t >
ou les fondements coAstitutifs , c'est-à-dire les parties
du vers qui se rapportent à la matière même du nom ,
et les uçûl-i mutummama, x»^ J^ol, c'est-à-dire
les fondements de perfectionnement, lesquels ont rap-
port à sa forme parfaite.
Dans les parties accessoires, ë^-'V , du vers qui
renferment Fénigm^ on distingue aussi celles qui
sont en accord et en convenance avec les fonde
ments, J^î, et qu'on nomme lawâhiqu-i muhassina,
aJuLtf <£*-lJ> cest-à-dire accessoires embellissants;
celles qui s en écartent et qu'on nomme laivâhiqn-i
muschauwischa , &&£&*• à***^ » c est-à-dirç accessoires
embarrassants; enfin, celles qui n'ont ni lune ni
l'autre de ces qualités, et qu'on nomme lawâhiqa-i
sâlima, *dL* &s*»\^, c'est-à-dire accessoires indépen-
dants.
Il résulte de ce qui précède, que les lettres et
les mots qui sont employés dans l'énigme, appar-
tiennent à une des cinq classes suivantes, à savoir :
\* fondements, Jj~wl, constitutifs, ou a0 perfection-
nants; 3° accessoires , &*»\yl , embellissants; k° em-
barrassants ; 5° indépendants.
Lorsque le but de l'énigme est d'indiquer un
mot, elle peut avoir trait à quatre différentes
choses : i° à la matière du mot, c'est-à-dire aux
lettres qui le composent; 2° à sa forme parfaite,
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 361
c'est-à-dire à l'arrangement de ses lettres; 3° à la cor-
rection de son orthographe, c'est-à-dire à la mention
exacte de$ motions de ses lettres ou de leur ahsenc*;
4° enfin à faciliter l'intelligence des deux premières
choses. Ainsi il y a quatre manières de faire usage
de 1 énigme ; *en d'autres tenues , il y a quatre pro-
cédés, J*1, à y employer : i° le productif, J*&a&;
2° le perfectif, J^-a&; 3° ¥ accessoire, Jùaj«X«j; 4° le
facilitant, Jua^*û\ Or, commç en réalité ce dernier
n est destiné qu'à venir en aide aux deux premiers ,
nous en traiterons d'abord.
CHAPITRE P\
DES PROCEDES FACILITANTS, <J*£*0 Jl^t.
On en distingue quatre différents : Yinticâd,
^Uuir2; le tahlil, J*X*?3; le tarkib% w-^A5^4;et le
tabdîl, J^*Xa5&.
On entend, par Yinticâd, la désignation de quel-
ques parties du mot, comme devant être l'objet d'un
changement; or, paç ces parties du mot, il faut en-
tendre le commencement, le milieu ou la fin. S'il
s'agit du commencement , il est désigné par un des
mots tête,j^»\ bord, <-*J (lèvre); visage, q (joué);
1 Ce mot, dont le pluriel est. Jl^J, signifie proprement acte,
action ; mais il se prend ici dans un sens particulier comme terme
technique.
3 Ce mot signiGe proprement toucher une somme d'argent.
J A la lettre, l'action de délier.
* Arrangement. -
5 Changement.
362 JOURNAL ASIATIQUE.
commencement, t*kx**; premier, J>l \ couronne y gl? ou
j«»it, et *VS, et autres mots qui peuvent indiquer
le commencement S'il s'agit de la partie du milieu,
on la désigne par les mots cœur, J»; cerveau, cer-
velle, iuyau,j**; centre, y$y*\ milieu, ^W* ou
k*»j, etc. Enfin, s'il s'agit de la fin du mot, on la
nomme pîii, L, ou ^***\finf ^t ou ^*\**\, etc.
On désigne aussi le commencement et la fin d'un
mot par les expressions : le premier jour de la lune, *j*
et le dernier, £+» ; l'apogée, gjl et le périgée, (/ta*» ;
la montée, j\ji et la descente, *,**&•>; le haut, irt* et le
bas,jS;; la partie limpide, &U> et le résida, (£Sj*\ la
branche, £lô et la racine, £&; le milieu, c?**?- et le pan
de la robe, <**!*, etc.
On se sert aussi des mots qui expriment ce qui
entoure une chose, comme peau ^m*^, vêtement
*As~ , etc. pour indiquer le commencement et la
fin d'un mot, comme on le voit dans le vers suivant
sur Muca, &»y*, Moïse.
** «jd >l>— « «3 J«K-* jJ «*-">*$
Cest ici la peau ' du muddaï (ennemi) et la moelle * du
dost (ami) ; ce dernier mot est en effet la moelle, et le pre-
mier la peau.
1 C'est-à-dire lé m/m, qui commence, et le yi, qui termine ce
mot. Le mot ^ >+a commence et finit en effet par ces deux lettres.
* C'est-à-dire les deux lettres médiales de cx«0, à sivoir le
icaw et le sîn.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 3*3
Si Von a à désigner plusieurs lettres du milieu, on
les nomme cœwrs, l^Ja, centres , Jjb)S^, etc. ainsi qu'on
le voit 4ans le vers suivant sur le nom de Sâbit , c**b.
Si celui qui épie mes actions veut connaître le nom de
celle que j'aime , qu'il prenne le moi Sibât, cd-ô , qui a deux
cœurs \ et qu'il les mette devant-derrière*.
On se sert quelquefois , pour exprimer les trois
lettres radicales d'un mot, des lettres employées à
cet effet par les grammairiens arabes, c'est-à-dire
dufé, cj, du aïn, * et du lam, *J5. D'autres fois, on
emploie un des mots jU5", a-£jj , \&y» , v*W, côté,
pour exprimer tantôt la première , tantôt la dernière
lettre d'un mot, comme on le voit dans le vers sui-
vant sur le mot Adam y p*T4.
1 C'est-à-dire les deux lettres mâiales du mot c^l^J , à savoir
lVi/etleW.
* En effet c^Lo a une première lettre qui est si, o> et nne
derrière qui est té, <£> , puis deux lettres médiates , qui sont bé, <_> , et
alif, f ; or, si vous mettez Yalif devant le bé, vous avez o^vî , qui
est le mot de l'énigme.
* Ces trois lettres forment le mot Jai , qui sert de paradigme
à |a troisième personne du prétérit du verbe arabe, laquelle est
considérée comme la racine, non-seulement des autres temps et
personnes des verbes, mais de tous les dérivés nominaux.
4 Ce mot signifie aussi homme.
364 JOURNAL ASIATIQUE.
O mon cœur Messe pair l'amour, ne • te plains pas de ton
sort, puisque les cils des belles arrivent plus au moins de
mon côté *.
On entend par tahlîl, Jj^, l'emploi d'une expres-
sion qui ne forme qu'un mot dans le sens dupoëme,
mais qui, dans un sens énigmatique, se sépare en
plusieurs mots. Le vers suivant sur le mot khurram ,
pjâ* y en offre un exemple :
Le vin pur qui nourrit l'esprit dans une agréable ivresse
n'est pas le vin plein de lie qui t'incommode.
Dans ce vei?s, le motjl^, qui est l'anagramme
de fj±~y forme un tahlîl en deux parties, à savoir
^r, courbé et Jft impératif de jj*jjl9 apporter.
Le mot {j])<y*y)\*, mazandarân, qui est le nom
d'une province de Perse, et dans lequel oti trouve
l'anagramme du mot ^Ul,, offre un exemple d'une
allusion énigmatique par un tahlîl en quatre parties,
à savoir U, nous; yj, femme; j*, dans, et ^1, cela.
Le tarkîb est le contraire du tahlîl. C'est réunir
dans un sens énigmatique plusieurs mots en un seul.
1 À la lettre au côté du mot L©. Par là l'auteur entend VaUf, qui
commence le mot ^^t . J'ai considéré le mot L© comme étant le
pronom possessif de la première personne an pluriel , et c*est ainsi
que. j'ai traduit de mon (notre) côté. On peut aussi le prendre, selon
1 auteur du Hadâyic, pour le substantif arabe L», eam. Dans tous
les cae, le jeu de mots est identique.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 365
Le vers suivant sur le mot beg, 4Uj, en offre un
exemple:
Quoique mon amie paraisse fâchée contre moi devant mes
rivaux, toutefois elle n'a pas de considération pour ces
étrangers.
Des deux mots **W I^ICaj se forme le mot <i^ ,
rejeton, etc. que le poëte a en vue énigmatiquement.
Quant au mot <i£u , qui est le sujet du vers, il fait
partie du premier mot.
Enfin, on entend parle tabdil le changement d'une
lettre d'un mot en une autre. On 4onne le nom
technique de/acid, *x-wb, altérée, à la lettre qui est
changée, et celui de kâïn, ^V, existante, à celle qui
la remplace. Le ruhâî suivant sur le mot gM** , élo-
quent, offre un exemple de cette figure :
*j^T £y**& (j) cri,, K}# Mlj <XmO ^^- «X» jl
Mon rival a recommandé à cette belle à la taille svelte de
ne pas sourire gracieusement à tout le monde comme la rose.
Cet avis étant très-rigoureux , l'agaçante beauté a bouclé et tor-
tillé l'extrémité de ses sourcils.
366 JOURNAL ASIATIQUE.
Par l'extrémité dû sourcil, il faut entendre la
iettrfe noun du mot c^uaj, et parle tortillement (àla
lettre a le nœud ») que la belle y fait, il faut entendre
le changement du nom enfé1 dans ce mot, qui de-
vient ainsi £*»* , en retranchant en outre le té final.
CHAPITRE If.
DES PROCÉDÉS PRODUCTIFS, çjfl.aV jU*f.
Il y en a huit : le tansîs, jaAAaJtt (explication) et le
takhsîs , UO&A& (détail) ; le tasmiyû, aa**3 (indication
du nom); le talmîh, -4-fco (allusion) ; le tarâduf,<J>s\y
(annexion, mention successive), etïischtirâk, Jf^xôl
(association) ; le kinâya *,>l<S^(métonymie) ; le tashif
UU^vs (jeu d'écriture) ; Yistiâra, ùjKjûl»] (trope) fet le
taschbth, ***££ (comparaison); enfin le hiçâb, c-»Um->-
(calcul),
JLe tansîs est le nom q^ on donne à la mention
de quelques lettres ou de toutes les lettres d'un mot;
le nom de tahksîs est réservé à l'indication qu'on fait
de ces lettres d'une manière quelconque.
Le vers suivant sur le mot^^(généreux) offre
un exemple du premier cas :
Il rend, par 5a belle conduite, son ennemi généreux (karim)
et rian{; il cherché, pour renommée, l'illustration de ses
actes.
* On saie mie tos lettres dé 1 alphabet arabe ont chacune un
nom: alif, L£\\ bâ, #L; ta, #b\ etc. C'est de ce nonv qu'il s'agit
ici.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 367
Le vers suivant sur le motjLçt (printemps) offre
un exemple du second cas :
Ton vit âge est une rose et le jardin de ta beauté un par-
terre ; ton nom est un printemps qui n'a pas de terme.
a° Le tasmiya consiste à désigner par leur nom
les lettres qu'on veut indiquer dans un mot. Le pre-
mier élément dés noms des lettres se nomme mu-
çammaé an ùm, i*wl ^T^Uw-*, c est-à-dire la lettre
que nomme ce nom, et les lettres accessoires sont
appelées baïyinât-i an harf, cV>» yl ^Vâju, c est-à-
dire ce qui développe cette lettre. Ainsi , par exemple t
dans le mot ô^, qui est le nom de la lettre d ,
la première lettre est celle que nomme ce nom,
Gj*> y\ (£Uvmu*, et les deux dernières en sont les dé-
veloppements, &y*- yl *^Uaj. D'après cela, le pro-
cédé du tasmiya peut avoir lieu de trois manières :'
i° en désignant le mot par le nom de ses lettres;
?° par leur description ; 3° par ses lettres accessoires
ou de développement. Cette dernière espèce de
tasmiya a été imaginée par le célèbre rhétoricien
Scharaf uddîn Alî Yasdî, qui, dans son livre inti-
tulé : Hulal mutarraz \ a réuni beaucoup d'énigmes
de sa composition.
1 j>Lv» JJU. Cet ouvrage, dont ie titra signifie, à le lettre, vê-
imtnts brodés, est écrit en persan , et roule sur l'énigme et le logo-
368 JOURNAL ASIATIQUE.
Le vers suivant sur te mot oj-&, scharaf, offre un
exemple de la première espèce :
De ce coté, vous avez $char,c,j& (la loi); de cet autre,
kttschf, c^&T"(la manifestation ) , et au milieu il y a un r^ pour
scharaf, <j>j*& (l'illustration).
Le mot scharaf, Oj>*», sur lequel roule l'énigme,
commence par un schîn. comme ^j-û , et finit par un
fé comme Ul&£^-, enfin , il y a un ré au milieu.
Le vers suivant sur le mot firoz, jjjj-**, offre un
exemple de la deuxième espèce :
<^fo . »' g^ ul*-— •* ^ J^J u^— ~^ ^^
^ aU «^ — x ^\ — a_-> »U j-~^ jy
On ne peut éloigner le chagrin par la volonté de l'âme et
du cœur, lorsqu'une belle a montré peu à peu son visage
comme la lune.
Par les mots ftU^ gj, visage comme la lune, ii
faut entendre la lettre G qui commence le mot
Enfin, le vers qui suit, sur les mots imâm, ^*U1
(celui qui préside à la prière), et amîn, &?a\ (fidèle) ,
offre un exemple de la troisième espèce :
gripke. Hadji-Khalfa nous apprend que l'auteur, qui était natif
d'Yaxd, ainsi que son surnom l'indique, mourut vers l'année 85o
(i446).
NOVEMBfcB-DÉGÈAfbRE 1847. 369
Son lai (rubis) est, par ses lettres de développement,
deux pierres précieuses de «a mine : tantôt il dit le nom de
son rival (imam), tantôt son propre nom (Amin).
Par less deux pierres précieuses, il faut entendre
les noms des lettres J et * dont se forme Jo*J , à
savoir ^%3J et (j^-*. Or, si Ton prend deux fois les
lettres de développement du lam, c'est-à-dire alif et
mim, on a le mçt *U! ; et si Ton prend une fois les
lettres de développement du lâm, et une fois celle
du aïn, c'est-à-dire yé et nottn, on a le riiot (^t .
3e On nomme talmîh l le procédé qui consiste à
rappeler des lettres qui se trouvent employées dans
des passages connus, comme on le voit dans le vers
suivant sur <j«UJï , Éfîe :
*>
Comme la surate de ta beauté s'est terminée par ta belle
figure {^jyo , elle a été nommée la surate de la fin de ta
mention glorieuse.
La dernière surate du Coran porte le titre de
0»W! ïjy» ; or, le mot <j»UJl , qui signifie les hommes ,
est écrit comme o»UN; seulement, dans le premier
cas, la troisième lettre a un point diacritique au-
1 H a été question auparavant de cette figure. Voyez le 4* article,
section xxv.
370 JOURNAL ASIATIQUE.
dessus et est ainfci un nom, et, dans le second cas,
elle a deux points au-dessous et est ainsi un yé.
Il est bon de savoir que les astronomes ont
adopté, pour abréger, quelques formules techniques
qui ne consistent qu'en des lettres. Par exemple, ils
indiquent les sept planètes par leur dernière lettre :
le soleil, &**&> par un «a <j*, et la lune, ji, par un
réj . Il en est de même pour les douze signes du
zodiaque, pour les sept jours de la semaine, pour
1 élévation et le déclin des astres, pour 1 apogée et
le périgée, etc. Ainsi un réj indique le jour, j^t
unldm J 1# nuit, J^, un zéro\ le Efélier; un aiif Ile
Taureau, un bi v l^s Gémeaux, unjim g le Can-
cer, et, d'après ce système 2, un yé & le Verseau»
l? les Poissons, etc. Pour les jours de la semaine, t,
c est-à-dire un, est l'indication du dimanche; y,
c'est-à-dire deux, du lundi, etc. Or, lorsqu'on veut
parler de ces choses dune manière énigmatique, on
les indique par les lettifs que nous venons de men-
tionner, comme dans le vers suivant sur Firoz-bakkt,
f jyj** (à heureuse fortune) :
1 ÎI y a dans le texte du Hadâyic^iuo. Ce mol, dont nous avons
fait chiffre, a la signification de vide, et par suite de zéro, comme
cipher en anglais. Le zéro des chiffres arabes est un point ( • ), mais
dans les chiffres exprimés par des lettres , il a une forme particulière
qu'on trouve employée, entre antres, dans les Tables d'Olug-beg,
publiées dernièrement par M. A. SédiUot
4 On veut parler ici de l'emploi des lettres de l'alphabet avec
une valeur numérique. Ainsi f vaut an, <_> deux, r- trois, à quatre,
* cinq, y six,j sept, £ huit, ]e> neuf, ^ dix, U (ajif^yé) onze,
etc.
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. , 371
Vois, par l'élévation clé Jupiter et de la Lune, la noblesse
de ton cœur. Regarde la forme des tablé* astronomiques et
les accessoires du calendrier.
Si l'on n'était pas prévenu d'avance que ce vers
énigmatique roule sur un personnage nommé Firoz-
hakht, il serait tout à Tait impossible d'en compren-
dre les allusions. Je pense que, pour former la
première partie de ce mot, il faut prendre lefé de
c3>-&, ïyé qui représente, ainsi qu'il a été cftt plus
haut , la planète de Jupiter, et le ré qui indique la
Lune ; puis , dans gjl et dans )t, on a le waw et le zé9
et ces lettres réunies forment w^it Le premier hé-
mistiche fait d'ailleurs allusion au sens de cet adjec-
tif, et le second au sens de cxi*?, fortune.
4° On donne le nom de tqrâdaf au procédé qui
consiste à n'énoncer, de plusieurs mots qu'on em-
plette ordinairement pour exprime^ un seul sens,
qu'un seul mot, et à se sefrir, pottf le reste, de
mots dont la signification soit plus vague , comme
on le voit dans le vers suivant sur Bàhman, <j^ :
3l> — — ^ ** « — i >*W— & à* ■ * ■'» ,
jl— ^ C.ri4. , tàil y\y i '1 £ ' ' *» t^j?^/*^
Tu peux répéter, au bord du ruisseau, l'indication du
ftom de cette idole qui plaît au e&ur.
Dans ce vers ,^s** <-%J est pourri v«J , « le hord
372 JOURNAL ASIATIQUE,
de la i^yière»^ mots .plus précis et qui fournissent
ainsi, par leur sens de bord du nahrfj^»y le naan
qui «st en effet au lord de 6e mot l ; et cette lettre,
jointe^ r^*i(i^ complète le mot y^> , qui fait le
sujet : de 1 énigme.
Lïischtirâk, cest lorsqu'un mot qui a plusieurs
significations 2 est employé , non dans le sens que
* 1 esprit a naturellement en vue , mais dans un sens
qui se rapporte au sujet de l'énigme. Ce procédé ne
peut avoir }ieu qu'avec le tarâduf, qui vient d'être
expliqué. Le vers suivant sur le nom d'Ulag begt
4Q4 £Î1 3, en offre un exemple :
J'ai eu- la lourdeur pour résultat, lorsque je suis entré
dans la rue de ma bien-aimée; et que je suis allé d'un pas
léger à sa maison la supplier de tout mon cœur.
Dans ce vers, le mot âj^ <pû signifie pesanteur,
valeur y etc. est, d'après le contexte, en correspon-
dance avec <^*w , légèreté a ; mais , par rapport à l'é-
nigme, il est en correspondance avec àl^î, bon
marché. Or, cç dernier mot s'applique dans ce sens
au grain, &*, qui est ainsi son annexe, &*[y; et,
1 Sur cette expression et les expressions semblables , y oyez p. 36 1.
1 Ce mot se nomme (AjJLJJ-a, c'est-à-dire le mot qui est l'objet
de Yisehtirdk, <j)\jjià\, ou association.
3 Cest le célèbre souverain de Samarcande auquel on doit las
tables astronomiques que je viens de citer.
4 Substantif dérivé de cAw , léger ; de là • j£u» » léyer de marche.
NOVEM&RE^DÉCEMBRE 1847. 373
}te, lu à l'européenne, c est-à-dire de gauche à
droite, produit £ÎI. *
5° Le procédé par kinâyia, ou métonymie, con-
siste à indiquer une chose par une expression qui
ne ia représente pas proprement. C'est une espèce
de logogriphe,^*). Le vers suivant, par Huçaïn
Schafiyi, de Nischâpur, sur ie mot cubâd, ^U*1, en
offre Wfc exemple :
0 mon cœur, féloignement des choses du monde est avan-
tageux ; la joue des belles est préférable à leur résultat.
Par les mots <x-ûl ^t j\ *^\ (S*ûl a^fI^I)),
que je traduis par leur résultat, il faut entendre le
vent, al».
Une manière d'employer le même procédé est ce
qu'on nomme takrâr, j\j& , répétition. Elle consiste
à exprimer un sens par un mot , et un autre sens
par un pronom qui se rapporte à ce mot. Cette fi-
gure a du rapport avec celle qu'on nomme istikh-
dâm, ^*!«XjbcL»mI , asservissement2, comme on le voit
dans le vers suivant sur Abou Ishâq, <$l^! y\ :
tfj_ X — } yl pu*j tj£ «Xij 3f»è ^U*
1 Ce root a plusieurs significations : i° c'est le nom du père d'A-
nouschirwâu, a° cest le nom d'un arbuste épineux que mangent
les chameaux, 3° il est adjectif, et signifie blanc.
8 Voyez mon 3a extrait, section x.
374 JOURNAL ASIATIQUE.
Entre le cyprès et la taille de ma bien-aimée ne fais pas de
différence* car ces deux choses ont réuni leur tète, et au
milieu se trouve le cœur impatient.
Le cyprès et la taille représentent les deux alifàe
5*1 et de £tetf . Par l'expression y* *»j , qui signifie,
à la lettre, une trace nouvelle, il faut entendre V odeur f
y* , mot qui se trouve dans >— >f . Par le pronom
(jLs^t 1, qui se rapporte <à j^**# et à «Xi , qùoÈtapoëte
appelle deux têtes réunies, il faut entendre HWeux
extrémités du mot £^1 , c est-à-dire y» 2 et ^ ; et
par le cœur, J* , il faut entendre le £ qui est au
cœur, c'est-à-dire au milieu du mot.
6° Le procédé nommé tashîf consiste au dépla-
cement des points diacritiques d'un mot, de ma-
nière à en changer la prononciation et le sens. Cette
figure de mots ne peut avoir lieu qu'avec vingt-deux
lettres de l'alphabet, et non avec les six autres qui
sont comprises dans les mots mnémoniques, ft^2
On appelle poétiquement les points diacritiques
perles, j&^\ éphélides, JLâ*; grains, xib; atomes,
ùj±, etc.
Le vers suivant sur le mot khizr,jj±±» \ offre un
exemple du tashîf:
1 Dans (jL&jk", pour (^Lfcjf *£*
* Ualife&t censé être ajouté par euphonie et ne pas faire partie
du mot.
3 II s'agit ici de l'alphabet arabe, qui est composé de vingt-huit
lettres.
4 Sur ce personnage, le même que le prophète Élie, voyex mon
Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 375
Tu as deux points noirs, sur la feuille de la rose. S'ils dé-
corent la détresse , ils donnent le nom dont il s'agit.
Les deux points sur la feuille de la rose sont les
points diacritiques des lettres £ et ^b du mot^fa*. ,
qui, lu sans points, estjj»*^, détresse.
70 Le procédé de comparaison <v»-*Aj et de trope
»>L*ArfJ consiste à mentionner un mot Jkti et à y
assimiler une ou plusieurs lettres qui le représen-
tent, ce qui rentre en effet dans la comparaison et
le trope , lesquels ont été expliqués dans la première
partie de ce travail.
De même qu'il est nécessaire que dans le trope
le sujet de la comparaison /uuû *j>*} soit manifeste
dans l'objet comparé *J jUs*».* (l'objet emprunté)
et l'objet auquel on compare aJUjUau».* (l'objet pour
lequel on emprunte), il faut aussi, dans la figure
dont il s agit, que l'objet qu'on a en vue tyax*
ait avec ce qui est mentionné j^^a une analogie
évidente Jl«?- .
Parmi les lettres qui sont le plus employées dans
ces jeux de mots énigmatiques, on distingue Yalif,
qu'on assimile à la taille élancée des belles, au cy-
près , au drapeau , au palmier, etc. comme dans le
vers suivant sur le mot Ibrahim, i&£lj*l, Abraham :
376 JOURNAL ASIATIQUE.
Je ne puis ignorer ton nom ; ai-je dit. Il se formé de la
taille de ma belle et des mots birâhtm (sauvons-nous), que
ses rivales prononcent en la voyant.
Le sîn l est aussi une des lettres propres à ce genre
de figure : on le compare à la scie, aux dents, etc.
On compare le noun aux sourcils, au croissant de la
lune, etc. lejîm, le dâl et le lâm aux boucles de
cheveux, le sâd à l'œil , le mîm à la bouche. Le vers
suivant sur schams, y***s, soleil, offre un exemple de
ce genre d'énigme :,
Comme elle a indiqué, au moyen de ses lèvres, la ligne
des dents, la forme de sa bouche s'est montrée au milieu
La double ligne des dents, c'est le schîn qui com-
mence et le sîn qui termine le mot j*^; et par la
bouche , il faut entendre le mîm qui est au milieu.
8° Enfin, le dernier procédé, celui du hiçâb,
i*L»a»., compte, est de cinq espèces : i° le compte
nominal, ^çwl vL**> qui consiste à mentionner
un nom de nombre , pour indiquer par ce moyen
la lettre de l'alphabet qui le représente , comme on
le voit dans le vers suivant sur BikU, JV^-> 2 :
<A_âte y3 «lu «X*m Àï>*jjb >k) fè ^f*ÇsX> y&*
1 Ainsi que le schîn ; les points diacritiques ne comptent pas dans
ces jeux de mots.
9 Secrétaire et mueisin de Mahomet.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 377
Lorsque je lui dis : « Le malheur ^ qui a eu lieu s'est
effectué en ton nom , » elle a placé la rangée de ses dents sur
ses lèvres de rubis.
ParJa rangée de dents, il faut entendre la lettre
sin, u» , et par les lèvres de rubis ïyé, <$. Si on réu-
nit ces deux lettres, on a 51, <^, qui signifie trente,
nombre qui est exprimé alphabétiquement par le
lâm, J. Or, en joignant le lâm à &*, qui précède, on
a J^».
20 Le compte littéral , S^ V^3^» consiste à men-
tionner une lettre pour rappeler le nom de nombre
représenté par cette lettre , comme dans ce vers sur
Mûça, Jp^, Moïse :
Je lui dis : « Quel est ton nom , ô toi qui m'es cher et qui
me rends l'existence , » mais il se troubla et poussa ses mous-
taches vers ses joues de rose.
Par les mots JS~ ^b , qui signifient , à la lettre ,
le pan de la robe de la rose, il faut entendre la lettre
lâm, qui vaut trente, nombre qui se rend alphabéti-
quement par <<g*. Or, si on ajoute <$* à^#, on a
<S*^§, qui est le mot de l'énigme.
3° Le compte par des mots qui se rapportent à la
numération jL*^» çA**^*- On entend par là les
mots gj£ paire, *j* unique, ^b entier, jojL défec-
tueux, *Kj|) excédant, et autres mots du même genre.
376 JOURNAL ASIATIQUE.
Le vers suivant sur Khftja Zafa, q$j *^-l^, oflre un
exemple de eette variété du hiçâb :
Le torrent de mes larmes s'est dirigé vers le faîte du ciel,
jusqu'à ce que j'aie vu à la fin les huit coupoles1, toutes dans
le sang.
Si on prend les unités impaires du nombre 8,
odbfr , et qu'on les exprime par des lettres , on a
alif(\)9 jim (3), hé (5), et zé (7), c'est-à-dire, les
quatre lettres médiales du mot qui fait l'objet de
cette énigme. Par le mot ^U, jm , il faut entendre
ïyé, qui termine ces lettres, et le mot y^, sang,
fournit celles qui manquent au commencement et
à la fin*
à0 Le compte comprenant ^Uo^J <^l«» con-
siste à exprimer un nombre par un mot particulier
qui le désigne. Le vers suivant sur Abmad, «3s^t,
en offre un exemple :
f*X^> àWç «x-%S cô> (S^j* («Ko*, jt
Dieu ouvrit les portes du paradis pour son entretien avec
Moïse, jusqu'à ce que sa noble essence se manifestât par les
éléments.
Dieu est rot; les portes du paradis sont au nombre
1 Les musulmans comptent huit cieux, c'est-à-dire huit coupole»
superposé**, e% sept enfers.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 379
de /iuà; l'entretien { rendez-vous )-de Moïse, qui dura
quarante jours, fournît le nombre quarante; enfin,
les éléments sont au nombre de quatre. Or, ces
nombres, représentée par des lettres, forment «3s^»t.
5° Enfin, le compte en chiffres, ^5*^ yU^-f con-
siste à employer des jeux de mots énigmatiques re-
latifs aux chiffres arabes. Le vers suivant sur le mot
sb-4y> flambeau , etc. en offre un exemple :
zh— ^ •*-*-* c^!> o^> ^a^* <sj**
Si tu veux tirer élégamment en écriture l'impôt de la lune ,
ôte un zéro de la première lettre du mot glfâ» (impôt).
Par là on a g\j~$ jlambem. C'est, en effet, «ne
aorte d'impôt que paye la faine en donnant «a lu-
mière. Pour bien comprendre ceci, il faut se sou-
venir que la lettre £ vaut 600, et que, en retran-
chant un zéro, on a 60 qui est rendu par un y».
CHAPITRE III.
DES PROCÉDÉS Dfe PERFECTION, ^£4& JW.
Il y en a trois à savoir : la composition, w**Jb; le
retranchement, Wiu*l , et l'inversion, <-Js.
i° On entend par le premier la réunion, selon
Tordre des lettres d'un mot, des éléments, ^l>*, di-
vers dont ce mot est composé, lesquels ont été four-
nis par d'autres procédés , ce qui diffère essentielle-
ment du tansis dont il a été parlé plus haut. Levers
380 JOURNAL ASIATIQUE.
suivant sur le mot j-àL**-* , voyageur, en oflre un
exemple: N
Puisqu'on nomme sa couronne la couronne du soleil et de
la lune, il faut que la couronne lui convienne.
Le mot j*+*\ et le mîm de *U fournissent les
lettres qui forment le mot de l'énigme.
20 Lç retranchement kU**î consiste à] rejeter une
ou plusieurs lettres l de certains mots pour en for-
mer celui qui fait le sujet de l'énigme. On en dis-
tingue par là quelques-unes des autres, et c'esf pour
cela qu'on nomme aussi cette figure particulariscition,
joaI^. Le vers suivant sur le mot <JUy, épéè, en
offre un exemple :
Je * suis altéré et cependant le monde est plein de l'eau de
la vie; ma cruche, (££*«>,' est vide, et je suis au bord de l'Eu
phrate, ^>\jj.
Par les mots « mon <sy**» est vidç » il faut entendre
que ce mot perd les lettres du milieu , hé et waw, ce
qui le réduit à g»; et, par le bord du v^i, il faut
1 On nomme «a yU*. les lettres au' on. retranche, «Ju» fr***
le mot duquel on les retranche, et jLol^ ou le résultat, les lettres
qui sont conservées.
' * A 1* lettre, nous sommes.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 381
entendre la première lettre de ce mot , c'est-à-dire
o qui, ajouté à g», produit le mot ju^.
3° L'inversion <~Js consiste à changer Tordre des
lettres dans les mots et J'ordre des mots eux-mêmes
pour en former le mot de f énigme. Lç vers suivant
sur le mot v^'» J°b, en offre un exemple :
• Je cherche son nom^b, et tout à coup mon esprit l est
pris au dépourvu. Toutefois, si j'écoute d'indication ^y de
mon esprit , je trouverai la trace de son nom.
En retranchant, en effet, y de^%b, ilresteafej,
qui est la première lettre de <j^I ; et % datas &yi , qui
commence le second hémistiche , on a les autres
lettres de ce mot.
i
CHAPITRE IV.
DES PROCÉDÉS ACCESSOIRES , J^xj jo .
On en compte six2 : i° letakrîk et le taskîn,
(jv&»3j él^»jg, c'est-à-dire, l'indication des poiitts-
1 A la lettre, île cœur de moi.»
% L'auteur du Hadâyic fait observer que , dans sou Mantakhah-i-
hilâl (abrégé du Hilçl Mataxraz , dont il a été parlé plus baut) ,
Scharaf-uddîn n approuve pas la mention de ces procédés, parce
que, selon lui, ils ne sont pas au nombre des cboses qui appar-
tiennent nécessairement à l'énigme, et qu'elle peut avoir lieu sans
eux. H f)ense néanmoins. que ces procédés ajoutent aux charmes
des énigmes , et c'est pour cela qu'il lés expose.
3*2 JOURNAL ASIATIQUE.
voyelles et de Iwr suppression \ comme dans k
vers suivant sur le mot JJ*, roi:
Il n'y a rien d'étonnant si, par ce vin qui est dans ton
royaume, tu te trouves tout à coup sens dessus dessous.
Par le mot <£, tin, fauteur entend J^> qui a le
même sens et qui se trouve compris dans JA», q£,
par ce dernier mot , dont l'auteur marque la pronon-
ciation par usifatha,jjj, et un kesratjf>, il entend
t*U*, roi.
a° Le ùuchdid et le takhfîf, j^Ur3 **X£J, c'est-
à-dire, l'indication des lettres qui doivent recevoir le
taschdîd, et de celles qui , f ayant, doivent le perdre,
comme dans le vers suivant sur le mot £j», heureux:
Lorsqu'on veut orner cette joue pareille a la lune, il est
convenable d'y placer en haut des grains de musc nouveau.
Par les grains de musc en haut de la joue, il faut
entendre le taschdid au-dessus du ré dans le mot £j.
3° Le madd et le ca&ryya*3 <x*, c'est-à-dire, in-
1 A la lettre l'indication des hanàâu, c?*ja* ou points voyelles,
et àesjazauu on sakàru t$J*»>
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 363
diquer que le roedda doit être employé dans des mois
où il ne se trouve pas, et vice versa, comme dans le
vers suivant sur le mot vW" » étoile:
*>— * 1; cfr '*!> >* "* ■ ■ * lf U <£*-*■*
Ses bondes de cheveux, «jjj , ont été le but évident de
X énigme. Elle a montré devant nous ses boucles comme un
but.
Les boucles de cheveux sont souvent comparées
au jîm, ainsi qu'on fa vu plus haut, et c'est à quoi
l'auteur fait allusion. Or, lejim vaut trois selon la
valeur numérique des lettres arabes, et ue nombre
est exprimé en persan par **». Mais nous avons vu
que souvent les points diacritiques ne comptent pas ;
aussi ju» est-il pour x&, roi. Le mot U signifie eau
en arabe, et c'est dans ce sens qu'il fout le prendre
ici pour l'énigme et le rendre par son synonyme
persan , lj\ , auquel s'appliquent les mots sy*x*
*yj£ \j ijvdj , que j'ai traduits par tlle a montré ses
bondes de cheveux cemme a» but> ce qui signifie» dans
le sens def énigme , a eu pour but (a attaqué) le meddu,
qui ressemble, en quelque chose, à des boudes de
cheveux, c'est-à-dire, a montré (ce mot) dépourvu du
mtdda. ,
4e Vizhâr et ïisrâr, j\y*A} j\te&* à la lettre : la ma-
nifestation et l'occultation. C'est lorsqu'il faut pro-
noncer, pour le mot de l'énigme « une lettre qui ne
384 JOURNAL ASIATIQUE.
se prononce pas ordinairement \ comme dans le ru
bai suivait sur Mahdî , <$«Xy* :
**JJ&> l^» * ■ ? jt) J* Jîj fl»»t
Devant cette idole pour laquelle mon cœur a été ensan-
glanté de chagrin, j'ai fait hier connaître toute la situation
de mon cœur afljigé et nourri de tristesse, et rien ne me reste
à dire de plus, quand même je pourrais lui parler derrière le
rideau du harem.
Les matériaux du mot <£<X^* se trouvent dans *<
et <£*, en retranchant le premier hé de a$ , et en pro-
nonçant le second.
5° Lp rnarâfet le majkél, J^yd^ <J>jj** , à la lettre :
le connu et Vinconna. Ces mots s'appliquent au waw et
au yé de prolongation. On leur donne le premier nom,
lorsqu'ils se prononcent û et ï, et le second, lors-
qu'ils se prononcent o été2. Le procédé dont il s'agit
ici consiste à changer cette prononciation pour avoir
le mot de l'énigme , comme on le voit dans le vers
suivant sur le mot jy (nûr) lumière :
1 Par exemple ie hé final dans <JU et <JL> , et vice versa. Sur ce
hé, nommé mukhtafi, ou caché, voyez mon édition de la Grammaire
persane de Jones, p. 6.
1 Voyez aussi , au sujet de cette prononciation classique conser-
vée dans l'Inde, l'ouvrage que je viens de cher, p. 7.
NOVEMBRE. DÉCEMBRE 1847. 385
' J^J &*J* u\)J**" <X-ûlf.*ô *•*! Jbyj jfao
Quand un cœur sera désolé, il cherchera sa consolation
dans le vin de tes lèvres de rubis, et il sera enivré avant d'avoir
bu jusqu'à la lie cette boisson délétère.
Les deux premières lettres de tfy, prononcées
nu au lieu de no, et le ré de jJ>j forment le mot de
l'énigme.
6° Le tarib et le tajîm, («o^jj <-^*5. On entend
par là prononcer à la manière persane les quatre
lettres arabes v 5; et ^1 ou vice versa , comme
dans le vers suivant sur ja&* :
0 mon fils, tout ce que tu peux désirer est en toi; tu es
l'asile du soleil et des étoiles.
Si on prend du mot^**> le sin\ qui représente le
soleil , et qu'on le change en <$£», on a^*-&j avec le pé
persan ; puis, si on substitue au pé persan le Carabe ,
on ajju&u , qui est le mot de l'énigme.
CHAPITRE V.
r
DU LOGO&UPHE, J*J.
On entend par là l'indication d'une chose par la
mention de ses propriétés et <ie ses qualités , mais
1 C'est-à-dire ou bè, jîth , té et kaf, ou pé, chè, je et «jo/l r
386 JOURNAL ASIATIQUE,
d'une façon énigmatique. La différence l entre f é-.
nigme, U**, et le logogriphe, j*î 2, c'est que le su-
jet de l'énigme ce s8nt les lettres et les mots, tandis
que celui du logogriphe c'est l'essence même des
choses 3. Les vers suivants du célèbre Amîr Khusrau
offrent quelques exemples des logogriphes persans :
i° Sur le gâteau indien nommé pâpar,y$\j :
uUwTôU^ ijdte ub^J ^jy? ifi&J
uUm*aô- (^' y** u^Xs* u'^ fïto ^j'* ^
Sa couleur est celle du safran, sa forme celle de la lune des
cieux; sache, ma belle, qu'il a, à la fois, pied (pâ) et plume
(par) , et devine ce logogriphe.
2° Sur le mot Uram,^*, pièce d'argent :
uL^-&- ^jy ***** **^ v^> «^ a
Sans tête (c'est-à-dire, sans la première lettre) il exprime
une qualité de la gazelle * ; sans cœur (sans la lettre du milieu)
1 On confond souvent le wL» et le j*} , ainsi qu il a été dit dans
la préface dut. II de l'Histoire de la littérature hindoui; mais on
voit, par les explications qu'on donne ici, qu'il y a entre ces deux
mots une différence réelle.
1 On le nomme aussi (jLa , ainsi qu'on le voit dans le vers
suivant de Khusrau.
3 Quelquefois un même mot peut être envisagé sous deux points
de vue, et être ainsi, à la fois, 1 objet dun logogriphe et d'une
énigme.
4 mj signifie, en effet, la course légère de la gaseHe.
NOVEMBRE DÉCEMBRE 1847. " 387
il signifie la vie1; sans pied (c'est-à-dire, sans la dernière lettre)
il convient à la maison (j.3, porte) et il embellit même le
monde (jl perle).
3° Sur le mot^l, nuage :
Il boit l'eau de la mer ; il donne l'abondance aux hommes.
4° Sur le mot ^|^, lampe:
y* — a* ^*U-Sj* cï;> — * <ï* — at#
J ai vu, le soir, une admirable apparence, telle que, si je
la mentionne, personne ne voudra me croire. C'est un arbre
dont la tête est un bassin plein d'eau (huile), où se trouve
tin serpent (la mèche) qui n'a ni tête ni queue.
5° Sur le mot &£, boale :
Telle est cette chose qui n'a ni tête ni pied. Elle chemine
et elle n'est pas composée de parties.
r
.3, souille, respiration, et, par suite, vie.
388 JOURNAL ASIATIQUE
IVe PARTIE.
DES PLAGIATS, cMSj-u*.
Il y a deux espèces .de plagiat, Xij*» saricat1 :
l'apparent, j^Uâ, et rocculte, j^Uâ j*à, et ils se sub-
divisent en plusieurs variétés.
CHAPITRE r
DU PLAGIAT APPARENT.
La première variété de ce plagiat consiste à em-
ployer textuellement, dans un poème, des vers d'au
trui, sans aucun changement ni dans le sens , ni dans
l'expression, et cest ce quon nomme nuskh, £«,
copier, et, intihâl Jl^oJ , s'attribuer (les vers d'autrai).
Or, ce plagiat est tout à fait réprouvé par les rhé-
toriciens orientaux. L'auteur du Hadâyic cite , à ce
sujet, nombre de vers quon trouve à la fois dans
plusieurs dîwans contemporains, sans quon puisse
savoir au juste quel poète en est le véritable auteur.
Le plagiat est quelquefois involontaire, car deux
personnes peuvent avoir la même idée et l'exprimer
de même. Ce plagiat accidentel se nomme tawârud
:yly», et non saricat i&j+».
La seconde variété du plagiat apparent consiste à
prendre le sens entièrement; et à employer les mots
en tout ou en partie; mais en changeant leur ordre.
Exemples :
1 Ceci est le singulier du mot qu'on lit en tête de cette partie.
NOUÏttBRK-DÉCiîMBRE 1S47. 309
*J-Jf\ty* ***&£ ^P i£3j& ^**~ à**
La courbure dé ton sourcil arqué a courbé (mis en deux)
mon dos.; elle m'a montré au doigt dans la ville comme ia
nouvelle lune.
Ce vers, qui est de Jâmî, a été ainsi reproduit
par Hazîn :
L« poids du chagrin , occasionné par l'amour que tu m'ins-
pires , a courbé mon dos \ il m'a montré au doigt dans la ville
comme la nouvelle lune. ,
La troisième espèce de plagiat apparent consiste
à prendre le sens et les mots, en tout ou en partie,
mais à les disposer, différemment. C'est ee qu'on
nomme agâru, *>UJ , ressemelage, et maskh, ±y, mé-
tamorphose. Ce plagiatest acceptable , si le nouveau
vers vaut mieux qi^e i'anciçn. En voici un exemple :
(jwUJ{ <~**\) &•*
Quiconque craint les hommes ne réussit pas dans ses des-
seins, tandis que le brave qui affronte la mort jouit des avan-
tages qu'il désire.
Ce vers arabe de Baschschâr a été ainsi imité par
Salm :
x. 26
390 JOUfiNàL ASIATIQUE,
- ' \ | ,, | fl fc^U U»l )■■■■»■■ H. É.*« ê\j (J*
_ Celui qui craint les hommes meurt dans le souci, et l'au-
dacieux parvient à la jouissance des choses qu'il ambitionne.
•Le sens de ces deux vers est lé même; toutefois
le second est Préférable, à cause qu'il est plus <$on-
cis d'expression.
Lorsque le vers qui est écrit à l'imitation d un
autre n'est ni meilleur ni plus mauvais que le pre-
mier, l'avantage est à celui-ci, et on désapprouve
tout à fait le dernier lorsqu'il lui est inférieur.
La quatrième espèce de plagiat apparent consiste
à emprunter les idées, mais à les revêtir d'expres-
sions nouvelles. Dans ce cas, aussi, le plagiat est
louable, si le vers qui est fait à l'imitation d'un
autre est plus éloquent que le vers original. S'il lui
est égal, le premier doit lui être préféré, et on ne
le tolère pas s'il lui est inférieur. Voici un exemple
de cette espèce de plagiat.
En 33o de l'hégire, Abu Schakûr composa un
masnawî sur le mètre mutacârib *, d'où sont tirés
les vers suivants :
1 Composé ici de trois <jJ*** et d'un JL*5 ou #1*3.
NOVEMBRE.i>ÉCEMBRE 1847. 3»l
Que là vie ne te produise pas pour fruit un ennemi; car
l'ennemi est un arbre amer de sa nature. Or, tu as beau
donner un arbre qui est naturellement amer à un homme
d'un naturel doux, l'arbre n'en portera pas moins des fruits
amers, et tu n en goûteras pas de doux.
L'auteur du Livre des rois, Fitfdaucî, qui a écrit
postérieurement à ce poète, a dit à son tour :
i^T^lf ^ 5. »j A ■ * tf' *
Un arbre amer l'est de sa nature, quand même tu le pla-
cerais dans le pasadis; quand même, en temps opportun, tu
arroserais ses racines avec l'eau du fleuve de l'éternité et
avec du miel pur. Sa nature prendrait le dessus, et il produi-
rait encore du fruit amer.
Il est évident, pour les gens de goût, que, bien
qu'on puisse considérer les vers de Firdaucî comme
une sorte de reproduction de§ premiers, ils leur
sont bien préférables pour le charme de la dic-
tion.
26.
392 JOURNAL ASIATIQUE.
CHAPITRE II.
DU PLAGIAT OCCULTE.
La première variété de cette seconde espèce de pla-
giat consiste à reproduire le sens d'un passage connu
en cachant cette ressemblance. Ainsi Jarîr , a dit :
*\ A <>,i <~ dl
->ji <j*
Que leurs barbes ne t'empêchent pas d'exécuter ton des-
sein, car ces têtes àf turban sont pareilles à celles à coiffe5.
Mutanabbî a dit ensuite de son côté :
V*— ** — ^^*— € — *r-* *-*■$"& (£-£
Celui d'entre eux qui a une pique en main est pareil à
celle qui a les mains teintes de hinna.
La seconde espèce de plagiat occulte consiste à
donner au vers qui a été fait à l'imitation d'un autre
un sens plus général qu'au premier. Ainsi Saadî a dit .
II faut absolument que tu ailles en une autre ville , car un
cœur ne peut rester dans cette ville sans que tu l'enlèves.
1 Célèbre poète arabe sur lequel on peut consulter Ibn-KhaHi
cans Biographical Dict. tftmslated by Baron M. C. de Slane, t. I.
p. 294.
' C'est-à-dire ils sont semblables à des femmes , qui portent la
coiffure nommée X^ ou
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 393
Amîr Khusrau a dit, après lui, d'une manière
plus générale :
Il n'y a personne que tu n'aies tué par Tépée de ta gentil-
lesse ; mais tu vivifies tes gens et tu les fais périr de nouveau.
La troisième variété du plagiat occulte consiste
à transporter le sens d une chose à une autre , c'est-
à-dire à faire une application différente de la même
idée. En voici Un exemple. Saadî a dit :
Je ne puis supporter, le chagrin que le cœur de pierre de
mon amie me fait éprouver ; je suis brisé de douleur comme le
diamant sur 1 enclume.
Mulla Wahschî a dit, à son tour, ,en substituant
le froncement du sourcil au cœur de pierre :
C'est moi-même qui ai embrouillé mon affaire et non toi ,
car, auparavant , ton sourcil n'était pas froncé contre moi.
Là quatrième variété du plagiat occulte consiste
à exprimer, dans un vers , up sens opposé à celui
d'un vers connu. En voici un exemple. Àhlî de Schi-
râz a dit :
394 JOURNAL ASIATIQUE.
0 toi qui as trappe deux ou trois fois par erreur la chamelle
de Laïla, quel malheur n'est pas arrivé par là à Majnûn !
Schifâi a dit, à son tour, au contraire :
«X-iJ AJ&.L» (£>*& àjSùs* CAirf? ^j\ (yw\*
Laïla ne ya pas trouver Majnân, même par erreur; cet
amant n'a pas, dit-on, cette bonne fortune.
La cinquième variété consiste à prendre quelque
chose de l'idée d'un autre, mais à y ajouter de ma-
nière à l'embellir. En voici un exemple. Amîr M uazzi
a dit:
J&2 i~*~m\ (jj-X^ jj t-^£j #»ls>- OmmI J&>) jJ fom
Sa coupe est l'Orient et son gosier l'Occident ; lorsqu'elle
vient de l'Orienta l'Occident, elle amène toute sorte de maux.
Khâcânî a dit, de son côté, en développant, d'une
manière heureuse, cette idée :
^L*c*t {&-*)£* kfi**\=r {j\à+jj v^ «#
Le vin , c'est le soleil qui lance ses rayons dorés ; la coupe
de cristal, c'est le ciel; la main de Téchanson c'est l'Orient,
et l'Occident, c'est la lèvre de l'amie.
NOVEMBRE DECEMBRE 1347. 395
CHAPITRE III.
DE VJCT1BÂS ET DU TAZMÎN , (J***"^' J J"^'-
On donne le premier nom, qui signifie emprunt,
à la figure qui consiste à insérer, dans un texte , un
passage du Goran ou tFun haêxs, de telle façon qu'ils
paraissent faire partie de l'ensemble du discours. Le
vers suivant dfe SêKib-bén-Ibâd en offre un exemple :
* — 4 G» iSt — 6*j y' d Jfe
Mon bien -aimé m'a dit : t Celui Qui m'épie a un mauvais
caractère ; ainsi , mets-toi en garde contre lui. » Je lui ai ré-
pondu : « Laisse-moi, ton visage est le paradis, qui' est mêlé
aux choses détestables. »
Les derniers mots du second hémistiche du vers
précédent sont la première partie du hadîs ainsi
conçu: o^^jûJI? jUJt ouU-^ •;££(? &&£ oJU. «Le
ciel est mêlé aux choses détestables et l'enfer aux
choses agréables l. »
On réserve lé nom de tazmîn, qui'signifie inser-
tion, aux vers et aux Hémistiches d'autriii que les poètes
intercalent quelquefois dans leurs propres compo-
sitions. Dans ce cas, si les passages ipion cite né
sont pas bien connus, on doit nommer l'écrivain
1 Ce9t*-dir*,lftwi(*t U *^^
les inclinations de la nature, corrompue , et qui ont fait ainsi des
chose» qu e4le détesté i Ai l'eafer «4t te partage d«*ceux qui ont suivi
tes inclinations perverses, mais qui sont dotiturf à Mwmr Aétfeft,
306 JOURNAL ASIATIQUE; :.
à qui ils sont dus pour être à l'abri de l'accusation
de plagiat. En voici un exemple :
y^ •«x.A^ oal (jpji yy* y» yy* & t^-jr?*
Dirai-je, ô Sauda! ce que je sais 4' après l'expression de
Dard ? Je suis ce que je suis ; en un mot , je suis malheureux.
„Le premier hémistiche e$t 4e Saudâ, et le second
est de Dard.
On donne aussi le nom de tazrhîn à certaines
pièces d,e poésie qui sont le développement d'autres
poèmes connus1. Ces pièces sont en général, en
strophes dont chacune commence pay le vers ou par
l'hémistiche qw lui sert de thème.
MÉMOIRE
; Sm la, fàmUlç dçs Sadpdçs , par .81 Pefr^mery.
(Suite et fin.)
Bientôt Iouçef s'efforça de roippre avec Sempad
et de pçùssfr, par ses ruses, ce p^iftce à se révolter.
En conséquence, il demanda au khalife que Sem-
jjad reçût l'ordre de se rçndçe auprès de lui. Mais,
le roi n'ayant pas obéi à ce commandement, Ioucef
rassembla aussitôt une grande quantité de troupes,
et se porta avec rapidité dans la province d'Oudie.
1 Voyei 1» préface du tome IL de mon Hptmse de la liftéraUure
bjodoui efc y«d(H¥taAi*
N0VEM9RE-D£C£MftRE 1847. 397
Sempad s enraya de toiïs les défilée des provinces
d'Aschots et de Daschir, ne laiasaat à l'ennemi au-
cun moyen de passer* Mais Ioucef s'avança secrète-
ment, en tournant les- montagnes par l'Occident,
et, après avoir -suivi le» vallées, il tomba sûr la
province de Scbirag. Puis, sans perdre de temps, S
se dirigea smda viUe de Tovin. Sempad , n'ayant pu
parvenir à ^atteindre, fit la revue de ses troupes,
et s arrêta dans le grand bourg d'Aroudj , au pied
du mont Aragadz. Lorsque Ioucef sut qu'il était
près du roi , il lui envoya, par un de ses principaux
secrétaires, syrien de nation et chrétien de religion,
des lettres remplies de protestations d'estime 4 da-
mitié et de bienveillance. Il l'engageait à déposer
toute crainte , et à conclure «avec lui un traité de
pai& et d'alliance. Cette correspondance Ait suivie
d'une alliance, qne Ton scella, de part et d'autre,
par des serments, et Ioucef alla passera Toron* la
saison de* froids ]. -
Ioucef envoya de superbes présents , tant, au roi
qu'à son fils aîné, Asçhod , et au patriarche Jean VI.
H reçut, en retour, de Sempad T des étoffes teintes
eiv rouge écarlate, des .vases, des instruments de.
musique, et une dizaine de ceintures, entièrement
d'or, faites *par d'habiles ouvriers grecs 2.
A une époque qui nous est inconnue * mais que
Saint-Martin a fixée, nous ne savons sur quelle au-
torité, en 90 S, Ioucef se prépara secrètement à se
révolter contre le khalife, et se mit à agir en prince
1 Jean VI, 1 83-i 85.— a Ibidem, pag. 1 86, 187.
396 JOURNAL ASIATIQUE,
indépendant. Le khalife Moctafi, ays*rt en connais-
sance de sa co**dttite, expédia promptement des
lettres et de* messagers dam toute* les provinces de
son empire , «fin qu'on se levât pensr le venger de ta
rébeitioa dé loucef. M*& ce dentier prit ie parti de
se soumettre. «Par ce moyen, il conserva la pos-
session de son gouvernement; mais itae pardonna
jamais à Sempad là conduite équivoque qu'il avait
tenue à soc* égard, et il attendit la première occa-
sion fawrahle qui se présenterait pour en tfref ven-
geance; ce qui arriva bientôt. En l'an go8,< Kadrig»
Àrcferoûni, prince du VasboUragan , irrité de ce que
le roi d'Arménie avait donné à Sempad, prince de
Sisagan, la ville de NakhdjeWan, qu'il prétendait
lui appartenir, rompit les liens qui l'unissaient k ce
prince , contracta uae étroite alliance avec Yousouf ,
aila trouver ée, général, qui lui conféra le titre de
rch et le revêtit des marques de sa n**iVe#e di-
gnité. Sempad, prévoyant qu'il aurait bientôt wie
guêtre k soutenir sotatré YfcUàOuf,' lui envoya le
patrfÉtehè Jéàh Vf, pour tâcher de ïapaiser1.*
«Je portai, raéoritfc le patrîaréhe arménien, des
.dons et des présents considérables, des ceintures
royales, •des robes stfpérbes, enrichies d'cfr et ornées
de figures faites à l'ai£ttfHe par des femmes.;.*. Je
conduisis aussi beaucoup de chevfcttë et de mulets
richement enhaf nachés , dea armes magnifiques, et
beauétiup d'autres objets précieux, qui étaient d'or
ou d'argent. J'emportai encore avec moi un Nombre
1 f^-Martiii , Mém. *. I , p. 3&7 ; cf. Jean VI, pag. 192-1 9& et 1 99.
NOVEMBRE DÉCEMBRE 1847. M9
considérable de vases sacrés, pensant qu'Us me se-
raient peut-être utiles* . . Dans le commencement, je
fus reçu avec bonté par ïosdîgan* qui me traita
avec un faste et des honneurs royaux, et usa en*
vers moi det manières les plus gracieuses* H accepta
tous les présents que je lui avais apportés pour qu'il
accordât la pacification du pays, et que le roi fât
rendu à une vie tranquille.,. Loin delà, avec une insi-
gne perfidie, il employa la force, quelque temps après,
pour me retenir prisonnier, et il me mit comme
otage dans un endroit obscur et ignoré, qu'il fit
environner de murs et remplir de gardiens *..»
Le printemps arrivé, loucef rassembla une nom-
breuse armée et se mit en marche, traînant à sa>
suite le patriarche chargé de fers. Il parvint à
Nakhidchévan , où il fut joint par Kakig et son frère
Kowken, Un corps des troupes 4e loucef se porta
vers le pays de Siounie. Le prince de cette contrée
se mit promptemént en marche, avec ses frères,
pour aller, à la rencontre de l'ennemi. Il fat re-
poussé avec ses soldats, dont la plupart furent tués
ou jnris dans leur fuite. Cela arriva le jour de
Pâques, Tan 358 de fère arménienne (909 de J. C).
Quelque temps après, loucef étant venu camper sur
les bords de TAraxe, Souphan, prince de Siounie,
arriva auprès de lui et fit sa soumission 2. »
1 Je*nVL,:pag. 201, 202.
' Jean VI, pag. 20$, ?o5. C'est vers cette époque qu'il faut pla-
cer un fait qui nous est raconté par Ibn-Àlathir (200 v.) , Noveïri
(ms. 645, fol. 6 r.) et Beïbars (fol. 161 v.) , sous la date de Tannée
396 (908-909). loucef, disent-ils, fat investi du gouvernement de
400 JOURNAL ASIATIQUE.
L'osdigan envoya ver» le roi Sempad, pour exi-
ger que ce prince acquittât entièrement le tribut
d'une année, promettant, après le payement fait,
de lui accorder la paix et de s'en retourner. Mais,
aussitôt après, il fit la demande d'une somme con-
sidérable. Quand il l'eut reçue , il s'avança prompte-
ment contre Sempad, l'obligea à se retirer vers le
pays des Ibériens, et le poursuivit jusqu'à ce qu'il
l'eût contraint de se jeter dans une forteresse inac-
cessible. N'ayant pu le forcer dan» cet asile, il se
décida à se remettre en route, et rçtouima à To-
vin pour y passer l'hiver. H y reçut la soumission
du sbaçabied ou connétable d'Arménie, Aschod,
neveu de Sempad.
Au retour du printemps, Ioucef équipa une
gronde quantité de troupes et les donna au roi
Kakig. De son côté, Sempad confia le commande-
ment d'une arfaée nombreuse à ses- fils Aschod et
Mouschegh. Ces deux princes se 'mirent en marche
et. s'avancèrent jusque dans la province de Nig, où
l'Arménie et Je l'Azerbaïdjan, moyennant une somme de 1 2 0,000 di-
nars, qu'il s'engagea à payer. Il marcha deDiaaxeï ver» ces provinces. »
(Cf. G. d'Ohsson, Voyage et Abou-el-Cassim, p&g. 2 42.) «Le 20 de djo-
mada second 296, le khalife revêtit d'un khilat Abou-Délil le chré-
tien, secrétaire d'Ibn-Àbissadj et son ambassadeur à Bagdad; i!
donna à Ioucef l'investiture de l' Azerbaïdjan et de Méraghah,etlui
.envoya des khilats. » (Ms. de Gotha, n° 261, fol. 3o v.) Je dois à l'a-
mitié de M. R. Dozy de nombreux extraits de ce manuscrit, dont
MM. Kosegarten et Nicholson ont déjà fait connaître l'importance
historique. M* Dozy a découvert que l'auteur de cet ouvrage, attri-
bué par M. Kosegarten à Maçoudi , vivait sous le règne d'Al Ha-
cam If (35o-366 de l'hégire), et qu'il s'appelait Ibn-cl-Kattan.
(Voyez Notices sur quelques manuscrits arabes, pag. 2-5.)
NOVEMBRE. DÉCEMBRE 1847. 401
Us rencontrèrent les ennemis. Le combat était à
peine engagé, lorsque les troupes de l'Oudie se sé-
parèrent de Tannée arménienne. Aschod battit en
retraite, et Mouschegh fut fait prisonnier et amené
devant Iouœf, qui, d'après le patriarche Jean, le
fit empoisonner. À en croire le même historien,
tous les princes qui s'étaient livrés eux-mêmes, où
qui étaient. tombés entre les mains de losdigan,
éprouvèrent le même sort, à l'exception du roi
Kakig, du sbarabied Aschod et de leurs frères.
Sempad, abandonné de la plupart de ses parents et
des grands de i'Arménjp, se réfugia dans le château
d'Ardakers ou Gabôïdpert (le château bleu)/ Les:
Arabes Fy assiégèrent1. «Sempad, alors, résolut
de se sacrifier pour. le salut de ses sujets; il consentit*
eh Tan 9i3, â sortir de la forteresse de Gaboïd, et
à la remettre entre les mains de Yousouf , à condition
qu'il lui conserverait la vie, aussi bien qu'à tous les
guerriers qui étaient dans la place , et a tous ceux qui
étaient déjà tombés entre ses mains ; enfin, que dès
ce moment il cesserait de ravager l'Arménie. You-
souf jura d'observer ce traité; mais il le viola, peu
après, indignement. Il assiégea et prit la forteresse
d'Erendchag 2, où s'étaient réfugiées plusieurs prin-
cesses de la famille de Sempad, et il fit périr ce
1 Jean VI, 205-207, 208-211, 217, 218, 226, 227.
3 D'après Etienne Orpélian (cité par Indjidj, apud Brosset,
Journal asiatique, 3e série, t. III, pag. 221, note), la citadelle d'E-
rendchag était tellement sûre « que Ton y déposait les trésors des
princes et les tributs de la contrée.» Ailleurs, il l'appelle Anarhig,
c'est-à-dire l'imprenable. Aussi Iousouf ne put-il s'en emparer mal-
408 JOURNAL ASIATIQUE. .
prince infortuné à Tcnrtn, en già, après un an
environ de captivité1.»
On peut rapporter à la même époque un événe-
ment remarquable, et qui a déjà fixé l'attention de
plusieurs savants orientalistes. Je veux parler d'une
expédition de. piraterie que les Russes exécutèrent,
par le Volga et la mer Caspienne, dans les contrées
soumises à Ioucef-ibn-Abfssadj. Maçoudi, historien
contemporain, à qui nous en devons le récit, dit
qu'il ne peut se rappeler en quelle année eut lien
cet événement, mais que ce fut après Tan de l'hé-
gire 3oo (911*3 de J. C.)Oq trouve une traduction
de ce passage de Maçoudi dans le savant ouvrage
Ae M. C. d'Ohsson , intitulé : Voyage d'Abou-el-Ca$sim7\
une autre dans le Magasin asiatique de Klaproth3;
enfin , M. Cbarmoy eh a tout récemment publié une
troisième4. Nous croyons inutile de le reproduire
gré les plus énergiques efforts prolongés pendant plusieurs jours.
« Mais le farouche gouverneur, ayant établi le siège sous les murs
de la citadelle, ne s'en éloigna plus jusqu'à ce qu'il eût réussi à
s'en rendre maître par la voie de la ruse. * Ces voies détournées
qu'il employa sont ainsi exposées clairement par Etienne Orpé-
lîan, au chapitre xxxvm. « Il la prit de nuit comme un voleur, par
le moyen d'hommes habitués à parcourir les cavernes et les sen-
tiers pierreux, s'avançant habilement avec des crochets de fer
qu'ils attachent aux aspérités des rochers. » Quand il s'en fut em-
paré , il la confia à un certain Arabe déjà maître de Koghten.
1 Saint-Martin, Mémoires sur l'Arménie, t. F, pag. 35g. Diaprés
Jean VI, pag. 235, ce fut au moyen d'intelligences secrètes et d'une
somme d'argent que fcracef réussit à s'emparer du fort d'Erendchag.
* Pag. io5-io8. — 8 T. I* pag. 274, 275, 276, 277.
4 Bulletin, historico-philologiijae de l'Académie impériale de Saint-
Pétersbeorg, t. IV, 191, 192.
N0V£M&fl&-!>6CBJHB$E 1847. «03
ici dans son entier; il suffit à notre objet de dire
que les Russes, après avoir traversé le Pont .grec
ciaqce&twaisftOMx , passèrent dans le Palus-Méotide ,
entrèrent dans le Don, puis dans le Volga, et des-
cendirent ce dernier fleuve jusqu'à son embouchure
dans la mer Caspienne. «§e répandant alors dans
cette mer, ib se mirent à infester les côtes du Gui-
lan, du Tabçristan, du Djordjan, de Bacou et*
r^erbaidjan, où ils tuèrent beaucoup de monde,
fitimt un buiàn considérable, ravagèrent, brûlèrent
et ruinèrent tout ce qui se trouvait devant eux. »
Ils pénétrèrent jusqu'à la ville d'Ardébil, éloignée
d'environ trois journées de la mer. Cependant, les
habitants de l'Àrran et de l'Azerbaidjan se réunirent
sou» les drapeaux de l'officier qui les gouvernait au
nom d'Ibn-Abi'ssadj , et s'avancèrent vers la cote de
Bacou, dans le Chirvan, qui avait pour roi Ali, fils
de Haïtsem. Les Russes, après avoir pillé plusieurs
contrées maritimes, étaient venus relâcher près de
quelques fles, à une petite distance de cette côte.
Les musulmans allèrent les y attaquer, montés sur
dea barques et des vaisseaux marchands; mais ils
éprouvèrent une défaite qui leur coûta plusieurs
milliers dhomnles, tués ou noyés.
Les Russes continuèrent durant quelques mois
à inquiéter toutes les côtes de la mer Caspienne.
Lorsqu'ils furent gorgés de butin et qu'ils eurept
pris beaucoup de captives, ils se retirèrent à l'em-
bouchure du Volga1.
1 D'Obssan et Klaproth, dicti* locis, cf. d'Ohison, ibidem,
404 JOURNAL ASIATIQUE:
Nous ayons vu que Maçoudi ne fixe pas ta date
pr^ise de cette expédition des Russes, et qu'il se
contente de dire qu'elle eut lieu après Tan de l'hé-
gire 3oo. Une circonstance de son récit sert à dé-
terminer d'une manière plus approximative l'époque
de ce fait. Eh effet, Maçoudi mentionne le fils
d'Aboussadj comme étant alors gouverneur de
îAzerbaïdjan. Reste à savoir s'il entend parler de
la première ou de la seconde période de l'admini*
tration dloucef. Nous apprenons, par un passage de
f histoire du Thabariatan et du Mazendéran , de Mir-
Zéhir-eddin-Mérachi, que l'expédition des Russes
eut lieu dans les six premiers mois de Tannée 3oi
de l'hégire, c'est-à-dire vers la fin de l'année 913 de
J. C. ou durant la première période de l'autorité
deloucef1.
Cependant, le fils du roi Sempad, Aschod, avait
rassemblé une troupe de compagnons dévoués, à
la tête desquels , dans un très-court espace de temps,
il reprit tous les forts conquis par fosdigan. Après
quoi , il se mit à la poursuite des ennemis , avec l'aide
de son frère Apas. Il commença par les Arabes qui
occupaient la province de Pagravant; il les exter-
mina tous et prit leur chef. Il délivra successive-
ment les provinces de Schirag et de Gougar. Puis,
pag. 2^7, 2 48, et le passage de l'historien arménien Mosé Caghan-
catovatsi , traduit par M. Brosset, Bulletin kisL phil, ibidem, ao4,
1 Fraehn, dans le Nouveau. Journal asiatique, t. H, pag. àh$,
454, 455; Charmoy, Sur V utilité des langues orientales pour f étude de
l'histoire de Russie, pag, 10; le même, Bulletin hist. phil. 196.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1841 405
il tombe à l'improviste sur les Arabes qui se trou-
vaient à Téflis, métropole de la Géorgie; tue les
uns , fait prisonniers les autres , et les rend en
échange des chrétiens qui avaient été pris par l'os-
digan. Ayant appris que des troupes arabes étaient
cachées dans le pays d'Aghasdev, il forma aussitôt
un corps de deux cents, hommes d'élite, s'avance ra-
pidement contre l'ennemi, lui livre un combat
acharné, et retourne dans son camp, chargé de bu-
tin. Sur la nouvelle de ces succès, le roi de Géorgie
se rendit auprès d'Asehod, plaça un diadème sur la
tête de ce prince, et le reconnut comme roi d'Ar-
ménie, à la place de Sempad l.
Après son couronnement, Ascbod continua k
livrer des combats A ses divers ennemis, non-seule-
ment aux Arabes, mais encore aux Ibériens et aux
peuples de Gougar. Pendant ce temps , Ioucef ré-
sidait toujours à Tovin, d'où il envoyait des déta-
chements dans toutes les directions. 0 manda au-
près de lui le roi Kakig. Mais celui-ci, au lieu
d'obéir, réunît tous ses sujets, puis s'avança vers les
forts situés dans les gorges des pays de Mog et des
Curdes, et s'y enferma. Ioucef, irrité de cette ré-
sistance à ses ordres, rassembla un grand nombre
de guerriers musulmans , à la tête desquels il s'a-
vança du côté de Margasdan, dans la province de^
Dosb. Les Arméniens ne purent soutenir les efforts
de l'ennemi. Après deux mois passés dans les dis-
1 Jean VI, 237-239. Saint-Martin, 1. 1, pag. 36o, place le cou-
ronnement d'Asehod en 91 5.
x. • 27
406 JOURNAL ASIATIQUE,
eussions et l'irrésolution, ils s'éloignèrent des Aiabes,
et se rendirent à Selmas et dans l' Azerbaïdjan l.
Bientôt; Adom, prince des Andsévatsiens, vint
avec des forces très-considérables, au secours de
Kakig. Il fut suivi de l'Ischkan (prince) de Mog,
Grégoire 2.
((Ensuite, Àschod, sbarabied (connétable) des
Arméniens, retourna à cette époque vers losdigaii
Youssouf; s*étant mis en marche, il entra dans la
métropole Tovin. L'adroit osdigan avait alors ima-
giné un expédient bien habile pour jeter f épée de
la division entre ses alliés et ses ennemis, et pour
rendre inutiles les projets qu'ils avaient conçus. Il
mit une couronne royale sur la tête du sbarabied
des Arméniens, et le ceignit d'une épée ; puis il le
renvoya dans son pays, afin qu'il s'élevât Une vio-
lente dissension entre lui et le prince royal du même
nom 3. »
Mais Aschod, fils de-Sempad, étant parvenu à
prendre le dessus sur son compétiteur, losdigan
Ioucef lui envoya une couronne royale, des robes
et des joyaux superbes, des chevaux caparaçonnés,
1 Jean VI, pag. 268, 269, 287, 288, 289, 291.
* D'après Saint-Martin, pag. 36 u, le roi Kakig vainquit plusieurs
fois loueef, et l'affaiblit tellement qu'il le contraignit d'évacuer
presque entièrement l'Arménie. Jean VI ne dit rien de pareil; il
me semble même contredire positivement cette assertion lorsque,
après avoir mentionné la révolte et la captivité «floucef (voyez ci-
dessous, pag. A16), il ajoute: «Ainsi, par la miséricorde et la fa-
veur de Dieu, le roi Gagig fut sauvé des fureurs de ce méchant.»
(Pag. 3i9.)
3 Jean VI, pag. 293, 294.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 407
et lui accorda le secours d'un corps de cavalerie
arabe l.
Lorsque Aboul-Haçan-lbn-Forat fut dépouillé du
vizirat, à la fin de Tannée 299 (912), Ioucef forma
le projet de se rendre indépendant dans les pro-
vinces dont il avait le gouvernement, et di^P*
d'envoyer à Bagdad une portion du tribut. Il conti-
nua d'agir de la sorte jusqu'à Tannée 3oA (916-7).
Lorsqu'il eut appris la nouvelle de l'arrestation du
vizir Ali, fils d'Iça, il publia que le khalife lui avait
envoyé le diplôme de gouverneur de Reï, à la
recommandation d'Ali, fils d'Iça. Puis, il rassembla
des troupes et marcha vers Reï, où se trouvait Mo-
hammed-ben-Ali Soulouc, qui gouvernait cette ville
au nom du prince samanide Nasr ben- Ahmed, et
s'était engagé à payer tm tribut au khalife2. A cette
1 Jean VI, pag. 3oi, 3o2.
* Ibn-Soulouc, disent Ibn-Alathir et Noveïri, s'était emparé de
Reï et de ce qui l'avoisine, durant le vizirat d'Ali, fils d'Iça. Puis
il avait envoyé un message au divan* et s'était epgagé à payer une
somme d'argent pour obtepir le gouvernement de cette ville. Mir-
khond nous apprend (Histoire des Samanides, pag. 137) que Nasr-
ben-Ahmed accorda le gouvernement de Reï à Mohammed-ben-
Soulouc. J'ai fait observer (ibidem, note 58) que les manuscrits ai,
ai bis du supplément persan ajoutaient les mots fils d'Ali après le
nom de Mohammed, et qu'Ibn-Khaldoun nous offrait une fois la
même leçon et une autre fois la leçon suivante: Mohammed, fils
4* Ali , surnommé Soulouc. J'ajoutais : « Entre ces diverses leçons , je
ne sais laquelle préférer. * Mais une raison qui milite puissamment
en fayeur de la leçon Mohammed, fils d'Ali, c'est que l'on trouve
les mots tylohammed-ben-Ali sur une monnaie frappée à Moham-
media (Reï), dans l'année 3i5 (927-8), avec les noms de Mocta-
dir-billah et de Nasr-ben-Ali. (Voyez Fraehn, De musei Sprewitziaiù
*7-
408 JOURNAL ASIATIQUE.
nouvelle, Ibn-Soulouc se retira dans le Khoraçan.
Ioucef entra dans Reï et s'empara de cette ville,
ainsi que de Gazouin , de Zendjan et d'Àbher. Lors-
que Moctadir apprit ces conquêtes et la prétention
qu'affichait Ioucef d avoir reçu un étendard et un
d^Pôme d'investiture de la part d'Ali , fils d'Iça , il
en témoigna son mécontentement. Ioucef écrivit à
Ibn-Forat, qui avait été rétabli dans le vizirat, pour
faire connaître quAli lui avait envoyé le diplôme
d'investiture de Reï et des villes citées plus haut;
numis kuficis, pag. 82, cf. ibid, pag. 87, 88.) Le même personnage
est nommé par Ibn-Alathir (t. II, fol 206 v. ms. de C. P. t. IV,
fol. 293 v.) Abou-Abbas Soulouc, et ailleurs (fol. 209 y.) Abou'lab-
bas Ahmed, fils ày Ibrahim j fils de Soulouc (l'exemplaire de C. P.
fol. 294 V. porte Mohammed, fils d'Ibrahim Soulonc (éAx^o). Ibn-
Khaldoun 1 appelle Aboulafrbas Mohammed , fils d1 Ibrahim, connu
sous ie nom de Soulouc, et ailleurs (t. III, fol. 391 r.), Mohammed
ben Ibrahim Soulouc ; ailleurs encore (t. IV, fol 1 92, t. III, fol. 398 r.),
Mohammed-ben-Ali-ben-Soulouc et, enfin (t. IV, fol. i5â y.), Moham- .
med-ibn- Ali , surnommé Soulouc. Une considération qui peut nous
porter à regarder le mot Soulouc comme le surnom de Mohammed ,
outre les passages d'Ibn-Khaldoundéjà cités, c'est qu'on lit dans Beï-
bars (172 r.)Aboulabbas Soulouc; et plus loin (173 v.),Abou'lal>bas
Mohammed, fils d'Ibrahim Soulouc càjLo (sic). Il est vrai que, plus
foin (174 r.), Beïbars écrit Ibn-Soulouc cLU*» ^j(. On lit dans
Noveïri (ms. 64i, fol. 22 y.) (ne) cJjj*l\ ^u o*t£ ir^^f %*f
^ULwJt léJfuaJ «, et, dans la suite du récit, cet historien écrit
simplement Soulouc, ainsi que Hamza Isfahani (pag. 24o; ce der-
nier, toutefois, donne, comme Noveïri, à Mohammed le surnom
ôTAssamani ou le Samanide). (Cf. Beïbars, fol 174, 175 v. Ibn-Ala-
thir, 209 v. 2iov. Ibn-Kbaldoun, t. III, fol. 391 r. t. IV, fol. 12. v.)
Enfin , Djemal-Eddin Ali, pour désigner un personnage dont il sera
plus d'une fois question ci-dessous, se sert de l'expression île frère
de Soulouc» (pag. 35, 36, 37 et 38).
NOVEMBRE. DÉCEMBRE 1847. 409
que lui même en avait fait la conquête et en avait
chassé ceux qui s'en étaient emparés. De plus, il
s excusait de cette conduite , et rappelait les dépenses
considérables qu elle lui avait coûtées. Moctadir ne
se paya pas de ces protestations. Il ordonna à Ibn-
Forat d'interroger Ali sur ce sujet. Ibn-Forat fit venir
l'ancien vizir et l'interrogea. Ali nia la vérité des allé-
gations de Ioucef , et dit : « Adressez-vous au catib
(secrétaire) et aux domestiques du khalife. Il faut
absolument que les diplômes d'investiture et les
drapeaux soient portés par un des serviteurs du
khalife l. » Grâce à ce moyen, on connut la vérité.
Ibn-Forat écrivit à Ioucef, pour lui reprocher son
entrepose sur Reï et son imposture. Puis il envoya
des troupes pour le combattre 2.
» Ibn-Alathir, t. II, fol ai4 v. *i5 r. ou ms. de <5. P. t. IV,
fol. 296 y. Noveiri, ms. 645, fol. 9 r. Beibars, fol. 180 r. Ibn-
Khaldoun, t. III , fol. 393 r. et v. Djemal-eddin Ali, apud Freytag,
pag. 35, semble placer l'entreprise d'Ioucef sur Reï en Tannée 3o5.
lbn-el-Kattan etDzéhébi sont du même avis, car ils rapportent la ré-
bellion d'Ioucef sous la date de Tannée 3o5 (Dzéhebi, ms. 646,
fol. 3 r.). Voici comment lbn-el-Kattan raconte la manière dont
Ali, fils d'Iça, parvint à se justifier : • Ibn-el-Fprat alla trouver Moc-
tadir Billab et lui fit «avoir qu'Ali, fis d'Iça, avait écrit à Ibn-AbTs-
sadj pour lui ordonner de marcher vers Reï, trahissant ainsi le
khalife et usant de perfidie envers lui. Moctadir Billah accueillit
ce discours d'Ibn-el-Forat. Lorsqu Ibn-el-Forat fut sorti , le khalife
interrogea, touchant cet objet, Ali , fils d'Iça, qui était emprisonné
dans son palais. Ali lui dit : • La province vers laquelle j'ai envoyé
« Ibn-Abi'ssadj était occupée par le frère de Soulouc. J'ai écrit à ce
«dernier de combattre Ioucef. Je ne m'inquiétais pas de les voir
410 JOURNAL ASIATIQUE.
Cette armée se mit en marche, dans l'année 3o5
(917-8), sous le commandement de Khacan al-
Moflihi {5<Aiit 1, qui était assisté de plusieurs autres
généraux:. Ahmed, fils de Mesrour-al-Balkhi, Sima-
ei-Djezéri et Nihrir Essaghir. Lorsqu'elle fut arrivée
à Hamadan, Khacan la passa en revue. Puis il reprit
sa marche contre Ioucef, avec dix mille hommes;
Ibn-Abi'ssadj n'en avait que sept mille. Malgré l'infé-
riorité du nombre, il en vint aux mains avec Kha-
can^Ee frère de Soulouc 2, qui était placé à laile
gauche de Ioucef, et Ah, fils de Khanazem, qui se
trouvait à l'aile droite, chargèrent les troupes du
khalife et les mirent en déroute. Khacan se réfugia
à Com. Ioucef prit plusieurs captifs, qu'il fit entrer
à Reï, montés sur des chameaux, JU4 Je (££)*<&-<•.
D'après Dfémal-eddin, il marcha vers Reï, après
avoir empêché de poursuivre les fuyards3; malgré
cela, la plupart d'entre eux furent chargés de
chaînes.
• périr tous deux. J'ai d'ailleurs demandé au khalife la permission
• d'agir ainsi; il me Ta accordée, et je le priai d'apostille* la lettre
• que j'écrivis à Ioucef. » Le résultat de ces explications fut favorable
à Ali auprès de Moctadir. ÏÏ adoucit la captivité d'Ali , loin de la re-
doubler.» Ms. de Gotha, fol. 91. r.
1 Telle est la leçon de Djemal-eddin-Ali , de Beibars, de Noveîri ,
d'Ibu-Khaldoun , du manuscrit de G. P. L'autre manuscrit «flbn-
Alathir porte jLJ] Al-Balkhi, et Ibn-el-Kattan ^JjlLI.
1 C'est par ce seul titre que Djemai-eddin-AH, à qui nous devons
ces détails , désigne Ahmed , fils d'Ali.
3 Cette assertion est confirmé par Ibn-el-Kattan (fol» 91 r.) •
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 4H
Lorsque la nouvelle de cette défaite fut arrivée à
Bagdad, le khalife fit partir l'eunuque Moujiis, à la
tête d'une armée considérable, pour combattre Iou-
cef. Mounis sortit de Bagdad, dans le mois de chev-
val (mars-avril 918), et investit Abd-Àllah* fils de
Mohammed-al-Faréki, des emplois de Ioucef l. Les
débris de l'armée dé Khacan se joignirent à lui. Il
destitua Khacan du gouvernement du Djébal, qu'il
donna à Nihrir-Essaghir. Mounis continua sa marebe.
Ahmed, fils d'Ali, frère de Mohammed, fils d'Ali
Soulouc2, avait été envoyé par Ioucef à Cazoudn,
pour recueillir les tributs de cette Ville ; il demanda
la vie sauve (aman) à Mounis, s'enfuit, emportant
les sommes qu'il avait perçues, et alla, joindre le
général dû khalife. Mounis le traita avec considé-
ration et lui fit des présents.
D'après Djémal-eddin-Ali , Mounis envoya Nafid,
l'eunuque, auprès de Ioucef, pour lui proposer de li-
vrer Reï au khalife; moyennant quoi, il promettait
de lui laisser le reste des provinces qu'il occupait.
Ioucef accéda à cette offre. Il sortit de Reï, qui fut
livré à Nafid. Mounis écrivit au khalife, pour lui an-
noncer cet accord. Mais Moctadir refuisa de le rati-
fier, et ordonna à Mounis de poursuivre Ioucef, et
1 Djemai-eddin Ali.— Âbd-Allah, fils de Mohammed al-Faréki,
ne serait-il pas le même qu'an osdigaa arabe d'Arménie, nommé,
par Jean VI, Fharkini (pag. 309) î
* (dj-L*** d& >^ c>-6^^Â.ly^ cJ^U^ iV^Llbn-Alatfeir,
ms. de G. P. fol. 296 r.; cdJ^JU*© ^j <Xà£y±\ **j> Noveïri,
f. 9 v. Ce personnage est nommé par Maçoudi (ms. 716 supp. t. IV,
foL 286 i>) dyU^ ^ J* O^ *^'
412 JOURNAL ASIATIQUE:
de lui enlever ses gouvernements. D'après Ibn-Ala-
thir, Noveïri , etc. Ioucef écrivit à Mounis pour de-
mander son pardon, et solliciter le gouvernement
de Reï et des cantons qui en dépendent, moyennant
un tribut de 700,000 dinars, sans compter les frais
de l'entretien des troupes. Moctadir refusa fièrement
d'y consentir. Lorsque Ioucef eut connaissance de
la réponse du khalife, il évacua Reï, après l'avoir
dévasté , et avoir recueilli le tribut de cette ville en
dix jours. Moctadir investit du gouvernement de Reï ,
de Çazouin et d'Abher Vacif-al-Bectimori, t^-rXJi l.
Alors Ibn-Abissadj se borna à demander d'être con-
firmé dans la possession des pays qu'il gouvernait
précédemment, c'est-à-dire de r Azerbaïdjan et de
l'Arménie. Ibn-Forat conseillait au khalife d'y con-
sentir. Mais Nasr, le chambellan, et 4m autre officier
du khalife combattirent son avis. « H n'est point per-
mis , disaient-ils , de consentira cela , tant qu Ibn-AbiV
sadj n'aura pas fait sa soumission. )>lbn-Foratfutaccusé
de s'entendre avec Ioucef, et d?avoir de l'inclination
pour lui2. Moctadir refusa de consentir à la demande
1 D'après le manuscrit de Gotha (fol. 91 r.) , Mounis entra dans
Reï au mois de chevvai 3o5.
9 On lit dans Jbn-Àlathir (fol. 218 r»), Beïbars (i84 r. et v.)
et Noveîri (10 v.) que, dans le mois de djomada second 3o6 (no-
vembre 918 ) , le khalife fit arrêter te vizir AbouJ-Haçan-ibn-Forat,
par le motif qu'il différait le payement de la solde des cavaliers,
sous prétexte que le trésor avait été dépensé dans la guerre contre
Ioucef, et que les revenus avaient diminué à cause de la saisie, par
Ioucef, des tributs de Reï et de ses dépendances. De plus, on dit à
Moctadir: « Ibn-Forat veut envoyer Hoceïn , fils d'Hamdan , vers Ibn-
Abi'ssadj , comme pour le combattre. Mais, lorsque Hoceïn arrivera
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 413
de Ioucef , si ce n est à condition que cet émir vien-
drait le trouver en personne. Comme Ioucef vit bien
que sa vie serait en danger s'il se rendait à la cour
du khalife, il se détermina à combattre Mounis '.
Ce général avait cinquante mille hommes , tant
cavaliers que fantassins. Le mercredi. 9 de sefer 356,
les avant-postes de Ioucef, commandés par Ali, fils
de Vacif , en vinrent aux mains avec ceux de Mounis,
qui avaient pour chef Sima , fils de Bouveïh. Sima
tomba de cheval et fut fait prisonnier. Ibn -Vacif
l'envoya à Subuc, esclave de Ioucef, qui ordonna
de le décapiter, et fit porter sa tête à son maître.
Cependant , l'armée de Mounis fondit sur Ioucef,
dont l'armée tout entière fut mise en déroute. Ioucef
s'était détaché pour combattre , de l'aile droite de
$es troupes, avec cinq cents esclaves, et son esclave
Subuc avait fait de même à l'aile gauche , avec trois
cents soldats. Mounis avait ordonné à toute son ar-
mée de charger l'ennemi à la fois; lé frère de Sou-
loue l'en empêcha, attendant l'arrivée des cavaliers.
Lorsque Ioucef vit que gon armée avait été mise
en déroute, il attaqua de son côté, avec ceux qui
l'accompagnaient. Subuc en fit autant. Lorsque la
troupe de Ioucef et celle de Subuc donnèrent, Mou-
auprès dlhn-ÀhFssadj , ils se réuniront contre toi. » Quelque temps
après , Ibn-al-Forat ayant parlé à Moctadir de faire marcher Hoceîn
contre Ioucef, le khalife se détermina à lé faire arrêter. (Cf. ms. de
Gotha, fol. 97 r.)
1 Ihn-Alathir, t. II, f. ai5 r. et v. Beïbars, 180 r. et v. Noveiri,
fol. 9, r. et v. Ihn-Khaldouri, fol. 393 v. 394 r. Djémal-eddm-AK ,
pag. 35, 36.
414 JOURNAL ASIATIQUE,
nis pensa que c'était le détachement de Fatik, et
ettToya quelqu'un pour hâter ses soldats. Le messa-
ger leur dit : «L'ostad vous ordonne de vous
hâter. n Us repartirent : «Quel est l'ostad?» Le
messager répliqua : «C'est Mounis.» Aussitôt les
esclaves de Subuc tombent sur lui et le font pri-
sonnier.
Subuc et Ibn-Abfssadj chargèrent de deux côtés
différents, et rompirent l'ennemi. Il ne resta d'autre
ressource à Mounis que celle d'emporter l'argent
qu'il avait avec lui, et de se sauver à Zendjan, ac-
compagné 'de ses familiers. Ioucef s'empara de tous
ses bagages, défendit de tuer personne, et ordonna
aux soldats du khalife de mettre bas les armes. Ils
restèrent quelques jours auprès de lui. Ensuite, il
les vêtit et donna k chaque fantassin un dinar.
Subuc aurait voulu poursuivie Mounis, mais son
maître l'en empêcha et dit : «0 mon fils, lorsque
nous aurons fait prisonnier Mounis, nous ne trou-
verons pas dans notre trésor de quoi l'affranchir, ni
de quoi le revêtir d'un khilal K » Mounis lui témoi-
gna, dans la suite, sa reconnaissance de ce procédé.
1 D'après Ibn-el-Kattan (Toi. 96 r.), Nasr-Essohkéri ,— *-*
j; j&mJI joignît Mounis, qui venait de prendre la fuite, faisant por-
ter son trésor devant lui. Il voulut faire Mounis prisonnier et s'em-
parer de ses richesses. Ioucef lui envoya intimer la défense de l'at-
taquer, et de causer le moindre tort à tout ce qui raccompagnait
Plusieurs généraux furent faits prisonniers dans cette 'rencontre.
Ioucef les traita avec honneur et leur donna des kbilats et des che-
vaux ÀX?> , puis il les relâcha. Aussi, ceux qui faisaient partie de
r armée de Mounis désirèrent-ils être faits prisonniers. »
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 415
Plusieurs des généraux de Mounis lurent faits pri-
sonniers, entre autres Hilâl, fils de Bedr. Ioueef lei
fit entrer dans Ardébil, montés sur des chameaux.
Selon Djémal-eddin-Ali , Ioueef relâcha Hilal et lui
donna des sommes considérables1.
De Zendjan, Mounis annonça sa défaite au kha-
life. Celui-ci lui envoya l'ordre de rester à Zendjan ,
jusqu'à ce que les troupes se fussent ralliées à lui,
et de retourner alors contre Ardébil. Ibn-Àbi'ssadj
écrivit à Mounis, pour traiter de la paix. Tous deux
s'envoyèrent des ambassadeurs pour cet objet. Mou-
nis écrivit au khalife, qui refusa de nouveau dé con-
sentir à la paix. Mounis séjourna à Zendjan jusqu'au
commencement de l'année 307 (juin 919). A cette
époque , le khalife envoya Àbd-AUah , fils d'Hamdan,
à Mounis, afin de l'aider contre Ioueef. Ahmed, fils
d'Ali, frère de Soulouc-Assamani , vint d'Abher le
rejoindre, avec son armée. Mounis, se voyant à la
tête de troupes considérables, marcha contre Iou-
eef, et le rencontra aux portes d'Ardébil, un ven-
dredi, au milieu du mois de sefer 307 ( 1 6 juillet
919). L'armée de Ioueef fut mise en déroute. Mais
il tint ferme sur une colline , avec ses esclaves les plus
dévoués. L'émir Abou'tHidja-Abd-Allah, fils d'Ham^
dan, fondit sur lui, avec une troupe d'Arabes de la
tribu de Taghleb , et faillit le culbuter. Mais , Ioueef
ayant résisté, Aboul-Hidja feignit de ftiir; puis il fit
volte-face. Ioueef fut blessé et prit la fuite. Abou'l-
1 Ibn-Àlathir, fol. n5 v. fieibars, fol. 180 r. Djémal-Eddm-Àli ,
pag. 36, 37.
414 JOURNAL ASIATIQUE,
nis pensa que c'était le détachement de Fatik, et
envoya quelqu'un pour hâter ses soldats. Le messa-
ger leur dit : «L'ostad vous ordonne de vous
hâter. a Us repartirent : «Quel est l'ostad?» Le
messager rép&qua : «C'est Mounis.» Aussitôt les
esclaves de Subuc tombent sur lui et le font pri-
sonnier.
Subuc et Ibn-Abi ssadj chargèrent de deux côtés
différents, et rompirent l'ennemi. Il ne resta d'autre
ressource à Mounis que celle d'emporter l'argent
qu'il avait avec lui* et de se sauver à Zendjan, ac-
compagné de ses familiers, Ioucef s'empara de tous
ses bagages, défendit de tuer personne, et ordonna
aux soldats du khalife de mettre bas les armes. Ils
restèrent quelques jours auprès de lui. Ensuite, il
les vêtit et donna à chaque fantassin un dinar,
Subuc aurait voulu poursuivie Mounis, mais son
maître l'en empêcha et dit : «O mon fils, lorsque
nous aurons fait prisonnier Mounis, nous ne trou-
verons pas dans notre trésor de quoi l'affranchir, ni
de quoi le revêtir d'un khj.lal l. » Mounis lui témoi-
gna, dans la suite, sa reconnaissance de ce procédé.
1 D'après Ibn-el-Kattan (fol. 96 r.), Nasr-Essobkéri _**J
j; jJSLnJI joignit Mounis, qui venait de prendre la fuite, faisant por-
ter son trésor devant lui. Il voulut faire Mounis prisonnier et s'em-
parer de ses richesses. Ioucef lui envoya intimer la défense de l'at-
taquer, et de causer le moindre tort à tout ce qui {accompagnait.
Plusieurs généraux furent faits prisonniers dans cette rencontre.
Ioucef les traita avec honneur et leur donna des kbilats et des che-
vaux ÀX?> , puis il les relâcha. Aussi, ceux qui faisaient partie de
l'armée de Mounis désirèrent-ils être faits prisonniers. »
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1347. 415
Plusieurs des généraux de Mounis lurent faits pri-
sonniers, entre autres Hilil, fils de Bedr. Iouefcf les
fit entrer dam Ardébil, montés sur des chameaux.
Selon Djémal-eddin-Ali , Ioucef relâcha Hilal et lui
donna des sommes considérables *. , '
De Zendjan, Mounis annonça sa défaite au kha-
' life. Celui-ci lui envoya Tordre de rester à Zendjan,
jusqu'à ce que les troupes se fussent ralliées à lui,
et de retourner alors contre Ardébil. Ibn-Abi'ssadj
écrivit 4 Mounis, pour traiter de la paix. Tous deux
s'envoyèrent des ambassadeurs pour cet objet. Mou-
nis écrivit au khalife, qui refusa de nouveau dé con-
sentir à la paix. Mounis séjourna à Zendjan jusqu'au
commencement de l'année 307 (juin 919). A cette
époque , le khalife envoya Abd -Allah , fils d'Hamdaii,
à Mounis, afin de l'aider contre IoUcef. Ahmed, fils
d'Ali, frère de Soulouc-Assamani , vint d'Abher le
rejoindre, avec son armée. Mounis, se voyant à la
tête de troupes considérables, marcha contre Iou-
cef, et le rencontra aux portes d'Ardébil, un ven-
dredi, au milieu du mois de sefer 3oj ( 1 6 juillet
919). L'armée de Ioucef fut mise en déroute. Mais
il tint ferme sur une colline , avec ses esclaves les plus
dévoués. L'émir AboulJfidja-Abd-Allah, fils d'Ham-
dan, fondit sur lui, avec une troupe d'Arabes de la
tribu de Taghleb , et faillit le culbuter. Mais , Ioucef
ayant résisté, Aboul-Hidja feignit de ftiir; puis il fit
volte-face. Ioucef fut blessé et prit la fuite. Aboul-
1 Ibn*À!athir, fol. 31 5 v. Beïbars, fol. 180 r. Dj^émal-Eddin-AK,
pag. 36, 37.
416 JOURNAL ASIATIQUE.
Hidja le poursuivit, et un des ennemis le fit pri-
sonnier et le mena à Mottnis. Celui-ci le traita avec
considération et dressa pour lui une tente à côté de
la sienne. Subuc- Assadji parvint à se sauver1.
•Mounis investit du gouvernement de Reï, de
Démavend ( Jû^â et «Xj^Ugà) , deCazouin , d'Abher
et de Zendjan, Ali, fils de Vahçoudan ou Vahchou-
dan (<j\!>y»Jbj), qu'il manda, pour cela, du Djébal,
où il se trouvait alors. Mais l'oncle paternel de ce
général , Ahmed2, fils de Moçafir', prince de Tharem,
1 Ibn-Àlathir, II, 2i5 v. Beïbars, 180 v. 181 r. Djémal-eddin,
page 37; Maçoudi, t II, f. 3oo r.; manuscr. de Gotba, fol. 101 r.
D'après ce dernier ouvrage t Mounis dit à Ioueef : < Écris à Subuc de
se rendre' auprès de toi, car cette conduite est un des moyens qui
pourront amener le khalife à te traiter avec douceur. » Ibn-Abissadj
obéit. Subuc répondit à son maître : « Je n'en ferai rien , jusqu'à ce
que je sache la manière dont ils en auront usé envers toi. Alors j'irai
te trouver comme un esclave soumis, t
3 Au lieu d'Ahmed je pencherais à lire Mohammed. En effet, un
personnage de ce nom, aussi fils de Moçafir, est mentionné, par Dm*
Alatbir et Ibn-Khaldoun, avec le titre de prince de Tharem c^L»
s+jkù\. 11 donna le jour à Al-Merzban, qui devint, en Tannée 33o
941-2), prince de T Azerbaïdjan , et joua un rôle important jusqu'à,
sa mort, qui arriva en 346 (9,57-8). Voyez Ibn-Alathir, man. de G
P. IV, f. 337 v. 34 1 v. 357 r. Ibn-KhaTdoun, U IV, man. "J,
f. 2 25 r. Abou'lféda, Annales, i. H, pag. 464, et M. C. d'Ohasoo,
Voyage d' Abou-el-Cassim , pag. 111, 112, 11 3, n4et 253.
Dans ce dernier ouvrage, M. d'Ohsson, trompé sans doute par
le manuscrit d'Ibn-Alatbir, qu'il avait sous les yeux, a fait de Moham-
med , fils de Moçafir, et de son fils , Al-Merzban , un seul et même
personnage. Mais nôtre manuscrit (ibid. f; 34 1 v.), dans le récit
de l'expédition des Russes dans l'Arran, en Tannée 332 (943-4) i
porte bien distinctement o*6>£ t& fc)L»V>it ; Pms l°m 1 en parlant de
la mort d'Al-Merzban , Ibn-Alathir ne le désigne que par les titres
d'Alseiar-Al-Merzban. D'ailleurs, Ibn-Alathir et son abréviateur,
Ibn-Khaldoun, distinguent soigneusement Al-Merzban de Moham-
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 417
fondit sur lui, à Cazouin, et le tua dans son lit.
Moctadir nomma alors général des troupes dans ces
med-ben-Moçafir. Voici ce qu'on lit dans le dernier de ces historiens
(chapitre intitulé conquête de l'Àzerbaïdjan par Al-Merzban, fils de
Mohammed, fils d'Al-Moçafir, jjL** ^4 o+£ ^ (^j_>W ^yU»I
(jL^Jjit (J^) • «Mohammed, fils de Moçafir, était un personnage
considérable, et possédait Attharem. Il eut un grand nombre d'en-
fants, parmi lesquels Sélar, qui aida Merdavidj à combattre Asfar,
ainsi qu'on Ta vu plus haut, dans le récit du meurtre de ce dernier;
Soulouc, Vahchoudan et Al-Merzban. » Plus loin , Ibn-Khaldoun ra-
conte que Abou'1-Cacim-Ali , fils de Djafer, vizir du prince de l'Azer-
baïdjan, Decim A*0> Ibn-Ibrabim-d-Curdi, redoutant la colère de
son maître, s'enfuit à Tharem, auprès de Mohammed, fils de Mo-
çafir. A cette époque, les deux fils de Mohammed, Vahchoudan et
Al-Merzban , craignant leur père , s'emparèrent de plusieurs de ses
forteresses ; puis ils le firent arrêter, le dépouillèrent de ses richesses
et de ses trésors. Le vizir Ali, fils de Djafer, gagna la faveur d'Al-
Merzban, car il partageait, ainsi que ce prince, les croyances des
Bathiniens, A^ui>lJt ^^ <j A*-»jl* .; qK. Il lui inspira l'envie
de s'emparer de l'Azerbaïdjan. » Nous avons vu qu'au commencement
de cet extrait, Ibn-Khaldoun renvoie à une précédente section* de
son ouvrage. Le passage auquel il fait allusion se trouve au com-
mencement dn chapitre des Bouveîhides (ras. **{, f. 193 r.). On y
lit que , lorsque Asfar se fut emparé de Reï, il envoya Merdavidj ,
avec son frère Ghirveih» vers le château de ^>ktt 0 [>£-•> afin
qu'ils l'enlevassent à Mohammed, fils de Moçafir, celui-là même qui
se rendit maître, dans la suite, de l'Azerbaïdjan (sic). Plus loin,
Ibn-Khaldoun s'exprime ainsi: «Asfar envoya Merdavidj vers le
prince de Samiran-Althar jiul (jtysiw, celui-là même qui s'em-
para, dans la suite, de T Azerbaïdjan. » Enfin, quelques lignes plus
bas, le même personnage est désigné par le seul nom de Sélar.
Dans le passage correspondant, Ibn-Alathir (II, 246 v.) écrit Sélar,
prince de Samiran-Attharem ^o>Ut (jfw^' ou* comme porte là
copie de C. P., Chamiran Attharem s*Jbi\ qU^oS (T- IV, f. 3oq
r.) Beïbars-al-Mançouri (fol. 209 r.) offre ces mots: c Sélar, prince
de ijl/^gà Chéhiran.» On lit, dans une autre portion de l'ouvrage
d'Ibn-Khaldoun (t. III, f. 4i2 v.) : «Sélar, prince de Samiran et de
Tharem ^JiiL 0ij*a». » Enfin , comme pour compliquer la diffi-
418 JOURNAL ASIATIQUE.
cantons Vacif-al-Bectimori et percepteur du kha-
radj, Mohammed, fiis de Soleiman. Mais Ahmed,
culte , on trouve dans Ibn-Alathir et dans Beïbars (dict loc.) : « Etce Sé-
lar est le même dont le fils devint , dans la suite, prince de F Azerbaï-
djan et d'autres provinces. Si ce dernier renseignement est exact, oo
doit en conclure qu'au lieu de Sélar, il faut lire, comme dans les
deux premiers passages d'Ibn-Khaldoun : M ohammed , fils de Moçafir.
Quant à fa localité dont le nom se lit diversement dans ces diffé-
rents passages, voici ce qu'en dit leMéracid-el-Ittila: « Sémiran fc)L*fl*
est un château fort, sur un fleuve qui coule entre deux montagnes,
dans la contrée de Tarera ^^JJ*. Le prince d'Alamout le détruisit.
C'était la place forte du roi du Deîlem.» On lit, dans le même ou-
vrage, à l'article Tarera yj^i : «C'est un vaste district dans les
montagnes, entre Cazouin et le Guilan (jvilo*.. On y trouve un
£rand nombre de bourgades, de montagnes, etc. mais on n'y voit
aucune ville célèbre. » Enfin , on trouve, sous le mot Altbarm mJoj\
les détails suivants (apudVyienbToêkJracœpersieadescriptio,^. 71):
«C'est un canton considérable, dans les montagnes qui s'élèvent
au-dessus de Cazouin, dans le pays des Deîlémites. H se compose
de métairies et de bourgades situées dans les montagnes, et qui
abondent en herbe et en eau. » Ibn-Haucal paraît avoir eu en vue le
château de Samiran, lorsqu'il dit qu'entre Cazouin et la résidence
du roi des Deîlémites JL> jjf cdUL* J&mm», il y a une distance de
12 parasanges (apud Uylenbroëk, pag. 6; cf. Édrici, t. II, p. 168).
D'après Hamd-Allah-Mustaufi (Nozhet-el-Coloub , ms. persan, 127,
f. 370 r.) , la contrée de Tharem ou Tharemin ^^jlb (pour Thi-
rémeîn, les deux Tharem) , se divise en deux portions principales:
Tharem Sojla Jiu ^ojli> ou Tharem l'inférieure, et Tharem Otia
Lie ^otu? ou Tharem la supérieure. Le nom de Taroum désigne
encore de noa jours une petite rivière, qui se réunit au Kizil-Ouzen,
près du village de Mendjil (Voy. M. le général Trézel, Noticçw
le Ghilan et le Mazendéran; apad Jaubert, Voyage en Arménie et en
Perse, pag. 428, 429) , et qui est plus connue sous le nom de Cbab-
Roud. (Voy. le P. de la Mazef Lettres édifiantes, t. IV, pag. 88.) Quant
au district de Tarem , il a été exploré, à la fin de l'année i838, pw
le savant M. Rawlinson , qui en a donné une description détaillée
(Journal ef thê royal Qêoaraphïeal Society, t. X, pag. 61 -64 4
NOVEMBRE-DÉCEMBRE J847. 419
fils d'Ali, fils de Soulouc (sic), que Mounis avait mis
en possession d'Ispahan, de Com, de Cachan et de
Saveh , marcha de Com sur Reï et entra dans cette
ville. Le khalife lui envoya reprocher sa conduite,
et lui ordonna de retourner à Com. Il obéit; mais ,
bientôt après, il se révolta ouvertement, chassa les
préposés du kharadj à Com, et se disposa à renou-
veler son entreprise pur ReL On écrivit à Nîhrir-
Essaghir, gouverneur d'Hamadan, de se rendre à
Reï , avec Vacif , pour en repousser Ahmed , fils d'Ali.
Ahmed en vint aux mains, avec eux, aux portes de
Reï, les mit en déroute, tua Mohammed, fds de
Soleïman, et s'empara de Reï. Il écrivit à Nasr ai
hadjib, pour le prier de lui obtenir la paix du kha-
life , Rengageant à payer un tribut de 1 60,000 dinars.
De plus, Ahmed renonça à la possession de Com,
où le khaiife plaça un gouverneur particulier l.
Lorsque Mounis retourna à Bagdad, il emmena
Ioucef. D'après Djémal-eddin Ali, on avait préparé
pour Ioucef un chariot, afin de le promener en pu-
blic monté sur ce chariot, et accompagné des effé-
minés (iuuUeJ! ) , qui se seraient vantés à ses dépens.
Mounis, ayant eu avis de oe projet, le désapprouva,
et dit : « Des émirs aussi illustres ne sont pas pro-
menés en public. » Il pria Moctadir-billah de renoncer
à cela, et Moctadir y consentit. Mounis fit son entrée
à Bagdad, le 1 o de rébi second 307. Les rues avaient ,
été décorées pour lui faire honneur, et les habitants
1 Ibn-Àiathir, II, 216 r. on ms. de €. P. t. IV, f. «97 r. Uw-
Khaldonn, IH, 4ao r.
420 JOURNAL ASIATIQUE.
se réunirent autour de lui. L'émir Ioucef marchait
devant Mounis, monté sur un chameau (\j-yA*
JJT d*), et vêtu de la robe de brocart qu'avait portée
dans une semblable circonstance Amr, fils de Leïts,
le Soffaride. Sa tête était couverte d'un bonnet fait de
queues de renards l. Il tenait ses yeux fixés sur la
1 cjJLaJI oltèL LT*Ji ^y^« Dans cette phrase dlbi^Àlathir,
le mot /j»ojj» bornos, est synonyme de jJ*/h> que **on encontre
ordinairement employé en pareil cas. (Voyez M. Reinhart Dozy,
Dictionnaire détaillé des noms des vêtements chez les Arabes, p. 268,
269. Gf. sur le Tartour d'Abou-Racvah , Ibn-Alathir, ms. de C. P.
t. V, f. 43 r. Silvestre de Sacy, Exposé de la religion des Druzes. t. I,
pag. cccxxvi et Ckrestomathie arabe, U I, pag. 160. Dans ce dernier
passage , S. de Sacy a rendu peu exactement tartour par toque). Ce
passage confirme pleinement , ce me semble , la définition de «■ ta**
jdLfeb « bonnet haut, » donnée par Firouzabadi pour le mot «fô^J»
apud Dozy, opus supra laudatum, pag. 73, 74. J'ose donc croire que
le savant distingué que je viens de citer a eu tort de traduire les
mots *JL J> iL< jJLV , par «bonnet dont un bout dépend (sic) sur
l'épaule. » Je crois devoir ajouter ici un passage de Maçoudi où le
mot hornos est employé dans le même sens : «Dans l'année 317
(sic) y Iounis, fils d'Àlneçadj (lisez Ioucef, fils d'Abouasadj ), rat
amené à Bagdad.On le promena en public, monté sur un chameau
à deux bosses. Il était revêtu de la dorraah (tunique) de brocart
qu'avaient portée Amr, fils de Leïts, et Vacif l'eunuque (Gf. sur
Ventrée de Vacif à Bagdad, ibidem, f. 378 v.) , et sa tête était cou-
verte d'un bonnet haut, garni de bandes (jpUlô Gf. S. de Sacy»
Ckrestomathie arabe, a* édition, t. II, p. 4f, 1. 6) et de sonnettes.
^luoJî *ft[)3 <?\cj M*i\ JU^i c^ïjQû 0$} *3LJ\ *ÂJtV»
Ijtjfj *J\j ^s. ^ ^Ul ci^JJ^J" o*ï J/** W*^ iSàÏÏ
ja>s*a* jjjULwj JbjJ». Ms. ar. 715 supp., fol. 44 1 r. et r. H y
a ici une lacune dans le manuscrit 5 1 4.
' Du temps de Chardin et de Tavernier, les marchands convaincus
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 421
terre. Les habitants de Bagdad blâmèrent la manière
• dont loucef était traité, parce qu'il n avait pas tenu
une conduite répréhensible envers ses prisonniers.
Les assistants faisaient des vœux pour que Dieu adoucît
en sa faveur le cœur du khalife , à cause de la beauté
qu'ils voyaient en lui et de sa bravoure, qui leur
d'avoir vendu à faux poids, étaient condamnés à être promenés pu-
bliquement, la tète couverte d'un bonnet, que Ton peut comparer
au tartour des Arabes. «On leur met sur la tête, dit le premier de
ces deux voyageurs (édition de 172S, t. VI, p. 3 1 1), un haut bon-
net de paille, et on les promène ainsi par la ville, et surtout dans
leur quartier On appelle ce supplice takte-cola **}o oJc , c'est-
à-dire bonnet d'escabeUe, à cause de sa hauteur, etc. » — a Le supplice
ordinaire, dit Tavernier (éd. de Rouen, 1713, t. II, 347, 348),
est de faire porter, à ceux dont on a découvert la tromperie, un
grand takté kolas, qui est un bonnet haut comme nos ruches à miel ,
que Ton leur met sur la tête, avec une clochette pendue au col. » On
peut encore rappeler, à propos du tartour, que, chez nous, il y a
moins de deux siècles, un débiteur insolvable pouvait sortir de
prison en faisant cession , c'est-à-dire en consentant qu'on lui mit
publiquement un bonnet vert sur la tête. C'est à cette coutume
que Boileau fait allusion» dans sa satire I™, lorsqu'il mentionne
D'un bonnet vert le salutaire affront.
Ibn-Djouzi, dans son Mirat-ezzèman (ms. arabe 64o, fol. 210 r.) ,
et une addition marginale de notre manuscrit de Beîbars (ms. 668,
f. 83 r. 82 v.), racontent ce qui suit, sous la date de l'année 271 :
«Dans cette année, loucef ♦ fils d'Àbou'ssadj , attaqua les pèlerins. Ih
lui résistèrent, le firent prisonnier, et l'amenèrent à Bagdad chargé de
chaînes. Mounis-al-Mozaffer entra avec lui dans cette ville, et lui
en fit faire ignominieusement le tour sur un chameau » (sic) ti**à*
JL^J^ Beîbars ; JLî*- J^/^' <>* Ibn-Djouzi; cf. sur la 4*
forme du verbe /^£, employée dans ce sens , une note de M. Dozy, opus
svpra laudatum, page 275, note 17). Aboul-Cacim-al-Mohcin-Àtté-
noukhi rapporte, dans son ouvrage intitulé : La joie après le chagrin
*du*JI <>ju tjSu\9 l'histoire suivante, qu'il tenait d'Àbou-Becr-al-
x. 28
422 JOURNAL ASIATIQUE
était coimue. Lorsqu'il fi»t arrivé au palais du kha-
life, oo lui fit mettre pied à terre et on le conduisit ■
auprès de Moctadir. Le vizir Hamid, (ils d'Abbas,
et le rets Ali, fils d'Iça, lui promurent, au nom de
ce prince, un traitement honorable. Après quoi, oa
Adémi ^O^ff, le lecteur du Coran: • Lorsque Ïbn-Alnssadj entra
dans Bagdad, enchaîné et porté sur un chameau fj^JL» !>jL»
IjL^é4^*1 Iounis (lises Mounis) m'ordonna de raccompagner (c'est
Al- Adémi qui parle). Nous le rencontrâmes à quelques parasanges
de la ville Je lisais devant Ibn-Abi'ssadj : « C'est ainsi que ton sei-
«gneur prend les villes injustes, quand il s'en empare (Coran, XI,
• io4) ». Je fis suivre ce verset de tous ceux du Coran qui ont une si-
gnification analogue. Ibn-Abi'ssadj était couvert d'un bornos et
pleurait. Lorsque quelque temps se fut écoulé après cet événement,
Mounis intercéda pour Ioucef. Le khalife accueillit cette interces-
sion , et mit Ioucef en liberté. Mounis me dit : « Ibn-Abi'ssadj te de-
« mande. Rends-toi à sa demeure. Je répliquai : Peut-être est-il mé-
t content intérieurement de ma conduite en ce jour-là. » Mounis répon-
dit : « Tu ne peux te dispenser de l'aller trouver. Je repris : J'invoque
«M. N.< W| Ni
«Dieu pour qu'H se charge de mon affaire <J g *»l *»l (cf. M» de
« Slane , Journal asiatique, in* série , t. VI , page 1 o 1 , 1 02) , ô Ostad »
Il répéta : « Tu ne peux te dispenser de l'aller trouver. » Je me rendis
donc auprès de Ioucef. Il me fit approcher de lui , me fit asseoir à
une place honorable (jJd? «3*. v*5Vj&9 , et me dit : «Je désire que
« tu lises ces versets que tu as lus devant moi , tel jour. Je répondis :
« La circonstance l'exigeait ainsi , mais il en est autrement aujour-
«d'hui 3&^jJ\ U <il>4^xiu JU 0fe% H répliquai H le faut
«absolument, ne crains rien, j'ai profité de ces versets, t Je commençai
donc à lire les versets en question; cependant, il pleurait et se la-
mentait. Quand j'eus fini, il tira de dessous son oratoire *^La*
(sans doute la natte ou le tapis sur lequel il s'agenouillait pour
réciter ses prières) un, grand nombre de- dinars, et m'en remplit
la bouche ^ Igj L«l£. Puis il me donna deux mille dirhems. Je
les pris et sortis; je trouvai à la porte une mule fringante, sellée et
bradée, et je memtai sur eMe. 'Ioucef me fit accompagner par un str-
vitopr portant de» étoffes, et me dit : «Reviens quand tuj voudras, et
«ne cesse pas de me visiter tant que je resterai a Bagdad»* Jet'aUai
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1M7. m
le conduisit dans un salon * qui avait été prépaie
pour lui servir de prison 2.
. Après le départ de Mounis pour Bagdad, Subuc,
affranchi de loucef, fondit sur F Azerbaïdjan, et s'en
empara. Une armée considérable se rassembla au-
près de lui. Mounis envoya contre lui Mohammed,
fils d'Ôbaïd-AlJah-ei-Faréki , qu'il investit du gouver-
nement de la province. Mais el-Faréki fat mis en
déroute et retourna à Bagdad. Subuc écrivit au kha-
life pour demander le gouvernement de l' Azerbaï-
djan , qui lui fat accordé moyennant un tribut an-
nuel de 220,000 dinars. Mais il ne tint pas ses
engagements3.
Au commencement de Tannée 3 10 (92^), loto-
cef fat relâché , sur l'intercession de Mounis , et
reçut un présent. H alla trouver Moctadir, le 9 dé
moharrem ( 9 mai ) , et fut revêtu d'un khilat Eii-
voir toutes les semaines peur lui lire des passages du Coran. Il me
donna chaque mois cent dinars , jusqu'à ce qu'il partît de Bagdad. »
Le fait qui sert d'introduction à ce récit est réellement arrivé en
371, ainsi que nous l'avons vu plus haut. Quant au récirkû -même,
je n'hésite pas à croire qu'il doit être rapporté à l'année S07,
comme le prouve là rôle qu'on y fait jouer à l'eunuque Mounis.
l. Je lis AfiU dans Djémai-eddin (page 38) , au lieu de » t>*U.
D'après Ibn-Alathjr, Noveïri et Beîbars, Ioucef rat emprisonné dans
le palais auprès de Zebdan, ^fcXA» 2idan (jfo^î)» ou Ziadan
(^I^Lj, l'intendante (cahermanak).
* Ibn-Alathir, a* 5 v. 316 r. Beïhars, 181 r. Noveïri , Djémal*ed-
din, pag. 37 et 38 -, ms. de Gotha, fol. i4i r»
3 Ibn-Alathir, t II, fol. a-16 r. ou< ms. de C* P. fol. 197 r. Ibn-
Khaldoun , f. 3od v. ; d'après Djémai-eddio-Ali (page 39) , le kiuèife
traita Subuc avec faveur,. sur la demande de Mounis, et l'ittratst
de ee qui appartenait à son maître.
28.
424 JOURNAL ASIATIQUE,
suite le khalife lui donna l'investiture de Reï, de
Gazouin , d'Abher, de Zendjan et de f Azerbaïdjan ;
et lui imposa une redevance annuelle de 5oo,ooo
dinars, outre le payement de la solde des troupes
qui se trouvaient dans ces provinces. Le même jour,
le khalife fit revêtir de khilats Vacif-al-Bectimori ,
Thahir et Iacoub , tous deux fils de Mohammed , fils
d'Amr le Soffaride. loucef fit ses préparatifs de dé-
part. Moctadir lui adjoignit un corps de troupes
sous le commandement de Vacif. loucef partit de
Bagdad pour Y Azerbaïdjan , au mois de djomada
second (octobre). Il avait reçu Tordre de passer par
Mouçoul, et d'examiner la situation du Diar-Rébiah.
En conséquence, il se rendit à Mouçoul et inspecta
les districts environnants; puis il continua sa marche
vers T Azerbaïdjan. A son arrivée dans cette province,
il apprit que son esclave Subuc était mort, et il fut
affligé de ce trépas. En effet, Subuc s'était fort bien
conduit envers son maître durant la captivité de
celui-ci; il n agissait que d après les ordres, et ne
s asseyait qu'au-dessous du siège de loucef L
1 ImvAlathir, 336 v. 337 r. Noveïri, i3 r. Beibars, 191 r. ïbo-
Khaldoun, 397 v. 421 r. Jean VI, 33 j, 333. Subuc paraît être le
Serpouk'h de Jean VI, pag, 319, 3so. Cependant, eet historien dit
(pag. 338 et 339) que Serpouk'h était aussi nommé Nesr. Le récit
de Jean VI paraît ici très-peu clair; car, immédiatement après avoir
dit que loucef envoya en Arménie (en 923, selon Tschamtsehean,
cité par Pétermann , dict. loc. pag. 8) , un osdigan nommé Nasr,
que beaucoup de personnes appellent aussi Serpouk'h , le patriarche
arménien ajoute: «Quelque temps avant ce que nous venons de
raconter, un des principaux esclaves d'Youssouf, nommé Serpouk'h,
qui fut ensuite jeté en prison par l'osdigan , s'était enrichi dans la
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 425
ïoucef marcha de l'Àze^baïdjan contre Reï , où
commandait Ahmed , fils d'Ali, frère de Soulouk
( JjXuo UJ ). Celui-ci s'avança à sa rencontre! Ils
en vinrent aux mains entre Abhèr et Zendjan. Les
troupes d'Ahmed étaient plus nombreuses que celfts
d'Ioucef. Néanmoins , l'émir chargea l'ennemi à plu-
sieurs reprises, le mit en déroute, atteignit Ahmed,
le frappa et le renversa de dessus sa monture (8 de
dzouihidjdjeh 3i 1 = 18 mars 92 4). Sa tête (ut en-
voyée à Bagdad1. lbn-Abi'ssadj s'empara de Reï, et
y lit son entrée au mois de dzouihidjdjeh. Puis il
quitta cette ville pour se rendre à Hamadan, au
direction dés affaires politiques que celui-ci lui avait confiées. Après
lui avoir ôté sa place, Youssouf le fit venir auprès de lui, dans la
ville d'Ardavel (Ardébil), où il se trouvait depuis quelque temps,
pour le faire mourir, et pour s'emparer de ses trésors, de ses ri-
chesses et de ses biens. » Le chapitre qui suit immédiatement celui-
là commence ainsi: «Cependant, ûlasr, qu'on nommait ordinaire-
ment SerpoukTi , et que Youssou f mit envoyé avec le titre d'osdigan
dans l'Arménie, se mit en marche; etc. » L'osdigan Nesr-Serpouk'h,
de Jean VI , ne serait-il pas le même personnage qui est appelé
Nasr-Essobkéri , par Ibn-el-Kattan? (Voy. ci -dessus, pag. 4i4-) Je
renonce à présenter ici le résumé du récit de Jean VI , en ce qui
touche ïoucef et ses lieutenants. Ces événements qui, d'ailleurs ,
n offrent pas une bien grande importance » ont été parfaitement ré-
sumés par M. Lajard, dans sa Notice sur Jean Gatbolicos (p. xxxvi
àxLin). Au lieu de Serpou'kh, M. Petermann (pag. 9) écrit Es-
bukh, ce qui se rapproche plus de l'orthographe arabe Subuc.
1 Djémal-eddin , pag. 38; Ibn-Alathir, ms. de C. P. pag. 3oa r.
D'après ces historiens, Ahmed, fils d'Ali , ayant abandonné son frère
Soulouc, était allé trouver Moctadir, et avait reçu en fief la ville de
Bel. Ensuite il se révolta, fit la paix avec les enfants d'Othrouch et
Macan , fils de Cali , qui régnaient dans le Thabaristan et le Djor-
djan. Selon Ibn-Alathir et Beibars, il fut tué à la fin de dzou'l-
cadeh.
426 JOURNAL ASIATIQUE,
commencement de l'année 3i3 (avril 926), lais-
sant pour lieutenant à Reï son esclave Moflih. Les
habitants chassèrent Moflîh , qui 9e retira près de lou-
cef* Celui-ci revint à Reï, dans le mois de djomada
second 3 1 3 (septembre 9^5), et s'en empara1.
Dans l'année 3i 4 (996), Moct^dir investit lou-
cef du gouvernement des provinces d'Orient. H lui
ordonna de se rendre de {'Azerbaïdjan à Bagdad, et
de marcher vers Vacith, puis vers Hedjer, afin de
combattre Abou-Thahir-Soleiman le Carmathe. 0
lui permit de s'approprie? les revenus des provinces
d'Orient, pour les distribuer à ses généraux et à ses
soldats. Ioûcef marcha vers Vacith, où se trouvait
Mounis-al-M ozaffer. À l'approche de loucef , Mounis
évacua Vacith , et retourna à Bagdad. Le khalife
assigna à Mounis le produit du kharadj, dans les
districts d*Hamadan, deSaveh , de Com, de Cachan,
dans le Mah de Basrah (Kihavend), dans le Mah de
Coufah (Dinaver), et dans Macébadan (^li^u^U),
afin qu'il l'employât à f entretien de sa table et à ses
autres dépenses, et qu'il s'en, servît pour combattre
les Carmathes. Moctadir fit tout cela par le conseil
du vizir Aboulabbas-al-Khacibi (^jo ) 2.
1 Ibn-Alatjiir, f. 229 v. ou ms. de G. P. 3oa r. Beibars, 193 r. et
v. Ibn-Khaldoun, 397 v. 3g8 r. A 21 v.
* Ibn-Alathir, t. H, f. a35 r. et v. ou ms. de C. P. 3o5 v. Beïbars,
£, 1 98 r. Ibn-Khaldoun , 398 r. 4 2 a r. ; ms. de Golba, f. 1 4 1 r. D'après
cet ouvrage , loucef s'avança vers Bagdad. Nasr l'eunuque , Nazouk ,
Chefi (? «jju») el-Moctadiri ,Haroun, fils de Gharib-el-Khal, et d'autre»
individus parmi les pages, redoutèrent sa présence à Bagdad. Mounis
lui écrivit de se diriger vers Vacith, afin d'y établir sa résidence, et
NOVEJtfBftE-DÉCBMBRE 1847. 427
Dans l'année 3i5 (927), on reçut à Bagdad ia
nouvelle de la marche d' Abou-Thabir d'Hedjer sur
Coufah. Puis on apprit de Basrah qu'il avait passé
tyèa de cette ville, se dirigeant vers Coufah. Le
khalife écrivit à Iouœf , pour lui faire oonnaître cette
nouvelle, et lui permettre de se rendre 4 Coufah.
Iouoef partit de Vacith pour cette ville/à la fin du
mois de ramadhan.On avait préparé à Goufah des
provisions pour lui et pour son armée. Lorsque
Abou-Thahir arriva près de Goufah, les lieutenants
du khalife s'enfuirent de cette ville» Abou-Thahir
s'en rendit maître , ainsi que des approvisionnements
quelle contenait, et parmi lesquels se trouvaient deux
oents corrs de farine et mille d'oBge. Abou-Thahir
avait épuisé les vivres et les fourrages qu'il avait
emportés, et cette prise lui vint fort à propos.
Ioucef arriva à Goufah un jour après l'ennemi ,
le vendredi 8 de chewal (5 décembre). Il envoya
un message aux Carmathes, pour les inviter à se sou-
mettre à Moctadir, et leur indiquer le dimanche
oomme le jour du combat , dans le cas où ils refuse-
de combattre de là les Carmathes. Ioucef se dirigea contre eux. Puis il
suspendit sa marche, à cause de certaines conditions qu'il stipula,
et de somme* qu'il demanda. Or, langent étant très*rare, le khalife
ne consentit point à satisfaire ses exigences, et ce refus motiva le
retard de Ioucef. Plus loin (fol. îi'j r.), Ibn-el-Kattan ajoute : • Ali,
Gis d'Iça, avait écrit à Ibn-Ahi' ssadj de rester dans le Djebel. Ioucef
ne fit aucune attention à sa lettre, et s'empressa de se diriger vers
Holvan , dans le dessein de se rendre à Bagdad. » Selon le même his-
torien, les soldats d'Jeucef conunirent du dégât à Vacith. ^Les habi-
tants se plaignirent vivement de leur conduite, et firent des voçux
contre eux. Mais cela ne changea nullement leur manière d'agir.
428 JOURNAL ASIATIQUE,
raient Ils répondirent : « Nous n* obéissons qu'à Dieu
très-haut. Le moment de notre rendez-vous guer-
rier sera demain matin. » Le lendemain matin , sa-
medi, les vagabonds de 1 armée dloucef commencè-
rent à injurier les ennemi* et à leur lancer des pierres.
Le combat s engagea dans un endroit connu sous le
nom d'Al-Khandac £<x࣠(le fossé) , entre Hirah et
Annil1 J*Jlj *j+& (jv*. Ioucef avait quarante mille
hommes environ , et Abou-Thahir n'en avait <pi envi-
ron quatre mille. Ioucef, voyant le petit nombre des
Carmathes, les méprisa et dit: «Certes, ces chiens
seront entre mes mains dans une heure, » Il ordonna
d'écrire deslettres annonçant sa victoire, avant même
que la bataille fût commencée. Les deux armées
s'avancèrent lune contre l'autre. On combattit de-
puis l'aurore du samedi jusqu'au coucher du soleil.
D'après Djémal-eddin- Ali, les deux années restèrent
en présence la nuit du dimanche (c'est-à-dire du
samedi au dimanche ) , et la plupart des soldats d'Iou-
cef prirent la fuite , à la faveur de l'obscurité. La
bataille recommença le lendemain matin, avec une
égale ardeur. Abou-Thahir, voyant la résistance que
faisaient les ennemis, s'empressa de prendre part au
combat, avec une troupe de guerriers en qui il avait
confiance2. Il chargea à leur tête et rompit les rangs
1 On peut voir sur cet endroit un passage du Mocktaric, publié
par Weijers (Lobb~el-Lobab , p. 216).
* D'après Dzéhébi, environ cinq cents Carmathes furent blessés
avec des flèches empoisonnées. Abou-Thahir se trouvait dans une
Ikière, entourée par deux cents cavaliers. Il en descendit, monta à
cheval, et chargea Ioucef.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 429
des soldats d'Ioucef , qui prirent la fuite devant lui.
Ioueef resta entouré de cinq cents esclaves seule-
ment. Il réunit tout son courage et dit à ses com-
pagnons: «Montrez-moi leur chef ; peut-être pour-
rai-je fondre sur lui et le tuer, » On lui répondit :
a II est du nombre de ces cavaliers vêtus de blanc. »
Telle était, èiv effet, la couleur du vêtement d'Abou-
Thahir-Soleïman et de ses frères1. Il fondit sur les
Carmathes, les rompit, parvint jusqu'auprès de leurs
chefs, frappa l'un d'eux et le renversa de sa mon-
ture ; puis il retourna sur ses pas et continua à
faire de nouvelles charges, quoique le nombre de
ses esclaves diminuât à chaque moment , par la mort,
la captivité ou la fuite. Enfin, il tenta une dernière
charge, dans laquelle il fut fait prisonnier. Un grand
nombre de ses soldats furent subtinergés dans l'Eu-
phrate. Abou-Thahir conduisit Ioueef à son camp ,
et plaça auprès de Irifflp médecin chargé de soi-
gner ses blessures 3.
1 II n'est pas hors de propos de rappeler ici que , comme Ta fait
observer Hamaker (cité par Silvestre de Sacy, Chresiomadùè arahe,
*• *» pag* 499), les habits blancs, revêtus le jouV d'un combat, in-
diquaient, chez celui qui s'en couvrait, la résolution de se dévouer
à la mort; car les linceuls dont on se sert pour ensevelir les morts
doivent être blancs.
2 Ibn-Alathir, fol. a38 r. et v. Beibars, fol. 200 v. 201 r. Ibn-
Khaldoun, tom. III, fol. 4o5 v. Abou 1-Méhacin , manuscrit 110
Saint-Germain, folio i5o v. Djémal-eddin-Àli, page 38 et £9;
Dséhébi, manuscrit 646, folio 53 r. Hamza-Isfahani , Anndium
tibri X, page ao5. Ce dernier place la bataille le 20 de chevval
(17 décembre) «** ^Su «u**I: et Djémal-eddin-Àli, le samedi,
» 1 du même mois. D'Herbelot {Bibliothèque orientale, article Car-
430 JOURNAL ASIATIQUE,
La nouvelle de la défaite étant arrivée à Bitgdad»
tous les habitants, grands et petits, craignirent vi-
vement les Carmatbes, et résolurent de s'enfuir à
Holvan «t à Hamadan. Les fuyards de l'armée
d'Ioucef entrèrent à Bagdad, la plupart i pied, le
corps et tes pieds ans, Mounis sortit de la ville, dans
le dessein de se diriger vers Coufah. Il reçut la nou-
velle que les Gançathes avaient marché vers Ain-
Ettemr (la source de la datte). Mounis envoya de
Bagdad cinq cents navires montés par des soldats, afin
d'empêcher Abou-Thabir de traverser l'Euphrate. U
fit marcher un détachement vers Anbar, pour garder
cette ville et interdire le passage de lEuphrate aux
Carmatbes. Ceux-ci se dirigèrent sur Anbar, doat les
habitants coupèrent les ponts de l'Euphrate. Les
Carmatbes campèrent sur la rive droite de ce fleuve,
et Ahou-Thahir envoya se^impagnons vers Hadi-
tsab. Ils revinrent, amenaiJQps vaisseaux à linsu des
habitants d Anbar. Trois cents Carmatbes passèrent
le fleuve dans ces embarcations, combattirent les
troupe^ du khalife, les mirent en déroute, en tuè-
rent une partie et s'emparèrent de la ville d' Anbar.
Puis ils établirent un pont , sur lequel Abou-Thahir
passa le fleuve à la hâte, laissant ses bagages sur
la rive droite. Lorsque la nouvelle du passage de
l'Euphrate par les Carmatbes parvint à Bagdad, Nasr
le chambellan partit de cette capitale, à la tête d'une
mailie), rejette k débite de Ioocef (et non Abtwage, «panne il
écrit) après la prise 4e h Mekle par les Carmuthes, éveaewcot
(|uil place à tort en 3i<h au lien de 3*7.
NOVEMBfVe-BÉCEMBIMB t847. 63*
armée considérable, et joignit Motims-afcdtfozaffer.
Leur réunion porta l'armée du khalife à pfais de
quarante mille combattants, sans compter ies es-
claves et ceux qui ne cherchaient que i occasion de
piller. IBs avaient avec eux Abou'Ihidja -Abd-ÀHah,
fils d'Hamdan, et ses frères Aboirïaia, Abou'l-Véiid
et AbouWraia, accompagnés de leurs troupes.
Hs marchèrent jusqu'à ce qu'ils lussent arrivés à
....... .\ à deux parasanges de Bagdad, auprès
d'Akarkouf. Abou lhidja conseilla de couper le pont
qui se trouvait sur la rivière ^et ce conseil fut mis à
exécution. Abou-Thahir s avança contre l'armée du
khalife et parvint à . .
* La véritable orthographe île ce nom me laisse beapnoop ^in-
certitude, tant il est diversement tracé dans nos différents manus-
crits. On lit jvJj^J et vjljjvgi dans notre ancien manuscrit
d'Ibn-Àlathir; tjluj dans Beïbars; \X}\ dans le manuscrit de G. P.
et dans Dzéhébi , et enfin itofjjlj ^J^jJH jç» dans Hamu d'fe-
pahan. Entre ces diverses leçons, je n'ose faire un choix. Mais il
me paraît très-probable qu'il est ici question du canal connu sous le
nom de Nehrlça. En effet , Abou Thahir Solefinan, maremnt d'Anbar
vers Bagdad, devait rencontrer sur sa route le Nehr iça. On pourrait
supposer, il est vrai , que le nom en question désigne seulement un de
ces canaux entre lesquels, d'après Abou'lféda, le Nehr Iça se parta-
geait, à partir de Mohavvil. (Voyez Silvestre de Sacy, Chrestomathie
arabe, t. I, pag. 68; cf. ibid. pag. 174.) Mais le fait que le fleuve
dont il s'agit ne pouvait être passé à gué , me parait contredire cette
conjecture, tandis qu'il s'applique très-bien au Nehr-fça , qui, selon
Édrici (t. II , pag. 1 57 ) , est navigable depuis l*Euphrate jusqu'à
Bagdad. Je crois qu il est question du Nehr-ïça dans ce passage
dXDtter ( Voyage en Turquie et en Perse, t. II , pag. 2 1 3) : « En ce Heu ,
(Féloudgé) se détache, un bras de l'Euphrate , qui va se jeter dans
le Tigre, entre Ïmam-Mouça et Kouchelar*Kftlassi , et Ton s'y sert
de kieleks quand les eaux sont grosses. ■
432 JOURNAL ASIATIQUE.
Àl'avant*garde dés C arma thés se trouvait un nègre ,
qui ne cessa point de s'approcher du fleuve, malgré
les flèches qui tombaient sur lui, jusqu'à ce qu'il
ftt arrivé à un endroit d'où il dominait l'emplace-
ment du pont ; il vit alors que celui-*» était coupé
et revint sûr ses pas, semblable à un hérisson, à
cause des flèches dont son corps était couvert. Les
Carmathes voulurent traverser le fleuVe, mais cela
leur fut impossible , parce qu'il- n'y avait point de
gué.
Lorsqu'ils s'approchèrent de l'armée du khalife , une
grande partie de celle-ci s'enfuit vers Bagdad, saisie
d'une terreur panique. Abou'lhidja, voyant cela, dit
à Mounis: «Que penses-tu de ce que je vous ai con-
seillé? Par Dieu ! si les Carmathes avaient traversé le
fleuve, tous ceux qui sont ayec toi auraient pris la
fuite et Bagdad aurait été^ris. » Cependant les Car-
mathes, reconnaissant l'inutilité de leurs efforts, re-
tournèrent à Anbar1.
Mourrai Mozaffer fit marcher son chambellan
Bolaïc, à la tête de six mille combattants2, vers le
camp des Carmathes, à l'ouest de l'Euphrate, pour
1 Jbn-Alathir, fol. 338 v. a3g r. Ibn-Khaldoun , fol. 4o5 v. 4o6 r.
Beïbars, fol. 201 r. et v. Dzébébi, fol. 53 r. Aboulméhacin, fol. 1 5o v.
Hamza-Isfabani , pag. 206; Ibn-el-Kattan , fol. 14.7 v. D'après Dié-
hébi, les soldats qui se trouvaient à Anbar s'imaginèrent qu'Abou-
Thahir revenait après avoir essuyé une défaite. Dans cette croyance »
ils sortirent de la ville et l'attaquèrent ; il leur tua cent cavaliers et
mit en fuite le reste.
* Deux mille seulement d'après Ibn-el-Kattan (fol. i48 r.). Bo-
laïc passa l'Eupbrate à la faveur de la nuit.
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 433
Je piller et délivrer Ioucef *. Lorsque cette troupe
parvint au terme de l'expédition, Abou-Thahir avait
déjà traversé l'Euphrate dans la barque d'un pê-
cheur, auquel il donna mille dinars. Ses compagnons
sentirent s'augmenter leur courage en revoyant leur
chef. Les deux troupes combattirent vigoureusement.
L'armée du khalife fut mise en déroute. Après la
victoire, Abou-Thahir chercha Ioucef ; celui-ci était
sorti de sa tente pour regarder le combat, espérant
bientôt être délivré, car ses compagnons lui avaient
crié : « Réjouis-toi de ta délivrance. » Abou-Thahir
le fit venir et le fit mettre à mort2, ainsi que tous
ses prisonniers. Bagdad fut préservé du pillage dés
malfaiteurs, grâce à la vigilance de Nazouk ^jb,
chef du guet, et de ses soldats, qui faisaient la ronde
jour et nuit, et tuaient tous ceux qu'il rencontraient
après le temps de la dernière prière &*£. Les vau-
1 Maçoudi (t. II, fol. 3oo v.) adjoint à Bolaîc un esclave d' Ioucef,
qu'il appelle ^jdàj Nazift Ce Nazif parait être le même personnage
qui est appelé (J^kmJ\ ^^Ju (lisez Nazif-Assubuki) parDjémal-
eddin-ÀlL Voicj ce qu'on lit dans cet auteur (pag. 3g) : « Ioucef était
doué d'une grande persévérance , comme le témoigne sa rencontre
avec le Carmathe, ainsi que sa rencontre avec son esclave Nazif-
Assubuki. Cette dernière est une histoire étonnante. » Il est à regret-
ter que Djémal-eddin-Ali n'ait pas cru devoir nous transmettre le.
récit de cette histoire étonnante.
1 D'après Ibn-el-Kattan (dicto loco), il lui tint ce discours: «Je
t'ai traité avec considération et je voulais t' épargner ; mais tu ex-
oies tes compagnons à me combattre. Tu sais, lui répondit Ioucef,
que je ne puis pas leur écrire; quelle participation pok-je donc
avoir à leur conduite ? — Tant que tu demeureras en vie, répondit
Abou-Thahir, tes compagnons espéreront te remettre en liberté. »
434 JOBUKài, ASIATIQUE
riens furent contenus par la crainte d'un pareil
sort1.
U A grand nombre d'habitants de Bagdad lovèrent
de» vaisseaux, y transportèrent leurs richesses et ks
amarrèrent, afin de descendre vers Vacith.U y en eut
même, parmi eux, qui transportèrent leurs objets
de prix à Vacith et à Holvan, pour passer de là
dans le Khoraçan. Le nombre des Carmàthes était
de quime cents: sept cents cavaliers et huit cents
fantassin?. On dit aussi: qu'ils étaient deux mille sept
cents. Lorsque Moctadir apprit le petit nombre des
soldats carmàthes, comparé à celui de ses propres
soldats , il s'écria : « Que Dieu maudisse ces quatre*
vingt mille hommes et plus , qui ne peuvent pas ré-
sister à deux mille sept centsl»
Avant de combattre les Carmàthes, loucef avwt
lait arrêter à Vacith sou visir Mohammed, fils de
Khalaf Ânniramani jU^aJI , et avait mis à sa place
Abou-Ali-Haçan, fils d'Haroun2. D condamna Mo-
hammed à payer une somme de cinq cent mille di-
nars. Le motif de cette conduite était que la puissance
de Mohammed, fils de Khalaf, étant devenue grande,
et sa richesse considérable, il convoita, dans son
1 Ibn*Àlathir, fol. i3o r. BeïbarS), «01 v. 20a r. Ibn*Ij&attaafl?,
loi. 4 06 r. Noveïri, fol. 17 r. Hamza d'Ispahan, pag. 206, S07.
D'après Bjémal-eddi» , loucef fut tué quatre jours après arar été fiât
prisonnier.
1 D'après Djémel*eddin (pag. 3g), loucef eut oVabord pow cs**>
ou secrétaire Iba^Oelil le Chrétien (41 Abeu-Délil , à"Ibo*l»Kattaii>
yoy. cvdessus, p. 4oo, note ) , puis Mohammed; fitede Khalaf» et
enfin Haean , fils ûVHaroan.
NOVEMBRE- DÉCEMBRE 1847. 436
âme, le vizirat du khalife et édvmt au hadjib\chbm*
bellan) Nasr, pour solliciter cette dignité et aecttser
Ibn-AM'ssad), ((C'était, disait-il, un Carmathe, un
homme fermement attaché à l'imamat de l'alide qui
régnait en Afrikiah (c'est-à-dire d'Qfeaïd-Aliah*!-
Mehdi), Pour moi, ajoutait-il, j'ai combattu son opi-
nion à cet égard , mate il n'a poirrt voulu en revenir.
Certes, il ne marchera point contre Abou-Thahir ,
mafe a s emparera des tributs, sous prétexte de le
combattre , et s'en servira pour mettre à exécution
les mauvais desseins qu'il a formés contre le khalife,
et pour faire sortir le khalifat de la maison d'Abbas. »
H ajouta beaucoup d'autres choses de cette nature.
Mohammed, fils de Khalaf, s'était fait des ennemis
parmi les compagnons d'Ibn-Abi'ssadj, Ceux-ci le
dénoncèrent, apprirent ses intrigues à Ioucëf, et
lui firent voir des lettres que Mohammed avait re-
çues de Bagdad» de Nasr le hadjib et dans lesquelles
se trouvaient, outre des allusions aux détails consi-
gnés ci-dessus, la promesse du vizirat, en remplace*
ment d'Ali, fils d'Iça. Quand Ioucef eut appris cela,
il le fit arrêter; mais, après la captivité d'Ioueef,
Mohammed s'échappa de prison1.
Ioucef était surnommé le cheikh généreux 4^Jt
jft^Jfl. H portait le prénom d'Abou'lcacim. H était
né, selon Djémal-eddin-Ali, dans l'année a5o (864).
D'après le même historien , il était brave et coura-
geux; rien ne l'effrayait; il pariait avec douceur et
1 Ibn-Alathir, fol. 23g v. ou ms. de C. P. foi. 3o6 r. Freytag,
436 JOURNAL ASIATIQUE.
sa prononciation était lente. Il avait de l'humanité;
enfin, il composait des yefs.
Au mois de dzoulhidjdjeh 3 1 5 {février 918),
Àbou'l-Moçafir Feth, fils de Mohammed Afchin, fut
iqve&ti, par le khalife, du gouvernement de son
oncle. D s'y rendit, s en empara et en resta, posses-
seur, jusqu'à ce qu'il fut empoisonné par un de ses
esclaves, à Ardebil, au mois de chaban 317 (sep-
tembre 929) l. Vjacif Assiravani £ljpâ*Ji, esclave
dloucef , s empara de son gouvernement , et fut bien-
tôt remplacé par Moflih. Aboulmoçafir laissa un
fils nommé Abou Haradj , qui fut un des généraux
des khalifes et compagnon du premier des émirs al-
oméra, Ibn-Raïc2,
1 Ibn-el-Kattan raconte différemment la mort d' Abou'l-Moçafir.
On reçut , dit-il , la nouvelle que les soldats d' Abou 1-Moçafir s'étaient
soulevés contre lui dans l' Azerbaïdjan (ou dans Ardébil , capitale de
cette province). Il prit la fuite devant eux et se retira à Méraghah;
mais ils l'y assiégèrent jusqu'à ce qu'ils l'eurent tué. Ils s accordèrent
pour placer à leur tête un général , d'entre leurs camarades, nommé
Moflih.» (Ms. de Gotha, fol. i63 r. et v.)
* Djémal-eddin-Ali, pag. 3g, &o; Ibret-oulil-Ahçar, ms. i35, supp.
arabe ; le même, ms. de M. de Gayangos, fol. 93 v.
NOVE!*B«E<DECEMBRE 1847. J*3ff
LETTRE
À M LE V C. VA65ALL*),
CONSERVATEUR DE t,â BIBLIOTHEQUE PUBLIQUE, 'X MALTI.
i * /' '. " ■
La V ailette , i5 novembre i846.
Monsieur,
Il nous restait encore quelques doutes , à M. Fârès l
et à moi, sur là lecture de deux ou trois mots de
l'ancienne inscription coufîque conservée au musée
de Malte , lorsque j'eus l'konneur de vous présenter
un premier essai de traduction de ce monument
remarquable.
Depuis hier, tous les doutes sont levés ou à peu
près, et je m'empresse de vous transmettre notre
dernière édition, en vous priant de considérer la
première comme non avenue.
M. Badger, qui a donné un article sur l'inscription
Sciara, dans le numéro 6 du Malta penny magazine,
s'est borné à reproduire le travail du chevalier d'I-
talinski, inséré dans le premier volume des Mines
de l'Orient (pag. 397-99), en ajoutant une seule cor-
rection (évidemment suggérée par M. Fârès J à la
lecture de M. le chevalier d'Italinski, c'est-à-dire à
son déchiffrement du texte coufique. Mais le fait est
1 M. Fârès-Scbidyâk, Syrien maronite, dont j'ai déjà eu occasion
de parler dans ma première Lettre. sur l'histoire des Arabes avant
l'islamisme, est, depuis plusieurs années, professeur d'arabe à
l'université de Mahe.
«38 JOURNAL ASIJnVQVX.
crtre la transcription nixkhy du défunt tcrovâner ren-
ferme un très-grand npmbre d'erreurs ; or, . c'est
cette transcription dû monument côufique (en carac-
tères arabes usuels) tpû a servi de base à la traduc-
tion anglaise 4e M. Badger. Il est donc à regretter
que le nouveau traducteur européen ,*qui avait le
monument original sous les yeux, et, à sa disposi-
tion une lithographie, une imprimerie arabe (the
malta printing estahlishment of the Charch-missionary-
soeiety"}7 et, enfin, un arabisant tel que M. Fârès
Schidyâk , n'ait pas voulu consulter le professeur
d'arabe sur la lecture intégrale du monument côu-
fique de Malte avant de reproduire uqe transcrip-
tion aussi incorrecte que celle de M. cTttalinski (si
tant est qu'il l'ait fidèlement reproduite dans son
Malta penny magazine, car je n'ai pas les Mines de
l'Orient sous les yeux), M. Fârès aurait certainement
fait pour M. Badger, si celui-ci le lui eût demandé,
ce qu'il a eu la complaisance de faire pour moi. Car,
bien que le professeur syrien ne se soit jamais exercé
à la lecture des inscriptions caufiques, sa connais;,
sance approfondie de la langue et de la littérature
arabes lui permet de déchiffrer tout ce qui est écrit
dans l'idiome de Mahomet , quel que soit l'alphabet
appliqué à cet idiome.
J'ai l'honneur de vous adresser <( ci-jointe ) la trans-
cription, en caractères neskhy, du monument côu-
fique, donnée par M. Fâcrès Schidyâk. Ce qui suit
immédiatement en «st la traduction anglaise par le
même. Si personne ne l'a devancé dans fla lecture
. i j ,T
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Journal Asîatûpie. JVvvemère - decemère I8£7. Lettre de^l.
"3
1
JV 3.
<
,ànd NOVEMjïRB-BECEMBftE 1847. 459
» i i et Interprétation exacte de t inscription Sciara, je
^t ^ ne réclame, pour ma part dans cette publication,
=t=; que l'honneur d'avoir éveillé son attention et, pro-
voqué ses efforts. (Voir la planche ci-cpntr^)
TRADUCTION ANGLAISE DE L'INSCRIPTION COCFIQUE ENCASTREE DANS
V9 «VR OU Mf»fc DE ffALTB £7 (ANTEBIBlREliaNT) DANS UN
MB» DE LA MAISON SCIAKA, À LA VAU.ETTE.
N° \ . Dans l'inférieur de l'ogive t*av&9qiie.
In Ihe narae of God , the compassionate , the merciful. May
Gai sbov fclessjng an4 pewe un*» tbe prophet Mohammed
and his famijy ♦ To God beiong majesty and immortality ; to
! his créatures, he bas alloled decay. But y ou hâve a good
> ii (I example in the apostle of God. — This is the sepulchre of
' ' Jf Mfaymoonâh, the daughter of Hassan, the son of Àly the
Budhalee, an attendant on B>n~e«-!Soosee. She died (God
baye wercy upon bejrl) on Tlfeursday, tbe si*teeu*h of tbe
month oîfiçhabân, in tbe yeajr 56^ pro(es*ing that there i»
only one God and that he has no companion.
NP% Dans l'angle à droite.
O thon, fhàt beholdést thts tomb, hère am I worn out ; die
dés! 1m» cwered my eyelids a*d the iimex angles of my eyes.
N° 3. Dans l'angle à gauche.
.In tbis my çouçb^ in *his my abo,g*fi fjf consomption and
in my résurrection , wben ever my creator shall order it, are
subjects of awful méditation. -
{Be Then, my brother, serions and beware.)
N° 4. J)ans le pourtour de ^encadrement, en commençant par en bas et
à droite.
■
Look badk to times past , whether therë is on the ïarth
[pjj amy one permanent, or vrho can repei Death or remove it
T* by *nah*ntatent.
29-
\L>
%
440 JOURNAL ASIATIQUE.
Death expoUed me out of a palace; alaal ihat n^ilber my
hall, nor my costly things, could deliver me from itl
Behold 1 1 am become a pledge for the deeds which I hâve
forwarded and which are reckoned upon my account. — For
none of His créatures shafl last.
Il n'est pas tors de propos de rémarquer, en pas-
sant, que le nom propre du père de la défunte May-
moûnah est Hassan, avec deux sin (55) et un â long,
et diffère, quant au son et à l'orthographe, de cet
autre nom propre musulman, Hâçân, qui fait par-
tie de celui d'une caverne maltaise appelée , encore à
présent, Ghâr-Hâçân (la grotte de Hâçan). Il n'y a
donc pas lieu à rapprocher le Hassan (de l'inscription
coufique) du Hâçân qui a donné son nom à la grotte
ou caverne à laquelle se rattachent tant de légendes.
Les Maltais prononcent et doivent prononcer ce
dernier nom (Hâçân) précisément comme les Arabes ;
mais, eu égard au génie phonétique de leur dialecte,
ils pronoijcerajenj le premier Hassyén (s'il s'était con-
servé parmi eux) de même qu'ils disent nyés au lieu
de 1105 (gens) et Syéheb au lieu de Sàheb (compa-
gnon).
M. le baron Mac Guckin de Slane, qui cultive
avec tant de succès les lettres arabes, a parfaitement
lu, deviné et expliqué l'inscription coufique fruste
ou incomplète qui se trouve sur un bloc prismatique
triangulaire placé au-dessous de l'inscription Sciara
au musée de Malte. U en a restitué le commence-
ment, c'est-à-dire ce qu'il était possible de restituer;
mais tout le reste du fragment perdu étant partiou-
NOVEMBRE-DECEMBRE Ï847. 441
lier au défunt musulman pour lequel Fépitaphe fut
gravée, il s&ait hors de propos de vouloir restaurer
cette lacune. Je joins donc mes vçeux à ceux de cet
illustre orientaliste pour que des fouilles très-exactes
soient faites dans le lieu où fut trouvé le fragment
recueilli dans votre musée.
Dans les inscriptions que l'antiquité nous a lé-
guées, les noms propres eties dates sont précisé-
ment ce qu'il y a de plus intéressant sous le rapport
historique. Or, c'est ce qui manque sur Tune dés
faces de l'inscription ctiufique lue et interprétée pour
la première fois par M. de Slane; et c'est ce que
personne au monde ne peut suppléer par voie de
science ou de divination. A défaut du fragment perdu ,
il faudrait/ une révélation pour compléter l'épitaphe.
Dans l'inscription Sciata, M. Fârès est parvenu à
lire (non sans peine) les nom, surnom et qualités
du père de la défunte Maymoûnah. Il était Iludaly
ou Houdhâly, c'est-à-dire de la tribu Houdayl, cé-
lèbre dans l'histoire des Arabes et dont une portion
occupe encore le territoire situé entre la Mecque et
la montagne de Rara, sur la route de Tâïf. Ce n'é-
tait pas un chef, car il s'intitule modestement (si
nous avons bien lu) wagdh-Ibn-es-Soâcy (attaché au
service d'flbn-es-Soûcy). La dénomination de Soûcy
peut s'appliquer ici à un homme né à Soûçah (de
la régence de Tunis) ou établi à Soûçah. Or, i'histo-»
rien-géographe Abou'lféda nous apprend que ce fat
de Soûçah que les Arabes partirent pour la con-
quête de la Sicile (Géographie d' Abou'lféda, Paris,
442 JOURNAL ASIATIQUE.
18A0, pàg, 1 4à- 1 45 du texte arabe). Nous savons,
d'ailleurs, que la conquête de la Sicile fiit immédia-
tement suivie de celles de Malte, Gozo, Pa*tçlle~
riar etc. dans le courant du ix6 siècle (vide Malta
ûlastraia d'Abela et Ciantar, lib. II, not. ix, p. 678,
679)«
Le miHésime de notre inscription (56$ de l'hé-
gire) se rapporte à lannée 1 iy3 ou 1 17a de l'ère
chrétienne. On sait que notre comte Roger fit la
conquête de Malte et la rendit tributaire des Nor-
mand», vers la fin du xif siècle, en 1 088, i 089 ou
1090» Mais on sait aussi que les Arabes, vaincus
par lui, obtinrent, en capitulant, des conditions
assez favorables; entre autres, pour ceux qui vou-
lurent rester dans file, la conservation de leurs
propriétés et te libre exercice de leur religion, sous
la seule condition , d'un impôt annuel (Malta Mas-
trata> lib* II, not. x).
H résulte donc de la date de notre inscription,
qu'il y avait à Malte des Arabes propriétaires et exer-
çant paisiblement leur culte près de cent ans après
la conquête des Noçroand&i ce qui est en contradic-
tion manifeste avec une donnée historique de l'abbé
Alessandro Celesino, qui place en 1 127 l'expulsion
et l'extermination complètes des Arabes (habitant
file de Malte) par Roger, second du nom (loco lau-
dato, pag. 708),
En soumettant ces observations à votre jugement,
je vous prie, monsieur, d'agréer toua mes remeref-
ments pour les facilités que vous m'avez accordées
NOVSMMVK-WXEMBBE 1847. kl$3
dans la recherche des mflnum^nts historiques de
Rie de Malte, ainsi que mes vœux pour l'extension
de la bibliothèque et du musée dont vous êtes le
digne conservateur.
Je demande la permission de compléter la notice
qui forme le sujet de cette lettre par l'insertion des
renseignements tout nouveaux dont je vous suis re-
devable et que vous seul pouviez me fournir sur
l'origine da la pierre Sciara. et les seuiptures ro-
maines de la fece postérieure de cette pierre.
Il résulte de vu? renseignements, que cette table
de marbre offre au revers (présentement caché dans
le mur du musée,, conupe il Tétait jadis, dans le mur
de la maison Sciara\ un alto-rilievo se détachant sur
un incavo (haut-relîefsur creux), de la surface posté-
rieure, et offrant un ornement 4f une haute élégance
et de travail romain* Ainsi que vous Tbbservez judi-
cieusement, le fragment qtti porte notre inscription
coufique a dû appartenir au temple de Proserpine,
wnatjroit avec le même marbra et dont le» ripnes
se trouvent près de Médina (qu Città-Vfcechia^ l'an-
tienne capitale de Vite et le $iége? de la domination
arabe.
H est donc naturel d'admettre , avec vous , que la
pierre Sciara est un emprunt ou plutôt un des nom-
breux vols faits au monument romain, tant par les
Arabes que par leurs successeurs: Cristiani si, ma
non meno barbari.
J'ai l'honneur d'être , etc. ,
F.'Fmanm.:
444 JOURNAL ASIATIQUE.
MÉMOIRE
Sur l'écriture cunéiforme assyrienne, par M. Botta.
(Suite.)
95.
J'ai déjà eu occasion de parler du signe J^f. et
j*aî dit que Ton pourrait peut-être lui attribuer fa
valeur de r; mais cette supposition ne se fonde que
sur l'équivalence des groupes g-y |fo et S"T~THiï.
Cette raison est loin d'être convaincante à mes yeux,
car ces deux groupes peuvent représenter des mots
différents, mais de sens semblable. Je n ai, du reste,
aucun indice qui me permette d'assigner une autre
valeur au signe ySf^.
J'ai assimilé le ninivite j£j au persépolitain TH^| ,
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 445
et je crois que personne ne se refusera à recon-
naître l'identité de ces deux caractères ; j'ai montré
également que, dans le mot roi, à Khorsabad, le
signe Jy représentait le signe j y, qui se trouve
dans leïpême mot à Persépolis; aussi, quoique je
n aie pas de preuves directes à f appui de mon opi-
nion, je pense qu'on ne trouvera pas trop hardi le
rapprochement que je fais entre tous les signes
formés à Ninive par f encadrement y y et ceux des
inscriptions trilingues qui sont encadrés parV~T,
rapprochement. confirmé d'ailleurs par la grande
ressemblance des variantes respectives. Le petit ta-
bleau suivant en rendra la justesse évidente.
Persépoiitain. Ninivite.
0 ..'...jÊr
■ BK ....... .£f-
-...jÉr=^f
£r=IÊr=^
Il est à remarquer que ces signes, quoique étant
d'une forme assez semblable, ne s'échangent pas
les uns avec les autres, du du moins les exemples
de substitution sont assez rares pour qu'on puisse , sans
crainte de se tromper, les attribuer à des erreurs.
4*6 JOt&NAL ASIATIQUE.
Cela est surtout vrai pour les signes tàt * J^T; a«sM ,
fors même qui! serait certain que le premier, |^[,
lut l'équivalent de £jj=J, première lettre du nom de
Cyrus, et eût par conséquent la valeur de hy il serait
très-possible que le second eût une valeur différente;
il me semble même que, dans f inscription de la
pierre de Michaud, on voit, en comparant les
lignes 5 et 7, un exemple de la substitution de T^V ,
variante de JMN à ►►t . Ce dernier signe étant
regardé comme une n par quelques personnes, c'est
peut-être la raison qui les a engagées à voir ie nom
de Ninus dans les groupes ► m» V TE=f de Finscrip-
tion de Nakchi Roustâm. Je ne puis contredire cette
opinion par des raisons péremptoires, et en cela,
comme en tout, je reste dans le doute jusqu'à ce
que nous ayons de nouveaux éléments pour nous
déterminer.
^V = HTrT2-
>-*-- sqpr = ^^ * *^*-i.
On voit que le signe XÇF a quatre équivalents
indubitables , dont I'ub est le 4> tel qu'il est fait dans
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. **7
les noms de Darius et dOmuzd à Porsépotts; j'ai
même donné précédemment tons les passages de la
forme nimvite^gVT à £J<J. Toutes ces formes
dans mes inscriptions sont très-communes et s'é-
changent constamment les unes avec les autres; ce-
pendant, en général, quand Tune est employée dans
une inscription, elle s y rencontre seule; f emploi
paraît en avoir été arbitraire et avoir dépendu de
l'habitude du graveur.
Les trois variantes ^pTyxT, J|, ff » &ont proba-
blement des fautes; quant à la dernière, cependant,
comme on %n fait un z , on peut voir, dans cet exemple
unique de substitution au d, une preuve à l'appui
de cette détermination»
Je crois, sans doute avec tout lé monde, que le
signe TÏT, qui ne ce rencontre pas dans les inscrip-
tions trilingues, y est représenté par 17- J'en 4°^te
d'autant moins , qu'on rencontre des composés analo-
gues dans lesquels entrent ces deux formes ; ainsi , on
trouve à Ninive ►— ŒJT et*-*— xjT, au lieu des groupes
persépolitains *r^ et ►-►JÇT-
L'échange de TÏT avec ^TaJ ou avec ses équi-
valents , ne permet pas de douter que ce ne soit un d;
mais plus j'avance dans cette étude et plus je suis
convaincu qu'il ne faut pas donner aux caractères
des valeurs trop absolues, et qu'ils peuvent, au
contraire, représenter des lettres différentes, mais
passant graduellement de l'une à l'autre. Ainsi, les
signes TÇT\ J^fv(i' **?• son* probablement des i,
448 JOURNAL ASIATIQUE,
mais quelques-uns, ou peut-être tous, peuvent
prendre la valeur de s en passant par le z. De même ,
les signes ^J, *^H> V «f *, etc. sont des t, mais
ils arrivent à la valeur de chuintantes en passant
par le th.
11 m'a semblé que , dans les inscriptions trilingues ,
le signe V tp^ représente, selon moi, le ninivite
y^T, s'employait comme adjectif conjonctif et comme
marque du génitif; pejjLt-être même sert-il aussi à
former des adjectifs, exactement comme le d en
syriaque et en chaldéen j tel est du moins le résultat
de l'analyse que j'ai faite des inscriptions dont oh a
la transcription en zend. Ce fait a été également
remarqué par d'autres personnes , et c'est là certai-
nement une preuve très-forte an faveur de l'origine
sémitique de la langue assyrienne.
Le signe "ŒT a été' employé dans les inscriptions
babyloniennes et dans celles de Van.
97.
»| g J », TO
^
■S w
NOVBMBftE-BBCEAtBRE 18'i7 449
JH? £r = hPf- -tfcJ *îsfc g^V
Le type ci-dessus est un des plus remarquables,
non-seulement à cause de sa complication, mais
encore de sa rareté. H ne se trouve jamais qu'une
seule fois dans mes inscriptions, et toujours à la
même place; 11 me semble, en conséquence, qu0
ce ne peut être un signe phonétique, mais une
abréviation représentant quelque terme important,
comme serait le nom dune divinité, d'un roi, d'un
empire , etc. Ûans toutes les inscriptions où je l'ai
trouvé , ce signe est suivi de la terminaison jgr
qu'on remarque également à la fia de plusieurs
noms de pays à Nakchi Roustâm, et dont l'un passe
pour celui de l'Assyrie. Lorsqu'au contraire ce signe
ne se trouve pas à sa place ordinaire, la terminaison
J*hT manque également, et tcfus les deux sont rem-
placés par une suite de caractères q<ie j'ai donnée
plus haut. Je ferai remarquer, en passant, que cet
assemblage de signes nous fournit de nouveaux
exemples de la substitution mutuelle des groupes
. «Fai fait d'inutiles efforts pour deviner ce que
pouvait réprésenter ce groupe; je n'ai^u y parvenir :
jejjrésume seulement qu'il est formé de la*éUnion
4M JOURNAL ASIATIQUE,
de deux groupe» semblables ^b^T ^pr fedf ^pr;
je crois même l'avoir rencontré sous cette forme,
mais je ne puis l'assurer, parce qu'ayant voulu
vérifier ce fait, je n'ai pu retrouver l'exemple. Quant
â la .substitution de Jt=\ JET. TET , elie q»t certaiae.
^£ ► ► TTT = 53^
Le signe ^jA est très-souvent remplacé par ^^,
et, en jetant les yeux sur les inscriptions babylo-
niennes, on verra <|ue cette dernière forme est
la seule employée dans cette écriture.. Pour être
convaincu de l'équivalence de ces deux caractères»
il suffit de remarquer qu'ils sont tous deux employés
pour former des composés équivalents; ainsi ££&
rarnplaee ^jft» *▼ , et £^> m «battue i ^g
NOVBJWWB-OÉCEMfiRE 1847. tel
^J- ■» En *e rappelant ce lait on pourra ramener
à des signes nieivites beaucoup de caractères hsaby-
lomens.
Lorsque j ai commencé ce travail , j'étais parte à
croire que le signe composé ^jj*-*-***-* avsit pour
équivalent un autre signe assez rare à Khorsahad,
Mrvo*r : ► tt *f e*-**3**-» ^ je «royai» avoir des
exemples certaine «de substitution ; mais , ayant voriu
en vérifier i exaclftyde , je ««d pu en retrouver de
feien attthent^ueMP^ncoiïséq^
trompé. Cette équivalence supposée entre jÀ>+*pf*-
et* ^ ^►tttt- mavaat conduit & exprimer sur
une lecture du nom de Xerxès une critique qui me
paraît actuellement ne reposer sur rien. J'assimilais
le signe ^^^^►^ppw- au persépolitain T*rjT~f~l
qui se trouve dans le mok homme (Westeigaçrd,
pi. XVII, lig. aj, et qui doit être une chuintante
si ce mot est anosch; comme, d'ailleurs, il ne me
semble pas douteux que lés caractère» riinivites jA
► »y, ou ^^►<ttt- ne repré&eûjtent le persépo-
litain ^£>^_, Jjen conjcluais que ce dernier devait,
dans le nom de Xerxès, avoir la vateur de ch; mais
aujourd'hui ces diverses analogies^ excepté celle die
£> > et ^J ►-►*-, me paraissent teop forcée*
pour être «Ewtenahies.
Le «igné ^ est gé»éralemettt regardé -comme
un Jpoa on ftft; «iJ en >eet ainsi, il «st bien extraor-
dinaire qu'il ne se trouve presque jamais iaolé, et
qu'il soit au contraire un des signes les phis communs
452 JOUfcNAL ASIATIQUE.
en composition. Je ne crois pas que, dans les ins-
criptions de Khorsabad, il y ait un seul exemple
bien authentique de l'isolement de ce caractère; il
en est à peu près de même dans les inscriptions
trilingues où ce caractère ne se rencontre certaine-
ment isolé que dans le nom de Xerxès; cela me
semble indiquer que , dans ce nom , il peut avoir une
valeur autre que sa valeur ordinaire.
J'ai actuellement passé en régie les variantes qui
se rattachent aux signes les pHpùtés, Sans doute
j'ai laissé échapper des erreursTsoit de copie, soit
de détermination, et j'ai déjà eu occasion d'en re-
connaître quelques-unes, que je rectifierai bientôt.
J'espère que le lecteur, qui aura égard à la difficulté
de la tâche, me pardonnera des fautes inévitables
dans ce genre d'étude.
Je pourrais étendre beaucoup ce catalogue, mais
sans grande utilité, je crois; je vais en donner une
table qui permettra au lecteur de chercher si un
caractère qu'il rencontrera dans une inscription n'a
pas quelque équivalent d'une valeur déjà connue;
en outre, pour répondre au désir de plusieurs per-
sonnes, je joindrai à chaque équivalent le numéro
des planches et des lignes où se trouvent les exemples
de substitution.
9 Pour faire cette table, je suivrai l'ordre du cata-
logue raisonné que je viens d'exposer» et qui est
basé sur la prédominance d'un élément dans le signe ,
sauf quelques exceptions dont j'ai rendu compte ;
ces éléments sont par ordre.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 453
—, ::, <i *j, ,& --. :r, m, h; r ,
r.
»~«J— « = »-T}^: XII, 42. — XVI, 63.
W. 55. — M. 70.
^J XLIX, 46. — XLH.61.
XXXIX, 75. — XLHi, g3. " i
» > T « XXVI, i3, 16. — XL, 19, 22.
£ËJTT XXXVffl, 5o. — XLVI, 58,
.2. -
\^f~] = >^~ XII, 12. — XVI, 19.
►_<iE=j (Revers des plaques.) *
^7" v- n°51-
3. .
=?=V.n04t.
4. I '
= f- XII. îa. XVI, 18.
W. i3. — XIX, 17.
<X\ XU, 36. — XVT,-56.
XXXVI, 12— XL, 17.
5.
^ = fcj»— xn, 12, 46. — XVI, 17, 69.
Jx£— xvin, i7. —xix, 21.
«J— xn,44. — XVII, 54.
* Les exemples indiqués sont tirés des inscriptions découvertes
à Khorsabad; le chiffre romain indique la planche, et le/ chiffres
arabes les lignes de l'inscription où se trouvent ces exemples*
x. 3o
454 JOURNAL ASIATIQUE.
6.
<£^J = «XI XXI, 10. — XV, 10.
*■ V.n»3o.
7-
8.
trÇl V.oTi8,34,5i.
9.
^7*f = gÉM xvm, 6. — xix, s.
XXXVn, 3i. — XLV.34:
*J6^= XXXVI, i5, — XL, 21.
10.
gj<f = H*T V- »° 84..
frrxu, a. — xvi, 2ô.
Id. 4o. — Id. 6i. i
*gïï XII, 16, i3, 39. —XVI, 24, 34,
42.
vçr y. 4. — ix, 6.
V. 8. — DL il.
xvm,25. — xix, 29.
. Id. a€ col. 35. — /S. 2* coi 3g.
gj<|' XII, i4. — XVII, 18.
gM XXXVI, 3. — XL, 3.
11,
£^^ Vj n° 1)2.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. <£»
12. . J
JjJ^s V. n° 124. .','..'•' I
13.
V. n° 123.
14.
£►§&• V. n°-i22.
15.
y v. n° i.
16. ' ' : —
^ — = ^»— in", ii, $2,U: — xvi, 6i,
62,66. _
J2» — xn, 55. ^- xvi, 5, 2e coi.
f£?\ id. 4i. — là. 62.
17. ..-■-;.
2>-f-* = V****** M, 7» »3. — XVI, 9, 19. ',
XVID,i4t43. -TrXIX,i8,27.
18.
S- ]^= j~j xvîn, 2g. — xix; 33.
w. 26. — xvn, 34.
là. 43. — là. 57.
Tλ-{J= xn, 27...— .xvn, 3s? _
XXXVI, 20. XL, 28.
trfTfc VXXVW, 87. — XLV, 4i.
3o.
456 JOURNAL ASIATIQUE
19.
^0 = «2BJ xn, 48. — XVH, 6a.
fcj xn, 3a. — xvi, ki.
VIII, 33. — X,2$.
Id. 36. — ld. 3o.
Mj^V xn, 44. — XVI, 65.
^J^xu,32.— xvn, 44.
XVffl, 37. — XK, 4*.
»-£E^=T XXXIX, 90. — XLffl. 109.
20.
£tTÎY= ££K XL- *7> 21.— XLVffl, i4> 17.
£ïfe>« XH, 48. — XVtt, 66.
. W. 54. — XVI, 69.
2§=JTXL,a7. — XLVffl, 22.
21.
*+n — fc^ xxxvm; 62. — xui, 81.
ZA 69. — M. 87.
' fc4r' * ' XII, 52. — XVI, 1 , 2' col.
f/*^" XL, 25.— XLVffl, 2-1.
' *3PPf~XLL, 45. — XLK., 32.
22.
__^ -± ^±^ 3ÛB; 26, 43, 48. — XVI, 38,
64,65.
■•' f— XL1I64;— XLÏX, Â9.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. $87
23.
*T = »§f xn, 4i- — XVI, 6a.
M 4a, 2' col. — XVI , 5i , 2* col.
Id. 19. — XVII, 24.
/ËfoTxn, îi. — XVH.ia.
aJ»— XII, 45. 2» col. — XVH, 57, a-col.
24.
4— = *K- XXXI, 79. — XXXV, 75.
Id. 86. — W. 80.
IL 90. — /<L 83.
Id. 100. — id. 92.
Id. 102. — Jd. g3.
«J- "XXX, 62. — XXXIV, 59.
Id. 71. — /d. 68.
XXXI, 85. — XXXV, 79.
■ XXXIX, 84. — XL, io3.
xxxvni, 55. — XLn,74.
Id. 57. — Id. 76.
/d. 65. — Id. 83.
XXXIX, 94.— XL, 11 3.
XLffl, n3. — LXI, jo2.
25.
*}— = V.n°24.
<]>— = t:]*— XU, 16. — 'XVI, 23.
Id. id. — XVII, 20.
4x11,45. — XVH, 57.
*| — V. n° 25.
468 JOURNAL ASIATIQUE.
27.
^f XH, 8, a» col. — XVI, i5, 2* col.
îd. îo, id. — Id. 17, id.
gjE§Xlf, 32. — XVII, 43.
£fTË= xxxix, 92. — XLvn, 98.
Id. 92, 97. — XLM, 111.
• fc^p-« XXXVI, 7. — XL, 8.
C=y XXXIX , 92 , 93. — XLVII, 99 , 99.
28.
£:} — = <*f»— xvm- l3- — XK' »7-
4[*~XIÏ, 16. — XVII, 20.
29.
J4— XII, 5i.— XVI, 76.
AJ»— XII, 16. — XVI, 23.
30.
• 4*TfT V. n» 35.
31.
^|J|— = *1<]*~- XII, 47, 2« col. — XVII, 61,
2" COl.
32.
t*» j^ V. n° 18.
33. .
▼J Ar — »-*Î^Z XII, 3o, 37. — XVI, A4, 56.
V. n°i.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. Mtô
34.
t^T = -*J V. n° 23.
TÉJ Xn, 34. — XVI, 5a.
% l XU, 8, 2° col. — XVI, i5, 2« col.
^J xvm, 37. — xix; 42. •
XXXVD, 42. — XLV, 48.
& VDI, 3i. — X, 28,
I^EVIII, 5, 2e col. — X, 16.
^3f 0 xn, 32. — XVI, 48.
35.
JÊJfcr =>HT Xfl, l3, 2' COI. — XVI, 20, 2* col.
M. 56.— XVI, 71.
36.
*gT = gjffil xn. l6 — xvn- 21-
V.,n° 10.
37.
» = ^E^E^T XU, 3o. — XVI, 44. -
XII, 2e col. 8, 12, 29. -7- XVI, 2' col.
l5, 19, 36. 1
38.
»»-J||y == ►JfyyJ'xn. 3,5. — XVU, 4, 6.
>-|f[ XXXVI, 5,6. — XLIV, 5, 6.
39.
<£~^y XXXIX, 78. — XLIII, 91.
460 JOURNAL ASIATIQUE.
40.
—l = \. n°34.
41.
^TAT =»-^,XU, 8, a' col. — XVII, 9, 2' col.
XVin, 20. — XIX, 33.
42.
HT4T = K3T XXXVII, 28. — XLV, 3i.
4HxXXVI,9.-XLIV,ii.
HJ^fxn, 48.— XVI, 72.
43.
*V^J = V XXXVI, 20. — XL, 29.
XII, 16, 17, a3, 25. — XVII, 20,
22, 29, 32.
£fT XXXIX, 95. — XLIII, 11A.
44.
•"fcj V. 11° 73.
45.
* * T == *VT\ (Revers des plaques.)
ftjLXXI, 11.— XV, 12. •
*-»-Tp XXXVII, ai. — XLV, 48.
|f XXXVI, 61.— XLVI, 69.
46.
*-ïï*— = Hf*^" Xn' 23' a" co!- — XVI* 29-
2* COI.
W. 25. — XVII, 25, 2* col.
47.
HTrT V. n" 119.
/
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 46*
48.
é-H^yY ,V. n° 120.
49. .
ZZL = tC«~T vin, 16. — x, 2o.
xn, 17. — xvn, 19.
50.
= fc^= xn, 34. — xvi, 43.
Id. 34.— XVH,4i.
51.
52.
>^XVHI, 18. — XIX, 22.
xn, 16. — xvn, 21.
£^J XU , 38 , 2e col. — XVn , 46 , 2* col.
Id. 43, id. — Id. 54, i'J.
4 — V. n° 25.
,i^"T.XLn, 74. — L,6i.
^T = fcdfjf XU, 5o. — XVI, 64.
^1 Vffl, 3i. — X, 12.
53.
tj =tî=Xn,46. — XVI, 68.
i;J XXXIX, 92, 93. — XLVU, 99, 99.
^dTTXn, 2' COI. 11. — XVI, 2* COl. 18.
JÉfxn, 17— xvi, 25.
54.
t=Jf = tfe XVffl, à7, 2* col.— XIX, 49, 2' col.
Jf XXI, i4. — XV, i5.
If vni.28.— x, 11.
46* JOURNAL ASIATIQUE.
E^"~Jf VIII, 26, 2« C0l. —X, 25, 2* COl.
^~ xxxvm, 37.— xu, 53.
f-*w XXXIX. 82. — XLffl, 101.
55.
Mff =
= V^fTfTxfl.4i,
«. 5o.-
2* col. — XVI,
-M. 64.
5o,
2e COl
56.
Mïï =
= fc^ff
57.
= t^ Voy. 11» 53.
58.
Miïf =
= t^J^ XII, 4—
Hfexn.49-
-XVI, 5.
-XVI, 73.
59.
•
MTTT =
= Ml^= V. a" 60.
•
É^yjjx11.50— xvi, 74.
Id. 3 ! , 2* col. —XVI, 38, 2« col.
J^zq (Revers des plaques.)
60.
fc=ffl= = ^fTjEXU.24.— XVI, 35.
XVUI.i. — XIX, 1.
XVIII, 24.— XIX, 27.
XII, 21.— XVII, 27.
i XXXVI, io, 23. — XL, i3, 33.
^»y XLffl, m.— u, 99.
fc^jiyy XVffl-, 37, 2« col.— XIX, 4o, a* col.
XII, 2'col. î.^-XVI, 2'col. 7.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. W8
61.
e^fj— = c^TI= xvm, as, a; coi.— xm,.3i,
2" COl.
62.
t4J>- = t^T»- XII, M, — XVII, 55.
XII, 3, 2' col XVI, il, 2e coi.
63.
E-JTT = <££] xvm, io. — xix, i9. -
*Yïïvm,2.— x, 15.
64.
^-TfU = ^JfJU XII, 3i.^XVI, 38.
>~t]— <XXXVni,5o. — XLVI, 58.
65. >
*S^— >~k\ xn, i, 17, 29.— xvi, 25, A2.
^^^ ^^xvm. 1,2,3.— XlX.i, 2, 3.
-«XXXVI, 20. — XL, 29.
£2bMT XXXVII , 3o. — XLI, 43.
XXXVII, 57.— XLII, 76.
të**- T^fT XXXVII, 3o.^- XLV, 33.
66.
E^E = ES^v — VM. 34. 2e col. — X,i3.
B=E"~ xn, 9.— xvi, 12.
XII, 33. — XVII, 45.
67.
p-fc _£; ^^g XII, 16. — XVI, 23.
68.
tg[ = t^Ej XII, 46. — XVI, 68.
464 JOURNAL ASIATIQUE.
69.
+} — XH, 38.— XVI, 58.
70.
5^lf = K^lf XVin, a— XIX, 3.
71.
ÉS&3 — Z*^*~t~~J T? XU. 53— XLIX, 4o.
72.
fcjvff = fcffifXLIl, 65.— XUX..48.
E^f^XL!, q, 54. — XLIX, 32 , Si.
73.
S
= ^[*— XXU, 2e col. 20.— XVI, 2«col. 26.
XXVm, a« col. i3, 16. — XIX,
2e COL 19, 23.
4<XII, i5.— XVII, 19.
-
XXXVI, 11.— XL, i5.
>-£lTviII, 27— X,a6.
xn, 28.— x, 37.
là. 20. — là. 26.
74.
er-=
= £=jv.n°73.
£}— XU.3.— XVI, 4.
Hf- xvffl, 5o— XIX, 5i.
75.
È£:T =
= *-TTATv-n°*A2, 76.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. &Ô5
76. :
E^Txii, 4— xvn, 5.
77.
B=TTf = t^TÏ xu, 29—xvii, 3g.
t^j XVIII, 2.— XIX, 3.
ff VIII, 32.— X, à.
t^fVffl, 26. — XVI, 25.
<J— XH, 38.— XVI, 58.
*JXH, 34, 35— XVI, 5i';5a.
78.
P£»h j == >^3f /ar xn, 5.— xm, ?•
•'U »>*T* XV1H, 33— XIX, 38.
79.
fc?gz< — *fc>^« XLffi, 9i>— U, 8o. . . ,.3
*~~ XXXIX, 73.—XUH, 91.
80. " ,
►-^xV. n°2o. >- • r
81. :: .
«h = fc^xn, 2e coi. 19.— xvi, 25.
u. a.— xvn, 2î~.
82.
gr^; — a\ Vffl,3a,33. — X. 13, i3.\ '
XU, 48, 49. — XVII, 62, 64.
t^jtXLIU, 118. — U, 106.
XU,4o,~»XLyÉ;ag. T ~*
tm JOURNAL , ASUTIQUg..
££^XLI, 7. — XLVHI, 6. .
hV^r XII, as.—XVII.A?.
83.
HflÉ = MTft= V- »• 60.
84.
, £JAJ = ^Effil XXXVI, 8, 9, 23. — XL, 10, 12,
*~~ 3s.
85.
B2jxvjn,6.— XIX, 8.
XXXVU,3i.— XLV.34.
. |jg}^Xj4V, 3î;.a8.— XMHi :19,3a.
£^rfXVflI,a,.a,«oL — £IX, 10, a'col.
86.
£>*** — KELXU, 17. — XVI, a3,
■ 'SEÏÏÏÏ XII, 2» col 17.— XVÏÏ, a* col. 18.
87. .
gTI^J = g[T^J XU, 18. — XVI, 26.
gJJJ XVII, ao, 3i. — XIX, 26, 36.
88.
JTT^T = JT^T xfl, 9.— xvi, 13.
89.
Jgy = jtf V. n- no:
90. ....... 1
NOVEMBRE -DÉCEMBRE 1847. 467
91.
92.
I^ = ^V.n»n5. .
93.
|J = y*Y XU, i5, 19^-XVU 21 , 29,
M. 39. — W.56.' " **
—*- XXXVffl, 61.— XLVI, 69.
t%£ XII, 2«coh 55.— Xtl,-2e «4.56.
^~X1Ï, 2e COÎ. ï 9. -«-XVII, 2e COI. 20.
' t^XXI, U — XV,'i5. "'
QJXVHI,3i.— XIX, 36. " ., ,w
94. .. : ;
ff œ^ffXH.^cd. at. — XVH, 2e col. 23.
Id, id. 46.— /d. a. 60.
' - ff*XH; a'col. 4&^XVl!, 2'col. 57.
95.
f^=c:.ffv,n-94. . ■ V
96. ... .: .
4 = 4J — Xpf XXXVI, 8. — XL, 1 1. '*
XXXVUI,56. — XLII, 75.
t3ïï= XXXVI, 10, 23. — XL, t3, 33
XXIX, 37— Xp§III, 34.
,'*
m JOURNAL ASIATIQUE.
97.
44 — ►-*■ V, 2. — -IX, 3. .
XVffl,2. — XIX, 2.
XXXVI, 2o. — XL, 29.
£EjXII, i5. — XVII, 19,
XXXVI, il— XL, h5.
£ XXIX, 37. — XXXIII, 34.
98. *
Hi = »-U /g|'. XXXVIII, 53.'— XLII, 72.
99.
J— *m =ssj^- XXXIX, 83. — XLVB, 91.
i*-*-
Aïl >~* XXXI, #5.—- XXXV, 88.
Eff XXXIX, 82. — XLJII, 101.
100. :
i»-+-
<7\ = "^V.n» à.
<<Ë£EXII, 26. — XVI, 37.
. Id, 2" col. 22. • — Ici id. 26.
f— Xyffl, 2« COl. 22. >- XIX, 2*C0l. 28.
VIII, 2«col. 3i. — X,28.
XXXVII, 49— XLn,67.
Ifcfcr XII, 55. ,- XVI', 2« col. 5 :
101.
IPP^ = -<rt V. n° 100.
102. . , -
^J=jfjV.nMii. .• -.. .
!££ZÏÏ xvra, 24. — xix, 27.
NOVEMBRE -DÉCEMBRE 1847. ÙÙ9
103.
. \J = ^ XXXVIH, 70. — MSi, 88. '
XLH, 68. — L, 54.
104.
<TT— tIV.n»a7.
105.
V^T = *rTj XH, a» col. 8. — XVH, a* col. 9.
J>— xn,4i.— xYi,62. :
^tzjxvni, 8.^ xix, 10.
^Ej Vffl, 24. — X, 10.
106.
VBf •= "WTT xn, 2« col. 7. — xvn, a* coi. s.
XXXVII, 38. — m, 54.
W.3i. — XLV,*4.
107.
VeE[ = ^§Érv,u..~ixti5. -:;
108. ' '
/§f[ = <^T vm, 24.— x, 10.
109.
MTTf XH, a* col. 4i. — XVH, a* col. 5i.
4-^^ xn, a» coi 27. —xvn,
2e col. 3o.
U.&L 33.— XVI, id. ai.
xvm.ia. 23.— xix, id.
^yfjxn, 14. — xvi, 30.
V xvrn, 2'coi. 45.— xix, a» coi. 47.
*• 3i
«7Û , JOURNAL ASIATIQUE.
110.
fffâ » *^t= V, i5, — DL, *o.
Vffl, 3a. — X, i3.
111.
TyJ=_4jJXII, 8, ai. a4, 45.— XVI, il, 3i.
35, 68.
112.
|^Y = *^f Vffl, 2» coi. 3. — X, i5.
^jv.n'io.
tff V. n° 117.
113.
£j _ £-j xn, 44. — xvi , 66!
y£f XII, 2* col. 2. — XVII, 2» col. 3.
114.
j£j __ Tg^y Xn, a» col. 5a. — XVI, a» «oL 66.
*£a5. — XVIl,3a.
H. '38. — W.5o.
JgfXU, 4ô— XLDL.36.
115.
JE? sa -JeeJ *■• 44, 45 XV1, 65, 6?*
' . V, 1 IX, 2.
xvm, i6, 19,35. — xix, 20,
22, il.
J^ -_- Xn, 43. — XVI, 65.
ja. 37. —/A 56.
a. 2.— xvn, 2.
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 471
116.
ffr = T*f ^— » XH, 49- - XVI, 73.
JË[J XH, a* col. 19. —XVI, a» col. a5.
XXXDL, 8a, 86. — XLVn, 89, 94.
117.
' lYY'Xn.39. — XVI, 58.
«. 4a. — /<£63.
*E=JI VIII, 5, 25.— X, 3; 10.
£jj(| XXXVI, a5, 26— XLIV, a8, 29.
ffxvm, 14. — XIX, x8.
jf XVffl, a* col. 2,4. —XIX, 2' col. 3o.
^TfT XVffl, a* col. 45. — X», a« cbL
47.
118.
^ = |f XVffl, 3i. —XIX, 36.
119.
»-V = ^y xn, ii. — xvn, a.
JET *ÏT xxxvn, 31. — xli, 40.
120.
•-^ == ^>jftr xvm> i3 — xk, 17.
Vffl,6. — X,8.
121.
V
vra, 4. — x, 2.
3i.
472 JOURNAL ASIATIQUE.
122.
^J = J^S XII, a* col. 3a , 39. — XVI, a* col.
4o, 4}.
jg^vn.ai.— x, 8.
-hxxix, 37. — xxxm,34.
123.
$ï== £f^ XXXIX, 85, 93. — XLffl, io4
na. •
J^H XII, a* col. 48. — XVn, a* col.
63.
ff« aJ»— i-JJaJ XH, 1a. — XVII, i5.
124.
^J>-»^= g^XH, 48, 5o. — XVI, 71, 74.
^J»-W- XXXK, 75. — XLffl, 94.
^J^^qqu xm, 8a. — L. 69.
125.
7T~<£ = Çr^i XXXVm, 4a. — XM, 8a.
( La suite an prochain) cahier. )
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 473
L'INSCRIPTION PHENICIENNE
DE MARSEILLE, (
Traduite et commentée par S. MtJNi.
Les savants travaux dont les monuments phéni-
ciens ont été l'objet dans ces dernières années ont
mis en évidence un fait avancé déjà par saint Au-
gustin et saint Jérôme , et admis par Bocbart et *
d autres érudîts, savoir, que la langue phénicieqne
avait les plus intimes rapports avec la langue hé-
braïque. Ces deux langues, sans doute, n'en for-
mèrent d'abord qu'une seule ; ce fut la langue de
Canaan, adoptée par les patriarches hébreux, Ara-
méens d'origine , à leur arrivée au milieu des Cana-
néens, et transmise à leurs descendants, qui lui
imprimèrent, peu à peu, une physionomie particu-
lière. 11 pourrait donc paraître assez facile d'expliquer
lc$ monuments phéniciens à L'aide de l'hébreu. Ce-
pendant, si l'on considère les résultats peu satisfai-
sants obtenus jusqu'ici dans l'interprétation de ces
monuments, la grande divergence qui existe souvent
entre les différentes interprétations tentées sur les
mêmes textes, le peu de vraisemblance qu'offrent la
plupart d'entre elles, leurs constructions souvent
barbares , qui bravent toutes les règles des langues sé-
mitiques , et que celui qui , par une longue habitude ,
possède le sentiment de ces langues doit, au premier
474 JOURNAL ASIATIQUE,
coup d'oeil, déclarer fausses et impossibles, on sera
obligé d'avouer que nous manquons encore de plu-
sieurs éléments nécessaires pour expliquer, avec cer-
titude, les inscriptions phéniciennes, et que souvent
l'appareil philologique de ïïlébreu et de toutes les
langues sémitiques ensemble ne suffit pas pour ré-
soudre les difficultés que présentent ces inscriptions.
Il est temps de foire humblement cet aveta, de s'écar-
ter de la fausse route dans laquelle sont entrés plu-
sieurs interprètes, et que Geseniufc hii-même n'a pas
toujours su éviter. En avouant franchement notre
ignorance là où les éléments d'interprétation nous
manquent, et en nous contentant dé faire connaître
les résultats certains, quelque peu nombreux qu'ils
puissent être, nous rendrions certainement plus de
service à la'science qu en abusant du dictionnaire hé-
breu pour mettre au jour les interprétations les plus
bizarres et pôurtravestirles inscriptions phéniciennes
en un jargon hébreu également réprouvé par la
grammaire et le bon sens. Avec la méthode suivie
par certains interprètes, on pourrait se chaîner, au
besoin, de transformer une inscription chinoise *n
un texte hébreu. La science n'a rien à gagner à cette
méthode, qui ne peut que nous exposer à la risée
de fa postérité, lorsqu'un jour des monuments plus
importants et plus instructifs que ceux que nous
possédons seront sortis de leurs tombeaux.
L'inscription si miraculeusement conservée dans
les fondations d'une maison de l'antique ville dé Mar-
seille est, sans contredit, malgré l'état fragmentaire
NOVEMBftE-DÉCÈMbKE 1847. 476
dans lequel elle se trouve, te monument le plus con-
sidérable que nous possédions à présent de la langue
phénicienne, et., interprétée avec prudence, elle
peut fournir des éléments pour l'explication d'autres
inscriptions que l'avenir peut-être fera paraître au
jotfr. Elle a un immense avantage sur beaucoup
d'autres monuments de cette nature, en ce qu'elle
est gravée avec un soin extrême çt qu'il ne peut exié»
ter de doute sur presque aucun de ses caractères.
Nous avons donc sous les yeux un texte bien établi,
quoique tronqué, et un interprète consciencieux
peut indiquer, avec certitude, les parties qui sont
claires dans cette inscription , celles qui y sont dou-
teuses et celles dont l'interprétation , dans l'état ac-
tuel de nos connaissances, est impossible. L'étendue
de cette inscription nous permet d'y découvrir des
phrases entières d'une clarté parfaite et de faire la
construction d'autres phrases , conformément à 1W-
prit des langues sémitiques, de manière à fixer exac-
tement à quelle partie du discours doit appartenir
chaque mot, et à ne pas transformer les substantifs
en verbes et vice versa. Une pareille analyse ne peut
se feire simplement à coups de dictionnaire, mai»
il faut y apporter le sentiment et l'habitude de la
langue hébraïque et des autres langues de la même
famille , et si cette analyse sévère laisse certaines par-
ties inexpliquées, il faudra avouer qu'elles sont inex-
plicables pournous, ce qui vaut mieux que de se faire
illusion par des interprétations recherchées, invrai-
semblables et contraires à Fepprit de ia langue.
m JOURNAL ASIATIQUE.
Le prêter qui ait abordé l'interprétation de Tins-
cription de Marseille est M. Limbéry, à Alger, qui
en a publié un texte très-iautif et une prétendue
traduction çn hébreu et en français l. Cette publi-
cation est une mystification, que je m'abstiens de
qualifier; i( est impossible (que M. Limbéry se soit
fait illusion à lui-même sur la valeur de son interpré-
ta&on ; il est impossible qu'on se trompe aussi sys-
tématiquement sur un texte de cette étendue. D'ail-
leurs, il suffit de savoir autant d'hébreu qu'un élève
de sixième sait de latin, pour reconnaître, au pre-
mer coup d'oeil, de quoi il s'agit dans notre ins-
cription , bien que l'explication des détails pré-
sente souvent de grandes difficultés. La traduction
de M Limbéry , qui nous présente un traité entre*
Marseille et Gartbage, n'a pas un seul mot de com-
mun avec le texte, et sa transcription hébraïque, qu'il
appelle traduction, montre, avec la plus grande évi-
dence, qu'il n'est pas même en état de lire les carac-
tères phéniciens et d'en déterminer la valeur. En
voyant le texte hébraïque ponctué que présente la
troisième planche de M. Limbéry, on reste étonné
du courage de celui qui ose publier, comme étant
de l'hébreu, cet assemblage de mots barbares qui
ne ressemblent à aucune langue.
1 Le Traité de Marseille, inscription pfaénico-punique, trouvé* à
Marseille en i845, contenant un traité d'alliance et de commerce
entre Marseille et Carthage. Traduction en hébreu et en français,
suivie de trois planches, par Nicoly Limbéry, de Sparte, secrétaire-
interprète du parquet de la cour royale d'Alger; iff-4°, Alger, 1&A6.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 477
Une tentative bien plus heureuse a été faite par
M. Judas, qui, dans ses Études sur la langue phé-
nicienne, montre beaucoup de savoir et de sagacité,
et un esprit souvent ingénieux, M. Judas n'a pu man-
quer de reconnaître le véritable sujet de l'inscrip-
tion; mais, à notre avis, il laisse beaucoup à dési-
rer dans l'interprétation des détails l. En général, il
nous semble que M, Judas se laisse souvent entraîner
trop loin, par son imagination et par les dictionnaires.
H crée des formes grammaticales qui ne se trouvent
dans aucun idiome sémitique, et il les introduit sans
nécessité dans les textes les plus clairs qui déjà, avaient
été interprétés de la manière la plus satisfaisante.
Pour faire apprécier la méthode de M, Judas, on
nous permettra de citer ici quelques exemples tirés
de son Etude démonstrative. Ces mots si clairs de
la première inscription maltaise : dd-Q'» D*?p 2WDr
« Puisse-t-il les bénir en exauçant leur voijx (prière) ! »
signifiera, selon M, Judas : Ex prœcepto maledixerant
aat benedixerunt (i. e. consecrarant)\ et, pour arriver
à ce singulier résultat, il faut supposer que les mots
oVp et od*d sont des formes verbales qui correspon-
dent aux formes hébraïques ^p et OT, cest*à-dire
1 Voyez Élude démonstrative de la langue phénicienne et de la lan-
gue libyque, in-4°; Paris, 1847, P- 163-174. — Notre travail était
entièrement rédigé lorsque deux autres mémoires sur l'inscription de
Marseille ont été publiés : l'un a pour auteur M. de Saulcy , l'autre
M. l'abbé Barges. Quels que soient les mérites de ces deux mémoires,
il nous a semblé qu'ils laissaient encore largement de la place à
d'autres essais. Nous aurons l'occasion d'y revenir quelquefois dans
les notes qui accompagnent notre travail.
478 JOURNAL ASIATIQUE,
qu'en phénicien la 3e personne du pluriel , au pré-
térit, se formait par o', au lieu de prendre la ter-
minaison t , comme dans tous les autres dialectes
sémitiques, sans exception. H faudrait, en outre,
admettre avec M. Judas que le * , dans uynr , est
un n, et que ce préfixe signifiera, m bien, sens qu'il
n'a ni en hébreu, ni dans les autres dialectes. Les
mots *m vx , dans la même inscription maltaise et
dans plusieurs autres inscriptions votives, ne signi-
fient plus qui ou t/ae consacrat voua (en hébreu,
•H* *N0K), comme la montré, le premier, M. Qtta-
tremère , mais bien basis sepaltarœ; car, dit M. Judas ,
Vtt , pris dans le sens de ses affixes "A3 , n»3 , nx a , veut
dire séparer, garder, ^protéger; et de là ensevelir l. —
Dans l'inscription tumulaire découverte à Athènes
en 1 84 1 2, le nom de nbxjDtfK "p baaiT est suivi d'un
groupe de lettres dont la transcription fidèle est
celle-ci : ^n JD^WDjnsm . La première et la onzième
lettre de ce groupe sont évidemment des resch , car
eHes diffèrent totalement 'lu daleth, qu'on trouve
dans le mot nnx (sîdonienne) de la même inscrip-
tion. Les six premières lettres donnent les mots
D3ro 31, chef it prêtres ou grand prêtre (àp%tepe&} 3.;
les sept lettres qui restent offrent plus de difficul-
1 Voyez Ètade démonrtraùbe , etc. p. 7 1 .
* Voyei l'article de M. Quatremère dans le Journal des Savants,
cahier de septembre 1S42 , p. 5i8; celui de M. de Saulcy dans tes'
Annales de l'fnstittft archéologique, t. XV, i" cahier, et l'Etude dé-
monstrative de M. Judas, p. 79. „
3 En syriaque, on dit d*ns le même sens %JO& OJ •
NOVEMBRE-DÉCEMBRlB 1847. 47«
tes ; nous croyons y reconnaître le mot JdVk , veuf,
suivi dun adjectif, *?n , sur le sens duquel nous ne
saurions rien dire de positif, mais qui peut-être (en
admettant ibi la permutation des lettres 3 et y , et
en prenant ton pour *n5n ou to»jn) signifie cbnsterné,
comme 1 adjectif syriaque JJLàwf *. M. Judas, prenant
les deux resck pour des daleth, lit : hr\ p-toe mn yn ;
selon lui , pn serait la racine dû mot chaldéen "p-H ,
séries hpidam, paries, et signifierait construire; c'est,
dit-il, le verbe dont tostfP est le sujet, et il traduit
les mots -pi ntofJDffK p torr» ^ KttP #K: «Iatanbal,
fils d'Aschmoun-TsiUah, m?a construit ce fondement
(œa) de protection durable. » D3H , qu'il met en rap-
port avec D3n ia, nm «03 '♦a, dan p "»:, t>a{fee de ffirt-
nom, ou du jils , des jils de Hinnom (où évidemment
Mn est le nom propre de la tribu ou de la famille
à laquelle avait appartenu cette vallée, mais où
M. Judas n'a vu que l'enfer, qu'on désignait plus
tard par le nom de la fameuse vallée), signifierait,
comme om, gémissement, lamentation; jp'hx serait
un composé de deux prépositions et signifierait adeo
ex, et enfin , par *?n , oii doit entendre ici l'envelop-
pement sépulcral, la sépulture, du verbe Sa*?, couvrir.
M. Judas n hésite donc pas à traduire hïi phti Dan
1 M. Movers (Phœnizische Texte, 1, p. 82) lit les sept dernières
lettres 731 a D7X , et il traduit : prirwcps sacerdotum quorum deus
Nergal. Ce sens nous paraît fort problématique ; non-seulement Ner-
gal n'était pas une divisRé phénicienne, mais il parait grammatica-
lement difficile de rapporter le suffixe dans D7K au mot D JH3 , qui
est indéterminé et qui forme en quelque sorte avec 3*1 un mot
composé.
480 JOURNAL ASIATIQUE.
par : «Il est profondément attristé depuis cette se*
pilltUF€.»
Que peut-on opposer à de pareilles interpréta-
tions? Il est impossible de les réfuter sérieusement;
elles échappent à la critique par ce qu'elles ont de
vraiment excentrique , et je doute qu'elles trouvent
grâce aux yeux des hébraîsants. Cependant, on ren-
contre dans le livre de M. Judas beaucoup d'interpré-
tations de cette nature. Pour ne pas nous écarter de
notre sujet, citons quelques exemples dans l'inscrip-
tion de Marseille. La 1 6e ligne commence par les
mots mrû *?d ; le mot mïD , pris dans le sens d'orient,
ne s'adapte pas à ce passage , et il est impossible de
dire positivement quel en est ici le véritable sens.
Cependant, M. Judas a cru pouvoir l'expliquer au
moyen du dictionnaire. Gesenius dit, à la racine
mr : transfertur ad lepram in cute exorientem, c'est-
à-dire que le verbe mt, apparaître, se lever (en par-
lant du soleil, de la lumière, etc.) est aussi employé
métaphoriquement, dans un passage du IIe livre des
Chroniques (ch. xxvi, v. 19 ), où l'on parle de la
lèpre qui apparat sur le front du roi Ouzia. De
là M. Judas conclut qtie mïD signifie lépreux l. On
pourrait appliquer le même raisonnement au gfec
et au latin; la version grecque porte dans le passage
cité : Ka) >} 7<énpa dpérei'Xev iv t$ pzrtlmy atfroS, et
la Vulgate : Orta est lepra infronte ejus; par consé-
quent, le mot grec avaTokrf et le mot latin oriens
1 Nous sommes surpris de voir M. Barges adopter le même sens
et le déclarer le seul admissible.
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 481
signifient lèpre. Nous demanderons encore aux hé-
braisants ce qu'ils pensent d'une phrase hébraïque
construite comme celle-ci : ahw dm ron yDK V>ï *)Vk3
. . . V?D «Pour un taureau entier, fort, et à la con-
dition qu'il soit dans le moment en pleine santé , etc. »
ou comme cette autre : cm* *)S# edk V?d nhv y* oh
mn « S*il briHe d'une parfaite santé , s'il a de la vi-
vacité et une belle apparence * ; » ou enfin comme
cette troisième : ntDi irut rat *?* mw ntm ttûinn
31133 rra « Les hommes du don d'une oblation pour
un sacrifice unique et le tribut établi dans l'écrit. »
Ici la traduction française n'est pas plus intelligible
que le texte 2. La 9e ligne nous présente, selon
M. Judas, les mots ta* 3ns, qu'il traduit par mi bé-
lier presque adulte; car il a vu, dans le Dictionnaire
rabbmico-philosophique de BuXtorf, que, dans le
langage thalmudique, pria K3*n* (littéral, roburdoc-
toram) désigne un disciple d'un esprit pénétrant,
ruhbinafai proximus, sedj averti s adkuc; mais M. Judas
aurait pu voir, dans le grand Lemcon chald. thalmad.
et rabbinicum de Buxtorf, que l'expression paiD K3~nft
s'applique aussi à de vieux docteurs. Nous aurons
l'occasion , plus loin , de relever quelques autres in-
terprétations de M. Judas; les hébraïsants jugeront
1 M. Barges a interprété ces deux passages à peu prêt de ia«nême
minière que M. Judas; cependant, cette interprétation, non-seule-
ment est contraire au génie de )a langue, juais elle ne présente
même pas un sens bien plausible.
* H y a en outre dans cefjassage deux fautes de transcription ; la
septième lettré est un D , et non pas-un V , et au lieu de TITOI, il
faut lire jnM. \
4S2 J0URNA1 ASIATIQUE,
si cette méthode est propre à répandre beaucoup
de lumière sur les monuments phéniciens, et s il ne
vaut pas mieux, au lieu de recourir à de tels moyens,
nous arrêter aux limites qui nous sont tracées par
l'insuffisance des ressources dont nous pouvons dé-
poser.
La première condition que doit s'imposer celui
qui veut interpréter des inscriptions phéniciennes»
c'est de former des phrases construites à la manière
de Thébreu et des autres langues sémitiques, de
présenter au simple hébraïsant un texte dans lequel
celui-ci puisse reconnaître partout la structure et le
génie hébraïques , lors même que tons les mots ne
lui seraient pas connus; car les monuments phéni-
ciens nous présentent, sans aucun doute, des racines
et des mots dérivés que nous ne retrouvons plus
dans l'hébffeu ou qui n y ont jmws existé. Il fait
ensuite que l'interprète respecte les formes gram-
maticales des langues sémitiques, et qu'il n'en in-
vente pas tout exprès pour traduire des phrases
qu'il ne trouve pas intelligibles1. Dès que, pour in-
terpréter un groupe de lettres, il faut former des
mots et des phrases qu'un Hébreu aurait trouvés
dans les mots D7p et B2*n, il a inventé une forme flvBp* (pour
7BpXY), comme. 3" psrse*a* féminine du futur, «fia ôVespliquer le
motn?ï\ <m on reftoontre souvent dan» finsetiptiofl 4e Mantille
etqu'H a pris pour on verbe. M. Judas ■ hésite pas à faire figsrer
ces formes, dans son paradigme de la conjugaison phéaJeiemw.( Voy.
Étmàe êêmmtMtbê, p. *3o.) — MM. 4e Satdcy et Barges, considé-
rant T)ht* comme un verbe , ont également admis la forma aw
f) 7fâp5; nous montrerons que le mot IV7ÎP est un substantif.
NOVEMBRE DÉCEMBRE 1847. 688
barbares» et traverser un labyrinthe d'hypothèses
grammaticales et étymologiques, on peut être sût
que nous manquons des données nécessaires; et,
dans ce cas , c'est un devoir de s'abstenir, afin de ne
pas faire passer les hypothèses les plus invraisem-
blables pour des résultais positifs acquis à la science x.
En présentant ici un essai d'interprétation de Tins*
cription de Marseille, nous ne prétendons jniHev
ment avoir réussi à tout expliquer, mais au moins
nous avons tâché de ne pas blesser le sentiment de
fhébraïsant qui ne s'est pas borné à l'étude de la
grammaire et du dictionnaire t et qui sait distinguer
ce qui est correct de ce qui est barbare. Les prin-
cipaux éléments de l'interprétation sont dans l'hé-
breu et dans le dialecte araméen ; vais il ne but
nullement dédaigner les autres dialectes sémitiques;
car il exister dans le phénicien des mots qu'on ne
rencontre pas dans l'hébreu et qui se retrouvent
dans l'arabe on dans l'éthiopien. Ge dernier dialecte ,
malgré ses rapports intimes avec Farabe , nous pré-
sente un grand nombre de mots qui se retrouvent
encore dans l'hébreu et qu'on ne rencontre pas dans
la langue arabe ; il paraîtrait qu'il en est de même
dans le dialecte himyarique , auquel se rattache
l'éthiopien. S'il est vrai , comme le dit Hérodote , que
tes Phéniciens étaient d'abord établis près de la mcfr
1 M. Movers (1. c. p. a) croit pouvoir affirmer que» sur environ
cent soixante mots recueillis par Gesenius dans le» inscriptions phé-
niciennes (ScripUtrm Unptmq ae Pkœnkim mmnnmenta, p. 3ÎS et suiv.) ,
il y en a à peine cinquante qui puissent être considérés comme réels.
484 JOURNAL ASIATIQUE. --
Rouge, on comprend que leur langue , ainsi que
l'hébreu, ait pu renfermer des mots et des formes
appartenant au dialecte qu'on parlait dans l'Arabie
méridionale, et qui ne se retrouvent pas dans la
langue arabe. Les mots bimyariqueé ont pu devenir
rares ou disparaître entièrement chez les Hébreux,
qui , en adoptant la langue cananéenne , auront con-
servé jdes mot* de la langue primitive de leurs an-
cêtres araméens. Une connaissance plus parfaite de
la langue himyarique répandra peut-être plus tard
une lumière nouvelle sur les débris de la langue
phénicienne; ce qui est certain, dès à présent, c'est
qu'on rencontre dans le phénicien des mots arabes,
himyariques et éthiopiens, qui n'existent pas dans
l'hébreu ou qui n'y ont pas conservé le même sens.
On reconnaîtra , par exemple , avec la plus grande
évidence, comme je l'ai déjà fait observer ailleurs1,
1 Voyez Palestine, description géographique , historique et ar-
chéologique, p. £7. J'y ai montré que le verbe f?3 se trouve deux
fois dans le passage punique du Pœwlus de Plaute (acte V, se i,
v. 5 et 6). Les mots Antidamas chon correspondent aux mots latins
Antidamas fait ; le vers latin :
Eum iedsse aiuai f aàbi quod feciunduta fait
correspond au vers punique :
Yssidobrimthyfel yth chyl ys chon thenf liphul ,
que je crois pouvoir transcrire ainsi :
W? on ]3 vh Vd m *m* n&K 121 ht et»k
«Cet honnête homme faisait tout ce qu'il y avait à faire. » T31 EPK
flDK, littéral, an homme disant la vérité, est une locution hébraïque
qui signifie un brave et honnête homme (comparez Ps. XV, v. 2); &K
a le sens de ">#K, et Ofl (hébr. 0# ) est explétif, comme Test sou-
vent la particule arabe ^ avec le verbe <$¥. La seconde moitié
au moins de ma transcription me paraît hors de doute.
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 485
que le verbe être, en phénicien , s'exprimait par |1D
(y^), tandis que les Hébreux conservèrent le mot
araméen nv» ounvt. On trouvera souvent dans Fins-
cription de Marseille un mot ntf» dans le sens de
sacrifice; en éthiopien, W%à [no) veut dire mcri*
fier, et 0*fiJTà'£ (rwiDD) sacrifice. On y rencontrera
encore le mot dvd dans le sens de pciâ oxx jambe t
mot qui ne s est conservé en hébreu que dans le
langage poétique, mais qui se retrouve dans le hi-
myarique l. On y verra la particule t (en araméen ,
n ou 1 ) employée comme signe du génitif, de même
que dans l'éthiopien et dans le himyarique 2. Dans
la i3e ligne, WV est pris probablement dans le sens
du verbe éthiopien 0^°d (VD*)> iniqwufnit, inique
egit, et peut-être aussi nJD dans le sens de éthio-
pien £*?^> chemin.
Nous passons maintenant à la transcription et à
la traduction de l'inscription de Marseille, dont la
plus grande partie, ce nous semble, peut être ex-
pliquée avec certitude3. Nous accompagnerons de
points d'interrogation les mots et les phrases dont
1 Voyez Journal asiatique, i838, juin, p. 5i3; juillet, p. 8a.
1 Voyez ibia*. décembre, p. 54o.
3 Nous nous dispensons de reproduire ici les détails déjà connus
sur la découverte de la pierre et sur sa nature. S'il est vrai, comme
on Tassure, que la pierre esl a une sorte de calcaire qu'on trouve
près de Marseille et quon appelle pierre de cassis, le règlement
de sacrifices que présente l'inscription a dû être fait pour un temple
qu'une population phénicienne ou carthaginoise possédait à Mar-
seille. M. Barges s'est livré à de savantes recherches pour fixer
la date approximative du monument, qu'il fait remonter à sept
ou huit siècles avant l'ère chrétienne.
486 JOURNAL ASIATIQUE.,
le sens ne nous paraît pas certain, et que nous ne
pouvons traduire que par conjecture; car nous te-
nons à ne pas donner pour des résultats positifs ce
qui reste encore douteux, et ce que de nouvelles
découvertes pourront confirmer ou faire «nyisager
s$us un autre jour. Les deux fragments de la pierre
qui ont été retrouvés , et qui s'adaptent parfaite-
ment ensemble, forment à peu près les trois cin-
quièmes du monument. La pierre ayant été rompue
obliquement, de gauche k droite, les lignes ont
toutes perdu leur extrémité de gauche; et , à mesure
qu'on avance , elles deviennent de plus en plus im-
parfaites; cependant, l'inscription étant divisée en
plusieurs alinéas, il y a quelques lignes qui sont ter-
minée^. Çà et là les lignes commencent évidemment
par la dernière lettre du dernier mot de la ligne
précédente, ce qui a lieu dans les lignes 6 , 1 9 et 1 1 .
M. Judas a accompagné son travail d'une planche
divisée en deux parties, dont chacune reproduit Tun
des deux fragments qui nous restent de la pieiTe
(pi. 27. et 27 bis). Cette planche est très-exacte,
sauf quelques fragments de lettres qui manquent au
commencement des lignes i3, i/t et i5a. La trans-
cription hébraïque de M. Judas ( Etude démonstra-
1 Un beau fac-similé accompagne le Mémoire de M. de Saulcy
destiné au tome XVII des Mémoires de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, et dont nous avons sous lès yeux le tirage à part.
Grâce à la bienveillance du savant académicien et de M. le secré-
taire perpétuel de l'Académie, il nous a été permis de joindre le
même fac-similé à notre travail i nous nous sommes permis de faire,
d'après le plâtre de la Bibliothèque royale , quelques légères recti-
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 487
tive, p* 1 6 A , 17a et j 73) présente plusieurs fautes.
A la fin de la 2* ligne , le n , qu'on reconnaît encore
après le 1 , a été omis. Dans la 5e ligne , on lit "wnM,
au lieu de "lonDa . Au commencement de la 1 3e ligne ,
M. Judas, pour obtenir tin substantif runsa, qu'il a
cru reconnaître dans d'autres passages , a substitué
un n au S qu'il a reproduit lui-même très-distincte-
ment sur «a planche. Plusieurs fois aussi il a substi-
tué le •* au t : c'est ainsi qu'à la fin de la 3e ligne il
a écrit. . . «p pour. . . v î ; dans la 6e, iw pour ixv î,
et dans la 1 o*, rnxp pour mxp t . Dans la 1 f. ligne ,
il a écrit twn au lieu dé non, nKtfDn au lieu de
DKtfD (en ajoutant un n qui n'est pas sur la planche) ,
et mdi au lieu de mDD. Dans la 1 9e ligne, le mot
QDam est écrit une fois onnrn , par daleih au lieu de
resch (p. i64), une seconde fois omwi (p. 172),
et une troisième fois orni (p. 173), sans doute une
faute d'impression. Enfin, la 21e ligne finit, dans la
transcription , par nœ au lieu de rn ( 1 5e et 1 6* lettres) ,
et les lettres suivantes sont négligées.
Voici maintenait la transcription exacte en ca-
ractères hébraïques l :
•••••• BtPK nm---.a:...i?y3n3 1
"D p roma p BDffn hv* n* nn—
m ^as^n p pt^Nia p tDD^n 2
fications à la 16" lettre de ia ligne 5, an commencement des lignes
i3 et i5, et aux deux extrémités de la ligne 1 4.
1 Nous devons avertir que nous avons divisé les mots d'après le
sens que nous avons cru trouver dans l'inscription; car sur la pierre
32.
488 JOURNAL ASIATIQUE.
inK3 • mw *|D3 nimh hhi nhv dk iwx dk ¥73 ^K3 5
v..tM JWWn p nSvD1? p* V?3Biiï
nrwi jaDronv oaVwn m*n pi ntori rnxp nyiîrn 4
•njtn ^«SnKtGrn
DK V?3 S^n DK KBD1 BK3 1DnD3 Q^ pp tf K S»3 *
nron. *|» oanri teoteD» mn
rmp n*raai-.--DVDrn rwD *?pç?D Skv t nKWDn pn ^
»m oatom nvft pi iV^n
iVp» *}D3 MM1? V?3 D^tt DK n*W QK V?3 T» DK fc« 7
>.-.' 3> njn*ai nnK3 llit
•narn *?ya*? ikp n ^ruvi 0D»m oa'to m myn pi nton »
Mis d1?^ dk nan* dk V?a ^Ka nsa dk ki:q dk idks »
i? nvVff *a-i *pa wna^
aD3TDm 'oatom mm pi nbxM m*p î riKtmn p. i*
••••^ya1? ikwh nrun
*pa ajnD*? nm dk *pra dk tta ote yx dk put id-- "
«m pi 1HK3 imt twbv »•)
Q3H31? p» H3t QK 1* H3T aK ntnp PDTp DK IM*?* «
ÏÎ1K3 S----K »)DD
ftns-o rhw rnxp juna1? p> d*?k ru&DDjp t?K rwx1?-. «
les caractères se suivent sans une séparation bien marquée, à l'ex-
ception de quelques endroits où le graveur a mis un petit trait
semblable à notre virgule , pour indiquer la fin des mots. Dans
notre traduction , nous avons ajouté çà et là, entre des ( ), quelques
mots explicatifs; les mots entre des [ ] sont des restitutions du texte.
NOVEMBRE. DECEMBRE 1847. 489
ow naîV niH 0K nar Va Vin aVn V*i aVn Vin VVa- 14
• •onaV p* Va "wrVï ok Kap&Vn nar t^ie nat Vaa is
. nar «nco dik bai oVk nno Sdi nDff Vai niro Va *«
• ••anaa nœ moa imcnat V? natro roro o-ian n
"•••••. » . . . i . y
vu nanan >sV }nai î osa n» Va ne pk nKffûVi »
qnarn pœ*na p VvasVm n w
ovsi t DBa ne? pnV yia dkœd hp*» tw fria Va 20
•nierori n-...a rue pi* Va *» #k nat VvaV *] 2l
TRADUCTION.
1 . Temple de Çaal
. . . -Baal le suite te, fils de Bed-Tanath , fils de Bed- ......
2. le suffète, fils de Bed Aschmoun, fils de Haliç-Baal,
et [leur collège].
3. Pour le bœuf holocauste, sacrifice obligatoire ou holo-
causte volontaire , les prêtres auront dix (siçles) d'argent
par tête (d'animal) , et l'holocauste sera pour l'autel ; la re-
devance en fait de chair (pour les sacrifices non holocaustes).
4. et si c'est un sacrifice obligatoire (on y ajoutera aussi)
des keçoaroth et yeçoubth \ de même que les peaux , les
1 Ce sont certaines parties grasses destinées à V au tel. (Voir le
commentaire. )
490 JOURNAL ASIATIQUE
boyaux (?) et les pieds ; et le reste de la chair sera au maître
du sacrifice.
5. Pour le veau qui a la corne encore tendre, qui manque
encore de sabots (?) (ou: qui ne pousse pas encore des
pieds?), et au-dessous, ou pour le cerf, holocauste, sacrifice
obligatoire ou holocauste volontaire , les prêtres auront
cinq(sicles) d'argent ;
6. la redevance en lait de chair (pour les sacrifices ndn
holocaustes ) sera du poids de cent cinquante ( sicles ) , et si c'est
un sacrifice obligatoire (on y ajoutera aussi) des keçourotk
et yeçouloth, ainsi que les peaux, les boyaux (?) et les pieds.
7. Pour le bélier ou la chèvre holocauste, sacrifice obli-
gatoire ou holocauste volontaire, les prêtres auront un sicle
d'argent (et) a zâr(î) par tête (d'animal), et pour le sacrifice
obligatoire il y aura.
8. et yeçouloth, de même que les peaux, les boyaux (?) et
les pieds, et le reste de la chair sera au maître du sacrifice-
9. Pour l'agneau, ou le chevreau, ou le jeune cerf holo-
causte, sacrifice obligatoire ou holocauste volontaire, les
prêtres auront trois quarts (de sicle) d'argent (et) a zâr (?).
10. la redevance (pour les sacrifices non holocaustes, se
composera) de keçourotk et yeçouloth, ainsi que des peaux t
des boyaux (?) et des pieds, et le reste de la chair sera au
maître du sacrifice.
11. [Pour le] fruit des jardins, soit des fleurs (présentées
comme) offrande volontaire, ou le schecef (espèce de firuit?)
ouîe hazith (plante bulbeuse ?) , les prêtres auront trois quarts
(de sicle) d'argent (et) a z<2r(?) pour chaque (offrande),
ainsi que les
12. Pour l'oiseau, ou les prémices sacrées, ou le sacri-
fice d'aliments, ou le sacrifice d'huile, les prêtres auront
d'argent pour chaque (offrande)
13. Dans tout sacrifice d'un homme qui aura péché em»
NOVEMBRE DÉCEMBRE 1847. 4»l
vers les dieux, les prêtres auront des keçouroth et yeçoahtk;
et [tout?] sacrifice .
J4. Sur une (offrande) pétrie (à l'huile), sur le Jatt, sur
la graisse et sur tout sacrifice où il y a du sang avec le sacri-
fice [comme offrande ( ?) ]
15. Dans tout sacrifice qui sera sacrifié» le maigre du
bétail et le maigre des oiseaux ne sera pas pour les prêtre».
16. Toute libation mélangée (?) et toute libation (de
vin?), et tout repas solennel (en l'honneur) des dieux, et
tout sang de ce qui sera sacrifié
17. le sang (provenant) du mort; la redevance pour chaque
sacrifice (sera) selon la mesure fixée dans l'écrit (le rè-
glement)
18. Et pour la redevance d'un homme d'outre-mer (d'un
étranger), qui n'est pas établi dans celte contrée, il sera
donné selon l'écrit (le décret) qui [a été fait par]
19. th et Haliç-Baal, fils de Bed-Aschmoun et leur
collège.
20. Tout prêtre qui percevra une redevance excessive
d'un homme établi dans cette contrée, sera puni- (d'une
amende ) ' . »
21 Au maître du sacrifice (lorsqu'il est) un homme
d'outre-mer (un étranger), on ne donnera pas [tout ce qui
reste?] (après le prélèvement) de la redevance
COMMENTAIRE.
LIGNES 1 ET 2.
Ces deux lignes, renfermant l'épigraphe du, règlement, en
indiquaient sommairement le sujet et faisaient connaître les
noms et l'ascendance de deux personnages dont émanait ce
4f>2 JOURNAL ASIATIQUE.
règlement et qui étaient sans doute les chefs de la popula-
tion carthaginoise de Marseille. On ne reconnaît plus que les
deux premiers mots *?M 113 ( pour ^3 n>3 ) , maison ou
temple de Baal, et quelques noms qui sont ceux des ascen-
dants des chefs ou suffîtes. Du premier nom propre , qui
est celui du premier des deux suffètes, il n'en reste que la
dernière moitié ^2". Dans les noms suivants, 13 est l'a-
bréviation de 13V, comme on le trouve souvent dans les
inscriptions carthaginoises. Le dernier nom ^iOB^n doit
être prononcé probablement ^S^y^n ou ^VS'y^n , signi-
fiant armé ou guerrier de Baal. Les lettres ni , qu'on recon-
naît à la fin de la a* ligne , forment sans doute le commen-
cement du mot OJ"Dni, et leur compagnie, ou collège, c'est-
à-dire lés membres du conseil d'administration. Ce mot se
trouve aussi à là fin de la ligne 19; il paraîtrait qu'en phé-
nicien on disait p3D (p3n) , dans, le sens du mot hébreu
"DH , sodalitium. .
v v
LIGNE 3.
*f?K3, pour le bœuf ou les. bœufs; le mot *}*?K est ici col-
lectif, de même que les autres noms d'animaux qu'on trouve
dans les lignes suivantes. Chez les Phéniciens, ^*?K était
le mot le plus usité pour désigner le bœuf l ; mais il était
aussi en usage chez les Hébreux (Deuter, ch. vu, v. i3;
ch, xxviii, v. 4* 18 et 5i), et notamment dans le langage
poétique. — V?3 se prononce V^D et signifie offrante entière
(c'est-à-dire entièrement consacrée aux dieux), et par suite
holocauste. — DK signifie ou, sens que cette particule a aussi
en hébreu lorsqu'elle est répétée, par exemple : nDî13"DK
tf>K~DK, «soit une bête ou un homme» (Exode, xix, i3).
— rwix, comme je Tai déjà dit, vient de la racine éthio-
1 Voy. Plutarque, Sympos. 1. IX, probi. 2, S 3, où on fit que
Cadmus avait mis Yalpha entête de toutes les lettres, parce que les
Phéniciens appelaient ainsi le bœuf, qui est de première nécessité.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 403
pienne yiD , sacrifier, et paraît désigner an sacrifice obligatoire,
prescrit par la loi , tandis que Q*?& est un sacrifice volontaire
ou d'actions de grâces \ Ce dernier mot, en hébreu, s'emploie
presque toujours au pluriel; on le trouve une seule fois au
singulier : lû^X tih D3W1D oVt^l , « et je ne regarderai pas
le sacrifiée volontaire (pris) de vos bêtes grasses (Amos, ch. v,
v, 22). h^72 vh& signifie donc an sacrifice volontaire offert en
holocauste; chez les Hébreux aussi, l'holocauste était ou
prescrit ou offert volontairement (voyez Nombres, chap. xv,
v. 3 et 8)«
Trocs nw* *)DD Umb* « (il y aura) aux prêtres dix -(si-
des) d'argent pour un (bœuf) , » c'est-à-dire : les prêtres
auront dix sicles pour chaque bœuf1 offert en holocauste.
La construction esi entièrement hébraïque; l'omission du
mot hpW ou &bj>& est également d'usage en hébreu, par
exemple : *|D3 *)*?**, mille (sicles) d'argent (Genèse, xx, 16);
3HT mtft, dix (sicles) d'or (ibid. xx#, 2a). Le mot IVW*
est suivi d'un signe qui est sans doute un chiffre désignant
le nombre 10; on rencontre le même signe dans la 12* ligne.
vhtth p1 V?Drn , « et l'holocauste sera pour l'autel , » c'est-
à-dire, les prêtres n'en auront rien, car le tout sera brûlé
sur l'autel. ]T est évidemment le futur du verbe p3, être.
D^yO, littéral, lieu élevé, a le sens d'autel; l'étymologie est
la même que celle du mot hébreu HD3 et du mot syriaque
) Jfr^frfri 1 ainsi que des mots Coupés et altare, car primiti-
vement on construisait les autels sur des hauteurs, où l'on se
croyait plus près des dieux. A côté de rhïïï , on employait
1 M. de Saulcy a bien rendu le sens des mots nSHB et Q^g? ;
mais je ne pense pas qu'on puisse mettre en rapport le mot fiinS
avec la racine m2 » ordonner, prescrire. MM. Judas et Barges, ayant
autrement divisé les mots, se sont entièrement écartés du vrai sens
de ce passage.
* C'est à tort que MM. Judas et de Saulcy ont rendu 1DK3 , pour
chacun, comme si ce mot se rapportait aux prêtres.
494 JOURNAL ASIATIQUE,
probablement en phénicien , comme en hébreu , le mot ÏDtD ,
de même qu'on se sert en syriaque des mots ) jQ^fcà* et
JL*d+àO- Le n dans n^VD est la terminaison du féminin,
correspondant à la terminaison hébraïque n~ qui , à ce qu'il
paraît, ne s'employait que très-rarement en phénicien l.
DNŒDn }D, littér. le mode de l'offrande ou de la redevance.
}D (qu'on peut prononcer au singulier ou au pluriel *3B) si-
gnifie ici mode, manière; le mot D*3B est souvent employé
dans ce sens par les rabbins , comme le mot arabe isJl ; on
peut aussi comparer avec notre JD le mot arabe ^9 et le mot
éthiopien q/t , qui signifient également modus, ratio. Le sens
est : la manière de s'acquitter envers les prêtres ou envers
l'autel, en donnant une portion de la victime (lorsqu'elle
n'est pas holocauste). Le substantif PXfcND (de KtH tulit, 06-
tulit) sert à désigner tout ce qu'on présente, soit volontaire*
ment ou par devoir; 4 a donc à la fois le sens de présent,
offrande, et celui de tribut, impôt, redevance (2 Chron.,
XXIV, t>, 9). La Mettre î qui suit le mot riKttfDn ne peut
être ici que l'analogue du H éthiopien et de la particule
araméenne "H ou T , pour laquelle le bas- relief de Carpentras
et les papyrus du musée de Blacas présentent la forme M *.
1 Voy. Gesenius , Scriptarœ linguœque Phœniciœ monumenta, p. 43û.
5 De même que le T , le préfixe # est employé quelquefois
comme marque du génitif en place de l'état construit; c'est ainsi
que, dans l'inscription deThbugga , on Ht à la deuxième ligne : D23H
QJ2K& dans le sens de Q^Dfcn ^13, structures lapidum, et à la
Septième ligne SnatP EDDD Jîl pour Sî"13n ^DOJ , fusorts ferri.
M. l'abbé Barges considère notre T comme une abréviation de
D2Î > ce qui est une hypothèse peu, vraisemblable. M. de Sauley y
voit un pronom démonstratif se rapportant au mot riK^DH ; il est
vrai que nous trouverons plus loin 1 pour le pronom HT (lignes 18
et 20), mais ici il faudrait un pronom d'une forme féminine, car
nK&D est du féminin; il faudrait aussi «d'après les règles de l'hébreu,
que le pronom fût accompagné de l'article , comme l'est le mot
ntt&D * auquel il se rapporterait
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 495
A la suite du T on reconnaît un V ; il est évident, par la
comparaison de la 6e ligne, qu'on lisait ici le mot 1HW, chair,
qui était suivi sans doute des mots DKD Vïbv hpW • de sorte
que cette ligne se terminait ainsi : « la redevance en fait de
chair (sera) du poids de trois cents (sieles). »
LIGNE 4.
Cette ligne se rattache à la précédente et continue les pres-
criptions ayant rapport au sacrifice du bœuf. Le sens des
trois mots n*?3P) mxp nyttbî me paraît être celui-ci : « et
pour les Sacrifices non holocaustes de la catégorie du çouat,
on ajoutera à la chair, dont le poids vient d'être fixé, les par-
ties appelées m2p et jtSxVi La phrase très-concise de l'origi-
nal est peut-être empruntée à quelque rituel phénicien , et pou-
vait être facilement comprise. Le mot nyi23 , que, M. Judas a
rendu par an morceau, est composé du préfixe 2 et du mot ny 12,
sacrifice obligatoire, que nous avons déjà rencontré dans la
ligne ^précédente. Les mots rhw\ msp ne sqnt nullement
des verbes, comme l'a cru M. Judas \ D'abord rhw • comme
nous l'avons déjà dit, serait une forme barbare, sans analogie
dans aucune des langues sémitiques; ensuite, en admettant
une pareille forme du futur, on ne comprendrait pas pourquoi
l'un des deux verbes serait au prétérit et l'autre au futur ; enfin^
il est évident, par la construction de la i3* ligne, que les mots
m2p et rhv ne peuvent être que des substantifs. Quant au
sens de ces deux substantifs, nous ne saurions le déterminer
avec certitude; on reconnaît cependant, par l'ensemble des
phrases où ces deux mots se trouvent, qu'ils désignent cer-
taines parties de la victime- Je les considère comme des plu-
riels féminins du participe passif, et je prononce : nVl*£p
1 MM. de Saulcy et Barges les ont également considéré comme
des verbes; quant au mot n*)23> M. de Saulcy le rend : et suivant
les préceptes t M. Barges imagine un mot ri W£ ♦ voulant dire morceau ,
et il traduit rngp £19)23), etette sera coupée en morceaux-, mais je
doute que ce soit là une construction hébraïque bien correcte.
496 JOURNAL ASIATIQUE.
fllVuPl ou bien nl1?1^ nlTXp ; je pense que ces mots dési-
gnent certaines parties grasses qui étaient particulièrement
destinées à l'autel, de même que, chez les Hébreux, les par-
ties spécifiées souvent dans le Lévitique et désignées parles
rabbins sous le nom commun de'D'ITOK '. Dans le langage
des sacrificateurs romains, les parties grasses des intestins
offertes aux dieux, crues ou cuites, étaient appelées prosecta
ou prosiciœ; on y ajoutait divers fragments de la cuisse, de
la queue, etc. auxquels on donnait les noms de augumenta,
augumina ou magmenta *. Le mot nVttXp de la racine *)5p =
10 , couper, correspond exactement aux mots latins prosecta
et prosiciœ (de prosecare) , et pourrait bien* désigner la même
chose \ nV?HP pourrait venir d'une racine *?3P, transposée
de *hx inht) , et avoir le sens de rrt^Sx assata (parties rôties).
Les mots Dl7S>1 rnxp se traduiraient alors par prosecta et as-
sata (des parties découpées et rôties); ou bien (s'il est
permis de supposer une certaine analogie dans les usages el
les terme* des sacrifices chezies Carthaginois et les Romains)
le verbe *?3P pourrait avoir le sens de la racine arabe J^j
(joindre, ajouter), de sorte que rrîVlSP répondrait aux mots
aagumenta, magmenta*. Ce sont là de simples conjectures ; mais,
1 Maîmonide, dans son commentaire sur la Miscknâ (préface
du Seder Kodaschim) , après avoir énuméré les différentes parties
qui, dans les sacrifiées non holocaustes, se brûlaient sur l'autel*
ajoute ce qui suit : #L«-<OH ^*J DniD^K JfiuXJ' tfJtf' * à*)
Lfj>jjÇ _*f y^vi) et toutes tes parties s' appellent immourîm, ce qai
veut dire : les choses qu'il a été ordonné ( _*f nDîO) de brûler. (Voy.
PoçocLe, Porta Mosis, p. 2 55.)
1 Voy. Varron , De lingua lot. liv. V, S 1 1 o et 1 1 a . Sur les diverses
parties dont se composaient les prosecta et augmenta, on peut voir
Saubert, De sacrifions veterum, cap. xx.
3 En grec les mots évrofia et r6um (de t^ajhw), sont aussi em-
ployés dans le langage des sacrifices, mais dans un autre sens.
4 On pourrait aussi être tenté de mettre en rapport nVîP tvec
NOVEMBRE-DECEMBRE^ 1847. 497
je le répète, ce qui me parait certain, c est que les deux mot. s
qui nous occupent désignent certaines parties de la victime.
Il faut attendre d'autres découvertes pour dire quelque chose
de plus positif sur le sens de ces deux mots. — pi lis. pi ,
et de même}'; m^n lis. DVllyn, les peaux, pluriel de 1ÎV; ce
mot est mis au pluriel , parce que le sacrifice pouvait se
composer de plusieurs bceufs*. mbœn de 3*?tf , racine hé-
braïque qui aie sens d'entrelacer ; c'est par conjecture que nous
donnons à ce mot le sens de boyaux , car on ne le rencontre,
avec oette acception , dans aucun des dialectes sémitiques ;
en hébreu, le pluriel O^ttf se trouve employé comme terme
le mot hébreu D^XK ou m^XN , en syriaque JL* ~ , qui dé-
w
signe les jointures des bras et des épaules , et qui pourrait être pris
dans le sens d'épaules ; cependant , dans ce cas , le mot H7S1 devrait
avoir l'article comme l'ont les mots suivants»
1 M. de Saulcy considère pi comme le prétérit du verbe JtD »
et il traduit : «Et la dépouille, et les entrailles, et les pieds et les
restes de la chair seront au maître du sacrifice, t II me semble que
si c'était là réellement le sens, le verbe être n aurait pas été ex-
primé, et on aurait dit myni au lieu de fl'Wn pV MM. Judas et
Barges ont pris comme moi le mot pi dans le sens de et de même;
mais chez eux ce sens ne cadre pas bien avec ce qui précède , car
on ne comprend pas qu'il ait été ordonné de faire rôtir la peau de
Tanimal. Selon ma traduction, tout concorde parfaitement; dans les
sacrifices obligatoires qui sont d'un ordre plus élevé, les prêtres
auront \esprosecia, de même que la peau, etc. Chez les Hébreux,
les prêtres recevaient également la peau des sacrifices autres que les
schelamim, comme on le lit dans la Mischnâ (5* partie, traité Ze-
bachîm, cb. xii, S 3) :
D'arrô D^np >ttnp nmyi d^mVjd^p D>enp uni*
«Les peaux des sacrifices légers (c'est-à-dire de ceux de Tordre du
schélem) appartiennent aux propriétaires (o^JD1? comme dans
notre inscription n3TH ^SO1?) » «* k* peaux des sacrifices très-saints
appartiennent aux prêtres, • (Voy. aussi Lévit., ch. VII, v. 8.)
1 MM. Judas, de Saulcy et Barges, ont supposé sans nécessité
l'existence d'un substantif my qui aurait le même sens que lly.
498 JODRNAL ASIATIQUE,
d'architecture dans le sens de jointures ou échelons (I. Rois,
ch. vu, v. *8 et 39). OD*» (lis. D^DJTO ourPDtfD) est le
pluriel ou le duel de DVD, pterfi
H3TH ^i1? "Wffn nnKl, et le reste de la chair (sera) au
maître du sacrifice. ^DK est l'état construit d'un pluriel
D'intt, qui, en hébreu, signifie les autres, et qui, en phéni-
cien , avait probablement le sens de restes. L'expression SsD
nain, maître ou propriétaire du sacrifice, pour dire celui qui
offre le sacrifice, est un hébraisme pur.
ligne 5.
KBD1 t3K3 1DHD3 oV» W tfK *?aM. Ce passage estle plus
difficile de toute l'inscription. M. de Saulcy, en a donné
la traduction suivante : « Pour un veau auquel les cornes ne
sont pas encore poussées, mais auquel elles pousseraient.!
Nous ne voyons pas commment cette traduction peut se jus-
tifier \ M. Judas traduit : « Pour un veau , lorsque la corne
frappe doucement au sortir dé l'enceinte osseuse qui la re-
celait et au-dessous.» Selon lui, D^ est pour ûVîV, de la
1 M. de Saulcy, qui avait déjà donné cette traduction dans la
Revue des deux mondes (cahier du i5 décembre 1 84 6), Ta main-
tenue dans le mémoire qu'il vient de publier; mais il ne la propose
qu avec une extrême réserve. Après avoir cherché à se rendre
compte des divers éléments dé la phrase phénicienne , il ajoute :
« Est-il possible , avec ces éléments , de construire une phrase qui
ne soit pas tout à fait dénuée de vraisemblance? C'est ce que je n'o-
serais pas affirmer. » Et plus loin il dit : « Peut-être suis-je à cent
lieues du véritable sens de cette phrase. • M. Barges écrit ^21 p &K
D4? , considérant ^ J*1p comme un pluriel raccourci termimé en ^" f
et rh comme un pronom ayant le préfixe *? et qui équivaudrait à
DH1? ; mais dût-on admettre ces hypothèses, je doute qu'on puisse
approuver une phrase comme celie-ci : DH7 O^p "HPK ^3JD
1DDD3, signifiant : pour un veau gai manque encore de carnes, ou à
qui les cornes n'ont pas encore poussé. Je doute également qu'on
admette cette traduction des mots tf BD1 &K3 : qui marche lentement
et stimulé par le bâton.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 409
racine D^?n, frapper, heurter; mais le verbe ùhn ne s'emploie
en hébreu que lorsqu'on parle de coups forts et violents,
principalement des coups de marteau, et poétiquement il
s'applique aux pieds du cheval qui frappent la terre (Juges,
ch. v, v. 22). Jamais un Hébreu n'aurait dit B*0 uhn pour
frapper doucement; d'ailleurs, on trouve bien BkV avec le pré-
fixe h , mais jamais DND. Ensuite pp étant du genre féminin ,
il aurait fallu dire 0*711, ou bien DD1?1. en admettant: la
forme, verbale que, M. Judas trouve dans rhv- Le mot
1SnD2, selon M. Judas, serait composé de"1Sn, enclos (qui
signifierait ici la bojte osseuse du front qui renferme les
cornes à leur origine) , et des deux particules préfixes 2 et
D, signifiant, dit-il, au sortir de. Je doute fort que cette in-
terprétation soit goûtée par les hébraïsants; ensuite, tout l'é-
chafaudage de M. Judas tombe par une meilleure lecture
du texte, qui porte "iDnDS et non pas IBnDD. Enfin, cette
interprétation est beaucoup trop subtile , trop recherchée et
trop scientifique.
Ce qui est vrai, c'est que nous avons ici quelques mots
qui renferment la définition du veau et indiquent certaines
qualités qu'il doit avoir pour être encore considéré comme
un veau. Je traduis D1?1 \1\> t?K par qui a là corne tendre,
considérant D^ comme l'aoriste de la racine x DD*? , d*6ù
vient le verbe éthiopien tlÇ®ll0® .(ûhth) être tendre , frais ,
verdoyant l. Le verbe masculin D1?^ se rapporte grammatica-
lement à *?3y ; il faudrait traduire littéralement : pour le veau
qui rend la corne tendre, ou qui est tendre en fait de corne, ce
qui signifie dont la corne est tendre. Ce genre de construction
est fort usité en hébreu ; c'est ainsi , par exemple , qu'on dit
Q^l H2")D rpiultipliant les pieds (Lévit. ch. xi, v. ^2), pour
qui 4L beaucoup de pieds; 0^?3") D2£D, coupant, les pieds (Pro-
verbes, ch. xxvi, v. 6), pour à qui les pieds sont coupe*; l&ï
mto m - 13» If1** tpM3 Svia , un aigle grand d'ailes, long
de penné, multiple de plumage (Ezéch. ch, xvn, v. 3 et 7),
1 Voy. Lu (lolf, Lexicon œlkiop. *e édition, p. i5.J
500 JOURNAL ASIATIQUE.
pour un aigle dont les ailes sont grandes, dont la penne est
longue et qui a beaucoup de plumage. & traduis iBK3 1DHD3»
pour (celui) qui manque de pousser (des pieds), qui ne pousse
pas encore, ou qui manque encore de, sabots; le mot "ÎDHD,
participe poual, a souvent, dans la Mischnâ et dans les autres
livres rabbiniques, le sens que nous lui donnons ici, p. e.
"ON 1DDD, qui est dépourvu, ou qui manque d'un membre;
TOT "1DTO, qui n'a pas encore atteint le temps voulu-; *)DHD
D'H'IBS» qui manque d expiation, c est-adire qui n à pas encore
offert le sacrifice expiatoire prescrit; iiTS lônp (le gibier ou
le poisson), qui n est pas encore pris. Dans BK3, le X est à la
place d'un y , de sorte qu'il faudrait lire B3D : cette substi-
tution n'est pas sans exemple dans la Bible. Dans le livre
d'Amos (ch. vii v. 8), on trouve 3Nn£ pour S^Dt?; dans le
livre d'kaie (ch. xix, v. 10), les mots #W "»D!lK sont ex-
pliqués , par la plupart des commentateurs , dans le sens de
PB3 "»D5y, attristés (dans) l'âme, du verbe D2? (Job, xxx,
a5); de yflD, clin d'ail, moment, on forme l'adverbe D^CDS,
subitement. Nous savons d'ailleurs, par le Tbalinud, que,
dans le nord de la Palestine, ou en Galilée, on prononçait
le V comme X1 ; or, les Galiléens étaient voisins des Phé-
niciens , chez lesquels Régnait probablement cette mauvaise
prononciation du y , qui quelquefois produisait et consacrait
une orthographe vicieuse \ Le verbe 022 signifieyba/er aux
1 Voy. Thalmud de Babylone, traité Eroubin, fol, 53 b. En par-
lant de la confusion que les Galiléens faisaient des gutturales , on y
rapporté, entre autres, l'anecdote suivante : « Un Galiléen s'en allait
criant ]XVh 1DH JKD1? TOK, quia 1ÎDK? qui a 1DK? Sot de Ga-
liléen, lui répliqua-t-on , veux-tu parler d'un ICn (âne) servant de
monture, ou de 1DTT (vin) à boire? de 1D? (laine) servant à faire
des vêtements, ou d un *)DN (agneau)-^ égorger?» — On trouve aussi
de nombreuses traces de cette confusion des gutturales dans le
Pentateuque hébreu-samaritain. (Voy. Gesenius, De Pentat. samarit.
P-5*.)
3 De là résultait quelquefois l'éfision du V ; ainsi , dans ttnscnp-
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 501
pieds, pousser des pieds; dans le Thalmud, la vache récalci-
trante qui a l'habitude de pousser des pieds est appelée h")!)
D'OBUS. On pourrait donc considérer ici BK3 ou BJO comme
un nom d'action , et traduire tDK3 1DHD , qui ne pousse pas
encore (qui nandum calcitrat), ou bien supposer que BK3
est un substantif désignant ce qui pousse ou frappe, c'est-à-
dire V ongle, le sabot, et traduire: qui manque encore de sabots.
Ce dernier sens me parait même plus probable. Le veau est
donc, selbn la définition qu'en donnerait notre passage, le
jeune de l'espèce bovine , tant que sa corne et son sabot ne
sont pas encore bien formé». Au contraire, le jeune taureau
adulte est désigné par les épitbètes CHDD ppp , ayant corne
et sabot (Ps. lxïx, v. 3a)1, ce qui cadre à merveille avec
notre interprétation.— NtDBl pour HBB* , et au-dessous, c'est-
à-dire, tout ce qui est plus jeune encore que le veau qui
vient d'être défini.
*TK3 DK. Je lis *?*K3» pour le cerf, et non pas VwSt pour
le bélier, car le bélier est mentionné plus loin (ligne 7),
sous le nom de Ssv Les mots qui suivent ont déjà été ex-
pliqués. Le nom de nombre n^Dn, cinq, qui maintenant
termine tette ligne , était accompagné probablement d'un
chiffre, et suivi des mots [Tihwch ]T ffini, dont la der-
nière lettre (n) se trouve au commencement de la ligne
suivante ; et ceci peut donner la mesure de la longueur des
lignes et des dimensions primitives de la pierre.
LîGNE 6.
Pour l'explication de cette ligne , nous renvoyons à celle
des lignes 3 et 4- Les quatre signes qui suivent les mots
lion d'Athènes citée plus haut, on trouve le nom de *?23rP pour
7?23n\ et , dans notre inscription , les noms de lUfllStf et f D&K132?
sont écrits rurVD, P&OT3.
1 La glose d'Ibn-Ezra porte : inDIDl l^p niftttf "•• 1BH
1XD JCDp WWtt D^En, «le jeune taureau dont la corne et le sabot
sont visibles; le sens, est : qui n'est pas trop jeune, t
x. ' • 33
502 JOURNAL ASIATIQUE.
O&DnvnkD, cent cinquante, sont sans doute des chiffres
désignant le nombre i5o!. — La ligne est interrompue au
mot (DD)?£m dont les deux dernières lettres manquent; la
formule analogue des lignes 4 et 8 nous autorise à compléter
cette ligne , en ajoutant :
mm bmh iiwn nnm dd-
LIGNE 7.
* ■%
^3» pour le bélier. Le mot ^3^ se présente avec le sens
de bélier dans plusieurs passages de la Bible1; c'est du moins
dans ce sens qu'il est interprété dans la version chaldaïque
et dans les commentaires rabbiniques. Cette interprétation
est fondée sur un passage du Thalmud de Babylone \ où on
Ut: icVar mai1? pip rn tfw*1? w^wa Kypy.^ai ton
« Rabbi Akiba dit : dans mon voyage en Arabie (j'entendis
qu' ) on appelait le bélier y obéi » R. Akiba veut parler, sans
doute, de l'arabe himyarique. Notre inscription montre avec
évidence qu'en phénicien 73^ était le nom d'un animal , et
le passage du Thalmud que nous venons de citer, ne peut
laisser aucun doute sur le véritable sens de ce mot. #esenius,
ne trouvant pas le mot *?3^ dans nos dictionnaires arabes,
s'est trop hâté d'appeler l'interprétation rabbinique inane
commentum.
Le reste de cette ligne n'a plus besoin d'explication. La
barre verticale qui suit le mot *?p& est probablement , comme
le dit M. Judas , la marque de l'unité; mais je ne pense pas,
1 t-Les chiffres que nous retrouvons cette fois (dit M. de Saulcy),
nous fournissent exactement le nombre i5o. En effet, le dernier
est le chiffre 10, déjà reconnu plus haut; les deux chiffres qui le
précèdent sont deux zaïn, ayant, ainsi que le constate Gesenius, la
valeur 30. 11 en résulte que le premier chiffre , dont la forme est
celle du chiffre 10, mais tracé symétriquement Y représente une
centaine, nous avons donc 100 -f- ao -+- 20 -H- 10 = i5o.»
* Exode, ch. xix, v. i3 ; Josué, ch. vi, v. 5, 6, 8 et i3.
3 Traité Rosch ha-sekanâ, fol. a 6 a.
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 503
avec M. Judas , que 1î signifie monnaie étrangère ou de Mar-
seille; car, en prenant les deux barres qui suivent ce mot
pour la marque du nombre a, il en résulterait que le sicle
phénicien faisait deux pièces de la monnaie d'argent qui
avait cours à Marseille, ce qui ne s'adapterait pas à la 11"
ligne, où on lit également 1 1 lî. Peut-être le mot lî désigne-
t-Aune fraction du sicle, comme le ma des Hébreux; dans
ce cas il faut traduire : « un siclè et deux zâr. » — Les lettres
D\ à la fin de cette ligne , sont probablement les restes du
mot }D^ , il sera, il y aura.
LIGNE 8.
Tous les mots de cette ligne ont déjà été expliqués dans
ce qui précède.
ligne g.
")DN, dans le dialecte araméen, signifie agneau, comme
n& en hébreu. K13, chèvre, comme "H3, avec la terminaison
K au lieu de "» . — VXï *)3D est probablement te petit ou « le
jeune du cerf;» en syriaque **«^ (T>XD) signifie petit H
aurait été plus régulier de dire ^K "ÎJD3 DN, ou 13DD OK
V^a; peut-être le graveur a-t-il omis par inadvertance l'un
des deux 3 dans 1X33
r\vh& CT, trois quarts, littéralement i un quart de trois. »
LIGNE 10. ,
Pour l'explication de cette ligne, voyez le commentaire
des lignes a et 3. Au commencement de la ligne il paraît
manquer une lettre qui appartenait au dernier mot de la
ligne précédente; à la fin de la ligne il ne manque que le
mot rQîD . ■ *
LIGNE 11. .
Nous n'oserions affirmer que nous ayons trouvé le véritable
33.
504 JOURNAL ASIATIQUE.
sens de cette ligne mutilée aux deux extrémités , et que nous
n'avons pu traduire que par conjecture. Au commencement
de la ligne, il doit manquer deux lettres qui ont disparu par
un éclat de la pierre. Le groupe pjlHD était probablement
précédé des lettres 31 , ou de la préposition *?y. Ce groupe
peut se diviser en p2K ")D ou en pa K1D ; cependant, le K
étant plus rapproché du 3 que du ") , il vaut "peut-être mieux
admettre la première division ; pour le sens , frae nous croyons
deviner dans ce passage, il est indifférent de diviser d'une
manière ou de l'autre. Je prends 1D dans le sens "HD, fruit;
p2K paraît être un pluriel irrégulier de p ou H3J (Ml) jardin,
car nen ne s'oppose à ce qu'on admette en phénicien des
pluriels rompus, comme il y en a en arabe et en éthiopien.
Si on litpa NID, le sens reste le même; N")S équivaudra
alors à nD, de même que nous avons trouvé plus haut XI)
pour la forme hébraïque n2; dans ce cas, pa correspon-
drait exactement au pluriel arabe ^Ua. , ou peut-être même
est-ce une autre forme du singulier, pour p. Quoi qu'il en
soit, je crois qu'il est question ici des produits des jardins.
Les offrandes du règne végétal étaient aussi fréquentes chez
les anciens peuples païens que ceux du règne animal; on
offrait des herbes, des fleurs , des fruits,, du blé, etc1.
hho O^tP ys ON, «soit des fleurs (présentées comme) of-
frande volontaire. » y X est le mot hébreu y^s, fleur-*; hbl ou
^*?3 a ici son sens primitif d'offrande entière, entièrement con-
sacrée aux dieux, sang l'idée d'holocauste; h^2 Q*?tf signifie
donc offrande entière * d'action de grâces ou volontaire. Il
n'y avait probablement pas de sacrifice obligatoire ( JW12)
composé de fleurs ou de fruits. — Les mots *)3HP et ri?n dé»
1 Voy. Saubert, De sacrifiais vetëram, c. xxiv, p. 610 et suiv.
* « Ex arboribus dabantur dus in aram rami simpliees frondesque
«prout cuique deorum adsignaUe erant, etc. . . Flores diis offe-
• rebant vel tantum simpliees. » Saubert < ibid. p. 6 1 6 , 6 1 7 et suiv. ,
où Ton trouve aussi de nombreuses citations qu'il serait inutile de
reproduire ici.
NOVEMBRE DECEMBRE 1847. 505
signent probablement certains fruits; mais je ne saurais les,
indiquer avec précision. *|£ttf pourrait bien être analogue à
v\W (pi. Q^B?0), qu'on trouve dans la Mischnâ, et qui désigne
un fruit semblable à celui du lotus1. DTH pourrait être la,
même chose que rVDn (pi. nVDTl) employé dans la Mischnâ
pour désigner plusieurs plantes bulbeuses, comme l'ail, l'oi-
gnon, etc. *. — Le reste n'a pas besoin d'explication; la ligne
est interrompue au milieu d'un mot dont il ne reste plus
que deux lettres : la première est l'article ïl; la seconde,
initiale d'un substantif, est un tb ou un D.
On pourrait reprocher à notre traduction d'interrompre
l'ordre systématique du règlement, eh plaçant les fruits entre
les quadrupèdes et les oiseaux; mais nous ne voyons dans
^notre inscription qu'un simple tarif des sacrifices et offrandes
de toute espèce, et il nous semble que les objets sont énu-
mérés selon Tordre décroissant delà taxe à laquelle ils étaient
soumis. Pour les fleurs et pour certains fruits dont les prêtres
ne pouvaient retirer aucun avantage, la taxe pouvait être plus
élevée que pour îes oiseaux et les autres objets énumérés
dans la ligne suivante, où le chiffre de la taxe n'est pas lisible.
LIGNE 12.
IDS*?"' lis. ^DX1?! ou *)D2 bv, « (et) pour un oiseau. » —
DD"ïp (fllDIp*) est un pluriel féminin signifiant probablement
prémices, de Dlp, précéder, comme l'a déjà vu M. Judas. En
syriaque aussi on désigne quelquefois les prémices par le mot
) A**à0 jJD et en éthiopien on dit 4>&Ç°?T. ptnp est un
adjectif pi., féminin (rW1lp) se rapportant au substantif
flDlp. — Peut-être s'agit-il ici, non pas des prémices propre-
ment dites, ou des fruits qui mûrissent les premiers chaque
1 Voy. Mischnâ, iw partie, traité Kilaïm, ch. r, S 4; on y lit
que le *\W ressemble au D1*! , qui , selon Maïmonide , est le fruit
appelé eu arabe .$xJtt
* Voy. ibid. traité Theroumoth, ch, ix, S 7; ch. x,S 10,
506 JOURNAL ASIATIQUE,
année et que les Hébreux appelaient 0>">to3 , mai» des pre-
miers fruits que portait le jeune arbre, et qui «défendus chez
les Hébreux pendant les trois premières années , étaient
désignés métaphoriquement par le nom de nVw» prépuce V
13 rDÎ DK , « ou un sacrifice d'aliments. » 12 est pour
TS , nourriture, aliment, provision; on a déjà vu (lig. i) que
les Phéniciens écrivaient de même ro pour rP3, maison. —
Les mots p& rDÎ OX , « ou un sacrifice d'huile , » ne présentent
aucune difficulté. Pour comprendre ce passage! il faut se
rappeler que, sur les aliments de toute espèce, on prélevait
une portion qu'on présentait aux dieux comme offrande \
Après le K qui suit les mots *]DD D Jrob , il y a une lacune
de deux ou trois lettres, suivie du signe qui réprésente le
nombre 10, et d'un *? qui est probablement une abréviation;
car il est impossible d'admettre, avec M. Judas, que le h se
lie au mot suivant; jamais un Hébreu ou un Phénicien n'a
pu dire "iruo1? , « pour à chacun. »
Quant à l'ensemble de la construction de cette ligne, nous
y remarquons une légère irrégularité; car la préposition h
ou h? , qui précède le mot 1B2 , devrait être répétée chaque
fois après la conjonction ON. Nous croyons , en effet, que cette
1 Voy. Léviùqne, cb, xix, v. a3. Maïmonide, dans son More ou
Guide des égarés (t. III, ch. xxxvu), nous apprend, d'après les
livres des Sabéens, que, chez les païens I ces fruits, dont l'usage
était interdit aux Hébreux» s'offraient aux dieux en partie, et en
partie se consommaient dans les temples mêmes :
m? rma* o^ J <**> J^ *-w v-^
« De même ils ont prescrit que les premiers fruits que produirait
tout arbre dont le fruit se mange,. . . . seraient en partie présen-
tés (comme offrande), et en partie consommés dans le temple de
l'idolâtrie. •
* Voici comment s'exprime à cet égard Spencer (De kgib. Htbr.
ntualib. 1. III , dissert, i , cap. îx, éd. Cantabrig, in-fo). p. 6is.) :
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 507
préposition esMous-entendue; autrement, il faudrait admettre
que les trois offrandes désignées par les mots DD*)p, IX et
pt? ne sont que des modifications particulières du sacrifiée
des oiseaux y ce qui rendrait ce passage plus obscur.
LIGNE i3.
oVn nJD DDP VH n*1X *?(D3), «dans tout sacrifice d'un
homme qui aura péché envers les dieux. » V7H est le mot
hébreu fchK tkommte; le verbe DD£ me paraît avoir ici le sens
du verbe hébreu DDPl , et du vêrbe^éthiopien QOQQ ( yD2 )
être inique, pécher; le pronom relatif, après le substantif in-
déterminé, EhN, est omis, comme c'est la règle en arabe, et
comme on le trouve aussi quelquefois en hébreu, notamment
dans la poésie. D3D , infinitif du verbe n JD , se tourner, a pro-
bablement ici le sens de la préposition vers, envers, à peu
près comme dans l'expression hébraïque yiV nfaD1? , vers le
soir; D*?K (D^N) est le pluriel de *?N, Dieu. Il serait pos-
sible aussi que le mot tf2D fut un substantif ayant le sens du
mot éthiopien /CÇ1^* chemin; les mots uhx fUB seraient
alors employés (,comme en arabe *»t J^-**, chemin de Dieu)
dans le sens de religion \ et il faudrait traduire : « dans tout
sacrifice d'un homme qui aura agi injustement dans le chemin
des dieux,* c'est-à-dire «qui aura commis un péché reli-
gieux. » Des expressions analogues se trouvent souvent dans
le Koran. Que^ l'.on adopte l'un ou l'autre des deux sens que
nous venons de proposer pour les mots nhti PJD, le sacri-
« No tu m enim omnibus , ethnicos primitias hordei , tritici , pulmenti ,
«graminis, gregis, arboris, olei, vini, capitis, convivii, imo cibi
« cujusvis; dns suis consecrare solitos. Neque victimarum tantum ,
« sed et dapum , partem aliquam decerpentès , in igoem conjicie-
«bant, epulum diissuis hoc ritu consecrantes. Ritui consimili circa
• potum utebantur : vini, lactis, aquae, parte aliqua in terram vel
• ignem effusa, mensani auspicantes, quod etiam diis libare dice-
«batur.i (Voy. aussi Porpbyr. De abstinentia, 1. I, S 5 et 6.)
1 En syriaque on dit dans le «eme sens lOMofetf JL*f©}-
508 JOURNAL ASIATIQUE.
fice dont on parle ici est analogue au HK&n (sacrifice de
péché) des Hébreux.
M. Judas, qui a substitué ruttïa a IW121?" » traduit ainsi :
• Le morceau qui chargera l'entrée du portique. » Il est diffi-
cile d'entrevoir un sens dans cette traduction.
Le reste de cette ligne a déjà été expliqué dans ce qui
précède ; il est évident que }D> est encore ici le futur du verbe
pa, être, et il est absolument impossible de prendre ici les
mots n^l msp pour autre chose que pour des substantifs.
Le verbe p"» qui -est au singulier masculin, tout en se rap-
portant aux substantifs n^SPl m^p , doit être considéré comme
impersonnel; on trouve la même construction en hébreu,
p. e. n*)KD W (Genèse, i, i4.)
LIGNE là-
Tous les mots qui restent de cette ligne sont connus , mais,
la phrase étant interrompue par la cassure de la pierre, il n'est
pas possible d'en préciser le sens. Au commencement de la
ligne il manque deux lettres , et on peut supposer que le mot
T72 était précédé, comme les substantifs suivants , de la pré-
position 7V. bb^ doit se prononcer Wa (particip. passif de
Vja) et signifie probablement la même chose que nbl^a îlTUD
|D#3 (Levit. ch. vu, v. 10) «offrande trempée (ou pétrie)
d'huile; » a^n que nous trouvons ici deux fois, doit être pro-
noncé une fois a*?n (graisse) et une fois a*?n (lait). Les mots
natS D"7N £?N ont été rendus* par M. Judas par qu'un homme
pour sacrifier, supposant que la partie qui a disparu de cette
ligne renfermait un Verbe dont D1K, un homme, était le sujet;
mais les règles de la construction hébraïque auraient exigé
que ce verbe fût placé immédiatement après le pronom re-
latif &K. Il faut donc chercher à expliquer les mots 0"7N tfK
nat1? de manière à les rendre grammaticalement indépen-
dants de ce qui suivait, ce qui me parait impossible en pre-
nant D1H dans le sens à'fymme. Pour faire une construction
qui soit correcte et qui nous permette au moins d'entrevoir
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 509
m sens, il me semble nécessaire de prendre le mot CHK
dans le sens de 01 , sang. Nous savons par saint Augustin
(Coihment. adP§. cxxxvi) qu'en punique le sang s'appelait
edûm, c'est-à-dire qu'on ajoutait au mot D1 un X prosthétique
(D"W)» comme on le trouve aussi quelquefois dans les ver-
sions chaldaiques de la Bible, dans le dialecte samaritain et
dans le Thalmud. A la suite du mot rDïV, on reconnaît encore
les trois lettres JD3 suivies d'un trait qui ne pouvait appar-
tenir qu'à un n ou à un n ; peut-être était-ce le mot nrUOT
Les mots (?nrUD3) mih D1K PK pourraient se traduire :
• que (où) il y a du sang avec le sacrifice (comme offrande?) »
Il s'agissait peut-être, dans cet article, d'une redevance
(nKtPD) qui devait être payée aux prêtres sur les diverses
offrandes composées de farine trempée d'huile, de graisse
ou de lait, et sur toutes les offrandes (rQî *?D *?£) 1 où il
entrait du sang , ou dont le sang formait un élément es-
sentiel. Le sang figurera encore dans la 1 6* ligne ; chez divers
peuples de l'antiquité il servait d'offrande, notamment en
, l'honneur des démons et des mânes; tantôt il était offert
seul , tantôt on le mêlait aux libations \ Il est fait allusion à
cet usage dans un passage des Psaumes (Ps. xvï, v. 4) ; ©n
parlant de ceux qui s'empressent de suivre les usages étran-
gers, le poète sacré dit : D1D DiT3D3 "îpDK"1?!*, ce qu'Ibn-
Ezra explique ainsi : DW13JD Unb DÏTOD: yQH tfV "0K p
Orpnaî 012, «Mais moi je ne fais pasrfle leurs libations,
qui sont mêlées du sang de leurs sacrifices. » Maïmonide, dans
son Guide des égarés (t. III, ch. xjlvi) , en cherchant à ex-
pliquer pourquoi l'usage du sang est si sévèrement défendu
1 On a vu à la ligne 1 a que rQî s'emploie aussi pour les sacri-
fices non sanglants. Quant à la préposition 7V, qui précède les noms
des divers objets dont parle cet article, elle peut être mise en
rapport avec! le mot DK&jD , qui se trouvait probablement dans la
suite de la phrase; on rencontrera la même construction à la ligne 17,
où on lit -irw rat *?y n*tff o
* Voy. Spencer, L c. 1. Il, cap. xi, éd. Cantabrig. p. 3 26 et suit,
âaubert, De $acrifioiù vetonxm, c. xiv, p. 65$ et suif.
510 JOURNAL ASIATIQUE.
par la loi mosaïque , nous donne, d'après les livres des Sfcbéeor,
quelques détails curieux sur la manière dont on cherchait à
se mettre en rapport avec les démons, en 4eur faisant des
offrandes de sang. Nous citons ici ce passage d'après l'ori-
ginal àVabe :
JUl, |kx)I clb Jj«> ^.jJt <4)i ^ e^^j •>* J jl
Ufcjtô^ y> c5 jJl ^oJt ci) 3 JAï ^4 0Î y> JbJJI cite jf
j^ r^i'r jsor e^^ci »u.r^r j«^» ^î ^^1^ ^s^
c? Jtî^6^ (;5^Lï* 0^^ Ojè^° *>£* ***j^î c^Uï J **J&*
1 < X tf
« Sache que les Sabiens considéraient le sang comme une
chose très-impure, et, malgré cela, ils le mangeaient, parce
qu'ils croyaient que c'était la nourriture des diables, et que,
si quelqu'un en mangeait, il fraternisait (par là) avec les
démons , qui venaient auprès de lui et lui faisaient connaître
les choses futures, comme se l'imagine le vulgaire à l'égard
des démons. Il y avait cependant des gens à qui il paraissait
dur de manger du sang, car c'est une chose qui répugne à
la nature humaine. Ceux-là donc, ayant égorgé un animal,
en recueillaient le sang dans un vase ou dans une fosse, et
mangeaient la chair de cet animal auprès du sang; ils s'ima-
ginaient, en faisant cela, que les démons mangeaint ce sang,
qui était leur nourriture, pendant qu'eux-mêmes ils
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 511
geamt la chair, et que, parla, la fraternisation pouvait être
obtenue , puisqu'ils mangeaient tous à la même table et dans
la même réunion. Selon leur opinion, les démons devaient
alors leur apparaître dans un songe, leur faire connaître les
choses cachées et leur rendre des services. C'étaient là des
opinions suivies dans ces temps, enracinées et généralement
répandues , et dont la vérité était hors de doute aux yeux du
vulgaire.»
Le sang, comme on le voit, servait à des libations et à
différents rites superstitieux, et on ne s'étonnera pas de le
voir mentionné trois fois dans notre inscription. Malheureu-
sement, les passages où figure le mot OIH étant tous tron-
qués, il n'est pas possible de préciser l'usage qu'on faisait
du sang dans le temple phénicien de Marseille.
LIGNE i5.
Cette ligne est lajrius claire de toute l'inscription ; les mots
qui en restent offrent un sens très-net et très -complet. Il est
donc d'autant plus étonnant que M. Judas (qui d'ailleurs a
négligé le 3 au commencement de la ligne) en ait donné
une traduction à peu près inintelligible. Quel sens peut-on
trouver dans cette phrase : « Tout sacrifice qui immolera du
menu bétail ou des biseaux de petite espèce, rien ne sera
posé pour les prêtres?» On serait tenté de croire qu'il y a
ici des fautes d'impression , si on ne lisait pas deux fois cette
traduction dans l'ouvrage de M. Judas (p. 171 et 174). M. de
Saulcy a ainsi rendu ce passage : « Pour tout sacrifice qu'of-
frira un pauvre , soit d'une bête de troupeau , soit d'un bouc
(ou d'un oiseau), il n'y aura rien pour les prêtres.» Cette
traduction serait admissible si le mot *n n'était pas répété *,
r M. Barges, pour justifier cette répétition, traduit ainsi : § Pour
tout sacrifice qu'offrira un pauvre en bétail , ou un pauvre en oi-
seaux , rien ne sera assigné aux prêtres. » Cette traduction ne présente
pas un sens bien clair; on peut être pauvre en bétail et en oiseaux
et avoir tes moyens d'en acheter. Que si l'ordonnance avait voulu
512 JOURNAL ASIATIQUE.
et en supposant que le mot DJHD1? était suivi d'un substantif
comme 131 ou nK&D; car Va seul ne signifie pas rien,
II est évident que le Verbe TOP est au passif (niphal), et
qu'en ponctuant selon l'hébreu, il faut lire fliv &X TOrVsa,
ce qui, sauf le relatif tfK pour 1#K , est de l'hébreu pur;
rien n'est plus usité en hébreu que de dire « sacrifier un sa-
crifice» pour «offrir un sacrifice.» W signifie' ici maigre,
sens que ce mot a aussi en hébreu, p. e. nlVl DVlB, «des
vaches maigres» (Genèse, ch. xu, v. 19J. Le sens est très-
clair : Tordonnanoe veut qu'on ne donne pas aux prêtres les
parties maigres de la chair des bestiaux et des oiseaux, ou,
en général , qu'on ne choisisse pas des animaux maigres pour
les sacrifices. KJpD a le sens du mot hébreu HJpD . troupeau,
bétail. — DJnsV p* *?3, «ne sera pas pour les prêtres;» le
D dans OjriD*? , signe du pluriel , a disparu par la rupture de
la pierre. La ligne se terminait peut-être par ce mot , car le
sens du paragraphe est complet.
LIGNE 16.
Cette ligne, non-seulement ne .présente pas une phrase
complète, mais elle renferme même quelques mots dont le
sens ne peut être indiqué que par conjecture, tels que les
mots mîD et nDtP \ Je présume que ces deux mots désignent
certaines libations ; il est naturel que dans un règlement des
parler de quelqu'un qui est trop pauvre pour acheter l'un ou l'antre
et qui ne peut offrir que des fruits ou d'autres aliments, elle se
serait exprimée plus clairement.
1 Nous avons déjà dit comment M. Judas est arrivé à rendre
rPTD par lépreux; sa traduction de n&£? par serviteur (qui a été
admise aussi par M. de Saulcy) n'est pas mieux fondée; en hébreu,
comme dans les autres dialectes sémitiques , l'esclave mâle s'appelle
122?, et on est d'autant moins autorisé à supposer chez les Phéni-
ciens, l'existence d'un masculin sdu mot nnD$» que nous trouvons
t : •
"13V dans la composition de divers noms propres phéniciens,
NOVEMBRE DÉCEMBRE 1847. 513
sacrifices il soit question des libations , et il est certain que
dans aucun autre passage 4e cette inscription il n'en existe
la plus légère trace. Le mot HDJP paraît se rattacher aux ra-
cines arabes À*» et caju», verser, et à la racine hébraïque
"]DtP, qui a Je même sens; on peut aussi mettre en rapport
avec ces racines le verbe araméen XEV et le verbe hébreu
HDD (Habacuc, ch. n, v. i5); tous ces verbes ont le sens
de verser, faire couler. En hébreu, le verbe "]DtP s'emploie
aussi en parlait des libations (Isaïe, cfa» lvh, v. 6); je
crois donc pouvoir prendre ici le substantif nDtf dans le sens
de libation. Les libations étaient de diverses espèces : il y
avait des libations de vin, d'eau, d'huile et de sang1. Des
libations mêlées de miel et de lait, ou de miel et d'eau , étaient
offertes aux dieux des enfers et aux mânes ; les Grecs les ap-
pelaient fiekbtparov*. En arabe le mot f JcM désigne un mé-
lange de lait ou de miel avec de l'eau 3 ; on pourrait donc
prendre ici, dans le même sens, le mot rHTD (prononcé
m^B , comme partie, poual) , qui signifierait libation mélangée.
uhx nnD b^, lis. O^N nnD-bsi, «et tout repas solennel
(en l'honneur) des dieux. » Le mot nnD (nnD, état constr.
nnD) se trouve dans deux passages de la Bible (Jérémie
ch. xvi, v. 5, et Amos, ch. vi, v. 7); les versions et les com-
mentaires l'expliquent de différentes manières. La version
grecque du livre dé Jérémie le rend par &Laxros, mot qui
désigne une assemblée célébrant des sacrifices accompagnés
de festins et de chants en l'honneur des divinités. Au livre
d'Amos la version grecque exprime une leçon différente de
notre texte hébreu ; les mots OMino npD ")D1 sont rendus
par jyux-ci : Kai è^apârjcrerctt ^pefjieriafiàs ïinreov èÇ Èppaifi;
1 Voy. Saubert, De sacrifiais veterum, cap. xxv.
* Voy. Homère, Odyss. x, 5ig; xi, 37.
3 î)ans le Kdmous , art. ^,3 on lit : ^Jlc ~j&j> J-*fij q*Î)
>L-lt L_aJU «On appelle le lait et le miel modzarrah, lorsqu'ils
renferment beaucoup d'eau. ■
514 JOURNAL ASIATIQUE.
au Keu de CPnriD, le traducteur ^grec paraît àtoir In C3TOD
ÉMBKtf, et nnD serait rendu alors par xpepexurpAç (hen-
nissement)-. La version syriaque a dans le premier passage
(L?Q-0*àa> deuil, et dans le deuxième JfoJ» cri de joie.
La version chaldaique conserve, dans les deux passages, le
mot nntD» de sorte qu'elle ne nous est d'aucune utilité pour
l'intelligence du texte. Mais il est évident par d'autres passages
que les paraphréstes chaldaîques et plusieurs des anciens
rabbins prenaient le mot nnD dans le sens de festin , ou dans
celui du mot Q-iouros employé dans la version grecque du
livre de Jérémie. Rabbi Salomon ou Raschi dit dans. son
commentaire sur le passage d'Amos : mxn#D >\W*7 nwnD
unh nwiï rwn wxm onacn hmw wi mtni» noon
Q'taim Unh QWl)p TOI O^nnD «On dit mnnD dans le
sens de festins; dans le Siphri, au chapitre (qui commence
par les mots) Et Israël demeurait à Schittîm (Nombres, xxv,
1 ), j'ai trouvé (ce passage) : Et ils leur préparèrent encore
des DT)nD (festins); ils les invitèrent et ils mangèrent.»
Raschi dit à peu près la même chose dans son commentaire
sur Jérémie, où il rapporte en même temps l'opinion de
quelques autres docteurs qui donnent à nnD le sens de demi
La version chaldaique du Pentateuque, attribuée à Jonathan
ben-Ouziel, emploie également nnD dans le sens du mot
grec B-iouros; on y lit (Nombres, xxv, a) :^t Elles (les femmes
moabites) invitèrent le peuple aux sacrifices de leurs idoles,
|OT>nnD3 NDV p*?D|0 , et le peuple mangea de leurs festins. »
C'est donc dans ce sens que nous prenons le mot HHD de
notre inscription; ce sens s adapte si bien à l'ensemble, et
nous parait tellement évident, que notre inscription, à son
tour, peut fournir une preuve à ceux qui, dans les deux
passages bibliques, prennent nnD dans le sens de d-faoo?,
de sorte que l'inscription phénicienne et la Bible s'expliquent
ici mutuellement. ^ . • \
r\2V &KD OIK *?D1 , t et tout sang de ce qui sera sacrifié, »
NOVEMBRE-DÉCEMBBE 1847. 515
en hébreu rDP itfKD D'r1»1. On a déjà vu que DIX est le
- - T • V -I - t T I W * .
mot DT avec un akph prosthétique. M. Judas Ht QDTR 7D1
mv fcftf , et il traduit : • et tout homme qui sacrifiera; » mais
le pluriel OD1K , que M. Judas croit trouver ici et au com-
mencement de^a ligne suivante, est inadmissible et répugnera
au sentiment de tout hébraîsant. D1K étant primitivement
chez les Hébreux le nom propre du premier homme, le
pluriel de Fappdlatif DTK ou DIX p, s'exprime toujours par
DIX *2ï,jilii Adami^ U est même fort douteux que le mot
D1K , homme , appartenant primitivement à la cosmogonie hé-
braïque , ait existé chez les Phéniciens; dans les autres cjjalectes
sémitiques , il n'a été introduit que par les écrivains chrétiens
ou musulmans, comme terme emprunté à la Bible. Quoi
qu'il en soit, M. Judas aurait dû suppléer un 1 à la fin de
la ligne interrompue et lire WDP , afin de mettre d'accord le
verbe avec le pluriel DD1K
* LU3NE 17,
Cette ligne se rattachait probablement à la ligne précé-
dente, avec laquelle elle ne formait qu'un seul paragraphe.
Les mots nDHD D1KH (hébr. DDHD D1H ), « le sang (prove
nant) du mort, » étaient le complément des derniers mots de
la ligne précédente. Dans ce paragraphe, dont il ne nous
reste que deux fragments , il était sans doute question de ce
qui devait revenir aux prêtres sur les libations de différentes
espèces et sur les repas solennels. L'énumération des objets
dont on parle dans cet article commence par les mots ^D
mUD et finit parles mots DDHD ûixn, et on ajoute, en ren-
voyant à un règlement antérieur, ou à quelque rituel phé-
nicien : ania riW mD3 1DK mî *?V ntftfD, tLa rede-
vance pour chacune des offrandes (qui viennent d'être énu-
mérées) sera selon la mesure fixée dans l'écrit (que, etc.).
Quant au mot nt£ , je le prononce rp# , et je le considère
comme un participe passif; ce participe ne s'accorde pas
grammaticalement avec D1D (hebr. TTIL, mesure), qui est
516 JOURNAL ASIATIQUE.
du genre féminin , et il est employé ici comme substantif
neutre ; il faut traduire littéralement : t selon la mesure de
ce qui est établi,» c'est-à-dire, conformément à ce qui est
établi. Le mot suivant, qui s'arrête à la cassure de la pierre,
pourrait avoir perdu un n , et il faut peut-être lire naroa, de
même qu'on lit roron dans la ligne suivante. Cependant, on
peut admettre l'existence des deux mots 3TO et naTO; le
premier est très-usité en hébreu, le second (rail?) ne se
trouve qu'une fois dans la Bible (Lévit. xix, 28); il parait
s'appliquer particulièrement à l'écriture par incision, et s'a-
dapte bien à des inscriptions gravées sur la pierre.
LIGNES 18 ET 19.
Ces deux lignes forment, comme les deux précédentes, un
seul article du règlement, et on y renvoie également à un
règlement antérieur dans lequel on avait fixé la gratification
due aux prêtres de la part des étrangers qui sacrifiaient dans
le temple de Marseille.
"»K C?K flKtPDVl , « et pour ce qui est de la redevance de
l'étranger. » ^K px signifie littéralement « un homme d'outre-
mer. • On sait que le mot ^K en hébreu signifie île, pays
maritime, mais qu'il est souvent employé dans le sens plus
général de pays lointain, pays étranger1. D^N ^3Œ^ sont les
habitants des pays étrangers ; l'expression ^N C^*C, pour dire
homme d'outre-mer ou étranger, est donc parfaitement con-
forme au génie de la langue hébraïque. Le règlement veut
parler sans doute des Phéniciens, des Carthaginois et des
habitants des colonies phéniciennes et puniques qui offraient
des sacrifices dans le temple de Marseille. Cette interprétation
nous permet de séparer le groupe ^TK , qui n'oflre aucun
sens raisonnable; non - seulement le mot ^N, considéré
1 Voyez surtout Isaîe, ch. xli, v. 1 et 5, et ch. xlix, v. 1 , 06 le
mot D"K est en parallélisme avec D^DK?, nations, et avec Pftp
Y"Wn , « les extrémités de la terre. »
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 519
Nous prêtions ici dam le même sens le mol yia, que mm*
considérons comme un nom d'action, et nous traduisons
f"Q HfrtfD par redevance surabondante (littéralement : de sura-
bondance) ou excessive. Les lettres jyjl qui terminent main-
tenant la ligne* ne peuvent appartenir qu'à un verbe nipkal,
dont les deux premières radicales sont y et 3 et dont la troi-
sième a disparu par la rupture de la pierre. En parcourant
le petit nombre de verbes hébreux qui commencent par W ,
on n'en trouve aucun qui s'adapte bien à l'ensemble de cette
phra#e, si ce n'est le verbe WW, mulctavit, au niphal, mule-
tatus est Nous lisons donc le dernier mot de la phrase EfaJW
•rti:' i
(prétérit niphal avec waw canversif) ; nous obtenons ainsi*
pour la partie qui reste de cette ligne t un sens très-net et
une construction hébraïque irréprochable, et nous traduisons :
«Tout prêtre qui percevra une redevance excessive d'un
homme établi dans cette contrée , sera puni d'une amende l. »
LIGNE 2 1.
•
Les débris qui restent de cette ligne nous présentent
quelques mots qui, pris isolément, n'offrent aucune diffi-
culté, mais qui ne forment pas par eux-mêmes une phrase
complète et qui se rattachaient à ce qui précédait ou à ce
qui suivait. Le D qui commence .cette ligne appartient néces-
surcroîts qui dépassent (la mesure) lorsqu'on la comble, s'appellent
pxn3 (ouOTO).i
1 Nous opposons avec confiance cette explication à celles tentées
par MM. Judas, de Saulcy et Barges, qui ne sont pas parvenus à
établir mie Jiaison grammaticale bien satisiaiiante et à obtenir un
sens clair. La meilleure des trois est celle de M. Barges qui éga-
lement trouvé le mot &2y21 à la fin de la ligne ; mais nous ne
pensons pas qu'on poisse reconnaître facilement dans les mois
î DM flë? DN vS "72 le sens suivant : «quelque chose de plus
mie ce qui sera rôti ou bien placé sur un morceau de la victime,»
dût-on accorder à M. Barges qu'il faut lire DK au lieu da &K et
que le T est une abréviation' du mot Î13T.
34.
519 JOURNAL ASIATIQUE.
qui se trouvait à far fut de la ligne 18. Sur Qftani, vey* le
commentaire de la deuxième ligne.
LIGNE *0.
Les mets DK&D nf VU }ro ^D se traduisent sans la
moindre difficulté; sauf le relatif VX pour ntfK, c'est de
l'hébreu pur1. Le sens du groupe î DB3 ntf #K*? ne saurait
être douteux dès qu'on admet notre interprétation de la 18*
ligne ; on traduira : « à un homme (ou : d'un homme) établi dans
cette contrée. » Entre les d%x groupes, il reste trois lettres dont
la première est sans contredit un beth et la troisième un codé;
la deuxième, je l'avoue, ressemble plutôt à un daleth qu'à
un resch; néanmoins, je crois devoir lui donner cette der-
nière valeur et admettre que le graveur a fait le trait du resch
un peu trop court. Le mot yi3, avec daleth, n'offre aucun
sens, et en divisant les mots autrement que nous ne l'avons
fait, on n obtient qu'une phrase obscure, sans liaison. En
lisant yn avec resch, nous trouvons un sens oui cadre fort
bien avec celui que, dans la ligne 18, nous av«m donné aux
mots î DM IW, et que naturellement nous devons maintenir
ici. La racine y~D n'existe pas dans la Bible , mais on la
trouve dans la Mischnâ , où elle a le sens de combler la mesure,
la remplir par-dessus les bords. On emploie surtout le parti-
cipe pdaafyîîîD et le nom d'action yV13, et notamment là
où il est question de mesures usitées pour les offrandes \
1 Non* ne comprenons pas que M. de Saufcy ait hésité à recon-
naître dans np^ (np ) le futur de Viph , prendre.
• Voy. Mischnâ, 5" partie, ou SederKodaschîm, traité Menaholk,
(des oblations) , ch. 1, S 2 ; ch. ix, S 5. Voici ce qu'on lit dans le
commentaire de Maïmonide, au premier des deui passages que
nous venons d'indiquer :
obL-jjJf LÀb ajj JUi=Jî (JaaJ" yr)3j <JiLt p3D>
t Y")5D signifie comblé, et yv>2 l'action de comble* la mesuré; ces
NOVEMBRE-DECEMBRE 1847. 519
Nom prêtions ici dam le même sens le mol Y"D, que nous
considérons comme un nom d'action, et nous traduisons
f)3 DHW> par redevance surabondante (littéralement : de sura-
bondance) ou excessive. Les lettres 372? qui terminent main-
tenant la ligne, ne peuvent appartenir qu'à un verbe niphal,
dont les deux premières radicales sont y et 2 et dont la troi-
sième a disparu par la rupture de la pierre. En parcourant
le petit nombre de verbes hébreux qui commencent par JV,
on n'en trouve aucun qui s'adapte bien à l'ensemble de cette
phrale, si ce n'est le verbe £?jy, mulctavit, au niphal, mule-
taius est Nous lisons donc le dernier mot de la phrase &Wï)
(prétérit mphal avec waw converti/); nous obtenons ainsi,
pour la partie qui reste de cette ligne ♦ un sens très-net et
une construction hébraïque irréprochable, et nous traduisons :
«Tout prêtre qui percevra une redevance excessive d'un
homme établi dans cette contrée , sera puni d'une amende l. »
LIGNE 2 1.
•
Les débris qui restent de cette ligne nous présentent
quelques mots qui, pris isolément, n'offrent aucune diffi-
culté, mais qui ne forment pas par eux-mêmes une phrase
complète et qui se rattachaient à ce qui précédait ou à ce
qui suivait. Le D qui commence .cette ligne appartient néces-
surcroîts qui dépassent (la mesure) lorsqu'on la comble, s'appellent
para (ouOTtVft).»
1 Nous opposons avec confiance cette explication à celles tentées
par MM. Judas, de Saulcy et Barges, qui ne sont pas parvenus à
établit uneJiaisoa grammaticale bien satisfaisante et à obtenir un
sens clair. La meilleure des trois est celle de M. Barges qui aréga-
lement trouvé le mot £73^31 à la fin de la ligne ; mais nous ne
pensons pas qu'on poisse reconnaître facilement dans lea mots
T DM t)h DX 72 "73 le sens suivant : t quelque chose de plus
que ce qui sera rôti ou bien placé sur un morceau de la victime,»
dût-on accorder à M. Barges qu il faut lire DK au lieu de &K et
que le T est une abréviation du mot H3T.
34.
520 JOURNAL ASIATIQUE.
sairement au dernier mot de la ligné précédente. On pourrait
être tenté de le prendre pour une conjonction , comme le
cj arabe; mais, si cette conjonction avait existé dans la
langue phénicienne, elle eût été employée infailliblement à
la place du 1 dans les mots jrttl et tf 3y:tt des lignes 18 et
ao. Les mots "»K VX D3T hvi1? se traduisent sans difficulté:
«au maître du sacrifice, homme d'outre-mer ; f nous avons
traduit ]W *?D, il ne sera pat donné, considérant }m comme
le futur hophal (p"») qu'on trouve aussi dans la Bible
(Lévjt. xi, 38 et passim.) La particule T)X (qui suit le Verbe
}rp) indique ordinairement le régime direct; mais elle est
aussi employée après le verbe passif (surtout lorsque le verbe
est impersonnel), par exemple: TjnavS DKtn yiKfrriK ]W
«que ce pays soit donné à tes serviteurs» (Nombres, xxxu,
5), passage qui nous présente, avec le même verbe, une
construction tout à fait pareille à celle que nous croyons
trouver dans notre phrase tronquée. Après le mot riK, il y
a une petite lacune, aux deux extrémités de laquelle on re-
connaît encore très-bien les traces d'un D et d'un ri ; entre
ces deux lettres, trois ou quatre autres lettres ont pu trouver
place; on y lisait peut-être le mot *?3 suivi d'un autre mot
terminé en n , et qui était à l'état construit avec nK&Dn , que
je considère comme un génitif. Après ce dernier mot, on re-
connaît encore un K» probablement un reste du relatif &K
Peut-être faut-il lire ••••^K rwffûn rHKtf *?D riK, ttout ce
qui reste (après le prélèvement) de la redevance qui — » »
Après avoir terminé l'analyse de notre inscription ,
il ne nous reste plus qu'à résumer les conclusions
qu on peut en tirer pour fixer le véritable caractère
de la langue phénicienne.
Les fragments qui nous restent de l'inscription
de Marseille renferment quatre-vingt-neuf mots dif-
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 521
férents, sans compter les préfixes a, a, V, D (pour
)d), le i copulatif et l'article n.
Nous divisons ces quatre-vingt-neuf mots en cinq
catégories :
i° Cinquante-neuf de ces mots appartiennent in-
contestablement à f hébreu biblique; nous allons les
énumérer par ordre alphabétique K
"IHK, an (inxa, pour un, pour chacun), 1. 3 e)rpauim.
*X*tk, pays maritime, pays d'outre-mer. Voy. lig. 18 et a i .
^K(^K), cerf,l. 5 et 9. .
■?K, pî O^K (D^X), Dieu, 1. i3 et 16.
*)*?K*; bœuf, L 3. "
ON, si, 1. 1 1 , DK — DK» ou — ou, sive — sive, \. 3, 5, 7, 9.
CX (EhK), homme (t»r),l. i3, 18,30,31.
*?3*, non,1 ne-pas, 1. i5, 18, 31.
V?3 ( W?3) , frerôprf, pétri, 1. i4-
p,/fc,L 1,3,19.
*?ya, mattre, propriétaire, h 4 et pauim.
D3 (rP3) • maison, temple, 1. 1 .
Kia(na),cfcewreoa, 1. 9.
Si, maigre, 1. i5.
T (Ht), pron. démonstr. t?e, 1. 18, 30.
m? , subst. ( r»3î) , sacrifice, 1. A et pauim,
nar, verbe, sacrifier; futur niphal, F13P , L i5, 16.
aSnoSnï.ioi'M. 14.
a*?n (a^n), jmiiie, I. 14.
n&Dn, ciAf^l. 5.
Q&Dn, cinquante, L 6.
Sa*»- (SaV), WforJ. 7.
1 Les cinq mots marqués d'un astérisque sont des archaïsmes,
ou appartiennent au langage poétique.
522 JOURNAL ASIATIQUE.
}D3 , pi. Q jno , prêtre, L 3 et passim.
*7D, totalité, tout A* i4, i5< 16, ao.
^Vd (Wd), offrande entière, holocauste, L 3 et passim.
p (J3), aûwi, <2e mime, 1. 4. 6, 8, 10, il.
*|DD, argent, L 3, 5, 7, g, u, ia«
3TQ ou TOTO, écrit, prescription, décret, L 17, 18.
np1?, futur np* (nj?*), prendre, recevoir, L ao.
'D1) (composé de *S et du 2 préfixe) , selon, suivant, 1. 18.
nKD, cent, L 6.
mD, mesure; WlDï, selon la mesure, conformément, L 17.
IDTO (7DHD) , part, poual de ")DH , défectueux, dépourvu, priée
de, manquant, 1. 5. Cette forme ne se rencontre pas dans la
Bible, mais on y trouve la racine ^DH, qui est aussi usitée
au piel; on peut donc considérer le participe poual comme
de l'hébreu pur.
K8D (ntûD) , au-dessous, 1. 5.
KjpD ( mpD) , possession, bétail, troupeau, 1. 1 5.
DHDt repas solennel, festin, ^Iobos, 1. 16.
HKŒD, présent; impôt, redevance, 1. 3 et passim.
bpW, poids, l. 6.
nD , mort, 1. 1 7.
jru, donner, futur jrr»; prétérit niphal ]t\2% 1. 18; futur Ao-
pfcal jn\ Lai.
Vjy, veauîl. 5.
Itf, chèvre, 1. 7.
!>*, prép. 5nr,L i4.
tfjy, punir, impofer une amende, niphal W)9}, 1. 10.
-)*, pi. rra , peau, 1. 4. 6, 8, 10.
mewf<fcr,1.3.
D^D*, pied, 1. 4» 6, 8, 10.
72 (TX), provision, nourriture,. aliments, Lia.
"IDX, oiseau, L îa, i5. '
tnp, fém. ntnp, locrtf, laùtf, Lia.
pp9 corne, L 5.
$31 ,, quart r L 9., u.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. > 523
*W0*,cAair, 1.4,6,8, 10.
abv ( U^V ) , sacrifice pacifique, volontaire, i. 3 et passim.
nt^tt, farii,l. g, n.
JOtf, fc«k,L 13.
DD0 (UVW),jugetsafete,\. i, a.
Vptf,«c/e,l. 7.
Htf (n1»»), poser, placer, établir, 1. 17, 16, 10.
3° Huit mots, également hébreux, se présentent,
en phénicien, sous une forme différente ou dans
une acception différente ; ce sont :
DTK (hébr. lft),sang, 1. i4, 16, 17.
ïflK, pi. BinK, état constr. nr)H, les restes (hébr. ooItvi),
1. 4» 8, 10.
DK (hébr. 1K),o«, 1. 7,9, 11, îa, i5.
VK (hébr. ntfK, "tf ).pr. rel. qui, que, lt 5, i4. i5, 16. 18,
ao.
pan (hébr. T)n), compagnie, collège, I. a, 19.
n1?^» outil ( hébr. r6rà , fauteur, diyrf) > 1. 3.
]l (hébr. pi. Q^l), face, mode, manière, 1. 3, 6, 10.
rUD (hébr. nUB infinit de ÏIJD), prép. vers, envers, 1. i3.
3° Quatre mots que nous avons expliqués par
Thébreu, mais dont l'interprétation nest pas cer-
taine:
BK3 pour B3D, pousser des pieds (suhst. ongle, sabot?) , 1. 5.
p (pi. uxég. pa ou pjK ?), jardin, Lu.
1D (nD),/wf,l. 11.
V» (y*),jfeiirj. 11.
4° Dix mots appartiennent à d'autres dialectes
sémitiques:
524 JOURNAL ASIATIQUE.
")DK, agneau (araméen), 1. g.
m (im)> petit (aram. syr.), L ».
yiD, surabondance (hébr. ou aram. thalmudiqtte) , 1. ao.
T , prép. cfe, ou signe du génitif (éthiop. et himyarique) , 1. 3 ,
6, ia
p (pD). fat fi*, être (arabe et éthiop.), 1.3,7, l3« l5-
DD? ? tov tendre, frais, fut. D^ (éthiop.) , 1. S.
DD* (hébr. DDn), Are injtute,p4cfor (éthiop.), 1. i3.
DD, sert, imre qu'on u en partage (#à#po?) , contrée (aram.)
1 18, ao.
nmx * sacrifice (éthiop.) , 1. 3 , 4 et passim.
fl01p% prémices? (syr. et éthiop.) lia.
S0 Huit mots sont inconnus et u'ont pu être ex-
pliqués que par conjecture :
*)î, monnaie, fraction du sicle (?) , 1. 7, 9 , 11.
ntn , espèce de plante ou de fruit, 1. 1 1 .
r6x\ certaines parties de lu victimes, Là, 6, 8, 10, *3.
mtD, ar. f-j<M?) libation mélangée (?) 1. 16.
03to , Joy(jnw? (?), 1. 4,6, 8, 10,
JVUtp, prosecta (?), L 4, 6, 10, i3.
nDP, Ktatioit(?),L 16.
*PV, «pic* de fruit, h i\.
Il résulte de cette énumératiôn que, sur quatre-
vingt-neuf mots phéniciens, il y en a au moins
soixante-sept (en ne comptant que les mots de la
première et de la seconde catégorie) qui se retrou
vent dans l'hébreu, c est-à-dire les trois quarts.
Parmi ces mots, il y en a un grand nombre qui
n'appartiennent qua l'hébreu seul, et qui n'existent
pas dans les autres dialectes sémitiques, comme par
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 535
tt,'K*,rç>'ltot0K»!to«np^, etc. Ajoutons à cela
que lès formes grammaticales qu'on peut recon-
naître daps cette inscription et dans quelques autres
sont toutes conformes à l'hébreu. Sans parler des
formes verbales comme p\ DO*\ qui sont com-
munes à tous les dialectes sémitiques, nous rappel-
lerons les formes du niphd : mt\ rcu, mw, le fa-
tur np\ de np7, le participe passif ?m, formes
dans lesquelles on reconnaît le dialecte hébreu;
nous ferons remarquer encore l'article n , les plu-
riels en 07 et rf , et, parmi les noms de nombre,
nous signalerons le mot ntt\œ , pour lequel l'hébreu
diffère de l'arabe et de l'âraméen , où les deux v
sont remplacés par des n (£»). La terminaison n*
elle-même, qui remplace la terminaison féminine
n~ des Hénreux , reparaît en hébreu à l'état construit ,
et même, souvent, à l'état absolu, dans quelques mots
poétiques en n", comme mw secours (Ps. lx, i3;
cviii, 1 3), dans plusieurs noms de villes, comme npSD ,
fnyD ( Jos. xv, 39, 5g) et autres,, et enfin dans tous les
mots terminés en n~. La différence la plus frappante
que nous ayons pu remarquer jusqu'ici entre le phé-
nicien et l'hébreu est dans le verbe le plus essen-
tiel de la langue, c'est-à-dire dans le verbe être, que
les Phéniciens exprimaient par jid, comme les Arabes,
tandis que les Hébreux se servaient du verbe- nvi.
Mais le verbe fo aussi était employé par les Hébreux
dans plusieurs formes dérivées : au niphal et au
hitkpaël il signifie être debout, ferme, prêt; au piel
et au hiphil, mettre debout, établir, préparer. On a
m JOURNAL ASIATIQUE,
va d'autres mots qui, en phénicien, étaient d'un
usage commun , et qur se sont conservés chez les
Hébreux dans le langage poétique; on peut citer,
entre autres, le verbe *??& , faire > que les Phéniciens,
comme les Arabes; employaient dam le langage or-
dinaire, et qui, chez les Hébreux, ne se rencontre
que dans-Je style ^oratoire et dans la poésie* Nous
rappellerons, à ce sujet, le passage du Pœnulus de
Plante, que nous avons déjà cité; ces mots, rm Sw*
hwh on p œie hs , peuvent être compris par celui qm
sait l'hébreu, mais un Hébreu aurait dit; nènr»
Il résulte, de tout ce que nous venons de dire, que
l'hébreu et le phénicien ne différaient que fort peu
l'un de l'autre; les deux langues étaient tellement
semblables, que nous pouvons le* considérer au fond
comme une setde et même langue. S'il y a des mots
phéniciens que nous ne pouvons expliquer au moyen
de la Bible, et qui ne se retrouvent pas non plus
dans les différents dialectes sémitiques, rien ne
prouve que ces mots n'aient pas existé chez les Hé-
breux ; car on sait que les livres «hébreux que nous
possédons encore sont loin de renfermer tous les
mots de la langue hébraïque.
H faut donc rejeter bien loin cette méthode d'in-
terprétation qui , à force d'artifices étymologiques
et d'hypothèses insoutenables, aboutit à doler les
Phéniciens d'un jargon inintelligible;. surtout quand
il s'agit d'idées qui s'exprimeraient avec facilité et
clarté dans le }ang?ge hébreu biblique. H faut re-
NOVEMBMS-DÉCEMBflE 1847. «7
jeter surtout ces phrases et ces constructions si con-
traires au génie de la langue hébraïque et que Thé-
braisant trouve si intolérablement barbares.
Quant aux observations historiques et archéoio-
giques qu'on pourrait vouloir rattacher à notre ins-
cription, elles ne peuvent avoir, ce nous semble,
qu'une importance très-secondaire. L'inscription de
Marseille ne nous fournit guère d'éléments nouveaux
pour les études historiques, et elle a bien plus be-
soin elle-çiême'd éclaircissements, qu'elle n'est en
état d'en fournir. Ce monument n'était pas néces-
saire pour savoir que les Phéniciens et les Cartha-
ginois offraient des sacrifices et observaient des
rites analogues à ceux que nous trouvons chez
d'autres peuples de l'antiquité; et si on peut re-
marquer dans les rites que nous révèle le règlement
de Marseille quelques analogies avec les rites des
Hébreux, il faut avouer que l'antiquité grecque et
romaine nous en fournit bien davantage l- Un seul
point mérite d'être remarqué : c'est qu'on ne trouve
pas de traces, dans notre règlement, de ces rites
barbares que la Bible et les auteurs profanes de
l'antiquité attribuent au culte phénicien. M. de-
Saulcy termine son mémoire par une observation
qui tendrait à effacer d'un trait de plume tout ce*
que l'antiquité nous a transmis à cet égard. Ce savant
croit que la connaissance de notre rituel « modifiera
quelque peu les opinions exagérées que l'on a si
1 Vby. mes Réflexions sur le culte de» ancieoi Hébreux (dans le
tome IV de la Bible de M. Cahen) , p. 3o et suiv.
528 JOURNAL ASIATIQUE,
souvent émues sur le compte d'une religion dont oh
n'a jusqu'ici parié que sûr la foi d'assertions formu-
lées par des écrivains étrangers à la race phéni-
cienne. » Ceperidant, on comprend facilement que le
culte phénicien ait subi des modifications sur le sol
étranger et se soit plié aux exigences locales1. Les sa-
crifices d'enfants en l'honneur de Molochetles autres
rites abominables qu'on reproche aux Phéniciens
n'auraient pas été tolérés par les Phocéens de Mar-
seille, pas plus que dafas aucune autre ville grecque.
On rapporte que des étrangers intervinrent quelque-
fois pour faire abolir le culte inhumain de Moloch
jusque dans Garthage même. Déjà Darius, fils d'Hys-
taspe , enjoignit, dit-on, aux Carthaginois d'abolir les
sacrifices humains2, et, quelque temps après, Gélon,
tyran de Syracuse, fit de cette abolition la condition
d'un traité de paix avec Carthage 3. Il ne faut donc
pas s'étonner qu'un règlement fait pour une popu-
lation d origine phénicienne , qui s'était établie à Mar-
seille et avait obtenu la permission d'y célébrer son
culte, ne renferme pas de traces de ces rites mons-
1 L'existence*admise par M. l'abbé Barges d'une colonie phé-
nicienne indépendante, établie à Marseille avant les Phocéens, est
au moins fort problématique, et il est bien plus probable que la po-
pulation pour laquelle était fait notre règlement se composait de
Carthaginois et de Phénicniens qui avaient, à Marseille, des éta-*
blissements de commerce sous la domination phocéenne.
* Voy. Justin, lib. XIX, cap. i.
* Voy. Plutarque, De iis qui sero a numine putiiuntur, c. vi; Mon-
tesquieu, Esprit des lois, 1. X, chap. v. Selon Quinte-Curce (1. IV,
c. ni) , les sacrifices humains continuèrent jusqu'à la ruine de
Garthage.
NOVEMBRE-D^GBHBRE 1847. 539
trueux, dont l'existence, sur le territoire pkënicieu
et carthaginois , n'est que trop certaine.
En somme, il nous semble que l'importance du
monument de Marseille est tout entière dans les
renseignements qu'il nous fournit sur la «ature 4e
la langue phénicienne, et, sous ce rapport, il est à
lui seul plus instructif que tous les autres monuments
phéniciens ensemble qui jusqu'à présent sont parve-
nus à notre connaissance. ,
POST^SCRIPTUM.
M. Movers vient de publier la deuxième partie de ses Texte»
phéniciens, qui, consacrée tout entière à l'inscription de
Marseille, porte le titre suivant : Dos Opferwesen derKarth&ger.
Canmentar zur Opjertctfel von Marseille ( Des sacrifices; chez
les Carthaginois; commentaire sur le tableau de sacrifices de
Marseille). Breslau, 18^71 in-8\
Ce savant mémoire nous est parvenu trop tard pour que
nous eussions pu en faire "usage dans le cours de notre travail,
dont l'impression était presque achevée. Nous nous empres-
sons de rendre hommage à l'érudition , d'ailleurs bien connue,
du célèbre auteur des « Phéniciens; » son mémoire renferme
une foule de recherches curieuses et de détails instructifs.
Mais, pour ce qui concerne l'explication du texte de notre
inscription , nous regrettons de ne pouvoir partager sa ma-
nière de voir. Nous ne nous sommes guère rencontré avec
lui que dans les points sur lesquels tout le monde est à peu
près d'accord, et, après avoir lu son travail, avec attention,
nous ne croyons pas devoir rétracter notre interprétation. Il
se peut que l'explication que M. Mo vers a donnée des lignes
11 et 12 soit plus près de la vérité que la nôtre; mais elle
n'en est pas, moins fort problématique, et peut-être même la
traduction de pjK ")D parerait des jardins, sera- t-elle jugée
MO JOtJllNÀL ASIATIQUE
moins ha*die que cette de M. Movers, qui imagine un mot
pjK (pour paK)* venant de QJK, et qui croît pouvoir tra-
duire pa« "19(2) par otfiaa des marais. — Pour tout le reste
de l'inscription , nous osons croire que nous avons été mieux
inspiré que M. Movers , et nous attendons le jugement des
hommes spéciaux, qui reconnaîtront peut-être que nous
avons réussi quelquefois à former des phrases plus coulantes,
plus claires et plus conformes au génie de la langue hébraï-
que. Dans quelques passages t M. Movers a été induit en
erreur par k planche du par la transcription de M. Judas ;
ainsi, par exemple, dans la cinquième ligne, il a lu 1SDD3,
au lieu de 1DHDD» et au commencement de la ligne i5,«fo *
au lieu de *?33. Plusieurs fois aussi il a, à l'exemple de
M. Judas, substitué le * au î en écrivant "1K&1 au lieu de
•HW t (iig. 5 et 6), et rmp* au Heu de msp ? (Kg, io).
La dernière hgne renferme plusieurs faites de transcription.
M. Movers a écrit ram *?3n*?l au lieu de Mî W? »}•• et
• 3^k au lieu de • D n». E» rectifiant ces différentes foutes,
l'auteur serait obligé de changer son interprétation dans
plusieurs points essentiels.
Nous ne pouvons plus ici suivre M. Movers dans les détails
de son mémoire; nous nous bQnterons à dire que, à notre
avis, le savant auteur s'est exagéré l'importance de l'inscrip-
tion, en y voyant un décret émané de l'autorité suprême de
la république carthaginoise, basé en partie sur les livrée re-
ligieux, et réglant les prix et certains rites des sacrifices ; mu
de ces décrets que, selon M. Movers, les suffiètes de Carthage
envoyaient de temps à autre dans toutes les localités où il y
avait des temples et des prêtres carthaginois. M. Movers
pense (p. 34) que le titre de OB& (suftete), donné aux deux
personnages qui figurent en tête du décret, ne peut appar-
tenir qu'aux chefs de la république , ou aux premières auto-
rités d'une ville, et qu'on ne peut pas admettre que les Car-
thaginois qui se trouvaient à Marseille sous la domination
des Grecs, aient eu leurs snffetes, ce qui supposerait, en
quelque sorte, l'existence d'un État dans l'État. Mais il sein-
NOVEIlBftË-DéCÉM&ftt 1847. 531
ble tout naturel que les Gr «es aient laisaé aux commerçants
carthaginois de leur ville le soin de régler leurs affaires in-
térieures, et notamment leur culte, et que les Carthaginois
aient choisi au milieu d'eux quelques chefs chargés de l'ad-
ministration et appelé» CTBDfcJ ou suffîtes, titre qu'oto donnait
chez les Hébreux aux juges de toutes' les localités. (Vèy. Dmt-
téron. xvi, 18; a chron. xix, 5.)
En somme, nous ne pouvons voir-dans l'inscription qu'un
simple tarif et rien de plus ; elle ne s'occupe que de la fixa-
tion des émoluments que les prêtres devaient retirer des
divers sacrifices offerts dans le temple de Marseille. La gra-
tification due aux prêtres était payée en argent ou en nature.
Pour les holocaustes, dont les prêtres né pouvaient retirer
aucun avantage, on payait, comme gratification, une somme
d'argent (dans laquelle M. Movers a vu le prix de l'animal) ;
dans les autres sacrifices sanglants, obligatoires ou volon-
taires, les prêtres recevaient une certaine quantité de viande,
qui, pour le veau et le cerf, était du poids de i5o sicles,
ou environ cinq livres, et, pour le bœuf, probablement du
double1. Pour les offrandes d'oiseaux, de fruits, d'huile, etc.
qui n'offraient aux prêtres que très-peu d'avantage, un payait,
comme pour les holocaustes, une gratification proportionnée
en argent. — Les voyageurs phéniciens ou carthaginois qui
n appartenaient pas à la communauté de Marseille, payaient
plus que les membre» de la communauté.
1 Selon M. Movers, qm lit à la ligne 5 : H ptf DD1 DMD, cemt
cinqmmie zouz, 1* mot'eth ou portion i honneur (comme il S'exprime) ,
n'aurait été que d'environ une livre 1/4» même pour un taureau, et
cette portion aurait été coupée en petits morceaux et ensuite rôtie.
Il y a dans tout cela peu de vraisemblance. Il est impossible aussi
d'admettre avec M. Movers un substantif 1191X3 , morceau. Les Phé-
niciens, qui supprimaient presque toujours les lettres qtdescentes, alors
même qu'elles sont radicales, et écrivaient, p. e. rD pour fP3, p1
pour )13v, n ont pu écrire 09133 (de 9S3), où le 1 ne serait qu'une
mater leetionis. Cette observation a de^à été opposée par M. Barges
à If. Judas, qui a également admis le mot ZW3D.
532 JOURNAL ASIATIQUE.
Telle est l'idée que nous nous sommes formée de l'en-
semble de l'inscription, et à laquelle répondent toutes les
parties de notre traduction. Si celle-ci est exacte, l'inscription
perd beaucoup de l'importance que M. Movers a cru devoir
lui attribuer, et qui nous a valu de sa part une foule de ren-
seignements très-précieux pour tous ceux qui s'occupent
d'études phéniciennes.
S. M.
CRITIQUE LITTÉRAIRE.
LETTRE
A M. LE RÉDACTEUR DU JOURNAL ASIATIQUE.
Monsieur,
Dans le paragraphe 94 de son Mémoire sur l'écriture cu-
néiforme assyrienne, le savant auteur de la découverte de
Khorsabad veut bien rappeler que j'ai reconnu le nom de
l'Assyrie sous la forme ►->— XXT AT^T. Le mot annoncé
qu'emploie M. Botta pourrait faire supposer ou que j'ai em
prunté cette opinion à un autre , ou que je me suis borné à
citer mon opinion sans reproduire le texte cunéiforme.
Veuillez bien me permettre d'entrer dans quelques détails à
ce sujet. En mentionnant la belle inscription gravée entre
les jambes de l'un des taureaux à face humaine, actuellement
au Louvre, j'ai dit (Revue archéologique, 1847* P- §o4) : « La
première ligne pourrait être comprise en partie* nous obtien-
drions : Glorieux (est) Sargon, roi grand, roi\ ]» rot des
rois, roi da pays d'Assour. Le pays d'Assour, dans l'iwcrip-
NOVÈMBBïî*D'ÈC«M&RE 1847. 533
tibn dont je parle, est écrit j^ ► * | ] y ^~^P^ *Y^~T
dans une arftre, il est contracté en ^< ►-*— TXT <Y^"Y-'*
Puis vient une phrase par laquelle je rends justice à l'ex-
cellente idée qu'a eue M. Botta d'assimiler le signe ^4 au
signe pays aS^ des inscriptions de la Perse. Je ne puis con-
cevoir comment, dans la formule royale que j'ai rapportée
plus haut, on peut chercher le nom de Ninive? H suffit de
parcourir la Bible et les auteurs profanes qui ont parlé des
puissants rois d'Assyrie pour se convaincre de l'impropriété
du titre roi de Ninive ; d'ailleurs , le nom de cette ville ne
saurait, en aucune manière, se trouver dans la première des
deux formes que j'ai transcrites. Dans le. paragraphe 68,
M. Botta dit que jamais il n'a vu le type Éj^TaY remplacé par
fcT<T. Par un sentiment de délicatesse que j'apprécie, le
savant consul n'a pas cité dans son travail le nom des per-
sonnes dont.il n'approuve pas lès idées; mais je désire que
l'on sache que je suis coupable de ce rapprochement, et que
je persiste dans ma manière de voir à cet égard. Dans luis-
cription H de Niebuhr {tabl. XV a de Westergaard) , on voit
« le pays de Perse et le pays de Médie; » dans la même ins-
cription, ligne i5, figurent encore ^V^ £-J EEÏT a^
*CJ ^TaT Tf Tf et dans l'inscription de Nakchi Roustâm,
à la ligne 1 1 , on retrouve "^V^ *fcJ ^P^TaT T^F Vf • Or, dans
la Revue archéologique (10^7, p. 5o5), j'ai identifié le
second de ces mots avec le ^< fcJ fcF~TAT Vf Ty de Khors-
abad qui, j'en ai la conviction , est aussi le nom de la Médie.
Il en résulte que E^TaT égale fcJkT et que ces deux car
ractères représentent le d. C'est donc par oubli que II. Botta
a pu écrire : « Il m'est impossible de rien dire de probable
x. 35
584 JOURNAL ASIATIQUE.
au sujet de la valeur de fcpJLT, car ce caractère n'a, si je
puis m'exprimer ainsi, m tenants ni aboutissants, puisqu'il
ne se substitue à aucun signe connu. » .
J'ajoute, monsieur, que si plusieurs noms de lieux se ter-
minent en ff Tf, c'est peut-être qu*il en est pour ces deux
lettres comme pour les signes hiéroglyphiques 11, qui, ac-
couplés, représentent le son i, tandis qu'un d'entre eux seul
1 est un a. Le nom assyrien de la Médie pourrait être, dans
cette hypothèse, lu Media ou Madaia.
Veuillez "agréer, monsieur, l'assurance de la haute consi-
dération et du dévouement de votre confrère.
Adrien de Lovcpérier,
ConsenYatcw des antiques du Musée royal.
3o novembre 1847.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1847. 536
NOUVELLES ET MÉLANGES.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 8 OCTOBRE 1847.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu; la ré-
daction en est adoptée.
H est donné lecture de deux lettres de M. le ministre de
f Instruction publique : par la première, M. le ministre ac-
corde un nouveau secours de î,5oo francs à ht Société; par
la seconde, il demande un relevé exact des ressources spé-
ciales et extraordinaires de la Société asiatique. D est décidé
que le bureau s'occupera du soin de fournir à M. le ministre
les renseignements qu'A demande.
M. Remaud lit un nouvel extrait de la préface de sa tra-
duction delà Géographie d'Aboulféda, traitant de Masoudi,
dlstakhri , dlbn-Haucal et dlïdrisi.
OUVRAGES PRESENTAS A LA SEANCE DO 8 OCTOBRE.
Par l'auteur. Arabie, par M. Noël Desvbrgers, avec une
carte de l'Arabie, par M. Jomard. Paris, 1847, •n^* (Cet
ouvrage fait partie de l'Univers pittoresque. )
Par l'auteur. Chrestomathie hindoastani (mrdâ-et dakkiii) à
l'usage des élèves de l'Ecole des langues orientales vivantes.
Paris, 1867* în-S*- (Cet ouvrage est publié par M. Gargin
deTassy.)
Par Fauteur. Die kaakasischen Glieder dès indôearepmscken
Sprackslamms von Frans Bopp. BerKn , 1 847. in-4*. (Tiré des
Mémoires de l'Académie des sciences de BerKn.)
586 JOURNAL ASIATIQUE.
Par l'éditeur. Kochbe Jizschak, Satnmlang Jidbraischer Aaf-
sàlze herausoegeben von Stern. Vienne ^847» in-12.
Par la rédaction. Les Tablettes de Paris, livraisons 10-12.
Paris, in-4?.
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1847.
Il est donné leeture du procès-verbal : de la séance der-
nière; la rédaction en est adoptée.
On lit une lettre de M. le ministre de l'Instruction pu-
blique, qui demande un nombre d'exemplaires du Journal
asiatique. correspondant à la somme de 2,000 francs» mon-
tant des secours qu'il a accordés à la Société, et prie la Société
de lui indiquer les établissements publics dans les biblio-
thèques desquels le Journal serait le mieux placé. Le prési-
dent annonce que soixante-sept exemplaires du Journal ont
déjà été envoyés à M. le ministre, accompagnés d'une liste
d'établissements ecclésiastiques et laïques que la Société re-
commande à l'attention de M. le ministre.
On lit une lettre de M. le ministre de la guerre, qui an-
nonce l'envoi des premiers numéros du journal arabe intitulé
Moubascher, et publié par le Gouvernement, à Alger.
M. Guy on, chirurgien en chef de l'armée d'Afrique, eu-
voie une lettre de M. Daninos, par laquelle ce dernier fait
hommage à la Société de quelques exemplaires d'une co-
médie en arabe, composée par lui.
M. Ant. Rousseau, interprète principal à Alger, envoie un
exemplaire du nouveau journal arabe publié à Alger.
Sont proposés et admis comme membres de la Société :
M. Daninos, interprète au tribunal civil d'Alger;
M. Badge* , chapelain de la Compagnie des Indes , à Aden ;
M. Taillbper, ancien élève de l'École des langues orien-
tales ;
M. Antoine Rousseau, interprète principal de l'armée
d'Afrique, attaché à S. A. R. M. le duc d'Aumale.
M. Bazin lit une notice sur les travaux littéraires de feu
M Robert Thom.
INQVEMBRE-DECEMBRE 1847. 587
OUVRAGES PRÉSENTÉS À. LA SEANCE DU 13 NOVEMBRE 18^7.
Par l'auteur. Essai sur l'histoire des Arabes avant l'islamisme,
pendant l'époque de Mahomet et jusqu'à la réduction de toutes
les tribus sous la loi musulmane, par M. Caussin de Pergeval;
vol. I. Paris, 1847, in-8°.
Par l'auteur. Introduction à Vétude du culte public et des
mystères de Mithra en Orient et en Occident, par M. Lajard.
Liv. I-XI, in:fol. Paris, 1847-
Par l'auteur. Essai sur le mythe des Ribhavas, premier ves-
tige de l apothéose dans le Véda, par E. Nève. Paris, 1847, *n-8#-
Par M. Gargin de Tassy. Pengajaran Mesehi (Catéchisme
malai). Paris, 1847» î*1"12-
Par M. Juynboll. Orientalia, edentibus Jcynboll, Roorda
et Weijers. Vol. II. Amsterdam, 1847. h*-8°«
Par M. D. Thom. The chinese speaker, or extracts from works
written in the mandarin language as spoken in Peking, by Robert
Thom. Part. I. Ningpo, 1846, in-8°.
Par le même. Dialogues on universal salvation, by David
Thom. Londres, 1847, in'8°.
Par M. Ariel. Dictionnarium latinogàllicotamulicum (pre-
mière partie). Pondichéry, iri-8*, i846.
Par Fauteur. ^U^if iteljji comédie composée en arabe
par M. Daninos. Alger, in-4% 1847.
Par Fauteur. De lexicographiœ sanscrites principiis, auctore
Stenzler. Breslau, 1847, in-8*.
Nous apprenons que M. Théod. Pavie , qui depuis plusieurs
années s'occupe de Fétudè des idiomes de FInde, anciens
et modernes, dérivés du sanscrit, prépare, pour la publica-
tion , le texte et la traduction française du poème hindoui
intitulé : fôHUlolr^^SPr *3FV (Çri Bhagavatdaçamaskandha),
538 JOURNAL ASIATIQUE.
pu histoire de Krichna, tirée du dixième livre du Bhâgavata
pourâna^ d'après la rédaction de Lâlatch. Ce n'est ni la ver-
sion brùdjbhakha de Tchatourbhoudjmisr, ni la rédaction plus
moderne du Prem Sagâr, qui en €$st le développement, mais
bien une rédaction inédite, en dialecte occidental, de cette
même, histoire de Krichna , d'après un manuscrit de la col-
lection de M. Garcin de Tassy, qui a bien voulu le mettre
entre les mains du traducteur, son élève.
Le texte sera accompagné de notes consacrées à l'explica-
tion des mots qui, présentant des formes altérées du sanscrit
et de Thindoustani, ne se trouvent pas dans le dictionnaire
de Wilson ni dans celui de Shakespear. Ces mêmes expres-
sions seront placées à la fin du volume en forme d'index.
ERRATA.
Cahier de juillet , pag. 7, lig. 10 , au lieu de : d'origine chrétienne, Usez :
d'origine assyrienne.
Cahier d'octobre, pag. 35a , ligne dernière , au lieu de : pat M. de Mecque ,
lisez : par M. de Paravey.
FIN DU TOME X.