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JOURNAL ASIATIQUE
NEUVIÈME SÉRIE
TOME XII
i
JOURNAL ASIATIQUE
RECUEIL DE MÉMOIRES
D'EXTRAITS ET DE NOTICES
RELATIFS À L'HISTOIRE, À LA PHILOSOPHIE. AUX LANGUES
ET À LA LITTÉRATURE DES PEUPLES ORIENTAUX
ET PUBLIE PAR LA SOCIETE ASLITIQUE
NEUVIEME SERIE
TOME XII
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
EBNEST LEROUX, ÉDITEUR
HUE HOniPAIITE, l8
M DCCC XCVIII
JOURNAL ASIATIQUE
JUILLET-AOÛT 1898.
PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE GÉNÉRALE DU 22 JUIN 1898.
La séance est ouverte à trois heures , sous la pré-
sidence de M. Barbier de Meynard , président.
Etaient présents : MM. Oilivier Beauregard , De-
véria, Houdas, Sonneck, M" de Vogué, R. Duval,
J,-B. Chabot , Perruchon , Decourdemanche , Halévy,
Gabaton, Courant, de Charencey, Mayer Lambert,
Foucher, Guimet, L. Feer, Aymonier, F. Nau,
Oppert, René Claparède, Finot, Barth, V. Henry,
E. Drouin, secrétaire adjoint.
11 est donné iectvure du procès-verbal de la séance
du 2 2 juin 1897 ^^ ^^ procès-verbal de la séance
mensuelle du 1 3 mai dernier. Ces deux procès-ver-
baux sont respectivement adoptés.
M. le Président prend ensuite la parole en ces
termes :
Vous connaissez, Messieurs, les motifs qui, cette année
•encore , privent la Société asiatique du plaisir d'entendre la
lecture du rapport cjui a été, presque depuis Torigine de
notre Société, le principal attrait des séances générales.
M. Cha vannes est retenu loin de nous par des raisons de santé
6 JUILLETAOÛT 18*98.
et , bien que les nouvelles soient meilleures , il n'aurait pu ,
malgré tout son dévouement , se consacrer à un travail qui
exige de longues enquêtes et une a[)plication soutenue , clioscs
qui lui sont absolument interdites. Nous ne pouvons donc
aujourd'hui (jue faire des vœux pour que le rétablissement
de sa santé lui permette de reprendre bientôt sa place parmi
nous et de poursuivre les études qui lui ont valu Testime du
monde savant.
J'aurais bien voidu , Messieurs , — et c'était presque mon de-
voir, — vous présenter, à défaut du rap[)ort annuel , un aperçu
rapide des travaux accomplis tant en France qu'à l'étranger,
depuis le dernier congrès des Orientalistes ; et cette revue ,
si sommaire et incomplète qu'elle eût été, aurait montre
quelle part honorable la Société continue d(î ])rendre aux
progrès des études orientales. Mais à mon tour je suis obligé
de me récuser.
Par un inévitiible concours de circonstances, je me trouve
obligé de donner en ce moment tout mon temps aux examens
de l'Ecole des langues orientales et , je vous demande pardon
d'entrer dans ce détail personnel , aux mille soucis d'une in-
stallation nouvelle qu'il ne m'a pas été possible de reporter
à un autre jour. Je ne puis donc que faire appel à votre indul-
gence et vous remercier de la collaboration que vous m'avez
apportée au cours de l'année qui vient de s'écouler. Cette
année, nous pouvons reconnaître avec satisfaction qu'elle a
été bonne et bien remplie , bonne pour nos finances comme
pour nos travaux scientifiques ; vous en trouverez la preuve
dans le rapport des censeurs, dont notre confrère M. Duval
VA vous donner lecture , et dans notre Journal qui continue
régulièrement sa marche. Malgré la concurrence que nous
fait , — et nous sommes bien loin de nous en plaindre , —
la prochaine publication de trois volumes du Congrès de 1 897,
nous ne manquons ni de matériaux pour notre recueil pério-
dique, ni de ressources pour la continuation de notre Col-
lection d'antears orientaux. Et c'est sur ces deux choses,
Messieurs, le Journal et la Collection orientale, que nous de-
SÉANCE GÉNÉRALE. 7
vons concentrer nos efforts, parce qu'elles sont notre prin-
cipale raison d'être et la nieilleûre preuve des services que
notre Société, vieille de 77 ans, ne cesse de rendre îi la
marche en avant de l'érudition orientale.
M. R. Duval lit ie rapport de la Commission des
censeurs sur les comptes de 1897. '^' ^^ Président
remercie» au nom de la Société, les membres de
cette Commission et de la Commission des fonds.
Plusieurs membres expriment le désir que, sur
les sommes disponibles provenant chaque année de
lexcédent des recettes sur les dépenses, il soit pré-
levé une somme à déterminer, dont une partie serait
aflFectée à lacquisition de livres et à l'abonnement
de revues périodiques; le surplus servirait à la pu-
blication de textes et de traductions d ouvrages orien-
taux par les soins de la Société, ou à encourager, au
moyen d une subvention , les travaux des orientalistes.
Ce vœu, qui est appuyé par M. le Président, est ren-
voyé au bureau et à la Commission des fonds.
Sont présentés et reçus membres de la Société :
MM. Bonet fJean), professeur de langue annamite
à TEcole des langues orientales vivantes,
demeurant à Paris , rue Grellulhe , 7 ; pré-
senté par MM. Houdas et Barbier de Mey-
nard.
Mondon-Vidailhet, chargé du cours de langue
abyssine (amharique) c^ TEcole des langues
orientales, demeurant à Saint-Gaudens
8 JUILLET-AOÛT 1898.
(Haute -Garonne); présenté par MM. Alric
et Barbier de Meynard.
Nicolas (A. L. M.), premier drogman de la Lé-
gation de France à Téhéran (Perse) ; présenté
par MM. Houdas et Barbier de Meynard.
Bianc (Edouard), explorateur en Asie, de-
meurant à Paris , rue de Varennes , 5 2 ;
présenté par MM. Senart et Drouin.
M. Guimet fait hommage à la Société d un exem-
plaire du Catalogue des objets provenant des fouilles
entreprises dans la nécropole d'Antinoë (Egypte) en
1896 et 1897, et actuellement exposés dans le Musée
de la place d'Iéna. Ce catalogue a été rédigé par
M. A. Gayet, qui a dirigé l'exploration. M. Guimet
invite ensuite les membres de la Société à assister
lundi prochain 2 y juin à une cérémonie bouddhique
qui sera célébrée au Musée Guimet par un prêtre
tibétain, lama de la secte jaune [gelagpa), Agouan
Dordji, Mongol bouriate de Transbaïkalie , délégué
du Dalaï-lâma de Lhâsa auprès du czar de Russie et
de la République française, assisté de Buddha Rab-
danoff, Mongol kalmouk, son interprète.
M. Tabbé J.-B. Chabot donne lecture, au nom de
M. Tabbé A. Loisy, dun mémoire de ce dernier in-
titulé : Le monstre Rahab et l'histoire biblique de la
création. Ce mémoire paraîtra dans le Journal asia-
tique (voir ci-après p. !\!x).
M. Foucher communique à la Société quelques
SEANCE GENERALE. 9
détails sur son voyage dans Tlnde (1896), notam-
ment en ce qui concerne les découvertes archéolo-
giques qu'il a faites dans la vallée du Svât ; il présente
en même temps des photographies quil a prises lui-
même, de stoupas, de bas-reliefs et de statues boud-
dhiques. M. Foucher a pu accomplir sa mission
grâce à la protection des officiers anglais, le pays
étant alors en insurrection.
11 est ensuite procédé au dépouillement du scrutin
pour la nomination du Bureau et du Conseil d'ad-
ministration. Les membres sortants sont réélus h
iunanimité.
La séance est levée à six heures.
10 JUILLET-AOÛT J898.
RAPPORT
DE LA COMMISSION DES CENSEURS
SUR LES COMPTES DE L'EXERCICE I897,
LU DAI«)S LA SÉANCE GENERALE DU '12 JUIN 1898.
Messieurs ,
Nous devons à la vigilante administration de noire com-
mission des fonds un nouvel accroissement du capital de
réserve. La Commission, ne prévoyant aucune dépense ex-
traordinaire pour l'exercice 1897, a employé les fonds libres
de Texercice précédent à l'achat de vingt obligations de
l'Est 3 0/0, qui ont accru de a 88 francs le revenu de nos
valeurs mobilières.
Nous n'avons pas d'observations à vous présenter îiu sujet
des dépenses et dos recettes, qui se maintieiment aux mêmes
cliilTrcs et ne varient pas d'une manière sensible. Les publi-
cations orientales de la Société n'ont nécessité aucune dé-
pense spéciale; cette circonstance explique l'importance du
solde créditeur au 3i décembre 1897, lequel s'est élevé à
la somme de 1 1 ,010 fr. 79, environ la moitié de nos recettes
totales. Nous espérons que les publications nous réclame-
ront, cette année, une partie de ce reliquat.
Grâce à Tétat prospère de ses fmances, la Société est en
mesure de continuer son aide aux orientidistes dont les tra-
vaux sont trop étendus pour être imprimés dans son Journal,
et d'exercer sa mission scientifique au delà des limites d'un
j>ériodique.
R. DUVAL, O. HOUDAS.
KAPPORT DE LA COMMISSION DES FONDS. II
RAPPORT DE M. SPECHT,
AU NOM DE LA COMMISSION DES FONDS,
ET COMPTES DE L'ANNÉE 1897.
Messieurs ,
Votre commission des fonds a cru devoir placer le reli-
quat de l'année dernière; elle a acheté 20 obligations du
chemin de fer de l'Est.
Quoique les dépenses soient presque toujours les mêmes ,
cette année les frais d'impression du Journal asiatique ont été
un peu plus élevés (â/i 1 francs d'excédent) à cause du grand
nombre de planches.
Les cotisations ont monté à ia5 au lieu de 1 13; les coti-
sations arriérées à 67 au lieu de 43. Espérons que la ren-
trée des cotisations continuera à être plus régulière. Nous
n'avons pas eu , cette année , à payer l'impression d'un nou-
veau volume de la Collection des auteurs orientaux, aussi
les dépenses ont été de i3,:î38fr. 96 et les recettes de
aa,43ofr.88.
12 JUILLET-AOÛT 1898.
COMPTES
DEPENSES.
f .t«
1,371' i5
Honoraires de M. E. Leroux, libraire, pour le recouvre-
ment des cotisations 6o3' 00*
Frais d*envoi du Journal asiatiqae 878 00
Ports de lettres et de paquets reçus 60 ao
Frais de bureau du libraire 98 00
Dépenses diverses soldées par le libraire aSigS
Honoraires du sous-bibliothëcairc 1,200 00
Service et étrennes aSg 00
Cbaufiage, éclairage, frais du bureau i33 10
Reliure et achat de livres nouveaux pour complélcr \ ,
les collections /170 85 '
Contribution mobilière 76 o5
Contribution des portes et fenêtres 17 5o
Assurance 67 5o
Frais d'impression du Journal asiatique en 1896 7*3 a ii i5
Payé à M. Dujardin , frais des planches pour le Journal. 469 65 } 8,393 80
Indemnité au rédacteur du Journal asiatique Goo 00
Souscription au recueil VOrientalische Bibliographie « a 00 00
Sociitd générale. Droits de garde , timbres , etc 70 00
Total des dépenses de 1897 1 a,a38 95
Achat de 30 obligations de 5oo fr. (3 p. 0/0) de TEst nouveau 9,61 5 i5
Es|)èces eu compte courant à la Société générale au 3 1 décembre 1897. 11,010 79
Enskvble 3a,86i& 89
RAPPORT DE LA COMMISSION DES FONDS. 13
«NÉE 1897.
RECETTES.
156 eolMationfl de 1897
67 ootÎMtioiifl arriéréef.
I ooCitAtîon i YÎe
157 «boiuiemeiiis au Journal atiatique
Vente des pablications de la Sodélë
Intérèls des fondi place» :
1* Rente sor FEtat 3 p. 0/0
— — 3 i/a p. 0/0
L^ Sanguineiti (cnreotc 3 1/3 p. 0/0)
a* ao obligations de TEst (nouveau) [3 p. 0/0]. . .
3* 60 obligations d*Orléans (3 p. 0/0)
à* 58 obligations Lyoo-fusion ( 3 p. 0/0 ) ancien . .
4o — — — nouveau.
5* 60 obligations de TOuest
6* 80 obligations Crédit foncier i883 (3 p. 0/0 }. .
7* 9 obligations communales 1 880
8* 3o obligations Est-Algërien ( 3 p. 0/0]
9* 5o obligations Méchéria ( a* semestre)
10* 10 obligations de la C'* des wagons-lits
1 1* I obligation des Messageries maritimes
[nlëréts des fonds disponibles déposes à la Société gd-
Conscription du Ministère de Tinstruction publique. . .
Caftdît ailoné par Tlmprimerie nationale (pour 1896)
en fUgtèwiiiKiit des frais d*impression du Journal
amal^uê
3,750' oo*
1,980 00
3oo 00
a,54o 00
^3 2 90
1,800 00
35o 00
3 18 00
288 00
86^ 00
780 o^
537 96
86A 00
1,106 00
129 60
63a 00
676 10
a 00 00
i5 83
76 A5
a, 000 00
3,000 00
1
t ^^*
8,99a' 90"
8,637 98
5,000 00
Total des recettes en 1897 aa,63o 88
Stpèoesen compte courant à la Société générale au 3i décembre de
Tannée précéaente (1896). io,636 01
Total ^al aux dépenses et à rencaisse au 3i décembre 1897.. . 3a,8€6 89
|/| JUILLET-AOÛT 1898.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Par rindîa Office : The Plea^mê in Iiidia, 4 voliinics 1898,
Siinla; in-4°.
— Indian Antiqaary, December 1897. Bombay; in-4'.
— Rapport on publications issaed and registered in the sève-
rai Provinces ofBritish India dtiring the year 1896, Calcutta,
1898; in-fçlio.
Par le Ministère de rinstiniction publique : Annules du
Masce Guimet, Bibliothèque d'études, tome VI. — Mission
d'Etienne Aymonier, Voyage dans le Laos, tome IL Paris,
1898; in-8*. — Tome VII, Les Parsis, histoire des communautés
zoroastriennes dans l' Inde ^ pari). Menant. Paris, 1898; in-8*.
— V. Cuinct, La Turquie d'Asie, géographie administra-
tive; 4 volumes. Paris, 1891-1895; in-8°.
— Les Musées d'Algérie et de Tunisie, 6 fascicules, 1890-
1898. Paris, in-8\
— Nouvelles archives des missions scientifiques, 8 volumes,
1891-1897. Paris, in-8*.
— F. de Méiy et H. Com*el , Les lapidaires chinois. Paris ,
1 896 ; in-4".
— Publications de TEcole des langues orientales vivantes :
Les populations finnoises des bassins du Volga et de la Kama,
par J.-N. Smirnov. Etudes d'ethnographie historique , tra-
duites du russe et revues par J. Boycr. Première partie :
groupe de la Volga. I, Les Tcheremisses, les Mordves. Pa-
ris, 1898; in-8*.
Par la Société : Bulletin de la Société de géographie^ 4* tri-
mestre 1896 et 1" trimestre 1898. Paris, in-S".
— Comptes rendus des séances. Bulletin de la Société de
géographie. Avril 1898; in-8°.
— Atti délia R. Accademia dei Lincei. Febbr.ijo et Marzo
1898, Roina; in-4°.
OUVRAGES OFFERTS. 15
Par la Société : Reiidiconli délia R. Accademia dei Lincei,
Vni, 3 et à. Roma, 1898; in.8°. /
— Balletin de l'Institut égyptien, mai et uovembre 1897.
Le Caire; in-8**.
— Monuments de l'art arabe, lasc. 1 3. Le Caire, 1 898 ; 111-8**.
— Zeitschrijl der deatschen morgenlândiscken GesellschaJÏ.
I. ilei'i. Leipzig ; iii-8'*.'
— Bulletin archéologique du Comité des travaux histo-
riques et scientifiques. Année 1897, a* livraison. Paris, 1898;
— Transactions ofthe Asiatic Society of Japon. Deccmber
1896; in-8'.
Par les éditeui*s : Revue critique, n" ao-a4. Paris, 1898;
in.8*.
— Graetz, Histoire des Juifs, tome V. Paris, 1897; iu-8".
— Bollettino , n!* 39a. F'irenze, 1898; in-8*.
— The Coptic version of the New Testament in the Nor-
thern Dialects, Oxford , 1 898 ; 1 volumes in-8".
— El'Machriq, n" de mai et de juin 1898. Bcymutb;
iii-8%
— Polybiblion, parties technique et littéraire. Paris, mai
et juin 1898; in-8*.
— American Journal of aixhœology , July-October 1897.
— Revue de l'histoire des religions, novembre-décembre
1897, janvier-février 1898. Paris; in-8".
T— The Geographical Journal, June 1898. London; in-8'.
— Tke American Journal of philology, April 1898. Bal-
timore; in-8*.
— Ararat, mai 1898; Etchmiadzîn.
Par les auteurs : J.-B. Chabot, Regulœ monasticœ seculo iv,
ab AbraJianwfundatore et Dadjesu reclore, conventus Syrorum
in monte Izla, Roma , 1898 ; iu-8'.
— M. Courant, Lecture japonaise du chinois (extrait).
Paris, 1897; in 8°.
16 JUILLET-AOÛT 1898.
Par les auteurs: Ë. Guimet, Plutarqae et l'Egypte (ex-
trait). Paris, 1898 in-8«.
— Andrée de Paniagna, Le peuple des dolmens, Paris,
1898; in-8*.
. — Le même , Les sanctuaires de Kamak et de Locmariaker,
Paris, 1897; in-8".
— E. Drouin, Légendes des monncdes sassanides (extrait).
Paris, 1898; in-8*.
— M. de Motylinski , Dialogue et texte en berbère de Djerba,
Paris, 1898; in-8'.
— L. Msériantz, Dialectologie arménienne (en iiisse).
Moscou, 1898; in-8*.
— Le même, Deux monastères savants des Mékhitaristes
(en russe). Moscou, 1898; in-8''.
— Salih Zéki, Notation algébrique cJiez les Orientaux (cn-
trait). Paris, 1898; in-8*.
— J.-A. Decourdemanche , Les ruses des femmes , traduit
du turc. Paris , 1 896 ; in-8*.
— Jean de Paoly , Code civil et pénal du judaïsme. Paris ,
1896; in-8*.
— E. Carnioly, Paraboles de Sendabar sur la ruse des
femmes, traduite de Thébreu. Paris, 18^9; in-8*.
— A. Gayet, Antinoé pendant les fouilles de 1898, expo-
sées au Musée Guimet du 22 mai au 30 juin 1898, Paris,
in-ia.
— G. DevérisL^ Musulmans et Manichéens chinois (extrait).
Paris, 1898; in-8*.
— N. Kondakof, J. Tolstoi et S. Ueinach, Antiquités de
la Russie méridionale. Paris , 1891; grand in-4*.
TABLEAU DU CONSEIL D'ADMINISTRATION. 17
TABLEAU
DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
COSirORMBMnT AUX ROMIIIATIOIIS FAITES DANS LUSSEMBLiB GBIfBRALB
DU a a JUIN 189S.
PRESIDENT.
M. Barbier de Meynard.
VICE-PRESIDENTS.
MM. E. Senart.
Maspero.
SECRETAIRE.
M. CUAVANNES.
SECRETAIRE ADJOINT ET BIBLIOTHECAIRE.
M. E. Drouin.
TRESORIER.
M. le marquis Melchior de Vogué.
COMMISSION DES PONDS.
MM. Glermont-Ganneau.
Drouin.
Specht.
CENSEURS.
MM. Rubens Duval.
HoUDAS.
MI. a
J8 JUILLET-AOÛT 1898.
MEMBRES DU CONSEIL.
MM. DE Chârencey.
Âymoniea.
A. Barth.
H. Derenbourg. 1 ,>,, o o
4. . . T , > fcilus en lOQO.
oylvam LÉvi. [ ^
Clément Hcart.
Carra de Vaux.
Deveria.
Oppert.
J. HaliJvy.
Michel Bréal.
Ph. Berger. , ^, ^
„ ) hius en 1007.
ilOUDAS. / ^ '
CORDIER.
DiEULAFOY.
Perrughon.
V. Henry.
L. FiNOT.
Moïse ScHWAn.
j xr ) Elus en i8q6.
J. ViNSON. i ^
Gl'IMET.
J.-B. Chabot.
Rubens Duval.
LISTE DES MEMBRES. 19
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
I
LISTE DES MEMBRES SOUSCRIPTEURS,
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.
Nota, Les noms marqués d*un * sont ceux des Membres i vîe.
L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ET BeLLES-LeTTRES.
MM. Allaoua BEN Yahya, interprète judiciaire à
Marnia (département d'Oran.)
Allotte de La Fuye, lieutenant-colonel, direc-
teur du génie, à Nantes.
Alric, consul de France, secrétaire-interprète
du Gouvernement pour les langues orien-
tales, rue Saint-Jacques, 160, à Pari5.
AssiER DE PoMPiGNAN, lieutenant de vaisseau,
rue Saint-Jacques , 4 4 , à Marseille.
* Aymonier (E.), directeur de TÉcole coloniale,
avenue de TObservatoire , 2 , à Paris.
Bibliothèque Amdrosienne, à Milan.
Bibliothèque de l Université, à Utrecht.
a .
20 JUILLETAOÛT 1898.
Bibliothèque universitaire, à Alger.
Bibliothèque Khédiviale, au Caire.
MM. Barbier de Meynard, membre de flnstitut, pro-
fesseur au Collège de France, administra-
teur de TEcole des langues orientales vi-
vantes, rue de Lille, 2 , à Paris.
Barré de Lancy, ministre plénipotentiaire , rue
Caumartin, 3^ , à Paris.
Barth (Auguste), membre de Tlnstitut, rue
Garancière, 10, à Paris.
Barthélémy, vice-consul de France à Marasch,
par Alexandrette (Syrie).
Basset (René), directeur de TKcole des lettres,
rue Michelet, 77, à TAgha (Alger).
Beauregard (OUivier), rue Jacob, 3, à Paris.
Beck (labbé Franz-Seignac), rue Thiac, 5, k
Bordeaux.
Belkassem BEN Sedira , profcsseur à TEcole des
lettres, à Alger.
Bénédite (Georges), conservateur adjoint au
Musée du Louvre , rue du Val-de-Gràce , g ,
à Paris.
* Berchem (Max VAN ) , privat-docent à TlJniver-
sité de Genève , promenade du Pin , 1 , à
Genève.
Berger (Philippe), membre de Tlnslitut, pro-
fesseur au Collège de France, quai Voltaire ,
3 , à Paris.
M"* Bertiiet (Marie), professeur à l'Ecole normale
d'Alençoij, rue des Promenades, 9, à Alençon,
LISTE DES MEMBRES. 21
MM. Blanc (Edouard), explorateur en Asie, rue de
Varennes , 5 2 , à Paris.
Blochet, rue de TArbalèle, 35, à Paris.
Blonay (Godefroy de), château de Grandson
(Vaud), Suisse.
*B(ELL (Paul), publiciste, rue Gay-Lussac, 26,
à Paris.
*BoissiER (Alfred), cours des Bastions, A, à
Genève.
Bonaparte (le prince Roland), avenue d'Iéna,
1 o , à Paris.
BoNET (Jean), professeur d annamite à l'Ecole
des langues orientales vivantes, rue Gref-
fulhe, 7, à Paris.
BouRDAis (labbé), professeur à la Faculté libre
d'Angers, rue Belle-Poignée, A, à Angers.
*BouRQuiN (le Rév. A.), à Lausanne.
BoYER (le P. Auguste), de la Compagnie de
Jésus, rue de Sèvres, 35, à Paris.
Bréal (Michel), membre de flnstilut, profes-
seur au Collège de France, rue d'Assas, 70,
à Paris.
BuDGE (E. A. Wallis), litt. D. F. S. A., au Bri-
tish Muséum , à Londres.
* Bureau (Léon), rue Gresset, i5, à Nantes.
*BuRGESs (James), S(»lon place, 22, à Edim-
bourg.
BusHELL (Dr. Stephen-Wootton), médecin de
la légation do S. M. Britannique en Chine;
Contral-Hill. Norwood (Angleterre).
22 JDILLET-AOÛT 1898.
M"** A. BuTENSCHŒN , 35 , Engcltrehtegatun , à Stock-
holm.
MM. Cabaton (Antoine), de la Bibliothèque natio-
nale, rue d'Amsterdam, 4 9, à Paris.
Gahun (Léon), conservateur adjoint à la Bi-
bliothèque Mazarine, rue de Seine, 1, à
Paris.
Calassanti-Motylinski (de), interprète mili-
tah'e de 1" classe hors cadre, professeur à
la chaire d'arabe , directeur de la Médersa ,
à Gonstantine.
Casanova (Paul), membre de l'Institut d'ar-
chéologie orientale, au Caire.
Castries (le comte Henry de) , rue Vaneau , 20 ,
à Paris.
Caudel (Maurice), bibliothécaire de l'Ecole
des sciences politiques , rue Le Verrier, 5 ,
à Paris.
* Chabot (M*' Alphonse), curé de Pithiviers.
* Chabot (l'abbé J.-B. ) , rue Claude-Bernard , 4 7 .
à Paris.
Charencey (le comte de), rue Barbey-de-Jouy,
2 5 , à Paris.
*Chavannes (Emmanuel-Edouard), professeur
au Collège de France, rue Vital, 3, à
Paris.
Cheikho (L.), professeur à l'Université Saint-
Joseph, à Beyrouth (Syrie).
Cheilîb Arslàn (l'émir), clief druseà Beyrouth.
LISTE DES MEMBRES. 23
MM. Chwolson , professeur h TUniversité de Sainl-
Pétersbourg.
*CiLLiÈRE (Alph.), consul de France, à Salo-
nique.
Glaparède (René), à Juvisy (Seine-et-Oise).
Clermont-Ganneau, membre de l'Institut, pre-
mier secrétaire-interprète du Gouvernement ,
professeur au Collège de France, avenue de
TAlma , 1 , à Paris.
Cohen Solal, professeur d arabe au Lycée, à
Oran.
Colin (Gabriel), professeur d'arabe au Lycée
d'Alger.
CoLiNET (Philippe), professeur à l'Université,
place de l'Université, 8, à Louvain.
*CoRDiER (Henri), professeur à l'École des
langues orientales vivantes, place Vinti-
mille, 3, à Paris.
CouLBER, commandant en retraite, rue de
l'Académie , à Bruges.
Courant (Maurice), interprète -chancelier de
légation, rue des Sœurs, à Vineuil, par
Chantilly (Oise).
*Croizier (le marquis de), boulevard de la
Saussaye , i o , à Neuilly.
*Danon (Abraham), à Andrinople.
* Darricarrere (Théodore-Henri), numismate,
à Beyrouth (Syrie).
24 JOILLET-AOÛT 1898.
MM. Decocrdemanche (Jean- Adolphe), rue Taille-
pied, Ixy à Sarcelles (Seine-et-Oise).
D^LATTRE (le P.), rue des Récollets, 1 1 , à Lou-
vain.
*Delphin (G.), directeur de la Médersa, à
Alger.
*Derenbourg (Harlwig), professeur à l'Ecole
des langues orientales vivantes, rue de la
Victoire, 56, à Paris.
*Des Michels (Abel), boulevard Riondet, i4,
à Hyères.
Devéria (Gabriel), membre de Tlnstitut, con-
sul général , secrétaire-interprète du Gouver-
nement, boulevard Pereire, i5, à Paris.
DiEULAFOY (Marcel), membre de l'Institut, rue
Chardin , i 2 , à Paris.
DiHiGO (D' Juan M.), professeur de langue
grecque à l'Université de la Havane (Cuba).
Donner , professeur de sanscrit et de philologie
comparée à l'Université de Helsingfors.
Drouin, avocat, rue de Verneuil, ii, à
Paris.
DuKAs (Jules), rue des Petits -Hôtels, g, à
Paris.
DuMON (Raoul), élève diplômé de l'Ecole du
Louvre , rue de la Chaise , i o , à Paris.
* Durighello (Joseph-Ange), antiquaire, à Bey-
routh (Syrie).
DuTT (Romesh Chunder), du Service civil du
Bengale, 3o, Beadon street, à Calcutta.
LISTE DES MEMBRES. 25
MM. DuvAL (Rubens), professeui' au Collège de
France, rue de Sontay, 1 1 , à Paris.
*Fargues (F.), route de Saint-Leu, a 8, à En-
ghien-les-Bains (Seine-et-Oise).
* Favre ( Léopold ) , rue des Granges , 6 , à Genève.
Feer (Léon), attaché au département des ma-
nuscrits de la Bibliothèque nationale, rue
Félicien-David , 6 , à Auteuil-Paris.
Fell (Winand), professeur à TÂcadémie de
Munster.
Ferrand (Gabriel, vice-consul de France à
Oubone (Siam).
Fert^ (Henri), chancelier de la légation de
France à Téhéran.
*FiNOT (Louis), archiviste paléographe, attaché
à la Bibliothèque nationale , rue Claude-Ber-
nard, A 9. à Paris.
FossEY (Ch.), membre delà Mission du Cah*e ,
rue des Chartreux , 6 , à Paris.
Foucher (A.), maître de conférences à TEcole
des hautes études , rue de Staël , 1 6 , à Paris.
*Fryer (le major George), Madras StafF Corps,
Deputy Commissioner, British Burmah. *
*Gantin, ingénieur, répétiteur libre à l'Ecole
des langues orientales vivantes, rue de la
Pépinière , i , à Paris.
Gaudbfroy-Demombynes, directeur de la Mé-
dersa, à Tlemcen.
26 JDILLET-AOÛT 1898.
MM.*Gautier (Lucien), professeur de théologie,
roule de Chêne, 88, à Genève.
Graffin (M^), professeur de syriaque à fUni-
versité catholique, rue d'Âssas, 4 7, à Paris.
Greenup (Rev. A. W.), Culford Heath, Bury
S' Edmund's (Angleterre).
Grenard, boulevard des Invalides, ao, à
Paris.
♦Groff (William N.), à Ghizeh (Egypte).
Grosset, licencié es lettres, rue Cuvier, 4, à
Lyon.
GuiEYESSE (Paul), député, ancien ministre des
colonies, ingénieur hydrographe de la ma-
rine, rue des Écoles, Aîi, à Paris.
*GuiMET (Emile), au Musée Guimet, place
dléna, à Paris.
*Halévy (J.), professeur à TEcole des hautes
études, rue Aumaire, 26, à Paris.
*Hamy (le D'), membre de l'Institut, conserva-
teur du Musée d'ethnographie, rue Geof-
froy-Saint-Hilaire , 36, à Paris.
*Harkavy (Albert), bibliothécaire de la Biblio-
thèque impériale publique, à Saint-Péters-
bourg.
Harlez (M*' G. de), professeur à l'Université,
à Louvain.
Hebbelynck (Adolphe), recteur de l'Univer-
sité, Louvain (Belgique).
Henry (Victor), professeur à la Faculté dos
LISTE DES MEMBRES. 27
lettres de Paris, rue de Penthièvre, lo, à
Sceaux.
Hébiot-Bunoost (labbé Louis), Vicolo de! Vil-
lano, 2, à Rome.
Hérold (Ferdinand), licencié es lettres, an-
cien élève de TEcole des chartes , rue Greuze ,
20, à Paris.
HoLAS Ekendi (V.), rue Âsmali-Mesdjid, 1 1, à
Constantinople.
HooDAS , professeur à TËcoledes langues orien-
tales vivantes, avenue de Wagram, 29, à
Paris.
HuART (Clément), consul de France, drogman
de l'ambassade de la République française
à Constantinople.
Hubert (Henry), agrégé d'histoire, rue Claude-
Bernard, 74, à Paris.
Hyvernat (labbé), professeur à l'Université
catholique, à Washington.
Jeannier (A.), drogman de 1" classe, délégué
à la Section d'Etat du Gouvernement tuni-
sien , à Tunis.
Jequier (Gustave), faubourg du Crèt, 5, à
Neuchâtel.
Kar)(cson (Eméric), directeur de l'Ecole nor-
male royale catholique, à Gyôr (Raab),
Hongrie.
28 JUILLET-AOÛT 1898.
M. Rarppe (S.) , élève de FÉcoIe des hautes études,
avenue de Messine, lo, à Paris.
•M'"* Kerr (Alexandre), à Londres.
MM. Kéraval (le D'), directeur de lasile d'Armen-
tières (Nord).
KooLiKOvsKi , professeur de sanscrit à l'Univer-
sité de Kharkov.
La Martinière (H. P. de), directeur au Gou-
vernement général de l'Algérie , rue de Saint-
Pétersbourg, 28, à Paris.
MM. Lambert (Mayer) , rue Condorcet, 53 , à Paris.
* Landberg (Carlo , comte de) , docteur es lettres ,
au château de Tùtzing (Haute-Bavière).
*Lanman (Charles), professeur de sanscrit à
Harvard Collège, à Cambridge (Massachu-
setts).
Lavallée- Poussin (Gaston de), professeur à
l'Université, à Gand.
Leglère (Adhémar), résident de France à
Kratié (Cambodge).
Lecomte (Georges), élève -interprète attaché
à la Légation de France à Pékin.
Ledoulx (Alphonse), vice-consul de France à
Siwas (Turquie d'Asie).
Leduc (Henri), interprète du Gouvernement
à Pékin.
Lefèvre (André), licencié es lettres, rue Haute-
feuille , 2 1 , à Paris.
Lefèvre-Pontalts, villa Victoria, au Cîiirc.
LISTE DES MEMBRES. 2g
MM. Leriche (Louis), à Mogador (Maroc).
Leroux (Ernest), éditeur, rue Bonaparte, 28,
à Paris.
*Lestrange (Guy), via San Francesco Pove-
rino , 3 , à Florence.
Levé (Ferdinand), rue Cassette, 17, à Paris.
Lévi (Sylvain ) , professeur au Collège de France ,
rue Guy-de-la-Brosse, 9, à Paris.
LiÉTARD (le IV), médecin inspecteur des eaux,
à Plombières.
LoïSY (l'abbé), aumônier, rue du Château , 29,
à Neuilly (Seine).
LoRGEOU (Edouard), consul de France à Ran-
goon (Birmanie).
* Machanoff, professeur au Séminaire religieux,
à Kazan.
Mallrt (Dominique) , villa Poirier, 9 , à Paris,
Vaugirard.
*Margoliouth (David-Samuel), professeur da-
rabe à l'Université, New -Collège, à Oxford.
Marrache , rue Laffon , 1 o , à Marseille.
*Maspero, membre de Flnstitut, professeur au
Collège de France, ancien directeur général
des Musées d'Egypte, avenue de TObserva-
toire, 24, à Paris.
Mechineau (fabbé), rue Monsieur, 1 5 , à Paris.
Mehren (le Ty), professeur de langues orien-
tales, à Copenhague.
Meillet (Antoine), agrégé de grammaire, di-
30 JUILLET-AOÛT 1898.
recteur adjoint de TÉcole des hautes études,
boulevard Saint-Michel, ai, à Paris.
M"' Menant (Delphine), rue de Madame, 68, à
Paris.
MM. Mercier (E.), interprète-traducteur assermenté,
membre associé de TEcole des lettres d'Alger,
rue Desmoyen ,191a Constantine.
Mercier (Gustave), interprète militaire, à
Constantine.
Merx (A.), professeur de langues orientales, à
Heidelberg.
Michel (Charles), professeur à FUniversité ,
avenue d'Avroye , 1 1 o , à Liège.
MicHELET, colonel du génie en retraite, vue de
rOrangerie, 38, à Versailles.
* Mission archéologique française, au Caire.
MM.*MocATTA ( Frédéric -D.), Connauglit place, à
Londres.
Mohammed ben Braham, interprète judiciaire,
à Oued-Athménia (Algérie).
MoNDON-ViDAiLHET, chargé de cours à TEcole
des langues orientales vivantes, à Paris.
MoNTET (Edouard), professeur de langues
orientales à TUniversité de Genève , villa des
Grottes.
Morgan (J. de), ancien directeur des Musées
d'Egypte, à Téhéran.
MuiR (Sir William), Dean Park House, à
Edimbourg.
*MiJLLER (Max), professeur à Oxford.
LISTE DES MEMBRES. 31
*Nacj (rabbé), docteur es sciences mathéma-
tiques, professeur d analyse à Tlnstitut catho-
lique, rue Gassendi, 7, à Paris.
Nedjjb Açeh Efendi, ancien rédacteur du journal
Ikdam , rue Sublime-Porte , à Gonstantinople.
Nicolas (A.-L.-M.), premier drogman de la
Légation de France à Téhéran.
NicoLLE (Henri), lieutenant au 1" régiment
étranger, commandant le poste de Nam-
Nang, cercle de Gao^Bang (Tonkin).
NouET (l'abbé René), chanoine, rue Saint-Vin-
cent, ^5, au Mans.
*Oppert (Jules), membre de Tlnstitut, profes-
seur au GoUège de France , rue de Sfax , 2 ,
à Paris.
*OsTROROG (le comte Léon), conseiller légiste
au Ministère de lagriculture , des mines et
forêts, à Gonstantinople.
Ottavi (Paul) , vice-consul de France à Mascate.
Parisot (Dom Jean), à labbaye de Saint-Mar-
tin-de-Ligugé (Vienne).
*Patorni, interprète principal à la division, à
Oran.
Pblliot (Paul), Grande -Rue, 69, à Saint-
Mandé.
Pereira (Estèves), capitaine du génie, Rua das
Damas, 4i à Lisbonne.
*Perruchon (Jules), élève diplômé de TEcole
32 JUILLET-AOÛT 1898.
des hautes études, rue de Vaugirard, i33,
à Paris.
Pertsch (W.), bibliothécaire, à Gotha.
Pfungst (D' Arthur), Gaertnerweg, a, h
Francfort-sur-le-Mein.
*Philastre (P.), lieutenant de vaisseau, inspec-
teur des affaires indigènes en Gochinchine,
à Cannes.
PiEHL (le D^ Kari), professeur d'égyptoiogie à
l'Université, à Upsal.
*PiJN APPEL, docteur et professeur de langues
orientales , à Middelbourg.
* Pin ART (Alphonse), à Paris.
PiNCHES (Th. -G.), Assyrian department, au
British Muséum, à Londres.
* Plaît (William), Gallis Gourl, Saint-Peters,
île de Thanet (Kent).
Pognon, consul de France, à Alep.
* Pommier, juge au tribunal civil, au Blanc
(Indre).
* PoLSSiÉ (le D^), I^le de Valois, 2, à Paris.
PRiETORiL'S (Frantz), Franckestrasse, 2, à
Halle.
*Prym (le professeur E.), à Bonn.
Quentin (l'abbé), au Plessis-Ghenet (Seine et-
Oise).
Raboisson (Tabbé), ruede Villiers, 80, à Levai-
lois.
LISTE DES MEMBRES. 33
MM. Rat (G.), secrétaire de la Chambre de com-
merce, à Toulon.
Ravaisse (P.), chargé de cours à TEcole des
langues orientales vivantes , rue des Quatre-
Cheminées, 7, à Billancourt.
Read (Raphaël), vice-consul de France à
Bangkok (Siam).
Regnaud (Paul), professeur de sanscrit, à la
Faculté des lettres, à Lyon.
* Régnier (Adolphe), sous-bibliothécaire de l'In-
stitut, rue de Seine, 1 , à Paris.
Relter (le D' J. N.), docent de sanscrit et de
philologie comparée, à TUniversité de Hel-
singTors.
*Revillout (E.), rue du Bac, 128, à Paris.
*RiMBALD, me de TErmitage, 16, à Versailles.
Robert (A.), administrateur de la commune
mixte d*Aïn Miila (département de Constan-
tine).
* Rolland (E. ) , rue des Fossés-Saint-Bernard , 6 ,
à Paris.
Roqcje-Ferrier, à Erzeromn (Turquie d'Asie).
RosNY (Léon de), professeur à l'Ecole des
langues orientales vivantes, rue Mazarine,
28, à Paris.
*Roi;sE (W. D. H.), Christ's Collège, à Cam-
bridge.
RouviER (Jules), docteur en médecine, pro-
fesseur à la Faculté française de médecine
de Beyrouth.
ivMiaaaiK «*ria«*iB
34 JUILLET-AOÛT 1808.
MM. Sabbathier , agrégé de TUniversité, rue du
Cardinal-Lemoine , 1 5 , à Paris.
Sainson (Camille), chancelier du consulat de
France à Tien-Tsien (Chine).
* Saussure (L. de), lieutenant de vaisseau, rue
Poulie, i4, à Brest.
ScHEiL (le P.), rue du Bac, 9 4, à Paris.
ScHMiDT (Valderaar), à Copenhague.
Schwab (M.), bibliothécaire à la Bibliothèque
nationale , cité Trévise , 1 4 , à Paris.
Senart (Emile), membre de Tlnstitut, rue
François 1", 1 8 , à Paris.
Serruys (Washington), attaché au Corfsulat de
Belgique, à Beyrouth.
*SiMONSEN, grand rabbin, à Copenhague.
SiouFFi, consul honoraire de France, à Da-
mas.
Si saïi) boulifa, professeur à l'Ecole normale
primaire , à la Bouzaréa , près Alger.
SociN, professeur à rUniversité, Schreber-
strasse , 5 , à Leipzig.
80NNECR ( C. ) , interprète principal à TEtat-major
de Tarmée, au Ministère de la guerre, à
Paris.
Specht (Edouard), rue du Faubourg-Sainl-
Ilonoré, 198, à Paris.
Spiro (Jean), professeur à fUniversité d(3 Lau-
zanne, à Vu(flens-la-Ville (Suisse).
Stein (D*" m. Aurel), principal du Collège
oriental, a Lahore.
LISTE DES MEMBRES. 35
MM. Steïnnordh (J. H. W.), docteur en théologie
et en philosophie, à Linkôping.
Strehly, professeur au lycée Louis-le-Grand ,
rue de Vaugirard, i6, à Paris.
Strong (Arthur), 36, Grosvenor Road, JiOn-
don, S. VV.
Syad Muhammad Latif, district judge, Jallan-
dhar City (Penjab).
Taillefer (Aniédée), conseiller à la Cour
d appel, rue Cassette, 27, h Pîy:is.
Textor de Ravisi (le baron], rue de Turin,
38, à Paris.
Thibaut (E.), surveillant général au Lycée, à
Alger.
Thureau-Dangin, élève de TEcole des hautes
études, rue Garancière, 1 1, à Paris.
TouHAMi BEN Larbi, interprète judiciaire asser-
menté à Ksar et-Tir, Sél if (Algérie).
*TuRREiTiM (François), rue de THôtel-de- Ville,
8, à Genève.
TuRRiNi (Giuseppe), professeur de sanscrit à
rUniversité de Bologne.
Vasconcellos-Abreu (de), professeur desanscrit,
rua Castilho, 34, à Lisbonne.
Vaux (Baron Carra de), rue Saint-Guillaume,
1 /j , à Paris et au château de Rieux , par
Montmirail (Marne).
Vernes (Maurice), directeur adjoint à TKcole
3.
36 JUILLETAOÛT 1898.
des hautes études, nie Notre-Dame-des-
Champs, 97*", à Paris.
ViLBERT (Marcel), secrétaire général à la di-
rection des phares ottomans, à Constanti-
nople.
ViNsoN (Julien), professeur à TÉcole des
langues orientales vivantes , rue de TUniver-
silé, 58, à Paris.
Vjssiere (Arnold), consul de France, premier
interprète de la légation de France, à Pékin.
VoGiJË (le marquis Melchior de), membre de
rinstitut, ancien ambassadeur de France à
Vienne, rue Fabert, 2 , à Paris.
* Wade (Sir Thomas), à Londres.
WiLHËLM (Eug.), professeur, à léna.
*VViTTON Davies (T.), principal de Midland
Baptist Collège, à Nottingham.
* Wyse (L.-N. Bonaparte), villa Isthmia, au Cap-
Brun, par Toulon.
*ZoGRAPHOs (S. Exe. Christaki Efendi), avenue
Iloclie , 2 2 , à Paris.
LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES ET DSS REVUKS. 37
II
MEMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS
SUIVANT L'ORDRE DBS NOMINATIONS.
MM. Weber , professeur à TUniversité de Berlin.
Salisbury (E.), membre de la Société orien-
tale américaine, aSy, Church street, àNew-
Haven (États-Unis).
III
LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES ET DES REVUES
AVBC LESQUELLES
LA SOCI^TB ASIATIQUE ÉCHANGE SES PUBLICATIONS.
Académie de Lisbonne.
Académie de Saint-Petersbouug.
Royal Asiatic Society of London.
Royal Asiatic Society of Bengal, à Calcutta.
Deutsche morgenlandische Gesellschaft, h Halle.
American Oriental Society, à New-Haven (Etats-
Unis).
Royal Asiatic Society of Japan , à Tokio.
Bombay branch of the Royal Asiatic Society, à
Bombay.
China bra?>(ch of the Royal Asiatic Society, h
Shanghaï.
The Peking Oriental Society, à Pékin.
SociETA AsiATicA Italiana , il Florcuce.
38 JUILLET-AOLT 1898.
Société des Bollaxdistes , rue des Ursulines , 1 4 , à
Bruxelles.
Harper's University, à Chicago.
ARCHiEOLOGICAL InSTITUTE OF AmERICA , 38, QuillCy
Street, Cambridge (États-Unis).
Reale Âccademia dei Lincei, à Rome.
John Hopkins University, à Baltimore (Etats-Unis).
Société finno-ougrienne, à Helsingfors.
Société de géographie de Paris.
Société de géographie de Genève.
Royal Geographical Society, c^ Londres.
Société des sciences de Batavia.
Société historique algérienne.
Deutsche Gesellschaft fur Natur- und Voelkkr
kunde OsTASiENS, à Tokio.
Société de philologie, à Paris.
Provincial Muséum, à Ijukhnow.
Indian Antiquary, à Bombay.
PoLYBiiJLiON , à Paris.
Revue de l'Histoire des religions.
American Journal of ARCHiEOLOGY, à Princeton.
The Japan Society, 2 o , Hannover square , à Londres
Revue de l'Orient chrétien, rue du Regard, 20, à
Paris.
American Journal of semitig languages and litera-
tures.
Société de linguistique, à la Sorbonne, à Paris.
Ecole française d'Athènes.
LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES ET DES REVUES. 39
Ministère dk l'instruction publique.
Ecole des langues orientales vivantes , rue de Lille,
2 , à Paris.
Séminaire des missions étrangères, rue du Bac , i ^8 ,
à Paris.
Séminaire de Saint-Sulpice , à Paris.
Bibliothèque du Ministère de la guerre.
Bibliothèque du Chapitre métropolftain, à Téglise
Notre-Dame, à Paris.
Bibliothèque de l'Arsenal, rue de Snlly, i , à Paris.
Bibliothèque Sainte-Geneviève, place du Panthéon,
à Paris.
Bibliothèque Mazarine, qnai Conti, iZ,k Paris.
Bibliothèque de l'Université, à la Sorbonne.
Bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle, rue
de Buffon , 2 , à Paris.
Bibliothèque du Collège de France.
École normale supérieure, rue d'Ulm, ^5, à Paris.
Bibliothèque nationale.
Séminaire Israélite, rue Vauquelin, 9, à Paris.
Faculté de droit, place du Panthéon, à Paris.
Parlement de Québec (Canada).
Les bibliothèques d'Aix (en Provence), — de Mou-
lins, — DE Rennes, — d'Annecy, — de Laon,
DE PÉRIGUEUX, DE SaINT-MalO, DES
Bénédictins de Solesmes, — de Toulouse, —
DE BeAUVAISt de ChAMBÉRY, DE NiCE, DE
Reibis, — de Rouen, — de l'Ile de la Réunion,
— DE Strasbourg , — de Bourges , — DEh*TouRS ,
— DE Metz , — db Nancy, — de Nantes , — de
40 JUILLKT-AOÛT 1898.
Naubonne, — d^Orléans, — DE Pau, — d*Ar-
RAS, UNIVERSITAIRE DE LyON , DE MARSEILLE,
— DE Montpellier (Faculté de médecine et Bi-
bliothèque publique), — de Montauban, — de
Valenciennes, — de Versailles, — de Cler-
MONT-FeRRAND , DE CoNSTANTINE, DE DuON ,
— DE Grenoble, — du Havre, — • de Lille, —
DE Douai, — d'Aurillac, — de Besançon, — de
Bordeaux (Bibliothèque publique et Université),
— de Poitiers, — de Caen, — de Garcas-
soNNE, — de Garpentras, — d'Ajaccio , —
d'Amiens, — d*Angers, — de Troyes, —
d'Avignon, — de Ghartres, — d'Alger, —
d'Avranches.
IV
LISTE DES OUVRAGES
PUBLIES PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
En vente chez M. Kmest Leroax , éditeur, rue Bonaparte , 38 ,
à Paris.
Journal asiatique, public depuis 183a. La collection est en
partie épuisée.
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nien el en français, par J. Saint-Martin et Zohrab. 183 5,
in-S* Sfr.
Eléments de la grammaire japonaise, par le P. Rodrigncz,
OUVRAGES PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE. 41
tradaits du portugais par M. G. Landresse, etc. Paris,
1 8a5 , in-S". — Supplément à la grammaire japonaise , etc.
Paris, i8a6, in-8*. (Épuisé.) 7 fr. 5o
Essai sur le Pâli, ou langue sacrée de la presqu île au delà
du Gange, par MM. fL Burnoufet Lassen. Paris, i8a6,
in-8". (Epuisé.) 1 5 fr.
MisHG-TSEU VEL Mbngium , latina interpretatione ad interpre-
tationem tartaricam utramquc recensita instruxit , et per-
petuo commentario e Sinicis deprompto illustravit Stanis-
las Julien. Latetiœ Parisioram , 1834, 1 vol. in-8\. . g fr.
Yadjnadattabadha , ou LA Mort dTaojnadatta, épisode
extrait du Râmâyana, poème épique sanscrit» donné avec
le texte gravé, une analyse grammaticale très détaillée,
une traduction française et des notes, par A.-L. Chézy, et
suivi d'une traduction latine littérale, par J.-L. Burnouf.
Paris, 18a 6, in-4*« avec quinze planches 7 fr. 5o
Vocabulaire de la langue g^rgienne, par J. Klaproth.
Paris, 1827, in-8* 7 fr. 5o
Eli^ib sur la Prise dÉoessb par les Musulmans, par Ner-
sès Klaietsi , patriarche d* Arménie , publiée pour la pre-
mière fois en arménien, revue par le docteur Zohrab.
Pans, i8a8, in.8* 4 fr. 5o
La Reconnaissance de Sagountalà, drame sanscrit et prâ-
crit de CàUdàsa , publié pour la première fois sur un ma-
nuscrit unique de la Bibliothèque du Roi, accompagné
d*une traduction française, de notes philologiques, cri-
tiques et littéraires, et suivi d*un appendice, par A.-L.
Chéxy. Paris, i83o, in-^**» avec une planche lo fr.
Chronique géorgienne, traduite par M..Brosset. Paris, Im-
primerie royale, i83o, grand in-8* 9 fr.
Chrestomathib chinoise (publiée par Klaproth). Paris,
i833, in-8* % 7 fr. 5o
Eléments de la langue géorgienne, par M. Brosset. Paris,
Imprimerie royale, 1837, in-8*. , ■» 9 fr.
42 JUILLET.AOÛT 1898.
GëOGrapuie d'Abou*lfrda , texte arabe publié par Reinaud
et le baron de Slane. Paris, Imprimerie royale, i84o,
in-4^ a4 fr.
RAdjataranginî, ou Histoire drs rois du KachmIr, publié
en sanscrit et traduit en français, par M. Troyer. Paris,
Imprimerie nationale, 3 forts vol. in-8* ao fr.
PRiicis DE LEGISLATION MUSULMANE, Suivant le rite malékite,
par Sidi Khalil, publié sous les auspices du Ministre de la
guerre. Nouvelle édition (sous presse).
COLLECTION D'AUTEURS ORIENTAUX.
Les Voyages d*1bn Datoutah, texte arabe el traduction par
MM. C. Defréroery et Sanguinetti. Paris, Imprimerie na-
tionale, 4 vol. in-8". Chaque volume 7 fr. 5o
Table alphabétique des Voyages d'Ibn Batoutah. Paris,
1 869 , in-8* a fr.
Les Prairies d*or de Maçoudi, texte arabe et traduction
par M. Barbier de Meynard (les trois premiers volumes
en collaboration avec M. Pavet de Courleille). 9 vol. in-8'.
(Le tome IK comprenant Tlndex. ) Chaque vol. . . 7 fr. 5o
Maçoudi. Le livre de l'Aveiiissement [Kitah et-tenbih)^ traduit
et annoté par le baron Carra de Vaux. 1 fort vol. in-8'.
Prix 7 fr. 5o.
Lb Mahâvastu , texte sanscrit, publié pour la première fois,
avec des Introductions et un Commentaire, par M. Em.
Senart. Volumes I, II, III. 3 forts volumes in-8^ Chaque
volume a 5 fr.
Chants populaires des Afghans, recueillis, publiés et tra-
OUVBAGES PUBLIÉS PAR LA SOCIKTÉ ASIATIQUE. 43
duits par James Darmesteler. Précédas d'une ïntroduction
sur ia langue, Thistoire et la littérature des Afghans.
1 fort vol. in-8* 30 fr.
Journal d'un voyage kn Arabie (i883-i88d), par Charles
Huber. Un fort volume in-8*, illustré de dessins dans le
texte et accompagné de planches et croquis 3o fr.
Publication encouragée par la Société asiati({uc :
Les mémoires historiques de Sr-ma Tsien, traduits du chi-
nois et annotés par Edouard Chavannes, professeur au
Collège de France. Tome I", in-8'' 1 6 fr.
Tome II, in-8* ao fr.
Tome III, première partie, iii-8* 10 fr.
Nota, Les membres de la Société qui s adresseront directement
au libraire de la Société, M. Ernest Leroux, rue Bonaparte, 28, à
Paris, auront droit à une remise de 33 p. 0/0 sur les prix de tous
les ouvrages ci-dessus , à Texception du Journal asiûtiqiu.
4\ JUILLET-AOÛT 1808.
LE MONSTRE RAHAB
ET
L'HISTOIRE BIBLIQUE DE LA CRÉATION,
PAR
M. ALFRED LOISY.
(lecture faite a la SEANCE GENERALE DU 33 JUIN 1898.)
Ij'attention des exégètes a été souvent appelée en
ces derniers temps sur les rapports qui existent entre
ie poème babylonien de ia création et les documents
bibliques. En 1898, M. Hermann Gunkel, dans
son ouvrage intitulé : Schôpfung und Chaos in Urzcit
and Endzeit, a relevé les traces, plus ou moins cer-
taines, que l'épisode principal du poème, le combat
de Marduk et de Tiamat, a laissées dans la Bible,
depuis le premier chapitre de la Genèse jusqu'au cha-
pitre xii de TApocalypse. Tout récemment M. Kaqjpe
et M. J. Halévy ont signalé dans le Journal asiatique
(janvier-février 1897, P* 9^^'9^' ^^- 1 45- 1 46; et
1 55-1 56) l'analogie qu'ont avec le même épisode
certains passages du discours de lahvé dans Job
(ch. xxxvm). Il y a, dans Job et ailleurs, d'autres
passages où l'adversaire de lahvé a un nom propre,
Rahab, et se trouve mêlé comme Tiamat au récit
de la création. L'identité de Rahab et de Tiamat ne
LE MONSTRE RAHAB. 45
parait pas douteuse. Ce qui est moins clair, cest leur
relation historique et littéraire. Pour définir les con-
ditions du problème, il est indispensable de rappro-
cher les divers passages bibliques où il est question
de Rahab et dune lutte préliminaire à la création.
I
Les textes les plus expressifs se rencontrent dans
Job et dans la seconde partie dlsaïe.
Dieu ne revient pas sur sa colère :
Sous lui s'inclinent les auxiliaires de Rahab.
Job, IX, i3.
Qu*est-ce que Rahab? Un ennemi de Dieu, dont
l'armée vaincue est maintenant prisonnière et esclave.
Qu'est-il advenu du chef? Nous lapprenons un peu
plus loin.
Dans sa puissance il (Dieu) fait trembler ' la mer.
Et dans sa sagesse il écrase Rahab ;
A son souffle , le ciel s'éciaircit * :
Sa main transperce ' le Serpent fugitif.
Job., xxTi, ia-i3.
' Septante, xatéwmKnp, sens attribué par Gunkel au mot ^31
et préférable sans doute à rinterprétation ordinaire.
« Texte dontenx. Gunkd lit, diaprés le grec : D^DtT ^n^lD
iT)irt7 , • les verrous des cieux tremblent devant lui ». Cependant ie
mot n^'^3 se rencontre encore dans le vers suivant, et il est peu
probable qu*ii ait été employé dans le même distique en deux sens
afférents, on bien, si Ton traduit n^13 C?n3 par «serpent ver-
rou » , que fauteur ait parié ainsi des « verrous du ciel ■ et du « ser-
pent verrou*.
* Traduction ordinaire de nvvn. Gunkel préfère le sens de
46 JUILLET-AOÛT 18Q8.
Rahab et ia mer sont associés dans la pensée de
l'auteur. La même opération toute puissante dompte
la mer et brise leffort de Rahab. Si Ion peut se fier
à Thébreu dans le vers qui mentionne Téclaircisse-
ment du ciel , Rahab a aussi quelque diose de com-
mun avec les ténèbres, puisqu'il faut détruire son
compagnon, le Serpent fugitif, pour que le ciel
devienne pur. Le mot nna que Ton traduit par « fu-
gitif» ou « tortueux», pourrait aussi se traduire par
« verrou », et ce dernier sens conviendrait peut-être
mieux au rôle du serpent vaincu. Rahab lui-même
est un dragon , un monstre marin. C'est de lui qu'on
dit encore :
Suis-je la mer, ou bien un monstre des eaux [tannin) ^
Pour que tu poses contre moi une barrière ?
Job, VII, 12.
La mer et le monstre sont ici dans le même rap-
port que précédemment la mer et Rahab. C'est Rahab
qui est le monstre. Dans le discours de lahvé, Rahab
n'est pas nommé, mais on trouve la même associa-
« profaner, souiller, traiter avec mépris». Cette interprétation pa-
raît très soulenable.
^ Le serpent semble distinct de Rahab. Gunkel les compare à
Tiamat et à Kingu son mari. Rahab est un être masculin , quoique
pendant de Tiamat. Il est vrai que, dans les représentations figu-
rées, ladvcrsaire de Marduk est aussi un dragon mâle. Ce désac-
cord de l'image avec le texte du poème attend encore une cipli-
cation satisfaisante. Voir cependant W.-H. Ward , Bel and the Drajon,
dans The American Journal oj Scmitic languages and Uteraturu»
janv. 1898, p. 9^-io5.
LE MONSTRE RAHAB. 47
lion de la mer, des ténèbres et de la clôture im-
posée à rOcéan personnifié :
Qui a fermé la mer avec des portes ,
Quand elle jaillit du sein (maternel),
Quand je lui donnai les nuages pour vêtement ,
Et pour langes ]e brouillard ténébreux ,
Quand je lui traçai des frontières ,
Et lui mis des portes et des verrous :
• Tu viendras jusqu'ici et pas plus loin ;
Ici s*arrétera lorgueil de tes flots. »
Job, wxviii, 8-1 1.
On remarquera que cette victoire de lahvé sur la
mer chaotique, réclamée pour la fondation de la
terre , a été remportée aux applaudissements des fils
de Dieu et des astres du matin (Job, xxxviii, 7),
comme celle de Marduk lui a mérité les louanges
de tous les grands dieux. lahvé ne laisse pas d'être
à regard de Rahab dans la situation de Marduk k
regard de Tiamat, tant pour le présent que pour le
passé, tant pour le gouvernement actuel du monde
que pour son organisation première, la création
nétant pas encore autre chose que le premier
triomphe de lahvé, ordre et lumière, sur le clmos
toujours menaçant qui est désordre et ténèbres.
Après que Marduk a tué Tiamat et construit le
monde avec ses débris , les dieux lui souhaitent de
dompter Tiamat , de lui rendre la vie dure et pénible ,
de l'exterminer à jamais, comme si la chose n'était
pas faite. De même dans Job , le monstre a été
écrasé dès le commencement, et il faut encore
48 JOILLET-AOOT 1898.
maintenant une barrière pour le contenir, comme
il faut toute la puissance de lahvé pour tenir en res-
pect les alliés de son antique ennemi.
Le second Isaïe paiie comme Job :
Lève-toi , lève-toî . revêts-loi de force ,
Bras de lahvë !
Lève-toi comme aux premiers jours ,
Ao temps jadis!
N*est-ce pas toi qui as fendu' Rabab,
Transpercé ' le monstre (tannin)}
N'est-ce pas toi qui desséchas la mer.
Les eaux du grand abîme?
Is., Li, 9-10.
lahvé était armé contre Rahab comme Marduk
contre Tiamat. Le grand abime est le tehoin du
premier chapitre de la Genèse; mais le monstre e^t
vaincu et tué comme dans le poème chaldéen , poiu*
que les eaux se partagent entre labime souterrain,
source des mers et des fleuves , et les eaux qui sont
au-dessus du firmament , la terre étant placée entre
deux. Il e^t vrai qu*on lit ensuite dans Isaïe :
C*esi toi qui as fait des profondeurs de la mer
Un chemin pour le passage des rachetés.
L\aliusion au passage de la mer Rouge n est pas
contestable. Mais c est une autre œuvre de la puis-
* Au lieu (le r^SDD, on est tenlé de lire TSHD, d*aprcs Job,
XXVI, 12.
* Gujikel : «maltraité, souillé». On peut douter que Raliab et le
tannin soient ici deux mon.stre» distincts.
LE MONSTRE RAHAB. 49
sance divine, qui ne se confond pas avec ia précé-
dente. Ce distique est d ailleurs suspect, car il sert à
introduire un passage pris du chapitre xxw (v. i o),
où les «rachetés» sont les captifs de Babylone, et
qui a toute chance d'être une glose rapportée. Si
Ion veut que l'auteur ait pensé déjà au roi d'Egypte
et à la mer Rouge en pariant de Rahab, le mythe
de Rahab, personnification du grand abîme, n'en
subsistera pas moins dans le texte d'Isaïe comme
terme de comparaison. 11 est fort possible que la
description des deux œuvres ait été mutilée après
coup et que leur distinction ait été plus marquée
dans la rédaction primitive de ce morceau.
Le nom de Rahab se rencontre aussi dans un
oracle authentique d'Isaïe contre l'Egypte :
Ils (les Judcens) portent à dos d*âne leurs biens
Et sur la bosse des cbameaux leurs trésors
A un peuple qui ne rendra pas service :
Misraîm secourt en vain et inutilement.
Cest pourquoi je Vappelle : Rahab au silence ^
h. f XXX, 6-7.
L'Egypte ressemble au monde chaotique dont
puissance divine a contenu les fureurs. Ce passage
serait important pour l'histoire du mythe si l'authen-
ticité en était certaine. Un récent commentateur
dlsaïe^ a fait valoir le trouble que la mention ex-
' La leçon massorétique Ï\y0 QH ne peut éire maintenue. Rien
n empêche de lire raiS^DH «Tim mobilisé», et Ton oblienl un sens
très satisfaisant.
* Duhm, Dos Buck Jetaia, igd* La lecture rtSt^DH (Raliab),
XII. 4
50 JUILLfeT-AOÛT 1898.
presse de TEgypte el la réflexion sur le nom qui lui
convient introduisent dans le parallélisme, et il re-
constitue le dernier distique en cette forme :
A un peuple qui ne rendra pas service ,
Dont le secours est vain et inutile.
Une retouche de la finale est au moins probable ;
et par conséquent ni l'application à TEgypte du nom
de Rahab,.ni la connaissance du mythe en Judée à
Tépoque d'Isaïe ne sont garanties par ce texte.
Le psaume LXXIV, dont beaucoup renvoient la
composition au temps des Macchabées , décril l'œuvre
du Créateur et sa lutte contre le monstre, en termes
qui rappellent le second Isaïe :
Dieu est mon roi de jadis ,
Qui opère le salut au milieu de la terre.
C*est toi qui, dans ta force, as divisé la mer,
Qui as biîsé les tètes des monstres ' dans Teau.
Tu as brisé les tètes de Léviathan ,
Tu Tas donné en pâture * aux bètes du désert.
tdes dé^rt.n» proposée par ce savant, n'est pas à n»lenir. La glose
pourrait être de la même main que le titre, et le titre tOradc de
la Béte du midi*, qui nest pas ancien, désigner expressément
Thgypte sous la figure du monstre Réliémolli, comme le veut Gun-
kel, op, cit., 66 (où Is., \\x, 7^ étant considéré comme authen-
tique , le titre de rorade en est censé dérivé ).
* 11 n'est évidemment pas question de poissons. Les mots vV
Q^Dn semblent une surcharge à la fin du vers.
* Dy? dans ce verset n'est pas à changer en Dll? (Gunkcl), qui
ferait double emploi avec 7DND. Ce doit être un doublet et une
fausse lecloffc du mot suivant D^^S?.
LE MONSTRE RAHAB. 51
Ta as ouvert la source et le fleuve ,
Tu as desséché les flots éternels.
Tien est le jour, tienne est la nuit ;
Tu as installé la lumière ^ et le soleil.
Tu as fixé toutes les limites * de la terre ;
C'est toi qui as fait Tété et Thiver.
Ps. LXXIV, ia-17.
li s'agit ici de ia création , et lauteur de ce déve-
loppement ne pensait pas à TEgypte ni à Texode. H
exploite une légende populaire. I.e caractère artifi-
ciel et peu original du psaume LXXIV donne à pen-
ser que ia forme même de ce passage a été fournie
par un écrit plus ancien. Si Thypothèse précédem-
ment émise à propos de la citation du second Isaïe
n'est pas sans fondement, il n'y aurait pas à cher-
cher bien loin le texte que notre psalmiste a utilisé
en changeant quelques traits ou quelques mots dans
la description. Quoi qu'il en soit, Léviathan a pris la
place de Rahab. H a plusieurs têtes, et ce trait qui
se retrouvera dans la littérature apocalyptique n'est
pas h négliger. Peut-être n'y a-t-îl pas lieu de consi-
dérer comme une particularité de ce mythe la dis-
tribution de ses débris aux êtres fantastiques dont
l'imagination des anciens peuplait le désert. Quand
Marduk a frappé Tiamat, il disperse son sang au
loin dans les profondeurs ténébreuses. Cette circon-
* Hébreu *11XC La formule «un luminaire et le soleil > pré-
jiente une association bizarre. Gunkcl : « la lune et le soleil •.
' Pl/13^. Gunkel : Tl'^l^^ des influences! célestes qui s exer-
cent sur la terre. Cette correction ne parait pas nécessaire.
à.
52 JUILLET-AOÛT 1898.
stance ne prouve pas davantage que, pour le psal-
miste, Léviathan n existe plus, ou que sa destruction
était absolue et définitive dans cette version de la
légende ^
Nous retrouvons Rahab dans le psaume LXXXIX,
plus ancien sans doute que le psaume LXXIV, et fait
aussi d'emprunts ou de pièces rapportées , moins an-
cien que le second Isaïe :
Qui donc au ciel est comparable à lahvë ?
Qui est pareil à lahvé parmi les fils des dieux ?
Cest un Dieu redoutable dans rassemblée des Saints * ,
Grand et terrible * pour tous ceux qui Tentourent.
Cest toi qui domines Torgueil de la mer
Et qui calmes la fureur de ses flots.
Cest toi qui as foulé comme un cadavre* Babab;
De ton bras puissant, tu as dispersé tes ennemis.
A toi les cieux , à toi la terre :
C*est toi qui as fondé le monde avec ce qu*il contient
Cest toi qui as créé Nord et Midi :
Thabor et Hermon célèbrent ton nom.
Ps. LXXXIX, 7-8, io-i3.
Ce fragment poétique est encore un récit de la
création où Rahab est associé à la mer, où Rahab
périt de la main de lahvé , où Rahab est accompagné
d auxiliaires que lahvé disperse et soumet avant d'or-
* Opinion de Gunkcl, op, cit,, p. 43.
* Des êtres célestes.
» LireKTIil m.
* Le cadavre maltraité d'un vaincu, ^^n ne peut guère se tra-
duire ici par f transpercé». Il s'agit d'un cadavre souillé, comme
le veut Gunkel.
LE MONSTRE RAHAB. 53
ganiser le monde. Les psaumes LXXI V et LXXXIX
sont certainement plus récents que le premier cha-
pitre de la Genèse, où pourtant il ny a plus trace
dune lutte du Créateur contre le Chaos; mais ils
dépendent d'une tradition plus ancienne que This-
torien sacerdotal de THexateuque, tradition qui
n est arrivée sans doute à leurs auteurs que fragmen-
tée et par intermédiaires, mais qui a bien des chances
d avoir existé en Israël sous la forme d*un poème
complet, beaucoup plus ressemblant au poème chal-
déen, pour le fond et le style, que les récits. en prose
par lesqueb commence maintenant Thistoire bi-
blique.-
Le nom de Rahab se lit encore au psaume LXXX VII
(v. 4), associé à celui de Babel, et désigne l'Egypte.
C'est ime interprétation allégorique du vieux mythe,
devenu inintelligible pour des esprits dégagés de la
mythologie , pénétrés de l'idée d'un Dieu transcen-
dant, et qui étaient tout disposés à entendre des en-
nemis actuels du peuple et de la foi Israélites les
passages des anciens textes où étaient mentionnés
les ennemis naturels de l'antique lahvé. M. GunkeP,
s'appuyant sur le passage d'Isaie que nous avons cité,
pense que l'interprétation s'est faite en partant de
la comparaison de Rahab avec l'Egypte. Telle est en
' Op, cit. , 39 , où ii est dit que inapplication doit être antérieure
à Isaîe. Cette conclusion serait probable en effet, si le passage
était authentique, car le lecteur est censé connaître Inadaptation
symbolique du nom de Rahab à TÉgypte. L*intervention accessoire
d'un mythe égyptien est admise plus loin (p. 90).
54 JUILLET. AOÛT 1898.
effet, probablement, Torigine du travail exégétique
dont il s agit; cependant le passage d'Isaïe, qui a dû
être retouché après l'exil, ne doit pas être le point
de départ, mais un fruit de cette exégèse dont le
véritable initiateur paraît être Ezéchiel. Ce prophète
qui décrit le jugement de lalivé sur le roi de Tyr
en s inspirant de Thistoire du paradis terrestre \ an-
nonce le châtiment du roi d'Egypte en recourant à
la légende du dragon des eaux mis en pièces par le
Créateur. 11 compare ce roi à un monstre marin [tan-
nin) sur lequel lahvé étend son fdet, comme Marduk
a jeté le sien sur Tiamat. lahvé accomplit son ex-
ploit devant tous les peuples, comme il a vaincu
Rahab devant les fils de Dieu. Le monstre est traîné
à terre, sa chair livrée aux bêtes et dispersée au loin,
de façon que montagnes et vallées soient couvertes
de ces débris*^. Rien de plus facile après cela que
d'identifier positivement l'Egypte à Rahab ou à Lévia-
than. C'est ce qui est fait dans le psaume LXXXVII.
C'est ce qu'on voit aussi dans un passage dlsaïe que
les critiques jugent postérieur à la captivité: « En ce
temps-là lahvé touchera de son glaive pesant, grand
et fort, Lévialhan le serpent fugitif, et Léviathan le
serpent tortueux, et il tuera le monstre de la mer*. »
^ hi,y xwiii. Cf. Revue d'histoire et de littérature religieuses,
I, 233-237.
* El., x\i\4 3-6; XXXII, 28. Cf. Ps. LXXIV, i3-i4; tnp, cit,
' Is. xxTii, 1. Ce morceau appartient à une sorte d*apocaiypse
qui comprend les chap. xxiT-xxvii. Gunkel suppose avec beaucoup
de vraisemblance que l'auteur a dédoublé Léviathan pour avoir
trois monstres.
LE MONSTRE RAHAB. 55
On se demande quelles sont les trois puissances visées
par le prophète, mais on ne peut guère douter que
rÉgypte n'y soit comprise; et il est évident que les
puissances du mal ont été substituées aux puissances
du chaos, que Tidéal de la paix messianique est
comme une restauration morale de 1 âge d'or. On a
pu se (igiu*er d'abord la tranquillité du monde as-
surée un jour définitivement par l'extermination des
puissances ténébreuses. Maintenant on attend la fé-
licité d'Israël par la disparition des empires idolâtres ,
sans pourtant que l'idéal religieux et moral se dé-
tache entièrement des espérances de félicité matérielle
et de parfaite harmonie dans l'univers.
A côté de l'interprétation mystique et spirituelle
de la vieille légende, il faut signaler l'interprétation,
quasi -rationaliste, qui transforme les monstres du
chaos en créatures de lahvé. Rahab et Léviathan,
dans le corps du livre de Job , sont deux monstres
domptés par la puissance du Créateur^; à la fin,
dans le discours de lahvé , ce sont ses deux œuvres
les plus extraordinaires, Behémoth et Léviathan se
rapprochant tellement de l'hippopotame et du cro-
* Léviathan est mentionné dans Job, m, 8, et peut être iden-
tique au c Serpent fugitif t de Job, xxvi, i3. La lecture Q^ «mert
au lieu de QV «jour» , recommandée par Gunkel ne donne pas un
sens acceptable : c maudire la mer» ne serait pas • tenir la mer
par incantation», et Ton conçoit très bien que, pour rendre un
jour funeste, il suffise de lâcher Léviathan. Mais Gunkel doit avoir
raison de soutenir que ceux qui excitent Léviathan ne sont pas des
magiciens vulgaires; ce sont des êtres surnaturels» des anges de
ténèbres (op. cit,, 6o).
56 JUILLET-AOOT 1898.
codilequoii a pu soutenir, et non sans raison, qu'ils
se confondaient avec ces deux animaux. Mais la
description contient encore trop de traits mytho-
logiques, soigneusement analysés par M. Gunkel\
pour qu'on ne soit pas autorisé à y voir en même
temps, et de préférence, des monstres mythiques
ramenés à la condition de créatures et retenant
quelque chose de leur première origine. Il n y a
toujours que lahvé pour les dominer ; mais il le fait
comme en se jouant, et le psaume CIV dit que Dieu
s amuse de Léviathan^. Ce sont les plus anciennes
* Op, cit. , p. 48-69.
* Ps. CIV, a 6. Le texte de ce passage paraît surchargé. Glosé
ou non , il parle de Léviathan dont Dieu s*amuse , et non de Lé-
viatfaan qui s*amuserail dans Teau. La version grecque de Job , xl,
19, dit aussi que Bebémoth a été créé pour servir d'amusement
aux anges, et répèle la même cbose de Léviathan, XLI, 35. Dans
le dernier cas au moins Tinterprète s*est réglé sur la tradition plus
que sur le texte. L*hébreu est obscur et paraît altéré dans les deux
endroits. Gunkel (op, cit,, 53 , 63) propose des corrections hardies,
pour Job, XL, 19 : n3*in l^H^ ^llb^îl «fait (pour) quHl domine
(1*^^05) le désert»; pour Job, xu, aS : PDri 7^37 ^IC^^n «fait
pour (être le) maître du (monde) inférieur». Cette dernière leçon
est acceptable comme conjecture. Quant à la première, Tinterprcte
grec a pensé trouver dans son texte la formule ^2 pUVb ^Wyn
« fait pour servir de jouet », et il ajoute : « aux anges » pour plus
de clarté. Il y aurait parallélisme entre les deux descriptions si
Béhémoth avait été fait pour Tempire du désert , et L<*viathan pour
celui de la mer; mais on peut se demander si ce parallélisme a
été voulu par le poète, Béhémoth ayant son séjour dans les roseaux
près du fleuve et non dans le désert. Cependant Gunkel invoque à
bon droit le témoignage 'd'Hénoch, lx, 7-9; et de IV Esdr., vi,
4 9-5 a, où le monstre femelle Léviathan est logé au fond des eaux,
le monstre mâle Béhémoth sur la terre. Dans le poème babylonien
de la création , Kingu , le mari de Tiamat , paraît aussi représenter
LE MONSTRE RAHAB. 57
créatures ' . Dans le premier chapitre de la Genèse
ils rentrent dans les œuvres communes, et « les grands
monstres > arrivent à leur jour avec la population
des mers^. Hénoch et le quatrième livre d'Esdras^
savent ce quon fera, au dernier jour, de Béhémoth
et de Léviathan. L*interprétation rationaliste rejoint
ainsi l'interprétation mystique et apocalyptique.
II
M. Gunkel s*est demandé si les auteurs bi-
bliques qui connaissent encore la lutte de lahvé avec
les monstres du chaos avaient puisé directement
dans la tradition babylonienne, ou bien seulement
d'une manière indirecte, le mythe chaldéen étant
en quelque façon la terre. Enfin la lecture proposée pour Job , xl ,
1 9 , s*adapte aisément au texte traditionnel. La version grecque des
deux passages, si curieuse qu*elle nous paraisse, accuse un parti
pris d*éviter les allusions mythologiques. Dans Job, ix, i3 •les
auxiliaires de Rahab» deviennent xi^xri rà v'à'oCpavépi et dans
XXVI ,13, Rahab est t6 xffrof .
^ Job, XL, 19. Cette assertion n'est pas dérivée de Gen., i, 34.
mais résuite simplement de ce que les monstres du chaos n^étaient pas
d abord des créatures et que, pour les faire entrer dans la concep-
tion du monothéisme absolu , on a commencé , les ayant trouvés
immédiatement avant la création , par les placer au début de l'œuvre
rréatriœ.
* Gen. , 1 , 31, où ils passent encore avant tous les êtres qui
vivent dans Teau.
' Supr, cit, La destination des monstres est indiquée clairement
dans IV Esdr., vi, 53 : tServasti ea ut fiant in devoralionem
quibus vis et quando vis». Cf. Ps., LXXIV, i4* Le pseudo- Ësdras
rapporte la création des deux monstres au cinquième jour, d'après
Gen., i; ari.
58 JUILLET-AOÛT 18Q8.
venu jusqu'à eux par Tintermédiaire d'une tradition
Israélite plus ou moins ancienne , à la fois orale et
écrite, où le caractère polythéiste de la légende avait
été déjà modifié, avant d'être réduit encore et fina-
lement supprimé par les hagiograpkes. Le savant
auteur écarte Thypothèse dun emprunt direct et
tardif, par exemple au temps de la captivité, ou
même au temps d'Achaz ou de Manassé. Les mythes
babyloniens auraient émigré en Palestine îiu temps
de la domination chaldéenne notoirement attestée
par l'usage de l'écriture cunéiforme dans les pays
palestiniens au xv' siècle avant l'ère chrétienne, ou
bien encore à l'époque de Salomon et à celle d'Achab.
Adaptés d'abord à l'esprit des Cananéens, ces mythes
le furent ensuite à l'esprit d'Israël, et l'on peut ad-
mettre aussi une influence égyptienne pour la trans-
formation ou l'acquisition de certains détails. Ils
existèrent d'abord en Israël sous forme de poèmes
d'où dérivent, par voie d'interprétation de plus en
plus conforme à l'esprit monothéiste, nos récits en
prose. L'influence mythologique ne se serait plus fait
sentir ensuite qu'après la disparition des prophètes , à
partir du v* siècle avant lere chrétienne.
Cette thèse a peut-être quelque chose de trop
absolu, bien qu'elle paraisse vraie dans ses grandes
lignes. Autant il est invraisemblable que tous les
mythes chaldéens dont on trouve dans la Bible un
écho plus ou moins affaibli ne soient arrivés à la
connaissance des Israélites qu'aux vni*, \if ou vi"
siècles avant Jésus-Christ, autant il est peu probable
LE MONSTRE RAHAB. 59
que les relations dlsraëi avec Ninive et Babyione en
ce temps-là n'aient exercé aucune influence sur le
développement des légendes populaires. Le grand
argument de M. Gunkel est Thorreur des prophètes
pour ce qui est païen. Cette preuve n est pas con-
duante. Sans doute on ne conçoit pas un Isaïe et
un Jérémie occupant leurs loisirs à traduire en prose
monothéiste les récits mytliologiques de la Chaldée,
complètement nouveaux pour eux et en contradic-
tion avec leur esprit, mais on conçoit fort bien que
d excellents iahvébtes et même des prophètes, déjà
en possession de récits analogues, venant à connaître
par intermédiaires les légendes chaldéennes telles
qu*elles avaient cours en leurs temps, n aient pas
répugné autant qu*on veut bien le dire à enrichir de
traits nouveaux leur propre tradition. Que Ion fasse
remonter jusqu'aux origines la parenté de la tradi-
tion Israélite avec la tradition chaldéenne, rien de
plus légitime ; mais à raison même de cette parenté
originelle et vu les relations qui ont existé entre Is-
raël et la Mésopotamie dans les temps historiques ,
on ne peut pas écarter à priori Tidée d*un emprunt
particulier à telle époque donnée, même au vu',
même au vi" siècle. Il est impossible de croire , par
exemple , que le prophète Ézéchiel ne doit absolu-
ment rien à son séjour en Chaldéé et que sa descrip-
tion des chérubins ne reflète que de souvenirs pales-
tiniens. Aurait-il donc été moins défiant à Tégard
des images que des légendes di\ines? C'est aussi un
fait très remarquable que la tradition jéhoviste de la
60 JUILLET-AOÛT 18Q8.
Genèse présente comme deux couches légendaires
dont la plus ancienne ignore le déluge ou n'en tient
pas compte. Le plus ancien écrivain israélite(en de-
hors de la Genèse) qui fasse allusion au déluge est
le second Isaïe. N est-il pas possible et même pro-
bable que cette histoire, à peu près oubliée en Israël
parce qu'elle était sans adaptation locale, lui aura
été rappelée à une date relativement récente, et
n est-ce pas pour cette raison même que laffinité
des deux traditions, chaldéenne et biblique, est
beaucoup plus étroite sur ce point que partout ail-
leurs^?
Il n en reste pas moins vrai que les écrivains bi-
bliques puisent en général dans la tradition Israélite
et que la présence même de traits qui ne se trouvent
plus maintenant dans les récits de la Genèse n'est
pas un argument décisif en faveur d'un emprunt di-
rect à l'étranger. Les allusions du second Isaïe sont
fort instructives à cet égard ; on a vu plus haut ce
. qu'il sait du combat de lahvé contre Rahab. Il
connaît aussi le paradis terrestre et le déluge :
lahvé rendra semblable à Eden le désert de Sion ,
Et au jardin de lahvé sa solitude.
U., LUI, 3
Ce sera pour moi comme au temps de Noé ,
Lorsque j'ai juré
Que les eaux de Noé ne passeraient plus sur la terre.
Is., uv, 9.
^ Voir Revue d'hiitoire et de littérature religieuses, III, 176-182.
LE MONSTRE RAHAB. 61
De ce que la Genèse ne mentionne pas le combat
du Créateur avec Rahab et ne signale pas de ser-
ment après le déluge, il ne faudrait pas conclure
que lauteur n a pu puiser ces détails à une source
hébraïque. Il écrit aussi :
Ton premier ancêtre a péché ,
Et tes interprètes m'ont été infidèles. .
Is. , XLIII, 37.
Le premier ancêtre est sans doute Jacob ^ et .les
interprètes doivent être Moïse et Aaron. Pourtant,
s'il est facile, avec un peu de bonne volonté, de re-
trouver dans nos textes le péché de Moïse et d' Aa-
ron ^, il lest beaucoup moins de retrouver celui de
Jacob. Ce n*est pas à la Genèse qu'il faut le deman-
der, mais au prophète Osée , qui reproche à Jacob
de s'être battu avec Dieu et qui lui en fait demander
pardon ^. Il ne peut être question d'influence baby-
lonienne, mais de traditions modifiées dans les textes
* Adam n'est pas plus l*ancâtre d*Israël que de tout autre peuple,
et du moment qu*il s'agit de péché, Abraham est hors de cause.
Cf. Duhm, op, cit,, 3o3.
* L'auteur a sans doute en vue des personnes déterminées et
trës connues ; c'est pourquoi on ne peut guère songer aux prophètes
en général. Il reste qudque trace du péché de Moïse et d'Aaron
dans Nomb., xx, 1-1 3; et pour le second en particulier il y a
l'histoire du veau d'or.
' Os. , XII , 4-5. Là il est dit que Jacob lutta contre Dieu et fut
le plus fort , puis qu'il j^eura et obtint son pardon. L'incident pa-
raît précéder l'arrivée de Jacob à Bélhel , lorsqu'il se rend en Mé-
sopotamie. Le lieu du combat était sans doute « l'arbre des pleurs »
où une tradition plus récente met le tombeau de Déhora, la nour-
rice de Rébecca (Gen., xxxv, 8).
62 JUILLET-AOÛT 1898.
bibliques, bien que, selon toute vraisemblance,
elles eussent dabord trouvé place dans les docu-
ments anciens de THexateuque.
Selon M. Gunkel, il a existé, avant nos récits en
prose, diverses recensions d'un ancien poème hébreu
de la création où le combat de lahvé contre Rahab
avait la place que lui supposent les citations plus ré-
centes. Il en est des récits de la création comme de
beaucoup d'autres récits bibliques, où l'on doit re-
connaître le commentaire en prose d'im vieux chant
populaire. On peut alléguer à l'appui de cette hypo-
thèse un argument nouveau. M. Gunkel, poiu* mon-
trer que l'idée de la création^ a existé de bonne
heure en Israël, cite le passage des Rois oùSalomon
est censé dire que lahvé a voulu habiter dans l'obs-
curité, lui qui a mis le soleil dans les cieux. L'anti-
thèse est fournie par les Septante, qui avaient à leur
disposition un texte plus complet et meilleur que
l'hébreu traditionnel. M. Wellhausen a reconnu le
premier dans ce passage une citation du lasar^, le
vieux livre d'où proviennent l'apostrophe de Josué
au soleil et à la lune sur le champ de bataille de Ga-
baon, et l'élégie de David sur la mort de Saùl et de
Jonathas. Mais il ne semble pas que l'on ait suffisam-
ment tenu compte des particularités du grec pour
la restitution de l'original hébreu.
' Au sens cosmogonique et non philosophique du mot. Il ne
s*agit pas de la création ex nUiUo , mais de l'origine du monde.
* On lit dans le grec : ov'x iio^ ctHni yéypan^at ip fiiSXie» xrif
^f (III Rois, yni, 53). L'interprète a lu l^VH au lieu de ")C^^n.
Wellhausen, Die Composition des Hexateuchs, 371.
LE MONSTRE RAHAB. 63
Le texte grec est ainsi conçu :
ÛXunf èyvtbpurep èv oùp9»& xitptos *
eivev Tov xarotxenf èx yvà^v,
Ohio^fUfftTOP oJxàv fiov, oïkov èHTrpevrf aavr^;
TOV xarotxeîv èvî xatvàvïjros^.
Jusqu'à présent les critiques se sont contentés de
prendre le premier vers, qui manque dans Thébreu,
pour Tadapter au texte massorétique. lis admettent
une antithèse entre le soleil, qui demeure dans les
deux, et lahvé, qui aime les ténèbres. Ce privilège
du soleil est quelque peu suq>renant : lahvé nliabite-
t-il pas aussi dans les cieux? On suppose également,
comme le contexte y invite , que le dernier distique
renferme des paroles adressées par Salomon à lahvé,
et se réfère à ia construction du temple :
lahvé a mis le soleil aux cieux ,
Mais il a résolu d'habiter les ténèbres. :
« Je t*ai construit une maison pour y demeurer,
Un lieu de séjour pour Tétemité. »
Une certaine incohérence de pensée règne dans
cette strophe : le soleil est au ciel , lahvé veut des té-
nèbres, Salomon lui donne une maison. On peut
douter que le vieux poète ait mis tant de choses en
quatre vers.
Le gi^c iyvdpiae» correspondrait à Thébreu ymn
«il a fait connaître», lecture certainement fautive,
' VariaDtes da ms. alexandrin t iv yvé^f sCupenif, xevérntot
[leçon fautive).
64 JUILLET-AOÛT 1898.
mais qui procède, par simple transposition de lettres,
dune leçon excellente i^vin « il a fixé place »^ Cette
expression est caractéristique. On la trouve dans le
poème babylonien de la création , h l'endroit où Mar-
duk « établit [uaddi'^) la lune comme astre de nuil
pour fixer [ana uddâ) les jours » , pour en marquer
la succession. Les mots éx yvô^v supposeraient en
hébreu ^Diyo au lieu de ^Diya. En tout cas, la vo-
lonté de lahvé a pour objet la place qui convient au
soleil, et non pas celle dont lahvé lui-même aurait
besoin; Le troisième vers semble avoir été traduit
par conjecture, et il ny a pas lieu d améliorer Thé-
breu traditionnel. Dans le quatrième vers, la formule
in} xatv6TiiT0s ne peut être une traduction , bonne ou
mauvaise, de Thébreu. Le mot D^o'j'iy n était pas dif-
ficile à comprendre, et, supposé que Imlerprète
lentendît au sens de «jeunesse » , il n'aurait pas man-
qué de le traduire par veirtis. S'il emploie le mol
xaivérns, c'est qu'il avait dans son texte quelque dé-
rivé de e;in'. D'après le grec, la citation serait donc
à reconstituer comme il suit :
' Èypc&ptae» ne correspond jamais à ]^3n, dans le grec de^ Sep-
tante, mais à 3?^nn. Par conséquent la lecture pDil que Ton a
proposée est entièrement dépoun ue de probabilité. Un autre exemple
de confusion entre Vl^ et IV^ se rencontre dans Am., m, 3 (voir
hébreu et grec).
* Voir F. Delitisch, Das babjrlonische IVelischôpfungepos , 85.
' La même méprise se rencontre encore dans Éi. , xltii, la,
où VUin? ten ses moisi, est traduit par tî;^ x(uv6vnto^ atrrov.
La lecture D^C^IDS peut donc être considérée comme certaine [)Our
I (III) Rois, Tin, i3 (53).
LE MONSTRE RAHAB. 55
<
(m.T) D'»Dcr3 vy^n vw
D'»crin3 nae;'? pDO
I&hvé a marqué sa place au soleil dans les deux ;
Il (lui) a dit d*habiter hors des ténèbres* :
■ Je Vai bâti une maison pour (y) demeurer,
Un lieu pour (y) habiter, mois par mois*. »
Laissons donc Tantithèse toute moderne du soleil
et de lahvé. La strophe n a pas d'autre objet que
imstallation du soleil dans ses fonctions permanentes,
lahvé a marqué au soleil Titinéraire que celui-ci doit
suivre dans les cieux, en quittant les régions téné-
breuses où il se retire pendant la nuit; il lui a fait
une belle maison pour son séjour, mois par mois;
en d'autres termes, il lui a préparé les mansions zo-
diacales. La strophe ainsi comprise a une couleur
parfaite d'antiquité. L'installation de Samas par Mar-
duk devait être racontée en termes analogues dans
le poème babylonien de la création^.
On pourrait objecter qu'une description du cours
du soleil n'a pas de rapport avec la dédicace du
' Le texte de ce vers peut sembler douteux, mais le sens nest
guère contestable.
* Mot à mot : « aux mois •. Noter que les lectures et le sens que
suppose le grec sont d*autant plus recommandes que l'interprète
lui-même n a rien compris à l'hébreu quHl traduisait.
^ On n'a pas le passage du poème qui concerne ic soleil, mais
on peut s'en faire une idée par les instructions que Marduk donne
à la lune.
xn. 5
60 JUILLKT-AOÛT 1898.
temple où nous la lisons maintenant. Mais il est aisé
de répondre que la citation est empruntée à un poème
plus étendu, où il pouvait ôtre question du temple.
La comparaison du soleil qui a sa demeure indiquée
au ciel, avec lahvé, à qui Salomon vient de bâtir
un sanctuaire, incohérente si on Tenferme en un
seul distique, pourrait devenir naturelle si elle était
développée en quelques strophes. Toutefois cette
hypothèse, enTabsence du contexte, est trop fragile
pour quon sy arrête. Nous avons aifaire à un mor-
ceau de poème sur la création , extrait du Idsar, I^e
lasar, qui contenait des pièces authentiques de Da-
vid, contenait donc un poème de Salomon. Est-il ab-
solument nécessaire que ce poème ait été composé
à loccasion de la dédicace du temple, pour que
rhistorien ait pu le citer à ce propos ? N'a-t-il pas
cherché lui-même la place quil lui a donnée? Il a
pris le fait le plus remarquable de la vie de Salomon
et il a choisi la strophe qui lui semblait le mieux
s adapter à cette occasion. Peut-être ne voyait-il pas
très clairement le sens du vieux texte et a-t-il fait, sans
sen apercevoir, ce qu'on appelle en style de prédi-
cateur une accommodation. Toujours est-il que la ci-
tation était fidèle , mais que les copistes , «\ une époque
relativement récente , font fortement retouchée pour
la faire cadrer avec la circonstance.
Cet ancien poème de la création, qui pourrait
très bien être une œuvre authentique de Salomon ,
dépose en faveur de la thèse soutenue par M. Gun-
kcl. Il devait ressembler plus que tous nos récits en
LE MONSTRE RAHAB. 67
prose au poème habylonien sur le même sujet; il
ost plus ancien que les récits de la Genèse» ; il répond
à ridée cju on se faisait alors de la sagesse ou de
la science, et convient pjirfaitemcnt à Salomon.
Pourquoi faut-il que le rédacteur des Rois n'en ait
pas cité au moins deux strophes?
.>.
08 JUILLET-AOÛT 1898.
NOTES D'EPIGRAPHIE
ET D'ARCHÉOLOGIE ORIENTALE,
PAR
M. J.-B. CHABOT.
(suite.)
III
NOUVELLES INSCRIPTIONS INÉDITES DE PALMYRE.
M. EiîiUe Bertone, architecte diplômé du Gou-
vernement, ancien pensionnaire de TAcadémie de
France à Rome, fit à Pîdmyre, en iSgS, un séjour
de cinq mois. Son voyage a été raconté avec beau-
coup dliumour par M. Eug. Guiliamne, dans la
Revue des Deax-Mondes du i 5 juillet 1 897. Son but
était uniquement artistique; cependant il copia un
certain nombre d'inscriptions dont plusieurs sont
inédites, à ma connaissance du moins. Avec Tauto-
risation de M. Bertone, je vais essayer d'en donner
l'explication d'après les c«dques qu'il a bien voulu
faire pour moi de son carnet de voyage, calques
dont on trouvera une reproduction exacte dans la
planche qui accompagne cette notice. Les numéros
d'ordre que je donne à ces inscriptions continuent
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 69
la série des inscriptions psdmyréniennes publiées
dans ma première note.
19
L*inscription que je place en premier lieu se
trouve « sur une tablette encastrée assez haut , sur
un grand tombeau du Wadi el-Qebour » , d après ce
que nous apprend Waddington qui avait copié le
texte grec d une manière très imparfaite et la publié
dans son Recueil sous le n° a6i2. — M. Bertone,
qui a pu s'approcher de Tinscription , a copié tout à
la fois le grec et le palmyrénien; car Tinscription
est bilingue . le texte grec comprend cinq lignes; le
texte palmyrénien nVn a que quatre.
La première ligne grecque se lit sans difficulté :
Ta fÂPrffieîov xai rà <nntXatov coKohàfitalav]
Elle répond aux premiers mots du palmyrénien :
Ce tombeau et la caverne ont été bâtis par. . .
Je restitue le mot Hinp au commencement; la
copie ne porte que les traces d une seule lettre , vrai-
semblablemeut du 3. Plus rarement le mot iwnimov
est traduit par son équivalent absolu KiiDi , mémo-
riale^ de la racine isi «se souvenir» (Vogué,
P. 36 fc). — Km^D «caverne» se rencontre dans
plusieurs inscriptions (Vogué, P. 35 , 67, etc.), avec
70 JUILLET-AOÛT 1898.
le sens de grotte funéraire ; ce mot est parfois traduit
en grec par thréyeiov dans les inscriptions bilingues.
I^a seconde ligne grecque avait été lue ainsi par
Waddington :
^à^siç Èvérox) Zs^Sov BonfiOLtos holi fie^à^êoiXos ?
La copie de M. Bertone est beaucoup plus satisfai-
saiite et conforme, excepté pour une ou deux let-
tres, au texte pahiiyrénien. Elle se lit:
Le texte palmyrénien correspondant est mal-
heureusement mutilé. Ce qui en reste se Ht ainsi , à
la fin de la première ligne :
11 montre que nous avons affaire à une série de
nominatifs : ce sont les noms des constructeurs.
2fle&is est le correspondant exact du palmyré-
nien ^3^ .
Les lettres a et d étant assez faciles à confondre en
palmyrénien, j'avais d abord cru quon pouvait lire
^DC;. On rencontre le nom >>DC^, en grec 2o;(,aie<?
(Vogué, P. Sy; Wadd., n** 2610); il est même
fréquent (Mordtmann, Neae BeitràgCy rf yd; Eu-
ting, Epigr. MiscelL, n** ^3; Schrôder, Sitzungshe-
richie d, Akad. za Berlin, i884, p. ^Sy). La vocali-
sation o-i, non moins que lorthographe sémitique,
suggérait Tidée qu'on avait ici un diminutif formé,
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 71
comme en arabe, par Tinsertion dun > entre la se-
conde et la troisième radicale, et je pensais retrouver
la forme première sous le nom ^DCr ; mais lexamen
attentif de la copie en même temps que celui des
autres inscriptions dans lesquelles on retrouve la
généalogie de Belsour m ont convaincu qu il fallait
lire ^3C7.
Nous avons, en effet, une autre inscription accom-
pagnant des bustes qui proviennent sans doule do
ce tombeau et représentent des personnages de la
même famille. Elle est à Saint-Pétersboiu'g , et a été
publiée avec un très bon fac-similé par M. Chwolson
(Ein Relief aus Palmym, dans le Bull, de lAc. imp.
des sciences de Saint -Pétershoarg, iSyS). Elle est
datée du mois de Kanoun 4^6 (= nov. 1 1 4). C'est
le monument funéraire de deux jeunes enfants cpii
sont : «*01aisa et Ba^altaga, fils de Bonne, fils de
•
Sabai , fils de BelSour, fils de Hairan » :
Le nom >3cr est écrit (Jeux fois très distinctement
sur ce monument, et , vu la généalogie d accord avec
la date, il ne me parait pas douteux que nous
ayons dans ce bas-relief le portrait des deux petits-
fils de notre ^dSeis.
La lecture du palmyrénien '>2V est donc certaine.
Une autre inscription fragmentaire, séparée du
buste quelle accompagnait, est aujourd'hui en la
possession du D' Euting qui la publiée [Epigraph.
MùtcelL, n** 8) sans essayer d*en donner la restitu-
7i JU;LLET-A0ÛT 189«.
lion. Je crois que cette restitution peut se faire à
coup sûr, d après Tinscription de Saint-Pétersbourg
comparée avec la nôtre , et qu'on devait lire :
X]:['I3 Bonne,
^^V 13 fi^* de àabai,
i]-^1C7^3 13 fil* de Belsouri,
p^n 13 fils de Hairan,
^nt^S3 [fil* de] Belsouri.
^3n Hélas I
Quant à Tétymologie du mot ^3C?, je ne pense
pas qu'on puisse admettre celle que Bar Bahloul
(éd. IXival , col. 1 933 , n. 5 ) donne du nom syriaque
«*,^jL, qu'il explique comme un dérivé de IJ^^a.
« sabbat ». Ce nom est à rapprocher, je crois , du nom
chaldéen "»3t^ (Esdr.,n, 4a; Néhém., vu, 45) qui
vient probablement de la racine n^V « captiver », et
il me parait être un nom théophore apocope , dont
l'élément divin aurait disparu. L'hébreu nous donne
un exemple de cette formation dans Sxi3Çf , captivas
Dei{l Chr., xxni, 16; \xv,^4; xwi, 2 4).
Ne&t;5flfêa&5 = I3n3a , nom déjà connu dans sa
forme sémitique (Vogué, P. 7 3), est formé du nom
du dieu Nébo et du verbe 13T « donner » , qui entrent
l'un et l'autre dans la composition d'un grand nombre
de noms palmyréniens. On trouve le nom composé à
l'inverse: i3ai3T (Euting, Epigr. MiscelL, n° 4).
Le nom propre d'homme Qouuaios ne s'est pas
encore rencontré, que je sache, dans les inscriptions
de Palmyre; mais nous avons souvent des noms con-
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 73
génères, comme 0ai[ins («D^n, très fréquent) el
d'autres. La forme sémitique serait probablement
^D^n. 11 ne nous en reste que la première lettre dans
le texte palmyrénien^ — Le sens de ce nom parait
être « cdui qui appartient au dieu Taimi » (^D^n , en ^
grec Tvxv Qeuiieios; Vogué, P. 3). La traduction
littérale de Sauiiauos serait quelque chose comme
fortunatus.
Le dernier nom propre est lu '!^e6ovXauTo[s] par
M. Bertone. — M. Waddington na vu que les
quatre premières lettres. Le texte palmyrénien étant
complètement mutilé, il est difficile de dire si la
copie est exacte. Les lettres AACO[Z] devraient cor-
respondre à un élément verbal sémitique; je ne con-
nais aucune racine qui puisse fournir cette transcrip-
tion, et pour ma pjirt j'incline h penser quil y a
une eiTeur de copiste*-^. Peut-être faut-il corriger en
NACO[Z]; on aurait alors une fonne sémitique
^ec;i^3i, analogue h nn3?Ncra = Natjeaôu (Sachau,
Z. D. M. G., i88i, p. 74 i). Lelément HV2 «éle-
ver » entre dans la composition de noms propres très
usités à Palmyre. (Cf. ci-dessous, n" 27.)
Chacun des noms palmyréniens est précédé du
1 conjonctif; dans le grec la conjonction xa) n est
placée que devant le dernier nominatif. Cette con-
* Je viens de rencontrer ie nom ^D^D dans MûUer, Palmyr.
InMchr., o^ a^ et 5^.
* Je m^étais arrêté un instant à ia pensée de lire ^éSovXas o[i,
mais je ne crois pas qu on paisse admettre cette construction.
74 JUILLET-AOÛT 1898.
struction n'est pas rare (p. ex. Vogué, P. 3 y ; Wadd. ,
n° 26i5.)
La troisième ligne grecque se lit sans difficulté ,
si Ton en excepte le dernier mot. La première lettre
a été omise sur la copie ; mais on la restitue h coup
sûr :
B]ïjX(To{t^ov Xlpàvov Torj hrjXffovpov rov F
Elle correspond au début de la deuxième ligne
palmyrénienne qui doit se lire ainsi :
... 13 mcrVs 13 p^n 13 mt?V3 ^:3
fils de Belsouri , fils de liairan , fils de Belsourî , fils de
Le nom de mc7S3, en grec ErfXcrovpos, est formé
du nom du dieu ^3 (contracté de Sy3), du substan-
tif iw « mur » , et du suffixe de la première pers.
sing. Le sens est «Bel est mon mur«, cest-à-dirc
mon protecteur. — Mordtmann (Z. D, M. G.
XXXVIII, 5 8 y) a rapproché ce nom de la tran-
scription latine F(ptvo/(/5(Treb. Pollio, Vit. Valerimii).
Il est à remarquer que dans Tinscription de Saint-
Pétersbourg, postérieure de trente ans à la nôtre,
le nom est écrit sans le ^ final : nc?^3, ce qui don-
nerait à croire quen palmyrénien, comme en sy-
riaque, le suffixe était purement orthographique et
non euphonique. Mais un seul exemple ne suffit pas
pour établir une démonstration.
Pour le dernier nom grec de la ligne, VVadding-
ton donne un F suivi de quatre points; M. Berlone
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 75
lit TAAAAP; ce nom se terminait au début de la
quatrième ligne par les lettres OY qui , dans la copie
de Waddington , sont précédées d un point indiquant
fabsence d'une lettre. En comparant le groupe
FAAAAP.GY, avec le palmyrénien, dans lequel les
lettres -na sont certaines, je suis amené à restituer
le nom propre TaSSapdOrj, correspondant au sémi-
tique nnyna , fonné du nom divin nnv et du verbe
113 « entourer d un mur, fortifier ». Si la copie est
exacte, la forme (avec le redoublement du A ex-
primé) serait nouvelle, mais le nom s'est déjà trouvé
sous la forme TaSpSri (Wadd. , n" 2 45 1 ). — Cette
restitution me parait beaucoup plus probable que
celle du nom déjà connu de nrma (Vogué, P. 1 43).
La quatrième ligne grecque n'offre de diificulté
que pour un mot. On lit :
0]ov ToO èvtKakovfiévov Bai els re èavTOvç xai
Les trois lettres qui suivent le verbe forment le
surnom de Gaddar^ateh. — Waddington les a lues
BAA, et M. Bertone BAA. Le correspondant sémi-
tique n'est pas exprimé dans cette inscription ; la la-
cune qui suit les premières lettres du nom nnyiia
ne parait pas considérable et ne le contenait proba-
blement pas; mais il se trouve dans l'inscription
suivante; et je l'ai reconnu dans une inscription déjà
publiée en iSyS, par M. Mordtmann [ISeae Bei-
iràye, n** i3), et rééditée par son fds en i884 [Z.
D. M. G., t. XXXVIII, p. 587); pour eux ce mot
76 JUILLET-AOÛT 1898.
était resté une énigme. Je crois donc que la lecture
BAA de M. Bertone doit être maintenue, quelque bi-
zarre que puisse paraître ce nom. Nous lisons, en
effet, dans le texte paimyrénien de l'inscription sui-
vante, cette expression qui se rapporte incontesta-
bleii>ent à notre personnage :
«yn iD mp[nD "»!
qui est appelé Bar Ba'a
littéralement ^fc de Daa; mais il est possible que le
mot ")D « fils » ne doive pas être pris dans son accep-
tion propre et qu'il fasse partie intégrante du nom.
En lout cas la lecture du nom propre Bûwf est as-
surée par cette inscription. Elle est confinnée par
finscription de M. Mordtmann (qui est aujourd'hui
au musée de Constantinople). C'est une inscription
honorifique, très fruste, mais dont la seconde ligne,
celle ([ui nous intéresse ici, est bien conservée.
M. Mordtmann fils, en publiant à nouveau l'inscrip-
tion (Z. D. M. G., loc, cit.) propose cette lecture :
h]\ ]nb iBV n p nip^b
11 y aurait plusieurs remarques à faire sur cette
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 77
lecture; mais je ne m^occuperai que de la seconde
ligne, que M. Mordtmann père lisait :
nya n wb2 12 laan la
Or, d'après les deux dessins (voir notre planche^ ) ,
il est clair que les trois dernières lettres doivent se
lire K^a, c'est-à-dire quelles forment le nom que
nous avons dans notre inscription. — Il est ap-
pliqué ici à im certain Belsour, sans doute le fils
aine de Gaddar^ateb. M. Mordtmann ne connaissant
que l'orthographe 1W^ (par l'inscription de Saint-
Pétersbourg), a séparé le ^ final, et Ta rattaché au
mot suivant : ce qui l'a conduit à défigurer ce nom
d'ailleurs très embarrassant et qu'on n aurait peut-
être jamais songé à interpréter Daa, si l'on n'avait
pas trouvé la transcription grec<[ue. — Il faut donc
lire :
X2?a muSa -la li^n -la
fils de Hagagou, fils de Belsouri, fds de [on surnommé] Baa.
Quant à l'étymologie du nom, la racine X3?a, à
laquelle on serait porté à le rattacher, a, dans toutes
les langues sémitiques, le sens de «demander, vou-
loir, prier». S'il en dérive réellement, il signifie
quelque chose comme rngatus, petitus ^.
* Je n*produis 90us la lettre A le fac-similé donné dans les Ncue
Britràtft (n** i3), et sous la lettre B, les deux premières lignes
d après la ZeiUchriftd, d, Mor^td, Ges. (t. XXXVlil, p. 589).
* lorsque je communiquai cette note à la Société asiatique
«éancr du i3 mai 1898), M. Clermont-Ganneau lit une ingénieuse
78 JUILLET-AOÛT 1898.
Je pense que la lin de la seconde ligne palniyré-
nienne doit se restituer : 1:2 n « qu ils ont bâti ».
La troisième se lit :
pour eux et leurs enfants, en leur honneur, comme de-
meure d'éternité.
Cette formule est commune, on en trouve une
absolument identique dans Tinscription n*" 34 du
recueil de M. de Vogué. Elle traduit ici le grec :
à. els re iavrovç [x]a<
5. vi]o\^g [koU] èxyàvoxàç,
La formule ND^y n3 termine habituellement les
inscriptions. Dans les nombreux exemples connus,
elle n'est suivie que de la date. Dans la copie de
M. Bertone, on voit encore trois signes dont les deux
derniers seraient W, Je ne sais comment les inter-
préter ^
comparaison entre ce nom et celui qui est donné à ia siTvante de
Pilate dans un récit apocryphe, de la Passion. Celle femme y est
appelée , en latin , Batlia, cl le nom est interprété : //uorcns. Or, Ikillia
(pour Balia) serait le résultat d'une confusion; le grec BAAIA
aurait été lu BAAIA; et jSaaia ne serait autre chose que la forme
féminine du nom que nous avons ici (syr. t^^). Voir Hevue cri-
fir/ue cT Au/, et de litt,, t. XXXVI [1893], p. 210.; à pro|)os des
Excerpta latina Barbari publiés dans les Chromai minora de C. Frick
(t. I, p. 344). — lia confusion pourrait aussi venir d*un original
syriaque dans lequel on aurait pris un ^ |)our un ^.
* Je me suis demandé s*il ne fallait pas y voir une désignation
des jours du mois, comme dans Tinscr. Vogué 98, (cf. ci-des-
sous, n** 99). Mais les lettres se prêtent peu à cette conjecture.
ARCHEOLOGIE ORlEiNTALE. 79
La date se trouve à la quatrième ligne palmyré-
nionne :
cccLxxxiiiu nw [ijo*»: [n]")''3
dans le mois de Nisan de Tan 89 4.
Elle se trouve également à fa fin du grec, mais le
chilTre des années a disparu. Waddington supposait
que le tombeau avait été bâti entre 3Ao et 4 00 de».
1 ère des Séleucîdes. Il avait raison. Nous pouvons
restituer le chiffre exact d'après le palmyrénien , et
compléter ainsi le texte grec :
Le tombeau a donc été érigé au mois d'avril de
Tan 83 de notre ère.
D'après ce qui vient d'être dit, les deux textes se
liraient ainsi :
TOMNHM6IONK[A]ITOCnHAAION(i)KOAOMIC[AN]
CABeiCN6BOYZABAAOCeAIMAIOCKAIN6BOYAACO[C]
;B]HACOYPOYAIPANOYToYBHACOYPOYToYrAAAAP[A]
[e]OYToYeniKAAOYMeNOYBAA6ICTeeAYTOYC[K]AI
[YI]OYC[KAI]eKrONOYCMHNI=ANAIK(i)ToY[ÂhTeTOYC]
t:r
80 JUILLET-AOÛT 1808.
Cest-à-dire en transcription :
Ta (ivtfiietov xclI rà <nnfXatov <ûKM(JLur[av
Xà^is ^e€ovii€a^os BoLtfiàiàç xslI ^e€oiXcuTo[s (?)
P]rfX<Toipov Aipàvov rov ^tfXaovpov rov raX^p[â-
6]ov TOi) èvtxaXoviiévov Bai * els re èavTo[^s xcd
vî\oi^ç [xai] èxyàitovs. Mi^vl Zav^otù rov P^t' érovs,
[ . . . inii "»D'«]n'i i3n3:i "»3C? 1:2 xniyDi n:i xi^p
ua n nny]-n3 12 mcba 12 p"»n ia nw'ja '•:a
cccLwwiiii DW [îJD^i np^a
Le palniyrénien se traduit littéralement :
1 . Ce loiiil)eau et cotte caverne ont bâti oabai et Nébouza-
bad et Ta[inîai et Néboiilasos(?)]
2. [les] fils de Belsouri, fils de Hairan, fils de Bclsouri,
fils de Gaddarfateh ; ils font bâti ]
3. pour [eux] et leurs enfants, en leur honneur de mai-
son d*étemité . . .
4. Dans le mois de Nisan de Tan 394.
M. Waddington, après avoir donné le texte grec,
ajoute : « A côté de ce tombeau, il y en a un autre,
une tour sans ornement , qui porte une inscription
palmyrénienne, placée assez haut, et dont je nai
copié que la date. Tannée 365. >»
Or, cette inscription a aussi été copiée par M. Ber-
tone. Elle nous montre que ce tombeau était celui
du grand -père des constructeurs de notre édifice.
Nous allons Texpliquer sous le numéro suivant.
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 81
20
Cette seconde inscription est seulement palmyré-
nienne. Elle comprenait six lignes d'écriture, et a
beaucoup souffert; peut-être qu'im bon estampage
permettrait de la déchifirer. Voici ce que j'ai pu tirer
de la copie de M. Bertone:
La première ligne contient la date ; elle se lit sans
difficulté :
Dans le mois de Kanoan de Tan 345
Le mois de Kanoun , dans le calendrier palmyré-
nien, correspond au mois macédonien de àios (Vo-
gué , P. 63 ). L'inscription est donc du mois de no-
vembre de l'an 33 de notre ère; par conséquent de
5 G ans antérieure à la précédente.
La seconde ligne se lit aussi entièrement :
Ce tombeau est celui de Hairan , fils de Belsouri.
Nous voyons que nous avons affaire au grand-père
des personnes qui ont érigé le tombeau mentionné
dans l'inscription précédente; ce qui convient bien
avec la date , et ce qui est d'ailleurs confirmé par la
suite de l'inscription.
Au début de la troisième ligne , malheureusement
très mutilée, nous lisons le mot 12 « fils de », suivi
d'un nom dont la première lettre est un a . C'est évi-
demment le nom que j'ai restitué nn^ma Gaddarateh
XII. 6
82 JUILLET-AOÛT 1898.
dansTinscription précédente. Puis vient une lacune
à la suite de laquelle on trouve la fin d*un mot :
mp. . . — On doit restituer la formule : nnp[riD n]
« qui est appelé ». Cette formule connue, introduisait
le surnom de Gaddar*ateh , que nous avons vu indiqué
dans l'inscription grecque par les mots : tov èiriKokov'
(xévov BAA, et, comme je lai dit à l'occasion de
l'inscription précédente, nous trouvons dans le pal
myrénien Kva 13. Ici se terminait probablement la
généalogie.
Les trois dernières lignes comprenaient les for-
mules habiluellcs, exprimant que le constructeur
avait bâti ce tombeau en son honneur et en Thon-
ncur de sa famille, comme demeure éternelle; mais
la copie est trop imparfaite pour qu'on puisse la
restituer avec certitude. Je lis à la quatrième ligne
les mots : mp^^ wa n « qu'il a bâti en son honneur » ;
et à la cinquième le nom de ^ncrfe, suivi du mot
n[")]3 « son fils », A la sixième le mot XD[^]y qui ter-
minait l'inscription me parait seul certain.
Je proposerai donc de restituer ainsi la lecture
de l'inscription :
2Ui|>]x[A/'>^'\iii]i<ia[\i'\'>'A'\iii'a'\
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 83
cccxxxxv ii:o pas nra
mc^a iD p'»n n n:i xiap
KVD iD mp[nD "«i nny-n]3 -)a
ip^^i mp^^ x:3 "»!
n[-^]a mc?^3
Ce qui se traduit :
Au mois de Kanoun de Tan 345.
Ce tombeau est celui de Ilairan, fds de Belsouiî ,
fils de Gaddarateh, (jui est appelé Bar Baa;
(|u*ii a )>àti en son honneur et en Thonneur. . •
Belsouri son fils (?)
[ses cnlants et ses] petits [enfants, à] perpétuité.
21
Je crois retrouver les moines noms dans une
autre inscription venant à la suite de la précMonte,
dans le recueil de M. Bertone, et qui accompagnait
vraisemblablement des bustes funéraires placés dans
le tombeau sur lequel se trouve Tinscription n" ig.
Ici (»ncore la copie laisse beaucoup à désirer; la se-
conde ligne n'offre que quelques lettres fragmen-
taires; je crois quon peut restituer la premiore de
celte façon:
0.
84 JUILLET-AOÛT 1898.
^-"i]
Ces portraits sont ceux de [Belsoujri, fils de àabai, ûls de
Belsour[i
[et de
La restitution du premier mot paraît bien un peu
contraire à la copie; mais je ne vois rien de mieux
à proposer. En réalité on lit : i:d jSx H>h o[^]ay; peut-
être y a-t-il là un terme darcbitecture suivi du
verbe wa.
A laide de ces trois inscriptions, de celle de
Saint-Pétersbourg et du fragment d'Euting, nous
obtenons une généalogie assez étendue de cette fa-
mille palmyrénienne. En voici le tableau :
Gaddar^ateh Bar-Ba*a
I.
Belsouri (Ba*a)
I
.1
Ilairan Ilagagou
■ I . ■ I .
Bdsouri Belsouri
. r \ ~ — ~.
Sabai Nébouzahad Taimai Néboulasos
Belsouri Bonne
I 1
Ba'altaga 'Olaiita
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 85
22
La neuvième inscription du recueil de M. Ber-
tone consiste en deux lignes d'écriture : la supérieure
grecque, l'inférieure palmyrénienne. L'extrémité
gauche est mutilée. L'inscription, comparée avec
les autres du même genre, parait incomplète. Il de-
vait y avoir encore plusieurs lignes d'écriture au-
dessous. On a plusieurs exemples dans lesquels les
deux textes grec et palmyrénien sont ainsi entre-
mêlés.
La copie de M. Bertone donne les lectures sui-
vantes, que je dispose en colonnes pour faciliter la
comparaison :
• • • '^^C M^ j^\^;j
IAPIB(i)AeOYC 2^\iMlK'A'^
TOY BOJPOOA i^S'AMl 'Ml
TOY MAAIXOY .^jj vj,^
TOY OCAINAOOY
De la comparaison des deux textes il résulte que
les lettres grecques qui précèdent lapiScûXéovs doixenl
correspondre au nom palmyrénien 12 K^D . La forme
grecque du nom k^D= Màkris^ nous est fournie par
plusieurs inscriptions bilingues. Il s'agit seulement
de savoir à quel cas on doit placer le nom. La
formule palmyrénieniie qui débute par les mots
80 JUILLET-AOÛT 1898.
n ND'JS « Image de. .. », se rencontre une vingtaine
de fois dans des inscriptions bilingues. Dans ce cas,
l'inscription grecque commence généralement d'une
manière absolue par le nom à laccusatif du person-
nage, puis vient le nom au nominatif de celui qui
a érigé la statue , puis une formule honorifique et la
date (cf. Vogué, P. 4, iq, i3, 20, etc.). Quelque-
fois le nom de celui qui a érigé la statue se trouve
au début de Tinscription , mais toujours au nomi-
natif (Vogué, P. 3, 7, a5, etc.). Nous sommes donc
autorisés, par ces nombreux exemples, a restituer
le nom de Malé à l'accusatif et à voir dans les pre-
mières lettres copiées par M. Bertone la fin du mot
Màkffv qui formait probablement le début de fin-
scription grecque. A moins de supposer que M. Ber-
tone ait omis une lettre dans la copie du palmyré-
nien et qu'il y avait x[d]^D (ou encore ID^D). Le grec
devrait alors se lire MaXt^ov^.
La lecture BGJPOOA doit sans doute être corrigée
en BU)P6<l>A. C'est, je crois, la première fois qu'on
rencontre la transcription grecque de ce nom. On se
serait attendu à trouver (Scûppe^i, KDin étant pour
XDnSl3 «Bol a guéri». Cf. PeCpdêooXos (VVadd.,
n"" 2620).
Le dernier mot palmyrénien est isSd , dans lequel
la copie de M. Bertone omet le ^. Ce nom est suivi,
dans le grec, de TOY 0CAINA90Y; comme le nom
^ On pourrait aussi mettrt'. d'accord les deux copies, en supposant
que le grec partait : MaXi^v rov xal MéXt^ovy et que le surnom n*a
pas Mé traduit en palmyrénien, comme il arrive ^rfois.
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 87
de ùcraivaOos ne nous est pas connu, je proposerais
(le corriger la seconde lettre et d y voir le nom cé-
lèbre de ÙSaivaOos. On pourrait alors compléter la
partie mutilée du palmyrénien en y ajoutant les
mots : nriK "13.
Les deux textes partiels ainsi restitués se liraient
donc :
6ov. . . .
13] ^^[h]0 13 KD113 -)3 K^nn-)"» -)3 K*?D n iXT KD*?X
[n:nK
Celte image est celle de Malô , fils de Yarhibôla , (ils de
Borrepha, fils de Maikou, fils de 'Odeinat
Tous ces noms sont fréquents dans Fonomastique
palmyrénienne.
Odeinat, bisaïeul de Malé, ne parait avoir aucun
rapport avec le fameux roi de Palmyre du même
nom, car, dans la généalogie de ce prince fournie
par les inscriptions, nous ne trouvons aucun des
noms qui figurent dans la présente inscription.
D ailleurs le nom d'Odeinat était assez commun
en Syrie : ÔSatvaOos (Wadd. , 2 2 36, etc.): ÙSaivaros
Jusqu'à présent il ne s'était rencontré à Palmyre
qu'appliqué aux deux princes de la famille de Zé-
nobic qui font porté.
88 JUILLET-AOÛT 1898.
23
Ce numéro et les trois suivants donnent le texte
de quatre épitaphes très courtes qui proviennent
évidemment du même tombeau, comme le mon-
trent Texamen des noms propres et la disposition
des copies de M. Bertone, qui a groupé ces inscrip-
tions sur un même calque.
Le première inscription se lit ainsi :
image de Bar^atéh
fils de Bamébo , fils de
Bamébo, [son frère]
24
La seconde inscription porte ;
'Xili^Xa '\a '\ai'\a 133^3 -)3 U:^3
Bamébo , fils de Bamébo , son frère.
Il est impossible de dire si Tinscfiption est com-
plète ou si elle débutait par une formule analogue
h la précédente : « Image dun tel, fils de .... ».
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 89
25
La troisième épitaphe se lit :
MJi "iUrX/M^ 12nnyin Bar^ateh , fils de
'^'A'XHiC 'Xili^Ml '•mnK la^-in Bamébo. son frère.
Même observation que pour la précédente. De
plus, il est à remarquer que la dernière lettre de la
première ligne pourrait être prise pour un n ; on
aurait alors n2 « fille de » ; mais jusqu'ici nrivin ne
s est rencontré que comme nom d'homme.
26
La quatrième épitaphe est ainsi conçue :
M^ oMj^ ^il ^m -13 na 13 ■?. •
... l , fils de Gaddai , fils de Bamébo , son frère.
La lecture de la première ligne est très douteuse ;
la première lettre peut être im ^, un 3 ou un > .
Barnébo, rancêlre commun de ces différents
personnages, était sans doute le « frère » du chef de
famille au nom duquel le tombeau avait été construit.
Jusquici onna trouvé, je crois, dans les inscrip-
tions de Palmyre, quun seul personnage du nom
de Barnébo, et il était fils de Nébozabad. Il est men-
90 JUILLET-AOÛT 1898.
tionné dans une dédicace faite à Ba*alsannn par doux
de ses fils , Nébozabad et Yarhibol , qui font des vœux
pour eux, leurs fds et lours frères (V^ogué, P. y 3;
cf. Mordtuiann, Neae Beitràge,j>, «iS). L'inscription
est datée de lan 11/4 de J.C. S'il s'agit du même
personnage, et si nos inscriptions sont entières, on
pourrait dresser sa généalogie de la manière sui-
vante :
I
Nébozabad
[Malê(?)] Barnébo
I I. I I , . .
Nébozabad Yarbibol Barnébo Bar^ateh Gadaai{})
Bar'ateh . . . /
Los noms en italique sont fournis par nos inscrip-
tions.
27
D'après sa disposition, cette inscription doit être
gravée sur le linteau de la porte d'un tombeau. Elle
est bilingue , mais les premiers mots seulement du
palmyrénien ont été copiés ; le texte devait se conti-
nuer au-dessous du grec , en une ou plusieurs lignes
d'écriture. Ij'inscription grecque est mutilée à gaucbe :
il y manque une vingtaine de lettres que nous pou-
vons restituer d'après le palmyrénien.
ARCHÉOLOGIE ORIENTALK. 91
On doit donc lire la première ligne, en corri-
geant la copie de M. Bertone , de la façon suivante :
TOMNHMeiONTOYTO(OKOAOMH]CINOrHAOCCAA
AMAAAAeOYTOYNeCAKAIIAP[l]B(OAeYCCAAMHCN
€CACMA€NAIOCOrHAOCKAIBAPCAAOCYIOI
Et la seconde :
AYTOY€ICT€IMHNeAYT(ONKAIYI(ONK]AIYI(i)N(ONK
AI6rrON(ON6ICTOnANTeA6C
. . . .(OCMHeEeiNAITINIAnAAAOTPIOIN
Quant à la troisième elle est tellement fruste
quon ne saurait en tenter la restitution. On dis-
tingue :
»iNITONTOIO:^TON6N6X6C»Wi1T(OTAM6l(OX6.
Ces derniers mots terminent le texte grec qui
n*occupait pas toute cette ligne; lespace libre est
rempli par le début du palmyrénien qui se lit très
distinctement :
N^3 ^1 n^T K13p Ce tombeau est celui qu'a buti
Les noms donnés par le grec s'étant presqu(î tous
déjà rencontrés en palmyrénien, il est facile de res-
tituer la partie de celui-ci correspondant à la pre-
mière ligne; il devait y avoir :
["•m^a •nyu?-)ni i*?''ayi '»:yDi nm'i t<lDbv^
92 JUILLET-AOOT 1898.
Je restitue au commencement du grec Ta fxvri-
yLfSov Totnb ^xoSôfÂti^crtv, parce que cesl la formule
(Vogué, P. 35) qui nous donne exactement le
nombre de lettres nécessaire pour remplir la lacune
dont la dimension est fixée par le début de la seconde
ligne, où la restitution s'impose.
La copie porte [<Ta]AMHCN6CHCNeCAC, vers le mi-
lieu de la ligne. Il y a là certainement une erreur
de copie. Après avoir écrit [CAJAMHCNeC, M. Ber-
tone a repris à la lettre H de 'SdXfiris et a répété
HCN€C avant la terminaison AC. Le nom est en effet
^éaas au nominatif, car nous avons Neaa au génitif
dans cette même ligne (et Wadd. , n"* aSyS). La
forme îiéafis serait également admissible, car nous
avons le génitif et laccusatif Necr^ (Wadd. , n"* 2 689) ;
mais c'est la transcription d un même nom palmy-
rénien i<m. Il ne semble donc pas possible d'ad-
mettre les deux noms îiécrfis ei,îi écras dans cette
généalogie, et nous préférons liéaas parce que, au-
trement, l'écriture as ne serait pas justifiée, tandis
que la répétition des lettres ijaves s'explique, comme
je l'ai dit, par un doublon.
La restitution que je propose du palmyrénien est
justifiée par des exemples tirés d'inscriptions bi-
lingues :
OrHAOC = 1^'»3y (Vogué, P. 70; Wadd., 2624).
ZAAAMAAAA0OC = n^D'?c;(Vogûë,P.7;Wadd.26o3).
N€CAC = NC;:(Eutmg, Epigi. MiscclL , n" io3).
IAPIB(0A€YC=K^i2nT (Vogiié, P. 2; Wadd. 2587).
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 93
Je lis Ïapt6ci^evs] de préférence à {api€ù}\[os] ; si
l'on voulait lire tap/êaiXo^, il faudrait restituer dans
le palmyrénien *?i2n")> , nom identique à celui du dieu
(Vogué, P. i5; Wadd., aSgS). — Cf. ci-dessus,
n" 12.
MAeNAIOC='»:yo (Vogué, P. ay; Wadd. 3609).
Quant au nom de BAPCADOC, c'est par conjec-
ture que je le restitue nytria, ce nom ne s'étant pas
encore rencontré. U y a ici une petite difficulté , car
M:fV est rendu en grec, dans ime inscription bi-
lingue, par 2^a^o$ (Vogué, P. a&).
^mia est la forme habituelle du nom pluriel avec
le suffixe du singulier (Vogué, P. i4, 36a, etc.).
On remarquera : 1 ° que le verbe palmyrénien est
au singulier: K23, bien que le sujet soit multiple;
plus souvent, dans ce cas, on a 12a ; mais K23 n'est
pas une irrégularité; 2** que les noms grecs au no-
minatif ne sont point reliés par la conjonction xaï
qui se trouve seulement devant le dernier (cf. ci-
dessus n"* 20); 3° que, selon l'usage constant dans les
inscriptions de Palmyre, l'article grec nest point
employé devant le nom du père, mais seulement
devant celui du grand-père.
J'ai dit que le début de la seconde ligne grecque
s'imposait. En effet , devant x]aï vloivoûv nous devons
mettre nécessairement iaan&v xa\ vlûv^ et ces génitifs
doivent être commandés par la formule habituelle
tU Tetpalv, 11 ne reste plus alors de place que pour
quelques lettres, ce qui nous montre que nous de-
94 JUILLET-AOÛT 1898.
vons lire [via] AYTOY. On trouve d'ailleurs une
formule identique (Vogué, P. 63) : ek reifxrjp aùrov
xa\ vlêv KO.) vloûvcjv eh rh igavTtkéi, Ici nous a>ons
de plus xai èyyov&v. En palmyrénîen tes expressions
sont rendues littéralement par la formule :
Wchyh coiTespond à $U rb itamtkés , mais le reste de
la formule varie un peu s^n la date des inscrip-
tions. (Cf. Vogué, P. 35, 36a, 63, 65, 67.) Il n'y
a pas dans ces formules de mot correspondant litté-
ralement à èyyàvoi.
Après iBrdu^T«>ii la copie présente une petite lacune
suivie de quelques signes que je ne puis interpréter,
puis vient la formule bien connue tbç (irl i^lvai tlvt
iiràkXoTpioîv (à restituer rptoOv?) « quil ne soit per-
mis à personne d'aliéner [ce tombeau] ».
Si l'on compare le nombre des lettres de la se-
conde ligne que nous avons transcrites (86) à celui
de la première ( 1 o3) , et si Ion observe que l'ioto, qui
occupe moins de place que tout autre signe , revient
1 4 ou 1 5 fois dans la seconde et seulement 9 fois
dans la première, on arrive à conclure qu'entre
tffavTsXés et cjs il devait y avoir de ao à 2 5 lettres. La
copie présente «Oil.CANIClYTOAlAION. U ne doit
donc manquer que six ou sept signes. Mais je ne
vois pas comment interpréter ce groupe. On serait
naturellement porté à y chercher la date , exprimée
par le chiffre des années et le nom du mois, car elle
ne semble pas pouvoir être inscrite ailleurs, la for-
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 95
mule de prohibitioD occupant lé reste de Tinscrlp-
tion. «Pavais aussi songé tout d'abord à restituer les
derniers signes en ces mots : $h rb diSiov, précédés
d'un verbe. En attendant une meilleure copie, je
laisse à de plus sagaces le soin de démêler cette con-
fusion.
Elnfin , la troisième ligne grecque contenait sans
doute la prohibition d'ensevelir des étrangers dans
ce tombeau y et fixait lamende à payer par les viola-
teurs , qui est de 5 deniers au profit du fisc. 11 n'y en
avait probablement pas d autre, vu l'espace occupé
par les fonnules. Dans les inscriptions nabatéennes
cpii contiennent des formules analogues, il y a gé-
néralement ime double amende : une au profit du
roi, l'autre au profit du sanctuaire du dieu sous la
protection duquel le tombeau était placé (cf. C. L S, ,
II, 199, 2o5, 206, etc.), et même parfois une
troisième au profit des propriétaires du tombeau
(C./. S., Il, Qoo). L'amende au profit du dieu ne
doit pas régulièrement se trouver dans les inscrip-
tions tumulaires de Palmyre, les tombeaux n'étant
généralement pas consacrés aux dieux ( cf. cependant
Vogué, P. 71 et 35[?]; Wadd., 2616); mais on
pourrait en rencontrer une au profit du proprié-
taire. Comparée avec le chiffre élevé des amendes
édictée» dans les inscriptions nabatéennes (générale-
ment 5oo, 1,000 ou même [n** 21a] 2,000 sicles
au profit du sanctuaire et autant au profit du roi),
la somme de 5 deniers, même s il s'agit de monnaie
d'or, semble bien faible. On serait tenté de supposer
90 JUILLET-AOOT 1898.
que le copiste a omis une lettre exprimant le chiffre
des dizaines , à la suite de 1*6 , ou qu il faut lire e
(=5ooo); mais ce n'est quune pure hypothèse.
Bien que les noms contenus dans cette inscription
soient assez fréquents sur les bustes funéraires, je
n'ai pu en identifier aucun avec ceux déjà rencontrés:
car les généalogies sont différentes. Je suis donc
porté à croire ou que le tombeau a été bâti vers les
derniers temps de la splendeur de Palmyre et n'a
pu être utilisé , ou qu'il est encore intact et n'a pas
été exploité par les Arabes qui font le commerce
des antiquités.
L'inscription ne donne pas la date, et la paléo-
graphie ne permet pas de la déterminer.
28
Je donne la copie de cette inscription sans cher-
cher à en restituer le texte , malheureusement fort
incomplet.
Faut-il restituer le début ...]A€I BACIAeWN ? ou
doit-on lire : BAC]IAei BACIA6(0N ? Cette dernière
restitution paraît matériellement plus probable ; car
la lacune, si la copie est exactement disposée, ne
permettrait pas d'insérer avant &i un mot comman-
dant le génitif pluriel. Les mots ^aaiket ^curikéanf
pourraient correspondre au palmyrénien jo^o ^Vd ,
titre donné à Odeinat dans une inscription de
l'an 27 1 (Vogué, P. 28), et alors notre texte ne sau-
rait être antérieur à l'an 26/i , époque à laquelle Gai-
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 97
lien reconnut lautorité de ce prince. En 260, il ne
portait encore que le titre de roi (cf. de Vogué,
Syrie centr., Inscript, sémit., p. 36). — Mais à
Palmyre , les inscriptions honorifiques connues jus-
qu'à présent débutent avec le nom du personnage à
l'accusatif.
A la seconde ligne de la copie, vers le milieu, on
lit les noms :
Le dernier mot de la quatrième ligne visible sur
la copie est peut-être <TeiÀ]voTaTiis ou XafxwJporaTv^.
Dans notre hypothèse, il serait question deZénobie.
Julius Aurelius pourrait être le personnage men-
tionné dans une des inscriptions de Tan 26 j (Vogué,
P. a6, Î27; Wadd. , 2609, ^610) ou de lan 265
(Wadd., 2608). Mais ce sont là de simples con-
jectures.
29
La dernière inscription inédite recueillie par
M. Bertone est aussi fort maltraitée : la moitié en-
riron, du côté droit, a disparu à peu près entière-
ment, et, comme l'inscription est bilingue, la fin des
lignes grecques et le commencement des lignes pal-
myréniennes se trouvent enlevés.
Il est possible néanmoins d'identifier le person-
nage, et par là même de se rendre compte de
l'étendue de la lacune.
iir.
larmiasmim ■tnoBAi.B.
98 JUILLET. AOÛT 1898.
Le texte grec comprenait au moins huit lignes.
La copie nous présente le début et la fin ; mais elle
peut avoir omis une ligne intermédiaire. Ce qui me
porterait à le croire, cest que le texte palmyrénien,
généralement plus court que le grec dans ces sortes
d'inscriptions , occupait au moins huit lignes , comme
je le dirai plus loin.
Quoi qu'il en soit, la première et la seconde ligne
de la copie fonnent certainement le début de l'in-
scription et doivent se restituer ainsi :
1 . I AAAAIO N eAI M [APCATOVeAI M HTOY
a. MOKIMOYTOY[rABBA avvoltàpxvv ^
La restitution des noms propres est certaine ; celle
du titre de « chef de caravane » est probable. Notre
personnage nous est en effet connu par une inscrip-
tion du mois d*avrH de l'an igS (Vogué, P. 6;
Wadd., n° 2 896). Cette inscription est relative à
l'érection d'une statue, faite par le peuple et le
sénat de Palmyre, en l'honneur de Taimarçou,
chef de caravane, et de ses deux fils Yaddaios et
Abdibolos. II est probable qu'en l'an 211, date de
notre inscription , Y'addaios avait succédé à son père
dans ses impoitantes fonctions, et avait mérité
d'avoir sa propre statue qui lui fut érigée par les
marchands de sa caravane. C'est h. cette statue que
se rapporte notre inscription.
Je ne puis interpréter les lignes 3-6 de la copie ,
où on lit :
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 90
3. TWNeMnOPWNKAI
4. AYTOICnANTAXO
5. KAIOYOAOIAINANHC (!)
6. AYTOYCKOYOrCA
Chaque ligne devait avoir environ 2 5 lettres,
comme on le voit par la restitution des premières.
11 semble qu'à la cinquième on doive lire le nom
de la ville de Vologésias [ÙXoyecrias) qui était le but
des caravanes de Palmyre (cf. Vogué, op. cit. y p. g;
VVaddington, Recueil, p. Sgy).
La septième ligne se restitue avec beaucoup de
vraisemblance , et la huitième avec certitude :
7. KAT6 ABOYC I CY N A Y 7(0761 M HC
8. KAPINe70YCBK*M6Nr O. .
Quant au texte palmyrénien , il faut restituer au
début le nom du personnage et sa généalogie. La
première ligne de la copie commence par les mots :
La première lettre est la fin du nom de Gabba , et
il faut lire , d après les formules analogues qui nous
sont connues et en restituant une première ligne qui
a été omise entièrement sur la copie : • • • •
nh n^j>H n «[223 -id lo^^pD na ND>n • '
;•
100 JUILLET-AOÛT 1898.
Tout le reste est pour moi indéchififrable , excepté
la dernière ligne où on lit la fin de la date :
113— »/3r\[i]^ Dxxïi n[i]c? Année 622.
C'est-à-dire Tan 2 1 0-2 1 1 de notre ère.
Outre Tinscription de la statue du père de Yaddai ,
nous avons aussi ime inscription religieuse, publiée
par M. de Vogué (P. 98), dans laquelle notre per-
sonnage est mentionné. C est un autel consacré par
*Ala , sa femme.
L'inscription, assez mutilée, est ainsi restituée et
ti*aduite par M. de Vogué :
n"» H^n '?y[i '•n]i['»n] ^y Ksn
n*?y3 ND'»n ix-)D'»n i3
. . .n:[c? . . .HT*? y]t?[n] dv
Cet autel a été fait et consacré à celui dont le nom est
béni dans féternité, par ^Ala, fille de Zebcida, fds de
*Athai , médecin , pour son salut et le salut de laddaï, fils de
Tiiaimartso , fils de Thaimé , son mari , et pour le salut de
leurs enfants, à toujours. Le g* jour du mois de
année
A la ligne à il faut restituer, avec le suffixe fémi-
nin : ^y[i n]''[n] *?y
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 101
Quant au nom du grand- père de *Ala, qui est
écrit , en effet , dans la copie de M. Waddington >yny
KD'i et que M. de Vogué interprète, en faisant des
réserves : « *Athai, médecin », je suis porté à croire
que M. Waddington a commis une faute de copiste
en prenant un ^ pour o/, et que la pierre portait
iiy\i^y « *Atehrepha » , nom propre composé
comme KDiia «Borrepha», *?iaND") «Rephabôl», et
dont le sens serait « *Ateh a guéri ». Cette conjecture
a lavantage de faire disparaître de fonomastique ia
forme "^yny qui ne se rencontre nulle part ailleurs et
dont l'interprétation philologique est très embarras-
sante; mais on peut lui objecter, à son tour, quon
se serait attendu à lire KD^ny (comme apyny).
D'après les deux inscriptions dont nous venons
de parier, M. de Vogué a dressé ia généalogie de
notre personnage [oavr. cité, p. 12).
IV
ORSERYATIONS
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS PALMYRENIENNES
DÉJÀ PUBLIÉES.
Le prince Abamelek Lazarew vient de publier à Saint-
Pétersbourg ( 1 897 ) , en langue russe , un ouvrage intitulé Ge-
rasa contenant le récit d'une exploration archéologique des
ruines de Tantique Djérache.
On trouve dans cet ouvrage ( pi. XVI et p. 5 1 ) la repro-
duction phototypique de six bustes palmyréniens qui sont
depuis longtemps à Baalbek et dont les inscriptions ont été
102 JUILLET-AOÛT 1898.
publiées une première fois par M. Pognon ( Revue tVaujTÎo-
logie, t. 1 [i885], p. 76 et suiv.) d'après les monuments
mêmes, et ensuite par M. En\lng{Epigraph, MiscelL, n" 28-
36) d'après des estampages imparfait^. Les reproductions
du prince Abamelek Lazarew permettent de compléter ou
de modifier quelque peu les lectures proposées. — Voici les
observations que leur examen m'a suggérées.
1, M. Pognon (n* 1) a lu la première inscription :
KD33^ 'Absa
DiVcn et Saloum
Xnn^< sti femme.
San Hélas.
D après la photographie , il faut lire à la quatrième
ligne nnnx « sa sœur». Le n me parait certain; le n
final, qu exige Torthographe , est un peu douteux; il
se pourrait que le iapicide ait mis un x par erreur.
L'inscription est gravée entre deux bustes en pied,
et la disposition générale des personnages est celle
qu on retrouve sur les monuments d'enfants en bas
âge, ce qui suggérait déjà la lecture que je donne
d'après la gravure.
2. Pognon n* 3; Euting n° 33. — D'après la
photographie on lit seulement avec certitude :
IdVd Malkou
ns^C Sa'dai
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 103
I^e nom de la première ligne n'est certainement
pas Malkou. On distingue très nettement dans ce
nom un ^ el presque certainement un K; les autres
lettres sont douteuses : la première doit être 3 ou D.
11 ne faut pas oublier que Tinscription est gravée
h côté d'un buste de femme, et encadrée dans une
moulure la reliant à ce buste. Or Malkou ne s est
jamais rencontré comme nom de femme. En réalité,
la photographie présente cette lecture MJ||MJ|î(2i •
Je soupçonne qu'après le dernier T il y a un n dis-
simulé par la coifibre.
3. Pognon n* 4 ; Euting n"* 36. — Le texte porte
très distinctement :
Le premier nom , dont il ne reste que la dernière
lettre entière , paraît être w^ comme dans Tinscrip
tion n® 1 . — Ce serait une variante du nom >D3i?
qui est transcrit en grec [génît.] kSmo'éov (Euting,
Epiqr. MiscelL n' io3.) — On aurait été tenté de
le rapprocher de À^f^aTo; (Wadd. sSSa); ce dernier
répond peut-être à ^nD^ (Euting, hc. cit. y n** 109).
La seconde ligne est d'une lecture absolument
certaine; il ne peut y avoir de doute que sur la va-
leur du signé M^ qui est n ou n. Euting lit ^m3")^Dl
104 JUILLET-AOÛT 1898.
a prix de ma souveraineté ». Je ne sais si cette éty-
mologie est acceptable. Le buste est celui d*un homme
et l'incription est complète. — Voir lobservalion
suivante.
4. Pognon 5; Euting 28, 29, 3o. — Ces trois
inscriptions sont gravées à côté de trois bustes
dliommes sculptés dans le même bloc de pierre. La
première a été lue correctement par Euting (n* a8) :
1S*)D^n San Hélas I Taimarçou,
^13131 12 rds de Zabdibôl,
ma son fils.
Dans la seconde , Euting (n** 29) a lu, avec doute :
Vmaî Van
Mais la pierre porte distinctement , comme la co-
pie de M. Pognon :
^-\3^\3\^a)\ S1313T bn
L'inscription est complète, à ce qu'il semble.
Gomme nous avons le nom VkdVd sur la troisième
inscription , on est porté à croire que le groupe ^dt
(ou >Di) forme un nom à lui seul; par conséquent
le groupe si étrange ^nm^DT pourrait former deux
noms ^DT et ^nui. Ce dernier serait pe\it-être à rap-
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 105
procher de rs"), en latin : Rubatis (dans la première
inscription palmyr. d'Afrique); et ^DT correspondrait
assez bien au nom Aaiifioua (Wadd., 2^58)^
La troisième épitaphc a été parfaitement iue par
Euting (n* 3o):
13 Vkd^d Van
Cette lecture est absolument certaine d'après la
photographie, et c'est uniquement par conjecture
que M. Ledrain, dans son Dictionnaire des noms
propres pcdmyréniens , p. 34 . a omis ^^<^VD, en le rem-
plaçant par le nom bien connu VssVd, MaXdj(jSii'kos ,
sous prétexte qu Euting avait mal lu. Les noms for-
més avec hn ne sont cependant pas si rares en pal-
myrénien. Ex. : Vîosd , ^HD , Vkdt , etc.
5. Pognon 6; Euting 3i, 32. — Cette inscrip-
tion est en écriture cuirsive. L'examen de la photo-
graphie me parait confirmer la lecture de M. Po-
gnon:
iU523 WDD Sama,
y^M^ ni3 fiUle de
'Ui^XrtJJ lO^PO Moquimou.
^il)\ ^3" Hélas!
* D. H. MûIIer, Palmjr, Inschr, , n" i , donne une inscri[)tion qui
débute ainsi : K^n^T ^3 (ou KQI) ^<D^; ce qui confirmerait notre
conjectore. — D rapproche la forme HlDl du nom talmudiquc
lOG JUILLET-AOÛT 1898.
^<DD ne se rencontre pas ailleurs dans les inscrip-
tions de Palmyre.
L'autre inscription n'a pas été traduite par M. Po-
gnon, et n'a été lue qu'incomplètement par M. F^u-
ting. D'après la photographie , il faut lire :
Haba , fils de
'Ate'aqab» — Taimé , »on fils.
Cette inscription se rapportait au buste du mari
de Sama, qui a été séparé de celui sur lequel elle
est gravée. L'expression : « Taimê, son fds », est jus-
tifiée par la présence d'un buste d'enfant sculpté
dans le même bloc, à côté de sa mère.
Comme la pierre est cassée à la hauteur même
du sommet des lettres de la première ligne, il se
peut que le début manque; et même il est possible
que la lettre qui semble être un ^ dans idH (nom
qui ne se rencontre pas ailleurs) soit un D dont la
tige ait été emportée. On aurait alors le nom bien
connu : x^n , en grec [au génitif] AXS. (Euting, Epigr,
MiscelL, n" io3.)
Au cours de difFërentes études sur les inscriptions de Pal-
myre en vue de la préparation du Corpus Iiiscriptionum Semi-
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 107
ticaram, j*ai noté ça et là un certain non^bre (Inobservations
ou de corrections se rapportant à des textes déjà publié?.
J'en placerai ici quelques-unes.
6. Euting. Epigr, MiscelL, n° i a. — Les lignes a
et 3 paraissent devoir se lire :
ra K^ . . . • . ya » fille
ï<DpK n de Aqmé.
Cette forme du génitif, à la manière syriaque , s'est
déjà trouvée en palmyrénîen dans une inscription
du Louvre où on lit :X^p1^ ^1 m3K « père de Lucilla »
(Clermont-Ganneau, Recueil d'ai^chéologie or., t. I,
p. 3oo). Cf. ci-dessus , Inscript, n" i .
7. Euting, Epigr. MiscelL, n* i8. — En exami-
nant attentivement la copie, je crois qu*on peut lire
entièrement cette inscription, de cette manière :
iUioyt V^H «D'T Van Hélas! Taimé,
iUi/yV/ >^\3 aps^nynna fiUede Ate'aqab,
yi^\y [^{l[\] ^\3 '"If^^^T 13 fils de Zabd'atôh ,
iiJViV/ ^\3 ^V^^^ "^3 ^il« ^e 'Ate'aqab ,
c "a
La troisième ligne seule me parait un peu dou-
teuse; mais elle est presque certaine d'après Tinscrip-
108 JUILLET-AOÛT 1898.
tion n"" 19 d'Ëuting, qui se trouve dans ie mc^me
tombeau et qui se lit :
Je croirais volontiers que le mot lai a été répété
ici par une erreur du peintre; car ces inscriptions
sont peintes en rouge sur les parois du tombeau.
8. Euting, ibid., n" 7. — La dernière ligne se
lit conformément à la copie : i>K m^3 «au mois
de Yâr » (et non Adar).
9. Euting, ibid., n" 8. — Cf. ci-dessus, p. 7^.
10. A. D. Mordtmann, Neae Beitràge, n' 4. —
La lecture de la copie doit être maintenue :
/:il>^yM^ nnsna Bar'ateh
^M^ ma son fili
11. Mordtmann, ibid., rf i3. — Cf. ci-dessus,
p. 76.
12. Vogué, P. 5 1 . — La copie de Wood (n* xii)
donne très distinctement, pour le premier nom :
X^nD^<. Ce nom est connu (Mordtmann, n® 3). On
peut en rapprocher, comme formation, le nom bi-
blique Kn^^ (I Chron., vm, 16; xi, 45); et aussi le
nom palmyrénien ^<^D^n qui se trouve vraisembla-
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 109
blement * dans une inscription récemment publiée
par M. Ciermont-Ganneau [Études d' Arch. or., t. II,
p. 58).
13. Vogué, P. 98. — Cf. ci-dessus, p. 100.
14. Vogué, P. 124 a. — La ligne 5 de cette in-
scription doit être coupée ainsi :
Car comme je lai dit plus haut (p. 98) au grec
laptëoiïsvs (qui se trouve dans la partie bilingue)
correspond le palmyrénien x^ian*^^ et non ^I3ni\
H en résulte que le nom suivant n'est pas ^<^D3X;
mais kVd3, qui est plus voisin des noms auxquels
M. de Vogiié comparait X^Dax, et qui est identique
au nabatéen iVd3 (Euting, Sinaii. Inschr., i3, 274).
La forme K^D3 est même très probable dans une in-
scription du Sinaï (Euting, 343 a).
1 5. Inscription du Capitole. — L'inscription bi-
lingue du Capitole, publiée autrefois par Fabiani
(Bu//, délia Comm. arch. com. di Roma, 1878) et citée
par Wright ( Trans. of the Society of BibUcal archeo-
lo^t t. VII, p. I, 1880) a été lue ainsi :
* Cette conjecture est rendue certaine par la publication du fac-
similé de M. D. H. Mûller, Paln^, buchr., n" ^3. — Voir ci-après,
Obaerv. n* 87.
110 JUILLET-AOÛT 1898.
D.M. Il HABIBI. ANNV || BATHI.F. PAL | MVRE-
NVS .V . ANIS I XXXII . M . V . D 1 XXI . FECIT .
HERES . FRATER
San n3ix ^dSd
Dans celte transcription la forme ^dSd , qui ne s est
pîts encore rencontrée ailleurs, que je sache, est au
moins très douteuse. Pour moi, je suis porté à lire
la forme habituelle : idSd; 1 écriture est cursîve (voir
le fac-similé donné par Fabiani), du genre que
Wright (foc. cit.) appelle hauranite, et le waw, serait
de même forme que celui qui est dessiné dans le fac-
similé de mes inscriptions n°* 2 et 1 4 (voir ci-dessus).
Cette remarque n est pas sans importance , eu égard
auK déductions qu'on peut tirer des terminaisons,
relativement à la prononciation.
16. Schroeder, Neue Pcdmyr. Inschr.^ n"5. {Sitz.
d. Akad. za Berlin, i884). — Il faut restituer au
commencement de la seconde ligne le nom de ^lur^
« *Ateh est ma lumière ». La forme nUDy s'est déjà
rencontrée plusieurs fois (G. Hagemans, Note sur
trois bustes funéraires de Palmyre, dans les Ann. de
la Soc. d*arch. de Bruxelles. , t. IV, 1 890 ; et Ledrain ,
Rev. d'Assyr.et d'Arch. or., t. II, p. làà). Cf. Cler-
mont-(janneau , Études d*Arch. or,, t. I, p. 108.
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 111
Au moment de donner le bon à tirer de cet article , je re-
çois de M. D. H. MûUer un travail intitidé : Palmyrçnische
Insckriften , publié par lui dans les Denkschrijïen der KaiserL
Akademie der Wissenschafïen in Wien (Phiios.-hislor. Cl.,
B. XLVi). Ce mémoire est accompagné de trois planches plio-
totypiques exécutées diaprés les estampages du D' Aloïs Mu-
sil , (|ui ont servi de base au travail de M. MûUer. Toutes les
inscriptions apparaissent sur ces planches avec une telle net-
teté qu il est évident que les photographies ou les estampages
ont été notablement retouchés*. On est donc en droit de
mettre en suspicion certaines lectures étranges. Néanmoins,
en prenant poar base ces planches telles qu* elles sont, je
crois pouvoir fonnuler les observations suivantes : les unes
pour rectifier des lectures absolument fautives; les autres
pour suggérer quelques conjectures dont l'exactitude pourra
être confirmée ou infirmée par Texamen des estampages.
17. D. H. Mûller, Palmyrenische Inschriften,
n** a . — Le nom de xs^ia ne se rencontre pas « pour
la première fois»; il se trouve dans deux inscrip-
tions publiées par M. Clermont-Ganneau*^ (dont les
travaux paraissent inconnus de M. Mûller, aussi bien
que le Journal asiatique), dans une inscription pu-
bliée dans le Palestine Explor. Fand Statement, 1891,
p. 27, 3 ] 2 , et dans une autre publiée par M. Drouin
dont larlicle est cité par M. Midler (p. 7).
^ Je puis d'autant mieux l'affirmer que les estampages de plu-
sieurs de ces inscriptions m*ODt été communiqués l'an dernier par
M. Ch. Fossey, qui se réservait de les publier. Malheureusement
M. Fossey est actuellement en Orient, et je ne puis avoir commu-
nication de ces documents.
* Études d'archéologie orientale, t. V, p. 107 et 110. Ces in-
scriptions sont datées et appartiennent à la même famille que celles
publiées par M. Mûller sous les n" 3 et i5.
112 JUILLET-AOÛT 1898.
18. MûUer, ibid. , n" 3 a. — M. MûHer lit el tra-
duit :
^3n Hagai
ma fille de
]l^^'i Sërûdan
San Hélas !
Il me parait difficile de voir sur la planche un s
dans la première lettre de la troisième ligne. Je
lis : pnn, Hadoudan, nom qui serait peut-être à
rapprocher du grec tlSéSavris (Wadd. 2i3o). Le
nom existe (Vogué, P. 66), et Mordtmann a con-
firmé la lecture du n au commencement [Neae Bei-
tràge, p. Sy).
19. Mûller, ibid., n" 5. — L auteur lit et tra-
duit :
13 pnO Manon , fils de
Sûnl^K Elâhbêl
Van ]1^n Hairân. Hélas!
nma yn Riyya , sa fille ,
m3 133n Haggâgo". son ^Is-
Si Tinscription accompagnait trois bustes , on pour-
rait admettre cette lecture. Mais, dans le cas con-
traire, je proposerais de lire la quatrième ligne : n
nS 133^ «qua fait pour lui» Haggagou, son fils.
Lavant-dernière lettre, en effet, nest pas absolu-
ment claire sur la planche. M. Mûller rapproche la
forme yn de Vayn'». J'ai dil plus haut (Inscript.
n"* 1 1) quil ny avait aucun exemple certain de re
dernier nom.
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 113
20. Muiler, ibid., if 6 a et 6 b. — L auteur lit
et traduit :
48o n:c m« n-^^a V-
Image de Yarhai , fils de Malèkou , iUs de Yarhai Hai[rânJ
... .au mois de *Adar de Tan 48o (mars 169).
Avant le h de la seconde ligne, il ne parait y
avoir de place que pour une seule lellre, et Ton voit
assez distinctement les traces d*un H ; je crois donc
que la première ligne est complète et quil faut lire :
"JKlhn ^ni^ i3--« fils de Yarhai [fils de] Hayêl ».
*?x^n , Hayêl , esl une bonne forme de nom propre ;
comp. le nom biblique : ^K"»!!, I Reg. , xvi, il\.
21. MùUrr, ibid., n* i4. — La lecture K^nv pa-
rait bien douteuse; la lettre prise pour un b na
point du tout la même forme que dans les mots D^s
et ^n. N'aurions- nous point le nom ^<^^n3^ (ou
KD^ns^) qui revient dans les inscriptions i6, 21,29?
22. Mûlier, ibid,, if i5 (lignes 1-6). — L'au-
teur lit et traduit :
mnn Hadîrat-
I 13 KHK Alla, fils de
Knbl3 BôUia,
J3^"»3 13 fils de Bar an ,
I nlnyiST 13 fils de Zabdatê.
1 ^3n Hélas!
A la quatrième ligne, il faudraitpeut être lire, en
corrigeant légèremenl la copie : Kyi3, comme au
XII. 8
114 JUILLET-AOÛT 1898.
n° '1 , où nous avons précisément un nnyi3T 12 xyiz.
— H est difficile de voir ici un ] final , lié par la
base au y précédent.
KHK n'est pas nouveau; cf. ci-dessus (Inscript.
n"» i6).
23. Mùlier, ibid,, ïf i6. — L'aulcur lit et tra-
duit :
obs Statue de
Vhn Halyii
ni2 fille de
^17* . . . .louf
hlU Hélas I
La forme obs montre que nous avons affaire à
une statue dliomme; il faut donc, i\ la troisième
ligne, lire 13 et non ms, le dernier signe, qui n'est
peut-être pas un n, doit être relié au commencement
de la li'^ine suivante.
Vin est peut-être à rapprocher du grec AXeio$
(Wadd. iôio), puisque xSn = AXa (Euting, Epicjv,
Miscell.y xf io3).
NDTi:? ou KDTiy? Quelle que soit la lecture qu on
adopte pour le nom palmyrénien dont Tavant-der-
nière lettre est incertaine, il ne saurait répondre au
grec Yàiiiyï]^, Outre la difficulté de rendre EtJ par
un y, il faudrait un û pour répondre au t. Nous
avons d'ailleurs très probablement la transcription
du nom l^vvj^^'ns dans : NDtDiX (Eut., ^pigr. Mise ,
rf io6, et ailleurs).
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 115
24. Mûller, ibid., n* ai. — L'auteur lit et tra-
duit :
ms 13n Hagar, fiile de
nb KD-)13 Borrefa', fils de
bln K[C?]ny *Atte»a. Hélas!
La lecture KCny parait ici improbable ; si la re
production est fidèle, la troisième lettre avec une
haste recourbée au sommet ne peut être un v ; nous
avons probablement ici KD^n2^ , le même nom qu au
n"* 1 6 , ligne 5 , et au n" 23.
25. Mùiler, ibid., n° 26. — H72H s est déjà ren-
contré, aussi comme nom de femme ci -dessus (In-
script, n" 10).
26. Mùiler, ibid., if 33. — L'auteur lit et tra-
duit :
bn Mêlas!
"ID^D Malôku
32?K 13 fils de Asag.
La première lettre du dernier nom que M. Miïi-
Icr prend pour un X de forme particulière est très
probablement un "i. Je lirais volontiers "^Vi "13. Nous
avons déjà un "ïD^ 13 ^^i (Vogué, P. i36).
27. MùUer, ibid., n" ia. — Au sujet de Tin-
scription de Constantinople, voir Clermont-Gari-
neau, Études d*arch. or. , t. I, p. 129.
28. Millier, ibid.f tf 43. — Cette inscription a
s.
116 JUILLETAOÛT 1898.
déjà été publiée par M. Clermont-Ganneau, Études
i'arch, or., t. II, p. 55 ^
Lignes 2 et 4 1 au lieu de KSC\") , il y a très dis-
tinctement sur la planche ^<^D''n .
Pour la forme ^<XD^n, lauteur compare les in-
scriptions Vogué P. ^9 et 33 6. Il est assez probable
que dans Tinscription Vogué P. Ag, le dernier mot
de la première ligne est à compléter : [iX^jD^n, et
non : [XX]D^n. — Schroeder [Neue Palmyr, Inschr,,
n"* i) a un ISiDTi 13 ]vh^ dont la généalogie et la
date paraissent s'accorder avec les personnages de
cette inscription. — Dans Tinscription Vogué P. 33 6 ,
on peut lire aussi bien ^<^0^n que ^<SD^n ; d'après la
généalogie on s'attendrait à IX'iDT , et Tépithète K3i
semble demander ce nom.
^<^D^n paraît être pour ^D^n -f- Kn, Taimi vixii (ou vi-
vii)^. L'existence certaine de cette forme me conduit
à une interprétation analogue pour le nom de
OT*'?'i3 = bi3+xn Bôl vixii. M. Ledrain [Dict. des n.
pr. Palmyr. f p. i3) avait proposé bi3+K:n «celui
* Les n"* i3, 2 1 et 27 de M. Mùller ont été aussi publiés par
P. Jaussen dans la lievne biblique (1897, n** i), bien que lauteur
ne l'indique pas.
* Clermont-Ganneau (Études, II, 58) semble préférer comme
étymologie ^D^H-f-KriN; le second élément serait le substantif
XriK «frère». Un élément verbal semble préférable. D.; plus il fau-
drait sup|)oser l'élision dt^ deux lettres ; et il est à noter que le sub-
stantif KDX entre babituellement en composition avec le suffixe,
sous la forme ^DK. — L'élément verbal est manifeste dans /X^Fl
(ci-dessus, Obs. n* 20). Si la form^ 7l3Xn existait et n'était pas
une pure imagination d ; M. Ledrain [Dict. des n. pr. palmyr., p. 24 ),
elle suffirait à démontrer ngtre liypotbès?.
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 117
que le dieu Bol favorise», et son opinion avait été
universellement réprouvée à juste titre; on admet-
lait génémlement celle de Wright [Proceed. Soc. BibL
Arch., nov. i885) qui expliquait le nom par
Vl3 + Kn^ n Bôl efface [les péchés] » ; mais 1 assimilation
d'un h est inadmissible dans KnD^n. D après cela, la
très ingénieuse conjecture de M. Glermont-Ganneau
(Rec. JtarchéoLf II, p. 83)qtii proposait de corri-
ger K(i)MA en BCJAAA , dans Tinscription bilingue
(Wadd., n" aSyS; Eut., Epigr. Mise, if 102), se-
rait peut-être à modifier légèrement; au lieu de
B(a)AAA, ne faudrait-il pas restituer BCJAAA?
^3a n est pas « un nom nouveau » ; j ai publié
(ci -dessus. Inscript, n"* 1 1) le buste d'une femme
de ce nom. Il n'y a aucune raison de lire ^d: .
La copie de M. Glermont-Ganneau donne 4o6,
pour la date.
29. MûUer, îbid., n' 65 a. — Le nom de DD^n
s'est déjà trouvé (cf. cî-clessus. Inscript, n"* 8) comme
nom de femme.
30. MûHer, ibid., n" 45 6. — Le premier nom
est probablement K^y (Vogué, P. 98).
31. Mùller, ibid., n' 46. — Gette inscription
est la plus importante de celles publiées par
M. Mùller; nous en donnons ci-dessous une repro-
duction.
118 JUILLET-AOÛT 1898.
L auteur lit et traduit ainsi :
•
N^DC? ^y ^^y n:x "«nD KDpcr 7
"•n xSapD n:T x-no^N 8
-)5n Î03 bapD '»i KmvD 9
13 ND-^n 13 jyw nam 10
1:3^1 Mun^i n*? na3N n
b^v nb nom "«t n^ii^a 12
13 K^-iincry 13 vi2vh m3 i3
DDn n:D 11^ n-r^s '*7K'»nD 14
•y3iKi nKC i5
[ I ] Dièse Tirahliôlile des Hauses fur die Ewigkeit maclite [a]
Sèliiël, Solin des *Astorga\ Solmes des 'Us, [3] Solines des
Lisiues, Solines des Lisiiies. Sie liât zwei [à] Sykonioren ,
die eine redits, wenn du [5] eintriiisl an dem neuen gegen-
ûherliegenden Kingang. [6] IJnd Zebeidà, wSohn des Ma*n,
Solines des Bèlnùraté, [7] eine Svkoniore, wenn du eintrittst
von links.
[8] Dièse Exedra, gegenûberliegend der [9] (Cirab-) Hôble,
die vor dem Tliore [sicli hefuidet], gruh [10] und hôlilte
aus(?) âau'àn, Sohn des Taiinà, Sohnes [11] des Abgar, fur
sicb und fur seine Kinder und die Kindes- [12] kinder sei-
ncr geliebten Segel,[i3] Tocliter des Lisines, Solines des As-
torga*, Sohnes [i/i] des Sëhiëi. Im Monate Adar des Jahres
fûnf- [i5] hundert vier.
■}l^'-j^-'^-'l^.fi3!'i^' ■.■■■^,rt'- V^''-'' "^-i
;Mêk^^^^^-^<^MiM ^ ■
B^g^J^l^^^^sp^^^^^J
B^^^^^^^^^aH|
^^^3
l^^^^^^^^l
l^^^^^^H
^^^^^^
HJ^^ffîH^^^^^T^P
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 121
Voici quelques observations au sujet des lecture»
proposées par Fauteur :
Ligne 2. Le dernier nom parait bien être my , que
M. MùHer propose d'ailleurs comme conjecture.
Ligne 3. ]T2pV, sing. KDplî; (1. y) me parait in-
vraisemblable, du moins avec le sens de «syco-
more». — Il est à remarquer que, dans cette in-
scription , les lettres D et p ne peuvent être distinguées
(]ue par le sens des mots; il y a des D plus larges que
certains p . On est donc autorisé à lire KDpc; , ou KCDc;,
ou KpCCTi ou Kppcr. C'est cette dernière lecture que
jadopterais. J'ai songé à la rapprocher du syriaque
|nn^ « inielle , voie étroite » . dimin. : JLirififia ;
Thés, syr,, col. A^So), chald. KppC^; mais il y a
une difficulté, car ce mot ^ppv est masculin dans
les autres dialectes, tandis qu'il est ici féminin. D'un
autre côté on a en syriaque le mot féminin JL&a,
■ sarcophage» [Thés, syr., col. 4 a 83) dont l'étymo-
logie est incertaine. Cf. aussi le néo-syriaque ^ojdqa.
■ trou » ou « fissure » ( Thés. , col. kioà), arab. ^ytû ^
Quoi qu'il en soit de la lecture et de l'étymologie,
il semble bien que le mot qui termine cette ligne a
à peu près le même sens que K^nDia dans l'inscrip-
tion 62 de M. Mûller, c'est-à-dire celui de bcali,
* L*arabe 3^ signifie • partie d'un tout, moitié d'une chose». —
On aurait pu encore songer au mot féminin. JLda « employé dans
le sens métaphorique de • partie, aile, côté», mais il vient d'une
racine plC^.
122 JUILLET-AOÛT 1898.
OU lieu de sépulture, et na rien à voir avec le syco-
more. — L*un des constructeurs a creusé deux par-
ties du tombeau situées sur la droite en entrant,
Tautre une partie située à gauche; la partie du fond,
en face, appartient à un troisième (1. 8 i5) : tel est
le sens général de rinscriplion. Il est à remarquer que
les généalogies ne permettent d'établir directement
aucun lien de parenté entre les trois constructeurs.
Ligne 5. Il faut lire : N'73piD Nmnxi bb:: « et
lautre en face », ce qui donne un sens très naturel.
Le « très intéressant mot xd » est h bannîrdu lexique
palmyrénien.
Ligne 6. Au lieu de nnyn:bl3 (qu il faudrait du
moins traduire Bôlnourateh et non Bêlnoaratck), je
soupçonne que la ligne se termine par n^. Par analogie
avec la ligne 3, où le dernier nom est suivi de IVx-
pression }pp^ nb, nous devons nous attendre à avoir
ici Nppc; rh. — ym:bl3 quon pourrait à la rigueur
tirer de la racine yi\ paraît assez insolite; un bon
estampage pourra seul nous apprendre s'il ne faut
pas lire : n^ nu^ia, ou plutôt nu^ia. Cette dernière
forme serait à rapprocher de ^3"nj (Clermont-(îan-
neau. Études, I, p. io8), et del^n^py; cf. ci-dessus,
Observ. n° i6.
Ligne 8. Noter que le mot Nn"iD2X = ())yÇe^pa, est
masculin en palmyrénien.
Ligne 10. Selon M. Mùller, le premier mot doit
ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 123
être à peu près synonyme de nsn. Je n'en crois rien.
Au lieu de nam, il doit y avoir sur la pierre n3î:i
a creusé « et a orné ». Les tombeaux palmyréniens
étaient parfois richement décorés et on emploie le
mol Kn'*Mn pour désigner leur ornementation (Vo-
gué, P. 65). L auteur a ici confondu les lettres n
et S, comme au n® 3a. (Observ. , n** i8.)
Ligne 12. L'expression noni s'est déjà rencontrée
(Vogué, P. 67). 11 s'agit sans doute d'un terme de
parenté (sœur utérine, ou fille de l'épouse, née d'un
premier mariage ?)^
' lorsque je communiquai ces observations à rAcadémie des
Insrriplions et Belles-Lettres (séance du 26 août 1898), M. Cler-
niont-(i anneau ajouta quelques remarques :
1" Pour confirmer la lecture NppC^, avec le sens de salle fuiié-
nïrv ;
1" Pour expliquer la disposition du tombeau qui doit (^Ire connie
ainsi , selon lui :
nn
'• Nppt? adroite (ligne 4);
a» NppC? en fa<^c (ligne 5);
3. XppC; à gaucbe (ligne 7);
4. N-nODN (l»gn>* 8).
Celte conception est de beaucoup préférable à celle que j'exposais
plus baut.
y Pour dire qu'il considérait rcm comme une forme verbale
dont le sujet serait âegel. 11 proposerait de lire aux lignes 11-ia :
le serfs serait: «pour lui, ses enfants et ses petits-enfants, selon
que Segel lui en a fait la faveur»; c'est-à-dire si»lon l'autorisation
qui lui en a été accordée par âegel, à titre gracieux. — Le inciiie
sens serait à donner au mot riOm dans l'inscription Vogué, P. 67.
124 JUILLET-AOÛT 1898.
LE DIALECTE DE MAXULA.
GRAMMAIRE, VOCABULAIRE ET TEXTES,
PAR
M. PARISOT.
(suite.)
VOCABULAIRE.
1. Le Ciel, les astres.
M
alo « Dieu » |oi!^ par l^arabe ^^\ . La chute du oi final se jus-
tifie par les dialectes des Tyari , de Tkliuma , de Salamas ,
d'Urmia (Mclean, V. s,, p. iSg).
smo, pi. smoyâ «ciel» I^^Joa..
simsâ « soleil » lisaJi . Pal. 1am*a. .
hablô l-sim$a « les rayons du soleil » IL^ .
5 sahrà «lune» ]ioA, Targ. XiqO (Pal. lioii).
fyiwkàhlà, pi. fyawkbô «étoile» JL^âad.
fyiwk^ahtâ sarrat « une étoile a passé ». ;^ ( »;'4^ « planète »),
83, p. 483.
tûràyà « les Pléiades ». D*après la nomenclature des astro-
nomes arabes, ce nom désignerait le Taureau (F. Nau,
Notice sur quelques cartes syriaques. Journal asiatique,
IV série, t. VllI, 1896, p. i63). Mais, comme Ta
déjà observé Niebuhr, parmi les Arabes, les savants et
LE DIALECTE DE MALULA. 125
les illettrés ne donnent pas les mêmes noms aux étoiles;
c*est ainsi que, dans le peuple, ^ySj\ est le nom des
Pléiades. Au surplus, parmi eux, très peu se soucient
des noms des astres. (Description de l'Arabie, Paris,
1779, p. 161, i65, 166.)
dra^ô « les bras [du Lion] •.
10 arpa^ l^whbân « les quatre étoiles •. Probablement a ^ y i
de la Grande Ourse (Niebuhr, p. 16a).
^wk*abi nâhrâ « Tétoile de Taurore •.
lyiwk^abiâ garrôrâ «Tétoile cbangeante» ou «celle qui en-
traîne». Cf. Iti^, |{oii^, Payne Sm. , Th,, c. 767.
emm-él dênpâ « comète ». Les Arabes du peuple disent de la
même manière ^^^ >^1 .
siq \appàné « la Voie lactée ». « Le Chemin Mi^ des mar-
chands de pille » AjLLJI v3«> » Usi (cf. iSiebuhr, p. 1 6a ).
'^ ifosqôdak, qésqôzah « Tarc-en-ciel » ^j* o->5.
II. La Terre.
m'a «terre» Ktl.
manhà «est» ILâJn,
imélâ «nord» (gauche) jUd.
(j'béUâ « sud ». i^, R. s., Iaa « la région opposée » vers la-
quelle on se tourne. Payne Sm. TL, c. 3477.
S maarhâ « ouest » l^i:^.
tahlâ « plaine » Ji^ .
^ 9 4
tùrâ « montagne » lio^.
jôy/â «vallée, ouadi». \ii^., n. i.,X«^ «torrent». Cf. IL»
«canal».
sôqâ « ruisseau , conduite d*eau »
10 nahrâ « fleuve, rivière » Heu.
leau» !*' *
9
126 JUILLET-AOÛT 1898.
bakré tiner, lac» |w»i»« yV.
sat il'hahrà « rivage de la mer » ^ •
hahartd ëz'ût « ëtang ».
môya « eau » M» .
1 5 neh^âtà « source > «^^ . Cf. iiwo.aio .
^àynà « source , fontaine » iLk .
'awàynôt (n. pp.), endroit de Ma*lûla.
hêrà «puits», n. s,, )v^ (Noddeke, Gr. , n, $,, p. itigj.
ràmlâ « sable » JJîJ.
30 *(i/râ «poussière (terre) » liJ^.
gahartâ et jnbôrà « j>oussière du chemin » 1^?^ .
tra/t/â « bouc » J^i.
safiariâ « désert , l'endroit où l'on plante les pastèques » \^ ,
bézqâ « caillou » Jl^ILa .
35 Jiasôtâ «petit caillou» 'i^-^a^. Cf. |J«m.
f^fâ « pierre » lijlâ .
ml^rtà « roche » ji^ .
ie/mâ «rocher» iLL (Pal. Jbujk). « Wa. in Palestiiiiau is uscd
for taérpoL, and ifiud for A/^o;. » Matt., \VI, i8 (G Wil-
liam, S. L., p. 85, note, 1. lo).
hàtîtd «fer» ûsîJ^.
3o dahhà « or » l^eif .
^sfà « argent » jA^a2 .
nhô'sà « cuivre » \l*a .
er5Ô5â « plomb » \j>^) .
III. Phénoméines atmosphériques.
laqsà «temps, atmosphère» j-J^ (sons vulgaire).
iûnyâ « monde , temps » Kr>^ »
LE DIALECTE DE MA'LULA. 127
hwô, hwàyâ «air». ïy^, N. s, looi, Payne Sm. , Th., c. 988.
hwô tabb'*[tab} «bon air».
5 jawwà « air ambiant » i4- •
$mô sôji « le ciel est clair » çr*^ N. s. Içj , Payne Sm. , Th, ,
c. 5429.
^ôife 5ô^ « serein » ^^ , >:^ .
rayê(y « pur » JiîJ; .
sawbâ «cbaleur». Vulg. v>*«
10 sawbit (Gr,, 'j'j ^ p. 477) «j*ai cbaud».
simsâ hômyâ « le soleil est brûlant » ^]fw, ka«* I, 8si , p. 48o.
*am-tôkén sohnà « il fait chaud » f^,
qôrsâ, qôrsà «froid» o*;^, y^-
fànyâ qnirësâ « le temps est froid ».
i5 'am-aril «j*ai froid» (89 bis, p. 4^8).
ajmâ « nuage » )b&«C , *^ .
dabôbâ, dubbôbâ «brouillard» âS^^.
imô 'àytniâ « le ciel est à la pluie ».
rayyâ «pluie». Vulg. (5;J.
30 tunyâ *ani'nôh{â « il pleut (le monde tombe) » J(wi.
(u/iyâ /fi*6'6â « le temps est sens dessus-dessous » ^aw** .
zahhat rayyà qâwyâ «la pluie tombe à torrent» ^3 (7, 8,
ntôtà « rosée » «^«^^ (I^j « erupit, stillavit »).
ialk'à « neige » i4^^ •
a 5 glîdà « glace » Ifl^^*^
barda « grêle » I?i-».
barqâ « éclair » |£iS.
raV//â « tonnerre ». Pal. ^^t, «^scj.
zà'âqtâ (M.) et zaâffqà « foudre ». Cf. iJu^La,
3o zanzalffà « tremblement de terre » Jltioi , J! J) .
lahàbt ll-nw^d «flamme» \/oo^. . Cf. )JN«Soj^.
128 JUILLET-AOÛT 1898.
iiiîrâ « feu » lio^ .
nûhrà « lumière » l>'o»ai . •
IV. Divisions du Temps.
esnâ « année » , pi. snôyâ , )sén Ba. .
rbiâ, r^hiâ «printemps» pJ^i,
sàyfâ, pi. sàyjôtâ « l'été et lautomne » U^.
On dit parfois :
}yéfà « automne » U^jt^»- .
^ fasl sitwôytâ J^lî, *Uf;. Cf. I&JB^.
yarhâ « mois » , pi. yarhô HC .
Les noms des mois, communs aux Syriens et aux Arabes
chrétiens, présentent la nomenclatiu*e araméenne, trans-
portée, pour Tusage ecclésiastique, à la désignation de?
mois de Tannée julienne.
l^andnô tén^ «janvier».
âsbâl «février».
ôr/dr « mars ».
» o msàn « avril ».
tyar « mai ».
hzîràn «juin ».
{ammàz «juillet».
âh « août ».
> 5 àylàl « septembre ».
{isrén awwalnô « octobre ».
tisren tén^ « novembre ».
Jfammô atcwalnô « décembre ».
*êdà « fôle » Ij^*^.
ao 'éd gtôsâ «l'Epiphanie». Vulg. o*^^»
LE DIALECTE DE MALULA. 129
fawmâ rappâ « le carême • J^ l^&^t ^t^l ff^»
'éjâ rappâ «Pâques» U^i 1^, yt^^ •>««.
'ànsar^â « la Pentecôte ■ yyàJJk .
hamméstà (3a) iof «le jeudi de T Ascension» ^^i^.
j5 jWfâ • la Fête-Dieu » o^lal .
'«/ e/- mi7ôtë « Noël » •>^^ . Vulg. milàdé.
sôhtà « semaine • JL^ .
hasôppâ «dimanche» l&lp ^Z, (Cf. n. s. La^^ ^, Mclean,
K. 5., p. 71.)
trô «lundi». Cf. î/r' (5i, p. 453). La forme complète se re-
trouve dans lAAdfl (Mclean, p. 71).
3o dèiiâ « mardi ». Ce nom et les deux suivants présentent la
forme abstraite du syriaque littéraire : l&^oL , |^ft^M ,
IVasa*» (R. Duval, Gr,, p. 272).
arpa'tâ « mercredi ».
hamméstà «jeudi».
'àruftà «vendredi» iJ^oUk. (Payne Sm. Th,, c. 2995), pour
llooww. Néo-hébr. nnan^.
sôbfâ « samedi » I&aX .
.15 yawmà « jour » \U1 .
fô/râ « matin • li^J .
'a-iôfrâ «au matin».
rfîAr*â ^am-ôse «le coq chante» ^^ (74, p. 475).
sUqâl simsà «le soleil s*est levé» wtfiM» (56, 1, p. 46o).
ho bôtar aldlâ « après-midi ».
*àrôhâ «soir» Hix.,
ierbat simsà «le soleil s'est couché* (56, 1, p. 470).
lélyà « nuit » , pi. lelyôtà IS^ l^^ .
sahàrià « veillée » liojk,.
130 JUILLET-AOUT 1898.
^5 tunyâ waqiâ l-aser «le monde, ton temps est au soir»;
« deux heures et demie avant le coucher du soleil ».
tunyâ *ô{mâ « il fait nuit» tee (86, p. 484).
Wéq sahrd « la lune s est levée ».
hléq fyiwkbô « les étoiles se sont levées ».
Uréh sahrd • la lune s*est couchée ».
satà « heure » if^vl. .
waqiâ « temps , moment , loisir » o^» .
àrlj.à «fois» i^fol. (Cf. ï^\o] ]^^ «semel», Payue Sm. , Th.,
c. 375.)
fyitrlâ « fois » ï^ixi. ,
V. Le Corps humain.
painâ (batnâ) « corps » {j^,
jesmâ « corps » ^cSLa*- •
ràysâ « tête > JLLl.
5 sà'ârâ « cheveu , poil > fbJ^ .
susfâ « toupet de cheveux » ^yH ,
môf^ « cervelle » ^ .
sàlatâ « front ».
gbinâ « front, sourcils » JUIa^ .
» o spnâ « cils , paupière » çjAaL .
àynâ « œil » IL^ .
pâppâ l-'âynâ [bilbbâ) «pininelle de l'œil» iii, Jj>^.
màn1}râ « nez » ^^ , cf. lU*u .
fbyâ « visage » \jt\ .
1 5 é^/iâ « oreille » It}) .
LE DIALECTE DE MA'LULA. 131
jfank'à «joue, mâchoire» ikt^m^ |*^V>«i «maxilla, mentum»
(CastelU).
tummâ « bouche > (suff. témm), tèmm^nah) ^. Cf. k&od, Pal.
f-*, *-**•, bo*.
sennâ « dent > m. (Pal. Iua.).
lesiônâ « langue > ii&>?.
30 sf/)â « lèvre • iS^fti».
daqnâ « menton , barbe » luit .
ro/i ^l'daqnâ « barbe •. Cf. ^^ .
sarhô m moustaches • v;^ •
zekrà • gorge ».
35 qdôlâ «cou» IfO.
(o^â « épaule » l&u».
^ô'â « bras » Kt • .
î^ « main » , pi. dwôtâ IfJ .
tarf îd « les deux mains ».
3o k^affa « paume de la main » I^a .
tpatà « doigt » , pi. spaôtâ. Pal. I^N^J| , Ed. U»j ( 35 , p. 44a ).
téfrâ «ongle» l»A^. Vulg. f^i/?\
leppâ « cœur » 1£^ .
&ô/â. cœur, esprit. |3.
35 démtâ « conscience » iûi .
qaxhtâ «poumon, viscères» v'mS.
^amô « os des côtes » Ubh!^
hastà « dos > lll .
fa^â « poitrine » ;«)^<0 .
ko saprâ « côté » lwA>^ .
6f^^ « seins » li» . Vulg. y? .
mùhàlhô « mamelles ». Cf. Y^Jn « mulctrum ».
(ofsarfâ « hanche, côté » ^ys>^*
kassarf ll-yammén, lUimôlà « côté droit, côté gauche ».
9-
132 JUILLET-AOÛT 1898.
d5 gawwâ ■ ventre » lo^.
wurk^ô ■ cuisses » sà^ .
guppôtâ ■ derrière ». Cf. I^âa^ l^a^.
siqanô «jambes» v3^i u^-^tï^*
rhôbtâ «genou». Pal. IK^oâil.
5o rejlà, regrâ «pied» H^.
k^ôhlâ « cheville ». Vulg. J^^.
k'aàbà « talon » ^^Jl^ (cou de pied).
edmâ « sang » bof . Pal. Uo}\ , bo^l .
VI. Famille et Parenté.
ôbà «père». (45, VI, p. AAg.)
émmà « mère ». (45 ^ VII , ibid. )
ibr «fds». (45, X, p. 45o.)
6ir^«riUe» ]iiS.
5 hun «frère» bo-l diminutif de W (R. Du val, Gr,, p. aSy).
ï^ôtà « sœur » \iJL .
gabrônâ «homme», pi. gabr^nô, gabrnô kov.ak^ diminutif de
l).a!^. Le dialecte de Mossoul a yawrà «homme» et
gawrônâ « garçon ».
sunitâ , s"/iî/â « femme » , pi. hinyôtâ , snnîân. Ce mot n*est pas
la métathèse de 1^, augmentée de la terminaison
féminine Uâ, Il représente IKjaaj;, dhninutif régulier
de ItuJ (Mclean, V. s., p. Ag) avec apocope de la con-
sonne initiale. PI. \I^^aj (Nœldeke, Gr. s,, p. 84);
Pal. UmJ (Gwilliam, 5o, lo).
b'sônà, bsônâ «garçon», pi. b'sinô, bsinô. De l^ (Payne
Sm. , Th,, c. 44^) diminutifs Hx^-^A [ibid,) «pnerulus»
et boioaLAd, d'où le double diminutif kamA.raJ . Bi€ta
hè oi Svpoi , xsi fiàXtaloL oi èv Aa^aaxô3 , Ta veoyvà xs
LE DIALECTE DE MAXULA. 133
Aov<yi tvaiS/a (Pbotius, Biblioth,, CCXLIL Migne,
Patr. gr., t. CIII, c. 1269).
10 besnilà «fille», pi. hes^nyàtà, hesnyôtà. Cf. liLjj^ifl»aA& « puei-
iuia».
hesnltà zeû\{â (34 h, p. 44i ) « petite fille ».
iappà «jeune garçon » «^.
iaptâ, pi. sappôtà «jeune fille».
haàlâ « mari » ILi».
'^ f||â « femme mariée » llAil , l^«|
miaf ^luî « fiancé » , diminutif de
msatfyànitâ « fiancée ».
dôdâ « oncle » tif.
stiqâ a ami » , f. stiqlâ ôf^ •
>o a^iîtrâ « ennemi » , pi. *atûwô i^ .
bekrâ «aine» j^, cf. Ivao».
ibr^ rappà « fils aine ».
(ibr*) z'ârâ «le plus jeune» Hoik.! It^.
fawmâ «jumeau». Pal. lltoel (Scliwaliy, 101). Ekicft. Us>]i,
3^ basar « liumanité, genre humain » yA3,
ômtâ « genre humain , les hommes » Ib^ol .
binnîîsô «hommes» IIjuia.
barnâi « un homme , quelqu*un » (29 , p. 3 1 1 ). wuwd.
esmâ «nom». Pal. j^^l. Ekiess. Jma. (Schwally, 94).
^ môfô «bien, possession» Jy».
qêsmlà « part (d'héritage) » £«^.
ofâ «usage, coutume» î^^ (Cf. Ir^).
VII. Etats et Fonctions du corps.
hyô, hyôtà «vie» UT, \tJll.
ili, ehi « il vit » (82 , p. 48o).
134 JUILLET-AOCT 1898.
naftâ «âme» ULaS.
rùhà « soufQe , esprit » iLo\ .
5 ^0^ôrâ « vieillard » , f. ^(yôr(5 ;^4**-l .
sôhà « ancien , scheykh » lA^ .
omra ■ âge »
/lî/j U'êmrâ ■ longue vie » Jyit> .
lo êm'â ïiên « (de) cent ans, centenaire » Jua. IUo.
mawtâ «mort» |La&.
emé< « il est mort » ( 76 , p. AyS).
qyémlà « résurrection ». Pal. Ib^Lu» (Edess. l&5a*D quelquefois
pour ba«»aj , Schw. ,8a).
sahtâ «santé» i^.
1^ .ffli^ btanô «la santé des corps».
}f,lôsâ « salut , mise hors de danger » ^j>^ .
mabsût «content, bien portant» ^y^.
kayyès « beau, bien, bien portant » j-îî^.
lob, tab « bon » , f. tôbà oJ.
>o tôbtâ « le bien » iKa-^.
bi^là « le mal » IJS^^.
sarrîrâ « le mal » jâ .
Trtî « chute , perdition , malheur » ^J>3 .
seytônâ « le mal, mauvais » t:)^^!^»^ .
«
aS èhli «joli» L».
I^u/ « louche » Jya^l .
néémtû « grâce » *i-î» Cf. y^ipSjî.
sawfiâ « vue , aspect ». Vulg. ti^
maqréf « laid , vilain » f^y^ .
3o fccs'â « laideur » *«a^ .
zawwaâ « aspect terrifiant » l^f « terror, tremor ».
rakkék « mince , svelte » ^1 .
LE DIALECTE DE MAXULA. 135
sammen « gras »
eèl ■ haut , élevé » , f. *alyâ 1^,
•^0 rop/w • grand » , f. raptô, {^ raffè, rappétà l&i.
ra66i t beaucoup ».
éz*ât •petit», f. z'ûità, pL z'ûtên» z'âlén, -an. Cf. n. ».,
i^of. Chald. K01T. Nabat. zato (Quatremère, Mémoire
sur les Nabatéens, p. lod)* Le ' provieut d'une confusion
avec (akJ.
ezâr « petit » , f. z'drtâ io^ .
tâlà > longueur » Jjo .
lo errë^ ■ long » , f. rîJ^ , rril^, erri)^ «^1 .
(fâssûr « court », f. qiusôrâ. Pal. ^oa (Schw. , p. 84). Cf. yfi .
iqà, iqwi «fort», f. qâwyâ, N. s. Jloi», 't^yi, (Cf. io4.)
dallônâ ■ abaissé, diminué » v^X^jt J«> ( J^i « vil »).
em/i ■ plein » , f. malyà 1» .
iS nakkéb « sec » <^^ .
sammar, sammar « nombreux » , pi. sammurén.
'affêq «ancien» iaSHT.
qatém « antique » *i(^ . Cf. )p^f^ .
^a|(<î « nouveau » llt^ .
^^ ôtamày « poli ». Vulg. ^^T,
mèr -il *aqlâ « qui a de Tesprit > Jj^ .
sajhâ « ébalii », f. sa/njâ. Vulg. «ji^*.
^oni « riche » (^^ .
«^ér « pauvre • p^.
^5 'âryan « nu » u^^t* •
e^n « aflhmé » ^a.
^^^ « faim, famine » U^.
safrâ « appétit » V^Lo .
Isêh « altéré » \mj .
136 JUILLET-AOÛT 1898.
60 'a-riqû, *arriqâ « à jeun » vihîj^' d^« Vulg. *arrîq,
ô}}él bahar t grand mangeur, gourmand ».
hadyâtâ «joie, divertissement». N. s. fla«fM.
haddi « content » 1^ .
nawbtâ « concert , musique ». Vulg. S^ .
65 hessâ ■ bruit de voix , de chants » tL^ .
rakdâ « danse » JbS^ . Cf. jai) .
nôsqtà « baiser » Imaoj .
J^tôju « le jeu de lever et de lancer des pierres >
ësbaq « dépasser, gagner » v3^^ •
70 satfâ « honneur, dignité » (^yH.
sarrêf nhonorerni^y^.
majtà « gloire » «^h^.
slômftà « salut, paix ».
slômâ «salut, paix» |*^ (Ui^).
7 5 l^rômià «mérite, considération, respect» S^\^, Cf. N. s.
^^â « miséricorde ».
fimâ tprix, valeur». N. s. lao«^ (Edess. lai^, Tifx)^).
nafaà « utilité » ^ .
manfd ■ utile ».
fu-manfa « inutile, qui ne vaut rien » (127 i* d, p. 517).
80 qalmà fa-manfa « plume hors d*usage ».
môyâ fa-manfe'én t eau qu on ne peut boire ».
mamnun ■ reconnaissant » u!^^ .
Vàjbytâ « égalité , compensation , rétribution » »U5, adj. >Îj .
masrâfa « frais, dépenses ». Vulg. Oy^oj»,
85 mashôbâ « gain , profit » v4^ .
frisfâ « moyen , possibilité » JU^ioft .
«AArï « parler » J^ .
k'icmtâ, kelmtâ «mot, parole» iH^'.
LE DIALECTE DE MAXULA. 137
iôjtà « langage , dialecte • AiJ.
90 ësméi *^ taire» (56, 5, p. ^6o).
la'dâ « éloignement, distance » ibJL^.
haéd « éloigné » (io3, 1*, p. 5o!i ).
whâ t action de partir •. Vulg. ^1; .
smawtâ t fuite •. Vulg. Im) (67, 6, p. àSo).
95 tayér terrant, rôdant »;)•> (76, p. 477).
jayéb «absent» v^*
gayébtâ « absence ».
kdôrâ « présence » y^hai .
firénà «autre», f. hrîtâ, pi. herdn, hrhiô, hrinyôl/i 1j»wI.
100 jayr «autre» yi^ (V. 22, p. 307).
dikt^ «adversité, difficulté». N. s. ^^ «difficile, pénible»
(Payne Sm., 77^., c. 893).
hazzà «infortune» ^^.
nahsà « malheur, mauvais sort »
*eUâ « faute »|f^.
loS *àyhû « honte » *-*«* . Cf. V^
• •
\U'hàyV ■ malade, sans force» (127 i* rf, p. 617).
ëmréd « malade » jHy»»
mawkyâ « maladie , douleur,' ce qui fait mal » U^Uo , fém.
part, pael VJÂj,
l^adrâ «engourdissement, faiblesse des membres, crampe»
1 10 ^emmâ « fièvre » i^j^ Cf. l&^oJl .
e'itriîr « aveugle » Ua!^. Cf. }ii^ .
Urâs « sourd » sfij^^ •
êfkâh « boiteux » , tfkéhà o*Aft .
ébràws «lépreux» \j>yi^^ l)owd (Gwiiliam, S. L,, p. 78).
ii5 fcirjtf «lèpre» Ijwa, (jpj#.
^iîr{iâ « plaie, blessure » ^^.
138 JUILLET-AOÛT 1898.
(Jarbâ ■ coup » S^yA .
k^affà ■ soufllct » (« paume », V, 3o ).
deJ^k^â « moquerîe » «^
fm^
130 Tnajnun «insensé» u>^*
hahlâlâ «imbécile», f. bahltddâ. Vulg. J>^.
è^asèr « difficile » j-^»* .
qôsi «dur, sévère» «^««^ (Ua).
ëhl^l «avare», f. bl^lâ J^.
1 25 mdakk^el « menteur » V^^ (69 , 3a , p. 468).
zônyû (f.) «de mauvaise vie» Upi.
fyôlqâ « la colère » v3^ •
marrer « amer » Um».
^'Ix
ramtâ « chassieux (yeux) » -y^) .
1 3o màtùnâ « maudit » , pi. maTûnô {:}yi^ .
:; o^â « cri » i&^f .
jr^ôi^ « cri , bruit , vacarme ». Pal. v/«-oj .
VIII. Dignités et Professions.
maWâ « roi » i Vvv> .
malktà « reine » I^^bS .
maWâtâ « royaume » iLo^^ .
môWà • règne , royauté » *^Ûi» .
5 saltônâ «sultan» tf^fco» .
w'zîrâ « vizir » yi^,
hôsâ «pacha» ^^.
sità «seigneur» ^^t^.
y à sit^ « mon seigneur, monsieur 1 ».
10 sédâ «seigneur». Cf. If IX.
bâpyik^â «patriarche» «^p^.
LE DIALECTE DE MA1.ULA. 139
màfrônâ t évèque » fj^y^. Vidg. mûtràn.
(jasésâ > prêtre*, f. qasJstà «femme du prêtre» l$ul5. Cf.
kmmôsd « diacre , ministre • j**^ . Cf. U^ .
1^ hakimâ « médecin » <o^ Cf. MAT» sec. G. Rarmseddani
(Payne Sm., 7n., c. 1267).
màlmônâ «maître», f. maalmanUà^, n. s., y^^^' Nœl-
deke, Gr. n. s,, p. a56, a6a.
talmédâ , « disciple » , pi. talmidô Ipad^l .
môrâ «maître possesseur» \\fo,
môr-U pàytâ « le maître de la maison ».
20 fa*àlâ « ouvrier » ILft .
lôgîâ « travail » iUi^ . Cf. i^^v■o^ .
agira « domestique, serviteur » Iw^ .
rt>*cryâ a berger » Im ,
hanrôk*â « meunier » J|^«
35 barrôk* il-rihyâ « le meunier du moulin » é) .
hayàlô « soldats » IL^.
W6â « guerre » l&^,
harmâ «brigand», pi. J^ramô kS^^Z (Ephraem., op. Syr,,
Rome, 1740, voL syr., II, M7, F).
ngôbâ « vol » , métathèse de 01^
3o qûtyay « chrétien », « les habitants du pays » , iI/?oA , par op-
position aux musulmans envahisseurs, venus de TOrient
ma'arbôy «chrétiens occidentaux (catholiques) » «A&tfkao.
manhôy « orientaux (orthodoxes) » mIj^.
sarqay « mahométan», pi. sarqôy %mi^ (^^).
ôiff^ «juif» MooM. Pal. J?a« (Gwillîam, S. L., 65, a, 3).
i(5 siryôn « syrien , syriaque » U!Sai» . Cf. Iiiim pour JL^oo» , Payiic
Sm., Th., c. a6ao.
garébâ « étranger » «-sej^ .
140 JUILLET-AOÛT 1898.
IX. La Ville et ses parties.
medinià .ville» ]LA^. Cliald. NÇ^'»!?.
malûlâ « Malûlâ ».
gâpaôd « Djub adîn ».
balj^^â «Baba». (Voir p. 2^9)-
5 téUâ^'Ain el-tineh» lUÎ (Cf. XII, 35).
sâdànôy « Seydnâyâ ».
yâhràd « Yabroud ».
nahVâ « Nebk ».
dëmséq « Damas ».
10 ârèslëm «Jérusalem».
qôtsà «Jérusalem» o'mxJUI, ji^to^, Payne Sm. , 7^., c 35o3.
stampal « Constantinople ».
bàyrut « Beyrout ».
hlôtâ «village, bourg» jjj, pL ù^.
i5 blàtô (pluriel du précédent) «pays»,
a- blatôJf, « dans ton pays ».
blôiâ *idyâ la « ville haute » [éxpà'Kokis) ^ est le nom donné à
la partie de Malûlâ qui s'étend au nord de Mar-Sarkis ,
au-dessus du village actuel.
dàktà « endroit, lieu, place » l^aof .
qlésyâ « église » |rrft,< nj , èxxXrj^ia.
30 hàyklâ «autel, sanctuaire» ILa«oi.
madbhâ « autel » IL^fio .
lj,?nsâ «messe» iliâ (réunion).
Uwân J^etûâ « ils ont dit (fait) la messe ».
slâtâ « prière » Uol^ .
25 ,i" sallithun ? « avez-vous récité Toffice ? ».
LE DIALECTE DE MA'LULA. 141
slîhâ « croix • l "fcV^j .
(jm{â « médaille ». Vulg. £3>i. Cf. lJ^«ae « image , idole » , de
sârlâ « image , tableau » Uoj .
malakâ « ange » LalLo.
3o (jattésâ « saint »,f. qaitéslià, pL qattisô, qattèsyôtâ iS^^, cr^J.
mar^-maryâ « la Sainte Vierge » j^^ao L^ao.
nuir^laqlà « sainte Thècle » BaI .
mséhâ > le Christ » ILJîao .
jeitt mséhâ « Jésus-Clirist » V*ÊfmM% %.a^.
35 rifi^ qôt^ « le Saint-Esprit » l^foA «.«oi .
ô/om a-kawwâ « Adam et Eve ».
«
iitonô « Satan » u^^^î-^ •
dàyrâ «couvent», pi. dâyrô, dàyrwôtâ \\Ji'
matraslà « école » i^^*^» Cf. |J^A.Jt^ Nest.
)o madeniâ «moscpée, minaret» S^S^.
qàbhrà « sépulcre » , pi. qàbrô « tombes , cimetière » li-aJo .
tafnà « ensevelissement , sépulture » (^>> .
jinnôzâ « funérailles » y^»
jorê^ « inscription » ^^b « date ».
^5 far6â «chemin» v;*^* Cf. l&f?.
sûqà « rue , place » ^y . Cf. l^o^ .
^cirâ «pont» li
X. Parties de la maison.
/»r<â « maison » , pi. pàytyôià \h^,
âdôytâ « chambre » ^>1 . Chald. IH .
a//(/tf « chambre haute » |tX^ .
harimâ « harem » ^f^ •
142 JUILLET-AOÛT 1898.
5 àQv{à « coui* » |U? .
tarjyôtà « escalier, degrés » ^^^ .
aWôrà t terrasse » l)^i.
surâ ■ mur, muraille » Hoa. .
^//â «mur (de maison) paroi». Cf. iUxÂ. «coin, angle du
mur».
lo Uhnà «pisé» *i^{. Cf. li
'amûdâ « colonne » Itoi^osT.
5a<2p ■ toit , plancher »
tafiâ « planche ■ C>ù ,
darbzin « balustrade » (^x?)«> .
» 5 tara « porte » ILi l .
hdd tard « ferme la porte » r»l (71,3).
sakk*ar tara « ferme la porte à clef ■ j^ ,
ftuh « ouvre ».
môfihâ «clef» ^^t LîJ^A^*
20 sappôk'â « fenêtre » i^4^.
maârUï « grotte , cave » , pi. nCarrô llvâio .
pàytll-môyà, pàytà ii-l-môyâ «latrines» *^! «4Î.
.îirffâ «bercail» i^j*^.
XI. Mobilier.
sattôjtà « tapis de laine » , pi. suttajyôtâ. Vulg. ^♦>L»
tunfes{â «grand tapis de laine» i^^^Xiio,
fris{â «tapis de poil» IKaobt». (Cf. ut^t*).
hsir^â « tapis de paille » ytf^ .
5 frôsà (M.) « matelas» Jiî^. (Cf. Uλ).
farstâ «lit» ÂAj*. teswîtâ (B.) «lit» Ji^^o^L.
//}ô/a « couverture » cilj^ .
LE DIALECTE DE BIAXULA. 143
iarifâ « rideaa, drap de lit, lincenl » Jlâ^.
j7à/(â t rideau , courtine » Ô4^ .
10 jflirjû « drap •. Vulg. ç^*- « étoffe de laine ».
\arîrd t soie • yèf^ .
marfaqtâ ■coussin, accoudoir» ^^.
k'ârsà « chaise » , pi. k^ûrsôyâ ««^k^» , ^y-
tâwàltà « table » ^^.
iS re^rô h' tâwàlià « les pieds de la table ».
^nfâ « armoire » £3iy^ .
sunôjtâ « plateau » ^î-*^^ .
MiAnâ « petit plateau , cendrier » ^^Aa^ .
k'âppôytâ «un verre, vase» Idoâ. v»^et Ji&â, iJ^Skd.
*® finjônâ , Jinjân « tasse » u^^ •
maqqôbâ «hache-marteau» L&Aao V^«AAi. Chald. 3^pp.
lenfâ « bois de la charme ».
nesrâ « soc » , forme arabe y^ , dans le sens du syriaque Iw^S
« aigle, bec, crochet, hameçon ».
nêrâ «joug» l&i^.
^^ mûsâ « couteau » ^^^ .
mûifro(â « fouet » lik^Aao t ^y^ .
qamjtâ « cravache » iS<ftI3t'.
I^Uâ « selle » jatKl.
ral^obâ « étrier » , pi. rul^bô v'^ d*après V^^A^ai .
^0 Ro^ôsâ « éperon ». N. s. Imnij.
^ôr/'â « sacoche double , portée à Tarçon de la selle » ^^ .
}}isià « sac », pi. l^istyôlâ U^.
buntqôylâ « fusil à un coup » i^f^J^.
jeftâ « fusil à deux coups » oJUL .
^^ sahmâ « flèche » *f«» .
144 JUILLET-AOÛT 1898.
qissà ■ bâton». Cf. o»U», ^^«5.
maJ^nôsâ a balai » V^ia . N. s. oup . Cf. iwlx* .
malsaft ll-dwôlâ « essuie-mains » iuLû^Â^ .
masfarfà ■ ciseaux ».
^o mhattà ■ aiguille» i^^Sto.
iâ;â«fil» i^oi.
tappâsà « épingle » o»4^ .
martnâ « fuseau » Jbyiao, (:^>y• .
'ôlb'tâ, *ôlptà « boîte » i^^Ac .
d5 'ôlpt U'knbbrîtâ « boite d'allumettes ».
^a{<â« ^a| il'kàbbrîtâ «allumette» oitjt^. )JSa(?)
sâmâtà « bougie , chandelle » ^4^ .
Ararâ « lampe ».
fanâsâ « lustre , suspension » crp^ *
sôhyà ■ balance » V^Joa ( ? ).
ôo tèrehmâ « grain (la huitième partie de l'once) » ^;«> .
tarfâ « double livre , double poids » tar('.
i)io^(a « mesure » «x^ .
msiryôtâ «argent, monnaie» if;^-*^^.
J^spônâ «argent». Dimin. de lAivo (3d, b. p. Mi ).
55 ^iVsô «pièces d'argent». Vulg. Ji^ d'après l'ancienne valeur
de la piastre d'argent.
mejïtuy « medjidi ». Vulg. ^•>*^.
mahbôjà « pilon en bois pour le café » ^^4« .
giîrnâ « mortier, pilon pour le café » Jbia^ « auge ».
bussôlâ « cuisine , aliments préparés • Hlod .
6o beslâ « cuisine , mets ».
bassêl « faire la cuisine » "Hi^hi».
teftâ « foyer » VM . Œ. |il .
J^urltâ « bois , poutre » , pi. ^'nrô Itoi^ .
LE DIALECTE DE BIAXULA. 145
dlâqâ « bois à brûler » V^t^}.
65 tébnà ■ paille » Itsl .
nôjstâ « narghilé » , sens de i*arabe j^JU , sons la forme syriaque
narbîsâ « tuyau du narghilé ». Vulg. J^/-» . Cf. Ji^jl o branche ».
râjiâ > tète du narghilé » , sens de l*arabe o*'; * sous la forme
syriaque l**K
tamhôk^ « tombac » «£L^ .
70 haslâ t petit charbon allumé » qu*on met sur le narghilé. Vulg.
fahmâ « charbon non allumé » JÀ •
sikôr^â « cigarette » »; ^^ .
^ezzâ « porte-cigarette ». V, 4 1 , p. 1 3 1 .
sajûtâ « lessive, eau détersive » iyJ^,
75 war^qtâ « papier » ô3j .
/o^râ ■ cahier » j*i> .
Ar/ô6â « livre » Imo.
makfàbâ « lettre » vy^ .
jwéhâ ■ réponse ». N. s. «aÔo^ ( v^>?^)* Cf. <a«^ « répondre »
(Nœldeke, Z. 1868, vol XXII, p. 5i4).
go fjfità « vers, poème » , pi. qsitôtâ, ïù^a^oi N. s. }j^ t méditation ,
poésie ».
héhrâ « encre » y^ .
qalmâ • plume » k^£ *Ji .
qalm èrsôm (II, 34) ■ crayon ».
sa ta « montre » JKJL, sens de Tarabe i^U«.
^^ sansel{à ■ chaîne • <CL>Jy ,
maspafftâ «chapelet» ^^v^.
iô|mâ « cachet, bague • f^'^. Cf. i^ôK*».
halqtà «anneau (de porte), faucille » *JlXL,
halqt H'èdnâ « boucle d oreille ».
m. 10
146 JUILLET-AOÛT 1808.
XII. Végétaux.
barrîâ «campagne». N. s. JUw». (Cf. I'^*»^), ^yi.
ffjoqlà « champ » loZ .
hêstônâ «jardin » JifJ^J»o^.
jannâ « petit jardin >. N. s. 1m^. (Cf. iJBa^. )
5 seqqyâ «arrosage, endroit qu*on arrose, jardin, culture»
p*ô «aires». Cf. Ito^, )^.
l^mâ « vigne , vignoble » US»^^ .
jôfn'iâ « cep » bfto^ l^>^>^.
dallîtâ « branche de vigne » \hJ^ .
lo sajarlà, sajartà «arbre» f^,
jawzâ « noyer » [fa^.
jawzô ( pi. ) « noix ».
zàyffà « olivier » 1^^.! .
zàytâ « olive » , pi. zàytô.
i 5 sintyônâ « chêne , yeuse » JU*hm» , {j^i^J^ , mot persan.
arzâ « cèdre » l>i
sarâtà « cyprès • owa» , 3}^.
fafsôjâ « saule » ciLkLi .
/amrâ « pahnier » liaol .
ao naf^ltâ «palmier» \X^,
hawrâ, hatcr{d « peuplier», pi. hawrô fio^.
tartaiHtâ «frône, orme», pi. tariàrô ;'^3'^» Wf-
lùHâ « mûrier » iLoL .
Ifarnûhâ «caroubier» v^'J*- ~ v^j^, l^w.
a 5 ^«vfrî « fon^t ». Cf. V'^^ ou v'-Ji^.
httnâ et bainyôtâ « le tronc » , jusqu'à la réunion des branches
L£ DIALECTE DE MAXULA. 147
majmaâ « rëanion des branches » ^.
tamubâ « grosse branche ».
3q tammartà «fruit» ^.
hezrâ « graine , pépin » ;yj . ( Cf. H» c récoltes » ) , hoiA « graine ,
semence ».
zarâ « semence » Ji^tf .
masinestâ « abricot » , pi. msûmsôtâ mmmsôtâ J^-c^^
saiart musmeità « abricntîf^r ».
35 tén{à t figuier » |A«U.
linôy'â t figues » Jtf II .
^futii&tiiâ ■ poire » , pi. }}usiahn(iyâ.
hazzârà % pomme » , pi. l^azzarôyà \\9%L .
fyiwfylâ « prune » , pi. fynolfi et ^awf}ôiâ JLlo«* , c>^*
4o mfaldôna «aubergine», pi. mfaldanô. Vulg. yUril?.
*éii&ô, *enhôyâ « raisins ».
eii6tô « grain de raisin » |JSjus2.
qattôfà « grappe de raisin , vendange » Iftj^ .
hsôtâ « raisins secs ».
45 zahrâ, zahàrtâ « fleur», pi. za^ô Hmf .
«erra « bouton » j) .
trortô « rose », pi. wariôtà Jjfo, •>5î.
n'A/â tôAâ « bonne odeur » )k^ .
I^pà, l^âppâ «épine», pi. f^dpo, lyàppo JAai. Chald. X313.
9
ào ^f /â • oignon » |l^ .
tâmà «ail» Id^t.
fièjlé , Jlàyfié « piment» JJU*. Viûg.JlayJlé,
}^yôr{à « concombre », pi. Iffaiyôtâ )^
k^âsôytà « courge » ;^>^.
55 banadurâ «tomate». Vulg. ïj^^.
lO.
148 JUILLET-AOCT 1898.
b. summâq « tomate mûre ( rouge ) ». ( XVI , i . )
b, l^drà « tomate verte ».
'ôsbâ «herbe verte, végétation» v^r. [Cf. lAistC).
I^asisâ, hasistâ « herbe coupée » J^'a^-^ .
60 zatar, sd\ar « thym » f^ .
XIII. Manger et Boire.
âifyal « manger », 7 1 , p. 47 1 .
atam « faire manger » , 70 , 1 4 , p. ^7 1 .
waqatâ « repas ». Vulg. ^^ « ce qu'on mange en une fois ».
fbôr safrà «le repas du matin (Faction de rompre la faim » ,
*Vir,53,p.=).
5 masiâtà «noce, festin». Pal. IIoVasd.
(ô/â « nourriture ».
béslâ « cuisine , mets » V^'Vjo . Cf. H 7?^3 .
bassôlâ «aliments cuits, mets préparés» ILLoa.
sawmâ «jeûne» Uooj,
10 lehmà, lahmâ «pain» kSxt^,
Ichmâ môsêt « du pain chaud »V^|jaﻫ ustus est ».1^>^ « bouillir ».
besrâ « viande » I^bo».
besrà sawwi « viande rôtie » tf>^.
marqâ « bouillon » v3;^ •
i5 marq tî l-besrâ « bouillon de viande ».
halpâ « lait caillé » |Vfc.M.
gbéllâ « fromage » )iA^-
sôbuâ « beurre » luoaa. .
dcbsâ « miel » JUd* .
20 (i. b-syalifp « miel on rayon »
syûdc « idem » ^^J^ .
•s
LE DIALECTE DE MAXULA. 149
melhâ « sel » La^kW .
fulfal tpoivre» JJdà. Cf. ILa^ (Mclean, V. s., p. 829)
saqfâ, saqftà « morceau • SSJLSi,
sS sfttfâ « pondre grains (médicaments)
diqtâ «poudre (médicinale)» lJ^o?.
kam • dose • *^.
<ifô ■ remèdes » J3«> .
i5|i « boire • (83 , p. 479 ).
3o aïqi « donner à boire » ( 84 « p. 483 ).
môyà « eau » ( 4 1 , p. 444 )•
m. qarrésén « eau fraîche ».
m. môstén • eau chaude ».
hamrâ « vin » lr~''
35 meiiy « huile » Li^ao .
'araq « eau de vie », Vulg. \Sy^ .
qahwé « café ». Vulg. ï^p .
^. môstô t café chaud ».
iarabtâ « potion , boisson » i^y^ .
XiV. Habillements.
4a55i « vêtir » lAS (83 , p. 48a ).
fyissâ «vêtement» V^Wa. Cf. |J^*«»aâ.
qampôsâ « tunique de dessus » j^J*.
stàyrôtà « habit de dessous » iy^ .
5 qammés{à «chemise» o^^.
sàn|ôfiâ « pantalon » (jt-^-y-Ia .
tannârtâ « robe de femme » V j>l3 .
150 JUILLET-AOÛT 1898.
ma}}armutà « voile (brodé) » j»^. Cf. )^^*
mahramtâ « mouchoir ». Vulg. iî*^ .
lo zmnôrâ «ceinture» ;^. (Cf. Jjpf).
qsôtâ « courroie ». Vulg. l»LûJ .
5ciyrâ « courroie » ^-s-* .
^zônâ « boucle » ^yi\'
zerrâ t bouton, houppe». (XII, 46).
1 5 }^wrômâ « fichu de laine , cache-nez » fj^ .
kalsinô « bas ». Cf. £lij .
snrmôytà « chaussure » <$^3^ .
^ôr^â « chaussures de paysan » li»v£ .
msarqâ t peigne » [ji^m^^
ao jawharfà « bijou », pL jawhrôlâ y^y4^.
XV. Animaux.
hewônâ « bète , animal » , fonne diminutive de l&*I^ ou arabe
jamlà «chameau» Ibaj^.
hsônâ « cheval » (jli^^ .
raA^â « étalon j^) , jai^; ( ?)
5 sâsfâ « jument » l^ij»a«» .
Arf Ï5â « rosse » J-^t^'
9
hàgulâ « mulet » H^.
hàgàltà «mule» iKj^.
hmôrâ « âne » \%aL» .
lo hmôrità «ânesse», pi. hmaryôiâ |lw^.
tawrâ « taureau » Itol .
9 r
tawarllâ « vache » lUol .
hzèrâ « porc » Iwju» .
LE DIALECTE DE MALULA 151
qattâ « chat • i^ .
i5 l^alpâ « chien • iAâS.
qarqôrà «petit chien, petit agneau». Valg. ;y»y( «agneau».
(Cf. \j>^ « petit chien >).
^lî/â «brebis», pi. iarufo, f. ^arûfi(à <^^.
*ônâ (collectif}, «troupeau de moutons» K^L,
sàlalà «troupeau».
9o *ezzà «chèvre», pi. 'ezzôyâ ffaS.,
hfapià « bélier » UaJ.
jad^â « chevreau » U^i^
tàhyâ « gazeUe » , f. tabUâ U^^ .
zàhyâ, zahttâ « gazelle » Ki^.
sS sdb*â «lion». Vulg. çiJ^,
déhà « loup » iilf.
meifyi « monstre » ^ .
AéVà «coq.lruf (Pàyne Sm., Th., 88i). Cf. é>it^.
tênna^elfâ, tànnagelfâ «poule». Pal. I&^il, l^^^el. Edess.
3o yawnâ « pigeon, colombe » ItoH.
sajrônà « oiseau » boWi^ .
dappôpâ «mouche», pi. dapapô lA&t.
dapparîlà «abeille». Pal. l^w»;. Ëdess. I^ftbfo^.
ar'ar sdmmitq « guêpe rouge ».
35 hargai « moucherons » J^yi.
namdiâ «moustique, fourmi». Vulg. iu^>!^.
Ifâwyà « serpent », pi. hawj'ô, f^eyô. Pal. i«a».
tawla'Hâ « ver » JLI^ol .
hardônà, Jfardanîtâ « lézard » tf^C^.
4o qarnâ « corne » IS%£,
dénpâ «queue». Nasar. J^^t. Edess. lAjot.
nd^fâ « morsure » Rooj .
152 JUILLET-AOÛT 1898.
XVI. Couleurs.
«
4
sûmmûq « rouge ■ , f. summôqâ, PaL toovim . Edess. t^aS
httwwàr « bianc » , f. huwwôrâ hiZ»
éffûr • jaune » , f. sforâ y*^\ ,
Ifôdar « vert » , f. ^ôr/m jjaIL ,
5 ësmâr « brun » , f. smôrâ ^i . Cf. l/S&aJ» .
ësqur « blond , roux » , f. sqôrâ yi-^\ .
èkk'dm «noir», f. k'ômâ Uado{. Ns. )»qa. Ëdcss. y^l.
DIALOGUES.
I
haf, i mô ésina}} ? « toi , comment t'appelles- tu ? ■
— ismi sàrkes «je m'appelle Serge ».
mfyôyêl « Michel ».
yàwsêf n Joseph ».
ihannê « Jean ».
•
gabrôyél « Gabriel ».
brûm « Ibrahim ».
tâmâ « Thomas ».
— hast, ^mô Umis? «toi (f.), comment t'appelles-tu ? »
— isnii maiyà «je m'appelle Marie».
iaqlà « Thècle ».
oarbàrâ ■ Barbe ».
zahïyé « Zahic ».
— 'a bar l-ôj^â « entre ici ».
^ mô ôt? fi qu'y a-t-il ? »
^ mô ôj ? ( f. ^ mô ôi ?) « qu'as-tu ? »
^ mô hetlafy menni ? • que veux-tu de moi ? »
LE DIALECTE DE MALULA. 153
l mô htitii ? ■ que veux-tu ?» (f. ).
— Jo ha% met • je ne veux rien ».
— ^'ê^mâ *ômra}^ ? • quel âge as-tu ? »
— 'ésêr U'Imôn ïsé/i « dix-huit ans ».
— ^éb'r mon ha\ ? • de .qui es-tu fils ? »
^hir{ ël-môn hèd hesnîtâ? tde qui celle-ci est -elle Tille?»
— ahûnati nmé mJ^él « notre père s'appelle Michel ».
— ^ mô iiiwl ? « que fais-tu ? »
— tu 'am-mislgél «je ne travaille pas ».
— l'ajâ Imatyùn ? « pourquoi as-tu des dettes ? »
— m-qél sôglà « parce que le travail manque ».
masTiipi summar, mgayéd mashôbà • la dépense est grande ,
le gain diminue ».
— êbàJf, i mô am-iitt ? « que fait ton père ? »
— fa lé }^îâ, }^lé qallél ■ il n*a pas à manger, il ne mange
guère ».
ôbà émet « son père est mort ».
hàd em U-marjâ skaji « c'est la mère de Maryam Skafi ».
appil slibâ « donne-moi une croix ».
bat nehm^ f^tôbafj, «je veux (voudrais) voir ton Hvre ».
ahmilli sâr{â « fais-moi voir une image ».
— fa gappi sârfâ «je n'ai pas d'image ».
lôzém \mapp-li bûzz û l-sikor(â « il faut que tu me donnes
un porte-cigarettes ».
^gappafj, l}rênâ ? • en as-tu un autre ? »
— tût gappi. zéfj, âtâr «je n'en ai point, va-t'en vite ».
kaâ}}^ vatâ, ha as watày (f*) « assieds-toi et reste tranquille ».
2ê$ *a-pàytâ « va-t'en à la maison ».
— rahtâ « elle court ».
II
ya sit, i lina (ôz ? « Monsieur, où vas-tu ? »
— nôz 'a-dâyrà «je vais au couvent ».
i54 JUILLET-AOCT 1898.
bal nehm ël-môr Hpàytà • je veux voir le maître de ia mai-
son ».
— hû batte yinhui yeqabbél lalf, « il descendra à la rencontre ».
— ^ qasisâ hôl^ ? « le curé est-il ici ? ■
^ mô 'am-isù ? « que fait-il ? »
— *am-yèdmé}). « il dort ».
kallêf J^âtra}^ «que ton bon plaisir prenne la peine [d en-
trer]».
— i^h fô6' ? « comment vas-tu ? »
— ^éJf, iôb^ hat? m-waq{ il znmah lal^ «comment vas-tu
depuis que nous t'avons visité P »
— palô ^mabsut «plaise à Dieu que tu sois en bonne
santé ! »
— tiW *a-siUlâ « je suis venu à cheval ».
— ^*ajâ tiflaff, ? « pourquoi es-tu venu ? »
^ mô tôz tiswi ? « que viens-tu faire ? »
— tiW nehm èlf^un «je suis venu pour vous voir».
âytillalj, qirsôyâ «je t'apporte de l'argent».
— ânâ mamnân /e^ bahar. k^atjr cl-}}àyra}j, «je te suis très
reconnaissant. Quli augmente ton bien ! »
Ar'tt/i fôz* ^a-bâyraf, sattar-ti J^tôbà u-fanusâ , yibi êhli « quand
tu iras à Beyrouth , envoie-moi un livre et une lampe : qu'elle
soit belle ».
— toi maktdbâ m-démseq «il m'est venu une lettre de
Damas ».
— sattar èUjwôbâ « envoie la réponse ».
— isùr{ ël-mên hôd' sâi'pl ? « de qui est ce portrait ? »
— hannâ batrak U-manl^ôy « c'est le patriarche des ortho-
doxes ».
III
battàynah nUà nôfstâ « nous allons faire un narghilé ».
yâ bsônâ lâytâ Utumbôk^ u-bastâ « enfant, apporte le tombac
et le chai*bon ».
LE DIALECTE DE MA'LULA. 155
ijappalj. môyâ ? « as-tu de l*ean P »
— môyâ la-manfeén « de mauvaise eau ».
— bôtâ blôtâ gappàynah môyâ kayyésén « dans ce pays nous
avoas de bonne eau ».
— ^(ô| ^ sikôrfà ? « fumes-tu une cigarette ? •
— fa nsôt^ ■ je ne fume pas ».
ittwbit «j*ai chaud».
ishit « j*ai soif».
— ^ mô |ô/' ? « que bois-tu ? »
l mô betta}} fisf ? t que veux-tu boire ? »
Itôtjinjan ïl-araq ? « boiras-tu un verre d*eau-de-vie ? »
— bat nisf môyâ qarrisén ■ je veux boire de Teau fraîche ».
kappôyt il-môyâ « un verre d'eau ».
IV
bat naWfrensôwây « nous vocdons parier français ».
— |a bat naJf^k t je ne veux pas parier ».
— binnisô ti mbaqqrén* siryôn, ^ôt baliar gappâyfym? «les
honunes qui savent le syriaque sont-ils nombreux parmi
vous?»
— bén sammurén « ils sont beaucoup ».
— ihannûn ma'almanô ? « ce sont les maîtres ? »
— maalmanô U'talmidâyhun b-matrastyôtân « les maîtres et
leurs élèves dans leurs écoles ».
— l'imôd, ^mô uwif? « qu*as-tu fait jusqu'à ce jour ? »
— ânâ wôb misigél ije travaillais».
— ^'am tôkén sôf^nâ jappâyfyun yumâ là ? « chez vous, fait-il
chaud ou non ? »
* sot (89 , p. 4Si ) dans le •eni de Taimbe ljjJH*
* ^if<far «savcnr» (ar. vulg. ^ref) de VAd «approfondir, chercher»,
remplaçant le classique %^ , est à comparer avec le grec moderne ijSe^pœ ,
sobstitué à olêa.
156 JUILLET-AOÛT 1898.
— gappâynah tûnyà qarrésâ bahar « chez nous, le temps
est très froid ».
^ Uîna bat mil ? « où vais-je aller ? »
— nôz *a-gupaôd nakk^^a-mallôy o je vais à Djub*adîn parler
des gens de Malûia ».
— ^hoâ nzellah ânà w-af 'a-yàbràd «veux-tu que nous
allions ensemble à Yabroud ? »
— nzellah 'a-blôtâ « allons au village ».
'awaynôt taux sources» (II, 17, p. 126).
'a-séqqyâ « aux jardins » (XII , 5 , p. 1 46 ).
*a'trô « aux aires ».
— mbô*â «je veux bien».
— e}j,m} {boà « comme tu voudras ».
(ei/tl il-amraf}^ « à tes ordres ».
bism ïl-alô « avec plaisir (au nom de Dieu).
— ko nzellah « allons ! »
lôzém ninhâ^ 'a-*esrén «il faut que nous descendions à
gauche ».
ihmd « regarde ».
— *am-hôm «je regarde ».
— mdlûlâ hlôtâ *at{éqà, pàytyôtà t^i hôd blôtâ ma'amrén ël-
'él bad èl-ba'dâ « Malula est une ville ancienne. Les maisons
de cette ville sont bâties en haut les unes au-dessus des
autres ».
ôléf gabrân qbérén hôl^J « un millier d^hommes sont ici en-
sevelis ».
hôd maartâ èsmâ pàytâ Ci malk^à « cette grotte s'appelle la
Maison du roi ».
hôtâ tvâybd qlêsyâ « celle-là était une église ».
ô/* bâ sârâ u-tarjyôtâ a-k^ôrsâ éj^mî-/î qlêsyâ « il y a dedans
une muraille, des degrés et un siège comme [dans] une
église ».
LE DIALECTE DE MA'LULA. 157
ineh^f m'n-dàyrà? ■ tu es descendu du couvent ? »
— nehpt «je suis descendu ».
alahif « je suis fatigué >.
J^darit «j'ai la crampe ».
— ihdari^ ? « tu as la crampe ? »
ihdarat regral^? « tu as ia crampe au pied ? »
VI
ikifnîl ? « as-tu faim ? »
kaaJf, hôl}à « assieds-toi ici ».
kaas ëlhél « assieds-toi (f.) là-bas ».
— ànâ nkail nniahsêm «je me suis assis pour souper».
— kaêlJ^ân *a-f 'ôt ïl-blôtâ «asseyez -vous à la mode du
pays».
ûJ^lân « mangez ».
l ha( *ariqâ ? « es-tu à jeun ? »
àjtay garda unôl^lén «apporte (f.) quelque chose et man-
geons ».
l\ohél ghèlp'i hai\â ? « manges-tu du fromage frais ? »
— ^tût besrâ? « n'y a-t-il pas de viande ? »
— àf besrâ sawwi « voici de la viande rôtie ».
— appU saqfé « doune-m*en un morceau ».
— llbô*â débsâ b-syahd^? «veux-tu du miel en rayons?»
sqô (sqôl)jléjlé • prends des piments ».
— htf ■ ^*®** assez ».
|a nrôs • je ne désire pas ».
fa bat « ce n*est pas nécessaire (je ne veux pas) ».
(a maqbél met «je n'accepte rien (je n'ai pas d'appétit)».
qàyr ôrkâ « une autre fois ».
sib*it «je suis rassasié ».
— sib*af « tu t'es rassasié (grâces à Dieu) ».
ém'à sahàn ou àJyâl émâ sahân 'a-leppaJf, « mange pour cent
santés sur ton cœur I »
158 JUILLET-AOÛT 1898.
— dâymé « continuelle [toit votre prospérité] ! » *
tas qallés « viens (f. ) an peu ».
qimé.mnô}}â « enlève cela d*ici ».
5^0/ « prends ».
éf^nâs « balaie ».
'am-aril, hdà tara «j'ai froid, ferme la porte ».
sakk^ar, bat nedmélj, « ferme à clef, je veux dormir ».
^ê^mâ sa*tâ ? « quelle heure est-il ? »
— sa ta êhdâ : eerhat simsâ « une heure : le soleil s'est cou-
ché ».
aafmat tànyà « il fait nuit ».
lôfàs nhôm «je ne puis plus voir».
— it^oà nàytillajj, (M.) [nàyte)} (^y)] ^àmatâ? «veux -tu
que je t'apporte une bougie ? »
âytUla}} sâmatâ «je t'ai apporté une bougie ».
— tassrâ « laisse-la de côté ».
VII
barbârâ, ^anuk' wàybà ? « où était Barbe ? »
— b-tcumârlâ « au four ».
^ là zlallâ ^a-sir^â {help èUezzô ? « n'est-elle pas allée à la
bergerie pour traire les chèvres ? »
— zlallâ *a'tannâr(à pji « elle est allée au four pour [faire]
cuire ».
briîm zallé 'a-fôvnâ yiji « Ibrahim est aUé au four à pain
pour cuire ».
— taqlâ, i mlnâ tallâ ? « Thècle , d*où vient-elle ? »
— tallâ m-tanndrlâ « elle vient du four ».
— ^ mtnâ {i{lis ? « d'où viens-tu (f.) ? »
— til m-ddktâ baèiîâ «je viens d'un endroit éloigné ».
* Formule arabe : U^. Cf. n.-s. ^a«lt et Ganoni G, k, p. 53 , aSo.
LE DIALECTE DE MA*LULA. 159
— amrilKs : là zêlUi *a-barrîâ «je t ai dit : ne va pas dans
la campagne ».
imô ptan ? t que portes-tu ? ■
— fiW il'tarià sôbnâ t un demi-poids de beurre ».
— amriUii : là fbaisél « je t*ai dit : ne fais pas ia cuisine ».
6a/t* nâJfsennis b-ôd idâ «je veux te tuer de cette main».
— mehné k^affâ « donne-lui un soufflet ».
— ^mô batialf. nafféq l^ôlqalj, ? « qu*as-tu pour que ta colère
paraisse?»
— b'gâyebû sfis hamri ttu as bn mon vin en mon ab-
sence».
— là 'a-démt^ là Ufiftê « non, sm* ma conscience, je ne Tai
pas bu».
— aynhà ! t holà ! »
— l mô-ô^ ? t qu*as-tu ? »
— Iframô ! « les brigands ! »
en(abân yà hayàlô èl-atawô « debout, soldats, à 1 ennemi ! »
— awqéf! empicC m-rôhà mn-éJ^à «arrête! il est défendu
de sortir par ici ».
— Jlawnà èsmat « quelqu'un s*est enfui ».
safrônà âiar « Toiseau s*est envolé ».
— bd^tt^ «je le tiens ».
— ahtU qôm l-ïsmô a-qômmajj, « j*ai péché devant le Ciel et
devant toi ».
samih bà-}}rômfi nuiFf-mâryâ « pardonne par le mérite de
la Sainte- Vierge ».
6a-^rôm|â gurhô le-msêljM «par le mérite des plaies du
Christ ».
— mboâ «j'y consens».
yà iédà, yalô, \hannan *al «ô Seigneur, ô Dieu, aie pitic
de moi I •
160 JUILLET-AOÛT 1898.
— sallà mà^rômfâ U àiffyilyawm « prie pour moi chaque
jour».
— *a-ràyst • sur nia léte (je te le promets) ».
VIII
^ôt }^lpâ h-pàyta}^? «y a-t-il un chien dans ta maison?»
— (a gappi 1}aipà a-lâ qarqôrà «je n*ai ni chien ni petit
chien >.
— ^ôt qattâ ? « y a-t-il un chat ? »
— lût qattâ « pas de chat ».
— lèzzâ ? « une chèvre ? »
— fût gappâynah *ézzâ, anima ôt tabità «nous n^avons pas
de chèvre , mais il y ^ une gazelle ».
— ^ mînâ ôtyâ ? « d'où vient-elle ? »
— k'anvânnâ m-barrià «ils Tout capturée dans la cam-
pagne ».
âytânnà m-târà « ils Tont apportée de la montagne ».
— ^él^mâ 'ômrd ? « quel est son âge ? »
— yarkà ahad « un mois ».
hattak nâl^^ennâ hannâ tâlyâ « nous tuerons cette gazelle ».
rômsi Ihannà màsâ inqtal gâdyâ « hier, un chevreuil a été
tué avec ce même couteau ».
IX
^ mô h-îdaff^ ? « qu*as-tu dans la main ? »
— tafirâ aqalmà « un cahier et une plume ».
— ^ hattal} {ifyàh ? « tu vas écrire ? »
— hanna qalnui {u-manfd « cette plume ne vaut rîen ».
— hannâ J^tôhâ ^ ndaj} ? « ce livre est-il à toi ? »
gemmât fyi$pi{{é ? « quand l'as-tu écrit ? »
^dukk'll {ô6' baéd mn-ôJ^â? «quand tu étais loin d'ici?»
LE DIALECTE DE MA'LULA. 161
fiiôbâ ^él^mâ timé? « combien vaut ce livre ? »
— ànâ |a mzappén • je ne [le] vends pas ».
^tabô tidàyrâ ^èJ^mà timùn? « les livres du couvent, combien
valent-ils ? »
— hannûn J^ahô *a{{éqén, ^a-manfeén «ces livres [étaient]
vieux , sans utilité ».
— flawnâ saqlân « quelqu'un les a pris ».
— ^ mon ? t qui ? »
— gabrônâ maalmôiiâ, ti wôb qôsi 'al-talmidôyé. wùb fa-
zôya mn-alô « un maître , qui était dur pour ses élèves. Il ne
craignait pas Dieu ».
^zlillalj, *a-téllâ ? « es-tu allé à Aïn et-Tineh ? »
— gahrnù ti /éj|«, ^niô *am-1swûn? «que font les gens de
Ain et-ïineh ? » "
*am-uwûn mastût U-êbrnn «ils célèbrent la noce de leur
fils».
lémmai \àz' ? « quand partiras-tu ? »
— bôtar yawmà qalil « après quelques jours ».
bôiar aipa yâm « dans quatre jours ».
— bes {sôfar, ta miffk'ar bah • quand tu seras parti , tu ne
penseras plus à nous ».
bes timti 'a-blatôlj, ef^War bah» u-sattar lah inak{àbâ «quand
tu seras arrivé dans ton pays, pense à nous et envoie-nous
une lettre ».
frisla)}, bes nimfi *a-blôû f/êj 'a-bôV «bien sûr, quand je
serai arrivé dans mon pays , tu me viendras au cœur (je me
souviendrai de toi) ».
— pidkrennah « souviens-toi de nous ».
— «vflf* ^krenni « et toi, tu te souviendras de moi ».
— ânà nsayék /cj bahar, amâ bu dû mn-1l-nehmenna}} , wa-
inn yakûn batiii gayéb mc-û/flj^, amâ rûh^i (Jayéhû a la}} «je dé-
sire l)eaucoup te [voir], mais l'éloignement m'empécbc de
IMr&lMIlUB B*Tll»)i*tR.
162 JUILLET-AOÛT 1898.
te voir; et bien que mon corps soit loin de toi, cependant
mon esprit se fond à cause de toi ».
yité}} {«/| ll'*ômvû, u-yappe}} l^lôs cl-iuifia)^ «que Tâge te
vienne , et qu'il te donne le salut de ton âme ! »
yësallém ll-ldwâta}} wa-yiqattrciinah 'am k'âfôylaJj. b-(ùbtd
« qu 11 conserve tes mains et qu'il nous rende capables de te
récompenser en bien ».
TEXTES.
r
al}ddn ( m^m, ) yâ binisôyâ ,
u-annén [^\) yà yawnôyâ ,
u-zaqfûn (\Ji'^) y à tdrôyâ,
u-rafbân (wJ|^) qsityôtâ (.Xçiag « méditation, poème ». Cf. n.s.
yâ maalmanôyâ. »^).
bannâ yawniâ azzetennah (71,4,pael, suff.) saifâ (<31;i)
b-san-éf s'Uah bàtàrkâ ti wôb gayyéb, itkên bali éj zar*â (î hhi
( ^9\ 82, a) u-tallé rayyâ : bôtar mid wôb émet, éhi. a-J^annê,
anah nibén dallônén ( ^LttbiÇlîo] ) l-gayébté, u-liôs be-J^dôré (dûL^\
awêtal (76) râhali leh.
tôlpén (n.-s. «k^, v^) ^'^'^^^ô yafenné («a;k.{ [afel de «2k\.]
ou wâ:^ [i^^] ^^é>* ^>^) (i-f^à-sâynali u-yànasrenné (y^j) 'a-
*âtuwôyé (5o<i) w-ltawwel ( Jjb) U'ômrê u}}fyùl-mi-l sôlêq ndhrà
U'Sùlqà sinisà,
TRADUCTION.
Réjouissez- vous, ô hommes!
et gémissez , ô colombes !
applaudissez , montagnes ,
et composez des })oèmes,
ô maitres !
' Dicté à Maiûiâ j>ar lauteur (octobre 1896).
Ce premier tcite est un compliment adressé au Patriarche melkile par
M. Doulos Haddad, de Ma'lûlâ, au séminaire grec de Ain-tras, en 187^.
LE DULECTE DE MALULA. 163
En ce jour nous avons eu beaucoup d'honneur (il nous a
augmenté Thonneur) iorscpe notre Seigneur le Patriarche,
qui était loin [de nous], nous a honorés [de sa visite]. Ce fut
pour (en) nous comme [pour] la semence qui a soif et [que]
vient la pluie : après qu'elle était morte, elle vit. Comme
elle nous étions abattus en son absence, et maintenant, en
sa présence , notre souffle nous est revenu.
^ous demandons à Dieu qu'il le conser\'e sur nos tètes, et
qu'il le rende victorieux sur ses ennemis , et qu'il prolonge
son âge tant que se montrera la lumière et que se lèvera le
soleil.
Il
CHANSON '.
w[à mâr sakkàfâ
âyâ hrûm estôfâ
battah [n]n}^s (Uaâ, 83, 3q) bUfiôfu (ud)
nezru haq'l safsôfâ (ULojuo)
neita (««^^1, 55, ii) hâ oi-l^tôfâ [A^)
nif^ul bâ parafa
TRADUCTION.
Ali ! Maryain Skafi I
Ah! Ibrahim Asdef!
nous nous couvrirons d'une couverture ,
nous sèmerons [dans] le champ du saule,
nous y jouerons à enlever [les pierres],
nous y mangerons le mouton.
' Ma'liili (octobre 1896). Ces vers sont ie texte d*unc chAiison enranlinc
qui accompagne la danse de la dabké,
\jc% deux premières lignes contiennent des noms propres. Le cinquième
rers fait allusion au jeu £ivori des Maloulicns.
1 1 .
164 JUILLETAOÛT 1898.
111
CHANT D'ÉGLISE \
nehii^ ( K-j , 55 , g ) m'n^-snwyâ
ha( t1 {môhhén *alâynah,
irsil (<,-*;, 82, 1 1) tafnâ (t^. Cf. I*»?) tlôlâyilm,
hûttâ tafqennah («ûBI, 70, 5) m-ndrâ.
ya hyôtali to* qyôm\ah,
yalô (yâ alô), majtâ ('^) /ê^.
TRADUCTION.
Tu es descendu du ciel ,
toi qui es miséricordieux pour nous.
Tu as accepté la sépulture [pendant] trois jours
pour nous délivrer du feu.
O notre vie et notre résurrection ,
ô Dieu , ^oire à toi !
IV.
prières'.
b-sêm l-ôhû a-l-chrU n-l-râhc qôtsi, alô âhaj. àmcn,
àbûnah hismôyâ, yèlqatt(û (^^y^Lx^ forme de la 6Vconj. ai*abe.
( Voir 86 ) esmâl} ,
e]}ni' (Uo j^]) {boa l^t ( f^J ) \i-l-arâ |i b'-smôyâ,
' Cette pièce a été traduite du livre d'offices arabe, chez M. Va'qub
Uaddad, curé de MaMulâ (octobre 1896}, pour être appliquée à un chant
de la liturgie mclkite.
Jlndique dans la transcription les demi-voyciles , insérées dans la pro-
nonciation lente.
* Cette formule et la suivante m*ont été traduites dans les mémei cir-
constances que le texte qui précède. La version du Pater est tout à fait in-
dépendante du texte donné, en caractères syriaques et arabes, par Ferrcttc
(Z. I). M. G., X\l, 1867, p. 187, 188). Les variantes du présent texte
m'ont été fournies à Ne!>k.
LE DIALECTE DE MAXIILA. 165
appelf, lehmah uljfyiîyômâ h-yairmè ,
iigfûr lah 'aîtôtah, él^mid (f ko <^J) anah ngôfrdn l-môn ah
leh,
[Var. l-ti aht *ammàynah]
tt-là (aprennah (afel de i-a^) h'-fagrebyôtâ (vt*')-
[Var. flaqhannah] (vulg. ^).
hal I^Uannah (jo^* 69| ^^) ^'^^ ''*^i*
[Var. m'n'Sarrîrâ (3-*).]
TRADUCTION.
Au nom du Père et du Fils et de TEsprit-Saint , Dieu un.
Amen.
Notre Père [qui es] dans les cieux, que ton nom soit
sanctifié ;
advienne ton royaume ;
[quil soit fait] comme tu veux, ainsi sur la terre comme
dans les cieux.
Donne-nous notre pain , chaque jour dans son jour,
et pardonne-nous nos fautes , de même que nous pardon-
nons à qui a péché contre nous;
et ne nous induis point en tentations,
mais délivre-nous du mal.
slômâ a'alisyâ mar^ maryâ,yâ {malyà h-naamlâ.
[Var. û malyâ^
alô *€mmis,
kasi brély'i Ihal sunyôtâ, a-èhbréJf,
[Var. b-saryôtâ]
tammart lé-gawwis yesuâ mséhâ,
yâ qattêstâ maryâ,yâ cm l-alô,
sallay mufyrômfà ( Ns. /^^-i « miséricorde ». Cf. arabe p^j^
et Ul^l «en faveur de») leh, anah nhôtcn, hôs' n-waq\' nniôy
lén.
[Var. u-waqi 1l-môylah,]
166 JUILLET-AOÛT 1898.
TRADUCTION.
Le salut [soit] sur toi , ô sainte Marie , ô toi [qui es] pleine
de grâce.
Dieu [est] avec toi.
tu es hénie au-dessus de [toutes] les femmes [Var. parmi
les femmes], et Jésus-Christ, le fruit de tes entrailles est
béni.
0 sainte Marie, ô mère de Dieu, prie en notre faveur,
nous [qui sommes] pécheurs,
maintenant et lorsque nous mourrons [Var. et au moment
de notre mort].
VI
Evangile (Jean, XXII, l5-l7)^
mséhâ ômar el-sâmân : sâmân, ibr yawnâ, ^{rahhém-l aktar
mn-anân? aniellê : naam, ha{^ tyôde innt nrahhêm lali, amellê :
Ira fyivùfby.
amellê tên hatrlâ : mm* un, ibr yawnâ, ^Irahlwm-l? amellê :
na*am, ha(^ fyôde inm nrahhêm /« J. amellê : ira l^aràjoy zùién,
[Var. z*ùtô,]
amellê tlêt l^atrtâ : sûm'ân, ibr yawnâ, ^iralihêm-l? ehzam
l^êfâ [Var. bûiros]. *ajâ amellê èllat ûrh : ^{rahhêm-l? amellê :
rabb), haf fyôdc i}.ulmêt, haf tyôde inm nrahhêm lai),, amellê :
ira fyirâfyôtj, [Var. k'apïôy],
TRADUCTION.
Le Christ dit à Simon : Simon, fib de la colombe, m'ai-
mes-tu plus que ceux-ci ? Il lui dit : Oui , tu sais que je t'aime.
Il lui dit : Pais mes brebis.
Il lui dit [une] seconde fois : Simon, fils de la colombe,
m'aimes-tu ? Il lui dit : Oui , tu sais que je t'aime. Il lui dit :
Pais mes agneaux.
Il lui dit [une] troisième fois : Simon, fds de la colombe,
' Nebk (décembre 1896). Les variaoU» moat été données à Damai.
LE DIALECTE DE MALULA. 167
m*aiines-tu ? Pierre s*indigna , parce qu'il lui avait dit trois
fois : M*aime»-ta ? H lui dit : Maître , tu sais toutes choses.
Tu sais que je t*aime. Il lui dit : Pais mes brebis [ Var. mes
béliers].
VII
Evangile (Jean , XII , i a- 1 6 ) *.
i?n ya'.pmû tpoqt 11 êsma' jVutiVî bal^ar tï iôlé^a-édâ, inn'
msèhà batte hélé 'a-âraslêm [Var. ^a-qàtsâ] àsap tarniibô (/-
tamni, a-enféq ênfqélé (<ï*^î, 8* conj. arabe), a-itkén zdàqcn :
hôianâ, mbôrêlf, (i ôt b-iim ll-alô, mtdk^â t-isràêl. u-islah yasd
msêhâ hmôrâ, erl^h a'ié, êJ^nu-l èl^têb : là {iz^ù, y à bir\ sahyiin,
halle (e^loi) malk'â tîdis Uélé lilis érl^b ^a-lfinôrâ ibr hmôr(â,
a-hannâ met là iahmtînné (bo» à la 6* conj. arabe, 86, la)
lalmidôyé Ihawwalfâ; ammà waqf èsqél (%mAa, 59 fm) mséhâ
majté, waqlâ éfien {{J^y 57, i3) talmidôyè inn hannâ met
èf^êb meàlé a-hennàn isun hannâ met lélê,
TRADUCTION.
Le second jour, lorsque la fouie nombreuse qui était
venue à la fête entendit que le Christ allait venir à Jéru-
salem , ils prirent des branches de palmier et sortirent à sa
rencontre ; et ils criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient
au nom de Dieu, le roi d'Israël. Et Jésus-Christ trouva un
âne, il monta dessus, comme il est écrit : Ne crains point,
ô fille de Sion I Voici ton roi [qui] vient à toi , monté sur un
âne , le petit d'une ânesse.
Et cela ses disciples ne le remarquèrent pas d'abord; mais
lorsque le Christ eut pris possession de sa gloire, alors ses
disciples comprirent que cette chose avait été écrite de lui,
et [qu']iis l'accomplirent pour lui.
' Même provenaace.
168 JUILLETAOÛT 1898.
vm
Evangile (Luc, XV, ao-a/i, 3!i) *.
àqâm, zellé l'a-l-ôbû, dukk-U wôb baëd, hemné ôbn, |/i«/i-
nan (5' conj.) *alé, àrhét u-tdqélé, asp' satré a-dammé ((►-«*).
u-amellé ébré : yû eppay, anâ lUU qôm lî-smô u-qô/nnia)^ , u-lô
fâs^-lfristâ huttâ (emmin (83, 26) ebbral^,
Omar ôbà l-âgirô : àytùn \yi$sô t-alisén a-J^sânné, wàyUln
fyôimâ bAdé u-sarmàytâ b-regîé, àytùn 'akk'ûsâ sammén u-nôJy-
siînné, tt-nôl^n u-nhôdên, hannâ ibr wôb èmél u-hôs èliï, tcôb*
dayye (^^) a-hôs isfah lé, battait néhéd u-ninbesat (Cf. Biiss.,
M. p. 96).
TRADUCTION.
Il se leva , il alla vers sou père. Tandis qu'il était loin son
père le vit, il se prit de pitié pour lui, il courut, et il le
baisa, il [le] prit [sur] sa poitrine, et il Tembrassa.
Et son fils lui dit : O mon père , j'ai péché contre le ciel
et contre toi , et il n'est plus possible que tu m'appelles ton
fils.
Le père dit aux serviteurs : Apportez les habits les meil-
leurs et habillez-le, et mettez (apportez) un anneau à sa
main , et à son pied une chaussure. Amenez le veau gras et
tuons-le, et mangeons et réjouissons-nous. Celui-ci qui est
mon fib était mort, et maintenant il vit; il était perdu, et
maintenant il s'est retrouvé. Nous voulons nous réjouir et
nous divertir.
IX*
aJfod \a-hàylé sattar rôh iUhaklmû, tôle Ijaktmâ le aie amcllé .
^ rnôl^l briirn, amellé : \ii-hûyV,
' Damas, février 1897.
' Ménie source.
Celle composilioii et les suivantes <lonneront les meilleurs spécimens <lu
langage parlé.
LE DIALECTE DE MAXULA. 169
amellé : ^mô ntuwk'â lal^? (^ Ual» b& VÏaj) amcHé :
IYIV5.
amellé : ^éfynâ Iqél (Jj^) /aj? amellé : llùtâyâm,
amellé : âytà Iffalf, asp êl-îdé u-amellé : haf \tahb\ amellé :
liwâ diktâ 'a-jblnalf, kam l^ssârô (Iw^ma, j-j--.5il!, whallâ u-zerr
V-wartâ, ii-iwâ l-diklâ.
hàtar yawmâ, tôle le*alè. am'llé : ^ éJ^ fâb^ ? amellé : naham
(forme syriaque p^ai dans le sens de Tarabe *«>j) ti-l-alô,
râys^ àytéb , lakén satn *am-mawk^â *at,
amellé : tsarrctf (i^j^ [?) 'a-satral^,
amellé : ânâ nmsattar la}} twô m-gapp'. àl^l^ûlfelk' sa ta âsôp
finjônâ. amellé : âytâ msiryôlà, amellé : hôs lût 'cmmL embar,
di bàlô, nmâytéb, a-ntil le*ala}}, mappléh lyspôna}}.
TRADUCTION.
Un [homme] malade envoya chercher le médecin. Le
médecin vini vers lui. H lui dit : Qu'as- lu , Ibrahim ? Il lui
dit : Je suis malade.
Il lui dit : Qu'est-ce qui te fait mal ? Il lui dit : Ma tête.
Il lui dit : [Depuis] combien [de temps] es-tu malade ?
Il lui dit : [Depuis] trois jours.
Il lui dit : Donne ta main. Il lui prit la main et lui dit :
Toi tu es bien. 11 lui dit : Mets (fais) une poudre sur tes
sourcils; une dose d'élixir, du vinaigre et du bouton de rose ,
et fais la poudre.
Après un jour il vint vers lui. Il lui dit : Comment vas- tu ?
n lui dit : Par la grâce de Dieu , ma tête est bien , mais mon
côté me fait mal.
Il lui dit : Tourne-toi sur le cAtc.
Il lui dit : Je t'enverrai des remèdes de chez moi. Chaque
demi-heure prends [-en] une tasse. Il lui dit : Donne l'argent.
Il lui dit : Maintenant je n'en ai pas. Demain, s'il plait à
Dieu, je serai bien, et j'irai vers toi te donner ton argent.
170 JUÏLLET-AOÛT 1898.
ehdà sunîlâ fa-hàylâ amrô l-he'alâ : zel^, àylî-l Ijakîmâ,
zallé bealâ, aytillê là liaktmâ, mâffêyél bôbalâni.
talé liakimâ lealâ, amellâ : zahiyé, ^môs? amm lé : |a-
amellâ : i mô mawk'â lés ? amrô lé : lippi,
amellâ : àytây îdis, asp él-idâ, amellâ : ahmiltl lessônis, amellâ :
ôt tàwôyà; ûljl^ul sa ta fôspâ Jinjônâ, w-ôt sjufâ; ù}yl}ul ëtlat
su {ôspâ waraqtâ, lUJjdlâ halpâ n-mark (t l-besrâ, lehmâ là
^ifyâl apatan,
TRADUCTION.
Une femme malade dit à son mari : Va, amène-moi un
médecin.
Son mari alla [et] lui amena un médecin, Micliel Popo-
lani.
Le médecin vint vers elle. Il lui dit : Zahié, qu'asHu?
Ellle lui dit : Je suis malade.
Il lui dit : Qu'est-ce qui te fait mal ? Elle lui dit :» Mon
cœur.
Il lui dit : Donne ta main. Il lui prit la main. Il lui dit :
Montre-moi ta langue. H lui dit : Voici des remèdes; chaque
heure tu [en ] prendras une tasse , et voici une poudre ; chaque
trois heures tu [en] prendras un pacpet (papier), et tu man-
geras du lait et du jus de viande. Du pain , tu n'en mangeras
point du tout.
XI
WJÔ/' ahad gahivml , ilé hsônâ (ii-hûylê, aspé n-zallë l-gap /*-
Ifkîmâ n-amellé : hemVl hannâ hsônâ mô-d-él {u-hâylé.
amellé : àyVné lôlyi. ehmnê hâkimâ, amellé : ebbrah hannâ
(a-manfa*. batte y^imdt.
amellé : (a lé twôyâ apatan,
amellé : fût menné nafaâ.
LE DIALECTE DE MAXULA. 171
TRADUCTION.
Il y avait un homme; à lui [était] un garçon malade; il le
prit et alla chez le médecin, et il lui dit : Regarde-moi ce
garçon , car il est malade.
11 lui dit : Fais-le approcher (amène-le) ici.
Le médecin le vit. 11 lui dit : Ton fds celui-ci n'est bon à
rien : il mourra.
11 lui dit : Il n*y a plus de remèdes pour lui.
Il lui dit : 11 n*y a rien à faire de lui (plus de lui d'utilité ).
XII
l mô^ ? Aa(.
— ânâ *am-arîl,
— i^fè sarahtâ.
— ^ ma bat nisf^ ?
— àytâ *ésër teirhm* (^tù « la huitième partie de l'once »)
anglizôY, u-sfâ sarablâ. W'Uyi b-hass 11 sarabtâ môyâ qarrisën»
httttâ fiitS^l, u-emhar îifâ *ésér kam kïnâ, imàytéb,
TRADUCTION.
Qu'as-tu ?
— J'ai froid.
— Bois une potion.
— Que boirai-je ?
— Apporte vingt grains de sel anglais , et bois la potion , et
bois , en alternant ^ avec la potion , de l'eau froide , afm que
[la potion] opère; et demain bois vingt doses de quina.
Porte-toi bien.
XIII
zallé ahad l-gap el-hakimâ , {n-haylé, hemnë hakîmâ, amcJlê :
j mô esmal^ ? amellé : ësmi iâmâ.
ameilé: ^ mô mawk^â hûi^? amellé : ôtUawla'fpl b-lippi. fi^^a/-
yômâ nôféq menné saqfâ. ^ mô mnôfyêl mô-d-èl nel^jen ?
amellé \akima : asôp ûff^ûlyômâ ^a-sôfrâ bakk'ar *ariqâfiujan
* fjjs ^ M ^JôJb «en parta^ant avec la potion».
172 JUILLET-AOÛT 1898.
el-araq , w-ûnâ mappe}}, Iwôyâ m-gappi, (ôsêp li^^iï/yô/wrt et lut
fritt^ alûlâ, w-etlal frilV *arùhà, u-JyôlaJf, |ô^/ besrâ sawœi.
pnk'attar lé melljâ u-fnlful hahar, l^ûlméi {makiar, u-lehmâ là
fiff,âl apatan. di halo , (mây''téh,
amellê : ^ efynâ battaJf, msiryôtâ ?
amellé : majéiay u-felk^é,
amellê : katirit aati,
amellé : là k^attrit, mii}^'ôm{à lalf, majéiay u-feWé,
TRADUCTION.
Un [homme] alla chez le médecin, [étant] malade. Le
médecin le vit. Il lui dit : Comment t'appelles-tu ? 11 lui dit :
Je m'appelle Thomas.
Il lui dit : Qu'est-ce qui te fait mal ? Il lui dit : J'ai un ver
dans le cœur. Chaque jour il en sort un morceau. Que man-
gerai-je quand j'aurai faim ?
Le médecin lui dit : Prends chaque jour le matin, de
honne heure , à jeun , une tasse d'eau-de-vie , et je te don-
nerai des remèdes de chez moi. Tu prendras chaque jour
trois pilules l'après-midi et trois pilules le soir, et [pour] ton
manger, tu mangeras de la viande rôtie. Tu y mettras beau-
coup (tu y augmenteras) de sel et de poivre en quantité,
tant ce que tu pourras, et du pain, tu n'en mangeras point
du tout. S'il plaît à Dieu , tu te porteras bien.
Il lui dit : Combien veux-tu d'argent ?
Il lui dit : Un mejidi et demi.
Il lui dit : Tu surfais pour moi.
Il lui dit : Je ne surfais pas. Pour toi [c'est] un méjidi et
demi.
XIV
CONTE *.
ahad sappô tvôh tayér (;!•>). èqta (^^ «couper») V-hariUi.
ehm meshâ, mzawica* é]}t sabb'd, u-u-râysc hWâ râys b-licyS,
* Màmc provciiaiicc. Ce morceau, traduit diaprés uu conte arabe, trahit
son origrinc par le grand nombre de mots et de formos arabes qu'il pré-
sente.
LE DULECTE DE iMA'LULA. 173
waqi'U hemné hewônà kôtê sappà, énfeq mn-maartà, èhjam
a aie, wa-àynôyé esméq éJf. nârâ, u-qarnôyé sdb*â er^a (8* conj.
^;i) wa-enUap («woxil), u-lissanôyé sdhi'â qaennân (dans le
sens de Tarabe £^^^. Cf. I»u») éJ^t sahmô. y'dlûf biîn, a-jawwà
(Ja. «Tair ambiant») yatwi (aCei de tf5«>) m'n zë'ôqé u-syôhé,
ainnui sappà wôb' {a-zâyë apatan, Urlâ ër{aap [^^>jJy\) hôte
sawftâ l-hesâ, wa-lâ atiar (^1) hè zawwaâ, bal arhét a aie,
wàfop b'idé maqqôbâ (i wôb *emmé ^a-l'-'ôt ï/ blôtà, wa-êhjam
Ui'l-ôté hewônà u-lamz? u-mehné. b-darbâ ahad eqia arpa ràys
m-râysôyé, u-b-tên darbâ ëqta ïter ràys herân; wa-lammà batte
ytqût èl ràyià sàbbeà wa-yuhâd aalê , èglêb lé, maqqôbà, lasaw
(#U») ll-hazzê a-naliséy àtar mn-idé, u-lam yàsâp waq^â hrénà,
là yàspennà, *ajà hâté hewônà, majnûn bahar mn-7l-gurhôyé
Jjtrô menné, ôtëp 'a-sappà, awk'lé, U'na}^(ë, a nafjc l-besrê a-
aspé 'a-maarlé.
TRADUCTION.
Un des garçons ^ faisait une tournée. Il traversa la cam-
pagne. Il vit un monstre effrayant comme un lion , et sur sa
tète sept têtes dans [Tapparence de] serpents.
Lorsque la bète vit ce garçon , elle sortit de sa caverne
[et] se précipita sur lui. Ses yeux étaient rouges comme le
feu, ses sept cornes se levaient et se dressaient, et ses sept
langues s*agitaient avec bruit, comme des dards. Il sifflait
avec [ces sept langues] et il faisait retentir l'air de son cri
et de son fracas.
Mais le garçon était sans peur aucune. Ce spectacle ne
l'épouvanta point par sa laideur, et la fureur de cette [bête]
ne l'épouvanta pas ; mais il courut contre elle , et prit dans
sa main la hache qu'il avait avec lui, selon la coutume du
pays, et fondant sur cette bète, il la repoussa et la frappa.
D'un premier coup il trancha quatre de ses t(Hes, et d'un
second coup il trancha deux autres tètes, et comme il vou-
lait couper la septième tète et ainsi vaincre la [bète], il fut
' Arabumc Voir (Tpetulaiit R. Du val, Gr. syr,, p. 303.
174 JUILLET-AOOT 1898.
vaincu. Pour son malheur et sa mauvaise fortune, la hache
s'échappa de sa main, et, comme il allait la reprendre, il
ne la reprit pas, parce que cette héte, grandement afîolée
par les plaies d*où s'écoulait son [ sang] , se jeta sur ce garçon ,
le vainquit, le mordit, déchira sa chair et l'emporta dans sa
caverne.
XV
Evangile (Mat., XXV, 3i-46)\
ômâr alô : k*ân tôle êbr êl-basar h-mafté, w-ajma maWôyê
l-qattisô *emmê , yajlcs [Var. qa^élé] *a-k'ôrs lUmajtc, a-majma
lélé 1^1 ômtà, a-farréq hddâ éf^m-ll mfarrêq reayâ J^râfô m-
gadyô, u-maqëni ëUlyinvfo ^a-yummén gadyô ^a-esrén. malle à
niamél-l-ii *a-yummên: talf^ânya brij^ôy il-eppay; saqUîu màlkû
û mat Iclf^im m-waq\ )l èhléq binnisô, 'ajâ nôb nel^n tv-afm-
l1}ûiuù , u-nôb niseh, asqlJfûnm, nôb gârébâ, awi(}}ânn1 , u-nôb
*aiyan, J}as(}}iinnt, u-nôb la-hâyti , zurlJ^ûmii, U'nizrêb, tifl^ùn
gappL
qattisô mamriUê : yâ alô, ^ émmat èhmnah /aj {el^Jen, atam-
nah /tfj, n'(is(li, asqnah lah, u-gàrêbâ, awinnah /«J, a-{aâryân,
al^nalj /aj, u-{imrêd a-flzréb, u-zumah la}^?
alô anxellûn : èJ^-m-UfaUifJ^iln b'-hnûy zutô, bifalillynn.
mamel'l-t'Ca-$môlà : zlùn meel, ya mal'ànô 'a-nw^â t1 maptâ,
tl 'atltâ l-sUanô u-maWôyc, nôb nej^n, là aCamfJ^dnnl , u-nisék,
là asq(}^nnn1, n-naâryàn, là }}as(l}mn), u-mrêdâ a-niziéb, là
zurtimnm,
mamnllé : y alô ^ émmat hemnah lai), fel^n, \iseh, gârébâ,
{aàryàn, {u-hàyla}), {izréb , u-lâ ahtémnah la})?
mamellûn : ânâ namell^ân ': é})t là {wifyûn b'-hniîy zutô n-lâ
*em tipifyûn.
han zlillim ^a-sniô, lirinôy zUllùn 'a-nihâ.
* Même provenance.
Celte belle traduction d'un r^cit de PÉvangitc est particulièrement
précieuse pour l'étude des formes verbales, r^p^tôes selon leurs diverses
flexions.
LE DIALECTE DE MÀ*LULA. 175
TRADUCTION.
Dieu dit : Lorsque viendra le Fils de rhomiue dans sa
gloire , et que ses anges rassembleront les saints autour de
[avec] lui, il siégera sur le trône de sa gloire et réunira à
lui toutes les nations, et il séparera parmi elles de munie
qu'un pasteur sépare les brebis des boucs, et il placera les
brebis à droite et les boucs à gauche.
Le roi dira à ceux de droite : Venez, ô bénis de mon
Père ; recevez le royaume qui vous est préparc depuis que
les fils des hommes ont été créés; parce que jWais faini, et
vous m*avez nourri , j*avais soif et vous m'avez donné à boire ,
j'étais étranger et vous m avez hébergé, j*étais nu et vous
m'avez vêtu, j'étais malade et vous m'avez visité, j'étais pri-
sonnier et vous êtes venus auprès de moi.
Les saints lui dirent : ô| Dieu, quand t'avons-nous vu
afllEimé , et t'avons-nous rassasié , ayant soif, et nous t'avons
donné à boire, étranger, et nous t'avons hébergé, nu, et
nous t'avons vêtu, malade et prisonnier, et nous t'avons
visité ?
Dieu leur dit : De même que vous avez fait [cela] pour
mes petits frères, vous l'avez fait pour moi.
Il dit à ceux qui étaient à gauche : Allez [loin] de moi, ô
maudits, au feu étemel qui a été prép!\ré pour Satan et ses
anges. J'avais faim, vous ne m'avez pas nourri, j'avais soif,
vous ne m'avez pas donné à boire, j'étais nu, vous ne m'avez
pas vêtu, j'étais malade et prisonnier, vous ne m'avez pas
visité.
Ils lui dirent : Ô Dieu , quand t'avons-nous vu ayant faim ,
ayant soif, étranger, nu, malade, prisonnier et nous ne
t'avons pas servi ?
Il leur dit : Je vous dis : De même que vous n'avez pas
fait [cela] à mes petits frères, ainsi vous ne l'avez pas fait
avec moi.
Ceux-là iront au ciel, les autres iront au feu.
176
JUILLET-AOÛT J898.
ESSAI DE TRANSCRIPTION.
«. ^
J-^^ <^ 9^y «^5 <,^» é is^^^ 0^' ly <5,*^i ^'
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' ^^j^ Li^^ ^^^'«^ "^^^
• Texlc. HI, p. i6!i.
' Texte XIII, p. 171.
' Proverbe, p. 5i3.
V
NOUVELLES ET MÉLANGES. 177
NOUVELLES ET MÉLANGES.
SPéciMEN DE LA LANGUE LEPGHA (OU RONG)\
PAR
M. L. FEEn.
Dans la séance du 12 novembre 1897, M. Drouin présenta
au Conseil des documents relatifs â la langue Icpchn ou
rong, envoyés avec une lettre par le pandit Kâlikumârdàs
d'AlUimpnr (Chittagoog) en Bengale. Comme j avais mis,
dans le Journal* un article bibliographique de cinq pages
sur cet idiome, les pièces me furent remises pour faire, s*il
y avait lied, un rapport à la prodiaine s(^ance. Des causes
diverses m*empéchèrent de remplir immédiatement cette
mission. C*est seulement maintenant que je puis commu-
niquer le résultat de mon examen.
L*envoi de M. Kâlikumârdàs est une «adaptation de la
parabole de TElnfant prodigue » , c*est-à dire une traduction
assez exacte des versets 1 i-Sa du xv* chapitre de TEvangilc
de saint Luc , dont on a seulement retranché ce qui concerne
le « veau gras » , à cause des préjugés bouddhicpies. 11 se com-
pose du texte dans Técriture originale, en copie manuscrite
et en épreuve d*impressîon corrigée, d*unc Iranscripbon en
caractëies romains et d*une traduction anglaise, lune et
Tautre en épreuves. Il me parut que ce spécimen de la
langue lepcha méritait d*étre soumis aux lecteurs du Journal
' Bong est le nom que le peaple se donne lui-même; Lepchn est un
nom que loi donnent les Nép&lais.
* Maî-jaîn 1879, p. 5^9-556.
xn. 1»
178 JUILLET-AOÛT 1898.
asiatique, et j'entrepris Je le leur comiDuniquer avec une in-
terprétation. J'avais, pour m*aider dans ce travail, outre la
traduction anglaise. de M. Kâlikumardâs et le texte biblique,
la Grammaire de la langue rong (lepcha) par le colonel
(maintenant général) G.-B. Mainwaring, publiée à Calcutta
en 1876, et dont je possède un exemplaire «prescnted by
the Government of India, home department». Ce présent,
dont je suis, je nen doute pas, redevable au sav(Mit et ex-
cellent bibliothécaire de «Tlndia Office», feu R. Rost, en
même temps que mes devoirs envers la science , mlmposait
l'obligation de faire connaître cette nouvelle grammaire ; de
là l'article que je mis en 1879 ^^^^ ^^ Journal asiatique. Au-
jourd'hui cette grammaire , que j'avais un peu délaissée , par
la force des choses plus que de mon plein gré, me permet
de faire profiter les linguistes de l'intéressante communica-
tion de M. Kàlikumàrdàs. J'y ai trouvé, outre les renseigne-
ments grammaticaux indispensables, le sens de quelques
mots et locutions que je n'avais pu comprendre on dont l'in-
terprétation me laissait quelques doutes. Malgré ce secours ,
plusieurs points sont demeurés obscurs pour moi.
En étudiant ce texte, j*ai noté plusieurs différences de
lecture entre mes deux auteurs, le grammairien anglais et
le pandit hindou. Ainsi l'interjection 6 est rendue par e
dans la grammaire et ae dans la parabole. L'écriture indigène
donne de part et d'autre la leçon ae. Les autres cas , affectant
l'écriture originale elIc-mémc, révèlent des variations non
de transcription, mais d'orthographe. Ainsi sa qui indique
le génitif, l'affixe la qui sert à former des adverbes sont
écrits sa, la par Mainwaring. sa, là par Kàlikumàrdàs. Le
substantif composé kin dyit « compassion > , qui se trouve au
verset ao de la parabole, se lit Kyon dit à la page 109 de la
grammaire.
Bien plus, dans le texte même donné par le pandit, il y
a des leçons différentes du même vocable. Lât, qui répond
à notre préfixe re dans re-venir, re-trouver, est écrit trois fois
lut, une fois lot (Mainwaring donne lot). Le mot thany
NOUVELLES ET MÉLANGES. 170
« boire ■ , socotid terme de rexpression éo thang ■ manger-
boire , festiner », te lit ihong au verset a3 , thang au verset ag ;
c*e$t thang quon trouve dam la grammaire aux pages 1 1 a
et i43* Je pourrais citer d'autres exemples; mais Je n*iQsiste
pas. Je ne cherche pas non plus à expliquer ces divergences;
je me borne à les signaler.
M. Kàlikumàrdâs, dans sa lettre datée du a 2 juin 1897,
donne sur les Lepchas quelques détails en partie déjà connus
par ]a préface de la grammaire de M. Mainwaring. 11 nous
apprend que leur alphabet date de Tannée 1 707 et qu ils le
doivent à leur roi Tchador. Il nous informe en outre qu*il
s*occiipe de publier le texte et la traduction de leur principal ,
ou plutôt de leur unique livre religieux, le Tashi sang (his-
toire de Tashi), qui renferme, dit-il, «les parties les phis
obscures et les plus ridicules de la religion des Lamas ». Le
colonel Mainwaring ne parle pas de cet ouvrage en meilleurs
termes ; il n'y voit que le récit d*« une basse et fabuleuse in-
carnation avec force détails sur une armée d'autres divinités ».
Ce livre serait le résultat de la propagande que les Lamas du
Tibet firent parmi les Lepchas après avoir détruit leurs ma-
nuscrits; ce fait, cpie le colonel et le pandit attestent d'un
commun accord, n'est pas en faveur de la douceur et de la
tolérance attribuées aux bouddhistes. Comme le travail de
M. Kâlikumàrdàs était déjà sous presse en juin 1897, on
peut croire que ce monument unique et peu original de la
littérature lepcha est près de paraître, s'il n*a déjà paru.
Limité pour le moment au texte communique par M. Kà-
likumàrdàs, je le donne en transcription, ne pouvant le
donner dans l'écriture originale, et je mets au-dessous de
chaque terme son équivalent latin ou l'indication de son
rôle grammatical. Quand je puis décomposer le mot latin
de manière à faire coïncider les désinences avec les particules
lepcha, je le fais. Je recours parfois au grec [)our rendre
l'article défini et le participe passé actif. Je n'ajoute pas In
traduction française, parce que le sujet est bien connu et
que le lecteur peut se reporter au texte de saint Luc dont
1 1 .
180 JUILLET-AOOT 1898.
j*indiqae les versets. A ce texte accompagné d une traduction
littérale înterlinéaire , j ajoate un gjiossaire des mots cpii s*y
trouventi Je rédiùs ce glossaire au strict nécessaire , sans ex-
pliquer mes doutes ou justifier mon interprétation par des
observations qui prendraient trop de place.
Je reproduis le texte lepcba tel que lé pandit Kàlikumârdàs
nous le donne , sans modifier en quoi que ce soit son système
de transcription.
Je termine cette notice par des remerciements à M. Kàli-
kumârdàs pour Tinvoi qu*il nous a fait de ces documents
sur la langue lepcha. Et , comme il dit avoir agi à la demande
du Gouvernement de Tlnde, nos remerciements s*adressent
aussi à Tautorilé supérieure qui a pris Tinilialive de cet
envoi *.
I. Texte et traduction.
Gyà-gi-chà a-jyâp lôk yam bû ong kàt-sâ ' sang
Bona multa Sairatn^avTOff pueri un-ius Tabula
pl^a-ma-o.
narralur (?].
(il) Marà kât'Sâ â^kap nyçt ni-pâ.
Hominis un-ius filii duo erant (afT. verb.).
(12) A un â'kap tek nan ha-do ho -rem U
Et niio minore ab (instr. ) ipsius patri tô) diclum :
ae a-bo va gyû-gi-chô nan kasu-sâ thiip-
à pater(voc.), bonis ex(abi.) meum(gén.) oblinen-
shet ve ka-sum bo-wa. 0-tet kà hn-nnn
dum rô mihi da (voc. imp.j. floc tanto in eo ab
' M. K&likumàrdâs annonce dans sa leltre qa*il prépare un travail tar
les Murmis; il rappelle qu'il a publié un article sur les Limbû on Kirati
du Népal oriental et du Sikkim dans le Journal of ihe Buddkist ttxi Socitty
of Inrfia. J ajoute qu*il a publié dans le même recueil une importante do-
iice sur les Lepchas et leur histoire.
NOUVELLES ET MÉLANGES. 181
gyà-gi-chà rem ha-yà bek-kâ rit hi fât,
bona rà illos inter divisa data fuerant.
(i3) Sa-ayàk a-gyâp ma-bâm-na â-kup tek
Dies multi non sunt [elapsi]; fiiios minor
ryen tyng j^d-gi-chô gyom ba-bân
? omnia bona in-mram (?) . ivtyxév (aff. verb.)
â-rum lyàng kà nàn-ne,
longinquam regionem ad- ivit (aiF. verb.);
[\U) Aun ha-nan o-bâ ha-dosâ gyâ-gi-chô pang â-jen-sà
Et illo ab illic ips-ius bon - n viti - i
ayûk kà lôk • Jat-te, Aun ha-nun tyung gyà-gi-chô-
operîbns in perdita fuerant. Et iilo ab omnia bon -
pang Uk-lel-lang sa ^yàng o-bà
a perdita (aff. verb.) fîiissent (gén.) postquam(P) illic
au â*tim da-pâ.
famem (?) magnam perpessi (?) sunt (aff. verb.) [homines.]
Aan ku ad du nàn-ne.
Et is famem perpeliens (?) fuit;
(i5) Aun ha lyàng o-re-sà zen-dàk muré kàt
Et is regionis illi-us incolam (?) hominem unum
lyàng nông-bàm, Aun hn-nan ha-dum nyot kà mon
ad • it (aff. verb.). Et illo ab ipius agro in porcos
bro kàn,
pascere jussos.
(\6) Aun ha ha-do sa ta-bok rem blen-shang - kà
Et ille ips - ius vent rem t6v implendum ad
mon zo gun zo-shang gàt-pà,
porconim cibum omnem comedere possecupiebat (aff. verb.).
182 JUILLET-AOÛT 1898.
Aun tàna-là ha-ddm shu là ma bin ne.
Et uUus ( ? ) jpsi- quîdquam ( ? ) non dabat ( aiï. verb. ).
(17) i4iiii O'thâ ha ha-do bèt-na sâk cking lang li, Kasu
Et tune it ipsuni ? ? recogit - ans dixit. Mei
a-bo sa châp-chhusang là zo len hlàk-lâ
patr-U famul - iquot(?) comedere [plusjquam abundanter
azàm thdp zo bàm aan go re
cibum îdoneum (ou obtinentj comedunt, et ego ilie(?}
kril na mâk det,
famé ? moriehs sum juxta.
(18) Go Idk lunj . kasa bo fyàng lût nàng sho aan
Ego surg-ens meum patrem ad red - i - bo et
ha-dâni U sho ae abo wa go nan ram-sâ aun ù-do sa
ipti dic-am: ô pater(voc.), me ab cœUi et tu - i
dan-kà layo ayàk zàk-fât-te, (19) Aun go
facic in peccati opus fac- tum (aff. verb.). Et ego
a-do kup yang li shang là ma- wa- ne. Ka sum
tui fiHus etiam vocari posse ? non dignus-sum. Me
â-do sa châp<hhn kât zàng zdk ka.
lu - i famulum unum sicut fac.
(ao) Aun ha Idk-lung ha-do bo lyàng lot - di. Shen-lâ
Et is surg'^ns ipsius patrem ad red-iit. Porro
â-rum do kâ ha do bo non ha dûm shi-lung aun
ionginquo spatio in ipsius pâtre a ipsum vid-ente et
kin dyit mât lung dang ha nông-lung patop - kâ
misericordiam fac-iente curr-endo veni-ente collum ad
chdk mât.
adbaeisio (?) facta.
NOUVELLES £T MÉLANGES. 183
(ai) Aan â4sup r» non ha dam U ae a-ho wa
Et filio T^» ab ipai dictum : ô pater(voc.)
jfo nun ram-sà dan kà aan à do [sa] dan kâ layo ayàk
me ab ccel- i fade in et tu - i facie in peccati opus
zdk Jat te. Aan a-Iang go â-do kap yang U - sliang
factum fuerat. Et nunc ego tui filius cliam vocaiî posso
là ma ' wa - ne.
nirsus (?) non dignus sum.
(aa) Shen là abo re nun châp chhi sang kâ U-pâ,
Porro pâtre r& ab famui - is (dat.) dictum :
Tjng ïen ryûm hà dum hn di hân ha-dùm
omnes quam meliorem î vestem fcrentes èXOàvres ipsi
dyâm bi wa aan â ka kâ ka-kyup ann â-ihûng kâ
circum (?) da-te et manu in annulum et pcde in
hlôm chôk bi'Wa.
caiceum ? da-te.
(q3) y4a/i ka-yû zo - thong bân âgà mât-kâ.
Et nos comedentcs tsiàvres gaudium fac-innius.
(a4) Shû gàyo^gang ka-su sd â-kap â-re mâk non bd re là
Qtioniam fie meus (gén.j fdius hic mortuus rur.sus
zu bâm ha fût • non bû re là thup pâ. Aan lia-yd sa m
viv-it, is amii-sos nirsus ? invcnlus est. Et ilii ?
gô ni pâ,
bptantes erant«
(a5) Ha-do $â à^kap nam fren bd re nyôt kâ bâm ni pâ,
Ips - ios filiui major ? ? ? agro in eral.
i4fiii ha U kâ lât di det shen Usa a-thô
Et is dom-um red-ibat dum, domum (gén.) prope
184 JUILLET-AOÛT 1898.
nun-pa /ît - tung iyà mât tang Uk-isut tang bàm ni
venit acced-ens (?) saltationem musicam(?) existentes(?)
tkyo.
audivit.
{26)Aunkachàp<hhu kât rem lek bân vet
Et is famuIumunuinTdy(?)xaA^9affinlerrogavît(?)
ihà mât bâm manggà, (27) Ha nun haddm dan bi â-do sa
qtiid facientes sint. Eo ab ipsi dictum : tu - i
aing là thi \ma aun â-do bo nun tambu mât ma,
frater red>iens est, et tui ipsîus pAtre ab feris fiunt.
iSAii gô yo-gang hadàm â-ryum â-ryâm là tsum
Quoniam sic eum ipsum salvum iiicolumem rursus
thùp-pâ, (^S) Aun ha sâklyâk non, Aan H
invenit. Et is perturbatas factus est. Et domum
sagang-kâ non ma thup-ne, Asâ tun-dôk kâ â-bo re
intus venire nolebat. Hu-jus [rei] causa, pater à
lyâng kâ pla-di lang hadàm yak pâ, (29) Aan ha
for - as progredi-ens , illum ipsum invitavit. Et eo
nan aho re rem H Ngak-ka go nan nâm â-gyâp
ab patri râ ? dictum : Vid - e ! me ab annos mullos ,
â-bo â-do sa châp^hhi sha aan sa-thâ-lâ â-do sa
pater, tu-i servîtium peractum (?) et unquam tu - i
kâ ma hlôk ne go rang là hô non sa-thàlâ ka sum
mandata non infracta; attamen ? te ab unquam mibi
sa-âr kup kât la tyol zang sa dep - kâ 20- thang bân
capri filii unius ? amic(?) -i societate in ^ayôvri tiiàvrt
â-gô mât kâ bo - tho ma nyin-ne. (3o) Shen-lâ
gaudium faciendum ad donum ? non fuit. Sed
NOUVELLES ET MÉLANGES. 185
chke-mâ sang-sà dep - kà à -do sa gyu gi-chà zom-hà
scort - oram societate in tui ips-ius bona xjxoL^oLyév
â-kup re lât-thi sken hô nun tambd klàng - pâ,
filins 6 red-iit simul atque te ab feriae inslaurataî(?)sunt.
(3i) A un ha-nan hadum H ae âkap-pa hô ta
»
Porro eo ab ipsi dictum : ô fil - i , tu ?
skak-na kasu dep kà bâm nyi de, Aun kasu
aemper meâ societate in es (aff. verb.). Et meum
sa shâ niwungre â-do-sà gam, [32) Shen-lâ
(gén.) quod ôv ré tui ips-ius est; Sed
â-gô àni màt gàt-sho. Skà gô yo-gang à - do
gaudium ? facere cupi-am, quoniam sic (ni ipsius
aing â-re mâk^nàn hà re ca-bâm ni. Fat non hii re lût
frater hic mortu-us ruraus viv-ens est. Amis-sus rursus
tkiip - pâ,
inventus est.
II. Glossaire.
a-bo (subst) «père».
à-do (pr. réfl.) • toi-même».
ae (interj.) «6».
â-gâ (subst. ) « réjouissance ».
â'gé âni (?), même sens.
a-gyàp (adj.) • nombreux».
aing (subst.) c frère».
â-jen ( subst ? ) « vice, mauvais » (?)
â-ka ( subst. ) « main ».
â-kup ( subst. ) • enfant , fils ».
a-lang (adv.) < maintenant ».
àni (subst.) «réjouissance» (voir
à-go),
à-rt (adj. dém. ) «ce. . .ci».
à-rum (adj.) «éloigné».
â-ryûm (adj. ) « sauf».
â-ryâm ( adj. ) « bon , sain ».
â-ryûm aryâm « sain et sauf».
asà [a-\-sâ) « de cela » (?).
a-ihàl (postp.) «près».
â-(Aiîn^ (subst.) «pied».
a-iim (adj.) «grand».
aà ( subst. ) < famine , disette » (?).
aun (conj.) «et, or».
ayûk (subst.) «œuvre, acte, con-
duite».
a-z6m ( subst. ) « nourriture ».
6âm(verb.) «rester, être»; aflixe
verbal, présent.
bâm ni = ni. bâm, «est, était» (?).
186
JUILLET AOÛT 1898.
bon (aff. verbal passé).
bek, beh-kâ (postp.) centre».
bi (verbe) «donner».
bin autre forme de bû
bUn ( verbe) « remplir ».
bo (subst.) cpère».
bo (verbe) «domier, don».
bo-tho «don» (?).
bot, bôt-na (?).
bro (verbe) • faire paître, gar-
der».
6a (verbe) «porter, apporter».
bû (aff. verbal gérondif?).
bu re (adv.) «de nouveau» (?).
ckàp chhn (subst.) «serviteur à
gages» (fi/0«iof).
chàp<^hhi (subst) «service».
chhe ma (subst.) « femme de mau-
vaise vie».
cking (verbe) «penser, considé-
rer».
chah ( verbe] « adapter » (?) châk bi.
chuk (subst.) «embrassement,
adhérence » (?).
dang (verbe) «courir».
de (aff. verbal?).
dep kâ (postp.) «avec, en com-
pagnie de ».
det (aff. verbal emphatique, pré-
cisant).
di (verbe) «venir».
do ( subst. ) « distance ».
dék ? - voir tun et 9en,
du (verbe) «subir, éprou\er,
-touffrir» (?).
(Zum ( subst. ) «robe, vêtement»
(a7oAi|).
dan (subst.) «parole», dan bi
«dire, répondre».
dun (subst.) «présence», dun-^â
postp.) «devant».
dyit, voir kin,
dyâm (postp.) «sur, autour» (?).
djû (verbe) «danser» (?) dyà-mâl
tung «danse» (?).
Jât ( verbe ) « perdre » ; ( off. verbal)
p.-q.-p.
fren(}).
gang, voir j'o.
gât (verbe) « désirer ».
go (pron.) «je, moi».
gé (verbe) « être joyeux ».
go-rung (conj.) «quoique, cepen-
dant».
gum (verbe subst.) «être».
gyom (adv.) «ensemUe» (?).
gyn-gi-cho (subst.) # biens, ri-
chesse ».
ha-do (pr. réfl.) «lui-même».
ha-dûm (id, cas oblique).
ha-yâ (pr. pi. 3* p.) «eux».
hlôk (verbe) «transgresser».
hl6k là (adv.) « surabondan-
ment».
hlôm. (subst.) «chaussure» hl6m
chék bi « diausser » ).
ho (pr.) «toi».
Au (pr.) «lui, il».
ka aff. verb. hortatif.
ka tu (pr. gén.) «de moi», (adj.
poss.) «mon, mien».
ka-sum (pr. arc. dat.) «à moi».
ka-yà (pr. ]rf.) «nous».
kâ (postp. loeat dat) «dans, à,
vers».
ka-kyup (subst) «anneau».
kât (nom de nombre, art ind.)
«un».
kin dyit (subst comp.) «compas-
sion ».
klong (verbe) «célébrer, organi-
ser».
NOUVELLES ET MÉLANGES.
187
ké (subit.) ■ ordre i.
hôn (verbe) fpermeUre, ordon-
ner» (aff. verb.)
krit (subst.) ifaimi.
knp ( subtt ] I enfant , petit d*an
tninudf.
kyup, voir lu.
/à ( 1* particule adverbiale, a* de
noavean, 3* valeur obscure.)
/ôt (adv,) fde nouveau, re-» (re-
venir, rc-lrouver, etc.).
kyo (inbtt.) «pécbé».
lek (verbe) • appeler».
Itl aff.verb. complétif.
Un (postp.) «que» (comparatif
et sup^iatif).
li [ subsL ) fl maison •.
li (verbe) «dire».
Ut ( verbe ) « marcber, avancer » (?).
léi ( verbe) « dépenser, gaspiller ».
lék tsàt-tang (subst. comp.) « mu-
sique» (?)•
lot (adv.), autre forme de làt,
luk (verbe) «se lever».
long, autre forme de umng,
Ijâk ( adj. ) « troublé » , voir iâk,
lyâng ( subst. ) c pays ».
lyàng (postp.) «vers, à».
lyàng (fd) (postp.) « après , que » (?).
lyâng-kà (adv.) «ddiors».
ma et ma-o aff. verb. affirmatif.
■la. . .fia (ou ne) aff. verb^ néga-
màk (verbe) «mourir».
muiré (sub. ) « personne, homme ».
mât ( verbe ) « faire ».
■ion ( subst. ) « cochon ».
munago^smuna (pour wnng) eigo
(mrme verbale interrogative).
aa (aff. verbal et n.) , sens obscur.
nom (adj.) «aîné».
nÔM (subst.) «année».
ne (aflixe verbal de nén).
ne (affixe verbal).
n^aik( verbe) «voir, regarder».
ni pour nyi ( verb. subst. ) « être ,
avoir ».
n6n (verbe), passé de néng, (aff.
verb. du passé) « devenir ».
nông (verbe) «aller»,
nnn (postp. instr. abl.).
tmn (autre forme de non) (?).
nyet (nom de nombre) «deut».
nyi (verbe subst) «être, avoir,
posséder ».
nyin (forme de nyi au passé).
nyot (subst) «champ».
O'bâ (adv.) «là».
0 re (adj. dém.) «ce. . .là».
o-tet (adj. dém. quantitatif) < cela »
o-ihà (adv.) «alors».
ong (subst) «jeune garçon».
pa, affixe vocatif.
pd affixe verbal affirmatif.
pang postp. pluriel; choses.
patop (subst.) «cou».
pladi (verbe composé?) «s'avan-
cer» (pfa + di),
plya (verbe) «raconter».
re (art. défini , emploi parfois ob-
scur).
rem (autre forme de re; complé-
ment).
rit (verbe) «distribuer, parta-
ger».
rum ( subst. ) « ciel ».
mng voir go,
ryen (?) ryentyhg «nbsolument ,
" tout» (?).
r^om (adj.) «bon»,
sa (postp. génitif).
188
JUILLET-AOÛT 1898.
ja-ôr (subst) «chèvre» «a-ôr ^p thdp (verbe) f trouver obtenir.
« chevreau ».
sa-ayàk (subst.) «jour».
convenable ».
thnp shet « ce qu*on obtient ».
sa-ihâlâ (adv.) «toujours; (avec thyo (serhe) «entendre».
verbe négatif] «jamais ».
tagang (postp.) «dans».
tsnm (adv.) de nouveau (?); là-
tsum thâp (?) « retrouver » (?).
sàk (subst.) «esprit»; iâk china tsût (subst.) «musicpie» (?); voir
«réfléchir, penser»; sâk4jdk 16l
ta (?) tû na là «quelqu'un»;
(avec verbe négatif] «per-
sonne» (?).
tvuHÎék'kâ prop. «à cause de».
tyng (adj.) «tout».
shen-là ( conj. ) « mais , cepen- tjrol ( subst. ) « auxiliaire » (?); ^ol
« anxieux ».
sam, (?) sam. gà «joyeux ».
sang postp. pi. (êtres animés).
shang aff. verb. possibilité.
shen (aff. verb. conj.) «quand».
dant».
ihei (aff. verbd).
$hi (verbe) «voir».
sho (aff. verb. futur).
ihvL (verbe) «accomplir, exécu-
ter».
shâ (adj. conj.) «qui, que».
thâ-gà ( conj. ) « parce que ».
thû-là (adj. ind.) « qudque chose;
zang «ami» (?).
iywig (adj.) «tout».
vet (verbe) «questionner».
wa (verbe) «être digne, méri-
ter».
wa aff. nom. verb. (vocatif,
imp.).
wung ou nna aff. verb. part. prés. ,
dont la lettre initiide change.
-m ^«.j. ma.; • qu^que c«««; ^^ ,y^. ^ inviter».
(avec verbe négatif] «rien». «^ \ «. l l\^ . • . » i/i
^ ° ' yam (aff. verbal]? joint a làk.
shuk-na (adv.) «toujours».
mm (voir ka).
yang (adv.) «encore»,
j'o-^ofijf (conj. adv.) «ainsi».
tnnq (subst.) «histoire, récit». i -x 1* ■«
" ^^ ' , w*. . j^^^ deuxième partie d un nom
là (?).
ta-hok (subst) «estomac».
tamhû. (subst.) «fête».
te (aflixe verbd).
tek (adj.) «cadet puîné, ytoln
i€po$ ».
ihang (verbe) «boire»; voirzo.
thi (verbe) «venir».
tho ^ voir bo,
thong SB thang,
thup (verbe) «vouloir».
composé; voir tyol.
zen (?) zen-dok (subst. comp. ] « ha-
biUnt» (?).
:o (verbe) «manger»; zo thang,
« manger et boire, banqueter ».
tom forme dérivée de zo,
xàng (postp.) «comme, à Tinstar
de»,
«tt (verbe) «vivre».
2 II A (verbe) «faire».
zàk ka (impératif de zûk).
NOUVELLES ET MÉLANGES. 189
BIBLIOGRAPHIE.
KOTB BIBLIOGRAPHIQUE SUR QUELQUES PUBUCATIONS
DES MISSIONS DU TCHI LI SUD-EST ET DU KIANG NAN.
I
Dans le rapport annuel présenté à la Société en i8g5,
M. Cbavannes a signalé les fascicules 2 à 6 des Variétés sino-
hgiqaes; depuis lors, la Mission de Zi ka wei a continué
cette publication, qui est arrivée au fascicule 12.
Le fascicule 7 (iSgS) contient une reproduction complète
de la stèle de Si*an fou préparée par les soins du P. Henri
Havret, qui vient de faire paraître Thistoire du monument
(fasc 13, i^O?)* Cette histoire forme un volume de plus de
4oo pages; la seule énumération des chapitres (la découverte ,
description, bibliographie, documents chinois) suffit à mon-
trer quel large cadre Tauteur a tracé pour son ouvrage ; il le
remplit au moyen de documents multiples tirés de la corres-
pondance des Jésuites, des archives de Tordre, des ouvrages
chinois et européens , si bien qu*il semble difficile d'ajouter
quoique ce soit aune étude aussi consciencieuse ; la richesse
des matériaux est telle que le volume renferme par surcroit
tout un tableau du christianisme en Chine au xvii* siècle ,
une description de Si*an fou et bien d*autres renseignements
qui , bien que se rattachant directement au sujet , n*en sont
pas moins instructifs à plus d*un point de vue différent. Je
note que le P. Havret dédare nettement (p. aai) le carac-
tère nestorien des auteurs de Tinscription et que , dans la
troisième partie quHl nous promet et dont il a présenté un
spécimen au Congrès des Orientalistes \ il compte examiner
le nestorianisme dtr teit9- ka«iémB : la discussion portera
donc seulement sur une question de sens et de théologie.
* La Siéte chrwUauu de Slnganfoa, qaehjuet notes extraites d'un coni'
WÊentaire intdîL C. J. Brill, Leidc, 1897, iii-8*.
I9(» JUILLET-AOÛT J898.
La place me manque pour dire tout le bien que je pense
des autres fascicules que Je Tea ngiiftler : la Pratique des
examens militaires en Chine (fatc. 9, 1896) du P. Etienne Zi
est la digne suite de la Pratique des examens ciVib; les Allu-
sions littêraiies du P. Corentin Pétiilon (fasc. 8, 1896) con-
stitueront, quand Touvrage sera complet, un secours puis-
sant pour le traducteur. Les Notions techniques snr la propriété
du P. Pierre Hoang (fasc. 11, 1897) et ¥ Histoire du royaume
de Ou du P. Albert Tsdiepe (fasc. 10, 1896) sont det mo-
nographies intéressantes et tous lea sinologues souhaiteront ,
j'en suis sûr, que ces deux ouvrages soient les premiers de
deux séries , consacrées à Tétude Tune de Thii toire régionale
chinoise , et lautre de la vie économique et socia!e de la na-
tion.
II
La Mission du Tchi li sud-est poursuit depuis plusieurs
années la publication d*un ouvrage qui, bien que destiné
aux misiionnaires, est de la plus grande importance pour tous
les sinologues. Je veux parler des Rudiments de parler et de
style chinois, par le P. Léon Wieger : les volumes IV. V et
VI ont paru les premiers en 1894 et 1896 (Hokien fou, in-
la); deux d*entre eux (tomes Vet VI] contiennent en texte,
transcription et traduction , quelques-unes de ces anecdotes
et de ces nouvelles , dont les Chinois sont frionds et qui font
bien connaître leurs mœurs; plusieurs récits do ce genre
avaient déjà été traduits en diverses langues européennes et,
pour cette partie de son œuvre, le mérite du P. Wieger
consiste surtout dans le nombre de textes et de faits qu*il
met en circulation, et dans la richesse et la précision des
notes dont il les accompagne. Le vcdume IV est plus original ,
puisque lauteui* y rapproche (toujours en texte, transcrip-
tion, traduction) le Saint Ëdit, divers traités pratiques de
morale et de religion, aussi bien confucianistes que boud*
diiistes et taoïstes, un grand nombre de proverbes et des
descriptions étendues des noces, funérailles, examens, etc.;
NOUVELLES ET MÉLANGES. 101
lei notes, à la fois copieuses et concises, foot connaître les
coatimies, les articles du code relatifs aux matières traitées,
et ajoutent un grand nombre d*exemples à 1 appui; un ré-
somé aussi complet des idées qui ont cours dans le peuple
chinob au sujet de toutes les circonstances de la vie , n ejûs-
tait pas encore à ma connaissance et le mérite de ce docu-
ment est doublé par le fait que le P. Wieger laisse autant
que possible la parole aux auteurs et aux lettrés indigènes.
Le premier volume» en deux moitiés, a paru en i8g5 et
1896; une bonne partie en est occupée par un recueil de
phrases sur lequel je n*insîsterai pas. Mais j'appelle latten-
lion de tous ceux qu'intéresse le chinois parlé , sur la gram-
maire qui remplit a5o pages de la première moitié : Tauteur
y étudie méthodiquement les parties du discours et recherciie
leurs équivalents en cliinois , analysant et classant tous les
modes d'expression , mettant de Tordre dans la langue parlée
comme Stanislas Julien , avec sa Syntaxe nouvelle , en a mis
dans la lingue écrite. Il existe, nous le savons, un autre tra-
vail conçu sur le même plan , mais il n'a malheureusement
pas encore été livré à l'impression. Ce n'est pas d'ailleurs un
mince mérite que d'avoir écrit des chapitres comme celui du
verbe, ou des monographies comme celle de la particule ti;
et d'autant que« si le P. Wieger traite surtout du langage du
Ho kieu fou, ce dialecte est assez peu différent du koan hou
pour que l'étude en soit fructueuse à quiconque veut ap-
prendre la langue polie du nord. Le P. Wieger nous promet
encore huit volumes, religieux, philosophiques, historiques;
souhaitons qu'il les fasse paraître sans retard ^
Maurice Courant.
Index to thb Jataka etc., by Dines Andersen D' Phil. London
Kegan Paul Trench, Trûbn ?r and G*. 1897, *""8**» xvii-a'iO pages.
L'Index que M. Fausbôll annonçait dans le dernier volume
de son Jàtaka a paru en 1897. 11 se divise en (juatre par-
' Je reç<ns à rinsUot les lonies H cl III, 2' parlie, Inlilulés Ca'.cchéses
et Semioiu de mêswui ih MWit dat^ de 1 897.
192 JUILLET-AOÛT 1898.
lies: L Index des noms (propres) et des titres; c*est la par-
tie essentieUe de TœuYre; elle remplit les pages i - 185. —
II. Liste alphabétique de toutes les Gâthâs initiales des
Jâtakas (p. 189-198). — III. Liste des Gâtliâs ou portions
de Gâthâs qui se rencontrent plus d*une fois dans les Jâta-
kas et le Commentaire (p. aoi-a35). — IV. Liste des cita-
tions d*autres ouvrages faîtes par Téditeur (p. ^37-^4^).
Dans la préface (p. xili-xvii) où il explique le plan de
son travail et les motifs qui le lui ont fait adopter, M. An-
dersen insiste sur la nécessité d*avoir une liste complète des
noms propres et des Gâthâs, qui se trouvent éparpillés dans
la littérature pâlie. La formation d*une telle liste a , selon
lui, plus d'importance et d'opportunité que la publication
d'un nouveau dictionnaire pâli.
Le Post'Scriptum (p. i-xii) annoncé par M. FausbôU dans
son dernier volume mérite une sérieuse attention. Nous y
apprenons que cette publication du Jâtaka est Texécution
d'un dessein formé de très bonne heure et mûri pendant de
longues années; raison de plus pourféliciterTéminent éditeur
d'avoir mené son œuvre à bonne fm. 11 touche ensuite plu-
sieurs questions relatives à la compilation du Jâtaka , savoir :
la diversité des éléments dont les récits se composent : l'an-
cienneté relative des atUa-vatlha (récits du temps passé) ; l'au-
teur de la compilation , qui ne doit pas être Buddliaghosa ,
mais plutôt Buddhamitra ; la forme antérieure que le recueil
doit avoir revêtue avant de devenir la compilation que nous
avons. M. Fausbôll pense que le Tipilaka et le Bouddhisme
pourraient être antérieurs à Gotama , et les Buddhas qui l'ont
précédé ne pas être aussi mythiques qu'on le croit. Graves
questions à élucider I
L. Feer.
Le gérant :
RuBENS Du VAL.
JOURNAL ASIATIQUE
SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
LE MANUSCRIT KHAROSTHÎ
DU DHAHMAPADA.
LES FRAGMENTS DUTREUIL DE RHINS,
PAR
M. EMILE SENART.
L'année dernière, M. Grenard, en classant les
papiers de la mission Dutreuii de Rhins , y retrouva ,
en trois cahiers, les fragments d'un manuscrit an-
cien sur écorce de bouleau. Un examen rapide me
permit de reconnaître que nous étions en présence
d'une récension prâcrite du Dhammapada , écrite en
caractères dits kharosihi. Je rendis compte aussitôt
à l'Académie des inscriptions, en sa séance du i /i mai
1 897 \ de la trouvaille et en fis ressortir le haut in-
térêt. Il est superflu de reproduire ici les premiers
détails que je donnai alors sur la condition dans la-
quelle les fragments avaient été remis entre mes
' Voir les Comptes rendus , IV* séiif, l. X\V, p. 20 1 et suiv.
AI. i3
194 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
mains, les précautions que je m'étais hâté de prendre
pour en assurer la conservation. Je renvoie à la no-
tice qu'ont publiée les Comptes rendus.
On y trouvera incorporée mie note où M. Grenard
a relaté avec précision les circonstances dans les
quelles ces précieux restes avaient été découverts;
il y a marqué le lieu exact oii ils auraient été re-
cueillis, le Koumâri Mazar à ai kilomètres de KJio-
tan, dans la vallée du Karakâcli Dâria. Depuis,
M. Grenard a restitué à cet emplacement son nom
ancien; il l'a identifié par des motifs très plausibles
avec le Gosrngavihâra de Hiouen-Thsang ^
L'indigène à qui les scrupules des musulmans
avaient forcé nos missionnaires de confier IVxplora-
tion de la grotte, avait-il détourné une partie des
restes cju'il y avait rencontrés? Ce qui est sûr, c'est
que , très peu de temps après la communication faite
à l'Académie, j'apprenais que, par l'intermédiaire
de l'agent de Russie à Khotan , M. PetrofTsky, dont
le nom est déjà attaché à plusieurs acquisitions im-
portantes des collections de Saint-Pétersbourg, des
fragments d'un manuscrit kharosthi du Dhamma-
pada avaient été acheminés vers cette ville. Le Con-
grès international des orientalistes, réuni à Paris en
septembre dernier, fournit à M. Serge d'Oldenburg
l'occasion de soumettre aux indianistes le fac-similé
d'un de ces fragments; nous pûmes nous convaincre
que ceux de Saint-Pétersbourg et ceux de Paris pro-*
* Comptes vendus de iAcadémU des inscriptions, s<^ance du i5 avril
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 195
venaient d'un seul et même livre. Si le moindre doute
avait pu subsister, il serait levé aujourd'hui : un frag-
ment, dont M. d'CMdenburg ma donné communi-
cation depuis, se rajuste exactement à lun des
nôtres. J'ajoute que la partie arrivée en Russie est
plus étendue et surtout mieux conservée que celle
que nous possédons.
Cette circonstance difléra l'étude qu'attendait
notre manuscrit Dutreuil de Rhins. M. d'CMdenburg
voulut bien songer d'abord à une publication com-
mune de nos fragments respectifs ; une pareille colla-
boration m'eût été, avec lui, ai-je besoin de le dire?
tout particulièrement agréable. Il y fallut renoncer
à cause des dénominations diverses que devaient
garder des manuscrits venus par des canaux diffé-
rents; d'ailleurs les reproductions étaient déjà prêtes
de part et d'autre; elles eussent manqué d'homogé-
néité. En renonçant, non sans regret, à ce plan , nous
ne pouvions méconnaître combien il était souhaitable
pour chacune des publications partielles cjue l'édi-
teur, avant d'arrêter ses lectures, eût connaissance,
au moins en fac-similé, de tous les fragments con-
servés. Des empêchements personnels, et surtout,
malheureusement, des raisons de santé, sont venus
à la traverse; je n'ai pu recevoir qu'au bout d'un
temps assez long les photogravures du manuscrit
de Saint-Pétersbourg, et, pour une partie, la tran-
scription de M. d'CHdenburg. Il a bien voulu me lais*
ser beaucoup de latitude pour lusage que je jugerais
à propos d'en faire. Mais chacun comprendra la ré*
i3.
196 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
serve qui m'était imposée. Si M. d'Oldenbui'g avait
publié sa notice, je n aurais pas hésité à reproduire
ici sa transcription, comme je 1 avais volontiers auto-
risé à reproduire la mienne, de façon que chaque
travail contînt toutes les parties du texte qui ont sur-
vécu. Mais, ma notice s'imprimant avant que j aie
connaissance de la sienne, je ne pouvais déflorer son
travail ni le prévenir. Je me suis donc borné à re-
lever dans son texte quelques faits assez rares, à y
faire quelques emprunts assez courts pour ne pas
risquer de paraître trop indiscret.
Il est évident que les observations générales, les
conclusions paléographiques, grammaticales ou lit-
téraires que notre manuscrit est de nature à suggérer
doivent forcément se fonder sur une étude intégrale
des textes et se référer à une publication complète.
Ma tâche se borne donc, quant à présent, à décrire
nos fragments de Paris auxquels notre juste gratitude
attache le nom de Dutreuil de Rhins , à les transcrire
et à les interpréter.
Tels quils se présentent aujourd'hui, après avoir
été, au fur et à mesure quils étaient développés,
étendus entre des plaques de verre, les fragments
que nous possédons se décomposent de la façon sui-
vante :
Des trois cahiers, le premier a donné quatre mor-
ceaux suivis que j'appelle A\ A*\ A^, A\ plus envi-
ron vingt-huit débris, la plupart très petits, plusieurs
contenant à peine quelques restes de caractères; —
le second, une grande feuille que j'appelle B, plus
MANUSCRIT DUTREUIL DE RIIINS. 197
vingt-sept débris dont une dizaine seidement de di-
mensions appréciables; — le troisième, une grande
feuille , qui , contrairement à ce qui se produit pour
les autres, est inscrite au recto et au verso et que je
désigne par C"* et C**, et, en outre, environ cin-
quante-sept morceaux dont quelques-uns sont un
peu plus étendus que ceux qui proviennent de A et
B, dont plusieurs (exactement six) sont, ainsi que
Ion pouvait sy attendre d'après ce qui se passe
pour la feuille principale , inscrits sur les deux faces.
J'ajoute , en ce qui concerne les petits fragments C ,
que la coideur des deux côtés étant différente, lun
beaucoup plus foncé que l'autre , on peut à première
vue discerner ce qui appartient à ce que je désigne,
d'ailleurs au hasard , comme le recto et le verso de
la feuille dont ils sont détachés.
L'état dans lequel le manuscrit m'a été confié ne
laissait subsister aucun critérium extérieur pour dé-
terminer la place qui avait primitivement appartenu
à chacun des fragments. Je n'ai donc pu que disposer
côte à côte ces petits débris, étant bien entendu que
le rang relatif qu'ils occupent actuellement sous
le verre n'a été déterminé que par le hasard ou la
commodité de la distribution. On verra par la suite
qu'ils se laissent, pour un certain nombre, rapporter
avec certitude à la place que d'origine ils tenaient
sur les feuillets principaux : ils en comblent partiel-
lement les lacunes. Certains ajustements ont dû
m'échapper qu'un autre sera plus habile à découvrir.
Je ne pouvais pourtant multiplier les planches à
198 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
l'infini pour donner des fac-similés de tous ces dé-
bris, la plupart si linenus. J'ai, du moins, essayé une
transcription de tous ceux où m'àpparaissait un dé-
chiffrement probable. Les personnes qui étudieront
de près notre manuscrit se rendront compte , sans que
jy insiste, des chances d erreur, tout au moins des
graves incertitudes qui s'attachent à ces tentatives de
lecture qu'un contexte complet n'aide pas à contrôler.
Quant aux morceaux principaux, je les reproduis
tous les sept en fac-similé phototypique. Le format
du Journal asiatique m'a forcé de les ramener aux
neuf dixièmes de la dimension originale. Il ne m'a
pas semblé que cette réduction légère fût, en aucun
cas, de nature à rendre. plus difficile l'étude des
formes graphiques ni risquât de compromettre le
contrôle nécessaire de mes lectures.
Le manuscrit est composé de feuilles d'écorce de
bouleau. Ces feuilles ne se présentent pas, comme
dans les manuscrits de l'Inde auxquels nous sommes
accoutumés , sous forme de rectangles allongés , in-
scrits des deux côtés, superposés et reliés par une
attache traversant le milieu ou les côtés de chaque
feuillet. Si les cassiu*es qui apparaissent assez réguliè-
rement vers le milieu de nos feuillets B et C pouvaient
à cet égard inspirer quelque doute, il serait exclu
non seidement par nos fragments A, mais, d'une
façon encore plus décisive, par les feuilles conser-
vées à Saint-Pétersbourg et dont plusieurs au moins ^
^ Toutes celles dont j*ai entre les mains des fac-similés; je ne puis
affirmer si elles comprennent tout renscmble.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 199
ne portent, ni au centre ni aux extrémités, aucune
trace d ouverture.
La largeur des feuilles est d'environ a o centimètres.
Elles sont consolidées dans le sens de la hauteur par
une ficelle mince cousue de chaque côté, à un centi-
mètre environ du bord de la feuille. Quant à la hau-
teur primitive des feuillets, je ne vois aucun moyen
de la déterminer avec précision; outre qu'ils pou-
vaient fort bien être inégaux , il n en est aucun , ni
à Paris, ni, que je sache, à Saint-Pétersbourg, qui
soit conservé intégralement. Un des feuillets de Saint-
Pétersboui^ se raccorde exactement au haut de notre
feuillet B. Je trouve environ i m. 2 3 pour la hau-
teur totale de l'ensemble * ; mais notre feuillet B est
incomplet par en bas, et il est impossible de savoir
ce qui en manque. On voit au moins' que ces feuil-
lets étaient longs. Une fois écrits, ils étaient repliés
sur eux-mêmes de façon à se présenter sous l'aspect
de cahiers de ao centimètres de long sur une hau-
teur de 4 centimètres et demi à 5 centimètres. Etant
donné l'état où nous sont parvenus nos fragments,
nous ne pouvons d'ailleurs décider si et comment ils
' J*aclmets que la planche que m'a communiquée M. S. d'OIdcn*
borg figure eiactement Tétat du feuillet de Saint-Pétersbourg. Le
raccordement qui s'accuse vers le milieu ne correspondrait pas a
une rupture, mais s'expliquerait par le fait que la photograpliie a
été faite en deux fois. Les deux clichés n'ont pas , du reste , été pris
dans des conditions rigoureusement identiques; car les deux parties
de la feuille ne sont pas exactement k la même échelle. La partie
inférieure sur laquelle se raccorde notre fragment B est, en large,
supérieure dVnviron 7 à 8 millimètres à la dimension vraie de l'ori-
ginal.
200 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
étaient primitivement destinés à être nittachés les
uns aux autres.
Cette disposition semble impliquer le parti pris
de n'écrire que d'un seul côté de la feuille. C'est aussi
l'ordinaire. Cependant notre feuillet C est inscrit des
deux côtés, recto et verso. Et parmi les menus frag-
ments provenant du caliier A, dont les fragments
principaux ne portent de caractères que sur une
face , j'en relève un qui en porte sur les deux et un
autre qui n'a de traces d'écriture que sur le côté que
sa coideur plus foncée signale comme la face exté-
rieure , celle qui , habituellement du moins , n'est pas
inscrite ^
Je n'ai pas jusqu'ici découvert d'observation qui
permette d'assigner avec vraisemblance à nos divers
morceaux leur place relative dans la suite de Tou-
vrage que le manuscrit était, dans son intégrité,
destiné à reproduire. Je ne puis donc que donner
ici la transcription dans l'ordre où j'ai d'abord fait
le dépouillement, sans préjuger des lumières nou-
velles que 1 étude complète de toutes les parties con-
servées devra parla suite jeter sur leur agencement.
La plupart des stances contenues dans notre manu-
scrit se retrouvent sous une forme plus ou moins
différente dans les écrits bouddhiques connus, et
* Cette statistique n*a qu*une valeur très relative; il se peut que
(l'aulres fragments aient été primitivement inscrits sur les deux Tares;
l)caucoup de ces petits morceaui sont extrêmement minces et ne
représentent plus qu'une pellicule superficielle détachée par le temps ;
Pécorce ayant ainsi été fendue dans le sens de Tépaisseur, nous ne
poiixons savoir quel était rasjiect du verso qui a disparu.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 201
tout particulièrement dans le Dhammapada pâli.
Partout où j'ai découvert une version parallèle, j'ai
pensé qui! serait commode d'avoir sous les yeux les
deux textes. J'ai fait exception bien entendu pour les
ressemblances trop vagues ou trop partielles. J'ai
accompagné chaque strophe des éclaircissements ou
des remarques qui m'ont semblé utiles. Le numéro-
tage des lignes est ajouté en marge. Pour les petits
fragments, comme je ne les reproduis par en fac-
similé et laisse de côté tous ceux qui ne se prêtent
pas h une transcription vraisemblable, il ne me res-
tait qu'à attacher à chacun un numéro d'ordre pour
faciliter les références. Je représente par un petit
cercle la figure, assez comparable, qui marque sur
le manuscrit la fin de chaque strophe.
A'
1 ... pratasuhino apramadaviha . .
Je suppose que apramadaviha est le reste de apramadaviha-
rino, que nous retrouvons par exemple, Itivnt. , éd. Win-
disch, p. 74. 1. 25, également au génitif. Pratasuliino
doit être de même un gémiiï sin^Mcr = pmptasukhinah.
Il est clair que les deux mots pourraient être aussi des
nominatifs du pluriel.
2 apramadi pramodia* ma gami ratisabhamu*
apramato hi jhayatu* visesa adhikachati '^ o
Cf. Dhammap., 27 :
202 SEPTEMBRE OCTOBRE 1898.
ma pamâdam anuyunjetha ma kâmaraiisanthavam
appamatto hi jhâyanto pappoti vipulam sukham
a. Pramodia =: fk\i pamodeya, avec chute àa y, cf. niraesa ,
\. 4, sevea. A*, 2, etc., et changement de e en i comme
si souvent, et non pas seulement a la (in des mots, dans
les locatifs comme apramadi. De même Â^, 1 3. — 6. Cette
lecture me parait de toute façon supérieure à celle du
Dhanmiapada ; sambhrama est meilleur que saiiistava , mais
surtout ^ami est si évidemment préférable à kâma (pour
notre texte Thypothèse d'une erreur matérielle est exclue
par Tabsence de ma dans le premier pâda) , que je ne puis
douter que la lecture du pàii ne résulte d'une faute. Pro
bablement il s*agit d*une erreur ancienne, et elle pour-
rait faire penser que la rédaction pâlie repose sur quelque
version conçue dans un pràcrit analogue à celui de notre
manuscrit, où la substitution de la ténue à la sonore
(cf. adhikachati, etc.) était fréquente. — c. 11 reste au-
dessus du ^ trace du trait horizontal qui, suivant une ob-
servation qui appartient à M. d'Oldenburg, marque dans
notre manuscrit l'aspiration duj. — d. On pourrait incli-
ner à lire vUesam; mais le bas de la haste dans 1*5 ou dans
les caractères analogues est si souvent contourné , dans des
cas qui excluent l'interprétation m (cf. garni de la ligne
suiv., 1*5 de savaka. A*, 6, etc.), et la notation probable
de l'anusvàra est dans notre manuscrit si rare (je n'en
connais pas un exemple certain dans nos fragments de Pa-
ris), que je n*hésite pas à transcrire comme j'ai fait.
apramadi pramodia ma garni ratisabhamu
apramato hi jayatu** chaya diikhasa pramuni* o
Cf. le vers du Dhanunap. cité à la ligne précédente.
a. Cette fois le signe de l'aspiration manque au-dessus duj,
comme souvent d'ailleurs. Mais l'examen paléographique
nous ramènera à cette particularité curieuse. — b, Scil.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 203
kîhayam dalfkhasya prâpnayât. Pamuni==fêlï pâpune. Aux
lignes 6 et 7 nous allons retrouver successivement* amofi
pour âpnoti, et pranoti pour prâpnoti, La nasalisation du p
en m ne parait pas uniquement imputable au souvenir
du groupe pn, survivant à sa disjonction en pan; car je re-
lève B, q4 : mano => panah, pâli pana,
* .... rata bhodha " khano yu ma uvacai *
khanatita (h)i sovati niraesu samapi^.
Cf. Dhammap. , 3 1 5 :
khano ve ma upaccagâ
khanâtîtâ hi socanti nirayamhi samappitâ
a. Nul doute qu*il ne faille restituer : apramatlarata , comme
au vers suivant. Bhodha pour hhotha comme ordinairement
ici. — h, Yu = vah; A*, 7, nous trouverons hhadraha «=
hhadram yu, scil. hhadram vaJ^, 11 faut de même dans le
texte du Dhammap. écrire vo pour ve (= vai). Nous retrou-
verons avacai =s apaccagâ B, 3; avacai, c*est-à-dire uva-
caya, y a étant fréquemment écrit i; cf. 11. 6, 7 nai = nâ-
yam, prahai=prahàya. A*, 7, etc. Le g tombe parfois com-
plètement entre deux voyelles : raa = roga, C*, 3; à plus
forte raison peut-il s*affaiblir en y. — c. A compléter, bien
entendu : samapiUu
5 apramadarata bhodha sadhami supravedite
drugha udhvaradha* atmana pagasana va kun *
Cf. Dhammap. , 3a7 :
appamâdaratâ hotha
duggâ uddharathattànan'i panke sanno va kunjaro
a. Toutes les analogies commandent de lire udhvaradha , pour
uddharadha. Nous trouverons ailleurs atvari pour uttari ( B ,
57 ). Comme , dans les deux cas , le groupe est précédé d'un
204 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
Il initial, on peut penser que c*est ce voisinage qui explique
cette ortliographe bizarre , cl que , en réalité , elle corres-
pond à une. prononciation vudharadha, vutari, l'écriture
ayant transposé ici le v comme elle fait l'r de drugha. —
h. Malgré sa mutilation partielle, la dernière lettre est
certaine; c'est kun[aro] qu*il faut lire, ou, ce qui revient
au même , karutni , que nous retrouverons tout «i l'heure ,
6 nai kalu" pramadasa aprati* asavachaye
pramata duhu amotî*' siha ba muyamatia ** o
a. J'ai indiqué tout à l'heure qu'il faut entendre eu sanscrit :
nâyam kâlah» — b. Aprâpte. Cf. Dhammap. , v. 253, 272.
— c. Pour amoti, cf. au v. 3. L'omission habituelle de
l'anusvâra ne nous permet pas de décider si nous sommes
en présence du singulier ou du pluriel, si pramata = pra-
maitah ou pramattâh , et siha = siinhali ou simhâh. Je tiens
cependant pour la première solution, et à cause du vers
suivant où le singulier est assuré et à cause de la compa-
raison qui , suivant toute apparence , porte sur « un certain
lion ». La désinence 0 est fréquemment représentée par a
A la 1. 5, nous avons eu pagasana va kun[aro]. La lecture
mo ne saurait être douteuse, bien que la voyelle semble
écrite d'une manière exceptionnelle «UL au lieu de JJ, Nous
avions dukha, à la l. 3; mais l'orthographe duha est de
beaucoup la plus usitée. — d. Je crois bien qu'il faut lire
mu ; la comparaison de C", 2 , semble le prouver ; il faut
avouer pourt-uit que Vm afiecte une forme peu ordinaire.
11 est vrai que , si l'on voulait lire A'Aa, l'autre interprétation
qui se présente aisément à l'esprit , la forme du kh ne se-
rait pas non plus régulière , le retour de la boucle sur la
droite étant en général beaucoup plus accusé. Si l'on prend
ha = va, iva, comme ailleurs (par exemple A*, 4) , les deux
locutions khayamatia ou muyamatia, l'une et l'autre pos-
sibles gi'aphiquement , demeurent pour moi également ob-
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 205
scures, faute peut-être de connaître ou de me rappeler
quelque conte auquel il serait fait ici allusion. Dans la pre-
mière hypothèse nous aurions kshayamatyâ ; dans la se-
conde, je pense mrgamalyâ. On pourrait dans le second
cas imaginer, par exemple , une histoire où le lion se per-
drait pas sa nég^gence , en se figurant avoir affaire à une
gazelle, au lieu de quelque ennemi redoutable. Mais, en
l'absence d*un vers parallèle que je n*ai pas retrouvé jus-
qu'ici , je ne puis que laisser toute décision en suspens. Le
reste de la strophe se traduit aisément : « Il ue faut pas se
relâcher jusqu a ce qu'on ait détruit en soi les passions. »
7 nai pramadasamayu aprati asavacbayi
apramato hi jayatu pranoti paramu sukhu o
Cf. Dhammap., 37 :
appamatto hi jliàyanto pappoti vipuiam sukharii
a, Ga, c'est-à-dire, bien entendu gâ(thâh). Le chapitre con-
tenait a 5 stances.
Je ne puis rien faire d'utile des trois petits fragments qui
figurent sur la gauche de la planche et qui ne paraissent
se raccorder nulle part au morceau principal. Celui du mi-
lieu donne quelques caractères sûrs :
... . kama cilliatu
où cithatu peut être = tisthantali,
I . . iiiadenaniakabha devanasamidh(i)gat.
Ne me souvenant d'aucun passage parallèle dans le Dliam-
506 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
mapada ni ailleurs , je ne vois , quant à présent , rien de
vraiment utile à dire sur ce fragment. La coupure même
des mots est douteuse. Je veux seulement faire remar-
quer que les caractères t et d sont trop semblables ]>our
que Ton puisse être jamais affirmatif sur la transcription de
Tun et de l'autre , quand le sens du contexte n*est pas là pour
guider la lecture. La vocalisation du dk de samidJn n est
que probable. Kabha peut fort bien représenter garhha.
Mais je ne veux insister que sur la lecture du dernier ca-
ractère J^. On le lit habituellement ph (cf. Bûhler), et je
lai lu moi-même ainsi dans le nom Gudupharasa de l'in-
scription de Takht i Bahi (Notes d'êpigr. ind,, III). Mais
c'est, je crois, une transcription qui veut être reWsée. La
forme normale du ph est /* ou , comme ici , une légère
variante , j^ ; on la peut comparer dans phalana C'*, 8 et
ailleurs. 1/ est-il un doublet de ph ou un doublet de bh ?
Eln dehors du présent passage où l'interprétation du signe
reste douteuse, il reparaît, B, 7, dans abliai; B, 30, 21,
dans sahbhu; C" 7, 18,21, dans sebho (= ireyal^)\ C",
3, 16, 17, dans prabhamguna; dans tous ces mots c'est bh
que nous attendons, et tout particulièrement dans sebho
que nous trouvons bien écrit sehu mais où le durcissement
en ph serait tout à fait singulier. J'ajoute que, dans
un cas tout au moins , B , 3 1 , à côté de salabhu écrit par
1/, nous rencontrons apalabho écrit par Jî. Sans être déci-
sif, l'orthographe étant ici traversée par beaucoup d'in-
conséquences, le fait semble indiquer que notre dialecte
conservait ordinairement le bh. Une solution certaine ne
pourra intervenir qu'après que tous les monuments où
paratt le caractère 1/ auront été vérifiés de ce point de vue.
En attendant , je me suis décidé à le lire partout bh et non
ph. J'ai transcrit conformément à cette conclusion; mais
je n'ai pas manqué de noter, dans chaque cas particulier,
quel signe représentait la transcription.
2 . na dhama na sev . a " pramadena na savasi
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 207
niichadithi na roy .a^ na sia lokavadhano ""
Dhammap., 167 :
hînam dhammam na seveyya pamâdena na saihvase
micchâdillhini na seveyya na sîyâ lokavaddhano.
a. La comparaison de Dh. 1 67 permet de compléter [hi]na
et, probablement, *e»[c]a. — 6. Pour rocayati équivalant
à sevayati, cf. Dhammap. , p. 1 aa , 1. 1 5 : kassa tvaih dham-
mam rocesi : ■ de qui approuves- tu , suis-tu la loi ? ». Nous
avions tout à Theure hyati pour éocati. Il est probable que
le manuscrit portait royea. — c. Childers (s. v.) déclarait
qu'il n*avait aucune idée du sens précis de lokavaddhana,
M. Fausbôll transcrit la signification étymologique : « mun-
di ampliGcator », et la traduction de M. Max Mûller : « a
friend of the trorld » , est assez vague. Je soupçonne que la
locution s*appuie sur Texpression kula- ou vaniéavai-dhana ,
et que notre vers conseille de ne pas augmenter le nombre
des êtres, c'est-à-dire , d'une part, de renoncer au désir, de
l'autre, d'atteindre a la perfection qui clôt le cercle du
samsara.
3 yo tu puvi pramajati' pacha su na pramajati
so ita loku ohaseti abha muto va suriu* o
Dhammap., 172 :
yo ca pubbe pamajjitvâ pacchâ so nappamajjali
so imam lokam pabhâseli abbhâ mutto va candimâ
a. 11 n'y a aucun doute sur la lecture tu. Le ca du Dhammap.
a, comme souvent, un sens adversatif tout à fait écpii va-
lent. Le pli de Técorce rend très indistincte la lecture des
deux derniers caractères; il semble certain que le / final
était accompagné d'un i; celui qui surnioutait le j est au
contraire très douteux; je me décide donc à transcrire
208 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
praiiuijati. A tout prendre , cette lecture donne une con-
struction équivalente pour le sens à pamajjitvâ du Dham-
map. , mais plus correcte ; car elle ne laisse pas en Tair, et
sans verbe fini, le relatif jo. Cependant la lecture vraie
pourrait bien dire pramajiti ou pramajeti=pramajitva; non
que la forme se justifie aisément, car il faut admettre une
orthographe ti pour tvâ qui rentre mal dans les analogies,
mais il semble que , à la ligne 8 , où je renvoie , parivajeti
soit de même = parivajetva. — h. Nous avons déjà plu-
sieurs fois rencontré i pour e même à Tintérieur des mots.
Bien que imam soit plus naturel , ctam n'a rien de surpre-
nant ; la substitution de obhâseti pour pabhâseti et du soleil
pour la lune n'appelle aucune observation.
L arnbadha nikhamadha yujatha budhasasane **
dhunatha macuno sena nalagara^ ba kunaru o
Theragâthâ, v. 256 (cf. v. i lAy) :
ârabhatha nikkhamatha yunjatha buddhasâsane
dhunatha maccuno scnaiii nalâgâraiû va kunjaro
Divya Avad., p. 68 (et p. 1 38) :
ârabhadhvarii niskraniata yujyadhvaiii buddhasâsane
dluinîta mi-tyunah sainyam nadâgâram iva kuniarah
Cf. Burnouf, Lotus, p. Ssg-SSo.
a. L'orlhogi'aphe incorrecte iasana se reproduit invariable-
ment dans notre manuscrit. — h. Les deuxième et troi-
sième caractères de nalagara sont indistincts. Les passap^es
parallèles permettent seuls de restituer le mot, et les traces
du caractère que je rétablis comme =la me paraissent
peu favorables à une lecture da qui , en soi , serait égale-
ment plausible. J'ai déjà tout à l'heure relevé l'orthographe
ba , pour va = iva,
5 aprauiata smatiinata susila bbolu bhicbavi'*
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 209
susamahitasagapa sacita anurachadha o
Cf. Dhammap., 837 :
appamâdaratâ hotha sacittam anurakLhatha
a, Bfdchave, B , 5o , parait protéger ici bhichavi, avec change-
ment en î de la désinence 0. La construction se modifie
d*iin hémistiche à Taulre; je ne vois pourtant pas moyen
de faire de bhichavi autre chose qu un nominatif; à moins
d admettre une faute de copiste, bhotn (scii. bhontu) ne se
peut interpréter comme une seconde personne : « Que les
bhikshus soient appliqués, consciencieux, vertueux. L*es-
- prit bien rassemblé , veillez sur votre pensée. »
^ yo ima sadhamavinau* apramatu vihasiti*
prahai jatisafisara' dukhusata'' karisa[t]i
Divya Avad., p. 68 :
yo hyasmin dharmavinaye apramattas cariçynti
prahâya jâtisamsâram duhkhasyântaiii karisyati.
Ce vers dans le Div. Avad. suit inmiédiatement notre vers /i,
a, vinau =» vina[y]ani va bien. Mais il semble ({u*il y ait, avant
vi, un trait qui serait le reste d*un autre caractère. Outre
que cela donne une syllabe de trop pour le pâda , je n*ima-
gine pas quel il a pu être. Viharali est construit avec Tac-
cusatif, probablement diaprés Tanalogie de caratl. — b,
Vihasiti=viharùyati, avec syncope de Ti et i =ya, comme
dans prahai = prahâya et souvent. De même vihasisi , B , 1 9.
— c. Je ne vois pas que le groupe que je lis nsa puisse
être interprété autrement. 11 n'est pas malaisé d*y retrou-
ver 1*5 ; quant au à nous n*cn avons , je crois , aucun exemple
dans les inscriptions; il nVst donc pas facile de préciser
avec certitude Tanalyse des éléments constitutifs. I>a valeur
Jii. 1 i
M»*iaBmta lAnviâLa.
110 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
du signe est attestée par plusieurs exemples. — d. L'a de
kha est parfaitement net ; je n*y puis voir qu'une erreur du
scribe expliquée par Tff de la syllabe antérieure ; c*est bien
entendu dukhas 'a[m](a[m].
1 ta yu vadami bhadranu* yavatetha saniakata^
apramadarata bhodha sadhami supravediti o
Cf. Dhammap. , 33 7 :
tam vo vadâmi bhaddam vo yâvantettba samâgatâ
8
tu Nous avons déjà rencontré yu=^vo, vah , et bhadrana est
encore =6^aif*am ja^» bhadraih tw^. On voit qu*tl ne faut"
pas, dans le texte pâli , lire vovadâmi = vyavavadàmi, mais
séparer en deux mots. Les deux valf. ne font pas double
emploi; bhaddam nesi pas un qualificatif de tam : bhadraik
vatf, est en quelque sorte le pluriel de bhadram te, bhadante,
et forme une locution indépendante. Cest nne autre
question , et que je ne prétends pas trancher, s* il convient
de lui attribuer toute sa valeur étymologique ou de la consi-
dérer comme une manière d*appeUatif , et de traduire soit
simplement : « Seigneurs I » , soit ■ le salut sur vous 1 » —
b. De samakata rapprocher adhikachati, ci-dessus A^ a,
etc. — c. Cf. Dhammap. 78 : ariyappavedite dhamme. . .
A supravedita on peut comparer plus spécialement une des
épithètes constantes du dharma : svàkhyâta.
pramada parivajeti* apramadarata sada
bhavctha kusala dhauia yokachemasa prataa^ o
a. J'ai, à la ligne 3 , suggéré déjà que parivajeti pourrait être
^ parivajetva. Le / et Yi sont nets; on ne peut donc cher-
cher ici la seconde personne du pluriel qui s'imposerait à
cAté de bhâvetha, — b, (]ette expression se retrouve, par
exemple, Sattanip,, 4i5 : yogakkhemassa pattiyâ: t Ëtran-
I
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 211
gère à tout relâchement , fidèleB à une application constante ,
* pratiques la vertu pour atteindre au nirvana. »
Voici la transcription de ce qui reste visible des deux fins de
vere qui figurent sur le fragment reproduit en liaut à gauclic
de la planche A' :
loke athatha dhiravenea dicha. " o
- lana sabrayano pratismato* o
a. il ne semble jmis, comme on s*y attendrait, que la der-
nière lettre soit fî^ qui donnerait dichati, et, en supposant
exacte la séparation des mots, permettrait de transcrire
en sanscrit : . . . loke 'rlhârAam dhtro *vaineyo dlUati. Mais
nous sonunes en pleine hypothèse. Le plus sur est d*nt-
tendre que Ton retrouve quelque texte pâli parallèle. —
h, Cesi-k-âîre samprajânafjL pratismrlajf. Les deux épithctes
sont de même rapprochées, Suttanip., v. AaS. Notre dia-
lecte incline particulièrement à affaiblir la ténue qui suit
la nasale : nous avons eu sa[n)gapa = saiikalpa ; nous au-
rons (B, 35) $'ija = tinca, et (C", 16) anuabisa ^ anuka-
mpi[sya]nati, etc.; de même sabrayano; cf. C'', 43.
^
savi saghara anica ti yada pranaya pasali
lada nivinati * dukh ™ ~ ~~
Des deux petits fragments qui suivent , le premier se rattache
bien à ce vers; on y voit les traces de la suite : c^ inafju
vi[^odhia] ; le second appartenait sûrement à un autre pas-
sage , puisque le vers se termine avec viiodhia,
Dhammap., 277 :
sabbe samkhârâ aniccâ ti yadâ pannâya passati
atha nibbindati dukkhe esa maggo visuddhiyâ
212 SEPTËMBRE-OCTOBRE 1898.
a. C'est une des partîcidarliés propres au dialecte de ce manu-
scrit que le groupe nd, dental on cérébral s'y écrit n , c'est-
à-dire , s'il faut en croire l'apparence graphique , se change
en nn :panita pour pan^ita, etc. Nibbindati dukkhe, comme
l'a très bien entendu Childers : t il ne confît que du dé-
goût pour [l'existence qui n'est que] douleur».
2 s<iYi saghara dukha ti yada pranae gradhati "
tada nivinati dukha ^ eso magu visodhia* o
Dhammap., 278 :
sabbe samkhârâ dukkhâ ti yadâ pannâya passati
atha nibbindati dukkhe esa maggo visuddhiyâ
a, Dam pranae, ya est écrit e, comme à plus d'une reprise
(par exemple à la 1. 9}, quoique beaucoup moins fréquem-
ment que I. Gvadkaii = granlkati, suivant l'observation
faite tout à l'heure , in A* frngm. de la planche princi|)ale.
J'entends ici le mot au sens de • déduire, raisonner, con-
clure ». — b. Notre itianuscrit oppose ici et dans le vers
suivant dukha, c'est-à-dire dakham, l'accusatif, au locatif
du pâli ; il en était très vraisemblablement de même au
vei*s précédent. Cependant cette construction est malaisée
à expliquer. — c. Visodhi pour visudin n'est pas pour sur-
prendre ici où Vu et Vo s'emploient constamment l'un |)our
l'autre. Quant à la fmale, il n'est pas impossible que ce
soit e, au lieu de a; ce n'est pas sur non plus, d'autant
moins que le vers suivant porte certainement visodhia.
3 sarvi dhama analma ti yada pasati cachunia''
tada nivinati dukha eso mago visodhia o
Dhammap. , 379 :
sabhe dhammâ anattà ti yadâ pannâya passati
atlia nibbindati dukkhe esa maggo visuddhiyâ
MAN'USCRIT DUTREUIL DE RHINS. 213
ff. Au-dessus du caractère cha apparaissent les traces d'un
signe moins distinct. Je ne le puis expliquer que comme
un kk, quelque lecteur ayant éprouvé le besoin de mar-
quer que , pour cka « on pourrait aussi écrire khu ; en effet
le groupe ks se transforme également ici en ch et en A'/i.
Et la conjecture est d*autant plus plausible que , justement
au vers suivant, le mot est écrit cakhuma. Si elle se vé-
rifie, elle aurait ce côté intéressant que ce kli surajouté,
par conséquent postérieur à Texécution primitive du ma-
nuscrit , affecte une forme plus arcbaïque que celle qui y
figure d*ordinaire.
\ magana athagio setho sacana cauri'' pada
viraku ^etho dhamana pranabhutana cakhuma o
Dhammap. , 2 78 :
roaggânalthaiigiko settho saccânam caturo padâ
virago settiio dhammànam dipadânan ca cakkhumâ
a. Catvàri, cattàri est, dans les dialectes bouddbiques, vo-
lontiers employé pour le masculin. Je ne crois pas que
notre caari soit le reflet direct de catvâri, mais plutôt de
caturo; le changement de To en i peut à la rigueur élre
mécanique, comme il semble Tôtre dans bhichavi, A% 5 ;
j*ai peine à imaginer cependant que Tanalogie de remploi
de cattàri n*ait pas flotté dans Tesprit de ceux qui em-
ployaient CA^ffri et favorisé cette orthographe, comme le
souvenir d'un mâgadhisme bhicckave a pu de même aider à
l'orthographe hkickave, bkichavL Pour ce qui est de la chute
dn t, voir a la 1. 10, pliasai à côté de bhasati, etc.
%%'W»^^»V%'%^^^WVW^>V»^>%%%^% %'%% W%^'%^
ga3o
0 utitha** na pramajea dhamu sucarita cari
dhainacari suhu ^ti^ asmi loki parasa yi^'o
314 SEPTEMBREOCTOBRE 1898.
Dhammap. , 1 68 :
uttil|he nappamajjeya dhammaih sucaritaih care
dhammacârî sukham seti asmiiii ioke paramhi ca
a. L*omission de ïe final, utitha |)our utilhe, ne peut guère
être imputable qu'à une négligence du scribe , non à une
particularité dialectale. — b. Les traces de Tu final de
saha ne sont pas absolument distinctes; c'est peut-être
saha qu*a voulu écrire le copiste. Seati parait reposer, non
sur la forme habituelle, éeti, mais sur la forme dayati, aya
étant écrit c. — c. Ce dernier pâda se retrouvera de
même , C'*, 29 , avec le génitif paixua, pour le locatif para-
smin. De même namaravasa, B, 3o, sagaraadasa, C'*, 3.
Une erreur simplement graphique (parasa pour parasi =*
parasmi) n*est guère probable, côte a côte avec asmi hki.
Il est plus naturel d*admettre une perversion , une confu-
sion dans remploi des cas, dont la suite (dès la 1. 9) ramè-
nera plusieurs exemples et dont la langue du Mahàvastu
nous offre tant de témoignages. Nous trouvons ici pour ca
toute une gamme de modifications graphiques : ja, C'*,
1 7 al. ; ji, B, 35 al. ; ya. A*, à svv. al. ; yi, ici et ailleurs;
i, C", 37; i pour ya s'explique bien, et Ton comprend à
la rigueur l'écriture ji équivalant àya; mais dans Ji, pour
ja , il est difficile de ne pas admettre une action anormale
de Tanalogie de i-yi.
1 uthanena apramadena'sanamena damena ca
dîvu** karoti niedhavi ya jara nabhiniardati* o
Dhammap., 35 :
ulthânenappamâdena sannainena damena ca
dîpam kayirâtha medhâvî yam ogho nâbhikirati
a. L'affaiblissement du p médial et même initial, en v, est
ici des plus fréquents. — 6. La comparaison que cette
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 215
variante du dernier pâda substitue à celle de la rëcension
pâlie est en elle-niéme certainement moins satisfaisante :
Tàge est pour une ile un facteur de destruction moins me-
naçant que le flot qui la ronge. C est au point que je me
demande s*il ne faut pas entendre jkarâ, et si, d*après
lanalogie de jharî donné dans le sens de fleuve (PWB
s. T.) , le mot ne pourrait pas être pris , non dans lacception
précise de « cascade » , mais dans une acception générique
voisine de celle de ogha. Cf. l'inscription kharo$(hi où
Bûhler a cru pouvoir lire jharanï et Tinterpréter au sens
de n puits », Quoi qu il en soit , la substitution du verbe abhi-
mardati s'inspire probablement du désir d éliminer Tincor-
rection métrique de abhOarati,
8 ulhanamato smatimato suyikamasa "* nisaiiiacarino
saâalasahi^ dhaniajivino apraoïatasa yasidha vadba-
[tio
Dhammap., ad :
u^hânaYato satimato sucikammassa nisammakârino
sannatassa ca dbammajîvino appamattassa yaso bhivad-
[dhati
a. Snyi* = suci'' comme dans snyîgan(dh)a^C**y 3 , sans parier
d'autres cas analogues. — 6. Cheville pour cheville, hi
vaut à peu près le en du texte pâli.
I uthane aiasa anuthahatu' yoi bali alasieuvito^
sansanasagapamano smatima'' pranai maga alasu na
[vinati o
Dhammap., a8o :
ut|bânâkâlamhi anu((habâno yuvâ bail alasiyâ upeto
samsannasaihkappamano kuslto pannâya maggam alaso na
[vindati
a. Le manuscrit porte clairement athane qui ne penne! trait
216 SEPTEMBRE-OCTOBaK 1898.
pas d*autre division des mots. H est certain que nous
sommes en présence d*une confusion commise par le scribe ,
et que la lecture originale était uthanaalasa, c*est*à-dirc
uthanakalasnii, Comp. la note c de la I. 6 où j*ai cité saga-
rau^sa = sanikàrakûte. Je ne vols pas que Ton puisse lire
autrement que anuthahata ; il faut avouer pourtant que le
ih a une forme un peu insolite , et qui , si le contexte le
permettait , se pourrait lire : Oie. — h, Yoi = yoayam.
Cette lecture est assurément préférable àyuvâ du pâli —
peu importe la jeunesse , puisque la force morale et non
Tactivité physique est seule en cause , — qui doit reposer
sur une confusion des rédacteurs. Il s'en cache , je crois ,
une autre dans âlasiyà ou àlasiyam (cf. les notes de Faus-
bôllj qui ni Tun ni Tautre ne se construisent bien avec
apeta. Dans un dialecte où Torthographe — et peut-être la
prononciation — c se pouvait substituer à y a , comme c'est
le cas dans la langue de notre manuscrit, le composé ala-
sieupeta = âlasiyaupeta sauvait le mètre ; les rédacteurs palis
ont cherché à le restituer par un expédient arbitrait^.
— c. Smalima ne peut s'expliquer que conmie = asmati-
ma^ Va privatif étant tombé après Va final qui précède.
C'est, si je ne me trompe, le seul exemple de ce sandlii
que présentent nos fragments.
10 na tavata dhamadharo yavata baho* bhasati
yo tu apa bi sutvana ^ dhanm kaena phasai ' o
11 sa ho'' dhamadharo bhoti yo dhamu na prainajati o
Dhammap., sSg :
na tâvatâ dhaminadharo yâvatâ bahu bhâsati
yo ca appaiii pi sutvâna dhammam kâyena passati
sa ve dhammadharo hoti yo dhammaiii nappamajjati
a. O pour u est particulièrement ordinaire ici après h, cf..
par exemple, bahojauo, C"", 3o; C'", i a , etc. Mais nous en
avons déjà relevé des cas pareils après d'autres consonnes.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 217
— b. Bi=^ [a)pi se retrouve ailleurs, comme C'*, 9. L or-
thographe s fourér est ici de beaucoup la plus commune.
— c. H est ici la forme normale du ph. La lecture phasai
est certaine. Reste à Tinterpréter. I^e pâli porte passatî,
c*est-a-dirc padyati. De même que B , 26 , 5 est =y dans phu-
tama, de spré, s pourrait ici s'interpréter pareillement, et
comme je relève dans le vers du manuscrit de Saint-Pé-
tersbourg qui correspond à Dhammap. , 898, phalia (par
p ) =s paligha, on pourrait à la rigueur ramener notre
phasai à paéyati. Mais il faudrait, dans le même mot,
et immédiatement à côté de son orthographe exacte,
admettre une double anomalie. Je préfère de beau-
coup prendre que ph est pour bh et phasai = bhâsati. J'ai
cherché moi-même (cf. A', 1) à écarter toute une série
d exemples apparents de cette transformation. Ce n*est pas
une raison pour qu*il ne s*en produise pas des cas spora-
diques, d'autant que le durcissement de la sonore en té-
nue est plus fréquent dans notre texte. La ressemblance
même qui est manifeste ici entre les caractères bh et pk
pourrait avoir favorisé une méprise accidentelle. Avec bhâ-
sati le sens est excellent ; « Il ne suffit pas de faire de
beaux discours, il faut parier par les actes (de kâyena,
rapprocher la classiGcation du kâya-, vâk- et manahkarma ) » ,
ou, si Ton veut, « prêcher d'exemple ». Tout au plus peut-
on douter si bhasai est == bhâsati, comme abhai = âbhâti,
B, 7, ou =bhâsaye, bhâsayet. Il est de toute façon curieux
de penser qu'une pareille substitution du ph au bh dans
la version qui a servi de base à la rédaction pâlie , a bien
pu être la cause de la confusion qui a introduit passati
dans le texte , et , tout naturellement , égaré par la suite
les interprètes. — d. Ho = kho^ khalu, comme C"*, G.
'^ apramadu amatapada pramadu mucuno pada
npramata na miyati ye pramata yadha mutu "
Dhanunap., 31 :
218 SEPTEMBRE-OCTOBRE 18Q8.
appamâdo amatapadaih pamâdo maccuno padaih
appamattâ na miyanti ye pamattâ yatbâ mata
ri. A la rigueur le singulier mata , mrlah, se peut comprendre :
«ceux qui vivent dans le relâchement sont comme un
homme mort ■ ; mais il est bien probable que notre scribe
a commis un lapsus et que le texte original lisait mata :
«ils sont comme morts», c*est-à-dire assurés de mourir,
de ne pas échapper à la transmigration.
13 eta visesadha'' natva apramadasa panito*
apramadi pramodia ariana goyari rato o
Dhammnp., 22 :
etaiii visesato natvâ appamàdamhi paç^itâ
appamâde pamodanti ariyânam gocare rata
a. Je prends vUesadha comme formé par le suffixe dhà qui
peut très bien , dans ce cas , suppléer le suffixe tah du pâli.
— h, Apramadasa pour le locatif, comme tout a Tbeure.
J'avais d'abord lu paniii «== pan^ito ; mais je ne pense pas
que nous soyons ici forcés d'admettre cette sorte de mâga-
dhisme. Le trait vocalique n*est pas prolongé en hauteur,
et, s'il dépasse la barre transversale du J^ ce n'est, je
pense, qu'une simplification cursive qui en réunit, en
fonne de boucle, le sonmiet au crochet de gauche de la
consonne. U est certain en tout cas cpie la phrase est ici
construite au singulier et non au pluriel comme dnnt le
pâli.
14 pramada anuyujati bala drumedhino* jana
aprainada tu medhavi dhana sethi* va rachat! o
Dhammap., 26 :
pamâdam anuyujanti bâlâ dummedhino janà
appamâdatii ca medhâvi dlianani setlhaiti va rakkliati
MANUSCRIT DUTREUIL DE RIllNS. 219
a. Dramedki, comme nous avons eu déjà dragha. La suite
ramènera d'autres exemples analogues. — 6. La lecture
sethi me parait décidément supérieure au setiham pâli qui
ne donne ici qu'une épitliète incolore et vague. Sethi est le
nominatif de érefÇiin, et le demi- vers doit se traduire :
tMais le sage s'attache à l'application conmio un ban-
quier a son argent. » Bien que le trait vocalique ne des-
cende pas au-dessous de la barre transversale inférieure
du ^ , plusieurs exemples prouvent que c'est i et non e
qu'il faut lire. Je me contente de renvoyer à ditin, A\ 2.
C'est, aussi bien, la leçon iefhi ou iresthî qu'avait sous les
yeux dans son texte le traducteur tibétain de TUdânavarga,
comme le montre la version de M. Rockhill ( Udànavarga ,
iV, 18} : • tbe wise man must bc careful , as is tlic liead of
a caravan watching bis treasures ».
1^ apramatu pramatesu sutesu bahojagaru
avnla^a* va bhadrasu hitva yati sumedhnsu
Dhammap. , 29 :
appamatto pamattesu suttesu bahujâgaro
abalassaiii va sîghasso bitvâ yâti sumedhaso
a. (]*est, si je ne me trompe, le seul exemple dans nos frag-
ments de la substitution de v à 6. Il est vrai que dans les
vv. A^, k et suiv. , nous retrouvons 6 complètement sup-
primé entre deux voyelles : sapraadha, etc. De même le
groupe év, réduit ici à /, est dans plusieurs cas conserve
sous la forme /p .* vUpa, B, 26; vispaia, B, 25.
I<^ praaiada apramadena yada nudati panitu
praôaprasada aruyu'' asoka soino jana
pravatatho va bhumatha dhiru bala avechiti^
Dhammap., 28 :
pamâdam appamâdena yadâ nudati pandito
220 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
panDâpâsâdam imyfaai asoko sokinim pajam
pabbatallbo va bkmiiiiiallbe dhiro bâle avekkluiU
a. Lj est tantôt plus carré, tantôt fhas angidaire par le
haut; matérieUement , il serait parfaitement loisible de
lire arasa: mais il est permis aossi de lire aruya, et c'est la
seule transcription qui me paraisse donner une forme in-
tefligible. 11 nous faut, en effet, un équivalent de ârakja.
Yu = kja demeure singulier. Je dois dire que c'est surtout
Va qui m'étonne. Pour ce qui est de la consonne, plu-
sieurs faits accusent ici entre Vh et le j, qui s*écrit volon-
tiers y (cf. tout à l'heure sabrayana, etc.), une particulière
aflinité ; D , 3d , nous trouvons daj(h)amana pour dahyamâna ,
et dans les fragments de Saint- Péterahourg, je relève
y[^\samano = himsamânalf. et parvakiia ^pravrajita. On peut
aussi rapprocher les cas , comme seha C"*, 8 , seho C'*, 9 , etc.
{sreyaJf) où y est représenté par h. Quant à la vocalisation
en (1 , si je ne puis Texpliquer, je suis au moins en état
d'en citer un autre exemple tout à fait semblable : ahhi-
vayu = ahhibhàya, B, 3o, 3i. Dans l'un et l'autre cas, la
voyelle de la syllabe précédente est a. 11 semble donc que
ce soit ce voisinage qui , par une sorte d'effet d'harmonie
vocalique , ait coloré notre a. — h. Faut-il expliquer par
une action analogue le premier 1 (ïavechiti pour avechati ,
ou bien croire à un simple lapsus du copiste influencé par
l'i de la syllabe suivante?
1 7 apra tu
«ipramada prasajhati'' pramadu garahitu sada
Dhammap. , 3o :
nppamâdena maghavâ devânam setthataih gato
appamâdarii pasamsanti pamâdo garahito sadâ
a. Le j est surmonté d'un trait horizontal qui, comme je l'ai
dit plus haut , paraît marquer l'aspiration ; nous avons donc
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 221
s'ajhati ^ danuali; et il n'y a aucun doute sur la leclure;
car nous retrouvons exactement de mbme prasaj(h)ati , 13,
31.
1 .juo namo' so niagu abhaya naniu sa disa
radho akuyano * namu dhamatrakchi sahato * o
Saihy. Nik., I, V, S 6, v. a :
ujuko nâma so maggo abhayâ nâma sa disâ
ratlio akujano nâma dhammacakkehi sarnyuto
I
a. Ce vers se relie étroitement aux deux suivants et complète
avec eux une sorte d*aUégorie fondée sur Tirnage qui assi-
mile renseignement bouddhique à un « véhicule > , yâna,
11 faut restituer : ajtt(k)o, La lecture de la voyelle dans
la syllabe mo de namo n*est pas complètement certaine ;
elle est d*autant plus probable que, aux pâdas suivants,
nous avons sûrement namu. Nous rencontrerons beaucoup
d*antres cas où un m labialise en u la voyelle suivante. —
b. Notre akuyano confirme la lecture akajano adoptée pour
le pâli par Téditear, M. Feer. L'explication m'en parait
être a-kajana ^ ■ où il n'y a pas de méchant ». — c. Saih-
kata est aussi bon que le samyntia du pâli. Le mot précé-
dent est peut-être plus douteux. La leçon du pâli continue
heureusement la comparaison qui sert de thème à ces vers ,
en pariant des • roues de la Loi ». Mais ici notre lecture ne
peut être que dhamatrakehi ou dhamadrakehi. La seconde
forme ne donne rien d'intelligible; la première se peut
au contraire interpréter : lUiannatarkailj , c'est-à-dire « les
raisonnements, les pensées de la Loi ». Justement le Sutta-
nip., 1 loi parie deïannâvimokham, qui est dhammatakka-
pnrejavam; les dhammatarkhs sont ainsi représentés de
même comme imprimant une impulsion rapide au progrès
religieux. Nous allons avoir au vers suivant l'expression
222 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
smimidi^hiparejava qui fait, d'autre part, pendant à celle du
SattampâU, et ies deux pnaàen termes s*éclairent luu
Tautre : samyagdrsti marque ides idées vraies, justes»;
dharmatarka , d*une façon analogue , « des raisonnements ,
des idées conformes à la religion » , conséquemment justes
et vraies. 11 me parait du reste probable que la leçon iarka
est antérieure à la leçon cakra, qui , étant plus ingénieuse
et plus piquante, n*eût plus, une fois établie* été dépos-
sédée. Je traduis donc : « La route est la voie droite , le
pays, la région de la félicité, le char, le rendez-vous des
gens de bien , solidement établi sur la vérité. »
hiri tasa avaramu* smati sa parivarana*
dhamahu'' saradhi bromi samedithipurejavu^ o
Sariiy. Nik. , 1 , V, S 6 , v. 3 :
lûrî tassa apâlambo satyassa parivâranam
dhamraâhaiii sârathim brûmi sammâdittliipurcjavani
a. Pour ce vers et en particulier pour le sens de apàlainha ,
cf. Morris, Joarn, Pâli T. Soc., i886, p. ia8. La fonne
avainma, est, je crois, le seul exemple qui se rencontre
dans nos fragments de la substitution de r à /; quant
à m >= mb, on peut comparer udunuu'esti = udambarefn ,
D , ào, — b, Smati sa » smati osa, 11 me parait que pari-
vârana doit désigner plutôt une partie du char que,
comme le voulait M. Morris, Tescorte qui Taccompagne;
c*est peut-être le toit qui le couvre et le protège, — c. Quoi-
que le ^ paraisse coupé par le trait transversal de li,
comme il semble bien porter au pied le signe u , je doute
que ce trait , en tout cas plus coui*t , moins accusé que d'or-
dinaire, doive entrer en ligne de compte, et j'estime que
c'est dliamaliu qu'il faut lire, c'est-à-dire dhamam aitam,
comme en pâli. — d. Samjak est , ici , toujours écrit same
= samya. Sur l'expression , cf. la note du vers précédent.
Ce vers se traduit : « La nKMlcstie est son sabot ; la con-
MAIfUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 223
science, le toit qai la protège; et j*appelle la Loi, le co>
cher qui pousse et accélère la vérité ».
3 yasa etadîsa yana gehi parvaitasa va''
sa li etina yanena nivanaseva satic o
Samy. NiL, I, V, S 6, v. 4 :
yassa etâdisam yânani itthiyâ purisassa va
sa ve etena yânena nibbânasseva santikc
a. H faudrait, pour que la construction fut correcte, geliino.
Je n*05erais affirmer que le scribe n'ait pas entendu écrire
gihi, car la barre dépasse légèrement par le bas la boucle
du y. Ce détail a d'autant moins d'importance que,
comme on le voit aussitôt par vi=vaî, ve et par etina, la
confusion entre i et e est ici complète. L'interversion par-
tw* pour pravra' n'est pas isolée ; j'ai noté plusieurs ïoispar-
vahita dans les fragments de Saint-Pétersbourg, où Ton
voit en outre le j remplacé par un h qui n'a peut-être
d'autre rôle que de masquer l'hiatus , à la façon de Vy de
l'orthographe ardhamâgadhî. Je traduis : i(]elui qui
possède un pareil char, celui-là , laïque ou moine , sur ce
char va au nirvana. »
4 supraudhu praujati'' inii* gotamasavaka
yesa diva ya ratî ca nîca budhakata smati o
Dhammap., 3g6 :
suppabuddham pabujjhanti sadâ gotamasavaka
yesaiii divâ ca ratto ca nîccaiii buddhagatâ sati
a. Je ne vois ici aucune trace du trait supérieur destiné à
marquer l'aspiration que présentent dans ce mot les vers
suivants. J'ai déjà signalé précédemment cette chute com-
plète du b entre deux voyelles. — h. La leçon imi de notre
manuscrit est évidemment très supérieure au sadâ de la
224 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1808.
version pâlie, i Ces disciples du Duddha s*éveillent vraiment
à Tintelligence qui » 11 s*agit d*une exhortation , non
d un éloge banal de tous les disciples du Buddha indis-
tinctement.
^ supraudhu praujhati imi gotamasavaka
yesa diva ya rati ca nica dhamakata smati o
Dhanunap. , 397 :
suppabuddhaih pabujjlianti sadâ gotamasavaka
yesarii divâ ca ratto ca niccam dhammagatâ sati
6 [sjupraudhu praujhati imi gotamasavaka
yesa diva ya rati ca nica saghakata** smati o
Dhammap., 298 :
suppabuddliaiii pabujjhanti sadâ gotamasavaka
ycsam divâ ca ratto ca niccaiii sai'ighagatâ sati
a, La forme V ne marque pas le gh (aspiré). En eflét, le
trait supérieur qui surmonte le caractère est destine à mar-
quer l'aspiration. C'est donc que la lettre même ne Texpii-
mait pas. Cf. plus bas B , 3.
7 [supjraudhu praujhati imi gotamasavaka
yesa diva va rati ca nica kavakata smati o
Dhnnimap., 399 :
suppabuddhaiii pabujjhanti sadâ gotamasavaka
yesaiii divâ ca ratto ca uiccaiii kâyagatâ sati
8 supraudhu praujhati imi gotamasavaka
vesa diva va rati ca ahii'isai rato mano o
Dhammap., 3oo :
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 225
suppabuddhani pabujjhanti sadâ gotamasâvakâ
yesam divâ ca ratto ca ahimsâya rato mano
9 supraudhu p[r]aujati'' imi gotamasâvakâ
yesa diva ya rati ca bhamanai* rato mano o
Dhammap., 3oi :
suppabuddliam pabujjhanti sadâ gotamasâvakâ
yesaiii divâ ca ratto ca bhâvanâya rato mano
a. Je ne vois pas de trace du trait supérieur; il n*est cepen-
dant pas sûr qu*il n'ait point existé , i encre étant en ce
passage un peu effacée. — b. Nous rencontrerons d'autres
exemples du changement de v en m , comme nama = nâ-
vai'n, B, 35.
Fragments de A.
J en ai en tout recueilli vingt-sept , la plupart très petits. Je
n'essaye de transcrire que ceux qui ont conser\'é au moins
quelques caractères complets.
I. Ce sont quatre commencements de ligne.
[d]ur.(?)ga. e
vario* va thaïe chî
anuvathitacitasa *
anuvasutacita -
Dhainmap.,37:
dûrangamam ekacaram
Ibid., 34 :
vârijo va thaïe khitto
Ibid, , 38 :
anavatthitacittaftsa -
XII. i5
ISIBiliLBili ■A1i>'»*lC.
326 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1899.
Ibid,, 3g :
anavossutacittassa»
a, Vario pour varijo -, comme J*ai cité plus haut pai'vaila |>our
parvajita. -, — h, L*a de anu est parfaitement certain, tant
dans ce mot que dans anavasala du vers suivant. Cepen-
dant il n*a de place ni dans Tun ni dans l*autre mot ; c'est
anavasthita et anavasrata que le sens exige et que porte la
version pâlie. Le scribe a peut-être ëtë entraîné à cette
faute par la pensée de anavathUa = anapasthita qui lui
flottait dans Tesprit.
II.
unapanucirah
III. Une fui de vers, écrite sur la face la plus foncée de la
feuille (cf. p. 197).
ma(?)tvadadatasava ?ya o
La transcription de presque toutes les lettres est pour moi
très douteuse.
IV. Le caractère no marque la fm d*un pâda.
uhasino yokama . e
Les deu\ fragments qui suivent se rapportent a la feuille B
où il en sera question aux v. i^-ib. Ils se trouvaient, quand
Je développai le manuscrit , mêlés au cahier A. Rien ne peut
mieux montrer le désordre dans lequel ces fragmenb sont
parvenus entre mes mains.
V. Cf. B, 43 et suiv.
- ??? so bhikhu jcihati o —
niahoho sa bhikhu jahati
— s. bhikhu jahiii o
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHÏNS. 227
Vï.
>~ vikaya so bhikhu jahati o
saitha s. . .kh
VII. Un commencement de ligne.
samadhimu . i
Vin.
.^ la cita druracha drunivarana*
u ~ -^ ~
Dhammap. « 33 :
capaiam cittam dùrakkham dnnnivâi*ayam
ujum
a. Cette lecture est certaine, et du reste durnivârana me
semble pour le moins aussi bon que dunnivâraya,
IX. Fin de vers.
8U gachati o
B
Le haut de cette feuille se raccorde exactement à la fm d*unc
des feuilles du manuscrit qui ont pris le chemin de Saînt-
Pëtersbourg; en sorte que nos seize premières lignes y
trouvent leur complément, au moins partiel. Je n*ai pas
cru excéder la réserve que m*imposait la courtoisie même
avec laquelle mon savant confrère et ami M. d'Oldenburg
mettait ses documents à ma disposition, en ajoutant la
copie des morceaux de vers qui se rejoignent à nos propres
fragments; le» uns et les autres forment un tout insépa-
rable. J*ai pris soin d'enfermer entre crochets les emprunts
faits ainsi au fragment de Saint-Pétersbourg.
i5.
228 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
1 yo cutiu veti satvana Pvati ca " — [sana *
budhu atimasarira tam aho bromi bramana' o]
Dhanimap. , ^19 :
cutiiii yo vedl sattânaih upapailiiii ca sabbasu
asattaih sugatam buddliarii , tam ahaiii brûmî brâhmanarii
a, 11 n est pas possible de distinguer a priori le t du d dans
notre manuscrit. On pourrait aussi bien lire vedi. Cepen-
dant le présent me parait ici beaucoup plus probable que
le passé , et je serais plus disposé à admettre que la leçon
du Dbammap. vient de quelque confusion ancienne , repo-
sant peut-être justement sur la similitude de ces deux ca-
ractères. De la lettre que j ai remplacée par un point d*in-
terrogation, il ne reste que le bas de la haste. Elle ne
porte pas de crochet significatifqui permette d*y reconnaître
Vu qu*il faudrait pour représenter uvavati, ïupapalli du pâli.
Je crois en tous cas que le dernier caractère , et quoique
le trait vocalique soit un peu écourté , porte bien la nota-
tion de Ti. — b. M. d*01denburg transcrit le commence-
ment de son fragment [sa]rva^ana. Sur le fac-similé , il ne
reste rien que la fm , dont la lecture éana est assurément
possible, mais non pas certaine, d'autant moins que Ton
voit mal comment cette forme saiDa^ana se rapporterait à
la forme sarvaéah , sarvaso que le pâli nous autorise à at-
tendre. D'autre part, avec cette lecture, il manque une
syllabe pour le mètre , et à coup sûr le fac-similé permet
de penser (ju'il est tombé un petit moixeau de la feuille
entre la fm de notre fragment et le commencement de
celui-ci. La lecture exacte de cette fm de pâda reste donc
forcément douteuse jusqu'à nouvel ordre. — c. Atimasa-
rira = antiiiiaéarlram. Cf. Dhammap. , 4oo.
2 akrodhu anuvayasa vipramutu p . n . .'^
[budhu vataniala dbira^ tam aho bromi bramana o]
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 229
a, Anavayasa = anfipàyâsam. Les derniers caractères sont
coupés par moitié ; mais les traces s en accommodent bien
d une restitution punahhava — punarbhavât. — h. De ce
pàda ou peut rapprocher Dhammap. , v. a6 1 isave rantama-
lodhirotheroti(thaviroti)pavuccati. Je traduis: « L*homnie
sans colère, sans découragement, délivré de toute future
renaissance (» tmtimaiariram du vers précédent), sage,
sans tache , ferme, c'est cet homme que j'appelle [véritable-
ment] un brahmane. >
3 yo tu pufie ca pave ca " uhu saga uvacai *
[asaga viraya budhu tani ahu bromi braniana o]
Dhammap., 4i^ :
yo dha punnan ca pâpan ca ublio sangaiii upaccagâ
asokam virajam suddharii tam ahaih brûmi brâhmanam
a. Je me contente de signaler en passant les màgadhismes
pnîie et pave, scil. pûpe, pouv pitnmm et pâpam, — h. Je
prie que Ton remarque le caractère /m, uha = uho, nhhaii,
[k=bk, conune souvent; cf. ohaseti, etc.); l'interprétation
n'en peut être contestée. Elle est décisive pour la tran-
scription de ahu = aho, ahaih, qui revient si souvent dans
les fragments de Saint-Pétersbourg. Saga, aussi bien ici
qu'au pada suivant, présente une double singularité : s pour
* et la forme du y, j{f . On pourrait être tenté d'interpréter
cette forme comme = ^, le gh aspiré; mais, outre que
l'aspirée ne serait pas justifiée ici, nous avons rencontre
tout à l'heure (A*, 6, note) un exemple d'une variante
équivalente de la lettre , surmontée d'un trait qui exprime
l'aspiration. 11 est donc beaucoup plus naturel d'expliquer
cette base du caractère comme une trace accidentelle
d'une habitude graphique qui est très généralisée dans
certains alphabets numisma tiques. Relativement à iivarai
= upaccagâ, je renvoie à A*, d.
230 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898
h jai parakata * budhu jitavi akatagati^
[pruju devamanusana ' tam ahu bromi braniana o]
a. Le j initial n'a pas la marque supérieure de raspiratioii ;
c est ccpcndfini jhai=^dhyâyin qu'il faut entendre, et para-
kata =^ parâkrânta, — 6. Akatagati, cV^t à-dire agatâgati^
• qui n'est pas engagé dans les quatre agatis » , sur lesquelles
cf. Childers. Ou remarquera la fioriture , sans signification
spéciale, par laquelle le scribe a terminé la hastc du ^
et qu'il a reproduite dans le dernier pâda au bas du trait
Yocalique du mi, — c. La lecture pru semble certaine. Je
i.c puis, pour ma part, rendre compte de l'r^ et jusqu'à
ce qu'un autre interprète ait trouvé mieux , je propose de
comprendre paja devamanaéana ^pûjyam dfrDamanusyaih.
L'expression devamauasyapùjita est, avec ses divers équi-
valents, courante dans la phraséologie bouddhique. On le
verra par la suite, la transformation de manasya en manus'a
est constante dans notre manuscrit. Je traduis : i L'homme
qui s'applique à la méditation, héroïque, sage, vainqueur
[des passions] , qui ne s'engage pas dans les sentiers du
mal, qui est digne du respect des dieux et des hommes,
c'est celui-là que j'appelle [véritablement] un brahmane. »
5 jai"* parakata budhu kitakica anasavn
[budhu dasabaluvetu * tam ahu bromi bramana o]
Dhammap. , 386 :
jhâyiiii virajarii âsînaiii kitakiccaiii anâsavaiii
uttamatthaih anuppattam tam aham brûmi brâhmanaiii
a. Cette fois encore le ^ est bien ^j, sans signe d'aspira-
tion. — b. Ce pàda parait ici assez dépaysé, inférieur cer-
tainement à sa contre-partie pâlie : badhu fait double em-
ploi , figurant déjà dans le premier pàda ; et iaéahalopeta
est une épithète qui ne convient qu'au • Buddha » , au sens
technique , lequel ne peut être visé ici. « L*homme qui s'ap-
MAIMUSCRIT OUTREUIL DE RHINS. 251
pliqne à la méditation, héroïque, sage, fidèle au devoir,
exempt de passions, le Buddha doué des dix forces, c*est
celui-là que j*appelle [véritablement] un brahmane. »
6 gamiraprana medhavi marga{ma]rgasa koi ? "
[utamu pravara vira tam ahu bromi bramana]
Dhammap. , 4o3 :
g.mblûr.p«mUm medhâvirix maggâ^aggawa kovidam
uttamattliaih anuppattam tam aham brûmi brahmanaih
a. J*ai déjà signalé des orthographes comme garnira » gam-
hhira, La fin de ce pâda fait quelque difficulté. 11 est ma-
laisé de croire que notre texte ne corresponde pas à celui
du pâli. Dans la syllabe que Je transcris i, nous pouvons, il
est vrai , admettre la chute du v , conune nous avons constaté
celle du b dans sapraudhu et praujhati. A*, ^, g. 11 ne me
semble même pas certain , quoique peu probable , qu on ne
puisse lire bi, avec lechangement fréquent de v en b. Reste
en tous cas le dernier caractère ; bien qu*ii soit à moitié pris
dans la cassure, ce qui en demeure apparent semble ex-
clure la lettre da, et je ne vois cependant aucune autre
lecture à suggérer qui soit à la fois plausible pour le sens
et conciliable avec le tracé du manuscrit.
7 diva tavati adieu rati abbai** cadriniu
sanadbu [chatrio tavati jhai tavati bramano
adba sarva ahoratra budbu tavati teyasa 5o ^]
Dhammap., S87 :
divâ tapati âdicco rattim âbhâti candiraâ
sannaddho khattiyo tapati jhâyl tapati brâhmano
atha sabbam ahorattim buddho tapati tejasâ
a. Abhai est écrit par J^. Cf. ci-dessus Â^ 1 , note. Pour la
chute du ( entre les deux voyelles, je renvoie à pliasai. A*,
932 3EPTËMBRË.0CT0BRË 1898.
1 o , ixote c. — 6. Le chiffre est ici ajouté en marge , à ia un
de la ligne , et sans Taddition de ga[tka]. La fioriture qui
marque la fin des chapitres est rejetëe à la ligne suivante,
comme on le peut voir par notre fac-similé.
8 kaena savruto bhikhu atha vayai** s.v.to
[nianena savruto bhikhu sarva drugatio jahi o]
a. Savruto = sainvrtah. Pour le changement de r en ra on
'peut comparer à la ligne a 5 : apra[tha\jana. Je restitue
vay(n=vâcâya (bien que la ligne transversale de Vi ait
disparu dans la cassure) à cause de la lecture certaine au
vers suivant; i—ya. Cf. vayaya à la 1. lo. «Le moine qui
est maître de lui dans ses actions et dans ses paroles, le
moine qui est maître de lui dans ses pensées ne saurait re-
tomber dans aucune des mauvaises voies. »
9 kaena sanamu sadhu sadhu vajjai'' sanamu
inanena sanamu sadhu] [sadhu savatra sanamu
sanatra sanato bhikhu savadugatio jahi]
Dhanunap., 36 1 :
kâycna samvaro sâdhu sâdhu vâcâya sariivaro
manasâ samvaro sâdhu sâdhu sabbattlia saiiivaro
sabbattha sariivuto bhikkhu sabbadukkhâ pamuccati
a. Ce qui, dans ce vers et dans les suivants, est enfermé
entre les premiers crocliets appartient au fragment détaché
sur la gauche de la planche B et qui aurait du être rappro-
ché ici du fragment principal. « 11 est bon d*étre maître de
soi dans ses actions, bon d*étrc maître de soi dans ses pa-
roles , bon d*être maître de soi dans ses pensées ; il est bon
d être mai Ire de soi en toute circonstance; le moine qui
est en toute circonstance liiaîtiip de lui ne saurait retom-
ber dans aucune des mauvaises voies. »
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 233
'O hathasanatu padasanatu [vayasanatu savutidrio
ajhatma][rato samahito eko satusito tam ahu blii-
khu o]
Dliammap. , 36a :
hatthasannato pâdasannato vâcâya sannato saniiatuttamo
ajjhattarato samahito eko santusito tam âhu bliikkhum
I
yo muhena sanato bhikhu mana[bhani "* anlidhato
artha dhar][inu ji* deseti masuru* tasa bhasita o]
Dhammap., 563 :
yo mukhasnnnato bhikkhu mantabhânl anuddliato
attham dhammarii ca dîpeti madhurarii tassa bhâsitam
a. Cette iecture suppose la forme mandabhânin , « qui parle
peu » , connue aussi des textes pâlis ; elle est beaucoup plus
probable que la forme mantabhânî que le scoliaste se donne ,
sans grand succès, beaucoup de peine pour expliquer. —
6. LV se distingue sur le prolongement de la branche
droite de Vm , fr. de la pi. B. Je ne saurais décider avec
certitude si le texte porte rmu ou f7fia. — c. La lecture
masaru semble très nette sur le fac-similé de M. d*01den-
burg. Il y a eu confusion de la part du scribe, et cette
confusion est assez explicable; il est en effet dans cette
écnture une forme de Vs qui ne se distingue du dh que par
Torientation du crochet terminal, tourné vers la droite
dans 1*5 et vers la gauche dans \e dh. Ce détail semble
prouver que, comme on devait s y attendre, le copiste
travaillait sur un manuscrit de même écriture que la sienne.
12 ninakare' pravithasa satacit. . [bhikhuno
amanusa rati] [bboti same dbarma* vivasatu o]
Dhammap. , SyS :
234 SRPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
sunnâgâram pavitlhassa saniacittassa bhikkhuno
amânusî rati hoti sammâ dharamam vipassato
a. Je n*essaye pas de décider, au moins quant à présent , si
ïe final =am^ ou si, ce qui semble d*abord plus probable,
nous avons affaire à une extension de Temploi du locatif.
— b. L*extrémité de la queue de IV, attachée — comme
on peut le voir au v. i4 — sur la branche de droite de
ïm , reste encore visible au-dessous de la lacune.
13 yato yato sammasatî'' kan(dh)a[na udakavaya*
lahati priti][prainoju amutu ta vianatu"" o]
Dhanimap., Syd :
yato yato sanmiasati khandhânam udayavyayam
labhati pîtipâmojjam amatam taih vijânatam
a. Je dois insister un peu sur la lecture que je propose pour
ce mot; car la décision prise conmiande toute une série
de cas parallèles; je veux parler du second caractère. 11
est certain que Tu est habituellement marqué ici par un
crochet placé au pied de la consonne et plus ou moins pen-
ché vers la droite , d*aiUeurs plus au moins fermé , au point
de se présenter parfois comme un petit cercle un peu
obiong. Le signe que nous avons ici au-dessous de notre ^
est aussi un crochet, mais plus arrondi, plus ouvert que
Tautre et surtout placé plus vers la droite de la consonne.
Si Ton tient compte de cette circonstance que le son ma
est ordinaiement noté par un caractère spécial ^^ il faut
avouer que, malgré une certaine similitude, le signe sou-
scrit doit être distingué du signe m , que ce n'est donc pas
mu qu*il faut lire. Etant donnée la forme de Tannsvâra dans
Talphabet épigraphique , ou pourrait le vouloir retrouver
ici; mais Tanusvâra nest sûrement pas noté d*ordinaire
dans notre manuscrit , et , dans le seul cas absolument cer-
tain que j'en aie jusqu ici relevé — c'est dans les fragments
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 235
de Saint-Pétersbourg — il affecte au contraire la forme
exacte de Ym ; je ne puis donc voir dans notre crochet un
anusvàra , mais simplement un m final souscrit, comme
souvent dans les textes ëpigraphiques en dévanàgart. La
lecture samamsati serait en elle-même invraisemblable;
c*est surtout dans le mot brûhmana que reparait notre signe ;
la transcription bramamna est également inadmissible. La
comparaison qui s*impose avec lanusvàra des inscriptions
est cependant instructive. Tout le monde admet que celte
forme de Tannsvâra n*est rien que Ym retourné. J*estiine
que, de même ici, notre crochet n*est rien que Y m re-
tourné, mais conservant sa valeur normale. Le signe if
serait ainsi = mm. Dans tous les cas où je Tai relevé , cette
analyse est absolument satisfaisante. S*il ne paraissait que
dans le mot brâhmana, on pourrait soupçonner un groupe
mh; mais, indépendamment de Tinvraisemblance gra-
phique, il n*y a point de place pour un h dans le cas pré-
sent. Un exemple me parait décisif pour Tinterprétation
que je propose et m*a , pour ma part, finalement convaincu ;
c'est dans les fragments de Saint-Pétersbourg , au vers qui
correspond à Dhanunap., 82, le mot ^^Y ' ^® crochet
inférieur est sûrement intentionnel , et de valeur positive :
nous ne pouvons lire que gammiro = gambhiro. Un peu
plus loin dans le même fragment , aux deux vers qui re-
présentent Dbammap., 81, nous retrouvons, très nette-
ment le même tracé X. H est clair que cette fois nous
pourrions lire le mot intéressé : saminija[m]ti; mais la lec-
ture mim est exclue pour ^ammîro^ et le sanscrit buddhique
lit régulièrement samminjati et habituellement aussi le
pâli; nous sommes donc autorisés à lire sammijati. Celte
lecture du signe ^ lève, autant que je puis voir, toutes
les difficultés. Il est vrai que le redoublement des con-
sonnes ne se note pas dans notre manuscrit. L'objection
est de peu de poids si Ton songe à l'inconsistance si carac-
téristique de son orthographe. Quelque solution cpie l'on
préfère adopter, on ne pourrait échapper à la nécessité
â30 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
d*en admettre, dans ce cas, une manifestation nouvelle,
bràhmana étant plus souvent écrit par ^ que par ^ et
gambhira par Y ^^^ p^i* ^* Quant à Ys = é de sammasali,
il s*explique peut-être par le voisinage de IV, un peu
comme nous avons s = /r. Cependant la transcription or-
dinaire de rs sanscrit est s\ comme dans *dasima, 1. 3a. —
h. Le groupe ndh est ordinairement écrit n avec le trait de
Taspiration au-dessus, qu'il faille Tinterpréter ndh ou nh,
conune banana = bandhana, à la ligne ^9 et aUleurs. Ici
la marque de laspiration manque. Précisément le k est
de même pour kk = sk. L'orthographe assez singulière
udaka = udaya, se reproduit C'"*, 18. Nous trouverons de
même (C'% 87) dhoreka', — c. Je ne construis ni n'en-
tends ce dernier pâda comme les précédents interprètes ;
je ne puis croire que, placé comme il Test, le pronom tam
pubse se rapportera pritipramoja, reprendre et résumer ce
substantif. J'estime qu'il faut couper la phrase à la fin du
troisième pàda et que le quatrième doit se traduire litté-
ralement : « la libération de la mort est [le lot] de celui
qui sait [de ceux qui savent] cela», c'est-à-dire de ceux
qui, le sachant « le pratiquent et détruisent les skandhas.
Pour la suppression du j médial , il suffit de rappeler par-
vaitasa de A*, 3.
14 sunakari pravithasa sataci[tasa bhikhuno
ama][nusa rati bhotisame dharma vivasatu o]
Cette ligne est exactement identique à la ligne 12. H y a là
quelque confusion du copiste qui aura répété une ligne
par erreur ou négligé quelque variante partielle qui , dans
son texte, différenciait les deux vers. Cf. p. 26 1-2.
'5 [ ^ ■
][ same dhama vivasatu o]
Malgré les traces qui subsistent des trois premiers pàdas, je
n'ai pas réussi à en rétablir la lecture probable.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 237
J<> nathi jhana apranasa prana nathi ajhayato
[ * yasa* jana ca prana ya so ho] [ninanasa satia* o]
Dhamniap., 872 :
natthi jhânam appannassa pannâ natthi ajhâyalo
yamhi jhânan ca pannan ca sa ve nibbânasantike
a. Ce vers et les deux suivants se complètent au moyen d*un
fragment détaché que je désigne conune fr. B vlii. Yasa
est le génitif faisant fonction de locatif, comme souvent
ici. Je ne puis décider, à cause de la cassure, si le^ de jana
portait ou non le trait de l'aspiration. Ho = khala , pour
vai, ve du pâli. Le bas du dernier caractère est passable-
ment indistinct sur le fac-similé. Je n'oserais pas affirmer
que la vraie lecture ne soit pas satil, elle serait plus voisine
du pâli et grammaticalement plus justifiable.
17 tatrai adi bhavati tadhapranasa "* bhikhuno
[Mdriagoti satuthi pratimukhe i*]
Dliammap. , SyS :
tatrâyam âdi bhavati idha pannassa bhiLkhuno
indriyagutti santutthî pâtimoLkhe ca samvaro
a. Le ( est net. Nous avons donc , en face de idha , iha du
pâli, on autre tour taiha pranasa, soit que tathâ se rapporte
à la description du vers précédent, «le moine qui ainsi,
c'est-â-dire par la méditation , est en possession de la sa-
gesse», soit que cette expression tathâprajna rentre dans
Tanalogie générale d'autres locutions bouddhiques comme
tâdré (tàdi, tâyin)^ tathâgata, etc., dont jai touché un
mot ailleurs, IRAS, oct. 1-898, p. 866. — b, I = ca,
comme nous l'avons vu déjà. Pour l'expression pâùmokkhc
ca samvaro, cf. tavata prâtimakhasa , fr. C I.
» Fr. B vu.
238 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
18 mitra bhayea* padiruva sudhayiva a*
[ ^ padisaPra.tisa. aprak] * ^ - ..
19 datu ayarakusalo suhu bhikhu vihasisi'' o
Dbammap., 376 .
mitte bhajassu kalyâne saddbajîve atandilc
/Wi,376:
padsanthâravuttassa âcârakusalo siyà
Ibîd,, 379 :
so attagutto satimâ sukham bhikkhu vihâhisi
a. A cause de la cassure la lecture du caractère j^ (~j^)
n*cst pas tout à fait certaine; elle me parait au moins infi-
niment probable. — b. Ce commencement de pàda n est
lisible qu*à la lumière que nous prête la comparaison du
pâli. Le demi-vers du Dhammap. forme la fm d*une stance
hypermétrique à six pâdas. Comme on le voit, le nôtre
forme au contraire le premier tiers d*une stance de ce
genre. H saute aux yeux que Tarrangement de notre texte
est le bon : le demi- vers mitte bliajassu, etc. se rattache
aussi mai que |K)ssible au sloka qui précède. — c. Le
bas des lettres ayant disparu , la lecture n*est pas , dans le
premier pàda , sûre pour tous les caractères ; après padi on
peut admettre sadkara qui serait bien = le pâli santhâva ;
mais le haut du caractère suivant n*a aucunement Tappa-
rence d'un "J, mais bien plutôt d'un y. Notre texte por-
tait-il padbadharaguti ? — d. Data est, bien entendu,
= dântah et ayara = âcâra. Nous avons déjà rencontré (A*,
6) vilumti. Notre forme est intermédiaire entre celle du
sanscrit et celle du pâli vikâhitL On remaix|uera , dans le
p«'i]i , outre le changement de r{î)s en h qui semble dépasser
» Fr. B VIII.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 239
le niveau moyen de ia dégénéreacence phonique dans ce dia-
lecte , l*orthographe i pour ya qui parait aussi empruntée
à des habitudes graphiques plus libres, moins régulières,
que celles qui ont prévalu en général dans sa fixation litté-
raire. Aussi cette forme, seule normale, a-t-elle été en
partie supplantée par des orthographes comme kàhasi, kâ-
hati, kàhanti à côté de kâhisi, kàhiti, kâhinti qui parurent
isolées et singulières.
30 salabhu * natimanea nanesa smihao sia *
anesa smihao bhikhu samadhi nadhikachati o
Dhanmiap., 365 :
salâbham nâtimanneya nannesam pihayan care
annesam pihayaih bhikkhu samâdhîih nâdhigacchati
0. SalaUia est ici écrit par V. Cf. A', note a. J'ai à peine
besoin de remarquer que atimannali doit s*entendrc au sens
de • mépriser, dédaigner ». Cliilders et M. Max Mùller ont
déjà corrigé la petite inadvertance de M. Fausbôll. — h.
Je n*ai découvert aucun moyen de distinguer a priori Vm
' àa V conjoint, dans des groupes comme tv, tm, sm, sv,
C*est peut-être svihao = sprhayam qu'il faut lire. Les cas
que nous avons déjà relevés , où p est changé en m , m*ont
induit à penser qu*il en pouvait être de même ici; mais
Je ne vois, entre les deux transcriptions, aucun motif pé-
remptoire de décision. Nous allons, au v. 25, rencon-
trer la transformation habituelle de sp en ph. Pour le chan-
gement en 0 de la syllabe finale du participe présent, on
peut comparer, aux II.22 et a3, anavici{m)tao et anusmaro.
^1 apalabho tu yo bhikhu salabhu** natimaûati
la gu deva prasajhati * sudhayivu atadrita o
Dhammap. , 366 :
240 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
appalâbho pi ce bhikkhu salâbbaih nâtîmannati
taih ve devâ pasamsanti suddbajîvim atanditarii
a. Sur la planche on pourrait douter 8*il faut lire apalaphfp^
ou apalabho; je dois dire que Toriginal ne laisse aucun
doute et que c*est bien en présence du caractère bh, "K
?u il nous met. Dans salabha nous retrouvons la forme
^« — b. Pour praéajhati - prasamsanti , cf. la note A^, 1 7.
Je prends ^a pour ghn (avec perte de l'aspiration comme
dans kadha = skandlia,) = kha, scil. khalu, qui est aussi
représenté par ho et ha.
22 kamaramu"* kamaratu kamu anuvicitao
kamu anusmaro bhikhu sadharma parihayati o
a. Ce vers ne diiïëre du suivant , seul représenté dans le Dham-
map. pâli et dont il forme Tantithèsc , que par la substitu-
tion de kâma , « le désir » , à dharma , « la loi , la vertu » , et
par la suppression corrélative de la négation.
23 dhamaramu dhamaratu dhamu animcitao
dhamu anusmaro bhikhu sadharma na parihayati o
Dhamraap., 364 :
dhammârâmo dlmmmarato dhammam anuvicintayaiii
dhammaiii anusmaraiii bhikkhu saddhammâ na parihayati
24 na silavatamatrena bahosukona va mano*
adha samadhilabhena vivitasayanena va o
25 phusanin^ nekhamasukhu aprudhajanasevi.
bhikhu vîspasa ma?? a? te asavachaye* o
Dhammap. , 271-272 :
na silabl>atamatteiia bâhusaccena va puna
athavâ samâdhilâbheua viviccasayanena va
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 241
phusâmi nekkliammasakham aputhujjanasevitam
bhîkkhu vissâsarii inâpâdi apatto âsavakkhayaiii
Bahosukena s*explique bien «= bahussakkena , bahu-autsukya ,
et le sens d\ énergie , activité » est satisfaisant. On atten-
drait cependant 5 pour (s plutôt que 5. En revanche le pâli
bâhasaccena, s*il faut, avec Fausbôll, le dériver de bahu-\-
sata (=-smrta)y devrait redoubler ïs : bâhussacca. Comme
le groupe /r se transforme habituellement en s dans notre
dialecte, on se demande presque si la lecture pnmitive
n'aurait pas, comme semble le supposer Childers (Dict. s.
V.), été bâhuiucca = bâhusrutya , en sorte que nos deux va-
riantes en seraient des déformations parallèles. H est d'au-
tant plus malaisé de le décider que , après tout , telle qu'elle
est, notre leçon bahosukena est irréprochable pour le sens
et — étant données les confusions entre les silHantes dont
le seul vers suivant va justement nous donner deux exemples
— très admissible pour la forme. Mano, pour pana[h) , pu-
nah, avec changement de p en m. — b. Le pluriel phusa-
mu est certainement préférable au singulier, par le tour
plus général qu'il donne à la pensée. Pour la substitution
de i à i, je renvoie à sanimasatidu v. i3. — c. \olre leçon
confirmerait, s'd en était besoin, la correction que Chil-
ders {./. R. As, Soc, n. ser. V, p. 326) a justement intro-
duite dans le texte pâli vissâsam mâpâdi pour vissâsam ûpâ-
di; car les cas où Vm final est ici conservé par le sandhi
sont assez rares pour que, a pi-iori, la division vis'pas'a ma*
soit de beaucoup la plus probable. Je ne doute guère que
ies deux caractères à demi perdus n'aient été padi ; mais je
n'en suis pas assez certain pour les faire figurer dans la
transcription. Le groupe médial de visp(L<a est loin d'appa-
raître ici nettement. A comparer l'aspect qu'il prend soit
dans vispa à la ligne suivante, soit dans v[î)s'pasa , C",
33, sa forme normaic |)arait être O)» ^a ressemblance est
frappante avec le groupe qui figure sur les moninnenis
de Spalagadames , Spalahores, SpaUrises et (|ue l'on tran-
xn. 16
laraiHiai* lAriaiiALB
S42 SEPTËMBREOCTOBRE 1808.
scrit ordinairement sp et sp (Bûliler, pi. 1,1. Qg); je n'ose
nie prononcer d'une façon décisive entre les deux lectures.
Cependant , il ne peut y avoir de doute sur le mol , qui est
sûrement viVtYîia; la seconde dentale est donc ici indûment
palatalisce en é; et celte irrégularité s'explique sans doute,
comme dans Mana, par le voisinage d*un autre s |)alatal;
il n y a ainsi guère d'apparence que cet s palatal ait pu
être supplante dans la syllabe précédente où il est justifie
par l'étymologie. Jinclino donc vers la lecture sp et je l'ai
introduite dans ma transcription. Ce groupe ne figure ici
que comme repœsenlanl un sert sv. 11 ne me parait })as (|ue
ce soit une raison suflisante |K)ur le transcrire sv et ris-
quer d^elTacer une singularité dialectale qui se compare
d'elle-même à une particularité bien connue du zend.
C'est sûrement apratc asavachaye = aprâpte âsavaksaye que
lisait notre manuscrit, une fm de vers stéréotypée que
nous avons déjà rencontrée etque j*estime plus autlientique
c]ue le tour adopté par le pâli.
20 lia bhikhu tavala bhoti yavata bhichati para "
vispa dharma saniadai bh.khii bhoti na tavata o
Dliammap., !)66 :
na tcna bhikkhu hoti 3 âvatâ bbikkhate pare
vissam dbammarii samâdâya bbikkhu boti na tâvalâ
a. 11 ne peut y avoir d'bésitation à lire para; je ne m'ex-
plique |)iis le prolongement de la haste de l'r au-dessous
du petit crochet inférieur qui, ordinairement, termine ici
le caractère. 11 est clair que, dans le texte pâli, il faut
restituer tâvatâ ]K)ur tena qui ne donne pas la mesure né-
cessaire et ne fournit pas, vis-à-vis de y âvatâ, le corrélatif
nonnal.
27 yo tu haholi pavana "" vatava braminayiyava*
saghni carati loku*" su lu bhikhu tu'' >'ucati o
MANUSCRIT DUTREDIL DE RHINS. 243
Dhammap., 267 :
yo dha punnaîï ca pâpan ca bâlietvâ brahmncariyavii
samkliâya lokc caratl sa ve bliikkhûtl vuccati
a. Je ne décide pas si le copiste a, dans pavana, oublié le
trait de Vi—pâpâni, ou si nous avons aiîaire à un génitif
comme le styte buddbique en présente souvent après un
verbe transitif, et dans ia fonction de Taccusatif (cf. le
Maliâvastu, passim), — 6. Pour vatava, cf. vatavantaih,
Dhanmiap. , 208, 4oo. Bramnutyiyava = brahmacaryavan ;
j ai déjà signalé 1 orthographe yi — ca; quant à ya = lya,
le ver» C", 17, nous montrera côte à côte virya et hinavi-
yava. De même je relève brammayiryena dans un passa<;e
du ms. de Saint-Pétersbourg. — c. J'ai déjà signalé la
tendance des groupes commençant par la nasale à adoucir
la sourde en sonore; d*où saghai = sankhàya. Pour carali
construit avec l'accusatif, cf. ci-dessus, A^, 6, et Mahâ-
vasîa, 1, 4io al. — d, Ve du pâli est préférable à notre
premier tu , qui double par une redondance fâcheuse celui
du premier pâda ; quant au second , c'est une faute pour ti,
faute à laquelle, semble-t-il, notre copiste avait une pente
naturelle (cf. v. 38), toujours sous l'influence d'un a
voisin.
!8 metravihari yo bhikhu prasanu biidhasasane
tunati * pavaka dhaniia drumapatra ba maturu o
Cf. Dhammap., 368, pour le premier demi-vers.
a. Si nous lisons iunali^ je n'en puis rien faire (jue tundati =
tadati (cf. le moyen védique lundate); mais le sens
« frapper » est vague , et Texpi^ession médiocre. 11 est aussi
facile de lire dunati, et Ton pourrait croire qu'il y a une
interversion accidentelle pour nndati « chasser, supprimer »,
qui va très bien , comme à la fin du vers, matani est cer-
tainement une faute matérielle du copiste, pour marntn^
iG.
244 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
mârutah. Cest peut-être beaucoup d*adinettre deux erreurs
de même nature dans la même ligne. Le sens général est
de toutes façons clair : « Le moine qui vit dans la chanté,
attaché à renseignement du Buddha , chasse le mal comme
le vent une feuille d*arbre. •
29 metravihara yo^bhikhuprasanu budhasas —
padivijhii* pada sata sagharavosaiiiu sulia^o
Dhammap. , 368 :
mettâvihâriyo bhiLklm pasanno buddhasâsane
adbigacche padam santam saihkhârûpasamarïi sukham
a. Aletravihai'a , c est-à-dire maitraviliâi'v , peut fort bien être
employé comme équivalent de maitravihûriiu Cette façon
de dire s*ajoute aux vraisemblances grammaticales et à la
comparaison des vei^ suivants, pour commander, dans le
texte pâli, la disjonction "vilifiri yo". — b. On connaît
pativijjhati en pâli pour dire « pénétrer ■ ; c'est donc un très
bon synonyme de ac/Ai^facc/te. La désinence seule surprend;
je n*y puis voir en somme quun participe présent, pour
padivijhaih, qu'il faut compléter par le verbe substantif
sous-entendu. — c. Dans sagharavosama encore, je ne
puis m*empêcher d-admettre une interversion, mais de la
voyelle seulement, pour sagharovas'amu qui correspond
exactement au pâli.
30 udagacitu yo bhikhu abhivuyu priapria *
adhikachi pada sata akavurusasevita o
Pour le troisième p/îda, cf. Dhammap., 368.
a. Un cas similaire m'a déjà (A', i6) fourni l'occasion de
citer cet absoUitif en ya pour ya. Mais je n'ai pas, jus-
qu'ici, relevé d'autre exemple (sauf, bien entendu, la répé-
tition au vers suivant) de v pour bh. Quoi qu*il en soit,
abhivuyti ne peut guère èlre que abhibhûya, Abhivahya au-
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 245
quel on pourrait songer aussi, d après le précédent de
araya, ne donnerait pas un sens ni une constiniction
admissibles. « Le moine qui se sent heureux d^avoîr domine
le plaisir et la peine atteint la région de la paix inacces-
cessible aux âmes faibles •.
I pramojabahuiu'yo bhikliu abhivuyu priapria
(idhikachi pada sata aseyane nioyaka^ o
Pour le premier pàda , cf. Dlianmiap. , 38 1 .
A. On remarquera ici pour le son hu , la forme 2 • ^^ forme
normale , au lieu de Tordinaire 2 — h, \\ manque une
syllabe dans ce dernier pàda , et cette irrégularité se com-
plique du mâghadisme un peu imprévu aseyane — aseca-
nam; en sorte que je n*ose guère proposer de conjecture
ferme. En admettant que le copiste eût omis une lettre , et
en rétablissant aseyane kamoyaka , c'est -à - dire asecanaeka-
mocakam, on supprimerait au moins la bizarrerie de la
finale e; mais je manque pour ekamocaka « seul libérateur ■
d*exemples parallèles. Le sens général n*est point atteint
par cette incertitude de détail : « Le moine qui se sent
plein de joie d*avoir dominé le plaisir et la peine , atteint
la région de la paix , la région délicieuse , libératrice. »
)2 apramadaratu yo bhikhu pramadi bhayadasiina''
abhavu parihanae nivanaseva satii o
Dliammap., 33 :
appamâdarato bhikkhu pamâde bhayadassivâ
abhabbo pariliânâya nibbânasseva santike
a. Entre le signet et le signe "^^j on remarquera un trait
oblique. Si le cas n'était ici , à ma connaissance , si isolé , je
proposerais de voir dans la forme ^ , un exemple de la
variante analoguede V\j sur laquelle j'ai eu occasion d'appe-
ler ailleurs l'attention ( Inscriptions de Piyadasi , I , p. a 3-24 }.
246 SEPTEMBRE-OCTOBRE 18Q8.
C*est, au moins jusqu'à nouvel ordre, la seule explication
que je puisse oiïrir de cette singularité.
33 apramadaratu yo bhikhu pramadi bha
Dhanimap., 3i :
appnmâdarato bhikkJm pamâde biiayadassivâ
sanûojanaiii anuiiithûlaiii daharii aggîva gacchati
a. Les traces de lettres à la un de la ligne ne se raccordent
pas exactement sur les deux lèvres de la cassure , je ne
puis donc lire avec certitude; mais il est très vraisemblable
que notre vers se terminait comme le pâli par : agiia
gachatL Pour le pàda précédent , rien n*est certain , sinon
que Tavant-dernier caractère était accompagné d*uu a qui
correspond bien à tliu de thulath. J*ai , dans le texte pâli ,
substitué la correction daham pour sahaih , justement indi-
quée par M. Max Mùller (trad. du Dbammap. , SBE,
p. lo).
34 jai bhikhu ma yi pniinadi' mate kamaguna bha-
[mensu cita*
ma lohaguda gili pramata kana dukham Ida ti da-
[jhamano'
Dhammap. , Syi :
jhâ)a bbikkhu niâ ca pamâdo ma te kâmagune bhavassu
[cittarii
ma lobagulaih gili pamatto,mâkandidukkliam idanti day-
[ liamâuo
a. La construction du nominatif pamâdo n*est pas heureuse ,
et le verbe fini serait plus en situation; mais il me pa-
rait difficile de prendre pramadi, comme pourrait être
pramaji, pour le potentiel , et j'incline a n'y voir que la
MANUSCRIT DUTRELIL DE RHINS. 247
contre-partie exacte du pâli avec un mâgadhisme dans la
désinence i=e, — b. Notre texte nous fournit une correc-
tion certaine pour le pâli dont le désordre avait justement
embarrassé les interprètes. Le groupe ns dans notre
alphabet a tellement Taspect d*un s doublé i^ , que Ton
serait tenté d*imaginer que c*cst sur un texte écrit dans le
même alphabet qu a du se produire d*abord la déforma-
tion de bhamemsu en bhavassu, L*identité , dans le dialecte ,
du nominatif et de Taccusatif pluriels, tous deux en â,
lacilitait d'autre part le changement de kâmagunâ en kd-
magune, rendu nécessaire par la première altération. —
c. Kana, kanda, c'est-à-dire krandaiu La forme dajjhai=='
dakyate, est expliquée par Hcmacandra IV, 2^6. « Médite,
ô moine, et point de relâchement I Que Tattrait du désir
n*égare pas ton esprit. Ne fais pas la folie d'avaler une
balle de fer [rouge] pour gémir ensuite, en te sentant
brûlé : quelle souffrance ! »
sija bhikhu ima nama' sita ti lahu bhcsiti
chetva raka ji dosa ji tato nivana esiti* o
Dhammap. , 36g :
sinca bhikkhu imam nâvarii siltâ te laluim essnti
chetvâ râgan ca dosan ca tato nibbânam ehisi
a. J*ai déjà signalé le changement de v en m dans ce nama ^
nâvam. — b. Je n'ai plus à revenir sur ji^yi = ca. La
troisième personne esiti se peut à la rigueur défendre , en
admettant que, avec le second demi-vers, le tour devient
général et indéterminé. En somme , pourtant , la seconde
personne du pâli est plus naturelle.
»6 krodhana akitana i drohi ni "
.^mayiya cara bhikhu sasani* o
a. H reste trop peu de traces de la fm du second pâda pour
248 SËPTEMBHE-OCTOBBE 1808.
le restituer avec confiance. Cependant ravant-demier carac-
tère parait avoir été un^. Je suppose donc que le pâda
se terminait par jahL — b. Ce dernier vers se |>eut. je
pense, rétablir avec beaucoup de confiance : hramnyiya
cara bhildia prasana badhasasani. Je traduis donc, sauf la
courte lafune du troisième pâda : • Repousse F homme
colère, fingrat, le haineux, le. . ., obsene la chasteté,
ô moine, fidèle à renseignement du Buddlia. »
37 paja china paja jahi* paja utvari * bhavai
pajasagadhio ' bhikhu ohatino ti vucati o
Dhammap., Syo :
pafica chinde panca jahe panca vuttari bhâvayc
pancasangâtigo bhikkhu oghatinno ti vuceati
a. Au-dessus du ja du second paja, ou distingue un petit
trait; mais il est court, épais, et ne parait pas avoir eu
pour intention — d*aillcurs malencontreuse — de marquer
l'aspiration. — 6. J*ai eu occasion plus haut de signaler
cette transposition du v : utvari = vuttari. — c. Bien que
j'aie indiqué précédemment (1. 3), que je ne croyais pas
devoir transcrire gh, la forme V que nous avons ici, il
n*eii est pas moins singulier que cette forme se rencontre
précisément dans le même mot, ici et à la 1. 3, et que,
dans les deux passages, ce mot soit écrit fautivement par s
|K)ur 1*5 dental. Il va sans dire que notre composé est san-
gâdhiko, et répond fort bien au pâli par le sens, « qui est
au-dessus des cinq liens », mais non par la forme.
38 savaîsu namaruvasa yasa nathi niamaita
asata i na soyati so hu bhikhu tn vucati" o
Dhammap. , 367 :
sahbnso nâmarnpasinirTi yassa natthi mamâyitaiii
asatâ ca na socaii sa ve hhikkhûti vuceati
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 249
a, Namaravasa , le génitif pour le locatif, comme souvent;
hu = kkala; tu pour (i, ci-dessus, v. 27.
M alagîto* ya vi carea dhainu datu satu sanatu bram-
[niayari
savisu bhutesu nihai dana so bramano so*samano
• • •
[so bhikhu o
Dhammap., i4i :
alamkato ce pi samam careyya santo danto niyato brah-
[macâri
sabbesu bhûtesu nidliâya dandaiii so brâhmano so samano
[sa bhikkliu
a. Rigoureusement , c*esi plutôt alageto que porte le manu-
scrit; cependant le trait vocalique semble dépasser un peu
la boucle du y. Il est d'ailleurs très malaisé, dans beau-
coup de cas, de décider sûrement si le copiste a voulu
écrire e ou i; à en juger par une foule d'exemples
il n'attachait lui-même à la distinction qu'une valeur
très relative. — h. Vo est soudé au crochet supérieur
de Vs,
*^ yo najakamo bh.v.s. s.r(?)*
bhikhu jahati o viva udumaresu *
Sultanip., 5 :
yo nâjjhagamâ bhavesu sâram vicinam puppbam iva udu-
[mbaresu
so bhikkhu jahâti orapâram urago jinnam iva tacaiii purâ-
[naiii
d. Il n'y a pas trace du trait de l'aspiration au-dessus du ^ .
Je crois être certain de la lecture mo. Nous avons déjà ren-
contré plusieurs preuves du penchant de ce dialecte à labia-
liser l'a en a après m. II semble bien que notre ms. ait dû
250 SEPTEMBRE-OCTOBRK 1898.
avoir une lecture tout à fait équivalente ici à celle du pâli.
H est cependant impossible de rétablir bkavfsn saram; le
trait Yocalique manque au-dessus du "^ ; comme le s qui
suit est assuré , il est permis de se demander s*il n*y a pas
là une erreur matérielle du copiste. — 6. Notre te\te
parait avoir interverti le second et le quatrième pàda.
C*est d*autant plus singulier que la seconde moitié de la
stance forme, dans ce vers et les suivants, une sorte de
cadence stéréotypée. Je ne vois pas quel sens pourrait avoir,
à la fin du vers , la comparaison qui du second pâda parait
y avoir été transportée. Quoi qu*ii en soit , on peut , sur le
rapprochement de C'*, i , a , admettre qu'il faudrait com-
pléter pn.^u \viva u*.
Ici nous entrons dans une séiîe de stances qui trouvent
leur contre -partie pâlie dans le premier chapitre, lira-
gasutta, du Suttanipâta. Mallieureusement les lignes qui
vont suivre sont encore plus fragmentaires que celle-ci.
Quelques débris, dont plusieurs se raccordent sûrement,
permettent de combler une partie du vide; aucune ligne
ne se peut compléter en entier. Ces restitutions intéressent
surtout la un des vers, et cette un est ici uniforme
pour tous ; ce qui reste des commencements est court et
parfois douteux; enfm, bien cpe les fils latéraux soient
conser\és, les morceaux qui y adlièrent encore dans la
feuille principale B, n*ont pu être réintégrés avec certi-
tude à leur place précise et avec leurs espacements respec-
tifs. Dans ces conditions, on comprendra que je n*arri\e
pas à rejoindre d'une façon assurée les commencements
et les fms de lignes.
Il semble du moins certain que les huit fins de ligne,
jusques et y compris celle qui se termine par le chiffre en
marge, se suivent sans interruption. Au-dessus et au-des-
sous la feuille est cassée; des lacunes sont donc, a priori,
admissibles; mais, pour ce qui est d'une lacune inférieure ,
la tension visible du fd de gauche parait l'exclure. Le
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 251
chiilre en marge marque d ailleurs ia fm d'un chapitre;
avec la ligne qu*il prolonge, la dernière de nos huit
lignes, se tenninait donc la série do ces stances à cadre
uniforme.
Si maintenant nous envisageons les commcncémcnls ,
il ny a pas d*apparence que, entre la ligne jo upa*, et la
hgae yasa vana*, il en manque plus dune, celle dont le
début, jo eca sari, est conservé par le fr. B vi.
Ceci posé, le fr. Bxiii, qui se raccorde sûrement au-
dessus de la fm de la 1. 4^ > garde des restes d*une stancc
antérieure de même structure. Il est donc certainement
tombé une ligne après celle que nous numérotons /lO. N*en
est-il tombé qu*une ?
A considérer les commencements de lignes , la lacune
ne semble guère avoir pu (>tre notable. Supposons-la d*une
ligne; il nous resterait huit commencements en face de
huit fins , et tout paraîtrait concorder.
Mais les fr. Avi et Av, qui se soudent, se rattachent
avec certitude aux iins do lignes /i2-45. 11 faudrait donc
que le début jo iipat — appartînt au v. 42. Or, si vikaya
et saitha correspondent bien , conmie je n*en puis douter,
à vigayha et osadhehi du Sultanipâta , les commencements
yo apa" eiyo mana''^ indiscutablement continués par fr. B x ,
ne peuvent appartenir qu*aux 11. 43 et 44. Cet ajustement
eat, on le verra, confirmé par les lignes suivantes.
11 suppose la chute , non pas d*un , mais d*au moins deux
vers. On relierait les fr. B iv et B m , qui se font suite , au
commencement yasavana**. Les incertitudes que la com-
paraison du pâli pourrait éveiller sur ce dernier point , et
sur le rattachement de la fm de ligne kapa ... au com-
mencement yo necasari de la 1. 48 , ne me paraissent pas
de nature à contrebalancer les vraisemblances que j*ai re
levées. La vraie difficulté est ailleurs.
Le chiffre en marge de la 1. 4*) donne 4o pour le nombre
des stances de ce chapitre. Dans notre arrangement nous
en aurions 4^. 11 n*y a pas d'apparence qu un chiffre mar-
41
252 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
quant des unités soit tombé. A supposer la perte d*un seul
vers, cetle contradiction ne serait pas irréductible. On a
vu que le V. i4 Tait double emploi. On pourrait admettre
que notre copiste a commis une erreur toute matérielle
et que le ckifTre était exact. L'hypothèse d'une lacune de
deux vers exclut cette explication ; car il faudrait 4 1 . H ne
nous reste qu*à prendre le chiffre comme fautif. Je sens
combien le procédé est extrême. Mais je n*ai découvert
jusqu*à présent aucun moyen d*y échapper. Il importe , en
tous cas, de garder en mémoire que le raccordement du
fr. B X avec le commencement des lignes 43-44 1 celui des
fr. B VI et B XIV avec le commencement des lignes 45-47
et 48- 5o, et celui des fr. B xiii, Avi, Av, B ii, B v et
B VII avec les fins de lignes 4i-48 sont également inat-
taquables.
Je demande pardon d'entrer dans de si longs détails à
propos de fragments très décousus et dun intérêt mé-
diocre , mais il est du devoir d'un éditeur de ne les point
négliger.
[*orupa. urako jinav(i)va (t)vaya purana*]
Suttan., I et suiv.
so bhikkhu jahâti orapâram urago jinnam ivatacam purâ-
[naih
a. Les quatre premiers caractères lisibles ne peuvent guère
être autre chose que orapara; cependant Va est bien
visible au pied du second qui a tout l'aspect d*un r; le sui-
vant peut être le reste d'unp« sans que cela soit certain;
quant à Vr final, il n'a pas laissé de trace dans notre
fragment. On remarqueiti le changement en v, régulier
• Fr. B XIII.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 253
dans toat ce passage , de Vm final dejinam ^jîmam. Le cas
n est pas isole dans notre dialecte.
*^ -- [ ^ vikaya
so bhikhu jahati] orapara urako^ j inaviva tvaya pu-
[rana*
Sultan. , !i :
yo ragam udacchidâ asesam bhisapuppham va saroruham
[vigayha
80 bhikkhu , etc.
Cl. Je suppose que notre vikaya = vigayha, vigâhya. L'équa-
tion n*a ici rien de forcé ; c'est en tout cas le seul vers de
la série du Sultanipâta auquel le nôtre semble pouvoir se
rattacher.
43 yo upat — [^ineti kodhu visara"] [*saitha*]
[*so bhikhu jahati] orapara urako jinaviva tvîiya
[purana
Suttan. , 1 :
yo uppatitaiii vineti kodhaiii visatatii sappavisaiii va osa-
[dhelii
so bhikkhu, etc.
a. Ce dernier caractère ne peut être un (, et a bien plutôt
Taspect d'un r, encore que le bas de la haste manque du
crochet qui, habituellement, l'accompagne. Si telle est
bien la vraie lecture, il ne reste qu'à admettre que r est
pour { cérébral , vbara pour visata =^ visrta, — b. La lec-
' Fr. A VI.
^ Le fr. B\iu, garde des traces du haut des caractères oiutjmra
nra par où il se raccorde avec la pi. B.
» Fr. B X.
* Fr. A VI, et fr. A v, qui s'ajuste au-dessous, porte les traces
inférieures des caractères .<rat(/ia s, bhÀh.
» Fr. A VI.
254 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
ture saitha semble bien ressortir avec certitude du rappro-
chement des deux fragments. La similitude frappante
qu^ofirent ces caractères avec (o)sadhehi du pâli , en même
temps que la dissemblance qui en rend Tinterprétation si
problématique , sont pour dérouler. Si du moins nous avions
§athai , on pourrait croire à un durcissement de dh en th ,
et à une orthographe i=hi. Il est oiseux de se risquer dans
des conjectures pour lesquelles nous ne possédons qu*une
base trop étroite.
44 yo mana udavahi** a[^sesa bisa] [^mahoho*
so bhikhu jahati] orapara urako jinaviva tvaya pu-
[rana
Suttan. , 4 :
yo mânam udabbadlii asesaiii nalasetuiii va sudubbalaiii
[mahogho
so bhikkhu , etc.
a. Morris (Journ, P, T. S., 1887, p. i36), estimait qu'il fal-
lait lire dans le pâli udabbahi, et dérivait le mot de nd-vrh
«extirper». Notre texte ne peut que favoriser celte con-
jecture. Il semble que la faute du pâli repose sur une
fausse interprétation d*un prâcrit plus altéré, qui aurait
ordinairement affaibli dh en A. — b, Afahoho = mahogho »
comme nous avons vu, 1. 87, ohatino. «1*aurais eu quelque
peine à discerner les deux premiers caractères sans la
comparaison du Sultanipàla.
45 yo tasa [^udachai asesa sa]**
[*so bhikhu jahiti ojrapara urako jinaviva tvaya
[purana^
' Fr. B X.
* Fi-, a y.
» Fr. B M.
* Vr. A V.
* Fr. \\ VU, porte des traces du has des caractères de cette fin
de ligne, puis raho.
MANUSCRIT DUTREUIL DE KHINS. 255
Sutl-an., 3 :
yo tanham udacchidâ asesaih saritam sîgliasararh vîsosa-
[ yilvâ
so bhikkliu , etc.
a. Je prends uduchai=udachida, avec chute du d (en pâli
même : khâyati, khâyiia), et une orthographe approxi-
mative oî |K)ur iya, un peu comme nous avons avacai=^
upâtyagût, upaccagâ,
40 yo sa[^rvakelesa dalaîtha* lia] [*^ku*
so bhikh][^ u jahati orapara u][* rako jinaviva tvaya
[purana
a. Le Suttanîp. , ne fournit pas de contre-partie à ce vers.
kelesa est pour kileda; dalaitha de dâlayati : « celui qui a
brisé toutes les mauvaises passions ». — b, La consonne A*
est assez douteuse.
4-7
[*yo ecasari* na precasari sa] [^ rva]-
['so bhikhu jahati orapara u][*rako jinaviva tvaya
[purana]
a. La correction twca ' semble tout à fait nécessaire.
» Fr.
B
V I«
« Fr.
B
1 1«
» Fr.
B
* Fr.
B
vil.
• Fr.
B
w 1*
• Fr.
B
.\IV.
' Fr.
B
• Fr.
B
VII.
250 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
48 yonecasarina pre[^casari sarvavi]" ['^^M^**
so bhiklm jahati orapara ura][^ko jinaviva tvaya
[purana]
Sultan., 8-1 3 :
yo naccasârî na peccasâri (sabbaih accagamâ iniaiii pajian-
[caih)
so bhikkhu , etc.
a. La formule qui constitue le premier pâda , ici et dans la
stancc précédente, et qui se reproduit dans les vers 8-i4
du Suttan., est embarrassante. Nous avons cette fois ncca,
aussi sûrement que nous avions eca à la ligne d*avant.
Dans les deux cas, nous avons certainement preca. Cela
s*accorde assez mal avec le texte pâli tel que nous le donne
Tédition de M. FausbôU. Ce texte est en lui-même très
douteux et obscur. M.Fausbôll analyse na-ali-sarali, prati-
saralL Dans cette hypothèse on ne s'expHquc ni Yâ long,
qui d ailleurs est contraire au mètre, ni Vi long que le
mètre réclame. Quant à la traduction « he who did not go
too fast forward nor was lef^ behind » (SBE, X^, p. 3),
outre des dilFicultés trop évidentes pour que j*y insiste, elle
ne présente qu'un sens très vague, qui me satisfait mal.
11 est mallieureusement plus aisé de la ciitiquer que d*y
substituer une version évidente. La persistance de la
vocalisation e, et de la lecture prcca dans notre ms.,
me parait du moins décisive c(mtre la lecture du pâli.
D'autre part la persistance deVn dans le pâli, en présence
des divergences de notre texte , me fait incUner à admettre
pour les deux cas : necca, en sorte que Tantitlièse s'éta-
blirait entre naecact na preca, c'est-à-dire nactya naprctya.
» Fr. B \iv.
» Fr. B V.
» Fr. B Vif.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 257
Mais que ÇsAredesari, car telle esl Torthographe que parail
exiger la mesure ? Sarin entre en pâli dans certains com-
posés, comme est avamsarl {Sattanip,» 685), pour dire
• qui se dirige, qui prend sa course vers». Je propose,
dans etyasarin et pretyasarin , de voir des locutions formées
sur ce type et s*opposant, pour dire : «celui qui n'est pas
toujours en route pour venir en ce monde ou pour le
quitter», en d autres termes, «celui qui s'affranchit du
cercle de la renaissance et de la mort ». — b. Le carac-
tère p, bien que coupé à mi-hauteur, parait certain ; quant
à celui qui précède, ce pourrait être le reste d'un Ji, Cette
lecture kapa, à la fm du second pâda, ferait songer au
vers 1 6 du Suttanip. , dont le second pâda finit par neta-
kappâ; il est vrai que le premier pâda ne contient pas
la formule j^o neccasarî, etc. C'est pourtant une des rai-
sons qui me laissent quelque doute sur l'exactitude des
raccordements que j'ai essayés entre les commencements
et les fms de lignes. ElUe est en quelque mesure aggravée
par la circonstance que le commencement de notre ligne 5o
parait se rapporter au premier pâda de ce vers i6 du
Suttanip. , en sorte que , si les deux rapprochements étaient
justifiés, c'est au commencement de la ligne 5o qu'il
conviendrait de raccorder la présente fin de ligne. J'ai
indiqué les difficultés auxquelles se heurterait un pareil
rajustement; il rendrait impossibles les combinaisons
proposées pour les lignes précédentes , et dont plusieurs
paraissent plus sûres, plus convaincantes que celle-ci. Outre
l'incertitude qui subsiste sur la lecture kapa, et la possi-
bUiié toujours ouverte de variantes entre notre texte et la
version pâlie, on verra que l'identification de notre 1. 5o
avec le début pâli de la stance 1 6 est loin d'aller de cire.
^ yasa anosea na ['sati keyi o]**
[^urako jina] [^tvaya purana]
» Fr. B xnr. — * Fr. B xi. — > Fr. B vu.
XII. »7
258 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898. -
A la marge : 40.
Sutlanip., i^ :
yaisânusayâ na santi Leci mCilâ akusalâ samûhatâse
so bhîkkhu , etc.
a. Anoiea, pour aniiiea , offre encore une orthographe parli-
colière , ea = aya. On voit par \o initial , qui est certain ,
que, dans la suite, notre rédaction s*ëioignait du pâli.
50 yasa vanasia * na [^ satî keyî] [^ sala*
so bhikhu jahati orap][^ara urako jinaviva tva]
u * o
Suttan., i6 :
yassa vanathajâ na santi kcci
Suttan., 17 :
(anîgho tinnakathamkato) visallo
a, il est naturel de penser que le commencement du vers
correspond bien au premier pàda du pâli ^, et vanadhia^
vanathajâ n*aurait rien de surprenant ici où lej est plus d*une
fois éliminé entre deux voyelles; s pour th aurait d'autre
part, pour se défendre, la comparaison de sisila pour
sithila, V 9 qui suit a un aspect légèrement anormal , et le
crochet supérieur est beaucoup plus fermé que d'ordinaire.
Si Ion compare le fac-similé , on pourra constater qu*il n*y
» Fr. B XIV.
« Fr. B IV.
» Fr. B m.
* Le fac-similé pourrait faire penser qui! faut lire yase vana*:
ce serait une erreur. Un minuscide fragment (lV»corre s'est collé au-
dessus «le 1*5, et c'est Tombre qui! porte qui, à la photographie,
s'est filée, comme un trait à Tencre.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 259
a pas loin de notre vanaiia tel qu*il est écrit à vanadhia.
Peut-être le scribe a-t-il commis une faute de lecture qui
se serait nécessairement répercutée dans sa copie. —
b. On distingue encore à demi, avant éa, le caractère ri.
Je ne ptds donc guère douter que nos deux lettres ne
représ<mtent la fm du mot visallo, qui apparaît au vers
suivant du Suttanipàta. S*il en est ainsi, notre texte repré-
senterait par rapport au pâli une variante , qui aurait plus
ou moins complètement associé un pâda du vers 1 6 à un
pàda, ou à une partie de pâda, du vers 17. Jai dit plus
haut les motifs qui, malgré cette difficulté, et bien que les
fr. B IV et B m ne soient rattachés au fr. B xiv par au-
cune évidence extérieure , me décident â relier ces divers
débris en une stance unique. — c. Je tiens à faire re-
marquer, sans prêter à Tobservntion plus de certitude qu*il
ne convient, que le fr. B m semble bien se raccorder
convenablement avec le peu qui reste de cette ligne dans
la feuille principale. J*ai déjà dit plus haut pourquoi le
chi£Bre ^o qui marque certainement la fin d*un chapitre et
le nombre de vers qu*il contenait, parait inexact. C*est,
suivant moi , 4 1 ou 4a qn^il aurait fallu écrire , et la
marge est trop peu atteinte pour que j'ose admettre que
Texposant de ces unités ait été rongé.
o.vanas. . .ru"
a. Je ne puis rien tirer de ce qui subsiste de ce dernier pâda.
Je le regrette d'autant plus que la queue de 1*5, qui est net-
tement reconnaissable , est traversée d'un trait semi-circu-
laire qui formait sans doute avec la lettre d'appui, un
groupe dont il eût été intéressant de fixer la valeur.
pasadha nmlo ban(d)lianani cva jayati
>7-
53
54
2(K) SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
Dhammap. , 3iA :
vo nibbanatho ' YaBÂdhimatto vananiatto vanam eva dhâ-
[%ali
taih pdggalam eva passatha matto bandhanam eva dliâ-
[vali
a, Noos avons déjà rencontré, et nous rencontrerons pin-
sieurs fois par la suite, Yn surmonté du trait de Taspiration
pour exprimer ii<2^ du sanscrit. Je ne décide pas ici à quelle
prononciation exacte correspondait cette orthographe.
La lecture jajali parait bien certaine ; on ne peut songer
à javati, écrit par j pour v, puisque la première syllabe
serait brève. Je n*y puis voir que l'équivalent du pâli
yâyad que je relève par exemple Mahâvagga, v, 9, d« et
que j'interprète comme un thème dérivé par extension de
yâti. Lej povuc y, comme nous avons souvent ici Tin verse,
y pour j.
yi nivana " bhodha bhichave o
a. Nivana — nirvana. Ce mot rapproche bien cette stance de
la précédente; nih-vana « sans concupiscence », est le syno-
nyme de nibbanatha du pâli au vers précédent. « O moines,
affranchissez- vous de la concupiscence ! »
? cheravayo ? . tara *
a. Ces quelques caractères ne me suggèrent aucune resti-
tution plausible. Il faut attendre la découverte de la
contre-partie pâlie.
^ C'est la correction de Cbilders. J. R. As, Soc, n. s. V, p. a a 6.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 261
Fragments de B.
J*ai recaeilli en tout, dans ce caliier, vingt-sept débris. Je
transcris ici ceux qui contiennent au moins quelques carac-
tères certains. Bien que les plus importants figurent déjà
ci-dessus dans la reconstitution partielle des lignes 4i et
sqq. , je crois devoir, pour plus de clarlc , les reproduire
ici isolément.
I. Quelques restes de quatre lignes; aucune fin de pàda ne
vient nous fournir d'indication même approximative sur
la place qu'occupaient dans la stance les mots restés plus
ou moins visibles, etdont j*aile regret de ne pouvoir rien
tirer de satisfaisant.
ta * dhamidati na ( t) va
niakamanaipracea u
vinavanaukavaihadii
????ga(?)ti?
a. Ce caractère est douteux ; je n*ose décider si le trait qui
apparaît en haut, a droite, lui appartient, ou se rattache
au caractère précédent qui a disparu. Je n*ai pas besoin
de répéter que, à défaut d*un contexte intelligible, tous
les t ond peuvent être pris Tun pour fautre.
II. Cf. ligne 46.
ku so bhikh
IH. Cf. ligne 5o.
ra urako jinaviva tv
IV. Cf. ligne 5o.
vi.sala so bhikhu jahati orap
262 SEPTEMBRëOCTOBRG 1898.
V. Cf. lignes 46-48.
??u
bh. «u jahati orapara ur
o bhikhu jahati orapara ur
[ka?]pa s. bhiku jahati orapara urak
VI. Cf. lignes 45-47»
udachai asesa sa?
. . . rvakelesa dalaitha na
yo ccasari na precasari sa
VU. Cf. lignes 45-49.
?ko.î>.î>?? (l)v-u
rako j inaviva tvaya purana
rako jînaviva tvaya purana
kojinaviva tvaya purana
tvaya purana
VIII. Cf. ci-dessns, les lignes 16-18.
yasa jana ca prana ya so ho (ni)r(va)*
idriagoti satuthi pratimukhe i*
- padisaPra.^tisa ayarak*
IX.
gamagasa
X. Cf. lignes 43-44.
ineti kodhu visara
aiesa bisa
XI. Cf. ligne 49.
urako jina
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 2Ô3
sanoya -
I. Cf. ci-dessus, tignes 4i-4a.
orup(?) . urako jinavîva Iva????
orapara u
X.V^. Cf. lignes à'j'bo.
— sarva
casari sarva vi
sati keyi o
-- sati keyi
X\.
visa?
iro
- ['yamaioka ji] ita* sadevaka
ko dhamapada sud.sita kusala pusaviva payesiti
Dhammap., 44:
ko imam pathavîm vijessati yamalokan ca Imarii sadevakam
ko dhammapadam sudesitam kusalo puppham iva pacessati
a. Ita cest-à-dire etam : le monde de Yaroa et le monde des
Devas. Dans cette application eta est préférable à imam du
pàii qui ne s^associe bien qu*à pa\havim. Le changement de
pu§pa en pa^a est à remarquer. Pour le sandhi pusaviva cf.
> Fr. C VI.
264 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
jinaviva des vers B 4o et suiv. , et de payesili rapprocher
vihasisi, etc.
2 budhu pradha " siti yamaloka ji eta sadevaka
budhu dhamapada sudesita kusala pusaviva^ payesiti o
Dhammap. , 45 :
sekho pathavim vijessati yamalokan ca imarh sadevakaib
sekho dhanimapadam sudesitarii kusalo puppham îva pa-
[cessati
a. C'est sûrement à cette ligne et à la suivante que se rap-
portent les commencements qui , dans Tétat présent de la
feuille, apparaissent plus bas , sur la droite. On remarquera
lorthographe pradha[v[] =^prthivL — 6. Je n'oserais affir-
mer s'il faut lire pusaviva ou pusuviva. J'incline cependant
à croire que le scribe a eu l'intention d'oblitérer Vu qu'il
avait d'abord tracé; j'y incline d'autant plus que, dans le
même mot , à la ligne précédente , on semble aussi décou-
vrir conune une intention avortée d'écrire m.
3 yadha sagaPudasa' ujhitasa mahapathi
padumu tatra jaea suyigan(d)ha manoramu o
Dhammap., 58:
yathâ samkâradhânasmim ujjhitasmim mahâpathe
padumam tattha jâyetha sucigandharh manoramam
a. A compléter aagaraudasa — sankàrakàte , avec chute du k
médial. Pour l'équivalence de sankârakàta eisaAkâmdhàna,
cf. Chiiders s. v. sankâro. Le génitif dans la fonction de
locatif. Le trait de l'aspiration est bien visible au-dessus
du j de ujhita et de l'/i de gandlia.
MANUSCRIT DUTRECIL DE RHINS. 265
4 . . saghadhadhamaa andhah . te prudhijane "
abhi.o.ti^ pranai samesabudliasavaica^
Dhammap. , 69 :
evaih sariikârabhûtesu andhahliûte puthujjane
atirocati pannâya sammâsambuddhasâvako
a, La lecture sagadhadhaniaa me parait certaine , sauf la der-
nière lettre (pii pourrait être e ou i, la partie inférieure
n*ctant pas visible. Le mot reste difficile ; je ne me tire
d*embarras qu*en admettant que le scribe a écrit par er-
reur saghadha pour sagara — saiikâra; c^est ce qu appelle
la comparaison du vers précédent ; en soi saghara = sam-
skâra ne serait pas inexplicable. Cf. du reste à la ligne 1 4.
Quant a la seconde partie, il ne me reste qu*à prendre
dhamae = dharnie , qomme nous avons dans Tinscription de
Takht i Bahi satatimae , etc. La locution , « qui a la condi-
tion du fumier > , « qui est comme le fumier » , se peut jus-
tifier. Il semble qu*il faille lire hôte , qui serait =: bhàte. Si
la chose n*est pas sûre , elle est au moins fort probable. On
remarquera la transcription prndhi = prthak, — b. Le bh
parait certain ; abhirocati peut très bien s'employer = ati-
rocati, Same=: samya[k] est dans notre manuscrit Tortho-
graphe habituelle.
6 yo . [^hasa sahasani sagami* manusa jini
eka ji] atmana so ho sagamu* utamu o
^ Dans toute cette partie de la ligne , le fr. vu nous aide à com-
pléter les caractères dont il a en partie conservé le bas. Ua initial
(lu troisième pâda y est même conservé intégralement.
* Fr. C vn.
* Fr. C VII.
260 SRPTEMBRË-OGTOBRE 1898.
Dhammap., io3 :
yo sahassam sahassena sangâme mânuse Jine
ekaô ca jeyyam attânam sa ve sangâmajuttamo
a. Le g de sagami a de nouveau la forme > qu'on pourrait ,
si elle ne paraissait qu*ici, être tenté d*interpréter =gr. Si
Ton veut se rapprocher étroitement du pâli , il faut ad-
mettre que 'sahasani est une interversion , pour 'sahasina.
Mais le tour sahassam sahassâni « mille milliers > est pour
le moins aussi plausible que lautre locution. — b. Je ne
suis pas du tout persuadé que la lecture du pâli samgâma-
juttamo soit autre cKose que le résultat de quelque confu-
sion graphique adroitement arrangée. En tous cas, il n*y
a rien à chercher dans notre texte que le nominatif sait-
grâma uttamai,
7 saha[^sa bi ya gasana'' anatbapa] [' - ^ —
e] sebha* ya sutva uvaiamati
Dhammap., loo :
sahassam api ce vâcâ anatthapadasarhhitâ
ekam atthapadam seyyo yam sutvâ upasammati
a. Je n*oserais, sur le seul aspect du caractère, décider posi-
tivement s*il faut lire /a ouya. Mais nous trouvons ici dans
plusieurs cas s pour th, par exemple dans sisila, C 3o. —
b. Le caractère que je lis bh est ici encore /^.
8 [^ sata bhasc anathapadasahita "*]
e s.hu ya sutva uvasaniati
» Fr. G viï.
» Fr. C XI.
» Fr. C XI.
9
lO
II
MAxNUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 267
Dhammap., 102 :
yo ca gâthâ satam bhâse anatthapadasamhitâ
ekam dhaminapadam seyyo yam sutvâ upasammati
a. Bien qn*ii ne reste qa^une faible partie des caractères, le
rapprochement de la feuille principale met la restitution du
vers hors de doute. Qoant aux lacunes , il est moins cer-
tain qu*il les faille combler exactement d*après le pâli;
car dans ce cas le présent vers ferait double emploi , sans
variante, avec la ligne 10. Il est probable qu*il devait y
avoir quelque difiërenciation de détail, suflisante pour Jus-
tifier, au Jugement peu difficile des bouddhistes , la répé-
tition de la stance en deux formules très voisines.
sa bi ya gadhana anathapadasahita
eka gadhapada seho ya sutva uvasamatio
Dhammap., 101 :
sahassam api ce gâthâ anatthapadasamhitâ
ekam gâthàpadam seyyo yam sutvâ upasammati
. jagadhasata bhase^ anathapadasahita
«ka gadhapada seho ya sutva uvasamatio
Dhammap., 10a. Cf. à la ligne 8.
[^ masamasi sahasina yo yaea] satena ca "
nevi^ budhi prasadasa kala aveti sodasao
a. Ce vers et les suivants sont Jetés dans un même moule
dont nous retrouvons les éléments disjoints et légèrement
> Ces premiers caractères se complètent en partie par le bas
dans le £r. G n.
» Fr. C IX,
208 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
différenciés aux vers 106: mâse mâse sahassena yo yajeiha
satanisamaih , et 70 : na so sankhâtadhammânam kalam nag-
ghati solasiih, du Dhammapada. L^équivalent de nos six
stances se retrouve exactement dans ÏUdânavarga , trad.
Rockhiii, chap. xxiv, où il semble que le texte devait se
se rapprocher étroitement du nôtre. Cependant le premier
demi-vers y est traduit : « Celui qui mois pour mois fait ,
pendant cent ans, mille sacrifices», ce qui correspond
exactement au texte pâli. J'entends notre leçon sahasetia
iaiena ca en ce sens que , en muitiplant les chiffres , le texte
insiste sur le nombre indéfini ou infini des sacrifices. —
h. Dans les vers suivants nous avons neva , qui est la seule
forme correcte , car il faut ou neva ou navi = nâpL « Celui
qui mois pour mois offrirait des sacrifices par cent et par
mille , celui-là ne gagne pas la seizième pailie du mérite
que procure la foi au Bouddha ».
12 [^samase sahasena yo yaea satina ca
neva] prasa.sa kala aveti sodasa^o
a, 11 faut évidenunent compléter [dkama]prasadasa , et cette
stance correspond à Udànav. , xxiv, a 7.
13 niasamase sahasina yo yaea satena ca
neva saghi prasadasa kala aveti sodasao
Cf. Udânav. , xxiv, 28.
14 masamasi sahasena yo yaea satena ca
neva saghasadhamesu * kala aveti sodasao
a. Ce vers se compare à la stance 70 du Dhammap. , qui
li» , suivant la correction certaine de Childers : samtehâta-
» Fr. C vni.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 269
dhammânanu Ici la lecture saghata ' est exclue ; on peut
hésiter seulement entre saghadha et saghasa; le dernier ca-
ractère a en effet souffert ; il semble bien cependant que
le point noir qui apparaît encore au-dessous marque la
fin du crochet retourné de gauche à droite qui caractérise
Vs, D*autre part, nous avons rencontré à la ligne d sagha-
dhadhama où le dh est aussi certain qu*il est difficilement
explicable. J*ai dû, faute de mieux, admettre alors une
faute de copie , dh j)our r. Je ne vois guère d*autre res-
source que de supposer pareillement ici une erreur, s pour
t. Si Ton pouvait lire dh , cette transformation singulière
de l en dh aurait au moins un pendant dans samadlia de
la ligne (6 où je renvoie, et plus près, à la ligne 1 7, dans
kasidha = kiisîda. En tous cas , malgré leur étroite ressem-
blance extérieure, il est tout à fait invraisemblable (|ue
les deux qualificatifs soient , dans Tun et Tautre vers , iden-
tiques : le sens exigé par le contexte est , dans un cas , au>si
nécessairement défavorable qu*il est nécessairement favo-
rable dans lautre. On peut admettre ici que Thabitude
d*une locution aussi fréquente que sadhama a pu incliner
un scribe peu instruit à Terreur dont il se serait rendu cou-
pable. A ce vers correspond la stance 33 de TUdànavarga
dont la traduction , • celui qui explique bien la loi sainte » ,
parait refléter l'expression saAkhyâtadharma.
*^ masamase sahasena yo yae[^a satena ca]
?esu " kala aveti sodasa o
• • •
a. La consonne mutilée à laquelle est attaché Te peut être t
ou r. Je ne sais aucun moyen de décider entre les deux ,
non plus que de compléter la ligne. L'Udànavarga a
quatre stances, a 9-3 a, qui peuvent à la rigueur corres-
pondre a celle-ci; cependant comme les numéros 39*3 1
» Fr. C XLH.
270 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
sont calqués sur une formule unique, faiblement difTé-
renciée danà chaque cas, à laquelle doit correspondre le
tour de notre stance suivante, comme, d autre part, la
désinence esu suffit à prouver que notre présent vers nVtait
pas calqué sur le suivant, il est vraisemblable que c'est au
vers Sa de TOdânavarga que celui-ci faisait pendant.
là masamase sahasena yo yaea satena ca
ekapananuabisa ' kala naveti sodasa o
a. Comme je viens de le dire, cette stance fait pendant à
ridée exprimée avec de légères variantes aux stances 29-
3 1 de rUdâna. En effet ekapananuabisa = ekaprânânukam-
pinah : 3 il n*obtient pas la seizième partie du mérite qui
appartient à qui prend pitié d*un seul être vivant ».
17 ya ja vasasata jivi kusidhu " hinaviyava
muhutu jivita sebha virya arahato dri<]ha*o
Dhammap. ,112:
yo ca vassasatam jîve kusîto hînaviriyo
ekâham jîvitam seyyo viryam ârabbato dalliarii
«. Pour kusidliu = f8li kusîto, scr. kuslda, cf. ci-dessus, 1. i4.
— h. Nous retrouverons dridha et vridha aux 11. 3i et 34
de C'\
18 ya ji vasasato jivi apasu udakavaya "
muhuta jivita sebh .* pasato udakavaya o
Dhammap. , 1 1 3 :
yo ca vassnsataiii jive apassarii udayavyavaiii
ekâliaih jivitaiii scyyo passato udayavyayaiii
MANUSCRIT DUTRELIh DE RHINS. 271
a, B, i3 nous a déjà faïuiilariscs avec lortliographc udaka^
udaya. Sato et apa^a représentent côte à côte la douljle
équivalence o et u pour la désinence am, si souvent con-
statée ici. Ji et ja sont dies orthographes entièrement
équivalentes; on en peut juger par notre ji auquel s*op-
pose ja dans les deux vers qui encadrent celui-ci. —
b. C'est ^ que je lis hh.
10 ya ja vasasata jiv. apasu dhamu utamu
m.huta jivita .e.hu pasatu dhaiim utaniii
Dhammap. , 1 1 5 :
yo ca vassasatam jive apassaiii dhanimain uttamani
ekâham jîvitarii seyyo passato dhamniani uttamaiii
20 ya ja vasasata jatu ' agi pariyara vane
-- sa pi telena divaralra atadrito
21 [1 eka ji bhavitatmana muhutajviva p.a?^
sanieva puyana sebha yaji vasasala liolu*" o
Dhammap. ,107:
yo ca vassasatam jantuih aggirii parlcare vane
ekan ca biiâvitattânaiii nmhuttani api pûjaye
sâyeva piijanâ seyyo yance vassasataiii Imtaiii
a. Le sloka à six pâdas du pâli apparaît dans notre manu-
scrit sous la forme d'un dou])ie sloka normal; les pâdas
trois et quatre développent Tidce contenue dans les deux
premiers. Je n'ose rien proposer pour combler cette la-
cune de trois svllal)es. En rcvanclie la leviuve jatu de notre
* Fr. C \\i\.
27â SEPTKMBRË-OCTOBRE 1898.
ms. suggère poar le texte pâli une correction qui me pa-
rait certaine. On n*a expliqué jan/irm^jan/a , un nominatif ,
que par des artifices inadmissibles. C*est jâta qu'il faut
lire. La voyelle a été omise par le copiste dans pariyara
qui devrait être pariyari ou parirart. « Celui qui , pendant
cent ans , entretiendrait continuellement le feu sacré dans
la forêt , et jour et nuit sans jamais se lasser avec
de rhuile » — 6. Je prends mahataviva = mtihuta-
meva. Pour le dernier caractère , la tête d'un ') est encore
est encore reconnaissable; le scribe avait sans nul doute
écrit pH«p avec chute dvLy=j. — c. Sameva = sâyeva, Hotn
= hatam, montre à quel point o et a (même bref) s'équi-
valaient aisément aux yeux de noire scribe. Sebha écrit
par Z'.
22 [ï ya keja yatha' va ho. va lok]
ti ahivadana ujukatesu siho
Dhammap., io8:
yam kifici yitlhaiii va hutarii va loke sariivaccharaiii yaje-
[tha punfiapekho
sabbaiii pi tarii na catuljhâgam cti al)hivâdanâ ujjugatesu
r sevvo
a. keja ci yatha — kiji ei yitha; la vocalisation est peu soi-
gnée par le scribe.
2'i [*- silamatu suyisacho'] dhaniatho sadhujivano
atmano karako siidhii* ta jano kurati' priuo
» Fr. C IV.
' Fr. C IV complélé par fr. C ii.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 273
*
Dhammap. ,217:
sladassanasarapannam dhammattharii saccavâdinaih
sttano kamma kubbânam tam jano kunite piyaih
a* En parallèle à éilamata, scîl. illamantam, je rappelle vata-
wnata C, Sy. La lectare suyisacho semble bien donnée par
le raccordement des deux fragments IV et II. Suyi^^'suci
«si garanti par plusieurs exemples; sacho ne peut guère
^re que = sacctuh, satyam, mais alors il faut admettre
€|ue Taspirée est fautive. Je n*aperçois pas d'autre res-
aoorce. Le composé éucisatya, quoiqu'il se traduise bien
en français avec une littéralité singulière « qui dit la pure
mérité » , n'est pourtant pas une locution courante. Sâdhu-
Jivana : « de bonne vie ». — h, La ressemblance avec le
pâli n*est ici que générale. Kâraka me parait employé ab-
solument, comme dans le commentaire du Dhammapada ,
p. 1 5o-i 5 1 ; j'entends, en coordonnant kârakam et sâdhu m :
«qui est actif et consciencieux pour lui-même», c'est-à-
dire qui fait avec zèle et conscience ce qui le concerne.
— c. La boucle au pied de l'r n'étant pas fermée exacte-
ment, comme il conviendrait pour exprimer Vu, je p'ose
affirmer que le copiste ait voulu écrire kuruti, c'est-à-dire
karaté, bien que ce soit pour moi très probable.
^^ [^ sadhu silena sabano yasabhohasaniapitu] "
yena yeneva vayati * tena teneva puyita o
Dhammap., 3o3:
saddho silena sampanno yasobhogasamappito
yam yam padesam bhajati tattha tattheva pûjito
a. sadha = érâddhah. Je ne découvre pas trace de Yo dans le
/ de yasa. Bhoha est certain quant aux consonnes. Mais il
* Fr. C u, le haut des lettres pour le second pàda se complé-
tant par la feuille principale.
xu. 18
274 SEPTExMBRE-OCTOBRE 18Q8.
semble presque que Vh soit accompagné en bas k gauclie
d*un petit crochet exprimant la voyelle u. Le scribe aurait-il
écrit yasahhohu pour yasuhhoha ? Je prends d'ailleurs bhoha
= hhoga, par Tintermédiaire de hhoya, comme nous
avons eu seho = éreyah, comme nous allons rencontrer à la
ligne suivante dhamiho = dhamiyo, pour dhammiko, —
6. Vayati pourrait à la rigueur s'expliquer d'après l'analogie
de abhivaya B , 3o , 3 1 comme = le pâli bhajalL Mais il est
plus naturel de penser qu'il est=vrajati, et c'est bien plu-
tôt bhajati du pâli , très malaisé à interpréter, que je croi-
rais issu, par une confusion inverse, d'un vajali primitif.
26 [^ yo natmahetu na parasa hetu pavani kamani sa-
[mayajrea*
na ichia ['^samidhi atmano sosilava] pa-
[nitu^ dhammiho sia
Dhammap. , 84 :
na attahctu na parassa hetu na puttam icche na dhanarii
fna rallham
na iccheya adhammena samiddhim attano sa silavâ paii-
[navâ dhammiko siyâ
a, La construction de notre texte a>ec un ya initial est plus
naturelle que celle du pâli. Pavani kamani samayarea = en
pâli pâpâni kanimâni saniâcareyya. — b. Panitu , c'est-à-dire
panditah , remplace pantlavâ du pâli. Sur dhammiko cf. la
note de îa lif^ne précédente.
27 [3 safiatu sukati yati drugati yati asanatu
ma sa vispasa**]
1 Fr. C n.
^ Fr C XXXI. Ce ne sont que des traces; elles me paraissent
suffisantes pour rétablir ces quelques mots avec confiance.
' Fr. C I.
MANUSCBIT DUTREUIL DE RHINS. 275
^* • « L*hoiniii6 qui domine ses passions va à un avenir heureux ;
^i^elui qui ne les domine pas à un avenir malheureux. Que
^ir^elui-Ià ne se fie pas. . . ■ Je traduis comme s*il y avait
'^^ihaie; mais c*est une simple hypothèse.
l^ ^a\utu pratimukhasa idiiesu ca pajasu
luni anu] _.
^* Les deux premiers pâdas se comparent à Suttanip. 34o :
Samvatto pâtimokkhasmim indriyesu ca pancasu; on peut
comparer aussi Dhammap. 376 : pâtimokhe ca samvaro.
Quant à pramuni nous Tavons déjà rencontré A\ 3. « En se
contenant d*après les préceptes et dans ses cinq sens , on
obtient. . . »
29 -; — ^ , [^v. s. t.
^udhasa suyi] ?sa saniajakavata " o
a. En dehors de iadhasa et de snyi, c'est-à-dire peut-être $n-
yikamasa (= ^ucikarma), je ne puis rien faire de ces débris
dont la fin ne me suggère aucune explication plausible.
J'attends qu'une mémoire plus fidèle que la mienne en
découvre le reflet pâli.
30 [* dhamu cari sucaritaj [^ .^?? cari ta cari
dhamayari suh.] seti asmi loki parasa yi o
Dhammap., 169:
dhammam care sucaritaiii na naiii duccarilaiii caro
dhammacârî sukharii seti asmiiii lokc parainhi ca
» Fr. C I.
« Fr. C I.
' Fr. C XIII.
• Fr. C V.
18.
274 SEPTEMBRE. OCTOBRE 1898.
31 [1 ah]p o nako va sagami cavadhi vatita sara "
ativaka ti] [^dmsilo hi bahjo jano o
Dhammap., 3 20:
ahaiii nâgo va saihgâme câpâto paiitam sarani
ativâkyan titikkhissaiii dussiio hî bahujjano
a, La désinence dhi, pour tali, dans cavadhi = cûpdtah donne-
rait encore un eiemple du changement de ien dh, si Ton
pouvait admettre une transition directe, avec le mâga-
dhisme te pour to, de te en dhe, dhi. Je n*ai rien de plus
convaincant a proposer; ce qui ne veut pas dire que cette
explication me satisfasse.
32 [*.sa acata' drusilia malua vavi lata vani*
kuya su tadha].[^ tmanayadha na visamu'' ichati o]
Dhammap. ,"163 :
yassa accantadussîlyam ma lu va sâlaiii ivotataiii
karoti so tathattânaiii yathâ naiii iccliati diso
a. Je connais peu de cas dans notre ms. où , plus que dans
le ca J d'acata, il serait tentant de chercher un anus-
vdra souscrit, tant le crochet du bas est accentué. Cepen-
dant ce serait imprudent; si Ton compare dhi de cavadhi
à la ligne précédente , et ca de carila à la ligne d*avant ,
on partagera, je pense, celte impression, et on conclura
que , à ce moment de son travail , le scribe s'anmsait vo-
» Fr.
C
XIII.
* Fr.
C
V.
5 Fr.
C
XXII.
* Fr.
C
V.
* Fr.
C
X^II.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 277
lontîers à accentuer les menues fioritures de certains ca-
ractère». — b. On voit que notre texte s éloigne en ce pàda
de la version pâlie , et dit simplement : « Celui dont la
malignité est extrême comme {ivâpi) [celle de] la liane
mUukâ dans la foi*ét » ; et en effet un passage du Lai, Vist,
(p. 359, I. 3) caractérise cette plante de répithète asn-
khedà, sans autre explication; comme, pour ma }>art,
j'ignore quelle est exactement la plante en (|ucstion, je
ne saurais me flatter d*éciaircir les causes de cette réputa-
tion fâcheuse ; le vers de la p. aoy, I. 5 , parait indiquer qu'il
s*agit d*une plante parasite et qu'elle détruit Tarbrc où elle
s attache. Le tour de notre rcccnsion me semble le plus
simple, le plus primitif. Quoi qu'il en puisse être, je sup
pose , étant donnée la forme sanscrite mâlu , que mâlua =>
mâlukâ et que le })âli niâluvâ n'est qu'mie autre orthographe
de màluà relevée au niveau de la règle pâlie qui exclut
rhiatus. — b. Kuya = ktuyât, Na^naih, tuinu, Visama a
un sens, « vicieux, méchant », plus vague et moins expres-
sif que le diso = dvb, «ennemi», du pâli.
33 [' yok.d.'^ bh]
.„ a rathapina asanatu
Dhammap. , 3o8 :
seyyo ayogulo bhutto tatto aggisikhûpamo
yaiice bhunjeyya dussîlo rntthapindam asnnfiato
a. Tout ce que nous pouvons voir de ce commencement de
vers, c'est que dans ^wf/w , le g était durci en k, comme
si souvent.
» Fr. C V.
* Fr. C xi.i.
278 SEPTEMBBEOCTOBBE I89j».
33 ida ja mi keca ida jî karia ida
irinamana abhiniadati mucu?? sasoa*
a. Je n*ai pas décoorert le reflet pâli de cette stance. Je sup-
pose qoe ce qni en reste doonenût en sanscrit : idan ca me
krtjam Idaà ea kârjmm iêam k rimdamâno 'hkimar-
Jati mrtym. . Mosokam; ce qoi, sons réserve des compié-
ments Décesaaires , a po revenir à on sens général comme :
«En reconnaissant son devoir, on écrase la mort et ses
peines.»
36 ?dha vasa karisamu'Pdha h.matagi
Dhammap., i86 :
idha vassam vasissâmi idha hemantagimhisu
iti bâlo vicinteti antarâyam na bujjhati
a, H n*est guère possible de décider si karisama est , d*après
Tanalogie du pâli , la première personne du singulier avec
une orthographe inexacte (cf. phusamu , B, 26), ou repré-
sente régulièrement la première du pluriel.
37 ta putrapasusamadha "
Dhammap. , 287 :
tnm putrapasusammattarii biyâsattamanasam nararh
suttam gâniam mahogho va maccu âdâya gacchati
a, y ai signale à propos de la 1. 1 4 cette orthographe sin-
gulière samadha pour samata =» sammatta , et cité des ana-
logies.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 279
i% puve i kica parijaga [^ ?? — kici kicakali adea "
tata disa parika] [^ma kicakari noi kicakici ali adea]
a. Bien que la lacane soit relativement peu étendue, je
n*arrive pas à découvrir le sens certain de cette stance.
Devant kici il faut sans doute compléter no i, comme
au quatrième pâda, les deux ayant, je pense, été iden-
tiques, et j*en conclus que le dernier doit se lire no i
kici kica[k]ali adea, ce qui se transcrit : na ca kiiicit
krtyakàla adejam, et se peut entendre : « et à Theure du
devoir il ne faut reculer devant aucun sacrifice ». Mais je
ne sais au juste comment compléter parijaga, qui doit se
rapporter au verbe pari- ou pratijâgarati. On peut cepen-
dant, en appliquant pave au temps qui précède Theure
des sacrifices , comprendre qu*« il est indispensable d'être
en éveil sur son devoir » ( cf. la stance 35 ) , et on pourrait
compléter parijagarea ou parijagaritva. Le troisième pàda
me laisse entièrement perplexe. Au sujet kicakari il faut
un verbe; on pourrait prendre qu'il se cache dans di^a
pour diée, et que iata= taira a, comme parfois ici, le sens
d'« ici-bas » ; mais la traduction : « que l'homme de devoir
enseigne ici bas la préparation » impliquerait de parikarma
une application au moral qui me parait peu probable , et
je me persuade que la vraie analyse m'échappe. Voici , en
tous cas, quel serait, suivant ces hypothèses provisoires,
le sens général de la stance : « 11 faut d'abord se bien pé-
nétrer du devoir; car au moment de l'accomplir, il ne faut
reculer devant aucun sacrifice ; que l'honmie de devoir en
enseigne ici bas la préparation ; car au moment d'accom-
plir le devoir, il ne faut reculer devant aucun sacrifice. »
Vè
y a puvi karaniani [* pacha sakaru ichali*
» Fr C xxvu.
* Fr C XXX.
' Fr C xxvn.
280 SEPTEMBRE. OCTOBRE 1898.
alha dubakati^ balu][^ suhatu parihayati]
a. J*admets que sakara est pour sankara, comme nous avons
relevé saga pour sanga^ B, 3, 37, et je prends que le mot
' désigne le trouble et le tumulte de la vie extérieure , par
opposition aux devoirs tranquilles de la vie religieuse. —
h, La vraie analyse de dubakati m*échappe , j*en ai peur ;
en prenant kaii—gati, il resterait duha dont je ne puis
rien faire; j*en arrive ainsi à admettre que dahakati ^dus-
prakrii, et, me référant à Temploi de pakatattâ pour dire
«régulier ôbser>'ateur de ses devoirs» (Jâtaka, i, a 36;
S. B. E. XVII , 34o n. ) , je comprends : « qui u*obscrve pas
la règle ou le devoir». Je dois ajouter que le caractère
que je transcris ka se pourrait fort bien interpréter = sp.
Mais que faire de dubaspati ? En somme je traduis : « Celui
qui, après avoir d*abord aimé ses devoirs, aime le tumulte
du monde, Tinsensé, oublieux de la règle, perd le bon*
heur. »
40 akita kuki . [^ sehu " pacha tavati drukita
kita nu sukita seh] . [* ya kitva nanutapa(?)ti]
Dhammap. , 3i4:
akatam dukkatam seyyo pacchâ tapati dukkataiii
katan ca sukatam seyyo yam katvâ nânutappati
a. Kukriam pour duskrtaih ne fait nulle difliculté. Je ne puis
affirmer, à cause de la cassure, si c*cst bien sehii el non
seho qu'a écrit notre copiste.
Au-dessous de cette ligne nous avons des traces légères,
mais certaines, d'au moins deux lignes : le haut d'un pre-
* Fr. C xvx.
* Kr. C wviï.
■* Kr. C XXX.
MANUSCRIT DUTREIML DE RHINS. 281
mier caractère, et le bas de trois ou (quatre. H i\y a bien
entendu absolument rien à en tirer.
41 asava tesa vadhati ara te asAvacha „
Cf. Dhammap., a 53 :
âsavâ tassa vaddhanti , ârâ so âsiivakkhn) à
a. A compléter asavachaya, comme en pâli. On voit que
notre recension a le pluriel au lieu du singulier. De toute
façon, ce demi-vers ne peut finir qu'après une description
préalable de « ces boimnes » , et eu eOet le demi-vers pâli
forme la fin d*une stance ; dans notre manuscrit il com-
mence une ligne; d*où il suit, ou qu*il formait la fm d*un
éloka à six pàdas, ou que la peusée, ramassée dans le pâli
en une stance unique , en remplissait ici deux qui se com-
plétaient.
42 yesa tu susamaradha nica kayakata snia
^^ satana sabrayanana tasa?"
Dhammap., 3g3:
yesan ca susamâraddhâ niccaiii kâyagatâ sati
akiccan te na sevanti kicce sâtaccakârino
satânam samprajânânam attharii gacchanti âsavâ
a. Il est à croire que, comme dans le pâli, nous avions une
stance à six pàdas , et que les pàdas trois et quatre étaient
au moins très analogues à ceux du pâli. Cependant, au
sixième , les deux textes divergent , et je ne puis rien Taire
de certain de notre taxa, peut-être fautif pour tesa. On re-
marquera Vorthographe satana =smjiân(hh, à côté de smali.
SS2 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
TO
1 ?.?.? ra athu ? „ „ „„ ???
2 yo vi varsasata jivi • so vi mucuparayano
na bhajepari ^ _„
a. Par son commencement ce vers se rattache à une série
que nous avons eue plus haut (C**, 17 et suiv.); elle est
représentée, on Ta vu, dans la recension pâlie; mais la
stance présente n*y a pas de contre-partie exacte. Le début
du troisième pâda semblerait se comparer au commence-
ment de Dhammap. 78 ; cependant Tidentité est d*autant
plus problématique que notre cinquième caractère parait
bien, quoique mutilé, avoir été, non va de pavaka, mais
n. Macaparayana. comme par exemple. Suttanip.. 678.
« Vécùt-on cent ans , on reste voué à la mort . . . >
3 parijinam ida ruvu roanida [^ prabliaguno *
bhensiti p.ti] -
Dhammap., i48 ;
parijînnam idaih rûpaiii roganiddham pabhamgunarh
hhijjati pûtisandeho maranantam hi jîvitam
a. Prahha " par |f . — h. Le groupe que je lis ns a exacte-
ment l'aspect du caractère auquel j'ai précédemment été
amené à attribuer cette valeur. On pourrait ici songer à
l'analyser en ts,l^ t étant ajouté au-dessous de la boucle
de Vs; mais, admissible peut-être ici, cette explication ne
le serait pas dans les autres rencontres; la transcription
Fr. C XXXII.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 283
hhemsiii *Bihhelsyaii (c'est-à-dire hhc(syate) se peut au con-
traire justifier par cette tendance à la nasalisation devant la
siiHante dont le pâli et les prâcrifs offrent plus d*une trace.
Je n'en veux ici rappeler qu*un exemple, hliiihsana ^hM-
sma. De toute façon notre texte oppose le futur au présent
du pâli. J*ai dans le vers pnli introduit la correction
certaine inarananîam dès longtemps réclamée par Cliil-
ders.
4 konah?*-. _ _ [4ite sati
an.kar. ? prachiti* pra] ..-
Dbanimap., i46:
ko nu liâso kiin ânando niccaiii pajjalitc sati
andliakârena onaddhâ padipaiii na gavessatlin
a, La feuille, cassée en cet endroit, ne s'est pas exactement
rajustée sous le verre. Ce commencement est garanti par
le fragment qui contient une partie de la suite. — 6. Si la
lecture est indécise , il est au moins certain que notre texte
avait ici une variante. Pra, qui commence le dernier pàda,
semble indiquer que la fm était des deux parts semblable.
Nous devions , suivant toute probabilité , avoir ici un équi-
valent de andhakdrena onaddliâ. An(<lh)akar va bien, et
prachita ^prakshipta également; seule la désinence ti est
surprenante ; il est sùi' aussi que nous avions autre chose
que la désinence "kûre ou kûram ; outre le mètre , les traces
qui subsistent au-dessous de la ligne après la lettre r le
démontrent ; je n'arrive pas à une restitution convaincante.
5 yam eva padhama rati gabhirasati inanavo
avîthi*
Fr. C xxxni.
284 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
a, La transcription en sanscrit : yam eva prathamâth râtriih
ganihhîrasmrtir mânavah api sthi-, parait s'imposer; elle ne
donne pas les éléments d'une construction qui permette
d*entreYoir le sens générât
0 yasa rativivasina ayu aparato sia
apodake* —
a. La lacune , trop étendue , rend impossible ici encoœ Tin-
telligence des débris. Je transcris : yasya râtrivivâsena âyur
apai'atam syât alpodake. Mais je ne connais pas d'exemple
de l'emploi de aparata ,■ et aparânta ne donnerait , autant
que je puis voir, aucun sens. Le bas de la lettre initiale
n*est peut être pas complètement intact; c'est peut-être u
que portait primitivement le ms. Même avec uparata, on
voit mal qui peut être ce sujet « dont la vie s'arrête avec
l'aurore »,
7 ye hu dhayeyu * dahara ye ca majhima porusa
anupa ? sa nica maranato bhayo * o
a. Le y final est rattaché au d suivant par une liaison cursive
qui forme boucle et où peut-être se marque Tintention de
noter l'a; de toute façon il est nécessaire. Dhayeyu
est le potentiel de dhayati « teter ». — h. Cf. Suttanip. ,
676 : evaih jâtânaih maccânam niccath maranato bhayam.
Je ne me flatte pas de combler la lacune qui, cette fois,
n'empêché pas de reconnaître le sens de l'ensemble. « En-
fants qui tètent ou hommes mûrs (sur tous est) tou-
jours (suspendue) la crainte de la mort».
8 ?dha phalana pakana nica patanato - ~
ya ayu payeti panina' o
Cf. Suttanip. , 676 :
phalânam iva pnkkânam pâto papatanâ bhayatii
evaiii
MANUSCRIT DUTREUÏL DE RHINS. 285
et Dhammap. , 1 96 :
yathâ dan^ena gopâlo gâvo pâceti gocaraih
cvaih jarâ ca maccu ca âyiiih pûcenti pûniiiaiii
A. Notre vers semble fait du rapprochement , assez incohé-
rent d*ailleurs , d*une moitié de chacune de ces stances.
L* a final de aya, si nécessaire qu'il soit, est encore plus
douteux que celui de dhayeyn , à la ligne pn*cédeute ; il pa-
rait indiqué sonunairemenl un peu de la iiiéine manière.
9 yadha nadi pravatia racha vahati? "-
- „ tavi oharanase\a satii o
a. Ce que Ton voit de plus clair ici, c'est cpie le vers s'in-
spire de la même pensée que le vers 1 8 du chap. i de TUdâ-
navarga : « Conmie les eaux d'un ruisseau , les lieures de
la vie de Tliomme s'écoulent jour et nuit ; de proche en
proche elle court à sa lin ». Je ne suis pas sur de la lecture
radia ou vacha; de toute façon je n'y puis voir qu'un re-
flet de vrksa, soit |K>ur vracha soit pour nikkha. Pravatia ■=
pravarteya. Enfin je prends ohârana , en me fondant non
sur des exemples , qui me manquent , mais sur l'étymologie
et sur le témoignage de rAJ)hidhânappadipikâ, au sens
de a suppression , fm ». « Comme un fleuve se met à couler,
entraine les arbres vers sa fin. »
10 yadhavidanivikoti yayedevaoduopati
apakabhotivo
11 emam eva manus sp)-*j(-'^) pi'anayo
yaya avi.^sati(?)ratip) maranaseva satii
J'ai le regret de ne pouvoir tirer de ces deux restes de vers
aucun sens continu. L'incertitude qui pèse sur plusieurs
lectures se complique des Licunes. N'ayant rien de pro-
2»6 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
bable à proposer pour les deux premiers pàdas de la pre-
mière stance , ni pour les pàdas deux et trois de la seconde ,
je préfère ne pas multiplier des conjectures que la décou-
verte d*une contre-partie sanscrite ou pâlie rendra quelque
joor superflues.
12 sali* eki na disati pratu ditho bahojano
pratu eki na disati sati ditha bahojano o
Jàt. IV, 127, st. 6 ( Dasarathajàtaka ] :
sâyam eke na dissanti pâto ditthâ bahujjanâ
pâto eke na dissanti sâyaiii dittliâ bahujjanâ
a. Je ne sais trop comment expliquer notre forme sati ou
sadi= sâyam; sai irait bien; mais cette dentale intercalaire
est au moins fort exceptionnelle. Je ne vois pourtant pas
qu*il puisse y avoir de doute sur Téquation.
13 tatra ko vispasi macu dahai^o dhitijivit."
- ?vi miyati nara nari ca ekada * o
a, Tatra c'est-à-dire «ici- bas». Comme vîspa,^i réclame un
complément, je suppose qu'il faut lire dhitijivite dont je
crois, en fait, reconnaître les traces; et je prends dJiitiji-
vita, c'est-à-dire dluiijîvitam , un peu dans le sens qu'aurait
jîvitadhrti « la solidité , la durée de la vie • Maca^martyolj*
— b. Je considère vi comme la seconde syllabe de sarvi
=sarve, dont le premier caractère me parait encore suffi-
samment reconnaissable. Avant est tombé soit mantisa,
soit qudque équivalent. Au-dessus de ca paraît une sorte
de boucle , comme serait Yi de l'alphabet devanàgarl. Je
n'en aperçois ni l'utilité ni la signification possible. * Quel
mortel , même jeune , pourrait ici-bas se lier sur la durée
de la vie? Tous [les htunains], hommes et femmes, sont
destinés à mourir un jour. »
MANUSCRIT DUTRELIL DE RllINS. S87
14 ayirena valai kayu padha [' sîti
rachu*] vinana nirathn ba kadigaïuo
Dhammap., 4i :
aciram vatâyani kâyo pathaviiii adliiscssaii
chuddho apetavinnâno iiirattliaiii va kaliiigaraiii
a. Racho , pâli ruhkho « grossier, nide » , peut fort bien prendre
dans notre texte la place du pâli chuddho, «vil, mépri-
sable ■. Notre texte parait aussi, dans le compose apela-
vimàno, avoir remplacé apeta par quelque synonyme. On
découvre en eflet un caractère de plus et aucune des tètes
de lettres qui demeurent apparentes ne porte de vocalisa-
tion e.
15 . . . . [^ avatliani a . . u ? ? ? ? P **
] [^ ni sisani lani distani ka] rati*o
16 [^ yanimani prabhaguni Yichitaiii disodisa^
kavotaka].[^ athini tani distani ka] ratio
Dhammap., i4g :
yânïmânî apatthâni alâpnncva sârade
kâpotakâni allhini tâni disvâna kâ rati
a. J*ai rapproche ces deux stances dont chacune comprend
un des demi-vers réunis dans le pâli en une sUuice unique.
J*estime en effet que Ton peut avec confiance restituer cette
ligne: [yanimani] avalhani alupunl va saïadc; aucune des
» Fr. C xlV\
« Fr. C XIV.
» Fr. C xxir".
* Fr. C XIV.
* Fr. C XMI '•.
288 SEPTbMBRE-OCTOBRt:: 1898.
traces qui subsistent ne contredît cette hypothèse. — h. Je
n*ai aucun moyen de rétablir les premières syllabes de cette
ligne; il en résulte que Tinterprétation de ce qui reste vi-
sible RI sisani demeure incertaine. Le dernier pâda oppose
dans les deux lignes tani distani à tàni disvâna du pâli. La
lecture ne semble pas contestable, bien que le t affecte
une foime purement conventionnelle. 11 semblerait plutôt
dérivé du t dental. La construction est ainsi moins nor-
male, mais n-m pas inadmissible dans ce style. — c. Pra-
bhaiiignni (écrit par y comme prabhagana à la ligne
suivante] suppose un thème prabhaiigu, identique pour
le sens à prablianga , qui a donné en pâli et dans notre
dialecte prabhanguna. Le vers suivant confirme cette forme.
Vieil itani = vikskiptânL
17 [1 imina putikaena aturena pabhaguna
nicasuhavijinena jaradhamena s] ^-
. . dha parama sodhi yokachemu anutara" o
a. Ce vers se compare à la stance , non pas identique , mais
de sens analogue et de structure toute similaire , Therag. ,
3a 1 , à laquelle correspond plus exactement notre ligne 30 :
ajaraiii jîramânena tappamânena nibbutiiii
nimmissarii paramarii santiiii yogakkhemam anuttaraiii
Nous n'avons certainement pas ici le tour par la première
personne , nimmissam ; mais comme la troisième lettre dha
est certaine, qu*un m (peut-être me?) parait certain aussi
immédiatement avant, et qu*un i accompagnait la con-
sonne précédente , nimadlia ou niniedlia paraîtrait probable;
il est assuré parla ligne ao; on traduira* faites ». Je com-
prends nicasuhavijinena = nityâsabhavicîninena «toujours
» Fr. C XIV.
MANUSCRIT DUTHECIL DE HHINS. 289
plein d*iinpixretës ■. Je traduis donc : ■ Avec ce corps qui
aett qne pourriture , malade , voué à la destruction , in-
cessamment plein d*impuretés, soumis à la décrépitude,
— , obtenez la pureté parfaite , la félicité suprême ■.
18 [^ iniina putikaena vidvarena
[^(nicasuhavijinena)]
dha parama sodhi yokachemu anutara o
19 [' imina putikaena visravatena putina^
nica][* suhavijinena jaradha]
-[' medha parama sodhi yokachem . ] anutara"
tf. Les débris nous permettent de reconnaître que les deux
stances étaient, d*une façon générale, jetées dans la même
formule que le vers 17. — i. VUravatena, visravantena ,
de vi'Sra • coulant , se décomposant >. Pïiti adjectif.
20 [^* ayara ] jiyamanena dajhamanena nivruti "
nimedha*] ["^ parama sodhi yokachemu anutara]
a. Je renvoie au vers des Theragâthas que j*ai cité à la 1. 1 7.
— b. Relativement à nimedha, cf. 1. 17. «Avec ce [corps]
voué à la décrépitude, à la souffrance, obtenez la joie
sans déclin , la pureté parfaite , Li félicité suprême. »
> Fr.
C
xni.
• Fr.
C
XIV.
* Fr.
C
XXf.
♦ Fr.
C
I.
» Fr.C
XL.
• Fr.
C
I.
' Fr.
C
XXVI.
XII. 1 9
SOO 8fiPTËMBHE-0CT0BRfi 1898.
21 [ ^ jiyati hi rayaradha sucitra * adha sarira bi jara uveti
na ta tu dharma ca ja] [^ ra (ujyeti *]... kao
a. Jïyati^jiryate, — h. Vn qui commence le troisième pâda
est d*une forme un peu particulière ; je ne vois pourtant
pas d'autre lecture possible. J'en dirai autant du carac-
tère qui suit dharma et que je transcrit ca. Peut-être la
fin du vers en aurait-elle expliqué la présence ici. Je com-
prends : « Le char royal , malgré toute sa splendeur, se
détruit ; de même la destruction envahit le corps ; mais la
destruction n'envahit pas cette Loi . • . •.
221 [^ tnuj . p . rat. niuj][^ u pachatu majhatu muju * bha-
[vasa parako
sarvatra vî ] (na punu jatijaravuvehisi) *
Dhammap. , 349 :
munca pure munca pacchato majjhe munca bhavassa pâ-
[ragû
sabbattha vimattamânaBO na punan jâtijaram upehiti
a. L'orthographe maja correspond, non à l'impératif, manca
que porte le pâli, mais au participe présent mancan,
qui va aussi bien pour la construction. — h. J'ai enfermé
entre parenthèses le dernier pâda ; les traces qui en res-
tent se laissent à la lumière de la version pâlie, inter-
1 Fr. C I.
« Fr. C XXVI.
* Fr. Ci. — Ce fragment n'a, pour ce commencement do
ligne , conservé que peu de traces du sommet des caractères. Je crois
cependant que, à la lumière du pâli et d'après l'analogie de la
suite, on peut rétablir avec confiance les lettres telles que je les ai
transcrites.
* Fr. C II.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 291
prêter comme je l'ai fait; mais je ne puii évidemment me
porter garant de plusieurs détails.
M [^ aroga parama labha satuthi parama dhana
n^pii^ ^ parama mitra] nivana paramo suha
Dliammap.» %oà:
ârogyaparamâ iâbbâ santotthiparamam dhanam
vifsâsaparamâ nâti nibbânam paramam sukharîi
a. Nous avons dans vaipaia pour vi* un cas certain de négli-
gence dans la notation des voyelles. Je crois que le mot
en contient en réalité deux , et qu'il faudrait vUpaJo. Je
prends àrogya, mntutthi et viuâta non comme membres
de composition « mais comme des nominatifs, et je crois
que le pÂli devrait écrire ârogyam, et 1*155010 « exactement
comme il écrit nihhânam.
25
5
[^ saghara parama duha
^la fîatva yajdhabh.tu nivana paramo suha'^o
Dhammap. , ao3 :
jighaccbâ parama rogâ saiiikhârâ parama dukhâ
etam natvâ yathâbhûtam nibbânam paramaiii sukham
<t. Il faut dans le pAli chobir entre jighacchâparamà togà
avec tamkhâraparamâ dukhà et iaÀkkdrâ parama dakhâ
avec jighacchd paramo rogo*
#*••••«•#••••»••■••••••••«•»«•••••••'•••**•••••••••••••«•■«*•«•••••«•«»•«»
^^'••••••••••••••i
matrasuha dhiro sabasu viJa suha'o
> Fr. C n.
* F*r. C n.
>9
S02 SEPTEMBRE-OCTOBRE J898.
Dhammap. , 390 :
mattâsukhaparùccagâ passe ce vipulam sukham
caje mattâsukham dhîro sampassam vipulam sukliaiii
a. Sabota *= sampasyan avec l'adoucissement habituel de la
ténue en sonore après la nasale. Le caraclère manquant
ne peut être pu ; comme , d*autre part , vi et la paraissent
sûrs, c'est très probablement va qu'il faut lire , vivula pour
vîpala,
27 - - -.... u . esu anusua
(usu)esu manusesu viharamu anusua o
Dhanmiap., 199:
sosnkhaA v«t. jivàm. uMukesa .nm«iU
ussukesu manussesu viharâma anussnka
28 suhai vata jivamu viranesu àverana
[ ^ veranesu majnusesu viharamu averana o
Dhammap., 197 :
susukham vata jîvâma verinesu averîno
verinesu manussesu viharâma averino
a. Sakai=s sakhAya , c'est-à-dire «pour le bonheur, dans le
bonheur t. U semble bien que notre copiste ^ qui écrit par-
tout verana, ait eu l'impression d un adjectif verana et non
du verina, développé de verin, vairin, que reflète averino
du pâli. Le locatif verinesa du pâli est en effet bien dur. J'in-
clinerais volontiers à admettre conmie lecture originaire
un adjectif aveiwm; peut-être n*est-il pas aussi impro
» Fr. C XXIV.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 293
bable qa*il parait d*abord, si on prend pour point de
départ le négatif averana formé d*un substantif verana^
vairana qui se pourrait expliquer comme = vaira; Tadjectif
kincano au vers suivant viendrait à i*appui de cette inter-
prétation.
^ suhai - jivamu kijanesu akijana*
kijanesu ma.u. .u .haramu akijanao
a. Dam Tinterprétation de Dhammap. , 100 , qui correspond
partiellement à ce vers et au suivant, Childers [Dicl, , s. v.)
hésitait sur la traduction de kincatut; le mot était-il com-
posé au moyen du substantif technique kincana qui com-
prend la triple catégorie ràga, dosa, moha? Il semble que
le dédoublement de b stance dans notre texte indique que
les deux idées possibles flottaient également dans la pensée
de la tradition; elle les a ensuite isolées, chacune dans
une strophe particulière. Quoi qu*il en puisse être , l*adjectif
kincano ne se peut, je pense, expliquer, ainsi que j'ai pro-
posé de faire pour verano, que comme tiré du négatif aklii-
cano. Dans le cas présent, la nécessité de ce détour me
parait tout à fait frappante.
siihai vata jivamu yesa mu nathi kajani
kijanesu manuiesu viharamu akijana
Dhanmiap., aoo:
susukham vata jîvâma yesan no natthi kincanaih
(pitibhakkhâ bhavissàma devâ âbhassarâ yathâ)
n. La forme ma, mo = naf^ est connue par exemple dans la
langue du Mahàvastu. Kajani est une faute du copbte,
pour kyana,
^^ nata dridha baii(d)hanain aha dhira ya asa daiuva
[babaka va'
tu SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
•aratacita mariikonalesu* putresu daresu ya y a aveha
IHiaiiuDap. , 345 :
na tam dalham bandhanam âhu dhîrâ yad àyasam dâni-
[jam pabKajan ca
sarattarattâ maçikao^esa pattesu dâresu ca yâ apekhâ
a. Je ne décide pas n là lectare originale était âha dhtra on
âha dhtro. Le mètre prouve que la faute du copiste ne con-
siste pas dans une simple interversion yaasa , pour ajcisa ,
mais , comme Tindique le texte pâli , dans Tomission du se-
cond ya, y a asa pour y a ayas€u Le premier mol étant un
adjectif , Je prends ensuite daruva=siâravam, pour dâra-
yam, Jârujam, et non pour dàru suivi de va. Il est curieux
que dans le mot voisin , labaka , nous trouvions , à l'inverse ,
le durcissement de j en k, — (. La leçon samrattacittà
est certainement préférable au sarattarattâ^ passablement
obscur, du pâli. Kanala, c*est-à-dire kandala.
32 eta dridha ban(d)hana[n aha dhira oharina siiila
[drupamuchu'
eta bi chitvana parivrayati anavehino kamasuhu pra-
[hai
Dhammap. , 346 :
etaih dalham bandhanam âhu dhîrâ ohârînam sithilarii
[duppamuncam
etarh pi chetvàna paribbajanti anapekhino kâmasukham
[pnhâya
a. J'ai déjà relevé la substitution de / pour un th étymolo-
gique; le dernier caractère se pourrait peut-être, à la
rigueur, lire Ja^ au lieu de chu. Cependant la transcription
que Je donne est pour moi de beaucoup la plus probable.
Ii6 souvenir de mots comme moksa a pu faciliter Terreur.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. S95
33 ye rakarata anuvatati'' sotu saigata
eta b. ch.tvana parivrayati anavehino kamasuha pra-
[hai
Dhammap. , 347 :
ye râgarattânupatanti sotaih flayamkatam makkatako va
[jâlaih
etam pi chetvâna vajanti dhîrâ anapekhino sabbadukharh
[pahâya
a. N*était le texte pâli, j*avoae que je n*aurais pas hésité à
entendre anuvartanti au lieu de anupatanti. La seconde
façon de dire me parait tellement moins naturdle, que
je me demande ai anupatanti n'est pas le résultat d'une
restauration artificielle exécutée sur un texte, oral ou
écrit, qui portait, conmie le nôtre, anavata(m)ti.
^ ahivadanasilisa nica Yndhavayarino"*
catvari tasa vardhati ayo kirta^ suha balao
Dhammap., 109 :
abhivâdanasîlissa niccaih vaddhâpacâyino
cattâro dhammâ vaddhanti âvu vanno sukham baiani
a. Le scribe a fidt une confusion entre apacâyin et apacArin ;
il devait écrire ou vrldhovayarino ou vrîdhavayayino, La
comparaison du pâli fait pencher la balance en faveur de
la seconde formé. — h, U faudrait kirti, kîrtti.
35
d.l.bh.p.r.s. ?
yati viru ta kulu suhu modati'o
Dhammap., ig3:
dullabho purisâjanno, na so sabbattha jâyati
yattha so jâyati dhîro tam kulam sukham edhati
296 Septembre-octobre i898.
M. La répétition de ce vers qae donne le Mahâvastu , iU ,
109, 5, porte vira, comme notre ms., ce qui me parait
en effet préférable. En revanche elle est d*accord avec le
texte pâli et avec le mètre pour condamner notre sakham
modali qui n*est quune lectiofacilior qu*a introduite le lais-
ser-aller de ttotre scribe on d un devancier, mais dont le
sens est moins satisfaisant.
30 [*?????? ya narethina" v.].[^ .u.
suha sichijtasavasa kici tesa na vijati* o
a. Je prends narethina ^B^naritthinam «des hommes et des
femmes B. — b. Bien entendu, il faut comprendre , en
pâli : sakho sikkhitasamvâso. Le dernier pâda est moins
clair dans la pensée que dans la forme. Je Tentends comme
équivalant à to (c* est- à-dire les sikkhitas) akincanâ bhonti,
et je traduis : « . . La fréquentation des hommes instruits
est un bonheur; ils nont pas de souillure •.
37 [' suha darsana ariana sa][* vaso vi sada suho •
adasanena] balana nicam eva suhi siao
Dhammap. , 206 :
sâdhu dassanam ariyânani sannivâso sadâ sukho
adassanena bâlânam niccam eva sukhî siyâ
a. La seule variante de notre stance , par comparaison avec
le pâli, est dans savaso pi pour sannivâso; le sens est équi-
valent , et Taddition pi marque la gradation , des relations
accidentelles, daréana, à la communauté de vie.
» Fr. C K.
* Fr. C XVI.
» Fr. C IX.
* Fr. C XVI.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 297
38 [^ .iasagatacariu drigham adhvana soyisu*
dukha balehi] .vasu ainitrehi va savrasi^o
Dhammap. , aoy :
bttlasangatacâri hi dîgfaam addhâna socati
dukkbo bâiehi aamyâso amitteneva sabbadâ
a. Nous avons ici le pluriel, au Ueu du singtdier du pâli. Je
prends éoyifa comme un aoriste d'habitude cpii revient au
sens du présent. Quant au sujet , qu*il faut naturellement
compléter hala*, c*est *carino ou 'carina que Ton attend.
Je ne vois pas moyen d*échapper à Thypothèse d'une faute
de copiste. La correction la plus simple, il me semble,
consisterait à admettre qu'il a écrit u pour i, les deux ca-
ractères ne différant que par le prolongement, sur la droite
de la haste , de l'extrémité de la boucle inférieure ; "cari i
serait »cârf (pour cârino) ca^ On remarquera dans sagata
la forme du jf ; il ressemble de bien près à un ^ . —
b. Savnui ne peut correspondre exactement à sabbadâ que
si l'on admet une double irrégularité , un mâgadhisme et
la substitution de s k é, pour arriver à sarvado. U est , à
mon sens , beaucoup plus probable que le scribe s'est trompé
et a lu savrasi pour savradin (sabbadhi en pâli), Vs et le
dk ne différant ici que par la direction du crochet infé-
rieur.
30 . . • .' [^ suhasavasa natihi va samakamo*
dh][' ira hi pranai] bhayeya panito dhorckasila va-
[tamata aria^
» Fr. C XVI.
• Fr. C xxxvi.
' Fr. C XXXV.
208 SEPTEMBRE. OCTOBRE 1808.
40 [ 1 tadi^a sapurma sumedha bhay . . . [* nachatrapatha
[va cadrimuo
rajdhe arovacamasa parikica uvahana "^
41 [5 jahati kamana tada sa majati] [* s.h.
sarva ca suhu] ichia sarvakama paricai o
Dhammap., a 07 (suite):
dhîro ca sakhasamvâso nâtînaifi va samâgamo
ao8:
dliîran ca pannan ca bahussutan ca dhorayhasîlam vatavan-
[tam ariyaiii
tarii tâdisam sappuriiam sumedham bhajetha nakkhatta-
[patham va candimâ
a. On voit que , dans ces trois Ugnes , ies vers chevauchent
de Tune sur i*autre. Malgré la ponctuation finale de la
ligne 38 , les deux premiers pàdas de la ligne Sg appar-
tiennent ici, comme an vers 207 du Dhammapada, à la
stance précédente , formée ainsi à six pâdas. La différence
de mètre entre le commencement de la ligne et la suite ne
laisse à cet égard aucun doute. La comparaison de Dham-
map. , a 08 s accorde avec la ponctuation qui suit cadrimu,
pour prouver que« avec ce mot, finit, au milieu de la
ligne 4o, une nouvelle stance. La suivante devait être
derechef un Àloka à six pàdas cpii finissait avec la ligne 4i ,
et , aussi bien , notre ligne ào ne porte pas , à In fin , la
ponctuation terminale. — 6. Les traces conservées par le
îr. xxxvi pour le commencement assurent la lecture suha-
» Fr. C XX.
* Fr. C XXXV.
» Fr. C xx.
* Fr. C x\xv.
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 200
savaso, — - c; Malgré sa ressemblance avec la version pâlie ,
notre texte s*en éloigne d une façon assez sensible : le verbe
bhajati répété au dernier pâda, parait dès le premier; il
est ici à la troisième personne; je ne puis décider si pan-
pto en est le sujet ou représente un accusatif pan^am,
coordonné aux autres. Le hi qui suit dldra semble équiva-
loir au tasmà hi qui , par une exception unique , précède
cette strophe dans le texte pâli. Je ne doute pas que notre
texte n*ait la bonne tradition , et que Taddition tasmà hi ne
soit une extension secondaire de notre simple particule ,
extension qu'expliquerait assez le fréquent emploi de cette
formule dans d'autres cadres. Notre dhoreka est «sanscrit
dhaareya, avec k pour y, comme nous l'avons déjà ren-
contré. Je doute fort que le Jhorayha pâli soit véritable-
ment = dhaarov^Aya (d'après Fausbôll et Childers), et
e crois plutôt à quelque restitution mal inspirée d'une
orme comme la nôtre qui a pu dérouter certains dias-
cé vastes. — d. Je regrette d'autant plus de n'avoir pas
encore découvert une contre-partie de cette stance que
tout le conmiencement reste pour moi très obscur.
Il semble que les premiers pâdas se doivent transcrire en
sanscrit ratha(*thê) àropyacarmano pariskrtyodvàhanam ; et
en supposant cette transcription exacte, on en pourrait
tirer quelque chose comme ce sens : t ayant préparé la
courroie du marchepied qui sert à monter dans le char » ;
mais , outre que tout cela est assez embrouillé , je n'ima-
gine pas, étant donné ce qui suit, comment ce début
se soudait à la fin de la stance. Je pense qu'il y faut
compléter au conmiencement yada. Je prends kamana
soit pour Arâmânî soit pour le génitif faisant fonction d accu-
satif, conmie il arrive si souvent dans le style du Mahà-
vastu. Admettant ensuite que majati •= sanscrit majjati
et cpie 5.A. représentent suha, sakham, j'obtiens ce sens:
«Quand on supprime les désirs on se plonge dans le
bonheur; que l'on désire tout bonheur et que l'on dé-
pouille tout désir »,
300 SEPTEMBRE OCTOBRE 1898.
42 . [ ^ nena yo atmano] :
?? so duha naparimucati'o
a, « Celui-ià (dont la description est perdue avec les premiers
pàdas) n^est pas délivré de la douleur. • Ce que Je puis
comparer de plus analogue est Dhammap., 189 : ~
na sahbadakkkâ pamaccatL
^^ j^y^ ^«i*^ [^ prasahati ' dukhu ^ayati parayitu
uvasatu sohu i^ajyati* hitva jayaparayaao
Dhammap., aoi :
jayam veram pasavati dukkham setî parâjito
upasanto sukham seti hitva jayaparâjayam
a, h*h de prasahati est très net. Je ne vois pas que ce puisse
être autre chose qu'une faute matérielle du scribe. — b.
On voit que notre texte écrit indifféremment sayati ou /rfi.
44 anica vata [^ saghara upadavayadhamino
upaji ti nirujhati] tesa uvasamo suho'
a. C'est-à-dire anityâ vata samskârâ utpâdavyayadharminah
utpadya te nirudhyante tesâm upaiamah sakhah. « Les sarii-
skâras sont impermanents, soumis à la production et à la
destruction ; à peine produits ils disparaissent : leur sup-
pression est un bien». Upaji pour upaja , comme jifovurca.
Fragments de C.
Pour rester fidèle à Tanalogie, Je marque du signe '*
(recto) les fragments de couleur foncée qui doivent se
» Fr. C XK.
• Fr. C MX.
' Fr. C XIX.
1
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 301
rattacher au côté de la feuille C que j*ainotë de la même
manière, et de ** (verso) les fragments de teinte plus claire
qui se rapportent au côté opposé.
I**. Se raccorde au-dessous du fr. ii". Voir C", L 27-29.
sanatu sukati yati drugati yati asanatu
ma sa vispasa
^ savutu pratimukhasa idriesu ya pajasu
pramuni anu ^.-.
3 : Y . s . t
sudhasa suyî
I**. Se raccorde au-dessus de fr. 11**. Cf. C*, 1. 19-22.
-, suhavijinena jaradha
^ «yara jiyamanena dajhamanena nivruti
nimedha? -
^ jîy^ti hi rayaradha sucitra adha sa riia bi jara uveti
Ha ta tu (Uiarma ca ja
^ (muj.p.rat.muj)
U'*. Se raccorde an-dessous de fr. iv'*. Cf. C'', 1. 24-26.
I
I
4
-»• u. . .0
sadhu silena sabano (yasabho)ha$amapitu
^ yo natmahetu na parasa hetu pavani kamani saoïaya-
ir*. Se raccorde au-dessous du fr. ^^ Cf. C^, 1. 2 2 -a 5.
^ - u pachatu majhatu muju bhavasa parako
sarvatra vî -
3 aroga parama labha satuthi pardtna dhana
vaipaia parama mitra -
302 SEPTEMBRE-OCTOBRE 180S.
4 saghara parama duha
eta ûatva ya
IH". Fin de ligne.
1 avaja ida vidva samucari" o
2 pnivina savasanoyanachayao
a. Le iragment porte bien ma, bien que tamaccarail soit
dun emploi infiniment rare, et que samâcarati soit au
contraire fréquent. On peut transcrire âvadya(m) idam
vidvân samuccaret, — h. On peut transcrire : parvenu sar-
vasamyojanakshiya(m),
IV". Se raccorde au-dessus du fr. ii"' et au commence-
ment des lignes a3-a4.
1 ya keja yatha va ho. va lok
3 silamatu s . yis . ch
V'*. Le haut se raccorde par la droite au fr. xiii'*. Cf. 1. 3o-
33 de C**.
1 carita cari
dhamayari suh,
2 (aho) nako va sagami cavadhi vatita sara
ativaka ti
3 .sa acata dru^ilia malua vavi lata vani
kuya 8u tadha ^
4 yok . d . bh
VV\ Se raccorde à G"», i .
yamaloka ji
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 303
VU". Se rattache aux lignes 4-7 de C" et se raccorde à la
nière ligne du fr. xi .
1 ~ ».-?ne
abbi .0 ~ .„
3 » hasasahasani sagami manusa jini
eka ji -
4 sa bi ya gasana anathapa* -
a. — Ou anartha*; le bas du caractère a disparu.
Vlir*. Se rattache à la ligne i a de C".
. samase sahaaena yo yaea satina ca
BÈX^y T CL .•--■••'>•••-«••-■ ••**•# M ^ 4.
W** Se raccorde an-dessous de la ligne lo.
1 gadha „
2 masamasi sahasina yo yaea
IX""**. Forme le commencement des lignes C*, 36, 37, et se
raccorde sur sa gauche au fr. xv***.
1 ya narethina Y «
2 suhu darsana ariana sav.. «
sudhasa hisadasi gu ^udhasa posarudra
a. Nous avons rencontré déjà ga = khaïu; je suppose qu*il
en est de même ici , et je propose de transcrire éaddhasya
himsâdarsî khalu ; mais le fragment est trop court pour
permettre aucun essai d*interprétation jus<]u*à ce que la
rédaction sanscrite ou pdlie en ait été retrouvée ailleurs.
304 SEPTEMBRE'OGTOBRE 1898.
XI" se raccorde au fr. vu''.
1 ~ padasahita
e
2 sala bhase anathapadasahita
XII'*.
1.. •
j™
2 kavayapada .„
XllI'*. Se raccorde à droite en haut du fr. v.
dhamu cari sucarita
ah? - -
XI ir**. Se raccorde au-dessous du fr. xiv'* et commence la 1.
C% i8.
imina putikaena vidvarena
XlV'*. Se raccorde au-dessous de la ligne C*% i4» Cf. 1- 1 5
et suiv.
1 avathani a.u
2 yanimani prabhagimi vichitani disodisa
kavotaka ^
3 imina putikaena aturena pabhaguna
nicasuhavijinena jaradhamena s .......! _
4 -
(nicasuhavijinena) „
« •
XV^
1 - bhayo
emu jatasamaca
2 - - : ~- • ya
emu ne(?)rayamuca - -
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 305
XVI**. Se raccorde aux lignes C'*, 36-38.
1 u.
suha sichita
2 (sa)vaso vi sada suho
adasanena...» ^
3 .lasagatacariii drigham adhvana soyisu
dukha balehi
satohisasabhi pravera(ya)
XVlir*. Fin de ligne.
1 - ti so gachu na nivatado
2 •. va mansana ki tesa ukumulana'o
•
a. La transcription de ces quelques restes ne donne , pour la
seconde ligne au moins, aucun sens complet: sa gacchan
na nivartati : t dans sa course , il ne revient jamais en ar-
rière»; mâmsânàm kin tesâm okaanmûlanaih, Mâmsa doit
faire partie d*un composé qui se rapportait à tesâtiu A ne
considérer que la forme, on pense d*abord à alkâ-unmû'
lana; mais c*est une façon de parler bien peu vraisemblable
et je crois plutôt à la transcription que j'ai proposée : « la
destruction de leur demeure . . . ■.
XIX'*. Se raccorde aux lignes 4a-44 et suiv.
1 nena yo atmano
2 sahali dukhu sayati parayilu
uvasatu so hu s
3 saghara upadavayadhaniino
upaji ti nirujhati
XII. a«
latâiasmia lATtuii
306 5EPTEMBRE-0CT0BBE I89S.
XX'*. Se raccorde à k suite da fir. xxxv"*, L Sg-i i .
1 - Pu.s.v.s
di-îa sapurusa sumcdha bhay _ —
jahati kamana tada sa majati - -
XXr*. Se raccorde au-desscos du fir. xiii**. Cf. 1. i ^ao.
iinina putikaena visravatena patina nicas .
XXir*. Se raccorde à la ligne G*", 3i, sur la gauche de
fr. v'*.
1 ? dniiilo hi bah
2 tmana yadha na visamu ichati
XX!!**. Se raccorde au fr. C xiv^*; cf. 1. i5-i6.
1 _ ni sishani tani distani ka
2 — -... athini tani distani ka - _ _ „
XXIII". Fin de ligne.
lapabhavabanana o
•«•««••«•*•• *••*••••*■•••••••■.••■••« •«■■••••i
XXI V'°. Se raccorde dans la ligne C**, a8, q. c.
veranesu ma
1 radhamena savasu ni
2 ? ? ?
XXV r°. Se raccorde au-dessous de la ligne 19. Cf. 1. ao-2 1.
1 ????? _
2 parama ^odhi yokachemu anutara
3 - ~ -..ra uvetl „.. _.^
MANUSCRIT DUTREUIL DE RHINS. 307
XXVll'*. Se raccorde par la gauche an fr* xxx'*» et se jdace
aax lignes C** 38-4o, q. c.
1 ?? kîci kicakali adea tata disa parika ^.
2 pacha sakaru ichati atha dubakati ba}u
3 sehu pacha tavati dnikita kita nu sukita seh ^
XXVIII'».
yati unadana pra
XXIX'*. Commencement de la ligne C'% ai.
eka ji bhavitatmana muhuU »....^ ..» -~
XXX". Se raccorde à la snite du fr. xxvii". Cf. 1. â8-4o.
1 ma kicakari no i kica kiciali adea
2 suhatu parihayati
3 .~ ya kitva nanutapa(P)ti
XXXI. Se raccorde aux fragments de caractères conservés
par la ligne a6 , dans :
- samidhi atmano so silava ^
XXXir". Se raccorde à C*, 3»
prabhaguno bheùsiti p.ti
XXXIII''. Se raccorde à C% A.
lite sali an.kar.î prachiti pra
XXXIV.
XXXV. Se raccorde par la gauche aux lignes Sg-di* et
par la droite aux fr. xxxvi et xx.
1 irahi pranai
2 nachatrapatha va cadriniu o ra
3 s.h.sarva ca suhu -
to.
308 SËPTEMRRK-OCTOBRE 1898.
XXX VI'^. Se raccorde au précédent.
s . h . s . V . s. natihi va samakamo
Àh -
XXXVII".
1 j . . .t.s
2 chirena
..- « rasa saga
XXXfX".
~ ka parama. ok .
ruha paricai
XL"^. Débris de la ligne 1 9 ; le haut seul des caractères est
conservé.
medha paranicisodhi yokachem
XU'\ Se rapporte à C"*, 1. 34.
- ga 1 o
XLr*. Se raccorde à C", i4.
~- siti ruchu
XLII". Se raccorde a G", i5.
HISTOIRE DES BENOU'LAHMAR. 311
santé avec l'édition imprimée si incomplète et si in*
correcte. J ai dû d*ailleurs ces secoure à M. René
Basset, qui ne ma point été avare de bons conseils.
Ayant pris pour modèle le travail de Dozy sur
les chapitres d*Ibn Khaldoun concernant les rois
chrétiens, je n ai ajouté que les notes indispensables.
«Tai cru devoir pourtant traduire ce qulbn Khal-
doun dit des Benou Mardenich et des Benou Houd ,
qui sont mêlés si intimem^t à Thi^toire des débuts
delà dynastie naçride; jai donné aussi, en appen^
dices, quelques passages du Nefh et-t% qui mont
paru être intéressants, et qui, à ma connaissance,
n ont pajs encore été traduits en français.
Je demande enfm Tindulgence pour un travail
tenté sans les secours JbU>iiogr9^hiques d*une grande
ville européenne.
Tlemcen , juin 1898.
I
LES BENOU MARDENICH, SOUVERAINS DE VALENCE
(DERNlàRE partie).
Après lui (en-Nacer) ^ la situation des souverains
almohades devint de plus en plus précaire ; dans les
provinces andalouses, les « Seigneurs » ^ prétendaient
régner, chacun sur ses terres; à Marrakech, leur
autorité s*a£FaibIissait. Ils en étaient arrivés à de-
mander au roi de Gastille des secours les uns contre
les autres, et à lui livrer, en échange, des forteresses
musulmanes. Alors, les nobles andalous, descendants
312 SËPTËMBRE-OCTOBHE 1898.
des Arabes dont la noblesse datait de la dynastie
omeyade, entrèrent en lice, se réunirent pour les
chasser et, sotdevés contre eux dun seul élan, les
mirent hors de TEspagne. Le plus considérable
d'entre eux fut Mohammed ben Youssef ben Houd
el-Djodami', qui se déclara indépendant en Anda-
lousie. A Valence, apparut Zeian ben Âbi 1-Hanilat
Moudafi^^ ben Youssef ben SaM, de la noble famille
des Benou Mardenich; d autres révoltes se produi-
sirent.
Mais bientôt IbnHoud eut pour rival un homme,
qui était comme lui de vieille et noble race arabe,
Mohammed ben Youssef ben Naçr, plus connu
sous le nom d*Ibn el-Ahmar, et surnommé ech-
Cheikh, et avec lequel il fut bientôt en lutte. Tous
deux, d'ailleurs, fondèrent un royaume qu'ils léguè-
rent à leurs enfants*.
Zeian ben Mardenich et les familles des Benou
Mardenich®, qui occupaient le premier rang à Va-
lence, avaient jadis accueilli les ouvertures des Al-
mohades et les avaient aidés à y établir leur auto-
rité. La ville eut pour gouverneur, après la mort
d'el-Mostancer (6ao = ia23-2/i), ainsi que nous
le raconterons plus loin '^, Abou Zeid ben Moham-
med ben Abi Hais ben ^Abd el-Moumen , dont Zeian
fut lami intime et le confident. Il rompit avec lui ,
en 6126 (1228-29), à l'époque où Ibn Houd se fai-
sait proclamer à Murcie, et marcha sur Ubeda.
Abou Zeid effrayé lui envoya des gens pour l'adoucir
et le ramener à Valence; mais, Zeian ayant repoussé
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 313
ces avances, Abou Zeid fit alliance avec le roi de
Barcelone* et embrassa la religion chrétienne (que
Dieu len ramène!). Zeian, maître de Valence, se
trouva ainsi en lutte avec Ibn Houd. Les fils de son
oncle *Aziz ben Youssef ben Sa*ad se sotdevèrent
contre lui à Alcira ^, et se déclarèrent du parti d'ibn
Eloud. Zeian vint attaquer celui-ci dans Xérès, mais
il fut mis en déroute et poursuivi par Ibn Houd
qui tint Valence quelque temps assiégée ; mais il ne
put s en emparer et leva le siège.
En même temps , le roi de Castille ^° se jetait sur
les frontières andalouses, et le roi de Barcelone
assiégeait Anicha^^ et s en emparait. Zeian y accourut
avec tous les musidmans qu'il commandait, en 634
(i aSG-Sy); il fut suivi par la popudation de Xativa
et d* Alcira; mais ils subirent une terrible défaite
dans laquelle Abou er-Rabi^ ben Salem périt pour
la foi. La popudation de Valence ^^ se décida à quitter
la ville, qui fut assiégée par le roi d'Aragon. Zeian
envoya alors son hommage à Témir Abou Zakaria
ben *Abd el-Ouahad ben Abi Hafs, souverain de
rifriqia *', qui venait de répudier la suzeraineté des
Béni 'Abd el Moumen ; cette ambassade était com-
posée des principaux personnages de Valence. L'émir
envoya aux habitants de Valence un convoi dar-
gent, d'armes et de munitions, sous le commande-
ment de son parent, Yahia ben Abi Zakaria ben
ech-Chehid ben Yahia ben Bekr ben Abi Hafs ^* ;
on prétend que la flotte qu'il lui donna valait cent
mille dinars. Son chef, trouvant Valence assiégée.
514 SEPTRMBRE-OGTOBRE 1898.
fit rentrer ses navires xlans le port de Dénia et reprit
ensuite la mer. Le roi d'Aragon s'empara de Valence
en 636 (i aSy) ^*, et Zeian se retira à Ârcila, où il
•e déclara le vassal d'Abou Zakaria.
Parmi les personnages ^^.qui. prirent part à l'am-
bassade dont nous venons de parier, se trouvait le
secrétaire de Zeian , le Hafidh Abou Abd Allah Mo-
hammed Ibn el-Abbar. Arrivé à Tunis, il avait ré-
dté à l'émir sa célèbre qacida en sin , où il a atteint
la perfection ; elle est bien connue et nous la repro-
duirons dans notre chapitre sur la dynastie sdmo-
hade des Béni Abi Hafs ^l.
A la mort d'Ibn Houd , la popudation de Murcie
se révolta contre son fils Abou Bekr el-Ouathiq,
qui y avait nommé gouverneur Abou Bekr ben
Khattab. Les habitants de. Murcie envoyèrent une
ambassade à Zeian, et lui firent serment d'obéis-
sance. D entra alors dans la ville, s'empara de la
citadelle , et persuada aux habitants de reconnaître
la suzeraineté d'Abou Zakaria Yahia ^^, souverain de
l'Ifriqia, et de mettre à mort Ibn Khattab ^^, ce
qu'ils firent. H manda sa victoire à Tunis, et son en-
voyé lui rapporta l'investiture de toute l'Andalousie
orientale (ôSy =» laig-i^lio).
Mais Ibn ^Assam se révolta contre lui à Orihuela,
et attira dans son parti les parents de Zeian , qui
l'abandonnèrent^^. H s'enfiiit à Murcie, dont Ibn
'Assam s'empara. Baba ed-Daoula Ibn Houd marcha
contre lui et fit accepter son autorité. Zeian se ré-
fiigia alors à Aiicante, où il se maintint jusqu'à ce
HISTOIRE DES BENOU^L-AHMAR. 315
que le roi de Barcelone la lui prit en Slilx (iQà6-
1 247). n se retira ensuite à Tunis, où il mounit en
698 (1269-1 270)4
Nous parlerons d*Ibn Houd dans le chapitre sui-
Tant. Quant à Ibn el Âhmar, ses descendants ont
continué à régner jusqu'à ce jour; nous raconterons
leur histoire. Ce sont eux qui ont maintenu la dor
mination arabe. Dieu est le mrilleur des héritiers.
II
HISTOIRE DU SOtJLÈV£MENT D*IBN HOUD CONTRE LES
ALMOHADES; SON GOUVERNEMENT; DEBUTS DE SON
POUVOIR ; ÉVÉNEMENTS QUI ONT MARQUÉ SON HISTOIRE.
Mohammed ben Youssef ben Mohammed ben
*Abd el-^Azhim ben Ahmed ben Soleiman el-Mosta'in
ben Mohammed ben Houd^^ se révolta dans les
montagnes du district de Murcie qui touchent à Âr-
gota, au moment où, la dynastie des . Âimohades
8*afiaiblissant, les « seigneurs »^ qui commandaient
à Valence f se disputaient le pouvoir. EU-Mostancer
venait de mourir en 6ao (1 2a3), et les Âimohades
avaient proclamé , à Marrakech , son oncie , le sultan
déposé Abd elrOuâhed, Cls du prince des croyants
Youssef^. El-*Adel, fds de son frère ei-Mansour,
refusa de lui obéir et entraîna dans son parti le
souverain de Jaen, Abou Mohammed Abd Allah
ben Abi Hafs ben *Ab.d el-Moi^men. Mais ils eurent
pour adversaire son frère Abou Zeid ben Mohammed
ben Abi Hafs , et au milieu du désordre grandissant ,
3lf) SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
chacun d'eux appela à son aide le roi de Castille,
auquel ils livrèrent un grand nombre de forteresses.
Le cœur de la population de TEspagne en était dé-
chiré.
Cest alors qu'Ibn Houd rejeta la souveraineté
almohade : il descendait de Tillustre famille des
Benou Houd, qui avait formé Tune des petites dy-
nasties arabes de TEspagne, et il espérait rétablir le
trône de ses ancêtres. Il semble que les Almohades
aient maintes fois soupçonné ses projets. En 628
(1 aaS), il entra en campagne avec une petite bande
de soldats du djound. Le gouverneur de Murcie,
Abou l-*Abbas ben Abi Moussa Imran ^*, fils de Témîr
el-Moumenin Youssef ben *Abd el-Mounsen , leva
une armée contre lui; mais Ibn Houd la battit, la
poursuivit jusqu'à Murcie où il entra , mit en prison
Âbou' 1-Âbbas, et fit faire la Khotba au nom del-
Mostancer^, le khalife abbasside qui régnait alors
à Baghdad.
Le gouverneur de Jativa, Zeid ben Mohammed
ben Abi Hafs ben Abd el-Moumen, accourut au
secours du vaincu; mais, battu à son tour par Ibn
Houd, il revint à Jativa et appela à son aide el-
Moumen qui venait de succéder à son frère el-'Ardel
à Séville. Celui-ci entra en campagne, rencontra
Ibn Houd qu'il mit en fuite et le poursuivit jusqu'à
Murcie, qu'il assiégea pendant quelque temps ; mais,
devant sa résistance, il leva le siège et revint à Sé-
ville.
C'est alors qu'à Valence, Zeian ben Abi el
HISTOIRE DES BEXOU'L-AHMAR. 317
Hamlat Moudaff^ ben Hadjadj ben SaW ben
Mardenich se révolta contre Abou Zeid et lui
enleva Ubeda (626=1228-1229). Ces Benou Mar-
denich étaient des gens de noble race, pleins d au-
dace et d'énergie , et Abou Zeid comprit bien que
son autorité était sérieusement menacée; il dépé-
cha un agent à Zeian pour le persuader de revenir
à Valence; mais celui-ci s y refusa, et Abou Zeid
prit le parti de sortir de Valence, de se rendre au-
près du roi de Barcelone et de se convertir au chris-
tianisme ( demandez à Dieu qu'il nous en protège ! ) ^'^.
La popudation de Jativa reconnut ensuite Ibn
Houd; puis celle d'Alcira, poussée par ses chefs, les
fils de *Aziz ben Youssef , oncle de Zeian ben Marde-
nich, suivit son exemple.
Acclamé par la population de Jaen et par celle
de Gordoue, il prit le titre d'émir el-Moumenin^^.
Séville le reconnut après le départ d'el-Mamoun
pour Marrakech et reçut son frère pour gouverneur.
n fut alors attaqué par Zeian ben Mardenich, au-
quel il livra une bataille où Zeian fut mis en fuite
[629 s i23i-i232). Ibn Houd vint l'assiéger dans
Valence; mais il dut se retirer, et dans une ren-
contre avec le roi de Gastille à Merida, il fut vaincu;
et Dieu voulant éprouver les musulmans, il subit
peu après une nouvelle défaite à Alkous^^. Cepen-
dant la lutte continua chaque année sur la frontière
et la fortune y ouvrit des succès divers : le roi chré-
tien continua à gagner des forteresses et des villes.
Ibn Houd prit ensuite Algésiras et Gibraltar, les
316 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1808.
deux ports qui commandent le détroit dans la direc-
tion de Ceuta; il les enleva à Abou Moussa Imran
qui s y était déclaré indépendant contre son frère el-
Mamoim ; il vint lattaquer dans Ceuta , mais Abou
Moussa le reconnut comme souverain et le xmt en
possession de la ville, qui d ailleurs lui fut enlevée
plus tard par la révolte del-Janachti, comme nous
le raconterons plus loin ^.
En629(i23a),onproclamaà Ardjouna le sultan
Mohammed ben Youssef ben Naçr; Gordone et
Gacmona entrerait successivement sous son autorité.
Séville se soideva , chassa Salem ben Houd et pro-
clama Abou Merouan Ahmed ben Mohammed el-
Badji. Gelui-K^i commença par faire la guerre à Ibn
el-Ahmar ; mais son armée fut vaincue et son gé-
néral pris. Puis Ibn el-Badji fit alliance avec Ibn el*
Ahmar contre Ibn Houd , tandis que celui-ci obte-
nait contre eux lappui du roi Alphonse moyennant
mille dinars par jour'^ Gordoue tomba alors aux
mains d'ibn Houd, qui marcha contre Ibn el-Badji
et Ibn el-Ahmar, et fut vaincu.
Ibn el-Ahmar, qui était venu camper sous les
murs de Séville, trahit Ibn el-Badji, le fit mettre h
mort et nonuna à sa jdace son gendre Achqilola.
Salem Ibn Houd accourut à Séville et chercha à
s'en emparer, sans y réussir.
En 63 1 (ia33-ia3Â) arriva de Baghdad Tarn
bassade envoyée par le sudtan el-Mostancer à Ibn
Houd ; elle était dirigée par Abou ^Ah Hassan ben
'Ali ben Hassan ben el-Hossein el-Kurdi, surnommé
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 319
ei-Kimal, qui lui apportait Tétendard , la robe dlion-
neur et l'acte d'investiture , ainsi que le surnom d'ei-
Motaouakkel. li lui remit ces cadeaux à Grenade,
on vendredi, et Ibn el-Ahmar lui fit serment de
vassalité**.
 f époque où Ibn el-Âhmar avait trompé Ibn el-
Badji, Gha'ib ben Mohammed** s'était enfui de Sé-
ville , avait gagné la campagne , s'y était fortifié et y
avait pris le nom d'el-Mo^tacim. Ibn Houd vint l'at-
taquer et lui enleva ses possessions.
 ce moment, les ennemis (chrétiens) apparurent
de toutes parts , se jetèrent sur les provinces musul-
manes et les entourèrent comme d'une muraille; ils
eurent jusqu'à sept campements sur les frontières.
Le roi de Castille assiégea la ville de Cordoue et
8*en empara en 633 (i 235-i 236). Les habitants de
SéviUe proclamèrent le sultan Almohade er-Rechid.
Ibn el-Ahmar attaqua Grenade , s'en empara , comme
nous le raconterons plus loin , et en fit hommage à
er-Rechid en 637 (1^39-1 a4o).
Ibn Houd avait pour vizir Abd Allah Abou M o-
•hanuned ben Abd el-Melik el-Onmoui er-Ramimi*^,
qu'il avait deux fois investi du vizirat et qu'il avait
nommé gouverneur d' Alméria , poste qu'il avait con-
servé. En 635 (1237-1 a38), el-Motaouakkel y vint
et y mourut dans un bain ; on l'enterra à Murcie. Le
bruit courut que le gouverneur l'avait assassiné; quoi
qu'il en soit, il se déclara indépendant à Alméria
mais Ibn el-Ahmar lui enleva la ville en 6^3 (1 265-
1246).
320 SEPTEMBRK-OCTOBRE 1898.
A sa mort, el-Motaouakkel eut pour successeur
à Murcie, selon les dispositions de son testament,
son fils AbouBekr Mohammed, qui prit le nom del-
Ouathiq. *Aziz ben *Abd el-Mélik ben Khattab se
révolta contre lui, peu de mois après son avène-
ment, le mit en prison, et prit le nom de Dhia ed
Daoula. Mais, quelques mois après, Zeian ben Mar
denich s empara de Murcie , mit à mort Ibn Khattab
et rendit la liberté à el-Ouathiq Ibn Houd.
En 638 (1260-1241), Mohammed ben Houd,
oncle d el-Motaouakkel , souleva là population de
Murcie, chassa Zeian ben Mardenich et prit le nom
de Baha ed-Daouda. Il mourut en 667 (ia58-
laSg).
Il eut pour successeur son fils, Témir Âbou
Dj afar '^ Ahmed ben Baha ed-Daoula qui mourut
en 660 (1261-1262), et qui eut pour successeur
son fils Mohammed ben Abi Dj afar. Il fut détrôné
par Abou Bekr el-Ouathiq, celui-là même qui avait
été emprisonné par Ibn Khattab : il prit le nom
d el-Motaouakkel, émir el-Mouslimin. Il y régnait
encore , quand Alphonse et le roi de Barcelone vin-
rent ly assiéger. Il adressa alors son serment de
vassalité à Ibn el-Ahmar'*qui lui envoya Abd Allah
ben *Ali ben Achqilola; celui-ci prit possession de
Murcie et y fit dire la Khotba au nom dlbn el-
Ahmar. Il venait de quitter la ville pour rejoindre
ce dernier, quand il fut attaqué en chemin par les
chrétiens. El-Oualhiq rentra pour la troisième fois
dans Murcie, quil conserva jusqu'à ce quelle lui
HISTOIRE DES BENOU'LAHMAR. 321
fui enlevée par les chrétiens en 668 (i 269-1 270);
iJs lui donnèrent en échange une forteresse de la
province, nommée Isser, oùii resta jusqu'à sa mort '^.
Dieu est fhéritier de la terre et de ceux qui
iliabitent : il est le meilleur des héritiers.
III
HISTOIRE DE LA DYNASTIE DES BENOU 'L-AHMAR , QUI ONT
RÉGNÉ JUSQU'X CE JOUR EN ESPAGNE. ORIGINE DE LEUR
DOMINATION : ÉVÉNEMENTS QUI ONT MARQUÉ LEURS
RÈGNES.
Les Benou '1-Ahmar sont originaires d'Arjona ^®,
Tune des places fortes qui dépendent de Cordoue ,
et ils y ont eu des ancêtres dans le Djound. Connus
sous le nom de Benou Naçr, ils descendent deSa*ad
ben^Obada, chef des Khazradj ^^. Dans les dernières
années delà dynastie almohade, le chef de leur mai-
son était Mohammed ben Youssef ben Nacr*°, sur-
nommé ech- Cheikh, qui avait un frère, Isma'il :
ils jouissaient dans leur pays d*une influence consi-
dérable.
Un jour vint où la fortune abandonna les Almo-
hades; leur pouvoir saflaiblit; des révoltes eurent
lieu sur plusieurs points de f Andalousie , et les for-
teresses almohades tombèrent aux mains du roi
chrétien. Mohammed ben Youssef ben Houd se ré-
volta dans Murcie , se proclama souverain indépen-
dant et fit hommage ^^ au khalife abbasside^^ : il
réussit à s emparer de toute TAndalousie orientale,
ui. 21
niraïuuB batiixalb.
3SS SEPTEMBRE-OCTOBRE 1808.
11 trouva bientôt un compétiteur dans Mohammed
ben Youssef ben Naçr, qui se fit proclamer en l*an-
née 629 (1 23 1-1 282), sous la suzeraineté de Ternir
Abou Zakaria, souverain de Tlfriqia. L'année sui-
vante (63o), Jaen et Jérès se donnèrent à lui. Il
était connu sous le nom d'ech-Cheikh et le surnom
d'Abou Debbous. Ses premiers partisans furent ses
parents, les Benou Naçr, et les Benou Achqilola,
Abd Allah et ^Ali , avec lesquels il avait des rapports
d'alliance. Peu après, Ibn Houd ayant reçu l'inves-
titure du khalife de Baghdad, ech-Cheikh fit hom-
mage à son adversaire (63i«=»i233-i 23A)*^.
Puis, Abou Mérouan Ibn el-Badji se révolta dans
Séville , quand Ibn Houd en fut sorti pour retourner
à Murcie. Mohammed Ibn el-Ahmar, ayant promis
à Ibn el-Badji, de lui donner sa fille en mariage,
entra dans Séville sans coup férir et reçut lliommage
d el-Badji; il alla ensuite s emparer de Séville en 63a
»- 1 23d-i 235). Mais il fit tomber Ibn el-Badji dam
un piège , où il trouva la mort et qui profita à ^Ali
ben Achqilola. Un mois après, les habitants de
Séville rentrèrent sous Tobéissance d'Ibn Houd^ et
chassèrent Ibn el-Ahmar.
En 635 (1237-1238), Ibn el-Ahmar s'empara de
Grenade , dont les habitants ouvrirent les portes. Ibn
Abi Khaled ^^ s y était en effet révolté et avait reconnu
pour souverain Ibn el-Ahmar, auqud la ville avait
envoyé sa soumission. Ibn el-Ahmar qui se trouvait
alors à Jaen, y envoya avant lui Abou 1-Hassan ben
Aohqilola et marcha aussitôt sur ses pas. Il vint s in-
HISTOIRE DES BENOU'L-ÂHMAR. 3S3
staller dans la ville ^^ et y fit construire la forteresse
de TAlhambra, dont il fit sa résidence*'.
D prit ensuite possession de Malaga, que lui livra
Abd Allah Ibn Dhou 'n-noun*®; celui-ci s'en était
emparé après la mort d'Ibn Houd.
En 689 (la&i-iads), il fit hommage à er-Re-
chid. Puis, Alméria lui fut livré par Mohammed
ben er-Ramimi*', vizir d'Ibn Houd, qui s y était dé-
claré indépendant en 6^3 (1 245-1 2&6).
En 663 (1264-1265), il fut acclamé par la po-
pulation de Lorca. Mohammed ben ^Aii ben Asli
el-Faqih lavait occupée en 638 (i24o-i24i), et à
sa mort, survenue en 64^ (i244-i245), son fils
*Mi lui avait succédé; chassé de la qaçba par les
chrétiens, il s'était maintenu dans la ville jusqu'à sa
mort, en 662 (1263-1264). Son fils Mohammed,
qui lui succéda, fut détrôné en 663 (1264-1265)
par les habitants, qui proclamèrent Ibn el-Ahmar.
Âbou ^Amr ben el-Djedd, dont le nom complet
est Yahia ben Abd el-Melik ben Mohammed el-Hafidh
Abi Bekr, s'était rendu indépendant à Séville et avait
fait hommage à Abou Zakaria ben Abi Hafs , souverain
d'Ifriqia en 643 (i245-i2 46)^. Celui-ci avait en-
voyé aux Andalous , pour gouverneur, un de ses pa-
rents , *Abd ePAziz Youssef ben Abi Hafs. Des habi-
tants de Séville l'excitèrent à entrer en lutte contre
Ibn el-Djedd, qui l'apprit et le chassa de la ville.
Puis la population se révolta contre Ibn ei-Djedd , le
mit à mort, et reconnut pour la seconde fois la su-
21 .
324 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
zeraineté dlbn Abi Hafs. SéviUe fut alors gouvernée
par le qaîd ChaqqaP'.
Les ennemis avaient recommencé, en 6ao (i 3 23-
I 2a4), et même avant, à dévorer le territoire mu-
sidman et ses frontières : et parmi eux, on remar-
quait le souverain de Barcelone de la famille des
Oulad Patriq^^, à laquelle les Francs avaient donné
le gouvernement du pays, à Tépoque où il était re-
passé des mains des Arabes dans les leurs. Ce per-
sonnage s'était emparé de tout le pays et séparé du
roi des Francs, dont il avait cessé de respecter la
suzeraineté; ceux-ci avaient été confmés au delà des
monts, et s'étaient affaiblis.
Hs étaient particudièrement impuissants contre
Barcelone et le territoire qui en dépendait". Le
poi qui y régnait alors et qui s'appelait Jayme, entra
en campagne contre les provinces musulmanes ^ et
s'empara de Mérida en 626^^ (1 228-1 229), puis de
Majorque en 627 ^ : Saragosse et Jativa avaient déjà
été occupées cent cinquante ans auparavant. En 636
(1238-1239), il s'empara de Valence après un long
siège, et après avoir occupé les forteresses et les
villes ouvertes situées entre ces grandes places, il
poussa ses conquêtes jusqu'à Alméria et jusqu'aux
forteresses qui en dépendent.
Le roi de Gastille, Ferdinand, fils d'Alphonse^'
et ses prédécesseurs avaient de leur côté envahi la
Frontiera, dont ils avaient pris les forteresses et les
villes ouvertes les unes après les autres, et qu'ils
avaient fini par occuper tout entière.
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 325
Au début de son règne, Ibn el-Ahmar avait été
distrait de ces événements par la lutte qu'il avait eue
à soutenir contre les chefs soulevés en Andalousie.
Dans l'espoir d'affermir sa puissance ^*, il avait tendu
la main au roi chrétien , qui favait prise et qui avait
soutenu ses efforts. Ibn el-Ahmar était entré ainsi
dans la dépendance du roi chrétien. — De son côté,
Ibn Houd lui avait donné trente de ses forteresses
dans fespérance de l'éloigner d'Ibn el-Ahmar, et
d'obtenir son appui pour s'emparer de Cordoue.
Après avoir pris possession des forteresses qui lui
étaient livrées, le roi (de Castille) s'empara de Cor-
doue en633(ia35-ia36),ety ramena la parole d'in-
fidélité (que Dieu foitifie cette ville) ^^ Puis, le roi
s'empara de Séville en 6&6 ( 1 248-1 2^9), avec l'as-
sistance d'Ibn el-Ahmar qui manifestait ainsi sa co-
lère contre Ibn el-Djedd : après un siège de deux ans ,
la ville capitula et le roi s'empara de même sans
combat des forteresses et des territoires qui en dé-
pendent. — Il enleva ensuite Tolède à Ibn Ko-
roacha, Chelb et Talavera à Ibn Mahfoudh^, en
l'an 659 (1260-1261); en 665 (1266-1267), il
s*empara de Murcie. Ainsi , le roi (de Castille) conquit
les unes après les autres toutes les provinces et toutes
les forteresses, et réduisit les musulmans au rivage
andalou compris entre Ronda à l'ouest et Elvira à
l'est, sur une étendue de dix journées démarche de
l'est à l'ouest, et sur une largeur d'une journée au
plus, de la mer au nord.
Ibn el-Ahmar ech-Cheikh s'irrita de cette situation
390 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
et rêva de s emparer de la péninsule tout entière,
mais sans pouvoir réaliser ses espérances. G*est alors
qu*arrivèrent en Espagne, les unes après les autres,
les bandes de Zenatas , alors en révolte contre le sul-
tan de Fas*^ Béni Abd el-Ouad, Toudjini, Magh-
raoua et Béni Mer in; ces derniers eurent toujours
le premier rang par leur audace et par le nombre
de leurs expéditions guerrières. Les premiers , qui
passèrent le détroit vers 660 (1261-1262) furent
les Aoidad Idris ben ^Âbd el-Haqq, qui faisaient
partie de la famille souveraine du Maroc; leur oncle,
le sultan Yaqoub ben 'Âbd el-Haqq , leur avait im-
posé cet exil par un traité. Au nombre d'environ
3,000, ils furent bien accueillis à leur arrivée par
Ibn el-Âhmai% qui se servit de leur bras contre ses
ennemis , puis les reçut à sa cour. D en arriva ensuite
un grand nombre, de toutes les familles des Béni
Merin; mais les principaux furent toujours les
membres de la famille souveraine des Béni *Âbd el-
Haqq. Après avoir jeté le désordre dans Tempire
et lutté à la tête de leurs clients contre les armées du
sultan , ils passèrent en Espagne , où ils employèrent
leur ardeur et leur vaillance à défendre les musul-
mans; ils parvinrent ainsi à acquérir une part du
pouvoir et un établissement.
HISTOIRE DES BENOU^L-AHMAR. 327
NOTES.
^ £d Nacer Mohammed ben Yaqoub el-Mançour succéda à son
père •Yen la fin db rebi^Sgô» (déc. 1198-janv. 1199)* suivant
Ibn Kluddoun (trad. de Slane, t. II, p. 11 5). Il fut vaincu par Al-
phonae VIII de Castille à Hiçn el-*Oqab (Las Navas de Tolosa), le
là safar 609 ( 16 juillet 1 a 1 a ]. Il mourut peu de temps après, en
dia*ban 610 (déc. isi3 à janv. iai4). V. outre Ibn Kbaldoun, Abd
ei-Ouabedel-ICarrakechi : History ofthe Almohadet, éd. Dosy, Leide,
p. 336; Roudk êl'ifartat, p. 176; trad. p. Zii\Kitab el-Ittùfça, 1. 1,
p. 191. — Une partie de ce chapitre a été reproduite par d-Maqqari
dans le Nefh eC-Tib, éd. Boulaq, 1. 1, p. 108, et ÀnaUetes, 1. 1,
p. 391; les variantes se retrouvent dans Maqqari qui est plus correct,
surtout dans les AnaUetet» Je n*indique donc aucune variante.
* Dm Khaldoun dit ailleurs ^*il désigne sous le nom de • sei-
gneurs» les membres de la famille almohade, entre lesqudles les
provinces andalouses avaient été partagées.
* Djod'aima, chef de cette famille, était d*origine sabéenne et
descendait de Sahlan par 2ahran ben d-Azd.
* IL Godera parait avoir hésité à accepter l'exactitude de ce
nom ; Tespression mUjiff ^1 , mot à mot c père des charges de cavale-
rie », ne me parait pas , bien que je n*en connaisse pas d*autre exemple,
moins arabe que ^UJ\ ^\ ou ^^«f yi^ \ quant à Moudafi*, on en
trouve on autre exem|He dans Ibn Khaldoun lui-même (t. VI,
p. 4 9 1 ; trad. de Slane , t. III , p. 1 58 ) ; comparer Moudjahed , Mouba-
dher, etc. Cette expression me semble être expliquée d'ailleurs par
d-Maqqari (Nejh ie-Tib., Boulaq, t. II, p. 577, et AnaL, i. II,
p. 755), qui dit de ce personnage t l^mjXf ^ ^^^^1 ^ j^I^LdUI;
voir la traduction de ce passage, note 5 , ci-dessous.
' Les événements qui troublèrent TEspagne depuis les dernières
années de Tempire almohade vers 690, jusqu*à la formation défini-
tive de la royauté des Benou 1-Ahmar, vers 660 , sont racontés par
Ibn Khaldoun dans trois récits qui se complètent les uns les autres;
l'extrait suivant d'd-Maqqari fournira quelques détails complémen-
mcntaires , et on en trouvera d'autres dans l'histoire des Berbères,
n est toujours comjdiqué d'entrer dans le détail des querdles ob-
scures des petits souverains, et ce n'est pas ici la tâche du traduc-
teur. Je dirai seulement que trois dynasties principales cherchèrent
k se former dans l'Espagne méridionale à l'époque où la dynastie
328 SEPTEMBRE. OCTOBRE 1898.
almohade commençait à sombrer : les B. Mardcnich à Valence, les
B. Houd à Murcie et les B. 1-Ahmar à Grenade. Ces derniers rem-
portèrent vers 660 « mais leurs rivaux avaient été t dévorés parle
dragon chrétien», et leurs querelles n'avaient, en définitive, servi
qu*à lui. IHus tard, Mohammed Y pourra profiter des querelles in-
térieures de la Castille sous Pierre le Cruel , pour donner un regain
de vie à l'islam; mais, ce ne sera qu'un moment de calme avant
la dernière crise.
t Valence, dit Maqqari, passa ensuite à Abou *Alxl Allah ben
Mardenich, souverain de l'Espagne orientale, après Ibn *Aiadh;
il y nomma comme gouverneur son frère Abou 1-Hadjadj Yoos-
sef ben Sa*d ben Mardenich. Mais Abou '1-Hadjadj entra dans la
partie des Almohades, et Valence eut pour gouverneur es-Seid
Abou Zeid 'Abd erRahman, fils d'es-Seid Abou 'Abd Allah ben Abi
Hafs, fils de l'émir el Mouslemin *Abd d-Moumen ben *Ali. Quand
d-'Add se révolta à Murcie (contre *Abd el-Ouahed el-Makhlou),
Abou Zeid se fortifia, s'enorgueillit et affecta une soumission qui
n'était que rebdlion. Les choses en restèrent là jusqu'au règne
d'Abou d-*01a d-Mamoun , qui eut pour qaîd de la cavalerie l'émir
Zeian ben Abi 1 Hamlat ben Abi 1-Hadjadj ben Mardenich, bien
connu par sa défense de Valence. Ce dernier chassa Abou Zeid de
Valence et s'en empara; le vaincu s'enfuit chez les chrétiens. La si-
tuation de Valence alla constamment en 8*affaiblissant , à mesure que
les chrétiens envahissaient les territoires voisins : le roi chrétien
de Barcelone finit par l'assiéger. Zeian appela alors à son aide le
souverain de l'Ifriqia, Abou Zakaria ben Abi Hafs, auquel il en-
voya une ambassade dirigée par son secrétaire , l'illustre Abou 'Abd
Allah ben el Abbar el-Qodbai, auteur de la Tekmila, des *Atahou
l^kiuU) et autres ouvrages ; ce dernier récita au sultan sa fameuse
qacida en sin * »
t Le sultan s'empressa de venir à son secours et lui envoya sa
flotte remplie d'argent, de provisions et de munitions. Mais elle
trouva les Valenciens dans la dernière période du siège , qui se ter-
mina bientôt par l'occupation de Valence par le roi chrétien. Ihn
el Abbar et ceux qui l'avaient accompagné , revinrent à Tunis. L'en-
nemi prit la ville par capitulation, le mardi 17 de safar 636.
t L'ennemi s'était emparé en 6a6 de Loja, aidé par cs-Sûd Mo-
hammed el-Baiassi , qui était alors en lutte avec el-'Adel. Il y avait
* Ibn Khaldoun, trad. t. II, p. $07.
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 329
commis les plus grands dégâts, puis l'avait rendue à el-Baîassi;
nous verrons qu*il la reprit ensuite» (Nejh eV Tib. Boul. t. II,
p. 577, et Anal., t. Il, p. 755).
* Les B. Mardenich avaient déjà constitué un État indépendant à
répoqae où la faiblesse du gouvernement almoravide avait rouvert
•n Espagne une nouvelle pénode de troubles. Dans la première moi-
tié du Yi* siècle, Abou Mohammed *Abd Allah ben Sa*d ben Mar-
denich el-Djod*ami régna à Valence, et fut tué par les chrétiens
•n 54o (ii45-ii46). En Sda (1147-1148), son neveu Mohammed
ben Sa'd ben Mardenich occupa Jativa, Segura et Murcie. <II en-
voya, dit Ibn Khaldoun, un de ses officiers , Ibrahim IbnHomcchk
pousser une ghazzia à travers les provinces andfdouses , jusqu*à Cor-
doue dont il s*empara; mais la ville lui échappa bientôt. Il vint at-
taquer Grenade et en chassa les troupes fdmohades qu'Ibn Marde-
nich vint assiéger avec lui dans la qaçba. Mais*Abd el-Moumen
leur eideva la ville après une suite de combats qui eurent lieu dans
la campagne de Grenade; il y livra bataille à Ibn Mardenich et à
Ibn Homechk , renforcés de troupes chrétiennes , qui étaient venues
les aider à défendre Grenade , les mit en fuite et leur infligea une
sang^te défaite, en 567 (1161]. Quand Youssef ben 'Abd el-Mou-
men fit son expédition d'Espagne , il rencontra Ibn Mardenich dans
les environs de Murcie , le mit en déroute en Tannée 56o ( 1 1 64-i 1 65 )
et Tassiégea dans Valence. Ibn Mardenich avait envoyé son hommage
aa sultan abbasside el-Mostandjed , qui lui accorda sa protection et
l'investiture. Mais en 566 (1170-1171], il fit hommage aux Almo-
bades» (t YII, p. 159).
Dans une autre partie de son histoire ( t. VI , 337, s. ; éd. de Slane ,
1. 1 , p. 3 1 7 ; tr. II , 1 94 ) , Ibn Khiddoun parle vaguement du siège de
Cordbue par Ibn Mardenich , mais il fait un récit semblable de la
bataille livrée dans la campagne de Grenade. Quant aux événements
qui se produisirent sous le règne de Youssef, les deux récits ne con-
cordent qu'en un point, l*hommage rendu aux AJmohades par Ibn
Mardenich en 566. On a, d'autre part, une preuve de Thommage
que ce personnage avait prêté auparavant au khalife el-Mostandjed ,
par un dinar portant les inscriptions suivantes : d'un coté « l'Imam
Abou 'Abd Allah Mohammed el-Moqtafi li Amrillahi, émir el-Mou-
menin, TAbbassidei; et de l'autre «au nom de Dieu clément et
miséricordieux : ce dinar a été frappé à Murcie en l'année 553».
(Godera, Tratado de numismjtica arabigo, espanola, Madrid,
1879, P' '11)* Gomme l'a fait remarquer M. Godera (p. a 45
350 SEPTEMBRE.OCTOBRB 1898.
et i46), il s'agit U d*iiii dinar firappé k Morcie ma nom da kka-
lifedeBa^idad,d-M<M{tafi (53<k55S» ii36-ii6o). Um wéÊtÊbt
qa*en prêtant hommage à Mostandjed (5SS-566 ^ 1160-1170),
Ifao Mardenich loi renosYclait wfliemcnt celai qa'il avait prêté à
' Voir p. 3i5.
* JaTme I, 19 13*1976.
* Akira, dans one de éa Jœar (bnerta de Vdenee) à 35 kâo-
mètres S.-E. de Vdence.
>• Ferdinand r (1917-1959).
" Je ne sais où placer cette vifle. Voir plus kûn, p. 19, n. a.
^ D finit lire ici avec L et P t
Ma «vJ^l^ (^t ^^ ^ 1^ «M UsJLa i^S^^ «;i«^ v^U
^ pULJl j XJ^^I j Jl^t ^ «>j4W (^I «aul^ M^lJ^ isf\^\
^Ul^ JUI i^U 104^ Iç 4^1 ^ JUbt âu4 Jij^^yULm.
^ Les petits souverains, qui se finit des domaines ior les mines de
Tempire aimohade, se tooment presque tous vers son plus grand
ennemi, t Quand la nouvdle de la perte de Méquines arriva k es-
Sa*id, il réunit ses officiers et leur montra son empire se détachant
morceau par morceau i Ibn Abi Hafç a arraché i'Ifiriqia à Yagh-
moracen ben Zian et les Benou *Abd el-Ouad ont pris Tlemcen et
le Ma^reb central , qu*ils ont placés sous la suieraineté d*Ibn Abi
Hafç; ils Texcitent à marcher sur Marrakech en lui promettant leur
appui; Ibn Houd a enlevé le littoral de TAndalousie et l'a placé
sous la suieraineté des Abbassides; d'un autre c6té, Ibn el-Ahmar
s*e8t mis sous la suieraineté d'Ibn Abi Hafç, et maintenant voici
ces Benou Mérin, etc.» (Ibn Khaldoun, t. Vil, p. 179; éd. de
Slane, t. H, p. 9^7; trad., t. IV, p. 35).
^ Il y a qudque hésitation sur le nom de ce personnage. Dans
rhistoire des Berbères, BL de Slane (H, 965) TappeUe: tAboo
Yahia ben Yahia ben ech-Chehid ben Abi Hafç », et le texte de Bon-
laqt t Abou Yahia ben Yahia ben ech-Chahid ben lahaq ben Abi
HISTOIRE DES BENOU^L-AHMAR. 331
Hafç >. n n*y a aucune difiBculté pour les deus premières générations ,
Yahia et Abou Zakaria étant unis fréquemment dans Tusage. Mais
nous savons par Ibn Khaidoun qu'Abou Yahia ech-Ghehid était
l'un des fils d*Abou Mohammed 'Abd el-Ouahed, gouverneur
d'Ifiriqia. Or nous trouvons, dans les manuscrits, Yahia, et dans
Boulaq, Ishaq. Il semble qu*on puisse passer sur cette difficulté,
ces divers noms pouvant être confondus dans un manuscrit d*une
médiocre écriture. Quant au Bekr qui est cité ici , c*est évidemment
l'Abou Bekr que Tauteur du Qartas (trad. Beaumier, p. Sag) et d-
Qairouani (Ibn Khaidoun trad., II, a 85, note 3) donnent pour
père à Abou Mohammed et pour fils à Abou Hafç *Omar. On pour-
ndt donc lire Abou Yahia ben Abi Zakaria Yahia ben ech-Ghehid
ben Abi Mohammed ben Abi Bekr ben Abi Hafç.
» Valence fut prise le 8 septembre ii38 (637). Voir Ibn Khal-
doun, t. VII, p. 190; édit. de SI., t. II, p. 27$; trad., t. IV, p. 74*
'* n a été nécessaire d*ajouter qudques mots qui ne sont point
dans le texte , pour faire comprendre qu*il s'agit d*une seule et même
ambassade de Zeian k Abou Zakaria. — Voir Ibn Khaidoun,
i* VI, p. a8o; éd. de 1^., t. I*', p. 391; trad., t. II, p. 3o6. Dans
l'édition de Boulaq , le texte de toute cette partie de l'histoire des
Berbères est dans un désordre td , qu'il est impossible de rien com-
prendre à la suite des événements. Il est évident que Tauteur de
cette édition ne s*est jamais préoccupé de comprendre ce qu*il im-
primait.
" Sur les règles poétiques qui régissent la qacida, voir René
Basset, La poésie arabt anté' islamique, Paris, 1880, p. 47» et
Ndldeke, Beitrage sur Kentniu der Poésie der alten Araber, Han-
nover, 186 il. L^ Arabes désignent les pièces de vers soit par leur
mètre, soit par la lettre qui forme la rime commune à tous les
Yen de la composition.
>• n ûiutlire, avec L et P : X^Z^^I i^^U (^^ l^ ^I ^^
dsfsJli v^^ *^ vtV J' é^^ V^ 9^ixU i^ilLi. JlxS jLJt^
1* Ibn Khddoun, t. VI, p. a85; éd. de SI., 1. 1*', p. 394 ; trad.,
t n, p. 3i 1. Abou Bekr *Aziz ben *Abd d-Mdik ben Khattab.
^ H ûiat lire, avec L et P : Jf yJLà ft^J^l U^i ^^^ ^ v^
^ j *J *ji-<Li .>ys ^^ MiysJl 0l^ sU.3 pUa ^^\ I4CU3 «ô^-y»
332 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
'^ Les B. Houd avaient déjà régné à Saragosse de loSg à 1 1 lo;
le premier souverain de cette dynastie s*appelait Abou Ayoub Soiei-
man ben Mohammed ben Houd ; ce dernier, Houd , était venu ie
premier en Espagne. Hs appartenaient, comme les B. Mardenicfa,
anx Axdites , et descendaient de Salem , affranchi d'Abou Hod eifa.
(Voir net Ibn Khiddoun, t. IV, i63.)
** Voir p. 397, note 9. — Je n*ai pas à ma disposition de docu-
ments me permettant de déterminer Tidentité d*Ai^ta, ni cdle
d*£scuriante que donne Beaamier (trad. du Carias, p. 358, note 1 )
alors que dans le texte de sa traduction il donne (p. 393) Arbouna,
confondu peut-être avec Ardjouna, forteresse d*Ibn el-Ahmar.
** Dans la partie de son histoire consacrée aux Almohades, Ibn
Khiddoun raconte les règnes éphémères des derniers princes de cette
dynastie et donne de nombreux renseignements sur les événements
d*£spagne. (B., t. VI, p. 953'; de Slane, t.1, p. 337; trad., t. II,
p. 933). Maqqari les résume ainsi (Nefk et* Tib,, éd. BouL, t. II,
p. 538; Anal., t. H, p. 697):
c Les Almohades mirent sur le tr6ne Yahia ben en-Nacer qui était
mineur et incapahle de gouverner. Aussi Abou TOla Idris, qui se
trouvait idors à Séville, réclama pour lui-même le trône et se fit
reconnaître par les habitants de TEspagne, puis par Marrakech;
mais il resta en Espagne, oùTémir d-Motaouakkd Mohammed ben
Youssef d-I>jod*ami se révolta contre lui , sous la suzeraineté des
Abbassides. La population de l'Espagne, se ralliant à Ibn Houd,
abandonna Abou TOla , qui dut sortir de TEspagne et la laisser à
son rival. — Après avoir combattu Yahia ben en-Nacer qui périt,
Abou rOla régna sur le Maghreb; mais il avait perdu ses posses-
sions espagnoles. Il mourut en 63o (1 339-1933). — Il eut pour
successeur son fils er Rechid , qui fut reconnu par une partie de
l*Espagne et qui mourut en Tannée 6ào (1949). Son frère es Sa'id
lui succéda, et périt en 646 (i9d8) dans une forteresse située entre
Fex et Tlemcen (Temxexdekt). Son successeur fut el-Mourtadha
'Omar ben Ibrahim ben Youssef ben 'Abd el-Moumen. Attaqué en
665 ( 1 966-1 967 ) par el-Ouathiq, surnommé Abou Debbous, il s'en-
fuit, mais il fut pris et amené à Abou Debbous qui le fit mettre
à mort. Ce dernier fut tué à son tour par les B. Mérin en 668
(1969). ^^^ ^"' ^'^^^ ^^ dynastie d^Abd el-Moumen, Tune des plus
considérables de Tlslam ; les B. Merin s'emparèrent alors du Maghreb.
« Cependant , el-Moutaouakkel Ibn Houd avait pris possession de
la plus grande partie de l'Espagne. Mais, les défections se muiti-
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 333
pliaient autour de lui , quand il mourut , à Alméria , assassiné par
son vixir Ibn er-Ramimi. Les chrétiens saisirent cette occasion de
rompre la paix et s*emparèrent d'une grande partie du pays et des
forteresses qui restaient encore aux mains des musulmans. Et la
situation resta telle, jusqu'à ce que les R. '1-AIimar l'emportassent,
et qu'une partie des habitants de l'Espagne fit serment d'obéissance
à Abou Zakaria le Hafside, souverain de l'Ifîriqia.»
* n faut évidemment corriger Abou 'Imran Moussa en Abou
Moussa 'Imran. Je ne trouve le nom de ce personnage ni dans Ibn
Khaidoun, ni dans le Qartas, *Abd d-Moumen eut en effet un fib
nommé Abou Moussa Imran qui fut gouverneur de l'Ifriqia.
** Les manuscrits de Paris et celui de Leyde donnent ^in»?*»»H
yd\JèJ\ ; mais ce sont deux souverains différents : Ez Zhaher régna de
de 693 à 6a3 (laaS-iaaô) et el-Mostancer de 623 à 64o (1336-
134a)* Il s'agit évidemment du second, comme l'impriment l'édi
lion de Boulaq et le Kitab el-Istiqça (t I", p. 197)1 puisque Ibn
Uoud entra en campagne en ôaS (1338]. — Le Kitab d-Istiqça,
qui reproduit le texte d'Ibn Khiddoun , ajoute au récit jdeux vers
extraits du JUUH ^^ , histoire en vers des dynasties musulmanes
par Lissan ed-din Ibn el-Khatib : < Entre les héros de ce temps fut
rémir Mohammed ben Youssef , dernier du nom : il fut brave et
plein de vaillance , et fit hommage à el-Mostancer l'Abbasside. > —
Cet ouvrage d'Ibn el-Khatib est ainsi désigné par Iladji Khfdfa,
6, 617 : <^)>^^t Ji*>^I 0^ ù^ uUil ^^, «la peinture bigarrée des
vêtements sur l'ordre des dynasties, en vers du mètre redjex»;
Wûstenfeld le note, d'après la traduction de Flûgel, sous le nom
de pietura palliorum striata; c'est l'ouvrage que Gayangos appelle
J^t ;Lâ.I ^ p>t^t J>JLJI ^{Mohanun. djn, introd.).
* Voir note 4*
" La formule complète, qui se trouve sur la [dupart des pierres
tombales du Maghreb est : lO^r^i ^jlkjAM ^^ aM(^ «Syti t Nous
nous réfugions en Dieu contre les atteintes de Satan le lapidé»,
(Coran, 3, 3i),
* B. et P. portent ç^ô^wXI ^1.
** Mérida fut prise en i33o par Alphonse IX de Léon. (Voir
p. 19 ci-dessous, note 3.) J'ignore oÀ est située Alcous (?)
^ T. VI, p. 356; trad., t. II, p. ai 3. — Ibn Houd donna, en
échange, Alméria à Abou Moussa (Qartas cité dans Kitab el Istiqça,
i. I", p. aoo; trad., p. 363).
'^ Ibn Houd s'engagea à payer à Ferdinand III de Castillc (saint
834 SEPTEMBRE-OCTOBRE 18Q8.
Ferdinand ) quatre cent mille dinars par an , et à i«tt lÎTrer
forteresses; le texte de Boulaq dit vingt (Ibn Khaldoun, t VIII«
p. igo; éd. de SL, t. II « p. 178; trad., t. IV, p. 75). — Voir
p. 3a5é
^ Voir ci-dessous, note h h» — Le nom de rambassadeur parait
être altéré.
^ «En djomnada n, Cha'ib ben Mohammed ben MeRoak f 'em-
para de Niébla, et prit le nom d*d-Motacim t. (Roadh el-Qartas,
trad., p. 3g4)*
^ « An tii* siècle , le plus connu de ceui qui gouYemèreOt Al-
méria pour les Almobades, fîit Témir Abou *Imran ben Abi Hafi^,
onde d*Abou Zakaria, souverain dlfriqia. En Tannée 6^5 (1137-
1118), TE^gne se révdta contre TAlmohade el-Mamoun, à la
voix d'Ibn Houd, soulevé à Murcie. Alméria ftit gouverné, tous la
suxeraineté d'Ibn Houd , par Abou *Abd Allah Mohammed ben 'Abd
Allah ben Abi Yahia ben er-Ramimi, dont le grand -père Abou
Yahia avait dû livrer la ville aux chrétiens. Il se déclara tassai d*Ibn
Houd, et envoya une ambassade à son suxerain, qui lui conféra le
viiirat et lui délégua son autorité. Leurs rapports se maintinrent
ainsi jusqu'au jour où er-Ramimi voulut trahir son maître, et for
tifia la citaddle d*Alméria , pour s y ménager une retraite^ Or, Ibn
Houd avait laissé à Alméria Tune des femmes de son harem ; le vitir
s*en éprit et en fit sa maîtresse* Ibn Houd « auquel on rapporta ce
fait , marcha en hâte contre Alméria, en dissimulant son dessein de
s'emparer d'Ibn er-Ramimi. Mais il déjeuna avec lui avant de l'in-
viter à souper, et on l'emporta mort du palais. On le mit dans un
cercueil , et on le ramena par mer à Murcie. >
«Ibn er-Ramimi resta maître d* Alméria; mais son fils se révolta
contre lui , et telle était la situation quand Ibn d-Ahmar, roi de
Grenade, prit possession de la ville, qui resta entre les mains de
ses descendants jusqu'au jour où les chrétiens s'en emparèrent
Maqqari, Boul., t II, p. 671, et ÀnaL, t II, p. 761*
» n faut lire, avec P. et L. : i»Lt j RiyôJ\ pI^ ^^ J^^I yU». ^1
^ Ce texte est dans Maqqari Boul. , t. T', p. 108 , et Anal,, L I*',
p. aga.
'' Les chrétiens dont il est question ici sont Alphonse IX de
Castille (ia5a-i284) et Jayme I" d'Aragon (1113-1176). — Ga-
yangos {Mohanun, djn,, t. II, p. 334-338) donne de ces événements
HISTOIRE DES BENOU*L.AHMAR. 335
on récit coafiii , qui n'ajoute rien aux renseignements fournis par
Ibn Khaldotin* I>ans les tableaux généalogiques qui terminent Ton-
vfttge, il ne donne ni la liste des Benoa Mardenicb, ni celle des
Benou Houd. — Pour le chapitre des Benou Naçr, je me suis servi
des Mohammedan dymudês et je Tai cité, mais il faut bien dire
qtie Tautenr aaglo-€ipagnol ne fut pas toujours un travailleur très
consciendetti, et qu'on ne peut lui accorder qu*une demi-confiance.
" Aijona est à une trentaine de kilomètres N. O. de Jaen , sur
k route d'^caudete à Andujar.
** Les Benou Kbaxradj étaient une tribu azdite; à l'époque de la
rupture de la digue de Mareb , ils vinrent , avec leurs parents les
B. Aous, habiter Yathreb (Médine). Ils furent des premiers à em-
brasser l'islam.
^ â>n d-Khatib , dans l'ouvrage intitulé iUp^l JJl2t , édité et
traduit par Casiri in Bibliotheca Esewialiensis Araho-Hispanola,
t. il, p. i77-3ig, l'appdle Abou*Abd Allah Mohammed ben Yous-
flef ben Ahmed ben Mohammed ben Kbemis ben 'Oqil d-Khazra-
dji el-Ançari (op. du, p. 160).
^ Ce passage est reproduit dans le N^ et'-Tib, Boul. , 1. 1,
p. So8-)09; et Anal,, t. I, p. aga. Maqqari dit lui-même: (,^\
LoiL» ^y«>A^ ^1 f^* ^n àa la citation approchée d'Ibn Khal-
doan,i
^ Voir p. 3 16 et 3 18 de cette traduction.
^ Maqqari donne un récit des débuts d'Ibn d-Abmar, dont voici
ia traduction (Anakctes, 1. 1, p. i33; ibitU, Boulaq, 1 1, p. loo).
• La dernière et fameuse révolution de l'Espagne eut pour prin-
cipal agent un homme originaire d'une place forte nommée Ar-
^jouna, et appelé Ibn el-Ahmar. De cette forteresse, il avait conduit
maintes ^aaxiai contre l'ennemi , et il avait donné des preuves éda*
tantes de son courage; l'Andalousie répétait son nom. Enfin, les
habitants de sa ville natale l'ayant pris pour chef, il se mit en
campagne, prit Gordoue la Grande, Séville dont il tua le roi (Ibn)
el-Badji, Jaeot qui était la place la plus forte de l'Espagne et dont
il augmenta encore les défenses , Grenade et Malaga. On le nomma
émir d-Mou^min. C'est maintenant vers lui que tous se tournent t
c'est à lui qu'on demande assistance. >
^ Gayangot ( HUtory of thê Mohammedan dynatties, t. II , p. 34o et
note, traduisant librement Ibn Khaldoun et sans renvoi de pages,
ea^vime à propoa de l'expression ^pd ^^ ^(^ (et non «>>iA ^^x^).
336 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
comme il Ta dit; voir aussi plus haut, p. 53 1« note ao, a) ^W) son
étonnement en ces termes : t S'il en est ainsi , c'est un fait curieux
qui n'a été mentionné , ni par Ibn el-Khatib ni par aucun des au-
teurs arabes que nous avons eus sous les yeux. Je penserais plutôt
qu'Ibn Khaldoun s'est trompé. Ibn el-Khatib, en effet, nous informe
qu'Ibn el-Ahmar envoya sa soumission au khalife abbasside, et il
s'exprime ainsi : • Au début de son règne , Ibn el-Ahmar fit pro-
« clamer dans ses États el-Moustancer el-Ahbassi, suivant en cela
t l'exemple d'Ibn Houd , et afin d'acquérir quelque prestige aux yeux
t de ses sujets. »
Peut-être la contradiction entre ces deux textes est-elle plus ap-
parente que réelle. Tout d'abord , on peut accepter sans hésitation
l'authenticité du texte de vassalité transmis par Ibn el-Ahmar au
khalife abbasside , dont parle le passage d'Ibn el-Khatib mentionné
ci-dessus , que je ne connais malheureusement que par la traduction
de Gayangos. En effet, La voix : Catalo^ des monnaies, etc, t. II,
n® 779 « cite un dirhem carré portant la mention suivante : y^^S
0^ J^f^^\ - y^^^ sJL^yi ^^\ - is^^l **<JL5. ~ Soliyé et
Dios de la Rada y Delgado : Catalogo de monedas arabigos esfMnoUs
en et mnseo arqneologico nacional, Madrid, 1899, n** 720-731
donne un demi-dirhem carré de Grenade et un autre de Jaen avec
la même légende et la mention correcte ^Uj^I SXe^\ voir aussi
un dirhem semblable dans Codeira y Zaidin Tratado de numismatica
arabigo-espanola , Madrid, 1879, p. 236. On comprend fort bien
que Mohammed ech-Cheikh , nominalement vassal d'Abou Zakaria
depuis 629 et n'en attendant aucun secours effectif, ait cru pru-
dent de faire hommage au khalife abbasside en 63 1; mais l'envoyé
de celui-ci apportant à Ibn Houd, alors au faite de sa puissance,
l'investiture de la royauté andalouse, a pu n'accepter l'hommage
d'ech-Cheikh que par l'intermédiaire d'Ibn Houd , devenu ainsi à la
fois vassal et suzerain. Ibn Kiialdoun a précisé d'ailleurs (p. 319
ci-dessus] cette situation en disant que ce fut à Grenade que l'en-
voyé du sultan abbasside vint apporter à Ibn Houd les cadeaux de
son maître; cette ville n'appartenait pas encore à Ibn d-Ahmar.
C'est une situation qui n'avait rien d'extraordinaire, et qu'il suffi-
sait d'un combat heureux pour modifier. Peu après , la mort d*lbn
Houd (635) et les événements de Séville amenaient ech-Cheikh à re-
connaître la suzeraineté du sultan almohade er-Rechid.
^ Ibn Khfddoun a donné ailleurs des renseignements plus com-
plets sur Ibn el-Badji et Ibn el-Djedd. V. de Slane, II, 276, et I,
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 337
399; Ired, t. IV, 78, et surtout U II, 319 et les notes; Boulaq.,
Vil , 191; mais VI , 388 ne renferme que deux lignes de notre texte ;
toute cette partie de Tédition imprimée est pleine de lacunes et
d*interpo]ations. Voir aussi Gayangos , H, 3d3 et suiv., qui donne
pour les principaux événements de cette période des dates qui différent
beaucoup de celles d*Ibn Khaldoun , et que nous n'avons pu contrôler.
•» H faut lire avec PeiL: jJLi. ^1 ^^?l ;l5 ^^,:^ I4JUI «JLdLlJ^
** Il faut lire avec P et L : jJ^yJ #1^ ^^uu^ l^ ^^1^ (^^3
L4; ^l£)l (jj^I ^S ^^ aMI «x^ Jst (^ C1J3U&3 iUJU çJM fcfJUj li
*" L*Alhambra fut construit en 376 (889] par Saouar Ibn Ham-
doun el-Qaici. Réparé par Hassan ben Habous es-Sanbadji , il de-
vint sous les B. 1-Alimar, le siège du gouvernement. V. Doxy, art.
Granada de ÏAllgemeinf Encjcloptedif de Brockhaiu, Leipxig, i865;
Qt Simonet, Desçripcion del rwo de Granada, Madrid , 1860, p, hi
et suiv. Doxy expose les diverses explications qui ont été données du
mot ^iy$Jl^ et notamment celle dlbn el-Kbatib (Casiri, BibUoth,
Etc. ^ II , 1 1 4 ) t qui raconte que ses murailles , construites pendant
la nuit à la luipière des torches , en avaient pris une te!nte rouge.
Nous n^osons pus proposer un rapprochement entre le nom de TAl-
hambra et celui dlbn d-Abmar, commuii à tous les B. Naçr.
^ Sur la dynastie des B. Dhou n-Noun à Tolède au xi* siècle,
yoir Ibn Khaldoun, éd. Boulaq, t. IV, p. 161.
•• Jl faut lire avec P etL : ^♦ê-^î j^^ J^ *M tX* ^7^^ ^^^ f*
JJ^f3^J^\ iULili p ^^y^;l y ^y^â S^J^ [^ ^UJlj ^yt <^1 ;^)5
J^ tf;UiJl JUJL4, ^ (P) JUL^J Jjj, ^ iU- JLU, ^^t^Dk$y yL?
jm^ (P et L) jcL?i 4, 3 ^^^ ^^^^^xiSr jll- «»Ltj oOJl^ ^ (4^*0!
juJâi. La citation dlbn Khddoun dans Maqqari s arrête après les-
mots ^j.7,1^ ^y^ iU^.
*• ia4i-i345. — P et L contiennent ici quelques fautes gros-
sières, que je ne signide point, et donnent la correction suivante :
XII. 3 3
338 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
aULâ Joli)) Aift^^W p^» ^;^l J) oaju. ^i ^ ty^b > M'^
*^ Voir note 44 ci -dessus; de Siane a lu Cheffaf ou Cheqqaf:
Boulaq donne c^U^â, et P. et L. c^ULâ.
. ** n semble que cette expression , qu*Ibn Khaldoun n*emploie pas
dans le chapitre suivant (Rois chrétiens, éd. B. t. IV, p. 174 ; Doty,
Recherches, t. I , p, 1 14 « et App., p. xxin) , doive être rattachée au
mot t patrice > varpixios. En effet , Ibn Khaldoun paraît avoir eu
des idées asses fausses sur la Situation de la marche de Barcdone,
à regard du c roi de Rome» et du a roi de Gonstantinople > ( v. ibid,],
" Jayme I*' (1213-1276).
** t Les chrétiens s emparèrent de TEspagne orientale, Jativa , etc.,
et en expulsèrent des musulmans (décembre 19 47 -janvier 1248)
qui étaient restés à côté d*eux , dans les territoires conquis , en ra-
madhan 645. Les chrétiens (que Dieu les extermine!) avaient déjà
pris Cordoue le dimanche i3 choual 636*. Ils prirent Murcie par
capitulation, le jeudi 10 choual à midi; Ahmed ben Mohammed
h&à Houd, fils du souverain de Murcie, marcha contre une troupe
de guerriers chrétiens, qui lobligèrent à se rendre. H n y a de force
et de puissance qu*en Dieu. L ennemi se présenta devant SéviUe en
Tannée 645 (1247-1248), et le lundi cinq de chaban de Tannée
suivante, elle se rendit par capitulation au roi de CastiUe qui
Tavait tenue entièrement bloquée pendant cinq mois environ . . .
Anidja fut prise le jeudi 20 de Dhou 1-hidja 634* > (Ma<p{ari,
Boul., t II, p. 585; AnaL, t. Il, p. 767). Saragosse avait été
prise définitivement par Alphonse le Batailleur en 1118 (voir sur
cette expédition, Dozy, RecK, t. I,p. 348); Jativa avait été r^rise
par les musulmans (voir not. p. 3i3 ci-dessus).
** f Les chrétiens prirent la province de Mérida, à Mohammed
benHoud,en 626 (1228-1229), et delà, ils lâchèrent sur TEspagne
d'autres ravages ( que Dieu les ramène à TIslam ! ). Elle fut la capi-
tale de la région centrale à Tépoque des Arabes et des autres con-
* Ces dates corrcspoadent respectivement , en suivant les tables de Wûs-
tcnfcld, aux jeudi 19 mai et lundi 16 mai laSg, aux lundi soir et mardi
a3 novembre ia48 et aux jeudi soir et vendredi i5 août 1337. Elles pa-
raissaient être, sans autre diseossion, asses conooidantes , si Ton adioet
pour les deux premières une interversion commise par un c<^>iste inat-
téntif.
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 339
qaérants étrangers; die a été remplacée comme capitale par Bada-
joi. Entre Mérida et Cordoue, il y a cinq joars de marche.» ( Maq-
qari. Boni., t. II, p. 983, et An, t. II, p. 763).
** tQaand l*Espagne se révolta contre les Almohades, le gou-
verneur de Majorque était Abou Yahia ben Abi'Amran et-Tinmalali ,
qui se la laissa prendre pal* les chrétiens, selon ce que rapporte
Ibn Sa*id. Ibn el-Abbar dit qu*elle fut prise le lundi 1 4 de Safar 627
(vendredi 3 janv. i33o]». (Maqqari, Boul. , t. II, p. 674 ; tiAnaU,
t. Il, p. 765.) Les lignes suivantes donnent des détails sur cet évé-
nement, et sur ceux qui se déroulèrent ensuite à Minorque,
*' Il y a ici une lacune dans le texte imprimé et dans les manu-
•cnts. Je rétablis aisément JJ^M ^1 ÏJà\y^ yt^. Ce nom de tfib
d'Alphonse» désigne souvent dans Ibn Kbaldoun, un roi quelconque
de Castiile; on emploie de même les expressions Ibn el-Abmar, Ibn
Naçr, Ibn Mardenich, Ibn Houd, Ibn Abi Hafç, etc. Mais ici Ferdi-
nand V (iai7-is5i) est rédlement fils d'Alphonse.
" Ceci est résumé par Maqqari, /oc. eit,^ Bouh, t. I, p. 909, et
Analeetet, t. I, p. 192-993.
* tEn 6àk (12^6-1247), il prit Jaen, et deux ans plus tard il
occupa Séville. > Ibn Kbaldoun , éd. de SL , t II , p. 364 ; trad. t IV,
p. 74* Ce passage manque dans B,t VII, p. 190.
** Silves, dans TAlgarve (Portugal); Ttdavera, sur le Tage, à
65 kilomètres de Tolède.
*' Ibn Kbaldoun a expliqué (t. VII, p. 178 et i83; de Slane,
t. II, p. 958 et 96d; trad. t IV, p. d8 et 57) les causes des soulè-
vements des Aoulad Idris, dont les chefs étaient Mohammed et
*Amer ben Idris, et Moussa ben Rahou ben *Abd Allah, tous des-
cendants de Sont en-Niça , femme d*Abd el-Haqq.
t A répoque, dit Ibn Kbaldoun (VU, i83), où les Benou Idris,
'Abd Allah, et son cousin Abou 'Aiad arrivèrent en Espagne, elle
était déserte de défenseurs ; Tennemi dévorait ses frontières et allait
les engloutir. Us arrivèrent, lions farouches, sabres tranchants,
tout prêts à recevoir le choc des plus vaillants guerriers et à jouer
leur vie contre celle de lennemi. Cdui-ci les vit avec effroi s'instal-
ler sur le territoire même qu'il convoitait, et dut revenir en ar-
rièret Ils tirèrent de leurs peines les musulmans affaiblis d'outre-
mer.; mais , ce fut de leurs biens qu'ils se servirent pour repousser
le roi chrétien. Leur protection fut pesante pour le prince espagnol,
qui dut leur abandonner les terres conquises par eux et le comman-
99.
Ma SEPTEMBEE-OCT^BEE ISOS.
put k U iatte contre les chré^
dvfs ci de Inm £uBÛfles, et aussi
Bs se snbstitaèreiit tm souverain pour
natioa de leur soUe et des dc-
Poor prix de resroBoessiaBs, ils lattcrent contre
moftm d'en nne troiqie de guer-
par nn rapiUine qui i^ipuiemût à
in fi— iBr ■Mrinîde, et ifn'cm appdnit cWeîkb el-Ghaïa. •
Voir ansâ, d«s Dm Ekddoon. t VII. p. 191; de SUne, t II,
pw S76; tnd. t. IV, p. 7S; ci t. VU, p. 3>s s.; de ^ane, L II,
p. Sâi s^; tmd., t. IV, p. iS9 s., les biographies des principaux
piiwMages fti otiupèient ce poste. On comprend qu*Bs aient joué
■n rôle considérafaie daas rémirat de Grenade, et qœ le titre de
dKÎUi el-Gkaia , qoe Ton ponrrait presqœ comparer à celui d*émir
d-Oomara loos les derniers khalifes abbassides, aient été Tobjet de
compétitioBs ardentes entre les familles et entre les individus. Ils
firent prcKpie tooioors tremblar leur maître, et parfois aussi le
sidtan de Fas. Si Ton en croit Ibn Khaldpon (VII, 387; de Slane,
n,S6s;tnKL,IV, ^87), Mohammed V lut assex fort pour mater
cey terribles auxiliaires et pour supprimer les fonctions de cheikh
el-Ghaïa. t Le roi de Grenade, dit-Û, asiqpprimé cette charge dans
s^n royaume, et en a effacé la trace, U a pris pour lui-même le
commandement des défenseurs, s*occupe lui-même de leur direction
et les tient sous sa surveillance. En compensation, û donne aux
princes (de la famille mérinide] un surcroît dlionnenrs et de la-
veurs, n en est ainsi acludlemenl (783 = i38i-i38i). • — Voir
aussi Qartas^ trad., Baumier, p. Mo. — Les Castillans opposèrent
à ces bandes de condettieri les ordres militaires et des aventuriers
qu on surnomma les Almogavares ç^JL^LUI (?).
[La suite aa prochain cahier.)
NOUVELLES ET MÉLANGES. U\
NOUVELLES ET MÉLANGES.
BIBLIOGRAPHIE.
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES.
Inscriptions sibériennes. — M. Radloff a donne en 1897,
sous le titre Neue Folge un nouveau travail sur les in script
tions niniformes en vieux turc de TOrkhon ( Mongolie). Cette
seconde partie est principalement consacrée à la grammaire ,
phonétique, morphologie et syntaxe du vieux turc et à la re-
vision des deux grandes inscriptions de Kosho Tsaïdan qu'il
avait traduites dans son premier volume. Cette revision , qui
contient de notables améliorations, porte, sur la stèie de
Bilghé-Kfaan : t Moniunent II , côté est et côté nord (désigné
par X et Xa dans Radloff)», et sur la stèle de Kul-Tégin :
• Monument I côté est , lignes 3o à 4o ( K de Radloff) et les
treize premières lignes du côté nord (Ka) • \ M. W. Bang a
consacré une série d'articles à l'étude de ces textes et , à l'aide
de la grammaire comparée avec d'autres dialectes turcs , il a
apporté d'importantes modifications tant au déchiffrement
et à la transcription , qui sont en plusieurs endroits encore
incertains, qu'à l'interprétation de ces inscriptions histo-
riques. Voici les titres de ces divers articles.
Ztt den Kôk- Târk Inschrifïen der Mongolei ( Recaeil da Toang-
Pao, vol. VII, 1896) : les trente premières lignes du monu^
ment I, côté est (K de Radloff), transcription et traduction
de la plus grande partie de l'inscription;
* Rappdoos que cet stèles sont bilingues (chinois et turc) et que le
tcz(e a été traduit : pour la stèle de Kul-Tégin , par MM. Gabdents , Schlegel
et WasUief; «l pour la stëe de BUghé-Khan , par MM. Deréria et WasiUef.
341 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
Uher die kôktàrkische Insckrifl maf der Sêdseiie des Kil-
Tàgin Denkmab, br. in-8*« chexHarrassom-itz; Leipiig, 1896.
Suite de Tartide précédent : côté sad do monimieat 1 (K«),
lignes 1 à 1 1 , et monnment II , côté nord (X&) lignes 1 i 8,
traduction nouvelle ;
Toang Pao, vol. VIII, 1897 ; notes critiques sur les l^ngn^
altaîques. Même volume, observations sur les Neme Folge de
Radloff;
Za den kôktàrkischen InsckrifUn [Toany Pao, voL IX,
1898), notes sur divers passages des monuments I, côtés est
et sud , et II est.
Znr Erklârung der kôkt&rkischen InseknfUm» dans le Wiêmer
Zeitschriftfar die Kande de$ Morgenlamdet » t. XII, 1898 : re-
Ytiion du texte du monument I côté nord, lignes 1 à 11,
avec traduction.
Éthiopien* — - M. Permchon continue ses études
piennes. H a publié dans la Revue sémitique de janvier 1896
à Janvier 1898, une série de Notes pour l'higtoire d^ÈAkfm
tirées de manuscrits non encore publiés. Ces notes ooncement
les règnes de Minas (i559-i563), de Sarsa-Dengd son ffls
(i563-i597), de Yaqob et de Za-Dengd (1597-1607) et de
Snsenyos (1607-1 63a). A propos du pays de Zagué et de
Torigine incertaine de ce mot, V[, Permchon cite un texte
éthiopien inédit duquel il parait résulter qu*il y a eu une la-r
mille royale appelée Zagué et un pays du même nom situé
près de Damôt, et distinct de la province de Begoena, avec
lequd on Tavait confondu. M. Permchon a publié aussi un
extrait d*un manuscrit de la Bibliothèque nationale contenant
des renseignements importants sur le règne de Fasiladas
(i63a-i667).
Parmi les ouvrages publiés à Lisbonne à l'occasion du cen-
tenaire de Vasco de Gama , il convient de citer, dans Tordre
de nos études , la réimpression d*un tratado en portugais con-
cernant les exploits de Christophe de Gama, fils du grand
navigateur, dans son expédition en Ethiopie pour défendre
NOUVELLES ET MÉLANGES. 343
le trône du souverain menacé par le fameux Mohammed
Gragne en i54i* H nous est resté deux histoires de cette
expédition , dues à des témoins oculaires : Jean Bermudez et
Miguel de Castanhoso. C'est le récit fait par ce dernier que
vient de publier, d après un manuscrit de la Bibliothèque
royale d' Ajuda , M. Esteves Pereira , sous le titre de Dosfeitos
de D. Cliristoveun de Gania (Lisboa, Imprensa nacional,
1898; in-S**), avec une introduction historique, des notes et
des documents originaux. A l'occasion de la victoire rem"
portée par Galavdevos sur Mohammed, une chanson fut com-
posée à Tépoque, en amarigna; M. Pereira vient également
de la publier avec une traduction portugaise : Cançaô de Ga-
lavdevos, Lisboa, i8g8. ( Voirit^ue sémitique, octobre 1898.}
Inde ancienne. — Conune suite aux inscriptions en carac-
tères inconnus provenant de la région de Gandhara et
d*Udyana, publiées par M. Senart dans le Journal asiatique
(décembre 1894), M. le D* A. Stein, de Lahore, a présenté
au dernier Congrès des Orientalistes la photographie de
60 antres inscriptions trouvées dans la même contrée. Dans
une notice qui a para dans le Journal du Bengale, M. Stein
se range à l'opinion que la vallée du Kaboul ayant été occupée
pendant huit à dix siècles par les Petits Yue-Tchi et leurs
descendants qui se disaient d'origine turque , la langue de ces
inscriptions pourrait être un dialecte turc , de même que les
caractères rappellent les signes syllabiques des inscriptions de
rOrkhon dont nous avons parié plus haut.
Ce que l'Inde doit à la Grèce (Paris, 1897, E. Leroux),
par M. Goblet d'Alviela , est im ouvrage à l'ordre du jour.
L'auteur, après on historique des rapports de la Grèce avec
l'Inde à la suite de la conquête macédonienne , exanïine ce
qne l'Inde ancienne peut avoir emprunté à la civilisation et
à l'esprit hellénique dans les différents domaines de l'art, de
la science , de la littérature et même de la religion. Ces divers
points sont traités avec soin et aussi avec les réserves qne
5A4 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
comporte un sujet assez délicat, notamment en ce qui con-
cerne les points de contact entre le bouddhisme et le chris-
tianisme (voir Maseon, janvier 1898).
Le huitième volume de la IV* série des piibli<^atîons de
TËcole des langues orientcdes contient la traduction française
par M. P. Boyer d*un ouvrage russe de M. J. Smimoff sur
Lts populations finnoises des bassins de la Volga et de la Kama.
La première partie de ce travail est consacrée à rfaisloîre, à
Tétude des moeurs et de la religion des Tchérémisses et des
Mordves ou Mordvines; la suite paraîtra prochainement.
C est également êbuk Mordvines qu*est consacré Touvrage du
D' Axel Heikel d*Helsingfors : Trackten and Muster der Mord-
vinen (Leipsig, 1897, in-8*) avec planches en couleurs. Le
dernier volume des Mémoires de la Société finno-ougrienne
contient un travail de M. B. Laufer sur la religion popidaire
[hoH^po) du Tibet, qui, comme Ton sait, est différente du
bouddhisme et est antérieure à l'introduction de ce dernier.
Le mémoire du IV Laufer contient le texte tibétain des • Cent-
mille Nagat avec une traduction allemande, des notes cri-
tiques et un glossaire. L'auteur a relevé plusieurs noms nou-
veaux.
Le Physiologus est un écrit bien connu , composé en grec
nu commencement du 11* siècle de notre ère, par un ano-
nyme. 11 appartient a la littérature alexandrine. C'est une
sorte de livre d*histoire naturelle qui est devenu le type de
ce que Ton appelait au moyen âge un Bestiaire ou recueil de
sentences symboliques qui ont trait aux animaux et qui ont
inspiré les sculptures et les peintures religieuses de nos cathé-
drales. L'ouvrage a été traduit en arménien, en arabe, en
syriaque , en éthiopien et en vieux français. Dans une bro-
chure intitulée : Der griechische Physiologus und seine orien-
talischen Vhersetzungen (Beriin, Calvary, in-8*; prix 3 m.),
le jy Ë. Peters a donné une traduction allemande du texte
grec accompagnée de notes sur les diflérences que l'on ren-
contre dans les traductions orientales. Eia passant par ces
NOUVELLES ET MÉLANGES. 345
traductions , le Physiologus est devenu un livre de fables et
de morale. La version arménienne a été traduite en français
par le P. Cahier en 1874.
Numismatique musulmane. — Six nouveaux catalogues ont
paru récemment sur cette matière ; ce sont , par ordre de
date :
Inventaire sommaire de la Collection des monnaies musul-
manes de S, A. la princesse Ismaîl du Caire, par M. P. Casa-
nova (Paris, i8g6, in -8*), comprenant plus de cinq mille
monnaies ;
Catalogue of Arabie coins preserved in the Khedivial Libraiy at
Cairo, par Stanley Lane Poole (Londres, 1897), contenant
plus de treize cents monnaies ;
Catalogue des monnaies musulmanes de la Bibliothèque na-
tionale, par Henri La voix. 3* volume : Egypte et Syrie (in-8*,
Paris), 1897, avec dix planches, comprenant la description
de onze cent cinquante pièces ;
Koenigliche Museen zu Berlin; Katalog der orientalhchen
Mànzen^ erster Band : die Mûnzen der ôstlichen Chalifen
(in-8*, Berlin 1898, sept planches): près de deux mille trois
cents monnaies , par M. H. Nùtzel ;
Catalogue-inventaire des monnaies musulmanes du Cabinet de
r Ermitage ( en russe ) , par M. A. de MarkofT, ( in-P, Péters-
bourg, 1898), comprenant environ vingt mille monnaies;
Catalogue des monnaies Djelairides du musée de l'Ermitage
(en russe), par M. A. de Markoff (in-4*, Pétersbourg 1897),
avec une large introduction et neuf planches.
Le premier fascicule du Miroir de Vart musulman, nouvelle
revue mensuelle et illustrée ,ré<ll|g[ée par Hakky-Bey, contient
la reproduction de quelques monnaies arabes de l'époque
ancienne ainsi que de plusieurs monuments épigraphiques
ou objets d art de Tépoque musulmane. 11 est rédigé en
français et en turc.
Nous mentionnerons , en terminant , un très important tra-
vail de M. J. Rapson sur la numismatique de Tlnde ancienne ,
intitulé : Indian Coins, qui fait partie de la collection du
346 3EPTEMBRE-0CT0BR£ 1898.
Grandriss der indcharischen Altertliumskundêj commencé sous
la direction du regretté D' G. Bùhier (Strasbourg, Trubner,
1898). Le mémoire de M. Rapson traite du monnayage hin-
dou depuis la conquête perse jusqu'au xu* siècle , et il est
accompagné de planches photographiques renfermant les
dessins de près de cent monnaies de différentes époques.
E. Drouin.
NOTICE SUR UN NOUVEAU MANUSCRIT DE L*OCTOECHUS DE SÉVÈRE
D'ANTibcHE, ET SUR L'AUTEUR JACQUES PHILOPONUS, DIS-
TINCT DE JACQUES D*|SdESSB.
La Bibliothèque Nationale de Paris vient d'acquérir un
manuscrit' renfermant: 1* les hymnes de Sévère d'Antioche'
( Octoëchus) dans la recension de Jacques d*£desse , au nombre
de 354, et 2* diverses autres supplications ^u^^ay JJMCLal*
an nombre de 76.
Ce manuscrit sur parchemin , écrit en caractères jaoobites ,
est en mauvais état; le commencement et la fm manquent;
il lui reste i4o feuillets; la première page est illisible; les
trois derniers feuillets sont en partie arrachés. Il mesure
là centimètres sur g. Le numéro de Thymne et le ton sont
indiqués en marge par deux chifires superposés'.
Les quatorze premiers hymnes manquent, puis viennent:
fol. 1 V*, onze hymnes (i5-a6) sur le baptême;
FoL 6 V*, deux hynmes (a6-a8) sur l'entrée de Notre
Seigneur au temple, Uii«N y^M^t odfiÊk^ Ik^Sm o«l;
' Fonds syriaque n* 337.
* Sévère d'Antioche {tf* 543 ) écrivit cet hymnes en grec. Eilcs furent im-
médiatement traduites en syriaque par Paul, évéque d'Édesse {>^*^^^)% du-
rant son exil dans Tile de Chypre. Catal. If^rtght, I, p. 336, note.
* M. Wright a indiqué la même notation pour plusieurs manuscrits du
même cravrage oonsenrét an British Muteom. Cf. Catah^ d$t mu, iy-
rwinu, U i,p.35t.
NOUVELLES ET MÉLANGES. 347
Fol. 7 v", neuf hymnes ( 28-37 ) *^"* '® saint jeune des
quarante (jours) ^^ih U^t^ l^ej "^t iK^c^^ «^l;
Fol. 11 V*, seize hymnes (37-53) sur les miracles que
fit Notre -Seigneur ^po tx«»t |l«k>tl'^t IK^a^éo «dol, e^c.
Je ne continue pas cette analyse qui offrirait peu d*intë-
rét. H suflBra de dire que les divisions et le nombre des
hymnes correspondent, à quelques différences près, à la
description , que fit Assemani , d'un ms. du même ouvrage
conservé au Vatican \ Les hymnes dont Assemani donne les
incipit se retrouvent en général dans le ms. de Paris. L'ordre
n*est pas toujours le même. De plus, le ms. de Paris ne
donne pas les noms des auteurs des hymnes , car un grand
nombre ne sont pas de Sévère d'Antioche. On trouve seule-
ment :
FoL 35 r*, MoJBw.» ol» Ik'^jL^t^ |.8>> m «1 4>t iJMjjâot )ifi» ool
• Série des hymnes de la Sainte Résurrection dans la
nouvelle recension de Jacques d'Edesse. »
EtfoLiaSv^:
i)t (sic) Iftt»^» (lie) |woi^»«WD l m ■! ^i iiiioa^d
• Fin avec l'aide (de Dieu, des hynmes) de Saint Mar
Sévère , patriarche d*Antioche , aussi intégralement que nous
l'avons pu, que sa prière soit avec nous. »
Or il existe, entre autres, deux manuscrits remarquables
du même ouvrage , et la comparaison des trois manascrits va
nous conduire à an résultat intéressant pour l'histoire de la litté-
rature syriaque.
^ Cf. Bibliothecm Vaticanm Codd, mss, Catalogus, t. II, p> 5oo.
348 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1808.
L*iin de ces manuscrits, déjà mentionné, conservé au
Vatican , est du xi* siècle : il contient les hymnes de Sévère
revisées et augmentées par Jacques d*Edesse et nous indique
en plus, ce qui est de grande importance, le nom de tous
les auteurs des hymnes ajoutées au recueil primitif des
3g5 hymnes composées par Sévère. On apprend ainsi qu*un
grand nombre de ces hymnes ont été ajoutées par Jacques
d*Edesse lui-même. Ces additions sont appdées « scolies »
(iJBJ^iAAj») dans le manuscrit de Rome; par exemple on lit :
De resurrectîone cantus XVII et Jacobi Edesseni sdicdia XIII.
Dans le manuscrit de Paris les scolies de Jacques d*Edesse
sont données au même titre que les hynmes et ne s*en dis-
tinguent pas.
Le second de ces manuscrits conservé au Britiah Muséum
est daté de 986 des Grecs (676) '. Il renferme 365 hymnes
dont 296 de Sévère qai Jurent corrigées et collationnées sur
les manuscrits grecs avec grand soin et amour da travail et avec
toute l'exactitude possible par moi le pauvre et le pêcheur
Jacques aimant le travail (Philoponus) Prions pour le
pécheur aimant le travail (Philoponus) dont il est question ci-
dessus.
.l^k ^ Wtolt ll^ûk. jL\ U^} mm^tb. |L«
Ici se pose donc un problème littéraire important : Ce
Jacques IhoSk. ^i est-il Jacques d'Edesse?
M. Wright a résolu le problème par Taffirmative , sans
émettre même aucun doute sur cette attribution '.
' Add. ms. i7i3A.
* Catalogue fFriyhl, I , p. 33o. Dans le même mi. on troave une eiplica-
lion des mots llsok. jx^^i : «ifia«*f K^dol l^tl^a'ïm ^\ietk»f %^^ ^^
|«^l v»JU# Jb Iaa.! .Ibo^h.. /&i'<f.,I,p. 33S.
* Catalogue, loc. cit.; Syriac Littraiurt, London, 189^; p. i49*
NOUVELLES ET MÉLANGES. 349
En effet ces deux auteurs sont contemporains , tous deux
possèdent le grec , et tous deux font une revision des hymnes
de Sévère. Mais on n a jamais, je crois, étudié le point sui-
vant qui est capital : la révision de Jacques Philoponus est-
elle la même que la revision de Jacques d*Edesse P
Un autre manuscrit conservé au British Muséum contient
encore des fragments d*un ouvrage de Philoponus. Cest
une chroniqae continuant celle d'Eusèbe et faite par Jacques
aimant le travail l| ■ ^ ^y .««i ipolt ^m )^»^ Uaf la>^io
Les fragments conservés se terminent à Abou Bekr et
sont donc d*un contemporain de Jacques d*£desse. De plus ,
on sait que Jacques d*Edesse a écrit aussi une chronique,
d'où M. Wright, sans aucune hésitation, identifie encore
ici Jacques Philoponus et Jacques d*Edesse. Mais on n'a pas
encore cherché si la chronique de ce dernier est la même
que celle de Jacques Philoponus. 11 est vrai que le terme de
comparaison a manqué jusq 'à ces dernières années.
Je crois pouvoir dire maintenant que ces deux auteurs
CONTEMPORAINS SONT DIFFERENTS.
1* Car leurs noms ne sont jamais confondus, pas même par
les scribes ou lecteurs postérieurs.
Nous avons, en effet, un grand nombre de lettres et de
traités de Jacques d'Edesse, et nulle part il ne se désigne ou
n'est désigné par ce titre de S^w j^i dont l'autre auteur se
pare si complaisamment.
De même, il est incompréhensible que Jacques terminant
son histoire en 69a , comme nous l'apprend Eiie de ISisibe,
c'est-à-dire longtemps après qu'il avait pris l'habitude de se
désigner parC«(«l «^oa^m (Jacques d'Edesse), n'ait pas mis
ce nom U^M en apposition à Philoponus , et qu'aucun scribe
ne l'ait ajouté ; j'en dirai autant pour le manuscrit de l'Oc-
toëchos*.
' Add. mt. i4685, CaL fFrighL, p. 1062. Le manutcrit c»t da x* oa du
XI* tiède et oe contient plus que 2 3 feuillets en mauvais état.
* Asiemaiii écrit deux fois ( B, 0. /,, p. 426 et 468) que selon (le pscuJo )
350 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
2* Le plan de l'histoire de Jacques Philoponas offre trop
pea d'amplear poar être celai de Jacques d'Edesse.
11 nous annonce quatre sections pour compléter Easèbe, et
ce qui en reste dans le manuscrit de Londres ressemble plu-
tôt à une suite de notes, intéressantes d*aiileurs» qu*à une
véritable histoire. On pourra bientôt , du reste, la mieux ap-
précier, car M. Brooks en prépare une édition.
3* L'histoire de Jacqaes Philoponas est différente de celle ié
Jacques d'Edesse, Car, étonné par la pauvreté du plan , j'ai
comparé , autant que possible , les fragments conservés dans
le manuscrit Add. i4685 aux citations de Jacques d*£desse
faites par Michel le Syrien \ et n ai pas trouvé une ressem-
blance satisfaisante enti^ les deux.
J'ajoute encore que l'histoire de Jacques Philoponus com-
mence où finit Eusèbe , tandis que, pour Bar Hebréus, l'his-'
toire de Jacques d'Edesse confirme Eusèbe , donc le répète
[Hist. Dyn., trad. Pococke, p. 33) : t quod autem hic a nobis
cxpressum est de temporibus istorum Philosophorum anti-
quiorum , illud est quod transtulimus e duobus libris Euiebii et
Andronici chronologorum , cum viderimus idem seniire cam
illis pnecellentissimum studiosorum Jacobum Robensem ».
Enfin la Bibliothèque nationale de Paris possède un ma-
nuscrit carchouni (fonds syriaque, n* 3o6) qui donne des
extraits d'une chronique attribuée nommément à Jacques
d'Edesse (fol. 77-82 ) »o|eû^ oo^a^ ^i|l ^ho ^*, Or ces ex-
Denys de Teilmahré, Jacquet fut sacré évéqne d^Édesse en 963 (65i ). En
réalité , Denys n*c8t pas si explicite et place 8iin[^ement ce sacre entre 66S
et 676 (voir 11a* fascicule de la Bibl. de TEcole des hautes études, trad.
p. 9]. M. VVnght, qui avait intérêt, on le voit, à augmenter ce chiffre,
place, d'après Bar Hebréus, le sacre de Jacques vers 68^. Même dans celte
dernière hypothèse, on ne conçoit pas qu'il n ait pas mis son véritable nom
en tétc de sa chronique terminée en 69a , et qu'un scribe ne lait pas
ajouté en marge pour les hymnes, si cette chronique et ces hymnes étaient
bien de lui.
^ Orient, ms. n* 6/I01, texte carchouni; voir sur ce manifeerit Jownàl
de la Société asiati^, 1896, p. 5 a 3.
' M. Carrière en prépare une édition.
^
NOUVELLES ET MÉLANGES. 351
traits se rapportent aux temps antérieurs à Constantin et,
par suite , ne rentrent pas dans le cadre de Thistoire de Jac-
ques Philoponus.
4" Les hymnes ajoutées par Jacques d'Edesse à VOctoëchas
(le Sévère ne paraissent pas figurer dans l'édition de Jacques
Philoponus , car j*ai transcrit dans le manuscrit de Paris les
trois premières hymnes sur la résurrection qui appartiennent,
dit expressément le manuscrit, à la nouvelle revision de
Jacques d'Edesse. Toutes trois figurent à l'endroit correspon-
dant dans le manuscrit de Rome. La seconde est une scolie
de Jacques d'Edesse lui-même. Or M. Brooks a bien voulu
chercher ces hymnes dans le manuscrit de Londres et n'y a
trouvé que la première , avec des variantes , et en particulier
aucune des corrections de Philoponus n'existe dans le ma-
nuscrit de Paris. Mais il est très significatif que la seconde
hymne, addition de Jacques d*Edessc lui-même, ne figure pas
dans le manuscrit de Philoponus, II s'ensuit, semble-t-il, que
ces deux auteurs sont différents.
5* On s'explique très bien dès lors, pourquoi les scribes
et les lecteurs du monastère de Scété n'ont jamais ajouté
après Ibok. ji^i %aaA^ les mots U^^io) «a«x&« ••««•iôb) oeio. Car
ils possédaient, lisaient et chantaient les hymnes de Sévère
revisées par Jacques d*Edesse. Ils savaient donc que cet
ouvrage était différent de celui de Jacques Philoponus et ils
ne confondirent jamais les noms des deux auteurs; nous
ferons comme eux désormais ^
3ojuin 1898.
F. Nau.
' Ce n'est pas la première fois, du reste, que Ton attribue à JacqtMi
d*Edcs9e la parenté d'un ouvrage qui ne lui appartient pas. On lui attribua
déjà, d'après certaines vraisemblances, un ouvrage cosmologiquc publié
•«jourd'hui et intitulé : La cause (fa causes, M. Nœldeke montra que le
Jacques de La cause des causa était diflfêreot de Jacques d'Edesse (cf*
Wrij^, Syriac Literaturt, London, 1894* p* 1^7 )•
352 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
L'EcCLÉsiASTiQDB OU la Sagesse de Jésus JUs de Sira, texte ortgîiul
hébreu édité , traduit et commenté par Israël Lévi. Première partie
(chap. xxxix, i5« à xlu, ii); Paris, Leroux, 1898, in-8*.
LTn-i49 pages.
Le texte de Ben Sira publié par M. Israël Iiëvi n*est pas
une simple reproduction de celui qui a été édité par M \!. Cow-
ley et Neubauer, et que nous avons apprécié ici même.
M. Lévi a étudié soigneusemept le manuscrit de TEIcclé-
siastique hébreu et, en le confrontant avec l'édition des
savants anglais, il a pu rectiûer en maints endroits le pre-
mier déchiffrement; de plus, se fondant sur la différence
d'écriture des diverses notes marginales, il a pu établir une
distinction entre celles qui représentent des variantes réelles
e^ celles qui sont de simples corrections du sçribc.
D*autre part , M. Israël Lévi a accompagné le texte d'une
traduction française aussi fidèle et aussi claire que possible,
et d'un conunentaire instructif et complet qui signale les
difficultés du texte, et détermine la valeur des variantes mar-
ginales et des leçons que paraissent avoir eues les versions
grecque et syriaque.
Dans son introduction M. Lévi examine les différents pro*
blêmes exégétiques et littéraires que soulève l^étude des frag-
ments hébreux de l'Ecclésiastique. Après avoir donné quelques
détails intéressants sur la découverte de ces fragments, M. Lévi
montre que le texte hébreu , tout en étant bien l'original com-
posé par Ben Sira , a été passablement altéré. C'est ce que
prouve la comparaison de ce texte avec les traductions
grecque et syriaque. De ce que la langue de l'Ecclésiastique
est parsemée de néologismes , bien que l'auteur ait voulu
imiter la littérature classique qu'il avait sous les yeux , M. Lévi
conclut avec raison que la langue rabbinique dans laquelle
a été écrite la Mischna a été une langue vivante et n'a pos
été usitée seulement dans les écoles.
Ben Sira a subi, peut-être à son insu, l'influence do la
littérature grecque. On le remarque dans les titres des cha-
NOUVELLES ET MÉLANGES. 353
-pitres, dans les transitions plus ou moins habiles qui joignent
un paragraphe à un autre, toutes choses inconnues aux auteurs
bibliques ; d'ailleurs TEcclésiastique est la seule ceuvre juive
des temps anciens qui ne soit pas anonyme.
M. Lévi discute ensuite les faits qui peuvent servir à fixer
ia date de rEcclcsiastique , qui a été écrit, selon lui, au com-
mencement du deuxième siècle avant Tère vulgaire. M. Lévi
insiste sur ie peu de solidité que ^présentent les légendes
talmudiques relatives à Siméon le Juste.
L'Ecclésiastique nous permet de voir quel était le contenu
des Ecritures à Tépoque où vivait Ben Sira. On remarque
qu*il ne fait pas d'allusion à Esdras , Daniel, Esther, et nous
ajouterons qu*il ne parait pas connaître TEcclésiaste ni les
-Chroniques. Le texte hébreu des fragments, dans les passages
imités les ouvrages antérieurs, s*accorde généralement avec
le texte masorétique et rarement avec le texte de la Septante.
M. Lévi souligne l'intérêt tout particulier que Jésus Ben-
Sira montre pour ce qui touche au sacerdoce. Ben Sira s'étend
beaucoup plus sur Aron que sur Moïse et quelques-unes
de ses métaphores sont empruntées au vocabulaire des sacri-
fices.
M. Lévi passe à l'examen de la version grecque, pour
laquelle il se montre fort sévère. Nous persistons à être un
peu plus indulgent pour le petit-fils de Ben Sira. C'est peut-
être affaire de tempérament. M. Lévi reconnaît lui-même
que le texte grec a été souvent défiguré par les copistes. Il
donne une liste de passages où il rétablit le texte exact. Mais
combien d'autres seraient à corriger! Quand on voit par les
notes de M. Lévi combien le texte adopté par Swete est infé-
rieur a celui de la Complutensis , on peut croire que celui-ci
difi^e aussi considérablement de la version grecque primitive.
Je ne peux pas croire que le traducteur ait écrit des phrases
qui n'avaient aucun sens. Je ne pense pas non plus que le
petit-fils de Sira ait pu prendre des substantifs pour des adjec-
tifs précédant le nom. Là où M. Lévi voit de l'ignorance , je
vois plutôt une recherche d'élégance plus ou moins heureuse.
xn. 33
■MVkUiaaia umoaAia.
354 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
Le reproche que M. Lévi adresse au tradncieiir grec ne ten-
drait à rien moins qu*à faire supposer que cdni-ci ignorait rfaé-
breu qu'on parlait de son temps, car à nulle époque on n*a
mis 1 epithéte avant le nom. De même quand ie traductear
écrit t les dents des bétes » pour i les bétes à dents • , il yeut
tout simplement être clair. Ne met-il pas aussi « le nombre
de jours » pour t les jours de nombre » (XLI , i o) ? Il n*y a donc
pas chez lui un parti pris de servilité.
M. Lévi note avec justesse que le traducteur n*est pas em-
barrassé par les néologismes. Cependant (p. 6a) nonsToyons
qu*il fait le plus de contresens dans un des chapitres où
précisément les néologismes abondent. Enfin qudqnes-nnes
des erreurs que M. Lévi lui impute n en sont peut-être pas.
Ainsi, XXXIX, a8 e, le texte de G (grec) vaut bien c«lui
de S (syriaque). Nous ne savons pas ce qu'avait Thébreu.
Peut-être le grec a-t-il eu ,n^3^ et ie syriaque n^3^. — XL,
5 G et S étant d'accord pour lire V]K au lieu de 1K , il est yrai-
semblable que nous avons affaire à une variante. '— XL, g,
G a pu interpréter *in")n aussi bien que n*inD par « dispute •.
Au V. 5, n*inD est traduit par lufviafia ■ vengeance ■• —
XLII 8 d, r]ns vaut peut-être mieux que yi3S. — Ibid., là
t femme bienfaisante > est une traduction libre pour ■ la bonté
de la femme». — Ibid,, 21 }3n est aussi bon que T3r). «-
XLII, 4 a, n^^2 vaut ms^î. — Ibid., 4, le V^hv est moins
mauvais que D^IC? ou m^C?. — Ibid, , 4 ^'^ le texte de G et S
vaut rhébreu , car c'est la lumière du soleil qui brûle Tceil
et non pas la chaleur. — Ibid. 1 7 c^ c'est tardbtrei qui traduit
1^^;)^. Iln*y a donc pas de raison pour supposer 'j^y^. Le mot
xadntlàiisva est le développement de 'oérttva. — Ibid.,
18 , non^ est meilleur que non^. — Ibid., 20 c, xoroA^ei est
peut-être l'altération de xpw/!aXXiweu — XLIV, i3,la faute
est ici probablement due à un copiste. — Ibid., a a c^ la
leçon du grec • hommes » est préférable à celle de Thébreu
t premier ». — Ibid. ,2^d, rpowiff est peut-être une altération
de tf^ p^'9* — XLVI, i3, "|D1^C7^ du grec est une aussi
bonne leçon que '^'S'O^S du syriaque.
N013VKLLF:S KT mélanges. 355
M. Lévi explique une partie des erreurs qu'aurait com-
mises le traducteur par l'habitude qu*on aurait prise d*ëcrire
des mots en abrégé. C*est avec toutes sortes de réserves que
M. Lévi énonce cette supposition, et, en effet, les exemples
cités à Tappui sont loin d*ètre décisifs.
La traduction syriaque souf&e des mêmes défauts que la
version grecque ; de plus , elle prend de grandes libertés avec
son texte, tantôt l'abrégeant, tantôt le paraphrasant et pré-
sentant d'énormes lacunes. Enfin elle semble avoir été rema-
niée , par endroits , d'après le grec.
M. Lévi termine cette substantielle introduction en indi
quant les règles qu'il a suivies pour établir le texte.
Nous ajouterons à ce compte rendu sommaire quelques
observations dlmportance secondaire :
P. VII. Gueniza signifie plutôt • mise à la réserve » que
« enfouissement ».
P. XXVI. D'après M. Lévi, le passé d'Israël serait maintes
fois évoqué dans l'Ecclésiastique. Je ne connais que les versets
xxiii , 33-34 « qni mentionnent Moïse et David.
Chapitre xxxix, i5 c. N'est-il pas possible de lire ni*l^[trT3]
*73;î ? Les mots IDî et ^21 sont réunis dans Ps. XXXUl , 2 ;
CXLIV, g; Amos, V, a3, et Ben Sira, même, XL Vil, 96,
tandis que *l^tr n'est jamais joint à 12!^ . De la sorte, il n'y
aurait pas deux fois '^W dans la même phrase.
Ibid., 17J. ^D KS1D se tix)uve dans Dent., Vlil, 3.
IbitL, nod, 11 semble que G ait interverti les prépositions
dans ig 6 et 20 d, car il traduit IJ^D par dhrà et i:)DD par
ivavrioif aùrov .
Ibid., a3 c. Il est probable que éOvrf est le sujet de xAif-
pavofiifaet et que l'on a lu lt^*l^^.
Ibid,, 34. Comparer Job, XXX, la.
XL, g. Il est a remarquer que les six premiers mots ont
deux par deux la même initiale. Nous serions, par suite.
350 SKPTEMliKE-OCTOBUK 1898.
tentés de lire 3^*11 au lieu de [n]lCl . Le grec aurait inter-
verti les mots nyi et 3^").
Ibid. , 1 o. Rien n*empôche d*admettre que Ton ait tradiûf
n73 par xaroHkrjtTfiàs,
Ibid, , ] 8 6 et 1 9. KSID ( racine KS^ ) ne peoL guère signi-
fier « découverte » , mais « mine , source ••
Ibid,, 23. 11 est peut-être risqué de voir dans ^2^Z^ un
passif et de traduire par • sont mis à profit •. On peut com-
prendre : « Tami et le compagnon dirigent au temps voulu •..
Ibid., 23 6. Les mots (lerà ivlpàç ne seraient-ils pas une
altération de iieravoovaa ?
XLI, 196. La comparaison du syriaque porterait à cor-
riger dXrjdeias en ôXsdpias.
XLII , 8. On pourrait corriger Kpivo(iévav vpàç vé<nps en
xXtvofiévov tarpds vàpvovs (DUIT^ DtSU au lieu de nS7 VtSU
m:î3).
Ibid., 12. éfi€Xeirs ei avvélpeve sont sûrement des fautes
de copistes pour èfi^Xéirtf et avvtlpeittf. G emploie correc-
tement le subjonctif après f£^ et non pas Timpératif au ver-
set 1.
Ibid,, li. Le texte de G n*cst pas incompréhensible :
Une femme déshonorante (traduction littérale de ri*lDn!D =
nC?^3C) aboutit à l'opprobre.
Ibid,, i5 b. Nous continuons à croire que 7^15 est à Tétat
construit avec pS"! et nous traduisons : « ils acceptent Tœuvre-
de sa volonté ». Cf. XLIII, 26 b,
Ibid., 166. La traduction de G étant libre, rien n'em-
pêche qu il ait lu 7^ . Si même il a lu K^D , la construction
serait justifiée par Ps. XXXIII, 5; XL VIII, 11; CXIX, 64^
Jér., XXIII, 10; Hab.JlI,3.
XLIll, 4. Au lieu de D^K^C?^ on peut penser à rxCTD
(Juges, XX, 38, 4o).
iNOUVELLES ET MÉLANGES. 357
Ibid.» 17. G a pu lire ï)n*in (qui se trouve en note par
suite d'une faute d'impression).
Ibid,, 18. nn^ existe (Osée, V, 1 3), mais est très obscur.
Il est peu probable que G ait lu nDPD dans a, puisque dans
6 il a un autre mot pour riDH .
Ibid., 11 a. J'avais proposé de changer xûtTd aisoMiifv àfÂi-
y^hfj en Kaxatrsovhif dfxi^Xrfç, Le verbe xaraairévieÊ) existe. 11
a aussi , il est vrai , le sens de « faire une libation ■ , mais il a
pu avoir chez le traducteur le sens de « déverser ».
Ibid., 26 b, 11 semble que, dans G, cet hémistiche soit
une autre traduction de 27 a « qui a peut-être Supplanté a6 b.
Ibid,, 3o6. Quand on se rappelle que "ICTK est sous -en-
tendu , chez Ben Sira , après le mot 73 , ainsi que Ta remarqué
M. Driver (édition Cowley et Neubauer, p. XXXV), la phrase
n*est plus si barbare. M. Driver a comparé 1 Chron., xxix,
11, et H Chr., xxxii, 3i. Peut-être faudrait-il aussi rap-
peler Gen., XXXIX, 4, 1^ c;'» ^D à côté de 17 c;'' ^^H 73
(ibid,, 8).
XLIV, 3. Si les versets 3 et suivants parient des hommes
célèbres étrangers , il est possible que le verset 2 se rattache
non pas au verset 1 , mais au verset 3. Dans ce cas QH/ serait
de trop et au lieu de ^bl} il faudrait bl^^ ce qui expliquerait
la traduction grecque.
XLV, a5 c. Peut-être mSD ^^dS est-il une altération de
11133 M2b et en adoptant la correction de JOH en JO'^H nous
traduirions : « Un héritage que chacun transmit à son ûls
atné seul. »
XLVI , 1 J. 11 n*est pas sûr qu'en mettant ■ grand dans le
salut », G ait eu un autre texte que nbM} n^Wn . 11 a traduit
librement et a employé un adjectif à la place du substantif.
XL Vil, 9 c. Le mot cdvé<rov<rtv signifie lon célébrera»,
et non pas « il le célébra >. Nous proposerions donc pour Thé^
breu, d'après le grec rmi^DT3 l/^n^ DV Sd31 . Ce serait une
allusion à l'emploi liturgique des Psaumes. Cependant à
358 SEPTEMBRfi-OGTOBRE 1808.
cause da contexte, on attendrait platôt )hbn ■ il le loua ■• Le
syriaque n^K^^DK est peut-être nne altératioii de nn*)^T .
Ibid, , à&h. n n*est pas du font prouvé que aw^éoëùH dé-
pende de «roraft^; c*est bien {dutôt le complément de iy«-
'Kh^drjÇy qui régit le génitif.
XLVn, la e. Pour Temploî absolu de ^3 et pour Hdée
même de cette partie du verset, on peut comparer Prov.,
XXX, 3i.
XL VIII, 1. Il est peut-être risqué de dire que Ben Sira
imite les Chroniques.
XLIX, lO J. G a in in^^^tf^l, qui est peut-être le vrai
texte.
Nous souhaitons que M. Israël Lévi nous donne bientôt la
continuation de ce travail, et rende un nouveau service à
rhistoire de la littérature juive et à Texégèse biblique.
Mater Lamimsut.
H. KiBV. Een j^k op faet indisch iooneeL
[De Gids, september 1898.)
La publication d*une traduction hollandaise de la Mpeeka-
katikâ ^ a donné a M. Kern Toccasion de se prononcer sur
Tépoque probable de ce cheM*œuvre du théâtre indieu.
B n*hésite pas à conndérer ce drame comme le plus ancien
de tous ceux qui subsistent. Les raisons qu*il en donne sont
les suivantes : 1* la technique et le style ^ qui trahissent une
époque antérieure à Kâlidâsa; a* le pseudonyme de Çûdra-
kâ*. Pendant longtemps, il a été de mode de mettre les
^ llet leemen ufagen^e, IndUck tooiudspeL. . vertaald dùor J. Pk, Vo^L
AnMCerdam, 1897.
' On a dit queiqnefoû que œ rot Çûdraka éuit le proieetieiir de Taslevr.
M. Kern fait remarquer que les mots hahhâva et kila empbyès pur le r6>
gîsienr dans la 3* stropbe suffisent à indiquer une époque antérieure d*uiie
NOUVELLES ET MÉLANGES. 359
œuvres littéraires sous le nom dun personnage mythique ,
historique ou fictif. Cet usage parait avoir cessé vers le
VI* siècle après J.-C. : en effet, dans la littérature astrono-
mique, avant Aryabhata (fin du v* siècle), tous les ouvrages
sont pseudonymes; après lui, tous portent le nom de leur
vérital)le auteur; 3"* la mention du bétel et du camphre. Le
nom du camphre ( karpûra ) et l'usage du bétel ont été cer-
tainement empruntés à Tlnsidinde. Le bétel n'est pas men-
tionné dans le plus ancien traité de médecine, celui de
Caraka, contem[)orain de Kaniska (i" siècle de l'ère chré-
tienne ) , tandis qu'il l'est dans l'ouvrage postérieur qui porte
le nom de Suçruta et qui a du être composé avant le
VI* siècle. La Mrcchakalikâ doit donc être postérieure au
I*' siècle et peut être antérieure au vi* ; 4"* la connaissance
de r astrologie grecque, qui est représentée comme familière
non seulement aux savants, mais aux gens du commun.
Or cette astrologie , sous la forme qu'elle présente dans les
auteurs indiens, ne peut guère avoir été introduite avant
le IV* siècle ; et il lui a naturellement fallu un certain temps
pour pénétrer dans le peuple. «Tout considéré, nous pen-
sons que la date de la Mrcchakatikâ peut être fixée approxi-
mativement à 4oo ap. J.-C. »
Nous avons cru intéressant de signaler cette opinion, à
laquelle le nom de M. Kern prête une exceptionnelle autorité.
L. FiNOT.
M. Camille Paris, chargé d'une mission archéologique en
Annam a envoyé cette année au Ministère divers documents
entre autres les estampages de deux nouvelles inscriptions de
l'ancien Tchampa. Ces estampages ont été , de même que les
précédents envois , répartis entre la Bibliothèque nationale ,
la Société asiatique et l'auteur de cette note.
L'une de ces inscriptions a été trouvée à Ha Trung dans
le nord de la province de Quang Tri qui est elle-même située
360 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1898.
au nord rlc la capitale Huè. En cet endroit , près de la route
ro\aie, M. Paris a découvert une colonne faite de trois cubes
de pierre asymétriques superposés. Le plus gros est on pi-
lier carré portant sur chacune de ses quatre faces luie tren-
taine de lignes dont Técriture serrée et régulière a beaucoup
soulTert des injures du temps. Ce document mi-sanscrit, mi
tchame , semble remonter au xi* siècle. Le texte en langue
vulgaire , autant que permet d'en juger son médiocre état de
conservation , mentionne les champs donnés aux divinités,
leur étendue , leurs limites.
A côté de cette stèle tchame de Ha Trung était une stèle
annamite moderne en caractères chinois , assez grande , con-
tenant treize lignes verticales et six reproductions de sceaux
officiels. M. Paris Ta estampée de même. Nous ne la men-
tionnons que pour mémoire.
' Dans la province capitale , à Phu Luong , village situé à
quelques kilomètres au nord de Hué, M. Paris a trouvé une
dernière stèle , plate celle-ci , et gravée sur ses deux faces
d*une inscription sanscrite qui compte environ trente-cinq
lignes au total.
Ce document, qui a souffert au moins autant que la stèle
de Ha Trung, était sivaïte.
11 débute en effet |>ar Tinvocation : Om namassivâYO. Son
écriture très régulière semble permettre de le faire remonter
au IX* siècle.
J. Aymomer.
Le Gérant,
RUBENS DuVAL.
JOURNAL ASIATIQUE
NOVËMBRË-DEGËMBRË 1898.
L'ÈRE DE MARATHOS
DE PHÉNICIE
PAR
LE DOCTEUR JULES ROUVIER,
I
PHOFKSSEUH A LA FACULTE DK MEDECINE DE BETROLTH .
CORRESPONDANT DV MINISTÈRE DK L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
I
Marathos fut la plus importante des filles d'Ara-
dos, à proximité de laquelle elle était située sur le
continent. Sa prospérité remarquable, aux ii* et
III* siècles avant notre ère, que témoignent ses émis-
sions monétaires, excita la jalousie de sa métropole
et fut, peut-être, une des causes de la rivalité qui
divisa si profondément ces deux antiques cités de la
Phénicie soplentrionale. Los documents que l'histoire
nous a conservés sur cette ville, sont rares, courts
et incomplets. On en serait réduit à des conjec-
\II. 2.4
362 NOVEMBRR-DëCëMBRE 1898.
turos plus ou moins justifiées sur ses destinées apr«
la mort d'Alexandre le Grand, si l'on ne poiiva
utiliser les ressources précieuses que fournit sa m
misniatique. Ses monnaies, dont l'intérêt a été per
dant longtemps méconnu, sont «î la fois nonihrfU!»^
et >arié«»s, de types bic»n distincts , appartenant à df
séries autonomes ou royales. Toutes, »ans exception
sont datées. Ci» sont donc des monuments crautheii
ticité incontestable, fort propres à diriger l'historiei
dans le cours de ses recherches et A lui faciliter 1;
solution de problèmes, tpi, sans eux, seniient pw
babliMnent insolubles dans la science.
Mais, il ne suflit pas de lire clairement des datf
en nuinismati(|ue phénicienne, pour connaître fxac
tement Tépoqui» correspondant à l'émission des mon
naies sur lesquelles elles sont inscrites. Ces dates ap
partiennent à des ères cpii varient ([ueiquefois nor
seulement pour des vill(*s distinctes, mais aussi dan<
le monnayage d'une même cité. Il est donc indis-
pensable d'être fixé, et sur la lecture des dati"*
monétiiires, et sur le^ ères auxquelles elles se rat
tachent.
Les savants , dont les écrits font le plus autoriti'
en pareille matière, sont en désaccord au sujet de
1ère de Marathos. MM. Six* et Barclay Head ^, ont
admis que les dates inscrites sur les monnaies de
Marathos se rapportent à l'ère aradienne; M. K. Ba-
* \umitm. Chron. , i>>77, n. s., l. Wll, |». i'S>*.
* Hist. ViiiNoriiifi , p. 666.
r/KRE DE MARATHOS DE PHÉNTCIE. a03
bolon, dans un long et savant mémoire sur ce sujet *
reproduit dans son beau volume des « Perses Aché-
ménide^ », pense qu'il s'agit de Tère des Séleucidfes.
Entre celle-ci, qui remonte à 3i'i avant J.-C. ,
et celle d'Arados qui débute en 209 ou a 5 8 avant
J.-C, il y aurait donc un écart de 53 ou 5/i ans.
De prime abord , cet écart peu considérable pourrait
paraître d'importance secondaire. Il su£fit ample-
ment, néanmoins, pour entraîner, aux siècles où il
se produit, une confusion considérable. Où se trouve
la vérité? C'est le problème que je vais m'eûbrcer de
résoudre, en utilisant des documents inconnus à nos
prédécesseurs.
tl
Avant de passer en revue et d*apprécier à leur
valeur les arguments qui engageraient à adopter telle
doctrine de préférence h telle autre, il convient
d'énumérer les diverses monnaies des deux sénés
royale et autonome de Marathos, en mettant en
regard de leurs dates, les années correspondantes
av. et ap. J.-C. de l'ère des Séleucides et de celle
d'Arados. Elles constitueront la base rationnelle de
ce travail ^^.
' Mélanges de namisinatitfue , I, 189a , p. 8()-i i 7.
- (leUrs qui D*onl |>a.s cjicoi'c été publiées out été l'élevée» par
mui dans ma colltrlion particulière, ou dans le^ collectious d«
l'Université amériraino ot du «locteur V. Schroeder, à Beyrouth.
2à.
304
NOVEMBKE-DëCEMBHE 1898.
MONNAIES ROYALES.
I
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
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18
19
20
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22
TYPKS.
Ty|H*!4 uli*\aii(lrins
TèUî (le reine, Maratlios <le-
hoiil
Idrni
Tële de reine; proue
Idfm
Idem
Tête de reine; Marathos de-
bout
Tète de roi ; Maratlios debout.
Idem
Idem
Tète de ivine; Vtarathos de-
l)OUl '
Tète de roi; Marathon debout.
Idvin
Tète de n'ine; Marutlios de-
l)0Ut
Idem
Idem
Idem
Idem
Idem
Itlnn
hivm
Idem
uérKL , I j2
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313
309
208
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l/i pi«t-«* sur la |ii«'llc sv lit n-Kc (l..(r ap{>url nil ù lu collrclîon du.
D' \\ S linid»'!-.
LKRE DE VIARATHOS DK PHKNTCTE.
3Cr)
MONNAIES AUTONOMES.
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TYPES.
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25
27
28
29
30
TyclM»; Maralhos assis
T^U» feinnio laiinn»; Marathos
dehoiil
Tyché ; proue
Tv<*h«''; xirtoin"!
Tyclit* ; T yrhé debout
Idem
[deni
Idem
Idem
Idem
Idem
Tyrhé; Marallios assis
Tête dv. feninie; \ictoire . . . .
Tyché; Marathos debout. . . .
Idem .
Idem
Tête Zeus ; double corne d'abon-
dance
Idem
Idem
Idem
Idem
Idem
Idem
Idem
Idem
Idem
Ide n
Idem ■
Idem
Idem
MÉTAL ,
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MODUI.E.
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i3
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1 1
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23
•p.
38
116
506 NOVEMBRE-DÉCËMBRE 1898.
Cette dernière liste renferme des monnaies que
M: Babeion a attribu^ps ft'AradosK 'Ce sont des
chalques, i£. , 18 à 10 millimètres, pesant 6 gr. 5a
à 6gr. 48; datés des années 'jb et 80, on de dates
frustes , et aux types suivants :
Buste toiireié di» Tyché, à droite, avec une palme
sur Tépaule. Grèn(»tis au pourtour.
R. — Tyché tourelée debout à gauche; elle est
vêtue dune ample tunicjue ialaire et d'un pépies;
de la main droite elle tient une couronne, et de la
gauche, elle s'appuie sur un long sceptre. Dans le
champ, à droite, une date; à gauche des lettres va-
riables.
M. Babeion a établi sa classification sur quatre
exemplaires de c<*s chalques, dont deux avec dates
frustes. Il passe sous silence les motifs qui lui ont
dicté cette attribution à Arados. Mais, il semble
avoir été surtout influencé par la présence sur le
chaUjue de Tan 70 des l(*ttn»s phéniciennes ^-^
qu'il interprète « Xrados», donnant toutefois cette
lecture avec une certaine résene qu'indicjue la pré-
sence d'un ?.
Je possède des chalcpies de ce type dans ma col-
lection particulière.' Ils sont tous de conservation
irréprochable, et portant les dates: ans yo, y3, 76,
78, 81 et 83. Leurs modules sont /E. 18, 19,
' PfTset Achém/nides , ii"* 9Ô9, «jtio à 9 G», et Méluiiffes de nu-
mism. , I, 1892, p. 207. n" 7.
LÈRE DE MARATHOS DE PHI^:N1GI£. 307
et -20 : leurs poids, 6 gr. 68, 6 gr. 55, 6 gr. 6o,
6 gr. 85, 6gr. g5, 7 gr., 7 gr. 10, 7 gr* 85. Lés
lettres pliéniciennes ^^ ne sont inscrites que sur
les chal(|iies de Tan 70 et de Tan 75. Les autres
chalques portent d(»s lettres différentes qui sont :
73, /^a; 78, /î a; 80, ^; 81, t^pt if^\ Si, ?. Les
deux exemplaires à dates frustes de M. Babeion
portent le» lettres y 3 et ^^. La lecture « Arados »
me semble donc inacceptable. On serait, peut-être,
tenté de rapprocher légende ^^-j: , Ârados, de celle
des monnaies de Carné, ^^^V, ou de Marathos,
ji*^^; mais, ces légendes ne sont jamais inscrites
sur quelques pièces seulement d'une série quel-
conque ; elles se retrouvent régulièrement sur toutes
pièces de la série à la(|uelle appartient Texemplaire
(pii les porte.
D'autres arguments conduisent à la même con-
clusion négative.
1** — De toutes les séries de chalques, hémi-
chalques t»t leurs subdivisions, antérieures à l'an
-o=» 18g avant J.-C. et postérieures h Tan 83 =*
I 76 avant J.-C, cette série serait la seule, à no pas
porter au revers un symbole de la puissance dWra-
dos. Or, ce symbole ne connnence à disparaître sur
l(»s monnaies en cuivre de cet atelier monétaire
qu'en i66 = y3 avant J.-C, soit trois quarts de
siècle plus tard.
•i** — Cette série, où rien n autorise à affirmer
lorigine aradienne (erait double emploi avec Une
368 \OVKMBRb-DtCkMBRE 1898.
autr^ série contemporaine dont Tattribution à Ara-
dos est indiscutable. Elle est représentée dans ma
collection, par la pièce suivant** :
Tête tourelée de Tvclié , à droite , les cheveux re-
levés en chignon et retombant en épaisses nattes sur
la nuque. Grénetis.
R. — Proue de navire, à gauche, Tavant sur-
monté d'une figure dWthéna Promachos. Dans le
champ, en haut, le monogramme A', entre les
lettres ^ et w ; à l\»xei^e , la date : Il III — NNN
ji«', an 70.
A 22. — Chalque, 1 o grammes.
3° — Il n'est pas difficile de démontrer que les
chali|ues au revers de Tyché debout, attribués à
M. Babelon, à Ârados, s*ils n'appartiennent pas à
cette ville, ne peuvent être classés à aucune autre
de Phénicie ([ue Marathos.
Durant Thiver de iSgS- 189/1 ^^*^ fîûte, sur le
territoire d(» cette dernière ville, une trouvaille de
chalques antiques de conservation exceptionnelle.
Une partie acquise par moi , dans un voyage à Tri-
polis, est entré dans ma collection. Elit* renfermait
trois séries de ehalqurs : T Des chalques frappés à
Marathos, aux types royaux «tète de roi — Mara-
thos debout», datés de fan 85 à fan 9 i ; a° Des
chalques « Tyché debout M au revers, allant de Tan-
née yo à Tannée 85, attrihués à Arados, que je pro-
L'KRE DE MARAÏUOS DE PIIIÎMCIE. 309
pose de restituer àMarathos; 3** Enfin deschalques
aradiens, au type « Poséidon assis sur une proue
de navire, dont Tavant est surmonté de la figure
d'Athéna Promachos», portant les dates 85 à 89.
Cette trouvaille, faite sur Tancien territoire nia-
rathien ne renfermait que des monnaies contempo-
raines , d'Arados ou de Marathos , si donc les chalques
au type de Tyché debout ne sont pas aradiens, ils
sont nécessairement marathiens. De plus, la coexis-
tence deschalques royaux, ptolémaïques, datés 85
à 91, a\ec des chalques autonomes anidiens, datés
85 à 89, prouve évidemment que les dates de ces
séries monétîiires appartiennent à une seule et même
ère : celle d'Arados.
Une autre remarque confirme l'attribution à Ma-
rathos , des pièces au type de « Tyché debout ». Sur
aucune monnaie autonome en cuivre , d'Arados , on
ne voit, au revers, de figure debout, avec le mono-
gramme ou le nom de cette cité ou de ses habitants.
A Marathos, au contraire, la majeure partie des
espèces d'argent ou de bronze , jusqu'en 1 08 , porte
un type analogue, celui du « héros épopyme de la
cité , debout ».
H est vrai que les légendes phéniciennes de cette
série ne contiennent pas, comme d'autres, le nom
de Marathos, "h<\y: mais il existe, dans cette ville,
comme à Arados, certaines séries indiscutables, pri-
vées de toute inscription ou légende désignant l'ate-
lier monétaire. Par exemple, les chalques « à tête de
reine », de l'an yS , et ceux au type de « Zeus-doubie
370 NOVKMBRË*DÉC£MBH£ 1808.
corne d'abondance » k {exception de celui de i*aD
Cette seconde liste renferme aussi un grand
nombre de monnaies autonomes de ce dernier type,
que M. Six ne connaissait pas, ou, peut-être, classait
c^ d autres villes : « La première date , qui me parait
certaine, dit-il, est ^3, ce qui, avec 1ère aradienne,
revient à '2 36, et la dernière, 107, ce qui nous
mène à 1 5a avant J.-C. , Tannée avant qu'Alexandre
Bala fit frapper des tétradrachnies à Arsidos, et
autorisa, à ce quil parait, les Aradiens à ruiner
la ville voisine^». Mais, MM. Imhoof-Blumer^ et
Babelon*^, ont eu raison de classer à Marathos, ces
chalques passés sous silence par M. Six. Cette attri*>
bution est pleinement justifiée par la légende MAP A ,
sur celui de Tan a3G. J'ajoute quils existent, à Bey-
routh, dans les collections du D' P. Schrœder, de
rUniversité américaine, et dans la mienne. Tous sans
exce|)tion reconnaissent la même provenance, ia
plaine d'Amrit (ancien territoire de Marathos).
M. Babelon* a classé, à \rados, les monnaies d<'
cette série, portant les dates iSg et 378, cpi'il cite
d'après M. Inihool-Bluiner'*, et qui se retrouvent, à
Beyrouth, dans la collection de l'Université améri-
caine, et dans la mienne. ,Ie pense qu'il convient de
' Observ. sur les mon, phén,, ap. Snmism. Chron. , n. ^. XVII,
p. 189-190.
* Monnaies grecques, p. 4i4>
* Loc, cit., p. 100- 103.
* fA)C. cit., p. 276, 279.
* Monnaies grecques , p. 4^7, n'* i6 et ^7.
L'KRK DE MARATHOS DE PHÉNICIE. 371
les restituer à Marathos. Fleurs types des deux faces
figurent, dans cette dernière ville, sur la série la
plus nombreuse et la plus récente d'autonomes,
tandis qu elles font défaut sur les monnaies d'Arados.
11 eût été étrange de voir cette métropole, emprunter
tardivement ses types monétaires, aune de ses filles
(jui lui était devenu»* si odieus<\ J'ai insisté, ailleurs
sur le principe, qui, en numismatique phénicienn(»,
s'oppose à ce ([u'un même atelier montUaire ait si-
nmltanément frappé, dans un mémo métal et mo-
dule, avec des types essentiellement différents, des
pièces de même valeur. Or, en -i 9-7, on trouve à
Arados (ma collection, deux exemplaires) le chaique
autonome suivant :
Buste diadème (non tourelé) de Tyché, k droite,
les cheveux n^levés et portant un voile qui lui couvre
la nuque et les épaules, (irènetis au pourtour.
R. APAAIQN (à IVxergue). Tyché à demi -nue,
les jambes drapées dans son péplos, assise à gauche
sur un gouvernail, et elle tient de la main gauche,
une corne d abondance. Dans le champ, à gauche
et en haut, la date LSZ (an iyy) et la lettre A.
/E i i. Chaique, 8 gr. ii.
Ce chaique remonte au règne de Caligula '.
' D'après un exemplaire niir lequel la moitié supfVieure de la date
lait défaut, M. Babelon [Per$rs achéménides , n" 112H, vi pi. \X1V,
tig. i3] a lu Zf£ an 217', comme Mionnet, t. V, n" K27; mais,
iTaprès même rmiprcinte ivproduite par ce savant auteur, il est
facile de «lécouvrir les éléments d*» la date n*ctiliée.
312 .NOVEMBREDIiiCEliBRE 1808.
En 370, sous Trajan, on trouve, de 36o à 'S-jh,
des chalques aux typ^^s suivants :
Buste radié d'Hélios^ à droite, avec le paluda*
inentum sur les épaules. Grènetis au pourtour.
R. APAAIQN (à gauche). Corbeille d'où émergenl
deux épis et une grappe de raisin. Dans le champ,
h droite, date variable; en haut la lettre A. Grènetis
au pourtour.
A 20 à a3. Chalques, 3 gr. 53 à 8 gr. 45. Ba-
belon : Perses achéménides , n*** 1 i52-i i5^i; Mion-
net: t. V, n** 58o, et t.VIII, suppl. n" 4o5; ma col-
lection et Université améric. de Beyrouth.
L attribution à Marathos duchalque de Tan 3^5,
aux types « Zeus-double corne d'abondance » entraine
comme corollaire que:
Les d«»ux villes d'Arados et de Marathos, ayant
run<» <»l lautre cessé démettre, en 3 -7 5, leurs mon-
naies autonomes dont le style artistique a des rapports
si étroits, qu'on a pu dans certains cas confondre
leur origine, ce rapprochement constitue une pré-
somption de plus en faveur de Temploi dune éi-e
connnune aux deux cités.
' lin|>i'<)|>reiiit'nt qualifn' de Trajan; ce buste rappelle relut qui
ii^tire un droit des aiilonoines d'une ville \oisine, LacxliciV sur mer.
L'ÈRE DE MARATllOS DE PHÉNICIE. 373
III
Lrs Mîrios monétaires, autonomes ou royalt'S, que
je \i(»ns d'énumércr sont certaine.ment loin d'être
complètes. Elles sont néanmoins suffisamment nom-
breuses pour permettre d'obtenir la solution du pro-
blème chronologique, discuté dans cette étude.
Elles embrassent une période comprise» entre
fan 3o et Tan SyS, dont la durée atteint près de
trois siècles et demi. M. Six regarde comme certaine
la date a 3 ; cette date serait intéressante à contrôler,
puisqu'elle constituerait le point de départ de ce
monnayage. Cet auteur parait l'avoir empruntée à la
liste de M. W. Vaux\ et s'il en est ainsi, M. Babe-
lon présume 2 que c'est simplement la dernière
partie d'uni» dale dont les premiers chilïres seraient
effacés^. Je m» connais pas la monnaie citée par
M. Six, mais tout en reconnaissant que la date «iS
ait pu être incomplète ou mal lue, je ne vois pas
pourquoi elle ne figurerait pas sur les séries de Ma-
* Aamiim. Chron,, l. \X, i858, p. 84.
* Loc, cit,, j). io4.
"^ O't arcidcnt s\>hser\c firquciiiinent dans la numinmatique de
IMiéuicit*. Il (*ntrain« parfois de !^ravi'.s erreui's dans lt\s rlassifiratioiis
rlironolo^iqucN, qui ne |3eiivent iHre n^rtiliétr» que |>ar une t*on)|>«-
rai.Hon appmfondie de ces eiemplaires à dates suspectes avec d'autres
e\emplair(*s de const'rxation et de frappe irn'*prorliables. (ycsl fauUî
d*a\oir eu à leur disposition celte r«'ssourre précieuse, que des sa-
\ants de ^rand mérite ont commis des attributions fautives. Beau-
coup plus résiTxés, de cruintt* de faire fausst; route, la plupart
n'ont même pas osé aborder la numismatique pbénicienne.
374 NOVKMRREDKCByBBK 1808.
rathos. A Arados sa métropole et sa voisine , on con-
naît des autonomes depuis lan i - '.
Cette suite assez régulière de dates, appartient
nécessairement h une ère, qui pourrait être lune
des suivantes :
i" Une ère nalionale propre h Marathos;
•i° Une ère commençant en 33fi, 334 ou en 33a
av. J.-C, date correspondante à la prise de Tyr et
de Gaza, et à la soumission de toute la cinquième
satra|)ie à Alexandre le Grand;
3" I/ère philippique, qui a son point de déport
en 3i'i , à la mort d* Alexandre;
^i*" L*ère des Séleucides, qui commence en 3i!i
av. J.-C.;
5** L ère nationale d' Arados.
i" Marathos a-t-elle, comme beaucoup d autres
villes phéniciennes, adopté une ère nationale? Aucun
document ne vient confirmer semblable hypothèse.
L'histoire et Tépigraphie sont également muettes à
ce sujet; quant à la numismatique, elle fournit des
arguments qui lendent à infirmer cette opinion.
a" et 3° Les ères de 336, ^'i^, 33*2 et de 3îi4,
d'une manièrf générale, ne sauraient convenir à
' \ oir mes inénioiits <!iur BaaI.irvwl et la numismatu/ur tiet rois
phéniciens t/\4rvad durant la période prv - aleramlrine et Du mon-
n^age alexandrin d' Arados auM Mil' et il' siècles avant tèrê duré'
tienne.
LÈRE DE MARATHOS DE PHÉNICIE. 375
certaines monnaies datées de Marathos : toutes celles ,
par exemple, qui tomberaient avant q8i. Avant
Ptolémée II Philadelphe, on ne connaît aucune mon-
naie aux types égyptiens, émise par des ateliers de
Phénicie. Les premièi^s monnaies, avec effigie de
reit)e, frappées en Phénicie comme en Kgypte, sont
celles d'Arsinoo 1 ou d'Arsiuoé II , épouses de Phila-
deiphe et ne concorderdient nullement avec les dates
préxïitées. Toutes d ailleurs, sont en or ou en argent;
il n'en existe pas en bronze, Le chalque de Tan /|o,
s'il appartenait à l'une de ct»s deux ères, constitue-
rait donc une exception inexplicable '. Conunent les
rois d'Kgypte auraient-ils pu frapper des monnaies
à leur efligie, en ^96, 'àqI\. ^92 ou en u8â,
à Maratbos, >ille d'une contrée qui, de 3oo à a8o,
tut soustraite à leur donnnation?
/i° « L'ère des Séleucides, au contraire, dit M. Ba-
beion'^, s'adapte si parfaitement à toutes les mon-
' Une sériti (Ui rt'jjles bien pn'rises que ji* nratUrhe à découvrir et
à i'aii*e cuunaitre, dau:» mes difféi'enb luémuirejt sur la nuiuismatiquL'
phéniricnne , dominent cette branche si peu connue de la science.
De leur étude découle logiquement le princi^H* suivant : «Quand
les téries monétaires d'une ville de Phénicie, |>ar suite d'une r«*i>ar-
tition chronologique, sont soustraites, en totalitt' ou en |)artie, au\
régies admises et démontré«'s comme dominant la numismatique de
cette région , à une époque quelconque , de trop nombreuses exœ])'
tioni, sans liaisons précis<>H entre elles ni explication plausible,
détruisant rharmonii^ qui doit ivgner dans cette branche de la
science comme dans les auli-es, condamnent la répartition chrono-
logique, comme suspecte ou erronét*.».
' Loc. cit., p. 108, 11 4*
376 NOVEMBRE-DëCEMBRE 1898.
naies de Marathos qu'on ne saurait douter que c est
d'elle qu'il s'agit ... Il reste donc à conclure rigou-
reusement que Marathos a fait exclusivement usage,
sur ses monnaies , de Tère des Séleucides ou d'une
ère locale qui se confondait avec elle. Elle a con-
servé ce comput jusqu'à sa ruine définitive, c'est-à-
dire jusqu'à l'arrivée des Romains, à fencontre des
autres villes phéniciennes comme Sidon, ïyr, Ace,
Tripolis, qui, après avoir, elles aussi, commencé
par employer sur leurs monnaies l'ère séleucidienne ,
l'ont ensuite abandonnée sous la pression des évé-
nements politiques. L'ère des Séleucides parait donc
sur les monnaies de Marathos, un demi-siècle avant
de figurer sur celles des rois de Syrie eux-mêmes,
([ui d'ailleurs empruntèrent aux villes phéniciennes
l'usage de dater leurs monnaies \ »
Je regrette de ne pouvoir partager le sentiment
de M. Babelon, et je ne suis point convaincu de la
valeur des arguments qu'il croit propres à établir
l'emploi par Marathos, de l'ère des Séleucides. De-
vant les discutiT un peu plus loin, à propos de l'ère
d'Arados, je me borne, pour le moment, à appeler
' M. Théodore Hrinach [ne nécropole royale à Sidon, 189a,
|). 38 il rappelle qiu: l'en* clt»s Séleucides •m* pénètre on Phénicie,
du moins sur les inonnai<;s, qu'avec Anliochus 111. Il n*est pas exact,
dit-il, comme on l'a |)rétendu 'MM. Babelon, L. MuHerj, quVHe
iigun' déjà sur des monnaies phéniciennes du m' et même du
iv' siècle, à Tyr, Marathos et Acé; on est ici en prt'sence de l'ère
de Philip|)i*., soit d'èi'e.s locales, dont le point de départ n*5te à fixer,
d'Wv lie T\.-, <!.' iiiii 'i7'i, n'a été déterminée que |)ar les inM*ri|>-
tions d ' Ma'soid) i-l (rOum-'.'l-Awamid.»
L'KRE DE MARATIIOS DE PHÉNTCIE. 377
rattention sur quelques remarques qui me sont sug-
gérées par le passage que je viens de rapporter. Je
suis étonné que la conclusion logique, à Liquclle
Tadoption, pour Marathos, de l'ère séleucidienne a
conduit cet auteur si estimable , n'ait pas ébranlé sa
conviction. Ainsi donc, Marathos, ville phénicienne
de second ordre, aurait employé cette ère, un demi-
siècle a>ant les rois de Syrie, en donnant Texeniple
à Sidon et à Tripolis (beaucoup plus tard), au lieu
d'imiter Arados, sa métropole et sa voisine?
De plus, en admettant Tère des Séleucides, pour
Marathos, les monnaies autonomes ou royales, frap-
pées dans cette ville , dont la date est indiscutable ,
embrasseraient une période de 282 av. J.-C. à 63
ap. J.-C. Or, près des trois quarts appartiendraient au
m* siècle avant notre ère, à l'inverse d'Aradoset des
autres villes phéniciennes, dont les émissions les plus
nombreuses sont celles des ii* et 1" siècles av. J.-C.
Klles corn»spondraient surtout à l'époque la plus
troublée par dc\s guerres incessantes entre les divei's
généraux c[ui se disputèrent l'empire d'Alexandre
et l<»urs successeurs. H faut bien reconnaître ([ue
pareilles conclusions ne sont guère favorables à la
thèse que soutituit M. Babelon;
5** Les présomptions sui>antes sonl en faxeur de
Tadoption par Marathos de fère aradienne; elles
sont assez nombreuses pour convaincre tout esprit
impartial, et il est [\\r'\\r dr réfuter les objections
([u'ellrs pourraient soulexrr:
\ii. 2 5
l«»alBUUii «kliio.kk..
378 NOVEMBRë.DECëMBHE 1898.
A. La ville de Marathos nu jamais égalé en pros-
périté Arados sa métropole , auprès de laquelle * Jlc
se trouvait située; ses séries monétaires calquées
sur les séries aradiennes, et, au moins en partie,
contemporaines, même, si on admet les idées de
M. Babelon, ne peuvent avoir été inaugurées avant
ces dernières;
B. Cette hypothèse est d'autant moins soutenablo
([U 'Arados est la première ville phénicienne ayant
inscrit son ère nationale sur ses monnaies, et
qu'avant aSg-^iiS av. J.-C, début de cette ère, elle
n'a émis aucun monnayage autonome en cuivre;
C. D'autres fiHes d'Arados, sises comme Mara-
thos, sur le continent à proximité de leur métropole ,
comme Carné, Sîmyra, Enhydra, etc., ont employé
l'ère aradienne; pourquoi Marathos n'aurait -elle
point suivi l'exemple de ses sœurs?
Ces motifs semblent être signalés dans divers pas-
sages du travail déjà cité de iVI. Babelon, que je suis
amené h discuter.
«Cependant les deux villes, si étroitement unies
par la communauté d'origine et les vicissitudes de
leur histoire politique, en arrivèrent à se jalouser au
point de cherchera sVnlre-détruire, la fille se sépara
de sa mère; Marathos rejeta orgueilleusement la
tutelle d'Arados, et voulut poursuivre seule le cours
di» ses destinées. Cette émancipation de Marathos dut
se produire, si l'on s'en rapporte aux dates (jue nous rr?-
Icvenms plus loin sur les monnaies ^ dès le temps du rcyne
L'KRE DE MARATHOS DE PIIÉNICIE. 37©
de Séleucus I"^ Nicator, et pcuit-être au moment de la
mort de Ptolémée Soter » (p. 87-88).
A la page suivante, le même auteur ajoute :
« Le résumé historique» qui précède (dont fait
partie le passage cité) va puissamment nous aider k
fixer l'attribution des monnaies de Marathos, et à
déterminer les bases de leur classement chrono-
logique. »
Malheureusement le point de départ de la doc-
trine <le M. Babelon ne lui est point fourni par This-
toire. 11 le tire par anticipation de son travail et ne
peut donc servir de base indiscutable k lappui de
ce travail.
Ailleurs M. Babelon cite Polybe (liv. V, cap. 68)
et parait attribuer à cet écrivain un sentiment qu'il
n'apas. Voici le passage en question :
Antiochus Marathuin progressus, quum ad eum Araclii
venissent, de societate actiiri, non solum accepit ilios in
societatem , sed etiam controvcrsiam , qus; insulanos Aradios
et eus qui continentem habcnt, invicem antea alîenaverat,
sodavitque ut in gratiani inter se coirent, effîcit.
Ce passage est très explicite. Kn 219, sous An-
tiochus III, la rupture définitive entre les deux villes
n'était donc pas encore consommée, et si des dissen-
timents avaient déjà échité antérieurement entre elle,
ils devaient remontc^r à une époque récente, puis-
c[ue Vntiochus III put rétablir sans difficulté la con-
corde entre Arados et Marathos. Ce point d'histoire
a une importance extrême. Il démontre que rien ne
s'opposait, en 2 5y, à ce que Marathos fit usage,
35.
380 NOVEMBRE-D .CEMBRE 1898.
comme Carné et les autres filles d*Arados, de l'ère
do sa métropole. Quand la rupture s'effectua, plus
tard, Marathos conserva lliabîtude, contractée de-
puis de longues années, de dater d'après l'ère ara-
dienne, qui, à cette époque, semble avoir été la
seule adoptée dans la Phénicie septentrionale.
L'adoption de cette ère par Marathos implique
la prolongation du monnayage aux types égyptiens,
jusqu'en 1 5 1 avant J.-C. Connnent concilier ce ré-
sultat avec les affirmations suivantes de M. Babelon
{hw. cit., p. 1 I «i)?
« A partir d'Arsinoé 111 (et cette remarque ajou-
tera encore un degré de certitude à notre classe-
ment), les rois ou reines d'Egypte ne figurent plus
dans le monnayage de Marathos; or c'est précisément
avec laminoritc de Ptolémée V Épiphane, que t Egypte
cesse (lavoir toute action politique en Syrie et en Phi-
nivie. Si même Ptolémée ne fut pas dépouillé de
ses propres Klats par le roi de Syrie et Philippe V
de Macédoine, il ne le dut qu'aux victoires des Ro-
mains. L'histoire politique confirme donc indirec-
tement le système» chronologique que nous nous
efforçons d'établir. »
M. Babelon a commis un oubli, en écrivant ce
passage où il afiirme un fait si important pour sa
ihèse. L'historien Josèphe dit, en effet ^ : « Antio-
chus (III) l<» (irand contracta alliance a\ec Pto-
lémée (\ ), roi d'Kgyple, et lui donna Cléopàlre,
sa lillr, en mariage et, pour sa dot, la (iœlésyrie , ta
' Antif.jml., \il.(a|>. i\. i.
L'KRE DE MARATHOS DE PHÉNICIE. 381
PhémciCy la Judée, S«iniarie, et la moitié des tri-
buts de ces provinces , dont les principaux habitants
traitaient avec ces deux rois et en portaient le prix
h leur trésor ».
Ces événements se passèrent en ig'S avant notre
ère, et Arsinoé III était morte depuis Q09 1
.le n'ignore pas que quelcfues auteurs, tels qu' \p-
pien' et Polybe citent seulement, à ce sujet,
la Cœlésyrie; mais leur énumération peut être in-
complète, ce cju'on pourrait expliquer parce que
seule la Cœlésyrie fut cédée intégralement, a\ec
quel([ues villages des autres provinces. On ne com-
prendrait pas sans cela, pourquoi, dans un autre
passage, Josèphe [Ant. jud, Xtl, A, 1), raconte que
les princes de la Judée (»t de la Syrie se rendirent à
Alexandrie, pour féliciter Ptolémée Epiphanes et
Cléopâtre, à l'occasion de la naissance de leur fds,
Philomélor, en 186. En tout cas, le témoignage for-
mel de Josèplie, originaire de la Judée, et séparé
des événements qu'il raconte par deux siècles et demi
à peine, parait devoir mériter plus de créance. Il
concorderait d'ailleurs avec divers é])isod(\s de This-
toire du u" siècle avant notre ère. La preuve, en
elfet, que l(»s rois d'Egypte ne s'étaient nullement
désintéressés de la Syrie et de la Phénicie se trouve
confirmée par les guerres inc(»ssantes que suscita,
pendant ce u* siècle, même après la mort de Cléo-
pâtre, sa fameuse dot, et par les revendications faites
en 1 y 3, à ce sujet, par Antiochus IV, roi de Syrie.
* De rebns SyriaciSt V.
3K2 NOVRMBRE-DÉCKMBRR 1898.
Postrcmn iief>^abat voruin esse de paciis qua^ Icgaii alexan
(Iriiii facta diccbant fuisse iiiter Ptolemacum (V), nuper
luortiiuin, et Antlochuin (HI) luijus patrem, quibus partis,
iiofiiine (lotis concessain Ptolenian) Ca*lain SYriam alobant ,
(|uuin uxorcm (luceret Cleopatraiii , ejus qui mine re^abat
( Ptolémée Vi ) , inatrem ' .
L'objection la plus s<!'rieus«» de toutes contre Tèrr
dWrados semble, de prime abord, être celle do
M. Babelon [loc. cit., p. 107) à propos de la pièco
autonome qui porte la légende MAP A et la date a 36 :
« Cette pièce correspondrait, d'après Tère d'Arados,
îi une époquir ou Marathos n'existait probablement
plus, \ussi M. lmhoof-lMum(»r s est-il refusé- lui-
même à reconnaître une date aradienne. » Je signale
les réserves r(»n(ermées dans ce « probablement » car,
quelques pages plus haut, dans ce même mémoire
(p. 88-83), M. Babelon a>ait été beaucouj) plus affîr-
matif, concernant la disparition de Marathos, consi-
dérant conune démontré que la dernière date de
cette ville, a3(), ap|)arti(»nt à Tèrc des Séleucides, et
correspond ])ar conséquent à Tan yG axant J.-C. :
« Les Aradi(Mis revinrent à la ejiargc», et la dernière de
leurs tentatives d'agression est postérieun- à Tan 83
avant notre ère; (»ile corn^spond, par conséquent, à
|)(»u près à la chute de la duiastie des îSéleucides et
à fépoque où rigrane, roi d Arménie», s étant emparé
de la Syrie, entreprit contre Lucullus et Pompée la
lutte qui finit par le triomplie définitif des arniéeK
' Polyb*', XXVni, xMi, ().
|;KRE de MARATHOS de PHÉNICIE. 383
romsiines. Marathos sombra pour toujours cette fois,
dans ce grand naufrage» de TOrient, et, au temps de
Slrabon , ce n était plus qaun champ de raines depuis
df'jà longtemps, »
Or ces affirmations si graves ne reposent que sur
deux hypothèses non justifiées : i° que Tan 2 36 est
la dernière date de Marathos et appartient à Tère
des Séleucides; i" sur une traduction inexacte du
j)assa}i;e cité de Strabon (XVI, ii, 12), dans un
sens beaucoup trop étendu. Cet auteur a écrit : Ma-
is aôo? vf6\ts Q^otvixojv dpxaia xarecrTraa'fJiévrj • rijv Se
ycôpav ApdStoi HaTex^^rjpovxrjo-av. Strabon se borne
donc? à dire q\ii\ son époque Marathos avait été dé-
Iruile par les Aradiens, qui s'en étaient partagé le ter-
ritoire. Il n'indique pas à quelle époque remonte
cette catastroplie, ni quelles en furent les consé-
(|ueiices tardives; par suite, toutes les suppositions
sont permises, sauf celle à laquelle M. Babelon a
donne la préférence, « que le territoire de Marathos
n'était ])lus depuis longtemps c[uun champ de
ruines ». Si les \radiens si» Tétaient partagé, ce n'était
é\idemment pas pour le livrer à l'abandon. Rien
u'enq)éche d'admettre la n^construction de la ville à
une époque postérieure, par une colonie d'Aradiens,
et d'a[)pliqu»T à Maralhos \c raisonnement que j'ai
soutenu à propos dr la destruction totale de Béryte
parTryphon, en i^o, relatée par le même auteur '.
Même en admettant la destruction totale de Ma
' Voir mon travail sur Unr mrtropole phénicienne oubliée, dans
Hfvur nnmism. , i S()6 , ^. i 9- 1 3.
384 NOVKMBRK-DÉCKMBRK 1808.
ralhos, à Tépoque de Strabon, la ville fut certai-
nement reconstruite plus tard. La preuve en est
dans Texistence des autonomes des années 297 ot
3*75 , de cette dernière surtout qui, même avec Tère
des Séleucides, correspond à Tan 63 après J.-C
Pline, Hist. nat., V, 17 et XII, 55 et Pomponius
Mêla, Description de la terre, livre I , chapitre i a. Lit
Phénicie, attestent d'ailleurs l'existence de Marathos
au i**" siècle de notre ère. Le nom de cette ville dispa-
raît le siècle suivant, et ne se retrouve plus dans les
(Wits de Ptolémée, GVod/r. , V, xv, 16. Mais alors,
celui d'Antarados le remplace '. Ij'interprétation
donnée à la date a 36 n'entraîne donc nullement
la conviction et rien ne s'oppose à ce que cette date
et les deux dernières s'appliquent à l'ère d'Arados.
IV
L'examen approfondi des séries monétaires, auto-
nomes et royales de Marathos confirme pleinement
les premières conclusions en faveur de fère d'Ara-
dos. jll fournit des ai-guments tirés : a. des types;
h. des légend(*s; r. (hi métal; (L di^s modules; c. <lo
l't^xécution artistique des pièces marathiennes.
* A\»T* HiUor, Erdlmndt' , XVII, 53, j«' |M'nse que les noms de
Marathos i*t d'Anlarados nv <l«''si«;n<*nl (|irtiiu> «Mil»* et iiirim* ritr.
IVuirqnol rr rlian^t'incnt i\v nom? Kn Tabsenrc ili* loul (lociiiiienl
IhVtîs, il csl |M'i*inis de croire (jiu* l<'s Aradiens n'y furent pas étran-
gers. Les |)seudo-('léni(ntines, ù propos i\v. Saint -Pierre, men-
tionnent déjà Anturados. Mais on m* peut ajouter quclqu' rréanee
à ces écrits apocryphes , postérieurs à Ptoléitiée.
L'KRK DE MARATHOS DK PHKMCIE. 385
Parmi les type^s figurant au droit ou au revers des
monnaies de Maratlios, les uns se retrouvent sur
les monnaies de sa métropole ou sur celles des
autres villes pliéniciennes. D'autres typ^s sont parti-
culiers î\ cet atelier monétaire.
F. En léte des types cpie Ton retrouve sur les
monnaies des autres cités d(» I^hénicie , il faut placer
les types alexandrins.
Types alexandrins. — Ils figurent sur un nombn>
très restreint de monnaies : tétradraclime, drachme
et lironze.
lie létradrachme est au\ types de. ceux que Muller
a rangés dans sa cinquième classe. Il est identique k
ceux d'Arados des années a 7 et 28, et porte la date
an 30, Sans tenir compte de cette identité , qui en-
traine la conclusion logique que les tétradrachmes
aradiens et marathiens précités sont contemporains,
on arrive à un même résultat en suivant une voie
différente. Jusqu'ici on ne connaît pas de statère d'or
à Marathos. Cette absence serait à peine explicable
en î8'2 , si la date portée sur c(» télradraclune mara-
thien appartenait à Tère des Séleucides. Elle est
pleinement juslifié(* en î^ig, si cette date est ara-
dienne. .Fai démontre, dans mon travail sur Le
monnayage alexandrin d'Arados, que les statères
d or de ce type cessent d'être frappés en Phénicie
à partir de l'an a 90 avant J.-C.
380 NOVEMBRE-DKCEMBRE 1808.
La drachme et 1(» l)ronze sont aux mêmes types
que les statères d'or d'Alexandre. Cette constatation
prouve déjfi qu ils sont postérieurs à Tan a 90 , époque
de la suppression de la frappe de ces statères, — le
même type ne se retrouvant jamais, avant cette
époque , sur des monnaies de métal et de valeur si
distincts. Les types diflerent dans les détails de ceux
qui caractérisent les statères alexandrins en générai.
Le casque de Pallas n*est plus orné de serpents comme
sur les statères d'\co, de Sidon et d'Arados; son
sommet est plus sphérique; les cheveux de la déesse
s'étalent en grosses boucles sur la nuque. Ces ca-
ractères se retrouvent, par contre, au droit des
beaux tétradrachmes de Sidé en Pamphylie, qui ne
sont pas antérieurs à 1 avènement dWntiochus III le
(irand sur le trône des Séleucides. Cette drachme
et ce bronze, à types alexandrins, de Marathos,
doivent donc être à peu près contemporains de ce
prince. Comme les types alexandrins sont nécessai-
rement antérieurs aux tvpes autonomes A ci ^
qui commencent en iîG et 2-25 avant J.-C, années
33 et 3^ , c'est avant 226 qu'il faut placer l'émission
de la drachme et du chalque précédents.
Tjché. — Le type de Tyché tourelée figure» au
droit d'un tétradraclïme, date de l'an 33. Avec l'ère
des Séleucides, cette date correspond à l'an 2-79.
Or, le type de Tyché tourelée ne commence à pa-
raître sur les monnaies phénicieimes qu'après aSg
avant J.-C. C'est tout au plus vers cette époque
L'I:RK de MARATÎIOS de PHÉMCIE. 387
(|ii'on le relove pour la première fois sur les auto-
nomes dWrados. Peut-on regarder comme probable
((ue , sur ce point encore , Maralbos ait donné l'exemple
à sa métropole et aux autres villes pbéniciennes? Si
donc, pour ce nouveau motif, Tan 'i-jg n'est pas
acceptable, force est d'adopter l'ère aradienne qui
donnerait, pour Tan 33, l'an 216 avant notre ère,
éj)oque où, depuis plus de 20 ans, Tyché tourelée
figurait sur les monnair^s aradiennes.
Le buste de Tyché, au droit des héuii-chalcpies
de Maratbos de l'an io3, porle une palme sur fé-
paule. (]et attribut manque au buste de Tycbé, sur
les hémi-chalques de l'an yo. »Sur les cbalques au
type de Tycbé debout, allant de fan yo à l'an 83,
jusqu'ici classés à Arados et cjue j'ai proposé de resti-
Uier à Maratbos, cette pahne, douteuse au droit de
celui de l'an yo, est certaine à partir de fim yi. C'est
donc à peu près vers cette date que la palme aurait
été ajoutée au coin monétaire, vers 'i^\2 av. J.-C.
avcic l'ère des Séleucides, ou vers 189 av. J.-C. avec
l'ère d'Arados. Dans ce dernier atelier, elle apparaît
précisément à partir de "70 ou de yi, soit à partir
de 1 88 ou de 1 8y avant J.-C. Ce n'esl aussi qu'après
cette année qu'on la trouve» à Bér\ t(î-Laodicé(\ à
Gébal, à Sidon el à Tyr. Conunent admettre qu'à
Maratbos, elle aurait apparu 53 ans plus tôt?
Si on poursuit la comparaison du bust(» de Tycbé,
et spécialement de sa coiffure, sur l(»s monnaies de
mêmes dates et de môme métal, à Arados et k Ma-
ratbos. on trouve toujours les plus étroites analogies.
388 NOVEMBREDKCEMBRE 1898.
Ce rapprochement est ic^iqiie, en admettant Tusage
dune même ère dans les deux cités; dans le cas con-
traire, il deviendrait inexplicable.
fl. LVxamen des t\^s monétaires, spéciaux à
Marathos. donne des résultats non moins favorables
:i Tèiv aradienne.
Marathas assis, — Le tj'pe • Maralhos assis » des
léti^adrachmes marathiens. des années 33 et 89,
rapp«^lle évidemment le type ordinaire des tétra-
drachmes séleucides, celui « d'Apollon assis sur Tom-
phalos » dont ce héros était le fils. Dans la numis-
matique des rois de Syrie, ce dernier type apparaît,
il est vnii, dès Séleucus T'et Antiochusl*', mais il ne
devient commun que sous les règnes de Séleucus III
( -226-222); dWntiochus III (222-187) et de Sé-
leucus IV (187-170), soit de 226 à 1^5 avant J.-C.
Les deux tétradrachmes marathiens, au type de
« Marathos assis » portant les dates 33 et 89, cor-
respondent avec fère aradienne, à 226 et 170
avant J.-C. Ils se rattacheul logiquement à la périod<»
226-170 des tétradrachmes séleucides, pour\'Us du
type similaire « Apollon assis sur Tomphalos » , dont
ils s'écarteraient trop s'il s'agissait de fère des Sé-
leucides : Tan 33 correspondant alors à Tan 279
av. J.-C.
Ce n'est pas tout; la présence d'un type national
sur les tétradrachmes autonomes de Marathos, plus
d'un siècle avant que sa métropole, Arados, ne se
L'KRE DE MARATHOS DE PHENICÏE. 389
fût décidée à renoncer aux types alexandrins sur les
siens, aiu'ait tout lieu de surprendre. Telle est ce-
pendant la conclusion qui s'impose, si la date 33
apparti(înt à Tère des Séleucides. Avec Tère d'Arados
l'écart serait bien moins considérable.
Double corne d'aboncUince, — \jv type « double
corne d abondance » apparait en 120 à Maratlios,
et persiste jusqu'à la (in du monnayage de cette
ville. Il n'existe pas à Arados. 11 ne figure que sur
une monnaie autonome de Tyr, en or, quadruple
statère. du Musée de Berlin, daté de Tan 2 3, soit
io3 avant J.-C. Le type «simple corne d'abon-
dance» se voit à Carné, fdle dWrados qui avait
adopté son ère, de fan yo à fan 19.3, soit de 189
à i36 avant J.-C; et h Antioche de Ptolémaïdi», de
189 îi 195 (ère des Séleucides), soit de 1^3 à 1 ly
avant notre ère. On 1«* voit, lapparition de ce type
sur les monnaies d(» Phénicie est relativement ré-
cente, l/annéo 120 s'accommoderait donc mieux de
l'an 139 av. J.-C. a>ec l'ère aradienne, que l'an 192
av. J.-C. avec l'ère d(»s Séleucides. On pourrait ob-
jecter que l'inverse existerait en tenant compte qu Ar-
sinoé lia frap])é des monnaies en or avec ce type,
en 2^3 av. J.-C. à Sidon, en 2/47 à Tyr, en 2/16 à
Plolémaïs; en 2/40 à Joppé. Mais, si l'ère des Séleu-
cides rst celle qui fournit U*s dates de Marathos,
comment (M)mpreiidre la disparition, au re>ers des
monnaies ro\ales (|u' Vrsinoé II aurait frappées dans
relie ville, d'un atlribut qu'on lui consacre régulir-
390 NOVEMBRE-DECEMBRE 1898.
rernent dans les puissantes villes de la Phénicie mé-
ridionale ?
Effigies royales, — Sur les monnaies royales de
Marathes , on observe , 1 7 fois sur a , une effigie de
reine qui >arie fort peu. Elle se maintient durant
une période de 68 ans, de Tan 4o à Tan 108,
beaucoup trop longue pour embrasser un seul règne.
Avec 1ère des Séleucides, cette période cones-
pondrait aux règnes suivants :
KKtNKS.
DUREE DU RÈGNE.
AHNBKS LXSCRITES
SUR US MOnUlES DE MAI
(Av. J.-C.)
(Av. J.-C.)
Arsinoë J
Arsinoé ][
Bérénice 11
Arsinoé 111
D
•
281-277
277-249
247-222
222-209
•
278
272-249
239, 223
217-208
208-204
On coimait les effigies de ces diverses reines, qui
iigurc^iil au droit de monnaies frappées en Egypte.
Seule, ccîlliî de, Bérénice 11 aurait quelque ressem-
blance avec relïif^ie féminine des monnaies royales
de, Marathos. Les autres en diffèrent plus ou moins.
Arsinoé I et Arsinoé 11 ont la tète voilée et ornée du
diadème; Vrsinoé 111 est représentée sans voile, niciis
av(»,c un diadème. Si donc on considère les effigies
féminines qui existent au droit des monnaies royales
de Marathos comme appartenant à des reines d'E-
gypte, elles ne conviennent nullement à 3 sur 4 des
reint»s précitées.
L'KH>: I)K MAUATHOS DK PHÉNICIE. 391
Avec Tèrc aradicnno, la période d'émission des
monnaies royales de Marathos, correspondrait aux
règnes suivants :
KKINES. DUKKK DU REGNt.
ANNKKS INSCRITRS
SU H LES MOKNAIKS DE MARATIIOS.
; A\. J.-(!.) (Av. J.-C. j
Jiriviuco II 'li'j-i'À'.i 'l'ib
Arsinoc III wi-i-'ioi^ îU)
198-196 ?
( iicoptitrt' I ' î)3- 1 7^^ 1 86
? ? 1 70
Cléopàtre U 1 65- 1 A3 j 64- 1 5 1
I^es critiques applicables à Bérénice [1 et à Ar-
sinoé III, dans l'hypothèse de l'ère des Séleucides,
conser\ent toute leur valeur avec l'cre aradienni».
A>ec cette dernière apparaîtraient à Marathos les
ellif^ics de Cléopàtre 1 et (lléopâtre II, toujours re-
préserjtées en Egypte sous les traits conventionnels
d'Isis ou sous ceux de l'Afrique, couverte d'une peau
d'éléphant.
\vec les deux hypothèses on rencontre également
<les j)ériodes pendant lesquelles aucune reine n'oc-
cupait le trône d'Egypte, et où néanmoins l'effigie
loyale continue à figurer sur les monnaies de Ma-
rathos.
La conclusion logique de ces remanjues est donc
(|ue les elïigies des monnaies royales de Marathos
ne sont pas de vrais portraits, mais des représenta-
tions conventionnelles de reines diverses, sous un
seul et n)éme. type, qui se maintient à peu près iin-
39^ 50VEMfiRE>DECEUBRE 1898.
muable pendant une période de 68 ans. L^origine
de ce Up^ aurait ele IVffigie de Bérénice II , adopté
phiî tard par les reines, qui lui ont succédé, pour
des motifs qui nous échappent.
Si les effigies féniinin»*s des monnaies royales de
Marathos ne reproduisent pas réellement les traits
des reines d'Ugvpte . les «effigies masculines ne doivent
pas davantage ètn- les portraits d'un roi. Celles-ci
figurent sur des moiuiaies portant les dates 85 à 9 1 ,
soit -227 â tiai av. J.-C. (ère des Séleucides), ou
iy4 à 168 av. J.-C. ère d'Arados). Elles corres-
pondent, par suite, aux règnes de Ptolémée III
Kvergète ( a Û7-2 22), dans le premier cas; et de Pto-
lémée M Philométor (181-1^6), dans le second cas.
Ces effigies masculines seraient donc aussi des repré-
sentations conventionnelles d'un roi d'Egypte, sous
les traits d'Hermès ou de Mercure.
Dans le cas où il s agirait d'un véritable portrait
de roi , celui que j)orte le chalcjue de l'an 9 1 , effigie
d'adolescent ne saurait convenir à un roi qui mourut
en 2 2 1 av. J.-C. à l'âge de 63 ans. Telle est cep«»n-
dant la conclusion qui s'impose si la date 9 1 , cor-
respondant à l'an 'i'ii, était enjpruntée à l'ère des
Séleucides. Avec l'ère d'Arados, les dates 85 à 91,
correspondant aux années 17/1 à 168 avant J.-C,
appartiendraient au règne de Ptoléuiée Vi Philo-
métor nionté sur le trône depuis 181 avant J.-C, à
l'àge de 5 ans, et parvenu à celui de 1 i à 18 ans,
durant eeth' j)ériode, — ce (|ui concorderait a\ec
r<*lli'»ie nioiu lîiire el explicjurniil la présence en 89-
LKRE DE MARATHOS DE PHh^NIClE. 393
I 70 avant J.-C, sur les monnaies de Marathos, de
l'effigie de sa mère, Ciéopâlre J , morte depuis 1 7/1 ,
et de qui il tenait ses droits sur certaines parties de
la Phénicie. On comprendrait aussi la réunion de
monnaies royales de Marathos de ce type, datées
des ans 85 à 91, avec des autonomes d'Arados, d<i-
Jées de 85 à 89, dans la trouvaille de 1893-1896
signalée plus haut.
Rien ne s'oppose à ce que Ion voie dans la seule
elïigie masculine des monnaies royales de Marathos
le portrait véritable de Ptolémée VI Philométor,
comme la première efligie de reine fut probablement
celui de Bérénice, conservé sans modifications par
les reines qui lui succédèrent plus tard. C'est la so-
lution à laquelle je m'arrête le plus volontiers. Re-
marque importante : de 8y à 90, c'est à-dire en 88
et 89, la frappe de ces chalques a été suspendue
pendant au moins deux ans. Ces années corres-
pondent, avec l'ère aradienne, à la période comprise
entre 1-72 et 169-168 av. J.-C. pendant laquelle
Ptolémée VI fut le prisonnier d'Antiochus IV, roi de
Syrie. Cette suspension de frappe s'expliquerait logi-
quement et vient à l'appui de l'interprétation que je
propose.
Que faut-il penser de l'objection de M. Babelon ^
faisant remarquer qu'avec l'ère d'Arados l'an y 3
corr(»spondrait à l'an 186 avant notre ère : «Béré-
nice II, femme de Ptolémée HI Ever^ète, ayant
^ Loc. cit., p. 106.
XII. 26
i«»miH»*ik uàii'jiAum.
394 NOVEMBRK.DÉCEMBRfi IS08.
régné seulement jusquen aaa, il est impossible
d admettre quon trouve son portrait sur des mon-
naies d*argent qui auraient été frappées à Marathos,
35 ans après la mort de cette reine d*Egypte. ■ L'in-
terprétation que j ai donnée plus haut suffit pour
résoudre convenablement cette objection. Aujour-
d'hui, en Autriche, ne continue-t-on pas à frapper
des monnaies d'or et d'argent à l'effigie de Marie-
Thérèse, morte depuis 1780? Cette supposition,
avec l'ère aradienne, serait, en tout cas, plus satis-
faisante que celle imposée par l'adoption de l'en*
des Séleucides, qu'Arsinoé I s'est fait représenter,
en 34 = ^78, sous les traits de Bérénice 11, 3i ans
avant que cette reine ne montât sur le trône.
La seule objection vraiment sérieuse qui pourrait
être soulevée contre l'adoption par Marathos, de
l'ère aradienne , est l'existence d'une effigie de reine
sur des monnaies publiées par M. Babelon {Perses
achéménidesy n** i443 et lûAi), des dates 61 et
63. Elles correspondraient en effet, aux années 198
et 196, et à la minorité du roi Ptolémée V Epi-
phane, roi depuis 20a , et à peine âgé de 1 1 ans en
198 et de i3 ans en 196. C'est ce roi qui épousa
Cléopàtre 1, fille d'Antiochus 111 le Grand, un peu
plus tard , en 1 93. Je pense que ces dates , relevées
par M. Babelon seul, et qui n'existent dans aucun
de nos médaillers de Beyrouth, ont été mal lues ou
sont incomplètes, sur des monnaies de conserxalion
insuflisante, comme il s'en trouve encore malheu-
reusement trop au cabinet de Krance, dans les
L'KKE DE MARATHOS DE PHENICIE. 395
séries phéniciennes. Il s'agit, à mon avis, de Thémi-
chaique de lan 78 , la plus commune de toutes les
pièces royales de Marathos, le n" iliM n*étant autre
que le if 1 446 , et le n" 1 44 ^1 étant une variété du
n" i448. Je suis confirmé dans ce sentiment par
Tétude du n° 1 ^ 4 3 , représenté par M. Babelon ,
pi. XX VIII, n"" 4, monnaie absolument identique à
I o exemplaires variés de rhémi-chakjue, de Tan 7 3,
de ma collection , sur lesquels on pourrait lire les
dates 70, 71 et 7*2 , quand la légende de lexergue,
mal frappée, se continue en dehors du champ. Mais
seule la date 73 est indiscutable sur les exemplaires
l'enfermant la date entière et très bien frappée. La
ligure qui représente le n" i/ilx6 laisse d aiiieui*s
apercevoir des traces de barres verticales (unités),
un trait horizontal (dizaine) après NN N "if (an 60);
ce qui confinne la lecture delà date 73 et non celle
de 63 ou de 6 1 . Pour affirmer lexistence de ces
de^ix dates, il faudrait des exemplaires de conser-
vation irréprochable, et les n"* i443 et i444 sont
loin de Têtre.
Une autre objection est soulevée par M. Babelon.
Avec les dates 100 à 108 (en réalité, 89 à 108),
correspondant d'après lere aradienne à iSg-iSi
(en réalité 170-151) avant notre ère, nous avons
un poitrait de reine égyptienne, tandis que la dy-
nastie des Lagides ne nous fournit point de femme
ayant frappé monnaie à celte épocpie. Cette objec-
tion nVst pas plus convaincante que les autres. Rien
ne prouve qu'on ne doive attribuer, en Egypte, à
36.
396 NOVËMBRE-DÉGEMBRE 1898.
Ciéo|)àtre II ( 1 65- 1 43) aussi bien qu*à son illustre
mère Cléopatre I, morte en ly/i ou en i y 3, dont
elle aurait consené les types monétaires, les
monnaies attribuées a cette dernière, monnaies
frappées après sa mort par son fils Ptoléiiiée Mil
Evergète II Physcon^ D'ailleurs, dans une ville
qui, sur le total de ses monnaies royales ^yp-
tiennes, fait figurer au moins trois reines pour un
seul roi , il est à présumer qu'on ne doit pas tenir
un compte trop rigoureux des usages en cours en
Egypte, mais plutôt de certains privil^es locaux,
ignorés de nous, qui résenent peut-être aux reines
une suprématie locale ou des droits monétaires, de
préférence à leurs époux. Même en admettant les
idées de M. Babelon , on ne comprendrait pas pour-
quoi Aranoé III ayant succombé en io3 == 209
avant J.-C, son effigie aurait été conservée sur les
monnaies de Marathos, durant cinq ans après sa
mort, jusqu'en 108 = ao4. Avec Tère aradienne.
cette difficulté s'é>anouit. Cléopatre II, ayant régné
de I 65 il 1^3 avant J.-C. , a pu frapper des monnaies
à son effigie, de 166 à i5i. La monnaie de Tan 89
soit i-jo avant J.-C, qui fait partie de la collection
du D' P. Schrœder, à Beyrouth, dont la date est
incontestable, comme je m'en suis assuré à diverses
reprises, devrait, dans ce cas, être rapportée à Cléo-
patre 1, déjà morte depuis 3 ou 4 ans. Pareille attri-
bution à une princesse, qui a joué dans l'histoire
' \\i"^. Sluarl Pooli", The Ptolcmics Kimjs 0/ KtjYpi, pi. XXI , o.
• t pi. XXII, 5 et (i.
L'KRE DE MARATHOS DE PHÉMCTE. 397
d'Kgypte. un rôle si glorieux, est d autant moins im-
probable que M. Reg. Stuart Poole n a pas hésité à
lui attribuer, dans les séries égyptiennes, des mon-
naies incontestablement frappées après sa mort. En
1 70, son héritage était encore le sujet de contesta-
tions entre les rois de Syrie et ceux d'Egypte , et ce
dernier, Ptolémée VI, était le prisonnier d'Antio-
chus IV. La présence en 89 de Teffigie de Cléo-
pâtre I sur les monnaies de Marathos a pu avoir
en Télal, une signification toute particulière; comme»
celui d'une protestation contre les Séleucides.
Zeus. — Si les monnaies royales de Marathos
portent des dates empruntées à Tère d'Arados, la
dernière d'entre elle.s aurait été frappée en 1 5 1
avant J.-G. La dernière monnaie autonome aux types
purement marathiens « Tyché- Marathos debout»
est de i54. En iSg avant J.-C. commence une
nouvelle série d'autonomes avec de nouveaux types ,
qui ne disparait défuiitivement qu'en 1 1 6 après J.-C.
Avec l'ère d'Arados, nous sommes donc conduits à
admettre que le passage de Mai*athos de la domina-
tion égyptienne à cellt» des rois d*» Syrie se serait
ellectué entre i5i et 189 avant notre ère. Toutes-
fois le fait est loin d'être certain, caries types du
droit et du n»vers des chalques de cette nouv(»He
série sont des types égyptiens. Si l'annexion défini-
tive de Marathos ne remonte pas à i5i avant J.-C,
il est au moins indubitable qu'à cette époque Mara-
thos lit au moins momentanément de l'empire des
398 NOVKMBRK.DÉCRMBaE'1898.
Séleucides. Car c'est précisément vers cette année
que se passe un événement inexplicable, h moins
d admettre ses rapports étroits avec lannexion ré-
cente de Marathos au royaume de Syrie.
« Kn 1 48 ou I 5o avant notre ère, sous Alexandre I
Bala, d après Diodore de Sicile (Liv. XXXIII, 5),
les Aradiens obtinrent, au prix do 3oo talents,
d*\nimonius, gouverneur de la Phénicie,la permis-
sion de détruire M aratbos. Soupçonnant les dangers
qui le^ menaçaient, les habitants de cette ville char-
gèrent immédiatement dix de leurs concitoyens les
plus distingués de partir pour Arados, revêtus du
costume des suppliants, et emportant les plus an-
ciennes images d(» leur ville. Us espéraient ainsi dé-
tourner la colère de leur métropole. Mais les Ara-
diens ne respectèrent pas les droits communs des
suppliants. Ils ne tinrent aucun compte de la com-
munauté de leur origine et de leurs croyances reli-
gieuses. Ils brisèrent les images des divinités, l^s
foulèrent aux pieds et assaillirent les députés à coups
de pierre. Puis ils les tueront avoc leurs flèches •.
« Enlevant alors les anneaux que les députés
portaient à leurs doigts, les Vradiens s en servirent
pour envoyer aux Marathiens une lettre supposée
écrite par leurs députés, dette lettre annonçait l'envoi
(fun corps d auxiliaires. Sans méfiance, les Marathiens
l'auraient admis dans leur ville, ([ue ces soldats
devaient livrer aux Aradiens. dette tentative crimi-
nelle échoua complètement. Les Aradiens avaient
enlevé toutes les barquos alin que |)orsonne ne pût
L KRE DE MARATHOS DE PHf^MCIE. 390
aller dénoncer leur peiTide dessein, lorsqu'un pê-
cheur, ami des Marathiens , privé de sa barque qu'on
lui avait d\ér, traversa à la nage, pendant la nuit,
It» détroit qui sépare Tile de la côte, franchit hardi-
ment une distance de huit stades, et dévoila aux
Marathiens le complot de leurs ennemis. Instruits
par des espions que leui's projets étaient découverts,
les Aradiens renoncèrent à leur criminelle enti^e-
|)rise. »
Le récit de l'historien, que nous ne pouvons ré-
MKfuer en doute, appartient à un livre dont on ne
possède malheureusement que des fragments ; nous
i«i[iiorons donc les événements qui précédèrent et
ceux qui sui\irent la tentative des Aradiens contre
Maiathos. Les hypothèses suivantes concorderaient
singulièrement avec les données de l'histoire et de
h\ numismatique.
En i5o avant J-.C , Alexandre I Bala, devenu
uiaitre de toute la Syrie, obtint en mariage la main
<lo Cléopâtre, fille de Ptolémée VI Philométor. Ce
mariage fut célébré en grande pompe, à Ptolémaïs,
de>ant les rois d'Kgypteet de Judée (Jonathan Mac-
chabée). Celte princesse dut apporter en dot les
anciens droits de sa grand'mère, Cléopâtre I, fille
d -Vntiochus 111. Ainsi se terminèrent toutes les con-
testations (|ui avaient divisé, en i-j^i, TKgypte et la
Syrie, et provoqué la guerre entre Ptolémée VI
Philométor et \ntiochus IV Kpiphane. Par suite de
cet apport dotal, Marathos (it retour aux Séleu-
cides. Mais ce changement imprévu de régime ne
400 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
put être accepté volontiers par Marathos, d'autant
plus dévouée aux rois d'Flgypte que sa voisine et ri-
vale, Arados , Tétait aux rois de Syrie , qui lui avaient
concédé, à diverses époques, de si grands privilèges.
Marathos mécontente ne put perdre aucune occasion
de protester contre le nouvel accord intervenu entre
rÉgypte et la Syrie. D*oû Tirritation du gouverneur
de la Phénicie, Ammonius, qui dut être connue et
habilement exploitée par les Aradiens.
Marathos échappa à la ruine à cette époque. Mais
sa prospérité commença alors à décliner rapidement;
et il est probable qu Arados récupéra ses anciens
droits de métropole. Ainsi s'expliqueraient et les
modifications des types monétaires sur les autonomes
de cuivre et la disparition du monnayage d'argent ,
à une époque où les émissions d espèces de ce métal
furent si multipliées à Arados.
L'émission des autonomes au type de « Zeus-
double corne d'abondance » est assez régulière do
l'an 1 2o à l'an i /iS; à partir de cette date, les émis-
sions sont fort irrégulières et éloignées les unes des
autres, connue le prouvent leurs dates i68, q36,
297 el 3yô. A>ec l'ère des Séleurides, ces diverses
dates correspondant aux années 1 Vi , 76, i5 avant
J.-C. et 63 après J.-C. n'auraient aucune significa-
tion précise. A Arados, de \l\^ à l'an 20, se suc-
cèdent des émissions extrêmement abondantes. De
même à Béryte ', à Sidon et h Tyr. Pourquoi Ma-
* V'oir mon mémoire sur I^s aniononws de Béryte. Ap. Revnr
nnmismatiqne , .V et 4' fasc 1898.
L'KRE DE MARATHOS DE PHEMCIE. 401
rathos n'aurait-elle pas suivi rexemple de ces diverses
villes? En outre, Tan 63 appartient au règne de Né-
ron , sous lequel il n a été frappé d'autonomes qu'à
Sidon et à Tyr, villes de la Phénicie méridionale.
Avec Tère d'Arados, les années précitées corres-
pondent à 91, 23 av. J.-C, 38 et 1 16 après J.-C
Avec ces dates, Tharmonie est parfaite entre Mara-
thos et les autres ateliers monétaires de Phénicie.
En 9 1 , Arados avait éclipsé sa rivale et , à diverses
reprises, durant les guerres qui ensanglantèrent les
dernières années de lempire séleucide, avait servi
temporairement sinon de capitale, au moins de ré-
sidence, aux divers princes qui se disputèrent le
pouvoir. En 2 3 , Marathos a bien pu frapper mon-
naie; les conditions politiques ([ui régissaient la
Phénicie devaient être les mêmes pour cette ville
et pour sa voisine, Arados, qui a émis les autonomes
au type «zébu bondissant» en 229, 235 et 289,
soit en 3o, 2/i et 20 avant notre ère. En 38, on
trouve sous Caligula, à Arados, une autonome.
Dans cette dernière ville, les restitutions monétaires
aux types des anciennes autonomes sont fréquentes
sous les règnes de Domitien et de Trajan. Quels sont
les motifs qui onl poussé ces empereurs à édicter
pareille' mesure? Nous l'ignorons. Les monuments
numismatiques sont néanmoins là, qui rendent le
fait incontestable.
40S NOVËMBRE-DKCEMBRK 1898.
^
LEGENDES.
Pour des raisons qui nous échappent, les légendes
inscrites sur les monnaies de cuivre de Mai*athos
sont constamment en langue phénicienne, jusqu'à
une époque très tardive, en a 36. Bien que cette
pratique soit en contradiction avec Tusage adopté
de foit bonne heure par Arados de légendes gréco-
phéniciennes, elle n a pas lieu de nous surprendre.
Le monnayage de cui\Te était surtout destiné à ser-
vir d'appoint dans les transactions locales; chaque
cité pouvait donc, sans inconvénient sérieux, se dis-
penser de toute règle appliquée par ses voisins à ce
sujet. Il n'en était pas de même pour le monnayage
d'argent, destiné plus spécialement au cx)mmerce
extérieur. Les usages en cours, à une époque quel-
conque, à Arados, doivent donc se retrouver sans
grave modification h Marathos, cité voisine. Nous
ne coimaissons ([ue cinq pièces d'argent de cette
ville :
Un tétrîidrarhme , à types «liexandrins, daté de
l'an 3o.
Une hémi-drachme, tête de reine, Marathos de-
bout , de l'an 3 ^ .
Une hémi-draclime, mômes types, de l'an y 3.
Un tétradrachme autonome, Tyché-Marathos as-
sis, de l'an 33.
Un tétradrachme autonome, mornes types, de
Tan 89.
L'EKE DR MARATHON DE PHFiNICIK. ^03
Les légendes des quatre premières pièces sont
fj;réco-phéniciennes. H est incontestable que toutes
portent des dates empnintées à une seule et m<^me
♦Te, celle qui ligure également sur le tétradrachme
aulonomo, à légende grecque, de Tan 89. (les lé-
gendes sur les trois premières pourraient convenir
aussi bien à Fère des Séleucides qu'à fère d'Arados,
aux années 282 , 278, comme aux années 229, 2 25.
Lliémi-dracbme de Tan y 3, reproduisant les tj^es
(le celui de Tan 3'i, peut être négligé puisque, ni h
cette époque, ni aux époques antérieures ou posté-
rieures les plus voisines, il nV a h \rados de
pièces de même valeur et module pouvant sen ir de
lerme de comparaison. I^e tétradracbme autonome
de l'an 89, à légende entièrement grecque, fournil
des indications fort précieuses. Si cette année cor-
respond, avec fère des Séleucides, à l'an 228 av. J.-C,
ce serait une nouvelle divergence inexplicable avec
fusage adopté à Vrados , dont on connaît des tétra-
drachines alexandrins à légende grerx)-pbénicienne ,
portant la date ^|5 de Tère aradienne, soit 2 1 ^j
avant J.-C, et où les tétradrachme» alexandrins à
légendes entièrement grec<|ues ne commencent
(pi'en 60, soit 19g av. J.-(l. Remarquons que le té-
tradrachme autonome d'Arados, au type de Poséi-
don, à légende entièrement grecque, porte la
date 86, soit iy3 av. J.-(i. Si le tétradrachme de
Marathos de Tan 8g porte une date aradienne, il
serait de fan 1 70 av. J.-(]. La présence d'une lé-
gende entièrement grecque serait, en ce cas, parfai-
404 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
tement justifiée sur un tétradrachnie, dont la frappe
à Marathos a été peut-être inspirée par l'exemple
donné trois ans auparavant par sa métropole.
MÉTAL.
Los monnaies autonomes ou royales de Marathos
sont presque toutes en cuivre. Cinq seulement sont
en argent. Avec rhypotbèse de l'ère des Séleucides,
il faudrait inaugurer pour Marathos le monnayage
daté du bronze, dès Tan ayg av. J.-C, tandis que
la plus ancienne monnaie de bronze, à types auto-
nomes et pourvue d une date frappée en Phénicie , à
Arados, est bien postérieure: elle est de Tan 22 =
aSy avant J.-C.
MODULES.
Avant Antiochus III (aa^-iSy), les modules des
tétradrachmes dos Séleucides supérieurs à o m. o3
sont des exceptions; ils sont devenus presque la
règle sous Antiochus IV (lyS-iô/i). L'an 1*70 con-
>ient donc mieux que Tan îiti3 pour Tan 89 inscrit
sur un tétradrachme , ayant o m. o3 2 comme module,
qui aurait été frappé pendant la captivité de Plolé-
niée VI prisonnier d' Antiochus IV^ Cette conclusion
est confirmée par la différence des tétradrachmes
alexandrins d' Arados. Ceux à légendes gréco-phéni-
ciennes allant jusqu en ai4 av. J.-C. ont un mo-
dule de om.oîy à om.028; ceux à légendes entiè-
rement grecques, allant de 199 à 186, ont, comme
L'ÈRE DE MARATHOS DE PHÉNTCIE. 405
C(»ux de Rhodes, égideinent frappés dans le if siècle
a>anl notre ère, om.oSa. Le beau tétradracliine
autonome d'Arados, frappé au type de Poséidon en
iy3 av .J.-C, a également un module de oni.o3'i.
EXÉCUTION ARTISTIQUE.
L'evécution artistique du tétradrachme de Tan 33
diffère des tétradrachmes d*Antiochus I"" (28 1 -26 i ) ,
et s(» rapproche beaucoup de ceux de Séleucus III
(•246-226). L'attitude générale de Marathos, au re-
>ers l'inclinaison de sa tête, le modèle de son sys-
tème musculaire, offrent des analogies frappantes
a> ec les mêmes particularités de TApoUon assis des
tétradrachmes de Séleucus III. \u droit, mêmes
points de ressemblance entre le visage de Tyché et
celui de Séleucus 111. Les yeux sont figurés par des
procédés identiques. Les analogies du tétradrachme
marathien de Tan 89 sont également très uiarquées
a\ec certains tétradrachmes d'Antiochus III, mais ce
sont ceux où Tefligie de ce roi offre le type de vieil-
lard.
CONCLUSIONS.
L attribution de Tère des Séleucides des dates in-
scrites sur les monnaies royales et autonomes de
jMarathos soulève des objections absolument inso-
lubles. Elle oblige» à admettre que Marathos ne s'est
jamais assujettie aux règles appliquées, dans leurs
émissions monétaires , par les autres villes de Plié-
406 NOVEMBRE-DÉCEMBRB 1898.
nicie, et entre autres par Arados» sa métropole et sa
voisine. Elle est de plus en opposition formelle avec
Imterprétation logique des rares documents con-
servés à Marathos par les historiens de lantiquité.
Ces objections sVvanouissent avec l'adoption de
1 ère aradienne ; c'est donc bien cette dernière qui a
été employée par Marathos durant tout son mon-
nayage.
HISTOIRE DES BENOU'l.-AHMAR. 407
IBIN KHALDOUN.
HISTOIRE DES BENOl L-AHMAR,
KOI s DE GRENADE,
TIWDUITE
PAR
M. GArDEFROY-DEMOMBYNES
(suite.)
Telle était la situation, quand Mohammed ben
Youssef'lbn el-Ahinar mourut en 671 (1 272-1 278);
il eut pour successeur son fils, Mohammed, sur-
nommé el-Faqih, parce que, dans la famille royde ,
il était le lecteur du Qoran et qu'il étudiait la science
dans les livres. Son père lui avait recommandé de
chercher un appui auprès des rois zënatas de la fa-
mille des Beni-Merin, qui enlevaient à ce moment
le Maghreb aux Almohades, de consolider son al-
liance avec eux et de gouverner son royaume d'accord
avec eux**. — Mohammed el-Faqih Ibn el-Ahmar
envoya une ambassade au sultan mérinide Yaqoub
Ibn *Abd el-Haqq, en 702 (1 3o2-i3o3), au moment
où celui-ci venait de terminer la conquête du Ma-
408 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 180S.
ghreb, de prendre Marrakech et dy occuper le
trône des Alniohades. — Le sultan accueillit bien
son appel et envoya des troupes musulmanes, nié-
rinides et autres, à la guerre sainte, sous le comman-
dement de son lîls, Mendil. Puis, il entra luinnênie
en campagne.
Ibn Hicham lui ouvrit les portes d*Algésiras dont
il s était rendu maître , le sultan auquel il en lit hom-
mage, s y installa et la choisit comme port de dé-
bar(|uement pour la guerre sainte. Ibn el-Ahmar se
pouilla, en sa faveur, de Tarifa ^^ et des forteresses
qui Tentouraienl ; elles lui servirent désormais de
camp retranché pour y préparer ses escadrons à la
guerre sainte, et pour y installer les troupes desti-
nées aux ghazzias.
Dans cette Ccunpagne de -702 (i 3o2-i 3o3), il
attaqua, connue nous Tavons dit déjà, le général
chrétien ^, Don Nuno ^, dispersa son armée, tomba
de tous côtés sur les troupes du roi chrétien, et
sema sa cavalerie et son infanterie sur son territoire.
— Ibn el-Ahmar, craignant tout d abord pour son
royaume, se rapprocha du roi chrétien; puis, par
crainte de celui-ci, il revint à Talliance du sultan.
Mais en même temps, il se plaignait d'avoir à sup-
porter l'arrogance des gens de la famille royale mé-
rinide qui, réfugiés chez lui, avaient mis une pailie
de son propre royaume sous la suzeraineté du sul-
tan du Maroc, et lavaient partagé entre chaque chef
de famille.
D'autre part, le hullan de Grenade avait à re-
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 409
pousser et à faire rentrer sous son obéissance ses pa-
rents , les Benou Achqilola , dont 1 un , 'Abd Allah était
à Mîilaga, un autre, *Ali, à Guadix, et le troisième,
Ibrahim , à Comarès. Ils s étaient révoltés contre lui
et avaient amené le sultan mérinide Yaqoub ben
*Abd el-Haqq à se déclarer son ennemi ^. Ils entrèrent
en campagne contre le roi de Grenade, et mirent
aux mains de Yaqoub les postes qu'ils occupaient,
c/est-à-dire Malaga et Guadix. Plus tard, le sultan
Mohammed el Faqih en reprit possession, comme
nous le dirons en fai<%ant Thistoire des relations des
Béni Merin et des Benou '1-Ahmar. En fin de
compte, les Benou Achqilola et leurs parents les B.
ez-Zerga passèrent au Maroc et vinrent à la cour de
Yaqoub, qui, conmie nous le rîiconterons , leur fit
bon accueil, leur assigna des terres en fiefs et leur
confia les plus hautes charges de son gouvernement.
Le sultan Ibn el-Ahmar el-Faqih resla alors seul
maître de ce qui restait de TF.spagne musulmane,
et le légua à ses descendants. Il n'avait eu auprès de
lui ni chef de Iribu, ni chef de famille, et il n'avait
trouvé d'autn» appui que celui que lui avaient donné
les guerriers Zenatas exilés et les membres de la famille
mérinide. Ceux-ci d'ailleurs n'étaient venus chez les
Espagnols que pour piller, et ils avaient sur eux
l'avantage de la fougue et de la vaillance. On trou-
vera Texposé des causes de cette situation dans ce
que nous avons dit déjà de la disparition totale des
tribus et des familles en Espagne. Mais l'ICtat n'avait
pas alors besoin d'un chef de tribu pour souverain;
xii. 27
410 NOVBMBHE^DÉCKMBRR U08.
à lorigine, le sultan Ibn el-Ahroar avait eu un clan
qu avaient formé ses parents, les Benou Naçr, ses
alliés , les Benou Aehqilola et les Benou '1-Moula , et
eaux parmi leurs airranchis et leurs clients qui les
avaient suivis à la guerre. Ces forces furent d'abord
suffisantes , grâce à lappui que lui prêtèrent suocea*
sivement le roi de Castilie contre Ibn Houd et les ré-
voltés espagnols, et le sultan du Maroc contre le roi
de Castilie ; et grâce aussi è la situation avantageuse
que lui donnait A Tégard du sultan du Maroc, la
présence des réfugiés de la famille mérinide. Tout
cela lui pennit d avancer ses aiTaires et de parvenir
à ses fms, Plus tard , on comprend que grands et
petits se soient réunis dans la haine du roi chré-
tien, quils redoutaient comme lennemi de la foi.
Tous les cœurs ressentirent la même crainte et le
même désir de combattis. Cette union de tous recon-
stitua, dans une certaine mesure, la tribu disparue.
Le sultan Yaqoub ben *Abd el*^Haqq passa quatre
fois en Espagne , el après lui , son fils Youssef y fit
can)pagne; puis il fut absorbé par sa lutte avec les
Benou Yaghmoracen.
Le roi Mohammed el-Faqih mourut en 7 1 1 ( 1 3o i -
i3oa)^^. Il avait aidé le roi chrétien à assiéger et à
prendre Tarifa, et il avait fourni des vivres à son
armée pendant toute la durée du siège , qui finit par
la prise de la ville en 69 1 (1 29'i ), Cette ville servait
de port d'atlache au sultan du Maroc, quand il vou-
lait passer en Kspagne,car elle est située à lendroit
le plus resserré du détroit.
HISTOIRE DES BEN(X)'L-AHMAR. ^U
Enlise les mains du roi chrétien , cette ville devint
une sentinelle armée contre quiconque voudi^ait
traverser le détroit , et le passage en fut rendu fort
difficile.
Mohammed el-Faqih eut pour successeur son fils ,
Mohammed el-Makhiou ^^ ^\ qui &e laissa d abord gou«
verner par son vizir Mohammed ben Mohammed Ibn
el-Hakem el-Lakhmi, originaire de Ronda, oii sa
famille avait compté des cheikhs et des vûdrs. Puia,
il le fit rentrer dans ses attril)utions et gouverna par
lui-même, jusqu'à ce que son frère, Abou 1-Djoui-
ouch Naçr ben Mohammed , se révoltât conti*e lui.
Celui-ci tua le vizir et détrôna son frèi*e en l'année
708 ( i3o8-i3o9).
Leur père, le sultc'm Mohammed el-Faqih, avait
nommé gouverneur de Malaga le rais Abou-Sa*id,
fils de son oncle Ismaïl ben Naçr, qui y exerça ces
fonctions pendant de longues années. Ce fut lui qui,
trahissant les Benou 1-Ai(éfi, s empara de Ceuta,
d accord avec le sultan , et se mit sous sa suzeraineté,
comme on le racontera dans Thistoire de Ceuta et
dans celle de la dynastie mérinide^. Il avait épousé
la fille du sultan Mohammed el-Makhlou , et en
avait eu un fils, Abou 1-Oualid Ismaïl.
Abou 1-Djouiouch s'était donc emparé de Grenade
et y avait enlevé le pouvoir au sultan régnant; mais
son gouvernement et celui de son vizir Ibn el Hadj
ne furent point heureux ^^ : ils excitèrent la haine des
princes mérinides réfugiés, et manifestèrent des ten-
dances à la violence et à l'injustice. Les Benou Idris
«7-
41S NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
bcn ^Abd Allah ben *Abd el-Haqq, qui alors dirigeaient
les gbazzias k Malaga , avaient pour cherX3thman ben
Abi 1-Mâli. Abou 1 Oualid Tamena à entrer dans un
complot qui avait pour bul de chasser le sultan Abou
l-Djoniouch Naçr et de lui enlever le pouvoir, dont
le rendaient indigne sa propre faiblesse et la sottise
de sa famille et de son entourage. Ils entrèrent dans
la conjuration destinée à renverser Abou 1 Djouiouch
Naçr (ît h mettre à sa place Abou 1-Oualîd, son frère.
Er mis Abou Said prit donc les armes à M aiaga en
717 ( 1 3 1 7- 1 3 1 8) ''^ et tous marchèrenl sur Grenade
et mirent en fuite les troupes d'Abou 1 -Djouiouch.
La populace de la ville se souleva en leur faveur et
Kr raison profita pours*emparer de la vUle. Il laissa la
vie sauve à ses adversaires, à la condition qu*ils en
sortissent pour se n»tirerà Guadix. Abou 1-Djouiouch
s y (établit et y recommença à régner jusqu'à sa mort
survenue en 7a a ( i3aa-i3a3)''^
Abou l-Oualid entra dans Grenade et y fonda pour
lui et pour ses enQuits une puissante autorité sous
une nouvelle dynastie. Ije roi de Castille vint l'y
assiéger, et 1rs Béni Abi l-*Ola montrèrent le plus
grand courage, dans cette circonstance ^^. Dieu vou-
lut que le roi chrétien pérît, ainsi que son général,
et que Tannée chrétienne fiit taillée en pièces, en
\ue de Grenade; ce fut l'une des plus merveilleuses
interventions de Dieu en faveur de la vraie religion.
Le roi \b()u l-Oualid fit en personne plusieurs expé-
ditions (»n trrriU)ir(» chrétien à la tète des troupes
/.énataset andniouses; les Zénatas montrèrent là une
HISTOIRE DES BENOirL-AHMAR. 413
ténacité particulière, qui sVxplique par ce fait qu ils
avaient été liés, récemment encore, par les rapports
de cian et quils sortaient à peine de la rude exis-
tence des nomades ^^.
La puissance et l'énergie d'Abou i-Oualid n'a-
vaient fait que s accroître , quand un de ses parents ,
des Benou Naçr, forma un complot contre lui en
7 2 7 ( 1 3 2 6- 1 3 a 7 ), et fassassina traîtreusement , tan-
dis qu'il donnait son audience à la porte de son pa-
lais; le coup le traversa de part en part''*. On le tran-
sporta sur son lit. Le traître se réfugia dans la maison
d'Othman ben Abi l-*01a , qui le tua sur-le-champ. La
garde noire et le djound mirent aussitôt à mort
ceux qu'ils soupçonnaient de prendre le parti de
l'assassin "^.
On proclama son fils Mohammed "^^j qui fut gou-
verné par son vizir Mohammed Ibn el-Mahrouq.
Celui-ci s'étant rendu insupportable à *Othman ben
Abi l-'Ola, chef des défenseurs mérinides et cheikh
el-Ghazat, dut entrer en campagne contre eux. Mais
*Othman niarcha sur Andeiech^", dont il s'empara,
et appelant à lui Mohammed ben er Rais Abi Sîi'id
dans Chaloubinia ''''*, il lui donna le trône. Mîil sa-
tisfait encore de celte nouvelle situation , il se décida
t\ faire la paix avec le roi Mohammed. Celui-ci (it
traîtreusement assassiner son vizir Ibn el-Mahrouq"^,
dans son propre palais ( 729 = 1327-1 3 a8); il le lit
appeler par Tintermédiaire de sa tante qui avait tout
pouvoir sur lui, et, sur son ordre la garde étrangère
le tua à coups de khandjar. Le roi prit alors en main
414 NOVEMBRE^DÉCEMRnE 1S98.
le gouvernement , et ^Othman ben Ali l-Xlla rentra
en possession de son commandement des chefs des
GhaEzias et des guerriers zénatas, qu*il exerça jus-
qu'à sa mort^; il avait désigné son fils x\boU Tha-
bet •* pour lui succéder.
1^ sultan Mohammed passa ensuite au Maroc pour
demander des secours au sultan Abou 1-* Hassan •*
contre le roi chrétien ; mais il le trouva occupé de
la révolte de son frère *Omar ^, Pourtant le sultin
équipa pour lui des troupes , dont il donna le com-
mandement à Abou Malek'*, et il les envoya en Es-
pagne. Elles firent quelque temps le siège de Gibral-
tar**, et revinrent au Maroc en ^SS (i33îi-i333).
I>es Benou Abi 1-X)la avaient vu d'un mauvais œil
l'alliance du roi avec Abou l-*Hassan , et ils formè-
rent un complot qui aboutit k l'assassinat du roi,
percé de coups de lance au moment où il revenait de
Gibraltar à Grenade **. Ils lui donnèrent pour suc-
cesseur son frère, Abou l-*Hadjadj Youssef .
Aussitôt qui! fut maître du pouvoir, celui-ci s'em-
pressa de venger son frère ; il chassa les Benou a\bi
l-XMa, les exila h Tunis et nomma au commande-
ment des Ghazzias, à la place d*Abou Thabet ben
*Othman , un de ses parents de la famille des Benou
Rahouben Wbd el-Haqq, Yahia ben *Omar ben Ra-
hou. Celui-ci accepta et conserva longtemps ce com-
mandement*^.
Le roi Abou 1-Hadjadj demanda alors du secours
au sultan du Maroc, Abou 1-Hassan. Celui-ci, qui
venait de conquérir Tlemcen , lui envoyli son fils '^,
HISTOIRE DKS BENOU'L-AHMAR. 415
auquel il donna lo commandement de troupe* ze-
nalas et de volontaires. Il le» emmena darts Une ex-
pédition, et, comme il revenait chargé de butin, il
se heurta à toute larméc chrétienne ^ qui les attaqua
sur la frontière. lies soldats musulmans périrent en
grand nombre pour la foi»
En 7/41 (l34ô-l3/JI)^^ le sultan Abou l^Hassan
orgtmisa une grande expédition, qui comprenait des
gens du Maghreb tout entier, des Zenatas, des Ma-
ghraouas et ties volontaires. Il vint assiéger Tarifa ;
mais le roi chrétien, accouru A sa rencontre, engagea
le combat sous les murs de la ville. Les nmsulmans
furent surpris et il en périt un grand nombre pour
la foi; les épouses du sultan et toutes les femmes
furent tuées danà sa tente au milieu de soh camp.
Ce fut un jour de douleur et d'épreuve. Le roi
chrétien, mai*cliant à la poursuite du sultan, s em-
para d el-Qala'a *', poste frontière du royaume de
(irenade, et vînt metti-e le siège devant Algésiras
qu'il prit par capitulation en 'j^i (i3à3-t3&3).
Le roi Abou 1-Hadjadj ^* continua k régner jusqu^à
sa mort, survenue en 'job (i354-i355) le jour de
la rupture du jeune ^^. Il fut frappé par une brute
qui , sortie des derniers rangs du peuple , avait trouvé
un parti pour soutenir des prétentions au trône,
que n'appuyaient ni sa généalogie, ni sa naissance.
Son corps fut sur-le-champ taillé en morceaux^.
Il eut pour successeur son fds Mohammed^*, qui
fut gouverné par son affranchi, Ridhouan, cham-
bellan do son père et de son oncle. Il administra à
416 NOVEMBRE. DECEMBRE 1898.
sa place, domina le royaume malgré lui» et le tint
enfermé pendant cinq ans.
Son frère Ismaïl vivait alors dans lun des pa-
lais de TAlhambra^, qui était le siège du gouverne-
ment. Il avait des rapports d'intimité et d'alliance ^^
avec son cousin, Mohammed ben Isma'ïl ben Mo-
hammed Ibn erRais AbouSa'ïd, auquel son père le
sultan avait donne sa fille. Le père de Mohammed
prétendait au titre de rais; son grand-père Moham-
med était ce personnage dont nous avons parlé plus
haut, et quOthman ben Ali l-XMa avait tiré de sa
prison pour le porter au trône.
Mohammed er-Rais fit pénétrer dans TAlhambra
des bandes d'aventuriers , qu'il y logea dans Xine tour.
A leur tête, il assaillit le chambellan Ridhouan dans
sa maison et le tua. Puis, il fit sortir son beau-frère
Isma'ïi et le fit proclamer roi dans la nuit du 2 7 ra-
madhan 760^*. Le sultnn déchu Mohammed qui se
trouvait alors dans une campagne hors de l'Alham*
bra, se retira à (kiadix, et delà passa au Maghreb,
où il se rendit auprès du souverain marocain , Abou
Salem, fils du sultan Abou i-Hassan. Celui-ci lui fit
bon accueil et accepta son hommage •'^.
Le chef des auxiliaires mérinides, Yahia ben
*Omar, inquiet des intentions du nouveau gouverne-
ment, s'enfuit sur le territoire chrétien, et de lu ga-
gna le Maghreb; il se rendit auprès du sultan Abou
Salem, qui lui fit bon accueil. Il fut remplace à la
tête des auxiliaires par Idris ben 'Othman ben Abi
l-^Ola.
■r
f
HISTOffiE DES BENOU'L-AHMAR. 417
Er rais (Mohammed) gouverna pour le compte
de son (l)eau-)frère Isma'ïl et dirigea son adminis-
tration. Mais, à la suite d'intrigues tramées entre
eux, il se tint sur ses gardes et finit par trahir la
cause d'Ismaïl et par l'assassiner, ainsi que tous ses
frères, en 761 (1 SSg-i 36o)^^.
Il prit pour lui-même le trône d'Andalousie, et
commença par dénoncer la paix conclue naguère
avec le roi chrétien, auquel il interdit de lever le
tribut que lui payait la terre musulmane. A cette
nouvelle, le roi chrétien se prépara à la guerre et
arma ses troupes contre le roi de (Irenade. Les mu-
sulmans les rencontrèrent à Guadix; elles y furent
vaincues par un général de ta famille du roi et éprou-
vèrent des pertes considérables.
Le sultan du Maroc envoya alors au roi chrétien
ime ambassade pour le prier d'accueillir le sultan
déchu Mohammed et de le rétablir sur le trône ^^^
Il équipa pour lui une flotte qu'il envoya au roi
chrétien; celui-ci eut une entrevue avec Mohammed,
qui lui promit son alliance et son bras, en y met-
tant pour condition que les forteress(»s andalouses
qui seraient conquises lui appartiendraient exclusi-
vement. Le roi chrétien n'ayant pas observé cette
condition, le roi déchu rompit l'alliance et se retira
vers la frontière occidentale de l'Andalousie, dans
les domaines des Mérinides, qui lui livrèrent une
partie du district de Ronda^*^*-. De là, il se dirigea
sur Malaga, dont il s*empara en yGS (i36i-i 36îi).
Er Rais Mohammed ben Tsma'ïl s'enfuit de Gre-
41A NOVRMBRK'DÊcKMBbt lë06.
tiade et nlla se i^.fugier auprès du rot de Castille,
qui ie fit mettre en prison, ninsi tpie Id chef des d^
fenseurs, Idris ben X)thtnan{ mais telui-^d réUfKii^
quelque temps ftprès, à séVËder de sa prison,
comme nous ie raconterons dans l*hisioire des dé-
fenseurs. Quant au rais Mohammed, le roi lui fit
expier ses crimes '***.
Tandis que ie sultan Mohammed s'avançait à la
tête de ses partisans, on lui amena le hadjeb de Mo-
hammed er-Rais, qu'il fit mettre à mort, ainsi c{ue
tous les misérables qtii avaient assassiné le hadjeb
Ridhouan et envahi le palais du sultan'*^.
Mohammed entra dans Grenade et y reprit pos-
session du gouvernement. Il mit à la tête des défèn^
seurs leur ancien chef Yahia ben *Omar, et prit pour
confident son frère *Othman ^^. Mais des intrigues
leur attirèrent sa disgrâce, et il les fit enfermer tous
deux dans la prison d'Alméria; plusieurs années
après, il les exila. 11 mit alors k la tête des défenseurs
leur parent *Ali ben Bedr ed-Din Mohammed ben
Rahou^*^. A sa mort, il le remplaça par *\bd er-
Rahman ben Abi Ifelloussen *A1I *"^ qui descendait
d'Abou *Ali X)niar de la famille royale du Maghreb.
Cependant le sultan Mohammed el-Makhlou res-
tait sur le trône de son empire, dans TAlhambra,
puissant, au milieu du luxe et des plaisirs, dominant
le roi chrétien et la Castille, ainsi que les rois du
Maghreb *^', qui tous voyaient leur pouvoir atteint
de cette décrépitude qui frappe parfois les empires.
En Cëstillel«^ le peuple s'était révolté en 768
HISTOIKE DES BKNOU'L-AHMAK. M\)
(i 366-1 36") contre lo roi Pierre, fîis crAiphonso,
ot «ivait appelé h sa place son frère le comte, qui,
après la mort de son père, avait fui à la cour du
roi de Barcelone pour échapper à son frère Pierre.
L'appui que le roi de Barcelone lui donna contre
Pierre amena entre ces deux princes de» querelles
et des batailles, qui mirent la Castilie dans une situa-
tion désespérée. Le peuple avait donc renversé Pierre
et avait appelé son frère -le comte, qui arriva aus-
sitôt ; il fut proclamé roi , et les Castillans , s éloignant
en masse de Pierre, embrassèrent son parti. Celui-
ci gagna rapidement la frontière musulmane, et de-
manda au sultan Mohanmied, roi de Grenade, de
lui prêter secours contre ses ennemis; il lexcitait en
même temps à se jeter sur la Fronteira, Le sultan
conquit et ravagea un grand nombre de villes, telles
que Jaen, Ubeda, etc. ^*^, el après avoir ruiné les
campagnes environnante», il vint assiéger Cordoue»
dont il détruisit les alentour». Puis il revint à Gre-
nade, victorieux et chargé de butin "*.
Cependant, Pierre s'était avance vers le nord, au
delà des Pyrénées, et avait eu une entrevue avec le
roi des Francs, souverain de l'Angleterre, quon
nomme le prince de Galles. Il lui demanda secours
et lui donna sa fille en mariage *'*; le prince envoya
aussitôt h son aide son fils, à la tét(» des troupes
franques. Le ronite sVnfuit devant elles, et Pierre
reprit possession de son royaume. Mais, après le
départ de larmée franque , le comte reparut, tt s em-
para du pays pour la seconde fois; il asRiégea »oh
420 NOVEMBRE-DECEMBRE 1898.
frère Pierre dans une forteresse de la Galice, le prit
et le tua.
Le sultan de Grenade profitant de la lutte qui
occupait les chrétiens, redressa la tête et refusa le
tribut qu'ils levaient depuis le temps de ses ancêtres,
sur les musulmans, qui nont plus rien donné de-
puis Tannée yya (iSyo-iSyi) jusqu'aujourd'hui.
Mais les réclamations des chrétiens parvinrent au
prince de Galles, souverain des Francs qui vivaient
au delà (des royaumes chrétiens d'Espagne). La fdle
de Pierre , que celui-ci avait mariée au prince , lui
avait donné un enfant mâle, et son père jugeait qu'il
était plus digne que le comte ou qu'aucun autre de
porter la couronne, selon la 'X)utume étrangère qui
donne le trône aux descendants par les femmes. La
guerre continua entre les deux rivaux, absorbant
toute l'attention de la Castille, qui perdit la plus
grande partie de ses forteresses et de ses provinces.
Ihn ol-Ahmar, comme nous l'avons dit, refusa le
tribut et acquit une situation prépondérante à l'égard
des chrétiens ; tel est d'ailleurs encore l'état des choses
à l'heure actuelle ^^^.
Au Maroc , c'était le sultan *Abd el *Aziz , fils du sul-
tan Abou 1-lIassan qui gouvernait en personne et
qui se montrait à la hauteur de sa tache. Le chef des
défenseurs en Espagne était alors, comme nous l'a-
vons dit,'Abd er Rahman ben Abi Ifelloussen, qui
appartenait à la famille du sultan mérinide et qui ve-
nait après lui dans l'ordre de la succession au trône.
*Abd el Aziz s'aperçut qu'une correspondance s'était
HISTOIRE DES BENOU^L-AHMAR. 421
établi entre lui et des gens de sa cour. Il conçut des
soupçons sur ses intentions, et fit demander à Ibn el
Ahniar de renipoisonner. Le roi de Grenade le fit
enfermer, ainsi que le vizir Mess*oud ben Massai, qui
avait eu une part aclive dans le complot et dans la
correspondance avec la cour marocaine.
\\bd el Aziz mourut en -jy^ (iSya-iSyS), et il
eut pour successeur son fils Mohammed es Sa id , sous
la régence du vizir de son père, Abou Bekr ben (ihazi
ben el Kas. Ibn el Ahmar ayant fait sortir de prison
\\bd er Rahman ben Ifellousen. Abou Bekr irrité
songea à envoyer en Espagne lun des principaux
membres de la famille des Benou l-Ahmar, et à lui
fournir des troupes et de Targent pour qu'il entrât
en compétition avec Mohammed (V). Quand celui-ci
apprit ses projets, il s*empressa d'agir, et se dirigea
à la tête de ses troupes vers le littoral du détroit; il
vint assiéger Gibraltar avec Ibn Ifelloussen et Ibn
Massai , et leur donna un navire qui les fit aborder
au pays des Bot'ioua, d'où l'agitation se répandit
au Maroc. Les habitants de Gibraltar pressés par le
siège, offrirent k Ibn el Ahmar de capituler et se
mirent sous son obéissance^'*.
A cette époque, se trouvait à Ceuta Mohammed
ben^Othman ben el-kas, beau-frère et proche parent
d'Abou Bekr ben Ghazi, que ce dernier avait chargé
d(» diriger la défense des poils, au moment où Ibn
el-Ahmar avait commencé le siège de GibralUir. Or,
depuis le règne (PAbd (»l-\\zîz, on avait gardé en
prison k Tanger plusieurs fils majeurs du sultan
4i!i NOV£MBRË^D£CRIfBR£ 1808.
Âbou l-Hassan. Le sultan Ibn el-Ahmar était entré
en correspondance avec Mohammed ben ^Othman ,
et lui avait montré combien était blâmable la pro-
clamation qu on avait faite d un enftnt mineur, en-
core éloigné de sa majorité ; il lui désigna , comme
plus digne du trône, iun quelconque des jeunes
gens emprisonnés à Tanger, et promit d'aider celui-
ci k s*eniparer du pouvoir, et de lui envoyer des
troupes et de Targent.
Le choix de Mohammed ben X)thman tomba su
Âbou 1-^Abbas Ahmed, quil fit sortir de prison et
qu*il fit proclamer sultan. Ces jeunes gens, dans
leur prison , s^étaient promis les uns aux autres que
celui d entre eux qui parviendrait au trône, mettrait
les autres en liberté. Le sultan Abou l-Abbas, dès
son avènement, tint la promesse qu^il leur avait
faite, les mit en liberté et les fit passer eu Elspagne.
Ils vinrent demander Thospitalité au sultan Ibn ei-
Ahmar, qui leur fit bon accueil et les attacha à sa
personne. Puis il envoya des troupes et de largent
au sultan Abou i-\'\bbas et à son vizir Mohamuied
ben *Othman, et il écrivit à *Abd er-Rahman ben
Ifeiloussen de se mettre d'accord avec eux et de con-
certer ses opérations avec les leurs. Tous trois ou-
vrirent la campagne, et, pendant plusieurs mois ils
tinrent assiégée Fas, capitale du gouvernement.
Abou l-'Abbas y t»ntra en mohari^m "776 (juin-juil-
let 1374).
Il envoya ^Abd er Rahniad ben Ifeiloussen à Mar-
rakech, et lui abandonna le gouvernement de la
HISTOIRE DES BENOUL-AHMAE. ^È^
ville et des provinces qui en dépendent, oomme
cela avait été convenu auparavant enti'e eux. Quant
à es-Sa ïd ben *Abd el-*Axiz , qui avait régné après son
père^^^, le nouveau sultan to fit passer en Kspagne,
où Ibn el-Ahmar laccueiliit à sacour^**.
Le sultan Abou l-'Abbas prit possession du gou-
vernement du Maghreb et continua d'entretenir avec
Ibn eUAhmar des relations d'alliance et de mutuelle
amitié ^^". Mais il n agit pas de même avec *Abd er-
Kahman, souverain de Marrakech; il marcha plu-
sieurs fois contre lui et assiégea la ville. Ibn el-Ah-
mar, après lui avoir prêté secours dans une première
campagne, s'entremit pour leur faire conclure la
paix***. Mais, en 784 (i38îi-i 383), le sultan mar-
cha contre son rival, l'assiégea pendant plusieurs
mois dans sa capitale qu'il emporta d'assaut, et le
mit à mort; puis il revint à Fas**^.
Il marcha ensuite contre Tlemcon, dont lo sultan
AbouHammou, l-*Abd el-Ouadite, sVnfuit àChélif;
le sultan Abou l-\\bbas entra dans Tlemcen.
Mais des artisans de discorde s'etforçaient de se-
mer le désaccord entre lui et le sultan Ibn el-Ahmar,
dont ils réussirent à exciter la colère '^. Ils le pous-
sèrent à détruire le pouvoir d'Abon l-*Abbas et h le
remplacer par l'un des membres de la famille méri-
nide qui se trouvaient è m cour. Il choisit parmi les
jeunes gens, qui en quittant Tanger s'étaient rendus
à sa cour, Moussa , fds du sultan Abou Unan , et lui
donna pour vizir Mess'oud ben Massai. Il lui fit équi-
per un navire , qui le conduisit à Ceuta; la popula-
424 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
tion s^einpressa de se soumettre à lui et de le pro-
clamer sultan. De Ceuta, il se dirigea vers Fas,
tandis que le sultan Ibn el-Ahmar prenait possession
de Ceuta , qui passa sous son obéissance. Le sultan
Moussa, continuant sa marche vers P'as, capitale du
royaume, se présenta un jour devant ses murs, et
à la (in de ce même jour, les habitants lui deman-
dèrent Taman. Il entra dans laville(786=i384)et,
le lendemain, il se trouva maître de l'empire.
La nouvelle en parvint àÂbou l-*Abbas, qui avait
quitté Tlemcen pour se mettre à la poursuite d'Abou
Hammou et des B. *Abd el-Ouad qui s'étaient re-
tranchés à Chélif. Il fit volte-face et précipita sa
marche sur Fas. Il avait dépassé Téza et se trouvait
h moitié chemin entre cette ville et Fas , quand il se
vit abandonné par tous les Mérinide^, puis par Tar-
mée entière qui, après avoir pillé le camp, porta
ses étendards au sultan Moussa. Abou l-*Abbas, revint
à Téza, dont le gouverneur lui était resté fidèle;
mais sur un ordre du sultan Moussa, il se saisit
d'Abou l-*Abbas et l'envoya à Fas. Le sultan le fit
passer en Espagne, et le souverain détrôné alla,
comme lavait fait jadis son rival, demander flios-
pitalité à Ibn el-Ahmar.
Le sultan Moussa, resté seul maître du Maghreb,
laissa gomerner le vizir Mess'oud ben Massai, il
adressa des réclamations à Ibn ei Ahmar au sujet de
foccupation de Ceuta; et le roi de Grenade ayant
refusé de rendre la ville, la bonne entente fut rom-
pue entre les deux souverains. Ibn Massai intrigua
HISTOIRE DES BENOU*L-AHMAR. 425
auprès des habitants de Ceuta pour qu ils se révol-
tassent contre la garnison , qu'y avait laissée Ibn el-
Ahmar. Mais celle-ci , attaquée par la population , se
défendit dans la qaçbah et donna aux flottes d'Ibn
el-Ahniar le temps de lui amener des renforts. Les
gens d(» Ceuta se tinrent désonnais en repos, et Taf-
faire en resta là.
C'est alors que plusieurs personnages importants
du Maghreb vinrent demander à Ibn el- Ahmai* de
leur envoyer pour roi l'un des princes mérinides qui
se trouvaient à sa cour. Il choisit el-Ouathiq Mo
hammed, filsderémir Abou 1-Fadhl, fils du sultan
Abou 1-Hassan, qu'il fit transporter par une flotte à
(]euta; de là, le prétendant gagna les montagnes de
Ghomara. A relte nouvelle, Mess'oud ben Massaï
marcha contre lui à la tête de ses troupes et l'assiégea
dans les montagnes.
Il apprit alors que son sultan Moussa, fils du
sultan Abou ^Inan, venait de mourir à Fas; il y re-
vint en toute hâte, et mit sur le trône un jeune fils
d'Abou l-*Abbas qui y était resté. Mais le sultan el-
Ouathiq, fils de l'émir Abou 1-Fadhl, continuant sa
marche, vint camper sur la montagne de Zerhoun
en face de Fas. Ibn Massaï s'avança vers lui à la tAte
de ses troupes et établit son camp en face du sien.
El-Ouathiq avait doimé toute sa confiance à Ah-
med ben Yaqoubcs Sobeihi'*^^; mais celui-ci s'attira
la haine de ses compagnons, qui , réunis contre lui, le
tuèrent devant la tente du sultan. Ce dernier, plein
de colère, entra en correspondance a\cc Ibn Mas-
IMfalHfcMk «AlluvALâ.
kii) ISOVKMBKKDÉCËMbHK lëOS.
saï qui consentit à le faire prodamdr suitati, à ia
condition qu*ii gouvernerait sous son nom. L accord
étant établi entre eux, le sultan el-Ouathîq alla
joindi'e ses troupes à celles dlbn Massaï, qui le fit
entrer dans la capitale et lui prêta le serment d'obéis-
sance , que le peuple rtpéta ***.
n avait amené d'Espagne des soldats du djound ,
commandés par un affk^anchi dlbn ek\hmar : il les
fit mettre en prison. Le sultan de Grenade, furieux,
«kpiipa aussitôt une flotte , et accompagné du sultan
Abou 1-V\bbas, il aborda k Ceuta, où il pénétra.
Les troupes dlbn Massaï, qui avaient continué à
Tassiéger, firent toutes serment d obéissanœ à Abou
I-*Abbas , et Ihn el-Ahniar retourna à Grenade.
Le sultan Abou l-*Abbas marcha sur Pas, et ren-
contra Ibn Massai , dont les troupes Tarrétèrent sur
les contreforts des montagnes de Ghomara. Mais
celles-ci travaillées par les partisans du sultan Abou
l-*Abbas, firent défection, et Ibn Massai dut re-
prendre le chenn'n de la capitale « où il organisa la
défense avrc son sultan. Le sultan Abou l-*Abba5,
continuant sa route, vint camper en face d'eux '**, vi
après un sioge de plusieui's mois, il s empara de la
ville. Voulant faiit* un exemple terrible, il fit mettre
à mort Ibn Massai, dont le cadavre ftit coupé vu
monceaux; son sultan, el-Ouathiq, fut tué, et tous
les B. Massai périrent de mort exemplaire ou dans
les supplices *'^V
Abou l-VAbbas, maitrr du MagliiXib, y i>igna sans
entra\ es , et bien qu'il vûi chassé Ibn el- Ahmar de
HISTOIRE DES BENOU'L-AIIMAR. 427
Geuta et qu'il lui eut repris celte ville, la bonne en«
tente persista entre eux.
Ibn el-Ahmar continua à régner jus<{u*à ia (in de
sa vie, tout puissant, à Tabri des mallieurs et des
revers *'^.
Nous avons appris cependant ^^ que , pendant une
expédition qu'il avait entreprise dans une province
espagnole , on vint le prévenir que son fils Abou 1-
Hadjadj Youssef, qui approchait de sa majorité,
songeait à se révolter contre lui; il le fit aussitôt ar-
rêter et le ramena à Grenade. Mais, lenquéte quil
ouvrit lui ayant pix)uvé Tinnocence de son fils, il le
fit remettre en liberté et lui rendit tousses honneurs.
On nous a aussi raconté qu'au moment où le sul-
tan quittait Grenade pour se rendre à Gibraltar et
porter secours à Abou l-'Abbas , qui était assiégé par
Ibn iVIassaï dans les montagnes du Ghomara , on vint
lui dire que deux hommes de sa garde, tous deux
fils de vizirs, Youssef ben Mess'oud el-Balensi et
son firère Ibrahim , fils du vizir Abou l-Qassem ben
Hakim**"' avaient comploté contre hii une attaque, à
l'incitation d'Ibn Massai, \yant eu des preuves con-
vaincantes de l'existence du complot, il les fit tous
deux arrêter et mettre à mort, ainsi que tous ceux
qui avaient participé à ia conjuration. Il revint à Gre-
nade où il consena un pouvoir soUde jusqu'à sa
mort (commencement de ygS «> 1 390).
Le peuple reconnut après lui son fils Abou 1-Ha-
djadj, qui se laissa gouverner par khaled, affranchi
de son {>è.re. Il conunença par faire arrêter ses firères
a8.
428 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
Sa*ad, Mohammed etNaçr, qui périrent en prison,
sans qu on en ail jamais eu de nouvelles. Quelques
temps après il apprit que Khaied, régent du royaume
avait résolu de lempoisonner et qu'il était d'accord
avec le médecin du sultan, le juif Yahia ben es
Saigh (lorfèvre). Il le fil arrêter, attacher devant
lui et tuer à coups de sabre; quant au médecin, il
le fit égorger dans sa prison. Gela eul lieu dans la
première année de son règne; il mourut en ygi
(1391-1392), après un règne d environ deux ans ^^*.
Il eut pour successeur son fils Mohammed qui
prit pour vizir Mohammed el-Hammâmi, qaïd des
arsenaux de son père ^^®.
Telle a été la situation jusqu'à ce jour; Dieu est
le maître souverain de cequil ordonne '^^.
Ici finit Thistoire des dynasties omayadc et abbas-
side, ainsi que celle des rois qui gouvernèrent en-
suite TEspagne. Nous parlerons maintenant de l'his-
toire des rois chrétiens, dont les états entourent les
possessions musulmanes, et nous jetterons un coup
d'œil sur leurs origines et leurs diverses dynasties.
NOTES.
"' 11)11 Kliuldoiin el l'auteur du Qartas ont donné d'abomiants
renseiguenienls sur \vs ranipaj^ncs de Abou Youssef Yaqoub eu E;»-
pa^^nc; on Jes lrou\ei"a dans les traductions. ( Ibn kli., t. VII , jk iS^
cl i()i s.; de SI., t. Il, |>. '.îliCu'l 2-G s.; lt*a<l. , t. IV, |>. ()o et 7(1 s.
- Qarlas, Irad. |). 'l'ii, 'i'\' *•• ; (ia\angos, Mvmorial historivo :
lUruvit Jr 1' Ivadvinu' de Mmlrul , t. \, i^iôo, p. 59a s.J Je dois à
HISTOIRE DES BENOirL-AÏÏMAR. 420
l'obligeance de M. (Codera la possession de re tra\ail, que je n'avais
pas pu me procurer. — Il ne paraît pas utile de discuter ici ces
n''<its, notre texte n'v ap|)ortant aucun élément nou\eau.
«^ M faut lire, avec L. et P. : J^^ ^^a ^^I ^^\ i^ Jy y «^If^.
— Voir aussi Maqqari : inal., t. I", p. îig^, et Boni., t. I", p. 209.
'^^ II Tant lin\ avec L et P. : ^^*^ ^yi 3 aJÛ«> jLoI^aoJJ) m'^
JLJ\y^\ Jc;l ^i *à^ 3 »lv.i^ ^ 3 ^^ J^^ iLH^UJl ^3^. ^313
** Ibn Klialdoun, t. VII , p. 191 ; de SI., t. H, p. 277; trad., t. \\\
p. 78 s. «Dans une de ses campagnes, le sultan livra bataille au
roi des cbnHiens, qui s'appelait don Nuno; on raconte qu'il tua
quarante mille lionunes de son arnuV. . . Il |x>ss(''dait en Espagne
Ronda, Algésiras, Tarifa, Gibraltar, etc. Il eut pour successeur son
lils Youssef ben Yaqoub. Alpbonse, roi des clin'tiens *, \inl à lui
en «iupplianl , lui baisa la main et lui donna en gage sa couronne
|)our qu'il l'aidât à reconquérir son royaume.» Voir aussi Maqqari,
IV>ul. t. Il, 5^9. Maqqari (Houl., t. 1", p. 209, eXAiuiL, t. I",
p. 393) donne ^^) ^.'! 3 3^ ^ ji6 , ce qui est éxidemment une
faute; car il ivsulte du iV*cit même d'Ibn Klialdoun, comme de
celui cité plus baut , que Ibn el-Abmar et Aboii Yaqoub étaient
alors brouillés.
•^ Voir, jK)ur la description de ces trois \illes à cette é|>oque, Si-
monel : DpscnfH'ion drl vcinn de Gvnnndu, Vfadrid, iHtio» p. 69,
71, 79, 1^1 et iC)^, et texte d'Ibn el-kbatib, p. 5, 7 et suiv. Voir
Ibn Klialdoun, t. VII, p. 19^ et 212; de SI., Il, p. 278 et ^09;
trad. , t. I\, p. 78 et 12I. Il «lésigne ce»* tmis personnagi^s , tantôt
par leur ^i, tantôt par leur iuJcS; d'ailleurs, il n a ici une |HïtitC!
eri'eur; Aboii Vlobaiiimed 'Abd Allab a\ait bérité de Vlalaga, et son
frère Aboii Isiiaq Ibraliim, deC^omaK's et de (îiiadix, mais ce der-
nier a\ail donné (iiiadix à son lils Aliou l-llassan '.\li. — Voir sur
les l^>noii Acbqilola, lîobles, MaUtija mnsulmana, Vîalaga, 1H80,
p. 1 '|Ô.
"~ Ibn klialdoun a raconté ailleurs le règne de Mohammed el-
' Sur Abou Youssef ^aqollb et Alphonse X , voir Ibn Khaldoiin, trad. ,
IV, p. 107 cl suiv.
430 NOVEMBRE-DECEMBRE 1898.
Faqili , en fiûiani h récit dai eipéditiont d*AlxHi Yaqoub Yoiuaof m
Andalousie et relui dei luttes de ce lOuveraiQ avec YngbinoreceD
(t. VII, p. 195 à 110, 111 et ti5; éd. de Sline, t. H, p. t83 à
3os,3o9 ot3i3;trad., t. IV, p. 8 à lao, ia4 et i3o], — Ma<|qari,
op. cit. (Boul. , t. 1", p. 539, et Anal,, t. II, p. 698) parie auj^M
des campagnes d*AI)ou Yaqoub en Kspagne. « 11 fit subir aiu Franc»
une telle défaite qu'un auteur dit : « l^s musulmans n ont pas rem-
« porté une victoire depuis el-*Oqab jusqu'au jour ouest arrivé Abou
«Yaqoub le Mérinide. Dans ]*une de ses expéditions, il attaqua un
«roi des cbrétiens, nommé don Nuno; et Ton raconte qu*il tua
«quarante mille hommes de son armée et lui fit essuyer une épou-
« vantable défaite, etc. >
Mohammed el- Faqili mourut le 8 chaban (8 avril i3ot). Ga-
yangos : Mémorial hÎMiorico, p. 54 1; Ibn Kbaldoun, t. \ll, p. ti8;
trad., t, IV, p. 167 ). — De la Rada y Ddgado attribue à ce priafe
une monnaie portant ces mots : ù^ yp^\ - ^1 ^jtV iH y^^
f^ {^ ^1 «^^^ - Atfb^. Une inscription en vers provenant du tom-
beau de Mohammed el-Faqih a été retrouvée dans le Roudlia de
TAlhambra et est conservée au Musée (Cardenas, Inâaipeiones
arahêt de Granada, p. 86). Marmol (Rekelionde lot Moriseos) men-
tionne et traduit les intM^riptions funéraires en prose de quatre Nas-
rides (voir aussi Casiri , Bibliotkeca EscurialeHMU t. il, /oc. ait.),
Ahou 'Abd Allab Mohamme^l (Ël-Faqih), Abou 1-Oualid Ismaîl
(I), Abou 1-Hadjadj Youssuf (1), et Abou 1-Hadjadj Youssef (III).
Elles ont été relp\<V.s, au \vi* siècle, par Alonso del Castiilo. Il ne
subsiste anjoiirfriiiii que les douv inscriptions en vers de Moham-
med II etd*Al)uu 'i-Hadjadj Voiust^f III. ((^anlenas, op, eit,, p. 88.
Dans le traité signé entre Abou Yaqoub Youssef et Mohammed e-1-
Kaqih en 685 ( 1 386 ) , Tarifa , Alg(>siras et peut-être Ronda avaient
été |)Iacées sons THutoriU' du Kullan mérinide. Abou *t-tiakt»au 'Ali
l)on Achqiiilola y a\uil soumis un instant Guadi\. Ibn kbaldoun.
VII, si5; de SI., Il, 309; trad.. IV, i3i.
•'*"' Dans le chapitre sur le régne d'Abou Yaqoub Youssei*, Ibn
Klialdoun f Vil , p. 9 «H; deSiane, t. Il , p. 333; trad., L IV. p. 107 s.
donne sur le règne de Mohammed el-Makhlou dos détails qu*il pa-
rait utile (Icreproduin* ici partiellement, le texte imprimé au Gain*
étant parfois préférable à celui <le de Slane.
«Mohammed el-Makhlou* fut gouverné par son secrétaire Abou
*Abd Allah el-Hakim originaire d*une famille noble de Ronda, qui
avait exercé les mt'nies fonctions aupn's de lui sous le règne de son
HISTOIRE DES BENOU^L-AHMAR. 431
jH^ra; ii prit en main m)q gouvernemenl et le domina complètement.
Les unn disent que Mohammed ei-Makhlou était aveugle; d'autres
que c'était Ibn el-Hakim. f Dès le début de soQ règne, Mohammed
avait envoyé au sultan Abou Yaqoub, une ambassade dirigée par
son \isir ut le \iiir de son père, iSoult*aa Al)ou 'Aiiz ed Dani [de
Dénia). — CvWa ambassade trouva le sultan sous les murs de Tleni-
een, et elle eut |)Our résultat lenvoi d'un corps d'i archers anda-
lous, gens liabitués à assiéger les places Ibrtes et à faire brèche
dans les bastions». — «Mais Mohammed Ibn el-Alimar el-Makhlou',
poussé par un sentiment de jalousie envers le sultan, rt'pudia son
autorité, envoya une ambassade à Ferdinand, lils de Sanche, (ils
d'Alphonse, ht la paix a\tT lui et s'efforça d'établir avec lui des re^
lut ions d'amitié, Cette alliance fut conclue entre eux en 703 [i3o3-
i3oi ). En l'apprenant, le sultan fut irrité, renvoya en Espagne le
ciirps d'arche.rs qui, depuis un an, combattaient et vainquaient
sous ses ordres. Le sultan agita désormais contre le roi de Grenade
lies projets çle vengeance, contre lesquels celui-ci et ses partisans
.n'armèrent, redoutant son attaque et le poids de sa vengeance, {jn
sultan envoya des onlres au commandant de Malaga, son cousin
er Rais Abou iSald Ferdj ben Ismaïl l>en Mohammed ben Naçr,
qu'il avait investi de ce guuveniement de pi'éférence à tous ses pa-
rents, parce qu'il était son allié, ayant épousé sa sœur. Il gouver-
nait la province d'el-(>harbia. Le sultan de Grenade lui e|\joignit
donc d'exciter les habitants de Ceuta à riipqdier l'autorité du sul-
tan, de s'emparer d'Ihn 'Aiéfi, et de ramener la population sous
son obéissance, u
«* llm kh., t. Vil, p, aa8; de Slane, t. Il, p. 334; trad., t. V,
p. 1Â9. — Abou Yaqoub, retenu sous les murs de Tiemcen, ne
|)ut,ni empt^cher l'o<'cqpation de C^uta par les (xrenadins,ni même
arnUer les progn's d'un pivtendant à la royauté marocaine, 'Otbman
hen Ali '1-Ola Ibn 'Abd ei-llaqq, qui vainquit son lils Abou Salem.
^ Encouragé par les quen'Jles qui affaiblissaient \en Grenadins,
Ferdinand IV de (iUstille envahit l'Andalousie et mit le siège devant
Algéjiras. Mais jes intrigues de son oncle. Don Juan, l'obligèrent
ù m: retirer; il garda pourtant Gibroltar, qu'il avait prise en 70g
i3o9). Abou 'l-Djouiouch effrayé, conclut une alliance avec le sul-
tan maro<'ain Abou r-Rébia, qui venait cependant de lui reprendre
Outa (709). ! Ibn Kh., VII, 33o; de SI., Il, 353; trad., IV, i85].
L'hisloin^ de cette yille est particulièrement intéressante pendant
cette p«''rio<|e, où le conseil des cheikh*, profitant de la situation
432 NOVEMBRE-DECEMBRE 1898.
gi''Ogi*apliique de la >iUe, réussit à conserver son indcpendance ,
entre h cour de Grenade et celle de Fas (Ibn Kh. , Vil, ai 6; de
SI., II, 363. trad., ÏV, 198 s.)
^ lA la fin de djouniada second 710 (nov. i3io), le sultan
Naçr eut une attaque, dont ii manqua mourir. Rappelé par ses par-
tisans, Abou *Ahd Allah el-MakhIou' quitta ^munecar, et revint
à Grenade au commencement de redjeb (fin noxembn»). Mais .Naçr
sY'lant n»tabii , son compHiteur perdit courage et mourut peu après,
au début de choual 713 (fin janv. 1 3 1 i ] ; on raconte qu'il fut noyé
dans un bassin. M fut enterré dans le cimetière d'es Sebika?, au-
près de se,s ancêtres.» (Ibn el-Kbatib in Casiri, p. 276). Les der-
nières lignes de son épitaphe portent: «Il était né le mercredi
3 cbaban dbô (mercredi soir et jeudi iG août i^b"]): il mounit
peu après le lever du soleil, le lundi 2 choual 713 (dimanche?
10 janvier i39^]. En appivnanl les troubles de la capitale, Abou
l-Oualid se mit en marche, prit Loja en choual 71a (janv.-fé^.
i3ii) revint à Malaga, et vainquit, près d'Archidona , les troupes
grenadines commandées par *Abd el-llaqq Ibn Othman. Les liabi-
tants du faubourg d'Albaîcin lui ouvrirent la porte d*Elvira; il s*em-
para de la qaçbah et s'installa dans la maison du vizir Ibn el-Moul.
Réfugié d'abord dans TAlbambra, Naçr quitta Grenade le 21 choual
7 1 3 ( 8 février 1 3 1 4 ) et se retira à Guadix. ( Gayangos : The Moham-
med, dynasties, t. II, p. 349*)
La date de 713 donnée par Ibn el-Khatib [lor, cit,) paraît
devoir être préférée à celle de 7 1 \ donn('*e par Ibn Khaldoun dans
V Histoire des Berbères (t. Vil, p. 371; /flit. de Slane, t. H, ôifi;
trad., t. IV, \~ i s.^. el à relie de 717, donnf'e par les manuscrits
comme par le texte de Boulaq, dans le chapitre des B. '1-Ahmar.
Mais, je n'ai pas encore» eu entre les mains les éléments ii<Vt»s-
saires pour décider absolument la question. Cependant Ibn Khal-
doun monlii^ lui-même cpie 717 est inadmissible; il raconte en effet
[t. VII, 'i'}C)\ édit. de Slane, II, Ôig; Irad., I\, 199Î que Yahia
ben Abi Taleb ap|>e1lu ù Ceula 'Abd l'I-llaqq ben 'Othman, apn»s la
mort d'Ahou llatem, qui sur\int (>n 71(3; el dans la biographie
d'Ahd el-lîaqq ben 'Othman, notre auteur exjKïse que celui-ci ac-
compagna Abou 'l-Djouiouch à Guadix. «Mais, un diffén»nd sVlant
éle>é enliv lui el le souverain déchu, il y mit lin en se n>tirant à
la cour de (!iaslille. C'est alors qu'il fut appelé par Yahia l)en Abi
Taleb el-'Aiefi qui était assiégé par le sultan Abou Sald. » (t. \ll,
369; ♦'•dit. de Slane, II, 5'|6; trad., IV, '167.) Voir aussi sur ces
HISTOIRE DES BENOirL-AHMAR. 433
événements Ibn Khald., VII, 'iSn-^édit., de Slane, II, .'^76; trad.,
IV, 316.
^' Abou *l-Djouiouch Naçr mourut à Guadix dans la nuit du mer-
rn*di 6 dhou '1-qada 723 (mercredi 16 no>pmbrc i3î»3); il fut
tout d'abord entern> dans la mosquée de la qaçba, puis transporté
à (irenade (dbou M-bidja = dér. i332 et janv. i323). I^ sultan,
accompagné d'une foule nombreuse, \int à la rencontre du cortège
et lit sur son cercueil, dans le lieu oi!i se font les prières de Paid,
la prière de r*açr, le jeudi 6 dhou *l-l)idja (jeudi 1 G décembre i32i).
(Ibn el-kbatib in Casiri, loc, cit., p. a8o et 281,) Notre auteur
donne Tépitaphe de son tombeau: il était né le lundi 2\ ramadban
08(3 (dimanche? a novembn^ 1287), et il avait été pro<*lamé le
vendredi i" clioual 708 (vendredi 1 '1 mars i3o9j.
~' Le pèn'. de Lissan ed-din Ibn el-Rhatib 'Abd Allali joua un
certain rôle sous Al>ou M-Oualid : < 11 n;>int à Lojà, d 011 sa famille
élait originaire. Le roi Abou'l Oualid, se dirigeant >ers Grenade,
]K>ur > attaquer le roi d'el-Reidlia, se pn'*senta devant Lojà; 'AU!
Allah fa\orisa ses desseins et Taida à p'nétrer dans la \ille, pour
des raisons qu'il serait trop long d'exposer ici. Après la victoire, le
sultan l'emmena dans sa capitale, et lui donna une large part dans
ses libéralités.» Il mourut à la bataille de Tarifa, le lundi 7 djou-
mad a premier 7.^1 (lundi 39 octobre i34o). Voir Maqqari, op,
rit,, t. m, p. 5, 7 et 9. — Il était né à Grenade en djoumada
premier 672 (nov.-<léc. 1273) — Sur Lojà, voir Simonet, op.lamL,
p. 56, et App. , p. 25.
"'^ Voir Vappendice n° 2.
'* I^ 10 redjeb 725 (22 juin i325), Abou '1-Oualid Ismail
marcha sur Martos (à 17 kilomètres sud-ouest de Jaen] et s'en em-
para. Au retour de cette campagne, il eut une al tentât ion ave<: son
cousin Mohammed ben Ismail , surnommé le maître d'Algésiras
; ïj^y^t fc-.»*i.Lo ) , qui, |)Our se venger, l'assassina le 27 redjeb
' () juill(>t). Ismaïl laissa quatre lils : Mohanmied , qui lui succéda;
Faradj, mort en prison dans la qaçha d'Alméria en 751 fi35o-
i35i); Abou '1-Hadjadj Youssef qui n'gna ensuite, et Ismail. (Ibn
cl-khatib in Casiri, loc. cit., t. II, p. 288 et 289; Gayangos, Vo/i.
(Irft'isties, t. II, p. 353 ;id.. Mémorial historico, t. X, p. 5^2.)
La date de 727, donné» ici par Ibn Khaldoun, parait être erro-
né*» : le Kitab el-'Ibar dit ailleurs 725 (t. VII, p. 371; étlit. de
Slane, t. II, p. 5^9; trad., t. IV, p. I71).
On retrouve le nom d'Abou I-Oualid Ismail sur les mursderAIliam •
434 NOVElIBliE.DiCKlIBllS liOS.
bi« (Antonio Almigro Cardonai i /lucrf/M^iMf arah^â dm fii«MiJ^.
p. 33 , et aussi p. 1 19]. Sur les arcades de la porte d'entrée do Jeof^
ralife (ukji^nW iU^), on lit une qaoida (ikid,, p. 170) qui rontieot
ras mots : • Cihlteau édatant de beauté et de aplmideup,. on
noble et heureux destin lui a donné d'attirer Tattandoo du Khalifc
du Miséricordieux , le meiUeur des rois , Abou 1- Oualid el Moun-
taqi ( le favori de Dieu] , issu de Télite des rois de Qahtao , émule des
purs entre ses ancêtres, les An^u*s du meilieup des ^tm d<*
'Adnan. (^rict^ à son aide, la ma^ificenoe de ses c4iiistniGtkins et
de ses ornements a été rajeunie, en Tannée où la reiiinon fut vic-
torieuse et conquérante, en cette année qui Ait la vraie marque de
la faveur divine». Il s*agit de Tannée de la victoire sur don Juan
(719= i3i9).
"^ B porte ^jjf>Jk\^\ J!^l Jol,; lire avec P et L : Jl^f jLd,
^ ^Ua >ti>asxi.>l3 ^)lLf ^^lu%4 Ob^^l (^ ^ *7^>i «J^ iii^h
7<* l)oMble dirham do MohamiP<Hl IV 1 i Tépiir 'Abd A^Ub Moham-
med, fils d» iemir el-Mou«limin Abou l-0i4«did bniaîl b<m Fen(j
bon Naçr » ; et sur Tautre face \ Coran* 3^s5* • Dis : Seigneur, maîtni
du pouvoir, tu donnes le pouvoir à qui (u veux, et tu ôtes le pou-
voir à qui tu veux; tu élèves qiq tu veux, et tu abaittes qui ti| vwu)
en ta main e.st le bien. » [Deigado, op,cit,, n'*793,] — Qe vemet du
Qoran a été employé fnkjuemment sur les monnaii^, el aussi sur
les monuments; voir tomlieau dM sultan Malil Mansoqr Qalaoun
084 hég. in van l^rchem, Matérwu-i- pour un rorpui inscriptionum
(irabiciirum , 1, a, Paris, 1H96, p. i4o,
"" Aujourd'hui Andurax , danH la provimni d'Almériit (Simonet,
Qp, laud,, p. 109, et appendice, p. 18).
^' Chalouhania ou tthalouhinia, jadia Halambina, auj. Salohrena.
Aur la côte, à Tast d'Almunecar; les pois de Grenade y avaient
un rhàtt^au entouré de magnifiques jainlins. ( Siiponet , op. /auf/. .
p. 65 et app. p. 9, et Simonet et Lercliundi t Crgstomt^tm Arabiffo-
Espanola, Lexique).
^ Voir pour ce personnage, not. jhn Khaldoun, dans la notin^
consacrée à *Othman ben Abi l-'OU ut citi'te plus haut, et )bn el-
Khatih in Casiri, lor. cit., t. Il, p. «97.
•• Voir l'appendice n" IV , ci^lftssQUs.
HTSTOÎRR DES BKXOlî'L-AHMAR. ^35
'* Ibn KlialdouD a consacré ope notice à ce personnage : t. VJI,
p. 38a; (*d. de SI., t. II, p. 55n trad, , t. IV, p. 473. Voir aussi
Nefli el'T'ib, t. I, p. an.
** Abou Said <*tail mort en 781 (i33i).
" Abou 1-Hassan 'Ali eut à lutter contre son frère Abou *Ali *Oinar
(|ui , n'volU' en 7 1 4 ( 1 3 1 4-i 3 1 5 ) contre leur père Abou Sa*îd, avait
pourtant obtenu de lui en 7 1 5 ( 1 3 1 .5- 1 3 1 6) le gouvernement des prn-
\inces méridionales de l'empire marocain avec Sidjilniessa pour
capitale. Abou l-Hassan fit étrangler Abou *Ali à Fas en 733
(i33a-i333). — (Ibn Kb., t. VII, p. i.43 s. et a53 s,; éd. de SI.,
1, II, p. 357 et 373 s.; tr. , t. IV, p. 191 s. et 911 s.).
'^ Sur lexpédition d'Abou Malek en Andalousie, et la reprise de
Gibraltar parles musulmans, voir Ibn Kbaldoun, t. VII, p. a5.i.
éd. de SI., t. Il, p. 376; tr. t. IV, p. 117 s, I^ire avec P et L :
JlH- i^U l>A^>3 ^^y^ Jl **- ^)^\y ^t. ^1 *i^ ^^^ JJLiij
"^ Maqqari, Nefh et' Tib.,éd, Roui., t. I, p. a 10 et an, el
Anal,, p. apS. — «Les chrétiens sëtaiept emparés delà ville de
Gibraltar, qui faisait partie du royaume de Fas et du Maghreb.
Elle resta entre leurs mains , jusqu'à ce que le sultan mérînide Abou
Hassan la leur enlevât, en y dépensant des sontmes considérables
et en y employant de nombreuses troupes. Son armée vint en faire
le siège sous le commandement de son fils, accompagné de sa garde,
et la tint étroitttment bloquée jusqu'à ce qu elle capitulât. Le sultan
s'occupa dès lors d en augmenter les construrtiont et les défenses ,
auxquelles il dè|)ensH des sommes ronsidéfables : citadelle,
remparts, forts, mosquiMî, maisons, logemf^nt des services royaux.
Il allait terminer ces travaux, quand Tennenii vint investir la
\ille par terre et par mer; mais les musulmans firent preuve d'une
admirable constance , et Dieu trompa l'espoir des chrétiens.
« Le sultan décida alors de fortifier les pentes de la montagne par
une muraille qui IVntourerait de tous côtés, et qui, en empêchant
l'ennemi de bloquer la ville, lui àterait {'envie d'en tenter le siège.
Tout le monde pt'nsait que ce travail était impossible. Mais le sul-
tan dépensa tant d'argent et pressa si (lien les travailleurs, que,
dans l'espace d'une lune, il réussit à entourer la montagne comme
d'un cercle lunaire. •
Cette partie du récit de Maqqari se trouve reproduite, presque
mot pour mot, dans une autre partie du Nffh et' TU (éd. RouUq,
430 NOVRMBRE-DÉCEMBRE 1898.
1. H» p. 5i<)» <'t Arial.y l. Il, p. 7i5) qui remprunte à rou\ra|7i^
(l'Ibn Merzouq, intitulé : ^L^i ^ ^^*^ ^^^^ *.v;— Il i-^UDl
^J^^^ (^^\ ;^lIfti««.M. Maqqari (/oc. ri t.] ajoute : « Gibraltar était restée
|)(>ndanl vingt ans aux mains de lennemi (709-733). Le <tultan
\l)ou 1- Hassan Tavait assiégée pendant six mois. Son fils, Abou
Inan, continua à la fortifier.»
^ L'assassinat de Mohammed IV eut lieu le mercredi i3 dbou
l-hidja 733 (mercredi 3 5 août i333); il fut enterré à MaJaga.
Sur le rôle joué dans cette circonstance par les Renou Abi l-*Ola,
\. Ibn Klialdoun, (. VII, p. 363 et 383; éd. de SI. t. II, p. 390 et
5i 1 ; (rad., t. IV, p. 336 et ^74 ; Ibn el-Kliatih in Gasiri, loc, cit.,
l. M, p. 396; Maqq. Neflt et' Tib., t. IH, p. 4^; Kitab el-htitfçn ,
t. Il, p. ÔQ'fGayangos : Mohnm. ({yn,, t. Il, p. 354 , et in Mcm,
hlst. , t. X, p. 543. Gardenas [op, cit., p. iij attribue au règne
de Moliauinied IV des inscriptions de TAlhambra ; il est parfois em-
barrassant d'accepter les afTu'niations de fauteur, qui ne donne pas
toujours ses raisons; il faudrait faire une étude approfondie de
l'Alhambra.
^'' Abou 1-Hadjadj conserva le type de monnaie adopté par son
frère. Voir in Lavoix, 780; et Delgado, 734, deux pièces portant:
«l'émir st^rviteur de Dieu Youssef, fils de l'émir el-Mouslim in AI>ou
l-Oualid lsma*il l>en Fadbl ben Naçr», et Qoran, 3, 35. 11 sucrt'*da à
son frère à l'âge de vingt-cinq ans et buit mois (Maqq., loc, fil.).
Abou 1-Hadjadj prit pour vizir, en cboual 749 (déc. i348= janv.
13^19), Ibn el-Kliatib Lissan ed-Din, qui a laissf» de nombreux
oin rages, notamment des compositions liislorique.s en prose et en
>ers sur l'histoire des B«'nou Naçr. Iie,s deux derniers xolumes du
^ejli h' Tib sont entièrement consacirs à sa biographie et à des
citations de ses œuvres. Il existe des manuscrits d'Ibn el-Khatib en
ans*'/, grand nonihn*, nolaniuient à l'Escurial, à Tunis, à Paris. [\ .
lladji Khalifa, et Klûgel; Wûstenfeld, Die Geschichtsckreiber der
irnber, p. 1H6, dont la liste est incomplète; celle de Gayangos, Wo-
hnmin. r/yn., l'est bien plus encoi*e. )
**• Ibn klialdoun a donné la biographie de ce personnage, t. Vil,
p. 37!^; éd., de SI. t. Il, p. 553; trad., t. IV, p. ^77.
"* Noir, pour les campagnes d'Abou Malek et d'Abou l-Hassan
en 740, ']\o. et -'^.'^ : Ibn Klialdoun. t. Vil, p. 360 s.; éd., de SI.,
t. Il, p. 3S5 s.; trad., t. IV, p. 339 s.; Maqqari, B. t. Il, p. 539
et AnaL, t. Il, p. 698. Ibn el-Khatib [ibid,, t. 111, p. 5 et (î ;
parle de la bataille de Tarifa où périt son père, *Abd Allah, et dont
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. \M
Maqqari ne disiiiiiiule pas plus rimportancc que ne l*a\ait lait Ihn
Kliuidoun. Le Kitah el-lstiqça (t. II, p. GGj donne un férit de la
bataille de Tarifa qui est celui de Ibn Khaldoun, avec des additions
4't rorrections qui paraissent indiquer que Tauteur a vu sous les
\eu\ ptur ce cliapitœ un texte meilleur que relui du Caiir el que
reux dont s'est s«*rvi M. deSlane. Voici les adjonctions importantes :
i^a \ictoin; na>atc des musulmans fut iiMnporlée le samt^li
6 clioual 74o (merci-edi? 5 avril i3do): Abou 1-Hassan commence
le siègt> de Tarifa le 3 moharrcm 7A1 (99 juin i34o); la bataille
a lieu le lundi 7 djoumada deuxième 741 (mardi? 38 no\. i34o);
et le (ils du sultan qui est fait prisonnier, s'ap|)elle Tacblin, ainsi
que l'indique (Pailleurs Ibn Kbaldoun dans un autre passage [\. not.
trad., t. IV, p. aOy, el Isliqça, t. Il, p. 80).
•* Ou plutôt à la fin de 740 (juin i34o).
"* Alcalà la Real, 32 kilomètres S.-O. de Jaen. Voir Simonet,
op. lauil., p. 07.
^ Pour le rôle joué par Abou 1-Hadjadj dans la tentative faite
en 754 (i353) par Témir Abou 1-Fadbl ben 'Ali pour renverser son
frèi*e, le sultan Abou 'Inan Fai*ès, voir Ibn Kbaldoun, t. VII,
p. ^«93; éd. de Slane, t. II, p. 134; trad., t. IV, p. 3o5; et nn4>
lettre d'excustîs, écrite par Ibn el-Kbatib au nom d'Abou l-lladjadj à
Abou *lnan, in Maqqari, \efh vl' Tib., t. Il, p. 5Go; Istiqça, t. Il,
p. [)2.
•^ Le nom d'Abou 1-IIadjadj Youssef est plusieurs fois ré|HHé sur
les murs de TAlliauibra. Sur la j)orte dVntn'e, dite pucrta de la
JnsticUt , on lit : *«^^aM c-^Lo ^t".»ll v^' ^^ '^-^ r*'
^^1 v-ç—>-^ ^Uil ^1 J^IjJI j^LrfJl ^j,liaJLJI ^J,A'^\ y^\ L3V
.... y^ ^ o^P I (^\ jmOoUI j^U^Jl (^LLJLJl Ij^yê (Cardenas, /or.
cit., p. 3). Voir aussi des inscriptions daus d'autres parties du
monument [ibid,, p. 52, 58, 63 et 03). Dans un appendice, Car-
denas (p. 3o5) cite, d'apivs une copie, une inscription de la Me-
dersa de (trenade, qui contient ces mots : kxJJ s\ùJ\ \Sjb 'ULo y\
w' c:r»*-*^' r^^y [^iÀ^^^ 7*-' i^^ >-*-->!? s^I yi^ 4^llaLJ|. . . .
iuL|u^3. «La construction de cette dt'meure de la science a été
ordonnée. . .par le sultan Abou l-lladjadj Youssef, lils du
prince des musulmans et \ainqueui' pour la foi Abou l-Oualid Is-
45S NOVBMBRfi-DÉCEMBRE 1698.
mai] ben Ntçr. . % . . et eUe a élé tenninée eo Boharrem 760 ;i
avril i3i9).>
** Dm Khakloun (t VU, p. 3o4; éd. de Siaiie, I. D, p. l5o:
trad., L IV, p. 3^7) dit c{u*ilfbt «namié t par on nègra, qu'oe
WMipçonnait être le fils du frète du sultan Mohammed IV et d'oee
esclave noire du palais. ■ , et plus loin (t. VU , p. S83; éd. de Siane.
t. II, p. 554; trad., t. IV, p. 479K il ajoute «pie Tauteor de ce
crime fut • un des esclaves nègres de ses écuries , qui avait l'esprit
dérange et qui fut, dit-on, poussé à ce forfait.» — «Il lut as-
sailli , dit Ibn Khatib ( Maqqan , t. ill , p. ii)ït jour de la fiNe de
la rupture du jeune (1'' choual 755 — 19 ocrt. 1 354), au moment
où il faisait la dernière prosternation de la prière, par an fou qui
se jeta sur lui et le perça d*un khandjar, qu*il portait sur lui. Ai^
rété aussitôt et interrogé , il ne répondit que par des paroles san»
suite. On s^empressa de porter le sultan dans son palais; mais à
peine y était-il arrivé qu il expira. Le meurtrier fut livré au peuple,
qui le mit à mort sur-le-champ et hHkla son corps. L*q>rèa-inidi de
ce même jour, le sultan fut enterré dans le cimetière de son palais,
tout à c6té de son père. • Ibn d-Rhatib a donné un autre récit abrégé
de cet événement (in Casiri, t. II, p. 3o4 et 3o5). Aboa l-Hadjadj
Youssef laissa trois fib : Mohammed , Ismail et Qais. ( Maqqari .
t. III, p. 4); Gayangos, Mok. dyn,, t. Il, p. 355 et JMi. kÎMt.,
t. X, p. 544*)
^ H ne m*a pas paru possible d'utiliser ici la correspondanct*
d'Ibn cl-Khatib, reproduite par Maqqari (<tp, cit., t. U), sans en-
trer dans (le trop abondants détails. Contrôlée par les ouvrages d*Ihn
el-Khatib, cette corresjK)ndonce pourra faire l'objet d'une étude
spéciale. — J'ai noté trois monnaies de Mohammed V, de type»
différents; les deux pi'emières portent : «L'émir, serviteur de Dieu.
Mohammed, iils de Témir el-Mousliniin Abou l-Hadjadj Youssef,
fils de leniir el-Mouslimin Abou el-Oualid Ismaîl ben Naçr» ; au re-
vers, la première a C. 3. 2 5., comme les monnaies de Youssef et
de Mohammed IV (Delgado, op. cit„ n** 725); la seconde, la for-
mule : Louange à Dieu, maître des mondes. La troisième (Lavoix,
op. cU,, n** 781) porte : Lëmir, serviteur de Dieu, eâ-Ghani billah
Mohammed ben Youssef ben Ismaîl ben Naçr; et au verso tO vous
qui avez la foi, soyez patients en vous-même et envers les autres;
soyez francs , et craignez Dieu. Vous serez heureux ! • ( C. 3. aoo. )
** La partie de TAlhambra, où la tradition veut que ce prince
ait été logé s'appelle encore aujourd'hui Torre de Ismael (Carde-
HISTOIHE DES BENOU*L-AHMAE. 430
nas, op* cit., p. 137)» Quanta Mohammed V* son nom se retrouve
en maint endroit dans l'Aihambra (•/>. ciu, pauim). Sur une des
conitrurtions qui s élèvent dans Tenceinte de TAibambra, on lit
um> inscription comniémorative de la fondation d*un b6pitai |)ar
Mohammed V (moharrcm 767 à choual 768 «= septembre i365 à
mai 1367). ^ ^^^^ ^^ ^^ traduction sont dans (^ardenas, «p. cit,,
p. iiid s.
^ 11 faut supprimer, a\ec P. et L., ibcn 'Abd Allah» des noms
du rais Mohumminl, et remplacer par Jd ^1. Il faut aussi, a\ecL,
vX malgré P. et Tédition imprimée, axJL^) et non »?!,<> ta. Cette der-
nière leçon Hcxplique par ce fait , que dans rhisloire des B. Mérin ,
(Vil, 3o6) il s'agit de la sœur de Mohammed, qui est la fille d*Is-
maïl.
•• Ibn Khaldoun, l. MI, p. 383; éd. de Slane, l. Il, p. 554;
Irad., t. ÏV, p. A79. Ibn el-Khalib, in Casiri [loe, cit,, l. Il,
p. 3o6 ) , ne donne aucun détail ; mais il se rattrape dans la JUfJDl
A,»^4âJJl iÛyù ^^b /^ £^%«kJ) (Gayangos, Mohanimetlan djiMSlieSt
t. II, p. 359}. Voir à Tappendice m un récit d*lbn el-Khatih.
^ Ibn Khaldoun (t. VII, p. 3o6; éd. de Slane, t. Il, p. ^53;
(rad. , t. IV, p. 33a) n'ajoute rien d'important; il donne des dé-
tails sur la réception que Ht au roi détrôné le sultan de Fas, Abou
vSalem, et il reproduit la qacida en rti qulbn d-Katib récita à ce-
lui-ci. Ce même chapitre esl reproduit dans le Nejh eC Tib (t. III,
p. 5o), d'apr(>s un texte très correct; il vaudrait mieux notamment
modifier le texte de M. de Slane (t. Il, p. 407, 1, ai), soit comme
Roulaq (t. VII, p. 309) S^y^\^ *r-^yi\ ^ AilkJU ^; j^^ loiarl
soil commis Maqquri (i6iW. , p. 5i), en remplaçant le ^l>>a^ par
le JaU *«»{ et en disant J^l^lj w«5i^i ^; Im qacida est aussi dans
Maqqari. Voir aussi Gayangos, Moh, dynastieM, t. II, p. 30 1.
'^ Ismaîl \enait de faire alliance a\ec le roi de Castille , Pierir.
le Cruel, quand il fut détrôné par Moliammed VI et mis à mort,
ainsi que son frère Qais, le i chaban 761 (au juin i36o); il était
né ie 98 rebia' I 740 (3 octobre i339). Voir (layangos, MokmmHw-
dan dynasties, t. II, p» 359, ^ MAn, kist,, t. X, p. 544; Ibn el>
Kliatib in Casiri, /oc. cit., p. 307.
*** Si Ton avait à faire ici autre chose qii une besogne matérielle
de traduction, il importerait de montrer comment, dans tous les
acio» de leur politique en Andalousie , les Benou Merin sont hantés
«les «)uvenirs des Almohades et s'elForrent d'y rétablir la domina-
440 NOVEMBRE-DÉCËMBRE 1898.
tion àv. leurs prédécesseurs. Ce D*esl point dans un but purement
religieux que les puissants d entre eux passent si aisément le dé-
troit pour faire la guerre sainte : ils ont , tout d'abord , de belles
ghazzias à opérer, et aussi des souverainetés débiles à protéger et,
s'il est possible, à supprimer à leur profit. Les fameux auxiliaires
niérinides de la cour des Benou M-Ahmar sont, on le verra plus
loin, des |)ersonnages fort indé|)endants de leurs maîtres de Gre-
nade, et qui se considèrent comme les fidèles vassaux du sultan <lt'
Fas, niaintonant qu'ils sont hors de son atteinte; en leur faisant
|>asscr les détroits, leur maître et cousin a gagné une double vic-
toire : il a éloigné des parents un peu trop remuants , et il >'e^t
créé des partisans au cœur de la place. Encore, il accueille bien
volontiers les sultans déchus de Grenade, qu'il espère rétablir sur
leur trône et y garder en vassalité. Mais, ceux-ci sont ansez prati-
quement et étroitement politiques pour comprendre que la guerre
sainte n'est qu'un prétexte , et que leur trône est aussi sérieusement
menacé par le musulman de Fas que par le catholique de Madrid
ou par celui de Barcelone. Ils appellent donc à leur secours, a\i*c
une entière liberté d'esprit, le B. Mérin contre le chrétien, ou le
tvran de Caslille contre l'émir el-Mouslimin de Fas: ils inter-
viennent aussi naturellement dans les querelles du B. Abd el-Ouad
de Tlemcen avec le sultan de Fas, que dans celles de Pierre le Cruel
avec Henri de Trastamare. Dans l'histoire des dernières années
du rovaunie de (ircnade, il semble que l'un des sujets d'étude les
])lus curieux pourrait être, de distinguer la part de l'élément reli-
gieux et celle de IVlénient vulgairement terrestre, dans la politique
des souverains nuisulinans, cunHii(> dans relie des j»rinces chrt^tiens.
'"* V. Tuppendire V, ci-après.
'•" Le récit de ces événements est aussi dans Ibn Khaldoun dont
le récit est reproduit par Maqqari, op. cit., t. III, p. 02.
'•** Ibn el-Khatib fait (dans l'Iliata?) de ces événements un n'*cit
que (layangos a publié el traduit [Mém. hisL, t. X, p. 546 '1, et
dont voici les principaux traits : A rapj>roclie de son compétiteur,
Mohammed M s'enfuit de Grenade, en emportant tous ses ti-ésors,
et vint se réfugier àSéville, en implorant l'appui de Pierre le Cruel :
il avait été suivi dans sa fuite par le chef des auxiliaires, Idris ben
'Abd Allah ben 'Abd el-Haqq , el par trois cents cavaliers. Mais le roi
de (iaslille mil lu main sur ce butin inattendu, fit assassim'r le
sou\ciuin dérliu ci rniprisonncr Idris •» ndjrb 7(k) - •»7 avril ûVl)*»).
Gavanj^os UoA. </v»»., l. 11, p. iiOo , dit que Mohamnit^l M fut
10&
106
HISTOIRE DES BENOL'L-AHMAR. 441
liié à Tablada, près de Séviile (?). Quant aux cavaliers qui les ac-
roin[)agnai(;nt , les uns furent vendus comme esclaves sur les mar-
chés; les autres durent combattre les uns contre les autres, et leurs
têtes fuiH*nl cnvoyée.s à Mohammed V^ qui les exposa sur les murs
de TAlhambra, à l'endroit où les conspirateurs avaient j)énétrt^ jadis.
< Er-rais Mohammed , dit Ibn Khaldoun (t. VIII, p. 876; édit.
de Slane, t. H, p. 507; Irad., t. IV, p. .iH3), accompagné de sa
garde et de ses partisans, se réfugia près du roi de Castill(>. Mais
celui-ci les fit saisir tous et mettre à mort, en récompense de leur
trahison envers Ridhouan et ensuite envers le sultan Mohammed V.
Il lit emprisonner Idris hen *Ahd Allah et ses cavaliers à Séviile,
d\»ù il réussit plus tard à s'échapper •.
Voir Maqqari, Nejh et\ Tib. t. 111, p. .^8 s.
Voir sur ces personnages la note a, p. 35, ci-dessus. Voir
sur la formule aMI ^I ^là ^ qui a été prodiguée , surtout par Mo-
hammed V, sur les murs de l'Alhambra, et qui est devenue une
épithèle des Naçrid«'s, *OiU k-JliJl, une note du baron Gûnsburg
dans les 3nnucKU aocmottHtirh nmdibjmiH lunn. pjrccK. apxeo.iot, 06-
uwcm«n, dirigées par le baron Rosen (t. VIII, p. i48).
'" En 768 ( 1 36(3-1 367), Ihn Khaldoun donne la biographie de
ce personnage (t. VII, p. 376; édit. de Slane, t. II, p. bb'j; trad.;
t. IV, p. i83), qui avait déjà occupt* le même poste pendant le pre-
mier régne de Mohammed \. — A noter IVxplication que donne
Ibn Khaldoun de co. nom de Bedr ed-Din, qui est purement orien-
tal et exceptionnel au Maghreb. \oir aussi , sur le même personnage,
Maqqari, Roui., t. I, p. ai a, et Anal., t. I", p. 596. — Les bio-
graphii's des chefs de-s volontaires, qui terminent le grand ouvrage
de notre auteur, et que M. de Slane a soigneusement traduites, sont,
par les traits de mœurs ({u'elles renferment, un document de pre-
mière importance j)our l'histoire des B. Naçr, et montrent, dans
ces guerriers africains, des condottieri de savoureuse ligure, qui,
comme leurs congénèiTs d'fhirope, \ont, en toute indépendance,
où il v a de grands coups à donner, et de bon butin à recueillir.
"* Ibn Klialdoun (t. VII, p. 378; édit. de Slane, t. II,p. 56i;
trad., t. IV, p. 186). Le texte est incorrect.
'~ Maqqari : lk)ulaq, t. I, p. an; Anal,, l. I, p. ago. «Le
sultan el-Cihani billuh Mohammed V eut |K)ur vizir Ibn el-Khatib
Lissan rd-Din. Il rendit au royaume de Grenade Algi'*siras , Jaen , etc. ,
et dans sa lutte contre les chrétiens, il eut des journées mémo-
4Ï2 NOVRMBRKDÉCEMBRE 1898.
rable'i. Il n'iissit m^me à fain* pâlir la puissance du sultan du Ma-
giin'b, uuqui'l il rt'prit la \iHo dr Gibraltar. Par sa maîn. Dieu
vint t;n aid<' à l'Islam , comme nous le \errons dans ce livn* par la
correspondance d'ibii el-kbatib. >
« î^tn» succès d'£l-Gliani Billab furent meneilleui. Ses descendants
ont con$iT\é leur royaume. Jusqu'au jour où les chrétirns ont pris
ce qui restait de l'Espagne, ainsi que nousl' raconterons . et st* s4iDt
empaivs de la villi* de Grenade [que Dieu la ramène à Tlslam*.
L'Kspagne est drmeunv \ide de musulmans; la lumière a fait place
aux ténèbn»; ainsi l'axaient décidé des ordres et des dtVn>ts, tou-
jours obéis. «Dieu est l'héritier de la terre et de ceut qui l'habi-
tent; il est le meilleur des Iw'ri tiers.» (Cor., 21, 89.)
"' Conf. Ibn kbaldoun dans son chapitre sur les rois chn'*tit>ns
'Doiy, Jirrhvrckes , I, p. 110, et app,, p. \x\ H a raconté lui-
mi^nie ailliMirs i autobioj^phie : édit. IV>ulaq, t. Ml, p. Wo s.
trad. de Slane in Journal asiatiifuc, \' st'rie, L 111, i^H . p. Stis.
son urri\éi* à (în>nade en 76.4 'i363) et l'ambassade dont Moham-
med \ le chargf^a auprès de Pierre le Ouel.
'" Maqtptri il, ^'S^\ a donné, d'après Ibn el-Khatib, un n'-cit
de ci^tte e\|M''dilion contre Conloue, dont la ]>roliiil(' interdit la tra-
duction intéf^rale. En\oiciun résumé et quelques ejitraits : Les mu-
sulmans .s'a\ancèr«-nt jusqu'à Qachira, où ils tnm>èn^nt h^ trou)K*s
de don P(*<lro; s'a\ant;ant toujours, ils vinrent camper à une para-
san^' [environ 5 Lilomètrej) du Guadalquivir. « Les ennemis étaient
défendus par les murailles du grand pont qui tra\ erse le fleuve, mais
C4*s remparts étaient insuiFisantî». . .; les musulmans s'élancèrent à
l'assaut et se rendirent maitn>s d'une partie des murs, où ils plan-
tèn>nt leurs dra|N'au\ palpitants; puis ils tra>ersèrent le fleuve sans
gué, se C4mliant ù la volonté de Dieu. Sur l'autre rive, ils se tn>u-
vèrent en face d'un poste ennemi, qu'ils enlevèrent, et |>ar>inn'nt
jusqu'au pie<l des unirailh's qu'ils conuuencèrent à escalader. Si
nous a\ions été, ce jour-ià, prêts à combattre, à mettre en batterie
les machines et ù fairtr mareher les trou|K'>, on entrait dans la
ville, et Ton prenait les femmes et les enfants; mais les ténèbres
de la nuit proléirèifut les infidèles. Un grand uombn.' d'entri* eux
pourtant a\ait péri, et les musulmans renti'èrent tranquillement
dans l(>ur> rain|N*nients... Le lendemain, nous traversâmes le Ileii\e
à la nage, roiiiptaiit sur notre résolution commt* sur un naviit*, et
nous en n-mettaiit pour le succès ù la volonté de Dieu.* I^^s mu-
sulmans poussèr(>nt de nouveau l'attaque jusque sous les murs de
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAA. 443
la ville, mais la pluie arrêta leurs progrès. Pendant cinq jours, les
attaques se renouvelèrent, et portèrent clans la ville la ruine et U
mort. Une pluie persistante fit échouer les efforts des musulmans^
qui n^noncèrent à s emparer de la viUe. c Alors , on st^ mit à dévaster
le pays , à propager les incendies , à détruire les arbres , à anéantir
tout vestige d'habitation; tout fut effacé, jusque sous les murs de
la capitale célèbre entre toutes. •
*** Il s*agit ici , non du prince Noir, mais du duc de Lancastr^
Dozy a relevé la même erreur dans le chapitre suivant (Rech. 1 , 1 1 1).
"' Mohammed V, d*accord avec le sultan de Fas, 'Abd el-*Axii,
profita d<>s troubles de la Gastille pour s emparer d*Algésiras en
770 [i368-i369). n la ruina en 780 (1378-1379), pour qu*elle ne
tombât point aux mains de lennemi. — La traduction, si bonne
d ordinaire, de M. de Slane est ici un peu lâche (t. VII, p. 396;
édit. de Slane, t. Il, p. \Sà; trad., t. IV, p. 379). — Pour l'bi»-
toire de la Castillc, voir Ibn Khald., t. VII, p. 338; édit. de Slane,
t. II, p. 484; trad., t. IV, p. 378, et surtout Doiy, Reekercket,i,U
p. 110. — La phrase de notre texte appartient à la première édition
de Thistoire d*Ibn fChaldonn et «Theure actuelle* veut dire 78s
(i38o).
"* Ibn Khaldoun a donné ailleurs (t. VII, p. 335 et 337; éd.
de Slane, t. II, p. 496 et 5 11; trad., t. IV, p. 397 et 4o3) le récit
de ces événements, auxquels fut étroitement mêlé Ibn el-Kbatib.
La prise de Gibraltar par Mohammed V fit disparaître la dernière
possession mérinide en Andalousie. J*ai corrigé le nom de Bot'ioua ,
d'après René Basset: Étude sur let dialectes berhh^, VII et XIII, ei
Txximan berbère,
1» Il faut lire avec L et P : iJyU ^^jJâl! Jl j^^l Juu; vyA^i
v;-A41 JUL< o-U^1 ^^ t,lU-Jl J.ÎJU.I3 Jyu y^ ^511 ^^1
oJL«A3iy
*'• Ibn Khaldoun, (t. VII. p. 337 s.; de SL t. II, p. 5oi s.; trad..
t. IV, p. 4o5 s.) en reproduisant, sous une forme différente, le
récit qu'il fait ici des événements qui amenèrent la chute d'Es Saîd
et l'avènement d'Abou l-'Abbas , insiste sur l'importance du rôle qu'y
joua Mohammed V. 11 n'y montre point comment les musulmans,
en se déchirant les uns les autres, ne surent pas profiter de la faiblesse
des ]>remiers rois de la dynastie de Truslamarc et des guerres des
derniers rois d'Aragon en Europe, ei comment ils préparèrent eux-
mêmes la chute inévitable du royaume de Grenade.
444 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
"^ Ccst à ce moment ( 776 =: 1 874 ) qu*Abd er-Rahman Ibn Rhal-
doun, comprenant que sa situation devenait diflBcile au Maghreb,
obtint du nouveau sultan Abou i-*Abbas Tautorisation de passer en
Espagne, où il fut bien accueilli par Mohammed (voir autobiogra-
phie, t. VII, p. àW'y trad. de Slane, in Jonm. osiaL, i8/(i , 3* s.,
t. IV, p. 397). M. de Slane avertit (p. 398, note) que le texte de
Leyde, dont il sVst servi, offre ici des lacunes; le texte imprimé
de Boulaq semble être préférable, sauf à la première ligne, oà
jLi6l doit étrecorrigi*, comme Tindique M. de Slane, en iJyùJ\ Jla!;
Je cix)is donc utile de donner la traduction de ce passage , telle que
je la comprends : «Je rencontrai à Gibraltar (dit Ibn Khaldoun)
le faqih Abou 'Abd Allah Ibn Zemrek , secrétaire d*Ibn el-Alimar,
et successeur dlbn el-Kliatib, qui s'embarquait pour Ceuta, afin
d aller à Fas saluer le sultan. Je le chargeai de faire venir ma
femme et mon fils à Grenade. Il en parla aux ministres de Fas,
qui refusèrent de les laisser partir; il leur déplaisait en effet de me
voir résider en Espagne , et ils pensaient ([ue j'allais faire pencher
Ibn el-Ahmar en faveur de Témir 'Abd er-Bahman , dont ils suppo-
saient que Ju>ais pris le parti. Ils interdirent donc à ma famille de
me rejoindre, et demandèrent à Ibn el-Alimar de me livrer entre
leurs mains; celui-ci s'y étant refusé, ils le prièrent de me renvoyer
sur le littoral de Tlcnicen. Ils chargèrent en même temps \fe9s-
'oud ben Massai, qu'ils autorisèrent à retenir en Espagne, d'agir
sur l'esprit du sultan , et ils lui persuadèrent que je m'occupais de
faire reni4>ttn^ en liberté Ibn el-Khatib, qu'ils avaient fait prison-
ni(M* au nionu'iil de roccupaliun de la >iih^ neu>e de Fas, et qu'ils
gardaient captif. Ibn i*l-Khalib m*a\uit eu effet prié de venir à son
aide et d'intervenir eu sa fa\eur; j'avais écrit à ce sujet aux mi-
nistres en intercédant pour lui , notammeut auprès d'Ouenxemmar
et d'Ibn Massai. Mais ces efforts i-estèi'enl sans résultat, et Ibn el-
Khatib |)éril dans sa prison. Quand Ibn Massai nnint à la cour
d'Ibn (îl-AIimar, les gens de la cour de Fas Tavaient indisposé contre
moi , et il exposa au sultan le rôle que j'avais joué dans Taffaire
d'Ibn el-Kliatib. îbn el-.Vhmar, irrité, leur donna satisfaction et me
fit passer sur la côte tlenicénienne, où je débuix{uai à Honein.»
"* Ici se terminait sans dont»' la premièi*e édition de notre texte.
Voir Ibn Khuldoun, t. VII, p. 3i4; éd. de Slane, t. II, p. 5 10 ;
trad., t. IV, p. i 17; et Do/y : livchvvches , t. 1 , p. 91 , et las notes.
"" Ibn Klialdoiin, I. VII, p. 3i(); éd. de Slane, t. II, p. 5ii;
trad., t. IV, j). \-}.'S.
HISTOIRE DES BENOli'LAHMAR. 445
^^ Ibn Khaldoun fait allusion ici aux intrigues tl'Abd el-Ouaheb
ix'n Molianinicd bon 'Obbou ben cl-QasM'm (t. VII, p, S.ig; é^.
de Slane, t. II, p. 5i8; trad. , t. IV, p. ia8). En ganlant à Gre-
nade les princes qui pouvaient avoir des droits au trène de Fas,
MohammiMi V nnissit à se iain^ un moment l'arbitre de rel empire.
"* Les Sobeili étaient une branche des Soueid, Traction des B,
MaleJk, qui, par les B. Zoghba, faisaient partie des B. Hilal. Le
sultan Yaqoub ben *Abd el-Haqq chargea 'Abd Allah ben Kendouz,
des B. Kounisi (B. 'Abd el-Ouad; Ibn Kh., t. VU, p. loo; éd. de
Slane, t. II, p. r)?i ; tr. , t. III, p. 493)«de réunir et de Kur\eiller
ses troupeaux de chameaux de selle, qui se trouvaient dispersés en
diverses localités; celui-ci prit |>our chefs de ses gardiens, ses
propres chameliers, deux Sobeihi, Moussa ben Abi Saîd (^t son
frère Hassan ben Abi Saîd, qui sut profiter des ndations que sa
charge établit entre le sultan et lui, pour faire sa fortune. Il laissa
tniis fils : 'Ali, Yaqoub et Talha; Yaqoub eut un iils, Mohammed,
dont les tils 'Ali et Ahmed faisaient partie, vers 776 (i374-i375),
de lentourage de l'émir *Abd er-Rahmun (Ibn Kliald., t. Vil,
p. 3.^5; t'*d. devSlane, t. II, p. 5i 1; trad. , t. ÏV, p. .iao). C'est évi-
demment cet Ahmed Ir'u Mohammed ben Yaqoub ben Hassan qui
■"eparait ici. Le texte de Boulaq (t. VII, p. 55 fi) et celui de M. de
Slane (t. 11, p. Sa.i) portent Alimed ben Mohammed; la traduction
dit par erreur Mohammed (l. IV, p. '117 '.
'** Voici le n'sumé du mit qu'Ibn KJiuldoun fait ailleurs : Mes-
s'oud ben Massai, inquiet des inimitiés qui l'entouraient à la cour
du sultan Moussa, demanda à Mohtimmcd \ de renvoyer à Fas
le sultan détrôné Abon l-'Abbus. Mais, la mort de Moussa avant
changé S4>s intentions, il obtint de Mohammed V qu'Abou l-'Abbas
S4'rait n'>intégn> à (irenade, et que le prétendant au troue de Fas
M'rait Mohammed (>l-Ouallii([, fils d'Abou 1-Fudhl et jH*tit-lils du
sultan Abou 1-Hassan. II prit pourtant à son égard une attitude
hostile, en le voyant entouré de ses pires ennemis; mais il n>u$sit
à les éloigner. Ht entrer le nouveau sultan à Fas, e\|x'*dia el Mos-
lancer à (irenade et affermit son pouvoir par i\v nondiriMix assassi-
nats (choual 7HH = oct.-nov. i.'iHG). Voir Ibn khahloun, t. VII,
p. 353; t'tl. de Slane, t. II, p. 56i; trad., t. IV, p. i36. Ce récit
ne concorde pas absolument avec celui qui est donné dans notre texte.
^^ Il faut lire avec les manuscrits : ^UcJUJi Ji jUa i^AâJbU
Ij4^ ^ !j-oL* ^i^ 1^ j-'^l
446 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
*** Pour ]e second règne d*Aboo l-'Abbas, voir Ibn Kkaldoon,
t. VII, p. 35/i s.; éd. do S1«ne, t. Il, p. 616 s.; trad., t. IV.
p. 4^0 ■; — Ibn Massai périt le 5 ramdhan 789 (19 sept. 1S87).
'* Mohammed V intenint dans la IuUb qa*Abou Hammoa*
flultan de Tlemren, soutint contre son fds Abou Tacbfin (Ibn Khd-
doun, t. VII, p. 36f ; éd. de Slane, t II. p. 538; trad., t. IV,
p. 457). Gayan§;os {Mohnmmedan dynastieM, U H, p. 36> s.) ne
fournit aucun renseiffpnemenl intéressant; dans le Mémorial kisto^
rico, p. 5491 il fixe, d'après ol-Kliodhami , la date dr la mort de
Mohammed V au 10 safar 793 (17 janv. 1391).
'** Ibn Khaldoun laisse entendre qu'il n a appris ces événements
que par des rapports lointains, qui lui sont parvenus au Caire
(conf. Doiy, Bechercha, t. I, p. 110).
**' Ce passage est altéré.
1* Ce paragraphe a été reproduit et traduit par Gayangos (Me-
moMal kiitorico, p. 55o). Il semble que, mdgfé son texte et mal-
gré le manuscrit de Tioyde, il faille maintenir, dans la dernière
ligne, ç^JcJL«J du texte de Roulaq. The Mohammedan <fynastie»»
(t. II, p. 368 s.) sont sans intérêt, à partir du règne d*AboD 1-
Hadjadj Youcef II. Une note marginde du manuscrit de Gavangos
[loc. cit) fait mourir Youssef le 16 dhou 1 qa'da 794 {à oct. 1399].
**• Monnaies de Mohammed VII, dans Delgado, n** 7a6et 717,
et Codera, p. 236. Sur une face, Témir, serviteur de Dieu, el-
Mosta'in hillah Mohammed bcn Youssef ben Ismaîl ben Naçr; et
sur l'autre, une légende inrorrerle, dont on trouvera la discussion
dans Lavoix, n** 78''^^ à propos d'une monnaie de Mohammed IX,
qui est rédigée de même.
'* «Quand les villes principales de l'Espagne eurent été con-
quis(*.s par les chrétiens, Cordoue, Sévilli», Tolède, Muirie, etc.,
la population musulmane se rassembla à Grenade, à Alméria, à
Malaga et dans les provinces environnantes. L'empire musulman,
jadis si étendu, se rétrécit, et le dragon ennemi se mit à dévorer
constamment une ville ou une forteresse, et à attirer à lui une
branche de l'arbre national. La petite partie des possessions musul-
manes en Espagne, qui subsistait encore, demeura entre les mains
des Renou I-Ahniar, qui furent sans cesse en lutte et en guerre
avec l'ennemi , comme l'a raconté Ihn 'Arem. » (Maqqari , Boul. , t. IT ,
p. 606, et AnaL, t. Il, p. 799.)
^
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR.
447
APPENDICE I.
Voici le tableau généalogique des premiers Naç-
rides, tel quil existe dans le manuscrit de Leyde^
et tel qu il doit être dressé d après les renseignement?
fournis par Ibn Khaldoun.
Youssef ben Na^r
Mohammed ech Cheikh
Ismai*!
Mohammed el Faqih
Er rais Ahou Sa*id Ferdj
1
Ahou l
Djoiiiouch
Na(,T
Mohammed fsma'il
el Maklilou*
Mohammed
compétiteur
de Mohammed,
le sixième roi
Youssef Mohammed
isma'il Mohammed
el Makhiou'
Isma*il
Mohammed
Youssef
I
I
Mohammed
APPENDICE II.
Ibn Khaldoun, dans le chapitre des BenouMerin,
a raconté avec détails la campagne de Ferdinand IV,
et celle de don Pedro et de don Juan, tuteurs
' M. (h* Goeje a hien voulu copier pour nous cet nrhre p'néa-
lo^ique. Voir aussi (xidera, np. laud,, p. 934*
448 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
d'Alphonse XI, (jui se termina par la défaite des
chrétiens (719 — iSig). Voir t. VII, p. a/ig; éd. de
Slane,t. II, p. 867; trad. t. FV, p. aoS; Dozy, Re-
cherches, y éd. 1881, t. 1, p. 109 et I 10, et ap-
pendice, p. XIX ^
On trouve dans le Nejh et' Tib (Boulaq, 1. 1, p. 209
et 210; AnaL, t. I,p. 293 et 296) un récit de l'ex-
pédition de don Pedro, qui, par son caractère tra-
ditionnel, parait mériter d'être traduit ici : «Les
descendants d'Ihn el Ahmar maintinrent en Espagne
leur domination sur toutes les possessions musul-
manes, telles qu'Algésiras, Tarifa, Ronda, qui
avaient appartenu quelque temps aux Mérinides.
Puis, en 7 1 9 (1 3 1 9), les rois chrétiens se réunirent
contre Grenade. Le roi Pedro marcha contre elle
avec une armée, dont on ne pourrait évaluer le
nombre ; il avait avec lui vingt-cinq rois. A ce propos ,
on raconte que, quand l'armée des Francs fut réunie,
le roi don Pedro revint k Tolède et se rendit chez
leur oracle, quon appelle le pape; il se prosterna
devant lui, le pria humblement et lui demanda d'ex-
terminor les musulmans qui restaient encore en Ks-
pagne; il raffermit ainsi son courage. Les nmsulmans
de Grenade et des pays voisins, effrayés par cette
nouvelle, pensèrent tout d'abord à réclamer le se-
cours du sultan mérinide de Pas, Abou Sa*id, et lui
envoyèrent une ambassade. Mais n'ayant point trouvé
là le remède h leurs inquiétudes, ils recherchèrent
Voir p. ^ I a , ci-dessus.
HISTOIRE DES BENOU'L-AIIMAR. 449
le remède suprême, le secours de Dieu, et Timplo-
rèrent avec des intentions pures. Les chrétiens pou-
vaient s'avancer en foule innombrable; la sentence
était entre les mains du vainqueur des vainqueurs,
(jui décida la défaite» des troupes chrétiennes et la
mort de don Pedro et de ses compagnons; puissante
intercession, jour fameux, illustre! ^
« Le sultan d'Andalousie, qui était alors el Ghalib
billah Abou 1 Oualid Isma*ïl ben er Rais Abou Sa*id
Ferdj ben Naçr, surnommé Ibn el \hmar, parcourut
le pays et les postes des frontières, pour les mettre
en état de défense. A cette nouvelle , les chrétiens se
tournèrent contre Algésiras , et h» sultan Ibn el Ahmar,
résolu à défendre cette ville, équipa des troupes et
une flotte. Les chrétiens déçus revinrent à Tolède,
où ils préparèrent les moyens d'anéantir les musul-
mans et de dévaster leur pays; ils réunirent un ma-
tériel considérable et embarquèrent sur leur flotte
les bagages, les machines de guerre et de siè^e, et
les munitions. Puis, ils marchèrent sur Grenade, et
la terre en était couverte.
« Le sultan chargea le cheikh, le savant Abou SaHd
*Othman ben \bi 1 *01a le Mérinide, chef des dé-
fenseurs, de marcher contre l'ennemi, k la tète des
héros et des brav(»s. Il sortit di» la ville le jeudi qo
de rebi' el aouel- (i i avril iSiy). Dans la nuit du
dimanche, un corps de cavalerie ennemie attaqua
> Cf. Coran 48, 3 I^^ \yaj aMI Jj^aJs;.
^ Cette date correspond à un samedi , comme l'indique d'ailleurs
la phrase suivante.
450 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
des cavaliers musulmans ; des archers andalous à ches
val se jetèrent aussitôt dans la mêlée, coupèrent
Tennemi de son camp , et le poussèrent devant eux
dans la direction de Grenade ; ils les harcelèrent jus-
qu'au matin, et les exterminèrent.
• Ce n'étaient que les prémices de la victoire.
Dans la journée du dimanche, le cheikh AbouSa^id
sortit de la ville au-devant de lennemi , à la tête de
cinq mille héros célèbres de Tlslam. A leur vue, les
Francs s'étonnèrent qu ils osassent , en si petit nombre
s'avancer ainsi contre leur formidable armée; mais
les musulmans montèrent à cheval et , d une masse ,
chargèrent l'ennemi. Les Francs prirent la fuite,
l'épée dans les reins, et, pendant trois jours, les mu-
sulmans, acharnés à leur poursuite, tuèrent et firent
des prisonniers.
« Le peuple de Grenade sortit alors pour ramasser
le butin et pour s'assurer des prisonniers; on trouva
là des richesses énormes, entre autres, quarante-ti'ois
quintaux d'or, cent -quarante quintaux d'argent, et
sept mille prisonniers , d'après les chiffres qu'un ha-
bitant de Grenade écrivit au Caire. Parmi les prison-
niers , se trouvaient la femme du roi et ses enfants ;
suivant un historien , on offrit en échange Tarifa , Gi-
braltar et dix-huit forteresses voisines; mais les mu-
sulmans refusèrent.
« On estime à cinquante mille le nombre de ceux
qui périrent dans cette affaire; un nombre égal do
soldats, ne sachant retrouver leur route, trouva, dit-
on, la mort dans le fleuve; quant h ceux qui mou-
HISTOIRE DES BENOlVL-AHMAR. 451
rurent dans les sentiers des montagnes, on n'en
saurait même évaluer le nombre. Les vingt-cinq rois
périrent tous. La vente des prisonniers, du matériel
et das bétes de somme dura six mois. La nouvelle
de cette grande victoire se répandit dans toutes les
contrées. Le fait le plus extraordinaire est que, du
côté des héroïques troupes nmsulmanes , il ne périt
que treize cavaliers, ou même dix seulement , suivant
d'autres témoignages. L armée musulmane comptait,
dit-on , quinze cents cavaliers et environ quatre mille
fantassins; d'autres auteurs donnent des chiffres
moins élevés.
• Le butin dépassa toute prévision. On écorcha le
roi don Pedro; on bourra sa peau avec du coton, et
on le pendit à la porte de Grenade, où il resta pen-
dant plusieurs années. Les chrétiens demandèrent
une trêve, qui leur fut accordée. »
Le Kitab el [stiqça fi Akhbar Maghreb el Aqça
d'Ahmed ben Khaled en Naciri es Salaoui (de Salé),
qui ne fait d ordinaire, pour la période qui nous
occupe, que copier Ibn Khaldoun, le Qartas on le
Nef h ei*-Tih, suit ici ce dernier avec (pielques va-
riantes, que nous croyons devoir reproduire ici :
« Don Pe<lro avait pour collègue à la tête de ses
troupes un autre chrétien qu on appelait don Juan.
On évalue le nombre de leurs soldats à trente-
cinq mille OHvaliers et cent mille fantassins. Epou-
vantés, les habitants de Grenade envoyèrent de-
mander du secours au sultan Abou Sa*id, par une
ambassade composée des personnages les plus im-
452 NOVEMBRE-DÉGEMBRE 1898.
portants de TEspagne, le cheikh Ahou *Abd Allah
et Tandjali, le cheikh Ibn ez Ziat el Balensi, le
cheikh Ahou Ishaq ben Abi el ^Aaci, etc. Le sultan
refusa de leur envoyer des secours » , à moins qu'on
ne lui livrât, pour la période de la guerre, ^Othinan
ben Abi l*Ola, qu'il renverrait en Espagne aussitôt
après la paix. Mais, si le sultan craignait que le cou-
rage déployé dans la lutte par ^Othman ne lui donnât
une autorité, dangereuse pour son pouvoir, les Es-
pagnols comptaient, de leur côté^ sur son bras, pour
repousser Tennemi ; on ne put donc se mettre d'ac-
cord. Dieu vint en aide aux musulmans et peimit
que *Othman ben Abi 1 *01a fit des prodiges. « Le jour
du Mahrdjan \ le 5 de djoumada premier y 19
( a 6 juin 1 3 1 9 ) , *Othman ben Abi 1 *01a parcourut
les campements, et choisit deux cents cavahers parmi
ses guerriers mérinides (d'autres donnent un chiffre
plus fort); puis il s'avança k leur tête contre l'armée
chrétienne, qui crut que cette petite troupe ne sor-
tait pas pour combattre , mais pour faire des exercices ,
pour parlementer ou pour toute autn* cause. Mais
les cavaliers nmsulnians, se dirigeant vers l'endroit
où se trouvaient le roi don Pedro et son général
don Juan, piquèrent droit sur eux, les assaillirent
dans leur camp, et les chargèrent au milieu de leurs
gardes qui, tournant le dos, s'enfuirent sur-le-champ.
En arrière, se trouvait un canaK destiné h un abreu-
voir, et suivant le Xenil : ils y furent précipités, et
* Le mot Mahrdjan désire, en Espagne, le jour 'de la Saint-
Jean (3^ juin). V. Dozy, dictionnaire.
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 453
le plus grand nombre y périt » Après avoir
rapporté le récit du JSefli et'-Tib, d'après lequel les
musulmans refusèrent la rançon offerte par les chré-
tiens pour la femme et les enfants du « roi », fauteur
de ristiqça ajoute : « Je dis, que ce fut là une faute
et un manque de jugement politique. »
Voir aussi sur ces événements, Gayangos, A/o/iaw-
medan dynasties. II, p. 35o et suiv., et les notes
p. 535 et 536.
APPEADICE m.
Le Nef h eC Tib contient le récit suivant delà chute
de Mohammed V, d'après isîjiXJI iU^I dlbn el
khatib(Maqq., t. III, p. !\f\),
« Quand le sultan Abou 'Abd Allah prit en main le
gouvernement, il obligea son frère Isma^il à habiter
i*un des châteaux voisins d(> son palais; il ly installa
(failleurs très confortiiblement, et pourvut à son en-
tretien: il y logea en même temps sa mère et ses
frères germains. C^ette fenune , le jour où mourut le
sultan son époux, avait mis la main sur une sonmie
considérable, provenant du trésor royal, (pii se
trouvait dans sa chambre, et elle avait trouvé moyen
de s'échapper et d'aller rejoindre son fils. Elle remit
d(î l'argent, chaque fois que celle-ci venait la visiter,
à sa fille, qui avait été mariée par son père à son
cousin, h' rais Al)()u \\bd \llah, fils du rais Abou 1
Oualid , fils du rais AI)ou ^\bd \Uah , qui avait cherché
454 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
jadis à se faire proclamer sultan à Andarax et qui
était fiJs du rais Abou Sa*id , par lequel tous se rat-
tachaient k Tancétre commun. Gendre de la sultane,
ce personnage était un homme énergique et résolu
qui, par son entrain et ses conversations familières,
savait agir sur les hommes et trouver un appui au-
près de ceux qui étaient mécontents du pouvoir, ou
que Tambition agitait. Il en gagna une centaine,
qu'il réunit près du palais (de TAlhambra); ils se
hissèrent k la partie supérieure du mur d'enceinte ,
et de là, en se servant d'appareils qu'ils avaient
apportés, ils atteignirent au sommet de la muraille
un bâtiment, où se tenait un corps de garde, qu'ils
réduisirent au silence. Ils s'emparèrent de ce poste,
et de là descendirent dans la forteresse où ils péné-
trèrent à la pointe du jour, le vingt huit ramdhan 760
(q3 août iSSg)^ A la lueur des torches, ils se ruè-
rent, en poussant de grands cris, sur la demeure
du régent Ridhouan , en brisèrent les fermetures et
y pénétrèrent. Ils le tuèrent au milieu de ses fenunes
et de ses enfants , et pillèrent tout ce qui se trouvait
dans la maison. Une troupe d'ehvahisseurs, dirigée
par le rais lui-même, alla délivrer le prisonnier,
l'émir Isma^il , et le fit monter à cheval : au son du
tambour, il fut proclamé sultan.
* Ibn Klialdoun ( t. Vif , p. 3o6 ) dit le 27 ; Maqqari fait remarquer
celle divrrgenre (A>/7t et' Tib . l. Ilf , p. 5i). Ibn KhalHoun dit aussi
que Mohammed V quitta Guadix en dhou i qa'da, et Maqqari dit
qu'il y a là une faute de copiste pour dhou 1 hidja. 11 faut en effet
suivre le récit d'Ibn el Khalib, qui accompagnait le sultan. Voir
trad. de Slane, t. IV, p. 333, note 3.
à
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAR. 455
« Cependant son frère le sultan se trouvait alors
dans le pavillon construit dans le jardin qui tire son
nom d'el *Arif*; Tépaisseur de ses ombrages, le
charme de ses eaux courantes , et la brise qui y souffle
douce et fraîche , lui ont fait une renonunée prover-
biah»; il est séparé des châteaux du sultan par une
forte muraille et un fossé bien défendu. Les accla-
mations, les cris et le son du tambour avertirent du
danger le sultan, qui voulut rentrer dans son palais;
mais il trouva tous les chemins et toutes les issues
occupés derrière lui; des lances le menacèrent; des
llèches furent lancées contre lui. Il revint sur ses
pas, ne sachant que faire. Dieu, alors, le remit dans
le droit chemin , et le rappela aux virils exemples de
sa famille. Il sauta sur son cheval qui était attaché
à la porte du pavillon, et s enfuit à toute bride. Il
arriva le matin à Guadix , ayant lassé ceux qui le pour-
>uivaient; et le gouverneur de la qaçba ignorait
encore sa présence, que déjà il y avait pénétré. La
population lui ayant fait serment de fidélité ets'étant
engagée à le défendre, il continua dy régner, tandis
([ue des troupes s armaient pour lattaquer.
« Son frère , après s'être emparé du pouvoir, re-
^ Le Jeneralife. — Les auteurs afUruient, pour la plupart, que
\j^y*J\ ÂÂA. (et non O;^)) doit être traduit par : «jardin de lar-
chitecle ou du directeur d(»s travaux du palais». Voir not. Simonet,
of). cit., p. i6; Almagro (^.ardenas, op. cit., p. 173. Ce dernier
auteur donne d'autres traductions , qu'on trouvera aussi dans Simonet
et Lercimndi : Chrcstom. arah. hisp.^ lexique, p. ai7. Je n*ai encore
aucune raison sérieuse de proposer une interprétation raisonnée de
ce mot.
456 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
non vêla le traité avec le roi de Castille y qui , au plus
fort de sa lutte contre les gens de Barcelone, avait
besoin d*être en paix avec les musulmans.
« Les habitants de Guadix , pleins d*a(Fection pour
leur sultan, auraient préféré perdre tous les biens
plutôt que labandonner, et cette situation pouvait
durer. Mais, le jour de la fête du sacrifice de celte
même année (dix dhou 1 hidja 760 = Q nov. j SSg),
il reçut du sultan du Maroc une ambassade qui l'in-
vitait à venir dans sa capitale, puisqu'il ne pouvait
reconquérir la sienne. 11 avait envoyé déjà une am-
bassade au roi des Roums\ mais il n'avait trouvé
auprès de lui aucune aide. Il se décida donc à partir
le deuxième jour de la fête : les habitants de la ville
raccompagnèrent en foule, les uns à pied, les autres
î^ cheval, jusqu'au port où il s'embarqua. D arriva
à Fas le six moharrem ygi (5 janvier iSSg), sous
les auspices les plus favorables. Le sultan (du Maroc)
vint à cheval à sa rencontre, mit pied à terre au
moment où il le saluait, et faccueillit avec le^ plus
grands honneurs. »
Ihn el khatib a traité le même sujet, non sans
prolixité, dans une lettre qu'il écrivit, au nom de
Mohammed V, au sultan du Caire, el Mansour ben
Ahmed ben en Nacer ben Qalaoun. (A'e/Ti et' Tib,
t. III, ]). /i8.) — Maqqari donne encore [ibid, . p. Sa )
' Je |M»nsc qu'il s'agit deC.haries V, roi de France, dont il pouvait
es|>érer Tuppiii contre son frt'rc, allié de Pierre le Oiiel et. par
con.s<''(pient , <les ' ni^ia s. V. (Icorg. s Dnumel : Ktudf sur CaHiancv lir
la Fnturc rt Je lu (lastUlv rui.r Mv'vl A»' siiclvs. Paris, i H98.
HISTOIRE DES BENOLl'L-AHMAR. 457
un récit livs succiuct, qui lui est fourni par son
maître, le qadhi Abou 1 Qassem ech Cherif.
APPEiVDICE IV.
Maqqari (Nef h et' Tih, Boul. , t. 1 , p. a i i ; Anal. ,
t. I, p. Q()5 et 296) donne 1 epitaphe d*Othinan ben
Abi l^Ola, qui est à citer, quelle quen soit Tauthen-
ticité.
« [jouange à Dieu! Ceci est le tombeau du chef
dos défenseurs, âme des héros et des braves, unique
entre les illustres, lion des valeureux et des guerriers
sans peur, étendard des étendards, gardien des droits
de rislam, commandant des escadrons victorieux,
des actions fameuses et des expéditions célèbres,
toujours au premier rang (pour le combat comme
pour la prière), debout à la porte du paradis, à
fombre des épées, sabre de la guerre sainte , briseur
d ennemis, lion des lions, grand par la pensée,
ferme dans ses desseins, hardi , puissant à la guerre,
courageux , héroïque , valeureux , inébranlable , saint ;
feu Abou Sa^ïd *Othman , fds du Cheikh , grand , va-
leureux, vénérable, noble, célèbre et saint, Abou 1-
*01a Idris ben *Abd Allah ben 'Abd el-Haqq. H a vécu
quatre-vingt-huit années, quil a employées, du dé-
clin même du jour à Taurore prochaine, à marcher
dans la voie de Dieu, il a rendu Tâme dans sa sept
' Voir ri-(le«*su.s, p. 'n'i. ri la biographie de w personnage
dans 11)11 Khaldoun, l. Vll^ p. ^71; éd. do Slanr, l. If, p. 5^;
trad., l. IV, p. i6H et siii\.
458 NOVEMBRE-DÉGEMBRK 1898.
cent trente-deuxième campagne. Sa vie a été tran-
chée « comme il combattait plein d*ardeur dans la
guerre sainte, pour obéir au Seigneur. 11 connaissait
tous les détours de la guerre; il montrait la force
de sa résolution dans la lutte contre les chrétiens, et
dans la foule de leurs guerriers, il tenait tête aux
flots montants des ennemis. Dieu lui a fait accomplir
contre eux des hauts faits célèbres , dont la renommée
s*est répandue dans toutes les contrées, et qui l'ont
rendu plus populaire que ie proverbe voyageur. (1
mourut (que Dieu Tait en sa miséricorde !) avec la
poussière de la guerre sainte sur ses vêtements, guet-
tant le roi chrétien et ses bandits. Il mourut comme
il avait vécu , et c'est dans la mêlée de la guerre sainte ,
que Dieu le rappela à lui, heureux, content, le sabre
levé sur la tête du roi des chrétiens , avant-coureur de
plaisir et de joie et produit de la guerre et des com-
bats. Chef qui conduisait dans la voie droite, vers
les actions méritoires , l'Espagne tremble encore après
qu'il n'est plus. Que Dieu soit généreux avec lui et
qu'il lait en sa miséricorde ! H mourut le dimanche
2 de dhou 1-hidja ySo. » (dimanche i6 sep-
tembre i33o).
APPENDICE V.
Nous connaissons sur ces événements deux récits
d'Ibn el-Khatib, l'un que Maqqari (Nef h etWib,
t. III , p. /4 7 ) a extrait de iJjJyJl à^JDI , et dont M. Ga-
yangos s*est servi dans ses Mohanimedan dyncuties ,
à
HISTOIRE DBS BENOU'L-AHMAH. 459
t. II , p. 36 1 ; lautre, dans iU^ï^l JiHl , édité par Ga-
siri, loc. cit., t. II, p. 3o8 s. Nous donnons une tra-
duction, aussi exacte qu'il nous est possible, du pre-
mier de ces deux récits, et une courte analyse du
second.
« Le matin du 17 choual 76a (ao août i36i),
Mohammed repassa en Espagne, où le roi de Cas-
tille l'attendait depuis longtemps déjà, et se préparait
à agir de concert avec lui. Le sultan prit place, dans
la ])laine de Moussara, sous la tente préparée pour
la cérémonio. La foule des guerriers vint défiler de-
M\u{ lui, et participer k cette fête d'heureux présage,
où painirent les étendards, les tambours et tous les
instruments de la guerre. Le sultan revêtit le cos-
tume royal; il chaussa ses éperons; on acclama son
avènement. Les hommes émiiients de l'Andalousie
vinrent en foule se ranger auprès de lui, et à leur at-
tendrissement , à leurs larmes , à leurs acclamations,
il se vit revenu au temps où sa piété , ses vertus et
ses bonnes œuvres avaient fait l'admiration de tous.
Dieu étendit sur lui la protection de sa miséricorde,
lid manifesta sa bienveillance et répandit ses grâces
sur ce prince , dont la royauté avait été si cruellement
et si injustement frappée. Il entraîna après lui toutes
les âmes , et les cœurs ^rent prêts à se dévouer pour
lui. Il s'éloigna , désormais libre de ses actes, et il est
actuellement à Ronda, régnant en paix sur cette ville
et sur ses environs. 11 a pour vizir, le cheikh, le qaïd
Abou 1-IIassan *Ali ben Youssef bon Koumacha el-
Hadhrami, et pour secrétaire le fac[ih Abou *Abd
3o.
460 NOVEMBRE DÉCEMBRE 1898.
Allah beii Zemrek. On ne saurait nier qu'il montre,
dans le maniement des affaires, une promptitude de
jugement, une expérience, une finesse et une con-
naissance de^ principes du gouvernement égaleni**nl
parfaites. Que Dieu lui accorde ses faveurs, ainsi qu'à
nous-mêmes! »
H ne semble pas que Mohammed V soit passé en
Espagne avec une entière liberté d'action , et c'est la
difficulté de sa situation que dissimulent les phrases
dlbn el-Khatib dans le i^y^li JJ^, et surtout dans
le texte cité ci -dessus. Ibn Khsddoun (t. VII, p. 3i6
et Siy; éd. de Slane, t. II, p. /|68 et 469; trad.,
1. 1\\ p. 355 et 358) montre qu'Abou Salem, le sul-
tan niérinide, livra ])our ainsi dire le roi de Gre-
nade à Pierre le (Iruel, pour que ce dernier s en lit
une arme contre Mohammed VI; Mohammed V.
conscient du rôle qu'on lui faisait jouer, cherchait à
échapper à la protection intéressée du roi de Castille
(voir aussi ihid,, le rôle joué par Abou Ilammou,
sultan de TIemcen, allié de Mohammed VI contre
Abou Salem). li'assassinat d'Abou Salem, le 1 y dhou
l-([ada y^'i' (18 septembre i36i), c'est-à-dire un
mois après le dépaii de Mohammed , modifiait en-
core sa situation, et Ibn el-Khatib (Casiri, loc. cit,)
fait soupçonner ses hésitations.
Mais le \izir de Tas, ^Omar ben *\bd Allah, dé-
sireux (le se débarrasser du souverain macabre, qu'il
avait fait , avec un ])aiivre idiot, Tachfîn, cnit avoir
' duvanj;»)*;, loc. cil., dil 27 cliotiai; <lans W )/<■;«. Iiistor,, p. 5^3,
il dit : on rlioiial.
HISTOIRE DES BENOU'L-AHMAK. 'lOl
besoin de Mohammed V pour obtenir de Pierre le
Cruel l'envoi à Fas du prince mérinide .\bou Zeian
Mohammed, qui s'élait réfugié à la cour de Castille,
et dont il voulut faire un sultane Mohammed V sut
profiter de la situation pour se faire donner par lui,
Ronda, qui faisait partie de la « marche » abandonnée
îiu\ célèbres auxiliaires mérinides et placée sous la
suzeraineté du souverain de Fas (Ibn Khaldoun, loc.
vit,). Mais, à peine Abou Zeian Mohanmied «avait-il
quitté Séville (nioharreni ^63 == nov. i36i) que
Mohammed V, après avoir pris quelques forteresses
(Casarès et Zara) avec le roi de (lastille, le quitta
biiisquement, poussé par un subit scrupule de con-
science (Ibn el-Khatib in Casiri, loc, cit,) et vint
s'installer à Ronda (8 djoumada I ^= ^ mars i362)
d'où il rentra triom|)halement h Grenade, le 20 djou-
mada II (16 avril i36q) (Gayangos, Moh, dyn,, t. II,
p. 362, et Mem. hisL, p. 5/|8).
Les deux ouvrages d'ibn el-Khatib, cités ci-dessus,
s'arrêtent en y 63 (i 36i-i 3r)2). On Ta vu parla
citation précédente» d(» la ajj^xJI a^AJ! — iU^ï^l JA21
contient ces mots (Casiri, loc. rit, , p. 309) : « H y est
encore (à Ronda), au moment où est composé cet
ouvrage»; il la gouverne et y fortifie son autorité, ([uî
' ll)n Rlialdoun dit nrltcmcnl t. Mi, |). ^^7^1; rd. de Slam*,
l. ff, p. ô5'i; Irnd., t. IV, j). iHol qifAbou Saî<l 'Ollininn , fîls de
Yaliia Ixiii 'Omar bon Rahlioii , poussa son père à négo<-ier a\<»r lo
sultan Abou Salem , l'arrivée de Mohammed V en Castille, |)our st»
venger de Mohammed VI, qui avait donné le commandement des
volontaires à [dris ben 'Othman ben Abi l-'Ola.
\
462 NOVËMBRE'DECEMBRE 1898.
s'étend sur les forteresses et les terres qui dépendent
de cette ville. » Un paragraphe ajouté postérieure-
ment mentionne la rentrée de Mohammed dans sa
capitale ^
^ M. Cardenas pense [op, cit., p. 137] que Mohammed V entra
dans TAlhambra par la porte de la « Torre de Abul Harlmli ■ , et il
en voit la preuve dans l'inscription qui la surmonte.
Erratum. — J*ai nég^gé une grave faute d'impression
A la dernière ligne du premier article , p. 3^o , où il faut lire
;|UXI , au lieu de ç^Ull .
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 403
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS
DE L'INDE,
PAR
M. A.-M. BOYER.
Les deux inscriptions de Tonigala publiées d'a-
bord en i853 par A. O. Brodie dans Journal ofthe
Ceybn A siatic Society, rééditées avec corrections par
M. E. Mùller dans Ancient Inscriptions in Ceylon^
(n** I du texte et pi. I), outre Tintérêl quelles offirent
par elles-niênies, me paraissent donner lieu à une
observation qui les met en rapport avec la question
du nombre a 56 dans les inscriptions d'Açoka. Je
reprends d'abord l'étude des deux documents sin-
ghalais, et reviendrai ensuite sur l'explication de ce
nombre.
I
Comme on le sait, de même teneur quant au
Fond, les inscriptions de Tonigala ne varient que
fort peu dans le choix des mots et dans leur ordon-
nance. Celte circonstance rend plus certaine Texacti-
' Que je désigne par A.LC, — auparavant, maii tans fac-simi-
lé , dans Report of tkê ancient intcriptioni in thê North^Weitêrn pro»
vince oj Ceylon; Ind, Anti<f., IX, p. lo-i i.
464 NOVEMBRE-OFXEMBRE 1898.
tude de la lecture, favorisée encore , pour Tune et
Tautre inscription , par les dimensions des caractères,
longs d un pied environ et profonds à peu près d'un
pouce ^ Elles sont séparément gravées sur deux rocs
situés Tun près de Tétang de Kudavaeva, l'autre à
quelque trois cents mètres de là. Avec A.I. C. je
désigne la première par P, la seconde par P. Toni-
gala, leur localité, se trouve à 5 lieues environ S.-E.
de Puttalam.
Il est connu que la forme de leurs caractères,
voisins de ceux d^Açoka, est ancienne, vraisembla-
blement de la fin du second ou du commencement
du i**" siècle avant J.-C, selon Bûhler^. Grâce à cet
âge paléographique, le roi Gamini Abaya dont
parlent nos inscriptions a été identifié avec Duttha-
gâmani Abhaya ou Vattagàmani Abhaya. M. E. Mil-
ler dans A.I.C s'arrête à cette dernière opinion.
J aurai à exposer tout à l'heure quelques indices de
nature à Tappuyer.
I^a voyelle isolée /(dans ima) est écrite •!• •^. Au»!une
notation des voyelles longues. Pour les consonnes, il
est à reniar([uor quo là où l'étymoiogie indiquerait
une muette aspirée, ou trouve la non-aspirée corres-
pondante. Ces deux derniers faits ne sont pas du
reste particuliers aux inscriptions du Touigala , et Ton
' A. I. (l. , p. 3 0.
* Indische Palwagraphic , p. 33.
•"' (if. la plaiirlitMlii n" 85, insrriplion à t)iyagâma (rangi'-e parmi
celles (les 4 premiers siècles après J.-Ci. , do claie incertaine dans cet
inter\alle).
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 465
peut supposer qu ils y accusent déjà deux tendances
signalées dans l'idiome singhalais. Le manque de
muettes aspirées ne rend que plus singulière la nota-
tion du ja par \* jha dans le mot raja° (rô/V). Ce
mot se répète plusieurs fois, toujours orthographié
rajha". M. Rhys Davids a remarqué le même fait^
dans Tinscription , par lui découverte et éditée , du
DambuUa vihâra, qui a sa place au n° 3 (sans fac-
similé) des textes deA.LC. Du reste, mises à part
les inscriptions de Tonigala, les fac-similés donnés
par A, l. C. montrent dans le mot en question
Ç ja; y t^st donc clair (jue nous avons affaire ici
à un pur phénomène d'écritun», non de langage.
Sans revenir sur les discussions auxquelles a donné
lieu le caractère de la sifflante palatale A , seul signe
de sifflante employé dans nos inscriptions, je me
contente de rappeler, à titre de rapprochement, la
tendance qui dans un dialecte apparenté, en mâga-
dhî littéraire, convertit sa en fa. Je transcrirai, avec
/l. /. C. , H par ja, ^ par sa.
Les autres particularités orthographiques appa-
raissent sulTîsammenl à la transcription. Je donne la
miï^nnt» d'après la planche I de A, l,C,, groupant
les mots qui se présentent connne éléments de com-
posés, et indiquant en note les quelques divergences
qui la différencient de celle qu offre le texte du même
ouvrage. Kn quelques points, <»n(»ffet, où le t<»xte et
la planche de A.LC,\k' concordent pas, jai cru
* Ind. Ânt., I. p. ido.
460 NOVËMBaE-DiC£MBRR 1898.
devoir donner lavantage à cette dernière. Deux de
ces désaccords, concernant le mot catadisa, se pré-
sentent du reste dans le texte comme des corrections
évidentes des lectures fournies par la planche. Les
deux autres, Tisa, niyate du texte, pour Tùe, niyata
de la planche, sont sans influence sur le sens de l'in-
scription , telle que je la comprends.
Deux signes consécutifs ^ qui, d'après le fac-similé,
prennent leur rang parmi les autres caractères, à la
fois, mais en ordre inverse, dans I' et dans P, sont
passés sous silence dans le texte de A.LC, et de-
meurés, que je sache, sans explication. Je les repro-
duis à leur place en transcrivant, et cest lew* inter-
prétation qui nous amènera au point à considérer
dans les inscriptions d'Açoka.
I*. [i] ParumakaAbayaputaparumakaTisaha vapi Âcagi-
rika- [2] Tisapavatahi agataanagatacatudiBasagasa dine V /^
[5] Devanapi'maharaja'^GainiriiAbaye niyate Âcanagaraka
[i] ca [TavijSîkiyanagaraka ea paniinakaAbayaputapanimaka
~ [5] Tisaniyata pite-rajaha ^ agataanagacata'^diftasagasa.
1^ [1] ParumakaAbayaputaparumakaTise ^ niyate ima [a]
vapi AcagirikaTisapa vatahi agataanagatacatu - [ 3 ] disasaga-
' Je ne tiendrai pas compte des légères différences de forme
qu'ils offrent : y de I' est clairement y vie P.
* Suppléer _ya.
' Pour voir une forme thématique dans maharaja je me guide
sur maharaje de I**.
* Deux caractères effacés , suppléés de I^.
* La raison du trait d*union apparaîtra dans la suite.
* Texte A, I. C. ta.
' Texte A. L C. ia.
SUR QUELQUES mSCRIPTlONS DE L'INDE. 407
sa aI\ b Devanapiyamaharaje Ganiini-[4] Abaye niyaie Aca-
nagaraka ca Tavirikiyanaga - [5] raka ca AcagiiikaTisapava-
tahi agataanagata-[6] catuda'sasagasa parumakaAbayaputapa-
nimaka-[7] Tisaha visara niyata *pite.
Je n'ai pas à revenir sur les adlnités bien connues
et aussi sur les dififérehces do la langue de nos in-
scriptions avec le mâgadhî. Je noterai seulement
que si le génitif en ha TUaha s'éloigne du mâgadhî
d'Açoka, il reste conforme au màgadhi littéraire.
((]f. Hemacandra, éd. Pischel, IV, 299.)
A prendre le sens général, les deux premières
lignes de 1% mettant pour le moment à part les deux
signes qui les terminent, ne soui&rent pas de didi-
culté.
Paramaka (s. iTC'W) ^st une appellation honori-
fique commune dans les inscriptions anciennes de
Ceylan. Passant à parmuka par l'intermédiaire para-
maka , elle semble dans la suite réservée aux rois,
mais ce dernier fait ne se constate ni avant notre
ère, ni durant les quatre ou cinq premiers siècles de
notre ère. D'autre part , dans les plus anciennes in-
scriptions autres que I' et P, les titres royaux soit
du prince régnant, soit de ses prédécesseurs , sont
toujours raja" ou maharaja"; une fois, au n* 6 1 , 1. /j ,
parafnaka, mais alors précédé de sarima (^IfTW)
et suivi immédiatement du titre royal : sariina pa-
ramaka ' makaraji. Il est dès lors logique de ne pas
» Texte A. L C. dû
* Texte A. /. C. te.
' Planche : paramaka.
468 NOVEMBRE-DEGEMBRK 1898.
regarder dans nos inscriptions comme titre royal îa
simple dénomin«ition de paramaka, surtout rappro-
chée du titre devanapiyamahai^cya , de ne pas regar-
der, par suite, comme rois, Tisa et Abaya, son père,
auxquels cette dénomination est appliquée.
Acafjiriha est sans doute une épithète désignant le
lieu d'origine ou d'habitation , comme il arrive dan!»
les Ibrnmles de donation religieuse du continent in-
dien : « Tisa d'Ac«igiri ». Nous aurons un peu plus
bas Dnlmldijamaka,
Dine, au nominatif masculin ou neutre, suivant
les flexions du mâgadhî d'Açoka. On peut supposer
que la tendance qui, depuis, classa en singhalais
tous les noms d'objets inanimés en un seul groupe
neutre, se faisait dès lors sentir. Vapi serait alors rie
ce dernier genre , dîne représenterait dinnam.
La phrase qui suit offre plus de difficultés.
De même que dine, niyate se présente sous la
forme cruii participe passé, à ni-yam. Ija significa-
tion en semble déterminée par d'autres inscriptions
où le sens n(* laisse aucun doute. L'inscription d'Eri-
yâva, à caractères très anciens, d'après i4./. C. \ dont
l'époque peut , par conséquent, être regardée comme
assez proche de celle de nos inscriptions, se conq^ost»
manifestement de deux phrases, dont la premier»'
Huit |)ar dine, dont la seconde est entière et porle :
ima vapi DipUfalaviharahi myatc safjasa. Celle plus
moderne de Nîlagâma \ ihâra dit : Dabaliujamakaha
' N* /i2 a, !<ans fac-similé.
SUR OnELQUES INSCRIPTIONS DE LINDE. 469
Upalakaha teralcne saganiyateK Niyate, dans ces
exemples, est bien un équivalent de dinc. Nous avons
donc ici : « est donné Acanagaraka (Aca-
bom^j;) etc. » Mais comment expliquer le nominatif
'Abaye?
Il semble que nous ayons là un nominatif absolu.
Pour justifier c(»tte opinion, j'ai recours à Tinscrip-
lion n° 5 , de (rajâbâhugâmani, petit-fds de Vasabha,
(|ui régna vers le milieu du second siècle de notre
ère; laquelle a la bonne fortune, trop rare malheu-
reusement parmi ces premières inscriptions, de pou-
voir être étudiée avec plus de confiance, n'étant pas
mutilée. Je transcris encore d'après la planche, dont
je numérote les lignes: dans le texte de A. L C. le
mnnérotag<» des lignes du texte n<' concorde pas
avec \vs lignes du fac-similé. J'indiquerai également
en note, comme tout à l'heure, les divergences entre
ma transcription d'après la planche et celle donnée
par A. /. C, Inutile de reprendre ici les remarques
non nécessaires pour le sens.
[i] Sidha Vahnbarajaha manuinaraka Tisaiiiaharajaha [a]
|)iiti mahara*ja^Ga\al)a^hii(iamiiiiAbaya * [3] Dakini Abaya
' N" 7(j, sans f'ac-siinilé. Rangé*; parmi 1rs inscriptions «les 4 pn:-
niici's siècles de notiv ère sans date certaine dans cet intervalle.
* Kcrit 4» ha,
^ Peut-être nominatif en â.
^ Texte A, I, C, , hû.
'■' Texte A. I. C >r. (ioldsclimidl a lu v'i •/. A., 1877, p. ^ig),
M. K. Mrdler (fabord vd (/. A., 1879. p. :î2 1;, depuis yr dans
/470 NOVEMBRE. DÉCEMBRE 1808.
araba vihera karaya va rakaviya [à] bajikapatisavana'ka*
tîrikoHu pa[pata]*karahiya- [5] jina'pa^i'totara ko(u dine
daka pati bikusagaha [6] a(aya catari paceni paribujanaka '
kotu dine.
Que la lecture matérielle soit Ahaya ou Ahaye,
c'est cette dernière forme (ju'il faut comprendre , le
nominatif étant indiqué par pati =^ pâte*. De même
pour manamaraka. Sur le sens de ce mot, voir
Gdldschmidt dans i. i4., VI, p. 3ig.
On pourrait soupçonner dans karaya va une mé-
prise pour karavaya {cf. n"" 1 1 i papatakara karavaya)
^^karaviya (n* 17), mais il est préférable de respec-
ter le texte ; va représente sans doute la conjonction
sanscrite, non répétée ici après rakaviya. Karaya ^ =
/. A., 1880, p. 1 1 , oà il publie ponr la première fois le texte en-
tier, et dans la présente transcription.
' Na possible.
* Texte A, I. C. k. Il n*y a pas de raison de supprimer ici la
voyelle. La lettre sur la planche a la forme d*un na , la partie in-
férieure du ^ a sans doute disparu.
^ Je transcris ho ici et dans la suite de Tinscription , comme le
texte de A, I. C, mais la voyelle 0 n'est évidente sur la planche que
dans la dernière ligne x .
* Ces deux signes ne sont qu en partie visibles.
* Texte A, L C. na,
« Texte A. L C. tL
^ Texte A, L C. k : même remarque que précédemment pour la
voyelle.
* Je dois avertir le lecteur que ameti Abaha du texte n* 1 3 , qui
pourrait faire ici difficulté, est représenté sur la planche corres-
pondante par ameti + 2 lettres effacées dont la première est a -(-
Abaha. — Maharaji Gamini Abayata ... du texte n" 10, oà Aboya
semblerait an datif moderne , est sur la planche : Maharaji Gamini
Abaya de {? ^) ...
* Karaya et kotu sont les précurseurs de kara et ItoUi de la
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DK L'ÎNDE. 471
hariya (cf. n" -7), est, comme rakaviya, absolutif
causal.
Bajika semble le représentant d une forme sans-
crite bhajika, avec le sens de « dévot, fidèle (au sens
religieux) ». Patisavanaka correspond i\ TifîRnnr**
Je vois dt^ns papaiakara un composé qui serait en
sanscrit IRTï!^, « qui périt par chute ■, c est-à-dire
t tombant en ruines b; dans hiya, un équivalent de
^ N k abandonner » , c est-à-dire ici « inhabitable » ;
jina est naturellement lftl|.
Daka pati, expression qui revient de temps en
temps dans ces inscriptions, me parait représenter
ipi Hfîf t conformément au savoir-faire », c est-à-dire
t habilement » ou • convenablement ».
Catari paceni : le buddhique KWi paccaya, est
ici du genre neutre, (caton== pâli cattâri, paceni se-
rait paccaydni). Kota gouverne paceni et un second
accusatif, paribujanaka,
[jes autres mots n oflrent aucune difficulté.
Maintenant , au point de vue de la construction ,
cette inscription peut se résumer en la formule sui-
vante : Abaye A kota dine, où A représente le régime
de kota : « Abaya ayant fait A, ce fut chose donnée ».
Nous avons affaire ici à une construction qui met en
présence un nominatif absolu et un participe passé
langue moderne. Voir, dans /. R, A. S., 1876, Notes on the iinka*
lèse language de Childers , p. 1 5o.
^ Patisavanaka est à ]*accusatif. 11 suffit de renoiarquer que Taous-
vara n'apparaît pas dans ces vieilles inscriptions; je n*ai pas à dis-
cuter s*il existait dans le langage.
472 NOVEMBRE-DKGEMBRIi: 1898.
passif neutre jouant, quant au sens, par rapport à
ce nominatif, le rôle d'un aoriste actif : « Abaya ,
ayant fait A, a donné ». 11 nVst pas hors de propos
de rappeler ici qu'en singhalais moderne une même
forme , provenant de l'ancien participe passé passif,
Aa/a = H?T, par exemple, exprime Taoriste actif et
prend souvent un sens passif. C'est ainsi que paraît
se comporter dine dans nos inscriptions : sens passif
à Tonigala et ici sens actif. Avant d'appliquer éga-
lement ces remarques à niyate-niyata de Tonigala,
je traduis, comme il suit, le dernier texte discuté:
Réussite! Le grand roi Gayabahugamini Abaya, fils du
graud roi Tisa , petit-fils du roi Vababa , ayant bâti * ou pro-
tégé les viliàras à commencer par ceux de Dakini et d*Abaya ,
afTermi la bienveillance pour les fidèles, relevé les [édifices
roli^aeux] vieillis, inhabitables, tombant en ruines, a donné;
entretenant convenablement avec les quatre pratyayas le
.«aniglia des religieux mendiants, a donné ^.
Revenons maintenant à 1' de Tonigala.
A mon avis, nous avons ici une construction ana-
logue à celle que nous venons de constater. ''Abaye
niyaie Acanacjaraka va, etc., contient un nominatif
' Cf. J. H. A. S., vol. cil., j). 10 1-1 5a.
* Voir clans A, I. C. , p. 27. ce qu'il faiil probablement entendre
au juste par cette expression.
* On {Hîul comparer Dîpa\aiiisa, aa, \ à propos du roi Valiaba
( Vasabha) :
Sahbattlia Lankâdipasmiin ârâme santi jinnake
Kân'si «iabbattha âxâsaiii dhammikaprijain mahâraliaiii.
(A. l(>s (li'tiiiis du Mahâ\aiiis<i , p. 220 et !>Ui\.
ï
SUR QUELQUES INSCRIPTlOiNS DE LINDE. '473
absolu ""Abaye et un participe passif jouant , au point
de vue du sens, le rôle d aoriste actif. « Abaya, est
donné Acanagaraka » égale : « Abaya a donné Acana-
garaka ».
Acanagiiraka , [ Tavi ]nkiyanagaraka au nominatif :
il y a des cas de nominatif neutre en am dans le
mâgadhî d'Açoka. La consenation, sous une modi-
fication quelconque, de m final existe-t-elle ici? De
nouveau, la question reste actuellement sans ré-
ponse. On peut motiver fabsenc^^ de la flexion en e
dans le cas présent par f influence de l'enclitique ca.
La comparaison de I' et de P avertit de regarder
dans I' comme incise le groupe pcu^amakaAbayaputa-
paramakaTisaniyata pite-rajaha, représenté dans I**
par parnmakaAbayaputapanunakaTisaha visara niyata
pite. Analysons ce groupe.
Pt<^-- fCRrr, comme rqje=^ JJ^J. Ce mot, dans
les anciennes inscriptions singhalaises , admet en
elfet, comme le second, la flexion des thèmes en a, au
moins h quelques cas. Cf pitaha n" 27. Il semble diffi-
cile de prendre dans ce système de flexion pite pour
autre chose ([u'un nominatif: le locatif, dans nos in-
scriptions, est en hi, mâgadhî si. Par ailleurs, on ne
voit pas ce que serait /)i7^ dans un autre système de
déclinaison : à moins qu'on n y reconnaisse un repré-
sentant du datif fïnJ. Mais les analogies pràcrites
seraient contraires à cette manière de voir.
Ici, et naturellement aussi dans P, je regarde
donc pite conmie fléchi au nominatif. Une pareille
forme ne peut guère s expliquer dans le contexte, à
xii. 3 1
fWHHiaiB lATlvaAUl.
474 NOVEMBRE-DEGEMBRK 1898.
moins de regarder piterqja° comme un composé
formé, sur le terrain singhaiais, comme pitàmaha,
pitâpatra, sur le terrain sanscrit. On trouve sagani-
yatc (voir plus haut) « donné au samglia »; leraMa-
jibakadini {'^dine) (n'' 7 et pi. UI) « donné au stha-
vira Majibaka. » On pourrait, d'après ces exemples,
traduire Tisaniyatapdjr ti donnéàTisa »; mais, dans lo
membre de phrase qui nous occupe, piteraja étant
au génitif et TUa entrant en composition avec niyata ,
le sens naturel est : « donné par Tisa au père -roi ».
Niyata peut, bien entendu, représenter fi|^7m ; les
formes en e dine, niyate, nous indiquent dy voir
plutôt lablatif pracrit en d.
Je traduis donc^ abstraction faite des deux signes
qui nous occuperont plus tard :
L*étang du paruinaka Tisa, fils du parumaka Abaya, situé
au mont 'Hsa d'Âcagiri , a été donné au sanigha des quatre
régions du monde , actuel et futur.
Le grand roi, cher aux Devas, Ganiini Abaya a donné et
Acanagaraka et Tavirikiyanagaraka , du don fait au piteraja
par le panimaka Tisa, fiis du paruiuaka Abaya, an sajqfighn
des (jualre régions du monde, actuel et futur.
De Tinscription I** les fommles 7ï.<^' niyate ima
vapi, Abaye niyate Acanagaraka ca, s*expliquent
comme précédemment. Reste à interpréter le der-
nier membre de phrase déjà cité plus haut : paranm-
haAhayapataparamakaTisalia visara uiyaUi pite.
Je ne puis voir avec M. K. MûHer dans visara
^ \ supposer la lecture Tisa exacte, Tisaniyate ima vapi «cet
éUng est donné par Tisa » laisserait un sens identique.
I
SUR 0l!RLQUE8 ïNfiCRIPTJOXS W. L'INDK. ^75
une erreur pour vapisara ou vavisavaK Ainsi que le
note lui-même le savant auteur, cette expression n^
se rencontre que plus tard : il la relève pour la pre-
mière fois au n° 97 dans um* inscription qu'il place
entre le v* et le ix* siècle de notre ère. Nos deux in-
scriptions n'emploient que vapi dans les deux pre-
mières phrases, parallèles Tune h Tautre. D'autre
part, le passage de ['parallèle à celui qui nous oc-
cupe actuellement , ne parie ni de vapi , ni de vapisara ,
il dit simplement : pannnnkaAbayaputaparuîr^ka-
Tisauiyata piterajaha. Je pense donc que nous avons
siniplement affaire à un représentant de fïnï^ dont
le sens de « chose étendue, ahondance » est devenu
ici le sens de t richesse, fortune*^». Prenant myata,
connue dans I', et visara pour ablatifs , je comprends :
« Of» la fortune de Tisa donnée au pite^ ».
r/est ici que Tinscription semble défectueuse. On
attendrait piterajaha y comme dans P. Si la fin de
l'inscription ne porte réellement aucune trace de
caractères effacés, il y a lieu, vu le parallélisme des
deux inscriptions, de supposer mie omission, de
cause ignorée, car rien ne peut faire croire à une
abréviation, et de suppléer le mot absent. Je tra-
duis , omettant les deux signes :
Le parujuaka Tisu , fils du parumaka Abaya , a donné cet
' Devenu vêésara «étang».
' Conine ^iffi , dv moins au pluriel : voir ce dernier mot dans
le dit tionaaire abréfré de Saint-PéierriKmrg.
^ A Aupiaoser la piascbe fautive, et qu'il fallût lire avec le texte
niy*it£, oo devrait alors regarder risnrn comme un nominal il
neutre, ai traduire: «U foi*tunede Tisa a été donnée au pi4e».
3i.
476 NOVEMBRE-DECEMBRE 18dS.
étang , situé au mont Tisa d'Acagiri , au saipgha des qualité
régions du monde, actuel et futur.
Le grand roi, cher aux Devas, Gamiiii Aba^a a donné et
Acanagaraka et Tavirikiyanagaraka , situés au mont Tisa
d'Acagiri , au saipgha des (|uâtre régions du monde , actuel
et futur. Ils sont pris sur la fortune de Tisa donnée au pite-
[raja].
Je rechercherai tout à Tiieure une explication
historique de cette inscription, mais je dois en com-
pléter tout d'abord la traduction par Tinterprétation
des deu\ signes.
Ces signes expriment des symboles ou des
nombres.
Notons d'abord que, mises à part les deux in-
scriptions de Tonigala, si nous considérons les plus
vieilles inscriptions deCeylan, celles rapportées par
A, 1. C. aux quatre premiers siècles de notre ère,
telles du moins que nous les pouvons connaître par
les fac-similés contenus dans ce recueil , il n'y appa-
raît aucun symbole, soit dans le texte des inscrip-
tions, soit même hors texte; à moins quau n° lo la
figure marginale S ne soit regardée comme un sym-
bole', il ne semble pas que les signes numéraux y
soient exprimés davantage : les nombres s y trouvent
simplement écrits en toutes lettres. A moins de nou-
veau quau n" 8 (voir la pi. de ce numéro), il ne
' L'inscription de Danibulla citée plus haut débute, d'après ie
fac-similé qu'en a donné M. Hliys Davids dans /. .4., I, pi. vn, par
deu\ symboles, de forme entièrement difFé,rente de nos signes, dont
un s\nstika. Plarés t'u télé de l'inscription, ils l'entrent dans le cas
des inscriptiuiLs continentales dont nous allons parler.
\
SUR QUELQUES IxNSCRlPTlONS DE L'INDE. Ml
faille lire avec M. E. MùUer, 1.3: lera Tusaha ka(f)
mahavavi, et 1. 4 : i(*ra Majiba ka ( f ) ganaya , et voir
là , comme il le fait, l\ grands étangs de Tusa , !\ ganas
de Majjhima; mais ie Majihakaàini, déjà cité plus
liaut, de l'inscription n" y, nous suggère de prendre
ici la lecture naturelle Majihaka gcLiiaya , et Je premier
passage doit aussi être plutôt lu : Tiisahaka ' maha-
vavi. Les inscriptions singhalaises de Tépoque qui
nous occupe ne nous fournissent donc guère d'éié-
ments pour dérider entre symboles et nombres. Il
reste, recourant à l'analogie, à consulter les inscrip-
tions appartenant à la même période du continent
indien.
On sait Tusage des symboles dans les inscriptions
indiennes : pour citer une inscription de même
époque à peu près que les nôtres , celle du Sâtavâ-
liana Krsna à Nâsik^ se termine par le svastika et,
probablement, le triçûla-dharmacakra. A prendre
comme symboles les deux caractères qui nous oc-
cupent, le premier y est un symbole bien connu,
on le trou\e avec le svastika à Jaugada sur deux
inscriptions d'Açoka"* ; il y aurait à discuter le second.
Mais, dans les anciennes inscriptions, les symboles,
autant que nous sa\ons, se placent au commence-
ment, à ia fin, sur la marge, non pas dans ie corps
' On |)eiit conjccliirt'r que dans Tusatuika lu d(.*rnière syliabc (*st
lu suflixe ka si fréquent en prâcrit et dans la langue de no<s in-
scriplions, maladroitement ajouté au génitif Tutahn,
* .4. S, ky, L, \\\ pi. LI, Nàsil n" j.
> a. c./. /.,pKXiii.
478 NOVEMBREDÉCËMRRE 18<)8.
des inscriptions. Nâsik n** 5 ( A. 5. H^. i. , IV, pi. lu ) ,
dessine un svastika après l'initial siddham : c est à
peine une exception, et Bùhler a pris soin de la
notera Or nos deux signes se trouvent ici dans le
corps même des inscriptions : car chacune délies
semble d'une seule venue , d'abord au point do vue
paléographique, autant qu'il est possible d'en juger
par les fac-similés, ensuite parce qu'il parait moins
probable qu'une inscription princière où figure un
devanapiyamaharaja ait été ajoutée sur ces deux
rochers, à la fde et comme continuation, à celle
d'un simple parainaka ^^. Il est donc légitime déjuger
que nous avons ici des nombres.
Tourné de go* le signe oc >*- 1 o est tf . C'est notre
premier signe. Tournés d'environ go* dans le même
sens ^ ou J^* ■= 4 sont -♦r ou jt • Notre second signe /i\
semble ainsi un représentant cursif du caractère qui
a donné ces deux foi*mes. La théorie qui admet une
origine égyptienne des signes numéraux indiens peut
trouver ici une confirmation. Outre l'analogie que
notre signe présente avec le hiératique oy = 4 , en
démotique >y est ie même nombre \ et la forme /k
n'eJt guère que ce dernier caractère égyptien abrégé.
* Avec la désignation NA-nik. n"6. Ind. l*almo(f., p. 85.
* Il en va autrement à Nàsik, 1. .S. fV. I,, IV, pi. LUI, n" i3-
n" 1 .^. Là les deux inscriptions qui se suivent , et où le svastika initial
de la seconde se trouve dans les conditions que réaliseraient ici les
symboles, sont royales et mi^me d'un seul roi, (totainîputa Situ*
kani.)
^ Cf. Bûhler, W. Palœog., Taf. T\.
* Cf. de Rougé, Chrestomathie t'fjypt'ienne ; f* fasi*. , pi. I.
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 479
Par ailleurs, pour la forme et la pose des caractères,
nous ne pouvons nous étonner de trouver ici des
N ariantes avec ce que nous connaissons du continent
indien, puisque, là m(^me, les divergences dans le
tracé des signes numéraux sont parfois si accusées,
à commencer par celles du nombre îi56 des inscrip-
tions d'Açoka, où le signe pour aoo à Rûpnâth dif-
fère, largement du signe du même nombre à Sid-
(iàpur, où le signe pour 5o se présente à Sahasrftm
avec i'orientalion inverse de celle qui lui est donnée
à Kùpnâth et à Siddâpur. Je lis donc dans I* i o(4-)
^1, dans I** 4(4-) 10.
H résulte le nombre i 4. L'interversion dans i**du
signe des unités et de celui des dizaines est sans
doute un fait anormal : Temploi de H pour { l'est
aussi, et je ne pense pas que nous ayons de ce chef
à rejeter davantage la lecture i !\ que la lecture /.
Maintenant que veut dire ce nombre placé k la
lin de la première phrase et sans relation pour nous
apparente avec (»lleî^ Pour répondre à cette question,
j'on pose une seconde de même ordre : que signifie
le nombre 2 56 ajouté sans explication, à Siddâpur\
à la phrase linale du premier édil sous celte forme :
iyam eu savane sâv[à)p{i)te vyùthena 256?^^ « Et cette
«exhortation a été proclamée par le Vyûtha a56. ■ Ce
nombre a 56 se trouve à Siddâpur, relativement à
ce qui précède, exactement dans les mêmes condi-
' K(l. HiiMrr (tans E. /.. III.
* V '?. donne la voyi'He (h* n, ia reslitulion de^ li'ltn'senln» paren-
llièscs est «garantie par sàvâpile (!•' n" 1, 1. 5.
480 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
tions qu'à Tonigaia le nombre i k par rapport à la
première phrase. Les deux cas accusent un même
procédé, et doivent s expliquer de la même manière.
Or la concision de Siddcipur, éclairée par le peu de
détail donné aux passages parallèles de Rùpnâth-
Sahiisràm, exprime par 2 56, suivant Topinion qui
me parait la plus véritable, et sur laquelle je revien-
drai dans la suite, la date du fait dont Ténoncé pré-
cède ce nombre : « et cette exhortation a été pro-
clamée par le Vyûtha il y a 2 56 ans. » Nous <i>ons
donc <^ comprendre dans 1* : « Tétang du parumaka
Tisa, etc., a été donné au samgha, etc., il y a
I /j ans. » De même dans P : « le parumaka Tisa , etc. ,
a donné cet étang, etc. , il y a i ^i ans ».
J*ai essayé de déterminer le sens du texte , en me
laissant guider par le texte lui-même. Venons à l'in-
terprétation historique. Je présenterai à titre de rap-
prochement celle que j'ai à exposer, et serais moins
autorisé à le faire, s'il fallait accepter dans toute la
rigueur de leurs termes l<\s récits du Mahâ\amsa.
D'après ce qu'il raconte, Vattagâmani succède à
son frère Kiiallâtanàga, assassiné. Après îivoir vengé
la mort de ce prince, il en adopte le (ils Vlahâcûlika
dont il fait la mère première reine, et cette conduite
lui vaut du peuple le surnom de père-roi, pitirâja K
' kliailâlanâgarannu so piiUakain sakabhâliino
Malinrûiikanâmânain ]nittattliiin(.> tlia{>esi ca,
tamniâtar' Snulâdevim niahesin ca akâsl so :
pitiuliâne lliitatt* assa « pitirâja » Ui-m-ahravuiu.
Mahâv. p. 303 de l'édition de Turnour, à laquellt» se n'Ierenl
é^alt>m(>nt les citalions qui suivent.
\
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE LINDE. 481
Cinq mois après son a\onement, les Dami}as(Tamils)
attaquent Ceylan. Le pitirâja, complètement battu,
est réduit à se cacher dans la foret de Vessagiri. Là,
le thera Mahâtissa lui ofire à manger : à celui-ci le roi
reconnaissant accorde des dons pour la subsistance
de son vihâra. Dons «ictuellement platoniques d*un
prince sans ressource qui, continuant d'errer en
fugitif, vient chercher asile non loin de Sâlagalia,
en Malîiya : il y retrouve Mahâtissa qui met h son
service un habitant de la contrée, son propre servi-
teur, Tanasiva. Le roi demeure là li ans. (le du-
rant, les Damiias régnent dans Anurâdhapura, sa
ciipitale.
Au bout de ce temps, un incident domestique
vient changer la face des choses. La femme de Tana-
siva insulte la reine Anulâ^ De là, querelle à main
armée du prince et du serviteur : celui-ci est tué, le
roi se déclare pour ce qu'il est , rassemble des troupes ,
vi(»nt honorer le Buddha au vihâra* d* Acchagalla ,
marche sur Anurâdhapura et reconquiert le trône
perdu 1 ^ ans y mois auparavant.
Le Dîpavamsa ne mentionne de ces faits (c. ao),
que lavènement de VatUigâmani par la mise à mort
du meurtrier de son frère, Tinvîision des Damiias
5 mois après, et la revanche de Nattagâmani au bout
de i /| ans y mois.
A presser ce qui précède , ne gardant que la part
' Gatâya tu nivâpattham Malaye nuladeviyâ
bhariyâ Tanasîvassa pâdâ paliari pacchiyaip.
[ Mahâvaqasa , p. ao.i.)
482 NOVEMBRE-DÉCEMBHE 1898.
du récit la moins sujette à l'erreur, cest-à-dire la
substance des faits, il résulte que :
Abhaya Vattagâmani, surnommé Pitiràja, chassé
d'Anurâdhapura au bout de cinq mois de règne par
une invasion de I)ami{as, s'enfuit au Malaya, la
région montagneuse de Ceyian; dénué de tout, il v
est secouru par un certain Mahàtissa, un thera, et
i/i ans écoulés, rassemblant une armée et remon-
tant vers le Nord, il se trouve en quelques mois
maître une seconde fois du royaume.
Ainsi Xattagâmani ne se réfugia pas dans le
Rohana, cette partie méridionale de Geylan doù son
oncle Dutthagâmani était venu renverser 1 envahis-
seur Ëlâra , mais seulement dans le centre de Tîle ; et
rien ne nous fait croire qu'il ait eu à s'y enfoncer
bien avant. D'abord les nouveaux maîtres d'Anurâ-
dhapura ne songeai<»nt guère sans doute k l'inquiéter.
Avec eux nous sommes loin du long et, semble-t-il,
prospère règne d'Filâra : diminués de forces par le
retour au continent, captures faites, d'une partie des
leurs, ils avaient d'autres préoccupations que celles
de marches militaires vers le Sud, il fallait se inain-
tt^nir au pouvoir parmi les convoitises qui, à en
croire les chroniques ', placèrent sur le trône en ces
quelque i5 ans, 5 princes, dont les /a derniers ne
durent la couronne qu'au meurtre, chacun, de leur
prédécesseur. D'autre part, même à omettre la ques-
tion trop incertaine des constructions pieuses de
\ attagâmani à Dambulla avec le motif plus incertain
' \ialiâvai|)8« , p. ao4. Dîpav. ao, i5*i7; cf. 19, i5-i6.
t
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE l/rNDE. 'i83
(*ncore qui les aurait causées, ia tradition semble
plutôt confirmer notre manière de voir, il est mal-
lieiireusement diflîcile d'identifier un grand nombn»
des localités nommées par le Mahâvamsa; cependant
la Mahàvanisatîkâ retrouve Sâlagalla dans Moragalla
on Malaya^ : nous avons là, du moins, Fétat de la
tradition à Tépoque où fut composé le commentaire.
Or on rencontre actuellement, un peu au sud de
DambuUa, à Tentrée de la région montagneuse, Mo-
rogollawe^. Ce nom a tout Tair de représenter un
antérieur Moragalla va» va -*, dont Moragalla serait une
forme première , ou abrégée*. H n est pas ici question,
naturellement, de certitude : jo ne prétends rien de
plus que Tabsence de toute raison qui nous oblige à
rejeter au loin dans le Sud le séjour de \ altagâmani ^.
' tam pana idâni Moragallan ti vofuiranti. (p. 447 ^^ ^'^d. dr
Pandit Batuwantiidâwt* v\ \i, Nâiiissara Uhiksliu, où Sâmafjnlla au
lieu de Sâlatfalla),
^ F^n orthographe anglaise. La ne^^onde partie, du nom se n*-
li*ouve avec variantes dans Hatteragailawa , Dambagoliowa , Nellu-
goilaiwe; plus pro4*lie de la forme primitive (cf. note snivantt*;
dans Habadigollawewa.
^ Après les phénomènes d elision de voyelle et (rassimilation de
consonnes semblables à ceux qu'a subis, par exemple, Mahâkalal-
Ueva, identiGé à Kullatthavâpi du Mahâvaiiisa (p. i5â., t;l qui
suppose dès lors un antérieur Maliâkalattava^va.
^ L'exemple de la note précédente prést^nte un fait analogue.
* Du reste, Irs possessions (PPilâra lui-même ne. dépassèrent pro-
bablement pas le cours moyen de la Mahâvseligângâ, (pratleignait
le domaine des princes du Rohana :
Kâkavaiino Tissarâjâ vâretmn Damile sadâ
Mahâgaiigâya tilthesu rakkham sabhe.su kârayi.
^MahàvaqfiM, p. i3H.)
Wi NOVEMBRE. DÉCEMBRE 1898.
Maintenant les loctilîtés dont parlent nos inscrip-
tions, et qui n*ont pu être identifiées, se trouvaient,
h mon avis, dans la région même où ces inscrip-
tions furent gravées. I** dit en effet ima vapi; il s agit
donc dun étang proche; le mont (ce mot pouvant
d'ailleurs exprimer la réalité la plus modeste, comme
pavata, qu'il traduit'), le mont Acagirikatisa , qui
détermine le site de cet étang, n'était donc pas
éloigné, non plus que les deux villages Acanagaraka
et Tavirikiyanagaraka que P place au même mont.
Ainsi c est dans la région de Tonigala qu'il faut loca-
liser les noms géographiques contenus dans nos in-
scriptions.
Tonigala est à la même distance d'yVnurâdhapura
que Morogollawe, à peu près à la même latitude. Il
semble ainsi hors de l'aire de la domination effective
des Damilas; le prince vaincu a pu trouver en ce
lieu et en d'autres, des ressources meilleures que
celles où le réduit le récit du Mahâvamsa , et se pré-
parer par là un retour moins impromptu de fortune.
Quand Vattagàmani , déchu du trône par la défaite ,
et réduit à l'état de fugitif, ne pouvait plus compter
que sur la générosité do ses fidèles, qu'un Tissa,
vassal ou seigneur au pays actuel de Tonigala. et
transformé dans les chroniques, par une fiction
pieuse, ou parce qu'il le devint plus tard, en thera,
ait mis ses biens en tout ou en partie à la disposition
du roi vaincu ; que ce Tissa ayant fait don au samgha
^ Cf. par exemple, l'emploi de pavata dans les édits de RùpnAtli
et de SaliBJiràm , dont nous aurons à nous occuper tout à riieure.
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 485
de l'étang ci-dessus nommé, vers Tépoque de l'inva-
sion, le roi, I 4 ans plus tard, étant remonté sur le
Irone, parmi les bienfaits dont il combla le samgha \
ait ajouté à ce même don celui de deux villages,
reçus jadis; que la double donation ait été alors
gravée avec allusion à Tacte de Fidélité du sujet
envers le pitirâja, nos inscriptions s'expliquent, et
celte explication s'accorde avec la substance des
clironiques : il est superflu d ajouter avec (juelles
résenes je propose ce rapprochement, qu'il n'était
peut-être pas, cependant, inutile de signaler.
II
L'étude précédente m'a conduit, pour expliquer
le nombre \^ des inscriptions de Tonigc'da, à m'ap-
puyer sur le nombre 3 56 des édits d'Açoka. Je n'ai
pas besoin de faire observer que l'intelligence d(* ce
d(»rnier, lequel se trouve k Siddâpur dans les mêmes
conditions d'isolement syntactique que ili k Toni-
gala, peut à son tour recevoir lumière de celui-ci.
J'ajouterai maintenant quelques remarques relatives
à ce nombre 3 56. Si je ne parle pas des théories
connues de tous avec lesquelles je me trouve en
contradiction , leurs éminents auteurs voudront bien
en attribuer l'unique motif au but que je poursuis
en cette matière obscure, qui est non de combattre,
mais simplement d'exposer'-.
' Mahâvainsu , p. 306-207.
^ Jt' citerai ici du moins 1rs iiigôiiieusi>N conjectures dévi-loppées
486 NOVEMBRE. DÉCRMBRK 1808.
\fin de fixer les idées, j'énonce immédiatement
ma conclusion : a 56 représente le nombre d années
que les auteurs des inscriptions jugeaient écoulé
depuis fabhiniskramana du Buddha. Cet énoncé
justifié , nous aurons à examiner les relations de cette
date avec les données chronologiques de la tradition
dite singhaiaise et des insciiptions.
La thèse ci-dessus proposée a déjà été émise en
1877 par M. Rhys Davids^, et combattue par Bûliler
dans Ind. Antiq., 1878, p. ifij suiv. Je ne sache
pas qu elle ait été reprise; en tout cas, ayant en vue
de l'établir, je dois tout d'abord reconnaître que je
ne puis prétendre à la priorité.
Les édits de Sahasràm et de Rûpnâth ont été, en
dernier lieu, publiés à l'aide de documents nou-
veaux par Bûhler dans Ind, Antiq,, 189^. Pour les
inscriptions de Siddàpur, j'ai déjà cité Tédition don-
née par le regretté savant au tome III de Ëp. Ind.
Devant revenir avant tout sur les textes, je repro-
duirai simplement les lectures de Bûhier, bien qur
l'examen des fac-similés me paraisse , pour Siddàpur,
suggérer quel((ue modification, d'ailleurs sans im-
portance, dans la notation des parties altérées.
Je pense avec Bûhler (Ep. Ind,, III, p. l 'la) que
le mvana cité dans ce groupe d'édits se conclut au
premier verbe :
par M. Scnart dans h-s Inscriptions de Piytuiiui (t. 1], p. 18 1
Miiv. I, par M. S. Ijévi dans le Journal ajiatif/iir , juin 189(3.
^ The. Arademj, July 1^, ^^77î ^^'^ iodication de U même vue
dans Sumiimata orientalia » Part VI.
SUR QIELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 487
Hùpnàth. — khudakâ ra udâlâ ca pakamamiu ii.
Bairât. — . . .[k]â ca udâlâ ca palakamatu .i.
Siddàpur 1. — . . . mahâtpâ ca imam pakaine[) u] .i.
Sîddàpur II. — \atliâ kliuda. . mahâtpâ ca imam [pa]ka-
meyu ti.
V
La finale ti indiqih' sûrement que ia citation s(»
termine là. Seul Sahasràni omet cette finale : khadakâ
ra udâlâ ra pal[a]kanuuntu, C(»tte omission ne peut
faire arjj^ument contre l'ensemble des autres versions.
Le souhait qui suil relativement aux populations
voisines se trouve ainsi en dehors du sdv€Uia, De
relui-ci il est de nouveau question à la fin des édits
avec addition de notre nombre. Le texte de Rùpnath
se termine ainsi :
ha en alhe {lavatisu lekhâ|)eia vâlata hadha ca. Adû
silâlhublie silâlhaqibhasi lâkhâpetavava ta. Etinâ ra vavaja-
neiia vâ\atakatii |Kikaahâie ' siivaravivase tavâ[Yu]ti. Vv^itlienâ
sâviinc kate !{56 satavivâsâ la.
Je renvoie aux l'emarques après texte dans Itid,
Ani., 1893, ])Oin' les deux premières phrases, en
notant seulement (jue la lecture lekhàpeta miata pa-
raissant désonnais assurée, ol s'expliquant sans con-
trediiv le sens du texte ni la langue, je crois, pour
ma part, qu il y a lieu de s en tenir à c<* qui est écrit.
Je comprends comme il suit la phrase suivante :
Pakanhàle est un com|>05é du genn» bahavrthi,
« possédant une nourriture cuite ». J'hésite à attribuer
' Bûhler : paha ahaU,
488 NOVEMBRË-DÉGËMBRE 1898.
coin me second sens à ahcUe celui de «pensée»,
n'étant pas assez sûr que ce sens, de provenance
sclîolastique , ait existé dès l'époque d'Açoka. Le
double sens de vayajana est cependant une pré-
somption en faveur du double sens de ahàla.
Savaiavivase est également un composé, « qui osl
sans passions à cause de son renoncement au monde m.
Je vois dans ce mot le sujet de la phrase.
Tavâ[ya]ti contient le verbe. La voyelle a est très
douteuse, et la lecture tavâyati garde toute sa proba-
bilité. Tavdyati pour tapayati était la première con-
jecture de BûhJer [Ind. Ani. , 1 877), et, à mon avis,
la plus probable. Nous aurions ici le même phéno-
mène qu un peu plus haut vâlata pour palata.
H va de soi, après ce que j ai dit plus haut, que
j'admets l'équivalence ijaihenâ (et vivathena de Sa-
hasrâm) -vyusfena; à vi-vas, comme vivdsa. On ne
peut refuser par raison d'orthographe sata pour
sathdy puisque le pâli présente des phénomènes
comme le doublet matta-maltha; sattî à côté de vnt-
• • • • ^
tha; Bûhler [Ind. Ant, , 1 877) signalait atta. La par-
faite convenance de désigner le Buddliapar ce nom,
à propos d'un de ses enseignements, est manifeste.
Quant à l'antiquité et à l'usage même de cette appel-
lation, je raj>pellerai seulement l'emploi qu'en fait
le cadre des Jalakas. La popularité de cette litté-
rature, à l'état oral ou écrit, est attestée par le stûpa
de Bharhut qui témoigne à la fois que l'époque où
elle se fornui ne peut être postérieure au temps
d'Açoka. il est d aulre part dilïicile de croire que ce.s
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 489
contes et légendes , transformés en épisodes des vies
antérieures du Buddha, aient été accrédités autre-
ment quVn les supposant racontés par le Buddha
lui-même, à cpii appartenait av^nt tout autre la mé-
moire de ses existences passées. L'introduction au
récit, l'application aux personnes, doivent alors re-
présenter, dans leur substance, un élément aussi
ancien que le récit lui-même. Or on sait que le titre
perpétuel du Buddha dans cette partie des Jàtakas,
du moins en rédaction pâlie, est Satthâ.
Sous la résen^e de déterminer plus explicitement
le sens de vyaiha et de viiâsa, je traduis :
Et ron a fait inscrire ces choses sur rochers , loin d*ici et
ici. Où il y a un pilier de pierre , qu'on les fasse inscrire sur
pilier de pierre. Et toutes les fois qu'il a nourriture cuite
(table servie) ^re à cette doctrine proclamée, l'homme
qu'alTrancliit des passions son renoncement au monde se ras-
sasie. L'exhortation a été faite par le Parti, il y a 356 ans,
comptés depuis le Départ du Maître.
LHnscription de Sahasrâm, après Ténoncé du sa-
vana, suit parallèlement celle de Rùpnàth, puis en
diverge à ces mots :
( i) iyaip ca savane vÎMithena duve sapaipnaiâtisatâ vivuthâ
ti 256.
Suit la phrase relative aux rochers et piliers de
pierre, inutile dy revenir. Rapprocliant la finale de
Rûpnâth :
(2 ) vyuthenâ savane kaje 156 satavivâsà ta.
\u. 33
UUUaAUb IAIlM>AL*
490 NOVfiMBRE-DEGEMBRK 1808,
on voit que duvc sapaifinàlâtisatà vivuthd ti 256 de
( I ) correspond à 256 satavivâsâ to de ( a ).
Il parait certainement de beaucoup plus probable
que, dans (i), vivitthd ne peut pas avoir un sens
différent de celui de vivathena, La question est plus
épineuse de décider si satà de ( i ) signifie tes centaines
du nombre a 56 écrit en toutes lettres dans ce pas-
sage, ou s*il correspond à mta de (i). A adopter ce
dernier parti , on a pour expliquer mfiaqmâlâti Tin-
génieuse conjecture proposée par M. Otdenberg, et
que M. Senart, qui l'avait également imaginée, a
exposée dans l^es Inscriptions de Piyadasi ( t. II , p. 1 8 4 -
i85). D'après cette conjectiu'e, comme on le sait,
sapaTjinâlâti est sa -i- parnnà + là ti , où là serait à cor-
riger en çhâ; cette formule étant une écriture abrégée
pour satà pamnâsa châ{mt) ti, A lencontre de Texpli-
cation qui précède, la difficulté ia plus sérieuse, à
mon avis , vient du texte lui-même : le fac-similé de
Ind. Ant., iSgS, ne comporte pas vraiment châ.
D'un autre côté, il est vrai que le caractère là fait
également difficulté dans la lecture sapaijinâlàtisatâ
regardée» comme représentant ^aipancàçadatii^'atdni ,
Mais cette seconde lecture (sur laquelle voir /. .4.,
1893, p. 3oi) me parait remporter de beaucoup
en naturel sur la première; je dois donc fadopter,
si rien ne s y oppose par ailleurs, et je crois que tel
est le cas. Au point de vue grammatical, en effet,
c'est-à-dire de la construction de ce nombre avec
duve, on peut comparer les exemples analogues cités
par la grammaire de Witney. Au point de vue du
\
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE LINDE. 401
contexte , ce nombre ne trouve \k , il est vrai , Acrit
en lettres et en symboles numéraux , sans que Tobjet
soit exprimé, et il ne Tétait pas non plus tout à
rheure h Rûpnâth : mais, si à Siddftpur lobjet nom-
bre est certainement sous-entendu , on ne peut pas lui
refuser de Tétre à Rûpnâth et à Sahasrftm. C est jus-
tement le cas : on se souvient en effet qu'à Siddàpur
(et cWtout ce que j'aurai à dire au sujet du passage
en question dans les textes de cette localité) , la phrase
parallMe à celle qui nous occupe , h peu prés com-
plète dans le n" I seul (n" II a le commencement,
n° 111 la fin avec le nombre), porte, d*après la resti-
tution donnée plus haut : iyam ca sdvane 9âf*{d'^{ijfe
foyâthena 356. Seulement, à Rùpnath, une formule
explicative est ajoutée, mtavivdsd, et k Sahasrâm
également, car je pense que vivathd }ou{* ici le rôle
de satavivdsâ. Je le considère en effet comme un
ablatif, comprenant comme il suit la correspondance
des deux passages :
RÛPNÂTH. SAHABIIÀII.
a 56 duve tapaipnâiâtisAtâ
satavivâsâ ta. vivuthâ ti
a56
A première vue , la traduction serait alors : « deux
cent cinquante-six (ans) depuis le Parti», en face
de : « !2 56 (ans) depuis le Départ du Maître. ■ \ en-
tendre par « Départ >» la mort , la discussion du texte
s'arrêterait là. Mais ainsi que je Tai dit et le motiverai
tout à rheure, le Départ en question est bien plutôt
33.
492 NOVEMBRE-DEGEMBRE 1898.
rabhiniskramana. Ceci admis, la locution «depuis
le Parti » qui, placée ainsi absolument, signifie dans
son sens naturel « depuis la naissance du Parti », ou
« depuis la mort du Parti » , ne correspond plus à
« depuis le Départ du Maître ». Je pense donc que,
dans la phrase d allure très concise qui débute par
la suppression do kate, se continue, comme je le
crois, par celle de vasàni, il y a lieu d'entendre fmale
ment Tellipse d un pronom démonstratif à fablatif
sujet de vivathâ : « depuis (celui-ci) parti », vivutha
pris substantivement dans vivathena demeurant ici
simple participe. L'ellipse, à tout prendre, ne sera
pas plus hardie que celle d un même pronom dans
ce passage, par exemple, du Çat.-Brâh. (cité dans
Vedische iind Scmscrit-Syntax , de Speyer) : hato vrtro,
yod dhate kuiyâta tat knrateti (4, i, 3, 4) «ce que
vous feriez, (lui) tué». La traduction, telle que je
l'admets, devient dès lors, à la donner littéralement:
Kt cette exhortation (a été faite) par le Parti, il > a deux
(•ent-cin(juante-si\ (ans) depuis (celui-ci) parti.
J'ai noté un peu plus haut ce qui concernait les
inscriptions de Siddâpur.
Je viens à l'interprétation de vivatha-vyuthi et
vivâsa, dans le sens de l'abhiniskramana. Bien en-
tendu, il n'est nullement question d'un emploi
technique de vt-vas dans ce sens. J'ajoute même
qu'au point de \ue logique il n'y a aucun inconvé-
nient à Tusage de virnsa pour désigner la mort du
Huddha. Il n'csl |)as élrîinger, en elfeJ, à la pensée
i
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 493
buddhique de regarder la vie comme un nivâsa; les
naissances antérieures reçoivent, on le sait, le nom
de pubbe nivâso : pour qui la vie est un nivâsa, le
départ de la vie, à parler spéculativement , peut être
dit un vivâsa. Seulement, dans le fait , nous ne consta-
tons pas remploi de vi-vas au sens métaphorique de
« parlir de la vie , mourir ». Ensuite la mort du Buddha
est généralement considérée sous un aspect spécial. So
dtpo lokassa nibhiito, dit le Mahâvamsa (p. i i); ce
qui sert à la dénommer d'ordinaire, c'est le nirvana
[pari*'), non le «départ» du monde. La gloire du
Buddha reçut son achèvement quand il devint pari-
nirvrta, et Ton ne voit pas bien pourquoi k cette
expression honorable h la fois et populaire une autre
se serait substituée ici.
Au contraire, le renoncement au monde pour la
vie de moine mendiant est considérée chez le Bud-
dha, pareillement i\ tout autre, comme un véritable
départ, et perpétuellement exprimé comme tel. « Il
sortit », « il partit», nikkhami, pahbnji, suffit même
à signifier cet acte, et dans le Nord nous constatons
le fait équivalent. Je n'ai pas à détailler ce qui est
coimu de tous. Je rappellerai seulement l'atteniion
sur le sens de quasi-exil que prend ce départ. C est
un abandon de la maison. I^a formule agârasmâ ana-
gdriyani fxibhaj" et son égale du Nord agârâcl anagâ-
rikdm (aussi anagdriyarn) pravraj"* sont comnmnes.
Kn second lieu , le Buddha aussi bien que ses sec-
tateurs, par le fait du renoncement au monde, sont
considérés connue embrassant et désormais exerçant
404 NOVEMBHE-DÉCEMBRE 1808.
le brahtnacarya , avec emploi d^expressions identiques
ou analogues à celles relatives au brahmacarya brah"
inanique. Brahmacaryam car : na çcLkyam offâram
adhyctv€unatâ ekàntataiiiHkhitarfi ekàntànavadycufi pari'^
çaddhaqi puryavaiàtaqt brahmaccuyarii cariiiuji ycufi
nûnàham agârtuydnagâi^iyarfipravrajeyaifi {Mahdvcutu ,
t. il, p. 117)* La môme phrase est appliquée aux
disciples du Buddha, par exemple Mdgjh. Nik.^
ip. 26'j : nay idcu[i sakaraiii agdrcun ajjhàvasald eka--
ntaparipannam ekantaparisuddham sahkhalikhitatit
brahniacariyaqi cariturpt yan nùnâhani kesaniassiufi
ohâretvd kâsdyàni vatihdni acchddetvd agdrasmd atui-
gdriyaip pabbajeyyan ti. ~ Brahmacaryam tcu :
yasmiip khà Sandaka saUhaiH sdvako evarùpaip uldrarp.
visesam adhiga^chati , tattha vinhà pariso sasakkam
brahmacariyarfi vaseyya vasanto ca drddheyya ncfyam
dhammoifï kasalan U [Majjh. Nik., p. 5a 1). Le dis-
ciple du Buddha devient un brahmacariyavdsa^ la
perfection atteinte s'exprime par vasilam brakmara-
riyam. Ici encore il serait superflu d'insister.
Maintenant il existe une expression relative à
l'entrée au brahmacarya brahmanique : brahmaca-
ryam vi'Vas. Cette expression n'est nullement tech-
nique, elle appartient toutefois à la langue , puisqu'on
«»n trouve au moins un exemple, indiqué par le dic-
tionnaire de Saint-Pétersbourg ^ Qu'elle ait pu être
' ChândogyopanifAcl 4 , \^ \ 1 Satjrakâtno ha Jâbâlo Jûhâlâm
mâiaram àmantrayâqi cakre bnUunacaryarjn bhavati vivatryàmi, suivant
la leçon admise, entre autres éditions, par TexceUente Concordemce
du colonel G. A. Jacob. Je dois rn^onnaitiv toutefois que B6ht)ingk
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DR I/INDE. 495
appliquée nu départ du Buddha , je crois qu ii serait
diflicile de le nier, vu, dans le buddhisnie, lemploi
drs formules brahmaniques que nous venons do
constater, et la convenance de celle-ci en particulier
au départ du Buddha, puisqu'elle renferme préci-
sément ridée d'abandon du lieu d'habitation que
contii'nt ce départe Qu'elle l'ait été de fait, je pense
qiit», conune conclusion de ce qui précède, on peut
raisonnablement en émettre pour nos inscriptions
la ronjertiire : il demeiu'e en même temps qu'y
prendre tryatha-viviivi dans le sens de ce départ n'at-
tribue pas à ri'Vas un sens métaphorique, ni sans
exemple, sinon absolument identique, du moins
très proche, dans la langue.
Cette dernière conclusion amène à mettre en pa-
rallèle les deux applications que j'ai considérées de
Appliquer vi-vas à la mort du Buddha nous con-
duit : r à supposer omis l'emploi d'une expression
porinin\rt(i'' nihimta, honorable et consacrée; q** à
attribuer au substitué te-rat un sens métaphorique
« partir de la > ie humaine » que nous ne constatons
pas ailleurs.
flaii!) son (^(litiun dr li tiK^nw tpani^ad, en 1889, idmH dan» son
h'xie la leçon vivatsâmi.
' On pourrait ajouter qu'à le prendre en lui-mt^me, l'acle de ce
prince que le.n tradilion«« du Nord et du Sud nou^ inonlreDi, *u
•«ortir de la mui>ion paternelle, s'en allant chercher un maître : ca-
reyam nhaiti bho Arâdc Kâlânie brahmacaryaïji [Lai. Msl., p. 296);
icchâm ahaqi âvuso Kâlâma itnasmim dhammavinayfi brahmaeariyarfi
Ciiritun (1 Majjh. Mk. p. i63) ne difTcrail guère que par Ircole on
il ««'adressait de Tacle du fils fie Jahâlâ.
490 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
L'appliquer à son renoncement au monde nous
conduit : i** à supposer omis Temploi d'une expres-
sion telle que pravrajita, beaucoup moins caracté-
ristique du Buddha que pai'inirvrta , admettant dès
lors plus facilement un équivalent; "i" à attribuer au
substitué vi'Vas un sens propre et constaté ailleurs
dans un emploi très voisin.
A mettre ce dernier parti en face du premier, il
parait plus logique; k le prendre en lui-même, il
me semble finalement justifié.
Ai-je besoin d'ajouter que je ne prétends nulle-
ment par là qu'il ait jamais existé une ère datant de
l'abhiniskramana? Açoka a pu dater d'un fait célèbre .
sans qu'il existât une ère proprement dite originée à
ce fait. Je termine ce sujet en rappelant, comme in-
dice vérifiant la thèse exposée, l'importance de l'abhi-
niskramana dans la littérature du Nord.
Reste à voir connnent la date 2 56 s'accorde avec
les données chronologiques des inscriptions et de la
tradition dite singhalaise. Cette étude se fera princi-
palement en recherchant l'année d' Açoka à laquelle
correspond l'an 9.57 après Abhinisk. Dans ce but,
considérons les données chronologiques par les-
quelles s'ouvrent nos inscriptions. Je reproduis de
nouveau les textes.
Hùpnâth. sîtti[le]kâiii adhati[y]âni va ' ya sumi pâ'kâ
[sava]ke ^ no eu bâdhi pakate ; sâtileke eu
' Cesl-à-dire vcuà ou vtuâni, daprè.s les textes parallèles.
^ Q failli vement pour [^, comme on le sait.
•'* On SI' souvient que la lecture de ce mot n'est nullement certaine.
\
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE L'INDE. 497
chavachnre ya siuni hakarp sagha up.te bâdhi
eu pakate.
Sahasràm. iyâni samvachalâni ain
upâsake sumi n[a] eu hâdhaip pa[{a]kanite;
sadvaehale sâdhi[k]e aip t. .
Bairàt. sâti — vasân[i] ya haka upâsake
n[o] ea bâdha[ip] a[ni] mamayâ
sa[ip]ghe upayâte bâdha e
Siddàpur I. adhikân[i] adhâtiyâni [vajsàni ya hakaip
n^ tu kho bâdham pakamte husam; ekam sava-
charam sâtireke tu kbo sa[ip]vachar[a]m yani
maya samghe upayîte bâdham ea me pakamte.
Siddàpur H. adhikâni a[dh].t.y. .[i] vasâiii ya ha.
[ujpâsake no tu kho bâdha [pakamjte
husam; ek[am] sainva [sâ.i]. .ke tu kho
samvaehare [yam] ghe upa[y]ïte bjldliam
[ea me pakamjte.
Le fac-similé de /. A. iSgS me paraît assurer à
Sahasràm la lecture sadvaehale. Je renvoie sur ce
•
point à la discussion de Bùhler, p. t^gg-Sco et p. 3o3
du même volume. Le doublet sadvachale-chava^hare
« une période de» six ans » détermine le sens du cor-
respondant sanivacharam-savacharam de Siddàpur.
lie nombre sapamnct discuté tout à Theure contenait
une orthographe analogue à celle de cette dernién»
forme. On peut comparer aussi avec Biihler âsani-
mâsike (Édits des piliers ^ V). La traduction est donc :
Il y avait plus de deux ans et demi que j*ëtais upâsaka
(Rùpnàth : sâvaka?), sans avoir beaucoup de zèle; il y a
plus de six ans (Si<]<lâpur : il y a une période de si\ ans.
498 NOVfiMBAË-DÉCfiMBRB 1808.
que dii-Je ? plot d une période de six ani) que je suis allé au
saipgha , et que j*ai beaucoup de zèle.
Il est clair quil y a dans tous les paséages ci-
dessus opposition entre le premier et le second état
du prince devenu buddhiste, l*état de no bâdham
pakariite, Tétat de bddkarn i,akanUe. Maintenant, si
celui qui, d'une part, déclan» avoir passé par ces
deux états successifs, s'attribue, d'autre part, pour
une certaine époque , tive dhammavâye ( ou dhranm-
palancuii) dhai]Wiakàmatâ dhaipjnânasathi ^ dans lequel
de ces deux états senibie-t-il naturel de le croire k
cette même époque? Je pense qui! ne saurait y avoir
de doute. La protection, lamour, l^enseignement de
la Loi au degré intense [tivB dit plus que bâdham)
convient à qui fait beaucoup d'efforts , à qui a beau-
coup de zèle, et non à qui n'en a guère. C'est pour-
quoi je ne crois pas que l'édit xni relatif à la con-
quête duKalihga, accomplie dans la neuvième année
à partir du sacre, où le roi s'attribue à partir de
cette conquête et en repentir d'elle le tive dhamma-
vâye ^ etc., cité plus haut, indique par ces mots la
conversion du roi au buddhisme. H indiquerait bien
plutôt un troisième état postérieur au bâdham pa-
kaqite. En réalité, je pense qu'il n'exprime qu'une
nuance* de ce dernier étal. De ce que le prince fût
zélé buddhiste, il ne suivait ni qu'il fui impeccable,
ni que sa religion ne pût pas fléchir pour un
temps sous la raison politique, il pouvait être xélé
avant cette conquête, la conquête faite, plus télé
encore par regret du mal causé, et comprendre
(
SUR QlIELQllKS INSCUIPtlO.N.S DK Î/INDE. ^9\i
ces deux période» de zèle, en opposition à une pre-
mière période de tiédeur, sous la seule rubrique
bâdhaqi pakaqite. Je crois, pour ma part, qu'il en
est ainsi.
Le « départ pour la sambodhi » (Ed. VIII), la on-
zième année k partir du sacre, étant postérieur de
leux ans à Tépoque où le roi commença de protéger,
aimer, (enseigner intensément la Loi, ne sépare donc
pas da>antage , à mon sens , le no bddhatn pakmnte et le
bûdhain pakmite. Tout en reconnaissant sincèrement
ce qu'il y a de séduisant dans Topinion contraire,
exposée avec toute la puissance des arguments qu'elle
comporte par M. Senart, p. 2^5 suiv. du tome II
des Inscriptions de Pijadasi (voir une légère modifi-
cation dans Journal asiatique , mai-juin 1891 , p. ^81-
^iSa ), je ne puis prendre ce « départ », comme con-
séquence de tout ce qui précède , que pour un fait
contenu dans bddham pakamte ou postérieur (ce point
srra précisé par ce qui suit), fait consistant dans
l'acquisition d'un état de perfection meilleur, quel que
fût cet état diflicile i\ déterminer pour le cas pré-
sent ^
Ceci posé, d'après la tradition singhalaise :
Açoka reçoit Tabbiseka d ans acconipii» après son avè-
nement (a 18 ans après Nirvana).
Il se convertit au buddhîsme ( devient upâsaka ) 3 ans ac-
complis après son abhi^ka.
' Une note inti'rvssanle de M. Hhys Dmvids a paru sur Thrsatn-
bodki in Àsokas Eijfluh Edict dam J. li. A, S», July i8i)8.
500 NOVKMBRE-DÉCEMBRE 1898.
Il devient sâsanassa dâyàdo par le don de son fils au samf^ha
6 ans accomplis après son abhiseka.
Une concordance se présente immédiatement.
D'après les données de la tradition , l'inter\'aUe entre
l'adhésion du roi au buddhisme et le moment oii il
devient sâsanassa ddyddo est représenté en années
par :
a y j3 étant des fractions d'années.
D'après les inscriptions, l'intervalle entre l'adhé-
sion du roi au buddhisme (en devenant upàsaka) et
le moment où il entre au samgha est représenté en
années par a + 7 + 7, y étant une fraction d'année
plus petite que j .
On peut lire dans les Inscriptions de Piyadmi,
p. 23/4 suiv., l'identification proposée par M. Se-
nart de la venue au samgha indiquée par nos in-
scriptions et de celle, racontée par les livres palis,
qui eut lieu au jour où le roi, se présentant au sein
du samgha, lui accorda son fils en retour du titre d<*
sâsanassa dâyâdo. Je souscris pleinement pour ma
part à cette identification. Dans la tradition et les
inscriptions l(»s termes des deux intervalles 3 -j- /8 — a,
i-\- \-\-y sont dès lors id(»ntiques, reste à savoir si
on a le droit de poser :
3-h/S-flt = :i-f|-h7.
Cette équation exige a>j8, et la différence nu-
mérique d(» a el |S <C Y- Nos textes ne nient ni n'af-
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS DE LINDE. 501
firinent rexislence de cette condition, on peut la
supposer; il faudrait par ailleurs admettre la réunion
(exceptionnelle de toutes les circonstances les plus
défavorables, c est-à-dire a et y chacun de quelque.s
jours et j8de près d'un an, pour atteindre, entre les
données des textes et de la tradition, Técart niaxi-
nuini de près d'un an et demi.
Ce serait encore peu de chose. La concordance
précédente n'apporte qu'un préjugé en faveur de
l'exactitude de la tradition singhalaise relativement
à son point de départ des inter> ailes 3-f-a, 6 + /3»
le([uel est l'abhiseka ; elle en apporte un cependant,
puisque nous la trouvons exacte sur le point relatif
à ces inter> ailes qu'il est en notre pouvoir de vérifier,
à sa\oirleur différence. D'autre part, ne voyant pas
dans l'éditxui la conversion d'Aroka au buddhisme,
j<' demeure sans objection contre cv point de départ,
fl ne me reste donc qu'à l'admettre; conservant les
notations ci-dessus, la date de nos inscriptions, à
partir de l'abhiseka , sera alors représentée par le
nombre (3 -j- a) + («2 -f j + y) + (6 +^), ou bien
( 6 + jS) -f- ( 6 4- ^) t où 6 +S correspond au sâtileke
chavachare.
(]e qui donne la 1 3* ou la i 4" année à partir de
fabhiseka. Rien dans la teneur de nos textes ne
dément cette date. La mise en relief dans ceux de
Rûpnâth et de Sahasràm de la détermination exé-
cutée et à exécuter d'inscrire sur rocs et piliers la
confirmerait plutôt, car elle est propre à suggérer
(|ue des inscriptions qui parlent ainsi sont des pre-
501 MOVKMBRK-OÉCEMBRE 1808.
mières gravées. Or c est l'an 1 3 à partir du sacre
que le roi fit graver des édits {Édits dês PHien, VI),
pour la première fois, comme la remarqué M. Se^
nart^ Ce dernier fait prouve en même temps que
nos inscriptions ne pouvaient être gravées avant
Tan 1 3 : nous avons ainsi une vérification de l'exac-
titude du chiffre d'années admis par la tradition
entre le sacre et la conversion au buddhisme, car
c est, en le combinant avec les données de nos textes ,
grâce à lui que nous atteignons cette date.
L'an a 87 après Tabbiniskramana correspond donc
à Tan 1 3 ou 1 /i après le sacre d'Açoka.
La tradition singbalaise place labbiseka d'Açoka
Tan 219 après Nirvana*^. Rapprocbant cette date de
Tan aS^, a56 — (!2i8+ i3), ( en prenant les deux
premiers nombres par défaut et le troisième avec sa
valeur moyenne), nous donnera en nombre rond
une durée de la vie du Buddha à partir de labhinis-
kramana. Nous obtenons ainsi ib ans. C'est beau-
coup moins que ne l'indique le Mabàvamsa, suivant
lequel le Buddha , après son abhiniskramaiia , passe
d'abord six ans avant d atteindre la bodhi, puis vit
encore 65 ans (p. 10 et m), total 5i ans. La tra*
dition a pu errer plus facilement sur l'âge auquel le
Buddha mourut, fait disparu avec lui, que sur le
' Inscriptions de Pijadcui, l, II, p. 68.
' Dîpav. 6,1, Mahâvamsa p. 2a, comptent à Tépoque de ce
tacre 918 ans écoulés depuis ia mort du Buddba. La SamanUpâ-
sâdikâ (('d. du Vinaya-P. d*01denberg, t. III, p. 399) ie place
dans la 218* année : je néglige cette seconde opinion , du re«te plus
favoraMe.
k
SUR QLIELQURS INSCRIPTIONS DE L'INDE. &03
nombre d'années écoulé depuis sa mort, fait de for-
mation lente et continue : 2 5 ans suffisaient certai-
nement au Buddha pour accomplir son œuvre, et,
si Ton accorde quoique probabilité aux conclusions
cjui précèdent, je ne crois pas que la discordance
présente soit de valeur à la détruire.
504 . NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
\
L\
PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE,
PAR
M. MAURICE COURANT.
C*est devenu aujourdliui une banalité que de
parier de la révolution qui s'est opérée au Japon il y
a trente ans et qui a orienté cet empire vers la civi-
lisation européenne; les progrès accomplis dans
cette direction tiennent vraiment du prodige. Ce serait
une étude bien attachante que celle des causes loin-
taines et des agents immédiats de cette évolution. A
côté de beaucoup d autres faits, elle montrerait deux
écoles d'érudits historiens, philologues, philosophes,
d'un côté les japonisants, wa (jaka siya, % ^ ^,
et de lautre les sinologues, kan gaku siya, ]^ $ # ,
arrivant par deux voies différentes à une même con-
clusion , à la souveraineté absolue et seule légitime
du teu waa, 5Ç È.^ de l'Empereur céleste. Elle ferait
voir aussi en quel élan de curiosité scientifique
furent emportés quelques esprits hardis et amenés à
étudier, sous la direction des Hollandais, seuls étran-
gers admis dansTEmpire, d'abord la langue hollan-
daise, puis les stiencrs européennes, médecine.
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. • 505
inalhématiques et autres; les mesures soupçon-
neuses du gouvernement de Yédo purent à peine
amortir cette ardeur, et c est ainsi (jue des penseurs
d'ordres divers préparèrent , sans le prévoir, le grand
mouvement politicpie qui suivit le milieu du siècle.
Autant peut-être de lopinion publique qui com-
mença alors de se manifester, que de Taflaibiisse-
ment du pouvoir chôgounal, des tendances particu-
laristes des princes du sud-ouest, de l'ignorance où
était tenue la cour impériale de toute pratique des
affaires, sortit tout d'un coup la restauration du
pouvoir impérial éclipsé depuis des siècles, mais
toujours vivant dans le cœur des Japonais. Cette his-
toire complexe n'a pas encore été écrite ; il serait du
moins à souhaiter que les savants japonais et les
érudits européens s'occupassent de nous faire con-
naître les différents aspects du mouvement qui a
fait entrer un Etat extrême-oriental réorganisé au
nombre des grandes puissances du globe; ils nous
aideraient à nous rendre un compte plus exact
des diverses forces sociales et politiques de cet Em-
pire.
Avec la transformation de la société, les moyens
d'exprimer et de répandre la pensée ont changé de
nature; les penseurs et les publicistes savants du
xviu* et de la première moitié du \ix' siècle ont
laissé une part de leur succession à des journalistes,
la presse périodique est née et elle se développe
chaque jour : ce que je désire aujourd'hui , c'est seu-
lement d'attirer l'attention sur cette presse pério-
\ii. 33
latMsaaui
»Û6 NOVKMBHË^DÉCËMBHE 1^98,
dique qui contribue à former lopinion et qui devient
au Japon , comme ailleurs , une force , une cause pour
révolution du présent et pour celle de lavenir.
Avant la période troublée qiii précéda la Restau*
ration, il n'existait au Japon ni journal ni revue; les
nouvelles se répandaient verbalement ou par lettres,
souvent avec rapidité , grAce au lien étroit qui unis*
sait tous les Si\jets d un même prinoe, tous les habi-
tants dun même village, tous les mcQibi'es dune
famille ou dune association. Quelques-uns des actes
de lautorité, les lois et règlements, par exemple,
étaient publiés sous forme de lettres aux princes
et aux gouverneurs, de proclamations au peuple;
les seigneurs apprenaient une petite partie des
événements politiques de Yédo et de kyôto par
leurs propres agents résidant h la capitale chôgou-
nale; les rapports de ces agents étaient appelés
(jo sala» ^fSf fk^ D ailleurs, de la plupart des me*
sures prises par le pouvoir, on ne trouvait pas utile
que le public eût connaissance; il n existait pas de
gaxette officielle jouani le n)éme rôle que les Nouvelles
de la Capitale à Péking ou les Nouvelles de la Cour
à Séoul ^ Mais la fermentation produite parfarrivée
' La Gazelle officielle de Péking, j^ ^, King juio, parait,
comme l'on sait» sous (lifTérciites formes : édition officielle du bu-
reau des courriers « ^ iU^ ^ * t^' thantj fMo , imprimée au moyen
de typej mobiles en bois; édition manuscrite, fi >jt , sie pen;
édition longue » ^ TJSw . tchhan^ pen , gravée sur cire. Elle est en
voyée par lo gouvernement dans chaque province et y mi repro-
duite par \vs soins dt> lautorité pi*ovinciale. La première mention
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 507
des étrangers et par les dissensions entre la Cour, le
chôgoun et les princes, fit naitre les premières feuilles
japonaises. La période Ban Am , ^ ^ , ( 1 86 1 - 1 863 )
vit paraître le Batabiya rin ban, /^ 9r h' Y if M , Nou-
velles de Batavia ^; le Tiyaa^au^aiJinfcou, 4* ^ if 41,
Moniteur du Japon et de l'étranger; le Rika gahu
Soudan, 7^ 'ô' H ^ , Entretiens de l'univers. En 1 86&
(année Gendi, JC f^) débuta à Yokohama le journal
iSin ban si, ISf M |fi , publié par quelques personnes ,
Hon ma Sen zau, ;4^ H W ^, Kùida^ Ginkaa, J^
9^#, et un pseudonyme, Amerika Hikozaa,
r ;« t| ;âr ^ ^ : c'était une simple feuUle manuscrite
qui circulait deux ou trois fois par mois. En 1867
(fune gazette officielle , j|{ ^, tipao, ou jj/^ ^ Ua pao « se trouve
à propos de la période Kkai ynen , Jjj^ 'JQ (713-741).
La Gaiette de Séoul « fQ ^ « ^jj^ P^' ^^ ^ 9i ^'^*" P!/*^ ' ^^'^
encore en 1891 une simple feuille manuscrite, plus ou moins
longue selon Tubondance des matières ; la publication de la Gazette
parait remonter au commencement du XTii* siècle. Depuis la der-
nière guerre sino-Japonaise , Tancienne Gazette a été remplacée par
un ioumsl ofiKcid , koan po « ^ ^ * <iont le premier numéro «
paru le 9) juiUet 1894; ce journal est imprimé, et depuis le 6 jan-
vier 1895, on y emploie le chinois coréen et une langue mixte, où
les caractères chinois sont mélangés de lettres indigènes, kouk
monn « H ^SC *
* A cette époque, c'étaient parmi les Européens, les Hollandais
qui avaient les relations les plus fréquentes avec le Japon; chaque
fois i|u*un vaisseau hollandais arrivait à Nagasaki , le capitaine pré-
sentait au gouverneur de la ville un rapport officieux relatif à la
politique et à Tétat social en Europe { ces rapports- 1 appelaient
kiki gaki, ^j ^. Les Nouvelles de Batavia différaient des kiki
gaki , mais avaient sans doute la même origine.
* M. Kisida a depuis lors fondé le Tou kiya» niti niti sin hun;
puis il a renoncé au journalisme et s'est fait pharmacien.
53.
508 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
(3** année Kei wou, ^JH), on ne cite pas moins de
quatre journaux : le Moniteur du Japon et de l'étran-
ger, déjà cité , le Journal internat'onal , K ■ ^ B3 «
Ban koka sin ban, le Journal du Peuple, tL^li^
M Kaa ko sin ban , enfin les Mélanges , SI SE j|^ *
Mosiho gasa : ces nouvelles feuilles étaient xylogra-
phiées.
L'état troublé du pays n'avait pas laissé aux auto-
rités le loisir d'interdire ou du moins de réglementer
la presse, dont l'apparition n'aurait pas été si facile
en un temps plus calme. Mais dès i868 (i'* année
Mei di, ^ î&, loi de la 6* lune), le pouvoir impé-
rial restauré « considérant que les journaux qui pa-
raissaient depuis quelque temps, semaient de fausses
nouvelles et agitaient la population » , fit défense
d'imprimer aucun journal sans autorisation officielle.
Diverses lois des années suivantes réglèrent la situa-
tion des journaux :t l'exercice de la censure, inter-
dirent aux fonctionnaires de communiquer aucunes
nouvelles relatives aux affaires publiques, sinon aux
journaux officiels (lois de iSyS et iSyS). En effet,
le gouvernement n'avait pas tardé à reconnaître les
avantages de la presse pour la publication des lois et
règlements et de toutes les mesures administratives;
en iSyS, on trouve mention d'un Moniteur officiel,
1^ ^, Kuwan haa; à la date de 1877, il existait au
moins un périodique oOiciel, et plusieurs d'allure
semi-officiellt» ' ; il est assez malaisé, à cette première
*• *Br ^ i 'f' H U ' hawtvA htm tfo zilui niti si , Moiiileur
^
LA PRESSE PERIODIQUE JAPONAISE. 509
période et avec le peu de renseignements que je
possède, de distinguer avec certitude les feuilles offi-
cielles des autres. Mais il ne me parait pas que l'or-
ganisation du Moniteur officiel , lel qu'il existe au-
jourd'hui, ait été fixée avant la i6' année Mei di
(i883). Quant aux revues et aux journaux non offi-
ciels, ils ont été l'objet de deux lois principales:
l'une de 18 7 5, l'autre plus détaillée de décembre
i88'7. Cette dernière loi, en 87 articles réglant les
formalités d'autorisation et de publication , est pleine
olliciel des 5, 10, i5, 20, 26 du mois; n'' i3o, 1 cahier in- 12.
Publié par un bureau spécial , le Go hn rei han hou sijo , |^ jfj^
nituhon zen koku ko seki keu. Tables de recensement du Japon
pour 1875; 1 feuille dans une enveloppe de format in- 12. Publi-
cation du Ministère de Tlntérieur.
3. 'è* ^ ^ '^ ^ ^ , A'uuvin kiyo hu koku zen hau , Moni-
teur des décrets, n" 126, 1 cahier in-12. Il parait 72 numéros par
an, Tabonnement coûte 1 yen 3o à T6kyô, 1 yen 90 en province.
i. ^ ^ ^ ^ , Kuwan rei sen hau , Moniteur des lois, n* i5,
1 cahier in-12.
à- t W pi ^ ^ Wl ^ ^ B ^^ A""«» *•> *«»« *«"
kun kou hu nitu hau^ Moniteur quotidien des décrets avec lecture
en kana; n** 10, 1 cahier in- 12. .
6. "ë ^ S lij • kwcan rri sin si. Nouvelle revue des lois;
n" 9, I cahier in-12.
7* ^ ^ 19^ ^^ '^" '^'" kaiynku. Arrêtés avec explications;
n" 29, I feuille petit in-8**.
^' li W' ^ tB* ''"^'" '^'^^ *^'" ^'' I^c^^ic <J<^s lo'*^ (testes lé-
gislatifs, articles de discussion, comptes rendus des tribunaux);
n" 1, cahier in-i 2.
On trouvera à la page 5 1 1 lexplication de la provenance de cette
listi*.
510 NOVfiMBRfi^DâCEMBRE 1898.
de mesures restriotives : je note seulement 1 obliga'*
tion de faire oonnattre, quinze jour» à 1 avance « i
lautorité les noms des éditeurs et rédacteurs. princi-
paux, de verser une caution variant de tyS à
1000 yens' suivant les circonstances (seules les pu-
blications scientiiiques , industrielles, etc. en sont
dispensées) de déposer à l'avance des exemplaires
de chaque ntunéro au Ministère de Tlntérieur, è la
préfecture et au tribimal. Kn cas de procès au sujet
d*un article, le tribunal a le pouvoir d ordonner
provisoirement la suspension du journal et même la
saisie du matériel. La suspension et la suppression
sont aussi prononcées par arrêté du Ministre de
rintérieur, et lors de mon s^oUr au Japon, il ne se
passait pas de jour où Ton ne lût plusieurs mesures
de ce genre au Moniteur officiel^.
Quoi qu'il en soit, le nombre des journaux et re-
vues s est accru sans discontinuer. Le premier jour»
nal quotidien, le Yokohama mai niti sin ban fR 9[ H
B IF B8 1 Journal quotidien de Yokohama, parut
en 1 87 I , à la A* lune; transporté à Tokyo en 1 879,
il prit le nom de Journal quotidien de Tokyo,
7 ou kiyaa mai niti sin hun , ]fC ]$C ^ B ff M 1 et il
est devenu depuis lors simplement le Journal quo-
tidien Mai niti sin hun , l| B $f M • J^ donne ci-
' Le yen vaut aujourd'hui moins de «i fr. 5o.
' Une loi de 1897 a supprimé la plupart de ce» restrictioiia;
ics mesures de suspension , de suppression ne peuvent être pronon-
cf'^es que par les tribunaux de droit rommun; en fait, la liberté de
la presse est admisr.
à
I LA PRESSE PIÎAIOOIQUfi JAPONAISE. 511
I dessous la date <ie fondation de quelques-uns des
} journaux les plus connus.
* ]^ M B B iSf B3 * '^^^ kiyaa niti niti sin bun, Jouma
quotidien de TAkyA, 187a, a* lune.
% ffi $ ^ îf B3 * ^ "" ^"^ ^^^ ^' ^'^ ^^^ * Moniteur
postal, 1872, 3* lune.
l||| ^ ^ ^ , Tcu ya sin biin , Journal de la capitale et
do la province, août 1873.
^ W ^ iH^ )omi uri sin ban, le Conteur, novembre
187/i.
^ -^ $f ^* ^' 21 sin haa, le Temps, mars 1882.
B ;^» Nituhon, le Japon, février 1888.
B Ji itF Pi* Ao/rtf min iin ban, le National, Janvier
1890.
La Bibliothèque nationale de Paris possède (fonds
japoniiis, 99) une collection des journaux et revues
qui ont paru à Tôkyô, en 1876 et 1877; ces pério-
diques proviennent de TKxposition de 1 878 et ont
été donnés à la Bibliothèque par le Ministère de
rinstruction publique. La collection en question ne
comprend quun numéro de chaque périodique,
sauf deux ou trois exceptions; mais cela suffit pour
fournir une idée de la presse de Tépoque. Je trouve
un total de 63 publications, dont 62 paraissant à
Tokyo et 1 à Kanagaha |$ j^^ il( ; j ai déjà indi-
qué les huit journaux officiels ou semi- officiels
compris dans cet ensemble et je donne ci-^dessous^
la liste des autres.
' Journaux et revues d*artualitr :
9. J9| S 19 ^ ^ B9 * ^H*"^" <*^i 'n^n ^^0 '*" ^»n« Jouma
lie» inU'T^ls généraux, n** i85, 1 rahief ilî-ia.
512 NOVEMBRE-DECEMBRE J898.
La distinction entre les revues et les journaux est
assez difficile à établir; un certain nombre de ces
lo. jl£ ^ f1^ i^« ^ûi zi hijraa ron. Discussions sur les af-
faires récentes; n* 97, 1 cahier in-ia.
^'* iSi iSl $k tè* ^^'^ ^^^ '^^^ "* ^^^^^ ^^ journaux;
n' 39 , i cahier petit in-8'.
12. y^ pt ^ ^, Tou yavL sin hau. Journal de Tocéan orien-
tal; n" a6, 1 cahier petit in-8^
1 3. ^ W ^ IS * Kiyau iku sin si , Nouvelle revue pour l'édu-
cation générale; n* 10, 1 cahier in-ia.
i4* ^ ll^ $f lo * ^'^ ^^^ '^"^ '^* ^<>uvclle revue de Topinion
publique; n" 7, 1 cahier in-12.
i5. )^ iË ^ |iS« ^^^ '<^i 'i'i '(' Nouveau moniteur; n* 1,
1 cahier in-iQ.
^^■]^^B B$fE3' ^^" kiyau niti niti sin bun. Journal
quotidien de Tokyo, n° 1760, 1 feuille, 43 cent. X 32 cent.
^7* %ffi%^$fE3' ^"^ ^^ ^"^ " '^^ ^''"' Moniteur
postal; n' i4o6, 1 feuille, .47 cent. X 3a cent
18. l||} ^ ^ 63 * ^^" y*'^ '^^ ^^^ ' Journal de la capitale et de
la province; n** 1266, 1 feuille, iS cent. X 34 cent
^9- ]^ M @ ^ B3 « -^^^ kiyau siyo sin bon , Journal du ma-
tin de Tokyo; n" i235, 1 feuille, k\ cent. X 3o cent.
20. ^ W iSIf ^ • Y ami uri sin bun, le Conteur; n® 812,
1 feuille, 34 cent. X 2^ cent
21. j|{ ^ ^ A. ^ ^ * '^^^ liiyau we nihn sin ban. Journal
illustré de Tôkvo; n' 651, 1 feuille in-4^
22. if'f'3 i » Kana joini, la teclurc en kana; n" 619, 1 feuille,
33 cent X 22 cent
^^* ^S^^^^» ^"" kiyau saki(jake, le Leader de Tokyo;
n" 169, 1 feuille, 32 cent X 22 cent
^^' ^ ^ i@f 63 ' ^^^ '^ ^'" ^^^* Journal du progrès; n" i^S,
1 feuiile, 33 ci'nt X 22 cent
2^- J^ ^ plil ^ • ^'"' ^''^ '^'" **' Revue populairv>; n' 67,
I feiiiHe, 33 cent X 22 cent ,
i
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 513
périodiques sont quotidiens, d'autres sont mensuels,
un grand nombre paraissent six fois par mois; les
^^* ^!^'$^SfB3' -^^^ kiyau mai seki sin 6un, Journal
quotidien du soir de Tokyo; n" 9, i feuille, 34 cont. X 25 cent.
Littérature, éducation :
27. j^ j^ JU^ ^ • Yau jrau siya dan» Conversations diverses;
n" 35, 1 cahier in- 12.
^^' ^ ^ TH ^* '^'' ^^' '^" siha, Revui^ po<Hique; n" 1 2 ,
1 caliier in- 12.
^9* !S i^ ^ 115 SFK» ■^''" ^y^^ ^^^^ "^'^ **" '*'"*• Jour-
nal littéraire de Tokyo; n" 1, 1 cahier in-12.
^^' ?Ê -^ ^ 1^ * Kuwa (fétu sin si , Nouvelle revue poétique ;
n" 1, 1 cahier in-12.
3 1 . ^ "^ IK ^ ' ^ ^'"'^ ^^ hanasi , Entretiens sur les lois ;
n* 1, 1 cahier in-12.
^^* ^ J^ itt iR ^ tt ♦ Osihe gnsayo watari no tuwe. Guide
de l'éducation; n* 9, 1 cahier in-12.
^^' "F W -'^ ££ * ^^ sodate no sau si. Notes sur l'éduca-
tion; n" 7, 1 cahier in-12.
^^' ^ ^ Sf B3 ' ^'' '^^ '''^ ^'"*' Journal de^s enfants intel-
ligi'nts (recueil de bonnes compositions scolaires); n** 35, 1 feuille
in-.4*; puhlié à Kanagaha.
Médecine :
^5. -fi $ tIH ^ « ^ S^^^ '^"^ '^' Revue médicale; n"* 26 et
supplément, hu roku, Pj^ ^ • 2 cahiers in-12.
36. -fi j$ ^ |^« ^ ^o,n sin setu. Nouvelle revue médicale;
n" i5, I cahier in-12.
37. ]^ ^ -^^ ^ S ^t Tou kiyau i zi sin si, Nouvelle re-
vue des questions médicales de Tokyo; n** 1, 1 cahier in-12.
Armée :
38. ^ ^ ^ ^ ^ ^ * ^f^^ guwai hci zi sin bun , Journal
militaire du Japon et de l'étranger; n** 117, 1 cahier in- 12.
Industrie, commerce :
39. ^ Jl ^ ^ « h'ai nou zatn hau « Revue du progrès agri-
cole; n® 44, 1 caiiier in- 12.
514 NOVEMBHB^DÊCBMBRB 1808«
prix ftont assez élevés pour des publications aussi
peu volumineuses , ils varient entre 6 sensret *i sens et
4o. Jl m jJH |$« ^^^^ ^^u zatn si, llevue de Tigrirullure ;
n* i5, 1 cahier iii-12.
4 1 • Jl 1^ ^ ^ ' ^^^ 9^^ ^^" !P • I^^piit'fttiont nur l*agro-
nomie; n** 1, 1 cahier in- 13.
42. ^^JlfU^^t Tiyuu guwai kou (jekn sin hau. Jour-
nal (le Tindustrie japonaise et étrangère ; n"" 9, 1 cahier ptitil in-8^
^^* %J$C^ B 4iflK&* ^"'^ ^^ou mat niCi butu ka heu.
Tableau quotidien des cours à Tokyd; n* i586, 1 feuille grand
in-8-.
^^' Uï Tît fe BE lÏB H! tt M ^^ ^«« *(r«» *» ^' *««' ««»
6utu ka heu. Tableau détaillé des cours commerciaux à Tokyo;
n* 4o3, i feuille simple grand in-8*.
^^* ^ A B %* ^^' ^^ '*'^" ^^"' Moniteur quotidien du
cours du rixî n* 207, i feuille simple in-lblio.
46. if* ^ ^ fH ^ ^* Tiyuu gntoai butu ka iin hau. Moni-
teur des cours commerciaux au Japon et à Tétranger; n" 5o,
1 feuille, 43 cent. X 32 cent.
Connaissances pratiques, insifutnents européens, et(^. :
*7* 'irftftîlR''fl|t' ^«*'«'» *(ytt" ^* ^ "0 ^'^ » R<»vue pra-
tique (recettes usuelles, économie domestique , etc. ) ; n* 9, 1 cahier
in- 12.
48. S| f{2 ^ ll£ m §( t /ît kuwa do ynu sihn dan. Revue de
la civilisation paraissant le samedi; n" 1, 1 cahier petil in-M*.
49* 01 $ fit |K[ < A'ci (ffthi yn dan. Conversations d étude;
n" 'i , 1 cahier in-12.
^o. ^ If^ ^ ^ ^ « Gaha tel sihu hau roku, Mélanges pour
rinstruction (modèles de lettres, d'annoncer, etc.jt n" a, 1 cahier
in-12.
Rdigions >
5 1 . j|||| jM[ m^ |§ , Siti kiynn sou (fo , Mélangc'j sintoistês \
n" 68, I cahier in-12.
^'* ^ IK )Hf ter ' '^^ ^iX''" "" fi> Nouvelle revue pour iVlair-
cir la doctrine (revue bouddhique); n" âô3i l cahier in-8^
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 515
demi ^ Les revues se présentent sous la forme de
cahiers in la ou petit in^S"", imprimés sur papier
commun « soit à la japonaise, sur ie recto de la
feuille pliée en deux, soit à Teuropéenne, sur le
recto et le verso; elles sont d'aspect grossier; les
illustrations et frontispices sont gauches. Parmi les
journaux, un assez grand nombre sont en cahiers
et analogues aux revues; ceux qui sont en feuilles,
o3é ^ ||ë jfi ^« Nen ke wi hou» Flfeum et parfumn de cboii
(revue boiidclhique) ; n" 5, i cahier in-ia.
54. rz, y^ — 'A» '^^'^ ^**" *'" *^"' '*** Trois trt'sor» el l'Oi-
soau unique (revue bouddhique); n* i, i cahier in-Ta.
Divnr» :
^^* % ^ itF IS * ^^" ^y^* '*'* '>« Nouvelle revue de TôkyA;
n" 70, 1 cahier in-ia.
56. J'^ ^ A S/f, ^ ^« Kotu kti huu (fa sin bnn. Journal
facétieux el élégant; n" 3o, i cahier in- 13.
^7* S '^^ B8 * ^^''^ main tin ban, iThe ncw japane^
comir paper* (illustré); n' «jg, 1 cahier petit in»8".
5B. f^ ^ Jlil ^ '/- m tt * ^^" *''* '^y^ ^"'^ ff^^ *^'" '*'
Revue littéraire de la société Dou un; n"" 16, i cahier in-ia.
^9* ^ ^ SF SS ♦ ^"* "^ **'* **' Nouvelle revue des zin riki
(traîneurs de zin rikisiyfi, ^ -fj ^); n" i3, 1 cahier in- 12.
^^' A M ^ M* ''"" ^^ ^^^ ^^^» Hevue littéraire; n" 10.
I cahier petit in-d".
^ ' * a ^ B W itF RB ' ^^ ^^^ ^^^^ y^^ '"^ ^'"^ ' Journal
illustré du dimanche; n" 3, 1 cahier petit in*8".
69. "H^ ^ o ^, Se ken no karakuri. Le Spectacle du monde
(journal comique); n* i , i cahier petit in-8'.
63. S lU It IJI * ^°^ ''*'* ^'^ "' I'<*<>@[>''^'i^'n*' d<* rérole de
fou ton ( fondée par M. Fukuka Bisei * H il) ^ )f ) ( n* 1 « i A^uHle
petit in-8".
' Au change de cette époque, 6 sens valaient plus de ofr. 3o;
1 set» et demi dépassalettt o fV. 17.
516 NOVEMBRE DÉCEMBRE 1898.
sont de petit format. La plupart des journaux
traitent des questions politiques; beaucoup de re-
vues s'occupent à la fois de littérature, de poésie,
de politique étrangère ou intérieure; mais il en
existe aussi en assez grand nombre qui sont consa-
crées exclusivement à un ordre d*idées, religion
bouddhique, ou agriculture, ou médecine.
En descendant jusqu'à ces dernières années, on
voit le nombre des publications saccroître et leur
fonne se modifier. Les journaux ont tous adopté le
type européen et sont imprimés sur feuilles de moyen
format pliées seulement en deux; la page du Zi zi
sin hau est moins grande que celle du Petit Joarnal
( 5 Ix cent, sur 4 o ) ; mais souvent le numéro a 1 2 pages ;
le Yomi uri sin ban est de la même taille; beaucoup
d autres, tels que le Tou kiyaa niti niti sin ban, sont
plus petits (48 cent, sur 35) et se bornent à 4 ou
6 pages. Au lieu d'être divisée en colonnes, la page
est partagée en tranches horizontales; des titres en
gro3 caractères attirent l'attention du lecteur; les
petites illustrations, presque toujours gravées sur
bois , sont très fréquentes ; elles sont employées pour
le Bulletin météorologique et les annonces; des cro-
quis géographiques, des reproductions de photo-
graphies ou de dessins servent à éclaircir le texte.
Les dernières nouvelles sont habituellement dans la
marge. L usage des suppléments, ^ ^ gcui gawai,
est très répandu : les uns, jouant le rôle de primes,
sont des gravures souvent soignées, portraits deper-
sonnages]^célèbres , scènes d'actualité par exemple.
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 517
Les autres , criés à tue-tête dans les rues de la ville ,
dès qu'ils ont paru, sont des feuilles plus ou moins
grandes, depuis la taille de la main jusqu'au format
de la moitié du journal; destinées à répandre les
dernièn»s nouvelles immédiatement et sous une
forme brève, elles tiennent lieu des éditions succes-
sives des journaux français; pendant la guerre sino-
japonaise, les journaux importants ont publié
quatre et cinq de ces suppléments le même jour, les
mettant en vente sur la voie publique et les envoyant
à tous leurs abonnés. Il est superflu de dire que tout
s'imprime en caractères mobiles. Les matières sont
celles des grands journaux européens : articles de
fond, nouvelles de l'intérieur et de l'étranger, inter-
views, extraits des documents officiels, faits divers,
renseignements commerciaux et financiers, notes
théâtrales, notices sur les expositions, annonces; il
n'y manque rien, même pas le roman-feuilleton,
presque aussi cher au lecteur japonais qu'au lecteur
parisien.
Parmi les journaux les plus connus, je citerai les
suivants :
1^ % /Tfiwa/t hau. Moniteur officiel, publié par une ad-
ministration spéciale, ^ ^ 'Pî* ^ j^ ^'^^^ ^^^^ kuwan hau
/riyo/rff ; en cahiers in-/r; paraissant tous les jours, sauf les
1*', a , 3 janvier, et pour certaines grandes fêtes ; une table
est publiée cha(|ue mois. Prix du numéro : i sens ' ; abon-
' A* cliaii<;e actuel , 2 sens font à peiiu* o fr. o5 , le yen
(100 sens) \alant moins de !! fr. 5o; les prix des journaux, on le
remarquera, ont sensiblement baissé.
518 NOVEMBEE-DÉGEMBRE 1808.
nement pour 3 inoii ', i yen 5o. -^ Un niunëro contient
(i 5 janvier iSg^): décreU, "^ ^ tiyoka rei; instroctioiis
ministërieiles , W ^ kuni^i; ordonnances ministërielles , ^
in' koku si; arrêtes ministériels, tt ^ zi /vt; — nouvelles,
jjh ijB wi haa , concernant les mouvements de fonctionnaires ,
la justice , la police , la situation économique ; extraits de rap-
pcnrl» ou d^articles sur les armées de terre et de mer, lenaet-
guement , Tindustrie et le commerce, Thygiëne^ etc., — réu-
nions des conseils municipaux, A ^ IH "^ ti kau gi kuwai ;
rapports des légations et consulats , ^ ^ fk J/i ff( "^ f^
^ ^ koa ti kawan oyohi riyau zl kuwan haa koka; nou-
velles de Tétranger, fH% iff^guwaihiia — météorologie, m ff^
kutoan tiyau «— annonces oflicidles , Jf^ <^ kuwam koka.
Les abonnés du Moniteur officiel reçoivent en outre :
Comptes rendus sténographiques des délibérations de la
Chambre des Pairs;
l^aiRii**IBl!l Siyampwinp titoka kiroku.
Comptes rendus sténographiques des délibérations de ia
Chambre des Députés ;
# iS • lit ^.ilï 5^ il *"* "' '^>"" '''.'* ^ï'^" ^" **^"
kau. Moniteur officiel de la préfecture de police et de la pré-
fecture de Tôkyô.
^ ;^ ^ ^ Zi zi sin liaii , le Temps, de i à 3 feuilles
formant de .4 à la pages (54 cent, sur 4oj; quotidien, sauf
quelques jours fériés fort rares. Prix du numéro : ^ sens et
demi ; abonnement pour 3 mois , i yen 5o. Un numéro de
lo pages contient (:ii mai iSgSj: p. i et lo, titre, an-
nonces; p. a et 9, nouvelles diverses, prix des abonnements
et des annonces , lettre rectificative, bulletin des théâtres,
deux gravures; p. 3, un aiiicle de fond (occupation de la
presqu'ile du Liao long ) , nouvelles diverses de Tintérieur,
' i/ahonnemeiii dv. plus de trois mois est rarement prévu; Tabon-
iioment pour un mois est au contraire fréquent.
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 519
H ^ zatu hau, nouvelle à le main en japonais et en an-
glais ; p. 4 1 télégrammes du Japon et de Tétranger , f|£ iÊ
den hau , autre térie de nouvelles diverses ; p. 7 et 8 , nouvelles
commerciales et industrielles ; p. 5 et 6 • cours des valeurs
et des marchandises , annonces , bulletin météorcdogique. La
marge pliée entre les [tages d et 7 contient les dernières nou-
velles ; les marges qui sont entre les pages 3 et 8 et entre
les pages a et 9 contiennent les horaires des chemins de fer.
pR K iSF M ^^"^ ^'^^ ^"^ ^""^ ^^ Conteur, d ou 6
pages de 54 cent, sur 4o; quotidien sauf quelques Jours
fériés. Prix du numéro : 1 sen et demi ; abonnement pour
3 mois, 1 yen. Un numéro de 6 pages contient (16 dé-
cembre 1896) : p. 1 , un long article illustré an sujet du com-
bat de Oeî bai oei pendant la guerre sino-japonaise . article
de critique théâtrale , roman ; p. a , article de fond , ||^ |^
ron setu, télégrammes, nouvelles diverses du Japon et de
Tétranger. Ces nouvelles se continuent sans ordre sur les
pages 3 et 5, elles contiennent les nominations et actes
officiels. Sur la page 4, cours des valeurs et marchandises,
renseignements commerciaux. Pour le reste du journal (p* 4 «
5,6), annonces. Le Conteur a la particularité de donner
lu lecture en kana de tout le texte en colonnes alternées.
]^ M B B ^ 19 ^^^ kiyaa niti niti sin hun. Journal
quotidien de TiNkyô. Le numéro a sens; 3 mois, 1 yen i5.
4^ B ^ E3 ^^^^" niti sin bun. Journal quotidien. Le nu-
méro, I sen et demi; 3 mois, 1 yen o5.
$1 fl^ ^ B3 '^^^y^ '"* hun. Journal de la capitale et de
la province. Le numéro , 1 sen et demi , 3 mois , 85 sens.
^ J^fjç ffi Tiyua yau iin bun. Journal du centre. Le
numéro , 1 sen et demi ; 3 mois , 85 sans.
H A iff M ^^^^ ''*"* ^"^ ^*"^' 1^ National. Le numéro,
1 sen et demi ; 3 mois , 85 sens.
^ Koku kuwai, TAssembiée. Le numéro, 1 sen et
demi; 3 mois, 1 yen.
520 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
Q ;^ Nitu hon, le Japon. Le numéro, a sens; 3 mois,
1 yen.
"f* ^ iS m jSf ^ '^^y^^ ^futDm siyaa geha sin haa, le
Moniteur du commerce extérieur et intérieur. Le numéro,
1 sen et demi; 3 mois, i yen.
"St ^ $f B3 ^'^^^ ^^'"^ ''" ^'^'^ ' Journal du bouddliisme.
Le numéro, i sen et demi; 3 mois, 85 sens.
QSt m ^ B3 ^^' ^^" ^'" ^'"'' ^^ Progressiste (organe du
parti progressiste). Le numéro, i sen et demi; 3 mois,
85 sens.
g ^ Zi yuu, l*Indëpendant (organe du parti indépen-
dant). Le numéro, i sen et demi; 3 mois, 95 sens.
1^ A. â É iSf B3 ^'^ '"^'' ^^ y^^ ^^'^ ^^'^^ rindépen-
dant illustré. Le numéro, 1 sen 3; 1 mois, :i5 sens.
4 "fê ^ B3 ^^^^ ^^^ ^"^ ^^^' Journal des écoles. Le
numéro , 1 demi sen ; 3 mois , 36 sens.
J'arrête ici cette liste, car je nai pas l'intention
d'énumérer tous les journaux paraissant à Tôkyô. Je
m'abstiens de citer les feuilles provinciales : Kiyaato
;^^, Ohosaka ;;^::vS, Yokohama ^21, Hiyaago
|ç ^ , Nagasain g t^ , Nihigata ^ f Ji^ , et des villes
moins connues , telles que Gun ma |^ ^ , Tiba ^
^ , Ibaragi , ^3^ M > ^ «''« , ^ 5 , Sidawoka , jf |S3 ,
Nagoya, ^ti M. Gihu, ^ ^..Miyagi, g M> Sert-
(lai, fllj S, kVakayama, ft ^Ic llj , ont chacune les
leurs; il n'est pas une préfecture qui ne possède un
ou deux journaux. En 1 862 , il existait 2 y journaux
îi Tôkyô , 1 I 7 en province ; 3 étaient publiés à
l'étranger (Changhai , San Francisco , Tchémoulpo) ^ .
' (It's renseij^n in:nls sont on partit* lin'»s du Mei di huu kan ,
^) fp % £' Di'srriptioii udininislrulivo du Japon; un fort vo-
LA PRESSE PERIODIQUE JAPONAISE. 521
Si nous passons aux revues, nous constatons de
mémo accroissement du nombre des publications
et du volume de chaque numéro. H en est, comme
le Soleil , Tai yau >fc 1^ • q^i « paraissant chaque
quinzaine, offrent d*une fois au lecteur 2 y 2 pages
entremêlées de gravures passables, pour le prix
modique de 1 7 sens par numéro, 3 yens yo pour
l'abonnement d'un an. Cette revue, qui en est à
sa /r année, donne, outre des chroni(pies litté-
raires , politiques , religieuses , économiques , les ar-
ticles dont les titres suivent : sur les désavantages
de la solidarité du Cabinet, sur Tétude des langues
étrangères après l'admission des étrangers à résider
dans Tintérieur, la question d'Extrême-Orient au
point de vue de la lutte des races, Cavour, les Per-
sans, Teau comme force* motrice, l'industrie mi-
nière en Chine, le marquis Ito, Tennyson (numéro
du '20 février 1898). I.e tfdseda ban gaka. Revue
littéraire de Waseda, -Ç» ;^ H ^ ^, est de même
une revue générale oii l'histoire, la criticpie d'art,
la chronique théâtrale, se rencontrent à côté du ro-
man , de l'économie politique , des nouvelles récentes ;
elle est dans sa 7' année, paraît chaque mois, et se
vend 1 3 sens le numéro. Le Ban gaka kai, ^ ^ Jjl
le Monde littéraire coûte 1 5 sens le numéro. H est
moins volumineux que le Tai yaa (yo pages seu-
lement), mais l'impression on est plus soignée; il
débute par dos reproductions de photographies
liiinc grand in-8% plus de 2,uuo pages, publié en 189'? par M. Ma-
tumoto Tokutarnu, fe ^^ fé« >fc ÔIJ-
XII. 34
522 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
d après des œuvres dart (la fiile du Titien; une sui-
vante de Diane, par M"* Houssay); la couverture,
avec une lyre, une épigraphe de Gœthe (was man
nicht versteht, das besitzt man nicht] n'est pas sans
prétention artistique; le sommaire mentionne aussi
plusieurs poésies et descriptions poétiques. Mais le
numéro contient un fâcheux avertissement : la revue
va cesser de paraître après cinq ans d'existence;
beaucoup de revues japonaises, en effet, n*ont
qu'une vie éphémère et celle-ci, comme durée, est
loin d'avoir été mal partagée. Le Mezamtisi gusa,
A f'*\^^, TAvertissexu-, est une revue de critique
littéraire, attirant l'attention par sa couverture, où,
sur un fond lilas, s'étale une plume entre deux
femmes au profil grec, la poésie et la peinture; le
numéro îi5, que j'ai sous les yeux, renferme une
chronique, des poésies chinoises, une brève nouvelle
dont la scène est en Italie el où l'on est étonné de
reconnaître les noms de Prascati et de Tusculum
sous leur déguisement japonais [Harasakati et Tasu-
karunm).
Je passe les Nouveaux Romans, Jf >J\ j)t, Sin seu
seia, collection mensuelle dans sa troisième année;
après plusieurs romans, Aie donne, à la lin du nu-
méro, quelques nouvelles littéraires d'Europe et
quelques poésies japonaises ; le Lis blanc, È W ^*
Siroiyuri, de foniiat grand in-8", fondé en 1896,
sans doute disparu depuis lors, imprimé à la japo-
naise sur feuilles pliées et dont le premier numéro
rr LA PRESSE PÉRÏODIQLE JAIH3NAISE. 523
> contenait la traduction de quelques scènes de la
f Dame aux Camélias, J'en laisse de côté bien d'autres
I enc-ore et j'arrive aux revues mixtes , moitié en japo-
nais, moitié en langues européennes. Voici d'abord
une revue pour l'étude des langues étrangères, Gawai
koku go (jaku zata si, ^ H ^ 4^ H ^ ', rédigée en
partie par des Japonais, en partie par des étrangers;
son but est surtout pratique et elle contient princi-
palement des textes étrangers, morceaux littéraires,
de conversation, épistolaires , qui sont traduits et
expliqués mot à mot en japonais, et de même des
textes japonais traduits (ïn différentes langues; avec
l'ardeur que les Japonais apportent à l'étude des
langues vivantes, je pense cpie cette revue ne doit
pas manquer d'acheteurs ; la langue anglaise y tient
le premier rang, viennent ensuite l'allemand, le
français , le russe , l'italien , l'espagnol , le coréen , le
chinois. Le Tei koku ban gaku , ^ H ^ $ , la Lit-
térature de l'Empire ^^, débute par une étude en
anglais , Azare psycholoyy, d'un écrivain connu , Laf-
cadio Hearn ; suivent divers articles japonais touchant
de près ou de loin à Tinstruction , ensuite des poésies ,
de5 nouvelles, le tout semé de quelques culs-de-
lampe assez bien tournés. Le Han sei zata si, J^ ^
H tè ^y revue générale donnant des études histo-
riques, politiques, des vers chinois et japonais, en
est à sa treizième année; il s'est adjoint depuis l'an
' Li' numiTO a 5 sens, paraiMant depuis 1897.
* Mensuelle, parait depuis 1890; pri& du numéro, 10 sens.
^ Le numéro , 1 2 sens.
34.
524 NOVEMBRE-DÉCEMBRE I8Q8.
dernier une édition européenne The Hansei zasshi^,
rédigée uniquement par des Japonais, fort joliment
illustrée et qui est destinée à faire connaître au
monde le Japon réel et les Japonais; on y trouve
des articles en anglais, français, allemand, russe.
The Far East, rédigé principalement par des Japo>
nais, est tout en anglais : cest une revue mensuelle
dont le but est à peu près le même que celui du
Hansei zasshi; elle semble cependant plus que ce der-
nier préoccupée de la politique et des faits contem-
porains •^.
Ces revues mixtes sont, on le voit, assez récentes.
Mais , pour donner une idée de l'importance de la
presse périodique non quotidienne, je ne puis pour-
suivre une énumération, qui serait à la fois fasti-
dieuse et incomplète. Le tableau suivant, tiré du
Mei di hau kan, indique pour 1892 le nombre des
revues et leur répartition en catégories; j'ajoute en
note^ les litres de quelques-unes de ces publications.
' Le numéro, 20 sens.
* Le numéro, 2 5 sens; celle n;vuc esl dans sa Iroisième année.
^ Gouvernemenl :
m J5 ^ ^, Koku min no tomo , l*Ami du peuple japonais;
paraissant les 3, i3 el 3 3 de chaque mois, 6 sens le numéro.
Lois :
^ ^ '^ 3c ' '^'" ^^'^ '^"'^ '^ ' Gazelle des Iribunaux ; parais-
sant chaque samedi , 8 sens le numéro.
Instruction :
% W % ^ * A i^au ihu hau ti , Moniteur de l'éducation ; pa-
raissant chaque samedi, (i sens le numéro.
Q Sf: '^ 7^ |iû * ''''''" .7"^'" '•««•'" -«t« *t. K<î\ue de la société
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 525
OBJBT DBS RBVURS. \OVIBRB.
Gouvernement 7
Lois Il
Instruction (pédagogie, philosophie et litté-
rature, économie politique, géographie,
industrie , agriculture , etc. ) /| 7
Littérature japonaise G
Etudes européennes 3
Sténographie a
Matliématiques 10
Revues pour les femmes et sur la situation
des femmes 6
Médecine 1 4
Histoire 3
Questions militaires 'x
Industrie , 17
Arts et dessin 5
Bouddhisme !i3
Romans, chansons, théâtre ad
Divers 8
Total 1 88
fie philoiM>phie; paraiMant \e. i5 de rliaquo mois, 10 sens le nu-
nu*ro.
Ijl tt $ tNI ^* Siyoku butu r/nAii zatii si, Re\iie botanique;
paraissant le 10 de chaque mois, 12 sens le numéro.
m !|jjf $ m 1$. ^^u buta gaku iatu si. Revue zoologique;
paraissant le i5 de chaque mois, 10 sens le numéro.
*i. Revue enfantine pour les écoles primaires; paraissant le 17 d;'
chaque mois, 4 sens le numéro.
^ ^ ^ ^ , Ti gaku zatu si , Revue géographique ; paraissant
le 35 de chaque mois,iiio sens le numéro.
5S6 NOVEMBRE-ÛÉCEMBRE 1898.
Je ne veux cependant pas négliger de noter à part
3 h* ^ « Kcdomo, Les enfants; paraissant ic i5 de chaque
mois, 3 sens lo numéro.
Pf^ i^ yt tjÈ ^* ^<^ ^"'i ^^" i?* roAni, Revue pour 1 étude du
chinois; paraissant les 5, 1 5 et 3 5 de chaque mois; 8 sens W nu-
méro.
Littérature japonaise :
Bi Sï SIt 41 ^ * ^^^ S^ ^^" .V ^^^ ' R**^'uc pour IVludi*
du japonais; bimensuelle, la ^ens ie numéro.
PI '^yKokahujXy la Littérature japonaise; mensuelle, 8 sen<
le numéro.
iSlathématiques :
i^ Sk ^ JSS^ '^^ ^aAm Aau ti. Moniteur des mathématiques;
paraissant les 5 et 20 de chaque mois , 5 sens le numéro.
Questions féminines :
"iC 9^ ^ S* ^^y^ 3^^ '^'" ''' Revue des études féminines;
mensudle, 6 sens le numéro.
19 "iC ^ 1^, Hn niyo zatu si. Revue féminine; bimensuelle,
\ sens le numéro.
^ 'A tft "if ^ S* '^^ '^^ ^^^ AmuMit zatn si. Revue de
l'association féminine; paraissant le 3 de chaque mois, 3 sens It*
numéro.
Médecine :
lf< ^ ff ^ ^ $' riyuu 9uu;ai i zi sin kau. Moniteur mé-
dic4il du Japon et de letran^^r; paraissant le-s 10 et 2 5 de chaque
mois, 13 sens le numéro.
j|[ J^ -jlf i^ j^ 1^, ToH kiyau i :i sin si. Nouvelle rtnue mé-
dicale de Tokyo; paraissant chaque samedi, 7 sens et demi le nu-
méro.
>J\ ^ j|3f ^ |^« Seu •:( kuwa zatu si. Revue de médecine
infantile; bi-mensuelle , 10 sens le numéro.
Industrie :
j|C J$C iR ttF ^ IS ' ^^" ^{^^^ ^^ ^^^ '^^ *^ • Revue éco-
nomique de Tokyo; mensuelle, 7 sens le numéro.
jR J'fC iSf m ^ !£ • '^^^ kÎYnn siyau tjehu zatn si. Revue com-
merciale de Tôkvô; himensueJle, 8 sens le numéro.
LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 527
trois périodiques qui offrent un intérêt spécial aux
pponistes européens, la Revue historique, le Bulletin
des lois et la Gazette des beaux-arts japonais.
La R(»vue historique , Si gaku kawai zata si , ^
$ ^ H l£ 1 parait tous les mois depuis 1889 en ca-
hiers petit in-8"; chaque cahier, dVnviron 60 pages,
est vendu 1 o sens. Publiée par la Société des études
historiques, Si gaku kuwai, ^ ^ ff , qui renferme
dans son sein des honunes fort distingués', cette
revue donne des articles généraux, ||^ g^, ron selu,
des articles d'examen ou de discussion, ^fS^ kaa
siyau, des articles de critique, M M^ ^^ ^^» ci*-**
notices diverses, H ^, zatu roku, des comptes ren-
dus, IB ^, ki zi. On y trouve des études de grande
valeur non seulement sur Thistoire proprement dite
du Japon, mais sur ses antic[uités et ses mœurs,
ainsi que sur la Chine et la Corée ; las rapports du
Japon avec ces deux Etats, ainsi que ses relations
avec TKurope, en particulier avec la Hollande, ont
fourni matière à des travaux intéressants.
Le Bulletin des lois, Hahu rei zen siyo, ft 'fr ^
41 , est publié régulièrement chaque mois en cahiers
in-8° depuis la 18" année Mei di ( 1 885); lorsqu'on
vu a entamé la publication , on a commencé aussi de
réunir et d'imprimer les lois, décrets et autres docu-
ments analogues relatifs à la période écoulée depuis
1867; en 1891, les dix-sept premières années Mei
' Parmi rux je citerai au hasard MM. Siijeno An eki , "Jt f^ ^
^ , Hosino llisnsi » J^ |^ 'fS « kume Kunkake » ^ ^ ^ ^
Konaknmura kijrnnori, A\ ïb jbt W jf^.
528 NOVEMBRE-DECEMBRE 1898.
di et l'index général de ces dix-sept années ont
achevé de paraître. Ainsi a été constituée une col-
lection officielle, très importante non seulement pour
le juriste japonais, mais pour Thistorien qui veut se
rendre compte des transformations de la société de-
puis la Restauration. C'est surtout à ce titre cpie le
Bulletin des lois doit être signalé ici.
La Gazette des beaux-arts japonais, Nitahon hi
ziyiUa gawa hau, B ^ ^ HI ft $ \ donne des re-
productions par la photogravure d'objets d art re-
marquables anciens ou modernes, peintures, laques,
sculptures, etc.; elle y ajoute de courtes notices his-
toriques et explicatives. Les reproductions sont d'une
grande perfection; tout est soigné dans le recueil,
jusqu'aux gracieux ornements de la couvertxu^e, jus-
qu'aux types japonais employés pour les notices.
Seul le papier de ces notices est singulièrement défec-
tueux et les quelques lignes en caractères européens
qui accompagnent le texte japonais manquent totale-
ment d'élégance. H est bizarre que les Japonais, chez
qui le sens esthétique est si répandu et si délicat, en
adoptant la forme extérieure du volume européen,
n'aient réussi jusqu'ici à produire presque aucune
œuvre de typographie cpii soit de tous points satis-
faisante. Quoi ([u'il en soit , cette Gazette des beaux-
arts, d'un prix si modique, est bien capable de ré-
pandre encore le goût de l'art japonais.
Ces courtes notes suffiront, je l'espère, à montrer
' Mensuelle, in-S"; 3o planches par numéro, a 5 sens le nu-
méro.
'"' LA PRESSE PÉRIODIQUE JAPONAISE. 529
: f
quelles sont, après trente ans seulement dexistence ,
^ la diversité, la richesse de la presse périodique japo-
^•naise; encore ai-je, de propos délibéré, laissé de
' • côté les journaux et revues publiés par des étrangers ,
' uniquement en langue étrangère. Le lecteur japo-
'" nais est aujourd'hui tenu au courant de tous les faits,
C: importants ou non, qui sont susceptibles de finté-
• resser; questions de politique intérieure et extérieure,
f d'économie politique, d'histoire, de jurisprudence,
de médechie, de pédagogie, de critique, tout lui
passe sous les yeux. Par leur bon marché, les jour-
naux pénètrent partout; on les voit dans les mains
du paysan , dans celles du bonze; le tireur de zinrik-
cha les lit, tandis quil se repose de son fatigant
labeur. La presse a déjà joué un grand rôle, elle a
formé une opinion publique, elh» la faussée îiussi
en quelques circonstances; elle prend chaque jour
une place plus considérable ' et elle est appelée à
' L('. Résumé statistique de lempircdu Japon iSgô (i vol. gr. in-
8*, Tokyo; en japonais et en français] donne les chiflRros suivants :
Année 1889 \6'j journaux et revues.
— «890 716 — —
— 1891 766 — . —
— 189a 793 — —
Pour 1892. ros p<>riodiquos sj* repartissent de la manière sui-
vante :
Tokyo 2o3
lion sin ( moins Tokyo) :i7.'i
Si koka 36
Kiu tiu 57
Ezo 3 3
Total 793
530 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
influer de plus en plus sur révolution du pays, qu'il
s agisse de mieux connaître, d apprécier plus saine-
ment les Européens et leurs idées, ou de donner au
gouvernement des organes plus stables, mieux en
harmonie avec les besoins et la manière d'être des
diverses classes sociales.
Je dois m excuser aussi d'avoir donné de ces pé-
riodiques une revue si incomplète : pour suivre leur
histoire, noter leurs tendances et leurs conditions
d'existence, pour faire œuvre vraiment scientifique,
il faudrait de nombreux documents que nous n'avons
pas en Europe. Je serais content si cet essai inspirait
à l'un de nos confrères d'Extrême-Orient l'idée de
reprendre la question et de la traiter comme elle
mérite d'être traitée.
NOUVELLES ET MÉLANGES. 531
NOUVELLES ET MÉLANGES.
Sh'lANCE DU VENDREDI 11 NOVEMBRE 1898.
La séance est ouverte à 4 heures et demie , sous la prési-
dence de M. Ë. Senart, vice>président.
Ktaient présents :
MM. Mnspero, vice-président; Chavannes, secrétaire;
Duval, Decourdemanche , Clément Huart, Halévy, Nau,
Boyer, Foucher, Feer, Maurice Courant, Finot, Schwab,
Sonneck, Sylvain Lévi, Cabaton, Gaparède, Oppert, Ré-
gnier, membres; Drouin, secrétaire adjoint.
Le procès-verbal de ia séance précédente est lu et adopté.
Sont reçus membres de la Société :
MM. Jules Halphen, demeurant à Paris, avenue Victor-
Hugo, n"* 73, présenté par MM. Chavannes et
Courant.
Georges Salmon , ancien élève de TEcole des langues
orientales , demeurant à Paris , avenue de Laumière
n"* ao, présenté par MM. Schwab et Derenbourg.
Le collège des missions françaises de Zi-ka-weï près Shang-
haï (Chine), présenté par MM. Courant et Chavannes.
Il est donné lecture :
1 ** D\me lettre du président de la Commission de perma-
nence du Congrès international des Orientalistes, qui 8*est
tenu à Paris en 1897, remerciant la Société asiatique du
concours actif qu^elle a prêté aux travaux de ce congrès ;
a" D^une lettre du Ministre de Tinstruction publique
532 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
annonçant l*ordonnancement d*une somme de 5oo francs
pour la subvention trimestrielle accordée à la Société ;
3* D*une circulaire du Ministre du commerce en date du
1 o juillet 1 898 , demandant à la Société asiatique de prendre
part à TExposition de 1900, en exposant les volumes et
ouvages qu elle a publiés.
M. le Président et M. Maspero sont d*avis qu'il y a lieu
de répondre à l'invitation du Ministre , et de nommer dès à
présent deux délégués qui se mettront en rapport avec los
membres de la Commission de TEnseignement supérieur
pour s*eiitendre à ce sujet. Le Conseil nomme comme dé-
légués de la Société asiatique MM. Barbier de Mcynard et
Maspero.
Sont offerts à la Société :
Un exemplaire des discours qui ont été prononcés par
MM. Micbel Bréal , Senart et Barbier de Meynard à Tocca-
sion de Tinauguration du monument funéraire érigé à Vimy
(Pas-de-Calais), à la mémoire d*Abel Bergaigne;
Par M. Schwab, les Inscriptions hébraïques en France, du
ni' aa xv' siècle (ExiTsài du Bulletin archéologique) ^ et Tran-
scription de mots grecs et latins en hébreu ( Extrait du Journal
asiatique);
Par M. le D' J. Marquart, professeur à Tûbingen , Die Chro-
nologie der alttàrkischen Inschriften avec une préface et une
addition de M. W. Bang de Louv^in. In-8% Leipzig, 1898;
Par M. Maurice Courant, La stèle chinoise du royaume de
Ko kou ryc (Extrait du Journal asiatique).
Le Conseil autorise l'échange du Journal asiatique depuis
le !•' janvier 1898, avec la Revue biblique depuis Tannée 1891
inclusivement.
M. Maurice Courant donne lecture d'un Mémoire sur la
Presse périodique japonaise. Ce travail sera publié dans le
Journal asiatique (voir supra),
M. Chavannes fait une communication sur la musique
NOUVELLES ET MÉLANGES. 533
chinoise. 11 discute Topinion du P. Amiot quif dans son
Traité de fa musique des Chinois (1780), suppose (jue les
Grecs ont emprunté aux Chinois le principe de la « gamme
pythagoricienne ». M. Chavannes retrouve en eflet dans les
Mémoires historiques de Se-ma Ts'ien (antérieurs à Tan 100
avant J.-C), et dans le Tch'oen ts'ieou de La Pou-wei (mort
en a 35 avant J.-C), la théorie de la progression de douze
quintes justes ramenées à la même octave , progression qui
est le principe du la gamme pythagoricienne; mais, contrai-
rement à ce que soutenait le savant jésuite, il pense que
rhypothèse d un emprunt fait par les Chinois à la civilisation
grecque serait plus vraisembiahie : les textes qui supposent
connue cette théorie, sont postérieurs à Texpédition
d'Alexandre en Sogdiane. Dans les textes plus anciens où il
est question de douze lu, c'est de cloches qu'il s'agit, et non
de tuyaux sonores , et rien ne nous autorise à penser que ces
cloches dussent rendre les notes de la gamme pythagori-
cienne. Les Chinois ont, du reste, promptement perdu la
notion exacte du système des douze quintes qui n'a joué
presque aucun rôle dans leur musique réduite à cinq notes,
et qui apparaît ainsi comme une importation étrangère dont
ils n'ont pas su tirer parti. Enfin la légende même par la-
quelle les Chinois ont prétendu attribuer une haute antiquité
à Tinvention des douze tuyaux sonores , renferme l'aveu que
Tempereur Hoang-ti envoya chercher à l'ouest du pays de
Ta-hia, c'est-à-dire de la Bactriane(?), les roseaux dont
Ling-laen se servit pour constituer ces tuyaux.
M. J. Halévy fait diveraes communications à la Société;
elles paraîtront dans le prochain numéro du Journal,
La séance est levée à 6 heures.
534 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
OUVRAGES OFFERTS X LA SOCIETE.
(Séance du ii novembre 1898.)
Par rindia Office : Jaiicial and administrative Statisticsfor
Britith India, 1896-1897 and the four preceding yean. Cal-
cntta , 1 898 ; in-folio.
— Annaal Administration Report ofthe Forest Department,
Madras Presidency, June 1897; in-folio.
— Records of the Crovernment of India, Calcutta , 1 898 ;
in-folio.
— tpigraphia Indica, December 1897; April, July 1898.
Calcutta; gr. in-4*.
— Epigraphia Carnatica, Bangalore, 1898; in-4*.
— Indian Antiquary, December 1897, Part II; January-
Juiy, i898;in-4'.
— Bibliotkeca Indica, New séries «n** 911-919, 931. Cal-
cutta, 1897-1898, in-8*.
— Notices of sanscrit mss. Second séries. Vol. I, parts 1
and II. Calcutta, 1898; in-8*.
Par le Ministère de Tinstruction publique : BibUotkèqne des
écoles d'Athènes et de Rome, Fasc. XL VIII, Mantinée et i'Ar-
cadie orientale, par Gustave Fougère. Paris, 1898; in-8*.
— Fasc. XLIX, Etnde sur Théocrite, parPb.-E. Legrand.
Paris, l898;in-8^
— Ecole française d'Athènes, Bulletin de correspondance
hellénique, Xil. Paris, 1898.
— Annales du Musée Guimet, T. XXVIIi, E. Amëlineau,
Histoire de la sépulture et des funérailles dans l'ancienne E^pte ,
let II. Paris, 1896; in-/i*.
Par la Société : Bulletin de la Société de géographie d'Alger,
2' et 3' trimestres 1898; in-8'*.
— Mémoires de la Société de linguistique de Paris, t. X,
5- fasc. Paris, 1898; in-8'.
NOUVELLES ET MÉLANGES. 535
Par la Société : Comptes rendus de la Société de géographie »
juin et juillet. Paris, 1898: in-8*.
— Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres, mars-avril et mai-juin 1898; in-8°.
— Comité de conservation des monuments de iart arabe,
fasc. 1-9. Le Giire, 1892; in-8*.
— Annales de Tabari, Prima séries XI, recensuit K. Prym ,
1 898 ; in-8*.
— The Geographical Journal, Auf(ust-October-November
1898; in 8*.
— The American Journal of Semitic langaages ( Hebraica ) ,
October. Chicago, 1898; in-8''.
— Journal of the China branch ofthe Royal Asiatic Society,
New séries. Vol. XXVIII- XXX. Shanghaï, 1896-1898;
in-8\
— Journal ofthe Asiatic Society of Bengal, Vol. XL VU,
part I . Calcutta , 1 898 ; in-S"*.
— Proceedings, etc. January 1897-April 1898. Calcutta,
in.8\
— Transactions andproceedings ofthe Japan Society, Vol. IV
wîth Suppléments, London, 1898; in-8*.
— Revue africaine, 2' et 3* trimestres. Alger, 1898;
in-8'.
— Zeitschrifi der deutschen morgenlàndischen Gesellschafï ,
LU, II- et IIP Heft. Leipxig; in.8^
— Giornale délia Società asiatica italiana, 1897-1898.
Roma; in-8*.
— Journal of the American Oriental Society , XJX'^ vol.
Second half 1898. New-Haven; in-8°.
— Journal of Royal Asiatic Society, July and October 1 898.
London ; in-8°.
>— • Société biblique. Divers opuscules en langues africaines,
1898.
— Atti délia Accademia dei Lincei, Aprile-Giugno 1898,
Roma, con Rendiconti, Giugno 1897, et iasc. 5 et 6. Roma,
1898; in-4'.
536 NOVEMBRE-DECEMBRE 1898.
Par la Société : Publications de VEcole des langues vivantes.
0. Houdas, Tariq es-Sond<in, Paris, 1898; in-8*.
— The American Journal of Pkilology, Baltimore, 1898;
in.8\
— American Journal ofArchœology, Noveuiber-I.)ecember.
Norwood , 1 897 ; in-8*.
Par les éditeurs : Al-Machriq , Haziràn et Tischrin I. Bey
routh, 1898; in-8°.
— Polybibllon , parties technique et littéraire , juin-octobre
1898. Paris; in-8".
— The Sanscrit cr il ical Journal , 5une-.\ugusi 1898. Wo-
king; in-8*.
— Revue critique t n" a 6-44* Paris, 1898: in-8*.
— J. Halévy, Revue sémitique, juillet et octobre 1898.
Paris; in-8*.
— Bulletin du Caucase (en russe), XXIV. Tiflis, 1898;
in-8*.
— Bolleltino, n** 3o 1-307. l^'irenze, 1898; in-8*.
— Le Globe, 5' série, t. IX. Bulletin, février, avril et
juin 1898. Genève; in-8*.
— Revista politica e letleraria, Luglio ed Agosto 1898.
Ronia; in-8*.
— Le Ma^con , juin-août. Louvain, 1898; in-8*.
— Revue archéologique, mai-août 1898. Paris; in-8*.
— Al'Bayân, Août 1898. Le Caire; in-8*.
— Al-zliiyâ, Septembre-octobre 1898. Le Caire; in-8*.
— Al-mizân, en arabe et en persan. Haïdarabad, 1898,
in-8*.
— Talkhis cl-Kalâm, Haïdarabad, 1898; in-8*.
— T'ung-Pao. Juillet 1898. Leide; in-8*.
— Institut de France, Inauguration de la statue de Bergaigne
à Vimy, Discours de MM. E. Sénart et Barbier de Meynard.
Paris, 1898; in-4*.
— Journal des Suivants, septembre -octobre 1898. Paris,
1898.
NOUVELLES ET MELANGES. 537
Par ies auteurs : IV J. Rouvier, Les ères de Tripolis de Phè-
/iicic (extrait), 1898. Paris; in-8*.
— V. Chauvin , Bibliographie des ouvrages arabes el relatifs
aux Arabes , publiés dans l'Eumpe chrétienne de iSiO à 1885,
IlL Liège, 1898; \nS\
— P. Regnaud, Etudes védiques et post-védiques. Paris,
1898; in-8".
— G. de Vasconcellos Abreu, Exercicios e prinieiras lei-
turas de saniscrito, t. IL Lisboa, 1898; in-8°.
— Le même , Testo critico de la Lenda dos santos Barlaoe
Josaphate, Lisboa, 1898; in-8*.
— L. M. Chagny, L* Anglais est-il Israélite? Paris, 1898;
in^'.
— .Le même, Lm sémitique Albion, Paris, 1898, in-8'.
— D' Fr. Hirth , Zur Geschichte der Chinesen, M dnchen ,
1898; in-8'.
— Le même, Chantung und Kian-Tschéou (extrait). Mûn-*
chen, 1898; in-8".
— Rev. E. Sell, Mvnâzir el-Qawâid, a Persan Grammar,
4*^ édition. Madras; in-8*'.
— Le même, Jamt-ul-Qatcànùi , an Urdn Grammar. Ma-
dras, 1898; in-8'*.
— M. A. Grëlian, Le royaume de Siam, or édition. Paris,
1898; in-8*.
— L. W. King, First Steps in Assyrian. London, 1898;
in-8'.
— Nicolson, Selected Poems of the DivaniShamsi Tabrizi.
Cambridge, 1898; in-8*.
— Sir Cléments, R, Markham, Antarctic Exploration.
London, 1898; in-4'.
— Revue de l'histoire des religions, mars-avril, juiilet-août
1898. Paris; in-8'.
— R. Sewell, Eclipses of the moon in India, London,
1898; in-4".
— E. D. Sacliau , MittheUnngnn des Seminars fur orienta-
lischen Sprachen, 3 Abtheilungen. Berlin, 1898; in-8'.
XII. 35
laraivcuB i«fi«»4ia.
53S NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
Par les auteurs : Peiser, Orientaliscke Litteratur-Zeitmng,
Juli. Beiiin, 1898; in-4'.
— - L. de ia Vallée Poussin, Bouddhisme, élades et mutè-
I imax , Adikartiiapradipa Bodhicaryanatmnlikà» London , 1 898 ;
in-8'.
— Bel-Kassem ben Sedira, Grammaire d'arabe régulier,
Alger, 1898; in-8'.
— M. Lambert, De Vaccent en arabe (extrait). Paris,
1898; in-8".
-— Salih Zeki Ëfendi , Notation algébrique chez les Orirn-
taux, Paris, 1898; in-8''.
— Fried. Huitsch, Die Gewickte des Alterthums, n* II.
Leipzig , 1 898 ; in-8*.
— E. Fagnan, Chronique dm Aimohades et des Hirfçides,
attribuée à Zerkechi. Constantine, 1896; in-8*.
— V. Dingebtedt, The Yezids (extrait), 1898; in-8*.
— K. G. Zaleoian, La légende de Hakim-ata, en tiirr
oriental. Saint-Pétersbourg, 1898; in-8".
— - G. Van Moten, Le livre des beautés et des antithèses.
Texte arabe. Leide, 1898; in-8*.
— Gharencey^ Les préfixes péjoratives en basque, Fri bourg
(Suisse), 1898; in-8'.
-» P. Elhmann, Die Sprichwôrter und bildlidie Ausdràcke
der japanischen Sprache, Supplément. Tokyo, 1898; in-8*.
— H. Derenl>ourg , Les traducteurs arabes d* auteurs grecs
(extrait). Paris, 1898; in-8".
— D' L. Scherman, Orientalische Bibliographie, \i,
Jahrgang II. Berlin, 1898, in-8'.
— N. Sentenach, Ensayo sobre la America prrcolombina.
Toledo, 1898; in-8'.
— Le même , La lengua y la literatura sanskritas ante la
critica historica. Madrid , 1 898 ; in-8*.
— .1.-A. Decourdemanche , La morale musulmane tic
r Akhlaqi-Hamidè. Paris, 1888; in 8".
— Le même, Etudes sur les lyicines arabes, sanscrites et
turques, Paris, 1898; in-8*.
NOUVELLES ET MÉLANGES. 539
Par les auteui*» : J.-A. Decourdeiuanche , Sotthier de Natr-
eddin Hodja, Bruxelles» 1878; m-8".
— - J. Marquart, Die Chronologie der alttàrkischen In-
sckrijïen, Leipiig, 1898; ino8'.
SÉANCE DU VENDREDI 9 DÉCEMBRK 1898.
La séance est oaverte à 4 heures et demie, sous la pi*ési-
dence de M. M aspero , vice-président.
Ëtaient présents :
MM. Ë. Senart, vice-président; Ayinonier, Kubens Duval,
Chabot, Schwab, Carra de Vaux, V. Henry, Mondon-Vi-
dailhet, Halévy, Halphen, Finot, Gourant, Grenart, Feer,
Textor de Ravisy, Foucher, Devéria, Clément Huart, De-
courdemanche , Cabaton , Parisot , membres ; Drouin , secré-
taire adjoint.
Le procès-verbal de la séance de novembre est lu et
adopté.
Sont reçus membres de la Société , à partir du 1 " jan-
vier 1899:
MM. Salih Zkki Ependi , directeur de TObservatoire im
périal ottoman k Péra (Constantinople), présenté
par MM. Carra de Vam et Drouin ;
Raymond Weil , lieutenant au 5* régiment du génie ,
demeurant à Versailles, présenté par MM. Schwab
et Maspero ;
W. Margais , directeur de la Méderca de Tlemcen
(Algérie), présenté par MM. Barbier de Meynard
et Hondas.
Il est ensuite procédé au reiiouvelicnieiit de la commission
de rédaction du Journal asiatiqae. Les membres actuels,
35.
5^0 NOVEMBBE-DÉCEMURE 1898.
MM. Oppert, E. Senart, Devéria, Maspero et Duval sont
réélas à riinanimitë.
M. Aymonicr, rappeUe qu*uu monument a étc élevé a
Vîmy (Pas-de-Gilais), à la mémoire d*Abel Ber^i^e« au
mois d*ociobre dernier; il exprime le désir de voir réunis en
une brochure, qui serait ornée du portrait de ce savant, Fen-
senibie des discours qui ont été prononcés le jour de Tinau-
goration. Le secrétaire est in\ité à s'entendre à ce sujet avec
la commission d'organisation de Viniy.
Sont offert à la Société :
Par M. Maurice Courant , en son nom personnel , les pLin-
ches en photogravure de l'inscription chinoise et coréenne
de la stèle de Ko Ku rye , dont la traduction a paru dans le
Journal asiatique.
Au nom du collège français de Zi-ka-ewï ( Shanghai ) , une
brochure de M. Paul Vial, missionnaire au Yunnan, inti-
tulée : fuLfs Lolos, histoire, religion, mœurs, langue, écri-
ture •. Cette brochure forme le fascicule A du recueil public
par les P. Jésuites de Shanghaï sous le nom d^Etades sino-
orientales; elle contient 3 5 |)ages de fac-sîmilé de Técriture
hiéroglypliique des Lolos ;
Par le Gouvernement générai de i'Algéne , un exemplaire
d*un ouvrage sur reiiseinble du droit musulman , intitulé :
Balance de la loi musulmane, traduit de Tarabe de El Qia-
rani, |>ar le D' N. Pen'on, et revu par M. Luciani;
Par M. Carra de Vaux, un ouvrage dont il est l'auteur,
intitulé : Le Mahométisme , le génie sémitique et le génie
aryen dans l'Islam;
Par M. Drouîn, au nom de Cri Kàli Kumàr Dàs, pandit de
Chittiigoiig (Inde), une notice sur la tribu des Limita ou
Kirali, qui habite le \epâl oriental , et une bi'ochure intitulée:
Bunnah and her people.
Dc*s i*einerciements sont adressés aux donateurs.
M. Senart annonce à la Société (|ue Touvi-nge arabe iii-
NOUVELLES ET MÉLANGES. r)4l
iîiiûé : Précis de jiirisprndence musulmane, par Sidi Khalll,
qui a été publié aux frais de la Société et dont plusieurs
tirages successifs ont été épuisés, sera réimprimé après avoir
été revu et corrigé avec soin. M. Barbier de Meynard , don-
nera dans une prochaine séance les détails complémentaires
relatifs à cette publication.
Il est donné lecture d'une lettre du Ministre de Tin-
struction publique, annonçant Tordonnancement d*une
somme de cinq cents francs pour la subvention du quatrième
trimestre de 1898.
M. Foucher communique à la Société les photographies
d*une douzaine de bas-reliefs originaires du GandhAra, et
actuellement conservés dans les musées de Calcutta et de
Lahore. Dans les scènes qui y sont représentées , il croit être
le premier à reconnaître les épisodes dont les textes boud-
dhiques font suivre le Nirvana , à savoir : la mise au cercueil
et la crémation du corps du Buddha , la garde et le partage
en huit parts des reliques, et enfm le transport de ces der-
nières et leur dépôt dans les stupas.
M. Foucher profite de cette occasion pour mettre à la dis-
position de la Société les plus intéressants d*entre les nom-
breux clichés inédits, qu*il a rapportés de sa mission dans
Tfndc. Il signale notamment une collection complète et
exécutée à la même échelle de photographies, d après les
treize bas- reliefs qui ornent la fnse du stùpa découvert à
Sikri par Major Deane, et dont M. J. Burgess, réclamait
dernièrement encore la publication [Journal of Indian Art
and Industry, avril-juillet 1898, p. 32, note 3). Ces bas-
reliefs, fort curieux en eux-mêmes, présentent de plus cet
intérêt exceptionnel, qu'ils ont été trouvés au complet et
in situ, et d* autre part ils proviennent des mêmes ruines qui
ont déjà fourni les deux remarquables statues publiées par
M. Senart dan* le Journal asiatique.
M. L. Finot lil quelques remarques sur certains passages
du Buddha carita,
M. Senart donne lecture d*une note rectificative d*un vers
bkt NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1808.
du manmcrit kharoththi, éài Manuscrit Daireail de Rkins»
dont il a donné la Irantcription dans le dernier cahier dn
Journal asiatique,
M. L. Feer rend compte de ia Notice précitée de Çri
Kàli Kumàr Dàs sur ia tribu des Limita, Ce peuple s^appelie
hii-méme Yâk-thnmbas (pasteur de yaks), mais il a aussi
les noms de Kirati chez les Indons , et Txong chez les Le|>-
chas et les Bhatias, ses voisins du Népal. La langue a beau-
coup d*analogie avec le lepcha , mais l'écriture est inconnue.
Sur la proposition dun membre du Conseil, qui expose
que le chiffre de la cotisation à vie , fixé depuis Torigine de
la Société à Soo francs, n*est plus aujourd'hui en rapport
avec le taux de Tintérét de Targent qui a baissé de près de
moitié, le Conseil décide qu*à Tavenir et à partir de ce jour
le chiffre de cette cotisation sera porté à 4oo francs |)our
les personnes et à 600 francs |)our les sociétés ou étabiis-
smnents civils et religieux.
La séance est levée à six heures.
ANNEXES AU PROCfts-VKRBAL.
NOTBS SliR LE BLDÙHÂCAniTA,
Le texte du BuHdhacarita , tel que nous iont conservé les maiiu-
srrits envoy*^ par Hodgson , fourmille de fautes. M. Cowell eo a
rectifié un grand nonibn* dans son inlition et sa traduction;
MM. von BôhtlingL, Kem« Kielhom, Spe>eront proposé d*ingénieuses
restitutions, dont beaucoup demeurent acquises. Malgré tous ces
efforts, il reste beaucoup de passages suspects ou décidément cor-
rompus. Les quelqii s notes qui suivent ont pour but d^indiquer
quelques corrections qui m ont paru plausibles. (G. désigne Tédition
011 la traduction de M. Cowell ; B. , les notes de M. von BôhtlingL. )
n , 3. jre fmdmakalpair api ca dripendmir
na inandalmn çeifytun ihàbhinetnm.
V, 3 3. pravivfça pnnah pnmm na kâmâd
vanahhûmêr iva mandalam dvipendrak.
NOUVELLES ET MÉLAiNGES. 543
Dans ces deux passages, man^la désigne, selon C, un
exercice consistant à faire tourner les éléphants en cercle. Il
exprime plus vraisemblablement la palissade circulaire, nom-
mée aujourd'hui kheddah, où les chasseurs font entrer de
force les éléphants sauvages, à l'aide d'éléphants domes-
tiques.
IJ, lo. La leçon pratibhvo proposée par C. est sûre, d'au-
tant que, en dépit des scrupules du savant éditeur, cette
forme n*est nullement irrégulière (Whitney, S 352). Il est
superflu de recourir à un mot aussi inusité que praribhyo
(Kielhorn).
n , 34. na saifiranmje vifatnaijn jananyàtn,
C. « He felt no violent delight in any state of birtb. » Ja-
nanî ne peut avoir un pareil sens. B. a proposé successive-
ment deux corrections : vifamamyavanyâm et vifamejagatyâm ;
Speyer : visavac ca ralyâin. Jl faut lire sans aucun doute visa-
samjananyàm. La samjananï est une variété du désir immo-
déré, lobha ( Dhammasaîigani , éd. E. Muller, S loog).
Il, \\. 'ui câvivaksûl dvifatâm ndharmaifk
na câdidkakiid dkrdayena manyum,
adidhakfid dans le dernier pâda est une correction de C.
à la leçon avidhaksid du ms. de Cambridge ; celle de Kiel-
horn , abibkakfid, donne un meilleur sens ; le ms. de Paris
suggère une troisième hypothèse. Le scribe a en effet écrit
avidhvaksîd^ comme si, ayant d'abord copié avivaksid, ii avait
ensuite remarqué la répétition du même mot dans deux
pâdas successifs et essayé de corriger cette faute apparente.
Je suppose que l'auteur, non par inadvertance, mais par
affectation de science grammaticale, avait effectivement
employé deux fois avivaksid, la première comme désidératif
de vac, la seconde comme désidératif de vah. L'expression
hrdayena vah est usuelle et donne ici un sens très naturel :
544 NOVEMBRE-DECEMBRE 1898.
• H n'aimait point à proclamer l'injustice de ses ennemis; il
naimait point à porter dans son cœur la colère ».
IV, 1 3. tàsâm evaijuvidhànâqi vo viYuktânàm si^eufocare,
La correction de C niyaktânâm est inutile, l'dâvin re-
proche aux femmes d'être « paresseuses devant leur devoir ■.
IV, ^9. ... Uuji kàçcit tatra jofitak
kathinaih pasprçuh pïnaih saintfhatttnr raltpibhih stanaih,
C. traduit samghaftair valgubhih : « in gentle collisions >.
B. corrige samghrsfair « sich aneinander reibende ». On peut
conserver la leçon des mss et traduire : « leurs seins embellis
de parures ». Le sens de samghatta « parure » résulte de
YAgastimata, v. 333 (p. i3i de mon édition des Lapidaires
indiens) :
chedanoUekhanaiç caiva sthàpane handkane tathâ
pramânena ghatayanti tena saipgkaHa ucyate,
IV, 3g, kâcid vàsâghûrnitakandalâ, C. corrige kâcid vàtéf ;
la graphie suggère plutôt kàcic chvâsâ*,
JV, 96. La leçon kâmesv anâryem est celle du ms. <ic
Paris, et on ne voit pas pourquoi B. la remplace par kâmesa
nârihesa,
m
V, 10. Il n'y a pas lieu de substituer sthitic ca i\ sthiter
ca = « par suite de la fermeté spirituelle [tju'il venait d'ar-
quérir] ».
IX, 6. na ta nàvahnddhah, Speyer corrige : na tu no *nva-
banddha, La leçon du ms. de Paris , na ta râvabuildkah , peut
être conservée avec un léger changement : na ta câvabad-
dhali,
IX, 33. yadâ ta bhûtvâpi [bhaved vi]yogalf. Suppléer plu»
NOUVELLES ET MÉLANGES. 545
tôt hhaven na : «mais puisque runioii, après avoir été, doit
cesser d*être ».
IX , 36. gacchety evaiji jano yogini ko 'nurodhak.
Corriger : gacchaty evamjane yogini ko 'narodhah, La stance
entière peut se traduire : « Il vieut en ce monde , laissant
ses parents dans Tautre ; et les mystifiant de même ici-has ,
il s'en retourne ; arrivé là-bas , il s'en va ailleurs : comment
mettre sa confiance dans un être aussi volage?» ctyogin ne
figure dans le PW. qu'avec le sens de « kein Môncli » ; mais
ayoga signifiant séparation, le dérivé peut très l)ien signi-
fier « qui se sépare » , avec peut-être un jeu de mots sur ce
double sens.
X, 35. La correction de B. : dharsayitum pour mar^aYi-
tiim n'est pas nécessaire. Le sens est : « Si tu aimes trop ton
père pour conquérir par la force l'empire paternel, et si
pourtant tu ne peux attendre avec patience ... ».
XI , 39. açnâmi, P. açnâtL Corr. açnanti,
XU , 33 c-d, Corr. ity avidyâm hy avidvân sa pancaparvâm
samJhate,
XJI , 42 . vâsayanti. Corr. cârayanti. Le chinois porte !
« font marcher ».
XI 11, 33. tàla. Corr. çâla.
XIII , 5o. nâsit tam rsim, Corr. nâsïnam rsim,
L. FiNOT.
SUR UN PASSAGE DU MANUSCRIT DUTHELIL DE RHINS.
Je suis heureux de pouvoir rectifier dès maintenant la
transcription que j'avais été d'abord amené à proposer pour
un vers du manuscrit Dutreuii de Rhins; il s*agit de ia
546 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
ligne <38 de C**. J*avais eu raiaon de ne préseoter mon inter-
prétation que comme une livpothèse provisoire. La ren-
contre que , en une lecture récente , j'ai faite d*une contre-
partie pâlie très analogue , sinon absolument identique , me
met en état de l'améliorer sensiblement.
Je ne vois rien à changer à la lecture matérielle des carac-
tères » mais bien à la division des moto, et je transcris main-
tenant :
pure i kica parijaga — kici kicakaii adea
ta tadita parikamakicakari no i kica kiciali adea
Le vers pâli se trouve au Samuddavâiiijajàtaka (Faus-
bôil, IV, 166 et suiv.). C*est Thistoire de mille familles de
charpentiers qui , tourmentées par des créanciers pressants,
s'expatrient sur un bateau construit de leurs mains. Le vent
les pousse en plein océan vers une lie fortunée où ils n'ont
qu'à se laisser vivre dans l'abondance. La troupe est parta-
gée en deux moitiés qui obéissent cliacune à mi chef, Tun
prudent, l'autre dominé par la gourmandise; celle-ci a fa-
briqué du rhum , et , dans l'ivresse , a manqué à la condition
que les dieux de l'ile avaient mise au séjour des nouveau-
venus. Les dieux se disposent à se venger en provoquant une
inondation de l'océan qui l)alayera l'ile entière. Avertis par
un deva compatissant , les charpentiers avisés se construisent
un vaisseau sur lo([uel ils échappent an moment du danger;
les autres préfèrent croire aux trompeuses promesses d'un
autre deva; ils périssent, victimes de leur optimisme pares-
seux.
Une moralité en trois stances est mise dans la houclie du
Buddlia [abhisamhuddhagâthâ] pour insister sur la nécessité
do la prévoyance. La troisième est ainsi conçue dans le texte
do M. Fausl>ôll :
Anâgataih patikayirâtha kiccalii
ma maih kiccam kiccakiip yvaclheni
taffa tâdisaih patikatakiccakâririi
na tarfi kiccani kiccakâle wadheti
NOUVELLES ET MÉLANGES. 547
« 11 faut prévenir le besoin futur, pour qu'à Theure du besoin le
besoin ne nous apporte pas de souffrance; celui qui agit ainsi, qui
fait ce qu'il faut pour prévenir le besoin , celui-là , à Theure du be-
soin , le besoin ne lui apporte pas de souffrance. »
Je prëfërerais au second pâda ëcnre m/î nai'n ou mû tant ;
mais à la rigueur, on suppléant iti à la 6n , la première per-
sonne se laisse interpréter. Vyadheti est, je crois = v)'flf^tf-
yati, bien que le scoliaste paraisse écrire vyâdhesi que le
mètre ne supporte guère et qu'il semble entendre comme
un dénominatif de vyâdhi.
Quoi qu'il en soit , l'étroite parenté de cette stropbe avec
celle de ni>tre ms. kbarostbi n'est pas moins apparente que
les différences qui Ten distinguent. Du rapprocbement il
ressort qu'il faut, en restituant les anusvàras que le ms. ne
note guère, entendre :
pure (b]i kica(iii) parijaga — ma ta[ih) kica(/h) kicakali adea
ta(ih) tadisa(ih) parikamakicakari(m) no (h)i kica(ih) kica(k)ali adet
Les difficultés ne sont pas supprimées, si le sens général
devient certain. Il y a d'abord la lacune de quatre syllabes :
pour les deux premières, je ne puis jusqu'à nouvel ordre
que maintenir la conjecture en vertu de laquelle j'ai proposé
de compléter parijagarea; parijaga étant parfaitement net,
je ne vois pas comment on pourrait admettre une correspon-
dance littérale avec patikaroti du pâli. Les deux syllabes sui-
vantes devaient être ma nain ou ma tam.
Au troisième pàda parikama , parikarma , est en sonune peu
éloigné de praiikrta; mais le substantif ne peut remplir exac-
tement la fonction du participe. Si krtya n'était dans toute la
strophe employé absolument, au sens de «besoin», pari-
karmakrtya se traduirait ))ien : « ce qu'il y a à faire conune
préparation ». Malgré les difficultés que l'application parti-
culière de krtya dans kicakale parait opposer à cette inter-
prétation, je n'en vois poui*tant pas d'autre à proposer.
Si l'on passe sur i'i cei*tainement fautif de kici pour kica
aux pàdas deux et quatre , il reste encore une pierre d'acbop-
548 NOVEMBRE-DÉCEMBRE IH9H.
peinent dans adta. A en jufrer par le pâli , il faudrait radkta
m» vyathayeya. Une pareille défomiation est trop anormale
pour qu*ii soit aisé rie l'admettre. Mais Teiplication que
j'avais tentée ^=adeyam tombant nécessairement, je n*al
rien à pro|Kiser qui me satisfasse; àdtyya, de àdiyati, ne se
pourrait expliquer, au scn< de prendre, dominer, mahriser,
qu'en violentant d*une façon inquiétante racreption onli-
naire.
K. Se N ART.
orVRAGES OKKKBTS X LA SOlAElk.
(Séanri* du 9 dérrmbrp 1898. ■
Par rindia Office : Journal of the Asialic .Sorirtr of Ben-
gai, July-September 1898. (laicutta, in-8*.
— Proceedings of the Asiatic Society of Bengal, Mav-Juiv
1 898. Calcutta ; in^*.
Par la iSociété : Comptes rendus de l'Académie des inscrip-
tions et W/«-/«//rw, juillet-aoîit 1898: in-8*.
— Bulletin archéologique , année 1897, '^^ livraison. Paris,
1H98; in-S".
— Collections scientifiques de l* Institut des langues orien-
tales du Ministère des affaires étrangères, Vlll. Saint-Péters-
lK)ur^, '897; in-4'.
— Catalogue de bons livres anciens et modernes provenant
de la bibliothèque de feu M. Ch, Schefer, seconde partie.
Paris , 1 898 ; in-8".
— Atti flelle Accademia dei Lincei, Luglio 1898. Roiiin;
— Comité des travaux scientifiques et historiques» Biblio-
graphie; décembre 1897; in-8*.
-^ Bulletin de correspondance hellénique, janvier-octobre
1898. Paris; in-8''.
NOUVELLES ET MÉLANGES. 549
Par les éditeurs : Revue critique, ii"* 46-A9. Paris, 1898;
in.8^
— Bollettino, n" iiog, 3 10. Firenze, 1898; in-8".
— Revue archéologique, sepicinbre-ociohre 1898. Paris;
ill-8^
— Al'Machriq , Tichrin-et-thàiii 1896. Beyrouth; in-8*.
— Al-Zhiyâ, novembre 1898. Le Caire; in-8".
— Revue biblique internationale, années 1895-1898.
Paris; in-8".
— Revue biblique trimestrielle, 189^-1898. Paris; in-8*.
— The GeoyraphicalJoarnal , Deceaibev 1898. London;
in.8-.
— Cataloghi d"i codici orientali di alcunc biblioteche d'Ita-
lia, fasciculo sesto. Firenze, 1898; in-8*.
— Polybiblion , parties technique et littéraire , noveinbi'e
1 898. Paris ; in-8*.
Par les auteui's : A. Barth, Ja' pèlerin chinois I-fsing (ex-
Iraît). Paris, 1898; in-8".
— Schwab, Inscriptions hébraïques en France, du vu* au
\v* siècle (extrait). Paris, 1898; in-8*.
— W. Curetoii, The [estai Letters of Athaïuuius in an
ancient Syriac version. London, 1898; in-8*.
— S. Lu, Easebius on ihe Theophania, a syriac version.
London, 1842; in-8*.
— Khakanov, Les manuscrits géorgiens de la Bibliothèque
nationale, a Paris, 1897; in-8*.
— Stanley et Cook, À Glossary of the Aramaic inscrip-
tions, Cambridge , 1 898 ; in-8*.
— J. Pemichon , Le manuel pratique de la langue abyssine
(amharique) de M. Mondon-Vidailhet. Paris, 1898; in-8*.
— I). S. Margoliouth, Anecdota Oxoniensa, Seniitic
séries, part X, The Letters of Abu'l-Ala, Oxford, 1898;
in-8*.
— D' Otto Paulz, Muliammeds Lchre von der Offen^tarung ,
quellenmassig untersuclit. Leipzig, 1898; in-8*.
550 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
Par les éditeurs : Devëiia, L'écriture da roymiime de Si-Hin
oa Tangoat, Paris, 1898; \n-à*.
— ly A. Socin, Die Sprachê der karden (extrait). Strass -
burg, 1898; in-8*.
— S. W. Bushell, The Hsi H$ia Dynastie of Tangat (ex-
trait), 1898; in.8'.
— M. Gmrant, La stèle chinoise de Ko koa rye (extrait).
Paris, 1898; in-8*.
— Carra de Vaux , Le mahomêtisme , le génie sémitique et
le génie aryen dans l'Islam. Paris, 1898; in-8*.
L'HEXAMiBOIf DE JACQURS D*RDBS8B.
Dans le Journal asiatique, 8* série, tome XJ, p. i55 et
suiv. , Tabbé P. Martin a fait paraître un article sur VHexa-
méron de Jacques d^Edesse , dans lequel il décrit les manuscrits
existants de cet ouvrage. A la page 1 69 , il dit :
«Un concours de circonstances fort singulières amenait
récemment entre mes mains YHexamiron de Jacques d^Edesse ,
ouvrage très rare dans les bibliothèques d'Europe , puisque ,
en dehors de Texemjdaire que je vais décrire ( celui de Lyon ) ,
il n*en existe , je crois , qu'un autre complet à Leyde , et un
autre fragmentaire à Paris. »
11 faut rappeler au public savant l'existence d'un quatrième
exemplaire de cet ouvrage mentionné par Haenel, Cataloqi
Ubrorum manuscriptovum , i83o, p. 186; The Hunterian
Muséum (Glascow) R. 3. ib h,
M. \rthur Hjelt, dans ses études sur VHexaméron de
.Jacques d'Edesse ( Helsingfors , 189a), a publié une partie
du troisième traité d'après le manuscrit de Lyon. Il donne ,
dans des notes placées au bas du texte , les variantes du ma-
nuscrit de Leyde . et il signale dans l'introduction les mau-
vaises leçons et les fautes de copiste du manuscrit de Paris.
Le manuscrit de Glascow, semUable à celui de Leyde,
NOUVELLES ET MÉLANGES. 551
est écrit en cursif et se compose de deux parties : la pre-
mière, comprenant a 55 pages, renferme ÏHexaméron de
Jacques d*Edcsse; Tautre, 49 pages, contient le Physiologas
(quod optis Sancto Basilio nescio qnojure tribnitar^), qui a été
publié par M. Land ^ Mais la liste des chapitres, à la fin du
Pkysiologus de Leyde, et Tindex des péricopes des Evan-
giles pour les offices des Jacobites manquent dans le manu-
scrit de Glascow.
La note , à la fin du manuscrit , de la même main que le
texte , nous apprend (|ue ce manuscrit a été écrit par Fran-
ciscus Maricius (? , mm m \mo) à Paris, Tan i636.
Dans le manuscrit on trouve la plupart des mauvaises le-
çons du manuscrit de Paris, dues vraisemblablement à la
négligence du copiste. Ce fait semble prouver que le manu-
scrit de Glascow est l'original du manuscrit de Paris, original
dont l'existence était inconnue à Renaudot. Mab la question
se pose de savoir si le manuscrit de Glascow a été copié
sur celui de Leyde. H est à remarquer que le manuscrit de
Glascow a les mêmes leçons que le manuscrit de Leyde qui
sont différentes dans le manuscrit de Lyon. Mais le manu-
scrit de Glascow n'a pas les notes arabes à la marge ni les
ligures d'animaux du manuscrit de Leyde. Une note à la lin
de VHexaméron concorde Verbatim dans les deux manuscrits
jusqu'au mois vi au jour; mais, au lieu de Tan 149^ selon
l'ère des Grecs (1 183 après J.-C.) , le manuscrit de Glascow
a Tannée i454 indiquée également en lettres f e y e l • | .
En terminant, je ferai observer que les passages du manu-
scrit de Leyde difficiles à lire ou complètement effacés sont ,
dans le manuscrit de Glascow, très lisibles et concordent
soit avec le texte du manuscrit de Lyon , soit avec celui du
manuscrit de Paris.
T. -H. VVbih (de Glascow).
' J.-P.-N. Laud, Anecdota svriaca, tome I, p. â.
' IbûL, tome IV, p. 33 el «uiv.
552 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898.
BIBLIOGRAPHIE.
La Mission LYOMNUSE D EXPLORATION COMSâEnCIALK K.V ChlIE
(1890-1897). Un fort volume in-i" dr 990 pagi*», avec 9 cartes
en couleurs cl 182 gravures. A. Rey et C", iNlileurs, 4, rue Gen-
til « à Lyon. Prix : 35 franc», franco : 20 i'r. 5o.
Voici un livre d'actualité, s*il en fut, en présence de
Tacuité avec laquelle continue à se poser la question chinoise
et de Tintërét qu'y porte de plus en plus le public. La
Chambre de commerce de Lyon , a laquelle on doit déjà de
si belles et de si utiles publications, notamment celle sur
r£x|>osition coloniale de Lyon en 1894^ n*a pas voulu borner
an Rapport général sommaire, rédigé à son retour, le sou-
venir des travaux de la Mission dont elle avait pris Tinitiative
en 1896 , au lendemain du traité de Simonosaki. l^e a confié
à M. Henri Brenier, qui a eu la charge de la Mission pendant
la plus grande partie de son exploration — après la rentrée
en France de son premier chef, M. le consul Rocher — la
lâche de rédiger le récit des voyages, et de m ^ttre en ordre
les travaux des douze membres de la Mission , qui a duré
deux années.
Cela nous vaut une très l)elle publication, où le com-
merçant, le géographe, l'économiste et même le simple
amateur de voyages trouveront 'amplement de quoi puiser.
Le livre comprend deux divisions : Récits de voyages et
Rapports commerciaux.
Dans la première partie. Récits de voyages, nous suivi ms
la Mission dans ses pérégrinations de 30,000 kilomètres a
travers des régions de la Chine en majeure paiiie inconnues.
Des descriptions de paysages, des détails de mœurs, de cu-
rieuses anecdotes permettent de se faire une idée exacte iic
l'inléric'ur de la Chine, resté jusquici mystérieux pour le
grand public européen. Deux cents gravures accompagnent
NOUVELLES ET MÉLANGES. 553
ces récits et forment un commentaire vivant et des phis inté-
ressants du texte.
La deuxième partie est consacrée aux divers Rapports com-
merciaux, qui se divisent en deux séries. La première com-
prend les études sur les provinces plus particulièrement
visitées par la Mission lyonnaise : le Yun-nan , le Kouang-si ,
le Kouitcheou et le Se-tchouan. Klles sont pleines de détiils
instructifs sur le conunerce et la production des pays étudiés
par la Mission. Les neuf cartes inédites qui y sont jointes ne
sont pas un des moindres mérites de la publication.
La deuxième série se compose des rap]>orts dressés par les
spécialistes, sur les mines et In métallurgie; sur la soie; sur
le coton et les cotonnades; sur les corps gras et les huiles:
sur la circulation monëtnire dans l'intérieur de la Chine et
Tinfluence de la baisse de Targent, etc. Des notes nom-
breuses les complètent.
Enfm , dans les conclusions du volume , M. Brenier s'est
efforcé d'appeler l'attention, d'une façon précise, sur l'avenir
de notre commerce avec la Chine, et sur le rôle que notre
magnifique colonie indo-chinoise est appelée à jouer à ce
point de vue.
Bref, après le service qu'elle a rendu — avec les cinq
Chambres de commerce (jui se sont associées à elle : Mar-
seille, Bordeaux, Lille, Boubaix et Boanue — en envoyant
une mission spéciale en Chine au moment le plus opportun ,
puisque cinq sur dix des explorateurs sont retournés fonder
des établissements en Extrême-Orient , la Chambre de com-
merce de Lyon couronne son œuvre d'intérêt public en met-
tant, comme elle se l'était promis, à la disposition de tous,
sous une forme attrayante dont le sérieux n'exclut pas l'art
le plus agréable, les renseignements dont elle voudrait voir
profiter tout le commerce français.
Le géruiU ,
RuBENS DUVAL.
XII. 36
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME XII, 1\® SÉRIE.
MEMOIRES ET TRADUCTIONS.
Procès-verbal de la séance générale du 32 juin 1898 5
Rapport de la Commission des censeurs sur les comptes de
l'exercice 1897, lu dans la séance générale du 23 juin 1898. 10
Rapport de M. Specht, au nom de la Commission des fonds,
et comptes de Tannée 1 897 1 1
Ouvrages oflerts à la Société [séance du as juin 1898) . .... i4
Tableau- du Conseil d'administration conformément aux no-
minations faites dans l'assemblée générale du 3 3 juin 1 898 . 17
Liste des membres souscripteurs par ordre alphabétique .... 19
Liste des membres associés étrangers suivant Tordre des nomi-
nations 37
Liste des sociétés savantes et des revues avec lesquelles la So-
ciété asiatique échange ses publications 37
Liste des ouvrages publiés par la Société asiatique 4o
Collection d'auteurs orientaux 43
Le monstre Rahab et l'histoire biblique de la Création
(M. Alfred Loisy) 44
Notes d'épigraphie et d'archéologie orientale ( M. J.-B. Chabot). 68
Le dialecte de Ma'iula; grammaire, vocabulaire vi textes
(M. Parisot.) [Suite et fin.l n4
Le ms. kharosthi^ du Dhanimapada. Les fragments Du treuil .
de Rhins (M. E. Se5art) 193
Ibn Khaldoun, Histoire des B:!nou'l-Ahmar, rois de Cîrenade
(trad. par M. GaudefroyDemombyiies) 309
556 NOVEMBRE. DÉCEMBRE 1898.
L*ère de Marathos de Phénicie (D* Juies Rouitier] 36 1
Ibn Khaldoun , Histoire des- Benoul-Ahmar, rois de Grenade
(trad. par M, Gacdsproy-Demomaynes). [Suite] 4<»7
Sur quelques inscriptions de Tlnde [M. A.-M. Boyer) |63
La presse périodique japonaise ( M. M. C/Oiraxt] ho\
NOUVELLES ET MÉLANGES.
>77
Numéro de juillet-août 1 898
L. Fber. Sp^inien de la langue lepcha (ou rong] 1 77
Biblii^raphie : Notice bibli(^raphique sur quelques publications
des missions du Tchî-li sud-est et du liiang nan (M. Col a art). —
Index to the Jataka , etc. , by Dînes Andersen ( L. Feek) 1 89
Numéro de septembre^ictobre 1 898 3i t
Bibliographie : Annonces bibliographiques (E. Droiin). — No-
tice sur un nouveau ms. de VOtoechus de Sévère d*Antioche, et sur
laateur Jacques Philoponus, distinct de Jacques d*Edesse (F. Nac).
— L*Ecclésiastiqae ou la sagess<r de Jésus hls de Sira , trad. et comm.
par Isr. L6vi (Maver Lamobri ). — H. Keni. Een hlik op het io-
disch tooneel (L. Finot). — Découvertes de M. CaM. Pans (J. Ar-
M0!«IBR) 3^1
Numéro de novenibreKlérembre 1 898 53 1
Procès-verbal de la séance du 1 1 novembre 1 89S 53 1
Ouvrages offerts ù la Société .53 1
Procès-verbal de la séance du 9 décembre 1898 S39
Annexes au procrs-verbal.
Notes sur IcBuddliacarita (L.Finot). — Sur un passage du manu-
scrit Dutrcuil de I\hiiis ( E. Senaht) àki
Ouvrages offerts à la Société 548
Note sur rilexaméron de Jacques d'Édesse (T.-H. W fir, de Glascow ). .*)So
Ribliographie : \a mission lyonnaise (rexploration en Chine. ... à&a
Planches I à V, fac-similé des fragments Dutreuil de Rhins.
ADDITION X LA TAULE DU TOME XI.
Lne monnaie Tangoulaine, par S. U . Bushell 72
AVIS AU RELIEUR.
Les cinq planches ci-incluses appartiennent au
mémoire de M. Emile Senart , intitulé : Le manascrit
kharostlii du Dhammapada; Les fragments Dutreail
de Rhins, et paru dans le n"* i (sept.-oct. 1898 du
Journal asiatique, p. igS à 3o8). Elles devront être
placées immédiatenient à la suite de ce mémoire,
après ia page 3o8.
JOURNAL ASIATIQUE
KECUEIL DK MKMOIliES
D'FAI'IlAn.S ET lu; NOTICES
I1EI.ATII.S X l.-ij[ân)lltl£, À l.l [■llll.OSIII'IIIK, Al "i I.AMÏLES
ET X LA LITTBDATUiŒ IIKS l'Kl l'I.KS n[tlE.\TAl\
KT l'DiïLii'. l'VR i.,\ s(i(:ir:Ti': asiatiiiuk
iVEUVIEME SKIUK
TOME XI!
N' ;i — >OVE\IIlllE DKCKMBnE I89H
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vanc.'. uiU li™ le «Tcinil viMi.liLili .1.1 .«uii. a 1 K-ur« .-l .l«mi.',
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Voyages d'Ibn Batoutah, le\lc urabe et traduction, par MM. Defr^'incrv e\
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Précis di. .11. nispnnu.Nri; mi m i.mwi:, snlxjinl Ir rite nialékile, par Sidi hlutlil.
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traduite en français, par M. 7V«M«r. o vol. in 8" 2i> fr.
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Tome VII , in-.i" i a (r,
RECUEIL DE VOYAGKS KT DK DOCl-MENTS
POUR SEIVVIR À I/H1ST()II\K DK l.\ GKOGKAPHIE ,
TOME W.
DESCRIPTION DE L VFRIQUE,
l'AP. Fj-:()\ i;\n;u:\i.\.
Nouvelle «flllion, tinnoléo par Ch. Solu'l'er, iiii'inbr' «le Tliistilut. Tome III an Ir,
SOCIKTK DK (iÉO(;nVi>IilK DK P VHIS.
RAPPORTS AN.MELS SUR LES PROGRÈS DK LA Gr-OGRAPHIE,
I8r)7-189i>,
PAi; c M Al. Non;,
si:.cnËTAli:r. r.Évt.r.vi. di: i.\ r.nviMis<>ioN (Kntkai.r.
Tome m (i8h."i-i8«|r. - Un iori v<»l. iii-S", ;i\(.»;' <|i' mmibriMiscs carli-s i5 Ir
RIBLIOTIIKQUE -NATIONALE.
LWE.NTAIRE SOMMVIRE DES UAMSCRITS (iRECS
DE LV HinLIOTIlÈQUE NATIONALE
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IL N** i70Di)-i8'>76 du fomis friiiraU» par H. (W^t^v «;V\*. Kv^t^w "A"^- -^