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Full text of "Journal asiatique"

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JOURNAL  ASIATIQUE 


NEUVIÈME    SÉRIE 


TOME  XII 


i 


JOURNAL  ASIATIQUE 

RECUEIL  DE  MÉMOIRES 

D'EXTRAITS  ET  DE  NOTICES 

RELATIFS  À  L'HISTOIRE,  À  LA  PHILOSOPHIE.  AUX  LANGUES 
ET  À  LA   LITTÉRATURE    DES  PEUPLES   ORIENTAUX 


ET  PUBLIE  PAR  LA  SOCIETE  ASLITIQUE 


NEUVIEME  SERIE 
TOME   XII 


PARIS 
IMPRIMERIE    NATIONALE 

EBNEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

HUE  HOniPAIITE,  l8 

M  DCCC  XCVIII 


JOURNAL  ASIATIQUE 

JUILLET-AOÛT  1898. 
PROCÈS-VERBAL 

DE   LA  SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  22  JUIN  1898. 


La  séance  est  ouverte  à  trois  heures ,  sous  la  pré- 
sidence de  M.  Barbier  de  Meynard ,  président. 

Etaient  présents  :  MM.  Oilivier  Beauregard ,  De- 
véria,  Houdas,  Sonneck,  M"  de  Vogué,  R.  Duval, 
J,-B.  Chabot ,  Perruchon ,  Decourdemanche ,  Halévy, 
Gabaton,  Courant,  de  Charencey,  Mayer  Lambert, 
Foucher,  Guimet,  L.  Feer,  Aymonier,  F.  Nau, 
Oppert,  René  Claparède,  Finot,  Barth,  V.  Henry, 
E.  Drouin,  secrétaire  adjoint. 

11  est  donné  iectvure  du  procès-verbal  de  la  séance 
du  2  2  juin  1897  ^^  ^^  procès-verbal  de  la  séance 
mensuelle  du  1 3  mai  dernier.  Ces  deux  procès-ver- 
baux sont  respectivement  adoptés. 

M.  le  Président  prend  ensuite  la  parole  en  ces 
termes  : 

Vous  connaissez,  Messieurs,  les  motifs  qui,  cette  année 
•encore ,  privent  la  Société  asiatique  du  plaisir  d'entendre  la 
lecture  du  rapport  cjui  a  été,  presque  depuis  Torigine  de 
notre  Société,  le  principal  attrait  des  séances  générales. 
M.  Cha vannes  est  retenu  loin  de  nous  par  des  raisons  de  santé 


6  JUILLETAOÛT  18*98. 

et ,  bien  que  les  nouvelles  soient  meilleures ,  il  n'aurait  pu , 
malgré  tout  son  dévouement ,  se  consacrer  à  un  travail  qui 
exige  de  longues  enquêtes  et  une  a[)plication  soutenue ,  clioscs 
qui  lui  sont  absolument  interdites.  Nous  ne  pouvons  donc 
aujourd'hui  (jue  faire  des  vœux  pour  que  le  rétablissement 
de  sa  santé  lui  permette  de  reprendre  bientôt  sa  place  parmi 
nous  et  de  poursuivre  les  études  qui  lui  ont  valu  Testime  du 
monde  savant. 

J'aurais  bien  voidu ,  Messieurs ,  —  et  c'était  presque  mon  de- 
voir, —  vous  présenter,  à  défaut  du  rap[)ort  annuel ,  un  aperçu 
rapide  des  travaux  accomplis  tant  en  France  qu'à  l'étranger, 
depuis  le  dernier  congrès  des  Orientalistes  ;  et  cette  revue , 
si  sommaire  et  incomplète  qu'elle  eût  été,  aurait  montre 
quelle  part  honorable  la  Société  continue  d(î  ])rendre  aux 
progrès  des  études  orientales.  Mais  à  mon  tour  je  suis  obligé 
de  me  récuser. 

Par  un  inévitiible  concours  de  circonstances,  je  me  trouve 
obligé  de  donner  en  ce  moment  tout  mon  temps  aux  examens 
de  l'Ecole  des  langues  orientales  et ,  je  vous  demande  pardon 
d'entrer  dans  ce  détail  personnel ,  aux  mille  soucis  d'une  in- 
stallation nouvelle  qu'il  ne  m'a  pas  été  possible  de  reporter 
à  un  autre  jour.  Je  ne  puis  donc  que  faire  appel  à  votre  indul- 
gence et  vous  remercier  de  la  collaboration  que  vous  m'avez 
apportée  au  cours  de  l'année  qui  vient  de  s'écouler.  Cette 
année,  nous  pouvons  reconnaître  avec  satisfaction  qu'elle  a 
été  bonne  et  bien  remplie ,  bonne  pour  nos  finances  comme 
pour  nos  travaux  scientifiques  ;  vous  en  trouverez  la  preuve 
dans  le  rapport  des  censeurs,  dont  notre  confrère  M.  Duval 
VA  vous  donner  lecture ,  et  dans  notre  Journal  qui  continue 
régulièrement  sa  marche.  Malgré  la  concurrence  que  nous 
fait ,  —  et  nous  sommes  bien  loin  de  nous  en  plaindre ,  — 
la  prochaine  publication  de  trois  volumes  du  Congrès  de  1 897, 
nous  ne  manquons  ni  de  matériaux  pour  notre  recueil  pério- 
dique, ni  de  ressources  pour  la  continuation  de  notre  Col- 
lection d'antears  orientaux.  Et  c'est  sur  ces  deux  choses, 
Messieurs,  le  Journal  et  la  Collection  orientale,  que  nous  de- 


SÉANCE   GÉNÉRALE.  7 

vons  concentrer  nos  efforts,  parce  qu'elles  sont  notre  prin- 
cipale raison  d'être  et  la  nieilleûre  preuve  des  services  que 
notre  Société,  vieille  de  77  ans,  ne  cesse  de  rendre  îi  la 
marche  en  avant  de  l'érudition  orientale. 

M.  R.  Duval  lit  ie  rapport  de  la  Commission  des 
censeurs  sur  les  comptes  de  1897.  '^'  ^^  Président 
remercie»  au  nom  de  la  Société,  les  membres  de 
cette  Commission  et  de  la  Commission  des  fonds. 

Plusieurs  membres  expriment  le  désir  que,  sur 
les  sommes  disponibles  provenant  chaque  année  de 
lexcédent  des  recettes  sur  les  dépenses,  il  soit  pré- 
levé une  somme  à  déterminer,  dont  une  partie  serait 
aflFectée  à  lacquisition  de  livres  et  à  l'abonnement 
de  revues  périodiques;  le  surplus  servirait  à  la  pu- 
blication de  textes  et  de  traductions  d  ouvrages  orien- 
taux par  les  soins  de  la  Société,  ou  à  encourager,  au 
moyen  d  une  subvention ,  les  travaux  des  orientalistes. 
Ce  vœu,  qui  est  appuyé  par  M.  le  Président,  est  ren- 
voyé au  bureau  et  à  la  Commission  des  fonds. 

Sont  présentés  et  reçus  membres  de  la  Société  : 

MM.  Bonet  fJean),  professeur  de  langue  annamite 
à  TEcole  des  langues  orientales  vivantes, 
demeurant  à  Paris ,  rue  Grellulhe ,  7  ;  pré- 
senté par  MM.  Houdas  et  Barbier  de  Mey- 
nard. 
Mondon-Vidailhet,  chargé  du  cours  de  langue 
abyssine  (amharique)  c^  TEcole  des  langues 
orientales,     demeurant     à    Saint-Gaudens 


8  JUILLET-AOÛT  1898. 

(Haute -Garonne);  présenté  par  MM.  Alric 
et  Barbier  de  Meynard. 

Nicolas  (A.  L.  M.),  premier  drogman  de  la  Lé- 
gation de  France  à  Téhéran  (Perse)  ;  présenté 
par  MM.  Houdas  et  Barbier  de  Meynard. 

Bianc  (Edouard),  explorateur  en  Asie,  de- 
meurant à  Paris ,  rue  de  Varennes ,  5  2  ; 
présenté  par  MM.  Senart  et  Drouin. 

M.  Guimet  fait  hommage  à  la  Société  d  un  exem- 
plaire du  Catalogue  des  objets  provenant  des  fouilles 
entreprises  dans  la  nécropole  d'Antinoë  (Egypte)  en 
1896  et  1897,  et  actuellement  exposés  dans  le  Musée 
de  la  place  d'Iéna.  Ce  catalogue  a  été  rédigé  par 
M.  A.  Gayet,  qui  a  dirigé  l'exploration.  M.  Guimet 
invite  ensuite  les  membres  de  la  Société  à  assister 
lundi  prochain  2  y  juin  à  une  cérémonie  bouddhique 
qui  sera  célébrée  au  Musée  Guimet  par  un  prêtre 
tibétain,  lama  de  la  secte  jaune  [gelagpa),  Agouan 
Dordji,  Mongol  bouriate  de  Transbaïkalie ,  délégué 
du  Dalaï-lâma  de  Lhâsa  auprès  du  czar  de  Russie  et 
de  la  République  française,  assisté  de  Buddha  Rab- 
danoff,  Mongol  kalmouk,  son  interprète. 

M.  Tabbé  J.-B.  Chabot  donne  lecture,  au  nom  de 
M.  Tabbé  A.  Loisy,  dun  mémoire  de  ce  dernier  in- 
titulé :  Le  monstre  Rahab  et  l'histoire  biblique  de  la 
création.  Ce  mémoire  paraîtra  dans  le  Journal  asia- 
tique (voir  ci-après  p.  !\!x). 

M.  Foucher  communique  à  la  Société  quelques 


SEANCE  GENERALE.  9 

détails  sur  son  voyage  dans  Tlnde  (1896),  notam- 
ment en  ce  qui  concerne  les  découvertes  archéolo- 
giques qu'il  a  faites  dans  la  vallée  du  Svât  ;  il  présente 
en  même  temps  des  photographies  quil  a  prises  lui- 
même,  de  stoupas,  de  bas-reliefs  et  de  statues  boud- 
dhiques. M.  Foucher  a  pu  accomplir  sa  mission 
grâce  à  la  protection  des  officiers  anglais,  le  pays 
étant  alors  en  insurrection. 

11  est  ensuite  procédé  au  dépouillement  du  scrutin 
pour  la  nomination  du  Bureau  et  du  Conseil  d'ad- 
ministration. Les  membres  sortants  sont  réélus  h 
iunanimité. 

La  séance  est  levée  à  six  heures. 


10  JUILLET-AOÛT  J898. 


RAPPORT 

DE  LA  COMMISSION  DES  CENSEURS 

SUR  LES  COMPTES  DE  L'EXERCICE  I897, 
LU  DAI«)S  LA  SÉANCE  GENERALE  DU   '12  JUIN  1898. 


Messieurs , 

Nous  devons  à  la  vigilante  administration  de  noire  com- 
mission des  fonds  un  nouvel  accroissement  du  capital  de 
réserve.  La  Commission,  ne  prévoyant  aucune  dépense  ex- 
traordinaire pour  l'exercice  1897,  a  employé  les  fonds  libres 
de  Texercice  précédent  à  l'achat  de  vingt  obligations  de 
l'Est  3  0/0,  qui  ont  accru  de  a 88  francs  le  revenu  de  nos 
valeurs  mobilières. 

Nous  n'avons  pas  d'observations  à  vous  présenter  îiu  sujet 
des  dépenses  et  dos  recettes,  qui  se  maintieiment  aux  mêmes 
cliilTrcs  et  ne  varient  pas  d'une  manière  sensible.  Les  publi- 
cations orientales  de  la  Société  n'ont  nécessité  aucune  dé- 
pense spéciale;  cette  circonstance  explique  l'importance  du 
solde  créditeur  au  3i  décembre  1897,  lequel  s'est  élevé  à 
la  somme  de  1 1 ,010  fr.  79,  environ  la  moitié  de  nos  recettes 
totales.  Nous  espérons  que  les  publications  nous  réclame- 
ront, cette  année,  une  partie  de  ce  reliquat. 

Grâce  à  Tétat  prospère  de  ses  fmances,  la  Société  est  en 
mesure  de  continuer  son  aide  aux  orientidistes  dont  les  tra- 
vaux sont  trop  étendus  pour  être  imprimés  dans  son  Journal, 
et  d'exercer  sa  mission  scientifique  au  delà  des  limites  d'un 
j>ériodique. 

R.    DUVAL,    O.    HOUDAS. 


KAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DES  FONDS.         II 


RAPPORT  DE  M.  SPECHT, 

AU  NOM  DE  LA  COMMISSION  DES  FONDS, 

ET  COMPTES  DE  L'ANNÉE  1897. 


Messieurs , 

Votre  commission  des  fonds  a  cru  devoir  placer  le  reli- 
quat de  l'année  dernière;  elle  a  acheté  20  obligations  du 
chemin  de  fer  de  l'Est. 

Quoique  les  dépenses  soient  presque  toujours  les  mêmes , 
cette  année  les  frais  d'impression  du  Journal  asiatique  ont  été 
un  peu  plus  élevés  (â/i  1  francs  d'excédent)  à  cause  du  grand 
nombre  de  planches. 

Les  cotisations  ont  monté  à  ia5  au  lieu  de  1 13;  les  coti- 
sations arriérées  à  67  au  lieu  de  43.  Espérons  que  la  ren- 
trée des  cotisations  continuera  à  être  plus  régulière.  Nous 
n'avons  pas  eu ,  cette  année ,  à  payer  l'impression  d'un  nou- 
veau volume  de  la  Collection  des  auteurs  orientaux,  aussi 
les  dépenses  ont  été  de  i3,:î38fr.  96  et  les  recettes  de 
aa,43ofr.88. 


12  JUILLET-AOÛT  1898. 


COMPTES 


DEPENSES. 


f  .t« 


1,371' i5 


Honoraires  de  M.  E.  Leroux,  libraire,  pour  le  recouvre- 
ment des  cotisations 6o3'  00* 

Frais  d*envoi  du  Journal  asiatiqae 878  00 

Ports  de  lettres  et  de  paquets  reçus 60  ao 

Frais  de  bureau  du  libraire 98  00 

Dépenses  diverses  soldées  par  le  libraire aSigS 

Honoraires  du  sous-bibliothëcairc 1,200  00 

Service  et  étrennes aSg  00 

Cbaufiage,  éclairage,  frais  du  bureau i33   10 

Reliure  et   achat  de  livres  nouveaux    pour  complélcr  \  , 

les  collections /170  85     ' 

Contribution  mobilière 76  o5 

Contribution  des  portes  et  fenêtres 17  5o 

Assurance 67  5o 

Frais  d'impression  du  Journal  asiatique  en  1896 7*3 a ii   i5 

Payé  à  M.  Dujardin ,  frais  des  planches  pour  le  Journal.      469  65     }         8,393  80 
Indemnité  au  rédacteur  du  Journal  asiatique Goo  00 

Souscription  au  recueil  VOrientalische  Bibliographie « a  00  00 

Sociitd  générale.  Droits  de  garde ,  timbres ,  etc 70  00 

Total  des  dépenses  de  1897 1  a,a38  95 

Achat  de  30  obligations  de  5oo  fr.  (3  p.  0/0)  de  TEst  nouveau 9,61 5   i5 

Es|)èces  eu  compte  courant  à  la  Société  générale  au  3 1  décembre  1897.       11,010  79 


Enskvble 3a,86i&  89 


RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  DES  FONDS.      13 


«NÉE  1897. 


RECETTES. 


156  eolMationfl  de  1897 

67  ootÎMtioiifl  arriéréef. 

I  ooCitAtîon  i  YÎe 

157  «boiuiemeiiis  au  Journal  atiatique 

Vente  des  pablications  de  la  Sodélë 

Intérèls  des  fondi  place»  : 

1*  Rente  sor  FEtat  3  p.  0/0 

—        —     3  i/a  p.  0/0 

L^  Sanguineiti  (cnreotc  3  1/3  p.  0/0) 

a*  ao  obligations  de  TEst  (nouveau)  [3  p.  0/0]. . . 

3*  60  obligations  d*Orléans  (3  p.  0/0) 

à*  58  obligations  Lyoo-fusion  (  3  p.  0/0  )  ancien . . 
4o         —  —  —  nouveau. 

5*  60  obligations  de  TOuest 

6*  80  obligations  Crédit  foncier  i883  (3  p.  0/0 }. . 

7*  9  obligations  communales  1 880 

8*  3o  obligations  Est-Algërien  (  3  p.  0/0] 

9*  5o  obligations  Méchéria  (  a*  semestre) 

10*   10  obligations  de  la  C'*  des  wagons-lits 

1 1*  I  obligation  des  Messageries  maritimes 

[nlëréts  des  fonds  disponibles  déposes  à  la  Société  gd- 


Conscription  du  Ministère  de  Tinstruction  publique. . . 

Caftdît  ailoné  par  Tlmprimerie  nationale  (pour  1896) 
en  fUgtèwiiiKiit  des  frais  d*impression  du  Journal 
amal^uê 


3,750'  oo* 
1,980  00 

3oo  00 
a,54o  00 

^3  2  90 

1,800  00 
35o  00 
3 18  00 
288  00 
86^  00 
780  o^ 
537  96 
86A  00 

1,106  00 
129  60 
63a  00 
676  10 
a  00  00 
i5  83 

76  A5 
a, 000  00 

3,000  00 


1 


t  ^^* 


8,99a'  90" 


8,637  98 


5,000  00 


Total  des  recettes  en  1897 aa,63o  88 

Stpèoesen  compte  courant  à  la  Société  générale  au  3i  décembre  de 
Tannée  précéaente  (1896). io,636  01 


Total  ^al  aux  dépenses  et  à  rencaisse  au  3i  décembre  1897.. .     3a,8€6  89 


|/|  JUILLET-AOÛT   1898. 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA    SOCIÉTÉ. 


Par  rindîa  Office  :  The  Plea^mê  in  Iiidia,  4  voliinics  1898, 
Siinla;  in-4°. 

—  Indian  Antiqaary,  December  1897.  Bombay;  in-4'. 

—  Rapport  on  publications  issaed  and  registered  in  the  sève- 
rai  Provinces  ofBritish  India  dtiring  the year  1896,  Calcutta, 
1898;  in-fçlio. 

Par  le  Ministère  de  rinstiniction  publique  :  Annules  du 
Masce  Guimet,  Bibliothèque  d'études,  tome  VI.  —  Mission 
d'Etienne  Aymonier,  Voyage  dans  le  Laos,  tome  IL  Paris, 
1898;  in-8*.  — Tome  VII,  Les  Parsis,  histoire  des  communautés 
zoroastriennes  dans  l' Inde ^  pari).  Menant.  Paris,  1898;  in-8*. 

—  V.  Cuinct,  La  Turquie  d'Asie,  géographie  administra- 
tive; 4  volumes.  Paris,  1891-1895;  in-8°. 

—  Les  Musées  d'Algérie  et  de  Tunisie,  6  fascicules,  1890- 
1898.  Paris,  in-8\ 

—  Nouvelles  archives  des  missions  scientifiques,  8  volumes, 
1891-1897.  Paris,  in-8*. 

—  F.  de  Méiy  et  H.  Com*el ,  Les  lapidaires  chinois.  Paris , 
1 896  ;  in-4". 

—  Publications  de  TEcole  des  langues  orientales  vivantes  : 
Les  populations  finnoises  des  bassins  du  Volga  et  de  la  Kama, 
par  J.-N.  Smirnov.  Etudes  d'ethnographie  historique ,  tra- 
duites du  russe  et  revues  par  J.  Boycr.  Première  partie  : 
groupe  de  la  Volga.  I,  Les  Tcheremisses,  les  Mordves.  Pa- 
ris, 1898;  in-8*. 

Par  la  Société  :  Bulletin  de  la  Société  de  géographie^  4* tri- 
mestre 1896  et  1"  trimestre  1898.  Paris,  in-S". 

—  Comptes  rendus  des  séances.  Bulletin  de  la  Société  de 
géographie.  Avril  1898;  in-8°. 

—  Atti  délia  R.  Accademia  dei  Lincei.  Febbr.ijo  et  Marzo 
1898,  Roina;  in-4°. 


OUVRAGES   OFFERTS.  15 

Par  la  Société  :  Reiidiconli  délia  R.  Accademia  dei  Lincei, 
Vni,  3  et  à.  Roma,  1898;  in.8°.     / 

—  Balletin  de  l'Institut  égyptien,  mai  et  uovembre  1897. 
Le  Caire;  in-8**. 

—  Monuments  de  l'art  arabe,  lasc.  1 3.  Le  Caire,  1 898  ;  111-8**. 

—  Zeitschrijl  der  deatschen  morgenlândiscken  GesellschaJÏ. 
I.  ilei'i.  Leipzig  ;  iii-8'*.' 

—  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux  histo- 
riques et  scientifiques.  Année  1897,  a*  livraison.  Paris,  1898; 

—  Transactions  ofthe  Asiatic  Society  of  Japon.  Deccmber 
1896;  in-8'. 

Par  les  éditeui*s  :  Revue  critique,  n"  ao-a4.  Paris,  1898; 
in.8*. 

—  Graetz,  Histoire  des  Juifs,  tome  V.  Paris,  1897;  iu-8". 

—  Bollettino ,  n!*  39a.  F'irenze,  1898;  in-8*. 

—  The  Coptic  version  of  the  New  Testament  in  the  Nor- 
thern Dialects,  Oxford ,  1 898  ;  1  volumes  in-8". 

—  El'Machriq,  n"  de  mai  et  de  juin  1898.  Bcymutb; 
iii-8% 

—  Polybiblion,  parties  technique  et  littéraire.  Paris,  mai 
et  juin  1898;  in-8*. 

—  American  Journal  of  aixhœology ,  July-October   1897. 

—  Revue  de  l'histoire  des  religions,  novembre-décembre 
1897,  janvier-février  1898.  Paris;  in-8". 

T—   The  Geographical  Journal,  June  1898.  London;  in-8'. 

—  Tke  American  Journal  of  philology,  April  1898.  Bal- 
timore; in-8*. 

—  Ararat,  mai  1898;  Etchmiadzîn. 

Par  les  auteurs  :  J.-B.  Chabot,  Regulœ  monasticœ  seculo  iv, 
ab  AbraJianwfundatore  et  Dadjesu  reclore,  conventus  Syrorum 
in  monte  Izla,  Roma ,  1898  ;  iu-8'. 

—  M.  Courant,  Lecture  japonaise  du  chinois  (extrait). 
Paris,  1897;  in  8°. 


16  JUILLET-AOÛT  1898. 

Par  les  auteurs:  Ë.  Guimet,  Plutarqae  et  l'Egypte  (ex- 
trait). Paris,  1898   in-8«. 

—  Andrée  de  Paniagna,  Le  peuple  des  dolmens,  Paris, 
1898;  in-8*. 

.  —  Le  même ,  Les  sanctuaires  de  Kamak  et  de  Locmariaker, 
Paris,  1897;  in-8". 

—  E.  Drouin,  Légendes  des  monncdes  sassanides  (extrait). 
Paris,  1898;  in-8*. 

—  M.  de  Motylinski ,  Dialogue  et  texte  en  berbère  de  Djerba, 
Paris,  1898;  in-8'. 

—  L.  Msériantz,  Dialectologie  arménienne  (en  iiisse). 
Moscou,  1898;  in-8*. 

—  Le  même,  Deux  monastères  savants  des  Mékhitaristes 
(en  russe).  Moscou,  1898;  in-8''. 

—  Salih  Zéki,  Notation  algébrique  cJiez  les  Orientaux  (cn- 
trait).  Paris,  1898;  in-8*. 

—  J.-A.  Decourdemanche ,  Les  ruses  des  femmes ,  traduit 
du  turc.  Paris ,  1 896  ;  in-8*. 

—  Jean  de  Paoly ,  Code  civil  et  pénal  du  judaïsme.  Paris , 
1896;  in-8*. 

—  E.  Carnioly,  Paraboles  de  Sendabar  sur  la  ruse  des 
femmes,  traduite  de  Thébreu.  Paris,  18^9;  in-8*. 

—  A.  Gayet,  Antinoé  pendant  les  fouilles  de  1898,  expo- 
sées  au  Musée  Guimet  du  22  mai  au  30  juin  1898,  Paris, 
in-ia. 

—  G.  DevérisL^  Musulmans  et  Manichéens  chinois  (extrait). 
Paris,  1898;  in-8*. 

—  N.  Kondakof,  J.  Tolstoi  et  S.  Ueinach,  Antiquités  de 
la  Russie  méridionale.  Paris ,  1891;  grand  in-4*. 


TABLEAU  DU  CONSEIL  D'ADMINISTRATION.  17 


TABLEAU 

DU  CONSEIL  D'ADMINISTRATION 

COSirORMBMnT    AUX   ROMIIIATIOIIS    FAITES   DANS    LUSSEMBLiB   GBIfBRALB 

DU  a  a  JUIN  189S. 


PRESIDENT. 

M.  Barbier  de  Meynard. 

VICE-PRESIDENTS. 

MM.  E.  Senart. 
Maspero. 

SECRETAIRE. 
M.    CUAVANNES. 

SECRETAIRE  ADJOINT  ET  BIBLIOTHECAIRE. 

M.  E.  Drouin. 

TRESORIER. 

M.  le  marquis  Melchior  de  Vogué. 

COMMISSION  DES   PONDS. 

MM.  Glermont-Ganneau. 
Drouin. 
Specht. 

CENSEURS. 

MM.  Rubens  Duval. 

HoUDAS. 

MI.  a 


J8  JUILLET-AOÛT  1898. 

MEMBRES  DU  CONSEIL. 

MM.  DE  Chârencey. 

Âymoniea. 

A.  Barth. 

H.  Derenbourg.    1     ,>,,  o   o 

4.  .     .    T  ,  >     fcilus  en  lOQO. 

oylvam  LÉvi.         [  ^ 

Clément  Hcart. 

Carra  de  Vaux. 

Deveria. 

Oppert. 

J.  HaliJvy. 

Michel  Bréal. 

Ph.  Berger.  ,     ^,  ^ 

„  )     hius  en  1007. 

ilOUDAS.  /  ^  ' 

CORDIER. 

DiEULAFOY. 

Perrughon. 
V.  Henry. 

L.  FiNOT. 

Moïse  ScHWAn. 

j  xr  )     Elus  en  i8q6. 

J.  ViNSON.  i  ^ 

Gl'IMET. 

J.-B.  Chabot. 
Rubens  Duval. 


LISTE  DES  MEMBRES.  19 


SOCIÉTÉ  ASIATIQUE. 


I 

LISTE  DES  MEMBRES  SOUSCRIPTEURS, 

PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE. 

Nota,  Les  noms  marqués  d*un  *  sont  ceux  des  Membres  i  vîe. 
L'ACADEMIE  DES  INSCRIPTIONS  ET  BeLLES-LeTTRES. 

MM.  Allaoua  BEN  Yahya,    interprète  judiciaire  à 
Marnia  (département  d'Oran.) 

Allotte  de  La  Fuye,  lieutenant-colonel,  direc- 
teur du  génie,  à  Nantes. 

Alric,  consul  de  France,  secrétaire-interprète 
du  Gouvernement  pour  les  langues  orien- 
tales, rue  Saint-Jacques,  160,  à  Pari5. 

AssiER  DE  PoMPiGNAN,  lieutenant  de  vaisseau, 
rue  Saint-Jacques ,  4  4 ,  à  Marseille. 
*  Aymonier  (E.),  directeur  de  TÉcole  coloniale, 
avenue  de  TObservatoire ,  2  ,  à  Paris. 

Bibliothèque  Amdrosienne,  à  Milan. 
Bibliothèque  de  l Université,  à  Utrecht. 


a . 


20  JUILLETAOÛT  1898. 

Bibliothèque  universitaire,  à  Alger. 
Bibliothèque  Khédiviale,  au  Caire. 
MM.  Barbier  de  Meynard,  membre  de  flnstitut,  pro- 
fesseur au  Collège  de  France,  administra- 
teur de  TEcole  des  langues  orientales  vi- 
vantes, rue  de  Lille,  2 ,  à  Paris. 

Barré  de  Lancy,  ministre  plénipotentiaire ,  rue 
Caumartin,  3^  ,  à  Paris. 

Barth  (Auguste),  membre  de   Tlnstitut,  rue 
Garancière,  10,  à  Paris. 

Barthélémy,  vice-consul  de  France  à  Marasch, 
par  Alexandrette  (Syrie). 

Basset  (René),  directeur  de  TKcole  des  lettres, 
rue  Michelet,  77,  à  TAgha  (Alger). 

Beauregard  (OUivier),  rue  Jacob,  3,  à  Paris. 

Beck  (labbé  Franz-Seignac),  rue  Thiac,  5,  k 
Bordeaux. 

Belkassem  BEN  Sedira  ,  profcsseur  à  TEcole  des 
lettres,  à  Alger. 

Bénédite  (Georges),  conservateur  adjoint  au 
Musée  du  Louvre ,  rue  du  Val-de-Gràce ,  g , 
à  Paris. 
*  Berchem  (Max  VAN  ) ,  privat-docent  à  TlJniver- 
sité  de  Genève ,  promenade  du  Pin ,  1 ,  à 
Genève. 

Berger  (Philippe),  membre  de  Tlnslitut,  pro- 
fesseur au  Collège  de  France,  quai  Voltaire , 
3 ,  à  Paris. 
M"*  Bertiiet  (Marie),  professeur  à  l'Ecole  normale 
d'Alençoij,  rue  des  Promenades,  9,  à  Alençon, 


LISTE  DES   MEMBRES.  21 

MM.  Blanc  (Edouard),  explorateur  en  Asie,  rue  de 

Varennes ,  5  2  ,  à  Paris. 
Blochet,  rue  de  TArbalèle,  35,  à  Paris. 
Blonay  (Godefroy  de),   château  de  Grandson 

(Vaud),  Suisse. 
*B(ELL  (Paul),  publiciste,  rue  Gay-Lussac,  26, 

à  Paris. 
*BoissiER  (Alfred),  cours   des  Bastions,  A,   à 

Genève. 
Bonaparte  (le  prince  Roland),  avenue  d'Iéna, 

1  o ,  à  Paris. 
BoNET  (Jean),  professeur  d annamite  à  l'Ecole 

des  langues  orientales  vivantes,   rue  Gref- 

fulhe,  7,  à  Paris. 
BouRDAis  (labbé),  professeur  à  la  Faculté  libre 

d'Angers,  rue  Belle-Poignée,  A,  à  Angers. 
*BouRQuiN  (le  Rév.  A.),  à  Lausanne. 
BoYER  (le  P.  Auguste),  de  la  Compagnie  de 

Jésus,  rue  de  Sèvres,  35,  à  Paris. 
Bréal  (Michel),  membre  de  flnstilut,  profes- 
seur au  Collège  de  France,  rue  d'Assas,  70, 

à  Paris. 
BuDGE  (E.  A.  Wallis),  litt.  D.  F.  S.  A.,  au  Bri- 

tish  Muséum ,  à  Londres. 
*  Bureau  (Léon),  rue  Gresset,  i5,  à  Nantes. 
*BuRGESs  (James),  S(»lon  place,  22,  à  Edim- 
bourg. 
BusHELL  (Dr.  Stephen-Wootton),  médecin  de 

la  légation  do  S.  M.  Britannique  en  Chine; 

Contral-Hill.  Norwood  (Angleterre). 


22  JDILLET-AOÛT  1898. 

M"**  A.  BuTENSCHŒN ,  35 ,  Engcltrehtegatun ,  à  Stock- 
holm. 

MM.  Cabaton  (Antoine),  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, rue  d'Amsterdam,  4 9,  à  Paris. 

Gahun  (Léon),  conservateur  adjoint  à  la  Bi- 
bliothèque Mazarine,  rue  de  Seine,  1,  à 
Paris. 

Calassanti-Motylinski  (de),  interprète  mili- 
tah'e  de  1"  classe  hors  cadre,  professeur  à 
la  chaire  d'arabe ,  directeur  de  la  Médersa , 
à  Gonstantine. 

Casanova  (Paul),  membre  de  l'Institut  d'ar- 
chéologie orientale,  au  Caire. 

Castries  (le  comte  Henry  de)  ,  rue  Vaneau ,  20 , 
à  Paris. 

Caudel  (Maurice),  bibliothécaire  de  l'Ecole 
des  sciences  politiques ,  rue  Le  Verrier,  5 , 
à  Paris. 

*  Chabot  (M*'  Alphonse),  curé  de  Pithiviers. 

*  Chabot  (l'abbé  J.-B.  ) ,  rue  Claude-Bernard ,  4  7 . 

à  Paris. 

Charencey  (le  comte  de),  rue  Barbey-de-Jouy, 
2  5 ,  à  Paris. 
*Chavannes  (Emmanuel-Edouard),   professeur 
au   Collège    de   France,    rue  Vital,    3,    à 
Paris. 

Cheikho  (L.),  professeur  à  l'Université  Saint- 
Joseph,  à  Beyrouth  (Syrie). 

Cheilîb  Arslàn  (l'émir),  clief  druseà  Beyrouth. 


LISTE  DES   MEMBRES.  23 

MM.  Chwolson  ,  professeur  h  TUniversité  de  Sainl- 

Pétersbourg. 
*CiLLiÈRE  (Alph.),  consul  de  France,  à  Salo- 

nique. 
Glaparède  (René),  à  Juvisy  (Seine-et-Oise). 
Clermont-Ganneau,  membre  de  l'Institut,  pre- 
mier secrétaire-interprète  du  Gouvernement , 

professeur  au  Collège  de  France,  avenue  de 

TAlma ,  1 ,  à  Paris. 
Cohen  Solal,  professeur  d arabe  au  Lycée,  à 

Oran. 
Colin  (Gabriel),  professeur  d'arabe  au  Lycée 

d'Alger. 
CoLiNET  (Philippe),  professeur  à  l'Université, 

place  de  l'Université,  8,  à  Louvain. 
*CoRDiER    (Henri),    professeur   à   l'École    des 

langues    orientales    vivantes,    place  Vinti- 

mille,  3,  à  Paris. 
CouLBER,    commandant  en   retraite,   rue   de 

l'Académie ,  à  Bruges. 
Courant  (Maurice),  interprète -chancelier  de 

légation,   rue  des   Sœurs,  à  Vineuil,   par 

Chantilly  (Oise). 
*Croizier   (le   marquis   de),    boulevard  de  la 

Saussaye ,  i  o ,  à  Neuilly. 


*Danon  (Abraham),  à  Andrinople. 
* Darricarrere  (Théodore-Henri),  numismate, 
à  Beyrouth  (Syrie). 


24  JOILLET-AOÛT  1898. 

MM.  Decocrdemanche  (Jean- Adolphe),  rue  Taille- 
pied,  Ixy  à  Sarcelles  (Seine-et-Oise). 

D^LATTRE  (le  P.),  rue  des  Récollets,  1 1 ,  à  Lou- 
vain. 
*Delphin   (G.),    directeur  de    la  Médersa,  à 

Alger. 
*Derenbourg  (Harlwig),  professeur  à  l'Ecole 
des  langues  orientales  vivantes,  rue  de  la 
Victoire,  56,  à  Paris. 
*Des  Michels  (Abel),  boulevard  Riondet,  i4, 
à  Hyères. 

Devéria  (Gabriel),  membre  de  Tlnstitut,  con- 
sul général ,  secrétaire-interprète  du  Gouver- 
nement, boulevard  Pereire,  i5,  à  Paris. 

DiEULAFOY  (Marcel),  membre  de  l'Institut,  rue 
Chardin ,  i  2  ,  à  Paris. 

DiHiGO  (D'  Juan  M.),  professeur  de  langue 
grecque  à  l'Université  de  la  Havane  (Cuba). 

Donner  ,  professeur  de  sanscrit  et  de  philologie 
comparée  à  l'Université  de  Helsingfors. 

Drouin,  avocat,  rue  de  Verneuil,  ii,  à 
Paris. 

DuKAs  (Jules),  rue  des  Petits -Hôtels,  g,  à 
Paris. 

DuMON  (Raoul),  élève  diplômé  de  l'Ecole  du 
Louvre ,  rue  de  la  Chaise ,  i  o ,  à  Paris. 
*  Durighello  (Joseph-Ange),  antiquaire,  à  Bey- 
routh (Syrie). 

DuTT  (Romesh  Chunder),  du  Service  civil  du 
Bengale,  3o,  Beadon  street,  à  Calcutta. 


LISTE  DES  MEMBRES.  25 

MM.  DuvAL    (Rubens),   professeui'  au  Collège   de 
France,  rue  de  Sontay,  1 1 ,  à  Paris. 

*Fargues  (F.),  route  de  Saint-Leu,  a 8,  à  En- 

ghien-les-Bains  (Seine-et-Oise). 
*  Favre  (  Léopold ) ,  rue  des  Granges ,  6 ,  à  Genève. 
Feer  (Léon),  attaché  au  département  des  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  nationale,  rue 
Félicien-David ,  6 ,  à  Auteuil-Paris. 
Fell  (Winand),  professeur  à  TÂcadémie  de 

Munster. 
Ferrand  (Gabriel,   vice-consul   de  France  à 

Oubone  (Siam). 
Fert^  (Henri),  chancelier  de  la  légation   de 
France  à  Téhéran. 
*FiNOT  (Louis),  archiviste  paléographe,  attaché 
à  la  Bibliothèque  nationale ,  rue  Claude-Ber- 
nard, A 9.  à  Paris. 
FossEY  (Ch.),  membre  delà  Mission  du Cah*e , 

rue  des  Chartreux ,  6 ,  à  Paris. 
Foucher  (A.),  maître  de  conférences  à  TEcole 
des  hautes  études ,  rue  de  Staël ,  1 6 ,  à  Paris. 
*Fryer  (le  major  George),  Madras  StafF  Corps, 
Deputy  Commissioner,  British  Burmah.  * 

*Gantin,  ingénieur,  répétiteur  libre  à  l'Ecole 
des  langues  orientales  vivantes,  rue  de  la 
Pépinière ,  i ,  à  Paris. 
Gaudbfroy-Demombynes,  directeur  de  la  Mé- 
dersa,  à  Tlemcen. 


26  JDILLET-AOÛT  1898. 

MM.*Gautier    (Lucien),   professeur  de   théologie, 

roule  de  Chêne,  88,  à  Genève. 

Graffin  (M^),  professeur  de  syriaque  à  fUni- 

versité  catholique,  rue  d'Âssas,  4 7,  à  Paris. 

Greenup  (Rev.  A.  W.),  Culford  Heath,  Bury 

S'  Edmund's  (Angleterre). 
Grenard,    boulevard    des    Invalides,    ao,   à 
Paris. 
♦Groff  (William  N.),  à  Ghizeh  (Egypte). 
Grosset,  licencié  es  lettres,  rue  Cuvier,  4,  à 

Lyon. 
GuiEYESSE  (Paul),  député,  ancien  ministre  des 
colonies,  ingénieur  hydrographe  de  la  ma- 
rine, rue  des  Écoles,  Aîi,  à  Paris. 
*GuiMET   (Emile),    au   Musée    Guimet,   place 
dléna,  à  Paris. 

*Halévy  (J.),  professeur  à  TEcole  des  hautes 

études,  rue  Aumaire,  26,  à  Paris. 
*Hamy  (le  D'),  membre  de  l'Institut,  conserva- 
teur du  Musée  d'ethnographie,  rue  Geof- 
froy-Saint-Hilaire ,  36,  à  Paris. 
*Harkavy  (Albert),  bibliothécaire  de  la  Biblio- 
thèque impériale  publique,  à  Saint-Péters- 
bourg. 
Harlez  (M*'  G.  de),  professeur  à  l'Université, 

à  Louvain. 
Hebbelynck   (Adolphe),   recteur  de  l'Univer- 
sité, Louvain  (Belgique). 
Henry  (Victor),  professeur  à  la  Faculté  dos 


LISTE  DES  MEMBRES.  27 

lettres  de  Paris,  rue  de  Penthièvre,  lo,  à 
Sceaux. 

Hébiot-Bunoost  (labbé  Louis),  Vicolo  de!  Vil- 
lano,  2,  à  Rome. 

Hérold  (Ferdinand),  licencié  es  lettres,  an- 
cien élève  de  TEcole  des  chartes ,  rue  Greuze , 
20,  à  Paris. 

HoLAS  Ekendi  (V.),  rue  Âsmali-Mesdjid,  1 1,  à 
Constantinople. 

HooDAS ,  professeur  à  TËcoledes  langues  orien- 
tales vivantes,  avenue  de  Wagram,  29,  à 
Paris. 

HuART  (Clément),  consul  de  France,  drogman 
de  l'ambassade  de  la  République  française 
à  Constantinople. 

Hubert  (Henry),  agrégé  d'histoire,  rue  Claude- 
Bernard,  74,  à  Paris. 

Hyvernat  (labbé),  professeur  à  l'Université 
catholique,  à  Washington. 

Jeannier  (A.),  drogman  de  1"  classe,  délégué 
à  la  Section  d'Etat  du  Gouvernement  tuni- 
sien ,  à  Tunis. 

Jequier  (Gustave),  faubourg  du  Crèt,  5,  à 
Neuchâtel. 


Kar)(cson  (Eméric),  directeur  de  l'Ecole  nor- 
male royale  catholique,  à  Gyôr  (Raab), 
Hongrie. 


28  JUILLET-AOÛT   1898. 

M.  Rarppe  (S.) ,  élève  de  FÉcoIe  des  hautes  études, 
avenue  de  Messine,  lo,  à  Paris. 
•M'"*  Kerr  (Alexandre),  à  Londres. 
MM.  Kéraval  (le  D'),  directeur  de  lasile  d'Armen- 
tières  (Nord). 
KooLiKOvsKi ,  professeur  de  sanscrit  à  l'Univer- 
sité de  Kharkov. 

La  Martinière  (H.  P.  de),  directeur  au  Gou- 
vernement général  de  l'Algérie ,  rue  de  Saint- 
Pétersbourg,  28,  à  Paris. 
MM.  Lambert  (Mayer) ,  rue  Condorcet,  53 ,  à  Paris. 
*  Landberg  (Carlo ,  comte  de)  ,  docteur  es  lettres , 

au  château  de  Tùtzing  (Haute-Bavière). 
*Lanman    (Charles),  professeur   de   sanscrit   à 
Harvard  Collège,  à  Cambridge  (Massachu- 
setts). 

Lavallée- Poussin  (Gaston  de),  professeur  à 
l'Université,  à  Gand. 

Leglère   (Adhémar),    résident   de   France    à 
Kratié  (Cambodge). 

Lecomte   (Georges),  élève -interprète   attaché 
à  la  Légation  de  France  à  Pékin. 

Ledoulx  (Alphonse),  vice-consul  de  France  à 
Siwas  (Turquie  d'Asie). 

Leduc  (Henri),  interprète  du  Gouvernement 
à  Pékin. 

Lefèvre  (André),  licencié  es  lettres, rue  Haute- 
feuille  ,  2  1 ,  à  Paris. 

Lefèvre-Pontalts,  villa  Victoria,  au  Cîiirc. 


LISTE  DES  MEMBRES.  2g 

MM.  Leriche  (Louis),  à  Mogador  (Maroc). 

Leroux  (Ernest),  éditeur,  rue  Bonaparte,  28, 
à  Paris. 
*Lestrange   (Guy),  via  San   Francesco   Pove- 
rino ,  3 ,  à  Florence. 

Levé  (Ferdinand),  rue  Cassette,  17,  à  Paris. 

Lévi  (Sylvain  ) ,  professeur  au  Collège  de  France , 
rue  Guy-de-la-Brosse,  9,  à  Paris. 

LiÉTARD  (le  IV),  médecin  inspecteur  des  eaux, 
à  Plombières. 

LoïSY  (l'abbé),  aumônier,  rue  du  Château ,  29, 
à  Neuilly  (Seine). 

LoRGEOU  (Edouard),  consul  de  France  à  Ran- 
goon (Birmanie). 

*  Machanoff,  professeur  au  Séminaire  religieux, 
à  Kazan. 

Mallrt  (Dominique) ,  villa  Poirier,  9 ,  à  Paris, 
Vaugirard. 
*Margoliouth  (David-Samuel),  professeur  da- 
rabe  à  l'Université,  New -Collège,  à  Oxford. 

Marrache  ,  rue  Laffon ,  1  o ,  à  Marseille. 
*Maspero,  membre  de  Flnstitut,  professeur  au 
Collège  de  France,  ancien  directeur  général 
des  Musées  d'Egypte,  avenue  de  TObserva- 
toire,  24,  à  Paris. 

Mechineau  (fabbé),  rue  Monsieur,  1 5 ,  à  Paris. 

Mehren  (le  Ty),  professeur  de  langues  orien- 
tales, à  Copenhague. 

Meillet  (Antoine),  agrégé  de  grammaire,  di- 


30  JUILLET-AOÛT  1898. 

recteur  adjoint  de  TÉcole  des  hautes  études, 

boulevard  Saint-Michel,  ai,  à  Paris. 
M"'  Menant  (Delphine),  rue  de  Madame,  68,  à 

Paris. 
MM.  Mercier  (E.),  interprète-traducteur  assermenté, 

membre  associé  de  TEcole  des  lettres  d'Alger, 

rue  Desmoyen  ,191a  Constantine. 
Mercier    (Gustave),    interprète    militaire,    à 

Constantine. 
Merx  (A.),  professeur  de  langues  orientales,  à 

Heidelberg. 
Michel   (Charles),   professeur  à  FUniversité , 

avenue  d'Avroye ,  1 1  o ,  à  Liège. 
MicHELET,  colonel  du  génie  en  retraite,  vue  de 

rOrangerie,  38,  à  Versailles. 
*  Mission  archéologique  française,  au  Caire. 
MM.*MocATTA  ( Frédéric -D.),  Connauglit  place,  à 

Londres. 
Mohammed  ben  Braham,  interprète  judiciaire, 

à  Oued-Athménia  (Algérie). 
MoNDON-ViDAiLHET,  chargé  de  cours  à  TEcole 

des  langues  orientales  vivantes,  à  Paris. 
MoNTET    (Edouard),    professeur    de    langues 

orientales  à  TUniversité  de  Genève ,  villa  des 

Grottes. 
Morgan  (J.  de),  ancien  directeur  des  Musées 

d'Egypte,  à  Téhéran. 
MuiR   (Sir  William),    Dean   Park   House,    à 

Edimbourg. 
*MiJLLER  (Max),  professeur  à  Oxford. 


LISTE  DES  MEMBRES.  31 

*Nacj  (rabbé),  docteur  es  sciences  mathéma- 
tiques, professeur  d  analyse  à  Tlnstitut  catho- 
lique, rue  Gassendi,  7,  à  Paris. 

Nedjjb  Açeh  Efendi,  ancien  rédacteur  du  journal 
Ikdam ,  rue  Sublime-Porte ,  à  Gonstantinople. 

Nicolas  (A.-L.-M.),  premier  drogman  de  la 
Légation  de  France  à  Téhéran. 

NicoLLE  (Henri),  lieutenant  au  1"  régiment 
étranger,  commandant  le  poste  de  Nam- 
Nang,  cercle  de  Gao^Bang  (Tonkin). 

NouET  (l'abbé  René),  chanoine,  rue  Saint-Vin- 
cent, ^5,  au  Mans. 

*Oppert  (Jules),  membre  de  Tlnstitut,  profes- 
seur au  GoUège  de  France ,  rue  de  Sfax ,  2 , 
à  Paris. 

*OsTROROG  (le  comte  Léon),  conseiller  légiste 
au  Ministère  de  lagriculture ,  des  mines  et 
forêts,  à  Gonstantinople. 
Ottavi  (Paul) ,  vice-consul  de  France  à  Mascate. 

Parisot  (Dom  Jean),  à  labbaye  de  Saint-Mar- 
tin-de-Ligugé  (Vienne). 
*Patorni,  interprète  principal  à  la  division,  à 
Oran. 
Pblliot  (Paul),   Grande -Rue,   69,   à   Saint- 

Mandé. 
Pereira  (Estèves),  capitaine  du  génie,  Rua  das 
Damas,  4i  à  Lisbonne. 
*Perruchon  (Jules),  élève  diplômé  de  TEcole 


32  JUILLET-AOÛT  1898. 

des  hautes  études,  rue  de  Vaugirard,  i33, 

à  Paris. 
Pertsch  (W.),  bibliothécaire,  à  Gotha. 
Pfungst    (D'   Arthur),    Gaertnerweg,    a,    h 

Francfort-sur-le-Mein. 
*Philastre  (P.),  lieutenant  de  vaisseau,  inspec- 
teur des  affaires  indigènes  en  Gochinchine, 

à  Cannes. 
PiEHL  (le  D^  Kari),  professeur  d'égyptoiogie  à 

l'Université,  à  Upsal. 
*PiJN APPEL,  docteur  et  professeur  de  langues 

orientales ,  à  Middelbourg. 

*  Pin  ART  (Alphonse),  à  Paris. 

PiNCHES   (Th. -G.),   Assyrian  department,  au 
British  Muséum,  à  Londres. 

*  Plaît  (William),  Gallis  Gourl,  Saint-Peters, 

île  de  Thanet  (Kent). 
Pognon,  consul  de  France,  à  Alep. 

*  Pommier,  juge  au   tribunal  civil,   au  Blanc 

(Indre). 

*  PoLSSiÉ  (le  D^),  I^le  de  Valois,  2,  à  Paris. 
PRiETORiL'S    (Frantz),    Franckestrasse,     2,    à 

Halle. 
*Prym  (le  professeur  E.),  à  Bonn. 

Quentin  (l'abbé),  au  Plessis-Ghenet  (Seine  et- 
Oise). 

Raboisson  (Tabbé),  ruede  Villiers,  80,  à  Levai- 
lois. 


LISTE  DES  MEMBRES.  33 

MM.  Rat  (G.),  secrétaire  de  la  Chambre  de  com- 
merce, à  Toulon. 

Ravaisse  (P.),  chargé  de  cours  à  TEcole  des 
langues  orientales  vivantes ,  rue  des  Quatre- 
Cheminées,  7,  à  Billancourt. 

Read  (Raphaël),  vice-consul  de  France  à 
Bangkok  (Siam). 

Regnaud  (Paul),  professeur  de  sanscrit,  à  la 
Faculté  des  lettres,  à  Lyon. 

*  Régnier  (Adolphe),  sous-bibliothécaire  de  l'In- 

stitut, rue  de  Seine,  1 ,  à  Paris. 
Relter  (le  D'  J.  N.),  docent  de  sanscrit  et  de 
philologie  comparée,  à  TUniversité  de  Hel- 
singTors. 
*Revillout  (E.),  rue  du  Bac,  128,  à  Paris. 
*RiMBALD,  me  de  TErmitage,  16,  à  Versailles. 
Robert  (A.),  administrateur  de  la  commune 
mixte  d*Aïn  Miila  (département  de  Constan- 
tine). 

*  Rolland  (E.  ) ,  rue  des  Fossés-Saint-Bernard ,  6 , 

à  Paris. 

Roqcje-Ferrier,  à  Erzeromn  (Turquie  d'Asie). 

RosNY   (Léon   de),    professeur  à   l'Ecole   des 
langues  orientales  vivantes,  rue  Mazarine, 
28,  à  Paris. 
*Roi;sE  (W.  D.  H.),  Christ's  Collège,  à  Cam- 
bridge. 

RouviER  (Jules),  docteur  en  médecine,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  française  de  médecine 
de  Beyrouth. 


ivMiaaaiK  «*ria«*iB 


34  JUILLET-AOÛT  1808. 

MM.  Sabbathier  ,    agrégé   de   TUniversité,   rue   du 

Cardinal-Lemoine ,  1 5 ,  à  Paris. 
Sainson  (Camille),  chancelier  du  consulat  de 

France  à  Tien-Tsien  (Chine). 
*  Saussure  (L.  de),  lieutenant  de  vaisseau,  rue 

Poulie,  i4,  à  Brest. 
ScHEiL  (le  P.),  rue  du  Bac,  9 4,  à  Paris. 
ScHMiDT  (Valderaar),  à  Copenhague. 
Schwab  (M.),  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque 

nationale ,  cité  Trévise ,  1 4 ,  à  Paris. 
Senart   (Emile),   membre   de   Tlnstitut,   rue 

François  1",  1 8 ,  à  Paris. 
Serruys  (Washington),  attaché  au  Corfsulat  de 

Belgique,  à  Beyrouth. 
*SiMONSEN,  grand  rabbin,  à  Copenhague. 
SiouFFi,  consul  honoraire  de  France,  à  Da- 
mas. 
Si  saïi)  boulifa,  professeur  à  l'Ecole  normale 

primaire ,  à  la  Bouzaréa ,  près  Alger. 
SociN,    professeur    à    rUniversité,    Schreber- 

strasse ,  5 ,  à  Leipzig. 
80NNECR  (  C.  ) ,  interprète  principal  à  TEtat-major 

de  Tarmée,  au  Ministère  de  la  guerre,   à 

Paris. 
Specht   (Edouard),    rue   du  Faubourg-Sainl- 

Ilonoré,  198,  à  Paris. 
Spiro  (Jean),  professeur  à  fUniversité  d(3  Lau- 

zanne,  à  Vu(flens-la-Ville  (Suisse). 
Stein  (D*"  m.  Aurel),   principal   du   Collège 

oriental,  a  Lahore. 


LISTE  DES  MEMBRES.  35 

MM.  Steïnnordh  (J.  H.  W.),  docteur  en  théologie 

et  en  philosophie,  à  Linkôping. 
Strehly,  professeur  au  lycée  Louis-le-Grand , 

rue  de  Vaugirard,  i6,  à  Paris. 
Strong  (Arthur),  36,  Grosvenor  Road,  JiOn- 

don,  S.  VV. 
Syad  Muhammad  Latif,  district  judge,  Jallan- 

dhar  City  (Penjab). 

Taillefer    (Aniédée),    conseiller    à    la   Cour 
d appel,  rue  Cassette,  27,  h  Pîy:is. 

Textor  de  Ravisi  (le  baron],  rue  de  Turin, 
38,  à  Paris. 

Thibaut  (E.),  surveillant  général  au  Lycée,  à 
Alger. 

Thureau-Dangin,  élève  de  TEcole  des  hautes 
études,  rue  Garancière,  1  1,  à  Paris. 

TouHAMi  BEN  Larbi,  interprète  judiciaire  asser- 
menté à  Ksar  et-Tir,  Sél  if  (Algérie). 
*TuRREiTiM  (François),  rue  de  THôtel-de- Ville, 
8,  à  Genève. 

TuRRiNi  (Giuseppe),  professeur  de  sanscrit  à 
rUniversité  de  Bologne. 

Vasconcellos-Abreu  (de),  professeur  desanscrit, 

rua  Castilho,  34,  à  Lisbonne. 
Vaux  (Baron  Carra  de),  rue  Saint-Guillaume, 

1  /j ,  à  Paris  et  au  château  de  Rieux ,  par 

Montmirail  (Marne). 
Vernes  (Maurice),  directeur  adjoint  à  TKcole 

3. 


36  JUILLETAOÛT  1898. 

des  hautes  études,  nie  Notre-Dame-des- 
Champs,  97*",  à  Paris. 

ViLBERT  (Marcel),  secrétaire  général  à  la  di- 
rection des  phares  ottomans,  à  Constanti- 
nople. 

ViNsoN  (Julien),  professeur  à  TÉcole  des 
langues  orientales  vivantes ,  rue  de  TUniver- 
silé,  58,  à  Paris. 

Vjssiere  (Arnold),  consul  de  France,  premier 
interprète  de  la  légation  de  France,  à  Pékin. 

VoGiJË  (le  marquis  Melchior  de),  membre  de 
rinstitut,  ancien  ambassadeur  de  France  à 
Vienne,  rue  Fabert,  2 ,  à  Paris. 

*  Wade  (Sir  Thomas),  à  Londres. 
WiLHËLM  (Eug.),  professeur,  à  léna. 

*VViTTON    Davies  (T.),    principal  de  Midland 
Baptist  Collège,  à  Nottingham. 

*  Wyse  (L.-N.  Bonaparte),  villa  Isthmia,  au  Cap- 

Brun,  par  Toulon. 

*ZoGRAPHOs  (S.  Exe.  Christaki  Efendi),  avenue 
Iloclie ,  2  2  ,  à  Paris. 


LISTE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES  ET  DSS  REVUKS.    37 

II 
MEMBRES  ASSOCIÉS  ÉTRANGERS 

SUIVANT  L'ORDRE  DBS  NOMINATIONS. 

MM.  Weber  ,  professeur  à  TUniversité  de  Berlin. 
Salisbury  (E.),  membre  de  la  Société  orien- 
tale américaine,  aSy,  Church  street,  àNew- 
Haven  (États-Unis). 

III 

LISTE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES  ET  DES  REVUES 

AVBC  LESQUELLES 

LA  SOCI^TB  ASIATIQUE  ÉCHANGE  SES  PUBLICATIONS. 

Académie  de  Lisbonne. 

Académie  de  Saint-Petersbouug. 

Royal  Asiatic  Society  of  London. 

Royal  Asiatic  Society  of  Bengal,  à  Calcutta. 

Deutsche  morgenlandische  Gesellschaft,  h  Halle. 

American  Oriental  Society,  à  New-Haven  (Etats- 
Unis). 

Royal  Asiatic  Society  of  Japan  ,  à  Tokio. 

Bombay  branch  of  the  Royal  Asiatic  Society,  à 
Bombay. 

China  bra?>(ch  of  the  Royal  Asiatic  Society,  h 
Shanghaï. 

The  Peking  Oriental  Society,  à  Pékin. 

SociETA  AsiATicA  Italiana  ,  il  Florcuce. 


38  JUILLET-AOLT  1898. 

Société  des  Bollaxdistes  ,  rue  des  Ursulines ,  1 4 ,  à 

Bruxelles. 
Harper's  University,  à  Chicago. 

ARCHiEOLOGICAL   InSTITUTE   OF  AmERICA  ,    38,    QuillCy 

Street,  Cambridge  (États-Unis). 
Reale  Âccademia  dei  Lincei,  à  Rome. 
John  Hopkins  University,  à  Baltimore  (Etats-Unis). 
Société  finno-ougrienne,  à  Helsingfors. 
Société  de  géographie  de  Paris. 
Société  de  géographie  de  Genève. 
Royal  Geographical  Society,  c^  Londres. 
Société  des  sciences  de  Batavia. 
Société  historique  algérienne. 
Deutsche  Gesellschaft  fur    Natur-  und  Voelkkr 

kunde  OsTASiENS,  à  Tokio. 
Société  de  philologie,  à  Paris. 
Provincial  Muséum,  à  Ijukhnow. 
Indian  Antiquary,  à  Bombay. 
PoLYBiiJLiON ,  à  Paris. 
Revue  de  l'Histoire  des  religions. 
American  Journal  of  ARCHiEOLOGY,  à  Princeton. 
The  Japan  Society,  2  o  ,  Hannover  square ,  à  Londres 
Revue  de  l'Orient  chrétien,  rue  du  Regard,  20,  à 

Paris. 
American  Journal  of  semitig  languages  and  litera- 

tures. 
Société  de  linguistique,  à  la  Sorbonne,  à  Paris. 
Ecole  française  d'Athènes. 


LISTE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES  ET  DES  REVUES.    39 

Ministère  dk  l'instruction  publique. 

Ecole  des  langues  orientales  vivantes  ,  rue  de  Lille, 
2 ,  à  Paris. 

Séminaire  des  missions  étrangères,  rue  du  Bac ,  i  ^8 , 
à  Paris. 

Séminaire  de  Saint-Sulpice  ,  à  Paris. 

Bibliothèque  du  Ministère  de  la  guerre. 

Bibliothèque  du  Chapitre  métropolftain,  à  Téglise 
Notre-Dame,  à  Paris. 

Bibliothèque  de  l'Arsenal,  rue  de  Snlly,  i ,  à  Paris. 

Bibliothèque  Sainte-Geneviève,  place  du  Panthéon, 
à  Paris. 

Bibliothèque  Mazarine,  qnai  Conti,  iZ,k  Paris. 

Bibliothèque  de  l'Université,  à  la  Sorbonne. 

Bibliothèque  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  rue 
de  Buffon ,  2  ,  à  Paris. 

Bibliothèque  du  Collège  de  France. 

École  normale  supérieure,  rue  d'Ulm,  ^5,  à  Paris. 

Bibliothèque  nationale. 

Séminaire  Israélite,  rue  Vauquelin,  9,  à  Paris. 

Faculté  de  droit,  place  du  Panthéon,  à  Paris. 

Parlement  de  Québec  (Canada). 

Les  bibliothèques  d'Aix  (en  Provence),  —  de  Mou- 
lins, —  DE  Rennes,  —  d'Annecy,  —  de  Laon, 

DE    PÉRIGUEUX,    DE    SaINT-MalO,    DES 

Bénédictins  de  Solesmes,  —  de  Toulouse,  — 

DE  BeAUVAISt de  ChAMBÉRY,  DE  NiCE,  DE 

Reibis,  —  de  Rouen,  —  de  l'Ile  de  la  Réunion, 

—  DE  Strasbourg  ,  —  de  Bourges  ,  —  DEh*TouRS , 

—  DE  Metz  ,  —  db  Nancy,  —  de  Nantes  ,  —  de 


40  JUILLKT-AOÛT  1898. 

Naubonne,  —  d^Orléans,  —  DE  Pau,  —  d*Ar- 

RAS, UNIVERSITAIRE  DE  LyON  ,  DE  MARSEILLE, 

—  DE  Montpellier  (Faculté  de  médecine  et  Bi- 
bliothèque publique),  —  de  Montauban,  —  de 
Valenciennes,  —  de  Versailles,  —  de  Cler- 

MONT-FeRRAND  , DE  CoNSTANTINE,  DE  DuON , 

—  DE  Grenoble,  —  du  Havre,  — •  de  Lille,  — 
DE  Douai,  —  d'Aurillac,  —  de  Besançon,  —  de 
Bordeaux  (Bibliothèque  publique  et  Université), 

—  de  Poitiers,  —  de  Caen,  —  de  Garcas- 
soNNE,  —  de  Garpentras,  —  d'Ajaccio  ,  — 
d'Amiens,  —  d*Angers,  —  de  Troyes,  — 
d'Avignon,  —  de  Ghartres,  —  d'Alger,  — 
d'Avranches. 

IV 
LISTE  DES  OUVRAGES 

PUBLIES  PAR   LA  SOCIÉTÉ   ASIATIQUE. 

En  vente  chez  M.  Kmest  Leroax ,  éditeur,  rue  Bonaparte ,  38 , 

à  Paris. 

Journal  asiatique,  public  depuis  183a.  La  collection  est  en 
partie  épuisée. 

Chaque  année a5  fr. 


Choix  de  fables  ARuéNiENNES  du  docteur  Vartan,  en  armé- 
nien el  en  français,  par  J.  Saint-Martin  et  Zohrab.  183 5, 
in-S* Sfr. 

Eléments  de  la  grammaire  japonaise,  par  le  P.  Rodrigncz, 


OUVRAGES  PUBLIÉS  PAR  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE.     41 

tradaits  du  portugais  par  M.  G.  Landresse,  etc.  Paris, 
1 8a5 ,  in-S".  —  Supplément  à  la  grammaire  japonaise ,  etc. 

Paris,  i8a6,  in-8*.  (Épuisé.) 7  fr.  5o 

Essai  sur  le  Pâli,  ou  langue  sacrée  de  la  presqu  île  au  delà 
du  Gange,  par  MM.  fL  Burnoufet  Lassen.  Paris,  i8a6, 
in-8".  (Epuisé.) 1 5  fr. 

MisHG-TSEU  VEL  Mbngium  ,  latina  interpretatione  ad  interpre- 
tationem  tartaricam  utramquc  recensita  instruxit ,  et  per- 
petuo  commentario  e  Sinicis  deprompto  illustravit  Stanis- 
las Julien.  Latetiœ  Parisioram ,  1834,  1  vol.  in-8\.  .   g  fr. 

Yadjnadattabadha  ,  ou  LA  Mort  dTaojnadatta,  épisode 
extrait  du  Râmâyana,  poème  épique  sanscrit»  donné  avec 
le  texte  gravé,  une  analyse  grammaticale  très  détaillée, 
une  traduction  française  et  des  notes,  par  A.-L.  Chézy,  et 
suivi  d'une  traduction  latine  littérale,  par  J.-L.  Burnouf. 
Paris,  18a 6,  in-4*«  avec  quinze  planches 7  fr.  5o 

Vocabulaire  de  la  langue  g^rgienne,  par  J.  Klaproth. 
Paris,  1827,  in-8* 7  fr.  5o 

Eli^ib  sur  la  Prise  dÉoessb  par  les  Musulmans,  par  Ner- 
sès  Klaietsi ,  patriarche  d* Arménie ,  publiée  pour  la  pre- 
mière fois  en  arménien,  revue  par  le  docteur  Zohrab. 
Pans,  i8a8,  in.8* 4  fr.  5o 

La  Reconnaissance  de  Sagountalà,  drame  sanscrit  et  prâ- 
crit  de  CàUdàsa ,  publié  pour  la  première  fois  sur  un  ma- 
nuscrit unique  de  la  Bibliothèque  du  Roi,  accompagné 
d*une  traduction  française,  de  notes  philologiques,  cri- 
tiques et  littéraires,  et  suivi  d*un  appendice,  par  A.-L. 
Chéxy.  Paris,  i83o,  in-^**»  avec  une  planche lo  fr. 

Chronique  géorgienne,  traduite  par  M..Brosset.  Paris,  Im- 
primerie royale,  i83o,  grand  in-8* 9  fr. 

Chrestomathib  chinoise  (publiée  par  Klaproth).  Paris, 
i833,  in-8* % 7  fr.  5o 

Eléments  de  la  langue  géorgienne,  par  M.  Brosset.  Paris, 
Imprimerie  royale,  1837,  in-8*. ,  ■» 9  fr. 


42  JUILLET.AOÛT  1898. 

GëOGrapuie  d'Abou*lfrda  ,  texte  arabe  publié  par  Reinaud 
et  le  baron  de  Slane.  Paris,  Imprimerie  royale,  i84o, 
in-4^ a4  fr. 

RAdjataranginî,  ou  Histoire  drs  rois  du  KachmIr,  publié 
en  sanscrit  et  traduit  en  français,  par  M.  Troyer.  Paris, 
Imprimerie  nationale,  3  forts  vol.  in-8* ao  fr. 

PRiicis  DE  LEGISLATION  MUSULMANE,  Suivant  le  rite  malékite, 
par  Sidi  Khalil,  publié  sous  les  auspices  du  Ministre  de  la 
guerre.  Nouvelle  édition  (sous  presse). 


COLLECTION  D'AUTEURS  ORIENTAUX. 

Les  Voyages  d*1bn  Datoutah,  texte  arabe  el  traduction  par 
MM.  C.  Defréroery  et  Sanguinetti.  Paris,  Imprimerie  na- 
tionale, 4  vol.  in-8".  Chaque  volume 7  fr.  5o 

Table  alphabétique  des  Voyages  d'Ibn  Batoutah.  Paris, 
1 869 ,  in-8* a  fr. 

Les  Prairies  d*or  de  Maçoudi,  texte  arabe  et  traduction 
par  M.  Barbier  de  Meynard  (les  trois  premiers  volumes 
en  collaboration  avec  M.  Pavet  de  Courleille).  9  vol.  in-8'. 
(Le  tome  IK  comprenant  Tlndex.  )  Chaque  vol. . .  7  fr.  5o 

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et  annoté  par  le  baron  Carra  de  Vaux.  1  fort  vol.  in-8'. 
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avec  des  Introductions  et  un  Commentaire,  par  M.  Em. 
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volume a  5  fr. 

Chants  populaires  des  Afghans,  recueillis,  publiés  et  tra- 


OUVBAGES  PUBLIÉS  PAR  LA  SOCIKTÉ  ASIATIQUE.     43 

duits  par  James  Darmesteler.  Précédas  d'une  ïntroduction 
sur  ia  langue,  Thistoire  et  la  littérature  des  Afghans. 
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Huber.  Un  fort  volume  in-8*,  illustré  de  dessins  dans  le 
texte  et  accompagné  de  planches  et  croquis 3o  fr. 


Publication  encouragée  par  la  Société  asiati({uc  : 

Les  mémoires  historiques  de  Sr-ma  Tsien,  traduits  du  chi- 
nois et  annotés  par  Edouard  Chavannes,  professeur  au 

Collège  de  France.  Tome  I",  in-8'' 1 6  fr. 

Tome  II,  in-8* ao  fr. 

Tome  III,  première  partie,  iii-8* 10  fr. 

Nota,  Les  membres  de  la  Société  qui  s  adresseront  directement 
au  libraire  de  la  Société,  M.  Ernest  Leroux,  rue  Bonaparte,  28,  à 
Paris,  auront  droit  à  une  remise  de  33  p.  0/0  sur  les  prix  de  tous 
les  ouvrages  ci-dessus ,  à  Texception  du  Journal  asiûtiqiu. 


4\  JUILLET-AOÛT   1808. 

LE  MONSTRE  RAHAB 

ET 

L'HISTOIRE  BIBLIQUE  DE  LA  CRÉATION, 

PAR 

M.  ALFRED  LOISY. 

(lecture  faite  a  la  SEANCE  GENERALE  DU  33  JUIN  1898.) 


Ij'attention  des  exégètes  a  été  souvent  appelée  en 
ces  derniers  temps  sur  les  rapports  qui  existent  entre 
ie  poème  babylonien  de  ia  création  et  les  documents 
bibliques.  En  1898,  M.  Hermann  Gunkel,  dans 
son  ouvrage  intitulé  :  Schôpfung  und  Chaos  in  Urzcit 
and  Endzeit,  a  relevé  les  traces,  plus  ou  moins  cer- 
taines, que  l'épisode  principal  du  poème,  le  combat 
de  Marduk  et  de  Tiamat,  a  laissées  dans  la  Bible, 
depuis  le  premier  chapitre  de  la  Genèse  jusqu'au  cha- 
pitre xii  de  TApocalypse.  Tout  récemment  M.  Kaqjpe 
et  M.  J.  Halévy  ont  signalé  dans  le  Journal  asiatique 
(janvier-février  1897,  P*  9^^'9^'  ^^-  1  45- 1 46;  et 
1 55-1 56)  l'analogie  qu'ont  avec  le  même  épisode 
certains  passages  du  discours  de  lahvé  dans  Job 
(ch.  xxxvm).  Il  y  a,  dans  Job  et  ailleurs,  d'autres 
passages  où  l'adversaire  de  lahvé  a  un  nom  propre, 
Rahab,  et  se  trouve  mêlé  comme  Tiamat  au  récit 
de  la  création.  L'identité  de  Rahab  et  de  Tiamat  ne 


LE  MONSTRE  RAHAB.  45 

parait  pas  douteuse.  Ce  qui  est  moins  clair,  cest  leur 
relation  historique  et  littéraire.  Pour  définir  les  con- 
ditions du  problème,  il  est  indispensable  de  rappro- 
cher les  divers  passages  bibliques  où  il  est  question 
de  Rahab  et  dune  lutte  préliminaire  à  la  création. 

I 

Les  textes  les  plus  expressifs  se  rencontrent  dans 
Job  et  dans  la  seconde  partie  dlsaïe. 

Dieu  ne  revient  pas  sur  sa  colère  : 

Sous  lui  s'inclinent  les  auxiliaires  de  Rahab. 

Job, IX,  i3. 

Qu*est-ce  que  Rahab?  Un  ennemi  de  Dieu,  dont 
l'armée  vaincue  est  maintenant  prisonnière  et  esclave. 
Qu'est-il  advenu  du  chef?  Nous  lapprenons  un  peu 
plus  loin. 

Dans  sa  puissance  il  (Dieu)  fait  trembler  '  la  mer. 

Et  dans  sa  sagesse  il  écrase  Rahab  ; 

A  son  souffle ,  le  ciel  s'éciaircit  *  : 

Sa  main  transperce  '  le  Serpent  fugitif. 

Job.,  xxTi,  ia-i3. 

'  Septante,  xatéwmKnp,  sens  attribué  par  Gunkel  au  mot  ^31 
et  préférable  sans  doute  à  rinterprétation  ordinaire. 

«  Texte  dontenx.  Gunkd  lit,  diaprés  le  grec  :  D^DtT  ^n^lD 
iT)irt7 ,  •  les  verrous  des  cieux  tremblent  devant  lui  ».  Cependant  ie 
mot  n^'^3  se  rencontre  encore  dans  le  vers  suivant,  et  il  est  peu 
probable  qu*ii  ait  été  employé  dans  le  même  distique  en  deux  sens 
afférents,  on  bien,  si  Ton  traduit  n^13  C?n3  par  «serpent  ver- 
rou » ,  que  fauteur  ait  parié  ainsi  des  «  verrous  du  ciel  ■  et  du  «  ser- 
pent verrou*. 

*  Traduction   ordinaire  de  nvvn.    Gunkel  préfère  le  sens  de 


46  JUILLET-AOÛT  18Q8. 

Rahab  et  ia  mer  sont  associés  dans  la  pensée  de 
l'auteur.  La  même  opération  toute  puissante  dompte 
la  mer  et  brise  leffort  de  Rahab.  Si  Ion  peut  se  fier 
à  Thébreu  dans  le  vers  qui  mentionne  Téclaircisse- 
ment  du  ciel ,  Rahab  a  aussi  quelque  diose  de  com- 
mun avec  les  ténèbres,  puisqu'il  faut  détruire  son 
compagnon,  le  Serpent  fugitif,  pour  que  le  ciel 
devienne  pur.  Le  mot  nna  que  Ton  traduit  par  «  fu- 
gitif» ou  «  tortueux»,  pourrait  aussi  se  traduire  par 
«  verrou  »,  et  ce  dernier  sens  conviendrait  peut-être 
mieux  au  rôle  du  serpent  vaincu.  Rahab  lui-même 
est  un  dragon ,  un  monstre  marin.  C'est  de  lui  qu'on 
dit  encore  : 

Suis-je  la  mer,  ou  bien  un  monstre  des  eaux  [tannin) ^ 
Pour  que  tu  poses  contre  moi  une  barrière  ? 

Job,  VII,  12. 

La  mer  et  le  monstre  sont  ici  dans  le  même  rap- 
port que  précédemment  la  mer  et  Rahab.  C'est  Rahab 
qui  est  le  monstre.  Dans  le  discours  de  lahvé,  Rahab 
n'est  pas  nommé,  mais  on  trouve  la  même  associa- 

«  profaner,  souiller,  traiter  avec  mépris».  Cette  interprétation  pa- 
raît très  soulenable. 

^  Le  serpent  semble  distinct  de  Rahab.  Gunkel  les  compare  à 
Tiamat  et  à  Kingu  son  mari.  Rahab  est  un  être  masculin ,  quoique 
pendant  de  Tiamat.  Il  est  vrai  que,  dans  les  représentations  figu- 
rées, ladvcrsaire  de  Marduk  est  aussi  un  dragon  mâle.  Ce  désac- 
cord de  l'image  avec  le  texte  du  poème  attend  encore  une  cipli- 
cation  satisfaisante.  Voir  cependant  W.-H.  Ward ,  Bel  and  the  Drajon, 
dans  The  American  Journal  oj  Scmitic  languages  and  Uteraturu» 
janv.  1898,  p.  9^-io5. 


LE  MONSTRE  RAHAB.  47 

lion  de  la  mer,  des  ténèbres  et  de  la  clôture  im- 
posée à  rOcéan  personnifié  : 

Qui  a  fermé  la  mer  avec  des  portes , 

Quand  elle  jaillit  du  sein  (maternel), 

Quand  je  lui  donnai  les  nuages  pour  vêtement , 

Et  pour  langes  ]e  brouillard  ténébreux , 

Quand  je  lui  traçai  des  frontières , 

Et  lui  mis  des  portes  et  des  verrous  : 

•  Tu  viendras  jusqu'ici  et  pas  plus  loin  ; 

Ici  s*arrétera  lorgueil  de  tes  flots.  » 

Job,  wxviii,  8-1 1. 

On  remarquera  que  cette  victoire  de  lahvé  sur  la 
mer  chaotique,  réclamée  pour  la  fondation  de  la 
terre ,  a  été  remportée  aux  applaudissements  des  fils 
de  Dieu  et  des  astres  du  matin  (Job,  xxxviii,  7), 
comme  celle  de  Marduk  lui  a  mérité  les  louanges 
de  tous  les  grands  dieux.  lahvé  ne  laisse  pas  d'être 
à  regard  de  Rahab  dans  la  situation  de  Marduk  k 
regard  de  Tiamat,  tant  pour  le  présent  que  pour  le 
passé,  tant  pour  le  gouvernement  actuel  du  monde 
que  pour  son  organisation  première,  la  création 
nétant  pas  encore  autre  chose  que  le  premier 
triomphe  de  lahvé,  ordre  et  lumière,  sur  le  clmos 
toujours  menaçant  qui  est  désordre  et  ténèbres. 
Après  que  Marduk  a  tué  Tiamat  et  construit  le 
monde  avec  ses  débris ,  les  dieux  lui  souhaitent  de 
dompter  Tiamat ,  de  lui  rendre  la  vie  dure  et  pénible , 
de  l'exterminer  à  jamais,  comme  si  la  chose  n'était 
pas  faite.  De  même  dans  Job ,  le  monstre  a  été 
écrasé  dès  le   commencement,    et  il   faut  encore 


48  JOILLET-AOOT  1898. 

maintenant  une  barrière  pour  le  contenir,  comme 
il  faut  toute  la  puissance  de  lahvé  pour  tenir  en  res- 
pect les  alliés  de  son  antique  ennemi. 
Le  second  Isaïe  paiie  comme  Job  : 

Lève-toi ,  lève-toî .  revêts-loi  de  force , 

Bras  de  lahvë  ! 
Lève-toi  comme  aux  premiers  jours , 

Ao  temps  jadis! 
N*est-ce  pas  toi  qui  as  fendu'  Rabab, 

Transpercé  '  le  monstre  (tannin)} 

N'est-ce  pas  toi  qui  desséchas  la  mer. 

Les  eaux  du  grand  abîme? 

Is.,  Li,  9-10. 

lahvé  était  armé  contre  Rahab  comme  Marduk 
contre  Tiamat.  Le  grand  abime  est  le  tehoin  du 
premier  chapitre  de  la  Genèse;  mais  le  monstre  e^t 
vaincu  et  tué  comme  dans  le  poème  chaldéen ,  poiu* 
que  les  eaux  se  partagent  entre  labime  souterrain, 
source  des  mers  et  des  fleuves ,  et  les  eaux  qui  sont 
au-dessus  du  firmament ,  la  terre  étant  placée  entre 
deux.  Il  e^t  vrai  qu*on  lit  ensuite  dans  Isaïe  : 

C*esi  toi  qui  as  fait  des  profondeurs  de  la  mer 
Un  chemin  pour  le  passage  des  rachetés. 

L\aliusion  au  passage  de  la  mer  Rouge  n  est  pas 
contestable.  Mais  c  est  une  autre  œuvre  de  la  puis- 

*  Au  lieu  (le  r^SDD,  on  est  tenlé  de  lire  TSHD,  d*aprcs  Job, 

XXVI,    12. 

*  Gujikel  :  «maltraité,  souillé».  On  peut  douter  que  Raliab  et  le 
tannin  soient  ici  deux  mon.stre»  distincts. 


LE  MONSTRE  RAHAB.  49 

sance  divine,  qui  ne  se  confond  pas  avec  ia  précé- 
dente. Ce  distique  est  d  ailleurs  suspect,  car  il  sert  à 
introduire  un  passage  pris  du  chapitre  xxw  (v.  i  o), 
où  les  «rachetés»  sont  les  captifs  de  Babylone,  et 
qui  a  toute  chance  d'être  une  glose  rapportée.  Si 
Ion  veut  que  l'auteur  ait  pensé  déjà  au  roi  d'Egypte 
et  à  la  mer  Rouge  en  pariant  de  Rahab,  le  mythe 
de  Rahab,  personnification  du  grand  abîme,  n'en 
subsistera  pas  moins  dans  le  texte  d'Isaïe  comme 
terme  de  comparaison.  11  est  fort  possible  que  la 
description  des  deux  œuvres  ait  été  mutilée  après 
coup  et  que  leur  distinction  ait  été  plus  marquée 
dans  la  rédaction  primitive  de  ce  morceau. 

Le  nom  de  Rahab  se  rencontre  aussi  dans  un 
oracle  authentique  d'Isaïe  contre  l'Egypte  : 

Ils  (les  Judcens)  portent  à  dos  d*âne  leurs  biens 
Et  sur  la  bosse  des  cbameaux  leurs  trésors 
A  un  peuple  qui  ne  rendra  pas  service  : 
Misraîm  secourt  en  vain  et  inutilement. 
Cest  pourquoi  je  Vappelle  :  Rahab  au  silence  ^ 

h.  f  XXX,  6-7. 

L'Egypte  ressemble  au  monde  chaotique  dont 
puissance  divine  a  contenu  les  fureurs.  Ce  passage 
serait  important  pour  l'histoire  du  mythe  si  l'authen- 
ticité en  était  certaine.   Un  récent  commentateur 
dlsaïe^  a  fait  valoir  le  trouble  que  la  mention  ex- 

'  La  leçon  massorétique  Ï\y0  QH  ne  peut  éire  maintenue.  Rien 
n empêche  de  lire  raiS^DH  «Tim mobilisé»,  et  Ton  oblienl  un  sens 
très  satisfaisant. 

*  Duhm,  Dos  Buck  Jetaia,  igd*  La  lecture  rtSt^DH  (Raliab), 

XII.  4 


50  JUILLfeT-AOÛT  1898. 

presse  de  TEgypte  el  la  réflexion  sur  le  nom  qui  lui 
convient  introduisent  dans  le  parallélisme,  et  il  re- 
constitue le  dernier  distique  en  cette  forme  : 

A  un  peuple  qui  ne  rendra  pas  service , 
Dont  le  secours  est  vain  et  inutile. 

Une  retouche  de  la  finale  est  au  moins  probable  ; 
et  par  conséquent  ni  l'application  à  TEgypte  du  nom 
de  Rahab,.ni  la  connaissance  du  mythe  en  Judée  à 
Tépoque  d'Isaïe  ne  sont  garanties  par  ce  texte. 

Le  psaume  LXXIV,  dont  beaucoup  renvoient  la 
composition  au  temps  des  Macchabées ,  décril  l'œuvre 
du  Créateur  et  sa  lutte  contre  le  monstre,  en  termes 
qui  rappellent  le  second  Isaïe  : 

Dieu  est  mon  roi  de  jadis , 

Qui  opère  le  salut  au  milieu  de  la  terre. 

C*est  toi  qui,  dans  ta  force,  as  divisé  la  mer, 

Qui  as  biîsé  les  tètes  des  monstres  '  dans  Teau. 

Tu  as  brisé  les  tètes  de  Léviathan , 

Tu  Tas  donné  en  pâture  *  aux  bètes  du  désert. 

tdes  dé^rt.n»  proposée  par  ce  savant,  n'est  pas  à  n»lenir.  La  glose 
pourrait  être  de  la  même  main  que  le  titre,  et  le  titre  tOradc  de 
la  Béte  du  midi*,  qui  nest  pas  ancien,  désigner  expressément 
Thgypte  sous  la  figure  du  monstre  Réliémolli,  comme  le  veut  Gun- 
kel,  op,  cit.,  66  (où  Is.,  \\x,  7^  étant  considéré  comme  authen- 
tique ,  le  titre  de  rorade  en  est  censé  dérivé  ). 

*  11  n'est  évidemment  pas  question  de  poissons.  Les  mots  vV 
Q^Dn  semblent  une  surcharge  à  la  fin  du  vers. 

*  Dy?  dans  ce  verset  n'est  pas  à  changer  en  Dll?  (Gunkcl),  qui 
ferait  double  emploi  avec  7DND.  Ce  doit  être  un  doublet  et  une 
fausse  lecloffc  du  mot  suivant  D^^S?. 


LE  MONSTRE  RAHAB.  51 

Ta  as  ouvert  la  source  et  le  fleuve , 
Tu  as  desséché  les  flots  éternels. 
Tien  est  le  jour,  tienne  est  la  nuit  ; 
Tu  as  installé  la  lumière  ^  et  le  soleil. 
Tu  as  fixé  toutes  les  limites  *  de  la  terre  ; 
C'est  toi  qui  as  fait  Tété  et  Thiver. 

Ps.  LXXIV,    ia-17. 

li  s'agit  ici  de  ia  création ,  et  lauteur  de  ce  déve- 
loppement ne  pensait  pas  à  TEgypte  ni  à  Texode.  H 
exploite  une  légende  populaire.  I.e  caractère  artifi- 
ciel et  peu  original  du  psaume  LXXIV  donne  à  pen- 
ser que  ia  forme  même  de  ce  passage  a  été  fournie 
par  un  écrit  plus  ancien.  Si  Thypothèse  précédem- 
ment émise  à  propos  de  la  citation  du  second  Isaïe 
n'est  pas  sans  fondement,  il  n'y  aurait  pas  à  cher- 
cher bien  loin  le  texte  que  notre  psalmiste  a  utilisé 
en  changeant  quelques  traits  ou  quelques  mots  dans 
la  description.  Quoi  qu'il  en  soit,  Léviathan  a  pris  la 
place  de  Rahab.  H  a  plusieurs  têtes,  et  ce  trait  qui 
se  retrouvera  dans  la  littérature  apocalyptique  n'est 
pas  h  négliger.  Peut-être  n'y  a-t-îl  pas  lieu  de  consi- 
dérer comme  une  particularité  de  ce  mythe  la  dis- 
tribution de  ses  débris  aux  êtres  fantastiques  dont 
l'imagination  des  anciens  peuplait  le  désert.  Quand 
Marduk  a  frappé  Tiamat,  il  disperse  son  sang  au 
loin  dans  les  profondeurs  ténébreuses.  Cette  circon- 

*  Hébreu  *11XC  La  formule  «un  luminaire  et  le  soleil >  pré- 
jiente  une  association  bizarre.  Gunkcl  :  «  la  lune  et  le  soleil  •. 

'  Pl/13^.  Gunkel  :  Tl'^l^^  des  influences!  célestes  qui  s  exer- 
cent sur  la  terre.  Cette  correction  ne  parait  pas  nécessaire. 

à. 


52  JUILLET-AOÛT  1898. 

stance  ne  prouve  pas  davantage  que,  pour  le  psal- 
miste,  Léviathan  n  existe  plus,  ou  que  sa  destruction 
était  absolue  et  définitive  dans  cette  version  de  la 
légende ^ 

Nous  retrouvons  Rahab  dans  le  psaume  LXXXIX, 
plus  ancien  sans  doute  que  le  psaume  LXXIV,  et  fait 
aussi  d'emprunts  ou  de  pièces  rapportées ,  moins  an- 
cien que  le  second  Isaïe  : 

Qui  donc  au  ciel  est  comparable  à  lahvë  ? 
Qui  est  pareil  à  lahvé  parmi  les  fils  des  dieux  ? 
Cest  un  Dieu  redoutable  dans  rassemblée  des  Saints  * , 
Grand  et  terrible  *  pour  tous  ceux  qui  Tentourent. 

Cest  toi  qui  domines  Torgueil  de  la  mer 

Et  qui  calmes  la  fureur  de  ses  flots. 

Cest  toi  qui  as  foulé  comme  un  cadavre*  Babab; 

De  ton  bras  puissant,  tu  as  dispersé  tes  ennemis. 

A  toi  les  cieux ,  à  toi  la  terre  : 

C*est  toi  qui  as  fondé  le  monde  avec  ce  qu*il  contient 

Cest  toi  qui  as  créé  Nord  et  Midi  : 

Thabor  et  Hermon  célèbrent  ton  nom. 

Ps.  LXXXIX,  7-8,  io-i3. 

Ce  fragment  poétique  est  encore  un  récit  de  la 
création  où  Rahab  est  associé  à  la  mer,  où  Rahab 
périt  de  la  main  de  lahvé ,  où  Rahab  est  accompagné 
d  auxiliaires  que  lahvé  disperse  et  soumet  avant  d'or- 

*  Opinion  de  Gunkcl,  op,  cit,,  p.  43. 

*  Des  êtres  célestes. 
»  LireKTIil  m. 

*  Le  cadavre  maltraité  d'un  vaincu,  ^^n  ne  peut  guère  se  tra- 
duire ici  par  f  transpercé».  Il  s'agit  d'un  cadavre  souillé,  comme 
le  veut  Gunkel. 


LE  MONSTRE  RAHAB.  53 

ganiser  le  monde.  Les  psaumes  LXXI V  et  LXXXIX 
sont  certainement  plus  récents  que  le  premier  cha- 
pitre de  la  Genèse,  où  pourtant  il  ny  a  plus  trace 
dune  lutte  du  Créateur  contre  le  Chaos;  mais  ils 
dépendent  d'une  tradition  plus  ancienne  que  This- 
torien  sacerdotal  de  THexateuque,  tradition  qui 
n  est  arrivée  sans  doute  à  leurs  auteurs  que  fragmen- 
tée et  par  intermédiaires,  mais  qui  a  bien  des  chances 
d  avoir  existé  en  Israël  sous  la  forme  d*un  poème 
complet,  beaucoup  plus  ressemblant  au  poème  chal- 
déen,  pour  le  fond  et  le  style,  que  les  récits. en  prose 
par  lesqueb  commence  maintenant  Thistoire  bi- 
blique.- 

Le  nom  de  Rahab  se  lit  encore  au  psaume  LXXX  VII 
(v.  4),  associé  à  celui  de  Babel,  et  désigne  l'Egypte. 
C'est  ime  interprétation  allégorique  du  vieux  mythe, 
devenu  inintelligible  pour  des  esprits  dégagés  de  la 
mythologie ,  pénétrés  de  l'idée  d'un  Dieu  transcen- 
dant, et  qui  étaient  tout  disposés  à  entendre  des  en- 
nemis actuels  du  peuple  et  de  la  foi  Israélites  les 
passages  des  anciens  textes  où  étaient  mentionnés 
les  ennemis  naturels  de  l'antique  lahvé.  M.  GunkeP, 
s'appuyant  sur  le  passage  d'Isaie  que  nous  avons  cité, 
pense  que  l'interprétation  s'est  faite  en  partant  de 
la  comparaison  de  Rahab  avec  l'Egypte.  Telle  est  en 

'  Op,  cit. ,  39 ,  où  ii  est  dit  que  inapplication  doit  être  antérieure 
à  Isaîe.  Cette  conclusion  serait  probable  en  effet,  si  le  passage 
était  authentique,  car  le  lecteur  est  censé  connaître  Inadaptation 
symbolique  du  nom  de  Rahab  à  TÉgypte.  L*intervention  accessoire 
d'un  mythe  égyptien  est  admise  plus  loin  (p.  90). 


54  JUILLET. AOÛT  1898. 

effet,  probablement,  Torigine  du  travail  exégétique 
dont  il  s  agit;  cependant  le  passage  d'Isaïe,  qui  a  dû 
être  retouché  après  l'exil,  ne  doit  pas  être  le  point 
de  départ,  mais  un  fruit  de  cette  exégèse  dont  le 
véritable  initiateur  paraît  être  Ezéchiel.  Ce  prophète 
qui  décrit  le  jugement  de  lalivé  sur  le  roi  de  Tyr 
en  s  inspirant  de  Thistoire  du  paradis  terrestre  \  an- 
nonce le  châtiment  du  roi  d'Egypte  en  recourant  à 
la  légende  du  dragon  des  eaux  mis  en  pièces  par  le 
Créateur.  11  compare  ce  roi  à  un  monstre  marin  [tan- 
nin) sur  lequel  lahvé  étend  son  fdet,  comme  Marduk 
a  jeté  le  sien  sur  Tiamat.  lahvé  accomplit  son  ex- 
ploit devant  tous  les  peuples,  comme  il  a  vaincu 
Rahab  devant  les  fils  de  Dieu.  Le  monstre  est  traîné 
à  terre,  sa  chair  livrée  aux  bêtes  et  dispersée  au  loin, 
de  façon  que  montagnes  et  vallées  soient  couvertes 
de  ces  débris*^.  Rien  de  plus  facile  après  cela  que 
d'identifier  positivement  l'Egypte  à  Rahab  ou  à  Lévia- 
than.  C'est  ce  qui  est  fait  dans  le  psaume  LXXXVII. 
C'est  ce  qu'on  voit  aussi  dans  un  passage  dlsaïe  que 
les  critiques  jugent  postérieur  à  la  captivité:  «  En  ce 
temps-là  lahvé  touchera  de  son  glaive  pesant,  grand 
et  fort,  Lévialhan  le  serpent  fugitif,  et  Léviathan  le 
serpent  tortueux,  et  il  tuera  le  monstre  de  la  mer*.  » 

^  hi,y  xwiii.    Cf.  Revue  d'histoire   et    de  littérature  religieuses, 

I,  233-237. 

*  El.,  x\i\4  3-6;  XXXII,  28.  Cf.  Ps.  LXXIV,  i3-i4;  tnp,  cit, 
'  Is.  xxTii,  1.  Ce  morceau  appartient  à  une  sorte  d*apocaiypse 

qui  comprend  les  chap.  xxiT-xxvii.  Gunkel  suppose  avec  beaucoup 

de  vraisemblance  que  l'auteur  a  dédoublé  Léviathan   pour  avoir 

trois  monstres. 


LE  MONSTRE  RAHAB.  55 

On  se  demande  quelles  sont  les  trois  puissances  visées 
par  le  prophète,  mais  on  ne  peut  guère  douter  que 
rÉgypte  n'y  soit  comprise;  et  il  est  évident  que  les 
puissances  du  mal  ont  été  substituées  aux  puissances 
du  chaos,  que  Tidéal  de  la  paix  messianique  est 
comme  une  restauration  morale  de  1  âge  d'or.  On  a 
pu  se  (igiu*er  d'abord  la  tranquillité  du  monde  as- 
surée un  jour  définitivement  par  l'extermination  des 
puissances  ténébreuses.  Maintenant  on  attend  la  fé- 
licité d'Israël  par  la  disparition  des  empires  idolâtres , 
sans  pourtant  que  l'idéal  religieux  et  moral  se  dé- 
tache entièrement  des  espérances  de  félicité  matérielle 
et  de  parfaite  harmonie  dans  l'univers. 

A  côté  de  l'interprétation  mystique  et  spirituelle 
de  la  vieille  légende,  il  faut  signaler  l'interprétation, 
quasi -rationaliste,  qui  transforme  les  monstres  du 
chaos  en  créatures  de  lahvé.  Rahab  et  Léviathan, 
dans  le  corps  du  livre  de  Job ,  sont  deux  monstres 
domptés  par  la  puissance  du  Créateur^;  à  la  fin, 
dans  le  discours  de  lahvé ,  ce  sont  ses  deux  œuvres 
les  plus  extraordinaires,  Behémoth  et  Léviathan  se 
rapprochant  tellement  de  l'hippopotame  et  du  cro- 


*  Léviathan  est  mentionné  dans  Job,  m,  8,  et  peut  être  iden- 
tique au  c Serpent  fugitif t  de  Job,  xxvi,  i3.  La  lecture  Q^  «mert 
au  lieu  de  QV  «jour» ,  recommandée  par  Gunkel  ne  donne  pas  un 
sens  acceptable  :  c  maudire  la  mer»  ne  serait  pas  •  tenir  la  mer 
par  incantation»,  et  Ton  conçoit  très  bien  que,  pour  rendre  un 
jour  funeste,  il  suffise  de  lâcher  Léviathan.  Mais  Gunkel  doit  avoir 
raison  de  soutenir  que  ceux  qui  excitent  Léviathan  ne  sont  pas  des 
magiciens  vulgaires;  ce  sont  des  êtres  surnaturels»  des  anges  de 
ténèbres  (op.  cit,,  6o). 


56  JUILLET-AOOT  1898. 

codilequoii  a  pu  soutenir,  et  non  sans  raison,  qu'ils 
se  confondaient  avec  ces  deux  animaux.  Mais  la 
description  contient  encore  trop  de  traits  mytho- 
logiques, soigneusement  analysés  par  M.  Gunkel\ 
pour  qu'on  ne  soit  pas  autorisé  à  y  voir  en  même 
temps,  et  de  préférence,  des  monstres  mythiques 
ramenés  à  la  condition  de  créatures  et  retenant 
quelque  chose  de  leur  première  origine.  Il  n  y  a 
toujours  que  lahvé  pour  les  dominer  ;  mais  il  le  fait 
comme  en  se  jouant,  et  le  psaume  CIV  dit  que  Dieu 
s  amuse  de  Léviathan^.  Ce  sont  les  plus  anciennes 

*  Op,  cit. ,  p.  48-69. 

*  Ps.  CIV,  a 6.  Le  texte  de  ce  passage  paraît  surchargé.  Glosé 
ou  non ,  il  parle  de  Léviathan  dont  Dieu  s*amuse ,  et  non  de  Lé- 
viatfaan  qui  s*amuserail  dans  Teau.  La  version  grecque  de  Job ,  xl, 
19,  dit  aussi  que  Bebémoth  a  été  créé  pour  servir  d'amusement 
aux  anges,  et  répèle  la  même  cbose  de  Léviathan,  XLI,  35.  Dans 
le  dernier  cas  au  moins  Tinterprète  s*est  réglé  sur  la  tradition  plus 
que  sur  le  texte.  L*hébreu  est  obscur  et  paraît  altéré  dans  les  deux 
endroits.  Gunkel  (op,  cit,,  53  ,  63)  propose  des  corrections  hardies, 
pour  Job,  XL,  19  :  n3*in  l^H^  ^llb^îl  «fait  (pour)  quHl  domine 
(1*^^05)  le  désert»;  pour  Job,  xu,  aS  :  PDri  7^37  ^IC^^n  «fait 
pour  (être  le)  maître  du  (monde)  inférieur».  Cette  dernière  leçon 
est  acceptable  comme  conjecture.  Quant  à  la  première,  Tinterprcte 
grec  a  pensé  trouver  dans  son  texte  la  formule  ^2  pUVb  ^Wyn 
«  fait  pour  servir  de  jouet  »,  et  il  ajoute  :  «  aux  anges  »  pour  plus 
de  clarté.  Il  y  aurait  parallélisme  entre  les  deux  descriptions  si 
Béhémoth  avait  été  fait  pour  Tempire  du  désert ,  et  L<*viathan  pour 
celui  de  la  mer;  mais  on  peut  se  demander  si  ce  parallélisme  a 
été  voulu  par  le  poète,  Béhémoth  ayant  son  séjour  dans  les  roseaux 
près  du  fleuve  et  non  dans  le  désert.  Cependant  Gunkel  invoque  à 
bon  droit  le  témoignage  'd'Hénoch,  lx,  7-9;  et  de  IV  Esdr.,  vi, 
4 9-5 a,  où  le  monstre  femelle  Léviathan  est  logé  au  fond  des  eaux, 
le  monstre  mâle  Béhémoth  sur  la  terre.  Dans  le  poème  babylonien 
de  la  création ,  Kingu ,  le  mari  de  Tiamat ,  paraît  aussi  représenter 


LE  MONSTRE  RAHAB.  57 

créatures  ' .  Dans  le  premier  chapitre  de  la  Genèse 
ils  rentrent  dans  les  œuvres  communes,  et  «  les  grands 
monstres  >  arrivent  à  leur  jour  avec  la  population 
des  mers^.  Hénoch  et  le  quatrième  livre  d'Esdras^ 
savent  ce  quon  fera,  au  dernier  jour,  de  Béhémoth 
et  de  Léviathan.  L*interprétation  rationaliste  rejoint 
ainsi  l'interprétation  mystique  et  apocalyptique. 

II 

M.  Gunkel  s*est  demandé  si  les  auteurs  bi- 
bliques qui  connaissent  encore  la  lutte  de  lahvé  avec 
les  monstres  du  chaos  avaient  puisé  directement 
dans  la  tradition  babylonienne,  ou  bien  seulement 
d'une  manière  indirecte,  le  mythe  chaldéen  étant 

en  quelque  façon  la  terre.  Enfin  la  lecture  proposée  pour  Job ,  xl  , 
1 9 ,  s*adapte  aisément  au  texte  traditionnel.  La  version  grecque  des 
deux  passages,  si  curieuse  qu*elle  nous  paraisse,  accuse  un  parti 
pris  d*éviter  les  allusions  mythologiques.  Dans  Job,  ix,  i3  •les 
auxiliaires  de  Rahab»  deviennent  xi^xri  rà  v'à'oCpavépi  et  dans 
XXVI  ,13,  Rahab  est  t6  xffrof . 

^  Job,  XL,  19.  Cette  assertion  n'est  pas  dérivée  de  Gen.,  i,  34. 
mais  résuite  simplement  de  ce  que  les  monstres  du  chaos  n^étaient  pas 
d abord  des  créatures  et  que,  pour  les  faire  entrer  dans  la  concep- 
tion du  monothéisme  absolu ,  on  a  commencé ,  les  ayant  trouvés 
immédiatement  avant  la  création ,  par  les  placer  au  début  de  l'œuvre 
rréatriœ. 

*  Gen. ,  1 ,  31,  où  ils  passent  encore  avant  tous  les  êtres  qui 
vivent  dans  Teau. 

'  Supr,  cit,  La  destination  des  monstres  est  indiquée  clairement 
dans  IV  Esdr.,  vi,  53  :  tServasti  ea  ut  fiant  in  devoralionem 
quibus  vis  et  quando  vis».  Cf.  Ps.,  LXXIV,  i4*  Le  pseudo- Ësdras 
rapporte  la  création  des  deux  monstres  au  cinquième  jour,  d'après 
Gen.,  i;  ari. 


58  JUILLET-AOÛT  18Q8. 

venu  jusqu'à  eux  par  Tintermédiaire  d'une  tradition 
Israélite  plus  ou  moins  ancienne ,  à  la  fois  orale  et 
écrite,  où  le  caractère  polythéiste  de  la  légende  avait 
été  déjà  modifié,  avant  d'être  réduit  encore  et  fina- 
lement supprimé  par  les  hagiograpkes.  Le  savant 
auteur  écarte  Thypothèse  dun  emprunt  direct  et 
tardif,  par  exemple  au  temps  de  la  captivité,  ou 
même  au  temps  d'Achaz  ou  de  Manassé.  Les  mythes 
babyloniens  auraient  émigré  en  Palestine  îiu  temps 
de  la  domination  chaldéenne  notoirement  attestée 
par  l'usage  de  l'écriture  cunéiforme  dans  les  pays 
palestiniens  au  xv'  siècle  avant  l'ère  chrétienne,  ou 
bien  encore  à  l'époque  de  Salomon  et  à  celle  d'Achab. 
Adaptés  d'abord  à  l'esprit  des  Cananéens,  ces  mythes 
le  furent  ensuite  à  l'esprit  d'Israël,  et  l'on  peut  ad- 
mettre aussi  une  influence  égyptienne  pour  la  trans- 
formation ou  l'acquisition  de  certains  détails.  Ils 
existèrent  d'abord  en  Israël  sous  forme  de  poèmes 
d'où  dérivent,  par  voie  d'interprétation  de  plus  en 
plus  conforme  à  l'esprit  monothéiste,  nos  récits  en 
prose.  L'influence  mythologique  ne  se  serait  plus  fait 
sentir  ensuite  qu'après  la  disparition  des  prophètes ,  à 
partir  du  v*  siècle  avant  lere  chrétienne. 

Cette  thèse  a  peut-être  quelque  chose  de  trop 
absolu,  bien  qu'elle  paraisse  vraie  dans  ses  grandes 
lignes.  Autant  il  est  invraisemblable  que  tous  les 
mythes  chaldéens  dont  on  trouve  dans  la  Bible  un 
écho  plus  ou  moins  affaibli  ne  soient  arrivés  à  la 
connaissance  des  Israélites  qu'aux  vni*,  \if  ou  vi" 
siècles  avant  Jésus-Christ,  autant  il  est  peu  probable 


LE  MONSTRE  RAHAB.  59 

que  les  relations  dlsraëi  avec  Ninive  et  Babyione  en 
ce  temps-là  n'aient  exercé  aucune  influence  sur  le 
développement  des  légendes  populaires.  Le  grand 
argument  de  M.  Gunkel  est  Thorreur  des  prophètes 
pour  ce  qui  est  païen.  Cette  preuve  n  est  pas  con- 
duante.  Sans  doute  on  ne  conçoit  pas  un  Isaïe  et 
un  Jérémie  occupant  leurs  loisirs  à  traduire  en  prose 
monothéiste  les  récits  mytliologiques  de  la  Chaldée, 
complètement  nouveaux  pour  eux  et  en  contradic- 
tion avec  leur  esprit,  mais  on  conçoit  fort  bien  que 
d excellents  iahvébtes  et  même  des  prophètes,  déjà 
en  possession  de  récits  analogues,  venant  à  connaître 
par  intermédiaires  les  légendes  chaldéennes  telles 
qu*elles  avaient  cours  en  leurs  temps,  n  aient  pas 
répugné  autant  qu*on  veut  bien  le  dire  à  enrichir  de 
traits  nouveaux  leur  propre  tradition.  Que  Ion  fasse 
remonter  jusqu'aux  origines  la  parenté  de  la  tradi- 
tion Israélite  avec  la  tradition  chaldéenne,  rien  de 
plus  légitime  ;  mais  à  raison  même  de  cette  parenté 
originelle  et  vu  les  relations  qui  ont  existé  entre  Is- 
raël et  la  Mésopotamie  dans  les  temps  historiques , 
on  ne  peut  pas  écarter  à  priori  Tidée  d*un  emprunt 
particulier  à  telle  époque  donnée,  même  au  vu', 
même  au  vi"  siècle.  Il  est  impossible  de  croire ,  par 
exemple ,  que  le  prophète  Ézéchiel  ne  doit  absolu- 
ment rien  à  son  séjour  en  Chaldéé  et  que  sa  descrip- 
tion des  chérubins  ne  reflète  que  de  souvenirs  pales- 
tiniens. Aurait-il  donc  été  moins  défiant  à  Tégard 
des  images  que  des  légendes  di\ines?  C'est  aussi  un 
fait  très  remarquable  que  la  tradition  jéhoviste  de  la 


60  JUILLET-AOÛT  18Q8. 

Genèse  présente  comme  deux  couches  légendaires 
dont  la  plus  ancienne  ignore  le  déluge  ou  n'en  tient 
pas  compte.  Le  plus  ancien  écrivain  israélite(en  de- 
hors de  la  Genèse)  qui  fasse  allusion  au  déluge  est 
le  second  Isaïe.  N  est-il  pas  possible  et  même  pro- 
bable que  cette  histoire,  à  peu  près  oubliée  en  Israël 
parce  qu'elle  était  sans  adaptation  locale,  lui  aura 
été  rappelée  à  une  date  relativement  récente,  et 
n  est-ce  pas  pour  cette  raison  même  que  laffinité 
des  deux  traditions,  chaldéenne  et  biblique,  est 
beaucoup  plus  étroite  sur  ce  point  que  partout  ail- 
leurs^? 

Il  n  en  reste  pas  moins  vrai  que  les  écrivains  bi- 
bliques puisent  en  général  dans  la  tradition  Israélite 
et  que  la  présence  même  de  traits  qui  ne  se  trouvent 
plus  maintenant  dans  les  récits  de  la  Genèse  n'est 
pas  un  argument  décisif  en  faveur  d'un  emprunt  di- 
rect à  l'étranger.  Les  allusions  du  second  Isaïe  sont 
fort  instructives  à  cet  égard  ;  on  a  vu  plus  haut  ce 
.  qu'il  sait  du  combat  de  lahvé  contre  Rahab.  Il 
connaît  aussi  le  paradis  terrestre  et  le  déluge  : 

lahvé  rendra  semblable  à  Eden  le  désert  de  Sion , 

Et  au  jardin  de  lahvé  sa  solitude. 

U.,  LUI,  3 

Ce  sera  pour  moi  comme  au  temps  de  Noé , 

Lorsque  j'ai  juré 
Que  les  eaux  de  Noé  ne  passeraient  plus  sur  la  terre. 

Is.,  uv,  9. 
^  Voir  Revue  d'hiitoire  et  de  littérature  religieuses,  III,  176-182. 


LE  MONSTRE  RAHAB.  61 

De  ce  que  la  Genèse  ne  mentionne  pas  le  combat 
du  Créateur  avec  Rahab  et  ne  signale  pas  de  ser- 
ment après  le  déluge,  il  ne  faudrait  pas  conclure 
que  lauteur  n a  pu  puiser  ces  détails  à  une  source 
hébraïque.  Il  écrit  aussi  : 

Ton  premier  ancêtre  a  péché , 

Et  tes  interprètes  m'ont  été  infidèles. . 

Is. ,  XLIII,  37. 

Le  premier  ancêtre  est  sans  doute  Jacob  ^  et  .les 
interprètes  doivent  être  Moïse  et  Aaron.  Pourtant, 
s'il  est  facile,  avec  un  peu  de  bonne  volonté,  de  re- 
trouver dans  nos  textes  le  péché  de  Moïse  et  d' Aa- 
ron ^,  il  lest  beaucoup  moins  de  retrouver  celui  de 
Jacob.  Ce  n*est  pas  à  la  Genèse  qu'il  faut  le  deman- 
der, mais  au  prophète  Osée ,  qui  reproche  à  Jacob 
de  s'être  battu  avec  Dieu  et  qui  lui  en  fait  demander 
pardon  ^.  Il  ne  peut  être  question  d'influence  baby- 
lonienne, mais  de  traditions  modifiées  dans  les  textes 

*  Adam  n'est  pas  plus  l*ancâtre  d*Israël  que  de  tout  autre  peuple, 
et  du  moment  qu*il  s'agit  de  péché,  Abraham  est  hors  de  cause. 
Cf.  Duhm,  op,  cit,,  3o3. 

*  L'auteur  a  sans  doute  en  vue  des  personnes  déterminées  et 
trës  connues  ;  c'est  pourquoi  on  ne  peut  guère  songer  aux  prophètes 
en  général.  Il  reste  qudque  trace  du  péché  de  Moïse  et  d'Aaron 
dans  Nomb.,  xx,  1-1 3;  et  pour  le  second  en  particulier  il  y  a 
l'histoire  du  veau  d'or. 

'  Os. ,  XII ,  4-5.  Là  il  est  dit  que  Jacob  lutta  contre  Dieu  et  fut 
le  plus  fort ,  puis  qu'il  j^eura  et  obtint  son  pardon.  L'incident  pa- 
raît précéder  l'arrivée  de  Jacob  à  Bélhel ,  lorsqu'il  se  rend  en  Mé- 
sopotamie. Le  lieu  du  combat  était  sans  doute  «  l'arbre  des  pleurs  » 
où  une  tradition  plus  récente  met  le  tombeau  de  Déhora,  la  nour- 
rice de  Rébecca  (Gen.,  xxxv,  8). 


62  JUILLET-AOÛT  1898. 

bibliques,  bien  que,  selon  toute  vraisemblance, 
elles  eussent  dabord  trouvé  place  dans  les  docu- 
ments anciens  de  THexateuque. 

Selon  M.  Gunkel,  il  a  existé,  avant  nos  récits  en 
prose,  diverses  recensions  d'un  ancien  poème  hébreu 
de  la  création  où  le  combat  de  lahvé  contre  Rahab 
avait  la  place  que  lui  supposent  les  citations  plus  ré- 
centes. Il  en  est  des  récits  de  la  création  comme  de 
beaucoup  d'autres  récits  bibliques,  où  l'on  doit  re- 
connaître le  commentaire  en  prose  d'im  vieux  chant 
populaire.  On  peut  alléguer  à  l'appui  de  cette  hypo- 
thèse un  argument  nouveau.  M.  Gunkel,  poiu*  mon- 
trer que  l'idée  de  la  création^  a  existé  de  bonne 
heure  en  Israël,  cite  le  passage  des  Rois  oùSalomon 
est  censé  dire  que  lahvé  a  voulu  habiter  dans  l'obs- 
curité, lui  qui  a  mis  le  soleil  dans  les  cieux.  L'anti- 
thèse est  fournie  par  les  Septante,  qui  avaient  à  leur 
disposition  un  texte  plus  complet  et  meilleur  que 
l'hébreu  traditionnel.  M.  Wellhausen  a  reconnu  le 
premier  dans  ce  passage  une  citation  du  lasar^,  le 
vieux  livre  d'où  proviennent  l'apostrophe  de  Josué 
au  soleil  et  à  la  lune  sur  le  champ  de  bataille  de  Ga- 
baon,  et  l'élégie  de  David  sur  la  mort  de  Saùl  et  de 
Jonathas.  Mais  il  ne  semble  pas  que  l'on  ait  suffisam- 
ment tenu  compte  des  particularités  du  grec  pour 
la  restitution  de  l'original  hébreu. 

'  Au  sens  cosmogonique  et  non  philosophique  du  mot.  Il  ne 
s*agit  pas  de  la  création  ex  nUiUo ,  mais  de  l'origine  du  monde. 

*  On  lit  dans  le  grec  :  ov'x  iio^  ctHni  yéypan^at  ip  fiiSXie»  xrif 
^f  (III  Rois,  yni,  53).  L'interprète  a  lu  l^VH  au  lieu  de  ")C^^n. 
Wellhausen,  Die  Composition  des  Hexateuchs,  371. 


LE  MONSTRE  RAHAB.  63 

Le  texte  grec  est  ainsi  conçu  : 

ÛXunf  èyvtbpurep  èv  oùp9»&  xitptos  * 
eivev  Tov  xarotxenf  èx  yvà^v, 
Ohio^fUfftTOP  oJxàv  fiov,  oïkov  èHTrpevrf  aavr^; 
TOV  xarotxeîv  èvî  xatvàvïjros^. 

Jusqu'à  présent  les  critiques  se  sont  contentés  de 
prendre  le  premier  vers,  qui  manque  dans  Thébreu, 
pour  Tadapter  au  texte  massorétique.  lis  admettent 
une  antithèse  entre  le  soleil,  qui  demeure  dans  les 
deux,  et  lahvé,  qui  aime  les  ténèbres.  Ce  privilège 
du  soleil  est  quelque  peu  suq>renant  :  lahvé  nliabite- 
t-il  pas  aussi  dans  les  cieux?  On  suppose  également, 
comme  le  contexte  y  invite ,  que  le  dernier  distique 
renferme  des  paroles  adressées  par  Salomon  à  lahvé, 
et  se  réfère  à  ia  construction  du  temple  : 

lahvé  a  mis  le  soleil  aux  cieux , 

Mais  il  a  résolu  d'habiter  les  ténèbres.  : 

«  Je  t*ai  construit  une  maison  pour  y  demeurer, 

Un  lieu  de  séjour  pour  Tétemité.  » 

Une  certaine  incohérence  de  pensée  règne  dans 
cette  strophe  :  le  soleil  est  au  ciel ,  lahvé  veut  des  té- 
nèbres, Salomon  lui  donne  une  maison.  On  peut 
douter  que  le  vieux  poète  ait  mis  tant  de  choses  en 
quatre  vers. 

Le  gi^c  iyvdpiae»  correspondrait  à  Thébreu  ymn 
«il  a  fait  connaître»,  lecture  certainement  fautive, 

'  VariaDtes  da  ms.  alexandrin  t  iv  yvé^f  sCupenif,  xevérntot 
[leçon  fautive). 


64  JUILLET-AOÛT  1898. 

mais  qui  procède,  par  simple  transposition  de  lettres, 
dune  leçon  excellente  i^vin  «  il  a  fixé  place  »^  Cette 
expression  est  caractéristique.  On  la  trouve  dans  le 
poème  babylonien  de  la  création ,  h  l'endroit  où  Mar- 
duk  «  établit  [uaddi'^)  la  lune  comme  astre  de  nuil 
pour  fixer  [ana  uddâ)  les  jours  » ,  pour  en  marquer 
la  succession.  Les  mots  éx  yvô^v  supposeraient  en 
hébreu  ^Diyo  au  lieu  de  ^Diya.  En  tout  cas,  la  vo- 
lonté de  lahvé  a  pour  objet  la  place  qui  convient  au 
soleil,  et  non  pas  celle  dont  lahvé  lui-même  aurait 
besoin;  Le  troisième  vers  semble  avoir  été  traduit 
par  conjecture,  et  il  ny  a  pas  lieu  d améliorer  Thé- 
breu  traditionnel.  Dans  le  quatrième  vers,  la  formule 
in}  xatv6TiiT0s  ne  peut  être  une  traduction ,  bonne  ou 
mauvaise,  de  Thébreu.  Le  mot  D^o'j'iy  n  était  pas  dif- 
ficile à  comprendre,  et,  supposé  que  Imlerprète 
lentendît  au  sens  de  «jeunesse  » ,  il  n'aurait  pas  man- 
qué de  le  traduire  par  veirtis.  S'il  emploie  le  mol 
xaivérns,  c'est  qu'il  avait  dans  son  texte  quelque  dé- 
rivé de  e;in'.  D'après  le  grec,  la  citation  serait  donc 
à  reconstituer  comme  il  suit  : 


'  Èypc&ptae»  ne  correspond  jamais  à  ]^3n,  dans  le  grec  de^  Sep- 
tante, mais  à  3?^nn.  Par  conséquent  la  lecture  pDil  que  Ton  a 
proposée  est  entièrement  dépoun  ue  de  probabilité.  Un  autre  exemple 
de  confusion  entre  Vl^  et  IV^  se  rencontre  dans  Am.,  m,  3  (voir 
hébreu  et  grec). 

*  Voir  F.  Delitisch,  Das  babjrlonische  IVelischôpfungepos ,  85. 

'  La  même  méprise  se  rencontre  encore  dans  Éi. ,  xltii,  la, 
où  VUin?  ten  ses  moisi,  est  traduit  par  tî;^  x(uv6vnto^  atrrov. 
La  lecture  D^C^IDS  peut  donc  être  considérée  comme  certaine  [)Our 
I  (III)  Rois,  Tin,  i3  (53). 


LE  MONSTRE  RAHAB.  55 

< 

(m.T)  D'»Dcr3  vy^n  vw 
D'»crin3  nae;'?  pDO 

I&hvé  a  marqué  sa  place  au  soleil  dans  les  deux  ; 
Il  (lui)  a  dit  d*habiter  hors  des  ténèbres*  : 
■  Je  Vai  bâti  une  maison  pour  (y)  demeurer, 
Un  lieu  pour  (y)  habiter,  mois  par  mois*.  » 

Laissons  donc  Tantithèse  toute  moderne  du  soleil 
et  de  lahvé.  La  strophe  n  a  pas  d'autre  objet  que 
imstallation  du  soleil  dans  ses  fonctions  permanentes, 
lahvé  a  marqué  au  soleil  Titinéraire  que  celui-ci  doit 
suivre  dans  les  cieux,  en  quittant  les  régions  téné- 
breuses où  il  se  retire  pendant  la  nuit;  il  lui  a  fait 
une  belle  maison  pour  son  séjour,  mois  par  mois; 
en  d'autres  termes,  il  lui  a  préparé  les  mansions  zo- 
diacales. La  strophe  ainsi  comprise  a  une  couleur 
parfaite  d'antiquité.  L'installation  de  Samas  par  Mar- 
duk  devait  être  racontée  en  termes  analogues  dans 
le  poème  babylonien  de  la  création^. 

On  pourrait  objecter  qu'une  description  du  cours 
du  soleil  n'a  pas  de  rapport  avec  la  dédicace  du 

'  Le  texte  de  ce  vers  peut  sembler  douteux,  mais  le  sens  nest 
guère  contestable. 

*  Mot  à  mot  :  «  aux  mois  •.  Noter  que  les  lectures  et  le  sens  que 
suppose  le  grec  sont  d*autant  plus  recommandes  que  l'interprète 
lui-même  n  a  rien  compris  à  l'hébreu  quHl  traduisait. 

^  On  n'a  pas  le  passage  du  poème  qui  concerne  ic  soleil,  mais 
on  peut  s'en  faire  une  idée  par  les  instructions  que  Marduk  donne 
à  la  lune. 

xn.  5 


60  JUILLKT-AOÛT  1898. 

temple  où  nous  la  lisons  maintenant.  Mais  il  est  aisé 
de  répondre  que  la  citation  est  empruntée  à  un  poème 
plus  étendu,  où  il  pouvait  ôtre  question  du  temple. 
La  comparaison  du  soleil  qui  a  sa  demeure  indiquée 
au  ciel,  avec  lahvé,  à  qui  Salomon  vient  de  bâtir 
un  sanctuaire,  incohérente  si  on  Tenferme  en  un 
seul  distique,  pourrait  devenir  naturelle  si  elle  était 
développée  en  quelques  strophes.  Toutefois  cette 
hypothèse,  enTabsence  du  contexte,  est  trop  fragile 
pour  quon  sy  arrête.  Nous  avons  aifaire  à  un  mor- 
ceau de  poème  sur  la  création ,  extrait  du  Idsar,  I^e 
lasar,  qui  contenait  des  pièces  authentiques  de  Da- 
vid, contenait  donc  un  poème  de  Salomon.  Est-il  ab- 
solument nécessaire  que  ce  poème  ait  été  composé 
à  loccasion  de  la  dédicace  du  temple,  pour  que 
rhistorien  ait  pu  le  citer  à  ce  propos  ?  N'a-t-il  pas 
cherché  lui-même  la  place  quil  lui  a  donnée?  Il  a 
pris  le  fait  le  plus  remarquable  de  la  vie  de  Salomon 
et  il  a  choisi  la  strophe  qui  lui  semblait  le  mieux 
s  adapter  à  cette  occasion.  Peut-être  ne  voyait-il  pas 
très  clairement  le  sens  du  vieux  texte  et  a-t-il  fait,  sans 
sen  apercevoir,  ce  qu'on  appelle  en  style  de  prédi- 
cateur une  accommodation.  Toujours  est-il  que  la  ci- 
tation était  fidèle ,  mais  que  les  copistes ,  «\  une  époque 
relativement  récente ,  font  fortement  retouchée  pour 
la  faire  cadrer  avec  la  circonstance. 

Cet  ancien  poème  de  la  création,  qui  pourrait 
très  bien  être  une  œuvre  authentique  de  Salomon , 
dépose  en  faveur  de  la  thèse  soutenue  par  M.  Gun- 
kcl.  Il  devait  ressembler  plus  que  tous  nos  récits  en 


LE  MONSTRE  RAHAB.  67 

prose  au  poème  habylonien  sur  le  même  sujet;  il 
ost  plus  ancien  que  les  récits  de  la  Genèse»  ;  il  répond 
à  ridée  cju  on  se  faisait  alors  de  la  sagesse  ou  de 
la  science,  et  convient  pjirfaitemcnt  à  Salomon. 
Pourquoi  faut-il  que  le  rédacteur  des  Rois  n'en  ait 
pas  cité  au  moins  deux  strophes? 


.>. 


08  JUILLET-AOÛT  1898. 


NOTES  D'EPIGRAPHIE 

ET  D'ARCHÉOLOGIE   ORIENTALE, 

PAR 

M.  J.-B.  CHABOT. 

(suite.) 


III 

NOUVELLES  INSCRIPTIONS  INÉDITES  DE  PALMYRE. 

M.  EiîiUe  Bertone,  architecte  diplômé  du  Gou- 
vernement, ancien  pensionnaire  de  TAcadémie  de 
France  à  Rome,  fit  à  Pîdmyre,  en  iSgS,  un  séjour 
de  cinq  mois.  Son  voyage  a  été  raconté  avec  beau- 
coup dliumour  par  M.  Eug.  Guiliamne,  dans  la 
Revue  des  Deax-Mondes  du  i  5  juillet  1 897.  Son  but 
était  uniquement  artistique;  cependant  il  copia  un 
certain  nombre  d'inscriptions  dont  plusieurs  sont 
inédites,  à  ma  connaissance  du  moins.  Avec  Tauto- 
risation  de  M.  Bertone,  je  vais  essayer  d'en  donner 
l'explication  d'après  les  c«dques  qu'il  a  bien  voulu 
faire  pour  moi  de  son  carnet  de  voyage,  calques 
dont  on  trouvera  une  reproduction  exacte  dans  la 
planche  qui  accompagne  cette  notice.  Les  numéros 
d'ordre  que  je  donne  à  ces  inscriptions  continuent 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  69 

la  série  des  inscriptions    psdmyréniennes   publiées 
dans  ma  première  note. 


19 

L*inscription  que  je  place  en  premier  lieu  se 
trouve  «  sur  une  tablette  encastrée  assez  haut ,  sur 
un  grand  tombeau  du  Wadi  el-Qebour  » ,  d  après  ce 
que  nous  apprend  Waddington  qui  avait  copié  le 
texte  grec  d  une  manière  très  imparfaite  et  la  publié 
dans  son  Recueil  sous  le  n°  a6i2.  —  M.  Bertone, 
qui  a  pu  s'approcher  de  Tinscription ,  a  copié  tout  à 
la  fois  le  grec  et  le  palmyrénien;  car  Tinscription 
est  bilingue  .  le  texte  grec  comprend  cinq  lignes;  le 
texte  palmyrénien  nVn  a  que  quatre. 

La  première  ligne  grecque  se  lit  sans  difficulté  : 

Ta  fÂPrffieîov  xai  rà  <nntXatov  coKohàfitalav] 
Elle  répond  aux  premiers  mots  du  palmyrénien  : 

Ce  tombeau  et  la  caverne  ont  été  bâtis  par. . . 

Je  restitue  le  mot  Hinp  au  commencement;  la 
copie  ne  porte  que  les  traces  d  une  seule  lettre ,  vrai- 
semblablemeut  du  3.  Plus  rarement  le  mot  iwnimov 
est  traduit  par  son  équivalent  absolu  KiiDi ,  mémo- 
riale^  de  la  racine  isi  «se  souvenir»  (Vogué, 
P.  36  fc).  —  Km^D  «caverne»  se  rencontre  dans 
plusieurs  inscriptions  (Vogué,  P.  35 ,  67,  etc.),  avec 


70  JUILLET-AOÛT  1898. 

le  sens  de  grotte  funéraire  ;  ce  mot  est  parfois  traduit 
en  grec  par  thréyeiov  dans  les  inscriptions  bilingues. 

I^a  seconde  ligne  grecque  avait  été  lue  ainsi  par 
Waddington  : 

^à^siç  Èvérox)  Zs^Sov  BonfiOLtos  holi  fie^à^êoiXos  ? 

La  copie  de  M.  Bertone  est  beaucoup  plus  satisfai- 
saiite  et  conforme,  excepté  pour  une  ou  deux  let- 
tres, au  texte  pahiiyrénien.  Elle  se  lit: 

Le  texte  palmyrénien  correspondant  est  mal- 
heureusement mutilé.  Ce  qui  en  reste  se  Ht  ainsi ,  à 
la  fin  de  la  première  ligne  : 

11  montre  que  nous  avons  affaire  à  une  série  de 
nominatifs  :  ce  sont  les  noms  des  constructeurs. 

2fle&is  est  le  correspondant  exact  du  palmyré- 
nien ^3^ . 

Les  lettres  a  et  d  étant  assez  faciles  à  confondre  en 
palmyrénien,  j'avais  d abord  cru  quon  pouvait  lire 
^DC;.  On  rencontre  le  nom  >>DC^,  en  grec  2o;(,aie<? 
(Vogué,  P.  Sy;  Wadd.,  n**  2610);  il  est  même 
fréquent  (Mordtmann,  Neae  BeitràgCy  rf  yd;  Eu- 
ting,  Epigr.  MiscelL,  n**  ^3;  Schrôder,  Sitzungshe- 
richie  d,  Akad.  za  Berlin,  i884,  p.  ^Sy).  La  vocali- 
sation o-i,  non  moins  que  lorthographe  sémitique, 
suggérait  Tidée  qu'on  avait  ici  un  diminutif  formé, 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  71 

comme  en  arabe,  par  Tinsertion  dun  >  entre  la  se- 
conde et  la  troisième  radicale,  et  je  pensais  retrouver 
la  forme  première  sous  le  nom  ^DCr ;  mais  lexamen 
attentif  de  la  copie  en  même  temps  que  celui  des 
autres  inscriptions  dans  lesquelles  on  retrouve  la 
généalogie  de  Belsour  m  ont  convaincu  qu  il  fallait 
lire  ^3C7. 

Nous  avons,  en  effet,  une  autre  inscription  accom- 
pagnant des  bustes  qui  proviennent  sans  doule  do 
ce  tombeau  et  représentent  des  personnages  de  la 
même  famille.  Elle  est  à  Saint-Pétersboiu'g ,  et  a  été 
publiée  avec  un  très  bon  fac-similé  par  M.  Chwolson 
(Ein  Relief  aus  Palmym,  dans  le  Bull,  de  lAc.  imp. 
des  sciences  de  Saint -Pétershoarg,  iSyS).  Elle  est 
datée  du  mois  de  Kanoun  4^6  (=  nov.  1 1  4).  C'est 
le  monument  funéraire  de  deux  jeunes  enfants  cpii 

sont  :  «*01aisa  et  Ba^altaga,  fils  de  Bonne,  fils  de 

• 

Sabai ,  fils  de  BelSour,  fils  de  Hairan  »  : 

Le  nom  >3cr  est  écrit  (Jeux  fois  très  distinctement 
sur  ce  monument,  et ,  vu  la  généalogie  d  accord  avec 
la  date,  il  ne  me  parait  pas  douteux  que  nous 
ayons  dans  ce  bas-relief  le  portrait  des  deux  petits- 
fils  de  notre  ^dSeis. 

La  lecture  du  palmyrénien  '>2V  est  donc  certaine. 

Une  autre  inscription  fragmentaire,  séparée  du 
buste  quelle  accompagnait,  est  aujourd'hui  en  la 
possession  du  D'  Euting  qui  la  publiée  [Epigraph. 
MùtcelL,  n**  8)  sans  essayer  d*en  donner  la  restitu- 


7i  JU;LLET-A0ÛT  189«. 

lion.  Je  crois  que  cette  restitution  peut  se  faire  à 
coup  sûr,  d  après  Tinscription  de  Saint-Pétersbourg 
comparée  avec  la  nôtre ,  et  qu'on  devait  lire  : 

X]:['I3  Bonne, 

^^V  13  fi^*  de  àabai, 

i]-^1C7^3  13  fil*  de  Belsouri, 

p^n  13  fils  de  Hairan, 

^nt^S3  [fil*  de]  Belsouri. 
^3n  Hélas  I 

Quant  à  Tétymologie  du  mot  ^3C?,  je  ne  pense 
pas  qu'on  puisse  admettre  celle  que  Bar  Bahloul 
(éd.  IXival ,  col.  1 933 ,  n.  5  )  donne  du  nom  syriaque 
«*,^jL,  qu'il  explique  comme  un  dérivé  de  IJ^^a. 
«  sabbat  ».  Ce  nom  est  à  rapprocher,  je  crois ,  du  nom 
chaldéen  "»3t^  (Esdr.,n,  4a;  Néhém.,  vu,  45)  qui 
vient  probablement  de  la  racine  n^V  «  captiver  »,  et 
il  me  parait  être  un  nom  théophore  apocope ,  dont 
l'élément  divin  aurait  disparu.  L'hébreu  nous  donne 
un  exemple  de  cette  formation  dans  Sxi3Çf ,  captivas 
Dei{l  Chr.,  xxni,  16;  \xv,^4;  xwi,  2  4). 

Ne&t;5flfêa&5  =  I3n3a ,  nom  déjà  connu  dans  sa 
forme  sémitique  (Vogué,  P.  7 3),  est  formé  du  nom 
du  dieu  Nébo  et  du  verbe  13T  «  donner  » ,  qui  entrent 
l'un  et  l'autre  dans  la  composition  d'un  grand  nombre 
de  noms  palmyréniens.  On  trouve  le  nom  composé  à 
l'inverse:  i3ai3T  (Euting,  Epigr.  MiscelL,  n°  4). 

Le  nom  propre  d'homme  Qouuaios  ne  s'est  pas 
encore  rencontré,  que  je  sache,  dans  les  inscriptions 
de  Palmyre;  mais  nous  avons  souvent  des  noms  con- 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  73 

génères,  comme  0ai[ins  («D^n,  très  fréquent)  el 
d'autres.  La  forme  sémitique  serait  probablement 
^D^n.  11  ne  nous  en  reste  que  la  première  lettre  dans 
le  texte  palmyrénien^  —  Le  sens  de  ce  nom  parait 
être  «  cdui  qui  appartient  au  dieu  Taimi  »  (^D^n ,  en  ^ 
grec  Tvxv  Qeuiieios;  Vogué,  P.  3).  La  traduction 
littérale  de  Sauiiauos  serait  quelque  chose  comme 
fortunatus. 

Le  dernier  nom  propre  est  lu  '!^e6ovXauTo[s]  par 
M.  Bertone.  —  M.  Waddington  na  vu  que  les 
quatre  premières  lettres.  Le  texte  palmyrénien  étant 
complètement  mutilé,  il  est  difficile  de  dire  si  la 
copie  est  exacte.  Les  lettres  AACO[Z]  devraient  cor- 
respondre à  un  élément  verbal  sémitique;  je  ne  con- 
nais aucune  racine  qui  puisse  fournir  cette  transcrip- 
tion, et  pour  ma  pjirt  j'incline  h  penser  quil  y  a 
une  eiTeur  de  copiste*-^.  Peut-être  faut-il  corriger  en 
NACO[Z];  on  aurait  alors  une  fonne  sémitique 
^ec;i^3i,  analogue  h  nn3?Ncra  =  Natjeaôu  (Sachau, 
Z.  D.  M.  G.,  i88i,  p.  74  i).  Lelément  HV2  «éle- 
ver »  entre  dans  la  composition  de  noms  propres  très 
usités  à  Palmyre.  (Cf.  ci-dessous,  n"  27.) 

Chacun  des  noms  palmyréniens  est  précédé  du 
1  conjonctif;  dans  le  grec  la  conjonction  xa)  n  est 
placée  que  devant  le  dernier  nominatif.  Cette  con- 

*  Je  viens  de  rencontrer  ie  nom  ^D^D   dans   MûUer,    Palmyr. 
InMchr.,  o^  a^  et  5^. 

*  Je  m^étais  arrêté  un  instant  à  ia  pensée  de  lire  ^éSovXas  o[i, 
mais  je  ne  crois  pas  qu  on  paisse  admettre  cette  construction. 


74  JUILLET-AOÛT  1898. 

struction  n'est  pas  rare  (p.  ex.  Vogué,  P.  3 y  ;  Wadd. , 
n°  26i5.) 

La  troisième  ligne  grecque  se  lit  sans  difficulté , 

si  Ton  en  excepte  le  dernier  mot.  La  première  lettre 

a  été  omise  sur  la  copie  ;  mais  on  la  restitue  h  coup 

sûr  : 

B]ïjX(To{t^ov  Xlpàvov  Torj  hrjXffovpov  rov  F 

Elle  correspond  au  début  de  la  deuxième  ligne 
palmyrénienne  qui  doit  se  lire  ainsi  : 

...  13  mcrVs  13  p^n  13  mt?V3  ^:3 

fils  de  Belsouri ,  fils  de  liairan ,  fils  de  Belsourî ,  fils  de 

Le  nom  de  mc7S3,  en  grec  ErfXcrovpos,  est  formé 
du  nom  du  dieu  ^3  (contracté  de  Sy3),  du  substan- 
tif iw  «  mur  » ,  et  du  suffixe  de  la  première  pers. 
sing.  Le  sens  est  «Bel  est  mon  mur«,  cest-à-dirc 
mon  protecteur.  —  Mordtmann  (Z.  D,  M.  G. 
XXXVIII,  5 8 y)  a  rapproché  ce  nom  de  la  tran- 
scription latine  F(ptvo/(/5(Treb.  Pollio,  Vit.  Valerimii). 

Il  est  à  remarquer  que  dans  Tinscription  de  Saint- 
Pétersbourg,  postérieure  de  trente  ans  à  la  nôtre, 
le  nom  est  écrit  sans  le  ^  final  :  nc?^3,  ce  qui  don- 
nerait à  croire  quen  palmyrénien,  comme  en  sy- 
riaque, le  suffixe  était  purement  orthographique  et 
non  euphonique.  Mais  un  seul  exemple  ne  suffit  pas 
pour  établir  une  démonstration. 

Pour  le  dernier  nom  grec  de  la  ligne,  VVadding- 
ton  donne  un  F  suivi  de  quatre  points;  M.  Berlone 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  75 

lit  TAAAAP;  ce  nom  se  terminait  au  début  de  la 
quatrième  ligne  par  les  lettres  OY  qui ,  dans  la  copie 
de  Waddington ,  sont  précédées  d  un  point  indiquant 
fabsence  d'une  lettre.  En  comparant  le  groupe 
FAAAAP.GY,  avec  le  palmyrénien,  dans  lequel  les 
lettres  -na  sont  certaines,  je  suis  amené  à  restituer 
le  nom  propre  TaSSapdOrj,  correspondant  au  sémi- 
tique nnyna ,  fonné  du  nom  divin  nnv  et  du  verbe 
113  «  entourer  d  un  mur,  fortifier  ».  Si  la  copie  est 
exacte,  la  forme  (avec  le  redoublement  du  A  ex- 
primé) serait  nouvelle,  mais  le  nom  s'est  déjà  trouvé 
sous  la  forme  TaSpSri  (Wadd. ,  n"  2  45 1  ).  —  Cette 
restitution  me  parait  beaucoup  plus  probable  que 
celle  du  nom  déjà  connu  de  nrma  (Vogué,  P.  1 43). 

La  quatrième  ligne  grecque  n'offre  de  diificulté 
que  pour  un  mot.  On  lit  : 

0]ov  ToO  èvtKakovfiévov  Bai  els  re  èavTOvç  xai 

Les  trois  lettres  qui  suivent  le  verbe  forment  le 
surnom  de  Gaddar^ateh.  —  Waddington  les  a  lues 
BAA,  et  M.  Bertone  BAA.  Le  correspondant  sémi- 
tique n'est  pas  exprimé  dans  cette  inscription  ;  la  la- 
cune qui  suit  les  premières  lettres  du  nom  nnyiia 
ne  parait  pas  considérable  et  ne  le  contenait  proba- 
blement pas;  mais  il  se  trouve  dans  l'inscription 
suivante;  et  je  l'ai  reconnu  dans  une  inscription  déjà 
publiée  en  iSyS,  par  M.  Mordtmann  [ISeae  Bei- 
iràye,  n**  i3),  et  rééditée  par  son  fds  en  i884  [Z. 
D.  M.  G.,  t.  XXXVIII,  p.  587);  pour  eux  ce  mot 


76  JUILLET-AOÛT  1898. 

était  resté  une  énigme.  Je  crois  donc  que  la  lecture 
BAA  de  M.  Bertone  doit  être  maintenue,  quelque  bi- 
zarre que  puisse  paraître  ce  nom.  Nous  lisons,  en 
effet,  dans  le  texte  paimyrénien  de  l'inscription  sui- 
vante, cette  expression  qui  se  rapporte  incontesta- 
bleii>ent  à  notre  personnage  : 

«yn  iD  mp[nD  "»! 

qui  est  appelé  Bar  Ba'a 

littéralement  ^fc  de  Daa;  mais  il  est  possible  que  le 
mot  ")D  «  fils  »  ne  doive  pas  être  pris  dans  son  accep- 
tion propre  et  qu'il  fasse  partie  intégrante  du  nom. 
En  lout  cas  la  lecture  du  nom  propre  Bûwf  est  as- 
surée par  cette  inscription.  Elle  est  confinnée  par 
finscription  de  M.  Mordtmann  (qui  est  aujourd'hui 
au  musée  de  Constantinople).  C'est  une  inscription 
honorifique,  très  fruste,  mais  dont  la  seconde  ligne, 
celle  ([ui  nous  intéresse  ici,  est  bien  conservée. 
M.  Mordtmann  fils,  en  publiant  à  nouveau  l'inscrip- 
tion (Z.  D.  M.  G.,  loc,  cit.)  propose  cette  lecture  : 

h]\  ]nb  iBV  n  p  nip^b 


11  y  aurait  plusieurs  remarques  à  faire  sur  cette 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  77 

lecture;  mais  je  ne  m^occuperai  que  de  la  seconde 
ligne,  que  M.  Mordtmann  père  lisait  : 

nya  n  wb2  12  laan  la 

Or,  d'après  les  deux  dessins  (voir  notre  planche^  ) , 
il  est  clair  que  les  trois  dernières  lettres  doivent  se 
lire  K^a,  c'est-à-dire  quelles  forment  le  nom  que 
nous  avons  dans  notre  inscription.  —  Il  est  ap- 
pliqué ici  à  im  certain  Belsour,  sans  doute  le  fils 
aine  de  Gaddar^ateb.  M.  Mordtmann  ne  connaissant 
que  l'orthographe  1W^  (par  l'inscription  de  Saint- 
Pétersbourg),  a  séparé  le  ^  final,  et  Ta  rattaché  au 
mot  suivant  :  ce  qui  l'a  conduit  à  défigurer  ce  nom 
d'ailleurs  très  embarrassant  et  qu'on  n  aurait  peut- 
être  jamais  songé  à  interpréter  Daa,  si  l'on  n'avait 
pas  trouvé  la  transcription  grec<[ue.  —  Il  faut  donc 
lire  : 

X2?a  muSa  -la  li^n  -la 

fils  de  Hagagou,  fils  de  Belsouri,  fds  de  [on  surnommé]  Baa. 

Quant  à  l'étymologie  du  nom,  la  racine  X3?a,  à 
laquelle  on  serait  porté  à  le  rattacher,  a,  dans  toutes 
les  langues  sémitiques,  le  sens  de  «demander,  vou- 
loir, prier».  S'il  en  dérive  réellement,  il  signifie 
quelque  chose  comme  rngatus,  petitus  ^. 

*  Je  n*produis  90us  la  lettre  A  le  fac-similé  donné  dans  les  Ncue 
Britràtft  (n**  i3),  et  sous  la  lettre  B,  les  deux  premières  lignes 
d après  la  ZeiUchriftd,  d,  Mor^td,  Ges.  (t.  XXXVlil,  p.  589). 

*  lorsque  je  communiquai  cette  note  à  la  Société  asiatique 
«éancr  du  i3  mai  1898),  M.  Clermont-Ganneau  lit  une  ingénieuse 


78  JUILLET-AOÛT  1898. 

Je  pense  que  la  lin  de  la  seconde  ligne  palniyré- 
nienne  doit  se  restituer  :  1:2  n  «  qu  ils  ont  bâti  ». 

La  troisième  se  lit  : 

pour  eux  et  leurs  enfants,  en  leur  honneur,  comme  de- 
meure d'éternité. 

Cette  formule  est  commune,  on  en  trouve  une 
absolument  identique  dans  Tinscription  n*"  34  du 
recueil  de  M.  de  Vogué.  Elle  traduit  ici  le  grec  : 

à.  els  re  iavrovç  [x]a< 

5.  vi]o\^g  [koU]  èxyàvoxàç, 

La  formule  ND^y  n3  termine  habituellement  les 
inscriptions.  Dans  les  nombreux  exemples  connus, 
elle  n'est  suivie  que  de  la  date.  Dans  la  copie  de 
M.  Bertone,  on  voit  encore  trois  signes  dont  les  deux 
derniers  seraient  W,  Je  ne  sais  comment  les  inter- 
préter ^ 

comparaison  entre  ce  nom  et  celui  qui  est  donné  à  ia  siTvante  de 
Pilate  dans  un  récit  apocryphe,  de  la  Passion.  Celle  femme  y  est 
appelée ,  en  latin ,  Batlia,  cl  le  nom  est  interprété  :  //uorcns.  Or,  Ikillia 
(pour  Balia)  serait  le  résultat  d'une  confusion;  le  grec  BAAIA 
aurait  été  lu  BAAIA;  et  jSaaia  ne  serait  autre  chose  que  la  forme 
féminine  du  nom  que  nous  avons  ici  (syr.  t^^).  Voir  Hevue  cri- 
fir/ue  cT Au/,  et  de  litt,,  t.  XXXVI  [1893],  p.  210.;  à  pro|)os  des 
Excerpta  latina  Barbari  publiés  dans  les  Chromai  minora  de  C.  Frick 
(t.  I,  p.  344).  —  lia  confusion  pourrait  aussi  venir  d*un  original 
syriaque  dans  lequel  on  aurait  pris  un  ^  |)our  un  ^. 

*  Je  me  suis  demandé  s*il  ne  fallait  pas  y  voir  une  désignation 
des  jours  du  mois,  comme  dans  Tinscr.  Vogué  98,  (cf.  ci-des- 
sous, n**  99).  Mais  les  lettres  se  prêtent  peu  à  cette  conjecture. 


ARCHEOLOGIE  ORlEiNTALE.  79 

La  date  se  trouve  à  la  quatrième  ligne  palmyré- 
nionne  : 

cccLxxxiiiu    nw  [ijo*»:  [n]")''3 

dans  le  mois  de  Nisan  de  Tan  89  4. 

Elle  se  trouve  également  à  fa  fin  du  grec,  mais  le 
chilTre  des  années  a  disparu.  Waddington  supposait 
que  le  tombeau  avait  été  bâti  entre  3Ao  et  4 00  de». 
1  ère  des  Séleucîdes.  Il  avait  raison.  Nous  pouvons 
restituer  le  chiffre  exact  d'après  le  palmyrénien ,  et 
compléter  ainsi  le  texte  grec  : 

Le  tombeau  a  donc  été  érigé  au  mois  d'avril  de 
Tan  83  de  notre  ère. 

D'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  les  deux  textes  se 
liraient  ainsi  : 

TOMNHM6IONK[A]ITOCnHAAION(i)KOAOMIC[AN] 

CABeiCN6BOYZABAAOCeAIMAIOCKAIN6BOYAACO[C] 

;B]HACOYPOYAIPANOYToYBHACOYPOYToYrAAAAP[A] 

[e]OYToYeniKAAOYMeNOYBAA6ICTeeAYTOYC[K]AI 

[YI]OYC[KAI]eKrONOYCMHNI=ANAIK(i)ToY[ÂhTeTOYC] 


t:r 


80  JUILLET-AOÛT  1808. 

Cest-à-dire  en  transcription  : 

Ta  (ivtfiietov  xclI  rà  <nnfXatov  <ûKM(JLur[av 
Xà^is  ^e€ovii€a^os  BoLtfiàiàç  xslI  ^e€oiXcuTo[s  (?) 
P]rfX<Toipov  Aipàvov  rov  ^tfXaovpov  rov  raX^p[â- 
6]ov  TOi)  èvtxaXoviiévov  Bai  *  els  re  èavTo[^s  xcd 
vî\oi^ç  [xai]  èxyàitovs.  Mi^vl  Zav^otù  rov  P^t'  érovs, 

[ . . .  inii  "»D'«]n'i  i3n3:i  "»3C?  1:2  xniyDi  n:i  xi^p 
ua  n  nny]-n3 12  mcba  12  p"»n  ia  nw'ja  '•:a 

cccLwwiiii     DW  [îJD^i  np^a 

Le  palniyrénien  se  traduit  littéralement  : 

1 .  Ce  loiiil)eau  et  cotte  caverne  ont  bâti  oabai  et  Nébouza- 
bad  et  Ta[inîai  et  Néboiilasos(?)] 

2.  [les]  fils  de  Belsouri,  fils  de  Hairan,  fils  de  Bclsouri, 
fils  de  Gaddarfateh  ;  ils  font  bâti  ] 

3.  pour  [eux]  et  leurs  enfants,  en  leur  honneur  de  mai- 
son d*étemité  .  .  . 

4.  Dans  le  mois  de  Nisan  de  Tan  394. 

M.  Waddington,  après  avoir  donné  le  texte  grec, 
ajoute  :  «  A  côté  de  ce  tombeau,  il  y  en  a  un  autre, 
une  tour  sans  ornement ,  qui  porte  une  inscription 
palmyrénienne,  placée  assez  haut,  et  dont  je  nai 
copié  que  la  date.  Tannée  365.  >» 

Or,  cette  inscription  a  aussi  été  copiée  par  M.  Ber- 
tone.  Elle  nous  montre  que  ce  tombeau  était  celui 
du  grand -père  des  constructeurs  de  notre  édifice. 
Nous  allons  Texpliquer  sous  le  numéro  suivant. 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  81 

20 

Cette  seconde  inscription  est  seulement  palmyré- 
nienne.  Elle  comprenait  six  lignes  d'écriture,  et  a 
beaucoup  souffert;  peut-être  qu'im  bon  estampage 
permettrait  de  la  déchifirer.  Voici  ce  que  j'ai  pu  tirer 
de  la  copie  de  M.  Bertone: 

La  première  ligne  contient  la  date  ;  elle  se  lit  sans 
difficulté  : 

Dans  le  mois  de  Kanoan  de  Tan  345 

Le  mois  de  Kanoun ,  dans  le  calendrier  palmyré- 
nien,  correspond  au  mois  macédonien  de  àios  (Vo- 
gué ,  P.  63  ).  L'inscription  est  donc  du  mois  de  no- 
vembre de  l'an  33  de  notre  ère;  par  conséquent  de 
5 G  ans  antérieure  à  la  précédente. 

La  seconde  ligne  se  lit  aussi  entièrement  : 

Ce  tombeau  est  celui  de  Hairan ,  fils  de  Belsouri. 

Nous  voyons  que  nous  avons  affaire  au  grand-père 
des  personnes  qui  ont  érigé  le  tombeau  mentionné 
dans  l'inscription  précédente;  ce  qui  convient  bien 
avec  la  date ,  et  ce  qui  est  d'ailleurs  confirmé  par  la 
suite  de  l'inscription. 

Au  début  de  la  troisième  ligne ,  malheureusement 
très  mutilée,  nous  lisons  le  mot  12  «  fils  de  »,  suivi 
d'un  nom  dont  la  première  lettre  est  un  a  .  C'est  évi- 
demment le  nom  que  j'ai  restitué  nn^ma  Gaddarateh 

XII.  6 


82  JUILLET-AOÛT  1898. 

dansTinscription  précédente.  Puis  vient  une  lacune 
à  la  suite  de  laquelle  on  trouve  la  fin  d*un  mot  : 
mp. . .  —  On  doit  restituer  la  formule  :  nnp[riD  n] 
«  qui  est  appelé  ».  Cette  formule  connue,  introduisait 
le  surnom  de  Gaddar*ateh ,  que  nous  avons  vu  indiqué 
dans  l'inscription  grecque  par  les  mots  :  tov  èiriKokov' 
(xévov  BAA,  et,  comme  je  lai  dit  à  l'occasion  de 
l'inscription  précédente,  nous  trouvons  dans  le  pal 
myrénien  Kva  13.  Ici  se  terminait  probablement  la 
généalogie. 

Les  trois  dernières  lignes  comprenaient  les  for- 
mules habiluellcs,  exprimant  que  le  constructeur 
avait  bâti  ce  tombeau  en  son  honneur  et  en  Thon- 
ncur  de  sa  famille,  comme  demeure  éternelle;  mais 
la  copie  est  trop  imparfaite  pour  qu'on  puisse  la 
restituer  avec  certitude.  Je  lis  à  la  quatrième  ligne 
les  mots  :  mp^^  wa  n  «  qu'il  a  bâti  en  son  honneur  »  ; 
et  à  la  cinquième  le  nom  de  ^ncrfe,  suivi  du  mot 
n[")]3  «  son  fils  »,  A  la  sixième  le  mot  XD[^]y  qui  ter- 
minait l'inscription  me  parait  seul  certain. 

Je  proposerai  donc  de  restituer  ainsi  la  lecture 
de  l'inscription  : 

2Ui|>]x[A/'>^'\iii]i<ia[\i'\'>'A'\iii'a'\ 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  83 

cccxxxxv    ii:o  pas  nra 

mc^a  iD  p'»n  n  n:i  xiap 

KVD  iD  mp[nD  "«i  nny-n]3  -)a 

ip^^i  mp^^  x:3  "»! 

n[-^]a  mc?^3 

Ce  qui  se  traduit  : 

Au  mois  de  Kanoun  de  Tan  345. 
Ce  tombeau  est  celui  de  Ilairan,  fds  de  Belsouiî , 
fils  de  Gaddarateh,  (jui  est  appelé  Bar  Baa; 
(|u*ii  a  )>àti  en  son  honneur  et  en  Thonneur.  .  • 

Belsouri  son  fils  (?) 

[ses  cnlants  et  ses]  petits  [enfants,  à]  perpétuité. 


21 


Je  crois  retrouver  les  moines  noms  dans  une 
autre  inscription  venant  à  la  suite  de  la  précMonte, 
dans  le  recueil  de  M.  Bertone,  et  qui  accompagnait 
vraisemblablement  des  bustes  funéraires  placés  dans 
le  tombeau  sur  lequel  se  trouve  Tinscription  n"  ig. 
Ici  (»ncore  la  copie  laisse  beaucoup  à  désirer;  la  se- 
conde ligne  n'offre  que  quelques  lettres  fragmen- 
taires; je  crois  quon  peut  restituer  la  premiore  de 
celte  façon: 


0. 


84  JUILLET-AOÛT  1898. 

^-"i] 

Ces  portraits  sont  ceux  de  [Belsoujri,  fils  de  àabai,  ûls  de 

Belsour[i 

[et  de 

La  restitution  du  premier  mot  paraît  bien  un  peu 
contraire  à  la  copie;  mais  je  ne  vois  rien  de  mieux 
à  proposer.  En  réalité  on  lit  :  i:d  jSx  H>h  o[^]ay;  peut- 
être  y  a-t-il  là  un  terme  darcbitecture  suivi  du 
verbe  wa. 

A  laide  de  ces  trois  inscriptions,  de  celle  de 
Saint-Pétersbourg  et  du  fragment  d'Euting,  nous 
obtenons  une  généalogie  assez  étendue  de  cette  fa- 
mille palmyrénienne.  En  voici  le  tableau  : 

Gaddar^ateh  Bar-Ba*a 

I. 

Belsouri  (Ba*a) 

I 


.1 

Ilairan  Ilagagou 

■  I  .  ■  I  . 

Bdsouri  Belsouri 


.  r      \ ~ — ~. 

Sabai     Nébouzahad     Taimai        Néboulasos 


Belsouri  Bonne 


I 1 

Ba'altaga         'Olaiita 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  85 

22 

La  neuvième  inscription  du  recueil  de  M.  Ber- 
tone  consiste  en  deux  lignes  d'écriture  :  la  supérieure 
grecque,  l'inférieure  palmyrénienne.  L'extrémité 
gauche  est  mutilée.  L'inscription,  comparée  avec 
les  autres  du  même  genre,  parait  incomplète.  Il  de- 
vait y  avoir  encore  plusieurs  lignes  d'écriture  au- 
dessous.  On  a  plusieurs  exemples  dans  lesquels  les 
deux  textes  grec  et  palmyrénien  sont  ainsi  entre- 
mêlés. 

La  copie  de  M.  Bertone  donne  les  lectures  sui- 
vantes, que  je  dispose  en  colonnes  pour  faciliter  la 
comparaison  : 

•  •  •  '^^C  M^  j^\^;j 

IAPIB(i)AeOYC  2^\iMlK'A'^ 

TOY  BOJPOOA  i^S'AMl  'Ml 

TOY  MAAIXOY  .^jj  vj,^ 
TOY   OCAINAOOY 

De  la  comparaison  des  deux  textes  il  résulte  que 
les  lettres  grecques  qui  précèdent  lapiScûXéovs  doixenl 
correspondre  au  nom  palmyrénien  12  K^D .  La  forme 
grecque  du  nom  k^D=  Màkris^  nous  est  fournie  par 
plusieurs  inscriptions  bilingues.  Il  s'agit  seulement 
de  savoir  à  quel  cas  on  doit  placer  le  nom.  La 
formule  palmyrénieniie  qui  débute  par  les  mots 


80  JUILLET-AOÛT  1898. 

n  ND'JS  «  Image  de.  ..  »,  se  rencontre  une  vingtaine 
de  fois  dans  des  inscriptions  bilingues.  Dans  ce  cas, 
l'inscription  grecque  commence  généralement  d'une 
manière  absolue  par  le  nom  à  laccusatif  du  person- 
nage, puis  vient  le  nom  au  nominatif  de  celui  qui 
a  érigé  la  statue ,  puis  une  formule  honorifique  et  la 
date  (cf.  Vogué,  P.  4,  iq,  i3,  20,  etc.).  Quelque- 
fois le  nom  de  celui  qui  a  érigé  la  statue  se  trouve 
au  début  de  Tinscription ,  mais  toujours  au  nomi- 
natif (Vogué,  P.  3,  7,  a5,  etc.).  Nous  sommes  donc 
autorisés,  par  ces  nombreux  exemples,  a  restituer 
le  nom  de  Malé  à  l'accusatif  et  à  voir  dans  les  pre- 
mières lettres  copiées  par  M.  Bertone  la  fin  du  mot 
Màkffv  qui  formait  probablement  le  début  de  fin- 
scription  grecque.  A  moins  de  supposer  que  M.  Ber- 
tone ait  omis  une  lettre  dans  la  copie  du  palmyré- 
nien  et  qu'il  y  avait  x[d]^D  (ou  encore  ID^D).  Le  grec 
devrait  alors  se  lire  MaXt^ov^. 

La  lecture  BGJPOOA  doit  sans  doute  être  corrigée 
en  BU)P6<l>A.  C'est,  je  crois,  la  première  fois  qu'on 
rencontre  la  transcription  grecque  de  ce  nom.  On  se 
serait  attendu  à  trouver  (Scûppe^i,  KDin  étant  pour 
XDnSl3  «Bol  a  guéri».  Cf.  PeCpdêooXos  (VVadd., 
n""  2620). 

Le  dernier  mot  palmyrénien  est  isSd  ,  dans  lequel 
la  copie  de  M.  Bertone  omet  le  ^.  Ce  nom  est  suivi, 
dans  le  grec,  de  TOY  0CAINA90Y;  comme  le  nom 

^  On  pourrait  aussi  mettrt'.  d'accord  les  deux  copies,  en  supposant 
que  le  grec  partait  :  MaXi^v  rov  xal  MéXt^ovy  et  que  le  surnom  n*a 
pas  Mé  traduit  en  palmyrénien,  comme  il  arrive  ^rfois. 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  87 

de  ùcraivaOos  ne  nous  est  pas  connu,  je  proposerais 
(le  corriger  la  seconde  lettre  et  d  y  voir  le  nom  cé- 
lèbre de  ÙSaivaOos.  On  pourrait  alors  compléter  la 
partie  mutilée  du  palmyrénien  en  y  ajoutant  les 
mots  :  nriK  "13. 

Les  deux  textes  partiels  ainsi  restitués  se  liraient 
donc  : 

6ov. . .  . 

13]   ^^[h]0  13  KD113  -)3   K^nn-)"»  -)3  K*?D    n    iXT    KD*?X 

[n:nK 

Celte  image  est  celle  de  Malô ,  fils  de  Yarhibôla ,  (ils  de 
Borrepha,  fils  de  Maikou,  fils  de  'Odeinat 

Tous  ces  noms  sont  fréquents  dans  Fonomastique 
palmyrénienne. 

Odeinat,  bisaïeul  de  Malé,  ne  parait  avoir  aucun 
rapport  avec  le  fameux  roi  de  Palmyre  du  même 
nom,  car,  dans  la  généalogie  de  ce  prince  fournie 
par  les  inscriptions,  nous  ne  trouvons  aucun  des 
noms  qui  figurent  dans  la  présente  inscription. 

D  ailleurs  le  nom  d'Odeinat  était  assez  commun 
en  Syrie  :  ÔSatvaOos  (Wadd. ,  2  2  36,  etc.):  ÙSaivaros 

Jusqu'à  présent  il  ne  s'était  rencontré  à  Palmyre 
qu'appliqué  aux  deux  princes  de  la  famille  de  Zé- 
nobic  qui  font  porté. 


88  JUILLET-AOÛT   1898. 

23 

Ce  numéro  et  les  trois  suivants  donnent  le  texte 
de  quatre  épitaphes  très  courtes  qui  proviennent 
évidemment  du  même  tombeau,  comme  le  mon- 
trent Texamen  des  noms  propres  et  la  disposition 
des  copies  de  M.  Bertone,  qui  a  groupé  ces  inscrip- 
tions sur  un  même  calque. 

Le  première  inscription  se  lit  ainsi  : 

image  de  Bar^atéh 
fils  de  Bamébo ,  fils  de 
Bamébo,  [son  frère] 

24 
La  seconde  inscription  porte  ; 

'Xili^Xa  '\a  '\ai'\a  133^3  -)3  U:^3 

Bamébo ,  fils  de  Bamébo ,  son  frère. 

Il  est  impossible  de  dire  si  Tinscfiption  est  com- 
plète ou  si  elle  débutait  par  une  formule  analogue 
h  la  précédente  :  «  Image  dun  tel,  fils  de ....  ». 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  89 

25 

La  troisième  épitaphe  se  lit  : 

MJi  "iUrX/M^  12nnyin    Bar^ateh ,  fils  de 

'^'A'XHiC  'Xili^Ml       '•mnK  la^-in    Bamébo.  son  frère. 

Même  observation  que  pour  la  précédente.  De 
plus,  il  est  à  remarquer  que  la  dernière  lettre  de  la 
première  ligne  pourrait  être  prise  pour  un  n  ;  on 
aurait  alors  n2  «  fille  de  »  ;  mais  jusqu'ici  nrivin  ne 
s  est  rencontré  que  comme  nom  d'homme. 

26 
La  quatrième  épitaphe  est  ainsi  conçue  : 

M^  oMj^  ^il  ^m      -13  na  13  ■?.  • 

...  l ,  fils  de  Gaddai ,  fils  de  Bamébo ,  son  frère. 

La  lecture  de  la  première  ligne  est  très  douteuse  ; 
la  première  lettre  peut  être  im  ^,  un  3  ou  un  > . 

Barnébo,  rancêlre  commun  de  ces  différents 
personnages,  était  sans  doute  le  «  frère  »  du  chef  de 
famille  au  nom  duquel  le  tombeau  avait  été  construit. 

Jusquici  onna  trouvé,  je  crois,  dans  les  inscrip- 
tions de  Palmyre,  quun  seul  personnage  du  nom 
de  Barnébo,  et  il  était  fils  de  Nébozabad.  Il  est  men- 


90  JUILLET-AOÛT   1898. 

tionné  dans  une  dédicace  faite  à  Ba*alsannn  par  doux 
de  ses  fils ,  Nébozabad  et  Yarhibol ,  qui  font  des  vœux 
pour  eux,  leurs  fds  et  lours frères  (V^ogué,  P.  y 3; 
cf.  Mordtuiann,  Neae  Beitràge,j>,  «iS).  L'inscription 
est  datée  de  lan  11/4  de  J.C.  S'il  s'agit  du  même 
personnage,  et  si  nos  inscriptions  sont  entières,  on 
pourrait  dresser  sa  généalogie  de  la  manière  sui- 
vante : 


I 

Nébozabad 


[Malê(?)]  Barnébo 


I  I.  I  I  ,      .   . 

Nébozabad    Yarbibol     Barnébo     Bar^ateh    Gadaai{}) 


Bar'ateh  .  . .  / 

Los  noms  en  italique  sont  fournis  par  nos  inscrip- 
tions. 


27 


D'après  sa  disposition,  cette  inscription  doit  être 
gravée  sur  le  linteau  de  la  porte  d'un  tombeau.  Elle 
est  bilingue ,  mais  les  premiers  mots  seulement  du 
palmyrénien  ont  été  copiés  ;  le  texte  devait  se  conti- 
nuer au-dessous  du  grec ,  en  une  ou  plusieurs  lignes 
d'écriture.  Ij'inscription  grecque  est  mutilée  à  gaucbe  : 
il  y  manque  une  vingtaine  de  lettres  que  nous  pou- 
vons restituer  d'après  le  palmyrénien. 


ARCHÉOLOGIE   ORIENTALK.  91 

On  doit  donc  lire  la  première  ligne,  en  corri- 
geant la  copie  de  M.  Bertone ,  de  la  façon  suivante  : 

TOMNHMeiONTOYTO(OKOAOMH]CINOrHAOCCAA 
AMAAAAeOYTOYNeCAKAIIAP[l]B(OAeYCCAAMHCN 
€CACMA€NAIOCOrHAOCKAIBAPCAAOCYIOI 

Et  la  seconde  : 

AYTOY€ICT€IMHNeAYT(ONKAIYI(ONK]AIYI(i)N(ONK 

AI6rrON(ON6ICTOnANTeA6C 

. . .  .(OCMHeEeiNAITINIAnAAAOTPIOIN 

Quant  à  la  troisième  elle  est  tellement  fruste 
quon  ne  saurait  en  tenter  la  restitution.  On  dis- 
tingue : 

»iNITONTOIO:^TON6N6X6C»Wi1T(OTAM6l(OX6. 

Ces  derniers  mots  terminent  le  texte  grec  qui 
n*occupait  pas  toute  cette  ligne;  lespace  libre  est 
rempli  par  le  début  du  palmyrénien  qui  se  lit  très 
distinctement  : 

N^3  ^1  n^T  K13p        Ce  tombeau  est  celui  qu'a  buti 

Les  noms  donnés  par  le  grec  s'étant  presqu(î  tous 
déjà  rencontrés  en  palmyrénien,  il  est  facile  de  res- 
tituer la  partie  de  celui-ci  correspondant  à  la  pre- 
mière ligne;  il  devait  y  avoir  : 

["•m^a  •nyu?-)ni  i*?''ayi  '»:yDi  nm'i  t<lDbv^ 


92  JUILLET-AOOT  1898. 

Je  restitue  au  commencement  du  grec  Ta  fxvri- 
yLfSov  Totnb  ^xoSôfÂti^crtv,  parce  que  cesl  la  formule 
(Vogué,  P.  35)  qui  nous  donne  exactement  le 
nombre  de  lettres  nécessaire  pour  remplir  la  lacune 
dont  la  dimension  est  fixée  par  le  début  de  la  seconde 
ligne,  où  la  restitution  s'impose. 

La  copie  porte  [<Ta]AMHCN6CHCNeCAC,  vers  le  mi- 
lieu de  la  ligne.  Il  y  a  là  certainement  une  erreur 
de  copie.  Après  avoir  écrit  [CAJAMHCNeC,  M.  Ber- 
tone  a  repris  à  la  lettre  H  de  'SdXfiris  et  a  répété 
HCN€C  avant  la  terminaison  AC.  Le  nom  est  en  effet 
^éaas  au  nominatif,  car  nous  avons  Neaa  au  génitif 
dans  cette  même  ligne  (et  Wadd. ,  n"*  aSyS).  La 
forme  îiéafis  serait  également  admissible,  car  nous 
avons  le  génitif  et  laccusatif  Necr^  (Wadd. ,  n"*  2  689)  ; 
mais  c'est  la  transcription  d  un  même  nom  palmy- 
rénien  i<m.  Il  ne  semble  donc  pas  possible  d'ad- 
mettre les  deux  noms  îiécrfis  ei,îi écras  dans  cette 
généalogie,  et  nous  préférons  liéaas  parce  que,  au- 
trement, l'écriture  as  ne  serait  pas  justifiée,  tandis 
que  la  répétition  des  lettres  ijaves  s'explique,  comme 
je  l'ai  dit,  par  un  doublon. 

La  restitution  que  je  propose  du  palmyrénien  est 
justifiée  par  des  exemples  tirés  d'inscriptions  bi- 
lingues : 

OrHAOC  =  1^'»3y  (Vogué,  P.  70;  Wadd.,  2624). 
ZAAAMAAAA0OC  =  n^D'?c;(Vogûë,P.7;Wadd.26o3). 
N€CAC  =  NC;:(Eutmg,  Epigi.  MiscclL ,  n"  io3). 
IAPIB(0A€YC=K^i2nT  (Vogiié,  P.  2;  Wadd.  2587). 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  93 

Je  lis  Ïapt6ci^evs]  de  préférence  à  {api€ù}\[os]  ;  si 
l'on  voulait  lire  tap/êaiXo^,  il  faudrait  restituer  dans 
le  palmyrénien  *?i2n")> ,  nom  identique  à  celui  du  dieu 
(Vogué,  P.  i5;  Wadd.,  aSgS).  —  Cf.  ci-dessus, 


n"  12. 


MAeNAIOC='»:yo  (Vogué,  P.  ay;  Wadd.  3609). 

Quant  au  nom  de  BAPCADOC,  c'est  par  conjec- 
ture que  je  le  restitue  nytria,  ce  nom  ne  s'étant  pas 
encore  rencontré.  U  y  a  ici  une  petite  difficulté ,  car 
M:fV  est  rendu  en  grec,  dans  ime  inscription  bi- 
lingue, par  2^a^o$  (Vogué,  P.  a&). 

^mia  est  la  forme  habituelle  du  nom  pluriel  avec 
le  suffixe  du  singulier  (Vogué,  P.  i4,  36a,  etc.). 

On  remarquera  :  1  °  que  le  verbe  palmyrénien  est 
au  singulier:  K23,  bien  que  le  sujet  soit  multiple; 
plus  souvent,  dans  ce  cas,  on  a  12a ;  mais  K23  n'est 
pas  une  irrégularité;  2**  que  les  noms  grecs  au  no- 
minatif ne  sont  point  reliés  par  la  conjonction  xaï 
qui  se  trouve  seulement  devant  le  dernier  (cf.  ci- 
dessus  n"*  20);  3°  que,  selon  l'usage  constant  dans  les 
inscriptions  de  Palmyre,  l'article  grec  nest  point 
employé  devant  le  nom  du  père,  mais  seulement 
devant  celui  du  grand-père. 

J'ai  dit  que  le  début  de  la  seconde  ligne  grecque 
s'imposait.  En  effet ,  devant  x]aï  vloivoûv  nous  devons 
mettre  nécessairement  iaan&v  xa\  vlûv^  et  ces  génitifs 
doivent  être  commandés  par  la  formule  habituelle 
tU  Tetpalv,  11  ne  reste  plus  alors  de  place  que  pour 
quelques  lettres,  ce  qui  nous  montre  que  nous  de- 


94  JUILLET-AOÛT  1898. 

vons  lire  [via]  AYTOY.  On  trouve  d'ailleurs  une 
formule  identique  (Vogué,  P.  63)  :  ek  reifxrjp  aùrov 
xa\  vlêv  KO.)  vloûvcjv  eh  rh  igavTtkéi,  Ici  nous  a>ons 
de  plus  xai  èyyov&v.  En  palmyrénîen  tes  expressions 
sont  rendues  littéralement  par  la  formule  : 

Wchyh  coiTespond  à  $U  rb  itamtkés ,  mais  le  reste  de 
la  formule  varie  un  peu  s^n  la  date  des  inscrip- 
tions. (Cf.  Vogué,  P.  35,  36a,  63,  65,  67.)  Il  n'y 
a  pas  dans  ces  formules  de  mot  correspondant  litté- 
ralement à  èyyàvoi. 

Après  iBrdu^T«>ii  la  copie  présente  une  petite  lacune 
suivie  de  quelques  signes  que  je  ne  puis  interpréter, 
puis  vient  la  formule  bien  connue  tbç  (irl  i^lvai  tlvt 
iiràkXoTpioîv  (à  restituer  rptoOv?)  «  quil  ne  soit  per- 
mis à  personne  d'aliéner  [ce  tombeau]  ». 

Si  l'on  compare  le  nombre  des  lettres  de  la  se- 
conde ligne  que  nous  avons  transcrites  (86)  à  celui 
de  la  première  (  1  o3) ,  et  si  Ion  observe  que  l'ioto,  qui 
occupe  moins  de  place  que  tout  autre  signe ,  revient 
1 4  ou  1 5  fois  dans  la  seconde  et  seulement  9  fois 
dans  la  première,  on  arrive  à  conclure  qu'entre 
tffavTsXés  et  cjs  il  devait  y  avoir  de  ao  à  2  5  lettres.  La 
copie  présente  «Oil.CANIClYTOAlAION.  U  ne  doit 
donc  manquer  que  six  ou  sept  signes.  Mais  je  ne 
vois  pas  comment  interpréter  ce  groupe.  On  serait 
naturellement  porté  à  y  chercher  la  date ,  exprimée 
par  le  chiffre  des  années  et  le  nom  du  mois,  car  elle 
ne  semble  pas  pouvoir  être  inscrite  ailleurs,  la  for- 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  95 

mule  de  prohibitioD  occupant  lé  reste  de  Tinscrlp- 
tion.  «Pavais  aussi  songé  tout  d'abord  à  restituer  les 
derniers  signes  en  ces  mots  :  $h  rb  diSiov,  précédés 
d'un  verbe.  En  attendant  une  meilleure  copie,  je 
laisse  à  de  plus  sagaces  le  soin  de  démêler  cette  con- 
fusion. 

Elnfin ,  la  troisième  ligne  grecque  contenait  sans 
doute  la  prohibition  d'ensevelir  des  étrangers  dans 
ce  tombeau  y  et  fixait  lamende  à  payer  par  les  viola- 
teurs ,  qui  est  de  5  deniers  au  profit  du  fisc.  11  n'y  en 
avait  probablement  pas  d autre,  vu  l'espace  occupé 
par  les  fonnules.  Dans  les  inscriptions  nabatéennes 
cpii  contiennent  des  formules  analogues,  il  y  a  gé- 
néralement ime  double  amende  :  une  au  profit  du 
roi,  l'autre  au  profit  du  sanctuaire  du  dieu  sous  la 
protection  duquel  le  tombeau  était  placé  (cf.  C.  L  S, , 
II,  199,  2o5,  206,  etc.),  et  même  parfois  une 
troisième  au  profit  des  propriétaires  du  tombeau 
(C./.  S.,  Il,  Qoo).  L'amende  au  profit  du  dieu  ne 
doit  pas  régulièrement  se  trouver  dans  les  inscrip- 
tions tumulaires  de  Palmyre,  les  tombeaux  n'étant 
généralement  pas  consacrés  aux  dieux  (  cf.  cependant 
Vogué,  P.  71  et  35[?];  Wadd.,  2616);  mais  on 
pourrait  en  rencontrer  une  au  profit  du  proprié- 
taire. Comparée  avec  le  chiffre  élevé  des  amendes 
édictée»  dans  les  inscriptions  nabatéennes  (générale- 
ment 5oo,  1,000  ou  même  [n**  21a]  2,000  sicles 
au  profit  du  sanctuaire  et  autant  au  profit  du  roi), 
la  somme  de  5  deniers,  même  s  il  s'agit  de  monnaie 
d'or,  semble  bien  faible.  On  serait  tenté  de  supposer 


90  JUILLET-AOOT    1898. 

que  le  copiste  a  omis  une  lettre  exprimant  le  chiffre 
des  dizaines ,  à  la  suite  de  1*6 ,  ou  qu  il  faut  lire  e 
(=5ooo);  mais  ce  n'est  quune  pure  hypothèse. 

Bien  que  les  noms  contenus  dans  cette  inscription 
soient  assez  fréquents  sur  les  bustes  funéraires,  je 
n'ai  pu  en  identifier  aucun  avec  ceux  déjà  rencontrés: 
car  les  généalogies  sont  différentes.  Je  suis  donc 
porté  à  croire  ou  que  le  tombeau  a  été  bâti  vers  les 
derniers  temps  de  la  splendeur  de  Palmyre  et  n'a 
pu  être  utilisé ,  ou  qu'il  est  encore  intact  et  n'a  pas 
été  exploité  par  les  Arabes  qui  font  le  commerce 
des  antiquités. 

L'inscription  ne  donne  pas  la  date,  et  la  paléo- 
graphie ne  permet  pas  de  la  déterminer. 

28 

Je  donne  la  copie  de  cette  inscription  sans  cher- 
cher à  en  restituer  le  texte ,  malheureusement  fort 
incomplet. 

Faut-il  restituer  le  début  ...]A€I  BACIAeWN  ?  ou 
doit-on  lire  :  BAC]IAei  BACIA6(0N  ?  Cette  dernière 
restitution  paraît  matériellement  plus  probable  ;  car 
la  lacune,  si  la  copie  est  exactement  disposée,  ne 
permettrait  pas  d'insérer  avant  &i  un  mot  comman- 
dant le  génitif  pluriel.  Les  mots  ^aaiket  ^curikéanf 
pourraient  correspondre  au  palmyrénien  jo^o  ^Vd  , 
titre  donné  à  Odeinat  dans  une  inscription  de 
l'an  27 1  (Vogué,  P.  28),  et  alors  notre  texte  ne  sau- 
rait être  antérieur  à  l'an  26/i ,  époque  à  laquelle  Gai- 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  97 

lien  reconnut  lautorité  de  ce  prince.  En  260,  il  ne 
portait  encore  que  le  titre  de  roi  (cf.  de  Vogué, 
Syrie  centr.,  Inscript,  sémit.,  p.  36).  —  Mais  à 
Palmyre ,  les  inscriptions  honorifiques  connues  jus- 
qu'à présent  débutent  avec  le  nom  du  personnage  à 
l'accusatif. 

A  la  seconde  ligne  de  la  copie,  vers  le  milieu,  on 
lit  les  noms  : 

Le  dernier  mot  de  la  quatrième  ligne  visible  sur 
la  copie  est  peut-être  <TeiÀ]voTaTiis  ou  XafxwJporaTv^. 
Dans  notre  hypothèse,  il  serait  question  deZénobie. 

Julius  Aurelius  pourrait  être  le  personnage  men- 
tionné dans  une  des  inscriptions  de  Tan  26  j  (Vogué, 
P.  a6,  Î27;  Wadd. ,  2609,  ^610)  ou  de  lan  265 
(Wadd.,  2608).  Mais  ce  sont  là  de  simples  con- 
jectures. 

29 

La  dernière  inscription  inédite  recueillie  par 
M.  Bertone  est  aussi  fort  maltraitée  :  la  moitié  en- 
riron,  du  côté  droit,  a  disparu  à  peu  près  entière- 
ment, et,  comme  l'inscription  est  bilingue,  la  fin  des 
lignes  grecques  et  le  commencement  des  lignes  pal- 
myréniennes  se  trouvent  enlevés. 

Il  est  possible  néanmoins  d'identifier  le  person- 
nage, et  par  là  même  de  se  rendre  compte  de 
l'étendue  de  la  lacune. 


iir. 


larmiasmim  ■tnoBAi.B. 


98  JUILLET. AOÛT  1898. 

Le  texte  grec  comprenait  au  moins  huit  lignes. 
La  copie  nous  présente  le  début  et  la  fin  ;  mais  elle 
peut  avoir  omis  une  ligne  intermédiaire.  Ce  qui  me 
porterait  à  le  croire,  cest  que  le  texte  palmyrénien, 
généralement  plus  court  que  le  grec  dans  ces  sortes 
d'inscriptions ,  occupait  au  moins  huit  lignes ,  comme 
je  le  dirai  plus  loin. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  première  et  la  seconde  ligne 
de  la  copie  fonnent  certainement  le  début  de  l'in- 
scription et  doivent  se  restituer  ainsi  : 

1 .     I AAAAIO  N  eAI  M  [APCATOVeAI  M  HTOY 
a.     MOKIMOYTOY[rABBA  avvoltàpxvv ^ 

La  restitution  des  noms  propres  est  certaine  ;  celle 
du  titre  de  «  chef  de  caravane  »  est  probable.  Notre 
personnage  nous  est  en  effet  connu  par  une  inscrip- 
tion du  mois  d*avrH  de  l'an  igS  (Vogué,  P.  6; 
Wadd.,  n°  2 896).  Cette  inscription  est  relative  à 
l'érection  d'une  statue,  faite  par  le  peuple  et  le 
sénat  de  Palmyre,  en  l'honneur  de  Taimarçou, 
chef  de  caravane,  et  de  ses  deux  fils  Yaddaios  et 
Abdibolos.  II  est  probable  qu'en  l'an  211,  date  de 
notre  inscription ,  Y'addaios  avait  succédé  à  son  père 
dans  ses  impoitantes  fonctions,  et  avait  mérité 
d'avoir  sa  propre  statue  qui  lui  fut  érigée  par  les 
marchands  de  sa  caravane.  C'est  h.  cette  statue  que 
se  rapporte  notre  inscription. 

Je  ne  puis  interpréter  les  lignes  3-6  de  la  copie , 
où  on  lit  : 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  90 

3.  TWNeMnOPWNKAI 

4.  AYTOICnANTAXO 

5.  KAIOYOAOIAINANHC (!) 

6.  AYTOYCKOYOrCA 

Chaque  ligne  devait  avoir  environ  2  5  lettres, 
comme  on  le  voit  par  la  restitution  des  premières. 
11  semble  qu'à  la  cinquième  on  doive  lire  le  nom 
de  la  ville  de  Vologésias  [ÙXoyecrias)  qui  était  le  but 
des  caravanes  de  Palmyre  (cf.  Vogué,  op.  cit. y  p.  g; 
VVaddington,  Recueil,  p.  Sgy). 

La  septième  ligne  se  restitue  avec  beaucoup  de 
vraisemblance ,  et  la  huitième  avec  certitude  : 

7.  KAT6  ABOYC I CY  N  A  Y  7(0761  M  HC 

8.  KAPINe70YCBK*M6Nr O. . 

Quant  au  texte  palmyrénien ,  il  faut  restituer  au 
début  le  nom  du  personnage  et  sa  généalogie.  La 
première  ligne  de  la  copie  commence  par  les  mots  : 

La  première  lettre  est  la  fin  du  nom  de  Gabba ,  et 
il  faut  lire ,  d  après  les  formules  analogues  qui  nous 
sont  connues  et  en  restituant  une  première  ligne  qui 
a  été  omise  entièrement  sur  la  copie  :         •  •  •  • 

nh  n^j>H  n  «[223  -id  lo^^pD  na  ND>n  •  ' 

;• 


100  JUILLET-AOÛT  1898. 

Tout  le  reste  est  pour  moi  indéchififrable ,  excepté 
la  dernière  ligne  où  on  lit  la  fin  de  la  date  : 

113— »/3r\[i]^  Dxxïi  n[i]c?        Année  622. 

C'est-à-dire  Tan  2 1 0-2 1 1  de  notre  ère. 

Outre  Tinscription  de  la  statue  du  père  de  Yaddai , 
nous  avons  aussi  ime  inscription  religieuse,  publiée 
par  M.  de  Vogué  (P.  98),  dans  laquelle  notre  per- 
sonnage est  mentionné.  C  est  un  autel  consacré  par 
*Ala ,  sa  femme. 

L'inscription,  assez  mutilée,  est  ainsi  restituée  et 
ti*aduite  par  M.  de  Vogué  : 

n"»  H^n  '?y[i  '•n]i['»n]  ^y  Ksn 
n*?y3  ND'»n  ix-)D'»n  i3 

. .  .n:[c?  . .  .HT*?  y]t?[n]  dv 

Cet  autel  a  été  fait  et  consacré  à  celui  dont  le  nom  est 
béni  dans  féternité,  par  ^Ala,  fille  de  Zebcida,  fds  de 
*Athai ,  médecin ,  pour  son  salut  et  le  salut  de  laddaï,  fils  de 
Tiiaimartso ,  fils  de  Thaimé ,  son  mari ,  et  pour  le  salut  de 

leurs  enfants,  à  toujours.  Le  g*  jour  du  mois  de 

année 

A  la  ligne  à  il  faut  restituer,  avec  le  suffixe  fémi- 
nin :  ^y[i  n]''[n]  *?y 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  101 

Quant  au  nom  du  grand- père  de  *Ala,  qui  est 
écrit ,  en  effet ,  dans  la  copie  de  M.  Waddington  >yny 
KD'i  et  que  M.  de  Vogué  interprète,  en  faisant  des 
réserves  :  «  *Athai,  médecin  »,  je  suis  porté  à  croire 
que  M.  Waddington  a  commis  une  faute  de  copiste 

en  prenant  un  ^  pour  o/,  et  que  la  pierre  portait 

iiy\i^y  «  *Atehrepha  » ,  nom  propre  composé 
comme  KDiia  «Borrepha»,  *?iaND")  «Rephabôl»,  et 
dont  le  sens  serait  «  *Ateh  a  guéri  ».  Cette  conjecture 
a  lavantage  de  faire  disparaître  de  fonomastique  ia 
forme  "^yny  qui  ne  se  rencontre  nulle  part  ailleurs  et 
dont  l'interprétation  philologique  est  très  embarras- 
sante; mais  on  peut  lui  objecter,  à  son  tour,  quon 
se  serait  attendu  à  lire  KD^ny  (comme  apyny). 

D'après  les  deux  inscriptions  dont  nous  venons 
de  parier,  M.  de  Vogué  a  dressé  ia  généalogie  de 
notre  personnage  [oavr.  cité,  p.  12). 


IV 

ORSERYATIONS 
SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  PALMYRENIENNES 

DÉJÀ    PUBLIÉES. 

Le  prince  Abamelek  Lazarew  vient  de  publier  à  Saint- 
Pétersbourg  (  1 897  ) ,  en  langue  russe ,  un  ouvrage  intitulé  Ge- 
rasa  contenant  le  récit  d'une  exploration  archéologique  des 
ruines  de  Tantique  Djérache. 

On  trouve  dans  cet  ouvrage  (  pi.  XVI  et  p.  5 1  )  la  repro- 
duction phototypique  de  six  bustes  palmyréniens  qui  sont 
depuis  longtemps  à  Baalbek  et  dont  les  inscriptions  ont  été 


102  JUILLET-AOÛT  1898. 

publiées  une  première  fois  par  M.  Pognon  (  Revue  tVaujTÎo- 
logie,  t.  1  [i885],  p.  76  et  suiv.)  d'après  les  monuments 
mêmes,  et  ensuite  par  M.  En\lng{Epigraph,  MiscelL,  n"  28- 
36)  d'après  des  estampages  imparfait^.  Les  reproductions 
du  prince  Abamelek  Lazarew  permettent  de  compléter  ou 
de  modifier  quelque  peu  les  lectures  proposées.  —  Voici  les 
observations  que  leur  examen  m'a  suggérées. 

1,  M.  Pognon  (n*  1)  a  lu  la  première  inscription  : 

KD33^  'Absa 

DiVcn  et  Saloum 

Xnn^<  sti  femme. 

San  Hélas. 

D  après  la  photographie ,  il  faut  lire  à  la  quatrième 
ligne  nnnx  «  sa  sœur».  Le  n  me  parait  certain;  le  n 
final,  qu exige  Torthographe ,  est  un  peu  douteux;  il 
se  pourrait  que  le  iapicide  ait  mis  un  x  par  erreur. 
L'inscription  est  gravée  entre  deux  bustes  en  pied, 
et  la  disposition  générale  des  personnages  est  celle 
qu  on  retrouve  sur  les  monuments  d'enfants  en  bas 
âge,  ce  qui  suggérait  déjà  la  lecture  que  je  donne 
d'après  la  gravure. 

2.  Pognon  n*  3;  Euting  n°  33.  —  D'après  la 
photographie  on  lit  seulement  avec  certitude  : 


IdVd         Malkou 
ns^C         Sa'dai 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  103 

I^e  nom  de  la  première  ligne  n'est  certainement 
pas  Malkou.  On  distingue  très  nettement  dans  ce 

nom  un  ^  el  presque  certainement  un  K;  les  autres 
lettres  sont  douteuses  :  la  première  doit  être  3  ou  D. 
11  ne  faut  pas  oublier  que  Tinscription  est  gravée 
h  côté  d'un  buste  de  femme,  et  encadrée  dans  une 
moulure  la  reliant  à  ce  buste.  Or  Malkou  ne  s  est 
jamais  rencontré  comme  nom  de  femme.  En  réalité, 

la  photographie  présente  cette  lecture  MJ||MJ|î(2i  • 
Je  soupçonne  qu'après  le  dernier  T  il  y  a  un  n  dis- 
simulé par  la  coifibre. 

3.  Pognon  n*  4  ;  Euting  n"*  36.  —  Le  texte  porte 
très  distinctement  : 

Le  premier  nom ,  dont  il  ne  reste  que  la  dernière 
lettre  entière ,  paraît  être  w^  comme  dans  Tinscrip 
tion  n®  1 .  —  Ce  serait  une  variante  du  nom  >D3i? 
qui  est  transcrit  en  grec  [génît.]  kSmo'éov  (Euting, 
Epiqr.  MiscelL  n'  io3.)  —  On  aurait  été  tenté  de 
le  rapprocher  de  À^f^aTo;  (Wadd.  sSSa);  ce  dernier 
répond  peut-être  à  ^nD^  (Euting,  hc.  cit.  y  n**  109). 

La  seconde  ligne  est  d'une  lecture  absolument 
certaine;  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  que  sur  la  va- 
leur du  signé  M^  qui  est  n  ou  n.  Euting  lit  ^m3")^Dl 


104  JUILLET-AOÛT  1898. 

a  prix  de  ma  souveraineté  ».  Je  ne  sais  si  cette  éty- 
mologie  est  acceptable.  Le  buste  est  celui  d*un  homme 
et  l'incription  est  complète.  —  Voir  lobservalion 
suivante. 

4.  Pognon  5;  Euting  28,  29,  3o.  —  Ces  trois 
inscriptions  sont  gravées  à  côté  de  trois  bustes 
dliommes  sculptés  dans  le  même  bloc  de  pierre.  La 
première  a  été  lue  correctement  par  Euting  (n*  a8)  : 

1S*)D^n  San         Hélas  I  Taimarçou, 
^13131  12         rds  de  Zabdibôl, 
ma         son  fils. 

Dans  la  seconde ,  Euting  (n**  29)  a  lu,  avec  doute  : 

Vmaî  Van 

Mais  la  pierre  porte  distinctement ,  comme  la  co- 
pie de  M.  Pognon  : 

^-\3^\3\^a)\         S1313T  bn 

L'inscription  est  complète,  à  ce  qu'il  semble. 

Gomme  nous  avons  le  nom  VkdVd  sur  la  troisième 
inscription ,  on  est  porté  à  croire  que  le  groupe  ^dt 
(ou  >Di)  forme  un  nom  à  lui  seul;  par  conséquent 
le  groupe  si  étrange  ^nm^DT  pourrait  former  deux 
noms  ^DT  et  ^nui.  Ce  dernier  serait  pe\it-être  à  rap- 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  105 

procher  de  rs"),  en  latin  :  Rubatis  (dans  la  première 
inscription  palmyr.  d'Afrique);  et  ^DT  correspondrait 
assez  bien  au  nom  Aaiifioua  (Wadd.,  2^58)^ 

La  troisième  épitaphc  a  été  parfaitement  iue  par 
Euting  (n*  3o): 

13  Vkd^d  Van 

Cette  lecture  est  absolument  certaine  d'après  la 
photographie,  et  c'est  uniquement  par  conjecture 
que  M.  Ledrain,  dans  son  Dictionnaire  des  noms 
propres  pcdmyréniens ,  p.  34 .  a  omis  ^^<^VD,  en  le  rem- 
plaçant par  le  nom  bien  connu  VssVd,  MaXdj(jSii'kos , 
sous  prétexte  qu  Euting  avait  mal  lu.  Les  noms  for- 
més avec  hn  ne  sont  cependant  pas  si  rares  en  pal- 
myrénien.  Ex.  :  Vîosd  ,  ^HD ,  Vkdt  ,  etc. 

5.  Pognon  6;  Euting  3i,  32.  —  Cette  inscrip- 
tion est  en  écriture  cuirsive.  L'examen  de  la  photo- 
graphie me  parait  confirmer  la  lecture  de  M.  Po- 
gnon: 

iU523  WDD  Sama, 

y^M^  ni3  fiUle  de 

'Ui^XrtJJ  lO^PO  Moquimou. 

^il)\  ^3"  Hélas! 

*  D.  H.  MûIIer,  Palmjr,  Inschr, ,  n"  i ,  donne  une  inscri[)tion  qui 
débute  ainsi  :  K^n^T  ^3  (ou  KQI)  ^<D^;  ce  qui  confirmerait  notre 
conjectore.  —  D  rapproche  la  forme  HlDl  du  nom    talmudiquc 


lOG  JUILLET-AOÛT  1898. 

^<DD  ne  se  rencontre  pas  ailleurs  dans  les  inscrip- 
tions de  Palmyre. 

L'autre  inscription  n'a  pas  été  traduite  par  M.  Po- 
gnon, et  n'a  été  lue  qu'incomplètement  par  M.  F^u- 
ting.  D'après  la  photographie ,  il  faut  lire  : 

Haba ,  fils  de 
'Ate'aqab»  —  Taimé ,  »on  fils. 

Cette  inscription  se  rapportait  au  buste  du  mari 
de  Sama,  qui  a  été  séparé  de  celui  sur  lequel  elle 
est  gravée.  L'expression  :  «  Taimê,  son  fds  »,  est  jus- 
tifiée  par  la  présence  d'un  buste  d'enfant  sculpté 
dans  le  même  bloc,  à  côté  de  sa  mère. 

Comme  la  pierre  est  cassée  à  la  hauteur  même 
du  sommet  des  lettres  de  la  première  ligne,  il  se 
peut  que  le  début  manque;  et  même  il  est  possible 

que  la  lettre  qui  semble  être  un  ^  dans  idH  (nom 

qui  ne  se  rencontre  pas  ailleurs)  soit  un  D  dont  la 
tige  ait  été  emportée.  On  aurait  alors  le  nom  bien 
connu  :  x^n ,  en  grec  [au  génitif]  AXS.  (Euting,  Epigr, 
MiscelL,  n"  io3.) 


Au  cours  de  difFërentes  études  sur  les  inscriptions  de  Pal- 
myre en  vue  de  la  préparation  du  Corpus  Iiiscriptionum  Semi- 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  107 

ticaram,  j*ai  noté  ça  et  là  un  certain  non^bre  (Inobservations 
ou  de  corrections  se  rapportant  à  des  textes  déjà  publié?. 
J'en  placerai  ici  quelques-unes. 

6.  Euting.  Epigr,  MiscelL,  n°  i  a.  —  Les  lignes  a 
et  3  paraissent  devoir  se  lire  : 

ra  K^ . .        .  • .  ya  »  fille 

ï<DpK  n         de  Aqmé. 

Cette  forme  du  génitif,  à  la  manière  syriaque ,  s'est 
déjà  trouvée  en  palmyrénîen  dans  une  inscription 
du  Louvre  où  on  lit  :X^p1^  ^1  m3K  «  père  de  Lucilla  » 
(Clermont-Ganneau,  Recueil  d'ai^chéologie  or.,  t.  I, 
p.  3oo).  Cf.  ci-dessus ,  Inscript,  n"  i . 

7.  Euting,  Epigr.  MiscelL,  n*  i8.  —  En  exami- 
nant attentivement  la  copie,  je  crois  qu*on  peut  lire 
entièrement  cette  inscription,  de  cette  manière  : 

iUioyt   V^H  «D'T  Van  Hélas!  Taimé, 

iUi/yV/   >^\3  aps^nynna  fiUede  Ate'aqab, 

yi^\y  [^{l[\]  ^\3  '"If^^^T  13  fils  de  Zabd'atôh , 

iiJViV/  ^\3  ^V^^^  "^3  ^il«  ^e  'Ate'aqab , 

c  "a 

La  troisième  ligne  seule  me  parait  un  peu  dou- 
teuse; mais  elle  est  presque  certaine  d'après  Tinscrip- 


108  JUILLET-AOÛT  1898. 

tion  n""  19   d'Ëuting,  qui  se  trouve  dans  ie  mc^me 
tombeau  et  qui  se  lit  : 

Je  croirais  volontiers  que  le  mot  lai  a  été  répété 
ici  par  une  erreur  du  peintre;  car  ces  inscriptions 
sont  peintes  en  rouge  sur  les  parois  du  tombeau. 

8.  Euting,  ibid.,  n"  7.  —  La  dernière  ligne  se 
lit  conformément  à  la  copie  :  i>K  m^3  «au  mois 
de  Yâr  »  (et  non  Adar). 

9.  Euting,  ibid.,  n"  8.  —  Cf.  ci-dessus,  p.  7^. 

10.  A.  D.  Mordtmann,  Neae  Beitràge,  n'  4.  — 
La  lecture  de  la  copie  doit  être  maintenue  : 

/:il>^yM^  nnsna         Bar'ateh 

^M^  ma  son  fili 

11.  Mordtmann,  ibid.,  rf  i3.  —  Cf.  ci-dessus, 
p.  76. 

12.  Vogué,  P.  5 1 .  —  La  copie  de  Wood  (n*  xii) 
donne  très  distinctement,  pour  le  premier  nom  : 
X^nD^<.  Ce  nom  est  connu  (Mordtmann,  n®  3).  On 
peut  en  rapprocher,  comme  formation,  le  nom  bi- 
blique Kn^^  (I  Chron.,  vm,  16;  xi,  45);  et  aussi  le 
nom  palmyrénien  ^<^D^n  qui  se  trouve  vraisembla- 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  109 

blement  *  dans  une  inscription  récemment  publiée 
par  M.  Ciermont-Ganneau  [Études d' Arch.  or.,  t.  II, 
p.  58). 

13.  Vogué,  P.  98.  —  Cf.  ci-dessus,  p.  100. 

14.  Vogué,  P.  124  a.  —  La  ligne  5  de  cette  in- 
scription doit  être  coupée  ainsi  : 

Car  comme  je  lai  dit  plus  haut  (p.  98)  au  grec 
laptëoiïsvs  (qui  se  trouve  dans  la  partie  bilingue) 
correspond  le  palmyrénien  x^ian*^^  et  non  ^I3ni\ 
H  en  résulte  que  le  nom  suivant  n'est  pas  ^<^D3X; 
mais  kVd3,  qui  est  plus  voisin  des  noms  auxquels 
M.  de  Vogiié  comparait  X^Dax,  et  qui  est  identique 
au  nabatéen  iVd3  (Euting,  Sinaii.  Inschr.,  i3,  274). 
La  forme  K^D3  est  même  très  probable  dans  une  in- 
scription du  Sinaï  (Euting,  343  a). 

1 5.  Inscription  du  Capitole.  —  L'inscription  bi- 
lingue du  Capitole,  publiée  autrefois  par  Fabiani 
(Bu//,  délia  Comm.  arch.  com.  di  Roma,  1878)  et  citée 
par  Wright  (  Trans.  of  the  Society  of  BibUcal  archeo- 
lo^t  t.  VII,  p.  I,  1880)  a  été  lue  ainsi  : 


*  Cette  conjecture  est  rendue  certaine  par  la  publication  du  fac- 
similé  de  M.  D.  H.  Mûller,  Paln^,  buchr.,  n"  ^3.  —  Voir  ci-après, 
Obaerv.  n*  87. 


110  JUILLET-AOÛT  1898. 

D.M.  Il  HABIBI.  ANNV  ||  BATHI.F.  PAL  |  MVRE- 
NVS  .V .  ANIS  I  XXXII  .  M  .  V .  D  1  XXI  .  FECIT  . 
HERES .  FRATER 

San  n3ix  ^dSd 

Dans  celte  transcription  la  forme  ^dSd  ,  qui  ne  s  est 
pîts  encore  rencontrée  ailleurs,  que  je  sache,  est  au 
moins  très  douteuse.  Pour  moi,  je  suis  porté  à  lire 
la  forme  habituelle  :  idSd;  1  écriture  est  cursîve  (voir 
le  fac-similé  donné  par  Fabiani),  du  genre  que 
Wright  (foc.  cit.)  appelle  hauranite,  et  le  waw,  serait 
de  même  forme  que  celui  qui  est  dessiné  dans  le  fac- 
similé  de  mes  inscriptions  n°*  2  et  1 4  (voir  ci-dessus). 
Cette  remarque  n  est  pas  sans  importance ,  eu  égard 
auK  déductions  qu'on  peut  tirer  des  terminaisons, 
relativement  à  la  prononciation. 

16.  Schroeder,  Neue  Pcdmyr.  Inschr.^  n"5.  {Sitz. 
d.  Akad.  za  Berlin,  i884).  —  Il  faut  restituer  au 
commencement  de  la  seconde  ligne  le  nom  de  ^lur^ 
«  *Ateh  est  ma  lumière  ».  La  forme  nUDy  s'est  déjà 
rencontrée  plusieurs  fois  (G.  Hagemans,  Note  sur 
trois  bustes  funéraires  de  Palmyre,  dans  les  Ann.  de 
la  Soc.  d*arch.  de  Bruxelles. ,  t.  IV,  1 890  ;  et  Ledrain , 
Rev.  d'Assyr.et  d'Arch.  or.,  t.  II,  p.  làà).  Cf.  Cler- 
mont-(janneau ,  Études  d*Arch.  or,,  t.  I,  p.  108. 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  111 

Au  moment  de  donner  le  bon  à  tirer  de  cet  article ,  je  re- 
çois de  M.  D.  H.  MûUer  un  travail  intitidé  :  Palmyrçnische 
Insckriften ,  publié  par  lui  dans  les  Denkschrijïen  der  KaiserL 
Akademie  der  Wissenschafïen  in  Wien  (Phiios.-hislor.  Cl., 
B.  XLVi).  Ce  mémoire  est  accompagné  de  trois  planches  plio- 
totypiques  exécutées  diaprés  les  estampages  du  D' Aloïs  Mu- 
sil ,  (|ui  ont  servi  de  base  au  travail  de  M.  MûUer.  Toutes  les 
inscriptions  apparaissent  sur  ces  planches  avec  une  telle  net- 
teté qu  il  est  évident  que  les  photographies  ou  les  estampages 
ont  été  notablement  retouchés*.  On  est  donc  en  droit  de 
mettre  en  suspicion  certaines  lectures  étranges.  Néanmoins, 
en  prenant  poar  base  ces  planches  telles  qu* elles  sont,  je 
crois  pouvoir  fonnuler  les  observations  suivantes  :  les  unes 
pour  rectifier  des  lectures  absolument  fautives;  les  autres 
pour  suggérer  quelques  conjectures  dont  l'exactitude  pourra 
être  confirmée  ou  infirmée  par  Texamen  des  estampages. 

17.  D.  H.  Mûller,  Palmyrenische  Inschriften, 
n**  a .  —  Le  nom  de  xs^ia  ne  se  rencontre  pas  «  pour 
la  première  fois»;  il  se  trouve  dans  deux  inscrip- 
tions publiées  par  M.  Clermont-Ganneau*^  (dont  les 
travaux  paraissent  inconnus  de  M.  Mûller,  aussi  bien 
que  le  Journal  asiatique),  dans  une  inscription  pu- 
bliée dans  le  Palestine  Explor.  Fand  Statement,  1891, 
p.  27,  3  ]  2 ,  et  dans  une  autre  publiée  par  M.  Drouin 
dont  larlicle  est  cité  par  M.  Midler  (p.  7). 

^  Je  puis  d'autant  mieux  l'affirmer  que  les  estampages  de  plu- 
sieurs de  ces  inscriptions  m*ODt  été  communiqués  l'an  dernier  par 
M.  Ch.  Fossey,  qui  se  réservait  de  les  publier.  Malheureusement 
M.  Fossey  est  actuellement  en  Orient,  et  je  ne  puis  avoir  commu- 
nication de  ces  documents. 

*  Études  d'archéologie  orientale,  t.  V,  p.  107  et  110.  Ces  in- 
scriptions sont  datées  et  appartiennent  à  la  même  famille  que  celles 
publiées  par  M.  Mûller  sous  les  n"  3  et  i5. 


112  JUILLET-AOÛT  1898. 

18.  MûUer,  ibid. ,  n"  3  a.  —  M.  MûHer  lit  el  tra- 
duit : 

^3n  Hagai 

ma  fille  de 

]l^^'i  Sërûdan 

San  Hélas  ! 

Il  me  parait  difficile  de  voir  sur  la  planche  un  s 
dans  la  première  lettre  de  la  troisième  ligne.  Je 
lis  :  pnn,  Hadoudan,  nom  qui  serait  peut-être  à 
rapprocher  du  grec  tlSéSavris  (Wadd.  2i3o).  Le 
nom  existe  (Vogué,  P.  66),  et  Mordtmann  a  con- 
firmé la  lecture  du  n  au  commencement  [Neae  Bei- 
tràge,  p.  Sy). 

19.  Mûller,  ibid.,  n"  5.  —  L  auteur  lit  et  tra- 
duit : 

13  pnO  Manon ,  fils  de 

Sûnl^K  Elâhbêl 

Van  ]1^n  Hairân.  Hélas! 

nma  yn  Riyya  ,  sa  fille , 

m3  133n  Haggâgo".  son  ^Is- 

Si  Tinscription  accompagnait  trois  bustes ,  on  pour- 
rait admettre  cette  lecture.  Mais,  dans  le  cas  con- 
traire, je  proposerais  de  lire  la  quatrième  ligne  :  n 
nS  133^  «qua  fait  pour  lui»  Haggagou,  son  fils. 
Lavant-dernière  lettre,  en  effet,  nest  pas  absolu- 
ment claire  sur  la  planche.  M.  Mûller  rapproche  la 
forme  yn  de  Vayn'».  J'ai  dil  plus  haut  (Inscript. 
n"*  1 1)  quil  ny  avait  aucun  exemple  certain  de  re 
dernier  nom. 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  113 

20.  Muiler,  ibid.,  if  6  a  et  6  b.  —  L  auteur  lit 
et  traduit  : 

48o  n:c  m«  n-^^a  V- 

Image  de  Yarhai ,  fils  de  Malèkou ,  iUs  de  Yarhai  Hai[rânJ 
...  .au  mois  de  *Adar  de  Tan  48o  (mars  169). 

Avant  le  h  de  la  seconde  ligne,  il  ne  parait  y 
avoir  de  place  que  pour  une  seule  lellre,  et  Ton  voit 
assez  distinctement  les  traces  d*un  H  ;  je  crois  donc 
que  la  première  ligne  est  complète  et  quil  faut  lire  : 
"JKlhn  ^ni^  i3--«  fils  de  Yarhai  [fils  de]  Hayêl  ». 

*?x^n ,  Hayêl ,  esl  une  bonne  forme  de  nom  propre  ; 
comp.  le  nom  biblique  :  ^K"»!!,  I  Reg. ,  xvi,  il\. 

21.  MùUrr,  ibid.,  n*  i4.  —  La  lecture  K^nv  pa- 
rait bien  douteuse;  la  lettre  prise  pour  un  b  na 
point  du  tout  la  même  forme  que  dans  les  mots  D^s 
et  ^n.  N'aurions- nous  point  le  nom  ^<^^n3^  (ou 
KD^ns^)  qui  revient  dans  les  inscriptions  i6,  21,29? 

22.  Mûlier,  ibid,,  if  i5  (lignes  1-6).  —  L'au- 
teur lit  et  traduit  : 

mnn  Hadîrat- 

I  13  KHK  Alla,  fils  de 

Knbl3  BôUia, 

J3^"»3  13  fils  de  Bar  an , 

I  nlnyiST  13  fils  de  Zabdatê. 

1  ^3n  Hélas! 


A  la  quatrième  ligne,  il  faudraitpeut  être  lire,  en 
corrigeant  légèremenl  la  copie  :  Kyi3,  comme  au 

XII.  8 


114  JUILLET-AOÛT  1898. 

n°  '1 ,  où  nous  avons  précisément  un  nnyi3T  12  xyiz. 
—  H  est  difficile  de  voir  ici  un  ]  final ,  lié  par  la 
base  au  y  précédent. 

KHK  n'est  pas  nouveau;  cf.  ci-dessus  (Inscript. 
n"»  i6). 

23.  Mùlier,  ibid,,  ïf  i6.  —  L'aulcur  lit  et  tra- 
duit : 

obs         Statue  de 
Vhn         Halyii 
ni2        fille  de 

^17*  .  .  .  .louf 

hlU         Hélas  I 

La  forme  obs  montre  que  nous  avons  affaire  à 
une  statue  dliomme;  il  faut  donc,  i\  la  troisième 
ligne,  lire  13  et  non  ms,  le  dernier  signe,  qui  n'est 
peut-être  pas  un  n,  doit  être  relié  au  commencement 
de  la  li'^ine  suivante. 

Vin  est  peut-être  à  rapprocher  du  grec  AXeio$ 
(Wadd.  iôio),  puisque  xSn  =  AXa  (Euting,  Epicjv, 
Miscell.y  xf  io3). 

NDTi:?  ou  KDTiy?  Quelle  que  soit  la  lecture  qu  on 
adopte  pour  le  nom  palmyrénien  dont  Tavant-der- 
nière  lettre  est  incertaine,  il  ne  saurait  répondre  au 
grec  Yàiiiyï]^,  Outre  la  difficulté  de  rendre  EtJ  par 
un  y,  il  faudrait  un  û  pour  répondre  au  t.  Nous 
avons  d'ailleurs  très  probablement  la  transcription 
du  nom  l^vvj^^'ns  dans  :  NDtDiX  (Eut.,  ^pigr.  Mise  , 
rf  io6,  et  ailleurs). 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  115 

24.  Mûller,  ibid.,  n*  ai.  —  L'auteur  lit  et  tra- 
duit : 

ms  13n         Hagar,  fiile  de 
nb  KD-)13        Borrefa',  fils  de 
bln  K[C?]ny        *Atte»a.  Hélas! 

La  lecture  KCny  parait  ici  improbable  ;  si  la  re 
production  est  fidèle,  la  troisième  lettre  avec  une 
haste  recourbée  au  sommet  ne  peut  être  un  v  ;  nous 
avons  probablement  ici  KD^n2^ ,  le  même  nom  qu  au 
n"*  1 6 ,  ligne  5 ,  et  au  n"  23. 

25.  Mùiler,  ibid.,  n°  26.  —  H72H  s  est  déjà  ren- 
contré, aussi  comme  nom  de  femme  ci -dessus  (In- 
script, n"  10). 

26.  Mùiler,  ibid.,  if  33.  —  L'auteur  lit  et  tra- 
duit : 

bn        Mêlas! 
"ID^D        Malôku 
32?K  13         fils  de  Asag. 

La  première  lettre  du  dernier  nom  que  M.  Miïi- 
Icr  prend  pour  un  X  de  forme  particulière  est  très 
probablement  un  "i.  Je  lirais  volontiers  "^Vi  "13.  Nous 
avons  déjà  un  "ïD^  13  ^^i  (Vogué,  P.  i36). 

27.  MùUer,  ibid.,  n"  ia.  —  Au  sujet  de  Tin- 
scription  de  Constantinople,  voir  Clermont-Gari- 
neau,  Études  d*arch.  or. ,  t.  I,  p.  129. 

28.  Millier,  ibid.f  tf  43.  —  Cette  inscription  a 

s. 


116  JUILLETAOÛT  1898. 

déjà  été  publiée  par  M.  Clermont-Ganneau,  Études 
i'arch,  or.,  t.  II,  p.  55  ^ 

Lignes  2  et  4 1  au  lieu  de  KSC\") ,  il  y  a  très  dis- 
tinctement sur  la  planche  ^<^D''n . 

Pour  la  forme  ^<XD^n,  lauteur  compare  les  in- 
scriptions Vogué  P.  ^9  et  33  6.  Il  est  assez  probable 
que  dans  Tinscription  Vogué  P.  Ag,  le  dernier  mot 
de  la  première  ligne  est  à  compléter  :  [iX^jD^n,  et 
non  :  [XX]D^n.  —  Schroeder  [Neue  Palmyr,  Inschr,, 
n"*  i)  a  un  ISiDTi  13  ]vh^  dont  la  généalogie  et  la 
date  paraissent  s'accorder  avec  les  personnages  de 
cette  inscription.  —  Dans  Tinscription  Vogué  P.  33  6 , 
on  peut  lire  aussi  bien  ^<^0^n  que  ^<SD^n  ;  d'après  la 
généalogie  on  s'attendrait  à  IX'iDT ,  et  Tépithète  K3i 
semble  demander  ce  nom. 

^<^D^n  paraît  être  pour  ^D^n  -f-  Kn,  Taimi  vixii  (ou  vi- 
vii)^.  L'existence  certaine  de  cette  forme  me  conduit 
à  une  interprétation  analogue  pour  le  nom  de 
OT*'?'i3  =  bi3+xn  Bôl  vixii.  M.  Ledrain  [Dict.  des  n. 
pr.  Palmyr. f  p.  i3)  avait  proposé  bi3+K:n  «celui 

*  Les  n"*  i3,  2  1  et  27  de  M.  Mùller  ont  été  aussi  publiés  par 
P.  Jaussen  dans  la  lievne  biblique  (1897,  n**  i),  bien  que  lauteur 
ne  l'indique  pas. 

*  Clermont-Ganneau  (Études,  II,  58)  semble  préférer  comme 
étymologie  ^D^H-f-KriN;  le  second  élément  serait  le  substantif 
XriK  «frère».  Un  élément  verbal  semble  préférable.  D.;  plus  il  fau- 
drait sup|)oser  l'élision  dt^  deux  lettres  ;  et  il  est  à  noter  que  le  sub- 
stantif KDX  entre  babituellement  en  composition  avec  le  suffixe, 
sous  la  forme  ^DK.  —  L'élément  verbal  est  manifeste  dans  /X^Fl 
(ci-dessus,  Obs.  n*  20).  Si  la  form^  7l3Xn  existait  et  n'était  pas 
une  pure  imagination  d  ;  M.  Ledrain  [Dict.  des  n.  pr.  palmyr.,  p.  24  ), 
elle  suffirait  à  démontrer  ngtre  liypotbès?. 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  117 

que  le  dieu  Bol  favorise»,  et  son  opinion  avait  été 
universellement  réprouvée  à  juste  titre;  on  admet- 
lait  génémlement  celle  de  Wright  [Proceed.  Soc.  BibL 
Arch.,  nov.  i885)  qui  expliquait  le  nom  par 
Vl3  +  Kn^  n  Bôl  efface  [les  péchés]  »  ;  mais  1  assimilation 
d'un  h  est  inadmissible  dans  KnD^n.  D après  cela,  la 
très  ingénieuse  conjecture  de  M.  Glermont-Ganneau 
(Rec.  JtarchéoLf  II,  p.  83)qtii  proposait  de  corri- 
ger K(i)MA  en  BCJAAA ,  dans  Tinscription  bilingue 
(Wadd.,  n"  aSyS;  Eut.,  Epigr.  Mise,  if  102),  se- 
rait peut-être  à  modifier  légèrement;  au  lieu  de 
B(a)AAA,  ne  faudrait-il  pas  restituer  BCJAAA? 

^3a  n  est  pas  «  un  nom  nouveau  »  ;  j  ai  publié 
(ci -dessus.  Inscript,  n"*  1 1)  le  buste  d'une  femme 
de  ce  nom.  Il  n'y  a  aucune  raison  de  lire  ^d:  . 

La  copie  de  M.  Glermont-Ganneau  donne  4o6, 
pour  la  date. 

29.  MûUer,  îbid.,  n'  65  a.  —  Le  nom  de  DD^n 
s'est  déjà  trouvé  (cf.  cî-clessus.  Inscript,  n"*  8)  comme 
nom  de  femme. 

30.  MûHer,  ibid.,  n"  45  6.  —  Le  premier  nom 
est  probablement  K^y  (Vogué,  P.  98). 

31.  Mùller,  ibid.,  n'  46.  —  Gette  inscription 
est  la  plus  importante  de  celles  publiées  par 
M.  Mùller;  nous  en  donnons  ci-dessous  une  repro- 
duction. 


118  JUILLET-AOÛT   1898. 

L  auteur  lit  et  traduit  ainsi  : 

• 

N^DC?  ^y  ^^y  n:x  "«nD  KDpcr    7 

"•n     xSapD     n:T     x-no^N  8 

-)5n   Î03  bapD    '»i   KmvD  9 

13    ND-^n   13    jyw    nam  10 

1:3^1     Mun^i     n*?     na3N  n 

b^v  nb   nom    "«t    n^ii^a  12 

13  K^-iincry  13  vi2vh  m3  i3 

DDn  n:D  11^  n-r^s  '*7K'»nD  14 

•y3iKi  nKC  i5 

[  I  ]  Dièse  Tirahliôlile  des  Hauses  fur  die  Ewigkeit  maclite  [a] 
Sèliiël,  Solin  des  *Astorga\  Solmes  des  'Us,  [3]  Solines  des 
Lisiues,  Solines  des  Lisiiies.  Sie  liât  zwei  [à]  Sykonioren , 
die  eine  redits,  wenn  du  [5]  eintriiisl  an  dem  neuen  gegen- 
ûherliegenden  Kingang.  [6]  IJnd  Zebeidà,  wSohn  des  Ma*n, 
Solines  des  Bèlnùraté,  [7]  eine  Svkoniore,  wenn  du  eintrittst 
von  links. 

[8]  Dièse  Exedra,  gegenûberliegend  der  [9]  (Cirab-)  Hôble, 
die  vor  dem  Tliore  [sicli  hefuidet],  gruh  [10]  und  hôlilte 
aus(?)  âau'àn,  Sohn  des  Taiinà,  Sohnes  [11]  des  Abgar,  fur 
sicb  und  fur  seine  Kinder  und  die  Kindes-  [12]  kinder  sei- 
ncr  geliebten  Segel,[i3]  Tocliter  des  Lisines,  Solines  des  As- 
torga*,  Sohnes  [i/i]  des  Sëhiëi.  Im  Monate  Adar  des  Jahres 
fûnf-  [i5]  hundert  vier. 


■}l^'-j^-'^-'l^.fi3!'i^'  ■.■■■^,rt'-     V^''-''   "^-i 

;Mêk^^^^^-^<^MiM  ^  ■ 

B^g^J^l^^^^sp^^^^^J 

B^^^^^^^^^aH| 

^^^3 

l^^^^^^^^l 

l^^^^^^H 

^^^^^^ 

HJ^^ffîH^^^^^T^P 

ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  121 

Voici  quelques  observations  au  sujet  des  lecture» 
proposées  par  Fauteur  : 

Ligne  2.  Le  dernier  nom  parait  bien  être  my ,  que 
M.  MùHer  propose  d'ailleurs  comme  conjecture. 

Ligne  3.  ]T2pV,  sing.  KDplî;  (1.  y)  me  parait  in- 
vraisemblable, du  moins  avec  le  sens  de  «syco- 
more». —  Il  est  à  remarquer  que,  dans  cette  in- 
scription ,  les  lettres  D  et  p  ne  peuvent  être  distinguées 
(]ue  par  le  sens  des  mots;  il  y  a  des  D  plus  larges  que 
certains  p  .  On  est  donc  autorisé  à  lire  KDpc; ,  ou  KCDc;, 
ou  KpCCTi  ou  Kppcr.  C'est  cette  dernière  lecture  que 
jadopterais.  J'ai  songé  à  la  rapprocher  du  syriaque 
|nn^  «  inielle ,  voie  étroite  » .  dimin.  :  JLirififia  ; 
Thés,  syr,,  col.  A^So),  chald.  KppC^;  mais  il  y  a 
une  difficulté,  car  ce  mot  ^ppv  est  masculin  dans 
les  autres  dialectes,  tandis  qu'il  est  ici  féminin.  D'un 
autre  côté  on  a  en  syriaque  le  mot  féminin  JL&a, 

■  sarcophage»  [Thés,  syr.,  col.  4 a 83)  dont  l'étymo- 
logie  est  incertaine.  Cf.  aussi  le  néo-syriaque  ^ojdqa. 

■  trou  »  ou  «  fissure  »  ( Thés. ,  col.  kioà),  arab.  ^ytû ^ 
Quoi  qu'il  en  soit  de  la  lecture  et  de  l'étymologie, 
il  semble  bien  que  le  mot  qui  termine  cette  ligne  a 
à  peu  près  le  même  sens  que  K^nDia  dans  l'inscrip- 
tion  62  de  M.  Mûller,  c'est-à-dire  celui  de  bcali, 


*  L*arabe  3^  signifie  •  partie  d'un  tout,  moitié  d'une  chose».  — 
On  aurait  pu  encore  songer  au  mot  féminin.  JLda  «  employé  dans 
le  sens  métaphorique  de  •  partie,  aile,  côté»,  mais  il  vient  d'une 
racine  plC^. 


122  JUILLET-AOÛT    1898. 

OU  lieu  de  sépulture,  et  na  rien  à  voir  avec  le  syco- 
more. —  L*un  des  constructeurs  a  creusé  deux  par- 
ties du  tombeau  situées  sur  la  droite  en  entrant, 
Tautre  une  partie  située  à  gauche;  la  partie  du  fond, 
en  face,  appartient  à  un  troisième  (1.  8  i5)  :  tel  est 
le  sens  général  de  rinscriplion.  Il  est  à  remarquer  que 
les  généalogies  ne  permettent  d'établir  directement 
aucun  lien  de  parenté  entre  les  trois  constructeurs. 

Ligne  5.  Il  faut  lire  :  N'73piD  Nmnxi  bb::  «  et 
lautre  en  face  »,  ce  qui  donne  un  sens  très  naturel. 
Le  «  très  intéressant  mot  xd  »  est  h  bannîrdu  lexique 
palmyrénien. 

Ligne  6.  Au  lieu  de  nnyn:bl3  (qu  il  faudrait  du 
moins  traduire  Bôlnourateh  et  non  Bêlnoaratck),  je 
soupçonne  que  la  ligne  se  termine  par  n^.  Par  analogie 
avec  la  ligne  3,  où  le  dernier  nom  est  suivi  de  IVx- 
pression  }pp^  nb,  nous  devons  nous  attendre  à  avoir 
ici  Nppc;  rh.  —  ym:bl3  quon  pourrait  à  la  rigueur 
tirer  de  la  racine  yi\  paraît  assez  insolite;  un  bon 
estampage  pourra  seul  nous  apprendre  s'il  ne  faut 
pas  lire  :  n^  nu^ia,  ou  plutôt  nu^ia.  Cette  dernière 
forme  serait  à  rapprocher  de  ^3"nj  (Clermont-(îan- 
neau.  Études,  I,  p.  io8),  et  del^n^py;  cf.  ci-dessus, 
Observ.  n°  i6. 

Ligne  8.  Noter  que  le  mot  Nn"iD2X  =  ())yÇe^pa,  est 
masculin  en  palmyrénien. 

Ligne  10.  Selon  M.  Mùller,  le  premier  mot  doit 


ARCHÉOLOGIE  ORIENTALE.  123 

être  à  peu  près  synonyme  de  nsn.  Je  n'en  crois  rien. 
Au  lieu  de  nam,  il  doit  y  avoir  sur  la  pierre  n3î:i 
a  creusé  «  et  a  orné  ».  Les  tombeaux  palmyréniens 
étaient  parfois  richement  décorés  et  on  emploie  le 
mol  Kn'*Mn  pour  désigner  leur  ornementation  (Vo- 
gué, P.  65).  L  auteur  a  ici  confondu  les  lettres  n 
et  S,  comme  au  n®  3a.  (Observ. ,  n**  i8.) 

Ligne  12.  L'expression  noni  s'est  déjà  rencontrée 
(Vogué,  P.  67).  11  s'agit  sans  doute  d'un  terme  de 
parenté  (sœur  utérine,  ou  fille  de  l'épouse,  née  d'un 
premier  mariage  ?)^ 

'  lorsque  je  communiquai  ces  observations  à  rAcadémie  des 
Insrriplions  et  Belles-Lettres  (séance  du  26  août  1898),  M.  Cler- 
niont-(i anneau  ajouta  quelques  remarques  : 

1"  Pour  confirmer  la  lecture  NppC^,  avec  le  sens  de  salle  fuiié- 
nïrv  ; 

1"  Pour  expliquer  la  disposition  du  tombeau  qui  doit  (^Ire  connie 
ainsi ,  selon  lui  : 


nn 


'•  Nppt?  adroite  (ligne  4); 

a»  NppC?  en  fa<^c  (ligne  5); 

3.  XppC;  à  gaucbe  (ligne  7); 

4.  N-nODN  (l»gn>*  8). 


Celte  conception  est  de  beaucoup  préférable  à  celle  que  j'exposais 
plus  baut. 

y  Pour  dire  qu'il  considérait  rcm  comme  une  forme  verbale 
dont  le  sujet  serait  âegel.  11  proposerait  de  lire  aux  lignes  11-ia  : 

le  serfs  serait:  «pour  lui,  ses  enfants  et  ses  petits-enfants,  selon 
que  Segel  lui  en  a  fait  la  faveur»;  c'est-à-dire  si»lon  l'autorisation 
qui  lui  en  a  été  accordée  par  âegel,  à  titre  gracieux.  —  Le  inciiie 
sens  serait  à  donner  au  mot  riOm  dans  l'inscription  Vogué,  P.  67. 


124  JUILLET-AOÛT   1898. 


LE  DIALECTE  DE  MAXULA. 

GRAMMAIRE,  VOCABULAIRE  ET  TEXTES, 

PAR 

M.  PARISOT. 

(suite.) 


VOCABULAIRE. 


1.  Le  Ciel,  les  astres. 

M 

alo  «  Dieu  »  |oi!^  par  l^arabe  ^^\ .  La  chute  du  oi  final  se  jus- 
tifie par  les  dialectes  des  Tyari ,  de  Tkliuma ,  de  Salamas , 
d'Urmia  (Mclean,  V.  s,,  p.  iSg). 

smo,  pi.  smoyâ  «ciel»  I^^Joa.. 

simsâ  «  soleil  »  lisaJi .  Pal.  1am*a.  . 

hablô  l-sim$a  «  les  rayons  du  soleil  »  IL^ . 

5  sahrà  «lune»  ]ioA,  Targ.  XiqO  (Pal.  lioii). 

fyiwkàhlà,  pi.  fyawkbô  «étoile»  JL^âad. 

fyiwk^ahtâ  sarrat  «  une  étoile  a  passé  ».  ;^  (  »;'4^  «  planète  »), 
83,  p.  483. 

tûràyà  «  les  Pléiades  ».  D*après  la  nomenclature  des  astro- 
nomes arabes,  ce  nom  désignerait  le  Taureau  (F.  Nau, 
Notice  sur  quelques  cartes  syriaques.  Journal  asiatique, 
IV  série,  t.  VllI,  1896,  p.  i63).  Mais,  comme  Ta 
déjà  observé  Niebuhr,  parmi  les  Arabes,  les  savants  et 


LE  DIALECTE  DE  MALULA.  125 

les  illettrés  ne  donnent  pas  les  mêmes  noms  aux  étoiles; 
c*est  ainsi  que,  dans  le  peuple,  ^ySj\  est  le  nom  des 
Pléiades.  Au  surplus,  parmi  eux,  très  peu  se  soucient 
des  noms  des  astres.  (Description  de  l'Arabie,  Paris, 
1779,  p.  161,  i65,  166.) 

dra^ô  «  les  bras  [du  Lion]  •. 

10  arpa^  l^whbân  «  les  quatre  étoiles  •.  Probablement  a  ^  y  i 
de  la  Grande  Ourse  (Niebuhr,  p.  16a). 

^wk*abi  nâhrâ  «  Tétoile  de  Taurore  •. 

lyiwk^abiâ  garrôrâ  «Tétoile  cbangeante»  ou  «celle  qui  en- 
traîne». Cf.  Iti^,  |{oii^,  Payne  Sm. ,  Th,,  c.  767. 

emm-él  dênpâ  «  comète  ».  Les  Arabes  du  peuple  disent  de  la 
même  manière  ^^^  >^1 . 

siq  \appàné  «  la  Voie  lactée  ».  «  Le  Chemin  Mi^  des  mar- 
chands  de  pille  »  AjLLJI  v3«>  »  Usi  (cf.  iSiebuhr,  p.  1 6a  ). 
'^  ifosqôdak,  qésqôzah  «  Tarc-en-ciel  »  ^j*  o->5. 


II.  La  Terre. 

m'a  «terre»  Ktl. 

manhà  «est»  ILâJn, 

imélâ  «nord»  (gauche)  jUd. 

(j'béUâ  «  sud  ».  i^,  R.  s.,  Iaa  «  la  région  opposée  »  vers  la- 
quelle on  se  tourne.  Payne  Sm.  TL,  c.  3477. 

S  maarhâ  «  ouest  »  l^i:^. 
tahlâ  «  plaine  »  Ji^ . 

^  9     4 

tùrâ  «  montagne  »  lio^. 

jôy/â  «vallée,  ouadi».  \ii^.,  n.  i.,X«^  «torrent».  Cf.  IL» 

«canal». 
sôqâ  «  ruisseau ,  conduite  d*eau  » 

10  nahrâ  «  fleuve,  rivière  »  Heu. 


leau»  !*'  * 
9 


126  JUILLET-AOÛT   1898. 

bakré  tiner,  lac»  |w»i»«  yV. 

sat  il'hahrà  «  rivage  de  la  mer  »  ^  • 
hahartd  ëz'ût  «  ëtang  ». 

môya  «  eau  »  M» . 
1 5  neh^âtà  «  source  >  «^^ .  Cf.  iiwo.aio . 

^àynà  «  source ,  fontaine  »  iLk . 

'awàynôt  (n.  pp.),  endroit  de  Ma*lûla. 

hêrà  «puits»,  n.  s,,  )v^  (Noddeke,  Gr. ,  n,  $,,  p.  itigj. 

ràmlâ  «  sable  »  JJîJ. 
30  *(i/râ  «poussière  (terre)  »  liJ^. 

gahartâ  et  jnbôrà  «  j>oussière  du  chemin  »  1^?^ . 

tra/t/â  «  bouc  »  J^i. 

safiariâ  «  désert ,  l'endroit  où  l'on  plante  les  pastèques  »  \^ , 

bézqâ  «  caillou  »  Jl^ILa  . 
35  Jiasôtâ  «petit  caillou»  'i^-^a^.  Cf.  |J«m. 

f^fâ  «  pierre  »  lijlâ . 

ml^rtà  «  roche  »  ji^ . 

ie/mâ  «rocher»  iLL  (Pal.  Jbujk).  «  Wa.  in  Palestiiiiau  is  uscd 
for  taérpoL,  and  ifiud  for  A/^o;.  »  Matt.,  \VI,  i8  (G Wil- 
liam, S.  L.,  p.  85,  note,  1.  lo). 

hàtîtd  «fer»  ûsîJ^. 
3o  dahhà  «  or  »  l^eif . 
^sfà  «  argent  »  jA^a2 . 
nhô'sà  «  cuivre  »  \l*a . 
er5Ô5â  «  plomb  »  \j>^) . 

III.   Phénoméines  atmosphériques. 

laqsà  «temps,  atmosphère»  j-J^  (sons  vulgaire). 
iûnyâ  «  monde ,  temps  »  Kr>^  » 


LE  DIALECTE  DE  MA'LULA.  127 

hwô,  hwàyâ  «air».  ïy^,  N.  s,  looi,  Payne  Sm. ,  Th.,  c.  988. 
hwô  tabb'*[tab}  «bon  air». 
5  jawwà  «  air  ambiant  »  i4-  • 

$mô  sôji  «  le  ciel  est  clair  »  çr*^  N.  s.  Içj ,  Payne  Sm. ,  Th, , 

c.  5429. 
^ôife  5ô^  «  serein  »  ^^ ,  >:^ . 
rayê(y  «  pur  »  JiîJ;  . 
sawbâ  «cbaleur».  Vulg.  v>*« 
10  sawbit  (Gr,,  'j'j ^  p.  477)  «j*ai  cbaud». 

simsâ  hômyâ  «  le  soleil  est  brûlant  »  ^]fw,  ka«*  I,  8si ,  p.  48o. 

*am-tôkén  sohnà  «  il  fait  chaud  »  f^, 

qôrsâ,  qôrsà  «froid»  o*;^,  y^- 

fànyâ  qnirësâ  «  le  temps  est  froid  ». 
i5  'am-aril  «j*ai  froid»  (89  bis,  p.  4^8). 

ajmâ  «  nuage  »  )b&«C ,  *^ . 

dabôbâ,  dubbôbâ  «brouillard»  âS^^. 

imô  'àytniâ  «  le  ciel  est  à  la  pluie  ». 

rayyâ  «pluie».  Vulg.  (5;J. 
30  tunyâ  *ani'nôh{â  «  il  pleut  (le  monde  tombe)  »  J(wi. 

(u/iyâ  /fi*6'6â  «  le  temps  est  sens  dessus-dessous  »  ^aw**  . 

zahhat  rayyà  qâwyâ   «la  pluie  tombe  à  torrent»  ^3  (7,  8, 

ntôtà  «  rosée  »  «^«^^  (I^j  «  erupit,  stillavit  »). 

ialk'à  «  neige  »  i4^^  • 
a  5  glîdà  «  glace  »  Ifl^^*^ 

barda  «  grêle  »  I?i-». 

barqâ  «  éclair  »  |£iS. 

raV//â  «  tonnerre  ».  Pal.  ^^t,  «^scj. 

zà'âqtâ  (M.)  et  zaâffqà  «  foudre  ».  Cf.  iJu^La, 
3o  zanzalffà  «  tremblement  de  terre  »  Jltioi ,  J!  J) . 

lahàbt  ll-nw^d  «flamme»  \/oo^. .  Cf.  )JN«Soj^. 


128  JUILLET-AOÛT   1898. 

iiiîrâ  «  feu  »  lio^ . 

nûhrà  «  lumière  »  l>'o»ai .  • 

IV.  Divisions  du  Temps. 

esnâ  «  année  » ,  pi.  snôyâ ,  )sén  Ba.  . 
rbiâ,  r^hiâ  «printemps»  pJ^i, 

sàyfâ,  pi.  sàyjôtâ  «  l'été  et  lautomne  »  U^. 

On  dit  parfois  : 
}yéfà  «  automne  »  U^jt^»- . 

^  fasl  sitwôytâ  J^lî,  *Uf;.  Cf.  I&JB^. 

yarhâ  «  mois  » ,  pi.  yarhô  HC . 

Les  noms  des  mois,  communs  aux  Syriens  et  aux  Arabes 
chrétiens,  présentent  la  nomenclatiu*e  araméenne,  trans- 
portée, pour  Tusage  ecclésiastique,  à  la  désignation  de? 
mois  de  Tannée  julienne. 

l^andnô  tén^  «janvier». 

âsbâl  «février». 

ôr/dr  «  mars  ». 
»  o  msàn  «  avril  ». 

tyar  «  mai  ». 

hzîràn  «juin  ». 

{ammàz  «juillet». 

âh  «  août  ». 
>  5  àylàl  «  septembre  ». 

{isrén  awwalnô  «  octobre  ». 

tisren  tén^  «  novembre  ». 

Jfammô  atcwalnô  «  décembre  ». 

*êdà  «  fôle  »  Ij^*^. 
ao  'éd  gtôsâ  «l'Epiphanie».  Vulg.  o*^^» 


LE  DIALECTE  DE  MALULA.  129 

fawmâ  rappâ  «  le  carême  •  J^  l^&^t  ^t^l  ff^» 

'éjâ  rappâ  «Pâques»  U^i  1^,  yt^^  •>««. 
'ànsar^â  «  la  Pentecôte  ■  yyàJJk . 
hamméstà  (3a)  iof  «le  jeudi  de  T Ascension»  ^^i^. 
j5  jWfâ  •  la  Fête-Dieu  »  o^lal . 

'«/  e/-  mi7ôtë  «  Noël  »  •>^^ .  Vulg.  milàdé. 

sôhtà  «  semaine  •  JL^ . 

hasôppâ  «dimanche»  l&lp  ^Z,  (Cf.  n.  s.  La^^  ^,  Mclean, 
K.  5.,  p.  71.) 

trô  «lundi».  Cf.  î/r'  (5i,  p.  453).  La  forme  complète  se  re- 
trouve dans  lAAdfl  (Mclean,  p.  71). 

3o  dèiiâ  «  mardi  ».  Ce  nom  et  les  deux  suivants  présentent  la 
forme  abstraite  du  syriaque  littéraire  :  l&^oL ,  |^ft^M  , 

IVasa*»  (R.  Duval,  Gr,,  p.  272). 
arpa'tâ  «  mercredi  ». 
hamméstà  «jeudi». 
'àruftà  «vendredi»  iJ^oUk.  (Payne  Sm.  Th,,  c.  2995),  pour 

llooww.  Néo-hébr.  nnan^. 

sôbfâ  «  samedi  »  I&aX  . 

.15  yawmà  «  jour  »  \U1 . 

fô/râ  «  matin  •  li^J . 

'a-iôfrâ  «au  matin». 

rfîAr*â  ^am-ôse  «le  coq  chante»  ^^  (74,  p.  475). 

sUqâl  simsà  «le  soleil  s*est  levé»  wtfiM»  (56,  1,  p.  46o). 
ho  bôtar  aldlâ  «  après-midi  ». 

*àrôhâ  «soir»  Hix., 

ierbat  simsà  «le  soleil  s'est  couché*  (56,  1,  p.  470). 

lélyà  «  nuit  » ,  pi.  lelyôtà  IS^  l^^ . 

sahàrià  «  veillée  »  liojk,. 


130  JUILLET-AOUT  1898. 

^5  tunyâ  waqiâ  l-aser  «le  monde,  ton  temps  est  au  soir»; 
«  deux  heures  et  demie  avant  le  coucher  du  soleil  ». 

tunyâ  *ô{mâ  «  il  fait  nuit»  tee  (86,  p.  484). 
Wéq  sahrd  «  la  lune  s  est  levée  ». 
hléq  fyiwkbô  «  les  étoiles  se  sont  levées  ». 
Uréh  sahrd  •  la  lune  s*est  couchée  ». 


satà  «  heure  »  if^vl. . 

waqiâ  «  temps ,  moment ,  loisir  »  o^» . 

àrlj.à  «fois»  i^fol.  (Cf.  ï^\o]  ]^^  «semel»,  Payue  Sm. ,  Th., 
c.  375.) 

fyitrlâ  «  fois  »  ï^ixi. , 


V.  Le  Corps  humain. 

painâ  (batnâ)  «  corps  »  {j^, 
jesmâ  «  corps  »  ^cSLa*-  • 

ràysâ  «  tête  >  JLLl. 
5  sà'ârâ  «  cheveu ,  poil  >  fbJ^ . 
susfâ  «  toupet  de  cheveux  »  ^yH , 
môf^  «  cervelle  »  ^ . 
sàlatâ  «  front  ». 

gbinâ  «  front,  sourcils  »  JUIa^ . 
»  o  spnâ  «  cils ,  paupière  »  çjAaL . 
àynâ  «  œil  »  IL^ . 

pâppâ  l-'âynâ  [bilbbâ)  «pininelle  de  l'œil»  iii,  Jj>^. 
màn1}râ  «  nez  »  ^^ ,  cf.  lU*u . 

fbyâ  «  visage  »  \jt\ . 
1 5  é^/iâ  «  oreille  »  It}) . 


LE  DIALECTE  DE  MA'LULA.  131 

jfank'à  «joue,  mâchoire»  ikt^m^  |*^V>«i  «maxilla,  mentum» 
(CastelU). 

tummâ  «  bouche  >  (suff.  témm),  tèmm^nah)  ^.  Cf.  k&od,  Pal. 
f-*,  *-**•,  bo*. 

sennâ  «  dent  >  m.  (Pal.  Iua.). 

lesiônâ  «  langue  >  ii&>?. 
30  sf/)â  «  lèvre  •  iS^fti». 

daqnâ  «  menton ,  barbe  »  luit . 

ro/i  ^l'daqnâ  «  barbe  •.  Cf.  ^^ . 

sarhô  m  moustaches  •  v;^  • 

zekrà  •  gorge  ». 
35  qdôlâ  «cou»  IfO. 

(o^â  «  épaule  »  l&u». 

^ô'â  «  bras  »  Kt  • . 

î^  «  main  » ,  pi.  dwôtâ  IfJ . 

tarf  îd  «  les  deux  mains  ». 
3o  k^affa  «  paume  de  la  main  »  I^a  . 

tpatà  «  doigt  » ,  pi.  spaôtâ.  Pal.  I^N^J| ,  Ed.  U»j  (  35 ,  p.  44a  ). 

téfrâ  «ongle»  l»A^.  Vulg.  f^i/?\ 

leppâ  «  cœur  »  1£^ . 
&ô/â.  cœur,  esprit.  |3. 

35  démtâ  «  conscience  »  iûi . 

qaxhtâ  «poumon,  viscères»  v'mS. 

^amô  «  os  des  côtes  »  Ubh!^ 

hastà  «  dos  >  lll . 

fa^â  «  poitrine  »  ;«)^<0 . 
ko  saprâ  «  côté  »  lwA>^ . 

6f^^  «  seins  »  li» .  Vulg.  y? . 

mùhàlhô  «  mamelles  ».  Cf.  Y^Jn  «  mulctrum  ». 

(ofsarfâ  «  hanche,  côté  »  ^ys>^* 

kassarf  ll-yammén,  lUimôlà  «  côté  droit,  côté  gauche  ». 

9- 


132  JUILLET-AOÛT  1898. 

d5  gawwâ  ■  ventre  »  lo^. 

wurk^ô  ■  cuisses  »  sà^ . 

guppôtâ  ■  derrière  ».  Cf.  I^âa^  l^a^. 

siqanô  «jambes»  v3^i  u^-^tï^* 

rhôbtâ  «genou».  Pal.  IK^oâil. 
5o  rejlà,  regrâ  «pied»  H^. 

k^ôhlâ  «  cheville  ».  Vulg.  J^^. 

k'aàbà  «  talon  »  ^^Jl^  (cou  de  pied). 
edmâ  «  sang  »  bof .  Pal.  Uo}\ ,  bo^l . 

VI.  Famille  et  Parenté. 

ôbà  «père».  (45,  VI,  p.  AAg.) 

émmà  «  mère  ».  (45  ^  VII ,  ibid.  ) 

ibr  «fds».  (45,  X,  p.  45o.) 

6ir^«riUe»  ]iiS. 

5  hun  «frère»  bo-l  diminutif  de  W  (R.  Du  val,  Gr,,  p.  aSy). 

ï^ôtà  «  sœur  »  \iJL . 

gabrônâ  «homme»,  pi.  gabr^nô,  gabrnô  kov.ak^  diminutif  de 

l).a!^.  Le  dialecte  de  Mossoul  a  yawrà  «homme»   et 
gawrônâ  «  garçon  ». 

sunitâ ,  s"/iî/â  «  femme  » ,  pi.  hinyôtâ ,  snnîân.  Ce  mot  n*est  pas 

la  métathèse  de  1^,  augmentée  de  la  terminaison 
féminine  Uâ,  Il  représente  IKjaaj;,  dhninutif  régulier 
de  ItuJ  (Mclean,  V.  s.,  p.  Ag)  avec  apocope  de  la  con- 
sonne  initiale.  PI.  \I^^aj  (Nœldeke,  Gr.  s,,  p.  84); 
Pal.  UmJ  (Gwilliam,  5o,  lo). 
b'sônà,  bsônâ  «garçon»,  pi.  b'sinô,  bsinô.  De  l^  (Payne 
Sm. ,  Th,,  c.  44^)  diminutifs  Hx^-^A  [ibid,)  «pnerulus» 
et  boioaLAd,  d'où  le  double  diminutif  kamA.raJ  .  Bi€ta 
hè  oi  Svpoi ,  xsi  fiàXtaloL  oi  èv  Aa^aaxô3 ,  Ta  veoyvà  xs 


LE  DIALECTE  DE  MAXULA.  133 

Aov<yi   tvaiS/a    (Pbotius,    Biblioth,,    CCXLIL    Migne, 
Patr.  gr.,  t.  CIII,  c.  1269). 

10  besnilà  «fille»,  pi.  hes^nyàtà,  hesnyôtà.  Cf.  liLjj^ifl»aA&  « puei- 
iuia». 

hesnltà  zeû\{â  (34  h,  p.  44i  )  «  petite  fille  ». 

iappà  «jeune  garçon  »  «^. 

iaptâ,  pi.  sappôtà  «jeune  fille». 

haàlâ  «  mari  »  ILi». 


'^  f||â  «  femme  mariée  »  llAil ,  l^«| 

miaf  ^luî  «  fiancé  » ,  diminutif  de 

msatfyànitâ  «  fiancée  ». 

dôdâ  «  oncle  »  tif. 

stiqâ  a  ami  » ,  f.  stiqlâ  ôf^  • 
>o  a^iîtrâ  «  ennemi  » ,  pi.  *atûwô  i^ . 

bekrâ  «aine»  j^,  cf.  Ivao». 

ibr^  rappà  «  fils  aine  ». 

(ibr*)  z'ârâ  «le  plus  jeune»  Hoik.!  It^. 

fawmâ  «jumeau».  Pal.  lltoel  (Scliwaliy,  101).  Ekicft.  Us>]i, 
3^  basar  «  liumanité,  genre  humain  »  yA3, 

ômtâ  «  genre  humain ,  les  hommes  »  Ib^ol . 

binnîîsô  «hommes»  IIjuia. 

barnâi  «  un  homme ,  quelqu*un  »  (29 ,  p.  3 1 1  ).  wuwd. 

esmâ  «nom».  Pal.  j^^l.  Ekiess.  Jma.  (Schwally,  94). 
^  môfô  «bien,  possession»  Jy». 

qêsmlà  «  part  (d'héritage)  »  £«^. 

ofâ  «usage,  coutume»  î^^  (Cf.  Ir^). 

VII.  Etats  et  Fonctions  du  corps. 

hyô,  hyôtà  «vie»  UT,  \tJll. 
ili,  ehi  «  il  vit  »  (82 ,  p.  48o). 


134  JUILLET-AOCT  1898. 

naftâ  «âme»  ULaS. 
rùhà  «  soufQe ,  esprit  »  iLo\ . 
5  ^0^ôrâ  «  vieillard  » ,  f.  ^(yôr(5  ;^4**-l . 
sôhà  «  ancien ,  scheykh  »  lA^ . 
omra  ■  âge  » 


/lî/j  U'êmrâ  ■  longue  vie  »  Jyit> . 
lo  êm'â  ïiên  «  (de)  cent  ans,  centenaire  »  Jua.  IUo. 
mawtâ  «mort»  |La&. 
emé<  «  il  est  mort  »  (  76 ,  p.  AyS). 

qyémlà  «  résurrection  ».  Pal.  Ib^Lu»  (Edess.  l&5a*D  quelquefois 
pour  ba«»aj ,  Schw.  ,8a). 

sahtâ  «santé»  i^. 
1^  .ffli^  btanô  «la  santé  des  corps». 

}f,lôsâ  «  salut ,  mise  hors  de  danger  »  ^j>^ . 

mabsût  «content,  bien  portant»  ^y^. 

kayyès  «  beau,  bien,  bien  portant  »  j-îî^. 

lob,  tab  «  bon  » ,  f.  tôbà  oJ. 
>o  tôbtâ  «  le  bien  »  iKa-^. 

bi^là  «  le  mal  »  IJS^^. 

sarrîrâ  «  le  mal  »  jâ . 

Trtî  «  chute ,  perdition ,  malheur  »  ^J>3 . 

seytônâ  «  le  mal,  mauvais  »  t:)^^!^»^ . 

« 

aS  èhli  «joli»  L». 

I^u/  «  louche  »  Jya^l . 

néémtû  «  grâce  »  *i-î»  Cf.  y^ipSjî. 
sawfiâ  «  vue ,  aspect  ».  Vulg.  ti^ 
maqréf  «  laid ,  vilain  »  f^y^ . 
3o  fccs'â  «  laideur  »  *«a^  . 

zawwaâ  «  aspect  terrifiant  »  l^f  «  terror,  tremor  ». 

rakkék  «  mince ,  svelte  »  ^1  . 


LE  DIALECTE  DE  MAXULA.  135 


sammen  «  gras  » 

eèl  ■  haut ,  élevé  » ,  f.  *alyâ  1^, 

•^0  rop/w  •  grand  » ,  f.  raptô,  {^  raffè,  rappétà  l&i. 

ra66i  t  beaucoup  ». 

éz*ât  •petit»,  f.  z'ûità,  pL  z'ûtên»  z'âlén,  -an.  Cf.  n.  »., 
i^of.  Chald.  K01T.  Nabat.  zato  (Quatremère,  Mémoire 
sur  les  Nabatéens,  p.  lod)*  Le  '  provieut  d'une  confusion 
avec  (akJ. 

ezâr  «  petit  » ,  f.  z'drtâ  io^ . 

tâlà  >  longueur  »  Jjo . 
lo  errë^  ■  long  » ,  f.  rîJ^ ,  rril^,  erri)^  «^1 . 

(fâssûr  «  court  »,  f.  qiusôrâ.  Pal.  ^oa  (Schw. ,  p.  84).  Cf.  yfi . 

iqà,  iqwi  «fort»,  f.  qâwyâ,  N.  s.    Jloi»,  't^yi,  (Cf.  io4.) 

dallônâ  ■  abaissé,  diminué  »  v^X^jt  J«>  (  J^i  «  vil  »). 

em/i  ■  plein  » ,  f.  malyà  1» . 
iS  nakkéb  «  sec  »  <^^ . 

sammar,  sammar  «  nombreux  » ,  pi.  sammurén. 

'affêq  «ancien»  iaSHT. 

qatém  «  antique  »  *i(^ .  Cf.  )p^f^ . 

^a|(<î  «  nouveau  »  llt^ . 
^^  ôtamày  «  poli  ».  Vulg.  ^^T, 

mèr  -il  *aqlâ  «  qui  a  de  Tesprit  >  Jj^ . 

sajhâ  « ébalii »,  f.  sa/njâ.  Vulg.  «ji^*. 

^oni  «  riche  »  (^^ . 

«^ér  «  pauvre  •  p^. 
^5  'âryan  «  nu  »  u^^t*  • 

e^n  « aflhmé  »  ^a. 

^^^  «  faim,  famine  »  U^. 

safrâ  «  appétit  »  V^Lo . 

Isêh  «  altéré  »  \mj . 


136  JUILLET-AOÛT  1898. 

60  'a-riqû,  *arriqâ  «  à  jeun  »  vihîj^'  d^«  Vulg.  *arrîq, 

ô}}él  bahar  t  grand  mangeur,  gourmand  ». 

hadyâtâ  «joie,  divertissement».  N.  s.  fla«fM. 

haddi  «  content  »  1^ . 

nawbtâ  «  concert ,  musique  ».  Vulg.  S^ . 
65  hessâ  ■  bruit  de  voix ,  de  chants  »  tL^ . 

rakdâ  «  danse  »  JbS^  .  Cf.  jai) . 

nôsqtà  «  baiser  »  Imaoj  . 

J^tôju  «  le  jeu  de  lever  et  de  lancer  des  pierres  > 

ësbaq  «  dépasser,  gagner  »  v3^^  • 
70  satfâ  «  honneur,  dignité  »  (^yH. 

sarrêf  nhonorerni^y^. 

majtà  «  gloire  »  «^h^. 

slômftà  «  salut,  paix  ». 

slômâ  «salut,  paix»  |*^  (Ui^). 
7 5  l^rômià  «mérite,  considération,  respect»  S^\^,  Cf.  N.  s. 
^^â  «  miséricorde  ». 

fimâ  tprix,  valeur».  N.  s.  lao«^  (Edess.  lai^,  Tifx)^). 

nafaà  «  utilité  »  ^ . 

manfd  ■  utile  ». 

fu-manfa  «  inutile,  qui  ne  vaut  rien  »  (127  i*  d,  p.  517). 
80  qalmà  fa-manfa  «  plume  hors  d*usage  ». 

môyâ  fa-manfe'én  t  eau  qu  on  ne  peut  boire  ». 

mamnun  ■  reconnaissant  »  u!^^ . 

Vàjbytâ  «  égalité ,  compensation ,  rétribution  »  »U5,  adj.  >Îj  . 

masrâfa  «  frais,  dépenses  ».  Vulg.  Oy^oj», 
85  mashôbâ  «  gain ,  profit  »  v4^ . 

frisfâ  «  moyen ,  possibilité  »  JU^ioft . 

«AArï  «  parler  »  J^ . 

k'icmtâ,  kelmtâ  «mot,  parole»  iH^'. 


LE  DIALECTE  DE  MAXULA.  137 

iôjtà  «  langage ,  dialecte  •  AiJ. 
90  ësméi  *^  taire»  (56,  5,  p.  ^6o). 

la'dâ  «  éloignement,  distance  »  ibJL^. 

haéd  «  éloigné  »  (io3,  1*,  p.  5o!i  ). 

whâ  t  action  de  partir  •.  Vulg.  ^1; . 

smawtâ  t  fuite  •.  Vulg.  Im)  (67,  6,  p.  àSo). 
95  tayér  terrant,  rôdant »;)•>  (76,  p.  477). 

jayéb  «absent»  v^* 

gayébtâ  «  absence  ». 

kdôrâ  «  présence  »  y^hai . 

firénà  «autre»,  f.  hrîtâ,  pi.  herdn,  hrhiô,  hrinyôl/i  1j»wI. 

100  jayr  «autre»  yi^  (V.  22,  p.  307). 

dikt^  «adversité,  difficulté».  N.  s.  ^^  «difficile,  pénible» 
(Payne  Sm.,  77^.,  c.  893). 

hazzà  «infortune»  ^^. 
nahsà  «  malheur,  mauvais  sort  » 

*eUâ  «  faute  »|f^. 
loS  *àyhû  «  honte  »  *-*«* .  Cf.  V^ 


•  • 


\U'hàyV  ■  malade,  sans  force»  (127  i*  rf,  p.  617). 
ëmréd  «  malade  »  jHy»» 

mawkyâ  «  maladie ,  douleur,'  ce  qui  fait  mal  »  U^Uo ,  fém. 
part,  pael  VJÂj, 

l^adrâ  «engourdissement,  faiblesse  des  membres,  crampe» 

1 10  ^emmâ  «  fièvre  »  i^j^   Cf.  l&^oJl . 
e'itriîr  «  aveugle  »  Ua!^.  Cf.  }ii^ . 
Urâs  «  sourd  »  sfij^^  • 
êfkâh  «  boiteux  » ,  tfkéhà  o*Aft . 

ébràws  «lépreux»  \j>yi^^  l)owd  (Gwiiliam,  S.  L,,  p.  78). 
ii5  fcirjtf  «lèpre»  Ijwa,  (jpj#. 
^iîr{iâ  «  plaie,  blessure  »  ^^. 


138  JUILLET-AOÛT  1898. 

(Jarbâ  ■  coup  »  S^yA . 

k^affà  ■  soufllct  »  («  paume  »,  V,  3o ). 

deJ^k^â  «  moquerîe  »  «^ 


fm^ 


130  Tnajnun  «insensé»  u>^* 

hahlâlâ  «imbécile»,  f.  bahltddâ.  Vulg.  J>^. 

è^asèr  «  difficile  »  j-^»* . 

qôsi  «dur,  sévère»  «^««^  (Ua). 

ëhl^l  «avare»,  f.  bl^lâ  J^. 
1 25  mdakk^el  «  menteur  »  V^^  (69 ,  3a ,  p.  468). 

zônyû  (f.)  «de  mauvaise  vie»  Upi. 

fyôlqâ  «  la  colère  »  v3^  • 


marrer  «  amer  »  Um». 


^'Ix 


ramtâ  «  chassieux  (yeux)  »  -y^) . 
1 3o  màtùnâ  «  maudit  » ,  pi.  maTûnô  {:}yi^ . 
:;  o^â  «  cri  »  i&^f . 
jr^ôi^  «  cri ,  bruit ,  vacarme  ».  Pal.  v/«-oj . 

VIII.  Dignités  et  Professions. 

maWâ  «  roi  »  i  Vvv> . 
malktà  «  reine  »  I^^bS  . 
maWâtâ  «  royaume  »  iLo^^ . 
môWà  •  règne ,  royauté  »  *^Ûi» . 
5  saltônâ  «sultan»  tf^fco»  . 
w'zîrâ  «  vizir  »  yi^, 
hôsâ  «pacha»  ^^. 
sità  «seigneur»  ^^t^. 
y  à  sit^  «  mon  seigneur,  monsieur  1  ». 
10  sédâ  «seigneur».  Cf.  If IX. 
bâpyik^â  «patriarche»  «^p^. 


LE  DIALECTE  DE  MA1.ULA.  139 

màfrônâ  t  évèque  »  fj^y^.  Vidg.  mûtràn. 

(jasésâ  > prêtre*,  f.  qasJstà  «femme  du  prêtre»  l$ul5.  Cf. 


kmmôsd  «  diacre ,  ministre  •  j**^ .  Cf.  U^ . 

1^  hakimâ   «  médecin  »  <o^  Cf.  MAT»   sec.    G.   Rarmseddani 
(Payne  Sm.,  7n.,  c.  1267). 

màlmônâ  «maître»,  f.  maalmanUà^,  n.  s.,  y^^^'  Nœl- 

deke,  Gr.  n.  s,,  p.  a56,  a6a. 
talmédâ ,  «  disciple  » ,  pi.  talmidô  Ipad^l . 
môrâ  «maître  possesseur»  \\fo, 
môr-U  pàytâ  «  le  maître  de  la  maison  ». 
20  fa*àlâ  «  ouvrier  »  ILft . 

lôgîâ  «  travail  »  iUi^ .  Cf.  i^^v■o^  . 
agira  «  domestique,  serviteur  »  Iw^ . 
rt>*cryâ  a  berger  »  Im  , 
hanrôk*â  «  meunier  »  J|^« 

35  barrôk*  il-rihyâ  «  le  meunier  du  moulin  »  é) . 
hayàlô  «  soldats  »  IL^. 

W6â  «  guerre  »  l&^, 

harmâ  «brigand»,  pi.   J^ramô  kS^^Z   (Ephraem.,   op.   Syr,, 
Rome,  1740,  voL  syr.,  II,  M7,  F). 

ngôbâ  «  vol  » ,  métathèse  de  01^ 
3o  qûtyay  «  chrétien  »,  «  les  habitants  du  pays  » ,  iI/?oA ,  par  op- 
position aux  musulmans  envahisseurs,  venus  de  TOrient 

ma'arbôy  «chrétiens  occidentaux  (catholiques)  »  «A&tfkao. 

manhôy  «  orientaux  (orthodoxes)  »  mIj^. 

sarqay  «  mahométan»,  pi.  sarqôy  %mi^  (^^). 

ôiff^  «juif»  MooM.  Pal.  J?a«  (Gwillîam,  S.  L.,  65,  a,  3). 

i(5  siryôn  «  syrien ,  syriaque  »  U!Sai» .  Cf.  Iiiim  pour  JL^oo» ,  Payiic 
Sm.,  Th.,  c.  a6ao. 
garébâ  «  étranger  »  «-sej^  . 


140  JUILLET-AOÛT  1898. 

IX.  La  Ville  et  ses  parties. 

medinià  .ville»  ]LA^.  Cliald.  NÇ^'»!?. 
malûlâ  «  Malûlâ  ». 
gâpaôd  «  Djub  adîn  ». 
balj^^â  «Baba».  (Voir  p.  2^9)- 
5  téUâ^'Ain  el-tineh»  lUÎ  (Cf.  XII,  35). 
sâdànôy  «  Seydnâyâ  ». 
yâhràd  «  Yabroud  ». 
nahVâ  «  Nebk  ». 
dëmséq  «  Damas  ». 
10  ârèslëm  «Jérusalem». 

qôtsà  «Jérusalem»  o'mxJUI,  ji^to^,  Payne  Sm. ,  7^.,  c  35o3. 
stampal  «  Constantinople  ». 
bàyrut  «  Beyrout  ». 

hlôtâ  «village,  bourg»  jjj,  pL  ù^. 
i5  blàtô  (pluriel  du  précédent)  «pays», 
a-  blatôJf,  «  dans  ton  pays  ». 

blôiâ  *idyâ  la  «  ville  haute  »  [éxpà'Kokis)  ^  est  le  nom  donné  à 
la  partie  de  Malûlâ  qui  s'étend  au  nord  de  Mar-Sarkis , 
au-dessus  du  village  actuel. 

dàktà  «  endroit,  lieu,  place  »  l^aof . 

qlésyâ  «  église  »  |rrft,<  nj ,  èxxXrj^ia. 
30  hàyklâ  «autel,  sanctuaire»  ILa«oi. 

madbhâ  «  autel  »  IL^fio . 

lj,?nsâ  «messe»  iliâ  (réunion). 

Uwân  J^etûâ  «  ils  ont  dit  (fait)  la  messe  ». 

slâtâ  «  prière  »  Uol^ . 
25  ,i"  sallithun  ?  «  avez-vous  récité  Toffice  ?  ». 


LE  DIALECTE  DE  MA'LULA.  141 


slîhâ  «  croix  •  l  "fcV^j . 

(jm{â  «  médaille  ».  Vulg.  £3>i.  Cf.  lJ^«ae  «  image ,  idole  » ,  de 

sârlâ  «  image ,  tableau  »  Uoj . 

malakâ  «  ange  »  LalLo. 
3o  (jattésâ  «  saint  »,f.  qaitéslià,  pL  qattisô,  qattèsyôtâ  iS^^,  cr^J. 

mar^-maryâ  «  la  Sainte  Vierge  »  j^^ao  L^ao. 

nuir^laqlà  «  sainte  Thècle  »  BaI  . 

mséhâ  >  le  Christ  »  ILJîao . 

jeitt  mséhâ  «  Jésus-Clirist  »  V*ÊfmM%  %.a^. 
35  rifi^  qôt^  «  le  Saint-Esprit  »  l^foA  «.«oi . 

ô/om  a-kawwâ  «  Adam  et  Eve  ». 

« 

iitonô  «  Satan  »  u^^^î-^  • 
dàyrâ  «couvent»,  pi.  dâyrô,  dàyrwôtâ  \\Ji' 
matraslà  «  école  »  i^^*^»  Cf.  |J^A.Jt^  Nest. 
)o  madeniâ  «moscpée,  minaret»  S^S^. 

qàbhrà  «  sépulcre  » ,  pi.  qàbrô  «  tombes ,  cimetière  »  li-aJo . 
tafnà  «  ensevelissement ,  sépulture  »  (^>> . 
jinnôzâ  «  funérailles  »  y^» 
jorê^  «  inscription  »  ^^b  «  date  ». 

^5  far6â  «chemin»  v;*^*  Cf.  l&f?. 
sûqà  «  rue ,  place  »  ^y .  Cf.  l^o^ . 
^cirâ  «pont»  li 


X.  Parties  de  la  maison. 

/»r<â  «  maison  » ,  pi.  pàytyôià  \h^, 
âdôytâ  «  chambre  »  ^>1 .  Chald.  IH . 
a//(/tf  «  chambre  haute  »  |tX^ . 
harimâ  «  harem  »  ^f^  • 


142  JUILLET-AOÛT  1898. 

5  àQv{à  «  coui*  »  |U? . 

tarjyôtà  «  escalier,  degrés  »  ^^^ . 

aWôrà  t  terrasse  »  l)^i. 

surâ  ■  mur,  muraille  »  Hoa.  . 

^//â  «mur  (de  maison)  paroi».  Cf.  iUxÂ.  «coin,  angle  du 
mur». 

lo  Uhnà  «pisé»  *i^{.  Cf.  li 

'amûdâ  «  colonne  »  Itoi^osT. 

5a<2p  ■  toit ,  plancher  » 

tafiâ  «  planche  ■  C>ù  , 

darbzin  «  balustrade  »  (^x?)«> . 
» 5  tara  «  porte  »  ILi l . 

hdd  tard  «  ferme  la  porte  »  r»l  (71,3). 

sakk*ar  tara  «  ferme  la  porte  à  clef  ■  j^ , 
ftuh  «  ouvre  ». 

môfihâ  «clef»  ^^t  LîJ^A^* 
20  sappôk'â  «  fenêtre  »  i^4^. 

maârUï  «  grotte ,  cave  » ,  pi.  nCarrô  llvâio . 

pàytll-môyà,  pàytà  ii-l-môyâ  «latrines»  *^!  «4Î. 

.îirffâ  «bercail»  i^j*^. 

XI.  Mobilier. 

sattôjtà  «  tapis  de  laine  » ,  pi.  suttajyôtâ.  Vulg.  ^♦>L» 
tunfes{â  «grand  tapis  de  laine»  i^^^Xiio, 
fris{â  «tapis  de  poil»  IKaobt».  (Cf.  ut^t*). 
hsir^â  «  tapis  de  paille  »  ytf^ . 
5  frôsà  (M.)  «  matelas»  Jiî^.  (Cf.  Uλ). 
farstâ  «lit»  ÂAj*.  teswîtâ  (B.)  «lit»  Ji^^o^L. 
//}ô/a  «  couverture  »  cilj^ . 


LE  DIALECTE  DE  BIAXULA.  143 

iarifâ  «  rideaa,  drap  de  lit,  lincenl  »  Jlâ^. 
j7à/(â  t  rideau ,  courtine  »  Ô4^ . 
10  jflirjû  «  drap  •.  Vulg.  ç^*-  «  étoffe  de  laine  ». 
\arîrd  t  soie  •  yèf^ . 
marfaqtâ  ■coussin,  accoudoir»  ^^. 
k'ârsà  «  chaise  » ,  pi.  k^ûrsôyâ  ««^k^» ,  ^y- 

tâwàltà  «  table  »  ^^. 
iS  re^rô  h'  tâwàlià  «  les  pieds  de  la  table  ». 
^nfâ  «  armoire  »  £3iy^ . 
sunôjtâ  «  plateau  »  ^î-*^^ . 

MiAnâ  «  petit  plateau ,  cendrier  »  ^^Aa^ . 

k'âppôytâ  «un  verre,  vase»  Idoâ.  v»^et  Ji&â,  iJ^Skd. 

*®  finjônâ ,  Jinjân  «  tasse  »  u^^  • 

maqqôbâ  «hache-marteau»  L&Aao  V^«AAi.  Chald.  3^pp. 

lenfâ  «  bois  de  la  charme  ». 

nesrâ  «  soc  » ,  forme  arabe  y^ ,  dans  le  sens  du  syriaque  Iw^S 
«  aigle,  bec,  crochet,  hameçon  ». 

nêrâ  «joug»  l&i^. 
^^  mûsâ  «  couteau  »  ^^^ . 

mûifro(â  «  fouet  »  lik^Aao  t  ^y^ . 

qamjtâ  «  cravache  »  iS<ftI3t'. 

I^Uâ  «  selle  »  jatKl. 

ral^obâ  «  étrier  » ,  pi.  rul^bô  v'^  d*après  V^^A^ai . 
^0  Ro^ôsâ  «  éperon  ».  N.  s.  Imnij. 

^ôr/'â  «  sacoche  double ,  portée  à  Tarçon  de  la  selle  »  ^^ . 

}}isià  «  sac  »,  pi.  l^istyôlâ  U^. 
buntqôylâ  «  fusil  à  un  coup  »  i^f^J^. 
jeftâ  «  fusil  à  deux  coups  »  oJUL . 
^^  sahmâ  «  flèche  »  *f«» . 


144  JUILLET-AOÛT  1898. 

qissà  ■  bâton».  Cf.  o»U»,  ^^«5. 

maJ^nôsâ  a  balai  »  V^ia  .  N.  s.  oup .  Cf.  iwlx* . 

malsaft  ll-dwôlâ  «  essuie-mains  »  iuLû^Â^ . 

masfarfà  ■  ciseaux  ». 
^o  mhattà  ■  aiguille»  i^^Sto. 

iâ;â«fil»  i^oi. 

tappâsà  «  épingle  »  o»4^ . 

martnâ  «  fuseau  »  Jbyiao,  (:^>y• . 

'ôlb'tâ,  *ôlptà  «  boîte  »  i^^Ac . 
d5  'ôlpt  U'knbbrîtâ  «  boite  d'allumettes  ». 

^a{<â«  ^a|  il'kàbbrîtâ  «allumette»  oitjt^.  )JSa(?) 

sâmâtà  «  bougie ,  chandelle  »  ^4^ . 

Ararâ  «  lampe  ». 

fanâsâ  «  lustre ,  suspension  »  crp^  * 

sôhyà  ■  balance  »  V^Joa  (  ?  ). 
ôo  tèrehmâ  «  grain  (la  huitième  partie  de  l'once)  »  ^;«> . 

tarfâ  «  double  livre ,  double  poids  »  tar('. 


i)io^(a  «  mesure  »  «x^ . 


msiryôtâ  «argent,  monnaie»  if;^-*^^. 

J^spônâ  «argent».  Dimin.  de  lAivo  (3d,  b.  p.  Mi  ). 
55  ^iVsô  «pièces  d'argent».  Vulg.  Ji^  d'après  l'ancienne  valeur 
de  la  piastre  d'argent. 

mejïtuy  «  medjidi  ».  Vulg.  ^•>*^. 

mahbôjà  «  pilon  en  bois  pour  le  café  »  ^^4« . 

giîrnâ  «  mortier,  pilon  pour  le  café  »  Jbia^  «  auge  ». 

bussôlâ  «  cuisine ,  aliments  préparés  •  Hlod . 
6o  beslâ  «  cuisine ,  mets  ». 

bassêl  «  faire  la  cuisine  »  "Hi^hi». 

teftâ  «  foyer  »  VM  .  Œ.  |il . 

J^urltâ  «  bois ,  poutre  » ,  pi.  ^'nrô  Itoi^ . 


LE  DIALECTE  DE  BIAXULA.  145 

dlâqâ  «  bois  à  brûler  »  V^t^}. 
65  tébnà  ■  paille  »  Itsl . 
nôjstâ  «  narghilé  » ,  sens  de  i*arabe  j^JU ,  sons  la  forme  syriaque 


narbîsâ  «  tuyau  du  narghilé  ».  Vulg.  J^/-» .  Cf.  Ji^jl  o  branche  ». 

râjiâ  >  tète  du  narghilé  » ,  sens  de  l*arabe  o*';  *  sous  la  forme 
syriaque  l**K 

tamhôk^  «  tombac  »  «£L^ . 
70  haslâ  t  petit  charbon  allumé  »  qu*on  met  sur  le  narghilé.  Vulg. 

fahmâ  «  charbon  non  allumé  »  JÀ  • 

sikôr^â  «  cigarette  »  »;  ^^ . 

^ezzâ  «  porte-cigarette  ».  V,  4 1 ,  p.  1 3 1 . 

sajûtâ  «  lessive,  eau  détersive  »  iyJ^, 
75  war^qtâ  «  papier  »  ô3j  . 
/o^râ  ■  cahier  »  j*i> . 
Ar/ô6â  «  livre  »  Imo. 
makfàbâ  «  lettre  »  vy^ . 

jwéhâ  ■  réponse  ».  N.  s.  «aÔo^  (  v^>?^)*  Cf.  <a«^  «  répondre  » 
(Nœldeke,  Z.  1868,  vol  XXII,  p.  5i4). 

go  fjfità  «  vers,  poème  » ,  pi.  qsitôtâ,  ïù^a^oi  N.  s.  }j^  t  méditation , 
poésie  ». 
héhrâ  «  encre  »  y^ . 

qalmâ  •  plume  »  k^£  *Ji . 
qalm  èrsôm  (II,  34)  ■  crayon  ». 
sa  ta  «  montre  »  JKJL,  sens  de  Tarabe  i^U«. 
^^  sansel{à  ■  chaîne  •  <CL>Jy , 
maspafftâ  «chapelet»  ^^v^. 
iô|mâ  «  cachet,  bague  •  f^'^.  Cf.  i^ôK*». 
halqtà  «anneau  (de  porte),  faucille  »  *JlXL, 
halqt  H'èdnâ  «  boucle  d  oreille  ». 

m.  10 


146  JUILLET-AOÛT   1808. 

XII.  Végétaux. 

barrîâ  «campagne».  N.  s.  JUw».  (Cf.  I'^*»^),  ^yi. 
ffjoqlà  «  champ  »  loZ . 
hêstônâ  «jardin  »  JifJ^J»o^. 
jannâ  «  petit  jardin  >.  N.  s.  1m^.  (Cf.  iJBa^.  ) 
5  seqqyâ  «arrosage,   endroit  qu*on  arrose,  jardin,  culture» 


p*ô  «aires».  Cf.  Ito^,  )^. 

l^mâ  «  vigne ,  vignoble  »  US»^^ . 

jôfn'iâ  «  cep  »  bfto^  l^>^>^. 

dallîtâ  «  branche  de  vigne  »  \hJ^ . 
lo  sajarlà,  sajartà  «arbre»  f^, 

jawzâ  «  noyer  »  [fa^. 

jawzô  (  pi.  )  «  noix  ». 

zàyffà  «  olivier  »  1^^.! . 

zàytâ  «  olive  » ,  pi.  zàytô. 
i  5  sintyônâ  «  chêne ,  yeuse  »  JU*hm»  ,  {j^i^J^ ,  mot  persan. 


arzâ  «  cèdre  »  l>i 
sarâtà  «  cyprès  •  owa» ,  3}^. 
fafsôjâ  «  saule  »  ciLkLi . 
/amrâ  «  pahnier  »  liaol . 
ao  naf^ltâ  «palmier»  \X^, 

hawrâ,  hatcr{d  «  peuplier»,  pi.  hawrô  fio^. 
tartaiHtâ  «frône,  orme»,  pi.  tariàrô  ;'^3'^»  Wf- 
lùHâ  «  mûrier  »  iLoL . 

Ifarnûhâ  «caroubier»  v^'J*-  ~  v^j^,  l^w. 
a  5  ^«vfrî  «  fon^t  ».  Cf.  V'^^  ou  v'-Ji^. 

httnâ  et  bainyôtâ  «  le  tronc  » ,  jusqu'à  la  réunion  des  branches 


L£  DIALECTE  DE  MAXULA.  147 

majmaâ  «  rëanion  des  branches  »  ^. 

tamubâ  «  grosse  branche  ». 

3q  tammartà  «fruit»  ^. 

hezrâ  «  graine ,  pépin  »  ;yj .  (  Cf.  H»  c  récoltes  »  ) ,  hoiA  «  graine , 
semence  ». 

zarâ  «  semence  »  Ji^tf . 

masinestâ  «  abricot  » ,  pi.  msûmsôtâ    mmmsôtâ  J^-c^^ 

saiart  musmeità  «  abricntîf^r  ». 

35  tén{à  t  figuier  »  |A«U. 

linôy'â  t  figues  »  Jtf  II . 
^futii&tiiâ  ■  poire  » ,  pi.  }}usiahn(iyâ. 
hazzârà  %  pomme  » ,  pi.  l^azzarôyà  \\9%L . 
fyiwfylâ  «  prune  » ,  pi.  fynolfi  et  ^awf}ôiâ  JLlo«* ,  c>^* 
4o  mfaldôna  «aubergine»,  pi.  mfaldanô.  Vulg.  yUril?. 
*éii&ô,  *enhôyâ  «  raisins  ». 
eii6tô  «  grain  de  raisin  »  |JSjus2. 

qattôfà  «  grappe  de  raisin ,  vendange  »  Iftj^ . 
hsôtâ  «  raisins  secs  ». 

45  zahrâ,  zahàrtâ  «  fleur»,  pi.  za^ô  Hmf . 
«erra  «  bouton  »  j) . 
trortô  «  rose  »,  pi.  wariôtà  Jjfo,  •>5î. 
n'A/â  tôAâ  «  bonne  odeur  »  )k^ . 
I^pà,  l^âppâ  «épine»,  pi.  f^dpo,  lyàppo  JAai.  Chald.  X313. 

9 

ào  ^f /â  •  oignon  »  |l^ . 

tâmà  «ail»  Id^t. 

fièjlé , Jlàyfié  «  piment»  JJU*.  Viûg.JlayJlé, 
}^yôr{à  «  concombre  »,  pi.  Iffaiyôtâ  )^ 
k^âsôytà  «  courge  »  ;^>^. 
55  banadurâ  «tomate».  Vulg.  ïj^^. 


lO. 


148  JUILLET-AOCT  1898. 

b.     summâq  «  tomate  mûre  (  rouge  )  ».  (  XVI ,  i .  ) 
b,     l^drà  «  tomate  verte  ». 

'ôsbâ  «herbe  verte,  végétation»  v^r.  [Cf.  lAistC). 
I^asisâ,  hasistâ  «  herbe  coupée  »  J^'a^-^  . 
60  zatar,  sd\ar  «  thym  »  f^ . 

XIII.  Manger  et  Boire. 

âifyal  «  manger  »,  7 1 ,  p.  47 1 . 

atam  «  faire  manger  » ,  70 ,  1 4 ,  p.  ^7 1 . 

waqatâ  «  repas  ».  Vulg.  ^^  «  ce  qu'on  mange  en  une  fois  ». 

fbôr  safrà  «le  repas  du  matin  (Faction  de  rompre  la  faim  » , 
*Vir,53,p.=). 

5  masiâtà  «noce,  festin».  Pal.  IIoVasd. 

(ô/â  «  nourriture  ». 

béslâ  «  cuisine ,  mets  »  V^'Vjo  .  Cf.  H  7?^3 . 

bassôlâ  «aliments  cuits,  mets  préparés»  ILLoa. 

sawmâ  «jeûne»  Uooj, 
10  lehmà,  lahmâ  «pain»  kSxt^, 

Ichmâ  môsêt  «  du  pain  chaud  »V^|jaﻫ  ustus  est  ».1^>^  «  bouillir  ». 

besrâ  «  viande  »  I^bo». 

besrà  sawwi  «  viande  rôtie  »  tf>^. 

marqâ  «  bouillon  »  v3;^  • 
i5  marq  tî  l-besrâ  «  bouillon  de  viande  ». 

halpâ  «  lait  caillé  »  |Vfc.M. 

gbéllâ  «  fromage  »  )iA^- 

sôbuâ  «  beurre  »  luoaa. . 
dcbsâ  «  miel  »  JUd* . 
20  (i.     b-syalifp  «  miel  on  rayon  » 
syûdc  «  idem  »  ^^J^ . 


•s 


LE  DIALECTE  DE  MAXULA.  149 

melhâ  «  sel  »  La^kW . 
fulfal  tpoivre»  JJdà.   Cf.  ILa^  (Mclean,  V.  s.,  p.  829) 

saqfâ,  saqftà  «  morceau  •  SSJLSi, 
sS  sfttfâ  «  pondre  grains  (médicaments) 
diqtâ  «poudre  (médicinale)»  lJ^o?. 
kam  •  dose  •  *^. 
<ifô  ■  remèdes  »  J3«> . 

i5|i  «  boire  •  (83 ,  p.  479  ). 
3o  aïqi  «  donner  à  boire  »  (  84  «  p.  483  ). 
môyà  «  eau  »  (  4 1 ,  p.  444  )• 
m.     qarrésén  «  eau  fraîche  ». 
m.     môstén  •  eau  chaude  ». 
hamrâ  «  vin  »  lr~'' 


35  meiiy  «  huile  »  Li^ao . 

'araq  «  eau  de  vie  »,  Vulg.  \Sy^ . 
qahwé  «  café  ».  Vulg.  ï^p . 
^.     môstô  t  café  chaud  ». 
iarabtâ  «  potion ,  boisson  »  i^y^ . 

XiV.  Habillements. 

4a55i  «  vêtir  »  lAS  (83 ,  p.  48a  ). 
fyissâ  «vêtement»  V^Wa.  Cf.  |J^*«»aâ. 
qampôsâ  «  tunique  de  dessus  »  j^J*. 
stàyrôtà  «  habit  de  dessous  »  iy^ . 
5  qammés{à  «chemise»  o^^. 
sàn|ôfiâ  «  pantalon  »  (jt-^-y-Ia . 
tannârtâ  «  robe  de  femme  »  V  j>l3 . 


150  JUILLET-AOÛT  1898. 

ma}}armutà  «  voile  (brodé)  »  j»^.  Cf.  )^^* 
mahramtâ  «  mouchoir  ».  Vulg.  iî*^ . 
lo  zmnôrâ  «ceinture»  ;^.  (Cf.  Jjpf). 
qsôtâ  «  courroie  ».  Vulg.  l»LûJ . 

5ciyrâ  «  courroie  »  ^-s-* . 

^zônâ  «  boucle  »  ^yi\' 

zerrâ  t bouton,  houppe».  (XII,  46). 
1 5  }^wrômâ  «  fichu  de  laine ,  cache-nez  »  fj^  . 

kalsinô  «  bas  ».  Cf.  £lij . 

snrmôytà  «  chaussure  »  <$^3^ . 

^ôr^â  «  chaussures  de  paysan  »  li»v£ . 

msarqâ  t  peigne  »  [ji^m^^ 
ao  jawharfà  «  bijou  »,  pL  jawhrôlâ  y^y4^. 


XV.  Animaux. 

hewônâ  «  bète ,  animal  » ,  fonne  diminutive  de  l&*I^  ou  arabe 

jamlà  «chameau»  Ibaj^. 
hsônâ  «  cheval  »  (jli^^ . 
raA^â  «  étalon  j^) ,  jai^;  (  ?) 
5  sâsfâ  «  jument  »  l^ij»a«» . 
Arf  Ï5â  «  rosse  »  J-^t^' 

9 

hàgulâ  «  mulet  »  H^. 
hàgàltà  «mule»  iKj^. 
hmôrâ  «  âne  »  \%aL» . 
lo  hmôrità  «ânesse»,  pi.  hmaryôiâ  |lw^. 

tawrâ  «  taureau  »  Itol . 

9     r 

tawarllâ  «  vache  »  lUol . 
hzèrâ  «  porc  »  Iwju» . 


LE  DIALECTE  DE  MALULA  151 

qattâ  «  chat  •  i^ . 
i5  l^alpâ  «  chien  •  iAâS. 

qarqôrà  «petit  chien,  petit  agneau».  Valg.  ;y»y(  «agneau». 

(Cf.  \j>^  «  petit  chien  >). 
^lî/â  «brebis»,  pi.  iarufo,  f.  ^arûfi(à  <^^. 

*ônâ  (collectif},  «troupeau  de  moutons»  K^L, 

sàlalà  «troupeau». 
9o  *ezzà  «chèvre»,  pi.  'ezzôyâ  ffaS., 

hfapià  «  bélier  »  UaJ. 

jad^â  «  chevreau  »  U^i^ 

tàhyâ  «  gazeUe  » ,  f.  tabUâ  U^^ . 

zàhyâ,  zahttâ  «  gazelle  »  Ki^. 
sS  sdb*â  «lion».  Vulg.  çiJ^, 

déhà  «  loup  »  iilf. 

meifyi  «  monstre  »  ^ . 

AéVà  «coq.lruf  (Pàyne  Sm.,  Th.,  88i).  Cf.  é>it^. 
tênna^elfâ,  tànnagelfâ  «poule».  Pal.  I&^il,  l^^^el.  Edess. 

3o  yawnâ  «  pigeon,  colombe  »  ItoH. 

sajrônà  «  oiseau  »  boWi^ . 

dappôpâ  «mouche»,  pi.  dapapô  lA&t. 

dapparîlà  «abeille».  Pal.  l^w»;.  Ëdess.  I^ftbfo^. 

ar'ar  sdmmitq  «  guêpe  rouge  ». 
35  hargai  «  moucherons  »  J^yi. 

namdiâ  «moustique,  fourmi».  Vulg.  iu^>!^. 

Ifâwyà  «  serpent  »,  pi.  hawj'ô,  f^eyô.  Pal.  i«a». 

tawla'Hâ  «  ver  »  JLI^ol . 

hardônà,  Jfardanîtâ  «  lézard  »  tf^C^. 
4o  qarnâ  «  corne  »  IS%£, 

dénpâ  «queue».  Nasar.  J^^t.  Edess.  lAjot. 

nd^fâ  «  morsure  »  Rooj . 


152  JUILLET-AOÛT  1898. 


XVI.  Couleurs. 

« 

4 


sûmmûq  «  rouge  ■ ,  f.  summôqâ,  PaL  toovim .  Edess.  t^aS 
httwwàr  «  bianc  » ,  f.  huwwôrâ  hiZ» 
éffûr  •  jaune  » ,  f.  sforâ  y*^\ , 
Ifôdar  «  vert  » ,  f.  ^ôr/m  jjaIL  , 
5  ësmâr  «  brun  » ,  f.  smôrâ  ^i .  Cf.  l/S&aJ» . 
ësqur  «  blond ,  roux  » ,  f.  sqôrâ  yi-^\ . 
èkk'dm  «noir»,  f.  k'ômâ  Uado{.  Ns.  )»qa.  Ëdcss.  y^l. 


DIALOGUES. 


I 


haf,  i  mô  ésina}}  ?  «  toi ,  comment  t'appelles- tu  ?  ■ 

—  ismi  sàrkes  «je  m'appelle  Serge  ». 

mfyôyêl  «  Michel  ». 
yàwsêf  n  Joseph  ». 
ihannê  «  Jean  ». 

• 

gabrôyél  «  Gabriel  ». 
brûm  «  Ibrahim  ». 
tâmâ  «  Thomas  ». 

—  hast,  ^mô  Umis?  «toi  (f.),  comment  t'appelles-tu  ?  » 

—  isnii  maiyà  «je  m'appelle  Marie». 

iaqlà  «  Thècle  ». 
oarbàrâ  ■  Barbe  ». 
zahïyé  «  Zahic  ». 

—  'a bar  l-ôj^â  «  entre  ici  ». 
^  mô  ôt?  fi  qu'y  a-t-il  ?  » 

^  mô  ôj  ?  (  f.  ^  mô  ôi  ?)  «  qu'as-tu  ?  » 

^  mô  hetlafy  menni  ?  •  que  veux-tu  de  moi  ?  » 


LE  DIALECTE  DE  MALULA.  153 

l  mô  htitii  ?  ■  que  veux-tu  ?»  (f.  ). 

—  Jo  ha%  met  •  je  ne  veux  rien  ». 

—  ^'ê^mâ  *ômra}^  ?  •  quel  âge  as-tu  ?  » 

—  'ésêr  U'Imôn  ïsé/i  «  dix-huit  ans  ». 

—  ^éb'r  mon  ha\  ?  •  de  .qui  es-tu  fils  ?  » 

^hir{  ël-môn  hèd  hesnîtâ?  tde  qui  celle-ci  est -elle  Tille?» 

—  ahûnati  nmé  mJ^él  «  notre  père  s'appelle  Michel  ». 

—  ^  mô  iiiwl  ?  «  que  fais-tu  ?  » 

—  tu  'am-mislgél  «je  ne  travaille  pas  ». 

—  l'ajâ  Imatyùn  ?  «  pourquoi  as-tu  des  dettes  ?  » 

—  m-qél  sôglà  «  parce  que  le  travail  manque  ». 

masTiipi  summar,  mgayéd  mashôbà  •  la  dépense  est  grande , 
le  gain  diminue  ». 

—  êbàJf,  i  mô  am-iitt  ?  «  que  fait  ton  père  ?  » 

—  fa  lé  }^îâ,  }^lé  qallél  ■  il  n*a  pas  à  manger,  il  ne  mange 
guère  ». 

ôbà  émet  «  son  père  est  mort  ». 

hàd  em  U-marjâ  skaji  «  c'est  la  mère  de  Maryam  Skafi  ». 

appil  slibâ  «  donne-moi  une  croix  ». 

bat  nehm^  f^tôbafj,  «je  veux  (voudrais)  voir  ton  Hvre  ». 

ahmilli  sâr{â  «  fais-moi  voir  une  image  ». 

—  fa  gappi  sârfâ  «je  n'ai  pas  d'image  ». 

lôzém  \mapp-li  bûzz  û  l-sikor(â  «  il  faut  que  tu  me  donnes 
un  porte-cigarettes  ». 

^gappafj,  l}rênâ  ?  •  en  as-tu  un  autre  ?  » 

—  tût  gappi.  zéfj,  âtâr  «je  n'en  ai  point,  va-t'en  vite  ». 

kaâ}}^  vatâ,  ha  as  watày  (f*)  «  assieds-toi  et  reste  tranquille  ». 
2ê$  *a-pàytâ  «  va-t'en  à  la  maison  ». 

—  rahtâ  «  elle  court  ». 

II 

ya  sit,  i  lina  (ôz  ?  «  Monsieur,  où  vas-tu  ?  » 

—  nôz  'a-dâyrà  «je  vais  au  couvent  ». 


i54  JUILLET-AOCT  1898. 

bal  nehm  ël-môr  Hpàytà  •  je  veux  voir  le  maître  de  ia  mai- 
son ». 

—  hû  batte yinhui  yeqabbél  lalf,  «  il  descendra  à  la  rencontre  ». 

—  ^  qasisâ  hôl^  ?  «  le  curé  est-il  ici  ?  ■ 
^  mô  'am-isù  ?  «  que  fait-il  ?  » 

—  *am-yèdmé}).  «  il  dort  ». 

kallêf  J^âtra}^  «que  ton  bon  plaisir  prenne  la  peine  [d en- 
trer]». 

—  i^h  fô6'  ?  «  comment  vas-tu  ?  » 

—  ^éJf,  iôb^  hat?  m-waq{  il  znmah  lal^  «comment  vas-tu 
depuis  que  nous  t'avons  visité  P  » 

—  palô  ^mabsut  «plaise  à  Dieu  que  tu  sois  en  bonne 
santé  !  » 

—  tiW  *a-siUlâ  «  je  suis  venu  à  cheval  ». 

—  ^*ajâ  tiflaff,  ?  «  pourquoi  es-tu  venu  ?  » 
^  mô  tôz  tiswi  ?  «  que  viens-tu  faire  ?  » 

—  tiW  nehm  èlf^un  «je  suis  venu  pour  vous  voir». 
âytillalj,  qirsôyâ  «je  t'apporte  de  l'argent». 

—  ânâ  mamnân  /e^  bahar.  k^atjr  cl-}}àyra}j,  «je  te  suis  très 
reconnaissant.  Quli  augmente  ton  bien  !  » 

Ar'tt/i  fôz*  ^a-bâyraf,  sattar-ti  J^tôbà  u-fanusâ ,  yibi  êhli  «  quand 
tu  iras  à  Beyrouth ,  envoie-moi  un  livre  et  une  lampe  :  qu'elle 
soit  belle  ». 

—  toi  maktdbâ  m-démseq  «il  m'est  venu  une  lettre  de 
Damas  ». 

—  sattar  èUjwôbâ  «  envoie  la  réponse  ». 

—  isùr{  ël-mên  hôd'  sâi'pl  ?  «  de  qui  est  ce  portrait  ?  » 

—  hannâ  batrak  U-manl^ôy  «  c'est  le  patriarche  des  ortho- 
doxes ». 

III 

battàynah  nUà  nôfstâ  «  nous  allons  faire  un  narghilé  ». 
yâ  bsônâ  lâytâ  Utumbôk^  u-bastâ  «  enfant,  apporte  le  tombac 
et  le  chai*bon  ». 


LE  DIALECTE  DE  MA'LULA.  155 

ijappalj.  môyâ  ?  «  as-tu  de  l*ean  P  » 

—  môyâ  la-manfeén  «  de  mauvaise  eau  ». 

—  bôtâ  blôtâ  gappàynah  môyâ  kayyésén  «  dans  ce  pays  nous 
avoas  de  bonne  eau  ». 

—  ^(ô|  ^  sikôrfà  ?  «  fumes-tu  une  cigarette  ?  • 

—  fa  nsôt^  ■  je  ne  fume  pas  ». 

ittwbit  «j*ai  chaud». 
ishit  « j*ai  soif». 

—  ^  mô  |ô/'  ?  «  que  bois-tu  ?  » 

l  mô  betta}}  fisf  ?  t  que  veux-tu  boire  ?  » 

Itôtjinjan  ïl-araq  ?  «  boiras-tu  un  verre  d*eau-de-vie  ?  » 

—  bat  nisf  môyâ  qarrisén  ■  je  veux  boire  de  Teau  fraîche  ». 
kappôyt  il-môyâ  «  un  verre  d'eau  ». 

IV 

bat  naWfrensôwây  «  nous  vocdons  parier  français  ». 

—  |a  bat  naJf^k  t  je  ne  veux  pas  parier  ». 

—  binnisô  ti  mbaqqrén*  siryôn,  ^ôt  baliar  gappâyfym?  «les 
honunes  qui  savent  le  syriaque  sont-ils  nombreux  parmi 
vous?» 

—  bén  sammurén  «  ils  sont  beaucoup  ». 

—  ihannûn  ma'almanô  ?  «  ce  sont  les  maîtres  ?  » 

—  maalmanô  U'talmidâyhun  b-matrastyôtân  «  les  maîtres  et 
leurs  élèves  dans  leurs  écoles  ». 

—  l'imôd,  ^mô  uwif?  «  qu*as-tu  fait  jusqu'à  ce  jour  ?  » 

—  ânâ  wôb  misigél  ije  travaillais». 

—  ^'am  tôkén  sôf^nâ  jappâyfyun  yumâ  là  ?  «  chez  vous,  fait-il 
chaud  ou  non  ?  » 

*  sot  (89 ,  p.  4Si  )  dans  le  •eni  de  Taimbe  ljjJH* 

*  ^if<far  «savcnr»  (ar.  vulg.  ^ref)  de  VAd  «approfondir,  chercher», 
remplaçant  le  classique  %^ ,  est  à  comparer  avec  le  grec  moderne  ijSe^pœ , 
sobstitué  à  olêa. 


156  JUILLET-AOÛT   1898. 

—  gappâynah  tûnyà  qarrésâ  bahar  «  chez  nous,  le  temps 
est  très  froid  ». 


^  Uîna  bat  mil  ?  «  où  vais-je  aller  ?  » 

—  nôz *a-gupaôd  nakk^^a-mallôy  o  je  vais  à  Djub*adîn  parler 
des  gens  de  Malûia  ». 

—  ^hoâ  nzellah  ânà  w-af  'a-yàbràd  «veux-tu   que   nous 
allions  ensemble  à  Yabroud  ?  » 

—  nzellah  'a-blôtâ  «  allons  au  village  ». 

'awaynôt  taux  sources»  (II,  17,  p.  126). 
'a-séqqyâ  «  aux  jardins  »  (XII ,  5 ,  p.  1 46  ). 
*a'trô  «  aux  aires  ». 


—  mbô*â  «je  veux  bien». 

—  e}j,m}  {boà  «  comme  tu  voudras  ». 
(ei/tl  il-amraf}^  «  à  tes  ordres  ». 

bism  ïl-alô  «  avec  plaisir  (au  nom  de  Dieu). 

—  ko  nzellah  «  allons  !  » 

lôzém  ninhâ^  'a-*esrén  «il  faut  que  nous  descendions  à 
gauche  ». 

ihmd  «  regarde  ». 

—  *am-hôm  «je  regarde  ». 

—  mdlûlâ  hlôtâ  *at{éqà,  pàytyôtà  t^i  hôd  blôtâ  ma'amrén  ël- 
'él  bad  èl-ba'dâ  «  Malula  est  une  ville  ancienne.  Les  maisons 
de  cette  ville  sont  bâties  en  haut  les  unes  au-dessus  des 
autres  ». 

ôléf  gabrân  qbérén  hôl^J  «  un  millier  d^hommes  sont  ici  en- 
sevelis ». 

hôd  maartâ  èsmâ  pàytâ  Ci  malk^à  «  cette  grotte  s'appelle  la 
Maison  du  roi  ». 

hôtâ  tvâybd  qlêsyâ  «  celle-là  était  une  église  ». 

ô/*  bâ  sârâ  u-tarjyôtâ  a-k^ôrsâ  éj^mî-/î  qlêsyâ  «  il  y  a  dedans 
une  muraille,  des  degrés  et  un  siège  comme  [dans]  une 
église  ». 


LE  DIALECTE  DE  MA'LULA.  157 

ineh^f  m'n-dàyrà?  ■  tu  es  descendu  du  couvent  ?  » 

—  nehpt  «je  suis  descendu  ». 

alahif  «  je  suis  fatigué  >. 
J^darit  «j'ai  la  crampe  ». 

—  ihdari^ ?  «  tu  as  la  crampe  ?  » 

ihdarat  regral^?  «  tu  as  ia  crampe  au  pied  ?  » 

VI 

ikifnîl  ?  «  as-tu  faim  ?  » 
kaaJf,  hôl}à  «  assieds-toi  ici  ». 
kaas  ëlhél  «  assieds-toi  (f.)  là-bas  ». 

—  ànâ  nkail  nniahsêm  «je  me  suis  assis  pour  souper». 

—  kaêlJ^ân  *a-f  'ôt  ïl-blôtâ  «asseyez -vous  à  la  mode  du 
pays». 

ûJ^lân  «  mangez  ». 

l  ha(  *ariqâ  ?  «  es-tu  à  jeun  ?  » 

àjtay  garda  unôl^lén  «apporte  (f.)  quelque  chose  et  man- 
geons ». 

l\ohél  ghèlp'i  hai\â  ?  «  manges-tu  du  fromage  frais  ?  » 

—  ^tût  besrâ?  «  n'y  a-t-il  pas  de  viande  ?  » 

—  àf  besrâ  sawwi  «  voici  de  la  viande  rôtie  ». 

—  appU  saqfé  «  doune-m*en  un  morceau  ». 

—  llbô*â  débsâ  b-syahd^?  «veux-tu  du  miel  en  rayons?» 
sqô  (sqôl)jléjlé  •  prends  des  piments  ». 

—  htf  ■  ^*®**  assez  ». 

|a  nrôs  •  je  ne  désire  pas  ». 

fa  bat  «  ce  n*est  pas  nécessaire  (je  ne  veux  pas)  ». 

(a  maqbél  met  «je  n'accepte  rien  (je  n'ai  pas  d'appétit)». 

qàyr  ôrkâ  «  une  autre  fois  ». 

sib*it  «je  suis  rassasié  ». 

—  sib*af  «  tu  t'es  rassasié  (grâces  à  Dieu)  ». 

ém'à  sahàn  ou  àJyâl  émâ  sahân  'a-leppaJf,  «  mange  pour  cent 
santés  sur  ton  cœur  I  » 


158  JUILLET-AOÛT   1898. 

—  dâymé  «  continuelle  [toit  votre  prospérité]  !  »  * 

tas  qallés  «  viens  (f.  )  an  peu  ». 
qimé.mnô}}â  «  enlève  cela  d*ici  ». 
5^0/  «  prends  ». 
éf^nâs  «  balaie  ». 

'am-aril,  hdà  tara  «j'ai  froid,  ferme  la  porte  ». 
sakk^ar,  bat  nedmélj,  «  ferme  à  clef,  je  veux  dormir  ». 

^ê^mâ  sa*tâ  ?  «  quelle  heure  est-il  ?  » 

—  sa  ta  êhdâ  :  eerhat  simsâ  «  une  heure  :  le  soleil  s'est  cou- 
ché ». 

aafmat  tànyà  «  il  fait  nuit  ». 
lôfàs  nhôm  «je  ne  puis  plus  voir». 

—  it^oà  nàytillajj,  (M.)  [nàyte)}  (^y)]  ^àmatâ?  «veux -tu 
que  je  t'apporte  une  bougie  ?  » 

âytUla}}  sâmatâ  «je  t'ai  apporté  une  bougie  ». 

—  tassrâ  «  laisse-la  de  côté  ». 

VII 

barbârâ,  ^anuk'  wàybà  ?  «  où  était  Barbe  ?  » 

—  b-tcumârlâ  «  au  four  ». 

^  là  zlallâ  ^a-sir^â  {help  èUezzô  ?  «  n'est-elle  pas  allée  à  la 
bergerie  pour  traire  les  chèvres  ?  » 

—  zlallâ  *a'tannâr(à  pji  «  elle  est  allée  au  four  pour  [faire] 
cuire  ». 

briîm  zallé  'a-fôvnâ  yiji  «  Ibrahim  est  aUé  au  four  à  pain 
pour  cuire  ». 

—  taqlâ,  i  mlnâ  tallâ  ?  «  Thècle ,  d*où  vient-elle  ?  » 

—  tallâ  m-tanndrlâ  «  elle  vient  du  four  ». 

—  ^  mtnâ  {i{lis  ?  «  d'où  viens-tu  (f.)  ?  » 

—  til  m-ddktâ  baèiîâ  «je  viens  d'un  endroit  éloigné  ». 

*  Formule  arabe  :  U^.  Cf.  n.-s.  ^a«lt  et  Ganoni  G,  k,  p.  53 ,  aSo. 


LE  DIALECTE  DE  MA*LULA.  159 

—  amrilKs  :  là  zêlUi  *a-barrîâ  «je  t  ai  dit  :  ne  va  pas  dans 
la  campagne  ». 

imô  ptan  ?  t  que  portes-tu  ?  ■ 

— fiW  il'tarià  sôbnâ  t  un  demi-poids  de  beurre  ». 

—  amriUii  :  là  fbaisél  «  je  t*ai  dit  :  ne  fais  pas  ia  cuisine  ». 
6a/t*  nâJfsennis  b-ôd  idâ  «je  veux  te  tuer  de  cette  main». 

—  mehné  k^affâ  «  donne-lui  un  soufflet  ». 

—  ^mô  batialf.  nafféq  l^ôlqalj,  ?  «  qu*as-tu  pour  que  ta  colère 
paraisse?» 

—  b'gâyebû  sfis  hamri  ttu  as  bn  mon  vin  en  mon  ab- 
sence». 

—  là  'a-démt^  là  Ufiftê  «  non,  sm*  ma  conscience,  je  ne  Tai 
pas  bu». 

—  aynhà  !  t  holà  !  » 

—  l  mô-ô^  ?  t  qu*as-tu  ?  » 

—  Iframô  !  «  les  brigands  !  » 

en(abân  yà  hayàlô  èl-atawô  «  debout,  soldats,  à  1  ennemi  !  » 

—  awqéf!  empicC  m-rôhà  mn-éJ^à  «arrête!  il  est  défendu 
de  sortir  par  ici  ». 

— Jlawnà  èsmat  «  quelqu'un  s*est  enfui  ». 
safrônà  âiar  «  Toiseau  s*est  envolé  ». 

—  bd^tt^  «je  le  tiens  ». 

—  ahtU  qôm  l-ïsmô  a-qômmajj,  «  j*ai  péché  devant  le  Ciel  et 
devant  toi  ». 

samih  bà-}}rômfi  nuiFf-mâryâ  «  pardonne  par  le  mérite  de 
la  Sainte- Vierge  ». 

6a-^rôm|â  gurhô  le-msêljM  «par  le  mérite  des  plaies  du 
Christ  ». 

—  mboâ  «j'y  consens». 

yà  iédà,  yalô,  \hannan  *al  «ô  Seigneur,  ô  Dieu,  aie  pitic 
de  moi  I  • 


160  JUILLET-AOÛT   1898. 

—  sallà  mà^rômfâ  U  àiffyilyawm  «  prie  pour  moi  chaque 
jour». 

—  *a-ràyst  •  sur  nia  léte  (je  te  le  promets)  ». 

VIII 

^ôt  }^lpâ  h-pàyta}^?  «y  a-t-il  un  chien  dans  ta  maison?» 

—  (a  gappi  1}aipà  a-lâ  qarqôrà  «je  n*ai  ni  chien  ni  petit 
chien  >. 

—  ^ôt  qattâ  ?  «  y  a-t-il  un  chat  ?  » 

—  lût  qattâ  «  pas  de  chat  ». 

—  lèzzâ  ?  «  une  chèvre  ?  » 

—  fût gappâynah  *ézzâ,  anima  ôt  tabità  «nous  n^avons  pas 
de  chèvre ,  mais  il  y  ^  une  gazelle  ». 

—  ^  mînâ  ôtyâ  ?  «  d'où  vient-elle  ?  » 

—  k'anvânnâ  m-barrià  «ils  Tout  capturée  dans  la  cam- 
pagne ». 

âytânnà  m-târà  «  ils  Tont  apportée  de  la  montagne  ». 

—  ^él^mâ  'ômrd  ?  «  quel  est  son  âge  ?  » 

—  yarkà  ahad  «  un  mois  ». 

hattak  nâl^^ennâ  hannâ  tâlyâ  «  nous  tuerons  cette  gazelle  ». 
rômsi  Ihannà  màsâ  inqtal  gâdyâ  «  hier,  un  chevreuil  a  été 
tué  avec  ce  même  couteau  ». 

IX 

^  mô  h-îdaff^  ?  «  qu*as-tu  dans  la  main  ?  » 

—  tafirâ  aqalmà  «  un  cahier  et  une  plume  ». 

—  ^  hattal}  {ifyàh  ?  «  tu  vas  écrire  ?  » 

—  hanna  qalnui  {u-manfd  «  cette  plume  ne  vaut  rîen  ». 

—  hannâ  J^tôhâ  ^  ndaj}  ?  «  ce  livre  est-il  à  toi  ?  » 
gemmât  fyi$pi{{é  ?  «  quand  l'as-tu  écrit  ?  » 

^dukk'll  {ô6'  baéd  mn-ôJ^â?  «quand  tu  étais  loin  d'ici?» 


LE  DIALECTE  DE  MA'LULA.  161 

fiiôbâ  ^él^mâ  timé?  «  combien  vaut  ce  livre  ?  » 

—  ànâ  |a  mzappén  •  je  ne  [le]  vends  pas  ». 

^tabô  tidàyrâ  ^èJ^mà  timùn?  «  les  livres  du  couvent,  combien 
valent-ils  ?  » 

—  hannûn  J^ahô  *a{{éqén,  ^a-manfeén  «ces  livres  [étaient] 
vieux ,  sans  utilité  ». 

— flawnâ  saqlân  «  quelqu'un  les  a  pris  ». 

—  ^  mon  ?  t  qui  ?  » 

—  gabrônâ  maalmôiiâ,  ti  wôb  qôsi  'al-talmidôyé.  wùb  fa- 
zôya  mn-alô  «  un  maître ,  qui  était  dur  pour  ses  élèves.  Il  ne 
craignait  pas  Dieu  ». 

^zlillalj,  *a-téllâ  ?  «  es-tu  allé  à  Aïn  et-Tineh  ?  » 

—  gahrnù  ti  /éj|«,  ^niô  *am-1swûn?  «que  font  les  gens  de 
Ain  et-ïineh  ?  »  " 

*am-uwûn  mastût  U-êbrnn  «ils  célèbrent  la  noce  de  leur 
fils». 


lémmai  \àz'  ?  «  quand  partiras-tu  ?  » 

—  bôtar  yawmà  qalil  «  après  quelques  jours  ». 
bôiar  aipa  yâm  «  dans  quatre  jours  ». 

—  bes  {sôfar,  ta  miffk'ar  bah  •  quand  tu  seras  parti ,  tu  ne 
penseras  plus  à  nous  ». 

bes  timti  'a-blatôlj,  ef^War  bah»  u-sattar  lah  inak{àbâ  «quand 
tu  seras  arrivé  dans  ton  pays,  pense  à  nous  et  envoie-nous 
une  lettre  ». 

frisla)},  bes  nimfi  *a-blôû  f/êj  'a-bôV  «bien  sûr,  quand  je 
serai  arrivé  dans  mon  pays ,  tu  me  viendras  au  cœur  (je  me 
souviendrai  de  toi)  ». 

—  pidkrennah  «  souviens-toi  de  nous  ». 

—  «vflf*  ^krenni  «  et  toi,  tu  te  souviendras  de  moi  ». 

—  ânà  nsayék  /cj  bahar,  amâ  bu  dû  mn-1l-nehmenna}} ,  wa- 
inn  yakûn  batiii  gayéb  mc-û/flj^,  amâ  rûh^i  (Jayéhû  a  la}}  «je  dé- 
sire l)eaucoup  te  [voir],  mais  l'éloignement  m'empécbc  de 

IMr&lMIlUB    B*Tll»)i*tR. 


162  JUILLET-AOÛT   1898. 

te  voir;  et  bien  que  mon  corps  soit  loin  de  toi,  cependant 
mon  esprit  se  fond  à  cause  de  toi  ». 

yité}}  {«/|  ll'*ômvû,  u-yappe}}  l^lôs  cl-iuifia)^  «que  Tâge  te 
vienne ,  et  qu'il  te  donne  le  salut  de  ton  âme  !  » 

yësallém  ll-ldwâta}}  wa-yiqattrciinah  'am  k'âfôylaJj.  b-(ùbtd 
«  qu  11  conserve  tes  mains  et  qu'il  nous  rende  capables  de  te 
récompenser  en  bien  ». 

TEXTES. 

r 

al}ddn  (  m^m,  )  yâ  binisôyâ , 

u-annén  [^\)  yà yawnôyâ , 

u-zaqfûn  (\Ji'^)  y  à  tdrôyâ, 

u-rafbân  (wJ|^)  qsityôtâ  (.Xçiag  «  méditation,  poème  ».  Cf.  n.s. 

yâ  maalmanôyâ.  »^). 

bannâ  yawniâ  azzetennah  (71,4,pael,  suff.)  saifâ  (<31;i) 
b-san-éf  s'Uah  bàtàrkâ  ti  wôb  gayyéb,  itkên  bali  éj  zar*â  (î  hhi 
(  ^9\  82,  a)  u-tallé  rayyâ  :  bôtar  mid  wôb  émet,  éhi.  a-J^annê, 
anah  nibén  dallônén  (  ^LttbiÇlîo]  )  l-gayébté,  u-liôs  be-J^dôré  (dûL^\ 
awêtal  (76)  râhali  leh. 

tôlpén  (n.-s.  «k^,  v^)  ^'^'^^^ô  yafenné  («a;k.{  [afel  de  «2k\.] 

ou  wâ:^  [i^^]  ^^é>*  ^>^)  (i-f^à-sâynali  u-yànasrenné  (y^j)  'a- 
*âtuwôyé  (5o<i)  w-ltawwel  (  Jjb)  U'ômrê  u}}fyùl-mi-l  sôlêq  ndhrà 
U'Sùlqà  sinisà, 

TRADUCTION. 

Réjouissez- vous,  ô  hommes! 
et  gémissez ,  ô  colombes  ! 
applaudissez ,  montagnes , 
et  composez  des  })oèmes, 
ô  maitres  ! 

'  Dicté  à  Maiûiâ  j>ar  lauteur  (octobre  1896). 

Ce  premier  tcite  est  un  compliment  adressé  au  Patriarche  melkile  par 
M.  Doulos  Haddad,  de  Ma'lûlâ,  au  séminaire  grec  de  Ain-tras,  en  187^. 


LE  DULECTE  DE  MALULA.         163 

En  ce  jour  nous  avons  eu  beaucoup  d'honneur  (il  nous  a 
augmenté  Thonneur)  iorscpe  notre  Seigneur  le  Patriarche, 
qui  était  loin  [de  nous],  nous  a  honorés  [de  sa  visite].  Ce  fut 
pour  (en)  nous  comme  [pour]  la  semence  qui  a  soif  et  [que] 
vient  la  pluie  :  après  qu'elle  était  morte,  elle  vit.  Comme 
elle  nous  étions  abattus  en  son  absence,  et  maintenant,  en 
sa  présence ,  notre  souffle  nous  est  revenu. 

^ous  demandons  à  Dieu  qu'il  le  conser\'e  sur  nos  tètes,  et 
qu'il  le  rende  victorieux  sur  ses  ennemis ,  et  qu'il  prolonge 
son  âge  tant  que  se  montrera  la  lumière  et  que  se  lèvera  le 
soleil. 

Il 

CHANSON  '. 

w[à  mâr  sakkàfâ 

âyâ  hrûm  estôfâ 

battah  [n]n}^s  (Uaâ,  83,  3q)  bUfiôfu  (ud) 

nezru  haq'l  safsôfâ  (ULojuo) 

neita  (««^^1,  55,  ii)  hâ  oi-l^tôfâ  [A^) 
nif^ul  bâ  parafa 

TRADUCTION. 

Ali  !  Maryain  Skafi  I 

Ah!  Ibrahim  Asdef! 

nous  nous  couvrirons  d'une  couverture , 

nous  sèmerons  [dans]  le  champ  du  saule, 

nous  y  jouerons  à  enlever  [les  pierres], 

nous  y  mangerons  le  mouton. 

'  Ma'liili  (octobre  1896).  Ces  vers  sont  ie  texte  d*unc  chAiison  enranlinc 
qui  accompagne  la  danse  de  la  dabké, 

\jc%  deux  premières  lignes  contiennent  des  noms  propres.  Le  cinquième 
rers  fait  allusion  au  jeu  £ivori  des  Maloulicns. 


1 1  . 


164  JUILLETAOÛT   1898. 

111 

CHANT  D'ÉGLISE  \ 

nehii^  (  K-j  ,  55 ,  g  )  m'n^-snwyâ 

ha(  t1  {môhhén  *alâynah, 

irsil  (<,-*;,  82,  1 1)  tafnâ  (t^.  Cf.  I*»?)  tlôlâyilm, 

hûttâ  tafqennah  («ûBI,  70,  5)  m-ndrâ. 

ya  hyôtali  to*  qyôm\ah, 

yalô  (yâ  alô),  majtâ  ('^)  /ê^. 

TRADUCTION. 

Tu  es  descendu  du  ciel , 

toi  qui  es  miséricordieux  pour  nous. 

Tu  as  accepté  la  sépulture  [pendant]  trois  jours 

pour  nous  délivrer  du  feu. 

O  notre  vie  et  notre  résurrection , 

ô  Dieu ,  ^oire  à  toi  ! 

IV. 

prières'. 

b-sêm  l-ôhû  a-l-chrU  n-l-râhc  qôtsi,  alô  âhaj.  àmcn, 

àbûnah  hismôyâ,  yèlqatt(û  (^^y^Lx^  forme  de  la  6Vconj.  ai*abe. 
(  Voir  86  )  esmâl} , 

e]}ni'  (Uo  j^])  {boa  l^t  ( f^J )  \i-l-arâ  |i  b'-smôyâ, 

'  Cette  pièce  a  été  traduite  du  livre  d'offices  arabe,  chez  M.  Va'qub 
Uaddad,  curé  de  MaMulâ  (octobre  1896},  pour  être  appliquée  à  un  chant 
de  la  liturgie  mclkite. 

Jlndique  dans  la  transcription  les  demi-voyciles ,  insérées  dans  la  pro- 
nonciation lente. 

*  Cette  formule  et  la  suivante  m*ont  été  traduites  dans  les  mémei  cir- 
constances que  le  texte  qui  précède.  La  version  du  Pater  est  tout  à  fait  in- 
dépendante  du  texte  donné, en  caractères  syriaques  et  arabes,  par  Ferrcttc 
(Z.  I).  M.  G.,  X\l,  1867,  p.  187,  188).  Les  variantes  du  présent  texte 
m'ont  été  fournies  à  Ne!>k. 


LE  DIALECTE  DE  MAXIILA.  165 

appelf,  lehmah  uljfyiîyômâ  h-yairmè , 

iigfûr  lah  'aîtôtah,  él^mid  (f  ko  <^J)  anah  ngôfrdn  l-môn  ah 
leh, 

[Var.  l-ti  aht  *ammàynah] 
tt-là  (aprennah  (afel  de  i-a^)  h'-fagrebyôtâ  (vt*')- 

[Var.  flaqhannah]  (vulg.  ^). 

hal  I^Uannah  (jo^*  69|  ^^)  ^'^^  ''*^i* 
[Var.  m'n'Sarrîrâ  (3-*).] 

TRADUCTION. 

Au  nom  du  Père  et  du  Fils  et  de  TEsprit-Saint ,  Dieu  un. 
Amen. 

Notre  Père  [qui  es]  dans  les  cieux,  que  ton  nom  soit 
sanctifié  ; 

advienne  ton  royaume  ; 

[quil  soit  fait]  comme  tu  veux,  ainsi  sur  la  terre  comme 
dans  les  cieux. 

Donne-nous  notre  pain ,  chaque  jour  dans  son  jour, 

et  pardonne-nous  nos  fautes ,  de  même  que  nous  pardon- 
nons à  qui  a  péché  contre  nous; 

et  ne  nous  induis  point  en  tentations, 

mais  délivre-nous  du  mal. 


slômâ  a'alisyâ  mar^  maryâ,yâ  {malyà  h-naamlâ. 

[Var.  û  malyâ^ 
alô  *€mmis, 
kasi  brély'i  Ihal  sunyôtâ,  a-èhbréJf, 

[Var.  b-saryôtâ] 
tammart  lé-gawwis  yesuâ  mséhâ, 
yâ  qattêstâ  maryâ,yâ  cm  l-alô, 

sallay  mufyrômfà  (  Ns.  /^^-i  «  miséricorde  ».  Cf.  arabe  p^j^ 

et  Ul^l  «en  faveur  de»)  leh,  anah  nhôtcn,  hôs'  n-waq\'  nniôy 

lén. 

[Var.  u-waqi  1l-môylah,] 


166  JUILLET-AOÛT   1898. 

TRADUCTION. 

Le  salut  [soit]  sur  toi ,  ô  sainte  Marie ,  ô  toi  [qui  es]  pleine 
de  grâce. 

Dieu  [est]  avec  toi. 

tu  es  hénie  au-dessus  de  [toutes]  les  femmes  [Var.  parmi 
les  femmes],  et  Jésus-Christ,  le  fruit  de  tes  entrailles  est 
béni. 

0  sainte  Marie,  ô  mère  de  Dieu,  prie  en  notre  faveur, 
nous  [qui  sommes]  pécheurs, 

maintenant  et  lorsque  nous  mourrons  [Var.  et  au  moment 
de  notre  mort]. 

VI 

Evangile  (Jean,  XXII,  l5-l7)^ 

mséhâ  ômar  el-sâmân  :  sâmân,  ibr  yawnâ,  ^{rahhém-l  aktar 
mn-anân?  aniellê  :  naam,  ha{^  tyôde  innt  nrahhêm  lali,  amellê  : 
Ira  fyivùfby. 

amellê  tên  hatrlâ  :  mm* un,  ibr  yawnâ,  ^Irahlwm-l?  amellê  : 
na*am,  ha(^  fyôde  inm  nrahhêm  /« J.  amellê  :  ira  l^aràjoy  zùién, 
[Var.  z*ùtô,] 

amellê  tlêt  l^atrtâ  :  sûm'ân,  ibr  yawnâ,  ^iralihêm-l?  ehzam 
l^êfâ  [Var.  bûiros].  *ajâ  amellê  èllat  ûrh  :  ^{rahhêm-l?  amellê  : 
rabb),  haf  fyôdc  i}.ulmêt,  haf  tyôde  inm  nrahhêm  lai),,  amellê  : 
ira  fyirâfyôtj,  [Var.  k'apïôy], 

TRADUCTION. 

Le  Christ  dit  à  Simon  :  Simon,  fib  de  la  colombe,  m'ai- 
mes-tu plus  que  ceux-ci  ?  Il  lui  dit  :  Oui ,  tu  sais  que  je  t'aime. 
Il  lui  dit  :  Pais  mes  brebis. 

Il  lui  dit  [une]  seconde  fois  :  Simon,  fils  de  la  colombe, 
m'aimes-tu  ?  Il  lui  dit  :  Oui ,  tu  sais  que  je  t'aime.  Il  lui  dit  : 
Pais  mes  agneaux. 

Il  lui  dit  [une]  troisième  fois  :  Simon,  fds  de  la  colombe, 

'  Nebk  (décembre  1896).  Les  variaoU»  moat  été  données  à  Damai. 


LE  DIALECTE  DE  MALULA.  167 

m*aiines-tu  ?  Pierre  s*indigna ,  parce  qu'il  lui  avait  dit  trois 
fois  :  M*aime»-ta  ?  H  lui  dit  :  Maître ,  tu  sais  toutes  choses. 
Tu  sais  que  je  t*aime.  Il  lui  dit  :  Pais  mes  brebis  [  Var.  mes 
béliers]. 

VII 

Evangile  (Jean ,  XII ,  i  a- 1 6  )  *. 

i?n  ya'.pmû  tpoqt  11  êsma'  jVutiVî  bal^ar  tï  iôlé^a-édâ,  inn' 
msèhà  batte  hélé  'a-âraslêm  [Var.  ^a-qàtsâ]  àsap  tarniibô  (/- 

tamni,  a-enféq ênfqélé  (<ï*^î,  8*  conj.  arabe),  a-itkén  zdàqcn  : 
hôianâ,  mbôrêlf,  (i  ôt  b-iim  ll-alô,  mtdk^â  t-isràêl.  u-islah  yasd 
msêhâ  hmôrâ,  erl^h  a'ié,  êJ^nu-l  èl^têb  :  là  {iz^ù,  y  à  bir\  sahyiin, 
halle  (e^loi)  malk'â  tîdis  Uélé  lilis  érl^b  ^a-lfinôrâ  ibr  hmôr(â, 
a-hannâ  met  là  iahmtînné  (bo»  à  la  6*  conj.  arabe,  86,  la) 
lalmidôyé  Ihawwalfâ;  ammà  waqf  èsqél  (%mAa,  59  fm)  mséhâ 
majté,  waqlâ  éfien  {{J^y  57,  i3)  talmidôyè  inn  hannâ  met 
èf^êb  meàlé  a-hennàn  isun  hannâ  met  lélê, 

TRADUCTION. 

Le  second  jour,  lorsque  la  fouie  nombreuse  qui  était 
venue  à  la  fête  entendit  que  le  Christ  allait  venir  à  Jéru- 
salem ,  ils  prirent  des  branches  de  palmier  et  sortirent  à  sa 
rencontre  ;  et  ils  criaient  :  Hosanna  !  Béni  soit  celui  qui  vient 
au  nom  de  Dieu,  le  roi  d'Israël.  Et  Jésus-Christ  trouva  un 
âne,  il  monta  dessus,  comme  il  est  écrit  :  Ne  crains  point, 
ô  fille  de  Sion  I  Voici  ton  roi  [qui]  vient  à  toi ,  monté  sur  un 
âne ,  le  petit  d'une  ânesse. 

Et  cela  ses  disciples  ne  le  remarquèrent  pas  d'abord;  mais 
lorsque  le  Christ  eut  pris  possession  de  sa  gloire,  alors  ses 
disciples  comprirent  que  cette  chose  avait  été  écrite  de  lui, 
et  [qu']iis  l'accomplirent  pour  lui. 

'  Même  provenaace. 


168  JUILLETAOÛT   1898. 

vm 

Evangile  (Luc,  XV,  ao-a/i,  3!i)  *. 

àqâm,  zellé  l'a-l-ôbû,  dukk-U  wôb  baëd,  hemné  ôbn,  |/i«/i- 
nan  (5'  conj.)  *alé,  àrhét  u-tdqélé,  asp'  satré  a-dammé  ((►-«*). 

u-amellé  ébré  :  yû  eppay,  anâ  lUU  qôm  lî-smô  u-qô/nnia)^ ,  u-lô 
fâs^-lfristâ  huttâ  (emmin  (83,  26)  ebbral^, 

Omar  ôbà  l-âgirô  :  àytùn  \yi$sô  t-alisén  a-J^sânné,  wàyUln 
fyôimâ  bAdé  u-sarmàytâ  b-regîé,  àytùn  'akk'ûsâ  sammén  u-nôJy- 
siînné,  tt-nôl^n  u-nhôdên,  hannâ  ibr  wôb  èmél  u-hôs  èliï,  tcôb* 

dayye  (^^)  a-hôs  isfah  lé,  battait  néhéd  u-ninbesat  (Cf.  Biiss., 
M.  p.  96). 

TRADUCTION. 

Il  se  leva ,  il  alla  vers  sou  père.  Tandis  qu'il  était  loin  son 
père  le  vit,  il  se  prit  de  pitié  pour  lui,  il  courut,  et  il  le 
baisa,  il  [le]  prit  [sur]  sa  poitrine,  et  il  Tembrassa. 

Et  son  fils  lui  dit  :  O  mon  père ,  j'ai  péché  contre  le  ciel 
et  contre  toi ,  et  il  n'est  plus  possible  que  tu  m'appelles  ton 
fils. 

Le  père  dit  aux  serviteurs  :  Apportez  les  habits  les  meil- 
leurs et  habillez-le,  et  mettez  (apportez)  un  anneau  à  sa 
main ,  et  à  son  pied  une  chaussure.  Amenez  le  veau  gras  et 
tuons-le,  et  mangeons  et  réjouissons-nous.  Celui-ci  qui  est 
mon  fib  était  mort,  et  maintenant  il  vit;  il  était  perdu,  et 
maintenant  il  s'est  retrouvé.  Nous  voulons  nous  réjouir  et 
nous  divertir. 

IX* 

aJfod  \a-hàylé  sattar  rôh  iUhaklmû,  tôle  Ijaktmâ  le  aie  amcllé . 
^  rnôl^l  briirn,  amellé  :  \ii-hûyV, 

'  Damas,  février  1897. 
'  Ménie  source. 

Celle  composilioii  et  les  suivantes  <lonneront  les  meilleurs  spécimens  <lu 
langage  parlé. 


LE  DIALECTE  DE  MAXULA.  169 

amellé  :  ^mô  ntuwk'â  lal^?  (^  Ual»  b&  VÏaj)   amcHé  : 


IYIV5. 


amellé  :  ^éfynâ  Iqél  (Jj^)  /aj?  amellé  :  llùtâyâm, 

amellé  :  âytà  Iffalf,  asp  êl-îdé  u-amellé  :  haf  \tahb\  amellé  : 

liwâ  diktâ  'a-jblnalf,  kam  l^ssârô  (Iw^ma,  j-j--.5il!,  whallâ  u-zerr 
V-wartâ,  ii-iwâ  l-diklâ. 

hàtar  yawmâ,  tôle  le*alè.  am'llé  :  ^  éJ^  fâb^  ?  amellé  :  naham 
(forme  syriaque  p^ai  dans  le  sens  de  Tarabe  *«>j)  ti-l-alô, 
râys^  àytéb ,  lakén  satn  *am-mawk^â  *at, 

amellé  :  tsarrctf  (i^j^ [?)  'a-satral^, 

amellé  :  ânâ  nmsattar  la}}  twô  m-gapp'.  àl^l^ûlfelk'  sa  ta  âsôp 
finjônâ.  amellé  :  âytâ  msiryôlà,  amellé  :  hôs  lût  'cmmL  embar, 
di  bàlô,  nmâytéb,  a-ntil  le*ala}},  mappléh  lyspôna}}. 


TRADUCTION. 

Un  [homme]  malade  envoya  chercher  le  médecin.  Le 
médecin  vini  vers  lui.  H  lui  dit  :  Qu'as- lu ,  Ibrahim  ?  Il  lui 
dit  :  Je  suis  malade. 

Il  lui  dit  :  Qu'est-ce  qui  te  fait  mal  ?  Il  lui  dit  :  Ma  tête. 

Il  lui  dit  :  [Depuis]  combien  [de  temps]  es-tu  malade  ? 
Il  lui  dit  :  [Depuis]  trois  jours. 

Il  lui  dit  :  Donne  ta  main.  Il  lui  prit  la  main  et  lui  dit  : 
Toi  tu  es  bien.  11  lui  dit  :  Mets  (fais)  une  poudre  sur  tes 
sourcils;  une  dose  d'élixir,  du  vinaigre  et  du  bouton  de  rose , 
et  fais  la  poudre. 

Après  un  jour  il  vint  vers  lui.  Il  lui  dit  :  Comment  vas- tu  ? 
n  lui  dit  :  Par  la  grâce  de  Dieu ,  ma  tête  est  bien ,  mais  mon 
côté  me  fait  mal. 

Il  lui  dit  :  Tourne-toi  sur  le  cAtc. 

Il  lui  dit  :  Je  t'enverrai  des  remèdes  de  chez  moi.  Chaque 
demi-heure  prends  [-en]  une  tasse.  Il  lui  dit  :  Donne  l'argent. 
Il  lui  dit  :  Maintenant  je  n'en  ai  pas.  Demain,  s'il  plait  à 
Dieu,  je  serai  bien,  et  j'irai  vers  toi  te  donner  ton  argent. 


170  JUÏLLET-AOÛT   1898. 


ehdà  sunîlâ  fa-hàylâ  amrô  l-he'alâ  :  zel^,  àylî-l  Ijakîmâ, 

zallé  bealâ,  aytillê  là  liaktmâ,  mâffêyél  bôbalâni. 

talé  liakimâ  lealâ,  amellâ  :  zahiyé,  ^môs?  amm  lé  :  |a- 

amellâ  :  i  mô  mawk'â  lés  ?  amrô  lé  :  lippi, 

amellâ  :  àytây  îdis,  asp  él-idâ,  amellâ  :  ahmiltl  lessônis,  amellâ  : 
ôt  tàwôyà;  ûljl^ul  sa  ta  fôspâ  Jinjônâ,  w-ôt  sjufâ;  ù}yl}ul  ëtlat 
su  {ôspâ  waraqtâ,  lUJjdlâ  halpâ  n-mark  (t  l-besrâ,  lehmâ  là 
^ifyâl  apatan, 

TRADUCTION. 

Une  femme  malade  dit  à  son  mari  :  Va,  amène-moi  un 
médecin. 

Son  mari  alla  [et]  lui  amena  un  médecin,  Micliel  Popo- 
lani. 

Le  médecin  vint  vers  elle.  Il  lui  dit  :  Zahié,  qu'asHu? 
Ellle  lui  dit  :  Je  suis  malade. 

Il  lui  dit  :  Qu'est-ce  qui  te  fait  mal  ?  Elle  lui  dit  :»  Mon 
cœur. 

Il  lui  dit  :  Donne  ta  main.  Il  lui  prit  la  main.  Il  lui  dit  : 
Montre-moi  ta  langue.  H  lui  dit  :  Voici  des  remèdes;  chaque 
heure  tu  [en  ]  prendras  une  tasse ,  et  voici  une  poudre  ;  chaque 
trois  heures  tu  [en]  prendras  un  pacpet  (papier),  et  tu  man- 
geras du  lait  et  du  jus  de  viande.  Du  pain ,  tu  n'en  mangeras 
point  du  tout. 

XI 

WJÔ/'  ahad  gahivml ,  ilé  hsônâ  (ii-hûylê,  aspé  n-zallë  l-gap  /*- 
Ifkîmâ  n-amellé  :  hemVl  hannâ  hsônâ  mô-d-él  {u-hâylé. 

amellé  :  àyVné  lôlyi.  ehmnê  hâkimâ,  amellé  :  ebbrah  hannâ 
(a-manfa*.  batte  y^imdt. 

amellé  :  (a  lé  twôyâ  apatan, 

amellé  :  fût  menné  nafaâ. 


LE  DIALECTE  DE  MAXULA.  171 

TRADUCTION. 

Il  y  avait  un  homme;  à  lui  [était]  un  garçon  malade;  il  le 
prit  et  alla  chez  le  médecin,  et  il  lui  dit  :  Regarde-moi  ce 
garçon ,  car  il  est  malade. 

11  lui  dit  :  Fais-le  approcher  (amène-le)  ici. 

Le  médecin  le  vit.  11  lui  dit  :  Ton  fds  celui-ci  n'est  bon  à 
rien  :  il  mourra. 

11  lui  dit  :  Il  n*y  a  plus  de  remèdes  pour  lui. 

Il  lui  dit  :  11  n*y  a  rien  à  faire  de  lui  (plus  de  lui  d'utilité ). 

XII 
l  mô^  ?  Aa(. 

—  ânâ  *am-arîl, 

—  i^fè  sarahtâ. 

—  ^  ma  bat  nisf^  ? 

—  àytâ  *ésër  teirhm*  (^tù  «  la  huitième  partie  de  l'once  ») 
anglizôY,  u-sfâ  sarablâ.  W'Uyi  b-hass  11  sarabtâ  môyâ  qarrisën» 
httttâ  fiitS^l,  u-emhar  îifâ  *ésér  kam  kïnâ,  imàytéb, 

TRADUCTION. 

Qu'as-tu  ? 

—  J'ai  froid. 

—  Bois  une  potion. 

—  Que  boirai-je  ? 

—  Apporte  vingt  grains  de  sel  anglais ,  et  bois  la  potion ,  et 
bois ,  en  alternant  ^  avec  la  potion ,  de  l'eau  froide ,  afm  que 
[la  potion]  opère;  et  demain  bois  vingt  doses  de  quina. 
Porte-toi  bien. 

XIII 

zallé  ahad  l-gap  el-hakimâ ,  {n-haylé,  hemnë  hakîmâ,  amcJlê  : 
j  mô  esmal^  ?  amellé  :  ësmi  iâmâ. 

ameilé:  ^  mô  mawk^â  hûi^?  amellé  :  ôtUawla'fpl  b-lippi.  fi^^a/- 
yômâ  nôféq  menné  saqfâ.  ^  mô  mnôfyêl  mô-d-èl  nel^jen  ? 

amellé  \akima  :  asôp  ûff^ûlyômâ  ^a-sôfrâ  bakk'ar  *ariqâfiujan 

*  fjjs ^ M  ^JôJb  «en  parta^ant  avec  la  potion». 


172  JUILLET-AOÛT    1898. 

el-araq ,  w-ûnâ  mappe}},  Iwôyâ  m-gappi,  (ôsêp  li^^iï/yô/wrt  et  lut 
fritt^  alûlâ,  w-etlal  frilV  *arùhà,  u-JyôlaJf,  |ô^/  besrâ  sawœi. 
pnk'attar  lé  melljâ  u-fnlful  hahar,  l^ûlméi  {makiar,  u-lehmâ  là 
fiff,âl  apatan.  di  halo ,  (mây''téh, 

amellê  :  ^  efynâ  battaJf,  msiryôtâ  ? 

amellé  :  majéiay  u-felk^é, 

amellê  :  katirit  aati, 

amellé  :  là  k^attrit,  mii}^'ôm{à  lalf,  majéiay  u-feWé, 

TRADUCTION. 

Un  [homme]  alla  chez  le  médecin,  [étant]  malade.  Le 
médecin  le  vit.  Il  lui  dit  :  Comment  t'appelles-tu  ?  11  lui  dit  : 
Je  m'appelle  Thomas. 

Il  lui  dit  :  Qu'est-ce  qui  te  fait  mal  ?  Il  lui  dit  :  J'ai  un  ver 
dans  le  cœur.  Chaque  jour  il  en  sort  un  morceau.  Que  man- 
gerai-je  quand  j'aurai  faim  ? 

Le  médecin  lui  dit  :  Prends  chaque  jour  le  matin,  de 
honne  heure ,  à  jeun ,  une  tasse  d'eau-de-vie ,  et  je  te  don- 
nerai des  remèdes  de  chez  moi.  Tu  prendras  chaque  jour 
trois  pilules  l'après-midi  et  trois  pilules  le  soir,  et  [pour]  ton 
manger,  tu  mangeras  de  la  viande  rôtie.  Tu  y  mettras  beau- 
coup (tu  y  augmenteras)  de  sel  et  de  poivre  en  quantité, 
tant  ce  que  tu  pourras,  et  du  pain,  tu  n'en  mangeras  point 
du  tout.  S'il  plaît  à  Dieu ,  tu  te  porteras  bien. 

Il  lui  dit  :  Combien  veux-tu  d'argent  ? 

Il  lui  dit  :  Un  mejidi  et  demi. 

Il  lui  dit  :  Tu  surfais  pour  moi. 

Il  lui  dit  :  Je  ne  surfais  pas.  Pour  toi  [c'est]  un  méjidi  et 
demi. 

XIV 

CONTE  *. 

ahad  sappô  tvôh  tayér  (;!•>).  èqta  (^^  «couper»)  V-hariUi. 
ehm  meshâ,  mzawica*  é]}t  sabb'd,  u-u-râysc  hWâ  râys  b-licyS, 

*  Màmc  provciiaiicc.  Ce  morceau,  traduit  diaprés uu  conte  arabe,  trahit 
son  origrinc  par  le  grand  nombre  de  mots  et  de  formos  arabes  qu'il  pré- 
sente. 


LE  DULECTE  DE  iMA'LULA.  173 

waqi'U  hemné  hewônà  kôtê  sappà,  énfeq  mn-maartà,  èhjam 
a  aie,  wa-àynôyé  esméq  éJf.  nârâ,  u-qarnôyé  sdb*â  er^a  (8*  conj. 
^;i)  wa-enUap  («woxil),  u-lissanôyé  sdhi'â  qaennân  (dans  le 
sens  de  Tarabe  £^^^.  Cf.  I»u»)  éJ^t  sahmô.  y'dlûf  biîn,  a-jawwà 

(Ja.  «Tair  ambiant»)  yatwi  (aCei  de  tf5«>)  m'n  zë'ôqé  u-syôhé, 
ainnui  sappà  wôb'  {a-zâyë  apatan,  Urlâ  ër{aap  [^^>jJy\)  hôte 

sawftâ  l-hesâ,  wa-lâ  atiar  (^1)  hè  zawwaâ,  bal  arhét  a  aie, 
wàfop  b'idé  maqqôbâ  (i  wôb  *emmé  ^a-l'-'ôt  ï/  blôtà,  wa-êhjam 
Ui'l-ôté  hewônà  u-lamz?  u-mehné.  b-darbâ  ahad  eqia  arpa  ràys 
m-râysôyé,  u-b-tên  darbâ  ëqta  ïter  ràys  herân;  wa-lammà  batte 
ytqût  èl  ràyià  sàbbeà  wa-yuhâd  aalê ,  èglêb  lé,  maqqôbà,  lasaw 
(#U»)  ll-hazzê  a-naliséy  àtar  mn-idé,  u-lam  yàsâp  waq^â  hrénà, 
là  yàspennà,  *ajà  hâté  hewônà,  majnûn  bahar  mn-7l-gurhôyé 
Jjtrô  menné,  ôtëp  'a-sappà,  awk'lé,  U'na}^(ë,  a  nafjc  l-besrê  a- 
aspé  'a-maarlé. 

TRADUCTION. 

Un  des  garçons  ^  faisait  une  tournée.  Il  traversa  la  cam- 
pagne. Il  vit  un  monstre  effrayant  comme  un  lion ,  et  sur  sa 
tète  sept  têtes  dans  [Tapparence  de]  serpents. 

Lorsque  la  bète  vit  ce  garçon ,  elle  sortit  de  sa  caverne 
[et]  se  précipita  sur  lui.  Ses  yeux  étaient  rouges  comme  le 
feu,  ses  sept  cornes  se  levaient  et  se  dressaient,  et  ses  sept 
langues  s*agitaient  avec  bruit,  comme  des  dards.  Il  sifflait 
avec  [ces  sept  langues]  et  il  faisait  retentir  l'air  de  son  cri 
et  de  son  fracas. 

Mais  le  garçon  était  sans  peur  aucune.  Ce  spectacle  ne 
l'épouvanta  point  par  sa  laideur,  et  la  fureur  de  cette  [bête] 
ne  l'épouvanta  pas  ;  mais  il  courut  contre  elle ,  et  prit  dans 
sa  main  la  hache  qu'il  avait  avec  lui,  selon  la  coutume  du 
pays,  et  fondant  sur  cette  bète,  il  la  repoussa  et  la  frappa. 
D'un  premier  coup  il  trancha  quatre  de  ses  t(Hes,  et  d'un 
second  coup  il  trancha  deux  autres  tètes,  et  comme  il  vou- 
lait couper  la  septième  tète  et  ainsi  vaincre  la  [bète],  il  fut 

'  Arabumc  Voir  (Tpetulaiit  R.  Du  val,  Gr.  syr,,  p.  303. 


174  JUILLET-AOOT  1898. 

vaincu.  Pour  son  malheur  et  sa  mauvaise  fortune,  la  hache 
s'échappa  de  sa  main,  et,  comme  il  allait  la  reprendre,  il 
ne  la  reprit  pas,  parce  que  cette  héte,  grandement  afîolée 
par  les  plaies  d*où  s'écoulait  son  [  sang] ,  se  jeta  sur  ce  garçon , 
le  vainquit,  le  mordit,  déchira  sa  chair  et  l'emporta  dans  sa 
caverne. 

XV 

Evangile  (Mat.,  XXV,  3i-46)\ 

ômâr  alô  :  k*ân  tôle  êbr  êl-basar  h-mafté,  w-ajma  maWôyê 
l-qattisô  *emmê ,  yajlcs  [Var.  qa^élé]  *a-k'ôrs  lUmajtc,  a-majma 
lélé  1^1  ômtà,  a-farréq  hddâ  éf^m-ll  mfarrêq  reayâ  J^râfô  m- 
gadyô,  u-maqëni  ëUlyinvfo  ^a-yummén  gadyô  ^a-esrén.  malle  à 
niamél-l-ii  *a-yummên:  talf^ânya  brij^ôy  il-eppay;  saqUîu  màlkû 
û  mat  Iclf^im  m-waq\  )l  èhléq  binnisô,  'ajâ  nôb  nel^n  tv-afm- 
l1}ûiuù ,  u-nôb  niseh,  asqlJfûnm,  nôb  gârébâ,  awi(}}ânn1 ,  u-nôb 
*aiyan,  J}as(}}iinnt,  u-nôb  la-hâyti ,  zurlJ^ûmii,  U'nizrêb,  tifl^ùn 
gappL 

qattisô  mamriUê  :  yâ  alô,  ^  émmat  èhmnah  /aj  {el^Jen,  atam- 
nah  /tfj,  n'(is(li,  asqnah  lah,  u-gàrêbâ,  awinnah  /«J,  a-{aâryân, 
al^nalj  /aj,  u-{imrêd  a-flzréb,  u-zumah  la}^? 

alô  anxellûn  :  èJ^-m-UfaUifJ^iln  b'-hnûy  zutô,  bifalillynn. 

mamel'l-t'Ca-$môlà  :  zlùn  meel,  ya  mal'ànô  'a-nw^â  t1  maptâ, 
tl  'atltâ  l-sUanô  u-maWôyc,  nôb  nej^n,  là  aCamfJ^dnnl ,  u-nisék, 
là  asq(}^nnn1,  n-naâryàn,  là  }}as(l}mn),  u-mrêdâ  a-niziéb,  là 
zurtimnm, 

mamnllé  :  y  alô  ^  émmat  hemnah  lai),  fel^n,  \iseh,  gârébâ, 
{aàryàn,  {u-hàyla}),  {izréb ,  u-lâ  ahtémnah  la})? 

mamellûn  :  ânâ  namell^ân  ':  é})t  là  {wifyûn  b'-hniîy  zutô  n-lâ 
*em  tipifyûn. 

han  zlillim  ^a-sniô,  lirinôy  zUllùn  'a-nihâ. 

*  Même  provenance. 

Celte  belle  traduction  d'un  r^cit  de  PÉvangitc  est  particulièrement 
précieuse  pour  l'étude  des  formes  verbales,  r^p^tôes  selon  leurs  diverses 
flexions. 


LE  DIALECTE  DE  MÀ*LULA.  175 


TRADUCTION. 


Dieu  dit  :  Lorsque  viendra  le  Fils  de  rhomiue  dans  sa 
gloire ,  et  que  ses  anges  rassembleront  les  saints  autour  de 
[avec]  lui,  il  siégera  sur  le  trône  de  sa  gloire  et  réunira  à 
lui  toutes  les  nations,  et  il  séparera  parmi  elles  de  munie 
qu'un  pasteur  sépare  les  brebis  des  boucs,  et  il  placera  les 
brebis  à  droite  et  les  boucs  à  gauche. 

Le  roi  dira  à  ceux  de  droite  :  Venez,  ô  bénis  de  mon 
Père  ;  recevez  le  royaume  qui  vous  est  préparc  depuis  que 
les  fils  des  hommes  ont  été  créés;  parce  que  jWais  faini,  et 
vous  m*avez  nourri ,  j*avais  soif  et  vous  m'avez  donné  à  boire , 
j'étais  étranger  et  vous  m  avez  hébergé,  j*étais  nu  et  vous 
m'avez  vêtu,  j'étais  malade  et  vous  m'avez  visité,  j'étais  pri- 
sonnier et  vous  êtes  venus  auprès  de  moi. 

Les  saints  lui  dirent  :  ô|  Dieu,  quand  t'avons-nous  vu 
afllEimé ,  et  t'avons-nous  rassasié ,  ayant  soif,  et  nous  t'avons 
donné  à  boire,  étranger,  et  nous  t'avons  hébergé,  nu,  et 
nous  t'avons  vêtu,  malade  et  prisonnier,  et  nous  t'avons 
visité  ? 

Dieu  leur  dit  :  De  même  que  vous  avez  fait  [cela]  pour 
mes  petits  frères,  vous  l'avez  fait  pour  moi. 

Il  dit  à  ceux  qui  étaient  à  gauche  :  Allez  [loin]  de  moi,  ô 
maudits,  au  feu  étemel  qui  a  été  prép!\ré  pour  Satan  et  ses 
anges.  J'avais  faim,  vous  ne  m'avez  pas  nourri,  j'avais  soif, 
vous  ne  m'avez  pas  donné  à  boire,  j'étais  nu,  vous  ne  m'avez 
pas  vêtu,  j'étais  malade  et  prisonnier,  vous  ne  m'avez  pas 
visité. 

Ils  lui  dirent  :  Ô  Dieu ,  quand  t'avons-nous  vu  ayant  faim , 
ayant  soif,  étranger,  nu,  malade,  prisonnier  et  nous  ne 
t'avons  pas  servi  ? 

Il  leur  dit  :  Je  vous  dis  :  De  même  que  vous  n'avez  pas 
fait  [cela]  à  mes  petits  frères,  ainsi  vous  ne  l'avez  pas  fait 
avec  moi. 

Ceux-là  iront  au  ciel,  les  autres  iront  au  feu. 


176 


JUILLET-AOÛT   J898. 


ESSAI  DE  TRANSCRIPTION. 


«.  ^ 


J-^^  <^  9^y  «^5  <,^»  é  is^^^  0^' ly  <5,*^i  ^' 

••  w  ••  ^^  ^^        •• 

li2,>e^il^;  ^Xieo^  ^l^,  ,^u^^1 

••  •^  mm  ^ 

^  iâ 

'  ^^j^  Li^^  ^^^'«^  "^^^ 

•  Texlc.  HI,  p.  i6!i. 
'  Texte  XIII,  p.  171. 
'  Proverbe,  p.  5i3. 


V 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       177 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES. 


SPéciMEN  DE  LA  LANGUE  LEPGHA  (OU  RONG)\ 

PAR 
M.  L.  FEEn. 


Dans  la  séance  du  12  novembre  1897,  M.  Drouin  présenta 
au  Conseil  des  documents  relatifs  â  la  langue  Icpchn  ou 
rong,  envoyés  avec  une  lettre  par  le  pandit  Kâlikumârdàs 
d'AlUimpnr  (Chittagoog)  en  Bengale.  Comme  j  avais  mis, 
dans  le  Journal*  un  article  bibliographique  de  cinq  pages 
sur  cet  idiome,  les  pièces  me  furent  remises  pour  faire,  s*il 
y  avait  lied,  un  rapport  à  la  prodiaine  s(^ance.  Des  causes 
diverses  m*empéchèrent  de  remplir  immédiatement  cette 
mission.  C*est  seulement  maintenant  que  je  puis  commu- 
niquer le  résultat  de  mon  examen. 

L*envoi  de  M.  Kâlikumârdàs  est  une  «adaptation  de  la 
parabole  de  TElnfant  prodigue  » ,  c*est-à  dire  une  traduction 
assez  exacte  des  versets  1  i-Sa  du  xv*  chapitre  de  TEvangilc 
de  saint  Luc ,  dont  on  a  seulement  retranché  ce  qui  concerne 
le  «  veau  gras  » ,  à  cause  des  préjugés  bouddhicpies.  11  se  com- 
pose du  texte  dans  Técriture  originale,  en  copie  manuscrite 
et  en  épreuve  d*impressîon  corrigée,  d*unc  Iranscripbon  en 
caractëies  romains  et  d*une  traduction  anglaise,  lune  et 
Tautre  en  épreuves.  Il  me  parut  que  ce  spécimen  de  la 
langue  lepcha  méritait  d*étre  soumis  aux  lecteurs  du  Journal 

'  Bong  est  le  nom  que  le  peaple  se  donne  lui-même;  Lepchn  est  un 
nom  que  loi  donnent  les  Nép&lais. 
*  Maî-jaîn  1879,  p.  5^9-556. 

xn.  1» 


178  JUILLET-AOÛT  1898. 

asiatique,  et  j'entrepris  Je  le  leur  comiDuniquer  avec  une  in- 
terprétation. J'avais,  pour  m*aider  dans  ce  travail,  outre  la 
traduction  anglaise. de  M.  Kâlikumardâs  et  le  texte  biblique, 
la  Grammaire  de  la  langue  rong  (lepcha)  par  le  colonel 
(maintenant  général)  G.-B.  Mainwaring,  publiée  à  Calcutta 
en  1876,  et  dont  je  possède  un  exemplaire  «prescnted  by 
the  Government  of  India,  home  department».  Ce  présent, 
dont  je  suis,  je  nen  doute  pas,  redevable  au  sav(Mit  et  ex- 
cellent bibliothécaire  de  «Tlndia  Office»,  feu  R.  Rost,  en 
même  temps  que  mes  devoirs  envers  la  science ,  mlmposait 
l'obligation  de  faire  connaître  cette  nouvelle  grammaire  ;  de 
là  l'article  que  je  mis  en  1879  ^^^^  ^^  Journal  asiatique.  Au- 
jourd'hui cette  grammaire ,  que  j'avais  un  peu  délaissée ,  par 
la  force  des  choses  plus  que  de  mon  plein  gré,  me  permet 
de  faire  profiter  les  linguistes  de  l'intéressante  communica- 
tion de  M.  Kàlikumàrdàs.  J'y  ai  trouvé,  outre  les  renseigne- 
ments grammaticaux  indispensables,  le  sens  de  quelques 
mots  et  locutions  que  je  n'avais  pu  comprendre  on  dont  l'in- 
terprétation me  laissait  quelques  doutes.  Malgré  ce  secours , 
plusieurs  points  sont  demeurés  obscurs  pour  moi. 

En  étudiant  ce  texte,  j*ai  noté  plusieurs  différences  de 
lecture  entre  mes  deux  auteurs,  le  grammairien  anglais  et 
le  pandit  hindou.  Ainsi  l'interjection  6  est  rendue  par  e 
dans  la  grammaire  et  ae  dans  la  parabole.  L'écriture  indigène 
donne  de  part  et  d'autre  la  leçon  ae.  Les  autres  cas ,  affectant 
l'écriture  originale  elIc-mémc,  révèlent  des  variations  non 
de  transcription,  mais  d'orthographe.  Ainsi  sa  qui  indique 
le  génitif,  l'affixe  la  qui  sert  à  former  des  adverbes  sont 
écrits  sa,  la  par  Mainwaring.  sa,  là  par  Kàlikumàrdàs.  Le 
substantif  composé  kin  dyit  «  compassion  > ,  qui  se  trouve  au 
verset  ao  de  la  parabole,  se  lit  Kyon  dit  à  la  page  109  de  la 
grammaire. 

Bien  plus,  dans  le  texte  même  donné  par  le  pandit,  il  y 
a  des  leçons  différentes  du  même  vocable.  Lât,  qui  répond 
à  notre  préfixe  re  dans  re-venir,  re-trouver,  est  écrit  trois  fois 
lut,  une   fois  lot  (Mainwaring  donne   lot).  Le   mot  thany 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       170 

«  boire  ■ ,  socotid  terme  de  rexpression  éo  thang  ■  manger- 
boire  ,  festiner »,  te  lit  ihong  au  verset  a3 ,  thang  au  verset  ag  ; 
c*e$t  thang  quon  trouve  dam  la  grammaire  aux  pages  1 1 a 
et  i43*  Je  pourrais  citer  d'autres  exemples;  mais  Je  n*iQsiste 
pas.  Je  ne  cherche  pas  non  plus  à  expliquer  ces  divergences; 
je  me  borne  à  les  signaler. 

M.  Kàlikumàrdâs,  dans  sa  lettre  datée  du  a 2  juin  1897, 
donne  sur  les  Lepchas  quelques  détails  en  partie  déjà  connus 
par  ]a  préface  de  la  grammaire  de  M.  Mainwaring.  11  nous 
apprend  que  leur  alphabet  date  de  Tannée  1 707  et  qu  ils  le 
doivent  à  leur  roi  Tchador.  Il  nous  informe  en  outre  qu*il 
s*occiipe  de  publier  le  texte  et  la  traduction  de  leur  principal , 
ou  plutôt  de  leur  unique  livre  religieux,  le  Tashi  sang  (his- 
toire de  Tashi),  qui  renferme,  dit-il,  «les  parties  les  phis 
obscures  et  les  plus  ridicules  de  la  religion  des  Lamas  ».  Le 
colonel  Mainwaring  ne  parle  pas  de  cet  ouvrage  en  meilleurs 
termes  ;  il  n'y  voit  que  le  récit  d*«  une  basse  et  fabuleuse  in- 
carnation avec  force  détails  sur  une  armée  d'autres  divinités  ». 
Ce  livre  serait  le  résultat  de  la  propagande  que  les  Lamas  du 
Tibet  firent  parmi  les  Lepchas  après  avoir  détruit  leurs  ma- 
nuscrits; ce  fait,  cpie  le  colonel  et  le  pandit  attestent  d'un 
commun  accord,  n'est  pas  en  faveur  de  la  douceur  et  de  la 
tolérance  attribuées  aux  bouddhistes.  Comme  le  travail  de 
M.  Kâlikumàrdàs  était  déjà  sous  presse  en  juin  1897,  on 
peut  croire  que  ce  monument  unique  et  peu  original  de  la 
littérature  lepcha  est  près  de  paraître,  s'il  n*a  déjà  paru. 

Limité  pour  le  moment  au  texte  communique  par  M.  Kà- 
likumàrdàs,  je  le  donne  en  transcription,  ne  pouvant  le 
donner  dans  l'écriture  originale,  et  je  mets  au-dessous  de 
chaque  terme  son  équivalent  latin  ou  l'indication  de  son 
rôle  grammatical.  Quand  je  puis  décomposer  le  mot  latin 
de  manière  à  faire  coïncider  les  désinences  avec  les  particules 
lepcha,  je  le  fais.  Je  recours  parfois  au  grec  [)our  rendre 
l'article  défini  et  le  participe  passé  actif.  Je  n'ajoute  pas  In 
traduction  française,  parce  que  le  sujet  est  bien  connu  et 
que  le  lecteur  peut  se  reporter  au  texte  de  saint  Luc  dont 

1 1 . 


180  JUILLET-AOOT  1898. 

j*indiqae  les  versets.  A  ce  texte  accompagné  d  une  traduction 
littérale  înterlinéaire ,  j  ajoate  un  gjiossaire  des  mots  cpii  s*y 
trouventi  Je  rédiùs  ce  glossaire  au  strict  nécessaire ,  sans  ex- 
pliquer mes  doutes  ou  justifier  mon  interprétation  par  des 
observations  qui  prendraient  trop  de  place. 

Je  reproduis  le  texte  lepcba  tel  que  lé  pandit  Kàlikumârdàs 
nous  le  donne ,  sans  modifier  en  quoi  que  ce  soit  son  système 
de  transcription. 

Je  termine  cette  notice  par  des  remerciements  à  M.  Kàli- 
kumârdàs pour  Tinvoi  qu*il  nous  a  fait  de  ces  documents 
sur  la  langue  lepcha.  Et ,  comme  il  dit  avoir  agi  à  la  demande 
du  Gouvernement  de  Tlnde,  nos  remerciements  s*adressent 
aussi   à  Tautorilé  supérieure  qui  a  pris  Tinilialive  de  cet 


envoi  *. 


I.  Texte  et  traduction. 

Gyà-gi-chà  a-jyâp      lôk  yam  bû       ong    kàt-sâ  '    sang 
Bona        multa    Sairatn^avTOff  pueri  un-ius     Tabula 

pl^a-ma-o. 
narralur  (?]. 

(il)      Marà      kât'Sâ  â^kap  nyçt       ni-pâ. 

Hominis  un-ius   filii    duo  erant  (afT.  verb.). 

(12)  A  un  â'kap      tek       nan  ha-do    ho -rem       U 

Et     niio   minore  ab  (instr.  )  ipsius  patri  tô)  diclum  : 

ae      a-bo  va       gyû-gi-chô        nan  kasu-sâ  thiip- 

à  pater(voc.),      bonis       ex(abi.)    meum(gén.)  oblinen- 

shet     ve     ka-sum  bo-wa.  0-tet         kà    hn-nnn 

dum    rô      mihi      da  (voc.  imp.j.     floc  tanto    in     eo  ab 

'  M.  K&likumàrdâs  annonce  dans  sa  leltre  qa*il  prépare  un  travail  tar 
les  Murmis;  il  rappelle  qu'il  a  publié  un  article  sur  les  Limbû  on  Kirati 
du  Népal  oriental  et  du  Sikkim  dans  le  Journal  of  ihe  Buddkist  ttxi  Socitty 
of  Inrfia.  J  ajoute  qu*il  a  publié  dans  le  même  recueil  une  importante  do- 
iice  sur  les  Lepchas  et  leur  histoire. 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  181 

gyà-gi-chà  rem  ha-yà  bek-kâ     rit      hi       fât, 
bona       rà    illos    inter  divisa  data  fuerant. 

(i3)  Sa-ayàk  a-gyâp   ma-bâm-na  â-kup     tek 

Dies      multi   non    sunt     [elapsi];   fiiios  minor 

ryen      tyng      j^d-gi-chô         gyom  ba-bân 

?      omnia        bona        in-mram  (?)  .  ivtyxév  (aff.  verb.) 
â-rum  lyàng     kà       nàn-ne, 

longinquam  regionem  ad-  ivit  (aiF.  verb.); 

[\U)  Aun   ha-nan  o-bâ   ha-dosâ  gyâ-gi-chô  pang  â-jen-sà 
Et     illo  ab   illic    ips-ius         bon     -     n        viti  -  i 

ayûk     kà      lôk   •  Jat-te,   Aun  ha-nun    tyung  gyà-gi-chô- 
operîbns  in  perdita  fuerant.   Et   iilo  ab  omnia        bon     - 

pang  Uk-lel-lang  sa  ^yàng  o-bà 

a      perdita  (aff.  verb.)  fîiissent  (gén.)  postquam(P)    illic 

au  â*tim  da-pâ. 

famem  (?)  magnam  perpessi  (?)  sunt  (aff.  verb.)  [homines.] 

Aan  ku      ad  du  nàn-ne. 

Et     is  famem  perpeliens  (?)  fuit; 

(i5)  Aun  ha    lyàng  o-re-sà     zen-dàk         muré         kàt 
Et     is  regionis  illi-us  incolam  (?)  hominem  unum 

lyàng  nông-bàm,  Aun    hn-nan  ha-dum  nyot  kà    mon 

ad  •  it  (aff.  verb.).     Et    illo  ab     ipius    agro  in  porcos 

bro       kàn, 
pascere  jussos. 

(\6)  Aun     ha     ha-do  sa       ta-bok      rem      blen-shang  -  kà 
Et     ille      ips  -  ius    vent  rem    t6v    implendum  ad 

mon  zo         gun  zo-shang  gàt-pà, 

porconim  cibum  omnem  comedere  possecupiebat  (aff.  verb.). 


182  JUILLET-AOÛT  1898. 

Aun  tàna-là    ha-ddm         shu  là  ma  bin  ne. 

Et  uUus  (  ? )       jpsi-  quîdquam  (  ?  )  non  dabat  (  aiï.  verb.  ). 

(17)  i4iiii  O'thâ  ha  ha-do  bèt-na  sâk  cking  lang    li,      Kasu 

Et    tune  it  ipsuni    ?    ?     recogit  -  ans  dixit.    Mei 
a-bo  sa  châp-chhusang  là  zo  len         hlàk-lâ 

patr-U  famul  -  iquot(?)  comedere  [plusjquam  abundanter 

azàm  thdp  zo  bàm      aan    go        re 

cibum  îdoneum  (ou  obtinentj  comedunt,    et    ego  ilie(?} 

kril  na         mâk  det, 

famé  ?  moriehs  sum  juxta. 

(18)  Go    Idk  lunj  .  kasa        bo       fyàng  lût  nàng  sho  aan 
Ego  surg-ens  meum  patrem     ad     red  -  i  -  bo   et 

ha-dâni    U   sho    ae    abo       wa      go  nan  ram-sâ  aun  ù-do  sa 
ipti     dic-am:  ô  pater(voc.),  me   ab    cœUi      et     tu  -  i 

dan-kà     layo     ayàk  zàk-fât-te,  (19)    Aun    go 

facic  in  peccati  opus  fac- tum  (aff.  verb.).  Et     ego 

a-do     kup    yang       li       shang  là  ma-     wa-     ne.    Ka  sum 
tui     fiHus  etiam  vocari  posse    ?  non  dignus-sum.      Me 

â-do  sa  châp<hhn    kât    zàng  zdk  ka. 
lu  -  i   famulum  unum  sicut     fac. 

(ao)  Aun  ha  Idk-lung  ha-do       bo      lyàng  lot  -  di.  Shen-lâ 
Et    is  surg'^ns  ipsius  patrem    ad     red-iit.  Porro 

â-rum         do      kâ   ha  do      bo     non  ha  dûm  shi-lung    aun 
ionginquo  spatio  in  ipsius  pâtre    a     ipsum    vid-ente    et 

kin  dyit        mât  lung      dang       ha  nông-lung    patop  -  kâ 
misericordiam  fac-iente  curr-endo        veni-ente  collum  ad 

chdk         mât. 
adbaeisio  (?)  facta. 


NOUVELLES  £T  MÉLANGES.       183 

(ai)  Aan  â4sup  r»  non  ha  dam        U         ae      a-ho  wa 
Et     filio   T^»   ab     ipai      dictum  :  ô    pater(voc.) 

jfo   nun  ram-sà    dan  kà  aan  à  do  [sa]   dan  kâ     layo    ayàk 
me    ab    ccel-  i    fade  in    et    tu  -  i     facie  in  peccati  opus 

zdk    Jat  te.  Aan  a-Iang  go  â-do  kap    yang      U  -  sliang 
factum  fuerat.    Et     nunc  ego  tui  filius  cliam  vocaiî  posso 

là    ma    '    wa     -     ne. 
nirsus  (?)  non  dignus  sum. 

(aa)  Shen  là     abo     re  nun  châp  chhi  sang  kâ      U-pâ, 
Porro     pâtre  r&    ab      famui  -  is  (dat.)  dictum  : 

Tjng      ïen        ryûm      hà     dum         hn        di  hân     ha-dùm 
omnes  quam  meliorem    î   vestem  fcrentes  èXOàvres     ipsi 

dyâm       bi  wa  aan    â  ka     kâ    ka-kyup    ann  â-ihûng  kâ 
circum  (?)  da-te    et    manu    in   annulum    et     pcde      in 

hlôm     chôk  bi'Wa. 
caiceum      ?     da-te. 

(q3)  y4a/i  ka-yû  zo    -    thong  bân      âgà         mât-kâ. 

Et     nos    comedentcs  tsiàvres  gaudium  fac-innius. 

(a4)  Shû  gàyo^gang  ka-su  sd  â-kap  â-re  mâk  non  bd  re  là 
Qtioniam  fie  meus  (gén.j  fdius  hic  mortuus   rur.sus 

zu  bâm  ha  fût  •  non    bû  re   là     thup     pâ.  Aan  lia-yd  sa  m 
viv-it,    is  amii-sos  nirsus   ?  invcnlus  est.    Et     ilii      ? 

gô       ni  pâ, 
bptantes  erant« 

(a5)  Ha-do  $â  à^kap  nam  fren  bd  re  nyôt  kâ  bâm  ni  pâ, 
Ips  -  ios  filiui  major     ?      ?    ?  agro  in       eral. 

i4fiii  ha       U   kâ      lât    di    det  shen  Usa  a-thô 

Et     is    dom-um   red-ibat     dum,     domum  (gén.)    prope 


184  JUILLET-AOÛT   1898. 

nun-pa    /ît   -    tung    iyà  mât  tang  Uk-isut  tang        bàm  ni 
venit  acced-ens  (?)  saltationem   musicam(?)  existentes(?) 

tkyo. 
audivit. 

{26)Aunkachàp<hhu    kât      rem     lek  bân  vet 

Et   is  famuIumunuinTdy(?)xaA^9affinlerrogavît(?) 

ihà   mât  bâm  manggà,  (27)  Ha  nun  haddm    dan  bi    â-do  sa 
qtiid  facientes     sint.  Eo  ab     ipsi     dictum  :    tu  -  i 

aing     là     thi    \ma  aun     â-do       bo     nun  tambu  mât  ma, 
frater  red>iens  est,    et    tui  ipsîus  pAtre  ab    feris     fiunt. 

iSAii  gô    yo-gang        hadàm      â-ryum       â-ryâm       là  tsum 
Quoniam       sic       eum  ipsum  salvum  iiicolumem    rursus 

thùp-pâ,  (^S)  Aun  ha     sâklyâk  non,       Aan         H 

invenit.  Et    is  perturbatas  factus  est.    Et     domum 

sagang-kâ  non  ma  thup-ne,      Asâ  tun-dôk  kâ    â-bo     re 

intus    venire     nolebat.     Hu-jus  [rei]    causa,       pater    à 

lyâng  kâ     pla-di  lang       hadàm        yak  pâ,    (29)   Aan  ha 
for  -  as  progredi-ens ,  illum  ipsum  invitavit.  Et    eo 

nan  aho    re  rem         H        Ngak-ka    go  nan   nâm    â-gyâp 
ab  patri  râ     ?     dictum  :    Vid  -  e  !  me   ab  annos  mullos , 

â-bo    â-do  sa  châp^hhi  sha  aan  sa-thâ-lâ  â-do  sa 

pater,    tu-i    servîtium  peractum  (?)    et    unquam    tu  -  i 

kâ        ma     hlôk  ne    go  rang   là  hô  non  sa-thàlâ   ka  sum 
mandata  non  infracta;  attamen   ?    te   ab  unquam     mibi 

sa-âr  kup    kât    la  tyol  zang  sa       dep  -  kâ       20-  thang  bân 
capri  filii  unius  ?  amic(?)  -i  societate  in  ^ayôvri    tiiàvrt 

â-gô  mât        kâ      bo  -  tho  ma  nyin-ne.  (3o)  Shen-lâ 

gaudium  faciendum  ad  donum  ?    non     fuit.  Sed 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       185 

chke-mâ  sang-sà      dep  -  kà  à -do  sa  gyu  gi-chà      zom-hà 
scort  -  oram  societate  in  tui  ips-ius      bona       xjxoL^oLyév 

â-kup  re  lât-thi        sken        hô  nun  tambd  klàng    -    pâ, 

filins  6  red-iit  simul  atque  te  ab     feriae  inslaurataî(?)sunt. 

(3i)     A  un    ha-nan  hadum  H        ae  âkap-pa  hô   ta 

» 

Porro  eo  ab     ipsi      dictum  :    ô       fil  -  i ,    tu    ? 

skak-na  kasu      dep       kà  bâm  nyi         de,  Aun    kasu 

aemper  meâ  societate   in       es       (aff.  verb.).     Et    meum 

sa         shâ     niwungre       â-do-sà     gam,  [32)    Shen-lâ 
(gén.)    quod         ôv      ré     tui  ips-ius     est;  Sed 

â-gô      àni    màt      gàt-sho.      Skà  gô    yo-gang    à  -  do 
gaudium     ?    facere   cupi-am,    quoniam       sic       (ni  ipsius 

aing    â-re     mâk^nàn    hà  re    ca-bâm   ni.    Fat  non  hii  re  lût 
frater  hic  mortu-us  ruraus  viv-ens  est.  Amis-sus    rursus 


tkiip  -  pâ, 
inventus  est. 


II.  Glossaire. 


a-bo  (subst)  «père». 

à-do  (pr.  réfl.)  •  toi-même». 

ae  (interj.)  «6». 

â-gâ  (subst.  )  «  réjouissance  ». 

â'gé  âni  (?),  même  sens. 

a-gyàp  (adj.)  •  nombreux». 

aing  (subst.)  c frère». 

â-jen  (  subst  ?  )  «  vice,  mauvais  »  (?) 

â-ka  (  subst.  )  «  main  ». 

â-kup  ( subst.  )  •  enfant ,  fils  ». 

a-lang  (adv.)  <  maintenant  ». 

àni  (subst.)  «réjouissance»  (voir 

à-go), 
à-rt  (adj.  dém. )  «ce. .  .ci». 
à-rum  (adj.)  «éloigné». 


â-ryûm  (adj.  )  «  sauf». 
â-ryâm  (  adj.  )  «  bon  ,  sain  ». 
â-ryûm  aryâm  «  sain  et  sauf». 
asà  [a-\-sâ)  «  de  cela  »  (?). 
a-ihàl  (postp.)  «près». 
â-(Aiîn^  (subst.)  «pied». 
a-iim  (adj.)  «grand». 
aà  (  subst.  )  <  famine ,  disette  »  (?). 
aun  (conj.)  «et,  or». 
ayûk  (subst.)  «œuvre,  acte,  con- 
duite». 

a-z6m  (  subst.  )  «  nourriture  ». 
6âm(verb.)  «rester,  être»;  aflixe 

verbal,  présent. 
bâm  ni  =  ni. bâm,  «est,  était»  (?). 


186 


JUILLET  AOÛT  1898. 


bon  (aff.  verbal  passé). 

bek,  beh-kâ  (postp.)  centre». 

bi  (verbe)  «donner». 

bin  autre  forme  de  bû 

bUn  (  verbe)  «  remplir  ». 

bo  (subst.)  cpère». 

bo  (verbe)  «domier,  don». 

bo-tho  «don»  (?). 

bot,  bôt-na  (?). 

bro  (verbe)  •  faire  paître,  gar- 
der». 

6a  (verbe)  «porter,  apporter». 

bû  (aff.  verbal  gérondif?). 

bu  re  (adv.)  «de  nouveau»  (?). 

ckàp  chhn  (subst.)  «serviteur  à 
gages»  (fi/0«iof). 

chàp<^hhi  (subst)  «service». 

chhe  ma  (subst.)  «  femme  de  mau- 
vaise vie». 

cking  (verbe)  «penser,  considé- 
rer». 

chah  (  verbe]  «  adapter  »  (?)  châk  bi. 

chuk    (subst.)    «embrassement, 

adhérence  »  (?). 
dang  (verbe)  «courir». 
de  (aff.  verbal?). 

dep  kâ  (postp.)  «avec,  en  com- 
pagnie de  ». 

det  (aff.  verbal  emphatique,  pré- 
cisant). 

di  (verbe)  «venir». 

do  (  subst.  )  «  distance  ». 

dék  ?  -  voir  tun  et  9en, 

du  (verbe)  «subir,  éprou\er, 
-touffrir»  (?). 

(Zum  ( subst. )  «robe,  vêtement» 

(a7oAi|). 

dan   (subst.)   «parole»,  dan  bi 

«dire,  répondre». 
dun  (subst.)  «présence»,  dun-^â 

postp.)  «devant». 


dyit,  voir  kin, 

dyâm  (postp.)  «sur,  autour»  (?). 
djû  (verbe)  «danser»  (?)  dyà-mâl 
tung  «danse»  (?). 

Jât  (  verbe  )  «  perdre  »  ;  (  off.  verbal) 
p.-q.-p. 

fren(}). 
gang,  voir  j'o. 
gât  (verbe)  «  désirer  ». 
go  (pron.)  «je,  moi». 
gé  (verbe)  «  être  joyeux  ». 
go-rung  (conj.)  «quoique,  cepen- 
dant». 
gum  (verbe  subst.)  «être». 
gyom  (adv.)  «ensemUe»  (?). 

gyn-gi-cho  (subst.)  # biens,    ri- 
chesse ». 

ha-do  (pr.  réfl.)  «lui-même». 

ha-dûm  (id,  cas  oblique). 

ha-yâ  (pr.  pi.  3*  p.)  «eux». 

hlôk  (verbe)  «transgresser». 

hl6k    là    (adv.)    « surabondan- 

ment». 
hlôm.  (subst.)  «chaussure»  hl6m 

chék  bi  «  diausser  »  ). 
ho  (pr.)  «toi». 
Au  (pr.)  «lui,  il». 
ka  aff.  verb.  hortatif. 
ka  tu  (pr.  gén.)  «de  moi»,  (adj. 

poss.)  «mon,  mien». 
ka-sum  (pr.  arc.  dat.)  «à  moi». 
ka-yà  (pr.  ]rf.)  «nous». 

kâ  (postp.  loeat  dat)  «dans,  à, 
vers». 

ka-kyup  (subst)  «anneau». 
kât  (nom  de  nombre,  art  ind.) 
«un». 

kin  dyit  (subst  comp.)  «compas- 
sion ». 

klong  (verbe)  «célébrer,  organi- 
ser». 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES. 


187 


ké  (subit.)  ■  ordre i. 

hôn  (verbe)  fpermeUre,  ordon- 
ner» (aff.  verb.) 

krit  (subst.)  ifaimi. 

knp  (  subtt  ]  I  enfant ,  petit  d*an 
tninudf. 

kyup,  voir  lu. 

/à  (  1*  particule  adverbiale,  a* de 
noavean,  3*  valeur  obscure.) 

/ôt  (adv,)  fde  nouveau,  re-»  (re- 
venir, rc-lrouver,  etc.). 

kyo  (inbtt.)  «pécbé». 

lek  (verbe)  •  appeler». 

Itl  aff.verb.  complétif. 

Un  (postp.)  «que»  (comparatif 
et  sup^iatif). 

li  [  subsL  )  fl  maison  •. 

li  (verbe)  «dire». 

Ut  (  verbe  )  «  marcber,  avancer  »  (?). 

léi  (  verbe)  «  dépenser,  gaspiller  ». 

lék  tsàt-tang  (subst.  comp.)  «  mu- 
sique» (?)• 

lot  (adv.),  autre  forme  de  làt, 

luk  (verbe)  «se  lever». 

long,  autre  forme  de  umng, 

Ijâk  (  adj.  )  «  troublé  » ,  voir  iâk, 

lyâng  (  subst.  )  c  pays  ». 

lyàng  (postp.)  «vers,  à». 

lyàng (fd)  (postp.)  «  après ,  que  »  (?). 

lyâng-kà  (adv.)  «ddiors». 

ma  et  ma-o  aff.  verb.  affirmatif. 

■la. .  .fia  (ou  ne)  aff.  verb^  néga- 

màk  (verbe)  «mourir». 
muiré  (sub.  )  «  personne,  homme  ». 
mât  (  verbe  )  «  faire  ». 
■ion  (  subst.  )  «  cochon  ». 
munago^smuna  (pour  wnng)  eigo 
(mrme  verbale  interrogative). 
aa  (aff.  verbal  et  n.) ,  sens  obscur. 
nom  (adj.)  «aîné». 


nÔM  (subst.)  «année». 

ne  (aflixe  verbal  de  nén). 

ne  (affixe  verbal). 

n^aik( verbe)  «voir,  regarder». 

ni  pour  nyi  (  verb.  subst.  )  «  être , 

avoir  ». 
n6n  (verbe),  passé  de  néng,  (aff. 

verb.  du  passé)  «  devenir  ». 
nông  (verbe)  «aller», 
nnn  (postp.  instr.  abl.). 
tmn  (autre  forme  de  non)  (?). 
nyet  (nom  de  nombre)  «deut». 
nyi  (verbe  subst)  «être,  avoir, 

posséder  ». 
nyin  (forme  de  nyi  au  passé). 
nyot  (subst)  «champ». 
O'bâ  (adv.)  «là». 
0  re  (adj.  dém.)  «ce. .  .là». 
o-tet  (adj.  dém.  quantitatif)  <  cela  » 
o-ihà  (adv.)  «alors». 
ong  (subst)  «jeune  garçon». 
pa,  affixe  vocatif. 
pd  affixe  verbal  affirmatif. 
pang  postp.  pluriel;  choses. 

patop  (subst.)  «cou». 

pladi  (verbe  composé?)  «s'avan- 
cer» (pfa  +  di), 

plya  (verbe)  «raconter». 

re  (art.  défini ,  emploi  parfois  ob- 
scur). 

rem  (autre  forme  de  re;  complé- 
ment). 

rit  (verbe)  «distribuer,  parta- 
ger». 

rum  (  subst.  )  «  ciel  ». 
mng  voir  go, 

ryen  (?)  ryentyhg  «nbsolument , 
"  tout»  (?). 

r^om  (adj.)  «bon», 
sa  (postp.  génitif). 


188 


JUILLET-AOÛT  1898. 


ja-ôr  (subst)  «chèvre»  «a-ôr  ^p     thdp   (verbe)  f  trouver    obtenir. 


«  chevreau  ». 
sa-ayàk  (subst.)  «jour». 


convenable  ». 
thnp  shet  «  ce  qu*on  obtient  ». 


sa-ihâlâ  (adv.)  «toujours;  (avec     thyo  (serhe)  «entendre». 


verbe  négatif]  «jamais  ». 
tagang  (postp.)  «dans». 


tsnm  (adv.)  de  nouveau  (?);  là- 
tsum  thâp  (?)  «  retrouver  »  (?). 


sàk  (subst.)  «esprit»;  iâk  china     tsût  (subst.)  «musicpie»  (?);  voir 
«réfléchir,    penser»;  sâk4jdk         16l 

ta  (?)  tû  na  là  «quelqu'un»; 
(avec  verbe  négatif]  «per- 
sonne» (?). 

tvuHÎék'kâ  prop.  «à  cause  de». 

tyng  (adj.)  «tout». 
shen-là    (  conj.  )    «  mais ,   cepen-     tjrol  (  subst.  )  «  auxiliaire  »  (?);  ^ol 


«  anxieux  ». 
sam,  (?)  sam.  gà  «joyeux  ». 
sang  postp.  pi.   (êtres  animés). 
shang  aff.  verb.  possibilité. 
shen  (aff.  verb.  conj.)  «quand». 


dant». 
ihei  (aff.  verbd). 
$hi  (verbe)  «voir». 
sho  (aff.  verb.  futur). 

ihvL  (verbe)  «accomplir,  exécu- 
ter». 

shâ  (adj.  conj.)  «qui,  que». 
thâ-gà  (  conj.  )  «  parce  que  ». 
thû-là  (adj.  ind.)  «  qudque  chose; 


zang  «ami»  (?). 

iywig  (adj.)  «tout». 

vet  (verbe)  «questionner». 

wa  (verbe)  «être  digne,   méri- 
ter». 

wa    aff.    nom.    verb.  (vocatif, 

imp.). 
wung  ou  nna  aff.  verb.  part.  prés. , 

dont  la  lettre  initiide  change. 


-m  ^«.j.  ma.;  •  qu^que  c«««;        ^^  ,y^.  ^  inviter». 

(avec  verbe  négatif]   «rien».    «^      \  «.      l  l\^  .  •  .  »  i/i 
^  °      '  yam  (aff. verbal]?  joint  a  làk. 


shuk-na  (adv.)  «toujours». 
mm  (voir  ka). 


yang  (adv.)  «encore», 
j'o-^ofijf  (conj.  adv.)  «ainsi». 


tnnq  (subst.)  «histoire,  récit».  i      -x  1*     ■« 

"  ^^  '  ,     w*.     .     j^^^  deuxième  partie  d  un  nom 


là  (?). 

ta-hok  (subst)  «estomac». 
tamhû.  (subst.)  «fête». 
te  (aflixe  verbd). 
tek   (adj.)    «cadet    puîné,  ytoln 
i€po$  ». 

ihang  (verbe)  «boire»;  voirzo. 

thi  (verbe)  «venir». 

tho  ^  voir  bo, 

thong  SB  thang, 

thup  (verbe)  «vouloir». 


composé;  voir  tyol. 
zen  (?)  zen-dok  (subst.  comp.  ]  «  ha- 

biUnt»  (?). 
:o  (verbe)  «manger»;  zo  thang, 

«  manger  et  boire,  banqueter  ». 
tom  forme  dérivée  de  zo, 
xàng  (postp.)  «comme,  à  Tinstar 

de», 
«tt  (verbe)  «vivre». 
2  II  A  (verbe)  «faire». 
zàk  ka  (impératif  de  zûk). 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  189 


BIBLIOGRAPHIE. 


KOTB   BIBLIOGRAPHIQUE   SUR    QUELQUES    PUBUCATIONS 
DES  MISSIONS  DU  TCHI  LI  SUD-EST  ET  DU  KIANG  NAN. 

I 

Dans  le  rapport  annuel  présenté  à  la  Société  en  i8g5, 
M.  Cbavannes  a  signalé  les  fascicules  2  à  6  des  Variétés  sino- 
hgiqaes;  depuis  lors,  la  Mission  de  Zi  ka  wei  a  continué 
cette  publication,  qui  est  arrivée  au  fascicule  12. 

Le  fascicule  7  (iSgS)  contient  une  reproduction  complète 
de  la  stèle  de  Si*an  fou  préparée  par  les  soins  du  P.  Henri 
Havret,  qui  vient  de  faire  paraître  Thistoire  du  monument 
(fasc  13,  i^O?)*  Cette  histoire  forme  un  volume  de  plus  de 
4oo  pages;  la  seule  énumération  des  chapitres  (la  découverte , 
description,  bibliographie,  documents  chinois)  suffit  à  mon- 
trer quel  large  cadre  Tauteur  a  tracé  pour  son  ouvrage  ;  il  le 
remplit  au  moyen  de  documents  multiples  tirés  de  la  corres- 
pondance des  Jésuites,  des  archives  de  Tordre,  des  ouvrages 
chinois  et  européens ,  si  bien  qu*il  semble  difficile  d'ajouter 
quoique  ce  soit  aune  étude  aussi  consciencieuse  ;  la  richesse 
des  matériaux  est  telle  que  le  volume  renferme  par  surcroit 
tout  un  tableau  du  christianisme  en  Chine  au  xvii*  siècle , 
une  description  de  Si*an  fou  et  bien  d*autres  renseignements 
qui ,  bien  que  se  rattachant  directement  au  sujet ,  n*en  sont 
pas  moins  instructifs  à  plus  d*un  point  de  vue  différent.  Je 
note  que  le  P.  Havret  dédare  nettement  (p.  aai)  le  carac- 
tère nestorien  des  auteurs  de  Tinscription  et  que ,  dans  la 
troisième  partie  quHl  nous  promet  et  dont  il  a  présenté  un 
spécimen  au  Congrès  des  Orientalistes  \  il  compte  examiner 
le  nestorianisme  dtr  teit9-  ka«iémB  :  la  discussion  portera 
donc  seulement  sur  une  question  de  sens  et  de  théologie. 

*  La  Siéte  chrwUauu  de  Slnganfoa,  qaehjuet  notes  extraites  d'un  coni' 
WÊentaire  intdîL  C.  J.  Brill,  Leidc,  1897,  iii-8*. 


I9(»  JUILLET-AOÛT  J898. 

La  place  me  manque  pour  dire  tout  le  bien  que  je  pense 
des  autres  fascicules  que  Je  Tea  ngiiftler  :  la  Pratique  des 
examens  militaires  en  Chine  (fatc.  9,  1896)  du  P.  Etienne  Zi 
est  la  digne  suite  de  la  Pratique  des  examens  ciVib;  les  Allu- 
sions littêraiies  du  P.  Corentin  Pétiilon  (fasc.  8,  1896)  con- 
stitueront, quand  Touvrage  sera  complet,  un  secours  puis- 
sant pour  le  traducteur.  Les  Notions  techniques  snr  la  propriété 
du  P.  Pierre  Hoang  (fasc.  11,  1897)  et  ¥  Histoire  du  royaume 
de  Ou  du  P.  Albert  Tsdiepe  (fasc.  10,  1896)  sont  det  mo- 
nographies intéressantes  et  tous  lea  sinologues  souhaiteront , 
j'en  suis  sûr,  que  ces  deux  ouvrages  soient  les  premiers  de 
deux  séries ,  consacrées  à  Tétude  Tune  de  Thii toire  régionale 
chinoise ,  et  lautre  de  la  vie  économique  et  socia!e  de  la  na- 
tion. 

II 

La  Mission  du  Tchi  li  sud-est  poursuit  depuis  plusieurs 
années  la  publication  d*un  ouvrage  qui,  bien  que  destiné 
aux  misiionnaires,  est  de  la  plus  grande  importance  pour  tous 
les  sinologues.  Je  veux  parler  des  Rudiments  de  parler  et  de 
style  chinois,  par  le  P.  Léon  Wieger  :  les  volumes  IV.  V  et 
VI  ont  paru  les  premiers  en  1894  et  1896  (Hokien  fou,  in- 
la);  deux  d*entre  eux  (tomes  Vet  VI]  contiennent  en  texte, 
transcription  et  traduction ,  quelques-unes  de  ces  anecdotes 
et  de  ces  nouvelles ,  dont  les  Chinois  sont  frionds  et  qui  font 
bien  connaître  leurs  mœurs;  plusieurs  récits  do  ce  genre 
avaient  déjà  été  traduits  en  diverses  langues  européennes  et, 
pour  cette  partie  de  son  œuvre,  le  mérite  du  P.  Wieger 
consiste  surtout  dans  le  nombre  de  textes  et  de  faits  qu*il 
met  en  circulation,  et  dans  la  richesse  et  la  précision  des 
notes  dont  il  les  accompagne.  Le  vcdume  IV  est  plus  original , 
puisque  lauteui*  y  rapproche  (toujours  en  texte,  transcrip- 
tion, traduction)  le  Saint  Ëdit,  divers  traités  pratiques  de 
morale  et  de  religion,  aussi  bien  confucianistes  que  boud* 
diiistes  et  taoïstes,  un  grand  nombre  de  proverbes  et  des 
descriptions  étendues  des  noces,  funérailles,  examens,  etc.; 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  101 

lei  notes,  à  la  fois  copieuses  et  concises,  foot  connaître  les 
coatimies,  les  articles  du  code  relatifs  aux  matières  traitées, 
et  ajoutent  un  grand  nombre  d*exemples  à  1  appui;  un  ré- 
somé  aussi  complet  des  idées  qui  ont  cours  dans  le  peuple 
chinob  au  sujet  de  toutes  les  circonstances  de  la  vie ,  n  ejûs- 
tait  pas  encore  à  ma  connaissance  et  le  mérite  de  ce  docu- 
ment est  doublé  par  le  fait  que  le  P.  Wieger  laisse  autant 
que  possible  la  parole  aux  auteurs  et  aux  lettrés  indigènes. 

Le  premier  volume»  en  deux  moitiés,  a  paru  en  i8g5  et 
1896;  une  bonne  partie  en  est  occupée  par  un  recueil  de 
phrases  sur  lequel  je  n*insîsterai  pas.  Mais  j'appelle  latten- 
lion  de  tous  ceux  qu'intéresse  le  chinois  parlé ,  sur  la  gram- 
maire qui  remplit  a5o  pages  de  la  première  moitié  :  Tauteur 
y  étudie  méthodiquement  les  parties  du  discours  et  recherciie 
leurs  équivalents  en  cliinois ,  analysant  et  classant  tous  les 
modes  d'expression ,  mettant  de  Tordre  dans  la  langue  parlée 
comme  Stanislas  Julien ,  avec  sa  Syntaxe  nouvelle ,  en  a  mis 
dans  la  lingue  écrite.  Il  existe,  nous  le  savons,  un  autre  tra- 
vail conçu  sur  le  même  plan ,  mais  il  n'a  malheureusement 
pas  encore  été  livré  à  l'impression.  Ce  n'est  pas  d'ailleurs  un 
mince  mérite  que  d'avoir  écrit  des  chapitres  comme  celui  du 
verbe,  ou  des  monographies  comme  celle  de  la  particule  ti; 
et  d'autant  que«  si  le  P.  Wieger  traite  surtout  du  langage  du 
Ho  kieu  fou,  ce  dialecte  est  assez  peu  différent  du  koan  hou 
pour  que  l'étude  en  soit  fructueuse  à  quiconque  veut  ap- 
prendre la  langue  polie  du  nord.  Le  P.  Wieger  nous  promet 
encore  huit  volumes,  religieux,  philosophiques,  historiques; 

souhaitons  qu'il  les  fasse  paraître  sans  retard  ^ 

Maurice  Courant. 

Index  to  thb  Jataka  etc.,  by  Dines  Andersen  D'  Phil.  London 
Kegan  Paul  Trench,  Trûbn ?r and  G*.  1897,  *""8**»  xvii-a'iO  pages. 

L'Index  que  M.  Fausbôll  annonçait  dans  le  dernier  volume 
de  son  Jàtaka  a  paru  en  1897.  11  se  divise  en  (juatre  par- 

'  Je  reç<ns  à  rinsUot  les  lonies  H  cl  III,  2'  parlie,  Inlilulés  Ca'.cchéses 
et  Semioiu  de  mêswui  ih  MWit  dat^  de  1 897. 


192  JUILLET-AOÛT  1898. 

lies:  L  Index  des  noms  (propres)  et  des  titres;  c*est  la  par- 
tie essentieUe  de  TœuYre;  elle  remplit  les  pages  i  - 185.  — 
II.  Liste  alphabétique  de  toutes  les  Gâthâs  initiales  des 
Jâtakas  (p.  189-198).  — III.  Liste  des  Gâtliâs  ou  portions 
de  Gâthâs  qui  se  rencontrent  plus  d*une  fois  dans  les  Jâta- 
kas et  le  Commentaire  (p.  aoi-a35).  —  IV.  Liste  des  cita- 
tions d*autres  ouvrages  faîtes  par  Téditeur  (p.  ^37-^4^). 

Dans  la  préface  (p.  xili-xvii)  où  il  explique  le  plan  de 
son  travail  et  les  motifs  qui  le  lui  ont  fait  adopter,  M.  An- 
dersen insiste  sur  la  nécessité  d*avoir  une  liste  complète  des 
noms  propres  et  des  Gâthâs,  qui  se  trouvent  éparpillés  dans 
la  littérature  pâlie.  La  formation  d*une  telle  liste  a ,  selon 
lui,  plus  d'importance  et  d'opportunité  que  la  publication 
d'un  nouveau  dictionnaire  pâli. 

Le  Post'Scriptum  (p.  i-xii)  annoncé  par  M.  FausbôU  dans 
son  dernier  volume  mérite  une  sérieuse  attention.  Nous  y 
apprenons  que  cette  publication  du  Jâtaka  est  Texécution 
d'un  dessein  formé  de  très  bonne  heure  et  mûri  pendant  de 
longues  années;  raison  de  plus pourféliciterTéminent  éditeur 
d'avoir  mené  son  œuvre  à  bonne  fm.  11  touche  ensuite  plu- 
sieurs questions  relatives  à  la  compilation  du  Jâtaka ,  savoir  : 
la  diversité  des  éléments  dont  les  récits  se  composent  :  l'an- 
cienneté relative  des  atUa-vatlha  (récits  du  temps  passé)  ;  l'au- 
teur de  la  compilation ,  qui  ne  doit  pas  être  Buddliaghosa , 
mais  plutôt  Buddhamitra  ;  la  forme  antérieure  que  le  recueil 
doit  avoir  revêtue  avant  de  devenir  la  compilation  que  nous 
avons.  M.  Fausbôll  pense  que  le  Tipilaka  et  le  Bouddhisme 
pourraient  être  antérieurs  à  Gotama ,  et  les  Buddhas  qui  l'ont 
précédé  ne  pas  être  aussi  mythiques  qu'on  le  croit.  Graves 
questions  à  élucider  I 

L.  Feer. 


Le  gérant  : 
RuBENS  Du  VAL. 


JOURNAL  ASIATIQUE 

SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

LE  MANUSCRIT  KHAROSTHÎ 
DU  DHAHMAPADA. 


LES  FRAGMENTS  DUTREUIL   DE   RHINS, 

PAR 

M.  EMILE  SENART. 


L'année  dernière,  M.  Grenard,  en  classant  les 
papiers  de  la  mission  Dutreuii  de  Rhins ,  y  retrouva , 
en  trois  cahiers,  les  fragments  d'un  manuscrit  an- 
cien sur  écorce  de  bouleau.  Un  examen  rapide  me 
permit  de  reconnaître  que  nous  étions  en  présence 
d'une  récension  prâcrite  du  Dhammapada ,  écrite  en 
caractères  dits  kharosihi.  Je  rendis  compte  aussitôt 
à  l'Académie  des  inscriptions,  en  sa  séance  du  i  /i  mai 
1 897  \  de  la  trouvaille  et  en  fis  ressortir  le  haut  in- 
térêt. Il  est  superflu  de  reproduire  ici  les  premiers 
détails  que  je  donnai  alors  sur  la  condition  dans  la- 
quelle les  fragments  avaient   été  remis  entre  mes 

'  Voir  les  Comptes  rendus ,  IV*  séiif,  l.  X\V,  p.  20 1  et  suiv. 
AI.  i3 


194  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

mains,  les  précautions  que  je  m'étais  hâté  de  prendre 
pour  en  assurer  la  conservation.  Je  renvoie  à  la  no- 
tice qu'ont  publiée  les  Comptes  rendus. 

On  y  trouvera  incorporée  mie  note  où  M.  Grenard 
a  relaté  avec  précision  les  circonstances  dans  les 
quelles  ces  précieux  restes  avaient  été  découverts; 
il  y  a  marqué  le  lieu  exact  oii  ils  auraient  été  re- 
cueillis, le  Koumâri  Mazar  à  ai  kilomètres  de  KJio- 
tan,  dans  la  vallée  du  Karakâcli  Dâria.  Depuis, 
M.  Grenard  a  restitué  à  cet  emplacement  son  nom 
ancien;  il  l'a  identifié  par  des  motifs  très  plausibles 
avec  le  Gosrngavihâra  de  Hiouen-Thsang  ^ 

L'indigène  à  qui  les  scrupules  des  musulmans 
avaient  forcé  nos  missionnaires  de  confier  IVxplora- 
tion  de  la  grotte,  avait-il  détourné  une  partie  des 
restes  cju'il  y  avait  rencontrés?  Ce  qui  est  sûr,  c'est 
que ,  très  peu  de  temps  après  la  communication  faite 
à  l'Académie,  j'apprenais  que,  par  l'intermédiaire 
de  l'agent  de  Russie  à  Khotan ,  M.  PetrofTsky,  dont 
le  nom  est  déjà  attaché  à  plusieurs  acquisitions  im- 
portantes des  collections  de  Saint-Pétersbourg,  des 
fragments  d'un  manuscrit  kharosthi  du  Dhamma- 
pada  avaient  été  acheminés  vers  cette  ville.  Le  Con- 
grès international  des  orientalistes,  réuni  à  Paris  en 
septembre  dernier,  fournit  à  M.  Serge  d'Oldenburg 
l'occasion  de  soumettre  aux  indianistes  le  fac-similé 
d'un  de  ces  fragments;  nous  pûmes  nous  convaincre 
que  ceux  de  Saint-Pétersbourg  et  ceux  de  Paris  pro-* 

*  Comptes  vendus  de  iAcadémU  des  inscriptions,  s<^ance  du  i5  avril 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  195 

venaient  d'un  seul  et  même  livre.  Si  le  moindre  doute 
avait  pu  subsister,  il  serait  levé  aujourd'hui  :  un  frag- 
ment, dont  M.  d'CMdenburg  ma  donné  communi- 
cation depuis,  se  rajuste  exactement  à  lun  des 
nôtres.  J'ajoute  que  la  partie  arrivée  en  Russie  est 
plus  étendue  et  surtout  mieux  conservée  que  celle 
que  nous  possédons. 

Cette  circonstance  difléra  l'étude  qu'attendait 
notre  manuscrit  Dutreuil  de  Rhins.  M.  d'CMdenburg 
voulut  bien  songer  d'abord  à  une  publication  com- 
mune de  nos  fragments  respectifs  ;  une  pareille  colla- 
boration m'eût  été,  avec  lui,  ai-je  besoin  de  le  dire? 
tout  particulièrement  agréable.  Il  y  fallut  renoncer 
à  cause  des  dénominations  diverses  que  devaient 
garder  des  manuscrits  venus  par  des  canaux  diffé- 
rents; d'ailleurs  les  reproductions  étaient  déjà  prêtes 
de  part  et  d'autre;  elles  eussent  manqué  d'homogé- 
néité. En  renonçant,  non  sans  regret,  à  ce  plan ,  nous 
ne  pouvions  méconnaître  combien  il  était  souhaitable 
pour  chacune  des  publications  partielles  cjue  l'édi- 
teur, avant  d'arrêter  ses  lectures,  eût  connaissance, 
au  moins  en  fac-similé,  de  tous  les  fragments  con- 
servés. Des  empêchements  personnels,  et  surtout, 
malheureusement,  des  raisons  de  santé,  sont  venus 
à  la  traverse;  je  n'ai  pu  recevoir  qu'au  bout  d'un 
temps  assez  long  les  photogravures  du  manuscrit 
de  Saint-Pétersbourg,  et,  pour  une  partie,  la  tran- 
scription de  M.  d'CHdenburg.  Il  a  bien  voulu  me  lais* 
ser  beaucoup  de  latitude  pour  lusage  que  je  jugerais 
à  propos  d'en  faire.  Mais  chacun  comprendra  la  ré* 

i3. 


196  SEPTEMBRE-OCTOBRE    1898. 

serve  qui  m'était  imposée.  Si  M.  d'Oldenbui'g  avait 
publié  sa  notice,  je  n aurais  pas  hésité  à  reproduire 
ici  sa  transcription,  comme  je  1  avais  volontiers  auto- 
risé à  reproduire  la  mienne,  de  façon  que  chaque 
travail  contînt  toutes  les  parties  du  texte  qui  ont  sur- 
vécu. Mais,  ma  notice  s'imprimant  avant  que  j  aie 
connaissance  de  la  sienne,  je  ne  pouvais  déflorer  son 
travail  ni  le  prévenir.  Je  me  suis  donc  borné  à  re- 
lever dans  son  texte  quelques  faits  assez  rares,  à  y 
faire  quelques  emprunts  assez  courts  pour  ne  pas 
risquer  de  paraître  trop  indiscret. 

Il  est  évident  que  les  observations  générales,  les 
conclusions  paléographiques,  grammaticales  ou  lit- 
téraires que  notre  manuscrit  est  de  nature  à  suggérer 
doivent  forcément  se  fonder  sur  une  étude  intégrale 
des  textes  et  se  référer  à  une  publication  complète. 
Ma  tâche  se  borne  donc,  quant  à  présent,  à  décrire 
nos  fragments  de  Paris  auxquels  notre  juste  gratitude 
attache  le  nom  de  Dutreuil  de  Rhins ,  à  les  transcrire 
et  à  les  interpréter. 

Tels  quils  se  présentent  aujourd'hui,  après  avoir 
été,  au  fur  et  à  mesure  quils  étaient  développés, 
étendus  entre  des  plaques  de  verre,  les  fragments 
que  nous  possédons  se  décomposent  de  la  façon  sui- 
vante : 

Des  trois  cahiers,  le  premier  a  donné  quatre  mor- 
ceaux suivis  que  j'appelle  A\  A*\  A^,  A\  plus  envi- 
ron vingt-huit  débris,  la  plupart  très  petits,  plusieurs 
contenant  à  peine  quelques  restes  de  caractères;  — 
le  second,  une  grande  feuille  que  j'appelle  B,  plus 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RIIINS.  197 

vingt-sept  débris  dont  une  dizaine  seidement  de  di- 
mensions appréciables;  — le  troisième,  une  grande 
feuille ,  qui ,  contrairement  à  ce  qui  se  produit  pour 
les  autres,  est  inscrite  au  recto  et  au  verso  et  que  je 
désigne  par  C"*  et  C**,  et,  en  outre,  environ  cin- 
quante-sept morceaux  dont  quelques-uns  sont  un 
peu  plus  étendus  que  ceux  qui  proviennent  de  A  et 
B,  dont  plusieurs  (exactement  six)  sont,  ainsi  que 
Ion  pouvait  sy  attendre  d'après  ce  qui  se  passe 
pour  la  feuille  principale ,  inscrits  sur  les  deux  faces. 
J'ajoute ,  en  ce  qui  concerne  les  petits  fragments  C , 
que  la  coideur  des  deux  côtés  étant  différente,  lun 
beaucoup  plus  foncé  que  l'autre ,  on  peut  à  première 
vue  discerner  ce  qui  appartient  à  ce  que  je  désigne, 
d'ailleurs  au  hasard ,  comme  le  recto  et  le  verso  de 
la  feuille  dont  ils  sont  détachés. 

L'état  dans  lequel  le  manuscrit  m'a  été  confié  ne 
laissait  subsister  aucun  critérium  extérieur  pour  dé- 
terminer la  place  qui  avait  primitivement  appartenu 
à  chacun  des  fragments.  Je  n'ai  donc  pu  que  disposer 
côte  à  côte  ces  petits  débris,  étant  bien  entendu  que 
le  rang  relatif  qu'ils  occupent  actuellement  sous 
le  verre  n'a  été  déterminé  que  par  le  hasard  ou  la 
commodité  de  la  distribution.  On  verra  par  la  suite 
qu'ils  se  laissent,  pour  un  certain  nombre,  rapporter 
avec  certitude  à  la  place  que  d'origine  ils  tenaient 
sur  les  feuillets  principaux  :  ils  en  comblent  partiel- 
lement les  lacunes.  Certains  ajustements  ont  dû 
m'échapper  qu'un  autre  sera  plus  habile  à  découvrir. 
Je  ne  pouvais  pourtant  multiplier  les  planches  à 


198  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

l'infini  pour  donner  des  fac-similés  de  tous  ces  dé- 
bris, la  plupart  si  linenus.  J'ai,  du  moins,  essayé  une 
transcription  de  tous  ceux  où  m'àpparaissait  un  dé- 
chiffrement probable.  Les  personnes  qui  étudieront 
de  près  notre  manuscrit  se  rendront  compte ,  sans  que 
jy  insiste,  des  chances  d erreur,  tout  au  moins  des 
graves  incertitudes  qui  s'attachent  à  ces  tentatives  de 
lecture  qu'un  contexte  complet  n'aide  pas  à  contrôler. 

Quant  aux  morceaux  principaux,  je  les  reproduis 
tous  les  sept  en  fac-similé  phototypique.  Le  format 
du  Journal  asiatique  m'a  forcé  de  les  ramener  aux 
neuf  dixièmes  de  la  dimension  originale.  Il  ne  m'a 
pas  semblé  que  cette  réduction  légère  fût,  en  aucun 
cas,  de  nature  à  rendre. plus  difficile  l'étude  des 
formes  graphiques  ni  risquât  de  compromettre  le 
contrôle  nécessaire  de  mes  lectures. 

Le  manuscrit  est  composé  de  feuilles  d'écorce  de 
bouleau.  Ces  feuilles  ne  se  présentent  pas,  comme 
dans  les  manuscrits  de  l'Inde  auxquels  nous  sommes 
accoutumés ,  sous  forme  de  rectangles  allongés ,  in- 
scrits des  deux  côtés,  superposés  et  reliés  par  une 
attache  traversant  le  milieu  ou  les  côtés  de  chaque 
feuillet.  Si  les  cassiu*es  qui  apparaissent  assez  réguliè- 
rement vers  le  milieu  de  nos  feuillets  B  et  C  pouvaient 
à  cet  égard  inspirer  quelque  doute,  il  serait  exclu 
non  seidement  par  nos  fragments  A,  mais,  d'une 
façon  encore  plus  décisive,  par  les  feuilles  conser- 
vées à  Saint-Pétersbourg  et  dont  plusieurs  au  moins  ^ 

^  Toutes  celles  dont  j*ai  entre  les  mains  des  fac-similés;  je  ne  puis 
affirmer  si  elles  comprennent  tout  renscmble. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  199 

ne  portent,  ni  au  centre  ni  aux  extrémités,  aucune 
trace  d  ouverture. 

La  largeur  des  feuilles  est  d'environ  a  o  centimètres. 
Elles  sont  consolidées  dans  le  sens  de  la  hauteur  par 
une  ficelle  mince  cousue  de  chaque  côté,  à  un  centi- 
mètre environ  du  bord  de  la  feuille.  Quant  à  la  hau- 
teur primitive  des  feuillets,  je  ne  vois  aucun  moyen 
de  la  déterminer  avec  précision;  outre  qu'ils  pou- 
vaient fort  bien  être  inégaux ,  il  n  en  est  aucun ,  ni 
à  Paris,  ni,  que  je  sache,  à  Saint-Pétersbourg,  qui 
soit  conservé  intégralement.  Un  des  feuillets  de  Saint- 
Pétersboui^  se  raccorde  exactement  au  haut  de  notre 
feuillet  B.  Je  trouve  environ  i  m.  2  3  pour  la  hau- 
teur totale  de  l'ensemble  *  ;  mais  notre  feuillet  B  est 
incomplet  par  en  bas,  et  il  est  impossible  de  savoir 
ce  qui  en  manque.  On  voit  au  moins'  que  ces  feuil- 
lets étaient  longs.  Une  fois  écrits,  ils  étaient  repliés 
sur  eux-mêmes  de  façon  à  se  présenter  sous  l'aspect 
de  cahiers  de  ao  centimètres  de  long  sur  une  hau- 
teur de  4  centimètres  et  demi  à  5  centimètres.  Etant 
donné  l'état  où  nous  sont  parvenus  nos  fragments, 
nous  ne  pouvons  d'ailleurs  décider  si  et  comment  ils 

'  J*aclmets  que  la  planche  que  m'a  communiquée  M.  S.  d'OIdcn* 
borg  figure  eiactement  Tétat  du  feuillet  de  Saint-Pétersbourg.  Le 
raccordement  qui  s'accuse  vers  le  milieu  ne  correspondrait  pas  a 
une  rupture,  mais  s'expliquerait  par  le  fait  que  la  photograpliie  a 
été  faite  en  deux  fois.  Les  deux  clichés  n'ont  pas ,  du  reste ,  été  pris 
dans  des  conditions  rigoureusement  identiques;  car  les  deux  parties 
de  la  feuille  ne  sont  pas  exactement  k  la  même  échelle.  La  partie 
inférieure  sur  laquelle  se  raccorde  notre  fragment  B  est,  en  large, 
supérieure  dVnviron  7  à  8  millimètres  à  la  dimension  vraie  de  l'ori- 
ginal. 


200  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

étaient  primitivement  destinés  à  être  nittachés  les 
uns  aux  autres. 

Cette  disposition  semble  impliquer  le  parti  pris 
de  n'écrire  que  d'un  seul  côté  de  la  feuille.  C'est  aussi 
l'ordinaire.  Cependant  notre  feuillet  C  est  inscrit  des 
deux  côtés,  recto  et  verso.  Et  parmi  les  menus  frag- 
ments provenant  du  caliier  A,  dont  les  fragments 
principaux  ne  portent  de  caractères  que  sur  une 
face ,  j'en  relève  un  qui  en  porte  sur  les  deux  et  un 
autre  qui  n'a  de  traces  d'écriture  que  sur  le  côté  que 
sa  coideur  plus  foncée  signale  comme  la  face  exté- 
rieure ,  celle  qui ,  habituellement  du  moins ,  n'est  pas 
inscrite  ^ 

Je  n'ai  pas  jusqu'ici  découvert  d'observation  qui 
permette  d'assigner  avec  vraisemblance  à  nos  divers 
morceaux  leur  place  relative  dans  la  suite  de  Tou- 
vrage  que  le  manuscrit  était,  dans  son  intégrité, 
destiné  à  reproduire.  Je  ne  puis  donc  que  donner 
ici  la  transcription  dans  l'ordre  où  j'ai  d'abord  fait 
le  dépouillement,  sans  préjuger  des  lumières  nou- 
velles que  1  étude  complète  de  toutes  les  parties  con- 
servées devra  parla  suite  jeter  sur  leur  agencement. 

La  plupart  des  stances  contenues  dans  notre  manu- 
scrit se  retrouvent  sous  une  forme  plus  ou  moins 
différente  dans  les  écrits  bouddhiques  connus,  et 

*  Cette  statistique  n*a  qu*une  valeur  très  relative;  il  se  peut  que 
(l'aulres  fragments  aient  été  primitivement  inscrits  sur  les  deux  Tares; 
l)caucoup  de  ces  petits  morceaui  sont  extrêmement  minces  et  ne 
représentent  plus  qu'une  pellicule  superficielle  détachée  par  le  temps  ; 
Pécorce  ayant  ainsi  été  fendue  dans  le  sens  de  Tépaisseur,  nous  ne 
poiixons  savoir  quel  était  rasjiect  du  verso  qui  a  disparu. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  201 

tout  particulièrement  dans  le  Dhammapada  pâli. 
Partout  où  j'ai  découvert  une  version  parallèle,  j'ai 
pensé  qui!  serait  commode  d'avoir  sous  les  yeux  les 
deux  textes.  J'ai  fait  exception  bien  entendu  pour  les 
ressemblances  trop  vagues  ou  trop  partielles.  J'ai 
accompagné  chaque  strophe  des  éclaircissements  ou 
des  remarques  qui  m'ont  semblé  utiles.  Le  numéro- 
tage des  lignes  est  ajouté  en  marge.  Pour  les  petits 
fragments,  comme  je  ne  les  reproduis  par  en  fac- 
similé  et  laisse  de  côté  tous  ceux  qui  ne  se  prêtent 
pas  h  une  transcription  vraisemblable,  il  ne  me  res- 
tait qu'à  attacher  à  chacun  un  numéro  d'ordre  pour 
faciliter  les  références.  Je  représente  par  un  petit 
cercle  la  figure,  assez  comparable,  qui  marque  sur 
le  manuscrit  la  fin  de  chaque  strophe. 


A' 


1     ...  pratasuhino  apramadaviha  .  . 


Je  suppose  que  apramadaviha  est  le  reste  de  apramadaviha- 
rino,  que  nous  retrouvons  par  exemple,  Itivnt. ,  éd.  Win- 
disch,  p.  74.  1.  25,  également  au  génitif.  Pratasuliino 
doit  être  de  même  un  gémiiï  sin^Mcr  =  pmptasukhinah. 
Il  est  clair  que  les  deux  mots  pourraient  être  aussi  des 
nominatifs  du  pluriel. 

2    apramadi  pramodia*  ma  gami  ratisabhamu* 
apramato  hi  jhayatu*  visesa  adhikachati '^  o 

Cf.  Dhammap.,  27  : 


202  SEPTEMBRE  OCTOBRE  1898. 

ma  pamâdam  anuyunjetha  ma  kâmaraiisanthavam 
appamatto  hi  jhâyanto  pappoti  vipulam  sukham 

a.  Pramodia  =:  fk\i  pamodeya,  avec  chute  àa  y,  cf.  niraesa , 
\.  4,  sevea.  A*,  2,  etc.,  et  changement  de  e  en  i  comme 
si  souvent,  et  non  pas  seulement  a  la  (in  des  mots,  dans 
les  locatifs  comme  apramadi.  De  même  Â^,  1 3.  —  6.  Cette 
lecture  me  parait  de  toute  façon  supérieure  à  celle  du 
Dhanmiapada  ;  sambhrama  est  meilleur  que  saiiistava ,  mais 
surtout  ^ami  est  si  évidemment  préférable  à  kâma  (pour 
notre  texte  Thypothèse  d'une  erreur  matérielle  est  exclue 
par  Tabsence  de  ma  dans  le  premier  pâda) ,  que  je  ne  puis 
douter  que  la  lecture  du  pàii  ne  résulte  d'une  faute.  Pro 
bablement  il  s*agit  d*une  erreur  ancienne,  et  elle  pour- 
rait faire  penser  que  la  rédaction  pâlie  repose  sur  quelque 
version  conçue  dans  un  pràcrit  analogue  à  celui  de  notre 
manuscrit,  où  la  substitution  de  la  ténue  à  la  sonore 
(cf.  adhikachati,  etc.)  était  fréquente.  —  c.  11  reste  au- 
dessus  du  ^  trace  du  trait  horizontal  qui,  suivant  une  ob- 
servation qui  appartient  à  M.  d'Oldenburg,  marque  dans 
notre  manuscrit  l'aspiration  duj.  —  d.  On  pourrait  incli- 
ner à  lire  vUesam;  mais  le  bas  de  la  haste  dans  1*5  ou  dans 
les  caractères  analogues  est  si  souvent  contourné ,  dans  des 
cas  qui  excluent  l'interprétation  m  (cf.  garni  de  la  ligne 
suiv.,  1*5  de  savaka.  A*,  6,  etc.),  et  la  notation  probable 
de  l'anusvàra  est  dans  notre  manuscrit  si  rare  (je  n'en 
connais  pas  un  exemple  certain  dans  nos  fragments  de  Pa- 
ris), que  je  n*hésite  pas  à  transcrire  comme  j'ai  fait. 

apramadi  pramodia  ma  garni  ratisabhamu 
apramato  hi  jayatu**  chaya  diikhasa  pramuni*  o 

Cf.  le  vers  du  Dhanunap.  cité  à  la  ligne  précédente. 

a.  Cette  fois  le  signe  de  l'aspiration  manque  au-dessus  duj, 
comme  souvent  d'ailleurs.  Mais  l'examen  paléographique 
nous  ramènera  à  cette  particularité  curieuse.  —  b,  Scil. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.         203 

kîhayam  dalfkhasya  prâpnayât.  Pamuni==fêlï  pâpune.  Aux 
lignes  6  et  7  nous  allons  retrouver  successivement*  amofi 
pour  âpnoti,  et  pranoti  pour  prâpnoti,  La  nasalisation  du  p 
en  m  ne  parait  pas  uniquement  imputable  au  souvenir 
du  groupe  pn,  survivant  à  sa  disjonction  en  pan;  car  je  re- 
lève B,  q4  :  mano  =>  panah,  pâli  pana, 

*    ....  rata  bhodha  "  khano  yu  ma  uvacai  * 
khanatita  (h)i  sovati  niraesu  samapi^. 

Cf.  Dhammap. ,  3 1 5  : 

khano  ve  ma  upaccagâ 
khanâtîtâ  hi  socanti  nirayamhi  samappitâ 

a.  Nul  doute  qu*il  ne  faille  restituer  :  apramatlarata ,  comme 
au  vers  suivant.  Bhodha  pour  hhotha  comme  ordinairement 
ici.  —  h,  Yu  =  vah;  A*,  7,  nous  trouverons  hhadraha  «= 
hhadram  yu,  scil.  hhadram  vaJ^,  11  faut  de  même  dans  le 
texte  du  Dhammap.  écrire  vo  pour  ve  (=  vai).  Nous  retrou- 
verons avacai  =s  apaccagâ  B,  3;  avacai,  c*est-à-dire  uva- 
caya,  y  a  étant  fréquemment  écrit  i;  cf.  11.  6,  7  nai  =  nâ- 
yam,  prahai=prahàya.  A*,  7,  etc.  Le  g  tombe  parfois  com- 
plètement entre  deux  voyelles  :  raa  =  roga,  C*,  3;  à  plus 
forte  raison  peut-il  s*affaiblir  en  y.  —  c.  A  compléter,  bien 
entendu  :  samapiUu 

5    apramadarata  bhodha  sadhami  supravedite 
drugha  udhvaradha*  atmana  pagasana  va  kun  * 

Cf.  Dhammap. ,  3a7  : 

appamâdaratâ  hotha 

duggâ  uddharathattànan'i  panke  sanno  va  kunjaro 

a.  Toutes  les  analogies  commandent  de  lire  udhvaradha ,  pour 
uddharadha.  Nous  trouverons  ailleurs  atvari  pour  uttari  (  B , 
57  ).  Comme ,  dans  les  deux  cas ,  le  groupe  est  précédé  d'un 


204  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

Il  initial,  on  peut  penser  que  c*est  ce  voisinage  qui  explique 
cette  ortliographe  bizarre ,  cl  que ,  en  réalité ,  elle  corres- 
pond à  une. prononciation  vudharadha,  vutari,  l'écriture 
ayant  transposé  ici  le  v  comme  elle  fait  l'r  de  drugha.  — 
h.  Malgré  sa  mutilation  partielle,  la  dernière  lettre  est 
certaine;  c'est  kun[aro]  qu*il  faut  lire,  ou,  ce  qui  revient 
au  même ,  karutni ,  que  nous  retrouverons  tout  «i  l'heure , 

6    nai  kalu"  pramadasa  aprati*  asavachaye 
pramata  duhu  amotî*'  siha  ba  muyamatia  **  o 

a.  J'ai  indiqué  tout  à  l'heure  qu'il  faut  entendre  eu  sanscrit  : 
nâyam  kâlah»  — b.  Aprâpte.  Cf.  Dhammap. ,  v.  253,  272. 
—  c.  Pour  amoti,  cf.  au  v.  3.  L'omission  habituelle  de 
l'anusvâra  ne  nous  permet  pas  de  décider  si  nous  sommes 
en  présence  du  singulier  ou  du  pluriel,  si  pramata  =  pra- 
maitah  ou  pramattâh ,  et  siha  =  siinhali  ou  simhâh.  Je  tiens 
cependant  pour  la  première  solution,  et  à  cause  du  vers 
suivant  où  le  singulier  est  assuré  et  à  cause  de  la  compa- 
raison qui ,  suivant  toute  apparence ,  porte  sur  «  un  certain 
lion  ».  La  désinence  0  est  fréquemment  représentée  par  a 
A  la  1.  5,  nous  avons  eu  pagasana  va  kun[aro].  La  lecture 
mo  ne  saurait  être  douteuse,  bien  que  la  voyelle  semble 
écrite  d'une  manière  exceptionnelle  «UL  au  lieu  de  JJ,  Nous 
avions  dukha,  à  la  l.  3;  mais  l'orthographe  duha  est  de 
beaucoup  la  plus  usitée.  —  d.  Je  crois  bien  qu'il  faut  lire 
mu  ;  la  comparaison  de  C",  2 ,  semble  le  prouver  ;  il  faut 
avouer  pourt-uit  que  Vm  afiecte  une  forme  peu  ordinaire. 
11  est  vrai  que ,  si  l'on  voulait  lire  A'Aa,  l'autre  interprétation 
qui  se  présente  aisément  à  l'esprit ,  la  forme  du  kh  ne  se- 
rait pas  non  plus  régulière ,  le  retour  de  la  boucle  sur  la 
droite  étant  en  général  beaucoup  plus  accusé.  Si  l'on  prend 
ha  =  va,  iva,  comme  ailleurs  (par  exemple  A*,  4) ,  les  deux 
locutions  khayamatia  ou  muyamatia,  l'une  et  l'autre  pos- 
sibles gi'aphiquement ,  demeurent  pour  moi  également  ob- 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  205 

scures,  faute  peut-être  de  connaître  ou  de  me  rappeler 
quelque  conte  auquel  il  serait  fait  ici  allusion.  Dans  la  pre- 
mière hypothèse  nous  aurions  kshayamatyâ  ;  dans  la  se- 
conde, je  pense  mrgamalyâ.  On  pourrait  dans  le  second 
cas  imaginer,  par  exemple ,  une  histoire  où  le  lion  se  per- 
drait pas  sa  nég^gence ,  en  se  figurant  avoir  affaire  à  une 
gazelle,  au  lieu  de  quelque  ennemi  redoutable.  Mais,  en 
l'absence  d*un  vers  parallèle  que  je  n*ai  pas  retrouvé  jus- 
qu'ici ,  je  ne  puis  que  laisser  toute  décision  en  suspens.  Le 
reste  de  la  strophe  se  traduit  aisément  :  «  Il  ue  faut  pas  se 
relâcher  jusqu  a  ce  qu'on  ait  détruit  en  soi  les  passions.  » 

7    nai  pramadasamayu  aprati  asavacbayi 
apramato  hi  jayatu  pranoti  paramu  sukhu  o 

Cf.  Dhammap.,  37  : 
appamatto  hi  jliàyanto  pappoti  vipuiam  sukharii 

a,  Ga,  c'est-à-dire,  bien  entendu  gâ(thâh).  Le  chapitre  con- 
tenait a  5  stances. 

Je  ne  puis  rien  faire  d'utile  des  trois  petits  fragments  qui 
figurent  sur  la  gauche  de  la  planche  et  qui  ne  paraissent 
se  raccorder  nulle  part  au  morceau  principal.  Celui  du  mi- 
lieu donne  quelques  caractères  sûrs  : 

...    .  kama  cilliatu 

où  cithatu  peut  être  =  tisthantali, 

I     .  .  iiiadenaniakabha  devanasamidh(i)gat. 

Ne  me  souvenant  d'aucun  passage  parallèle  dans  le  Dliam- 


506  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

mapada  ni  ailleurs ,  je  ne  vois ,  quant  à  présent ,  rien  de 
vraiment  utile  à  dire  sur  ce  fragment.  La  coupure  même 
des  mots  est  douteuse.  Je  veux  seulement  faire  remar- 
quer que  les  caractères  t  et  d  sont  trop  semblables  ]>our 
que  Ton  puisse  être  jamais  affirmatif  sur  la  transcription  de 
Tun  et  de  l'autre ,  quand  le  sens  du  contexte  n*est  pas  là  pour 
guider  la  lecture.  La  vocalisation  du  dk  de  samidJn  n  est 
que  probable.  Kabha  peut  fort  bien  représenter  garhha. 
Mais  je  ne  veux  insister  que  sur  la  lecture  du  dernier  ca- 
ractère J^.  On  le  lit  habituellement  ph  (cf.  Bûhler),  et  je 
lai  lu  moi-même  ainsi  dans  le  nom  Gudupharasa  de  l'in- 
scription de  Takht  i  Bahi  (Notes  d'êpigr.  ind,,  III).  Mais 
c'est,  je  crois,  une  transcription  qui  veut  être  reWsée.  La 
forme  normale  du  ph  est  /*  ou ,  comme  ici ,  une  légère 
variante ,  j^  ;  on  la  peut  comparer  dans  phalana  C'*,  8  et 
ailleurs.  1/  est-il  un  doublet  de  ph  ou  un  doublet  de  bh  ? 
Eln  dehors  du  présent  passage  où  l'interprétation  du  signe 
reste  douteuse,  il  reparaît,  B,  7,  dans  abliai;  B,  30,  21, 
dans  sahbhu;  C"  7,  18,21,  dans  sebho  (=  ireyal^)\  C", 
3,  16,  17,  dans  prabhamguna;  dans  tous  ces  mots  c'est  bh 
que  nous  attendons,  et  tout  particulièrement  dans  sebho 
que  nous  trouvons  bien  écrit  sehu  mais  où  le  durcissement 
en  ph  serait  tout  à  fait  singulier.  J'ajoute  que,  dans 
un  cas  tout  au  moins ,  B ,  3 1 ,  à  côté  de  salabhu  écrit  par 
1/,  nous  rencontrons  apalabho  écrit  par  Jî.  Sans  être  déci- 
sif, l'orthographe  étant  ici  traversée  par  beaucoup  d'in- 
conséquences, le  fait  semble  indiquer  que  notre  dialecte 
conservait  ordinairement  le  bh.  Une  solution  certaine  ne 
pourra  intervenir  qu'après  que  tous  les  monuments  où 
paratt  le  caractère  1/  auront  été  vérifiés  de  ce  point  de  vue. 
En  attendant ,  je  me  suis  décidé  à  le  lire  partout  bh  et  non 
ph.  J'ai  transcrit  conformément  à  cette  conclusion;  mais 
je  n'ai  pas  manqué  de  noter,  dans  chaque  cas  particulier, 
quel  signe  représentait  la  transcription. 

2     .  na  dhama  na  sev .  a  "  pramadena  na  savasi 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE   RHINS.        207 
niichadithi  na  roy  .a^  na  sia  lokavadhano "" 

Dhammap.,  167  : 

hînam  dhammam  na  seveyya  pamâdena  na  saihvase 
micchâdillhini  na  seveyya  na  sîyâ  lokavaddhano. 

a.  La  comparaison  de  Dh.  1 67  permet  de  compléter  [hi]na 
et,  probablement,  *e»[c]a.  —  6.  Pour  rocayati  équivalant 
à  sevayati,  cf.  Dhammap. ,  p.  1  aa ,  1.  1 5  :  kassa  tvaih  dham- 
mam rocesi  :  ■  de  qui  approuves- tu ,  suis-tu  la  loi  ?  ».  Nous 
avions  tout  à  Theure  hyati  pour  éocati.  Il  est  probable  que 
le  manuscrit  portait  royea.  —  c.  Childers  (s.  v.)  déclarait 
qu'il  n*avait  aucune  idée  du  sens  précis  de  lokavaddhana, 
M.  Fausbôll  transcrit  la  signification  étymologique  :  «  mun- 
di  ampliGcator  »,  et  la  traduction  de  M.  Max  Mûller  :  «  a 
friend  of  the  trorld  » ,  est  assez  vague.  Je  soupçonne  que  la 
locution  s*appuie  sur  Texpression  kula-  ou  vaniéavai-dhana , 
et  que  notre  vers  conseille  de  ne  pas  augmenter  le  nombre 
des  êtres,  c'est-à-dire ,  d'une  part,  de  renoncer  au  désir,  de 
l'autre,  d'atteindre  a  la  perfection  qui  clôt  le  cercle  du 
samsara. 

3   yo  tu  puvi  pramajati'  pacha  su  na  pramajati 
so  ita  loku  ohaseti  abha  muto  va  suriu*  o 

Dhammap.,  172  : 

yo  ca  pubbe  pamajjitvâ  pacchâ  so  nappamajjali 
so  imam  lokam  pabhâseli  abbhâ  mutto  va  candimâ 

a.  11  n'y  a  aucun  doute  sur  la  lecture  tu.  Le  ca  du  Dhammap. 
a,  comme  souvent,  un  sens  adversatif  tout  à  fait  écpii va- 
lent. Le  pli  de  Técorce  rend  très  indistincte  la  lecture  des 
deux  derniers  caractères;  il  semble  certain  que  le  /  final 
était  accompagné  d'un  i;  celui  qui  surnioutait  le  j  est  au 
contraire  très  douteux;  je  me  décide  donc  à  transcrire 


208  SEPTEMBRE-OCTOBRE    1898. 

praiiuijati.  A  tout  prendre ,  cette  lecture  donne  une  con- 
struction équivalente  pour  le  sens  à  pamajjitvâ  du  Dham- 
map. ,  mais  plus  correcte  ;  car  elle  ne  laisse  pas  en  Tair,  et 
sans  verbe  fini,  le  relatif  jo.  Cependant  la  lecture  vraie 
pourrait  bien  dire  pramajiti  ou  pramajeti=pramajitva;  non 
que  la  forme  se  justifie  aisément,  car  il  faut  admettre  une 
orthographe  ti  pour  tvâ  qui  rentre  mal  dans  les  analogies, 
mais  il  semble  que ,  à  la  ligne  8 ,  où  je  renvoie ,  parivajeti 
soit  de  même  =  parivajetva.  —  h.  Nous  avons  déjà  plu- 
sieurs fois  rencontré  i  pour  e  même  à  Tintérieur  des  mots. 
Bien  que  imam  soit  plus  naturel ,  ctam  n'a  rien  de  surpre- 
nant ;  la  substitution  de  obhâseti  pour  pabhâseti  et  du  soleil 
pour  la  lune  n'appelle  aucune  observation. 

L    arnbadha  nikhamadha  yujatha  budhasasane  ** 
dhunatha  macuno  sena  nalagara^  ba  kunaru  o 

Theragâthâ,  v.  256  (cf.  v.  i  lAy)  : 

ârabhatha  nikkhamatha  yunjatha  buddhasâsane 
dhunatha  maccuno  scnaiii  nalâgâraiû  va  kunjaro 

Divya  Avad.,  p.  68  (et  p.  1 38)  : 

ârabhadhvarii  niskraniata  yujyadhvaiii  buddhasâsane 
dluinîta  mi-tyunah  sainyam  nadâgâram  iva  kuniarah 

Cf.  Burnouf,  Lotus,  p.  Ssg-SSo. 

a.  L'orlhogi'aphe  incorrecte  iasana  se  reproduit  invariable- 
ment dans  notre  manuscrit.  —  h.  Les  deuxième  et  troi- 
sième caractères  de  nalagara  sont  indistincts.  Les  passap^es 
parallèles  permettent  seuls  de  restituer  le  mot,  et  les  traces 
du  caractère  que  je  rétablis  comme  =la  me  paraissent 
peu  favorables  à  une  lecture  da  qui ,  en  soi ,  serait  égale- 
ment plausible.  J'ai  déjà  tout  à  l'heure  relevé  l'orthographe 
ba ,  pour  va  =  iva, 

5    aprauiata  smatiinata  susila  bbolu  bhicbavi'* 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.         209 
susamahitasagapa  sacita  anurachadha  o 

Cf.  Dhammap.,  837  : 
appamâdaratâ  hotha  sacittam  anurakLhatha 

a,  Bfdchave,  B ,  5o ,  parait  protéger  ici  bhichavi,  avec  change- 
ment en  î  de  la  désinence  0.  La  construction  se  modifie 
d*iin  hémistiche  à  Taulre;  je  ne  vois  pourtant  pas  moyen 
de  faire  de  bhichavi  autre  chose  qu  un  nominatif;  à  moins 
d admettre  une  faute  de  copiste,  bhotn  (scii.  bhontu)  ne  se 
peut  interpréter  comme  une  seconde  personne  :  «  Que  les 
bhikshus  soient  appliqués,  consciencieux,  vertueux.  L*es- 

-   prit  bien  rassemblé ,  veillez  sur  votre  pensée.  » 

^  yo  ima  sadhamavinau*  apramatu  vihasiti* 
prahai  jatisafisara'  dukhusata''  karisa[t]i 

Divya  Avad.,  p.  68  : 

yo  hyasmin  dharmavinaye  apramattas  cariçynti 
prahâya  jâtisamsâram  duhkhasyântaiii  karisyati. 

Ce  vers  dans  le  Div.  Avad.  suit  inmiédiatement  notre  vers  /i, 

a,  vinau  =»  vina[y]ani  va  bien.  Mais  il  semble  ({u*il  y  ait,  avant 
vi,  un  trait  qui  serait  le  reste  d*un  autre  caractère.  Outre 
que  cela  donne  une  syllabe  de  trop  pour  le  pâda ,  je  n*ima- 
gine  pas  quel  il  a  pu  être.  Viharali  est  construit  avec  Tac- 
cusatif,  probablement  diaprés  Tanalogie  de  caratl.  —  b, 
Vihasiti=viharùyati,  avec  syncope  de  Ti  et  i  =ya,  comme 
dans  prahai  =  prahâya  et  souvent.  De  même  vihasisi ,  B ,  1 9. 
—  c.  Je  ne  vois  pas  que  le  groupe  que  je  lis  nsa  puisse 
être  interprété  autrement.  11  n'est  pas  malaisé  d*y  retrou- 
ver 1*5  ;  quant  au  à  nous  n*cn  avons ,  je  crois ,  aucun  exemple 
dans  les  inscriptions;  il  nVst  donc  pas  facile  de  préciser 
avec  certitude  Tanalyse  des  éléments  constitutifs.  I>a  valeur 

Jii.  1  i 


M»*iaBmta  lAnviâLa. 


110  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

du  signe  est  attestée  par  plusieurs  exemples.  —  d.  L'a  de 
kha  est  parfaitement  net  ;  je  n*y  puis  voir  qu'une  erreur  du 
scribe  expliquée  par  Tff  de  la  syllabe  antérieure  ;  c*est  bien 
entendu  dukhas  'a[m](a[m]. 

1    ta  yu  vadami  bhadranu*  yavatetha  saniakata^ 
apramadarata  bhodha  sadhami  supravediti  o 

Cf.  Dhammap. ,  33 7  : 
tam  vo  vadâmi  bhaddam  vo  yâvantettba  samâgatâ 


8 


tu  Nous  avons  déjà  rencontré  yu=^vo,  vah ,  et  bhadrana  est 
encore  =6^aif*am  ja^»  bhadraih  tw^.  On  voit  qu*tl  ne  faut" 
pas,  dans  le  texte  pâli ,  lire  vovadâmi  =  vyavavadàmi,  mais 
séparer  en  deux  mots.  Les  deux  valf.  ne  font  pas  double 
emploi;  bhaddam  nesi  pas  un  qualificatif  de  tam  :  bhadraik 
vatf,  est  en  quelque  sorte  le  pluriel  de  bhadram  te,  bhadante, 
et  forme  une  locution  indépendante.  Cest  nne  autre 
question ,  et  que  je  ne  prétends  pas  trancher,  s* il  convient 
de  lui  attribuer  toute  sa  valeur  étymologique  ou  de  la  consi- 
dérer comme  une  manière  d*appeUatif ,  et  de  traduire  soit 
simplement  :  «  Seigneurs  I  » ,  soit  ■  le  salut  sur  vous  1  »  — 
b.  De  samakata  rapprocher  adhikachati,  ci-dessus  A^  a, 
etc.  —  c.  Cf.  Dhammap.  78  :  ariyappavedite  dhamme. . . 
A  supravedita  on  peut  comparer  plus  spécialement  une  des 
épithètes  constantes  du  dharma  :  svàkhyâta. 

pramada  parivajeti*  apramadarata  sada 
bhavctha  kusala  dhauia  yokachemasa  prataa^  o 

a.  J'ai,  à  la  ligne  3 ,  suggéré  déjà  que  parivajeti  pourrait  être 
^  parivajetva.  Le  /  et  Yi  sont  nets;  on  ne  peut  donc  cher- 
cher ici  la  seconde  personne  du  pluriel  qui  s'imposerait  à 
cAté  de  bhâvetha,  —  b,  (]ette  expression  se  retrouve,  par 
exemple,  Sattanip,,  4i5  :  yogakkhemassa  pattiyâ:  t  Ëtran- 


I 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  211 

gère  à  tout  relâchement ,  fidèleB  à  une  application  constante , 
*  pratiques  la  vertu  pour  atteindre  au  nirvana.  » 

Voici  la  transcription  de  ce  qui  reste  visible  des  deux  fins  de 
vere  qui  figurent  sur  le  fragment  reproduit  en  liaut  à  gauclic 
de  la  planche  A'  : 

loke  athatha  dhiravenea  dicha.  "  o 

- lana  sabrayano  pratismato*  o 

a.  il  ne  semble  jmis,  comme  on  s*y  attendrait,  que  la  der- 
nière lettre  soit  fî^  qui  donnerait  dichati,  et,  en  supposant 
exacte  la  séparation  des  mots,  permettrait  de  transcrire 
en  sanscrit  :  .  . .  loke  'rlhârAam  dhtro  *vaineyo  dlUati.  Mais 
nous  sonunes  en  pleine  hypothèse.  Le  plus  sur  est  d*nt- 
tendre  que  Ton  retrouve  quelque  texte  pâli  parallèle.  — 
h,  Cesi-k-âîre  samprajânafjL  pratismrlajf.  Les  deux  épithctes 
sont  de  même  rapprochées,  Suttanip.,  v.  AaS.  Notre  dia- 
lecte incline  particulièrement  à  affaiblir  la  ténue  qui  suit 
la  nasale  :  nous  avons  eu  sa[n)gapa  =  saiikalpa  ;  nous  au- 
rons (B,  35)  $'ija  =  tinca,  et  (C",  16)  anuabisa  ^  anuka- 
mpi[sya]nati,  etc.;  de  même  sabrayano;  cf.  C'',  43. 


^ 


savi  saghara  anica  ti  yada  pranaya  pasali 
lada  nivinati  *  dukh ™ ~ ~~ 

Des  deux  petits  fragments  qui  suivent ,  le  premier  se  rattache 
bien  à  ce  vers;  on  y  voit  les  traces  de  la  suite  :  c^  inafju 
vi[^odhia]  ;  le  second  appartenait  sûrement  à  un  autre  pas- 
sage ,  puisque  le  vers  se  termine  avec  viiodhia, 

Dhammap.,  277  : 

sabbe  samkhârâ  aniccâ  ti  yadâ  pannâya  passati 
atha  nibbindati  dukkhe  esa  maggo  visuddhiyâ 


212  SEPTËMBRE-OCTOBRE  1898. 

a.  C'est  une  des  partîcidarliés  propres  au  dialecte  de  ce  manu- 
scrit que  le  groupe  nd,  dental  on  cérébral  s'y  écrit  n ,  c'est- 
à-dire  ,  s'il  faut  en  croire  l'apparence  graphique ,  se  change 
en  nn  :panita  pour  pan^ita,  etc.  Nibbindati  dukkhe,  comme 
l'a  très  bien  entendu  Childers  :  t  il  ne  confît  que  du  dé- 
goût pour  [l'existence  qui  n'est  que]  douleur». 

2  s<iYi  saghara  dukha  ti  yada  pranae  gradhati  " 
tada  nivinati  dukha  ^  eso  magu  visodhia*  o 

Dhammap.,  278  : 

sabbe  samkhârâ  dukkhâ  ti  yadâ  pannâya  passati 
atha  nibbindati  dukkhe  esa  maggo  visuddhiyâ 

a,  Dam  pranae,  ya  est  écrit  e,  comme  à  plus  d'une  reprise 
(par  exemple  à  la  1.  9},  quoique  beaucoup  moins  fréquem- 
ment que  I.  Gvadkaii  =  granlkati,  suivant  l'observation 
faite  tout  à  l'heure ,  in  A*  frngm.  de  la  planche  princi|)ale. 
J'entends  ici  le  mot  au  sens  de  •  déduire,  raisonner,  con- 
clure ».  —  b.  Notre  itianuscrit  oppose  ici  et  dans  le  vers 
suivant  dukha,  c'est-à-dire  dakham,  l'accusatif,  au  locatif 
du  pâli  ;  il  en  était  très  vraisemblablement  de  même  au 
vei*s  précédent.  Cependant  cette  construction  est  malaisée 
à  expliquer.  —  c.  Visodhi  pour  visudin  n'est  pas  pour  sur- 
prendre ici  où  Vu  et  Vo  s'emploient  constamment  l'un  |)our 
l'autre.  Quant  à  la  fmale,  il  n'est  pas  impossible  que  ce 
soit  e,  au  lieu  de  a;  ce  n'est  pas  sur  non  plus,  d'autant 
moins  que  le  vers  suivant  porte  certainement  visodhia. 

3  sarvi  dhama  analma  ti  yada  pasati  cachunia'' 
tada  nivinati  dukha  eso  mago  visodhia  o 

Dhammap. ,  379  : 

sabhe  dhammâ  anattà  ti  yadâ  pannâya  passati 
atlia  nibbindati  dukkhe  esa  maggo  visuddhiyâ 


MAN'USCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  213 

ff.  Au-dessus  du  caractère  cha  apparaissent  les  traces  d'un 
signe  moins  distinct.  Je  ne  le  puis  expliquer  que  comme 
un  kk,  quelque  lecteur  ayant  éprouvé  le  besoin  de  mar- 
quer que ,  pour  cka  «  on  pourrait  aussi  écrire  khu  ;  en  effet 
le  groupe  ks  se  transforme  également  ici  en  ch  et  en  A'/i. 
Et  la  conjecture  est  d*autant  plus  plausible  que ,  justement 
au  vers  suivant,  le  mot  est  écrit  cakhuma.  Si  elle  se  vé- 
rifie, elle  aurait  ce  côté  intéressant  que  ce  kli  surajouté, 
par  conséquent  postérieur  à  Texécution  primitive  du  ma- 
nuscrit ,  affecte  une  forme  plus  arcbaïque  que  celle  qui  y 
figure  d*ordinaire. 

\  magana  athagio  setho  sacana  cauri''  pada 
viraku  ^etho  dhamana  pranabhutana  cakhuma  o 

Dhammap. ,  2 78  : 

roaggânalthaiigiko  settho  saccânam  caturo  padâ 
virago  settiio  dhammànam  dipadânan  ca  cakkhumâ 

a.  Catvàri,  cattàri  est,  dans  les  dialectes  bouddbiques,  vo- 
lontiers employé  pour  le  masculin.  Je  ne  crois  pas  que 
notre  caari  soit  le  reflet  direct  de  catvâri,  mais  plutôt  de 
caturo;  le  changement  de  To  en  i  peut  à  la  rigueur  élre 
mécanique,  comme  il  semble  Tôtre  dans  bhichavi,  A%  5  ; 
j*ai  peine  à  imaginer  cependant  que  Tanalogie  de  remploi 
de  cattàri  n*ait  pas  flotté  dans  Tesprit  de  ceux  qui  em- 
ployaient CA^ffri  et  favorisé  cette  orthographe,  comme  le 
souvenir  d'un  mâgadhisme  bhicckave  a  pu  de  même  aider  à 
l'orthographe  hkickave,  bkichavL  Pour  ce  qui  est  de  la  chute 
dn  t,  voir  a  la  1.  10,  pliasai  à  côté  de  bhasati,  etc. 


%%'W»^^»V%'%^^^WVW^>V»^>%%%^%  %'%%  W%^'%^ 


ga3o 


0   utitha**  na  pramajea  dhamu  sucarita  cari 
dhainacari  suhu  ^ti^  asmi  loki  parasa  yi^'o 


314  SEPTEMBREOCTOBRE  1898. 

Dhammap. ,  1 68  : 

uttil|he  nappamajjeya  dhammaih  sucaritaih  care 
dhammacârî  sukham  seti  asmiiii  ioke  paramhi  ca 

a.  L*omission  de  ïe  final,  utitha  |)our  utilhe,  ne  peut  guère 
être  imputable  qu'à  une  négligence  du  scribe ,  non  à  une 
particularité  dialectale.  —  b.  Les  traces  de  Tu  final  de 
saha  ne  sont  pas  absolument  distinctes;  c'est  peut-être 
saha  qu*a  voulu  écrire  le  copiste.  Seati  parait  reposer,  non 
sur  la  forme  habituelle,  éeti,  mais  sur  la  forme  dayati,  aya 
étant  écrit  c.  —  c.  Ce  dernier  pâda  se  retrouvera  de 
même ,  C'*,  29 ,  avec  le  génitif  paixua,  pour  le  locatif  para- 
smin.  De  même  namaravasa,  B,  3o,  sagaraadasa,  C'*,  3. 
Une  erreur  simplement  graphique  (parasa  pour  parasi  =* 
parasmi)  n*est  guère  probable,  côte  a  côte  avec  asmi  hki. 
Il  est  plus  naturel  d*admettre  une  perversion ,  une  confu- 
sion dans  remploi  des  cas,  dont  la  suite  (dès  la  1.  9)  ramè- 
nera plusieurs  exemples  et  dont  la  langue  du  Mahàvastu 
nous  offre  tant  de  témoignages.  Nous  trouvons  ici  pour  ca 
toute  une  gamme  de  modifications  graphiques  :  ja,  C'*, 
1 7  al. ;  ji,  B,  35  al. ;  ya.  A*,  à  svv.  al. ; yi,  ici  et  ailleurs; 
i,  C",  37;  i  pour  ya  s'explique  bien,  et  Ton  comprend  à 
la  rigueur  l'écriture  ji  équivalant  àya;  mais  dans  Ji,  pour 
ja ,  il  est  difficile  de  ne  pas  admettre  une  action  anormale 
de  Tanalogie  de  i-yi. 

1    uthanena  apramadena'sanamena  damena  ca 
dîvu**  karoti  niedhavi  ya  jara  nabhiniardati*  o 

Dhammap.,  35  : 

ulthânenappamâdena  sannainena  damena  ca 
dîpam  kayirâtha  medhâvî  yam  ogho  nâbhikirati 

a.  L'affaiblissement  du  p  médial  et  même  initial,  en  v,  est 
ici  des  plus  fréquents.  —  6.  La  comparaison  que  cette 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  215 

variante  du  dernier  pâda  substitue  à  celle  de  la  rëcension 
pâlie  est  en  elle-niéme  certainement  moins  satisfaisante  : 
Tàge  est  pour  une  ile  un  facteur  de  destruction  moins  me- 
naçant que  le  flot  qui  la  ronge.  C  est  au  point  que  je  me 
demande  s*il  ne  faut  pas  entendre  jkarâ,  et  si,  d*après 
lanalogie  de  jharî  donné  dans  le  sens  de  fleuve  (PWB 
s.  T.) ,  le  mot  ne  pourrait  pas  être  pris ,  non  dans  lacception 
précise  de  «  cascade  » ,  mais  dans  une  acception  générique 
voisine  de  celle  de  ogha.  Cf.  l'inscription  kharo$(hi  où 
Bûhler  a  cru  pouvoir  lire  jharanï  et  Tinterpréter  au  sens 
de  n  puits  »,  Quoi  qu  il  en  soit ,  la  substitution  du  verbe  abhi- 
mardati  s'inspire  probablement  du  désir  d  éliminer  Tincor- 
rection  métrique  de  abhOarati, 

8  ulhanamato  smatimato  suyikamasa  "*  nisaiiiacarino 
saâalasahi^  dhaniajivino  apraoïatasa  yasidha  vadba- 

[tio 
Dhammap.,  ad  : 

u^hânaYato  satimato  sucikammassa  nisammakârino 
sannatassa  ca  dbammajîvino  appamattassa  yaso  bhivad- 

[dhati 

a.  Snyi*  =  suci''  comme  dans  snyîgan(dh)a^C**y  3 ,  sans  parier 
d'autres  cas  analogues.  —  6.  Cheville  pour  cheville,  hi 
vaut  à  peu  près  le  en  du  texte  pâli. 

I    uthane  aiasa  anuthahatu'  yoi  bali  alasieuvito^ 
sansanasagapamano  smatima''  pranai  maga  alasu  na 

[vinati  o 
Dhammap.,  a8o  : 

ut|bânâkâlamhi  anu((habâno  yuvâ  bail  alasiyâ  upeto 
samsannasaihkappamano  kuslto  pannâya  maggam  alaso  na 

[vindati 

a.  Le  manuscrit  porte  clairement  athane  qui  ne  penne! trait 


216  SEPTEMBRE-OCTOBaK  1898. 

pas  d*autre  division  des  mots.  H  est  certain  que  nous 
sommes  en  présence  d*une  confusion  commise  par  le  scribe , 
et  que  la  lecture  originale  était  uthanaalasa,  c*est*à-dirc 
uthanakalasnii,  Comp.  la  note  c  de  la  I.  6  où  j*ai  cité  saga- 
rau^sa  =  sanikàrakûte.  Je  ne  vols  pas  que  Ton  puisse  lire 
autrement  que  anuthahata  ;  il  faut  avouer  pourtant  que  le 
ih  a  une  forme  un  peu  insolite ,  et  qui ,  si  le  contexte  le 
permettait ,  se  pourrait  lire  :  Oie.  —  h,  Yoi  =  yoayam. 
Cette  lecture  est  assurément  préférable  àyuvâ  du  pâli  — 
peu  importe  la  jeunesse ,  puisque  la  force  morale  et  non 
Tactivité  physique  est  seule  en  cause ,  —  qui  doit  reposer 
sur  une  confusion  des  rédacteurs.  Il  s'en  cache ,  je  crois , 
une  autre  dans  âlasiyà  ou  àlasiyam  (cf.  les  notes  de  Faus- 
bôllj  qui  ni  Tun  ni  Tautre  ne  se  construisent  bien  avec 
apeta.  Dans  un  dialecte  où  Torthographe  —  et  peut-être  la 
prononciation  —  c  se  pouvait  substituer  à  y  a ,  comme  c'est 
le  cas  dans  la  langue  de  notre  manuscrit,  le  composé  ala- 
sieupeta  =  âlasiyaupeta  sauvait  le  mètre  ;  les  rédacteurs  palis 
ont  cherché  à  le  restituer  par  un  expédient  arbitrait^. 
—  c.  Smalima  ne  peut  s'expliquer  que  conmie  =  asmati- 
ma^  Va  privatif  étant  tombé  après  Va  final  qui  précède. 
C'est,  si  je  ne  me  trompe,  le  seul  exemple  de  ce  sandlii 
que  présentent  nos  fragments. 

10  na  tavata  dhamadharo  yavata  baho*  bhasati 
yo  tu  apa  bi  sutvana  ^  dhanm  kaena  phasai  '  o 

11  sa  ho''  dhamadharo  bhoti yo  dhamu  na  prainajati  o 

Dhammap.,  sSg  : 

na  tâvatâ  dhaminadharo  yâvatâ  bahu  bhâsati 

yo  ca  appaiii  pi  sutvâna  dhammam  kâyena  passati 

sa  ve  dhammadharo  hoti  yo  dhammaiii  nappamajjati 

a.  O  pour  u  est  particulièrement  ordinaire  ici  après  h,  cf.. 
par  exemple,  bahojauo,  C"",  3o;  C'",  i  a ,  etc.  Mais  nous  en 
avons  déjà  relevé  des  cas  pareils  après  d'autres  consonnes. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  217 

—  b.  Bi=^  [a)pi  se  retrouve  ailleurs,  comme  C'*,  9.  L  or- 
thographe s  fourér  est  ici  de  beaucoup  la  plus  commune. 

—  c.  H  est  ici  la  forme  normale  du  ph.  La  lecture  phasai 
est  certaine.  Reste  à  Tinterpréter.  I^e  pâli  porte  passatî, 
c*est-a-dirc  padyati.  De  même  que  B ,  26 ,  5  est =y dans  phu- 
tama,  de  spré,  s  pourrait  ici  s'interpréter  pareillement,  et 
comme  je  relève  dans  le  vers  du  manuscrit  de  Saint-Pé- 
tersbourg qui  correspond  à  Dhammap. ,  898,  phalia  (par 
p  )  =s  paligha,  on  pourrait  à  la  rigueur  ramener  notre 
phasai  à  paéyati.  Mais  il  faudrait,  dans  le  même  mot, 
et  immédiatement  à  côté  de  son  orthographe  exacte, 
admettre  une  double  anomalie.  Je  préfère  de  beau- 
coup prendre  que  ph  est  pour  bh  et  phasai  =  bhâsati.  J'ai 
cherché  moi-même  (cf.  A',  1)  à  écarter  toute  une  série 
d  exemples  apparents  de  cette  transformation.  Ce  n*est  pas 
une  raison  pour  qu*il  ne  s*en  produise  pas  des  cas  spora- 
diques,  d'autant  que  le  durcissement  de  la  sonore  en  té- 
nue est  plus  fréquent  dans  notre  texte.  La  ressemblance 
même  qui  est  manifeste  ici  entre  les  caractères  bh  et  pk 
pourrait  avoir  favorisé  une  méprise  accidentelle.  Avec  bhâ- 
sati le  sens  est  excellent  ;  «  Il  ne  suffit  pas  de  faire  de 
beaux  discours,  il  faut  parier  par  les  actes  (de  kâyena, 
rapprocher  la  classiGcation  du  kâya-,  vâk-  et  manahkarma  )  » , 
ou,  si  Ton  veut,  «  prêcher  d'exemple  ».  Tout  au  plus  peut- 
on  douter  si  bhasai  est  ==  bhâsati,  comme  abhai  =  âbhâti, 
B,  7,  ou  =bhâsaye,  bhâsayet.  Il  est  de  toute  façon  curieux 
de  penser  qu'une  pareille  substitution  du  ph  au  bh  dans 
la  version  qui  a  servi  de  base  à  la  rédaction  pâlie ,  a  bien 
pu  être  la  cause  de  la  confusion  qui  a  introduit  passati 
dans  le  texte ,  et ,  tout  naturellement ,  égaré  par  la  suite 
les  interprètes.  —  d.  Ho  =  kho^  khalu,  comme  C"*,  G. 

'^   apramadu  amatapada  pramadu  mucuno  pada 
npramata  na  miyati  ye  pramata  yadha  mutu  " 

Dhanunap.,  31  : 


218  SEPTEMBRE-OCTOBRE   18Q8. 

appamâdo  amatapadaih  pamâdo  maccuno  padaih 
appamattâ  na  miyanti  ye  pamattâ  yatbâ  mata 

ri.  A  la  rigueur  le  singulier  mata ,  mrlah,  se  peut  comprendre  : 
«ceux  qui  vivent  dans  le  relâchement  sont  comme  un 
homme  mort  ■  ;  mais  il  est  bien  probable  que  notre  scribe 
a  commis  un  lapsus  et  que  le  texte  original  lisait  mata  : 
«ils  sont  comme  morts»,  c*est-à-dire  assurés  de  mourir, 
de  ne  pas  échapper  à  la  transmigration. 

13  eta  visesadha''  natva  apramadasa  panito* 
apramadi  pramodia  ariana  goyari  rato  o 

Dhammnp.,  22  : 

etaiii  visesato  natvâ  appamàdamhi  paç^itâ 
appamâde  pamodanti  ariyânam  gocare  rata 

a.  Je  prends  vUesadha  comme  formé  par  le  suffixe  dhà  qui 
peut  très  bien ,  dans  ce  cas ,  suppléer  le  suffixe  tah  du  pâli. 
—  h,  Apramadasa  pour  le  locatif,  comme  tout  a  Tbeure. 
J'avais  d'abord  lu  paniii  «==  pan^ito  ;  mais  je  ne  pense  pas 
que  nous  soyons  ici  forcés  d'admettre  cette  sorte  de  mâga- 
dhisme.  Le  trait  vocalique  n*est  pas  prolongé  en  hauteur, 
et,  s'il  dépasse  la  barre  transversale  du  J^  ce  n'est,  je 
pense,  qu'une  simplification  cursive  qui  en  réunit,  en 
fonne  de  boucle,  le  sonmiet  au  crochet  de  gauche  de  la 
consonne.  U  est  certain  en  tout  cas  cpie  la  phrase  est  ici 
construite  au  singulier  et  non  au  pluriel  comme  dnnt  le 
pâli. 

14  pramada  anuyujati  bala  drumedhino*  jana 
aprainada  tu  medhavi  dhana  sethi*  va  rachat!  o 

Dhammap.,  26  : 

pamâdam  anuyujanti  bâlâ  dummedhino  janà 
appamâdatii  ca  medhâvi  dlianani  setlhaiti  va  rakkliati 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RIllNS.  219 

a.  Dramedki,  comme  nous  avons  eu  déjà  dragha.  La  suite 
ramènera  d'autres  exemples  analogues.  —  6.  La  lecture 
sethi  me  parait  décidément  supérieure  au  setiham  pâli  qui 
ne  donne  ici  qu'une  épitliète  incolore  et  vague.  Sethi  est  le 
nominatif  de  érefÇiin,  et  le  demi- vers  doit  se  traduire  : 
tMais  le  sage  s'attache  à  l'application  conmio  un  ban- 
quier a  son  argent.  »  Bien  que  le  trait  vocalique  ne  des- 
cende pas  au-dessous  de  la  barre  transversale  inférieure 
du  ^  ,  plusieurs  exemples  prouvent  que  c'est  i  et  non  e 
qu'il  faut  lire.  Je  me  contente  de  renvoyer  à  ditin,  A\  2. 
C'est,  aussi  bien,  la  leçon  iefhi  ou  iresthî  qu'avait  sous  les 
yeux  dans  son  texte  le  traducteur  tibétain  de  TUdânavarga, 
comme  le  montre  la  version  de  M.  Rockhill  (  Udànavarga , 
iV,  18}  :  •  tbe  wise  man  must  bc  careful ,  as  is  tlic  liead  of 
a  caravan  watching  bis  treasures  ». 

1^  apramatu  pramatesu  sutesu  bahojagaru 
avnla^a*  va  bhadrasu  hitva  yati  sumedhnsu 

Dhammap. ,  29  : 

appamatto  pamattesu  suttesu  bahujâgaro 
abalassaiii  va  sîghasso  bitvâ  yâti  sumedhaso 

a.  (]*est,  si  je  ne  me  trompe,  le  seul  exemple  dans  nos  frag- 
ments de  la  substitution  de  v  à  6.  Il  est  vrai  que  dans  les 
vv.  A^,  k  et  suiv. ,  nous  retrouvons  6  complètement  sup- 
primé entre  deux  voyelles  :  sapraadha,  etc.  De  même  le 
groupe  év,  réduit  ici  à  /,  est  dans  plusieurs  cas  conserve 
sous  la  forme  /p  .*  vUpa,  B,  26;  vispaia,  B,  25. 

I<^  praaiada  apramadena  yada  nudati  panitu 
praôaprasada  aruyu''  asoka  soino  jana 
pravatatho  va  bhumatha  dhiru  bala  avechiti^ 

Dhammap.,  28  : 
pamâdam  appamâdena  yadâ  nudati  pandito 


220  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 


panDâpâsâdam  imyfaai  asoko  sokinim  pajam 
pabbatallbo  va  bkmiiiiiallbe  dhiro  bâle  avekkluiU 

a.  Lj  est  tantôt  plus  carré,  tantôt  fhas  angidaire  par  le 
haut;  matérieUement ,  il  serait  parfaitement  loisible  de 
lire  arasa:  mais  il  est  permis  aossi  de  lire  aruya,  et  c'est  la 
seule  transcription  qui  me  paraisse  donner  une  forme  in- 
tefligible.  11  nous  faut,  en  effet,  un  équivalent  de  ârakja. 
Yu  =  kja  demeure  singulier.  Je  dois  dire  que  c'est  surtout 
Va  qui  m'étonne.  Pour  ce  qui  est  de  la  consonne,  plu- 
sieurs faits  accusent  ici  entre  Vh  et  le  j,  qui  s*écrit  volon- 
tiers y  (cf.  tout  à  l'heure  sabrayana,  etc.),  une  particulière 
aflinité  ;  D ,  3d ,  nous  trouvons  daj(h)amana  pour  dahyamâna , 
et  dans  les  fragments  de  Saint- Péterahourg,  je  relève 
y[^\samano  =  himsamânalf.  et  parvakiia  ^pravrajita.  On  peut 
aussi  rapprocher  les  cas ,  comme  seha  C"*,  8 ,  seho  C'*,  9 ,  etc. 
{sreyaJf)  où  y  est  représenté  par  h.  Quant  à  la  vocalisation 
en  (1 ,  si  je  ne  puis  Texpliquer,  je  suis  au  moins  en  état 
d'en  citer  un  autre  exemple  tout  à  fait  semblable  :  ahhi- 
vayu  =  ahhibhàya,  B,  3o,  3i.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  la 
voyelle  de  la  syllabe  précédente  est  a.  11  semble  donc  que 
ce  soit  ce  voisinage  qui ,  par  une  sorte  d'effet  d'harmonie 
vocalique ,  ait  coloré  notre  a.  —  h.  Faut-il  expliquer  par 
une  action  analogue  le  premier  1  (ïavechiti  pour  avechati , 
ou  bien  croire  à  un  simple  lapsus  du  copiste  influencé  par 
l'i  de  la  syllabe  suivante? 

1 7    apra    tu 

«ipramada  prasajhati''  pramadu  garahitu  sada 

Dhammap. ,  3o  : 

nppamâdena  maghavâ  devânam  setthataih  gato 
appamâdarii  pasamsanti  pamâdo  garahito  sadâ 

a.  Le  j  est  surmonté  d'un  trait  horizontal  qui,  comme  je  l'ai 
dit  plus  haut ,  paraît  marquer  l'aspiration  ;  nous  avons  donc 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  221 

s'ajhati  ^  danuali;  et  il  n'y  a  aucun  doute  sur  la  leclure; 
car  nous  retrouvons  exactement  de  mbme  prasaj(h)ati ,  13, 


31. 


1    .juo  namo'  so  niagu  abhaya  naniu  sa  disa 
radho  akuyano  *  namu  dhamatrakchi  sahato  *  o 

Saihy.  Nik.,  I,  V,  S  6,  v.  a  : 

ujuko  nâma  so  maggo  abhayâ  nâma  sa  disâ 
ratlio  akujano  nâma  dhammacakkehi  sarnyuto 

I 

a.  Ce  vers  se  relie  étroitement  aux  deux  suivants  et  complète 
avec  eux  une  sorte  d*aUégorie  fondée  sur  Tirnage  qui  assi- 
mile renseignement  bouddhique  à  un  «  véhicule  > ,  yâna, 
11  faut  restituer  :  ajtt(k)o,  La  lecture  de  la  voyelle  dans 
la  syllabe  mo  de  namo  n*est  pas  complètement  certaine  ; 
elle  est  d*autant  plus  probable  que,  aux  pâdas  suivants, 
nous  avons  sûrement  namu.  Nous  rencontrerons  beaucoup 
d*antres  cas  où  un  m  labialise  en  u  la  voyelle  suivante.  — 
b.  Notre  akuyano  confirme  la  lecture  akajano  adoptée  pour 
le  pâli  par  Téditear,  M.  Feer.  L'explication  m'en  parait 
être  a-kajana  ^  ■  où  il  n'y  a  pas  de  méchant  ».  —  c.  Saih- 
kata  est  aussi  bon  que  le  samyntia  du  pâli.  Le  mot  précé- 
dent est  peut-être  plus  douteux.  La  leçon  du  pâli  continue 
heureusement  la  comparaison  qui  sert  de  thème  à  ces  vers , 
en  pariant  des  •  roues  de  la  Loi  ».  Mais  ici  notre  lecture  ne 
peut  être  que  dhamatrakehi  ou  dhamadrakehi.  La  seconde 
forme  ne  donne  rien  d'intelligible;  la  première  se  peut 
au  contraire  interpréter  :  lUiannatarkailj ,  c'est-à-dire  «  les 
raisonnements,  les  pensées  de  la  Loi  ».  Justement  le  Sutta- 
nip.,  1  loi  parie  deïannâvimokham,  qui  est  dhammatakka- 
pnrejavam;  les  dhammatarkhs  sont  ainsi  représentés  de 
même  comme  imprimant  une  impulsion  rapide  au  progrès 
religieux.  Nous  allons  avoir  au  vers  suivant  l'expression 


222  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

smimidi^hiparejava  qui  fait,  d'autre  part,  pendant  à  celle  du 
SattampâU,  et  ies  deux  pnaàen  termes  s*éclairent  luu 
Tautre  :  samyagdrsti  marque  ides  idées  vraies,  justes»; 
dharmatarka ,  d*une  façon  analogue ,  «  des  raisonnements , 
des  idées  conformes  à  la  religion  » ,  conséquemment  justes 
et  vraies.  11  me  parait  du  reste  probable  que  la  leçon  iarka 
est  antérieure  à  la  leçon  cakra,  qui ,  étant  plus  ingénieuse 
et  plus  piquante,  n*eût  plus,  une  fois  établie*  été  dépos- 
sédée. Je  traduis  donc  :  «  La  route  est  la  voie  droite ,  le 
pays,  la  région  de  la  félicité,  le  char,  le  rendez-vous  des 
gens  de  bien ,  solidement  établi  sur  la  vérité.  » 

hiri  tasa  avaramu*  smati  sa  parivarana* 
dhamahu''  saradhi  bromi  samedithipurejavu^  o 

Sariiy.  Nik. ,  1 ,  V,  S  6 ,  v.  3  : 

lûrî  tassa  apâlambo  satyassa  parivâranam 
dhamraâhaiii  sârathim  brûmi  sammâdittliipurcjavani 

a.  Pour  ce  vers  et  en  particulier  pour  le  sens  de  apàlainha , 
cf.  Morris,  Joarn,  Pâli  T.  Soc.,  i886,  p.  ia8.  La  fonne 
avainma,  est,  je  crois,  le  seul  exemple  qui  se  rencontre 
dans  nos  fragments  de  la  substitution  de  r  à  /;  quant 
à  m  >=  mb,  on  peut  comparer  udunuu'esti  =  udambarefn , 
D ,  ào,  —  b,  Smati  sa  »  smati  osa,  11  me  parait  que  pari- 
vârana  doit  désigner  plutôt  une  partie  du  char  que, 
comme  le  voulait  M.  Morris,  Tescorte  qui  Taccompagne; 
c*est  peut-être  le  toit  qui  le  couvre  et  le  protège,  —  c.  Quoi- 
que le  ^  paraisse  coupé  par  le  trait  transversal  de  li, 
comme  il  semble  bien  porter  au  pied  le  signe  u ,  je  doute 
que  ce  trait ,  en  tout  cas  plus  coui*t ,  moins  accusé  que  d'or- 
dinaire, doive  entrer  en  ligne  de  compte,  et  j'estime  que 
c'est  dliamaliu  qu'il  faut  lire,  c'est-à-dire  dhamam  aitam, 
comme  en  pâli.  —  d.  Samjak  est ,  ici ,  toujours  écrit  same 
=  samya.  Sur  l'expression ,  cf.  la  note  du  vers  précédent. 
Ce  vers  se  traduit  :  «  La  nKMlcstie  est  son  sabot  ;  la  con- 


MAIfUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  223 

science,  le  toit  qai  la  protège;  et  j*appelle  la  Loi,  le  co> 
cher  qui  pousse  et  accélère  la  vérité  ». 

3  yasa  etadîsa  yana  gehi  parvaitasa  va'' 
sa  li  etina  yanena  nivanaseva  satic  o 

Samy.  NiL,  I,  V,  S  6,  v.  4  : 

yassa  etâdisam  yânani  itthiyâ  purisassa  va 
sa  ve  etena  yânena  nibbânasseva  santikc 

a.  H  faudrait,  pour  que  la  construction  fut  correcte,  geliino. 
Je  n*05erais  affirmer  que  le  scribe  n'ait  pas  entendu  écrire 
gihi,  car  la  barre  dépasse  légèrement  par  le  bas  la  boucle 
du  y.  Ce  détail  a  d'autant  moins  d'importance  que, 
comme  on  le  voit  aussitôt  par  vi=vaî,  ve  et  par  etina,  la 
confusion  entre  i  et  e  est  ici  complète.  L'interversion  par- 
tw*  pour  pravra'  n'est  pas  isolée  ;  j'ai  noté  plusieurs  ïoispar- 
vahita  dans  les  fragments  de  Saint-Pétersbourg,  où  Ton 
voit  en  outre  le  j  remplacé  par  un  h  qui  n'a  peut-être 
d'autre  rôle  que  de  masquer  l'hiatus ,  à  la  façon  de  Vy  de 
l'orthographe  ardhamâgadhî.  Je  traduis  :  i(]elui  qui 
possède  un  pareil  char,  celui-là ,  laïque  ou  moine ,  sur  ce 
char  va  au  nirvana.  » 

4  supraudhu  praujati''  inii*  gotamasavaka 
yesa  diva  ya  ratî  ca  nîca  budhakata  smati  o 

Dhammap.,  3g6  : 

suppabuddham  pabujjhanti  sadâ  gotamasavaka 
yesaiii  divâ  ca  ratto  ca  nîccaiii  buddhagatâ  sati 

a.  Je  ne  vois  ici  aucune  trace  du  trait  supérieur  destiné  à 
marquer  l'aspiration  que  présentent  dans  ce  mot  les  vers 
suivants.  J'ai  déjà  signalé  précédemment  cette  chute  com- 
plète du  b  entre  deux  voyelles.  —  h.  La  leçon  imi  de  notre 
manuscrit  est  évidemment  très  supérieure  au  sadâ  de  la 


224  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1808. 

version  pâlie,  i  Ces  disciples  du  Duddha  s*éveillent  vraiment 

à  Tintelligence  qui »  11  s*agit  d*une  exhortation ,  non 

d  un  éloge  banal  de  tous  les  disciples  du  Buddha  indis- 
tinctement. 

^    supraudhu  praujhati  imi  gotamasavaka 
yesa  diva  ya  rati  ca  nica  dhamakata  smati  o 

Dhanunap. ,  397  : 

suppabuddhaih  pabujjlianti  sadâ  gotamasavaka 
yesarii  divâ  ca  ratto  ca  niccam  dhammagatâ  sati 

6  [sjupraudhu  praujhati  imi  gotamasavaka 
yesa  diva  ya  rati  ca  nica  saghakata**  smati  o 

Dhammap.,  298  : 

suppabuddliaiii  pabujjhanti  sadâ  gotamasavaka 
ycsam  divâ  ca  ratto  ca  niccaiii  sai'ighagatâ  sati 

a,  La  forme  V  ne  marque  pas  le  gh  (aspiré).  En  eflét,  le 
trait  supérieur  qui  surmonte  le  caractère  est  destine  à  mar- 
quer l'aspiration.  C'est  donc  que  la  lettre  même  ne  Texpii- 
mait  pas.  Cf.  plus  bas  B ,  3. 

7  [supjraudhu  praujhati  imi  gotamasavaka 
yesa  diva  va  rati  ca  nica  kavakata  smati  o 

Dhnnimap.,  399  : 

suppabuddhaiii  pabujjhanti  sadâ  gotamasavaka 
yesaiii  divâ  ca  ratto  ca  uiccaiii  kâyagatâ  sati 

8  supraudhu  praujhati  imi  gotamasavaka 
vesa  diva  va  rati  ca  ahii'isai  rato  mano  o 

Dhammap.,  3oo  : 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  225 

suppabuddhani  pabujjhanti  sadâ  gotamasâvakâ 
yesam  divâ  ca  ratto  ca  ahimsâya  rato  mano 

9  supraudhu  p[r]aujati''  imi  gotamasâvakâ 
yesa  diva  ya  rati  ca  bhamanai*  rato  mano  o 

Dhammap.,  3oi  : 

suppabuddliam  pabujjhanti  sadâ  gotamasâvakâ 
yesaiii  divâ  ca  ratto  ca  bhâvanâya  rato  mano 

a.  Je  ne  vois  pas  de  trace  du  trait  supérieur;  il  n*est  cepen- 
dant pas  sûr  qu*il  n'ait  point  existé ,  i  encre  étant  en  ce 
passage  un  peu  effacée.  —  b.  Nous  rencontrerons  d'autres 
exemples  du  changement  de  v  en  m ,  comme  nama  =  nâ- 
vai'n,  B,  35. 

Fragments  de  A. 

J  en  ai  en  tout  recueilli  vingt-sept ,  la  plupart  très  petits.  Je 
n'essaye  de  transcrire  que  ceux  qui  ont  conser\'é  au  moins 
quelques  caractères  complets. 

I.  Ce  sont  quatre  commencements  de  ligne. 

[d]ur.(?)ga.  e 

vario*  va  thaïe  chî 

anuvathitacitasa  * 

anuvasutacita     - 


Dhainmap.,37: 
dûrangamam  ekacaram 

Ibid.,  34  : 
vârijo  va  thaïe  khitto 

Ibid, ,  38  : 

anavatthitacittaftsa - 

XII.  i5 


ISIBiliLBili    ■A1i>'»*lC. 


326  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1899. 

Ibid,,  3g  : 

anavossutacittassa» 


a,  Vario  pour  varijo  -,  comme  J*ai  cité  plus  haut  pai'vaila  |>our 
parvajita.  -, —  h,  L*a  de  anu  est  parfaitement  certain,  tant 
dans  ce  mot  que  dans  anavasala  du  vers  suivant.  Cepen- 
dant il  n*a  de  place  ni  dans  Tun  ni  dans  l*autre  mot  ;  c'est 
anavasthita  et  anavasrata  que  le  sens  exige  et  que  porte  la 
version  pâlie.  Le  scribe  a  peut-être  ëtë  entraîné  à  cette 
faute  par  la  pensée  de  anavathUa  =  anapasthita  qui  lui 
flottait  dans  Tesprit. 

II. 

unapanucirah 


III.  Une  fui  de  vers,  écrite  sur  la  face  la  plus  foncée  de  la 
feuille  (cf.  p.  197). 

ma(?)tvadadatasava  ?ya  o 

La  transcription  de  presque  toutes  les  lettres  est  pour  moi 
très  douteuse. 

IV.  Le  caractère  no  marque  la  fm  d*un  pâda. 

uhasino  yokama .  e 


Les  deu\  fragments  qui  suivent  se  rapportent  a  la  feuille  B 
où  il  en  sera  question  aux  v.  i^-ib.  Ils  se  trouvaient,  quand 
Je  développai  le  manuscrit ,  mêlés  au  cahier  A.  Rien  ne  peut 
mieux  montrer  le  désordre  dans  lequel  ces  fragmenb  sont 
parvenus  entre  mes  mains. 

V.  Cf.  B,  43  et  suiv. 

- ???  so  bhikhu  jcihati  o — 

niahoho  sa  bhikhu  jahati 

— s.  bhikhu  jahiii  o 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHÏNS.  227 

Vï. 

>~ vikaya  so  bhikhu  jahati  o 

saitha  s.  .  .kh 

VII.  Un  commencement  de  ligne. 

samadhimu .  i 

Vin. 

.^ la  cita  druracha  drunivarana* 

u ~ -^ ~ 

Dhammap.  «  33  : 

capaiam  cittam  dùrakkham  dnnnivâi*ayam 


ujum 


a.  Cette  lecture  est  certaine,  et  du  reste  durnivârana  me 
semble  pour  le  moins  aussi  bon  que  dunnivâraya, 

IX.  Fin  de  vers. 

8U  gachati  o 

B 

Le  haut  de  cette  feuille  se  raccorde  exactement  à  la  fm  d*unc 
des  feuilles  du  manuscrit  qui  ont  pris  le  chemin  de  Saînt- 
Pëtersbourg;  en  sorte  que  nos  seize  premières  lignes  y 
trouvent  leur  complément,  au  moins  partiel.  Je  n*ai  pas 
cru  excéder  la  réserve  que  m*imposait  la  courtoisie  même 
avec  laquelle  mon  savant  confrère  et  ami  M.  d'Oldenburg 
mettait  ses  documents  à  ma  disposition,  en  ajoutant  la 
copie  des  morceaux  de  vers  qui  se  rejoignent  à  nos  propres 
fragments;  le»  uns  et  les  autres  forment  un  tout  insépa- 
rable. J*ai  pris  soin  d'enfermer  entre  crochets  les  emprunts 
faits  ainsi  au  fragment  de  Saint-Pétersbourg. 

i5. 


228  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

1  yo  cutiu  veti  satvana  Pvati  ca  "  —  [sana  * 
budhu  atimasarira  tam  aho  bromi  bramana'  o] 

Dhanimap. ,  ^19  : 

cutiiii  yo  vedl  sattânaih  upapailiiii  ca  sabbasu 

asattaih  sugatam  buddliarii ,  tam  ahaiii  brûmî  brâhmanarii 

a,  11  n  est  pas  possible  de  distinguer  a  priori  le  t  du  d  dans 
notre  manuscrit.  On  pourrait  aussi  bien  lire  vedi.  Cepen- 
dant le  présent  me  parait  ici  beaucoup  plus  probable  que 
le  passé ,  et  je  serais  plus  disposé  à  admettre  que  la  leçon 
du  Dbammap.  vient  de  quelque  confusion  ancienne ,  repo- 
sant peut-être  justement  sur  la  similitude  de  ces  deux  ca- 
ractères. De  la  lettre  que  j  ai  remplacée  par  un  point  d*in- 
terrogation,  il  ne  reste  que  le  bas  de  la  haste.  Elle  ne 
porte  pas  de  crochet  significatifqui  permette  d*y  reconnaître 
Vu  qu*il  faudrait  pour  représenter  uvavati,  ïupapalli  du  pâli. 
Je  crois  en  tous  cas  que  le  dernier  caractère ,  et  quoique 
le  trait  vocalique  soit  un  peu  écourté ,  porte  bien  la  nota- 
tion de  Ti.  —  b.  M.  d*01denburg  transcrit  le  commence- 
ment de  son  fragment  [sa]rva^ana.  Sur  le  fac-similé ,  il  ne 
reste  rien  que  la  fm ,  dont  la  lecture  éana  est  assurément 
possible,  mais  non  pas  certaine,  d'autant  moins  que  Ton 
voit  mal  comment  cette  forme  saiDa^ana  se  rapporterait  à 
la  forme  sarvaéah ,  sarvaso  que  le  pâli  nous  autorise  à  at- 
tendre. D'autre  part,  avec  cette  lecture,  il  manque  une 
syllabe  pour  le  mètre ,  et  à  coup  sûr  le  fac-similé  permet 
de  penser  (ju'il  est  tombé  un  petit  moixeau  de  la  feuille 
entre  la  fm  de  notre  fragment  et  le  commencement  de 
celui-ci.  La  lecture  exacte  de  cette  fm  de  pâda  reste  donc 
forcément  douteuse  jusqu'à  nouvel  ordre.  —  c.  Atimasa- 
rira =  antiiiiaéarlram.  Cf.  Dhammap. ,  4oo. 

2  akrodhu anuvayasa  vipramutu  p . n .  .'^ 

[budhu  vataniala  dbira^  tam  aho  bromi  bramana  o] 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  229 

a,  Anavayasa  =  anfipàyâsam.  Les  derniers  caractères  sont 
coupés  par  moitié  ;  mais  les  traces  s  en  accommodent  bien 
d  une  restitution  punahhava  —  punarbhavât.  —  h.  De  ce 
pàda  ou  peut  rapprocher  Dhammap. ,  v.  a6 1  isave  rantama- 
lodhirotheroti(thaviroti)pavuccati.  Je  traduis:  «  L*homnie 
sans  colère,  sans  découragement,  délivré  de  toute  future 
renaissance  (»  tmtimaiariram  du  vers  précédent),  sage, 
sans  tache ,  ferme,  c'est  cet  homme  que  j'appelle  [véritable- 
ment] un  brahmane.  > 

3  yo  tu  pufie  ca  pave  ca  "  uhu  saga  uvacai  * 
[asaga  viraya  budhu  tani  ahu  bromi  braniana  o] 

Dhammap.,  4i^  : 

yo  dha  punnan  ca  pâpan  ca  ublio  sangaiii  upaccagâ 
asokam  virajam  suddharii  tam  ahaih  brûmi  brâhmanam 

a.  Je  me  contente  de  signaler  en  passant  les  màgadhismes 
pnîie  et  pave,  scil.  pûpe,  pouv  pitnmm  et  pâpam,  —  h.  Je 
prie  que  Ton  remarque  le  caractère  /m,  uha  =  uho,  nhhaii, 
[k=bk,  conune  souvent;  cf.  ohaseti,  etc.);  l'interprétation 
n'en  peut  être  contestée.  Elle  est  décisive  pour  la  tran- 
scription de  ahu  =  aho,  ahaih,  qui  revient  si  souvent  dans 
les  fragments  de  Saint-Pétersbourg.  Saga,  aussi  bien  ici 
qu'au  pada  suivant,  présente  une  double  singularité  :  s  pour 
*  et  la  forme  du  y,  j{f .  On  pourrait  être  tenté  d'interpréter 
cette  forme  comme  =  ^,  le  gh  aspiré;  mais,  outre  que 
l'aspirée  ne  serait  pas  justifiée  ici,  nous  avons  rencontre 
tout  à  l'heure  (A*,  6,  note)  un  exemple  d'une  variante 
équivalente  de  la  lettre ,  surmontée  d'un  trait  qui  exprime 
l'aspiration.  11  est  donc  beaucoup  plus  naturel  d'expliquer 
cette  base  du  caractère  comme  une  trace  accidentelle 
d'une  habitude  graphique  qui  est  très  généralisée  dans 
certains  alphabets  numisma tiques.  Relativement  à  iivarai 
=  upaccagâ,  je  renvoie  à  A*,  d. 


230  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898 

h   jai  parakata  *  budhu  jitavi  akatagati^ 

[pruju  devamanusana  '  tam  ahu  bromi  braniana  o] 

a.  Le  j  initial  n'a  pas  la  marque  supérieure  de  raspiratioii  ; 
c  est  ccpcndfini  jhai=^dhyâyin  qu'il  faut  entendre,  et  para- 
kata =^ parâkrânta,  —  6.  Akatagati,  cV^t  à-dire  agatâgati^ 
•  qui  n'est  pas  engagé  dans  les  quatre  agatis  » ,  sur  lesquelles 
cf.  Childers.  Ou  remarquera  la  fioriture ,  sans  signification 
spéciale,  par  laquelle  le  scribe  a  terminé  la  hastc  du  ^ 
et  qu'il  a  reproduite  dans  le  dernier  pâda  au  bas  du  trait 
Yocalique  du  mi,  —  c.  La  lecture  pru  semble  certaine.  Je 
i.c  puis,  pour  ma  part,  rendre  compte  de  l'r^  et  jusqu'à 
ce  qu'un  autre  interprète  ait  trouvé  mieux ,  je  propose  de 
comprendre  paja  devamanaéana  ^pûjyam  dfrDamanusyaih. 
L'expression  devamauasyapùjita  est,  avec  ses  divers  équi- 
valents, courante  dans  la  phraséologie  bouddhique.  On  le 
verra  par  la  suite,  la  transformation  de  manasya  en  manus'a 
est  constante  dans  notre  manuscrit.  Je  traduis  :  i  L'homme 
qui  s'applique  à  la  méditation,  héroïque,  sage,  vainqueur 
[des  passions] ,  qui  ne  s'engage  pas  dans  les  sentiers  du 
mal,  qui  est  digne  du  respect  des  dieux  et  des  hommes, 
c'est  celui-là  que  j'appelle  [véritablement]  un  brahmane.  » 

5    jai"*  parakata  budhu  kitakica  anasavn 

[budhu  dasabaluvetu  *  tam  ahu  bromi  bramana  o] 

Dhammap. ,  386  : 

jhâyiiii  virajarii  âsînaiii  kitakiccaiii  anâsavaiii 
uttamatthaih  anuppattam  tam  aham  brûmi  brâhmanaiii 

a.  Cette  fois  encore  le  ^  est  bien  ^j,  sans  signe  d'aspira- 
tion. —  b.  Ce  pàda  parait  ici  assez  dépaysé,  inférieur  cer- 
tainement à  sa  contre-partie  pâlie  :  badhu  fait  double  em- 
ploi ,  figurant  déjà  dans  le  premier  pàda  ;  et  iaéahalopeta 
est  une  épithète  qui  ne  convient  qu'au  •  Buddha  » ,  au  sens 
technique ,  lequel  ne  peut  être  visé  ici.  «  L*homme  qui  s'ap- 


MAIMUSCRIT  OUTREUIL  DE  RHINS.  251 

pliqne  à  la  méditation,  héroïque,  sage,  fidèle  au  devoir, 
exempt  de  passions,  le  Buddha  doué  des  dix  forces,  c*est 
celui-là  que  j*appelle  [véritablement]  un  brahmane.  » 

6      gamiraprana  medhavi  marga{ma]rgasa  koi  ?  " 
[utamu  pravara  vira  tam  ahu  bromi  bramana] 

Dhammap. ,  4o3  : 

g.mblûr.p«mUm  medhâvirix  maggâ^aggawa  kovidam 
uttamattliaih  anuppattam  tam  aham  brûmi  brahmanaih 

a.  J*ai  déjà  signalé  des  orthographes  comme  garnira  »  gam- 
hhira,  La  fin  de  ce  pâda  fait  quelque  difficulté.  11  est  ma- 
laisé de  croire  que  notre  texte  ne  corresponde  pas  à  celui 
du  pâli.  Dans  la  syllabe  que  Je  transcris  i,  nous  pouvons,  il 
est  vrai ,  admettre  la  chute  du  v ,  conune  nous  avons  constaté 
celle  du  b  dans  sapraudhu  et  praujhati.  A*,  ^,  g.  11  ne  me 
semble  même  pas  certain ,  quoique  peu  probable ,  qu  on  ne 
puisse  lire  bi,  avec  lechangement  fréquent  de  v  en  b.  Reste 
en  tous  cas  le  dernier  caractère  ;  bien  qu*ii  soit  à  moitié  pris 
dans  la  cassure,  ce  qui  en  demeure  apparent  semble  ex- 
clure la  lettre  da,  et  je  ne  vois  cependant  aucune  autre 
lecture  à  suggérer  qui  soit  à  la  fois  plausible  pour  le  sens 
et  conciliable  avec  le  tracé  du  manuscrit. 

7   diva  tavati  adieu  rati  abbai**  cadriniu 
sanadbu  [chatrio  tavati  jhai  tavati  bramano 
adba  sarva  ahoratra  budbu  tavati  teyasa  5o  ^] 

Dhammap.,  S87  : 

divâ  tapati  âdicco  rattim  âbhâti  candiraâ 
sannaddho  khattiyo  tapati  jhâyl  tapati  brâhmano 
atha  sabbam  ahorattim  buddho  tapati  tejasâ 

a.  Abhai  est  écrit  par  J^.  Cf.  ci-dessus  Â^  1 ,  note.  Pour  la 
chute  du  (  entre  les  deux  voyelles,  je  renvoie  à  pliasai.  A*, 


932  3EPTËMBRË.0CT0BRË  1898. 

1  o ,  ixote  c.  —  6.  Le  chiffre  est  ici  ajouté  en  marge ,  à  ia  un 
de  la  ligne ,  et  sans  Taddition  de  ga[tka].  La  fioriture  qui 
marque  la  fin  des  chapitres  est  rejetëe  à  la  ligne  suivante, 
comme  on  le  peut  voir  par  notre  fac-similé. 

8  kaena  savruto  bhikhu  atha  vayai**  s.v.to 
[nianena  savruto  bhikhu  sarva  drugatio  jahi  o] 

a.  Savruto  =  sainvrtah.  Pour  le  changement  de  r  en  ra  on 
'peut  comparer  à  la  ligne  a 5  :  apra[tha\jana.  Je  restitue 
vay(n=vâcâya  (bien  que  la  ligne  transversale  de  Vi  ait 
disparu  dans  la  cassure)  à  cause  de  la  lecture  certaine  au 
vers  suivant;  i—ya.  Cf.  vayaya  à  la  1.  lo.  «Le  moine  qui 
est  maître  de  lui  dans  ses  actions  et  dans  ses  paroles,  le 
moine  qui  est  maître  de  lui  dans  ses  pensées  ne  saurait  re- 
tomber dans  aucune  des  mauvaises  voies.  » 

9  kaena  sanamu  sadhu  sadhu  vajjai''  sanamu 
inanena  sanamu  sadhu]  [sadhu  savatra  sanamu 
sanatra  sanato  bhikhu  savadugatio  jahi] 

Dhanunap.,  36 1  : 

kâycna  samvaro  sâdhu  sâdhu  vâcâya  sariivaro 
manasâ  samvaro  sâdhu  sâdhu  sabbattlia  saiiivaro 
sabbattha  sariivuto  bhikkhu  sabbadukkhâ  pamuccati 

a.  Ce  qui,  dans  ce  vers  et  dans  les  suivants,  est  enfermé 
entre  les  premiers  crocliets  appartient  au  fragment  détaché 
sur  la  gauche  de  la  planche  B  et  qui  aurait  du  être  rappro- 
ché ici  du  fragment  principal.  «  11  est  bon  d*étre  maître  de 
soi  dans  ses  actions,  bon  d*étrc  maître  de  soi  dans  ses  pa- 
roles ,  bon  d*être  maître  de  soi  dans  ses  pensées  ;  il  est  bon 
d  être  mai  Ire  de  soi  en  toute  circonstance;  le  moine  qui 
est  en  toute  circonstance  liiaîtiip  de  lui  ne  saurait  retom- 
ber dans  aucune  des  mauvaises  voies.  » 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  233 

'O      hathasanatu  padasanatu  [vayasanatu  savutidrio 

ajhatma][rato  samahito  eko  satusito  tam  ahu  blii- 

khu  o] 
Dliammap. ,  36a  : 

hatthasannato  pâdasannato  vâcâya  sannato  saniiatuttamo 
ajjhattarato  samahito  eko  santusito  tam  âhu  bliikkhum 


I 


yo  muhena  sanato  bhikhu  mana[bhani  "*  anlidhato 
artha  dhar][inu  ji*  deseti  masuru*  tasa  bhasita  o] 

Dhammap.,  563  : 

yo  mukhasnnnato  bhikkhu  mantabhânl  anuddliato 
attham  dhammarii  ca  dîpeti  madhurarii  tassa  bhâsitam 

a.  Cette  iecture  suppose  la  forme  mandabhânin ,  «  qui  parle 
peu  » ,  connue  aussi  des  textes  pâlis  ;  elle  est  beaucoup  plus 
probable  que  la  forme  mantabhânî  que  le  scoliaste  se  donne , 
sans  grand  succès,  beaucoup  de  peine  pour  expliquer.  — 
6.  LV  se  distingue  sur  le  prolongement  de  la  branche 
droite  de  Vm ,  fr.  de  la  pi.  B.  Je  ne  saurais  décider  avec 
certitude  si  le  texte  porte  rmu  ou  f7fia.  —  c.  La  lecture 
masaru  semble  très  nette  sur  le  fac-similé  de  M.  d*01den- 
burg.  Il  y  a  eu  confusion  de  la  part  du  scribe,  et  cette 
confusion  est  assez  explicable;  il  est  en  effet  dans  cette 
écnture  une  forme  de  Vs  qui  ne  se  distingue  du  dh  que  par 
Torientation  du  crochet  terminal,  tourné  vers  la  droite 
dans  1*5  et  vers  la  gauche  dans  \e  dh.  Ce  détail  semble 
prouver  que,  comme  on  devait  s  y  attendre,  le  copiste 
travaillait  sur  un  manuscrit  de  même  écriture  que  la  sienne. 


12   ninakare'  pravithasa  satacit.  .  [bhikhuno 
amanusa  rati]  [bboti  same  dbarma*  vivasatu  o] 

Dhammap. ,  SyS  : 


234  SRPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

sunnâgâram  pavitlhassa  saniacittassa  bhikkhuno 
amânusî  rati  hoti  sammâ  dharamam  vipassato 

a.  Je  n*essaye  pas  de  décider,  au  moins  quant  à  présent ,  si 
ïe  final  =am^  ou  si,  ce  qui  semble  d*abord  plus  probable, 
nous  avons  affaire  à  une  extension  de  Temploi  du  locatif. 
—  b.  L*extrémité  de  la  queue  de  IV,  attachée  —  comme 
on  peut  le  voir  au  v.  i4  —  sur  la  branche  de  droite  de 
ïm ,  reste  encore  visible  au-dessous  de  la  lacune. 

13    yato  yato  sammasatî''  kan(dh)a[na  udakavaya* 
lahati  priti][prainoju  amutu  ta  vianatu""  o] 

Dhanimap.,  Syd  : 

yato  yato  sanmiasati  khandhânam  udayavyayam 
labhati  pîtipâmojjam  amatam  taih  vijânatam 

a.  Je  dois  insister  un  peu  sur  la  lecture  que  je  propose  pour 
ce  mot;  car  la  décision  prise  conmiande  toute  une  série 
de  cas  parallèles;  je  veux  parler  du  second  caractère.  11 
est  certain  que  Tu  est  habituellement  marqué  ici  par  un 
crochet  placé  au  pied  de  la  consonne  et  plus  ou  moins  pen- 
ché vers  la  droite ,  d*aiUeurs  plus  au  moins  fermé ,  au  point 
de  se  présenter  parfois  comme  un  petit  cercle  un  peu 
obiong.  Le  signe  que  nous  avons  ici  au-dessous  de  notre  ^ 
est  aussi  un  crochet,  mais  plus  arrondi,  plus  ouvert  que 
Tautre  et  surtout  placé  plus  vers  la  droite  de  la  consonne. 
Si  Ton  tient  compte  de  cette  circonstance  que  le  son  ma 
est  ordinaiement  noté  par  un  caractère  spécial  ^^  il  faut 
avouer  que,  malgré  une  certaine  similitude,  le  signe  sou- 
scrit doit  être  distingué  du  signe  m  ,  que  ce  n'est  donc  pas 
mu  qu*il  faut  lire.  Etant  donnée  la  forme  de  Tannsvâra  dans 
Talphabet  épigraphique ,  ou  pourrait  le  vouloir  retrouver 
ici;  mais  Tanusvâra  nest  sûrement  pas  noté  d*ordinaire 
dans  notre  manuscrit ,  et ,  dans  le  seul  cas  absolument  cer- 
tain que  j'en  aie  jusqu  ici  relevé  —  c'est  dans  les  fragments 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  235 

de  Saint-Pétersbourg  —  il  affecte  au  contraire  la  forme 
exacte  de  Ym  ;  je  ne  puis  donc  voir  dans  notre  crochet  un 
anusvàra ,  mais  simplement  un  m  final  souscrit,  comme 
souvent  dans  les  textes  ëpigraphiques  en  dévanàgart.  La 
lecture  samamsati  serait  en  elle-même  invraisemblable; 
c*est  surtout  dans  le  mot  brûhmana  que  reparait  notre  signe  ; 
la  transcription  bramamna  est  également  inadmissible.  La 
comparaison  qui  s*impose  avec  lanusvàra  des  inscriptions 
est  cependant  instructive.  Tout  le  monde  admet  que  celte 
forme  de  Tannsvâra  n*est  rien  que  Ym  retourné.  J*estiine 
que,  de  même  ici,  notre  crochet  n*est  rien  que  Y  m  re- 
tourné, mais  conservant  sa  valeur  normale.  Le  signe  if 
serait  ainsi  =  mm.  Dans  tous  les  cas  où  je  Tai  relevé ,  cette 
analyse  est  absolument  satisfaisante.  S*il  ne  paraissait  que 
dans  le  mot  brâhmana,  on  pourrait  soupçonner  un  groupe 
mh;  mais,  indépendamment  de  Tinvraisemblance   gra- 
phique, il  n*y  a  point  de  place  pour  un  h  dans  le  cas  pré- 
sent. Un  exemple  me  parait  décisif  pour  Tinterprétation 
que  je  propose  et  m*a ,  pour  ma  part,  finalement  convaincu  ; 
c'est  dans  les  fragments  de  Saint-Pétersbourg ,  au  vers  qui 
correspond  à  Dhanunap.,  82,  le  mot  ^^Y  '  ^®  crochet 
inférieur  est  sûrement  intentionnel ,  et  de  valeur  positive  : 
nous  ne  pouvons  lire  que  gammiro  =  gambhiro.  Un  peu 
plus  loin  dans  le  même  fragment ,  aux  deux  vers  qui  re- 
présentent Dbammap.,  81,  nous  retrouvons,  très  nette- 
ment le  même  tracé  X.  H  est  clair  que  cette  fois  nous 
pourrions  lire  le  mot  intéressé  :  saminija[m]ti;  mais  la  lec- 
ture mim  est  exclue  pour  ^ammîro^  et  le  sanscrit  buddhique 
lit  régulièrement  samminjati  et  habituellement  aussi  le 
pâli;  nous  sommes  donc  autorisés  à  lire  sammijati.  Celte 
lecture  du  signe  ^  lève,  autant  que  je  puis  voir,  toutes 
les  difficultés.  Il  est  vrai  que  le  redoublement  des  con- 
sonnes ne  se  note  pas  dans  notre  manuscrit.  L'objection 
est  de  peu  de  poids  si  Ton  songe  à  l'inconsistance  si  carac- 
téristique de  son  orthographe.  Quelque  solution  cpie  l'on 
préfère  adopter,  on  ne  pourrait  échapper  à  la  nécessité 


â30  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

d*en  admettre,  dans  ce  cas,  une  manifestation  nouvelle, 
bràhmana  étant  plus  souvent  écrit  par  ^  que  par  ^  et 
gambhira  par  Y  ^^^  p^i*  ^*  Quant  à  Ys  =  é  de  sammasali, 
il  s*explique  peut-être  par  le  voisinage  de  IV,  un  peu 
comme  nous  avons  s  =  /r.  Cependant  la  transcription  or- 
dinaire de  rs  sanscrit  est  s\  comme  dans  *dasima,  1.  3a.  — 
h.  Le  groupe  ndh  est  ordinairement  écrit  n  avec  le  trait  de 
Taspiration  au-dessus,  qu'il  faille  Tinterpréter  ndh  ou  nh, 
conune  banana  =  bandhana,  à  la  ligne  ^9  et  aUleurs.  Ici 
la  marque  de  laspiration  manque.  Précisément  le  k  est 
de  même  pour  kk  =  sk.  L'orthographe  assez  singulière 
udaka  =  udaya,  se  reproduit  C'"*,  18.  Nous  trouverons  de 
même  (C'%  87)  dhoreka',  —  c.  Je  ne  construis  ni  n'en- 
tends ce  dernier  pâda  comme  les  précédents  interprètes  ; 
je  ne  puis  croire  que,  placé  comme  il  Test,  le  pronom  tam 
pubse  se  rapportera  pritipramoja,  reprendre  et  résumer  ce 
substantif.  J'estime  qu'il  faut  couper  la  phrase  à  la  fin  du 
troisième  pàda  et  que  le  quatrième  doit  se  traduire  litté- 
ralement :  «  la  libération  de  la  mort  est  [le  lot]  de  celui 
qui  sait  [de  ceux  qui  savent]  cela»,  c'est-à-dire  de  ceux 
qui,  le  sachant  «  le  pratiquent  et  détruisent  les  skandhas. 
Pour  la  suppression  du  j  médial ,  il  suffit  de  rappeler  par- 
vaitasa  de  A*,  3. 

14    sunakari  pravithasa  sataci[tasa  bhikhuno 
ama][nusa  rati  bhotisame  dharma  vivasatu  o] 

Cette  ligne  est  exactement  identique  à  la  ligne  12.  H  y  a  là 
quelque  confusion  du  copiste  qui  aura  répété  une  ligne 
par  erreur  ou  négligé  quelque  variante  partielle  qui ,  dans 
son  texte,  différenciait  les  deux  vers.  Cf.  p.  26 1-2. 

'5  [ ^ ■ 

][ same  dhama  vivasatu  o] 

Malgré  les  traces  qui  subsistent  des  trois  premiers  pàdas,  je 
n'ai  pas  réussi  à  en  rétablir  la  lecture  probable. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  237 

J<>    nathi  jhana  apranasa  prana  nathi  ajhayato 

[  *  yasa*  jana  ca  prana  ya  so  ho]  [ninanasa  satia*  o] 

Dhamniap.,  872  : 

natthi  jhânam  appannassa  pannâ  natthi  ajhâyalo 
yamhi  jhânan  ca  pannan  ca  sa  ve  nibbânasantike 

a.  Ce  vers  et  les  deux  suivants  se  complètent  au  moyen  d*un 
fragment  détaché  que  je  désigne  conune  fr.  B  vlii.  Yasa 
est  le  génitif  faisant  fonction  de  locatif,  comme  souvent 
ici.  Je  ne  puis  décider,  à  cause  de  la  cassure,  si  le^ de  jana 
portait  ou  non  le  trait  de  l'aspiration.  Ho  =  khala ,  pour 
vai,  ve  du  pâli.  Le  bas  du  dernier  caractère  est  passable- 
ment indistinct  sur  le  fac-similé.  Je  n'oserais  pas  affirmer 
que  la  vraie  lecture  ne  soit  pas  satil,  elle  serait  plus  voisine 
du  pâli  et  grammaticalement  plus  justifiable. 

17     tatrai  adi  bhavati  tadhapranasa  "*  bhikhuno 
[Mdriagoti  satuthi  pratimukhe  i*] 

Dliammap. ,  SyS  : 

tatrâyam  âdi  bhavati  idha  pannassa  bhiLkhuno 
indriyagutti  santutthî  pâtimoLkhe  ca  samvaro 

a.  Le  (  est  net.  Nous  avons  donc ,  en  face  de  idha ,  iha  du 
pâli, on  autre  tour  taiha  pranasa,  soit  que  tathâ  se  rapporte 
à  la  description  du  vers  précédent,  «le  moine  qui  ainsi, 
c'est-â-dire  par  la  méditation ,  est  en  possession  de  la  sa- 
gesse», soit  que  cette  expression  tathâprajna  rentre  dans 
Tanalogie  générale  d'autres  locutions  bouddhiques  comme 
tâdré  (tàdi,  tâyin)^  tathâgata,  etc.,  dont  jai  touché  un 
mot  ailleurs,  IRAS,  oct.  1-898,  p.  866.  —  b,  I  =  ca, 
comme  nous  l'avons  vu  déjà.  Pour  l'expression  pâùmokkhc 
ca  samvaro,  cf.  tavata  prâtimakhasa ,  fr.  C  I. 

»  Fr.  B  vu. 


238  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

18  mitra  bhayea*  padiruva  sudhayiva  a* 

[  ^  padisaPra.tisa.  aprak]  * ^ - .. 

19  datu  ayarakusalo  suhu  bhikhu  vihasisi''  o 

Dbammap.,  376  . 
mitte  bhajassu  kalyâne  saddbajîve  atandilc 

/Wi,376: 
padsanthâravuttassa  âcârakusalo  siyà 

Ibîd,,  379  : 
so  attagutto  satimâ  sukham  bhikkhu  vihâhisi 

a.  A  cause  de  la  cassure  la  lecture  du  caractère  j^  (~j^) 
n*cst  pas  tout  à  fait  certaine;  elle  me  parait  au  moins  infi- 
niment probable.  —  b.  Ce  commencement  de  pàda  n  est 
lisible  qu*à  la  lumière  que  nous  prête  la  comparaison  du 
pâli.  Le  demi-vers  du  Dhammap.  forme  la  fm  d*une  stance 
hypermétrique  à  six  pâdas.  Comme  on  le  voit,  le  nôtre 
forme  au  contraire  le  premier  tiers  d*une  stance  de  ce 
genre.  H  saute  aux  yeux  que  Tarrangement  de  notre  texte 
est  le  bon  :  le  demi- vers  mitte  bliajassu,  etc.  se  rattache 
aussi  mai  que  |K)ssible  au  sloka  qui  précède.  —  c.  Le 
bas  des  lettres  ayant  disparu ,  la  lecture  n*est  pas ,  dans  le 
premier  pàda ,  sûre  pour  tous  les  caractères  ;  après  padi  on 
peut  admettre  sadkara  qui  serait  bien  =  le  pâli  santhâva  ; 
mais  le  haut  du  caractère  suivant  n*a  aucunement  Tappa- 
rence  d'un  "J,  mais  bien  plutôt  d'un  y.  Notre  texte  por- 
tait-il padbadharaguti  ?  —  d.  Data  est,  bien  entendu, 
=  dântah  et  ayara  =  âcâra.  Nous  avons  déjà  rencontré  (A*, 
6)  vilumti.  Notre  forme  est  intermédiaire  entre  celle  du 
sanscrit  et  celle  du  pâli  vikâhitL  On  remaix|uera ,  dans  le 
p«'i]i ,  outre  le  changement  de  r{î)s  en  h  qui  semble  dépasser 

»  Fr.  B  VIII. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  239 

le  niveau  moyen  de  ia  dégénéreacence  phonique  dans  ce  dia- 
lecte ,  l*orthographe  i  pour  ya  qui  parait  aussi  empruntée 
à  des  habitudes  graphiques  plus  libres,  moins  régulières, 
que  celles  qui  ont  prévalu  en  général  dans  sa  fixation  litté- 
raire. Aussi  cette  forme,  seule  normale,  a-t-elle  été  en 
partie  supplantée  par  des  orthographes  comme  kàhasi,  kâ- 
hati,  kàhanti  à  côté  de  kâhisi,  kàhiti,  kâhinti  qui  parurent 
isolées  et  singulières. 

30      salabhu  *  natimanea  nanesa  smihao  sia  * 

anesa  smihao  bhikhu  samadhi  nadhikachati  o 

Dhanmiap.,  365  : 

salâbham  nâtimanneya  nannesam  pihayan  care 
annesam  pihayaih  bhikkhu  samâdhîih  nâdhigacchati 

0.  SalaUia  est  ici  écrit  par  V.  Cf.  A',  note  a.  J'ai  à  peine 
besoin  de  remarquer  que  atimannali  doit  s*entendrc  au  sens 
de  •  mépriser,  dédaigner  ».  Cliilders  et  M.  Max  Mùller  ont 
déjà  corrigé  la  petite  inadvertance  de  M.  Fausbôll.  —  h. 
Je  n*ai  découvert  aucun  moyen  de  distinguer  a  priori  Vm 
'  àa  V  conjoint,  dans  des  groupes  comme  tv,  tm,  sm,  sv, 
C*est  peut-être  svihao  =  sprhayam  qu'il  faut  lire.  Les  cas 
que  nous  avons  déjà  relevés ,  où  p  est  changé  en  m ,  m*ont 
induit  à  penser  qu*il  en  pouvait  être  de  même  ici;  mais 
Je  ne  vois,  entre  les  deux  transcriptions,  aucun  motif  pé- 
remptoire  de  décision.  Nous  allons,  au  v.  25,  rencon- 
trer la  transformation  habituelle  de  sp  en  ph.  Pour  le  chan- 
gement en  0  de  la  syllabe  finale  du  participe  présent,  on 
peut  comparer,  aux  II.22  et  a3,  anavici{m)tao  et  anusmaro. 

^1    apalabho  tu  yo  bhikhu  salabhu**  natimaûati 
la  gu  deva  prasajhati  *  sudhayivu  atadrita  o 

Dhammap. ,  366  : 


240  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

appalâbho  pi  ce  bhikkhu  salâbbaih  nâtîmannati 
taih  ve  devâ  pasamsanti  suddbajîvim  atanditarii 

a.  Sur  la  planche  on  pourrait  douter  8*il  faut  lire  apalaphfp^ 
ou  apalabho;  je  dois  dire  que  Toriginal  ne  laisse  aucun 
doute  et  que  c*est  bien  en  présence  du  caractère  bh,  "K 

?u  il  nous  met.  Dans  salabha  nous  retrouvons  la  forme 
^«  —  b.  Pour  praéajhati  -  prasamsanti ,  cf.  la  note  A^,  1 7. 
Je  prends  ^a  pour  ghn  (avec  perte  de  l'aspiration  comme 
dans  kadha  =  skandlia,)  =  kha,  scil.  khalu,  qui  est  aussi 
représenté  par  ho  et  ha. 

22  kamaramu"*  kamaratu  kamu  anuvicitao 
kamu  anusmaro  bhikhu  sadharma  parihayati  o 

a.  Ce  vers  ne  diiïëre  du  suivant ,  seul  représenté  dans  le  Dham- 
map.  pâli  et  dont  il  forme  Tantithèsc ,  que  par  la  substitu- 
tion de  kâma ,  «  le  désir  » ,  à  dharma ,  «  la  loi ,  la  vertu  » ,  et 
par  la  suppression  corrélative  de  la  négation. 

23  dhamaramu  dhamaratu  dhamu  animcitao 
dhamu  anusmaro  bhikhu  sadharma  na  parihayati  o 

Dhamraap.,  364  : 

dhammârâmo  dlmmmarato  dhammam  anuvicintayaiii 
dhammaiii  anusmaraiii  bhikkhu  saddhammâ  na  parihayati 

24  na  silavatamatrena  bahosukona  va  mano* 
adha  samadhilabhena  vivitasayanena  va  o 

25  phusanin^  nekhamasukhu  aprudhajanasevi. 
bhikhu  vîspasa  ma??  a? te  asavachaye*  o 

Dhammap. ,  271-272  : 

na  silabl>atamatteiia  bâhusaccena  va  puna 
athavâ  samâdhilâbheua  viviccasayanena  va 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  241 

phusâmi  nekkliammasakham  aputhujjanasevitam 
bhîkkhu  vissâsarii  inâpâdi  apatto  âsavakkhayaiii 

Bahosukena  s*explique  bien  «=  bahussakkena ,  bahu-autsukya , 
et  le  sens  d\  énergie ,  activité  »  est  satisfaisant.  On  atten- 
drait cependant  5  pour  (s  plutôt  que  5.  En  revanche  le  pâli 
bâhasaccena,  s*il  faut,  avec  Fausbôll,  le  dériver  de  bahu-\- 
sata  (=-smrta)y  devrait  redoubler  ïs  :  bâhussacca.  Comme 
le  groupe  /r  se  transforme  habituellement  en  s  dans  notre 
dialecte,  on  se  demande  presque  si  la  lecture  pnmitive 
n'aurait  pas,  comme  semble  le  supposer  Childers  (Dict.  s. 
V.),  été  bâhuiucca  =  bâhusrutya ,  en  sorte  que  nos  deux  va- 
riantes en  seraient  des  déformations  parallèles.  H  est  d'au- 
tant plus  malaisé  de  le  décider  que ,  après  tout ,  telle  qu'elle 
est,  notre  leçon  bahosukena  est  irréprochable  pour  le  sens 
et  —  étant  données  les  confusions  entre  les  silHantes  dont 
le  seul  vers  suivant  va  justement  nous  donner  deux  exemples 
—  très  admissible  pour  la  forme.  Mano,  pour  pana[h) ,  pu- 
nah,  avec  changement  de  p  en  m.  —  b.  Le  pluriel  phusa- 
mu  est  certainement  préférable  au  singulier,  par  le  tour 
plus  général  qu'il  donne  à  la  pensée.  Pour  la  substitution 
de  i  à  i,  je  renvoie  à  sanimasatidu  v.  i3.  — c.  \olre  leçon 
confirmerait,  s'd  en  était  besoin,  la  correction  que  Chil- 
ders {./.  R.  As,  Soc,  n.  ser.  V,  p.  326)  a  justement  intro- 
duite dans  le  texte  pâli  vissâsam  mâpâdi  pour  vissâsam  ûpâ- 
di;  car  les  cas  où  Vm  final  est  ici  conservé  par  le  sandhi 
sont  assez  rares  pour  que,  a  pi-iori,  la  division  vis'pas'a  ma* 
soit  de  beaucoup  la  plus  probable.  Je  ne  doute  guère  que 
ies  deux  caractères  à  demi  perdus  n'aient  été  padi ;  mais  je 
n'en  suis  pas  assez  certain  pour  les  faire  figurer  dans  la 
transcription.  Le  groupe  médial  de  visp(L<a  est  loin  d'appa- 
raître ici  nettement.  A  comparer  l'aspect  qu'il  prend  soit 
dans  vispa  à  la  ligne  suivante,  soit  dans  v[î)s'pasa ,  C", 
33,  sa  forme  normaic  |)arait  être  O)»  ^a  ressemblance  est 
frappante  avec  le  groupe  qui  figure  sur  les  moninnenis 
de  Spalagadames ,  Spalahores,  SpaUrises  et  (|ue  l'on  tran- 

xn.  16 


laraiHiai*  lAriaiiALB 


S42  SEPTËMBREOCTOBRE    1808. 

scrit  ordinairement  sp  et  sp  (Bûliler,  pi.  1,1.  Qg);  je  n'ose 
nie  prononcer  d'une  façon  décisive  entre  les  deux  lectures. 
Cependant ,  il  ne  peut  y  avoir  de  doute  sur  le  mol ,  qui  est 
sûrement  viVtYîia;  la  seconde  dentale  est  donc  ici  indûment 
palatalisce  en  é;  et  celte  irrégularité  s'explique  sans  doute, 
comme  dans  Mana,  par  le  voisinage  d*un  autre  s  |)alatal; 
il  n  y  a  ainsi  guère  d'apparence  que  cet  s  palatal  ait  pu 
être  supplante  dans  la  syllabe  précédente  où  il  est  justifie 
par  l'étymologie.  Jinclino  donc  vers  la  lecture  sp  et  je  l'ai 
introduite  dans  ma  transcription.  Ce  groupe  ne  figure  ici 
que  comme  repœsenlanl  un  sert  sv.  11  ne  me  parait  })as  (|ue 
ce  soit  une  raison  suflisante  |K)ur  le  transcrire  sv  et  ris- 
quer d^elTacer  une  singularité   dialectale  qui  se  compare 
d'elle-même   à   une  particularité  bien  connue  du  zend. 
C'est  sûrement  apratc  asavachaye  =  aprâpte  âsavaksaye  que 
lisait  notre  manuscrit,  une  fm  de  vers  stéréotypée  que 
nous  avons  déjà  rencontrée  etque  j*estime  plus  autlientique 
c]ue  le  tour  adopté  par  le  pâli. 

20    lia  bhikhu  tavala  bhoti  yavata  bhichati  para  " 
vispa  dharma  saniadai  bh.khii  bhoti  na  tavata  o 

Dliammap.,  !)66  : 

na  tcna  bhikkhu  hoti  3  âvatâ  bbikkhate  pare 
vissam  dbammarii  samâdâya  bbikkhu  boti  na  tâvalâ 

a.  11  ne  peut  y  avoir  d'bésitation  à  lire  para;  je  ne  m'ex- 
plique |)iis  le  prolongement  de  la  haste  de  l'r  au-dessous 
du  petit  crochet  inférieur  qui,  ordinairement,  termine  ici 
le  caractère.  11  est  clair  que,  dans  le  texte  pâli,  il  faut 
restituer  tâvatâ  ]K)ur  tena  qui  ne  donne  pas  la  mesure  né- 
cessaire et  ne  fournit  pas,  vis-à-vis  de  y  âvatâ,  le  corrélatif 
nonnal. 

27    yo  tu  haholi  pavana  ""  vatava  braminayiyava* 
saghni  carati  loku*"  su  lu  bhikhu  tu''  >'ucati  o 


MANUSCRIT  DUTREDIL  DE  RHINS.  243 

Dhammap.,  267  : 

yo  dha  punnaîï  ca  pâpan  ca  bâlietvâ  brahmncariyavii 
samkliâya  lokc  caratl  sa  ve  bliikkhûtl  vuccati 

a.  Je  ne  décide  pas  si  le  copiste  a,  dans  pavana,  oublié  le 
trait  de  Vi—pâpâni,  ou  si  nous  avons  aiîaire  à  un  génitif 
comme  le  styte  buddbique  en  présente  souvent  après  un 
verbe  transitif,  et  dans  ia  fonction  de  Taccusatif  (cf.  le 
Maliâvastu,  passim),  —  6.  Pour  vatava,  cf.  vatavantaih, 
Dhanmiap. ,  208,  4oo.  Bramnutyiyava  =  brahmacaryavan  ; 
j  ai  déjà  signalé  1  orthographe  yi  —  ca;  quant  à  ya  =  lya, 
le  ver»  C",  17,  nous  montrera  côte  à  côte  virya  et  hinavi- 
yava.  De  même  je  relève  brammayiryena  dans  un  passa<;e 
du  ms.  de  Saint-Pétersbourg.  —  c.  J'ai  déjà  signalé  la 
tendance  des  groupes  commençant  par  la  nasale  à  adoucir 
la  sourde  en  sonore;  d*où  saghai = sankhàya.  Pour  carali 
construit  avec  l'accusatif,  cf.  ci-dessus,  A^,  6,  et  Mahâ- 
vasîa,  1,  4io  al.  —  d,  Ve  du  pâli  est  préférable  à  notre 
premier  tu ,  qui  double  par  une  redondance  fâcheuse  celui 
du  premier  pâda  ;  quant  au  second ,  c'est  une  faute  pour  ti, 
faute  à  laquelle,  semble-t-il,  notre  copiste  avait  une  pente 
naturelle  (cf.  v.  38),  toujours  sous  l'influence  d'un  a 
voisin. 

!8   metravihari  yo  bhikhu  prasanu  biidhasasane 
tunati  *  pavaka  dhaniia  drumapatra  ba  maturu  o 

Cf.  Dhammap.,  368,  pour  le  premier  demi-vers. 

a.  Si  nous  lisons  iunali^  je  n'en  puis  rien  faire  (jue  tundati  = 
tadati  (cf.  le  moyen  védique  lundate);  mais  le  sens 
«  frapper  »  est  vague ,  et  Texpi^ession  médiocre.  11  est  aussi 
facile  de  lire  dunati,  et  Ton  pourrait  croire  qu'il  y  a  une 
interversion  accidentelle  pour  nndati  «  chasser,  supprimer  », 
qui  va  très  bien ,  comme  à  la  fin  du  vers,  matani  est  cer- 
tainement une  faute  matérielle  du  copiste,  pour  marntn^ 

iG. 


244  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

mârutah.  Cest  peut-être  beaucoup  d*adinettre  deux  erreurs 
de  même  nature  dans  la  même  ligne.  Le  sens  général  est 
de  toutes  façons  clair  :  «  Le  moine  qui  vit  dans  la  chanté, 
attaché  à  renseignement  du  Buddha ,  chasse  le  mal  comme 
le  vent  une  feuille  d*arbre.  • 

29  metravihara  yo^bhikhuprasanu  budhasas — 
padivijhii*  pada  sata  sagharavosaiiiu  sulia^o 

Dhammap. ,  368  : 

mettâvihâriyo  bhiLklm  pasanno  buddhasâsane 
adbigacche  padam  santam  saihkhârûpasamarïi  sukham 

a.  Aletravihai'a ,  c  est-à-dire  maitraviliâi'v ,  peut  fort  bien  être 
employé  comme  équivalent  de  maitravihûriiu  Cette  façon 
de  dire  s*ajoute  aux  vraisemblances  grammaticales  et  à  la 
comparaison  des  vei^  suivants,  pour  commander,  dans  le 
texte  pâli,  la  disjonction  "vilifiri  yo".  —  b.  On  connaît 
pativijjhati  en  pâli  pour  dire  «  pénétrer  ■  ;  c'est  donc  un  très 
bon  synonyme  de  ac/Ai^facc/te.  La  désinence  seule  surprend; 
je  n*y  puis  voir  en  somme  quun  participe  présent,  pour 
padivijhaih,  qu'il  faut  compléter  par  le  verbe  substantif 
sous-entendu.  —  c.  Dans  sagharavosama  encore,  je  ne 
puis  m*empêcher  d-admettre  une  interversion,  mais  de  la 
voyelle  seulement,  pour  sagharovas'amu  qui  correspond 
exactement  au  pâli. 

30  udagacitu  yo  bhikhu  abhivuyu  priapria  * 
adhikachi  pada  sata  akavurusasevita  o 

Pour  le  troisième  p/îda,  cf.  Dhammap.,  368. 

a.  Un  cas  similaire  m'a  déjà  (A',  i6)  fourni  l'occasion  de 
citer  cet  absoUitif  en  ya  pour  ya.  Mais  je  n'ai  pas,  jus- 
qu'ici,  relevé  d'autre  exemple  (sauf,  bien  entendu,  la  répé- 
tition au  vers  suivant)  de  v  pour  bh.  Quoi  qu*il  en  soit, 
abhivuyti  ne  peut  guère  èlre  que  abhibhûya,  Abhivahya  au- 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  245 

quel  on  pourrait  songer  aussi,  d après  le  précédent  de 
araya,  ne  donnerait  pas  un  sens  ni  une  constiniction 
admissibles.  «  Le  moine  qui  se  sent  heureux  d^avoîr  domine 
le  plaisir  et  la  peine  atteint  la  région  de  la  paix  inacces- 
cessible  aux  âmes  faibles  •. 

I    pramojabahuiu'yo  bhikliu  abhivuyu  priapria 
(idhikachi  pada  sata  aseyane  nioyaka^  o 

Pour  le  premier  pàda ,  cf.  Dlianmiap. ,  38 1 . 

A.  On  remarquera  ici  pour  le  son  hu ,  la  forme  2  •  ^^  forme 
normale ,  au  lieu  de  Tordinaire  2  —  h,  \\  manque  une 
syllabe  dans  ce  dernier  pàda ,  et  cette  irrégularité  se  com- 
plique du  mâghadisme  un  peu  imprévu  aseyane  — aseca- 
nam;  en  sorte  que  je  n*ose  guère  proposer  de  conjecture 
ferme.  En  admettant  que  le  copiste  eût  omis  une  lettre ,  et 
en  rétablissant  aseyane kamoyaka ,  c'est  -à  -  dire  asecanaeka- 
mocakam,  on  supprimerait  au  moins  la  bizarrerie  de  la 
finale  e;  mais  je  manque  pour  ekamocaka  «  seul  libérateur  ■ 
d*exemples  parallèles.  Le  sens  général  n*est  point  atteint 
par  cette  incertitude  de  détail  :  «  Le  moine  qui  se  sent 
plein  de  joie  d*avoir  dominé  le  plaisir  et  la  peine ,  atteint 
la  région  de  la  paix ,  la  région  délicieuse ,  libératrice.  » 

)2   apramadaratu  yo  bhikhu  pramadi  bhayadasiina'' 
abhavu  parihanae  nivanaseva  satii  o 

Dliammap.,  33  : 

appamâdarato  bhikkhu  pamâde  bhayadassivâ 
abhabbo  pariliânâya  nibbânasseva  santike 

a.  Entre  le  signet  et  le  signe "^^j  on  remarquera  un  trait 
oblique.  Si  le  cas  n'était  ici ,  à  ma  connaissance ,  si  isolé ,  je 
proposerais  de  voir  dans  la  forme  ^  ,  un  exemple  de  la 
variante  analoguede  V\j  sur  laquelle  j'ai  eu  occasion  d'appe- 
ler ailleurs  l'attention  (  Inscriptions  de  Piyadasi ,  I ,  p.  a  3-24 }. 


246  SEPTEMBRE-OCTOBRE  18Q8. 

C*est,  au  moins  jusqu'à  nouvel  ordre,  la  seule  explication 
que  je  puisse  oiïrir  de  cette  singularité. 

33    apramadaratu  yo  bhikhu  pramadi  bha 


Dhanimap.,  3i  : 

appnmâdarato  bhikkJm  pamâde  biiayadassivâ 
sanûojanaiii  anuiiithûlaiii  daharii  aggîva  gacchati 

a.  Les  traces  de  lettres  à  la  un  de  la  ligne  ne  se  raccordent 
pas  exactement  sur  les  deux  lèvres  de  la  cassure ,  je  ne 
puis  donc  lire  avec  certitude;  mais  il  est  très  vraisemblable 
que  notre  vers  se  terminait  comme  le  pâli  par  :  agiia 
gachatL  Pour  le  pàda  précédent ,  rien  n*est  certain ,  sinon 
que  Tavant-dernier  caractère  était  accompagné  d*uu  a  qui 
correspond  bien  à  tliu  de  thulath.  J*ai ,  dans  le  texte  pâli , 
substitué  la  correction  daham  pour  sahaih ,  justement  indi- 
quée par  M.  Max  Mùller  (trad.  du  Dbammap. ,  SBE, 
p.  lo). 

34    jai  bhikhu  ma  yi  pniinadi'  mate  kamaguna  bha- 

[mensu  cita* 
ma  lohaguda  gili  pramata  kana  dukham  Ida  ti  da- 

[jhamano' 
Dhammap. ,  Syi  : 

jhâ)a  bbikkhu  niâ  ca  pamâdo  ma  te  kâmagune  bhavassu 

[cittarii 
ma  lobagulaih  gili  pamatto,mâkandidukkliam  idanti  day- 

[  liamâuo 

a.  La  construction  du  nominatif  pamâdo  n*est  pas  heureuse , 
et  le  verbe  fini  serait  plus  en  situation;  mais  il  me  pa- 
rait difficile  de  prendre  pramadi,  comme  pourrait  être 
pramaji,  pour  le  potentiel ,  et  j'incline  a  n'y  voir  que  la 


MANUSCRIT  DUTRELIL  DE  RHINS.  247 

contre-partie  exacte  du  pâli  avec  un  mâgadhisme  dans  la 
désinence  i=e, —  b.  Notre  texte  nous  fournit  une  correc- 
tion certaine  pour  le  pâli  dont  le  désordre  avait  justement 
embarrassé  les  interprètes.  Le  groupe  ns  dans  notre 
alphabet  a  tellement  Taspect  d*un  s  doublé  i^ ,  que  Ton 
serait  tenté  d*imaginer  que  c*cst  sur  un  texte  écrit  dans  le 
même  alphabet  qu  a  du  se  produire  d*abord  la  déforma- 
tion de  bhamemsu  en  bhavassu,  L*identité ,  dans  le  dialecte , 
du  nominatif  et  de  Taccusatif  pluriels,  tous  deux  en  â, 
lacilitait  d'autre  part  le  changement  de  kâmagunâ  en  kd- 
magune,  rendu  nécessaire  par  la  première  altération.  — 
c.  Kana,  kanda,  c'est-à-dire  krandaiu  La  forme  dajjhai==' 
dakyate,  est  expliquée  par  Hcmacandra  IV,  2^6.  «  Médite, 
ô  moine,  et  point  de  relâchement  I  Que  Tattrait  du  désir 
n*égare  pas  ton  esprit.  Ne  fais  pas  la  folie  d'avaler  une 
balle  de  fer  [rouge]  pour  gémir  ensuite,  en  te  sentant 
brûlé  :  quelle  souffrance  !  » 

sija  bhikhu  ima  nama'  sita  ti  lahu  bhcsiti 
chetva  raka  ji  dosa  ji  tato  nivana  esiti*  o 

Dhammap. ,  36g  : 

sinca  bhikkhu  imam  nâvarii  siltâ  te  laluim  essnti 
chetvâ  râgan  ca  dosan  ca  tato  nibbânam  ehisi 

a.  J*ai  déjà  signalé  le  changement  de  v  en  m  dans  ce  nama  ^ 
nâvam.  —  b.  Je  n'ai  plus  à  revenir  sur  ji^yi  =  ca.  La 
troisième  personne  esiti  se  peut  à  la  rigueur  défendre ,  en 
admettant  que,  avec  le  second  demi-vers,  le  tour  devient 
général  et  indéterminé.  En  somme ,  pourtant ,  la  seconde 
personne  du  pâli  est  plus  naturelle. 

»6    krodhana  akitana  i  drohi  ni  " 

.^mayiya  cara  bhikhu  sasani*  o 

a.  H  reste  trop  peu  de  traces  de  la  fm  du  second  pâda  pour 


248  SËPTEMBHE-OCTOBBE  1808. 

le  restituer  avec  confiance.  Cependant  ravant-demier  carac- 
tère parait  avoir  été  un^.  Je  suppose  donc  que  le  pâda 
se  terminait  par  jahL  —  b.  Ce  dernier  vers  se  |>eut.  je 
pense,  rétablir  avec  beaucoup  de  confiance  :  hramnyiya 
cara  bhildia  prasana  badhasasani.  Je  traduis  donc,  sauf  la 
courte  lafune  du  troisième  pâda  :  •  Repousse  F  homme 
colère,  fingrat,  le  haineux,  le. .  .,  obsene  la  chasteté, 
ô  moine,  fidèle  à  renseignement  du  Buddlia.  » 

37  paja  china  paja  jahi*  paja  utvari  *  bhavai 
pajasagadhio  '  bhikhu  ohatino  ti  vucati  o 

Dhammap.,  Syo  : 

pafica  chinde  panca  jahe  panca  vuttari  bhâvayc 
pancasangâtigo  bhikkhu  oghatinno  ti  vuceati 

a.  Au-dessus  du  ja  du  second  paja,  ou  distingue  un  petit 
trait;  mais  il  est  court,  épais,  et  ne  parait  pas  avoir  eu 
pour  intention  —  d*aillcurs  malencontreuse  —  de  marquer 
l'aspiration.  —  6.  J*ai  eu  occasion  plus  haut  de  signaler 
cette  transposition  du  v  :  utvari  =  vuttari.  —  c.  Bien  que 
j'aie  indiqué  précédemment  (1.  3),  que  je  ne  croyais  pas 
devoir  transcrire  gh,  la  forme  V  que  nous  avons  ici,  il 
n*eii  est  pas  moins  singulier  que  cette  forme  se  rencontre 
précisément  dans  le  même  mot,  ici  et  à  la  1.  3,  et  que, 
dans  les  deux  passages,  ce  mot  soit  écrit  fautivement  par  s 
|K)ur  1*5  dental.  Il  va  sans  dire  que  notre  composé  est  san- 
gâdhiko,  et  répond  fort  bien  au  pâli  par  le  sens,  «  qui  est 
au-dessus  des  cinq  liens  »,  mais  non  par  la  forme. 

38  savaîsu  namaruvasa  yasa  nathi  niamaita 
asata  i  na  soyati  so  hu  bhikhu  tn  vucati"  o 

Dhammap. ,  367  : 

sahbnso  nâmarnpasinirTi  yassa  natthi  mamâyitaiii 
asatâ  ca  na  socaii  sa  ve  hhikkhûti  vuceati 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  249 

a,  Namaravasa ,  le  génitif  pour  le  locatif,  comme  souvent; 
hu  =  kkala;  tu  pour  (i,  ci-dessus,  v.  27. 

M     alagîto*  ya  vi  carea  dhainu  datu  satu  sanatu  bram- 

[niayari 
savisu  bhutesu  nihai  dana  so  bramano  so*samano 

•  •  • 

[so  bhikhu  o 
Dhammap.,  i4i  : 

alamkato  ce  pi  samam  careyya  santo  danto  niyato  brah- 

[macâri 
sabbesu  bhûtesu  nidliâya  dandaiii  so  brâhmano  so  samano 

[sa  bhikkliu 

a.  Rigoureusement ,  c*esi  plutôt  alageto  que  porte  le  manu- 
scrit; cependant  le  trait  vocalique  semble  dépasser  un  peu 
la  boucle  du  y.  Il  est  d'ailleurs  très  malaisé,  dans  beau- 
coup de  cas,  de  décider  sûrement  si  le  copiste  a  voulu 
écrire  e  ou  i;  à  en  juger  par  une  foule  d'exemples 
il  n'attachait  lui-même  à  la  distinction  qu'une  valeur 
très  relative.  —  h.  Vo  est  soudé  au  crochet  supérieur 
de  Vs, 

*^     yo  najakamo  bh.v.s.  s.r(?)* 

bhikhu  jahati  o  viva  udumaresu  * 

Sultanip.,  5  : 

yo  nâjjhagamâ  bhavesu  sâram  vicinam  puppbam  iva  udu- 

[mbaresu 
so  bhikkhu  jahâti  orapâram  urago  jinnam  iva  tacaiii  purâ- 

[naiii 

d.  Il  n'y  a  pas  trace  du  trait  de  l'aspiration  au-dessus  du  ^ . 
Je  crois  être  certain  de  la  lecture  mo.  Nous  avons  déjà  ren- 
contré plusieurs  preuves  du  penchant  de  ce  dialecte  à  labia- 
liser  l'a  en  a  après  m.  II  semble  bien  que  notre  ms.  ait  dû 


250  SEPTEMBRE-OCTOBRK   1898. 

avoir  une  lecture  tout  à  fait  équivalente  ici  à  celle  du  pâli. 
H  est  cependant  impossible  de  rétablir  bkavfsn  saram;  le 

trait  Yocalique  manque  au-dessus  du  "^  ;  comme  le  s  qui 
suit  est  assuré ,  il  est  permis  de  se  demander  s*il  n*y  a  pas 
là  une  erreur  matérielle  du  copiste.  —  6.  Notre  te\te 
parait  avoir  interverti  le  second  et  le  quatrième  pàda. 
C*est  d*autant  plus  singulier  que  la  seconde  moitié  de  la 
stance  forme,  dans  ce  vers  et  les  suivants,  une  sorte  de 
cadence  stéréotypée.  Je  ne  vois  pas  quel  sens  pourrait  avoir, 
à  la  fin  du  vers ,  la  comparaison  qui  du  second  pâda  parait 
y  avoir  été  transportée.  Quoi  qu*ii  en  soit ,  on  peut ,  sur  le 
rapprochement  de  C'*,  i ,  a ,  admettre  qu'il  faudrait  com- 
pléter pn.^u  \viva  u*. 

Ici  nous  entrons  dans  une  séiîe  de  stances  qui  trouvent 
leur  contre -partie  pâlie  dans  le  premier  chapitre,  lira- 
gasutta,  du  Suttanipâta.  Mallieureusement  les  lignes  qui 
vont  suivre  sont  encore  plus  fragmentaires  que  celle-ci. 
Quelques  débris,  dont  plusieurs  se  raccordent  sûrement, 
permettent  de  combler  une  partie  du  vide;  aucune  ligne 
ne  se  peut  compléter  en  entier.  Ces  restitutions  intéressent 
surtout  la  un  des  vers,  et  cette  un  est  ici  uniforme 
pour  tous  ;  ce  qui  reste  des  commencements  est  court  et 
parfois  douteux;  enfm,  bien  cpe  les  fils  latéraux  soient 
conser\és,  les  morceaux  qui  y  adlièrent  encore  dans  la 
feuille  principale  B,  n*ont  pu  être  réintégrés  avec  certi- 
tude à  leur  place  précise  et  avec  leurs  espacements  respec- 
tifs. Dans  ces  conditions,  on  comprendra  que  je  n*arri\e 
pas  à  rejoindre  d'une  façon  assurée  les  commencements 
et  les  fms  de  lignes. 

Il  semble  du  moins  certain  que  les  huit  fins  de  ligne, 
jusques  et  y  compris  celle  qui  se  termine  par  le  chiffre  en 
marge,  se  suivent  sans  interruption.  Au-dessus  et  au-des- 
sous la  feuille  est  cassée;  des  lacunes  sont  donc,  a  priori, 
admissibles;  mais,  pour  ce  qui  est  d'une  lacune  inférieure , 
la  tension  visible  du  fd  de  gauche  parait  l'exclure.  Le 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  251 

chiilre  en  marge  marque  d ailleurs  ia  fm  d'un  chapitre; 
avec  la  ligne  qu*il  prolonge,  la  dernière  de  nos  huit 
lignes,  se  tenninait  donc  la  série  do  ces  stances  à  cadre 
uniforme. 

Si  maintenant  nous  envisageons  les  commcncémcnls , 
il  ny  a  pas  d*apparence  que,  entre  la  ligne  jo  upa*,  et  la 
hgae  yasa  vana*,  il  en  manque  plus  dune,  celle  dont  le 
début,  jo  eca  sari,  est  conservé  par  le  fr.  B  vi. 

Ceci  posé,  le  fr.  Bxiii,  qui  se  raccorde  sûrement  au- 
dessus  de  la  fm  de  la  1.  4^  >  garde  des  restes  d*une  stancc 
antérieure  de  même  structure.  Il  est  donc  certainement 
tombé  une  ligne  après  celle  que  nous  numérotons  /lO.  N*en 
est-il  tombé  qu*une  ? 

A  considérer  les  commencements  de  lignes ,  la  lacune 
ne  semble  guère  avoir  pu  (>tre  notable.  Supposons-la  d*une 
ligne;  il  nous  resterait  huit  commencements  en  face  de 
huit  fins ,  et  tout  paraîtrait  concorder. 

Mais  les  fr.  Avi  et  Av,  qui  se  soudent,  se  rattachent 
avec  certitude  aux  iins  do  lignes  /i2-45.  11  faudrait  donc 
que  le  début  jo  iipat  —  appartînt  au  v.  42.  Or,  si  vikaya 
et  saitha  correspondent  bien ,  conmie  je  n*en  puis  douter, 
à  vigayha  et  osadhehi  du  Sultanipâta ,  les  commencements 
yo  apa"  eiyo  mana''^  indiscutablement  continués  par  fr.  B  x , 
ne  peuvent  appartenir  qu*aux  11.  43  et  44.  Cet  ajustement 
eat,  on  le  verra,  confirmé  par  les  lignes  suivantes. 

11  suppose  la  chute ,  non  pas  d*un ,  mais  d*au  moins  deux 
vers.  On  relierait  les  fr.  B  iv  et  B  m  ,  qui  se  font  suite ,  au 
commencement  yasavana**.  Les  incertitudes  que  la  com- 
paraison du  pâli  pourrait  éveiller  sur  ce  dernier  point ,  et 
sur  le  rattachement  de  la  fm  de  ligne  kapa  ...  au  com- 
mencement yo  necasari  de  la  1.  48 ,  ne  me  paraissent  pas 
de  nature  à  contrebalancer  les  vraisemblances  que  j*ai  re 
levées.  La  vraie  difficulté  est  ailleurs. 

Le  chiffre  en  marge  de  la  1.  4*)  donne  4o  pour  le  nombre 
des  stances  de  ce  chapitre.  Dans  notre  arrangement  nous 
en  aurions  4^.  11  n*y  a  pas  d'apparence  qu  un  chiffre  mar- 


41 


252  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

quant  des  unités  soit  tombé.  A  supposer  la  perte  d*un  seul 
vers,  cetle  contradiction  ne  serait  pas  irréductible.  On  a 
vu  que  le  V.  i4  Tait  double  emploi.  On  pourrait  admettre 
que  notre  copiste  a  commis  une  erreur  toute  matérielle 
et  que  le  ckifTre  était  exact.  L'hypothèse  d'une  lacune  de 
deux  vers  exclut  cette  explication  ;  car  il  faudrait  4 1 .  H  ne 
nous  reste  qu*à  prendre  le  chiffre  comme  fautif.  Je  sens 
combien  le  procédé  est  extrême.  Mais  je  n*ai  découvert 
jusqu*à  présent  aucun  moyen  d*y  échapper.  Il  importe ,  en 
tous  cas,  de  garder  en  mémoire  que  le  raccordement  du 
fr.  B  X  avec  le  commencement  des  lignes  43-44 1  celui  des 
fr.  B  VI  et  B  XIV  avec  le  commencement  des  lignes  45-47 
et  48- 5o,  et  celui  des  fr.  B  xiii,  Avi,  Av,  B  ii,  B  v  et 
B  VII  avec  les  fins  de  lignes  4i-48  sont  également  inat- 
taquables. 

Je  demande  pardon  d'entrer  dans  de  si  longs  détails  à 
propos  de  fragments  très  décousus  et  dun  intérêt  mé- 
diocre ,  mais  il  est  du  devoir  d'un  éditeur  de  ne  les  point 
négliger. 


[*orupa.  urako  jinav(i)va  (t)vaya  purana*] 
Suttan.,  I  et  suiv. 


so  bhikkhu  jahâti  orapâram  urago  jinnam  ivatacam  purâ- 

[naih 

a.  Les  quatre  premiers  caractères  lisibles  ne  peuvent  guère 
être  autre  chose  que  orapara;  cependant  Va  est  bien 
visible  au  pied  du  second  qui  a  tout  l'aspect  d*un  r;  le  sui- 
vant peut  être  le  reste  d'unp«  sans  que  cela  soit  certain; 
quant  à  Vr  final,  il  n'a  pas  laissé  de  trace  dans  notre 
fragment.  On  remarqueiti  le  changement  en  v,  régulier 

•  Fr.  B  XIII. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  253 

dans  toat  ce  passage ,  de  Vm  final  dejinam  ^jîmam.  Le  cas 
n  est  pas  isole  dans  notre  dialecte. 

*^   -- [  ^  vikaya 

so  bhikhu  jahati]  orapara  urako^  j inaviva  tvaya  pu- 

[rana* 
Sultan. ,  !i  : 

yo  ragam  udacchidâ  asesam  bhisapuppham  va  saroruham 

[vigayha 
80  bhikkhu ,  etc. 

Cl.  Je  suppose  que  notre  vikaya  =  vigayha,  vigâhya.  L'équa- 
tion n*a  ici  rien  de  forcé  ;  c'est  en  tout  cas  le  seul  vers  de 
la  série  du  Sultanipâta  auquel  le  nôtre  semble  pouvoir  se 
rattacher. 

43  yo  upat  —  [^ineti  kodhu  visara"]  [*saitha*] 

[*so  bhikhu  jahati]  orapara   urako  jinaviva  tvîiya 

[purana 
Suttan. ,  1  : 

yo  uppatitaiii  vineti  kodhaiii  visatatii  sappavisaiii  va  osa- 

[dhelii 
so  bhikkhu,  etc. 

a.  Ce  dernier  caractère  ne  peut  être  un  (,  et  a  bien  plutôt 
Taspect  d'un  r,  encore  que  le  bas  de  la  haste  manque  du 
crochet  qui,  habituellement,  l'accompagne.  Si  telle  est 
bien  la  vraie  lecture,  il  ne  reste  qu'à  admettre  que  r  est 
pour  {  cérébral ,  vbara  pour  visata  =^  visrta,  —  b.  La  lec- 

'  Fr.  A  VI. 

^  Le  fr.  B\iu,  garde  des  traces  du  haut  des  caractères  oiutjmra 
nra  par  où  il  se  raccorde  avec  la  pi.  B. 

»  Fr.  B  X. 

*  Fr.  A  VI,  et  fr.  A  v,  qui  s'ajuste  au-dessous,  porte  les  traces 
inférieures  des  caractères  .<rat(/ia  s,  bhÀh. 

»  Fr.  A  VI. 


254  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

ture  saitha  semble  bien  ressortir  avec  certitude  du  rappro- 
chement des  deux  fragments.  La  similitude  frappante 
qu^ofirent  ces  caractères  avec  (o)sadhehi  du  pâli ,  en  même 
temps  que  la  dissemblance  qui  en  rend  Tinterprétation  si 
problématique ,  sont  pour  dérouler.  Si  du  moins  nous  avions 
§athai ,  on  pourrait  croire  à  un  durcissement  de  dh  en  th , 
et  à  une  orthographe  i=hi.  Il  est  oiseux  de  se  risquer  dans 
des  conjectures  pour  lesquelles  nous  ne  possédons  qu*une 
base  trop  étroite. 

44  yo  mana  udavahi**  a[^sesa  bisa]  [^mahoho* 

so  bhikhu  jahati]  orapara  urako  jinaviva  tvaya  pu- 

[rana 
Suttan. ,  4  : 

yo  mânam  udabbadlii  asesaiii  nalasetuiii  va  sudubbalaiii 

[mahogho 
so  bhikkhu ,  etc. 

a.  Morris  (Journ,  P,  T.  S.,  1887,  p.  i36),  estimait  qu'il  fal- 
lait lire  dans  le  pâli  udabbahi,  et  dérivait  le  mot  de  nd-vrh 
«extirper».  Notre  texte  ne  peut  que  favoriser  celte  con- 
jecture. Il  semble  que  la  faute  du  pâli  repose  sur  une 
fausse  interprétation  d*un  prâcrit  plus  altéré,  qui  aurait 
ordinairement  affaibli  dh  en  A.  —  b,  Afahoho  =  mahogho  » 
comme  nous  avons  vu,  1.  87,  ohatino.  «1*aurais  eu  quelque 
peine  à  discerner  les  deux  premiers  caractères  sans  la 
comparaison  du  Sultanipàla. 

45  yo  tasa  [^udachai  asesa  sa]** 

[*so  bhikhu  jahiti  ojrapara   urako  jinaviva  tvaya 

[purana^ 

'  Fr.  B  X. 

*  Fi-,  a  y. 
»  Fr.  B  M. 

*  Vr.  A  V. 

*  Fr.  \\  VU,  porte  des  traces  du  has  des  caractères  de  cette  fin 
de  ligne,  puis  raho. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  KHINS.  255 

Sutl-an.,  3  : 

yo  tanham  udacchidâ  asesaih  saritam  sîgliasararh  vîsosa- 

[  yilvâ 

so  bhikkliu ,  etc. 

a.  Je  prends  uduchai=udachida,  avec  chute  du  d  (en  pâli 
même  :  khâyati,  khâyiia),  et  une  orthographe  approxi- 
mative oî  |K)ur  iya,  un  peu  comme  nous  avons  avacai=^ 
upâtyagût,  upaccagâ, 

40     yo  sa[^rvakelesa  dalaîtha*  lia]  [*^ku* 

so  bhikh][^  u  jahati  orapara  u][*  rako  jinaviva  tvaya 

[purana 

a.  Le  Suttanîp. ,  ne  fournit  pas  de  contre-partie  à  ce  vers. 
kelesa  est  pour  kileda;  dalaitha  de  dâlayati  :  «  celui  qui  a 
brisé  toutes  les  mauvaises  passions  ».  —  b,  La  consonne  A* 
est  assez  douteuse. 


4-7 


[*yo  ecasari*  na  precasari  sa]  [^  rva]- 
['so  bhikhu  jahati  orapara  u][*rako  jinaviva  tvaya 

[purana] 

a.  La  correction  twca  '  semble  tout  à  fait  nécessaire. 


»  Fr. 

B 

V  I« 

«  Fr. 

B 

1 1« 

»  Fr. 

B 

*  Fr. 

B 

vil. 

•  Fr. 

B 

w  1* 

•  Fr. 

B 

.\IV. 

'  Fr. 

B 

•  Fr. 

B 

VII. 

250  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

48    yonecasarina  pre[^casari  sarvavi]"  ['^^M^** 

so  bhiklm  jahati  orapara  ura][^ko  jinaviva  tvaya 

[purana] 

Sultan.,  8-1 3  : 

yo  naccasârî  na  peccasâri  (sabbaih  accagamâ  iniaiii  pajian- 

[caih) 

so  bhikkhu ,  etc. 

a.  La  formule  qui  constitue  le  premier  pâda ,  ici  et  dans  la 
stancc  précédente,  et  qui  se  reproduit  dans  les  vers  8-i4 
du  Suttan.,  est  embarrassante.  Nous  avons  cette  fois  ncca, 
aussi  sûrement  que  nous  avions  eca  à  la  ligne  d*avant. 
Dans  les  deux  cas,  nous  avons  certainement  preca.  Cela 
s*accorde  assez  mal  avec  le  texte  pâli  tel  que  nous  le  donne 
Tédition  de  M.  FausbôU.  Ce  texte  est  en  lui-même  très 
douteux  et  obscur.  M.Fausbôll  analyse  na-ali-sarali,  prati- 
saralL  Dans  cette  hypothèse  on  ne  s'expHquc  ni  Yâ  long, 
qui  d ailleurs  est  contraire  au  mètre,  ni  Vi  long  que  le 
mètre  réclame.  Quant  à  la  traduction  «  he  who  did  not  go 
too  fast  forward  nor  was  lef^  behind  »  (SBE,  X^,  p.  3), 
outre  des  dilFicultés  trop  évidentes  pour  que  j*y  insiste,  elle 
ne  présente  qu'un  sens  très  vague,  qui  me  satisfait  mal. 
11  est  mallieureusement  plus  aisé  de  la  ciitiquer  que  d*y 
substituer  une  version  évidente.  La  persistance  de  la 
vocalisation  e,  et  de  la  lecture  prcca  dans  notre  ms., 
me  parait  du  moins  décisive  c(mtre  la  lecture  du  pâli. 
D'autre  part  la  persistance  deVn  dans  le  pâli,  en  présence 
des  divergences  de  notre  texte ,  me  fait  incUner  à  admettre 
pour  les  deux  cas  :  necca,  en  sorte  que  Tantitlièse  s'éta- 
blirait entre  naecact  na  preca,  c'est-à-dire  nactya  naprctya. 

»  Fr.  B  \iv. 
»  Fr.  B  V. 
»  Fr.  B  Vif. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  257 

Mais  que  ÇsAredesari,  car  telle  esl  Torthographe  que  parail 
exiger  la  mesure  ?  Sarin  entre  en  pâli  dans  certains  com- 
posés, comme  est  avamsarl  {Sattanip,»  685),  pour  dire 
•  qui  se  dirige,  qui  prend  sa  course  vers».  Je  propose, 
dans  etyasarin  et  pretyasarin ,  de  voir  des  locutions  formées 
sur  ce  type  et  s*opposant,  pour  dire  :  «celui  qui  n'est  pas 
toujours  en  route  pour  venir  en  ce  monde  ou  pour  le 
quitter»,  en  d autres  termes,  «celui  qui  s'affranchit  du 
cercle  de  la  renaissance  et  de  la  mort  ».  —  b.  Le  carac- 
tère p,  bien  que  coupé  à  mi-hauteur,  parait  certain  ;  quant 
à  celui  qui  précède,  ce  pourrait  être  le  reste  d'un  Ji,  Cette 
lecture  kapa,  à  la  fm  du  second  pâda,  ferait  songer  au 
vers  1 6  du  Suttanip. ,  dont  le  second  pâda  finit  par  neta- 
kappâ;  il  est  vrai  que  le  premier  pâda  ne  contient  pas 
la  formule  j^o  neccasarî,  etc.  C'est  pourtant  une  des  rai- 
sons qui  me  laissent  quelque  doute  sur  l'exactitude  des 
raccordements  que  j'ai  essayés  entre  les  commencements 
et  les  fms  de  lignes.  ElUe  est  en  quelque  mesure  aggravée 
par  la  circonstance  que  le  commencement  de  notre  ligne  5o 
parait  se  rapporter  au  premier  pâda  de  ce  vers  i6  du 
Suttanip. ,  en  sorte  que ,  si  les  deux  rapprochements  étaient 
justifiés,  c'est  au  commencement  de  la  ligne  5o  qu'il 
conviendrait  de  raccorder  la  présente  fin  de  ligne.  J'ai 
indiqué  les  difficultés  auxquelles  se  heurterait  un  pareil 
rajustement;  il  rendrait  impossibles  les  combinaisons 
proposées  pour  les  lignes  précédentes ,  et  dont  plusieurs 
paraissent  plus  sûres,  plus  convaincantes  que  celle-ci.  Outre 
l'incertitude  qui  subsiste  sur  la  lecture  kapa,  et  la  possi- 
bUiié  toujours  ouverte  de  variantes  entre  notre  texte  et  la 
version  pâlie,  on  verra  que  l'identification  de  notre  1.  5o 
avec  le  début  pâli  de  la  stance  1 6  est  loin  d'aller  de  cire. 

^     yasa  anosea  na  ['sati  keyi  o]** 

[^urako  jina]  [^tvaya  purana] 

»  Fr.  B  xnr.  —  *  Fr.  B  xi.  —  >  Fr.  B  vu. 
XII.  »7 


258  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898.    - 

A  la  marge  :  40. 

Sutlanip.,  i^  : 

yaisânusayâ  na  santi  Leci  mCilâ  akusalâ  samûhatâse 
so  bhîkkhu ,  etc. 

a.  Anoiea,  pour  aniiiea ,  offre  encore  une  orthographe  parli- 
colière ,  ea  =  aya.  On  voit  par  \o  initial ,  qui  est  certain , 
que,  dans  la  suite,  notre  rédaction  s*ëioignait  du  pâli. 

50    yasa  vanasia  *  na  [^  satî  keyî]  [^  sala* 

so  bhikhu  jahati    orap][^ara  urako  jinaviva  tva] 

u         *  o 
Suttan.,  i6  : 

yassa  vanathajâ  na  santi  kcci 

Suttan.,  17  : 
(anîgho  tinnakathamkato)  visallo 


a,  il  est  naturel  de  penser  que  le  commencement  du  vers 
correspond  bien  au  premier  pàda  du  pâli  ^,  et  vanadhia^ 
vanathajâ  n*aurait  rien  de  surprenant  ici  où  lej  est  plus  d*une 
fois  éliminé  entre  deux  voyelles;  s  pour  th  aurait  d'autre 
part,  pour  se  défendre,  la  comparaison  de  sisila  pour 
sithila,  V  9  qui  suit  a  un  aspect  légèrement  anormal ,  et  le 
crochet  supérieur  est  beaucoup  plus  fermé  que  d'ordinaire. 
Si  Ion  compare  le  fac-similé ,  on  pourra  constater  qu*il  n*y 

»  Fr.  B  XIV. 

«  Fr.  B  IV. 

»  Fr.  B  m. 

*  Le  fac-similé  pourrait  faire  penser  qui!  faut  lire  yase  vana*: 
ce  serait  une  erreur.  Un  minuscide  fragment  (lV»corre  s'est  collé  au- 
dessus  «le  1*5,  et  c'est  Tombre  qui!  porte  qui,  à  la  photographie, 
s'est  filée,  comme  un  trait  à  Tencre. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  259 

a  pas  loin  de  notre  vanaiia  tel  qu*il  est  écrit  à  vanadhia. 
Peut-être  le  scribe  a-t-il  commis  une  faute  de  lecture  qui 
se  serait  nécessairement  répercutée  dans  sa  copie.  — 
b.  On  distingue  encore  à  demi,  avant  éa,  le  caractère  ri. 
Je  ne  ptds  donc  guère  douter  que  nos  deux  lettres  ne 
représ<mtent  la  fm  du  mot  visallo,  qui  apparaît  au  vers 
suivant  du  Suttanipàta.  S*il  en  est  ainsi,  notre  texte  repré- 
senterait par  rapport  au  pâli  une  variante ,  qui  aurait  plus 
ou  moins  complètement  associé  un  pâda  du  vers  1 6  à  un 
pàda,  ou  à  une  partie  de  pâda,  du  vers  17.  Jai  dit  plus 
haut  les  motifs  qui,  malgré  cette  difficulté,  et  bien  que  les 
fr.  B  IV  et  B  m  ne  soient  rattachés  au  fr.  B  xiv  par  au- 
cune évidence  extérieure ,  me  décident  â  relier  ces  divers 
débris  en  une  stance  unique.  —  c.  Je  tiens  à  faire  re- 
marquer, sans  prêter  à  Tobservntion  plus  de  certitude  qu*il 
ne  convient,  que  le  fr.  B  m  semble  bien  se  raccorder 
convenablement  avec  le  peu  qui  reste  de  cette  ligne  dans 
la  feuille  principale.  J*ai  déjà  dit  plus  haut  pourquoi  le 
chi£Bre  ^o  qui  marque  certainement  la  fin  d*un  chapitre  et 
le  nombre  de  vers  qu*il  contenait,  parait  inexact.  C*est, 
suivant  moi ,  4 1  ou  4a  qn^il  aurait  fallu  écrire ,  et  la 
marge  est  trop  peu  atteinte  pour  que  j'ose  admettre  que 
Texposant  de  ces  unités  ait  été  rongé. 


o.vanas.  .  .ru" 


a.  Je  ne  puis  rien  tirer  de  ce  qui  subsiste  de  ce  dernier  pâda. 
Je  le  regrette  d'autant  plus  que  la  queue  de  1*5,  qui  est  net- 
tement reconnaissable ,  est  traversée  d'un  trait  semi-circu- 
laire qui  formait  sans  doute  avec  la  lettre  d'appui,  un 
groupe  dont  il  eût  été  intéressant  de  fixer  la  valeur. 


pasadha  nmlo  ban(d)lianani  cva  jayati 

>7- 


53 


54 


2(K)  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

Dhammap. ,  3iA  : 

vo  nibbanatho  '  YaBÂdhimatto  vananiatto  vanam  eva  dhâ- 

[%ali 

taih  pdggalam  eva  passatha  matto  bandhanam  eva  dliâ- 

[vali 

a,  Noos  avons  déjà  rencontré,  et  nous  rencontrerons  pin- 
sieurs  fois  par  la  suite,  Yn  surmonté  du  trait  de  Taspiration 
pour  exprimer  ii<2^  du  sanscrit.  Je  ne  décide  pas  ici  à  quelle 
prononciation  exacte  correspondait  cette  orthographe. 
La  lecture  jajali  parait  bien  certaine  ;  on  ne  peut  songer 
à  javati,  écrit  par  j  pour  v,  puisque  la  première  syllabe 
serait  brève.  Je  n*y  puis  voir  que  l'équivalent  du  pâli 
yâyad  que  je  relève  par  exemple  Mahâvagga,  v,  9,  d«  et 
que  j'interprète  comme  un  thème  dérivé  par  extension  de 
yâti.  Lej  povuc  y,  comme  nous  avons  souvent  ici  Tin  verse, 
y  pour  j. 


yi nivana  "  bhodha bhichave  o 

a.  Nivana  —  nirvana.  Ce  mot  rapproche  bien  cette  stance  de 
la  précédente;  nih-vana  «  sans  concupiscence  »,  est  le  syno- 
nyme de  nibbanatha  du  pâli  au  vers  précédent.  «  O  moines, 
affranchissez- vous  de  la  concupiscence  !  » 


?  cheravayo  ? .  tara  * 

a.  Ces  quelques  caractères  ne  me  suggèrent  aucune  resti- 
tution plausible.  Il  faut  attendre  la  découverte  de  la 
contre-partie  pâlie. 

^  C'est  la  correction  de  Cbilders.  J.  R.  As,  Soc,  n.  s.  V,  p.  a  a 6. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  261 

Fragments  de  B. 

J*ai  recaeilli  en  tout,  dans  ce  caliier,  vingt-sept  débris.  Je 
transcris  ici  ceux  qui  contiennent  au  moins  quelques  carac- 
tères certains.  Bien  que  les  plus  importants  figurent  déjà 
ci-dessus  dans  la  reconstitution  partielle  des  lignes  4i  et 
sqq. ,  je  crois  devoir,  pour  plus  de  clarlc ,  les  reproduire 
ici  isolément. 

I.  Quelques  restes  de  quatre  lignes;  aucune  fin  de  pàda  ne 
vient  nous  fournir  d'indication  même  approximative  sur 
la  place  qu'occupaient  dans  la  stance  les  mots  restés  plus 
ou  moins  visibles,  etdont  j*aile  regret  de  ne  pouvoir  rien 
tirer  de  satisfaisant. 

ta  *  dhamidati  na  (  t)  va    

niakamanaipracea  u 

vinavanaukavaihadii 
????ga(?)ti? 

a.  Ce  caractère  est  douteux  ;  je  n*ose  décider  si  le  trait  qui 
apparaît  en  haut,  a  droite,  lui  appartient,  ou  se  rattache 
au  caractère  précédent  qui  a  disparu.  Je  n*ai  pas  besoin 
de  répéter  que,  à  défaut  d*un  contexte  intelligible,  tous 
les  t  ond  peuvent  être  pris  Tun  pour  fautre. 

II.  Cf.  ligne  46. 

ku  so  bhikh 

IH.  Cf.  ligne  5o. 

ra  urako  jinaviva  tv 

IV.  Cf.  ligne  5o. 

vi.sala  so  bhikhu  jahati  orap 


262  SEPTEMBRëOCTOBRG   1898. 

V.  Cf.  lignes  46-48. 

??u 

bh.  «u  jahati  orapara  ur 

o  bhikhu  jahati  orapara  ur 

[ka?]pa  s.  bhiku  jahati  orapara  urak 

VI.  Cf.  lignes  45-47» 

udachai  asesa  sa? 

.  .  .  rvakelesa  dalaitha  na 
yo  ccasari  na  precasari  sa 


VU.  Cf.  lignes  45-49. 


?ko.î>.î>??    (l)v-u  

rako  j  inaviva  tvaya  purana 

rako  jînaviva  tvaya  purana 

kojinaviva  tvaya  purana 

tvaya  purana 


VIII.  Cf.  ci-dessns,  les  lignes  16-18. 

yasa  jana  ca  prana  ya  so  ho  (ni)r(va)* 

idriagoti  satuthi  pratimukhe  i* 
-  padisaPra.^tisa  ayarak* 


IX. 

gamagasa 

X.  Cf.  lignes  43-44. 


ineti  kodhu  visara 
aiesa  bisa 


XI.  Cf.  ligne  49. 

urako  jina 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  2Ô3 


sanoya - 

I.  Cf.  ci-dessus, tignes  4i-4a. 

orup(?) .  urako  jinavîva  Iva???? 
orapara  u 

X.V^.  Cf.  lignes  à'j'bo. 

— sarva 

casari  sarva  vi 

sati  keyi  o  

-- sati  keyi 


X\. 


visa? 


iro 


- ['yamaioka  ji]  ita*  sadevaka 

ko  dhamapada  sud.sita  kusala  pusaviva  payesiti 

Dhammap.,  44: 

ko  imam  pathavîm  vijessati  yamalokan  ca  Imarii  sadevakam 
ko  dhammapadam  sudesitam  kusalo  puppham  iva  pacessati 

a.  Ita  cest-à-dire  etam :  le  monde  de  Yaroa  et  le  monde  des 
Devas.  Dans  cette  application  eta  est  préférable  à  imam  du 
pàii  qui  ne  s^associe  bien  qu*à  pa\havim.  Le  changement  de 
pu§pa  en  pa^a  est  à  remarquer.  Pour  le  sandhi  pusaviva  cf. 

>  Fr.  C  VI. 


264  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

jinaviva  des  vers  B  4o  et  suiv. ,  et  de  payesili  rapprocher 
vihasisi,  etc. 

2  budhu  pradha  " siti  yamaloka  ji  eta  sadevaka 

budhu  dhamapada  sudesita  kusala  pusaviva^  payesiti  o 

Dhammap. ,  45  : 

sekho  pathavim  vijessati  yamalokan  ca  imarh  sadevakaib 
sekho  dhanimapadam  sudesitarii  kusalo  puppham  îva  pa- 

[cessati 

a.  C'est  sûrement  à  cette  ligne  et  à  la  suivante  que  se  rap- 
portent les  commencements  qui ,  dans  Tétat  présent  de  la 
feuille,  apparaissent  plus  bas ,  sur  la  droite.  On  remarquera 
lorthographe  pradha[v[]  =^prthivL  —  6.  Je  n'oserais  affir- 
mer s'il  faut  lire  pusaviva  ou  pusuviva.  J'incline  cependant 
à  croire  que  le  scribe  a  eu  l'intention  d'oblitérer  Vu  qu'il 
avait  d'abord  tracé;  j'y  incline  d'autant  plus  que,  dans  le 
même  mot ,  à  la  ligne  précédente ,  on  semble  aussi  décou- 
vrir conune  une  intention  avortée  d'écrire  m. 

3  yadha  sagaPudasa'  ujhitasa  mahapathi 
padumu  tatra  jaea  suyigan(d)ha  manoramu  o 

Dhammap.,  58: 

yathâ  samkâradhânasmim  ujjhitasmim  mahâpathe 
padumam  tattha  jâyetha  sucigandharh  manoramam 

a.  A  compléter  aagaraudasa  —  sankàrakàte ,  avec  chute  du  k 
médial.  Pour  l'équivalence  de  sankârakàta  eisaAkâmdhàna, 
cf.  Chiiders  s.  v.  sankâro.  Le  génitif  dans  la  fonction  de 
locatif.  Le  trait  de  l'aspiration  est  bien  visible  au-dessus 
du  j  de  ujhita  et  de  l'/i  de  gandlia. 


MANUSCRIT  DUTRECIL  DE  RHINS.  265 

4     .  .  saghadhadhamaa  andhah .  te  prudhijane  " 
abhi.o.ti^  pranai  samesabudliasavaica^ 

Dhammap. ,  69  : 

evaih  sariikârabhûtesu  andhahliûte  puthujjane 
atirocati  pannâya  sammâsambuddhasâvako 

a,  La  lecture  sagadhadhaniaa  me  parait  certaine ,  sauf  la  der- 
nière lettre  (pii  pourrait  être  e  ou  i,  la  partie  inférieure 
n*ctant  pas  visible.  Le  mot  reste  difficile  ;  je  ne  me  tire 
d*embarras  qu*en  admettant  que  le  scribe  a  écrit  par  er- 
reur saghadha  pour  sagara  —  saiikâra;  c^est  ce  qu  appelle 
la  comparaison  du  vers  précédent  ;  en  soi  saghara  =  sam- 
skâra  ne  serait  pas  inexplicable.  Cf.  du  reste  à  la  ligne  1 4. 
Quant  a  la  seconde  partie,  il  ne  me  reste  qu*à  prendre 
dhamae  =  dharnie ,  qomme  nous  avons  dans  Tinscription  de 
Takht  i  Bahi  satatimae ,  etc.  La  locution ,  «  qui  a  la  condi- 
tion du  fumier  > ,  «  qui  est  comme  le  fumier  » ,  se  peut  jus- 
tifier. Il  semble  qu*il  faille  lire  hôte ,  qui  serait  =:  bhàte.  Si 
la  chose  n*est  pas  sûre ,  elle  est  au  moins  fort  probable.  On 
remarquera  la  transcription  prndhi  =  prthak,  —  b.  Le  bh 
parait  certain  ;  abhirocati  peut  très  bien  s'employer  =  ati- 
rocati, Same=:  samya[k]  est  dans  notre  manuscrit  Tortho- 
graphe  habituelle. 

6    yo  .  [^hasa  sahasani  sagami*  manusa  jini 
eka  ji] atmana  so  ho  sagamu*  utamu  o 


^  Dans  toute  cette  partie  de  la  ligne ,  le  fr.  vu  nous  aide  à  com- 
pléter les  caractères  dont  il  a  en  partie  conservé  le  bas.  Ua  initial 
(lu  troisième  pâda  y  est  même  conservé  intégralement. 

*  Fr.  C  vn. 

*  Fr.  C  VII. 


260  SRPTEMBRË-OGTOBRE  1898. 

Dhammap.,  io3  : 

yo  sahassam  sahassena  sangâme  mânuse  Jine 
ekaô  ca  jeyyam  attânam  sa  ve  sangâmajuttamo 

a.  Le  g  de  sagami  a  de  nouveau  la  forme  >  qu'on  pourrait , 
si  elle  ne  paraissait  qu*ici,  être  tenté  d*interpréter  =gr.  Si 
Ton  veut  se  rapprocher  étroitement  du  pâli ,  il  faut  ad- 
mettre que  'sahasani  est  une  interversion ,  pour  'sahasina. 
Mais  le  tour  sahassam  sahassâni  «  mille  milliers  >  est  pour 
le  moins  aussi  plausible  que  lautre  locution.  —  b.  Je  ne 
suis  pas  du  tout  persuadé  que  la  lecture  du  pâli  samgâma- 
juttamo  soit  autre  cKose  que  le  résultat  de  quelque  confu- 
sion graphique  adroitement  arrangée.  En  tous  cas,  il  n*y 
a  rien  à  chercher  dans  notre  texte  que  le  nominatif  sait- 
grâma  uttamai, 

7  saha[^sa  bi  ya  gasana''  anatbapa]  [' - ^ — 

e] sebha*  ya  sutva  uvaiamati 

Dhammap.,  loo  : 

sahassam  api  ce  vâcâ  anatthapadasarhhitâ 
ekam  atthapadam  seyyo  yam  sutvâ  upasammati 

a.  Je  n*oserais,  sur  le  seul  aspect  du  caractère,  décider  posi- 
tivement s*il  faut  lire /a  ouya.  Mais  nous  trouvons  ici  dans 
plusieurs  cas  s  pour  th,  par  exemple  dans  sisila,  C  3o.  — 
b.  Le  caractère  que  je  lis  bh  est  ici  encore  /^. 

8    [^  sata  bhasc  anathapadasahita  "*] 

e s.hu  ya  sutva  uvasaniati 

»  Fr.  G  viï. 
»  Fr.  C  XI. 
»  Fr.  C  XI. 


9 


lO 


II 


MAxNUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  267 

Dhammap.,  102  : 

yo  ca  gâthâ  satam  bhâse  anatthapadasamhitâ 
ekam  dhaminapadam  seyyo  yam  sutvâ  upasammati 

a.  Bien  qn*ii  ne  reste  qa^une  faible  partie  des  caractères,  le 
rapprochement  de  la  feuille  principale  met  la  restitution  du 
vers  hors  de  doute.  Qoant  aux  lacunes ,  il  est  moins  cer- 
tain qu*il  les  faille  combler  exactement  d*après  le  pâli; 
car  dans  ce  cas  le  présent  vers  ferait  double  emploi ,  sans 
variante,  avec  la  ligne  10.  Il  est  probable  qu*il  devait  y 
avoir  quelque  difiërenciation  de  détail,  suflisante  pour  Jus- 
tifier, au  Jugement  peu  difficile  des  bouddhistes ,  la  répé- 
tition de  la  stance  en  deux  formules  très  voisines. 

sa  bi  ya  gadhana  anathapadasahita 
eka  gadhapada  seho  ya  sutva  uvasamatio 

Dhammap.,  101  : 

sahassam  api  ce  gâthâ  anatthapadasamhitâ 
ekam  gâthàpadam  seyyo  yam  sutvâ  upasammati 

.  jagadhasata  bhase^  anathapadasahita 
«ka  gadhapada  seho  ya  sutva  uvasamatio 

Dhammap.,  10a.  Cf.  à  la  ligne  8. 

[^  masamasi  sahasina  yo  yaea]  satena  ca  " 
nevi^  budhi  prasadasa  kala  aveti  sodasao 

a.  Ce  vers  et  les  suivants  sont  Jetés  dans  un  même  moule 
dont  nous  retrouvons  les  éléments  disjoints  et  légèrement 

>  Ces  premiers  caractères  se  complètent  en  partie  par  le  bas 
dans  le  £r.  G  n. 
»  Fr.  C  IX, 


208  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

différenciés  aux  vers  106:  mâse  mâse  sahassena  yo  yajeiha 
satanisamaih ,  et  70  :  na  so  sankhâtadhammânam  kalam  nag- 
ghati  solasiih,  du  Dhammapada.  L^équivalent  de  nos  six 
stances  se  retrouve  exactement  dans  ÏUdânavarga ,  trad. 
Rockhiii,  chap.  xxiv,  où  il  semble  que  le  texte  devait  se 
se  rapprocher  étroitement  du  nôtre.  Cependant  le  premier 
demi-vers  y  est  traduit  :  «  Celui  qui  mois  pour  mois  fait , 
pendant  cent  ans,  mille  sacrifices»,  ce  qui  correspond 
exactement  au  texte  pâli.  J'entends  notre  leçon  sahasetia 
iaiena  ca  en  ce  sens  que ,  en  muitiplant  les  chiffres ,  le  texte 
insiste  sur  le  nombre  indéfini  ou  infini  des  sacrifices.  — 
h.  Dans  les  vers  suivants  nous  avons  neva ,  qui  est  la  seule 
forme  correcte ,  car  il  faut  ou  neva  ou  navi  =  nâpL  «  Celui 
qui  mois  pour  mois  offrirait  des  sacrifices  par  cent  et  par 
mille ,  celui-là  ne  gagne  pas  la  seizième  pailie  du  mérite 
que  procure  la  foi  au  Bouddha  ». 

12  [^samase  sahasena  yo  yaea  satina  ca 
neva]  prasa.sa  kala  aveti  sodasa^o 

a,  11  faut  évidenunent  compléter  [dkama]prasadasa ,  et  cette 
stance  correspond  à  Udànav. ,  xxiv,  a  7. 

13  niasamase  sahasina  yo  yaea  satena  ca 
neva  saghi  prasadasa  kala  aveti  sodasao 

Cf.  Udânav. ,  xxiv,  28. 

14  masamasi  sahasena  yo  yaea  satena  ca 
neva  saghasadhamesu *  kala  aveti  sodasao 

a.  Ce  vers  se  compare  à  la  stance  70  du  Dhammap. ,  qui 
li» ,  suivant  la  correction  certaine  de  Childers  :  samtehâta- 


»  Fr.  C  vni. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  269 

dhammânanu  Ici  la  lecture  saghata  '  est  exclue  ;  on  peut 
hésiter  seulement  entre  saghadha  et  saghasa;  le  dernier  ca- 
ractère a  en  effet  souffert  ;  il  semble  bien  cependant  que 
le  point  noir  qui  apparaît  encore  au-dessous  marque  la 
fin  du  crochet  retourné  de  gauche  à  droite  qui  caractérise 
Vs,  D*autre  part,  nous  avons  rencontré  à  la  ligne  d  sagha- 
dhadhama  où  le  dh  est  aussi  certain  qu*il  est  difficilement 
explicable.  J*ai  dû,  faute  de  mieux,  admettre  alors  une 
faute  de  copie ,  dh  j)our  r.  Je  ne  vois  guère  d*autre  res- 
source que  de  supposer  pareillement  ici  une  erreur,  s  pour 
t.  Si  Ton  pouvait  lire  dh ,  cette  transformation  singulière 
de  l  en  dh  aurait  au  moins  un  pendant  dans  samadlia  de 
la  ligne  (6  où  je  renvoie,  et  plus  près,  à  la  ligne  1 7,  dans 
kasidha  =  kiisîda.  En  tous  cas ,  malgré  leur  étroite  ressem- 
blance extérieure,  il  est  tout  à  fait  invraisemblable  (|ue 
les  deux  qualificatifs  soient ,  dans  Tun  et  Tautre  vers ,  iden- 
tiques :  le  sens  exigé  par  le  contexte  est ,  dans  un  cas ,  au>si 
nécessairement  défavorable  qu*il  est  nécessairement  favo- 
rable dans  lautre.  On  peut  admettre  ici  que  Thabitude 
d*une  locution  aussi  fréquente  que  sadhama  a  pu  incliner 
un  scribe  peu  instruit  à  Terreur  dont  il  se  serait  rendu  cou- 
pable. A  ce  vers  correspond  la  stance  33  de  TUdànavarga 
dont  la  traduction ,  •  celui  qui  explique  bien  la  loi  sainte  » , 
parait  refléter  l'expression  saAkhyâtadharma. 

*^      masamase  sahasena  yo  yae[^a  satena  ca] 

?esu  "  kala  aveti  sodasa  o 

•  •    • 

a.  La  consonne  mutilée  à  laquelle  est  attaché  Te  peut  être  t 
ou  r.  Je  ne  sais  aucun  moyen  de  décider  entre  les  deux , 
non  plus  que  de  compléter  la  ligne.  L'Udànavarga  a 
quatre  stances,  a 9-3 a,  qui  peuvent  à  la  rigueur  corres- 
pondre a  celle-ci;  cependant  comme  les  numéros  39*3 1 

»  Fr.  C  XLH. 


270  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

sont  calqués  sur  une  formule  unique,  faiblement  difTé- 
renciée  danà  chaque  cas,  à  laquelle  doit  correspondre  le 
tour  de  notre  stance  suivante,  comme,  d autre  part,  la 
désinence  esu  suffit  à  prouver  que  notre  présent  vers  nVtait 
pas  calqué  sur  le  suivant,  il  est  vraisemblable  que  c'est  au 
vers  Sa  de  TOdânavarga  que  celui-ci  faisait  pendant. 

là    masamase  sahasena  yo  yaea  satena  ca 
ekapananuabisa  '  kala  naveti  sodasa  o 

a.  Comme  je  viens  de  le  dire,  cette  stance  fait  pendant  à 
ridée  exprimée  avec  de  légères  variantes  aux  stances  29- 
3 1  de  rUdâna.  En  effet  ekapananuabisa  =  ekaprânânukam- 
pinah  :  3  il  n*obtient  pas  la  seizième  partie  du  mérite  qui 
appartient  à  qui  prend  pitié  d*un  seul  être  vivant  ». 

17    ya  ja  vasasata  jivi  kusidhu  "  hinaviyava 
muhutu  jivita  sebha  virya  arahato  dri<]ha*o 

Dhammap.  ,112: 

yo  ca  vassasatam  jîve  kusîto  hînaviriyo 
ekâham  jîvitam  seyyo  viryam  ârabbato  dalliarii 

«.  Pour  kusidliu  =  f8li  kusîto,  scr.  kuslda,  cf.  ci-dessus,  1.  i4. 
—  h.  Nous  retrouverons  dridha  et  vridha  aux  11.  3i  et  34 
de  C'\ 


18    ya  ji  vasasato  jivi  apasu  udakavaya  " 
muhuta  jivita  sebh  .*  pasato  udakavaya  o 

Dhammap. ,  1 1 3  : 

yo  ca  vassnsataiii  jive  apassarii  udayavyavaiii 
ekâliaih  jivitaiii  scyyo  passato  udayavyayaiii 


MANUSCRIT  DUTRELIh  DE  RHINS.  271 

a,  B,  i3  nous  a  déjà  faïuiilariscs  avec  lortliographc  udaka^ 
udaya.  Sato  et  apa^a  représentent  côte  à  côte  la  douljle 
équivalence  o  et  u  pour  la  désinence  am,  si  souvent  con- 
statée ici.  Ji  et  ja  sont  dies  orthographes  entièrement 
équivalentes;  on  en  peut  juger  par  notre  ji  auquel  s*op- 
pose  ja  dans  les  deux  vers  qui  encadrent  celui-ci.  — 
b.  C'est  ^  que  je  lis  hh. 

10    ya  ja  vasasata  jiv.  apasu  dhamu  utamu 
m.huta  jivita  .e.hu  pasatu  dhaiim  utaniii 

Dhammap. ,  1 1 5  : 

yo  ca  vassasatam  jive  apassaiii  dhanimain  uttamani 
ekâham  jîvitarii  seyyo  passato  dhamniani  uttamaiii 

20  ya  ja  vasasata  jatu  '  agi  pariyara  vane 
-- sa  pi  telena  divaralra  atadrito 

21  [1  eka  ji  bhavitatmana  muhutajviva  p.a?^ 
sanieva  puyana  sebha  yaji  vasasala  liolu*"  o 

Dhammap.  ,107: 

yo  ca  vassasatam  jantuih  aggirii  parlcare  vane 
ekan  ca  biiâvitattânaiii  nmhuttani  api  pûjaye 
sâyeva  piijanâ  seyyo  yance  vassasataiii  Imtaiii 

a.  Le  sloka  à  six  pâdas  du  pâli  apparaît  dans  notre  manu- 
scrit sous  la  forme  d'un  dou])ie  sloka  normal;  les  pâdas 
trois  et  quatre  développent  Tidce  contenue  dans  les  deux 
premiers.  Je  n'ose  rien  proposer  pour  combler  cette  la- 
cune de  trois  svllal)es.  En  rcvanclie  la  leviuve  jatu  de  notre 

*  Fr.  C  \\i\. 


27â  SEPTKMBRË-OCTOBRE  1898. 

ms.  suggère  poar  le  texte  pâli  une  correction  qui  me  pa- 
rait certaine.  On  n*a  expliqué jan/irm^jan/a ,  un  nominatif , 
que  par  des  artifices  inadmissibles.  C*est  jâta  qu'il  faut 
lire.  La  voyelle  a  été  omise  par  le  copiste  dans  pariyara 
qui  devrait  être  pariyari  ou  parirart.  «  Celui  qui ,  pendant 
cent  ans ,  entretiendrait  continuellement  le  feu  sacré  dans 

la  forêt ,  et  jour  et  nuit  sans  jamais  se  lasser avec 

de  rhuile »  —  6.  Je  prends  mahataviva  =  mtihuta- 

meva.  Pour  le  dernier  caractère ,  la  tête  d'un  ')  est  encore 
est  encore  reconnaissable;  le  scribe  avait  sans  nul  doute 
écrit  pH«p  avec  chute  dvLy=j.  —  c.  Sameva  =  sâyeva,  Hotn 
=  hatam,  montre  à  quel  point  o  et  a  (même  bref)  s'équi- 
valaient aisément  aux  yeux  de  noire  scribe.  Sebha  écrit 
par  Z'. 

22    [ï  ya  keja  yatha'  va  ho.   va  lok] 

ti  ahivadana  ujukatesu  siho 

Dhammap.,  io8: 

yam  kifici  yitlhaiii  va  hutarii  va  loke  sariivaccharaiii  yaje- 

[tha  punfiapekho 
sabbaiii  pi  tarii  na  catuljhâgam  cti  al)hivâdanâ  ujjugatesu 

r  sevvo 

a.   keja  ci  yatha  —  kiji  ei  yitha;  la  vocalisation  est  peu  soi- 
gnée par  le  scribe. 

2'i    [*-  silamatu  suyisacho']  dhaniatho  sadhujivano 
atmano  karako  siidhii*  ta  jano  kurati'  priuo 


»  Fr.  C  IV. 

'  Fr.  C  IV  complélé  par  fr.  C  ii. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  273 

* 

Dhammap.  ,217: 

sladassanasarapannam  dhammattharii  saccavâdinaih 
sttano  kamma  kubbânam  tam  jano  kunite  piyaih 

a*       En  parallèle  à  éilamata,  scîl.  illamantam,  je  rappelle  vata- 
wnata  C,  Sy.  La  lectare  suyisacho  semble  bien  donnée  par 
le  raccordement  des  deux  fragments  IV  et  II.  Suyi^^'suci 
«si  garanti  par  plusieurs  exemples;  sacho  ne  peut  guère 
^re  que  =  sacctuh,  satyam,  mais  alors  il  faut  admettre 
€|ue  Taspirée  est  fautive.  Je  n*aperçois  pas  d'autre  res- 
aoorce.  Le  composé  éucisatya,  quoiqu'il  se  traduise  bien 
en  français  avec  une  littéralité  singulière  «  qui  dit  la  pure 
mérité  » ,  n'est  pourtant  pas  une  locution  courante.  Sâdhu- 
Jivana  :  «  de  bonne  vie  ».  —  h,  La  ressemblance  avec  le 
pâli  n*est  ici  que  générale.  Kâraka  me  parait  employé  ab- 
solument, comme  dans  le  commentaire  du  Dhammapada , 
p.  1 5o-i  5 1  ;  j'entends,  en  coordonnant  kârakam  et  sâdhu  m  : 
«qui  est  actif  et  consciencieux  pour  lui-même»,  c'est-à- 
dire  qui  fait  avec  zèle  et  conscience  ce  qui  le  concerne. 
—  c.  La  boucle  au  pied  de  l'r  n'étant  pas  fermée  exacte- 
ment, comme  il  conviendrait  pour  exprimer  Vu,  je  p'ose 
affirmer  que  le  copiste  ait  voulu  écrire  kuruti,  c'est-à-dire 
karaté,  bien  que  ce  soit  pour  moi  très  probable. 

^^     [^  sadhu  silena  sabano  yasabhohasaniapitu]  " 
yena  yeneva  vayati  *  tena  teneva  puyita  o 

Dhammap.,  3o3: 

saddho  silena  sampanno  yasobhogasamappito 
yam  yam  padesam  bhajati  tattha  tattheva  pûjito 

a.  sadha  =  érâddhah.  Je  ne  découvre  pas  trace  de  Yo  dans  le 
/  de  yasa.  Bhoha  est  certain  quant  aux  consonnes.  Mais  il 

*  Fr.  C  u,  le  haut  des  lettres  pour  le  second  pàda  se  complé- 
tant par  la  feuille  principale. 

xu.  18 


274  SEPTExMBRE-OCTOBRE  18Q8. 

semble  presque  que  Vh  soit  accompagné  en  bas  k  gauclie 
d*un  petit  crochet  exprimant  la  voyelle  u.  Le  scribe  aurait-il 
écrit  yasahhohu  pour  yasuhhoha  ?  Je  prends  d'ailleurs  bhoha 
=  hhoga,  par  Tintermédiaire  de  hhoya,  comme  nous 
avons  eu  seho  =  éreyah,  comme  nous  allons  rencontrer  à  la 
ligne  suivante  dhamiho  =  dhamiyo,  pour  dhammiko,  — 
6.  Vayati  pourrait  à  la  rigueur  s'expliquer  d'après  l'analogie 
de  abhivaya  B ,  3o ,  3 1  comme  =  le  pâli  bhajalL  Mais  il  est 
plus  naturel  de  penser  qu'il  est=vrajati,  et  c'est  bien  plu- 
tôt bhajati  du  pâli ,  très  malaisé  à  interpréter,  que  je  croi- 
rais issu,  par  une  confusion  inverse,  d'un  vajali  primitif. 

26  [^  yo  natmahetu  na  parasa  hetu  pavani  kamani  sa- 

[mayajrea* 

na  ichia ['^samidhi  atmano  sosilava]  pa- 

[nitu^  dhammiho  sia 

Dhammap. ,  84  : 

na  attahctu  na  parassa  hetu  na  puttam  icche  na  dhanarii 

fna  rallham 
na  iccheya  adhammena  samiddhim  attano  sa  silavâ  paii- 

[navâ  dhammiko  siyâ 

a,  La  construction  de  notre  texte  a>ec  un  ya  initial  est  plus 
naturelle  que  celle  du  pâli.  Pavani  kamani  samayarea  =  en 
pâli  pâpâni  kanimâni  saniâcareyya.  —  b.  Panitu ,  c'est-à-dire 
panditah ,  remplace  pantlavâ  du  pâli.  Sur  dhammiko  cf.  la 
note  de  îa  lif^ne  précédente. 

27  [3  safiatu  sukati  yati  drugati  yati  asanatu 
ma  sa  vispasa**] 


1  Fr.  C  n. 

^  Fr  C  XXXI.  Ce  ne  sont  que  des   traces;    elles   me   paraissent 
suffisantes  pour  rétablir  ces  quelques  mots  avec  confiance. 
'  Fr.  C  I. 


MANUSCBIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  275 

^*  •  «  L*hoiniii6  qui  domine  ses  passions  va  à  un  avenir  heureux  ; 
^i^elui  qui  ne  les  domine  pas  à  un  avenir  malheureux.  Que 
^ir^elui-Ià  ne  se  fie  pas. . .  ■  Je  traduis  comme  s*il  y  avait 
'^^ihaie;  mais  c*est  une  simple  hypothèse. 

l^     ^a\utu  pratimukhasa  idiiesu  ca  pajasu 
luni  anu] _. 


^*  Les  deux  premiers  pâdas  se  comparent  à  Suttanip.  34o  : 
Samvatto  pâtimokkhasmim  indriyesu  ca  pancasu;  on  peut 
comparer  aussi  Dhammap.  376  :  pâtimokhe  ca  samvaro. 
Quant  à  pramuni  nous  Tavons  déjà  rencontré  A\  3.  «  En  se 
contenant  d*après  les  préceptes  et  dans  ses  cinq  sens ,  on 
obtient.  .  .  » 

29    -; — ^ ,    [^v.  s.  t. 

^udhasa  suyi] ?sa  saniajakavata  "  o 

a.  En  dehors  de  iadhasa  et  de  snyi,  c'est-à-dire  peut-être  $n- 
yikamasa  (=  ^ucikarma),  je  ne  puis  rien  faire  de  ces  débris 
dont  la  fin  ne  me  suggère  aucune  explication  plausible. 
J'attends  qu'une  mémoire  plus  fidèle  que  la  mienne  en 
découvre  le  reflet  pâli. 

30   [*  dhamu  cari  sucaritaj  [^  .^??  cari  ta  cari 
dhamayari  suh.]  seti  asmi  loki  parasa  yi  o 

Dhammap.,  169: 

dhammam  care  sucaritaiii  na  naiii  duccarilaiii  caro 
dhammacârî  sukharii  seti  asmiiii  lokc  parainhi  ca 

»  Fr.  C  I. 
«  Fr.  C  I. 
'  Fr.  C  XIII. 
•  Fr.  C  V. 

18. 


274  SEPTEMBRE. OCTOBRE  1898. 

31  [1  ah]p  o  nako  va  sagami  cavadhi  vatita  sara  " 
ativaka  ti] [^dmsilo  hi  bahjo  jano  o 

Dhammap.,  3 20: 

ahaiii  nâgo  va  saihgâme  câpâto  paiitam  sarani 
ativâkyan  titikkhissaiii  dussiio  hî  bahujjano 

a,  La  désinence  dhi,  pour  tali,  dans  cavadhi  =  cûpdtah  donne- 
rait encore  un  eiemple  du  changement  de  ien  dh,  si  Ton 
pouvait  admettre  une  transition  directe,  avec  le  mâga- 
dhisme  te  pour  to,  de  te  en  dhe,  dhi.  Je  n*ai  rien  de  plus 
convaincant  a  proposer;  ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  cette 
explication  me  satisfasse. 

32  [*.sa  acata'  drusilia  malua  vavi  lata  vani* 

kuya  su  tadha].[^  tmanayadha  na  visamu''  ichati  o] 

Dhammap.  ,"163  : 

yassa  accantadussîlyam  ma  lu  va  sâlaiii  ivotataiii 
karoti  so  tathattânaiii  yathâ  naiii  iccliati  diso 

a.  Je  connais  peu  de  cas  dans  notre  ms.  où ,  plus  que  dans 
le  ca  J  d'acata,  il  serait  tentant  de  chercher  un  anus- 
vdra  souscrit,  tant  le  crochet  du  bas  est  accentué.  Cepen- 
dant ce  serait  imprudent;  si  Ton  compare  dhi  de  cavadhi 
à  la  ligne  précédente ,  et  ca  de  carila  à  la  ligne  d*avant , 
on  partagera,  je  pense,  celte  impression,  et  on  conclura 
que ,  à  ce  moment  de  son  travail ,  le  scribe  s'anmsait  vo- 


»  Fr. 

C 

XIII. 

*  Fr. 

C 

V. 

5  Fr. 

C 

XXII. 

*  Fr. 

C 

V. 

*  Fr. 

C 

X^II. 

MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  277 

lontîers  à  accentuer  les  menues  fioritures  de  certains  ca- 
ractère». —  b.  On  voit  que  notre  texte  s  éloigne  en  ce  pàda 
de  la  version  pâlie ,  et  dit  simplement  :  «  Celui  dont  la 
malignité  est  extrême  comme  {ivâpi)  [celle  de]  la  liane 
mUukâ  dans  la  foi*ét  »  ;  et  en  effet  un  passage  du  Lai,  Vist, 
(p.  359,  I.  3)  caractérise  cette  plante  de  répithète  asn- 
khedà,  sans  autre  explication;  comme,  pour  ma  }>art, 
j'ignore  quelle  est  exactement  la  plante  en  (|ucstion,  je 
ne  saurais  me  flatter  d*éciaircir  les  causes  de  cette  réputa- 
tion fâcheuse  ;  le  vers  de  la  p.  aoy,  I.  5 ,  parait  indiquer  qu'il 
s*agit  d*une  plante  parasite  et  qu'elle  détruit  Tarbrc  où  elle 
s  attache.  Le  tour  de  notre  rcccnsion  me  semble  le  plus 
simple,  le  plus  primitif.  Quoi  qu'il  en  puisse  être,  je  sup 
pose ,  étant  donnée  la  forme  sanscrite  mâlu ,  que  mâlua  => 
mâlukâ  et  que  le  })âli  niâluvâ  n'est  qu'mie  autre  orthographe 
de  màluà  relevée  au  niveau  de  la  règle  pâlie  qui  exclut 
rhiatus.  —  b.  Kuya  =  ktuyât,  Na^naih,  tuinu,  Visama  a 
un  sens,  «  vicieux,  méchant  »,  plus  vague  et  moins  expres- 
sif que  le  diso  =  dvb,  «ennemi»,  du  pâli. 

33  ['  yok.d.'^   bh] 

.„ a  rathapina  asanatu 

Dhammap. ,  3o8  : 

seyyo  ayogulo  bhutto  tatto  aggisikhûpamo 
yaiice  bhunjeyya  dussîlo  rntthapindam  asnnfiato 

a.  Tout  ce  que  nous  pouvons  voir  de  ce  commencement  de 
vers,  c'est  que  dans  ^wf/w ,  le  g  était  durci  en  k,  comme 
si  souvent. 


»  Fr.  C  V. 
*  Fr.  C  xi.i. 


278  SEPTEMBBEOCTOBBE   I89j». 


33    ida  ja  mi  keca  ida  jî  karia  ida 

irinamana  abhiniadati  mucu??  sasoa* 

a.  Je  n*ai  pas  décoorert  le  reflet  pâli  de  cette  stance.  Je  sup- 
pose qoe  ce  qni  en  reste  doonenût  en  sanscrit  :  idan  ca  me 
krtjam  Idaà  ea  kârjmm  iêam  k  rimdamâno  'hkimar- 

Jati  mrtym. .  Mosokam;  ce  qoi,  sons  réserve  des  compié- 
ments  Décesaaires ,  a  po  revenir  à  on  sens  général  comme  : 
«En  reconnaissant  son  devoir,  on  écrase  la  mort  et  ses 
peines.» 

36    ?dha  vasa  karisamu'Pdha  h.matagi 


Dhammap.,  i86  : 

idha  vassam  vasissâmi  idha  hemantagimhisu 
iti  bâlo  vicinteti  antarâyam  na  bujjhati 

a,  H  n*est  guère  possible  de  décider  si  karisama  est ,  d*après 
Tanalogie  du  pâli ,  la  première  personne  du  singulier  avec 
une  orthographe  inexacte  (cf.  phusamu ,  B,  26),  ou  repré- 
sente régulièrement  la  première  du  pluriel. 


37    ta  putrapasusamadha  " 


Dhammap. ,  287  : 

tnm  putrapasusammattarii  biyâsattamanasam  nararh 
suttam  gâniam  mahogho  va  maccu  âdâya  gacchati 

a,  y  ai  signale  à  propos  de  la  1.  1 4  cette  orthographe  sin- 
gulière samadha  pour  samata  =»  sammatta ,  et  cité  des  ana- 
logies. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  279 

i%     puve  i  kica  parijaga  [^  ??  —  kici  kicakali  adea  " 

tata  disa  parika]  [^ma  kicakari  noi  kicakici  ali  adea] 

a.  Bien  que  la  lacane  soit  relativement  peu   étendue,  je 
n*arrive  pas  à  découvrir  le  sens  certain  de  cette  stance. 
Devant  kici  il  faut  sans  doute  compléter  no  i,  comme 
au  quatrième  pâda,  les  deux  ayant,  je  pense,  été  iden- 
tiques, et  j*en  conclus  que  le  dernier  doit  se  lire  no  i 
kici  kica[k]ali  adea,    ce   qui  se   transcrit  :  na   ca  kiiicit 
krtyakàla  adejam,  et  se  peut  entendre  :  «  et  à  Theure  du 
devoir  il  ne  faut  reculer  devant  aucun  sacrifice  ».  Mais  je 
ne  sais  au  juste  comment  compléter  parijaga,  qui  doit  se 
rapporter  au  verbe  pari-  ou  pratijâgarati.  On  peut  cepen- 
dant, en  appliquant  pave  au  temps  qui  précède  Theure 
des  sacrifices ,  comprendre  qu*«  il  est  indispensable  d'être 
en  éveil  sur  son  devoir  »  (  cf.  la  stance  35  ) ,  et  on  pourrait 
compléter  parijagarea  ou  parijagaritva.  Le  troisième  pàda 
me  laisse  entièrement  perplexe.  Au  sujet  kicakari  il  faut 
un  verbe;  on  pourrait  prendre  qu'il  se  cache  dans  di^a 
pour  diée,  et  que  iata= taira  a,  comme  parfois  ici,  le  sens 
d'«  ici-bas  »  ;  mais  la  traduction  :  «  que  l'homme  de  devoir 
enseigne  ici  bas  la  préparation  »  impliquerait  de  parikarma 
une  application  au  moral  qui  me  parait  peu  probable ,  et 
je  me  persuade  que  la  vraie  analyse  m'échappe.  Voici ,  en 
tous  cas,  quel  serait,  suivant  ces  hypothèses  provisoires, 
le  sens  général  de  la  stance  :  «  11  faut  d'abord  se  bien  pé- 
nétrer du  devoir;  car  au  moment  de  l'accomplir,  il  ne  faut 
reculer  devant  aucun  sacrifice  ;  que  l'honmie  de  devoir  en 
enseigne  ici  bas  la  préparation  ;  car  au  moment  d'accom- 
plir le  devoir,  il  ne  faut  reculer  devant  aucun  sacrifice.  » 


Vè 


y  a  puvi  karaniani  [*  pacha  sakaru  ichali* 


»  Fr  C  xxvu. 
*  Fr  C  XXX. 
'  Fr  C  xxvn. 


280  SEPTEMBRE. OCTOBRE  1898. 

alha  dubakati^  balu][^  suhatu  parihayati] 

a.  J*admets  que  sakara  est  pour  sankara,  comme  nous  avons 
relevé  saga  pour  sanga^  B,  3,  37,  et  je  prends  que  le  mot 
'  désigne  le  trouble  et  le  tumulte  de  la  vie  extérieure ,  par 
opposition  aux  devoirs  tranquilles  de  la  vie  religieuse.  — 
h,  La  vraie  analyse  de  dubakati  m*échappe ,  j*en  ai  peur  ; 
en  prenant  kaii—gati,  il  resterait  duha  dont  je  ne  puis 
rien  faire;  j*en  arrive  ainsi  à  admettre  que  dahakati  ^dus- 
prakrii,  et,  me  référant  à  Temploi  de  pakatattâ  pour  dire 
«régulier  ôbser>'ateur  de  ses  devoirs»  (Jâtaka,  i,  a 36; 
S.  B.  E.  XVII ,  34o  n.  ) ,  je  comprends  :  «  qui  u*obscrve  pas 
la  règle  ou  le  devoir».  Je  dois  ajouter  que  le  caractère 
que  je  transcris  ka  se  pourrait  fort  bien  interpréter  =  sp. 
Mais  que  faire  de  dubaspati  ?  En  somme  je  traduis  :  «  Celui 
qui,  après  avoir  d*abord  aimé  ses  devoirs,  aime  le  tumulte 
du  monde,  Tinsensé,  oublieux  de  la  règle,  perd  le  bon* 
heur.  » 

40    akita  kuki .  [^  sehu  "  pacha  tavati  drukita 
kita  nu  sukita  seh] .  [*  ya  kitva  nanutapa(?)ti] 

Dhammap. ,  3i4: 

akatam  dukkatam  seyyo  pacchâ  tapati  dukkataiii 
katan  ca  sukatam  seyyo  yam  katvâ  nânutappati 

a.  Kukriam  pour  duskrtaih  ne  fait  nulle  difliculté.  Je  ne  puis 
affirmer,  à  cause  de  la  cassure,  si  c*cst  bien  sehii  el  non 
seho  qu'a  écrit  notre  copiste. 

Au-dessous  de  cette  ligne  nous  avons  des  traces  légères, 
mais  certaines,  d'au  moins  deux  lignes  :  le  haut  d'un  pre- 

*  Fr.  C  xvx. 

*  Kr.  C  wviï. 
■*  Kr.  C  XXX. 


MANUSCRIT  DUTREIML  DE  RHINS.  281 

mier  caractère,  et  le  bas  de  trois  ou  (quatre.  H  i\y  a  bien 
entendu  absolument  rien  à  en  tirer. 

41     asava  tesa  vadhati  ara  te  asAvacha  „ 


Cf.  Dhammap.,  a  53  : 


âsavâ  tassa  vaddhanti ,  ârâ  so  âsiivakkhn)  à 

a.  A  compléter  asavachaya,  comme  en  pâli.  On  voit  que 
notre  recension  a  le  pluriel  au  lieu  du  singulier.  De  toute 
façon,  ce  demi-vers  ne  peut  finir  qu'après  une  description 
préalable  de  «  ces  boimnes  » ,  et  eu  eOet  le  demi-vers  pâli 
forme  la  fin  d*une  stance  ;  dans  notre  manuscrit  il  com- 
mence une  ligne;  d*où  il  suit,  ou  qu*il  formait  la  fm  d*un 
éloka  à  six  pàdas,  ou  que  la  peusée,  ramassée  dans  le  pâli 
en  une  stance  unique ,  en  remplissait  ici  deux  qui  se  com- 
plétaient. 

42    yesa  tu  susamaradha  nica  kayakata  snia 


^^    satana   sabrayanana   tasa?" 

Dhammap.,  3g3: 

yesan  ca  susamâraddhâ  niccaiii  kâyagatâ  sati 
akiccan  te  na  sevanti  kicce  sâtaccakârino 
satânam  samprajânânam  attharii  gacchanti  âsavâ 

a.  Il  est  à  croire  que,  comme  dans  le  pâli,  nous  avions  une 
stance  à  six  pàdas ,  et  que  les  pàdas  trois  et  quatre  étaient 
au  moins  très  analogues  à  ceux  du  pâli.  Cependant,  au 
sixième ,  les  deux  textes  divergent ,  et  je  ne  puis  rien  Taire 
de  certain  de  notre  taxa,  peut-être  fautif  pour  tesa.  On  re- 
marquera Vorthographe  satana  =smjiân(hh,  à  côté  de  smali. 


SS2  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 


TO 


1    ?.?.?  ra   athu  ? „    „ „„ ??? 


2  yo  vi  varsasata  jivi  •  so  vi  mucuparayano 

na  bhajepari  ^ _„ 

a.  Par  son  commencement  ce  vers  se  rattache  à  une  série 
que  nous  avons  eue  plus  haut  (C**,  17  et  suiv.);  elle  est 
représentée,  on  Ta  vu,  dans  la  recension  pâlie;  mais  la 
stance  présente  n*y  a  pas  de  contre-partie  exacte.  Le  début 
du  troisième  pâda  semblerait  se  comparer  au  commence- 
ment de  Dhammap.  78  ;  cependant  Tidentité  est  d*autant 
plus  problématique  que  notre  cinquième  caractère  parait 
bien,  quoique  mutilé,  avoir  été,  non  va  de  pavaka,  mais 
n.  Macaparayana.  comme  par  exemple.  Suttanip..  678. 
«  Vécùt-on  cent  ans ,  on  reste  voué  à  la  mort .  .  .  > 

3  parijinam  ida  ruvu  roanida  [^  prabliaguno  * 
bhensiti  p.ti] - 


Dhammap.,  i48  ; 

parijînnam  idaih  rûpaiii  roganiddham  pabhamgunarh 
hhijjati  pûtisandeho  maranantam  hi  jîvitam 

a.  Prahha  "  par  |f .  —  h.  Le  groupe  que  je  lis  ns  a  exacte- 
ment l'aspect  du  caractère  auquel  j'ai  précédemment  été 
amené  à  attribuer  cette  valeur.  On  pourrait  ici  songer  à 
l'analyser  en  ts,l^  t  étant  ajouté  au-dessous  de  la  boucle 
de  Vs;  mais,  admissible  peut-être  ici,  cette  explication  ne 
le  serait  pas  dans  les  autres  rencontres;  la  transcription 

Fr.  C  XXXII. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  283 

hhemsiii *Bihhelsyaii  (c'est-à-dire  hhc(syate)  se  peut  au  con- 
traire justifier  par  cette  tendance  à  la  nasalisation  devant  la 
siiHante  dont  le  pâli  et  les  prâcrifs  offrent  plus  d*une  trace. 
Je  n'en  veux  ici  rappeler  qu*un  exemple,  hliiihsana ^hM- 
sma.  De  toute  façon  notre  texte  oppose  le  futur  au  présent 
du  pâli.  J*ai  dans  le  vers  pnli  introduit  la  correction 
certaine  inarananîam  dès  longtemps  réclamée  par  Cliil- 
ders. 

4  konah?*-. _ _ [4ite  sati 

an.kar.  ?  prachiti*  pra] ..- 

Dbanimap.,  i46: 

ko  nu  liâso  kiin  ânando  niccaiii  pajjalitc  sati 
andliakârena  onaddhâ  padipaiii  na  gavessatlin 

a,  La  feuille,  cassée  en  cet  endroit,  ne  s'est  pas  exactement 
rajustée  sous  le  verre.  Ce  commencement  est  garanti  par 
le  fragment  qui  contient  une  partie  de  la  suite.  —  6.  Si  la 
lecture  est  indécise ,  il  est  au  moins  certain  que  notre  texte 
avait  ici  une  variante.  Pra,  qui  commence  le  dernier  pàda, 
semble  indiquer  que  la  fm  était  des  deux  parts  semblable. 
Nous  devions ,  suivant  toute  probabilité ,  avoir  ici  un  équi- 
valent de  andhakdrena  onaddliâ.  An(<lh)akar  va  bien,  et 
prachita ^prakshipta  également;  seule  la  désinence  ti  est 
surprenante  ;  il  est  sùi'  aussi  que  nous  avions  autre  chose 
que  la  désinence  "kûre  ou  kûram  ;  outre  le  mètre ,  les  traces 
qui  subsistent  au-dessous  de  la  ligne  après  la  lettre  r  le 
démontrent  ;  je  n'arrive  pas  à  une  restitution  convaincante. 

5  yam  eva  padhama  rati  gabhirasati  inanavo 
avîthi* 


Fr.  C  xxxni. 


284  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

a,  La  transcription  en  sanscrit  :  yam  eva  prathamâth  râtriih 
ganihhîrasmrtir  mânavah  api  sthi-,  parait  s'imposer;  elle  ne 
donne  pas  les  éléments  d'une  construction  qui  permette 
d*entreYoir  le  sens  générât 

0    yasa  rativivasina  ayu  aparato  sia 

apodake* — 

a.  La  lacune ,  trop  étendue ,  rend  impossible  ici  encoœ  Tin- 
telligence  des  débris.  Je  transcris  :  yasya  râtrivivâsena  âyur 
apai'atam  syât  alpodake.  Mais  je  ne  connais  pas  d'exemple 
de  l'emploi  de  aparata  ,■  et  aparânta  ne  donnerait ,  autant 
que  je  puis  voir,  aucun  sens.  Le  bas  de  la  lettre  initiale 
n*est  peut  être  pas  complètement  intact;  c'est  peut-être  u 
que  portait  primitivement  le  ms.  Même  avec  uparata,  on 
voit  mal  qui  peut  être  ce  sujet  «  dont  la  vie  s'arrête  avec 
l'aurore  », 

7  ye  hu  dhayeyu  *  dahara  ye  ca  majhima  porusa 
anupa  ? sa  nica  maranato  bhayo  *  o 

a.  Le  y  final  est  rattaché  au  d  suivant  par  une  liaison  cursive 
qui  forme  boucle  et  où  peut-être  se  marque  Tintention  de 
noter  l'a;  de  toute  façon  il  est  nécessaire.  Dhayeyu 
est  le  potentiel  de  dhayati  «  teter  ».  —  h.  Cf.  Suttanip. , 
676  :  evaih  jâtânaih  maccânam  niccath  maranato  bhayam. 
Je  ne  me  flatte  pas  de  combler  la  lacune  qui,  cette  fois, 
n'empêché  pas  de  reconnaître  le  sens  de  l'ensemble.  «  En- 
fants qui  tètent  ou  hommes  mûrs (sur  tous  est)  tou- 
jours (suspendue)  la  crainte  de  la  mort». 

8  ?dha  phalana  pakana  nica  patanato - ~ 

ya  ayu  payeti  panina'  o 

Cf.  Suttanip. ,  676  : 

phalânam  iva  pnkkânam  pâto  papatanâ  bhayatii 

evaiii  


MANUSCRIT  DUTREUÏL  DE  RHINS.  285 

et  Dhammap. ,  1 96  : 

yathâ  dan^ena  gopâlo  gâvo  pâceti  gocaraih 
cvaih  jarâ  ca  maccu  ca  âyiiih  pûcenti  pûniiiaiii 

A.  Notre  vers  semble  fait  du  rapprochement ,  assez  incohé- 
rent d*ailleurs ,  d*une  moitié  de  chacune  de  ces  stances. 
L* a  final  de  aya,  si  nécessaire  qu'il  soit,  est  encore  plus 
douteux  que  celui  de  dhayeyn ,  à  la  ligne  pn*cédeute  ;  il  pa- 
rait indiqué  sonunairemenl  un  peu  de  la  iiiéine  manière. 

9  yadha  nadi  pravatia  racha  vahati?  "- 

- „ tavi  oharanase\a  satii  o 

a.  Ce  que  Ton  voit  de  plus  clair  ici,  c'est  cpie  le  vers  s'in- 
spire de  la  même  pensée  que  le  vers  1 8  du  chap.  i  de  TUdâ- 
navarga  :  «  Conmie  les  eaux  d'un  ruisseau ,  les  lieures  de 
la  vie  de  Tliomme  s'écoulent  jour  et  nuit  ;  de  proche  en 
proche  elle  court  à  sa  lin  ».  Je  ne  suis  pas  sur  de  la  lecture 
radia  ou  vacha;  de  toute  façon  je  n'y  puis  voir  qu'un  re- 
flet de  vrksa,  soit  |K>ur  vracha  soit  pour  nikkha.  Pravatia  ■= 
pravarteya.  Enfin  je  prends  ohârana ,  en  me  fondant  non 
sur  des  exemples ,  qui  me  manquent ,  mais  sur  l'étymologie 
et  sur  le  témoignage  de  rAJ)hidhânappadipikâ,  au  sens 
de  a  suppression ,  fm  ».  «  Comme  un  fleuve  se  met  à  couler, 
entraine  les  arbres vers  sa  fin.  » 

10  yadhavidanivikoti  yayedevaoduopati 
apakabhotivo 

11  emam  eva  manus  sp)-*j(-'^)  pi'anayo 
yaya  avi.^sati(?)ratip)  maranaseva  satii 

J'ai  le  regret  de  ne  pouvoir  tirer  de  ces  deux  restes  de  vers 
aucun  sens  continu.  L'incertitude  qui  pèse  sur  plusieurs 
lectures  se  complique  des  Licunes.  N'ayant  rien  de  pro- 


2»6  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

bable  à  proposer  pour  les  deux  premiers  pàdas  de  la  pre- 
mière stance ,  ni  pour  les  pàdas  deux  et  trois  de  la  seconde , 
je  préfère  ne  pas  multiplier  des  conjectures  que  la  décou- 
verte d*une  contre-partie  sanscrite  ou  pâlie  rendra  quelque 
joor  superflues. 

12  sali*  eki  na  disati  pratu  ditho  bahojano 
pratu  eki  na  disati  sati  ditha  bahojano  o 

Jàt.  IV,  127,  st.  6  (  Dasarathajàtaka  ]  : 

sâyam  eke  na  dissanti  pâto  ditthâ  bahujjanâ 
pâto  eke  na  dissanti  sâyaiii  dittliâ  bahujjanâ 

a.  Je  ne  sais  trop  comment  expliquer  notre  forme  sati  ou 
sadi= sâyam;  sai  irait  bien;  mais  cette  dentale  intercalaire 
est  au  moins  fort  exceptionnelle.  Je  ne  vois  pourtant  pas 
qu*il  puisse  y  avoir  de  doute  sur  Téquation. 

13  tatra  ko  vispasi  macu  dahai^o  dhitijivit." 

- ?vi  miyati  nara  nari  ca  ekada  *  o 

a,  Tatra  c'est-à-dire  «ici- bas».  Comme  vîspa,^i  réclame  un 
complément,  je  suppose  qu'il  faut  lire  dhitijivite  dont  je 
crois,  en  fait,  reconnaître  les  traces;  et  je  prends  dJiitiji- 
vita,  c'est-à-dire  dluiijîvitam ,  un  peu  dans  le  sens  qu'aurait 
jîvitadhrti  «  la  solidité ,  la  durée  de  la  vie  •  Maca^martyolj* 
—  b.  Je  considère  vi  comme  la  seconde  syllabe  de  sarvi 
=sarve,  dont  le  premier  caractère  me  parait  encore  suffi- 
samment reconnaissable.  Avant  est  tombé  soit  mantisa, 
soit  qudque  équivalent.  Au-dessus  de  ca  paraît  une  sorte 
de  boucle ,  comme  serait  Yi  de  l'alphabet  devanàgarl.  Je 
n'en  aperçois  ni  l'utilité  ni  la  signification  possible.  *  Quel 
mortel ,  même  jeune ,  pourrait  ici-bas  se  lier  sur  la  durée 
de  la  vie?  Tous  [les  htunains],  hommes  et  femmes,  sont 
destinés  à  mourir  un  jour.  » 


MANUSCRIT  DUTRELIL  DE  RllINS.  S87 

14    ayirena  valai  kayu  padha  ['  sîti 

rachu*] vinana  nirathn  ba  kadigaïuo 

Dhammap.,  4i  : 

aciram  vatâyani  kâyo  pathaviiii  adliiscssaii 
chuddho  apetavinnâno  iiirattliaiii  va  kaliiigaraiii 

a.  Racho ,  pâli  ruhkho  «  grossier,  nide  » ,  peut  fort  bien  prendre 
dans  notre  texte  la  place  du  pâli  chuddho,  «vil,  mépri- 
sable ■.  Notre  texte  parait  aussi,  dans  le  compose  apela- 
vimàno,  avoir  remplacé  apeta  par  quelque  synonyme.  On 
découvre  en  eflet  un  caractère  de  plus  et  aucune  des  tètes 
de  lettres  qui  demeurent  apparentes  ne  porte  de  vocalisa- 
tion e. 

15  .  . .  .  [^  avatliani  a .  .  u  ?  ?  ?  ?  P  ** 

]  [^  ni  sisani  lani  distani  ka]  rati*o 

16  [^  yanimani  prabhaguni  Yichitaiii  disodisa^ 
kavotaka].[^  athini  tani  distani  ka]  ratio 

Dhammap.,  i4g  : 

yânïmânî  apatthâni  alâpnncva  sârade 
kâpotakâni  allhini  tâni  disvâna  kâ  rati 

a.  J*ai  rapproche  ces  deux  stances  dont  chacune  comprend 
un  des  demi-vers  réunis  dans  le  pâli  en  une  sUuice  unique. 
J*estime  en  effet  que  Ton  peut  avec  confiance  restituer  cette 
ligne:  [yanimani]  avalhani  alupunl  va  saïadc;  aucune  des 

»  Fr.  C  xlV\ 
«  Fr.  C  XIV. 
»  Fr.  C  xxir". 

*  Fr.  C  XIV. 

*  Fr.  C  XMI  '•. 


288  SEPTbMBRE-OCTOBRt::  1898. 

traces  qui  subsistent  ne  contredît  cette  hypothèse.  —  h.  Je 
n*ai  aucun  moyen  de  rétablir  les  premières  syllabes  de  cette 
ligne;  il  en  résulte  que  Tinterprétation  de  ce  qui  reste  vi- 
sible RI  sisani  demeure  incertaine.  Le  dernier  pâda  oppose 
dans  les  deux  lignes  tani  distani  à  tàni  disvâna  du  pâli.  La 
lecture  ne  semble  pas  contestable,  bien  que  le  t  affecte 
une  foime  purement  conventionnelle.  11  semblerait  plutôt 
dérivé  du  t  dental.  La  construction  est  ainsi  moins  nor- 
male, mais  n-m  pas  inadmissible  dans  ce  style.  —  c.  Pra- 
bhaiiignni  (écrit  par  y  comme  prabhagana  à  la  ligne 
suivante]  suppose  un  thème  prabhaiigu,  identique  pour 
le  sens  à  prablianga ,  qui  a  donné  en  pâli  et  dans  notre 
dialecte  prabhanguna.  Le  vers  suivant  confirme  cette  forme. 
Vieil  itani = vikskiptânL 

17    [1  imina  putikaena  aturena  pabhaguna 

nicasuhavijinena  jaradhamena  s] ^- 

.  .  dha  parama  sodhi  yokachemu  anutara"  o 

a.  Ce  vers  se  compare  à  la  stance ,  non  pas  identique ,  mais 
de  sens  analogue  et  de  structure  toute  similaire ,  Therag. , 
3a  1 ,  à  laquelle  correspond  plus  exactement  notre  ligne  30  : 

ajaraiii  jîramânena  tappamânena  nibbutiiii 
nimmissarii  paramarii  santiiii  yogakkhemam  anuttaraiii 

Nous  n'avons  certainement  pas  ici  le  tour  par  la  première 
personne ,  nimmissam  ;  mais  comme  la  troisième  lettre  dha 
est  certaine,  qu*un  m  (peut-être  me?)  parait  certain  aussi 
immédiatement  avant,  et  qu*un  i  accompagnait  la  con- 
sonne précédente ,  nimadlia  ou  niniedlia  paraîtrait  probable; 
il  est  assuré  parla  ligne  ao;  on  traduira*  faites  ».  Je  com- 
prends nicasuhavijinena  =  nityâsabhavicîninena  «toujours 

»  Fr.  C  XIV. 


MANUSCRIT  DUTHECIL  DE  HHINS.         289 

plein  d*iinpixretës  ■.  Je  traduis  donc  :  ■  Avec  ce  corps  qui 
aett  qne  pourriture ,  malade ,  voué  à  la  destruction ,  in- 
cessamment plein  d*impuretés,  soumis  à  la  décrépitude, 
— ,  obtenez  la  pureté  parfaite ,  la  félicité  suprême  ■. 


18  [^  iniina  putikaena  vidvarena 

[^(nicasuhavijinena)] 

dha  parama  sodhi  yokachemu  anutara  o 

19  ['  imina  putikaena  visravatena  putina^ 

nica][*  suhavijinena  jaradha] 

-['  medha  parama  sodhi  yokachem .  ]  anutara" 

tf.  Les  débris  nous  permettent  de  reconnaître  que  les  deux 
stances  étaient,  d*une  façon  générale,  jetées  dans  la  même 
formule  que  le  vers  17.  —  i.  VUravatena,  visravantena , 
de  vi'Sra  •  coulant ,  se  décomposant  >.  Pïiti  adjectif. 

20  [^*  ayara  ]  jiyamanena  dajhamanena  nivruti  " 
nimedha*]  ["^  parama  sodhi  yokachemu  anutara] 

a.  Je  renvoie  au  vers  des  Theragâthas  que  j*ai  cité  à  la  1.  1 7. 
—  b.  Relativement  à  nimedha,  cf.  1.  17.  «Avec  ce  [corps] 
voué  à  la  décrépitude,  à  la  souffrance,  obtenez  la  joie 
sans  déclin ,  la  pureté  parfaite ,  Li  félicité  suprême.  » 


>  Fr. 

C 

xni. 

•  Fr. 

C 

XIV. 

*  Fr. 

C 

XXf. 

♦  Fr. 

C 

I. 

»  Fr.C 

XL. 

•  Fr. 

C 

I. 

'  Fr. 

C 

XXVI. 

XII.  1 9 


SOO  8fiPTËMBHE-0CT0BRfi    1898. 

21    [ ^  jiyati  hi  rayaradha  sucitra  *  adha  sarira  bi  jara  uveti 
na  ta  tu  dharma  ca  ja]  [^  ra  (ujyeti *]... kao 

a.  Jïyati^jiryate,  —  h.  Vn  qui  commence  le  troisième  pâda 
est  d*une  forme  un  peu  particulière  ;  je  ne  vois  pourtant 
pas  d'autre  lecture  possible.  J'en  dirai  autant  du  carac- 
tère qui  suit  dharma  et  que  je  transcrit  ca.  Peut-être  la 
fin  du  vers  en  aurait-elle  expliqué  la  présence  ici.  Je  com- 
prends :  «  Le  char  royal ,  malgré  toute  sa  splendeur,  se 
détruit  ;  de  même  la  destruction  envahit  le  corps  ;  mais  la 
destruction  n'envahit  pas  cette  Loi .  • .  •. 

221    [^  tnuj .  p .  rat.  niuj][^  u  pachatu majhatu muju  *  bha- 

[vasa  parako 
sarvatra  vî ]  (na  punu  jatijaravuvehisi)  * 

Dhammap. ,  349  : 

munca  pure  munca  pacchato  majjhe  munca  bhavassa  pâ- 

[ragû 
sabbattha  vimattamânaBO  na  punan  jâtijaram  upehiti 

a.  L'orthographe  maja  correspond,  non  à  l'impératif,  manca 
que  porte  le  pâli,  mais  au  participe  présent  mancan, 
qui  va  aussi  bien  pour  la  construction.  —  h.  J'ai  enfermé 
entre  parenthèses  le  dernier  pâda  ;  les  traces  qui  en  res- 
tent se  laissent  à  la  lumière  de  la  version  pâlie,  inter- 

1  Fr.  C  I. 
«  Fr.  C  XXVI. 

*  Fr.  Ci.  —  Ce  fragment  n'a,  pour  ce  commencement  do 
ligne ,  conservé  que  peu  de  traces  du  sommet  des  caractères.  Je  crois 
cependant  que,  à  la  lumière  du  pâli  et  d'après  l'analogie  de  la 
suite, on  peut  rétablir  avec  confiance  les  lettres  telles  que  je  les  ai 
transcrites. 

*  Fr.  C  II. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  291 

prêter  comme  je  l'ai  fait;  mais  je  ne  puii  évidemment  me 
porter  garant  de  plusieurs  détails. 

M    [^  aroga  parama  labha  satuthi  parama  dhana 
n^pii^  ^  parama  mitra]  nivana  paramo  suha 

Dliammap.»  %oà: 

ârogyaparamâ  iâbbâ  santotthiparamam  dhanam 
vifsâsaparamâ  nâti  nibbânam  paramam  sukharîi 

a.  Nous  avons  dans  vaipaia  pour  vi*  un  cas  certain  de  négli- 
gence dans  la  notation  des  voyelles.  Je  crois  que  le  mot 
en  contient  en  réalité  deux ,  et  qu'il  faudrait  vUpaJo.  Je 
prends  àrogya,  mntutthi  et  viuâta  non  comme  membres 
de  composition  «  mais  comme  des  nominatifs,  et  je  crois 
que  le  pÂli  devrait  écrire  ârogyam,  et  1*155010  «  exactement 
comme  il  écrit  nihhânam. 


25 


5 


[^  saghara  parama  duha 

^la  fîatva  yajdhabh.tu  nivana  paramo  suha'^o 

Dhammap. ,  ao3  : 

jighaccbâ  parama  rogâ  saiiikhârâ  parama  dukhâ 
etam  natvâ  yathâbhûtam  nibbânam  paramaiii  sukham 

<t.  Il  faut  dans  le  pAli  chobir  entre  jighacchâparamà  togà 
avec  tamkhâraparamâ  dukhà  et  iaÀkkdrâ  parama  dakhâ 
avec  jighacchd  paramo  rogo* 


#*••••«•#••••»••■••••••••«•»«•••••••'•••**•••••••••••••«•■«*•«•••••«•«»•«» 


^^'••••••••••••••i 


matrasuha  dhiro  sabasu  viJa  suha'o 


>  Fr.  C  n. 
*  F*r.  C  n. 


>9 


S02  SEPTEMBRE-OCTOBRE  J898. 

Dhammap. ,  390  : 

mattâsukhaparùccagâ  passe  ce  vipulam  sukham 

caje  mattâsukham  dhîro  sampassam  vipulam  sukliaiii 

a.  Sabota  *=  sampasyan  avec  l'adoucissement  habituel  de  la 
ténue  en  sonore  après  la  nasale.  Le  caraclère  manquant 
ne  peut  être  pu  ;  comme ,  d*autre  part ,  vi  et  la  paraissent 
sûrs,  c'est  très  probablement  va  qu'il  faut  lire ,  vivula  pour 
vîpala, 

27    - - -....  u .  esu  anusua 

(usu)esu  manusesu  viharamu  anusua  o 

Dhanmiap.,  199: 

sosnkhaA  v«t.  jivàm.  uMukesa  .nm«iU 
ussukesu  manussesu  viharâma  anussnka 

28  suhai  vata  jivamu  viranesu  àverana 

[  ^  veranesu  majnusesu  viharamu  averana  o 

Dhammap.,  197  : 

susukham  vata  jîvâma  verinesu  averîno 
verinesu  manussesu  viharâma  averino 

a.  Sakai=s sakhAya ,  c'est-à-dire  «pour  le  bonheur,  dans  le 
bonheur  t.  U  semble  bien  que  notre  copiste  ^  qui  écrit  par- 
tout verana,  ait  eu  l'impression  d  un  adjectif  verana  et  non 
du  verina,  développé  de  verin,  vairin,  que  reflète  averino 
du  pâli.  Le  locatif  verinesa  du  pâli  est  en  effet  bien  dur.  J'in- 
clinerais volontiers  à  admettre  conmie  lecture  originaire 
un  adjectif  aveiwm;  peut-être  n*est-il  pas  aussi   impro 

»  Fr.  C  XXIV. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.         293 

bable  qa*il  parait  d*abord,  si  on  prend  pour  point  de 
départ  le  négatif  averana  formé  d*un  substantif  verana^ 
vairana  qui  se  pourrait  expliquer  comme  =  vaira;  Tadjectif 
kincano  au  vers  suivant  viendrait  à  i*appui  de  cette  inter- 
prétation. 

^    suhai -  jivamu  kijanesu  akijana* 

kijanesu  ma.u.  .u  .haramu  akijanao 

a.  Dam  Tinterprétation  de  Dhammap. ,  100 ,  qui  correspond 
partiellement  à  ce  vers  et  au  suivant,  Childers  [Dicl, ,  s.  v.) 
hésitait  sur  la  traduction  de  kincatut;  le  mot  était-il  com- 
posé au  moyen  du  substantif  technique  kincana  qui  com- 
prend la  triple  catégorie  ràga,  dosa,  moha?  Il  semble  que 
le  dédoublement  de  b  stance  dans  notre  texte  indique  que 
les  deux  idées  possibles  flottaient  également  dans  la  pensée 
de  la  tradition;  elle  les  a  ensuite  isolées,  chacune  dans 
une  strophe  particulière.  Quoi  qu*il  en  puisse  être ,  l*adjectif 
kincano  ne  se  peut,  je  pense,  expliquer,  ainsi  que  j'ai  pro- 
posé de  faire  pour  verano,  que  comme  tiré  du  négatif  aklii- 
cano.  Dans  le  cas  présent,  la  nécessité  de  ce  détour  me 
parait  tout  à  fait  frappante. 

siihai  vata  jivamu  yesa  mu  nathi  kajani 
kijanesu  manuiesu  viharamu  akijana 

Dhanmiap.,  aoo: 

susukham  vata  jîvâma  yesan  no  natthi  kincanaih 
(pitibhakkhâ  bhavissàma  devâ  âbhassarâ  yathâ) 

n.  La  forme  ma,  mo  =  naf^  est  connue  par  exemple  dans  la 
langue  du  Mahàvastu.  Kajani  est  une  faute  du  copbte, 
pour  kyana, 

^^    nata  dridha  baii(d)hanain  aha  dhira  ya  asa  daiuva 

[babaka  va' 


tu  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

•aratacita  mariikonalesu*  putresu  daresu  ya  y  a  aveha 

IHiaiiuDap. ,  345  : 

na  tam  dalham  bandhanam  âhu  dhîrâ  yad  àyasam  dâni- 

[jam  pabKajan  ca 
sarattarattâ  maçikao^esa  pattesu  dâresu  ca  yâ  apekhâ 

a.  Je  ne  décide  pas  n  là  lectare  originale  était  âha  dhtra  on 
âha  dhtro.  Le  mètre  prouve  que  la  faute  du  copiste  ne  con- 
siste pas  dans  une  simple  interversion  yaasa ,  pour  ajcisa , 
mais ,  comme  Tindique  le  texte  pâli ,  dans  Tomission  du  se- 
cond ya,  y  a  asa  pour  y  a  ayas€u  Le  premier  mol  étant  un 
adjectif ,  Je  prends  ensuite  daruva=siâravam,  pour  dâra- 
yam,  Jârujam,  et  non  pour  dàru  suivi  de  va.  Il  est  curieux 
que  dans  le  mot  voisin ,  labaka ,  nous  trouvions ,  à  l'inverse , 
le  durcissement  de  j  en  k,  —  (.  La  leçon  samrattacittà 
est  certainement  préférable  au  sarattarattâ^  passablement 
obscur,  du  pâli.  Kanala,  c*est-à-dire  kandala. 

32    eta  dridha  ban(d)hana[n  aha  dhira  oharina  siiila 

[drupamuchu' 
eta  bi  chitvana  parivrayati  anavehino  kamasuhu  pra- 

[hai 

Dhammap. ,  346  : 

etaih  dalham  bandhanam  âhu  dhîrâ  ohârînam  sithilarii 

[duppamuncam 
etarh  pi  chetvàna  paribbajanti  anapekhino  kâmasukham 

[pnhâya 

a.  J'ai  déjà  relevé  la  substitution  de  /  pour  un  th  étymolo- 
gique; le  dernier  caractère  se  pourrait  peut-être,  à  la 
rigueur,  lire  Ja^  au  lieu  de  chu.  Cependant  la  transcription 
que  Je  donne  est  pour  moi  de  beaucoup  la  plus  probable. 
Ii6  souvenir  de  mots  comme  moksa  a  pu  faciliter  Terreur. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  S95 

33   ye  rakarata  anuvatati''  sotu  saigata 

eta  b.  ch.tvana  parivrayati  anavehino  kamasuha  pra- 

[hai 
Dhammap. ,  347  : 

ye  râgarattânupatanti  sotaih  flayamkatam  makkatako  va 

[jâlaih 
etam  pi  chetvâna  vajanti  dhîrâ  anapekhino  sabbadukharh 

[pahâya 

a.  N*était  le  texte  pâli,  j*avoae  que  je  n*aurais  pas  hésité  à 
entendre  anuvartanti  au  lieu  de  anupatanti.  La  seconde 
façon  de  dire  me  parait  tellement  moins  naturdle,  que 
je  me  demande  ai  anupatanti  n'est  pas  le  résultat  d'une 
restauration  artificielle  exécutée  sur  un  texte,  oral  ou 
écrit,  qui  portait,  conmie  le  nôtre,  anavata(m)ti. 

^     ahivadanasilisa  nica  Yndhavayarino"* 

catvari  tasa  vardhati  ayo  kirta^  suha  balao 

Dhammap.,  109  : 

abhivâdanasîlissa  niccaih  vaddhâpacâyino 

cattâro  dhammâ  vaddhanti  âvu  vanno  sukham  baiani 

a.  Le  scribe  a  fidt  une  confusion  entre  apacâyin  et  apacArin  ; 
il  devait  écrire  ou  vrldhovayarino  ou  vrîdhavayayino,  La 
comparaison  du  pâli  fait  pencher  la  balance  en  faveur  de 
la  seconde  formé.  —  h,  U  faudrait  kirti,  kîrtti. 


35 


d.l.bh.p.r.s.  ? 

yati  viru  ta  kulu  suhu  modati'o 

Dhammap.,  ig3: 

dullabho  purisâjanno,  na  so  sabbattha  jâyati 
yattha  so  jâyati  dhîro  tam  kulam  sukham  edhati 


296  Septembre-octobre  i898. 

M.  La  répétition  de  ce  vers  qae  donne  le  Mahâvastu ,  iU , 
109,  5,  porte  vira,  comme  notre  ms.,  ce  qui  me  parait 
en  effet  préférable.  En  revanche  elle  est  d*accord  avec  le 
texte  pâli  et  avec  le  mètre  pour  condamner  notre  sakham 
modali qui  n*est quune  lectiofacilior  qu*a  introduite  le  lais- 
ser-aller de  ttotre  scribe  on  d  un  devancier,  mais  dont  le 
sens  est  moins  satisfaisant. 

30    [*??????  ya  narethina"  v.].[^  .u. 

suha  sichijtasavasa  kici  tesa  na  vijati*  o 

a.  Je  prends  narethina ^B^naritthinam  «des  hommes  et  des 
femmes B.  —  b.  Bien  entendu,  il  faut  comprendre ,  en 
pâli  :  sakho  sikkhitasamvâso.  Le  dernier  pâda  est  moins 
clair  dans  la  pensée  que  dans  la  forme.  Je  Tentends  comme 
équivalant  à  to  (c* est- à-dire  les  sikkhitas)  akincanâ  bhonti, 
et  je  traduis  :  «  . .  La  fréquentation  des  hommes  instruits 
est  un  bonheur;  ils  nont  pas  de  souillure •. 

37    ['  suha  darsana  ariana  sa][*  vaso  vi  sada  suho  • 
adasanena]  balana  nicam  eva  suhi  siao 

Dhammap. ,  206  : 

sâdhu  dassanam  ariyânani  sannivâso  sadâ  sukho 
adassanena  bâlânam  niccam  eva  sukhî  siyâ 

a.  La  seule  variante  de  notre  stance ,  par  comparaison  avec 
le  pâli,  est  dans  savaso  pi  pour  sannivâso;  le  sens  est  équi- 
valent ,  et  Taddition  pi  marque  la  gradation ,  des  relations 
accidentelles,  daréana,  à  la  communauté  de  vie. 


»  Fr.  C  K. 

*  Fr.  C  XVI. 
»  Fr.  C  IX. 

*  Fr.  C  XVI. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  297 

38    [^  .iasagatacariu  drigham  adhvana  soyisu* 
dukha  balehi]  .vasu  ainitrehi  va  savrasi^o 

Dhammap. ,  aoy  : 

bttlasangatacâri  hi  dîgfaam  addhâna  socati 
dukkbo  bâiehi  aamyâso  amitteneva  sabbadâ 


a.  Nous  avons  ici  le  pluriel,  au  Ueu  du  singtdier  du  pâli.  Je 
prends  éoyifa  comme  un  aoriste  d'habitude  cpii  revient  au 
sens  du  présent.  Quant  au  sujet ,  qu*il  faut  naturellement 
compléter  hala*,  c*est  *carino  ou  'carina  que  Ton  attend. 
Je  ne  vois  pas  moyen  d*échapper  à  Thypothèse  d'une  faute 
de  copiste.  La  correction  la  plus  simple,  il  me  semble, 
consisterait  à  admettre  qu'il  a  écrit  u  pour  i,  les  deux  ca- 
ractères ne  différant  que  par  le  prolongement,  sur  la  droite 
de  la  haste ,  de  l'extrémité  de  la  boucle  inférieure  ;  "cari  i 
serait  »cârf  (pour  cârino)  ca^  On  remarquera  dans  sagata 
la  forme  du  jf  ;  il  ressemble  de  bien  près  à  un  ^ .  — 
b.  Savnui  ne  peut  correspondre  exactement  à  sabbadâ  que 
si  l'on  admet  une  double  irrégularité ,  un  mâgadhisme  et 
la  substitution  de  s  k  é,  pour  arriver  à  sarvado.  U  est ,  à 
mon  sens ,  beaucoup  plus  probable  que  le  scribe  s'est  trompé 
et  a  lu  savrasi  pour  savradin  (sabbadhi  en  pâli),  Vs  et  le 
dk  ne  différant  ici  que  par  la  direction  du  crochet  infé- 
rieur. 

30    .  .  •  .'  [^  suhasavasa  natihi  va  samakamo* 

dh]['  ira  hi  pranai]  bhayeya  panito  dhorckasila  va- 

[tamata  aria^ 

»  Fr.  C  XVI. 
•  Fr.  C  xxxvi. 
'  Fr.  C  XXXV. 


208  SEPTEMBRE. OCTOBRE  1808. 

40  [  1  tadi^a  sapurma  sumedha  bhay . . .  [*  nachatrapatha 

[va  cadrimuo 
rajdhe  arovacamasa  parikica  uvahana  "^ 

41  [5  jahati  kamana  tada  sa  majati]  [*  s.h. 
sarva  ca  suhu]  ichia  sarvakama  paricai  o 

Dhammap.,  a 07  (suite): 

dhîro  ca  sakhasamvâso  nâtînaifi  va  samâgamo 

ao8: 

dliîran  ca  pannan  ca  bahussutan  ca  dhorayhasîlam  vatavan- 

[tam  ariyaiii 
tarii  tâdisam  sappuriiam  sumedham  bhajetha  nakkhatta- 

[patham  va  candimâ 

a.  On  voit  que ,  dans  ces  trois  Ugnes ,  ies  vers  chevauchent 
de  Tune  sur  i*autre.  Malgré  la  ponctuation  finale  de  la 
ligne  38 ,  les  deux  premiers  pàdas  de  la  ligne  Sg  appar- 
tiennent ici,  comme  an  vers  207  du  Dhammapada,  à  la 
stance  précédente ,  formée  ainsi  à  six  pâdas.  La  différence 
de  mètre  entre  le  commencement  de  la  ligne  et  la  suite  ne 
laisse  à  cet  égard  aucun  doute.  La  comparaison  de  Dham- 
map. ,  a 08  s  accorde  avec  la  ponctuation  qui  suit  cadrimu, 
pour  prouver  que«  avec  ce  mot,  finit,  au  milieu  de  la 
ligne  4o,  une  nouvelle  stance.  La  suivante  devait  être 
derechef  un  Àloka  à  six  pàdas  cpii  finissait  avec  la  ligne  4i , 
et ,  aussi  bien ,  notre  ligne  ào  ne  porte  pas ,  à  In  fin ,  la 
ponctuation  terminale.  —  6.  Les  traces  conservées  par  le 
îr.  xxxvi  pour  le  commencement  assurent  la  lecture  suha- 

»  Fr.  C  XX. 

*  Fr.  C  XXXV. 
»  Fr.  C  xx. 

*  Fr.  C  x\xv. 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  200 

savaso,  — -  c;  Malgré  sa  ressemblance  avec  la  version  pâlie , 
notre  texte  s*en  éloigne  d  une  façon  assez  sensible  :  le  verbe 
bhajati  répété  au  dernier  pâda,  parait  dès  le  premier;  il 
est  ici  à  la  troisième  personne;  je  ne  puis  décider  si  pan- 
pto  en  est  le  sujet  ou  représente  un  accusatif  pan^am, 
coordonné  aux  autres.  Le  hi  qui  suit  dldra  semble  équiva- 
loir au  tasmà  hi  qui ,  par  une  exception  unique ,  précède 
cette  strophe  dans  le  texte  pâli.  Je  ne  doute  pas  que  notre 
texte  n*ait  la  bonne  tradition ,  et  que  Taddition  tasmà  hi  ne 
soit  une  extension  secondaire  de  notre  simple  particule , 
extension  qu'expliquerait  assez  le  fréquent  emploi  de  cette 
formule  dans  d'autres  cadres.  Notre  dhoreka  est  «sanscrit 
dhaareya,  avec  k  pour  y,  comme  nous  l'avons  déjà  ren- 
contré. Je  doute  fort  que  le  Jhorayha  pâli  soit  véritable- 
ment =  dhaarov^Aya  (d'après  Fausbôll  et  Childers),  et 
e  crois  plutôt  à  quelque  restitution  mal  inspirée  d'une 
orme  comme  la  nôtre  qui  a  pu  dérouter  certains  dias- 
cé vastes.  —  d.  Je  regrette  d'autant  plus  de  n'avoir  pas 
encore  découvert  une  contre-partie  de  cette  stance  que 
tout  le  conmiencement  reste  pour  moi  très  obscur. 
Il  semble  que  les  premiers  pâdas  se  doivent  transcrire  en 
sanscrit  ratha(*thê)  àropyacarmano  pariskrtyodvàhanam  ;  et 
en  supposant  cette  transcription  exacte,  on  en  pourrait 
tirer  quelque  chose  comme  ce  sens  :  t  ayant  préparé  la 
courroie  du  marchepied  qui  sert  à  monter  dans  le  char  »  ; 
mais ,  outre  que  tout  cela  est  assez  embrouillé ,  je  n'ima- 
gine pas,  étant  donné  ce  qui  suit,  comment  ce  début 
se  soudait  à  la  fin  de  la  stance.  Je  pense  qu'il  y  faut 
compléter  au  conmiencement  yada.  Je  prends  kamana 
soit  pour  Arâmânî  soit  pour  le  génitif  faisant  fonction  d  accu- 
satif,  conmie  il  arrive  si  souvent  dans  le  style  du  Mahà- 
vastu.  Admettant  ensuite  que  majati  •=  sanscrit  majjati 
et  cpie  5.A.  représentent  suha,  sakham,  j'obtiens  ce  sens: 
«Quand  on  supprime  les  désirs  on  se  plonge  dans  le 
bonheur;  que  l'on  désire  tout  bonheur  et  que  l'on  dé- 
pouille tout  désir  », 


300  SEPTEMBRE  OCTOBRE   1898. 

42    .  [ ^  nena  yo  atmano]  : 

??  so  duha  naparimucati'o 

a,  «  Celui-ià  (dont  la  description  est  perdue  avec  les  premiers 
pàdas)  n^est  pas  délivré  de  la  douleur.  •  Ce  que  Je  puis 

comparer  de  plus  analogue  est  Dhammap.,  189  : ~ 

na sahbadakkkâ  pamaccatL 

^^    j^y^  ^«i*^  [^  prasahati  '  dukhu  ^ayati  parayitu 
uvasatu  sohu  i^ajyati*  hitva  jayaparayaao 

Dhammap.,  aoi  : 

jayam  veram  pasavati  dukkham  setî  parâjito 
upasanto  sukham  seti  hitva  jayaparâjayam 

a,  h*h  de  prasahati  est  très  net.  Je  ne  vois  pas  que  ce  puisse 
être  autre  chose  qu'une  faute  matérielle  du  scribe.  —  b. 
On  voit  que  notre  texte  écrit  indifféremment  sayati  ou  /rfi. 

44    anica  vata  [^  saghara  upadavayadhamino 
upaji  ti  nirujhati]  tesa  uvasamo  suho' 

a.  C'est-à-dire  anityâ  vata  samskârâ  utpâdavyayadharminah 
utpadya  te  nirudhyante  tesâm  upaiamah  sakhah.  «  Les  sarii- 
skâras  sont  impermanents,  soumis  à  la  production  et  à  la 
destruction  ;  à  peine  produits  ils  disparaissent  :  leur  sup- 
pression est  un  bien».  Upaji  pour  upaja ,  comme  jifovurca. 

Fragments  de  C. 

Pour  rester  fidèle  à  Tanalogie,  Je  marque  du  signe  '* 
(recto)  les  fragments  de  couleur  foncée  qui  doivent  se 

»  Fr.  C  XK. 
•  Fr.  C  MX. 
'  Fr.  C  XIX. 


1 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.         301 

rattacher  au  côté  de  la  feuille  C  que  j*ainotë  de  la  même 
manière,  et  de  **  (verso)  les  fragments  de  teinte  plus  claire 
qui  se  rapportent  au  côté  opposé. 

I**.  Se  raccorde  au-dessous  du  fr.  ii".  Voir  C",  L  27-29. 

sanatu  sukati  yati  drugati  yati  asanatu 

ma  sa  vispasa 

^     savutu  pratimukhasa  idriesu  ya  pajasu 

pramuni  anu ^.-. 

3     : Y .  s .  t 

sudhasa  suyî 

I**.  Se  raccorde  au-dessus  de  fr.  11**.  Cf.  C*,  1.  19-22. 

-, suhavijinena    jaradha  

^       «yara  jiyamanena  dajhamanena  nivruti 

nimedha? - 

^      jîy^ti  hi  rayaradha  sucitra  adha  sa  riia  bi  jara  uveti 

Ha  ta  tu  (Uiarma  ca  ja 

^        (muj.p.rat.muj) 

U'*.  Se  raccorde  an-dessous  de  fr.  iv'*.  Cf.  C'',  1.  24-26. 


I 


I 
4 


-»• u.  .  .0 

sadhu  silena  sabano  (yasabho)ha$amapitu 

^      yo  natmahetu  na  parasa  hetu  pavani  kamani  saoïaya- 

ir*.  Se  raccorde  au-dessous  du  fr.  ^^  Cf.  C^,  1.  2 2 -a  5. 

^     - u  pachatu  majhatu  muju  bhavasa  parako 

sarvatra  vî - 

3   aroga  parama  labha  satuthi  pardtna  dhana 

vaipaia  parama  mitra - 


302  SEPTEMBRE-OCTOBRE  180S. 

4    saghara  parama  duha 

eta  ûatva  ya 

IH".  Fin  de  ligne. 

1     avaja  ida  vidva  samucari"  o 

2  pnivina  savasanoyanachayao 

a.  Le  iragment  porte  bien  ma,  bien  que  tamaccarail  soit 
dun  emploi  infiniment  rare,  et  que  samâcarati  soit  au 
contraire  fréquent.  On  peut  transcrire  âvadya(m)  idam 
vidvân  samuccaret,  —  h.  On  peut  transcrire  :  parvenu  sar- 
vasamyojanakshiya(m), 

IV".  Se  raccorde  au-dessus  du  fr.  ii"'  et  au  commence- 
ment des  lignes  a3-a4. 

1    ya  keja  yatha  va  ho.  va  lok 

3  silamatu  s .  yis .  ch 


V'*.  Le  haut  se  raccorde  par  la  droite  au  fr.  xiii'*.  Cf.  1.  3o- 
33  de  C**. 

1    carita  cari 

dhamayari  suh, 

2  (aho)  nako  va  sagami  cavadhi  vatita  sara 

ativaka  ti 

3  .sa  acata  dru^ilia  malua  vavi  lata  vani 

kuya  8u  tadha ^ 

4    yok .  d .  bh 

VV\  Se  raccorde  à  G"»,  i . 

yamaloka  ji 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.  303 

VU".  Se  rattache  aux  lignes  4-7  de  C"  et  se  raccorde  à  la 
nière  ligne  du  fr.  xi . 

1    ~ ».-?ne 

abbi  .0 ~ .„ 

3  » hasasahasani  sagami  manusa  jini 

eka  ji - 

4    sa  bi  ya  gasana  anathapa* - 

a.  —  Ou  anartha*;  le  bas  du  caractère  a  disparu. 
Vlir*.  Se  rattache  à  la  ligne  i  a  de  C". 

.  samase  sahaaena  yo  yaea  satina  ca 

BÈX^y  T   CL  .•--■••'>•••-«••-■  ••**•# M ^ 4. 

W**  Se  raccorde  an-dessous  de  la  ligne  lo. 

1    gadha „ 

2  masamasi  sahasina  yo  yaea 


IX""**.  Forme  le  commencement  des  lignes  C*,  36,  37,  et  se 
raccorde  sur  sa  gauche  au  fr.  xv***. 

1    ya  narethina  Y « 

2  suhu  darsana  ariana  sav.. « 


sudhasa  hisadasi  gu  ^udhasa  posarudra 


a.  Nous  avons  rencontré  déjà  ga  =  khaïu;  je  suppose  qu*il 
en  est  de  même  ici ,  et  je  propose  de  transcrire  éaddhasya 
himsâdarsî  khalu  ;  mais  le  fragment  est  trop  court  pour 
permettre  aucun  essai  d*interprétation  jus<]u*à  ce  que  la 
rédaction  sanscrite  ou  pdlie  en  ait  été  retrouvée  ailleurs. 


304  SEPTEMBRE'OGTOBRE  1898. 

XI"  se  raccorde  au  fr.  vu''. 

1    ~ padasahita 

e 

2    sala  bhase  anathapadasahita 

XII'*. 

1..  • 
j™ 

2    kavayapada  .„ 

XllI'*.  Se  raccorde  à  droite  en  haut  du  fr.  v. 

dhamu  cari  sucarita 

ah? - - 


XI  ir**.  Se  raccorde  au-dessous  du  fr.  xiv'*  et  commence  la  1. 
C%  i8. 

imina  putikaena  vidvarena 


XlV'*.  Se  raccorde  au-dessous  de  la  ligne  C*%  i4»  Cf.  1-  1 5 
et  suiv. 

1    avathani  a.u 

2  yanimani  prabhagimi  vichitani  disodisa 
kavotaka ^ 

3  imina  putikaena  aturena  pabhaguna 
nicasuhavijinena  jaradhamena  s  .......! _ 

4 - 

(nicasuhavijinena)    „ 

«         • 

XV^ 

1  - bhayo 

emu  jatasamaca 

2    - - : ~-  •  ya 

emu   ne(?)rayamuca - - 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.         305 
XVI**.  Se  raccorde  aux  lignes  C'*,  36-38. 

1     u. 

suha  sichita  

2 (sa)vaso  vi  sada  suho 

adasanena...» ^ 

3  .lasagatacariii  drigham  adhvana  soyisu 

dukha  balehi 


satohisasabhi  pravera(ya) 


XVlir*.  Fin  de  ligne. 

1     - ti  so  gachu  na  nivatado 

2     •. va  mansana  ki  tesa  ukumulana'o 

• 

a.  La  transcription  de  ces  quelques  restes  ne  donne ,  pour  la 
seconde  ligne  au  moins,  aucun  sens  complet:  sa  gacchan 
na  nivartati  :  t  dans  sa  course ,  il  ne  revient  jamais  en  ar- 
rière»; mâmsânàm  kin  tesâm  okaanmûlanaih,  Mâmsa  doit 
faire  partie  d*un  composé  qui  se  rapportait  à  tesâtiu  A  ne 
considérer  que  la  forme,  on  pense  d*abord  à  alkâ-unmû' 
lana;  mais  c*est  une  façon  de  parler  bien  peu  vraisemblable 
et  je  crois  plutôt  à  la  transcription  que  j'ai  proposée  :  «  la 
destruction  de  leur  demeure . . .  ■. 

XIX'*.  Se  raccorde  aux  lignes  4a-44  et  suiv. 

1     nena  yo  atmano 

2 sahali  dukhu  sayati  parayilu 

uvasatu  so  hu  s 

3    saghara  upadavayadhaniino 

upaji  ti  nirujhati 

XII.  a« 


latâiasmia  lATtuii 


306  5EPTEMBRE-0CT0BBE  I89S. 

XX'*.  Se  raccorde  à  k  suite  da  fir.  xxxv"*,  L  Sg-i  i . 

1  - Pu.s.v.s 

di-îa  sapurusa  sumcdha  bhay _   — 

jahati  kamana  tada  sa  majati    -  -    

XXr*.  Se  raccorde  au-desscos  du  fir.  xiii**.  Cf.  1.  i  ^ao. 
iinina  putikaena  visravatena  patina  nicas . 

XXir*.  Se  raccorde  à  la  ligne  G*",  3i,  sur  la  gauche  de 
fr.  v'*. 

1    ?  dniiilo  hi  bah    

2    tmana  yadha  na  visamu  ichati 

XX!!**.  Se  raccorde  au  fr.  C  xiv^*;  cf.  1.  i5-i6. 

1     _  ni  sishani  tani  distani  ka 

2 — -...  athini  tani  distani  ka - _ _ „ 


XXIII".  Fin  de  ligne. 

lapabhavabanana  o 


•«•««••«•*••  *••*••••*■•••••••■.••■••«  •«■■••••i 


XXI V'°.  Se  raccorde  dans  la  ligne  C**,  a8,  q.  c. 

veranesu  ma 


1    radhamena  savasu  ni 

2     ?  ?  ? 


XXV  r°.  Se  raccorde  au-dessous  de  la  ligne  19.  Cf.  1.  ao-2 1. 

1     ????? _ 

2     parama  ^odhi  yokachemu  anutara 

3    - ~ -..ra  uvetl „.. _.^ 


MANUSCRIT  DUTREUIL  DE  RHINS.         307 

XXVll'*.  Se  raccorde  par  la  gauche  an  fr*  xxx'*»  et  se  jdace 
aax  lignes  C**  38-4o,  q.  c. 

1     ?? kîci  kicakali  adea  tata  disa  parika ^. 

2    pacha  sakaru  ichati  atha  dubakati  ba}u 

3 sehu  pacha  tavati  dnikita  kita  nu  sukita  seh ^ 

XXVIII'». 

yati  unadana  pra 


XXIX'*.  Commencement  de  la  ligne  C'%  ai. 

eka  ji  bhavitatmana  muhuU »....^ ..» -~ 

XXX".  Se  raccorde  à  la  snite  du  fr.  xxvii".  Cf.  1.  â8-4o. 

1     ma  kicakari  no  i  kica  kiciali  adea 

2    suhatu    parihayati 

3  .~ ya  kitva  nanutapa(P)ti 

XXXI.  Se  raccorde  aux  fragments  de  caractères  conservés 
par  la  ligne  a6 ,  dans  : 

- samidhi  atmano  so  silava  ^ 

XXXir".  Se  raccorde  à  C*,  3» 

prabhaguno  bheùsiti  p.ti  

XXXIII''.  Se  raccorde  à  C%  A. 

lite  sali  an.kar.î  prachiti  pra 

XXXIV. 


XXXV.  Se  raccorde  par  la  gauche  aux  lignes  Sg-di*  et 
par  la  droite  aux  fr.  xxxvi  et  xx. 

1     irahi  pranai 

2     nachatrapatha  va  cadriniu  o  ra 

3    s.h.sarva  ca  suhu - 

to. 


308  SËPTEMRRK-OCTOBRE  1898. 

XXX VI'^.  Se  raccorde  au  précédent. 

s .  h .  s .  V .  s.  natihi  va  samakamo 

Àh - 


XXXVII". 

1     j  .  .  .t.s 

2    chirena 


..- « rasa  saga 

XXXfX". 

~ ka  parama.  ok . 

ruha  paricai 


XL"^.  Débris  de  la  ligne  1 9  ;  le  haut  seul  des  caractères  est 
conservé. 

medha  paranicisodhi  yokachem 

XU'\  Se  rapporte  à  C"*,  1.  34. 

- ga  1  o 

XLr*.  Se  raccorde  à  C",  i4. 

~- siti  ruchu 

XLII".  Se  raccorde  a  G",  i5. 


HISTOIRE  DES  BENOU'LAHMAR.  311 

santé  avec  l'édition  imprimée  si  incomplète  et  si  in* 
correcte.  J  ai  dû  d*ailleurs  ces  secoure  à  M.  René 
Basset,  qui  ne  ma  point  été  avare  de  bons  conseils. 

Ayant  pris  pour  modèle  le  travail  de  Dozy  sur 
les  chapitres  d*Ibn  Khaldoun  concernant  les  rois 
chrétiens,  je  n  ai  ajouté  que  les  notes  indispensables. 
«Tai  cru  devoir  pourtant  traduire  ce  qulbn  Khal- 
doun dit  des  Benou  Mardenich  et  des  Benou  Houd , 
qui  sont  mêlés  si  intimem^t  à  Thi^toire  des  débuts 
delà  dynastie  naçride;  jai  donné  aussi,  en  appen^ 
dices,  quelques  passages  du  Nefh  et-t%  qui  mont 
paru  être  intéressants,  et  qui,  à  ma  connaissance, 
n  ont  pajs  encore  été  traduits  en  français. 

Je  demande  enfm  Tindulgence  pour  un  travail 
tenté  sans  les  secours  JbU>iiogr9^hiques  d*une  grande 
ville  européenne. 

Tlemcen ,  juin  1898. 

I 

LES  BENOU  MARDENICH,  SOUVERAINS  DE  VALENCE 

(DERNlàRE  partie). 

Après  lui  (en-Nacer)  ^  la  situation  des  souverains 
almohades  devint  de  plus  en  plus  précaire  ;  dans  les 
provinces  andalouses,  les  «  Seigneurs  »  ^  prétendaient 
régner,  chacun  sur  ses  terres;  à  Marrakech,  leur 
autorité  s*a£FaibIissait.  Ils  en  étaient  arrivés  à  de- 
mander au  roi  de  Gastille  des  secours  les  uns  contre 
les  autres,  et  à  lui  livrer,  en  échange,  des  forteresses 
musulmanes.  Alors,  les  nobles  andalous,  descendants 


312  SËPTËMBRE-OCTOBHE  1898. 

des  Arabes  dont  la  noblesse  datait  de  la  dynastie 
omeyade,  entrèrent  en  lice,  se  réunirent  pour  les 
chasser  et,  sotdevés  contre  eux  dun  seul  élan,  les 
mirent  hors  de  TEspagne.  Le  plus  considérable 
d'entre  eux  fut  Mohammed  ben  Youssef  ben  Houd 
el-Djodami',  qui  se  déclara  indépendant  en  Anda- 
lousie. A  Valence,  apparut  Zeian  ben  Âbi  1-Hanilat 
Moudafi^^  ben  Youssef  ben  SaM,  de  la  noble  famille 
des  Benou  Mardenich;  d  autres  révoltes  se  produi- 
sirent. 

Mais  bientôt  IbnHoud  eut  pour  rival  un  homme, 
qui  était  comme  lui  de  vieille  et  noble  race  arabe, 
Mohammed  ben  Youssef  ben  Naçr,  plus  connu 
sous  le  nom  d*Ibn  el-Ahmar,  et  surnommé  ech- 
Cheikh,  et  avec  lequel  il  fut  bientôt  en  lutte.  Tous 
deux,  d'ailleurs,  fondèrent  un  royaume  qu'ils  léguè- 
rent à  leurs  enfants*. 

Zeian  ben  Mardenich  et  les  familles  des  Benou 
Mardenich®,  qui  occupaient  le  premier  rang  à  Va- 
lence, avaient  jadis  accueilli  les  ouvertures  des  Al- 
mohades  et  les  avaient  aidés  à  y  établir  leur  auto- 
rité. La  ville  eut  pour  gouverneur,  après  la  mort 
d'el-Mostancer  (6ao  =  ia23-2/i),  ainsi  que  nous 
le  raconterons  plus  loin  '^,  Abou  Zeid  ben  Moham- 
med ben  Abi  Hais  ben  ^Abd  el-Moumen ,  dont  Zeian 
fut  lami  intime  et  le  confident.  Il  rompit  avec  lui , 
en  6126  (1228-29),  à  l'époque  où  Ibn  Houd  se  fai- 
sait proclamer  à  Murcie,  et  marcha  sur  Ubeda. 
Abou  Zeid  effrayé  lui  envoya  des  gens  pour  l'adoucir 
et  le  ramener  à  Valence;  mais,  Zeian  ayant  repoussé 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  313 

ces  avances,  Abou  Zeid  fit  alliance  avec  le  roi  de 
Barcelone*  et  embrassa  la  religion  chrétienne  (que 
Dieu  len  ramène!).  Zeian,  maître  de  Valence,  se 
trouva  ainsi  en  lutte  avec  Ibn  Houd.  Les  fils  de  son 
oncle  *Aziz  ben  Youssef  ben  Sa*ad  se  sotdevèrent 
contre  lui  à  Alcira  ^,  et  se  déclarèrent  du  parti  d'ibn 
Eloud.  Zeian  vint  attaquer  celui-ci  dans  Xérès,  mais 
il  fut  mis  en  déroute  et  poursuivi  par  Ibn  Houd 
qui  tint  Valence  quelque  temps  assiégée  ;  mais  il  ne 
put  s  en  emparer  et  leva  le  siège. 

En  même  temps ,  le  roi  de  Castille  ^°  se  jetait  sur 
les  frontières  andalouses,  et  le  roi  de  Barcelone 
assiégeait  Anicha^^  et  s  en  emparait.  Zeian  y  accourut 
avec  tous  les  musidmans  qu'il  commandait,  en  634 
(i  aSG-Sy);  il  fut  suivi  par  la  popudation  de  Xativa 
et  d* Alcira;  mais  ils  subirent  une  terrible  défaite 
dans  laquelle  Abou  er-Rabi^  ben  Salem  périt  pour 
la  foi.  La  popudation  de  Valence  ^^  se  décida  à  quitter 
la  ville,  qui  fut  assiégée  par  le  roi  d'Aragon.  Zeian 
envoya  alors  son  hommage  à  Témir  Abou  Zakaria 
ben  *Abd  el-Ouahad  ben  Abi  Hafs,  souverain  de 
rifriqia  *',  qui  venait  de  répudier  la  suzeraineté  des 
Béni  'Abd  el  Moumen  ;  cette  ambassade  était  com- 
posée des  principaux  personnages  de  Valence.  L'émir 
envoya  aux  habitants  de  Valence  un  convoi  dar- 
gent,  d'armes  et  de  munitions,  sous  le  commande- 
ment de  son  parent,  Yahia  ben  Abi  Zakaria  ben 
ech-Chehid  ben  Yahia  ben  Bekr  ben  Abi  Hafs  ^*  ; 
on  prétend  que  la  flotte  qu'il  lui  donna  valait  cent 
mille  dinars.  Son  chef,  trouvant  Valence  assiégée. 


514  SEPTRMBRE-OGTOBRE  1898. 

fit  rentrer  ses  navires  xlans  le  port  de  Dénia  et  reprit 
ensuite  la  mer.  Le  roi  d'Aragon  s'empara  de  Valence 
en  636  (i  aSy)  ^*,  et  Zeian  se  retira  à  Ârcila,  où  il 
•e  déclara  le  vassal  d'Abou  Zakaria. 

Parmi  les  personnages  ^^.qui.  prirent  part  à  l'am- 
bassade dont  nous  venons  de  parier,  se  trouvait  le 
secrétaire  de  Zeian ,  le  Hafidh  Abou  Abd  Allah  Mo- 
hammed Ibn  el-Abbar.  Arrivé  à  Tunis,  il  avait  ré- 
dté  à  l'émir  sa  célèbre  qacida  en  sin ,  où  il  a  atteint 
la  perfection  ;  elle  est  bien  connue  et  nous  la  repro- 
duirons dans  notre  chapitre  sur  la  dynastie  sdmo- 
hade  des  Béni  Abi  Hafs  ^l. 

A  la  mort  d'Ibn  Houd ,  la  popudation  de  Murcie 
se  révolta  contre  son  fils  Abou  Bekr  el-Ouathiq, 
qui  y  avait  nommé  gouverneur  Abou  Bekr  ben 
Khattab.  Les  habitants  de. Murcie  envoyèrent  une 
ambassade  à  Zeian,  et  lui  firent  serment  d'obéis- 
sance. D  entra  alors  dans  la  ville,  s'empara  de  la 
citadelle ,  et  persuada  aux  habitants  de  reconnaître 
la  suzeraineté  d'Abou  Zakaria  Yahia  ^^,  souverain  de 
l'Ifriqia,  et  de  mettre  à  mort  Ibn  Khattab  ^^,  ce 
qu'ils  firent.  H  manda  sa  victoire  à  Tunis,  et  son  en- 
voyé lui  rapporta  l'investiture  de  toute  l'Andalousie 
orientale (ôSy  =»  laig-i^lio). 

Mais  Ibn  ^Assam  se  révolta  contre  lui  à  Orihuela, 
et  attira  dans  son  parti  les  parents  de  Zeian ,  qui 
l'abandonnèrent^^.  H  s'enfiiit  à  Murcie,  dont  Ibn 
'Assam  s'empara.  Baba  ed-Daoula  Ibn  Houd  marcha 
contre  lui  et  fit  accepter  son  autorité.  Zeian  se  ré- 
fiigia  alors  à  Aiicante,  où  il  se  maintint  jusqu'à  ce 


HISTOIRE  DES  BENOU^L-AHMAR.  315 

que  le  roi  de  Barcelone  la  lui  prit  en  Slilx  (iQà6- 
1 247).  n  se  retira  ensuite  à  Tunis,  où  il  mounit  en 
698  (1269-1 270)4 

Nous  parlerons  d*Ibn  Houd  dans  le  chapitre  sui- 
Tant.  Quant  à  Ibn  el  Âhmar,  ses  descendants  ont 
continué  à  régner  jusqu'à  ce  jour;  nous  raconterons 
leur  histoire.  Ce  sont  eux  qui  ont  maintenu  la  dor 
mination  arabe.  Dieu  est  le  mrilleur  des  héritiers. 

II 

HISTOIRE  DU  SOtJLÈV£MENT  D*IBN  HOUD  CONTRE  LES 
ALMOHADES;  SON  GOUVERNEMENT;  DEBUTS  DE  SON 
POUVOIR  ;  ÉVÉNEMENTS  QUI  ONT  MARQUÉ  SON  HISTOIRE. 

Mohammed  ben  Youssef  ben  Mohammed  ben 
*Abd  el-^Azhim  ben  Ahmed  ben  Soleiman  el-Mosta'in 
ben  Mohammed  ben  Houd^^  se  révolta  dans  les 
montagnes  du  district  de  Murcie  qui  touchent  à  Âr- 
gota,  au  moment  où,  la  dynastie  des . Âimohades 
8*afiaiblissant,  les  «  seigneurs  »^  qui  commandaient 
à  Valence  f  se  disputaient  le  pouvoir.  EU-Mostancer 
venait  de  mourir  en  6ao  (1 2a3),  et  les  Âimohades 
avaient  proclamé ,  à  Marrakech ,  son  oncie ,  le  sultan 
déposé  Abd  elrOuâhed,  Cls  du  prince  des  croyants 
Youssef^.  El-*Adel,  fds  de  son  frère  ei-Mansour, 
refusa  de  lui  obéir  et  entraîna  dans  son  parti  le 
souverain  de  Jaen,  Abou  Mohammed  Abd  Allah 
ben  Abi  Hafs  ben  *Ab.d  el-Moi^men.  Mais  ils  eurent 
pour  adversaire  son  frère  Abou  Zeid  ben  Mohammed 
ben  Abi  Hafs ,  et  au  milieu  du  désordre  grandissant , 


3lf)  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

chacun  d'eux  appela  à  son  aide  le  roi  de  Castille, 
auquel  ils  livrèrent  un  grand  nombre  de  forteresses. 
Le  cœur  de  la  population  de  TEspagne  en  était  dé- 
chiré. 

Cest  alors  qu'Ibn  Houd  rejeta  la  souveraineté 
almohade  :  il  descendait  de  Tillustre  famille  des 
Benou  Houd,  qui  avait  formé  Tune  des  petites  dy- 
nasties arabes  de  TEspagne,  et  il  espérait  rétablir  le 
trône  de  ses  ancêtres.  Il  semble  que  les  Almohades 
aient  maintes  fois  soupçonné  ses  projets.  En  628 
(1  aaS),  il  entra  en  campagne  avec  une  petite  bande 
de  soldats  du  djound.  Le  gouverneur  de  Murcie, 
Abou  l-*Abbas  ben  Abi  Moussa  Imran  ^*,  fils  de  Témîr 
el-Moumenin  Youssef  ben  *Abd  el-Mounsen ,  leva 
une  armée  contre  lui;  mais  Ibn  Houd  la  battit,  la 
poursuivit  jusqu'à  Murcie  où  il  entra ,  mit  en  prison 
Âbou'  1-Âbbas,  et  fit  faire  la  Khotba  au  nom  del- 
Mostancer^,  le  khalife  abbasside  qui  régnait  alors 
à  Baghdad. 

Le  gouverneur  de  Jativa,  Zeid  ben  Mohammed 
ben  Abi  Hafs  ben  Abd  el-Moumen,  accourut  au 
secours  du  vaincu;  mais,  battu  à  son  tour  par  Ibn 
Houd,  il  revint  à  Jativa  et  appela  à  son  aide  el- 
Moumen  qui  venait  de  succéder  à  son  frère  el-'Ardel 
à  Séville.  Celui-ci  entra  en  campagne,  rencontra 
Ibn  Houd  qu'il  mit  en  fuite  et  le  poursuivit  jusqu'à 
Murcie,  qu'il  assiégea  pendant  quelque  temps  ;  mais, 
devant  sa  résistance,  il  leva  le  siège  et  revint  à  Sé- 
ville. 

C'est    alors    qu'à   Valence,  Zeian   ben  Abi  el 


HISTOIRE  DES  BEXOU'L-AHMAR.  317 

Hamlat  Moudaff^  ben  Hadjadj  ben  SaW  ben 
Mardenich  se  révolta  contre  Abou  Zeid  et  lui 
enleva  Ubeda  (626=1228-1229).  Ces  Benou  Mar- 
denich étaient  des  gens  de  noble  race,  pleins  d au- 
dace et  d'énergie ,  et  Abou  Zeid  comprit  bien  que 
son  autorité  était  sérieusement  menacée;  il  dépé- 
cha un  agent  à  Zeian  pour  le  persuader  de  revenir 
à  Valence;  mais  celui-ci  s  y  refusa,  et  Abou  Zeid 
prit  le  parti  de  sortir  de  Valence,  de  se  rendre  au- 
près du  roi  de  Barcelone  et  de  se  convertir  au  chris- 
tianisme (  demandez  à  Dieu  qu'il  nous  en  protège  !  )  ^'^. 

La  popudation  de  Jativa  reconnut  ensuite  Ibn 
Houd;  puis  celle  d'Alcira,  poussée  par  ses  chefs,  les 
fils  de  *Aziz  ben  Youssef ,  oncle  de  Zeian  ben  Marde- 
nich, suivit  son  exemple. 

Acclamé  par  la  population  de  Jaen  et  par  celle 
de  Gordoue,  il  prit  le  titre  d'émir  el-Moumenin^^. 
Séville  le  reconnut  après  le  départ  d'el-Mamoun 
pour  Marrakech  et  reçut  son  frère  pour  gouverneur. 
n  fut  alors  attaqué  par  Zeian  ben  Mardenich,  au- 
quel il  livra  une  bataille  où  Zeian  fut  mis  en  fuite 
[629  s  i23i-i232).  Ibn  Houd  vint  l'assiéger  dans 
Valence;  mais  il  dut  se  retirer,  et  dans  une  ren- 
contre avec  le  roi  de  Gastille  à  Merida,  il  fut  vaincu; 
et  Dieu  voulant  éprouver  les  musulmans,  il  subit 
peu  après  une  nouvelle  défaite  à  Alkous^^.  Cepen- 
dant la  lutte  continua  chaque  année  sur  la  frontière 
et  la  fortune  y  ouvrit  des  succès  divers  :  le  roi  chré- 
tien continua  à  gagner  des  forteresses  et  des  villes. 

Ibn  Houd  prit  ensuite  Algésiras  et  Gibraltar,  les 


316  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1808. 

deux  ports  qui  commandent  le  détroit  dans  la  direc- 
tion de  Ceuta;  il  les  enleva  à  Abou  Moussa  Imran 
qui  s  y  était  déclaré  indépendant  contre  son  frère  el- 
Mamoim ;  il  vint  lattaquer  dans  Ceuta ,  mais  Abou 
Moussa  le  reconnut  comme  souverain  et  le  xmt  en 
possession  de  la  ville,  qui  d ailleurs  lui  fut  enlevée 
plus  tard  par  la  révolte  del-Janachti,  comme  nous 
le  raconterons  plus  loin  ^. 

En629(i23a),onproclamaà  Ardjouna  le  sultan 
Mohammed  ben  Youssef  ben  Naçr;  Gordone  et 
Gacmona  entrerait  successivement  sous  son  autorité. 
Séville  se  soideva ,  chassa  Salem  ben  Houd  et  pro- 
clama Abou  Merouan  Ahmed  ben  Mohammed  el- 
Badji.  Gelui-K^i  commença  par  faire  la  guerre  à  Ibn 
el-Ahmar  ;  mais  son  armée  fut  vaincue  et  son  gé- 
néral pris.  Puis  Ibn  el-Badji  fit  alliance  avec  Ibn  el* 
Ahmar  contre  Ibn  Houd ,  tandis  que  celui-ci  obte- 
nait contre  eux  lappui  du  roi  Alphonse  moyennant 
mille  dinars  par  jour'^  Gordoue  tomba  alors  aux 
mains  d'ibn  Houd,  qui  marcha  contre  Ibn  el-Badji 
et  Ibn  el-Ahmar,  et  fut  vaincu. 

Ibn  el-Ahmar,  qui  était  venu  camper  sous  les 
murs  de  Séville,  trahit  Ibn  el-Badji,  le  fit  mettre  h 
mort  et  nonuna  à  sa  jdace  son  gendre  Achqilola. 
Salem  Ibn  Houd  accourut  à  Séville  et  chercha  à 
s'en  emparer,  sans  y  réussir. 

En   63 1  (ia33-ia3Â)  arriva  de  Baghdad  Tarn 
bassade  envoyée  par  le  sudtan  el-Mostancer  à  Ibn 
Houd  ;  elle  était  dirigée  par  Abou  ^Ah  Hassan  ben 
'Ali  ben  Hassan  ben  el-Hossein  el-Kurdi,  surnommé 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  319 

ei-Kimal,  qui  lui  apportait  Tétendard ,  la  robe  dlion- 
neur  et  l'acte  d'investiture ,  ainsi  que  le  surnom  d'ei- 
Motaouakkel.  li  lui  remit  ces  cadeaux  à  Grenade, 
on  vendredi,  et  Ibn  el-Ahmar  lui  fit  serment  de 
vassalité**. 

  f  époque  où  Ibn  el-Âhmar  avait  trompé  Ibn  el- 
Badji,  Gha'ib  ben  Mohammed**  s'était  enfui  de  Sé- 
ville ,  avait  gagné  la  campagne ,  s'y  était  fortifié  et  y 
avait  pris  le  nom  d'el-Mo^tacim.  Ibn  Houd  vint  l'at- 
taquer et  lui  enleva  ses  possessions. 

  ce  moment,  les  ennemis  (chrétiens)  apparurent 
de  toutes  parts ,  se  jetèrent  sur  les  provinces  musul- 
manes et  les  entourèrent  comme  d'une  muraille;  ils 
eurent  jusqu'à  sept  campements  sur  les  frontières. 
Le  roi  de  Castille  assiégea  la  ville  de  Cordoue  et 
8*en  empara  en  633  (i  235-i  236).  Les  habitants  de 
SéviUe  proclamèrent  le  sultan  Almohade  er-Rechid. 
Ibn  el-Ahmar  attaqua  Grenade ,  s'en  empara ,  comme 
nous  le  raconterons  plus  loin ,  et  en  fit  hommage  à 
er-Rechid  en  637  (1^39-1  a4o). 

Ibn  Houd  avait  pour  vizir  Abd  Allah  Abou  M o- 
•hanuned  ben  Abd  el-Melik  el-Onmoui  er-Ramimi*^, 
qu'il  avait  deux  fois  investi  du  vizirat  et  qu'il  avait 
nommé  gouverneur  d' Alméria ,  poste  qu'il  avait  con- 
servé. En  635  (1237-1  a38),  el-Motaouakkel  y  vint 
et  y  mourut  dans  un  bain  ;  on  l'enterra  à  Murcie.  Le 
bruit  courut  que  le  gouverneur  l'avait  assassiné;  quoi 
qu'il  en  soit,  il  se  déclara  indépendant  à  Alméria 
mais  Ibn  el-Ahmar  lui  enleva  la  ville  en  6^3  (1 265- 
1246). 


320  SEPTEMBRK-OCTOBRE  1898. 

A  sa  mort,  el-Motaouakkel  eut  pour  successeur 
à  Murcie,  selon  les  dispositions  de  son  testament, 
son  fils  AbouBekr  Mohammed,  qui  prit  le  nom  del- 
Ouathiq.  *Aziz  ben  *Abd  el-Mélik  ben  Khattab  se 
révolta  contre  lui,  peu  de  mois  après  son  avène- 
ment, le  mit  en  prison,  et  prit  le  nom  de  Dhia  ed 
Daoula.  Mais,  quelques  mois  après,  Zeian  ben  Mar 
denich  s  empara  de  Murcie ,  mit  à  mort  Ibn  Khattab 
et  rendit  la  liberté  à  el-Ouathiq  Ibn  Houd. 

En  638  (1260-1241),  Mohammed  ben  Houd, 
oncle  d  el-Motaouakkel ,  souleva  là  population  de 
Murcie,  chassa  Zeian  ben  Mardenich  et  prit  le  nom 
de  Baha  ed-Daouda.  Il  mourut  en  667  (ia58- 
laSg). 

Il  eut  pour  successeur  son  fils,  Témir  Âbou 
Dj  afar  '^  Ahmed  ben  Baha  ed-Daoula  qui  mourut 
en  660  (1261-1262),  et  qui  eut  pour  successeur 
son  fils  Mohammed  ben  Abi  Dj  afar.  Il  fut  détrôné 
par  Abou  Bekr  el-Ouathiq,  celui-là  même  qui  avait 
été  emprisonné  par  Ibn  Khattab  :  il  prit  le  nom 
d el-Motaouakkel,  émir  el-Mouslimin.  Il  y  régnait 
encore ,  quand  Alphonse  et  le  roi  de  Barcelone  vin- 
rent ly  assiéger.  Il  adressa  alors  son  serment  de 
vassalité  à  Ibn  el-Ahmar'*qui  lui  envoya  Abd  Allah 
ben  *Ali  ben  Achqilola;  celui-ci  prit  possession  de 
Murcie  et  y  fit  dire  la  Khotba  au  nom  dlbn  el- 
Ahmar.  Il  venait  de  quitter  la  ville  pour  rejoindre 
ce  dernier,  quand  il  fut  attaqué  en  chemin  par  les 
chrétiens.  El-Oualhiq  rentra  pour  la  troisième  fois 
dans  Murcie,  quil  conserva  jusqu'à  ce  quelle  lui 


HISTOIRE  DES  BENOU'LAHMAR.  321 

fui  enlevée  par  les  chrétiens  en  668  (i  269-1 270); 
iJs  lui  donnèrent  en  échange  une  forteresse  de  la 
province,  nommée  Isser,  oùii  resta  jusqu'à  sa  mort '^. 
Dieu  est  fhéritier  de  la  terre  et  de  ceux  qui 
iliabitent  :  il  est  le  meilleur  des  héritiers. 

III 

HISTOIRE  DE  LA  DYNASTIE  DES  BENOU  'L-AHMAR ,  QUI  ONT 
RÉGNÉ  JUSQU'X  CE  JOUR  EN  ESPAGNE.  ORIGINE  DE  LEUR 
DOMINATION  :  ÉVÉNEMENTS  QUI  ONT  MARQUÉ  LEURS 
RÈGNES. 

Les  Benou  '1-Ahmar  sont  originaires  d'Arjona  ^®, 
Tune  des  places  fortes  qui  dépendent  de  Cordoue , 
et  ils  y  ont  eu  des  ancêtres  dans  le  Djound.  Connus 
sous  le  nom  de  Benou  Naçr,  ils  descendent  deSa*ad 
ben^Obada,  chef  des  Khazradj  ^^.  Dans  les  dernières 
années  delà  dynastie  almohade,  le  chef  de  leur  mai- 
son était  Mohammed  ben  Youssef  ben  Nacr*°,  sur- 
nommé  ech- Cheikh,  qui  avait  un  frère,  Isma'il  : 
ils  jouissaient  dans  leur  pays  d*une  influence  consi- 
dérable. 

Un  jour  vint  où  la  fortune  abandonna  les  Almo- 
hades;  leur  pouvoir  saflaiblit;  des  révoltes  eurent 
lieu  sur  plusieurs  points  de  f  Andalousie ,  et  les  for- 
teresses almohades  tombèrent  aux  mains  du  roi 
chrétien.  Mohammed  ben  Youssef  ben  Houd  se  ré- 
volta dans  Murcie ,  se  proclama  souverain  indépen- 
dant et  fit  hommage  ^^  au  khalife  abbasside^^  :  il 
réussit  à  s  emparer  de  toute  TAndalousie  orientale, 
ui.  21 


niraïuuB  batiixalb. 


3SS  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1808. 

11  trouva  bientôt  un  compétiteur  dans  Mohammed 
ben  Youssef  ben  Naçr,  qui  se  fit  proclamer  en  l*an- 
née  629  (1 23 1-1 282),  sous  la  suzeraineté  de  Ternir 
Abou  Zakaria,  souverain  de  Tlfriqia.  L'année  sui- 
vante (63o),  Jaen  et  Jérès  se  donnèrent  à  lui.  Il 
était  connu  sous  le  nom  d'ech-Cheikh  et  le  surnom 
d'Abou  Debbous.  Ses  premiers  partisans  furent  ses 
parents,  les  Benou  Naçr,  et  les  Benou  Achqilola, 
Abd  Allah  et  ^Ali ,  avec  lesquels  il  avait  des  rapports 
d'alliance.  Peu  après,  Ibn  Houd  ayant  reçu  l'inves- 
titure du  khalife  de  Baghdad,  ech-Cheikh  fit  hom- 
mage à  son  adversaire  (63i«=»i233-i 23A)*^. 

Puis,  Abou  Mérouan  Ibn  el-Badji  se  révolta  dans 
Séville ,  quand  Ibn  Houd  en  fut  sorti  pour  retourner 
à  Murcie.  Mohammed  Ibn  el-Ahmar,  ayant  promis 
à  Ibn  el-Badji,  de  lui  donner  sa  fille  en  mariage, 
entra  dans  Séville  sans  coup  férir  et  reçut  lliommage 
d  el-Badji;  il  alla  ensuite  s  emparer  de  Séville  en  63a 
»- 1 23d-i  235).  Mais  il  fit  tomber  Ibn  el-Badji  dam 
un  piège ,  où  il  trouva  la  mort  et  qui  profita  à  ^Ali 
ben  Achqilola.  Un  mois  après,  les  habitants  de 
Séville  rentrèrent  sous  Tobéissance  d'Ibn  Houd^  et 
chassèrent  Ibn  el-Ahmar. 

En  635  (1237-1238),  Ibn  el-Ahmar  s'empara  de 
Grenade ,  dont  les  habitants  ouvrirent  les  portes.  Ibn 
Abi  Khaled  ^^  s  y  était  en  effet  révolté  et  avait  reconnu 
pour  souverain  Ibn  el-Ahmar,  auqud  la  ville  avait 
envoyé  sa  soumission.  Ibn  el-Ahmar  qui  se  trouvait 
alors  à  Jaen,  y  envoya  avant  lui  Abou  1-Hassan  ben 
Aohqilola  et  marcha  aussitôt  sur  ses  pas.  Il  vint  s  in- 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-ÂHMAR.  3S3 

staller  dans  la  ville  ^^  et  y  fit  construire  la  forteresse 
de  TAlhambra,  dont  il  fit  sa  résidence*'. 

D  prit  ensuite  possession  de  Malaga,  que  lui  livra 
Abd  Allah  Ibn  Dhou  'n-noun*®;  celui-ci  s'en  était 
emparé  après  la  mort  d'Ibn  Houd. 

En  689  (la&i-iads),  il  fit  hommage  à  er-Re- 
chid.  Puis,  Alméria  lui  fut  livré  par  Mohammed 
ben  er-Ramimi*',  vizir  d'Ibn  Houd,  qui  s  y  était  dé- 
claré indépendant  en  6^3  (1 245-1 2&6). 

En  663  (1264-1265),  il  fut  acclamé  par  la  po- 
pulation de  Lorca.  Mohammed  ben  ^Aii  ben  Asli 
el-Faqih  lavait  occupée  en  638  (i24o-i24i),  et  à 
sa  mort,  survenue  en  64^  (i244-i245),  son  fils 
*Mi  lui  avait  succédé;  chassé  de  la  qaçba  par  les 
chrétiens,  il  s'était  maintenu  dans  la  ville  jusqu'à  sa 
mort,  en  662  (1263-1264).  Son  fils  Mohammed, 
qui  lui  succéda,  fut  détrôné  en  663  (1264-1265) 
par  les  habitants,  qui  proclamèrent  Ibn  el-Ahmar. 

Âbou  ^Amr  ben  el-Djedd,  dont  le  nom  complet 
est  Yahia  ben  Abd  el-Melik  ben  Mohammed  el-Hafidh 
Abi  Bekr,  s'était  rendu  indépendant  à  Séville  et  avait 
fait  hommage  à  Abou  Zakaria  ben  Abi  Hafs ,  souverain 
d'Ifriqia  en  643  (i245-i2  46)^.  Celui-ci  avait  en- 
voyé aux  Andalous ,  pour  gouverneur,  un  de  ses  pa- 
rents ,  *Abd  ePAziz  Youssef  ben  Abi  Hafs.  Des  habi- 
tants de  Séville  l'excitèrent  à  entrer  en  lutte  contre 
Ibn  el-Djedd,  qui  l'apprit  et  le  chassa  de  la  ville. 
Puis  la  population  se  révolta  contre  Ibn  ei-Djedd ,  le 
mit  à  mort,  et  reconnut  pour  la  seconde  fois  la  su- 

21 . 


324  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

zeraineté  dlbn  Abi  Hafs.  SéviUe  fut  alors  gouvernée 
par  le  qaîd  ChaqqaP'. 

Les  ennemis  avaient  recommencé,  en  6ao  (i  3  23- 
I  2a4),  et  même  avant,  à  dévorer  le  territoire  mu- 
sidman  et  ses  frontières  :  et  parmi  eux,  on  remar- 
quait le  souverain  de  Barcelone  de  la  famille  des 
Oulad  Patriq^^,  à  laquelle  les  Francs  avaient  donné 
le  gouvernement  du  pays,  à  Tépoque  où  il  était  re- 
passé des  mains  des  Arabes  dans  les  leurs.  Ce  per- 
sonnage s'était  emparé  de  tout  le  pays  et  séparé  du 
roi  des  Francs,  dont  il  avait  cessé  de  respecter  la 
suzeraineté;  ceux-ci  avaient  été  confmés  au  delà  des 
monts,  et  s'étaient  affaiblis. 

Hs  étaient  particudièrement  impuissants  contre 
Barcelone  et  le  territoire  qui  en  dépendait".  Le 
poi  qui  y  régnait  alors  et  qui  s'appelait  Jayme,  entra 
en  campagne  contre  les  provinces  musulmanes  ^  et 
s'empara  de  Mérida  en  626^^  (1  228-1  229),  puis  de 
Majorque  en  627  ^  :  Saragosse  et  Jativa  avaient  déjà 
été  occupées  cent  cinquante  ans  auparavant.  En  636 
(1238-1239),  il  s'empara  de  Valence  après  un  long 
siège,  et  après  avoir  occupé  les  forteresses  et  les 
villes  ouvertes  situées  entre  ces  grandes  places,  il 
poussa  ses  conquêtes  jusqu'à  Alméria  et  jusqu'aux 
forteresses  qui  en  dépendent. 

Le  roi  de  Gastille,  Ferdinand,  fils  d'Alphonse^' 
et  ses  prédécesseurs  avaient  de  leur  côté  envahi  la 
Frontiera,  dont  ils  avaient  pris  les  forteresses  et  les 
villes  ouvertes  les  unes  après  les  autres,  et  qu'ils 
avaient  fini  par  occuper  tout  entière. 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  325 

Au  début  de  son  règne,  Ibn  el-Ahmar  avait  été 
distrait  de  ces  événements  par  la  lutte  qu'il  avait  eue 
à  soutenir  contre  les  chefs  soulevés  en  Andalousie. 
Dans  l'espoir  d'affermir  sa  puissance  ^*,  il  avait  tendu 
la  main  au  roi  chrétien ,  qui  favait  prise  et  qui  avait 
soutenu  ses  efforts.  Ibn  el-Ahmar  était  entré  ainsi 
dans  la  dépendance  du  roi  chrétien.  —  De  son  côté, 
Ibn  Houd  lui  avait  donné  trente  de  ses  forteresses 
dans  fespérance  de  l'éloigner  d'Ibn  el-Ahmar,  et 
d'obtenir  son  appui  pour  s'emparer  de  Cordoue. 
Après  avoir  pris  possession  des  forteresses  qui  lui 
étaient  livrées,  le  roi  (de  Castille)  s'empara  de  Cor- 
doue en633(ia35-ia36),ety  ramena  la  parole  d'in- 
fidélité (que  Dieu  foitifie  cette  ville) ^^  Puis,  le  roi 
s'empara  de  Séville  en  6&6  (  1 248-1  2^9),  avec  l'as- 
sistance d'Ibn  el-Ahmar  qui  manifestait  ainsi  sa  co- 
lère contre  Ibn  el-Djedd  :  après  un  siège  de  deux  ans , 
la  ville  capitula  et  le  roi  s'empara  de  même  sans 
combat  des  forteresses  et  des  territoires  qui  en  dé- 
pendent. —  Il  enleva  ensuite  Tolède  à  Ibn  Ko- 
roacha,  Chelb  et  Talavera  à  Ibn  Mahfoudh^,  en 
l'an  659  (1260-1261);  en  665  (1266-1267),  il 
s*empara  de  Murcie.  Ainsi ,  le  roi  (de  Castille)  conquit 
les  unes  après  les  autres  toutes  les  provinces  et  toutes 
les  forteresses,  et  réduisit  les  musulmans  au  rivage 
andalou  compris  entre  Ronda  à  l'ouest  et  Elvira  à 
l'est,  sur  une  étendue  de  dix  journées  démarche  de 
l'est  à  l'ouest,  et  sur  une  largeur  d'une  journée  au 
plus,  de  la  mer  au  nord. 

Ibn  el-Ahmar  ech-Cheikh  s'irrita  de  cette  situation 


390  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

et  rêva  de  s  emparer  de  la  péninsule  tout  entière, 
mais  sans  pouvoir  réaliser  ses  espérances.  G*est  alors 
qu*arrivèrent  en  Espagne,  les  unes  après  les  autres, 
les  bandes  de  Zenatas ,  alors  en  révolte  contre  le  sul- 
tan de  Fas*^  Béni  Abd  el-Ouad,  Toudjini,  Magh- 
raoua  et  Béni  Mer  in;  ces  derniers  eurent  toujours 
le  premier  rang  par  leur  audace  et  par  le  nombre 
de  leurs  expéditions  guerrières.  Les  premiers ,  qui 
passèrent  le  détroit  vers  660  (1261-1262)  furent 
les  Aoidad  Idris  ben  ^Âbd  el-Haqq,  qui  faisaient 
partie  de  la  famille  souveraine  du  Maroc;  leur  oncle, 
le  sultan  Yaqoub  ben  'Âbd  el-Haqq ,  leur  avait  im- 
posé cet  exil  par  un  traité.  Au  nombre  d'environ 
3,000,  ils  furent  bien  accueillis  à  leur  arrivée  par 
Ibn  el-Âhmai%  qui  se  servit  de  leur  bras  contre  ses 
ennemis ,  puis  les  reçut  à  sa  cour.  D  en  arriva  ensuite 
un  grand  nombre,  de  toutes  les  familles  des  Béni 
Merin;  mais  les  principaux  furent  toujours  les 
membres  de  la  famille  souveraine  des  Béni  *Âbd  el- 
Haqq.  Après  avoir  jeté  le  désordre  dans  Tempire 
et  lutté  à  la  tête  de  leurs  clients  contre  les  armées  du 
sultan ,  ils  passèrent  en  Espagne ,  où  ils  employèrent 
leur  ardeur  et  leur  vaillance  à  défendre  les  musul- 
mans; ils  parvinrent  ainsi  à  acquérir  une  part  du 
pouvoir  et  un  établissement. 


HISTOIRE  DES  BENOU^L-AHMAR.  327 


NOTES. 

^  £d  Nacer  Mohammed  ben  Yaqoub  el-Mançour  succéda  à  son 
père  •Yen  la  fin  db  rebi^Sgô»  (déc.  1198-janv.  1199)*  suivant 
Ibn  Kluddoun  (trad.  de  Slane,  t.  II,  p.  11 5).  Il  fut  vaincu  par  Al- 
phonae  VIII  de  Castille  à  Hiçn  el-*Oqab  (Las  Navas  de  Tolosa),  le 
là  safar  609  (  16  juillet  1  a  1  a ].  Il  mourut  peu  de  temps  après,  en 
dia*ban  610  (déc.  isi3  à  janv.  iai4).  V.  outre  Ibn  Kbaldoun,  Abd 
ei-Ouabedel-ICarrakechi  :  History  ofthe  Almohadet,  éd.  Dosy,  Leide, 
p.  336;  Roudk  êl'ifartat,  p.  176;  trad.  p.  Zii\Kitab  el-Ittùfça,  1. 1, 
p.  191.  —  Une  partie  de  ce  chapitre  a  été  reproduite  par  d-Maqqari 
dans  le  Nefh  eC-Tib,  éd.  Boulaq,  1. 1,  p.  108,  et  ÀnaUetes,  1. 1, 
p.  391; les  variantes  se  retrouvent  dans  Maqqari  qui  est  plus  correct, 
surtout  dans  les  AnaUetet»  Je  n*indique  donc  aucune  variante. 

*  Dm  Khaldoun  dit  ailleurs  ^*il  désigne  sous  le  nom  de  •  sei- 
gneurs» les  membres  de  la  famille  almohade,  entre  lesqudles  les 
provinces  andalouses  avaient  été  partagées. 

*  Djod'aima,  chef  de  cette  famille,  était  d*origine  sabéenne  et 
descendait  de  Sahlan  par  2ahran  ben  d-Azd. 

*  IL  Godera  parait  avoir  hésité  à  accepter  l'exactitude  de  ce 
nom  ;  Tespression  mUjiff  ^1 ,  mot  à  mot  c  père  des  charges  de  cavale- 
rie »,  ne  me  parait  pas ,  bien  que  je  n*en  connaisse  pas  d*autre  exemple, 
moins  arabe  que  ^UJ\  ^\  ou  ^^«f  yi^  \  quant  à  Moudafi*,  on  en 
trouve  on  autre  exem|He  dans  Ibn  Khaldoun  lui-même  (t.  VI, 
p.  4 9 1 ;  trad.  de  Slane ,  t.  III ,  p.  1 58  )  ;  comparer  Moudjahed ,  Mouba- 
dher,  etc.  Cette  expression  me  semble  être  expliquée  d'ailleurs  par 
d-Maqqari  (Nejh  ie-Tib.,  Boulaq,  t.  II,  p.  577,  et  AnaL,  i.  II, 
p.  755),  qui  dit  de  ce  personnage  t  l^mjXf  ^  ^^^^1  ^  j^I^LdUI; 
voir  la  traduction  de  ce  passage,  note  5 ,  ci-dessous. 

'  Les  événements  qui  troublèrent  TEspagne  depuis  les  dernières 
années  de  Tempire  almohade  vers  690,  jusqu*à  la  formation  défini- 
tive de  la  royauté  des  Benou  1-Ahmar,  vers  660 ,  sont  racontés  par 
Ibn  Khaldoun  dans  trois  récits  qui  se  complètent  les  uns  les  autres; 
l'extrait  suivant  d'd-Maqqari  fournira  quelques  détails  complémen- 
mcntaires ,  et  on  en  trouvera  d'autres  dans  l'histoire  des  Berbères, 
n  est  toujours  comjdiqué  d'entrer  dans  le  détail  des  querdles  ob- 
scures des  petits  souverains,  et  ce  n'est  pas  ici  la  tâche  du  traduc- 
teur. Je  dirai  seulement  que  trois  dynasties  principales  cherchèrent 
k  se  former  dans  l'Espagne  méridionale  à  l'époque  où  la  dynastie 


328  SEPTEMBRE. OCTOBRE   1898. 

almohade  commençait  à  sombrer  :  les  B.  Mardcnich  à  Valence,  les 
B.  Houd  à  Murcie  et  les  B.  1-Ahmar  à  Grenade.  Ces  derniers  rem- 
portèrent vers  660 «  mais  leurs  rivaux  avaient  été  t dévorés  parle 
dragon  chrétien»,  et  leurs  querelles  n'avaient,  en  définitive,  servi 
qu*à  lui.  IHus  tard,  Mohammed  Y  pourra  profiter  des  querelles  in- 
térieures de  la  Castille  sous  Pierre  le  Cruel ,  pour  donner  un  regain 
de  vie  à  l'islam;  mais,  ce  ne  sera  qu'un  moment  de  calme  avant 
la  dernière  crise. 

t  Valence,  dit  Maqqari,  passa  ensuite  à  Abou  *Alxl  Allah  ben 
Mardenich,  souverain  de  l'Espagne  orientale,  après  Ibn  *Aiadh; 
il  y  nomma  comme  gouverneur  son  frère  Abou  1-Hadjadj  Yoos- 
sef  ben  Sa*d  ben  Mardenich.  Mais  Abou  '1-Hadjadj  entra  dans  la 
partie  des  Almohades,  et  Valence  eut  pour  gouverneur  es-Seid 
Abou  Zeid  'Abd  erRahman,  fils  d'es-Seid  Abou  'Abd  Allah  ben  Abi 
Hafs,  fils  de  l'émir  el  Mouslemin  *Abd  d-Moumen  ben  *Ali.  Quand 
d-'Add  se  révolta  à  Murcie  (contre  *Abd  el-Ouahed  el-Makhlou), 
Abou  Zeid  se  fortifia,  s'enorgueillit  et  affecta  une  soumission  qui 
n'était  que  rebdlion.  Les  choses  en  restèrent  là  jusqu'au  règne 
d'Abou  d-*01a  d-Mamoun ,  qui  eut  pour  qaîd  de  la  cavalerie  l'émir 
Zeian  ben  Abi  1  Hamlat  ben  Abi  1-Hadjadj  ben  Mardenich,  bien 
connu  par  sa  défense  de  Valence.  Ce  dernier  chassa  Abou  Zeid  de 
Valence  et  s'en  empara;  le  vaincu  s'enfuit  chez  les  chrétiens.  La  si- 
tuation de  Valence  alla  constamment  en  8*affaiblissant ,  à  mesure  que 
les  chrétiens  envahissaient  les  territoires  voisins  :  le  roi  chrétien 
de  Barcelone  finit  par  l'assiéger.  Zeian  appela  alors  à  son  aide  le 
souverain  de  l'Ifriqia,  Abou  Zakaria  ben  Abi  Hafs,  auquel  il  en- 
voya une  ambassade  dirigée  par  son  secrétaire ,  l'illustre  Abou  'Abd 
Allah  ben  el  Abbar  el-Qodbai,  auteur  de  la  Tekmila,  des  *Atahou 
l^kiuU)  et  autres  ouvrages  ;  ce  dernier  récita  au  sultan  sa  fameuse 
qacida  en  sin *  » 

t  Le  sultan  s'empressa  de  venir  à  son  secours  et  lui  envoya  sa 
flotte  remplie  d'argent,  de  provisions  et  de  munitions.  Mais  elle 
trouva  les  Valenciens  dans  la  dernière  période  du  siège ,  qui  se  ter- 
mina bientôt  par  l'occupation  de  Valence  par  le  roi  chrétien.  Ihn 
el  Abbar  et  ceux  qui  l'avaient  accompagné ,  revinrent  à  Tunis.  L'en- 
nemi prit  la  ville  par  capitulation,  le  mardi  17  de  safar  636. 

t  L'ennemi  s'était  emparé  en  6a6  de  Loja,  aidé  par  cs-Sûd  Mo- 
hammed el-Baiassi ,  qui  était  alors  en  lutte  avec  el-'Adel.  Il  y  avait 

*  Ibn  Khaldoun,  trad.  t.  II,  p.  $07. 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  329 

commis  les  plus  grands  dégâts,  puis  l'avait  rendue  à  el-Baîassi; 
nous  verrons  qu*il  la  reprit  ensuite»  (Nejh  eV  Tib.  Boul.  t.  II, 
p.  577,  et  Anal.,  t.  Il,  p.  755). 

*  Les  B.  Mardenich  avaient  déjà  constitué  un  État  indépendant  à 
répoqae  où  la  faiblesse  du  gouvernement  almoravide  avait  rouvert 
•n  Espagne  une  nouvelle  pénode  de  troubles.  Dans  la  première  moi- 
tié du  Yi*  siècle,  Abou  Mohammed  *Abd  Allah  ben  Sa*d  ben  Mar- 
denich el-Djod*ami  régna  à  Valence,  et  fut  tué  par  les  chrétiens 
•n  54o  (ii45-ii46).  En  Sda  (1147-1148),  son  neveu  Mohammed 
ben  Sa'd  ben  Mardenich  occupa  Jativa,  Segura  et  Murcie.  <II  en- 
voya, dit  Ibn  Khaldoun,  un  de  ses  officiers , Ibrahim  IbnHomcchk 
pousser  une  ghazzia  à  travers  les  provinces  andfdouses ,  jusqu*à  Cor- 
doue  dont  il  s*empara;  mais  la  ville  lui  échappa  bientôt.  Il  vint  at- 
taquer Grenade  et  en  chassa  les  troupes  fdmohades  qu'Ibn  Marde- 
nich vint  assiéger  avec  lui  dans  la  qaçba.  Mais*Abd  el-Moumen 
leur  eideva  la  ville  après  une  suite  de  combats  qui  eurent  lieu  dans 
la  campagne  de  Grenade;  il  y  livra  bataille  à  Ibn  Mardenich  et  à 
Ibn  Homechk ,  renforcés  de  troupes  chrétiennes ,  qui  étaient  venues 
les  aider  à  défendre  Grenade ,  les  mit  en  fuite  et  leur  infligea  une 
sang^te  défaite,  en  567  (1161].  Quand  Youssef  ben  'Abd  el-Mou- 
men fit  son  expédition  d'Espagne ,  il  rencontra  Ibn  Mardenich  dans 
les  environs  de  Murcie ,  le  mit  en  déroute  en  Tannée  56o  (  1 1 64-i  1 65  ) 
et  Tassiégea  dans  Valence.  Ibn  Mardenich  avait  envoyé  son  hommage 
aa  sultan  abbasside  el-Mostandjed ,  qui  lui  accorda  sa  protection  et 
l'investiture.  Mais  en  566  (1170-1171],  il  fit  hommage  aux  Almo- 
bades»  (t  YII,  p.  159). 

Dans  une  autre  partie  de  son  histoire  (  t.  VI ,  337,  s.  ;  éd.  de  Slane , 
1. 1 ,  p.  3 1 7  ;  tr.  II ,  1 94  ) ,  Ibn  Khiddoun  parle  vaguement  du  siège  de 
Cordbue  par  Ibn  Mardenich ,  mais  il  fait  un  récit  semblable  de  la 
bataille  livrée  dans  la  campagne  de  Grenade.  Quant  aux  événements 
qui  se  produisirent  sous  le  règne  de  Youssef,  les  deux  récits  ne  con- 
cordent qu'en  un  point,  l*hommage  rendu  aux  AJmohades  par  Ibn 
Mardenich  en  566.  On  a,  d'autre  part,  une  preuve  de  Thommage 
que  ce  personnage  avait  prêté  auparavant  au  khalife  el-Mostandjed , 
par  un  dinar  portant  les  inscriptions  suivantes  :  d'un  coté  «  l'Imam 
Abou  'Abd  Allah  Mohammed  el-Moqtafi  li  Amrillahi,  émir  el-Mou- 
menin,  TAbbassidei;  et  de  l'autre  «au  nom  de  Dieu  clément  et 
miséricordieux  :  ce  dinar  a  été  frappé  à  Murcie  en  l'année  553». 
(Godera,  Tratado  de  numismjtica  arabigo,  espanola,  Madrid, 
1879,  P'  '11)*  Gomme  l'a   fait  remarquer  M.  Godera  (p.  a 45 


350  SEPTEMBRE.OCTOBRB  1898. 

et  i46),  il  s'agit  U  d*iiii  dinar  firappé  k  Morcie  ma  nom  da  kka- 
lifedeBa^idad,d-M<M{tafi  (53<k55S»  ii36-ii6o).  Um  wéÊtÊbt 
qa*en  prêtant  hommage  à  Mostandjed  (5SS-566  ^  1160-1170), 
Ifao  Mardenich  loi  renosYclait  wfliemcnt  celai  qa'il  avait  prêté  à 


'  Voir  p.  3i5. 

*  JaTme  I,  19 13*1976. 

*  Akira,  dans  one  de  éa  Jœar  (bnerta  de  Vdenee)  à  35  kâo- 
mètres  S.-E.  de  Vdence. 

>•  Ferdinand  r  (1917-1959). 

"  Je  ne  sais  où  placer  cette  vifle.  Voir  plus  kûn,  p.  19,  n.  a. 

^  D  finit  lire  ici  avec  L  et  P  t 

Ma  «vJ^l^  (^t  ^^  ^  1^  «M  UsJLa  i^S^^  «;i«^  v^U 

^  pULJl  j  XJ^^I  j  Jl^t  ^  «>j4W  (^I  «aul^  M^lJ^  isf\^\ 

^Ul^  JUI  i^U  104^  Iç  4^1  ^  JUbt  âu4  Jij^^yULm. 


^  Les  petits  souverains,  qui  se  finit  des  domaines  ior  les  mines  de 
Tempire  aimohade,  se  tooment  presque  tous  vers  son  plus  grand 
ennemi,  t  Quand  la  nouvdle  de  la  perte  de  Méquines  arriva  k  es- 
Sa*id,  il  réunit  ses  officiers  et  leur  montra  son  empire  se  détachant 
morceau  par  morceau  i  Ibn  Abi  Hafç  a  arraché  i'Ifiriqia  à  Yagh- 
moracen  ben  Zian  et  les  Benou  *Abd  el-Ouad  ont  pris  Tlemcen  et 
le  Ma^reb  central ,  qu*ils  ont  placés  sous  la  suieraineté  d*Ibn  Abi 
Hafç;  ils  Texcitent  à  marcher  sur  Marrakech  en  lui  promettant  leur 
appui;  Ibn  Houd  a  enlevé  le  littoral  de  TAndalousie  et  l'a  placé 
sous  la  suieraineté  des  Abbassides;  d'un  autre  c6té,  Ibn  el-Ahmar 
s*e8t  mis  sous  la  suieraineté  d'Ibn  Abi  Hafç,  et  maintenant  voici 
ces  Benou  Mérin,  etc.»  (Ibn  Khaldoun,  t.  Vil,  p.  179;  éd.  de 
Slane,  t.  H,  p.  9^7;  trad.,  t.  IV,  p.  35). 

^  Il  y  a  qudque  hésitation  sur  le  nom  de  ce  personnage.  Dans 
rhistoire  des  Berbères,  BL  de  Slane  (H,  965)  TappeUe:  tAboo 
Yahia  ben  Yahia  ben  ech-Chehid  ben  Abi  Hafç  »,  et  le  texte  de  Bon- 
laqt  t  Abou  Yahia  ben  Yahia  ben  ech-Chahid  ben  lahaq  ben  Abi 


HISTOIRE  DES  BENOU^L-AHMAR.  331 

Hafç  >.  n  n*y  a  aucune  difiBculté  pour  les  deus  premières  générations , 
Yahia  et  Abou  Zakaria  étant  unis  fréquemment  dans  Tusage.  Mais 
nous  savons  par  Ibn  Khaidoun  qu'Abou  Yahia  ech-Ghehid  était 
l'un  des  fils  d*Abou  Mohammed  'Abd  el-Ouahed,  gouverneur 
d'Ifiriqia.  Or  nous  trouvons,  dans  les  manuscrits,  Yahia,  et  dans 
Boulaq,  Ishaq.  Il  semble  qu*on  puisse  passer  sur  cette  difficulté, 
ces  divers  noms  pouvant  être  confondus  dans  un  manuscrit  d*une 
médiocre  écriture.  Quant  au  Bekr  qui  est  cité  ici ,  c*est  évidemment 
l'Abou  Bekr  que  Tauteur  du  Qartas  (trad.  Beaumier,  p.  Sag)  et  d- 
Qairouani  (Ibn  Khaidoun  trad.,  II,  a 85,  note  3)  donnent  pour 
père  à  Abou  Mohammed  et  pour  fils  à  Abou  Hafç  *Omar.  On  pour- 
ndt  donc  lire  Abou  Yahia  ben  Abi  Zakaria  Yahia  ben  ech-Ghehid 
ben  Abi  Mohammed  ben  Abi  Bekr  ben  Abi  Hafç. 

»  Valence  fut  prise  le  8  septembre  ii38  (637).  Voir  Ibn  Khal- 
doun,  t.  VII,  p.  190;  édit.  de  SI.,  t.  II,  p.  27$;  trad.,  t.  IV,  p.  74* 

'*  n  a  été  nécessaire  d*ajouter  qudques  mots  qui  ne  sont  point 
dans  le  texte ,  pour  faire  comprendre  qu*il  s'agit  d*une  seule  et  même 
ambassade  de  Zeian  k  Abou  Zakaria.  —  Voir  Ibn  Khaidoun, 
i*  VI,  p.  a8o;  éd.  de  1^.,  t.  I*',  p.  391;  trad.,  t.  II,  p.  3o6.  Dans 
l'édition  de  Boulaq ,  le  texte  de  toute  cette  partie  de  l'histoire  des 
Berbères  est  dans  un  désordre  td ,  qu'il  est  impossible  de  rien  com- 
prendre à  la  suite  des  événements.  Il  est  évident  que  Tauteur  de 
cette  édition  ne  s*est  jamais  préoccupé  de  comprendre  ce  qu*il  im- 
primait. 

"  Sur  les  règles  poétiques  qui  régissent  la  qacida,  voir  René 
Basset,  La  poésie  arabt  anté' islamique,  Paris,  1880,  p.  47»  et 
Ndldeke,  Beitrage  sur  Kentniu  der  Poésie  der  alten  Araber,  Han- 
nover,  186 il.  L^  Arabes  désignent  les  pièces  de  vers  soit  par  leur 
mètre,  soit  par  la  lettre  qui  forme  la  rime  commune  à  tous  les 
Yen  de  la  composition. 

>•  n  ûiutlire,  avec  L  et  P  :  X^Z^^I  i^^U  (^^  l^  ^I  ^^ 

dsfsJli  v^^  *^  vtV   J'   é^^   V^  9^ixU  i^ilLi.  JlxS  jLJt^ 

1*  Ibn  Khddoun,  t.  VI,  p.  a85;  éd.  de  SI.,  1. 1*',  p.  394 ;  trad., 
t  n,  p.  3i  1.  Abou  Bekr  *Aziz  ben  *Abd  d-Mdik  ben  Khattab. 

^  H  ûiat  lire,  avec  L  et  P  :  Jf  yJLà  ft^J^l  U^i  ^^^  ^  v^ 
^  j  *J  *ji-<Li  .>ys  ^^  MiysJl  0l^  sU.3  pUa  ^^\  I4CU3  «ô^-y» 


332  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

'^  Les  B.  Houd  avaient  déjà  régné  à  Saragosse  de  loSg  à  1 1  lo; 
le  premier  souverain  de  cette  dynastie  s*appelait  Abou  Ayoub  Soiei- 
man  ben  Mohammed  ben  Houd  ;  ce  dernier,  Houd ,  était  venu  ie 
premier  en  Espagne.  Hs  appartenaient,  comme  les  B.  Mardenicfa, 
anx  Axdites ,  et  descendaient  de  Salem ,  affranchi  d'Abou  Hod  eifa. 
(Voir  net  Ibn  Khiddoun,  t.  IV,  i63.) 

**  Voir  p.  397,  note  9.  —  Je  n*ai  pas  à  ma  disposition  de  docu- 
ments me  permettant  de  déterminer  Tidentité  d*Ai^ta,  ni  cdle 
d*£scuriante  que  donne  Beaamier  (trad.  du  Carias,  p.  358,  note  1  ) 
alors  que  dans  le  texte  de  sa  traduction  il  donne  (p.  393)  Arbouna, 
confondu  peut-être  avec  Ardjouna,  forteresse  d*Ibn  el-Ahmar. 

**  Dans  la  partie  de  son  histoire  consacrée  aux  Almohades,  Ibn 
Khiddoun  raconte  les  règnes  éphémères  des  derniers  princes  de  cette 
dynastie  et  donne  de  nombreux  renseignements  sur  les  événements 
d*£spagne.  (B.,  t.  VI,  p.  953';  de  Slane,  t.1,  p.  337;  trad.,  t.  II, 
p.  933).  Maqqari  les  résume  ainsi  (Nefk  et*  Tib,,  éd.  BouL,  t.  II, 
p.  538;  Anal.,  t.  H,  p.  697): 

c  Les  Almohades  mirent  sur  le  tr6ne  Yahia  ben  en-Nacer  qui  était 
mineur  et  incapahle  de  gouverner.  Aussi  Abou  TOla  Idris,  qui  se 
trouvait  idors  à  Séville,  réclama  pour  lui-même  le  trône  et  se  fit 
reconnaître  par  les  habitants  de  TEspagne,  puis  par  Marrakech; 
mais  il  resta  en  Espagne,  oùTémir  d-Motaouakkd  Mohammed  ben 
Youssef  d-I>jod*ami  se  révolta  contre  lui ,  sous  la  suzeraineté  des 
Abbassides.  La  population  de  l'Espagne,  se  ralliant  à  Ibn  Houd, 
abandonna  Abou  TOla ,  qui  dut  sortir  de  TEspagne  et  la  laisser  à 
son  rival.  —  Après  avoir  combattu  Yahia  ben  en-Nacer  qui  périt, 
Abou  rOla  régna  sur  le  Maghreb;  mais  il  avait  perdu  ses  posses- 
sions espagnoles.  Il  mourut  en  63o  (1 339-1933).  —  Il  eut  pour 
successeur  son  fils  er  Rechid ,  qui  fut  reconnu  par  une  partie  de 
l*Espagne  et  qui  mourut  en  Tannée  6ào  (1949).  Son  frère  es  Sa'id 
lui  succéda,  et  périt  en  646  (i9d8)  dans  une  forteresse  située  entre 
Fex  et  Tlemcen  (Temxexdekt).  Son  successeur  fut  el-Mourtadha 
'Omar  ben  Ibrahim  ben  Youssef  ben  'Abd  el-Moumen.  Attaqué  en 
665  (  1 966-1 967  )  par  el-Ouathiq,  surnommé  Abou  Debbous,  il  s'en- 
fuit, mais  il  fut  pris  et  amené  à  Abou  Debbous  qui  le  fit  mettre 
à  mort.  Ce  dernier  fut  tué  à  son  tour  par  les  B.  Mérin  en  668 
(1969).  ^^^  ^"'  ^'^^^  ^^  dynastie  d^Abd  el-Moumen,  Tune  des  plus 
considérables  de  Tlslam  ;  les  B.  Merin  s'emparèrent  alors  du  Maghreb. 

«  Cependant ,  el-Moutaouakkel  Ibn  Houd  avait  pris  possession  de 
la  plus  grande  partie  de  l'Espagne.  Mais,  les  défections  se  muiti- 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  333 

pliaient  autour  de  lui ,  quand  il  mourut ,  à  Alméria ,  assassiné  par 
son  vixir  Ibn  er-Ramimi.  Les  chrétiens  saisirent  cette  occasion  de 
rompre  la  paix  et  s*emparèrent  d'une  grande  partie  du  pays  et  des 
forteresses  qui  restaient  encore  aux  mains  des  musulmans.  Et  la 
situation  resta  telle,  jusqu'à  ce  que  les  R.  '1-AIimar  l'emportassent, 
et  qu'une  partie  des  habitants  de  l'Espagne  fit  serment  d'obéissance 
à  Abou  Zakaria  le  Hafside,  souverain  de  l'Ifîriqia.» 

*  n  faut  évidemment  corriger  Abou  'Imran  Moussa  en  Abou 
Moussa  'Imran.  Je  ne  trouve  le  nom  de  ce  personnage  ni  dans  Ibn 
Khaidoun,  ni  dans  le  Qartas,  *Abd  d-Moumen  eut  en  effet  un  fib 
nommé  Abou  Moussa  Imran  qui  fut  gouverneur  de  l'Ifriqia. 

**  Les  manuscrits  de  Paris  et  celui  de  Leyde  donnent  ^in»?*»»H 
yd\JèJ\  ;  mais  ce  sont  deux  souverains  différents  :  Ez  Zhaher  régna  de 
de  693  à  6a3  (laaS-iaaô)  et  el-Mostancer  de  623  à  64o  (1336- 
134a)*  Il  s'agit  évidemment  du  second,  comme  l'impriment  l'édi 
lion  de  Boulaq  et  le  Kitab  el-Istiqça  (t  I",  p.  197)1  puisque  Ibn 
Uoud  entra  en  campagne  en  ôaS  (1338].  —  Le  Kitab  d-Istiqça, 
qui  reproduit  le  texte  d'Ibn  Khiddoun ,  ajoute  au  récit  jdeux  vers 
extraits  du  JUUH  ^^ ,  histoire  en  vers  des  dynasties  musulmanes 
par  Lissan  ed-din  Ibn  el-Khatib  :  <  Entre  les  héros  de  ce  temps  fut 
rémir  Mohammed  ben  Youssef ,  dernier  du  nom  :  il  fut  brave  et 
plein  de  vaillance ,  et  fit  hommage  à  el-Mostancer  l'Abbasside.  >  — 
Cet  ouvrage  d'Ibn  el-Khatib  est  ainsi  désigné  par  Iladji  Khfdfa, 
6,  617  :  <^)>^^t  Ji*>^I  0^  ù^  uUil  ^^,  «la  peinture  bigarrée  des 
vêtements  sur  l'ordre  des  dynasties,  en  vers  du  mètre  redjex»; 
Wûstenfeld  le  note,  d'après  la  traduction  de  Flûgel,  sous  le  nom 
de  pietura  palliorum  striata;  c'est  l'ouvrage  que  Gayangos  appelle 
J^t  ;Lâ.I  ^  p>t^t  J>JLJI  ^{Mohanun.  djn,  introd.). 

*  Voir  note  4* 

"  La  formule  complète,  qui  se  trouve  sur  la  [dupart  des  pierres 
tombales  du  Maghreb  est  :  lO^r^i  ^jlkjAM  ^^  aM(^  «Syti  t  Nous 
nous  réfugions  en  Dieu  contre  les  atteintes  de  Satan  le  lapidé», 
(Coran,  3,  3i), 

*  B.  et  P.  portent  ç^ô^wXI  ^1. 

**  Mérida  fut  prise  en  i33o  par  Alphonse  IX  de  Léon.  (Voir 
p.  19  ci-dessous,  note  3.)  J'ignore  oÀ  est  située  Alcous  (?) 

^  T.  VI,  p.  356;  trad.,  t.  II,  p.  ai 3.  —  Ibn  Houd  donna,  en 
échange,  Alméria  à  Abou  Moussa  (Qartas  cité  dans  Kitab  el  Istiqça, 
i.  I",  p.  aoo;  trad.,  p.  363). 

'^  Ibn  Houd  s'engagea  à  payer  à  Ferdinand  III  de  Castillc  (saint 


834  SEPTEMBRE-OCTOBRE  18Q8. 

Ferdinand  )  quatre  cent  mille  dinars  par  an ,  et  à  i«tt  lÎTrer 
forteresses;  le  texte  de  Boulaq  dit  vingt  (Ibn  Khaldoun,  t  VIII« 
p.  igo;  éd.  de  SL,  t.  II «  p.  178;  trad.,  t.  IV,  p.  75).  —  Voir 
p.  3a5é 

^  Voir  ci-dessous,  note  h  h»  —  Le  nom  de  rambassadeur  parait 
être  altéré. 

^  «En  djomnada  n,  Cha'ib  ben  Mohammed  ben  MeRoak  f 'em- 
para de  Niébla,  et  prit  le  nom  d*d-Motacim  t.  (Roadh  el-Qartas, 
trad.,  p.  3g4)* 

^  «  An  tii*  siècle ,  le  plus  connu  de  ceui  qui  gouYemèreOt  Al- 
méria  pour  les  Almobades,  fîit  Témir  Abou  *Imran  ben  Abi  Hafi^, 
onde  d*Abou  Zakaria,  souverain  dlfriqia.  En  Tannée  6^5  (1137- 
1118),  TE^gne  se  révdta  contre  TAlmohade  el-Mamoun,  à  la 
voix  d'Ibn  Houd,  soulevé  à  Murcie.  Alméria  ftit  gouverné,  tous  la 
suxeraineté  d'Ibn  Houd ,  par  Abou  *Abd  Allah  Mohammed  ben  'Abd 
Allah  ben  Abi  Yahia  ben  er-Ramimi,  dont  le  grand -père  Abou 
Yahia  avait  dû  livrer  la  ville  aux  chrétiens.  Il  se  déclara  tassai  d*Ibn 
Houd,  et  envoya  une  ambassade  à  son  suxerain,  qui  lui  conféra  le 
viiirat  et  lui  délégua  son  autorité.  Leurs  rapports  se  maintinrent 
ainsi  jusqu'au  jour  où  er-Ramimi  voulut  trahir  son  maître,  et  for 
tifia  la  citaddle  d*Alméria ,  pour  s  y  ménager  une  retraite^  Or,  Ibn 
Houd  avait  laissé  à  Alméria  Tune  des  femmes  de  son  harem  ;  le  vitir 
s*en  éprit  et  en  fit  sa  maîtresse*  Ibn  Houd  «  auquel  on  rapporta  ce 
fait ,  marcha  en  hâte  contre  Alméria,  en  dissimulant  son  dessein  de 
s'emparer  d'Ibn  er-Ramimi.  Mais  il  déjeuna  avec  lui  avant  de  l'in- 
viter à  souper,  et  on  l'emporta  mort  du  palais.  On  le  mit  dans  un 
cercueil ,  et  on  le  ramena  par  mer  à  Murcie.  > 

«Ibn  er-Ramimi  resta  maître  d* Alméria;  mais  son  fils  se  révolta 
contre  lui ,  et  telle  était  la  situation  quand  Ibn  d-Ahmar,  roi  de 
Grenade,  prit  possession  de  la  ville,  qui  resta  entre  les  mains  de 
ses  descendants  jusqu'au  jour  où  les  chrétiens  s'en  emparèrent 
Maqqari,  Boul.,  t  II,  p.  671,  et  ÀnaL,  t  II,  p.  761* 

»  n  faut  lire,  avec  P.  et  L.  :  i»Lt  j  RiyôJ\  pI^  ^^  J^^I  yU».  ^1 

^  Ce  texte  est  dans  Maqqari  Boul. ,  t.  T',  p.  108 ,  et  Anal,,  L I*', 
p.  aga. 

''  Les  chrétiens  dont  il  est  question  ici  sont  Alphonse  IX  de 
Castille  (ia5a-i284)  et  Jayme  I"  d'Aragon  (1113-1176).  —  Ga- 
yangos  {Mohanun,  djn,,  t.  II, p.  334-338)  donne  de  ces  événements 


HISTOIRE  DES  BENOU*L.AHMAR.  335 

on  récit  coafiii ,  qui  n'ajoute  rien  aux  renseignements  fournis  par 
Ibn  Khaldotin*  I>ans  les  tableaux  généalogiques  qui  terminent  Ton- 
vfttge,  il  ne  donne  ni  la  liste  des  Benoa  Mardenicb,  ni  celle  des 
Benou  Houd.  —  Pour  le  chapitre  des  Benou  Naçr,  je  me  suis  servi 
des  Mohammedan  dymudês  et  je  Tai  cité,  mais  il  faut  bien  dire 
qtie  Tautenr  aaglo-€ipagnol  ne  fut  pas  toujours  un  travailleur  très 
consciendetti,  et  qu'on  ne  peut  lui  accorder  qu*une  demi-confiance. 

"  Aijona  est  à  une  trentaine  de  kilomètres  N.  O.  de  Jaen ,  sur 
k  route  d'^caudete  à  Andujar. 

**  Les  Benou  Kbaxradj  étaient  une  tribu  azdite;  à  l'époque  de  la 
rupture  de  la  digue  de  Mareb ,  ils  vinrent ,  avec  leurs  parents  les 
B.  Aous,  habiter  Yathreb  (Médine).  Ils  furent  des  premiers  à  em- 
brasser l'islam. 

^  â>n  d-Khatib ,  dans  l'ouvrage  intitulé  iUp^l  JJl2t ,  édité  et 
traduit  par  Casiri  in  Bibliotheca  Esewialiensis  Araho-Hispanola, 
t.  il,  p.  i77-3ig,  l'appdle  Abou*Abd  Allah  Mohammed  ben  Yous- 
flef  ben  Ahmed  ben  Mohammed  ben  Kbemis  ben  'Oqil  d-Khazra- 
dji  el-Ançari  (op.  du,  p.  160). 

^  Ce  passage  est  reproduit  dans  le  N^  et'-Tib,  Boul. ,  1. 1, 
p.  So8-)09;  et  Anal,,  t.  I,  p.  aga.  Maqqari  dit  lui-même:  (,^\ 

LoiL»  ^y«>A^  ^1  f^*  ^n  àa  la  citation  approchée  d'Ibn  Khal- 
doan,i 

^  Voir  p.  3 16  et  3 18  de  cette  traduction. 

^  Maqqari  donne  un  récit  des  débuts  d'Ibn  d-Abmar,  dont  voici 
ia  traduction  (Anakctes,  1. 1,  p.  i33;  ibitU,  Boulaq,  1 1,  p.  loo). 

•  La  dernière  et  fameuse  révolution  de  l'Espagne  eut  pour  prin- 
cipal agent  un  homme  originaire  d'une  place  forte  nommée  Ar- 
^jouna,  et  appelé  Ibn  el-Ahmar.  De  cette  forteresse,  il  avait  conduit 
maintes  ^aaxiai  contre  l'ennemi ,  et  il  avait  donné  des  preuves  éda* 
tantes  de  son  courage;  l'Andalousie  répétait  son  nom.  Enfin,  les 
habitants  de  sa  ville  natale  l'ayant  pris  pour  chef,  il  se  mit  en 
campagne,  prit  Gordoue  la  Grande,  Séville  dont  il  tua  le  roi  (Ibn) 
el-Badji,  Jaeot  qui  était  la  place  la  plus  forte  de  l'Espagne  et  dont 
il  augmenta  encore  les  défenses ,  Grenade  et  Malaga.  On  le  nomma 
émir  d-Mou^min.  C'est  maintenant  vers  lui  que  tous  se  tournent  t 
c'est  à  lui  qu'on  demande  assistance.  > 

^  Gayangot  (  HUtory  of  thê  Mohammedan  dynatties,  t.  II ,  p.  34o  et 
note,  traduisant  librement  Ibn  Khaldoun  et  sans  renvoi  de  pages, 
ea^vime  à  propoa  de  l'expression  ^pd  ^^  ^(^  (et  non  «>>iA  ^^x^). 


336  SEPTEMBRE-OCTOBRE    1898. 

comme  il  Ta  dit;  voir  aussi  plus  haut,  p.  53 1«  note  ao,  a)  ^W)  son 
étonnement  en  ces  termes  :  t  S'il  en  est  ainsi ,  c'est  un  fait  curieux 
qui  n'a  été  mentionné ,  ni  par  Ibn  el-Khatib  ni  par  aucun  des  au- 
teurs arabes  que  nous  avons  eus  sous  les  yeux.  Je  penserais  plutôt 
qu'Ibn  Khaldoun  s'est  trompé.  Ibn  el-Khatib,  en  effet,  nous  informe 
qu'Ibn  el-Ahmar  envoya  sa  soumission  au  khalife  abbasside,  et  il 
s'exprime  ainsi  :  •  Au  début  de  son  règne ,  Ibn  el-Ahmar  fit  pro- 
«  clamer  dans  ses  États  el-Moustancer  el-Ahbassi,  suivant  en  cela 
t  l'exemple  d'Ibn  Houd ,  et  afin  d'acquérir  quelque  prestige  aux  yeux 
t  de  ses  sujets.  » 

Peut-être  la  contradiction  entre  ces  deux  textes  est-elle  plus  ap- 
parente que  réelle.  Tout  d'abord ,  on  peut  accepter  sans  hésitation 
l'authenticité  du  texte  de  vassalité  transmis  par  Ibn  el-Ahmar  au 
khalife  abbasside ,  dont  parle  le  passage  d'Ibn  el-Khatib  mentionné 
ci-dessus ,  que  je  ne  connais  malheureusement  que  par  la  traduction 
de  Gayangos.  En  effet,  La  voix  :  Catalo^  des  monnaies,  etc,  t.  II, 
n®  779  «  cite  un  dirhem  carré  portant  la  mention  suivante  :  y^^S 

0^  J^f^^\  -  y^^^  sJL^yi  ^^\  -  is^^l  **<JL5.  ~  Soliyé  et 
Dios  de  la  Rada  y  Delgado  :  Catalogo  de  monedas  arabigos  esfMnoUs 
en  et  mnseo  arqneologico  nacional,  Madrid,  1899,  n**  720-731 
donne  un  demi-dirhem  carré  de  Grenade  et  un  autre  de  Jaen  avec 
la  même  légende  et  la  mention  correcte  ^Uj^I  SXe^\  voir  aussi 
un  dirhem  semblable  dans  Codeira  y  Zaidin  Tratado  de  numismatica 
arabigo-espanola ,  Madrid,  1879,  p.  236.  On  comprend  fort  bien 
que  Mohammed  ech-Cheikh ,  nominalement  vassal  d'Abou  Zakaria 
depuis  629  et  n'en  attendant  aucun  secours  effectif,  ait  cru  pru- 
dent de  faire  hommage  au  khalife  abbasside  en  63 1;  mais  l'envoyé 
de  celui-ci  apportant  à  Ibn  Houd,  alors  au  faite  de  sa  puissance, 
l'investiture  de  la  royauté  andalouse,  a  pu  n'accepter  l'hommage 
d'ech-Cheikh  que  par  l'intermédiaire  d'Ibn  Houd ,  devenu  ainsi  à  la 
fois  vassal  et  suzerain.  Ibn  Kiialdoun  a  précisé  d'ailleurs  (p.  319 
ci-dessus]  cette  situation  en  disant  que  ce  fut  à  Grenade  que  l'en- 
voyé du  sultan  abbasside  vint  apporter  à  Ibn  Houd  les  cadeaux  de 
son  maître;  cette  ville  n'appartenait  pas  encore  à  Ibn  d-Ahmar. 
C'est  une  situation  qui  n'avait  rien  d'extraordinaire,  et  qu'il  suffi- 
sait d'un  combat  heureux  pour  modifier.  Peu  après ,  la  mort  d*lbn 
Houd  (635)  et  les  événements  de  Séville  amenaient  ech-Cheikh  à  re- 
connaître la  suzeraineté  du  sultan  almohade  er-Rechid. 

^  Ibn  Khfddoun  a  donné  ailleurs  des  renseignements  plus  com- 
plets sur  Ibn  el-Badji  et  Ibn  el-Djedd.  V.  de  Slane,  II,  276,  et  I, 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  337 

399;  Ired,  t.  IV,  78,  et  surtout  U  II,  319  et  les  notes;  Boulaq., 
Vil ,  191;  mais  VI ,  388  ne  renferme  que  deux  lignes  de  notre  texte  ; 
toute  cette  partie  de  Tédition  imprimée  est  pleine  de  lacunes  et 
d*interpo]ations.  Voir  aussi  Gayangos ,  H,  3d3  et  suiv.,  qui  donne 
pour  les  principaux  événements  de  cette  période  des  dates  qui  différent 
beaucoup  de  celles  d*Ibn  Khaldoun ,  et  que  nous  n'avons  pu  contrôler. 

•»  H  faut  lire  avec  PeiL:  jJLi.  ^1  ^^?l  ;l5  ^^,:^  I4JUI  «JLdLlJ^ 

**  Il  faut  lire  avec  P  et  L  :  jJ^yJ  #1^  ^^uu^  l^  ^^1^  (^^3 
L4;  ^l£)l  (jj^I  ^S  ^^  aMI  «x^  Jst  (^  C1J3U&3  iUJU  çJM  fcfJUj  li 

*"  L*Alhambra  fut  construit  en  376  (889]  par  Saouar  Ibn  Ham- 
doun  el-Qaici.  Réparé  par  Hassan  ben  Habous  es-Sanbadji ,  il  de- 
vint sous  les  B.  1-Alimar,  le  siège  du  gouvernement.  V.  Doxy,  art. 
Granada  de  ÏAllgemeinf  Encjcloptedif  de  Brockhaiu,  Leipxig,  i865; 
Qt  Simonet,  Desçripcion  del  rwo  de  Granada,  Madrid ,  1860,  p,  hi 
et  suiv.  Doxy  expose  les  diverses  explications  qui  ont  été  données  du 
mot  ^iy$Jl^  et  notamment  celle  dlbn  el-Kbatib  (Casiri,  BibUoth, 
Etc.  ^  II ,  1 1 4  )  t  qui  raconte  que  ses  murailles ,  construites  pendant 
la  nuit  à  la  luipière  des  torches ,  en  avaient  pris  une  te!nte  rouge. 
Nous  n^osons  pus  proposer  un  rapprochement  entre  le  nom  de  TAl- 
hambra  et  celui  dlbn  d-Abmar,  commuii  à  tous  les  B.  Naçr. 

^  Sur  la  dynastie  des  B.  Dhou  n-Noun  à  Tolède  au  xi*  siècle, 
yoir  Ibn  Khaldoun,  éd.  Boulaq,  t.  IV,  p.  161. 

••  Jl  faut  lire  avec  P  etL  :  ^♦ê-^î  j^^  J^  *M  tX*  ^7^^  ^^^  f* 
JJ^f3^J^\  iULili  p  ^^y^;l  y  ^y^â  S^J^  [^  ^UJlj  ^yt  <^1  ;^)5 

J^  tf;UiJl  JUJL4,  ^  (P)  JUL^J  Jjj,  ^  iU-  JLU,  ^^t^Dk$y  yL? 

jm^  (P  et  L)  jcL?i  4,  3  ^^^  ^^^^^xiSr  jll-  «»Ltj  oOJl^  ^  (4^*0! 

juJâi.  La  citation  dlbn  Khddoun  dans  Maqqari  s  arrête  après  les- 
mots  ^j.7,1^  ^y^  iU^. 

*•  ia4i-i345.  —  P  et  L  contiennent  ici  quelques  fautes  gros- 
sières, que  je  ne  signide  point,  et  donnent  la  correction  suivante  : 

XII.  3  3 


338  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

aULâ  Joli))  Aift^^W  p^»  ^;^l  J)  oaju.  ^i  ^  ty^b  >  M'^ 

*^  Voir  note  44  ci -dessus;  de  Siane  a  lu  Cheffaf  ou  Cheqqaf: 
Boulaq  donne  c^U^â,  et  P.  et  L.  c^ULâ. 

.  **  n  semble  que  cette  expression ,  qu*Ibn  Khaldoun  n*emploie  pas 
dans  le  chapitre  suivant  (Rois  chrétiens,  éd.  B.  t.  IV,  p.  174 ;  Doty, 
Recherches,  t.  I ,  p,  1 14 «  et  App.,  p.  xxin) ,  doive  être  rattachée  au 
mot  t  patrice  >  varpixios.  En  effet ,  Ibn  Khaldoun  paraît  avoir  eu 
des  idées  asses  fausses  sur  la  Situation  de  la  marche  de  Barcdone, 
à  regard  du  c  roi  de  Rome»  et  du  a  roi  de  Gonstantinople  >  (  v.  ibid,], 

"  Jayme  I*'  (1213-1276). 

**  t  Les  chrétiens  s  emparèrent  de  TEspagne  orientale,  Jativa ,  etc., 
et  en  expulsèrent  des  musulmans  (décembre  19 47 -janvier  1248) 
qui  étaient  restés  à  côté  d*eux ,  dans  les  territoires  conquis ,  en  ra- 
madhan  645.  Les  chrétiens  (que  Dieu  les  extermine!)  avaient  déjà 
pris  Cordoue  le  dimanche  i3  choual  636*.  Ils  prirent  Murcie  par 
capitulation,  le  jeudi  10  choual  à  midi;  Ahmed  ben  Mohammed 
h&à  Houd,  fils  du  souverain  de  Murcie,  marcha  contre  une  troupe 
de  guerriers  chrétiens,  qui  lobligèrent  à  se  rendre.  H  n  y  a  de  force 
et  de  puissance  qu*en  Dieu.  L  ennemi  se  présenta  devant  SéviUe  en 
Tannée  645  (1247-1248),  et  le  lundi  cinq  de  chaban  de  Tannée 
suivante,  elle  se  rendit  par  capitulation  au  roi  de  CastiUe  qui 
Tavait  tenue  entièrement  bloquée  pendant  cinq  mois  environ . . . 
Anidja  fut  prise  le  jeudi  20  de  Dhou  1-hidja  634*  >  (Ma<p{ari, 
Boul.,  t  II,  p.  585;  AnaL,  t.  Il,  p.  767).  Saragosse  avait  été 
prise  définitivement  par  Alphonse  le  Batailleur  en  1118  (voir  sur 
cette  expédition,  Dozy,  RecK,  t.  I,p.  348);  Jativa  avait  été  r^rise 
par  les  musulmans  (voir  not.  p.  3i3  ci-dessus). 

**  f  Les  chrétiens  prirent  la  province  de  Mérida,  à  Mohammed 
benHoud,en  626  (1228-1229),  et  delà,  ils  lâchèrent  sur  TEspagne 
d'autres  ravages  (  que  Dieu  les  ramène  à  TIslam  !  ).  Elle  fut  la  capi- 
tale de  la  région  centrale  à  Tépoque  des  Arabes  et  des  autres  con- 

*  Ces  dates  corrcspoadent  respectivement ,  en  suivant  les  tables  de  Wûs- 
tcnfcld,  aux  jeudi  19  mai  et  lundi  16  mai  laSg,  aux  lundi  soir  et  mardi 
a3  novembre  ia48  et  aux  jeudi  soir  et  vendredi  i5  août  1337.  Elles  pa- 
raissaient être,  sans  autre  diseossion,  asses  conooidantes ,  si  Ton  adioet 
pour  les  deux  premières  une  interversion  commise  par  un  c<^>iste  inat- 
téntif. 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  339 

qaérants  étrangers;  die  a  été  remplacée  comme  capitale  par  Bada- 
joi.  Entre  Mérida  et  Cordoue,  il  y  a  cinq  joars  de  marche.»  (  Maq- 
qari.  Boni.,  t.  II,  p.  983,  et  An,  t.  II,  p.  763). 

**  tQaand  l*Espagne  se  révolta  contre  les  Almohades,  le  gou- 
verneur de  Majorque  était  Abou  Yahia  ben  Abi'Amran  et-Tinmalali , 
qui  se  la  laissa  prendre  pal*  les  chrétiens,  selon  ce  que  rapporte 
Ibn  Sa*id.  Ibn  el-Abbar  dit  qu*elle  fut  prise  le  lundi  1 4  de  Safar  627 
(vendredi  3  janv.  i33o]».  (Maqqari,  Boul. ,  t.  II,  p.  674 ;  tiAnaU, 
t.  Il,  p.  765.)  Les  lignes  suivantes  donnent  des  détails  sur  cet  évé- 
nement, et  sur  ceux  qui  se  déroulèrent  ensuite  à  Minorque, 

*'  Il  y  a  ici  une  lacune  dans  le  texte  imprimé  et  dans  les  manu- 

•cnts.  Je  rétablis  aisément  JJ^M  ^1  ÏJà\y^  yt^.  Ce  nom  de  tfib 

d'Alphonse»  désigne  souvent  dans  Ibn  Kbaldoun,  un  roi  quelconque 
de  Castiile;  on  emploie  de  même  les  expressions  Ibn  el-Abmar,  Ibn 
Naçr,  Ibn  Mardenich,  Ibn  Houd,  Ibn  Abi  Hafç,  etc.  Mais  ici  Ferdi- 
nand V  (iai7-is5i)  est  rédlement  fils  d'Alphonse. 

"  Ceci  est  résumé  par  Maqqari,  /oc.  eit,^  Bouh,  t.  I,  p.  909,  et 
Analeetet,  t.  I,  p.  192-993. 

*  tEn  6àk  (12^6-1247),  il  prit  Jaen,  et  deux  ans  plus  tard  il 
occupa  Séville. >  Ibn  Kbaldoun , éd.  de  SL ,  t  II ,  p.  364  ;  trad.  t  IV, 
p.  74*  Ce  passage  manque  dans  B,t  VII,  p.  190. 

**  Silves,  dans  TAlgarve  (Portugal);  Ttdavera,  sur  le  Tage,  à 
65  kilomètres  de  Tolède. 

*'  Ibn  Kbaldoun  a  expliqué  (t.  VII,  p.  178  et  i83;  de  Slane, 
t.  II,  p.  958  et  96d;  trad.  t  IV,  p.  d8  et  57)  les  causes  des  soulè- 
vements des  Aoulad  Idris,  dont  les  chefs  étaient  Mohammed  et 
*Amer  ben  Idris,  et  Moussa  ben  Rahou  ben  *Abd  Allah,  tous  des- 
cendants de  Sont  en-Niça ,  femme  d*Abd  el-Haqq. 

t  A  répoque,  dit  Ibn  Kbaldoun  (VU,  i83),  où  les  Benou  Idris, 
'Abd  Allah,  et  son  cousin  Abou  'Aiad  arrivèrent  en  Espagne,  elle 
était  déserte  de  défenseurs  ;  Tennemi  dévorait  ses  frontières  et  allait 
les  engloutir.  Us  arrivèrent,  lions  farouches,  sabres  tranchants, 
tout  prêts  à  recevoir  le  choc  des  plus  vaillants  guerriers  et  à  jouer 
leur  vie  contre  celle  de  lennemi.  Cdui-ci  les  vit  avec  effroi  s'instal- 
ler sur  le  territoire  même  qu'il  convoitait,  et  dut  revenir  en  ar- 
rièret  Ils  tirèrent  de  leurs  peines  les  musulmans  affaiblis  d'outre- 
mer.; mais ,  ce  fut  de  leurs  biens  qu'ils  se  servirent  pour  repousser 
le  roi  chrétien.  Leur  protection  fut  pesante  pour  le  prince  espagnol, 
qui  dut  leur  abandonner  les  terres  conquises  par  eux  et  le  comman- 

99. 


Ma  SEPTEMBEE-OCT^BEE   ISOS. 

put  k  U  iatte  contre  les  chré^ 

dvfs  ci  de  Inm  £uBÛfles,  et  aussi 

Bs  se  snbstitaèreiit  tm  souverain  pour 

natioa  de  leur  soUe  et  des  dc- 

Poor  prix  de  resroBoessiaBs,  ils  lattcrent  contre 


moftm  d'en  nne  troiqie  de  guer- 
par  nn  rapiUine  qui  i^ipuiemût  à 
in  fi— iBr  ■Mrinîde,  et  ifn'cm  appdnit  cWeîkb  el-Ghaïa.  • 

Voir  ansâ,  d«s  Dm  Ekddoon.  t  VII.  p.  191;  de  SUne,  t  II, 
pw  S76;  tnd.  t.  IV,  p.  7S;  ci  t.  VU,  p.  3>s  s.;  de  ^ane,  L  II, 
p.  Sâi  s^;  tmd.,  t.  IV,  p.  iS9  s.,  les  biographies  des  principaux 
piiwMages  fti  otiupèient  ce  poste.  On  comprend  qu*Bs  aient  joué 
■n  rôle  considérafaie  daas  rémirat  de  Grenade,  et  qœ  le  titre  de 
dKÎUi  el-Gkaia ,  qoe  Ton  ponrrait  presqœ  comparer  à  celui  d*émir 
d-Oomara  loos  les  derniers  khalifes  abbassides,  aient  été  Tobjet  de 
compétitioBs  ardentes  entre  les  familles  et  entre  les  individus.  Ils 
firent  prcKpie  tooioors  tremblar  leur  maître,  et  parfois  aussi  le 
sidtan  de  Fas.  Si  Ton  en  croit  Ibn  Khaldpon  (VII,  387;  de  Slane, 
n,S6s;tnKL,IV,  ^87),  Mohammed  V  lut  assex  fort  pour  mater 
cey  terribles  auxiliaires  et  pour  supprimer  les  fonctions  de  cheikh 
el-Ghaïa.  t  Le  roi  de  Grenade,  dit-Û,  asiqpprimé  cette  charge  dans 
s^n  royaume,  et  en  a  effacé  la  trace,  U  a  pris  pour  lui-même  le 
commandement  des  défenseurs,  s*occupe  lui-même  de  leur  direction 
et  les  tient  sous  sa  surveillance.  En  compensation,  û  donne  aux 
princes  (de  la  famille  mérinide]  un  surcroît  dlionnenrs  et  de  la- 
veurs, n  en  est  ainsi  acludlemenl  (783  =  i38i-i38i).  •  —  Voir 
aussi  Qartas^  trad.,  Baumier,  p.  Mo.  —  Les  Castillans  opposèrent 
à  ces  bandes  de  condettieri  les  ordres  militaires  et  des  aventuriers 
qu  on  surnomma  les  Almogavares  ç^JL^LUI  (?). 

[La  suite  aa  prochain  cahier.) 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       U\ 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES. 


BIBLIOGRAPHIE. 


ANNONCES  BIBLIOGRAPHIQUES. 

Inscriptions  sibériennes.  —  M.  Radloff  a  donne  en  1897, 
sous  le  titre  Neue  Folge  un  nouveau  travail  sur  les  in  script 
tions  niniformes  en  vieux  turc  de  TOrkhon  (  Mongolie).  Cette 
seconde  partie  est  principalement  consacrée  à  la  grammaire , 
phonétique,  morphologie  et  syntaxe  du  vieux  turc  et  à  la  re- 
vision des  deux  grandes  inscriptions  de  Kosho  Tsaïdan  qu'il 
avait  traduites  dans  son  premier  volume.  Cette  revision ,  qui 
contient  de  notables  améliorations,  porte,  sur  la  stèie  de 
Bilghé-Kfaan  :  t  Moniunent  II ,  côté  est  et  côté  nord  (désigné 
par  X  et  Xa  dans  Radloff)»,  et  sur  la  stèle  de  Kul-Tégin  : 
•  Monument  I  côté  est ,  lignes  3o  à  4o  (  K  de  Radloff)  et  les 
treize  premières  lignes  du  côté  nord  (Ka)  •  \  M.  W.  Bang  a 
consacré  une  série  d'articles  à  l'étude  de  ces  textes  et ,  à  l'aide 
de  la  grammaire  comparée  avec  d'autres  dialectes  turcs ,  il  a 
apporté  d'importantes  modifications  tant  au  déchiffrement 
et  à  la  transcription ,  qui  sont  en  plusieurs  endroits  encore 
incertains,  qu'à  l'interprétation  de  ces  inscriptions  histo- 
riques. Voici  les  titres  de  ces  divers  articles. 

Ztt  den  Kôk-  Târk  Inschrifïen  der  Mongolei  (  Recaeil  da  Toang- 
Pao,  vol.  VII,  1896)  :  les  trente  premières  lignes  du  monu^ 
ment  I,  côté  est  (K  de  Radloff),  transcription  et  traduction 
de  la  plus  grande  partie  de  l'inscription; 

*  Rappdoos  que  cet  stèles  sont  bilingues  (chinois  et  turc)  et  que  le 
tcz(e  a  été  traduit  :  pour  la  stèle  de  Kul-Tégin ,  par  MM.  Gabdents ,  Schlegel 
et  WasUief;  «l  pour  la  stëe  de  BUghé-Khan ,  par  MM.  Deréria  et  WasiUef. 


341  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

Uher  die  kôktàrkische  Insckrifl  maf  der  Sêdseiie  des  Kil- 
Tàgin  Denkmab,  br.  in-8*«  chexHarrassom-itz;  Leipiig,  1896. 
Suite  de  Tartide  précédent  :  côté  sad  do  monimieat  1  (K«), 
lignes  1  à  1 1 ,  et  monnment  II ,  côté  nord  (X&)  lignes  1  i  8, 
traduction  nouvelle  ; 

Toang  Pao,  vol.  VIII,  1897  ;  notes  critiques  sur  les  l^ngn^ 
altaîques.  Même  volume,  observations  sur  les  Neme  Folge  de 
Radloff; 

Za  den  kôktàrkischen  InsckrifUn  [Toany  Pao,  voL  IX, 
1898),  notes  sur  divers  passages  des  monuments  I,  côtés  est 
et  sud ,  et  II  est. 

Znr  Erklârung  der  kôkt&rkischen  InseknfUm»  dans  le  Wiêmer 
Zeitschriftfar  die  Kande  de$  Morgenlamdet  »  t.  XII,  1898  :  re- 
Ytiion  du  texte  du  monument  I  côté  nord,  lignes  1  à  11, 
avec  traduction. 


Éthiopien*  — -  M.  Permchon  continue  ses  études 
piennes.  H  a  publié  dans  la  Revue  sémitique  de  janvier  1896 
à  Janvier  1898,  une  série  de  Notes  pour  l'higtoire  d^ÈAkfm 
tirées  de  manuscrits  non  encore  publiés.  Ces  notes  ooncement 
les  règnes  de  Minas  (i559-i563),  de  Sarsa-Dengd  son  ffls 
(i563-i597),  de  Yaqob  et  de  Za-Dengd  (1597-1607)  et  de 
Snsenyos  (1607-1 63a).  A  propos  du  pays  de  Zagué  et  de 
Torigine  incertaine  de  ce  mot,  V[,  Permchon  cite  un  texte 
éthiopien  inédit  duquel  il  parait  résulter  qu*il  y  a  eu  une  la-r 
mille  royale  appelée  Zagué  et  un  pays  du  même  nom  situé 
près  de  Damôt,  et  distinct  de  la  province  de  Begoena,  avec 
lequd  on  Tavait  confondu.  M.  Permchon  a  publié  aussi  un 
extrait  d*un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  contenant 
des  renseignements  importants  sur  le  règne  de  Fasiladas 
(i63a-i667). 

Parmi  les  ouvrages  publiés  à  Lisbonne  à  l'occasion  du  cen- 
tenaire de  Vasco  de  Gama ,  il  convient  de  citer,  dans  Tordre 
de  nos  études ,  la  réimpression  d*un  tratado  en  portugais  con- 
cernant les  exploits  de  Christophe  de  Gama,  fils  du  grand 
navigateur,  dans  son  expédition  en  Ethiopie  pour  défendre 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  343 

le  trône  du  souverain  menacé  par  le  fameux  Mohammed 
Gragne  en  i54i*  H  nous  est  resté  deux  histoires  de  cette 
expédition ,  dues  à  des  témoins  oculaires  :  Jean  Bermudez  et 
Miguel  de  Castanhoso.  C'est  le  récit  fait  par  ce  dernier  que 
vient  de  publier,  d  après  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
royale  d' Ajuda ,  M.  Esteves  Pereira ,  sous  le  titre  de  Dosfeitos 
de  D.  Cliristoveun  de  Gania  (Lisboa,  Imprensa  nacional, 
1898;  in-S**),  avec  une  introduction  historique,  des  notes  et 
des  documents  originaux.  A  l'occasion  de  la  victoire  rem" 
portée  par  Galavdevos  sur  Mohammed,  une  chanson  fut  com- 
posée à  Tépoque,  en  amarigna;  M.  Pereira  vient  également 
de  la  publier  avec  une  traduction  portugaise  :  Cançaô  de  Ga- 
lavdevos,  Lisboa,  i8g8.  ( Voirit^ue  sémitique,  octobre  1898.} 

Inde  ancienne.  —  Conune  suite  aux  inscriptions  en  carac- 
tères inconnus  provenant  de  la  région  de  Gandhara  et 
d*Udyana,  publiées  par  M.  Senart  dans  le  Journal  asiatique 
(décembre  1894),  M.  le  D*  A.  Stein,  de  Lahore,  a  présenté 
au  dernier  Congrès  des  Orientalistes  la  photographie  de 
60  antres  inscriptions  trouvées  dans  la  même  contrée.  Dans 
une  notice  qui  a  para  dans  le  Journal  du  Bengale,  M.  Stein 
se  range  à  l'opinion  que  la  vallée  du  Kaboul  ayant  été  occupée 
pendant  huit  à  dix  siècles  par  les  Petits  Yue-Tchi  et  leurs 
descendants  qui  se  disaient  d'origine  turque ,  la  langue  de  ces 
inscriptions  pourrait  être  un  dialecte  turc ,  de  même  que  les 
caractères  rappellent  les  signes  syllabiques  des  inscriptions  de 
rOrkhon  dont  nous  avons  parié  plus  haut. 

Ce  que  l'Inde  doit  à  la  Grèce  (Paris,  1897,  E.  Leroux), 
par  M.  Goblet  d'Alviela ,  est  im  ouvrage  à  l'ordre  du  jour. 
L'auteur,  après  on  historique  des  rapports  de  la  Grèce  avec 
l'Inde  à  la  suite  de  la  conquête  macédonienne ,  exanïine  ce 
qne  l'Inde  ancienne  peut  avoir  emprunté  à  la  civilisation  et 
à  l'esprit  hellénique  dans  les  différents  domaines  de  l'art,  de 
la  science ,  de  la  littérature  et  même  de  la  religion.  Ces  divers 
points  sont  traités  avec  soin  et  aussi  avec  les  réserves  qne 


5A4  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

comporte  un  sujet  assez  délicat,  notamment  en  ce  qui  con- 
cerne les  points  de  contact  entre  le  bouddhisme  et  le  chris- 
tianisme (voir  Maseon,  janvier  1898). 

Le  huitième  volume  de  la  IV*  série  des  piibli<^atîons  de 
TËcole  des  langues  orientcdes  contient  la  traduction  française 
par  M.  P.  Boyer  d*un  ouvrage  russe  de  M.  J.  Smimoff  sur 
Lts  populations  finnoises  des  bassins  de  la  Volga  et  de  la  Kama. 
La  première  partie  de  ce  travail  est  consacrée  à  rfaisloîre,  à 
Tétude  des  moeurs  et  de  la  religion  des  Tchérémisses  et  des 
Mordves  ou  Mordvines;  la  suite  paraîtra  prochainement. 
C  est  également  êbuk  Mordvines  qu*est  consacré  Touvrage  du 
D' Axel  Heikel  d*Helsingfors  :  Trackten  and  Muster  der  Mord- 
vinen  (Leipsig,  1897,  in-8*)  avec  planches  en  couleurs.  Le 
dernier  volume  des  Mémoires  de  la  Société  finno-ougrienne 
contient  un  travail  de  M.  B.  Laufer  sur  la  religion  popidaire 
[hoH^po)  du  Tibet,  qui,  comme  Ton  sait,  est  différente  du 
bouddhisme  et  est  antérieure  à  l'introduction  de  ce  dernier. 
Le  mémoire  du  IV  Laufer  contient  le  texte  tibétain  des  •  Cent- 
mille  Nagat  avec  une  traduction  allemande,  des  notes  cri- 
tiques et  un  glossaire.  L'auteur  a  relevé  plusieurs  noms  nou- 
veaux. 

Le  Physiologus  est  un  écrit  bien  connu ,  composé  en  grec 
nu  commencement  du  11*  siècle  de  notre  ère,  par  un  ano- 
nyme. 11  appartient  a  la  littérature  alexandrine.  C'est  une 
sorte  de  livre  d*histoire  naturelle  qui  est  devenu  le  type  de 
ce  que  Ton  appelait  au  moyen  âge  un  Bestiaire  ou  recueil  de 
sentences  symboliques  qui  ont  trait  aux  animaux  et  qui  ont 
inspiré  les  sculptures  et  les  peintures  religieuses  de  nos  cathé- 
drales. L'ouvrage  a  été  traduit  en  arménien,  en  arabe,  en 
syriaque ,  en  éthiopien  et  en  vieux  français.  Dans  une  bro- 
chure intitulée  :  Der  griechische  Physiologus  und  seine  orien- 
talischen  Vhersetzungen  (Beriin,  Calvary,  in-8*;  prix  3  m.), 
le  jy  Ë.  Peters  a  donné  une  traduction  allemande  du  texte 
grec  accompagnée  de  notes  sur  les  diflérences  que  l'on  ren- 
contre dans  les  traductions  orientales.  Eia  passant  par  ces 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  345 

traductions ,  le  Physiologus  est  devenu  un  livre  de  fables  et 
de  morale.  La  version  arménienne  a  été  traduite  en  français 
par  le  P.  Cahier  en  1874. 

Numismatique  musulmane.  —  Six  nouveaux  catalogues  ont 
paru  récemment  sur  cette  matière  ;  ce  sont ,  par  ordre  de 
date  : 

Inventaire  sommaire  de  la  Collection  des  monnaies  musul- 
manes de  S,  A.  la  princesse  Ismaîl  du  Caire,  par  M.  P.  Casa- 
nova (Paris,  i8g6,  in -8*),  comprenant  plus  de  cinq  mille 
monnaies  ; 

Catalogue  of  Arabie  coins preserved  in  the  Khedivial  Libraiy  at 
Cairo,  par  Stanley  Lane  Poole  (Londres,  1897),  contenant 
plus  de  treize  cents  monnaies  ; 

Catalogue  des  monnaies  musulmanes  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale, par  Henri  La  voix.  3*  volume  :  Egypte  et  Syrie  (in-8*, 
Paris),  1897,  avec  dix  planches,  comprenant  la  description 
de  onze  cent  cinquante  pièces  ; 

Koenigliche  Museen  zu  Berlin;  Katalog  der  orientalhchen 
Mànzen^  erster  Band  :  die  Mûnzen  der  ôstlichen  Chalifen 
(in-8*,  Berlin  1898,  sept  planches):  près  de  deux  mille  trois 
cents  monnaies ,  par  M.  H.  Nùtzel  ; 

Catalogue-inventaire  des  monnaies  musulmanes  du  Cabinet  de 
r Ermitage  (  en  russe  ) ,  par  M.  A.  de  MarkofT,  (  in-P,  Péters- 
bourg,  1898),  comprenant  environ  vingt  mille  monnaies; 

Catalogue  des  monnaies  Djelairides  du  musée  de  l'Ermitage 
(en  russe),  par  M.  A.  de  Markoff  (in-4*,  Pétersbourg  1897), 
avec  une  large  introduction  et  neuf  planches. 

Le  premier  fascicule  du  Miroir  de  Vart  musulman,  nouvelle 
revue  mensuelle  et  illustrée  ,ré<ll|g[ée  par  Hakky-Bey,  contient 
la  reproduction  de  quelques  monnaies  arabes  de  l'époque 
ancienne  ainsi  que  de  plusieurs  monuments  épigraphiques 
ou  objets  d  art  de  Tépoque  musulmane.  11  est  rédigé  en 
français  et  en  turc. 

Nous  mentionnerons ,  en  terminant ,  un  très  important  tra- 
vail de  M.  J.  Rapson  sur  la  numismatique  de  Tlnde  ancienne , 
intitulé  :  Indian  Coins,  qui  fait  partie  de  la  collection   du 


346  3EPTEMBRE-0CT0BR£  1898. 

Grandriss  der  indcharischen  Altertliumskundêj  commencé  sous 
la  direction  du  regretté  D'  G.  Bùhier  (Strasbourg,  Trubner, 
1898).  Le  mémoire  de  M.  Rapson  traite  du  monnayage  hin- 
dou depuis  la  conquête  perse  jusqu'au  xu*  siècle ,  et  il  est 
accompagné  de  planches  photographiques  renfermant  les 
dessins  de  près  de  cent  monnaies  de  différentes  époques. 

E.  Drouin. 


NOTICE  SUR  UN  NOUVEAU  MANUSCRIT  DE  L*OCTOECHUS  DE  SÉVÈRE 
D'ANTibcHE,  ET  SUR  L'AUTEUR  JACQUES  PHILOPONUS,  DIS- 
TINCT DE  JACQUES  D*|SdESSB. 

La  Bibliothèque  Nationale  de  Paris  vient  d'acquérir  un 
manuscrit'  renfermant:  1*  les  hymnes  de  Sévère  d'Antioche' 
(  Octoëchus)  dans  la  recension  de  Jacques  d*£desse ,  au  nombre 
de  354,  et  2*  diverses  autres  supplications  ^u^^ay  JJMCLal* 
an  nombre  de  76. 

Ce  manuscrit  sur  parchemin ,  écrit  en  caractères  jaoobites , 
est  en  mauvais  état;  le  commencement  et  la  fm  manquent; 
il  lui  reste  i4o  feuillets;  la  première  page  est  illisible;  les 
trois  derniers  feuillets  sont  en  partie  arrachés.  Il  mesure 
là  centimètres  sur  g.  Le  numéro  de  Thymne  et  le  ton  sont 
indiqués  en  marge  par  deux  chifires  superposés'. 

Les  quatorze  premiers  hymnes  manquent,  puis  viennent: 
fol.  1  V*,  onze  hymnes  (i5-a6)  sur  le  baptême; 

FoL  6  V*,  deux  hynmes  (a6-a8)  sur  l'entrée  de  Notre 
Seigneur  au  temple,  Uii«N  y^M^t  odfiÊk^  Ik^Sm  o«l; 


'  Fonds  syriaque  n*  337. 

*  Sévère  d'Antioche  {tf*  543  )  écrivit  cet  hymnes  en  grec.  Eilcs  furent  im- 
médiatement traduites  en  syriaque  par  Paul,  évéque  d'Édesse  {>^*^^^)%  du- 
rant son  exil  dans  Tile  de  Chypre.  Catal.  If^rtght,  I,  p.  336,  note. 

*  M.  Wright  a  indiqué  la  même  notation  pour  plusieurs  manuscrits  du 
même  cravrage  oonsenrét  an  British  Muteom.  Cf.  Catah^  d$t  mu,  iy- 
rwinu,  U  i,p.35t. 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  347 

Fol.  7  v",  neuf  hymnes  (  28-37  )  *^"*  '®  saint  jeune  des 
quarante  (jours)  ^^ih  U^t^  l^ej  "^t  iK^c^^  «^l; 


Fol.  11  V*,  seize  hymnes  (37-53)  sur  les  miracles  que 
fit  Notre -Seigneur  ^po  tx«»t  |l«k>tl'^t  IK^a^éo  «dol,  e^c. 


Je  ne  continue  pas  cette  analyse  qui  offrirait  peu  d*intë- 
rét.  H  suflBra  de  dire  que  les  divisions  et  le  nombre  des 
hymnes  correspondent,  à  quelques  différences  près,  à  la 
description ,  que  fit  Assemani ,  d'un  ms.  du  même  ouvrage 
conservé  au  Vatican  \  Les  hymnes  dont  Assemani  donne  les 
incipit  se  retrouvent  en  général  dans  le  ms.  de  Paris.  L'ordre 
n*est  pas  toujours  le  même.  De  plus,  le  ms.  de  Paris  ne 
donne  pas  les  noms  des  auteurs  des  hymnes ,  car  un  grand 
nombre  ne  sont  pas  de  Sévère  d'Antioche.  On  trouve  seule- 
ment : 


FoL  35  r*,  MoJBw.»  ol»  Ik'^jL^t^  |.8>>  m  «1 4>t  iJMjjâot  )ifi»  ool 


•  Série  des  hymnes  de  la  Sainte  Résurrection  dans  la 
nouvelle  recension  de  Jacques  d'Edesse.  » 

EtfoLiaSv^: 


i)t  (sic)  Iftt»^»  (lie)  |woi^»«WD  l m ■! ^i  iiiioa^d 

•  Fin  avec  l'aide  (de  Dieu,  des  hynmes)  de  Saint  Mar 
Sévère ,  patriarche  d*Antioche ,  aussi  intégralement  que  nous 
l'avons  pu,  que  sa  prière  soit  avec  nous.  » 

Or  il  existe,  entre  autres,  deux  manuscrits  remarquables 
du  même  ouvrage ,  et  la  comparaison  des  trois  manascrits  va 
nous  conduire  à  an  résultat  intéressant  pour  l'histoire  de  la  litté- 
rature syriaque. 

^  Cf.  Bibliothecm  Vaticanm  Codd,  mss,  Catalogus,  t.  II,  p>  5oo. 


348  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1808. 

L*iin  de  ces  manuscrits,  déjà  mentionné,  conservé  au 
Vatican ,  est  du  xi*  siècle  :  il  contient  les  hymnes  de  Sévère 
revisées  et  augmentées  par  Jacques  d*Edesse  et  nous  indique 
en  plus,  ce  qui  est  de  grande  importance,  le  nom  de  tous 
les  auteurs  des  hymnes  ajoutées  au  recueil  primitif  des 
3g5  hymnes  composées  par  Sévère.  On  apprend  ainsi  qu*un 
grand  nombre  de  ces  hymnes  ont  été  ajoutées  par  Jacques 
d*Edesse  lui-même.  Ces  additions  sont  appdées  «  scolies  » 
(iJBJ^iAAj»)  dans  le  manuscrit  de  Rome;  par  exemple  on  lit  : 
De  resurrectîone  cantus  XVII  et  Jacobi  Edesseni  sdicdia  XIII. 
Dans  le  manuscrit  de  Paris  les  scolies  de  Jacques  d*Edesse 
sont  données  au  même  titre  que  les  hynmes  et  ne  s*en  dis- 
tinguent pas. 

Le  second  de  ces  manuscrits  conservé  au  Britiah  Muséum 
est  daté  de  986  des  Grecs  (676)  '.  Il  renferme  365  hymnes 
dont  296  de  Sévère  qai  Jurent  corrigées  et  collationnées  sur 
les  manuscrits  grecs  avec  grand  soin  et  amour  da  travail  et  avec 
toute  l'exactitude  possible  par  moi  le  pauvre  et  le  pêcheur 

Jacques  aimant  le  travail  (Philoponus) Prions  pour  le 

pécheur  aimant  le  travail  (Philoponus)  dont  il  est  question  ci- 
dessus. 


.l^k  ^  Wtolt  ll^ûk.  jL\  U^}  mm^tb.  |L« 


Ici  se  pose  donc  un  problème  littéraire  important  :  Ce 
Jacques  IhoSk.  ^i  est-il  Jacques  d'Edesse? 

M.  Wright  a  résolu  le  problème  par  Taffirmative ,  sans 
émettre  même  aucun  doute  sur  cette  attribution  '. 

'  Add.  ms.  i7i3A. 

*  Catalogue  fFriyhl,  I ,  p.  33o.  Dans  le  même  mi.  on  troave  une  eiplica- 

lion  des  mots  llsok.  jx^^i  :  «ifia«*f  K^dol  l^tl^a'ïm  ^\ietk»f  %^^ ^^ 
|«^l  v»JU#  Jb   Iaa.!  .Ibo^h..   /&i'<f.,I,p.  33S. 

*  Catalogue,  loc.  cit.;  Syriac  Littraiurt,  London,  189^;  p.  i49* 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       349 

En  effet  ces  deux  auteurs  sont  contemporains ,  tous  deux 
possèdent  le  grec ,  et  tous  deux  font  une  revision  des  hymnes 
de  Sévère.  Mais  on  n  a  jamais,  je  crois,  étudié  le  point  sui- 
vant qui  est  capital  :  la  révision  de  Jacques  Philoponus  est- 
elle  la  même  que  la  revision  de  Jacques  d*Edesse  P 

Un  autre  manuscrit  conservé  au  British  Muséum  contient 
encore  des  fragments  d*un  ouvrage  de  Philoponus.  Cest 
une  chroniqae  continuant  celle  d'Eusèbe  et  faite  par  Jacques 
aimant  le  travail  l|    ■    ^    ^y  .««i  ipolt  ^m  )^»^  Uaf  la>^io 

Les  fragments  conservés  se  terminent  à  Abou  Bekr  et 
sont  donc  d*un  contemporain  de  Jacques  d*£desse.  De  plus , 
on  sait  que  Jacques  d*Edesse  a  écrit  aussi  une  chronique, 
d'où  M.  Wright,  sans  aucune  hésitation,  identifie  encore 
ici  Jacques  Philoponus  et  Jacques  d*Edesse.  Mais  on  n'a  pas 
encore  cherché  si  la  chronique  de  ce  dernier  est  la  même 
que  celle  de  Jacques  Philoponus.  11  est  vrai  que  le  terme  de 
comparaison  a  manqué  jusq  'à  ces  dernières  années. 

Je  crois  pouvoir  dire  maintenant  que  ces  deux  auteurs 

CONTEMPORAINS  SONT  DIFFERENTS. 

1*  Car  leurs  noms  ne  sont  jamais  confondus,  pas  même  par 
les  scribes  ou  lecteurs  postérieurs. 

Nous  avons,  en  effet,  un  grand  nombre  de  lettres  et  de 
traités  de  Jacques  d'Edesse,  et  nulle  part  il  ne  se  désigne  ou 
n'est  désigné  par  ce  titre  de  S^w  j^i  dont  l'autre  auteur  se 
pare  si  complaisamment. 

De  même,  il  est  incompréhensible  que  Jacques  terminant 
son  histoire  en  69a ,  comme  nous  l'apprend  Eiie  de  ISisibe, 
c'est-à-dire  longtemps  après  qu'il  avait  pris  l'habitude  de  se 
désigner  parC«(«l  «^oa^m  (Jacques  d'Edesse),  n'ait  pas  mis 
ce  nom  U^M  en  apposition  à  Philoponus ,  et  qu'aucun  scribe 
ne  l'ait  ajouté  ;  j'en  dirai  autant  pour  le  manuscrit  de  l'Oc- 
toëchos*. 

'  Add.  mt.  i4685,  CaL  fFrighL,  p.  1062.  Le  manutcrit  c»t  da  x*  oa  du 
XI*  tiède  et  oe  contient  plus  que  2  3  feuillets  en  mauvais  état. 

*  Asiemaiii  écrit  deux  fois  (  B,  0.  /,,  p.  426  et  468)  que  selon  (le  pscuJo  ) 


350  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

2*  Le  plan  de  l'histoire  de  Jacques  Philoponas  offre  trop 
pea  d'amplear  poar  être  celai  de  Jacques  d'Edesse. 

11  nous  annonce  quatre  sections  pour  compléter  Easèbe,  et 
ce  qui  en  reste  dans  le  manuscrit  de  Londres  ressemble  plu- 
tôt à  une  suite  de  notes,  intéressantes  d*aiileurs»  qu*à  une 
véritable  histoire.  On  pourra  bientôt ,  du  reste,  la  mieux  ap- 
précier, car  M.  Brooks  en  prépare  une  édition. 

3*  L'histoire  de  Jacqaes  Philoponas  est  différente  de  celle  ié 
Jacques  d'Edesse,  Car,  étonné  par  la  pauvreté  du  plan ,  j'ai 
comparé ,  autant  que  possible ,  les  fragments  conservés  dans 
le  manuscrit  Add.  i4685  aux  citations  de  Jacques  d*£desse 
faites  par  Michel  le  Syrien  \  et  n  ai  pas  trouvé  une  ressem- 
blance satisfaisante  enti^  les  deux. 

J'ajoute  encore  que  l'histoire  de  Jacques  Philoponus  com- 
mence où  finit  Eusèbe ,  tandis  que,  pour  Bar  Hebréus,  l'his-' 
toire  de  Jacques  d'Edesse  confirme  Eusèbe ,  donc  le  répète 
[Hist.  Dyn.,  trad.  Pococke,  p.  33)  :  t  quod  autem  hic  a  nobis 
cxpressum  est  de  temporibus  istorum  Philosophorum  anti- 
quiorum ,  illud  est  quod  transtulimus  e  duobus  libris  Euiebii  et 
Andronici  chronologorum ,  cum  viderimus  idem  seniire  cam 
illis  pnecellentissimum  studiosorum  Jacobum  Robensem  ». 

Enfin  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  possède  un  ma- 
nuscrit carchouni  (fonds  syriaque,  n*  3o6)  qui  donne  des 
extraits  d'une  chronique  attribuée  nommément  à  Jacques 
d'Edesse  (fol.  77-82  )  »o|eû^  oo^a^  ^i|l  ^ho  ^*,  Or  ces  ex- 


Denys  de  Teilmahré,  Jacquet  fut  sacré  évéqne  d^Édesse  en  963  (65i  ).  En 
réalité ,  Denys  n*c8t  pas  si  explicite  et  place  8iin[^ement  ce  sacre  entre  66S 
et  676  (voir  11a*  fascicule  de  la  Bibl.  de  TEcole  des  hautes  études,  trad. 
p.  9].  M.  VVnght,  qui  avait  intérêt,  on  le  voit,  à  augmenter  ce  chiffre, 
place,  d'après  Bar  Hebréus,  le  sacre  de  Jacques  vers  68^.  Même  dans  celte 
dernière  hypothèse,  on  ne  conçoit  pas  qu'il  n  ait  pas  mis  son  véritable  nom 
en  tétc  de  sa  chronique  terminée  en  69a ,  et  qu'un  scribe  ne  lait  pas 
ajouté  en  marge  pour  les  hymnes,  si  cette  chronique  et  ces  hymnes  étaient 
bien  de  lui. 

^  Orient,  ms.  n*  6/I01,  texte  carchouni;  voir  sur  ce  manifeerit  Jownàl 
de  la  Société  asiati^,  1896,  p.  5  a  3. 

'  M.  Carrière  en  prépare  une  édition. 


^ 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       351 

traits  se  rapportent  aux  temps  antérieurs  à  Constantin  et, 
par  suite ,  ne  rentrent  pas  dans  le  cadre  de  Thistoire  de  Jac- 
ques Philoponus. 

4"  Les  hymnes  ajoutées  par  Jacques  d'Edesse  à  VOctoëchas 
(le  Sévère  ne  paraissent  pas  figurer  dans  l'édition  de  Jacques 
Philoponus ,  car  j*ai  transcrit  dans  le  manuscrit  de  Paris  les 
trois  premières  hymnes  sur  la  résurrection  qui  appartiennent, 
dit  expressément  le  manuscrit,  à  la  nouvelle  revision  de 
Jacques  d'Edesse.  Toutes  trois  figurent  à  l'endroit  correspon- 
dant dans  le  manuscrit  de  Rome.  La  seconde  est  une  scolie 
de  Jacques  d'Edesse  lui-même.  Or  M.  Brooks  a  bien  voulu 
chercher  ces  hymnes  dans  le  manuscrit  de  Londres  et  n'y  a 
trouvé  que  la  première ,  avec  des  variantes ,  et  en  particulier 
aucune  des  corrections  de  Philoponus  n'existe  dans  le  ma- 
nuscrit de  Paris.  Mais  il  est  très  significatif  que  la  seconde 
hymne,  addition  de  Jacques  d*Edessc  lui-même,  ne  figure  pas 
dans  le  manuscrit  de  Philoponus,  II  s'ensuit,  semble-t-il,  que 
ces  deux  auteurs  sont  différents. 

5*  On  s'explique  très  bien  dès  lors,  pourquoi  les  scribes 
et  les  lecteurs  du  monastère  de  Scété  n'ont  jamais  ajouté 
après  Ibok.  ji^i  %aaA^  les  mots  U^^io)  «a«x&«  ••««•iôb)  oeio.  Car 
ils  possédaient,  lisaient  et  chantaient  les  hymnes  de  Sévère 
revisées  par  Jacques  d*Edesse.  Ils  savaient  donc  que  cet 
ouvrage  était  différent  de  celui  de  Jacques  Philoponus  et  ils 
ne  confondirent  jamais  les  noms  des  deux  auteurs;  nous 
ferons  comme  eux  désormais  ^ 

3ojuin  1898. 

F.  Nau. 

'  Ce  n'est  pas  la  première  fois,  du  reste,  que  Ton  attribue  à  JacqtMi 
d*Edcs9e  la  parenté  d'un  ouvrage  qui  ne  lui  appartient  pas.  On  lui  attribua 
déjà,  d'après  certaines  vraisemblances,  un  ouvrage  cosmologiquc  publié 
•«jourd'hui  et  intitulé  :  La  cause  (fa  causes,  M.  Nœldeke  montra  que  le 
Jacques  de  La  cause  des  causa  était  diflfêreot  de  Jacques  d'Edesse  (cf* 
Wrij^,  Syriac  Literaturt,  London,  1894*  p*  1^7 )• 


352  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

L'EcCLÉsiASTiQDB  OU  la  Sagesse  de  Jésus  JUs  de  Sira,  texte  ortgîiul 
hébreu  édité ,  traduit  et  commenté  par  Israël  Lévi.  Première  partie 
(chap.  xxxix,  i5«  à  xlu,  ii);  Paris,  Leroux,  1898,  in-8*. 
LTn-i49  pages. 

Le  texte  de  Ben  Sira  publié  par  M.  Israël  Iiëvi  n*est  pas 
une  simple  reproduction  de  celui  qui  a  été  édité  par  M  \!.  Cow- 
ley  et  Neubauer,  et  que  nous  avons  apprécié  ici  même. 
M.  Lévi  a  étudié  soigneusemept  le  manuscrit  de  TEIcclé- 
siastique  hébreu  et,  en  le  confrontant  avec  l'édition  des 
savants  anglais,  il  a  pu  rectiûer  en  maints  endroits  le  pre- 
mier déchiffrement;  de  plus,  se  fondant  sur  la  différence 
d'écriture  des  diverses  notes  marginales,  il  a  pu  établir  une 
distinction  entre  celles  qui  représentent  des  variantes  réelles 
e^  celles  qui  sont  de  simples  corrections  du  sçribc. 

D*autre  part ,  M.  Israël  Lévi  a  accompagné  le  texte  d'une 
traduction  française  aussi  fidèle  et  aussi  claire  que  possible, 
et  d'un  conunentaire  instructif  et  complet  qui  signale  les 
difficultés  du  texte,  et  détermine  la  valeur  des  variantes  mar- 
ginales et  des  leçons  que  paraissent  avoir  eues  les  versions 
grecque  et  syriaque. 

Dans  son  introduction  M.  Lévi  examine  les  différents  pro* 
blêmes  exégétiques  et  littéraires  que  soulève  l^étude  des  frag- 
ments hébreux  de  l'Ecclésiastique.  Après  avoir  donné  quelques 
détails  intéressants  sur  la  découverte  de  ces  fragments,  M.  Lévi 
montre  que  le  texte  hébreu ,  tout  en  étant  bien  l'original  com- 
posé par  Ben  Sira ,  a  été  passablement  altéré.  C'est  ce  que 
prouve  la  comparaison  de  ce  texte  avec  les  traductions 
grecque  et  syriaque.  De  ce  que  la  langue  de  l'Ecclésiastique 
est  parsemée  de  néologismes ,  bien  que  l'auteur  ait  voulu 
imiter  la  littérature  classique  qu'il  avait  sous  les  yeux ,  M.  Lévi 
conclut  avec  raison  que  la  langue  rabbinique  dans  laquelle 
a  été  écrite  la  Mischna  a  été  une  langue  vivante  et  n'a  pos 
été  usitée  seulement  dans  les  écoles. 

Ben  Sira  a  subi,  peut-être  à  son  insu,  l'influence  do  la 
littérature  grecque.  On  le  remarque  dans  les  titres  des  cha- 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  353 

-pitres,  dans  les  transitions  plus  ou  moins  habiles  qui  joignent 
un  paragraphe  à  un  autre,  toutes  choses  inconnues  aux  auteurs 
bibliques  ;  d'ailleurs  TEcclésiastique  est  la  seule  ceuvre  juive 
des  temps  anciens  qui  ne  soit  pas  anonyme. 

M.  Lévi  discute  ensuite  les  faits  qui  peuvent  servir  à  fixer 
ia  date  de  rEcclcsiastique ,  qui  a  été  écrit,  selon  lui,  au  com- 
mencement du  deuxième  siècle  avant  Tère  vulgaire.  M.  Lévi 
insiste  sur  ie  peu  de  solidité  que  ^présentent  les  légendes 
talmudiques  relatives  à  Siméon  le  Juste. 

L'Ecclésiastique  nous  permet  de  voir  quel  était  le  contenu 
des  Ecritures  à  Tépoque  où  vivait  Ben  Sira.  On  remarque 
qu*il  ne  fait  pas  d'allusion  à  Esdras  ,  Daniel,  Esther,  et  nous 
ajouterons  qu*il  ne  parait  pas  connaître  TEcclésiaste  ni  les 
-Chroniques.  Le  texte  hébreu  des  fragments,  dans  les  passages 
imités  les  ouvrages  antérieurs,  s*accorde  généralement  avec 
le  texte  masorétique  et  rarement  avec  le  texte  de  la  Septante. 

M.  Lévi  souligne  l'intérêt  tout  particulier  que  Jésus  Ben- 
Sira  montre  pour  ce  qui  touche  au  sacerdoce.  Ben  Sira  s'étend 
beaucoup  plus  sur  Aron  que  sur  Moïse  et  quelques-unes 
de  ses  métaphores  sont  empruntées  au  vocabulaire  des  sacri- 
fices. 

M.  Lévi  passe  à  l'examen  de  la  version  grecque,  pour 
laquelle  il  se  montre  fort  sévère.  Nous  persistons  à  être  un 
peu  plus  indulgent  pour  le  petit-fils  de  Ben  Sira.  C'est  peut- 
être  affaire  de  tempérament.  M.  Lévi  reconnaît  lui-même 
que  le  texte  grec  a  été  souvent  défiguré  par  les  copistes.  Il 
donne  une  liste  de  passages  où  il  rétablit  le  texte  exact.  Mais 
combien  d'autres  seraient  à  corriger!  Quand  on  voit  par  les 
notes  de  M.  Lévi  combien  le  texte  adopté  par  Swete  est  infé- 
rieur a  celui  de  la  Complutensis ,  on  peut  croire  que  celui-ci 
difi^e  aussi  considérablement  de  la  version  grecque  primitive. 
Je  ne  peux  pas  croire  que  le  traducteur  ait  écrit  des  phrases 
qui  n'avaient  aucun  sens.  Je  ne  pense  pas  non  plus  que  le 
petit-fils  de  Sira  ait  pu  prendre  des  substantifs  pour  des  adjec- 
tifs précédant  le  nom.  Là  où  M.  Lévi  voit  de  l'ignorance ,  je 
vois  plutôt  une  recherche  d'élégance  plus  ou  moins  heureuse. 

xn.  33 


■MVkUiaaia  umoaAia. 


354  SEPTEMBRE-OCTOBRE  1898. 

Le  reproche  que  M.  Lévi  adresse  au  tradncieiir  grec  ne  ten- 
drait à  rien  moins  qu*à  faire  supposer  que  cdni-ci  ignorait  rfaé- 
breu  qu'on  parlait  de  son  temps,  car  à  nulle  époque  on  n*a 
mis  1  epithéte  avant  le  nom.  De  même  quand  ie  traductear 
écrit  t  les  dents  des  bétes  »  pour  i  les  bétes  à  dents  • ,  il  yeut 
tout  simplement  être  clair.  Ne  met-il  pas  aussi  «  le  nombre 
de  jours  »  pour  t  les  jours  de  nombre  »  (XLI ,  i  o)  ?  Il  n*y  a  donc 
pas  chez  lui  un  parti  pris  de  servilité. 

M.  Lévi  note  avec  justesse  que  le  traducteur  n*est  pas  em- 
barrassé par  les  néologismes.  Cependant  (p.  6a)  nonsToyons 
qu*il  fait  le  plus  de  contresens  dans  un  des  chapitres  où 
précisément  les  néologismes  abondent.  Enfin  qudqnes-nnes 
des  erreurs  que  M.  Lévi  lui  impute  n  en  sont  peut-être  pas. 
Ainsi,  XXXIX,  a8  e,  le  texte  de  G  (grec)  vaut  bien  c«lui 
de  S  (syriaque).  Nous  ne  savons  pas  ce  qu'avait  Thébreu. 
Peut-être  le  grec  a-t-il  eu  ,n^3^  et  ie  syriaque  n^3^.  —  XL, 
5  G  et  S  étant  d'accord  pour  lire  V]K  au  lieu  de  1K ,  il  est  yrai- 
semblable  que  nous  avons  affaire  à  une  variante.  '—  XL,  g, 
G  a  pu  interpréter  *in")n  aussi  bien  que  n*inD  par  «  dispute  •. 
Au  V.  5,  n*inD  est  traduit  par  lufviafia  ■  vengeance  ■•  — 
XLII  8  d,  r]ns  vaut  peut-être  mieux  que  yi3S.  —  Ibid.,  là 
t  femme  bienfaisante  >  est  une  traduction  libre  pour  ■  la  bonté 
de  la  femme».  —  Ibid,,  21  }3n  est  aussi  bon  que  T3r).  «- 
XLII,  4  a,  n^^2  vaut  ms^î.  —  Ibid.,  4,  le  V^hv  est  moins 
mauvais  que  D^IC?  ou  m^C?.  —  Ibid, ,  4  ^'^  le  texte  de  G  et  S 
vaut  rhébreu ,  car  c'est  la  lumière  du  soleil  qui  brûle  Tceil 
et  non  pas  la  chaleur.  —  Ibid.  1 7  c^  c'est  tardbtrei  qui  traduit 
1^^;)^.  Iln*y  a  donc  pas  de  raison  pour  supposer  'j^y^.  Le  mot 
xadntlàiisva  est  le  développement  de  'oérttva.  —  Ibid., 
18 ,  non^  est  meilleur  que  non^. —  Ibid.,  20  c,  xoroA^ei est 
peut-être  l'altération  de  xpw/!aXXiweu  —  XLIV,  i3,la  faute 
est  ici  probablement  due  à  un  copiste.  —  Ibid.,  a  a  c^  la 
leçon  du  grec  •  hommes  »  est  préférable  à  celle  de  Thébreu 
t  premier  ».  —  Ibid.  ,2^d,  rpowiff  est  peut-être  une  altération 
de  tf^  p^'9*  —  XLVI,  i3,  "|D1^C7^  du  grec  est  une  aussi 
bonne  leçon  que  '^'S'O^S  du  syriaque. 


N013VKLLF:S  KT  mélanges.  355 

M.  Lévi  explique  une  partie  des  erreurs  qu'aurait  com- 
mises le  traducteur  par  l'habitude  qu*on  aurait  prise  d*ëcrire 
des  mots  en  abrégé.  C*est  avec  toutes  sortes  de  réserves  que 
M.  Lévi  énonce  cette  supposition,  et,  en  effet,  les  exemples 
cités  à  Tappui  sont  loin  d*ètre  décisifs. 

La  traduction  syriaque  souf&e  des  mêmes  défauts  que  la 
version  grecque  ;  de  plus ,  elle  prend  de  grandes  libertés  avec 
son  texte,  tantôt  l'abrégeant,  tantôt  le  paraphrasant  et  pré- 
sentant d'énormes  lacunes.  Enfin  elle  semble  avoir  été  rema- 
niée ,  par  endroits ,  d'après  le  grec. 

M.  Lévi  termine  cette  substantielle  introduction  en  indi 
quant  les  règles  qu'il  a  suivies  pour  établir  le  texte. 

Nous  ajouterons  à  ce  compte  rendu  sommaire  quelques 
observations  dlmportance  secondaire  : 

P.  VII.  Gueniza  signifie  plutôt  •  mise  à  la  réserve  »  que 
«  enfouissement  ». 

P.  XXVI.  D'après  M.  Lévi,  le  passé  d'Israël  serait  maintes 
fois  évoqué  dans  l'Ecclésiastique.  Je  ne  connais  que  les  versets 
xxiii ,  33-34  «  qni  mentionnent  Moïse  et  David. 

Chapitre  xxxix,  i5  c.  N'est-il  pas  possible  de  lire  ni*l^[trT3] 
*73;î  ?  Les  mots  IDî  et  ^21  sont  réunis  dans  Ps.  XXXUl ,  2  ; 
CXLIV,  g;  Amos,  V,  a3,  et  Ben  Sira,  même,  XL  Vil,  96, 
tandis  que  *l^tr  n'est  jamais  joint  à  12!^ .  De  la  sorte,  il  n'y 
aurait  pas  deux  fois  '^W  dans  la  même  phrase. 

Ibid.,  17J.  ^D  KS1D  se  tix)uve  dans  Dent.,  Vlil,  3. 

IbitL,  nod,  11  semble  que  G  ait  interverti  les  prépositions 
dans  ig  6  et  20 d,  car  il  traduit  IJ^D  par  dhrà  et  i:)DD  par 
ivavrioif  aùrov . 

Ibid.,  a3  c.  Il  est  probable  que  éOvrf  est  le  sujet  de  xAif- 
pavofiifaet  et  que  l'on  a  lu  lt^*l^^. 

Ibid,,  34.  Comparer  Job,  XXX,  la. 

XL,  g.  Il  est  a  remarquer  que  les  six  premiers  mots  ont 
deux  par  deux  la  même  initiale.  Nous  serions,  par  suite. 


350  SKPTEMliKE-OCTOBUK  1898. 

tentés  de  lire  3^*11  au  lieu  de  [n]lCl .  Le  grec  aurait  inter- 
verti les  mots  nyi  et  3^"). 

Ibid. ,  1  o.  Rien  n*empôche  d*admettre  que  Ton  ait  tradiûf 
n73  par  xaroHkrjtTfiàs, 

Ibid, ,  ]  8  6  et  1 9.  KSID  (  racine  KS^  )  ne  peoL  guère  signi- 
fier «  découverte  » ,  mais  «  mine ,  source  •• 

Ibid,,  23.  11  est  peut-être  risqué  de  voir  dans  ^2^Z^  un 
passif  et  de  traduire  par  •  sont  mis  à  profit  •.  On  peut  com- 
prendre :  «  Tami  et  le  compagnon  dirigent  au  temps  voulu  •.. 

Ibid.,  23  6.  Les  mots  (lerà  ivlpàç  ne  seraient-ils  pas  une 
altération  de  iieravoovaa  ? 

XLI,  196.  La  comparaison  du  syriaque  porterait  à  cor- 
riger dXrjdeias  en  ôXsdpias. 

XLII ,  8.  On  pourrait  corriger  Kpivo(iévav  vpàç  vé<nps  en 
xXtvofiévov  tarpds  vàpvovs  (DUIT^  DtSU  au  lieu  de  nS7  VtSU 

m:î3). 

Ibid.,  12.  éfi€Xeirs  ei  avvélpeve  sont  sûrement  des  fautes 
de  copistes  pour  èfi^Xéirtf  et  avvtlpeittf.  G  emploie  correc- 
tement le  subjonctif  après  f£^  et  non  pas  Timpératif  au  ver- 
set 1. 

Ibid,,  li.  Le  texte  de  G  n*cst  pas  incompréhensible  : 
Une  femme  déshonorante  (traduction  littérale  de  ri*lDn!D  = 
nC?^3C)  aboutit  à  l'opprobre. 

Ibid,,  i5  b.  Nous  continuons  à  croire  que  7^15  est  à  Tétat 
construit  avec  pS"!  et  nous  traduisons  :  «  ils  acceptent  Tœuvre- 
de  sa  volonté  ».  Cf.  XLIII,  26  b, 

Ibid.,  166.  La  traduction  de  G  étant  libre,  rien  n'em- 
pêche qu  il  ait  lu  7^ .  Si  même  il  a  lu  K^D ,  la  construction 
serait  justifiée  par  Ps.  XXXIII,  5;  XL VIII,  11;  CXIX,  64^ 
Jér.,  XXIII,  10;  Hab.JlI,3. 

XLIll,  4.  Au  lieu  de  D^K^C?^  on  peut  penser  à  rxCTD 
(Juges,  XX,  38,  4o). 


iNOUVELLES  ET  MÉLANGES.  357 

Ibid.»  17.  G  a  pu  lire  ï)n*in  (qui  se  trouve  en  note  par 
suite  d'une  faute  d'impression). 

Ibid,,  18.  nn^  existe  (Osée,  V,  1 3),  mais  est  très  obscur. 
Il  est  peu  probable  que  G  ait  lu  nDPD  dans  a,  puisque  dans 
6  il  a  un  autre  mot  pour  riDH . 

Ibid.,  11  a.  J'avais  proposé  de  changer  xûtTd  aisoMiifv  àfÂi- 
y^hfj  en  Kaxatrsovhif  dfxi^Xrfç,  Le  verbe  xaraairévieÊ)  existe.  11 
a  aussi ,  il  est  vrai ,  le  sens  de  «  faire  une  libation  ■ ,  mais  il  a 
pu  avoir  chez  le  traducteur  le  sens  de  «  déverser  ». 

Ibid.,  26  b,  11  semble  que,  dans  G,  cet  hémistiche  soit 
une  autre  traduction  de  27  a  «  qui  a  peut-être  Supplanté  a6  b. 

Ibid,,  3o6.  Quand  on  se  rappelle  que  "ICTK  est  sous -en- 
tendu ,  chez  Ben  Sira ,  après  le  mot  73 ,  ainsi  que  Ta  remarqué 
M.  Driver  (édition  Cowley  et  Neubauer,  p.  XXXV),  la  phrase 
n*est  plus  si  barbare.  M.  Driver  a  comparé  1  Chron.,  xxix, 
11,  et  H  Chr.,  xxxii,  3i.  Peut-être  faudrait-il  aussi  rap- 
peler Gen.,  XXXIX,  4,  1^  c;'»  ^D  à  côté  de  17  c;''  ^^H  73 
(ibid,,  8). 

XLIV,  3.  Si  les  versets  3  et  suivants  parient  des  hommes 
célèbres  étrangers ,  il  est  possible  que  le  verset  2  se  rattache 
non  pas  au  verset  1 ,  mais  au  verset  3.  Dans  ce  cas  QH/  serait 
de  trop  et  au  lieu  de  ^bl}  il  faudrait  bl^^  ce  qui  expliquerait 
la  traduction  grecque. 

XLV,  a5  c.  Peut-être  mSD  ^^dS  est-il  une  altération  de 
11133  M2b  et  en  adoptant  la  correction  de  JOH  en  JO'^H  nous 
traduirions  :  «  Un  héritage  que  chacun  transmit  à  son  ûls 
atné  seul.  » 

XLVI ,  1  J.  11  n*est  pas  sûr  qu'en  mettant  ■  grand  dans  le 
salut  »,  G  ait  eu  un  autre  texte  que  nbM}  n^Wn .  11  a  traduit 
librement  et  a  employé  un  adjectif  à  la  place  du  substantif. 

XL  Vil,  9  c.  Le  mot  cdvé<rov<rtv  signifie  lon  célébrera», 
et  non  pas  «  il  le  célébra  >.  Nous  proposerions  donc  pour  Thé^ 
breu,  d'après  le  grec  rmi^DT3  l/^n^  DV  Sd31  .  Ce  serait  une 
allusion   à   l'emploi  liturgique  des  Psaumes.  Cependant  à 


358  SEPTEMBRfi-OGTOBRE  1808. 

cause  da  contexte,  on  attendrait  platôt  )hbn  ■  il  le  loua  ■•  Le 
syriaque  n^K^^DK  est  peut-être  nne  altératioii  de  nn*)^T . 

Ibid, ,  à&h.  n  n*est  pas  du  font  prouvé  que  aw^éoëùH  dé- 
pende de  «roraft^;  c*est  bien  {dutôt  le  complément  de  iy«- 

'Kh^drjÇy  qui  régit  le  génitif. 

XLVn,  la  e.  Pour  Temploî  absolu  de  ^3  et  pour  Hdée 
même  de  cette  partie  du  verset,  on  peut  comparer  Prov., 
XXX,  3i. 

XL VIII,  1.  Il  est  peut-être  risqué  de  dire  que  Ben  Sira 
imite  les  Chroniques. 

XLIX,  lO  J.  G  a  in  in^^^tf^l,  qui  est  peut-être  le  vrai 
texte. 

Nous  souhaitons  que  M.  Israël  Lévi  nous  donne  bientôt  la 
continuation  de  ce  travail,  et  rende  un  nouveau  service  à 
rhistoire  de  la  littérature  juive  et  à  Texégèse  biblique. 

Mater  Lamimsut. 


H.  KiBV.  Een  j^k  op  faet  indisch  iooneeL 
[De  Gids,  september  1898.) 

La  publication  d*une  traduction  hollandaise  de  la  Mpeeka- 
katikâ  ^  a  donné  a  M.  Kern  Toccasion  de  se  prononcer  sur 
Tépoque  probable  de  ce  cheM*œuvre  du  théâtre  indieu. 
B  n*hésite  pas  à  conndérer  ce  drame  comme  le  plus  ancien 
de  tous  ceux  qui  subsistent.  Les  raisons  qu*il  en  donne  sont 
les  suivantes  :  1*  la  technique  et  le  style  ^  qui  trahissent  une 
époque  antérieure  à  Kâlidâsa;  a*  le  pseudonyme  de  Çûdra- 
kâ*.  Pendant  longtemps,  il  a  été  de  mode  de  mettre  les 

^  llet  leemen  ufagen^e,  IndUck  tooiudspeL. .  vertaald  dùor  J.  Pk,  Vo^L 
AnMCerdam,  1897. 

'  On  a  dit  queiqnefoû  que  œ  rot  Çûdraka  éuit  le  proieetieiir  de  Taslevr. 
M.  Kern  fait  remarquer  que  les  mots  hahhâva  et  kila  empbyès  pur  le  r6> 
gîsienr  dans  la  3*  stropbe  suffisent  à  indiquer  une  époque  antérieure  d*uiie 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       359 

œuvres  littéraires  sous  le  nom  dun  personnage  mythique , 
historique  ou  fictif.  Cet  usage  parait  avoir  cessé  vers  le 
VI*  siècle  après  J.-C.  :  en  effet,  dans  la  littérature  astrono- 
mique, avant  Aryabhata  (fin  du v* siècle),  tous  les  ouvrages 
sont  pseudonymes;  après  lui,  tous  portent  le  nom  de  leur 
vérital)le  auteur;  3"*  la  mention  du  bétel  et  du  camphre.  Le 
nom  du  camphre  (  karpûra  )  et  l'usage  du  bétel  ont  été  cer- 
tainement empruntés  à  Tlnsidinde.  Le  bétel  n'est  pas  men- 
tionné dans  le  plus  ancien  traité  de  médecine,  celui  de 
Caraka,  contem[)orain  de  Kaniska  (i"  siècle  de  l'ère  chré- 
tienne ) ,  tandis  qu'il  l'est  dans  l'ouvrage  postérieur  qui  porte 
le  nom  de  Suçruta  et  qui  a  du  être  composé  avant  le 
VI*  siècle.  La  Mrcchakalikâ  doit  donc  être  postérieure  au 
I*'  siècle  et  peut  être  antérieure  au  vi*  ;  4"*  la  connaissance 
de  r astrologie  grecque,  qui  est  représentée  comme  familière 
non  seulement  aux  savants,  mais  aux  gens  du  commun. 
Or  cette  astrologie ,  sous  la  forme  qu'elle  présente  dans  les 
auteurs  indiens,  ne  peut  guère  avoir  été  introduite  avant 
le  IV*  siècle  ;  et  il  lui  a  naturellement  fallu  un  certain  temps 
pour  pénétrer  dans  le  peuple.  «Tout  considéré,  nous  pen- 
sons que  la  date  de  la  Mrcchakatikâ  peut  être  fixée  approxi- 
mativement à  4oo  ap.  J.-C.  » 

Nous  avons  cru  intéressant  de  signaler  cette  opinion,  à 
laquelle  le  nom  de  M.  Kern  prête  une  exceptionnelle  autorité. 

L.  FiNOT. 


M.  Camille  Paris,  chargé  d'une  mission  archéologique  en 
Annam  a  envoyé  cette  année  au  Ministère  divers  documents 
entre  autres  les  estampages  de  deux  nouvelles  inscriptions  de 
l'ancien  Tchampa.  Ces  estampages  ont  été ,  de  même  que  les 
précédents  envois ,  répartis  entre  la  Bibliothèque  nationale , 
la  Société  asiatique  et  l'auteur  de  cette  note. 

L'une  de  ces  inscriptions  a  été  trouvée  à  Ha  Trung  dans 
le  nord  de  la  province  de  Quang  Tri  qui  est  elle-même  située 


360  SEPTEMBRE-OCTOBRE   1898. 

au  nord  rlc  la  capitale  Huè.  En  cet  endroit ,  près  de  la  route 
ro\aie,  M.  Paris  a  découvert  une  colonne  faite  de  trois  cubes 
de  pierre  asymétriques  superposés.  Le  plus  gros  est  on  pi- 
lier carré  portant  sur  chacune  de  ses  quatre  faces  luie  tren- 
taine de  lignes  dont  Técriture  serrée  et  régulière  a  beaucoup 
soulTert  des  injures  du  temps.  Ce  document  mi-sanscrit,  mi 
tchame ,  semble  remonter  au  xi*  siècle.  Le  texte  en  langue 
vulgaire ,  autant  que  permet  d'en  juger  son  médiocre  état  de 
conservation ,  mentionne  les  champs  donnés  aux  divinités, 
leur  étendue ,  leurs  limites. 

A  côté  de  cette  stèle  tchame  de  Ha  Trung  était  une  stèle 
annamite  moderne  en  caractères  chinois ,  assez  grande ,  con- 
tenant treize  lignes  verticales  et  six  reproductions  de  sceaux 
officiels.  M.  Paris  Ta  estampée  de  même.  Nous  ne  la  men- 
tionnons que  pour  mémoire. 

'  Dans  la  province  capitale ,  à  Phu  Luong ,  village  situé  à 
quelques  kilomètres  au  nord  de  Hué,  M.  Paris  a  trouvé  une 
dernière  stèle ,  plate  celle-ci ,  et  gravée  sur  ses  deux  faces 
d*une  inscription  sanscrite  qui  compte  environ  trente-cinq 
lignes  au  total. 

Ce  document,  qui  a  souffert  au  moins  autant  que  la  stèle 
de  Ha  Trung,  était  sivaïte. 

11  débute  en  effet  |>ar  Tinvocation  :  Om  namassivâYO.  Son 
écriture  très  régulière  semble  permettre  de  le  faire  remonter 
au  IX*  siècle. 

J.  Aymomer. 


Le  Gérant, 
RUBENS  DuVAL. 


JOURNAL  ASIATIQUE 


NOVËMBRË-DEGËMBRË  1898. 


L'ÈRE  DE  MARATHOS 
DE  PHÉNICIE 


PAR 


LE  DOCTEUR  JULES  ROUVIER, 


I 


PHOFKSSEUH   A   LA  FACULTE  DK  MEDECINE  DE  BETROLTH  . 
CORRESPONDANT  DV   MINISTÈRE  DK  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE. 


I 

Marathos  fut  la  plus  importante  des  filles  d'Ara- 
dos,  à  proximité  de  laquelle  elle  était  située  sur  le 
continent.  Sa  prospérité  remarquable,  aux  ii*  et 
III*  siècles  avant  notre  ère,  que  témoignent  ses  émis- 
sions monétaires,  excita  la  jalousie  de  sa  métropole 
et  fut,  peut-être,  une  des  causes  de  la  rivalité  qui 
divisa  si  profondément  ces  deux  antiques  cités  de  la 
Phénicie  soplentrionale.  Los  documents  que  l'histoire 
nous  a  conservés  sur  cette  ville,  sont  rares,  courts 
et  incomplets.   On   en   serait  réduit  à  des  conjec- 

\II.  2.4 


362  NOVEMBRR-DëCëMBRE    1898. 

turos  plus  ou  moins  justifiées  sur  ses  destinées  apr« 
la  mort  d'Alexandre  le  Grand,  si  l'on  ne  poiiva 
utiliser  les  ressources  précieuses  que  fournit  sa  m 
misniatique.  Ses  monnaies,  dont  l'intérêt  a  été  per 
dant  longtemps  méconnu,  sont  «î  la  fois  nonihrfU!»^ 
et  >arié«»s,  de  types  bic»n  distincts ,  appartenant  à  df 
séries  autonomes  ou  royales.  Toutes,  »ans  exception 
sont  datées.  Ci»  sont  donc  des  monuments  crautheii 
ticité  incontestable,  fort  propres  à  diriger  l'historiei 
dans  le  cours  de  ses  recherches  et  A  lui  faciliter  1; 
solution  de  problèmes,  tpi,  sans  eux,  seniient  pw 
babliMnent  insolubles  dans  la  science. 

Mais,  il  ne  suflit  pas  de  lire  clairement  des  datf 
en  nuinismati(|ue  phénicienne,  pour  connaître  fxac 
tement  Tépoqui»  correspondant  à  l'émission  des  mon 
naies  sur  lesquelles  elles  sont  inscrites.  Ces  dates  ap 
partiennent  à  des  ères  cpii  varient  ([ueiquefois  nor 
seulement  pour  des  vill(*s  distinctes,  mais  aussi  dan< 
le  monnayage  d'une  même  cité.  Il  est  donc  indis- 
pensable d'être  fixé,  et  sur  la  lecture  des  dati"* 
monétiiires,  et  sur  le^  ères  auxquelles  elles  se  rat 
tachent. 

Les  savants ,  dont  les  écrits  font  le  plus  autoriti' 
en  pareille  matière,  sont  en  désaccord  au  sujet  de 
1ère  de  Marathos.  MM.  Six*  et  Barclay  Head  ^,  ont 
admis  que  les  dates  inscrites  sur  les  monnaies  de 
Marathos  se  rapportent  à  l'ère  aradienne;  M.  K.  Ba- 


*  \umitm.  Chron. ,  i>>77,  n.  s.,  l.  Wll,  |».  i'S>*. 

*  Hist.  ViiiNoriiifi ,  p.  666. 


r/KRE  DE  MARATHOS  DE  PHÉNTCIE.  a03 

bolon,  dans  un  long  et  savant  mémoire  sur  ce  sujet  * 
reproduit  dans  son  beau  volume  des  «  Perses  Aché- 
ménide^  »,  pense  qu'il  s'agit  de  Tère  des  Séleucidfes. 
Entre  celle-ci,  qui  remonte  à  3i'i  avant  J.-C. , 
et  celle  d'Arados  qui  débute  en  209  ou  a 5 8  avant 
J.-C,  il  y  aurait  donc  un  écart  de  53  ou  5/i  ans. 
De  prime  abord ,  cet  écart  peu  considérable  pourrait 
paraître  d'importance  secondaire.  Il  su£fit  ample- 
ment, néanmoins,  pour  entraîner,  aux  siècles  où  il 
se  produit,  une  confusion  considérable.  Où  se  trouve 
la  vérité?  C'est  le  problème  que  je  vais  m'eûbrcer  de 
résoudre,  en  utilisant  des  documents  inconnus  à  nos 
prédécesseurs. 

tl 

Avant  de  passer  en  revue  et  d*apprécier  à  leur 
valeur  les  arguments  qui  engageraient  à  adopter  telle 
doctrine  de  préférence  h  telle  autre,  il  convient 
d'énumérer  les  diverses  monnaies  des  deux  sénés 
royale  et  autonome  de  Marathos,  en  mettant  en 
regard  de  leurs  dates,  les  années  correspondantes 
av.  et  ap.  J.-C.  de  l'ère  des  Séleucides  et  de  celle 
d'Arados.  Elles  constitueront  la  base  rationnelle  de 
ce  travail  ^^. 

'  Mélanges  de  namisinatitfue ,  I,  189a  ,  p.  8()-i  i  7. 

-  (leUrs  qui  D*onl  |>a.s  cjicoi'c  été  publiées  out  été  l'élevée»  par 
mui  dans  ma  colltrlion  particulière,  ou  dans  le^  collectious  d« 
l'Université  amériraino  ot  du  «locteur  V.  Schroeder,  à  Beyrouth. 


2à. 


304 


NOVEMBKE-DëCEMBHE  1898. 


MONNAIES  ROYALES. 


I 

3 
4 
5 
6 

7 

8 

9 

10 

11 

12 
13 
l'i 

15 
10 
17 
18 
19 
20 
21 
22 


TYPKS. 


Ty|H*!4  uli*\aii(lrins 

TèUî  (le  reine,   Maratlios  <le- 
hoiil 

Idrni 

Tële  de  reine;  proue 

Idfm 

Idem 

Tête   de  reine;  Marathos  de- 
bout  

Tète  de  roi  ;  Maratlios  debout. 

Idem 

Idem 

Tète  de   ivine;    Vtarathos  de- 
l)OUl  ' 

Tète  de  roi;  Marathon  debout. 

Idvin 

Tète  de   n'ine;    Marutlios   de- 
l)0Ut 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Itlnn 

hivm 

Idem 


uérKL ,  I    j2 

'H 
VOntLE.        r 


M.  10 

i^  là 
/E  i6 
A  i6 
A  ih 
M,  10 

/È.  32 

/E  ao    I 

Ail 

A-i'S 

A  31 

A  31 

A  32 

A  33 

A  33 

A  32 

A  2\ 

A  23 

/E  2'ï 
A  20 

A  23 


:h 

io 
6i? 
63? 

7î^ 
73 

85 
86 

«7 
»9 

9« 
9» 
9^ 

9« 

lOO 

io3 
ici 
i<>5 
loO 
107 
108 


ÈRE 


SKL. 

■  V. 

J.-C. 

383 

378 

373 

35l 

349 
339 
339 

337 
336 

335 
333 

323 
331 

3  17 

216 
313 
309 
208 
207 
20G 

2o5 
?oi 


4RAU.J 

J.-C. 

339 

330 


219 

9» 
96 
86 

86 

7^ 
73 

7» 
70 

69 
68 

64 

63 

59  I 
56 

55  1 

5i 

53 

02 

5i 


l/i  pi«t-«*  sur  la  |ii«'llc  sv   lit  n-Kc  (l..(r  ap{>url  nil  ù  lu  collrclîon   du. 
D'  \\  S  linid»'!-. 


LKRE  DE  VIARATHOS  DK  PHKNTCTE. 


3Cr) 


MONNAIES  AUTONOMES. 


O 
as 

'M 

S 


TYPES. 


l 

2 


() 

7 
8 

y 

10 

11 

12 
13 

l/l 

15 
16 
17 

18 
19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 
25 
27 
28 


29 


30 


TyclM»;  Maralhos  assis 

T^U»  feinnio  laiinn»;  Marathos 
dehoiil 

Tyché ;  proue 

Tv<*h«'';  xirtoin"! 

Tyclit*  ;  T yrhé  debout 

Idem 

[deni 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Tyrhé;  Marallios  assis 

Tête  dv.  feninie;  \ictoire  . .  . . 

Tyché;  Marathos  debout.  .  .  . 

Idem . 

Idem 

Tête  Zeus  ;  double  corne  d'abon- 
dance  

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Idem 

Ide  n 

Idem ■ 

Idem 

Idem 


MÉTAL , 

• 

■s 

MODUI.E. 

< 

i^l.39 

33 

A  21 

33 

A  17 
/E.  1 1 
A  19 
A  iH 
/E  20 

A  3IO 

A  20 
A  ao 

A  17 

ifl32 

A  17 
A  17 
A  17 
A  i5 

A  ? 
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A  ? 
A  •?  I 
A  •»! 
A,  1 1 
A  1 1 
A  2  1 
A  23 


A  19 


/E.23 


5o 

70 
70 

7^ 

78 

80 

81 
83 

»9 

90 
o3 

oh 

o5 


20 
3o 
3i 
i2 
i3 

\h 
i5 
\G 

^7 
i8 

68 

3  36 


297 


375 


ERE 


siL. 


I 


•V. 

J.-C. 

î»79 
279 

262 

2^2 
2^2 
239 
237 

234 
232 
23l 
229 
223 
222 
209 
208 
207 


82 
82 
81 

7« 

«9 
68 

67 

66 

6.5 

Gh 

W 

7« 


13 

•p. 
J.-C. 

63 


ABAD. 


■V. 

J.-C. 
226 
226 


209 

«9 

«9 
86 

81 

79 

7« 
76 

70 

69 
56 

55 

53 

39 

29 

38 

>7 
16 

lô 

li 
i3 
12 
1 1 

9> 

23 


•p. 
38 


116 


506  NOVEMBRE-DÉCËMBRE    1898. 

Cette  dernière  liste  renferme  des  monnaies  que 
M:  Babeion  a  attribu^ps  ft'AradosK  'Ce  sont  des 
chalques,  i£. ,  18  à  10  millimètres,  pesant  6  gr.  5a 
à  6gr.  48;  datés  des  années  'jb  et  80,  on  de  dates 
frustes ,  et  aux  types  suivants  : 

Buste  toiireié  di»  Tyché,  à  droite,  avec  une  palme 
sur  Tépaule.  Grèn(»tis  au  pourtour. 

R.  —  Tyché  tourelée  debout  à  gauche;  elle  est 
vêtue  dune  ample  tunicjue  ialaire  et  d'un  pépies; 
de  la  main  droite  elle  tient  une  couronne,  et  de  la 
gauche,  elle  s'appuie  sur  un  long  sceptre.  Dans  le 
champ,  à  droite,  une  date;  à  gauche  des  lettres  va- 
riables. 

M.  Babeion  a  établi  sa  classification  sur  quatre 
exemplaires  de  c<*s  chalques,  dont  deux  avec  dates 
frustes.  Il  passe  sous  silence  les  motifs  qui  lui  ont 
dicté  cette  attribution  à  Arados.  Mais,  il  semble 
avoir  été  surtout  influencé  par  la  présence  sur  le 
chaUjue  de  Tan  70  des  l(*ttn»s  phéniciennes  ^-^ 
qu'il  interprète  «  Xrados»,  donnant  toutefois  cette 
lecture  avec  une  certaine  résene  qu'indicjue  la  pré- 
sence d'un  ?. 

Je  possède  des  chalcpies  de  ce  type  dans  ma  col- 
lection particulière.'  Ils  sont  tous  de  conservation 
irréprochable,  et  portant  les  dates:  ans  yo,  y3,  76, 
78,  81    et  83.    Leurs  modules  sont  /E.    18,    19, 

'    PfTset   Achém/nides ,  ii"*  9Ô9,  «jtio  à   9 G»,  et  Méluiiffes  de  nu- 
mism. ,  I,  1892,  p.  207.  n"  7. 


LÈRE  DE  MARATHOS  DE  PHI^:N1GI£.  307 

et  -20 :  leurs  poids,  6  gr.  68,  6  gr.  55,  6  gr.  6o, 
6  gr.  85,  6gr.  g5,  7  gr.,  7  gr.  10,  7  gr*  85.  Lés 
lettres  pliéniciennes  ^^  ne  sont  inscrites  que  sur 
les  chal(|iies  de  Tan  70  et  de  Tan  75.  Les  autres 
chalques  portent  d(»s  lettres  différentes  qui  sont  : 
73,  /^a;  78,  /î a;  80,  ^;  81,  t^pt  if^\  Si,  ?.  Les 
deux  exemplaires  à  dates  frustes  de  M.  Babeion 
portent  le»  lettres  y 3  et  ^^.  La  lecture  «  Arados  » 
me  semble  donc  inacceptable.  On  serait,  peut-être, 
tenté  de  rapprocher  légende  ^^-j: ,  Ârados,  de  celle 
des  monnaies  de  Carné,  ^^^V,  ou  de  Marathos, 
ji*^^;  mais,  ces  légendes  ne  sont  jamais  inscrites 
sur  quelques  pièces  seulement  d'une  série  quel- 
conque ;  elles  se  retrouvent  régulièrement  sur  toutes 
pièces  de  la  série  à  la(|uelle  appartient  Texemplaire 
(pii  les  porte. 

D'autres  arguments  conduisent  à  la  même  con- 
clusion négative. 

1**  —  De  toutes  les  séries  de  chalques,  hémi- 
chalques  t»t  leurs  subdivisions,  antérieures  à  l'an 
-o=»  18g  avant  J.-C.  et  postérieures  h  Tan  83  =* 
I  76  avant  J.-C,  cette  série  serait  la  seule,  à  no  pas 
porter  au  revers  un  symbole  de  la  puissance  dWra- 
dos.  Or,  ce  symbole  ne  connnence  à  disparaître  sur 
l(»s  monnaies  en  cuivre  de  cet  atelier  monétaire 
qu'en  i66  =  y3  avant  J.-C,  soit  trois  quarts  de 
siècle  plus  tard. 

•i**  —  Cette  série,  où  rien  n autorise  à  affirmer 
lorigine  aradienne  (erait   double  emploi  avec  Une 


368  \OVKMBRb-DtCkMBRE  1898. 

autr^  série  contemporaine  dont  Tattribution  à  Ara- 
dos  est  indiscutable.  Elle  est  représentée  dans  ma 
collection,  par  la  pièce  suivant**  : 

Tête  tourelée  de  Tvclié ,  à  droite ,  les  cheveux  re- 
levés  en  chignon  et  retombant  en  épaisses  nattes  sur 
la  nuque.  Grénetis. 

R.  —  Proue  de  navire,  à  gauche,  Tavant  sur- 
monté d'une  figure  dWthéna  Promachos.  Dans  le 
champ,  en  haut,  le  monogramme  A',  entre  les 
lettres  ^  et  w  ;  à  l\»xei^e ,  la  date  :  Il  III  —  NNN 
ji«',  an  70. 

A  22.  —  Chalque,  1  o  grammes. 

3°  —  Il  n'est  pas  difficile  de  démontrer  que  les 
chali|ues  au  revers  de  Tyché  debout,  attribués  à 
M.  Babelon,  à  Ârados,  s*ils  n'appartiennent  pas  à 
cette  ville,  ne  peuvent  être  classés  à  aucune  autre 
de  Phénicie  ([ue  Marathos. 

Durant  Thiver  de  iSgS- 189/1  ^^*^  fîûte,  sur  le 
territoire  d(»  cette  dernière  ville,  une  trouvaille  de 
chalques  antiques  de  conservation  exceptionnelle. 
Une  partie  acquise  par  moi ,  dans  un  voyage  à  Tri- 
polis,  est  entré  dans  ma  collection.  Elit*  renfermait 
trois  séries  de  ehalqurs  :  T  Des  chalques  frappés  à 
Marathos,  aux  types  royaux  «tète  de  roi  — Mara- 
thos debout»,  datés  de  fan  85  à  fan  9  i  ;  a°  Des 
chalques  «  Tyché  debout  M  au  revers,  allant  de  Tan- 
née yo  à  Tannée  85,  attrihués  à  Arados,  que  je  pro- 


L'KRE  DE  MARAÏUOS  DE  PIIIÎMCIE.  309 

pose  de  restituer  àMarathos;  3**  Enfin  deschalques 
aradiens,  au  type  «  Poséidon  assis  sur  une  proue 
de  navire,  dont  Tavant  est  surmonté  de  la  figure 
d'Athéna  Promachos»,  portant  les  dates  85  à  89. 

Cette  trouvaille,  faite  sur  Tancien  territoire  nia- 
rathien  ne  renfermait  que  des  monnaies  contempo- 
raines ,  d'Arados  ou  de  Marathos ,  si  donc  les  chalques 
au  type  de  Tyché  debout  ne  sont  pas  aradiens,  ils 
sont  nécessairement  marathiens.  De  plus,  la  coexis- 
tence deschalques  royaux,  ptolémaïques,  datés  85 
à  91,  a\ec  des  chalques  autonomes  anidiens,  datés 
85  à  89,  prouve  évidemment  que  les  dates  de  ces 
séries  monétîiires  appartiennent  à  une  seule  et  même 
ère  :  celle  d'Arados. 

Une  autre  remarque  confirme  l'attribution  à  Ma- 
rathos ,  des  pièces  au  type  de  «  Tyché  debout  ».  Sur 
aucune  monnaie  autonome  en  cuivre ,  d'Arados ,  on 
ne  voit,  au  revers,  de  figure  debout,  avec  le  mono- 
gramme ou  le  nom  de  cette  cité  ou  de  ses  habitants. 
A  Marathos,  au  contraire,  la  majeure  partie  des 
espèces  d'argent  ou  de  bronze ,  jusqu'en  1 08 ,  porte 
un  type  analogue,  celui  du  «  héros  épopyme  de  la 
cité ,  debout  ». 

H  est  vrai  que  les  légendes  phéniciennes  de  cette 
série  ne  contiennent  pas,  comme  d'autres,  le  nom 
de  Marathos,  "h<\y:  mais  il  existe,  dans  cette  ville, 
comme  à  Arados,  certaines  séries  indiscutables,  pri- 
vées de  toute  inscription  ou  légende  désignant  l'ate- 
lier monétaire.  Par  exemple,  les  chalques  «  à  tête  de 
reine  »,  de  l'an  yS ,  et  ceux  au  type  de  «  Zeus-doubie 


370  NOVKMBRË*DÉC£MBH£   1808. 

corne  d'abondance  »  k  {exception  de  celui  de  i*aD 

Cette  seconde  liste  renferme  aussi  un  grand 
nombre  de  monnaies  autonomes  de  ce  dernier  type, 
que  M.  Six  ne  connaissait  pas,  ou,  peut-être,  classait 
c^  d  autres  villes  :  «  La  première  date ,  qui  me  parait 
certaine,  dit-il,  est  ^3,  ce  qui,  avec  1ère  aradienne, 
revient  à  '2  36,  et  la  dernière,  107,  ce  qui  nous 
mène  à  1  5a  avant  J.-C. ,  Tannée  avant  qu'Alexandre 
Bala  fit  frapper  des  tétradrachnies  à  Arsidos,  et 
autorisa,  à  ce  quil  parait,  les  Aradiens  à  ruiner 
la  ville  voisine^».  Mais,  MM.  Imhoof-Blumer^  et 
Babelon*^,  ont  eu  raison  de  classer  à  Marathos,  ces 
chalques  passés  sous  silence  par  M.  Six.  Cette  attri*> 
bution  est  pleinement  justifiée  par  la  légende  MAP  A , 
sur  celui  de  Tan  a3G.  J'ajoute  quils  existent,  à  Bey- 
routh, dans  les  collections  du  D'  P.  Schrœder,  de 
rUniversité  américaine,  et  dans  la  mienne.  Tous  sans 
exce|)tion  reconnaissent  la  même  provenance,  ia 
plaine  d'Amrit  (ancien  territoire  de  Marathos). 

M.  Babelon*  a  classé,  à  \rados,  les  monnaies d<' 
cette  série,  portant  les  dates  iSg  et  378,  cpi'il  cite 
d'après  M.  Inihool-Bluiner'*,  et  qui  se  retrouvent,  à 
Beyrouth,  dans  la  collection  de  l'Université  améri- 
caine, et  dans  la  mienne.  ,Ie  pense  qu'il  convient  de 

'   Observ.  sur  les  mon,  phén,,  ap.    Snmism.  Chron. ,  n.    ^.  XVII, 
p.  189-190. 

*  Monnaies  grecques,  p.  4i4> 

*  Loc,  cit.,  p.  100- 103. 

*  fA)C.  cit.,  p.  276,  279. 

*  Monnaies  grecques ,  p.  4^7,  n'*  i6  et  ^7. 


L'KRK  DE  MARATHOS  DE  PHÉNICIE.  371 

les  restituer  à  Marathos.  Fleurs  types  des  deux  faces 
figurent,  dans  cette  dernière  ville,  sur  la  série  la 
plus  nombreuse  et  la  plus  récente  d'autonomes, 
tandis  qu  elles  font  défaut  sur  les  monnaies  d'Arados. 
11  eût  été  étrange  de  voir  cette  métropole,  emprunter 
tardivement  ses  types  monétaires,  aune  de  ses  filles 
(jui  lui  était  devenu»*  si  odieus<\  J'ai  insisté,  ailleurs 
sur  le  principe,  qui,  en  numismatique  phénicienn(», 
s'oppose  à  ce  ([u'un  même  atelier  montUaire  ait  si- 
nmltanément  frappé,  dans  un  mémo  métal  et  mo- 
dule, avec  des  types  essentiellement  différents,  des 
pièces  de  même  valeur.  Or,  en  -i 9-7,  on  trouve  à 
Arados  (ma collection,  deux  exemplaires) le chaique 
autonome  suivant  : 

Buste  diadème  (non  tourelé)  de  Tyché,  k  droite, 
les  cheveux  n^levés  et  portant  un  voile  qui  lui  couvre 
la  nuque  et  les  épaules,  (irènetis  au  pourtour. 

R.  APAAIQN  (à  IVxergue).  Tyché  à  demi -nue, 
les  jambes  drapées  dans  son  péplos,  assise  à  gauche 
sur  un  gouvernail,  et  elle  tient  de  la  main  gauche, 
une  corne  d abondance.  Dans  le  champ,  à  gauche 
et  en  haut,  la  date  LSZ  (an   iyy)  et  la  lettre  A. 

/E  i  i.  Chaique,  8  gr.   ii. 

Ce  chaique  remonte  au  règne  de  Caligula  '. 

'  D'après  un  exemplaire  niir  lequel  la  moitié  supfVieure  de  la  date 
lait  défaut,  M.  Babelon  [Per$rs  achéménides ,  n"  112H,  vi  pi.  \X1V, 
tig.  i3]  a  lu  Zf£  an  217',  comme  Mionnet,  t.  V,  n"  K27;  mais, 
iTaprès  même  rmiprcinte  ivproduite  par  ce  savant  auteur,  il  est 
facile  de  «lécouvrir  les  éléments  d*»  la  date  n*ctiliée. 


312  .NOVEMBREDIiiCEliBRE   1808. 

En  370,  sous  Trajan,  on  trouve,  de  36o  à  'S-jh, 
des  chalques  aux  typ^^s  suivants  : 

Buste  radié  d'Hélios^  à  droite,  avec  le  paluda* 
inentum  sur  les  épaules.  Grènetis  au  pourtour. 

R.  APAAIQN  (à  gauche).  Corbeille  d'où  émergenl 
deux  épis  et  une  grappe  de  raisin.  Dans  le  champ, 
h  droite,  date  variable;  en  haut  la  lettre  A.  Grènetis 
au  pourtour. 

A  20  à  a3.  Chalques,  3  gr.  53  à  8  gr.  45.  Ba- 
belon  :  Perses  achéménides ,  n***  1  i52-i  i5^i;  Mion- 
net:  t.  V,  n**  58o,  et  t.VIII,  suppl.  n"  4o5;  ma  col- 
lection et  Université  améric.  de  Beyrouth. 

L  attribution  à  Marathos  duchalque  de  Tan  3^5, 
aux  types  «  Zeus-double  corne  d'abondance  »  entraine 
comme  corollaire  que: 

Les  d«»ux  villes  d'Arados  et  de  Marathos,  ayant 
run<»  <»l  lautre  cessé  démettre,  en  3 -7 5,  leurs  mon- 
naies autonomes  dont  le  style  artistique  a  des  rapports 
si  étroits,  qu'on  a  pu  dans  certains  cas  confondre 
leur  origine,  ce  rapprochement  constitue  une  pré- 
somption de  plus  en  faveur  de  Temploi  dune  éi-e 
connnune  aux  deux  cités. 

'    lin|>i'<)|>reiiit'nt  qualifn'  de  Trajan;  ce  buste  rappelle  relut  qui 
ii^tire  un  droit  des  aiilonoines  d'une  ville  \oisine,  LacxliciV  sur  mer. 


L'ÈRE  DE  MARATllOS  DE  PHÉNICIE.  373 


III 

Lrs  Mîrios  monétaires,  autonomes  ou  royalt'S,  que 
je  \i(»ns  d'énumércr  sont  certaine.ment  loin  d'être 
complètes.  Elles  sont  néanmoins  suffisamment  nom- 
breuses pour  permettre  d'obtenir  la  solution  du  pro- 
blème chronologique,  discuté  dans  cette  étude. 

Elles  embrassent  une  période  comprise»  entre 
fan  3o  et  Tan  SyS,  dont  la  durée  atteint  près  de 
trois  siècles  et  demi.  M.  Six  regarde  comme  certaine 
la  date  a  3  ;  cette  date  serait  intéressante  à  contrôler, 
puisqu'elle  constituerait  le  point  de  départ  de  ce 
monnayage.  Cet  auteur  parait  l'avoir  empruntée  à  la 
liste  de  M.  W.  Vaux\  et  s'il  en  est  ainsi,  M.  Babe- 
lon  présume  2  que  c'est  simplement  la  dernière 
partie  d'uni»  dale  dont  les  premiers  chilïres  seraient 
effacés^.  Je  m»  connais  pas  la  monnaie  citée  par 
M.  Six,  mais  tout  en  reconnaissant  que  la  date  «iS 
ait  pu  être  incomplète  ou  mal  lue,  je  ne  vois  pas 
pourquoi  elle  ne  figurerait  pas  sur  les  séries  de  Ma- 

*  Aamiim.  Chron,,  l.  \X,  i858,  p.  84. 

*  Loc,  cit,,  j).  io4. 

"^  O't  arcidcnt  s\>hser\c  firquciiiinent  dans  la  numinmatique  de 
IMiéuicit*.  Il  (*ntrain«  parfois  de  !^ravi'.s  erreui's  dans  lt\s  rlassifiratioiis 
rlironolo^iqucN,  qui  ne  |3eiivent  iHre  n^rtiliétr»  que  |>ar  une  t*on)|>«- 
rai.Hon  appmfondie  de  ces  eiemplaires  à  dates  suspectes  avec  d'autres 
e\emplair(*s  de  const'rxation  et  de  frappe  irn'*prorliables.  (ycsl  fauUî 
d*a\oir  eu  à  leur  disposition  celte  r«'ssourre  précieuse,  que  des  sa- 
\ants  de  ^rand  mérite  ont  commis  des  attributions  fautives.  Beau- 
coup plus  résiTxés,  de  cruintt*  de  faire  fausst;  route,  la  plupart 
n'ont  même  pas  osé  aborder  la  numismatique  pbénicienne. 


374  NOVKMRREDKCByBBK  1808. 

rathos.  A  Arados  sa  métropole  et  sa  voisine ,  on  con- 
naît des  autonomes  depuis  lan  i  -  '. 

Cette  suite  assez  régulière  de  dates,  appartient 
nécessairement  h  une  ère,  qui  pourrait  être  lune 
des  suivantes  : 

i"  Une  ère  nalionale  propre  h  Marathos; 

•i°  Une  ère  commençant  en  33fi,  334  ou  en  33a 
av.  J.-C,  date  correspondante  à  la  prise  de  Tyr  et 
de  Gaza,  et  à  la  soumission  de  toute  la  cinquième 
satra|)ie  à  Alexandre  le  Grand; 

3"  I/ère  philippique,  qui  a  son  point  de  déport 
en  3i'i ,  à  la  mort  d* Alexandre; 

^i*"  L*ère  des  Séleucides,  qui  commence  en  3i!i 
av.  J.-C.; 

5**  L  ère  nationale  d' Arados. 

i"  Marathos  a-t-elle,  comme  beaucoup  d  autres 
villes  phéniciennes,  adopté  une  ère  nationale?  Aucun 
document  ne  vient  confirmer  semblable  hypothèse. 
L'histoire  et  Tépigraphie  sont  également  muettes  à 
ce  sujet;  quant  à  la  numismatique,  elle  fournit  des 
arguments  qui  lendent  à  infirmer  cette  opinion. 

a"  et  3°  Les  ères  de  336,  ^'i^,  33*2  et  de  3îi4, 
d'une   manièrf  générale,    ne  sauraient   convenir  à 

'  \  oir  mes  inénioiits  <!iur  BaaI.irvwl  et  la  numismatu/ur  tiet  rois 
phéniciens  t/\4rvad  durant  la  période  prv - aleramlrine  et  Du  mon- 
n^age  alexandrin  d' Arados  auM  Mil'  et  il'  siècles  avant  tèrê  duré' 
tienne. 


LÈRE  DE  MARATHOS  DE  PHÉNICIE.  375 

certaines  monnaies  datées  de  Marathos  :  toutes  celles , 
par  exemple,  qui  tomberaient  avant  q8i.  Avant 
Ptolémée  II  Philadelphe,  on  ne  connaît  aucune  mon- 
naie aux  types  égyptiens,  émise  par  des  ateliers  de 
Phénicie.  Les  premièi^s  monnaies,  avec  effigie  de 
reit)e,  frappées  en  Phénicie  comme  en  Kgypte,  sont 
celles  d'Arsinoo  1  ou  d'Arsiuoé  II ,  épouses  de  Phila- 
deiphe  et  ne  concorderdient  nullement  avec  les  dates 
préxïitées.  Toutes  d ailleurs,  sont  en  or  ou  en  argent; 
il  n'en  existe  pas  en  bronze,  Le  chalque  de  Tan  /|o, 
s'il  appartenait  à  l'une  de  ct»s  deux  ères,  constitue- 
rait donc  une  exception  inexplicable  '.  Conunent  les 
rois  d'Kgypte  auraient-ils  pu  frapper  des  monnaies 
à  leur  efligie,  en  ^96,  'àqI\.  ^92  ou  en  u8â, 
à  Maratbos,  >ille  d'une  contrée  qui,  de  3oo  à  a8o, 
tut  soustraite  à  leur  donnnation? 

/i°  «  L'ère  des  Séleucides,  au  contraire,  dit  M.  Ba- 
beion'^,  s'adapte  si  parfaitement  à  toutes  les  mon- 


'  Une  sériti  (Ui  rt'jjles  bien  pn'rises  que  ji*  nratUrhe  à  découvrir  et 
à  i'aii*e  cuunaitre,  dau:»  mes  difféi'enb  luémuirejt  sur  la  nuiuismatiquL' 
phéniricnne ,  dominent  cette  branche  si  peu  connue  de  la  science. 
De  leur  étude  découle  logiquement  le  princi^H*  suivant  :  «Quand 
les  téries  monétaires  d'une  ville  de  Phénicie,  |>ar  suite  d'une  r«*i>ar- 
tition  chronologique,  sont  soustraites,  en  totalitt'  ou  en  |)artie,  au\ 
régies  admises  et  démontré«'s  comme  dominant  la  numismatique  de 
cette  région ,  à  une  époque  quelconque ,  de  trop  nombreuses  exœ])' 
tioni,  sans  liaisons  précis<>H  entre  elles  ni  explication  plausible, 
détruisant  rharmonii^  qui  doit  ivgner  dans  cette  branche  de  la 
science  comme  dans  les  auli-es,  condamnent  la  répartition  chrono- 
logique, comme  suspecte  ou  erronét*.». 

'   Loc.  cit.,  p.  108,  11 4* 


376  NOVEMBRE-DëCEMBRE  1898. 

naies  de  Marathos  qu'on  ne  saurait  douter  que  c  est 
d'elle  qu'il  s'agit ...  Il  reste  donc  à  conclure  rigou- 
reusement que  Marathos  a  fait  exclusivement  usage, 
sur  ses  monnaies ,  de  Tère  des  Séleucides  ou  d'une 
ère  locale  qui  se  confondait  avec  elle.  Elle  a  con- 
servé ce  comput  jusqu'à  sa  ruine  définitive,  c'est-à- 
dire  jusqu'à  l'arrivée  des  Romains,  à  fencontre  des 
autres  villes  phéniciennes  comme  Sidon,  ïyr,  Ace, 
Tripolis,  qui,  après  avoir,  elles  aussi,  commencé 
par  employer  sur  leurs  monnaies  l'ère  séleucidienne , 
l'ont  ensuite  abandonnée  sous  la  pression  des  évé- 
nements politiques.  L'ère  des  Séleucides  parait  donc 
sur  les  monnaies  de  Marathos,  un  demi-siècle  avant 
de  figurer  sur  celles  des  rois  de  Syrie  eux-mêmes, 
([ui  d'ailleurs  empruntèrent  aux  villes  phéniciennes 
l'usage  de  dater  leurs  monnaies  \  » 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  partager  le  sentiment 
de  M.  Babelon,  et  je  ne  suis  point  convaincu  de  la 
valeur  des  arguments  qu'il  croit  propres  à  établir 
l'emploi  par  Marathos,  de  l'ère  des  Séleucides.  De- 
vant les  discutiT  un  peu  plus  loin,  à  propos  de  l'ère 
d'Arados,  je  me  borne,  pour  le  moment,  à  appeler 


'  M.  Théodore  Hrinach  [ne  nécropole  royale  à  Sidon,  189a, 
|).  38 il  rappelle  qiu:  l'en*  clt»s  Séleucides  •m*  pénètre  on  Phénicie, 
du  moins  sur  les  inonnai<;s,  qu'avec  Anliochus  111.  Il  n*est  pas  exact, 
dit-il,  comme  on  l'a  |)rétendu  'MM.  Babelon,  L.  MuHerj,  quVHe 
iigun'  déjà  sur  des  monnaies  phéniciennes  du  m'  et  même  du 
iv'  siècle,  à  Tyr,  Marathos  et  Acé;  on  est  ici  en  prt'sence  de  l'ère 
de  Philip|)i*.,  soit  d'èi'e.s  locales,  dont  le  point  de  départ  n*5te  à  fixer, 
d'Wv  lie  T\.-,  <!.'  iiiii  'i7'i,  n'a  été  déterminée  que  |)ar  les  inM*ri|>- 
tions  d  '  Ma'soid)  i-l  (rOum-'.'l-Awamid.» 


L'KRE  DE  MARATIIOS  DE  PHÉNTCIE.  377 

rattention  sur  quelques  remarques  qui  me  sont  sug- 
gérées par  le  passage  que  je  viens  de  rapporter.  Je 
suis  étonné  que  la  conclusion  logique,  à  Liquclle 
Tadoption,  pour  Marathos,  de  l'ère  séleucidienne  a 
conduit  cet  auteur  si  estimable ,  n'ait  pas  ébranlé  sa 
conviction.  Ainsi  donc,  Marathos,  ville  phénicienne 
de  second  ordre,  aurait  employé  cette  ère,  un  demi- 
siècle  a>ant  les  rois  de  Syrie,  en  donnant  Texeniple 
à  Sidon  et  à  Tripolis  (beaucoup  plus  tard),  au  lieu 
d'imiter  Arados,  sa  métropole  et  sa  voisine? 

De  plus,  en  admettant  Tère  des  Séleucides,  pour 
Marathos,  les  monnaies  autonomes  ou  royales,  frap- 
pées dans  cette  ville ,  dont  la  date  est  indiscutable , 
embrasseraient  une  période  de  282  av.  J.-C.  à  63 
ap.  J.-C.  Or,  près  des  trois  quarts  appartiendraient  au 
m*  siècle  avant  notre  ère,  à  l'inverse  d'Aradoset  des 
autres  villes  phéniciennes,  dont  les  émissions  les  plus 
nombreuses  sont  celles  des  ii*  et  1"  siècles  av.  J.-C. 
Klles  corn»spondraient  surtout  à  l'époque  la  plus 
troublée  par  dc\s  guerres  incessantes  entre  les  divei's 
généraux  c[ui  se  disputèrent  l'empire  d'Alexandre 
et  l<»urs  successeurs.  H  faut  bien  reconnaître  ([ue 
pareilles  conclusions  ne  sont  guère  favorables  à  la 
thèse  que  soutituit  M.  Babelon; 

5**  Les  présomptions  sui>antes  sonl  en  faxeur  de 
Tadoption  par  Marathos  de  fère  aradienne;  elles 
sont  assez  nombreuses  pour  convaincre  tout  esprit 
impartial,  et  il  est  [\\r'\\r  dr  réfuter  les  objections 
([u'ellrs  pourraient  soulexrr: 

\ii.  2  5 


l«»alBUUii    «kliio.kk.. 


378  NOVEMBRë.DECëMBHE   1898. 

A.  La  ville  de  Marathos  nu  jamais  égalé  en  pros- 
périté Arados  sa  métropole ,  auprès  de  laquelle  * Jlc 
se  trouvait  située;  ses  séries  monétaires  calquées 
sur  les  séries  aradiennes,  et,  au  moins  en  partie, 
contemporaines,  même,  si  on  admet  les  idées  de 
M.  Babelon,  ne  peuvent  avoir  été  inaugurées  avant 
ces  dernières; 

B.  Cette  hypothèse  est  d'autant  moins  soutenablo 
([U 'Arados  est  la  première  ville  phénicienne  ayant 
inscrit  son  ère  nationale  sur  ses  monnaies,  et 
qu'avant  aSg-^iiS  av.  J.-C,  début  de  cette  ère,  elle 
n'a  émis  aucun  monnayage  autonome  en  cuivre; 

C.  D'autres  fiHes  d'Arados,  sises  comme  Mara- 
thos, sur  le  continent  à  proximité  de  leur  métropole , 
comme  Carné,  Sîmyra,  Enhydra,  etc.,  ont  employé 
l'ère  aradienne;  pourquoi  Marathos  n'aurait -elle 
point  suivi  l'exemple  de  ses  sœurs? 

Ces  motifs  semblent  être  signalés  dans  divers  pas- 
sages du  travail  déjà  cité  de  iVI.  Babelon,  que  je  suis 
amené  h  discuter. 

«Cependant  les  deux  villes,  si  étroitement  unies 
par  la  communauté  d'origine  et  les  vicissitudes  de 
leur  histoire  politique,  en  arrivèrent  à  se  jalouser  au 
point  de  cherchera  sVnlre-détruire,  la  fille  se  sépara 
de  sa  mère;  Marathos  rejeta  orgueilleusement  la 
tutelle  d'Arados,  et  voulut  poursuivre  seule  le  cours 
di»  ses  destinées.  Cette  émancipation  de  Marathos  dut 
se  produire,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  dates  (jue  nous  rr?- 
Icvenms  plus  loin  sur  les  monnaies  ^  dès  le  temps  du  rcyne 


L'KRE  DE  MARATHOS  DE  PIIÉNICIE.  37© 

de  Séleucus  I"^  Nicator,  et  pcuit-être  au  moment  de  la 
mort  de  Ptolémée  Soter  »  (p.  87-88). 

A  la  page  suivante,  le  même  auteur  ajoute  : 

«  Le  résumé  historique»  qui  précède  (dont  fait 
partie  le  passage  cité)  va  puissamment  nous  aider  k 
fixer  l'attribution  des  monnaies  de  Marathos,  et  à 
déterminer  les  bases  de  leur  classement  chrono- 
logique. » 

Malheureusement  le  point  de  départ  de  la  doc- 
trine <le  M.  Babelon  ne  lui  est  point  fourni  par  This- 
toire.  11  le  tire  par  anticipation  de  son  travail  et  ne 
peut  donc  servir  de  base  indiscutable  k  lappui  de 
ce  travail. 

Ailleurs  M.  Babelon  cite  Polybe  (liv.  V,  cap.  68) 
et  parait  attribuer  à  cet  écrivain  un  sentiment  qu'il 
n'apas.  Voici  le  passage  en  question  : 

Antiochus  Marathuin  progressus,  quum  ad  eum  Araclii 
venissent,  de  societate  actiiri,  non  solum  accepit  ilios  in 
societatem ,  sed  etiam  controvcrsiam ,  qus;  insulanos  Aradios 
et  eus  qui  continentem  habcnt,  invicem  antea  alîenaverat, 
sodavitque  ut  in  gratiani  inter  se  coirent,  effîcit. 

Ce  passage  est  très  explicite.  Kn  219,  sous  An- 
tiochus III,  la  rupture  définitive  entre  les  deux  villes 
n'était  donc  pas  encore  consommée,  et  si  des  dissen- 
timents avaient  déjà  échité  antérieurement  entre  elle, 
ils  devaient  remontc^r  à  une  époque  récente,  puis- 
c[ue  Vntiochus  III  put  rétablir  sans  difficulté  la  con- 
corde entre  Arados  et  Marathos.  Ce  point  d'histoire 
a  une  importance  extrême.  Il  démontre  que  rien  ne 
s'opposait,  en    2  5y,  à  ce  que  Marathos  fit  usage, 

35. 


380  NOVEMBRE-D  .CEMBRE    1898. 

comme  Carné  et  les  autres  filles  d*Arados,  de  l'ère 
do  sa  métropole.  Quand  la  rupture  s'effectua,  plus 
tard,  Marathos  conserva  lliabîtude,  contractée  de- 
puis de  longues  années,  de  dater  d'après  l'ère  ara- 
dienne,  qui,  à  cette  époque,  semble  avoir  été  la 
seule  adoptée  dans  la  Phénicie  septentrionale. 

L'adoption  de  cette  ère  par  Marathos  implique 
la  prolongation  du  monnayage  aux  types  égyptiens, 
jusqu'en  1 5 1  avant  J.-C.  Connnent  concilier  ce  ré- 
sultat avec  les  affirmations  suivantes  de  M.  Babelon 
{hw.  cit.,  p.  1  I  «i)? 

«  A  partir  d'Arsinoé  111  (et  cette  remarque  ajou- 
tera encore  un  degré  de  certitude  à  notre  classe- 
ment), les  rois  ou  reines  d'Egypte  ne  figurent  plus 
dans  le  monnayage  de  Marathos;  or  c'est  précisément 
avec  laminoritc  de  Ptolémée  V  Épiphane,  que  t Egypte 
cesse  (lavoir  toute  action  politique  en  Syrie  et  en  Phi- 
nivie.  Si  même  Ptolémée  ne  fut  pas  dépouillé  de 
ses  propres  Klats  par  le  roi  de  Syrie  et  Philippe  V 
de  Macédoine,  il  ne  le  dut  qu'aux  victoires  des  Ro- 
mains. L'histoire  politique  confirme  donc  indirec- 
tement le  système»  chronologique  que  nous  nous 
efforçons  d'établir.  » 

M.  Babelon  a  commis  un  oubli,  en  écrivant  ce 
passage  où  il  afiirme  un  fait  si  important  pour  sa 
ihèse.  L'historien  Josèphe  dit,  en  effet ^  :  «  Antio- 
chus  (III)  l<»  (irand  contracta  alliance  a\ec  Pto- 
lémée  (\  ),  roi  d'Kgyple,  et  lui  donna  Cléopàlre, 
sa  lillr,  en  mariage  et,  pour  sa  dot,  la  (iœlésyrie ,  ta 

'    Antif.jml.,  \il.(a|>.  i\.   i. 


L'KRE  DE  MARATHOS  DE  PHÉNICIE.  381 

PhémciCy  la  Judée,  S«iniarie,  et  la  moitié  des  tri- 
buts de  ces  provinces ,  dont  les  principaux  habitants 
traitaient  avec  ces  deux  rois  et  en  portaient  le  prix 
h  leur  trésor  ». 

Ces  événements  se  passèrent  en  ig'S  avant  notre 
ère,  et  Arsinoé  III  était  morte  depuis  Q09  1 

.le  n'ignore  pas  que  quelcfues  auteurs,  tels  qu' \p- 
pien'  et  Polybe  citent  seulement,  à  ce  sujet, 
la  Cœlésyrie;  mais  leur  énumération  peut  être  in- 
complète, ce  cju'on  pourrait  expliquer  parce  que 
seule  la  Cœlésyrie  fut  cédée  intégralement,  a\ec 
quel([ues  villages  des  autres  provinces.  On  ne  com- 
prendrait pas  sans  cela,  pourquoi,  dans  un  autre 
passage,  Josèphe  [Ant.  jud,  Xtl,  A,  1),  raconte  que 
les  princes  de  la  Judée  (»t  de  la  Syrie  se  rendirent  à 
Alexandrie,  pour  féliciter  Ptolémée  Epiphanes  et 
Cléopâtre,  à  l'occasion  de  la  naissance  de  leur  fds, 
Philomélor,  en  186.  En  tout  cas,  le  témoignage  for- 
mel de  Josèplie,  originaire  de  la  Judée,  et  séparé 
des  événements  qu'il  raconte  par  deux  siècles  et  demi 
à  peine,  parait  devoir  mériter  plus  de  créance.  Il 
concorderait  d'ailleurs  avec  divers  é])isod(\s  de  This- 
toire  du  u"  siècle  avant  notre  ère.  La  preuve,  en 
elfet,  que  l(»s  rois  d'Egypte  ne  s'étaient  nullement 
désintéressés  de  la  Syrie  et  de  la  Phénicie  se  trouve 
confirmée  par  les  guerres  inc(»ssantes  que  suscita, 
pendant  ce  u*  siècle,  même  après  la  mort  de  Cléo- 
pâtre, sa  fameuse  dot,  et  par  les  revendications  faites 
en  1  y 3,  à  ce  sujet,  par  Antiochus  IV,  roi  de  Syrie. 

*  De  rebns  SyriaciSt  V. 


3K2  NOVRMBRE-DÉCKMBRR  1898. 

Postrcmn  iief>^abat  voruin  esse  de  paciis  qua^  Icgaii  alexan 
(Iriiii  facta  diccbant  fuisse  iiiter  Ptolemacum  (V),  nuper 
luortiiuin,  et  Antlochuin  (HI)  luijus  patrem,  quibus  partis, 
iiofiiine  (lotis  concessain  Ptolenian)  Ca*lain  SYriam  alobant , 
(|uuin  uxorcm  (luceret  Cleopatraiii ,  ejus  qui  mine  re^abat 
(  Ptolémée  Vi  ) ,  inatrem  ' . 

L'objection  la  plus  s<!'rieus«»  de  toutes  contre  Tèrr 
dWrados  semble,  de  prime  abord,  être  celle  do 
M.  Babelon  [loc.  cit.,  p.  107)  à  propos  de  la  pièco 
autonome  qui  porte  la  légende  MAP  A  et  la  date  a  36  : 
«  Cette  pièce  correspondrait,  d'après  Tère  d'Arados, 
îi  une  époquir  ou  Marathos  n'existait  probablement 
plus,  \ussi  M.  lmhoof-lMum(»r  s  est-il  refusé-  lui- 
même  à  reconnaître  une  date  aradienne.  »  Je  signale 
les  réserves  r(»n(ermées  dans  ce  «  probablement  »  car, 
quelques  pages  plus  haut,  dans  ce  même  mémoire 
(p.  88-83),  M.  Babelon  a>ait  été  beaucouj)  plus  affîr- 
matif,  concernant  la  disparition  de  Marathos,  consi- 
dérant conune  démontré  que  la  dernière  date  de 
cette  ville,  a3(),  ap|)arti(»nt  à  Tèrc  des  Séleucides,  et 
correspond  ])ar  conséquent  à  Tan  yG  axant  J.-C.  : 
«  Les  Aradi(Mis  revinrent  à  la  ejiargc»,  et  la  dernière  de 
leurs  tentatives  d'agression  est  postérieun-  à  Tan  83 
avant  notre  ère;  (»ile  corn^spond,  par  conséquent,  à 
|)(»u  près  à  la  chute  de  la  duiastie  des  îSéleucides  et 
à  fépoque  où  rigrane,  roi  d  Arménie»,  s  étant  emparé 
de  la  Syrie,  entreprit  contre  Lucullus  et  Pompée  la 
lutte  qui  finit  par  le  triomplie  définitif  des  arniéeK 

'   Polyb*',  XXVni,  xMi,  (). 


|;KRE  de  MARATHOS  de  PHÉNICIE.  383 

romsiines.  Marathos  sombra  pour  toujours  cette  fois, 
dans  ce  grand  naufrage»  de  TOrient,  et,  au  temps  de 
Slrabon ,  ce  n  était  plus  qaun  champ  de  raines  depuis 
df'jà  longtemps,  » 

Or  ces  affirmations  si  graves  ne  reposent  que  sur 
deux  hypothèses  non  justifiées  :  i°  que  Tan  2  36  est 
la  dernière  date  de  Marathos  et  appartient  à  Tère 
des  Séleucides;  i"  sur  une  traduction  inexacte  du 
j)assa}i;e  cité  de  Strabon  (XVI,  ii,  12),  dans  un 
sens  beaucoup  trop  étendu.  Cet  auteur  a  écrit  :  Ma- 
is aôo?  vf6\ts  Q^otvixojv  dpxaia  xarecrTraa'fJiévrj  •  rijv  Se 
ycôpav  ApdStoi  HaTex^^rjpovxrjo-av.  Strabon  se  borne 
donc?  à  dire  q\ii\  son  époque  Marathos  avait  été  dé- 
Iruile  par  les  Aradiens,  qui  s'en  étaient  partagé  le  ter- 
ritoire. Il  n'indique  pas  à  quelle  époque  remonte 
cette  catastroplie,  ni  quelles  en  furent  les  consé- 
(|ueiices  tardives;  par  suite,  toutes  les  suppositions 
sont  permises,  sauf  celle  à  laquelle  M.  Babelon  a 
donne  la  préférence,  «  que  le  territoire  de  Marathos 
n'était  ])lus  depuis  longtemps  c[uun  champ  de 
ruines  ».  Si  les  \radiens  si»  Tétaient  partagé,  ce  n'était 
é\idemment  pas  pour  le  livrer  à  l'abandon.  Rien 
u'enq)éche  d'admettre  la  n^construction  de  la  ville  à 
une  époque  postérieure,  par  une  colonie  d'Aradiens, 
et  d'a[)pliqu»T  à  Maralhos  \c  raisonnement  que  j'ai 
soutenu  à  propos  dr  la  destruction  totale  de  Béryte 
parTryphon,  en  i^o,  relatée  par  le  même  auteur '. 
Même    en  admettant  la   destruction  totale   de  Ma 

'   Voir  mon  travail  sur  Unr  mrtropole  phénicienne  oubliée,  dans 
Hfvur  nnmism. ,    i  S()6  ,  ^.  i  9- 1  3. 


384  NOVKMBRK-DÉCKMBRK  1808. 

ralhos,  à  Tépoque  de  Strabon,  la  ville  fut  certai- 
nement reconstruite  plus  tard.  La  preuve  en  est 
dans  Texistence  des  autonomes  des  années  297  ot 
3*75  ,  de  cette  dernière  surtout  qui,  même  avec  Tère 
des  Séleucides,  correspond  à  Tan  63  après  J.-C 
Pline,  Hist.  nat.,  V,  17  et  XII,  55  et  Pomponius 
Mêla,  Description  de  la  terre,  livre  I ,  chapitre  i  a.  Lit 
Phénicie,  attestent  d'ailleurs  l'existence  de  Marathos 
au  i**"  siècle  de  notre  ère.  Le  nom  de  cette  ville  dispa- 
raît le  siècle  suivant,  et  ne  se  retrouve  plus  dans  les 
(Wits  de  Ptolémée,  GVod/r. ,  V,  xv,  16.  Mais  alors, 
celui  d'Antarados  le  remplace  '.  Ij'interprétation 
donnée  à  la  date  a 36  n'entraîne  donc  nullement 
la  conviction  et  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  cette  date 
et  les  deux  dernières  s'appliquent  à  l'ère  d'Arados. 

IV 

L'examen  approfondi  des  séries  monétaires,  auto- 
nomes et  royales  de  Marathos  confirme  pleinement 
les  premières  conclusions  en  faveur  de  fère  d'Ara- 
dos. jll  fournit  des  ai-guments  tirés  :  a.  des  types; 
h.  des  légend(*s;  r.  (hi  métal;  (L  di^s  modules;  c.  <lo 
l't^xécution  artistique  des  pièces  marathiennes. 

*  A\»T*  HiUor,  Erdlmndt' ,  XVII,  53,  j«'  |M'nse  que  les  noms  de 
Marathos  i*t  d'Anlarados  nv  <l«''si«;n<*nl  (|irtiiu>  «Mil»*  et  iiirim*  ritr. 
IVuirqnol  rr  rlian^t'incnt  i\v  nom?  Kn  Tabsenrc  ili*  loul  (lociiiiienl 
IhVtîs,  il  csl  |M'i*inis  de  croire  (jiu*  l<'s  Aradiens  n'y  furent  pas  étran- 
gers. Les  |)seudo-('léni(ntines,  ù  propos  i\v.  Saint -Pierre,  men- 
tionnent déjà  Anturados.  Mais  on  m*  peut  ajouter  quclqu'  rréanee 
à  ces  écrits  apocryphes ,  postérieurs  à  Ptoléitiée. 


L'KRK  DE  MARATHOS  DK  PHKMCIE.  385 

Parmi  les  type^s  figurant  au  droit  ou  au  revers  des 
monnaies  de  Maratlios,  les  uns  se  retrouvent  sur 
les  monnaies  de  sa  métropole  ou  sur  celles  des 
autres  villes  pliéniciennes.  D'autres  typ^s  sont  parti- 
culiers î\  cet  atelier  monétaire. 

F.  En  léte  des  types  cpie  Ton  retrouve  sur  les 
monnaies  des  autres  cités  d(»  I^hénicie ,  il  faut  placer 
les  types  alexandrins. 

Types  alexandrins.  —  Ils  figurent  sur  un  nombn> 
très  restreint  de  monnaies  :  tétradraclime,  drachme 
et  lironze. 

lie  létradrachme  est  au\  types  de.  ceux  que  Muller 
a  rangés  dans  sa  cinquième  classe.  Il  est  identique  k 
ceux  d'Arados  des  années  a 7  et  28,  et  porte  la  date 
an  30,  Sans  tenir  compte  de  cette  identité ,  qui  en- 
traine la  conclusion  logique  que  les  tétradrachmes 
aradiens  et  marathiens  précités  sont  contemporains, 
on  arrive  à  un  même  résultat  en  suivant  une  voie 
différente.  Jusqu'ici  on  ne  connaît  pas  de  statère  d'or 
à  Marathos.  Cette  absence  serait  à  peine  explicable 
en  î8'2  ,  si  la  date  portée  sur  c(»  télradraclune  mara- 
thien  appartenait  à  Tère  des  Séleucides.  Elle  est 
pleinement  juslifié(*  en  î^ig,  si  cette  date  est  ara- 
dienne.  .Fai  démontre,  dans  mon  travail  sur  Le 
monnayage  alexandrin  d'Arados,  que  les  statères 
d  or  de  ce  type  cessent  d'être  frappés  en  Phénicie 
à  partir  de  l'an  a  90  avant  J.-C. 


380  NOVEMBRE-DKCEMBRE  1808. 

La  drachme  et  1(»  l)ronze  sont  aux  mêmes  types 
que  les  statères  d'or  d'Alexandre.  Cette  constatation 
prouve  déjfi  qu  ils  sont  postérieurs  à  Tan  a 90 ,  époque 
de  la  suppression  de  la  frappe  de  ces  statères,  —  le 
même  type  ne  se   retrouvant  jamais,   avant    cette 
époque ,  sur  des  monnaies  de  métal  et  de  valeur  si 
distincts.  Les  types  diflerent  dans  les  détails  de  ceux 
qui  caractérisent  les  statères  alexandrins  en  générai. 
Le  casque  de  Pallas  n*est  plus  orné  de  serpents  comme 
sur  les  statères  d'\co,  de  Sidon  et    d'Arados;    son 
sommet  est  plus  sphérique;  les  cheveux  de  la  déesse 
s'étalent  en  grosses  boucles  sur  la  nuque.  Ces  ca- 
ractères  se    retrouvent,    par  contre,   au  droit  des 
beaux  tétradrachmes  de  Sidé  en  Pamphylie,  qui  ne 
sont  pas  antérieurs  à  1  avènement  dWntiochus  III  le 
(irand  sur  le  trône  des  Séleucides.  Cette  drachme 
et  ce  bronze,   à   types   alexandrins,   de  Marathos, 
doivent  donc  être  à  peu  près  contemporains  de  ce 
prince.  Comme  les  types  alexandrins  sont  nécessai- 
rement  antérieurs    aux   tvpes  autonomes  A  ci  ^ 
qui  commencent  en  iîG  et  2-25  avant  J.-C,  années 
33  et  3^  ,  c'est  avant  226  qu'il  faut  placer  l'émission 
de  la  drachme  et  du  chalque  précédents. 

Tjché.  —  Le  type  de  Tyché  tourelée  figure»  au 
droit  d'un  tétradraclïme,  date  de  l'an  33.  Avec  l'ère 
des  Séleucides,  cette  date  correspond  à  l'an  2-79. 
Or,  le  type  de  Tyché  tourelée  ne  commence  à  pa- 
raître sur  les  monnaies  phénicieimes  qu'après  aSg 
avant  J.-C.  C'est  tout  au  plus  vers  cette   époque 


L'I:RK  de  MARATÎIOS  de  PHÉMCIE.  387 

(|ii'on  le  relove  pour  la  première  fois  sur  les  auto- 
nomes dWrados.  Peut-on  regarder  comme  probable 
((ue ,  sur  ce  point  encore ,  Maralbos  ait  donné  l'exemple 
à  sa  métropole  et  aux  autres  villes  pbéniciennes?  Si 
donc,  pour  ce  nouveau  motif,  Tan  'i-jg  n'est  pas 
acceptable,  force  est  d'adopter  l'ère  aradienne  qui 
donnerait,  pour  Tan  33,  l'an  216  avant  notre  ère, 
éj)oque  où,  depuis  plus  de  20  ans,  Tyché  tourelée 
figurait  sur  les  monnair^s  aradiennes. 

Le  buste  de  Tyché,  au  droit  des  héuii-chalcpies 
de  Maratbos  de  l'an  io3,  porle  une  palme  sur  fé- 
paule.  (]et  attribut  manque  au  buste  de  Tycbé,  sur 
les  hémi-chalques  de  l'an  yo.  »Sur  les  cbalques  au 
type  de  Tycbé  debout,  allant  de  fan  yo  à  l'an  83, 
jusqu'ici  classés  à  Arados  et  cjue  j'ai  proposé  de  resti- 
Uier  à  Maratbos,  cette  pahne,  douteuse  au  droit  de 
celui  de  l'an  yo,  est  certaine  à  partir  de  fim  yi.  C'est 
donc  à  peu  près  vers  cette  date  que  la  palme  aurait 
été  ajoutée  au  coin  monétaire,  vers  'i^\2  av.  J.-C. 
avcic  l'ère  des  Séleucides,  ou  vers  189  av.  J.-C.  avec 
l'ère  d'Arados.  Dans  ce  dernier  atelier,  elle  apparaît 
précisément  à  partir  de  "70  ou  de  yi,  soit  à  partir 
de  1 88  ou  de  1  8y  avant  J.-C.  Ce  n'esl  aussi  qu'après 
cette  année  qu'on  la  trouve»  à  Bér\  t(î-Laodicé(\  à 
Gébal,  à  Sidon  el  à  Tyr.  Conunent  admettre  qu'à 
Maratbos,  elle  aurait  apparu  53  ans  plus  tôt? 

Si  on  poursuit  la  comparaison  du  bust(»  de  Tycbé, 
et  spécialement  de  sa  coiffure,  sur  l(»s  monnaies  de 
mêmes  dates  et  de  môme  métal,  à  Arados  et  k  Ma- 
ratbos. on  trouve  toujours  les  plus  étroites  analogies. 


388  NOVEMBREDKCEMBRE  1898. 

Ce  rapprochement  est  ic^iqiie,  en  admettant  Tusage 
dune  même  ère  dans  les  deux  cités;  dans  le  cas  con- 
traire, il  deviendrait  inexplicable. 

fl.  LVxamen  des  t\^s  monétaires,  spéciaux  à 
Marathos.  donne  des  résultats  non  moins  favorables 
:i  Tèiv  aradienne. 

Marathas  assis,  —  Le  tj'pe  •  Maralhos  assis  »  des 
léti^adrachmes  marathiens.  des  années  33  et  89, 
rapp«^lle  évidemment  le  type  ordinaire  des  tétra- 
drachmes  séleucides,  celui  «  d'Apollon  assis  sur  Tom- 
phalos  »  dont  ce  héros  était  le  fils.  Dans  la  numis- 
matique des  rois  de  Syrie,  ce  dernier  type  apparaît, 
il  est  vnii,  dès  Séleucus  T'et  Antiochusl*',  mais  il  ne 
devient  commun  que  sous  les  règnes  de  Séleucus  III 
( -226-222);  dWntiochus  III  (222-187)  et  de  Sé- 
leucus IV  (187-170),  soit  de  226  à  1^5  avant  J.-C. 
Les  deux  tétradrachmes  marathiens,  au  type  de 
«  Marathos  assis  »  portant  les  dates  33  et  89,  cor- 
respondent avec  fère  aradienne,  à  226  et  170 
avant  J.-C.  Ils  se  rattacheul  logiquement  à  la  périod<» 
226-170  des  tétradrachmes  séleucides,  pour\'Us  du 
type  similaire  «  Apollon  assis  sur  Tomphalos  » ,  dont 
ils  s'écarteraient  trop  s'il  s'agissait  de  fère  des  Sé- 
leucides :  Tan  33  correspondant  alors  à  Tan  279 
av.  J.-C. 

Ce  n'est  pas  tout;  la  présence  d'un  type  national 
sur  les  tétradrachmes  autonomes  de  Marathos,  plus 
d'un  siècle  avant  que  sa  métropole,  Arados,  ne  se 


L'KRE  DE  MARATHOS  DE  PHENICÏE.  389 

fût  décidée  à  renoncer  aux  types  alexandrins  sur  les 
siens,  aiu'ait  tout  lieu  de  surprendre.  Telle  est  ce- 
pendant la  conclusion  qui  s'impose,  si  la  date  33 
apparti(înt  à  Tère  des  Séleucides.  Avec  Tère  d'Arados 
l'écart  serait  bien  moins  considérable. 

Double  corne  d'aboncUince,  —  \jv  type  «  double 
corne  d abondance  »  apparait  en  120  à  Maratlios, 
et  persiste  jusqu'à  la  (in  du  monnayage  de  cette 
ville.  Il  n'existe  pas  à  Arados.  11  ne  figure  que  sur 
une  monnaie  autonome  de  Tyr,  en  or,  quadruple 
statère.  du  Musée  de  Berlin,  daté  de  Tan  2  3,  soit 
io3  avant  J.-C.  Le  type  «simple  corne  d'abon- 
dance» se  voit  à  Carné,  fdle  dWrados  qui  avait 
adopté  son  ère,  de  fan  yo  à  fan  19.3,  soit  de  189 
à  i36  avant  J.-C;  et  h  Antioche  de  Ptolémaïdi»,  de 
189  îi  195  (ère  des  Séleucides),  soit  de  1^3  à  1  ly 
avant  notre  ère.  On  1«*  voit,  lapparition  de  ce  type 
sur  les  monnaies  d(»  Phénicie  est  relativement  ré- 
cente, l/annéo  120  s'accommoderait  donc  mieux  de 
l'an  139  av.  J.-C.  a>ec  l'ère  aradienne,  que  l'an  192 
av.  J.-C.  avec  l'ère  d(»s  Séleucides.  On  pourrait  ob- 
jecter que  l'inverse  existerait  en  tenant  compte  qu  Ar- 
sinoé  lia  frap])é  des  monnaies  en  or  avec  ce  type, 
en  2^3  av.  J.-C.  à  Sidon,  en  2/47  à  Tyr,  en  2/16  à 
Plolémaïs;  en  2/40  à  Joppé.  Mais,  si  l'ère  des  Séleu- 
cides rst  celle  qui  fournit  U*s  dates  de  Marathos, 
comment  (M)mpreiidre  la  disparition,  au  re>ers  des 
monnaies  ro\ales  (|u' Vrsinoé  II  aurait  frappées  dans 
relie  ville,  d'un  atlribut  qu'on  lui  consacre  régulir- 


390  NOVEMBRE-DECEMBRE    1898. 

rernent  dans  les  puissantes  villes  de  la  Phénicie  mé- 
ridionale ? 

Effigies  royales,  —  Sur  les  monnaies  royales  de 
Marathes ,  on  observe ,  1 7  fois  sur  a ,  une  effigie  de 
reine  qui  >arie  fort  peu.  Elle  se  maintient  durant 
une  période  de  68  ans,  de  Tan  4o  à  Tan  108, 
beaucoup  trop  longue  pour  embrasser  un  seul  règne. 

Avec  1ère  des  Séleucides,  cette  période  cones- 
pondrait  aux  règnes  suivants  : 


KKtNKS. 

DUREE  DU  RÈGNE. 

AHNBKS  LXSCRITES 
SUR  US  MOnUlES  DE  MAI 

(Av.  J.-C.) 

(Av.  J.-C.) 

Arsinoë  J 
Arsinoé  ][ 
Bérénice  11 
Arsinoé  111 

D 

• 

281-277 

277-249 
247-222 
222-209 

• 

278 

272-249 
239,  223 
217-208 
208-204 

On  coimait  les  effigies  de  ces  diverses  reines,  qui 
iigurc^iil  au  droit  de  monnaies  frappées  en  Egypte. 
Seule,  ccîlliî  de,  Bérénice  11  aurait  quelque  ressem- 
blance avec  relïif^ie  féminine  des  monnaies  royales 
de,  Marathos.  Les  autres  en  diffèrent  plus  ou  moins. 
Arsinoé  I  et  Arsinoé  11  ont  la  tète  voilée  et  ornée  du 
diadème;  Vrsinoé  111  est  représentée  sans  voile,  niciis 
av(»,c  un  diadème.  Si  donc  on  considère  les  effigies 
féminines  qui  existent  au  droit  des  monnaies  royales 
de  Marathos  comme  appartenant  à  des  reines  d'E- 
gypte, elles  ne  conviennent  nullement  à  3  sur  4  des 
reint»s  précitées. 


L'KH>:  I)K  MAUATHOS  DK  PHÉNICIE.  391 

Avec  Tèrc  aradicnno,  la  période  d'émission  des 
monnaies  royales  de  Marathos,  correspondrait  aux 
règnes  suivants  : 


KKINES.  DUKKK   DU  REGNt. 


ANNKKS  INSCRITRS 
SU  H  LES  MOKNAIKS  DE  MARATIIOS. 


;  A\.  J.-(!.)  (Av.  J.-C. j 

Jiriviuco  II  'li'j-i'À'.i  'l'ib 

Arsinoc  III  wi-i-'ioi^  îU) 


198-196  ? 

(  iicoptitrt'  I  '  î)3- 1 7^^  1 86 

?  ?  1 70 

Cléopàtre  U  1 65- 1  A3  j  64- 1 5 1 

I^es  critiques  applicables  à  Bérénice  [1  et  à  Ar- 
sinoé  III,  dans  l'hypothèse  de  l'ère  des  Séleucides, 
conser\ent  toute  leur  valeur  avec  l'cre  aradienni». 
A>ec  cette  dernière  apparaîtraient  à  Marathos  les 
ellif^ics  de  Cléopàtre  1  et  (lléopâtre  II,  toujours  re- 
préserjtées  en  Egypte  sous  les  traits  conventionnels 
d'Isis  ou  sous  ceux  de  l'Afrique,  couverte  d'une  peau 
d'éléphant. 

\vec  les  deux  hypothèses  on  rencontre  également 
<les  j)ériodes  pendant  lesquelles  aucune  reine  n'oc- 
cupait le  trône  d'Egypte,  et  où  néanmoins  l'effigie 
loyale  continue  à  figurer  sur  les  monnaies  de  Ma- 
rathos. 

La  conclusion  logique  de  ces  remanjues  est  donc 
(|ue  les  elïigies  des  monnaies  royales  de  Marathos 
ne  sont  pas  de  vrais  portraits,  mais  des  représenta- 
tions conventionnelles  de  reines  diverses,  sous  un 
seul  et  n)éme.  type,  qui  se  maintient  à  peu  près  iin- 


39^  50VEMfiRE>DECEUBRE  1898. 

muable  pendant  une  période  de  68  ans.  L^origine 
de  ce  Up^  aurait  ele  IVffigie  de  Bérénice  II ,  adopté 
phiî  tard  par  les  reines,  qui  lui  ont  succédé,  pour 
des  motifs  qui  nous  échappent. 

Si  les  effigies  féniinin»*s  des  monnaies  royales  de 
Marathos  ne  reproduisent  pas  réellement  les  traits 
des  reines  d'Ugvpte .  les  «effigies  masculines  ne  doivent 
pas  davantage  ètn-  les  portraits  d'un  roi.  Celles-ci 
figurent  sur  des  moiuiaies  portant  les  dates  85  à  9 1 , 
soit  -227  â  tiai  av.  J.-C.  (ère  des  Séleucides),  ou 
iy4  à  168  av.  J.-C.  ère  d'Arados).  Elles  corres- 
pondent, par  suite,  aux  règnes  de  Ptolémée  III 
Kvergète  (  a  Û7-2  22),  dans  le  premier  cas;  et  de  Pto- 
lémée M  Philométor  (181-1^6),  dans  le  second  cas. 
Ces  effigies  masculines  seraient  donc  aussi  des  repré- 
sentations conventionnelles  d'un  roi  d'Egypte,  sous 
les  traits  d'Hermès  ou  de  Mercure. 

Dans  le  cas  où  il  s  agirait  d'un  véritable  portrait 
de  roi ,  celui  que  j)orte  le  chalcjue  de  l'an  9 1 ,  effigie 
d'adolescent  ne  saurait  convenir  à  un  roi  qui  mourut 
en  2  2  1  av.  J.-C.  à  l'âge  de  63  ans.  Telle  est  cep«»n- 
dant  la  conclusion  qui  s'impose  si  la  date  9 1 ,  cor- 
respondant à  l'an  'i'ii,  était  enjpruntée  à  l'ère  des 
Séleucides.  Avec  l'ère  d'Arados,  les  dates  85  à  91, 
correspondant  aux  années  17/1  à  168  avant  J.-C, 
appartiendraient  au  règne  de  Ptoléuiée  Vi  Philo- 
métor nionté  sur  le  trône  depuis  181  avant  J.-C,  à 
l'àge  de  5  ans,  et  parvenu  à  celui  de  1  i  à  18  ans, 
durant  eeth'  j)ériode,  —  ce  (|ui  concorderait  a\ec 
r<*lli'»ie  nioiu  lîiire  el  explicjurniil  la  présence  en  89- 


LKRE  DE  MARATHOS  DE  PHh^NIClE.  393 

I  70  avant  J.-C,  sur  les  monnaies  de  Marathos,  de 
l'effigie  de  sa  mère,  Ciéopâlre  J ,  morte  depuis  1 7/1 , 
et  de  qui  il  tenait  ses  droits  sur  certaines  parties  de 
la  Phénicie.  On  comprendrait  aussi  la  réunion  de 
monnaies  royales  de  Marathos  de  ce  type,  datées 
des  ans  85  à  91,  avec  des  autonomes  d'Arados,  d<i- 
Jées  de  85  à  89,  dans  la  trouvaille  de  1893-1896 
signalée  plus  haut. 

Rien  ne  s'oppose  à  ce  que  Ion  voie  dans  la  seule 
elïigie  masculine  des  monnaies  royales  de  Marathos 
le  portrait  véritable  de  Ptolémée  VI  Philométor, 
comme  la  première  efligie  de  reine  fut  probablement 
celui  de  Bérénice,  conservé  sans  modifications  par 
les  reines  qui  lui  succédèrent  plus  tard.  C'est  la  so- 
lution à  laquelle  je  m'arrête  le  plus  volontiers.  Re- 
marque importante  :  de  8y  à  90,  c'est  à-dire  en  88 
et  89,  la  frappe  de  ces  chalques  a  été  suspendue 
pendant  au  moins  deux  ans.  Ces  années  corres- 
pondent, avec  l'ère  aradienne,  à  la  période  comprise 
entre  1-72  et  169-168  av.  J.-C.  pendant  laquelle 
Ptolémée  VI  fut  le  prisonnier  d'Antiochus  IV,  roi  de 
Syrie.  Cette  suspension  de  frappe  s'expliquerait  logi- 
quement et  vient  à  l'appui  de  l'interprétation  que  je 
propose. 

Que  faut-il  penser  de  l'objection  de  M.  Babelon  ^ 
faisant  remarquer  qu'avec  l'ère  d'Arados  l'an  y  3 
corr(»spondrait  à  l'an  186  avant  notre  ère  :  «Béré- 
nice II,    femme  de  Ptolémée    HI  Ever^ète,   ayant 

^   Loc.  cit.,  p.  106. 

XII.  26 


i«»miH»*ik  uàii'jiAum. 


394  NOVEMBRK.DÉCEMBRfi   IS08. 

régné  seulement  jusquen  aaa,  il  est  impossible 
d admettre  quon  trouve  son  portrait  sur  des  mon- 
naies d*argent  qui  auraient  été  frappées  à  Marathos, 
35  ans  après  la  mort  de  cette  reine  d*Egypte.  ■  L'in- 
terprétation que  j  ai  donnée  plus  haut  suffit  pour 
résoudre  convenablement  cette  objection.  Aujour- 
d'hui, en  Autriche,  ne  continue-t-on  pas  à  frapper 
des  monnaies  d'or  et  d'argent  à  l'effigie  de  Marie- 
Thérèse,  morte  depuis  1780?  Cette  supposition, 
avec  l'ère  aradienne,  serait,  en  tout  cas,  plus  satis- 
faisante que  celle  imposée  par  l'adoption  de  l'en* 
des  Séleucides,  qu'Arsinoé  I  s'est  fait  représenter, 
en  34  =  ^78,  sous  les  traits  de  Bérénice  11,  3i  ans 
avant  que  cette  reine  ne  montât  sur  le  trône. 

La  seule  objection  vraiment  sérieuse  qui  pourrait 
être  soulevée  contre  l'adoption  par  Marathos,  de 
l'ère  aradienne ,  est  l'existence  d'une  effigie  de  reine 
sur  des  monnaies  publiées  par  M.  Babelon  {Perses 
achéménidesy  n**  i443  et  lûAi),  des  dates  61  et 
63.  Elles  correspondraient  en  effet,  aux  années  198 
et  196,  et  à  la  minorité  du  roi  Ptolémée  V  Epi- 
phane,  roi  depuis  20a ,  et  à  peine  âgé  de  1  1  ans  en 
198  et  de  i3  ans  en  196.  C'est  ce  roi  qui  épousa 
Cléopàtre  1,  fille  d'Antiochus  111  le  Grand,  un  peu 
plus  tard ,  en  1 93.  Je  pense  que  ces  dates  ,  relevées 
par  M.  Babelon  seul,  et  qui  n'existent  dans  aucun 
de  nos  médaillers  de  Beyrouth,  ont  été  mal  lues  ou 
sont  incomplètes,  sur  des  monnaies  de  conserxalion 
insuflisante,  comme  il  s'en  trouve  encore  malheu- 
reusement   trop    au  cabinet    de    Krance,  dans  les 


L'KKE  DE  MARATHOS  DE  PHENICIE.  395 

séries  phéniciennes.  Il  s'agit,  à  mon  avis,  de  Thémi- 
chaique  de  lan  78  ,  la  plus  commune  de  toutes  les 
pièces  royales  de  Marathos,  le  n"  iliM  n*étant  autre 
que  le  if  1 446 ,  et  le  n"  1 44  ^1  étant  une  variété  du 
n"  i448.  Je  suis  confirmé  dans  ce  sentiment  par 
Tétude  du  n°  1  ^  4  3 ,  représenté  par  M.  Babelon  , 
pi.  XX VIII,  n""  4,  monnaie  absolument  identique  à 
I  o  exemplaires  variés  de  rhémi-chakjue,  de  Tan  7 3, 
de  ma  collection ,  sur  lesquels  on  pourrait  lire  les 
dates  70,  71  et  7*2 ,  quand  la  légende  de  lexergue, 
mal  frappée,  se  continue  en  dehors  du  champ.  Mais 
seule  la  date  73  est  indiscutable  sur  les  exemplaires 
l'enfermant  la  date  entière  et  très  bien  frappée.  La 
ligure  qui  représente  le  n"  i/ilx6  laisse  d aiiieui*s 
apercevoir  des  traces  de  barres  verticales  (unités), 
un  trait  horizontal  (dizaine)  après  NN N  "if  (an  60); 
ce  qui  confinne  la  lecture  delà  date  73  et  non  celle 
de  63  ou  de  6 1 .  Pour  affirmer  lexistence  de  ces 
de^ix  dates,  il  faudrait  des  exemplaires  de  conser- 
vation irréprochable,  et  les  n"*  i443  et  i444  sont 
loin  de  Têtre. 

Une  autre  objection  est  soulevée  par  M.  Babelon. 
Avec  les  dates  100  à  108  (en  réalité,  89  à  108), 
correspondant  d'après  lere  aradienne  à  iSg-iSi 
(en  réalité  170-151)  avant  notre  ère,  nous  avons 
un  poitrait  de  reine  égyptienne,  tandis  que  la  dy- 
nastie des  Lagides  ne  nous  fournit  point  de  femme 
ayant  frappé  monnaie  à  celte  épocpie.  Cette  objec- 
tion nVst  pas  plus  convaincante  que  les  autres.  Rien 
ne  prouve  qu'on  ne  doive  attribuer,  en   Egypte,   à 

36. 


396  NOVËMBRE-DÉGEMBRE  1898. 

Ciéo|)àtre  II  (  1 65- 1  43)  aussi  bien  qu*à  son  illustre 
mère  Cléopatre  I,  morte  en  ly/i  ou  en   i y 3,  dont 
elle    aurait    consené    les    types     monétaires,    les 
monnaies    attribuées   a    cette    dernière,    monnaies 
frappées  après  sa  mort  par  son  fils  Ptoléiiiée  Mil 
Evergète  II  Physcon^    D'ailleurs,   dans    une  ville 
qui,  sur  le   total   de  ses    monnaies  royales  ^yp- 
tiennes,  fait  figurer  au  moins  trois  reines  pour  un 
seul  roi ,  il  est  à  présumer  qu'on  ne  doit  pas  tenir 
un  compte  trop  rigoureux  des  usages  en  cours  en 
Egypte,  mais  plutôt  de  certains  privil^es  locaux, 
ignorés  de  nous,  qui  résenent  peut-être  aux  reines 
une  suprématie  locale  ou  des  droits  monétaires,  de 
préférence  à  leurs  époux.  Même  en   admettant  les 
idées  de  M.  Babelon ,  on  ne  comprendrait  pas  pour- 
quoi  Aranoé  III  ayant  succombé  en   io3  ==  209 
avant  J.-C,  son  effigie  aurait  été  conservée  sur  les 
monnaies  de  Marathos,  durant  cinq  ans   après  sa 
mort,  jusqu'en    108  =  ao4.  Avec  Tère  aradienne. 
cette  difficulté  s'é>anouit.  Cléopatre  II,  ayant  régné 
de  I  65  il  1^3  avant  J.-C. ,  a  pu  frapper  des  monnaies 
à  son  effigie,  de  166  à  i5i.  La  monnaie  de  Tan  89 
soit  i-jo  avant  J.-C,  qui  fait  partie  de  la  collection 
du  D'  P.  Schrœder,  à  Beyrouth,  dont  la  date  est 
incontestable,  comme  je  m'en  suis  assuré  à  diverses 
reprises,  devrait,  dans  ce  cas,  être  rapportée  à  Cléo- 
patre 1,  déjà  morte  depuis  3  ou  4  ans.  Pareille  attri- 
bution à  une  princesse,  qui   a  joué  dans  l'histoire 

'    \\i"^.  Sluarl  Pooli",  The  Ptolcmics  Kimjs  0/  KtjYpi,  pi.  XXI ,  o. 
•  t  pi.  XXII,  5  et  (i. 


L'KRE  DE  MARATHOS  DE  PHÉMCTE.  397 

d'Kgypte.  un  rôle  si  glorieux,  est  d  autant  moins  im- 
probable que  M.  Reg.  Stuart  Poole  n  a  pas  hésité  à 
lui  attribuer,  dans  les  séries  égyptiennes,  des  mon- 
naies incontestablement  frappées  après  sa  mort.  En 
1  70,  son  héritage  était  encore  le  sujet  de  contesta- 
tions entre  les  rois  de  Syrie  et  ceux  d'Egypte ,  et  ce 
dernier,  Ptolémée  VI,  était  le  prisonnier  d'Antio- 
chus  IV.  La  présence  en  89  de  Teffigie  de  Cléo- 
pâtre  I  sur  les  monnaies  de  Marathos  a  pu  avoir 
en  Télal,  une  signification  toute  particulière;  comme» 
celui  d'une  protestation  contre  les  Séleucides. 

Zeus.  —  Si  les  monnaies  royales  de  Marathos 
portent  des  dates  empruntées  à  Tère  d'Arados,  la 
dernière  d'entre  elle.s  aurait  été  frappée  en  1 5 1 
avant  J.-G.  La  dernière  monnaie  autonome  aux  types 
purement  marathiens  «  Tyché- Marathos  debout» 
est  de  i54.  En  iSg  avant  J.-C.  commence  une 
nouvelle  série  d'autonomes  avec  de  nouveaux  types , 
qui  ne  disparait  défuiitivement  qu'en  1  1  6  après  J.-C. 
Avec  l'ère  d'Arados,  nous  sommes  donc  conduits  à 
admettre  que  le  passage  de  Mai*athos  de  la  domina- 
tion égyptienne  à  cellt»  des  rois  d*»  Syrie  se  serait 
ellectué  entre  i5i  et  189  avant  notre  ère.  Toutes- 
fois  le  fait  est  loin  d'être  certain,  caries  types  du 
droit  et  du  n»vers  des  chalques  de  cette  nouv(»He 
série  sont  des  types  égyptiens.  Si  l'annexion  défini- 
tive de  Marathos  ne  remonte  pas  à  i5i  avant  J.-C, 
il  est  au  moins  indubitable  qu'à  cette  époque  Mara- 
thos lit  au  moins  momentanément  de  l'empire  des 


398  NOVKMBRK.DÉCRMBaE'1898. 

Séleucides.  Car  c'est  précisément  vers  cette  année 
que  se  passe  un  événement  inexplicable,  h  moins 
d admettre  ses  rapports  étroits  avec  lannexion  ré- 
cente de  Marathos  au  royaume  de  Syrie. 

«  Kn  1 48  ou  I  5o  avant  notre  ère,  sous  Alexandre  I 
Bala,  d  après  Diodore  de  Sicile  (Liv.  XXXIII,  5), 
les  Aradiens  obtinrent,  au  prix  do  3oo  talents, 
d*\nimonius,  gouverneur  de  la  Phénicie,la  permis- 
sion de  détruire  M aratbos.  Soupçonnant  les  dangers 
qui  le^  menaçaient,  les  habitants  de  cette  ville  char- 
gèrent immédiatement  dix  de  leurs  concitoyens  les 
plus  distingués  de  partir  pour  Arados,  revêtus  du 
costume  des  suppliants,  et  emportant  les  plus  an- 
ciennes images  d(»  leur  ville.  Us  espéraient  ainsi  dé- 
tourner la  colère  de  leur  métropole.  Mais  les  Ara- 
diens ne  respectèrent  pas  les  droits  communs  des 
suppliants.  Ils  ne  tinrent  aucun  compte  de  la  com- 
munauté de  leur  origine  et  de  leurs  croyances  reli- 
gieuses. Ils  brisèrent  les  images  des  divinités,  l^s 
foulèrent  aux  pieds  et  assaillirent  les  députés  à  coups 
de  pierre.  Puis  ils  les  tueront  avoc  leurs  flèches  •. 

«  Enlevant  alors  les  anneaux  que  les  députés 
portaient  à  leurs  doigts,  les  Vradiens  s  en  servirent 
pour  envoyer  aux  Marathiens  une  lettre  supposée 
écrite  par  leurs  députés,  dette  lettre  annonçait  l'envoi 
(fun  corps  d  auxiliaires.  Sans  méfiance,  les  Marathiens 
l'auraient  admis  dans  leur  ville,  ([ue  ces  soldats 
devaient  livrer  aux  Aradiens.  dette  tentative  crimi- 
nelle échoua  complètement.  Les  Aradiens  avaient 
enlevé  toutes  les  barquos  alin  que  |)orsonne  ne  pût 


L  KRE  DE  MARATHOS  DE  PHf^MCIE.  390 

aller  dénoncer  leur  peiTide  dessein,  lorsqu'un  pê- 
cheur, ami  des  Marathiens ,  privé  de  sa  barque  qu'on 
lui  avait  d\ér,  traversa  à  la  nage,  pendant  la  nuit, 
It»  détroit  qui  sépare  Tile  de  la  côte,  franchit  hardi- 
ment une  distance  de  huit  stades,  et  dévoila  aux 
Marathiens  le  complot  de  leurs  ennemis.  Instruits 
par  des  espions  que  leui's  projets  étaient  découverts, 
les  Aradiens  renoncèrent  à  leur  criminelle  enti^e- 
|)rise.  » 

Le  récit  de  l'historien,  que  nous  ne  pouvons  ré- 
MKfuer  en  doute,  appartient  à  un  livre  dont  on  ne 
possède  malheureusement  que  des  fragments  ;  nous 
i«i[iiorons  donc  les  événements  qui  précédèrent  et 
ceux  qui  sui\irent  la  tentative  des  Aradiens  contre 
Maiathos.  Les  hypothèses  suivantes  concorderaient 
singulièrement  avec  les  données  de  l'histoire  et  de 
h\  numismatique. 

En  i5o  avant  J-.C ,  Alexandre  I  Bala,  devenu 
uiaitre  de  toute  la  Syrie,  obtint  en  mariage  la  main 
<lo  Cléopâtre,  fille  de  Ptolémée  VI  Philométor.  Ce 
mariage  fut  célébré  en  grande  pompe,  à  Ptolémaïs, 
de>ant  les  rois  d'Kgypteet  de  Judée  (Jonathan  Mac- 
chabée). Celte  princesse  dut  apporter  en  dot  les 
anciens  droits  de  sa  grand'mère,  Cléopâtre  I,  fille 
d -Vntiochus  111.  Ainsi  se  terminèrent  toutes  les  con- 
testations  (|ui  avaient  divisé,  en  i-j^i,  TKgypte  et  la 
Syrie,  et  provoqué  la  guerre  entre  Ptolémée  VI 
Philométor  et  \ntiochus  IV  Kpiphane.  Par  suite  de 
cet  apport  dotal,  Marathos  (it  retour  aux  Séleu- 
cides.  Mais  ce  changement  imprévu   de  régime  ne 


400  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

put  être  accepté  volontiers  par  Marathos,  d'autant 
plus  dévouée  aux  rois  d'Flgypte  que  sa  voisine  et  ri- 
vale, Arados ,  Tétait  aux  rois  de  Syrie ,  qui  lui  avaient 
concédé,  à  diverses  époques,  de  si  grands  privilèges. 
Marathos  mécontente  ne  put  perdre  aucune  occasion 
de  protester  contre  le  nouvel  accord  intervenu  entre 
rÉgypte  et  la  Syrie.  D*oû  Tirritation  du  gouverneur 
de  la  Phénicie,  Ammonius,  qui  dut  être  connue  et 
habilement  exploitée  par  les  Aradiens. 

Marathos  échappa  à  la  ruine  à  cette  époque.  Mais 
sa  prospérité  commença  alors  à  décliner  rapidement; 
et  il  est  probable  qu  Arados  récupéra  ses  anciens 
droits  de  métropole.  Ainsi  s'expliqueraient  et  les 
modifications  des  types  monétaires  sur  les  autonomes 
de  cuivre  et  la  disparition  du  monnayage  d'argent , 
à  une  époque  où  les  émissions  d  espèces  de  ce  métal 
furent  si  multipliées  à  Arados. 

L'émission  des  autonomes  au  type  de  «  Zeus- 
double  corne  d'abondance  »  est  assez  régulière  do 
l'an  1  2o  à  l'an  i  /iS;  à  partir  de  cette  date,  les  émis- 
sions sont  fort  irrégulières  et  éloignées  les  unes  des 
autres,  connue  le  prouvent  leurs  dates  i68,  q36, 
297  el  3yô.  A>ec  l'ère  des  Séleurides,  ces  diverses 
dates  correspondant  aux  années  1  Vi ,  76,  i5  avant 
J.-C.  et  63  après  J.-C.  n'auraient  aucune  significa- 
tion précise.  A  Arados,  de  \l\^  à  l'an  20,  se  suc- 
cèdent des  émissions  extrêmement  abondantes.  De 
même  à  Béryte  ',  à  Sidon  et  h  Tyr.  Pourquoi  Ma- 

*   V'oir  mon    mémoire   sur  I^s  aniononws  de  Béryte.  Ap.  Revnr 
nnmismatiqne ,  .V  et  4'  fasc    1898. 


L'KRE  DE  MARATHOS  DE  PHEMCIE.  401 

rathos  n'aurait-elle  pas  suivi  rexemple  de  ces  diverses 
villes?  En  outre,  Tan  63  appartient  au  règne  de  Né- 
ron ,  sous  lequel  il  n  a  été  frappé  d'autonomes  qu'à 
Sidon  et  à  Tyr,  villes  de  la  Phénicie  méridionale. 

Avec  Tère  d'Arados,  les  années  précitées  corres- 
pondent à  91,  23  av.  J.-C,  38  et  1 16  après  J.-C 
Avec  ces  dates,  Tharmonie  est  parfaite  entre  Mara- 
thos  et  les  autres  ateliers  monétaires  de  Phénicie. 
En  9 1 ,  Arados  avait  éclipsé  sa  rivale  et ,  à  diverses 
reprises,  durant  les  guerres  qui  ensanglantèrent  les 
dernières  années  de  lempire  séleucide,  avait  servi 
temporairement  sinon  de  capitale,  au  moins  de  ré- 
sidence, aux  divers  princes  qui  se  disputèrent  le 
pouvoir.  En  2  3 ,  Marathos  a  bien  pu  frapper  mon- 
naie; les  conditions  politiques  ([ui  régissaient  la 
Phénicie  devaient  être  les  mêmes  pour  cette  ville 
et  pour  sa  voisine,  Arados,  qui  a  émis  les  autonomes 
au  type  «zébu  bondissant»  en  229,  235  et  289, 
soit  en  3o,  2/i  et  20  avant  notre  ère.  En  38,  on 
trouve  sous  Caligula,  à  Arados,  une  autonome. 
Dans  cette  dernière  ville,  les  restitutions  monétaires 
aux  types  des  anciennes  autonomes  sont  fréquentes 
sous  les  règnes  de  Domitien  et  de  Trajan.  Quels  sont 
les  motifs  qui  onl  poussé  ces  empereurs  à  édicter 
pareille'  mesure?  Nous  l'ignorons.  Les  monuments 
numismatiques  sont  néanmoins  là,  qui  rendent  le 
fait  incontestable. 


40S  NOVËMBRE-DKCEMBRK  1898. 


^ 


LEGENDES. 

Pour  des  raisons  qui  nous  échappent,  les  légendes 
inscrites  sur  les  monnaies  de  cuivre  de  Mai*athos 
sont  constamment  en  langue  phénicienne,  jusqu'à 
une  époque  très  tardive,  en  a 36.  Bien  que  cette 
pratique  soit  en  contradiction  avec  Tusage  adopté 
de  foit  bonne  heure  par  Arados  de  légendes  gréco- 
phéniciennes,  elle  n  a  pas  lieu  de  nous  surprendre. 
Le  monnayage  de  cui\Te  était  surtout  destiné  à  ser- 
vir d'appoint  dans  les  transactions  locales;  chaque 
cité  pouvait  donc,  sans  inconvénient  sérieux,  se  dis- 
penser de  toute  règle  appliquée  par  ses  voisins  à  ce 
sujet.  Il  n'en  était  pas  de  même  pour  le  monnayage 
d'argent,  destiné  plus  spécialement  au  cx)mmerce 
extérieur.  Les  usages  en  cours,  à  une  époque  quel- 
conque, à  Arados,  doivent  donc  se  retrouver  sans 
grave  modification  h  Marathos,  cité  voisine.  Nous 
ne  coimaissons  ([ue  cinq  pièces  d'argent  de  cette 
ville  : 

Un  tétrîidrarhme ,  à  types  «liexandrins,  daté  de 
l'an  3o. 

Une  hémi-drachme,  tête  de  reine,  Marathos  de- 
bout ,  de  l'an  3  ^ . 

Une  hémi-draclime,  mômes  types,  de  l'an  y 3. 

Un  tétradrachme  autonome,  Tyché-Marathos  as- 
sis,  de  l'an  33. 

Un  tétradrachme  autonome,  mornes  types,  de 
Tan  89. 


L'EKE  DR  MARATHON  DE  PHFiNICIK.  ^03 

Les  légendes  des  quatre  premières  pièces  sont 
fj;réco-phéniciennes.  H  est  incontestable  que  toutes 
portent  des  dates  empnintées  à  une  seule  et  m<^me 
♦Te,  celle  qui  ligure  également  sur  le  tétradrachme 
aulonomo,  à  légende  grecque,  de  Tan  89.  (les  lé- 
gendes sur  les  trois  premières  pourraient  convenir 
aussi  bien  à  Fère  des  Séleucides  qu'à  fère  d'Arados, 
aux  années  282  ,  278,  comme  aux  années  229,  2  25. 
Lliémi-dracbme  de  Tan  y 3,  reproduisant  les  tj^es 
(le  celui  de  Tan  3'i,  peut  être  négligé  puisque,  ni  h 
cette  époque,  ni  aux  époques  antérieures  ou  posté- 
rieures les  plus  voisines,  il  nV  a  h  \rados  de 
pièces  de  même  valeur  et  module  pouvant  sen  ir  de 
lerme  de  comparaison.  I^e  tétradracbme  autonome 
de  l'an  89,  à  légende  entièrement  grecque,  fournil 
des  indications  fort  précieuses.  Si  cette  année  cor- 
respond, avec  fère  des  Séleucides,  à  l'an  228  av.  J.-C, 
ce  serait  une  nouvelle  divergence  inexplicable  avec 
fusage  adopté  à  Vrados ,  dont  on  connaît  des  tétra- 
drachines  alexandrins  à  légende  grerx)-pbénicienne , 
portant  la  date  ^|5  de  Tère  aradienne,  soit  2 1  ^j 
avant  J.-C,  et  où  les  tétradrachme»  alexandrins  à 
légendes  entièrement  grec<|ues  ne  commencent 
(pi'en  60,  soit  19g  av.  J.-(l.  Remarquons  que  le  té- 
tradrachme autonome  d'Arados,  au  type  de  Poséi- 
don, à  légende  entièrement  grecque,  porte  la 
date  86,  soit  iy3  av.  J.-(i.  Si  le  tétradrachme  de 
Marathos  de  Tan  8g  porte  une  date  aradienne,  il 
serait  de  fan  1  70  av.  J.-(].  La  présence  d'une  lé- 
gende entièrement  grecque  serait,  en  ce  cas,  parfai- 


404  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1898. 

tement  justifiée  sur  un  tétradrachnie,  dont  la  frappe 
à  Marathos  a  été  peut-être  inspirée  par  l'exemple 
donné  trois  ans  auparavant  par  sa  métropole. 

MÉTAL. 

Los  monnaies  autonomes  ou  royales  de  Marathos 
sont  presque  toutes  en  cuivre.  Cinq  seulement  sont 
en  argent.  Avec  rhypotbèse  de  l'ère  des  Séleucides, 
il  faudrait  inaugurer  pour  Marathos  le  monnayage 
daté  du  bronze,  dès  Tan  ayg  av.  J.-C,  tandis  que 
la  plus  ancienne  monnaie  de  bronze,  à  types  auto- 
nomes et  pourvue  d  une  date  frappée  en  Phénicie ,  à 
Arados,  est  bien  postérieure:  elle  est  de  Tan  22  = 
aSy  avant  J.-C. 

MODULES. 

Avant  Antiochus  III  (aa^-iSy),  les  modules  des 
tétradrachmes  dos  Séleucides  supérieurs  à  o  m.  o3 
sont  des  exceptions;  ils  sont  devenus  presque  la 
règle  sous  Antiochus  IV  (lyS-iô/i).  L'an  1*70  con- 
>ient  donc  mieux  que  Tan  îiti3  pour  Tan  89  inscrit 
sur  un  tétradrachme ,  ayant  o  m.  o3  2  comme  module, 
qui  aurait  été  frappé  pendant  la  captivité  de  Plolé- 
niée  VI  prisonnier  d' Antiochus  IV^  Cette  conclusion 
est  confirmée  par  la  différence  des  tétradrachmes 
alexandrins  d' Arados.  Ceux  à  légendes  gréco-phéni- 
ciennes allant  jusqu en  ai4  av.  J.-C.  ont  un  mo- 
dule de  om.oîy  à  om.028;  ceux  à  légendes  entiè- 
rement grecques,  allant  de  199  à  186,  ont,  comme 


L'ÈRE  DE  MARATHOS  DE  PHÉNTCIE.  405 

C(»ux  de  Rhodes,  égideinent  frappés  dans  le  if  siècle 
a>anl  notre  ère,  om.oSa.  Le  beau  tétradracliine 
autonome  d'Arados,  frappé  au  type  de  Poséidon  en 
iy3  av  .J.-C,  a  également  un  module  de  oni.o3'i. 

EXÉCUTION   ARTISTIQUE. 

L'evécution  artistique  du  tétradrachme  de  Tan  33 
diffère  des  tétradrachmes  d*Antiochus  I""  (28 1  -26  i  ) , 
et  s(»  rapproche  beaucoup  de  ceux  de  Séleucus  III 
(•246-226).  L'attitude  générale  de  Marathos,  au  re- 
>ers  l'inclinaison  de  sa  tête,  le  modèle  de  son  sys- 
tème musculaire,  offrent  des  analogies  frappantes 
a>  ec  les  mêmes  particularités  de  TApoUon  assis  des 
tétradrachmes  de  Séleucus  III.  \u  droit,  mêmes 
points  de  ressemblance  entre  le  visage  de  Tyché  et 
celui  de  Séleucus  111.  Les  yeux  sont  figurés  par  des 
procédés  identiques.  Les  analogies  du  tétradrachme 
marathien  de  Tan  89  sont  également  très  uiarquées 
a\ec  certains  tétradrachmes  d'Antiochus  III,  mais  ce 
sont  ceux  où  Tefligie  de  ce  roi  offre  le  type  de  vieil- 
lard. 

CONCLUSIONS. 

L  attribution  de  Tère  des  Séleucides  des  dates  in- 
scrites sur  les  monnaies  royales  et  autonomes  de 
jMarathos  soulève  des  objections  absolument  inso- 
lubles. Elle  oblige»  à  admettre  que  Marathos  ne  s'est 
jamais  assujettie  aux  règles  appliquées,  dans  leurs 
émissions  monétaires ,  par  les  autres  villes  de  Plié- 


406  NOVEMBRE-DÉCEMBRB  1898. 

nicie,  et  entre  autres  par  Arados»  sa  métropole  et  sa 
voisine.  Elle  est  de  plus  en  opposition  formelle  avec 
Imterprétation  logique  des  rares  documents  con- 
servés à  Marathos  par  les  historiens  de  lantiquité. 

Ces  objections  sVvanouissent  avec  l'adoption  de 
1  ère  aradienne  ;  c'est  donc  bien  cette  dernière  qui  a 
été  employée  par  Marathos  durant  tout  son  mon- 
nayage. 


HISTOIRE  DES  BENOU'l.-AHMAR.  407 


IBIN    KHALDOUN. 


HISTOIRE  DES  BENOl  L-AHMAR, 

KOI  s  DE  GRENADE, 


TIWDUITE 
PAR 


M.  GArDEFROY-DEMOMBYNES 

(suite.) 


Telle  était  la  situation,  quand  Mohammed  ben 
Youssef'lbn  el-Ahinar  mourut  en  671  (1  272-1  278); 
il  eut  pour  successeur  son  fils,  Mohammed,  sur- 
nommé el-Faqih,  parce  que,  dans  la  famille royde , 
il  était  le  lecteur  du  Qoran  et  qu'il  étudiait  la  science 
dans  les  livres.  Son  père  lui  avait  recommandé  de 
chercher  un  appui  auprès  des  rois  zënatas  de  la  fa- 
mille des  Beni-Merin,  qui  enlevaient  à  ce  moment 
le  Maghreb  aux  Almohades,  de  consolider  son  al- 
liance avec  eux  et  de  gouverner  son  royaume  d'accord 
avec  eux**.  —  Mohammed  el-Faqih  Ibn  el-Ahmar 
envoya  une  ambassade  au  sultan  mérinide  Yaqoub 
Ibn  *Abd  el-Haqq,  en  702  (1  3o2-i3o3),  au  moment 
où  celui-ci  venait  de  terminer  la  conquête  du  Ma- 


408  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  180S. 

ghreb,  de  prendre  Marrakech  et  dy  occuper  le 
trône  des  Alniohades.  —  Le  sultan  accueillit  bien 
son  appel  et  envoya  des  troupes  musulmanes,  nié- 
rinides et  autres,  à  la  guerre  sainte,  sous  le  comman- 
dement de  son  lîls,  Mendil.  Puis,  il  entra  luinnênie 
en  campagne. 

Ibn  Hicham  lui  ouvrit  les  portes  d*Algésiras  dont 
il  s  était  rendu  maître ,  le  sultan  auquel  il  en  lit  hom- 
mage, s  y  installa  et  la  choisit  comme  port  de  dé- 
bar(|uement  pour  la  guerre  sainte.  Ibn  el-Ahmar  se 
pouilla,  en  sa  faveur,  de  Tarifa  ^^  et  des  forteresses 
qui  Tentouraienl  ;  elles  lui  servirent  désormais  de 
camp  retranché  pour  y  préparer  ses  escadrons  à  la 
guerre  sainte,  et  pour  y  installer  les  troupes  desti- 
nées aux  ghazzias. 

Dans  cette  Ccunpagne  de  -702  (i  3o2-i  3o3),  il 
attaqua,  connue  nous  Tavons  dit  déjà,  le  général 
chrétien  ^,  Don  Nuno  ^,  dispersa  son  armée,  tomba 
de  tous  côtés  sur  les  troupes  du  roi  chrétien,  et 
sema  sa  cavalerie  et  son  infanterie  sur  son  territoire. 
—  Ibn  el-Ahmar,  craignant  tout  d  abord  pour  son 
royaume,  se  rapprocha  du  roi  chrétien;  puis,  par 
crainte  de  celui-ci,  il  revint  à  Talliance  du  sultan. 
Mais  en  même  temps,  il  se  plaignait  d'avoir  à  sup- 
porter l'arrogance  des  gens  de  la  famille  royale  mé- 
rinide  qui,  réfugiés  chez  lui,  avaient  mis  une  pailie 
de  son  propre  royaume  sous  la  suzeraineté  du  sul- 
tan du  Maroc,  et  lavaient  partagé  entre  chaque  chef 
de  famille. 

D'autre  part,  le  hullan  de  Grenade  avait  à  re- 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  409 

pousser  et  à  faire  rentrer  sous  son  obéissance  ses  pa- 
rents ,  les  Benou  Achqilola ,  dont  1  un ,  'Abd  Allah  était 
à  Mîilaga,  un  autre,  *Ali,  à  Guadix,  et  le  troisième, 
Ibrahim ,  à  Comarès.  Ils  s  étaient  révoltés  contre  lui 
et  avaient  amené  le  sultan  mérinide  Yaqoub  ben 
*Abd  el-Haqq  à  se  déclarer  son  ennemi  ^.  Ils  entrèrent 
en  campagne  contre  le  roi  de  Grenade,  et  mirent 
aux  mains  de  Yaqoub  les  postes  qu'ils  occupaient, 
c/est-à-dire  Malaga  et  Guadix.  Plus  tard,  le  sultan 
Mohammed  el  Faqih  en  reprit  possession,  comme 
nous  le  dirons  en  fai<%ant  Thistoire  des  relations  des 
Béni  Merin  et  des  Benou  '1-Ahmar.  En  fin  de 
compte,  les  Benou  Achqilola  et  leurs  parents  les  B. 
ez-Zerga  passèrent  au  Maroc  et  vinrent  à  la  cour  de 
Yaqoub,  qui,  conmie  nous  le  rîiconterons ,  leur  fit 
bon  accueil,  leur  assigna  des  terres  en  fiefs  et  leur 
confia  les  plus  hautes  charges  de  son  gouvernement. 
Le  sultan  Ibn  el-Ahmar  el-Faqih  resla  alors  seul 
maître  de  ce  qui  restait  de  TF.spagne  musulmane, 
et  le  légua  à  ses  descendants.  Il  n'avait  eu  auprès  de 
lui  ni  chef  de  Iribu,  ni  chef  de  famille,  et  il  n'avait 
trouvé  d'autn»  appui  que  celui  que  lui  avaient  donné 
les  guerriers  Zenatas  exilés  et  les  membres  de  la  famille 
mérinide.  Ceux-ci  d'ailleurs  n'étaient  venus  chez  les 
Espagnols  que  pour  piller,  et  ils  avaient  sur  eux 
l'avantage  de  la  fougue  et  de  la  vaillance.  On  trou- 
vera Texposé  des  causes  de  cette  situation  dans  ce 
que  nous  avons  dit  déjà  de  la  disparition  totale  des 
tribus  et  des  familles  en  Espagne.  Mais  l'ICtat  n'avait 
pas  alors  besoin  d'un  chef  de  tribu  pour  souverain; 

xii.  27 


410  NOVBMBHE^DÉCKMBRR  U08. 

à  lorigine,  le  sultan  Ibn  el-Ahroar  avait  eu  un  clan 
qu avaient  formé  ses  parents,  les  Benou  Naçr,  ses 
alliés ,  les  Benou  Aehqilola  et  les  Benou  '1-Moula ,  et 
eaux  parmi  leurs  airranchis  et  leurs  clients  qui  les 
avaient  suivis  à  la  guerre.  Ces  forces  furent  d'abord 
suffisantes ,  grâce  à  lappui  que  lui  prêtèrent  suocea* 
sivement  le  roi  de  Castilie  contre  Ibn  Houd  et  les  ré- 
voltés espagnols,  et  le  sultan  du  Maroc  contre  le  roi 
de  Castilie  ;  et  grâce  aussi  è  la  situation  avantageuse 
que  lui  donnait  A  Tégard  du  sultan  du  Maroc,  la 
présence  des  réfugiés  de  la  famille  mérinide.  Tout 
cela  lui  pennit  d  avancer  ses  aiTaires  et  de  parvenir 
à  ses  fms,  Plus  tard ,  on  comprend  que  grands  et 
petits  se  soient  réunis  dans  la  haine  du  roi  chré- 
tien, quils  redoutaient  comme  lennemi  de  la  foi. 
Tous  les  cœurs  ressentirent  la  même  crainte  et  le 
même  désir  de  combattis.  Cette  union  de  tous  recon- 
stitua, dans  une  certaine  mesure,  la  tribu  disparue. 

Le  sultan  Yaqoub  ben  *Abd  el*^Haqq  passa  quatre 
fois  en  Espagne ,  el  après  lui ,  son  fils  Youssef  y  fit 
can)pagne;  puis  il  fut  absorbé  par  sa  lutte  avec  les 
Benou  Yaghmoracen. 

Le  roi  Mohammed  el-Faqih  mourut  en  7 1 1  (  1 3o  i  - 
i3oa)^^.  Il  avait  aidé  le  roi  chrétien  à  assiéger  et  à 
prendre  Tarifa,  et  il  avait  fourni  des  vivres  à  son 
armée  pendant  toute  la  durée  du  siège ,  qui  finit  par 
la  prise  de  la  ville  en  69 1  (1  29'i  ),  Cette  ville  servait 
de  port  d'atlache  au  sultan  du  Maroc,  quand  il  vou- 
lait passer  en  Kspagne,car  elle  est  située  à  lendroit 
le  plus  resserré  du  détroit. 


HISTOIRE  DES  BEN(X)'L-AHMAR.  ^U 

Enlise  les  mains  du  roi  chrétien ,  cette  ville  devint 
une  sentinelle  armée  contre  quiconque  voudi^ait 
traverser  le  détroit ,  et  le  passage  en  fut  rendu  fort 
difficile. 

Mohammed  el-Faqih  eut  pour  successeur  son  fils , 
Mohammed  el-Makhiou  ^^  ^\  qui  &e  laissa  d  abord  gou« 
verner  par  son  vizir  Mohammed  ben  Mohammed  Ibn 
el-Hakem  el-Lakhmi,  originaire  de  Ronda,  oii  sa 
famille  avait  compté  des  cheikhs  et  des  vûdrs.  Puia, 
il  le  fit  rentrer  dans  ses  attril)utions  et  gouverna  par 
lui-même,  jusqu'à  ce  que  son  frère,  Abou  1-Djoui- 
ouch  Naçr  ben  Mohammed ,  se  révoltât  conti*e  lui. 
Celui-ci  tua  le  vizir  et  détrôna  son  frèi*e  en  l'année 
708  (  i3o8-i3o9). 

Leur  père,  le  sultc'm  Mohammed  el-Faqih,  avait 
nommé  gouverneur  de  Malaga  le  rais  Abou-Sa*id, 
fils  de  son  oncle  Ismaïl  ben  Naçr,  qui  y  exerça  ces 
fonctions  pendant  de  longues  années.  Ce  fut  lui  qui, 
trahissant  les  Benou  1-Ai(éfi,  s  empara  de  Ceuta, 
d  accord  avec  le  sultan ,  et  se  mit  sous  sa  suzeraineté, 
comme  on  le  racontera  dans  Thistoire  de  Ceuta  et 
dans  celle  de  la  dynastie  mérinide^.  Il  avait  épousé 
la  fille  du  sultan  Mohammed  el-Makhlou  ,  et  en 
avait  eu  un  fils,  Abou  1-Oualid  Ismaïl. 

Abou  1-Djouiouch  s'était  donc  emparé  de  Grenade 
et  y  avait  enlevé  le  pouvoir  au  sultan  régnant;  mais 
son  gouvernement  et  celui  de  son  vizir  Ibn  el  Hadj 
ne  furent  point  heureux  ^^  :  ils  excitèrent  la  haine  des 
princes  mérinides  réfugiés,  et  manifestèrent  des  ten- 
dances à  la  violence  et  à  l'injustice.  Les  Benou  Idris 

«7- 


41S  NOVEMBRE-DÉCEMBRE    1808. 

bcn  ^Abd  Allah  ben  *Abd  el-Haqq,  qui  alors  dirigeaient 
les  gbazzias k  Malaga ,  avaient  pour  cherX3thman  ben 
Abi  1-Mâli.  Abou  1  Oualid  Tamena  à  entrer  dans  un 
complot  qui  avait  pour  bul  de  chasser  le  sultan  Abou 
l-Djoniouch  Naçr  et  de  lui  enlever  le  pouvoir,  dont 
le  rendaient  indigne  sa  propre  faiblesse  et  la  sottise 
de  sa  famille  et  de  son  entourage.  Ils  entrèrent  dans 
la  conjuration  destinée  à  renverser  Abou  1  Djouiouch 
Naçr  (ît  h  mettre  à  sa  place  Abou  1-Oualîd,  son  frère. 
Er  mis  Abou  Said  prit  donc  les  armes  à  M aiaga  en 
717  (  1 3 1  7- 1  3  1 8)  ''^  et  tous  marchèrenl  sur  Grenade 
et  mirent  en  fuite  les  troupes  d'Abou  1 -Djouiouch. 
La  populace  de  la  ville  se  souleva  en  leur  faveur  et 
Kr  raison  profita  pours*emparer  de  la  vUle.  Il  laissa  la 
vie  sauve  à  ses  adversaires,  à  la  condition  qu*ils  en 
sortissent  pour  se  n»tirerà  Guadix.  Abou  1-Djouiouch 
s  y  (établit  et  y  recommença  à  régner  jusqu'à  sa  mort 
survenue  en  7a a  (  i3aa-i3a3)''^ 

Abou  l-Oualid  entra  dans  Grenade  et  y  fonda  pour 
lui  et  pour  ses  enQuits  une  puissante  autorité  sous 
une  nouvelle  dynastie.  Ije  roi  de  Castille  vint  l'y 
assiéger,  et  1rs  Béni  Abi  l-*Ola  montrèrent  le  plus 
grand  courage,  dans  cette  circonstance  ^^.  Dieu  vou- 
lut que  le  roi  chrétien  pérît,  ainsi  que  son  général, 
et  que  Tannée  chrétienne  fiit  taillée  en  pièces,  en 
\ue  de  Grenade;  ce  fut  l'une  des  plus  merveilleuses 
interventions  de  Dieu  en  faveur  de  la  vraie  religion. 
Le  roi  \b()u  l-Oualid  fit  en  personne  plusieurs  expé- 
ditions (»n  trrriU)ir(»  chrétien  à  la  tète  des  troupes 
/.énataset  andniouses;  les  Zénatas  montrèrent  là  une 


HISTOIRE  DES  BENOirL-AHMAR.  413 

ténacité  particulière,  qui  sVxplique  par  ce  fait  qu  ils 
avaient  été  liés,  récemment  encore,  par  les  rapports 
de  cian  et  quils  sortaient  à  peine  de  la  rude  exis- 
tence des  nomades  ^^. 

La  puissance  et  l'énergie  d'Abou  i-Oualid  n'a- 
vaient fait  que  s  accroître ,  quand  un  de  ses  parents , 
des  Benou  Naçr,  forma  un  complot  contre  lui  en 
7  2  7  (  1 3  2  6- 1  3  a  7  ),  et  fassassina  traîtreusement ,  tan- 
dis qu'il  donnait  son  audience  à  la  porte  de  son  pa- 
lais; le  coup  le  traversa  de  part  en  part''*.  On  le  tran- 
sporta sur  son  lit.  Le  traître  se  réfugia  dans  la  maison 
d'Othman  ben  Abi  l-*01a ,  qui  le  tua  sur-le-champ.  La 
garde  noire  et  le  djound  mirent  aussitôt  à  mort 
ceux  qu'ils  soupçonnaient  de  prendre  le  parti  de 
l'assassin  "^. 

On  proclama  son  fils  Mohammed  "^^j  qui  fut  gou- 
verné par  son  vizir  Mohammed  Ibn  el-Mahrouq. 
Celui-ci  s'étant  rendu  insupportable  à  *Othman  ben 
Abi  l-'Ola,  chef  des  défenseurs  mérinides  et  cheikh 
el-Ghazat,  dut  entrer  en  campagne  contre  eux.  Mais 
*Othman  niarcha  sur  Andeiech^",  dont  il  s'empara, 
et  appelant  à  lui  Mohammed  ben  er  Rais  Abi  Sîi'id 
dans  Chaloubinia ''''*,  il  lui  donna  le  trône.  Mîil  sa- 
tisfait encore  de  celte  nouvelle  situation ,  il  se  décida 
t\  faire  la  paix  avec  le  roi  Mohammed.  Celui-ci  (it 
traîtreusement  assassiner  son  vizir  Ibn  el-Mahrouq"^, 
dans  son  propre  palais  (  729  =  1327-1 3 a8);  il  le  lit 
appeler  par  Tintermédiaire  de  sa  tante  qui  avait  tout 
pouvoir  sur  lui,  et,  sur  son  ordre  la  garde  étrangère 
le  tua  à  coups  de  khandjar.  Le  roi  prit  alors  en  main 


414  NOVEMBRE^DÉCEMRnE  1S98. 

le  gouvernement ,  et  ^Othman  ben  Ali  l-Xlla  rentra 
en  possession  de  son  commandement  des  chefs  des 
GhaEzias  et  des  guerriers  zénatas,  qu*il  exerça  jus- 
qu'à sa  mort^;  il  avait  désigné  son  fils  x\boU  Tha- 
bet  •*  pour  lui  succéder. 

1^  sultan  Mohammed  passa  ensuite  au  Maroc  pour 
demander  des  secours  au  sultan  Abou  1-*  Hassan  •* 
contre  le  roi  chrétien  ;  mais  il  le  trouva  occupé  de 
la  révolte  de  son  frère  *Omar  ^,  Pourtant  le  sultin 
équipa  pour  lui  des  troupes ,  dont  il  donna  le  com- 
mandement à  Abou  Malek'*,  et  il  les  envoya  en  Es- 
pagne. Elles  firent  quelque  temps  le  siège  de  Gibral- 
tar**, et  revinrent  au  Maroc  en  ^SS  (i33îi-i333). 

I>es  Benou  Abi  1-X)la  avaient  vu  d'un  mauvais  œil 
l'alliance  du  roi  avec  Abou  l-*Hassan ,  et  ils  formè- 
rent un  complot  qui  aboutit  k  l'assassinat  du  roi, 
percé  de  coups  de  lance  au  moment  où  il  revenait  de 
Gibraltar  à  Grenade  **.  Ils  lui  donnèrent  pour  suc- 
cesseur son  frère,  Abou  l-*Hadjadj  Youssef . 

Aussitôt  qui!  fut  maître  du  pouvoir,  celui-ci  s'em- 
pressa de  venger  son  frère  ;  il  chassa  les  Benou  a\bi 
l-XMa,  les  exila  h  Tunis  et  nomma  au  commande- 
ment des  Ghazzias,  à  la  place  d*Abou  Thabet  ben 
*Othman ,  un  de  ses  parents  de  la  famille  des  Benou 
Rahouben  Wbd  el-Haqq,  Yahia  ben  *Omar  ben  Ra- 
hou.  Celui-ci  accepta  et  conserva  longtemps  ce  com- 
mandement*^. 

Le  roi  Abou  1-Hadjadj  demanda  alors  du  secours 
au  sultan  du  Maroc,  Abou  1-Hassan.  Celui-ci,  qui 
venait  de  conquérir  Tlemcen ,  lui  envoyli  son  fils  '^, 


HISTOIRE  DKS  BENOU'L-AHMAR.  415 

auquel  il  donna  lo  commandement  de  troupe*  ze- 
nalas  et  de  volontaires.  Il  le»  emmena  darts  Une  ex- 
pédition, et,  comme  il  revenait  chargé  de  butin,  il 
se  heurta  à  toute  larméc  chrétienne ^  qui  les  attaqua 
sur  la  frontière.  lies  soldats  musulmans  périrent  en 
grand  nombre  pour  la  foi» 

En  7/41  (l34ô-l3/JI)^^  le  sultan  Abou  l^Hassan 
orgtmisa  une  grande  expédition,  qui  comprenait  des 
gens  du  Maghreb  tout  entier,  des  Zenatas,  des  Ma- 
ghraouas  et  ties  volontaires.  Il  vint  assiéger  Tarifa  ; 
mais  le  roi  chrétien,  accouru  A  sa  rencontre,  engagea 
le  combat  sous  les  murs  de  la  ville.  Les  nmsulmans 
furent  surpris  et  il  en  périt  un  grand  nombre  pour 
la  foi;  les  épouses  du  sultan  et  toutes  les  femmes 
furent  tuées  danà  sa  tente  au  milieu  de  soh  camp. 
Ce  fut  un  jour  de  douleur  et  d'épreuve.  Le  roi 
chrétien,  mai*cliant  à  la  poursuite  du  sultan,  s  em- 
para d  el-Qala'a  *',  poste  frontière  du  royaume  de 
(irenade,  et  vînt  metti-e  le  siège  devant  Algésiras 
qu'il  prit  par  capitulation  en  'j^i  (i3à3-t3&3). 

Le  roi  Abou  1-Hadjadj  ^*  continua  k  régner  jusqu^à 
sa  mort,  survenue  en  'job  (i354-i355)  le  jour  de 
la  rupture  du  jeune  ^^.  Il  fut  frappé  par  une  brute 
qui ,  sortie  des  derniers  rangs  du  peuple ,  avait  trouvé 
un  parti  pour  soutenir  des  prétentions  au  trône, 
que  n'appuyaient  ni  sa  généalogie,  ni  sa  naissance. 
Son  corps  fut  sur-le-champ  taillé  en  morceaux^. 

Il  eut  pour  successeur  son  fds  Mohammed^*,  qui 
fut  gouverné  par  son  affranchi,  Ridhouan,  cham- 
bellan do  son  père  et  de  son  oncle.  Il  administra  à 


416  NOVEMBRE. DECEMBRE    1898. 

sa  place,  domina  le  royaume  malgré  lui»  et  le  tint 
enfermé  pendant  cinq  ans. 

Son  frère  Ismaïl  vivait  alors  dans  lun  des  pa- 
lais de  TAlhambra^,  qui  était  le  siège  du  gouverne- 
ment. Il  avait  des  rapports  d'intimité  et  d'alliance  ^^ 
avec  son  cousin,  Mohammed  ben  Isma'ïl  ben  Mo- 
hammed Ibn  erRais  AbouSa'ïd,  auquel  son  père  le 
sultan  avait  donne  sa  fille.  Le  père  de  Mohammed 
prétendait  au  titre  de  rais;  son  grand-père  Moham- 
med était  ce  personnage  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  et  quOthman  ben  Ali  l-XMa  avait  tiré  de  sa 
prison  pour  le  porter  au  trône. 

Mohammed  er-Rais  fit  pénétrer  dans  TAlhambra 
des  bandes  d'aventuriers ,  qu'il  y  logea  dans  Xine  tour. 
A  leur  tête,  il  assaillit  le  chambellan  Ridhouan  dans 
sa  maison  et  le  tua.  Puis,  il  fit  sortir  son  beau-frère 
Isma'ïi  et  le  fit  proclamer  roi  dans  la  nuit  du  2  7  ra- 
madhan  760^*.  Le  sultnn  déchu  Mohammed  qui  se 
trouvait  alors  dans  une  campagne  hors  de  l'Alham* 
bra,  se  retira  à  (kiadix,  et  delà  passa  au  Maghreb, 
où  il  se  rendit  auprès  du  souverain  marocain ,  Abou 
Salem,  fils  du  sultan  Abou  i-Hassan.  Celui-ci  lui  fit 
bon  accueil  et  accepta  son  hommage  •'^. 

Le  chef  des  auxiliaires  mérinides,  Yahia  ben 
*Omar,  inquiet  des  intentions  du  nouveau  gouverne- 
ment, s'enfuit  sur  le  territoire  chrétien,  et  de  lu  ga- 
gna le  Maghreb;  il  se  rendit  auprès  du  sultan  Abou 
Salem,  qui  lui  fit  bon  accueil.  Il  fut  remplace  à  la 
tête  des  auxiliaires  par  Idris  ben  'Othman  ben  Abi 
l-^Ola. 


■r 

f 


HISTOffiE  DES  BENOU'L-AHMAR.  417 

Er  rais  (Mohammed)  gouverna  pour  le  compte 
de  son  (l)eau-)frère  Isma'ïl  et  dirigea  son  adminis- 
tration. Mais,  à  la  suite  d'intrigues  tramées  entre 
eux,  il  se  tint  sur  ses  gardes  et  finit  par  trahir  la 
cause  d'Ismaïl  et  par  l'assassiner,  ainsi  que  tous  ses 
frères,  en  761   (1  SSg-i  36o)^^. 

Il  prit  pour  lui-même  le  trône  d'Andalousie,  et 
commença  par  dénoncer  la  paix  conclue  naguère 
avec  le  roi  chrétien,  auquel  il  interdit  de  lever  le 
tribut  que  lui  payait  la  terre  musulmane.  A  cette 
nouvelle,  le  roi  chrétien  se  prépara  à  la  guerre  et 
arma  ses  troupes  contre  le  roi  de  (Irenade.  Les  mu- 
sulmans les  rencontrèrent  à  Guadix;  elles  y  furent 
vaincues  par  un  général  de  ta  famille  du  roi  et  éprou- 
vèrent des  pertes  considérables. 

Le  sultan  du  Maroc  envoya  alors  au  roi  chrétien 
ime  ambassade  pour  le  prier  d'accueillir  le  sultan 
déchu  Mohammed  et  de  le  rétablir  sur  le  trône  ^^^ 
Il  équipa  pour  lui  une  flotte  qu'il  envoya  au  roi 
chrétien;  celui-ci  eut  une  entrevue  avec  Mohammed, 
qui  lui  promit  son  alliance  et  son  bras,  en  y  met- 
tant pour  condition  que  les  forteress(»s  andalouses 
qui  seraient  conquises  lui  appartiendraient  exclusi- 
vement. Le  roi  chrétien  n'ayant  pas  observé  cette 
condition,  le  roi  déchu  rompit  l'alliance  et  se  retira 
vers  la  frontière  occidentale  de  l'Andalousie,  dans 
les  domaines  des  Mérinides,  qui  lui  livrèrent  une 
partie  du  district  de  Ronda^*^*-.  De  là,  il  se  dirigea 
sur  Malaga,  dont  il  s*empara  en  yGS  (i36i-i  36îi). 

Er  Rais  Mohammed  ben  Tsma'ïl  s'enfuit  de  Gre- 


41A  NOVRMBRK'DÊcKMBbt  lë06. 

tiade  et  nlla  se  i^.fugier  auprès  du  rot  de  Castille, 
qui  ie  fit  mettre  en  prison,  ninsi  tpie  Id  chef  des  d^ 
fenseurs,  Idris  ben  X)thtnan{  mais  telui-^d  réUfKii^ 
quelque  temps  ftprès,  à  séVËder  de  sa  prison, 
comme  nous  ie  raconterons  dans  l*hisioire  des  dé- 
fenseurs. Quant  au  rais  Mohammed,  le  roi  lui  fit 
expier  ses  crimes  '***. 

Tandis  que  ie  sultan  Mohammed  s'avançait  à  la 
tête  de  ses  partisans,  on  lui  amena  le  hadjeb  de  Mo- 
hammed er-Rais,  qu'il  fit  mettre  à  mort,  ainsi  c{ue 
tous  les  misérables  qtii  avaient  assassiné  le  hadjeb 
Ridhouan  et  envahi  le  palais  du  sultan'*^. 

Mohammed  entra  dans  Grenade  et  y  reprit  pos- 
session du  gouvernement.  Il  mit  à  la  tête  des  défèn^ 
seurs  leur  ancien  chef  Yahia  ben  *Omar,  et  prit  pour 
confident  son  frère  *Othman  ^^.  Mais  des  intrigues 
leur  attirèrent  sa  disgrâce,  et  il  les  fit  enfermer  tous 
deux  dans  la  prison  d'Alméria;  plusieurs  années 
après,  il  les  exila.  11  mit  alors  k  la  tête  des  défenseurs 
leur  parent  *Ali  ben  Bedr  ed-Din  Mohammed  ben 
Rahou^*^.  A  sa  mort,  il  le  remplaça  par  *\bd  er- 
Rahman  ben  Abi  Ifelloussen  *A1I  *"^  qui  descendait 
d'Abou  *Ali  X)niar  de  la  famille  royale  du  Maghreb. 

Cependant  le  sultan  Mohammed  el-Makhlou  res- 
tait sur  le  trône  de  son  empire,  dans  TAlhambra, 
puissant,  au  milieu  du  luxe  et  des  plaisirs,  dominant 
le  roi  chrétien  et  la  Castille,  ainsi  que  les  rois  du 
Maghreb  *^',  qui  tous  voyaient  leur  pouvoir  atteint 
de  cette  décrépitude  qui  frappe  parfois  les  empires. 

En  Cëstillel«^  le  peuple  s'était  révolté  en  768 


HISTOIKE  DES  BKNOU'L-AHMAK.  M\) 

(i  366-1  36")  contre  lo  roi  Pierre,  fîis  crAiphonso, 
ot  «ivait  appelé  h  sa  place  son  frère  le  comte,  qui, 
après  la  mort  de  son  père,  avait  fui  à  la  cour  du 
roi  de  Barcelone  pour  échapper  à  son  frère  Pierre. 
L'appui  que  le  roi  de  Barcelone  lui  donna  contre 
Pierre  amena  entre  ces  deux  princes  de»  querelles 
et  des  batailles,  qui  mirent  la  Castilie  dans  une  situa- 
tion désespérée.  Le  peuple  avait  donc  renversé  Pierre 
et  avait  appelé  son  frère -le  comte,  qui  arriva  aus- 
sitôt ;  il  fut  proclamé  roi ,  et  les  Castillans ,  s  éloignant 
en  masse  de  Pierre,  embrassèrent  son  parti.  Celui- 
ci  gagna  rapidement  la  frontière  musulmane,  et  de- 
manda au  sultan  Mohanmied,  roi  de  Grenade,  de 
lui  prêter  secours  contre  ses  ennemis;  il  lexcitait  en 
même  temps  à  se  jeter  sur  la  Fronteira,  Le  sultan 
conquit  et  ravagea  un  grand  nombre  de  villes,  telles 
que  Jaen,  Ubeda,  etc.  ^*^,  el  après  avoir  ruiné  les 
campagnes  environnante»,  il  vint  assiéger  Cordoue» 
dont  il  détruisit  les  alentour».  Puis  il  revint  à  Gre- 
nade, victorieux  et  chargé  de  butin  "*. 

Cependant,  Pierre  s'était  avance  vers  le  nord,  au 
delà  des  Pyrénées,  et  avait  eu  une  entrevue  avec  le 
roi  des  Francs,  souverain  de  l'Angleterre,  quon 
nomme  le  prince  de  Galles.  Il  lui  demanda  secours 
et  lui  donna  sa  fille  en  mariage  *'*;  le  prince  envoya 
aussitôt  h  son  aide  son  fils,  à  la  tét(»  des  troupes 
franques.  Le  ronite  sVnfuit  devant  elles,  et  Pierre 
reprit  possession  de  son  royaume.  Mais,  après  le 
départ  de  larmée  franque ,  le  comte  reparut,  tt  s  em- 
para du  pays  pour  la  seconde  fois;  il  asRiégea  »oh 


420  NOVEMBRE-DECEMBRE  1898. 

frère  Pierre  dans  une  forteresse  de  la  Galice,  le  prit 
et  le  tua. 

Le  sultan  de  Grenade  profitant  de  la  lutte  qui 
occupait  les  chrétiens,  redressa  la  tête  et  refusa  le 
tribut  qu'ils  levaient  depuis  le  temps  de  ses  ancêtres, 
sur  les  musulmans,  qui  nont  plus  rien  donné  de- 
puis Tannée  yya  (iSyo-iSyi)  jusqu'aujourd'hui. 
Mais  les  réclamations  des  chrétiens  parvinrent  au 
prince  de  Galles,  souverain  des  Francs  qui  vivaient 
au  delà  (des  royaumes  chrétiens  d'Espagne).  La  fdle 
de  Pierre ,  que  celui-ci  avait  mariée  au  prince ,  lui 
avait  donné  un  enfant  mâle,  et  son  père  jugeait  qu'il 
était  plus  digne  que  le  comte  ou  qu'aucun  autre  de 
porter  la  couronne,  selon  la  'X)utume  étrangère  qui 
donne  le  trône  aux  descendants  par  les  femmes.  La 
guerre  continua  entre  les  deux  rivaux,  absorbant 
toute  l'attention  de  la  Castille,  qui  perdit  la  plus 
grande  partie  de  ses  forteresses  et  de  ses  provinces. 

Ihn  ol-Ahmar,  comme  nous  l'avons  dit,  refusa  le 
tribut  et  acquit  une  situation  prépondérante  à  l'égard 
des  chrétiens  ;  tel  est  d'ailleurs  encore  l'état  des  choses 
à  l'heure  actuelle  ^^^. 

Au  Maroc ,  c'était  le  sultan  *Abd  el  *Aziz ,  fils  du  sul- 
tan Abou  1-lIassan  qui  gouvernait  en  personne  et 
qui  se  montrait  à  la  hauteur  de  sa  tache.  Le  chef  des 
défenseurs  en  Espagne  était  alors,  comme  nous  l'a- 
vons dit,'Abd  er  Rahman  ben  Abi  Ifelloussen,  qui 
appartenait  à  la  famille  du  sultan  mérinide  et  qui  ve- 
nait après  lui  dans  l'ordre  de  la  succession  au  trône. 
*Abd  el  Aziz  s'aperçut  qu'une  correspondance  s'était 


HISTOIRE  DES  BENOU^L-AHMAR.  421 

établi  entre  lui  et  des  gens  de  sa  cour.  Il  conçut  des 
soupçons  sur  ses  intentions,  et  fit  demander  à  Ibn  el 
Ahniar  de  renipoisonner.  Le  roi  de  Grenade  le  fit 
enfermer,  ainsi  que  le  vizir  Mess*oud  ben  Massai,  qui 
avait  eu  une  part  aclive  dans  le  complot  et  dans  la 
correspondance  avec  la  cour  marocaine. 

\\bd  el  Aziz  mourut  en  -jy^  (iSya-iSyS),  et  il 
eut  pour  successeur  son  fils  Mohammed  es  Sa  id ,  sous 
la  régence  du  vizir  de  son  père,  Abou  Bekr  ben  (ihazi 
ben  el  Kas.  Ibn  el  Ahmar  ayant  fait  sortir  de  prison 
\\bd  er  Rahman  ben  Ifellousen.  Abou  Bekr  irrité 
songea  à  envoyer  en  Espagne  lun  des  principaux 
membres  de  la  famille  des  Benou  l-Ahmar,  et  à  lui 
fournir  des  troupes  et  de  Targent  pour  qu'il  entrât 
en  compétition  avec  Mohammed  (V).  Quand  celui-ci 
apprit  ses  projets,  il  s*empressa  d'agir,  et  se  dirigea 
à  la  tête  de  ses  troupes  vers  le  littoral  du  détroit;  il 
vint  assiéger  Gibraltar  avec  Ibn  Ifelloussen  et  Ibn 
Massai ,  et  leur  donna  un  navire  qui  les  fit  aborder 
au  pays  des  Bot'ioua,  d'où  l'agitation  se  répandit 
au  Maroc.  Les  habitants  de  Gibraltar  pressés  par  le 
siège,  offrirent  k  Ibn  el  Ahmar  de  capituler  et  se 
mirent  sous  son  obéissance^'*. 

A  cette  époque,  se  trouvait  à  Ceuta  Mohammed 
ben^Othman  ben  el-kas,  beau-frère  et  proche  parent 
d'Abou  Bekr  ben  Ghazi,  que  ce  dernier  avait  chargé 
d(»  diriger  la  défense  des  poils,  au  moment  où  Ibn 
el-Ahmar  avait  commencé  le  siège  de  GibralUir.  Or, 
depuis  le  règne  (PAbd  (»l-\\zîz,  on  avait  gardé  en 
prison   k  Tanger  plusieurs  fils   majeurs  du  sultan 


4i!i  NOV£MBRË^D£CRIfBR£  1808. 

Âbou  l-Hassan.  Le  sultan  Ibn  el-Ahmar  était  entré 
en  correspondance  avec  Mohammed  ben  ^Othman , 
et  lui  avait  montré  combien  était  blâmable  la  pro- 
clamation qu  on  avait  faite  d  un  enftnt  mineur,  en- 
core éloigné  de  sa  majorité  ;  il  lui  désigna ,  comme 
plus  digne  du  trône,  iun  quelconque  des  jeunes 
gens  emprisonnés  à  Tanger,  et  promit  d'aider  celui- 
ci  k  s*eniparer  du  pouvoir,  et  de  lui  envoyer  des 
troupes  et  de  Targent. 

Le  choix  de  Mohammed  ben  X)thman  tomba  su 
Âbou  1-^Abbas  Ahmed,  quil  fit  sortir  de  prison  et 
qu*il  fit  proclamer  sultan.  Ces  jeunes  gens,  dans 
leur  prison ,  s^étaient  promis  les  uns  aux  autres  que 
celui  d  entre  eux  qui  parviendrait  au  trône,  mettrait 
les  autres  en  liberté.  Le  sultan  Abou  l-Abbas,  dès 
son  avènement,  tint  la  promesse  qu^il  leur  avait 
faite,  les  mit  en  liberté  et  les  fit  passer  eu  Elspagne. 
Ils  vinrent  demander  Thospitalité  au  sultan  Ibn  ei- 
Ahmar,  qui  leur  fit  bon  accueil  et  les  attacha  à  sa 
personne.  Puis  il  envoya  des  troupes  et  de  largent 
au  sultan  Abou  i-\'\bbas  et  à  son  vizir  Mohamuied 
ben  *Othman,  et  il  écrivit  à  *Abd  er-Rahman  ben 
Ifeiloussen  de  se  mettre  d'accord  avec  eux  et  de  con- 
certer ses  opérations  avec  les  leurs.  Tous  trois  ou- 
vrirent la  campagne,  et,  pendant  plusieurs  mois  ils 
tinrent  assiégée  Fas,  capitale  du  gouvernement. 
Abou  l-'Abbas  y  t»ntra  en  mohari^m  "776  (juin-juil- 
let 1374). 

Il  envoya  ^Abd  er  Rahniad  ben  Ifeiloussen  à  Mar- 
rakech, et  lui  abandonna  le  gouvernement  de  la 


HISTOIRE  DES  BENOUL-AHMAE.  ^È^ 

ville  et  des  provinces  qui  en  dépendent,  oomme 
cela  avait  été  convenu  auparavant  enti'e  eux.  Quant 
à  es-Sa  ïd  ben  *Abd  el-*Axiz ,  qui  avait  régné  après  son 
père^^^,  le  nouveau  sultan  to  fit  passer  en  Kspagne, 
où  Ibn  el-Ahmar  laccueiliit  à  sacour^**. 

Le  sultan  Abou  l-'Abbas  prit  possession  du  gou- 
vernement du  Maghreb  et  continua  d'entretenir  avec 
Ibn  eUAhmar  des  relations  d'alliance  et  de  mutuelle 
amitié  ^^".  Mais  il  n  agit  pas  de  même  avec  *Abd  er- 
Kahman,  souverain  de  Marrakech;  il  marcha  plu- 
sieurs fois  contre  lui  et  assiégea  la  ville.  Ibn  el-Ah- 
mar, après  lui  avoir  prêté  secours  dans  une  première 
campagne,  s'entremit  pour  leur  faire  conclure  la 
paix***.  Mais,  en  784  (i38îi-i  383),  le  sultan  mar- 
cha contre  son  rival,  l'assiégea  pendant  plusieurs 
mois  dans  sa  capitale  qu'il  emporta  d'assaut,  et  le 
mit  à  mort;  puis  il  revint  à  Fas**^. 

Il  marcha  ensuite  contre  Tlemcon,  dont  lo  sultan 
AbouHammou,  l-*Abd  el-Ouadite,  sVnfuit  àChélif; 
le  sultan  Abou  l-\\bbas  entra  dans  Tlemcen. 

Mais  des  artisans  de  discorde  s'etforçaient  de  se- 
mer le  désaccord  entre  lui  et  le  sultan  Ibn  el-Ahmar, 
dont  ils  réussirent  à  exciter  la  colère  '^.  Ils  le  pous- 
sèrent à  détruire  le  pouvoir  d'Abon  l-*Abbas  et  h  le 
remplacer  par  l'un  des  membres  de  la  famille  méri- 
nide  qui  se  trouvaient  è  m  cour.  Il  choisit  parmi  les 
jeunes  gens,  qui  en  quittant  Tanger  s'étaient  rendus 
à  sa  cour,  Moussa ,  fds  du  sultan  Abou  Unan ,  et  lui 
donna  pour  vizir  Mess'oud  ben  Massai.  Il  lui  fit  équi- 
per un  navire ,  qui  le  conduisit  à  Ceuta;  la  popula- 


424  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1898. 

tion  s^einpressa  de  se  soumettre  à  lui  et  de  le  pro- 
clamer sultan.  De  Ceuta,  il  se  dirigea  vers  Fas, 
tandis  que  le  sultan  Ibn  el-Ahmar  prenait  possession 
de  Ceuta ,  qui  passa  sous  son  obéissance.  Le  sultan 
Moussa,  continuant  sa  marche  vers  P'as,  capitale  du 
royaume,  se  présenta  un  jour  devant  ses  murs,  et 
à  la  (in  de  ce  même  jour,  les  habitants  lui  deman- 
dèrent Taman.  Il  entra  dans  laville(786=i384)et, 
le  lendemain,  il  se  trouva  maître  de  l'empire. 

La  nouvelle  en  parvint  àÂbou  l-*Abbas,  qui  avait 
quitté  Tlemcen  pour  se  mettre  à  la  poursuite  d'Abou 
Hammou  et  des  B.  *Abd  el-Ouad  qui  s'étaient  re- 
tranchés à  Chélif.  Il  fit  volte-face  et  précipita  sa 
marche  sur  Fas.  Il  avait  dépassé  Téza  et  se  trouvait 
h  moitié  chemin  entre  cette  ville  et  Fas ,  quand  il  se 
vit  abandonné  par  tous  les  Mérinide^,  puis  par  Tar- 
mée  entière  qui,  après  avoir  pillé  le  camp,  porta 
ses  étendards  au  sultan  Moussa.  Abou  l-*Abbas,  revint 
à  Téza,  dont  le  gouverneur  lui  était  resté  fidèle; 
mais  sur  un  ordre  du  sultan  Moussa,  il  se  saisit 
d'Abou  l-*Abbas  et  l'envoya  à  Fas.  Le  sultan  le  fit 
passer  en  Espagne,  et  le  souverain  détrôné  alla, 
comme  lavait  fait  jadis  son  rival,  demander  flios- 
pitalité  à  Ibn  el-Ahmar. 

Le  sultan  Moussa,  resté  seul  maître  du  Maghreb, 
laissa  gomerner  le  vizir  Mess'oud  ben  Massai,  il 
adressa  des  réclamations  à  Ibn  ei  Ahmar  au  sujet  de 
foccupation  de  Ceuta;  et  le  roi  de  Grenade  ayant 
refusé  de  rendre  la  ville,  la  bonne  entente  fut  rom- 
pue entre  les  deux  souverains.  Ibn   Massai  intrigua 


HISTOIRE  DES  BENOU*L-AHMAR.  425 

auprès  des  habitants  de  Ceuta  pour  qu  ils  se  révol- 
tassent contre  la  garnison ,  qu'y  avait  laissée  Ibn  el- 
Ahmar.  Mais  celle-ci ,  attaquée  par  la  population ,  se 
défendit  dans  la  qaçbah  et  donna  aux  flottes  d'Ibn 
el-Ahniar  le  temps  de  lui  amener  des  renforts.  Les 
gens  d(»  Ceuta  se  tinrent  désonnais  en  repos,  et  Taf- 
faire  en  resta  là. 

C'est  alors  que  plusieurs  personnages  importants 
du  Maghreb  vinrent  demander  à  Ibn  el-  Ahmai*  de 
leur  envoyer  pour  roi  l'un  des  princes  mérinides  qui 
se  trouvaient  à  sa  cour.  Il  choisit  el-Ouathiq  Mo 
hammed,  filsderémir  Abou  1-Fadhl,  fils  du  sultan 
Abou  1-Hassan,  qu'il  fit  transporter  par  une  flotte  à 
(]euta;  de  là,  le  prétendant  gagna  les  montagnes  de 
Ghomara.  A  relte  nouvelle,  Mess'oud  ben  Massaï 
marcha  contre  lui  à  la  tête  de  ses  troupes  et  l'assiégea 
dans  les  montagnes. 

Il  apprit  alors  que  son  sultan  Moussa,  fils  du 
sultan  Abou  ^Inan,  venait  de  mourir  à  Fas;  il  y  re- 
vint en  toute  hâte,  et  mit  sur  le  trône  un  jeune  fils 
d'Abou  l-*Abbas  qui  y  était  resté.  Mais  le  sultan  el- 
Ouathiq,  fils  de  l'émir  Abou  1-Fadhl,  continuant  sa 
marche,  vint  camper  sur  la  montagne  de  Zerhoun 
en  face  de  Fas.  Ibn  Massaï  s'avança  vers  lui  à  la  tAte 
de  ses  troupes  et  établit  son  camp  en  face  du  sien. 

El-Ouathiq  avait  doimé  toute  sa  confiance  à  Ah- 
med ben  Yaqoubcs  Sobeihi'*^^;  mais  celui-ci  s'attira 
la  haine  de  ses  compagnons,  qui ,  réunis  contre  lui,  le 
tuèrent  devant  la  tente  du  sultan.  Ce  dernier,  plein 
de  colère,  entra  en  correspondance  a\cc  Ibn  Mas- 


IMfalHfcMk    «AlluvALâ. 


kii)  ISOVKMBKKDÉCËMbHK  lëOS. 

saï  qui  consentit  à  le  faire  prodamdr  suitati,  à  ia 
condition  qu*ii  gouvernerait  sous  son  nom.  L  accord 
étant  établi  entre  eux,  le  sultan  el-Ouathîq  alla 
joindi'e  ses  troupes  à  celles  dlbn  Massaï,  qui  le  fit 
entrer  dans  la  capitale  et  lui  prêta  le  serment  d'obéis- 
sance ,  que  le  peuple  rtpéta  ***. 

n  avait  amené  d'Espagne  des  soldats  du  djound , 
commandés  par  un  affk^anchi  dlbn  ek\hmar  :  il  les 
fit  mettre  en  prison.  Le  sultan  de  Grenade,  furieux, 
«kpiipa  aussitôt  une  flotte ,  et  accompagné  du  sultan 
Abou  1-V\bbas,  il  aborda  k  Ceuta,  où  il  pénétra. 
Les  troupes  dlbn  Massaï,  qui  avaient  continué  à 
Tassiéger,  firent  toutes  serment  d  obéissanœ  à  Abou 
I-*Abbas ,  et  Ihn  el-Ahniar  retourna  à  Grenade. 

Le  sultan  Abou  l-*Abbas  marcha  sur  Pas,  et  ren- 
contra Ibn  Massai ,  dont  les  troupes  Tarrétèrent  sur 
les  contreforts  des  montagnes  de  Ghomara.  Mais 
celles-ci  travaillées  par  les  partisans  du  sultan  Abou 
l-*Abbas,  firent  défection,  et  Ibn  Massai  dut  re- 
prendre le  chenn'n  de  la  capitale  «  où  il  organisa  la 
défense  avrc  son  sultan.  Le  sultan  Abou  l-*Abba5, 
continuant  sa  route,  vint  camper  en  face  d'eux  '**,  vi 
après  un  sioge  de  plusieui's  mois,  il  s  empara  de  la 
ville.  Voulant  faiit*  un  exemple  terrible,  il  fit  mettre 
à  mort  Ibn  Massai,  dont  le  cadavre  ftit  coupé  vu 
monceaux;  son  sultan,  el-Ouathiq,  fut  tué,  et  tous 
les  B.  Massai  périrent  de  mort  exemplaire  ou  dans 
les  supplices  *'^V 

Abou  l-VAbbas,  maitrr  du  MagliiXib,  y  i>igna  sans 
entra\  es ,  et  bien  qu'il  vûi  chassé  Ibn  el- Ahmar  de 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AIIMAR.  427 

Geuta  et  qu'il  lui  eut  repris  celte  ville,  la  bonne  en« 
tente  persista  entre  eux. 

Ibn  el-Ahmar  continua  à  régner  jus<{u*à  ia  (in  de 
sa  vie,  tout  puissant,  à  Tabri  des  mallieurs  et  des 
revers  *'^. 

Nous  avons  appris  cependant  ^^  que ,  pendant  une 
expédition  qu'il  avait  entreprise  dans  une  province 
espagnole ,  on  vint  le  prévenir  que  son  fils  Abou  1- 
Hadjadj  Youssef,  qui  approchait  de  sa  majorité, 
songeait  à  se  révolter  contre  lui;  il  le  fit  aussitôt  ar- 
rêter et  le  ramena  à  Grenade.  Mais,  lenquéte  quil 
ouvrit  lui  ayant  pix)uvé  Tinnocence  de  son  fils,  il  le 
fit  remettre  en  liberté  et  lui  rendit  tousses  honneurs. 

On  nous  a  aussi  raconté  qu'au  moment  où  le  sul- 
tan quittait  Grenade  pour  se  rendre  à  Gibraltar  et 
porter  secours  à  Abou  l-'Abbas ,  qui  était  assiégé  par 
Ibn  iVIassaï  dans  les  montagnes  du  Ghomara ,  on  vint 
lui  dire  que  deux  hommes  de  sa  garde,  tous  deux 
fils  de  vizirs,  Youssef  ben  Mess'oud  el-Balensi  et 
son  firère  Ibrahim ,  fils  du  vizir  Abou  l-Qassem  ben 
Hakim**"'  avaient  comploté  contre  hii  une  attaque,  à 
l'incitation  d'Ibn  Massai,  \yant  eu  des  preuves  con- 
vaincantes de  l'existence  du  complot,  il  les  fit  tous 
deux  arrêter  et  mettre  à  mort,  ainsi  que  tous  ceux 
qui  avaient  participé  à  ia  conjuration.  Il  revint  à  Gre- 
nade où  il  consena  un  pouvoir  soUde  jusqu'à  sa 
mort  (commencement  de  ygS  «>  1 390). 

Le  peuple  reconnut  après  lui  son  fils  Abou  1-Ha- 
djadj,  qui  se  laissa  gouverner  par  khaled,  affranchi 
de  son  {>è.re.  Il  conunença  par  faire  arrêter  ses  firères 

a8. 


428  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1808. 

Sa*ad,  Mohammed  etNaçr,  qui  périrent  en  prison, 
sans  qu  on  en  ail  jamais  eu  de  nouvelles.  Quelques 
temps  après  il  apprit  que  Khaied,  régent  du  royaume 
avait  résolu  de  lempoisonner  et  qu'il  était  d'accord 
avec  le  médecin  du  sultan,  le  juif  Yahia  ben  es 
Saigh  (lorfèvre).  Il  le  fil  arrêter,  attacher  devant 
lui  et  tuer  à  coups  de  sabre;  quant  au  médecin,  il 
le  fit  égorger  dans  sa  prison.  Gela  eul  lieu  dans  la 
première  année  de  son  règne;  il  mourut  en  ygi 
(1391-1392),  après  un  règne  d environ  deux  ans ^^*. 
Il  eut  pour  successeur  son  fils  Mohammed  qui 
prit  pour  vizir  Mohammed  el-Hammâmi,  qaïd  des 
arsenaux  de  son  père  ^^®. 

Telle  a  été  la  situation  jusqu'à  ce  jour;  Dieu  est 
le  maître  souverain  de  cequil  ordonne '^^. 

Ici  finit  Thistoire  des  dynasties  omayadc  et  abbas- 
side,  ainsi  que  celle  des  rois  qui  gouvernèrent  en- 
suite TEspagne.  Nous  parlerons  maintenant  de  l'his- 
toire des  rois  chrétiens,  dont  les  états  entourent  les 
possessions  musulmanes,  et  nous  jetterons  un  coup 
d'œil  sur  leurs  origines  et  leurs  diverses  dynasties. 

NOTES. 

"'  11)11  Kliuldoiin  el  l'auteur  du  Qartas  ont  donné  d'abomiants 
renseiguenienls  sur  \vs  ranipaj^ncs  de  Abou  Youssef  Yaqoub  eu  E;»- 
pa^^nc;  on  Jes  lrou\ei"a  dans  les  traductions.  (  Ibn  kli.,  t.  VII ,  jk  iS^ 
cl  i()i  s.;  de  SI.,  t.  Il,  |>.  '.îliCu'l  2-G  s.;  lt*a<l. ,  t.  IV,  |>.  ()o  et  7(1  s. 
-  Qarlas,  Irad.  |).  'l'ii,  'i'\'  *••  ;  (ia\angos,  Mvmorial  historivo  : 
lUruvit  Jr  1'  Ivadvinu'  de  Mmlrul ,    t.  \,  i^iôo,  p.  59a  s.J  Je  dois  à 


HISTOIRE  DES  BENOirL-AÏÏMAR.  420 

l'obligeance  de  M.  (Codera  la  possession  de  re  tra\ail,  que  je  n'avais 
pas  pu  me  procurer.  —  Il  ne  paraît  pas  utile  de  discuter  ici  ces 
n''<its,  notre  texte  n'v  ap|)ortant  aucun  élément  nou\eau. 

«^   M  faut  lire,  avec  L.  et  P.  :  J^^  ^^a  ^^I  ^^\  i^  Jy  y  «^If^. 

—  Voir  aussi  Maqqari  :   inal.,  t.  I",  p.  îig^,  et  Boni.,  t.  I",  p.  209. 
'^^   II  Tant  lin\  avec   L  et   P.   :  ^^*^  ^yi  3  aJÛ«>  jLoI^aoJJ)  m'^ 

JLJ\y^\    Jc;l  ^i  *à^  3  »lv.i^   ^  3   ^^    J^^  iLH^UJl    ^3^.  ^313 


**  Ibn  Klialdoun,  t.  VII ,  p.  191  ;  de  SI.,  t.  H,  p.  277;  trad.,  t.  \\\ 
p.  78  s.  «Dans  une  de  ses  campagnes,  le  sultan  livra  bataille  au 
roi  des  cbnHiens,  qui  s'appelait  don  Nuno;  on  raconte  qu'il  tua 
quarante  mille  lionunes  de  son  arnuV.  .  .  Il  |x>ss(''dait  en  Espagne 
Ronda,  Algésiras,  Tarifa,  Gibraltar,  etc.  Il  eut  pour  successeur  son 
lils  Youssef  ben  Yaqoub.  Alpbonse,  roi  des  clin'tiens  *,  \inl  à  lui 
en  «iupplianl ,  lui  baisa  la  main  et  lui  donna  en  gage  sa  couronne 
|)our  qu'il  l'aidât  à  reconquérir  son  royaume.»  Voir  aussi  Maqqari, 
IV>ul.  t.  Il,  5^9.  Maqqari  (Houl.,  t.  1",  p.  209,  eXAiuiL,  t.  I", 
p.  393)  donne  ^^)  ^.'!  3  3^  ^ ji6 ,  ce  qui  est  éxidemment  une 
faute;  car  il  ivsulte  du  iV*cit  même  d'Ibn  Klialdoun,  comme  de 
celui  cité  plus  baut ,  que  Ibn  el-Abmar  et  Aboii  Yaqoub  étaient 
alors  brouillés. 

•^  Voir,  jK)ur  la  description  de  ces  trois  \illes  à  cette  é|>oque,  Si- 
monel  :  DpscnfH'ion  drl  vcinn  de  Gvnnndu,  Vfadrid,  iHtio»  p.  69, 
71,  79,  1^1  et  iC)^,  et  texte  d'Ibn  el-kbatib,  p.  5,  7  et  suiv.  Voir 
Ibn  Klialdoun,  t.  VII,  p.  19^  et  212;  de  SI.,  Il,  p.  278  et  ^09; 
trad. ,  t.  I\,  p.  78  et  12I.  Il  «lésigne  ce»*  tmis  personnagi^s ,  tantôt 
par  leur  ^i,  tantôt  par  leur  iuJcS;  d'ailleurs,  il  n  a  ici  une  |HïtitC! 
eri'eur;  Aboii  Vlobaiiimed 'Abd  Allab  a\ait  bérité  de  Vlalaga,  et  son 
frère  Aboii  Isiiaq  Ibraliim,  deC^omaK's  et  de  (îiiadix,  mais  ce  der- 
nier a\ail  donné  (iiiadix  à  son  lils  Aliou  l-llassan  '.\li.  —  Voir  sur 
les  l^>noii  Acbqilola,  lîobles,  MaUtija  mnsulmana,  Vîalaga,  1H80, 
p.   1  '|Ô. 

"~   Ibn   klialdoun  a   raconté  ailleurs  le  règne  de  Mohammed  el- 

'   Sur  Abou  Youssef  ^aqollb  et  Alphonse  X  ,  voir  Ibn  Khaldoiin,  trad.  , 
IV,  p.  107  cl  suiv. 


430  NOVEMBRE-DECEMBRE  1898. 

Faqili ,  en  fiûiani  h  récit  dai  eipéditiont  d*AlxHi  Yaqoub  Yoiuaof  m 
Andalousie  et  relui  dei  luttes  de  ce  lOuveraiQ  avec  YngbinoreceD 
(t.  VII,  p.  195  à  110,  111  et  ti5;  éd.  de  Sline,  t.  H,  p.  t83  à 
3os,3o9  ot3i3;trad.,  t.  IV,  p.  8  à  lao,  ia4  et  i3o],  — Ma<|qari, 
op.  cit.  (Boul. ,  t.  1",  p.  539,  et  Anal,,  t.  II,  p.  698)  parie  auj^M 
des  campagnes  d*AI)ou  Yaqoub  en  Kspagne.  «  11  fit  subir  aiu  Franc» 
une  telle  défaite  qu'un  auteur  dit  :  «  l^s  musulmans  n  ont  pas  rem- 
«  porté  une  victoire  depuis  el-*Oqab  jusqu'au  jour  ouest  arrivé  Abou 
«Yaqoub  le  Mérinide.  Dans  ]*une  de  ses  expéditions,  il  attaqua  un 
«roi  des  cbrétiens,  nommé  don  Nuno;  et  Ton  raconte  qu*il  tua 
«quarante  mille  hommes  de  son  armée  et  lui  fit  essuyer  une  épou- 
«  vantable  défaite,  etc.  > 

Mohammed  el- Faqili  mourut  le  8  chaban  (8  avril  i3ot).  Ga- 
yangos  :  Mémorial  hÎMiorico,  p.  54 1;  Ibn  Kbaldoun,  t.  \ll,  p.  ti8; 
trad.,  t,  IV,  p.  167  ).  —  De  la  Rada  y  Ddgado  attribue  à  ce  priafe 
une  monnaie  portant  ces  mots  :  ù^  yp^\  -  ^1  ^jtV  iH  y^^ 
f^  {^  ^1  «^^^  -  Atfb^.  Une  inscription  en  vers  provenant  du  tom- 
beau de  Mohammed  el-Faqih  a  été  retrouvée  dans  le  Roudlia  de 
TAlhambra  et  est  conservée  au  Musée  (Cardenas,  Inâaipeiones 
arahêt  de  Granada,  p.  86).  Marmol  (Rekelionde  lot  Moriseos)  men- 
tionne et  traduit  les  intM^riptions  funéraires  en  prose  de  quatre  Nas- 
rides  (voir  aussi  Casiri  ,  Bibliotkeca  EscurialeHMU  t.  il,  /oc.  ait.), 
Ahou  'Abd  Allab  Mohamme^l  (Ël-Faqih),  Abou  1-Oualid  Ismaîl 
(I),  Abou  1-Hadjadj  Youssuf  (1),  et  Abou  1-Hadjadj  Youssef  (III). 
Elles  ont  été  relp\<V.s,  au  \vi*  siècle,  par  Alonso  del  Castiilo.  Il  ne 
subsiste  anjoiirfriiiii  que  les  douv  inscriptions  en  vers  de  Moham- 
med II  etd*Al)uu  'i-Hadjadj  Voiust^f  III.  ((^anlenas,  op,  eit,,  p.  88. 
Dans  le  traité  signé  entre  Abou  Yaqoub  Youssef  et  Mohammed  e-1- 
Kaqih  en  685  (  1  386  ) ,  Tarifa ,  Alg(>siras  et  peut-être  Ronda  avaient 
été  |)Iacées  sons  THutoriU'  du  Kullan  mérinide.  Abou  *t-tiakt»au  'Ali 
l)on  Achqiiilola  y  a\uil  soumis  un  instant  Guadi\.  Ibn  kbaldoun. 
VII,  si5;  de  SI.,  Il,  309;  trad..  IV,  i3i. 

•'*"'  Dans  le  chapitre  sur  le  régne  d'Abou  Yaqoub  Youssei*,  Ibn 
Klialdoun  f  Vil ,  p.  9 «H;  deSiane,  t.  Il ,  p.  333;  trad.,  L  IV.  p.  107  s. 
donne  sur  le  règne  de  Mohammed  el-Makhlou  dos  détails  qu*il  pa- 
rait utile  (Icreproduin*  ici  partiellement,  le  texte  imprimé  au  Gain* 
étant  parfois  préférable  à  celui  <le  de  Slane. 

«Mohammed  el-Makhlou*  fut  gouverné  par  son  secrétaire  Abou 
*Abd  Allah  el-Hakim  originaire  d*une  famille  noble  de  Ronda,  qui 
avait  exercé  les  mt'nies  fonctions  aupn's  de  lui  sous  le  règne  de  son 


HISTOIRE  DES  BENOU^L-AHMAR.  431 

jH^ra;  ii  prit  en  main  m)q  gouvernemenl  et  le  domina  complètement. 
Les  unn  disent  que  Mohammed  ei-Makhlou  était  aveugle;  d'autres 
que  c'était  Ibn  el-Hakim.  f  Dès  le  début  de  soQ  règne,  Mohammed 
avait  envoyé  au  sultan  Abou  Yaqoub,  une  ambassade  dirigée  par 
son  \isir  ut  le  \iiir  de  son  père,  iSoult*aa  Al)ou  'Aiiz  ed  Dani  [de 
Dénia).  —  CvWa  ambassade  trouva  le  sultan  sous  les  murs  de  Tleni- 
een,  et  elle  eut  |)Our  résultat  lenvoi  d'un  corps  d'i archers  anda- 
lous,  gens  liabitués  à  assiéger  les  places  Ibrtes  et  à  faire  brèche 
dans  les  bastions».  —  «Mais  Mohammed  Ibn  el-Alimar  el-Makhlou', 
poussé  par  un  sentiment  de  jalousie  envers  le  sultan,  rt'pudia  son 
autorité,  envoya  une  ambassade  à  Ferdinand,  lils  de  Sanche,  (ils 
d'Alphonse,  ht  la  paix  a\tT  lui  et  s'efforça  d'établir  avec  lui  des  re^ 
lut  ions  d'amitié,  Cette  alliance  fut  conclue  entre  eux  en  703  [i3o3- 
i3oi  ).  En  l'apprenant,  le  sultan  fut  irrité,  renvoya  en  Espagne  le 
ciirps  d'arche.rs  qui,  depuis  un  an,  combattaient  et  vainquaient 
sous  ses  ordres.  Le  sultan  agita  désormais  contre  le  roi  de  Grenade 
lies  projets  çle  vengeance,  contre  lesquels  celui-ci  et  ses  partisans 
.n'armèrent,  redoutant  son  attaque  et  le  poids  de  sa  vengeance,  {jn 
sultan  envoya  des  onlres  au  commandant  de  Malaga,  son  cousin 
er  Rais  Abou  iSald  Ferdj  ben  Ismaïl  l>en  Mohammed  ben  Naçr, 
qu'il  avait  investi  de  ce  guuveniement  de  pi'éférence  à  tous  ses  pa- 
rents, parce  qu'il  était  son  allié,  ayant  épousé  sa  sœur.  Il  gouver- 
nait la  province  d'el-(>harbia.  Le  sultan  de  Grenade  lui  e|\joignit 
donc  d'exciter  les  habitants  de  Ceuta  à  riipqdier  l'autorité  du  sul- 
tan, de  s'emparer  d'Ihn  'Aiéfi,  et  de  ramener  la  population  sous 
son  obéissance,  u 

«*  llm  kh.,  t.  Vil,  p,  aa8;  de  Slane,  t.  Il,  p.  334;  trad.,  t.  V, 
p.  1Â9.  —  Abou  Yaqoub,  retenu  sous  les  murs  de  Tiemcen,  ne 
|)ut,ni  empt^cher  l'o<'cqpation  de  C^uta  par  les  (xrenadins,ni  même 
arnUer  les  progn's  d'un  pivtendant  à  la  royauté  marocaine,  'Otbman 
hen  Ali  '1-Ola  Ibn  'Abd  ei-llaqq,  qui  vainquit  son  lils  Abou  Salem. 
^  Encouragé  par  les  quen'Jles  qui  affaiblissaient  \en  Grenadins, 
Ferdinand  IV  de  (iUstille  envahit  l'Andalousie  et  mit  le  siège  devant 
Algéjiras.  Mais  jes  intrigues  de  son  oncle.  Don  Juan,  l'obligèrent 
ù  m:  retirer;  il  garda  pourtant  Gibroltar,  qu'il  avait  prise  en  70g 
i3o9).  Abou  'l-Djouiouch  effrayé,  conclut  une  alliance  avec  le  sul- 
tan maro<'ain  Abou  r-Rébia,  qui  venait  cependant  de  lui  reprendre 
Outa  (709).  !  Ibn  Kh.,  VII,  33o;  de  SI.,  Il,  353;  trad.,  IV,  i85]. 
L'hisloin^  de  cette  yille  est  particulièrement  intéressante  pendant 
cette  p«''rio<|e,  où  le  conseil  des  cheikh*,  profitant  de  la  situation 


432  NOVEMBRE-DECEMBRE  1898. 

gi''Ogi*apliique  de  la  >iUe,  réussit  à  conserver  son  indcpendance , 
entre  h  cour  de  Grenade  et  celle  de  Fas  (Ibn  Kh. ,  Vil,  ai 6;  de 
SI.,  II,  363.  trad.,  ÏV,  198  s.) 

^  lA  la  fin  de  djouniada  second  710  (nov.  i3io),  le  sultan 
Naçr  eut  une  attaque,  dont  ii  manqua  mourir.  Rappelé  par  ses  par- 
tisans, Abou  *Ahd  Allah  el-MakhIou'  quitta  ^munecar,  et  revint 
à  Grenade  au  commencement  de  redjeb  (fin  noxembn»).  Mais  .Naçr 
sY'lant  n»tabii ,  son  compHiteur  perdit  courage  et  mourut  peu  après, 
au  début  de  choual  713  (fin  janv.  1 3 1  i  ]  ;  on  raconte  qu'il  fut  noyé 
dans  un  bassin.  M  fut  enterré  dans  le  cimetière  d'es  Sebika?,  au- 
près de  se,s  ancêtres.»  (Ibn  el-Kbatib  in  Casiri,  p.  276).  Les  der- 
nières lignes  de  son  épitaphe  portent:  «Il  était  né  le  mercredi 
3  cbaban  dbô  (mercredi  soir  et  jeudi  iG  août  i^b"]):  il  mounit 
peu  après  le  lever  du  soleil,  le  lundi  2  choual  713  (dimanche? 
10  janvier  i39^].  En  appivnanl  les  troubles  de  la  capitale,  Abou 
l-Oualid  se  mit  en  marche,  prit  Loja  en  choual  71a  (janv.-fé^. 
i3ii)  revint  à  Malaga,  et  vainquit,  près  d'Archidona , les  troupes 
grenadines  commandées  par  *Abd  el-llaqq  Ibn  Othman.  Les  liabi- 
tants  du  faubourg  d'Albaîcin  lui  ouvrirent  la  porte  d*Elvira;  il  s*em- 
para  de  la  qaçbah  et  s'installa  dans  la  maison  du  vizir  Ibn  el-Moul. 
Réfugié  d'abord  dans  TAlbambra,  Naçr  quitta  Grenade  le  21  choual 
7 1 3  (  8  février  1 3 1 4  )  et  se  retira  à  Guadix.  (  Gayangos  :  The  Moham- 
med, dynasties,  t.  II,  p.  349*) 

La  date  de  713  donnée  par  Ibn  el-Khatib  [lor,  cit,)  paraît 
devoir  être  préférée  à  celle  de  7 1  \  donn('*e  par  Ibn  Khaldoun  dans 
V Histoire  des  Berbères  (t.  Vil,  p.  371;  /flit.  de  Slane,  t.  H,  ôifi; 
trad.,  t.  IV,  \~  i  s.^.  el  à  relie  de  717,  donnf'e  par  les  manuscrits 
comme  par  le  texte  de  Boulaq,  dans  le  chapitre  des  B.  '1-Ahmar. 
Mais,  je  n'ai  pas  encore»  eu  entre  les  mains  les  éléments  ii<Vt»s- 
saires  pour  décider  absolument  la  question.  Cependant  Ibn  Khal- 
doun monlii^  lui-même  cpie  717  est  inadmissible;  il  raconte  en  effet 
[t.  VII,  'i'}C)\  édit.  de  Slane,  II,  Ôig;  Irad.,  I\,  199Î  que  Yahia 
ben  Abi  Taleb  ap|>e1lu  ù  Ceula  'Abd  l'I-llaqq  ben  'Othman,  apn»s  la 
mort  d'Ahou  llatem,  qui  sur\int  (>n  71(3;  el  dans  la  biographie 
d'Ahd  el-lîaqq  ben  'Othman,  notre  auteur  exjKïse  que  celui-ci  ac- 
compagna Abou  'l-Djouiouch  à  Guadix.  «Mais,  un  diffén»nd  sVlant 
éle>é  enliv  lui  el  le  souverain  déchu,  il  y  mit  lin  en  se  n>tirant  à 
la  cour  de  (!iaslille.  C'est  alors  qu'il  fut  appelé  par  Yahia  l)en  Abi 
Taleb  el-'Aiefi  qui  était  assiégé  par  le  sultan  Abou  Sald.  »  (t.  \ll, 
369;  ♦'•dit.  de  Slane,  II,  5'|6;  trad.,  IV,  '167.)  Voir  aussi  sur  ces 


HISTOIRE  DES  BENOirL-AHMAR.  433 

événements  Ibn  Khald.,  VII,  'iSn-^édit.,  de  Slane,  II,  .'^76;  trad., 
IV,  316. 

^'  Abou  *l-Djouiouch  Naçr  mourut  à  Guadix  dans  la  nuit  du  mer- 
rn*di  6  dhou  '1-qada  723  (mercredi  16  no>pmbrc  i3î»3);  il  fut 
tout  d'abord  entern>  dans  la  mosquée  de  la  qaçba,  puis  transporté 
à  (irenade  (dbou  M-bidja  =  dér.  i332  et  janv.  i323).  I^  sultan, 
accompagné  d'une  foule  nombreuse,  \int  à  la  rencontre  du  cortège 
et  lit  sur  son  cercueil,  dans  le  lieu  oi!i  se  font  les  prières  de  Paid, 
la  prière  de  r*açr,  le  jeudi  6  dhou  *l-l)idja  (jeudi  1 G  décembre  i32i). 
(Ibn  el-kbatib  in  Casiri,  loc,  cit.,  p.  a8o  et  281,)  Notre  auteur 
donne  Tépitaphe  de  son  tombeau:  il  était  né  le  lundi  2\  ramadban 
08(3  (dimanche?  a  novembn^  1287),  et  il  avait  été  pro<*lamé  le 
vendredi   i"  clioual  708  (vendredi  1 '1  mars  i3o9j. 

~'  Le  pèn'.  de  Lissan  ed-din  Ibn  el-Rhatib  'Abd  Allali  joua  un 
certain  rôle  sous  Al>ou  M-Oualid  :  <  11  n;>int  à  Lojà,  d  011  sa  famille 
élait  originaire.  Le  roi  Abou'l  Oualid,  se  dirigeant  >ers  Grenade, 
]K>ur  >  attaquer  le  roi  d'el-Reidlia,  se  pn'*senta  devant  Lojà;  'AU! 
Allah  fa\orisa  ses  desseins  et  Taida  à  p'nétrer  dans  la  \ille,  pour 
des  raisons  qu'il  serait  trop  long  d'exposer  ici.  Après  la  victoire,  le 
sultan  l'emmena  dans  sa  capitale,  et  lui  donna  une  large  part  dans 
ses  libéralités.»  Il  mourut  à  la  bataille  de  Tarifa,  le  lundi  7  djou- 
mad a  premier  7.^1  (lundi  39  octobre  i34o).  Voir  Maqqari,  op, 
rit,,  t.  m,  p.  5,  7  et  9.  —  Il  était  né  à  Grenade  en  djoumada 
premier  672  (nov.-<léc.  1273)  —  Sur  Lojà,  voir  Simonet,  op.lamL, 
p.  56,  et  App. ,  p.  25. 

"'^  Voir  Vappendice  n°  2. 

'*  I^  10  redjeb  725  (22  juin  i325),  Abou  '1-Oualid  Ismail 
marcha  sur  Martos  (à  17  kilomètres  sud-ouest  de  Jaen]  et  s'en  em- 
para. Au  retour  de  cette  campagne,  il  eut  une  al  tentât  ion  ave<:  son 
cousin  Mohammed  ben  Ismail ,  surnommé  le  maître  d'Algésiras 
;  ïj^y^t  fc-.»*i.Lo ) ,  qui,  |)Our  se  venger,  l'assassina  le  27  redjeb 
'  ()  juill(>t).  Ismaïl  laissa  quatre  lils  :  Mohanmied ,  qui  lui  succéda; 
Faradj,  mort  en  prison  dans  la  qaçha  d'Alméria  en  751  fi35o- 
i35i);  Abou  '1-Hadjadj  Youssef  qui  n'gna  ensuite,  et  Ismail.  (Ibn 
cl-khatib  in  Casiri,  loc.  cit.,  t.  II,  p.  288  et  289;  Gayangos,  Vo/i. 
(Irft'isties,  t.  II,  p.  353 ;id..  Mémorial  historico,  t.  X,  p.  5^2.) 

La  date  de  727,  donné»  ici  par  Ibn  Khaldoun,  parait  être  erro- 
né*» :  le  Kitab  el-'Ibar  dit  ailleurs  725  (t.  VII,  p.  371;  étlit.  de 
Slane,  t.  II,  p.  5^9;  trad.,  t.  IV,  p.  I71). 

On  retrouve  le  nom  d'Abou  I-Oualid  Ismail  sur  les  mursderAIliam  • 


434  NOVElIBliE.DiCKlIBllS  liOS. 

bi«  (Antonio  Almigro  Cardonai  i  /lucrf/M^iMf  arah^â  dm  fii«MiJ^. 
p.  33 ,  et  aussi  p.  1 19].  Sur  les  arcades  de  la  porte  d'entrée  do  Jeof^ 
ralife  (ukji^nW  iU^),  on  lit  une  qaoida  (ikid,,  p.  170)  qui  rontieot 

ras  mots  :  •  Cihlteau  édatant  de  beauté  et  de   aplmideup,. on 

noble  et  heureux  destin  lui  a  donné  d'attirer  Tattandoo  du  Khalifc 
du  Miséricordieux ,  le  meiUeur  des  rois ,  Abou  1-  Oualid  el  Moun- 
taqi  (  le  favori  de  Dieu] ,  issu  de  Télite  des  rois  de  Qahtao ,  émule  des 
purs  entre  ses  ancêtres,  les  An^u*s  du  meilieup  des  ^tm  d<* 
'Adnan.  (^rict^  à  son  aide,  la  ma^ificenoe  de  ses  c4iiistniGtkins  et 
de  ses  ornements  a  été  rajeunie,  en  Tannée  où  la  reiiinon  fut  vic- 
torieuse et  conquérante,  en  cette  année  qui  Ait  la  vraie  marque  de 
la  faveur  divine».  Il  s*agit  de  Tannée  de  la  victoire  sur  don  Juan 
(719=  i3i9). 

"^  B  porte  ^jjf>Jk\^\  J!^l  Jol,;  lire  avec  P  et  L  :  Jl^f  jLd, 
^  ^Ua  >ti>asxi.>l3  ^)lLf  ^^lu%4  Ob^^l  (^  ^  *7^>i  «J^  iii^h 

7<*  l)oMble  dirham  do  MohamiP<Hl  IV  1  i  Tépiir  'Abd  A^Ub  Moham- 
med, fils  d»  iemir  el-Mou«limin  Abou  l-0i4«did  bniaîl  b<m  Fen(j 
bon  Naçr  »  ;  et  sur  Tautre  face  \  Coran*  3^s5*  •  Dis  :  Seigneur,  maîtni 
du  pouvoir,  tu  donnes  le  pouvoir  à  qui  (u  veux,  et  tu  ôtes  le  pou- 
voir à  qui  tu  veux;  tu  élèves qiq  tu  veux,  et  tu  abaittes  qui  ti|  vwu) 
en  ta  main  e.st  le  bien.  »  [Deigado,  op,cit,,  n'*793,]  —  Qe  vemet  du 
Qoran  a  été  employé  fnkjuemment  sur  les  monnaii^,  el  aussi  sur 
les  monuments;  voir  tomlieau  dM  sultan  Malil  Mansoqr  Qalaoun 
084  hég.  in  van  l^rchem,  Matérwu-i-  pour  un  rorpui  inscriptionum 
(irabiciirum ,  1,  a,  Paris,  1H96,  p.  i4o, 

""  Aujourd'hui  Andurax ,  danH  la  provimni  d'Almériit  (Simonet, 
Qp,  laud,,  p.  109,  et  appendice,  p.  18). 

^'  Chalouhania  ou  tthalouhinia,  jadia  Halambina,  auj.  Salohrena. 
Aur  la  côte,  à  Tast  d'Almunecar;  les  pois  de  Grenade  y  avaient 
un  rhàtt^au  entouré  de  magnifiques  jainlins.  (  Siiponet ,  op.  /auf/. . 
p.  65  et  app.  p.  9,  et  Simonet  et  Lercliundi  t  Crgstomt^tm  Arabiffo- 
Espanola,  Lexique). 

^  Voir  pour  ce  personnage,  not.  jhn  Khaldoun,  dans  la  notin^ 
consacrée  à  *Othman  ben  Abi  l-'OU  ut  citi'te  plus  haut,  et  )bn  el- 
Khatih  in  Casiri,  lor.  cit.,  t.  Il,  p.  «97. 

••  Voir  l'appendice  n"  IV ,  ci^lftssQUs. 


HTSTOÎRR  DES  BKXOlî'L-AHMAR.  ^35 

'*  Ibn  KlialdouD  a  consacré  ope  notice  à  ce  personnage  :  t.  VJI, 
p.  38a;  (*d.  de  SI.,  t.  II,  p.  55n  trad, ,  t.  IV,  p.  473.  Voir  aussi 
Nefli  el'T'ib,  t.  I,  p.  an. 

**  Abou  Said  <*tail  mort  en  781  (i33i). 

"  Abou  1-Hassan  'Ali  eut  à  lutter  contre  son  frère  Abou  *Ali  *Oinar 
(|ui ,  n'volU'  en  7 1 4  (  1 3 1 4-i 3 1 5 )  contre  leur  père  Abou  Sa*îd,  avait 
pourtant  obtenu  de  lui  en  7 1 5  (  1 3 1 .5- 1 3 1 6)  le  gouvernement  des  prn- 
\inces  méridionales  de  l'empire  marocain  avec  Sidjilniessa  pour 
capitale.  Abou  l-Hassan  fit  étrangler  Abou  *Ali  à  Fas  en  733 
(i33a-i333).  —  (Ibn  Kb.,  t.  VII,  p.  i.43  s.  et  a53  s,;  éd.  de  SI., 
1,  II,  p.  357  et  373  s.;  tr. ,  t.  IV,  p.  191  s.  et  911  s.). 

'^  Sur  lexpédition  d'Abou  Malek  en  Andalousie,  et  la  reprise  de 
Gibraltar  parles  musulmans,  voir  Ibn  Kbaldoun,  t.  VII,  p.  a5.i. 
éd.   de  SI.,  t.  Il,  p.  376;  tr.  t.  IV,  p.   117  s,  I^ire  avec  P  et  L  : 

JlH-  i^U  l>A^>3  ^^y^  Jl  **-  ^)^\y  ^t.  ^1  *i^  ^^^  JJLiij 

"^  Maqqari,  Nefh  et'  Tib.,éd,  Roui.,  t.  I,  p.  a  10  et  an,  el 
Anal,,  p.  apS.  —  «Les  chrétiens  sëtaiept  emparés  delà  ville  de 
Gibraltar,  qui  faisait  partie  du  royaume  de  Fas  et  du  Maghreb. 
Elle  resta  entre  leurs  mains ,  jusqu'à  ce  que  le  sultan  mérînide  Abou 
Hassan  la  leur  enlevât,  en  y  dépensant  des  sontmes  considérables 
et  en  y  employant  de  nombreuses  troupes.  Son  armée  vint  en  faire 
le  siège  sous  le  commandement  de  son  fils,  accompagné  de  sa  garde, 
et  la  tint  étroitttment  bloquée  jusqu'à  ce  qu  elle  capitulât.  Le  sultan 
s'occupa  dès  lors  d  en  augmenter  les  construrtiont  et  les  défenses , 
auxquelles  il  dè|)ensH  des  sommes  ronsidéfables  :  citadelle, 
remparts,  forts,  mosquiMî,  maisons,  logemf^nt  des  services  royaux. 
Il  allait  terminer  ces  travaux,  quand  Tennenii  vint  investir  la 
\ille  par  terre  et  par  mer;  mais  les  musulmans  firent  preuve  d'une 
admirable  constance ,  et  Dieu  trompa  l'espoir  des  chrétiens. 

«  Le  sultan  décida  alors  de  fortifier  les  pentes  de  la  montagne  par 
une  muraille  qui  IVntourerait  de  tous  côtés,  et  qui,  en  empêchant 
l'ennemi  de  bloquer  la  ville,  lui  àterait  {'envie  d'en  tenter  le  siège. 
Tout  le  monde  pt'nsait  que  ce  travail  était  impossible.  Mais  le  sul- 
tan dépensa  tant  d'argent  et  pressa  si  (lien  les  travailleurs,  que, 
dans  l'espace  d'une  lune,  il  réussit  à  entourer  la  montagne  comme 
d'un  cercle  lunaire.  • 

Cette  partie  du  récit  de  Maqqari  se  trouve  reproduite,  presque 
mot  pour  mot,  dans  une  autre  partie  du  Nffh  et'  TU  (éd.  RouUq, 


430  NOVRMBRE-DÉCEMBRE  1898. 

1.  H»  p.  5i<)»  <'t  Arial.y  l.  Il,  p.  7i5)  qui  remprunte  à  rou\ra|7i^ 
(l'Ibn  Merzouq,  intitulé  :  ^L^i  ^  ^^*^  ^^^^  *.v;— Il  i-^UDl 
^J^^^  (^^\  ;^lIfti««.M.  Maqqari  (/oc.  ri  t.]  ajoute  :  «  Gibraltar  était  restée 
|)(>ndanl  vingt  ans  aux  mains  de  lennemi  (709-733).  Le  <tultan 
\l)ou  1- Hassan  Tavait  assiégée  pendant  six  mois.  Son  fils,  Abou 
Inan,  continua  à  la  fortifier.» 

^  L'assassinat  de  Mohammed  IV  eut  lieu  le  mercredi  i3  dbou 
l-hidja  733  (mercredi  3  5  août  i333);  il  fut  enterré  à  MaJaga. 
Sur  le  rôle  joué  dans  cette  circonstance  par  les  Renou  Abi  l-*Ola, 
\.  Ibn  Klialdoun,  (.  VII,  p.  363  et  383;  éd. de  SI.  t.  II, p.  390  et 
5i  1  ;  (rad.,  t.  IV,  p.  336  et  ^74  ;  Ibn  el-Kliatih  in  Gasiri,  loc,  cit., 
l.  M,  p.  396;  Maqq.  Neflt  et'  Tib.,  t.  IH,  p.  4^;  Kitab  el-htitfçn , 
t.  Il,  p.  ÔQ'fGayangos  :  Mohnm.  ({yn,,  t.  Il,  p.  354 ,  et  in  Mcm, 
hlst. ,  t.  X,  p.  543.  Gardenas  [op,  cit.,  p.  iij  attribue  au  règne 
de  Moliauinied  IV  des  inscriptions  de  TAlhambra  ;  il  est  parfois  em- 
barrassant d'accepter  les  afTu'niations  de  fauteur,  qui  ne  donne  pas 
toujours  ses  raisons;  il  faudrait  faire  une  étude  approfondie  de 
l'Alhambra. 

^''  Abou  1-Hadjadj  conserva  le  type  de  monnaie  adopté  par  son 
frère.  Voir  in  Lavoix,  780;  et  Delgado,  734,  deux  pièces  portant: 
«l'émir  st^rviteur  de  Dieu  Youssef,  fils  de  l'émir  el-Mouslim in  AI>ou 
l-Oualid  lsma*il  l>en  Fadbl  ben  Naçr»,  et  Qoran,  3,  35.  11  sucrt'*da  à 
son  frère  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans  et  buit  mois  (Maqq.,  loc,  fil.). 
Abou  1-Hadjadj  prit  pour  vizir,  en  cboual  749  (déc.  i348=  janv. 
13^19),  Ibn  el-Kliatib  Lissan  ed-Din,  qui  a  laissf»  de  nombreux 
oin rages,  notamment  des  compositions  liislorique.s  en  prose  et  en 
>ers  sur  l'histoire  des  B«'nou  Naçr.  Iie,s  deux  derniers  xolumes  du 
^ejli  h'  Tib  sont  entièrement  consacirs  à  sa  biographie  et  à  des 
citations  de  ses  œuvres.  Il  existe  des  manuscrits  d'Ibn  el-Khatib  en 
ans*'/,  grand  nonihn*,  nolaniuient  à  l'Escurial,  à  Tunis,  à  Paris.  [\ . 
lladji  Khalifa,  et  Klûgel;  Wûstenfeld,  Die  Geschichtsckreiber  der 
irnber,  p.  1H6,  dont  la  liste  est  incomplète;  celle  de  Gayangos,  Wo- 
hnmin.  r/yn.,  l'est  bien  plus  encoi*e.  ) 

**•  Ibn  klialdoun  a  donné  la  biographie  de  ce  personnage,  t.  Vil, 
p.  37!^;  éd.,  de  SI.  t.  Il,  p.  553;  trad.,  t.  IV,  p.  ^77. 

"*  Noir,  pour  les  campagnes  d'Abou  Malek  et  d'Abou  l-Hassan 
en  740,  ']\o.  et  -'^.'^  :  Ibn  Klialdoun.  t.  Vil,  p.  360  s.;  éd.,  de  SI., 
t.  Il,  p.  3S5  s.;  trad.,  t.  IV,  p.  339  s.;  Maqqari,  B.  t.  Il,  p.  539 
et  AnaL,  t.  Il,  p.  698.  Ibn  el-Khatib  [ibid,,  t.  111,  p.  5  et  (î  ; 
parle  de  la  bataille  de  Tarifa  où  périt  son  père,  *Abd  Allah,  et  dont 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  \M 

Maqqari  ne  disiiiiiiule  pas  plus  rimportancc  que  ne  l*a\ait  lait  Ihn 
Kliuidoun.  Le  Kitah  el-lstiqça  (t.  II,  p.  GGj  donne  un  férit  de  la 
bataille  de  Tarifa  qui  est  celui  de  Ibn  Khaldoun,  avec  des  additions 
4't  rorrections  qui  paraissent  indiquer  que  Tauteur  a  vu  sous  les 
\eu\  ptur  ce  cliapitœ  un  texte  meilleur  que  relui  du  Caiir  el  que 
reux  dont  s'est  s«*rvi  M.  deSlane.  Voici  les  adjonctions  importantes  : 
i^a  \ictoin;  na>atc  des  musulmans  fut  iiMnporlée  le  samt^li 
6  clioual  74o  (merci-edi?  5  avril  i3do):  Abou  1-Hassan  commence 
le  siègt>  de  Tarifa  le  3  moharrcm  7A1  (99  juin  i34o);  la  bataille 
a  lieu  le  lundi  7  djoumada  deuxième  741  (mardi?  38  no\.  i34o); 
et  le  (ils  du  sultan  qui  est  fait  prisonnier,  s'ap|)elle  Tacblin,  ainsi 
que  l'indique  (Pailleurs  Ibn  Kbaldoun  dans  un  autre  passage  [\.  not. 
trad.,  t.  IV,  p.  aOy,  el  Isliqça,  t.  Il,  p.  80). 

•*  Ou  plutôt  à  la  fin  de  740  (juin  i34o). 

"*  Alcalà  la  Real,  32  kilomètres  S.-O.  de  Jaen.  Voir  Simonet, 
op.  lauil.,  p.  07. 

^  Pour  le  rôle  joué  par  Abou  1-Hadjadj  dans  la  tentative  faite 
en  754  (i353)  par  Témir  Abou  1-Fadbl  ben  'Ali  pour  renverser  son 
frèi*e,  le  sultan  Abou 'Inan  Fai*ès,  voir  Ibn  Kbaldoun,  t.  VII, 
p.  ^«93;  éd.  de  Slane,  t.  II,  p.  134;  trad.,  t.  IV,  p.  3o5;  et  nn4> 
lettre  d'excustîs,  écrite  par  Ibn  el-Kbatib  au  nom  d'Abou  l-lladjadj  à 
Abou  *lnan,  in  Maqqari,  \efh  vl'  Tib.,  t.  Il,  p.  5Go;  Istiqça,  t.  Il, 

p.  [)2. 

•^  Le  nom  d'Abou  1-IIadjadj  Youssef  est  plusieurs  fois  ré|HHé  sur 
les  murs  de  TAlliauibra.  Sur  la  j)orte  dVntn'e,  dite  pucrta  de  la 

JnsticUt ,  on  lit  :    *«^^aM  c-^Lo  ^t".»ll  v^'  ^^  '^-^  r*' 

^^1  v-ç—>-^  ^Uil  ^1  J^IjJI  j^LrfJl  ^j,liaJLJI  ^J,A'^\  y^\  L3V 

....  y^  ^  o^P I  (^\  jmOoUI  j^U^Jl  (^LLJLJl  Ij^yê  (Cardenas,  /or. 

cit.,  p.  3).  Voir  aussi  des  inscriptions  daus  d'autres  parties  du 
monument  [ibid,,  p.  52,  58,  63  et  03).  Dans  un  appendice,  Car- 
denas (p.  3o5)  cite,  d'apivs  une  copie,  une  inscription  de  la  Me- 

dersa  de  (trenade,  qui  contient  ces  mots  :  kxJJ  s\ùJ\  \Sjb  'ULo  y\ 
w'  c:r»*-*^'  r^^y  [^iÀ^^^  7*-' i^^  >-*-->!?  s^I  yi^  4^llaLJ|. . . . 

iuL|u^3.   «La  construction    de  cette  dt'meure   de  la  science  a  été 

ordonnée.  .  .par  le  sultan   Abou   l-lladjadj  Youssef,   lils    du 

prince  des  musulmans  et  \ainqueui'  pour  la  foi  Abou  l-Oualid  Is- 


45S  NOVBMBRfi-DÉCEMBRE  1698. 

mai]  ben  Ntçr. .  % . .  et  eUe  a  élé  tenninée  eo  Boharrem  760  ;i 
avril  i3i9).> 

**  Dm  Khakloun  (t  VU,  p.  3o4;  éd.  de  Siaiie,  I.  D,  p.  l5o: 
trad.,  L  IV,  p.  3^7)  dit  c{u*ilfbt  «namié  t par  on  nègra,  qu'oe 
WMipçonnait  être  le  fils  du  frète  du  sultan  Mohammed  IV  et  d'oee 
esclave  noire  du  palais.  ■ ,  et  plus  loin  (t.  VU ,  p.  S83;  éd.  de  Siane. 
t.  II,  p.  554;  trad.,  t.  IV,  p.  479K  il  ajoute  «pie  Tauteor  de  ce 
crime  fut  •  un  des  esclaves  nègres  de  ses  écuries ,  qui  avait  l'esprit 
dérange  et  qui  fut,  dit-on,  poussé  à  ce  forfait.»  —  «Il  lut  as- 
sailli ,  dit  Ibn  Khatib  ( Maqqan ,  t.  ill ,  p.  ii)ït  jour  de  la  fiNe  de 
la  rupture  du  jeune  (1''  choual  755 —  19  ocrt.  1 354),  au  moment 
où  il  faisait  la  dernière  prosternation  de  la  prière,  par  an  fou  qui 
se  jeta  sur  lui  et  le  perça  d*un  khandjar,  qu*il  portait  sur  lui.  Ai^ 
rété  aussitôt  et  interrogé ,  il  ne  répondit  que  par  des  paroles  san» 
suite.  On  s^empressa  de  porter  le  sultan  dans  son  palais;  mais  à 
peine  y  était-il  arrivé  qu  il  expira.  Le  meurtrier  fut  livré  au  peuple, 
qui  le  mit  à  mort  sur-le-champ  et  hHkla  son  corps.  L*q>rèa-inidi  de 
ce  même  jour,  le  sultan  fut  enterré  dans  le  cimetière  de  son  palais, 
tout  à  c6té  de  son  père.  •  Ibn  d-Rhatib  a  donné  un  autre  récit  abrégé 
de  cet  événement  (in  Casiri,  t.  II,  p.  3o4  et  3o5).  Aboa  l-Hadjadj 
Youssef  laissa  trois  fib  :  Mohammed ,  Ismail  et  Qais.  (  Maqqari . 
t.  III,  p.  4);  Gayangos,  Mok.  dyn,,  t.  Il,  p.  355  et  JMi.  kÎMt., 
t.  X,  p.  544*) 

^  H  ne  m*a  pas  paru  possible  d'utiliser  ici  la  correspondanct* 
d'Ibn  cl-Khatib,  reproduite  par  Maqqari  (<tp,  cit.,  t.  U),  sans  en- 
trer dans  (le  trop  abondants  détails.  Contrôlée  par  les  ouvrages  d*Ihn 
el-Khatib,  cette  corresjK)ndonce  pourra  faire  l'objet  d'une  étude 
spéciale.  —  J'ai  noté  trois  monnaies  de  Mohammed  V,  de  type» 
différents;  les  deux  pi'emières  portent  :  «L'émir,  serviteur  de  Dieu. 
Mohammed,  iils  de  Témir  el-Mousliniin  Abou  l-Hadjadj  Youssef, 
fils  de  leniir  el-Mouslimin  Abou  el-Oualid  Ismaîl  ben  Naçr»  ;  au  re- 
vers, la  première  a  C.  3.  2  5.,  comme  les  monnaies  de  Youssef  et 
de  Mohammed  IV  (Delgado,  op.  cit„  n**  725);  la  seconde,  la  for- 
mule :  Louange  à  Dieu,  maître  des  mondes.  La  troisième  (Lavoix, 
op.  cU,,  n**  781)  porte  :  Lëmir,  serviteur  de  Dieu,  eâ-Ghani  billah 
Mohammed  ben  Youssef  ben  Ismaîl  ben  Naçr;  et  au  verso  tO  vous 
qui  avez  la  foi,  soyez  patients  en  vous-même  et  envers  les  autres; 
soyez  francs ,  et  craignez  Dieu.  Vous  serez  heureux  !  •  (  C.  3.  aoo.  ) 

**  La  partie  de  TAlhambra,  où  la  tradition  veut  que  ce  prince 
ait  été  logé  s'appelle  encore  aujourd'hui  Torre  de  Ismael  (Carde- 


HISTOIHE  DES  BENOU*L-AHMAE.  430 

nas,  op*  cit., p.  137)»  Quanta  Mohammed  V*  son  nom  se  retrouve 
en  maint  endroit  dans  l'Aihambra  (•/>.  ciu,  pauim).  Sur  une  des 
conitrurtions  qui  s  élèvent  dans  Tenceinte  de  TAibambra,  on  lit 
um>  inscription  comniémorative  de  la  fondation  d*un  b6pitai  |)ar 
Mohammed  V  (moharrcm  767  à  choual  768  «=  septembre  i365  à 
mai  1367).  ^  ^^^^  ^^  ^^  traduction  sont  dans  (^ardenas,  «p.  cit,, 
p.  iiid  s. 

^  11  faut  supprimer,  a\ec  P.  et  L.,  ibcn  'Abd  Allah»  des  noms 

du  rais  Mohumminl,  et  remplacer  par  Jd  ^1.  Il  faut  aussi,  a\ecL, 
vX  malgré  P.  et  Tédition  imprimée,  axJL^)  et  non  »?!,<> ta.  Cette  der- 
nière leçon  Hcxplique  par  ce  fait ,  que  dans  rhisloire  des  B.  Mérin , 
(Vil,  3o6)  il  s'agit  de  la  sœur  de  Mohammed,  qui  est  la  fille  d*Is- 
maïl. 

••  Ibn  Khaldoun,  l.  MI,  p.  383;  éd.  de  Slane,  l.  Il,  p.  554; 
Irad.,  t.  ÏV,  p.  A79.  Ibn  el-Khalib,  in  Casiri  [loe,  cit,,  l.  Il, 
p.  3o6  ) ,  ne  donne  aucun  détail  ;  mais  il  se  rattrape  dans  la  JUfJDl 

A,»^4âJJl  iÛyù  ^^b  /^  £^%«kJ)  (Gayangos,  Mohanimetlan  djiMSlieSt 
t.  II,  p.  359}.  Voir  à  Tappendice  m  un  récit  d*lbn  el-Khatih. 

^  Ibn  Khaldoun  (t.  VII,  p.  3o6;  éd.  de  Slane,  t.  Il,  p.  ^53; 
(rad. ,  t.  IV,  p.  33a)  n'ajoute  rien  d'important;  il  donne  des  dé- 
tails sur  la  réception  que  Ht  au  roi  détrôné  le  sultan  de  Fas,  Abou 
vSalem,  et  il  reproduit  la  qacida  en  rti  qulbn  d-Katib  récita  à  ce- 
lui-ci. Ce  même  chapitre  esl  reproduit  dans  le  Nejh  eC  Tib  (t.  III, 
p.  5o),  d'apr(>s  un  texte  très  correct;  il  vaudrait  mieux  notamment 
modifier  le  texte  de  M.  de  Slane  (t.  Il,  p.  407,  1,  ai),  soit  comme 
Roulaq  (t.  VII,  p.  309)  S^y^\^  *r-^yi\  ^  AilkJU  ^;  j^^  loiarl 
soil  commis  Maqquri  (i6iW. ,  p.  5i),  en  remplaçant  le  ^l>>a^  par 
le  JaU  *«»{  et  en  disant  J^l^lj  w«5i^i  ^;  Im  qacida  est  aussi  dans 
Maqqari.  Voir  aussi  Gayangos,  Moh,  dynastieM,  t.  II,  p.  30 1. 

'^  Ismaîl  \enait  de  faire  alliance  a\ec  le  roi  de  Castille ,  Pierir. 
le  Cruel,  quand  il  fut  détrôné  par  Moliammed  VI  et  mis  à  mort, 
ainsi  que  son  frère  Qais,  le  i  chaban  761  (au  juin  i36o);  il  était 
né  ie  98  rebia'  I  740  (3  octobre  i339).  Voir  (layangos,  MokmmHw- 
dan  dynasties,  t.  II,  p»  359,  ^  MAn,  kist,,  t.  X,  p.  544;  Ibn  el> 
Kliatib  in  Casiri,  /oc.  cit.,  p.  307. 

***  Si  Ton  avait  à  faire  ici  autre  chose  qii  une  besogne  matérielle 
de  traduction,  il  importerait  de  montrer  comment,  dans  tous  les 
acio»  de  leur  politique  en  Andalousie ,  les  Benou  Merin  sont  hantés 
«les  «)uvenirs  des  Almohades  et  s'elForrent  d'y  rétablir  la  domina- 


440  NOVEMBRE-DÉCËMBRE  1898. 

tion  àv.  leurs  prédécesseurs.  Ce  D*esl  point  dans  un  but  purement 
religieux  que  les  puissants  d  entre  eux  passent  si  aisément  le  dé- 
troit pour  faire  la  guerre  sainte  :  ils  ont ,  tout  d'abord ,  de  belles 
ghazzias  à  opérer,  et  aussi  des  souverainetés  débiles  à  protéger  et, 
s'il  est  possible,  à  supprimer  à  leur  profit.  Les  fameux  auxiliaires 
niérinides  de  la  cour  des  Benou  M-Ahmar  sont,  on  le  verra  plus 
loin,  des  |)ersonnages  fort  indé|)endants  de  leurs  maîtres  de  Gre- 
nade, et  qui  se  considèrent  comme  les  fidèles  vassaux  du  sultan  <lt' 
Fas,  niaintonant  qu'ils  sont  hors  de  son  atteinte;  en  leur  faisant 
|>asscr  les  détroits,  leur  maître  et  cousin  a  gagné  une  double  vic- 
toire :  il  a  éloigné  des  parents  un  peu  trop  remuants ,  et  il  >'e^t 
créé  des  partisans  au  cœur  de  la  place.  Encore,  il  accueille  bien 
volontiers  les  sultans  déchus  de  Grenade,  qu'il  espère  rétablir  sur 
leur  trône  et  y  garder  en  vassalité.  Mais,  ceux-ci  sont  ansez  prati- 
quement et  étroitement  politiques  pour  comprendre  que  la  guerre 
sainte  n'est  qu'un  prétexte ,  et  que  leur  trône  est  aussi  sérieusement 
menacé  par  le  musulman  de  Fas  que  par  le  catholique  de  Madrid 
ou  par  celui  de  Barcelone.  Ils  appellent  donc  à  leur  secours,  a\i*c 
une  entière  liberté  d'esprit,  le  B.  Mérin  contre  le  chrétien,  ou  le 
tvran  de  Caslille  contre  l'émir  el-Mouslimin  de  Fas:  ils  inter- 
viennent  aussi  naturellement  dans  les  querelles  du  B.  Abd  el-Ouad 
de  Tlemcen  avec  le  sultan  de  Fas,  que  dans  celles  de  Pierre  le  Cruel 
avec  Henri  de  Trastamare.  Dans  l'histoire  des  dernières  années 
du  rovaunie  de  (ircnade,  il  semble  que  l'un  des  sujets  d'étude  les 
])lus  curieux  pourrait  être,  de  distinguer  la  part  de  l'élément  reli- 
gieux et  celle  de  IVlénient  vulgairement  terrestre,  dans  la  politique 
des  souverains  nuisulinans,  cunHii(>  dans  relie  des  j»rinces  chrt^tiens. 

'"*  V.  Tuppendire  V,  ci-après. 

'•"  Le  récit  de  ces  événements  est  aussi  dans  Ibn  Khaldoun  dont 
le  récit  est  reproduit  par  Maqqari,  op.  cit.,  t.  III,  p.  02. 

'•**  Ibn  el-Khatib  fait  (dans  l'Iliata?)  de  ces  événements  un  n'*cit 
que  (layangos  a  publié  el  traduit  [Mém.  hisL,  t.  X,  p.  546 '1,  et 
dont  voici  les  principaux  traits  :  A  rapj>roclie  de  son  compétiteur, 
Mohammed  M  s'enfuit  de  Grenade,  en  emportant  tous  ses  ti-ésors, 
et  vint  se  réfugier  àSéville,  en  implorant  l'appui  de  Pierre  le  Cruel  : 
il  avait  été  suivi  dans  sa  fuite  par  le  chef  des  auxiliaires,  Idris  ben 
'Abd  Allah  ben  'Abd  el-Haqq ,  el  par  trois  cents  cavaliers.  Mais  le  roi 
de  (iaslille  mil  lu  main  sur  ce  butin  inattendu,  fit  assassim'r  le 
sou\ciuin  dérliu  ci  rniprisonncr  Idris  •»  ndjrb  7(k)  -  •»7  avril  ûVl)*»). 
Gavanj^os     UoA.  </v»».,  l.   11,   p.   iiOo ,  dit  que  Mohamnit^l   M  fut 


10& 
106 


HISTOIRE  DES  BENOL'L-AHMAR.  441 

liié  à  Tablada,  près  de  Séviile  (?).  Quant  aux  cavaliers  qui  les  ac- 
roin[)agnai(;nt ,  les  uns  furent  vendus  comme  esclaves  sur  les  mar- 
chés; les  autres  durent  combattre  les  uns  contre  les  autres,  et  leurs 
têtes  fuiH*nl  cnvoyée.s  à  Mohammed  V^  qui  les  exposa  sur  les  murs 
de  TAlhambra,  à  l'endroit  où  les  conspirateurs  avaient  j)énétrt^  jadis. 
<  Er-rais  Mohammed ,  dit  Ibn  Khaldoun  (t.  VIII,  p.  876;  édit. 
de  Slane,  t.  H,  p.  507;  Irad.,  t.  IV,  p.  .iH3),  accompagné  de  sa 
garde  et  de  ses  partisans,  se  réfugia  près  du  roi  de  Castill(>.  Mais 
celui-ci  les  fit  saisir  tous  et  mettre  à  mort,  en  récompense  de  leur 
trahison  envers  Ridhouan  et  ensuite  envers  le  sultan  Mohammed  V. 
Il  lit  emprisonner  Idris  hen  *Ahd  Allah  et  ses  cavaliers  à  Séviile, 
d\»ù  il  réussit  plus  tard  à  s'échapper  •. 

Voir  Maqqari,  Nejh  et\  Tib.   t.  111,  p.  .^8  s. 

Voir  sur  ces  personnages  la  note  a,  p.  35,  ci-dessus.  Voir 
sur  la  formule  aMI  ^I  ^là  ^  qui  a  été  prodiguée ,  surtout  par  Mo- 
hammed V,  sur  les  murs  de  l'Alhambra,  et  qui  est  devenue  une 
épithèle  des  Naçrid«'s,  *OiU  k-JliJl,  une  note  du  baron  Gûnsburg 
dans  les  3nnucKU  aocmottHtirh  nmdibjmiH  lunn.  pjrccK.  apxeo.iot,  06- 
uwcm«n,  dirigées  par  le  baron  Rosen  (t.  VIII,  p.  i48). 

'"  En  768  (  1 36(3-1 367),  Ihn  Khaldoun  donne  la  biographie  de 
ce  personnage  (t.  VII,  p.  376;  édit.  de  Slane,  t.  II,  p.  bb'j;  trad.; 
t.  IV,  p.  i83),  qui  avait  déjà  occupt*  le  même  poste  pendant  le  pre- 
mier régne  de  Mohammed  \.  —  A  noter  IVxplication  que  donne 
Ibn  Khaldoun  de  co.  nom  de  Bedr  ed-Din,  qui  est  purement  orien- 
tal et  exceptionnel  au  Maghreb.  \oir  aussi ,  sur  le  même  personnage, 
Maqqari,  Roui.,  t.  I,  p.  ai  a,  et  Anal.,  t.  I",  p.  596. —  Les  bio- 
graphii's  des  chefs  de-s  volontaires,  qui  terminent  le  grand  ouvrage 
de  notre  auteur,  et  que  M.  de  Slane  a  soigneusement  traduites,  sont, 
par  les  traits  de  mœurs  ({u'elles  renferment,  un  document  de  pre- 
mière importance  j)our  l'histoire  des  B.  Naçr,  et  montrent,  dans 
ces  guerriers  africains,  des  condottieri  de  savoureuse  ligure,  qui, 
comme  leurs  congénèiTs  d'fhirope,  \ont,  en  toute  indépendance, 
où  il  v  a  de  grands  coups  à  donner,  et  de  bon  butin  à  recueillir. 

"*  Ibn  Klialdoun  (t.   VII,  p.  378;  édit.  de  Slane,  t.  II,p.  56i; 
trad.,  t.  IV,  p.  186).  Le  texte  est  incorrect. 

'~  Maqqari  :  lk)ulaq,  t.  I,  p.  an;  Anal,,  l.  I,  p.  ago.  «Le 
sultan  el-Cihani  billuh  Mohammed  V  eut  |K)ur  vizir  Ibn  el-Khatib 
Lissan  rd-Din.  Il  rendit  au  royaume  de  Grenade  Algi'*siras ,  Jaen ,  etc. , 
et  dans  sa  lutte  contre  les  chrétiens,   il  eut  des   journées  mémo- 


4Ï2  NOVRMBRKDÉCEMBRE  1898. 

rable'i.  Il  n'iissit  m^me  à  fain*  pâlir  la  puissance  du  sultan  du  Ma- 
giin'b,  uuqui'l  il  rt'prit  la  \iHo  dr  Gibraltar.  Par  sa  maîn.  Dieu 
vint  t;n  aid<'  à  l'Islam ,  comme  nous  le  \errons  dans  ce  livn*  par  la 
correspondance  d'ibii  el-kbatib.  > 

«  î^tn»  succès  d'£l-Gliani  Billab  furent  meneilleui.  Ses  descendants 
ont  con$iT\é  leur  royaume.  Jusqu'au  jour  où  les  chrétirns  ont  pris 
ce  qui  restait  de  l'Espagne,  ainsi  que  nousl'  raconterons  .  et  st*  s4iDt 
empaivs  de  la  villi*  de  Grenade  [que  Dieu  la  ramène  à  Tlslam*. 
L'Kspagne  est  drmeunv  \ide  de  musulmans;  la  lumière  a  fait  place 
aux  ténèbn»;  ainsi  l'axaient  décidé  des  ordres  et  des  dtVn>ts,  tou- 
jours obéis.  «Dieu  est  l'héritier  de  la  terre  et  de  ceut  qui  l'habi- 
tent; il  est  le  meilleur  des  Iw'ri tiers.»  (Cor.,  21,  89.) 

"'  Conf.  Ibn  kbaldoun  dans  son  chapitre  sur  les  rois  chn'*tit>ns 
'Doiy,  Jirrhvrckes ,  I,  p.  110,  et  app,,  p.  \x\  H  a  raconté  lui- 
mi^nie  ailliMirs  i  autobioj^phie  :  édit.  IV>ulaq,  t.  Ml,  p.  Wo  s. 
trad.  de  Slane  in  Journal  asiatiifuc,  \'  st'rie,  L  111,  i^H  .  p.  Stis. 
son  urri\éi*  à  (în>nade  en  76.4  'i363)  et  l'ambassade  dont  Moham- 
med \  le  chargf^a  auprès  de  Pierre  le  Ouel. 

'"  Maqtptri  il,  ^'S^\  a  donné,  d'après  Ibn  el-Khatib,  un  n'-cit 
de  ci^tte  e\|M''dilion  contre  Conloue,  dont  la  ]>roliiil('  interdit  la  tra- 
duction intéf^rale.  En\oiciun  résumé  et  quelques  ejitraits  :  Les  mu- 
sulmans .s'a\ancèr«-nt  jusqu'à  Qachira,  où  ils  tnm>èn^nt  h^  trou)K*s 
de  don  P(*<lro;  s'a\ant;ant  toujours,  ils  vinrent  camper  à  une  para- 
san^'  [environ  5  Lilomètrej)  du  Guadalquivir.  «  Les  ennemis  étaient 
défendus  par  les  murailles  du  grand  pont  qui  tra\ erse  le  fleuve,  mais 
C4*s  remparts  étaient  insuiFisantî».  .  .;  les  musulmans  s'élancèrent  à 
l'assaut  et  se  rendirent  maitn>s  d'une  partie  des  murs,  où  ils  plan- 
tèn>nt  leurs  dra|N'au\  palpitants;  puis  ils  tra>ersèrent  le  fleuve  sans 
gué,  se  C4mliant  ù  la  volonté  de  Dieu.  Sur  l'autre  rive,  ils  se  tn>u- 
vèrent  en  face  d'un  poste  ennemi,  qu'ils  enlevèrent,  et  |>ar>inn'nt 
jusqu'au  pie<l  des  unirailh's  qu'ils  conuuencèrent  à  escalader.  Si 
nous  a\ions  été,  ce  jour-ià,  prêts  à  combattre,  à  mettre  en  batterie 
les  machines  et  ù  fairtr  mareher  les  trou|K'>,  on  entrait  dans  la 
ville,  et  Ton  prenait  les  femmes  et  les  enfants;  mais  les  ténèbres 
de  la  nuit  proléirèifut  les  infidèles.  Un  grand  uombn.'  d'entri*  eux 
pourtant  a\ait  péri,  et  les  musulmans  renti'èrent  tranquillement 
dans  l(>ur>  rain|N*nients...  Le  lendemain,  nous  traversâmes  le  Ileii\e 
à  la  nage,  roiiiptaiit  sur  notre  résolution  commt*  sur  un  naviit*,  et 
nous  en  n-mettaiit  pour  le  succès  ù  la  volonté  de  Dieu.*  I^^s  mu- 
sulmans poussèr(>nt  de  nouveau    l'attaque  jusque  sous  les  murs  de 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAA.  443 

la  ville,  mais  la  pluie  arrêta  leurs  progrès.  Pendant  cinq  jours,  les 
attaques  se  renouvelèrent,  et  portèrent  clans  la  ville  la  ruine  et  U 
mort.  Une  pluie  persistante  fit  échouer  les  efforts  des  musulmans^ 
qui  n^noncèrent  à  s  emparer  de  la  viUe.  c  Alors ,  on  st^  mit  à  dévaster 
le  pays ,  à  propager  les  incendies ,  à  détruire  les  arbres ,  à  anéantir 
tout  vestige  d'habitation;  tout  fut  effacé,  jusque  sous  les  murs  de 
la  capitale  célèbre  entre  toutes.  • 

***  Il  s*agit  ici ,  non  du  prince  Noir,  mais  du  duc  de  Lancastr^ 
Dozy  a  relevé  la  même  erreur  dans  le  chapitre  suivant  (Rech.  1 , 1 1 1). 

"'  Mohammed  V,  d*accord  avec  le  sultan  de  Fas,  'Abd  el-*Axii, 
profita  d<>s  troubles  de  la  Gastille  pour  s  emparer  d*Algésiras  en 
770  [i368-i369).  n  la  ruina  en  780  (1378-1379),  pour qu*elle  ne 
tombât  point  aux  mains  de  lennemi.  —  La  traduction,  si  bonne 
d  ordinaire,  de  M.  de  Slane  est  ici  un  peu  lâche  (t.  VII,  p.  396; 
édit.  de  Slane,  t.  Il,  p.  \Sà;  trad.,  t.  IV,  p.  379).  —  Pour  l'bi»- 
toire  de  la  Castillc,  voir  Ibn  Khald.,  t.  VII,  p.  338;  édit.  de  Slane, 
t.  II,  p.  484;  trad.,  t.  IV,  p.  378,  et  surtout  Doiy,  Reekercket,i,U 
p.  110.  —  La  phrase  de  notre  texte  appartient  à  la  première  édition 
de  Thistoire  d*Ibn  fChaldonn  et  «Theure  actuelle*  veut  dire  78s 
(i38o). 

"*  Ibn  Khaldoun  a  donné  ailleurs  (t.  VII,  p.  335  et  337;  éd. 
de  Slane,  t.  II,  p.  496  et  5 11;  trad.,  t.  IV,  p.  397  et  4o3)  le  récit 
de  ces  événements,  auxquels  fut  étroitement  mêlé  Ibn  el-Kbatib. 
La  prise  de  Gibraltar  par  Mohammed  V  fit  disparaître  la  dernière 
possession  mérinide  en  Andalousie.  J*ai  corrigé  le  nom  de  Bot'ioua , 
d'après  René  Basset:  Étude  sur  let  dialectes  berhh^,  VII  et  XIII,  ei 
Txximan  berbère, 
1»  Il  faut  lire  avec  L  et  P  :  iJyU  ^^jJâl!  Jl  j^^l  Juu;  vyA^i 

v;-A41  JUL<  o-U^1  ^^  t,lU-Jl  J.ÎJU.I3  Jyu  y^  ^511  ^^1 

oJL«A3iy 

*'•  Ibn  Khaldoun,  (t.  VII.  p.  337  s.;  de  SL  t.  II,  p.  5oi  s.;  trad.. 
t.  IV,  p.  4o5  s.)  en  reproduisant,  sous  une  forme  différente,  le 
récit  qu'il  fait  ici  des  événements  qui  amenèrent  la  chute  d'Es  Saîd 
et  l'avènement  d'Abou  l-'Abbas ,  insiste  sur  l'importance  du  rôle  qu'y 
joua  Mohammed  V.  11  n'y  montre  point  comment  les  musulmans, 
en  se  déchirant  les  uns  les  autres,  ne  surent  pas  profiter  de  la  faiblesse 
des  ]>remiers  rois  de  la  dynastie  de  Truslamarc  et  des  guerres  des 
derniers  rois  d'Aragon  en  Europe,  ei  comment  ils  préparèrent  eux- 
mêmes  la  chute  inévitable  du  royaume  de  Grenade. 


444  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1898. 

"^  Ccst  à  ce  moment  (  776  =:  1 874  )  qu*Abd  er-Rahman  Ibn  Rhal- 
doun,  comprenant  que  sa  situation  devenait  diflBcile  au  Maghreb, 
obtint  du  nouveau  sultan  Abou  i-*Abbas  Tautorisation  de  passer  en 
Espagne,  où  il  fut  bien  accueilli  par  Mohammed  (voir  autobiogra- 
phie, t.  VII,  p.  àW'y  trad.  de  Slane,  in  Jonm.  osiaL,  i8/(i ,  3*  s., 
t.  IV,  p.  397).  M.  de  Slane  avertit  (p.  398,  note)  que  le  texte  de 
Leyde,  dont  il  sVst  servi,  offre  ici  des  lacunes;  le  texte  imprimé 
de  Boulaq  semble  être  préférable,  sauf  à  la  première  ligne,  oà 
jLi6l  doit  étrecorrigi*,  comme  Tindique  M.  de  Slane,  en  iJyùJ\  Jla!; 
Je  cix)is  donc  utile  de  donner  la  traduction  de  ce  passage ,  telle  que 
je  la  comprends  :  «Je  rencontrai  à  Gibraltar  (dit  Ibn  Khaldoun) 
le  faqih  Abou  'Abd  Allah  Ibn  Zemrek ,  secrétaire  d*Ibn  el-Alimar, 
et  successeur  dlbn  el-Kliatib,  qui  s'embarquait  pour  Ceuta,  afin 
d  aller  à  Fas  saluer  le  sultan.  Je  le  chargeai  de  faire  venir  ma 
femme  et  mon  fils  à  Grenade.  Il  en  parla  aux  ministres  de  Fas, 
qui  refusèrent  de  les  laisser  partir;  il  leur  déplaisait  en  effet  de  me 
voir  résider  en  Espagne ,  et  ils  pensaient  ([ue  j'allais  faire  pencher 
Ibn  el-Ahmar  en  faveur  de  Témir  'Abd  er-Bahman ,  dont  ils  suppo- 
saient que  Ju>ais  pris  le  parti.  Ils  interdirent  donc  à  ma  famille  de 
me  rejoindre,  et  demandèrent  à  Ibn  el-Alimar  de  me  livrer  entre 
leurs  mains;  celui-ci  s'y  étant  refusé,  ils  le  prièrent  de  me  renvoyer 
sur  le  littoral  de  Tlcnicen.  Ils  chargèrent  en  même  temps  \fe9s- 
'oud  ben  Massai,  qu'ils  autorisèrent  à  retenir  en  Espagne,  d'agir 
sur  l'esprit  du  sultan ,  et  ils  lui  persuadèrent  que  je  m'occupais  de 
faire  reni4>ttn^  en  liberté  Ibn  el-Khatib,  qu'ils  avaient  fait  prison- 
ni(M*  au  nionu'iil  de  roccupaliun  de  la  >iih^  neu>e  de  Fas,  et  qu'ils 
gardaient  captif.  Ibn  i*l-Khalib  m*a\uit  eu  effet  prié  de  venir  à  son 
aide  et  d'intervenir  eu  sa  fa\eur;  j'avais  écrit  à  ce  sujet  aux  mi- 
nistres en  intercédant  pour  lui ,  notammeut  auprès  d'Ouenxemmar 
et  d'Ibn  Massai.  Mais  ces  efforts  i-estèi'enl  sans  résultat,  et  Ibn  el- 
Khatib  |)éril  dans  sa  prison.  Quand  Ibn  Massai  nnint  à  la  cour 
d'Ibn  (îl-AIimar,  les  gens  de  la  cour  de  Fas  Tavaient  indisposé  contre 
moi ,  et  il  exposa  au  sultan  le  rôle  que  j'avais  joué  dans  Taffaire 
d'Ibn  el-Kliatib.  îbn  el-.Vhmar,  irrité,  leur  donna  satisfaction  et  me 
fit  passer  sur  la  côte  tlenicénienne,  où  je  débuix{uai  à  Honein.» 

"*  Ici  se  terminait  sans  dont»'  la  premièi*e  édition  de  notre  texte. 
Voir  Ibn  Khuldoun,  t.  VII,  p.  3i4;  éd.  de  Slane,  t.  II,  p.  5 10 ; 
trad.,  t.  IV,  p.  i  17;  et  Do/y  :  livchvvches ,  t.  1 ,  p.  91  ,  et  las  notes. 

""  Ibn  Klialdoiin,  I.  VII,  p.  3i();  éd.  de  Slane,  t.  II,  p.  5ii; 
trad.,  t.  IV,  j).  \-}.'S. 


HISTOIRE  DES  BENOli'LAHMAR.  445 

^^  Ibn  Khaldoun  fait  allusion  ici  aux  intrigues  tl'Abd  el-Ouaheb 
ix'n  Molianinicd  bon  'Obbou  ben  cl-QasM'm  (t.  VII,  p,  S.ig;  é^. 
de  Slane,  t.  II,  p.  5i8;  trad. ,  t.  IV,  p.  ia8).  En  ganlant  à  Gre- 
nade les  princes  qui  pouvaient  avoir  des  droits  au  trène  de  Fas, 
MohammiMi  V  nnissit  à  se  iain^  un  moment  l'arbitre  de  rel  empire. 

"*  Les  Sobeili  étaient  une  branche  des  Soueid,  Traction  des  B, 
MaleJk,  qui,  par  les  B.  Zoghba,  faisaient  partie  des  B.  Hilal.  Le 
sultan  Yaqoub  ben  *Abd  el-Haqq  chargea  'Abd  Allah  ben  Kendouz, 
des  B.  Kounisi  (B.  'Abd  el-Ouad;  Ibn  Kh.,  t.  VU,  p.  loo;  éd.  de 
Slane,  t.  II,  p.  r)?i  ;  tr. ,  t.  III,  p.  493)«de  réunir  et  de  Kur\eiller 
ses  troupeaux  de  chameaux  de  selle,  qui  se  trouvaient  dispersés  en 
diverses  localités;  celui-ci  prit  |>our  chefs  de  ses  gardiens,  ses 
propres  chameliers,  deux  Sobeihi,  Moussa  ben  Abi  Saîd  (^t  son 
frère  Hassan  ben  Abi  Saîd,  qui  sut  profiter  des  ndations  que  sa 
charge  établit  entre  le  sultan  et  lui,  pour  faire  sa  fortune.  Il  laissa 
tniis  fils  :  'Ali,  Yaqoub  et  Talha;  Yaqoub  eut  un  iils,  Mohammed, 
dont  les  tils  'Ali  et  Ahmed  faisaient  partie,  vers  776  (i374-i375), 
de  lentourage  de  l'émir  *Abd  er-Rahmun  (Ibn  Kliald.,  t.  Vil, 
p.  3.^5;  t'*d.  devSlane,  t.  II,  p.  5i  1;  trad. ,  t.  ÏV,  p.  .iao).  C'est  évi- 
demment cet  Ahmed  Ir'u  Mohammed  ben  Yaqoub  ben  Hassan  qui 
■"eparait  ici.  Le  texte  de  Boulaq  (t.  VII,  p.  55 fi)  et  celui  de  M.  de 
Slane  (t.  11,  p.  Sa.i)  portent  Alimed  ben  Mohammed;  la  traduction 
dit  par  erreur  Mohammed  (l.  IV,  p.  '117 '. 

'**  Voici  le  n'sumé  du  mit  qu'Ibn  KJiuldoun  fait  ailleurs  :  Mes- 
s'oud  ben  Massai,  inquiet  des  inimitiés  qui  l'entouraient  à  la  cour 
du  sultan  Moussa,  demanda  à  Mohtimmcd  \  de  renvoyer  à  Fas 
le  sultan  détrôné  Abon  l-'Abbus.  Mais,  la  mort  de  Moussa  avant 
changé  S4>s  intentions,  il  obtint  de  Mohammed  V  qu'Abou  l-'Abbas 
S4'rait  n'>intégn>  à  (irenade,  et  que  le  prétendant  au  troue  de  Fas 
M'rait  Mohammed  (>l-Ouallii([,  fils  d'Abou  1-Fudhl  et  jH*tit-lils  du 
sultan  Abou  1-Hassan.  II  prit  pourtant  à  son  égard  une  attitude 
hostile,  en  le  voyant  entouré  de  ses  pires  ennemis;  mais  il  n>u$sit 
à  les  éloigner.  Ht  entrer  le  nouveau  sultan  à  Fas,  e\|x'*dia  el  Mos- 
lancer  à  (irenade  et  affermit  son  pouvoir  par  i\v  nondiriMix  assassi- 
nats (choual  7HH  =  oct.-nov.  i.'iHG).  Voir  Ibn  khahloun,  t.  VII, 
p.  353;  t'tl.  de  Slane,  t.  II,  p.  56i;  trad.,  t.  IV,  p.  i36.  Ce  récit 
ne  concorde  pas  absolument  avec  celui  qui  est  donné  dans  notre  texte. 

^^  Il    faut   lire   avec    les   manuscrits   :  ^UcJUJi  Ji  jUa  i^AâJbU 

Ij4^  ^  !j-oL*  ^i^  1^  j-'^l 


446  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1808. 

***  Pour  ]e  second  règne  d*Aboo  l-'Abbas,  voir  Ibn  Kkaldoon, 
t.  VII,  p.  35/i  s.;  éd.  do  S1«ne,  t.  Il,  p.  616  s.;  trad.,  t.  IV. 
p.  4^0  ■;  —  Ibn  Massai  périt  le  5  ramdhan  789  (19  sept.  1S87). 

'*  Mohammed  V  intenint  dans  la  IuUb  qa*Abou  Hammoa* 
flultan  de  Tlemren,  soutint  contre  son  fds  Abou  Tacbfin  (Ibn  Khd- 
doun,  t.  VII,  p.  36f  ;  éd.  de  Slane,  t  II.  p.  538;  trad.,  t.  IV, 
p.  457).  Gayan§;os  {Mohnmmedan  dynastieM,  U  H,  p.  36>  s.)  ne 
fournit  aucun  renseiffpnemenl  intéressant;  dans  le  Mémorial  kisto^ 
rico,  p.  5491  il  fixe,  d'après  ol-Kliodhami ,  la  date  dr  la  mort  de 
Mohammed  V  au  10  safar  793  (17  janv.  1391). 

'**  Ibn  Khaldoun  laisse  entendre  qu'il  n  a  appris  ces  événements 
que  par  des  rapports  lointains,  qui  lui  sont  parvenus  au  Caire 
(conf.  Doiy,  Bechercha,  t.  I,  p.  110). 

**'  Ce  passage  est  altéré. 

1*  Ce  paragraphe  a  été  reproduit  et  traduit  par  Gayangos  (Me- 
moMal  kiitorico,  p.  55o).  Il  semble  que,  mdgfé  son  texte  et  mal- 
gré le  manuscrit  de  Tioyde,  il  faille  maintenir,  dans  la  dernière 
ligne,  ç^JcJL«J  du  texte  de  Roulaq.  The  Mohammedan  <fynastie»» 
(t.  II,  p.  368  s.)  sont  sans  intérêt,  à  partir  du  règne  d*AboD  1- 
Hadjadj  Youcef  II.  Une  note  marginde  du  manuscrit  de  Gavangos 
[loc.  cit)  fait  mourir  Youssef  le  16  dhou  1  qa'da  794  {à  oct.  1399]. 

**•  Monnaies  de  Mohammed  VII, dans  Delgado,  n**  7a6et  717, 
et  Codera,  p.  236.  Sur  une  face,  Témir,  serviteur  de  Dieu,  el- 
Mosta'in  hillah  Mohammed  bcn  Youssef  ben  Ismaîl  ben  Naçr;  et 
sur  l'autre,  une  légende  inrorrerle,  dont  on  trouvera  la  discussion 
dans  Lavoix,  n**  78''^^  à  propos  d'une  monnaie  de  Mohammed  IX, 
qui  est  rédigée  de  même. 

'*  «Quand  les  villes  principales  de  l'Espagne  eurent  été  con- 
quis(*.s  par  les  chrétiens,  Cordoue,  Sévilli»,  Tolède,  Muirie,  etc., 
la  population  musulmane  se  rassembla  à  Grenade,  à  Alméria,  à 
Malaga  et  dans  les  provinces  environnantes.  L'empire  musulman, 
jadis  si  étendu,  se  rétrécit,  et  le  dragon  ennemi  se  mit  à  dévorer 
constamment  une  ville  ou  une  forteresse,  et  à  attirer  à  lui  une 
branche  de  l'arbre  national.  La  petite  partie  des  possessions  musul- 
manes en  Espagne,  qui  subsistait  encore,  demeura  entre  les  mains 
des  Renou  I-Ahniar,  qui  furent  sans  cesse  en  lutte  et  en  guerre 
avec  l'ennemi ,  comme  l'a  raconté  Ihn  'Arem.  »  (Maqqari ,  Boul. ,  t.  IT , 
p.  606,  et  AnaL,  t.  Il,  p.  799.) 


^ 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR. 


447 


APPENDICE  I. 

Voici  le  tableau  généalogique  des  premiers  Naç- 
rides,  tel  quil  existe  dans  le  manuscrit  de  Leyde^ 
et  tel  qu  il  doit  être  dressé  d  après  les  renseignement? 
fournis  par  Ibn  Khaldoun. 

Youssef  ben  Na^r 


Mohammed  ech  Cheikh 


Ismai*! 


Mohammed  el  Faqih 


Er  rais  Ahou  Sa*id  Ferdj 


1 

Ahou  l 

Djoiiiouch 

Na(,T 


Mohammed    fsma'il 
el  Maklilou* 


Mohammed 

compétiteur 

de  Mohammed, 

le  sixième  roi 


Youssef      Mohammed 


isma'il    Mohammed 
el  Makhiou' 


Isma*il 


Mohammed 


Youssef 

I 
I 

Mohammed 


APPENDICE  II. 

Ibn  Khaldoun,  dans  le  chapitre  des  BenouMerin, 
a  raconté  avec  détails  la  campagne  de  Ferdinand  IV, 
et  celle  de  don  Pedro   et  de   don  Juan,    tuteurs 

'   M.  (h*  Goeje  a  hien  voulu  copier  pour  nous  cet  nrhre  p'néa- 
lo^ique.  Voir  aussi  (xidera,  np.  laud,,  p.  934* 


448  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

d'Alphonse  XI,  (jui  se  termina  par  la  défaite  des 
chrétiens  (719  — iSig).  Voir  t.  VII,  p.  a/ig;  éd.  de 
Slane,t.  II,  p.  867;  trad.  t.  FV,  p.  aoS;  Dozy,  Re- 
cherches, y  éd.  1881,  t.  1,  p.  109  et  I  10,  et  ap- 
pendice, p.  XIX  ^ 

On  trouve  dans  le  Nejh  et'  Tib  (Boulaq,  1. 1,  p.  209 
et  210;  AnaL,  t.  I,p.  293  et  296)  un  récit  de  l'ex- 
pédition de  don  Pedro,  qui,  par  son  caractère  tra- 
ditionnel, parait  mériter  d'être  traduit  ici  :  «Les 
descendants  d'Ihn  el  Ahmar  maintinrent  en  Espagne 
leur  domination  sur  toutes  les  possessions  musul- 
manes, telles  qu'Algésiras,  Tarifa,  Ronda,  qui 
avaient  appartenu  quelque  temps  aux  Mérinides. 
Puis,  en  7  1 9  (1 3  1 9),  les  rois  chrétiens  se  réunirent 
contre  Grenade.  Le  roi  Pedro  marcha  contre  elle 
avec  une  armée,  dont  on  ne  pourrait  évaluer  le 
nombre  ;  il  avait  avec  lui  vingt-cinq  rois.  A  ce  propos , 
on  raconte  que,  quand  l'armée  des  Francs  fut  réunie, 
le  roi  don  Pedro  revint  k  Tolède  et  se  rendit  chez 
leur  oracle,  quon  appelle  le  pape;  il  se  prosterna 
devant  lui,  le  pria  humblement  et  lui  demanda  d'ex- 
terminor  les  musulmans  qui  restaient  encore  en  Ks- 
pagne;  il  raffermit  ainsi  son  courage.  Les  nmsulmans 
de  Grenade  et  des  pays  voisins,  effrayés  par  cette 
nouvelle,  pensèrent  tout  d'abord  à  réclamer  le  se- 
cours du  sultan  mérinide  de  Pas,  Abou  Sa*id,  et  lui 
envoyèrent  une  ambassade.  Mais  n'ayant  point  trouvé 
là  le  remède  h  leurs  inquiétudes,  ils  recherchèrent 

Voir  p.  ^  I  a ,  ci-dessus. 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AIIMAR.  449 

le  remède  suprême,  le  secours  de  Dieu,  et  Timplo- 
rèrent  avec  des  intentions  pures.  Les  chrétiens  pou- 
vaient s'avancer  en  foule  innombrable;  la  sentence 
était  entre  les  mains  du  vainqueur  des  vainqueurs, 
(jui  décida  la  défaite»  des  troupes  chrétiennes  et  la 
mort  de  don  Pedro  et  de  ses  compagnons;  puissante 
intercession,  jour  fameux,  illustre!  ^ 

«  Le  sultan  d'Andalousie,  qui  était  alors el  Ghalib 
billah  Abou  1  Oualid  Isma*ïl  ben  er  Rais  Abou  Sa*id 
Ferdj  ben  Naçr,  surnommé  Ibn  el  \hmar,  parcourut 
le  pays  et  les  postes  des  frontières,  pour  les  mettre 
en  état  de  défense.  A  cette  nouvelle ,  les  chrétiens  se 
tournèrent  contre  Algésiras ,  et  h»  sultan  Ibn  el  Ahmar, 
résolu  à  défendre  cette  ville,  équipa  des  troupes  et 
une  flotte.  Les  chrétiens  déçus  revinrent  à  Tolède, 
où  ils  préparèrent  les  moyens  d'anéantir  les  musul- 
mans et  de  dévaster  leur  pays;  ils  réunirent  un  ma- 
tériel considérable  et  embarquèrent  sur  leur  flotte 
les  bagages,  les  machines  de  guerre  et  de  siè^e,  et 
les  munitions.  Puis,  ils  marchèrent  sur  Grenade,  et 
la  terre  en  était  couverte. 

«  Le  sultan  chargea  le  cheikh,  le  savant  Abou  SaHd 
*Othman  ben  \bi  1  *01a  le  Mérinide,  chef  des  dé- 
fenseurs, de  marcher  contre  l'ennemi,  k  la  tète  des 
héros  et  des  brav(»s.  Il  sortit  di»  la  ville  le  jeudi  qo 
de  rebi'  el  aouel-  (i  i  avril  iSiy).  Dans  la  nuit  du 
dimanche,  un  corps  de  cavalerie  ennemie  attaqua 

>  Cf.  Coran  48,  3  I^^  \yaj  aMI  Jj^aJs;. 
^  Cette  date  correspond  à  un  samedi ,  comme  l'indique  d'ailleurs 
la  phrase  suivante. 


450  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1808. 

des  cavaliers  musulmans  ;  des  archers  andalous  à  ches 
val  se  jetèrent  aussitôt  dans  la  mêlée,  coupèrent 
Tennemi  de  son  camp ,  et  le  poussèrent  devant  eux 
dans  la  direction  de  Grenade  ;  ils  les  harcelèrent  jus- 
qu'au matin,  et  les  exterminèrent. 

•  Ce  n'étaient  que  les  prémices  de  la  victoire. 
Dans  la  journée  du  dimanche,  le  cheikh  AbouSa^id 
sortit  de  la  ville  au-devant  de  lennemi ,  à  la  tête  de 
cinq  mille  héros  célèbres  de  Tlslam.  A  leur  vue,  les 
Francs  s'étonnèrent  qu  ils  osassent ,  en  si  petit  nombre 
s'avancer  ainsi  contre  leur  formidable  armée;  mais 
les  musulmans  montèrent  à  cheval  et ,  d  une  masse , 
chargèrent  l'ennemi.  Les  Francs  prirent  la  fuite, 
l'épée  dans  les  reins,  et,  pendant  trois  jours,  les  mu- 
sulmans, acharnés  à  leur  poursuite,  tuèrent  et  firent 
des  prisonniers. 

«  Le  peuple  de  Grenade  sortit  alors  pour  ramasser 
le  butin  et  pour  s'assurer  des  prisonniers;  on  trouva 
là  des  richesses  énormes,  entre  autres,  quarante-ti'ois 
quintaux  d'or,  cent -quarante  quintaux  d'argent,  et 
sept  mille  prisonniers ,  d'après  les  chiffres  qu'un  ha- 
bitant de  Grenade  écrivit  au  Caire.  Parmi  les  prison- 
niers ,  se  trouvaient  la  femme  du  roi  et  ses  enfants  ; 
suivant  un  historien ,  on  offrit  en  échange  Tarifa ,  Gi- 
braltar et  dix-huit  forteresses  voisines;  mais  les  mu- 
sulmans refusèrent. 

«  On  estime  à  cinquante  mille  le  nombre  de  ceux 
qui  périrent  dans  cette  affaire;  un  nombre  égal  do 
soldats,  ne  sachant  retrouver  leur  route,  trouva,  dit- 
on,  la  mort  dans  le  fleuve;  quant  h  ceux  qui  mou- 


HISTOIRE  DES  BENOlVL-AHMAR.  451 

rurent  dans  les  sentiers  des  montagnes,  on  n'en 
saurait  même  évaluer  le  nombre.  Les  vingt-cinq  rois 
périrent  tous.  La  vente  des  prisonniers,  du  matériel 
et  das  bétes  de  somme  dura  six  mois.  La  nouvelle 
de  cette  grande  victoire  se  répandit  dans  toutes  les 
contrées.  Le  fait  le  plus  extraordinaire  est  que,  du 
côté  des  héroïques  troupes  nmsulmanes ,  il  ne  périt 
que  treize  cavaliers,  ou  même  dix  seulement ,  suivant 
d'autres  témoignages.  L armée  musulmane  comptait, 
dit-on ,  quinze  cents  cavaliers  et  environ  quatre  mille 
fantassins;  d'autres  auteurs  donnent  des  chiffres 
moins  élevés. 

•  Le  butin  dépassa  toute  prévision.  On  écorcha  le 
roi  don  Pedro;  on  bourra  sa  peau  avec  du  coton,  et 
on  le  pendit  à  la  porte  de  Grenade,  où  il  resta  pen- 
dant plusieurs  années.  Les  chrétiens  demandèrent 
une  trêve,  qui  leur  fut  accordée.  » 

Le  Kitab  el  [stiqça  fi  Akhbar  Maghreb  el  Aqça 
d'Ahmed  ben  Khaled  en  Naciri  es  Salaoui  (de  Salé), 
qui  ne  fait  d  ordinaire,  pour  la  période  qui  nous 
occupe,  que  copier  Ibn  Khaldoun,  le  Qartas  on  le 
Nef  h  ei*-Tih,  suit  ici  ce  dernier  avec  (pielques  va- 
riantes, que  nous  croyons  devoir  reproduire  ici  : 

«  Don  Pe<lro  avait  pour  collègue  à  la  tête  de  ses 
troupes  un  autre  chrétien  qu  on  appelait  don  Juan. 
On  évalue  le  nombre  de  leurs  soldats  à  trente- 
cinq  mille  OHvaliers  et  cent  mille  fantassins.  Epou- 
vantés, les  habitants  de  Grenade  envoyèrent  de- 
mander du  secours  au  sultan  Abou  Sa*id,  par  une 
ambassade  composée  des  personnages  les  plus  im- 


452  NOVEMBRE-DÉGEMBRE  1898. 

portants  de  TEspagne,  le  cheikh  Ahou  *Abd  Allah 
et  Tandjali,  le  cheikh  Ibn  ez  Ziat  el  Balensi,  le 
cheikh  Ahou  Ishaq  ben  Abi  el  ^Aaci,  etc.  Le  sultan 
refusa  de  leur  envoyer  des  secours  » ,  à  moins  qu'on 
ne  lui  livrât,  pour  la  période  de  la  guerre,  ^Othinan 
ben  Abi  l*Ola,  qu'il  renverrait  en  Espagne  aussitôt 
après  la  paix.  Mais,  si  le  sultan  craignait  que  le  cou- 
rage déployé  dans  la  lutte  par  ^Othman  ne  lui  donnât 
une  autorité,  dangereuse  pour  son  pouvoir,  les  Es- 
pagnols comptaient,  de  leur  côté^  sur  son  bras,  pour 
repousser  Tennemi  ;  on  ne  put  donc  se  mettre  d'ac- 
cord. Dieu  vint  en  aide  aux  musulmans  et  peimit 
que  *Othman  ben  Abi  1  *01a  fit  des  prodiges.  «  Le  jour 
du  Mahrdjan  \  le  5  de  djoumada  premier  y  19 
(  a  6  juin  1 3 1 9  ) ,  *Othman  ben  Abi  1  *01a  parcourut 
les  campements,  et  choisit  deux  cents  cavahers  parmi 
ses  guerriers  mérinides  (d'autres  donnent  un  chiffre 
plus  fort);  puis  il  s'avança  k  leur  tête  contre  l'armée 
chrétienne,  qui  crut  que  cette  petite  troupe  ne  sor- 
tait pas  pour  combattre ,  mais  pour  faire  des  exercices , 
pour  parlementer  ou  pour  toute  autn*  cause.  Mais 
les  cavaliers  nmsulnians,  se  dirigeant  vers  l'endroit 
où  se  trouvaient  le  roi  don  Pedro  et  son  général 
don  Juan,  piquèrent  droit  sur  eux,  les  assaillirent 
dans  leur  camp,  et  les  chargèrent  au  milieu  de  leurs 
gardes  qui,  tournant  le  dos,  s'enfuirent  sur-le-champ. 
En  arrière,  se  trouvait  un  canaK  destiné  h  un  abreu- 
voir, et  suivant  le  Xenil  :  ils  y  furent  précipités,  et 

*  Le  mot  Mahrdjan  désire,  en  Espagne,  le  jour  'de  la  Saint- 
Jean  (3^  juin).  V.  Dozy,  dictionnaire. 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  453 

le  plus  grand   nombre  y  périt »  Après  avoir 

rapporté  le  récit  du  JSefli  et'-Tib,  d'après  lequel  les 
musulmans  refusèrent  la  rançon  offerte  par  les  chré- 
tiens pour  la  femme  et  les  enfants  du  «  roi  »,  fauteur 
de  ristiqça  ajoute  :  «  Je  dis,  que  ce  fut  là  une  faute 
et  un  manque  de  jugement  politique.  » 

Voir  aussi  sur  ces  événements,  Gayangos,  A/o/iaw- 
medan  dynasties.  II,  p.  35o  et  suiv.,  et  les  notes 
p.  535  et  536. 

APPEADICE  m. 

Le  Nef  h  eC  Tib  contient  le  récit  suivant  delà  chute 
de  Mohammed  V,  d'après  isîjiXJI  iU^I  dlbn  el 
khatib(Maqq.,  t.  III, p.  !\f\), 

«  Quand  le  sultan  Abou  'Abd  Allah  prit  en  main  le 
gouvernement,  il  obligea  son  frère  Isma^il  à  habiter 
i*un  des  châteaux  voisins  d(>  son  palais;  il  ly  installa 
(failleurs  très  confortiiblement,  et  pourvut  à  son  en- 
tretien: il  y  logea  en  même  temps  sa  mère  et  ses 
frères  germains.  C^ette  fenune ,  le  jour  où  mourut  le 
sultan  son  époux,  avait  mis  la  main  sur  une  sonmie 
considérable,  provenant  du  trésor  royal,  (pii  se 
trouvait  dans  sa  chambre,  et  elle  avait  trouvé  moyen 
de  s'échapper  et  d'aller  rejoindre  son  fils.  Elle  remit 
d(î  l'argent,  chaque  fois  que  celle-ci  venait  la  visiter, 
à  sa  fille,  qui  avait  été  mariée  par  son  père  à  son 
cousin,  h'  rais  Al)()u  \\bd  \llah,  fils  du  rais  Abou  1 
Oualid ,  fils  du  rais  AI)ou  ^\bd  \Uah ,  qui  avait  cherché 


454  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1898. 

jadis  à  se  faire  proclamer  sultan  à  Andarax  et  qui 
était  fiJs  du  rais  Abou  Sa*id ,  par  lequel  tous  se  rat- 
tachaient k  Tancétre  commun.  Gendre  de  la  sultane, 
ce  personnage  était  un  homme  énergique  et  résolu 
qui,  par  son  entrain  et  ses  conversations  familières, 
savait  agir  sur  les  hommes  et  trouver  un  appui  au- 
près de  ceux  qui  étaient  mécontents  du  pouvoir,  ou 
que  Tambition  agitait.  Il  en  gagna  une  centaine, 
qu'il  réunit  près  du  palais  (de  TAlhambra);  ils  se 
hissèrent  k  la  partie  supérieure  du  mur  d'enceinte , 
et  de  là,  en  se  servant  d'appareils  qu'ils  avaient 
apportés,  ils  atteignirent  au  sommet  de  la  muraille 
un  bâtiment,  où  se  tenait  un  corps  de  garde,  qu'ils 
réduisirent  au  silence.  Ils  s'emparèrent  de  ce  poste, 
et  de  là  descendirent  dans  la  forteresse  où  ils  péné- 
trèrent à  la  pointe  du  jour,  le  vingt  huit  ramdhan  760 
(q3  août  iSSg)^  A  la  lueur  des  torches,  ils  se  ruè- 
rent, en  poussant  de  grands  cris,  sur  la  demeure 
du  régent  Ridhouan ,  en  brisèrent  les  fermetures  et 
y  pénétrèrent.  Ils  le  tuèrent  au  milieu  de  ses  fenunes 
et  de  ses  enfants ,  et  pillèrent  tout  ce  qui  se  trouvait 
dans  la  maison.  Une  troupe  d'ehvahisseurs,  dirigée 
par  le  rais  lui-même,  alla  délivrer  le  prisonnier, 
l'émir  Isma^il ,  et  le  fit  monter  à  cheval  :  au  son  du 
tambour,  il  fut  proclamé  sultan. 

*  Ibn  Klialdoun  (  t.  Vif ,  p.  3o6  )  dit  le  27  ;  Maqqari  fait  remarquer 
celle  divrrgenre  (A>/7t  et'  Tib .  l.  Ilf ,  p.  5i).  Ibn  KhalHoun  dit  aussi 
que  Mohammed  V  quitta  Guadix  en  dhou  i  qa'da,  et  Maqqari  dit 
qu'il  y  a  là  une  faute  de  copiste  pour  dhou  1  hidja.  11  faut  en  effet 
suivre  le  récit  d'Ibn  el  Khalib,  qui  accompagnait  le  sultan.  Voir 
trad.  de  Slane,  t.  IV,  p.  333,  note  3. 


à 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAR.  455 

«  Cependant  son  frère  le  sultan  se  trouvait  alors 
dans  le  pavillon  construit  dans  le  jardin  qui  tire  son 
nom  d'el  *Arif*;  Tépaisseur  de  ses  ombrages,  le 
charme  de  ses  eaux  courantes ,  et  la  brise  qui  y  souffle 
douce  et  fraîche ,  lui  ont  fait  une  renonunée  prover- 
biah»;  il  est  séparé  des  châteaux  du  sultan  par  une 
forte  muraille  et  un  fossé  bien  défendu.  Les  accla- 
mations, les  cris  et  le  son  du  tambour  avertirent  du 
danger  le  sultan,  qui  voulut  rentrer  dans  son  palais; 
mais  il  trouva  tous  les  chemins  et  toutes  les  issues 
occupés  derrière  lui;  des  lances  le  menacèrent;  des 
llèches  furent  lancées  contre  lui.  Il  revint  sur  ses 
pas,  ne  sachant  que  faire.  Dieu,  alors,  le  remit  dans 
le  droit  chemin ,  et  le  rappela  aux  virils  exemples  de 
sa  famille.  Il  sauta  sur  son  cheval  qui  était  attaché 
à  la  porte  du  pavillon,  et  s  enfuit  à  toute  bride.  Il 
arriva  le  matin  à  Guadix ,  ayant  lassé  ceux  qui  le  pour- 
>uivaient;  et  le  gouverneur  de  la  qaçba  ignorait 
encore  sa  présence,  que  déjà  il  y  avait  pénétré.  La 
population  lui  ayant  fait  serment  de  fidélité  ets'étant 
engagée  à  le  défendre,  il  continua  dy  régner,  tandis 
([ue  des  troupes  s  armaient  pour  lattaquer. 

«  Son  frère ,  après  s'être  emparé  du  pouvoir,  re- 

^  Le  Jeneralife.  —  Les  auteurs  afUruient,  pour  la  plupart,  que 
\j^y*J\  ÂÂA.  (et  non  O;^))  doit  être  traduit  par  :  «jardin  de  lar- 
chitecle  ou  du  directeur  d(»s  travaux  du  palais».  Voir  not.  Simonet, 
of).  cit.,  p.  i6;  Almagro  (^.ardenas,  op.  cit.,  p.  173.  Ce  dernier 
auteur  donne  d'autres  traductions ,  qu'on  trouvera  aussi  dans  Simonet 
et  Lercimndi  :  Chrcstom.  arah.  hisp.^  lexique,  p.  ai7.  Je  n*ai  encore 
aucune  raison  sérieuse  de  proposer  une  interprétation  raisonnée  de 
ce  mot. 


456  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

non  vêla  le  traité  avec  le  roi  de  Castille  y  qui ,  au  plus 
fort  de  sa  lutte  contre  les  gens  de  Barcelone,  avait 
besoin  d*être  en  paix  avec  les  musulmans. 

«  Les  habitants  de  Guadix ,  pleins  d*a(Fection  pour 
leur  sultan,  auraient  préféré  perdre  tous  les  biens 
plutôt  que  labandonner,  et  cette  situation  pouvait 
durer.  Mais,  le  jour  de  la  fête  du  sacrifice  de  celte 
même  année  (dix  dhou  1  hidja  760  =  Q  nov.  j  SSg), 
il  reçut  du  sultan  du  Maroc  une  ambassade  qui  l'in- 
vitait à  venir  dans  sa  capitale,  puisqu'il  ne  pouvait 
reconquérir  la  sienne.  11  avait  envoyé  déjà  une  am- 
bassade au  roi  des  Roums\  mais  il  n'avait  trouvé 
auprès  de  lui  aucune  aide.  Il  se  décida  donc  à  partir 
le  deuxième  jour  de  la  fête  :  les  habitants  de  la  ville 
raccompagnèrent  en  foule,  les  uns  à  pied,  les  autres 
î^  cheval,  jusqu'au  port  où  il  s'embarqua.  D  arriva 
à  Fas  le  six  moharrem  ygi  (5  janvier  iSSg),  sous 
les  auspices  les  plus  favorables.  Le  sultan  (du  Maroc) 
vint  à  cheval  à  sa  rencontre,  mit  pied  à  terre  au 
moment  où  il  le  saluait,  et  faccueillit  avec  le^  plus 
grands  honneurs.  » 

Ihn  el  khatib  a  traité  le  même  sujet,  non  sans 
prolixité,  dans  une  lettre  qu'il  écrivit,  au  nom  de 
Mohammed  V,  au  sultan  du  Caire,  el  Mansour  ben 
Ahmed  ben  en  Nacer  ben  Qalaoun.  (A'e/Ti  et'  Tib, 
t.  III,  ]).  /i8.)  —  Maqqari  donne  encore  [ibid, .  p.  Sa  ) 

'  Je  |M»nsc  qu'il  s'agit  deC.haries  V,  roi  de  France,  dont  il  pouvait 
es|>érer  Tuppiii  contre  son  frt'rc,  allié  de  Pierre  le  Oiiel  et.  par 
con.s<''(pient ,  <les  '  ni^ia  s.  V.  (Icorg.  s  Dnumel  :  Ktudf  sur  CaHiancv  lir 
la  Fnturc  rt  Je  lu  (lastUlv  rui.r  Mv'vl  A»'  siiclvs.  Paris,  i  H98. 


HISTOIRE  DES  BENOLl'L-AHMAR.  457 

un   récit  livs  succiuct,  qui   lui  est  fourni  par  son 
maître,  le  qadhi  Abou  1  Qassem  ech  Cherif. 


APPEiVDICE  IV. 

Maqqari  (Nef h  et'  Tih,  Boul. ,  t.  1 ,  p.  a  i  i  ;  Anal. , 
t.  I,  p.  Q()5  et  296)  donne  1  epitaphe  d*Othinan  ben 
Abi  l^Ola,  qui  est  à  citer,  quelle  quen  soit  Tauthen- 
ticité. 

«  [jouange  à  Dieu!  Ceci  est  le  tombeau  du  chef 
dos  défenseurs,  âme  des  héros  et  des  braves,  unique 
entre  les  illustres,  lion  des  valeureux  et  des  guerriers 
sans  peur,  étendard  des  étendards,  gardien  des  droits 
de  rislam,  commandant  des  escadrons  victorieux, 
des  actions  fameuses  et  des  expéditions  célèbres, 
toujours  au  premier  rang  (pour  le  combat  comme 
pour  la  prière),  debout  à  la  porte  du  paradis,  à 
fombre  des  épées,  sabre  de  la  guerre  sainte ,  briseur 
d ennemis,  lion  des  lions,  grand  par  la  pensée, 
ferme  dans  ses  desseins,  hardi ,  puissant  à  la  guerre, 
courageux ,  héroïque ,  valeureux ,  inébranlable ,  saint  ; 
feu  Abou  Sa^ïd  *Othman ,  fds  du  Cheikh ,  grand ,  va- 
leureux, vénérable,  noble,  célèbre  et  saint,  Abou  1- 
*01a  Idris  ben  *Abd  Allah  ben  'Abd  el-Haqq.  H  a  vécu 
quatre-vingt-huit  années,  quil  a  employées,  du  dé- 
clin même  du  jour  à  Taurore  prochaine,  à  marcher 
dans  la  voie  de  Dieu,  il  a  rendu  Tâme  dans  sa  sept 

'  Voir  ri-(le«*su.s,  p.  'n'i.  ri  la  biographie  de  w  personnage 
dans  11)11  Khaldoun,  l.  Vll^  p.  ^71;  éd.  do  Slanr,  l.  If,  p.  5^; 
trad.,  l.  IV,  p.  i6H  et  siii\. 


458  NOVEMBRE-DÉGEMBRK  1898. 

cent  trente-deuxième  campagne.  Sa  vie  a  été  tran- 
chée «  comme  il  combattait  plein  d*ardeur  dans  la 
guerre  sainte,  pour  obéir  au  Seigneur.  11  connaissait 
tous  les  détours  de  la  guerre;  il  montrait  la  force 
de  sa  résolution  dans  la  lutte  contre  les  chrétiens,  et 
dans  la  foule  de  leurs  guerriers,  il  tenait  tête  aux 
flots  montants  des  ennemis.  Dieu  lui  a  fait  accomplir 
contre  eux  des  hauts  faits  célèbres ,  dont  la  renommée 
s*est  répandue  dans  toutes  les  contrées,  et  qui  l'ont 
rendu  plus  populaire  que  ie  proverbe  voyageur.  (1 
mourut  (que  Dieu  Tait  en  sa  miséricorde  !)  avec  la 
poussière  de  la  guerre  sainte  sur  ses  vêtements,  guet- 
tant le  roi  chrétien  et  ses  bandits.  Il  mourut  comme 
il  avait  vécu ,  et  c'est  dans  la  mêlée  de  la  guerre  sainte , 
que  Dieu  le  rappela  à  lui,  heureux,  content,  le  sabre 
levé  sur  la  tête  du  roi  des  chrétiens ,  avant-coureur  de 
plaisir  et  de  joie  et  produit  de  la  guerre  et  des  com- 
bats. Chef  qui  conduisait  dans  la  voie  droite,  vers 
les  actions  méritoires ,  l'Espagne  tremble  encore  après 
qu'il  n'est  plus.  Que  Dieu  soit  généreux  avec  lui  et 
qu'il  lait  en  sa  miséricorde  !  H  mourut  le  dimanche 
2  de  dhou  1-hidja  ySo.  »  (dimanche  i6  sep- 
tembre i33o). 

APPENDICE  V. 

Nous  connaissons  sur  ces  événements  deux  récits 
d'Ibn  el-Khatib,  l'un  que  Maqqari  (Nef h  etWib, 

t.  III ,  p.  /4  7  )  a  extrait  de  iJjJyJl  à^JDI  ,  et  dont  M.  Ga- 
yangos  s*est  servi  dans  ses  Mohanimedan  dyncuties , 


à 


HISTOIRE  DBS  BENOU'L-AHMAH.  459 

t.  II ,  p.  36 1  ;  lautre,  dans  iU^ï^l  JiHl ,  édité  par  Ga- 
siri,  loc.  cit.,  t.  II,  p.  3o8  s.  Nous  donnons  une  tra- 
duction, aussi  exacte  qu'il  nous  est  possible,  du  pre- 
mier de  ces  deux  récits,  et  une  courte  analyse  du 
second. 

«  Le  matin  du  17  choual  76a  (ao  août  i36i), 
Mohammed  repassa  en  Espagne,  où  le  roi  de  Cas- 
tille  l'attendait  depuis  longtemps  déjà,  et  se  préparait 
à  agir  de  concert  avec  lui.  Le  sultan  prit  place,  dans 
la  ])laine  de  Moussara,  sous  la  tente  préparée  pour 
la  cérémonio.  La  foule  des  guerriers  vint  défiler  de- 
M\u{  lui,  et  participer  k  cette  fête  d'heureux  présage, 
où  painirent  les  étendards,  les  tambours  et  tous  les 
instruments  de  la  guerre.  Le  sultan  revêtit  le  cos- 
tume royal;  il  chaussa  ses  éperons;  on  acclama  son 
avènement.  Les  hommes  émiiients  de  l'Andalousie 
vinrent  en  foule  se  ranger  auprès  de  lui,  et  à  leur  at- 
tendrissement ,  à  leurs  larmes ,  à  leurs  acclamations, 
il  se  vit  revenu  au  temps  où  sa  piété ,  ses  vertus  et 
ses  bonnes  œuvres  avaient  fait  l'admiration  de  tous. 
Dieu  étendit  sur  lui  la  protection  de  sa  miséricorde, 
lid  manifesta  sa  bienveillance  et  répandit  ses  grâces 
sur  ce  prince ,  dont  la  royauté  avait  été  si  cruellement 
et  si  injustement  frappée.  Il  entraîna  après  lui  toutes 
les  âmes ,  et  les  cœurs  ^rent  prêts  à  se  dévouer  pour 
lui.  Il  s'éloigna ,  désormais  libre  de  ses  actes,  et  il  est 
actuellement  à  Ronda,  régnant  en  paix  sur  cette  ville 
et  sur  ses  environs.  11  a  pour  vizir,  le  cheikh,  le  qaïd 
Abou  1-IIassan  *Ali  ben  Youssef  bon  Koumacha  el- 
Hadhrami,  et  pour  secrétaire  le  fac[ih  Abou  *Abd 

3o. 


460  NOVEMBRE  DÉCEMBRE   1898. 

Allah  beii  Zemrek.  On  ne  saurait  nier  qu'il  montre, 
dans  le  maniement  des  affaires,  une  promptitude  de 
jugement,  une  expérience,  une  finesse  et  une  con- 
naissance de^  principes  du  gouvernement  égaleni**nl 
parfaites.  Que  Dieu  lui  accorde  ses  faveurs,  ainsi  qu'à 
nous-mêmes!  » 

H  ne  semble  pas  que  Mohammed  V  soit  passé  en 
Espagne  avec  une  entière  liberté  d'action ,  et  c'est  la 
difficulté  de  sa  situation  que  dissimulent  les  phrases 

dlbn  el-Khatib  dans  le  i^y^li  JJ^,  et  surtout  dans 
le  texte  cité  ci -dessus.  Ibn  Khsddoun  (t.  VII,  p.  3i6 
et  Siy;  éd.  de  Slane,  t.  II,  p.  /|68  et  469;  trad., 
1. 1\\  p.  355  et  358)  montre  qu'Abou  Salem,  le  sul- 
tan niérinide,  livra  ])our  ainsi  dire  le  roi  de  Gre- 
nade à  Pierre  le  (Iruel,  pour  que  ce  dernier  s  en  lit 
une  arme  contre  Mohammed  VI;  Mohammed  V. 
conscient  du  rôle  qu'on  lui  faisait  jouer,  cherchait  à 
échapper  à  la  protection  intéressée  du  roi  de  Castille 
(voir  aussi  ihid,,  le  rôle  joué  par  Abou  Ilammou, 
sultan  de  TIemcen,  allié  de  Mohammed  VI  contre 
Abou  Salem).  li'assassinat  d'Abou  Salem,  le  1  y  dhou 
l-([ada  y^'i'  (18  septembre  i36i),  c'est-à-dire  un 
mois  après  le  dépaii  de  Mohammed ,  modifiait  en- 
core sa  situation,  et  Ibn  el-Khatib  (Casiri,  loc.  cit,) 
fait  soupçonner  ses  hésitations. 

Mais  le  \izir  de  Tas,  ^Omar  ben  *\bd  Allah,  dé- 
sireux (le  se  débarrasser  du  souverain  macabre,  qu'il 
avait  fait ,  avec  un  ])aiivre  idiot,  Tachfîn,  cnit  avoir 

'   duvanj;»)*;,  loc.  cil.,  dil  27  cliotiai;  <lans  W  )/<■;«.  Iiistor,,  p.  5^3, 
il  dit  :  on  rlioiial. 


HISTOIRE  DES  BENOU'L-AHMAK.  'lOl 

besoin  de  Mohammed  V  pour  obtenir  de  Pierre  le 
Cruel  l'envoi  à  Fas  du  prince  mérinide  .\bou  Zeian 
Mohammed,  qui  s'élait  réfugié  à  la  cour  de  Castille, 
et  dont  il  voulut  faire  un  sultane  Mohammed  V  sut 
profiter  de  la  situation  pour  se  faire  donner  par  lui, 
Ronda,  qui  faisait  partie  de  la  «  marche  »  abandonnée 
îiu\  célèbres  auxiliaires  mérinides  et  placée  sous  la 
suzeraineté  du  souverain  de  Fas  (Ibn  Khaldoun,  loc. 
vit,).  Mais,  à  peine  Abou  Zeian  Mohanmied  «avait-il 
quitté  Séville  (nioharreni  ^63  ==  nov.  i36i)  que 
Mohammed  V,  après  avoir  pris  quelques  forteresses 
(Casarès  et  Zara)  avec  le  roi  de  (lastille,  le  quitta 
biiisquement,  poussé  par  un  subit  scrupule  de  con- 
science (Ibn  el-Khatib  in  Casiri,  loc,  cit,)  et  vint 
s'installer  à  Ronda  (8  djoumada  I  ^=  ^  mars  i362) 
d'où  il  rentra  triom|)halement  h  Grenade,  le  20  djou- 
mada II  (16  avril  i36q)  (Gayangos,  Moh,  dyn,,  t.  II, 
p.  362,  et  Mem.  hisL,  p.  5/|8). 

Les  deux  ouvrages  d'ibn  el-Khatib,  cités  ci-dessus, 
s'arrêtent  en  y  63   (i  36i-i  3r)2).   On  Ta  vu  parla 

citation  précédente»  d(»  la  ajj^xJI  a^AJ!  —  iU^ï^l  JA21 
contient  ces  mots  (Casiri,  loc.  rit, ,  p.  309)  :  «  H  y  est 
encore  (à  Ronda),  au  moment  où  est  composé  cet 
ouvrage»;  il  la  gouverne  et  y  fortifie  son  autorité,  ([uî 


'  ll)n  Rlialdoun  dit  nrltcmcnl  t.  Mi,  |).  ^^7^1;  rd.  de  Slam*, 
l.  ff,  p.  ô5'i;  Irnd.,  t.  IV,  j).  iHol  qifAbou  Saî<l  'Ollininn ,  fîls  de 
Yaliia  Ixiii  'Omar  bon  Rahlioii ,  poussa  son  père  à  négo<-ier  a\<»r  lo 
sultan  Abou  Salem ,  l'arrivée  de  Mohammed  V  en  Castille,  |)our  st» 
venger  de  Mohammed  VI,  qui  avait  donné  le  commandement  des 
volontaires  à  [dris  ben  'Othman  ben  Abi  l-'Ola. 


\ 


462  NOVËMBRE'DECEMBRE  1898. 

s'étend  sur  les  forteresses  et  les  terres  qui  dépendent 
de  cette  ville.  »  Un  paragraphe  ajouté  postérieure- 
ment mentionne  la  rentrée  de  Mohammed  dans  sa 
capitale  ^ 

^  M.  Cardenas  pense  [op,  cit.,  p.  137]  que  Mohammed  V  entra 
dans  TAlhambra  par  la  porte  de  la  «  Torre  de  Abul  Harlmli  ■ ,  et  il 
en  voit  la  preuve  dans  l'inscription  qui  la  surmonte. 


Erratum.  —  J*ai  nég^gé  une  grave  faute  d'impression 
A  la  dernière  ligne  du  premier  article ,  p.  3^o ,  où  il  faut  lire 
;|UXI ,  au  lieu  de  ç^Ull . 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        403 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS 

DE   L'INDE, 


PAR 

M.    A.-M.   BOYER. 


Les  deux  inscriptions  de  Tonigala  publiées  d'a- 
bord en  i853  par  A.  O.  Brodie  dans  Journal  ofthe 
Ceybn  A siatic  Society,  rééditées  avec  corrections  par 
M.  E.  Mùller  dans  Ancient  Inscriptions  in  Ceylon^ 
(n**  I  du  texte  et  pi.  I),  outre  Tintérêl  quelles  offirent 
par  elles-niênies,  me  paraissent  donner  lieu  à  une 
observation  qui  les  met  en  rapport  avec  la  question 
du  nombre  a 56  dans  les  inscriptions  d'Açoka.  Je 
reprends  d'abord  l'étude  des  deux  documents  sin- 
ghalais,  et  reviendrai  ensuite  sur  l'explication  de  ce 
nombre. 

I 

Comme  on  le  sait,  de  même  teneur  quant  au 
Fond,  les  inscriptions  de  Tonigala  ne  varient  que 
fort  peu  dans  le  choix  des  mots  et  dans  leur  ordon- 
nance. Celte  circonstance  rend  plus  certaine  Texacti- 

'  Que  je  désigne  par  A.LC,  —  auparavant,  maii  tans  fac-simi- 
lé ,  dans  Report  of  tkê  ancient  intcriptioni  in  thê  North^Weitêrn  pro» 
vince  oj  Ceylon;  Ind,  Anti<f.,  IX,  p.  lo-i  i. 


464  NOVEMBRE-OFXEMBRE  1898. 

tude  de  la  lecture,  favorisée  encore ,  pour  Tune  et 
Tautre  inscription ,  par  les  dimensions  des  caractères, 
longs  d  un  pied  environ  et  profonds  à  peu  près  d'un 
pouce  ^  Elles  sont  séparément  gravées  sur  deux  rocs 
situés  Tun  près  de  Tétang  de  Kudavaeva,  l'autre  à 
quelque  trois  cents  mètres  de  là.  Avec  A.I.  C.  je 
désigne  la  première  par  P,  la  seconde  par  P.  Toni- 
gala,  leur  localité,  se  trouve  à  5  lieues  environ  S.-E. 
de  Puttalam. 

Il  est  connu  que  la  forme  de  leurs  caractères, 
voisins  de  ceux  d^Açoka,  est  ancienne,  vraisembla- 
blement de  la  fin  du  second  ou  du  commencement 
du  i**"  siècle  avant  J.-C,  selon  Bûhler^.  Grâce  à  cet 
âge  paléographique,  le  roi  Gamini  Abaya  dont 
parlent  nos  inscriptions  a  été  identifié  avec  Duttha- 
gâmani  Abhaya  ou  Vattagàmani  Abhaya.  M.  E.  Mil- 
ler dans  A.I.C  s'arrête  à  cette  dernière  opinion. 
J  aurai  à  exposer  tout  à  l'heure  quelques  indices  de 
nature  à  Tappuyer. 

I^a  voyelle  isolée  /(dans  ima)  est  écrite  •!•  •^.  Au»!une 
notation  des  voyelles  longues.  Pour  les  consonnes,  il 
est  à  reniar([uor  quo  là  où  l'étymoiogie  indiquerait 
une  muette  aspirée,  ou  trouve  la  non-aspirée  corres- 
pondante. Ces  deux  derniers  faits  ne  sont  pas  du 
reste  particuliers  aux  inscriptions  du  Touigala ,  et  Ton 


'    A.  I.  (l.  ,  p.    3  0. 

*   Indische  Palwagraphic ,  p.  33. 

•"'  (if.  la  plaiirlitMlii  n"  85,  insrriplion  à  t)iyagâma  (rangi'-e  parmi 
celles  (les  4  premiers  siècles  après  J.-Ci. ,  do  claie  incertaine  dans  cet 
inter\alle). 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        465 

peut  supposer  qu  ils  y  accusent  déjà  deux  tendances 
signalées  dans  l'idiome  singhalais.  Le  manque  de 
muettes  aspirées  ne  rend  que  plus  singulière  la  nota- 
tion du  ja  par  \*  jha  dans  le  mot  raja°  (rô/V).  Ce 
mot  se  répète  plusieurs  fois,  toujours  orthographié 
rajha".  M.  Rhys  Davids  a  remarqué  le  même  fait^ 
dans  Tinscription ,  par  lui  découverte  et  éditée ,  du 
DambuUa  vihâra,  qui  a  sa  place  au  n°  3  (sans  fac- 
similé)  des  textes  deA.LC.  Du  reste,  mises  à  part 
les  inscriptions  de  Tonigala,  les  fac-similés  donnés 
par  A,  l.  C.  montrent  dans  le  mot  en  question 
Ç  ja;  y  t^st  donc  clair  (jue  nous  avons  affaire  ici 
à  un  pur  phénomène  d'écritun»,  non  de  langage. 
Sans  revenir  sur  les  discussions  auxquelles  a  donné 
lieu  le  caractère  de  la  sifflante  palatale  A ,  seul  signe 
de  sifflante  employé  dans  nos  inscriptions,  je  me 
contente  de  rappeler,  à  titre  de  rapprochement,  la 
tendance  qui  dans  un  dialecte  apparenté,  en  mâga- 
dhî  littéraire,  convertit  sa  en  fa.  Je  transcrirai,  avec 
/l.  /.  C. ,  H  par ja,  ^  par  sa. 

Les  autres  particularités  orthographiques  appa- 
raissent sulTîsammenl  à  la  transcription.  Je  donne  la 
miï^nnt»  d'après  la  planche  I  de  A,  l,C,,  groupant 
les  mots  qui  se  présentent  connne  éléments  de  com- 
posés, et  indiquant  en  note  les  quelques  divergences 
qui  la  différencient  de  celle  qu  offre  le  texte  du  même 
ouvrage.  Kn  quelques  points,  <»n(»ffet,  où  le  t<»xte  et 
la   planche  de  A.LC,\k'  concordent  pas,  jai  cru 

*  Ind.  Ânt.,  I.  p.  ido. 


460  NOVËMBaE-DiC£MBRR  1898. 

devoir  donner  lavantage  à  cette  dernière.  Deux  de 
ces  désaccords,  concernant  le  mot  catadisa,  se  pré- 
sentent du  reste  dans  le  texte  comme  des  corrections 
évidentes  des  lectures  fournies  par  la  planche.  Les 
deux  autres,  Tisa,  niyate  du  texte,  pour  Tùe,  niyata 
de  la  planche,  sont  sans  influence  sur  le  sens  de  l'in- 
scription ,  telle  que  je  la  comprends. 

Deux  signes  consécutifs  ^  qui,  d'après  le  fac-similé, 
prennent  leur  rang  parmi  les  autres  caractères,  à  la 
fois,  mais  en  ordre  inverse,  dans  I'  et  dans  P,  sont 
passés  sous  silence  dans  le  texte  de  A.LC,  et  de- 
meurés, que  je  sache,  sans  explication.  Je  les  repro- 
duis à  leur  place  en  transcrivant,  et  cest  lew*  inter- 
prétation qui  nous  amènera  au  point  à  considérer 
dans  les  inscriptions  d'Açoka. 

I*.  [i]  ParumakaAbayaputaparumakaTisaha  vapi  Âcagi- 
rika-  [2]  Tisapavatahi  agataanagatacatudiBasagasa  dine  V  /^ 
[5]  Devanapi'maharaja'^GainiriiAbaye  niyate  Âcanagaraka 
[i]  ca  [TavijSîkiyanagaraka  ea  paniinakaAbayaputapanimaka 
~  [5]  Tisaniyata  pite-rajaha  ^  agataanagacata'^diftasagasa. 

1^  [1]  ParumakaAbayaputaparumakaTise  ^  niyate  ima  [a] 
vapi    AcagirikaTisapa vatahi    agataanagatacatu  -  [  3  ]  disasaga- 

'  Je  ne  tiendrai  pas  compte  des  légères  différences  de  forme 
qu'ils  offrent  :    y  de  I'  est  clairement  y  vie  P. 

*  Suppléer  _ya. 

'  Pour  voir  une  forme  thématique  dans  maharaja  je  me  guide 
sur  maharaje  de  I**. 

*  Deux  caractères  effacés ,  suppléés  de  I^. 

*  La  raison  du  trait  d*union  apparaîtra  dans  la  suite. 

*  Texte  A,  I.  C.  ta. 
'  Texte  A.  L  C.  ia. 


SUR  QUELQUES  mSCRIPTlONS  DE  L'INDE.        407 

sa  aI\  b  Devanapiyamaharaje  Ganiini-[4]  Abaye  niyaie  Aca- 
nagaraka  ca  Tavirikiyanaga  -  [5]  raka  ca  AcagiiikaTisapava- 
tahi  agataanagata-[6]  catuda'sasagasa  parumakaAbayaputapa- 
nimaka-[7]  Tisaha  visara  niyata  *pite. 

Je  n'ai  pas  à  revenir  sur  les  adlnités  bien  connues 
et  aussi  sur  les  dififérehces  do  la  langue  de  nos  in- 
scriptions avec  le  mâgadhî.  Je  noterai  seulement 
que  si  le  génitif  en  ha  TUaha  s'éloigne  du  mâgadhî 
d'Açoka,  il  reste  conforme  au  màgadhi  littéraire. 
((]f.  Hemacandra,  éd.  Pischel,  IV,  299.) 

A  prendre  le  sens  général,  les  deux  premières 
lignes  de  1%  mettant  pour  le  moment  à  part  les  deux 
signes  qui  les  terminent,  ne  soui&rent  pas  de  didi- 
culté. 

Paramaka  (s.  iTC'W)  ^st  une  appellation  honori- 
fique commune  dans  les  inscriptions  anciennes  de 
Ceylan.  Passant  à  parmuka  par  l'intermédiaire  para- 
maka ,  elle  semble  dans  la  suite  réservée  aux  rois, 
mais  ce  dernier  fait  ne  se  constate  ni  avant  notre 
ère,  ni  durant  les  quatre  ou  cinq  premiers  siècles  de 
notre  ère.  D'autre  part ,  dans  les  plus  anciennes  in- 
scriptions autres  que  I'  et  P,  les  titres  royaux  soit 
du  prince  régnant,  soit  de  ses  prédécesseurs ,  sont 
toujours  raja"  ou  maharaja";  une  fois,  au  n*  6 1 ,  1.  /j , 
parafnaka,  mais  alors  précédé  de  sarima  (^IfTW) 
et  suivi  immédiatement  du  titre  royal  :  sariina  pa- 
ramaka '  makaraji.  Il  est  dès  lors  logique  de  ne  pas 

»  Texte  A.  L  C.  dû 
*  Texte  A.  /.  C.  te. 
'  Planche  :  paramaka. 


468  NOVEMBRE-DEGEMBRK    1898. 

regarder  dans  nos  inscriptions  comme  titre  royal  îa 
simple  dénomin«ition  de  paramaka,  surtout  rappro- 
chée du  titre  devanapiyamahai^cya ,  de  ne  pas  regar- 
der, par  suite,  comme  rois,  Tisa  et  Abaya,  son  père, 
auxquels  cette  dénomination  est  appliquée. 

Acafjiriha  est  sans  doute  une  épithète  désignant  le 
lieu  d'origine  ou  d'habitation ,  comme  il  arrive  dan!» 
les  Ibrnmles  de  donation  religieuse  du  continent  in- 
dien :  «  Tisa  d'Ac«igiri  ».  Nous  aurons  un  peu  plus 
bas  Dnlmldijamaka, 

Dine,  au  nominatif  masculin  ou  neutre,  suivant 
les  flexions  du  mâgadhî  d'Açoka.  On  peut  supposer 
que  la  tendance  qui,  depuis,  classa  en  singhalais 
tous  les  noms  d'objets  inanimés  en  un  seul  groupe 
neutre,  se  faisait  dès  lors  sentir.  Vapi  serait  alors  rie 
ce  dernier  genre ,  dîne  représenterait  dinnam. 

La  phrase  qui  suit  offre  plus  de  difficultés. 

De  même  que  dine,  niyate  se  présente  sous  la 
forme  cruii  participe  passé,  à  ni-yam.  Ija  significa- 
tion en  semble  déterminée  par  d'autres  inscriptions 
où  le  sens  n(*  laisse  aucun  doute.  L'inscription  d'Eri- 
yâva,  à  caractères  très  anciens,  d'après i4./.  C.  \  dont 
l'époque  peut ,  par  conséquent,  être  regardée  comme 
assez  proche  de  celle  de  nos  inscriptions,  se  conq^ost» 
manifestement  de  deux  phrases,  dont  la  premier»' 
Huit  |)ar  dine,  dont  la  seconde  est  entière  et  porle  : 
ima  vapi  DipUfalaviharahi  myatc  safjasa.  Celle  plus 
moderne  de  Nîlagâma  \  ihâra  dit  :  Dabaliujamakaha 

'  N*  /i2  a,  !<ans  fac-similé. 


SUR  OnELQUES  INSCRIPTIONS  DE  LINDE.        469 

Upalakaha   teralcne   saganiyateK    Niyate,    dans    ces 
exemples,  est  bien  un  équivalent  de  dinc.  Nous  avons 

donc  ici  :   « est  donné  Acanagaraka    (Aca- 

bom^j;)  etc.  »  Mais  comment  expliquer  le  nominatif 
'Abaye? 

Il  semble  que  nous  ayons  là  un  nominatif  absolu. 
Pour  justifier  c(»tte  opinion,  j'ai  recours  à  Tinscrip- 
lion  n°  5  ,  de  (rajâbâhugâmani,  petit-fds  de  Vasabha, 
(|ui  régna  vers  le  milieu  du  second  siècle  de  notre 
ère;  laquelle  a  la  bonne  fortune,  trop  rare  malheu- 
reusement parmi  ces  premières  inscriptions,  de  pou- 
voir être  étudiée  avec  plus  de  confiance,  n'étant  pas 
mutilée.  Je  transcris  encore  d'après  la  planche,  dont 
je  numérote  les  lignes:  dans  le  texte  de  A.  L  C.  le 
mnnérotag<»  des  lignes  du  texte  n<'  concorde  pas 
avec  \vs  lignes  du  fac-similé.  J'indiquerai  également 
en  note,  comme  tout  à  l'heure,  les  divergences  entre 
ma  transcription  d'après  la  planche  et  celle  donnée 
par  A.  /.  C,  Inutile  de  reprendre  ici  les  remarques 
non  nécessaires  pour  le  sens. 

[i]  Sidha  Vahnbarajaha  manuinaraka  Tisaiiiaharajaha  [a] 
|)iiti  mahara*ja^Ga\al)a^hii(iamiiiiAbaya  *  [3]  Dakini  Abaya 

'  N"  7(j,  sans  f'ac-siinilé.  Rangé*;  parmi  1rs  inscriptions  «les  4  pn:- 
niici's  siècles  de  notiv  ère  sans  date  certaine  dans  cet  intervalle. 

*   Kcrit  4»   ha, 

^  Peut-être  nominatif  en  â. 

^  Texte  A,  I,  C, ,  hû. 

'■'  Texte  A.  I.  C  >r.  (ioldsclimidl  a  lu  v'i  •/.  A.,  1877,  p.  ^ig), 
M.  K.  Mrdler  (fabord   vd  (/.   A.,   1879.   p.    :î2  1;,   depuis  yr  dans 


/470  NOVEMBRE. DÉCEMBRE  1808. 

araba  vihera  karaya  va  rakaviya  [à]  bajikapatisavana'ka* 
tîrikoHu  pa[pata]*karahiya-  [5]  jina'pa^i'totara  ko(u  dine 
daka  pati  bikusagaha  [6]  a(aya  catari  paceni  paribujanaka  ' 
kotu  dine. 

Que  la  lecture  matérielle  soit  Ahaya  ou  Ahaye, 
c'est  cette  dernière  forme  (ju'il  faut  comprendre ,  le 
nominatif  étant  indiqué  par  pati  =^ pâte*.  De  même 
pour  manamaraka.  Sur  le  sens  de  ce  mot,  voir 
Gdldschmidt  dans  i.  i4.,  VI,  p.  3ig. 

On  pourrait  soupçonner  dans  karaya  va  une  mé- 
prise pour  karavaya  {cf.  n""  1 1  i  papatakara  karavaya) 
^^karaviya  (n*  17),  mais  il  est  préférable  de  respec- 
ter le  texte  ;  va  représente  sans  doute  la  conjonction 
sanscrite,  non  répétée  ici  après  rakaviya.  Karaya  ^  = 

/.  A.,  1880,  p.  1 1 ,  oà  il  publie  ponr  la  première  fois  le  texte  en- 
tier, et  dans  la  présente  transcription. 
'  Na  possible. 

*  Texte  A,  I.  C.  k.  Il  n*y  a  pas  de  raison  de  supprimer  ici  la 
voyelle.  La  lettre  sur  la  planche  a  la  forme  d*un  na ,  la  partie  in- 
férieure du  ^  a  sans  doute  disparu. 

^  Je  transcris  ho  ici  et  dans  la  suite  de  Tinscription ,  comme  le 
texte  de  A,  I.  C,  mais  la  voyelle  0  n'est  évidente  sur  la  planche  que 
dans  la  dernière  ligne   x  . 

*  Ces  deux  signes  ne  sont  qu  en  partie  visibles. 

*  Texte  A,  L  C.  na, 
«  Texte  A.  L  C.  tL 

^  Texte  A,  L  C.  k  :  même  remarque  que  précédemment  pour  la 
voyelle. 

*  Je  dois  avertir  le  lecteur  que  ameti  Abaha  du  texte  n*  1 3 ,  qui 
pourrait  faire  ici  difficulté,  est  représenté  sur  la  planche  corres- 
pondante par  ameti  +  2  lettres  effacées  dont  la  première  est  a  -(- 
Abaha.  —  Maharaji  Gamini  Abayata  ...  du  texte  n"  10,  oà  Aboya 
semblerait  an  datif  moderne ,  est  sur  la  planche  :  Maharaji  Gamini 
Abaya  de  {?  ^)  ... 

*  Karaya    et  kotu   sont  les  précurseurs  de   kara  et  ItoUi  de  la 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DK  L'ÎNDE.        471 

hariya  (cf.  n"  -7),   est,  comme  rakaviya,  absolutif 
causal. 

Bajika  semble  le  représentant  d  une  forme  sans- 
crite bhajika,  avec  le  sens  de  «  dévot,  fidèle  (au  sens 
religieux)  ».  Patisavanaka  correspond  i\  TifîRnnr** 

Je  vois  dt^ns  papaiakara  un  composé  qui  serait  en 
sanscrit  IRTï!^,  «  qui  périt  par  chute  ■,  c  est-à-dire 
t  tombant  en  ruines  b;  dans  hiya,  un  équivalent  de 
^  N  k  abandonner  » ,  c  est-à-dire  ici  «  inhabitable  »  ; 
jina  est  naturellement  lftl|. 

Daka  pati,  expression  qui  revient  de  temps  en 
temps  dans  ces  inscriptions,  me  parait  représenter 
ipi  Hfîf  t  conformément  au  savoir-faire  »,  c  est-à-dire 
t  habilement  »  ou  •  convenablement  ». 

Catari  paceni  :  le  buddhique  KWi  paccaya,  est 
ici  du  genre  neutre,  (caton==  pâli  cattâri,  paceni  se- 
rait paccaydni).  Kota  gouverne  paceni  et  un  second 
accusatif,  paribujanaka, 

[jes  autres  mots  n  oflrent  aucune  difficulté. 

Maintenant ,  au  point  de  vue  de  la  construction , 
cette  inscription  peut  se  résumer  en  la  formule  sui- 
vante :  Abaye  A  kota  dine,  où  A  représente  le  régime 
de  kota  :  «  Abaya  ayant  fait  A,  ce  fut  chose  donnée  ». 
Nous  avons  affaire  ici  à  une  construction  qui  met  en 
présence  un  nominatif  absolu  et  un  participe  passé 


langue  moderne.  Voir,  dans  /.  R,  A.  S.,  1876,  Notes  on  the  iinka* 
lèse  language  de  Childers ,  p.  1 5o. 

^  Patisavanaka  est  à  ]*accusatif.  11  suffit  de  renoiarquer  que  Taous- 
vara  n'apparaît  pas  dans  ces  vieilles  inscriptions;  je  n*ai  pas  à  dis- 
cuter s*il  existait  dans  le  langage. 


472  NOVEMBRE-DKGEMBRIi:  1898. 

passif  neutre  jouant,  quant  au  sens,  par  rapport  à 
ce  nominatif,  le  rôle  d'un  aoriste  actif  :  «  Abaya , 
ayant  fait  A,  a  donné  ».  11  nVst  pas  hors  de  propos 
de  rappeler  ici  qu'en  singhalais  moderne  une  même 
forme ,  provenant  de  l'ancien  participe  passé  passif, 
Aa/a  =  H?T,  par  exemple,  exprime  Taoriste  actif  et 
prend  souvent  un  sens  passif.  C'est  ainsi  que  paraît 
se  comporter  dine  dans  nos  inscriptions  :  sens  passif 
à  Tonigala  et  ici  sens  actif.  Avant  d'appliquer  éga- 
lement ces  remarques  à  niyate-niyata  de  Tonigala, 
je  traduis,  comme  il  suit,  le  dernier  texte  discuté: 

Réussite!  Le  grand  roi  Gayabahugamini  Abaya,  fils  du 
graud  roi  Tisa ,  petit-fils  du  roi  Vababa ,  ayant  bâti  *  ou  pro- 
tégé les  viliàras  à  commencer  par  ceux  de  Dakini  et  d*Abaya , 
afTermi  la  bienveillance  pour  les  fidèles,  relevé  les  [édifices 
roli^aeux]  vieillis,  inhabitables,  tombant  en  ruines,  a  donné; 
entretenant  convenablement  avec  les  quatre  pratyayas  le 
.«aniglia  des  religieux  mendiants,  a  donné ^. 

Revenons  maintenant  à  1'  de  Tonigala. 

A  mon  avis,  nous  avons  ici  une  construction  ana- 
logue à  celle  que  nous  venons  de  constater.  ''Abaye 
niyaie  Acanacjaraka  va,  etc.,  contient  un  nominatif 

'  Cf.  J.  H.  A.  S.,  vol.  cil.,  j).  10 1-1 5a. 

*  Voir  clans  A,  I.  C. ,  p.  27.  ce  qu'il  faiil  probablement  entendre 
au  juste  par  cette  expression. 

*  On  {Hîul  comparer  Dîpa\aiiisa,  aa,  \  à  propos  du  roi  Valiaba 
(  Vasabha)  : 

Sahbattlia  Lankâdipasmiin  ârâme  santi  jinnake 

Kân'si  «iabbattha  âxâsaiii  dhammikaprijain  mahâraliaiii. 

(A.  l(>s  (li'tiiiis  du  Mahâ\aiiis<i ,  p.  220  et  !>Ui\. 


ï 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTlOiNS  DE  LINDE.        '473 

absolu  ""Abaye  et  un  participe  passif  jouant ,  au  point 
de  vue  du  sens,  le  rôle  d  aoriste  actif.  «  Abaya,  est 
donné  Acanagaraka  »  égale  :  «  Abaya  a  donné  Acana- 
garaka  ». 

Acanagiiraka ,  [  Tavi  ]nkiyanagaraka  au  nominatif  : 
il  y  a  des  cas  de  nominatif  neutre  en  am  dans  le 
mâgadhî  d'Açoka.  La  consenation,  sous  une  modi- 
fication quelconque,  de  m  final  existe-t-elle  ici?  De 
nouveau,  la  question  reste  actuellement  sans  ré- 
ponse. On  peut  motiver  fabsenc^^  de  la  flexion  en  e 
dans  le  cas  présent  par  f influence  de  l'enclitique  ca. 

La  comparaison  de  I'  et  de  P  avertit  de  regarder 
dans  I'  comme  incise  le  groupe  pcu^amakaAbayaputa- 
paramakaTisaniyata  pite-rajaha,  représenté  dans  I** 
par  parnmakaAbayaputapanunakaTisaha  visara  niyata 
pite.  Analysons  ce  groupe. 

Pt<^--  fCRrr,  comme  rqje=^ JJ^J.  Ce  mot,  dans 
les  anciennes  inscriptions  singhalaises ,  admet  en 
elfet,  comme  le  second,  la  flexion  des  thèmes  en  a,  au 
moins  h  quelques  cas.  Cf  pitaha  n"  27.  Il  semble  diffi- 
cile de  prendre  dans  ce  système  de  flexion  pite  pour 
autre  chose  ([u'un  nominatif:  le  locatif,  dans  nos  in- 
scriptions, est  en  hi,  mâgadhî  si.  Par  ailleurs,  on  ne 
voit  pas  ce  que  serait /)i7^  dans  un  autre  système  de 
déclinaison  :  à  moins  qu'on  n  y  reconnaisse  un  repré- 
sentant du  datif  fïnJ.  Mais  les  analogies  pràcrites 
seraient  contraires  à  cette  manière  de  voir. 

Ici,  et  naturellement  aussi  dans  P,  je  regarde 
donc  pite  conmie  fléchi  au  nominatif.  Une  pareille 
forme  ne  peut  guère  s  expliquer  dans  le  contexte,  à 

xii.  3 1 


fWHHiaiB   lATlvaAUl. 


474  NOVEMBRE-DEGEMBRK   1898. 

moins  de  regarder  piterqja°  comme  un  composé 
formé,  sur  le  terrain  singhaiais,  comme  pitàmaha, 
pitâpatra,  sur  le  terrain  sanscrit.  On  trouve  sagani- 
yatc  (voir  plus  haut)  «  donné  au  samglia  »;  leraMa- 
jibakadini  {'^dine)  (n''  7  et  pi.  UI)  «  donné  au  stha- 
vira  Majibaka.  »  On  pourrait,  d'après  ces  exemples, 
traduire  Tisaniyatapdjr  ti  donnéàTisa  »;  mais,  dans  lo 
membre  de  phrase  qui  nous  occupe,  piteraja  étant 
au  génitif  et  TUa  entrant  en  composition  avec  niyata , 
le  sens  naturel  est  :  «  donné  par  Tisa  au  père -roi  ». 
Niyata  peut,  bien  entendu,  représenter  fi|^7m  ;  les 
formes  en  e  dine,  niyate,  nous  indiquent  dy  voir 
plutôt  lablatif  pracrit  en  d. 

Je  traduis  donc^  abstraction  faite  des  deux  signes 
qui  nous  occuperont  plus  tard  : 

L*étang  du  paruinaka  Tisa,  fils  du  parumaka  Abaya,  situé 
au  mont  'Hsa  d'Âcagiri ,  a  été  donné  au  sanigha  des  quatre 
régions  du  monde ,  actuel  et  futur. 

Le  grand  roi,  cher  aux  Devas,  Ganiini  Abaya  a  donné  et 
Acanagaraka  et  Tavirikiyanagaraka ,  du  don  fait  au  piteraja 
par  le  panimaka  Tisa,  fiis  du  paruiuaka  Abaya,  an  sajqfighn 
des  (jualre  régions  du  monde,  actuel  et  futur. 

De  Tinscription  I**  les  fommles  7ï.<^'  niyate  ima 
vapi,  Abaye  niyate  Acanagaraka  ca,  s*expliquent 
comme  précédemment.  Reste  à  interpréter  le  der- 
nier membre  de  phrase  déjà  cité  plus  haut  :  paranm- 
haAhayapataparamakaTisalia  visara  uiyaUi  pite. 

Je  ne  puis  voir  avec  M.  K.  MûHer  dans   visara 

^  \  supposer  la  lecture  Tisa  exacte,  Tisaniyate  ima  vapi  «cet 
éUng  est  donné  par  Tisa  »  laisserait  un  sens  identique. 


I 


SUR  0l!RLQUE8  ïNfiCRIPTJOXS  W.  L'INDK.        ^75 

une  erreur  pour  vapisara  ou  vavisavaK  Ainsi  que  le 
note  lui-même  le  savant  auteur,  cette  expression  n^ 
se  rencontre  que  plus  tard  :  il  la  relève  pour  la  pre- 
mière fois  au  n°  97  dans  um*  inscription  qu'il  place 
entre  le  v*  et  le  ix*  siècle  de  notre  ère.  Nos  deux  in- 
scriptions n'emploient  que  vapi  dans  les  deux  pre- 
mières phrases,  parallèles  Tune  h  Tautre.  D'autre 
part,  le  passage  de  ['parallèle  à  celui  qui  nous  oc- 
cupe actuellement ,  ne  parie  ni  de  vapi ,  ni  de  vapisara , 
il  dit  simplement  :  pannnnkaAbayaputaparuîr^ka- 
Tisauiyata  piterajaha.  Je  pense  donc  que  nous  avons 
siniplement  affaire  à  un  représentant  de  fïnï^  dont 
le  sens  de  «  chose  étendue,  ahondance  »  est  devenu 
ici  le  sens  de  t richesse,  fortune*^».  Prenant  myata, 
connue  dans  I',  et  visara  pour  ablatifs ,  je  comprends  : 
«  Of»  la  fortune  de  Tisa  donnée  au  pite^  ». 

r/est  ici  que  Tinscription  semble  défectueuse.  On 
attendrait  piterajaha  y  comme  dans  P.  Si  la  fin  de 
l'inscription  ne  porte  réellement  aucune  trace  de 
caractères  effacés,  il  y  a  lieu,  vu  le  parallélisme  des 
deux  inscriptions,  de  supposer  mie  omission,  de 
cause  ignorée,  car  rien  ne  peut  faire  croire  à  une 
abréviation,  et  de  suppléer  le  mot  absent.  Je  tra- 
duis ,  omettant  les  deux  signes  : 

Le  parujuaka  Tisu ,  fils  du  parumaka  Abaya ,  a  donné  cet 

'   Devenu  vêésara  «étang». 

'  Conine  ^iffi ,  dv  moins  au  pluriel  :  voir  ce  dernier  mot  dans 
le  dit  tionaaire  abréfré  de  Saint-PéierriKmrg. 

^  A  Aupiaoser  la  piascbe  fautive,  et  qu'il  fallût  lire  avec  le  texte 
niy*it£,  oo  devrait  alors  regarder  risnrn  comme  un  nominal  il 
neutre,  ai  traduire:  «U  foi*tunede  Tisa  a  été  donnée  au  pi4e». 

3i. 


476  NOVEMBRE-DECEMBRE  18dS. 

étang ,  situé  au  mont  Tisa  d'Acagiri ,  au  saipgha  des  qualité 
régions  du  monde,  actuel  et  futur. 

Le  grand  roi,  cher  aux  Devas,  Gamiiii  Aba^a  a  donné  et 
Acanagaraka  et  Tavirikiyanagaraka ,  situés  au  mont  Tisa 
d'Acagiri ,  au  saipgha  des  (|uâtre  régions  du  monde ,  actuel 
et  futur.  Ils  sont  pris  sur  la  fortune  de  Tisa  donnée  au  pite- 
[raja]. 

Je  rechercherai  tout  à  Tiieure  une  explication 
historique  de  cette  inscription,  mais  je  dois  en  com- 
pléter tout  d'abord  la  traduction  par  Tinterprétation 
des  deu\  signes. 

Ces  signes  expriment  des  symboles  ou  des 
nombres. 

Notons  d'abord  que,  mises  à  part  les  deux  in- 
scriptions de  Tonigala,  si  nous  considérons  les  plus 
vieilles  inscriptions  deCeylan,  celles  rapportées  par 
A,  1.  C.  aux  quatre  premiers  siècles  de  notre  ère, 
telles  du  moins  que  nous  les  pouvons  connaître  par 
les  fac-similés  contenus  dans  ce  recueil ,  il  n'y  appa- 
raît aucun  symbole,  soit  dans  le  texte  des  inscrip- 
tions, soit  même  hors  texte;  à  moins  quau  n°  lo  la 
figure  marginale  S  ne  soit  regardée  comme  un  sym- 
bole', il  ne  semble  pas  que  les  signes  numéraux  y 
soient  exprimés  davantage  :  les  nombres  s  y  trouvent 
simplement  écrits  en  toutes  lettres.  A  moins  de  nou- 
veau quau  n"  8  (voir  la  pi.  de  ce  numéro),  il  ne 

'  L'inscription  de  Danibulla  citée  plus  haut  débute,  d'après  ie 
fac-similé  qu'en  a  donné  M.  Hliys  Davids  dans  /.  .4.,  I,  pi.  vn,  par 
deu\  symboles,  de  forme  entièrement  difFé,rente  de  nos  signes,  dont 
un  s\nstika.  Plarés  t'u  télé  de  l'inscription,  ils  l'entrent  dans  le  cas 
des  inscriptiuiLs  continentales  dont  nous  allons  parler. 


\ 


SUR  QUELQUES  IxNSCRlPTlONS  DE  L'INDE.        Ml 

faille  lire  avec  M.  E.  MùUer,  1.3:  lera  Tusaha  ka(f) 
mahavavi,  et  1.  4  :  i(*ra  Majiba  ka  (  f  )  ganaya ,  et  voir 
là ,  comme  il  le  fait,  l\  grands  étangs  de  Tusa ,  !\  ganas 
de  Majjhima;  mais  ie  Majihakaàini,  déjà  cité  plus 
liaut,  de  l'inscription  n"  y,  nous  suggère  de  prendre 
ici  la  lecture  naturelle  Majihaka  gcLiiaya ,  et  Je  premier 
passage  doit  aussi  être  plutôt  lu  :  Tiisahaka  '  maha- 
vavi. Les  inscriptions  singhalaises  de  Tépoque  qui 
nous  occupe  ne  nous  fournissent  donc  guère  d'éié- 
ments  pour  dérider  entre  symboles  et  nombres.  Il 
reste,  recourant  à  l'analogie,  à  consulter  les  inscrip- 
tions appartenant  à  la  même  période  du  continent 
indien. 

On  sait  Tusage  des  symboles  dans  les  inscriptions 
indiennes  :  pour  citer  une  inscription  de  même 
époque  à  peu  près  que  les  nôtres ,  celle  du  Sâtavâ- 
liana  Krsna  à  Nâsik^  se  termine  par  le  svastika  et, 
probablement,  le  triçûla-dharmacakra.  A  prendre 
comme  symboles  les  deux  caractères  qui  nous  oc- 
cupent, le  premier  y  est  un  symbole  bien  connu, 
on  le  trou\e  avec  le  svastika  à  Jaugada  sur  deux 
inscriptions  d'Açoka"*  ;  il  y  aurait  à  discuter  le  second. 
Mais,  dans  les  anciennes  inscriptions,  les  symboles, 
autant  que  nous  sa\ons,  se  placent  au  commence- 
ment, à  ia  fin,  sur  la  marge,  non  pas  dans  ie  corps 


'  On  |)eiit  conjccliirt'r  que  dans  Tusatuika  lu  d(.*rnière  syliabc  (*st 
lu  suflixe  ka  si  fréquent  en  prâcrit  et  dans  la  langue  de  no<s  in- 
scriplions,  maladroitement  ajouté  au  génitif  Tutahn, 

*  .4.  S,  ky,  L,  \\\  pi.  LI,  Nàsil  n"  j. 

>  a.  c./. /.,pKXiii. 


478  NOVEMBREDÉCËMRRE   18<)8. 

des  inscriptions.  Nâsik  n**  5  (  A.  5.  H^.  i. ,  IV,  pi.  lu  ) , 
dessine  un  svastika  après  l'initial  siddham  :  c  est  à 
peine  une  exception,  et  Bùhler  a  pris  soin  de  la 
notera  Or  nos  deux  signes  se  trouvent  ici  dans  le 
corps  même  des  inscriptions  :  car  chacune  délies 
semble  d'une  seule  venue ,  d'abord  au  point  do  vue 
paléographique,  autant  qu'il  est  possible  d'en  juger 
par  les  fac-similés,  ensuite  parce  qu'il  parait  moins 
probable  qu'une  inscription  princière  où  figure  un 
devanapiyamaharaja  ait  été  ajoutée  sur  ces  deux 
rochers,  à  la  fde  et  comme  continuation,  à  celle 
d'un  simple  parainaka  ^^.  Il  est  donc  légitime  déjuger 
que  nous  avons  ici  des  nombres. 

Tourné  de  go*  le  signe  oc  >*- 1  o  est  tf .  C'est  notre 
premier  signe.  Tournés  d'environ  go*  dans  le  même 
sens  ^  ou  J^*  ■=  4  sont  -♦r  ou  jt  •  Notre  second  signe  /i\ 
semble  ainsi  un  représentant  cursif  du  caractère  qui 
a  donné  ces  deux  foi*mes.  La  théorie  qui  admet  une 
origine  égyptienne  des  signes  numéraux  indiens  peut 
trouver  ici  une  confirmation.  Outre  l'analogie  que 
notre  signe  présente  avec  le  hiératique  oy  =  4 ,  en 
démotique  >y  est  ie  même  nombre  \  et  la  forme  /k 
n'eJt  guère  que  ce  dernier  caractère  égyptien  abrégé. 

*  Avec  la  désignation  NA-nik.  n"6.  Ind.  l*almo(f.,  p.  85. 

*  Il  en  va  autrement  à  Nàsik,  1.  .S.  fV.  I,,  IV,  pi.  LUI,  n"  i3- 
n"  1  .^.  Là  les  deux  inscriptions  qui  se  suivent ,  et  où  le  svastika  initial 
de  la  seconde  se  trouve  dans  les  conditions  que  réaliseraient  ici  les 
symboles,  sont  royales  et  mi^me  d'un  seul  roi,  (totainîputa  Situ* 
kani.) 

^  Cf.  Bûhler,  W.  Palœog.,  Taf.  T\. 

*  Cf.  de  Rougé,  Chrestomathie  t'fjypt'ienne ;  f*  fasi*. ,  pi.  I. 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        479 

Par  ailleurs,  pour  la  forme  et  la  pose  des  caractères, 
nous  ne  pouvons  nous  étonner  de  trouver  ici  des 
N  ariantes  avec  ce  que  nous  connaissons  du  continent 
indien,  puisque,  là  m(^me,  les  divergences  dans  le 
tracé  des  signes  numéraux  sont  parfois  si  accusées, 
à  commencer  par  celles  du  nombre  îi56  des  inscrip- 
tions d'Açoka,  où  le  signe  pour  aoo  à  Rûpnâth  dif- 
fère, largement  du  signe  du  même  nombre  à  Sid- 
(iàpur,  où  le  signe  pour  5o  se  présente  à  Sahasrftm 
avec  i'orientalion  inverse  de  celle  qui  lui  est  donnée 
à  Kùpnâth  et  à  Siddâpur.  Je  lis  donc  dans  I*  i  o(4-) 
^1,  dans  I**  4(4-)  10. 

H  résulte  le  nombre  i  4.  L'interversion  dans  i**du 
signe  des  unités  et  de  celui  des  dizaines  est  sans 
doute  un  fait  anormal  :  Temploi  de  H  pour  {  l'est 
aussi,  et  je  ne  pense  pas  que  nous  ayons  de  ce  chef 
à  rejeter  davantage  la  lecture  i  !\  que  la  lecture  /. 

Maintenant  que  veut  dire  ce  nombre  placé  k  la 
lin  de  la  première  phrase  et  sans  relation  pour  nous 
apparente  avec  (»lleî^  Pour  répondre  à  cette  question, 
j'on  pose  une  seconde  de  même  ordre  :  que  signifie 
le  nombre  2 56  ajouté  sans  explication,  à  Siddâpur\ 
à  la  phrase  linale  du  premier  édil  sous  celte  forme  : 
iyam  eu  savane  sâv[à)p{i)te  vyùthena  256?^^  «  Et  cette 
«exhortation  a  été  proclamée  par  le  Vyûtha  a56.  ■  Ce 
nombre  a 56  se  trouve  à  Siddâpur,  relativement  à 
ce  qui  précède,  exactement  dans  les  mêmes  condi- 

'   K(l.  HiiMrr  (tans  E.  /..  III. 

*  V  '?.  donne  la  voyi'He  (h*  n,  ia  reslitulion  de^  li'ltn'senln»  paren- 
llièscs  est  «garantie  par  sàvâpile  (!•'  n"  1, 1.  5. 


480  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

tions  qu'à  Tonigaia  le  nombre  i  k  par  rapport  à  la 
première  phrase.  Les  deux  cas  accusent  un  même 
procédé,  et  doivent  s  expliquer  de  la  même  manière. 
Or  la  concision  de  Siddcipur,  éclairée  par  le  peu  de 
détail  donné  aux  passages  parallèles  de  Rùpnâth- 
Sahiisràm,  exprime  par  2  56,  suivant  Topinion  qui 
me  parait  la  plus  véritable,  et  sur  laquelle  je  revien- 
drai dans  la  suite,  la  date  du  fait  dont  Ténoncé  pré- 
cède ce  nombre  :  «  et  cette  exhortation  a  été  pro- 
clamée par  le  Vyûtha  il  y  a  2  56  ans.  »  Nous  <i>ons 
donc  <^  comprendre  dans  1*  :  «  Tétang  du  parumaka 
Tisa,  etc.,  a  été  donné  au  samgha,  etc.,  il  y  a 
I  /j  ans.  »  De  même  dans  P  :  «  le  parumaka  Tisa ,  etc. , 
a  donné  cet  étang,  etc. ,  il  y  a  i  ^i  ans  ». 

J*ai  essayé  de  déterminer  le  sens  du  texte ,  en  me 
laissant  guider  par  le  texte  lui-même.  Venons  à  l'in- 
terprétation historique.  Je  présenterai  à  titre  de  rap- 
prochement celle  que  j'ai  à  exposer,  et  serais  moins 
autorisé  à  le  faire,  s'il  fallait  accepter  dans  toute  la 
rigueur  de  leurs  termes  l<\s  récits  du  Mahâ\amsa. 

D'après  ce  qu'il  raconte,  Vattagâmani  succède  à 
son  frère  Kiiallâtanàga,  assassiné.  Après  îivoir  vengé 
la  mort  de  ce  prince,  il  en  adopte  le  (ils  Vlahâcûlika 
dont  il  fait  la  mère  première  reine,  et  cette  conduite 
lui  vaut  du  peuple  le  surnom  de  père-roi,  pitirâja  K 

'  kliailâlanâgarannu  so  piiUakain  sakabhâliino 

Malinrûiikanâmânain  ]nittattliiin(.>  tlia{>esi  ca, 
tamniâtar'  Snulâdevim  niahesin  ca  akâsl  so  : 
pitiuliâne  lliitatt*  assa  «  pitirâja  »  Ui-m-ahravuiu. 

Mahâv.  p.  303  de  l'édition  de  Turnour,  à  laquellt»  se  n'Ierenl 
é^alt>m(>nt  les  citalions  qui  suivent. 


\ 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  LINDE.        481 

Cinq  mois  après  son  a\onement,  les  Dami}as(Tamils) 
attaquent  Ceylan.  Le  pitirâja,  complètement  battu, 
est  réduit  à  se  cacher  dans  la  foret  de  Vessagiri.  Là, 
le  thera  Mahâtissa  lui  ofire  à  manger  :  à  celui-ci  le  roi 
reconnaissant  accorde  des  dons  pour  la  subsistance 
de  son  vihâra.  Dons  «ictuellement  platoniques  d*un 
prince  sans  ressource  qui,  continuant  d'errer  en 
fugitif,  vient  chercher  asile  non  loin  de  Sâlagalia, 
en  Malîiya  :  il  y  retrouve  Mahâtissa  qui  met  h  son 
service  un  habitant  de  la  contrée,  son  propre  servi- 
teur, Tanasiva.  Le  roi  demeure  là  li  ans.  (le  du- 
rant, les  Damiias  régnent  dans  Anurâdhapura,  sa 
ciipitale. 

Au  bout  de  ce  temps,  un  incident  domestique 
vient  changer  la  face  des  choses.  La  femme  de  Tana- 
siva insulte  la  reine  Anulâ^  De  là,  querelle  à  main 
armée  du  prince  et  du  serviteur  :  celui-ci  est  tué,  le 
roi  se  déclare  pour  ce  qu'il  est ,  rassemble  des  troupes , 
vi(»nt  honorer  le  Buddha  au  vihâra*  d* Acchagalla , 
marche  sur  Anurâdhapura  et  reconquiert  le  trône 
perdu  1  ^  ans  y  mois  auparavant. 

Le  Dîpavamsa  ne  mentionne  de  ces  faits  (c.  ao), 
que  lavènement  de  VatUigâmani  par  la  mise  à  mort 
du  meurtrier  de  son  frère,  Tinvîision  des  Damiias 
5  mois  après,  et  la  revanche  de  Nattagâmani  au  bout 
de  i  /|  ans  y  mois. 

A  presser  ce  qui  précède ,  ne  gardant  que  la  part 

'  Gatâya  tu  nivâpattham  Malaye  nuladeviyâ 

bhariyâ  Tanasîvassa  pâdâ  paliari  pacchiyaip. 

[  Mahâvaqasa ,  p.  ao.i.) 


482  NOVEMBRE-DÉCEMBHE  1898. 

du  récit  la  moins  sujette  à  l'erreur,  cest-à-dire  la 
substance  des  faits,  il  résulte  que  : 

Abhaya  Vattagâmani,  surnommé  Pitiràja,  chassé 
d'Anurâdhapura  au  bout  de  cinq  mois  de  règne  par 
une  invasion  de  I)ami{as,  s'enfuit  au  Malaya,  la 
région  montagneuse  de  Ceyian;  dénué  de  tout,  il  v 
est  secouru  par  un  certain  Mahàtissa,  un  thera,  et 
i/i  ans  écoulés,  rassemblant  une  armée  et  remon- 
tant vers  le  Nord,  il  se  trouve  en  quelques  mois 
maître  une  seconde  fois  du  royaume. 

Ainsi  Xattagâmani  ne  se  réfugia  pas  dans  le 
Rohana,  cette  partie  méridionale  de  Geylan  doù  son 
oncle  Dutthagâmani  était  venu  renverser  1  envahis- 
seur Ëlâra ,  mais  seulement  dans  le  centre  de  Tîle  ;  et 
rien  ne  nous  fait  croire  qu'il  ait  eu  à  s'y  enfoncer 
bien  avant.  D'abord  les  nouveaux  maîtres  d'Anurâ- 
dhapura  ne  songeai<»nt  guère  sans  doute  k  l'inquiéter. 
Avec  eux  nous  sommes  loin  du  long  et,  semble-t-il, 
prospère  règne  d'Filâra  :  diminués  de  forces  par  le 
retour  au  continent,  captures  faites,  d'une  partie  des 
leurs,  ils  avaient  d'autres  préoccupations  que  celles 
de  marches  militaires  vers  le  Sud,  il  fallait  se  inain- 
tt^nir  au  pouvoir  parmi  les  convoitises  qui,  à  en 
croire  les  chroniques  ',  placèrent  sur  le  trône  en  ces 
quelque  i5  ans,  5  princes,  dont  les  /a  derniers  ne 
durent  la  couronne  qu'au  meurtre,  chacun,  de  leur 
prédécesseur.  D'autre  part,  même  à  omettre  la  ques- 
tion trop  incertaine  des  constructions  pieuses  de 
\  attagâmani  à  Dambulla  avec  le  motif  plus  incertain 

'   \ialiâvai|)8« ,  p.  ao4.  Dîpav.  ao,  i5*i7;  cf.  19,  i5-i6. 


t 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  l/rNDE.        'i83 

(*ncore  qui  les  aurait  causées,  ia  tradition  semble 
plutôt  confirmer  notre  manière  de  voir,  il  est  mal- 
lieiireusement  diflîcile  d'identifier  un  grand  nombn» 
des  localités  nommées  par  le  Mahâvamsa;  cependant 
la  Mahàvanisatîkâ  retrouve  Sâlagalla  dans  Moragalla 
on  Malaya^  :  nous  avons  là,  du  moins,  Fétat  de  la 
tradition  à  Tépoque  où  fut  composé  le  commentaire. 
Or  on  rencontre  actuellement,  un  peu  au  sud  de 
DambuUa,  à  Tentrée  de  la  région  montagneuse,  Mo- 
rogollawe^.  Ce  nom  a  tout  Tair  de  représenter  un 
antérieur  Moragalla  va»  va  -*,  dont  Moragalla  serait  une 
forme  première ,  ou  abrégée*.  H  n  est  pas  ici  question, 
naturellement,  de  certitude  :  jo  ne  prétends  rien  de 
plus  que  Tabsence  de  toute  raison  qui  nous  oblige  à 
rejeter  au  loin  dans  le  Sud  le  séjour  de  \  altagâmani  ^. 

'  tam  pana  idâni  Moragallan  ti  vofuiranti.  (p.  447  ^^  ^'^d.  dr 
Pandit  Batuwantiidâwt*  v\  \i,  Nâiiissara  Uhiksliu,  où  Sâmafjnlla  au 
lieu  de  Sâlatfalla), 

^  F^n  orthographe  anglaise.  La  ne^^onde  partie,  du  nom  se  n*- 
li*ouve  avec  variantes  dans  Hatteragailawa ,  Dambagoliowa ,  Nellu- 
goilaiwe;  plus  pro4*lie  de  la  forme  primitive  (cf.  note  snivantt*; 
dans  Habadigollawewa. 

^  Après  les  phénomènes  d  elision  de  voyelle  et  (rassimilation  de 
consonnes  semblables  à  ceux  qu'a  subis,  par  exemple,  Mahâkalal- 
Ueva,  identiGé  à  Kullatthavâpi  du  Mahâvaiiisa  (p.  i5â.,  t;l  qui 
suppose  dès  lors  un  antérieur  Maliâkalattava^va. 

^   L'exemple  de  la  note  précédente  prést^nte  un  fait  analogue. 

*  Du  reste,  Irs  possessions  (PPilâra  lui-même  ne.  dépassèrent  pro- 
bablement pas  le  cours  moyen  de  la  Mahâvseligângâ,  (pratleignait 
le  domaine  des  princes  du  Rohana  : 

Kâkavaiino  Tissarâjâ  vâretmn  Damile  sadâ 
Mahâgaiigâya   tilthesu   rakkham    sabhe.su    kârayi. 

^MahàvaqfiM,  p.  i3H.) 


Wi       NOVEMBRE. DÉCEMBRE  1898. 

Maintenant  les  loctilîtés  dont  parlent  nos  inscrip- 
tions, et  qui  n*ont  pu  être  identifiées,  se  trouvaient, 
h  mon  avis,  dans  la  région  même  où  ces  inscrip- 
tions furent  gravées.  I**  dit  en  effet  ima  vapi;  il  s  agit 
donc  dun  étang  proche;  le  mont  (ce  mot  pouvant 
d'ailleurs  exprimer  la  réalité  la  plus  modeste,  comme 
pavata,  qu'il  traduit'),  le  mont  Acagirikatisa ,  qui 
détermine  le  site  de  cet  étang,  n'était  donc  pas 
éloigné,  non  plus  que  les  deux  villages  Acanagaraka 
et  Tavirikiyanagaraka  que  P  place  au  même  mont. 
Ainsi  c  est  dans  la  région  de  Tonigala  qu'il  faut  loca- 
liser les  noms  géographiques  contenus  dans  nos  in- 
scriptions. 

Tonigala  est  à  la  même  distance  d'yVnurâdhapura 
que  Morogollawe,  à  peu  près  à  la  même  latitude.  Il 
semble  ainsi  hors  de  l'aire  de  la  domination  effective 
des  Damilas;  le  prince  vaincu  a  pu  trouver  en  ce 
lieu  et  en  d'autres,  des  ressources  meilleures  que 
celles  où  le  réduit  le  récit  du  Mahâvamsa ,  et  se  pré- 
parer par  là  un  retour  moins  impromptu  de  fortune. 
Quand  Vattagàmani ,  déchu  du  trône  par  la  défaite , 
et  réduit  à  l'état  de  fugitif,  ne  pouvait  plus  compter 
que  sur  la  générosité  do  ses  fidèles,  qu'un  Tissa, 
vassal  ou  seigneur  au  pays  actuel  de  Tonigala.  et 
transformé  dans  les  chroniques,  par  une  fiction 
pieuse,  ou  parce  qu'il  le  devint  plus  tard,  en  thera, 
ait  mis  ses  biens  en  tout  ou  en  partie  à  la  disposition 
du  roi  vaincu  ;  que  ce  Tissa  ayant  fait  don  au  samgha 

^  Cf.  par  exemple,  l'emploi  de  pavata  dans  les  édits  de  RùpnAtli 
et  de  SaliBJiràm ,  dont  nous  aurons  à  nous  occuper  tout  à  riieure. 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        485 

de  l'étang  ci-dessus  nommé,  vers  Tépoque  de  l'inva- 
sion, le  roi,  I  4  ans  plus  tard,  étant  remonté  sur  le 
Irone,  parmi  les  bienfaits  dont  il  combla  le  samgha  \ 
ait  ajouté  à  ce  même  don  celui  de  deux  villages, 
reçus  jadis;  que  la  double  donation  ait  été  alors 
gravée  avec  allusion  à  Tacte  de  Fidélité  du  sujet 
envers  le  pitirâja,  nos  inscriptions  s'expliquent,  et 
celte  explication  s'accorde  avec  la  substance  des 
clironiques  :  il  est  superflu  d  ajouter  avec  (juelles 
résenes  je  propose  ce  rapprochement,  qu'il  n'était 
peut-être  pas,  cependant,  inutile  de  signaler. 

II 

L'étude  précédente  m'a  conduit,  pour  expliquer 
le  nombre  \^  des  inscriptions  de  Tonigc'da,  à  m'ap- 
puyer  sur  le  nombre  3  56  des  édits  d'Açoka.  Je  n'ai 
pas  besoin  de  faire  observer  que  l'intelligence  d(*  ce 
d(»rnier,  lequel  se  trouve  k  Siddâpur  dans  les  mêmes 
conditions  d'isolement  syntactique  que  ili  k  Toni- 
gala,  peut  à  son  tour  recevoir  lumière  de  celui-ci. 
J'ajouterai  maintenant  quelques  remarques  relatives 
à  ce  nombre  3  56.  Si  je  ne  parle  pas  des  théories 
connues  de  tous  avec  lesquelles  je  me  trouve  en 
contradiction ,  leurs  éminents  auteurs  voudront  bien 
en  attribuer  l'unique  motif  au  but  que  je  poursuis 
en  cette  matière  obscure,  qui  est  non  de  combattre, 
mais  simplement  d'exposer'-. 

'    Mahâvainsu ,  p.  306-207. 

^  Jt'  citerai  ici  du  moins  1rs  iiigôiiieusi>N  conjectures  dévi-loppées 


486  NOVEMBRE. DÉCRMBRK  1808. 

\fin  de  fixer  les  idées,  j'énonce  immédiatement 
ma  conclusion  :  a 56  représente  le  nombre  d  années 
que  les  auteurs  des  inscriptions  jugeaient  écoulé 
depuis  fabhiniskramana  du  Buddha.  Cet  énoncé 
justifié ,  nous  aurons  à  examiner  les  relations  de  cette 
date  avec  les  données  chronologiques  de  la  tradition 
dite  singhaiaise  et  des  insciiptions. 

La  thèse  ci-dessus  proposée  a  déjà  été  émise  en 
1877  par  M.  Rhys  Davids^,  et  combattue  par  Bûliler 
dans  Ind.  Antiq.,  1878,  p.  ifij  suiv.  Je  ne  sache 
pas  qu  elle  ait  été  reprise;  en  tout  cas,  ayant  en  vue 
de  l'établir,  je  dois  tout  d'abord  reconnaître  que  je 
ne  puis  prétendre  à  la  priorité. 

Les  édits  de  Sahasràm  et  de  Rûpnâth  ont  été,  en 
dernier  lieu,  publiés  à  l'aide  de  documents  nou- 
veaux par  Bûhler  dans  Ind,  Antiq,,  189^.  Pour  les 
inscriptions  de  Siddàpur,  j'ai  déjà  cité  Tédition  don- 
née par  le  regretté  savant  au  tome  III  de  Ëp.  Ind. 
Devant  revenir  avant  tout  sur  les  textes,  je  repro- 
duirai simplement  les  lectures  de  Bûhier,  bien  qur 
l'examen  des  fac-similés  me  paraisse ,  pour  Siddàpur, 
suggérer  quel((ue  modification,  d'ailleurs  sans  im- 
portance, dans  la  notation  des  parties  altérées. 

Je  pense  avec  Bûhler  (Ep.  Ind,,  III,  p.  l 'la)  que 
le  mvana  cité  dans  ce  groupe  d'édits  se  conclut  au 
premier  verbe  : 

par   M.    Scnart    dans    h-s  Inscriptions  de   Piytuiiui   (t.  1],  p.    18 1 
Miiv.  I,  par  M.  S.  Ijévi  dans  le  Journal  ajiatif/iir ,  juin   189(3. 

^   The.  Arademj,  July  1^,  ^^77î  ^^'^  iodication  de  U  même  vue 
dans  Sumiimata  orientalia  »  Part  VI. 


SUR  QIELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        487 

Hùpnàth.  —  khudakâ  ra  udâlâ  ca  pakamamiu  ii. 
Bairât.  —  .  .  .[k]â  ca  udâlâ  ca  palakamatu  .i. 
Siddàpur  1.  —  . . . mahâtpâ  ca  imam  pakaine[) u]  .i. 
Sîddàpur  II.  —  \atliâ  kliuda.  .    mahâtpâ  ca  imam  [pa]ka- 

meyu  ti. 

V 

La  finale  ti  indiqih'  sûrement  que  ia  citation  s(» 
termine  là.  Seul  Sahasràni  omet  cette  finale  :  khadakâ 
ra  udâlâ  ra  pal[a]kanuuntu,  C(»tte  omission  ne  peut 
faire  arjj^ument  contre  l'ensemble  des  autres  versions. 
Le  souhait  qui  suil  relativement  aux  populations 
voisines  se  trouve  ainsi  en  dehors  du  sdv€Uia,  De 
relui-ci  il  est  de  nouveau  question  à  la  fin  des  édits 
avec  addition  de  notre  nombre.  Le  texte  de  Rùpnath 
se  termine  ainsi  : 

ha  en  alhe  {lavatisu  lekhâ|)eia  vâlata  hadha  ca.  Adû 
silâlhublie  silâlhaqibhasi  lâkhâpetavava  ta.  Etinâ  ra  vavaja- 
neiia  vâ\atakatii  |Kikaahâie  '  siivaravivase  tavâ[Yu]ti.  Vv^itlienâ 
sâviinc  kate  !{56  satavivâsâ  la. 

Je  renvoie  aux  l'emarques  après  texte  dans  Itid, 
Ani.,  1893,  ])Oin'  les  deux  premières  phrases,  en 
notant  seulement  (jue  la  lecture  lekhàpeta  miata  pa- 
raissant désonnais  assurée,  ol  s'expliquant  sans  con- 
trediiv  le  sens  du  texte  ni  la  langue,  je  crois,  pour 
ma  part,  qu  il  y  a  lieu  de  s  en  tenir  à  c<*  qui  est  écrit. 
Je  comprends  comme  il  suit  la  phrase  suivante  : 

Pakanhàle  est  un  com|>05é  du  genn»  bahavrthi, 
«  possédant  une  nourriture  cuite  ».  J'hésite  à  attribuer 

'   Bûhler  :  paha  ahaU, 


488  NOVEMBRË-DÉGËMBRE  1898. 

coin  me  second  sens  à  ahcUe  celui  de  «pensée», 
n'étant  pas  assez  sûr  que  ce  sens,  de  provenance 
sclîolastique ,  ait  existé  dès  l'époque  d'Açoka.  Le 
double  sens  de  vayajana  est  cependant  une  pré- 
somption en  faveur  du  double  sens  de  ahàla. 

Savaiavivase  est  également  un  composé,  «  qui  osl 
sans  passions  à  cause  de  son  renoncement  au  monde  m. 
Je  vois  dans  ce  mot  le  sujet  de  la  phrase. 

Tavâ[ya]ti  contient  le  verbe.  La  voyelle  a  est  très 
douteuse,  et  la  lecture  tavâyati  garde  toute  sa  proba- 
bilité. Tavdyati  pour  tapayati  était  la  première  con- 
jecture de  BûhJer  [Ind.  Ani. ,  1 877),  et,  à  mon  avis, 
la  plus  probable.  Nous  aurions  ici  le  même  phéno- 
mène qu  un  peu  plus  haut  vâlata  pour  palata. 

H  va  de  soi,  après  ce  que  j  ai  dit  plus  haut,  que 
j'admets  l'équivalence  ijaihenâ  (et  vivathena  de  Sa- 
hasrâm)  -vyusfena;  à  vi-vas,  comme  vivdsa.  On  ne 
peut  refuser  par  raison  d'orthographe  sata  pour 
sathdy  puisque  le  pâli  présente  des  phénomènes 
comme  le  doublet  matta-maltha;  sattî  à  côté  de  vnt- 

•  •  •  •  ^ 

tha;  Bûhler  [Ind.  Ant, ,  1 877)  signalait  atta.  La  par- 
faite convenance  de  désigner  le  Buddliapar  ce  nom, 
à  propos  d'un  de  ses  enseignements,  est  manifeste. 
Quant  à  l'antiquité  et  à  l'usage  même  de  cette  appel- 
lation, je  raj>pellerai  seulement  l'emploi  qu'en  fait 
le  cadre  des  Jalakas.  La  popularité  de  cette  litté- 
rature, à  l'état  oral  ou  écrit,  est  attestée  par  le  stûpa 
de  Bharhut  qui  témoigne  à  la  fois  que  l'époque  où 
elle  se  fornui  ne  peut  être  postérieure  au  temps 
d'Açoka.  il  est  d  aulre  part  dilïicile  de  croire  que  ce.s 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        489 

contes  et  légendes ,  transformés  en  épisodes  des  vies 
antérieures  du  Buddha,  aient  été  accrédités  autre- 
ment quVn  les  supposant  racontés  par  le  Buddha 
lui-même,  à  cpii  appartenait  av^nt  tout  autre  la  mé- 
moire de  ses  existences  passées.  L'introduction  au 
récit,  l'application  aux  personnes,  doivent  alors  re- 
présenter, dans  leur  substance,  un  élément  aussi 
ancien  que  le  récit  lui-même.  Or  on  sait  que  le  titre 
perpétuel  du  Buddha  dans  cette  partie  des  Jàtakas, 
du  moins  en  rédaction  pâlie,  est  Satthâ. 

Sous  la  résen^e  de  déterminer  plus  explicitement 
le  sens  de  vyaiha  et  de  viiâsa,  je  traduis  : 

Et  ron  a  fait  inscrire  ces  choses  sur  rochers ,  loin  d*ici  et 
ici.  Où  il  y  a  un  pilier  de  pierre ,  qu'on  les  fasse  inscrire  sur 
pilier  de  pierre.  Et  toutes  les  fois  qu'il  a  nourriture  cuite 
(table  servie)  ^re  à  cette  doctrine  proclamée,  l'homme 
qu'alTrancliit  des  passions  son  renoncement  au  monde  se  ras- 
sasie. L'exhortation  a  été  faite  par  le  Parti,  il  y  a  356  ans, 
comptés  depuis  le  Départ  du  Maître. 

LHnscription  de  Sahasrâm,  après  Ténoncé  du  sa- 
vana,  suit  parallèlement  celle  de  Rùpnàth,  puis  en 
diverge  à  ces  mots  : 

( i)  iyaip  ca  savane  vÎMithena  duve  sapaipnaiâtisatâ  vivuthâ 
ti  256. 

Suit  la  phrase  relative  aux  rochers  et  piliers  de 
pierre,  inutile  dy  revenir.  Rapprocliant  la  finale  de 
Rûpnâth  : 

(2  )  vyuthenâ  savane  kaje  156  satavivâsà  ta. 

\u.  33 


UUUaAUb   IAIlM>AL* 


490  NOVfiMBRE-DEGEMBRK  1808, 

on  voit  que  duvc  sapaifinàlâtisatà  vivuthd  ti  256  de 
(  I  )  correspond  à  256  satavivâsâ  to  de  (  a  ). 

Il  parait  certainement  de  beaucoup  plus  probable 
que,  dans  (i),  vivitthd  ne  peut  pas  avoir  un  sens 
différent  de  celui  de  vivathena,  La  question  est  plus 
épineuse  de  décider  si  satà  de  (  i  )  signifie  tes  centaines 
du  nombre  a 56  écrit  en  toutes  lettres  dans  ce  pas- 
sage, ou  s*il  correspond  à  mta  de  (i).  A  adopter  ce 
dernier  parti ,  on  a  pour  expliquer  mfiaqmâlâti  Tin- 
génieuse  conjecture  proposée  par  M.  Otdenberg,  et 
que  M.  Senart,  qui  l'avait  également  imaginée,  a 
exposée  dans  l^es  Inscriptions  de  Piyadasi  ( t.  II ,  p.  1 8  4  - 
i85).  D'après  cette  conjectiu'e,  comme  on  le  sait, 
sapaTjinâlâti  est  sa  -i- parnnà  +  là  ti ,  où  là  serait  à  cor- 
riger en  çhâ;  cette  formule  étant  une  écriture  abrégée 
pour  satà  pamnâsa châ{mt)  ti,  A  lencontre  de  Texpli- 
cation  qui  précède,  la  difficulté  ia  plus  sérieuse,  à 
mon  avis ,  vient  du  texte  lui-même  :  le  fac-similé  de 
Ind.  Ant.,   iSgS,   ne  comporte  pas  vraiment  châ. 
D'un  autre  côté,  il  est  vrai  que  le  caractère  là  fait 
également  difficulté  dans  la  lecture  sapaijinâlàtisatâ 
regardée»   comme  représentant  ^aipancàçadatii^'atdni , 
Mais  cette  seconde  lecture  (sur  laquelle  voir  /.  .4., 
1893,  p.  3oi)  me  parait  remporter  de  beaucoup 
en  naturel  sur  la  première;  je  dois  donc  fadopter, 
si  rien  ne  s  y  oppose  par  ailleurs,  et  je  crois  que  tel 
est  le  cas.  Au  point  de  vue  grammatical,  en  effet, 
c'est-à-dire  de  la  construction  de  ce  nombre  avec 
duve,  on  peut  comparer  les  exemples  analogues  cités 
par  la  grammaire  de  Witney.  Au  point  de  vue  du 


\ 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  LINDE.        401 

contexte ,  ce  nombre  ne  trouve  \k ,  il  est  vrai ,  Acrit 
en  lettres  et  en  symboles  numéraux ,  sans  que  Tobjet 
soit  exprimé,  et  il  ne  Tétait  pas  non  plus  tout  à 
rheure  h  Rûpnâth  :  mais,  si  à  Siddftpur  lobjet  nom- 
bre est  certainement  sous-entendu ,  on  ne  peut  pas  lui 
refuser  de  Tétre  à  Rûpnâth  et  à  Sahasrftm.  C  est  jus- 
tement le  cas  :  on  se  souvient  en  effet  qu'à  Siddàpur 
(et  cWtout  ce  que  j'aurai  à  dire  au  sujet  du  passage 
en  question  dans  les  textes  de  cette  localité) ,  la  phrase 
parallMe  à  celle  qui  nous  occupe ,  h  peu  prés  com- 
plète dans  le  n"  I  seul  (n"  II  a  le  commencement, 
n°  111  la  fin  avec  le  nombre),  porte,  d*après  la  resti- 
tution donnée  plus  haut  :  iyam  ca  sdvane  9âf*{d'^{ijfe 
foyâthena  356.  Seulement,  à  Rùpnath,  une  formule 
explicative  est  ajoutée,  mtavivdsd,  et  k  Sahasrâm 
également,  car  je  pense  que  vivathd }ou{*  ici  le  rôle 
de  satavivdsâ.  Je  le  considère  en  effet  comme  un 
ablatif,  comprenant  comme  il  suit  la  correspondance 
des  deux  passages  : 

RÛPNÂTH.  SAHABIIÀII. 

a  56  duve  tapaipnâiâtisAtâ 

satavivâsâ  ta.  vivuthâ  ti 

a56 

A  première  vue ,  la  traduction  serait  alors  :  «  deux 
cent  cinquante-six  (ans)  depuis  le  Parti»,  en  face 
de  :  «  !2 56  (ans)  depuis  le  Départ  du  Maître.  ■  \  en- 
tendre par  «  Départ  >»  la  mort ,  la  discussion  du  texte 
s'arrêterait  là.  Mais  ainsi  que  je  Tai  dit  et  le  motiverai 
tout  à  rheure,  le  Départ  en  question  est  bien  plutôt 

33. 


492  NOVEMBRE-DEGEMBRE  1898. 

rabhiniskramana.  Ceci  admis,  la  locution  «depuis 
le  Parti  »  qui,  placée  ainsi  absolument,  signifie  dans 
son  sens  naturel  «  depuis  la  naissance  du  Parti  »,  ou 
«  depuis  la  mort  du  Parti  » ,  ne  correspond  plus  à 
«  depuis  le  Départ  du  Maître  ».  Je  pense  donc  que, 
dans  la  phrase  d  allure  très  concise  qui  débute  par 
la  suppression  do  kate,  se  continue,  comme  je  le 
crois,  par  celle  de  vasàni,  il  y  a  lieu  d'entendre  fmale 
ment  Tellipse  d  un  pronom  démonstratif  à  fablatif 
sujet  de  vivathâ  :  «  depuis  (celui-ci)  parti  »,  vivutha 
pris  substantivement  dans  vivathena  demeurant  ici 
simple  participe.  L'ellipse,  à  tout  prendre,  ne  sera 
pas  plus  hardie  que  celle  d  un  même  pronom  dans 
ce  passage,  par  exemple,  du  Çat.-Brâh.  (cité  dans 
Vedische  iind  Scmscrit-Syntax ,  de  Speyer)  :  hato  vrtro, 
yod  dhate  kuiyâta  tat  knrateti  (4,  i,  3,  4)  «ce  que 
vous  feriez,  (lui)  tué».  La  traduction,  telle  que  je 
l'admets,  devient  dès  lors,  à  la  donner  littéralement: 

Kt  cette  exhortation  (a  été  faite)  par  le  Parti,  il  >  a  deux 
(•ent-cin(juante-si\  (ans)  depuis  (celui-ci)  parti. 

J'ai  noté  un  peu  plus  haut  ce  qui  concernait  les 
inscriptions  de  Siddâpur. 

Je  viens  à  l'interprétation  de  vivatha-vyuthi  et 
vivâsa,  dans  le  sens  de  l'abhiniskramana.  Bien  en- 
tendu,  il  n'est  nullement  question  d'un  emploi 
technique  de  vt-vas  dans  ce  sens.  J'ajoute  même 
qu'au  point  de  \ue  logique  il  n'y  a  aucun  inconvé- 
nient à  Tusage  de  virnsa  pour  désigner  la  mort  du 
Huddha.  Il  n'csl  |)as  élrîinger,  en  elfeJ,  à  la  pensée 


i 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        493 

buddhique  de  regarder  la  vie  comme  un  nivâsa;  les 
naissances  antérieures  reçoivent,  on  le  sait,  le  nom 
de  pubbe  nivâso  :  pour  qui  la  vie  est  un  nivâsa,  le 
départ  de  la  vie,  à  parler  spéculativement ,  peut  être 
dit  un  vivâsa.  Seulement,  dans  le  fait ,  nous  ne  consta- 
tons pas  remploi  de  vi-vas  au  sens  métaphorique  de 
«  parlir  de  la  vie ,  mourir  ».  Ensuite  la  mort  du  Buddha 
est  généralement  considérée  sous  un  aspect  spécial.  So 
dtpo  lokassa  nibhiito,  dit  le  Mahâvamsa  (p.  i  i);  ce 
qui  sert  à  la  dénommer  d'ordinaire,  c'est  le  nirvana 
[pari*'),  non  le  «départ»  du  monde.  La  gloire  du 
Buddha  reçut  son  achèvement  quand  il  devint  pari- 
nirvrta,  et  Ton  ne  voit  pas  bien  pourquoi  k  cette 
expression  honorable  h  la  fois  et  populaire  une  autre 
se  serait  substituée  ici. 

Au  contraire,  le  renoncement  au  monde  pour  la 
vie  de  moine  mendiant  est  considérée  chez  le  Bud- 
dha, pareillement  i\  tout  autre,  comme  un  véritable 
départ,  et  perpétuellement  exprimé  comme  tel.  «  Il 
sortit  »,  «  il  partit»,  nikkhami,  pahbnji,  suffit  même 
à  signifier  cet  acte,  et  dans  le  Nord  nous  constatons 
le  fait  équivalent.  Je  n'ai  pas  à  détailler  ce  qui  est 
coimu  de  tous.  Je  rappellerai  seulement  l'atteniion 
sur  le  sens  de  quasi-exil  que  prend  ce  départ.  C  est 
un  abandon  de  la  maison.  I^a  formule  agârasmâ  ana- 
gdriyani  fxibhaj"  et  son  égale  du  Nord  agârâcl  anagâ- 
rikdm  (aussi  anagdriyarn)  pravraj"*  sont  comnmnes. 

Kn  second  lieu ,  le  Buddha  aussi  bien  que  ses  sec- 
tateurs, par  le  fait  du  renoncement  au  monde,  sont 
considérés  connue  embrassant  et  désormais  exerçant 


404  NOVEMBHE-DÉCEMBRE  1808. 

le  brahtnacarya ,  avec  emploi  d^expressions  identiques 
ou  analogues  à  celles  relatives  au  brahmacarya  brah" 
inanique.  Brahmacaryam  car  :  na  çcLkyam  offâram 
adhyctv€unatâ  ekàntataiiiHkhitarfi  ekàntànavadycufi  pari'^ 
çaddhaqi  puryavaiàtaqt  brahmaccuyarii  cariiiuji  ycufi 
nûnàham  agârtuydnagâi^iyarfipravrajeyaifi  {Mahdvcutu , 
t.  il,  p.  117)*  La  môme  phrase  est  appliquée  aux 
disciples  du  Buddha,  par  exemple  Mdgjh.  Nik.^ 
ip.  26'j  :  nay  idcu[i  sakaraiii  agdrcun  ajjhàvasald  eka-- 
ntaparipannam  ekantaparisuddham  sahkhalikhitatit 
brahniacariyaqi  cariturpt  yan  nùnâhani  kesaniassiufi 
ohâretvd  kâsdyàni  vatihdni  acchddetvd  agdrasmd  atui- 
gdriyaip  pabbajeyyan  ti.  ~  Brahmacaryam  tcu  : 
yasmiip  khà  Sandaka  saUhaiH  sdvako  evarùpaip  uldrarp. 
visesam  adhiga^chati ,  tattha  vinhà  pariso  sasakkam 
brahmacariyarfi  vaseyya  vasanto  ca  drddheyya  ncfyam 
dhammoifï  kasalan  U  [Majjh.  Nik.,  p.  5a  1).  Le  dis- 
ciple du  Buddha  devient  un  brahmacariyavdsa^  la 
perfection  atteinte  s'exprime  par  vasilam  brakmara- 
riyam.  Ici  encore  il  serait  superflu  d'insister. 

Maintenant  il  existe  une  expression  relative  à 
l'entrée  au  brahmacarya  brahmanique  :  brahmaca- 
ryam vi'Vas.  Cette  expression  n'est  nullement  tech- 
nique, elle  appartient  toutefois  à  la  langue ,  puisqu'on 
«»n  trouve  au  moins  un  exemple,  indiqué  par  le  dic- 
tionnaire de  Saint-Pétersbourg  ^  Qu'elle  ait  pu  être 

'  ChândogyopanifAcl  4 ,  \^  \  1  Satjrakâtno  ha  Jâbâlo  Jûhâlâm 
mâiaram  àmantrayâqi  cakre  bnUunacaryarjn  bhavati  vivatryàmi,  suivant 
la  leçon  admise,  entre  autres  éditions,  par  TexceUente  Concordemce 
du  colonel  G.  A.  Jacob.  Je  dois  rn^onnaitiv  toutefois  que  B6ht)ingk 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DR  I/INDE.        495 

appliquée  nu  départ  du  Buddha ,  je  crois  qu  ii  serait 
diflicile  de  le  nier,  vu,  dans  le  buddhisnie,  lemploi 
drs  formules  brahmaniques  que  nous  venons  do 
constater,  et  la  convenance  de  celle-ci  en  particulier 
au  départ  du  Buddha,  puisqu'elle  renferme  préci- 
sément ridée  d'abandon  du  lieu  d'habitation  que 
contii'nt  ce  départe  Qu'elle  l'ait  été  de  fait,  je  pense 
qiit»,  conune  conclusion  de  ce  qui  précède,  on  peut 
raisonnablement  en  émettre  pour  nos  inscriptions 
la  ronjertiire  :  il  demeiu'e  en  même  temps  qu'y 
prendre  tryatha-viviivi  dans  le  sens  de  ce  départ  n'at- 
tribue pas  à  ri'Vas  un  sens  métaphorique,  ni  sans 
exemple,  sinon  absolument  identique,  du  moins 
très  proche,  dans  la  langue. 

Cette  dernière  conclusion  amène  à  mettre  en  pa- 
rallèle les  deux  applications  que  j'ai  considérées  de 

Appliquer  vi-vas  à  la  mort  du  Buddha  nous  con- 
duit :  r  à  supposer  omis  l'emploi  d'une  expression 
porinin\rt(i''  nihimta,  honorable  et  consacrée;  q**  à 
attribuer  au  substitué  te-rat  un  sens  métaphorique 
«  partir  de  la  >  ie  humaine  »  que  nous  ne  constatons 
pas  ailleurs. 

flaii!)  son  (^(litiun  dr  li  tiK^nw  tpani^ad,  en  1889,  idmH  dan»  son 
h'xie  la  leçon  vivatsâmi. 

'  On  pourrait  ajouter  qu'à  le  prendre  en  lui-mt^me,  l'acle  de  ce 
prince  que  le.n  tradilion««  du  Nord  et  du  Sud  nou^  inonlreDi,  *u 
•«ortir  de  la  mui>ion  paternelle,  s'en  allant  chercher  un  maître  :  ca- 
reyam  nhaiti  bho  Arâdc  Kâlânie  brahmacaryaïji  [Lai.  Msl.,  p.  296); 
icchâm  ahaqi  âvuso  Kâlâma  itnasmim  dhammavinayfi  brahmaeariyarfi 
Ciiritun  (1  Majjh.  Mk.  p.  i63)  ne  difTcrail  guère  que  par  Ircole  on 
il  ««'adressait  de  Tacle  du  fils  fie  Jahâlâ. 


490  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1808. 

L'appliquer  à  son  renoncement  au  monde  nous 
conduit  :  i**  à  supposer  omis  Temploi  d'une  expres- 
sion telle  que  pravrajita,  beaucoup  moins  caracté- 
ristique du  Buddha  que  pai'inirvrta ,  admettant  dès 
lors  plus  facilement  un  équivalent;  "i"  à  attribuer  au 
substitué  vi'Vas  un  sens  propre  et  constaté  ailleurs 
dans  un  emploi  très  voisin. 

A  mettre  ce  dernier  parti  en  face  du  premier,  il 
parait  plus  logique;  k  le  prendre  en  lui-même,  il 
me  semble  finalement  justifié. 

Ai-je  besoin  d'ajouter  que  je  ne  prétends  nulle- 
ment par  là  qu'il  ait  jamais  existé  une  ère  datant  de 
l'abhiniskramana?  Açoka  a  pu  dater  d'un  fait  célèbre . 
sans  qu'il  existât  une  ère  proprement  dite  originée  à 
ce  fait.  Je  termine  ce  sujet  en  rappelant,  comme  in- 
dice vérifiant  la  thèse  exposée,  l'importance  de  l'abhi- 
niskramana dans  la  littérature  du  Nord. 

Reste  à  voir  connnent  la  date  2  56  s'accorde  avec 
les  données  chronologiques  des  inscriptions  et  de  la 
tradition  dite  singhalaise.  Cette  étude  se  fera  princi- 
palement en  recherchant  l'année  d' Açoka  à  laquelle 
correspond  l'an  9.57  après  Abhinisk.  Dans  ce  but, 
considérons  les  données  chronologiques  par  les- 
quelles s'ouvrent  nos  inscriptions.  Je  reproduis  de 
nouveau  les  textes. 

Hùpnâth.        sîtti[le]kâiii    adhati[y]âni    va  '    ya    sumi    pâ'kâ 
[sava]ke  ^    no    eu    bâdhi    pakate  ;    sâtileke    eu 

'  Cesl-à-dire  vcuà  ou  vtuâni,  daprè.s  les  textes  parallèles. 

^     Q  failli vement  pour  [^,  comme  on  le  sait. 

•'*  On  SI'  souvient  que  la  lecture  de  ce  mot  n'est  nullement  certaine. 


\ 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        497 

chavachnre  ya  siuni  hakarp  sagha  up.te  bâdhi 
eu  pakate. 

Sahasràm.  iyâni     samvachalâni      ain 

upâsake  sumi  n[a]  eu  hâdhaip  pa[{a]kanite; 
sadvaehale  sâdhi[k]e  aip  t.  . 

Bairàt.  sâti    —  vasân[i]  ya  haka  upâsake 

n[o]  ea  bâdha[ip]  a[ni]  mamayâ 
sa[ip]ghe     upayâte     bâdha     e 

Siddàpur  I.    adhikân[i]  adhâtiyâni  [vajsàni  ya  hakaip 

n^  tu  kho  bâdham  pakamte  husam;  ekam  sava- 
charam  sâtireke  tu  kbo  sa[ip]vachar[a]m  yani 
maya  samghe  upayîte  bâdham  ea  me  pakamte. 

Siddàpur  H.  adhikâni  a[dh].t.y.  .[i]  vasâiii  ya  ha. 
[ujpâsake  no  tu  kho  bâdha  [pakamjte 
husam;  ek[am]  sainva  [sâ.i].  .ke  tu  kho 

samvaehare  [yam]  ghe  upa[y]ïte  bjldliam 

[ea  me  pakamjte. 

Le  fac-similé  de  /.  A.  iSgS  me  paraît  assurer  à 
Sahasràm  la  lecture  sadvaehale.  Je  renvoie  sur  ce 

• 

point  à  la  discussion  de  Bùhler,  p.  t^gg-Sco  et  p.  3o3 
du  même  volume.  Le  doublet  sadvachale-chava^hare 
«  une  période  de»  six  ans  »  détermine  le  sens  du  cor- 
respondant sanivacharam-savacharam  de  Siddàpur. 
lie  nombre  sapamnct  discuté  tout  à  Theure  contenait 
une  orthographe  analogue  à  celle  de  cette  dernién» 
forme.  On  peut  comparer  aussi  avec  Biihler  âsani- 
mâsike  (Édits  des  piliers  ^  V).  La  traduction  est  donc  : 

Il  y  avait  plus  de  deux  ans  et  demi  que  j*ëtais  upâsaka 
(Rùpnàth  :  sâvaka?),  sans  avoir  beaucoup  de  zèle;  il  y  a 
plus  de  six  ans  (Si<]<lâpur  :  il  y  a  une  période  de  si\  ans. 


498  NOVfiMBAË-DÉCfiMBRB  1808. 

que  dii-Je  ?  plot  d  une  période  de  six  ani)  que  je  suis  allé  au 
saipgha ,  et  que  j*ai  beaucoup  de  zèle. 

Il  est  clair  quil  y  a  dans  tous  les  paséages  ci- 
dessus  opposition  entre  le  premier  et  le  second  état 
du  prince  devenu  buddhiste,  l*état  de  no  bâdham 
pakariite,  Tétat  de  bddkarn  i,akanUe.  Maintenant,  si 
celui  qui,  d'une  part,  déclan»  avoir  passé  par  ces 
deux  états  successifs,  s'attribue,  d'autre  part,  pour 
une  certaine  époque ,  tive  dhammavâye  (  ou  dhranm- 
palancuii)  dhai]Wiakàmatâ  dhaipjnânasathi  ^  dans  lequel 
de  ces  deux  états  senibie-t-il  naturel  de  le  croire  k 
cette  même  époque?  Je  pense  qui!  ne  saurait  y  avoir 
de  doute.  La  protection,  lamour,  l^enseignement de 
la  Loi  au  degré  intense  [tivB  dit  plus  que  bâdham) 
convient  à  qui  fait  beaucoup  d'efforts ,  à  qui  a  beau- 
coup de  zèle,  et  non  à  qui  n'en  a  guère.  C'est  pour- 
quoi je  ne  crois  pas  que  l'édit  xni  relatif  à  la  con- 
quête duKalihga,  accomplie  dans  la  neuvième  année 
à  partir  du  sacre,  où  le  roi  s'attribue  à  partir  de 
cette  conquête  et  en  repentir  d'elle  le  tive  dhamma- 
vâye ^  etc.,  cité  plus  haut,  indique  par  ces  mots  la 
conversion  du  roi  au  buddhisme.  H  indiquerait  bien 
plutôt  un  troisième  état  postérieur  au  bâdham  pa- 
kaqite.  En  réalité,  je  pense  qu'il  n'exprime  qu'une 
nuance*  de  ce  dernier  étal.  De  ce  que  le  prince  fût 
zélé  buddhiste,  il  ne  suivait  ni  qu'il  fui  impeccable, 
ni  que  sa  religion  ne  pût  pas  fléchir  pour  un 
temps  sous  la  raison  politique,  il  pouvait  être  xélé 
avant  cette  conquête,  la  conquête  faite,  plus  télé 
encore   par   regret  du  mal   causé,  et  comprendre 


( 


SUR  QlIELQllKS  INSCUIPtlO.N.S  DK  Î/INDE.        ^9\i 

ces  deux  période»  de  zèle,  en  opposition  à  une  pre- 
mière période  de  tiédeur,  sous  la  seule  rubrique 
bâdhaqi  pakaqite.  Je  crois,  pour  ma  part,  qu'il  en 
est  ainsi. 

Le  «  départ  pour  la  sambodhi  »  (Ed.  VIII),  la  on- 
zième année  k  partir  du  sacre,  étant  postérieur  de 
leux  ans  à  Tépoque  où  le  roi  commença  de  protéger, 
aimer,  (enseigner  intensément  la  Loi,  ne  sépare  donc 
pas  da>antage ,  à  mon  sens ,  le  no  bddhatn  pakmnte  et  le 
bûdhain  pakmite.  Tout  en  reconnaissant  sincèrement 
ce  qu'il  y  a  de  séduisant  dans  Topinion  contraire, 
exposée  avec  toute  la  puissance  des  arguments  qu'elle 
comporte  par  M.  Senart,  p.  2^5  suiv.  du  tome  II 
des  Inscriptions  de  Pijadasi  (voir  une  légère  modifi- 
cation dans  Journal  asiatique ,  mai-juin  1891 ,  p.  ^81- 
^iSa  ),  je  ne  puis  prendre  ce  «  départ  »,  comme  con- 
séquence de  tout  ce  qui  précède ,  que  pour  un  fait 
contenu  dans  bddham  pakamte  ou  postérieur  (ce  point 
srra  précisé  par  ce  qui  suit),  fait  consistant  dans 
l'acquisition  d'un  état  de  perfection  meilleur,  quel  que 
fût  cet  état  diflicile  i\  déterminer  pour  le  cas  pré- 
sent ^ 

Ceci  posé,  d'après  la  tradition  singhalaise  : 

Açoka  reçoit  Tabbiseka  d  ans  acconipii»  après  son  avè- 
nement (a  18  ans  après  Nirvana). 

Il  se  convertit  au  buddhîsme  (  devient  upâsaka  )  3  ans  ac- 
complis après  son  abhi^ka. 


'  Une  note  inti'rvssanle  de  M.  Hhys  Dmvids  a  paru  sur  Thrsatn- 
bodki  in  Àsokas  Eijfluh  Edict  dam  J.  li.  A,  S»,  July  i8i)8. 


500  NOVKMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

Il  devient  sâsanassa  dâyàdo  par  le  don  de  son  fils  au  samf^ha 
6  ans  accomplis  après  son  abhiseka. 

Une  concordance  se  présente  immédiatement. 
D'après  les  données  de  la  tradition ,  l'inter\'aUe  entre 
l'adhésion  du  roi  au  buddhisme  et  le  moment  oii  il 
devient  sâsanassa  ddyddo  est  représenté  en  années 
par  : 

a  y  j3  étant  des  fractions  d'années. 

D'après  les  inscriptions,  l'intervalle  entre  l'adhé- 
sion du  roi  au  buddhisme  (en  devenant  upàsaka)  et 
le  moment  où  il  entre  au  samgha  est  représenté  en 
années  par  a  +  7  +  7,  y  étant  une  fraction  d'année 
plus  petite  que  j . 

On  peut  lire  dans  les  Inscriptions  de  Piyadmi, 
p.  23/4  suiv.,  l'identification  proposée  par  M.  Se- 
nart  de  la  venue  au  samgha  indiquée  par  nos  in- 
scriptions et  de  celle,  racontée  par  les  livres  palis, 
qui  eut  lieu  au  jour  où  le  roi,  se  présentant  au  sein 
du  samgha,  lui  accorda  son  fils  en  retour  du  titre  d<* 
sâsanassa  dâyâdo.  Je  souscris  pleinement  pour  ma 
part  à  cette  identification.  Dans  la  tradition  et  les 
inscriptions  l(»s  termes  des  deux  intervalles  3  -j-  /8  —  a, 
i-\-  \-\-y  sont  dès  lors  id(»ntiques,  reste  à  savoir  si 
on  a  le  droit  de  poser  : 

3-h/S-flt  =  :i-f|-h7. 


Cette  équation  exige  a>j8,  et  la  différence  nu- 
mérique d(»  a  el  |S  <C  Y-  Nos  textes  ne  nient  ni  n'af- 


SUR  QUELQUES  INSCRIPTIONS  DE  LINDE.        501 

firinent  rexislence  de  cette  condition,  on  peut  la 
supposer;  il  faudrait  par  ailleurs  admettre  la  réunion 
(exceptionnelle  de  toutes  les  circonstances  les  plus 
défavorables,  c est-à-dire  a  et  y  chacun  de  quelque.s 
jours  et  j8de  près  d'un  an,  pour  atteindre,  entre  les 
données  des  textes  et  de  la  tradition,  Técart  niaxi- 
nuini  de  près  d'un  an  et  demi. 

Ce  serait  encore  peu  de  chose.  La  concordance 
précédente  n'apporte  qu'un  préjugé  en  faveur  de 
l'exactitude  de  la  tradition  singhalaise  relativement 
à  son  point  de  départ  des  inter>  ailes  3-f-a,  6  +  /3» 
le([uel  est l'abhiseka ;  elle  en  apporte  un  cependant, 
puisque  nous  la  trouvons  exacte  sur  le  point  relatif 
à  ces  inter>  ailes  qu'il  est  en  notre  pouvoir  de  vérifier, 
à  sa\oirleur  différence.  D'autre  part,  ne  voyant  pas 
dans  l'éditxui  la  conversion  d'Aroka  au  buddhisme, 
j<'  demeure  sans  objection  contre  cv  point  de  départ, 
fl  ne  me  reste  donc  qu'à  l'admettre;  conservant  les 
notations  ci-dessus,  la  date  de  nos  inscriptions,  à 
partir  de  l'abhiseka ,  sera  alors  représentée  par  le 
nombre  (3  -j-  a)  +  («2  -f  j  +  y)  +  (6  +^),  ou  bien 
( 6  +  jS) -f- ( 6 4- ^) t  où  6  +S  correspond  au  sâtileke 
chavachare. 

(]e  qui  donne  la  1 3*  ou  la  i  4"  année  à  partir  de 
fabhiseka.  Rien  dans  la  teneur  de  nos  textes  ne 
dément  cette  date.  La  mise  en  relief  dans  ceux  de 
Rûpnâth  et  de  Sahasràm  de  la  détermination  exé- 
cutée et  à  exécuter  d'inscrire  sur  rocs  et  piliers  la 
confirmerait  plutôt,  car  elle  est  propre  à  suggérer 
(|ue  des  inscriptions  qui  parlent  ainsi  sont  des  pre- 


501  MOVKMBRK-OÉCEMBRE  1808. 

mières  gravées.  Or  c  est  l'an  1 3  à  partir  du  sacre 
que  le  roi  fit  graver  des  édits  {Édits  dês  PHien,  VI), 
pour  la  première  fois,  comme  la  remarqué  M.  Se^ 
nart^  Ce  dernier  fait  prouve  en  même  temps  que 
nos  inscriptions  ne  pouvaient  être  gravées  avant 
Tan  1 3  :  nous  avons  ainsi  une  vérification  de  l'exac- 
titude du  chiffre  d'années  admis  par  la  tradition 
entre  le  sacre  et  la  conversion  au  buddhisme,  car 
c  est,  en  le  combinant  avec  les  données  de  nos  textes , 
grâce  à  lui  que  nous  atteignons  cette  date. 

L'an  a 87  après  Tabbiniskramana  correspond  donc 
à  Tan  1 3  ou  1  /i  après  le  sacre  d'Açoka. 

La  tradition  singbalaise  place  labbiseka  d'Açoka 
Tan  219  après  Nirvana*^.  Rapprocbant  cette  date  de 
Tan  aS^,  a56  — (!2i8+ i3),  ( en  prenant  les  deux 
premiers  nombres  par  défaut  et  le  troisième  avec  sa 
valeur  moyenne),  nous  donnera  en  nombre  rond 
une  durée  de  la  vie  du  Buddha  à  partir  de labhinis- 
kramana.  Nous  obtenons  ainsi  ib  ans.  C'est  beau- 
coup moins  que  ne  l'indique  le  Mabàvamsa,  suivant 
lequel  le  Buddha ,  après  son  abhiniskramaiia ,  passe 
d'abord  six  ans  avant  d  atteindre  la  bodhi,  puis  vit 
encore  65  ans  (p.  10  et  m),  total  5i  ans.  La  tra* 
dition  a  pu  errer  plus  facilement  sur  l'âge  auquel  le 
Buddha  mourut,    fait  disparu  avec  lui,  que  sur  le 

'  Inscriptions  de  Pijadcui,  l,  II,  p.  68. 

'  Dîpav.  6,1,  Mahâvamsa  p.  2a,  comptent  à  Tépoque  de  ce 
tacre  918  ans  écoulés  depuis  ia  mort  du  Buddba.  La  SamanUpâ- 
sâdikâ  (('d.  du  Vinaya-P.  d*01denberg,  t.  III,  p.  399)  ie  place 
dans  la  218*  année  :  je  néglige  cette  seconde  opinion ,  du  re«te  plus 
favoraMe. 


k 


SUR  QLIELQURS  INSCRIPTIONS  DE  L'INDE.        &03 

nombre  d'années  écoulé  depuis  sa  mort,  fait  de  for- 
mation lente  et  continue  :  2  5  ans  suffisaient  certai- 
nement au  Buddha  pour  accomplir  son  œuvre,  et, 
si  Ton  accorde  quoique  probabilité  aux  conclusions 
cjui  précèdent,  je  ne  crois  pas  que  la  discordance 
présente  soit  de  valeur  à  la  détruire. 


504  .      NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1808. 


\ 


L\ 


PRESSE   PÉRIODIQUE  JAPONAISE, 


PAR 


M.  MAURICE  COURANT. 


C*est  devenu  aujourdliui  une  banalité  que  de 
parier  de  la  révolution  qui  s'est  opérée  au  Japon  il  y 
a  trente  ans  et  qui  a  orienté  cet  empire  vers  la  civi- 
lisation européenne;  les  progrès  accomplis  dans 
cette  direction  tiennent  vraiment  du  prodige.  Ce  serait 
une  étude  bien  attachante  que  celle  des  causes  loin- 
taines et  des  agents  immédiats  de  cette  évolution.  A 
côté  de  beaucoup  d  autres  faits,  elle  montrerait  deux 
écoles  d'érudits historiens,  philologues,  philosophes, 
d'un  côté  les  japonisants,  wa  (jaka  siya,  %  ^  ^, 
et  de  lautre  les  sinologues,  kan  gaku  siya,  ]^  $  #  , 
arrivant  par  deux  voies  différentes  à  une  même  con- 
clusion ,  à  la  souveraineté  absolue  et  seule  légitime 
du  teu  waa,  5Ç  È.^  de  l'Empereur  céleste.  Elle  ferait 
voir  aussi  en  quel  élan  de  curiosité  scientifique 
furent  emportés  quelques  esprits  hardis  et  amenés  à 
étudier,  sous  la  direction  des  Hollandais,  seuls  étran- 
gers admis  dansTEmpire,  d'abord  la  langue  hollan- 
daise,   puis    les   stiencrs    européennes,   médecine. 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.         •    505 

inalhématiques  et  autres;  les  mesures  soupçon- 
neuses du  gouvernement  de  Yédo  purent  à  peine 
amortir  cette  ardeur,  et  c  est  ainsi  (jue  des  penseurs 
d'ordres  divers  préparèrent ,  sans  le  prévoir,  le  grand 
mouvement  politicpie  qui  suivit  le  milieu  du  siècle. 
Autant  peut-être  de  lopinion  publique  qui  com- 
mença alors  de  se  manifester,  que  de  Taflaibiisse- 
ment  du  pouvoir  chôgounal,  des  tendances  particu- 
laristes  des  princes  du  sud-ouest,  de  l'ignorance  où 
était  tenue  la  cour  impériale  de  toute  pratique  des 
affaires,  sortit  tout  d'un  coup  la  restauration  du 
pouvoir  impérial  éclipsé  depuis  des  siècles,  mais 
toujours  vivant  dans  le  cœur  des  Japonais.  Cette  his- 
toire complexe  n'a  pas  encore  été  écrite  ;  il  serait  du 
moins  à  souhaiter  que  les  savants  japonais  et  les 
érudits  européens  s'occupassent  de  nous  faire  con- 
naître les  différents  aspects  du  mouvement  qui  a 
fait  entrer  un  Etat  extrême-oriental  réorganisé  au 
nombre  des  grandes  puissances  du  globe;  ils  nous 
aideraient  à  nous  rendre  un  compte  plus  exact 
des  diverses  forces  sociales  et  politiques  de  cet  Em- 
pire. 

Avec  la  transformation  de  la  société,  les  moyens 
d'exprimer  et  de  répandre  la  pensée  ont  changé  de 
nature;  les  penseurs  et  les  publicistes  savants  du 
xviu*  et  de  la  première  moitié  du  \ix'  siècle  ont 
laissé  une  part  de  leur  succession  à  des  journalistes, 
la  presse  périodique  est  née  et  elle  se  développe 
chaque  jour  :  ce  que  je  désire  aujourd'hui ,  c'est  seu- 
lement d'attirer  l'attention  sur   cette  presse  pério- 

\ii.  33 


latMsaaui 


»Û6  NOVKMBHË^DÉCËMBHE  1^98, 

dique qui  contribue  à  former  lopinion  et  qui  devient 
au  Japon ,  comme  ailleurs ,  une  force ,  une  cause  pour 
révolution  du  présent  et  pour  celle  de  lavenir. 

Avant  la  période  troublée  qiii  précéda  la  Restau* 
ration,  il  n'existait  au  Japon  ni  journal  ni  revue;  les 
nouvelles  se  répandaient  verbalement  ou  par  lettres, 
souvent  avec  rapidité ,  grAce  au  lien  étroit  qui  unis* 
sait  tous  les  Si\jets  d  un  même  prinoe,  tous  les  habi- 
tants dun  même  village,  tous  les  mcQibi'es  dune 
famille  ou  dune  association.  Quelques-uns  des  actes 
de  lautorité,  les  lois  et  règlements,  par  exemple, 
étaient  publiés  sous  forme  de  lettres  aux  princes 
et  aux  gouverneurs,  de  proclamations  au  peuple; 
les  seigneurs  apprenaient  une  petite  partie  des 
événements  politiques  de  Yédo  et  de  kyôto  par 
leurs  propres  agents  résidant  h  la  capitale  chôgou- 
nale;  les  rapports  de  ces  agents  étaient  appelés 
(jo  sala»  ^fSf  fk^  D  ailleurs,  de  la  plupart  des  me* 
sures  prises  par  le  pouvoir,  on  ne  trouvait  pas  utile 
que  le  public  eût  connaissance;  il  n existait  pas  de 
gaxette  officielle  jouani  le  n)éme  rôle  que  les  Nouvelles 
de  la  Capitale  à  Péking  ou  les  Nouvelles  de  la  Cour 
à  Séoul  ^  Mais  la  fermentation  produite  parfarrivée 

'  La  Gazelle  officielle  de  Péking,  j^  ^,  King  juio,  parait, 
comme  l'on  sait»  sous  (lifTérciites  formes  :  édition  officielle  du  bu- 
reau des  courriers  «  ^  iU^  ^  *  t^'  thantj  fMo ,  imprimée  au  moyen 
de  typej  mobiles  en  bois;  édition  manuscrite,  fi  >jt ,  sie  pen; 
édition  longue  »  ^  TJSw .  tchhan^  pen ,  gravée  sur  cire.  Elle  est  en 
voyée  par  lo  gouvernement  dans  chaque  province  et  y  mi  repro- 
duite par  \vs  soins  dt>  lautorité  pi*ovinciale.  La  première  mention 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  507 

des  étrangers  et  par  les  dissensions  entre  la  Cour,  le 
chôgoun  et  les  princes,  fit  naitre  les  premières  feuilles 
japonaises.  La  période  Ban  Am ,  ^  ^ ,  (  1 86 1  - 1 863  ) 
vit  paraître  le  Batabiya  rin  ban,  /^  9r  h'  Y  if  M ,  Nou- 
velles de  Batavia  ^;  le  Tiyaa^au^aiJinfcou,  4*  ^  if  41, 
Moniteur  du  Japon  et  de  l'étranger;  le  Rika  gahu 
Soudan,  7^  'ô'  H  ^ ,  Entretiens  de  l'univers.  En  1 86& 
(année  Gendi,  JC  f^)  débuta  à  Yokohama  le  journal 
iSin  ban  si,  ISf  M  |fi ,  publié  par  quelques  personnes , 
Hon  ma  Sen  zau,  ;4^  H  W  ^,  Kùida^  Ginkaa,  J^ 
9^#,  et  un  pseudonyme,  Amerika  Hikozaa, 
r  ;«  t|  ;âr  ^  ^  :  c'était  une  simple  feuUle  manuscrite 
qui  circulait  deux  ou  trois  fois  par  mois.  En  1867 

(fune  gazette  officielle ,  j|{  ^,  tipao,  ou  jj/^  ^  Ua  pao  «  se  trouve 

à  propos  de  la  période  Kkai ynen ,  Jjj^  'JQ  (713-741). 

La  Gaiette  de  Séoul  «  fQ  ^  «  ^jj^  P^'  ^^  ^  9i  ^'^*"  P!/*^  '  ^^'^ 
encore  en  1891  une  simple  feuille  manuscrite,  plus  ou  moins 
longue  selon  Tubondance  des  matières  ;  la  publication  de  la  Gazette 
parait  remonter  au  commencement  du  XTii*  siècle.  Depuis  la  der- 
nière guerre  sino-Japonaise ,  Tancienne  Gazette  a  été  remplacée  par 
un  ioumsl  ofiKcid ,  koan  po  «  ^  ^  *  <iont  le  premier  numéro  « 
paru  le  9)  juiUet  1894;  ce  journal  est  imprimé,  et  depuis  le  6  jan- 
vier 1895,  on  y  emploie  le  chinois  coréen  et  une  langue  mixte,  où 
les  caractères  chinois  sont  mélangés  de   lettres    indigènes,    kouk 

monn  «  H  ^SC  * 

*  A  cette  époque,  c'étaient  parmi  les  Européens,  les  Hollandais 
qui  avaient  les  relations  les  plus  fréquentes  avec  le  Japon;  chaque 
fois  i|u*un  vaisseau  hollandais  arrivait  à  Nagasaki ,  le  capitaine  pré- 
sentait au  gouverneur  de  la  ville  un  rapport  officieux  relatif  à  la 
politique  et  à  Tétat  social  en  Europe  {  ces  rapports- 1  appelaient 
kiki  gaki,  ^j  ^.  Les  Nouvelles  de  Batavia  différaient  des  kiki 
gaki ,  mais  avaient  sans  doute  la  même  origine. 

*  M.  Kisida  a  depuis  lors  fondé  le  Tou  kiya»  niti  niti  sin  hun; 
puis  il  a  renoncé  au  journalisme  et  s'est  fait  pharmacien. 

53. 


508  NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1898. 

(3**  année  Kei  wou,  ^JH),  on  ne  cite  pas  moins  de 
quatre  journaux  :  le  Moniteur  du  Japon  et  de  l'étran- 
ger, déjà  cité ,  le  Journal  internat'onal ,  K  ■  ^  B3  « 
Ban  koka  sin  ban,  le  Journal  du  Peuple,  tL^li^ 
M  Kaa  ko  sin  ban ,  enfin  les  Mélanges ,  SI  SE  j|^  * 
Mosiho  gasa  :  ces  nouvelles  feuilles  étaient  xylogra- 
phiées. 

L'état  troublé  du  pays  n'avait  pas  laissé  aux  auto- 
rités le  loisir  d'interdire  ou  du  moins  de  réglementer 
la  presse,  dont  l'apparition  n'aurait  pas  été  si  facile 
en  un  temps  plus  calme.  Mais  dès  i868  (i'*  année 
Mei  di,  ^  î&,  loi  de  la  6*  lune),  le  pouvoir  impé- 
rial restauré  «  considérant  que  les  journaux  qui  pa- 
raissaient depuis  quelque  temps,  semaient  de  fausses 
nouvelles  et  agitaient  la  population  » ,  fit  défense 
d'imprimer  aucun  journal  sans  autorisation  officielle. 
Diverses  lois  des  années  suivantes  réglèrent  la  situa- 
tion des  journaux  :t  l'exercice  de  la  censure,  inter- 
dirent aux  fonctionnaires  de  communiquer  aucunes 
nouvelles  relatives  aux  affaires  publiques,  sinon  aux 
journaux  officiels  (lois  de  iSyS  et  iSyS).  En  effet, 
le  gouvernement  n'avait  pas  tardé  à  reconnaître  les 
avantages  de  la  presse  pour  la  publication  des  lois  et 
règlements  et  de  toutes  les  mesures  administratives; 
en  iSyS,  on  trouve  mention  d'un  Moniteur  officiel, 
1^  ^,  Kuwan  haa;  à  la  date  de  1877,  il  existait  au 
moins  un  périodique  oOiciel,  et  plusieurs  d'allure 
semi-officiellt»  '  ;  il  est  assez  malaisé,  à  cette  première 

*•    *Br  ^  i  'f'   H   U  '  hawtvA  htm  tfo  zilui  niti  si ,  Moiiileur 


^ 


LA  PRESSE  PERIODIQUE  JAPONAISE.  509 

période  et  avec  le  peu  de  renseignements  que  je 
possède,  de  distinguer  avec  certitude  les  feuilles  offi- 
cielles des  autres.  Mais  il  ne  me  parait  pas  que  l'or- 
ganisation du  Moniteur  officiel ,  lel  qu'il  existe  au- 
jourd'hui, ait  été  fixée  avant  la  i6'  année  Mei  di 
(i883).  Quant  aux  revues  et  aux  journaux  non  offi- 
ciels, ils  ont  été  l'objet  de  deux  lois  principales: 
l'une  de  18  7  5,  l'autre  plus  détaillée  de  décembre 
i88'7.  Cette  dernière  loi,  en  87  articles  réglant  les 
formalités  d'autorisation  et  de  publication ,  est  pleine 

olliciel  des  5,  10,  i5,  20,  26  du  mois;  n''  i3o,  1  cahier  in- 12. 
Publié  par  un  bureau  spécial ,  le  Go  hn  rei  han  hou  sijo ,  |^  jfj^ 

nituhon  zen  koku  ko  seki  keu.  Tables  de  recensement  du  Japon 
pour  1875;  1  feuille  dans  une  enveloppe  de  format  in- 12.  Publi- 
cation du  Ministère  de  Tlntérieur. 

3.  'è*  ^  ^  '^  ^  ^ ,  A'uuvin  kiyo  hu  koku  zen  hau ,  Moni- 
teur des  décrets,  n"  126,  1  cahier  in-12.  Il  parait  72  numéros  par 
an,  Tabonnement  coûte  1  yen  3o  à  T6kyô,  1  yen  90  en  province. 

i.  ^  ^  ^  ^ ,  Kuwan  rei  sen  hau ,  Moniteur  des  lois,  n*  i5, 
1  cahier  in-12. 

à-  t  W pi  ^  ^  Wl  ^  ^  B  ^^  A""«»  *•> *«»« *«" 

kun  kou  hu  nitu  hau^  Moniteur  quotidien  des  décrets  avec  lecture 
en  kana;  n**  10,  1  cahier  in- 12.    . 

6.  "ë  ^  S  lij  •  kwcan  rri  sin  si.  Nouvelle  revue  des  lois; 
n"  9,  I  cahier  in-12. 

7*  ^  ^  19^  ^^  '^"  '^'"  kaiynku.  Arrêtés  avec  explications; 
n"  29,  I  feuille  petit  in-8**. 

^'  li  W'  ^  tB*  ''"^'"  '^'^^  *^'"  ^''  I^c^^ic  <J<^s  lo'*^  (testes  lé- 
gislatifs, articles  de  discussion,  comptes  rendus  des  tribunaux); 
n"  1,  cahier  in-i  2. 

On  trouvera  à  la  page  5 1 1  lexplication  de  la  provenance  de  cette 
listi*. 


510  NOVfiMBRfi^DâCEMBRE  1898. 

de  mesures  restriotives  :  je  note  seulement  1  obliga'* 
tion  de  faire  oonnattre,  quinze  jour»  à  1  avance  «  i 
lautorité  les  noms  des  éditeurs  et  rédacteurs. princi- 
paux, de  verser  une  caution  variant  de  tyS  à 
1000  yens'  suivant  les  circonstances  (seules  les  pu- 
blications scientiiiques ,  industrielles,  etc.  en  sont 
dispensées)  de  déposer  à  l'avance  des  exemplaires 
de  chaque  ntunéro  au  Ministère  de  Tlntérieur,  è  la 
préfecture  et  au  tribimal.  Kn  cas  de  procès  au  sujet 
d*un  article,  le  tribunal  a  le  pouvoir  d  ordonner 
provisoirement  la  suspension  du  journal  et  même  la 
saisie  du  matériel.  La  suspension  et  la  suppression 
sont  aussi  prononcées  par  arrêté  du  Ministre  de 
rintérieur,  et  lors  de  mon  s^oUr  au  Japon,  il  ne  se 
passait  pas  de  jour  où  Ton  ne  lût  plusieurs  mesures 
de  ce  genre  au  Moniteur  officiel^. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  nombre  des  journaux  et  re- 
vues s  est  accru  sans  discontinuer.  Le  premier  jour» 
nal  quotidien,  le  Yokohama  mai  niti  sin  ban  fR  9[  H 
B  IF  B8  1  Journal  quotidien  de  Yokohama,  parut 
en  1 87  I ,  à  la  A*  lune;  transporté  à  Tokyo  en  1 879, 
il  prit  le  nom  de  Journal  quotidien  de  Tokyo, 
7  ou  kiyaa  mai  niti  sin  hun ,  ]fC  ]$C  ^  B  ff  M 1  et  il 
est  devenu  depuis  lors  simplement  le  Journal  quo- 
tidien Mai  niti  sin  hun ,  l|  B  $f  M  •  J^  donne  ci- 

'  Le  yen  vaut  aujourd'hui  moins  de  «i  fr.  5o. 

'  Une  loi  de  1897  a  supprimé  la  plupart  de  ce»  restrictioiia; 
ics  mesures  de  suspension ,  de  suppression  ne  peuvent  être  pronon- 
cf'^es  que  par  les  tribunaux  de  droit  rommun;  en  fait,  la  liberté  de 
la  presse  est  admisr. 


à 


I  LA  PRESSE  PIÎAIOOIQUfi  JAPONAISE.  511 

I    dessous  la  date  <ie  fondation  de  quelques-uns  des 
}    journaux  les  plus  connus. 

*  ]^  M  B    B  iSf  B3  *  '^^^  kiyaa  niti  niti  sin  bun,  Jouma 

quotidien  de  TAkyA,  187a,  a*  lune. 

%  ffi  $  ^  îf  B3  *  ^  ""  ^"^  ^^^  ^'  ^'^  ^^^  *  Moniteur 
postal,  1872,  3*  lune. 

l|||  ^  ^  ^ ,  Tcu  ya  sin  biin ,  Journal  de  la  capitale  et 
do  la  province,  août  1873. 

^  W  ^  iH^  )omi  uri  sin  ban,  le  Conteur,  novembre 
187/i. 

^  -^  $f  ^*  ^'  21  sin  haa,  le  Temps,  mars  1882. 

B  ;^»  Nituhon,  le  Japon,  février  1888. 

B  Ji  itF  Pi*  Ao/rtf  min  iin  ban,  le  National,  Janvier 
1890. 

La  Bibliothèque  nationale  de  Paris  possède  (fonds 
japoniiis,  99)  une  collection  des  journaux  et  revues 
qui  ont  paru  à  Tôkyô,  en  1876  et  1877;  ces  pério- 
diques proviennent  de  TKxposition  de  1 878  et  ont 
été  donnés  à  la  Bibliothèque  par  le  Ministère  de 
rinstruction  publique.  La  collection  en  question  ne 
comprend  quun  numéro  de  chaque  périodique, 
sauf  deux  ou  trois  exceptions;  mais  cela  suffit  pour 
fournir  une  idée  de  la  presse  de  Tépoque.  Je  trouve 
un  total  de  63  publications,  dont  62  paraissant  à 
Tokyo  et  1  à  Kanagaha  |$  j^^  il(  ;  j  ai  déjà  indi- 
qué les  huit  journaux  officiels  ou  semi- officiels 
compris  dans  cet  ensemble  et  je  donne  ci-^dessous^ 
la  liste  des  autres. 

'  Journaux  et    revues   d*artualitr  : 

9.  J9|  S  19  ^  ^  B9  *  ^H*"^"  <*^i  'n^n  ^^0  '*"  ^»n«  Jouma 
lie»  inU'T^ls  généraux,  n**  i85,  1  rahief  ilî-ia. 


512  NOVEMBRE-DECEMBRE   J898. 

La  distinction  entre  les  revues  et  les  journaux  est 
assez  difficile  à  établir;  un  certain  nombre  de  ces 

lo.  jl£  ^  f1^  i^«  ^ûi  zi  hijraa  ron.  Discussions  sur  les  af- 
faires récentes;  n*  97,  1  cahier  in-ia. 

^'*  iSi  iSl  $k  tè*  ^^'^  ^^^  '^^^  "*  ^^^^^  ^^  journaux; 
n'  39 ,  i  cahier  petit  in-8'. 

12.  y^  pt  ^  ^,  Tou  yavL  sin  hau.  Journal  de  Tocéan  orien- 
tal; n"  a6,  1  cahier  petit  in-8^ 

1 3.  ^  W  ^  IS  *  Kiyau  iku  sin  si ,  Nouvelle  revue  pour  l'édu- 
cation générale;  n*  10,  1  cahier  in-ia. 

i4*  ^  ll^  $f  lo  *  ^'^  ^^^  '^"^  '^*  ^<>uvclle  revue  de  Topinion 
publique;  n"  7,  1  cahier  in-12. 

i5.  )^  iË  ^  |iS«  ^^^  '<^i  'i'i  '('  Nouveau  moniteur;  n*  1, 
1  cahier  in-iQ. 

^^■]^^B  B$fE3'  ^^"  kiyau  niti  niti  sin  bun.  Journal 
quotidien  de  Tokyo,  n°  1760,  1  feuille,  43  cent.  X  32  cent. 

^7*  %ffi%^$fE3'  ^"^  ^^  ^"^  "  '^^  ^''"'  Moniteur 
postal;  n'  i4o6,  1  feuille,  .47 cent.  X  3a  cent 

18.  l||}  ^  ^  63  *  ^^"  y*'^  '^^  ^^^  '  Journal  de  la  capitale  et  de 
la  province;  n**  1266,  1  feuille,  iS  cent.  X  34  cent 

^9-  ]^  M  @  ^  B3  «  -^^^  kiyau  siyo  sin  bon ,  Journal  du  ma- 
tin de  Tokyo;  n"  i235,  1  feuille,  k\  cent.  X  3o  cent. 

20.  ^  W  iSIf  ^  •  Y  ami  uri  sin  bun,  le  Conteur;  n®  812, 
1  feuille,  34  cent.  X  2^  cent 

21.  j|{  ^  ^  A.  ^  ^  *  '^^^  liiyau  we  nihn  sin  ban.  Journal 
illustré  de  Tôkvo;  n'  651,  1  feuille  in-4^ 

22.  if'f'3  i  »  Kana  joini,  la  teclurc  en  kana;  n"  619,  1  feuille, 
33  cent  X  22  cent 

^^*  ^S^^^^»  ^""  kiyau  saki(jake,  le  Leader  de  Tokyo; 
n"  169,  1  feuille,  32  cent  X  22  cent 

^^'  ^  ^  i@f  63  '  ^^^  '^  ^'"  ^^^*  Journal  du  progrès;  n"  i^S, 
1  feuiile,  33  ci'nt  X  22  cent 

2^-   J^  ^  plil  ^  •  ^'"'  ^''^  '^'"  **'   Revue  populairv>;  n'   67, 

I  feiiiHe,  33  cent  X  22  cent   , 


i 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  513 

périodiques  sont  quotidiens,  d'autres  sont  mensuels, 
un  grand  nombre  paraissent  six  fois  par  mois;  les 

^^*  ^!^'$^SfB3'  -^^^  kiyau  mai  seki  sin  6un,  Journal 
quotidien  du  soir  de  Tokyo;  n"  9,  i  feuille,  34  cont.  X  25  cent. 
Littérature,  éducation  : 

27.  j^  j^  JU^  ^  •  Yau  jrau  siya  dan»  Conversations  diverses; 
n"  35,  1  cahier  in- 12. 

^^'  ^  ^  TH  ^*  '^''  ^^'  '^"  siha,  Revui^  po<Hique;  n"  1  2 , 
1  caliier  in- 12. 

^9*  !S  i^  ^  115  SFK»  ■^''"  ^y^^  ^^^^  "^'^  **"  '*'"*•  Jour- 
nal littéraire  de  Tokyo;  n"  1,  1  cahier  in-12. 

^^'  ?Ê  -^  ^  1^  *  Kuwa  (fétu  sin  si ,  Nouvelle  revue  poétique  ; 
n"  1,  1  cahier  in-12. 

3 1 .  ^  "^  IK  ^  '  ^  ^'"'^  ^^  hanasi ,  Entretiens  sur  les  lois  ; 
n*  1,  1  cahier  in-12. 

^^*  ^  J^  itt  iR  ^  tt  ♦  Osihe  gnsayo  watari  no  tuwe.  Guide 
de  l'éducation;  n*  9,  1  cahier  in-12. 

^^'  "F  W  -'^  ££  *  ^^  sodate  no  sau  si.  Notes  sur  l'éduca- 
tion; n"  7,  1  cahier  in-12. 

^^'  ^  ^  Sf  B3  '  ^''  '^^  '''^  ^'"*'  Journal  de^s  enfants  intel- 
ligi'nts  (recueil  de  bonnes  compositions  scolaires);  n**  35,  1  feuille 
in-.4*;  puhlié  à  Kanagaha. 

Médecine  : 

^5.  -fi  $  tIH  ^  «  ^  S^^^  '^"^  '^'  Revue  médicale;  n"*  26  et 
supplément,  hu  roku,  Pj^  ^  •  2  cahiers  in-12. 

36.  -fi  j$  ^  |^«  ^  ^o,n  sin  setu.  Nouvelle  revue  médicale; 
n"  i5,  I  cahier  in-12. 

37.  ]^  ^  -^^  ^  S  ^t  Tou  kiyau  i  zi  sin  si,  Nouvelle  re- 
vue des  questions  médicales  de  Tokyo;  n**  1,  1  cahier  in-12. 

Armée  : 

38.  ^  ^  ^  ^  ^  ^  *  ^f^^  guwai  hci  zi  sin  bun ,  Journal 
militaire  du  Japon  et  de  l'étranger;  n**  117,  1  cahier  in- 12. 

Industrie,  commerce  : 

39.  ^  Jl  ^  ^  «  h'ai  nou  zatn  hau  «  Revue  du  progrès  agri- 
cole; n®  44,  1  caiiier  in- 12. 


514  NOVEMBHB^DÊCBMBRB  1808« 

prix  ftont  assez  élevés  pour  des  publications  aussi 
peu  volumineuses ,  ils  varient  entre  6  sensret  *i  sens  et 

4o.  Jl  m  jJH  |$«  ^^^^  ^^u  zatn  si,  llevue  de  Tigrirullure  ; 
n*  i5,  1  cahier  iii-12. 

4 1  •  Jl  1^  ^  ^  '  ^^^  9^^  ^^"  !P  •  I^^piit'fttiont  nur  l*agro- 
nomie;  n**  1,  1  cahier  in- 13. 

42.  ^^JlfU^^t  Tiyuu  guwai  kou  (jekn  sin  hau.  Jour- 
nal (le  Tindustrie  japonaise  et  étrangère  ;  n""  9,  1  cahier  ptitil  in-8^ 

^^*  %J$C^  B  4iflK&*  ^"'^  ^^ou  mat  niCi  butu  ka  heu. 
Tableau  quotidien  des  cours  à  Tokyd;  n*  i586,  1  feuille  grand 
in-8-. 

^^'  Uï  Tît  fe  BE  lÏB  H!  tt  M  ^^  ^««  *(r«»  *»  ^'  *««'  ««» 

6utu    ka   heu.  Tableau  détaillé  des  cours  commerciaux  à  Tokyo; 
n*  4o3,  i  feuille  simple  grand  in-8*. 

^^*  ^  A  B  %*  ^^'  ^^  '*'^"  ^^"'  Moniteur  quotidien  du 
cours  du  rixî  n*  207,  i  feuille  simple  in-lblio. 

46.  if*  ^  ^  fH  ^  ^*  Tiyuu  gntoai  butu  ka  iin  hau.  Moni- 
teur des  cours  commerciaux  au  Japon  et  à  Tétranger;  n"  5o, 
1  feuille,  43  cent.  X  32  cent. 

Connaissances  pratiques,  insifutnents  européens,  et(^.  : 

*7*  'irftftîlR''fl|t'  ^«*'«'»  *(ytt"  ^*  ^  "0  ^'^  »  R<»vue  pra- 
tique (recettes  usuelles,  économie  domestique ,  etc. ) ;  n*  9,  1  cahier 
in- 12. 

48.  S|  f{2  ^  ll£  m  §(  t  /ît  kuwa  do  ynu  sihn  dan.  Revue  de 
la  civilisation  paraissant  le  samedi;  n"  1,  1  cahier  petil  in-M*. 

49*  01  $  fit  |K[  <  A'ci  (ffthi  yn  dan.  Conversations  d étude; 
n"  'i ,  1  cahier  in-12. 

^o.  ^  If^  ^  ^  ^  «  Gaha  tel  sihu  hau  roku,  Mélanges  pour 
rinstruction  (modèles  de  lettres,  d'annoncer,  etc.jt  n"  a,  1  cahier 
in-12. 

Rdigions  > 

5 1 .  j||||  jM[  m^  |§  ,  Siti  kiynn  sou  (fo ,  Mélangc'j  sintoistês  \ 
n"  68,  I  cahier  in-12. 

^'*  ^  IK  )Hf  ter  '  '^^  ^iX''"  ""  fi>  Nouvelle  revue  pour  iVlair- 
cir  la  doctrine  (revue  bouddhique);  n"  âô3i  l  cahier  in-8^ 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  515 

demi  ^  Les  revues  se  présentent  sous  la  forme  de 
cahiers  in  la  ou  petit  in^S"",  imprimés  sur  papier 
commun  «  soit  à  la  japonaise,  sur  ie  recto  de  la 
feuille  pliée  en  deux,  soit  à  Teuropéenne,  sur  le 
recto  et  le  verso;  elles  sont  d'aspect  grossier;  les 
illustrations  et  frontispices  sont  gauches.  Parmi  les 
journaux,  un  assez  grand  nombre  sont  en  cahiers 
et  analogues  aux  revues;  ceux  qui  sont  en  feuilles, 

o3é  ^  ||ë  jfi  ^«  Nen  ke  wi  hou»  Flfeum  et  parfumn  de  cboii 
(revue  boiidclhique) ;  n"  5,  i  cahier  in-ia. 

54.   rz,  y^  — 'A»  '^^'^  ^**"  *'"  *^"'  '***  Trois  trt'sor»  el   l'Oi- 
soau  unique  (revue  bouddhique);  n*  i,  i  cahier  in-Ta. 
Divnr»  : 

^^*  %  ^  itF  IS  *  ^^"  ^y^*  '*'*  '>«  Nouvelle  revue  de  TôkyA; 
n"  70,  1  cahier  in-ia. 

56.  J'^  ^  A  S/f,  ^  ^«  Kotu  kti  huu  (fa  sin  bnn.  Journal 
facétieux  el  élégant;  n"  3o,  i  cahier  in- 13. 

^7*  S  '^^  B8  *  ^^''^  main  tin  ban,  iThe  ncw  japane^ 
comir  paper*  (illustré);  n'  «jg,  1  cahier  petit  in»8". 

5B.  f^  ^  Jlil  ^  '/-  m  tt  *  ^^"  *''*  '^y^  ^"'^  ff^^  *^'"  '*' 
Revue  littéraire  de  la  société  Dou  un;  n""  16,  i  cahier  in-ia. 

^9*  ^  ^  SF  SS  ♦  ^"*  "^  **'*  **'  Nouvelle  revue  des  zin  riki 
(traîneurs  de  zin  rikisiyfi,    ^  -fj  ^);  n"  i3,  1  cahier  in- 12. 

^^'  A  M  ^  M*  ''""  ^^  ^^^  ^^^»  Hevue  littéraire;  n"  10. 
I  cahier  petit  in-d". 

^  '  *  a  ^  B  W  itF  RB  '  ^^  ^^^  ^^^^  y^^  '"^  ^'"^  '  Journal 
illustré  du  dimanche;  n"  3,  1  cahier  petit  in*8". 

69.  "H^  ^  o  ^,  Se  ken  no  karakuri.  Le  Spectacle  du  monde 
(journal  comique);  n*  i ,  i  cahier  petit  in-8'. 

63.  S  lU  It  IJI  *  ^°^  ''*'*  ^'^  "'  I'<*<>@[>''^'i^'n*'  d<*  rérole  de 
fou  ton  (  fondée  par  M.  Fukuka  Bisei  *  H  il)  ^  )f  )  (  n*  1  «  i  A^uHle 
petit  in-8". 

'  Au  change  de  cette  époque,  6  sens  valaient  plus  de  ofr.  3o; 
1  set»  et  demi  dépassalettt  o  fV.  17. 


516  NOVEMBRE  DÉCEMBRE   1898. 

sont  de  petit  format.  La  plupart  des  journaux 
traitent  des  questions  politiques;  beaucoup  de  re- 
vues s'occupent  à  la  fois  de  littérature,  de  poésie, 
de  politique  étrangère  ou  intérieure;  mais  il  en 
existe  aussi  en  assez  grand  nombre  qui  sont  consa- 
crées exclusivement  à  un  ordre  d*idées,  religion 
bouddhique,  ou  agriculture,  ou  médecine. 

En  descendant  jusqu'à  ces  dernières  années,  on 
voit  le  nombre  des  publications  saccroître  et  leur 
fonne  se  modifier.  Les  journaux  ont  tous  adopté  le 
type  européen  et  sont  imprimés  sur  feuilles  de  moyen 
format  pliées  seulement  en  deux;  la  page  du  Zi  zi 
sin  hau  est  moins  grande  que  celle  du  Petit  Joarnal 
(  5  Ix  cent,  sur  4  o  )  ;  mais  souvent  le  numéro  a  1 2  pages  ; 
le  Yomi  uri  sin  ban  est  de  la  même  taille;  beaucoup 
d autres,  tels  que  le  Tou  kiyaa  niti  niti  sin  ban,  sont 
plus  petits  (48  cent,  sur  35)  et  se  bornent  à  4  ou 
6  pages.  Au  lieu  d'être  divisée  en  colonnes,  la  page 
est  partagée  en  tranches  horizontales;  des  titres  en 
gro3  caractères  attirent  l'attention  du  lecteur;  les 
petites  illustrations,  presque  toujours  gravées  sur 
bois ,  sont  très  fréquentes  ;  elles  sont  employées  pour 
le  Bulletin  météorologique  et  les  annonces;  des  cro- 
quis géographiques,  des  reproductions  de  photo- 
graphies ou  de  dessins  servent  à  éclaircir  le  texte. 
Les  dernières  nouvelles  sont  habituellement  dans  la 
marge.  L usage  des  suppléments,  ^  ^  gcui  gawai, 
est  très  répandu  :  les  uns,  jouant  le  rôle  de  primes, 
sont  des  gravures  souvent  soignées, portraits  deper- 
sonnages]^célèbres ,  scènes  d'actualité  par  exemple. 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  517 

Les  autres ,  criés  à  tue-tête  dans  les  rues  de  la  ville , 
dès  qu'ils  ont  paru,  sont  des  feuilles  plus  ou  moins 
grandes,  depuis  la  taille  de  la  main  jusqu'au  format 
de  la  moitié  du  journal;  destinées  à  répandre  les 
dernièn»s  nouvelles  immédiatement  et  sous  une 
forme  brève,  elles  tiennent  lieu  des  éditions  succes- 
sives des  journaux  français;  pendant  la  guerre  sino- 
japonaise,  les  journaux  importants  ont  publié 
quatre  et  cinq  de  ces  suppléments  le  même  jour,  les 
mettant  en  vente  sur  la  voie  publique  et  les  envoyant 
à  tous  leurs  abonnés.  Il  est  superflu  de  dire  que  tout 
s'imprime  en  caractères  mobiles.  Les  matières  sont 
celles  des  grands  journaux  européens  :  articles  de 
fond,  nouvelles  de  l'intérieur  et  de  l'étranger,  inter- 
views, extraits  des  documents  officiels,  faits  divers, 
renseignements  commerciaux  et  financiers,  notes 
théâtrales,  notices  sur  les  expositions,  annonces;  il 
n'y  manque  rien,  même  pas  le  roman-feuilleton, 
presque  aussi  cher  au  lecteur  japonais  qu'au  lecteur 
parisien. 

Parmi  les  journaux  les  plus  connus,  je  citerai  les 
suivants  : 

1^  %  /Tfiwa/t  hau.  Moniteur  officiel,  publié  par  une  ad- 
ministration spéciale,  ^  ^  'Pî*  ^  j^  ^'^^^  ^^^^  kuwan  hau 
/riyo/rff  ;  en  cahiers  in-/r;  paraissant  tous  les  jours,  sauf  les 
1*',  a ,  3  janvier,  et  pour  certaines  grandes  fêtes  ;  une  table 
est  publiée  cha(|ue  mois.  Prix  du  numéro  :  i  sens  '  ;  abon- 

'  A*  cliaii<;e  actuel ,  2  sens  font  à  peiiu*  o  fr.  o5 ,  le  yen 
(100  sens)  \alant  moins  de  !!  fr.  5o;  les  prix  des  journaux,  on  le 
remarquera,  ont  sensiblement  baissé. 


518  NOVEMBEE-DÉGEMBRE   1808. 

nement  pour  3  inoii  ',  i  yen  5o.  -^  Un  niunëro  contient 
(i 5  janvier  iSg^):  décreU,  "^  ^  tiyoka  rei;  instroctioiis 
ministërieiles ,  W  ^  kuni^i;  ordonnances  ministërielles ,  ^ 
in'  koku  si;  arrêtes  ministériels,  tt  ^  zi  /vt;  —  nouvelles, 
jjh  ijB  wi  haa ,  concernant  les  mouvements  de  fonctionnaires , 
la  justice ,  la  police ,  la  situation  économique  ;  extraits  de  rap- 
pcnrl»  ou  d^articles  sur  les  armées  de  terre  et  de  mer,  lenaet- 
guement ,  Tindustrie  et  le  commerce,  Thygiëne^  etc., — réu- 
nions des  conseils  municipaux,  A  ^  IH  "^  ti kau gi kuwai ; 
rapports  des  légations  et  consulats ,  ^  ^  fk  J/i  ff(  "^  f^ 
^  ^  koa  ti  kawan  oyohi  riyau  zl  kuwan  haa  koka;  nou- 
velles de  Tétranger,  fH%  iff^guwaihiia  —  météorologie,  m  ff^ 
kutoan  tiyau  «—  annonces  oflicidles ,  Jf^  <^  kuwam  koka. 
Les  abonnés  du  Moniteur  officiel  reçoivent  en  outre  : 

Comptes  rendus   sténographiques   des  délibérations  de   la 
Chambre  des  Pairs; 

l^aiRii**IBl!l  Siyampwinp  titoka  kiroku. 
Comptes  rendus  sténographiques  des  délibérations  de  ia 
Chambre  des  Députés  ; 

#  iS  •  lit  ^.ilï  5^  il  *"*  "'  '^>""  '''.'*  ^ï'^"  ^"  **^" 
kau.  Moniteur  officiel  de  la  préfecture  de  police  et  de  la  pré- 
fecture de  Tôkyô. 

^  ;^  ^  ^  Zi  zi  sin  liaii ,  le  Temps,  de  i  à  3  feuilles 
formant  de  .4  à  la  pages  (54  cent,  sur  4oj;  quotidien,  sauf 
quelques  jours  fériés  fort  rares.  Prix  du  numéro  :  ^  sens  et 
demi  ;  abonnement  pour  3  mois ,  i  yen  5o.  Un  numéro  de 
lo  pages  contient  (:ii  mai  iSgSj:  p.  i  et  lo,  titre,  an- 
nonces; p.  a  et  9,  nouvelles  diverses,  prix  des  abonnements 
et  des  annonces ,  lettre  rectificative,  bulletin  des  théâtres, 
deux  gravures;  p.  3,  un  aiiicle  de  fond  (occupation  de  la 
presqu'ile  du  Liao  long  ) ,  nouvelles  diverses  de  Tintérieur, 

'  i/ahonnemeiii  dv.  plus  de  trois  mois  est  rarement  prévu;  Tabon- 
iioment  pour  un  mois  est  au  contraire  fréquent. 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  519 

H  ^  zatu  hau,  nouvelle  à  le  main  en  japonais  et  en  an- 
glais ;  p.  4 1  télégrammes  du  Japon  et  de  Tétranger ,  f|£  iÊ 
den  hau ,  autre  térie  de  nouvelles  diverses  ;  p.  7  et  8 ,  nouvelles 
commerciales  et  industrielles  ;  p.  5  et  6  •  cours  des  valeurs 
et  des  marchandises ,  annonces ,  bulletin  météorcdogique.  La 
marge  pliée  entre  les  [tages  d  et  7  contient  les  dernières  nou- 
velles ;  les  marges  qui  sont  entre  les  pages  3  et  8  et  entre 
les  pages  a  et  9  contiennent  les  horaires  des  chemins  de  fer. 

pR  K  iSF  M  ^^"^  ^'^^  ^"^  ^""^  ^^  Conteur,  d  ou  6 
pages  de  54  cent,  sur  4o;  quotidien  sauf  quelques  Jours 
fériés.  Prix  du  numéro  :  1  sen  et  demi  ;  abonnement  pour 
3  mois,  1  yen.  Un  numéro  de  6  pages  contient  (16  dé- 
cembre 1896)  :  p.  1 ,  un  long  article  illustré  an  sujet  du  com- 
bat de  Oeî  bai  oei  pendant  la  guerre  sino-japonaise .  article 
de  critique  théâtrale ,  roman  ;  p.  a ,  article  de  fond ,  ||^  |^ 
ron  setu,  télégrammes,  nouvelles  diverses  du  Japon  et  de 
Tétranger.  Ces  nouvelles  se  continuent  sans  ordre  sur  les 
pages  3  et  5,  elles  contiennent  les  nominations  et  actes 
officiels.  Sur  la  page  4,  cours  des  valeurs  et  marchandises, 
renseignements  commerciaux.  Pour  le  reste  du  journal  (p*  4  « 
5,6),  annonces.  Le  Conteur  a  la  particularité  de  donner 
lu  lecture  en  kana  de  tout  le  texte  en  colonnes  alternées. 

]^  M  B  B  ^  19  ^^^  kiyaa  niti  niti  sin  hun.  Journal 
quotidien  de  TiNkyô.  Le  numéro  a  sens;  3  mois,   1  yen  i5. 

4^  B  ^  E3  ^^^^"  niti  sin  bun.  Journal  quotidien.  Le  nu- 
méro, I  sen  et  demi;  3  mois,  1  yen  o5. 

$1  fl^  ^  B3  '^^^y^  '"*  hun.  Journal  de  la  capitale  et  de 
la  province.  Le  numéro ,  1  sen  et  demi ,  3  mois ,  85  sens. 

^  J^fjç  ffi  Tiyua  yau  iin  bun.  Journal  du  centre.  Le 
numéro ,  1  sen  et  demi  ;  3  mois ,  85  sans. 

H  A  iff  M  ^^^^  ''*"*  ^"^  ^*"^'  1^  National.  Le  numéro, 
1  sen  et  demi  ;  3  mois ,  85  sens. 


^  Koku  kuwai,  TAssembiée.   Le  numéro,   1  sen  et 
demi;  3  mois,  1  yen. 


520  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

Q  ;^  Nitu  hon,  le  Japon.  Le  numéro,  a  sens;  3  mois, 
1  yen. 

"f*  ^  iS  m  jSf  ^  '^^y^^  ^futDm  siyaa  geha  sin  haa,  le 
Moniteur  du  commerce  extérieur  et  intérieur.  Le  numéro, 
1  sen  et  demi;  3  mois,  i  yen. 

"St  ^  $f  B3  ^'^^^  ^^'"^  ''"  ^'^'^  '  Journal  du  bouddliisme. 
Le  numéro,  i  sen  et  demi;  3  mois,  85  sens. 

QSt  m  ^  B3  ^^'  ^^"  ^'"  ^'"''  ^^  Progressiste  (organe  du 
parti  progressiste).  Le  numéro,  i  sen  et  demi;  3  mois, 
85  sens. 

g  ^  Zi  yuu,  l*Indëpendant  (organe  du  parti  indépen- 
dant). Le  numéro,  i  sen  et  demi;  3  mois,  95  sens. 

1^  A.  â  É  iSf  B3  ^'^  '"^''  ^^  y^^  ^^'^  ^^'^^  rindépen- 
dant  illustré.  Le  numéro,  1  sen  3;  1  mois,  :i5  sens. 

4  "fê  ^  B3  ^^^^  ^^^  ^"^  ^^^'  Journal  des  écoles.  Le 
numéro ,  1  demi  sen  ;  3  mois ,  36  sens. 

J'arrête  ici  cette  liste,  car  je  nai  pas  l'intention 
d'énumérer  tous  les  journaux  paraissant  à  Tôkyô.  Je 
m'abstiens  de  citer  les  feuilles  provinciales  :  Kiyaato 
;^^,  Ohosaka  ;;^::vS,  Yokohama  ^21,  Hiyaago 
|ç  ^ ,  Nagasain  g  t^ ,  Nihigata  ^  f  Ji^ ,  et  des  villes 
moins  connues ,  telles  que  Gun  ma  |^  ^ ,  Tiba  ^ 
^ ,  Ibaragi ,  ^3^  M  >  ^  «''« ,  ^  5 ,  Sidawoka ,  jf  |S3 , 
Nagoya,  ^ti  M.  Gihu,  ^  ^..Miyagi,  g  M>  Sert- 
(lai,  fllj  S,  kVakayama,  ft  ^Ic  llj ,  ont  chacune  les 
leurs;  il  n'est  pas  une  préfecture  qui  ne  possède  un 
ou  deux  journaux.  En  1 862 ,  il  existait  2  y  journaux 
îi  Tôkyô ,  1  I  7  en  province  ;  3  étaient  publiés  à 
l'étranger  (Changhai ,  San  Francisco ,  Tchémoulpo)  ^ . 

'  (It's  renseij^n  in:nls  sont  on  partit*  lin'»s  du  Mei  di  huu  kan , 
^)  fp  %  £'  Di'srriptioii  udininislrulivo  du  Japon;  un  fort  vo- 


LA  PRESSE  PERIODIQUE  JAPONAISE.  521 

Si  nous  passons  aux  revues,  nous  constatons  de 
mémo  accroissement  du  nombre  des  publications 
et  du  volume  de  chaque  numéro.  H  en  est,  comme 
le  Soleil ,  Tai  yau  >fc  1^  •  q^i  «  paraissant  chaque 
quinzaine,  offrent  d*une  fois  au  lecteur  2 y 2  pages 
entremêlées  de  gravures  passables,  pour  le  prix 
modique  de  1  7  sens  par  numéro,  3  yens  yo  pour 
l'abonnement  d'un  an.  Cette  revue,  qui  en  est  à 
sa  /r  année,  donne,  outre  des  chroni(pies  litté- 
raires ,  politiques ,  religieuses ,  économiques ,  les  ar- 
ticles dont  les  titres  suivent  :  sur  les  désavantages 
de  la  solidarité  du  Cabinet,  sur  Tétude  des  langues 
étrangères  après  l'admission  des  étrangers  à  résider 
dans  Tintérieur,  la  question  d'Extrême-Orient  au 
point  de  vue  de  la  lutte  des  races,  Cavour,  les  Per- 
sans, Teau  comme  force*  motrice,  l'industrie  mi- 
nière en  Chine,  le  marquis  Ito,  Tennyson  (numéro 
du  '20  février  1898).  I.e  tfdseda  ban  gaka.  Revue 
littéraire  de  Waseda,  -Ç»  ;^  H  ^  ^,  est  de  même 
une  revue  générale  oii  l'histoire,  la  criticpie  d'art, 
la  chronique  théâtrale,  se  rencontrent  à  côté  du  ro- 
man ,  de  l'économie  politique ,  des  nouvelles  récentes  ; 
elle  est  dans  sa  7'  année,  paraît  chaque  mois,  et  se 
vend  1  3  sens  le  numéro.  Le  Ban  gaka  kai,  ^  ^  Jjl 
le  Monde  littéraire  coûte  1 5  sens  le  numéro.  H  est 
moins  volumineux  que  le  Tai  yaa  (yo  pages  seu- 
lement), mais  l'impression  on  est  plus  soignée;  il 
débute   par    dos    reproductions    de    photographies 

liiinc  grand  in-8%  plus  de  2,uuo  pages,  publié  en  189'?  par  M.  Ma- 
tumoto  Tokutarnu,  fe  ^^  fé«  >fc  ÔIJ- 

XII.  34 


522  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1808. 

d après  des  œuvres  dart  (la  fiile  du  Titien;  une  sui- 
vante de  Diane,  par  M"*  Houssay);  la  couverture, 
avec  une  lyre,  une  épigraphe  de  Gœthe  (was  man 
nicht  versteht,  das  besitzt  man  nicht]  n'est  pas  sans 
prétention  artistique;  le  sommaire  mentionne  aussi 
plusieurs  poésies  et  descriptions  poétiques.  Mais  le 
numéro  contient  un  fâcheux  avertissement  :  la  revue 
va  cesser  de  paraître  après  cinq  ans  d'existence; 
beaucoup  de  revues  japonaises,  en  effet,  n*ont 
qu'une  vie  éphémère  et  celle-ci,  comme  durée,  est 
loin  d'avoir  été  mal  partagée.  Le  Mezamtisi  gusa, 
A  f'*\^^,  TAvertissexu-,  est  une  revue  de  critique 
littéraire,  attirant  l'attention  par  sa  couverture,  où, 
sur  un  fond  lilas,  s'étale  une  plume  entre  deux 
femmes  au  profil  grec,  la  poésie  et  la  peinture;  le 
numéro  îi5,  que  j'ai  sous  les  yeux,  renferme  une 
chronique,  des  poésies  chinoises,  une  brève  nouvelle 
dont  la  scène  est  en  Italie  el  où  l'on  est  étonné  de 
reconnaître  les  noms  de  Prascati  et  de  Tusculum 
sous  leur  déguisement  japonais  [Harasakati  et  Tasu- 
karunm). 

Je  passe  les  Nouveaux  Romans,  Jf  >J\  j)t,  Sin  seu 
seia,  collection  mensuelle  dans  sa  troisième  année; 
après  plusieurs  romans,  Aie  donne,  à  la  lin  du  nu- 
méro, quelques  nouvelles  littéraires  d'Europe  et 
quelques  poésies  japonaises  ;  le  Lis  blanc,  È  W  ^* 
Siroiyuri,  de  foniiat  grand  in-8",  fondé  en  1896, 
sans  doute  disparu  depuis  lors,  imprimé  à  la  japo- 
naise sur  feuilles  pliées  et  dont  le  premier  numéro 


rr  LA  PRESSE  PÉRÏODIQLE  JAIH3NAISE.  523 

>    contenait  la  traduction  de  quelques  scènes  de  la 
f    Dame  aux  Camélias,  J'en  laisse  de  côté  bien  d'autres 
I     enc-ore  et  j'arrive  aux  revues  mixtes ,  moitié  en  japo- 
nais, moitié  en  langues  européennes.  Voici  d'abord 
une  revue  pour  l'étude  des  langues  étrangères,  Gawai 
koku  go  (jaku  zata  si,  ^  H  ^  4^  H  ^  ',  rédigée  en 
partie  par  des  Japonais,  en  partie  par  des  étrangers; 
son  but  est  surtout  pratique  et  elle  contient  princi- 
palement des  textes  étrangers,  morceaux  littéraires, 
de  conversation,   épistolaires ,  qui  sont  traduits  et 
expliqués  mot  à  mot  en  japonais,  et  de  même  des 
textes  japonais  traduits  (ïn  différentes  langues;  avec 
l'ardeur  que  les  Japonais  apportent  à   l'étude  des 
langues  vivantes,  je  pense  cpie  cette  revue  ne  doit 
pas  manquer  d'acheteurs  ;  la  langue  anglaise  y  tient 
le   premier  rang,   viennent  ensuite  l'allemand,  le 
français ,  le  russe ,  l'italien ,  l'espagnol ,  le  coréen ,  le 
chinois.  Le  Tei  koku  ban  gaku ,  ^  H  ^  $ ,  la  Lit- 
térature de  l'Empire  ^^,  débute  par  une  étude  en 
anglais ,  Azare  psycholoyy,  d'un  écrivain  connu ,  Laf- 
cadio  Hearn  ;  suivent  divers  articles  japonais  touchant 
de  près  ou  de  loin  à  Tinstruction ,  ensuite  des  poésies , 
de5   nouvelles,  le  tout  semé  de  quelques  culs-de- 
lampe  assez  bien  tournés.  Le  Han  sei  zata  si,  J^  ^ 
H  tè  ^y  revue  générale  donnant  des  études  histo- 
riques, politiques,  des  vers  chinois  et  japonais,  en 
est  à  sa  treizième  année;  il  s'est  adjoint  depuis  l'an 

'   Li'  numiTO  a 5  sens,  paraiMant  depuis  1897. 

*  Mensuelle,  parait  depuis  1890;  pri&  du  numéro,  10  sens. 

^  Le  numéro ,  1 2  sens. 

34. 


524  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   I8Q8. 

dernier  une  édition  européenne  The  Hansei  zasshi^, 
rédigée  uniquement  par  des  Japonais,  fort  joliment 
illustrée  et  qui  est  destinée  à  faire  connaître  au 
monde  le  Japon  réel  et  les  Japonais;  on  y  trouve 
des  articles  en  anglais,  français,  allemand,  russe. 
The  Far  East,  rédigé  principalement  par  des  Japo> 
nais,  est  tout  en  anglais  :  cest  une  revue  mensuelle 
dont  le  but  est  à  peu  près  le  même  que  celui  du 
Hansei  zasshi;  elle  semble  cependant  plus  que  ce  der- 
nier préoccupée  de  la  politique  et  des  faits  contem- 
porains •^. 

Ces  revues  mixtes  sont,  on  le  voit,  assez  récentes. 
Mais ,  pour  donner  une  idée  de  l'importance  de  la 
presse  périodique  non  quotidienne,  je  ne  puis  pour- 
suivre une  énumération,  qui  serait  à  la  fois  fasti- 
dieuse et  incomplète.  Le  tableau  suivant,  tiré  du 
Mei  di  hau  kan,  indique  pour  1892  le  nombre  des 
revues  et  leur  répartition  en  catégories;  j'ajoute  en 
note^  les  litres  de  quelques-unes  de  ces  publications. 

'  Le  numéro,  20  sens. 

*  Le  numéro,  2  5  sens;  celle  n;vuc  esl  dans  sa  Iroisième  année. 
^  Gouvernemenl  : 

m  J5  ^  ^,  Koku  min  no  tomo ,  l*Ami  du  peuple  japonais; 
paraissant  les  3,  i3  el  3  3  de  chaque  mois,  6  sens  le  numéro. 
Lois  : 

^  ^  '^  3c  '  '^'"  ^^'^  '^"'^  '^  '  Gazelle  des  Iribunaux  ;  parais- 
sant chaque  samedi ,  8  sens  le  numéro. 

Instruction  : 

%  W  %  ^  *  A  i^au  ihu  hau  ti ,  Moniteur  de  l'éducation  ;  pa- 
raissant chaque  samedi,  (i  sens  le  numéro. 

Q  Sf:  '^  7^  |iû  *  ''''''"  .7"^'"  '•««•'"  -«t«  *t.  K<î\ue  de  la  société 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  525 

OBJBT  DBS  RBVURS.  \OVIBRB. 

Gouvernement 7 

Lois Il 

Instruction  (pédagogie,  philosophie  et  litté- 
rature, économie  politique,  géographie, 

industrie ,  agriculture ,  etc.  ) /|  7 

Littérature  japonaise G 

Etudes  européennes 3 

Sténographie a 

Matliématiques 10 

Revues  pour  les  femmes  et  sur  la  situation 

des  femmes 6 

Médecine 1 4 

Histoire 3 

Questions  militaires 'x 

Industrie , 17 

Arts  et  dessin 5 

Bouddhisme !i3 

Romans,  chansons,  théâtre ad 

Divers 8 


Total 1 88 


fie  philoiM>phie;  paraiMant  \e.   i5  de  rliaquo  mois,  10  sens  le  nu- 


nu*ro. 


Ijl  tt  $  tNI  ^*  Siyoku  butu  r/nAii  zatii  si,  Re\iie  botanique; 
paraissant  le  10  de  chaque  mois,  12  sens  le  numéro. 

m  !|jjf  $  m  1$.  ^^u  buta  gaku  iatu  si.  Revue  zoologique; 
paraissant  le  i5  de  chaque  mois,  10  sens  le  numéro. 

*i.  Revue  enfantine  pour  les  écoles  primaires;  paraissant  le  17  d;' 
chaque  mois,  4  sens  le  numéro. 

^  ^  ^  ^  ,  Ti  gaku  zatu  si ,  Revue  géographique  ;  paraissant 
le  35  de  chaque  mois,iiio  sens  le  numéro. 


5S6  NOVEMBRE-ÛÉCEMBRE    1898. 

Je  ne  veux  cependant  pas  négliger  de  noter  à  part 

3  h*  ^  «  Kcdomo,  Les  enfants;  paraissant  ic  i5  de  chaque 
mois,  3  sens  lo  numéro. 

Pf^  i^  yt  tjÈ  ^*  ^<^  ^"'i  ^^"  i?*  roAni, Revue  pour  1  étude  du 
chinois;  paraissant  les  5,  1 5  et  3 5  de  chaque  mois;  8  sens  W  nu- 
méro. 

Littérature  japonaise  : 

Bi  Sï  SIt  41  ^  *  ^^^  S^  ^^"  .V  ^^^  '  R**^'uc  pour  IVludi* 
du  japonais;  bimensuelle,  la  ^ens  ie  numéro. 

PI  '^yKokahujXy  la  Littérature  japonaise;  mensuelle,  8   sen< 

le  numéro. 

iSlathématiques  : 

i^  Sk  ^  JSS^  '^^  ^aAm  Aau  ti.  Moniteur  des  mathématiques; 
paraissant  les  5  et  20  de  chaque  mois ,  5  sens  le  numéro. 
Questions  féminines  : 

"iC  9^  ^  S*  ^^y^  3^^  '^'"  '''  Revue  des  études  féminines; 
mensudle,  6  sens  le  numéro. 

19  "iC  ^  1^,  Hn  niyo  zatu  si.  Revue  féminine;  bimensuelle, 
\  sens  le  numéro. 

^  'A  tft  "if  ^  S*  '^^  '^^  ^^^  AmuMit  zatn  si.  Revue  de 
l'association  féminine;  paraissant  le  3  de  chaque  mois,  3  sens  It* 
numéro. 

Médecine  : 

lf<  ^  ff  ^  ^  $'  riyuu  9uu;ai  i  zi  sin  kau.  Moniteur  mé- 
dic4il  du  Japon  et  de  letran^^r;  paraissant  le-s  10  et  2 5  de  chaque 
mois,  13  sens  le  numéro. 

j|[  J^  -jlf  i^  j^  1^,  ToH  kiyau  i  :i  sin  si.  Nouvelle  rtnue  mé- 
dicale de  Tokyo;  paraissant  chaque  samedi,  7  sens  et  demi  le  nu- 
méro. 

>J\  ^  j|3f  ^  |^«  Seu  •:(  kuwa  zatu  si.  Revue  de  médecine 
infantile;  bi-mensuelle ,  10  sens  le  numéro. 

Industrie  : 

j|C  J$C  iR  ttF  ^  IS  '  ^^"  ^{^^^  ^^  ^^^  '^^  *^  •  Revue  éco- 
nomique de  Tokyo;  mensuelle,  7  sens  le  numéro. 

jR  J'fC  iSf  m  ^  !£  •  '^^^  kÎYnn  siyau  tjehu  zatn  si.  Revue  com- 
merciale de  Tôkvô;  himensueJle,  8  sens  le  numéro. 


LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  527 

trois  périodiques  qui  offrent  un  intérêt  spécial  aux 
pponistes  européens,  la  Revue  historique,  le  Bulletin 
des  lois  et  la  Gazette  des  beaux-arts  japonais. 

La  R(»vue  historique ,  Si  gaku  kawai  zata  si ,  ^ 
$  ^  H  l£  1  parait  tous  les  mois  depuis  1889  en  ca- 
hiers petit  in-8";  chaque  cahier,  dVnviron  60  pages, 
est  vendu  1  o  sens.  Publiée  par  la  Société  des  études 
historiques,  Si  gaku  kuwai,  ^  ^  ff ,  qui  renferme 
dans  son  sein  des  honunes  fort  distingués',  cette 
revue  donne  des  articles  généraux,  ||^  g^,  ron  selu, 
des  articles  d'examen  ou  de  discussion,  ^fS^  kaa 
siyau,  des  articles  de  critique,  M  M^  ^^  ^^»  ci*-** 
notices  diverses,  H  ^,  zatu  roku,  des  comptes  ren- 
dus, IB  ^,  ki  zi.  On  y  trouve  des  études  de  grande 
valeur  non  seulement  sur  Thistoire  proprement  dite 
du  Japon,  mais  sur  ses  antic[uités  et  ses  mœurs, 
ainsi  que  sur  la  Chine  et  la  Corée  ;  las  rapports  du 
Japon  avec  ces  deux  Etats,  ainsi  que  ses  relations 
avec  TKurope,  en  particulier  avec  la  Hollande,  ont 
fourni  matière  à  des  travaux  intéressants. 

Le  Bulletin  des  lois,  Hahu  rei  zen  siyo,  ft  'fr  ^ 
41 ,  est  publié  régulièrement  chaque  mois  en  cahiers 
in-8°  depuis  la  18"  année  Mei  di  (  1 885);  lorsqu'on 
vu  a  entamé  la  publication ,  on  a  commencé  aussi  de 
réunir  et  d'imprimer  les  lois,  décrets  et  autres  docu- 
ments analogues  relatifs  à  la  période  écoulée  depuis 
1867;  en  1891,  les  dix-sept  premières  années  Mei 

'   Parmi  rux  je  citerai  au  hasard  MM.  Siijeno  An  eki ,  "Jt  f^  ^ 
^ ,  Hosino  llisnsi  »  J^  |^  'fS  «  kume  Kunkake  »  ^  ^  ^  ^ 
Konaknmura  kijrnnori,  A\  ïb  jbt  W  jf^. 


528  NOVEMBRE-DECEMBRE   1898. 

di  et  l'index  général  de  ces  dix-sept  années  ont 
achevé  de  paraître.  Ainsi  a  été  constituée  une  col- 
lection officielle,  très  importante  non  seulement  pour 
le  juriste  japonais,  mais  pour  Thistorien  qui  veut  se 
rendre  compte  des  transformations  de  la  société  de- 
puis la  Restauration.  C'est  surtout  à  ce  titre  cpie  le 
Bulletin  des  lois  doit  être  signalé  ici. 

La  Gazette  des  beaux-arts  japonais,  Nitahon  hi 
ziyiUa  gawa  hau,  B  ^  ^  HI  ft  $  \  donne  des  re- 
productions par  la  photogravure  d'objets  d  art  re- 
marquables anciens  ou  modernes,  peintures,  laques, 
sculptures,  etc.;  elle  y  ajoute  de  courtes  notices  his- 
toriques et  explicatives.  Les  reproductions  sont  d'une 
grande  perfection;  tout  est  soigné  dans  le  recueil, 
jusqu'aux  gracieux  ornements  de  la  couvertxu^e,  jus- 
qu'aux types  japonais  employés  pour  les  notices. 
Seul  le  papier  de  ces  notices  est  singulièrement  défec- 
tueux et  les  quelques  lignes  en  caractères  européens 
qui  accompagnent  le  texte  japonais  manquent  totale- 
ment d'élégance.  H  est  bizarre  que  les  Japonais,  chez 
qui  le  sens  esthétique  est  si  répandu  et  si  délicat,  en 
adoptant  la  forme  extérieure  du  volume  européen, 
n'aient  réussi  jusqu'ici  à  produire  presque  aucune 
œuvre  de  typographie  cpii  soit  de  tous  points  satis- 
faisante. Quoi  ([u'il  en  soit ,  cette  Gazette  des  beaux- 
arts,  d'un  prix  si  modique,  est  bien  capable  de  ré- 
pandre encore  le  goût  de  l'art  japonais. 

Ces  courtes  notes  suffiront,  je  l'espère,  à  montrer 

'  Mensuelle,  in-S";   3o  planches  par  numéro,  a 5  sens   le   nu- 
méro. 


'"'  LA  PRESSE  PÉRIODIQUE  JAPONAISE.  529 


:  f 


quelles  sont,  après  trente  ans  seulement  dexistence , 
^  la  diversité,  la  richesse  de  la  presse  périodique  japo- 
^•naise;  encore  ai-je,  de  propos  délibéré,   laissé  de 
'  •  côté  les  journaux  et  revues  publiés  par  des  étrangers , 
'  uniquement  en  langue  étrangère.  Le  lecteur  japo- 
'"  nais  est  aujourd'hui  tenu  au  courant  de  tous  les  faits, 
C:  importants  ou  non,  qui  sont  susceptibles  de  finté- 
•    resser;  questions  de  politique  intérieure  et  extérieure, 
f   d'économie  politique,  d'histoire,  de  jurisprudence, 
de  médechie,  de  pédagogie,  de  critique,   tout  lui 
passe  sous  les  yeux.  Par  leur  bon  marché,  les  jour- 
naux pénètrent  partout;  on  les  voit  dans  les  mains 
du  paysan ,  dans  celles  du  bonze;  le  tireur  de  zinrik- 
cha  les   lit,  tandis  quil  se  repose  de  son  fatigant 
labeur.  La  presse  a  déjà  joué  un  grand  rôle,  elle  a 
formé  une  opinion  publique,  elh»  la  faussée  îiussi 
en  quelques  circonstances;  elle  prend  chaque  jour 
une  place  plus  considérable  '  et  elle  est  appelée  à 

'  L('.  Résumé  statistique  de  lempircdu  Japon  iSgô  (i  vol.  gr.  in- 
8*,  Tokyo;  en  japonais  et  en  français]  donne  les  chiflRros  suivants  : 

Année  1889 \6'j  journaux  et  revues. 

—  «890 716        —  — 

—  1891 766        —  .    — 

—  189a 793         —  — 

Pour  1892.  ros  p<>riodiquos  sj*  repartissent   de  la  manière  sui- 
vante : 

Tokyo 2o3 

lion  sin  ( moins  Tokyo) :i7.'i 

Si  koka 36 

Kiu  tiu 57 

Ezo 3  3 

Total 793 


530  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1808. 

influer  de  plus  en  plus  sur  révolution  du  pays,  qu'il 
s  agisse  de  mieux  connaître,  d  apprécier  plus  saine- 
ment les  Européens  et  leurs  idées,  ou  de  donner  au 
gouvernement  des  organes  plus  stables,  mieux  en 
harmonie  avec  les  besoins  et  la  manière  d'être  des 
diverses  classes  sociales. 

Je  dois  m  excuser  aussi  d'avoir  donné  de  ces  pé- 
riodiques une  revue  si  incomplète  :  pour  suivre  leur 
histoire,  noter  leurs  tendances  et  leurs  conditions 
d'existence,  pour  faire  œuvre  vraiment  scientifique, 
il  faudrait  de  nombreux  documents  que  nous  n'avons 
pas  en  Europe.  Je  serais  content  si  cet  essai  inspirait 
à  l'un  de  nos  confrères  d'Extrême-Orient  l'idée  de 
reprendre  la  question  et  de  la  traiter  comme  elle 
mérite  d'être  traitée. 


NOUVELLES   ET  MÉLANGES.  531 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES. 


Sh'lANCE  DU  VENDREDI  11  NOVEMBRE  1898. 

La  séance  est  ouverte  à  4  heures  et  demie ,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Ë.  Senart,  vice>président. 

Ktaient  présents  : 

MM.  Mnspero,  vice-président;  Chavannes,  secrétaire; 
Duval,  Decourdemanche ,  Clément  Huart,  Halévy,  Nau, 
Boyer,  Foucher,  Feer,  Maurice  Courant,  Finot,  Schwab, 
Sonneck,  Sylvain  Lévi,  Cabaton,  Gaparède,  Oppert,  Ré- 
gnier, membres;  Drouin,  secrétaire  adjoint. 

Le  procès-verbal  de  ia  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
Sont  reçus  membres  de  la  Société  : 

MM.  Jules  Halphen,  demeurant  à  Paris,  avenue  Victor- 
Hugo,  n"*  73,   présenté  par  MM.  Chavannes  et 
Courant. 
Georges  Salmon ,  ancien  élève  de  TEcole  des  langues 
orientales ,  demeurant  à  Paris ,  avenue  de  Laumière 
n"*  ao,  présenté  par  MM.  Schwab  et  Derenbourg. 
Le  collège  des  missions  françaises  de  Zi-ka-weï  près  Shang- 
haï (Chine),  présenté  par  MM.  Courant  et  Chavannes. 

Il  est  donné  lecture  : 

1  **  D\me  lettre  du  président  de  la  Commission  de  perma- 
nence du  Congrès  international  des  Orientalistes,  qui  8*est 
tenu  à  Paris  en  1897,  remerciant  la  Société  asiatique  du 
concours  actif  qu^elle  a  prêté  aux  travaux  de  ce  congrès  ; 

a"  D^une  lettre  du   Ministre   de  Tinstruction   publique 


532  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

annonçant  l*ordonnancement  d*une  somme  de  5oo  francs 
pour  la  subvention  trimestrielle  accordée  à  la  Société  ; 

3*  D*une  circulaire  du  Ministre  du  commerce  en  date  du 
1  o  juillet  1 898 ,  demandant  à  la  Société  asiatique  de  prendre 
part  à  TExposition  de  1900,  en  exposant  les  volumes  et 
ouvages  qu  elle  a  publiés. 

M.  le  Président  et  M.  Maspero  sont  d*avis  qu'il  y  a  lieu 
de  répondre  à  l'invitation  du  Ministre ,  et  de  nommer  dès  à 
présent  deux  délégués  qui  se  mettront  en  rapport  avec  los 
membres  de  la  Commission  de  TEnseignement  supérieur 
pour  s*eiitendre  à  ce  sujet.  Le  Conseil  nomme  comme  dé- 
légués de  la  Société  asiatique  MM.  Barbier  de  Mcynard  et 
Maspero. 

Sont  offerts  à  la  Société  : 

Un  exemplaire  des  discours  qui  ont  été  prononcés  par 
MM.  Micbel  Bréal ,  Senart  et  Barbier  de  Meynard  à  Tocca- 
sion  de  Tinauguration  du  monument  funéraire  érigé  à  Vimy 
(Pas-de-Calais),  à  la  mémoire  d*Abel  Bergaigne; 

Par  M.  Schwab,  les  Inscriptions  hébraïques  en  France,  du 
ni'  aa  xv' siècle (ExiTsài  du  Bulletin  archéologique) ^  et  Tran- 
scription de  mots  grecs  et  latins  en  hébreu  (  Extrait  du  Journal 
asiatique); 

Par  M.  le  D' J.  Marquart,  professeur  à  Tûbingen ,  Die  Chro- 
nologie der  alttàrkischen  Inschriften  avec  une  préface  et  une 
addition  de  M.  W.  Bang  de  Louv^in.  In-8%  Leipzig,  1898; 

Par  M.  Maurice  Courant,  La  stèle  chinoise  du  royaume  de 
Ko  kou  ryc  (Extrait  du  Journal  asiatique). 

Le  Conseil  autorise  l'échange  du  Journal  asiatique  depuis 
le  !•' janvier  1898,  avec  la  Revue  biblique  depuis  Tannée  1891 
inclusivement. 

M.  Maurice  Courant  donne  lecture  d'un  Mémoire  sur  la 
Presse  périodique  japonaise.  Ce  travail  sera  publié  dans  le 
Journal  asiatique  (voir  supra), 

M.  Chavannes   fait  une  communication  sur  la  musique 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  533 

chinoise.  11  discute  Topinion  du  P.  Amiot  quif  dans  son 
Traité  de  fa  musique  des  Chinois  (1780),  suppose  (jue  les 
Grecs  ont  emprunté  aux  Chinois  le  principe  de  la  «  gamme 
pythagoricienne  ».  M.  Chavannes  retrouve  en  eflet  dans  les 
Mémoires  historiques  de  Se-ma  Ts'ien  (antérieurs  à  Tan  100 
avant  J.-C),  et  dans  le  Tch'oen  ts'ieou  de  La  Pou-wei  (mort 
en  a 35  avant  J.-C),  la  théorie  de  la  progression  de  douze 
quintes  justes  ramenées  à  la  même  octave ,  progression  qui 
est  le  principe  du  la  gamme  pythagoricienne;  mais,  contrai- 
rement à  ce  que  soutenait  le  savant  jésuite,  il  pense  que 
rhypothèse  d  un  emprunt  fait  par  les  Chinois  à  la  civilisation 
grecque  serait  plus  vraisembiahie  :  les  textes  qui  supposent 
connue  cette  théorie,  sont  postérieurs  à  Texpédition 
d'Alexandre  en  Sogdiane.  Dans  les  textes  plus  anciens  où  il 
est  question  de  douze  lu,  c'est  de  cloches  qu'il  s'agit,  et  non 
de  tuyaux  sonores ,  et  rien  ne  nous  autorise  à  penser  que  ces 
cloches  dussent  rendre  les  notes  de  la  gamme  pythagori- 
cienne. Les  Chinois  ont,  du  reste,  promptement  perdu  la 
notion  exacte  du  système  des  douze  quintes  qui  n'a  joué 
presque  aucun  rôle  dans  leur  musique  réduite  à  cinq  notes, 
et  qui  apparaît  ainsi  comme  une  importation  étrangère  dont 
ils  n'ont  pas  su  tirer  parti.  Enfin  la  légende  même  par  la- 
quelle les  Chinois  ont  prétendu  attribuer  une  haute  antiquité 
à  Tinvention  des  douze  tuyaux  sonores ,  renferme  l'aveu  que 
Tempereur  Hoang-ti  envoya  chercher  à  l'ouest  du  pays  de 
Ta-hia,  c'est-à-dire  de  la  Bactriane(?),  les  roseaux  dont 
Ling-laen  se  servit  pour  constituer  ces  tuyaux. 

M.  J.  Halévy  fait  diveraes  communications  à  la  Société; 
elles  paraîtront  dans  le  prochain  numéro  du  Journal, 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 


534  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

OUVRAGES  OFFERTS  X  LA  SOCIETE. 
(Séance  du  ii  novembre  1898.) 

Par  rindia  Office  :  Jaiicial  and  administrative  Statisticsfor 
Britith  India,  1896-1897  and  the  four  preceding  yean.  Cal- 
cntta ,  1 898  ;  in-folio. 

—  Annaal  Administration  Report  ofthe  Forest  Department, 
Madras  Presidency,  June  1897;  in-folio. 

—  Records  of  the  Crovernment  of  India,  Calcutta ,  1 898  ; 
in-folio. 

—  tpigraphia  Indica,  December  1897;  April,  July  1898. 
Calcutta;  gr.  in-4*. 

—  Epigraphia  Carnatica,  Bangalore,  1898;  in-4*. 

—  Indian  Antiquary,  December  1897,  Part  II;  January- 

Juiy,  i898;in-4'. 

—  Bibliotkeca  Indica,  New  séries «n**  911-919,  931.  Cal- 
cutta, 1897-1898,  in-8*. 

—  Notices  of  sanscrit  mss.  Second  séries.  Vol.  I,  parts  1 
and  II.  Calcutta,  1898;  in-8*. 

Par  le  Ministère  de  Tinstruction  publique  :  BibUotkèqne  des 
écoles  d'Athènes  et  de  Rome,  Fasc.  XL VIII,  Mantinée  et  i'Ar- 
cadie  orientale,  par  Gustave  Fougère.  Paris,  1898;  in-8*. 

—  Fasc.  XLIX,  Etnde  sur  Théocrite,  parPb.-E.  Legrand. 
Paris,  l898;in-8^ 

—  Ecole  française  d'Athènes,  Bulletin  de  correspondance 
hellénique,  Xil.  Paris,  1898. 

—  Annales  du  Musée  Guimet,  T.  XXVIIi,  E.  Amëlineau, 
Histoire  de  la  sépulture  et  des  funérailles  dans  l'ancienne  E^pte , 
let  II.  Paris,  1896;  in-/i*. 

Par  la  Société  :  Bulletin  de  la  Société  de  géographie  d'Alger, 
2'  et  3'  trimestres  1898;  in-8'*. 

—  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique  de  Paris,  t.  X, 
5- fasc.  Paris,  1898;  in-8'. 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  535 

Par  la  Société  :  Comptes  rendus  de  la  Société  de  géographie  » 
juin  et  juillet.  Paris,  1898:  in-8*. 

—  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres,  mars-avril  et  mai-juin  1898;  in-8°. 

—  Comité  de  conservation  des  monuments  de  iart  arabe, 
fasc.  1-9.  Le  Giire,  1892;  in-8*. 

—  Annales  de  Tabari,  Prima  séries  XI,  recensuit  K.  Prym , 
1 898  ;  in-8*. 

—  The  Geographical  Journal,  Auf(ust-October-November 
1898;  in  8*. 

—  The  American  Journal  of  Semitic  langaages  (  Hebraica  ) , 
October.  Chicago,  1898;  in-8''. 

—  Journal  of  the  China  branch  ofthe  Royal  Asiatic  Society, 
New  séries.  Vol.  XXVIII- XXX.  Shanghaï,  1896-1898; 
in-8\ 

—  Journal  ofthe  Asiatic  Society  of  Bengal,  Vol.  XL  VU, 
part  I .  Calcutta ,  1 898  ;  in-S"*. 

—  Proceedings,  etc.  January  1897-April  1898.  Calcutta, 
in.8\ 

—  Transactions  andproceedings  ofthe  Japan  Society,  Vol.  IV 
wîth  Suppléments,  London,  1898;  in-8*. 

—  Revue  africaine,  2'  et  3*  trimestres.  Alger,  1898; 
in-8'. 

—  Zeitschrifi  der  deutschen  morgenlàndischen  Gesellschafï , 
LU,  II-  et  IIP  Heft.  Leipxig;  in.8^ 

—  Giornale  délia  Società  asiatica  italiana,  1897-1898. 
Roma;  in-8*. 

—  Journal  of  the  American  Oriental  Society ,  XJX'^  vol. 
Second  half  1898.  New-Haven;  in-8°. 

—  Journal  of  Royal  Asiatic  Society,  July  and  October  1 898. 
London  ;  in-8°. 

>— •  Société  biblique.  Divers  opuscules  en  langues  africaines, 
1898. 

—  Atti  délia  Accademia  dei  Lincei,  Aprile-Giugno  1898, 
Roma,  con  Rendiconti,  Giugno  1897,  et  iasc.  5  et  6.  Roma, 
1898;  in-4'. 


536  NOVEMBRE-DECEMBRE   1898. 

Par  la  Société  :  Publications  de  VEcole  des  langues  vivantes. 
0.  Houdas,  Tariq  es-Sond<in,  Paris,  1898;  in-8*. 

—  The  American  Journal  of  Pkilology,  Baltimore,  1898; 
in.8\ 

—  American  Journal  ofArchœology,  Noveuiber-I.)ecember. 
Norwood ,  1 897  ;  in-8*. 

Par  les  éditeurs  :  Al-Machriq ,  Haziràn  et  Tischrin  I.  Bey 
routh,  1898;  in-8°. 

—  Polybibllon ,  parties  technique  et  littéraire ,  juin-octobre 
1898.  Paris;  in-8". 

—  The  Sanscrit  cr il ical  Journal ,  5une-.\ugusi  1898.  Wo- 
king;  in-8*. 

—  Revue  critique t  n"  a 6-44*  Paris,  1898:  in-8*. 

—  J.  Halévy,  Revue  sémitique,  juillet  et  octobre  1898. 
Paris;  in-8*. 

—  Bulletin  du  Caucase  (en  russe),  XXIV.  Tiflis,  1898; 
in-8*. 

—  Bolleltino,  n**  3o  1-307.  l^'irenze,  1898;  in-8*. 

—  Le  Globe,  5'  série,  t.  IX.  Bulletin,  février,  avril  et 
juin  1898.  Genève;  in-8*. 

—  Revista  politica  e  letleraria,  Luglio  ed  Agosto  1898. 
Ronia;  in-8*. 

—  Le  Ma^con ,  juin-août.  Louvain,  1898;  in-8*. 

—  Revue  archéologique,  mai-août  1898.  Paris;  in-8*. 

—  Al'Bayân,  Août  1898.  Le  Caire;  in-8*. 

—  Al-zliiyâ,  Septembre-octobre  1898.  Le  Caire;  in-8*. 

—  Al-mizân,  en  arabe  et  en  persan.  Haïdarabad,  1898, 
in-8*. 

—  Talkhis  cl-Kalâm,  Haïdarabad,  1898;  in-8*. 

—  T'ung-Pao.  Juillet  1898.  Leide;  in-8*. 

—  Institut  de  France,  Inauguration  de  la  statue  de  Bergaigne 
à  Vimy,  Discours  de  MM.  E.  Sénart  et  Barbier  de  Meynard. 
Paris,  1898;  in-4*. 

—  Journal  des  Suivants,  septembre -octobre  1898.  Paris, 
1898. 


NOUVELLES  ET  MELANGES.       537 

Par  ies  auteurs  :  IV  J.  Rouvier,  Les  ères  de  Tripolis  de  Phè- 
/iicic  (extrait),  1898.  Paris;  in-8*. 

—  V.  Chauvin ,  Bibliographie  des  ouvrages  arabes  el  relatifs 
aux  Arabes ,  publiés  dans  l'Eumpe  chrétienne  de  iSiO  à  1885, 
IlL  Liège,  1898;  \nS\ 

—  P.  Regnaud,  Etudes  védiques  et  post-védiques.  Paris, 
1898;  in-8". 

—  G.  de  Vasconcellos  Abreu,  Exercicios  e  prinieiras  lei- 
turas  de  saniscrito,  t.  IL  Lisboa,  1898;  in-8°. 

—  Le  même ,  Testo  critico  de  la  Lenda  dos  santos  Barlaoe 
Josaphate,  Lisboa,  1898;  in-8*. 

—  L.  M.  Chagny,  L* Anglais  est-il  Israélite?  Paris,  1898; 
in^'. 

—  .Le  même,  Lm  sémitique  Albion,  Paris,  1898,  in-8'. 

—  D'  Fr.  Hirth ,  Zur  Geschichte  der  Chinesen,  M dnchen , 
1898;  in-8'. 

—  Le  même,  Chantung  und  Kian-Tschéou  (extrait).  Mûn-* 
chen,  1898;  in-8". 

—  Rev.  E.  Sell,  Mvnâzir  el-Qawâid,  a  Persan  Grammar, 
4*^  édition.  Madras;  in-8*'. 

—  Le  même,  Jamt-ul-Qatcànùi ,  an  Urdn  Grammar.  Ma- 
dras, 1898;  in-8'*. 

—  M.  A.  Grëlian,  Le  royaume  de  Siam,  or  édition.  Paris, 
1898;  in-8*. 

—  L.  W.  King,  First  Steps  in  Assyrian.  London,  1898; 
in-8'. 

—  Nicolson,  Selected  Poems  of  the  DivaniShamsi  Tabrizi. 
Cambridge,  1898;  in-8*. 

—  Sir  Cléments,  R,  Markham,  Antarctic  Exploration. 
London,  1898;  in-4'. 

—  Revue  de  l'histoire  des  religions,  mars-avril,  juiilet-août 
1898.  Paris;  in-8'. 

—  R.   Sewell,   Eclipses  of  the  moon   in  India,  London, 

1898;  in-4". 

—  E.  D.  Sacliau ,  MittheUnngnn  des  Seminars  fur  orienta- 
lischen  Sprachen,  3  Abtheilungen.  Berlin,  1898;  in-8'. 

XII.  35 


laraivcuB  i«fi«»4ia. 


53S  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1808. 

Par  les  auteurs  :  Peiser,  Orientaliscke  Litteratur-Zeitmng, 
Juli.  Beiiin,  1898;  in-4'. 

— -  L.  de  ia  Vallée  Poussin,  Bouddhisme,  élades  et  mutè- 
I  imax ,  Adikartiiapradipa  Bodhicaryanatmnlikà»  London ,  1 898  ; 
in-8'. 

—  Bel-Kassem  ben  Sedira,  Grammaire  d'arabe  régulier, 
Alger,  1898;  in-8'. 

—  M.  Lambert,  De  Vaccent  en  arabe  (extrait).  Paris, 
1898;  in-8". 

-—  Salih  Zeki  Ëfendi ,  Notation  algébrique  chez  les  Orirn- 
taux,  Paris,  1898;  in-8''. 

—  Fried.  Huitsch,  Die  Gewickte  des  Alterthums,  n*  II. 
Leipzig ,  1 898  ;  in-8*. 

—  E.  Fagnan,  Chronique  dm  Aimohades  et  des  Hirfçides, 
attribuée  à  Zerkechi.  Constantine,  1896;  in-8*. 

—  V.  Dingebtedt,  The  Yezids  (extrait),  1898;  in-8*. 

—  K.  G.  Zaleoian,  La  légende  de  Hakim-ata,  en  tiirr 
oriental.  Saint-Pétersbourg,  1898;  in-8". 

— -  G.  Van  Moten,  Le  livre  des  beautés  et  des  antithèses. 
Texte  arabe.  Leide,  1898;  in-8*. 

—  Gharencey^  Les  préfixes  péjoratives  en  basque,  Fri  bourg 
(Suisse),  1898;  in-8'. 

-»  P.  Elhmann,  Die  Sprichwôrter  und  bildlidie  Ausdràcke 
der  japanischen  Sprache,  Supplément.  Tokyo,  1898;  in-8*. 

—  H.  Derenl>ourg ,  Les  traducteurs  arabes  d* auteurs  grecs 
(extrait).  Paris,  1898;  in-8". 

—  D'  L.  Scherman,  Orientalische  Bibliographie,  \i, 
Jahrgang  II.  Berlin,  1898,  in-8'. 

—  N.  Sentenach,  Ensayo  sobre  la  America  prrcolombina. 
Toledo,  1898;  in-8'. 

—  Le  même ,  La  lengua  y  la  literatura  sanskritas  ante  la 
critica  historica.  Madrid ,  1 898  ;  in-8*. 

—  .1.-A.  Decourdemanche ,  La  morale  musulmane  tic 
r Akhlaqi-Hamidè.  Paris,  1888;  in  8". 

—  Le  même,  Etudes  sur  les  lyicines  arabes,  sanscrites  et 
turques,  Paris,  1898;  in-8*. 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  539 

Par  les  auteui*»  :  J.-A.  Decourdeiuanche ,  Sotthier  de  Natr- 
eddin  Hodja,  Bruxelles»  1878;  m-8". 

— -  J.  Marquart,  Die  Chronologie  der  alttàrkischen  In- 
sckrijïen,  Leipiig,  1898;  ino8'. 


SÉANCE  DU  VENDREDI  9  DÉCEMBRK  1898. 

La  séance  est  oaverte  à  4  heures  et  demie,  sous  la  pi*ési- 
dence  de  M.  M aspero ,  vice-président. 

Ëtaient  présents  : 

MM.  Ë.  Senart,  vice-président;  Ayinonier,  Kubens  Duval, 
Chabot,  Schwab,  Carra  de  Vaux,  V.  Henry,  Mondon-Vi- 
dailhet,  Halévy,  Halphen,  Finot,  Gourant,  Grenart,  Feer, 
Textor  de  Ravisy,  Foucher,  Devéria,  Clément  Huart,  De- 
courdemanche ,  Cabaton ,  Parisot ,  membres  ;  Drouin ,  secré- 
taire adjoint. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  de  novembre  est  lu  et 
adopté. 

Sont  reçus  membres  de  la  Société ,  à  partir  du  1  "  jan- 
vier 1899: 

MM.  Salih  Zkki  Ependi  ,  directeur  de  TObservatoire  im 
périal  ottoman  k  Péra  (Constantinople),  présenté 
par  MM.  Carra  de  Vam  et  Drouin  ; 
Raymond  Weil  ,  lieutenant  au  5*  régiment  du  génie , 
demeurant  à  Versailles,  présenté  par  MM.  Schwab 
et  Maspero  ; 
W.  Margais  ,  directeur  de  la  Méderca  de  Tlemcen 
(Algérie),  présenté  par  MM.  Barbier  de  Meynard 
et  Hondas. 

Il  est  ensuite  procédé  au  reiiouvelicnieiit  de  la  commission 
de  rédaction   du   Journal  asiatiqae.   Les  membres  actuels, 

35. 


5^0  NOVEMBBE-DÉCEMURE    1898. 

MM.  Oppert,  E.  Senart,  Devéria,  Maspero  et  Duval  sont 
réélas  à  riinanimitë. 

M.  Aymonicr,  rappeUe  qu*uu  monument  a  étc  élevé  a 
Vîmy  (Pas-de-Gilais),  à  la  mémoire  d*Abel  Ber^i^e«  au 
mois  d*ociobre  dernier;  il  exprime  le  désir  de  voir  réunis  en 
une  brochure,  qui  serait  ornée  du  portrait  de  ce  savant,  Fen- 
senibie  des  discours  qui  ont  été  prononcés  le  jour  de  Tinau- 
goration.  Le  secrétaire  est  in\ité  à  s'entendre  à  ce  sujet  avec 
la  commission  d'organisation  de  Viniy. 

Sont  offert  à  la  Société  : 

Par  M.  Maurice  Courant ,  en  son  nom  personnel ,  les  pLin- 
ches  en  photogravure  de  l'inscription  chinoise  et  coréenne 
de  la  stèle  de  Ko  Ku  rye ,  dont  la  traduction  a  paru  dans  le 
Journal  asiatique. 

Au  nom  du  collège  français  de  Zi-ka-ewï  (  Shanghai  ) ,  une 
brochure  de  M.  Paul  Vial,  missionnaire  au  Yunnan,  inti- 
tulée :  fuLfs  Lolos,  histoire,  religion,  mœurs,  langue,  écri- 
ture •.  Cette  brochure  forme  le  fascicule  A  du  recueil  public 
par  les  P.  Jésuites  de  Shanghaï  sous  le  nom  d^Etades  sino- 
orientales;  elle  contient  3 5  |)ages  de  fac-sîmilé  de  Técriture 
hiéroglypliique  des  Lolos  ; 

Par  le  Gouvernement  générai  de  i'Algéne ,  un  exemplaire 
d*un  ouvrage  sur  reiiseinble  du  droit  musulman ,  intitulé  : 
Balance  de  la  loi  musulmane,  traduit  de  Tarabe  de  El  Qia- 
rani,  |>ar  le  D'  N.  Pen'on,  et  revu  par  M.  Luciani; 

Par  M.  Carra  de  Vaux,  un  ouvrage  dont  il  est  l'auteur, 
intitulé  :  Le  Mahométisme ,  le  génie  sémitique  et  le  génie 
aryen  dans  l'Islam; 

Par  M.  Drouîn,  au  nom  de  Cri  Kàli  Kumàr  Dàs,  pandit  de 
Chittiigoiig  (Inde),  une  notice  sur  la  tribu  des  Limita  ou 
Kirali,  qui  habite  le  \epâl  oriental ,  et  une  bi'ochure  intitulée: 
Bunnah  and  her  people. 

Dc*s  i*einerciements  sont  adressés  aux  donateurs. 

M.  Senart  annonce  à  la  Société  (|ue  Touvi-nge  arabe  iii- 


NOUVELLES  ET   MÉLANGES.  r)4l 

iîiiûé  :  Précis  de  jiirisprndence  musulmane,  par  Sidi  Khalll, 
qui  a  été  publié  aux  frais  de  la  Société  et  dont  plusieurs 
tirages  successifs  ont  été  épuisés,  sera  réimprimé  après  avoir 
été  revu  et  corrigé  avec  soin.  M.  Barbier  de  Meynard ,  don- 
nera dans  une  prochaine  séance  les  détails  complémentaires 
relatifs  à  cette  publication. 

Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  du  Ministre  de  Tin- 
struction  publique,  annonçant  Tordonnancement  d*une 
somme  de  cinq  cents  francs  pour  la  subvention  du  quatrième 
trimestre  de  1898. 

M.  Foucher  communique  à  la  Société  les  photographies 
d*une  douzaine  de  bas-reliefs  originaires  du  GandhAra,  et 
actuellement  conservés  dans  les  musées  de  Calcutta  et  de 
Lahore.  Dans  les  scènes  qui  y  sont  représentées ,  il  croit  être 
le  premier  à  reconnaître  les  épisodes  dont  les  textes  boud- 
dhiques font  suivre  le  Nirvana ,  à  savoir  :  la  mise  au  cercueil 
et  la  crémation  du  corps  du  Buddha ,  la  garde  et  le  partage 
en  huit  parts  des  reliques,  et  enfm  le  transport  de  ces  der- 
nières et  leur  dépôt  dans  les  stupas. 

M.  Foucher  profite  de  cette  occasion  pour  mettre  à  la  dis- 
position de  la  Société  les  plus  intéressants  d*entre  les  nom- 
breux clichés  inédits,  qu*il  a  rapportés  de  sa  mission  dans 
Tfndc.  Il  signale  notamment  une  collection  complète  et 
exécutée  à  la  même  échelle  de  photographies,  d après  les 
treize  bas- reliefs  qui  ornent  la  fnse  du  stùpa  découvert  à 
Sikri  par  Major  Deane,  et  dont  M.  J.  Burgess,  réclamait 
dernièrement  encore  la  publication  [Journal  of  Indian  Art 
and  Industry,  avril-juillet  1898,  p.  32,  note  3).  Ces  bas- 
reliefs,  fort  curieux  en  eux-mêmes,  présentent  de  plus  cet 
intérêt  exceptionnel,  qu'ils  ont  été  trouvés  au  complet  et 
in  situ,  et  d* autre  part  ils  proviennent  des  mêmes  ruines  qui 
ont  déjà  fourni  les  deux  remarquables  statues  publiées  par 
M.  Senart  dan*  le  Journal  asiatique. 

M.  L.  Finot  lil  quelques  remarques  sur  certains  passages 
du  Buddha  carita, 

M.  Senart  donne  lecture  d*une  note  rectificative  d*un  vers 


bkt  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1808. 

du  manmcrit  kharoththi,  éài  Manuscrit  Daireail  de  Rkins» 
dont  il  a  donné  la  Irantcription  dans  le  dernier  cahier  dn 
Journal  asiatique, 

M.  L.  Feer  rend  compte  de  ia  Notice  précitée  de  Çri 
Kàli  Kumàr  Dàs  sur  ia  tribu  des  Limita,  Ce  peuple  s^appelie 
hii-méme  Yâk-thnmbas  (pasteur  de  yaks),  mais  il  a  aussi 
les  noms  de  Kirati  chez  les  Indons ,  et  Txong  chez  les  Le|>- 
chas  et  les  Bhatias,  ses  voisins  du  Népal.  La  langue  a  beau- 
coup d*analogie  avec  le  lepcha ,  mais  l'écriture  est  inconnue. 

Sur  la  proposition  dun  membre  du  Conseil,  qui  expose 
que  le  chiffre  de  la  cotisation  à  vie ,  fixé  depuis  Torigine  de 
la  Société  à  Soo  francs,  n*est  plus  aujourd'hui  en  rapport 
avec  le  taux  de  Tintérét  de  Targent  qui  a  baissé  de  près  de 
moitié,  le  Conseil  décide  qu*à  Tavenir  et  à  partir  de  ce  jour 
le  chiffre  de  cette  cotisation  sera  porté  à  4oo  francs  |)our 
les  personnes  et  à  600  francs  |)our  les  sociétés  ou  étabiis- 
smnents  civils  et  religieux. 

La  séance  est  levée  à  six  heures. 


ANNEXES  AU  PROCfts-VKRBAL. 

NOTBS  SliR  LE  BLDÙHÂCAniTA, 

Le  texte  du  BuHdhacarita ,  tel  que  nous  iont  conservé  les  maiiu- 
srrits  envoy*^  par  Hodgson ,  fourmille  de  fautes.  M.  Cowell  eo  a 
rectifié  un  grand  nonibn*  dans  son  inlition  et  sa  traduction; 
MM.  von  BôhtlingL,  Kem«  Kielhom,  Spe>eront  proposé  d*ingénieuses 
restitutions,  dont  beaucoup  demeurent  acquises.  Malgré  tous  ces 
efforts,  il  reste  beaucoup  de  passages  suspects  ou  décidément  cor- 
rompus. Les  quelqii  s  notes  qui  suivent  ont  pour  but  d^indiquer 
quelques  corrections  qui  m  ont  paru  plausibles.  (G.  désigne  Tédition 
011  la  traduction  de  M.  Cowell  ;  B. ,  les  notes  de  M.  von  BôhtlingL.  ) 

n ,  3.  jre  fmdmakalpair  api  ca  dripendmir 
na  inandalmn  çeifytun  ihàbhinetnm. 
V,  3  3.    pravivfça  pnnah  pnmm  na  kâmâd 

vanahhûmêr  iva  mandalam  dvipendrak. 


NOUVELLES  ET  MÉLAiNGES.  543 

Dans  ces  deux  passages,  man^la  désigne,  selon  C,  un 
exercice  consistant  à  faire  tourner  les  éléphants  en  cercle.  Il 
exprime  plus  vraisemblablement  la  palissade  circulaire,  nom- 
mée aujourd'hui  kheddah,  où  les  chasseurs  font  entrer  de 
force  les  éléphants  sauvages,  à  l'aide  d'éléphants  domes- 
tiques. 

IJ,  lo.  La  leçon  pratibhvo  proposée  par  C.  est  sûre,  d'au- 
tant que,  en  dépit  des  scrupules  du  savant  éditeur,  cette 
forme  n*est  nullement  irrégulière  (Whitney,  S  352).  Il  est 
superflu  de  recourir  à  un  mot  aussi  inusité  que  praribhyo 
(Kielhorn). 

n  ,  34.  na  saifiranmje  vifatnaijn  jananyàtn, 

C.  «  He  felt  no  violent  delight  in  any  state  of  birtb.  »  Ja- 
nanî  ne  peut  avoir  un  pareil  sens.  B.  a  proposé  successive- 
ment deux  corrections  :  vifamamyavanyâm  et  vifamejagatyâm  ; 
Speyer  :  visavac  ca  ralyâin.  Jl  faut  lire  sans  aucun  doute  visa- 
samjananyàm.  La  samjananï  est  une  variété  du  désir  immo- 
déré, lobha  (  Dhammasaîigani ,  éd.  E.  Muller,  S  loog). 

Il,  \\.   'ui  câvivaksûl  dvifatâm  ndharmaifk 
na  câdidkakiid  dkrdayena  manyum, 

adidhakfid  dans  le  dernier  pâda  est  une  correction  de  C. 
à  la  leçon  avidhaksid  du  ms.  de  Cambridge  ;  celle  de  Kiel- 
horn ,  abibkakfid,  donne  un  meilleur  sens  ;  le  ms.  de  Paris 
suggère  une  troisième  hypothèse.  Le  scribe  a  en  effet  écrit 
avidhvaksîd^  comme  si,  ayant  d'abord  copié  avivaksid,  ii avait 
ensuite  remarqué  la  répétition  du  même  mot  dans  deux 
pâdas  successifs  et  essayé  de  corriger  cette  faute  apparente. 
Je  suppose  que  l'auteur,  non  par  inadvertance,  mais  par 
affectation  de  science  grammaticale,  avait  effectivement 
employé  deux  fois  avivaksid,  la  première  comme  désidératif 
de  vac,  la  seconde  comme  désidératif  de  vah.  L'expression 
hrdayena  vah  est  usuelle  et  donne  ici  un  sens  très  naturel  : 


544  NOVEMBRE-DECEMBRE    1898. 

•  H  n'aimait  point  à  proclamer  l'injustice  de  ses  ennemis;  il 
naimait  point  à  porter  dans  son  cœur  la  colère  ». 

IV,  1 3.  tàsâm  evaijuvidhànâqi  vo  viYuktânàm  si^eufocare, 

La  correction  de  C  niyaktânâm  est  inutile,  l'dâvin  re- 
proche aux  femmes  d'être  «  paresseuses  devant  leur  devoir  ■. 

IV,  ^9.    ...  Uuji  kàçcit  tatra  jofitak 

kathinaih  pasprçuh  pïnaih  saintfhatttnr  raltpibhih  stanaih, 

C.  traduit  samghaftair  valgubhih  :  «  in  gentle  collisions  >. 
B.  corrige  samghrsfair  «  sich  aneinander  reibende  ».  On  peut 
conserver  la  leçon  des  mss  et  traduire  :  «  leurs  seins  embellis 
de  parures  ».  Le  sens  de  samghatta  «  parure  »  résulte  de 
YAgastimata,  v.  333  (p.  i3i  de  mon  édition  des  Lapidaires 
indiens)  : 

chedanoUekhanaiç  caiva  sthàpane  handkane  tathâ 
pramânena  ghatayanti  tena  saipgkaHa  ucyate, 

IV,  3g,  kâcid  vàsâghûrnitakandalâ,  C.  corrige  kâcid  vàtéf  ; 
la  graphie  suggère  plutôt  kàcic  chvâsâ*, 

JV,  96.  La  leçon  kâmesv  anâryem  est  celle  du  ms.  <ic 
Paris,  et  on  ne  voit  pas  pourquoi  B.  la  remplace  par  kâmesa 
nârihesa, 

m 

V,  10.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  substituer  sthitic  ca  i\  sthiter 
ca  =  «  par  suite  de  la  fermeté  spirituelle  [tju'il  venait  d'ar- 
quérir]  ». 

IX,  6.  na  ta  nàvahnddhah,  Speyer  corrige  :  na  tu  no  *nva- 
banddha,  La  leçon  du  ms.  de  Paris ,  na  ta  râvabuildkah ,  peut 
être  conservée  avec  un  léger  changement  :  na  ta  câvabad- 
dhali, 

IX,  33.  yadâ  ta  bhûtvâpi  [bhaved  vi]yogalf.  Suppléer  plu» 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.       545 

tôt  hhaven  na  :  «mais  puisque  runioii,  après  avoir  été,  doit 
cesser  d*être  ». 

IX ,  36.  gacchety  evaiji  jano  yogini  ko  'nurodhak. 

Corriger  :  gacchaty  evamjane  yogini  ko  'narodhah,  La  stance 
entière  peut  se  traduire  :  «  Il  vieut  en  ce  monde ,  laissant 
ses  parents  dans  Tautre  ;  et  les  mystifiant  de  même  ici-has , 
il  s'en  retourne  ;  arrivé  là-bas ,  il  s'en  va  ailleurs  :  comment 
mettre  sa  confiance  dans  un  être  aussi  volage?»  ctyogin  ne 
figure  dans  le  PW.  qu'avec  le  sens  de  «  kein  Môncli  »  ;  mais 
ayoga  signifiant  séparation,  le  dérivé  peut  très  l)ien  signi- 
fier «  qui  se  sépare  » ,  avec  peut-être  un  jeu  de  mots  sur  ce 
double  sens. 

X,  35.  La  correction  de  B.  :  dharsayitum  pour  mar^aYi- 
tiim  n'est  pas  nécessaire.  Le  sens  est  :  «  Si  tu  aimes  trop  ton 
père  pour  conquérir  par  la  force  l'empire  paternel,  et  si 
pourtant  tu  ne  peux  attendre  avec  patience ...  ». 

XI ,  39.  açnâmi,  P.  açnâtL  Corr.  açnanti, 

XU ,  33  c-d,  Corr.  ity  avidyâm  hy  avidvân  sa  pancaparvâm 
samJhate, 

XJI ,  42 .  vâsayanti.  Corr.  cârayanti.  Le  chinois  porte  ! 
«  font  marcher  ». 

XI 11,  33.  tàla.  Corr.  çâla. 

XIII ,  5o.  nâsit  tam  rsim,  Corr.  nâsïnam  rsim, 

L.    FiNOT. 
SUR  UN    PASSAGE  DU  MANUSCRIT   DUTHELIL   DE   RHINS. 

Je  suis  heureux  de  pouvoir  rectifier  dès  maintenant  la 
transcription  que  j'avais  été  d'abord  amené  à  proposer  pour 
un  vers  du  manuscrit  Dutreuii  de  Rhins;  il  s*agit  de  ia 


546  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

ligne  <38  de  C**.  J*avais  eu  raiaon  de  ne  préseoter  mon  inter- 
prétation que  comme  une  livpothèse  provisoire.  La  ren- 
contre que ,  en  une  lecture  récente ,  j'ai  faite  d*une  contre- 
partie pâlie  très  analogue ,  sinon  absolument  identique ,  me 
met  en  état  de  l'améliorer  sensiblement. 

Je  ne  vois  rien  à  changer  à  la  lecture  matérielle  des  carac- 
tères »  mais  bien  à  la  division  des  moto,  et  je  transcris  main- 
tenant : 

pure  i  kica  parijaga  —  kici  kicakaii  adea 

ta  tadita  parikamakicakari  no  i  kica  kiciali  adea 

Le  vers  pâli  se  trouve  au  Samuddavâiiijajàtaka  (Faus- 
bôil,  IV,  166  et  suiv.).  C*est  Thistoire  de  mille  familles  de 
charpentiers  qui ,  tourmentées  par  des  créanciers  pressants, 
s'expatrient  sur  un  bateau  construit  de  leurs  mains.  Le  vent 
les  pousse  en  plein  océan  vers  une  lie  fortunée  où  ils  n'ont 
qu'à  se  laisser  vivre  dans  l'abondance.  La  troupe  est  parta- 
gée en  deux  moitiés  qui  obéissent  cliacune  à  mi  chef,  Tun 
prudent,  l'autre  dominé  par  la  gourmandise;  celle-ci  a  fa- 
briqué du  rhum ,  et ,  dans  l'ivresse ,  a  manqué  à  la  condition 
que  les  dieux  de  l'ile  avaient  mise  au  séjour  des  nouveau- 
venus.  Les  dieux  se  disposent  à  se  venger  en  provoquant  une 
inondation  de  l'océan  qui  l)alayera  l'ile  entière.  Avertis  par 
un  deva  compatissant ,  les  charpentiers  avisés  se  construisent 
un  vaisseau  sur  lo([uel  ils  échappent  an  moment  du  danger; 
les  autres  préfèrent  croire  aux  trompeuses  promesses  d'un 
autre  deva;  ils  périssent,  victimes  de  leur  optimisme  pares- 
seux. 

Une  moralité  en  trois  stances  est  mise  dans  la  houclie  du 
Buddlia  [abhisamhuddhagâthâ]  pour  insister  sur  la  nécessité 
do  la  prévoyance.  La  troisième  est  ainsi  conçue  dans  le  texte 
do  M.  Fausl>ôll  : 

Anâgataih  patikayirâtha  kiccalii 
ma  maih  kiccam  kiccakiip  yvaclheni 
taffa  tâdisaih  patikatakiccakâririi 
na  tarfi  kiccani  kiccakâle  wadheti 


NOUVELLES   ET  MÉLANGES.  547 

«  11  faut  prévenir  le  besoin  futur,  pour  qu'à  Theure  du  besoin  le 
besoin  ne  nous  apporte  pas  de  souffrance;  celui  qui  agit  ainsi,  qui 
fait  ce  qu'il  faut  pour  prévenir  le  besoin ,  celui-là ,  à  Theure  du  be- 
soin ,  le  besoin  ne  lui  apporte  pas  de  souffrance.  » 

Je  prëfërerais  au  second  pâda  ëcnre  m/î  nai'n  ou  mû  tant  ; 
mais  à  la  rigueur,  on  suppléant  iti  à  la  6n ,  la  première  per- 
sonne se  laisse  interpréter.  Vyadheti  est,  je  crois  =  v)'flf^tf- 
yati,  bien  que  le  scoliaste  paraisse  écrire  vyâdhesi  que  le 
mètre  ne  supporte  guère  et  qu'il  semble  entendre  comme 
un  dénominatif  de  vyâdhi. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  l'étroite  parenté  de  cette  stropbe  avec 
celle  de  ni>tre  ms.  kbarostbi  n'est  pas  moins  apparente  que 
les  différences  qui  Ten  distinguent.  Du  rapprocbement  il 
ressort  qu'il  faut,  en  restituant  les  anusvàras  que  le  ms.  ne 
note  guère,  entendre  : 

pure  (b]i  kica(iii)  parijaga  —  ma  ta[ih)  kica(/h)  kicakali  adea 
ta(ih)  tadisa(ih)  parikamakicakari(m)  no  (h)i  kica(ih)  kica(k)ali  adet 

Les  difficultés  ne  sont  pas  supprimées,  si  le  sens  général 
devient  certain.  Il  y  a  d'abord  la  lacune  de  quatre  syllabes  : 
pour  les  deux  premières,  je  ne  puis  jusqu'à  nouvel  ordre 
que  maintenir  la  conjecture  en  vertu  de  laquelle  j'ai  proposé 
de  compléter  parijagarea;  parijaga  étant  parfaitement  net, 
je  ne  vois  pas  comment  on  pourrait  admettre  une  correspon- 
dance littérale  avec  patikaroti  du  pâli.  Les  deux  syllabes  sui- 
vantes devaient  être  ma  nain  ou  ma  tam. 

Au  troisième  pàda  parikama ,  parikarma ,  est  en  sonune  peu 
éloigné  de  praiikrta;  mais  le  substantif  ne  peut  remplir  exac- 
tement la  fonction  du  participe.  Si  krtya  n'était  dans  toute  la 
strophe  employé  absolument,  au  sens  de  «besoin»,  pari- 
karmakrtya  se  traduirait  ))ien  :  «  ce  qu'il  y  a  à  faire  conune 
préparation  ».  Malgré  les  difficultés  que  l'application  parti- 
culière de  krtya  dans  kicakale  parait  opposer  à  cette  inter- 
prétation,  je  n'en  vois  poui*tant  pas  d'autre  à  proposer. 

Si  l'on  passe  sur  i'i  cei*tainement  fautif  de  kici  pour  kica 
aux  pàdas  deux  et  quatre ,  il  reste  encore  une  pierre  d'acbop- 


548  NOVEMBRE-DÉCEMBRE    IH9H. 

peinent  dans  adta.  A  en  jufrer  par  le  pâli ,  il  faudrait  radkta 
m»  vyathayeya.  Une  pareille  défomiation  est  trop  anormale 
pour  qu*ii  soit  aisé  rie  l'admettre.  Mais  Teiplication  que 
j'avais  tentée  ^=adeyam  tombant  nécessairement,  je  n*al 
rien  à  pro|Kiser  qui  me  satisfasse;  àdtyya,  de  àdiyati,  ne  se 
pourrait  expliquer,  au  scn<  de  prendre,  dominer,  mahriser, 
qu'en  violentant  d*une  façon  inquiétante  racreption  onli- 
naire. 

K.  Se N  ART. 


orVRAGES  OKKKBTS  X  LA  SOlAElk. 
(Séanri*  du  9  dérrmbrp  1898.  ■ 

Par  rindia  Office  :  Journal  of  the  Asialic  .Sorirtr  of  Ben- 
gai,  July-September  1898.  (laicutta,  in-8*. 

—  Proceedings  of  the  Asiatic  Society  of  Bengal,  Mav-Juiv 
1 898.  Calcutta  ;  in^*. 

Par  la  iSociété  :  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  W/«-/«//rw,  juillet-aoîit  1898:  in-8*. 

—  Bulletin  archéologique ,  année  1897,  '^^  livraison.  Paris, 
1H98;  in-S". 

—  Collections  scientifiques  de  l* Institut  des  langues  orien- 
tales du  Ministère  des  affaires  étrangères,  Vlll.  Saint-Péters- 
lK)ur^,  '897;  in-4'. 

—  Catalogue  de  bons  livres  anciens  et  modernes  provenant 
de  la  bibliothèque  de  feu  M.  Ch,  Schefer,  seconde  partie. 
Paris ,  1 898  ;  in-8". 

—  Atti  flelle  Accademia  dei  Lincei,  Luglio  1898.  Roiiin; 

—  Comité  des  travaux  scientifiques  et  historiques»  Biblio- 
graphie; décembre  1897;  in-8*. 

-^  Bulletin  de  correspondance  hellénique,  janvier-octobre 
1898.  Paris;  in-8''. 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  549 

Par  les  éditeurs  :  Revue  critique,  ii"*  46-A9.  Paris,  1898; 
in.8^ 

—  Bollettino,  n"  iiog,  3 10.  Firenze,  1898;  in-8". 

—  Revue  archéologique,  sepicinbre-ociohre  1898.  Paris; 
ill-8^ 

—  Al'Machriq ,  Tichrin-et-thàiii  1896.  Beyrouth;  in-8*. 

—  Al-Zhiyâ,  novembre  1898.  Le  Caire;  in-8". 

—  Revue    biblique    internationale,    années    1895-1898. 
Paris;  in-8". 

—  Revue  biblique  trimestrielle,  189^-1898.  Paris;  in-8*. 

—  The  GeoyraphicalJoarnal ,  Deceaibev  1898.  London; 
in.8-. 

—  Cataloghi  d"i  codici  orientali  di  alcunc  biblioteche  d'Ita- 
lia,  fasciculo  sesto.  Firenze,  1898;  in-8*. 

—  Polybiblion ,  parties  technique  et  littéraire ,  noveinbi'e 
1 898.  Paris  ;  in-8*. 

Par  les  auteui's  :  A.  Barth,  Ja'  pèlerin  chinois  I-fsing  (ex- 
Iraît).  Paris,  1898;  in-8". 

—  Schwab,  Inscriptions  hébraïques  en  France,  du  vu*  au 
\v*  siècle  (extrait).  Paris,  1898;  in-8*. 

—  W.  Curetoii,  The  [estai  Letters  of  Athaïuuius  in  an 
ancient  Syriac  version.  London,  1898;  in-8*. 

—  S.  Lu,  Easebius  on  ihe  Theophania,  a  syriac  version. 
London,  1842;  in-8*. 

—  Khakanov,  Les  manuscrits  géorgiens  de  la  Bibliothèque 
nationale,  a  Paris,  1897;  in-8*. 

—  Stanley  et  Cook,  À  Glossary  of  the  Aramaic  inscrip- 
tions, Cambridge ,  1 898  ;  in-8*. 

—  J.  Pemichon ,  Le  manuel  pratique  de  la  langue  abyssine 
(amharique)  de  M.  Mondon-Vidailhet.  Paris,  1898;  in-8*. 

—  I).  S.  Margoliouth,  Anecdota  Oxoniensa,  Seniitic 
séries,  part  X,  The  Letters  of  Abu'l-Ala,  Oxford,  1898; 
in-8*. 

—  D'  Otto  Paulz,  Muliammeds  Lchre  von  der  Offen^tarung , 
quellenmassig  untersuclit.  Leipzig,  1898;  in-8*. 


550  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 

Par  les  éditeurs  :  Devëiia,  L'écriture  da  roymiime  de  Si-Hin 
oa  Tangoat,  Paris,  1898;  \n-à*. 

—  ly  A.  Socin,  Die  Sprachê  der  karden  (extrait).  Strass - 
burg,  1898;  in-8*. 

—  S.  W.  Bushell,  The  Hsi  H$ia  Dynastie  of  Tangat  (ex- 
trait), 1898;  in.8'. 

—  M.  Gmrant,  La  stèle  chinoise  de  Ko  koa  rye  (extrait). 
Paris,  1898;  in-8*. 

—  Carra  de  Vaux ,  Le  mahomêtisme ,  le  génie  sémitique  et 
le  génie  aryen  dans  l'Islam.  Paris,  1898;  in-8*. 


L'HEXAMiBOIf  DE  JACQURS  D*RDBS8B. 

Dans  le  Journal  asiatique,  8*  série,  tome  XJ,  p.  i55  et 
suiv. ,  Tabbé  P.  Martin  a  fait  paraître  un  article  sur  VHexa- 
méron  de  Jacques  d^Edesse ,  dans  lequel  il  décrit  les  manuscrits 
existants  de  cet  ouvrage.  A  la  page  1 69 ,  il  dit  : 

«Un  concours  de  circonstances  fort  singulières  amenait 
récemment  entre  mes  mains  YHexamiron  de  Jacques  d^Edesse , 
ouvrage  très  rare  dans  les  bibliothèques  d'Europe ,  puisque , 
en  dehors  de  Texemjdaire  que  je  vais  décrire  (  celui  de  Lyon  ) , 
il  n*en  existe ,  je  crois ,  qu'un  autre  complet  à  Leyde ,  et  un 
autre  fragmentaire  à  Paris.  » 

11  faut  rappeler  au  public  savant  l'existence  d'un  quatrième 
exemplaire  de  cet  ouvrage  mentionné  par  Haenel,  Cataloqi 
Ubrorum  manuscriptovum ,  i83o,  p.  186;  The  Hunterian 
Muséum  (Glascow)  R.  3.  ib  h, 

M.  \rthur  Hjelt,  dans  ses  études  sur  VHexaméron  de 
.Jacques  d'Edesse  ( Helsingfors ,  189a),  a  publié  une  partie 
du  troisième  traité  d'après  le  manuscrit  de  Lyon.  Il  donne , 
dans  des  notes  placées  au  bas  du  texte ,  les  variantes  du  ma- 
nuscrit de  Leyde .  et  il  signale  dans  l'introduction  les  mau- 
vaises leçons  et  les  fautes  de  copiste  du  manuscrit  de  Paris. 

Le  manuscrit  de  Glascow,  semUable  à  celui  de  Leyde, 


NOUVELLES   ET   MÉLANGES.  551 

est  écrit  en  cursif  et  se  compose  de  deux  parties  :  la  pre- 
mière, comprenant  a 55  pages,  renferme  ÏHexaméron  de 
Jacques  d*Edcsse;  Tautre,  49  pages,  contient  le  Physiologas 
(quod  optis  Sancto  Basilio  nescio  qnojure  tribnitar^),  qui  a  été 
publié  par  M.  Land  ^  Mais  la  liste  des  chapitres,  à  la  fin  du 
Pkysiologus  de  Leyde,  et  Tindex  des  péricopes  des  Evan- 
giles pour  les  offices  des  Jacobites  manquent  dans  le  manu- 
scrit de  Glascow. 

La  note ,  à  la  fin  du  manuscrit ,  de  la  même  main  que  le 
texte ,  nous  apprend  (|ue  ce  manuscrit  a  été  écrit  par  Fran- 
ciscus  Maricius  (?  ,  mm  m  \mo)  à  Paris,  Tan  i636. 

Dans  le  manuscrit  on  trouve  la  plupart  des  mauvaises  le- 
çons du  manuscrit  de  Paris,  dues  vraisemblablement  à  la 
négligence  du  copiste.  Ce  fait  semble  prouver  que  le  manu- 
scrit de  Glascow  est  l'original  du  manuscrit  de  Paris,  original 
dont  l'existence  était  inconnue  à  Renaudot.  Mab  la  question 
se  pose  de  savoir  si  le  manuscrit  de  Glascow  a  été  copié 
sur  celui  de  Leyde.  H  est  à  remarquer  que  le  manuscrit  de 
Glascow  a  les  mêmes  leçons  que  le  manuscrit  de  Leyde  qui 
sont  différentes  dans  le  manuscrit  de  Lyon.  Mais  le  manu- 
scrit de  Glascow  n'a  pas  les  notes  arabes  à  la  marge  ni  les 
ligures  d'animaux  du  manuscrit  de  Leyde.  Une  note  à  la  lin 
de  VHexaméron  concorde  Verbatim  dans  les  deux  manuscrits 
jusqu'au  mois  vi  au  jour;  mais,  au  lieu  de  Tan  149^  selon 
l'ère  des  Grecs  (1 183  après  J.-C.) ,  le  manuscrit  de  Glascow 
a  Tannée  i454  indiquée  également  en  lettres  f  e  y  e  l  •  | . 

En  terminant,  je  ferai  observer  que  les  passages  du  manu- 
scrit de  Leyde  difficiles  à  lire  ou  complètement  effacés  sont , 
dans  le  manuscrit  de  Glascow,  très  lisibles  et  concordent 
soit  avec  le  texte  du  manuscrit  de  Lyon ,  soit  avec  celui  du 
manuscrit  de  Paris. 

T. -H.  VVbih  (de  Glascow). 

'  J.-P.-N.  Laud,  Anecdota  svriaca,  tome  I,  p.  â. 
'  IbûL,  tome  IV,  p.  33  el  «uiv. 


552  NOVEMBRE-DÉCEMBRE   1898. 


BIBLIOGRAPHIE. 


La    Mission    LYOMNUSE    D  EXPLORATION    COMSâEnCIALK    K.V   ChlIE 

(1890-1897).  Un  fort  volume  in-i"  dr  990  pagi*»,  avec  9  cartes 
en  couleurs  cl  182  gravures.  A.  Rey  et  C",  iNlileurs,  4,  rue  Gen- 
til «  à  Lyon.  Prix  :  35  franc»,  franco  :  20  i'r.  5o. 

Voici  un  livre  d'actualité,  s*il  en  fut,  en  présence  de 
Tacuité  avec  laquelle  continue  à  se  poser  la  question  chinoise 
et  de  Tintërét  qu'y  porte  de  plus  en  plus  le  public.  La 
Chambre  de  commerce  de  Lyon ,  a  laquelle  on  doit  déjà  de 
si  belles  et  de  si  utiles  publications,  notamment  celle  sur 
r£x|>osition  coloniale  de  Lyon  en  1894^  n*a  pas  voulu  borner 
an  Rapport  général  sommaire,  rédigé  à  son  retour,  le  sou- 
venir des  travaux  de  la  Mission  dont  elle  avait  pris  Tinitiative 
en  1896 ,  au  lendemain  du  traité  de  Simonosaki.  l^e  a  confié 
à  M.  Henri  Brenier,  qui  a  eu  la  charge  de  la  Mission  pendant 
la  plus  grande  partie  de  son  exploration  —  après  la  rentrée 
en  France  de  son  premier  chef,  M.  le  consul  Rocher  —  la 
lâche  de  rédiger  le  récit  des  voyages,  et  de  m  ^ttre  en  ordre 
les  travaux  des  douze  membres  de  la  Mission ,  qui  a  duré 
deux  années. 

Cela  nous  vaut  une  très  l)elle  publication,  où  le  com- 
merçant, le  géographe,  l'économiste  et  même  le  simple 
amateur  de  voyages  trouveront 'amplement  de  quoi  puiser. 

Le  livre  comprend  deux  divisions  :  Récits  de  voyages  et 
Rapports  commerciaux. 

Dans  la  première  partie.  Récits  de  voyages,  nous  suivi ms 
la  Mission  dans  ses  pérégrinations  de  30,000  kilomètres  a 
travers  des  régions  de  la  Chine  en  majeure  paiiie  inconnues. 
Des  descriptions  de  paysages,  des  détails  de  mœurs,  de  cu- 
rieuses anecdotes  permettent  de  se  faire  une  idée  exacte  iic 
l'inléric'ur  de  la  Chine,  resté  jusquici  mystérieux  pour  le 
grand  public  européen.  Deux  cents  gravures  accompagnent 


NOUVELLES  ET  MÉLANGES.  553 

ces  récits  et  forment  un  commentaire  vivant  et  des  phis  inté- 
ressants du  texte. 

La  deuxième  partie  est  consacrée  aux  divers  Rapports  com- 
merciaux, qui  se  divisent  en  deux  séries.  La  première  com- 
prend les  études  sur  les  provinces  plus  particulièrement 
visitées  par  la  Mission  lyonnaise  :  le  Yun-nan ,  le  Kouang-si , 
le  Kouitcheou  et  le  Se-tchouan.  Klles  sont  pleines  de  détiils 
instructifs  sur  le  conunerce  et  la  production  des  pays  étudiés 
par  la  Mission.  Les  neuf  cartes  inédites  qui  y  sont  jointes  ne 
sont  pas  un  des  moindres  mérites  de  la  publication. 

La  deuxième  série  se  compose  des  rap]>orts  dressés  par  les 
spécialistes,  sur  les  mines  et  In  métallurgie;  sur  la  soie;  sur 
le  coton  et  les  cotonnades;  sur  les  corps  gras  et  les  huiles: 
sur  la  circulation  monëtnire  dans  l'intérieur  de  la  Chine  et 
Tinfluence  de  la  baisse  de  Targent,  etc.  Des  notes  nom- 
breuses les  complètent. 

Enfm ,  dans  les  conclusions  du  volume ,  M.  Brenier  s'est 
efforcé  d'appeler  l'attention,  d'une  façon  précise,  sur  l'avenir 
de  notre  commerce  avec  la  Chine,  et  sur  le  rôle  que  notre 
magnifique  colonie  indo-chinoise  est  appelée  à  jouer  à  ce 
point  de  vue. 

Bref,  après  le  service  qu'elle  a  rendu  —  avec  les  cinq 
Chambres  de  commerce  (jui  se  sont  associées  à  elle  :  Mar- 
seille, Bordeaux,  Lille,  Boubaix  et  Boanue  —  en  envoyant 
une  mission  spéciale  en  Chine  au  moment  le  plus  opportun , 
puisque  cinq  sur  dix  des  explorateurs  sont  retournés  fonder 
des  établissements  en  Extrême-Orient ,  la  Chambre  de  com- 
merce de  Lyon  couronne  son  œuvre  d'intérêt  public  en  met- 
tant, comme  elle  se  l'était  promis,  à  la  disposition  de  tous, 
sous  une  forme  attrayante  dont  le  sérieux  n'exclut  pas  l'art 
le  plus  agréable,  les  renseignements  dont  elle  voudrait  voir 
profiter  tout  le  commerce  français. 

Le  géruiU , 
RuBENS    DUVAL. 
XII.  36 


TABLE  DES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  LE   TOME  XII,   1\®  SÉRIE. 


MEMOIRES  ET  TRADUCTIONS. 

Procès-verbal  de  la  séance  générale  du  32  juin  1898 5 

Rapport  de  la  Commission  des  censeurs  sur  les  comptes  de 
l'exercice  1897,  lu  dans  la  séance  générale  du  23  juin  1898.      10 

Rapport  de  M.  Specht,  au  nom  de  la  Commission  des  fonds, 
et  comptes  de  Tannée  1 897 1 1 

Ouvrages  oflerts  à  la  Société  [séance  du  as  juin  1898) . ....      i4 

Tableau-  du  Conseil  d'administration  conformément  aux  no- 
minations faites  dans  l'assemblée  générale  du  3  3  juin  1 898 .      17 

Liste  des  membres  souscripteurs  par  ordre  alphabétique ....      19 

Liste  des  membres  associés  étrangers  suivant  Tordre  des  nomi- 
nations        37 

Liste  des  sociétés  savantes  et  des  revues  avec  lesquelles  la  So- 
ciété asiatique  échange  ses  publications 37 

Liste  des  ouvrages  publiés  par  la  Société  asiatique 4o 

Collection  d'auteurs  orientaux 43 

Le   monstre    Rahab    et   l'histoire    biblique   de    la    Création 
(M.  Alfred  Loisy) 44 

Notes  d'épigraphie  et  d'archéologie  orientale  (  M.  J.-B.  Chabot).     68 

Le  dialecte  de    Ma'iula;   grammaire,   vocabulaire  vi  textes 
(M.  Parisot.)  [Suite  et  fin.l n4 

Le  ms.  kharosthi^  du  Dhanimapada.  Les  fragments  Du  treuil . 
de  Rhins  (M.  E.  Se5art) 193 

Ibn  Khaldoun,  Histoire  des  B:!nou'l-Ahmar,  rois  de  Cîrenade 
(trad.  par  M.  GaudefroyDemombyiies) 309 


556  NOVEMBRE. DÉCEMBRE   1898. 

L*ère  de  Marathos  de  Phénicie  (D*  Juies  Rouitier] 36 1 

Ibn  Khaldoun ,  Histoire  des-  Benoul-Ahmar,  rois  de  Grenade 
(trad.  par  M,  Gacdsproy-Demomaynes).  [Suite] 4<»7 

Sur  quelques  inscriptions  de  Tlnde  [M.  A.-M.  Boyer) |63 

La  presse  périodique  japonaise  (  M.  M.  C/Oiraxt] ho\ 

NOUVELLES  ET  MÉLANGES. 


>77 


Numéro  de  juillet-août  1 898 

L.  Fber.  Sp^inien  de  la  langue  lepcha  (ou  rong] 1 77 

Biblii^raphie  :  Notice  bibli(^raphique  sur  quelques  publications 
des  missions  du  Tchî-li  sud-est  et  du  liiang  nan  (M.  Col  a  art).  — 
Index  to  the  Jataka ,  etc. ,  by  Dînes  Andersen  (  L.  Feek) 1 89 

Numéro  de  septembre^ictobre  1 898 3i  t 

Bibliographie  :  Annonces  bibliographiques  (E.  Droiin).  —  No- 
tice sur  un  nouveau  ms.  de  VOtoechus  de  Sévère  d*Antioche,  et  sur 
laateur  Jacques  Philoponus,  distinct  de  Jacques  d*Edesse  (F. Nac). 
—  L*Ecclésiastiqae  ou  la  sagess<r  de  Jésus  hls  de  Sira ,  trad.  et  comm. 
par  Isr.  L6vi  (Maver  Lamobri  ).  —  H.  Keni.  Een  hlik  op  het  io- 
disch  tooneel  (L.  Finot).  —  Découvertes  de  M.  CaM.  Pans  (J.  Ar- 

M0!«IBR) 3^1 

Numéro  de  novenibreKlérembre  1 898 53 1 

Procès-verbal  de  la  séance  du  1 1  novembre  1 89S 53 1 

Ouvrages  offerts  ù  la  Société .53 1 

Procès-verbal  de  la  séance  du  9  décembre  1898 S39 

Annexes  au  procrs-verbal. 

Notes  sur  IcBuddliacarita  (L.Finot). —  Sur  un  passage  du  manu- 
scrit Dutrcuil  de  I\hiiis  (  E.  Senaht) àki 

Ouvrages  offerts  à  la  Société 548 

Note  sur  rilexaméron  de  Jacques  d'Édesse  (T.-H.  W  fir,  de  Glascow  ).   .*)So 
Ribliographie  :  \a  mission  lyonnaise  (rexploration  en  Chine. ...   à&a 

Planches  I  à  V,  fac-similé  des  fragments  Dutreuil  de  Rhins. 


ADDITION  X  LA  TAULE  DU  TOME  XI. 
Lne  monnaie  Tangoulaine,  par  S.  U .  Bushell 72 


AVIS  AU  RELIEUR. 


Les  cinq  planches  ci-incluses  appartiennent  au 
mémoire  de  M.  Emile  Senart ,  intitulé  :  Le  manascrit 
kharostlii  du  Dhammapada;  Les  fragments  Dutreail 
de  Rhins,  et  paru  dans  le  n"*  i  (sept.-oct.  1898  du 
Journal  asiatique,  p.  igS  à  3o8).  Elles  devront  être 
placées  immédiatenient  à  la  suite  de  ce  mémoire, 
après  ia  page  3o8. 


JOURNAL  ASIATIQUE 


KECUEIL  DK   MKMOIliES 

D'FAI'IlAn.S  ET  lu;  NOTICES 

I1EI.ATII.S  X  l.-ij[ân)lltl£,   À  l.l    [■llll.OSIII'IIIK,  Al  "i  I.AMÏLES 
ET  X  LA  LITTBDATUiΠ IIKS  l'Kl  l'I.KS  n[tlE.\TAl\ 


KT  l'DiïLii'.  l'VR  i.,\  s(i(:ir:Ti':  asiatiiiuk 


iVEUVIEME  SKIUK 

TOME  XI! 


N'  ;i  —  >OVE\IIlllE   DKCKMBnE    I89H 


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1 

vanc.'.  uiU  li™  le  «Tcinil  viMi.liLili  .1.1  .«uii.  a  1  K-ur«  .-l  .l«mi.', 
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la  lliliIlotli,i),.r  dg  la  S.«lilù.  r.i«  d<-  >vh«-.  .r  j.  «il  o.iv.tIp  I..u.  Io 

ERNEST   LEROUX,    EDITEUR. 

LIBRAIHE   DE   l.K   SOCIhTK   ASIATIorr,  DF.   I.'KCOLK  DRS  LAN(;i]RS  OniEMTALBS   TIVARTfiS,  ETC. 

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ERNEST  LEKO[IX,  EDITEUR, 

RFK  BONAPARTK.   ^''  :<S. 


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POUR  SEIVVIR  À  I/H1ST()II\K  DK    l.\  GKOGKAPHIE , 

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l'AP.  Fj-:()\  i;\n;u:\i.\. 

Nouvelle  «flllion,  tinnoléo  par  Ch.  Solu'l'er,  iiii'inbr'  «le  Tliistilut.  Tome  III an  Ir, 


SOCIKTK    DK  (iÉO(;nVi>IilK   DK  P VHIS. 

RAPPORTS  AN.MELS  SUR  LES  PROGRÈS  DK  LA  Gr-OGRAPHIE, 

I8r)7-189i>, 

PAi;  c  M  Al. Non;, 

si:.cnËTAli:r.  r.Évt.r.vi.  di:  i.\  r.nviMis<>ioN  (Kntkai.r. 
Tome  m  (i8h."i-i8«|r.    -    Un  iori  v<»l.  iii-S",  ;i\(.»;'  <|i'  mmibriMiscs  carli-s i5  Ir 


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LWE.NTAIRE  SOMMVIRE  DES  UAMSCRITS  (iRECS 

DE  LV   HinLIOTIlÈQUE   NATIONALE 
KT  DKS   Al-TUKS  BIBLIOTIIKOIKS  DK  PAIIIS  KT    DES  DJ.I*  M'»  IKMEXTS  , 

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