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Full text of "Journal de conchyliologie"

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JOURNAL 


DE 


CONCHYLIOLOGTE. 


Paris, — Imprimerie FELIX MALTESTE et C°, Nue des Deux-Portes-St-Sauveur, 


JOURNAL 


DE 


CONCHYLIOLOGEE, 


COMPRENANT 


L'Étude des Animaux, des Coquilles vivantes 


et des Coquilles fossiles, 


PUBLIÉ 


Sous la direction de M. PETIT DE LA SAUSSAYE. 


TOME PREMIER. 


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À PARIS, 


CHEZ M. PETIT DE LA SAUSSAYE, 
Rue Neuve-des-Mathurins, 19, 


4850, 


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AVANT-PROPOS. 


L'étude attrayante des diverses branches de l'histoire 
naturelle s’est considérablement développée en France 
depuis qu'un long état de paix a permis de visiter tous 
les points du globe, d'y multiplier les recherches, et d'y 
recueillir ces produits variés qui sont venus enrichir les 
collections publiques et les cabinets particuliers. 

La Conchyliologie surtout présentait trop d'intérêt 
pour être négligée, car elle offrait un champ immense à 
explorer, soit que l'on s'attachât seulement à l'étude des 
coquilles, soit que l’on cherchät à connaître l’organisation 
des animaux auxquels elles servent d’abri, soit enfin que 
l'on demandât aux coquilles fossiles le secret de quelques- 
uns de ces mystères qui couvrent encore l'histoire du 
globe, Aussi a-t-on vu se multiplier depuis trente ans 
les ouvrages spéciaux dans lesquels des hommes habiles 
ont publié, ceux-ci le résultat de leurs explorations loin- 
taines, ceux-là d'importants travaux entrepris dans un 
esprit méthodique; on doit beaucoup à ces hommes qui 
marchent à la tête de la science; mais à la suite de ces 
maîtres viennent se grouper, en assez grand nombre, 
des disciples studieux, des voyageurs intelligents, des 
observateurs éclairés dont le concours, pour être plus 
modeste, n'en a pas moins été d’une utilité incontestable 
aux progrès de la Conchyliologie, 11 suffit pour prou- 

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ver l'exactitude de cette allégation, de rappeler d'une 
manière générale tout ce que l’on rencontre de vues in- 
génieuses, de faits nouveaux , d'observations précieuses 
dans les annales, revues, bulletins consacrés aux sciences 
naturelles. 

Toutefois, on doit reconnaître que la plupart du temps, 
les journaux dont il s’agit, ne satisfont pas complètement 
aux besoins des hommes d'étude, car ces recueils, dans 
lesquels sont traités indistinctement des questions de 
botanique, de minéralogie, de zoologie générale sont, 
par cela même, très volumineux; ils coûtent fort cher, et 
sont rarement à la portée des travailleurs, auxquels des 
publications périodiques , consacrées exclusivement à 
leur étude spéciale, présenteraient des avantages trop 
évidents pour que nous croyions devoir entrer à cet 
égard dans de plus amples détails. 

Les réflexions qui précèdent ont déjà indiqué au 
lecteur quelques-uns des motifs qui ont fait naître eu 
nous la pensée d’entreprendre la publication d’un journai 
spécial de Conchyliologie, comprenant l'étude des ani- 
maux, et celle des coquilles vivantes et fossiles, journal 
qui serait plus particulièrement destiné à faire connaître 
les travaux des savants français, ct à tenir ceux-ci au 
courant de ce qui peut favoriser leurs études; mais nous 
avons pensé aussi qu'à cela seulement ne devait pas se 
borner l'action d'un journal de ce genre, et qu'il con- 
venait d'en faire un moyen de développer en France le 
goût de cette branche de l'histoire naturelle, de resserrer 
les liens qui existent entre la zoologie et la paléontologie, 
d'éclairer les hommes laborieux sur les points encore 
obcurs de la science, de guider les naturalistes et les 
voyageurs dans leurs explorations, de donner de la publi- 
cité au résultals de leurs recherches, d'aider au classement 
des collections. 

Le programme suivant indiquera la nomenclature des 


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inatières qui nous sembleraient devoir être traitées dans 
un journal de Conchyliologie. 


1° Publication de mémoires spéciaux. 
2° Description d'espèces nouvelles. 
3° Articles critiques sur la synonymie des espèces. 
4° Reproduction d'articles intéressants disséninés 
dans les annales, bulletins et recueils étrangers. 
5° Catalosues synomyniques des espèces propres à 
certains genres. 
Go Monographie de genres peu nombreux en espèces. 
7° Observation sur la distribution géographique des 
coquilles vivantes ou fossiles. 
8° Indication des points sur lesquels il conviendra 
d'appeler l'atlention des observateurs et des 
voyageurs. 
g Notice sur la recherche des coquilles. 
10° Article de terminologie Conchyliologique. 
11° Analyse des ouvrages nouveaux publiés soit en 
France soit à l'étranger. 
12° Compte-rendu du résultat des voyages scientifiques 
et des découvertes faites par les collecteurs. 
13° Articles de bibliographie Conchyliologique. 
14° Observations diverses, notices biographiques , 
mélanges, etc. 


L'énumération qui précède donnera une idée du plan, 
peut-être un peu vaste, que nous nous proposons de 
suivre dans la composition du journal; nous ne dissimu- 
lerons même pas que nous aurions reculé devant unc 
tâche aussi étendue, si nous n'avions l'espoir, disons la 
certitude d'obtenir le concours des véritables amis de la 
science et de ses plus habiles interprètes. 

Nous ferons aussi avec confiance un loyal appel à ces 
laborieux Conchyliologues que ne découragent point les 
difficultés du travail, et qui, loin de la capitale, n'en 


| 
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apportent pas moins un zèle infaligable à étudier les 
productions qui les entourent. 

Nous comptons encore sur la coopération des per- 
sonnes qui, à d’autres titres, soccupent de Conchylio- 
logie, et qui auraient à nous signaler des observations ou 
des faits nouveaux. L'épi recueilli par le glaneur dans le 
champ de la science ne doit point être dédaigné, et nous 
accueillerons avec soin , comme avec reconnaissance , 
toutes les communications qui nous paraîtront offrir 
quelque intérêt. 

En essayant aujourd’hui de fonder un journal spécial 
que nous considérons comme nécessaire aux progrès 
d'une branche importante de l’histoire naturelle, nous 
mettons de côté personnellement toute prétention à la 
science, et notre rôle ne sera, en quelque sorte, que celui 
d'éditeur; mais, à ce titre, nous reconnaissons qu'une 
entreprise de ce genre impose des devoirs au nombre 
desquels nous mettons en première ligne celui de n’ad- 
mettre que des travaux sérieux et utiles au point de vue 
scientifique, et rédigés, sous le rapport de la forme, avec 
les égards que les hommes d'étude, sans renoncer aux 
droits de la critique, peuvent et doivent toujours con- 
server entre eux. 


S. Perir. 


Paris, 25 janvier 1850. 


ls Février 18650. 


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Ménoire sur le genre Acreon d'Oken, par M. Soureyer. 


1°, — Hisrorique. 


On sait que le genre Actéon a été établi par Oken 
pour un petit mollusque nu découvert par Montagu sur 
la côte du Devonshire , en Angleterre, et que ce natura- 
liste avait rapporté aux Aplysies, sous le nom d'#plysie 
verte (1). 

Bosc, qui avait eu l'occasion d'observer le même mol- 
Jusque dans la baie de Charleston, sur les côtes de l'Amé- 
rique septentrionale, l'a décrit, à peu près à la même 
époque, sous le même nom, bien quil eût remarqué, 
comme Montagu, quelques-uns des caractères qui le dis- 
tinguent des Aplysies (2). 

Un peu plus tard, Risso, l'ayant aussi rencontré sur 
la côte de Nice, le désigna sous le nom d’Ælysie (3); mais, 


(4) Transactions de la Société linnéenne de Londres, Tom. VII, p. 76, 
pl. 7, fig. 1. (1802.) 

(2) Histoire naturelle des vers, Tom, 1, p. 64, pl. 2, fig. 4. (1802.) 

(3) Mémoire publié en 1812. 


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quelques années après, ce naturaliste crut devoir le rap- 
porter au genre Votarche de Cuvier (1), opinion qu'il 
abandonna également par la suite, puisqu'il le décrivit 
de nouveau sous le nom d'Elysie, dans son Histoire natu- 
relle de l’Europe méridionale (2). 

Oken, n'ayant probablement pas connaissance du genre 
Elysie proposé par Risso, sépara l’A4plysie verte de Mon- 
tagu et de Bosc des véritables A plysies et en fit, comme 
nous l'avons dit en commençant, un genre nouveau sous 
le nom d'Actéon, dans son Traité d'histoire naturelle pu- 
blié en 1815 (3). 

L'espèce sur laquelle ce genre était établi avait été dé- 
crite d’une manière si incomplète, par les naturalistes 
qui l’avaient fail connaître, qu'il n'est pas surprenant que 
peu de zoologistes aient ensuite adopté l'innovation pro- 
posée par Oken : aussi, à l'exception de Férussac (4) et de 
Latreille (5), qui en firent mention dans leurs classifica- 
tions, tous les auteurs systématistes, du moins en France, 
passèrent le genre Actéon sous silence, ou le rapportèrent 
provisoirement aux Aplysies (6). M. de Blainville cepen- 
dant, croyant le genre Actéon d’Oken différent du genre 
Elysie proposé par Risso, admit ce dernier genre dans 
son Manuel de Malacologie (7). 

Rang adopta le genre Actéon qu'il plaça dans sa famille 
des Aplysiens (8); et plus tard, ayant pu examiner des 
individus qui avaient été envoyés de la Méditerranée à 


(1) Journal de physique, Tom. 87, p. 375. (1818.) 

(2) Voir cet ouvrage, Tom. 1V, p. 45, pl. 1, fig. 3-4. (1826.) 

(3) Lehrbuch der Zool. Tom. I, p. 307. (1815). 

(4) Tableaux systématiques. (1819). 

(5) Familles naturelles, p. 176. (1825). 

(6) Voir le Règne animal de Cuvier, {:° édition (1817) et la 2° édition 
(1850).— Voir Lamark, Hist. nat. des an. sans vertèbres, 1e édit. Tom.VI, 
2e partie, p. 40. (1822).—Voir Blainville, Manuel de Malacologie, p. 472. 
(1825).— Voir Deshayes, Encycl. méthodique, Tom. IE, p. 6 et &9. (1830). 

(7) Voir cet ouvrage, p. 474. 

(8) Manuel de l'Hist. nat. des Mollusques, p. 146. (1829). 


7 


Férussac, il reconnut que ce genre ne différait pas du 
genre Élysie de Risso, et qu'il fallait changer les rapports 
qu'il lui avait assignés et le placer à côté du genre Placo- 
branche (1). 

M. Delle Chiaje retrouva l'animal dont nous nous occu- 
pons ici dans le golfe de Naples, et, ignorant ce qu'en 
avaient déjà dit les auteurs que nous avons cités précé- 
deinment, il le décrivit, en 1829, dans ses Mémotres sur 
les animaux sans vertèbres du royaume de Naples, sous 
une dénomination générique nouvelle, celle d’Æ4plysiop - 
tère (2). Ce savant anatomiste donna, en outre, quelques 
détails sur son organisation intérieure, mais malheureu- 
sement si inexacts, qu'ils devaient plutôt augmenter que 
faire cesser l'incertitude des zoologistes sur ses véritables 
caractères et par conséquent sur ses affinités naturelles. 

Depuis, MM. Quoy et Gaimard ont fait mention du 
genre Actéon dans leur Voyage de l’Astrolabe (3), et ont 
proposé d'y faire entrer une nouvelle espèce recueillie 
dans les mers australes : malheureusement encore, n'ayant 
eu à leur disposition qu'un seul individu de très petite 
dimension , ils n'ont pu ajouter que peu de documents 
nouveaux à son histoire. 

Dans sa Malacologie méditerranéenne, publiée en 1840, 
M. Cantraine a consigné le résultat des observations qu'il 
a eu aussi occasion de foire sur l’Actéon, auquel il a resti- 
tué avec raison le nom d'Elysie, qui lui avait été donné, 
antérieurement à Oken, par Risso. Ce naturaliste a repré- 
senté d'une manière assez exacte quelques-uns des carac- 
tères extérieurs de ce mollusque, mais iln'a donné aucun 
renseignement nouveau sur son organisation intérieure, 
dont il paraît même s'être fait une idée fort erronée, puis- 
qu'il l’a crue semblable à celle des Aplysies (4). 

(4) Voir l'ouvrage cilé, p. 375. 

(2) Voir cet ouvrage, Tom. LV, p. 16, pl. 51, fig. 5.6. (1820.) 

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(3) Zoologie, Tom. 11, p. 317, pl. 24, fig. 18-20. (1833). 
(4) Voir cet ouvrage, p. 65, pl. 5, fig. 8. (1810). 


— 8 — 


Plus récemment, en 1844, M. de Quatrefages a publié 
sur l'organisation de l'Actéon des détails un peu plus 
étendus que ceux qui avaient été donnés par ses prédé- 
cesseurs {1}. Nous avons déjà, dans deux communications 
faites à l'Académie des sciences, en août 1844 et en jan- 
vier 1845, relevé les erreurs nombreuses contenues dans 
ce travail, et nous aurons occasion d'y revenir dans le 
courant de ce mémoire. 

Nous avons présenté à la même époque, à l'appui de 
nos observations sur le travail de M. de Quatrefages, 
un mémoire contenant l’anatomie complète de l’Actéon, 
mémoire dont les principaux faits seulement ont été 
insérés dans les comptes-rendus de l’Académie (2) et que 
nous reproduirons entièrement ici. 

Presqu'en même temps que nous, M. Almann, profes- 
seur d'anatomie à Dublin, présentait à la section de z00- 
logie et de botanique de l'Association britannique, un 
mémoire très détaillé sur l'anatomie de l'Actéon, qui a 
été inséré plus tard dans le n° de septembre 1845 des 
Annales et Magasin d'histoire naturelle (3). Nous avons 
vu avec satisfaction que les observations de M. Almann 
concordaient sur plusieurs points avec les nôtres, et que 
cet anatomiste était arrivé à peu près aux mêmes conclu- 
sions que nous sur les doctrines nouvelles que M. de 
Quatrefages, d'après ses recherches sur l’Actéon et quel- 
ques autres mollusques, avait cherché à introduire dans 
Ja science. 

Nous devons, d'avoir pu étudier complètement ce genre, 
à nos collègues MM. Richaud et Leroy de Méricourt, chi- 
rurgiens de la marine au port de Brest, ainsi qu'à M. Vé- 
rany de Gênes, qui ont bien voulu nous en procurer de 


(1) Annales des Scinces naturelles, Tom. L de la 3° série, p. 129, pl. 
3-4-5-6. (1844). 

(2) Comptes-rendus de l Académie des Sciences, du 13 janvier 1845, p. 93, 

(3) Annal. and Magaz. of nat. Hist, N° 104, septembre 1845. 


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nombrenx individus et nous ont donné en même temps, 
sur ce curieux mollusque, des renseignements qui nous 
ont été très ufiles. 


IL°. —_ DescriPTION EXTÉRIEURE. 


” Les Actéons présentent dans leur forme une assez 
grande ressemblance avec les Aplysies, et c’est cette res- 
semblance qui les à fait ranger parmi ces derniers mol- 
lusques par la plupart des zoologistes. Aïnsi leur corps 
se dilate sur les côtés, de manière à former deux expan- 
sions membraneuses, et, en avant, il se prolonge en une 
espèce de cou que termine la tête. Gelle-ci présente à sa 
partie supérieure deux tentacules auriformes, en arrière 
desquels se trouvent placés les yeux qui sont sessiles. 

Mais les Actéons diflèrent extérieurement des Aplysies 
1° par l'absence des tentacules postérieurs , ce qui les 
avait déjà fait distinguer des Aplysies véritables par tous 
les zoologistes qui avaient cru devoir les rapporter à ce 
genre ; 20 par la forme de leur corps qui est très déprimé 
et non bombé supérieurement comme dans les A plysies ; 
3° par l’absence de l'appareil operculaire qui recouvre les 
branchies dans ces derniers mollusques; 4° enfin par 
d'autres caractères que les Actéons présentent et qui ne 
se trouvent pas dans les Aplysies. 

Ainsi, à la réunion de la partie cervicale avec le corps 
proprement dit, on observe supérieurement une poche 
légèrement saillante, recourbée, convexe en arrière, con- 
cave en avant, et qui se distingue aussi, du moins dans 
l'espèce que nous avons observée, par une coloration un 
peu moins foncée. La cavité de cette poche communique 
avec l'extérieur par un petit orifice arrondi, un peu pro- 
éminent, qui se trouve placé à sa partie antérieure, du 
côté droit Enfin, du bord postérieur ou convexe de cette 
même poche, partent plusieurs canaux qui se dessinent en 
relief à la face supérieure de l'animal et qui, après un court 


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trajet, se divisent et se subdivisent successivement en un 
grand nombre de branches qui couvrent de leurs ramifi- 
cations les expansions latérales. Les deux ganaux les plus 
rapprochés de la ligne médiane se dirigent 1ongitudinale- 
ment en arrière, en fournissant, par leur bord externe, 
les branches ramifiées dont nous venons de parler, et 
par leur bord interne, deux ou trois autres branches qui 
s'anastomosent entrelles sur la ligne médiane. Ces ca- 
naux et les branches qui en émanent sont tout à fait 
superficiels et paraissent tenir seulement à l'enveloppe 
extérieure. 

Ce système de canaux, que nous avons trouvé très 
apparent sur tous les individus que nous avons examinés, 
n'a été bien représenté que par M. Cantraine (1); iloffre, 
dans la figure donnée par M. Delle Chiaje, une disposi- 
tion un peu différente de celle que nous venons de décrire, 
car toutes les branches qui vont couvrir de leurs ramifica- 
tions les expansions latérales, partent d'un tronc central 
qui est placé sur la ligne médiane. Nous ne saurions dire 
si cette différence doit être attribuée à l'espèce observée 
par M. Delle Chiaje ou à une erreur d'observation com- 
mise par ce naturaliste, ce qui nous paraît plus probable, 
comme nous le verrons par la suite. 

Un peu en avant de l'orifice de la poche que nous ve- 
nons de décrire et dont nous chercherons bientôt à don- 
ner la détermination, l’on voit, du côté droit, un tuber- 
cule saillant et percé, au centre, d'une ouverture qui est 
l'ouverture anale. De ce tubercule part un sillon assez 
profond qui descend vers la face inférieure de l'animal et 
dans lequel se trouve latéralement une autre ouverture 
qui est celle de l'oviducte. Enfin, du même côté, à la 
base du tentacule , se trouve une quatrième ouverture 


(1) M. Vérany l’a représenté aussi d’une manière très exacte dans une 
figure qu’il a donnée récemment de l’Actéon : — Catalogue des Anim: 
. , É 5 n A T° 
invertébrés marins du golfe de Gères ot de Nice. — (1846). 


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quelquefois saillante à l'extérieur et qui est celle de l'or- 
gane mâle ou de la verge. 

Tels sont les détails que présente la face supérieure du 
corps. Quant à la face inférieure, elle est représentée, 
comme dans les autres mollusques gastéropodes, par 
le pied qui se confond, sans ligne de démarcation, 
avec les expansions latérales et ne s’en distingue que par 
sa coloration moins foncée. Cette forme du pied indique 
déjà que cet organe sert peu à la reptation chez les Ac- 
téons, ce qui s'accorde en effet, comme nous le verrons 
plus tard, avec les habitudes de ces mollusques. 

Le pied est séparé de la tête, en avant, par un enfon- 
cement assez profond dans lequel celle-ci paraît pouvoir 
s'enfoncer ou rentrer en partie. Le bord antérieur de ce 
pied présente un indice de sillon marginal, comme dans 
un grand nombre d’autres mollusques gastéropodes. 

Nous avons encore trouvé , sur tous les individus que 
nons avons examinés, un sillon profond divisant trans- 
versalement le pied au niveau de la réunion de la partie 
cervicale avec le corps proprement dit. Ce sillon nous a 
paru déterminé par la contraction de la partie antérieure 
de l’animal , contraction qui aurait pour but, comme 
dans d’autres mollusques, de faire rentrer, jusqu’à un 
certain point, cette partie antérieure dans la partie posté- 
rieure. 


HIT. —— DescriPTION ANATOMIQUE. 


Si les Actéons s'éloignent d'une manière bien tranchée 
des Aplysies par quelques-uns de leurs caractères exté- 
rieurs , ainsi que nous venons de le voir, ils ne s'en 
éloignent pas moins par les particularités de leur orga- 
nisation intérieure , qui en font un des types les plus 
curieux de l'embranchement des mollusques. 


1° ORGANES DE LA RESPIRATION. — Ces organes nous 
paraissent avoir été méconnus par tous les zoologistes 


_e— 


qui, jusqu'a ce jour, se sont occupés de l'organisation de 
l'Actéon. 

Risso qui, le premier, en a fait mention dans sa des- 
cription, dit qu'ils sont situés à l'origine au dos et formés 
par de petites lames disposées en demi-lune ou en fer à 
cheval (1); mais, on ne voit rien de semblable à la place 
qu'il indique, et l'on cherche également en vain ces pré- 
tendues branchies sur la figure qu'il a donnée. 

Après le naturaliste que nous venons de citer, presque 
tous les autres ont pris pour des vaisseaux branchiaux les 
canaux ramifiés que nous avons décrits à Ja face supé- 
rieure de l'animal; telle nous paraît être l'opinion qu'ont 
eue sur ces organes Férussac et Rang (2), MM. Quoy (3)et 
Cantraine (4); telle est aussi la manière de voir de M. 
Almann qui dit, en parlant des organes de la respiration, 
que les ramifications vasculaires observées sur la surface 
supérieure des expansions foliacées forment certainement 
un système de vaisseaux branchiaux, et que ces expansions 
elles-mêmes peuvent par conséquent être considérées comme 
de véritables organes respiratoires (5). Il est facile de s’as- 
surer directement que ces canaux ramifiés ne sont pas 
des vaisseaux ; du reste, nous avons déjà vu que ces 
mêmes canaux venaient tous aboutir à la poche que l’on 
voit sur la face dorsale de l'animal, on les voit s’aboucher 
d'une manière manifeste daus celte poche, et comme 
celle-ci communique avec l'extérieur par l’ouverture que 
nous avons indiquée , il est évident qu'on ne peut les 
considérer comme faisant partie du système vasculaire. 
L'erreur commise au sujet de ces canaux nous paraît 
devoir être attribute en grande partie à ce que les auteurs 


(1) Ouvrage cité, p. 45. 

(2) Manuel de l'Hist. nat. des Mollusques, p. 375. 

(3) Onvrage cité, p. 318. 

(4) Malacologie méditerranéenne, p. 65. 

(5) Annal. and Magaz. ofnat. Hist , loc, cit. p. 149. 


— 13 — 


que nous avons cités précédemment, et surtout M. Al- 
mann, auraient pris la poche à laquelle ils aboutissent 
pour l'oreillette du cœur, quoique celle-ci en soit bien 
distincte, ainsi que nous le verrons par la suite. 

M. Delle Ghiaje dit, en parlant des organes de la res- 
piration, que ces organes consistent en une fine ramification 
vasculaire cutanée (1); mais, comme il n'entre pas dans 
d’autres détails à ce sujet, et comme il nous paraît avoir 
pris pour le canal alimentaire le canal ramifié qu'il a 
figuré sur la face supérieure du corps de l'animal , il est 
assez difficile de comprendre ce que cet auteur a voulu 
ainsi désigner, à moins qu'il n'ait simplement placé le 
siége de la respiration dans l'enveloppe extérieure ou 
cutanée. 

Enfin M. de Quatrefages a rejeté, on le sait, l'exis- 
tence d'organes de la respiration dans l’Actéon, et a pré- 
tendu que cette fonction était exécutée par le tube 
intestinal, ce mollusque étant un de ceux sur lesquels ce 
naturaliste avait élabli sa théorie du phlébentérisme (2). 

Toutes ces opinions nous paraissent plus ou moins 
oin de la vérité; ainsi qu'Oken paraît l'avoir soupçonné, 
l'Actéon est un mollusque pulmoné, et son appareil respi- 
ratoire est tout à fait semblable à celui des mollusques 
terrestres. 

Cet appareil est constitué par la poche dorsale dont 
nous avons déjà parlé dans la description extérieure de 
l'animal. En effet, lorsqu'on ouvre cette poche, on voit 
qu'elle est tapissée supérieurement par un lacis de vais- 
seaux entièrement semblable à celni des hélices et des 
limaces (3); nous avons déjà vu que sa cavité commu- 


{) Voir l’ouvrage cité, p. 16. 

(2) Voir le Mémoire cité de M. de Quatrefages et nos communica- 
tions à l’Institut. 

(3) La disposition réticulée de cette partie apparaît même à l'extérieur 
et nous paraît avoir été bien vue par M. Almann qui seulement n’en a 
pas reconnu la nature, (Loc, cit, p. 148.) 


+: EE 


niquait avec l'extérieur par une ouverture. arrondie qui 
rappelle aussi tout à fait l'orifice pulmonaire de ces mol- 
lusques; enfin, les connexions de cette poche avec l'oreil- 
lette du cœur, par les vaisseaux qui rampent sur ses 
parois, nous semblent mettre hors de doute la détermi- 
nalion que nous en avons donnée, en la considérant 
comme une poche pulmonaire (1); d'après une organi- 
sation semblable, Cuvier n'a pas hésité à considérer 
l'Onchidie comme un mollusque pulmoné , bien que 
Péron lui eût affirmé l'avoir toujours trouvé dans l’eau, 
etil a pensé seulement que le mollusque venait de temps 
en temps à la surface, pour y respirer l’air en nature, 
comme le font les Planorbes, les Physes, etc. (2); or, ce 
mode de respiration concorde, tout à fait au contraire 
avec les habitudes des Actéons qui vivent le plus sou- 
vent à Ja surface de l’eau, à la manière des mollusques 
pulmonés fluviatiles. 

L'appareil respiratoire de l'Actéon offre cependant une 
modification fort singulière qui le distingue de celui des 
autres mollusques pulmonés ; elle consiste dans ces ca- 
naux ramifiés qui partent de la poche pulmonaire et 
qui recouvrent la face dorsale de l'animal. Quels peuvent 
être les usages de ces canaux? Nous avons déjà fait voir 
quon ne peut les considérer comme faisant partie du 
système vasculaire, ainsi que l'ont pensé presque tous les 
naturalistes qui ont étudié l'Actéon ; il nous paraît tout 
aussi impossible de considérer ce système de canaux 
comme une espèce d'appareil aquifère , car l’eau ne 
pourrait pénétrer dans cet appareil qu'en traversant la 
poche pulmonaire qui n'est pas organisée pour recevoir 
de l'eau, et l’on ne conçoit pas en outre quelles seraient 
les fonctions d'un appareil semblable , sans analogue 
dans les autres mollusques. Il nous semble plus rationnel 


(1) Voir notre communication faite à l’'Insitut le 13 janvier 1845. 
(2) Mémoire sur l'Onchidie, p. 6. 


d'admettre que ces canaux sont destinés à recevoir de 
l'air, comme la cavité pulmonaire dans laquelle ils 
s'ouvrent et dont ils ne sont pour ainsi dire qu'une dé- 
pendance. Reste donc à expliquer leur usage comme 
canaux aériens. Faut-il croire qu'ils servent à mettre en 
contact avec l'air une plus grande surface du corps de 
l'animal, ce qui rapprocherait un peu leurs fonctions de 
celles des trachées des insectes? Ou bien, ont-ils seule- 
ment pour usage de tenir en réserve l'air nécessaire à 
l'exercice de la respiration , lorque l'animal se trouve 
dans l'eau? Ou bien encore, forment-ils une espèce d’ap- 
pareil hydrostatique analogue à celui de la Janthine, et 
qui servirait à ce mollusque pour se maintenir à la sur- 
face de ce liquide? 11 nous paraît difficile de décider cette 
question, à la solution de laquelle on n'arrivera proba- 
blement que par une étude suivie des mœurs et des 
habitudes des Actéons. 


2° ORGANES DE LA CIRCULATION. — M. de Quatrefages a 
soutenu que l'appareil circulatoire n'existait pas dans 
l'Actéon (1), et les autres zoologistes qui se sont occupés 
de ce mollusque, n'ont donné sur cet appareil que des 
détails assez vagues ou inexacts. L'extrême ténuité des 
organes qui forment ce système, dans des animaux d'aussi 
petites dimensions, en rend en effet l'étude d’une assez 
grande difliculté. 

Les vaisseaux qui forment le système veineux sont très 
apparents, au moment où ils viennent se ramifier dans la 
poche pulmonaire et former le réseau qui tapisse la paroi 
supérieure de cette cavité; ces vaisseaux sont bien distincts 
des canaux aériens que nous avons décrits précédemment 
et avec lesquels ils ont été confondus, comme nous 
l'avons dit, par plusieurs zoologistes. Après avoir cons- 

(1) Voir le Mémoire cité de M. de Quatrefages et ses communicatiuns 


à l’Institut, dans les comptes-rendus du mois d'octobre 1844 ct du mois de 
janvier 1945. 


CHLORE 


titué le réseau vasculaire pulmonaire, ils se rendent dans 
deux ou trois troncs principaux qui s'ouvrent directement 
dans l'oreillette. 

Celle-ci est située à la partie antérieure de la poche 
pulmonaire, sur la ligne médiane, et se trouve appliquée 
contre la paroi supérieure de cette poche; elle s'abouche 
en avant dans un ventricule musculeux, pyriforme, tout 
à fait analogue par conséquent à celui des autres mol- 
lusques gastéropodes. 

Le cœur entier est contenu dans un péricarde qui est 
adhérent à la paroi supérieure du corps de l'animal, 
comme dans les mollusques nudibranches ; aussi les 
mouvemens de systole et de diastole de cet organe sont 
très apparens dans ce point, pendant la vie, el ont été 
bien reconnus par MM. Quoy, Vérany, Gantraine, etc. 
M. Almann, qui a bien indiqué aussi la position du cœur, 
nous parait cependant avoir confondu cet organe avec 
la poche pulmonaire; c'est du moins ce que nous croyons 
pouvoir induire du passage suivant extrait de son mé- 
moire : après avoir décrit les ramifications qui recouvrent 
les expansions latérales du corps de l'animal, comme des 
rawmifications vasculaires branchiales, cet anatomiste dit 
que « ces ramifications viennent se rendre dans deux 
»troncs, un pour chaque moitié latérale, lesquels 
» marchant à peu près parallèlement à la ligne médiane et 
» à une courte distance de celle-ci, paraissent se terminer 
» à un canal circulaire dans lequel les vaisseaux de la 
» partie antérieure des expansions s'ouvrent aussi. Ce 
» vaisseau circulaire, qui ne saurait être vu d'une ma- 
» nière satisfaisante sans dissection, est placé immédia- 
» tement sousles téguments du dos et embrasse un organe 
» d’une figure irréguliérement circulaire, dans la struc- 
» ture duquel entrent des fibres très fortes, offrant une 
dispositiou réticulée ». — M. Almann ajoute que le 
, ventricule doit être vu dans l'organe rétliculé qui vient 


Ce 
© 


2 


= yes 


» d'être décrit, quoique, d'après les difficultés de l'inves- 
» tigation, il n'ait pu découvrir ses connexions directes 
» avec les vaisseaux ». — Il pense aussi « que le vais- 
» seau circulaire peut être considéré comme exerçant les 
» fonctions d'une oreillette, ce qui apparaît au micros- 
» cope sous la forme d’un vaisseau circulaire, entourant 
» le ventricule, étant probablement le bord d'une oreil- 
» lette délicate, transparente, dont la partie centrale est 
» renduc invisible par un ventricule plus fort et plus 
» opaque ({) ». 

M. Almann, qui fait remarquer très judicieusement 
que M. de Quatrefages n'a pas reconnu l'appareil circula- 
toire (ce qui l'a porté à en nier l'existence), à cause des 
moyens défectueux qu’il a employés dans ses recherches, 
M. Almann, disons-nous, nous paraît être tombé dans 
une faute semblable, car si, au lieu d’avoir étudié l'appareil 
circulatoire de la manière qu'il indique dans son mé- 
moire, il avait ouvert la poche quil considère comme 
l'oreillette et avait examiné attentivement ses parois, il 
aurait probablement reconnu que cette poche est bien 
distincte du cœur qui se trouve placé à sa partie anté- 
rieure et supérieure, comme l'indiquent nos figures; il 
aurait probablement reconnu aussi la nature véritable 
des vaisseaux & disposition réticulée qui tapissent sa paroi 
supérieure et qu il a pris pour les fibres du ventricule. 

Ce ventricule donne naissance en avant à l'aorte qui 
se porte vers la partie antérieure de l'animal, traverse le 
collier nerveux et se perd dans la masse buccale, après 
avoir fourni dans son trajet, une branche profonde pour 
les viscères. La disposition du système artériel offre donc, 
dans l’Actéon, beaucoup d'analosie avec la disposition da 
même système dans les mollusques nudibranches. 


3° ORGANES DE LA DIGESTION. — Les détails donnés sur 


(1) Mémoire cité, p. 149. 


he 


ces organes par Risso, MM. Delle Chiaje et de Quatre- 
fages sont tout à fait inexacls, et il nous paraît certain que 
l'appareil digestif a entiérement échappé aux recherches 
de ces zoologistes. 

Risso, qui parle seulement de la términaison de Fin- 
testin, dit que l'ouverture anale est placée dansun tubercule 
creux situé à l'extrémité du pied (1), position singulière 
que M. De Blainville avait déjà révoquée en doute (2). 

M. Delle Chiaje a décrit et figuré un canal médian et 
ramifié, qu'il a pris pour le canal alimentaire, ce qui l'a 
porté sans doute à voir dans l’organisation de ces mol- 
lusques de l'analogie avec celle des Planariées, Nous 
croyons que cet anatomiste s'est mépris sur l'existence 
d'un canal central et qu'il a été induit en erreur par une 
différence de coloration que l'on observe souvent sur la 
ligne médiane, surtout lorsqu'on examine l'animal par 
transparence (3); quant aux ramifications qui partiraient 
de ce prétendu canal central, il nous paraît évident que 
M. Delle Chiaje a pris pour des ramifications intestinales 
les canaux qui partent de la poche pulmonaire. 

M. de Quatrefages a pris aussi la poche pulmonaire pour 
l'estomac, et les canaux qui partent de cette poche ponr 
des ramifications gastriques. Cet auteur a cru voir ensuite, 
sur la ligne médiane, un intestin étroit et sinueux partant 
de la poche stomacale et se rendant à une espèce de cloaque 
situe à la partie postérieure du corps ; à exemple de Risso, 
il place l'anus à la partie postérieure et médiane (4). Nous 


(4) Voir l'ouvrage cité, p. 45. 

(2) Manuel de Malacologie, p. 474. 

(3) Cette différence de coloration tient à l’épaisseur moins considéra- 
ble des tissus sur la ligne médiane, ainsi que le montrent nos figures. — 
Nous sommes porté à croire, d’après la description de M. Delle Chiaje, 
que cet auteur a aussi pris pour des ramifications intestinales quelques- 


unes des parties de l’appareil reproducteur, que nous ferons connaître 
par la suite. 


(4) Mémoire cité, p. 138 et 142. 


avons déjà eu occasion de dire et nous allons faire voir 
que cette description de l'appareil digestif de l’Actéon est 
entièrement inexacte. 

M. Almann est le seul, des zoologistes qui ont étudié 
l'Actéon, qui ait bien vu l'appareil digestif de ce mollus- 
que. La description et la figure qu'il en a données s’ac- 
cordent presque sur tous les points avec ce que nous 
avions déjà vu et décrit nous-même (1). 

La bouche est située à l'extrémité antérieure de l'ani- 
mal et un peu inférieurement comme dans les Aplysies ; 
elle a la forme d’une fente longitudinale qui se perd enar- 
rière, dans l’enfoncement qui sépare la tête du pied. Les 
bords de cette ouverture sont quelquefois légèrement pro- 
éminents et forment comme deux petites lèvres. D'après 
Risso, la bouche serait pourvue en outre de deux paires 
de filets tentaculaires que ce naturaliste n'a cependant pas 
figurés et qui n'existent certainement pas, ainsi qu'en a 
déjà fait l'observation M. Cantraine. Nous devons dire 
aussi que nous n'avons pas reconnu le voile échancré dans 
son milieu et assez semblable à celui des Lymnéens qui, 
d'après ce dernier naturaliste, recouvrirait l'ouverture buc- 
cale (2). | 

La masse buccale, qui vient immédiatement après , est 
ovoïde et présente supérieurement des siries transver- 
sales très fines ; ses parois, très épaisses, sont entièrement 
musculaires et n'offrent aucune trace de pièces cornées. 
Dans sa cavité, on remarque inférieurement une saillie 
linguale très proéminente, allongée d'avant en arrière et 
armée de crochets cornés, transparents et comme imbri- 
qués, Nousavons figuré le renflement lingual et les crochets 
dont il est armé, tels que nous les avons observés ; mais 
il est probable que, dans les mouvements de la inasse 


(1) Voir les Comptes-rendus de l Académie des Sciences, de janvier 1845, 
P: 94. 
(2) Ouvrage cité, p. 66. 


buccale en avant et lorsque l'animal se sert de cette par- 
tie, ces crochets s'écartent les uns des autres et affectent 
alors la disposition que M. Almann a fiourée. 

Le renflement lingual se continue avec un sac membra- 
neux qui fait saillie en arrière de la masse buccale et qui 
est rempli de crochets cornés tout à fait semblables à 
ceux que nous venons de décrire , adhérant par leur base 
à la paroi interne de ce sac. Nous ne saurions dire si ces 
crochets deviennent extérieurs, par le renversement de 
de la petite poche qui les contient, dans les mouvements 
de la langue en avant, et si l’animal s’en sert dans cette 
circonstance seulement, ou bien s'ils sont destinés à rem- 
placer successivement ceux de la langue, ainsi que Cu- 
vier l’a supposé pour les Turbots et comme cela paraît 
avoir lieu en effet dans quelques mollusques. 

L’œsophage, qui prend naissance en arrière et en des- 
sous de la masse buccale, présente un calibre très peu 
considérable. Après avoir traversé l'anneau nerveux, il 
présente supérieurement une petite dilatation arrondie 
qui forme comme un premier estomac. Presque immédia- 
tement après, il se dilate de nouveau en une poche stoma- 
cale plus considérable, profondément située au-dessous 
de la partie antérieure de l’appareïil générateur, à peu 
près au niveau du cœur. 

De la partie supérieure de cette poche, et près du point 
où aboutit l'œsophage, part l'intestin qui se porte d'abord 
un peu en avant, contourne l'appareil de la génération et 
se dirige ensuite en arrière et du côté droit, pour venir 
s'ouvrir du même côté, non loin de la ligne médiane. 
Cette ouverture, marquée par un petit tubercule saillant, 
se trouve placée un peu en avant de l'orifice pulmonaire, 
ainsi que nous l'avons déjà indiqué dans Ja description 
extérieure (1). Le calibre de l'intestin est le même dans 


(1) Cette onvertnie est bien indiquée dans la figure de M. Cantraine 


Li 


toule son étendue et un peu plus considérable que celui 
de l’œsophage. 

M. Almann a décrit et figuré deux paires de glandes 
salivaires situées, l’une en avant et l’autre en arrière de la 
masse buccale. Avant d’avoir lu le mémoire de cet anato- 
miste, nous avions bien vu les petites granulations blan- 
châtres qui sont situées sous la peau , autour de l'orifice 
buccal , et nous les avions considérées aussi comme des 
glandes salivaires ; maïs nous avons cherché inutilement 
les glandes salivaires postérieures que M. Almann fait 
aboutir en avant de l’origine de l'œsophage. 

Le foie offre une disposition fort remarquable dans l'Ac- 
téon. Lorsqu'on déchire l'enveloppe extérieure de ce mol- 
lusque, on trouve partout, sous celte enveloppe et dans 
l'interstice des organes, une matière verdâtre à laquelle 
est due sa coloration. Si l’on étudie ensuite cette matière 
à un faible grossissement , l’on voit qu'elle est formée de 
petils cœcums ramifiés, présentant assez bien l'apparence 
de certains végétaux inférieurs; ces cœcums viennent se 
rendre dans des canaux qui, en se réunissant, donnent 
successivement lieu à des canaux plus considérables, les- 
quels viennent tous aboutir à deux troncs principaux qui, 
de l’extrémité postérieure du corps de l'animal, se por- 
tent en avant, de chaque côté de la ligne médiane, pour 
s'ouvrir dans la poche stomacale. Le foie forme donc dans 
l'Actéon comme un arbre immense dont les ramifica- 
tions enveloppent tous les autres organes, et nous offre 
ainsi un bel exemple d'un organe glanduleux rédnit à sa 
forme la plus élémentaire. 

Ce fait et le peu de développement qu'offre le tube 
digestif dans un animal qui ne se nourrit pourtant que 
de substances végétales, comme nous le verrons par 


la suite, nous paraissent avoir un assez grand intérêt, au 


qui nous paraît seulement avoir commis l’erreur de la prendre pour l'ori- 
fice des organes de la génération. 


RD res 


point de vue de l'anatomie et de la physiologie com- 
parées (1). 
| (La suite au prochain N°.) 


QUELQUES OBSERVATIONS AU SUJET DE LA PERFORATION DES 
PIERRES PAR LES MorLusques; par M. Desnaves. 


Quelle est la personne qui, réfléchissant avec quelque 
soin sur ce phénomène remarquable de la perforation des 
corps durs par les mollusques, pourra se persuader que 
ces animaux emploient des moyens mécaniques pour par- 
venir à leur but. Il faut se rappeler que tous les corps 
perforés sont ou du bois ou des calcaires plus ou moins 
durs, quelquefois des argiles durcis, ou plutôt des mar- 
nes argileuses ou des grès cimentés par du calcaire, Quels 
que soient ces corps, ils sont, dans le plus grand nombre 
des circonstances beaucoup plus durs que les coquilles 
des animaux qui les perforent. Il existe des mollusques 
dont la coquille est mince et fragile et qui s'enfoncent 
dans des calcaires très durs. La Modiole Lithophage, par 
exemple, à Toulon, vit dans des masses calcaires aussi du- 
res que les marbres les plus solides. Des marbres très durs 
sont criblés de trous, par la même espèce, aux environs 
de Bone. Dans ces mêmes calcaires, on trouve aussi des 
Saxicaves, des Pétricoles : le Gastrochène se joint sou- 
ventaux genres que nous venons de citer; souvent tous 
ces animaux attaquent des coquilles d'une grande du- 
reté qui présentent des parties suffisaminent épaisses, 
telles que les grands Turbos, les Avicules à perles, les 
Casques, les Patelles : enfin, sans exception, toutes 


(1) Le tube digestif ne dépasse jamais la portion cervicale de l'animal, 
ainsi que le représente notre figme (voir la pl. III): — Souvent lesto- 
mac n'est formé que par un simple renflement cylindroïde, ainsi que l’a 
figuré M. Almann; nous avons trouvé ectte forme sur plusieurs indivi- 
dus. 


— 23 — 


les coquilles perforantes corrodent les masses madrépo- 
riques qui jouissent, la plupart, d'une grande ténacité, 
comme Je savent les naturalistes. 

Les autres genres de mollusques perforateurs, tels que 
les Pholades, pour le plus grand nombre, s'attaquent aux 
argiles durcies; elles y creusent des loges profondes en 
rapport avec leur propre volume. D'autres espèces du 
même genre vivent comme le Taret enfoncées dans le bois, 
On concevrait, jusqu'à un certain point, que les Pholades, 
qui vivent dans l'argile, pourraient creuser cette sub- 
stance molle par un moyen mécanique; mais ce qui prouve 
qu'il n’en est rien c'est que la même espèce se rencon- 
tre aussi bien dans des argiles très durs dont les parties 
ne peuvent facilement se désagréger. Quant aux Tarets, ils 
perforent les bois durs et neufs : il y a même des espèces, 
des mers chaudes, qui vivent dans l'enveloppe si dure du 
fruit du Cocotier; et ce sont ces espèces qui percent les 
bois les plus durs qui possèdent la coquille la plus rudi- 
mentaire et la plus fragile. Get examen rapide des faits, 
tels que chacun peut les observer, nous conduit naturel 
lement à établir qu'aucune coquille perforante n'aurait 
assez de solidité pour produire, sans usure sur ses bords, 
et sans altération des fines aspérités qu’elles portent, un 
trou, si petit quil soit, nous ne dirons pas dans Îles corps 
durs dont nousavons parlé, mais mêine dans ceux quiont 
le moins de cohésion. Nous engagerions les personnes qui 
voudraient soutenir l'opinion que nous combattons, celle 
de la perforation mécanique, d'essayer de creuser, avec une 
coquille perforante quelconque, en y meltant non-seule- 
ment lLoutes les précautions convenables, mais encore tout 
le temps nécessaire, un corps dur dela nature de ceux qui 
sont habituellement attaqués: cette expérience prouvera 
invinciblement qu'il n'est aucune coquille qui puisse résis- 
ter longtemps à l'eflort nécessaire, soit pour gratter le bois 
de manière à enlever de la poussière, soit pour userla pierre 


= M2 


à l'aide des fines aspérités de la coquille. Ces aspérités 
disparaissent bientôt, avant même que l'on ait rayé Ja 
surface d'un calcaire aussi dur que celui de Toulon, par 
exemple, qui, pour le dire en passant , serait bien plus 
propre à user des coquilles que d'être rayé par elles. D’ail- 
leurs personne n'ignore que deux corps de la même na- 
ture, quand même ils seraient d’une inégale ténacité, ont 
de la peine à s’user par le frottement. Deux morceaux de 
marbre peuvent être longtemps frottés sans s'user beau- 
coup, et dans les faits que nous examinons les corps per- 
forés sont presque toujours beaucoup plus durs que les 
corps perforants. Ces seules considérations sont bien ca- 
pables d’ébranler la conviction des personnes qui croient 
à l'action mécanique des coquiiles. 

On a toujours supposé au mollusque perforateur assez 
de liberté dans le trou qu'il se creuse pour y produire à 
volonté des mouvements de rotation à l’aide desquels il 
use doucement la pierre par le frottement de ses valves, 
comme le ferait un instrument à tarauder; mais on oublie 
que l’une des conditions de la vie des mollusques acé- 
phalés lithophages est une immobilité presque complète, 
commandée au reste par l’organisation même de ces ani- 
maux. Comment agit un instrument à tarauder? Il agit 
sur un corps dur, parce qu'on l'y appuie avec force, parce 
qu'il est fait d'un métal très dur auquel on a ménagé 
des tranchants aigus ; enfin on lui imprime un mouve- 
ment de rotation sur son axe. 

Est-ce sérieusement que l'on a voulu comparer une 
coquille mince et fragile à un instrument perforateur ? 
Que l’on présente cette coquille au plus habile ouvrier, 
en lui disant de creuser avec elle la pierre calcaire d’où 
elle a été retirée, et cet homme regardera votre proposi- 
tion comme dérisoire : car il pourrait se faire que votre 
calcaire contint des grains de sable quartzeux capables 
«d'ébrêcher les outils les plus durs. Mais, dira-t-on, l’ou- 


onto tatin tatin And d'est sSDÉRR  tn d 


=. te 


4 


vrier voudra faire en quelques moments le trou auquel 
l’auimal consacre toute sa vie, 3, 4, 10 années peut-être, 
L'action de l’animal est faible, sans doute, mais elle est 
incessante, il n'a que cela à faire. Encore faut-il que, 
pour creuser, l'animal remplisse deux conditions : qu'il 
dispose d’une force au moyen de laquelle il applique sa 
coquille contre les parois de son trou, et qu'il imprime 
à sa coquille tous les mouvements rotatoires de va et vient 
sur son axe. Eh bien ! dans les animaux perforateurs dont 
nous parlons la force n'existe pas, et le mouvement rota- 
toire est impossible. L'examen rapide des genres Litho- 
phages le prouvera invinciblement, à commencer par la 
Clavagelle dont la coquille a une valve engagée dans le 
tube. Voilà évidemment un animal perforateur parfaite- 
ment immobile dont la loge est souvent aplatie, compri- 
mée et beaucoup trop large dans la direction des valves, 
pour que celle qui reste libre puisse frotter une partie 
quelconque des parois de la cavité que l'animal habite. 
Voilà donc un animal qui perfore la pierre, quoiqu'il soit 
immobile et qu'il manque à la fois des deux conditions 
pour accomplir une action mécanique sur la pierre qu'il 
habite. Cet exemple seui est tellement coneluant qu'il 
suffirait à la rigueur. Nous ne nous croyons pas dispensés 
pour cela de passer en revue tous les autres genres per- 
forateurs. Le Gastrochène a besoin , pour respirer et se 
nourrir, d'avoir constamment ses siphons étendus au 
dehors par les tuyaux calcaires qui terminent la cavité 
qu'il habite. Dans cette position, l'animal manque de 
point d'appui pour pousser la coquille contre les parois 
de son tube, et bien plus, il est condamné à une im- 
mobilité presque complète. S'il est vrai qu'il soit attaché 
par un byssus, ce byssus ne lui permettrait aucun mou- 
vement de rotation. 

Ceque nous avons dit ailleurs du Taret nous dispense 
&en parler ici : car ect animal, extrêmement mollasse, n'a 


ss toit. 


pas même de muscles dans toute l'étendue de ses longs si- 
phons pour leur donner seulement un peu de rigidité, et 
l'absence de muscles le met dans l'impossibilité d'exercer 
avec sa coquille des mouvements de rotation; et quand 
même il existerait des muscles dans les parois des siphons 
et du manteau, les mouvements de rotation seraient 
presque impossibles chez un animal très irrégulièrement 
contourné sur lui-même. 

Il suffit de constater le bel état de conservation des 
moindres aspérités qui ornent les individus de diverses 
espèces de Pholades connues , pour être convaincu que 
jamais ces coquilles, minces et délicates, n’ont éprouvé le 
moindre frottement. 

Les Saxicaves perforantes, car toutes ne le sont pas, 
les Pétricoles , les Vénérupes, sont souvent des coquilles 
un peu aplaties; elles se creusent des trous qui ont leurs 
formes, et dans lesquelles il leur est impossible de se tour- 
ner : il y a même des espèces qui, en creusant leur loge, 
ménagent une crète saillante de la pierre qui s'interpose 
entre les crochets des valves ; et ces espèces sont comme 
les Clavagelles dans l'impossibilité absolue de se mouvoir. 
Il est à remarquer que, dans toutes les espèces de ces gen- 
res, les coquilles sont liérissées d’aspérités qu couvertes 
de stries fines sur lesquelles on n’aperçoit aucune trace de 
froltement et d'usure. On ne peut donc supposer, chez 
toutes ces espèces, un moyen mécanique de perforer la 
pierre, souvent très dure, qu'elles habitent. 

Dans le genre Cypricarde, Lamark a compris quelques 
espèces perforatrices; elles sont minces, allongées ova- 
laires. Dans leur section transverse, les loges qu’elles 
se creusent dans les calcaires ou les coraux sont elles- 
mêmes ovalaires, et si justes pour la coquille que celle-ci 
ne peut y exercer des mouvements de rotation. Dans 
les animaux de ce genre, les siphons sont extrêmement 
courts, membraneux, assez semblables à ceux des Bucar- 


+ 2% — 


des, l'animal ne pourrait donc pas s'en servir comme 
d’un point d'appui, quand même il aurait des mouvements 
de rotation. 

Enfin nous avons un dernier genre à examiner, et c'est 
l'un des plus connus, pour la propriété dont jouissent 
quelques-unes de ces espèces de perforer la pierre : nous 
voulons parler des Modioles. Guvier a proposé le genre 
Lithodome, pour les espèces perforantes. Nous connaissons 
l'animal de l'espèce la plus vulgaire, la Modiole Litho- 
phage; nous l'avons conservé vivant et nous en avons 
étudié les manœuvres. Get animal se tient suspendu an 
milieu du trou qu'il habite, au moyen d’un faible byssus 
et de manière à ce que sa coquilie laisse entre elle et les 
parois de la pierre un espace vide. Pour obtenir cette po- 
sition, l'animal est pour ainsi dire encré à l’aide du petit 
nombre de fils dont son byssus est composé; ces fils 
sont tendus à droite et à gauche, en avant et en arrière 
et fixés de telle manière que la coquille demeure immo- 
bile. L'animal a un pied beaucoup plus long, beaucoup 
plus grèle que les autres Modioles; il fait sortir cet organe 
de ses valves entrouvertes et s'occupe constamment à 
le promener doucement, en s’étalant un peu sur les pa- 
rois de la cavité pierreuse, il profite, pour cela, de l’es- 
pace qu'il a ménagé, en fixant les ‘ls de son byssus entre 
la coquille et les parois de son trou. Quelle que soit son 
extensibilité, le pied ne peut atteindre toutes les parties 
de la cavité pierreuse : aussi, après un certain Lemps, 
l'animal détache fil à fil son byssus, fait sur son axe longi- 
tudinal un quart ou une demi-révolution et recommence à 
promener son pied sur les parois de la cavité pierreuse. Il 
n'ya rien là, comme on le voit, qui annonce une perfo- 
ration mécanique de la pierre de la part des Modioles 
Lithophages. Ilest bien à croire que les animaux des au- 
tres genres agissent d'une manière analogue, soit par leur 
pied, soit par leur manteau et, peut-être, par les deux 


ON, ds 


organes tout à la fois. Mais il est nécessaire de tenter 
de nouvelles observations, pour changer enfin en un 
fait certain et prouvé, ce que nous regardons seulement 
comme probable, à un degré qui approche de la cer- 
titude. 

Mais ici ne se borne pas encore tout ce que nous avons 
à dire sur cette question intéressante de la perforation de 
la pierre par les mollusques ; nous avons encore à corro- 
borer nos probabilités par l’examen de ce qui se passe dans 
Je jeune âge. Comment les partisans de l’action mécanique 
des coquilles ponrraïent-ils concevoir qu'un animal, au 
sortir de l'œuf, ou peu de temps après, ayant un rudiment 
de coquille tellement mince et flexible qu'il ressemble 
plutôt à une membrane, peut cependant perforer la pierre 
avec cette coquille. Car il n’en faut pas douter, à peine 
sorti de l'œuf, l'animal commence son trou; nous avons 
vu des coquilles de Gastrochène et de Pétricole ayant à 
peine 2 ou 3 millimètres de longueur, déjà contenues 
dans une cavité proportionnée à leur volume. Tous les 
naturalistes le savent, l'accroissement des animaux est 
d'autant plus rapide qu'ils sont plus jeunes; et les parti- 
sans de l’action mécanique seraient forcés d'admettre que 
c'est au moment où la coquille est la plus mince, la plus 
fragile, par conséquent offre le moins de résistance, qu'elle 
doit supporter les plus grands efforts, sans que cependant 
elle subisse la moindre déviation dans son accroissement, 
la moindre altération dans sa forme, la moindre usure 
dans ses parties les plus délicates. 

Si, malgré tous les faits que nous venons de mention- 
ner, nos raisonnements qui s y appuient trouvaient des 
incrédules, nous franchirions la limite des mollusques 
acéphalés et nous montrerions le Magile perforant lente- 
ment Ja masse madréporique dans laquelle il habite, quoi- 
quil y soit dans la plus parfaite et la plus constante im- 
mobilité. Si ce fait u'était pas encore assez convainquant, 


nous ferions voir des Amélides molles , dépourvues de 
tube ou d’autres parties dures, se creusant cependant 
de longues et sinueuses galeries dans les calcaires tendres, 
et pouvant toujours maintenir les longs canaux qu'elles 
habitent d'un diamètre proportionné à celui de leur corps; 
nous pourrions enfin descendre plus bas encore, jusqu'aux 
derniers échelons du règne animal et montrer des Epon- 
ges perforantes, criblant de trous irréguliers les calcaires 
les plus durs, et produisant une véritable carie à leur sur- 
face. 

Le but de cette dissertation s'aperçoit facilement. Une 
opinion, ancienne déjà, persiste dans la science ; d’après 
elle, les mollusques perforateurs ne peuvent percer la 
pierre qu'à l’aide de leur coquille agissant mécanique- 
ment, 

Nous croyons cette opinion erronée et nous la com- 
battons par des faits et par les raisonnements que ces 
faits nous suggèrent. Nous voyons d'abord, et sans excep- 
tion authentique jnsqu'à ce jour, tous les animaux perfo- 
rateurs s'attaquer à des calcaires plus ou moins durs ou 
à du bois plongé dans l’eau. Nous remarquons aussi 
lPimmobilité presque absolue de tous ces animaux et l'im- 
puissance où ils se trouvent d'appliquer assez fortement 
leur coquille contre les paroïs de la cavité habitée pour 
l'user par le frottement. Nous sommes donc conduits, 
malgré nous, à cette conclusion : les mollusques qui per- 
cent la pierre ne la perforent pas par un moyen mécani- 
que. 

Quand même tout ceci n'aurait servi qu'à détruire une 
erreur, sans pouvoir rien mettre à la place, nous n’aurions 
pas hésité un moment : cer on est plus près de la vérité, 
quand l'erreur n’existe plus. On voit les meilleurs esprits 
s'attacher à des théories vicieuses sanctionnées par le 
temps, uniquement parce qu'elles ont été admises par des 
auteurs haut placés dans la science. Et puis, dit-on, voilà 


— 30 


une théorie qui paraît satisfaisante : si nous la rejelons, 
par quelle autre la remplacerons-nous ? Pour nous, l'His- 
toire naturelle, et la Zoologie en particulier, ne com- 
porte point de théorie. Des faits sont observés, s'ils le sont 
mal, la généralisation qui en résulte est fausse, s'ils le 
sont bien, cette généralisation est bonne, et elle est re- 
connue telle, parce qu'elle s'applique à tous les phénomé- 
nes observés : et c’est ici justement que ces réflezions 
trouvent leur application immédiate. 

On a vu des coquilles dans la pierre. Commeni se perce 
la pierre, s'est-on demandé? Par un moyen mécanique. 
Doncles mollusques perforateurs , armés d'une seule par- 
tie solide, de leur coquille, creusent les corps durs avec 
elle et par un moyen mécanique : tel est le premier et le 
plus vulgaire raisonnement, Mais si l'on examine les faits 


plus attentivement, on voit que des animaux qui devraient 


jouir d’une certaine force sont sans force; qui devraient 
joindre le mouvement à la force sont sans mouvements; 
qui devraient être armés de corps plus durs que ceux 
qu ils creusent sont revêtus de pièces testacées, minces 
et friables, de telle sorte, que l'on pourrait assez facilement 
distinguer une coquille perforante par son peu d'épais- 
seur. Que résulte -t-il de tous ces faits? Une opinion con- 
traire à celle d'abord admise et qui peut s'énoncer d'une 
manière bien simple que voici : aucun mollusque ne per- 
fore la pierre à l’aide d'un moyen mécanique. 

Quel moyen emploie l'animal, pour parvenir au but 
que la nature lui impose? Quand même la science ne se- 
rait pas encore assez avancée pour connaître avec certi- 
tude l'agent mis en jeu, ce ne serait pas un motif 
suffisant pour rejeter la proposition que nous venons d’é- 
tablir. Nous poserons à notre tour cette question : Si le 
mollusque ne peut perforer la pierre par un moyen mé- 
canique, a-t-il à sa disposition autre chose qu'un agent 
chimique préparé par des organes de sécrétion? De quelle 


= 31 — 


nature sont les agents chimiques qui dissolvent le bois ei 
la pierre? Ce sont des acides; or le bois et la pierre sont 
dissous, bien évidemment. Donc pourrions-nous con- 
clure : les mollusques perforateurs sécrètent des acides 
assez puissants pour attaquer la pierre dans laquelle ils 
vivent. Ce raisonnement pourrait égarer, quoiqu'il pa- 
raisse juste : car, malheureusement, il ne s'appuie sur 
aucune observation directe. Il serait facile aux per- 
sonnes qui habitent les bords de la mer d'éclairer la 
science à ce sujet. Il suffirait peut-être des expériences 
les plus simples, avec des papiers sensibles ou d’autres 
réactifs de l'emploi le plus facile, pour décider si la sécré- 
tion des mollusques dont il s’agit est acide; probable- 
ment parviendrait-on,avec quelque patience, à découvrir 
quelle est la nature exacte de l’agent dissolvant; la solu- 
tion de cette question serait d’un grand intérêt pour la 
physiologie des mollusques. 

Une autre objection se présente encore. Si les mollus- 
ques perforateurs se creusent leurs trous au moyen d'une 
sécrétion aeide, comment étant eux-mêmes plongés dans 
l'eau, ces animaux pourront-ils produire une assez 
grande quantité de suc acide pour dissoudre la pierre 
sans cependant corroder leur propre coquille. Il y 
a en effet ceci de très remarquable, c'est que jamais 
la coquille ne porte la moindre trace de dissolution : 
elle est toujours dans l’état de la plus parfaite conser- 
vation , au moment où elle est retirée de la loge qu'elle 
habite. 

Cette objection semble détruire l'opinion que nous dé- 
fendons. Comment concevoir qu'un mollusque contenu 
dans un trou, en communication directe avec l'Océan, 
va sécréter une liqueur acide qui ne sera pas immédiate- 
ment dissoute, dans une quantité suffisante de liquide 
pour en détruire l'effet? Et dans le cas où l'animal, à 
l’aide de ses siphons, boucherait l'entrée de sa cavité 


225 00 da 


pour sécréter sa liqueur acide, il arriverait nécessairement 
la corrosion simultanée des paroïs de la cavité et de la 
surface externe de la coquille. Or la coquille est toujours 
préservée; la cavité s'agrandit sans cesse, à mesure que 
l'animal s'accroît. Il faut donc que le mollusque ait une 
action spéciale qui concilie ces deux phénomènes. 

Pour bien comprendre ce qui va suivre, nous devons 
rapporter quelques faits importants sur l'accroissement 
des Arrosoirs, des Clavagelles et de ceux des Gastrochè- 
nes, qui, tels que le Mumia, sont renfermés dans un tube 
calcaire isolé. 

Une Clavagelle, un Arrosoir, s’accroissent lentement 
comme tous les autres mollusques; et l’on remarque que 
les jeunes individus sont pourvus d'un tube aussi com- 
plet que les grandes. Il semblerait donc que le tube de 
ces animaux s’accroit à la fois par tous les points de son 
étendue : ce qui supposerait chez lui un état de mollesse, 
d’extensibilité qui n’existe jamais : il faudrait que ce tube 
s'accrüt à la manière des os des vertébrés, et tout, dans 
sa structure, prouve qu'il ne s'accroît pas ainsi. Pour avoir 
un tube gn rapport avec son volume actuel, l'animal dis- 
sout le tube ancien dans lequel il se trouve à l'étroit : ce 
qui se passe chez les Clavagelles le démontre invincible- 
ment. 

L'animal de la Clavagelle est renfermé entre deux val- 
ves très inégales : l'une, la plus petite, est comprise et 
fixée dans la paroi du tube; l’autre, articulée en charnière 
avec la première , joue librement dans la cavité du tube. 
Si l'animal n'a pas la propriété de dissoudre son tube, 
comment expliquer l’accroissement de la valve engagée ? 
L'animal ne peut ajouter à cette valve que pendant le 
moment assez court de la dissolution de son tube. Aussi- 
tôt que ce tube est reconstruit, l'accroissement de cette 
valve cesse, tandis qu'il continue toujours dans l’autre : 
ce qui explique aussi l'inégalité des valves, l’une s’accrois- 


de Sms trucs te Éd à OT RÉ SE SE SR S 


sant sans discontinuité; l’autre ne pouvant le faire qué 
périodiquement et pendant les courts moments de la dis- 
solution du tube. Ge tube se reconstruit alors tout d’uné 
pièce; et cette opération est prompte, ainsi que le témoi- 
gnent les belles expériences de M. Laurent. Ge savant et 
ingénieux observateur a vu un Taret, extrait de son tube, 
en sécréter un nouveau, en quelques jours, aussi complet 
que le premier. 

La manière dont s'opère la dissolution du tube, chez 
les Clavagelles et les Arrosoirs, prouve que ces mollus- 
ques perforateurs ont un organe doué d’une action spé- 
ciale : il accomplit le double phénomène de la dissolu- 
tion du tube et de la parfaite conservation de la coquille. 
Ce fait, qui paraît particulier aux mollusques tubuli- 
coles , nous le généralisons , et nous croyons qu'il existe 
chez tous les moliusques perforateurs, sans exception, 
avec celte légère différence que, là où il n’y a point de 
tube, l'organe sécréteur agit sans cesse sur les paroiïs 
pierreuses de la cavité habitée par Panimal. 

Deux organes peuvent concourir à augmenter la cavité 
d’un mollusque perforateur : le pied et surtout le man- 
teau. Ge dernier organe est très épais chez les mollusques 
perforaieurs; il présente de grandes surfaces, soit dans le 
baillement des valves, soit en se renversant au-dessus 
d'elles, ainsi que nous l'avons observé dans les Clava- 
gelles et les Pétricoles vivantes. Dans le manteau de ces 
animaux, ainsi que dans celui des Gastrochènes, nous 
avons découvert un Organe sécréteur spécial qui, pour 
nous est indubitablement celui qui fournit à l'animal le 
dissolvant qui lui est nécessaire. 

Si l'animal laissait tomber dans l’eau le produit de la 
sécrétion, il serait perdu et sans action, ainsi que nous le 
disions tout à l'heure. Pour l’employer utilement, l'or- 
gane sécréleur lui-même est appliqué longtemps sur la 
paroï qu'il doit attaquer : le liquide ambiant est déplacé 

3 


ER 


par cette application la liqueur sécrétée est mise en contact 
avec le corps qu'elle doit dissoudre, sans être préalable- 
nent délayée dans l’eau. Ghez les Clavagelles, les Arro- 
soirs, la plupart des Pétricoles et des Vénérupes, l'organe 
est assez grand pour se mettre en contact à la fois avec 
toute la paroi du tube et de la cavité habitée. Chez les 
Gastrochènes, les Pholades, les Lithodomes, etc., cet or- 
gane est trop étroit, et le soin de l'animal consiste à lPap- 
pliquer successivement sur tous les points de la cavité 
qu'il habite. 

Ainsi, il ne reste plus le moindre doute, les mollusques 
perforateurs ne creusent pas leur habitation par un moyen 
mécanique ; ils y parviennent par un agent chimique; 
l'organe qui le sécrète existe, il est connu; nous savons 
comment il s'applique pour agir sûrement, Un seul point 
de la question reste à étudier : c’est ce qui a rapport à la 
nature même de l’agent sécrété. Quelques observations 
bien faites par un chimiste habitant nos côtes, sur un 
point où les mollusques perforateurs abondent, suffiront 
pour résoudre complétement le problème. Ge que nous 
avons dit suffirait à la rigueur : car on peut déjà préju- 
ger que les mollusques n'attaquant jamais que les sub- 
stances calcaires, leur sécrétion est un acide, probable- 
ment il est en partie neuiralisé par sa combinaison avec 
les matières muqueuses; mais de quelle nature est cet 
acide : l'observation directe seule peut répondre à cette 
question. 


NOTE SUR LA POSITION DE L'ORGANE DE L ODORAT Chez 
les Mollusques gastéropodes terrcstres ; par M. Le- 
py.— (Journal de l’Académie des Sciences natu- 
relles de Philadelphie, 2° Série, T. 1, p. 69.) 

Lorsque l'on observe les mollusques gastéropodes 

terrestres, on s'aperçoit qu'ils se dirigent sans trop d'in- 


OR" RUE 


certitude vers les lieux où se trouvent des alimens de 
leur choix. N'ayant point d'organes visuels assez parfaits 
pour voir distinctement les objets de près ou de loin, ces. 
animaux ne peuvent donc se guider par la vue des sub- 
stances qu'ils recherchent. Les naturalistes ont supposé 
l'existence d’un organe olfactif qui, jusqu'à présent, n'a pu 
être découvert par les anatomistes. Guvier, à la suite de 
ses recherches sur l'anatomie des limaces et des hélices, 
en parlant du sens de l'odorat, si manifestement prouvé 
par les mœurs de ces animaux, mais non démontré par 
le scalpel, dit qu'il est très probable que la sensation 
de l'odorat se produit par toute la surface cutanée qui, 
par sa structure , ne manque pas d'analogie avec un 
organe pituitaire. Mais pour admettre cette explication 
du célèbre anatomiste, il faudrait d’abord renverser les 
principes de physiologie par lesquels il est prouvé 
qu'un organe de sensation ne peut fonctionner qu'au- 
tant qu'il est localisé. Il faudrait supposer aussi une 
double fonction aux nerfs cutanés des mollusques, qui 
se trouveraient ainsi chargés des sens du toucher et de 
l’odorat; ce serait assurément le seul exemple que l'on 
pourrait citer de fonetions si diverses dans un appareil 
nerveux dont la destination ne saurait être équivoque. 
Un savant Américain, M. Leidy, annonce dans le 
journal de l’Académie des sciences naturelles de Phila- 
delphie, avoir découvert l'organe olfactif chez les gasté- 
ropodes terrestres. Il a observé à l'extrémité antérieure 
du pied une petite cavité tapissée d'une membrane vers 
laquelle se rendent deux grosses branches nerveuses qui 
partent de la portion inférieure et antérieure de l’anneau 
æsophagien. Gette même cavité reçoit également des 
vaisseaux qui proviennent de l'aorte céphalique. D'après 
ses indications il sera facile aux anatomistes de s'assurer 
de la réalité de la découverte de M. Leidy. Une série 
d'expériences deviendra ensuile nécessaire pour cons- 


ER 


tater le fait anatomique. On sait avec quelle facilité les 
mollusques terrestres supportent l’ablation de diverses 
parties de leur corps. Il sera donc possible de faire la 
section de l'organe olfactif et de voir ensuite si l'animal se 
dirige avec autant de sûreté vers le lieu où est déposé 
l'aliment de son choix. Si ces expériences réussisent, 
comme nous le pensons , elles donneront la consécra- 
tion la plus évidente à la découverte si intéressante de 
M. Leidy. DEsHAYESs. 


Norice sur le genre Cycrosroma , et GaraLocue 
des espèces appartenant à ce genre; par M. Petit 
de la Saussaye. 


ms 


C'est Lamark qui, en 1801, a le premier, établi le 
genre Cyclostome, dans lequel il faisait entrer alors un 
certain nombre de coquilles diverses, dont les caractères 
principaux étaient: une ouverture ronde, régulière, avec 
un péristome continu, et fermée par un opercule. Parmi 
ces coquilles se trouvaient des espèces marines, fluviatiles 
et terrestres. 

Cet illustre conchyliologue ne tarda pas à reconnaître 
Ja nécessité de retirer de ce groupe les coquilles marines, 
puis les coquiiles fluviatiles, et, en 1819, dans son his- 
toires des animaux sans vertèbres, il circonscrivit le genre 
Cyclostoma, en n'y laissant que les espèces terrestres. 

Les formes dela coquille des Cyclostomes varient consi- 
dérablement depuis l'enroulement discoïdal jusqu’à l'al- 
longement pupoïde. 

En ce qui concerne l'animal, Lister a publié, en 1694, 
une anatomie médiocre du C'ycl. elégant, travail qui a été 
repris en 1829, avec plus de soin et de succès par M. Ber- 
keley, dans le Zoological journal vol: IV p. 278. 


DC Dee 


Les Gyclostomes s’éloignent des autres pulmonifères en 
ce qu'ils ont des sexes différents, sur des individus dis- 
tincts; ils n’ont que deux tentacules, les yeux placés à la 
base, et ils sont pourvus d’'opercule, caractères qui rap- 
prochent beaucoup ce groupe de la famille des tur- 
binacés, dans laquelle ils ont été placés par quelques 
zoologistes. D'autres attachant plus d'importance à l'or- 
ganisation du système respiratoire de ces mollusques, 
essentiellement terrestres, les ont placés à la suite des 
hélicidés; mais quelle que soit l'opinion à laquelle on 
voudra s'arrêter, on sera touiours entraîné à former une 
famille distincte des coquilles terrestresoperculées, famille 
dans laquelle devraient être rangés, avec le genre Cyclos- 
toma les genres Pupina et Helicina. 


La caractéristique du genre Cyclostome peut être 
formulée comme il suit: 


Testa dextra, polymorpha; anfractibus plerumque 
rotundatis ; apertura circinata, vel fere circulari, plus 
minus-ve posticè angulata; marginibus orbiculatim con- 
nexis, œlate refiexts. 

Operculum vel calcareum, vel corneum, semper spirale. 

Molluscum terrestre gasteropodum, pulmoniferum, sexibus 
separatis ; tentaculis duobus, bast occulatis; capite probos- 
cidi form. 


Les différences notables qui existent dans la forme 
des coquilles du genre Cyclostoma, et quelques accidents 
particuliers à certaines espèces devaient naturellement 
attirer l'attention des conchyliologistes; aussi quelques- 
uns d'entre eux ont-ils songé à subdiviser ce genre. 

Cest ainsi que dans les derniers temps M. Benson a 
établi sous le nom de Pierocyclos, et après lui M. Tros- 
chel, sous le nom de Steganotoma, un genre qui com- 
prendrait un certain nombre de Gyclostomes planorpu- 


D 


laires présentant à l'angle supérieur du péristome une 
sorte de dépression plus où moins profonde en forme de 
gouttière, parfois relevée en forme de canal: il existe 
même une espèce (le Cyclost : spiraculum, Sow.) dans 
laquelle on remarque, indépendamment du earactère dont 
il vient d'être question , et à quelque distance de l’ouver- 
ture, un canal tubiforme saillant au-dessus de la suture. 

M. Troschel s'appuyant, d'un autre côté, sur des carac- 
tères pris principalement dans l’organisation des oper- 
cules, a cru pouvoir établir plusieurs coupes, dont il a 
donné la caractéristique dans le Zeitschrift für malaco- 
zoologie, ann. 1847. 

Peu après, M. Pfeiffer a étendu encore ces divisions, 
en les modifiant, et dans le même journal il a fondé de 
nouveaux genres. 

D'après cet auteur le genre Cyclostoma se trouverait 
divisé comme il suit : 


G. Aperostoma,  Troschel. iyp. Cycl. giganteum,  Sow. 
C.  planorbulum, Lam. 
G. Cyclostoma, Lam. emend. typ. CG.  naticoides,  Recl. 
C. quaternatum, Lam. 
C. Labeo, Mull. 
C. calcareum,  Sow. 


G. Tropidophora, Troschel. typ. CG.  Cuvicrianum, Petit. 
C.  tricarinatum, Muüll.. 
G. Chaonopoma, Pfeif. typ. C.  Lincina, L. 
G. Cyciophorus, Montf. typ. C.  pernobile, Gould. 
C. oculus capri, Gmel. 
C.  stenostoma, Sow. 
G. Leptopoma, Pfeif: typ. C. luteum, Less. 
C.  perplexum,  Sow. 
G. Chondropoma, Pfeif. typ. C.  Sagra, Dorb. 
3. Megalostoma, Guilding. typ. C.  altum, Sow: 
C.  tortum, Wood. 
G. Aulopoma, Troschel. typ. CG.  Itieri, Guérin 
G. Craspedopoma, P/eif. iyp. G.  lucidum, Lowe. 
G. Myxostoma, Trosch. typ. C.  Petiverianum, Sow. 
1. Piterocyclos, Benson. typ. C.  anguliferum, Souleyet 
G- Geomelania,  Pfeif. typ. C.  Jamaicense, - Pf. 
G. Hydrocena, Parr. typ. C. Rubens. Quoy. 


Ur. Pomatias, Stud. typ. C.  patulum, Drap. 


“nec mt 0 T7 


— 39 — 


Nous n'avons pas cru devoir adopter, dans la rédaction 
du catalogue ci-dessous, la classification de M. Pfeiffer, 
parce qu’elle ne nous semble pas fondée sur des caractères 
suffisants, ni même bien précis. Existe-t-il, comme le 
croit ce savant conchyliologue, un rapport intime entre 
les opéreules et les animaux des Gyclostomes, et les 
différences que présentent les premiers en annoncent- 
elles d’analogues dans l'organisation de ces mollusques? 
C'est ce dont il est permis de douter. La nature plus ou 
moins calcaire ou cornée des opercules résulte plutôt de 
circonstances secondaires, telles que l'habitation de ces 
animaux, leur nourriture, la nature du sol sur lequel ils 
vivent, l’action du soleil etc... Quant à la forme variable 
des tours de spire observée dans ces pièces accessoires, 
elle provient sans doute des modifications que présente 
l'organisation seule da muscle chargé de sécréter la 
matière, modifications qui ne Lanbterotent pas devoir 
suffire pour l'établissement de coupes génériques. 

Quoi qu'il en soit, les travaux de MM. Troschel et 
Pfeiffer n’en auront pas moins été très utiles en ce qu'ils 
auront appelé l'attention des observateurs sur la nécessité 
d'étudier avec plus de soin des animaux dont les coquilles 
se présentent sous des formes si diverses. 


Quant à nous, nous avons classé les Cyclostomes, en 
les réunissant par groupes, et dans l'ordre de leurs 
affinités : ce mode d'arrangement nous a paru d'autant 
plus satisfaisant, qu'il place les espèces dans un ordre 
qui s'accorde d’une manière assez remarquable avec 
leur distribution géographique. 

Nous n'inscrivons dans le catalogue que les espèces 
réellement décrites, en indiquant, pour chacune d'elles, 
le nom de l’auteur qui en a le premier donné la caracté- 
ristique: nous citons, en synomynie seulement, les noms 
attribués à ces espèces soit dans les recueils de figures 


ET 


comme l’Index testaceologicus de Wood, soit dans de 
simples catalogues. 

Indépendamment de l'habitat, et autant qu'il nous a 
été possible de le faire, nous indiquons, pour chaque 
espèce, la figure qui nous a paru donner l'idée la plus 
exacte de sa forme et de sa coloration, l'objet de notre 
travail étant de rendre plus faciles la détermination et le 
classement, dans les collections, des Gyclostomes décrits 
jusqu à présent. | 

Nous avons probablement omis quelques espèces qui 
auront échappé à nos recherches; il en est, en outre, | 
quelques-unes que nous n'avons jamais vues, et que nous 
n’aurons peut-être pas placées dans le rang qu'elles 
doivent occuper, mais nous aurons soin par la suite de 
rectifier nos erreurs et de compléter le catalogue et l’his- 
toire d'un des genres les plus intéressants de la nom- 
breuse famille des coquilles terrestres: aussi nous rece- 
vrons avec reconnaissance la communication des espèces 
qui ne figurent pas dans la liste qui va suivre, 


CATALOGUE DES CYCLOSTOMES. 


Oculus capri Gmel. 

Rafflesii Sow. Lara: Mousson Coq. Java. P.6.f. 2. 
Indicum. Philipp. L 

Semisulcatum. Sow. I. Philipp. Thesaurus. f. 99. 
Woodianum. Lea. } ; Mem. 1840. FI. 12. f. 19. 
Luzonicum. Sow. | I Philipp. 

Gironnieris. Souley. 

C. Charpentieri. Mousson. Java. Coq. Java. PI. 6. f. 3. 
Pernobile. Gould. | Inde Kuster. PI. 3. f. 15. 
Aurantium. Schum. * 

Speciosum. Philippi. Kuster. PI. 25. f. 1-5. 
Eximium. Mousson. Java. Coq. Java. PI. 7. f. 1. 
Volvulus. Hüll. Inde. Thes. f. 126. 

Validum. Sow. L. Phitipp. Thes. f. 132-3. 
Involvulus. Müll. Inde Thes. f. 114-16. 
Polvulus. Chem. ) ; 

Ceylanicum. Pfeif. Ceylan. Kuster. pl. 29. f. 1-3. 
Indicum. Deshayes. Inde. Voy. Belanger. 
Stencmphalum. Pfeif. À Inde Kuster. pl. 28. f. 5-6. 
Indicum var.? Desh. ) ’ 


Meukeanurm. Philippi. Ceylan?  Kust. pl. 23. f. 6-8. 


PRET 


Linguiferum. Soiy. 1. Philipp. Thes. f. 198. 
Tigrinum. Id. Id. Thes. f. 201-4. 
Zebra. Giatel. Id. Ann.S. L. Bord. p. 3.f. 9. 
Canpaliferum. Sow. ld. Thes. f. 140-2. 
Lingulatum. Id. Id. Thes. f. 208-110. 
Turbo. Chem. } à 
Maculosum ? Jay. ue lus 
Santo par Singapoor. Thes. f. 131. 
unetalum. ratel. 
FÉES KES } Ceylan. Thes. f. 134 5. 
Tuba. Sow. Malaca. Thes. f. 129. 130. 
Perdix. Id. Tanasserim.Thes. f, 127-8. 
Variegalum. Philippi. Java. Abilà. pl. 1. f. 3. 
Lollingeri. Mousson. Id. Coq. Java. pl. 7.f. 2. 
Albicans. S0w. Oc. Pacif.? Thes. f. 110-12. 
ie Id. Thes. f. 1067. 
aticoides. Recluz. Thes. f. 108-9. 
Turbo foliaceus? Chem. [. Socotora. 
Guiilaini. Petit. Mogadoxa. Journ. de Conch. 
Clathratulum. Recluz. 1. Socotora. Thes. f. 15-16 
Clausum. 0. Arabie. Thes. f. 266.-7. 
Cuvierianum, Petit. Madagase. Thes.f. 28-9. 
Dehayesianum. J4. ld. Mag. Zool. pl. 98. 
Modestum. Id. Abd-el-Gou.Journ. de Conch. 
Lamarkii. id. iMadagase. Delessert. pl. 29. f. 13. 
Orbella. Sour. \ Kuster. pl. 20. f. 4-6. 
Tricarinatum. Muüll. l . ! : 
Ein Par (Le Maurice. Thes. f. 122. 
Filosum. Sow. l 
Terveriarum. Grat. Madagasce. Thes. f. 14. 
Arliculatum. Gray. | 
Michaudi. Gratel. ll 
Carinatum. Sow. i Tbes. f. 117-6. 
Abeillei. Gratel. Id. Ann. S. L. Bord p.9. f. 6. 
SUEDE: Lam. I. Maurice? Delessert. pl. 29. 
sewerbyi. Pfeif. | 
Mega heilos. QE | I. Mayotte. Thes. f. 276. 
Ortyx. Eydoux. |) 
Multicarinatum. Jar. IL. Seychell. Thes. f. 27-28. 
SRE Gratel. U 
purcum. Sow. : es. f. 75-6. 
Conoideum. Pfcif. {1 Maurice. 
Cariniferum. Sow. Madagase. Thes. f. 98. 
Spectabile. Petit. Nosse Faly. Journal de Conch. 
iltatum. Sow. Madagase. Thes. f. 89-90. 
Desmoulinsii, Gratel. Id: : Thes®1-97, 


Cinctum. Soiv, Id. Thes. f. 199 


ETS — 


Fulvescens. Soi. Madagasc. Thes. f. 79-80. 
Asperum. Mich. |! Id Cat. Douai. pl. 23. f. 15-16. 
FE MA { S 

alcareum. . 
Pas Le E Id.  Deless. pl. 29. f. 
Ictericum. . Sow. Thes. f. 268-9. 
co saint. de Madagasc. Thes. f. 105-6. 

yrostoma. | 
Hæœmastoma. Gratel. Id: Thes. f. 200. 
Bicarinatum. ce Madagase. Thes. f. 121, 
Unicarinalum, am. 
nn en den TROIE ED. 
Campanulatum. Pfeif. Hd. Kuster. pl. {8.f. 45. 
Duisabonis. Grat. Id. Ann. S.L. Bord. p. 3. f. 2. 
Hanleyi. Pfeif. Id. Kuster. pl. 8. f. 9-11. 
Puichellum. Sow. Id. Thes. f. 236. 
Obsoletum. Lam. | Id Thes. f. 124-5. 
Madagascariense. Gray. ; Grif. Animal. Kingd. 
Zonatum. Petit. ld. Journ. de Conch. 
Mullifasciatum. Grat. Id. Ann. S. L. Bord. p. 3. f, 3. 
Citrinum. Sow. Thes. f. 104. 
Ligalum. Mill. Madagasc. Thes. f. 24. 
Goodotianum. Sow. 1d. Thes. f. 193. 
His He ld. Thes. f. 192. 

ne ; 

Ligatus. Wood. Thes. f. 25-6. 
Ligatulnm. Gratel.  Madagasc. Bull pl. 3. f. 20. 
Cincinnus. Sow. Thes. f. 77-78. 
Flavilabre. Sow. I. Maurice ? Thes. f. 258-9. 
Listeri. 14. Thes. f. 22-3. 
Fimbriatum. Lam. 
Undulatum. $ow. fr Maurice. Thes.f. 29-30. 
Philippi. Gratel. - 
Hoœmastoma. Anton. Id. Kust. pl. 3. f. 3-4. 
Zanguebaricum. Petit. I. Zanzibar. Journ. de Conch. 
Gibbum. Eydoux. Teuranne. Thes. f. 247-8. 
Parvum. Saw. 1. Philipp. Thes. f. 254-5. 
Guimarasense. Sow. I. Philipp. Thes. f. 274-5. 
Philippmarum. Id. Id. Thes. f. 205-7. 
Immaculatum. Chem. ) Chem. f. 1063. 
LϾve. So. Id. Thes. f. 220-2. 
Maculosum. Souley. | 
flaculatum. Lea. | jd Mem. f. 87. 
DATE var ra ) , 

urbinatum eif. ! EE 
Da Eee (1 Bohol.  Thes. f. 2456. 
Politum. Id. Thes. f. 17. 
Atramentarium. 14. Thes. f. 236. 


Nitidum. Id. L Philipp. Thes. f. 225-7 


Multilineatum. 
Perlucidum. 
Concinnum. 
Vitreum. 
Lutceum. 
Luteum. 
Massenæ. 
Melanostoma. 
Luteostoma. 
Multilabre. 


Lave? var. monsir. 


Novæ hibernice. 
Insigne. 
Ciliatum. 
Ciliferum. 
Fibula. 
Perplexum. 
Atricapillum. 
Panayense. 
Helicoide. 
Staimforthii. 
Acutimarginalum. 
Goniostoma. 
Acuminatum. 
Pileus. 


Petiveriarum. 
Lituus Breve. 


Spiraculum, 
Princepsi. 
Anguliferum. 
Aibersi. 
Bilabiatum. 
Pictum. 
Biciliatum. 


Ilieri. 
Hofimeisteri ? 


Planorbulua. 
Cornu Venatorium. 
Annulalum. 
Opalinum. 
Stenostoma. 
Mucronalum. 
Discoideum. 
Corniculum. 
Pliebejum. 
Pusillum. 
Exiguum. 
Substriatum. 
Strangulatum. 


Jay. 
Grat. 
Soir. 
Lesson. 
Quoy. 
Lesson. 


S0w. 


$0w. 
Martyn. 


$ow. 


V.d. Bus. 
Souleyet. 


Pfeif. 
Sow 


Troschel. 
Mousson. 


Guérin. 
Pfeif. 


Lam. 
Chein. 
Troschel. 


Mousson. 


Sow 


Hutlon. 


= hh = 


} 
I. Philipp. 
| di Thes. f. 233-4. 


Voy. Coquill. pl. 13. 


Voy Coq. pl. 13. f 5. 
Voy. Coq. pl. 13. f.7. 
Id. Magas. Zool. 1841. 

L. Philipp. Thes. f. 228.9. 


| N. Guinée ? Delessert. pl. 29. 


N. Irlande. Voy. Astr. pl. 12. 
J. Mindoro. Thes. f. 132. 

1. Philipp. Thes. f. 237-8. 
Java. Coq. Java. pl. 6. f. 4. 
Ï FREP: Thes. 240 2. 


| N. Guinée. 
Otaiti ? 
N. Guinée. 


Thes. 243-4. 
I. Mindoro. Thes. 230-1. 
1. Philipp. Thes. 239. 
} Id. Thes. f. 215-17. 
Id. Thes. f. 138-9. 
L.Mindoro. Thes. f. 233-4. 
Id. Thes.-f. 235. 
I. Phlipp. Thes. f. 196-7. 
! Pulocondor. Thes. f. 100-101. 
Trle, Thes. f. 270-3. 
Touranne. Voy. Bon. pl. 30. f. 6-11 - 
Zeitschrift. 1847. 
Madras. Thes. f. 81-2. 
Bengal. Phil. Abild. pl. 1. f 5. 
Java. Coq. Java. pl. 20. f. 9. 
? Ceylan. Ris pl. 22. f. 1-3. 
Java? Thes. f. 83. 
Thes. f. 85, el 42? 
Ceylan. Kuster. pl. 22. f. 17-9. 
Java. Coq. Java. pl. 5. f. 12. 
Neelgheries. Thes. f. 261. 
I. Lucon. Thes. f. 91. 
Java. Thes. f. 87-86. 
Coq. Java. pl. 5. f. 11. 
J. Lucon. Thes. f. 40. 
1. Philipp. The. f. 5. 
Thes f. 92. 
LI Philipp. Thes. f. 95. 


Bengale.  Zeitschr. 1846. 


Distomella. 
Hebraicum. 
Papua ? 


Giganteum. 
Cumingii. 
Inca. 


Blanchetianum. 


Cumingii. 
Striatum. 
Cingulatum. 
Maculosnm. 
Popayanum. 
Inconspicuum. 
Translucidum. 
Mexicanum. 
Asperulum. 
Duffianum. 
Stramineum. 
Semistrialum. 
Semidecussatum. 
Rugosum. 
Brasiliense. 
Prominulum. 
Sulurale. 
Rufescens. 
Orbella. 
Distinctum. 


Jamaicense. 
Corrugatnm. 


Lithidion. 
Niveum. 
Souleyetianum. 
Grotum. 


Sulcatum. 
Affine. 
Polysulcatum. 
Aurantium. 
Siculum. 
Sulcatuim var. ? 
Glaucum. 
Striatum. 
Olivieri. 
Multisulcatum. 
Tenellum. 
Lœvigatum. 
Canariense. 
Costulatum. 
S'ulcatum. 
Elegans. 
Reflexzum. 
Striatum. 


LE 


sa N. Guinée. Thes. f. 94. 

,€ESSONt. 

Quoy. | Id. Voy. Astr. pl. 12. 

ns | Porto bello. x : 8-9. . 

Dorb : oy. Am. pl. 46. f. 21-3. 

Morts } Bresil. P 

F4 I. Tumaco. Thes. f. 68-9. 

Sow N. Grenade. Thes. f. 213-14. 

F Id. Thes. f. 256-7. 
ea. ) 

rs { Id. Thes. f. 73-74. 


Id. Colomb. oc. Thes. f. 4. 


Menke Mexique Phil. rat pl. 1. 
Sow. Jamaïque. Thes, f. 3. 
Adams ; Boston proceed. 1845. 
Reeve Colombie. Thes f. 242. 
Sow Thes. £ 6. 
RÉ {EL Trinidad. Thes. f. 123. 
Id. Brésil Thes. f. 7. 
Dorb Id. 
Sow. Demerari. Thes. f. 1-2. 
1d. Martinique. Thes. f. 36-7. 
Lam ) 
Sow \ Colomb. oc. Kuster., pl. 20. f. 7-9. 
Chem Jamaïque. Thes. f. 12-13. 
Sow. Id. Thes. f. 10-11. 
Sow. Arabie. Thes. f. 262. 
Petit. Id. Journ. de Conchyl. 
Id. Abd-el-Gou. Id. 
Id. Id. Id. 
Drap. 
HS NES France mér. Drap. pl. 13. f. 1. 
Anton. 
ri Îsi cile. Thes. f. 51-2. 
PAS | Syrie. Thes. f. 39. 
FE Id. Kuster. pl. 21. f. 20-21. 
MG. Sicile. Thes. f. 50. 
De LL Ténérife. Thes. f.623. 
ÉOSSM.  ] Banat. Thes. f. 31. 
Müll. | 
Olivi. : France. Thes. f. 32-3. 


da Costa. | 


Marmoreum. Brown. 
Melitense. $ow. 
Ferrugineum. Lam. 
Productum. Turt. 
Fulvum. Wood. 
Dissectum. Sow 
Volizianum. Mich 
Mamillare. Lam. 
Ventricosum. Dorb 
Auriculatum. Id. 
Bicolor. Gould 
Alutaceum. Pfeif. 
Tortum. Sow. 
Croceum. Gmel 
Flavulum. Lam 
Flavidum . Wood 
Gooldianum. Petit. 
Croceum. S$ow. 
Seclilabrum. Gould 
Tortuosum. Chem 
Altum. Sow 
Pupiniforme. Id. 
Simulacrum. Morellet. 
Antillarum. Sow 
Megalosioma brun- 

nea. Guild 
Minus. Soiw 
Pulchrum. Sow 
Fimbriatulum., Id. 
Scabriculum. 14° 
Ambisuum. Lam. 
Lincina. Id. 
Lincinella. Lam. 


Turbo compressus. Wood. 


Limbiferum. feif. 
Catenatum. Gould. 
Pretrei. Dorb. 
Pudicum. " Dorb. 
Radiosum. Morellet 
Gruneri. Pfeif. 
Ottonis. Id. 
Lima, Adams 
Lalilabre, Dorb. 
Tenebrosum. Morellet. 
Salebrosum. Id. 
Articulatum. Sow. 
Mirabile. Wooi 
Saulicæ. Id. 
Humphreyanum.  Pfeif. 
P.ctum $ow. 


en 4 lee 
Ecosse. 


Malte. 


Alger. 


Alger. 
I. Cuba. 
ns 


Id. 
Id. 


I. Porto-R. 


Tavoy: 

1. Negros. 
1.Lucçon 
Vera-Paz. 
I. Tortola. 


L. Phlipp. 


Jamaïque. 
1. 
Id. 


Jamaïque. 
ve Ii 


Cuba. 


Amér. cent. 


Honduras. 
Cuba. 
Jamaïque. 
Cuba. 
Id. 
Demerari. 
Antilles. 
| Jamaïque. 


Thes. f. 34-5. 
Thes. f. 276. 


Thes f. 55-7. 


Thes. f. 58-9. 
Thes. f. 45. 


Thes. f. 183-1. 

Thes. f. 277. 

Thes. f. 181. 

Kuster. pl. 17. f. 18-19 
Thes. f. 182. 


Thes. f. 66-7. 


Thes. f. 190-1 


Bost. J.Sc. n.1844. 
Chem. f.1882-3. 
Thes. f 187. 

Thes. f.188. 


Fhes. f. 180. 
Tbes. f. 249. 


Thes. f. 143-4. 
Thes.f.145-6. 
Thes. f 147. 
Thes.f.152. 
Thes. f. 148. 
Thes. f. 150-1 


Kuster. pl. 21.f.6G. 
Coq. Cub. pl. 22. f, 9-11. 


Coq. Cuba. pl. 22. 


Kuster, pl. 10, f.28-9. 
Zeitsch. 1846. pl. 45. 
Bost.Pr. 1845. Th. f. 149. 
Coq. Cub. pl. 21. f. 12. 


Thes. f. 160-1. 
Thes. f. 189. 
Thes.f.157-8. 


Thysanoraphe. 


Mesacheilos. 
Simile. 
Album. 
Mirabile. 
Chemnilzii. 


Subasperum. 
Evolutum. 
Labeo. 
Dubium. 
Majuseulum. 
Quaternatum. 
Piicatulum. 
Semilabrum. 
Sagra 
Mahogani. 
Pictum. 
Poeyana. 


Sagra ? var. min. 


Pupiforme. 
Obesum. 
Elongalum. 
Rufilabre. 
Bilabre. 
Solidum. 


Xanthostoma. 
Rubicundum. 
Chlorostoma. 
Binneyaoum. 
Pulchrius. 
Pupoides. 
Morelletiana. 
Disjuncitum 
Maritimum. 
Fascia. 
Bronni. 


Var.? Fuscolirea- 


tum. 
Banksianum. 
Lineolatum. 
Grayanum. 
Obscurum. 
Hillianum. 


Dorbignyanum. 


PBilabiatum. 
Largitlierti. 
Clathratum. 


Rugulosum var. 


Versicolor. 


Aurantiacum. 


Aurantium. 
Carneum. 
Columna. 


$0w. 
Michaud. 
Gray. 
AYITA 

Id. 

Id. 


S0w. 
Menke. 
Sow. 
Michaud. 
Menke. 
Pfeif. 


$ow 
Morellet. 
Sow. 
Pfeif. 
Adams. 
Morellet. 
Nobis.’ 
Morellet. 
Adams. 
Sow. 
Adams. 


Id. 
Sow. 
Lam. 
Pfeif. 
Sow. 
Adams. 
Nobis. 
per 

'feif. 
Ra ; 
Pfeif. 
Pfeif. 
S0w. 
Wood. 
Pfeif. 

Id. 


St 


Demerari ? 
Curacao. 


Jamaïque. 
Demerari. 


| Jamaïque. 


Cuba. 
Antilles. 


Id. 
Antilles. 
Cuba. 


Anlilles. 
Nouv, Holl. 


Jamaïque. 
Vera-Paz. 
Demerari 


Ï Jamaïque. 
L. des Pins. 
lp 
Jamaïque. 
Antilles. 
Jamaïque. 
Id. 
Antilles. 
| Jamaïque. 
Id. 
| Cuba. 
Yucatan 
Cuba. 


Jamaïque. 


Thes.f.162-3. 
Thes. f. 48-9. 


Thes.f. 154. 
Thes. f. 164. 
Thes f.155-6. 


Thes. f. 159. 
Conc. Syst. pl.185. 


Thes. {. 165. 


Delessert. pl. 29. 
Zeitsch. 1846. 


Thes. f. 79-80. 


Coq. Cuba. pl. 22. 


Thes. f. 43-4. 

Thes. f. 278. 

Thes. f. 64. 

Thes. f. 61. 
Kuster. pl. 6. f. 22-3. 
Kuster. pl. 14. f. 4-5. 


Thes.f.195. 
Mémoire. 

Thes. f. 168. 

Kuster. pl. 11.f.12-14. 


Boston proc. 1845. 
Thes. f.176-7. 


Bost. proc. 1845. 
Thes. f. 194. 
Delessert. pl. 29. f.8. 
Thes. f. 169. 

Bost. proc. 1845. 
Coq. Cuba. pl. 22. 
Zeïtscbr. 1846. p.45. 


Bost. proc. 1845. 
Thes. f.46-7. 


Kuster. pl.9.f. 11-12. 
Kuster.pl.6.f.13-14. 


core: 


Thes. f.174-5, 
Zeitschr. 1846. p.47. 


Jamaïque, 


I. Porto-R. Res .pl. a SA DAUR 
at. Douai. p!.23. ; 
|Guadel.  Zéitschr. 1847. 
| Cuba. Rossm. VI. f. 397. 
Florides.  J.Ann.s.Philad. vol. V. 
Cuba. Thes. f.285. 
Id. Coq Cuba. pl. 22. 
(I. Madère.  Thes.f. 20-21. 
I.Opolu. Boston proc. 1846. 
Id. ld. 
ld. Id. 
I.Feedjee. Bost. proc. 1846. 
(I. Opara. Thes. f.18-19. 
J. Aunaa. Thes.f.60. 
1.Matea,  Bost.proc. 1846. 
1.Opara.  Kuster.pl 30.f.4-6. 
Nouv.Holl. Thes.f.253. 
J. Pitcairn. Thes.f.251. 
: Voy. Astr.pl. 12. 
{1 Maurice. Cat. Douai. pl. 24. f. 18-19 
Pondich. Voy.de Belanger. 
LGuam.  Voy.Astr. pi, ie 
Nouv Irl. Tdpr. 
1.Taiti. Bost. proc. 1846. 
Tongataboo. Id. 
L. Taiti. Id. 


S.-G. POMATIAS. 


Adamsi. Pfeif. 
Crenulatum. Sow. 
Costatum. Pfeif. 
Decussatum. Lam. 
Crenulatum. Michaud. 
Guadelupense.  Pfeif. 
Truncaturm. Rossm. 
Candeanum. Dorb. 
Dentatum. SGy. 
Auberreanum. Dorb. 
Crenulatum. Pfeif. 
Lineolatum. Anton. 
Dutertreanum. Dorb. 
Delatreanum. Id. 
Lucidum. Loive. 
Valv. Mucronata? Menke. 
Thiara. Gould 
Strigatum, Id. 
Plicatum. Id, 
Roseum. Gould. 
Succineum. Sow 
Australe. Anton. 
Flavum. Brod. 
Obligaturm. Gould. 
Dubium. Pfeif. 
Pygmœum. SOW . 
Minutissimum. Id. 
Rubens. Quor. 
Var.m.Rangiana. Mich. 
Aurautiacun. Deshaÿyes. 
Belangeri. Pfeif. 
Erosum. QuEr 
Novœæ hiberni®æ. Id. 
Terebrale. Gould. 
Vallatum. Id. 
Scitulum. 1d. 
Obseurum. Drap. 
Patulum. Sow. 
Excissilabrum. Mich. 
Auritum. Ziegl. 
Tessellatum. Rossm. 
Patulum. Drap. 
Obscurum. Sow. 


Drap. pl. 1.f.13. 
Thes.f.169. 


Cat. Douai. pl. 24. f.5-<6. 


Kuster. pl. 26. f.7-9. 
Ce LE 1.f.9-11. 
2140. 


France mér. 


| Dalmatie. 
I. Corfou. 

| F D 

{ France mér. The 


En. À : re 
Maculosum. Drap. TES Drap. pl.1.f.12: 
Studeri. Harbte. \France méd. ds 

Striolatum. Porro. Italie. Rev, Z. 1840. Kust. pl. 26. 
Scalarinum. Villa. Dalmatie. Kuster pl.26.f. 19-24. 
Gracile. Kuster. Id. Ed. f.28-30. 
Cinerascens. Rossm. Id. Id. f.34-36. 


Les recherches auxquelles nous avons été obligé de nous 
livrer pour parvenir à rédiger noire catalogue, nous ont 
conduit à constater certains faits, la plupart relatifs à des 
espèces de Lamark que nous avons pu examiner dans la 
riche collection de M. Delessert. M. Chenu nous a montré 
à cet égard beaucoup d'obligeance, et nous l'en remer- 
cions ici avec d'autant plus de plaisir et d'empressement 
que nous espérons pouvoir, par la suite, éclaircir aussi 
certains points douteux concernant d'autres coquilles dé- 
crites par notre célèbre conchyliologue. 


1° Nous avons reconnu, d'après l'individu type du 
C. orbella Lam. (le carton portant ce nom écrit de la 
main de Lamark), que cette espèce est le C. distinctum 
de M. Sowerby, tel qu'il est figuré par M. Kuster, pl. 21, 
fig. 7-9: 

L'espèce figurée sous le nom d'orbella, dans le recueil 
de M. Delessert, et par Kuster, pl. 20, fig. 4-6, devrait 
donc porter un autre nom, et nous proposerions de lui 
donner celui de Lamarkii. 


2° Le type du C. planorbula Lam. a 42 millim. de 
diamètre : c'est celui que M. Sowerby a figuré dans son 
Thesaurus, sous le N° 83, et qui nous paraît-différer de 
la coquille qu’il représente sous le N° 85. Cette derniére 
représenterait alors le C. cornu venatorium Ch. 

3° Le C. semilabrum de Lamark est bien réellement 
l'espèce de l’île de Cuba, décrite depuis par M. Dorbigny 
sous le nom de C. sagra, et par M. Gould sous le nom de 
C. mahogani. 


4 Le C. sulcatum de Lam., auquel M. Sowerby a 


ne Me 


donné avec raison un autre nom ( celui de calcareum ), à 
cause de la priorité acquise à Draparuaud, est une espèce 
propre à l'île de Madagascar et se rapproche du C. aspe- 


rum de Michaud. 


5° Le C. multilabre Lamark ne nous semble être qu’une 
variété monstrueuse et accidentelle du €. læve Sow.; 
mais, dans ce cas, ce dernier nom devrait être conservé à 
cause de la signification tout impropre du nom donné 
par Lamark. 

6° Le Cyclostome Ztieri Guérin (C. homeïsteri ? Pfeif.) 
est figuré par Kuster, pl. 22, fig. 1-3, sous le nom de 
C. cornu venatorium Ch. Nous ne pensons pas que ce soit 
l'espèce de Chemnitz, ni celle donnée sous le même nom 
par Sowerby. Quantau C. Jieri, il a été recueilli à Ceylan 
par M. Itier. 

Nous avons inscrit dans le catalogue qui précède. sous 
les roms de C. spectabile, zonatum, modestum, Souleye- 
tianum, Guillaini, gratum , zanguebaricum, niveum, plu- 
sieurs espèces que nous croyons inédites et dont voici la 
caractéristique : 


C. spectabile nobis (pl. HE, fig. 2). 


T. orbiculari, conico-depressa, latè umbilicete  sallide 
aurantiaca ; anfractibus 4-5, convexo-depresss, .incato- 
sulcatis, ultimo lineïs fusco fere articulatis aliquot subcari- 
natis, zona fusca intensiore infra mediana cincto ; apertura 
orbiculari, rubro-aurantia, margine reflexo. 

Operculo calcareo, nucleo subcentrali, kyalino. 

Diam. 36 mill. ; altit. 20 mul. 

Coquille orbiculaire, déprimée, conique, d’une teinte 
générale orangée , sillonnée ; les sillons du dernier tour 
donnant naissance à des côtes assez saillantes pour présen- 
ter l'apparence de petites carènes de couleur plus foncée : 
ce dernier tour entouré, en outre, d'une zone brune, très 


4 


DO == 


âpparente à l’intérieur de la bouche : le bord de celle-ci 
très réfléchi et d'une couleur orangée vive et brillante. 


Cette espèce, que nous devons à l'obligeance de M. le 
commandant Guillain, habite Nosse-Faly, petite île voi- 
sine de Nosse-Be. 


Elle se rapproche beaucoup du Cycl. cariniferum 
Sow, mais elle est toujours plus petite et d’une couleur 
orangée très remarquabie. 


C. modestum nobis (pl. IV, fig. 2). 


T. ordiculato-depressa, late umbilicata, pallidissime fusca, 
spiraliter valde sulcata, subtricarinata, transversim tenue 
et crebre striata ; anfractibus quinis, depresso-convexis, su- 
tura profunda discretis; apertura suborbiculari, obliqua ; 
labro reflexo, antice quadrangulato ; angulis medianis ma- 
joribus. 

Diam. 26 mill., altit. 12 mill. 

Coquille déprimée, largement ombiliquée, profondé- 
ment sillonnée, et en quelque sorte multicarénée ; le bord 
de l'ouverture est très réfléchi, blanc, et présente exté- 
rieurement des pointes anguleuses correspondant aux 
principales carènes du dernier tour. 


Je ne connais point l'opercule de cette coquille, que 
M. Guillain n'a pas rencontrée à l’état vivant, et sur la 
coloration de laquelle nous ne pouvons donner d’indi- 
cation précise. 


Elle vit sur les montagnes arides de l'île Abd-el-Goury. 


C. zonatum nobis (pl. IV, fig. 7). 


T. conico-pyramridata, subumbilicata, levis, albo-cineras- 
cente ; spira conico-acuta ; anfractibus senis, rotundatis, 
lineis longitudinaliter transversimque absolete notatis, ul- 
timo fasciä nigrescente sub medium cincto; apertura sub- 
rotunda, intus luteo-fulva, zonts decurrentibus duabus, 


a dé. 


ONE —— 


superiore lineart, inferiore latiori ornata ; labro lacteo, late 
reflexo ; umbilico concentricè tenue suleato. 


Diam. 27 miil., altit. 32 mill. 


Coquille d'un blanc cendré, pyramidale, lisse en appa- 
rence, mais finement striée longitudinalement , et trans- 
versalement. Elle est assez légère pour son volame, et 
entourée d'une zone d'un noir-brun à l'extérieur. Dans 
l'exemplaire de notre collection, il existe une autre fascie 
visible à l'intérieur. 

Cette espèce m'a été donnée par M. Goudot, qui l'avait 
rapportée de Madagascar. 


C. Guillaini nobis (pl. IV, fig. 3). 


T. orbiculato-conica, perforata, albo-cærulescente , an- 
fractibus 5-6, convexis, superne longitudinaliter sulcatis et 
obsolete clathratis, ultimo ventricoso ; apertura circulari, 
superne vix angulata, intus crocea; labro tncrassato, extus 
marginato, postice valde calloso, callo umbilicum obtegente. 


Operculo calcareo, 4 sptrali, anfractibus exterioribus 
plune concavis ; nucleo subcentral, 


Diam. 26 mill., altit. 25 mil). 


Cette espèce est très voisine du C. naticoïdes Recl., 
mais celle-ci habite l’île Socora, tandis que l’autre habite 
près de Mogadoxa, sur la côte N.-E. de l'Afrique (à 250 
lieues de distance), où elle a été recueillie par le comman- 
dant Guillain, à qui nous la dédions. 


Notre Cyclostome est plus petit que le C. naticoides 
dont il diffère aussi par une coloration plus blanche et 
une ouverture plus circulaire ; la forme de l'opercule pré- 
sente aussi un caractère tout différent de celui du Nati- 
coide, qui est presque plane, un peu bombé, tandis que 
dans le C. Guillaint il est concave. 


— 52 — 


C. niveum nobis (pl. IL, fig. 7). 


T', suborbiculari-depressa, alba, late umbilicata, anfracti- 
bus 4-5, depresso-convexis, superne spiraliter obsolete stria- 
tis, ultimo medio subcarinato, subtus sublævigato ; apertura 
suborbiculari, obliqua, intus sordide crocea, labro vix 
reflexo. 

Diam. {1 mill., altit. 5-6 mill. 

Coquille déprimée , d'un beau blanc , d'une apparence 
luisante, remarquable par une sorte de carène qui appa- 
raît au milieu du dernier tour. Cette espèce est voisine du 
C. Lithidion, et nous croyons qu'elle vient comme celle-ci 
de la province d'Hyemen (Arabie); elle nous a été don- 
née par M. Halna Dufretay : nous n'avons pas vu l'oper- 
cule. 


C. Souleyetianun nobis (pl. IE, fig. 6). 


T'. orbiculart, conico depressa, profunde umbilicata, car- 
neo-fuscescente, vel roseo tincta; anfractibus quinis, spira- 
liter sulcatis, transversin subcancellatis, ultimo subtus lœvi- 
gato, nitido; apertura obliqua, semilunarti, crocea; labra 
albo vix reflexo; labio interno calloso. 


Operculo testacev , subcentrali. 
Diam. 8-10 mill., altit. 3-5 mill. 


Coquille orbiculaire, déprimée , conique , d’une teinte 
rose plus foncée en-dessus, beaucoup plus pâle en-dessous, 
cette partie lisse et brillante. Ce Gyclostome est du petit 
nombre de ceux qui sont loin d’avoir l'ouverture cireu- 
laire, laquelle est un des premiers caractères du genre; 
mais l'opercule dont il est pourvu ne peut laisser aucun 
doute à cet égard. 

Cette espèce a été trouvée par M. Guillain sur les 
montagnes arides d'Ab-del-Gouri, île peu distante de 
Socotora. 


OU 


C. gratum nobis (pl. IE, fig. 10). 


T. conica, perforata, pallide rosea ; anfractibus 5-6, ro- 
tundatis, spiraliter tenue sulcatis , transversim subtilissime 
cancellatis; sutura distincta, apice fuscescente ; apertura ro- 
tundata , hœmastoma ; labra simplict; umbilico angulo cir- 
cumdato. 

Diam. 5 mill. ; altit. 6 mill. 


Coquille conique, perforée , d’une jolie couleur rose; 
l'intérieur de la bouche d’une couleur plus intense; le 
bord réfléchi, aigu ; l'entrée de l'ombilic subanguleux : 
nous n'avons pas vu l’opercule. 

Cette espèce vit, avec la précédente, sur les montagnes 
d’Abd-el-Goury, et a été rapportée par le capitaine Guil- 
lain. 


C. zanguebaricum nobis (pl. IL, fig. 5). 


T'. ventricoso-conica, umbilicata, albida vel lutescente; 
anfractibus 4-5 , convexis , ultimo ventricoso, lineis fuscis 
spiraliter picto, mediana majori ; apertura orbiculari superne 
subangulata ; labro vix reflexo, umbilico mediocri, spirali- 
ter sulcato. 

Operculo calcareo, nucleo subcentralr. 


Diam. 10-12 mill. , altit. 10-12 mill. 


Coquille conique, ventrue; blanche , lorsqu'elle est 
très adulte; est ordinairement jaunätre ; son dernier tour 
est toujours orné de 4, 5, ou 6 linéoles brunes, dont une 
plus large. Le bord de l'ouverture ne prend une certaine 
épaisseur que dans les individus très adultes. 

Cette coquille a été rapportée par M. Guillain, qui l’a 
trouvée en grand nombre sur l'île de Zanzibar : elle a 
quelques rapports avec des espèces propres à l'île Maurice. 


Nous ne terminerons point cet article sur le G& cyclo- 
stome, sans faire remarquer que, selon toute apparence, 
uu certain nombre d'espèces, inscrites dans ce catalogue 


MNT RE 


ne sont réellement que des variétés, et que plusieurs de 
celles- ci devront être réunies plus tard, lorsque l'on aura 
un plus grand nombre d'individus sous les yeux, ét lors- 
que l'on aura pu apprécier les causes qui ont pu influer 
sur les formes de ces coquilles et les modifier dans cer- 
tains caractères peu importants, mais considérés jusqu'à 
présent comme suflisants pour servir à l'établissement 
d'espé es distinctes : aussi regardons-nous le genre Cylo- 
stome comme un de ceux sur lesquels il importe le plus 
d'appeler l'attention des personnes qui se trouveront à 
même d'en étudier les animaux. 

Quant aux Cyclostomes fossiles, nous allons donner 
Ja liste des coquilles qui ont été décrites comme ap- 
partenant à ce genre, bien qu'il s'en trouve parmi elles 
quelques-unes que l’on devrait peut-être placer ailleurs. 


GC. Abbreviaturr, Mathieu... À: du Var. 


Aquense. id. d'Eguille. 
Arnouldi. Michaud. Mag.de Guér.1837. 
Bulimoides. Mathieu. du Var. 
Cancellatum. Gratel. de Dax. 
Coquandi. Mathieu. » 
Cornu-pastoris. Lam. de Grignon. 
Crassilabrum. Mathieu. du Var. 
Disjunctum. id. id. 
Draparnaudi. id. des envir. d'Aix. 
Elegans-antiquum. Brongn. de Fontainebleau. 
Heliciforme. Mathieu. du Var. 
Inflatum. Desk. de Maulette, près 
Houdan. 
Lcemani. Gratel. de Dax. 
Macrostomum. Lam. de Grignon. 
Microstomum. Desk. de Valmondois. 
Mumia. Lam. de Grignon. 


Pjanorbuloides. id. id. 


= $S = 


C. Serresianuru. Mathieu. de Rognes. 
Solarium id. du Var. 
Spiruloïdes. Lam. de Grignon. 
Subearinatum. Michelotti. du Piémont. 


SE. 


Descripriox d'une nouvelle espèce d'Anodonte (décou- 
verte par M. Guizzain); par M. Récluz. 


Anod. Guillaint, Récluz. 


T. oblongo-depressa, crassiuscula, olivaceo-castanea, 
antice sulcata, postice concentrice striata interdum rugosa ; 
natibus parvulis integerrümis ; valvis intùs margaritaceis car- 
neo tinctis, antice tridescentibus. 


Coquille oblongue déprimée, arrondie en avant, atté- 
nuée et rétrécie en arrière, à marge dorsale rectiligne ct 
coupée obliquement en arrière; elle est d’un brun oli- 
vacé, un peu pâle; sculptée en avant de sillons assez ré- 
guliers; le côté postérieur marqué de stries fines, serrées, 
régulières, également concentriques, et, comme les sillons 
antérieurs, dégénérant en rugosités avec l’âge. 

Les sommets sont entiers, aigus, fléchis en avant; l'in- 
térieur des vaives couleur de chair nacrée, un peu irisée 
antérieurement; bord cardinal entier, faiblement mar- 
qué en avant d'un sillon qui ne se continue pas sur le reste 
de la lame : celle-ci, qui n'est qu'une nymphe profondé- 
ment tronquée en arrière, porte un ligament épais, brun, 
s'étendant depuis le côté postérieur des sommets jusqu’à 
Ja hauteur du côté antérieur de l'impression musculaire 
postérieure : ce ligament est cartilagineux. 

Les impressions musculaires sont compliquées comme 
dans toutes les espèces de cette farnille. Dans notre Ano- 
donte, on en voit une petite transversale sous les sommets ; 
une autre oblique, oblongue, gran de et postérieure , qui 


LM 


se relie par une ligule étroite et palléale à une autre anté- 
rieure séparée en deux parties distinctes : les bords des 
valves sont tranchants. 

La coquille avec laquelle l'Anod. Guillaint a le plus 
de rapports nous semble être l’Ænodonta Rubens, qui 
appartient aussi aux eaux du continent africain. 

Dimensions : long. 120 mill., haut. 56 mill., épaiss. 27 
mill. 

Cette coquille remarquable, qui appartient à la eollec- 
tion de M. Petit de Saussaye, a été découverte par M. Guil- 
lain, près de Brava, côte N. E. de l'Afrique, dans une 
rivière à laquelle il a donné le nom de Denoy (lieu où elle 
prend sa source ) et qui, située dans la partie N.-E. de la 
côte d'Afrique, n'arrive pas jusqu à la mer et se perd dans 
des lacs voisins du littoral. C. KR. j 


Descriprion de Coquilles nouvelles; par M. Petit de 
la Saussaye. 


Bulunus Cleryi, nobis (pl. IV, fig. 1). 


T. acuminaio-oblonga, perforata, subtenui, luteo-rufes- 
cente; anfractibus senis, subplanis, irregulariter rugoso- 
striatis, ultimo spira duplo longiore ; columella oblique late 
uriplicata ; apertura oblonga, basi effuso-rotundata, labro 
medio externe compressuisculo ; labio supra umbilicum com- 


presso. 
Long. 100 mill. 


Coquille oblongue, perforée, assez mince, relativement 
à son volume ; columeile oblique largement plissée ; ou- 
verture oblongue , aiguë à la partie supérieure, s'élargis- 
sant notablement vers la base. L’individu que nous pos- 
sédons n'a pas été pris à l'état vivant, en sorte que nous 
ne saurions rien dire de précis relativement à la colora- 
tion de a coquille. 


Elle vient des îles Salomon, d'après ce que nous a dit 
notre ami le commandant Hanet Cléry, à qui nous devons 
cette espèce que nous lui dédions avec un grand plaisir. 


Bulimus insignis, nobis (pl. IL, fig. 1). 


T. oblongo-ovata, solida, imperforata, rufo-fusca anfrac- 
tibus 6-7, convexiusculis, perlongum rugostusculis, ultimo 
spiram æquante; columella sinuosa, superne calloso uniden- 
tata, inferne oblique plicata ; apertura subauriculata, intus 
spadicea, vel spadiceo tincta; labro crasso, reflexo, superne 
intus sinuato. 


Var., t. perforata, apertura rufo-fusca. 


Long. 65 mill. 


Coquille ovale-oblongue, ordinairement assez solide, 
stries d’accroissement irrégulièrement rugueuses ; ou- 
verture d'un rouge-brun plus ou moins vif, columelle 
ayant une dent et un pli; lèvre épaisse plus ou moins 
réfléchie. 

Cette espèce, que nous croyons appartenir à la Nouvelle 
Calédonie, a quelque rapport avec le Bul. Shongir Lesson, 
de la Nouvelle-Zélande : mais notre coquille est cons- 
tamment plus petite, et les caractères propres à sa Colu- 
melle nous la font regarder comme une espèce tout à fait 
distincte. 

Nous devons cette intéressante coquille au capitaine 
Marceau, officier supérieur de la marine, qui comman- 


dait l’4rche-d' Alliance. 


Colombella haneti, nobis (pl. IL, fig. 4). 


T. oblongo-acuta, imperforata, albida, maculis spadiceis 
irregulariter variegata; spira pyramidata, apice subulato- 
anfractibus 9, planis, lævigatis; ultimo ovato-convexo, 
inferne spiraliter sulcato ; apertura angustata , intus viola- 


mi des 
cea; columella callosa; labro denticulato vel crenulato, 
incrassato, supra sinuoso ; canali recurvo, emarginato. 
Long. 20 mill. 


Coquille oblongue-aiguë, ayant le tour inférieur ovale 
convexe ; inais Ja spire pyramidale subulée; le bord droit, 


sinué à la partie supérieure et crenulée au-dessous ; Colu- 


melle calleuse, ouverture étroite avec un canal recourhé 
en arrière. 

Cette charmante espèce nous a été donnée par le com- 
mandant Hanet Cléry à qui nous devons un si grand 
nombre d'espèces nouvelles : nous croyons qu'elle se 
trouve aux environs de Mazatlan. 


SP: 


Des Nérimines, section des CréPinirormes ( sandalifor- 
mes ; Mitrulæ, Menke, Synop. moll. 1830), par C. 4, 
Recluz. 


Les Néritines que nous rassemblons sous ce titre doi- 
vent former” une ‘section particulière du genre, par 
rapport à leur forme générale , qui ne permet pas de les 
confondre avec les espèces d'aucune autre section : leurs 
caractères les placent après les Piléoles et les Nériptères 
(sections plus voisines des Vavicelles), entre ces dernières 
et les 7’élates de Montfort ; elles ont le péritrème (peris- 
tome, Drap.) continu, circulaire et détaché de la spire des 
Piléoles et des Nériptères. Toutefois, elles se distinguent 
des premières en ce que leur cloison columellaire est 
calleuse, convexe, et que la marge de celle-ci adhère avec 
la partie interne da bord supérieur du labre. On sait que 
les Piléoles ont cette même cloison plane, simple , et la 
marge supérieure séparée de la partie interne et supé- 


fé cé race nt tn ect nets «mdr 


Le Re 


rieure du labre par une échancrure, comme dans les Né- 
riles marines. 


Les N. crépidiformes diffèrent des V’élates, en ce que 
leur plaque columellaire est détachée postérieurement de 
l'avant-dernier tour par un bord circonscrit par un espace 
vide en dessus ou touchant à peine, en un point seuleinent, 
à l'avant-dernier tour. Dans les /’élates, cetle partie de 
l'ouverture, beaucoup plus épaisse et convexe que celles 
des N. crépidiformes, s'épaissit et remonte de plus en plus, 
avec l’âge de la coquille, sur le tour qui précède louver- 
ture, l'enveloppe et se confond avec lui. De plus, les 
Vélates sont globuleuses dans le jeune âge, et les I. cré- 
pidiformes toujours ovalaires. Chez les félates, la marge 
supérieure de Ja cloison columellaire, qui n'est jamais 
arquée dans le centre, comme dans l'autre groupe, porte 
des dents fortes, inégales, dont la supérieure et l'infé- 
rieure de la série marginale sont séparées intérieurement 
du labre chacune par une forte échancrure. Dans nos 
Crépidiformes les dents sont très petites, presque toutes 
d'égale grosseur, et la marge de la cloison est toujours, 
supérieurement comme inférieurement, soudée avec Île 
bord intérieur du labre. Enfin, dans les f’élates, la spire 
a une forme conique, enroulée plus haut et formée de 
trois tours; elle s'enroule plus bas dans les W. crépidifor- 
mes, et la coquille n’a jamais plus d'un tour et demi de 
spirale, toujours situés plus postérieurement. Dans les 
Piléoles, la spire est plus courte et dirigée plus directe- 
ment en arrière vers le bord postérieur de la callosité co- 
Jlumellaire. 


Les caractères qui peuvent servir de diagnose à cette 
section nous ont paru être les suivants : 


T. solida, crepidiformis, subtus plana, dorso convexa ; 
spira brevissima , lateralis, ad marginem posticam obli- 


ET 


que incurva, eique arcte depressu ; peristomale continuo, 
soluto. 


Les espèces connues qui appartiennent à ce groupe 
sont peu nombreuses, et, avant de les décrire, nous 
croyons utile d'entrer dans quelques explications sur 
celles que l’on regarde comme typiques. 

L’appréciation des types est fort nécessaire, quand il 
s’agit de fixer irrévocablement les espèces, surtout lors- 
qu'il est question de coquilles dont la description don- 
née par les auteurs à une époque où les espèces voisines 
étaient encore inconnues, peut s'appliquer indistincte- 
ment à la plupart de ces dernières : c'est le cas dans 
lequel se trouvent les M. auriculata Lam., crepidularia 
Lam., Merita violacea Gmel., qui constituent un groupe 
bien circonscrit par le facies, et par une certaine unifor- 
mité dans les principaux caractères. 

Nous avons mis tous nos soins à étudier ce groupe dont 
nous allons faire en sorte de bien déterminer les espèces. 


Neritina crepidularia, Lam. Lamark avait placé dans sa 
collection deux petites Néritines, collées sur le même 
carton, avec le nom de W. crepidularia, écrit de sa pro- 
pre main. De ces deux coquilles, l’une était épidermée : 
c'est celle qui avait servi à la description de l'espèce dans 
ses An. sans vertèbres. On doit donc la considérer comme 
le véritable type. Voici les caractères qu'elle nous a pré- 
sentés : 


NV. Testa ovata, subtus planulata, dorso convexa, striata ; 
striis decurrentibus exiguis, creberrimis, strias transversas 
majores decussantibus ; subepidermide fuscescente spadicea, 
lineis latiusculis maculisque luteolis trregulariter picta; spira 
brevissima, in margine postico incumbente, oblique incurva, 
eique compressd ; apertura ovato-rotundata, crocea 5 peritre- 
mate ovato-rotundato, continuo; labio incrassato, supra 


DORE 


Pa NZ] 


AS ES 


2 0 le et 


Li Me 


convexo, inferne ad marginem versus compresso, margine 
tenue arcuato eique denticulato ; denticulis 10-12 armato. 


LA 
T 


[2 


« Coquille ovalaire, aplatie en dessous, convexe en des- 
sus et striée ; les stries décurrentes très fines, très rap- 
prochées, traversées, presque à angles droits, par des 
lignes concentriques plus fortes et plus apparentes qui 
rendent le test rude au toucher. Sous un épiderme bru- 
nâtre, le test est peint de rouge-brun, laissant des éclair- 
cies en forme de taches et de zones concentriques irré- 
gulières d’un jaune paille, 

» La coquille, qui ne forme qu’un tour et demi de 
spire, a le côté postérieur du dernier tour abaissé jusque 
sur la marge externe latéro-postérieure droite du péri- 
stome qu'il touche; elle s’enroule en un sommet formé 
d’un demi-tour comprimé. Sur des individus bien ré- 
cents, On aperçoit encore le nucleus arrondi en bouton 
convexe et hyalin, ce qui dénote deux tours à la co- 
quille, dont un demi se perd par l'accroissement de 
celle-ci. 

» Ouverture ovale-arrondie, d'un rouge safrané pâle 
en avant, et un peu plus foncé vers le centre de la cal- 
losité columellaire sur la plupart des individus; péri- 
trème continu où légèrement tronqué (lorsqu'il n'est 
pas arrivé à un complet développement de ce côté). 
Lèvre columellaire, un peu convexe, dans la moitié su- 
périeure (quelquefois un peu gibbeuse) comprimée ou 
aplatie et un peu en pente dans le centre de sa moitié 
supérieure ; à marge peu ou presque pas arquée, et fi- 
nement marquée de dix à douze dents aiguës, » 

Le second des individus de la collection de Lamark 


(absolument semblable à un exemplaire qui se trouve dans 
notre collection) est privé d'épiderme; il présente les ca- 
ractères suivans : 


/ 


N. Testa ovata, lateraliter angustata (id est ovato-oblon- 


— 62 


ga), crassiore, subtus plana, dorso convexiore ac substriata; 
striis decurrentibus obsoletis, concentricis irregularibus dis- 
tantibusque (subepiderme fusca) ; violacea, zonis concen- 
tricis albis notata, | ostice lineis reticulata alboque punctata; : 
spira fere usque ad marginem incumbente, oblique incurva 
vix minus arcle compressa; apertura ovato-oblonga (sæpius 
carneo-fuscescente) ; 5 peritremate continuo, lateraliter rec- 
tiusculo ; labio convexiusculo; margine in centro vix ar- 
cuato eique denticulato; dentibus 8-9 sub'icutis. 


« CGoquille ovale-oblongue, plane en dessous, à dos un 
» peu plus convexe que sur la précédente, el strié ; les 


» stries décurrentes presque usées, pressées, régulières ; 


LA 


» les concentriques espacées, rugiformes et inégales entre 
» elles. L'épiderme, qui est d'un roux brun sur les nôtres, 
» manque à l’exemplaire de Lamark, et les masses colo- 
» rantes très variables sont, sur l'individu de la collection 
» de Lamark, disposées par larges zones d'un rose violet, 
» et par lignes blanches, étroites, excepté au côté posté- 
» rieur, où l'on aperçoit un réseau de lignes violettes 
» ponctuées de blanc Le bord postérieur * dernier tour 
» s'incline presque sur Ja marge Jatéro-postérienre et ex- 
» trême du périmètre sans la toucher, il s'arrondit ensuite 
»en un demi-tour à peine un peu moins comprimé que 
» sur l'espèce précédente. 

» Ouverture ovale-oblongue (rarement ovale-arron- 
» die), d'une couleur de chair brunâtre ou d'un rouge 
» tou pâle ; péritrème continu, toujours un peu tron- 
» qué POSTÉAENEe ment; bord columellaire un peu con- 
» vexe, et à marge arquée dans le centr:, et là por- 
» tant huit à neuf petites dents aiguës. L'intérieur de 
» l'ouverture est blanchâtre. La callosité interne infé- 
» rieure provenant du point d'attache du muscle colu- 
» mellaire est triangulaire-aiguë ea arrière, s'effaçant en 
» avant et peu en relief; elle est toutefois plus large et 


— 63 — 


» plus longue que sur la N. melanostoma, dont il va être 
» question plus loin. » 


Les deux Néritines dont nous venons de donner la des- 
cription sont de localités différentes. Le type de Lamark, 
ou l'individu épidermidé, vient de l'île Geylan, de la Jum - 
nha-Malabar, et de Timor (M. le Guillou, Mus. P.). 
L'autre, oblongue et privée d'épiderme, vient de Pondi- 
chéry (M. Deshayes) et de Tranquebar (Mus. Paris.). 


Le type de Lamark a des rapports de forme avec les 
figures de Martini (Conch., pl. 13, fig. 133 et 13#), au 
reste assez mauvaises, et l'oblongue se rapproche un peu 
de celle que Lister a figurée{Conch. syn., pl. 603, fig.19), 
et de celle de Wood (nd. test., Sup., pl. 8, fig. 6.), d'au- 
tant que Lister dit : Mer. reticulatus, clavicula (spira) 
adunca, plurimis dentibus 8 (in medio) ad columellam. » 
Elle nous semble aussi être la même que la Ver. violacea 
de Gmelin : ’iolacea albo punctata solida, lævi. ;» mais 
il faut en exclure la synonymie, parce que les figures ei- 
tées de Meuschen (/n naturforch.), que nous avons exami- 
nées, représentent parfaitement bien la Wavicella elliptica 
Lam. L'espèce de Gmelin et l'individu oblong de la col- 
lection de Lamark sont solides et ornés d’un dessin en 
réseau de mailles violettes, entre les mailles duquel res- 
sortent des points blancs ou blanchätres. Leur surface pa- 
raît lisse, comparativement à celle de l'autre espèce;, au- 
cune autre, d'ailleurs, n’est réticulée ni ponctuée de 
blanc, 

C'est à la W. crepidularia de Lamark qu'il faut rappor- 
ter la . plumata Menke, parce que les caractères que 
l’auteur donne à cette coquille vont parfaitement aux va- 
riétés à lignes fulgurantes des mêmes localités, tandis que 
la V. concentrica du même auteur doit se rapporter à la 
N. violacea de Gmelin, de même que la N, crepidularia de 
M. 'i roschel : on sait que la N. creprdularia de M. Lesson 


22 NB 
appartient à la section des Clithons, ou Néritines épiueu- 
ses. 

CLASSIFICATION DICHOTOMIQUE. 
Coquille tachetée de blanc ou de 


jaunâtre sur un fond de colora- 
tion rougeâtre, rouge-brun ou 


violet e ne ete ld'ertiel le). it eifls We: Ver bre 16 CETTE 2 


Coquille linéolée sur un fond 


blanchâtre où vérdäfret.. tee ts 


rouge, rougeâtre, de rosé ou 


notre" 24 GARE MON RNB LION PRE TE 


Coquille à ouverture blanche ou 
JAHDAILE eee « D ere ea INC. I AleREs. 


| 
5 à ouverture teinte de 


Côté postérieur du dernier tour 

élevé de 3 à 4 millimètres au- 

dessus du péritrème . . . . . MNer. exaltata. 
Côté postérieur du dernier tour 

abaissé jusque sur la marge 


33e 


extérieure du péritrème PAPERS PES AU RTC En 


de taches jaunâtres quadran- 
gulaires ; ouverture rougeûtre, 
rarement toute noire ou plom- 
bée ; cloison columellaire por- 
tant de 10 à 22 dents à sa 
marge. + . . Mer, crepidularia. 
Coq. d’un beau Solet: posa ce 
nement ponctué de blanc, ou 
zonée de cette couleur: cloison 
| portant 8 à 9 dents au plus à sa 
\ marge, Le So ete ee nm V er Mi ot eE 


É d’un rouge-brun , maculée 


ER rs 


Linéoles transverses continues ; 
cloison columellaire tachée de 
noirâtre et portant 19 à 25 
dents à sa marge; labre le plus 
souvent zoné d'orange à l’inté- 

: FIGE. à ae cos octets 2e INeramelarostomü, 

Linéoles transverses interrompues 
par des fascies décurrentes et 
couleur du test ; cloison brunä- 


tre portant 15 dents à sa marge. Ner. Touranensis. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES. 


N. Exazrara, nobis. (PI. IL, fig. 3.). 


Testa ovata, crassa, valde convexa, dense striata ; striis 
concentricis irregularibus, decurrentibusque obsoletis ; sub- 
epidermide rufc-fusca, nigro-violacea reticu}ata, maculis z0- 
nisque albis vel lutescentibus picta ; spira a margine valde 
elata ; apice sæpius eroso ; aper tura crocea; labio depresso, 
in medio convexo, margine in Centro subarcuato, dentibus 
7-8 subacutis armato. — Operculo carneo-rubente , nigro 
variegato. 


N. Crepidularia var. maj. Recluz. Proceding. zool. Soc. 
Londres. 


Hab. : L'île Negros. (Cuming.) 
Haut. 14-16. mill ; larg. 19 à 20 mill. — Long. 22-98 
m.; ouverture, larg. 19 à 20 mill. 


Cette espèce est la plus grande de la section, la plus 
épaisse, et celle dont le bord postérieur du dernier tour 
est le plus élevé au-dessus de la marge de l'ouverture: 
car s'il l’est de 2 1/2 mill. sur la N. prileolus dans les in- 
dividus les plus favorisés sous ce rapport, dans la N. exal- 
tata ce même côté s'élève de 5 millimètres, c’est à dire du 


double. 


Lab 


Le peritrème de cette espèce forme un bord continu 
plus élevé que la cloison columellaire, ce qui fait paraître 
celle-ci déprimée; mais son centre se montre néanmoins 
convexe. Le bord de cette cloison ne porte que 7 à 8 dents 
plus ou moins saillantes selon les individus ct toujours 
circonscrites dans la portion arquée de sa marge, comme 
dans les N. pileolus et N. violacea. Le sommet est entiè- 
rement rongé ou usé. Tous les individus que j'ai observés 
ne mont présenté qu'un tour et demi au plus. 


N. Pizrozus robis. 


Testa ovata, crassa, subtus planulata, dorso elevata 
longitudinaliter, irrégulariter crebreque striata; sub epider- 
mide griseo-fuscescente nigro-violacea, maculis lineisque 
luteis sparsisque picta; lineis anterioribus nigro-violaceis 
inæqualibus transversim radiatis , spira a margine remotius- 
cula ; apertura rotundata alba, seu pallide flava; labio medio 
arcualo eique dentibus 8-9 mirimis acutis armato : operculo 
fusco-nigricante. 


N. intermedia, Deshayes in Bellang. voy. aux Indes 
orientales. part. zool. 1834, p. 240, pl. 1, fig. 7. 

Haut. 10-11 mill. longueur 17-18 m. 

Larg. 12 mill. larg. de l'ouverture 12-13 mill. 


Nora. M. Sowerby ayant décrit, en 1882, dans les 
Procedings de la Soc. zool. de Londres, une autre Neri- 
tine sous le nom de N. intermedia, le nom donné par 
M. Deshayes ne saurait être conservé. 


Le N. pieolus diffère de l'espèce décrite plus haut par 
ses dimensions, les caractères de son ouverture et la dis- 
position de ses masses colorantes. Les dents de la cloison 
sont très aiguës et profondément séparées entre elles. Elle 
n’a pareillement qu'un tour et demi de spire, le premier 
en forme de point convexe et hyalin. Les stries concen- 


ee 


triques du dernier tour sont inégales, serrées ct nullement 
croisées par d’autres stries décurrentes. 

Cette coquille porte souvent de petites balanes et de 
petites huîtres sur son dernier tour, et, ce qui nous a 
paru remarquable, c'est que les huîtres (du moins leur 
valve libre) ont exactement la coloration de la MVeritine. 


NErITA VIOLACEA (Gmelin). 


Testa ovata vellateraliter angustata ac nuncovato-oblonga, 
solida, crassiuscula ; subtus plana , dorso conveæa. regula- 
riter ac tenue concentrice striata ; subepidermide fusca vio- 
lacea seu violaceo reticulata, albo maculata et zonata ; spira 
submarginali ; apertura aurantia; labio incrassato, margine 
in medio vix arcuato, eique 8-9 denticulato. 


Var. «. Testa ovata, violacea, albo punctata ; apertura 
ovata. Nerita violacea, Gmelin, syst. nat. ; Linnei ed. 13, 
p. 3686, n. 68., synonymis exclusis. 


Var. 8. Testa ovata, lineis fulminatis violaceis et albis 
picta; apertura ovata, an Neritina plumata, Menke, syn. 
nuth. moll. ed. alt. 1830, p. 139. 


Var. v. T'esta ovata, lineis angulato-flexuosis creberri- 
mis, maculis zonisque albis picta ; apertura ovata. 


Var. d. Testa ovato-oblonga, violacea, albo zonata et 
postice lineis reticulata ; apertura lateraliter angustata. Ner. 
concentrica, Meuke, catal. malsb. et synops. moll. 1830, 
p- 48° Ù 

Var. e. Testa ovato-oblonga , lineolis angulato-flexuosis 
concentricis, remotiusculis, vel angulis confluentibus reticu- 
lum albo-punctatum efformantibus apertura ovato-oblongd. 
Lister., Conch., t. 601, f. 19. 


Var. #. Testa ovato-oblonga, violacea, albo anguste 
subzonata. 
An Nerita purpurea, Budgin ? 


Le Ce 
Has. Pondichéry (M. Deshayes), Tranquebar (Mus. 


Paris, mon cabinet). 


Dimensions : long. 13-14 1/2 mill. ; larg. 20 1/2; épaiss. 
ou haut. 13 mill. 


Cette espèce n'a pas élé reconnue par les conchyliolo- 
gues parce que sa forme et la disposition de ses masses 
colorantes sont variables; tantôt elle ressemble, par sa 
forme aux individus les plus élevés de la Ver. crepidula - 
ria de Lamark , de Timor, par exemple; tantôt les côtés 
de son ouverture , étant comprimés ou rétrécis , lui don- 
nent une configuration oblongue et rendent la partie supé- 
rieure de la coquille en forme de dos-d'âne, et son ouver- 
ture prend alors la figure d'un ovale-oblong. Ces deux 
races d’une même espèce ont les mêmes accidents de co- 
loration ; on les rencontre rarement uniformément violet; 
le plus souvent elles ont des zones concentriques blan- 
ches plus ou moins larges et d'un ton bien décidé; d’au- 
tres ont de larges zones reticulées de lignes violettes ac- 
compagnées d’autres zones violet-uni et blanches; enfin, 
il y en a chez lesquelles les lignes zigzaguées ou fulmi- 
nantes sont bien dessinées ou distancées les unes des au- 
tres, principalement dans la moitié ou les 2/3 antérieurs 
du dernier tour et presque effacées sur le côté postérieur; 
d'autres où ces lignes, devenues plus ou moins forte- 

ment confluentes par leurs angles, produisent ainsi un ré- 
seau de mailles tantôt régulier, laissant voir alors des 
points blancs arrondis, tantôt irréouliers, au moins en 
partie, et montrant des taches blanches de forme variée. 

Dans la race oblongue, le côté postérieur du dernier 
tour dépasse à peine parfois le bord externe du péristome 
et se trouve ainsi au même niveau que lui; de telle sorte 
qu’on aperçoit que la première couche du test, de ce côté 
du tour, s’est usée pendantla marche de l'animal ; d'autres 
sois il repose sur le côté externe ou supérieur de la marge 


be EL 


du péristome et est alors marginal. Dans le plus grand 
nombre des cas, ce côté du dernier tour est séparé de la 
marge du péritrème par une distance d’un tiers à uu 
demi-millimètre; l'ouverture est d'un rouge-orange , un 
peu plus foncé sur le plan columellaire; ce plan est con- 
vexe dans Île centre, sa marge faiblement échancrée en 
arc el là armée de 8 à 9 dents, petites et quelquefois ob- 
solètes. 

Opercule inconnu. 

On ne counaît de cette espèce que des individus (8 à 9, 
à Paris) ayant généralement souflert, au moins privés 
en totalité ou en partie de leur épiderme, qui parait être 
d’un olive-brunâtre ou jaune-brun. 


NERITA CREPIDULARIA (Lam.). 


Testa ovata vel ovato-hemisphaerica, subtus planulata, 
dorso convexa, vel convexo-depressa; striata : striis decur- 
rentibus tenuibus , creberrinuis, longitudinalibus robustiori- 
bus acdecussentibus insculpta; subepidermide fuscescente-ru- 
bra, lineis maculisque luteis picta ; spira fere usque ad mar- 
ginem oblique incurva ; apertura ovata, crocea; labio con- 
vexo, margine arcuato, eique rugoso-denticulato : denticu- 
lis 10-20, acutis armato. 


NERITINA CREPIDULARIA, Lamk., an. s. vert. 6, p. 186, 

10, syn. ex cluso, Desh., in Lamark, an, s. v. ed. 2, 

tome 8, p. 572, n° 10. /dem. Sowerby, Conch. illustr., 
f. 25, bonæ. 


Var. 8. Testa rubra, postice maculis, lineis rubris et 
albis picta. 

Var. ». Testa depressa, lineis rubris et luteis anguste 
fulminatis in postice picta, margine columellari 14-15 den- 
ticulis acutis vel obsoletis notata. 


Var. 9. Testa major, depressa, rubra, maculis luteis tes- 
sellata; apertura fauceque nigris vel plumbeis; dentibus in 
margine columellari 20-22 acutis. 


OR? ES 


Has. La Jumnha-Malabar (Mus. Paris), Timor (Le 
Guillou), Trinquemalai à Ceylan (mon cabinet). 


Dimensions : long. 15, haut. 8. — ouverture (en dehors) : 
long. 11 173, long. 11 1/3, larg. 13 mill. 

C'est à cette espèce qu'il faut rapporter les figures de 
Martini Conch. s. t. 13 (f. 133 pessima, et 134 labio nimis 
ex cavato), quoique généralement mauvaises, et non à la 
Patella neriloidea de Linnée, qui est une vraie Crepidule 
figurée par Favanne, Conch. t. 4, f. E 2, blanche et ren- 
due rude en dessus par ses stries concentriques, à som- 
met subspiral et à cloison rouge-terne ou sanguin. C’est 
donc à tort que Martini et Dillwyn veulent faire de cette 
espèce de Linnée le type d'une Néritine analogue à la 
N. crepidularia de Lamark ou d’une des espèces de la 
même section. La meilleure figure que nous connaissions 
de cette espèce est celle publiée par M. Sowerby, elle se 
rapporte à la var. d, pour la forme générale. 


NERITINA MELANOsTOMA (T'roschel). 


Testa ovata, subtus planulata, dorso convexa, striata : 
strüs decurrentibus tenerrimis , obsoletis, longitudinalibus, 
trregularibus ; subepidermide olivacea pallide luteo-virides- 
cente, lineolis tenuibus nigris angulato-flexuosis continuis 
vel punctis efformantibus picta ; spira submarginali, sæpius 
rosea vel aurantia ; apertura ovali ; labio nigro aut auran- 
tio et nigrescente picto, margine arcualo et denticulis acu- 
tis 19-25 armato ; labro intus zona sordide aurantia notato 


Neritina melanostoma. (Tr.), in Archiv. hist. nat. Ber- 
lin 1837, cahier n° 2, p. 179, n° 2. Ver. indica, Soun- 
leyet, Voy. de la Bonite. Zoologie 1845-46, pl. 34, 
fig. 32-35 optime. 

Var. 8. T'esta convexo-depressa lineis latiusculis angu- 
lato- flexuosis picta ; dentibus columellæ 20-21. 

Neritina melanostoma Philippi Abbildungen, pl. 1, 
£. 11 bene. 


I 


Hab. Le Gange (Trosch.), Diamond's-Harbourg, Hoo- 
gly river (M. Petit de la Saussaie.); l'île Luçon (Souleyet); 
Merguy, pays des Birmans (Petit). 


Dimensions : haut. 10 mill., long. 19 mill., larg. 13 mill. 
— Ouverture : larg. 13 mill., long. 15 1/2. 


Cette espèce, chez les individus adultes, a à peu près la 
forme de la MVeritina violacea, si ce n'est qu’elle n’est pas 
souvent comprimée latéralement : sa coloration d'ailleurs 
l'en distingue suffisamment. Elle est scupltée de stries dé- 
currentes, serrées, très fines et si peu marquées qu'on les 
distingue à peine sous le triple foyer d'une bonne loupe, 
et de stries concentriques un peu plus apparentes, égale- 
ment rapprochées et irrégulières; son épiderme est d'un 
brun-olivâtre, sous lequel le test est d’un blanc-bleuâtre 
ou d’un jaune pâle un peu verdâtre; il est peint concentri- 
quement de fines lignes noires fulminantes continues, 
pressées, quelquefois rares et très écartées, et le plus 
souvent formées par de très petits points rangés dans cette 
disposition et zigzagués. Sa columelle est peu calleuse, 
léocérement anguleuse transversalement vers le milieu, 
teinte, dans le jeune âge, d’orangé pâle, noircissant de 
plus en plus avec l’âge et devenant très noire chez les 
adultes; sa marge est arquée dans le centre et crénelée 
dans presque toute son étendue par de très petites dents 
aiguës , moins saillantes que dans la Nér. piléole, et va- 
riant entre 20 et 25. Le labre est orné intérieurement 
d'une zone circulaire d’un orangé plus ou moins fauve, 
qui s'étend parfois sur le contour de la columelle. M. Sou- 
leyet, ignorant qu'elle eût été décrite avant lui, l'a nom- 
mée ÎVer. indica. 


NERITINA TOURANENSIS (Souleyet). 


Testa ovata, subtus planulata, dorso-convexa, striata : 
strüs concentricis irregularibus, decurrentibus, obsoletis 


En 7 au 


distantioribus ; subepidermide pallide olivacea, luteoviri- 
descente vel rufescente, lineolis concentricis angulato- 
flexuosis in medio dorsi bis fasctas duas efformantibus or- 
nata; spira marginali; labio pallide fusco, margine ar- 
cuato , dentibus 15 parum exsertis armato ; labro  intus 


albido ; operculo pallide fulvo. 


Var. 8. Minor. Testa minor, columella  flavicante, 
margine dentibus 13-14; operculo pallide fulvo. 


Meritina Touranensis, Souleyet, Voy. de la Bonite, 
Zoologie, 1845-1846, pl. 34, fig. 28-31. 


Hab. Tourane, en Cochinchine, d'où elle a été appor- 
tée par MM. Souleyet et Eydoux. 


Cette espèce est d’un roux-brunätre peu foncé sous un 
épiderme olivâtre pâle ; ses linéoles noires en zigzags, sont 
interrompues vers le dos de la coquille, principalement 
dans ses deux tiers postérieurs : ce qui donne à la coquille 
une apparence bifasciée dans le sens de la décurrence de 
la spire qui s'incline sur la marge et semble même la dé- 
passer; et fait que le côté postérieur du dernier tour 
est quelquefois usé par la marche de l’animal. Gette es- 
pèce qui paraît vivre dans les endroits vaseux, se recou- 
vre souvent de terre qui, en durcissant, use la surface du 
test. Son ouverture est d'un blanc brunâtre et devient 
plus foncée sur la columelle : celle-ci n'a que 15 petites 
dents peu saillantes à la marge qui est faiblement, mais 
sensiblement ceintrée dans le milieu. La var. 8 n’en diffère 
que par les dimensions. 


Dimensions : haut, 9 mill., long. 15 172 m., larg. 11 172. 
—{uverture : long. 10 à 11 172 mill., larg. 12 à 
13 23. — Var. 8. Haut. 5 m:, long. 8 172, larg. 6.— 
Ouverture : larg. 6 m., long. 6 172. 


= 


BR Peer 


Osservarions sur le ligament du Gnathodon cuneatum 
Conrad, Rangia cyrenoides Desm. 


(Extrait d'une lettre qui nous à été adressée par 
M. de Sauley, ancien officier de marine. 


Un séjour de plusieurs semaines au mouillage de Sacri- 
ficios (près de la Vera-Crux) me permit d'explorer le 
récif qui cerne en grande partie cet îlot du côté du large, 
et les plages de sable qu'il présente en regard de la côte 
du Mexique: parmi les coquilles que je parvins à me 
procurer, se trouva une multitude de valves de Gna- 
thodon (Gnathod. cuneatun), mais toutes, sans exception, 
étaient roulées et dépareillées. 

J'avais déjà cette coquille provenunt de la Nouvelle- 
Orléans. Pendant une station dans la baie de Pensacola 
je retrouvai cette espèce par 3 ou 4 pieds de profondeur 
à peu de distance de la ville, 

Une première remarque que je fis d’ abord c’est que les 
échantillons de la baie de Pensacola étaient beaucoup 
plus grands, mais aussi plus excoriés vers les crochets 
que ceux de la Nouvelle-Orléans; je _signalerai aussi la 
différence d'aspect que présentait la nacre intérieure de 
ces coquilles, selon quelles appartenaient à l'une ou à 
l'autre localité ; celles de la Nouvelle-Orléans sont lisses 
et brillantes surtout vers les bords; celles de Pensacola 
sont ternes et presque mates; mais le fait qui me parut 
le plus digne d'attention, c'est celui du prolongement ex- 
térieur du ligament qui dans ce genre est intérieur. Le 
ligament partant de la fossette qui le reçoit traverse 
l'épaisseur du test en suivant un petit canal, et sort sous 
le crochet de chaque valve, un tant soit peu en avant: 
quelquefois même ce ligament forme une saillie qui, dans 
quelques individus, n’atteint pas moins de deux milli- 
mètres. 

Cette expansion très remarquable à l'état de vie, l'est 


a TR 


beaucoup moins sur les échantillons conservés dans les 
collections; toutefois vous trouverez des traces très sen- 
sibles du fait que je mentionne, dans l’exemplaire que 
je vous adresse, et qui, déposé dans votre collection, 
servira à prouver l'exactitude de mon observation. 

En considérant attentivement les valves roulées de 
Gnathodon que j'ai recueillies à Sacrificios, j'ai reconnu sur 
presque toutes le même caractère que je viens d'indiquer, 
mais plus ou moins apparent selon que la valve examinée 
avait appartenu à un sujet plus ou moins adulte. Chez les 
plus adultes, le test est entièrement perforé; chez d’autres, 
on ne voit sous le crochet qu'un petit trou visible seule- 
ment à la loupe; chez les plus jeunes enfin, le canal 
n'arrive pas jusqu’à l'extérieur, de telle sorte qu'on peut 
dire que le ligament de chaque coquille est d'autant plus 
robuste et plus saillant à l'extérieur que cette coquille 
enveloppait elle-même un animal plus adulte et plus fort. 

On peut encore inférer de là que cette saillie du li- 
gament, si étrange, et si anormale au premier abord, peut 
s'expliquer facilement en admettant qu'elle est, d'une part 
l'effet de l'accroissement en épaisseur du test à mesure que 
l'animal augmente son enveloppe , et d'autre part le 
résultat de l'érosion de ce même test sous l’influence 
d'agents extérieurs. 

On comprend en effet que plus l'animal prend d’ac- 
croissement, et plus la fossette, qui a reçu le premier 
rudiment de son robuste ligament, augmente elle-même 
en s'allongeant en entonnoir, mais avec cette disposition 
particulière qu'elle ne s’oblitère point vers le fond au 
fur et à mesure que la coquille devient plus grande. Cette 
fossette prend ainsi la forme d'un canal partant d’un point 
très voisin de la surface extérieure, sous les crochets, 
canal qui se trouve constamment rempli par la substance 
du ligament qui s'est allongé lui-même en proportion de 
l'âge du sujet. 


— /)D —: 


En même temps que cet accroissement progressif 
augmente la longueur du ligament, le test se dépouille 
de son épiderme vers les rates, les agents extérieurs 
l'excorient aux sommets, et ils rongent peu à peu sa 
surface sans attaquer la substance du ligament. Celui-ci 
se-trouve de la sorte mis partiellement à nu, et il finit 
par faire en dehors une saillie proportionnelle à l’âge du 
mollusque et à l’activité des substances qui ont agi chi- 
miquement , peut-être aussi mécaniquement, sur les 
parois extérieures de la coquille. 

Que penser maintenant de cette multitude de valves 
dépareillées, et roulées que j'ai trouvées sur la plage de 
Sacrificios à 300 lieues des rivages où le Gnathodon s'en- 
fonce à moitié dans la vase à la facon des Anodontes et 
des Unios de nos rivières? Serait-ce peut-être que le 
golfe du Mexique, tourmenté dans la partie supérieure 
de ses eaux par le Gulf-Stream (ce grand courant qui les 
entraîne comme un torrent, en contournant les côtes de 
cette vaste Méditerranée depuis le cap Gatoche du 
Yucatan, jusqu’à la pointe de la Floride en face de la 
Havane), serait en même temps sillonné dans ses profon- 
deurs par des contre-courants qui, des rivages de la Nou- 
velle-Orléans et de Pensacola, rouleraient jusque dans 
les brisants de la Vera-Cruz les dépouilles d'animaux qui 
ont vécu sur les plages de la Louisiane et de la Floride? La 
question que je viens de soulever, à propos de valves 
roulées, conduirait forcément à un tout autre ordre 
d'idées, et à l'examen de phénomènes étrangers au sujet 
que je me suis proposé de traiter; aussi je marrête en 
vous répétant que je m'estimerai très heureux si mes 
observations ne vous paraissent pas tout à fait dépourvues 
d'intérêt. 


DE Sauzcy. 


Jo — 


Norice sur les coquilles rapportées par M. Goizzan, 
officier supérieur de la marine, commandant le brick 


le Du Couédic. 


M. Guillain , aujourd'hui capitaine de vaisseau , avait 
été chargé, dans ces dernières années, d’une importante 
mission qui l’a conduit sur divers points de la côte Nord- 
Est d'Afrique, encore peu explorés sous le rapport de 
l’histoire naturelle. Ïl a, dans le cours de sa pénible cam- 
pagne, trouvé encore assez de loisir pour recueillir un 
certain nombre de coquilles dont il a eu l’obligeance de 
nous donner des échantillons, et parmi lesquelles nous 
avons découvert plusieurs espèces qui nous ont paru nou- 
velles, notamment les Cyclostomnes décrits ci-dessus à la 
suite de notre catalogue des espèces de ce genre. 

Indépendamment de ces coquilles et de quelques-unes 
dont on trouvera la description plus loin, nous avons pu 
déterminer celles dont les noms suivent. 


Cyclostoma. Naticoides. Recluz. I. Socotora. 

— Clathratum Id. ld. 

— Michaudi. Gratel. 1. Moheli, + 

— Aspersum. Mich. Madagascar. 

— Deshayesi. Petit. Id. 

— Affine. Sow. ld. 

Bulimus. Favani. Lam. S.-Augustin (Madagascar). 

— Dussumieri. Recve. 1. Seychelles. 

7. caicarus Brie, à Mer 

— Pullus. 14. Abd-el-Goury. 

— Socotorensis. Pfeif. {. Socotora. 

— Mozambicensis. Recve. Moubaza. 
Achatina. Fulica. Fer. Madagascar. 
Pupa. Labiosa var. Brug. Haffoun. 

Helix. Viridis. Desk. Madagascar. 

— Labrella. var.: Carcollæ. Xisteræ. Pfeif Affinis. 
Neritina. Brevi-Spina. Lam. Madagascar. 
Melania. Faseiolata. Oliv. 

Planorbis, Tranquebarieus ? 
Pyramidella. Plicala. Lam. Haffoun. 


Cancellaria.  Crispala. Sow. Id. 


Magilus. Autiquus. (Exemplaire entier, à moilié enchâssé dans un 
: madrépore.) Bourbon. 

Marginella. Sp. Nov.? Haffoun. 

Bulimus. Sp. Nov.? Hd. 


Buzimus GuizLaini mobis. 
(PL, IV fig :4098) 


T. oblonga, cylindrarea, crassiuscula, imperforata, fus- 
cescente, albo variegata, interdum subfasciata , anfracti- 
bus 8-9, plano-convextis, oblique et crebre striatis ; columella 
profunde arcuata, inferne subplicata; apertura ovata ; labro 
acuto, subreflexo ; labio in adultis consolidato. 

Long. 6 mil}. 


Le pli columellaire de cette coquille a quelques rapports 
avec la truncature des Achatines : elle se trouve à Abd- 
el-Goury. 

Avant de terminer cette notice, nous offrirons ici nos 
sincères remerciments à notre ami le capitaine du Du 
Couëdie, pour l'obligeance qu'il nous a montrée et à laquelle 
nous devons de pouvoir, cès aujourd'hui, remplir une 
des promesses de notre programme. Nous ne mettrons 
pas moins d'empréssement, par la suite, à porter à la 
connaissance des conchyliologistes les coquilles nouvelles 
recueillies par les personnes qui, à l'exemple du comman- 
dant Guillain , voudront donner à leurs recherches une 
direction et un résultat utiles aux progrès des Sciences 
naturelles. 


S. Perir. 


Article de TerminoLocr, par M. RecLuz. 


CozumeLze (columella, petite colonne), de columen, 
dérivé lui-même de culmen, pièce verticale qui sou- 
tient le faîte d'un édifice. 


La Columelle est cette sorte de colonne centrale ou sub- 


De, 7 


centrale des coquilles spirivalves formée par l’enroule- 
ment de la lévre intérieure de l'ouverture sur un axe fictif. 
Selon que la lèvre est mince, épaisse ou trés épaisse, la 
Columelle acquiert plus ou moins de solidité. Lorsqu'en 
s'enroulant , le bord interne laisse entre ses parois inté- 
rieures un vide plus ou moins grand , la Columelle est 
ombiliquée (umbilicata)ou simplement perforée (perforata), 
et, dans certains cas, subperforée. Si, au contraire , ces 
mêmes parois se pressent tellement entre elles qu'elles se 
confondent en une masse homogène, la Columelle est 
alors pleine. Dans le premier comme dans le second cas, 
quelques auteurs lui donnent le nom d'axe (axis, essieu, 
pivot) tels que Draparnaud et M. Gray. 

Pour nous, l'axe est la ligne droite, courbe ou brisée, 
verticale ou oblique, fictive ou réelle, qui traverse la Colu- 
melle dans toute sa longueur, et la columelle le cylindre 
dans lequel passe cet axe : en d'autres termes, l'axe est la 
partie centrale, et la Columelle la partie externe qui l'en- 
vironne. L'un peut être représenté par la moelle d'une 
tige , comme la Columelle peut l'être par le boïs ou étui 
médullaire,. 

Dans les coquilles du G. Viso, ou dans le Trochus umbil- 
caris par exemple, l'axe est la partie creuse qui, du côté 
antérieur de la coquille, remonte jusqu'au sommet de la 
spire; et la columelle est le cylindre ou cône creux et py- 
ramidal qui limite cette perforation. 

Ainsi donc, la Columelle est cette colonne testacée 
creuse ou pleine autour de laquelle la spire tourne. On 
l’aperçoit facilement sur les coquilles qui ont été usées 
longitudinalement ou sciées dans leur longueur. (Woy. 
Eucyl. meth., pl. 348, fig. 3 et 5); et on juge ordinaire- 
ment sa forme par ce qu'elle présente dans l'ouverture de 
la coquille. 

Les coquilles spirivalves ne sont pas toutes pourvues 
d'une Columelle ; celles qui en manquent sont : 


1° Les coquilles à enroulement horizontal dont les 
tours sont séparés (Spirula), ou contigus comme les Vau- 
tilus, Planorbis, etc. 

2° Celles qui sont involvées (znvolutæ) ou roulées (con- 
volutæ), comme les Bullæa, Bulla, Cypræa, Ovula, etc. 

3° Enfin celles dont le cône spiral est très court et s’é- 
largit subitement pour former son dernier tour, comme 
les genres itrina, Sigaretus, Haliotis, etc. 

La Columelle peut être considérée sous plusieurs rap- 
ports. 


I. Par rapport à son étendue, elle est dite : 


1° INTERROMPUE (interrupta), lorsqu'elle s'arrête vers un 
point correspondant à la partie inférieure , comme dans 
beaucoup de Sigarets, à la partie médiane (les Matica en 
général), ou à la partie supérieure (les £burnes). 

2 Conrinue (continua), quand elle est terminée à la 
partie supérieure de la coquille , comme dans le Trochus 
conulus. 


3° SaizLANTE (exserta, prolongata, caudata. Brug. Blv.), 
quand elle se prolonge au-delà dn dernier tour ( Cerit. 
telescopium, Janthina), ou lorsqu'elle se continue en 
canal comme dans les Fusus, Pyrula : alors elle peut être 
droite (recta), courbe (arcuata) ou repliée (replicata). 


IT. Relativement à la manière dont la Columelle se 
termine, on dit qu’elle est : 


1° TroNQuÉE (truncata, abrasa), lorsque son extrémité 
est terminée par un plan transversal. Ex. Æchatina, Me- 
lanopsis , etc. 


2° Aicur (acuta), quand elle se termine en pointe. Ex. 
Janthina, Harpa, divers buccins, ete. 
3° OmBiLiQuéE (umbilicata), quand elle a une ouverture 


plus ou moins grande à la base. Ex. Vatica, Ampullaria, 
Solarium. 


me 


Perrorée (perforata), quand l'ouverture a à peine le 
diamètre d'une tête d'épingle, comme dans quelques 
hélices. 

5° ImPerrorée ( imperforata, integra), quand sa sub- 
stance forme une masse compacte et sans aucune perfo- 
ration, ni ombilic. Ex. Voluta, Mitra, etc. 

6° Coxsorinée (consolidata), lorsque cette partie se 
trouve épaissie par un dépôt de matière testacée qui, dans 
certains cas, bouche le trou ombilical comme dans les 
Rotella, Natica mamilla, etc. 


“III. Par rapport à sa direction, la Columelle est : 

1° Droire (recta),quand elle forme un plan rectiligne. 
Ex. Mitra, Marginella, Harpa, etc. 

2° Course (arcuata), quand elle est cintrée plus ou 
moins fortement en arc, comme dans les Planaxis, Na- 
ricas Murex. 

8° OBLique (obliqua), lorsqu'elle est oblique par rap- 
port à l'axe collumellaire, comme dans le Bul. ovatus. 


IV. Sous le rapport de la forme, elle est dite : 

1° CyzinpriQue (feres, cylindrica, subcylindrica), lors- 
qu'elle présente la forme d'un cylindre plus ou moins 
parfait, quoique, à la rigueur, elle s’atténue insensible- 
ment jusqu'au sommet de la coquille. Ex. Fusus, Pyrulæ. 

2° APLATIE, DÉPRIMÉE (depressa, compressa), lorsque sa 
surface présente un plan uniformément plane. Ex. Pla- 
naxis, Purpura hæmastoma, P. persica. etc. 

3° Tonpus (torta, contorta, tortuosa Lam.), quand elle 
porte un pli peu saillant, ou lorsque ce pli semble 
u'être qu'une obliquité provenant de la torsion de la co- 
lumelle. Ex. Physa, Limnæa, etc. 

4° SinuEusE (sinuata), quand elle présente des dépres- 
sions et des renflements, comme dans le Zuccinum unda- 
um, Natica flava. 


Sn Dia 


5° SpiRALE (spiralis), lorsque la partie qui dépasse l’ou- 
verture, est tordue comme une vrille. Ex. Cerithium teles- 
copium. 


V. Enfin par rapport à sa us der on dit que la Go- 
lumelle est 


1° Uxre (lævigata) quand sa surface ne présente aucune 
inégalité, G. Achatina, Succinea, Sigaretus etc. 

2° CawaricuLée (canaliculata), quand il existe un canal 
dans son étendue, soit à la partie antérieure comme dans 
les Vatices à opercule testacé, soit sur son trajet extérieur 
comme dans les Lacuna, Eburna, et quelques Vatica, etc. 


3° LamezLée, LAMeLLEusE (lamellata, lamellosa) quand 
elle porte des lamelles transverses, obliques ou longitudi- 
nales, régulières, comme dans certaines espèces des genres 
Bulimus, Clausilia, etc. 


4° Pussée (plicala), quand ce sont des plis transverses 
et courant à l'intérieur de la cavité de la coquille comme 
dans les G. Mitra, Voluta, Pyramidella, etc. 

5° Srriée (striala), quand à la place des plis ce sont des 
stries également spirales comme dans beaucoup de Z'u- 
seaux, Ulives, etc. 

6° Rinér (rugosa), quand ses plis sont irréguliers et res- 
semblent à des rides. Ex. Ranella. 

7° GRANULEUSE (granosa, granulata), quand ces inéga- 
lités sont des granulations. Ex. G. Columbella. 

8° Poxcruée (punctata, calloso-punctata) quand elle 
porte des points calleux. Ex. Purpura neritordea. 

9° Denrée (dentata, denticulata, crenulata), quand elle 
porte des excroissances en forme de dents. Ex. G. Auri- 
cula, Scarabœus, etc. 

10° Renrzée (énflata, turgida), lorsque la partie anté- 
rieure est augmentée en grosseur par un renflement. 

6. 


 * 


G. Terebra ; mais quand ce renflement simule une varice, 
on la dit variqueuse (varicosa). Ex. Æncillaria; susvart- 
QUEUSE (subuaricosa), G. Oliva. 


CR: 


BIBLIOGRAPHIE. 


Naruraz msrory or New-York. Palæontology of New- 
Fork ; by J. Hall. (Vol. 1.) 


L'ouvrage de M. Hall est de ceux que doit étudier avec 
soin le naturaliste philosophe. 11 nous fait connaître les 
premiers êtres créés qui ont laissé des vestiges de leur 
existence dans les premières couches déposées à ia surface 
de la terre; il nous fait assister en quelque sorte à l'aurore 
de la création; il nous montre les premières ébauches des 
êtres vivants, de ceux du moins dont la structure assez 
solide à permis la conservation plus où moins parfaite. Il 
ne faut pas se le dissimuler, un nombre probablement 
très considérable de chaînons dans les deux règnes ont 
été à tout jamais détruits sans laisser la moindre trace de 
leur passage sur cette terre. Ces chaïînons disparus nous 
n'avons plus sous les yeux que les tronçons isolés de la 
grande série des êtres alors existants. 11] ne faut point 
nous étonner si ces tronçons n’ont plus entre eux que des 
rapports éloignés. Pourrions-nous, par exemple, nous 
faire la moindre idée de cette grande classe des Acalèphes, 
de cette autre classe des Salpa, de celle non moins variée 
des Ascidies d’après les vestiges que les couches de la terre 
en conserveraient? Assurément non, puisque ces animaux 
étant gélatineux ou charnus ne sont pas susceptibles de 
laisser la moindre empreinte. Parmi les zoophites il en 
est un trés grand nombre qui n'ont aucune partie con- 
crète propre à être garantie de tonte destruction, les 


ET 


Actinies, par exemple, et tant d’autres races appartenant 
> | p'e; ] 

à la même classe. Si nous remontons vers des êtres plus 

à o 

de mous et dépourvus de parties solides conservables. 
Pourrions-nous nous faire une juste idée de la classe 
- . U) [1 . 

entières des mollusiues d'après les coquilles seules ? 
Quelle grande lacune ne laisseraient pas toutes ces fa- 
milles de mollusques, nus dont la destruction a dû être 
entière au moment où se sont produits les grands chan- 
gements survenus à la surface de la terre! Dans la classe 
des poissso ns n'avoBs-nous pas aussi tous ceux qui ont 
le squelette cartilagineux, et pour lesquels une destruc- 
truction complète est inévitable? 


parfaits nous en trouverons excore une grande quantité 


Il est donc permis de croire que dans les premiers 
temps où la vie s’est manifestée à la surface de la terre, 
les eaux de la mer étaient peuplées d'un plus grand 
nombre d'êtres que ceux dont nous retrouvons les ves- 
tiges dans les premiers sédiments. Des plantes molles, 
vésiculaires, telles que nos mers en enfantent encore, 
n'ont pu êlre conservées dans ces herbiers naturels dont 
les feuillets pierreux constituent aujourd'hui une grande 
partie de la surface de nos continents. Malgré toutes ces 
lacunes à jamais regrettables, nous devons rechercher 
avec un vif intérêt tout ce qui peut aider à reconstruire 
cet ancien monde sur lequel nous marchons, et nous 
devons convier les observateurs de tous les pays à une 
œuvre sans laquelle l'histoire de notre planète resterait 
toujours impartaite, 

L'ouvrage de M. Hall vient confirmer ce que l’on 
soupçonnait déjà, à savoir, que dans les premiers temps 
où la vie s'est produite, les phénomènes en Amérique 
out été semblables à ceux qui se passaient en Europe, et 
on peut le dire aujourd'hui, ils ont été identiques en 
même temps sur tous les points de la surface dela terre. 
En Amérique et:en Europe, depuis les régions glacées 


= ph 


du Pôle jusqu'aux régions brüûlantes de l’Equateur, se 
trouvent répandus dans les mêmes couches des êtres, non 
seulement analogues, mais encore des espèces identiques, 
qui passent d’un continent à l'autre, Il y a plus, cette 
même analogie, ces identités franchissent l'Equateur et 
se montrent dant l'hémisphère austral. Dans ces temps 
reculés la terre n'offrait pas cette diversité de climats 
et cette variété si considérables d'êtres de toutes les classes 
appropriés pour ainsi dire et invinciblement enchaînés 
aux conditions actuelles que leur a préparées la nature. 
11 régnait alors une uniformité remarquable: partout les 
mêmes plantes, partout les mêmes animaux. Cette con- 
formité des créations trouvait sa cause dans une tempé- 
rature également répartie: la surface de la terre jouissait 
encore d'une portion considérable de sa température 
sidérale, sous ce rapport, les régions polaires élaient 
aussi favorisées que celle de l'Equateur. L'ardeur du soleil 
était tempérée par une immense atmosphère remplie de 
vapeurs: il n’est pas étonnant de retrouver sur toutes les 
parties de la terre des plantes réfugiées aujourd'hui dans 
la zône intertropicale. Gette température égale permettait 
aussi aux animaux de se reproduire partout les mêmes. 
Assurément ces phénomènes qui ont présidé aux pre- 
mières créations sont bien faits pour exciter l'admiration 
des hommes, et si aujourd'hui l'histoire de la terre s’est 
enrichie de documents aussi précieux, on le doit à des 
ouvrages tels que ceux de M. Hall. Ils ont en effet recueilli 
un grand nombre de faits importants à l'aide desquels se 
dévoilent pour ainsi dire d'elles-mêmes les grandes lois 
de la nature. 

Il est impossible à un seul homme d'aller visiter toutes 
les régions de la terre, de les étudier profondément pour 
arriver enfin à généraliser les phénomènes qu'il a ob- 
servés. [Il faut la vie d'un savant pour explorer un coin 
de notre demeure et soulever avec peine quelques lam- 


2 ER 


beaux du voile épais sous lequel la nature cherche à s'en- 
sevelir. Pour reconstruire l’ancien monde , il faut le 
concours d'un grand nombre d'ouvriers et nous devons 
rendre hommage aux savants Américains qui, depuis un 
demi-siècle, ont puissamment contribué à la générali- 
sation de la science en apportant de nombreux matériaux 
à la construction de l'édifice commun. 

L'ouvrage paléontologique de M. Hall fait partie d’une 
coilection unique jusqu'ici dans les fastes de la science. 
L'état de New-Yock a compris toute lutilité que pouvait 
avoir, pour le peuple américain en particulier, ainsi que 
pour tous les autres peuples civilisés, la réunion dans un 
seul ouvrage de tous les documens propres à faire con- 
naître son sol et toutes ses productions. Au lieu de cher- 
cher dans des expéditions lointaines souvent trop dispen- 
dieuses des résultats de peu de valeur et la satisfaction 
d'une vanité mal comprise, les hommes sages qui gou- 
vernent l'état de New-Yorck ont voulu apprendre au 
peuple à connaître toutes les ressources, toutes les ri- 
chesses de la mère patrie, certains d'avance qu'ils agis- 
saient ainsi dans le plus pressant intérêt de la nation. Nos 
vieux pouvernements se sont laissés donner cette sage 
leçon par une nation bien jeune encore, mais bien grande 
par la sagesse de ses institutions. Espérons qu'un si bel 
exemple ne sera pas perdu: nous avons des corps savants 
richement dotés, des sinécures grassement stipendiées ; 
pourquoi le gouvernement n'impose-t-il pas le devoir 
d'explorer notre sol et d'en faire connaître les produc- 
tions? Au lieu d'abandonner ces recherches à des efforts 
particuliers souvent hostiles, sans ensemble, sans unité, 
le gouvernement aurait dù charger une compagnie 
savante de produire un ouvrage semblable à celui que 
publie l'état de New-York. Alors du moins la science 
prendrait une grandeur qu'elle n'a pu acquérir, par 
l'ensemble et par l'unité qui devraient présider à toutes ses 


ape 


conceptions. Il serait bien temps cependant que les gou- 
vernements de l'Europe consacrassent quelques parcelles 
de l'impôt à ces entreprises scientifiques destinées à dis- 
séminer chez les nations les connaissances utiles sur le sol 
qu'elles habitent. Mais, dit-on, l'état de New-York à 
dépensé des sommes considérables à la publication de ce 
grand ouvrage. Eh! qu'importe, si le résultat répond à la 
grandeur de l’entreprise; qu'importe, si vous obtenez à 
ce prix la dispersion de connaissances matérielles utiles; … 
qu importe, enfin, si de tels travaux ont pour résultats 
de rendre populaires des idées justes sur l'histoire de la 
terre que nous habitons, sur les admirables phénomènes 
de la création et sur la puissance infinie du Créateur. 

Dans un prochain article nous examinerons avec toute 
l'attention qu'il mérite, l'ouvrage de M. Hall, et nous 
ferons ressortir d'une manière toute spéciale Îles faits 
nouveaux et importants qu'il renferme. 

Desnayes. 


Buzzerin de la Société impériale des naturalistes de 


Moscou. Tome XXI, année 1848, N°1. 


Le premier numéro du Bulletin de la Société impériale 
des naturalistes de Moscou, pour l’année 1848, contient, 
relativement à la conchyliologie , plusieurs articles dont 
nous allons faire connaître l'objet. 

Dans l’un de ces articles, M. Schrenk a donné une liste 
des coquilles terrestres et fluviatiles de Livonie, en y joi- 
gnant quelques notes sur les variétés que présentent les 
espèces propres à cette province de l'Empire russe, 

Ce travail ne fait connaître aucune espèce nouvelle, si 
ce n’est une limace, Lima livonicus très voisine du Limax 
cinereus. 


no 


Dans un autre article, M. Fischer de Waldheim a éta- 
bli un nouveau genre pour une coquille terrestre qui lui 
a paru pouvoir être détachée des Bulimes. 

Ce genre, que l’auteur nomme (Chilonopsis xeirœv la- 
brum crassum odis adspectus), est caractérisé par lui ainsi 
quil suit : 

T'. turrita, spiris septem convexis ; umbilicata ; apertura 
elongata, angustata; inæqualis ; columella valde dilatata, 
intus et infra sinuata, extus marginata, basicanalem cæcum 


5 
cum labio dextro intumido, extus triplicato formante. 


Cmzoxorsis sulcata. Fisch. 


T. turrita, septem spirata, spiris convexis, longitudina- 
liter sulcata. 
Alt. 50 mill., diam. : spiræ primæ 30 mill. 
Habitat St- Yago Americæ meridionalis 


La coquille dont il s'agit nous est inconnue ; mais nous 
ne saurions y voir autre chose qu'un Bulime qui se rap- 
proche du Bul. auris signata, et plus encore du Bul. au- 
ris vulpina qu'on trouve à l'île Ste-Hélène. 

Nous avons cru devoir reproduire (pl. 4, fig. 6) la 
figure qui accompagne le Mémoire de M. Fischer de 
Waldheim. 


Le même auteur a décrit, en outre, dans le Bulletin 
dont nous rendons compte plusieurs coquilles fossiles, 
savoir : 
1° Bellerophon macrostomus Fisch. — T. magna, ore 

maximo ; unbilicalato, distante ; spira lata, depressa, 
non nisi leviter decrescente versus apicem, subcarinata. 


Haut. du bord de l’ouv. à l'extrém. de la spire 0,116 mill. 


2° Macrocheilus ampullaceus Fisch. — T. subturnita, spi. 


Le 88 — 


ris 4-5, valde convexis, longitudinaliter subsuleatis, 
pruma labiata ampla, reliquis duplo longiore. 
Long. 0.078, diam. du 1°" tour 0,068. 
3° Cyprina piatigorskensis Fisch. — T. magna, solida, 
valvis lævibus, impressionibus muscularibus annula- 
ribus, cardini adproximatis. 


Haut. 0,110. 


Enfin le volume des Annales contient trois planches 
dans lesquelles sont représentées une série de coquilles 
fossiles des environs de Moscou, précédemment décrites 
ou citées dansles études progressives sur la paléontologie 
des environs de Moscou, par MM. Bouiller et Vossinski 
(année 1847). 

Ces coquilles sont réparties comme il suit dans les 
genres 


Panopæa 1 sp. 
Turbo 3 sp.  Astarte 4 
Buccinum à Lucina 1 
Trochus Î Cyprina 2 
Pleurotomaria !{ Cuculæa 5 
Murex Î Pecten 1 
Opis: Î Ostræa 3 
Puschia 1 Terchratula 8 


DU LE 


TESTACEA NOVISSIMA INSULÆ CUBANÆ et Americæ cen- 
tralis, auctore Arth. Morellet. 


Description de coquilles nouvelles de l'ile de Cuba, et 
de l'Amérique centrale. Fasci, in-8° 1649. 


M. Arthur Morellet, déja connu par la publication 


er GO ee. 


qu'il a faite en 1845 d'un volume très intéressant sur les 
coquilles terrestres et fluviatiles du Portugal, a fait depuis 
cette époque, tant à Cuba que dans l'Amérique centrale, 
un séjour, trop court pour la science, mais dont il a profité 
pour réunir un bon nombre de coquilles terrestres et flu- 
viatiles presque toutes nouvelles. 

Dans l’opuscule que nous annonçons aujourd'hui, 
M. Morellet a décrit, nous dit-il, la moitié seulement des 
coquilles qui lui ont paru inédites, et il promet de revoir 
et de compléter plus lard son travail. Il a donné, jusqu’à 
présent , la description de 85 espèces appartenant aux 
genres ci-après. 


Helix 7 espèces.  Cylostoma 7 espèces 
Bulimus 3. — dmpullaria 1  — 
Cylindrella 9  — Melania 8 — 
Glandina 13 — Neritina Dpeie 
Succinea 1  — Cerithium 1  — 
Planorbis 7 — Anodonta Î — 
Physa 2 . — Unio 12 — 


Helicina 11 

Nous devons à l'obligeance de M. Morellet la commu- 
nication de plusieurs des espèces qu'il a rapportées, et 
parmi lesquelles nous avons remarqué de très belles mela- 
nies, ainsi qu’une coquille fort jolie qu'il a classée parmi 
les Aélicines, sous le nom de f/el. constellata, mais qui 
nous semblerait appartenir au genre Helix. 


5 ES 


Die Lanp unD SUSSWASSER MOLLUSKEN vON Java bes- 
chrieben von Æ{bert Mousson. 

Mollusques terrestres et d’eau douce de Java, décrits 
par Albert Mousson. ‘Zurich, 1849 ; 1 vol. in-8° 
avec 22 pl. coloriées. 

M. Alb. Mousson a pul lié, sous ce titre, la liste d'un 


EN 


grand nombre de coquilles propres à l’île de Java, où 
elles avaient été recueillies par M. Zollinger, directeur 
du seminaire du canton de Zurich, ainsi que par 
MM, Oberst Winter et Junghuhn. Quel jues-unes de ces 
espèces étaient anciennement connues; un plus grand 
nombre avaient été publiées, depuis peu d'années, par 
MM. Pfeiffer, Philippi et van den Busch. M. A. Mousson 
en à décrit beaucoup d'autres qui lui ont paru nouvelles, 
savoir : dans les genres 


Nanina 3 espèces. Melania 5 espèces. 
Helix (pee Neritina 2 — 
Bulimus 2  — Navicella DL 
Clausilia li Cyrena 2, — 
Limnæus UTP... Unio 4. — 
Auricula "2  — Alasmodonta 2  — 
Cyclostoma 7  — Anodonta. 1 — 


Ambpullaria 1 = 


Dans un appendice, M. A. Mousson a passé en revue 
un groupe de Bulimes remarquables par ce caractère que, 
dans chacune de ces espèces, on rencontre un grand nom- 
bre d'individus senestres : c’est à ce groupe qu'appartien- 
nent les Bul. inversus Mall., B. perversus L., B. sultanus 
Lam., B. læœvus Mull., etc. 

Séparer ces Bulimes et leur assigner des caractères dif- 
férents a dû être assez diflicile, et nous devons croire que 
l'auteur ne s'est déterminé à porter à 13 le nombre des 
espèces de ce groupe qu'après avoir eu sous les yeux un 
grand nombre d'individus : toutefois nous pensons que 
le Bul. atricallosus, Gould est une espèce différente du 
B. perversus, L. : M. Gould a aussi décrit en 1846 (Pro- 
cedings of Boston), sous le nom de Zul. moniliferus , un 
autre Bulime qui appartient au même groupe et que 
M. Mousson ne cite pas. 


== 


M. Mousson, dans un article qui précède son travail 
sur les coquilles de Java, a présenté quelques observations 
sur le sens qu on doit attacher, en histoire naturelle, aux 
mots £spèce, Variété, etc. Après avoir fait observer avec 
raison que la détermination des espèces, d'après la forme 
des coquilles, est sujette à de nombreuses erreurs, et qu'il 
faut absolument recourir à l'examen des animaux, l'au- 
teur résume son opinion en disant qu'il convient de re- 


garder 


Fr: L'espèce comme étant la réunion d'individus de même 
origine et se reproduisant semblables, sous la con- 
dition d’une complète faculté de propagation. 

3 La varieèté comme une déviation simultanée produite 
par une influence extérieure ou intérieure, mais de- 
venue héréditaire. 

3° La sous-variéte (Spielart) comme un changement peu 
important de caractère qui ne se conserverait que 
faiblement. 


4° La déviation individuelle comme un caractère variable 


propre à l'individu isolé et se développant dans le 
même lieu, 


S+ P: 


Zerrsenrirr Fur MALAKOZOOLOG1E herausgegeben von 


Karl. Theod. Menke D. M. und D: Louis Pfeiffer. 


Journal de Malacozoologie, publié par MM. Menke, 
d. m., et Louis Pfeiffer. (Cassel). 


Plusieurs naturalistes allemands se sont réunis, dès 
l'année 1843, pour fonder, sous le titre ci-dessus, un 
journal spécial destiné à suivre et à faire progresser les 


ET 


études conchyliologiques. Ge recueil, à la rédaction du- 
quel concourent MM. Menke, Pfeiffer et Philippi, déjà 
connus par d'autres travaux fort intéressants, continue de 
paraître, quoique avec un peu moins de régularité peut- 
être que dans le principe. Nous n'avons pas besoin de 
dire ici toute l'estime que nous faisons des savants distin- 
gués que nous venons de désigner, et dont nous imitons je 
louable exemple en essayant de fonder aussi en France 
un Journal spécial de Conchyliologie. Le tribut de recon- 
naissance que nous leur devons consistera à faire connaî- 
tre le zèle et le soin qu'ils apportent à poursuivre leur 
entreprise. Nous signalerons aussi à nos lecteurs les faits 
les plus saillants d'une publication écrite dans une lan- 
gue malheureusement encore Lien peu connue en France. 

Nous ferons, dès aujourd'hui, une mention toute parti- 
culiètre de la découverte faite, dans l'ile de Cuba, d’une 
coquille que M. Pfeiffer considère comme devant consti- 
tuer un genre nouveau auquel il donne le nom de Gund- 
lachia. 

La coquille dont il s'agit, découverte en 1848 par M. le 
D' Gundlach, qui l’a envoyée à M. Pfeiffer, avait été d'a- 
bord prise par celui-ci pour un nouvel Æncylus différent 
de l4nc. havanensis, précédemment décrit par lui; mais 
cette ressemblance trompeuse se bornait à la partie supé- 
rieure de la coquille : car elle est, en dessous, presque 
fermée par une lame horizontale laissant une ouverture 
semi-circulaire à l’extrémité antérieure. 

Cette espèce, que M. Gundlach a fait connaître comme 
étant une coquille d’eau douce, ne peut être réunie, selon 
M. Pfeiffer, à aucun des genres admis jusqu’à présent. Sa 
ressemblance avec lAÆnceylus n'est que superficielle : elle 
aurait plus de rapport avec les G. Vavicella et Neritina ; 
mais On serait d'autant moins fondé à la rapporter à l'un 
de ces genres qu elle ne paraît pas pourvue d’opercule. 

La coquille nouvelle ressemble le plus, pour la forme, 


en 


à celle de lÆnc. lacustris d'Europe; imais, par rapport à la 
longueur, elle est proportionnellement plus étroite. Les 
mesures données de quelques-uns des plus grands indi- 
vidus ne sont pas tout à fait constantes, parce que quel- 
ques-uns sont plus comprimés des côtés, et par là sont 
proporlionnellement plus élevés. Le sommet obtus de la 
coquille en bon état (en tant que nous devons considérer 
le côté de l'ouverture comme le côté antérieur ) est placé 
environ après les 2/3 de toute la longueur et forme le 
point le plus élevé du cône oblique déprimé. De là par- 
tent des stries serrées rayonnantes, non interrompues par 
une strie d'accroissement concentrique et se prolongeant 
jusqu'à la circonférence qui, cependant, ne paraît pas 
crénelée, et forme au bord un angle aigu avec la lame 
intérieure de Ja coquille. 

Cette lame est horizontale, très finement rayée, imper- 
cepliblement voûlée, ettient, chez les jeunes individus, 
plus des deux tiers, et dans les adultes à peine les deux 
tiers de la longueur. L'ouverture est semi-circulaire , et 
bordée à l'intérieur par un bourrelet blanc, étroit, en 
lèvre. 

La coquille est de couleur cornée claire ; mais la plu- 
part des individus, comme beaucoup de coquilles d'eau 
douce, sont revêtus d’un mince épiderme noirâire. 


Voici la caractéristique de ce nouveau genre : 


G. Gunpzacura Pfeiffer : Testa tenuis, ancyliformis, 
non spirata. obliquè conica, vertice retrorsum inclinato ; 
latere basali lamina plana, horisontali ad duos trientes 
clauso ; apertura antica, horisontali, semicirculart. 


Operculum nullum 
Animal....? 


Gundlachia. Æncyliformis : Pfeiff. ‘F. oblonga, con- 
fertim radiato-striata, pallidè cornea , vertice retrorsum 


2 Eee 


ad 2/3 longitudinis posito, obtusiusculo ; apertura 1/3 pa- 
ginæ inferioris subæquante , intus albo-labiata. 


Long. 4 1/2, larg. 2.1/3, haut. 1 1/2-2/3 miil. 


M. le professeur Troschel a fait, à l’aide du microsco/;e, 
quelques observations sur des animaux desséchés des 
Gundlachix envoyées de Guba, observations d’après les- 
quelles ce genre semblerait devoir prendre place dans la 
famille des Lymnéacées ; mais M. le D' Pfeiffer annonce 
qu'il espère pouvoir bientôt donner à ce sujet des obser- 
vations plus précises, et nous attendrons qu'il les publie 
pour les faire connaître à nos lecteurs. 


Dans le même numéro de son journal (pag. 113), M. le 
D: Pfeiffer a émis l'opinion que la coquille décrite par 
M. Benson, sous le nom de Ænostoma Boysii (Annals and 
mag. of nat. hist. 1848, Ser. IT n° 9, p.164), ne pouvait 
raisonnablement être conservée dans ce genre, opinion 
dans laquelle il a été confirmé par l'étude qu'il a faite des 
quatre espèces de Tomigerus connues jusqu à présent et 
chez lesquels la disposition des dents constitue, non un 
caractère spécilique, mais bien un véritable caractère 
générique. 

I arrive souvent, dit M. Pfeiffer, qu'en fait de classi- 
fication, le même caractère à, dans différents groupes, 
familles ou genres, ïine valeur et une importince très 
différentes. On doit évidemment, dans certains genres, 
comme parexemple dansles G.Cypræa, Conus, Oliva ete., 
considérer la couleur comme très utile pour la détermi- 
nation des espèces, tandis que, dans d'autres familles, 
elle ne peut suffire pour caractériser les variétés, ni même 
les déviations individuelles. De inêine les dents de la 
bouche, daus les G. helix et Bulimus, serviront très bien 
pour l'établissement de groupes, mais non pour la forma- 


LR LE 


tion de genres, tandis que ces dents ont, d’après l’auteur, 
une importance générique incontestable chez les Tomige- 
rus etles Ænostoma. 

Sous ce rapport encore, la structure de la coquille de 
l'An. Boysi paraît très éloignée de celle des Tomigères 
et de celle des Anostomes, et semblerait se rapprocher 
davantage de celle des Pupa, ce qui a déterminé M. Pfeif- 
fer à séparer cette espèce du genre dans lequel M. Benson 
l'a placée pour en former, près des Pupa, un genre par- 
ticulier quil caractérise de la manière suivante. 


G. Boysia. Pfeiffer. Testa conico-globosa, rimata, an- 
fractu ultimo arcuatim ascendente; apertu'a obliqua , sur- 
sum reclènata, subrotundata, continua, edentula. 


La seule espèce connue jusqu'à présent fut découverte 
par le capitaine W. J. Boys, dont le noi fut donné par 
M. Benson à l'espèce, nom que M. Pfeiffer donne main- 
tenant au genre. Elle a été trouvée sous des pierres à 
Hügelfort de Chittore dans le Rajpootana : un exemplaire 
a été anssi trouvé à Ajmere. Le nom spécifique devant 
être changé, M. Pfeiffer propose de nommer cette coquille 


Boysia Bensont, Pf. 


Nous regrettons de ne pouvoir donner, du moins quant 
à présent, la figure des deux coquilles dont il vient d'être 
question; mais nous ferons en sorte d'obtenir la com- 
munication de ces espèces. 

Les sept premiers numéros de 1849 qui nous sont par- 
venus jusqu à présent du Zeitschrift Für Malakozoolosie, 
contiennent un assez grand nombre d'espèces nouvelles 
décrites avec le soin et l'exactitude qui caracté:isent les 
travaux de MM. Philippi et Pfeiffer 


SP: 


OBSERVA'TION. 


Ce premier cahier du Journal de Conchyliologie n'a pu 
paraître aussitôt que nous l'aurions voulu : ce qui s'ex- 
pliquera sans peine, si l'on réfléchit aux difficultés insé- 
parables d'une publication de ce genre, surtout à sou dé- 
but. Nous sommes les premiers à reconnaître que Îles 
retards sont préjudiciables aux auteurs, en ce qu'ils peu- 
vent compromettre l’antériorité de leurs travaux : aussi 
ferons-nous dorénavant tous nos efforts pour qu'il s'écoule 
le moins de temps possible entre le moment où les maté- 
riaux nous seront remis et celui où ils seront livrés à Ja 
publicité. 


C'est aussi pour atteindre ce résultat que, dès à présent, 
nous invitons avec instance ceux de nos collaborateurs 
qui se proposent de nous donner des articles, ainsi que 
ceux de nos souscripteurs qui auraient des communica- 
tions à nous faire, à nous adresser leur manuscrit assez 
tôt pour que le travail soit compris dans l'un de nos pre- 
iniers cahiers. 


Nous espérons pouvoir donner le second numéro du 
journal dans le courant du mois d'avril. 


S. Perir. 


15 Avril 1850. 


VAR OMENNAR LE LEA LE LS VE LEVE LE ARR LAS LE ARLES LELS PEL LOUE ELLE LI AA LUI VELS ALL LE SARUS LU LR 


Méuoire sur le genre Acréon d'Oken, par M. Souever. 


(Suite). 


4° ORGANES DE LA GÉNÉRATION. — L'appareil repro- 
ducteur est très compliqué dans l’Actéon et s'éloigne, 
par sa disposition, des formes observées jusqu'à pré- 
sent dans les divers types de la classe des Gastéropodes; 
M. Almann nous paraît être encore le seul qui ait bien 
reconnu quelques-unes de ses parties. 

Cet appareil accupe presque tout le corps de l'animal 
et se trouve recouvert de toutes parts par les ramifications 
hépatiques qu'il faut enlever pour le mettre à découvert ; 
il réunit les deux sexes comme dans bgaucoup d'autres 
Mollusques. 

L'ovaire est constitué par un grand nombre de petits 
corps arrondis, vésiculeux, disposés de manière à former, 
de chaque côté de la ligne médiane, une grappe ayant 
tout à fait l'apparence d'une grappe de raisin. Les deux 
oviductes qui partent de ces grappes se réunissent bien- 
tôt en un seul oviducte qui, après avoir traversé un corps 
ovoïde ou réniforme, se renfle d'une manière considéra- 
ble pour former le second oviducte que l'on désigne gé- 
néralement sous le nom de matrice. Celle-ci est peloton- 
née, comme d'ordinaire, en une masse globuleuse qui 
remplit, avec le tube digestif, presque toute sl portion 


LL OUR 


cervicale du corps de l'animal, et, après avoir reçu le ca- 
nal de cette vésicule à long col qui est connue sous les 
noms de vésicule de la pourpre, vésicule copulatri- 
ce, etc. (1), elle s'ouvre à l'extérieur, du côté droit, à la 
position que nous avons déjà indiquée. 

Nous considérons la portion de l'appareil reproducteur 
que nous venons de décrire, comme ja partie femelle, d'a- 
près l'examen microscopique qui démontre d'une manière 
manifeste la présence des œufs dans les petits corps glo- 
buleux disposés en grappes, et d’après l’analogie qu’of- 
frent les conduits que nous avons décrits comme l’ovi- 
ducte et la matrice, avec ces parties de l'appareil générateur 
dans les autres Gastéropodes. 

M. Almann a bien vu les petits corps vésiculeux de 
l’ovaire et même les œufs qui sont contenus dans leur in- 
térieur, mais il n'a pas saisi leurs relations avec l'ovi- 
ducte qu'il a cependant figuré d’une manière exacte, ainsi 
que le renflement ovoïde que cet oviducte traverse sur 
son trajet. Cet anatomiste a vu aussi la masse globuleuse 
formée par la matrice qu'il a moins bien représentée et 
qu’il a considérée à tort comme le testicule ; la conforma- 
tion de cette partie, sa structure ét ses connexions avec 
la vésicule à loñg col (2), que M. Almann a pourtant 
bien figurée aussi, ne peuvent laisser dans le doute sur 
sa nature et sur son véritable rôle. 

La partie mâle est formée postérieurement, comme la 
précédente, de deux portions semblables situées de cha- 


(4) Voir, pour les fonctions de cet organe, l’article de M. Gratiolet, 
contenu dans ce N° du Journal de Conchyliologie. 

(2) La partie renflée de l’oviducte dans laquelle les œufs s’accumulent 
et séjournent avant la ponte, et que l’on désigne pour cela sous le nom de 
matrice, se reconnaît en effet assez facilement, dans la plupart des Mollus- 
ques hermapbhrodites, aux circonvolutions qu’elle forme ordinairement, à 
ses parois comme gélatineuses qui se gonflent et se boursouflent dans 


l’eau, enfin à la présence de la vésicule à long col qui s’y abouche tou- 
jours, non loin de son orifice. 


se got < 


que côté de la ligne médiane et offrant l'aspect de cœ- 
eums qui se ramifient dans les expansions latérales du 
corps de l'animal. Ces cœcums, dont les paroïs sont épais- 
ses, blanchâtres, et qui sont parcourus par un canal ca- 
pillaire à leur centre, aboutissent, des deux côtés, à un 
conduit déférent qui, après avoir communiqué avec l'o- 
viducte, vers le point où celui-ci se continue avec la ma- 
trice, se dirige en avant, en décrivant quelques flexuosi- 
tés, pour se rendre jusqu’à la verge. 

Ce dernier organe, placé à l'extrémité antérieure de 
l'animal, du côté droit, a la forme d’un cône creux, re- 
courbé, dont l'axe est occupé par le conduit déférent qui 
va souvrir à son extrémité et qui offre un petit renile- 
ment ovoïde au niveau de sa base; quelques faisceaux 
musculaires très déliés servent à le retirer dans la cavité 
du corps ou à le faire saiïllir au dehors, par l'orifice que 
nous avons indiqué et qui se trouve à la base du tentacule. 

Nous regardons les cœcums ramifiés comme l'organe 
sécréteur mâle, d’après les connexions du conduit excré- 
teur qui naît de ces cœcums avec la verge et d’après l’exa- 
men microscopique de leur tissu qui nous a montré d’une 
manière non douteuse les capsules dans lesquelles se dé- 
veloppent les zoospermes (1). 

Outre les parties que nous venons de décrire, le sys- 
tème reproducteur de l'Actéon se compose encore d’un 
autre petit appareil qui offre quelque analogie avec l'o- 
vaire et qui est constitué en effet par un grand nombre de 
vésicules extrêmement petites, attachées par un court pé- 
dicule à un conduit central dont les divisions et subdivi- 
sions accompagnent rigoureusement les ramifications de 
la partie mâle. Lorsqu'on examine avec soin ces dernières 


(4) Nous n'avons pu faire cet examen que sur des individus conservés 
depuis assez longtemps dans l’alcool ; pour bien constater la présence 
des z0ospermes dans ces organes, il serait nécessaire d'examiner des iudi- 
vidus frais et recueillis à l’époque de leur reproduction. 


— 109 — 


ramifications, on voit ramper à leur surface celles du petit 
appareil dont nous parlons, ce qui peut faire confondre 
d’abord ces deux parties, comme l'erreur en a été commise 
par M. Almann ; mais on peut assez facilement les séparer 
et s'assurer ainsi qu'elles sont tout à fait indépendantes 
l’une de l’autre, comme le montrent nos figures. Ce nou- 
vel appareil forme donc aussi, sur les côtés de la ligne 
médiane, deux espèces de grappes dont les branches très 
grêles sont partout accolées aux ramifications de la partie 
mâle qu'elles accompagnent dans leur distribution, et 
aboutissent également en avant à un canal excréteur uni- 
que qui longe le conduit déférent et qui nous a paru s'ou- 
vrir dans | oviducte. 

Nous avons cherché, comme pour les autres parties de 
l'appareil générateur, à déterminer les fonctions de cet 
organe en examinant au microscope les petites vésicules 
qui le constituent et les conduits dans lesquels ces vési- 
cules versent leur produit; mais nous n'avons jamais 
trouvé qu'une matière semi-fluide, contenant des globu- 
les qui ne ressemblaient ni aux ovules ni aux cellules 
spermatiques, ce qui nous porte à le considérer comme 
un organe sécréteur particulier, annexé à l’appareil re- 
producteur et probablement à la partie femelle de cet ap- 
pareil, d’après ses connexions avec l'oviducte. 

M. Almann a bien figuré la verge, le canal déférent et 
la communication de ce canal avec la fin de l'oviducte (1); 
mais il n'a pu suivre ce même canal au-delà de sa bifur- 
ation postérieure et n'a pas vu par conséquent ses con- 
nexions avec les cœcums ramifiés de la partie mâle, qu'il 
a confondus, comme nous l'avons déjà dit, avec le petit 


appareil sécréleur que nous venons de décrire et avec les 
corps vésiculeux de l'ovaire. 


(1) Nous n’avons jamais rencontré, sur le trajet de l’oviducte, le petit 
renflement qui setrouverait au point où se fait cette communication, d’a- 
près la figure donnée par M. Almann. 


— O1 — 


5° SxsTÈME MUSCULAIRE. — Ce système est fort peu dé- 
veloppé dans les Actéons qui diflèrent surtout des autres 
Gastéropodes par l'absence de ce disque musculaire qui 
constitue le pied chez ces derniers, ainsi que nous l’a- 
vons déjà fait remarquer en parlant des caractères exté- 
rieurs de ces Mollusques ; cette partie n'est plus repré- 
sentée que par quelques faisceaux musculaires qui, de 
l'extrémité antérieure de l'animal, se prolongent jusqu'à 
sa partie postérieure, et par une couche très fine de fibres 
transverses qui doublent l'enveloppe extérieure. 

Le système musculaire de l'Actéon comprend encore, 
comme d'ordinaire, les petits faisceaux qui servent aux 
mouvements de la masse buccale et de la verge. 


6° OrGaANEs pes sens. — Nous avons déjà parlé, dans 
la description extérieure de l'animal, des organes spé- 
ciaux du toucher, c’est à dire des tentacules, et nousavons 
indiqué leur position ainsi que leur forme qui est peut- 
être un peu variable suivant les espèces. Ges organes ne 
sont pas rétractiles comme dans la plupart des Mollusques 
pulmonés, mais ils paraissent jouir d’une assez grande 
contractilité, 

Les yeux, placés en arrière des tentacules, se présen- 
tent sous l'aspect de points noirs, entourés d’un cercle 
blanchâtre. Lorsqu'on détache ces organes et qu'on les 
examine à un grossissement. convenable, on voit qu'ils 
sont formés par une capsule transparente dans laquelle 
on distingue un cristallin sphérique, comme enchässé 
dans une petite masse de pigment noiïrâtre qui se trouve 
placée en arrière, et dans laquelle on voit pénétrer le nerf 
optique; nous n'avons pu bien voir la disposition de ce 
nerf à sa terminaison, au centre de la masse pigmen- 
taire. 

Les organes particuliers dont nous avons Îles premiers, 
M. Eydoux et moi, signalé l'existence dans les Mollus- 


— 108 =— 


ques gastéropodes (1), qui ont été décrits depuis avec 
beaucoup de précision, surtout par M. Siebold, dans un 
grand nombre de ces animaux et que l’on considère gé- 
néralement aujcurd'hui comme des organes d’audition 
rudimentaires, existent chez l’Actéon comme ils parais- 
sent exister du reste dans tous les Mollusques, même les 
acéphalés. Ils sont constitués par une petite capsule trans- 
parente, unie par un cordon de communication avec les 
ganglions cérébraux et contenant un nucléus également 
transparent et solide. 

Nous n'avons rien à dire des organes du goût et de l’ol- 
faction, dont on ne connaît pas encore exactement le siége 
dans les animaux du type des Mollusques. 


7° SysTÈME NERVEUX. — Le collier nerveux, situé en 
arrière de la masse buccale, se compose de sept gan- 
glions groupés autour de l’œsophage. 

Deux de ces ganglions, les ganglions cérébraux , pla- 
cés au-dessus de l’æsophage et accolés sur la ligne mé- 
diane, fournissent, comme dans les autres Mollusques, 
plusieurs paires de nerfs qui se rendent aux yeux, aux 
tentacules, aux capsules auditives, aux lèvres et à la 
bouche. Ces derniers nerfs, c'est-à-dire les nerfs buc- 
caux , aboutissent à deux petils ganglions sphériques qui 
sont situés à l’origine et sur les côtés de l'œsophage et qui 
se trouvent réunis par une très fine commissure; de la 
partie antérieure de ces ganglions naissent plusieurs filets 
qui se distribuent à la langue et aux parois buccales, et de 
leur partie postérieure partent deux autres filets récur- 
rents qui accompagnent l'œsophage jusqu’à l'estomac, où 
ils aboutissent à deux ganglions analogues fournissant 
d’autres filets nerveux destinés à ce viscère. 

En dessous des ganglions cérébraux se trouvent pla- 


(1) Annales françaises et étrangères d’anatomie et de physiologie, Tom. Il, 
P : 805. 


LOS E 


cés deux autres ganolions tout à fait semblables pour la 
forme et pour le volume; ces ganglions sont également 
réunis sur la ligne médiane par une commissure très 
courte, et ils sont en outre unis supérieurement avec les 
ganglions cérébraux de manière à circonscrire, avec ces 
derniers, l'ouverture qui est traversée par l’œsophage; ils 
fournissent deux paires de nerfs qui se rendent au pied 
ou à la partie de l'enveloppe extérieure qui représente 
cette partie. 

Les trois autres ganglions qui entrent dans la compo- 
sition du collier, placés en arrière des précédents, sont 
beaucoup moins volumineux et ne sont plus dispo- 
sés d'une manière aussi parfaitement symétrique. Deux 
de ces ganglions sont latéraux; le troisième est inférieur 
et médian. Des commissures très courtes paraissent les 
unir entr eux et aux deux paires de ganglions précédem- 
ment décrits; les nerfs qui en partent paraissent se ren- 
dre exclusivement aux organes de la respiration, à ceux 
de la génération et aux autres viscères. 


IV°. — HisToirE NATURELLE. 


Les Actéons vivent sur les bords de la mer, dans les 
lieux abrités et tranquilles; on les trouve ordinairement 
au milieu des plantes marines sur lesquelles ils rampent, 
et quelquefois aussi, d’après les observations de Risso et 
de Bosc, sous les pierres et sur les fonds vaseux; mais ces 
différences dans l'habitation ne tiennent peut-être qu’à 
quelque circonstance particulière, telle que l’accouple- 
ment ou la ponte des œufs. 

M. Leroy de Méricourt, qui a bien voulu nous trans- 
mettre les observations qu'il a recueillies sur les Actéons, 
aux environs de Brest, nous a dit avoir toujours cherché 
inutilement ces Mollusques sur la côte, pendant les ma- 
rées ordinaires, tandis qu’il les trouvait, au contraire, en 
grande quantité dans certaines localités que la mer laisse 


— 104 — 


à découvert dans les grandes marées, et où se trouvent en 
même temps des plantes marines, Ainsi, M. Leroy de 
Méricourt les a surtout rencontrés sur le banc de St-Marc, 
qui est ordinairement couvert par la mer, et où croît en 
abondance le genre Spongodium. M. Almann dit aussi, 
dans son mémoire, avoir recueilli un grand nombre de ces 
Mollusques, en draguant surles plantes marines du genre 
Zostera, qui poussent dans les havres de Glandore, de 
Castletownsend, etc. 

Les observateurs ne sont pas d'accord sur l’époque de 
l’année à laqueile les Actéons se montrent sur les rivages. 
M. Cantraine dit ne les avoir trouvés que pendant l'hi- 
ver, depuis la fin de novembre jusqu'au mois de mars ; 
d'après Risso, ils n'apparaîtraient qu'en mars et avril; 
M. Delle-Chiaje ne les a également rencontrés qu'au 
printemps; M. Almann les a recueillis en août et en sep- 
tembre; M. Leroy de Méricourt les a trouvés en grande 
quantité, aux environs de Brest, pendant les mois de juin 
et de juillet, et ils sont devenus ensuite de plus en plus 
rares dans les mois d'août et de septembre; enfin, d’après 
M. Vérany, ils se montreraient quelquefois pendant toute 
l'année. L'apparition de ces Mollusques sur les rivages 
coïncide probablement, comme on l'a observé pour d’au- 
tres Gastéropodes nus, avec l'époque de leur reproduc- 
tion , ce qui pourrait expliquer peut-être les différences 
que nous venons de signaler. L'on peut remarquer, en 
effet, que cette apparition a lieu, d’après les observations 
précédemment citées, à une époque d'autant plus avancée 
de l’année que les lieux où ces observations ont été fai- 
tes sont plus rapprochés du nord et que la température y 
est par conséquent moins élevée. 

Les Actéons vivent ordinairement en groupes plus ou 
moins nombreux et, pour ainsi dire, en familles : M. Le- 


roy de Méricourt en a trouvé quelquefois jusqu'à vingt 
sur la mêine plante. 


— 105 — 


Ces Mollusques rampent très lentement sur les plantes 
qu'ils habitent, quelquefois en étalant les expansions la- 
térales de leur corps , mais le plus souvent en relevant 
verticalement celles-ci qui forment alors une double crête 
sur le dos, comme chez les Aplysies. Si l’on vient à les 
toucher ou à les inquiéter, ils se contractent en rentrant 
presque entièrement leur tête sous le manteau, comme l’a 
observé notre ami M. Richaud, et ils donnent ainsi à 
leur corps une forme presque globuleuse. 

Tous les naturalistes qui ont étudié les mœurs et les 
habitudes des Actéons ont aussi remarqué que ces Mol- 
lusques aimaient à se tenir à la surface de l’eau, dans une 
position renversée, à la manière de quelques autres Gas- 
téropodes , et surtout des Pulmonés fluviatiles ; la forme 
dilatée de leur corps et l'appareil aérien qui recouvre sa 
face dorsale leur permettent sans doute de se maintenir 
longtemps et sans eflorts dans cette position. 

M. de Quatrefages dit avoir vu souvent les Actéons na- 
ger et glisser pour ainsi dire dans l’eau, sans mouvement 
apparent, à la manière des Pianaires , ce que ce natura- 
liste explique par l’action des cils vibratiles qui tapis- 
sent la surface de leur corps; mais si nous ne pouvons 
révoquer en doute le fait que M. de Quatrefages dit avoir 
observé, nous croyons fort contestable l'explication qu'il 
en a donnée. 

Les Actéons sont phytophages comme le sont en général 
les Mollusques pulmonés ; M. Delle Chiaje les a vus faire 
leur nourriture de l'Ulva porphyria et de l'Ulva intesti- 
nalis ; M. Vérany, de l'épiderme de la Conferva linum ; 
M. Leroy de Méricourt, du Spongodium bursa et du Spon- 
godium adhærens. D'après ces observations, ces Mol- 
Jusques paraïtraient se nourrir exclusivement des plantes 
marines parmi lesquelles ils vivent. Leur cavité buccale 
étant dépourvue de dents tranchantes, comme dans les 
autres Mollusques phytophages, il faut croire que les Ac- 


= 1406 = 


téons se servent, pour déchirer les substances végétales 
qui leur servent d’aliment, des crochets cornés dont leur 
langue est armée. 

M. Vérany s'est assuré que les Actéons ne produisent 
point la liqueur pourprée qu'émettent les Aplysies, con- 
trairement à ce qu'ont avancé Rang et Férussac (1) d’a- 
près l’idée, sans doute, que l'organisation des Actéons 
était semblable à celle de ces derniers Moilusques. 

L'accouplement des Actéons a été observé par M. Vogt; 
d’après la description que ce naturaliste en a donnée, il 
ressemblerait beaucoup à celui des Limaces (2). 

Les observations de MM. Vérany, Almann, Vogt, 
ont bien fait connaître la forme sous laquelle ces Mol- 
lusques déposent le produit de la génération ou leurs 
œufs au dehors. Ces œufs, enveloppés par une subs- 
tance albumineuse blanchâtre et un peu moins compacte 
que dans les Aplysies, d'après M. Vérany à qui nous 
empruntons surtout les détails que nous donnons ici, 
sont disposés en cordons de 40 à 50 millimètres de lon- 
gueur et de 1 millimètre et demi de diamètre; ces cordons 
sont enroulés en spirales régulières de quatre à cinq tours 
et forment ainsi des disques qui ont de 5 à 6 lignes de 
diamètre. On trouve un grand nombre de ces disques sur 
les feuilles des plantes marines qui servent d'habitation 
aux Actéons, et l'on a vu ces Mollusques les déposer sur 
les parois des vases dans lesquels on les tenait enfermés, 
comme M. Almann en rapporte l'observation dans son 
mémoire. 

D'après M. Vérany, les œufs des Actéons ne contien- 
draient ordinairement qu'un vitellus; mais cependant ce 
naturaliste dit en avoir vu aussi dans lesquels se trouvaient 


(1) Voir la Monographie des Aplysiens, par Rang, p. 80. — Voir le Dict. 
classique d’Hist. natur., art. Actéon, par Férussac, Tom. I, p. 105. 

(2) Mémoire sur le développement de l’Actéon : Annales des Scienees 
naturelles, Tom. VI de la 3° série, pag. 18. 


—"107 — 


plusieurs vitellus, comme dans les œufs des Aplysies. 

Le développement de ces œufs paraît se faire d’une ma- 
nière assez rapide, car M. Almann a vu les jeunes Ac- 
téons s’en échapper six jours après la ponte. 

L'embryologie de l’Actéon a fait le sujet des recherches 
de l’auteur que nous venons de citer, et plus récemment 
de celles de M Vogt (1); ces deux observateurs ont cons- 
taté le fait curieux, déjà signalé par M. Vérany et con- 
forine à ce qu’avaient vu chez les Doris, les Tritonies, les 
Aplysies, etc. MM. Sars et Van Beneden, savoir que ces 
Mollusques sont, dans le premier âge, contenus dans 
une coquille nautiloïde et operculée. 

Le genre Actéon paraît répandu dans presque toutes 
les mers; on le rencontre en effet sur plusieurs points du 
littoral de la Méditerranée, sur les côtes de la Bretagne et 
de la Manche, sur celles de l'Angleterre. Comme nous 
l'avons vu précédemment, Bosc l’a trouvé dans la baie de 
Charleston, dans l'Amérique septentrionale, et MM. Quoy 
et Gaimard en ont fait connaître une espèce recueillie dans 
la rade de Sidney, au port Jackson. Il est probable que 
des recherches attentives feront constater l'existence de 
ces Moliusques dans d’autres points, car MM. Quoy et 
Gaimard ont aussi rencontré dans les iles de l'Océanie, à 
Tonga-T'abou, le genre Placobranche qu'avait découvert 
aux îles de la Sonde Van-Hasselt, et qui nous paraît très 
voisin des Actéons, s’il ne doit même être réuni à ce der- 
nier genre, 


Vo. — CLASSIFICATION. 


Les zoologistes ont classé très diversement l'Actéon, 
suivant l'idée qu'ils se sont faite de l'organisation de ce 
Mollusque : c’est ainsi qu’on l’a rapproché successivement 


(1) Voir les Annales des Sciences naturelles, Tom. VI de la 3° série, 
pP. 5. 


— 108 — 


des Aplysiens, des Pulmonés, des Placobranches, des Nu- 
dibranches et même des Planariées. 

M. Almann s'est rangé à l'opinion de M. de Quatre- 
fages qui a placé les Actéons auprès des Eolides, en se 
basant sur l’analogie qu'il a cru reconnaître dans les prin- 
cipaux caractères anatomiques de ces deux genres de 
Mollusques. Cette opinion serait très fondée en eflet, si, 
comme l’a cru M. Almann, les ramifications qui recou- 
vrent supérieurement les expansions latérales du corps de 
l’Actéon étaient des ramifications vasculaires branchiales, 
ce qui rendrait parfaitement exact l’ingénieux rapproche- 
ment établi par cet anatomiste entre ces expansions folia- 
cées, dans lesquelles pénètrent les ramifications hépati- 
ques, et les papilles branchiales des Eolides. Mais nous 
avons vu qu'il n'en est pas ainsi : M. Almann s'est mépris 
sur Ja nature de ces ramifications et, par suite, sur celle 
le l'appareil respiratoire de l'Actéon, ce qui doit faire as- 
signer d’autres affinités à ce Mollusque. 

Si nous accordons à ce dernier appareil l'importance 
qui lui a été donnée par tous les classificateurs, puisque les 
Gastéropodes ont été généralement distribués d’après la 
forme et la disposition des organes respiratoires, nous de- 
vons placer l'Actéon parmi les Mollusques pulmonés et 
nous nous trouvons ainsi conduit à le rapprocher, comine 
l'a fait Oken, de lOnchidie et en même temps des Pul- 
monés fluviatiles, auxquels il ressemble encore plus par 
les mœurs. 

Cependant les Actéons tiennent aussi aux Nudibran- 
ches par quelques-uns de leurs caractères anatomiques et 
par les métamorphoses qu'ils subissent dans le premier 
âge; nous avons vu, en effet, que le foie offrait chez ces 
Mollusques, la disposition remarquable qu'il présente 
dans tous les Eolidiens et qui paraît exister également, 
d’après les belles observations de MAL. Alder et Hancock, 
dans certaines espèces de l’ancien genre Tritonie; l'appa- 


— 109% — 


reil générateur, auquel les malacologistes ont encore ac- 
cordé une grande importance dans les classifications, est 
tout à fait semblable, comme nous le ferons voir dans 
un autre travail, à celui des Calliopées qui s'unissent aux 
Eolides par plusieurs points de leur organisation; enfin 
nous avons cité les observations de MM. Vérany, Almann 
et Vogt qui ont constaté que les Actéons, comme les Do- 
ris, les Tritonies, les Eolides, etc., sont contenus, à leur 
sortie de l'œuf, dans une coquille nautiliforme et oper- 
culée. 

D'après ces considérations, les Actéons nous semblent 
devoir constituer une famille intermédiaire aux pulmonés 
fluviatiles et marins et au groupe des Nudibranches dans 
lequel on range aujourd'hui les Eolides, les Glaucus, les 
Tergipes, etc ; la transition des Actéons à ces derniers se 
ferait, d'après ce que nous avons dit ci-dessus, par les 
Calliopées. 

Nous partageons entièrement l'opinion des malacolo- 
gistes qui ont rapproché le genre Placobranche de Van- 
Hasselt du genre Actéon, et nous pensons aussi que ces 
deux genres doivent être réunis dans une même famille; 
nous sommes même très porté à croire, d’après les ren- 
seignements qu'ont donnés sur les Placobranches MM. 
Quoy et Gaimard, dans la zoologie du voyage de l_1stro- 
labe (1), que ces Mollusques devront être confondus peut- 
être dans un même genre avec les Actéons. 


VI°. — Esrèces. 


Nous avons, dans la description extérieure que ncus 
avons donnée de l'Actéon, suffisamment indiqué les ca- 
raclères zoologiques qui peuvent servir à caractériser ce 
genre (2). Il nous reste, pour compléter son histoire, à 


(4) Voir cet ouvrage, Tom. II, p. 319. 


(2) M. Vérany est le seul zoologiste qui nous paraisse avoir donné d’une 
manière exacte ces caractères. 


— 110 —- 


dire quelques mots des espèces qui ont été proposées ou 
décrites, et des caractères sur lesquels la distinction de 
ces espèces nous paraît devoir être établie. 

Parmi ces caractères, celui qui nous semble devoir 
servir surtout à la spécification, se trouve dans la forme 
du corps de ces Mollusques : les Actéons présentent en 
effet, sous ce rapport, des différences assez tranchées. 

Dans les uns, les expansions latérales, larges en avant, 
vont ensuite en se rétrécissant jusqu'à l'extrémité posté- 
rieure , ce qui donne au corps de ces Actéons une forme 
oi : c'est la forme qu'offre l'espèce que nous avons 
figurée et que nous croyons être la même que celle qui a 
servi aux observations de Montagu, de MM. Delle- 
Chiaje et Cantraine, d’après les dessins qui en ont été 
donnés par ces naturalistes. Cette espèce paraît apparte- 
nir surtout à la Méditerranée (1). 

Dans d’autres, ces expansions offrent leur plus grande 
largeur à la partie moyenne et vont ensuite en se rétré- 
cissant en avant et en arrière, de manière à représenter 
un losange tronqué à sa partie antérieure qui se continue 
avec la tête, et dont les angles latéraux sont plus ou 
moins arrondis. Nous avons trouvé cette forme sur tous 
les individus provenant des côtes de la Bretagne et nous 
la considérons comme appartenant à une espèce distincte 
de la précédente, avec laquelle elle nous paraît avoir été 
confondue par M. Almann. Cette espèce se distinguerait 
aussi par sa taille plus petite, car les plus grands indivi- 
dus observés par M. Almann et par nous n'ont jamais 
présenté plus de 15 à 16 millimètres, tandis que la taille 
de l'espèce précédente est ordinairement de 2 à 3 centi- 
mètres. Elle habite les côtes de la Bretagne, de la Man- 
che et celles d'Angleterre; mais elle paraît appartenir 
aussi à la Méditerranée, d'après la figure que Risso a don- 


(1) Nous ne savons sur quoi s’est fondé M. Cantraine pour dire que 
l'individu figuré par Montagu provenait de la Méditerranée. 


— 11 — 


née de son Ælysie timide, et c'est par conséquent sous 
cette dénomination spécifique qu'il faudrait la désigner. 

La figure que Bosc a donnée de son Æplysie verte nous 
semble présenter une troisième forme différente des deux 
précédentes. Sur l'individu représenté par cette figure, 
les expansions latérales ne paraissent avoir ni la forme 
lancéolée , ni la forme losangique que nous venons d'in- 
diquer, mais ces expansions représenteraient un ovale 
allongé, un peu acuminé à sa partie postérieure. On peut 
donc le considérer comme constituant une troisième es- 
pèce qui se distingue en outre d'une manière tranchée 
par la forme de la tête; Férussac a déjà établi cette es- 
pèce qu'il a désignée sous le nom d’Aplysiforme (1) : nous 
avons dit que Bosc l’avait rencontrée dans la baie de 
Charleston, sur les côtes de l'Amérique septentrionale. 
Sa taille ne dépasserait pas 2 centimètres. 

Enfin , l'espèce vroposée par MM. Quoy et Gaimard 
sous le nom d’Æctéon austral nous paraît également diffé- 
rer des précédentes, par la manière dont les expansions 
latérales se prolongent sur la portion cervicale, ainsi 
que par la forme et la longueur des tentacules. Cette es- 
pèce, trouvée au port Jackson, aurait à peine un centimé- 
tre de longueur. 


On a encore établi quelques espèces d'après la colora- 
tion. Les Actéons offrent généralement une couleur verte 
qui est due, comme nous l'avons déjà fait remarquer, aux 
ramifications hépatiques qui doublent partout l'enveloppe 
extérieure; cette couleur est nuancée dans la plupart de 
ces Mollusques par des taches bleues , roses, etc., ou par 
de petites bandes d'un rouge pourpre, violacées ou noi- 
râtres; mais ces particularités de coloration , très varia- 
bles, ne nous paraissant pas offrir assez d’isportance pour 
qu’on puisse les faire servir à des distinctions spécifiques. 


(4) Dict. classique d’Hist. nat., art. Acræon, Tom. I, p. 105. 


— 112 — 


Nous n'admettons donc pas les espèces qui ont été pro- 
posées, d'après ce caractère, par MM. de Quatrefages et 
Cantraine. 

Les espèces du genre Actéon se réduiraient donc, jus- 
qu'à présent, aux quatre espèces que nous avons indi- 
quées (1). 


Explication des planches. 
Plefe 


Fig. 1. — L'Actéon vu par-dessus, les expansions laté- 
rales du corps relevées. — à, orifice de l’anus. 

Fig. 2. — Le même, vu par-dessous ou par le pied. 

Fig. 3. — Le même, vu par le côté droit. — a, orifice 
de l'anus; 0, orifice de la matrice ou par lequel sortent 
les œufs; v’, orifice de la verge. (Dans ces trois figures, 
l'Actéon est grossi deux fois). 

Fig. 4. — Actéon grossi plusieurs fois, les expansions 
latérales du corps abaissées pour montrer la poche pul- 
monaire et les canaux ramifiés qui en partent. La poche 
pulmonaire est ouverte dans presque toute son étendue, 
de manière à faire voir les orifices de ces canaux dans sa 
cavité. Deux de ces canaux, ceux qui se distribuent à la 
partie postérieure du corps, sont aussi ouverts à leur ori- 
gine pour montrer leur communication avec la poche. 

En avant de la poche pulmonaire, la peau a été incisée 
sur la ligne médiane, jusqu à l'extrémité antérieure de 
l’animal. Cette coupe de la peau met à découvert, d’ar- 
rière en avant, le cœur renfermé dans son péricarde qui 
a été aussi ouvert; l'aorte qui en part et qui va se rendre 


(1) Nous croyons, avec M. Gantraine, qu’il faudra substituer le nom 
d’Elysie proposé par Risso à celui d’Actéon donné par Ocken à ce genre, 
parce que cette dernière dénomination est postérieure à celle de Risso et 
qu’elle offre en outre l’inconvénient d’avoir été appliquée par Montfort à 
un autre genre de Mollusques, celui auquel Lamarck a donné depuis le 
mom de Tornatelle. : 


— 113 — 


à la masse buccale, en traversant le collier nerveux ; ce 
collier nerveux et les nerfs qui en partent; l'intestin, qui 
s'en échappe en dessous et se dirige ensuite en arrière 
pour venir s'ouvrir à la position indiquée; en avant du 
collier nerveux, la masse buccale striée transversalement 
et, à sa partie antérieure, les granulations blanchâtres que 
nous avons considérées comme des glandes salivaires. 
Eufin, plus profondément, en dessous de l'intestin et de 
l'aorte, l'on voit les circonvolutions de la matrice et la 
vésicule à long col. 

Les lettres de cette figure indiquent : p’, l'orifice de la 
poche pulmonaire ; a, l'anus; £, l'intestin. 


PL.:46! 


Fig. 1. — Cette figure donne l'aspect de l’animal, lors- 
qu'on a enlevé presque toutes les parties que montre la 
figure précédente, c’est-à-dire la poche pulmonaire, les 
canaux ramifiés qui en partent, la peau à laquelle ils adhè- 
rent, le cœur et l’aorte, l'intestin et le collier nerveux. On 
met ainsi à découvert la couche superficielle du foie qu 
recouvre toutes les autres parties ; cette couche a été en- 
levée ici dans une certaine étendue pour montrer l’appa- 
reil de la génération qui se trouve placé entre cette cou- 
che superficielle du foie et la couche profonde du même 
organe, — 0 , orifice de la matrice; v, la verge, en partie 
saillante au dehors. 

Fig. 2.—Paroi supérieure de la poche pulmonaire, 
détachée par une coupe, pour montrer le réseau vascu- 
laire du poumon, l'oreillette dans laquelle s'abouchent 
ces vaisseaux, et le ventricule qui fait suite à l'oreillette. 
— c, ventricule du cœur . 

Fig. 3. — Animal étalé, d'après un dessin fait sur le 
vivant par M. Vérany. On voit sur cette figure la poche 
pulmonaire, son orifiee, les canaux aériens et le tuber- 
eule de l'anus. 


5 


= HIMÉE = 
PI... :V: 


Fig. 1.— Cette ligure montre le tube digestif en place. 
une couche du foie et les grands canaux biliaires auxquels 
aboutissent toutes les ramifications hépatiques. Ces rami- 
fications se rendent, en avant, dans deux petits troncs 
principaux qui viennent se jeter dans les deux grands ca- 
naux postérieurs, tout près de l'estomac. — e, l'estomac. 

Fig. 2. — Le tube digestif grossi et détaché. On voit 
sur cette figure les ganglions buccaux, les ganglions 
gastriques, et une partie des nerfs qui partent de ces gan- 
glions. 

Fig. 3.— La masse buccale vue par le côté, et une par- 
tie de l’œsophage ; en arrière de l’orifice buccal, on voit 
les granulations blanchâtres qui ont été considérées comme 
des glandes salivaires : nous n'avons jamais vu celles-ci 
constituées par de petites vésicules, comme l'a figuré 
M. Almann. — Î, la saillie formée par la langue, se ter- 
minant en arrière par un petit sac rempli de crochets cor- 
nés semblables à ceux de cet organe. 

Fig. 4. — La masse buccale ouverte, pour montrer sa 
cavité intérieure et la langue. 

Fig. 5. — La langue, vue de côté, avec les crochets 
cornés dont elle est armée. 

Fig. 6. — Les crochets détachés, disposés comme ils le 
sont dans la langue. 

Fig. 7.— Le collier nerveux vu par sa partie posté- 
rieure. 

Fig. 8.— Le même, vu par sa partie antérieure. — 
Dans ces deux figures, les ganglions cérébraux occupent 
la partie supérieure du collier. 


PE VT 


Fig. 1. — L'appareil de la génération entièrement isolé 
de tous les autres organes. Pour qu'il n'y eût pas de con- 


— 115 — 


fusion dans cette figure , nous avons coupé, du côté droit, 
toute la partie droite de l'appareil sécréteur mâle consti- 
tuée par les cæœcums ramifiés, et nous avons également 
enlevé, du côté gauche, la grappe de l'ovaire qui appar- 
tient à ce côté.— d’, l'oviducte; d, renflement ovoïde que 
l’oviducte traverse sur son trajet; m, m, m, la matrice ; 
æx, la vésicule à long col; 0’, l'orifice extérieur de la ma- 
trice ; v, la verge ; @, le canal déférent. 

Fig. 2. — Une partie de l'ovaire grossie. 

Fig. 3. — Une vésicule de l'ovaire considérablement 
grossie, avec les œufs contenus dans son intérieur. 

Fig. 4. — Un des œufs contenus dans les corps vési- 
culeux de l’ovaire, grossi pour montrer sa composition, 
c'est-à-dire le Vitellus, la vésicule de Purkinje et la tache 
de Wagner ou germinative. 

Fig. 5. — Un des cœcums de l'appareil sécréteur mâle 
grossi, pour montrer les ramifications du petit appareil 
sécréteur qui se trouve annexé à ces cœcums et qui est 
représenté détaché sur une partie de la figure. 

Fig. 6. — Capsules spermatiques que l’on trouve dans 
les cœcums, et qui contiennent les cellules granulées dans 
lesquelles se développent les zoospermes. 

Fig. 7. — Quelques-unes de ces cellules grossies. 

Fig. 8. — Une vésicule de l'appareil sécréteur annexé 
aux cæcums de l'organe mâle, grossie pour montrer les 
globules contenus dans son intérieur. 

Fig. 9.— Le cordon des œufs de l'Actéon , grossi deux 
fois. 

Fig. 10. —L'Actéon, dans le premier âge, d'après la 
figure donnée par M. Almann. 


— 116 — 


OBSERVATIONS SUR LES ZOOSPERMES DES [léLicEs ; par M. 
Pierre GRATIOLET. 


6 L. 


On sait aujourd'hui que l'organe en grappe des Gasté- 
ropodes hermaphrodites est à la fois un ovaire etun tes- 
ticule. MM. Wagner et de Siébold ont trouvé, dans la 
même glande génitale, des zoospermes et des ovules; on 
doit à M. Laurent des observations analogues ; j'ai répété 
souvent ces observations qui ne permettent plus le doute. 
Les zoospermes et les œufs paraissent contenus dans les 
mêmes follicules, et ce fait soulève une grande difficulté, 
puisque ces œufs, formés au contact des zoospermes, de- 
meurent néanmoins stériles et réclament, pour se déve- 
lopper, l'influence d’un sperme étranger déposé, pendant 
laccouplement, dans les organes copulateurs. 

M. H. Meckel a essayé de résoudre ce paradoxe. D’a- 
près cet habile anatomiste, la confusion des éléments 
dans l'organe hermaphrodite n’est qu’une apparence. En 
réalité ils sont distincts et séparés. L'illusion dans laquelle 
on était tombé tient à ce fait singulier que le follicule tes- 
ticulaire est contenu dans l'intérieur du follicule ovari- 
que. Cette manière de voir est aujourd'hui généralement 
aeceptée par les meilleurs anatomistes. 

C'est là en effet une manière ingénieuse de voir les 
choses ; mais les faits anatomiques sur lesquels on s’ap- 
puie sont-ils absolument démontrés ? N’a-t-on pas été 
trop loin dans l'interprétation d’un fait peut-être incom- 
plétement observé ? Je ne hasarde cette question qu'avec 
toute la réserve que commande l'habileté bien connue de 
M. Meckel. Mais je ne puis m'empêcher de le dire, après 
de longues recherches, répétées avec obstination, la sépa- 
ration de l'élément mâle et de l'élément femelle, dans l’or- 


Mie 


gane hermaphrodite, demeure à mes yeux un fait extré- 
mement douteux. 

M. Meckel admet que l’ovule, au moment de sa forma- 
tion, est situé hors de la cavité qui contient les zoosper- 
mes : je le reconnais avec lui. Les cellules spermatopho- 
res se développent dans la cavité du cœcum de la glande : 
ce fait encore m'a paru exact ; à cette époque, les zoosper- 
nes et les œufs sont séparés : toutefois, il n’y a point deux 
cæcums invaginés. 

L'œuf, en effet, naît, suivant toutes les apparences, 
d'un follicule temporaire dans l'épaisseur de la paroi du 
cœcuin : c'est une vésicule de Graaf, Avant la déhis- 
cence de cette vésicule, l'œuf est séparé des éléments z00- 
spermiques; mais, après la déhiscence, il tombe dans la 
cavité du cœcum et s'écoule, avec le sperme, par les mé- 
mes conduits. 

L'examen de cette question réclamant absolument l'ap- 
plication du microscope, la préparation des objets qu'on 
étudie est une cause fréquente d'illusions et d'erreurs. On 
ne saurait donc aflirmer qu'avec de grandes précautions. 
Les cæœcums de l'organe en grappe des Hélices sont très 
délicats; les compressions les plus légères amènent sou- 
vent leur déchirure; ceux qui se rapprochent du point 
d'insertion du canal déférent dans la glande conviennent 
mieux en ce qu'il est plus facile de les isoler. 

Quand on a vu les faits dans les /elix, il est bon de 
chercher des confirmations dans l'étude de l'organe en 
grappe des Limaces. La Limace commune de nos caves 
est un sujet d'observation plus facile. Les cœcums, assez 
transparents, sont plus grands et plus résistants que ceux 
des Hélices. J'ai fait tous mes eflorts, pour découvrir sur 
cette espèce les faits qu'annonce M. Meckel, etje n'ai pu y 
réussir. Toutefois, comme des résultats négatifs ne peuvent 
détruire des résultats d'observations, dont un habile au- 
teur accepte la responsabilité, je me bornerai à dire que 


— 118 — 


cette question nest point aussi clairement résolue que 
quelques auteurs l'ont admis. 

Quoi qu'il en soit, dans l'hypothèse même où se placent 
les partisans de l'opinion de M. Meckel, le problème 
subsiste encore. Aucun anatomiste, en effet, n'ignore 
combien est incomplète la séparation de l'utérus et du 
canal déférent dans les Hélices. Fréquemment on rencon- 
tre des filaments zoospermiques dans l'utérus d’indivi- 
dus qui ne se sont point accouplés. Il y à quelques années 
que M. Laurent ma fait voir un œuf de Limax flavus, 
dans l’albumen duquel était englobé un peloton de fila- 
ments zoospermiques. Or ces zoospermes ne pouvaient 
guère provenir d'un accouplement, ainsi que nous le 
verrons tout à l’heure. Or, que le rapport des zoospermes 
el des œufs ait lieu dans l'ovaire, qu'il ait lieu dans l'uté- 
rus, peu importe : ce rapport a lieu nécessairement. Il 
restera donc à expliquer comment les œufs demeurent 
inféconds au contact de l'élément zoospermique. 


$ HE. LS 


Les filaments Z00spermiques des Hélices ont été vus et 
décrits par tant d'observateurs qu'il est inutile d'insister 
sur leur description : ils sont très grêles ; leur longueur 
totale égale, à peu de chose près, 1 millimètre ; une de 
leurs extrémités est terminée en pointe aiguë ; l’autre ex- 
trémité est légèrement renflée ; elle se recourbe un peu et 
se termine en pointe; la longueur de la partie renflée égale 
0" 0065 : cette partie est la tête, ou mieux le corps du 
filament zoospermique. 

Ces filaments diffèrent singulièrement d'avec les z60- 
spermes des animaux supérieurs : il sont en effet à peu prés, 
et peut-être tout à fait immobiles. Toutefois, on peut 
éveiller en eux des mouvements , à l’aide du liquide alca- 
lin qui suinte du tissu de l'animal. L'eau distillée produit 


— 119 — 


le même eflet, si, à l’aide d'un peu de soude ou de potasse 
on la rend légèrement alcaline. Les filaments excités par 
ce liquide s'agitent avec une certaine force , se contour- 
nent en tire-bouchon etse dissolvent. Les acides ne pro- 
duisent rien de semblable. L'eau pure n’a aucune action 
apparente sur eux : ils s'y conservent plusieurs jours sans 
altération. 

L’immobilité singulière de ces filaments organiques 
soulève un soupçon naturel. Ne seraient-ils pas les élé- 
ments d’an sperme encore imparfait et infécond comme 
celui des sujets trop jeunes ou hybrides? Get état ne se- 
rait-il pas l’état primitif d’un zoosperme appelé à se per- 
fectionner ailleurs ? 

Cette question n'a jamais été examinée, et peut-être 
est-elle digne de quelque attention. 


$ I. 


Afin de procéder avec méthode, je me suis proposé de 
résoudre deux questions qui se présentent naturellement 
à l'esprit. 


1'° Question. 


Dans quelle partie de l'appareil générateur femelle le 
sperme est-il déposé pendant l’accouplement ? 


Cette question peut être résolue par induction, d'après 
la considération des organes de la génération. Cuvier 
soupçonnait que ce long canal qui fait suite au vagin et 
se termine par ce renflement qu'il désigne sous le nom 
de vessie, reçoit l'organe mâle, pendant l’accouplement : 
cette détermination a élé formellement acceptée par 
M. Deshayes et mise hors de doute par les observations 
de M. de Siébold et Wagner : la vessie mérite done le 
nom de bourse copulatrice, Jamais les zoospermes éjacu- 


— 120 — 


lés ne sont déposés dans l'utérus, mais toujours dans le 
canal de cette vésicule, quoique à des hauteurs diverses. 
C'est un fait que j'ai vérifié un grand nombre de fois : 
au surplus, c'est là une conséquence nécessaire de l’orga- 
nisation des parties. La question qui vient d’être posée se 
résout donc ainsi : 

Le sperme est déposé, pendant laccouplement, dans une 
vésicule copulatrice. 


2me Question. 
Que devient Le sperme déposé dans la vésicule copulatrice ? 


J'ai dû m'enquérir avec soin des modifications que le 
sperme subit dans la vésicule copulatrice. Les faits qu’on 
découvre ici étaient si peu prévus que je ne puis m’em- 
pêcher d'appeler sur eux toute l'attention des observa- 
teurs. 

J'ai surpris, au moment de l'accouplement un grand 
nombre d'Hélix. Les filaments du sperme déposé dans la 
vésicule étaient immobiles et semblables à tous égards à 
ceux du canal déférent. Au bout d'un nombre de jours 
très variable, suivant l’âge des individus et suivant le 
degré de la température ambiante, on constate des chan- 
gements remarquables : 


1° La partie caudale du filament s'est raccourcie ; 

2° La partie céphalique grandit. 

Ainsi, quinze jours après l’accouplement, les sperma- 
tozoaires du canal déférent et ceux de la vésicule copula- 
trice m'ont présenté les longueurs suivantes, dans leur 
partie céphalique. 

Spermatozoaires du canal déférent : 0", 0065. 
Spermatozoaires de la bourse copulatrice : 0"", 0110. 


Ces résultats sont assez tranchés : la longueur de la tête 
avait presque doublé. Ge n’est pas tout: de l'extrémité 


— 121 — 


amiucie de cette tête se détachait un filament flagelliforme 
d'une extrême finesse. 

Dans cet état, le zoosperme avait perdu son immobi- 
lité primitive et s'agitait avec force ; la tête surtout s’in 
curvait avec vivacité et agitait son filament flagelliforme. 

Ainsi, la queue du zoosperme primitif s'était rac- 
courcie; la tête, au contraire, avait subi un accroissement 
notable. Enfin, le zoosperme présentait des marques d’un 
mouvement non équivoque. 

Gette observaticn est importante, parce quelle établit 
une transition entre l’état primitif et l'état ultime du z00- 
sperme achevé. 

Dans cet état, la queue a complétement disparu. Le 
z00sperme, réduit à sa partie céphalique, se présente sous 
l'apparence d'un ver fusiforme. Le filament flagelliforme 
a grandi. 1] s’est donc opéré une métamorphose singu- 
lière. L'extrémité caudale des filaments zoospermiques 
primitifs ayant disparu , le filament grêle qui pousse de 
l'extrémité opposée devient l'extrémité caudaie du z00- 
sperme parfait. Dans cet état, l’animalcule s’agite avec 
une extrême vivacité, il se contracte en tous sens ; ses 
mouvements rappellent ceux des zoospermes des Buccins, 
et particulièrement du Buccinum nudatum. Le liquide 
dans lequel il s’agite est lactescent. Si l’on ajoute un peu 
d’eau à ce liquide, l'animalcule se contracte, se contourne 
et se dissout rapidement. 

J'ai mesuré avec soin les dimensions du corps de ces 
êtres singuliers. 

La plus grande longueur du corps égale 0", 0200. 

Sa largeur moyenne, dans l’état d’'exten- 

sion, égale 0"®, 0033. 

Je n'ai pu, jusqu'à présent , parvenir à déterminer l'é- 
paisseur et la longueur du filament caudal, à cause de son 
extrême finesse. 

Les observations qui font le sujet de cette note sont 


199 


faciles à vérifier sur les différentes espèces d'Hélices qui 
sont communes aux environs de Paris. Plusieurs des faîts 
que je signale ont été constatés par M. le professeur de 
Blainville, par MM. Deshayes et Laurent. Je crois donc 
pouvoir répondre à la deuxième question qui a été posée : 


Le sperme infécond déposé dans la vésicule copulatrice Y 
subit des modifications, par suite desquelles il acquiert la 
propriété fécondante, et ces modifications consistent essen - 
tiellement dans une métamorphose du z00sperme primilif. 


6 IV. 


Afin de donner à ces interprétations le sceau d’une 
confirmation rigoureuse, j'ai dû étendre mes observations 
à d’autres genres également hermaphrodites. Ces obser- 
vations. qui ne sont point achevées, ne m'ont point 
encore donné des résultats dignes d’être publiés. 

J'ai étudié plusieurs individus du Zimax flavus : le plus 
souvent j'ai trouvé des zoospermes dans la vésicule copu- 
latrice. 

Chez tous ces individus, les zoospermes, comparés à 
ceux du canal déférent, présentaient une diminution no- 
table du filament caudal. Chez quelques-uns, le filament 
caudal avait absolument disparu : mais les têtes isolées 
conservaient leurs caractères primitifs; elles étaient abso- 
lument immobiles; il n’y avait à leur extrémité antérieure 
aucune trace de filament flagelliforme. Ces observations 
n'infirment point les observations précédentes, mais elles 
ne les confirment point dans toutes leurs parties : de nou- 
velles recherches sont donc encore nécessaires. 

Mes observations sur les Lymnées et les Planorbes sont 
également trop incomplètes, pour qu'on en puisse tirer 
parti. 

Ces observations seront continuées avec d'autant plus 
d'attention qu'ici il ne suffit pas de solliciter la nature : il 


108 — 


faut la surprendre, pour ainsi dire, et, le plus souvent, 
attendre du hasard une occasion favorable. 


Ç V. 


Les faits qui viennent d'être signalés jettent, peut-être, 
quelque jour sur le fait inexpliqué de l'existence simulta- 
née de deux espèces de zoospermes, dans le liquide fécon- 
dant de la Paludine vivipare. 

On y rencontre, en effet, à Ja fois : 

1° Des filaments rigides à peine mobiles, à tête con- 
tournée en tire-bouchon, dont l’analogie avec les z00- 
spermes du canal déférent ne peut être méconnue: l’eau 
pure ne les altère en aucune façon. 

2° De longs cylindres dont l'extrémité postérieure porte 
un pinceau de fils très fins. Ces corps singuliers se meu- 
vent avec une extrême vivacité : l'eau pure les tue instan- 
tanément. 

Le sperme de la Paludine a été étudié en 1836 par 
M. deSiébold, qui ne s'explique point sur la nature de 
ces corps; on les cousidère , ici, comme des parasites 
(Ehremherg) ; ailleurs, comme des faisceaux de zoosper- 
mes normaux, ou comme des cellules sperimatophores très 
allongées (Paasch et Kallliker). 

La première opinion ne peut être que bien dificile- 
ment acceptée : l'existence constante de ces éléments est 
un puissant argument contre l’idée de parasitisme. La 
seconde opinion ne peut être soutenue, et je me fonde sur 
les raisons suivantes. 

1° Chez tous les animaux mollusques, comme chez les 
anknaux supérieurs, l’immobilité est le caractère du z00- 
sperme imparfait, le mouvement est le signe du z00- 
sperme achevé; le contraire aurait lieu, dans cette hypo- 
thèse, chez la Paludine vivipare , et cela par une excep- 
tion unique qu'on ne saurait admettre à priort. 


— HDi 


2° Si le zoosperme à tête en tire-bouchon des Paludi- 
nes est l'analooue du filament zoospermique du canal dé- 
férent des Limacinés, il doit se développer de la même 
manière : ce que Ja raison indique , l'observation le dé- 
montre. J'ai vu nettement des faisceaux de zoospermes 
à tête en tire-bouchon contenus dans des vésicules sper- 
matophores pareilles à celles des Hélices. Dans les uns et 
dans les autres, les faits se développent d’une façon paral- 
lle. Ainsi, les éléments mobiles du sperme de la Palu- 
dine vivipare ue peuvent, en aucune façon, être considé- 
rés comme des faisceaux primitifs de zoospermes. 

Je proposerai à mon tour une troisième Rise sui- 
vant celte hypothèse, 

1° Les filaments presque immobiles à tête en tire-bou- 
chon de la Paludine représentent les filaments zoosper- 
miques primitifs du canal déférent des Hélices. 

2° Les zoospermes cylindriques à pinceau terminal des 
Paludines répondent aux zoospermes métamorphosés de 
la vésicule copulatrice des Hélices. 

Cette hypothèse n'est point absolument gratuite. 

Il est certain que, parmi les filaments zoospermiques 
immobiles de la Paludine, les uns sont plus petits et les 
autres plus grands : ceux-ci paraissent représenter un état 
de développement plus avancé. 

Je regarde comme probable que la partie contournée, 
qu ‘on appelle la tête du filament, donne naissance au 
pinceau caudal qui caractérise le zoosperme arrivé à l'état 
parfait. 

Je soumets cette hypothèse à la critique des observa- 
tions qu'intéresse la solution d'un problème, quen- 
toure une obscurité, peut-être à jamais mystérieuse, mais 
qui, pour charmer les regards de l'homme, a la puissance 
des abîmes. 

Je serais heureux, si ces observations, incomplètes en- 
core, engageaient cependant les observateurs à suivre le 


= 195 — 


développement des éléments zoospermiques, chez tous 
les animaux qui ont une vésicule copulatrice. 

Nous avons déjà sur les liquides des testicules et de la 
vésicule copulatrice des Bdellinnes de belles remarques 
de M. Heule. Plus la difficulté de l'observation est grande, 
plus l'intérêt du problème se développe. On ne saurait, à 
cet égard, trop solliciter le zèle des micrographes dont les 
recherches ont déjà fourni tant de bases précieuses à l’in- 
terprétation de la nature (1). 


Nomice sur le genre Gyrricarpe, par M. H. Mirrre, 
chirurgien-major de la marine. 


Le genre Cypricardia, dont les espèces étaient rappor- 
tées, par les anciens auteurs, aux genres Chama et Myti- 
lus, a été créé, comme chacun sait, en 1819, par Lamarck, 
et placé, dans son Aistoire des Animaux sans vertèbres, 
dans la famille des Cardiacées, à côté des Cardites et des 
Bucardes. 

Cuvier, prenant en considération la manière de vivre 
de ces coquilles, et supposant que les animaux qui les ha- 
bitent filent un byssus au moyen duquel ils se fixent aux 
masses madréporiques qu'ils creusent pour s’y établir, 
rangea le genre Cypricarde dans la famille des Mytilacées, 
et, à l'exemple de M. de Blainville , en sépara les espèces 
en deux groupes distincts : les Cypricardes proprement 
dites, comprenant les espèces de forme oblongue, à côtés 
inégaux et à charnière composée de trois dents, et d'une 


(1) Cet article doit être suivi d’une planche qui paraîtra, avec l’explica- 
tion, dans le prochain numéro du Journal. 


—196ÿ— 


dent latérale postérieure sur chaque valve; et les Coral- 
liophages, qui renferment celles qui sont perforantes, et 
dont la coquille est mince, fragile, la dent latérale effacée. 

M. Deshayes, dans ses annotations publiées dans la 
dernière édition de l'ouvrage de Lamarck, et plus récem- 
ment, dans son article Cypricarde du Dictionnaire univer- 
sel d'histoire naturelle, conserve à ce genre les mêmes 
rapports que ceux établis par l’auteur des Animaux sans 
vertèbres, en émettant toutefois des doutes sur leur valeur 
et leur précision. 

La connaissance de l’animal de la Cypricarde datte et 
de la Cyp. angulata, que nous avons eu l’occasion d'exa= 
miner sur les côtes de la Méditerranée et à Madagascar, a 
dissipé notre incertitude au sujet de ce genre d’acéphales, 
et nous permet de lui assigner le rang qu'il doit occuper 
dans la grande série des Conchyfères dimyaires. 

Si, comme nous le pensons, les caractères du manteau, 
qui sont le moins variables et de plus facile observation, 
la disposition de ses lobes unis ou séparés, le défaut ou 
la présence des syphons, sont le guide le plus rationel 
et le plus sûr pour arriver à une division naturelle dans 
cette classe où les modifications organiques sont si nom- 
breuses et si inconstantes, les Cypricardes doivent être 
détachées de la famille des Cardiacées, pour prendre place 
dans celle des Lithophages, à côté des Pétricoles et des 
Vénérupes. 

On pou juger de la valeur de ces RE par 
l'exposé des caractères zoologiques des deux espèces ci- 
dessus mentionnées, et que nous venons de vérifier de 
nouveau sur la Cypricarde coralliophage trouvée vivante 
dans la rade de Toulon. 

« Animal ovalaire aplati, enveloppé dans un manteau 
mince et transparent, dont les lobes, unis dans les trois 
quarts de leur circonférence , offrent trois ouvertures : 
antéro-inférieure destinée au passage de l'organe locomo- 


= 


teur, les deux autres postérieures, plus petites, arrondies, 
et munies de deux syphons; ces syphons contractiles, 
d'égale longueur, et réunis dans toute leur étendue; leur 
orifice extérieur est simple, dépourvu des appendices ci-. 
liés que lon observe dans un grand nombre de Mollus- 
ques acéphalés; à leur base vient s’insérer un petit muscle 
rétracteur, de forme triangulaire et à fibres déliées et 
rayonnantes. 

» Le pied est petit, comprimé sur les côtés, falciforme ; 
la disposition de cet organe exclut toute idée de la pré- 
sence d’un byssus, et, en effet, dans les quatre individus 
qui ont été soumis à notre examen nous n'avons rencontré 
aucun indice de cette conformation. — Les branchies sont 
composées de quatre feuillets inégaux, les extérieurs plus 
étroits que les internes ; les uns et les autres se terminent 
en pointe en arrière et se prolongent jusque dans l’ou- 
verture de la trachée qui les met en rapport avec l'élément 
ambiant. — Enfin la bouche se montre au-dessous du 
muscle adducteur antérieur, sous la forme d’une fente 
transversale, bordée d'un voile membraneux auquel s’in- 
sèrent deux paires de palpes labiaux, larges, aplatis et de 
médiocre étendue. 

» Quant aux caractères de la coquille , ils ont été par- 
faitement appréciés par Lamarck : seulement, nous avons 
noté que, sur plusieurs individus de la Cypricarde datte, 
la dent latérale postérieure manque complétement, et que 
l'impression palléale est fortement sinueuse en arrière. » 
(Voir la pl. VIT, fig. 1 et 2.) 

Il résulte de ces simples faits d'organisation que les 
Cypricardes s’éloignent essentiellement des Cardites et 
des Bucardes par les caractères du manteau dont les 
lobes, chez les Cardites, sont séparés d'une impression 
musculaire à l’autre, et n'offrent en arrière ni ouverture 
ni syphons; tandis que, chez les Bucardes, le manteau ne 
présente dans ce sens que deux perforalions sans indice 


PE 


de trachée. C#s perforations sont bordées d'appendices 
ciliés, et totalement dépourvues de muscle rétracteur. 
Dans quelques espèces, le Cardium subangulatum entr'au- 
tres, il n'existe même qu'un seul orifice dans lequel le 
rectum vient aboutir, et les lobes du manteau, séparés 
dans la plus grande partie de leur circonférence, se réu- 
nissent seulement en arrière pour constituer cette ouver- 
ture exclusivement destinée aux déjections excrémen- 
tielles. Le pied des Bucardes offre d’ailleurs une disposi- 
tion bien différente ; il est long, cylindroïde , coudé dans 
son milieu, traversé par un canal qui s’élargit de la pointe 
à la base, et qui se termine en se ramifiant dans des 
lacunes de la masse viscérale. Ce canal nous paraît être 
un annexe de l'appareil branchial, de sorte que le pied 
de ces Mollusques remplirait à la fois l'office d'organe 
locomoteur, et de trachée aquifère. — Enfin les Cardites 
et les bucardes vivent dans la vase ou le sable vaseux, 
tandis que la plupart des Cypricardes habitent dans l'in- 
térieur des pierres et des masses de coraux qu’ils creu- | 
sent à la manière des Lithophages. 

Les A céphales avec lesquels les Cypricardes ont le plus 
d'affinité sont sans contredit les Saxicaves, les Pétricoles 
et les V’énérupes. 

Ces derniere ont , en effet, le manteau fermé de toutes 
partsetoffrant seulementtrois ouvertures, l'uneinférieure, 
plus grande pour le pied, les autres postérieures plus pe- 
tites, munies de trachées. Chez les Saxicaves et les Pé- 
tricoles, ces trachées sont séparées et fort inégales, linfé- 
rieure plus longue que la supérieure ; un muscle rétrac- 
teur assez fort préside à leurs mouvements. — Dans les 
Vénérupes, les trachées sont tantôt séparées (V’enerupis 
trus) , tantôt unies dans toute leur longueur (#enerupis 
perforans), de manière à constituer un seul tube percé de 
‘deux canaux dont les orifices extérieurs sont couronnés 
d'appendices ciliés : ces appendices manquent le plus 


— 129 — 


souvent, notamment dans la #. irus et la W. lajon- 
kairir. 

Chez les Lithophages, le pied varie beaucoup dans sa 
forme : il est tantôt en languette, tantôt falciforme; mais 
en général il s'éloigne peu de la disposition qu’affecte ce- 
lui des Cypricardes. Néanmoins dans deux espèces de 
Saxicaves, que nous avons observées vivantes, dans la 
rade de Rio-Janeiro, cet organe nous offre une conforma- 
tion singulière : il est petit, rudimentaire en quelque sorte, 
et bilobé à son sommet. De ces deux lobes, l’un est co- 
noïde, pointu, coudé en avant; l’autre cylindrique, dirigé 
en bas, donne attache à un byssus qui sort par un orifice 
formé, dans ce point, par la désunion des lobes du inan- 
teau. — Les appendices buccaux, les branchies, et les 
muscles adducteurs des valves offrent la a:ême disposition 
dans les Petricolées que dans le genre qui nous occupe. 

Enfin, la manière de vivre, et la faculté dont jouissent 
les Cypricardes de creuser les calcaires et les madrépores 
confirment ces rapprochements et rendent plus évidents 
encore les liens de famille qui les unissent aux trois gen- 
res indiqués plus haut. 

En effet, à peu d’exceptions près, les Cypricardes sont 
des coquilles perforantes ; la Cypricarde datte se rencon- 
tre presque toujours dans l'intérieur des pierres calcaires 
qui ont été envahies par la Peétricole ruperelle. — Parmi 
les espèces libres, et qui vivent dans le sable, à la ma- 
nière des Nymphacées tellinaires , nous citerons la Cyp. 
angulata que nous avons trouvée sur le rivage de Nos- 
si-bé, près de Madagascar, et dont l’animal nous a pré- 
senté les mêmes caractères que celui de l'espèce méditer- 
ranéenne., — Le genre Coralliophaga, formé par M. de 
Blainville, pour les espèces perforantes, nous paraît donc 
devoir être supprimé et réuni au genre Cypricardia qu'il 
est utile de conserver, dans la méthode, tel que Lamarck 
l'a établi, en le transportant seulement dans la famille des 

9. 


- fo 


Lithophages où sa place est DUT entre les Pétricoles 
et les F énérupes. 

Il nous reste à examiner les caractères de la coquille 
dont nous devons tenir compte, quoiqu'ils soient pour 
nous d’une importance secondaire. Comme les Wéné- 
rupes et les Pétricoles, les Cypricardes sont des co- 
quilles oblongues, transversales, inéquilatérales , légère- 
ment bâillantes en arrière dans quelques espèces ; les 
trois dents de la charnière sont un peu divergentes, et 

elquefois l’une d'elles avorte dans une valve ou dans 
les deux à la fois. Quant à la dent latérale postérieure que 
présentent les Cypricardes, nous savons que ce moyen 
d'union n’a pas de fixité, et que l'absence ou la présence 
des dents latérales dans les différentes espèces d’un même 
genre n'apporte aucune modification dans les caractères 
essentiels soit de l'animal, soit de la coquille elle-même. 
— Le genre Lucine nous offre un exemple remarquable 
de ce fait. — Enfin, comme les Vénérupes, l'impression 
palléale est sinueuse au côté postérieur, et les impressions 
des muscles adducteurs des valves ne diffèrent en rien, 
par la forme et la disposition, de celles de ce dernier 
genre. 

C'est donc dans la famille des Zithophages de Lamarck, 
et à côté des V’énérupes, que les Cypricardes doivent 
prendre place dans une classification méthodique et fon- 
dée sur les lois de l’organisation. 


PI. VIE, f. 1. Animal de la Cypricardia Corallio- 


phaga. 
Id. f. 2. Forme du pied de ce Mollusque. 


— oh 


Norice sur le genre Néara et sur le S.-G. NeriTina, 


avec le Cararocur synonymique des NÉRITINES, par 
M. C. À. Recluz, 


Le beau genre Nérite, tel qu’on le conçoit maintenant, 
se compose d'espèces variées dans la forme et la colora- 
tion, ainsi que par les habitudes de leurs animaux. 

Ces différences ont tellement influé sur l'homogénéité 
de ce genre, que les espèces en ont été successivement 
groupées ou détachées en genres divers, selon la sagacité 
ou le caprice de ceux qui s'en sont occupés. 

Dans l’histoire rapide que nous allons exposer de cette 
famille, on s’apercevra facilement du rôle qu'ont joué tour 
à tour deux systèmes suivis dans l'étude des sciences d’ob- 
servation, c'est-à-dire l'analyse et la synthèse. En effet, le 
rôle de la synthèse a prédominé, dans l’origine de la clas- 
sification des Nérites, et celui de l'analyse est venu un peu 
plus tard la supplanter pour être remplacé définitivement 
par la première. Il faliait d'abord commencer par rassem- 
bler les races qui avaient entr'elles quelque conformité; 
inais, après avoir posé ces bases préliminaires, des obser- 
vateurs comprirent qu'il importait d'élaguer de ces pre- 
mières associations les races ou espèces qui semblaient ne 
pas devoir rester réunies. Ils analysèrent donc les carac- 
tères acceptés d’abord, afin d'asseoir sur des données plus 
homogènes les espèces qui montraient entr'elles plus 
d’afinité pour en constituer de véritables genres. Toute- 
fois, on ne s'entendit pas de suite sur la nature de ces 
caractères, et bientôt on reconnut la nécessité de trouver 
uu guide plus certain que celui qu'on cherchait dans l'é- 
tude des coquilles : ce guide, on le trouva dans l’ensemble 
de l'organisation de l'animal qui les construit. 

Lister, qu'on regarde à juste titre comme le pére de la 
Conchyliologie, est le fondateur du genre Nérite. C’est 


fi 


dans le 6° chapitre de son Synopsis sive historia.….. intitulé 
de Neritis, qu'on trouve la classification des espèces de 
cette famille qu'il divise en deux grandes sections ; l'une 
comprenant les espèces dentées à la Columelle, l’autre 
destinée aux espèces dépourvues de dents à l’un et à l'au- 
tre bords. La première section est sous-divisée en deux 
autres distinguées en celles qui ont le bord droit denté, 
où le bord simplement uni à l'intérieur. 

Rumpbius, qui vint après Lister, ne suivit pas ce sys- 
tème. Ayant remarqué la forme générale et demi-ronde 
de l'ouverture de certaines coquilles, il se servit de ce 
caractère pour les réunir et pour former un groupe com- 
prenant nos genres Natice et Nérite. 

Gualtiéri rejeta une association aussi hétérogène , et 
distribua ces espèces en trois groupes distincts correspon- 
dant aux Vatices, Nérites et Néritines de Lamark. 

Linné, qui établit les genres sur la forme générale de 
l'ouverture pour les coquilles univalves, ne prit aucun 
souci des différences d'habitation dans la classification des 
vers testacés, et donnant trop d'extension à son système, 
il établit des genres qui ne présentérent, pour la plupart, 
que des groupes dans lesquels se confondaient des espèces 
terrestres, fluviatiles et marines; ses Nérites sont une 
réunion de Natices et de Nérites. Toutefois, il les sépara 
en deux grandes sections sous- génériques : une pour les 
espèces ombiliquées et à ouverture mutique, l'autre ne 
contenant que celles qui, privées d’ombilic, ont des dents 
à l'ouverture : dans ces dernières, il comprit les espèces 
fluviatiles aussi bien que les marines. 

Dans le même temps que Linné, Adanson jetait les 
fondements de la méthode naturelle, en ce sens que, 
comprenant toute l'importance des caractères zoologiques 
dans la classification il fit intervenir à la fois ceux de 
l'animal et de la coquille : il fit le premier connaître l’a- 
nimal des Nérites, qu'il sépara génériquement des Natices. 


— 133 — 


Si Linné procéda par la synthèse à la composition de 
ses genres, Montfort employa l'analyse pour sa classifica- 
tion, et s'exagérant l'importance des moindres particula- 
rités de l'ouverture et des formes extérieures des coquilles, 
il en usa pour démembrer la plupart des genres bien cir- 
conscrits, el pour les subdiviser. C'est ainsi qu'il sépara 
les Nérites en quatre genres : en conservant ce nom aux 
espèces marines à test épais et à ouverture dentée aux 
deux bords ; il répartit les espèces réputées fluviatiles en 
trois groupes : dans l’un, qu'il désigna sous le nom de 
Clithon, 11 plaça certaines espèces, non pas comme on l'a 
dit et répété souvent, parce qu'elles étaient armées d’ap- 
pendices épineux, mais à cause d’un autre caractère 
consistant en ce que leur bord externe était privé de 
dents et de crénelures à l'intérieur. Montfort ayant aussi 
remarqué que quelques espèces manquaient de dents et 
de crénelures à l’un et l’autre bord, il les comprit dans un 
genre particulier appelé theodoxis. Enfin , il forma un 
troisième genre avec une coquille fossile trochiforme, sou- 
vent enveloppée d'un dépôt testacé qui en masque les ca- 
ractères extérieurs, dont la cloison presque demi-sphéri- 
que a sa marge inégalement dentée et séparée de l’inté- 
rieur du péritrème par une échancrure située aux deux 
bords. Ce genre, mal caractérisé par son auteur, porte le 
nom de Wélates. Get exposé des genres de Montfort dé- 
montre qu'il a transformé ainsi les principales divisions 
des Nérites de Lister et remplacé seulement une division 
par les Vélates. 

Lamark, dans son Système des Animaux sans nértabree 
adopta le genre Nérite, tel qu'il avait été présenté par 
Adanson; mais, dans son extrait du cours, il en sépara le 
G. Neritina, formé des espèces fluviatiles, et qui se trouve 
simplement mentionné dans la famille de Néritacés, di- 
visé en deux sections ; l’une renfermant les fluviatiles 
G. Neritina et Navicella, Yautre comprenant les espèces 


ET EU 


marines G. Merita et Natica. Toutefois, c'est plus parti- 
culièrement dans son Âistoire des Animaux sans vertèbres 
que Lamark fit connaître les motifs qui le déterminaient 
à constituer le genre Néririne, lesquels consistaient dans 
les différences d'habitation et les accidents du test. 

On fait maintenant un reproche à Lamark, au sujet de 
l'établissement du G. Nérinine, sans lui tenir compte des 
difficultés qu'il a eu à surmonter à une époque où la con- 
naissance des Mollusques était si peu avancée : à cette 
époque c'était un progrès, et non une faute. D'un autre 
côté, si ce célèbre naturaliste s’est trompé en accordant 
une importance trop grande à l'habitat des Véritines, qu'il 
considérait comme fluviatiles, s’il était porté à séparer, 
en général, les coquilles d’eau douce des coquilles mari- 
nes et des coquilles terrestres, il ne faut pas oublier qu'il 
a réussi souvent, par ce moyen, à constituer de très bons 
genres. 

Aujourd’hui que la Conchyliologie s’est enrichie d'un 
grand nombre d'espèces de Nérites et d'observations nou- 
velles sur les mœurs de ces animaux, nous savons : 

1° Que beaucoup de Wéritines (Lam.) fréquentent la 
mer et y vivent continuellement : W. viridis, Rangiana, 
meleagris, pupa, et que d’autres se trouvent dans les eaux 
saumätres : {V. dilatata, tahitensis, etc. 

2° Que la W. cornea L. se trouve souvent sur les arbres, 
d’après MM. Lesson, Cuming, Le Guillou. 

3° Que la . fluviatilis (Var. thermalis Boubée) se 
trouve dans les eaux thermales des Pyrénées, et la N. Suc- 
cinea dans celles de la Guadeloupe. 

De nombreuses observations nous ont appris aussi : 

1° Que de véritables Nérites ont les dents de la lèvre 
septiforme aussi petites et aussi nombreuses que de vé- 
ritables Néritines, V. Oryzarum, Forskali, etc. 

2° Que dans d’autres Nérites les dents manquent aux 
deux bords comme dans les V. Doreyana, Guamensis. 


mn 


3° Que les MVerita Patula et Nerita morio sont aussi 
minces que la plupart des Néritines, et la première tou- 
jours épidermée. 


4° Que les Veritina cornea, morio, Guerint sont striées 
spiralement comme la plupart des Nérites. 


5° Que la Weritina Éeclusiana a son opercule aussi gra- 
nuleux qu'aucune espèce de Nérite, tandis que les Merita 
patula, Rumphit, Guamensis, antiquata ont le leur sim- 
plement bordé au côté antérieur d'une bande de stries. 


Cette série de faits inconnus à Lamark infirme la sé- 
paration qu il avait faite, et prouve que le genre Méritine 
ne peut scientifiquement être admis qu’à titre de sous- 
genre. 


Peu de temps après Lamark, M. Sowerby proposa, 
dans son Genera of Shells l'établissement d'un g. nouveau, 
pour deux coquilles fossiles d'Angleterre, découvertes par 
M. Georges Cookson, qui le nomme Pileolus, en raison 
de leur ressemblance avec un petit bonnet pointu. 
M. Sowerby n'admit, dans ce nouveau genre, que deux 
espèces à péristome circulaire et à sommet non spiré, et 
rejeta la Ver. altavillensis, pour la reléguer avec les Né- 
ritines, quoique sa face inférieure ou disque, comme il 
l'appelle, ait les caractères de son genre. 


M. Deshayes qui, presque dans le même temps, formait 
de son côté un genre distinct avec la Ver. altavillensis et 
une autre espèce découverte par M. Lambotin (Pil. né- 
ritoides), reconnut, peu de temps après, les grands 
rapports qui liaient celles-ci aux Piléoles, et les réunit 
toutes les quatre, en adoptant les conclusions du savant 
anglais. Il est de fait que, par ce rapprochement, il avait 
mieux jugé de leurs affinités que M. Sowerby, en prou- 
vant même ainsi qu'il y avait un véritable passage des 
Piléoles aux Néritines : c'est en eflet ce qu'on peut dé- 
montrer, en comparant les premiers avec les Mer. crépi- 


— 136 — 


diformes ainsi qu'avec la Ver. Schmideliana, comme on 
va le voir. 

Les Piléoles sont des coquilles calyptroïdes ou patelli- 
formes : il en est de même des Wélates, parvenues à leur 
plus grand développement. 

Dans les unes comme dans les autres, le dernier tour 
forme toute la coquille, et se dilate d'autant plus qu'elle 
devient plus grande. 

Le dos des Piléoles est vertical et occupe une position 
généralement subcentrale. Dans le Pileolus lævis et plica- 
tus, ce sommet n'est pas cependant tout à fait droit, 
comme le dit M. Sowerby; il tend à s’incliner sur le 
côté et conserve même une légère inclinaison, d’'a- 
près les figures même du Genera of Shells. Celles-ci ne 
montrent cependant qu’un tour, parce que leur nucleus est 
caduc, c’est-à-dire que la coquille le perd en s'accrois- 
sant comme dans les Emarginules, etc. Dans le Pil. alta- 
villensis et Neritoides, le dos de la coquille se dirige en 
arrière, et son sommet est, contrairement aux deux précé- 
dentes, persistant à tous les âges et se contourne en un 
tour dirigé sur le côté postérieur droit, représentant leur 
nucleus. Dans les ’elates (Ner. Schmideliana, Chemnitz; 
Ner. perversa, Gmel.), le dos de la coquille s'élève ver- 
ticalement en un cône dont le sommet s'enroule, sur le 
côté droit, en deux tours de spire proportionnellement 
plus grands, par rapport au volume gigantesque de cette 
coquille. On voit déjà s'établir un passage entre ces dé- 
pouilles de Mollusques. 

La face inférieure (disque, Sowerby) des Piléoles pré- 
sente un péritrème (péristome, Drap.) continu et un peu 
plus saillant que la cloison, particularité qui, toute remar- 
quable qu'elle est, n’est pas sans exemple dans le MVeriti- 
nes, parce qu'elle se retrouve dans les Ver. exactata, Pi- 
leolus et semblables. Dans les J’élates adultes, cette même 
face du test offre également un bord continu , mais dont 


ce fl 


le contour, à l'exception de la partie antérieure, se trouve 
envahi par le dépôt testacé qui épaissit la cloison, la dé- 
borde avec l’âge, s'étend sur le dos de la coquille, et finit 
même assez souvent, par en masquer les caractères. Dans 
le jeune âge, la coquille des Vélates est globuleuse, et 
nous retrouvons cette même forme dans les jeunes du 
Pileolus nerttoides : dès lors la saillie du péritrème ne 
serait qu’un effet de l'accroissement de la coquille. 

Dans les Pileoles, le bord interne et septiforme occupe 
près des deux tiers de l'étendue de la face interne de la 
coquille; sa marge est dentée et séparée de la partie in- 
térieure du bord circulaire par une échancrure située aux 
deux extrémités. Ces mêmes caractères appartiennent 
aussi aux /’élates. Nous ferons remarquer que si, dans 
ces dernières, comme dans les Pileolus lævis et plicatus, 
la série dentaire forme une ligne plus ou moins droite, 
daus le Pileolus neritoides cette même série se courbe 
dans le centre à l'instar de beaucoup de Néritines. 
Cette cloison a un peu de convexité dans les espèces de 
M. Sowerby; elle se montre de même, proportion gar- 
dée, dans les Nér, crépidiformes ; mais, dans les Félates, 
son renflement est des plus considérable, et tel que ce 
bord acquiert presque une forme demi-sphérique. Peut- 
on tirer avantage de ce caractère, malgré les passages 
nombreux que nous venons de faire connaître ? Nous ré- 
pondrons : pas plus quon ne peut s'appuyer sur ce que 
les Clithon émettent, sur le bord antérieur et submédian 
du labre un lobe qui, se recouvrant de matière testacée, 
constitue successivement des épines au point d’en armer 
les tours. Ce n’est donc là qu'un caractère purement spé- 
cifique, une faculté des bords du collier qui secrètent une 
abondante provision de matière testacée. 

Les Piléoles ont l'entrée de l'ouverture plus étroite, 
relativement , que beaucoup d'autres espèces de Vérites 
vivantes : c'est aussi ce que l’on voit dans la Ner. Schmi- 


— 138 — 


deliana, conséquence naturelle du prolongement du, bor 
septiforme et denté sur le côté antérieur de la coquille. 
Si on rapproche ce fait des Nérites grimaçantes (Ver. 
costata, Ghem. ; scabricosta, Lam. ; plicata, Linné, etc.), 
de la Ver. angistoma Desh., crepidularia, melanostoma 
et semblables, on verra encore s'établir, par ce caractère, 
un passage assez grand entre les unes et les autres. 

Enfin, les Piléoles ont le bord intérieur de la lèvre 
externe légèrement anguleux à l'intérieur : il en est de 
même dans certains individus de la Ver. Schmideliana, 
où cet angle devient parfois très prononcé. 

La concordance qui s'établit entre la coquille des Pi- 
léoles, celle des V’élates et Nér. crepidiformes est, comme 
l'on voit, des plus frappante, et conduit naturellement à 
faire entrer les Prléoles daus le sous-genre Wéritine. 

M. de Blainville a aussi porté toute son attention sur le 
G. Nérite, ainsi quon peut le voir en consultant son 
manuel de. Malacologie. Ce savant, appréciant mieux 
qu'on ne l'avait fait avant lui les affinités existant entre 
les espèces qui en avaient élé distraites pour former dif- 
férents groupes, proposa de les réunir toutes en un seul et 
même genre, divisé en deux grandes sections représen- 
tent les G. Nérites et Néritines de Lamark. La section des 
Nérites est sous-divisée en petites tribus, ayant pour base 
le nombre des dents de la lèvre septiforme, et celle des 
Néritines en sous-divisions établies d’après les accidents 
du test. 

Nous avons dit que la diversité des formes, dans les 
Néritines, est tellement grande qu'elle avait frappé beau- 
coup d’observateurs : M. Lesson a été de ce nombre, et 
il a proposé, dans la zoologie du Voyage de la Coquille 
(1830), une nouvelle tribu des Néritines, dans laquelle il 
rassemble toutes celles qui ont les côtés du bord externe 
prolongés, soit en haut, soit des deux côtés, en forme 
d’auricules ou d'ailes : il a donné à ce groupe le nom de 


— 139 — 


Nériptères, en faisant observer qu'il conduit aux Navi- 
celles. 

Jusqu'ici, on a pu remarquer que Lamark ne s'est pro- 
noncé pour la réunion des genres de Montfort avec les 
Néritines, et M. de Blainville, pour la fusion de ce dernier 
genre avec les Nérites, que sur l’ensemble des’earacières 
des coquilles, et sans faire intervenir les caractères pro- 
pres aux animaux. [l importait donc d’étudier ceux-ci : 
et c'est un soin qu'ont pris MM. Quoy et Gaymard, et 
M. Souleyet qui, d’après l'examen d'un grand nombre 
de ces animaux, choisis dans divers groupes, se sont assu- 
rés que leur organisation est tout à fait la même, sanc- 
tionnant par là les travaux de M. de Blainville. 


CaracrTÉrisTiQue Du Cr. NERiTA. 


AnimaL dioique, généralement #lobuleux, spiral, muni 
d’une téte large, aplatie, échancrée légèrement en avant, 
avec deux lobes arrondis sur les côtés; bouche large, plis- 
sée et sans mâchoires, mais pouvue d’une langue ruban- 
vée, qui se prolonge dans la cavité viscérale et garnie de 
cinq à six rangées de plaques en crochets. Tentacules 
tactaires allongés, grêles, flexibles, pointus, ayant à leur 
base d’autres tentacules courts, cylindriques ordinaire- 
ment, et oculés à leur sommet ; pied ovalaire, épais, ré- 
tréci sur les côtés, terminé en pointe en arrière, large 
en avant, avec un sillon et quelquefois une dépression 
quille fait paraître légèrement lobé ; organe excitateur mâle 
auriforme, situé au côté droit et en avant du tentacule de 
ce côté. Cavité pulmonaire grande, sans siphon ni autres 
appendices; contenant une seule grande branchie, allon- 
gée, triangulaire, à lamelles paraissant doubles. Ænus, 
dans cette cavité et à droite; lutérus, du même côté et 
en dehors. 


Coquicie semi-globuleuse, ovale ou conique, rarement 


=" 140 


eblongue ou calyptroïde, aplatie en dessous, non ombili- 
quée ; à épiderme souvent persistant; ayant la spire peu 
ou point saillante; ouverture demi-ronde à bord externe 
denté. crenelé ou simplement uni à l'intérieur; à bord 
interne septiforme, oblique, tranchant, denté, crenelé ou 
uni en avant. /mpression musculaire double, imitant, 
dans son ensemble, un fer à cheval incomplet, et lais- 
sant à ses extrémités inférieures un petit appendice tes- 
tacé et plus ou moins saillant. 


OrPercuLe testacé, subspiré, à sommet marginal à son 
extrémité gauche, portant deux apophyses sur la face in- 
térieure de son bord postérieur; une de forme variable 
derrière le sommet, l’autre un peu au-dessus du milieu 
de ce côté et souvent un angle aigu un peu plus bas. 
Impression musculaire longitudinale sur la face interne 
postérieure, multiple. 


OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 


Les Néritines sont plus répandues dans les pays chauds 
que partout ailleurs : principalement dans l'Océanie et 
les diverses parties de l'Asie. Elles aiment à vivre en 
famille, et l'on a fait l'observation que les familles de cha- 
que race se réunissent pour frayer, ou du moins sur un 
grand nombre d'individus ramassés sur un même point, 
on n'y a découvert que des femelles. Ces animaux vivent 
souvent à la manière des amphibies, suivant Denis de 
Montfort. D’après MM. Quoy et Gaymard, ils peuvent 
supporter l’action du soleil de l'équateur, sans paraître en 
souffrir , faculté qu'ils doivent à ce qu’en se collant, ils 
font provision de quelques gouttes d'eau qui rafraïchissent 
suffisamment leurs branchies. 

Certaines espèces aiment à s’exposer à la fureur des 
flots ; et parmi celles qui recherchent les eaux douces, il 
en est qui vivent dans le haut des rivières, au milieu des 
courants les plus forts, tandis que d'autres se tiennent 


th 


dans la vase des marais, sur les plantes aquatiques, dans 
les fontaines et même dans les eaux thermales d’une tem- 
pérature assez élevée : tous ces animaux sont aquatiques. 
Toutefois, ainsi que nous l'avons dit plus haut, la Veritina 
cornea, L. se trouve sur des arbres à une assez grande 
élévation au-dessus du sol, probablement dans les saisons 
où des pluies fréquentes permettent aux animaux de re- 
cueillir l’eau nécessaire pour baigner leurs branchies. 


Quelques-unes des Néritines qui habitent les pays 
chauds, telles que les V. Domingensis, Jordant, etc. recou- 
vrent leur test d'une couche épaisse de limon, pour se 
préserver, probablement, d'une trop grande action du 
soleil. 


On trouve certaines espèces de Méritines dont la spire 
est plus ou moins corrodée, dans certaines localités, tan- 
dis qu'elle est entière dans d’autres lieux; telles sont la 
N. nutalli, la N. Brasiliana qui vit à Fernando-Po. On 
n’a pu, jusqu'à présent, expliquer cette particularité : 
nous l’avions d’abord attribuée à la couche terreuse qui 
recouvre quelquefois ces coquilles ; mais ayant remarqué 
que la partie rongée semble avoir été enlevée par un ins- 
trument tranchant, nous croyons aujourd'hui que cette 
corrosion pourrait être due à l’action perforante de Mol- 
lusques carnassiers. 


CaracTérisriQue du sous-genre NertrinA Lam. 


Coe. globuleuse, ovale, turriculée ou conique, à test 
mince, épidermé, bord externe uni à l’intérieur; bord in- 
terne denticulé à la marge, rarement simple; opercule tes- 
tacé, lisse à l'extérieur, portant deux apophyses d'adhé- 
rence musculaire; la supérieure en bouton, parfois épa- 
nouie et découpée en crête, la latérale en forme de côte 
arquée et saillante en dehors. 


— 142 — 


AnimAL généralement fluviale, rarement marin, pou- 
vant vivre parfois dans les eaux thermales, etsur les arbres 
dans les lieux où il pleut fréquemment. 


Le bord latéral des coquilles de certaines espèces de 
Néritines prend un tel développement, lors de l’accrois- 
sement de l'animal, que des coquilles généralement glo- 
buleuses ou ovales acquièrent une forme demi-sphérique 
ou losangée, et que des coquilles elliptiques passent à 
la forme triangulaire; d’autres arment leurs tours d’une 
couronne d'épines plus ou moins longues et nombreuses. 


Les mutations de ces coquilles dans leur développe- 
ment sont assez variées pour donner lieu à les grouper 
par tribus; mais il ne faut pas attribuer à ces groupes des 
caractères trop exclusifs, car certaines espèces d’une forme 
constante dans une localité, en prennent une toute diffé- 
rente sur un autre point : c’est ainsi que la VW. intermedia, 
globuleuse, à Guyaquil, devient semi-sphérique et même 
dilatée en aïle dans le golfe de Nicoya. Il en est de même 
de la N. Jordani qui, globuleuse dans les eaux des envi: 
rons de Smyrne , passe à l'état conique à spire saillante 
dans les eaux du Jourdain. La NV. Danubialis globuleuse, 
avec ses tours carénés, en Hongrie, devient ovale-trans- 
verse, dans le lac de Côme. La N. Sardoa elliptique, dans 
quelques parties de la Sardaigne, et semblable à la W. flu- 
viatilis par la forme et par la coloration, devient globu- 
leuse et épineuse dans d’autres parties de l’île, 


Cette tendance des Néritines à se modifier par des cau- 
ses accidentelles de localité semble indiquer que les tribus 
qu'on a formées, et que nous acceptons dans le catalogue 
qui suit pour faciliter les recherches et le classement des 
espèces dans les collections, ne sont pas naturelles, mais 
purement systématiques, et qu'il vaudrait mieux dispo- 
ser les espèces plutôt en lignes rayonnantes qu’en série 
linéaire. 


— 143 — 


CATALOGUE DES NÉRITINES. 


a"° Tribu. 


Coquille calyptroïde, conoïdale, solide, à spire sublatérale, 
euroulée de deux tours à droite, face intérieure ovalaire et 
à péritrème continu ; bord septiforme, très convexe, pres- 
que demi-sphérique, occupant près des deux tiers de cette 
même face, à marge grossièrement et irrégulièrement den- 
tée ; la série dentaire limitée aux deux extrémités par une 
échancrure profonde : ouverture étroite; bord externe 
évasé.—G. VELATES, Montfort. 


Perversa. Gmel. 


| Schmideliana. Chem. Fos. de Soissons. Coq. Env. P. pl. 18. 
Conoidea. Roissy. 


2° Tribu. 


Coquille patelliforme, à sommet subcentral ou postérieur ; 
péritrême continu et plus élevé que la cloison; bord septi- 
forme, subconvexe, occupant près des deux tiers de la face 
inférieure, à marge denticulée ; la série dentaire séparée du 
bord externe par une échancrure de chaque côté; ouver- 
ture étroite, lèvre externe anguleuse à lintérieur.—G. Pr- 
LEOLUS, Sowerby. 


a.) Sommet subcentral, non spiré, péritrème cir- 


culaire. 
N. Plicata. Sow. Foss. d’Anglet. . Gen. of Shel.f. 1-4. 
Lœvis. Id. ld. f. 5-8. 


6.) Sammet postérieur, spiré, péritrème elliptique. 


N. Altavillensis.  Defr. Fos. d'Hauterive. Gen. of Shel. f. 4. 

N. Gallicana. Recluz. Fos. d'Houdan: 
Lou neritoideus. Desh. Ann. sc. nat. {. 1. pl. 12. 
f. 3. a. b. 


8e Tribu. 


Coquille crépidiforme, solide, à sommet tout à fait posté- 


— 144 — 


rieur, enroulé d’un demi-tour sur le côté; péritrême con- 
tinu et parfois détaché de l’avant-dernier tour ; bord septi- 
forme à marge soudée avec la portion interne du péritrème, 
légèrement arqué dans le centre et denticulé.—G. MirruLa, 
Menke. 


N. Exaltata. Recluz. 1. Philippines.  J. Conch. 1850. pl. 3. f.3. 

Crepidulav.Maj. Id. 

Pileolus. Id. Bengale. Voy. Bell. pl. 1. f. 7. 

Intermedia. Desh. 

Violacea. Gmel. Pondichéry. Sow. Thesaur. f. 143. 

Plumata. Menke. 

Concentrica. Id. 

Purpurea. Budgin. 

Crepidularia. Lam.  Malabar. Sow. Conc. ill. f. 25. 
Plumata? Menke. Ceylan. 

v. Melanostoma. Timor. Sow. Thes. f. 144. 

Ovalis. Sow. Calcuta? Thes. f. 121-2. 

Depressa. Benson. (Calcula. Id. f. 147-8. 

Melanostoma. Trosch. Ougly. Voy.Bonit. pl.34.f.32-5. 

Indica. Souley. 

Tourannensis. Id. Touranne. Id. ill. 34. f. 28-31. 

4e Tribu. 


Coquille transverse, elliptique ou semisphérique, à spire 
latérale ou nulle, le sommet assez souvent bordé d’une la- 
melle saillante, bord septiforme plane, striolé, à marge fine- 
ment denticulée, ouverture et opercule peints.—G. CLyreo- 
LUM, Recluz. 


a.) Elliptiques. 


Pulligera. Lin. I. Mindauao. Sow. Thes.f 65-66. 
Rubella. Müll. 

var. Knori. Sow. Id. f.78. 1659. 
Petitii. Recluz. Nouv. Calédonie. Id. f. 77. 
Canalis. Sow. L Taïti. Id. f.75-6. 
Bruguierii. Recluz. Nouv. Calédonie. Id. f.159. 
Bicanalis. Philippi. 1. Taiti. Zeitschrift. 1848. 
Sanguinea. Sow. Nouv. Irlande. Sow. Thes.f. 162. 
Asperulata. Recluz. 1. Luçon. Id.  f.160-1. 
Knorri. Id. I. Mindanao. 


Beckii, $ow. Id. f. 13. 


Beckii. 

: Squamæpicta. 
Powisiana. 
Rossmæsleriana. 


Recluz. Revue Zool. 1841. 
Id. 1. Luçon. Sow. Thes. f.79. 
Id. Nouv. Irlande. ld. f. 149. 
Id. Zool. proceed. 1845. 


b.) Semisphériques. 


Labiosa. 
Punctulata. 
Cassiculum. 
Aperta. 
Pennata. 
Piperina. 


. Sow. I. Luçon. Sow.Thes. f. 80. 
Lam. I. Martiniqne. Id. f.194. 
Sow. j. 

Budgin. 
Born. Malabar. Sow. Thes. f.166-7. 
Chem. 

5° Tribu. 


Coquille navicelliforme ou suborbiculaire, avec les deux 
extrémités du bord externe ou le supérieur seulement pro- 
longés en auricules latérales ; spire subpostérieure et laté- 
rale ; bord septiforme finement denticulé à la marge. 


a.) Coq. navicelliforme, à spire courte formée d'un 
tour très petit, cloison plane, striolée parfois 
sur le plan.—NéRiPTÈRES, Lesson. 


Tabhitensis. 
Auriculata. 
Verspertina. 
Lamarkii. 
Biauriculata. 
Auriculata. 

( Maurilicæ. 

Sandwichensis. 
Subaüriculata. 


Lesson. 1I.Taïli. Sow. Thes.f. 129-134. 
Sow. j. 
Nuttal. 
Desh. 
Recluz. 1. Luçon. Id.  f.135-7. 


Lamark. Nouv. Hollande. Enc. met. pl. 455. f. 6. 


Lesson. 1. Maurice. Thesaur. f. 127-8. 
Desh. 
Recl. I. Negros. Id. f.138. 


6.) Coq. suborbiculaire ayant deux tours à la spire, 
lèvre intérieure souvent calleuse : 


Florida. 
Dilatata. 

| Navicellina. 
Oweniana. 


1° Coq. lisse. 


Recluz. 1. Taïti. J.Conch.1850. p1.7.f.6 7. 
Brod. L. Taiti ? Sow. Thes. f. 123-5. 
Guillou. 

Gray. Ava. Id.  f.168. Jun. 


10. 


— 146 — 


Nuttalli. Recluz. 1. Sandwich. Sow. Thes.f. 126. 
Alata. $0w. 
Cariosa. Gray. Conc. ill. f. 5. 
Solidissima. Sow. j. Thes. f. 273. 
Latissima. Brod. Real Lejos. f. 172-3. 
/ Tutermedia. Sow. Id. f. 169-170. 
\ var. Dilatata. G. Nicoya. f. 174-5. 
{ Globosa. Brod. F 


Fontaineana. D’Orb. 
| Guayaquilensis. Sow. j. 
OEquinoxialis. Morelet. 1. du Prince. 


v. Ovato-conica. Fernando-Po. Thes.f. 193. 
Afra. Gray. 
Africana Y. Atra. Recluz. Conc. ill. f. 193. 
Bahiensis. Id. Bahia. J.Conch.1850.pl.7. f. 10. 
/ Jordani. Sow. le Jourdain. Thes. f. 204, 222. 
| Macri. Id. le Scamandre. f. 213, 215. 
Nitida. Par. 
Anatolica. Recluz. Anatolie. f, 2256. 
v. Conspurcata. Conc. ill. f, 56. 
\ Lutescens. Meg. 


20 Coq. granuleuse. 


( Granosa. Sow. Catal. Tank. 

Papillosa. Jay. I. Sandwich. Jay. Catal. pl. 4. 

| Gigas. Lesson. Rev. Zool. 1842. 
Ge Tribu. 


Coquille subglobuleuse ou suborbiculaire, à tours cou- 
ronnés d’épines ou mutiques; bord septiforme denticulé; 
une des dents médianes toujours plus forte et plus saillante 
que les autres, obtuse et formant une rampe spirale inté- 
rieure.—G. Corona, Chem.; Cuiraon (Partim), Montfort. 


a.) Suborbiculaire , sillonnée transversalement ; 
bord septiforme large, plane, et à crénelures 
marginales égales. Opercule ? 


Aculeata. Chem. 1. Sumatra. Sow. Thes. f. 32-3. 
Sulcata. Nyst. 
var. $pinosa. Id. f. 34. 


— 147 — 


b.) Coq. globuleuse lisse ou rugueuse ; bord septi- 
forme généralement étroit, crénelé ou rugueux 
à la marge; une dent plus saillante que les 
autres : opercule épais, divisé par un sillon 
qui l'échancre au bord postérieur. 


Longispiuis. Recluz. I. Maurice. Thes. f. 62-3. 
Corona. Müll. Madagascar. 
var. Mutica. 
Spinosa. Sow. 1. Sandwich. f. 61-64, 
Donovana. Recluz. 1.Negros. f. 39-40. 
Diadema. Id. Nouv. Irlande. f. 41-42. 
Michaudiana. Id 1. Luçon. f.108-9. f.217-8. 
var. Spinosa Id. 
Troschelit. Id. ? 
Souleyetiana. Id. L. Marquises. f. 59-60. 
Unidentala. Id. L. Oc. Pacif. J. Conch. 1850. pl. 7.f.8. 
Keraudrenii. Guillou. K.Nouka-Hiva. 
{ Recluziana. Id. I. Taïti. Thes. f.56-7-8, 
| Armstrongiana. Hinds. 
Aspersa. Recluz. I.Sandwich. & f. 43-4. 
Australis. Chem. Nouv. Guinée.  Deless. pl. 32, f. 1. 
Brevispina. Lam. 
Variabilis. Lesson. 
Nigris-Spinis. Id. L Taiti. Voy. Coq. pl. 13. 
Ruginosa. Recluz. I.Sandwich.= 
Bougainvillei. Id. L. Hamoa. Jour. Conc. 1850. 
Crepidularia. Lesson. I. Taïti. 
Corona. Lin. L. Philippines.  Thes. f. 46-50. 
Montaguana. Recluz. 
Sowerbiana. Id. ld. f. 5-8. 
Avellana. Id. Id. f.9-10. 
Domingensis. Lam. I. S.-Domingue. Conc.ill. f.42? 
Subgranosa. Sow. I. Taïti. Î. 35-38. 
Cardinalis. Guil. 
Rugata. Recluz. 1. Negros. Thes. f. 3-4. 
Squarrosa. Id. I. Lebouka. f. 26-27. 
Hors Sow. j. 
{ Menkeana. Recluz. I.Taiti. 
| Rugosa ? V. de B. Java. Ph. Abild. pl. f. 4. 
Fuliginosa. Philippi. Id. Id, f.5. 
Spinifera. Recluz. 1.Guam. 


Subpuncetalia. Id. L. Philippines.  Thes. f. 206. 


— 148 — 


Enterrupta. Reclus. I.Philippines. Thes.f. 11-12. 
Bicolor. Id. Id. f.204. 
Olivacea. Id. Id. f.207. 
Solium. Id. I. Sumatra. f.208. 
Solida. Sow. 
Circumvoluta. Recluz. 1.Philippines. f. 202-3. 
Angulosa. Id. L. Mendanao. Zool. proceed. 1842. 
Da Costæ. Id. I. Negros. Id. 1843. 
Celata. Id. I. Oc. Pacif. Thes. f.205. 
Obscurala. Id. I. Wallis. f. 28-29. 
Sadalina. Id. Sandal-Bay. f. 199. 
Cholerica. Gould. 
Bengalensis. Chem. Madagascar. f. 30-31. 
Barbabac. Fer.Coll. 
Coronoïdes. Lesson. Neuv. Guinée. 
Flavovirens. Philippi. Java. Ph. Abbild. pl.1.f.6. 
Inconspicua. Id. Id. Id. f.7. 
Pulchella. Recluz. Pangasinan. Thes. f. 209: 11. 
Faba. Sow. Singapoor. f.219-221. 
Tritoniensis. Guillou. Triton-Bay. f. 167-168. 
Leachii. Recluz, I. Bohol. Zoo!. proc. 1843. 
Gultata. Id. Triton-Bay. Id. 
Dringii. Id. Hanover-Bay.  Thes.f.197-8. 
Doingii. Id. Zool. proceed. 
Tritonensis var. Sow. 
Cineta. Recluz. 1. Amsterdam ? 
Triserialis. S0w. Ceyian. Thes. f. 195-6. 
Chlorostoma. Brod.  I.Taïiti. f.216. 
Luctuosa. Recluz. Nouv.Guinée. f.231. 
Parvula,. Guillou. 1.Lebouka. 
Sidera. Gould. 
.Pisiformis. Reclusz. 
Lessonii. Id. Sicile ? 
Sardoa. Menke. Sardaigne. 
Rarispina. Recluz. 
Bœtica vor. pus- 
tulala. Villa. 
2e Tribu. 


Coquille transversale lisse ou presque lisse; spire laté- 
rale, inclinée sur l’ouverture, peu ou point saillante; lèvre 
interne ordinairement plane, à marge simple ou denticulée ; 


— 149 — 


opercule uni et sans zônes colorées permanentes.—G. Tueo- 
poxus, Menke. 22% 4 


a.) Bord septiforme denté à la marge. (G. Theo- 
doxis, Monif.) 


\ Peloponensis. Recluz. Morée. Voy.Mor. pl. 19.f. 1-3. 
Bætica. Desh. 
| var. Maculata. ld. f.2-4. 
Numidica. Recluz. Oran. Thes. f. 179. 
Prevostiana. Terver. 
BϾlica. Lam. Andalousie. Deless. pi. 32. f.8. 
Fluvialilis var.  Sow. 
Prevostiana. Pfeif. Conc. i!1. f. 46. 
Nigrita. Ziegl. Sicile. Mol. Sic. pl. 24. f. 18.4 
| Cœrulæa. Parr. 
Baœlica? Phil. 
Meridionalis. Id. Sicile. Thes. f. 188. 
Tessellata. Zino. 
Philippiana. Recluz. 
Fluviatilis. Lin. Europe. Thes. f.178.181-4. 
Ticinensis. Villa. 
Villa. Sandri. 
Rhodocolpa. Jan. 
Dalmatica. Partsch. Conc.ill. f.57. 
Vidowichit. Sandri. 
Auranlia. Kutzig. 
Rivalis. Parreys. Conc. ill. f.58. 
Varida. Zino. Croatie. 
ÆHildreichii. 
Dendritica. Zeigl. 
Mittreana. Recluz. Toulon. Thes. f. 183. 
Zebrina. Id. Montpellier. f.178. 
var. Marina. 
Littoralis. Lin. Baltique. 
Haloplhila. Klet. 
var. Thermalis. 
Lacustris. Lin. Pyrénées. Thes. f. 177. 
Thermalis. Boubée. Toscane. 
{ Trifasciata. Menke. le Wezer. f.189. 
| Trizona. Meg. 
Intexta. Villa. Italie. f. 189 mala. 


Æransversalis. Zieg. Orient. f.151-2 


Inquinata. 
{ Serratilinea. 
\ Violacea. 
Danubialis. 
Danubiensi.. 
Benacensis. 


v. Subcarinata. 


Stragulata. 
Carinata. 
Atra. 
Elongatula. 
Velascoi. 
Analensis. 
Guadianensis. 
Valentina. 
Elliptica. 
Perotetiana. 
Jayana. 
Succinesa. 
Callosa. 
Panayana. 


Morelet. 


Sow. 


Morelet. 


Sadler. 
Sow. 
Stenz. 


Meg. 
Korh. 


Parreys. 
Morelet. 


Graëls. 
Recluz. 


Morelet. 


Graëls. 


Guillou. 


Recluz. 
Id. 
Id, 

Desh. 

Recluz. 


— 150 — 


Espagne. 
Lombardie. 
Portugal. 
Hongrie. 


Carinthie. 


Carniole. 
Espagne. 


Portugal. 


Espagne. 

1. Marquises. 
M. Neelgheries. 
New-York. 
Guadeloupe. 
Grèce. 

Ï. Panay. 


Coq. Port. pl. 9.f.2. 

Thes. f. 156. 

Coq. Port. pl. 9. 

Conc. ill. f. 47. 

Thes. f. 155. 
f.157-8. 


Voy.Port.pl.9.f.4. 


Voy. Port. pl.9.f.3. 


Thes. f.200-1. 
J.Conch.pl.7.f.13. 
f.153-4. 


f.191. 


b.) Bord septiforme, crénelé à la base. 


{ Bensoni. 

| Reticulata. 
Obtusa. 
Reticularis. 
Cornucopia. 
Colombaria. 
Siquijorensis. 


Rangiana. 


Virids. v. Maj. 


y. Roscolineata. 


Viridis. 


Pallidula. 
( Malonia. 
| Miliacea. 
Minima. 


Coquille globuleuse, ovale ou turriculée, lisse ou striée 
spiralement, souvent ornée de couleurs vives ou variées ; 


Recluz. 
Sow. 
Benson. 
Sow. 


Benson. 


Recluz. 


Guillou. 


I. Hood. 
Calcuta. 

Id. 
Bengale. 
Ceylan. 
L.Philippines. 
Madagascar. 


Antilles. 
Guadeloupe. 
Méditerranée. 
Nice. 

Sicile. 

Ï. Marquises. 


s° Æribu. 


Thes.f.74? 
f.73-4. 
f.264-G. 

Asiat. Jour. 1836. 


Conc.ill.f.24. 
Thes. f.229-30. 


— 151 — 


bord septiforme crénelé, rarement uni.—G. Ciirnow, Mont- 


fort. (Magna ex parte.) 


Webbeiï. Recluz. 
Glabrata. Sow, 
Adansoniana. Recluz. 
Sangarana. Morelet. 
Turbida. Id. 
Tigrina. Benson. 
. Turricula. Menke. 
Brasiliana. Recluz. 
Virginea. Lam. 
Tigris. Jan. 
Fasciola. Christof. 
Sumatrensis. Brod. 
Coromandeliana. Sow. 
Zigzag var. Id 
Smithii. Gray. 
Cuvieriana. Recluz. 
Sayana. Id. 
Wallisiarum. Id. 
Variegala. Lesson. 
Pulchra. Sow. 
Gagates Part. Lam. 
Atra. Lesson. 
Zelandica. Recluz. 
Turtoni. Id. 
l Helvola. Gouid. 
| Royssii. Recluz. 
Cuprina. Id. 
Chrysocolla. Gould. 
{ Strigillata. Lam. 
v. Lincol .creberr. 
v. Flam. serrula- 
lis. 
\v. Minor. 
Pfeifferi. Recluz 
Nebulata. Id. 
Nux. Brod. 
Striolala. Recluz 
Lillurata. Id. 
Plumbea. Id. 


Cazamance. 


Sénégal. 


Am. Centr. 
Caleu!a. 


Brésil. 
Antilles. 


Coromandel. 


Inde. 

I. Titi? 

I. Philippines. 
I. Wallis. 


Nouv. Guinée. 


IL. Witi. 
Nouv. Guinée. 
Ï. Salomon. 


Sumatra. 


I. Maurice. 
Nouv. lrlande 


1. Taïti. 

L. Philippines. 
Id.? 

1. Bohol. 


Thes. f. 256-63. 


f.254-5. 


Mém. 1849. 
Asiat.Journ.1836. 
Menk. Cat. 1830. 
Thes.f.232-4.f. 236,297. 


Conc. ill. f. 27. 


Cone. ill. f, 4. 
Thes.f.110. 


f.117-8. 
f.94-5. 


J.C. 1850. pl.7.f.11-12. 
Thes. f. 89-90. 


Deless. pl.32.f.2. 


Thes. f.92-3. 


Thes. f. 105-7. 
f.91. 


Conc. ill. f. 32. 

Zool. proceed. 1843. 
Id. 

Conc. ill. f, 29. 

Thes. (.98-99. 


f. 119-20. 


Communis. 
Elegantina. 
Fimbria. 

Semiconica. 
Cumingiana. 
| Turrita. 


Epidermide ves- 


lila. 

Moquiniana. 
Waigiensis. 
Jovis. 
Aterrima. 

( Lugubris. 

| Caffra. 
Zigzag. 
Gagates. 
Zebra. 

Striata. 
Sobrina. 
Gravis. 
Cassiculum . 
Lineolata. 
Zigzag. 
Clandestina. 
Reclivata. 
Microstorma. 

\ Meleagris. 
Mutabilis. 


Virginea var. 


Picla. 

{ Rufilabris 
Vestita. 
Gaymardii. 
Cochinsinæ. 
Listeri. 
Phasiana. 
Oualaniensis. 
Mortoniana. 


Pupa (partim). 


Pupa. 

Venosa. 
 Delineata. 
| Litiurata. 


Quor. 
Philippi. 
Menke. 
Lam. 
Recluz. 
Chem. 


Recluz. 
Lesson. 
Recluz. 
Philippi. 
Lam. 
Gray. 
Lam. 
Id. 
Brug. 
Besleri. 
Recluz. 
Morelet. 
$0w. 
Lam. 
$0w. 
Menke. 
Say. 
Dorb. 
Lam. 
Ziegl. 
Sow. 
Id. 
M. Berl. 
Souley. 
Id. 
Recluz. 
Pfeif. 
Recluz. 
Lesson. 
Recluz. 
S0w. 
Lin. 
Menke. 
Boubée. 
Schultz. 


— 152 — 


Il, Philippines. 


Madagascar. 
I. Siquijor. 
Madagascar. 


I. Oc. Pac. 
1. Waigiou. 
? 


Nouv. Irlande. 


Madagascar. 


Madagascar. 
Cayenne. 


Nouv.Orléans. 


Chili. 
Guatimala. 
Id. 
Cayenne. 
Fiorides. 


Mexic. 
Pensacola. 
Antilles. 


Panama. 


1. Lucon. 
Tourane. 
Cochinchine. 
Nicaragua. 
Nouv.lrlande 


Cuba. 


Thes.f.14-25. 


Thes.f. 116. 


.J.Conc. 1850. pl.3.f.9. 


Chem. f. 1085. 


J. Conc. 1850. pl. 3. f.8. 
Id. pl.7.f.9. 

Thes.f.111. 

Zoo!.proceed. 1843. 

Abbild. 1849. 

Deless. pl. 32. f. 1. 

Thes.f.111. 


f.103-4. 
En. meth. pl. 455. f.3-4. 
Thes. f.101-2. 
f.100. 
f.238. 
Conc. ill. f. 41. 
Thes. f.240-1. 


f.237.252-3. 
f. 235. 


f.267-9. 


Voy.Bonit. pl. 34. f.1-4. 
Id. f.16-19. 


Thes. f.249. 


Conc. ill. f. 
Thes. f.242-46. 


f.68. 
f. 69. 


Tristis. Dorb. Cuba. Thes. {. 112. 
var. Migra. Sow. Conc. ill. f.30. 

Arctilineata. Id. Thes. f.232-4. 

Bella. Philippi. Abbild, pl.1.f.8. 

Serrulala. Recluz. Sumatra. ‘Thes. f. 164. 

Dubia, Chem. Java. Ch. f. 2019-20. 
| Reticulata. Quoy. Nouv. Irlande. f. 1080. 

Zebra. Chem. Thes. f.81-8. 
| Zebroides. Lesson. 

Pilippinarum.  Sow. I. Philippines. 

Apiata. Recluz. I. Negros. f.165. 


b.) Test sillonné spiralement : 
1. Animal sylvicole. 


/ Cornea. Lin. Nouv.Irlande. Thes.f.67-70-1. 
Amphibia. Lesson.  Nouv.Guinée. 
var. Olivacea. Sew. gen. f. 50. 
Ampullaria. Id. 1. Mindoro. Voy. Coq. pl. 16. 
Subsulcata. Sow. 
Morio. Desh. Sumatra. 
| Fasciata. Lam. I. Wii. En. meth. pl.455.f.5. 
\ Sulcata. Anton. 


2, Animal marin. 


a. Columelle denticulée : ce bord non séparé in- 
térieurement de la lèvre externe. 


Guerinii. Recluz. Sumatra? Thes.f. 2727 

Desmoulivsiana. Id. I. Nouka-Hiva. 

Affinis. Id. 1. Sandwich. fo271: 
Lugubris. Philippi. 


b. Deux dents à la columelle : ce bord séparé inté- 
rieurement de la lèvre externe par une échan- 


crure. 
Morio. Sow. 
Haneti. Reclus, L. Marquises. Thes.f. 163. 


ESPÈCES FOSSILES. 


Aperta. Sow. d'Angleterre. Min. Conc. pl. 224. 
{ Antoni. Recluz. d'Allemagne. Anton. conc.p. 29. 
| Rugosa. Anton. 


Concava. Sow. d'Angleterre. Min. Cone. pl. 385. 
Consobrina. Fer. Epernay. Hist, Mol]. f. 12. 
Duchastelli. Desh. Bass. de Paris. Coq. P. pl. 17. 
Elegans. Id. Maulette. pl. 19. 
Elongata. Philippi. Tarente. Moll. Sic. pl. 24. 
Ferussaci. Recluz. Dax. Hist. Moll. 4. 4-7. 

Picta. Fer. 

Fluviatilis. L. Dax. Act. S. Lin. Bordeaux. 

{ Globulus. Defr. Epernay. | Sow. Min. Conc. p.385. 
Uniplicata. S0w. 

( Callifera. Id. d'Angleterre. _ Sow.Gen.f.7. 
Grateloupiana. Fer. Dax. Hist. Moll. f. 13. 
Inequidentata. Recluz. 

Lineolata. Desh. Moulette. Coq. P. pl. 29. 
Liassina. Dunk. Allemagne. Zeiïtsch. 1845. 
Lœvigata. Sow. Angleterre, Min. Corc. pl. 217. 
Mammaria. Lam. Grignon. Coq. P. pl. 19. 
Minula. S0w. Angleterre. Miu. Cone. pl.463. 
Nucleus. Desh. Env. de Paris. pl. 25. 
Pisiformis. Fer. Epernay. Hist. Moll. f. 11. 
Podolina. Recluz. Podolie. Foss. Podol. 
Planospira. Grat. Dax. An. Soc. Lin. Bord. 
Polyzonalis. Id. Id. Id. 

Aquensis var. Id. Id. Id. 
Sinuosa. Sow. d'Angleterre. Min. Conc. pl. 217. 
Vasconiensis. Recluz. Id. l. 
Virginea. Grat. Id. Id. 
Zonaria. Desh.  Retheuil. Coq. Env. P.p1.25. 


— 154 — 


Descrirrion de Néritines nouvelles citées dans le Cata- 
logue. 


1. Neririna Bamensis, »obis (PI. VII, fig. 10). 


Testa semi-globosa, ventricosa, postice angustata, nitida, 
supernè depresso-planulata, lineolis nigris angulatis irre- 
gularibus maculisque parvulis lutescentibus ac inæquali- 
bus undique adspersa ; anfractibus quaternis planulatis ; 
spira vix prominula ; apertura dilatata, cærulescente vel 


— 159 — 
pallida ; labio angusto, calloso, squalide rufeseente, tenue 
recte emarginato et denticulato; labro superne et inferne 
parum prolongato. 


Var. 8. Testa nigrescente bifasciata ; labio planulato, 
albido. 


Var. y. Testa fuligineo obscurata ; labio calloso rufes- 
centie. 


Hab. : Bahia. (M. Janelle). 
Haut. : 16-17; larg., 18; épaiss., 9-10 mill. 


Cette espèce avoisine la Ver. œquinoxialis de M. More- 
let, mais s’en distingue par le dessin de ses linéoles et 
et de ses taches, toujours irrégulières et plus fortes; par 
son brillant et par sa collumelle denticulée sur son centre 
et non ruguleuse dans toute sa longueur; par ses tours 
aplatis en dessus et non coniques; enfin par le côté supé- 
rieur et inférieur de son labre, un peu dilatés latéralement 
en aîle courte et arrondie : ce qu'on remarque à peine à 
la partie supérieure de la Ver. æquinoxialis. 


2. NeririnA (Clithon) Taoscu£zn, nobis. 


Testa ovato-globosa , parum obliqua, tenui, olivacea, 
maculis minimis longe triangularibus postice tuncatis et albo 
marginatis per pelluciditatem perspicuis crebre adspersa; 
anfractibus 1 1/2-2 ; supremo sepius eroso; apertura cœru- 
lescente ; labio convexiusculo sæpius calloso, margine al- 
bido-vicescente vix arcuato et tenue denticulato : dentibus 
obtusis ; mediana majori ; labro tenui superne declivo. 


Var. & T. major oblique ovata, pallide fusco-rubente, 
antractu infimo ad suturam lineis latis nigris et luteis or- 
nato, infra medium fascia obscura cincto. 

Var 8. Testa subglobosa, obscure fusco- rubicunda, junc- 
tis albis minimis obsita. 


Var. >. T'esta oblique ovata, subglobosa, olivacea. 


— 156 — 


Var. à. Testa nigrata, punctis minimis albis ; maculis 
triangularibus nigris albo marginatis externe perspicuis. 


Haut. : 10 à 11 mill.; larg. : 12-13 mill.; épaiss. : 7 
à 8 1/2 mill. 


Il y a entre cette espèce et la Ver. michaudiana muti- 
que une telle ressemblance de forme générale et d’ou- 
verture, de ténuité du test et de ton de fond de coloration, 
qu'on serait presque tenté de les réunir comme variétés 
d'une même espèce.. Cependant la Ver. michaudiana est 
toujours ornée de fines lignes noires en zigzags et se com- 
pose de trois tours dont les deux premiers forment un 
sommet arrondi; la Troscheli n'a qu'un tour et demi, 
rarement deux, formant un sommet semblable à celui de 
la Ver. zigzag globuleuse. Dans celle-ci l'ouverture est 
bleuâtre et la callosité d'un blanc verdâtre; elle est au 
contraire, blanchâtre dans l’autre. La Ver. Troschelit va- 
rie dans le ton général de son fond de coloration ; la Ier. 
michaudiana est invariable.- 


3. NeriTina Moquiniana (Recluz). PI. VIE, fig. 9.) 


Testa parva, oblique ovato-conica, tenuiscula, luteo- 
Jfusca vel fusca, maculis nigris reticulata, seu transversim 
Jfasciis 3-4 irregulariter concatenatis ; anfractibus 2-3 ven- 
tricosis, subsutura depressis ; apice oculato vel eroso ; aper- 
tura intus albido-cærulescente ; labio plus minusve incras- 
sato, margine recto, in medio tenuiter denticulato. 


Var. a T', tri aut quadrifasciata : fasciis e maculis conca- 
tenalis. 


Var. 8. T. infernè bifasciata, supernè reticulata. 
Var. y. T. antice laxe reticulata, postice rufa. 


Var. d. T. subglobosa, quadrifasciata : fasciis e lincolis 


— 157 — 


obliquis fulguratis, penultima linea nigra decurrente ; an- 
fractibus duobus : supremo subacuto. 

Habit. : les îles de la Mer du Sud. 

Haut. : 10 mill.; larg. : 10 1/2; épaiss. : 7 mill. 


Il n y a aucune espèce à laquelle on puisse comparer 
celle-ci, si ce n’est avec la Ver. turrita dont elle approche 
par la forme générale. Toutefois sa petite taille constante, 
sa coloration variable, différente, et la ténuité de son test, 
en font une espèce distincte. Par la disposition de l’en- 
roulement très oblique de ses tours, et surtout du pre- 
mier, qui ressemble à une feuille de papier roulée en cor- 
net, comme dans les Clithons, la Ner. moquiniana appar- 
tient à une petite tribu qui se compose des Ver. semico- 
nica, turrita, waïgiensis, afra, gravis, zebra, zigzag et 
sayana, tenant, d'un côté, aux Clithons et, de l’autre, 
aux Néritines à sommet en bouton. 


4. Neririna Javana nobis. (PI. VII fig. 13.) 


Testa parvula, transversa ovata tenui, concentrice tenue 
striata, subepidermide flavescente lineolis tenuissimis angu- 
lato-flexuosis reticulatis, nigris, maculis minimis albis in- 
termixtis picia : postice sæpius nigra et immaculata; an- 
fractibus tribus superne fere conicis sutura anguste canali- 
culata; spira laterali incumbente ; labio compresso, niveo, 


nigro-maculato, edentulo et in medio vix arcuato : labro 
intus flavovirente. 


Habit. : l'Amérique du Nord? 
Haut. : 4 1/2; larg. 6; épaiss. : 3 mill. 


Nous devons cette petite espèce à M. le D' Jay, de 
New-York, auquel nous en faisons hommage. Elle repré- 
sente la Ver. fluviatilis, en Amérique. On ne peut con- 
fondre la Ver, Jayana avec celle d'Europe, ron seule- 
ment parce que sa coloration est constante, mais bien 


— 158 — 


encore parce que le sommet de ses tours a une disposition 
conique et leur suture étroitement canaliculée. 


5. Nerrrina (Clithon), cincra, mobs. 


Testa globosa, tenui, nigerrima, albido-lutescente inæ- 
qualiter fasciata; anfractibus 1-2 : infimo superme planu- 
lato haut convexo; apertura subzonata; labio calloso, an- 
gusto, cærulescente, margine denticulato et in medio vix 
arcuatim emarginato : dente mediana et infera majoribus. 

Habit. : nous l'avons rencontrée parmi des Coquilles 
provenant des îles de la Mer du Sud. 


Haut. : 8; larg. : 8; épaiss. : 6 mill. 


Quelques variétés globuleuses , minces et colorées 
comme la Ver. Brasiliana , semblent la représenter ; 
mais les caractères de l'ouverture l'en différencient consi- 
dérablement. Quelquefois le fond de sa coloration est ti- 
queté de jaunâtre, ou d’une teinte pourpre uniforme. 


6. Nenirina (Clithon) uminenraranobis. (PI. VIT, fig. 8.) 


Testa semiglobosa, ventricosa, tenui, olivacea, maculis 
oblongis punctisque lutescentibus variegata ; anfractibus 
quaternis : infimo suprà medium an gulato et sursum depresso- 
planiusculo; spira conico-depressa; apice hyalino rubi- 
cundo; apertura magna ; labio angusto, albido, margine in 
medio vix arcuato et supra unidentato ; labro tenui intus 
luteo-virescente supra medium anguloso. 


Var. 8. Testa ad angulum labri breve unispinosa. 
Habit. : à Taïti (M. Petit de la Saussaie). 

Haut. : 11-12; larg. : 12; épaiss. : 7 mill. 

Ce Clithon a des rapports de culoration avec la Ver. 


Souleyetiana; elle est toujours plus mince, plus dilatée et 
ne porte qu'une seule dent à la columelle : un seul indi- 


— 159 — 


vidu sur vingt environ porte une seule épine à l'angle du 
labre, épine qui est courte et robuste. 


7. NeriTina Cocinsinzæ nobis. 


Testa oblique subovata, glabra, nitida, fusca, nigro un- 
dulatim flammulata ; anfractibus 3 172; spira rotundato- 
obtusa, vix prominente, decorticata ; apertura pallidefusca ; 
labio convexo, calloso, margine subarcuato, eique minute 
denticulato ; dente suprema majori; operculo nigricante, 
stria mediana œqualiter diviso. 


Habit. : Tourane, en Gochinchine. 
Haut. : 10; larg. : 12 1/2; épaiss. : 11 mill. 


Nous ne trouvons aucune espèce avec laquelle on puisse 
la comparer : un seul individu est notre seule fortune ; 
cependant ses caractères nous ont paru assez tranchés 
pour ne pas hésiter à la décrire comme espèce distincte : 
ceux de sa lèvre intérieure nous font présumer que sa 
place doit être au nombre des Glithons mutiques. 


8. NErtTINA BoucaAiNviLLEt nobrs. 


Testa subglobosa, longitudinaliter striato-rugosa, oliva- 
cea, maculis luteis variis et nigris triangularibus pelluciditate 
ostendentibus picta; anfractu infimo supr& medium com- 
presso et subtus angulato, spinis nigris vel olivaceis inter- 
dum maculatis coronato ; apice deroso ; apertura albido-cϾ- 


rulescente ; labio plano, margine ruguloso-denticulato et in 
medio armato. 


Var. « T, spinosa : spinis nigris; valde rugosa : rugis 
postice inœqualiter excavato-punctatis. 


Var. 8. T. spinosa, spirula excavato-erosa, rugis striæ- 
formibus. 


Var. y. T. major, mutica valde rugosa; labio postice 
fuscescente. 


— 160 — 


Habit. : l'Archipel de Bougainville ou des Navigateurs 
à Hamoa. 

Haut. : 11 mill. et plus; larg. 12 ; épaiss. 8 mill.; va- 
riété mutique ; haut. : 17 1/2; larg. : 18; épaiss. : 1. m. 


Cette nouvelle espèce appartient au Cabinet de M. Mo- 
relet, auteur de l'Histoire naturelle des Mollusques fluvia- 
tiles et terrestres du Portugal et d’autres productions con- 
chylivlogiques d’un grand intérêt, qui a bien voulu nous 
permettre de la décrire; elle a des rapports avec la 
Mer. ruginosa, par sa coloration, mais non par ses stries 
qui sont toujours plus étroites et nullement semblables à 
celles de cette dernière. Son ouverture est proportionnel- 
lement moins dilatée; ses tours moins anguleux, là où les 
épines sont implantées; enfin elle manque de l'angle 
transversal et saillant qui borde la partie inférieure du 
dernier tour qui caractérise la Ver. ruginosa. 


9. NeriTina FLoripA nobis. (PI. VIL, fig. 6, 7.) 


Testa ventricosa, subglobosa, crassiuscula, concentrice 
dense et spiraliter obsolete striata, violacea, albo vel lutes- 
cente maculata, interdum zonis roseis pallidisve 1.2.3 fas- 
ciata ; spira incumbente, lateraliter revoluta; apice subcen- 
trali ; apertura albida seu luteo-virente, labio calloso plano 
nigrescente, margine in medio vix arcuato eique dentibus 4-6 
armato ; labro postice breviter auriculato. 


Habit. : Tahiti (M. Petit de la Saussaie). Journal de 
Conch.; Paris. (PI. VIL fig. 6, 7.) 


Haut. :9 à 15 1/2 m.; lar.: 11 à 12 1/2; ép.: 6 1/2à 7 m. 


Petite espèce, très élégante par sa coloration, ressemble 
par là et ses deux sortes de stries à la Ver. dilatata de 
M. Broderip : toutefois elle s’en distingue par sa forme 
constante, par son test plus épais et opaque, l’autre étant 
mince et transparent. Le dernier tour s'enroule largement 


— 161 — 


sur le côté en un tour et demi de spire , dont le sommet 
s’avance plus ou moins fortement sur le centre latéral 
droit du corps de la coquille ; il est marginal et presque 
postérieur sur celui de la coquille de M. Broderip; sa 
callosité est plus nourrie, autrement colorée et variable en 
teinte, le plus souvent noire ou noirâtre; elle est moins 
échancrée et ne porte que 4 à 5 dents assez robustes pour 
sa taille; il y en a 11 à 15 très robustes et fort aiguës 
dans la Ver. dilatata. Son labre, au lieu de s'étendre en 
largeur, comme sur celle-ci, s'étend à peine en arrière 
en petites auricules, dont la supérieure est souvent la seule 
marquée : tous ces caractères nous la font considérer 
comme une espèce fort différente. 


10: Neririna Wazuisianum nobis, PI. VIL, fig. 11, 12. 


Testa globoso-oblonga, subglabra, nigerrima, punctis 
albis perluciditate perspicuis signata; anfractibus quaternis 
ad suturam sptraliter depressis ; supremis sæpius corrosis ; 
apertura albo-cærulescente ; labio calloso, planiusculo, au- 
rantio maculato, margine in medio arcuato tenueque denti- 
culato. — Operculo extus nigerrimo, apice albido. 

Var. 8. Major, spira totaliter erosa. Journ. de Conch.; 
Paris; pl. VIL fig. 12. 


Cette variété vient de la Nouvelle Calédonie, et a été 
donnée à M. Petit par le commandant Marceau. 


Var. >. Testa nigerrima maculis parvis, fuscis, varis 
perluciditate perspicuis notata. 
Habit. : les îles Wallis, avec la Ver. Royssiana. 


La Var. y : la Nouvelle Calédonie (M. Fabre-Ton- 


nerre). 


Haut. : 20 mill. et plus; larg. 20; épaiss. 15 mill. 


Cette coquille, d’une couleur très noire à l'extérieur, 
l'E 


7e 


laisse voir, par transparence, de très petits points blancs; 
et dans la Var. >, des taches d'un jaune-brun, le plus 
souvent arrondies, quelques-unes oblongues et d’autres 
carré-long, mais d'un petit diamètre. Elle doit avoir, 
dans son intégrité, cinq tours de spire coniques; mais sur 
la majeure partie des individus, un à deux seulement sont 
conservés, et tous les autres tellement corrodés qu’on les 
dirait avoir été tranchés par un instrument coupant. Son 
labre semi-ovale et bordé d’un filet noir tout autour pré- 
sente, sur son tranchant supérieur, une pelite saillie ar- 
rondie. — Elle présente de l’analogie avec la Wer. Sayana: 
seulement, cette derrière n’a qu’un tour et demi de spire, 
arrondis, comme certains Clithons mutiques, et la 7’alli- 
siarum , dans les individus entiers, en a quatre à cinq, dont 
les premiers forment une spire conique; sa teinte géné- 
rale est le noir foncé et non l'olivâtre; ses taches ne s'a- 
perçoivent bien que par transparence; outre que sa cal- 
losité est tachée d'orangé; sa marge est légèrement cein- 
trée eb non pas rectiligne, comme celle à laquelle nous la 
comparons; elle a, de plus, une dent robuste au-dessus de 
la courbure marginale plus visible en dedans, et qui man- 
que à la Ver. Sayana. Elle a été apportée, pour la première 
fois, en Europe, par M. Fabre-Tonnerre, chirurgien de 
la marine militaire, il y a bientôt quatre ans. 


11. Nerimiva Desmouzinsiana nobrs. 


Testa transversa, ovata, solida, substriata, nigerrima, 
maculis albis, triangularibus ornata ; anfractibus tribus ; 
spira decorticata, convexo-rotundata; apertura lutea; la- 
bio angusto, plano, subcompresso, medio vix emarginato, 
ac tenue denticulato; labro semi-rotundato, nigro, margi- 
nato. — Operculo afterrimo, extus lævigato. 


Var. 8. Testa anfrartu infimo postice spiraliter tenue 
sulcato. 


— 163 — 


Var. 7. T'esta subglobosa ; labro superne expanso, sub- 
auriculato, infernè obtuse angulato. 


Var. 2? Testa globosa, postice decorticata, antice macu- 
lata ; apertura lactea ; labio medio valde emarginato , den- 
tibus quaternis armato. 


Habit. : lesîles Witi. Noukahiva. 
Haut. : 10; larg. : 14 1/2; épaiss. : 7 1/2 mill. 
La Var. d, haut. 13; larg. : 17, épaiss. 11 mill. 


Coquille intermédiaire entre la Ver. Nuttalli, Var. glo- 
bosa (mediæ magnitudinis), et la Ner. Guerini. Elle diffère 
de la première par sa spire plus large, plus saillante, toujours 
décortiquée, son ouverture jaune citron et son bord ex- 
terne ne présentant jamais l'extension qu'il prend ordinai- 
rement dans celui-ci. Elle diffère de la seconde en ce que, 
quoique solide, elle est moins épaisse; son test, presque 
toujours strié concentriquement, ne montre des stries 
qu’au côté postérieur, et encore rarement ; de plus, son 
opercule est noir et non blanc. Elle n'a jamais, comme 
cette dernière, des fascies transverses en réseau ni au- 
trement, et ses taches sont plus grandes, plus abondantes 
et mieux dessinées que dans toutes les deux. L'ouverture 
de la Ver. Guerinii est constamment blanchâtre et son test 
rézulièrement couvert de petits sillons rapprochés et spi- 
raux. Nous dédions cette intéressante espèce à M. Charles 
Desmoulins, président de la Société linnéenne de Bor- 
deaux. 


12. NerimINA TurrirA (Chemnitz). PI, ILE, fig. 8. 


Nous avons cru devoir faire figurer cette Coquille, parce 
que Chemnitz l'a représentée sans épiderme , et que sa 
figure ne donne pas une idée suffisante de l'espèce : c’est 
par erreur que nous avons indiqué sur la couverture du 
Journal la fig. VIIL de la pl. 3, comme représentant Ja 


— 164 — 


Mer. moquiniana. L'espèce portant ce nom est décrite plus 
haut et représentée sur la PI. VIT, fig. 9. 


13. NenTina Cuminciana (Recluz). PI. IL, fig. 9. 


Testa oblongo-acuta, crassiuscula, nigra, lineolis lutes- 
centibus picta; anfractibus quinis, convexiusculis ; spira 
prominenti, conico-acuta ; apertura oblique obconica ; labio 
vix convexo, supernè calloso, aurantio ; margine ruguloso, 
in medio valde emarginato. 


Nerir. Cumingiana, Recluz (Revue zoolog. 1842). 


Habit. : les îles Philippines. 


Dernier tour ovale un peu plus convexe que ceux de la 
spire, mais non ventru; spire constamment entière, à 
sommet blanchâtre et pointu. Il ne faut pas confondre 
cette Coquille avec la Mer. turrita ou strigilata, parce 
qu'elle est plus solide, plus allongée, à tours bien moins 
convexes, non comprimés sous la suture et à spire tou- 
jours entière. 

C. Réczuz. 


MoxocraPmiEe d'un nouveau Genre de Coquilles bival- 
ves, G. Eucnans, par M. C. Réczuz. 


Les personnes peu familiarisées avec l'étude de l'his- 
toire naturelle s'étonnent quelquefois de l'émission de 
genres nouveaux depuis l’époque où Lamark a publié son 
grand ouvrage sur les animaux sans vertébres. Il est vrai 
qu'on a établi, sans une nécessité absolue, un certain nom- 
bre de genres fondés plutôt sur des caractères de peu de 


1 


valeur, quoique particuliers à certains groupes, que sur 


L tee 


des caractères réellement importants : c'est ainsi que des 
coupes conslituant de simples sections ont été élevées au 
rang de Genre parmi les Hélices, Bulimes, Troques, Vé- 
aus, Lucines, etc.; mais ces divisions n'ont point été ad- 
mises par les auteurs sérieux qui les ont trouvées trop 
légèrement établies : sous ce rapport, l’hésitation des 
conchyliologues à sanctionner ces travaux ne saurait être 
blämée, et il serait préférable, lorsque les caractères sur 
lesquels on base de semblables divisions ne sont pas suf- 
fisamment nombreux et assez tranchés, il serait préféra- 
ble, disons-nous, de grouper seulement ces espèces parti- 
culières en sections du genre auquel elles appartiennent 
réellement. 

Toutefois il ne faudrait pas inférer de la sévérité qui 
doit être apportée dans l'appréciation des coupes généri- 
ques, qu'il n'ya plus rien à faire, sous ce rapport, en 
conchyliologie. Parmi les genres nouvellement fondés il 
en est qui présentent des caractères bien distincts, tels 
que les G. Pholadomia, Gervilia, Gnathodon, Artemis, 
Periploma , Mesodesma ; Ervilia, auxquels il nous sera 
peut-être permis d'ajouter ceux que nous avons publiés 
dans la Revue zoologique : G. Syndosmya, Ligula, Poro- 
nia, Tugonia, Septifer ; et nous pensons que des études 
analytiques et sérieuses ayant pour objet l’établissement 
de bonnes coupes dans certaines familles ne peuvent 
qu'être utiles au progrès de la science, et doivent être en- 
couragées : la mise en relief de caractères jusque là moins 
bien appréciés aura l'avantage d'appeler l'attention des 
conchyliologues, et surtout celle du zoologiste qui cher- 
chera dans l'observation des animaux sil y a définitive- 
nent lieu d'admettre ou de rejeter le travail fondé sur 
‘étude de la coquille. 

Nous aimons à penser que l’on trouvera dans les obser- 
vations qui précèdent la justi‘ication des motifs qui nous 
ont déterminé à créer le genre qui fait l'objet de cet arti- 


— 166 — 


cle, parce qu'il nc nous paraît pas possible de le rattacher, 
à titre même de section, à aucun autre genre de Bivalves 
connu. 

L'espèce type a été publiée par M. Hinds, dans les 
Proceedings de la Société zovlogique de Londres (année 
1843) et a reçu de cet auteur le nom de Corbula qua- 
drata. 

Bien que M. Hinds soit un bon observateur, il nous 
paraît s'être trompé dans cette circonstance, car cette co- 
quille s'éloigne en beaucoup de points du G. Corbula. En 
effet, les Corbules sont des coquilles presque constam- 
ment épidermées, subrostrées, très inéquivalves, ayant 
sur chaque valve le ligament intérieur fixé dans une fos- 
sette du bord cardinal contiguë à la dent sous-apiciale : 
les impressions musculaires ovales-aiguës, et l'impression 
palléale plus ou moins excavée, sont toujours très mar- 
quées sur la face interne des valves. 

La Corbula quadrata de M. Hinds n'est ni épidermée, 
ni rostrée, ni inéquivalve : son ligament est extérieur, 
porté sur des nymphes courtes et étroites; les impres- 
sions sont à peine apparentes; les impressions musculai- 
res sont orbiculaires, l’impression palléale tout à fait sim- 
ple, c'est-à-dire sans excavation, arqüre, ni truncature 
au côté postérieur. 

Au premier aspect, nous avions pensé que cette co- 
quille appartenait aux Saxicaves; mais une étude plus 
attentive nous a démontré qu’il n’en était point ainsi, car 
les espèces de ce genre sont perforantes, ont deux dents 
cardinales le plus souvent avortées, ou du moins rudi- 
mentaires et fort courtes : l'impression palléale est pro- 
fondément excavée, horizontale. Dans notre coquille, 
chaque valve n’a qu’une seule dent toujours constante, 
très saillante, subulée et recourbée vers les sommets ; d’un 
autre côté, elle manque d'excavation palléale, et la pré- 
sence d'une carène constante, ainsi que la régularité qu'on 


— 167 — 


trouve dans la contexture des valves, démontrent qu'elle 
n'est point perforante. 

Ce n'est donc qu'à la suite d’un examen attentif de la 
coquille dont il s’agit que nous nous sommes déterminé à 
en faire le type d’un genre nouveau, que nous appelle- 
rons Eucuanis, en le caractérisant comme il suit : 


G. Eucranis. 


Testa æquivalvis ? inæquilateralis, ovata seu subglobosa, 
hians, apicibus antrorsüm flexis : cardo, in utraque valvula, 
dentem unicum, productum, subulatum ascendentum, mutuo 
latere junctos ferens ; ligamentum externum suprà nymphas 
infixum ; impressiones musculares duæ, orbiculatæ, aproxi- 
matæ, impressione musculari simplici conjunctæ. 

Animal ignotum. 


Genre £ucharide. 


Coquille équivalve? inéquilatérale ovale ou subglobu- 
leuse, bâillante, à sommets recourbés en avant. Charnière 
portant sur chaque valve, une dent saillante, subulée, as- 
cendante, se joignant côte à côte dans le rapprochement 
des valves. Ligament extérieur, porté par de petites nym- 
phes : deux impressions musculaires, similaires, orbicu- 
laires, rapprochées par une impression palléale simple (1). 

Les Eucharides sont des coquilles de petite taille, 
blanches, un peu transparentes, elles sont convexes, 
quelquefois ventrues, toujours marquées de stries d’ac- 
croissement fines et inégales. Leurs sommets sont proé- 
mineuts, recourbés en avant, avec le crochet aigu. Leurs 
rapports sont difficiles à établir sans la connaissance de 


l'animal; toutefois elles semblent le rapprocher des Saxi- 
caves. 


(1) Les valves ont un poli tel, que les impressions ne sont pas visibles 
davs cet état; ce n’est donc que lorsqu'elles ont perdu leur brillant qu’on 
peut les distinguer à leur aspect terne et crétacé, 


— 168 — 


Nous ne connaissons que deux espèces du G. £ucharis, 
l’une fortement carénée des sommets à la base du côté 
postérieur, et à valves renflées; l’autre convexe, ellipti- 
que, et sans carène Voici le diagnose de ces deux es- 
pèces : 


1° Eucharis quadrata. 


Testa ovata, vel subglobosa, inflata, alba, transversim 
substriata, valvulis ab apice ad marginem posticam angulo 
acuto valde carinatis : arca postica subcordata, depresso- 
plana. 


Coquille ovale ou globuleuse, enflée, blanche, striée 
transversalement ; valves très carénées par un angle aigu 
partant du sommet et aboutissant à la marge postérieure; 
plan postérieur presque cordiforme déprimé et plane. 

Corbula quadrata, Hinds. Proceed. zool. Soc. Lon- 
dres, 1843. 

Conchyl. Iconica, Revue monos. du G. Corbula, tab. 5, 
fig. 4 (maxima). 

Habit. : la Guadeloupe (M. le command. Beau). 

Dim. : haut.:11 m.; long.:14 mill.; épaiss. : 8 1/2 mill. 

Forme variable; tantôt ovale, globuleuse ou presque 
carrée ; carène bien prononcée, mais quelquefois très éle- 
vée et très déprimée sur tous les côtés. 


2° Eucharis elliptica, nobis. 


Testa elliptica, convexa, tenui, albo-hyalina; valvis 
subangulatis, irregulariter ac tenue striato-rugosis, non ca- 
rinatis. 


Coquille elliptique, convexe, mince, d'un blanc hya- 
lin, valves subanguleuses, non carénées, sculptées de 
stries‘rugiformes fines et irrégulières. 


Habit. : la Guadeloupe. 


— 169 — 


Dim. : haut. : 8-9 mill.; long. : 11-14 mill.; épais- 
seur : 7-8 mill. 

Les valves de cette espèce sont presque anguleuses, 
sans êlre jamais pourvues d'une crête ou carène oblique 
d'avant en arrière et de haut en bas Malgré ses grands 
rapports avec l Eucharis quadrata, nous avons cru devoir 
en faire une espèce distincte. 

C. Réczuz. 


Descrirriox de Coquilles nouvelles, par M. Perrr DE 
LA SAUSSAYE. 


ielix Guillaini, nobis. PI. VII, f. 3. 


Testa solida, suborbiculari, glabra, depressa, olivaceo-lu- 
tescente, anguste umbilicata, umbilico subangulato ; anfrac- 
tibus 4, planis, ultimo basi convexiusculo, carinato, carina 
obtusa ; apertura irregulart, quadrangulari; columella sub- 
callosa ; peristomate albo-violacescente ; labro reflexo. 


Diam. : 30 mill. 


Coquille assez solide, presque orbiculaire, déprimée, 
épiderme de couleur olivacée-jaunâtre ; quatre tours de 
spire, dont le dernier présente une carène obtuse, ou an- 
gle arrondi; les tours supérieurs très planes : les bords 
de l'ouverture d’un blanc nuancé de violet, le bord ré- 
fléchi. 

Cette jolie espèce, que nous devons à l'obligeance du 
commandant Guillain à qui nous la dédions, vient de l'île 


de Sainte-Marie de Madagascar. Elle se-rappsoche par 


— 170 — 


quelques-uns des caractères de certaines variétés de 17. 
labrella Linné (sepulchralis F.), et aussi de l'A. xystera 
Pfeiffer, qui toutes les deux vivent à Madagascar. 


Partula Recluziana, nobis. PI. VIF, f. 5. 


Testa rimato-perforata, ovato-conica, luteo-fusca, macu- 
lis albicantibus irregulariter ornata; spira brevi, obtusa ; 
anfractibus 4, convexiusculis; ultimo spiram superante ; 
opertura oblongo-ovali ; labro expanso, albo. 


Long. : 20 mil]. 


{ 


Coquille à peine ombiliquée, ovale-conique, ayant un 
épiderme brun ou jaunâtre, recouvert lui-même de taches 
blanchâtres, irrégulières, quelquefois fulgurantes. Quatre 
tours de spire : le bord droit blanc étalé. 


Hab. une des îles Salomon ? 


Cette jolie Partule, qui nous a été donnée par le capi- 
taine de frégate Marceau, se rapproche de l’espèce décrite 
et figurée par M. Reeve sous le nom de ?. inflata (Con- 
chologia systematica), mais la nôtre est beaucoup moins 
veutrue, et plus régulière dans la forme; elle se distingue 
aussi par les accidents de coloration qui semblent dus à 
la présence de deux épidermes. 


Buccinum Guillaini, nobis. PI. VIH, f. 4. 


Testa imperforata, ovato-conica. Pallide nebuloseque fus- 
cescente, violaceo tincta, imperforata ; anfractibus 7-8, ul- 
timo ventricoso, ad marginem sulcato, superne subtubercu- 
lato, basi sulcato, superioribus nodosis, et spiraliter sulcatis ; 
spira acuta; columella valde arcuata, ad basim plicata et 
violacea ; apertura oblongo-ovali, intüs albido violacescente; 
labro intus subcancellato , infernè emarginato; margine 
acuto. 

Operculum ? 

és 


171 — 
Haut. : 24 mill. ; larg. : 12 mill. 


Coquille dépourvue d'ombilic, d’un fauve pâle, nuancé 
d'une légère teinte violette, ayant 7 ou 8 tours de spire, 
et la spire aiguë, le dernier tour un peu ventru, avec des 
côtes tuberculeuses en haut, et des sillons à la base; les 
tours supérieurs noduleux et striés spiralement ; la colu- 
melle très arquée presque angulaire, garnie de plis serrés 
à la base et d’une belle couleur violette : ouverture d’un 
blanc violacé, le bord droit échancré inférieurement. 

Cette jolie espèce nous a été donnée par le comman- 
dant Guillain qui l'a trouvée près de l’île Abd-el-Goury. 
Elle se rapproche du 2. lyratum Lam., et ces deux espè- 
ces semblent appartenir au même groupe. 


De la PERFORATION DES Pierres par les MorLusques. 


Les observations présentées par M. Deshayes , dans le 
premier cahier du Journal de Conchyliclogie, au sujet de 
la perforation des pierres par les Mollusques, devait né- 
cessairement attirer de nonveau sur cet objet l'attention 
des personnes qui se sont occupées de cette étude. Une 
d'elles, M. Thorent, vient de nous adrésser à cet égard 
une note intéressante que nous nous empressons d'insé- 
rer textuellement comme pouvant aider à la solution de 
la question. 


Voici ce que nous écrit M. Thorent : 


« M. Deshayes, dans son article Observations au sujet de 
» la perforation des pierres par les Mollusques, prouve 
» d'une manière claire et précise que ce n'est point à 


l’aide de moyens mécaniques que ces anïinaux parvien- 
nent à se loger dans la pierre et à y agrandir leur demere, 
au fur et à mesure de leur développement. Il n’y à pas, 
en effet, de Mollusque perforateur qui possède un ins- 
trument quelconque assez puissant pour résister à un 
corps plus ou moins dur, et moins encore pour le pé- 
nétrer : ce que dit M. Deshayes, en parlant du taret, 
est applicable à plusieurs autres genres de Mollusques, 
et particulièrement aux Gastrochènes, aux Pholades et 
à quelques Pétricoles. On sait combien les coquilles de 
ces animaux sont minces et friables, et cependant elles 
habitent toutes des calcaires souvent très durs. Com- 
nent supposer encore que les élégantes et fragiles aspé- 
rités qui ornent la surface de la coquille d’une Pholade 
conserveraient leur ténuité et leur fraîcheur , si cette 
coquille subissait le moindre frottewent sur un corps 
éminemment plus dur qu'elle. Pour prévenir toute ob- 
jection, nous ajouterons que les coquilles perforantes à 
surface lisse, comme les Gastrochènes, et notamment 
la Modiole lithophage, sont constamment revêtues d’un 
épiderme, ou drap marin, formé, comme on le sait, 
d'une matière muqueuse ou cornée : épiderme qui, par 
sa nature, ne saurait résister, moins encore que la co- 
quille, au plus léger frottement sur un corps qui aurait 
la moindre cohésion. 

» Les observations de M. Deshayes sont donc suffisam- 
ment développées, et les conséquences qu'il en tire sont 
assez concluantes pour qu'il soit nécessaire de chercher 
de nouvelles preuves. Nous dirons donc avec lui qu'au- 
cun Mollusque ne perfore la pierre à l'aide d’un moyen 
mécanique. 

» Il reste à découvrir le moyen fourni par la nalure au 
Mollusque perforateur. Nous croyons, sinon avoir ré- 
solu le problème d'une manière absolue, du moins être 
arrivé sur Ja trace de Ja vérité. 


— 173 — 


» Il résulte d'expériences que nous avons faites, à l'aide 
des lumières de notre ami M. Rivet, habile chimiste, 
sur plusieurs individus de la Pholas crispata de nos 
côtes, que la présence d'un acide libre, secrété par cet 
animal, n'est pas douteuse, et que c’est dans les parties 
intestinales que cet acide existe, ainsi que nous l’a fait 
reconnaître l'application sur cette partie du papier de 
tournesol. 

» La nature de cet acide n'a pas été déterminée faute 
des appareils et des réactifs nécessaires pour cette ex- 
périence; mais il y a lieu de penser qu'il s’agit d'acide 
chlorydrique, qui aura pu prendre naissance par la dé- 
composition des chlorures que l’eau de mer tient en 
dissolution. Quant à la quantité secrétée par l'animal, 
si elle est en rapport, comme c’est probable, avec la 
masse d’eau qu'il absorbe extérieurement et intérieure- 
ment, elle doit être considérable et d'une action inces- 
sante. 

» Il nous paraît donc certain que le Mollusque perfo- 
rateur n'emploie pas d’autre moyen pour creuser dans 
la pierre la cavité dans laquelle il est enfermé, qu'en 
y déposant successivement les acides qu’il secrète et 
qu'il parvient aisément à étendre sur toute la paroi in- 
térieure, à l’aide de son pied et de son manteau : ce 
fait est confirmé par l'expérience suivante : 

» Si lon recueille une certaine quantité de matière 
secrélée par le Moilusque avec le liquide qui l’accom- 
pagne, et si on le place sur une plaque de marbre poli, 
on reconnaît bientôt l’action corrosive de l'acide sur 
cette plaque. 

» Il ne sagit plus maintenant que de découvrir le 
moyen einployé par l'animal pour préserver la coquille 
elle-même contre l'agent destructeur du calcaire : or 
il est tout trouvé et connu. C'est évidemment cette 
matière muqueuse ou cornée qui, lorsqu'elle recouvre 


— 174 — 


la coquille, se nomme drap marin , épiphose, ou sim- 
plement mucosité lorsqu'elle est vue sortant du Mol- 
Jusque. Gette substance animale étant insoluble dans 
les acides et constamment existante et produite pen- 
dant la durée de la vie, elle neutralise les effets de l’a- 
cide sur le Mollusque et sur la coquille. 

» Nous regrettons que nos expériences soient incom- 
plètes, et qu’il ne nous ait pas été possible, jusqu à 
présent, d'obtenir de résultats plus précis; mais nous y 
reviendrons : la question présente trop d'intérêt pour 
que nous l’abandonnions avant d’avoir essayé tous les 
moyens de la résoudre » 


Au moment même où nous recevions de M. Thorent la 


note qui précède, M. Lovell-Reeve nous écrivait de Lon- 
dres dans les termes suivants : 


« Le mémoire de M. Deshayes sur la perforation des 
pierres par les Mollusques m'a beaucoup intéressé, 
d'autant qu'il confirme l'opinion que javais conçue 
depuis longtemps, que cette perforation avait lieu par 
une action chimique, et non par des moyens mécani- 
ques : c'est seulement depuis peu que j'ai eu occasion 
de soutenir cette opinion dans une discussion avec 
M. Buckland (dans une séance de l'Institution des in- 
génieurs civils), au sujet des ravages causés par le Taret 
(Teredo navilis), dans les boïs de construction de nos 
arsenaux, dommages qui, d'après ce savant, seraient 
produits par l'action d’une rape siliceuse, by séliceous 
rasping. » 


11 s'agirait ainsi d'un troisième moyen, d’un nouvel 


agent attribué aux Mollusques, pour pénétrer dans les 
matières calcaires et dans les substances ligneuses. Nous 
présumons qu'il est question, dans ce système, des grains 
siliceux que M. Hancok a trouvés dans le pied ou le man- 


— 175 — 


teau de certains Mollusques et dont il prétend que ceux- 
ci peuvent se servir pour corroder la surface des corps qui 
se trouvent dans la mer. M. Récluz pense, sur ce point, 
que ces grains siliceux pourraient bien n'être que des 
cristaux calcaires. 

S: P: 


Osservarions sur quelques Mollusques du G. Hélix 
composant le groupe des espèces luisantes de France 
(indiquées par M. l'abbé Dupuy, dans son 3° fasci- 
cule de l'Histoire naturelle des Mollusques de France), 


par M. Terver de Lyon. 


Herx Vitida, Müll.; Lucida, Drap. 


M. Dupuy se contente de citer, dans la Synonymie, la 
Pi. VIII de Drapanaud, sans indiquer le nom donné par 
cet auteur, ce qui pourrait induire en erreur les person- 
nes qui ne possèdent pas son ouvrage. 


H. Olivetorum, Gmel. 


Cette espèce est très distincte, et elle présente toujours 
en France les mêmes caractères quelle que soit la localité 
qu'elle habite. Il serait donc utile d'appeler l’attention 
des naturalistes sur l’espèce que l’on trouve à Gênes et en 
Sicile, et à laquelle M. de Charpentier a donné le nom 
de H. Zeopoldiana. 

Nous avons eu bon nombre d'exemplaires de cette 
espèce à notre disposition, et nous l'avons toujours trou- 
vée plus volumineuse que notre H. Olivetorum : elle nous 
a paru relativement plus mince; son test est mince et 
n'offre jamais cet éclat vitreux de l'espèce de France. 


— 176 — 


Il serait bon d'étudier les animaux de ces deux espèces, 
avant de se prononcer sur leur réunion en une seule. 


H. Nitidula, Drap. 


Cette espèce a été généralement confondue avec l’Hé- 
lix Vitens Mich. Cependant , en l'examinant avec soin, 
on voit qu'elle en diffère essentiellement. Indépendam- 
ment de l’écartement de l'ouverture plus prononcée dans 
V'H. Nitens, VH. Nitidula est plus solide, plus brune et 
les animaux ne se ressemblent pas. 

En outre des localités indiquées par M. Dupuy, nous 
retrouvons l'espèce dont il s’agit aux environs de Lyon, 
en Loraine, en Alsace, à Valenciennes, .en Belgique, en 
Saxe et probablement dans tout le nord de la France. 
Elle habite les bois, dans les lieux élevés, sous les feuilles 
mortes : on la rencontre aussi dans les vallons boisés. 


H. Glabra, Müll. 


Cette espèce existe dans les Alpes suisses , ainsi que je 
l'ai signalé à M. Dupuy; elle se trouve aussi en Allema- 
gne; mais ce qui nous intéresse davantage c'est qu'elle a 
été trouvée dans les montagnes du Bugey, au Colombier 
où elle est fort belle et très développée. Il est probable 
qu’elle devra se rencontrer dans toute la chaîne du Bugey, 
du Jura et des Vosges, peut-être même dans le nord de la 
France : on la trouve parmi les pierres. 

L'ombilic est trop grand, dans la fig. 6, pl. X, de 
M. Dupuy. 


H. Alliacea, Jeffries;, Alliaria, Müli. ; fætida, Brown. 


Voici encore une espèce à ajouter à celles de France. - 
Elle habite dans les bois , au mont Pelat, près Lyon, 
dans le Bugey. Lorsque nos montagnes auront été mieux 


— 177 — 


explorées, il est probable qu'on la trouvera sur d'autres 
points : car entre l'Angleterre où elle vit et où elle est 
connue depuis longtemps, et le département du Rhône; 
il existe bien des points intermédiaires qui doivent lui 
convenir. 


H. Cellaria, Müll. 


M. Dupuy a séparé avec raison cette espèce de la sui- 
vante, car les animaux diffèrent essentiellement. 

Elle se rencontre dans presque tous les boïs aux envi- 
rons de Lyon : elle habite également près de Valencien- 


nes, la Belgique, et probablement tout le nord de la 
France. 


H. Lucida, Drap.; Mitida, Drap. 


Commune à Lyon, dans les lieux frais, mais on la 
trouve rarement avec la précédente : celle-ci recherche 
davantage les lieux humides ; elle existe dans Je Jura, les 


Alpes et une grande partie de nos provinces septentrio- 
nales. 


H. Mitens, Michaud. 


Cette espèce se trouve à peu près dans toute la France, 
en Suisse, en Allemagne. J'appellerai néanmoins l’atten- 
tion des naturalistes sur ce Mollusque qui offre certaines 
variétés remarquables. 

À Grenoble, par exemple, la plupart des échantillons 
sont d'un blanc. azuré, sans cependant tenir de l’albi- 
nisme. 


H. Radiatula, Dupuy. 


Cette jolie espèce a été confondue avec | Helix Vitidosa, 
dont la taille est à peu près égale. 
Elle existe aux environs de Lyon ; je l'ai reçue du dé- 
12 


— 178 — 


département de l'Oise, et sans aucun doute elle se re- 
trouve dans d'autres localités. 


H. Mitidosa, Fer. ; Nitidulu Drap. 
Habite Lyon, l'Auvergne. 
H. Hydatina , Dupuy. 


Nous avons trouvé cette espèce à Lyon, mais dans le 
Lemmer, ou terrain d’alluvion : j'ignore si elle existe en- 
core à l’état vivant. 

Je la connais comme venant du Portugal. 

Il y a donc lieu de croire qu'on finira par la rencon- 
trer sur quelqu autre point de la France. 


H. Cristallina, et H. Hyalina, Dupuy. 


Ces deux espèces terminent le groupe des Hélices lui- 
santes de France, indiquées par M. l'abbé Dupuy. 

Nous croyons qu’il y aurait d’autres additions à faire, 
car déjà M. Foudras, jeune naturaliste de cette ville et 
excellent observateur, croit avoir remarqué cinq à six 
espèces de Crystallines, dont M. Dupuy ne signale que 
trois espèces. De nouvelles observations sont indispensa- 
bles pour être fixé d’une manière précise ; mais dès à pré- 
sent nous pouvons avancer qu'il existe des Crystallines : 

{° A péristome simple, ombilic étroit ou à peine 
visible. 


2° A péristome simple et à ombilic très ouvert. 

3° A péristome bordé, avec l’ombilic très ouvert. 

Nous croyons donc devoir appeler l'attention des natu- 
ralistes sur la recherche et sur l'étude de toutes les espèces 


de ce groupe si intéressant et si peu connu. Il faut les 
chercher un peu partout : car ces espèces n'ont pas toutes 


— 179 — 


la même manière de vivre, et telle exposition qui con- 
vient à l’une ne vaut rien pour uné autre. 

Les Crystallines, ainsi que les petites espèces, préfé- 
rent en général les mousses ou à défaut les feuilles mor- 
tes; et c'est en secouant ces mousses au-dessus d'un linge 
ou d'un parapluie ouvert, cemme font les entomologistes, 
que l’on peut espérer de faire quelques découvertes, ou 
tout au moins recueillir quelques faits nouveaux pour 
arriver à éclaircir les points douteux. 

TErver. 


Norice sur un nouveau genre de Moilusques terrestres 
nommé SToasroMA, par M. C. B. Adams. 


Dans un mémoire qui a paru à Amherst (Massachussett) 
en septembre 1849, M. C. B. Adams a fait connaître un 
nouveau genre de coquilles terrestres operculées, dont il 
a décrit en même temps onze espèces provenant toutes de 
l’île de la Jamaïque. Voici la caractéristique de ce genre : 


G. Stoastoma Adams. — o70 Porticus et roux , aper- 
lura, 


Testa, apertura accurate semictrculari, ora crassa ; labro 
producto, regulariter curvato, haud reflexo ; labio vix cur- 
vato ; operculo calcareo, perconcavo, exile et irregulariter 
lamellifero. 


Coquille à ouverture exactement semi-circulaire ; bord 
épais ; labre prolongé, régulièrement recourbé ou réflé- 
chi; bord gauche à peine recourbé ; opercule calcaire, 
très concave, mince, portant des lamelles irrégulières. 


— 180 — 


M. Pfeiffer, parlant de ce genre dans le Zeitschrift für 
Malakozoologie (année 1849, pag. 113), a fait remar- 
quer que le Cyclostoma succineum, Sow. devait être rap- 
porté à ce groupe qu'ilest disposé à placer dans la famille 
des Hélicinacées. Il avait été, dit-il, frappé, depuis long- 
temps de la forme toute particulière de cette espèce (1), et 
il en aurait fait lui-même le type d'un genre nouveau 
dans la famille des Cyclostomacés, s'il en eût connu l’o- 
percule. Depuis, ce conchyliologue a trouvé au fond d'un 
exemplaire de ce Cyclostome un opercule dans lequel il 
a reconnu les caractères de l’opercule des Stoastoma, très 
profondément concave, et sans spire réellement visible. 

En outre de ce caractère, une disposition propre à ce 
genre consiste dans la direction du bord gauche qui, à sa 
réunion avec le bord droit, est linguiforme et présente un 
tuyau caréné retournant en arrière sur l'ouverture ombi- 
licale. 

Toutes les espèces connues jusqu'à présent sont très 
petites. La plus grosse de celles décrites par Adams, le 
St. Pisum, est encore plus petit que je St. Succineum de 
l'île Opara. Elles sont sphériques, coniques ou discoïdes : 
les espèces propres à la Jamaïque sont loutes striées spi- 
ralement. Voici lés noms sous lesquels elles ont été dési- 
gnées par cet auteur. Stoastoma Gouldianum, Blandianum, 
Fadyanianum, Pfifférianum, Cumingianum, Chittianum, 
Pisum, Lyndsleyanum, Redfieldianum, Jayanum, Leanum, 
auxquelles il faudrait ajouter comme douzième espèce, 
suivant M. Pfeiffer, le Staostoma Succineum. 


Nous terminerons, en faisant remarquer que cette der- 
nière espèce vient d’une île isolée au milieu de l'Océan 
Pacifique, tandis que les onze autres semblent se trouver 


(4) M. Pfeiffer reconnaît au surplus que la figure qui représente le Cycl. 
suecineum dans le Thesaurus de Sowerby, n’est pas exacte, et que l’ou- 
verture est trop ronde. 


— 181 — 


parquées dans l'île de la J amaïque. La distance qui sépare 
ces deux points du globe nous laisse, nous devons l'avouer, 
quelque incertitude sur l'exactitude du rapprochement 
fait par le savant conchyliologue de Cassel. 


LOUE 


NOTE. 


Nous avons annoncé dans notre avant-propos que nous reprodui- 
rions dans le Journal de Conchyliologie quelques-uns des articles les 
plus intéressants publiés à l'étranger dans certains recueils qui trai- 
tent des différentes branches des sciences naturelles : le cadre du 
journal ne nous permettrait pas de faire remonter trop haut ce genre 
de recherches, à moins qu’il ne s’agît de quelques observations im- 
portantes ; mais nous croyons entrer dans une voie convenable en 
mettant sous les yeux de nos souscripteurs quelques-uns des travaux 
publiés hors de France dans le courant de l’année dernière : nous 
allons commencer, dans ce cahier, cette sorte de revue rétrospective 
en reproduisant plusieurs articles extraits du recueil qui paraît an- 
nuellement à Londres sous le titre : Annals and Magazine of natu- 
ral history including Zoology, Botany and Geology by Jardine, 
Selby, etc. 

S. PETIT. 


Nornice sur les espèces appartenant au G. Placenta de 
Retzius; G. Placuna de Lamark , par J. E. Gray. 


(Extrait du Magasin de Jardine, août 1849.) 


Lamark a décrit trois espèces de ce genre, d’après la 
forme extérieure, ondulée ou plate de la coquille, earac- 
tère sujet à des variations considérables, comme on peut 
le reconnaître à l'inspection d’un grand nombre d'exem- 
plaires. 

J'ai observé, dit M. Gray, que la charnière présente 
un caractère plus permanent et qu'il donne les moyens de 


— 182 — 


diviser les espèces en deux sections, en donnant aussi la 
possibilité de séparer les espèces elles-mêmes. Dans les 
deux divisions la valve droite est la plus plate, et porte 
les dents en forme de côtes de la charnière. 


Sect. 1°. Coquille rougeâtre, les dents de la charnière 
divergentes et s’éloignant rapidement l’une de l’autre, en 
formant un angle d'environ 45 degrés ; l'impression mus- 
culaire sous le centre de la charnière ; les dents de lon- 
gueur presque égale. 


PL. Sella. Gmel. — Coquille flexueuse, plutôt rhom- 
boïde, étant droite par devant. Les dents cardinales éga- 
les en longueur à la distance qui les sépare à la base. 

Habit. : l'Océan Indien. 

Var. : Presque plate, subquadrangulaire. 

Habit. : la Nouvelle-Hollande. 


PL. Papyracea, Lam.—Coquille subtétragone, plus pe- 
tite que la précédente; très mince, papyracée, blanchä- 


tre, nuée de rouge-brun , présentant des stries très fines 
onduleuses. 


PL. Lincolnii, Gray.— Coquille plate, de forme presque 
orbiculaire, arrondie devant et derrière ; les dents de la 
charnière prolongées , ayant une longueur plus considé- 
rable que la distance qui les sépare à la base. 

Habit. : la Nouvelle-Hollande. 


Secr. 2°. Coquille semi-transparente, plate, suborbi- 
culaire ; les dents cardinales s'éloignant très graduelle- 
ment l’une de l’autre; la dent postérieure plus longue ; 
lPimpression musculaire en avant du centre de la char- 
nière. 

PL. Placenta, Lam. 

Placenta, orbicularis, Retz. -— Anomia, Placenta, 
Linn. 
Coquille blanche, demi-transparente, très aplatie, rou- 


—.i83 — 


geâtre quand elle est jeune. Ges coquilles varient un peu 
dans l'inégalité des dents de la charnière , mais la posté- 
rieure est toujours plus longue. 


Habit. : la Nouvelle-Hollande. 


Nous ferons remarquer que Chemnitz donne la meil- 
leure caractéristique pour les espèces, et qu'il a tenu 
compte des caractères fournis par la charnière qui n'a- 
vaient été vus ni par Lamark, ni, autant que j'en puis 
juger, par aucun des auteurs récents (1). 


Descriprion de quatre espèces de Pur, par M. H. Bx- 
son. Esq. 


(Jardine’s Magazine, août 1849.) 


M. Benson décrit quatre nouvelles espèces de Pupa de 
Chine et de l'Inde, en faisant remarquer qu'elles appar- 
tiennent bien à ce genre, tandis que d’autres provenant 
des mêmes localités, et décrits comme tels, seraïent plus 
convenablement placés dans le G. Bulimus. Voici la ca- 
ractéristique des espèces décrites par M. Benson. 


1° Pupa regia, Bens. 


Testa profundissime umbilicita, elongato-conica, subcy- 


(1) M. Gray commet ici une erreur ; en effet voilà ce qu’on lit dans l’En- 
cyclopédie méthodique à l’article Placune. 

« La forme des dents cardinales, leur longueur, leur divergence sont de 
» bons caractères pour distinguer sûrement les espèces, en les joignant 
+ àvec d’autres différences extérieures, » 

Plus loin, M. Desbayes dit à l’article Placuna placenta : 

« Les dents cardinales sont très grandes, mais très inégales ; l’une d’el. 
» les, la plus grande, qui est aussi la postérieure, est tout à fait droite : 
+ l’autre est légèrement arquée dans sa longueur, » 


HE 5 


— 184 — 


lindrica, solida, alba, lævigata, nitidiuscula, oblique et 
remote obsoleteque plicato-striata; spira supernè sensim 
attenuata, apice obtusiusculo , umbilico pervio; anfractibus 
undecim subplanulatis, ultimo anticè antecedente, validius 
plicato, ad basin compresso ; sutura lincarë, irregulariter cre- 
nata; apertura oblique truncato-ovata, sublaterali ab axe 
deviante, intüs fulvida; plica columellari profunda, dupli- 
cata, parietali elongata, remotiuscula; peristomate valde 
incrassato, reflexo, subtus latiori, marginibus callo junctis, 
collumelart expanso, supernè sinuato, extus angulum effor- 
mante, dextro medio antrorsum arcuato. 


Coquille profondément ombiliquée, allongée-conique, 
subcylindrique, solide, blanche, lisse, luisante, munie de 
stries obliques, éloignées et peu marquées; pointe de la 
spire obtuse ; onze tours de spire presque planes; le der- 
nier tour plus fortement plissé, comprimé à la base ; su- 
ture irrégulièrement crénulée, ouverture ovale tronquée, 
fauve intérieurement; un pli columellaire profond , dou- 
ble ; le pli supérieur allongé; péristome très épais, réflé- 
chi; les bords joints par une callosité ; le bord columel- 
laire étendu, sinué à la partie supérieure , le bord droit 
arqué au milieu. 

Long.: 43 mill. ; aperturæ long. : perist., incl. ; 18 m.; 
lat. : 9 mil]. 

Habit. : la Chine, près Nankin. 


Cette espèce est une des plus grandes du genre Pupa; 
l'ombilic est si profond qu'en y introduisant un fil d’ar- 
chal, celui-ci pénètre presque jusqu'au sommet de la co- 
quille. 


2° Pupa huttoniana, Bens. 


Test. rimata, ovato-oblonga, subcylindracea, hyalina, 
glabra, apice obtuso ; anfractibus 5, convexis ; apertura 
ovato-rotundata, quinque-plicata, peristomate expansius- 


— 185 — 


culo, marginibus callo tenu junctis ; plica unica irregulart, 
sinuata, parietali, columellaribus duobus, palatalibus duo- 
bus profundis. 

Coquille à peine perforée, ovale-oblongue, subcylin- 
drique, hyaline, glabre ; ayant 5 tours de spire convexes; 
ouverture ovale-arrondie:; péristome étendu, les bords 
réunis par une callosité mince; deux plis à la columelle, 
un pli au-dessus irrégulier, sinueux, deux autres plis en 
haut de l'ouverture. 


Long. : 1 1/2 mill.; Lat. x : { mill. 


Habit. : Simla, et jusqu'ici n’a été trouvé sur aucun 
autre point de la chaîne de l'Himalo ya. 


3° Pupa plicidens, Bens. 


Best. umbilicata, ovato-conica, subtrochiformi, glabrius- 
cula, obscure striata, cornea; anfractibus quinque, con- 
vexis, ultimo ventricoso, antice ascendente, ad basin tu- 
mido ; sutura impressa; apice obtuso ; apertura irregulart, 
subtriangulart, 9-plicata; peristomate continuo, sinuato, 
exæpanso, marginibus callo appresso expänso junctis; dex- 
tro medio extus impresso, intus tuberculato-incrassato ; pli- 
cis parietalibus 3, quarum 2 superioribus elongatis, colu- 
mellari dentiformi, unica, palatalibus 5, quarum 2 sub-ba- 
salibus minutis, margine basali extus callo prœdito ; umbi- 
lico angusto. 

Coquille ombiliquée, ovale-conique, subtrochiforme, 
un peu glabre, léoèrement striée, cornée; cinq tours de 
spire convexes ; le dernier ventru; ouverture irrégulière, 
subtriangulaire, ayant neuf plis ; le périsiome continu, 
sinué, étalé ; le bord droit épais, comprimé vers le milieu ; 
un pli columellaire unique , dentiforme; trois plis supé- 
rieurs, dont deux allongés; cinq autres plis dans le haut 
de l'ouverture dont deux petits; ombilic étroit. 

Long. : 2 mill.; lat. : 1 1/2 mill. 


— 186 — 


Habit. : Landour et Mussoorie, montagnes de l'Hima- 
laya. 

Cette coquille, dit M. Benson, a une forme toute par- 
ticulière et semble indiquer un passage des Pupa aux 
Anostoma. 

L'animal a quatre tentacules, la paire supérieure por= 
tant les yeux, les inférieures très courts; le pied est hya- 
lin ; les tentaculeset le mufle de couleur brune; la coquille 
est traînée horizontalement. L'animal se trouve parmi les 
mousses, sur les rochers humides et, en général, dans les 
endroits peu ou point accessibles aux rayons du soleil. 


4° Pupa brevicostis, Bens. 


Test. rimato-perforata, cylindraceo-ovata, cornea, apice 
obtuso; anfractibus 4 1/2, longitudine celeriter crescentibus; 
ultimo antice non ascendente, 1/3 longitudinis teste æœquante, 
superioribus convexis supernè remote semi-costulatis, ultimo 
et penultimo subplanulatis, dimidioque in feriori cæterorum 
sericeis, muticis ; apertura rotundato-ovata, 5-6 plicata ; 
plica prima angulari, brevi; secunda parietali profundiore, 
obliqua ; columellari unica; palatalibus 2-3 profundis ; 
peristomate expanso, subrefleæo. 


Coquille médiocrement perforée, ovale-cylindrique, 
cornée; spire obtuse; quatre tours et demi; le dernier 
égalant le tiers de la longueur de la coquille; les tours 
supérieurs convexes, à moitié costulés; ouverture ovale- 
arrondie, munie de cinq plis; le premier court, angulaire, 
le second plus profond, oblique, un pli columellaire uni- 
que ; deux ou trois plis profonds à la partie supérieure 
de la coquille ; péristome étalé, un peu réfléchi. 


iong. : 1 1/2 mill.; lat. : vi, 1 mill. 
Habit. : à Barrackpore, près Calcutta. 


Les tentacules inférieurs de l'animal manquent ou sont 


— 187 — 


invisibles comme dans les Vertigo ; les supérieurs portent 
les yeux au sommet. 

Sur quelques individus envoyés, par la voie de terre, 
dans un tuyau de plume, deux arrivèrent vivants à 
M. Benson, et se mirent à ramper, lorsqu'il les eut 
exposés à l'humidité. 


CaracrÈres du Ge DiPLOMMATiNA, genre nouveau de 
Mollusques terrestres appartenant à la famille des 
Carychidés, par W. H. Benson. Esq. 


(Jardine’s Magazine, septembre 1849.) 


Le capitaine Hutton a rapporté de l'Himalaya une petite 
coquille qu'il regardait comme appartenant au G. Cary- 
chium, mais que M. Pfeiffer à décrite sous le nom de Buli- 
mus folliculus (Symb. 3, n° 370, p. 83). M. Hutton s'était 
fondé, pour rapporter l'espèce au premier de ces genres, 
sur la position des yeux qui ne sont point placés à l'ex- 
trémité des tentacules. La coquille seulement, diflérant 
par la forme de l’ouverture et par l'absence de plis ou de 
dents, serait évidemment anormale dans ce genre : mais 
celui-ci semblait être le seul auquel on püût rattacher la 
coquille. 

M. Benson ayant été à même de faire des observations 
répétées sur l'animal de deux espèces de ce groupe, en 
fait connaître le résultat de la manière suivante : 

« Deux tentacules seulement, partant de la partie supé- 
» rieure de la tête, longs, filiformes; les yeux situés à la 
» partie postérieure et à la base des tentacules, composés 
» de deux lobes; un lobe profondément placé dans le 
» tentacule et plus grand que l’autre, qui est un petit 


» point noir iuclinant sur le côté extérieur du grand lobe; 
» pied court. 


— 188 — 


» Si l'animal eût été pourvu d’un opercule, il aurait pu 
» être rapporté à la famille des Cyclostomacés, à cause 
» de la position des yeux et de la forme de l'ouverture de 
» la coquille. Les différences qu'on peut remarquer dans 
» celle-ci, aussi bien que dans l'animal, permettent de 
» les séparer du G. Carychium. » 


M. Benson propose donc de former dans cette occasion 
un nouveau genre, auquel il donne le nom de Diplomma- 
tina, dérivé du caractère particulier des yeux, et il en 
donne la caractéristique suivante : 


G. Diplommatina, Benson. 


Testa vix rimata, tenui, subovata; spira elongata ; an- 
fractibus convexis, costatis, ultimo subascendente ; apertura 
edentula, suborbiculari; peristomate duplicato, expanso ; 
marginibus callo parietali appresso junctis. 


Operculo nullo. 


Coquille à peine perforée, mince, subovale; spire allon- 
gée ; tours convexes, munies de côtes; ouverture non gar- 
nie de dents, suborbiculaire; péristome double, renversé, 
les bords réunis par une callosité pariétale. 

Pas d'opercule. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES. 


1° Dipl. folliculus, Pfeiff. — T. breviter rimata, ovato- 
acuminata, tenut, distincte et oblique costata, pallide fus- 
cescenti-albida ; spira conica, acutiuscula ; anfractus 7, 
convexis, ultimo angustiori, antice subascendente, [3 lon- 
gitudinis vix æquante; apertura subciculart ; peristomate 
simplici, breviter expanso, marginibus approximatis, callo 
junctis, dextro arcuato, columellari dilatato , patente. 


Coquille brièvement perforée, ovale-acuminée, mince, 
garnie de côtes obliques distinctes; d’un blanc tirant sur 


— 189 — 


le fauve pâle; spire conique, pointue; sept tours con- 
vexes ; le dernier plus étroit, égalant à peine le tiers de la 
longueur de la coquille; ouverture suborbiculaire; péris- 


tome simple, à marge rebordée; le bord droit arqué; le 
bord collumellaire étalé. 


Long.: 3 1/2 mill.; diam. : medio, 2 mill. 
Habit. : Simla, Landour, etc. (Inde). 


2° Dipl. costulatum, Benson. — T. minima, subimper- 
forata, cylindrico-ovata, minute costulata, costulis obliquis 
regularibus, approximatis ; anfractibus quinis, superioribus 
celeriter decrescentibus ; ultimo angustiori, antice subascen- 
dente; sutura profunda ; apice obtuso; apertura rotundata, 
continua ; peristomate tenui, expanso, duplicato, labro se- 
cundo retromisso à costulis, satis distincto. 


Coquille petite, presque imperforée, ovale cylindrique, 
finement costulée, les côtes obliques, régulières, rappro- 
chées; cinq tours de spire; les supérieurs décroissant 
rapidement; le dernier plus étroit; suture profonde ; spire 
obtuse; ouverture ronde, continue; péristome mince 
étendu, double; le second labre distinct. 


Long. : 2 mill.; diam. : vix 1 mill. 


Habit. : in montibus sub-Himalayanis occidentalibus. 


Cette espèce diffère notablement par la forme et les 
dimensions du D. foll'culus, Pfeiff. ; elle est plus petite, et 
ne présente pas la même longueur; spire conique décrois- 
sant tout à coup vers la spire. 


Dans les mêmes localités, habités par les Diplommatina, 
M. Benson a rencontré, maïs moins abondaminent, une 
nouvelle espèce de Carychiun , tout à fait distincte des 

* a] . . 
espèces d'Europe GC. minimum et G. spelæum, Rossm., 


— 190 — 


ainsi que de l'espèce américaine C. exiguum, Say. Voici 
la caractéristique qu'en donne ce conchyliologue : 


Caryc. indicum, Benson. 


T. minima, rimata, ovato-cylindracea, hyalina, nitida; 
anfractibus quinis, superioribus convexis, ultimo et penul- 
témo subplanulatis ; apice obtuso; sutura impressa ; apertura 
ovata ; peristomate incrassato ; margine dextro intus medio 
callo dentiformi prædito; plica parietali unica, columellari 
obliqua. , 


Coquille petite, ovale-cylindrique, hyaline, brillante; 
cinq tours de spire ; le dernier et l'avant dernier presque 
planes; les supérieurs convexes; ouverture ovale; péris- 
some épais; le bord droit garni intérieurement d'une 
callosité dentiforme; un seul pli pariétal; pli columel- 
laire oblique. 

Long. : 1 1/2 mill.; diam. : 243 mill. 

Habit. : Simla. Landour, etc. 


Nonice sur le périoste velouté de certaines Gythérées, 


S.-G. Trigona de Megerle, par J. E. Gray. 


(Jardine’s Magazine, octobre 1849.) 


« Dans mon travail sur les espèces du G. Zrigona de 
» Megerle, j'ai mentionné que quelques espèces étaient 
» revêtues d’une sorte de drap velouté, argenté, cachant 
» la surface du périoste corné. 

» Quand ce vêtement est examiné attentivement, on 
» le trouve formé de nombreux spicules de même lon- 
» gueur, placés côte à côte perpendiculairement à la 
» surface du périoste, de manière à former une sorte de 
» velours ou de peluche ; la longueur des spicules, et par 


) 


2 


D 


C4 


— 191 — 


conséquent l'épaisseur du vêtement, augmente vers les 
bords de la coquille : ce vêtement disparaît générale- 
ment dans la partie la plus convexe et la moins pré- 
servée de la coquille. 

» Le R. D" Fleming a dernièrement appelé mon at- 
tention sur ce fait que ces spicules étaient siliceux et 
semblables à ceux des Eponges siliceuses. Par suite, il 
serait porté à regarder ce vêtement velouté comme 
étant une espèce de ÆZalichondria, parasite sur la co- 
quille, plutôt qu'une portion même du périoste, et le 
D'G. Johnson, de Berwick, qui a examiné avec moi les 
exemplaires de M. Fleming, a partagé cette opinion. 
» En présence de semblables autorités, en opposition 
avec ma manière de voir, j'ai dû examiner de nouveau 
la question ; mais, jusqu'à présent, je crois être dans le 
vrai, en considérant les spicules comme une partie de 
la coquille formée par l'animal en même temps qu'il 
produit le périoste. Voici les raisons sur lesquelles je 
me fonde : 

» 1° Cette sorte de vêtement se trouve sur plusieurs 
espèces, connues pour habiter des parties différentes 
du globe. 

» 2° Le vêtement s'étend uniformément sur la surface 
entière de la coquille. Sur tous les points, il est formé 
de séries de spicules placés les uns à côté des autres, 
et perpendiculairement à la surface de la coquille : ces 
spicules accroissent en longueur, et conséquemment le 
drap en épaisseur, à mesure que la coquille s'accroît 
elle-même. 

» 3° Ce drap ne ressemble en rien à aucun des exem- 
plaires d'Eponge que j'ai examinés; les spicules ne sont 
ni entrelacés, ni méêlés, mais placés parallèlement 
d'une manière très uniforme : le vêtement présente 
constamment une même surface, sur laquelle on n'’a- 
perçoit rien qui ressemble à des proéminences ou à des 


» 


> 


— 192 — 


branches, ce que présentent toutes les Eponges que j'ai 
vues soit enveloppant des coquilles, soit parasites sur 
d'autres animaux marins. 

» 4° La connaissance que nous avons de l’organisation 
des Mollusques nous a disposé à croire qu'ils peuvent 
sécréter des corps siliceux et accessoires sur la surface 
du périoste distinct de la coquille. M. Hancock à mon- 
tré que les dents de divers Mollusques gastéropodes 
étaient siliceuses, et il a fait aussi connaître que la sur- 
face du pied et différentes parties du manteau de divers 
Acéphales et Gastéropodes étaient garnies de grains 
siliceux , au moyen desquels ces animaux peuvent cor- 
roder la surface des corps marins. 

» Les exemplaires bien conservés de la Lucina Pensyl- 
vanica ont chacun des sillons concentriques, qui ornent 
la surface de la coquille, frangés par une expansion 
membranacée ou semi-cartilagineuse, qui est bordée 
d'une série de pièces belles, régulières, épaisses, con- 
vexes, en forme de perles : de même aussi les sillons con- 
centriques qui traversent les tours de la surface exté- 
rieurede l'opercule du Ziopa(Delphinula, sp. Lam.)sont 
frangés par des belles pièces régulières subglobuleuses. 
» Je dois faire remarquer de plus que la surface exté- 
térieure du périoste de quelques coquilles, univalves ou 
bivalves, est souvent eouverte d'une sorte de poils 
courts, serrés et formant un vêtement velu, comme 
on le voit, dans diverses espèces de Pectunculus, Buc- 
cinum, Triton, etc. s 

» Je suis donc porté à croire que, dans les Trigona, 
chaque couche ou portion de périoste qui est ajoutée au 
bord, et avant d'être déposée, est fournie d'une série 
de spicules siliceux droits, lesquels, réunis à celles 
précédemment disposées, forment le vêtement velouté 
du périoste, tel qu'on le trouve dans ce genre de Bival- 
ves, 


— 193 — 


» Bien que je ne puisse adopter l'opinion émise à cet 
» égard par mes amis les D'* St-Flemnig et Jo‘nson, je 
» pense néanmoins que la découverte faite par le premier 
» de spicules siliceux , formant l'enveloppe veloulée des 
» Trigona, constitue un fait des plus intéressants pour 
» l'étude des Mollusques. » 


ObsenvaArTions sur l'animal vivant d'une /Vanina vitri- 


noides (Desh.), par H. E. SrricxLanp. 


(Magasin de Jardine, novembre 1849.) 


Au mois de décembre 1847, le capitaine Boys m'offrit 
trois individus du Mollusque terrestre nommé par 
M. Gray Nanina vitrinoides (tiélix Deshayes), coquilles 
que cet officier s'était procurées bien longtemps avant, au 
moius un an, dans le district d'Ajmeer, dans l'Inde supé- 
rieure. Les animaux étaient encore dans la coquille ; 
mais par suite du long temps pendant lequel ils avaient 
été gardés au sec, ils s'étaient considérablement réduits 
de volume et s'étaient presque entièrement retirés du der- 
nier tour, ainsi que la transparence de la coquille permet- 
tait de le voir. De même que beaucoup d'Hélicidées des 
climats chauds, surtout lorsqu'elles ont été exposées long- 
temps à la sécheresse, la Vaninu vitrinoides sécrète une 
cloison calcaire, un faux opercule, chaque fois qu'elle 
se retire à l’état d'engourdissement. Les exemplaires dont 
il s’agit avaient formé deux ou trois cloisons successives, 
au fur et à mesure qu'elles se desséchaient. 

Dans le but de les rappeler à la vie, je les plaçai sur de 
la mousse humide, dans une chambre chaude : deux des 
Mollusques ne présentèrent aucune ressource, mais je 
vis le troisième, à travers la coquille, augmenter de vo- 


13 


lame par l'absorption de l'humidité, et avant la fin de la 
semaine il atteignait la porte de sa demeure, se défaisait 
de ses cloisons et commençait à ramper. I] dévora avide- 
ment un morceau de carotte qui lui fut donné, et bientôt il 
crut en santé et en vigueur : je conserve cet intéressant 
animal depuis une année. 

Depuis sa résurrection, ma ÜWanina à grandi, ct elle a 
ajouté un tour de plus à sa coquille dont le diamètre est 
maintenant d'environ 20 mill.; sa nourriture favorite se 
compose de carottes bouillies et de feuilles de laitue crue. 
L'animal reste généralement en repos pendant le jour; 
mais il sort et prend une activité considérable vers le soir, 
ne montrant jamais aucun penchant à rester engourdi 
pendant longtemps. 

La coquille de la VNanina vitrinoides est brune, brillante 
et transparente, et par sa forme et sa couleur elle ressem- 
ble beaucoup aux coquilles européennes du G. Zonites; 
mais l'animal est très différent, et il serapproche davantage, 
quoique bien distinct, du G. #itrina. Le pied, lorsqu'il 
est contracté, est trop volumineux pour entrer dans la 
coquille, à moius quil n'ait été, pendant quelque temps, 
exposé à la dessication. Lorsqu'il est déployé et complé- 
tement étendu, il est remarquablement long et étroit, 
ayant environ deux pouces de longueur sur un 1/5 de 
pouce en largeur ; s6n extrémité postérieure est brusque- 
ment tronquée et surmontée d'un court appendice corné 
semblable à celui qu'on remarque dans les larves de cer- 
taius genres de Lépidoptères. ‘Toutefois le caractère le 
plus particulier de l'animal des Van/na consiste dans les 
deux lobes allongés pointus qui partent du bord du man- 
teau, un de chaque côté de l'ouverture de la coquille ; ces 
lobes possèdent une certaine faculté de mouvement laté- 
ral, etont un granil pouvoir de rétraction et d'expansion; 
mais ils se tiennent Loujours en contact avee la surface de 
la coquille. 


— 195 — 


L'animal a l'habitude d'exécuter fréquemment l'opéra 
tion ci-après, laquelle, autant que je puis en juger, n'avait 
été jusqu à présent remarquée chez aucun Moïlusque ter- 
restre, En rampant au sommet de sa prison (qui consiste 
en un gobelet renversé avec une petite ouverture pour le 
passage de l'air), il se suspend au verre par la moitié pos- 
térieure de son pied, et il retourne en rond l'autre moitié 
de manière à en mettre la surface inférieure en contact 
avec la coquille. En raison de la grande longueur et de la 
flexibilité de cette portion du pied, elle peut se tourner 
dans diverses directions, et aiusi ramper vour ainsi dire 
sur chaque partie de sa propre coquille, tandis que la 
portion postérieure de l'animal reste fermement attachée 
à la surface du verre. Pendant cette opération, les tenta - 
cules sont en partie contractés, et la bouche de l'animal, 
appliquée contre la coquille, s’étend et se contracte alter- 
nativement comme accomplissant un acte de succion. En 
fait, ce procédé ressemble à l’action d'un chat, quand il 
lèche ses pattes et son corps, et il paraîtrait, en vérité, être 
mu par le même motif, celui de nettoyer sa personne de 
toute matière étrangère et de se donner cet aspect de 
propreté et de beauté, qui est une des lois de la nature 
organique dans son état normal : c'est à cette loi qu'il 
faut rapporter ce lustre brillant qui distingue les coquilles 
des Mollusques. 

il serait bon de vérifier si les genres voisins J’itrina et 
Zonites ont des labitudes analogues. Les coquilles des 
espèces de Zonites, propres à la Grande-Bretagne (Z. 
nitens, alliacea, cellaria, ete.), ressemblent beaucoup à la 
Nanina vitrinoides par la forme, la couleur et le lustré de 
leur surface, et il est probable que leur nature brillante 
est due à la même faculté de polir qu'aureient les animaux 
qui les habitent. D'un autre côté, il est difficile de com- 
prendre comment les animaux des Vitrina et des Zoni- 
tes, dont le pied est plus large et plus court que celui des 


— 196 — 


Nanina, pourrait frotter chaque partie de leur coquille 
pour en nettoyer la surface. 

L'animal de la ÂVanina vitrinoides est d’un cendré 
foncé, le manteau jaunâtre, les lobes latéraux plus obs- 
curs, la surface inférieure du pied d'un gris pâle, avec 
une bande jaune le long de chaque côté. 


Nore sur quelques nouvelles espèces remarquables 
d'Ammomres des élages Néocomien et Aptien de 
France, par ALGiDE D ORmeNY. 


De tous les genres de Mollusques perdus dans les cou- 
ches géologiques, le plus important, comme développe- 
ment spécifique et comme caractère stratigraphique des 
âges du monde, est sans contredit le genre Æmmonites. 
Ge genre, en effet, après les nombreuses réductions que 
nous avons fait subir aux espèces des auteurs, en y appli- 
quant le fruit de nos recherches sur les variétés dues à 
l'âge, au sexe et aux cas pathologiques (1) ; réductions 
qui s'élèvent peut-être à un nombre égal à celui qui reste, 
renferme encore cinq cent trente espèces bien positives. 
La forme spéciale à chaque espèce est d’un double intérêt: 
d'abord, parce qu'elle offre l'ensemble le plus gracieux, 
le plus varié dans sa conformation et dans les ornements 
qui la couvrent; puis par la distribution rigoureuse de ses 
formes spécifiques dans les époques géologiques qui se 
sont succédé à la surface de la terre. Les Ammonites ap- 
paraissent, pour la première fois, avec l’état saliférien, le 
sixième du monde animé, à la fin des terrains triasiques. 
Elles sont nombreuses dans les dix étages successifs des 
terrains jurassiques ; elles arrivent à leur maximum de dé- 


(1) Voyez nos recherches spéciales sur les Ammonites, Paléontologie 
française, Terrains crétacés, T. 1, p. 369. 


= 


veloppement d'espèces (au nombre de 86) avec l'étage 
néocomien, le premier des terrains crétacés, et après avoir 
successivement diminué de nombre dans les six étages 
crétacés, elles finissent par s'éteindre tout à fait avec l’é- 
tage sénonien , ou la craie blanche, sans qu'aucune soit 
connue dans les âges supérieurs. Les Àmmonites sont done 
nées à dix-huit époques successives, dans l'ordre chro- 
nologique de l'Histoire du monde, et chacune de ces épo- 
ques présente ses espèces différentes. On voit, en scrutant 
la manière dont les espèces sont distribuées dans ces épo- 
ques, qu'après l’anéantissement complet des espèces qui 
existaient, une nouvelle série bien distincte de la première 
arrive dans les mers et les repeuple de nouveau. C'est ainsi 
que, dix-huit fois de suite, chaque série d'espèces d’Am- 
monites se renouvelle à la surface de la terre, en donnant, 
par leurs formes diverses, à toules ces époques, les ca- 
ractères stratigraphiques les plus complets, les plus 
tranchés. 

Pour donner une idée de la diversité de formes qu'af- 
fectent les Ammonites, nous allons en décrire trois espè- 
ces nouvelles rencontrées sur le sol de France, toujours 
inépuisable depuis que nous avons donné l'élan aux re- 
cherches : ces espèces proviennent des étages néocomien 
et aptien. 


AMMONITES CAMELINUS, d'Orb. 
(PI. 8, fig. 1, 4.) 


À. testä compressa ; anfractibus rotundatis , transversim 
oblique costatis, 6-9 sulcatis, sulcis externe tuberculatis ; 
tuberculis elevatis, obtusis, transversim costatis. 


Dimensions. Diamètre : 36 mill. par rapport au dia- 
mètre ; largeur du dernier tour : 35/00 ; épaisseur du der- 
nier tour : %5/100, recouvrement du dernier tour : 9/00 ; 
largeur de l'ombilic : 35/4100. 


— 198 — 


Coquille comprimée dans son ensemble, non carénée ; 
spire formée de tours réguliers, cylindriques, aussi larges 
que hauts, également convexes partout, ornés en travers 
par tours de six à neuf sillons transverses, très obliques 
en avant et passant sur le dos : entre chacun de ces sillons 
se remarque de trois à cinq côtes très aiguës, dont une 
souvent bifurquée, les autres simples, occupant toute la 
largeur des tours : on en voit en avant quelques autres 
interrompues obliquement par le sillon. En arrière de 
chacun des sillons, s'élève de chaque côté du dos un gros 
tubercule gibbeux très obtus, sillonné en travers par trois 
à cinq côtes aiguës semblables aux autres, seulement 
plus faibles ; le dos est marqué d'une dépression longitu- 
dinale, dans le jeune âge, mais régulier et entier chez les 
adultes; ombilic ouvert, laissant paraître environ la moi- 
tié des tours; bouche ronde, légèrement échancrée par le 
retour de la sphère. 


Observation. Les seuls changements produits par l’âge 
consistent à avoir, dans les jeunes, les tubercules plus sail- 
lants, le nombre des sillons de six : et ce nombre aug- 
mente avec l’âge, jusqu'a neuf par tour de spire. 


Rapports et différences. Par ses sillons transverses 
et ses côtes, cette espèce rappelle FA. intermedius, dont 
elle diffère néanmoins par les côtes moins nombreuses, 
plus aiguës et surtout par les tubercules. Ges tubercules 
rappellent ceux qui ornent l'A. mamillutus ; maïs à cette 
différence près que l'A. cumelinus les a costulés en travers, 
dans le sens des côtes, tandis que ces tubercules sont 
costulés en long transversalementaux côtes, chez l'A. ma- 
illatus. 


Localité. Gette charmante espèce se trouve assez rare- 
ment dans l'étage néocomien supérieur à Escragnolles 
(Var.), où elle a été recueillie par M. Astier et par nous. 
Nous en possédons six échantillons. 


— 199 — 


Explication des figures. PI. 8, fig. 1 : Coquille de 
vrandeur naturelle, vue de côté. 

Fig. 2. La même vue, du côté de la bouche. 

Fig. 3. Jeune individu de grandeur naturelle. 

Fig. 4. Un tubercule grossi, vu de profil. 

De notre Collection. 


Aumonires Ricorpeanus, d'Orb. 
(PI. 8, fig. 5, 8.) 


À. testa transversa, anfractibus depressis, transversim 
undatis, externe 9-14 tuberculis obtusts ornatis : dorso lato, 
complanato; aperturd transversd, depressd. 


Dimensions. Diamètre : 25 mill. Par rapport au dia- 
mètre, largeur du dernier tour : 36/00; épaisseur du 
dernier tour, 136/190 ; recouvrement du dernier tour : 4/100; 
largeur de l'ombilic : 30/160. 


Coquille non comprimée, plus épaisse que large, non 
carénée ; spire coissant très rapidement , formée de tours 
réguliers, déprimés, plus épais que larges, marqués en 
dehors de quelques côtes onduleuses incertaines parmi 
lesquelles une plus forte de distance en distance, ornés au 
pourtour de lombilic, suivant l'âge, de 9 à 14 tubercules 
extrêmement saillants, gros etobtus, droits, un peu com- 
primés ; dos très large presque plan, ou du moins à peine 
convexe, bouche transrerse déprimée, formant de chaque 
côté de fortes saillies latérales; cloisons symétriques, 
cou posées, de chaque côté, de trois lobes formés de parties 
impaires; le dos ne reçoit que le lobe latéral supérieur ; 
les deux autres sont intérieurs, 

Observation. Gette espèce varie, suivant l’âge. Au dia- 
mètre de 6 millimètres elle à la même forme que l'adulte, 
mais elle est pourvue de 14 tubercules au pourtour; ceux- 


— 200 — 


ci plus petits paraissent avoir formé des pointes. Le nom- 
bre des tubercules diminue ensuite, à mesure que la co- 
quille s'accroît : ils demeurent aussi plus gros, plus obtus, 
à mesure qu'ils sont moins nombreux. 


Rapports et différences. Munie de gros tubercules, au 
pourtour de l’ombilic, comme l'A. coronatus , celle-ci en 
diffère par sa grande largeur transverse, et la saillie 
énorme de ses tubercules obtus. 


Localité. Cette espèce, l'une des plus singulières du 
genre, a été découverte dans l'étage aptien de Gurgy 
(Yonne), par M. Ricordeau, savant modeste qui a exploré 
cette contrée avec autant de sagacité que de patience. 
Nous somines heureux de pouvoir la lui dédier comme un 
faible souvenir de reconnaissance. 


Explication des figures. PI. 8, fig. 5 : Jeune individu, 
de grandeur naturelle, vu de côté. 

Fig. 6. Le même, vu du côté de la bouche. 

Fig. 7. Adulte, de grandeur naturelle, vu de côté. 

Fig. 8. Le mêine, vu du côté de la bouche. 

De notre Collection. 


Ammonires Jauserrianus, d'Orb. 
(PI. 8, fig. 9, 10.) 


À. testä compressiuscula ; anfractibus depressis, lœvigatis, 
lateribus carinatis ; dorso lato, complanato; aperturä trans- 
versd, latertbus acutd. 


Dimensions. Diamètre : 32 mill. Par rapport au dia- 
mètre, largeur du dernier tour : 32/1603 épaisseur du der- 
nier tour : 82/1909; recouvrement du dernier tour : 2/100; 
largeur de l'ombilic : 33/100. 


Coguille peu comprimée dans son ensemble, non ca- 
rénée ; spire croissant rapidement , formée de tours ré- 


A -— 


guliers, déprimés, beaucoup plus épais que larges, en- 
tiérement lisses, fortement anguleux de chaque côté à la 
partie externe, où ils forment un angle saillant ; dos très 
large, aplati ou à peine convexe, lisse; ombilie occupant 
toute la largeur de la coquille et formant un vaste enton- 
noir; bouche transverse, déprimnée, plus large en dessus, 
terminée de chaque côté par un angle saillant; cloisons 
symétriques, composées, de chaque côté, de cinq lobes 
formés de parties impaires ; le lobe latéral-supérieur est 
sur le dos; le lobe latéralinférieur sur l'angle saïllant : 
les différents âges n'offrent point de différences. 

Rapports et différences. Par sa forme singulière, cette 
espèce se distingue nettement de toutes les Ainmonites 
connues : c'est en effet la seule que nous connaissions, 
ayant le dos si large et l'ombilic occupant tout le côté de 
lombilic. 

Localité. Elle est propre à l'étage aptien du midi de 
la France , elle a été recueillie dans les inarnes noires, à 
Barème, à Gévaudan, à Saint-André de Méouille, à Hyè- 
ses, dans Île département des Basses-Alpes, par MM. 
Astier, Jaubert, Charlavant et par nous. Elle est rare par- 
tout : néanmoins nous en avons vu plus de dix exem- 
plaires. 


Explication des figures. PI. 8, fig. 9 : Coquille de 
grandeur naturelle, vue de côté. 

Fig. 10. La même, vue du côté de la bouche. 

De notre Collection. 


Naruraz misrory OF New-York, Palæontology of 


New-York; by Hall. (2"° Article.) 


Les travaux géologiques de M. fall ont contribué à 
généraliser un fait important que M. Elie de Beaumont 


— 202 —- 


avait signalé à l'attention des savants de l'Europe. Au- 
dessous «les plus anciennes couches fossilifères (Silurien 
inférieur), là où la série des dépôts sédunentaires est la 
plus complète, on observe une formation puissante, dans 
l'épaisseur de laquelle on ne rencontre jamais la moindre 
trace de corps organisés fossiles. Quoique ce fait soit pu- 
rement négatif pour le paléontologiste, il doit acquérir 
une grande valeur, aux yeux de ceux des naturalistes qui 
veulent se rendre un compte exact des phénomènes qu'il 
faut étudier, avant de tracer l’histoire de notre globe. 
Ces premiers dépôts sans fossiles démontrent l'existence 
d'une longue période, pendant laquelle de vastes amas 
d'eau, ont agi sur les parties consolidées de la croûte terres - 
tre, en ont arraché des inatériaux-meubles, et les ont dé- 
posés sur de grandes surfaces à une époque où, selon tou- 
tes probabilités, la température de la terre et des eaux ne 
permettait pas encore l'existence des êtres vivants. Ainsi 
avant toute création, se sont produits de grands phènomè- 
nes géologiques, pendant lesquels la température sidérale 
de la terre, a diminué d’une quantité suffisante, pour per- 
mettre enfin lapparition dans des mers d'une tempéra- 
Lure encore élevée, des premiers êtres dont les débris 
ont été conservés dans des couches }lus récentes. Il était 
difficile, en effet, de concevoir le contact presque iminé- 
diat, des premières couches fossilifères, avec les roches 
de cristallisation. Un intermédiaire était nécessaire, pen- 
dant lequel la terre devait subir un refroidissement suffi- 
sant, et son existence récemment révélée vient compléter 
pour le géologue, la série des phénomènes dont il faut 
tenir compte dans l’histoire de notre globe terrestre. 

Les premiers vestiges d'êtres organisés que M. Hall si- 
gnale dans son ouvrage, appartiennent à la fois aux deux 
règnes, et l’on conçoit que les végétaux ont dû, si ce nest 
précéder, du moins accompagner les animaux auxquels 
ils devaient servir de nourriture. Ces premiers végétaux 


— 203 — 


ont appartenu à la grande classe des Algues, et, ce qui est 
remarquable, les premiers animaux sont des Mollusques 
de la classe des Brachiopodes, c'est-à-dire de l'organisa- 
tion la plus simple. C'est le genre Lingule qui apparaît le 
premier. Dans les couches immédiatement superposées 
(Calciferous Sandstone), des plantes plus volumineuses 
appartenant à la même «lasse et voisines sans doute des 
: Spongodiun branchus que nourrissent encore nos mers, 
ont laissé de nombreux vestiges. D'autres liollusques s’a- 
joutent aux premiers : ce sont particulièrement des Gas- 
téropodes se nourrissant de végétaux, des Evomphales, 
des Turbos, d’autres coquilles spirales peu faciles à déter- 
miner, el enfin les premiers vestiges de Moilusques cépha- 
lopodes pourvus d’une coquille droite, connus sous le 
nom d'Orthocères. C'est un peu plus baut que Fon ren- 
contre quelques zoophytes, les uns de la famille des Rété- 
pores, les autres reuirant dans la grande classe des ra yon- 
nés et dépendants du genre Actinocrinus. Enfin la classe 
des Crustacés commence en même temps par quelques 
‘Trilobites des genres /ilænus, Æsaphus, Isotelus, etc. 

La classe des Mollusques brachiopodes s'accroît assez 
rapidement en espèces, et les Gastéropodes prennent aussi 
plus de développement, lorsque lon remonte dans les 
couches superposées à celles dont nous venons de parler. 
Cependant, domine chez eux le genre Evomphale, qui 
subit quelques modificatious intéressantes , pour les- 
quelles Ni. Hall a créé plusieurs genres nouveaux, en- 
tr'autres celui qu'il nomme Aaphistoma. À ces êtres s'a- 
joute un type très intéressant, à cause du grand nombre 
d'espèces qu'il renferme, et de leur dispersion sur pres- 
que tous les points de la terre, où l'on observe les plus 
anciens terrains fossiliféres : nous voulons parler du genre 
Bellerophon. Lorsque Montfort a créé ce genre, il l’a placé 
dans le voisinage des Nautiles, en annonçant chez lui, 
l'existence de cloisons percées d’un siphon. M. Defrance a 


== ff = 


fait justice de ce mensonge scientifique: il s'agissait ensuite 
de placer convenablement le genre dans la méthode na- 
turelle, et à cet égard les opinions ont été très diver- 
gentes. Certains zoologistes considérant ces coquilles par- 
faitement symétriques, éroulées sur le même plan, ayant 
une larse ouverture, les ont rapprochées des Argonautes 
et entraînées dans la classe des Céphalopodes. M. de 
Blainville, croyant trouver entre ces coquilles et certai- 
nes Bulles, une analogie suffisante, a proposé de les intro- 
duire dans la famille des Acères. M. D'Orbigny, dans 
son tableau méthodique des Céphalopodes, persista à les 
maintenir dans la famiile des Octopodes. Cuvier adopte 
aussi cette classification, dans sa seconde édition du Règne 
animal. Dès 1830, nous avons rejeté les opinions que nous 
venons de rappeler. Nous fondant sur la ressemblance 
des Bellérophes et des Atlantes , nous avons proposé le 
rapprochement de ces deux genres, les considérant 
comme très voisins de ceux pour lesquels M. de 
Blainville a créé l'ordre des Nucléobranches. Nous ver- 
rons bientôt les observations de M. Hall justifier notre 
opinion à laquelle M. Benson et M. d'Orbigny lui-même 
se sont rangés en la modifiant lévérement. Parti d'autres 
considérations, tirées principalement de l'épaisseur du 
test et de la grandeur des callosités développpées sur la 
spire de certaines espèces, M. de Koninck a vu, dans les 
Bellérophes, une modification du type des Emargi- 
nules, et en conséquence il a proposé le rapprochement 
des deux genres. De toutes ces opinions, celle qui nous 
paraît la plus conforme aux faits connus, est celle que 
nous avous défendue et qui est confirmée par les récentes 
observations de M. Hall. Dans ce genre où sont rassem- 
blées aujourd'hui un grand nombre d’espèces, il y en a 
d’ombiliquées, et d'autres dont la spire est complétement 
enveloppée. M. Hall a cru nécessaire de former un genre 
nouveau, pour les espèces ombiliquées, mais il ne saurait 


— 205 — 


être admis dans une méthode naturelle, parce que le ca 
ractère sur lequel il s'appuie, est variable à des degrés 
infinis; il n'implique, du reste, aucun changement dans 
l'organisation : c'est comme si l’on voulait faire un genre 
pour les hélices ombiliquées ou pour toutes les autres co- 
quilles chez lesquelles l'existence de l’ombilic est un ca- 
ractère indifférent, 

En poursuivant, dans l'ouvrage de M. Hall, le déve- 
loppement des plantes et des animaux, nous voyons 
dans des couches plus récentes que celles dont nous ve- 
nons de parler (Birdsey limestone), d’autres espèces 
de Mollusques, parmi lesquels se dessinent les genres 
Murchisonia et Pleurotomaria. Les Orthocères se mul- 
tiplient et prennent un volume déjà considérable. Les 
zoophytes deviennent plus abondants et empruntent des 
formes nouvelles; mais ce qui est le plus intéressant 
c’est de voir se transformer le type de la famille des Nau- 
tilacées qui, de droit qu'il était d'abord, se courbe peu à 
peu et finit par s'enrouler. Maïs, par une tendance re- 
marquable, après un enroulement partiel, l'animal se re- 
dresse encore, voulant rappeler ainsi sa forine primitive. 
À côté du genre Lituite, viennent se placer d’autres mo- 
difications dans la série desquelles on compte les Phrag- 
moceras, les Campulites, les Gyrthoceras, etc., genres 
qui ne quittent pas les sédiments fossilifères inférieurs. 

Le type des Orthocères, sans changer de forme, éprouve 
de nombreuses variations dans sa constitut'on intérieure. 
Les coquilles de ce genre se distinguent par leur forme 
droite, en cône très allongé. La plus grande partie du 
eône est divisée à l’intérieur, par un grand nombre de 
cloisons transverses, concaves en avant, et percées d’un 
siphon continu qui traverse, dans une même direction, 
toutes les cloisons sans en excepter une seule. Ce siphon 
est la partie la plus caractéristique des coquilles eloison- 
nées des Céphalopodes. Dans un certain nombre d'es- 


— 208 — 


pèces d'Orthocères, il forme un canal continu et sim- 
ple; il est ouvert dans toute son étendue et lui-même 
reste dépourvu de cloisons ; chez d’autres espèces, le si- 
phon devient plus grand, et il a des étranglements qui 
correspondent aux cloisons. M. fall a cru nécessaire de 
faire de ces espèces un genre particulier, sous le nom de 
Ormoceras. Ce genre nous paraît peu utile, étant fondé 
sur un caractère qui ne se traduit pas au dehors et 
qui, d’ailleurs, se répète aussi dans le genre Nautile, à 
un moindre degré de développement. 1l est une autre 
modification, non moins intéressante que celle dont nous 
venons de parler: elle doit nous entraîner dans une courte 
digression, relative à la structure du siphon. Ce canal a 
pour usage, de recevoir un ligament de l’animal, au moyen 
duquel il conserve des rapjiorts avec toute la portion cloi- 
sonnée de sa coquille ; dans tous les genres cloisonnés con- 
nus jusqu ici, le siphon lui-même n’est jamais partagé par 
des cloisons; il n'est jamais obstrué au sominet, ce qui 
pourrait cependant avoir lieu, par suite de l'accroissement 
de la coquille et de l'épaississement qui résulte d'une sé- 
crétion qui, ordinairement, ne s arrête pas. Ge fait général 
souffre actuellement quelques exceptions remarquables 
dont l’une a été irrévocablement constatée par les nom- 
breuses observations de M. Hall. Dans les terrains que 
nous avons cités précédemment (Black River Limestone) 
se trouvent d'énormes espèces d'Orthocères. Ün savant 
paléontologiste français, du plus grand mérite, M. de 
Verneuil, en a rapporté un individu qui devait avoir près 
de deux mètres de longueur. Dans ces espèces, le siphon 
devient énorme, et alors il présente une sorte de cloison- 
nement qui résulte de l'engaînement de plusieurs couches 
successives que l’animal produit en avant et abandonne 
en arrière dans la période de ses accroïissements. Pour 
se faire une idée plus juste de ce siphon, il faut le com- 
parer à de très longs «ornets empilés les uns sur les autres, 


MT — 


et dont l'extrémité aiguë resterait à des distances inégales, 
M. Hall a également cru nécessaire de créer un genre 
nouveau, sous le nom de Endoceras, pour ces Ortho- 
cères d’une structure si particulière. Pour nous, nous 
y voyons un simple phénomène d'accroissement, très in- 
téressant sans aucun doute, mais qui ne nécessite pas la 
création d’un nouveau geure. Nous devons ajouter ce fait, 
découvert par M. Hall, que les siphons emboités les uns 
dans les autres ne persévèrent pas dans toute la longueur 
d'une même coquille. Le premier s’arrête d'abord, un 
secoud lui succède à son tour, tout en le revêtant dans 
une partie de sa longueur; de sorte que, arrivé à la 
dernière cloison, le siphon n’a pas l’épaisseur de tous les 
engaînements quil a produits. 

L'autre exception à la règle générale de la continuité 
du siphon est bien plus remarquable et bien moins fa- 
cile à expliquer. M. de Verneuil possède, dans sa belle et 
riche collection des fossiles du terrain paléozoïque, un 
échantillon d'Orthocère de la Suède, dans lequel an 
large siphon à étranglements successifs est cloisonné avec 
autant de régularité que la coquille dans laquelle il est 
contenu. On ne peut se faire aucune illusion à ce sujet; 
nous avons examiné cet échantillon unique avec le soin 
le plus scrupuleux. Il y a des rapports tels entre le siphon 
et les cloisons de la coquille d'un côté, et les cloisons du 
siphon lui-même de l’autre, que l’on ne peut révoquer en 
doute que le tout à appartenu à un même animal. On ne 
peut supposer ni une blessure, ni une monstruosité, à 
cause de la régularité de toutes les cloisons. 

Comme on voit, l'ouvrage de M. Hall est une source 
féconde dans laquelle le paléontologiste peut puiser de 
très utiles renseignements. Continuons donc à l'explorer, 
pour faire ressortir les richesses qu'il renferme. 

Üne des séries de couches les plus riches en fossiles 
intéressants est connue des géologues américains sous le 


=, 


nom de Trenton Limeston. Ce terrain dépendrait encore 
du silurien inférieur et correspondrait à la partie moyenne 
de cette formation. Ici les êtres organisés se multiplient 
beaucoup plus; ils varient dans leurs formes, et les végé- 
taux eux-mêmes sont. plus nombreux et appartiennent 
toujours à la famille des Algues. La classe des zoophytes 
a pris un développement considérable : ces êtres présen- 
tent, pour le plus grand nombre, l'organisation la plus 
simple, quoique l'on rencontre aussi un assez bon nom- 
bre de Crinoïdes et que l’on voie apparaître pour la pre- 
mière fois avec certitude le type des Astéries ou Etoiles de 
mer. 

Les Mollusques brachiopodes augmentent considéra- 
blement dans le nombre de leurs espèces. À côté des Lin- 
gules on voit naître les Orbicules ; le type des Térébra- 
tules, qui s’est déjà manifesté précédemment, se continue 
en affectant de nouvelles formes, pour lesquelles les au- 
teurs ont créé les genres Spirifer, Orthis, Delthyris, ete. 
A côté de ce type, celui des Productus se manifeste à son 
tour, d'abord sous une forme particulière, pour laquelle 
Dalman a fait le genre Leptæna. Quant aux Mollusques 
lamellibranches, ils sont déjà assez nombreux, mais mal- 
heureusement il n'est pas loujours facile de reconnaître à 
quel genre ils appartiennent. Il faut en excepter cepen- 
dant le type des Nucules, dont les formes varient à ce 
point d'offrir parfois celle des Solens. Aussi ces formes 
ont été pour M. Hall le sujet d’un genre nouveau auquel 
il a donné le nom de Orthonota. 11 faudrait cependant 
que les paléontologistes ne créassent pas un trop grand 
nombre de genres, lorsqu'ils sont fondés uniquement sur 
des changements de forme; ils n'atteignent pas le but 
qu'ils se proposent; car au lieu d'éclairer la science, ils 
en surchargent la nomenclature et en rendent ainsi l'ac- 
cès plus difiicile. Les autres formes de Mollusques lamel- 
libranches dépendent très vraisemblablement du type des 


= Apt — 


Cardium, de celui des Avicules et de celui des Moules. 
Cependant, pour rapporter avec certitude les espèces à 
leurs véritables genres il faudrait les soumettre à de nou- 
velles études et n'admettre les nouveaux genres proposés 
par M. Hall qu'ensuite de la constatation de caractères 
constants autres que la modification de formes extérieu- 
res dont M. Hall s'est servi trop exclusivement. 

Aux Mollusques gastéropodes dont nous avons déjà 
parlé, s’en ajoutent plusieurs des genres Pleurotomaire, 
Murchisonie, Bellerophon, etc. Mais ici nous devons ci- 
ter spécialement un genre Carinaropsis dont l’une des es- 
pèces rattache évidemment les Bellerophons aux coquilles 
des Nucléobranches. C'est en effet un Bellerophe à co- 
quille extrêmement évasée, presque patelliforme, à spire 
extrêmement courte et marginale, Les autres espèces du 
même genre sont beaucoup plus patelloïdes, et peut-être 
appartiennent-elles à un autre type d'organisation : ques- 
tion délicate, qui ne peut être résolue que par l'examen 
des pièces en nature. Quant aux Céphalopodes, nous y 
retrouvons de nouvelles formes dans la famille des Nau- 
tiles : le type des Orthocères prédomine toujours; il se 
courbe plus ou moins; quelquefois la dernière loge se 
gonfle, devient ventrue, l'ouverture se rétrécit : c'est 
alors le genre Oncoceras de M. Hall. 

Un autre type de Mollusques vient se joindre à tous 
ceux que nous avons mentionnés jusqu ici; c’est celui des 
Ptéropodes, représenté par de très grandes coquilles, ap- 
partenant au genre Conularia de Sowerby. Si nous pas- 
sons maintenant à la classe des Crustacés, nous trouvons 
dans un développement considérable le grand type des 
Trilobites, représenté par des Ogygies, des Calymènes, 
des Illœnus et surtout des Isotelus d’une très grande taille, 
puisqu'il y en a des individus qui atteignaient huit à neuf 
pouces de longueur. M. Hall s’est trouvé dans la néces- 
sité de créer quelques genres nouveaux dans cette classe 


14. 


— 210 — 


trés intéressante dont les espèces s’accroissent avec une 
rapidité vraiment effrayante. 

L'ouvrage de M. Hall se termine par l'exposition des 
fossiles découverts dans quelques autres régions de l'Etat 
de New-York. C’est principalement dans le district de la 
rivière de Hudson que ces fossiles intéressants ont été re- 
cueillis. Ainsi que dans les groupes précédents, nous 
trouvons des plantes dont le nombre s'augmente, dont les 
forines varient, mais qui paraissent toujours appartenir à 
la même classe, celle des algues marines. L'une d'elles 
est vraiment trés singulière; elle a reçu le nom de Paléo- 
phicus. Ce que M. Hall en a découvert consiste en des 
tronçons cylindracés de la grosseur et de la longueur du 
doigt, irrégulièrement disséminés dans la roche. Il est à 
présumer que ces tronçons apparlenaient à une plante 
dont l’ensemble n'est point encore connu et qui était 
subarticulée. Il existe une singulière production pour 
laquelle Linnée autrefois a créé le genre Grapto- 
lithus. On a longtemps douté de la véritable nature 
des corps appartenant à ce genre ; formé d'articula- 
tions très étroites, empilées les unes sur les autres, 
et armées d'un crochet latéral, on ne savait si l’on 
devait rapporter ces Graptolithus au règne animal ou 
au règne végétal. Il reste encore quelque chose de 
problématique dans la structure de ces corps; on ne 
peut néanmoins les rapporter au règne animal, ce que 
viennent confirmer tous les faits rapportés par M. Hall, 
dans son ouvrage. Il montre la base des tiges, leur 
bifurcation et même la naissance de tiges de moindre 
longueur sur une tige plus importante. Il est vrai que 
des Zoophytes flexibles, tels que les Plumulaires, par 
exemple ; pourraient ofirir des accidents semblables; 
mais chez les Graptolithes on n'aperçoit aucun indice 
des loges des animaux, et souvent on reconnaît dans la 
malière conservée un véritable charbon qui, selon tou- 


fe 


tes les apparences, a été produit par une matière vége- 
tale. 

Dans le groupe de couches dont nous parlons, la classe 
des Zoophytes s’est accrue de plusieurs types intéressants 
de Crinoïdes. Les Moflusques brachiopodes se sont enri- 
chis de plusieurs espèces dans des genres déjà connus. Îl 
en est de même aussi pour les Lamellibranches; cepen- 
daut il y en a quelques-uns pour lesquels M. Hall a cru 
utile de créer encore des genres nouveaux : celui qu'il 
nomme Lyrodesma, par exemple, nous paraît peu utile, 
étant destiné à réunir des coquilles très voisines des Nu- 
cules. Quant au genre Cleidophorus, il reste incertain 
pour nous, parce qu'il est quelques coquilles chez les- 
quelles se présente cette impression étroite et profonde 
sur laquelle M. Hall a créé son nouveau genre. On peut 
la rencontrer dans quelques espèces de Solen, dans les 
Anatines, les Périplomes, de sorte que ce caractère est 
réellement insuffisant. Il faudrait qu'il fût accompagné 
de quelques autres modifications dans la charnière, par 
exemple, pour justifier la création d’un genre. 

Parmi les Moilusques gastéropodes, nous ne remar- 
quons rien qui mérite une attention spéciale. Dans les 
Céphalopodes se continue toujours le développement des 
Orthocères, et nous trouvons dans la famille des Nouti- 
lacés un genre trocholites qui ne nous paraît pas distinet 
des Nautiles proprement dits. Dans ce genre, la position 
du siphon est variable; ie plus souvent cet organe est 
subcentral, quelquelois il se rapproche un peu plus du 
bord ventral ou un peu plus du bord dorsal. Cette os- 
cillation est d’une faible importance, et il faudrait que le 
siphon devint complètement marginal ou ventral pour 
rendre nécessaire la création d’un nouveau genre. Or, les 
coquiiles nommées Trocholites par M. Hall n'ayant point 
le siphon marginal et conservant les cloisons simples, 
doït naturellement rentrer dans le genre des Nautiles. 


“Be 


Malgré l'étendue que nous venons de donner à l'exa- 
men de l'ouvrage de M. iall, nous n'avons pu entrer 
dans tous les détails minutieux qu’exigerait une critique 
plus approfondie ; mais cela doit suffire pour faire appré- 
cier l'importance du travail du savant Américain. Le vo- 
lume dont nous venons de parler est le premier d'un ou- 
vrage qui en comportera trois ou quatre : ils sont attendus 
avec impatience du monde savant; toutes les sympathies 
sont acquises à son auleur qui a l'avantage de faire con- 
naître à notre vieille Europe les trésors cachés jusqu'ici 
dans le sol de l'Amérique. 

Que M. Hall nous permette quelques légères observa- 
tions qui s adressent moins à lui qu'aux paléontologistes 
en général. Elles touchent moins au fond de l'ouvrage en 
lui-même qu'à la forme qui est actuellement préférée 
pour des publications semblables. 

Les paléontalogistes oublient trop que leur science est 
une dépendance soit de la zoologie, soit de la botanique, 
selon qu'ils ont à parler des végétaux ou des animaux 
fossiles : ils négligent l'application de ces grands princi- 
pes tracés par le génie de Linnée et auxquels on doit tout 
ce qu'il y a de grand et de beau dans les fastes modernes 
des sciences naturelles. Ce n’est pas en vain qu'un génie 
comme le sien a posé des règles dont la sagesse a été dé- 
montrée par une longue expérience. Si elles avaient été 
repoussées, l'histoire naturelle serait encore aujourd’hui 
dans l'enfance. Aussi a-t-on vu les homimes les plus émi- 
nents adopter la forme des travaux de Linnée et favoriser 
ainsi la dispersion des connaissances nouvellement ac- 
quises : il faut bien s'en pénétrer, ce langage concis, 
d'une admirable précision, dans une langue universelle, 
qui ne souffre aucune amphibologie, est celui qui con- 
vient pour caractériser les genres et les espèces. L'es- 
prit de l'observateur est forcé de concentrer son atten- 
tion sur l’ensemble des corps qui constituent un genre, 


— 213 — 


de découvrir chez eux les caractères communs qui les 
rattachent entre eux; cette attention doit devenir plus 
grande encore quand il faut distinguer les espèces ct re- 
connaître dans chacune d'elles ce qui les distingue es- 
sentiellement. Souvent alors il suffit de quelques mots 
heureusement choisis, pour rendre toutes les espèces d’un 
même genre comparables, Aussi lorsqu'il s’agit de cons- 
tater ou d'adopter des espèces nouvelles ou seulement 
de les discuter, l'attention n'est plus fatiguée de la lec- 
ture de longues et quelquefois diffuses descriptions qui ne 
sont pas faites avec l’art qui convient pour les rendre 
comparables. 

Nous trouvons un autre inconvénient non moins grave 
à l'usage où sont actuellement tous les paléontologistes 
d'écrire leurs travaux dans la langue usuelle, sans y ajou- 
ter les phrases caractéristiques en latin des genres et des 
espèces. Le monde savant, on l'a dit depuis longtemps, 
est une véritable république : cest la république de l’in- 
tel'igence. Pour que la chose soit vraie, il faut donc que 
toutes les intelligences soient en communauté, et cette 
communauté est surtout nécessaire pour les œuvres des 
naiuralistes, parce qu'ils s’éclairent mutuellement par la 
constatation des faits; or des faits qui, par une cause 
quelconque, restent cachés dans l'ombre de l'incertitude, 
ne sont pas encore définitivement acquis à la science : il 
faudra donc qu'ils soient repris de nouveau pour être en- 
fin admis ou rejetés. Eh bien! les différences de langage 
sont des obstacles quelquefois invincibles à la propagation 
des faits matériels que l'on veut introduire dans la science. 
Un ouvrage entièrement écrit en anglais peut fort bien 
n'être pas compris par un grand nombre de savants qui 
appartiennent à des nations parlant une autre langue. Il 
en est de même des ouvrages écrits en allemand ou en 
français pour les savants anglais, car il faut le dire tout 
d'abord, on ne peut pas exiger d'un naturaliste quil soit 


— 214 — 


polyglotte avant de devenir observateur. Le mal que nous 
signalons serait évité avec une grande facilité si les pa- 
léontologistes s'astreignaient aux règles de Linnée et ca- 
raclérisaient en latin, cette langue encore universelle 
Jeurs nouveaux genres et leurs espèces. Est-il nécessaire 
de retracer l'embarras où se trouve le naturaliste qui, en- 
touré d'un grand nombre d'ouvrages entièrement écrits 
dans des langues qui lui sont étrangères, n'a plus d'autre 
guide que des figures souvent mal faites et presque tou- 
jours insuffisantes ? S'il veut faire reutrer de tels travaux 
dans le cadre plus large d’une méthode générale, il est 
arrêté à chaque instant et se trouve dans l'obligation de 
passer sous silence ou de laisser dans une incertitude pro- 
fonde une foule d'espèces qu'il aurait pu reconnaître et 
utiliser si elles avaient été brièvement décrites se'on les 
préceptes Linnéens. Par cette abstention malheureuse des 
règles universellement adoptées par les zoologistes et les 
botanistes de toutes les nations, les paléontologistes ont 
plus nui qu'ils ne se l’imaginent à la dispersion de leurs 
travaux et à leur introduction définitive dans le cœur 
même de la science. Nous les conjurons donc de changer 
cette méthode nuisible, et nous ne craignons pas d’adres- 
ser nos vœux à des hommes qui, tels que M. Hall, se sont 
placés assez haut parmi les observateurs pour comprendre 
que nous exprimons ici un besoin bien senti de la science, 
et qu'en améliorant à cet égard leurs travaux ils agiront 
dans le meilleur intérêt de la réputation qu'ils méritent 
si bien d'ailleurs à tant d'autres égards. 


DeEsnayes. 


— 215 — 


Nore sur le moyen de conserver les Mocrusques. 


On sait que les liqueurs alcooliques, dont on se sert 
généralement pour conserver les animaux, présentent de 
graves inconvénients, surtout en ce qui concerne les Mol- 
lusques dont les tissus contractés, durcis et parfois racor- 
nis ne peuvent plus se prêter aux préparations anatomi- 
ques. 

Quelques personnes ont employé avec succès une li- 
queur conservatrice dont nous donnons ci-dessous la 
composition : 


gr. ec. 


Chlorure de sodium (ou sel commun). . . . . . . 125,00 
APP MAT RAR RÉSISTER MONTE 68,00 
Deuto-chlurure de mercure (ou sublimé corrosif). 0,12 

HART NE de cr un HP. 


Il faut ensuite filtrer la liqueur. 
S. P. 


OBSERVATION. 


Nous avons reçu, depuis peu de temps seulement, le 
N° 8 (1849) du journal publié à Cassel, sous le titre Zeit- 
schrifi fur Malakozoologie; nous y avons trouvé décrits, 
sous le nom de Cyclostoma paradoxum et Cycl. tricolor, 
Pfeiffer, deux espèces que nous venions de faire con- 
naître dans le premier cahier du Journal de Conchyliolo- 
gie, et que nous avions noinmées Cyel. Souleyetianum et 
Cycl. gratum. 

Nous avons éprouvé, au premier abord, quelque re- 
gret de ne pas avoir reçu plus tôt ce N° du Journal alle- 
mand, qui, d'après le millésime, nous semblait avoir été 
publié au mois de septembre de l’année dernière ; mais 


PR 


en parcourant cette feuille, nous avons reconnu qu'elle 
contenait une lettre de M. Reeve portant la date de Lon- 
dres, 5 janvier 1850 ; nous avons vu aussi que cette lettre 
étant parvenue à M. Pfeiffer, celui-ci avait répondu, dans 
un article qui suivait la lettre de M. Reeve. Or, de ces cir- 
constances , nous sommes en droit de conclure que la 
feuille du journal publié à Cassel, et portant le N°8, an- 
née 1849, n'a été composée et n'a paru réellement que 
dans l’un des premiers mois de 1850. 

Dans le principe, chaque N° du journal dont il s'agit 
portait l'indication du mois de l’année auquel il apparte- 
nait, et même une date précise était inscrite à la fin de la 
feuille. De cette manière, les droits de l’antériorité n’é- 
taient plus contestables, tandis qu’il sera peut-être diff- 
cile de décider à qui devra appartenir la priorité pour les 
noms donnés, à peu près en même temps, par M. Pfeiffer 
et par moi aux deux Cyclostomes désignés plus haut. 

Sans attacher à ce dernier point plus d'importance qu'il 
n’en mérite, nous croyons cependant devoir consigner ici 
une observation que nos confrères de Cassel ne prendront 
point en mauvaise part, puisqu'elle n'a d'autre objet que 
de prévenir des causes de confusion préjudiciables aux 
intérêts scientifiques. 

Nous profiterons aussi de cette occasion pour rectifier 
l'habitat assigné, par M. Pfeiffer, aux deux Cyclostomes 
dontil vient d'être question : ils ne proviennent point de 
l'île Zanzibar, mais de l’île Abd-el-Goury, qui en est 


fort éloignée. 
S. Perir. 


15 Août 1856. 


RÈ DE VE Le LR LÉ RU LÉ Ve be DE LE LR RE LE LEUR LS LED VER EVE VENUS RE LEUERR SR RS LT LEA RES arr nemvys versie 


SurrLÉMENT au Mémoire sur le genre Actéon d'Oken, 
par M. Sourexer. 


Dans les considérations historiques que nous avons 


données sur le genre Actéon (1), nous avons involontai- 
rement passé sous silence les observations de quelques 
auteurs sur ce Mollusque ; nous allons réparer ici cette 


omission. 


MM. Audouin et Milne-Edwards en ont fait mention 


dans leurs Recherches sur les animaux du littoral de la 
France, publiées en 1832; voici ce qu'en disent ces natu- 
ralistes : — « Nous avons rencontré aussi, dans les peti- 


» 
» 
» 
» 


» 


tes mares abandonnées par la mer, quelques individus 
de l’Aplysie verte de Montagu. Ce petit Mollusque, 
dont les formes et les couleurs sont très élégantes et 
sur lequel les naturalistes ont eu les opinions les plus 
différentes, n'était encore conuu que très superficielle- 


» ment. Oken qui, le premier, en forma un genre dis- 
» tinct, sous le nom d’Æctéon, le rapporta aux pulmonés 


et le plaça à côté des Onchidies et des Limaces. M. de 


» Férussac le rangea dans l’ordre des Tectibranches, à 
» côté des Aplysies. Enfin, M. Rang, après avoir hésité 
» pendant longtemps, a cru devoir le regarder, mais avec 


» 


) 


= 


» 


» 


doute, comme ne différant pas du geure Ælysie de 
M. Risso. Vous verrons, en traitant spécialement des 
Mollusques, quels sont les caractères extérieurs de 
de ce curieux animal, et nous ferons conuaütre la place 


» qu'il nous parait devoir occuper dans la classification 
» naturelle. Quoi qu'il en soit, les Actéons se tiennent 
» sur les fucus ou sur des pierres qui restent toujours 


{4) Voir le {tr Ne du Journal de Conchylologie, page 5. 


15 


as 2F65 + 


» baignées par l'eau. Ils ont la faculté de nager le dos en 
» bas et en s'appuyant , pour ainsi dire, sur les lames 
» les plus superficielles du liquide; mais, en général, ils 
» rampent, à l'aide de la partie antérieure de leur pied, 
» surles divers corps sous-marins et ne sortent pas de 
» l'eau. Lorsqu'on les inquiète, ils répandent une matière 
» mucilagineuse légèrement blanchâtre et se contractent 
» au point de devenir presque sphériques (1). » 

Les renseignements que MM. Audouin et Milne- 
Edwards avaient promis, dans le passage que nous ve- 
nons de citer, de donner plus tard sur l’organisation 
des Actéons et sur leurs affinités naturelles , n'ont point 
été publiés; mais si l’on doit en juger par le rapport fait 
à l'Académie des sciences sur les recherches de ces deux 
naturalistes, leurs découvertes se seraient bornées à une 
simple hypothèse sur l'appareil respiratoire de ces Mol- 
lusques ; c’est du moins le seul fait qui se trouve signalé 
dans le passage de ce rapport qui est relatif au genre 
Actéon et que nous allons transcrire. —« D'après les ob- 
» servations de ces naturalistes (MM. Audouin et Milne- 
» Edwards), dit Guvier, l'auteur de ce rapport, l'Aply- 
» sie verte de Montagu, dont Oken a formé le genre Ac- 
» téon, présente cela de particulier qu'ayant la forme 
» générale des Aplysies, elle s'en éloigne par un des ca- 
» ractères les plus importans de Porganisation, En effet, 
» elle ne porte pas sur le dos de véritables branchies, et 
» ce sont les téguments communs qui paraissent être les 
» seuls organes de respiration (2). » 

M. Sars a publié, en 1835, une assez longue description 
de l'Actéon, d'après une espèce des mers de Norvège, 
qu'il a désignée sous le nom d’Æctæon minutum (3). Les 


(1) Recherches pour servir à l'Histoire naturelle du littoral de la France, 
tom. 4, pag. 152 (1832). 

(2) Annales des sciences naturelles, tom 21, pag. 325. (1830). 

(5) Beshrivelser ogiagttegelser, pag. 52 (4855). 


— 219 — 


observations de ce naturaliste étant écrites en langue da- 
noise, nous n'avons pu en juger que par les figures qui 
les accompagnent et qui donnent une idée assez exacte de 
la forme de l'animal ; mais nous n'avons pas vu indiqués 
sur ces figures quelques caractères extérieurs importants, 
tels que les orifices de l'intestin et des organes de la géné- 
ration. M. Sars nous paraît avoir représenté, sur une de 
ces figures, les canaux ramifiés qui partent de la poche 
pulmonaire et qu'il a probablement pris pour des vais- 
seaux branchiaux. Quant à l’organisation intérieure de 
l'animal, il n'a donné, du moins dans ses dessins, aucun 
détail à ce sujet. 

L'espèce qui a servi aux observations de M. Sars nous 
semble avoir beaucoup d’analogie avec celle qui se trouve 
sur nos côtes du nord et sur celles de l'Angleterre; cepen- 
dant les expansions latérales du corps de l'animal ont une 
forme moins triangulaire et leur bord externe est plus 
arrondi, comme dans l’Æctéon aplysiforme, ce qui devrait 
la faire rapprocher plutôt de cette derniére espèce, si 
elle n’en différait par la forme de la tête. Il serait possi- 
ble qu'elle constituât réellement une espèce différente de 
celles qui ont été décrites et à laquelle il faudrait conser- 
ver dès lors la dénomination d’Actæon minutum qui lui a 
été donnée par M. Sars. Sa taille est de 2 centimètres 
enviren. 

M. Philippi, dans son ouvrage sur les Mollusques de 
Ja Sicile, a aussi parlé du genre Actéon ou Elysie , et en 
a décrit trois esvèces : l’une qu'il a rapportée à l’£lysie 
timide de Risso ; une autre, qui est la même que celle qui 
a été décrite et figurée par M. Delle Chiaje, sous le nom 
d'Aplysiopterus neopolitanus; enfin une troisième qu'il 
a considérée comme une espèce nouvelle et qu'il a dési- 
gnée sous le nom d’Ælysia fusca. Cette espèce se distin- 
guerait surtout par l'étendue des expansions latérales du 
corps de lantnal, par la forme anguleuse de ces expan- 


— 220 — 


sions à leur partie antérieure, et par sa couleur brunâtre, 
tachetée de rouge. Elle a été recueillie aux environs de 
Palerme; sa taille serait de 4 à 5 millimètres seulement. 

M. Philippi relève avec raison, dans la description qu'il 
donne de l’Ælysie timide, ce que Risso avait dit de la 
position de l’anus, des branchies et de la verge; il criti- 
que aussi très judicieusement la plupart des détails 
anatomiques donnés par M. Delle Chiaje sur ce Mollus- 
que (1). 

Pour compléter l'exposé historique des observations 
dont le genre Actéon a été l’objet, et des opinions diver- 
ses qui ont été émises sur ses affinités naturelles, nous 
croyons devoir ajouter que M, Fleming, dans son His- 
toire des animaux d'Angleterre, publiée en 1828 (2), a 
considéré l'espèce qui a servi de type à ce genre, c'est-à- 
dire l’Æplysie verte de Montagu , comme un animal très 
voisin des Planaires, mais sans étayer de ses observations 
cette opinion qui a été reproduite peu de temps après 
par M. Delle Chiaje , comme nous l'avons déjà vu, et qui 
ne peut plus être soutenue aujourd'hui. 

Nous ajouterons également ici, pour compléter ce que 
nous avons dit de Ja distribution géographique des Mol- 
lusques de ce genre, que M. E. Botta a trouvé des Actéons 
sur des raisins du Fropique (Fucus natans) et en a aussi 
observé dans les mers du Pérou. Nous devons ce rensei- 
gnement à M de Blainville qui nous l'avait communiqué 
peu de temps avant sa mort, 

Enfin, nous profiterons encore de l’occasion que nous 
fournit ce supplément à notre mémoire, pour répondre 
au passage suivant, extrait d'un rapport fait à l’Académie 
des sciences par M. Milne-Edwards, et dont nous n'avons 
eu connaissance que depuis l'impression de notre travail. 
En rendant compte des recherches faites par M. Vogt sur 


(4) Enumeratio Molluscorum Siciliæ, vol. 11, pag. 100 et 101 (1840). 
(1) History of britisch animals, pag. 291 (1828). 


— 921 — 


l'embryologie de l'Actéon , et en énumérant les opinions 
très différentes qui ont été émises sur ce Mollusque, 
M. Milne-Edwards s'exprime de la manière suivante , à 
ce sujet : — « Guvier avoue qu'il ne sait quelle place assi- 
» gner à ce gastéropode; M. de Blainville adoptant l'opi- 
» nion de Montagu, en fait une Aplysie; M. Rang pense 
» quecestun nudibranche, voisin des Doris, etsurtoutdes 
» placobranches de van Hasselt; M. de Quatrefages le con- 
» sidère comme se rapprochant davantage des Eolidiens; 
» Enfin, si les observations de M. Souleyet venaient à être 
» confirmées, il faudrait séparer l’Acteon de tous les autres 
» Gastéropodes, car cet animal, au lieu de respirer par des 
» branchies ou par la surface de la peau, comme les espèces 
» aquatiques ordinaires, exercerait cette fonction à l'aide 
» d'un système de vaisseaux aériens qui se ramifieraïent 
» dans l'intérieur du corps, mode d'organisation que nous 
» ne saurions comparer qu'à l'appareil trachéen des in- 
» sectes (1). » 


Les Mollusques aquatiques ordinaires respirent non 
seulement par des branchies ou par la surface de la peau, 
mais encore par une cavité pulmonaire semblable à celle 
des Mollusques terrestres ; tel est l'appareil respiratoire 
des Planorbes, des Limnées , des Physes, parmi les es- 
pèces fluviatiles ; tel est celui des Onchidies, dans les es- 
pèces inarines. M. Milne-Edwards sait cela sans doute 
aussi bien que nous. En disant donc que l'Actéon était 
un Mollusque pulmoné à la manière des Onchidies, des 
Planorbes, des Physes, etc., nous ne croyons pas avoir 
émis une opinion dont la confirmation devrait, comme le 
dit ce savant académicien, faire séparer l'Actéon de tous 
les autres Gastéropodes. N'est vrai que M. Milne-Edwards 
nous fait dire que l'appareil respiratoire de l'Actéon se- 
rait formé par un système de vaisseaux aériens se ramifrant 


(1) Comptes-rendus de P Acad, des seicnces, tom. xx, p. 1012. Juin 846. 


— 222 — 


dans l'intérieur du corps et par conséquent tout à fuit com- 
parable à Fappareil trachéen des insectes , ce qui justifie- 
rait bien en effet, s'il en était ainsi, le jugement qui 
porte sur notre prétendue manière de voir; mais nous 
avous toujours distingué dans l'appareil respiratoire de 
l’Actéon deux parties bien différentes ; la poche pulmo- 
naïre proprement dite, tout à fait comparable à celle des 
autres Mollusques pulmonés, et les canaux ramifiés qui 
partent de cette poche, qui établissent en effet une mo- 
dification fort remarquable, et sur les usages desquels nous 
n'avons donné que des hypothèses (1). Nous sommes 
d'autant plus surpris de l'interprétation que M. Milne- 
Edwards a donnée sur ce point à nos observations, que 
notre manière de voir se trouvait imprimée dans les comp- 
tes-reudus de l'Académie (2) et que nous l'avions en ou- 
tre longuement développée, en 1845, devant la eommis- 
sion nommée par l'Académie des sciences pour examiner 
notre travail et dont M. Milne-Edwards faisait partie, 


Notre opinion sur l'appareil respiratoire de l’Actéon n’a 
du reste pas été acceptée par tout le monde, à ce qu'il pa- 
rait, et quelques zoologistes onL cru qu'il fallait plutôt voir, 
dans ce que nous avons décrit comme tel, un système 
aquifère. Nous lisons, en effet , dans le Traité d'anatomie 
comparée de M. Siebold, à propos du système aquifère 
dans les Moilusques, la note suivante relative à l’Actéon. 
— «Selon Souleyet, chez l'Actéon, un système aquifère 
» partant d'un réservoir d'eau situé derrière le cœur et 
» quil nomme poche pulmonaire, se répand dans la tota- 
» lité du corps. Vogt, à ce qu'il m'écrit, a distinctement 


(4) Ces canaux ne se ramifient pas dans l’intérieur du corps, mais ce sont, 
evmme nous lPavons dit dans notre Mémoire, des canaux superficiels et 
qui tiennent seulement à la peau. Sous ce rapport donc, ils différent essen- 
tivllement des cauaux trachéens des insectes. 


(2) Comptes-rendus de l Acad, des sciences, tom, xx, pag. 93 et 243. Jan- 
RiCL 1845. 


do 


» vu ce système avec un canal aboutissant à droite der- 
» rière l'anus (1). » M. Sicbold qui n'a pas fait, que nous 
sachions, des observations sur l’Actéon , ne donne pas les 
raisons sur lesquelles il s'appuie pour changer la déter- 
mination que nous avions donnée de ce prétendu système 
aquifére ; aussi aurions-nous pu ne pas tenir compte de 
son Opinion, s'il n'y avait quelque moralité à tirer de 
ceci, 

Lorsque nous annonçämes, devant l'Académie des 
sciences, « que la poche dorsale que M. de Quatrefages 
» ayait considérée, dans l'Actéon , comme l'estomac et 
» de laquelle naissent les canaux ramifiés qui recouvrent 
» supérieurement les expansions latérales de l'animal, 
» n'avait aucune communication avec le tube digestif; 
»._ que c'était un appareil particulier, s'ouvrant en dehors par 
un orifice propre placé en arrière de celui de l'anus, et 
paraissant servir & la respiration chez ce Mollusque (2), » 
on nous répondit que cet appareil n'existait bien certaine- 
ment pas chez les Actéons; que nous avions voulu parler 
sans doute d'un appareil aquifère, maïs que, indépendam- 
ment de l'observation directe, on démontrerait encore 
facilement que l'analogie seule devait faire rejeter comme 
inexacte cette observation d'un appareil destiné à porter de 
l'eau dans l’intérieur du corps (3). Gependant cet appareil 
est tellement apparent et facile à reconnaître, que ceux 
même qui avaient d’abord rejeté son existence d’une ma- 
nière si affirmative, furent bientôt forcés de l’admettre. 
Mais au lieu d'en faire un système aquifère, ainsi qu'on 
l'avait supposé un peu trop prématurément, nous l’avions 
considéré comme un appareil respiratoire analogue à ce- 
lui des Mollusques pulmonés , ce que nous fimes connai- 


2 
LA 


2 
LA 


(1) Traité d’anat. comparée, par Siebold et Stannius , traduction de 
Lacordaire et Spring, tom. 1, 2° partie, pag. 832, en note. 

(2) Comptes-rendus de l Acad. des sciences, tom. x1x, p. 360, Août 1844. 

(3) Comptes-rendus de l’ Acad. des sciences, tom, x1x, p, 815. Oct. 484% 


ip 


ire dans les communications que nous adressâmes peu 
de temps après à l'Académie des sciences, en appuyant 
notre manière de voir de toutes les raisons que nous avons 
reproduites dans notre Mémoire. Alors, sans doute pour 
n'être pas du même avis que nous, on n'a plus voulu voir 
dans l'appareil en question qu'un système aquifère, sans 
donner aucune raison à l’appui et quoïqu’on eût même re- 
gardé déjà l'existence d'un semblable système comme con- 
traire à l'observation et à l'analogie. Nous trouvons donc en 
ceci un exemple de ce qui n'arrive malheureusement que 
trop souvent, c'est qu’on commence par nier, et qu'on n'en 
vient à accepter la vérité qu'après avoir passé par toutes 
les hypothèses de l'erreur. 

Nous regrettons toutefois que M. Siebold, sur ce point 
comme sur quelques autres, ait cru devoir s’en rapporter 
plutôt aux communications qui lui étaient adressées de 
Paris, qu’à l'examen consciencieux des faits. 


Onsscnvarionxs sur les genres Lophocercus et Lobiger, 
par M. Souceyer. 


M. Krohn a proposé dernièrement ces deux genres, dans 
les Annales des sciences naturelles (1), pour deux Mollus- 
ques gastéropodes testacés dont la forme et l'organisation 
présentent des particularités assez curieuses, et qui n'a- 
vaient pas encore été signalés par les naturalistes , bien 
qu'ils ne soient pas rares dans quelques points de la Médi- 
terranée. 

Nous avions eu occasion nous-même, en 1846, d'ob- 


{4} Voir ee Recueil, année 1847, tom. 7° de la 8 serie (Zoologie), p. 52. 


— 225 — 


server un de ces gasléropodes , celui dont M. Krohn a 
fait le genre Lophocercus, et nous nous proposions de le 
faire connaître, lorsque nous eùmes connaissance des ob- 
servations que ce naturaliste venait de faire à Messine 
sur le même Mollusque et qu'il était sur le point de pu- 
blier. La description que M. Krohn en a donnée en effet 
peu de temps après, ne laisse presque rien à désirer sous 
le rapport des caractères extérieurs ou zoologiques; mais 
les détails anatomiques, dans lesquels il est égalemententré, 
offraient quelques lacunes que nous avons cherché à com- 
bler. Nous aurons à présenter aussi quelques considérations 
nouvelles sur les affinités naturelles de ces Mollusques ; 
enfin, nous avons pensé que ces animaux étaient encore 
assez peu connus pour qu'il ne fût même pas sans intérêt 
de reproduire ici des détails déjà publiés. 

Nous allons exposer d’abord le résultat de nos observa- 
tions sur le genre Lophocercus ; nous terminerons ensuite 
par quelques considérations sur le genre ZLobiger et sur 
les rapports naturels de ces deux genres. 


Du genre Lophocercus. 


Les Mollusques qui appartiennent à ce genre ou plu- 
tôt à l'espèce encore unique sur laquelle il a été établi, 
sont d'assez petits gastéropodes testacés, ayant de trois à 
quatre centimètres de longueur; ils se distinguent surtout, 
dans leur forme, par le prolongement considérable du 
pied en arrière du corps proprement dit, et par la ma- 
nière dont ce pied se dilate sur les côtés et en avant, au 
niveau de la coquille, de façon à former deux expansions 
assez grandes, semi-discoïdes qui, en se recourbant sur 
celle-ci, la recouvrent en grande partie. Ces expansions, 
en effet, n'appartiennent pas au manteau comme celles 
qui, dans quelques autres gastéropodes, les Vitrines par 


— A6 — 


exemple, recouvrent plus' ou moins la coquille (1); elles 
prennent naissance sur les côtés du pied dont elles doi- 
vent être considérées comme une dépendance. En avant, 
elles sont séparées par toute la largeur de la tête; mais, en 
arrière, elles se confondent sur la ligne médiane et for- 
ment, par leur réunion, une arète saillante qui se pro- 
longe en dessus du pied, jusqu'à son extrémité posté- 
rieure (2). 

La partie antérieure ou cervicale ressemble beaucoup 
à cette même partie, dans le genre Actéon. Comme chez 
ce dernier, les lentacules, au nombre de deux seulement, 
sont auriformes, mais placés tout à fait en avant de la tête. 
Les yeux, sessiles, se voient également, sous la forme de 
petits points noirs, en arrière de ces tentacules. Enfin, à la 
base du tentacule droit, se trouve encore, en dehors, un 
orifice qui est celui de l'organe mâle ou de la verge. Les 
autres ouvertures sont placées sur le bord de la cavité bran- 
chiale, comme nous le verrons bientôt dans la description 
des organes. 

La tête présente inférieurement l’orifice de la bouche 
qui s offre sous l'aspect d'une fente longitudinale, un peu 
évasée sur les côtés; elle est bien distincte du pied, en 
avant duquel elle s’avance et dont elle est séparée par une 
rainure profonde. 

Le pied est aussi bien distinct dans toute son étendue. 
Il ne se confond pas, par ses bords latéraux, avec les ex- 
pansions dont nous avons déjà parlé et qui s'implantent 
seulement sur ses côtés; son bord antérieur est parcouru 
par un sillon marginal que M. Krohn n'a pas indiqué. 

La partie viscérale ou turbinée de l'animal est entière- 


(1) Cette disposition du manteau existe anssi d’une manière très mar- 
quée, comme on le sait, dans le Lymneus glatinosus. 

(t) C’est de cette configuration particulière du pied, en forme de crele, 
{ de x6go7 crête , et xsox67 queue), que M. Krohn a tiréle nom de ce genre, 


_: Jin 


ment recouverte par une coquille qui a Ja plus grande 
analogie avec celle de certaines Bullées. Gette coquille, 
cartilagineuse, très mince et d'une grande fragilité , est 
ovale, convexe, courtement involvée, à sommet presque 
aigu, non spiral ; son ouverture est grande, à lèvre externe 
aiguë, très mince, séparée du sommet et prolongée vers 
son extrémité supérieure; la lèvre interne est courtement 
réfléchie sur l’avant-dernier tour. 

Le manteau et la cavité branchiale qu'il circonscrit 
sont disposés comme dans les Bulles, et nous ne pouvons 
en donner une idée plus exacte qu'en comparant ces par- 
ties aux mêmes parties dans la Bulle oublie (Bulla Lig- 
naria). La cavité branchiale s'ouvre sous le bord droit de 
la coquille, dans une étendue peu considérable et qui 
correspond seulement à la moitié postérieure de ce bord; 
M. Krohn parle d'un Siphon respiratoire qui serait formé 
par les parties molles et qui aurait pour usage de conduire 
l’eau aux branchies; mais cet auteur a probablement 
voulu désigner aïnsi autre chose que ce que l’on entend 
ordinairement sous le nom de Siphon, car le bord du man- 
teau ne présente rien de semblable , ce qui concorde du 
reste avec la forme de la coquille qui n’est ni échancrée, 
ni canaliculée à son ouverture. 

La cavité branchiale ne contient qu'une seule branchie 
qui se porte obliquement d'avant en arrière et de droite 
à gauche, vers le fond de cette cavité, La structure de 
cette branchie est fort simple; M. Krohn en a donné 
une description exacte, en disant qu’elle est formée par 
une série transversale de feuillets simples, isolés, peu sail- 
lants, attachés au plafond de la cavité respiratoire et se ra- 
petissant progressivement vers l'extrémité gauche de la bran- 
chie. 

Le bord droit ou postérieur de cette branchie est pars 
couru par l artère branchiale, tandis que la veine de même 
nom en longe le bord gauche ou antérieur. Le cœur est 


498 


placé en avant, à peu près au niveau de sa partie moyenne, 
et nous semble faire exception, sous ce rapport, à ce qui 
a lieu ordinairement chez les Mollusques à coquille tur- 
binée, dont le cœur est situé à l’extrémité postérieure de 
la branchie, an fond de la cavité respiratoire; maïs cet 
organe est également placé dans une poche particulière 
qui l'isole des autres parties. Nous n’avons rien à dire des 
autres parties de l'appareil circulatoire, qui sont disposées 
comme dans les autres Mollusques de la même classe. 
L'appareil digestif offre quelques particularités assez 
singulières. La masse buccale est considérable et se com- 
pose de deux parties distinctes; l’une antérieure, plus 
volumineuse, est creusée d’une cavité à paroïs épaisses et 
entièrement musculaires, que M. Krohn décrit comme la 
cavité buccale; l'absence de pièces solides ou cornées 
dans l'épaisseur de ses parois et les replis qu'elle forme, 
nous portent à la considérer comme une espèce de trompe 
susceptible de se développer à l'extérieur. Cette première 
cavité communique, par une ouverture longitudinale 
dont est percée sa paroi inférieure, avec une seconde ca- 
vité plus petite ct que nous considérons comme la vérita- 
ble cavité buccale : en effet, c'est dans cette dernière 
cavité que se trouve la langue et que s'ouvre l'æsophage. 
La langue est entièrement semblable, par sa forme et 
par sa structure, à celle que nous avons décrite dans le 
genre Actéon. Toute cette partie de la masse buccale, de 
forme ovoïde et marquée de sillons transversaux, offre 
elle-même une conformation identique à celle de ce der- 
nier genre, comme on peut le voir par les figures que nous 
en dounons : elle n’en diffère que par le renflement infé- 
rieur dans lequel se prolonge la chaîne des crochets lin- 
guaux et qui, dans le genre Lophocercus, se présente sous 
la forme d'une espèce de disque débordant, en arrière et 
sur les côtés, cette partie de la masse bucvale. 
L'œsophage naît de la partie postérieure et inférieure 


— 999 — 


de la masse ovoïde que nous avons considérée comme la 
masse buccale proprement dite; il est d’un très petit cali- 
bre dans toute son étendue. Après avoir traversé l'anneau 
nerveux, il se porte directement en arrière jusqu’au foie, 
dans lequel il se continue avec l'estomac; maïs avant de 
pénétrer dans cet organe, il fournit un long diverticulum 
ou cœcum d’un calibre plus considérable et disposé comme 
l’indiquent nos figures. La surface de cet appendice est, 
comme l’a déja signalé M. Krohn, recouverte de petites 
saillies tuberculeuses qui sont déterminées par autant de 
dépressions ou de petits enfoncemens que présente sa 
cavité intérieure (1). Nous ne connaissons pas d’exem- 
ple d’une conformation semblable de cette partie du tube 
digestif dans les autres Mollusques ; cependant, on peut 
voir un analogue de ce diverticulum dans la petite dilata- 
tion arrondie, en forme de gésier, que l'œsophage pré- 
sente également à son extrémité postérieure, dans le genre 
Actéon, et que nous avons aussi retrouvée dans les cal- 
liopées. 

Après avoir fourni ce diverticulum, l'œsophage, devenu 
plus ample, s'enfonce dans le foie où il se continue pres- 
que immédiatement avec la poche stomacale : celle-ci n’est 
représentéeque par unrenflement presquecylindrique,d'un 
diamètre un peu plus considérable que la dernière portion 
de l'œsophage.L'estomac se continue, sans ligne de démar- 
cation bien tranchée, avec l'intestin qui est court, comme 
enchassé dans un sillon creusé sur la face supérieure du 
foie, et qui vient s'ouvrir directement à l'entrée de la ca- 
vité branchiale, vers l'extrémité postérieure de son bord 
inférieur. 

L’estomac et l'intestin ont leurs parois assez épaisses, 


(1) On peut regarder ces petils enfoncements comme des follicules ru- 
dimentaires, destinés à sécréter quelque liquide propre à agir sur les ali- 
ments qui séjonrnent probablement dans cette espèce de gésier, avant de 
parvenir dans l'estomac. 


— 230 — 


doublées de fibres musculaires longitudinales et très ap- 
parentes; ils se distinguent, sous ce rapport, de l’œso- 
phage et de son diverticulum, dont les parois sont assez 
minces et transparentes. 

Les glandes salivaires, au nombre de deux, offrent 
encore une conformation très singulière. Elles sont for- 
mées par des cœcums extrêmement fins, comme rameux, 
qui viennent s'ouvrir dans un canal excréteur très volu- 
mineux, ou plutôt dans une espèce de réservoir à parois 
musculeuses et résistantes qui, après s'être renflé à sa 
partie moyenne, se rétrécit insensiblement pour venir 
s’'aboucher à la partie postérieure de la masse buccale, sur 
les côtés de l'æsophage. 

Le foie, de couleur verdâtre, forme presque toute la 
partie postérieure de la masse viscérale; il enveloppe com- 
plétement l'estomac, une partie de l'œsophage et de l'in- 
testin. Les canaux hépatiqnes aboutissent à deux ou trois 
troncs principaux qui s'ouvrent isolément dans la poche 
stomacale. 

L'appareil reproducteur nous a offert la disposition sui- 
vante : l'ovaire, constitué par une petite masse granu- 
leuse, blanchâtre, occupe, avec le foie qui l'enveloppe 
presque entièrement, la partie postérieure de la masse 
viscérale. L'oviducte, qui en naît par des ramifications, 
est très grêle dans la première partie de son trajet; il pré- 
sente ensuite un renflement considérable, infléchi plu- 
sieurs fois sur lui-même, se rétrécit de nouveau et, après 
avoir formé encore quelques inflexions, il aboutit à la 
matrice qui occupe la partie antérieure et gauche de la 
masse viscérale, Celle-ci, facile à reconnaîlre à son aspect 
boursuuflé, dans l'eau, vient s'ouvrir à la partie anté- 
rieure du bord inférieur de la cavité branchiale, à l'extré- 
inité d’un tubercule saillant qui a été bien indiqué par 
M. Krohr. Tout près de son orifice, cet utérus reçoit les 
canaux de deux vésicules dont l'une correspond à la vési- 


= Qùf = 


cule à long col qui accompagne ordinairement cet orifice, 
et dont l’autre, à col très court, est plus petite et paraît 
avoir d'autres usages. 

La verge occupe la partie antérieure ou cervicale de 
l'animal ; elle a la forme d’un tube charnu qui vient s'ou- 
vrir, comme nous l'avons dit, à la base du tentacule droit 
et qui se continue en arrière avec un canal flexueux et très 
grêle. M. Krohn a considéré ce canal comme un canal 
déférent qu'il a supposé être en connexion avec la matrice; 
mais nous n'avons pu nous assurer de cette communica- 
tion qui devrait se faire, d'après l’analogie, non avec la ma- 
trice, maisavec l’oviducte : nous n'avons, du reste, trouvé 
aucun organe qui püût être regardé comme l'organe sécré- 
teur mâle ou letesticule. Nous sommes done porté à croire 
que ce même canal nest qu'un simple appendice cœvcal 
de la verge, n'ayant aucune communication avec le reste 
de l'appareil générateur, ainsi que cela a lieu dans les 
Bulles, les Bullées, etc. Nous n'avons toutefois pas pu 
pousser nos recherches assez loin pour aflirmer que cette 
disposition, importante au point de vue de Ja classifica- 
tion, est réellement celle de l'organe mâle; nous devons 
dire, en outre, que nous n'avons pas trouvé, entre l'ou- 
verture de la verge et celle de la partie postérieure de 
l'appareil , le sillon qui joint ces deux orifices dans les 
genres que nous avons cités précédemment (1). 

Le système nerveux central se compose de sept gan- 
glions formant un anneau très serré autour de l’œsophage. 
Les deux ganglions cérébraux , assez volumineux, four- 
nissent trois ou quatre nerfs qui se rendent à la bouche, 


(1) Si la disposition de l'appareil générateur était, dans les genres Lo- 
phocerus et Lobigcr, semblable à celle du même appareil dans les Bulles, 
les Bullées, etc., comme nous le croyons, il faudrait regarder l’organe en 
grappe ou l'ovaire comme étant à la fois l'ovaire et le testicule. (Voir, à ce 
sujet, le Mémoire de M. Gratiolet, inséré dans le 2° N° de ce journal, page 
446, sur les fonctions de cet organe dans les Gastéropodes hermaphro- 
dites.) 


— 232 — 

aux yeux et aux tentacules : ces derniers nerfs ont un 
volume considérable. En dessous des ganglions cérébraux, 
sont deux autres ganglions un peu plus gros, dont les 
nerfs se distribuent exclusivement au pied et à ses appen- 
dices. Enfin, en arrière des ganglions précédents, se 
trouvent trois petits ganglions qui envoient des filets ner- 
veux aux viscères. Deux de ces ganglions sont placés à 

auche; le troisième, extrêmement petit, est situé du 
côté droit. À la partie postérieure de la masse bucccale 
se voient encore, comme d'ordinaire, deux petits gan- 
glions sphériques dont les filets se distribuent à cette par- 
tie, aux glandes salivaires et à l'æsophage. 

Les habitudes et les mœurs des Mollusques dont nous 
nous occupons ici ont beaucoup C’analogie avec celles des 
Actéons : on les trouve parmi les plantes marines dont 
ils paraissent faire leur nourriture. M. Krohn a recueilli 
les individus qu'il a observés, à Messine; ceux qui ont 
servi à nos observations proviennent de Malte, où ils pa- 
raissent être assez communs : nous les devons à notre Col- 
lègue et ami M. H. Mitire, médecin de la marine. 


Du genre Lomicer. 


Nous n'avons pu avoir, de ce genre, que la coquille 
dont la forme diffère un peu de celle du genre précédent. 

Cette coquille est également cartilagineuse, très mince, 
très fragile, d’un blanc transparent; elle est ovale-oblon- 
gue, convexe, très finement striée en long, à sominet in- 
volvé; l'ouverture est plus haute que le sommet, deux 
fois plus longue que large, versante aux deux extré- 
mités; la lèvre externe, étendue au-dessus du som- 
met et arrondie supérieurement, se continue dans ce point 
avec la lèvre interne qui est réfléchie sur l’avant-dernier 
tour. 

Quant à l'animal, il diffère extérieurement de celui du 
genre Lophocercus par la longueur moins considérable de 


je 


la partie postérieure du pied et surtout par ses appendices 
latéraux qui, au lieu de former une simple expansion 
aliforme, représentent de chaque côté comme deux na- 
geoires assez grandes, arrondies , pédiculées à leur 
origine. 

L'organisation intérieure est à peu près la même dans 
les deux genres; d’après les détails donnés par M. Krohn, 
les différences ne seraient que dans la masse buccale qui 
est un peu plus développée dans le g. Lophocercus, si ce 
n'est pourtant l'appendice lingual qui, dans le geure 
Lobiger, se présente sous la forme d'un cœcum volumi- 
neux, se prolongeant en arrière de la masse buccale en 
formant plusieurs replis. 

Nous ne savons si ces différences, tant extérieures qu'in- 
térieures, sont assez importantes pour justifier l’établis- 
sement des deux genres proposés par M. Krohn ; nous 
serions plutôt porté à croire que ces Mollusques devront 
être réunis dans un seul et même genre, car ils appartien- 
nent évidemment à un type d'organisation identique : 
leurs mœurs et leurs habitudes paraissent être aussi les 
mêmes. 


En eherchant à établir les aflinités zoologiques de ces 
Mollusques, M. Krohn a très bien fait ressortir les anaio- 
gies nombreuses qu'ils présentent avec les Aplysies, les 
Balles, les Bullées, etc. . Parmi ces analogies, il en est une 
sur laquelle nous croyons devoir insister. Chez les Aply- 
siens et les Acères, le pied offre généralement cela de par- 
ticulier qu'il est également disposé pour la reptation et 
pour la natation ; ainsi, l'on sait que la plupart des Aply- 
sies nagent fort bien au moyen des larges expansions 
que leur pied forme sur ses parties latérales. Gette disposi- 
tion de l’organe locomoteur existe aussi dans la plupart des 
Bulles, etelle est tellement marquée dans le genre Grasté- 
roptère qui appartient à la même famille, que ce Mollus- 

16 


que a été classé parmi les Ptéropodes par les premiers 
zoologistes qui l'ont fait connaître. Or, nous trouvons la 
même conformation dans les genres Lophocercus et Lo- 
biger dont le pied forme, sur les côtés, de véritables na- 
geoires qui servent, sans aucun doute aussi, à la natation 
chez ces Mollusques. Un autre trait caractéristique de l'or- 
ganisation des Aplysiens et des Acères, et qui est d'une 
grande importance pour la classification , se trouve dans 
la disposition de l'appareil générateur et dans la sépara- 
tion des deux parties qui constituent le sexe mâle. Il est 
vrai que ce point n’est pas encore complétement établi 
pour les deux genres dont nous discütons en ce moment 
les analogies; mais nos observations nous autorisent à l’ad- 
mettre provisoirement, et M.Krohn n'a émis, du reste, con- 
tre cette manière de voir, qu'une simple supposition.L’ab- 
sence du sillon qui réunit les deux orifices génitaux dans 
les Aplysies, les Bulles, etc., n'est pas une raison suff- 
sante pour faire rejeter une disposition analogue des or- 
ganes de la génération dans les g. Lophocercus et Lobiger, 
car ce sillon extérieur manque aussi chez certains Ptéro- 
podes qui offrent pourtant la disposition dont il est ici 
question, dans leur appareil reproducteur. Enfin la struc- 
ture de la branchie qui, d'après M. Krohn , devrait rap- 
procher les genres Lophocercus et Lobiger plutôt des Pec- 


tinibranches que des Tectibranches, ne nous paraît pas 


devoir être prise en si grande considération. L'importance 
de l'organe respiratoire, au point de vue de la classifica- 
tion, réside bien plutôt dans sa disposition que dans sa 
structure , à moins qu'il ne s'agisse de ces différences es- 
sentielles qui séparent, par exemple , les Mollusques à 
branchies des Mollusques pulmonés. Or, comme nous 
l'avons déjà vu, la disposition de la cavité branchiale est 
tout à fait semblable à celle que l’on trouve dans certains 
Tectibranches et s éloigne par conséquent beaucoup de 
celle qui existe chez les Pectinibranches; ct, si la bran- 


52068 


LE 


Ce NOR ET 


— 235 — 
chie, par sa forme et par ses feuillets simples et non dé- 
composés , se rapproche en eflet davantage de celle des 
Mollusques de ce dernier groupe, nous croyons qu'on ne 
peut accorder à ce caractère qu'une valeur tout à fait 
secondaire. 

Si nos observations sur l’appareil générateur des g. Lo- 
phocercus etLobigervenaient à être confirmées, tous lescarac- 
tères ordinairement employés pour la classification, savoir, 
Ja forme de l'animal, la disposition de l'organe locomoteur, 
celle de la branchie et de l'appareil générateur, les carac- 
tères de la coquille (1), se réuniraient donc, pour faire 
ranger ces deux genres à côté des Aplysiens et des Acè- 
res. Dans le cas contraire, de grandes analogies n’en exis- 
teraient pas moins entre les uns et les autres, et peut-être 
faudrait-il les placer toujours dans le groupe des Tecti- 
branches, pour lier ceux-ci aux Pectinibranches, de même 
que les premiers lient les Gastéropodes aux Ptéropodes 
qui tiennent en eflet aux Acères par tous les traits de 
leur organisation, ainsi que l’avait pensé M. de Blainville 
et comme nous croyons l'avoir démontré dans notre tra- 
vail sur ce dernier groupe de Mollusques. 


Explication des figures. 
PI. X, 


Fig. 1. Le Lophocercus Sieboldit (Krohn), vu par des- 
sus. 

Fig. 2. Le même vu par dessous ou par le pied. 

Fig. 3. La partie antérieure du même, vue du côté 
droit, pour montrer l’orifice de la verge, v’. 

Fig. 4, 5, 6. La coquille du même , vue sous ses diffé- 
rentes faces. 


(4) Les coquilles des genres Lophocercus et Lobiger présentent une si 
grande ressemblance avec celles de certaines Bullées, que les conchyliolo- 
gistes les ont déjà inscrites parmi celles-ci. (Voir le Thesaurus conchylio- 
rum de Sowerby; Monographie du genre Bulle, part. x1.) 


2. 0860 


Fig. 7. Gette figure montre la cavité branchiale ou- 
verte et sa paroi supérieure, rejetée du côté gauche; à à, ex- 
pansions latérales du pied ; g, partie postérieure de la 
masse buccale; t, intestin, &, anus; f, foie; m, matrice; 
b, branchie; c, cœur; p, pied; n n, bord droit du man- 
teau. 

Fig. 8. Cette figure montre tout le tube digestif : 
t, partie antérieure de la masse buccale; k, parlie posté - 
rieure, dans laquelle se trouve la langue ; «, renflement 
lingual en forme de disque; s,s, glandes salivaires; e’, œso- 
phage; y, diverticulum de ce dernier; e, estomac ; r, in- 
testin ; a, anus. — La ligne qui entoure l’estomac et l’in- 
testin indique la place occupée par le foie. 

Fig. 9. Partie postérieure de la masse buccale ouverte, 
pour montrer la langue. 

Fig. 10. Appareil de la génération : o, ovaire ou or- 
gane hermaphrodite; d,d', oviducte et son renflement ; 
m,m, matrice ; 0, orifice extérieur de cette partie de 
l'appareil; x, vésicule copulatrice ou à long col; 3, autre 
vésicule annexée à cet office; v, verge ; g, son appendice 
postérieur ou canal déférent; w’, orifice extérieur de cet 
organe, 

Fig. 11. Collier nerveux. 

Fig. 12. Une coupe du pied pour indiquer sa forme. 


Fig. 18 et 14. Coquille du Lobiger Philippui (Krohn). 


OgservarTions sur les zoospermes des Hélices , par 
M. Pierre GRATIOLET (1). 


Explication de la planche relative a ces observations. 


PIX: 
Fig. 1. — Organes générateurs de l’'Aelix pomatia dé- 


(4) Voir le N° II du Journal de Conchyliologie, page 116. 


roulés et ouverts, de manière à faire concevoir 
leurs relations réciproques et la composition 
sénérale de l'appareil génital. 

5 PPARERS 

a. Vulve ou orifice commun; 

b. Vestibule antérieur ou vagin ; 

c,c. Vestibule postérieur dans lequel vienuent s'ou- 
vrir plusieurs appareils accessoires; 

d. Canal faisant suite au vagin; 

e. Vésicule copulatrice terminant ce canal et dans 
laquelle les zoospermes sont déposés pendant 
l'accouplement. 

Tous les organes de la génération s'ouvrent, dans 
l’un ou l’autre vestibule. 
z. Ouverture du fourreau de la verge qui se déve- 
loppe en A. 

6. Orifice de la bourse du dard B. 

2. Orifices des appareils multifides, dont les troncs 
ont été divisés en DD. 

. Orifice de l'utérus, revêtu d'un bourrelet circulaire. 
On voiten EEE, l'utérus intestiniforme, avec ses 
plis formant des loges; 

EE. Sommet de l'utérus, formant l'organe albumi- 
nipare ; 

FF. Portion utérine du canal déférent ; 

F’.  Portion terminale du canal déférent ; 

K. Organe éjaculateur accessoire du canal déférent; 

L. Parüe intestiniforme du canal déférent; 

M. Racine du canal déférent. 

N. Organe hermaphrodite (ovaire et testicule). 

Fig. 2. — Un cœcum de l'organe hermaphrodite , 

montrant un œuf contenu dans sa vésicule de 


Graaf. 

a. OEuf. 

b. etc. Paroi dédoublée du cœcum, formant une loge 
qui contient l'œuf. 


"Ji 


Fig. 3. — Zoospermes du canal déférent. 


Fig. 4 et 5. — Zoospermes de la vésicule copulatrice. 
a. Loosperme en voie de développement. 
b. Zoosperme métamorphosé. 


Fig. 6. Zoosperme à tête en tire-bouchon de la Palu- 
dine vivipare. 


\ 


Fig. 7. Zoosperme à pinceau caudal de la Paludine 
vivipare. 


Norice sur les genres Diplodonta et Scacchia; par 
M. H. Mirree, chirurgien-major de la marine. 


Le genre Lucine, établi d'abord par Bruguière, et 
adopté par Lamarck qui l'a compris dans sa famille des 
Nymphacées, renferme des coquilles si variables dans 
leurs caractères essentiels, que quelques auteurs ont cher- 
ché, de nos jours, à le diviser en plusieurs groupes dis- 
tincts : tels sont les genres Cryptodon de M. Thomson; 
Bulnaria de; Hartmann; Lentillaria de Schumacher. Il 
en est de même du genre Myritæa de M. Turton, qui a: 
pour type la Vénus spinifera de Montagne, et du genre 
Diplodonta proposé par M. Broÿn, en 1833, pour les es- 
pèces à ligament extérieur, et dont la charnière, dépourvue 
de dents latérales, offre deux dents, dont une bifide, sur 
chaque valve. Enfin. plus récemment, M. Philippi, dans 
le 2° volume de son Catalogue des Mollusques du royaume 
des Deux-Siciles, a créé les deux genres Scacchia et Pty- 
china, le premier, pour le Loripes elliptica de Scacchi; 
le second, pour une petite coquille voisine des Lucines, 
dont elle ne diffère que par le pli postérieur des Tellines. 

Mais, de toutes ces coupes génériques, formées au dé- 
pens du genre Lucine et fondées sur les modifications de 
la charnière, que l’on sait être si nombreuses et si variées, 
les seules qui méritent d'être conservées dans une méthode 


Le se l'r' es, 


239 


naturelle, parce quelles sont confirmées par l'organisation 
des animaux, sont les genres Diplodonta et Scacchia. 

Une relâche dans la rade de Rio-Janeiro, dans le cours 
d'un voyage à l'Ile de la Réunion et à Madagascar, m'a 
permis de me livrer à l'étude des Mollusques qui vivent 
dans cette partie du rivage américain, et, parmi les bival- 
ves que la mer avait jetées sur la plage, à la suite d'un 
coup de vent, je distinguai une coquille globuleuse, offrant 
tous les caractères assignés par M. Broÿn à son genre 
Diplodonte. Quelques jours après, dirigeant mes recher- 
ches dans la baie de Bon-Foyage, je rencontrai la même 
coquille, mais vivante et en assez grand nombre pour en 
faire l'examen anatomique , et je notai les faits d’organi- 
sation que cet acéphale me présenta , et qui l’éloignent 
essentiellement des Lucines, comme on peut le voir par 
le simple exposé de ses caractères extérieurs. 

Animal, Ovoïde, globuleux, enveloppé dans un man- 
teau épais, à lobes unis dans toute leur circonférence, 
présentant seulement deux ouvertures; l'une antéro-in- 
férieure, assez grande, ovalaire, qui sert à la fois aux mou- 
vements du pied et à l'entrée de l'eau dans la cavité 
branchiale; l'autre, postérieure, au-dessous du muscle 
adducteur de ce côté, sorte de boutonnière à laquelle 
l'intestin vient aboutir, et sans indice de trachée. Les 
branchies sont composées de deux feuillets de chaque 
côté du corps, inégaux, les supérieurs plus étroits que les 
inférieurs, adhérentslesuns aux autres dans toute l'étendue 
de leur bord supérieur, et se terminant en pointe en avant. 
Pendant la vie, ces branchies recouvrent presque entiè- 
rement la masse viscérale, et arrivent jusqu’au contact 
de l'ouverture inférieure du manteau quiles met en rap- 
port avec l'élément ambiant, 

La bouche s'aperçoit au-dessous du muscle adducteur 
antérieur, entourée d'un voile membraneux, sur les cotés 
duquel s’attachent deux paires de palpes labiaux. Ces 


? 


f 


AU 


palpes offrent la même disposition et sont seulement un 
peu moins étendus que dans la plupart des conchylifères 
dimyaires, notamment dans les Tellines et les Donaces. 

La masse viscérale est arrondie, globuleuse,et le pied, 
qui lui fait suite, représente une cordelette douée d’une 
grande contractilité et terminée par un renflement glan- 
diforme, de couleur brune foncée. Ce gland, composé 
d’une sorte de tissu érectile, est traversé par un pertuis qui 
s'élargit à la base du renflement et qui parcourt, sous la 
forme d'un véritable canal, toute la longueur du pied, 
pour se terminer, en se ramifiant, dans les lacunes de la 
masse viscérale. 

Enfin les muscles adducteurs sont presque égaux et se 
fixent très près du rebord des valves. 

La coquille de ce Diplodonte nous paraît inconnue et 
inédite, et je propose de l'inscrire dans les Catalogues sous 
Je nom de Diplodonta Brasiliensis. 

C'est une coquille libre, arrondie, globuleuse, équi- 
valve, inéquilatérale , un peu tronquée sur le côté anté- 
rieur. Le ligament est extérieur, proéminent et inséré sur 
le rebord même des valves. La charnière est composée de 
deux dents intrantes sur chaque valve, la postérieure de 
la valve droite, l’antérieure de la valve gauche, bifides. 
Absence complète de dents latérales. Les impressions 
musculaires sont subégales, la postérieure arrondie, 
l'antérieure ovalaire et jamais allongée comme celle des 
Lucines; l’impressien palléale est simple, sans sinuosité ; 
enfin le disque intérieur des valves est lisse, sans stries 
ni ponctuations. Toute la coquille est d'un blanc jaunûtre, 
et la surface extérieure des valves ornée de lignes d'ac- 
croissement concentriques et régulièrement disposées. 

Elle habite la rade de Ric-Janeiro , dans la baïe de 
Bon-Foyage où elle vit dans le sable, à peu de profon- 
deur, en compagnie de la Lucina divaricata, et de plu- 
sieurs espèces de Tellines. 


Les Diplodontes s'éloignent, comme on voit, des Luci- 
nes, par des caractères importants de l'organisation exté- 
rieure des animaux; car il est hors de doute aujourd’hui 
que les vraies Lucines n'ont qu'un seul feuillet branchial 
de chaque côté du corps, la bouchedépourvue de tentacules, 
et le manteau percé, en arrière, de deux ouvertures dont 
la supérieure est généralement munie d’une trachée, ainsi 
que j'ai pu le constater moi-même sur onze espèces de ce 
genre intéressant , sur lequel je me propose de publier 
prochainement le résultat de mes recherches. 

Les coquilles diffèrent aussi dans les deux genres, puis- 
que, dans les Lucines, la charnière offre le plus souvent des 
dents latérales, et jamais les deux dents bifides des Diplo- 
dontes; le ligament, couvert par les bords du corselet ou 
enfoncé profondément derrière les nymphes, n'est jamais 
bombé et très saillant à l'extérieur ; enfin les impressions 
musculaires sont très inégales, la postérieure arrondie, 
l'antérieure étroite et très allongée. 

Les Diplodontes ont avec les Ongulines les rapports 
les plus intimes d'organisation ; mais encore elles s'en dis- 
tinguent par les caractères de la coquille et par les habi- 
tudes des animaux des Ongulines, dont la plupart des 
espèces vivent dans les pierres et les madrépores, à la 
manière des Ÿ’énérupes et des Saxicaves; je dis la plupart 
des espèces, car j'ai sous les yeux l'animal du Félan d'A- 
danson, qui est une véritable Onguline, et que j'ai trouvé 
enfoncé dans le sable, sur le rivage de Dakar, près de 
l'île de Gorée. 

Les Diplodontes forment donc un genre très naturel 
et distinct des Lucines, que l’on peut caractériser ainsi : 

Æ4nimal, En veloppé d’un manteau fermé de toutes parts, 
percé seulement de deux ouvertures; l’une inférieure , 
grande, pour l'organe locomoteur; l’autre postérieure, pe- 
tite, pour'les déjections excrémentielles, et sans syphon ; 
branchies composées de deux feuillets de chaque côté ; 


de. 


OUTRE 


bouche entourée de quatre palpes membraneux, foliacés, 
de médiocre étendue ; pied vermiforme, terminé par un 
gland érectile, et canaliculé dans toute sa longueur; mus- 
cles adducteurs des valves presque égaux, et insérés très 
près du rebord de la coquille. 

Coquille. Libre, équivalve, régulière , inéquilatérale, 
fermée ; ligament externe, saillant;, deux dents cardinales 
sur chaque valve; la postérieure de la valve droite et l’an- 
térieure de la valve gauche, bifides; dents latérales, nulles; 
impressions musculaires subarrondies, presque égales; 
impression palléale sans sinuosité. 

Les espèces qui appartiennent au genre Diplodonte 
sont encore peu nombreuses ; les seules que j'aie à men- 
tionner sont les suivantes : 


1° DipLoponTA ROTUNDATA, Brofin. — Lucina rotundata , 
Montagne. — abitat : le golfe de Tarente, d'a- 
près Philippi; l'Océan d'Europe, près de Vannes. 

2° Dircononra TRiGONULA, Broÿn. — Lucina trigona, 


Scacchi. — Æabitat. : golfe de Naples. 


3° Dipconoxra apicazis, Philippi. — Habitat : Sicile, à 
Palerme (Collection de M. Calcara); Corse, d'après 
M. Requien. 


4° DipcoponTA 8RASsILIENtS , Nobis. — Habitat : Rio-Ja- 
neiro, baies de St-Domingue et de Bonvoyage. 

5° DiproponrA niLATATA, Broÿn. — Espèce fossile des 
terrains tertiaires de la Sicile, Altavilla près Pa- 
lerme, et trouvée vivante dans la Mer Rouge, d'après 
Philippi. 

6° DirLobonTA LuPinus, Broÿn. — Espèce fossile d’Alta- 
villa, près Palerme. 


Quant au genre Scacchia qui a été créé par M. Phiippi, 
dans le 2° volume de son Catalogue (1844), il a été ca- 
ractérisé par cet auteur de la manière suivante : 


— A 


« Animal. Enveloppé d’un manteau à bords entiers, 
finement ciselés, et dont les lobes, largement désunis en 
bas, offrent en arrière une seule perforation anale? Pied 
comprimé s Ninguiforme À séparé:par ‘un étranglement de 
la masse viscérale; deux feuillets, branchiaux de chaque 
côté; bouche munie de quatre appendices labiaux. 

Coquille. Transverse, mince, légère, équivalve, inéqui- 
latérale , légèrement tronquée au côté postérieur, et une 
ou deux petites dents cardinales sur chaque valve; dents 
latérales, obsolètes en forme de plis ; ligament double , 
l'externe plus petit, l'interne inséré dans une fossette 
oblongue ; impressions musculaires petites, subégales, 
arrondies ; impression palléale simple sans sinuosité. » 

M. Philippi n'indique qu'avec doute l'ouverture pos- 
térieure du manteau, chez la Scacchie elliptique, mais le 
zoologiste napolitain l’a parfaitement observée, et j'ai pu 
constater moi-même cette disposition sur plusieurs indi- 
vidus de la même espèce que j'ai rencontrée l'année der- 
nière, vivante, dans le golfe de Naples et la rade d'Ischia. 
Cette perforation du manteau est une simple boutonnière 
à laquelle l'intestin vient aboutir, totalement dépourvue 
de siphon, semblable, en un mot, à l'ouverture anale des 
Diplodontes et des Ongulines, 

Les Scacchies se rapprochent donc de ces deux derniers 
genres par l'organisation des animaux et par quelques 
caractères essentiels de la coquille; les branchies, les pal- 
pes labiaux, les ouvertures du manteau d'un côté; de 
l’autre, les impressions musculaires égales, arrondies, et 
l'impression palléale simple, sans sinuosité. 

Elles avoisinent aussi les Amphidesmes, par la présence 
des dents latérales et la disposition du ligament qui est 
double en réalité; mais elles se distinguent de ces der- 
nières par des caractères d'une plus grande importance, 
puisque les Amphidesmes ont le manteau prolongé en 
arrière en deux siphons allongés, contractiles et séparés 


ep ee 


dans toute leur étendue; et que ces siphons sont mus par 
un muscle rétracteur qui laisse sur le test une impression 
sinueuse assez profonde, 

Les Scacchies vivent dans le sable, à la manitre des 
Vénus et des Nymphacées; la Scacchia elliptica a été trouvée 
par des pêcheurs en compagnie de la Lucine lactée, de la 
Telline gentille, et de la Fénus vénitienne; rien n'indique 
d’ailleurs , dans l’organisation de ces Mollusques, qu'ils 
vivent comme les Ongulines, et qu'ils se logent dans les 
pierres et les masses madréporiques. 

M. Philippi ne mentionne, dans son Catalogue que 
trois espèces de Scacchies, dont deux vivantes et une 
fossile. 

SCACCHIA ELLIPTICA, Philippi.— Loripes elliptica, Scac- 

chi. — Habit : Naples, Treparci, Sicile. 

ScaccaiA OvaTA, Philippi. — Habitat : Naples, Sicile, 

Ajaccio (Corse), d'après M. Requien. 

ScacciA INVERSA, Philippi.—Espèce fossile d’Altavilla, 

près Palerme. 

Il résulte pour mai, de tout ce qui précède : 

1° Que le genre Lucine, tel que Lamarck l’a conservé 
dans la méthode, renferme des coquilles qui lui sont étran- 
gères, et qu'il a besoin d’être épuré. 

2° Que les genres Diplodonta et Scacchia constituent 
deux groupes distincts, parfaitement caractérisés et qui 
ont entre eux de nombreux points de contact. 

3° Que ces deux genres sont très voisins, le premier 
surtout, des Ongulines dont ils diffèrent cependant par les 
caractères de la coquille et la manière de vivre des ani- 
maux qui l'habitent. 

Aussi je proposerai d'établir avec ces trois genres, Dr- 
plodonta, Scacchia et Ongulina, une petite famille à part, 
que j'appellerai la Famille des Ongulines, pour consacrer 
le nom du genre intéressant qui lui servira de type et qui 
rappelera en même temps celuide Daudin, son fondateur. 


T5 


Quant au rang que celte famille doit occuper dans Îa 
série des conchyfères, il est dificile de l’assigner aujour- 
d’hui d'une manière rigoureuse et définitive, Toutefois, 
je ne partage pas, sur ce point, l'opinion de MM. Sowerby 
et Deshayes qui rangent les Ongulines dans le voi- 
sinage des Lucines, parce que celles-ci présentent cons- 
tamment un seul feuillet branchial de chaque côté du 
corps, la bouche sans appendices labiaux , et les lobes 
du manteau percés, en arrière, de deux ouvertures 
dont la supérieure est munie d’un siphon contractile 
et se repliant quelquefois, comme un doigt de gant, dans 
la cavité palléale; tandis que les Ongulines ont évidem- 
ment les quatre branchies, les appendices buccaux des 
autres conchyfères et le manteau à une seule perforation 
postérieure et sans indice de trachée; et ce n'est pas à un 
simple caractère spécifique, car les animaux de l'Ongu- 
lina rubra, du F'élan d’'Adanson et de l'Onguline blanche 
m ont offert les mêmes traits d'organisation. 

Je pencherais plutôt vers l'opinior de M. Duvernoy qui 
place les Ongulines à côté des Mytilacées, si la disposition 
du pied, celle des muscles adducteurs chez les Moules et 
les Lithodomes, et la faculté qu'ont ces derniers Mollus- 
ques de filer un bissus n'étaient des motifs suffisants pour 
faire rejeter ces rapports. 

Cette question de taxonomie , à l'égard du petit groupe 
qui fait le sujet de cette Notice, comme du reste pour un 
grand nombre de genres de la classe des conchyfères, est 
donc encore subjudice, et la science a besoin de nouveaux 
faits pour la résoudre. Ce n’est que lorsque les animaux 
de cette division seront bien connus que l'on pourra for- 
muler un arrangement méthodique des genres et des fa- 
milles, dans l’ordre des affinités zoologiques, et relier les 
uns aux autres tous les chaînons de cette longue série des 
acéphales, qui se trouve sur bien des points interrompue. 

Nota. Je regrette de ne pouvoir donner ici la figure de 


946 


l'animal de la Scacchra elliptica; mais les individus que j'ai 
cherché à conserver dans une préparation alumineuse, 
ont été tellement altérés par la liqueur, que je n'aurais pu 
en retracer fidèlement les caractères. 


Explication des Jigures. 
PI. XII. 


Fig. 1. 4 et B. Coquille du Diplodonta brasiliensis, 
Mittre. 

Fig. 2. 4. Valve droite; B. Valve gauche. 

Fig. 3. Charnière. 

Fig. 4. Animal enveloppé de son manteau. 

Fig. 5. Le même dépouillé du manteau, pour mettre 
à découvert la bouche et les tentacules labiaux, 


les branchies, la masse viscérale et le pied (1). 


Descrirrion d'un nouveau genre de coquilles unival- 
ves, par M. Soucever. 


Parmi les coquilles pélagiennes que nous avons recueil- 
lies dans notre voyage autour du monde sur la corvette 
la Bonite, nous en avons trouvé une qui s'éloigne d’une 
manière assez tranchée, par ses caractères, de tous les gen- 
res connus de coquilles univalves, pour que nous nous 
croyions autorisé à la considérer comme le type d'un 
genre nouveau. Nous désignerons, sous le nom de Calca- 
rella (2), ce genre dont les caractères sont : 


(1) La planche relative à ces figures paraîtra dans le prochain Numéro. 


(2) De Calcar, éperon, à cause de la ressemblance de cette coquille 
avec la molette d’un éperon. 


e 


[A 


ge 


G. CazcArELLA, nobis. 


À NIMAL 18n0tum. 

Tesra sub-globosa, cornea, pellucida, valdè tricarinata : 
carinis distantibus, eristato-dentatis: dentibus triangulo- 
acuiis, regularibus ; anfractibus tribus, supra planis; spira 
bicarinata, apice mamillato ; 

Apertura triangularis, intus semi-lunaris, incrassata ; 
labro trispinoso : spinis triangularibus, acutis ; columella 
incrassata, sinuosa, medio anticè convexa. 

OpErcuLum ? 


Genre Calcarelle. 
ANIMAL inconnu. 


Coquize sub-globuleuse, cornée, transparente, forte- 
ment tricarénée ; à carènes séparées, dentées en crête, 
avec les dents triangulaires, aiguës et régulièrement espa- 
cées ; trois tours de spire, aplatis en dessus; spire à deux 
carènes et à sommet mamelonné. 


Ouverture triangulaire, semi-lunaire et épaissie à l’in- 
térieur; lèvre externe portant trois épines triangulaires, 
aiguës; lèvre interne calleuse, formant un bourrelet sail- 
Jant en dehors, sinueuse, avec le centre convexe en avant. 


OPERCULE ? 


Observations. — Ge genre, que nous proposons d’après 
la coquille seulement, n'ayant malheureusement pas pu 
en observer l'animal, nous paraît devoir être caractérisé 
surtout par la nature cornée de cette coquille, par sa trans- 
parence, par les carènes très prononcées dont elle est ar- 
mée, par la forme de l'ouverture et par celle de la colu- 
melle. Des genres connus jusqu'à présent, le genre Tri- 
chotropis de M. Sowerby est celui dont notre nouveau 
genre paraît se rapprocher le plus; mais il en diffère 
par des différences importantes que nous allons faire 
ressortir : 


348 


La coquille du g: Calcarella est cornée, sans épiderme ; 
celle du g. Trichotropis est calcaire et épidermée ; 

Le g. Calcarella à Va spire à peine saillante; dans le 
g. Trichotropis la spire est presque aussi grande que l’ou- 
verture; 

Le g. Calcarella à les carènes régulièrement distancées 
etau nombre de trois; dans le g. Trichotropis, elles sont 
irrégulièrement disposées et au nombre de deux (T°. uni- 
carinata, Sowerby), ou au nombre de trois (T°. bicari- 
nata, Sowerby); 

Dans le g. Calcarella , les divisions ou dents des carè- 
nes sont de même nature que le test; dans le g. Tricho- 
tropis , ces dents sont formées surtout par des prolonge- 
ments épidermiques ; 

L'ouverture du g. Calcarella est semi-lunaire intérieu - 
rement et entière ; celle du g. Trichotropis est ovale ou 
trigone et canaliculée à la base; 

La Columelle est large, calleuse, sinueuse et renflée 
en bourrelet dans le g. Calcarella ; elle est arquée ou 
sinueuse dans leg. Trichotropis, mais mince et réfléchie; 

Dans le g. Trichotropis, la Columelle est obliquement 
tronquée à la base; rien de semblable n'existe dans le 
g. Calcarella; 

Dans le g. Calcarella, la coquille n'est ni ombiliquée, ni 
perforée ; celle du g. Trichotropis est, au contraire, large- 
ment ombiliquée ou perforée. 

Telles sont les différences qui séparent ces deux genres, 
en n'ayant égard qu'à la coquille; mais il est plus que 
probable que des différences bien plus grandes encore les 
éloignent sous le rapport des animaux, car les espèces du 
g. Trichotropis sont littorales et paraissent se rapprocher 
beaucoup des Pourpres, tandis que la coquille du g. Cal- 
carella est, comme nous l'avons déjà dit, une coquille 
pélagienne dont l'animal doit offrir par conséquent une 
organisalion analogue à celle des Mollusques qui vivent 


— 1900 = 


loin des rivages. Nous ne pourrions émettre ici que des 
hypothèses sur la forme de cet animal, la coquille n'ayant 
de rapports bien évidents avec aucun des genres connus, 
parmi les coquilles pélagiennes. Il est donc nécessaire qué 
des observations nouvelles viennent nous éclairer à cé 
sujet , car ce n’est que par la connaissance de l'animal 
que la valeur du genre que nous proposons pourra être 
définitivement établie, ct qu'il sera surtout possible de le 
placer dans ses rapports naturels. C'est pour provoquer 
de nouvélles recherchés de la part des naturalistes qui se 
trouveront placés dans des circonstances favorables pour 
les faire, que nous avons cru devoir signaler cette coquille 
curieuse à leur attention. 


Calcarella Spinosa, nobis. 


Nous désignons sous ce nom l'espèce unique sur la- 
quelle nous établissons ce genre. 

Quoique transparente, cette coquille a une assez grande 
épaisseur ; très apparente à l'ouverture, cette épaisseur 
se continue dans les tours de spire, comme le montrent 
les dessins que nous en donnons. Sa surface externe est 
très lisse, dans l'intervalle des carènes. Les angles épi- 
neux de la lèvre externe sont séparés par des échancrures 
assez profondes. 

Dimensions.— Largeur de la coquille au dernier tour, 
5 millimètres; hauteur, 4 millimètres. 

Habit. — Cette espèce provient des mers du Sud : 
nous en avons recueilli trois exemplaires absolument 
semblables pour les caractères et pour le volume. Au- 
cune de ces trois coquilles ne contenait son animal, 


Explication des figures. 


Pl Xe 
N°15, 16 et 17. — Coquille vue sous ses différents 
faces. 
N° 18. — Grandeur naturelle. 


17 


— 250 — 


RecnencHes sur les mœurs des Turets, par M. L. Lau- 
renT, docteur ès-sciences, en philosophie et en mé- 
decine ; ancien professeur d'anatomie, de physiologie 
et chirurgien en chef de la marine, en retraite ; 
ancien suppléant de M. de Blainville à la Faculté 
des sciences et membre des Sociétés Philomatique 
et Biologique de Paris, etc. , etc. 


Si nous parvenons à prouver que les 
Tarets ne pondent pas des œufs et n’éja- 
culent pas de sperme, à quoi peut servir 
le projet de tuer dans l’eau les sperma- 
tozoïdes qui doivent féconder les œufs 
desquels doivent naître les Tarets ? 


Les études faites sur le genre Taret, depuis Aristote et 
Théophraste, jusque vers la fin du xvin siècle, n'ont pu 
avoir un caractère vraiment scientifique, en raison du peu 
de progrès de la Malacologie, et ce n'est que depuis les 
grands travaux systématiques faits en zoologie, par Adan- 
son, G. Guvier, Lamarck, de Blainville, qu'on commence 
à faire surgir de toutes ces études, la caractérisation nette 
de ce genre, de ses rapports avec les Pholades, et de son 
rang dans la classe des Mollusques acéphalés. 


On conçoit facilement toutes les difficultés qu'il a fallu 
vaincre, pour arriver au point où nous sommes actuelle 
ment, par suite des études anatomiques de plus en plus 
soignées, depuis Swammerdam, Lister, Poli, G. Cuvier 
et surtout depuis que M. de Blainville, résumant les 
travaux de ses prédécesseurs, a proposé de faire marcher 
de pair l'anatomie des Mollusques avec la Conchyliologie. 
Nonobstant tous ces travaux si utiles et si fructueux, dont 
la science s'est enrichie, on ne peut s'empêcher de recon- 
naître toutes les difficultés qu’il faut encore vaincre, pour 
perfectionner l'anatomie et la physiologie des Mollusques, 
etsurtout de ceux de la classe des acéphalés, parmi lesquels 


— 201 — 


se range le genre Taret, dont les aflinités avec les genres 
voisins, sont suffisamnent bien déterminées. Mais comme 
on le verra dans le cours de ce Mémoire, les études ana- 
tomiques et physiologiques fournies par les naturalistes 
français, anglais, allemands et italiens sont non seulement 
incomplètes, mais encore poursuivies suivant une direc- 
tion qui ne permet guère d'espérer d'arriver à une con- 
naissance exacte de l'organisation de ces animaux. Ce sont 
les obstacles contre lesquels nous nous sommes heurtés, 
en étudiant l'anatomie , l’ovologie, et l'embryologie de 
plusieurs genres de gastéropodes et de quelques acéphalés 
qui nous ont suggéré l'idée de trouver les moyens d’apla- 
nir des difficultés que je crois insurmontables pour les 
observateurs les plus habiles ét les plus patients; et l’on 
reconnaîtra, je l'espère, qu'on ne pourra les vaincre qu'en 
poursuivant, avec persévérance, des recherches expéri- 
mentales sur les mœurs de ces animaux, pour frayer une 
voie sûre à des études anatomiques et physiologiques 
aussi exactes que possible. 

Quand on a été dans l’obligation de lire attentivement 
en première ligne les Mémoires originaux publiés succes- 
sivement sur les Tarets par Valisnieri (1715), Sellius 
(1733 et 1753), par Adanson (1756 1759), par Delle 
Chiaje (1830), et les recherches les plus modernes de 
M. Deshayes, dans son Traité élémentaire de Gonchylio- 
logie et dans ses notes à la deuxième édition des Animaux 
sans vertèbres de Lamarck; lorsqu on a dû examiner en- 
suite les publications successives de Deslandes 1720, de 
Rousset et de Massnet, on arrive à constater que tous ces 
auteurs ou gardent prudemment le silence, au sujet de Ja 
sexualité des Tarets, ou les considèrent comme étant her- 
maphodites et n'ayant pas besoin de s’accoupler, et que 
tous s'accordent à dire que les Tarets sont ovipares et 
pondent des œufs. Ces œufs et les embryons des Tarets 
ont été même si mal figurés par Sellius qu'on ne peut en 


— 252 — 


tirer aucun parti avantageux; et M. Delle Chiaje a donné 
aussi une figure de l'embryon du Taret, qu'il donne pour 
celle de l'œuf de cet animal. 

C'est ici le moment de faire observer que M. Deshayes, 
auquel on doit des recherches anatomiques sur les Ta- 
rets(1}, avoue avoir rencontré des difficultés fort grandes, 
à l'égard du système nerveux et des organes de la re- 
production de ces animaux. Il est beaucoup à regretter 
que M. Deshayes, dont les études ont porté sur le Faret à 
palettes ovales, n'ait point trouvé les individus en état de 
reproduction : ce qui lui aurait permis d'en décrire les 
œufs et le développement des embryons. 

Tous les auteurs que nous venons de citer s'accordent 
donc à regarder, en général, les Tarets comme se repro- 
duisant par des œufs qui se développeraient au dehors et 
comme étant hermaphrodites. Tous s'accordent également 
à parler des ravages qu'ils produisent dans les bois, au 
moyen de leur tarière ou coquille bivalve (Adanson) ou 
d’un suc acide (Turton, Deshayes). Valisnieri, Rousset, 
Massuet ajoutent à leurs observations sur les Tarets l’in- 
dication des moyens de remédier à leurs ravages. Dans 
cette énumération rapide des Mémoires publiés sur ces 
animaux nuisibles, nous avons négligé, à dessein de men- 
tionner les Mémoires de plusieurs naturalistes anglais, 
soit parce que ces études n’ont pas élé faites sur les ani- 
maux vivants (Everard Home), soit parce que nous au- 
rons souvent l’occasion de eiter l'excellent travail sur le 
Teredo navalis et le Limnoria terebrans publié par M. Wil- 
liams Thompson en 1835 (dans le nouveau journal phi- 


losophiqne d'Edimbourg (2). 


(1) Voyage scientifique en Algérie. 

(2) Ce travail de M. Williams Thompson et un mémoire du docteur 
Coldstram sur le Limnoria terebrans (New Philosophical Edin burgh Jour- 
nal) ont été traduits de l’anglais, sur ma demande, par l’ordre du Minis- 
tre de la marine, M. le baron de Mackau, et cette traduction fait partie 
des pièces du dossier relatif à notre mission scientifique. 


— 253 — 

Pour compléter celaperçu historique des travaux faits sur 
les Tarets, il ne nous reste plus qu’à mentionner les études 
de M. Quatrefages, sur ce genre de Mollusques, qui ontété 
publiées dans les Annales des sciences naturelles, en 1849. 

M. de Quatrefages, dont je suis ici dans la nécessilé 
d'examiner, au double point de vue zoologique et écono- 
mique, les recherches sur les Tarets, en a donné de pre- 
mières notes insérées dans le Bulletin de la Société philo- 
matique. Ces communications donnaient prise à des re- 
marques critiques de ma part, en raison de ce que ses 
assertions étaient contradictoires des résultats de mes ob- 
servations sur les Tarets; résultats que j'avais consignes 
dans quatre rapports que j'avais adressés au Ministre de la 
marine, à la suite de mes voyages dans les grands ports 
militaires et au Havre. 

M. de Quatrefages ayant développé, in extenso, dans 
les Annales des sciences naturelles, la substance de ses 
notes, je me trouverai ainsi en mesure de mieux dis- 
cuter Ja valeur scientifique de ses résultats comparés aux 
miens. En l’état actuel, il me paraît très probable que les 
matériaux recueillis par M. de Quatrefages, pendant envi- 
ron quatre mois au port des Passages (Guipuscoa, en Es- 
pagne), ne sont pas en nombre suflisant, ni élaborés avec 
toutes les précautions convenables, pour éviter l'erreur ; 
et c’est ce qu'il me sera facile de démontrer en opposant 
des observations et des remarques très judicieuses de 
M. Quatrefages lui-même, à ses propres assertions que je 
crois hasardées, ou du moins prématurées. 

Les considérations que nous venons de présenter suffi- 
sent déjà pour faire pressentir tout l'intérêt qui s'attache 
au genre Taret, soit au point de vue zoologique, soil au 
point de vue économique, afin de pouvoir se garantir des 
ravages que ces animaux produisent dans les bois em- 
ployés dans les constructions navales et et hydrauliques, 
et surtout dans les grands approvisionnements de bois de 


= JR 


marine conservés dans l’eau. Nous nous proposons main- 
tenant d'exposer, dans ce Mémoire, les résultats de nos 
observations sur les mœurs des Tarets et d'indiquer l’ordre 
dans lequel on devra utiliser ces résultats, afin de les appli- 
quer à la conservation des bois. Maïs avant d'aborder cet 
exposé, il ne sera pas inutile de faire connaître ce qui nous 
a déterminé à entreprendre et à poursuivre ces recherches. 

Nous avions terminé, en 1841, nos recherches sur l’Hy- 
dre et l’Eponge d’eau douce, nous les avions adressées à 
l'Académie des sciences , pour le concours des prix Mon- 
tyon 1842, et les résultats importants au point de vue 
zoologique, et surtout à celui de la zoogénie, résultats 
qui nous avaient coûté trois années d'observations expéri- 
mentales, nous suggérèrent l’idée que, si de semblables 
études étaient poursuivies à l'égard des animaux nuisibles 
ou utiles au matériel d'un grand service public, elles 
pourraient être d’une très grande opportunité : c'est là 
le motif qui nous détermina à soumettreà M. le Ministre de 
la marine (M. l'Amiral de Mackau) une demande de 
vouloir bien prendre en considération nos vues, dans 
l'intérêt du département qu'il dirigeait. Ma proposition 
présentée, sur la fin de 1843, fut soumise au directeur des 
travaux maritimes des ports ; il me fut prescrit d'indiquer 
les espèces d'animaux sur lesquelles il serait plus urgent 
de faire des recherches. Mon attention dut se porter de 
suite sur les Tarets et le Termite lucifage. L’administra- 
tion de la marine agréa ce choix et y joignit le Lyméxy- 
lon naval, et il fut décidé, sur la fin de 1844, que je rece- | 
vrais la mission d'aller étudierles mœurs de ces animaux, 
dès le printemps, dans les deux ports que j'avais désignés 
comme plus favorables à ce genre d'études. 

Après avoir reçu de l’Amiral-Ministre l’ordre d'aller 
remplir cette mission scientifique telle que je l'avais con- 
çue, m'étant muni de documents et d'objets que j'avais 
obtenus de l'administration, je partis, en avril 1845, pour 


ne 


le port de Toulon, dans lequel je me livrai aux études pré- 
paratoires, et surtout à la connaissance pratique de toutes 
les opérations qu’exige l'approvisionnement et la conserva- 
tion, pendant le séjour des bois dans les lieux et les mi- 
lieux choisis pour leur dépôt. Cette connaissance préli- 
minaire m'était indispensable, afin de pouvoir bien dis- 
cerner dans mes études de mœurs, la partie de ces études 
qui pouvait être la seule applicable ou la plus impor- 
tante, à l'égard de l'application qu’il convenait d’en faire. 

Je ne me dissimulai pas les difficultés de divers genres 
que je devais rencontrer dans mon travail scientifique; : 
mais ce travail devant confirmer des vues qui m'avaient 
été suggérées, par mes recherches sur les Mollusques gas- 
téropodes, devant servir surtout à éclairer MM. les Ingé- 
nieurs, les oMciers militaires et les administrateurs de la 
marine, dans les questions diverses de la conservation 
des bois, si débattues de nos jours chez toutes les nations 
maritimes, principalement en France et en Angleterre ; 
ce travail, disons-nous, devait avoir un caractère en même 
temps théorique, pratique et critique. 

Les données théoriques devaient être fournies par les 
Sciences naturelles, physiques et chimiques. L'examen 
de nombreux documents et de faits recueillis par les 
hommes du métier, en constituait la partie pratique ; enfin 
l'énorme importance d’arriver au but proposé, en em- 
ployant les moyens, les procédés et les méthodes les meil- 
leurs et les plus économiques, devait servir de poirt 
de départ et de fondement dans les études critiques. 

Nous insisterons plus particulièrement, dans ce Mé- 
moire, sur le choix à faire à l'égard des données théori- 
ques qu'il nous faut maintenant caractériser. Voici quelles 
sont ces données auxquelles nous avons été conduits dans 
nos recherches : 

L'observation et l'histoire naturelle exactes, autant que 
possible, des mœurs des animaux, sont, avec juste raison, 


56 — 


susceptibles d'être considérés comme les fondements 
d'une science en quelque sorte nouvelle, puisqu'elle est 
l'étude scientifique du développement complet des êtres 
vivants. Or cette étude, que nous avons proposé, le pre- 
nier en France, d'instituer, sous le non d’Ethicologe, 
après nos cours faits pendant quatre années sucessives à 
l’ancien Athénée-Royal de Paris, n'est et ne doit être que 
l'histoire de la série complète des phases de l'existence 
des êtres vivants, en les examinant d’abord dans leur état 
constitutif, c’est-à-dire adulte ou parfait et en état de 
reproduction, ensuite pendant la série des états suc- 
cessifs et alternatifs des nouveaux individus, depuis l'ori- 
gine de l'œuf jusqu'à la mort; enfin dans leurs états des- 
titutifs, c’est-à-dire de cadavre ou de fossile, ou de vesti- 
ges, dont l'étude permet d'arriver à la restitution des 
espèces perdues, plus ou moins voisines des espèces vi- 
vantes auxquelles il est nécessaire de les comparer. 

Tel est le cadre zoologique que tout observateur un 
peu sévère doit adopter, et nous aurons à en démontrer 
l'utilité, à l'égard des diverses questions que soulève l’é- 
tude des Tarets et celle de tous les autres animaux nuisi- 
bles aux bois de marine. 

Nos premières recherches, faites dans cette direction et 
en insistant plus particulièrement sur l’ovologie et l'em- 
bryologie comparée, nous permirent d'en appliquer les 
données acquises et celles que nous recueillions nous-même, 
à la classification méthodique du règne animal (1). Nous 

(4) Voir le tableau de cette classification présenté dans nos considérations 
postliminaires, à la suite de nos recherches sur l’'Hydre et l’Eponge d’eau 
douce. Ce travail, couronné par l’Académie des sciences de Paris, en 1844, 
pour le prix Mon'yon, de Physiologie expérimentale de 1842, fait partie du 
Voyage decircumnavigation de la Bonite, publié par Arthus-Bertrand. 

Cet essai, d’une nouvelle classification-méthodique des animaux, fondée 
sur les données de leur embryologie comparée, a paru, pour la première 
fois, dans nos recherches sur les Marsupiaux en 1838 et 1839 (Voyage de 
ciicumnavigation de la Favorite, par le capitaine de vaisseau Laplace), 
el se trouve antérieur de quelques années aux classifications nouvelles du 


règne animal, publiées par M. Milne Edwars en 1844 et M. Vanbeneden 
en 1846. 


— 257 — 


avions reconu préalablement que la déterminalion des di- 
vers genres et degrés d'individualité des animaux coïnci- 
dant avec les études de leur sexualité apparente, cachée 
ou nulle constituaient un ordre d'études très importantes, 
sur lesquelles des expériences relatives aux mœurs des 
animaux fournissaient des éléments essentiels que l'ana- 
tomie et la physiologie comparées n’ont pu donner, jus- 
qu’à ce jour. Les résultats de ces expériences sont en eflet 
et doivent être des arguments péremptoires , et ces faits 
manquent encore à la science. 

Ce sont des études de ce genre qui, déjà appliquées 
par nous pour la détermination des organes génitaux des 
Limaces et des Helix trouveront leur application dans les 
recherches à faire sur la sexualité des Tarets. 

On doit voir par cet exposé succinct des principes que 
nous professons, etque nous avons mis en pratique, depuis 
plus de dix ans, combien il est intéressant de faire des 
observations expérimentales de mœurs des animaux nuisi- 
bles ou utiles, toutes les fois qu'il y a moyen de résoudre 
ainsi complétement, à leur égard, des questions que l’em- 
ploidesmoyensanatomiquesetphysiologiquesles plus puis- 
santslaisse encore indécises. C’est donc la connaissance spé- 
ciale des mœurs decesanimaux qui doitguider l'observateur 
dans le choix et l'opportunité des moments pour faire les 
dissections anatomiques, et les expériences physiologiques 
qui dévoiïleront alors les particularités de structure et de 
fonctions des organes, correspondantes aux particularités 
de mœurs. Nous devons donc prévoir, pour répondre à 
toute objection qui pourrait nous être faite, qu'en faisant 
préalablement des recherches éthicologiques ou de mœurs, 
nous ne nous croyons dispensé, dans aucun cas, de faire 
ensuite les études anatomiques et physiologiques confir- 
malives et complétives. 

Ces objections étant prévues, on voit clairement que 
nous ne népgligeons aueunc des données scientifiques, 


en 


nécessaires, et que si nous nous sommes décidé à mettreen 
première ligne les observations de mœurs, ça été parce que 
nous nous sommes trouvé en présence de questions anato- 
miques et physiologiques non résolues par les zoologistes 
etles malacologistes les plus recommandables, et que, ren- 
contrant les mêmes obstacles insurmontables , par la voie 
anatomique, nous avons dû essayer de les tourner et d’ar- 
river à la solution desirée par des expériences éthicologi- 
ques ou de mœurs, que nous répétions en nombre sufk- 
sant, dans des conditions grandes, moyennes et petites, 
afin de nous procurer un très grand nombre de faits. 

Cette partie de nos recherches, qui est en train d’exé- 
cution, est donc toute nouvelle, et elle nous servira à cons- 
tater la prédominance de la science des mœurs sur l'ana- 
tomie et la physiologie, dans tous les cas où l'insuffisance 
de ces deux sciences, agissant isolément , sera bien dé- 
montrée. 

Nous avons dû prendre ici toutes nos précautions ora- 
toires, pour être à l’abri de toute imputation imméritée, 
pendant la polémique déjà engagée, au sujet des Tarets, 
au sein de la Société philomatique de Paris, entre M. de 
Quatrefages et nous. 

Après avoir exposé les principes qui nous ont guidé 
dans nos recherches, après avoir prévu, autant que pos- 
sible, les principales objections qui pouvaient nous être 
faites, nous en avons réservé une seule qui se présente de 
prime-abord aux naturalistes habitués à publier de suite 
leurs recherches, pour en recueillir plus promptement le 
fruit. Cette objection sera présentée, lorsque nous aurons 
développé la série des faits qui semblent la justifier ; mais 
un examen altentif en fera promptement justice. 

Cette objection, (nous devons l'indiquer seulement ici), 
consiste en ceque le travail qu'exigent les recherches demæurs 
est, dit-on, trop long. Nous espérons pouvoir démontrer le 
contraire , et dans ce but nous n’aurons qu'à laisser parler 


— 259 — 


les faits qui ont toujours la puissance de prouver la réa- 
lité cachée sous des apparences souvent trompeuses. 


E xposé des recherches sur les mœurs des Tuarets. 


Quoique nous ayions suivi, dans nos études scientifi- 
ques l’ordre théorique indiqué ci-dessus, pour donner 
plus d'exactitude à nos recherches, nous ne devons point, 
cependant, entrer ici dans des détails étrangers au but 
principal de notre mission; c'est pourquoi nous passons, 
à dessein, sous silence, les résultats de nos études ovolo- 
giques et embryologiques, parce que, évidemment, les 
produits de la génération (œufs, spermatozoïdes et em- 
bryons très jeunes) ne peuvent exercer aucune action 
nuisible sur les bois; mais nous avons pris soin de coor- 
donner les données de ces recherches dont la connais- 
sance est applicable à la conservation des bois, en les 
rattachant à cinq chefs principaux pour en simplifier l’é- 
tude et en rendre l'application facile. 

Ces cinq chefs de coordination des données scientifi- 
ques les plus importantes sont les suivants : 


1° L'introduction des Tarets dans les bois ; 

2° Leur nutrition; 

3° Leur propagation ; 

4 Leur viabilité; 

5° La connexité de leurs dégâts avec les autres causes 
de destruction. 


Introduction des Tarets dans les bois. 


Toute la partie des mœurs de ces animaux qui a trait 
à leur pénétration dans les bois doit être étudiée en pre- 
mière ligne, parce que c’est évidemment celle dout la con- 
naissance doit contribuer le plus au perfectionnement 
et au choix des méthodes de préservation et de conserva- 


— 260 — 


tion des bois considérés dans les trois états dits d’avéne- 
ment, d'approvisionnement et de rendement. 

Voici quels sont les résultats de nos observations sur ce 
sujet : 

I. Les Tarets jeunes ou adultes, extraits des bois dans 
lesquels il ont établi leur habitat et qu'on place dans des 
vases remplis d'eau de mer très propre, près desquels on 
place des morceaux de bois, ne peuvent plus y rentrer en 
perforant de nouveau le bois. La térébration leur est im- 
possible, en raison de ce qu'ils manquent d’un point d’ap- 
pui et de ce qu'ils ne peuvent exercer une pression suf- 
fisante pour faire agir leur tarière ou coquille en forme 
de rape, ou leur suc acide. Mais lorsque les individus 
extraits des bois sont très vigoureux, ils peuvent repro- 
duire complétement leur tube calcaire complet et même s y 
renfermer du côté de la tête, en bouchant l'orifice cor- 
respondant au moyen d'une cloison transversale, convexe 
en avant. Un fait semblable a été recueilli par M. Ey- 
doux, médecin de la marine, notre délégué, pour conti- 
nuer nos études au port de Toulon. Ce fait, que nous 
avons communiqué à la Société philomatique, dans sa 
séance du 9 juillet 1848, m'a été attribué, par inadver- 
tance, par M. Deshayes (1), puisque, depuis près de deux 
ans, la publication de ma communication à la Société 
philomatique fait connaître que cette observation et cette 
expérience ont été faites, pour la première fois , par le 
médecin de la marine, notre ancien élève, qui a bien 
voulu nous suppléer, depuis notre départ de Toulon, et 
auquel il nous est agréable de témoigner ici notre recon- 
naissance, en faisant cette rectification. Si l'expérience de 
M. Eydoux eût réussi, et nous l’avons prié de la répéter 
encore plusieurs fois, on aurait pu se procurer fréquem- 


(4) Voyez au n° 4 du Journal de Conchyliologie les observations très 
intéressantes de M. Deshayes, au sujet de la perforation des pierres par 
les Mollusques, page 33, et la Note à la fin de cette 1° partie de ceMémoire. 


— 261 —: 


ment l'occasion d'observer directement le mécanisme de 
la perforation des bois par les Tarets. Mais cette expé- 
rience nous l'avons tentée sous trois autres formes : 

1° Nous avons renfermé le Taret, bien vivant, extrait 
du bois, dans un tube de verre très transparent, ouvert à 
ses deux extrémités, fermé, du côté de la tête du Taret, 
par un bouchon en bois de sapin dont la surface, en con- 
tact avec la bouche de l'animal , était concave , et nous 
espérions voir le Taret faire quelques tentatives de per- 
foration , mais nous ne l'avons jamais vu en donner le 
moindre indice , ce que nous avons attribué au défaut 
de point d'appui nécessaire pour quil pût exercer une 
pression sufhisante contre la surface du bouchon en bois. 

2° Nous avons enlevé avec précaution, au moyen d’une 
gouge, la moitié inférieure d'une portion de la circonfé- 
rence du canal creusé par le Taret dans le bois, et nous 
avons remplacé le segment ligneux enlevé, par une lame 
de verre transparent, afin de voir encore directement le 
Taret ronger le bois pour prolonger son canal ligneux. 
Quelque patience que nous ayions mise à surprendre 
l'animal daus ce travail, nous n'avons pu encore réussir. 

3° Enfin nous n'avons pu voir, que quelquefois, le 
Taret bipalmulé de la Méditerranée, dont nous avions pu 
nous procurer quelques individus, mouvoir les valves de 
leur coquille contre le fond du canal ligneux, lorsque 
nous soulevions l'écorce d'une branche, du diamètre d’un 
centimètre, dont l'animal avait rongé une grande partie 
de l'épaisseur de la tige. 

Ces observations directes sur des Tarets adultes, jointes 
à celles que nous avons pu multiplier sur les très jeunes 
Tarets, me portent à admettre l’action térébrante , au 
moyen des deux valves de la coquille agissant chacune 
comme une rape et une lime très fines et demi-circulai- 
res, sur les parois et sur le cul-de-sac du canal ligneux 
du ‘Faret. Cette manière de raper et de limer le bois, 


2 969 


sans cesse ramolli par l’eau, coïncide-t-elle avec l'action 
dissolvante d’un suc acide; je n’ai nulle raison de nier son 
concours; mais il m'eût été impossible de recueillir ce suc 
et d'en démontrer l'acidité, au moyen du papier de tour- 
nesol. Je n'ai donc pas tenté de le faire, et j'ignore encore 
si les naturalistes, qui admettent la corrosion du bois par 
un suc acide, fourni par une glande ou par la peau du 
pied du Mollusque, sont parvenus à démontrer par l'ex- 
périence leur interprétation du fait de la térébration des 
bois. 

Quel que soit le mécanisme de la perforation (1), ou 
plutôt de l'agrandissement et de la prolongation du canal 
ligneux qui sert d'habitat aux Tarets, il nous a été bien 
démontré que les adultes et les jeunes, extraits de leur 
loge ligneuse, n y peuvent plus rentrer. Pour assister à 
l'entrée des Tarets dans l’habitat ligneux qu'ils doivent 
se pratiquer, il nous a fallu assister au premier moment 
de cette introduction. Nous n'avons jamais vu d'œufs 
non embryonés, ni isolés, ni sous forme d'amas, ni sous 
forme d’une nappe glaireuse sur la surface des bois; et 
nous avons pris tant de soins pour tâcher de confirmer à 
cet égard l'opinion des anciens naturalistes et celle pro- 
fessée par Duhamel du Monceau , que nous aurions dû 
parvenir à découvrir ces œufs et le frai des mâles, si, 
comme M. de Quatrefages l'a avancé et soutenu, ces deux 
produits de la génération de ces animaux étaient expul- 
sés par des femelles et par des mâles, ce qui d'après mes 
observations, très nombreuses à cet égard, ne nous pa- 
rait nullement probable. 

Sur les trois espèces (Taret naval, Taret d'Adanson et 
Taret bipalmulé de la Méditerranée) que nous observions, 
le Taret naval est et a élé, à Toulon et à Brest, la seule 
sur laquelle nous avons pu multiplier nos observations 


(1) Nous reviendrons sur ce point, en étudiant les mœurs des jennes 
T 
arets. 


— 263 — 


dans le but de déterminer le véritable état dans lequel 
un jeune Taret pénètre, pour la première fois, dans le 
bois. 

N'ayant jamais vu des œufs pondus ni du sperme éja- 
culé par les Tarets, il m'eût été impossible de les voir 
éclore au dehors et d'en voir sortir les jeunes Tarets pour 
s'acheminer vers les bois. Mais ce que nous avons observé 
constamment, c’est l'expulsion rapide et fréquente des pe- 
tits qui sortent par l’un des deux siphons de leur mère{1), 
sous forme d’un globule jaune à peine visible à l'œil nu et 
se mouvant de suite au moyen de cils natatoires. 

C'est l'observation des habitudes et des manœuvres 
qu'exécute le jeune Taret, à partir du moment de son 
expulsion hors du corps de sa mère, jusqu’à ce qu'il soit 
définitivement niché et logé dans le bois, qui constitue le 
point le plus intéressant et le plus curieux de l’histoire 
des mœurs de ces animaux, parce que ce doit être sur cette 
connaissance que devront être fondées les méthodes de 
préservation et de conservation des boïs placés dans l’eau, 
considérés dans les deux états dits d'approvisionnement 
et de rendement; car ce n’est que très rarement que des 
bois, encore dans leur état d'avénement, se trouvent, par 
hasard, au moment de l'exploitation , après l’abattage, 
jetés dans la mer, en raison de ce que la forêt d’où on les 
tire est sur le rivage, comme nous en avons observé un 
cas sur une pièce de chêne venant de Sardaigne. 

Cette connaissance des mœurs et habitudes du trés 
jeune Taret nous semble donc, au point de vue pratique, 
devoir former le point de départ de son histoire, puis- 
que c’est le seul moment où il est possible de l’observer 
directement au dehors et de le voir débuter dans son 
action nuisible; aussi croyons-nous devoir insister plus 
particulièrement sur ce point important. 


(4) D’après les observations de M. Eydoux, mon délégué, ce serait par 
le siphon excréteur ou supérieur que se fait l'expulsion des petits. 


904 — 


L'importance réelle de ce fait est très facile à coinpreri- 
dre, puisque, nonobstant les observations de Sellius, qui 
avait observé l'embryon et la larve de cet animal, et en 
avait donné de très mauvaises figures, dès 1733, l’ovovi- 
viparité des Tarets n'était connue ni d'Adanson, ni de 
Duhamel du Monceau, ni même de Delle Chiaje, qui, 
en 1830, donnait une figure peu exacte de cette larve, 
dont les mœurs étaient ignorées jusqu'en 1845, époque 
à laquelle je les ai décrites dans mon premier rapport au 
Ministre daté du 19 novembre même année. J'ai ensuite 
décrit, avec beaucoup plus de détails, les particularités 
des mœurs de ces jeunes Tarets, en 1848, dans une note 
déposée au secrétariat de l'Académie des sciences, afin 
d'établir mes droits de priorité, du moment où un autre 
observateur pouvait se croire en mesure de publier très 
prochainement des observations semblables ou identiques 
aux miennes; et c’est ce qui a eu lieu en effet, puisque 
M. de Quatrefages, dans une première communication 
faite à la Société philomatique, dans la séance du 6 
mai 1848, était conduit, par ses études sur l'ovologie et 
l’embryologie des Tarets, à parler de cette larve dont, à 
la vérité, 1l n'a point décrit les mœurs avec détails. 

D'après le grand nombre de faits recueillis par nous et 
par notre délégué, au port de Touion (M. Eydoux, mé- 
decin de la marine), d’après des communications de figu- 
res prises sur des individus vivants, du Taret bipalmulé 
de la Méditerranée, par M. de Blainville, et en rappro- 
chant nos observations et celles de M. de Blainville, des 
figures données parBruguières, dans l'Encyclopédie métho- 
dique, du Taret nucivore, je me crois autorisé à considé- 
rer la majorité des espèces de Tarets comme étant ovovi- 
vipares et hermaphrodites suffisants, et il ne me reste de 
doute qu’à l'égard du Taret du Sénégal ou d’Adanson 
dont j'ai trouvé l'ovaire rempli d'ovules bivésiculaires 
dans tous les individus que jai ouverts, et n'ayant 


— 265 — 


point eu l'occasion de rencontrer des individus dont la 
glande génitale ne contint que des capsules pleines de 
zoospermoïdes , ne les ayant jamais vu pondre des œufs 
ni éjaculer du sperme, ni produire des petits vivants, ni 
contenir des embryons à divers degrés de développement, 
je suis fondé à suspendre mon jugement sur le mode de 
reproduction de cette espèce, qui doit finir pourtant par 
être connu, quel qu'il soit. 

D'après l'examen sérieux des opinions des anciens z00- 
logistes que nous avons dû faire, l'ovoviviparité de la 
majorité des espèces de Taret était un fait ignoré des 
naturalistes jusqu'en 1845. Nous l'avons constaté et 
signalé le premier, contradictoirement aux traditions de 
Duhamel du Monceau dont l'opinion sur le frai (œufs et 
zoospermes des Tarets déposés sur les bois) était encore 
en grand crédit chez tous les ingénieurs de la marine qui, 
cependant, n'avaient jamais pu le recueillir. Comment 
a-t-il pu se faire que M. de Quatrefages ait pu être en- 
trainé à penser et à écrire, dans sa Note sur les Tarets, 
publiée dans le bulletin de la Société philomatique, 
séance du 10 juin 1848:« Ge fuit... peut expliquer l'er- 
reur dans laquelle sont tombés les anciens zoologistes qui 
ont cru que les Tarets étaient ovovivipares, opinion que 
M. Laurent est porté à partager. Ayant proposé à M. de 
Quatrefages de lui prouver, par la citation des textes que 
les anciens zoologistes croyaient au contraire que les 
Tarets étaient ovipares, il a fini par convenir verbalement 
qu'il avait fait erreur à cet égard. 

Mais le fait de l’ovoviviparité pourrait très bien exister 
avec la bisexualité ou la séparation de sexes comme on 
en voit des exemples chez les Mollusques acéphalés, quoi- 
que, pour plusieurs raisons que nous exposerons plus 
tard, nous persistions toujours à croire que les Tarets 
sont en même temps ovovivipares et hermaphrodites. 

Comine on le voit, l'expulsion des jeunes Farets sous 


15 


— 266 — 


forme de larve se présente naturellement comme une 
preuve non équivoque de l’ovoviviparité à l'occasion de 
laquelle nous avons fait une digression nécessaire pour 
relever une imputation erronée et une erreur commises 
par M. de Quatrefages à ce sujet, et nous aurons, plus 
tard, en uous occupant de l’ovologie des Tarets, occasion 
de lui soumettre des remarques critiques, au sujet des 
observations très judicieuses qu'il a faites sur les œufs de 
ces Mollusques, qu'il a comparés aux œufs des Mammi- 
fères. Nonobstant ce rapprochement fort judicieux, M. de 
Quatrefages partage l'opinion des anciens zoologistes, et 
croit, comme eux, que toutes les espèces de Tarets sont 
ovipares et n'en différent qu'en ce qu'il pense (sans en 
avoir donné la démonstration dans les figures de son tra- 
vail) que les sexes sont séparés chez les Tarets, et quoi- 
qu'il ait avancé qu'il a pu rencontrer seulement cinq à six 
mâles, sur environ une centaine d'individus : il a néoligé 
à tort de figurer un de ces mâles dont l'organe testicu- 
laire aurait offert quelque caractère diflérentiel pour le 
bien distinguer de l'ovaire. On sait, en effet que, soit 
chez les Pecten, soit chez les Mytilus, la couleur et la 

ranulation de l'organe testiculaire ne sont pas les mêmes 
que celles de l'ovaire, 

Nous revenons à l'étude des mœurs du jeune Taret, 
depuis le moment de son expulsion jusqu'à celui de sa 
pénétration définitive dans le bois. Nous compléterons 
ici la description succincte que nous en avons donnée, d’a- 
bord en novembre 1845, et ensuite celle plus étendue 
donnée en février 1848, dans la note déposée en paquet 
cacheté au secrétariat de l'Académie des sciences, dans le 
but d'établir, au besoin, nos droits de priorité. 

Le très jeune Taret, qu'on a considéré avec quelque 
raison comme la larve de ce Mollusque, n’est autre chose 
que l'embryon parvenu à son état parfait comme tel, ou 
au dernier âge de la vie embryonnaire, Au moment de 


21907 


son expulsion ou de son apparition au dehors, il se pré- 
sente, avons-nous dit, sous forme d’un globule jaunâtre 
qui se meut de suite et ne tarde pas à se mouvoir et à na: 
ger dans l'eau, au moyen d'une collerette de cils vibra- 
tiles. Porté sous le microscope, où même observé à la 
loupe, on lui reconnaît une forme de coquille sphérique 
et bivalve, semblable à celle desémbryons des Mollusques 
acéphalésen général, Ce premier caractère , le peu de dé- 
veloppement des deux siphons, la présence d'une cou- 
ronne de cils vibratoires et enfin celle d’un long pied qu'il 
fait bientôt sortir pour marcher sur les corps solides, sont 
autant de traits distinctifs qui ont dû nous suggérer l'idée 
de considérer ces très jeunes Tarets encore libres, comme 
une sorte de larve : ce qui a été interprêté depuis de la 
même manière par les observateurs qui nous ont succédé 
dans nos recherches (MM. Eydoux et de Quatrefages), 
Mais lorsque nous publierons nos études ovologiques et 
embryologiques sur les Tarets, nous verrons quelles doi- 
vent être les restrictions qu'il convient de faire dans cette 
interprétation Le jeune ‘Taret, sous cette forme larvée, 
en raison de celle qu’il ne tardera pas à prendre, est très 
petit, puisque sa taille n’est que d'un demi à deux tiers de 
millimètre. Il est pourtant visible à l'œil nu, surtout lors- 
qu’on l'observe sous des incidences de lumière qui réflé- 
chissent la couleur jaunâtre de la coquille et la font con- 
traster avec la blancheur étincelante de la collerette pour 
vue des cils natatoires. Lorsque cette larve cesse de nager 
et se promène sur les corps solides, on la voit entr'ouvrir 
et fermer, de temps en temps, les deux valves hémisphé- 
riques de sa coquille et exécuter ce deuxième mode de 
locomotion, au moyen d'un très long pied linguiforme 
qui est développé de très bonne heure, chez les embryons, 
longtemps avant leur expulsion. On voit dans les belles 
journées des quatre saisons de l'année les nombreux indi- 
vidus de l'espèce Taret naval à palettes bicornes qui four- 


— 268 — 


millent dans les bois, expulser fréquemment leurs petits 
et ceux-ci vaguer dans l’eau, s'élever jusqu'à la surface de 
de la mer, s'y mouvoir quelquefois circulairement en 
formant des groupes de deux ou trois individus qui sem- 
blent se jouer et prendre leurs ébats. D'autres fois on les 
voit fermer leur coquille, la faire saillir à la surface, la 
mouiller d'air et rester ainsi adhérents et immobiles à 
cette surface, puis plonger, revenir de nouveau à la sur- 
face pour se précipiter encore au fond de l’eau et y remon- 
ter de nouveau, exécuter ces manœuvres pendant envi- 
ron vingt-quatre heures, et enfin se décider à aller mar- 
cher sur les bois immergés. Nous pensons que, pendant 
tout le temps que dure la locomotion natatoire, le jeune 
Taret, dont la respiration doit être très active, augmente 
ses forces et se prépare à déployer loute son énergie vitale 
pour perforer le bois et y creuser son habitat. Il est impos- 
sible de distinguer si, pendant la nage, le jeune Taret 
peut avaler des substances nutrilives et les digérer. Nous 
eussions pu cependant essayer de nous en assurer expé- 
rimentalement, en mettant dans l’eau des vases où ils 
nagent, des substances colorantes, comme on le pratique 
à l'égard des animaux infusoires, eten ayant soin de ne 
mettre aucun fragment de bois dans les vases. Il ne serait 
pas impossible que le jeune Taret püt avaler et digérer et 
même excréter ces substances colorantes avant de s'être 
fixé. C’est donc une expérience que nous nous proposons 
de faire nous-même ou de faire tenter par notre délégué, 
dont nous aurons occasion de citer les observations impor- 
tantes qui lui sont propres ou confirmatives et complétives 
de celles que nous avons faites nous-imême. 

A ce premier mode de locomotion (la nage), on voit au 
bout d'un jour, et rarement de deux, succéder la marche 
d'abord sur le fond et sur les parois latérales des vases, 
enfin le jeune Taret arrive sur les bois, les reconnait au 
moyen de la sensibilité tactile, probablement très délicate 


— 269 — 


de son pied, et finit par s'arrêter sur le point qu'il choisit 
pour s'y fixer. 

Voici comment se fait la marche de la larve sur les 
corps solides. Elle allonge son pied linguiforme , autant 
qu'elle le peut, puis elle en applique l'extrémité sur le 
plan solide, s’y fixe, y prend son point d'appui et rappro- 
che de suite le corps renfermé sous la coquille, en recour- 
bant en haut et raccourcissant un peu toute Ja portion du 
pied intermédiaire à l'extrémité et au corps, comme le 
font les chenilles arpenteuses. Les observations de 
M. Eydoux sont conformes aux miennes. 

Après s'être promené ainsi pendant quelques temps 
sur le sol et sur les bois, le jeune Taret finit enfin par 
choisir le point par lequel il veut pénétrer : ce choix ne 
porte point sur telle ou telle autre essence de bois plus ou 
moins neuf ou vieux, plus ou moins dur ou mou, plus ou 
moins sain, ou pourri même, tous lui sont bons pourvu 
qu'il puisse y pénétrer. Mais son choix nous a paru être 
dirigé sur le nombre plus ou moins grand de pores, c'est- 
à-dire d'orifices des cellules des rayons médullaires pla- 
cés entre les couches formées par les faisceaux fibreux, 
ou bien sur les orifices des vaisseaux placés dans les cou- 
ches ligneuses ; aussi trouve-t-on, en général, un plus 
grand nombre de Tarets sur les surfaces des tranches de 
section des bois tronçonnés et autour de l’origine des 
branches et des nœuds. On peut se convaincre très facile- 
ment, en observant la surface des bois écarris, tronçonnés 
et à l’alentour des nœuds, de la facilité que les larves de 
Taret, en raison de leur petitesse , trouvent à se nicher 
dans ces petits pertuis de la surface des bois, surtout lors- 
que le séjour plus ou moins prolongé de ces bois dans 
l'eau en a altéré et ramolli, à partir de la surface, une épais- 
seur plus ou moins grande de couches ligneuses et médul- 
laires. Il est très important de constater cet état de ramol- 
lissement et de porosité des bois qui donne aux larves des 


TM +. 


Farets les plus grandes facilités pour y établir leur premier 
domicile. Si, à cette époque la larve des Tarets peut déjà 
employer des moyens chimiques où mécaniques pour for- 
iner la première dépression, qui est l’origine du trou de 
perforation, il est certain qu’en raison de l'extrême peti- 
tesse de ces animaux, les premiers (moyens chimiques 
sucs acides) seraient insaisissables et inappréciables. Mais 
les moyens mécaniques, quelques faibles qu'ils puissent 
paraître, peuvent tomber sous le sens et sont visibles 
et appréciables. En effet, le jeune Taret, dont la co- 
quille embryonnaire est bivalve, sphéroïde, ‘très lisse 
et jaunâtre, se niche sans peine dans l'un des pertuis du 
bois, et par la pression qu'il exerce en se mouvant de 
droite à gauche, et vice vers, produit facilement sur ce 
point de la surface du Lois, plus ou moins ramolli par l'eau, 
un petit godet pour y loger la moitié de son corps. Il 
éprouve encore plus de facilité, lorsque les bois sont 
encore recouverts de leur écorce et de leur aubier. 
Le godet est le premier commencement du trou et du ca- 
nal qu'il doit creuser dans l'épaisseur du bois. Aussitôt 
niché dans ce godet, le jeune Taret se recouvre d’une cou- 
che de substance muqueuse qui se condense, brunit un 
peu et offre au centre un et quelquefois deux trous pour 
le passage des deux siphons. Cette première couche mu- 
queuse qui, le lendemain et surtout le troisième jour, 
devient calcaire, est le commencement du tube calcaire 
de l'animal. On ne peut voir ce qui se passe au-dessous 
à cause de son opacité; mais en sacrifiant et détachant des 
bois les jeunes Tarets, le deuxième, le troisième et les 
jours suivants on reconnaît que l'animal sécrète, avec 
une très grande promptitude, une nouvelle coquille blan- 
che sous une forme tout à fait semblable à celle de l’a- 
dulte. Cette nouvelle coquille offre déjà deux premières 
zônes ( l’antérieure et la moyenne) qui se rencontrent à 
angle presque droit, et sont recouvertes de stries plus 


— 9271 — 


espacées et à dentelures très aiguës , dans la zône anté- 
rieure, et plus serrées et à dentelures mousses dans Ja 
deuxième zône. Son accroissement est si rapide qu'elle 
déborde promptement, dans tous les sens,excepté en haut 
la coquille embryonnaire. 

L'apparition de la nouvelle coquille coïncide si exacte- 
ment avec la térébration du bois et la formation d'un 
trou relativement profond qu'on doit la considérer comme 
étant évidemment l'instrument principal de la perfora- 
ration. D'ailleurs le jeune Taret mange les molécules du 
bois rapé et en rend les feces. 

Pendant que la nouvelle coquille fonctionne et grandit 
très rapidement, la coquille embryonnaire adhérente à la 
face externe et postérieure de la nouvelle semble de plus 
en plus rejetée vers le dos, s'use et disparaît graduelle- 
ment de haut en bas ou du dos vers le ventre, soit par 
absorption, soit par l'effet des frottements réitérés contre 
les paroïs du canal creusé dans le bois, frottements qui 
résultent des mouvements des deux valves qui agissent 
chacune comme une rape et une lime très fines sur Ja 
périférie du bois sans cesse ramolli par l'eau. 

A cette époque, il serait encore plus impossible que 
dans l'âge adulte de recueillir un suc acide fourni par 
l'animal, pour produire ou faciliter la perforation. On ne 
pourrait également pas constater la présence du drap ma- 
rin qui recouvre la jeune coquille térébrante. 

Le petit tube calcaire a la forme d'un cône à sommet 
mousse et percé d’un ou de deux trous pour l'accès de 
l'eau et le passage des deux siphons. Au milieu de ce 
trou du sommet du tube calcaire se voit l'extrémité alors 
blanche de chaque palette qui n'existe que très rudimen- 
tairement et qu'il est très difficile de recueillir. 

Les jeunes Tarets, surtout ceux de l'espèce Teredo ra- 
valis, que nous avons observés, étant une fois introduits 
dans le bois, et en même temps qu'ils sécrètent leur nou- 


— 279 — 


velle coquille s accroissent rapidement et passent de la 
forme sphéroïde qu'ils avaient primitivement à la forme 
conique de plus en plus allongée, ce qui fait que le corps 
ne pouvant plus être contenu dans la coquille serait à nu, 
s'il n’était recouvert et protégée par le tube calcaire adhé- 
rent à la paroï du canal ligneux qui sert d'habitat à l’ani- 
mal. Non seulement l'accroissement de ces jeunes Tarets 
est très rapide, après leur introduction dans le bois; mais 
il paraît encore que les jeunes individus de l'espèce Te- 
redo navalis à palettes bicornes et noires au bout sont de 
très bonne heure en état de se reproduire, puisque, chose 
qui nous a paru extraordinaire, nous en avons observé 
plusieurs qui, quoique encore très petits, contenaient 
cléjà quelques embryons assez bien développés. M. Ey- 
doux a observé et étudié avec soin le même fait, sur lequel 
nous reviendrons, lorsque nous parlerons de la propaga- 
tion des T'arets. 

Il est très probable que les deux autres espèces de Ta- 
rets (le T°. bipalmulé de la Méditerranée et le Térédo nu- 
civorus), dont on a déjà figuré des individus pleins d’em- 
bryons à divers degrés de développement , sont aussi 
ovovivipares et expulsent aussi des larves qui doivent se 
comporter de la même manière que celles du Teredo na- 
valis. Il est permis de croire qu'il doit en être de même à 
l'égard des larves du Teredo senegalensis et probable- 
ment de toutes les autres espèces des Tarets plus ou moins 
connues. Mais l'observation directe n'ayant point encore 
fourni les faits qui doivent confirmer ces inductions, il 
convient d'attendre et de ne point juger par anticipation. 

Tels sont les faits les plus saillants, relativement à l'in- 
troduction de Tarets dans les bois, sous forme d’une larve 
dont nous avons le premier assigné le véritable caractère 
et que nous n'avons point prise pour l’œuf des Tarets, 
ainsi que l'ont fait Sellius et Delle Chiaje. Nous le répé- 
tons ici à dessein, cette larve des Tarets avait déjà été 


— 273 — 


vue et mal figurée par Sellius et Delle Ghiaje, mais elle 
avait toujours été regardée comme un œuf. Ce n’est donc 
que depuis 1845 que ce fait, maintenant bien constaté 
par nos recherches, par les observations subséquentes de 
M. Eydoux, peut être considéré comme définitivement 
acquis à la science. 

Nous avons dit que le point le plus intéressant et le plus 
curieux de l'histoire des mœurs du Taret naval nous pa- 
raissait être l'étude des formes, de la taille et des mœurs 
de la larve, nous les avons décrites avec tous les détails 
convenables, non seulement parce que les faits relatifs à 
ses mœurs nous ont paru être entièrement nouveaux, mais 
encore parce que la connaissance de ces faits nous semble 
devoir être la seule dont l'application, qui en a déjà été 
faite d'aprés nos indications à Brest, doit servir au perfec- 
tionnement des diverses méthodes de préservation et de 
conservation des bois de marine, considérés dans tous 
leurs états successifs d'avénement, d'approvisionnement 
et de rendement. 

La constatation de ce fait servira à apprécier à sa juste 
valeur l'opinion des anciens naturalistes qui croyaient que 
les petits Tarets sortaient d’un œuf fécondé , déposé à la 
surface des bois et s’y introduisaient sous forme d'un ver. 
Adanson, qui avait combattu cette opinion erronée, ne 
connaissait point cependant les larves des Tarets. 

Faudra-t-il, maintenant, croire , avec M. de Quatre- 
fages, que toutes les espèces de Tarets sont ovipares, et à 
sexes séparés, qu'elles pondent réellement des œufs et 
qu'elles éjaculent du sperme, et qu il est facile de faire des 
fécondations artificielles et d’avoir , en dehors des mères 
des couvées de ces œufs ? 

Faudra-t-il admettre sans vérification l’une des deux 
hypothèses qu'il propose pour expliquer l’oviparité et la 
ponte des 'arets. 

Mais M. de Quatrefages n'est pas certain lui-même de 


— 274 — 

J'oviparitéet de la pontedes œufsdes Tarets. Voici les preu- 
ves de son incertitude : 1°Aprèsavoirdit(Ann.sc.nat., 3%* 
série) (Cah. de janv. 1849 et T. x1, p.36): Les œufs porrdus 
par les femelles s'arrêtent dans le canal branchial où ils sont 
fécondés par l’eau chargée de spermatozoïdes qu'y introduit 
l'acte de la respiration ; c'est dans ce canal que j'ai trouvé 
des amas de larves à diverses périodes de croissance. 
M. de Quatrefages ne s'aperçoit pas que si les œufs, une 
fois sortis de l'ovaire de la femelle (ce qui est l'expression 
plus exacte du fait) s'arrêtent dans le canal branchial de 
cette femelle où ils sont fécondés par l’eau chargée de 
spermalozoïdes qu introduit l'acte de la respiration ; ils ne 
peuvent être considérés comme étant pondus, c'est-à- 
dire expulsés du corps de la femelle. Il est par trop évi- 
dent que des œufs pondus au dehors ne peuvent que ren- 
trer et non s'arrêter dans le canal branchial, où il a trouvé 
des amas de ces œufs embryonnés qu’il nomme des lar- 
ves. Il n'y a donc pas lieu d'admettre dans ce fait une vé- 
ritable ponte,et il n'y a pas réellement de ponte; et M. de 
Quatrefages est si peu salisfait de cette première expli- 
cation, que, pour qu'il y ait réellement ponte, il s'exprime 
ainsi (p. 36) : « Cependant on pourrait expliquer d’une 
» autre manière leur présence, dans ce lieu, c'est-à-dire 
» celle des larves à divers degrés de croissance dans le 
» canal branchial. 

» Î se pourrait faire que les œufs fussent d'abord chas- 
» sés au dehors où ils se féconderaient et se changeraient 
» en larves; puis ces dernières, entraînées par les courants 
« respiraloires, pourraient revenir se loger dans le lieu 
» où elles doivent habiter pendant cette première pé- 
» riode de leur vie (p. 36). » 

Dans ce cas , il y aurait vraiment ponte d'œufs, mais 
cette expression, 1} se pourrait faire que, etc., prouve bien 
que M. de Quatrefages, dans le moment de sa rédaction, 
n'était pas sûr d'un fait qu'il n’a point encore observé. 


#5 


Mais avant d'écrire ce paragraphe de son Mémoire, 
M. de Quatrefages croyait à la réalité de a ponte, lors- 
qu'il écrivait celui-ci (Ann. sc. nat., 3"° série, Cahier de 
janvier 1849. T. x, p.35) : « La ponte des Tarets doit 
être successive et durer un temps assez considérable, si 
j'en juge par ceux que je gardais dans mes vases et qui 
me donnaient des œufs pendant plusieurs jours de suite, 
bien que les ovaires fussent loin d’être vides.» M.de Qua- 
trefages ne dit point : j'ai vu les Tarets expulser, dans mes 
vases, de petits corps que j'ai reconnu être de véritables 
œufs, après les avoir étudiés sous le microscope, et cest 
là ce quil aurait dû faire. 

D'après le très grand nombre d'observations très atten- 
tives que nous avons faites sur le Taret naval, à palettes 
bicornes qui, de même que le Taret pédicellé, étudié par 
M. de Quatrefages contient, dans son canal branchial nn 
très grand nombre d'embryons à divers degrés de crois- 
sance, nous nous croyons fondé à proposer à M. de 
Quatrefages de lui prouver que les ‘Farets qu'il gardait 
dans ces vases lui ont donné non des œufs, mais bien de 
véritables embryons parfaits qu'on peut appeler des lar- 
ves qu'il a prises pour des œufs, lui-même. Dans ce cas 
à, un examen attentif Jui aurait démontré qu'il n’y avait 
pas de ponte. Et ce qui me porte à croire que M. de Qua- 
trefages a négligé de s’en assurer, c'est la forme du doute 
sous laquelle il admet la possibilité de la ponte des œufs, 
de leur fécondation et de leur développement au dehors, et 
puis la rentrée de ces mêmes œufs devenus des larves, au 
moyen des courants respiratoires qui les placent de nou- 
veau dans le canal branchial. 

Ce sont ces variantes et ces doubles explications, sous 
des formes dubitatives, à l'égard de faits faciles à consta- 
ter pourtant, et les vérifications que nous en avons faites, 
qui nous donnent d'avance la conviction de l’erreur com- 
mise par M. de Quatrefages qui, lui aussi, comme Sel- 


0e 


lius, a pris des embryons, qu'il nomme des larves, pour 
des œufs. L'erreur de Sellius , en 1733, et celle de Delle 
Chiaje, en 1830, me paraissent fort excusables ; mais celle 
de M. de Quatrefages, en 1847 et 1848, en raison des 
progrès de l'ovologie et de l’embryologie comparées, ne 
me paraît pas mériter la même indulgence. 

Nous avons à produire encore d’autres arguments con- 
tre l'oviparité des T'arets et à examiner ensuite les faits sur 
lesquels M. de Quatrefiges fonde son opinion, sur la 
séparation des sexes, dans toutes les espèces de ce genre de 
Mollusques. 

Si nous parvenons à prouver que les Tarets ne pondent 
pas des œufs et n éjaculent pas de sperme, à quoi peut servir 
son projet de tuer dans l'eau les spermatozoïdes qui doi- 
vent féconder les œufs desquels doivent naître les Tarets? 


(La suite au prochain Numéro.) 


M. Eydoux vient de m'informer que, depuis qu il a ob- 
tenu pour la première fois d'un Taret extrait du bois un 
nouveau tube calcaire complet, il a répété plusieurs fois 
cette expérience avec le même succès, seulement avec 
quelques, variations dans la densité des tubes calcaires, dont 
il conserve les échantillons depuis l’état mucoso-calcaire 
jusqu’à l’état concret très solide. Les renseignements que 
ne fournit à ce sujet M. Eydoux me font connaître qu'il 
a toujours expérimenté sur le Taret d’Adanson ou du Sé- 
négal. Nous le prierons de répéter ces mêmes expé- 
riences sur les deux autres espèces de Taret qu'on trouve 
dans la rade de Toulon. 


— 277 — 
SuirE du Mémoire sur le genre Nénire, par M. Reczuz. 


Nerimiwa Basreroru. Testæ ovata, transversa, ven- 
tricosa, crassiuscula, sublævigata; spira semi-globosa ; 
sutura  obliterata; apertura extüs sub-ovata; labio an- 
gusto, compresso, margine arcuato , suprà vix unidentato ; 
labro crassiusculo, lateraliter margine depresso. 


Habit. Fossile de Gunandilose, près Dax. 
Haut. 11, larg. 13, épaiss. 7 172 mill. 


Coquille ovale, transverse, assez épaisse, sans aucune 
trace de stries et presque lisse ; spire demi-globuleuse , à 
sommet obtusément arrondi et à sutures fondues. Péri- 
trème presque ovale à l'extérieur, à peine tronqué posté- 
rieurement. Lèvre interne très étroite, comprimée, légè- 
rement concave, à marge ceintrée dans le centre et pour- 
vue, au-dessus de cette excavation, d’une très petite dent 
aiguë ; lèvre externe solide et plus saillante en avant, sur 
son tranchant , que sur les côtés qui sont comme échan- 
crés. L’avant-dernier tour a une légère apparence angu- 
leuse au-dessus de son milieu. 


Nenirina Noureri. T'esta oblonga, limneiformis, anfrac- 
libus convexis, quaternis, lœviusculis : infimo maximo, spi- 
ram superante; spira conico-subacuta ; apertura obliquis- 
sima ; labio angusto, calloso, margine tridentato : dentibus 
inferioribus minoribus ; labro margine acuto, supernè, in- 
Jernè extusque compresso, basim versus subangulato, intüs 
parum incrassalo. 


Habit. Fossile de Soissons. 
Haut. 12, larg. 9, épaiss. 6 1/2 mill. 


Coquille oblongue, limnéiforme, à quatre tours con- 
vexes et un peu lisses, le dernier plus grand que la spire ; 
celle-ci conique et presque aiguë. Ouverture très oblique, 
descendante ; lëvre externe étroite, épaisse, convexe, por- 


— 278 — 


tant à la marge trois petites dents graduellement dimi- 
nuées en volume vers la base de l’ouverture; lèvre exté- 
rieure à marge tranchante , comprimée extérieurement à 
la base et au sommet, anguleuse vers la compression su- 
périeure et inférieure : à cette dernière place, elle tend à 
devenir versante, et sa marge intérieure présente un peu 
d'épaississement. 


NemriNa LEevesquet. T'esta globosa, subovata, sublævi- 
gata, convexa; anfractibus tribus ; infimo maximo ; spira 
minima, rotundato-obtusa, interdum depresso-planiuscula ; 
apertura exlus semi-ovata ; labio convexo, basi transversim 
canaliculato, margine tridentato : dentibus gradatim mino- 
ribus ; labro dilatato, acuto. 


Habit. Fossile à Soisons (M. Lévesque.) 
Haut. 8, larg. 7, épaiss. 5 mill. 


Coquille globuleuse, presque ovalaire, dans le sens de 
de l'axe spiral, convexe, presque lisse, à trois tours 
de spire dont le dernier est très grand, relativement aux 
deux autres qui forment un sommet tantôt convexe et 
arrondi, tantôt déprimé et plane. Ouverture demi-ovale 
à l'extérieur; lèvre intérieure convexe, traversée infé- 
rieurement par un sillon canaliforme, portant à sa marge 
antérieure trois dents graduellement plus petites de haut 
en bas; lèvre extérieure évasée et tranchante. 


NeriTina ARATA. T'esta ovata, transversa, temiuscula ; 
anfractibus tribus regulariter striato aratis et minute &amel- 
latis : infimo fusco-nigricante trifasciato ; spira conico-de- 
pressa, acuta; apertura ampla, externe ovata ; labio largo; 
plano, marginé acuto ac vix emarginato ; labro dilatato, 
tenut, aculo. 


Habit. Fossile de Dax. (M. Mathieu) 
Haut, 7 1/2, larg. 9, épaiss. 5 mill, 


_— DA. 


Coquille ovale, transverse, ventrue, mince, formée de 
trois tours labourés de stries régulières , décurrentes sur 
la spire, coupées en long par d’autres stries plus menues, 
trés serrées, donnant lieu à un treillis très fin : le dernier 
tour ceint de trois facies d’un brun-noirâtre , situées à 
égale distance; spire conique, déprimée, à sominet pointu. 
Ouverture grande, ayant le péritrème ovalaire; lèvre in- 
terne large, plane, inclinée, à marge tranchante et pres- 
que ceintrée; lèvre extérieure évasée, à bord mince et 
tranchant. 


2e Sous-genre Nérire. (Werita Lamarck) 


Coquille généralement solide, épaisse, demi-globuleuse, 
le plus souvent sillonnée spiralement, le bord externe 
denté, crénelé ousillonné à l’intérieur : l'interne pourvu, 
à sa marge antérieure, de dents assez fortes et peu nom- 
breuses. — Opercule solide, chargé en dehors de granu- 
lations, ou quand il est lisse, de sillons circulaires ombrés 
de stries au côté antérieur. — Animal essentiellement 
marin, ayant le manteau festonné sur les bords. 


OBSERVATIONS. 


Les Nérites, proprement dites, ne présentent pas les 
modifications de forme que l’on observe dans les Néri- 
tines ; on ne les voit jamais dilater les extrémités de leur 
bord extérieur en auricules latérales, ni le centre de ce 
bord s'échancrer et se prolonger en épines : c’est là ur 
caractère qui leur est propre. Quelques-unes, néanmoins, 
offrent des accidents assez singuliers. C’est ainsi qu'une 
variété de la Nerita plexa, qui vit aux Seychelles dans læ 
vase, revêt ses côtés d'appendices lamelleux larges et 
courts; d’autres, telles que la MWertta erÿthrodo3 (Ner. 
peloronta, Lk.) a une variété, d'une localité qui nous est 


inconnue, qui se recouvre aussi d’un limon épais perma- 


— 280 — 


nent qui rend la surface des tours dépolie, comme corro- 
dée par un acide. Gette enveloppe doit être assez épaisse, 
car, dans l'accroissement de la coquille, l'animal en dépo- 
sant de nouvelles couches sur le plan columellaire l'élève 
postérieurement de plusieurs millimètres au-dessus de 
l'avant-dernier tour. Nous avons remarqué aussi que la 
Ner. Senegalensis, au Sénégal; la Ner. Antillarum, de 
FIle Rodrigues; la Ver. Albicella, de la Mer Rouge, ont 
la surface de leurs tours plus ou moins corrodés; et cette 
dernière modifie assez les caractères de son ouverture 
pour montrer le plan columellaire privé de granulations 
et parfois de dents. La Mer. senegalensis est sujette à 
changer de forme au point que sa spire, ordinairement 
presque pas saillante, s'élève assez pour donner à l'espèce 
une figure conique. Schroëter, Æinl. in Conch. 2, pl. 4, 
fig. 16, fait connaître une variété d'une espèce qui se 
rapporte à la Ver. Squamulata , Le Guillou , dont le bord 
droit semble bordé d'un bourrelet externe, ce qui u'ar- 
rive jamais aux Nérites et ne paraît être que le résultat 
d'une cassure réparée par l'animal. 

On a essayé de grouper les Nérites par sections, et 
c'est Lister le premier qui s’est occupé de ce soin; il les 
divisait en celles qui ont les denis fortes et en celles qui 
les ont exiguës. 1] sous-divisait ces dernières selon qu'elles 
ont le sommet un peu saillant ou comprimé. 

M. de Blainville a proposé de les classer d’après le nom- 
bre des dents de la marge de la cloison. La première sec- 
tion est formée des Nérites à une seule dent; la seconde 
à deux dents ; la troisième à deux ou quatre dents. Mais 
ce caractère est si variable, dans certaines espèces, qu'on 
ne peut l’employer avec avantage. En effet, dans la pre- 
mière section, M. de Blainville admet pour type la Ver. 
Peloronta Lamk. qui, le plus souvent en a deux, tandis 
que sa variété à une dent est peu commune; de sorte que 
l'exception ferait ici la règle. 


— 281 — 


Nous avons essayé, à notre tour, de les grouper d'après 
la sculpture du plan septiforme, parce que les caractères 
que présente ce plan à l'observation sont moins sujets 
à varier. Lorsqu'on observe ce plan de la cloison, on re- 
connaît qu'il est lisse, granuleux ou ridé et que, dans cé 
dernier cas, les deux bords sont simplement dentés ou 
rendent l'ouverture grimaçante. Les anomalies qu'on y 
remarque quelquefois ne détruisent pas la règle et sont 
faciles à corriger, par rapport à l'ensemble des autres 
caractères. 

Une circonstance heureuse nous a fait découvrir que 
les Nerita histrio Gmelin et N. maura nobis ne sont que 
des variétés de la Verita maxima de Ghemnitz. Un de nos 
individus du type de Ghemnitz représente, dans sa moitié 
postérieure, la Ver. maxtima, et dans sa moitié antérieure 
la Mer. histrio de Gmelin. Cette anomalie, en dévoilant 
leur origine, nous a conduit à les réunir sous le premier 
nom connu. 

Parmi les Nérites de Linné, :l en est quelques-uns 
qu'on n’a pu ramener aux espèces qui nous sont connues : 
telles sont, 1°sa ÂVerita histrio, que nous croyons être la 
Mer. squamulata de M. Le Guillon ; 2° sa Verita peloronta;, 
qui nous paraît être la même que notre Verita patula ; 
3° sa Merita bidens, tantôt noire, tantôt jaune, à deux 
dents à cloison et de la grosseur d'un pois, que nous ne 
pouvons rapporter, quant à présent, qu'à des jeunes de 
la Ver. Rumphii, 4° sa Nerita virginea, que Linné com- 
pare à la figure P, pl. 10, de D'Argenville, laquelle re- 
présente la Mer. strigilata Lamk, et à la figure 204 de 
Bonanni, Âecreatio mentis et oculi, qui appartient à 
notre Ver. brasiliana. Si sa Ner. virginea était notre NWer. 
brasiliana, Linné aurait trouvé dans Bonanni et Lister 
un certain nombre de figures propres à représenter son 
espèce et y aurait renvoyé. Nous croyons que sa Ver. 
virginea est un mélange des Ner. zebra et zigzag de Lamk: 


19 


— 282 — 


En attendant que nous puissions donner des preuves suf- 
fisantes de ces assertions, nous pensons qu'il convient de 
laisser ces noms en synonymie avec un point de doute. 


CATALOGUE DES NÉRITES. 


a'e Eribus 
Plan septiforme lisse ou presque lisse. 


A. Opercule bordé d'une bandelette de stries au 
côté antérieur. 


N. polita. Linné. La Malaisie. Chemn. C.5.t.193. f.2001 
var. rubro-trifasc. Vawao. Regenf. Rec. c. 1.4.f.43. 
v.nigro-bifasciala. I. Gambier. Chem. 5.t.193. f.2015. 
N. nigra. Chemnilz.l.des Amis. 

N bifasciala. Gmelin. 

v.omnino alba Sandal bay,Lebouka. 

N.hyerogliphica. Chemn. Iles Viti. Chem. C. 5.t. 193. f. 2016. 
N.litterata. Gmelin. 

N. larva. Id. Le Havre Carteret.Chem.5.t.193.f.2017. 
N. flavescens.  Chemn. Mindanao? 1d.10.t.165.f. 1594-95. 


N. bidens var. B. Gmelin. 

Ner.Rumphii. Récluz. Philipp., N. Holl. Petiver,Gaz. pl. 11.f.22? 
v.apert. crocea. : Île Warior. Chemn.C.5°1.193.f.2013. 
N. polita O.austr. Chemn. Détr. de Torres. 

N. Orbignyana. Récluz. Mer Rouge. 


N. Umlaasia. Krauss. Emb. de la Knysna.Sudafricanischen.t.4.f.24 
N. Olivaria. Guillou. Wavao,l. d. Amis. 

N. Guamensis. Quoy et G.lle Guam. V. Astrol.3.pl. 65.f.45. 
N. Doreyana. Id.  H.de Dorey,N.G. Id.pl. 65.f.43.44. 

B. Opercule privé de bandelette striée au bord an- 
térieur. 

N.tenebrosa. Récluz. 1.Solo, N. de Borneo. 

pe Kiset. Adanson.Sénégai olim.  Adans.Sén.C.t.13f.5.j". 
N. magdalenœ.  Gmelin. Antille., Madag. Chemn.5. 1.192. f 1987. 
N. antillarum. Gmel. Desh. 
N. picea. Recluz. Nes Sandwich. Souleyet.V.Bonite.t.34. 
N. radiala. Id. Mer Rouge. f.8-11. 
N. insculpta. Id. Tourane, 1. Sandw. 


N. Georgina. Id. Port roi Georges. Souleyet.l.c.t.34.f.5-7. 


… 


114 
a 


{ N. Pacifica. id. Océan Pacifique. Y. Conch. pl. 41, fig. 16 7 
tn. Listeri. Id. LD _—— hs 
N. Lineata. Linnée. Sincapour, Malac. Chemn. C. 5.t. 191. }- 
v.pallide fasciata. Baie Rafflès. 1958-59. 
v.cosiis albo mac. Pula-Pinang, Tim. 
N. erythrodon. Récluz. Antilles. Chemn. Conch. 5.t. 192. 
N. sanguidens. Id. Mer Rouge. f.1977-81. 


N. dens-sanguin.Chemn. 
N. Peloronta. Lamarck. 


var. unidens. Blainv.Malacol. t. 36 bis. 
N. Peloronta.  Biainville f. G. 
Gen. Peloronta. Oken. 
V. Superf. COTTU£. Hab.? 
5 Forskaolii.  Récluz. Mer Rouge. 
. COTREG. Forskaol. 
2 Tribu. 


Plan septiforme rugueux. 
A. Bord externe faiblement denté. 


N, antiquata. Récluz. Trit.-Bay, Ne-Gui.Klein,Méth.Ostr. t.1.f.29 


N. undata, Linné. 1. Salomon. Chemn.5.t.190.f.1950-51. 
v. maculis confl. Sandal-Bay,l, Witi. 
{ N. undulala. Gmelin. Amboine. Chemn.5.t.191,f.1970-71 
Ë N. striata. Burow. Timor. Burow.Conch.1.20 f.8. 
N. undata. Quorumd. 
N. Lagar. Andans. C.Vert,C.Manuel.Adans.Sénég. Coq. t.13. 
dé promontori. Gmelin. Gaine: 
N. aurantia Recluz Philippines. J. Conch. pl. 11,f.8. ! 


N. novæ-Hiberniæ. Lesson. P.-Praslin, N°-Irl. 

N. novæ-Guineæ. Id. H. Dorey, N.-Guin. 

N. quadricolor. Chemn. Java, mer Bouge. Chemn 5.1.191 f.1974-.5 
N. striata. Mariyn. 

N. Chrysostoma. Récluz. Nouv. Guinée. 


N. grossa. Linné.  Port-Praslin. Cheran. 5. 1. 191.f. 1968. 
N. ascensionis.  Lamarck. 

N. textilis. Valencien.B. des Chiens mar. Val. in Obs. z007z. Hub. 
N. papilionacea. Id. Acapulco. Idem. 
N.semirugosa. Récluz  Timora, Ne-Holl. Argenv.Conch. t.7.f.,8. 
N. elegans. Sorverbr. Gêve Conch. t. 22. f. 218. 


? v. fasciata. a. b 


— 284 — 
N. Chemnitziü. Récluz. Port du R. Georg. Chemn. 5.t.191.f.1960-1. 
N. histrio. Quorumd. 


v. flammulata, 


{r maxima. Chemnilz.Ne-Hollande. Chemn.5.t.190.1.1942-43. 
N.maura. Récluz.  Amboine, Madag.?Chemn.5.t.190.f.1948-49. 
N. histrio. Gmel. non L. 
var.nigra. Ne-Hoïlande. 

N. atrata. Lamk. St-Pierre, St-Fra. 
N. papuara. Récluz.  Triton-Bay, N°-H. L 

N. flammulala. Id.  Hab.? ... J.Conch. pl. ff, fig.\7. 

N. asceusionis. Gmelin. I. de l’Ascension. Chemn. 5.t.191.f.1956-7. 
var. nigTA, Brésil. Argenv.c.t.7.f,1. 

v. apertura chlor. 

N. chlorostoma. Lamarck.Cayenne, Bahia. : 
N. trifasciata Le Guill. Triton-Bay. :  J, Conch. pl. 11, fig XS 1% 


N. Essingtoni. Récluz. Port Essinglon.  J.Conch. pl. 11, fig. 9. 
N. maculifera. Le Guill. Wavoo, Tunga. 
an v. priori? 


N. corrosula. Récluz. Triton-Bay. 
N. Le Guillouana. Id. Tervate. 
v. trifasciala. Iles Salomon. 
N. ornala. Sowerby. Reall-Lejos. Sembl. Sow. Gen. of shiüls. f.3. 
v. ovala. 
N. Deshayesii. ÆRécluz. Californie. 


N. scabricostata. Zamarck.Timor (Mus.Paris).J. Conch. pl. 11, f. 1-2. 
N.multijugis. Menke. Mexique à Mazatl. Zeilchrist 1847. 


B. Bord externe fortement denté : ouverture gri- 


maçante. 
costala. Gmelin. Bourou. Chemn.5.1.191.f.1966-7 
e fi grossa. Born. 

N. scabricosla. Chenu. Ceylan. Deless.R. C. Lamk, pl. f. 
N. Selot. Adanson.Sénégal, Antilles. Adans.Sén.C.pl. 13.f. 4. 
N. flammea. Gmelin. Cheran.5. pl. 172. f. 1992. 
N. tricolor. ld. Tunga-Tabou.  Id.1.191.f. 1952-63. 
N. striata. Chem. Q.et G.,V.Ast.3.1 65.125 
N. pica. Chemn. Ile Ticopia. Chem. 5. 1.191.f. 1964-65 
N. versicolor.  Gmelin. Cuba, Martinique. 
N. plicata. Linné.  N°-Hollande. Chemn. 5.t. 190. f. 1952-3 
v.nigro-maculata. Le havre Carteret. 
v. pallide-vinosa. Madagascar, Guam. 
N. plicata. Lamarck. 
v. lactea. 
N. lactaria. Linné. Iles Gambier. 
v. labio-lævi, min. Sandal-Bay,Tahili. 


\ W.O-Tahileusis. Lesson. Borabora. 


A 
\Lk À 


N 
î 


— 285 — 


3e Tribu. 


Plan de la cloison granuleux ou tuberculeux. 


N. plexa. 
Y. major. 
N. exuvia. 
Y. Minor. 
N. textilis. 


Lamarck. Idem. 


Gm. Lam.Bombay. 
v.costis appendic. Seychelles. 


N.exuvia Linné. 
N.malaccensis. Lam. Mindanao. 

.chlorostoma. Sowerby. 
N.gemmifera.  Quoy. 
N. fulgurans. Gmelin. Mexique. 
v. albo-nigroque. 
N. Bernhardi. Récluz. Panama. 
N. Tadin. Adans. Sénégal. 
N. tessellata.  Gmel. 

Adans. Sénégal. 

N. atrata. Deshayes. 


N. Senegalensis. Gmel. 
N. Largillierti. Philippi. Le Gabon. 
an var.n. Dun.? 


. nigerrima, Chemn. Ile Bourbon. 
N aterrima. Gmel. 
N. punctala. Quoy G. 
v.coslis macul. 
majoribus. 
N, Mascareignar. Récluz. Ile Rodrigue. 
N.Mauriliæ. Id. 


N. atrata. Chemn. Timor. 

N.nigerrima.  Desh.  I.St.-Pierre. 
e atropurpurea. Récluz. 
À planospira. 


| 
à 
| 
| N. Dunar. 
| 
| 


N.reticulata. Karslen. Amboine. 
NV. signata. Lamk. I. Salomon. 
N. rudis. Wood. Portdur. George. 
N. palula. Récluz. Amboine. 
| Jun. semiglobosa. 
N.Peloronta.  Linné. 
N. Dombeyi. Récluz. Bombay. 


Guillou, Sandal. 
Récluz. Rio-Janeiro. 


N. Ocellata. 
N. Argus. 


Chemnitz. Madagascar. 


Apia, L Witi. 
Anton. Port du r. George. 


E. méth. pl. 454. f.1.a. b. 
Argenv.C. pl.7.f.B. 


Chem. 5.1.190.f. 1944-45 


Bourou D. de Mal. Chem. 5. t. 491. f, 1970-71. 


Seba Mus.t. 56. 
Sow. Gen. of Schells. f. 3. 


Chemn. 5.t.192. f. 1996. 


Ch. 5. t, 102. f. 1998-99. 


Adans.Sén.C, 1.13.f 1. 


Zeitchrist. 1848. 
Chemn.C.5. t. 192. f. 4985 


Q.et G, V.Astr. 3. 1.65. 
f. 41-42. 


Chem. 5. t.180.f. 1954. 


J. Conch. pi. 11.f.3. 


Karst. Mus. Lesk. pl.3.f.8 


J. Conch.pl.11.f.8. 7 


986 


\N. Yoldii. Id. Philippines. Souley. V.Bon. 1.34. f. 1, 

lv, Quori. Guillou. Mindanao. 

N. Chamæleon. ZLinné.  I.Sandwich, Chemn. 5. t.193.f.1988. 

Le stella. Chemn. Reg.R.Coq.t.3.f.26. 
N.bizonalis. Lam. Encyel.méth. t.454.f.3. 
N. squamulala.  Guillou, 1. Arrow. : 

Jm Chamaæleon. Lamk. 

! N.marginata.  Gmel. Sehroët. Cini. 2.1. 4. f. 16 
N. oryzarum. Récluz. Bombay. Fab. Coïumna, p. 20. 
N. Longii. Id. Ideun, Nieobar.  J. Conch.pl. 11. f. 4. 

/N albicilla. Linné.  Tougatabou. Chemn. 5. t.193. f.2000. 

| v nigra albo bifas. Lebouka. Q.G. V.Ast. 3.t.68.f.17. 
v.rubro maculala. 

; Mer Rouge. 


sepio lævissimo. 
| N.erythrea. Mus. Paris. 
\ 0. sanguinolenta.Menke ? 


Desh. Lab. V. m.Rouge, 


ESPÈCES FOSSILES. 


.N. angistoma. Desh.  Valmondoïs. Desh. C.foss.Paris.2.t.19. 
N. asperala. Dujard. Touraine. Duj. Tour.t.19.f.15-16. 
N.Basterolii. Récluz. Dax. Gratel. Soc. Lin. Bord. 
N. plicata. Gratel. t.11.1.7..27-28. 
N.Burdigalensis. Récluz. Dax. Grat.id. t.7.f. 31-32. 
N.intermedia. Gratel. 
var. «.flavescens. id.f.31. 

\ var. B.trifasciala. ld. f. 32. 

(N. costulata. Desh. Angleterre. Sow.Min. C. t. 463. f.5-6 
N.costata. S0w. 

N. Caronis. Brongn. Castelgomberto. Brong. Vicent3 t.2.f.14. 

N.crenala. Anton. Allemagne. Ant. Conch. p.30.n.1155 

(N. Eburnea. Hoœning. Dax. Grat.1.c.t.11.f.34. 35. 
N.cornea. Gratel. 

N. funata. Dujard. Touraine. Duj.l.c.t.19.f.14. 

N. granulosa. Desh.  Valmondois. Desh. I. c.t.19.f.13-14. 
N. globosa. S0w. Angleterre. Sow.l.c.pl.424.f.1. 
N.plutonis. Past. Bordelais. Bast.S.O. France.i.2.f.1. 
N. plicatula. Antou. Allemagne. Ant. Conch. p. 30. n. 1167 
N. spirata. Sow. Angleterre. Sow. 1. c. pl. 463. f. 1-2. 
N. striata. Flem. Id. Flem. Brit. an.p. 391. 
N. sulcosa. Gratel. Dax. Grat. 1. c. t. 7. f. 33. 

N. subalpina. Risso.  Niee à la FrinHé. Risso, Eur. mér. v.4.f.14. 


— 287 — 


Ce Catalogue comprend 294 espèces de Nérites, dont 
187 Néritines vivantes et 24 fossiles, 66 Neérites vivantes 
et 17 fossiles; mais nous ne croyons pas que ce nombre 
soit définitif, parce que nous en connaissons encore d'au- 
tres vivantes non décrites, et un certain nombre de fos- 
siles que nous n'avons pu examiner. De sorte que l'on 
peut avancer avec certitude que ce genre, qui ne comptait 
guère que 65 espèces, connues en 1830, en possède plus 
de 300 aujourd'hui. 


NÉRITE A CÔTES RUDES. — NERITA scABricOsTA Lamarck. 


N. Testa subglobosa, transversim costata ; costis ele- 
vais, angustis, 24-25 nigris, interstétiis albis; spira bre- 
vissima, obtusa ; apertura alba; labio convexo, supra rugo- 
sissimo granulosoque, margine dentibus 3-4 armato ; labro 
aculo, intus sulcato, spiram versus bidentato : dente secundo 


ma Ort. 


NeriTA scAgricosTA Lamarck, Ænim. sans vertèbres 6, 
pag. 194, n° 4. Journal de Conch., pl. 11, fig. 1 et 2. 


Habit. l'Ile de ‘Timor. Très rare. (Cab. du Muséum et 
pas ailleurs.) 


Coquizce subglobuleuse, d'un brun-noirâtre mat, trans- 
versalement ornée de petites côtes saillantes et étroites, 
au nombre de 24 à 25, d’une dimension égale, décur- 
rentes sur la spire et rendues rudes au toucher par des 
stries longitudinales. Les petits sillons qui les séparent 
sont d'une couleur blanchitre et plusieurs conservent la 
couleur noirâtre des côtes. L'individu de Lamarck a la 
côte du milieu du dernier tour d’un jaune doré. Sa spire 
et peu saillante, obtuse et arrondie, rendue blanchätre 
par la perte de son épideme. Ouverture blanche, d’un 
moyen diamètre, nullement grimaçante, bien que La- 
imarck ait fait un caractère essentiel de cette particularité 


— 288 — 


qui n'existe pas, car sa forme est analogue à celle de la 
Nérite ondée. Son bord interne est convexe, très ridé, 
semé de quelques granulations et porte trois à quatre 
dents à sa marge; son bord droit est entier et tranchant à 
sa marge, sillonné intérieurement de quatorze à quinze 
rides comprimées, étroites, avec deux dents saillantes, 
du côté la spire, dont la seconde est plus robuste. 

Cette espèce se rapproche beaucoup de quelques varié- 
tés de la Mérite ondée; elle en diffère par sa forme plus 
arrondie, par sa spire moins saillante, arrondie et cbtuse; 
par ses côtes transversales plus petites, mieux circonscri- 
tes, striées d’une façon plus serrée, ce qui rend ses côtes 
beaucoup plus rudes; par le ton mat de sa couleur brun- 
noirâtre, par l'absence constante des dents bifides de sa 
marge columellaire et de cette compression qu'on remar- 
que au-dessus du milieu de la callosité de ce même bord 
dans la Vérite ondee. 

Je ne puis donner les proportions diamétriques de cette 
coquille, parce qu'elle n'a été mise, autrefois, à ma dis- 
position que le temps nécessaire pour l’observer et tracer, 
subito, sa description. Les figures publiées dans ce Jour- 
nal en tiendront lieu suffisamment. 


Descrirrion d'un nouveau genre de Coquilles bivalves, 
nommé Myllite (Myllita), par MM. A. D'Onsieny et 


C. Réczuz. 


Le Mollusque qui fait le sujet de cet article a été pri- 
mitivement classé par l’un de nous, en tête d'un catalo- 
gue monographique des Érycines, dont il représentait 
exactement les caractères généraux conchyliologiques; et, 
sans une circonstance particulière qui est venue infirmer 


\ fe 


sa place au milieu des coquilles de ce genre, il est indubi- 
table qu'il en aurait fait partie pendant longtemps. Cette 
circonstance se rapporte à ce fait que l’un de nous ayant 
recu de M. l'amiral Cécile une valve de cette même espèce, 
nous y observâmes parfaitement l'empreinte bien mar- 
quée d’une excavation palléale qui ne se montre jamais 
sur Ja portion intérieure des valves des véritables Ery- 
cines. Ce caractère essentiel et de première valeur, nous a 
déterminés à faire de cette coquille le type d’un nouveau 
genre que nous avons nommé WMyllite, de l’un des surnoms 
attribués à Vénus. 

Quand on étudie un groupe d’Érycines, tant vivantes 
que fossiles, on y voit des coquilles qui passent insensi- 
blement de la forme suborbiculaire et subovale à la forme 
elliptique (ovale ou oblongue); toutes sont minces, lisses 
ou à peine marquées de stries concentriques; leur limbe 
est entier; leurs valves plus ou moins translucides dans 
l'état récent passent, après la mort de l'habitant, à l’état 
opaque, et toutes manquent d’excavation palléale. 

La coquille qui nous occupe (ou Ærycina Deshayesit) 
est suborbiculaire, mais solide, opaque, fortement rayon- 
née de plis dont ceux du centre convergent vers les som- 
mets et à limbe fortement crénelé. Elle porte à l'intérieur 
de ses valves et au côté postérieur l’empreinte d’une exca- 
vation palléale exactement triangulaire, comme dans les 
Artheémides de Poli : ces différences nous ont conduit à 
séparer cette coquille des Erycines. 

Reste à savoir si elle ne cadrerait point avec tout autre 
senre de Bivalves , les Ærthémides, par exemple. Après 
une comparaison minutieuse, On arrive à reconnaître que 
deux caractères tranchés ne permettent pas de con- 
fondre l'Erycine de Deshayes avec aucune espèce d’'4r- 
thémis connue, quant à la caractéristique générique. Dans 
ces dernières, on remarque que la charnière se compose 
de quatre dents sur la valve gruche, dont deux saus-api- 


— 290 — 


cales, divergentes, une latérale lunulaire, rudimentaire 
et deux autres latérales, obliques, parallèles, situées sous 
le ligament. Dans la valve droite, il y a deux dents sous- 
apiciales rapprochées, peu divergentes; une dent lunulaire 
bifide, souvent représentée par une fossette , par rapport 
à ses parois peu élevées, et une dent latérale postérieure 
canaliculée. Le ligament cartilagineux repose dans un 
canal margino-dorsal (souvent précédé d'une lacune pos- 
térieure aux crochets, comme dans les Cyprines de La- 
marck), recouvert par un autre ligament fibreux souvent 
en partie détruit. Les impressions musculaires sont gran- 
des, ovales et verticales; l'excavation palléale subcentrale, 
oblique et triangulaire ou pyramidale. —Cette combinai- 
son de caractères génériques tient, d'un côté, par la char- 
nière, aux Cythérées de Lamarck, et, de l’autre côté, par 
la situation des ligaments, aux Lucines Au même auteur. 

Nous allons voir qu'ils n'ont rien de commun avec 
l'£rycine de Deshayes. Dans cette dernière, la valve gau- 
che a deux petites dents verticales sous-apiciales et deux 
dents latérales simples, triangnlaires, transversales aux 
crochets; la valve droiîte a une petite dent sous-apiciale et 
verticale qui se loge entre les deux opposées de l'autre 
valve; plus, deux dents latérales bifides, horizontales, 
dont la cavité est destinée à recevoir les dents latérales 
simples de la valve gauche. Les ligaments n'ont pas la 
même situation : l'externe, très étroit , se trouve en tra- 
vers des crochets et est partagé par eux en deux parties 
égales, et non en arrière d'eux, comme daus les Arthémis; 
et le cartilagineux, au lieu d'être placé dans un canal pa- 
rallèle au limbe dorsal des valves , se trouve, au con- 
traire, partir du dessous des crochets et courir presque 
verticalement à ceux-ci, mais un peu obliquement en 
dessous de la dent latérale postérieure , dans un canal 
étroit. Dans l’EÆrycine de Deshayes on voit la charnière 
des Erycines un peu exagérée et l'excavation palléale des 


— 291 — 


Arihémides, mais plus latérale : il n'y a donc aucune pari- 
té entre les deux genres. 

En présence de toutes ces dissemblances, nous nous 
croyons suffisammentautorisés à former, avec cette espèce, 
un nouveau genre deBivalves, dont voici la caractéristique : 


CaARACTÈRES GÉNÉRIQUES. 
ANIMAL inconnu. 


Coquizre. Équivalve, équilatérale, libre, presque orbi- 
culaire, solide , à sommets très petits et opposés. Char- 
nière formée sur la valve gauche de deux petites dents 
courtes, inégales, parallèles et deux dents latérales fortes, 
obliques , simples et triangulaires; sur la valve droite, 
d'une petite dent centrale et de deux latérales bitides, 
pour recevoir les deux dents simples de l’autre valve. 
Deux ligaments : l'un externe, fibreux, très étroit, fili- 
forme, partagé par les sommets ; l'autre, cartilagineux, 
fixé dans une fossette linéaire, courant obliquement des 
crochets jusqu à la base et en dessous de la dent latérale 
postérieure. /mpressions musculaires similaires, arrondies, 
Impression palléale excavée en triangle, au côté posté- 
rieur des valves, avec l'angle palléal de même forme. 


CHARACTERES GENERI, 


ANIMAL Lan oLu . 


esta æquivalvis, æquilateralis , libera , suborbicularis. 
Apices minimi, oppositi. Cardo in valvula sinistra denti- 
bus cardinalibus binis parvulis, inæqualibus, parallelis, cum 
lateralibus friangularibus simplicibus, validis; in dextra 
cardinali unico , lateralibusque medio bifidis pro appositis. 
Ligamenta duo, externum fébrosum, lineare, centrale, bre- 
viusculum; internum cartilagineum , robustum , in fossula 
lineari ab apice ad anticam partem dentis lateralis postici 


— 292 — 


oblique excurrente affixum. Impresiones musculares æqua- 
les, orbiculares. Excavatio palliaris postica cumaue sinu 

, q 
palliari exacte triangularibus. 


Mxcerra Desnayesu (nobis).Testa suborbicularis, radian- 
ter plicata : plicis validis , medianis superne convergenti- 
bus, lateralibus basim versus sensim elevatis , superioribus 
spiniformibus ; umbonibus lævigatis, corrosulis ; margint- 
bus valvarum inciso-crenatis, interstitiis rotundatis. 


Journal conchyl., pl. 11, fig. 12-13, et pi. 14 pour le 


grossissement de la charnière. 


Hab. La Nouvelle-Hollande, sur les plages sablon- 


neuses (M. l'amiral Cécile). 


Dimensions. Hauteur 11, longueur 13, épaisseur 7 à 8 
millimètres. 


Coquille singulière par sa forme, imitant celle d’une 
boîte, dont on ne connaît guère que trois individus à 
Paris, appartenant aux Cabinets de MM. Deshayes et 
D'Orbigny. 


Article de TEerminozocie, par M. Reczuz. 


Tenracuzes (T'entacula, pl. de Tentaculum, à, s. m., 
dérivé de Tendo, je tends, parce qu'ils sont ordinai- 
rement tendus.) 


En général, les Mollusques portent, sur la partie an- 
téro-supérieure de la tête, des appendices charnus, espèce 
de cornes mobiles, comme les nomme Adanson, qu'on 
avait voulu comparer aux antennes des insectes et qui en 
différent parce qu'ils ne sont point articulés. Si, parfois, 


— 293 — 


on en trouve d'une apparence annelée, tels que ceux des 
Littorines, Planaxes, Cérithes, etc., ils ne le sont jamais 
que par des lignes circulaires colorées. 

On distingue deux sortes de tentacules par rapport à 
l'usage qu’en font ces animaux. Les premiers sont desti- 
nés à supporter les yeux de la plupart des Mollusques 
gastéropodes, quelles qu’en soient la forme et l'étendue ; 
les seconds n’en portent jamais ; et comme ils sont doués 
d'un sentiment très fin et plus délicat que celui d'aucune 
autre partie du corps de ces animaux, on les considère 
comme le siége du toucher. En raison de ces usages, on 
appelle les premiers tentacules oculés, oculaires ou oculi- 
fères; quant aux seconds, nous les nommerons tenta- 
cules absisaires où mieux tentacules factaires, pour les 
distinguer dorénavant des autres. 

Selon M. de Blainville, les tentacules tactaires seraient 
aussi le siége de l’olfaction; mais cette propriété leur est 
contestée par ce fait quon vient tout récemment d'en 
attribuer l'usage à un organe situé vers le centre de la 
partie antérieure du pied des Mollusques. 

Des expériences répétées ont fait connaître que ces deux 
sortes de tentacules, peuvent être coupés et néanmoins 
repousser au bout de quelque temps sans perdre de leurs 
facultés. 

La structure des tentacules présente quelques particu- 
larités distinctes : ainsi les uns sont simplement exsertiles, 
et quand on les touche, ils fléchissent simplement à droite 
et à gauche, en avant et en arrière; les autres sont con- 
tractiles, peuvent également se diriger en tout sens, et 
encore s’'allonger et se raccourcir, selon la volonté de 
l'animal; il en est cependant chez lesquels cette faculté 
est plus ou moins restreinte. Enfin il yen a d'autres qui 
sont rétractiles, ont les mêmes usages et de plus peuvent 
rentrer complétement en eux-mêmes, jusque dans l'inté- 
rieur de la tête. 


— 294 — 


Ces facultés proviennent de ce que les premiers sont 
formés de fibres longitudinales assez puissantes pour les 
tenir constamment tendus; que les seconds, ont leurs 
muscles composés de fibres longitudinales entrecoupées 
de fibres annulaires qui leur permettent de raccourcir les 
tentacules à leur gré sans les faire rentrer ; que chez les 
troisièmes, ce sont des sortes de tuyaux creux, contraire- 
ment aux deux autres qui sont pleins, pourvus d’un mus- 
cle qui, passant en dedans, va s'attacher à leur sommet 
et dont les fonctions consistent 1° à le faire rentrer, par 
sa contraction, jusque dans l'intérieur de la tête, en les 
retournant sur eux-mêmes, comme nous le faisons quel- 
quefois avec le doigt d'un gant; 2° à les faire sortir, par 
son relâchement. 


On classe dans les Tentacules : 


1° ExserTiLEs, ou toujours permanents au dehors ét 
et non rétrécibles, ceux des Ombrelles, etc. 


2° Coxrracrires, ou susceptibles de se rétrécir sur eux- 
mêmes, sans rentrer en dedans; ceux des Mollus- 
ques suivants, en considérant que les uns le sont 
fort peu, tels que ceux des Janthines, Crépidules, 
Cyclostomes, etc. : les autres davantage, comme 
ceux des Onchidies Coriocelles, Limnées, Paludi- 
nes, Troques, Planaxes, etc. 


3° RérrAcTiLes, ou rentrants, ceux des Péronies, Li- 
maces, Arions et des Colimaces. 


Tous les Mollusques n'en sont pas également pourvus; 
ceux qui en portent, et ce sont les plus nombreux, n'en 
ont jamais moins de deux et toujours disposés par paires. 
Parmi les premiers, nous citerons les Siphonaires, Acères, 
Bullées, Gastéroptères, Ancillaires, Ampullacères, Osca- 
brions, Dentales, etc. 

On s’est servi du nombre des Tentacules pour établir 


— 295 — 


des divisions dans les familles et dans les ordres, telles 
que celles des Dicères, Tétracères ; Octo et Décacères, et 
Polycères pour les genres de Mollusques qui portent sur 
la tête deux, quatre, huit, dix, ou un plus grand nombre 
de tentacules. 


On classe au nombre : 


1° Des Dicères, les Limnées, Physes, Planorbes, Ancy- 
les, Placobranches, Nucléobranches, etc. 


2° Des Surnicères, ou dont les tactaires sont soudés 
avec les Oculaires, les Strombes, Cônes, Rochers, 
Pourpres, Cérites, etc. 


3° Des Térracires, les Glaucus, Eolides, Aplysies, 
les Limaciens, Colimacés, Janthines, etc. 


4 Des Susrérracères, les Ampullaires, Paludines, 
Néritacés, Trochoïdes, Mélanopsides, Calyptrées, 
Emarginules, Porcelaines, Raelles, etc. 


Quant aux Octocères, Décacères et Polycères, nous en 
dirons un mot plus bas. 


Chez les Molusques terrestres , les tentacules tactaires 
servent, comme leur nom l'indique, à täter le terrain sur 
lequel ils progressent, à en écarter les obstacles, et lors- 
qu'ils sont operculés à rejeter au dehors les corps étran- 
gers, quand ils veulent se renfermer dans leur coquille: 
c'est du moins ce que l’on a remarqué chez les Cyclosto- 
mes. Dans les Mollusques aquatiques , ils servent quel- 
quefois à la natation, concurremment avec les expansions 
du manteau, par exemple, chez les Phylliroës, les Glau- 
cus et autres. 


Leur situation sur la têle varie assez, ils sont : 


{° Réunis par LA BASE, dans le fuseau austral, les Euli- 
mes, Fossars, Pyramidelles, etc. 


_— 996 — 


2° RaPPROCHÉS MAIS NON CONTIGUS, dans les Cyprées ou 
Porcelaines, Pourpres, Murex, etc. 


3° RaPPROCHÉS ET DIVERGENTS, dans les tritons, Ra- 
elles, Trochus nassaviensis, Buccinum maculosum , 
Orbignyi, Linner, etc. 


4° Ecantés (situés sur les côtés de la tête), dans les 
Cônes, Vis polie, Cérithes, Vélutines , Calyptrées, 
Eolides, etc. 


Il ÿ en a qui les ont implantés verticalement sur la tête, 
comme dans les Piétens; ou énclinés vers la terre, dans la 
marche, dans les Colimaces, Gyclostomes, etc. ; ou enrou- 
lés soit dans le repos, comme dans la Berthelle poreuse, 
soit dans le mouvement, comme dans la Phylliroës; ou 
enfin simplement recourbés, dans le Phos. senticosus. 


Leur forme présente encore beaucoup de variétés ; il y 
en a de : 


1° TriancuLaiRes, dans les Bryarces, Volutes, Natices, 
Littorine pagode, Limnées, Vis, etc. 
2° Prismariques, dans les Varica, Chemnitzies, etc. 


3o Cyczinpriques, chez les Atlantes, Janthines, Auri- 
cules, Marginelles, Porcelaines, etc. 

4 Cyrinpracés, chez les Eulimes, Valvées, Cyclos- 
tomes, Elysies, Cabochons, etc. 


5° Cyrinprico-coniQques, chez les Aporrhaïs. 


6° Coniques, chez les Callyopés, Palludines, Ver: 
mets, Navicelles, Phasianelles, Fissurelles, Emar- 
oinules, elc., etc, 


7° SueuLés, chez les Olives, Cerithinum lima, etc. 


8° Séracés (filiformes ou linéaires), dans les Nérites; 
Physes, Hélicines, Mélanies, Troques, etc., etc. 


9° 
10° 


— 997 — 
Onconiques, chez les Vertigo et Vélutines. 


CLavirorMes (er massue), dans les Polycères, Vil: 
liersies, Doris, Onchidores, Idalies, etc. 


11° Aurirormes, dans les Pleurobranchées et les Atlas ? 


190 LancéoLés, dans les Tormatelles, la Bulle striée. 


D'autres sont : 


1° 


3° 


4° 
5° 


6° 


7° 


RenrFLés Au $OMMET 1° en bouton, chez les Limaciens, 
les Colimacés ; ou 2° en forme de gland, chez les 
Cyclostomes, Auricules, Conovules, Cassidules et 
Pneumodermeés. 


Encaïînés (ou situés au centre d’une gaîne), qui est 
cylindrique, dans les Tritonies , Hyales, Doris, 
Onchidores; infundibuliforme, dans les Scyllées et 
Tergipèdes ; comprimée, dans les Téthys ; en forme 
de petite cavité, dans les Clios et Phyllidies. 


DascicuLés ET TERMINÉS EN POINTE, dans les Clios, 
ou en bouton , dans les Pneumodermes, 


PROFONDÉMENT BIFIDES, dans les Janthines. 


Fenpus £r TroNQuÉs, chez les Ombrelles ; comiques, 
chez les Aplysies; tubuleux, chez les Pleurobran- 
ches; en cornet, chez les Pyramidelles; ramifiés, 
chez les Bursatelles. 


Courts dans les Littorines exotiques, fuseaux, Tri- 
ton pilcare, Murex zélandique ét octogogne, etc. 


Lowcs, chez le Solarium variegatum, Stomatelle 
tachetée, Paludine noire, etc. 


Les Tentacules oculaires présentent plusieurs des ca- 
ractères de ceux dont nous venons de parler. Ils sont 
tantôt allongés, tantôt courts ou réduits à l’état de tuber- 
cule et quelquefois seulement à celui de simple renfle- 


20 


— 298 — 


ment, plus ou moins apparent. Dans les deux premiers 
cas, on dit que les yeux qu'ils supportent sont pedicellés 
ou pédiculés et même pédonculés. Ils sont avortés chez 
quelques Mollusques, et l'on exprime alors leur dispa- 
rition, en disant que les yeux sont sessiles, bien entendu 
quand ils sont apparents , car ils peuvent ne pas paraître 
et cependant être présents, enfoncés qu'ils sont alors au- 
dessous de la peau, comme dans l’Æuricule Midus. 

[l y a des tentacules qui, situés à la place des tenta- 
cules occulaires, sont néanmoiïns aveugles, tels que ceux 
des Janthines. 

Il arrive assez souvent que les tentacules occulaires sont 
adhérents avec la base des tentacules tactaires ou greffés, 
en tout ou en partie, avec ces derniers. S'il est aisé de 
reconnaître l'adhérence du premier, il l’est beaucoup 
moins d’apercevoir la suture des seconds, quand les deux 
tentacules sont soudés tout le long les uns des autres. On 
peut néanmoins la suivre dans une sorte de renflement 
que fait le tentacule oculaire, ou le reconnaître par le 
moyen du point sur lequel l'œil est fixé, soit par la bifur- 
cation que ce tentacule fait à une certaine distance, en se 
détachant de lui; soit encore par le prolongement du ten- 
tacule tactaire, alors qu'il est plus long et plus étroit que 
l'oculaire. Ce dernier exemple de la connexion des deux 
sortes de tentacules est des plus remarquables en ce qu'il 
figure un tronc oculaire surmonté d'un appendice fili- 
forme. 

Dans les Céphalopodes, la situation des tentacules n'est 
pas tout à fait de même que celle des Gastéropodes ; dans 
les premiers, ces organes forment une sorte de couronne 
autour de la bouche de l'animal, et selon l'usage qu'ils en 
font, on ne les considère pas de la même manière. En 
effet, ils sont oculifères ou simplement tactaires dans les 
Gastéropodes ; ils sont, au contraire, toujours aveugles, 
plus nombreux et agissent comme organes de préhension 


— 299 — 


et même de mouvement, chez les Céphalopodes : ceux-ci 
les ont tantôt simples, tantôt garnis de ventouses cupuli= 
formes, ou suçoirs pour retenir les corps qu'ils saisissent, 
ou de grifles pour les appréhender, = Dans les Céphalo- 
podes à coquille extérieure , tels que les Nautiles, les 
Tentacules sont revêtus d’une gaîne, et leur nombre est 
de quarante. Dans ceux qui manquent de coquille exté- 
rieure on remarque que les uns ont des expansions mem- 
braneuses à leur base pour faciliter la natation, et qui leur 
donnent une apparence palmée, et d’autres les portent à 
l'extrémité de deux longs appendices, dont l'usage est 
tout à fait différent. Les auteurs veulent, d'après Aristote 
et Pline, qu'ils fonctionnent comme des voiles ; mais on 
prétend aujourd'hui qu'il servent 1° à sécréter la coquille, 
et à la réparer, quand elle a éprouvé quelques dommages, 
ce qui ne nous paraît pas probable ; et 2° à la soutenir dans 
les mouvements de l'animal. Ces organes ne sont donc pas 
de vrais tentacules, parce qu'ils agissent à l'instar des pieds 
et des bras; et c'est probablement pour ce motif qu'on 
leur donne le plus souvent le nom de bras. M. de Blain- 
ville a proposé dernièrement de les appeler Brachiocères 
pour les différencier de ceux-ci et des véritables tenta- 
cules. 

On désigne encore par le mot Tentacule, d'autres ap- 
pendices de Mollusques. C'est ainsi que les uns appellent 
1° Tentacules labiaux, les palpes des Mollusques acépha- 
les; 2° T'entacules du manteau et des Siphons les filets qui 
bordent les lobes du manteau et l’orifice extérieur des 
tubes destinés à la respiration et aux déjections des mêmes 
animaux : ces derniers sont des processus appelés généra- 
lement Cirrhes, etc. 


— 300 — 


Descriprion de quelques espèces de coquilles terrestres 
fossiles de Sansan, par l'abbé D. Duruy. 


Le côteau de Sansan, si connu par les belles découver- 
tes de M. Edouard Lartet, n'avait guère été signalé jus- 
qu'à présent que pour les ossements fossiles qu'il ren- 
ferme. Ces ossements ont été, comme tout le monde le 
sait, acquis par le Muséum d'histoire naturelle, où l’on en 
voit un grand nombre déposés soit aux galeries de géolo- 
gies, soit au Cabinet d'anatomie comparée. 

Mais, jusqu à ce jour, en présence des espèces nom- 
breuses el nouvelles d'animaux vertébrés de presque tous 
les ordres , on avait peu signalé les restes d'animaux in- 
vertébrés qui sont néanmoins assez intéressants sous bien 
des rapports, pour mériter d'être mentionnés. 

Toutes les coquilles dont je donne la description ont 
été trouvées dans une marne argileuse friable , sise entre 
deux bancs de roche calcareo-marneuse, dure, sous-jacente 
à la terre végétale assez maigre du sommet du coteau. 

Depuis assez longues années, mon ami M. Lartet avait 
fait prendre une quantité considérable de cette marne, en 
lui faisant subir plusieurs lavages successifs, afin de re- 
tirer les ossements de petits vertébrés qui abondent dans 
cette couche; il eut soin de me réserver les petites co- 
quiiles qu'il rencontrait en même temps. Il ne tarda pas 
à s'apercevoir que plusieurs des genres et des espèces pou- 
vaient offrir de l'intérêt : aussi saisirai-je avec empresse- 
ment cette occasion de le remercier d’avoir bien voulu 
me confier le soin de les faire connaître. 

Ce qu'il y a de fort remarquable dans ces fossiles, c’est 
que l’on y voit plusieurs espèces qui vivent encore dans 
nos contrées mêlées à un plus grand nombre d'espèces 
entièrement nouvelles, mais dont la forme, sauf quelque 
rares exceptions, a la plus grande analogie avec les co- 
quilles de Mollusques de France. 


— 301 — 


‘Un fait qui me paraît nouveau dans les observations 
paléontologiques faites jusqu'à ce jour, c'est la présence, 
dans ce terrain, de deux espèces appartenant à deux 
genres qu'on n'avait pas encore trouvés à l’état fossile, 
savoir : les genres Limace et TEsrACELLE ; ce sont deux 
nouveaux anneaux qui viennent rattacher les espè- 
ces vivantes et montrer une analogie plus intime entre les 
espèces paléontologiques et celles qui vivent encore. 

Ainsi le côteau de Sansan, qui avait fourni dès 1837 le 
premier singe fossile connu , fournit aujourd'hui à la 
Conchyliologie paléontologique les premières Limaces 
et les premières Testacelles fossiles. 


1° Genre. LIMAX. — LIMACE. 
1. Lamax Larrern. Tab. XV, fig. 1. 


LimacE DE LARTET. 


Testa ovato-oblonga , anticè fat profundè emarginata, 
suprà convexa, concentricè validè ovato et irregulariter 
striata; centro anteriüs sito; subtus irregulariter rugosa 
et in medio subconcava; margine sinistro in medio retu- 
siusculo, dextrorso obtuso. 


Coquille ovale un peu allongée, avec une échancrure 
assez profonde au bord antérieur, tandis que le bord pos- 
térieur est assez bien arrondi ou à peine légèrement angu- 
leux; surface supérieure convexe, avec de fortes stries 
irrégulières , ovales et concentriques, à l'exception de la 
plus intérieure qui est spirescente; le point central est 
assez rapproché de l'extrémité antérieure et légèrement 
courbé vers le bord droit; celui-ci est très obtus, tandis 
que le bord gauche est, au contraire, sensiblement rétus; 
la surface inférieure est obscurément rugueuse et légère- 
ment concave vers le milieu. 


Long. 4-6 mill. ; larg. 2-4; épaiss. 1 114 — 1 p2. 


= ne 


Habit. Fossile du eôteau de Sansan, dans la marne ar. 
gileuse et friable ci-dessus mentionnée. 


Discussion de l'espèce, rapports et différences. — Cette 
Limace, la première indiquée à l’état fossile, est très re- 
marquable par l'échancrure de son bord antérieur, et ce 
caractère suflit pour la distinguer, du premier abord, de 
de toutes les autres Limaces qu'il nous a été possible 
d'examiner. Elle est incontestablement différente de tou- 
tes les espèces de France; elle nous a paru distincte aussi 
des autres espèces publiées dans les divers ouvrages. 
Toutefois, nous ne pouvons pas aflirmer avec une entière 
certitude qu'elle soit complétement différente de toutes, 
parce qu'il en est plusieurs qu’il ne nous a pas été 
donné de voir en nature, et qu'il est souvent impossible 
de juger en dernier ressort de l'identité d'une espèce 
sans en avoir eu des échantillons authentiques. Si cette 
observation est exacte pour les espèces en général, elle 
est à coup sûr incontestable, lorsqu'il s'agit du test inté- 
rieur d'une Limace. 

L'espèce de France dont le Limax Lartetit se rappro- 
che le plus est le Zimax Gagates Drap.; mais elle en dif- 
Ière essentiellement par son échancrure antérieure, par 
son test un peu moins épais, par sa forme plus allongée 
et par son bord gauche rétus. 

Si l'on juge par analogie de la forme de l’animal de 
notre espèce fossile, on doit penser qu’il a été plus allongé 
que celui des espèces qui vivent aujourd’hui sur notre sol, 


2° genre. TESTACELLA. — TESTACELLE. 
1. Tesracezza Larrern. Tab. XV, f£. 2. 


TEsrAcEezLE pE LARTET. 
+ 
Testa ovato-auriformis, anticè latior, posticè angustior, 


suprà convexa, irregulariter et sat profundè striata; spiræ 


— 303 — 


rudimento exserto et reliquà testulà sensim separato, 
apice acutiusculo aperturà amplissimä , profundà , coch- 
leata antennis rotundata, posterius angustalä et quasi an- 
gulatà, margine externo vix subacuto, columellari rotun- 
dato nec depresso. 


Coguille ovale-auriforme, un peu allongée, plus élargie 
antérieurement que dans sa partie postérieure, très con- 
vexe en dessus, avec des stries irrégulières et assez pro- 
fondes; rudiment de spire saillant en dehors, quoiqu'il 
soit plus bas que le reste de la coquille et sensiblement 
séparé du bord columellaire; sommet presque aigu; ou- 
verture très ample, formant à elle seule la presque tota- 
lité de la coquille, profonde et creusée en dessous presque 
jusqu'au sommet du rudiment de la spire, arrondie en 
avant et presque anguleuse à son extrémité postérieure ; 
bord externe à peine un peu tranchant; bord columellaire 
arrondi, sans être déprimé comme dans nos espèces 
françaises. 


Long. 6; larg. 3; haut. 2. 


Habit. Fossile de la marne argileuse et friable du cô- 
teau de Sansan. 


Cette espèce, dont M. Lartet n’a trouvé encore qu'un 
seul exemplaire, diffère entièrement des espèces qui vi- 
vent en France par la profondeur de l'ouverture qui lui 
donne un aspect beaucoup plus convexe en dessus. Elle 
est, en outre, assez profondément excavée : ce qui lui 
donne un facies tout particulier. Les Testacelles exotiques, 
beaucoup plus creusées que celles de l'Europe, diffèrent 
néanmoins de la nôtre par leur spire moins exserte et 
leur ouverture plus régulière. 

’ Parmi les espèces européennes, la Testacelle de Maugé, 
trouvée en Portugal, par M. Morelet est celle qui s'en 
rapproche le plus, mais sa forme régulière et sa surface 


— 304 — 


régulièrement et finement striée la séparent du premier 
coup d'œil de notre coquille fossile, 


3° genre HELIX. — HÉLICE. 
1. Herix Sansaniensis, tab. XV, fig. 3. 


Hézice DE SANSAN. 


Testa globoso-subconoïdea, imperforata, vix tenuissimè 
striatula, nitida ; aperturâ obliquè subovato-lunata, angus- 
tata, peristomate reflexiusculo et acuto, marginibus sub- 
approximatis, callo nitido unitis; anfractibus quinis vel 


sextis convexiusculis suturä sat perspicuà unilis; apice 
obtuso. 


Coquille globuleuse , légèrement conoïde, imperforée, 
couverte de stries peu régulières et tellement déliées qu'el- 
les ne paraïssent guère qu à la loupe ; luisante; ouverture 
oblique ovale, échancrée par l’avant-dernier tour et rétré- 
cie; péristôme légèrement réfléchi au bord externe, réflé- 
chi et calleux au bord columellaire, la callosité se pro- 
longe d’un bord à l’autre; cinq à six tours de spire légère- 
rement convexes et séparés par une suture assez marquée, 
le dernier, fort grand, comparativement aux autres, est 
obtusément subcarène à sa naissance, mais cet indice de 
carène disparaît complétement, dès le milieu du tour, L 
sommet est obtus. 


Haut. 15, diam. 29 mill. 


Habit. avecles précédentes. Cette Hélice, extrêmement 
commune à l'état de débris dans cette couche, yest excessi- 
vement rarement bien conservée; nousn'avons puenavoir 

, . Q ! , [RC] 
qu'un seul échantillon parfaitement conservé : c'est celui 
dont nous donnons la figure. 


Voisine de l’Æ. Larteti Boissy (1), notre espèce en dif- 


(4) Magaz. Zool. 


— 305 — 


fère par sa forme un peu moins globuleuse , par son ou- 
verture proportionnellement moins arrondie et par son 
péristéme plus tranchant et moins réfléchi. 

Elle à de grands rapports avec l'A. nemoralis, mais 
elle en diflère par son ouverture moins arrondie et plus 
rétrécie, comme aussi par son péristome plus étendu et 
plus réfléchi. 

Sa coloration paraît avoir été entièrement analogue à 
celle de l'A. nemoralis, car nous en avons vu quelques 
fragments qui présentaient des restes de bandes colorées 
en brun, tandis que d’autres échantillons comme celui 
que nous avons fait figurer n’en présentent pas le moin- 
dre vestige. 


2. Hezix puLCHELLA (1). 


HÉLICE MIGNONNE. 


Entièrement semblable à l'espèce qui vit encore aujour- 
d'hui et que nous trouvons si abondante dans presque 
toute l’Europe et dans l'Amérique du Nord; cette espèce 
paraît avoir été plus rare dans le dépôt de Sansan : ôn 
en trouve néanmoins de temps en temps, mais la plu- 
part sont cassées. 


3. Hezix cosrarTa (2). 


HÉLICE COTTELLÉE. 


Très rare à Sansan; nous n'en avons rencontré que 
trois ou quatre échantillons, mais ils ne présentent pas la 
plus légère différence, lorsqu'on les compare avec les 
H. costata vivantes. 

Les côles assez profondément imprimées dans la co- 
quille fossile, dépourvue de son épiderme, sont une 


(4) Voir pour la Synonymie notre ouvrage sur les Mollusques de 
France. 


(2} Id. 


— 306 — 


bonne et nouvelle raison de séparer comme espèces les 
H. pulchella et costata. 


Observation. On rencontre à Sansan plusieurs autres 
espèces du genre {elix, mais elles sont tellement brisées 
qu'il n'est guère possible de les déterminer d'une manière 
certaine; aussi aimons-nous mieux les omettre, pour le 
moment, et attendre que de nouvelles recherches les aient 
fait suffisamment connaître. 


4®* genre CLAUSILIA.— CLAUSILIE. 
5. CLausizi1A? Larreru, tab. XV, fig. 4. 


Czausiz1E pe LARTET. 


Testa sinistrorsa, subeylindrica, subimperforata ; apice 
truncata, tenuiter et sat regulariter striata; aperturä 
ovalo-pyriformis, lamella superiore mediocri margini 
exteriori parüm approximata, lamella inferiore parum 
exsertà, plicis nullis anfractibus in adultis truncatis sub- 
quinis , paulatim accrescentibus planiusculis et suturä 
distinct separatis. 


Coquille sénestre, subcylindrique, presque imperforée, 
tronquée au sommet, dans l’âge adulte, finement et assez 
régulièrement striée; ouverture ovale-pyriforme; lame 
supérieure médiocre et assez éloignée de l'angle du bord 
extérieur, lame inférieure peu saillante et s’enfonçant en 
spirale dans l’intérieur de l'ouverture; plis du palais etlu- 
nulé nuls, ou du moins nous n'avons pas pu en découvrir 
de trace; cinq tours de spire, dans les individus adultes et 
ironqués ; la troncature me paraît, dans cette espèce, ne 
supprimer qu'un pelit nombre de tours, les tours supé- 
rieurs avant la troncature présentent une forme conique à 
sommet très obtus, lorsque la coquille est définitivement 
tronquée, les tours sont aplatis, s'accroissent assez insen- 
siblement et sont séparés par une suture bien distincte. 


— 307 — 


Habit. avec les espèces précédentes. Elle est rare; on 
n’en trouve avec le test que des fragments rapprochés du 
sommet de la spire; nous n'avons jamais vu les tours in- 
férieurs dans cet état : ce n’est qu’à l’état de moules qu'ils 
ont été rencontrés. 

Aussi n'est-ce qu'avec doute que nous rapportons cette 
espèce au genre Clausilie, puisqu'il nous a été impossible 
de vérifier si le Clausiliun y existe. Une autre raison qui 
nous fait douter aussi c'est que la lame supérieure est as- 
sez éloignée du bord externe : aussi serais-je assez porté 
à rapporter cette espèce au genre Megaspira Spinx. 

Quoi qu'il en soit, je la crois entièrement nouvelle, et 
si le genre est douteux, ilest, ce me semble, hors de doute 
que l'espèce ne soit bonne. 

On peut la rapprocher, par sa taille, des deux Clausi- 
lies décrites par M. Grateloup (1) et M. de Boïssy (2); 
mais il suffit de jeter un coup d'œil sur les figures de ces 
antennes pour voir qu'il y a une énorme différence entre 
Jeurs espèces et la nôtre. 


5"° genre. PUPA.— MAILLOT. 
1. Pura Larreru, tabl. XV, fig. 5. 


Maizzor DE LarTer. 


Testa dextrorsa, parva, ovata, ventricosissima, obtusa 
rimata, vix striatula, striis minutissimis sublente valido 
tanlüm perspicuis et irregulariter dispositis; aperturä 
transversèé subovatä, coarctatà, subquadridentatâ, dente 
altero lamelliformi in pariete aperturati obliquè e margi- 
ais externi angulo ad intüs provecto , altero columellari 
et binis palatalibus marginem externum attengentibus, 
quorum inferior superiore major, denticulis duobus inter. 


(1) Gonch. foss, du bassin de l’Adour. 
(2) Coq. de Billy, Mém. Soc, geol, 


— 308 — 


dentes palatales validos et dentem columellarem sitis ; 
peristomate subincrassato et rectiusculo, marginibus sub- 
approximatis; anfractibus 4-5 convexis, suturâ valdè 


perspicuâ separatis, inferiore maximo cateris omnibus 
subduplo majore. 


Coquille dextre, petite, ovale, très ventrue , obtuse, 
munie d'une fente ombilicale bien marquée, à peine 
striée; stries irrégulières et si fines qu'elles ne sont guère 
apparentes que par une forte loupe ; ouverture transver- 
salement subovalaire, resserrée, subquadridentée; une 
dent lamelliforme obliquement étendue de l'angle supé- 
rieur du bord externe vers l'intérieur de l'ouverture, où 
elle s'enfonce ; une autre assez avancée sur la columelle, 
et deux autres palatales arrivant jusqu’au bord externe et 
dont l'inférieure est plus grande que la supérieure; on 
voit, en outre, deux autres petites dents placées, l’une, 
entre la dent columellaire et la dent palatale inférieure, 
et l’autre, entre les deux dents palatales ; péristome droit 
et légèrement épaissi; bords assez rapprochés; l'extérieur 
brusquement coudé vers l’intérieur ; à sa partie supérieure, 
4-5 lours de spire bien convexes, séparés par une suture 
très marquée ; l'inférieur deux fois plus grand que tous 
les autres ensemble. 


Haut. 2 1/2, 3, diam. 2 mill. 


Habit. avec les espèces précédentes. 


Discussion de l'espèce. Le maillot que nous décrivons et 
qui doit, comme ia plupart des espèces suivantes, rentrer 
dans la section des ’ertigo, est certainement bien distinct 
de tous ceux qui vivent ajourd hui. Il est assez abondant 
à Sansan, pour que noùs ayons pu en avoir une cinquan- 
taine d'échantillons qui nous ont tous présenté la même 
forme générale et les mêmes détails dans l'ouverture. La 
forme et les dents lui donnent quelque ressemblance avec 


— 309 — 


le Pupa anglica (4), mais il en diflère par sa dent lamel- 
liforme très oblique, tandis que celle du Maillot an glais 
est presque perpendiculaire ; dans celui-ci, on voit aussi 
une seconde lame plus petite à côté de la première , ce 
qui n’a jamais lieu dans notre espèce; en outre, le Maïil- 
lot de Lartet est toujours beaucoup plus ventru; et enfin 
le dernier tour qui, dans le P. anglica atteint à peine la 
moitié de la hauteur totale de la coquille dépasse souvent 
les deux tiers dans le P. Lartetir. 

I] se rapproche aussi du P. Moulinsiana Dup. (2), mais 
il s'en distingue par sa dent lamelliforme oblique, tandis 
qu'elle est perpendiculaire dans le M. de des Moulins, dans 
ce dernier, d’ailleurs, la dent columellaire est plus petite 
que dans notre espèce. 


9. PupA ANTIVERTIGO. 


MAILLOT ANTIVERTIGO, 


Assez abondante à Sansan et entièrement identique 
avec l'espèce vivante. 


3. Pura Noureriana, tab. XV, fr. 6. 


Muizror pe Nourer. 


Testa ovato-elongata, dextrorsa, obtusa , rimata, vix 
striatula ; aperturâ subrotundatä, sub 5 dendata, dente 
altero lamelliformi vix obliquo in pariete aperturali ad 
angulum superiorem sito, binis columellaribus et binis 
palatalibus marginem externum subattingentibus, peri- 
stomate tenui, acuto et reflexo; marginibus sub approxi- 
matis ; anfractibus 5-6 convexiusculis; suturâ perspicuä 
separatis ultimo maximo, testæ mediam partem sub ef- 
formante. 


(4) Voir notre Hist. nat. Moll, de France, pl. XX, f, 7. 
(2) Idem, pl XX, f, 14. 


— 310 — 


Coquille ovale-allongée, dextre, obluse, munie d'une 
fente ombilicale presque recouverte par le bord columel- 
laire, à peine légèrement striée; ouverture à cinq dents 

lus ou moins lamelliformes bien marquées, dont une 
Jamelliforme, peu oblique, très saillante, striée vers l’an- 
gle supérieur de la paroi operturale; deux sur la colu- 
melle et deux autres palatales arrivant jusqu'au bord ex- 
terne. Outre ces dents, on voit souvent un nombre con- 
sidérable d’autres petites, placées entre les premières. 
Péristome mince, tranchant et réfléchi; bords assez in- 
clinés l'un vers l’autre; 5-6 tours de spire convexes et 
séparés par une suture assez bien marquée; le dernier 
très grand, formant à lui seul au moins la moitié de la co: 


quille. 
Hauteur, 2 2 172 mill.; diamètre, 1 1 174. 
Habit. avec les précédents, 


Cette espèce na de rapports avec aucune de celles qui 
vivent aujourd'hui. 


4 Pupa Irariana, Tab. XV, f. 7. 


Muirzor pIrar. 


Testa dextrorsa ovato-elongata, cylindrica, apice ob- 
tusa, vix rimata, et sublente tenuissimè et regulariter 
striatula ; aperturà semirotundatà , quadridentata, dente 
altero in parietis aperturalis medio, altero columellari 
superiüs sito et binis palatalibus immersis nec ad margi- 
nem exteriorem provectis; peristomate incrassato, subre- 
flexiusculo, acuto, externe validè marginato, marginibus 
callo lamelloso subunitis; anfractibus 6 paulatim accre- 
scentibus, suturâ perspicua separatis. 


Coquille dextre, ovale-allongée, cylindrique, obtuse 
au sommet , avec une fente ombilicale à peine marquée, 


très finement striée; stries régulières à peine visibles à 


— II — 


la loupe ; ouverture demi-ronde, quadridentée; une dent 
sur le milieu de la paroi aperturale, une autre vers le 
haut de la columelle, et deux autres palatales profondé- 
ment situées dans l'intérieur de l'ouverture, et réduites à 
deux callosités qui ne se prolongent jamais vers le bord 
externe ; péristome épaissi, subréfléchi, tranchant au 
bord, avec un fort bourrelet extérieur; les deux bords 
unis par une lame de callosité ; 6 tours de spire augmen- 
tant graduellement, presque aplatis et séparés par une su- 
ture bien marquée. 


Hauteur, 2 172 mill.; diamètre, 1 174. 


Habit. avec les précédentes ; mais il y est fort rare, 
car M. Lartet n’en a trouvé que deux échantillons. 

Cette espèce a des rapports avec le P. triplicata 
Stud. (1); mais, outre sa forme beaucoup plus cylin- 
drique, ses deux dents palatales s'en séparent de prime 
abord, puisque l'espèce du naturaliste de Berne n'en z 
qu'une seule. 


Pupa BLainvizzeana , Tab. XV, f. 8. 


MaizLzor DE BLAINVILLE. 


Testa sinistrorsa, ovata, subyentricosa, apice obtusa 
rimata, sublente irregulariter et oblique striatula aper- 
turâ rotundata, triplicata, dente altero in medio parietis 
aperturalis et binis palatalibus immersi et callosis; peri- 
stomate reflexiusculo incrassato, marginibus approxima= 
tis lamellä callosä unitis ; anfractibus 5 convexis, ultimo 
maximo testæ mediam partem efformante. 


Coquille sénestre, ovale, un peu ventrue, obluse au 
sommet, avec une fente ombilicale assez marquée, fine- 
ment et obliquement striée ; stries irrégulières et visibles 


(4) Icon. hist, Moll, de France, Tab, XX, f, 8, 


— 312 — 


seulement à la loupe; ouverture arrondie, tridentée ; 
une dent sur le milieu de la paroi aperturale, et deux au 
tres palatales réduites à des callosités profondément si- 
tuées dans l'intérieur ; péristome réfléchi , épaissi; bords 
rapprochés, inclinés l’un vers l'autre ; l'extérieur brus- 
quement coudé à sa partie supérieure, unis entre eux par 
une lame de callosité ; cinq tours de spire convexes et sé- 
parés par une suture bien marquée, le dernier très grand 
formant à lui seul plus de la moitié de la coquille entière. 


Haut. 2, diam. 1 1/4 mill. 


Habit. avec les précédentes, mais extrêmement rare 

P ; , 
puisque, jusqu'ici, nous n'en avons eu qu'un seul exem- 
plaire. 


Il ne peut être rapproché que du précédent, dont il dif- 
fère et par sa forme et par son ouverture. 


6° genre. GARYCHIUM. — CARYCHIE. 


1. CARYCHIUM MINIMUM. 


CARYCHIE PYGMÉE. 


Habit. avec les précédents, mais assez commun. Entié- 
tement semblable à l'espèce qui vit encore abondamment 
dans nos contrées. 


En résumé les coquilles fossiles trouvées à Sansan sont 
réparties entre six genres divers de la manière suivante : 
Une Limace, 
Trois Hélices, 
Une Clausilie ou Mégaspire, 
Cinq Maillots, 
Une Carychie. 


Parmi ces douze espèces observées, trois seulement vi< 
vent encore dans le voisinage de Sansan. 


— 313 — 


Onze présentent des formes analogues à nos formcs 


européennes. 
Une seule paraît devoir se rapprocher d’un genre de 


l'Amérique méridionale (1). 


Sur deux nouvelles espèces de coquilles trouvées par 
M. W. Crank. ( Magazine of natural history de 
M. JarD:xE (décembre 1849). 


M. William Clark trouva, dans le courant de l'été 1849, 
à Exmouth, sur la côte de Devou, deux espèces dé co- 
quilles nouvelles dont il a donné la description suivante, 
dans le Magazine of natural history de Jardine, numéro 
du mois de décembre 1849, Ces deux coquilles appartien: 
nent : l’une au G. Skenea et l'autre au G. F'usus: 


Skenea Cutleriana, Clark. 


Testa süborbicularis, albida aliquantulum producta, an: 
fractibus tribus spicaliter exaratis ; striis subtilibus, nudatrs, 
transversis, hic et illic sparsis, notata; sutura simplez ; 
apertura subrotundata, integra supernè in canalem brevis- 
simam desineus ; umbilicus inconspicuus ; margine columel- 


lari paululum obtectus. 
Animal et operculuim àd liuc latent. 
Long. et larg. circa 3 will. 
& Au premier abord, dit M. Clark , je pensai que cette 


» jolie petite espèce pouvait être l'hélix Serpuloides de 


(4) La planche relative à ces coquilles fossiles paraîtra dans le prochain 


Numéro: 


21 


EE À 


— 314 — 


Montagu, enveloppée d'obscurité jusqu'à présent, mais 
l'existence des tours, complètement striés , ne permet 
pas d'admettre cette opinion. Quant au Skenea divisa, 
que quelques conchyliologues regardent comme étant 
l'hélice Serpuloides, notre espèce en diffère par la forme 
plus globuleuse et par ses tours de spire distinctement 
striés; elle ne peut non plus être confondue avec la 
Margarita pusilla nouvellement découverte. 


« L'animal et l’opercule de la coquille que nous décri- 
vons n'ayant point été observés, elle peut être une 
Margarita, où une Ædeorbis, ou être rapportée au 
G. Skenea ou au Trochus subcarinatus. 

« Je préfére la placer provisoirement avec les Skenca, 
parce que le caractère de ce petit groupe, quoique ar- 
tificiel, consiste dans l’ouverture suborbiculaire, et 
dont l’ensemble est à peine interrompu à la partie 
supérieure par ün canal court et très petit. 


« Par ces mêmes raisons, je considère la Margarita 
pusilla et le Trochus subcarinatus, comme étant des 
Skenea ou des Adeorbis, ou tout autre nom qu’on vou- 
dra leur donner. Les ‘Trochidés ont toujours l’ouver- 
ture plus ou moins angulaire; et dans cette famille, 
aussi bien que dans les Margarita, elle n’est jamais en- 
tière et n’a point de trace de canal. Je ne connais point 
les Adeorbis, que je crois être un genre de TFrochidés : 
S'ils ont, comme ceux-ci, l'ouverture angulaire ; ee 
genre n’a point de rapport avec notre espèce. 


« Les Margarita vulgaris, pusilla, Skenea divisa, de- 
pressa, bicolor, ontun opercule corné mince, composé de 
trois tours larges, qui n'ont en rien l'aspect des tours 
nombreux, compactes et serrés de ceux des Trochidés. 


Fusus branscombi, Clark. 


Vesta elongata, pallide lutca, anfractibus octo repente 


315 — 


attenuatis ; varicibus validis novem striis spiralibus confer- 
tis perspicue cælata; sutura simplici; apertura subovalis, 
in canalem branchialem subrectam producta, superne vix 
emarainata. 


Animal ignotum ; operculum ? 
Long. 10 mill. larg. 3-4 mill. 
Cette espèce a, jusqu'à présent, été trouvée sur les 


mêmes fonds que la Skenea cutleriana : je ne saurais la 
comparer à aucune de ses congénères. 


De la Cuasse Aux Limacons sous les Tropiques, par M: 
Arraur Morecer (1). 


Les renseignements qui vont suivre sont adressés ex- 
clusivement aux voyageurs et aux marins qui manquent 
de direction ou d'expérience dans la recherche des Co- 
quilles. On a décrit des chasses plus piquantes et plus 
dramatiques, mais aucune assurément qui convienrnie 
mieux à l'esprit et au but de ce Recueil. 

Ce n’est pas que la chasse aux Limaçons manque pré- 
cisément du caractère d'aventure, dans les circonstances 
où nous l'envisageons ; je pourrais conduire le lecteur au 
sein des forêts primitives où la nature sauvage s'enveloppe 
d’une mystérieuse horreur; le conduire à travers les vas- 


(1) Si une abondance de matières d’un plus gränd intérêt n’y met obs: 
tacle, nous donnerons, dans le prochain numéro du Journal de conthy- 


liologie, une notice spéciale sur la recherche des coquilles marines ; fluvii- 
tiles et terrestres. S; P: 


— 316 — 


tes marécages où le soleil ardent pompe des germes de 
mort; lui montrer la trace récente des animaux féroces ou 
les anneaux du Trigonocéphale roulé dans les hautes her- 
bes; je pourrais , en un mot, lui peindre les hasards qui 
accompagnent, dans les pays lointains , tous les pas du 
naturaliste , surtout celui que de minutieuses recherches 
courbent plus assidûment vers le sol; mais je perdrais 
de vue le véritable objet de cet article, qui n’a d'autre pré- 
tention que celle de résumer un petit nombre d'observa- 
tions pratiques dans l'intérêt des Sciences naturelles. 

Les Mollusques terrestres sont des animaux nocturnès 
à divers degrés; la fraîcheur et l'humidité conviennent à 
la mollesse de leur structure et favorisent le jeu de leurs 
organes. La nuit, si l'obscurité le permettait, serait le 
moment propice pour leur donner la chasse. Pendant le 
jour, il faut les découvrir dans les retraites variées qui les 
abritent : sous les pierres, les feuilles mortes, sous les 
troncs ren versés, à l'ombre des rochers et dans leurs cre- 
vasses, à moins que l'humidité de l'atmosphère ne les 
invite à rester au dehors. En général, la retraite diurne 
de ces animaux est celle que le hasard leur offre. C’est 
sinsi que les feuilles imbriquées des Aloës ou des Agaves, 
cachent souvent des hélices qui s’y arrêtent pendant l’ar- 
deur du jour ; que le bois de Campêche recèle habituelle- 
ment des Bulimesetdes Achatines, dans les cavités innom- 
brables qui accidentent son tronc, etc. On peut faire naï- 
tre de nouvelles chances de succès, en créant soi-même 
des abris temporaires dans les localités que l’on veut ex- 
plorer à fond; par exemple, en y abandonuant des plan- 
ches , des fagots; en y semant de grosses pierres, en ÿ 
roulant un tronc d'arbre, etc. : ce sont de véritables pié- 
ges, surtout dans les prairies et dans les savanes, où la 
multiplicité des graminées permet difficilement d'aperce- 
voir les petites espèces. 

Certains Mollusques, mais en petit nombre, montrent, 


— 317 — 


dans le choix de leur retraite, un instinct particulier qu'il 
n'est pas inutile de signaler. Aïnsi, les dunes mouvantes 
de la Casse, en Algérie, sont fréquentées par une petite 
Hélice assez voisine de lZ. Turbinata, qui s'enfonce, pen- 
dant le jour, à une profondeur de plusieurs centimètres, 
jusqu'à ce qu'elle ait rencontré humidité saline absor- 
bée par la capillarité du sable. 

Il y a néanmoins une petite quantité de Mollusques 
terrestres dont l’organisation semble moins délicate, et 
qui supportent sans inconvénient les rayons ardents du 
soleil, Je ne m'y arrête que pour faire remarquer l’enve- 
loppe épaisse, mate et blanchâtre dont la nature les a 
pourvus. Les grands Pupas des Antilles, les Hélices Can- 
didissima, irregularis, ete., sont dans ces conditions. Au 
contraire, les Fee qui se dérobent soigneusement à la 
lumière du jour sont minces, souvent diaphanes, et parti- 
cipent à cette loi générale qui revêt les animaux noctur- 
nes de couleurs tristes et uniformes. Les nuances les plus 
brillantes appartiennent à celles qui vivent dans les fo- 
rêts splendides où l'éclat de la lumière est tempéré par 
de magnifiques ombrages, et où l'humidité constante de 
l'atmosphère permet à ces animaux de remplir leurs fonc- 
tions au grand jour, Cependant je dois avouer que ces 
observations ne sont point absolues, et que la nature 
échappe encore ici, par plus d'une exception, aux règles 
que nous croyons avoir surprises. 

La majeure partie des Mollusques terrestres s'enfouit 
profondément pendant une partie de l’année, et les recher- 
ches alors deviennent extrêmement difficiles. Dans les 
pays où la température est inégale, comme l'Europe 
et les Etats-Unis, c'est le froid qui suspend chez eux 
l'activité vitale; sous les Tropiques, c’est la sécheresse 
qui produit ce phénomène. Ils s'enfoncent alors isolément 
ou en famille, selon leur genre et parfois selon leur espèce, 
dans les profondeurs du sol, en profitant des accidents et 


— 318 — 


en choisissant les terres légères dont la résistance leu& 
offre moins d’obstacle. C'est à la racine des arbres ou des 
haies, à la base des rochers, où s’accumule la terre végé- 
tale, sous les décombres, au pied des plantes marines 
qu'ils cherchent un asile. Néanmoins l'action du froid est 
plus complète que celle de la chaleur; car, partout où le 
thermomètre ne s'abaïsse pas au-dessous de zéro, on voit 
un certain nombre d'espèces persister, pendant toute 
l’année, dans ses habitudes : c'est ce qui a lieu sous les 
Tropiques. 

Après avoir puisé ces généralités dans la nature même 
du sujet, j'en déduirai quelques autres des circonstances 
qui accompagnent son existence. 


L'observation m'a prouvé que les Mollusques terrestres 
préfèrent un sol calcaire à tout autre terrain. Je n'en cher- 
cherai pas la cause : c'est une question que j'ai traitée 
ailleurs (1). Je me borne à constater un fait que j'ai véri- 
fié en Europe , en Afrique eten Amérique. C'est au sein 
des montagnes calcaires que le chasseur rencontrera les 
espèces les plus diversifiées et le plus grand nombre d'in- 
dividus. En général, larégion montagneuse, quelle quesoit 
la constitution minéralogique du sol, nourrit plus de co- 
quillages que la plaine ; les espèces, en outre, se modifient 
souvent, comme les végétaux , à diverses hauteurs. C’est 
donc droit aux montagnes que le naturaliste doit mar- 
cher, s’il veut être dédommagé de ses peines ; l'explora- 
tion commencera avec les premières ondulations du sol. 
Partout où le rocher se montre, le regard doit se prome- 
ner avec attention; les pierres qui gisent sans adhérence 
doivent être retournées : c'est là surtout, sur la face 
inférieure, que se cachent, pendant le jour, les petites 
espèces. Les mousses, lorsque le terrain en produit, doi- 
vent être visitées minutieusement; les vieilles écorces 


Q) Descript, des Moll. du Portugal. 


— 319 — 


doivent être soulevées ; les feuilles sèches dispersées, etc, 
Dans la saison pluvieuse, la tâche est beaucoup plus facile: 
les Mollusques jouissent alors de la plénitude de leurs fa- 
cultés; on les voit, surtout le matin, fixés aux feuilles 
des arbres, suspendus à leurs troncs ou rampant sur le 
sol humide. 

Il est une autre région qu'aflectionne particulièrement 
un nombre limité de Mollusques terrestres : je veux par- 
ler de la zône maritime. Est-ce l'huinidité saline qui fixe 
ces animaux sur un rivage souvent dénué: d'abri? Je le 
crois d'autant plus volontiers que, dans les pays chauds, 
la période de sécheresse n'apporte aucun changement à 
leur manière de vivre. Gest ainsi que les grands Papas 
jonchent, par milliers, le littoral des Antilles, à l'époque 
Ja moins favorable de l'année. Cette influence incontesta- 
ble exerce son action partout où l’abaissement de la tem- 
pérature ne vient pas la paralyser, Nous pouvons lob- 
server en Europe où les conchyliologues ont classé, dans 
une tribu méditerranéenne les espèces qui y étaient sou- 
mises. La qualification plus large de tribu maritime expri- 
merait mieux, peut-être, ce genre de relation. Quoi qu'il 
en soit, les bords de la mer, surtout dans les parties ro- 
cheuses, doivent fixer l’attention du voyageur qui débar- 
que : cette première exploration le conduira à des résul- 
tats qui diffèreront sensiblement de ceux qu'il obtiendra 
dans la montagne. 

Les savanes intermédiaires ne sauraient étre absolu- 
ment négligées, surtout dans la saison pluvieuse ; les gen- 
res y sont peu variés, excepté à l'approche des montagnes; 
ou y trouve, le plus habituellement des Bulimes qui se 
distinguent de loin, sur les hautes tiges des graminées. 

Les forêts présentent plus de ressources dans les clai- 
rières accessibles à la lumière que dans les taillis trop ser- 
rés, où l'air ne circule pas et où règne un crépuscule éter- 
nel, Lorsquelles sont entrecoupées de marécages, les 


Mollusques s'en écartent et n'y multiplient pas : ils se 
réunissent au contraire en grand nombre, partout où la 
végétation est entremélée de rochers. La configuration 
du sol joue encore ici un rôle important, et les bois acci- 
dentés l’emportent de beaucoup sar ceux qui s'étendent 
uniformément dans la plaine. 

_‘Telles sont les données principales qu'une observation 
répétée sur divers points du globe m'a permis de recueillir 
et que joffre à la méditation du chasseur : il peut être 
certain, en appliquant ces règles, d'économiser un temps 
précieux et d'obtenir des résultats nouveaux sur un grand 
aombre de points qui ont été explorés à l'aventure. 


Des cozzecrions en histoire naturelle, et notamment 
en CONCHYLIOLOGIE, par M. Perir DE LA SAUSSAYE. 


Ce n’est point dans un journal spécialement consacré 
aux études conchyliologiques qu 1] sera nécessaire de com- 
battre sérieusement cette sorte de défaveur, dont quel- 
ques personnes frivoles ont parfois voulu frapper ce 
qu'elles appellent la manie des collections : cet anathème 
innocent, ridicule, lorsqu'il cache une certaine prétention 
à la supériorité de l'esprit, n’a point empêché la maladie 
de se répandre partout, et toujours en raison du progrès 
intellectuel des sociétés modernes. Nos lecteurs, atteints 
comme nous de la contagion, ne trouveront donc pas 
mauvais que nous nous abstenions d'énumérer ici les 
avantages qu offrent pour l'étude de l’histoire naturelle, 
non pas seulement les vastes établissements des capitales, 
mais les cabinets plus modestes des villes secondaires, et 


se 


+ 


plus encore peut-être les collections des simples parlicu- 
liers: quand à ceux-ci, on ne rend pas loujours justice 
entière à leurs eflorts, ou plutôt, dirons-nous, il arrive 
parfois que nos amateurs n'apprécient pas complétement 
la nature des services qu'ils pourraient rendre à la 
science, s'ils donnaient à leurs efforts une bonne direc- 
tion, et s'ils cherchaient les moyens d'atteindre le but en 
limitant leurs sacrifices saus diminuer Ja source de leurs 
jouissances. 

Il nous a semblé que, sans sortir des conditions que 
nous nous sommes imposées en fondant le Journal de 
Conchyliologie, nous pourrions y prendre une petite place 
pour soumettre à nos souscripteurs quelques réflexions 
que nous 6nt suggérées sur cette matière notre opinion 
de collecteur et nos relations avec des personnes plus 
versées que nous dans la science. 

La Conchyliologie comprenant l'étude des mollusques, 
des coquilles vivantes et des coquilles fossiles présente au- 
jourd'hui un champ sans bornes à explorer : le nombre 
des espèces connues est déjà très considérable, et il s'ac- 
croît sans cesse, à ce point que le savant le mieux placé 
et le plus infatigable n’embrasse qu'avec une sorte d'ef- 
froi l’ensemble des matières qui se rattachent à cette bran- 
che del'histoire naturelle, dont aucune partie, cependant, 
ue doit lui rester étrangère: la tâche qu'il a entreprise 
lui devient chaque jour plus épineuse et plus lourde, car, 
chaque jour, abondent de nouveaux matériaux à étudier, 
et aussi de nouveaux ouvrages à compulser : il lui faudrait, 
pour tenir sa collection au courant et sa bibliothèque au 
complet, une fortune princière, qu'il n’a pas, et il ne 
peut y suppléer, même imparfaitement, qu'en sacrifiant 
une portion du temps qu'il destinait à ses travaux. 

Si telle est la situation trop réelle du conchyliologue 
entouré des richesses scientifiques qu'on trouve dans une 
grande capitale, combien sera plus défavorable encore ka 


— 322 — 


position de l'amateur qui aura eu la pensée de chercher, 
dans la formation d'une collection générale de coquilles, 
un moyen d'occuper agréablement ses loisirs, en donnant 
à ses sacrifices un résultat utile : Il ne se sera pas livré 
longtemps à ce plaisir sans y trouver un altrait assez 
puissant pour lui faire acquérir bientôt des connaissances 
assez élendues ; or, celles-ci feront naître en lui le désir 
d'accroître le nombre de ses espèces, et bientôt le besoin 
de les étudier dans des ouvrages en général d'un prix très 
élevé: cependant, plus il réunira d'espèces dans ses ti- 
roirs, plus, par ses études, il y remarquera de vides à 
combler; et, en même temps que les dépenses s’accroï- 
tront, arriveront les regrets d'avoir voulu trop entrepren- 
dre, puis les dégoûts, et enfin l'abandon à vil prix d'une 
collection incomplète qui aura néanmoins été payée bien 
cher. 

Si nous traçons un tableau aussi sombre des désap- 
pointements qui peuvent atteindre un collecteur impru- 
dent, ce n'est pas à dire que nous veuillions détourner nos 
confrères d'une étude favorite, qui, restreinte dans cer- 
taines limites, leur procurerait des jouissances non moins 
vives, et leur permettrait de se rendre utiles à la science 
sans se voir entraînés dans des dépenses exagérées : 
Beaucoup d'amateurs, au surplus, n'ont point attendu 
ces avertissements pour entrer dans la voie que nous al- 
lons indiquer, et nous aurions de nombreux exemples, 
des autorités notables à citer à l'appui de conseils que 
nous n'adressons évidemment qu'à des collecteurs jeunes 
ou inexpérimentés. À ceux-ci nous dirons : 

» Mesurez vos forces, consultez vos ressources avant 
» d'entreprendre de former une collection générale de- 
» vant comprendre Jes coquilles vivantes, les coquilles 
» fossiles, les espèces marines, les fluviatiles et les ter- 
» restres; remarquez que s'il doit vous être très utile de 
» connaître les rapports qui lient les grandes divisions, 


_—388f— 


les familles et même les genres, il ne vous est pas aussi 
indispensable d'avoir sous les yeux cette multitude 
d'espèces qui entrent aujourd'hui dans le domaine de 
la Conchyliologie. 11 vous suffira de posséder d'abord 
une collection de genres, que vous ne parviendrez 
même pas à former si promptement que vous n'ayez 
pendant longtemps quelque chose à trouver : Lorsque 
vous aurez obtenu ce résultat, vous vous sentirez tout 
naturellement porté à donner la préférence à quelqu’une 
des familles que vous aurez observées soit en raison de 
la richesse des couleurs des espèces de celle-ci, soit à 
cause des variétés de formes qu'on rencontre dans tel 
autre groupe. Saisissez avec empressement cette indi- 
cation, et, vous mettant à l’œuvre, attachez-vous uni- 
quement à réunir les espèces propres à la famille que 
vous aurez adoptée : Vous éprouverez bientôt un vif 
plaisir à augmenter le nombre de ces espèces, que 
vous pourrez vous procurer sans être obligé à de 
trop grandes dépenses : avec du zèle et de la persé- 
vérance, vous parviendrez à compléter ainsi une col- 
lection spéciale, que l’on consultera avec un véritable 
intérêt ; enfin, vous pourrez vous-même en faire un 
objet d'études sérieuses, en vous procurant à peu de 
frais un petit nombre de monographies. » 

C'est en suivant cette marche prudente et rationnelle 


que M. G. Récluz est parvenu à former dans quelques 
genres, et notamment dans les g. Nerita et Neritina, des 
collections importantes qui l'ont mis à même de publier 
sur cette famille des travaux dont nos lecteurs peuvent 
aujourd'hui apprécier toute la valeur. Si nous ne crai- 
gnions d’être indiscrets, nous pourrions multiplier nos 
exemples; mais nous croyons avoir signalé d’une manière 
suffisante les avantages qu'un amateur intelligent trou- 
vera à restreindre dans certaines limites les collections 
conchyliologiques qu'il entreprendra de composer. 


 — 


il est une autre méthode adoptée aussi par un assez 
grand nombre de personnes qui ont sagement subor- 
donné leur zèle pour la science aux ressources bornées 
dont elles pouvaient disposer : nous voulons parler des 
collections contenant seulement les coquilles particu- 
lières à une contrée plus ou moins circonscrite, collec- 
lions que nous appellerons géographiques. Il est inutile 
de faire remarquer que l'attrait que l'amateur trouve à les 
former n'entraïîne pour ainsi dire ni peine ni dépense, 
lorsqu'il habite Ja localité : Aussi voyons-nous se multi- 
plier en France ce genre de collections, qui offrent l'in- 
contestable avantage de faire connaître successivement 
nos richesses conchyliologiques, surtout en ce qui con- 
cerne les fossiles, les coquilles terrestres et les coquilles 
fluviatiles, qui ont fait l'objet de travaux spéciaux d'un 
vrai mérite. À cet égard , nous n'aurons pas besoin de 
stimuler un zèle dont les résultats seront signalés dans 
un résultat bibliographique, que M. l'abbé Dupuy a eu 
la bonté de nous promettre; mais nous profiterons de 
l'occasion pour appeler l'attention de ceux de nos jeunes 
conchyliologues qui habitent le littoral de notre pays sur 
les services qu'ils pourraient rendre en s’occupant plus 
particulièrement des coquilles marines propres à nos 
côtes. 

MM. de Gerville, Bouchard-Chantereaux , Collard 
Descherres, Payraudeau, etc., ont donné, il est vrai, des 
catalogues des mollusques marins observés par eux sur 
les côtes de la Manche, à Brest, en Corse ; mais ces tra- 
vaux remontent déjà à des époques un peu éloignées, et 
ils ne sont pas complets : On a trouvé, depuis, beaucoup 
d'espèces qu'ils n'ont pas mentionnées, et, si nous en ju- 
geons par les découvertes que les Anglais ont faites chez 
eux, nos côtes de la Manche doivent être plus riches 
qu'on ne le pense. Nous n'avons presque rien sur les 
mollusques des côtes de l'ouest de la France, depuis 


— 395 — 


Brest jusqu à Bayoune, et nous pourrions en dire autant 
de notre littoral méditerranéen : Il y a donc là de très 
ütiles recherches à faire, et c'est tout à fait rentrer dans 
le sujet que nous voulions traiter, que d'engager noscon- 
frères des ports à combler de fâcheuses lacunes en s’atta- 
chant à réunir avec soin les mollusques marins qu'ils ont 
en quelque sorte sous la main. Les petites espèces et les 
bivalves sont principalement celles dont on s’est peu oë- 
cupé jusqu à présent, et parmi lesquelles un collecteur aë- 
tif trouverait certainement des objets d'étude d'un grand 
intérêt. En réunissant ainsi toutes les espèces (avec leurs 
variétés) propres à une localité, à l'exclusion de celles de 
toute autre provenance, un simple amateur serait bientôt 
possesseur d'une coilection précieuse, qui serait consul- 
iée avec d'autant plus d'empressement, que les conchylio- 
logues savent aujourd'hui à quel point des notions exactes 
sur la distribution géographique des mollusques facili- 
tent la classification et la détermination des espèces. 
Nous ferons à ce sujet un semblable appel aux conser- 
valeurs des cabinets d'histoire naturelle de nos villes ma- 
rilimes, et nous inviterons chacun d'eux à former, en 
dehors de leur collection générale, une collection spéciale 
des espèces propres au littoral avoisinant : ils groupe- 
raient, de cette manière, sur différents points, des maté- 
riaux importants, qui rendraient facile l'exécution d'un 
grand travail vivement désiré : l'histoire des productions 


des côtes de la France. 
S. Perir. 


— 326 — 


Tasceau méthodique et descriptif des Mollusques ter- 
restres et d'eau douce de l’Agenais, par M. J.B. 
Gassiss ; 1 vol. in-8° (1849). 


M. Gassies a publié, l’année dernière , sous le titre ci- 
dessus, la description des Mollusques terrestres fluviatiles 
qui se trouvent dans les environs de la ville d'Agen qu'il 
habite. L'auteur, à qui ce travail a demandé neuf années 
d'études, ne s’est pas borné à présenter une simple nomen- 
clature des espèces ; il a fait connaître les caractères exté- 
rieurs des animaux, en même temps qu'il donnait la des- 
cription de la coquille; il y a aussi ajouté le résultat de 
ses observations personnelles, au nombre desquelles il en 
est de fort intéressantes, notamment celles quil a faites 
sur le Bulimus decollatus; sur ses habitudes, son mode 
d’accroissement et sur les moyens que l'animal emploie 
pour se débarrasser des tours supérieurs de la spire de sa 
coquille. : 

On trouve représentées sur quatie planches coloriées 
avec soin, plusieurs espèces nouvelles ou peu connues; 
‘lu moins comme variétés. 


Les premières sont : 


Limnæa  Trencaleonis, Gassies. 
Limnæa  Mouletiana, id. 
Anodonta  Gratelupeana, id. 


Pisidium  Grassiesianum, Dupuy. 
Les secondes sont les suivantes. 


Arion Empiricorum, Fer. 


Limnæa  Opata. Var. Pellucida, etvar. Crassa: 


A DNS 
Paludina’  Diaphana, Mich. 
Valvata Minuta, Drap. 
Unio Requienui, Mich. 


Cyclas Caliculata. Var. Mancillare. 


L'intéressant travail de M. Gassies est précédé d’une 
note sur les mots techniques en usage en conchyliologie, 
d'observations sur la recherche et la conservation des 
Mollusques et de considérations sur l'anatomie, l'embryo- 
génie et les maladies de cette classe d'animaux. Ce petit 
volume, qui contient cependant plus de 200 pages, estun 
de ces ouvrages qu'if est bon de faire connaître : car il sera 
utile à tous ceux qui se livrent à l'étude de la Conchylio- 
logie, et il sera indispensable à ceux qui s'occupent plus 
particulièrement des coquilles propres à la France. 

On ne saurait trop louer les personnes qui, comme 
M. Grassies, consacrent quelques loisirs à l'étude sérieuse 
des productions naturelles de leur pays; et nous engage- 
rons vivement ce laborieux conchyliologue à poursuivre 
ses recherches : car il est très probable qu'avec sa persé- 
vérance et avec l’expérience qu'il a déjà acquise, il trou- 
vera de nouvelles occasions d'étendre le domaine de lx 
science. 


D: -P; 


A M. le Rédacteur du Journal de Conchyliologie: 


Monsieur le Rédaeteur, 


M. Deshayes m'ayant attribué, par inadvertance, d'a- 
voir fait l'observation d'un Taret vivant extrait du bois 


— 328 — 


qui est parvenu à sécréter un nouveau tube calcaire com- 
plet (1), je dois, pour rendre hommage à la vérité, rap- 
porter à l'auteur véritable, M. Eydoux, médecin de la 
marine et mon délégué, au port de Toulon, ce fait qui a 
une double importance , que j'ai cherché à établir, dans 
une communication faite à la Société philomatique de 
Paris. En outre de cette réclamation , j'ai encore rectifié 
cette erreur involontaire de M, Deshayes, dans mon Mé- 
moire sur les Tarets , inséré dans ce même numéro de 
votre journal. (7oir la page 250.) 


Veuiliez agréer, etc. 


L. Laurenr. 


(4) Voir la pag. 33 du n° #+° du Journal de Conchyliologi-. 


— GT Q Re — + 


ERRATA. 


Pag. 236, ligne 6, ajoutez : o’, orifice postérieur de Pappareill: 
Même pag., ligne 25, lisez: fig. 43 et 14; 


i5 Décembre 1850, 


A NE AO ER OR OR AO OA DNA OR AO AA AR OR AR AT RAR AR ON AU AN MON AA A PR A AR AA EE A A EN AN EN On fm 


Recuerces sur les mœurs des Tarets, par M. L. Lau- 
nenr, docteur ès-sciences, en philosophie et en mé- 
decine ; ancien professeur d'anatomie, etc. (1). 


(2° et dernier article.) 


Etudes de mœurs des T'arets relatives à leur nutrition et à 
la conservation de leur vie comme individus. 


En exposant les faits relatifs aux particularités des mœurs 
des Tarets concernant leur première introduction dans 
les bois, nous avons déjà indiqué qu'en perforant et en 
creusant les bois, ils en avalent les molécules, qui consti- 
tuent la plus grande partie de leurs excréments. Nous 
aurons donc à examiner pour quelle part les molécules 
ligneuses contribuent à leur nourriture. Mais devant ex- 
poser les signes extérieurs au moyen desquels on peut 
saisir les particularités des mœurs de ces animaux relati- 
ves à toutes leurs fonctions nutritives, nous aurons à exami- 
ner successivement ce qui a trait {°à l'absorption de l’eau et 
à leurs diverses excrétions, 2° à leur respiration aquatique, 
3° à leurs fonctions digestives. On doit prévoir d'avance 
que nous ne pouvons et ne devons point entrer ici dans 
une description particulière des phénomènes physiolo- 
ques de toutes ces fonctions. Nous nous proposons seule- 
ment d'exposer succinctement les résultats de nos obser- 
vations, corroborées par celies de M. Eydoux, sur ce point 
de l'histoire des mœurs des Tarets. 

Dans l'exposé succinet de ces observations, il importe 


(4) Voir pages 250-276, 
22 


— 330 — 


de faire connaître 1° les circonstances dans lesquelles sont 
placés les animaux qui en sont le sujet ; 2° les signes éthi- 
cologiques ou des particularités de mœurs qu'elles nous 
ont fournis, 3° comment on peut en tirer des consé- 
quences scientifiques, en les rattachant aux principes po- 
sés ci-dessus. (77. p. 255-258.) 

A. Circonstances. Gelles dans lesquelles les Tarets sont 
placés natureilement sont très variables. C'est, en géné- 
ral sur le littoral de la mer, plus ou moins tourmenté 
par les mouvements des marées, par des courants et par 
les chocs des lames ou des flots qui remuent plus ou moins 
profondément les galets, la vase et le sable, qu'on peut 
observer ces Mollusques, qui peuvent même vivre et se 
reproduire dans des circonstances défavorables, pourvu 
au'ils puissent y trouver des bois pour s’y établir. 

Pendant le cours de nos voyages sur mer, ayant eu 
l’occasion de visiter des bois recueillis sous voile à une 
très grande distance de la terre, nous n'avons jamais ob- 
servé que ces bois, quiétaientdes pièces de mâture, fussent 
piqués par des Tarets. Nous n’y trouvions que des bala- 
nes et des fucus. Tout ce qu'on connaît des mœurs des 
Tarets porte donc à croire que, dans aucun cas, ces ani- 
maux ne peuventêtre considérés comme pélagiens, en rai- 
son de ce que, lors même qu'on trouverait en pleine mer 
divers bois piqués par des Tarets (portions d'arbres entraî- 
nés par des fleuves, épaves et pièces de mâture neuves), 
on devrait les considérer comme ayant pu être transpor- 
tés plus ou moins au large par les grands mouvements et 
les courants des grands fleuves et de la mer, soit norma- 
lement, soit à la suite d’ouragans ou de tempêtes et de 
grandes inondations. On ne doit donc point s'attendre 
à faire des observations sur les T'arets en mer: il serait 
possible de faire quelquesrecherches sur les rades foraines; 
mais c’est particulièrement dans les rades et les ports, plus 
ou moins bien fermés (lorsque les aflluences d’eau douce 


— 331 — 


plus cu moins pure ou fétide ne se mélangent pas en très 
grande proportion à l'eau de mer, de manière à tuer ces 
Mollusques), qu'on peut se livrer à des études fructueuses. 

L'étude particulière des localités dans lesquelles les 
Tarets peuvent vivre a semblé, à quelques ingénieurs de 
la marine française, pouvoir permettre la distinction en 
deux catégories, savoir : 

1° Les localités dans lesquelles les Tarets peuvent con- 
tinuer de vivre, mais sans se reproduire. 

2° Celles dans lesquelles ïis peuvent en même temps 
vivre et se propager. 

Nous aurons occasion de prouver que, dans aucun cas, 
si ce n'est très exceptionnellement, cette distinction pour- 
rait être admise. 

Les études de quelques points du littoral de la France, 
que les instructions relatives à notre mission scientifique 
nous prescrivaient d'explorer, et celles que nous avons 
avons cru devoir y ajouter, proprio motu, nous ont con- 
duit naturellement à constater les résultats suivants : 

Ie Il convient, dans l'étude des mœurs des Tarets sur 
les lieux dans lesquels ils exercent leurs ravages, d'établir 
d'abord la distinction des rades, ports et darses en ceux 
à marée et ceux sans marée, et d'avoir égard en même 
temps à la situation de ces ports, soit sur le littoral de la 
mer, soit sur un fleuve à une distance plus ou moins 
grande de son embouchure, soit enfin en même temps 
sur le littoral de la mer ct à l'embouchure d’un ou de 
plusieurs fleuves. 

II° Au moyen de ces premières distinctions, auxquelles 
on doit joindre une étude topographique détaillée, on 
on peut facilement apprécier trois ordres de circonstan- 
ces qui sont les suivantes : 

1° Les affluences des eaux de la mer, en ayant égard 
aux mouvements de la marée, aux vents régnants et aux 
saisons, selon les climats. 


— 332 — 

3° Les afiluences des divers cours d'eau douce, depuis 
les plus grands jusqu'aux plus petits, soit permanents, soit 
temporaires, en ne négligeant point la qualité de l’eau, soit 
pure, soit plus ou moins putride. 

30 La conformation des lieux (relief du sol et sinuosi- 
tés du rivage) et surtout les divers établissements formés 
dans ces lieux pour les besoins de la marine militaire, et 
pour ceux de la marine commerciale et pour les pêches. 

HI Enfin toutes les données qu'on recueille, en étu- 
diant avec soin les distinctions et les circonstances que 
ous venons d'indiquer, fournissent les moyens d’appré- 
cier les circonstances biologiques dans lesquelles les Ta- 
rets peuvent ou ne peuvent pas vivre ou se reproduire. 

Il nous suffit, ici, de distinguer ces circonstances en 
favorables, en mixtes et en défavorables. Les détails sub- 
séquents qui nous seront fournis par l'étude des signes 
éthicologiques nous permettront bientôt de les apprécier 
expérimentalement. 

B. Signes éthicologiques. Les malacologistes, familiarisés 
avec les connaissances acquises en anatomie et en physio- 
logie des Mollusques en général, avec les mêmes notions à 
l'égard des Mollusques acéphalés et avec celles de la famille 
des Tubicolés de Lamarck, sont ainsi mis sur la voie des 
déterminations nécessaires pour apprécier le genre d’exis- 
tence et les habitudes des animaux de cette dernière fa- 
mille, parmi lesquels les Tarets occupent un rang assez 
remarquable entre les Gastrochènes et les Pholades. Mais 
lors même que les données fournies par l'anatomie et la 
physiologie comparée des Mollusques ne seraient point 
acquises, tout observateur judicieux reconnaîtrait facile- 
ment que Îles eaux de la mer et l'intérieur des bois doi- 
vent fournir aux Tarets et aux autres Mollusques Xylo- 
phages, tout ce qui est nécessaire à leur vie nutritive. On 
sait que le bois creusé en une seule galerie par chaque 
individu sert d'habitat étroit dans lequel l'animal se 


ZA EE 


trouve néanmoins à l'aise pour y remplir et exécuter tou- 
tes ses fonctions. Il peut, en effet, s’y mouvoir en s’allon- 
geant pour appliquer ses deux coquilles, en forme de ta- 
rière, contre le fond de la galerie, et s’en servir pour creu- 
ser sur ce point et enlever, en l’avalant, la rapure : et c’est 
ainsi que la galerie, toujours plus grande dans cette por- 
tion correspondante à l'extrémité orale de l'animal, se 
trouve prolongée et se prête ainsi à l’accroissement pro- 
gressif du Taret. La plupart des malacologistes et des 
observateurs sont tous d'accord sur ce point. Le Taret ne 
sort pas et ne pourrait même sortir de son habitat ligneux, 
pour aller chercher sa nourriture; aussi est-il entièrement 
dépourvu de moyens de locomotion générale et transla- 
tive, et il ne peut qu'exécuter sur place les mouvements 
d'élongation et de rétraction de son corps, pour s’appli- 
quer contre le fond de sa loge, ou s'en éloigner dans cer- 
tains cas, qui constituent une particularité de ses mœurs 
encore peu conrues. 

Ces réflexions sur le lieu dans lequel chaque individu 
du genre Taret et de plusieurs espèces de la famille des 
Tubicolés de Lamarck est emprisonné fatalement, étaient 
convenables pour faire mieux sentir la nécessité indispen- 
sable de toutes les conditions d'existence que les eaux de 
la mer fournissent à ces animaux. Nous avons étudié les 
Farets sous le point de vue de leurs fonctions nutritives 
dans trois états ou situations, afin d'avoir à cet égard des 
résultats positifs et négatifs confirmatifs les uns des autres. 
: Ges trois états ou situations sont : 1° l’état naturel, 2° l'ani- 
mal extrait du bois et placé dans l’eau de mer, 3° l’ani- 
mal dans le bois ou hors du bois et placé dans l'air. 

Observations sur les signes extérieurs des fonctions 
nutritives des Tarets dans leur état naturel; c'est-à-dire 
laissés dans les bois et dans l’eau de mer pure et renouve- 
lée soigneusement. On sait que ces animaux, étudiés par 
un très gran] nombre d'observateurs, font sortir près 


SAS 

de l’orifice extérieur, en général petit, de leur loge, deux 
longs tubes ou siphons qui sont absolument semblables à 
ceux d’un très grand nombre d'espèces de Mollusques acé- 
phalés. Ces siphons, qui sont très longs et très saillants 
en dehors de l'orifice du bois, lorsque l’animal est tran- 
quille, et pendant le beau temps, rentrent et ressortent 
fréquemment, lorsqu'on l'inquiète, ou bien ne saillent 
que très peu en dehors de l’orifice du bois, ou même res- 
tent béans au niveau de cet orifice. De toutes les parties du 
corps du Taret, il ne paraît donc à l'extérieur que les deux 
siphons qui, de même que dans tous les Mollusques acé- 
phalés, remplissent les fonctions, l’un (l’inférieur) de tube 
afférent, et l’autre (le supérieur, plus petit,) de tube eflé- 
rent. Le premier introduit dans le corps de l'animal les 
matériaux nutritifs, et le deuxième rejette tout ce qui doit 
sortir de leur organisme. Il arrive aussi, quelquefois, que 
ces deux siphons, rapprochés ou écartés, sécrètent une 
sueur mucoso-calcaire qui forme alors une tube calcaire 
extérieur simple ou double et saillant au-delà de l'orifice 
ou trou du bois. 


Ces trois faits (introduction de l'eau par le tube afférent, 
rejet des matériaux excrétés par le tube efférent, et quel- 
quefois formation d’un tube calcaire, fonctionnant comme 
étui protecteur des siphons) peuvent être considérés 
comme trois signes éthicologiques extérieurs qui peuvent 
très bien servir à la détermination des fonctions nutriti- 
ves qui s’accomplissent dans toute la partie du corps de 
l'animal plus ou moins profondément cachée dans le bois. 


1° L'eau introduite par le tube afférent parcourt tout 
le canal cutané, constitué par le manteau fermé en des- 
sous du corps de l'animal, et arrive jusqu'au fond ligneux 
de la galerie. 


Cette eau étant aérée est le véhicule de l'air qui sert 
à une respiration brarchiale aquatique; elle tient cons- 


— 335 — 


animent en suspension les molécules provenant du dé- 
tritus des corps organisés marins et des animaux ou des 
végétaux microscopiques ; et ces molécules, provenant de 
l'extérieur, se joignent aux molécules ligneuses de la ra- 
pure du bois sans cesse ramolli ou macéré par l'eau pour 
constituer aliment habituel des Tarets. Cette déglutition 
des molécules alibiles venant du dehors ou provenant du 
fond de la galerie ligneuse n'est point observable directe- 
ment, mais il devient facile de la constater, en étudiant 
les phénomènes subséquents que nous allons bientôt 
exposer. On peut préalablement déterminer, par l'obser- 
vation microscopique, l'existence des molécules organi- 
ques et celle des animaux et des végétaux microscopiques 
que l’eau de mer contient, et étudier également, sous 
le microscope, les molécules des bois dans lesquels vivent 
les Tarets, après avoir détaché ces molécules au moyen 
d'uue lime très fine. Cette étude préalable des matériaux 
présumés nutritifs des Tarets aura bientôt son application. 

Si l’eau de mer introduite par le tube afférent fournit à 
l'animal les matériaux nécessaires pour la respiration et 
pour la digestion, on est en droit de penser qu’en outre 
de la portion de cette eau mêlée aux substances alibiles, 
une autre portion de celle qui baigne toute la périférie 
des siphons, du canal des branchies, et de la cavité du 
manteau qui enveloppe la masse des viscères digestifs 
et reproducteurs, est absorbée par les tissus périfériques 
de ce canal, et pénètre dans l'intérieur de l'organisme pour 
entretenir, dans tous les autres tissus vivants, leurs pro- 
priétés vitales. 

Lrois grands phénomènes physiologiques (respiration, 
digestion et imbibition des tissus vivants), nonobstant 
l'impossibilité de voir les Tarets respirer, digérer et ab- 
sorber de l’eau, sont cependant indiqués à l'extérieur par 
le besoin plus où moins vif qu'éprouve le Taret de faire 
pénétrer l'eau de mer dans son corps, au moyeu de son 


==.330 
tube aflérent dont l'orifice, garni de papilles, s'épanouit 
pour l'aspiration de l’eau et se resserre pour fermer le 
passage aux corps étrangers non imoléculaires. Ce qu'on 
est en droit de soupçonner à cet égard peut, au reste, être 
confirmé en étudiant les matériaux expulsés par le tube 
efférent ou le siphon supérieur plus petit. 

2° L'étude de ce qui sort par ce siphon en fournit l'énu- 
mération suivante savoir : d'abord l’eau, qui après avoir 
servi à la respiration, a besoin d’être renouvelée, puis- 
qu'elle contient de l’air vicié par cette fonction, ensuite 
les matières fécales, résidu de la digestion stomacale et 
intestinale; quelquefois des mucosités excrétées par le 
canal du manteau , et enfin les produits de la génération 
que nous étudierons en traitant de la propagation des 
Tarets. 

L'excrément de la respiration ou l'eau viciée ne peut 
être démontré que par l'expérience, en asphyxiant ces 
animaux au moyen d’une nappe d'huile à la surface de 
l'eau de mer contenue dans les vases où sont placés les 
bois remplis de Farets vivants. 

Mais l'excrément de la digestion étant solide et sous 
forme d'un bol fécal cylindroïde, on peut en recueillir 
une très grande quantité, On y distingue d'abord, à la vue 
simple, ensuile à la loupe, et enfin au microscope, les 
molécules ligneuses des bois ravagés par ces animaux, et 
ces molécules qui constituent la plus grande partie de ces 
excréments sont mélés aux résidus des autres substances 
organiques apportées par l’eau venue de l'extérieur. Les 
résultats de ces observatisns confirment donc ce que l’é- 
tude préalable de l’eau de mer et des bois limés et non 
ingérés a dà fournir à ces résultats d'observations micro- 
graphiques comparatives; il faut encore joindre ceux que 
peut fournir l’analyse chimique comparative des substan- 
ces alibiles avant et après leur ingestion et leur rejet; 
mais ces données fournies par l'observation microsCOpi- 


— 337 — 


que et par l'analyse chimique appartiennent plutôt à la 
physiologie comparée et peuvent être négligées dans des 
études de mœurs. 

Attendu que ce n’est qu'éventuellement et dans des 
cas de maladie que les deux tubes ou siphons des Tarets 
peuvent rejeter des flocons ou des amas de mucosités plus 
ou moins abondantes, il n’y a point lieu de s'arrêter à la 
considération de ce phénomène exceptionnel; mais toute 
la peau externe des Mollusques, en général, sécrélant un 
suc mucosocalcaire qui, dans les Acéphalés, en forme les 
coquilles et leurs annexes, il importe beaucoup d'avoir 
égard à la formation du tube calcaire, simple ou double, 
qui, se prolongeant au-delà de l'orifice du bois, sert d’étui 
aux deux siphons. 

3° Quoique ce fait soit exceptionnel, attendu qu'il se 
produit, à l'extérieur du bois, dans des Tarets parfaite- 
ment sains, nous pensons qu'on peut et qu'on doit même 
le considérer comme un signe éthicologique qui indique 
à l'extérieur ce qui s'effectue dans les autres régions de la 
peau qui sont cachées dans le bois. On sait, en eflet, 
qu'en outre de l’excrétion mucosocalcaire du rebord anté- 
rieur de la portion du manteau qui entoure la bouche et 
le pied tronqué des Tarets, il se fait dans tous les Mol- 
lusques de ce genre, une autre excrétion mucosocalcaire 
sur toutes les autres parties de leur peau externe. C'est à 
l’excrétion du rebord antérieur du manteau qu'est due la 
formation de la coquille bivalve, relativement si petite et 
si courte dans toutes les espèces de Tarets; tandis que 
l'excrétion mucoso-calcaire fournie par toute la peau, au- 
delà, et en arrière de la coquille, forme le tube calcaire 
adhérent au canal ligneux qui nous a paru devoir étre 
considéré comme représentant simplement la lame in- 
terne et blanche des coquilles de tous les Mollusques en 
général, Nous reviendons , au reste , bientôt sur ce sujet 
et nous bornons là l'étude des signes éthicologiques four- 


pan 

nis par l'observation des Tarets dans leur état naturel, 
c'est-à-dire vivant en pleine santé dans les bois, placés 
dans des vases contenant de l’eau de mer renouvelée fré- 
quemment et ne montrant à l'extérieur que leurs siphons. 

Nous passons maintenant à l'étude des Tarets extraits 
du bois et susceptibles de vivre quelques mois dans des 
vases contenant de l’eau de mer très propre et renouvelée. 


Observations sur les signes extérie rs des fonctions nutri- 
tives des Tarets extraits du bois et placés dans l'eau de 
de mer fréquemment renouvelée. 


Il ne paraîtra pas inutile d'indiquer ici les précautions 
que nous avons dû prendre pour extraire les Tarets des 
bois sans les blesser. 

Attendu qu'on détruit et qu'on déchire un très grand 
nombre de ces Mollusques, lorsqu'on fend les bois qui en 
sont remplis, d'abord avec la hache, ensuite avec des coins 
en fer ou en bois qu'on enfonce avec des marteaux, nous 
avons été conduits à éviter une très grande partie de ces 
inconvénients, en formant des pièces de bois de quinze 
centimètres d'épaisseur, avec des planchettes très minces 
(chacune de trois millimètres et un mètre de longueur). Ces 
planchettes étaient fasciculées et fortement pressées Îles 
unes contre les autres; et lorsque les pièces de bois, 
préalablement divisées en planchettes très minces, ontété 
exposées à l'action des Tarets, il a été possible, en écar- 
tant les planchettes, après avoir enlevé l'appareil qui les 
pressait l’une contre l'autre; il a été possible, disons-nous, 
d'obtenir ainsi un très grand nombre de ‘Farets entiers, 
bien vivants et très sains, en raison de ce que ces animaux 
avaient le plus généralement travaillé dans la Jongueur du 
bois entre deux planchettes, de manière à ce que cha- 
cune d'elles portait la moitié de l'empreinte de la galerie. 
Quelques Tarets pourtant avaient percé le bois perpendi- 
culairement à la longueur de ses fibres, 


— 339 — 

On voit que, par ce procédé expérimental, on peut 
ouvrir les bois piqués par des Tarets vivants comme on 
ouvre, en les séparant, les feuillets d’un livre. Ce résultat, 
que nous avions prévu, et qui permet d'obtenir des Tarets 
dans les conditions les plus favorables pour les observer 
après leur extraction du bois, a été confirmé par la véri- 
fication qui en a été faite par M. Eydoux , en novem- 
bre 1848. 

Les Tarets extraits avec soin du bois et placés dans des 
vases contenant de l’eau de mer propre et renouvelée, en 
sont toujours retirés nus et dépouillés de la totalité de 
leur tube calcaire, qui reste adhérent au bois. Dans quel- 
ques cas seulement ces animaux entraînent avec eux quel- 
ques portions de leur tuyau calcaire, soit du milieu, soit 
celle qui recouvre les siphons. 

Ces animaux, soit complétement nus, soit recouverts 
de quelques fragments ou segments de leur tube, nonobs- 
tant la pureté de l’eau de mer etla température favorable de 
la belle saison, ou celle d’un appartement non froid, n'en 
sont pas moins dans des circonstances insolites qui, sans 
nuire à leur existence et à leur santé, ralentissent au 
moins tous les phénomènes de leur vie. 

Il convient de distinguer ces individus extraits du bois 
en ceux d'une vitalité moindre, ceux assez vigoureux 
et ceux qui ont le plus d'énergie vitale. 

A l’époque où nous faisions ces observations (1845 
et 1847), c'était sur des individus de l'espèce Teredo 
senegalensis, ou d'Adanson, que nous opérions; et les 
individus que nous recueillimes étaient de la première 
catégorie, c'est-à-dire les moins forts ; aussi les trois faits 
que nous avons constatés à l'extérieur, sur Îles T'arets 
vivant dans le bois, ont été modifiés ainsi qu'il suit : 

{° Le courant de Peau entrant par le siphon afférent, 
moins rapide et moins fréquent, porte bien dans l'animal 
l'eau aérée pour la respiration et les molécules alibiles 


— 340 — 


pour la digestion, en outre de l'eau nécessaire pour l'im- 
bibition des tissus, mais, comme nous allons le voir, le 
Faret est privé de la substance nutritive fournie par des 
molécules ligneuses et imprégnées d’eau, et mêlées à d’au- 
tres substances organiques. 

2 Le courant de l’eau sortant par le siphon efférent 
porte bien au dehors de l'animal l'eau viciée par la respi- 
ration et des molécules imperceptibles, résidu des feces 
de la digestion, mais on ne recueille aucun bol fécal for- 
mé par les molécules ligneuses, surtout lorsque le Taret 
est depuis quelques jours extrait du bois ; aussi l'animal 
diminue de volume et de taille graduellement, mais len- 
tement. 

3° Toute la peau externe laisse suinter une couche de 
mucosité plus ou moins abondante, et l'on voit à travers 
cette peau translucide le cœur (ventricule et ses deux 
oreillettes), dont les pulsations semblent être ralenties, 
de même que les autres fonctions : ce qui est indiqué par 
les mouvements lents et peu fréquents des deux siphons 
que le Taret n’allonge et n'épanouit que très rarement. 

Dans les individus extraits du bois et moyennement 
vigoureux, toujours placés dans les mêmes circonstances; 
le ralentissement de tous ces phénomènes physiologiques 
est moindre; mais d'après les observations propres à 
M. Eydoux, la sueur ou l'excrétion cutanée plus abon- 
dante, fournit une mucosité calcaire suffisante qui se mou- 
lant sur le corps de l’animal, devient un tube calcaire très 
mince et plus ou moins incomplet. Mais dans un certain 
nombre d'autres Tarets, appartenant à l'espèce Teredo 
senegalensis , ou d'Adanson, chez lesquels le ralentisse- 
ment des fonctions vitales était moindre, et qui ont sem- 
blé à M. Eydoux tenter de ronger les morceaux de bois 
qu'il mettait auprès d'eux, la sécrétion de la peau fournit 
une matière mucoso-calcaire assez abondante pour former 
un nouveau tube calcaire complet dans lequel l'animal 


MUR Den 


se retire, se renferme complétement, du côté de la bouche, 
au moyen d'une cloison épiphragmaire complète, et se 
relire aussi du côté des siphons, en y formant des cloisons 
incomplètes, pour laisser sortir, au besoin, ses deux tu- 
bes charnus. Nous avons constaté que le même phéno- 
mène doit se passer chez les Tarets vivant dans les bois, et 
que, dans certains cas, dont les conditions sont ignorées, 
ces animaux semblent être dans un état d’hibernation, puis. 
qu'on voit, dans des morceaux de bois criblés de Tarets, 
leur tube calcaire, fermé du côté de la bouche par plusieurs 
cloisons épiphragmaires, ce qui indique le retrait succes- 
sif du corps de l'animal de ce côté, puisqu'on trouve éga- 
lement un très grand nombre de cloisons calcaires incom- 
plètes du côté des siphons. 

Les observations de M. Eydoux, jointes à celles que 
nous avons faites sur les tubes calcaires cloisonnés des 
Tarets, renfermés dans le bois, nous semblent suffisantes 
pour admettre que les Tarets, plus ou moins âgés, sont 
sujets à l'hibernation. 

Il ÿ aura lieu de déterminer ultérieurement les circons- 
tances qui président à cette particularité de mœurs de 
ces animaux, et den constater la durée, si cela est possible. 


Observations sur les signes négatifs des fonctions nutritives 
des T'arets retirés de l'eau de mer. 


Ces animaux, retirés du milieu ambiant où ils vivent, 
doivent être distingués en ceux qui sont dans le bois, 
ceux qui en ont été retirés, et enfin ceux qu'on peut alter. 
nativement retirer du bois et y replacer. 

Lorsqu'ils sont hors de la mer, ces animaux, encore 
dans le bois, ou en ayant été retirés, peuvent être recou- 
verts de sable ou de vase qui, dans le second cas (animal 
hors du bois), comprime et aplatit le corps du Taret, qui 
ne tarde pas à mourir. Mais dans le premier cas (animal 


dans le bois), toutes les fonctions nutritives sont suspen- 
dues ou trés ralenties , surtout si l’humidité du sol y fait 
pénétrer l'aliment de la respiration (un peu d’eau aérée). 
Hors de l’eau de la mer, le Taret adulte, placé dans sa 
loge dans un boïs plus ou moins humide et sur un sol plus 
ou moins impréoné d'eau, et en contactavec l'air, dans les 
climats divers et pendant les différentes saisons, n éprouve 
qu'un ralentissement de ces fonctions nutritives les plus 
nécessaires à la vie, et il est probable que la manducation 
et la digestion sont suspendues, soit pendant l'intervalle 
des marées, soit pendant tout le temps du séjour des bois 
humides qui renferment des ‘Farets vivants, sur un sol 
et dans un air plus ou moins humide. Dans ces cas, l’ani- 
mal, quoique vivant, même pendant plusieurs jours, ne 
sort point des siphons et ne donne aucun signe extérieur 
de vie. 

Lorsque les bois, soit nus, soit recouverts d'algues ma- 
rines, ne sont plus recouverts d'eau de mer, pendant le 
jusant, ou lorsqu'on les a retirés de l’eau, les très jeunes 
Farets à l’état de larve peuvent encore vivre pendant plu- 
sieurs heures, et même pendant plusieurs jours, si la su- 
perficie des bois dans lesquels ils se sont nichés conserve 
son humidité entretenue par celle des fucus et des algues 
marines, surtout pendant les saisons et dans les climats 
pluvieux. Mais dans tous ces cas, lorsqu'une nappe d'eau 
de mer ne recouvre pas les bois, les fonctions nutritives 
sont au moins ralenties, sinon complétement suspendues. 

Enfin, lorsque les Tarets adultes et les três jeunes à 
‘état de larves sont extraits du bois et placés dans l'air, la 
partie du corps des premiers qui est à uu et sans tube 
calcaire s affaisse, s'aplatit, laisse suinter l’eau qui imprè- 
gneses Lissus vivants, et la dessiccation qui s'opère plus ou 
moins rapidement, dans un air plus où moins sec, sus- 
pend ou détruit toute l'activité vitale de l'animal. Nous 
a'avons point encore expérimenté si, de même que cer- 


— 343 — 
tains Mollusques, les Tarets, desséchés lenteinent, sont 
susceptibles d'être rappelés à la vie : ce qui ne serait pas 
impossible, en prenant certaines précautions. 

On concoit très facilement que les larves de Tarets 
extraites du bois et placées dans un air plus ou moins 
humide ou sec, se cachent complétement sous leur co- 
quille embryonnaire qui recouvre entièrement leur corps, 
et que l'action desséchante de l'air a d'abord moins de 
prise sur eux. En se cachant sous cette coquille, pour se 
dérober à l’action nuisible pour eux de l'air, ils suspen- 
dent toutes leurs fonctions nutritives, qu’on peut alterna- 
tivement ranimer et raviver ou ralentir, en leur rendant, 
ou leurretirant l’eau de mer; etdans ce cas, ce sonttoujours 
les deux siphons, lafférent surtout, qui donnent à l’exté- 
rieur les signes positifs ou négatifs de ces fonctions plus 
ou moins nécessaires à la vie de ces animaux. 

Les phénomènes de l'hibernation et de la possibilité 
de résurrection des Tarets adultes et de ceux à l’état de 
larve nous semblent, en l’état actuel de la physiologie et 
de l'éthicologie comparées, mériter de fixer l'attention des 
observateurs et des expérimentateurs, en raison de Fim- 
portance de lapplication des connaissances qu'il serait 
urgent d'acquérir, sur ces deux points, aux sciences z0olo- 
giques ét aux arts industriels. 


Conséquences qu'on peut tirer des études qui précèdent. 


En rattachant nos observations sur les mœurs des Ta- 
rets relatives à leurs fonctions nutritives, aux circons- 
tances diverses dans lesquelles ces animaux peuvent vivre, 
il devient maintenant facile d'apprécier la nécessité de 
la distinction de ces circonstances en favorables, en mixtes 
et en défavorables à la vie de ces animaux. 

Les premières sont évidemment : 1° l'abondance de 
l'eau de mer, dont la pureté est entretenue par les 
mouvements des marées, ceux des courants et ceux des 


7e 


flots, ete.; 2° la présence des bois, quelles que soient leur 
essence , leur dureté ou leur mollesse , leur fraîcheur ou 
leur vétusté et même leur décomposition ; 3° l’absence de 
leurs ennemis, qui sont très nombreux el parmi lesquels 
figurent surtout les Annélides, un grand nombre d'es- 
pèces de crustacés, parmi lesquelles figure au premier 
rang la Limnoria terebrans. 

Les circonstances défavorables ou contraires à la vie 
des Tarets sont toutes les causes qui altèrent la pureté de 
l'eau de mer (affluences d’eau douce pure ou putride), 
les fonds vaseux , la stagnation et le retrait permanent 
de la mer, le manque de bois pour s’y micher et la pullu- 
lation des animaux qui les attaquent et s'en nourrissent. 

Les circonstances mixtes sont nécessairement les alter- 
nances périodiques ou irrégulières de ces influences, les 
unes favorables , les autres défavorables , auxquelles il 
faut joindre les tempêtes, les ouragans qui détruisent une 
portion des constructions hydrauliques fixes, qui, en dis- 
persant les débris de navires, en tuent d’une part un 
très grand nombre, et, d'autre part, disséminent ceux 
qui vont pulluler dans d'autres localités (1). 

Une autre conséquence de ces études nous semble de- 
voir être, dans un avenir plus ou moins éloigné, l'insti- 
tution d’un système d’'expérimentation sur les Tarets et 
les autres animaux nuisibles aux bois et aux matériaux 
employés dans les constructions hydrauliques et navales. 
Ce système d'expériences scientifiques , relatives aux 
mœurs de ces animaux et aux applications qui devraient 
en être faites au perfectionnement de la malacologie et 
des autres branches de la zoologie, ainsi qu’à l'économie 
du matériel des grands services publics, pourrait être ex- 
posé et développé dans des cours en même temps théo- 


(1) Voyez , au sujet de l'apparition et de la disparition des Tarets 
dans quelques parties des côtes de l'Angleterre , le Mémoire de Wil- 
liams 1 hompson, inséré dans le nouveau Journal philosophique d’Edin- 
burg, 1835, 18° vol. 


LE — 


riques, pratiques et critiques chez les nations maritimes 
de l'Europe, quien reconnaîtront plus ou moins prochai- 
nement la nécessité, 

Enfin, la conséquence scientifique qu'on peut en tirer 
le plus immédiatement doit être, sans contredit, de com- 
parer les données fournies par ces études de mœurs avec 
celles de l'anatomie et de la physiologie comparées des 
Mollusques en général, et principalement des Mollusques 
acéphalés et surtout de la famille des Tubicolés de La- 
marck. Mais, si la comparaison des études de mœurs des 
Tarets relatives à leurs fonctions nutritives avec celles 
qu'on peut faire sur le même sujet dans d’autres familles 
malacologiques, doit être d’une utilité incontestable, 
cette utilité se fait encore plus vivement sentir, lorsqu'il 
s agit de l'étude des mœurs des Tarets relatives à leur re- 
production ou à leur propagation. 


Etudes de mœurs des Tarets relatives à leur propagation ou 
à la conservation de leur vie comme espèce. 


Nous avons déjà constaté que les Tarets qui appartien- 
uent au groupe des animaux dont l'individualité isolée 
est bien distincte, et qui sont fixés dans un lieu et un ha- 
bitat duquel ïls ne doivent et ne peuvent plus sortir, 
n offrent à l'observateur qui étudie leurs mœurs relatives 
à leurs fonctions nutritives, qu'un petit nombre de phé- 
nomènes extérieurs, qui sont cependant des signes éthi- 
cologiques suffisants pour, à l’aide de ce qu'on sait en 
anatomie et en physiologie comparées des Mollusques acé- 
phalés, en déduire des notions assez positives à l'égard 
de toutes les fonctions relatives à la conservation de la 
vie comme individu; et l’on doit déjà présumer qu'il en 
sera de même à l'égard des fonctions relatives à la vie 
comme espèce, c'est-à-dire à tous les phénomènes dont 
la succession constitue l'acte de la reproduction et de la 


pro pagation à 
23 


— 346 — 


Voici à quoi se réduit le petit nombre de signes éthico- 
logiques des fonctions de la reproduction, dont les unes 
s'effectuent dans la portion du corps de l’animal cachée 
dans le bois, et dont les autres se passent à l'extérieur et 
dans l'eau de mer placée autour des pièces de bois plus 
où moins ravagées par les Tarets. 

Ces signes, dont l'interprétation doit être faite avec 
prudence, sont : 1° les mouvements de deux siphons qui 
saillent du bois, et surtout ceux du siphon supérieur où 
le plus petit (1); 2 l'expulsion de petits corps sphériques 
jaunes entraînés par le courant qui sort du siphon supé-- 
rieur et cflérent (2); 3° les mouvemens qu'exécutent bien- 
tôt ces corps jaunes, que nous avons déjà fait connaître 
comme étant les très jeunes Tarets à l’état d'embryons par- 
faits et naissants, qu'on a pu considérer comme des sor- 
tes de larves de ces animaux, ce que nous avons dit en 
traitant Ja question de leur introduction dans les bois. 

1 Eur. Mouvements des siphons. Parmi les premiers 
observateurs qui ont étudié les mœurs des Tarets, il s'en 
est trouvé (V, le mémoire de Rousset sur les Tarets, 1733) 
qui, croyant que les sexes étaient séparés chez ces Moilus- 
ques, avaient pensé que les individus mâles etles individus 
femelles, rapprochés dans l'intérieur des bois qui en sont 
remplis, se inettaient en reiation pour l’acte générateur , 

(4) Pour justifier la dénomination de siphon supérieur donnée au 
siphon excréteur, qui est aussi le plus petit, il faut, quelle que soit la 
position des bois dans la mer et celle d’un Taret dans l’intérieur de ces 
bois, il faut, disons-nous, supposer que l’animal extrait du bois, ou laissé 
dans son habitat, est placé horizontalement devant l’observateur et que, 
dans cette position, toute ia partie du corps où se trouve la charnière de 
la coquille et le cœur, partie considérée comme le dos de l’animal, soit 
dirigée èn haut ou vers le ciel. 

(4) Nous n’avons jamais vu sortir par ce siphon un liquide blanchôtre 
contenant des zoospermes. Il nous estarrivé, deux ou trois fois seulement, 
de recueillir pres du corps des Tarets, extraits du bois et placés dans des 
vases contenant de l’eau de mer, une petite quantité d’un liquide vis- 


queux blanchâtre qui, étudié sous le microscope, ne nous a présenté que 
des globules et des granules très petits. 


— 347 — 
etqu'en rapprochant jusqu'au coutact leur siphon, ils exé- 
cutaient une sorte de copulation, et qu’ils pouvaient même 
s’exciter réciproquement soit à la sécrétion, soit à l’ex- 
pulsion des produits reproducteurs (œufs et zoospermes), 
ce qui pouvait bien être ; mais ce n'était là qu'une hypo- 
thèse dont la vérification n’a pu être faite. 

Si l'on pouvait parvenir à démontrer que les sexes sont 
réellement séparés dans toutes les espèces du genre Ta- 
ret, les mouvements et le contact de ces siphons ne se- 
raient même pas une condition sine qui non , pour l'ex- 
pulsion des deux produits générateurs (œufs et zoosper- 
mes), en admettant que les Tarets soient ovipares et que 
Ja fécondation des œufs se fasse à l'extérieur, ce qui a 
lieu, en effet, chez un assez grand nombre d'espèces de 
Mollusques acéphalés, dont la dioïcité ou séparation des 
sexes est maintenant bien constatée. 

D'après nos observations fréquemment répétées, les 
mouvements des deux siphons, et surtout ceux du siphon 
excréteur, n'auraient aucune signification relative au phé- 
nomène de la reproduction, et il y aurait lieu seulement 
de s'enquérir de la position et des degrés d'allongement 
et peut-être de quelques mouvements du siphon excré- 
teur, pendant qu’il expulse les corps jaunes sphériques 
en les rejetant à une distance plus ou moins grande de 
l'extrémité de ce siphon. 

2° Far. Æxpulsion des produits nécessaires à la re= 
production. Nous venons de constater que les siphons, 
qui sont les seules parties des Tarets visibles à l’exté- 
rieur, ne donnent aucun signe qui puisse faire croire à 
une véritable copulation, et nous avons fait remarquer 
qu'un véritable accouplement n'est pas nécessaire chez 
les Mollusques acéphalés dioïques, chez lesquels, en gé- 
néral, on ne peut reconnaître les sexes et différencier 
les mâles des femelles au moyen de quelques signes ex 
térieurs (différences de taille, de forme extérieure et dé 


— 348 — 


celle des siphons). Il re reste donc que le deuxième fait, 
c'est-à-dire l'expulsion des produits reproducteurs, qui 
puisse guider d'une manière certaine un observateur dans 
la recherche des particularités de mœurs relatives à ce 
fait. Mais, si les T'arets renfermés dans le bois ne four- 
nissent aucune autre indication , pourrait-il en être diffé- 
remment à l'égard des Tarets extraits du bois et pouvant 
vivre dans des vases contenant de l’eau de mer , en ad- 
meéltant que ces animaux ne se recouvrent point d'un 
rouveau tube calcaire , qui cacherait de nouveau toute 
la partie de leur corps dans laquelle se passent les prin- 
cipaux actes de la reproduction. 

Tout le corps de ces Farets, assez vigoureux pour vi- 
vre hors du bois un temps plus ou moins long dans l'eau 
de mer, restant toujours nu, ne nous a offert, dans les 
nombreux individus de l'espèce Teredo Senegalensis ou 
d'Adanson, que nous avons observés, d'autre signe exté- 
rieur, c'est-à-dire visible à travers la peau, plus ou moins 
transparente , autre chose que l'existence d'un organe 
qui nous a toujours semblé devoir être considéré comme 
un véritable ovaire ou, mieux encore, comme une glande 
hermaphroditesemblable à celle des Hélix etdes Limaces, 
etM. Deshayes, toutensignalant les nombreuses particula- 
rités qui constituent des différences assez remarquables 
dans l'anatomie des Tarets, qu'il a publiée dans la partie 
zoologique de l'expédition scientifique de l'Algérie, s’est 
aussi cru fondé à considérer le seul organe glandulaire 
annexé au foie comme un ovaire (1). 

Les recherches anatomiques de M. Deshayes , et l’im- 
possibilité où il s’est trouvé d'observer des individus pré- 
tendus mâles, et de trouver, en Algérie, en état de repro- 
duction, l'espèce qu'il nomme Teredo navalis (2), ne lui 


(4) Voyez Exploration scientifique de l'Algérie (Zoologie, classe des 


Mollusques, p. 6{ et 62). 
(2) Cette espèce, dont les palettes sont ovales, est celle décrite par la 


— 349 — 


ont pas permis d'en étudier les produits reproducteurs 
ailleurs que dans l'ovaire ; mais, dans tous les individus 
de cette espèce , qu'il a disséqués et observés, au besoin, 
sous le microscope, il n'a vu que les œufs, et il ne dit 
rien des zoospermes. 

Quant à nous, il nous a été possible de trouver en 
imême temps les ovules et les spermatozoïdes, quoique ra- 
rement, et, si nous n'avons pas insisté sur la nécessité de 
bien mettre en lumière ce fait de la co-existence des ovu- 
les et des zoospermes chez tous les individus que nous 
observions, c'est que notre croyance à l'hermaphrodisme, 
non de tousles Mollusques acéphalés, mais bien sur un 
assez grand nombre de genres et d'espèces des animaux 
de cette classe, nous paraissait fondée non-seulement sur 
quelques observations directes qui nous avaient paru suf- 
fisantes, mais encore sur l'indispensable nécessité où se 
trouvent les œufs d'être fécondés chez les T'arets, peut- 
être dans l’ovaire même, par un mécanisme physiologi- 
que encore ignoré. Cette opinion repose sur des faits très 
nombreux et facilement vérifiables, que nous avons ob- 
servés sur la véritable espèce Teredo navalis, qui pullule 
dans les rades de Brest et de Toulon. Voici quels sont les 
faits très nombreux qui nous semblent, jusqu'à présent, 
devoir légitimer l'opinion ou, mieux , l'interprétation 
scientifique que nous avons cru pouvoir en donner. 

Nous ferons d'abord remarquer que ces faits n'ont pu 
encore être observés sur l'espèce Teredo Senegalensis 
(Teredo navalis de Deshayes et Teredo Deshaïesii de Qua- 


plupart des malacologistes et par M. de Blainville, sous le nom de Tered 
Senegalensis, Tarct du Sén‘gal ou d’Adanson, qui en a donné une très 
bonne figure, et par M. Dellechiàje, sous la dénomination de Taret de 
Brugnière (Voyez Mémoire d’Adanson, lu à l’Acad. des sciences, en 1756, 
et inséré dans le Recueil des mémoires de l’Académie royale des sciences, 
année 1759, p. 249 et suiv. ; du même auteur, voyage au Sénégal, arti- 
cle ConQues MuLtiVALVES, p. 260-268, publié en 1759. Voyez, en outre, 
Dellechiaje, Animali sensa vertebra, Vol, 4, p. 21-28.) 


— 300 —. 


trefages) par aucun observateur, n1 même par MM. Des- 
hayes et de Quatrefages, qui ont cependant eu l'occasion 
de l'étudier, le premier en Algérie, et le deuxième au 
port du Passage ; car l'espèce que M. de Quatrefages 
nomme Taret fatal, qu'il a trouvé au port du Passage, 
en Espagne, semble être toujours la même que le Taret 
d'Adanson ou du Sénégal ou n’en être qu’une variété; 
c’est du moins ce qui nous a paru ressortir de sa descrip- 
tion. Ainsi, M. de Quatrefages aurait non-seulement 
commis la même erreur que M. Deshayes, en prenant 
le Taret d'Adanson pour le Taret naval de la majorité 
des auteurs et de M. de Blainville, mais il aurait encore 
considéré à tort comme une espèce distincte son Taret 
dit fatal du port du Passage, qui n’est tout au plus 
qu'une variété du Taret du Sénégal. On reconnaîtra en 
l'état actuel de la malacologie combien il peut être im- 
portant de bien caractériser cette espèce, le Teredo Sene- 
galensis, que nous avons étudiée à Toulon, à Hières, à 
Bandols, à Lorient et à Brest, parce que, quoique nous 
l’'ayons observée avec soin pendant plusieurs mois de 
l’année sur le littoral de la Méditerranée et sur celui de 
l'Océan, nous ne l'avons jamais trouvée en état de repro- 
duction, c’est-à-dire contenant des embryons de Tarets 
plus ou moins avancés dans leur développement et ex- 
pulsant ceux en état de passer à la vie indépendante. Et 
c’est précisément celte même espèce, sur laquelle 
MM. Deshayes et de Quatrelages n'ont jamais observé, 
dans l’intérieur du corps, les embryons plus ou moins dé- 
veloppés et surtout à l'état de larves. M. Deshayes n’a vu 
que des œufs dans l'ovaire des T'arets de celte espèce; 
mais M. de Quatrefages, qui croit que, sinon toutes, du 
moins la plupart des espèces du genre Taret sont ovipa- 
res et à sexes séparés, a vu non-seulement Îles œufs et les 
z00spermes dans les organes génitaux, mais encore ayant 
eu occasion d'observer les embryons qu'il nomme des 


— 391 — 


larves et qu'il dit séjourner dans le canal branchial du 
Taret pédicellé du port du Passage ; il dit à ce sujet : 
« Je rai constaté ce que je viens de dire du sejour des 
» larves dans le canal branchial que chez le Taret pé- 
» dicellé, ont la PoNTE se fait évidemment à une autre 
» époque que celle du Taret fatal (Teredo Senagalen- 
» sis); » et il ajoute : « Celui-ci ne n'a montré pendant 
» tout l'hiver des œufs et des zoospermes que dans lin- 
» térieur de l’organe reproducteur (7. Ann. des Sc. 
» Natur., 3° sér., T. XI, p, 36.—1849). » Nous avons 
cependant remarqué qu’en s’occupant des études em- 
bryogéniques des Tarets, M. de Quatrefages semble 
avoir eu occasion d'observer les embryons ou les larves 
de son Taret fatal, puisqu'après avoir établi, dans le dé- 
veloppement des embryons des Tarets, plusieurs pério- 
des dont la quatrième, est celle qu'il nomme Wie intra 
branchiale, dont la durée lui est inconnue, il dit : « Les 
» observations précédentes (celles faites sur les larves) ont 
» été recueillies sur des larves provenant d'œufs de Taret 
» fatal; je n'ai pu les continuer au-delà ; mais, comme à 
» l'époque de mes recherches les branchies du Taret 
» pédicellé étaient remplies de larves, j'ai pu recueillir 
» sur le développement ultérieur de ces Mollusques quel- 
» ques observations qui complètent les précédentes (7. 
» Ann. des Sc. Natur., 3° sér., cahier d'avril 1849, 
» p.215 et 216). » 

Il semble évidemment, lorsqu on rapproche ces deux 
passages des recherches sur les Tarets par M. de Quatre- 
fages, que, s'il n’y a pas contradiction, cet auteur n’au- 
rait point vu les larves dans le canal branchial de son 
Taret fatal en hiver, et qu'il aurait cependant eu l’occa- 
sion de les observer en automne ou dars toute autre sai- 
son sur cette espèce, qui, nous le répétons à dessein, nous 
semble être le Teredo Senegalensis ou d'Adanson. 

Nous sommes très porté à croire que M. de Quatrefa- 


-3E9 02 


ges aura pu observer les larves sur cette espèce ; et ce 
fait, qui mérite d’être confirmé et qui sera probablement 
vérifié plus ou moins prochainement, doit avoir une très 
grande importance , que nous prendrons soin de faire 
ressortir en réunissant tous les documents que nous 
avons recueillis. 

Ces documents contiennent trois catégories de faits, 
savoir : 

{° Ceux soupçonnés ou pressentis, mais ne reposant 
nullement sur l'observation directe; c'est dans cette pre- 
mière catégorie qu'il convient de ranger ce qui a été dit 
successivement par Valisnieri (1715), par Deslandes 
(1720), par Rousset et par Massuet (1733), à l'égard de 
la question des sexes et du mode de reproduction des Ta- 
rets qu'ils croient être hermaphrodites et ovipares, c'est- 
à dire devant pondre des œufs fécondés avant ou après la 
ponte ; 

2 Les faits incomplètement observés et mal interprè- 
tés par des naturalistes qui avaient cependant sous leurs 
yeux, et en nombre suffisant, des Tarets de diverses es- 
pèces en état de reproduction. 

Ges observateurs ont pu errer à l'égard de la question 
du sexe ou bien au sujet du mode de reproduction. 

Eneflet, Sellius, dès 1733 eten 1753, croit les Taretsan- 
drogynes ou hermaphrodites et ovipares. Les faits qu'il a 
observés, et qu'on peutaccepter comme preuves suffisantes 
del'hermaphrodisme,quoique développés troplonguement 
et sans précision, devront être revus et vérifiés de nou- 
veau, et convergent avec les résultats de nos observations 
propres. Mais, évidemment, Sellius s’est trompé en con- 
fondant les ovules avec les embryons et en méconnais- 
sant l’ovoviviparité réelle et effective de l’espèce Teredo 
marina, qu'il a observée sur les côtes de la Belgique, 
quoiqu'il ait vu distinctement les mouvements de ces em- 
bryons, qu'on peut considérer comme les larves, lorsque 


— 393 — 


les mères les ont expulsés de leur corps. On peut facile- 
ment constater, dans l'ouvrage de Sellius ; limperfection 
des figures destinées à représenter de véritables embryons 
pourvus d'organes locomoteurs; et cette imperfection 
nous paraît tenir à la préoccupation de cet observateur, 
qui croyait n'avoir sous les yeux que des ovules ou des 
œufs non embryonés. Ceci, nous le répétons à dessein, 
me paraît fort pardonnable en 1733 et en 1753, à cause 
de l'imperfection de l'anatomie et de la physiologie com- 
parées dont les progrés n'avaient point encore permis 
d’instituer les deux sciences nouvelles (l’ovologie et l'em- 
bryologie comparées des animaux), qui, jointes à l'étude 
des mœurs, sont indispensables pour le perfectionnement 
de la zoologie. 

C'est à cette imperfection des études anatomiques qu'il 
faut attribuer le silence et la réserve d'Adanson, dans 
son Mémoire original sur le Taret du Sénégal, publié 
en 1759, au sujet du sexe, et de la reproduction de ce 
Mollusque. C’est à cette même cause quest due certaine- 
ment l’insuflisance des assertions de Ev. Home, en 1806, 
et de celles de Dellechiaje qui, en 1830, a encore consi- 
déré comme un œuf, l'embryon du Taret, dont il donne 
pourtant le premier une figure passable, en raison de ce 
qu'il a représenté les cils vibratiles et locomoteurs dont 
est pourvu cet embryon. 

Nous devons faire remarquer que Sellius et Dellechiaje, 
qui professent avec fondement, selon nous, l’hermaphro- 
disme, croient encore que les Tarets sont ovipares, quoi- 
qu'ayant eu sous les yeux toutes les preuves de leur ovo- 
viviparité. 

Ce mode de reproduction, qui ne peut et ne doit point 
être considéré, dans aucun cas, comme une ponte d'œufs 
et qui consiste dans l'expulsion de petits vivants, a été déjà 
soupçonné par M. de Blainville (7, son article Taret 
Diction. de Levrault.), lorsqu'il dit : « Mais par quel pro- 


— 304 — 


« cédé cet animal qui, très probablement, est ovovivipare et 
« rejette le produit de la génération déjà pourvu de sa co- 
« quille, creuse-t-il ainsi les bois les plus durs et d’une 
« manière tout à fait prompte ? » 

On a pu voir, par la description que nous avons don- 
née des mœurs de l'embryon expulsé ou de la larve des 
Tarets, combien était fandé le soupçon émis par M. de 
Blainville. 

La démonstration de l’ovoviviparité des Tarets me sem- 
ble donc être un fait acquis à la science et aurait pu être 
déduite des observations de Sellius, de Dellechiaje (non- 
obstant l'inexactilude de leur interprétation), si l'on avait 
su distinguer à leur époque les ovules ou œufs des em- 
bryons plus ou moins avancés dans leur développement. 

3° La troisième catégorie de documents doit compren- 
dre les faits, sinon complétement du moins suffisamment 
bien observés, interprétés exactement et exprimés conve- 
nablement. Je crois avoir, le premier, constaté exactement 
sur l'espèce Teredo navalis, que le produit nécessaire à la 
reproduction des Tarets qui est expulsé, sous forme d’un 
globule jaune, n’est pas un œuf, mais bien un embryon à 
l'état parfait, qu’on peut appeler une larve, et ayant cons- 
taté également que les œufs passentàla vie embryonnaire 
dans l'ovaire et en sortent pour continuer leur développe- 
ment dans le canal branchial, j'ai été porté à croire que les 
ovules sent fécondés sur place, c'est-à-dire dans l'ovaire 
même, et que cette fécondation s opérait dans les cœcums 
ovariques, au moyen des spermatozoïdes sortis des capsules 
spermatiques qui se développent dans le parenchyme des 
cœæcums de l'ovaire : ce qui, comme on le sait très bien 
de nos jours, a été déjà constaté sur tous les Mollusques 
céphalés ou acéphalés, dont l'organe générateur est 
hermaphrodite, c'est-à-dire produit en même temps des 
ovules et des capsules spermatiques. 

Je crois donc que les Tarets n'éjaculent jamais de 


399 — 


sperme, pour féconder des œufs à l'extérieur; je crois que 
le fluide fécondant, après avoir exercé son action sur les 
ovules dans l'ovaire, doit être résorbé, et qu'il ne pourrait 
être expulsé au dehors que dans des cas très rares que je 
n'ai pas eu occasion d'observer ; et, dans ce cas, l'expul- 
sion du sperme n'aurait aucune utilité, puisque les œufs 
ne sont jamais pondus au dehors, et qu'après être sortis 
de l’ovaire à l’état d'embryon, plus ou moins avancés 
dans leur développement, ils s'arrêtent dans le canal bran- 
chial où ils séjournent un temps plus où moins long, qui 
nous a paru être subordonné à la volonté de l'individu, 
mère et père, qui ne les expulse que dans les jours de 
beau temps, pendant les quatre saisons de l'année, dans 
les localités favorables : c'est ce qui nous a été démontré 
par la constatalion de ce qui suit. 

3° Fair. Mouvement du globule jaune. Lorsque l'indi- 
vidu que nous avons dit être père et mère, puisqu'il fé- 
conde lui-même les ovules qu'il a produits et qu’il incube 
dans son corps, expulse par le siphon supérieur ou efférent 
des corpuscules sphériques et jaunes, on pourrait, au pre- 
mier aspect, les prendre pour des œufs, et on serait pres- 
que en droit de le faire, si ces corpuscules restaient com- 
plètement immobiles, après être tombés au fond du vase 
dans lequel sont placés les bois immergés pleins de Tarets. 
Cependant on ne peut être dispensé de constater, sous le 
microscope, deux faits importants, savoir : 1° Si ces co- 
puscules jaunes sont vraiment des ovules sains ou altérés, 
lorsqu'on est habitué à les reconnaître ; 20 si ces mêmes 
corpuscules sont déjà des ovules embryonnés ou des em- 
bryons morts ou vivants, mais non encore pourvus de leurs 
cils vibratiles : ce que savent faire maintenant les embryo- 
logistes exercés. 

Lorsqu'on a eu soin de se prémunir contre des erreurs 
possibles, assez fréquentes dans les recherches microsco- 
piques, relatives aux études ovologiques et embryologi- 


ques, on est ainsi en mesure d'apprécier exactement les 
causes de l'immobilité des corpuscules jaunes et sphéri- 
ques expulsés par le T'eredo navalis, pendant les jours de 
beau temps. 

Attendu qu'il est bien prouvé, par tous les faits acquis 
à la science, qu'aucun œuf, avant d’être embryonné , ne 
jouit d'aucun mouvement de locomotion translative , at- 
tendu qu'un œuf embryonné, ou pour parler plus exacte- 
ment, l'embryon qu'il contient peut exécuter 1° des mou- 
vemenis giratoires, 2° des mouvements partiels de ses di- 
vers organes, et 3° enfin, lorsqu'il est à l'état parfait, des 
mouvements de translation en se dégageant de ses enve- 
loppes ; attendu, disons-nous, que tous ces phénomènes 
physiologiques sont bien connus et bien distincts, on se 
trouve , par là même, en état d'apprécier les causes des 
mouvements du globule ou du corpuscule jaune, expulsé 
par le Taret, qui, soit avant de tomber au fond du vase, 
soit après y être arrivé, ne tarde pas à se mouvoir, au 
moyen de sa collerette de cils vibratiles, et à exécuter tou- 
tes les manœuvres que nous avons déjà décrites, en trai- 
tant de l'introduction des Tarets dans les boïs (7. pa- 
ges 263 et 266 el suivante, dans notre premier article.) 

L'expulsion de ces globules jaunes, qui sont des em- 
bryons parfaits passant à la vie indépendante, n'est pas 
une ponte, elle est une véritable parturition ou le genre 
d'accouchement auquel les zoologistes ont donné le nom 
d'ovoviviparité, lorsqu'on ignoraitque les mammifères ou 
les vertébrés, dits vivipares, proviennent demême d’un œuf 
ou ovule. Et ce qu'il y a de très remarquable, c'est que 
l'ovule des Tarets ressemble tellement à l’ovule des Mam- 
mifères (qui sont tout aussi ovovivipares que ces Mollus- 
ques acéphalés), que M. de Quatrefages, qui croit cepen- 
dant toutes les espèces de Tarets ovipares, a cru pouvoir 
comparer cet ovule (celui des Tarets) à celui des Mammi- 
fères. Voici ce qu'il dit à ce sujet : « Je pourrai repro- 


— 357 — 
« duire ici tous les raisonnements (au sujet de l'œuf des 
« Hermelles).... en faisant observer seulement que, en 
« comparant de la même manière l’œuf des Tarets à celur 
« des Mammifères, on est amené à regarder le vitellus 
« comme jouant le rôle de blastoderme, etc., etc. (1) An- 
« nales des Sciences naturelles 1848.» 

Nonobstant ce rapprochement très judicieux et très 
exact, qui confirme les résultats déjà publiés depuis long- 
temps, de nos recherches sur lembryogénie comparée des 
animaux ; nonobstant ce rapprochement, disons-nous, 
M. de Quatrefages n’en persiste pas moins à croire les 
Tarets ovipares, et dit en avoir recueilli les œufs à l’exté- 
rieur, avoir opéré des fécondations artificielles, et cela sur 
l'espèce qu'il a nommée Taret pedicellé, espèce qui, d’a- 
près l'examen de la figure qu'il en a donnée (Annales 
des Sc. nat. 1849), et d'après les doutes qu'il a émis sur 
la manière dont les œufs sont pondus (Ÿ. notre premier 
article, pag. 273, au bas et suiv.) ne doit point être ovi- 
pare. 

Ge sont ces doutes sur le mode de la prétendue ponte 
des œufs du Taret pédicellé, émis par M. de Quatrefages, et 
la ressemblance frappante de la figure qu'il a donnée d’un 
individu de cette espèce, qui était rempli d'embryons 
à divers degrés de développements, ressemblance fra- 


(1) Cette remarque de M. de Quatrefages, et ce rapprochement très 
judicieux de l’ovule des Tarets et de celui des Mammifères qui sont des 
vertébrés vivipares, auraient dû faire soupçconner à ce naturaliste que les 
Tarets pouvaient et devaient même être considérés comme ovovivipares, 
d’après le soupçon déjà indiqué de M. de Blainville à cet égard. 

Quant au rôle physiologique que fait jouer M. de Quatrefages an vitel- 
lus de l’ovule des Tarets, c’est pour nous un fait que nous avons déjà cons- 
taté, sur un grand nombre d'animaux invertébrés, et on peut dire en 
général sur tous ceux dont le vitellus, entouré ou non enveloppé d’albu- 
men ou blancd’œuf, est très petit. (Voyez nos recherches sur les Helix et 
Limaces, les Arions, in Ann. d’anat. et de physiol., année 1838 et surtout 
notre Note sur les résultats de nos recherches sur la zoogénie, dans les 
comptes-rendus des séances de l’Acad, des scienc. Institut, année {840.) 


— 358 — 


pante, disons-nous, avec les nombreux individus pleins 
d'embryons vivants de lespèce Teredo navalis, dont 
nous avons constalé l'ovoviviparité, ce sont ces doutes 
el cette ressemblance qui ncus semblent devoir légitimer 
notre conviction à l'égard de l'ovoviviparité des Tarets, 
et qui nous portent à croire qu'il y aerreur d'observation 
et d'interprétation dans les études de M. de Quatrefages 
sur les ‘Forets. 1] ÿ a également erreur de dénomination, 
lorsque ce naturaliste donne à tort, selon nous, le nom 
de larve à tous les embryons de Tarets plus ou moins dé- 
veloppés. Si cette erreur ne résidait que dans l’acception 
plus ou moins arbitraire d'un mot, elle n'aurait aucune 
conséquence fâcheuse; mais M. de Quatrefages , confon- 
dant les métamorphoses de la vice embryonnaire avec cel- 
les qui ont lieu pendant la vie indépendante ou téleion- 
uaire, a été entraîné par l'effet de cette confusion , à ad- 
mettre que les Farets présentent des métamorphoses bien 
distinctes , comparables à celles de plusieurs espèces 
d'invertébrés. 

Nos études et les faits très nombreux que nous avons 
recueiilis à ce sujet nous ont démontré le contraire, et 
nous nous sommes assuré que les très jeunes Tarets pas- 
sent si rapidement de la forme d’embryon parfait, sous 
laquelle ils sont expulsés, à la forme de plus en plus al- 
longée des Tarets adultes, quil n'y a point lieu d'admet- 
tre de véritables métamorphoses au-delà de la vie em- 
bryonnaire de ces Mollusques. 

Nous ninsistons pas davantage sur la question du vé- 
ritable mode de reproduction, question que nous croyons 
avoir résolue à l'égard de l'espèce la plus vulgaire, et 
dont la solution doit faciliter celle que la science réclame 
encore à l'égard des diverses espèces du genre Taret. 

Nous eussions désiré pouvoir traiter avec le même 
succès la question des sexes ; mais celle-ci nous entraîne- 
rait dans des détails trop étendus, et doit être abordée 


dE g ie 


avec beaucoup plus de circonspection, en raison de l'im- 
perfection réelle de l'anatomie et de la physiologie com- 
parées des Mollusques acéphalés. Nous avons toujours la 
conviction que les deux sexes sont réunis dans un même 
individu. I n'ya, ni dans les organes extérieurs, ni dans 
ceux de l'intérieur aucun trail distinctif qui puisse per- 
mettre de caractériser des mâles et des femelles. Ceci ré- 
sulte de l'aveu même de ceux qui ont admis la séparation 
des sexes. Mais nous devons prévenir d'avance nos lec- 
teurs qu'en prenant en considération l'ensemble de don- 
nées simples mais exactes que nous possédons , savoir : 
1° l'absence de traits distinctifs ds sexes; 2° la non-éja- 
culation à l'extérieur d'un produit fécondant; 3° la dé- 
monstration qu'il n'y a pas ponte d'œufs ; 4° l'incubation 
de ces œufs et le développement embryonnaire dans leur 
corps des individus en état de reproduction; et 5° enfin 
l'expulsion de petits vivants en état d'attaquer les bois, 
on est fondé à admettre la réunion des sexes, ce qui nous 
semble déjà démontré par les observations directes 
de Sellius et par les nôtres, puisque nous avons trouvé 
dans une glande hermaphrodite les ovules et les capsules 
spermatiques. On voit nettement que nous n'avons point 
négligé de confirmer les premières observations du natu- 
raliste belge ; mais nous devons y joindre un autre genre 
de confirmation, qui consiste à se procurer des individus 
de Tarets complètement seuls et isolés dans un morceau 
de bois, et à les faire vivre sous les yeux de l'observateur 
dans cet état d'isolement complet. Nous espérons pouvoir 
démontrer ainsi complètement, et par de simples obser- 
vations de mœurs, que les ‘Tarets sont hermaphrodites. 

La propagation des Tarets, c'est-à-dire leur introduc- 
tion dans toutes les sinuosités du littoral des mers et des 
fleuves à marées, leur dissémination, leur pullulation, 
leur disparition, leur réapparition sont nécessairement 
subordonnées aux circonstances favorables ou défavora- 


— 360 — 


bles à leur existence, au nombre plus ou moins considéra- 
ble de constructions fixes ou flottantes établies par les 
nations inaritimes et commerciales, et surtout à l’arri- 
vage des navires, dont les bois sont plus ou moins atta- 
qués par ces Mollusques , qu'on pourrait utiliser cepen- 
dant dans !es cas où l’on voudrait faire détruire la partie 
des carcasses de navires naufragés, placée au-dessus du 
niveau du sol sous-marin ou sous-fluviatile. 

Nos observations nous ont permis de constater l'exis- 
tence de divers foyers de propagation des Tarets dans les 
rades d'Hières, de Bandols et de Toulon sur la Médi- 
terranée , et dans celles de Lorient, de Brest et du Ha- 
vre sur l'Océan. On sait que Duhamel du Monceau a fait 
et publié sur le même sujet des études très importantes, 
surtout en ce qui concerne la propagation des Tarets 
dans les eaux de la Charente. Mais, par propagation, on 
ne doit entendre ici que ce qui a trait à la présence de ces 
animaux, qui remontent plus ou moins avec la marée 
dans le fleuve et à leur dissémination sur les diverses lo- 
calités des deux rives. Duhamel ignorait, en effet, en 
1776, tout ce qui a trait à la reproduction des Tarets, et, 
nonobstant la publication des mémoires de Sellius et d’A- 
danson, il s’est exprimé à ce sujet en termes si vagues, 
qu’on peut dire qu'il croyait seulement à l'oviparité et à 
l'hermaphrodisme des ‘Farets. 

Nous bornons là, pour le moment, ce que nous avions 
à dire de plus saillant sur la reproduction et la propaga- 
tion des Tarets. 


De la viabilité des Tarets. 


Sous ce nom, qui signifie pour nous force vitale et sus- 
ceptihbilité de vivre dans des circonstances les unes favo- 
rables, les autres plus ou moins défavorables, il convient 
de grouper les études de mœurs qui ont trait à ce sujet, 


— 361 — 
en observant ces animaux 1° dans leurs sites naturels; 
2° dans des conditions artificielles et expérimentales ; 
3° sous le point de vue de la durée de la vie dans les dif- 
férentes espèces de ce genre. 

Vie des Tarets dans leurs sites naturels. À Ja notion des 
diverses localités du littoral des mers et des fleuves, dont 
les eaux sont plus ou moins agitées ou tranquilles, il faut 
joindre celle de la qualité de ces eaux, en général salées, 
saumâtres ou plus ou moins douces, mais pures. Nous 
avons constaté aux salines d'Hfières que, lorsque la salure 
de l'eau de mer est trop forte, les Tarets ne peuvent plus 
y vivre. Les eaux salées de la mer, les eaux plus ou moins 
saumâtres du littoral leur permettent d'y vivre. Ils meu- 
rent en général dans l’eau douce, et Adanson est le seul 
naturaliste qui ait dit que les Tarets peuvent y vivre 
dans le fleuve Niger au Sénégal, ce qui mériterait con- 
firmation. 

Wie des Tarets dans des conditions expérimentales. Les 
études que nous avons faites sur ce sujet, jointes aux ob- 
servations de Duhamel du Monceau, à celles de quelques 
ingénieurs de la marine consignées dans les archives du 
ministère, auxquelles il convient d’annexer celles répé- 
tées par M. Eydoux, notre délégué au port de Toulon, 
constituent une catégorie de documents qui ne sont 
qu’accessoires à la malacologie, ce qui nous dispense 
d'en parler ici. 

Durée de la vie des diverses espèces de Tarets. 1 n’est 
guère possible de la déterminer d'une manière exacte en 
l'observant sur les individus qui pourraient devenir très 
vieux. En négligeant ici tous les cas éventuels qui font 
périr un très grand nombre de Tarets dévorés par des 
annélides et des crustacés ou déchirés et lacérés dans les 
bois brisés par la mer ou par la main des hommes, nous 
avons été conduit à penser que la vie moyenne de ces 


Mollusques ne peut être que d’un nombre peu considéra- 
24 


— 362 - 


ble d'années (2 3, 5 et rarement plus), que la durée de 
cette vie est plus courte dans l'espèce Teredo navalis qui 
se reproduit de très bonne heure, et en toute saison, que 
dans l'espèce T'eredo Senegalensis, ou d'Adanson, qui at- 
teint une taille plus grande et dont le mode de reproduc- 
tion n’a point encore été constaté. Nous avons aussi re- 
connu queles individus de l'espèce Teredo marina de Sel- 
lius qui, sur le littoral du Havre résistent, aux circonstan- 
ces défavorables dans lesquelles ils sont placés, peuvent 
vivre quelques années. 

Nous ne pouvons rien dire sur ce même sujet, à l'égard 
du Taret bipalmulé de la Méditerranée dont nous n'avons 
observé qu'un petit nombre d'individus. 


Connexité des dégäts produits dans les bois par les Tarets, 
avec les dégäts produits par d'autres causes. 


Les causes, qui joignent leur action destructive des bois 
à celle des Tarets, sont toutes les altérations des circons- 
tances atmosphériques et marines ou fluviatiles qui macé- 
rent et pourrissent les substances ligneuses; 2° toutes les 
circonstances éventuelles produites par des agents méca- 
niques, et 3° la corrosion des boïs par diverses espèces 
d'animaux invertébrés, parmi lesquelles la Zimnoria tere- 
brans (Crustacé isopode) doit figurer au premier rang. 

Nous ne vivons plus dans un temps où il serait permis 
de croire que la pourriture du bois a pu engendrer les 
Tarets. Il y a donc possibiité de coïncidence, mais jamais 
connexité. Mais les bois ramollis à leur surface sont re- 
cherchés en même temps par la Zimnoria terebrans qui 
s'en nourrit et se niche dans les rugosités et les petites 
excavations de cette surface, et par les Tarets qui, comme 
on le sait, y pénètrent très profondément. Il y aura lieu 
plus tard, de constater plus exactement la coïncidence de 
tous ces dégâts ; ce qui n'intéresse nullement la Malaco- 
logie. 


— 363 — 


En terminant cet exposé rapide des résultats de nos 
recherches sur les mœurs des Tarets, nous devons faire 
remarquer que nous avons dû en traiter les points les 
plus saillants, et que si nous nous sommes en quelque 
sorte borné à indiquer ce qui a trait au mécanisme de la 
perforation des bois par les Tarets, c'est que notre travail 
sur ce point, qui exige un exposé accompagné de figures, 
n'est point encore terminé. 

LAURENT. 


NouvELLES OBSERVATIONS au sujet de la perforation des 
pierres par les Mollusques ; par M. F. Caizziaup. 


Dans le premier numéro du Journalde Conchyliologie, 
M. Deshayes a présenté de très judicieuses observations 
sur la perforation des pierres par les Mollusques à J'aide 
d’un acide qui leur est propre, ce qui, selon cet auteur, 
serait le seul moyen employé par eux pour pénétrer dans 
les corps durs. 

Tout en reconnaissant l'importance des faits et des ar- 
guments présentés à l'appui de cette opinion, nous ferons 
remarquer que M. Deshayes s'est peut-être trop avancé, 
en disant d'une manière absolue qu'il n'est point de Mol- 
lusque qui puisse s'introduire dans la pierre par un moyen 
mécanique , c'est-à-dire par le frottement de sa coquille. 

L'auteur de l’article paraît si convaincu à cet égard, 
qu'il a cru devoir engager les personnes qui ne partage- 
raient pas son opinion, à essayer de creuser, avec une ce- 


— 364 — 


quille perforante quelconque, un corps dur de la nature de 
ceux qui sont attaques. 

« Cette expérience prouvera, ajoute-t-il, qu'il n’est 
» aucune coquille qui puisse résister longtemps à l'effet 
» nécessaire pour user la pierre à l'aide des fines aspérités 
» de la coquille, ces aspérités disparaissant bientôt, avant 
» même quon ait rayé la surface d'un calcaire aussi dur 
» que celui de Toulon, qui serait bien plus propre à 
» user des coquilles qu'à être rayé par elles. » 

Nous nous permettrons de combattre l'opinion du sa- 
vaut conchyliologue, du moins en ce qu'elle a de trop 
absolu. 

Dans notre notice sur Je genre Gastrochæna, publiée en 
1843 (1), nous disions avoir reconnu un mouvement de 
rotation dans les excavations des Pholades qui habitent 
les calcaires de Mazre, et dont les trous sont souvent 
empreints de stries très prononcées, formées, selon nous, 
par les parties anguleuses de la coquille. Nous avons été 
confirmé dans cette opinion par de nouvelles observa- 
uns faites sur divers points des côtes de la Méditerranée, 
ainsi que sur celles de Lx RocnELLE, où nous avons sou- 
vent trouvé ces trous striés ou hachés par les aspérités 
mêmes des valves. 


Pour nous assurer de la réalité du fait, nous avons 
cherché à obtenir le même résultat au moyen des valves 
d'une Pholade, en nous en servant comue d’une lime, et 
nous avons creusé, dans l’eau, sur la pierre même d’où 
elles étaient sorties, des cannelures assez profondes pour 
être certain que la coquille usait bien réellement la 
pierre. 

Donnant suite à ce premier essai, nous avons pris une 
jeune Pholade (PA. Collosa) de 22 mill. de longueur, 
ayant même les pièces accessoires : nous avons sensible- 


(1) Magasin de zoologie 4845. 


— 36 — 


ment ouvert la coquille en écartant les deux valves de 2 
mill. 1/2, au moyen d'un bout de côte de plume que 
nous y avons enfoncé d’un centimètre, et qui a été en- 
suite mastiqué avec de la cire à cacheter, de manière à 
nous servir de poignée. 


Nous avons pris un fragment de calcaire déjà rempli 
de trous de Pholades, provenant, ainsi que la coquille, 
des environs de La Rochelle, Nous avons laissé séjourner 
l'un et l’autre dans l’eau pendant vingt-quatre heures, et 
nous avons procédé à la perforation en prenant la co- 
quille à son extrémité supérieure, en Pinclinant, pour ne 
faire porter qu'une valve sur la surface lisse de la pierre. 
Nous opérions toujours dans l’eau, et par un léger mouve: 
ment de rotation. Nous avons vu presque aussitôt la 
pierre se délayer et se creuser assez vite. Le trou étant 
devenu assez évasé nous à permis de faire porter per- 
pendiculairement les deux valves à la fois. Après cin- 
quante minutes de travail, nous avons mesuré les dimen- 
sions du trou, qui avait {1 millim. de profondeur sur 
10 millim, 1/2 de diamètre. 


Nous ferons remarquer que nous nous servions alors 
de deux Pholades de même dimension, l'une les valves 
fermées, et l’autre les valves ouvertes, pour augmenter la 
circonférence du trou, et ménager ainsi le plastron qui 
couvre les crochets. En cela ,nous agissions comme peut 
et doit le faire l'animal lui-même, puisqu'avec sa seule 
coquille il peut opèrer ces changements, c'est-à-dire ou- 
vrir ou fermer ses valves à volonté. 

. Nous avons continué notre travail par intervalles, et à 
huit reprises, et au bout de quatre-vingts minutes, nous 
avions introduit encore dans la pierre 7 mill. de la co- 
quille; de sorte quen moins d’une heure et demie, nous 
avions un trou de 1{ mill. 1/2 de diamètre et de 18 mil]. 
de profondeur. Le trou communiquant à un autre, nous 


—- 366 — 


nous sommes arrêté. 4 millimètres seulement manquaient 
pour qu'on pût y introduire la coquille en entier. 

Remarquons d'abord que les deux coquilles étaient, 
après le travail, encore en état d'entreprendre le même 
service, et que nous agissions, comparativement, avec 
plus de force que n’en peut employer l'animal, ce qui 
explique la rapidité de l'opération. Quant au Mntioqie 
il doit mettre évidemment plus de temps pour exécuter la 
perforation de la pierre; son action est moins puissante : 
mais il emploie la durée de son existence à parfaire le 
travail opéré presque entièrement par nous en une heure 
et demie, et encore dirons-nous qu'il possède une res- 
source qui nous manquait : en effet, le Mollusque peut 
élever par accroissement, sur le bord de ses valves, de 
nouvelles séries de dents continues, plus fortes dans la 
partie inférieure et échancrée de ces valves. Ces sortes de 
rapes, il les renouvelle non seulement pour l'accroisse- 
ment de sa coquille, mais évidemmeut aussi pour servir à 
l'agrandissement de sa demeure. 

Passant maintenant à un autre ordre de faits, nous fe- 
rons connaîlre le résultat de nos remarques, d’abord, sur 
l'état des coquilles de Pholades que nous avons observées, 
puis sur l’état des trous que nous avons examinés. 

Sur 350 Pholades (Pnor. Callosa et P. Dactylus) que 
nous avons sous les yeux, nous en remarquons un bon 
nombre dont les coquilles présentent une usure très mar- 
quée de leurs aspérités, comme si elles appartenaient à 
des animaux qui viennent d'achever un long travail de 
perforation; dans d’autres, quoique l’usure de leurs plus 
fines aspérités soit encore visible, les échancrures, ainsi 
que la partie la plus ventrue des valves, sont garnies de 
nouvelles lamelles dentées, saillantes, au-dessus des pré- 
cédentes déjà émoussées par un travail antérieur. 

En ce qui concerne les trous pratiqués par les Pholades, 
nous apercevons : 


— 367 — 


{° Au fond des trous, des cercles ondulés ou pointillés, 
qui doivent être produits par le choc des extrémités des 
valves, non par un mouvement de rotation, mais par un 
mouvement de va et vient de haut en bas, le Mollusque 
se servant alors de sa coquille comme d'un pilon. 


2 Des lignes obliques guillochées, produites par l'é- 
chancrure des valves, dont les aspérités sont obliquement 
placées, comparativement aux aspérités supérieures de la 
coquille, tandis qu'avec la partie ventrue de sa coquille, 
le Mollusque creuse des cercles pointillés très réguliers, 
en portant son travail de droite à gauche. 


3° D’autres hachures plus prolongées, en lignes hori- 
zontales, et de 6 à 10 mill. de longueur, le plus souvent 
sans ordre, et qui doivent provenir d'un mouvement de 
rotation partiel donné par saccades. La partie ventrue 
de la coquille s’ouvrant à volonté, élargit l’excavation, 
adoucit les fortes hachures du calcaire, lesquelles dispa- 
raissent dans Îa partie supérieure de la coquille, dont les 
aspérités sont plus fines; plus haut, les siphons achèvent 
par leur frottement d’unir ces surfaces, en laissant ce- 
pendant parfois, ça et là, d’assez fortes hachures circu- 
laires, comme imperfection du travail. 


Nous ajouterons aux observations qui précèdent, que 
nous n'avons jamais vu de Pholades, soit sur les côtes de 
Gênes, soit sur les côtes de Toulon, ou dans la darse de 
Ville-Franche, près de Nice, où les calcaires durs sont au 
contraire remplis de Modioles lithophages, et souvent de 
Pétricoles qui y pénétrent sans doute par le moyen de 
la sécrétion d’un acide. Toutefois, nous dirons ici qu’à 
la rigueur, certaines Pholades pourraient encore s'intro- 
duire dans ces calcaires, car nous les avons parfaitement 
limés avec la Pholas Dactylus, 


Quant à la question de savoir comment le Mollusque 
procède à la perforation de la pierre, nous pensons qu'il 


— 3685 — 

se sert de son pied, lequel sortant par l'échancrure des 
valves, happeraït la pierre, en s’y attachant comme un 
suceur, de manière à opérer une pression de sa coquille. 
C'est dans cette position que l'animal dirige le mouve- 
ment qu'il a besoin d'imprimer à sa coquille, à moins 
encore qu'il ne trouve son point d'appui dans l'excavation 
même, par un gonflement de ses syphons au-dessus de sa 
coquille. D'ailleurs, ces animaux ont-ils besoin d'employer 
une forte pression pour parvenir à user, dans le cours d’un 
long espace de temps, les calcaires où ils veulent péné- 
trer, et qui sont constamment immergés dans l'eau de la 
mer, dont la composition contient peut-être des substan- 
ces propres à faciliter le travail dont il s’agit? 

Le jeune âge des Mollusques ne pourrait nous être op- 
posé comme une difliculté. En effet, les plus jeunes Pho- 
lades que nous avons pu observer, avaient 5 millimètres 
de longueur, et déjà elles avaient pénétré dans la pierre 
au-delà de leur longueur. Le diamètre de leur trou, à la 
surface du calcaire, était de 2 millimètres, Après avoir 
enlevé la coquille et scié longitudinalement la pierre, 
nous avons reconnu, à l'aide de la loupe, la présence des 
mêmes cercles rotatoires et des hachures proportionnés 
aux coquilles, comme dans les adultes. 

Nous reconnaissons que le mode de perforation em- 
ployé, selon nous, par les animaux des Pholades, n'est 
pas celui dont se servent d'autres Mollusques perforants, 
qui nous paraissent se servir de l’action d'un acide, Ainsi, 
nous avons comparé attentivement les trous des Modioles 
lithophages avec ceux des Pholades, et nous avons re- 
connu que les premiers, en partie oblongs, ne sont point 
d'une forme assez régulière pour avoir été produits par 
une action mécanique, mais qu'ils ont été formés par 
l'emploi d’un acide qui n’a pu être distribué sur tous les 
points dans une même proportion, il en résulte naturelle- 
enent des irrégularités fréquentes, tandis qu'au contraire 


— 369 — 


les trous des Pholades sont circulaires, et, dans leur lon- 
gueur, d’une régularité qui ne peut être obtenue que par 
un mouvement de rotation. 

D'un autre côté, les hachures et les stries diverses que 
l'on remarque dans le pourtour de la demeure des Pho- 
lades, on ne les retrouve pas dans les trous que certains 
Mollusques parviennent à faire au moyen d’une liqueur 
acidulée, qui doit corroder le calcaire sans laisser de tra- 
ces. Il y a donc deux modes d'action différents. 

En résumé, l'examen minutieux que nous avons fait 
d'un grand nombre de coquilles appartenant au G. Pho- 
lade, et des trous creusés par leurs animaux dans des 
pierres de différentes natures, nous a convaincu que ceux- 
ci n'emploient point pour s’y loger l’action chimique d’un 
acide, mais l’action mécanique du frottement de leur co- 
quille. Nous avons, en outre, été confirmé dans cette 
Opinion par les essais auxquels nous nous sommes livré 
avec succès pour perforer nous-même avec ces coquilles 
les calcaires qu'elles habitent. 

Nous en conclurons donc, qu’on ne saurait dire d’une 
manière absolue : 

« Qu'aucun Mollusque ne perfore la pierre à l’aide d'un 
» moyen mécanique (1). » 

F. Caizztaup. 


(4) M, Caiïlliaud, en nous adressant ses observations, a bien voulu nous 
envoyer en même temps les fragments de pierre et les coquilles qui ont 
servi à ses expériences, en nous autorisant à garder ces objets pendant 
quelque temps, pour pouvoir les mettre sous les yeux des personnes qui 
desireraient constater l'exactitude de ses assertions. Sans prétendre juger 
ici la question, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaitre que l’état 
des pièces s’accorde parfaitement avec les conclusions posées par l’auteur 
de l’article. 

S, Perir. 


== #70 


Nornice sur le genre Naviceze (Navicella Lam.) et 
Cararoeue des espèces appartenant à ce genre, par 


M. Reczuz. 


Les Navicelles sont des coquilles fluviatiles qui ont été 
figurées, pour la première fois, par M. Neh. Grew, 
en 1681, et par Rumphius, en 1705. Linné classa l’es- 
pèce qu'il connut parmi les Patelles labiées ; Chemnitz, 
avec plus de raison, plaça cette espèce parmi les Nérites, 
avec lesquelles elle a des rapports naturels. 

Malgré les affinités qui existent entre ces coquilles, des 
observateurs remarquant des différences notables dans 
leurs caractères essentiels proposèrent de retirer du groupe 
des Nérites, les Navicelles, dont ils constituèrent un nou- 
veau genre. En effet, la forme patelloïde de ces coquilles, 
l'absence de spire, la direction tout à fait postérieure de 
leur sommet, l'étendue considérable de leur ouverture, la 
dépression de leur lèvre interne, toujours dépourvue de 
dents et de crénelures justifiaient la séparation dont il 
s'agit. 

Ce nouveau genre fut indiqué dans un catalogue sous 
le nom de Catillus, par Humphrey, en 1797 (selon M.Gray), 
puis sous celui de Septaria, par Férussac, en 1807 ; sous 
le nom de Cimber, par Denis de Montfort en 1810; de 
Nacelle, en 1809, et ensuite de Vavicella, par Lamarck, 
en 1812; enfin, en 1817, sous la désignation deSandaliura, 
par Schumaker qui, cependant, confondait ce genre avec 
des Crépidules. 

La priorité du nom donné par Humphrey, dans un livre 
qui ne présente point un caractère scientifique, ne saurait 
raisonnablement être consacrée, d'autant que ce même 
non a été adopté pour un genre de Bivalves : il en est de 
même du nom de Septaria. D'un autre côté, celui de ÂVa- 


— 371 — 


vicella est si généralement reçu aujourd’hui qu'il y aurait 
plus d’inconvénients que d'avantages à ne pas l’adopter 
dans la nomenclature conchyliologique : c'esta ce parti 
que nous croyons devoir nous arrêter. 

Les Navicelles sont des coquilles patelliformes , subhé- 
misphériques ou elliptiques, variant entre la forme sub- 
orbiculaire et l’oblongue, plus convexe que déprimée, 
d'une texture analogue à celle des Néritines, plus mince 
qu'épaisse, et ordinairement {ranslucide. Leur sommet, 
plus solide que le reste du test, est court, couché sur le 
bord postérieur, tantôt médian, symétrique et prolongé 
au-delà de ce bord, tantôt placé un peu avant la termi- 
naison de ce bord, obliquant légèrement à droite et re- 
courbé. 

La surface extérieure de ces coquilles est revêtue, 
comme dans les autres genres de la famille, d’un épiderme 
corné, olivâtre, plus persistant, mais se dissolvant parfai- 
tement dans une solution alcaline faible en ébullition. 
Cet épiderme, assez mince, laisse apercevoir à l'œil nu, 
ou par transparence des taches et linéoles formant des 
dessins variés comme des réseaux, des rayons, une sorte 
de marquetterie, etc..., de couleur noire, brune, rouge- 
brun, pourpre ou rose violacé. Cette même surface n'est 
jamais parfaitement lisse, quoiqu’elle présente parfois un 
aspect très uni : on y aperçoit toujours, à l'aide de la 
loupe, des stries d'accroissement très fines. Dans beau- 
coup de d'espèces ces lignes sont visibles à l'œil nu : il 
en est dans lesquelles on remarque des lignes longitudi- 
nales, exiguës, rapprochées. 

La face inférieure présente un péritrème circulaire et 
tranchant ; elle porte au côté postérieur et un peu au-des- 
sous de la marge, une lèvre intérieure simulant une de- 
mi-cloison ordinairement semi-lunaire , cintrée et rectili- 
gne. Dans quelques espèces, cette lèvre s’avance comme 
une sorte de languette qui donne une figure cordiforme 


— 372 — 
à la cavité intérieure de la coquille. La surface de cette 
lèvre plane ou un peu convexe, rarement anguleuse à son 
centre, plane ou inclinée sur les côtés, présente une ap- 
parence ridée, comme dans certaines Néritines à cloison 
plane. 

La cavité, unie à l'intérieur et d'une couleur blanchà- 
tre ou d'un rouge-gris bleuâtre, est, dans certaines espè- 
ces, tachée de jaune, d'orangé, de safrané, de noir ou de 
brun, plus particulièrement vers le côté postérieur et sous 
le sommet. Des taches noires se montrent aussi, parfois, 
sur la lèvre qui est également, selon les espèces, teinte de 
jaune ou d'orangé. 

Ces Mollusques vivent dans les eaux douces et claires: 
ils sont tous exotiques : on les trouve principalement dans 
les îles de l'Océan pacifique, en Asie et dans les îles si- 
tuées sur la côte orientale de l'Afrique. On n’en a trouvé 
aucune jusqu à présent en Europe, sur le continent afri- 
cain ou en Amérique. Les Navicelles habitent les rivières, 
les ruisseaux, les lacs et les étangs, soit sur les bords, soit 
sur les pierres immergées. Elles paraissent se plaire au 
milieu des cascades : quelques-unes, la MN. lineata et la 
N. ambigua se trouvent à l’île Bourbon dans les étangs 
d’eau salée, en compagnie de Kéritines, et d'Aplysies : 
aucune espèce n'a été signalée encore à l’état fossile. 

Quelques espèces Lacustres ont souvent leur face exté- 
rieure recouverte d'une couche épaisse de limon pour la 
préserver sans doute de l’action d’une trop grande cha- 
leur : telles sont, par exemple, les W. suborbicularis, Frey- 
cineli, Bougainvillei, Luzonica, etc. 

La Navicelle porcelaine (Nav. Porcellana.) sert, à Ile 
de France, concurreniment avec les Néritines, à la nour- 
riture de la classe pauvre, et à la préparation de bouil-. 
lons pour les malades. 

Avant que l’auimal de la Navicelle fût connu , on était 
fort incertain sur la place qu'il devait occuper. De Roissy, 


she 


Cuvier, Férussac rapprochaient, avec Linné, les Navicelles 
des Crépidules. Lamark, se rangeant à l'opinion de Chem- 
nitz, les comprit d’abord dans la première section de la 
famille des Neritines (extraits de son cours). Ferussac 
contesta longtemps cette opinion, qui fut vivement ap- 
puyée par M. Deshayes, qui trouvait une grande affinité 
dans les caractères de la coquille et des opercules des Ne- 
rites et des Navicelles. Quelques personnes conservaient 
encore quelques dontes sur ce point , lorsque MM. Quoy 
et Gaymard rapportèrent l'animal de la Navicelle. M. de 
Blainville vint démontrer alors les affinités qui existaient 
entre cet animal et celui des Néritines, ct prouva que 
l'opinion émise par Chemnitz, Lamark, soutenue par 
M. Deshayes, était seule admissible. 

Les Navicelles sont donc des Mollusques gastéropodes 
pectinibranches, de la famille des Néritacés. En voici la 
caractéristique : 


Caractères génériques. 


AnimAL Oval, non spiral, ayant une féte très large, se- 
milunaire, portant des tentacules voniques, contractiles, 
très distants, à la racine desquels sont des yeux courte- 
ment pédiculés. Bouche grande, longitudinale, sans dent 
supérieure, ayant une langue à plusieurs rangées de cro- 
chets, prolongée dans la cavité viscérale, et fendue à son 
origine ultérieure, simulant ainsi deux lèvres longitudi- 
nales ; anus à l'extrémité &d'un tube flottant à droite au 
plafond de la cavité branchiale; une seule grande branchée 
pectinée et oblique; orifice de l’oviducte dans la cavité 
branchiale; celui du canal déférent à la racine, et en-des. 
sous de l'organe excitateur situé en avant du tentacule 
droit. Pied fort grand, elliptique, à bord mince, subpa- 
pillaire, assez avancé antérieurement, sans sillon margi- 
nal, réellement trachélien, mais attaché de chaque côté 
dans toute sa partie postérieure à la masse viscérale, de 


— 374 — 


manière à former entre elle et Jui une sorte de cavité ou- 
verte transversalement en arrière. 

Coquice épidermée, patelloïde, à sommet non spiré, 
presque symétrique, abaissé sur le côté postérieur; péri- 
trème continu; point de columelle, et, à la place, une 
demi-cloison, à bord tranchant et uni. Impression mus- 
culaire en fer à cheval interrompu en arrière, ouvert en 
avant avec les extrémités prolongées et visibles sur les cô- 
tés de la cavité. 

Opercule testacé, mince, quadrilatère, radié à sa sur- 
face, portant une dent subulée et latérale au bord posté- 
rieur adhérent, aminci et tranchant sur les autres bords, 
appliqué à la face dorsale du pied et caché dans la cavité 
que celui-ci forme avec la masse viscérale. 

Un arrangement purement linéaire des espèces de Na- 
vicelles ne serait guère scientifique : les coupes en sec- 
tions servent beaucoup mieux pour la détermination ; 
néanmoins , il n'est pas toujours facile de rencontrer un 
caractère propre à ce classement. En l'absence d’un meil- 
leur, nous avons fait choix, dans notre prodrôme d'une 
monographie du genre (Revue zoologique, année 1841), 
d'un caractère qui nous a paru constant et qui repose sur 
la place qu'occupe le sommet. 

Dans la première section, nous avons rangé les Navi- 
celles à sommet tout à fait postérieur, prolongé au-delà 
du bord toujours usé par la marche de l'animal, ou rongé, 
nous le supposons, par d'autres animaux. 

Dans la seconde section entrent les espèces dont le 
sommet est submarginal et entier. 

Dans la troisième, nous avons placé celles dont le som- 
met s'arrête bien avant d'arriver à la marge, ou dont 
celle-ci forme une saillie au-delà du sommet, lequel est 
alors entier et recourbé latéralement à droite en une 
sorte de crochet. 

Toutes nos espèces ont été décrites dans la Revue z00- 


— 379 — 


logique, année 1841, et dans les Proceedings de la So- 
ciété zoologique de Londres, dans les années 1842 et 1843, 
à l’exeeption de la N. Cærulescens. 


GararocuE des espèces du G. NAviICELLA. 


J, Sommet saillant au-delà de la marge, souvent corrodé. 


Voy.Uranie.pl.71.f.3.6 
Voy.il. afr. pl. 37.f.2. 
Buffon Moll. pl. 5.p. 239. 
Encyel. méth, pl. 456. f. { 
Rev. Conc. Syst. f.5.8.11. 
Thes. Sow.f.1 et 2. 
Sow. Thes. f.8 ot 10. 


Sow. Thes.f.1 et 2? 
Id. f,6 et 7. 
Coq. Java. pl.22. f. 6. 


Sow.Thes.f.11-13. 


Id. ::1:19:20. 
Hd 139: 
As Fi0c18. 


Rev. Zool. 1841. 
Sow.Thes.f. 4.5. 


Rev. Zool. 1841. 
Sow. Thes. f. 40-42. 


Enc. méth. pl. 456.f,3. 


ld, f.4. 

Sow.Thes. f.26.27. 
Id. f. 45-47. 
Id. f.48? 


Ent, méth. pl. 456. f.2. 
Sow.Thes.f. 21-24. 


/ Porcellana (Pat.) Linné. Madagascar. 
Borbonica. Bory S.V. 

Borbonica (Crép.)deRoissy.1. Bourbon. 
Elliptica. Lam. 

Sandal. Pictum. Schum. 

Perousi. Sow. j 

{ Depressa. Lesson. Nouv.Guinée. 

{ Zebra Id.  I.Tahiti? 
Macrocephala. Guillou. Nes Viti. 
Luzonica. Souleyet. Nes Philippines. 
Parva. Mousson. Java. 

Luzonica jun? 

Javellei. Recluz. Iles Philippines. 
Freycineti. Id. Madagascar. 
Apiala. Guillou. I.Noukahiva. 
Cumingiana. Recluz. 1.Mindanao. 
Bougainvillei. Id. I. Vili. 

| Var.major. Nouv. Calédonie. 

.Macrocephala. Sow j. 
Sufreni. Recluz. 1.Lebouka. 
Variabilis. Id. I. Mindanac. 
IT. À sommet submarginal entier. 
Tessellata. Lam. IL. Philippines. 

Tessellaria. Id, 
Entrecastreauxi. Sow. j. 

Cookii Recluz. 1.Commores. 
Enirecasteauxi. Id. Nouv.-Holl, 
Lineata, Lam. Madagascar. 

Sept.navicula. Fer. I. Philippines. 

_Var.minor. Ceylan. Calcuta. 


Id. f.25. 


— 376 — 


III. A sommet situé un peu avant le bord postérieur. 


/ Clypeolum. Recluz. 1.Phiippines.  Sow.Thes.f.32.35. 
Atra. Reeve Id. Id. f. 34. 
Radiata. Id. Id. Id. f.35. 
Recluzit. Id. Id. Conch. Syst. f. 6. 
Maculifera. Mousson. Java. Coq. Java. pl. 12.f.13, 
Ambigua. Recluz. Sumatra. Sow. Thes. f. 32. 33. 

Tessellata var. E. Id. Rev. Zool. 1841. 
Cœrulescens. Id. Beugale. Sow.Thes. f. 29.36-38. 
Compressa. Benson Id. Asialic.Journ.v. 5. p. 479. 
Laperousei. Recluz. I. Viti. Sow.Thes. f.3. 
Suborbicularis.  Sow. Amboine. Rumphius. PI. 40. f. 0. 

var. L. Philipp. Sow. Thes. f. 30-31. 
Durvillei. Recluz. Amboine? Rev. Zool. 1841. 


Suborbicularis var? 
C. R. 


DescriPr10x d’une coquille appartenant à la famille des 
Bulimes , Genre Macroceramus, de Guilding, par 
M. Petit de la Saussaye, 


M. le docteur Guilding {1) a établi, sur une petite co- 
quille terrestre des Antilles, qui lui semblait appartenir 
au groupe des Pupa ou à celui des Bulimus, un nouveau 
genre qu il désigna sous le nom de MacrocerAmus. 

Voici la caractéristique qu'il donnait : 

Animaz héliciforme, terrestre, caput subbilobatum ; 
tentacula quatuor, duobus superioribus capitatis, ocu- 
ligeris ; pes brevis, posticè attenuatus, simplex. 


(4) Zoological journal, octobre 1828, tom. 4, p. 168. 


ER ÇA 


Tesra cylindrico-conica, crassa, opaca, umbilicata; an- 
fractibus sensim decrescentibus ; apertura regularis, se- 
miovata; labro subito reflexo ; columella Iævis, simplex. 

M. Guilding donnait en même temps la description 
d'une espèce de l’île Tortola. Macroc. signatus. 

Plusieurs auteurs ont cru devoir faire rentrer les espè- 
ces de ce geure dans la famille des Bulimes, et M. Reeve 
les a comprises dans sa monographie du genre Bulimus. 
Toutefois, bien que nous ne soyons pas partisan de la 
multiplicité des coupes introduites dans la famille des 
Hélicidés, nous ne pouvons cependant nous empêcher de 
reconnaître, dans le groupe des Macroceramus (1), des 
caractères assez constants, et assez distincts pour être 
fondé à admettre provisoirement le genre établi par l'au- 
teur anglais. 


Voici la description d'une nouvelle espèce de Macro- 
ceramus, qui nous a été rapportée de Saint-Domingue par 
M. le docteur Richaud, chirurgien de la marine, à qui 
nous nous faisons un plaisir de la dédier. 


Macroceramus, Richaudi nobis (Notre collection). 


(PL XII, fig. 4.) 


Testa pyramidali-turrita, albido -fuscescens, nitens, vix 
umbilicata; anfractibus 13-14, subplanis, longitudinaliter 
costulato-striatis , et strigis purpureo-nigrescentibus pictrs, 
ultimo anfractu zona fusca cincto. Apertura rotundata. 


Coquille pyramidale, turriculée , d'un blanc légère- 
ment teinté de brun, brillante, ayant environ treize 
tours de spire élégamment et finement costulés dans leur 
longueur-et ornés de fascies longitudinales d'un brun 


(1) M. Albers, de Berlin, dans un ouvrage que nous annoncçons plus loin 
(Bulletin bibliographique), a formé, pour ce même groupe, un sous-genre, 
auquel il donne le nom de Colobus, sans tenir compte, nous ne savons 
pourquoi, du travail de M. le docteur Guilding. 


SH 


0 


foncé, le dernier tour ceint inférieurement d'une petite 
bande de même couleur. 


Longueur, 15 millimètres. 
Habite l’île Saint-Domingue (Gonaïves). 


Cette jolie petite espèce et ses congénères viennent 


des Antilles ou des parties du continent américain qui 
avoisinent ces îles. 


M. Reeve a donné la description et la figure de plu- 
sieurs espèces dans sa monographie du genre Bulimus ; 
mais nous croyons qu'il a commis une erreur dans la dé- 
termination d'une de ces espèces. Ainsi, celle qu’il figure 
sous le n° 444 ne nous paraît point être le Macr. signatus 
de Guilding, si nous nous en rapportons du moins aux 
figures que Turton, dans son Manual, fig. 68, et M. So- 
werby (Conch. illust., fig. 57) avaient déjà données de 
cette dernière espèce : celle-ci serait alors le P. Guildin- 
gù de M. Reeve, n° 445. Nous serions en outre confir- 
mé dans notre opinion par cette considération que le 
B. Guildingii est de l'île Tortola, Labitat indiqué par 
M. Guilding pour le M. signatus; tandis que l'espèce 
que M. Reeve décrit sous le n° 444 est de St-Domingue, 
où elle a été trouvée avec la nôtre par M. le docteur Ri- 
chaud. Nous donnons la fig. de cette coquille (pl. XIII, 
fig. 5) : cette figure, et celle de notre espèce (pl. XII, 
fig. 4), sufliront pour faire reconnaître les coquilles qui 
appartiennent à ce groupe, car elles ont, dans leur en- 
semble, des rapports faciles à saisir. 


Nous pensons que M. Morelet aurait dû rattacher à ce 
groupe une coquille qu'il a classée parmi les Cylindrelles 
sous le nom de Cylindrella concisa. 

Nous donnons ci-dessous la liste des coquilles, décrites 
jusqu’à présent, qui nous semblent appartenir au groupe 
dont il est question, petite famille qui semble parquée, 


— 379 — 


comme nous l'avons fait remarquer plus haut, dans une 
partie assez circonscrite du globe. 


G. Macroceramus Guilding. 


{ Signatus. Guilding.I.S.-Domingue. Conc.ill.Sow.f. 57. 

Cylindricus. Turton. Conc. Mannal. f. 68. 
Guildingi. Recve. Monog. Bul. f.445. 
Guildingii. Nobis. I. S.-Domingue. as D ie 5. 
Kieneri. Pfeiffer. Horduras. Reev. Mon. Bul. f. 463. 
Formosus. Reeve. I. St.-Thomas. ld. Id. f. 448. 
Unicarinatus? Lam. Delessert. pl. 27. f. 4 

Canimarensis. Pfeif Cuba. Reev. Mon. Bul. f. 468. 
Richaudi. Nobis. I.S.-Domingue. Journ.Conchyl.pl.13. f.4. 
Gossei. Pfeif. Jamaïque. Rev. Mon. Bul. f. 462. 
Turricula. Id Cuba Id. ld. f.497. 
Concisus. Morelet. Yucatan. 

Cylindrella concisa. Id. 


Nous terminerons, au surplus, ce petit article en ap- 
pelant l'attention des conchyliologues qui se trouveraient 
aux Antilles, sur la nécessité d'examiner de plus près les 
animaux de ce groupe intéressant, afin de s'assurer de la 
place qu'ils doivent réellement occuper dans la nomen- 
clature. 


see 


Descriprion de Narices nouvelles ; par M. C. Reccuz. 
Narica perspicua, Recluz. 


(PI. XIV, f. 1 et 2.) 


N. Testa ovata, exalbida, glabra, nitida ; anfractibu. 
septenis,quinis superioribus angustis ; suturis superficialibus; 


— 380 — 


spira laterali, conico-depressa, acuta, extrorsum parum 
erecta ; infimo oblique ovato, supernè spiratim parum de- 
presso et fascia albo-lutescente late cincto ; apertura obli- 
qua, albida; labio obliquo, medio convexiusculo ; umbilico, 
extus fusco late cincto, intus callo magno fusco inferne 
sptraliter partim occultante, superne pervio. Operculo carti- 
lagineo. 


Hab. Les Philippines. 
(Collection Recluz). 


Coquille ovale, légèrement oblique, dépourvue d'épi- 
derme, d’un blanc pur, lisse et luisante malgré ses stries 
longitudinales usées. Elle est formée de sept tours, les 
cinq supérieurs très petits, le sixième cinq à six fois plus 
grand que les premiers, faisant ensemble une spire laté- 
rale, cônique et déprimée, aiguë et relevée un peu en ar- 
rière, au-dessus de l'ouverture. Le dernier est ovale, 
oblique, légèrement déprimé à sa partie supérieure, où 
règne une large fascie d'un blanc opaque, à peine lavée 
de jaunâtre; ouverture oblique, brillante, blanchâtre, 
semi-lunaire, rétrécie et arrondie en haut par la callo- 
sité du sommet de la lèvre interne. Bord interne convexe 
vers le centre antérieur, épais et réfléchi sur l'avant der- 
nier tour en une callosité un peu convexe, et portant vers 
le centre un sillon transversal peu marqué. Ombilie 
moyen, bordé à l'extérieur par une large zone roux- 
brunätre, occupé, à l'intérieur et à sa partie inférieure, par 
un funicule spiral, roux-brunâtre, à sommet aplati, lon- 
gitudinal; laissant voir, au-dessus et postérieurement, un 
trou ombilical profond. Opercule corné. 


Dimension : hauteur, 36 mill.; largeur, 29 mil]. 


Ouverture : hauteur, 22 mill.; largeur, 13 mill. 


— 381 — 
Narica Euzona, Recluz. (Proceedings Zoological 
Society 1843.) 
(PLAINES 3) 


N. Testa subglobosa, tenut, lœvigata, lœviter albido- 
cærulescente, lineis longitudinalibus luteo-rubris et fascis 
tribus angustis albis tranversis maculis luteo-rubis articu- 
latis ornata ; spira semi-globosa, supernè acuta ; infimo 
transverso, ventricos0, supernè convexo-depresso ; suturis 
angustis; apertura obliqua, intus fusca; labio arcuato; 
umbilico pervio, callo inferne angustante. 


Hab. Les Philippines. 
(Collection Recluz). 


Coq. subglobuleuse, mince, légère, lisse, ayant un 
fond d’un blanc légèrement bleuâtre, orné de lignes fines 
arquées, d’un jaune-rouge, formant de distance en dis- 
tance, sur les fascies blanches et transverses, au nombre 
de trois, sur le dernier tour, des articulations assez lar.- 
ges, d'un bel effet. Spire subglobuleuse. Dernier tour 
transverse, ventru ; ouverture aussi large que haute, d’un 
roux-brun dans le fond. Bord interne arqué en avant, 
portant une callosité étroite et peu épaisse, réfléchie sur 
l’avant-dernier tour, au-dessus de lombilic. Ombilic pro- 
fond, au-dessus d’un fanicule spiral à sommet convexe et 
arrondi. 


Dimension : hauteur, 28 mill.; largeur, 22 mill. 


Ouverture : hauteur, 18 mill.; largeur, 12 mill. 


Narica elegans, Recluz. 
(PL:XEV E 4.) 


N. Testa subglobosa, ventricosa, lævigata, albo anguste 
fasciata ; fasciis maculis spadiceis arcuatis ærticulatis, inters- 


— 382 — 


tüiis fasciarum longitudinaliter lineolis luteis creberrimis 
pictis orndta; spira convexo-depressa, subacuta, unifas- 
ciata ; infimo anfraclu ventricoso, parum transverso , su- 
pernè depresso, glaberrimo ; apertura semi-circulari. intus 
violacea ; labio obliquo, subrecto, supernè reflexo ; umbili- 
cum callo maximo, albo fere occultante. 


Hab. :... 


(Collection Recluz). 


Coq. subglobuleuse. ventrue, très lisse, fasciée de 
rubans étroits, blancs, articulés de taches arquées rouge- 
brunes. Entre ces fascies, des lignes très étroites, lon- 
gitudinales et très rapprochées garnissent les espaces. 
Spire conique, déprimée, presque aiguë et ornée d’une 
seule fascie. Dernier tour ventru, déprimé près de la su- 
ture et dépourvu de stries rayonnantes. Ouverture demi- 
circulaire, teinte de violet en dedans. Lèvre interne obli- 
que, presque droite, réfléchie supérieurement sur l'avant- 
dernier tour en une plaque mince et étroite. Ombilic 
semi luraire, et en très grande partie obstrué par une 
callosité épaisse et blanche. Opercule calcaire ? 

Dimension : hauteur, 24 mill.; longueur, 24 mill. 

Ouverture : hauteur, 16 mill.; longueur, 11 mil]. 


Narica Senegalensis, Recluz. 
(PILLXREV 4,5) 


N. Testa subovata, ternuissime striata, albido-lutescente, 
maculis lineisque fusco purpureis angulato-flexuosis vel 
confluentibus picta ; spira conico-acuta ; infractibus ventri- 
cosis; infimo anfractu subgloboso; apertura obliqua semi 
circulari, albida; labio oblique recto ; umbilico callo cras- 
siusculo modificato. 


Hab. Le Sénégal. 


— 383 — 
(Collection Petit). 


Coq. presque ovale, plus solide que mince, très fine- 
ment striée, d’un blanc jaunâtre , peinte de lignes ou de 
taches d’un brun-rouge, fulgurantes, dont la plupart se 
mélent et donnent lieu à des dessins informes. Spire coni- 
que, aiguë, maculée. Tours ventrus, le dernier subglobu- 
leux et plus particulièrement orné de taches. Sutures très 
étroites. Ouverture oblique, blanchâtre en dedans. Lèvre 
interne oblique, droite, légèrement refléchie sur l’avant- 
dernier tour, et peu calleuse. Ombilic demi-rond et en 
partie obstrué par un funicule proportionnellement assez 
gros, à sommet arrondi, convexe, blanc et luisant. Oper- 
cule corné ? 


Dimension : hauteur, 25 mill.; largeur, 19 mill. 


Ouverture : hauteur, 14 mill ; largeur, 10 mill. 


Narica Cayennensis, Recluz. 


(PI. XIV, f. 6.) 


N. Testa globoso-acuta, pallide luteo-fuscescente, medio 
versus anguste pallide fasciata maculis spadiceis angulatis 
fere obsoletis, medio interruptis picta; spira conico de- 
pressa, acuta; anfractu infimo globoso, superne radiatim 
striato ; apertura lata, semi-circulari intus pallide violacea; 
labio medio arcuato, superne reflexo et parum calloso ; um- 
bilico superne pervio, profundo, medio callo largo spirali 
partim angustante. 


Hab. Cayenne. 


e 


(Collection Recluz). 


Coq. globuleuse aiguë, d'une couleur jaune-brun très 
pale, ornée de lignes formant des taches anguleuses de 
distance en distance, interrompues au-dessous du milieu 


— 384 — 


du dernier tour par une fascie étroite, de la couleur du 
test, au-dessous de laquelle les taches se prolongent. Ces 
taches semblent gazées de telle sorte, que sur d’autres in- 
dividus elles sont presque effacées. Spire en cône dé- 
primé, et aiguë au sommel. Dernier tour globuleux, 
rayonné de stries à sa partie supérieure qui est convexe. 
Ouverture assez grande, semi-circulaire, blanchâtre, teinte 
de violet dans le fond. Bord interne arqué dans le centre, 
réfléchi supérieurement sur l’avant-dernier tour en une 
plaque peu épaisse et médiocrement étendue. Ombilic 
semi-circulaire, ouvert, profond supérieurement, et 
garni dans ses deux tiers inférieurs d’une large callosité 
funiculaire déprimée. L’opercule est testacé, très épais 
et muni dans le centre et en long d’une callosité de même 
matière, dont la surface est dépolie. 


Dimension : hauteur, 29 mill.; largeur, 23 mil]. 


Ouverture : hauteur, 20 mill.; largeur, 12 mill. 


NaricA cincta, Recluz. 


(PI. XIV, f. 7.) 


N. Testa parva, subglobosa, ventricosa, alba, punctis 
innumerts, fascits que albis quaternis fusco maculatis picta ; 
anfractibus quinis, superne depressis, fascia lutea cinctis ; 
spira conico-depressa, apice acuta; apertura semi-lunari , 
intus  pallide fusca ; labio obliquo, recto; umbilico callo 
maximo convexo, albo obtegente. 


Hab. la côte de Malabar. 
(Collection Recluz). 


Petite coquille subglobuleuse, ventrue, blanche, peinte 
d'un nombre considérable de points, etornée de quatre fas- 
cies blanches, étroites, tachées de brun. Elle a cinq tours 


— 385 — 
de spire déprimés supérieurement et ornés d'une large 
fascie jaune décurrente. Spire coniquement déprimée, à 
sommet aigu. Ouverture demi-ronde, d'un brun très pâle 
en dedans. Bord interne oblique et droit; ombilic entiè- 
rement fermé par une callosité épaisse, blanche et con- 
vexe. 


Dimension : hauteur, 17 mill.; largeur, 15 mill. 


Ouverture : hauteur, 10 mill.; largeur, 7 mill, 


Narica Souleyetiana, Recluz. 


(PI. XIV, f£. 8.) 


N. Testa parva, subglobosa, ventricosa, albido-cinerea 
quadrifasciata : fasciis angustis albis punctis spadiceis qua- 
dratis articulatis, in infimo maculis majoribus ; anfractibus 
quaternis superne sulcis crebcrrimis, arcuatis ; spira conico- 
depressa, apice nigra; infimo anfractu ventricoso, transver- 
sal ; apertura dilatata, semx ctreulari, intus purpureo trizo- 
nata; umbilico superne parvo, pervio, medio callo lato 
modificato ; labio obliquo subrecto. 


Hab. Océan Pacifique? 
(Collection Petit). 


Petite espèce assez mince, presque globuleuse, ventrue, 
d'un blanc-cendré légèrement bleuâtre, formée de quatre 
tours rayonnés supérieurement de sillons profonds, 
arqués et dirigés d'avant en arrière. Spire courte, en 
cône surbaïissé et à sommet noir et pointu. Le dernier 
tour est transverse, ventru, et orné de quatre fascies 
blanches circulaires, très étroites, articulées de points 
carrés rouge-bruns, dont ceux de la fascie inférieure sont 
plus grands. Les trois inférieures sont plus rapprochées 
entre elles que la seconde de la première : celle-ci re- 
monte sur le troisième tour de spire. Ouverture proportion- 


— 386 — 


nellement assez grande, oblique, blanchätre, et peinte de 

trois zones décurrentes pourprées. Lévre interne oblique, 

presque rectiligne. Ombilic profond, ouvert supérieu- 

rement, et obstrué dans le reste par une large callosité 

épaisse et convexe. Bord externe mince et tranchant. 
L’opercule doit être testacé. 


Dimension : hauteur, 17 mill.; largeur, 15 mill. 


Ouverture : hauteur, 12 mill.; largeur, 8 mill. 


Narica zonalis, Recluz. 
(PI. XIV, fig. 9-10.) 


N. Testa subglobosa, ventricosa, sub epidermide fusces- 
cente tenuissima alba, fasetis binis et maculis spadiceis pic- 
lis ornatv; anfractibus quaternis suprà convexiusculis ; spira 
brevi, conico depressa, acuta ; anfractu infimo subgloboso; 
apertura obliqua, intus albida ; labio obliquè recto; umbilico 
callo albo, crassiusculo inferne partim occultante; labro 
tenur. 

Operculo testaceo supra spiraliter sulcato, subtus radiatim 
striolato. Fig. 10. 


Hab. Iles Witi ou Fidji. 
(Collect. de M. Recluz.) 


Petite coquille subglobuleuse, ventrue, formée de qua- 
tre tours de spire convexes, arrondis, revêtus d'un épi- 
derme très mince, brunâtre, au-dessous duquel on aper- 
coit deux fascies de taches longitudinales rouge-brunes, 
parfois confluentes, sur un fond blanchâtre; spire courte, 
en cône déprimé et aigu; dernier tour subglobuleux.Ou- 
verture oblique, demi-ronde, blanchâtre en dedans; lèvre 
interne oblique et droite ; ombilic en partie obstrué in- 
férieurement par un funicule épais ayant son sommet ar- 
rondi et blanc. Bord externe mince. 

L'opercule ressemble assez à celui de la . canrena : N 


— 3837 — 


est testacé, blanc, sillonné concentriquement en dessus 
et finement strié en rayonnant en dessous. (#7. la f. 10.) 


Haut. -: 17 oulls lacs. : {€ mil. 
Ouverture : Haut. : 12 mili.; larg. : 8 mill. 


Namica gracilis, Recluz. 
(PL XIV Me 11.) 

N. Testa minima, globoso-acuta, crassiuscula, alba, lin- 
eolis obliquis luteo-rufis picta; anfractibus quaternis con- 
vexis; spira conico-depressa; apice acuta, nigra; infimo an- 

fractu superne breviter et radiatim striato, apertura obli- 
qua, semi-circulart, intus dilute violacea; labio oblique rec- 


to; umbilico reniformi, callo mediano, supra plano angu- 
starite. 


Hab. les Philippines. 
(Collect. de M. Petit.) 


Coquille très petite, d’une forme globuleuse aiguë, as- 
sez solide pour sa petite taille, blanche, ornée de lignes 
jaune-rougeâtre et obliques. Elle a quatre tours de spire 
convexes}, nullement déprimés en dessus, mais rayon- 
nés, à cette place, par des stries profondes et courtes; 
spire conique, déprimée, assez saillante, à sommet aigu 
et noir. Ouverture oblique, demi-ronde, légèrement 
teinte de violet à l’intérieur; bord interne obliquement 
droit. Ombilic réniforme, contenant un funicule médian 
et à sommet aplati. L'opercule doit être testacé. 

Cette coquille semble n'être qu’un jeune de la Wat. 
lineata; cependant elle a toujours la même taille, un 
test plus épais et un ombilie autrement conformé. Sa forme 
est plutôt ovale que globuleuse. 

Dimensions : Haut. : 10 mill.; larg. : 9 mill. 


— 388 —- 
NaricaA tenus, Recluz. 


(PI. XIE, fig. 7.) 


N. T'esta ovata, parva, tenu, albida, glabra ; anfractibus 
senis convextis, supernè rotundatis ; suturis angustis ; spira 
conico-acuta; anfractu infimo ventricoso, antice dilalato; 
apertura subovali; labio valde obliquo, subrecto, postice in 
lamina tenu reflexo ; umbilico rimali. 

Var. 8. Testa globosa, ventricosa ; spira breviore; um- 
bilico parum aperto. 


Hab. Valparaiso. 
(Gollect. Recluz. ) 


Coquille ovalaire, mince, fragile, d'un blanc sale, 
presque transparente, glabre, peu brillante ou plutôt 
presque terne; formée desix tours arrondis et séparés par 
une suture étroite; spire conique, aiguë; dernier tour un 
peu transverse, dilaté antérieurement. Ouverture subo- 
vale ; bord interne très oblique, presque rectiligne, réflé- 
chi supérieurement en une lame très mince, étendue in- 
férieurement sur lombilic qu'il masque tellement, que 
celui-ci est réduit à une simple fente oblique. 

La var. £, qui en est peut-être la femelle, est globu- 
leuse, à spire plus courte, à dernier tour plus ventru et à 
ombilic un peu ouvert et profond. 

L'opercule doit être corné. 


Haut. : 24 mill.; larg. : 19 mill. 


Ouverture : Haut. : 14 mill.; larg. : 9 mill. 


N arica virginea, Recluz. 
(PI. XII, fig. 6:) 


N. Testa parva, subovata, convexa, exalbida, subpellu- 
cida, glabra, nitida; anfractibus quinis, convexo-depres- 


— 389 — 


sis; suturis superficialibus ; spira conico-depresso acuta; ani- 
fractu infimo fascia lactea opaca superne ornato; apertura 
obliqua, alba; labio oblique recto, callo elongato, postice 
reflexo, crasso et convexo ad umbilicum sulco parvo tran- 
sverso notato et transversim truncato ; umbilico parvo, in- 
fero, pervio, profundo; labro tenur. 
Hab. Realejos. 
(Collect. Petit et Recluz.) 


Petite coquille subovale, convexe, d’un blanc transpa- 
rent, glabre, brillante, à cinq tours de spire convexes et 
déprimés, sutures superficielles; spire conique et dé- 
primée, terminée en pointe. Dernier tour orné supé- 
rieurement d’une fascie d’un blane de lait, opaque et re- 
montant sur les tours de spire. Ouverture oblique, blan- 
che; bord interne oblique droit, épaissi supérieurement 
et postérieurement par une callosité allongée, épaisse et 
convexe, prolongée sur le trou ombilical qu’elle recou- 
vre en partie, et où elle présente une troncature hori- 
zontale ; néanmoins, celui-ci est ouvert, profond et ponc- 
tiforme. Près de l'ombilic, et à la partie supérieure de 
celui-ci, on remarque un sillon transversal, peu profond, 
qu'on retrouve dans toutes les espèces mamilliformes, 
comme les N. mamillaris, mamilla, macrostoma, uber, 
uberina et semblables. 

Cette espèce diffère de celles de sa section par sa spire 
courte et exactement conique. 


Haut. : 22 mill.; larg. : 18 mill. 


Ouverture : Haut. : 13 mill.; larg. : 8 mill. 


Namica Haneti, Reciuz. 


(PI. XIII, fig. 6, 7.) 


N. Testa subglobosa, longitudinaliter supernè sulçata: 


— 390 — 


sulcis creberrimis, transversis, tenue striata, lutescente, li- 
neolis longitudinalibus subundulatis spadiceis ornata; an- 
fractibus quinis, convexis, supernè depressis ; spira conico- 
depressa, apice acuta; apertura magna, basi angulata, albi- 
do-lutescente in fundo violacea ; labio interno obliquo, me- 
dio parum arcuato ; umbilico largo, superne pervio, inferne 
callo maximo spirali partim occultante; operculo testaceo? 


Habit. la côte de Bahia, d’où elle a été rapportée par 
M. Hanet-Clery. 


Coq. globuleuse, peu épaisse, formée de cinq tours de 
spire d’un jaune blanchâtre, rayés longitudinalement de 
lignes rouge-brunes légèrement ondulées et très rappro- 
chées. La surface des tours paraît finement striée par des 
lignes creuses, très rapprochées et spirales , croisées par 
des sillons longitudinaux un peu obliques, rapprochés, 
colorés et s'étendant jusque sur la moitié du dernier tour 
et occupant toute la surface des tours supérieurs. La par- 
tie supérieure des tours est déprimée , presque plane, et 
cet espace est limité inférieurement par un angle assez 
apparent. Spire latérale, conique et déprimée, à sommet 
aigu ; dernier tour ventru et plus large que haut. Ouver- 
ture oblique, semi-cireulaire, d'un blanc-jaunâtre et d'un 
beau violet dans le fond; lèvre interne très oblique, réflé- 
chie sur l'avant dernier tour et formant là une plaque cal- 
leuse, transverse et presque carrée au-dessus du trou om- 
bilical. Sa marge antérieure est un peu concave dans le 
centre et porte en avant cette dépression longitudinale et 
linéaire qui indique un opercule testacé. Ombilic très 
grand, occupé inférieurement par une grosse callosité, 
lorge et coupée obliquement à sa surface, contournée 
postérieurement en une spirale intérieure et ascendante 
qui laisse vers la partie supérieure et antérieure un trou 
assez grand et profond. 


— 391 — 
Hauteur : 38 mill, Largeur : 34 mil]. 


Ouverture : Hauteur : 30 mill. Largeur : 18 mill. 


L'exemplaire figuré appartient à Collection de M. Petit. 


Narica ochrostoma, Recluz. 


(PI. XIII, fig. 10.) 


N. Testa parva, ovata, albida, perlongum substriata ; 
anfractibus quinis, superioribus convexo- depressis, angus- 
ts, infimo subovato; apertura obliqua, subquadrata, intus 
ochracea; labio vix convexo, valde obliquo, supernè reflexo, 
calloso, umbilicum pervium, angustatum, inferum partim 
occultante. 


Habit... 
(Collection Recluz.) 


Petite coquille ovale, blanchâtre, substriée en long, 
formée de cinq tours de spire dont les supérieurs sont très 
étroits, d'un violet pâle et sale, faciés de blanc près des 
sutures, et le dernier presque ovale, convexe et unicolore; 
spire courte peu saillante en cône surbaissé et aigu ; ou- 
verture oblique, presque carrée, d'une couleur d’ochre 
pâle à l'intérieur. Bord interne très oblique, un peu ven- 
tru en avant, réfléchi supérieurement en une callosité peu 
épaisse et de couleur ochracée pâle. Cette callosité s'étend 
sur l'ombilic, qui est inférieur, et en masque une grande 
partie. L'opercule doit être cartilagineux. 


Dimension : Hauteur : 20 mill. Largeur 16 mill. 
Ouverture : Hauteur : 11 mill. Largeur 7 mill, 
Narica puncticulaia, Recluz. 


N. parva, subglobosa , ventricosa, albido-cinerascente, 
punctis innumeris spadiceis adspersa, fasciis tribus albis 


PTT 


angusus cum maculis luteo-rufis articulatis vel inordinatis 
picta; spira brevissima, depresso-planiuscula; sutura an- 
guste canaliculata ; apertura valde obliqua, angustata, semi- 
circulari, intus purpurea ; labio oblique recto, supernè et 
postice reflexo, calloso, albido ; umbilico infero, angusto, 
rotundato, pervio, externe rufo late cincto. 


Hab..:.… 
(Collection Recluz.) 


Petite coquille subglobuleuse, à quatre tours déprimés 
supérieurement et séparés par une suture étroite, pro- 
fonde et subcanaliculée. Elle a un fond blanc sur lequel 
règne un nombre considérable de points bruns très pe- 
tits. Le dernier tour est ornéde trois fascies blanches, 
étroites,articulées de taches jaunes roussâtres régulières ou 
inégalement disposées; la fascie supérieure a des taches 
plus grandes qui se montrent sur les tours de spire. Spire 
très courte, déprimée et presque plane. Ouverture très 
oblique, étroite, pourprée dans le fond. Lèvre interne 
très oblique, rectiligne , réfléchie supérieurement en une 
lame calleuse,blanchâtre,ombilic inférieur,étroit, arrondi, 
profond, entouré à l’extérieur d’une large zone rousse. 
Opercule cartilagineux. 


Dimension : Hauteur : 17 mill.; Largeur : 15 mill. 


Narica Cailliaudi, Recluz. 


(PI. XI, fig. 9.) 


N. Testa minima, subglobosa, alba, supernè lactea, ma- 
culs luteo-fuscis, superioribus ovatis, radiatis, alteris qua- 
dratis;, spira brevissima , vix convexa; apertura oblique , 
semi-circulart, intus alba; labio obliquè recto ; umbilico 
parvo callo omnin occultante. 


— 393 — 
lab. la côte d Amboine. 
(Collection Recluz.) 


Coq. très petite, subglobuleuse, blanche ou d'un blanc 
transparent ; elle a trois tours de spire dont les deux pre- 
iniers forment un sommet à peine saillant et convexe ; le 
dernier est ventru, globuleux d’un blanc lacté supérieu- 
rement et inférieurement, et orné de quatre rangs de ta- 
ches : le premier rang a les siennes ovales, rayonnées et 
espacées, le second et le quatrième ont les leurs carrées et le 
troisième carré-long et un peu plus séparées. Ouverture 
oblique, demi-ronde et blanchâtre. Le bord interne est 
obliquement droit, épaissi en arrière avec une callosité 
qui recouvre tout à fait l'ombilic. Opercule..… 

Cette petite espèce, constante dans ses dimensions, dif- 
fère de la Nat. pavée par sa taille, sa coloration et son 
ombilic. 


Dimension : Hauteur : 8 1[2 mil]. Largeur 7 mill. 


Narica Malabarica (Nobis). 


N. Testa subglobosa, parvula, glabra, subepidermide 
olivacea punctis maculisque albis et rufis minutis undique 
adspersa, superne ac ad umbilicum maculis lacteis et spa- 
diceis majoribus cincta; spira conico-depressa ; apertura 
semi-rotundi, intus violacescente; labio oblique recto, fusco, 
postice reflexo, tenut, callo umbilicum parvum partim vel 
omnimÔ obtegente. 


Hab. Mahé, sur la côte de Malabar. 


Petite coquille presque globuleuse, lisse, recouverte, 
dans l'état frais, d'un épiderme olivâtre, sous lequel sa 
robe est criblée de taches et de points très petits, bruns 
et blancs. Elle à quatre tours convexes et arrondis, les 
trois premiers formant une spire conique, déprimée, ob- 


26 


— 394 — 


tuse : le dernier très ventru, déprimé autour de la suture 
et portant là une fascie formée de taches lactées et rouge- 
brun, qui se répète tout autour de l'ombilic. Ouverture 
oblique, demi-ronde. Bord interne obliquement droit, 
brun, réfléchi sur l’avant-dernier tour en une plaque 
mince. Ombilic étroit, garni d'une callosité spirale qui 
en bouche une partie ou la totalité. Bord externe, mince, 
tranchant. Opercule testacé, mince, lisse, ayant une côte 
subspirale autour du nucleus. 


Dimensions : hauteur, 14 mill.; largeur, 15 mill; 
épaisseur, {{ mill. 


Narica Columnaris(Nobis). 


gs ÊT 
N. Testa subglobosa, transversa, glabra, alba, aurantio- 
fuscescente interdum latè fasciata; anfractibus quinis, con- 
vexiusculis : infimo transverso, ventricoso; spira valde 
depressa, acuta ; apertura obliqua, angustata, arcuaia; labio 
crasso, antice ventricoso, supra calloso, angusto. Umbilico 


largo, callo maximo, prolongato ; operculo corneo. 


Hab. Les Iles Philippines, à Manille. 


Coq. presque globuleuse, transverse, glabre, toute 
blanche (les jeunes sont hyalins), ou, par fois, ornée 
d'une fascie orangée-brunâtre, tellement large, que le 
dernier tour paraît presque tout à fait peint de cette cou- 
leur, à l'exception d'une zone blanche près de la suture. 
Sa spire est semi-globuleuse, à sommet aigu. Dernier tour 
ovale, transverse, ventru, un peu déprimé près de la su- 
ture. Ouverture très oblique, rétrécie, arquée. Bord in- 
terne ventru en avant, épais, réfléchi sur l’avant-dernier 
tour, et là, portant une callosité convexe. Ombilic très 
grand, continué en un canal arqué, large et profond. Un 
funicule large et épais, aplati en dessus, se contourne dans 
cet ombilic, et montre une grande partie de sa substance 


— 399 — 


aù déhors. La forme transversale de cetté coquille, son 
épaisseur et son poids, non moins que la figure de son 
ouverture et les caractères de son ombilic, ne permettent 
pas de la confondre avec la Vatica (Nerita) pes-elephantis 


de Chemnitz. 


Dimensions : hauteur, 34 mill.; largeur, 40 mill.; 
épaisseur, 23 mil]. 


Nawica bicincta (Nobis). 


N. Testa ovato-subglobosa, ventricosa, longitudinaliter 
striata, albida, maculis oblongis spadiceis, bis-cincta; an- 
fractibus quinis ; infimo maximo; apertura ovata, dilatata, 
basi angulata; labio arcuato, superne fusco, subtus albido; 
umbilico rimali, ad periphæriam albido. 


Hab. Les Philippines, 


Coq. ovale, presque globuleuse, mince, ventrue, striée 
fortement en long, blanchâtre, et ceinte, sur le dernier 
tour, de deux rangs de taches oblongues, obliques, dis- 
posées à égale distance, et de couleur brun-rouge. Spire 
en cône surbaïssé, à sommet pointu. Le dernier tour est 
très grand et forme presque à lui seul toute la coquille. 
Ouverture ovale, dilatée, anguleuse en haut et en bas, 
blanchâtre. Bord interne concave, réfléchi sur l'avant- 
dernier tour en une lame si mince, qu'on n’en aperçoit 
presque pas la trace. Près de l'ombilic, on aperçoit une 
zone brune, décurrente à l'intérieur, et qui colore seule- 
ment la partie supérieure de ce bord : le reste est blan- 
châtre. Ombilic en forme de fente, de la même couleur 
que le test, ainsi que le canal et son pourtour. Opercule 
corné. 

La forme etla couleur de son intérieur, de même que la 
figure de son ouverture, différencient cette espèce des 
Natica sœbæ et melanostoma. 


— 396 — 


Dimensions : hauteur, 39 mill.; largeur, 33 mill.; 
épaissseur, 22 mil]. 


Namca Tournefortit (Nobis). 


N. Testa subovata, nitida, albida vix cinerascente ; an- 
fractibus supernè radianter striatis, convexis : infimo su- 
pernè ascendente; spira prominula ; conico-depressa , 
acuta  wmbilicum callo maximo occultante ; apertura obli- 
qua, semi-rotunda; labio oblique recto, superne reflexo, 
valde calloso ; callo transversim anguloso. 


Hab. Les Seycheiles. # 


Coquille ovale, lisse, brillante, d’un blanc un peu 
cendré dans l’état récent, et très légèrement fauve quand 
elle a séjourné sur la grève. Elle a quatre à cinq tours 
convexes, dont les premiers forment une spire en cône 
déprimé et aigu. Le dernier, de forme ovalaire est ascen- 
dant à sa partie supérieure, et est marqué, près de la su- 
ture, de strias imprimées et rayonnantes, qui remontent 
sur les tours supérieurs. L'ouverture est très oblique, 
demi-ronde, peinte d’une large zone brun pâle en dedans. 
Bord interne obliquement, droiten avant, aplati en dessus, 
très calleux dans tout son trajet, et principalement à sa 
partie supérieure qui est réfléchie sur l’avant-dernier tour. 
La callosité, très épaisse et rebombante, est anguleuse 
transversalement. L'ombilic se trouve rempli par un fu- 
nicule épais, ne laissant qu'une fente pour en dessiner le 
contour. L'opercule doit être calcaire. 


Dimensions : hauteur, 25 mill.; largeur, 21 mill.; 
épaisseur, 17 mill. 
Narica gualteriana (Nobis). 


N. Testa minima, subglobosa , levigata, lactea, liners 
spadiceis anguste bifasciata, interstitiis fasciarum lineis 


— 397 — 


concoloribus per longum picta; anfractibus quaternis ; su- 
pernè strüs radiantibus impressis, infimo ventricoso; spira 
brevi, conico-depressa, acuta, alba; umbilico angusto, funi- 
culo depresso modificato. 


Hab. Les Philippines, à la Jacna (Ile Bohol). 


Petite coquille subglobuleuse, lisse, d’un blanc de lait. 
formée de quatre tours de spire imprimés de stries creuses 
et rayonnantes. Spire surbaissée, conoïdale, aiguë et tout 
à fait blanche. Dernier tour très grand, orné d’une fascie 
linéaire, rouge-brun, près de la suture, et d'une autre 
plus päle sur le centre, avec les espaces intermédiaires 
peints de lignes rouge-brun, espacées, courtes et rayon- 
nantes. Ombilic étroit, profond, modifié par une callosité 
spirale interne, dont le sommet est aplati d'avant en ar- 
rière. Ouverture oblique, demi-ronde. Bord interne 
droit, réfléchi sur l’avant-dernier tour en une plaque 
mince et très courte. Bord externe mince et tranchant. 


Dimensions : hauteur, 7 mill.; largeur, 6 mill.; épais- 
seur, 4 1/2 mill. 


Les caractères de cette espèce de Natice ne permettent 
pas de la confondre avec aucune autre. 


Narica pallium. (Nobis.) 


N. Testa magna, ovalo-conica, ventricosa, ponderosa, in- 
ferne fulvo rubente pallido, medio late et intense rufo-fus- 
ca, superne fascia lutea larga picta ; spira brevi, conico-de- 
pressa, acuta, lutea vel alba; apertura semi-circularë, intus 
albido-fulvescente ; labio albo, crasso, antice convexo, su- 
perne incrassato, calloso : callo suprà umbilicum sulco 
transverso notato ; umbilico pervio, extus semi-lunari, ef- 
Juso, lutescente, angulo nullo spirali, funiculo ovato, albo, 
intus valde depresso umbilicum modificante. 


Hab. Poulo-Pinang (Souleyet). 


— 398 — 


Belle et grande espèce rapportée par M. Souleyet , as- 
sez semblable à la Vatica mamillaris Lamark (laquelle n’a 
pas de rapport avec l’Æelix mumillaris de Linné, qui est 
un Sigaret), en différant par sa coloration, son bord in- 
terne moins convexe en avant et son ouverture plus lar- 
ge , semi-circulaire et non point presque réniforme. Le 
sillon qui se voit à la base de sa callosité columellaire est 
moins large que dans la N. mamillaire; son canal ombi- 
Jical est plus étroit, sans trace d'angle saïllant; mais la 
callosité funiculaire a plus de largeur à la surface et plus 
le saillie à l'intérieur. La nôtre vient de Poulo-Pinang en 
Cochinchine, et celle de Lamark des Antilles. 

Cette Natice est ovale, conique, épaisse, pesante, à 
tours convexes horizontalement et déprimés près de la 
suture ; les trois premiers sont jaunes ou blancs, selon les 
variétés ; le quatrième a sa base rouge-brun, et le cin- 
quième ou dernier présente trois zones différemment co- 
loriées. La zone supérieure est jaune, parfois bordée de 
blanc inférieurement ; la médiane, rouge-brun ; peu in- 
tense, et l'inférieure d'un fauve-rongeâtre : c'est la plus 
large de toutes. La spire, assez courte et saïllante , forme 
un cône surbaissé et aigu ; le dernier tour, ovale-oblique, 
est très-ventru et marqué de stries obliques d'avant en ar- 
rière, assez bien marquées pour ne rien Ôter du poli que 
montre la surface de cette coquille. La suture est superti- 
cielle. Ouverture oblique demi-ronde , plus haute que 
large, d'un blanc légèrement lavé de fauve. Lèvre in- 
terne épaisse, un peu ventrue en avant, blanche, et très 
calleuse au-dessus ; cette callosité est marquée au-dessus 
de l’ombilic d'un sillon transverse et superficiel, comme 
sur les V, mamillaris, mamilla et autres du même groupe. 
Ombilic profond, étendu en dehors en un canal semi-lu- 
naire blanc, dont la forme est occasionnée par un funi- 
cule ovale à la surface et très déprimé en dedans. Oper- 
cule cartilagineux. Bord externe tranchant. 


— 399 — 
Dimension : Haut. : 55 mill.; larg. : 47 mill. 


Ouverture : Haut. : 39 mill.; larg. : 22 mill. 


Narica bahiensis. (Nobis.) 


N. Testa ovata, ventricosa, solida, supernè cervina, in- 
fernè albido-cinerascente; spira vix exserta, conico-de- 
pressa, albida; anfractu infimo versus suturam compressius- 
culo; apertura obliqua, semi-circulari, intus rufo-fusca; la- 
bio oblique-subrecto, superne et extus callo, incrassato, me- 
dio sulco diviso; umbilico pervio, canali lato, intense luteo 
rufo , medio spiraliter anguloso. 


Hab. la côte de Bahia. 


Coquille ovale, ventrue, solide, à quatre tours de 
spire séparés par une suture superficielle; les trois pre- 
miers forment une spire très courte, en cône très dépri- 
mé, pointu et d'une couleur plus blanchätre. Dernier 
tour ovale, oblique, de couleur fauve-bleuâtre dans sa 
moitié supérieure et d'un gris-blanc dans l’inférieure, 
avec le sommet de ce tour légèrement étranglé sous la 
suture. Ouverture oblique, demi-ronde, d'un rouge-brun 
intense en dedans ; bord interne obliquement droit, ré- 
fléchi et calleux sur lavant-dernier tour ; la callosité di- 
visée dans son milieu par un sillon transversal peu pro- 
fond. Ombilic profond et étroit en dedans, élargi en de- 
hors en un canal large d’un roux-bran intense, avec un 
angle étroit et spiral dans le milieu; funicule effacé. 
Opercule cartilagineux. 

Cette coquille a des rapports avec les individus moyens 
de la N. mamillaris Lamark ; elle en diffère par sa colu- 
melle non ventrue en avant, par son ouverture plus 
grande, et surtout par son canal ombilical constam- 
ment roux-brun intense, ayant l’angle interne de son ca- 
nal moins saillant , et par son funicule non apparent ni 


— 400 — 


en dehors ni en dedans. La coloration de sa robe n'est 
pas la même, ni celle de l’intérieur de l'ouverture. 


Dimension : Haut. : 28 mill.; larg. : 26 mill. 
Ouverture : Haut. : 20 mill.; larg. : 12 mill. 


Obs. Cette espèce et la précédente ne sont peut-être 
que des variétés locales de la N. mamillaris Lamark; ce- 
pendant, elles sont constantes dans leurs caractères. 


Narica funiculata. (Nobis.) 


N. Testa orbiculata vel transversim ovata, ventricosa, 
alba, polita, nitida ; anfractibus quinis, superioribus spiram 
brevissimam vix exsertam efformantibus; sutura suboblitte- 
rata; infimo anfractu ovato-rotundato, oblique transversal; 
apertura obliqua , semi-rotundata, lactea; labio obliquo, 
crasso, supra calloso , superne anguloso: callo maximo; 
extus rotundato, umbilicum valde occultante. 


Hab. les Philippines ou la côte du Coromandel. 


Coquille demi-ronde dans le jeune âge et ovale trans- 
verse dans l’état adulte, d'un blanc.de lait uniforme, lisse 
et luisante, composée de cinq tours, dont les quatre pre- 
miers donnent lieu à une spire à peine saïllante, en cône 
très surbaiïssé et aigu au sommet. Tours séparés par une 
suture superficielle : le dernier, ovale transverse et très 
ventru. Ouverture oblique d’un bianc de lait, demi-ronde, 
ayant le bord externe tranchant, arrondi dans le haut et 
avançant fortement sur l'ouverture dans cette portion de 
la lèvre. Bord interne obliqué, convexe en avant, épais 
et réfléchi au-dessus de l’ombilic, sur l’avant-dernier 
tour en une lèvre épaisse, calleuse et anguleuse vers la 
jonction des deux bords; un sillon léger se remarque 
vers l'ombilic dans le jeune âge et s'efface de plus en plus 
dans l’état adulte, Ombilic tout à fait recouvert par une 
callosité épaisse, en forme de bouton convexe dans le 


— 401 — 


jeune âge, mais ouvert postérieurement en arc, parce que 
la callosité en laisse une partie non occupée par elle; cet 
ombilic est alors bifide, comme Linné le nomme dans sa 
Ner. {Natica) canrena. 

Par la forme constante du contour de son ombilic, par 
celle de sa callosité toujours plus robuste en dedans, par 
son bord interne moins ventru en avant, cette espèce se 
différencie de la W. pes-elephantis de Chemnitz. 


Dimensions : Jeunes : Haut. : 22 1/2 mill.; largeur : 
22 1/2 mill. Ouverture : Haut. : 18 mill.; larg. : 10 mill. 
—Adultes : Haut. : 33 mill.; larg. : 37 mill. Ouverture: 
Haut. 26 1/2 mill.; larg. : 15 mill. 


Navwica stercus muscarum. Gwmelin. 


N. Testa ovato-globosa, pallide lutescente glabra, cras- 
siuseula, punctis spadiceis undique adspersa; anfractibus 
senis, ventricosis, supra depresso-planis ; suturis angustis ; 
infimo subrotundo, parum transverso, superne spadiceo 
pallido late zonato et punctis in adultis per series zigzag- 

formibus, interdum confluentibus , inferne luteo , punctis 
rarioribus ornato; spira valde exserta, conico-acuta; um- 
bilico parvo, callo spirali depresso modificato ; apertura 
valde obliqua, albida, in fundo fusco tincto ; labio interno 


oblique recto, superne postice parum reflexo ; operculo tes- 
taceo. 


Hab. la côte du Goromandel et Java. 


Dimensions : Haut. : 35 mill.; largeur : 32 1/2 mill. 

Ouverture : Haut. : 22 1/2 mill.; larg. : 10 mill. 

Les jeunes individus sont presque globuleux. 

Obs. Chemnitz n'a figuré que le jeune âge de cette es- 
pèce, et nous l'avons décrite dans l’état adulte. La N. ja- 


vanica de Lamark en est une variété plus étroite, moins 
ventrue et à ombilie moins ouvert. Quant à la robe et au 


— 402 — 


nombre des tours, elle ne diffère point de la coquille de 
Chemnitz ; elle est moins allongée que la N. pellis tigrina 
(W. maculosa Lamark), et en diffère encore par sa robe à 
tours fasciés de rouge-brun pâle dans la moitié supé- 
rieure. 


C. KR. 


Descriprion de coquilles nouvelles, par M. Perir 5 
LA SAUSSAYE. 


(Purpura GRATELOuPIANA nobis. (PI. VIIL, fig. 1.) 
(Notre collect.) 


Testa ovata, biconica, crassa, imperforata, transversim 
? 2 9 
sulcata; anfractibus supernè angulatis ; columella subcallo- 
ù $ . . \ . 
sa, fusco-lutescente ; labro margine crenato, intüs costulis 
4-5, fuscis ornato. 


Long. : 29 mill.; larg.; 18 mil]. 
Hab. les Moluques. 


Coquille ovale, biconique, épaisse, pesante , sillonnée 
transversalement, les tours de spire anguleux à la partie 
supérieure, columelle calleuse, d'un jaune nuancé de 
brun ; le bord du labre crénelé, le bord droit ayant in- 
térieurement quatre ou cinq côtes brunes, linéaires, mais 
qui s’élargissent en approchant de la marge. 

Cette espèce est très voisine du ?. Gradata , Jonas, 
mais elle nous a paru en différer par sa forme générale, 
l'élévation de sa spire et les côtes brunes qui se trouvent 
constamment à l'intérieur. D'un autre côté, M. Jonas 


au APS > 


donne pour synonymie à son espèce la Purpura trigona 
de M. Reeve, qui est évidemment différente de la nôtre. 
Enfin celle-ci, qui n'habite pas les mêmes localités, pré- 
sente toujours les mêmes caractères, ou du moins nous 
avons vu entre les mains de M. le docteur Grateloup, 
à qui nous dédions cette espèce, un certain nombre 
d'exemplaires absolument semblables pour la dimension, 
la forme et la coloration. 


Purpura Laurentiana nobis. (Notre collect.) 


(PI. XII, fig. 2.) 


Testa abreviata, globosa, crassa, imperforata; spira de- 
pressa, brevissima; 3-4 anfractibus, squamatis, squamis 
angustatis s@pè subcanaliculatis, ultimo anfractu transver- 
sim quadriseriatim tuberculato; apertura semi-ovata; fauce 
quinque dentata, roseo vel aurantiaco-lutea. 


Long. : 20 mill.; larg. : 16 mill. 
Hab. Océan-Pacifique. 


Coquille courte, globuleuse, épaisse, dépourvue d'om- 
bilic, à spire déprimée ; trois ou quatre tours, dont le 
dernier présente quatre rangs de tubercules placés en sé- 
ries transversales; ouverture semi-ovale d’un jaune vifet 
brillant , légèrement teint de rose ou d'orangé, comme 
dans la Aicinula digitata; quatre ou cinq dents sur le 
bord intérieur du labre. 


Cette coquille est remarquable par la forme déprimée 
de sa spire et par les espèces de squamules dontelle est 
couverte, lesquelles, au premier aspect, ressemblent à 
des épines obtuses ; en les examinant avec attention , on 
reconnait que ces écailles sont en partie canaliculées, 
comme dans certains Spondyles. 


Nous dédions cette espèce à M. le docteur Laurent. 


— 404 — 
Burimus Cailliaudi, Nobis: (notr. Collec.) 
(PI. XIIE, fig. 3.) 


Testa elongato-ovata, albida, epidermide luteo-cornea 
induta, subperforata ; anfractibus senis, subplano-convexis; 
columella obliqua; apertura subeffusa, intus albido-rosas- 
cente, labro expanso, vix reflexo, margine rosaceo-fulves- 
cente. 


Long. : 60 imill. Larg. : 30 mill. 
Habite les îles Philippines. (I. Lucon.) 


Coq. ovale oblongue, assez légère, d'un blanc nuancé 
de rose à l’intérieur, et couverte à l'extérieur d’un épiderme 
jaunâtre, plus intense sur le dernier tour; ouverture assez 
large, le bord droit épanoui, peu réfléchi, la marge d'un 
fauve rosacé, tirant sur la couleur lie de vin. 


Gette espèce, qui se rapproche un peu des Bul. Dacty- 
lus, Sylvanus et Dryas, s'en éloigne cependant par divers 
caractères qui lui sont propres, tels que la présence d’un 
ombilic, sa contexture moins solide, le nombre de ses 
tours de spire, sa coloration et son ouverture plus évasée. 

Nous dédions cette espèce à notre collaborateur M. Cail- 
liaud, comme une preuve de notre gratitude pour l'inté- 
rêt quil porte à la publication que nous avons fondée. 


Bucaxum (nassa) Webbei, Nobis. (notr. Collec.) 
(PI. XIE, Gg. 8.) 


Testa oblongo-conica, crassiuscula, sordidè albida, can- 
cellato-granosa; spira turrita, conico-acuta; anfractibus 
septenis, subconvexis, gradatis, sutura profunda discretis ; 
apertura ovali; labio sinuato, quadriplicato;, labro supra 


reflexo , intus calloso et sulcato, sulcis inferis dentiformi- 
bus. 


0 — 


Long. : 18 mill. Larg. : 11 mill. 
Habite la côte occidentale d'Afrique. 


Coq. conique-oblongue, épaisse, blanchâtre, garnie de 
côtes longitudinales qui, traversées par des sillons assez 
profonds, présentent de fortes granulations ; spire conique 
aiouë ; les tours, au nombre de sept étages, avec une su- 
ture assez profonde; le bord columellaire sinué, garni de 
quatre plis ou dents, le pli supérieur bifide; le bord droit 
calleux, sillonné, les sillons inférieurs dentliformes. 

Ce Buccin est remarquable par la forme etles accidents 
de l’ouverture qui la rapprochent de celle du Buc. retusum, 
Lam., que M. Gray a pris pour type d’un genre qu'il a 
nommé Demoulia. dans le Magazin of natural History de 
Charlesworth, ann. 1838. 


Nous dédions cette espèce à M. Webbe, à qui nous 
devons de précieux renseignements sur la faune conchy- 
liologique des côtes occidentales d'Afrique. 


AuxicuLA Scheepmakerr, Petit. 


Testa oblonga , ponderosa, alba, epidermide olivaceo- 
virescente induta ; anfractibus octonis convexo-depressts, 
rugosis, supernè granulosis ; columella vix callosa, infernè 
crassa et biplicata; apertura elongata, obliqua, spiram 
œquante, intus cærulescente; labio incrassato, albo, infernè 
posticè subreflexo. 


Hab. I. Sumatra. 


Coquille oblongue, épaisse, blanche. couverte d’un 
épiderme d'un vert olivacé un peu clair; huit tours de 
spire, convexes-déprimés, rugueux, granuleux à la partie 
supérieure ; la collumelle peu calleuse, et ayant deux plis 
vers la partie inférieure ; ouverture oblongue, oblique, 
ayant à peu près la longueur de la spire, bleuâtre inté- 
rieurement, avec le bord marginal plus blanc; le bord 


épais. 


— 406 — 


Longueur, 84 mill.; largeur, 38 mill. 


Longueur intérieure de l'ouverture, 39 mull. 


Cette belle coquille appartient au genre Auricula, et se 
rapproche de l'Auricula midæ, mais elle en diflère par des 
caractères essentiels; ainsi, elle est plus oblongue; sa 
couleur est d’un vert olivacé assez clair, elle est moins 
granuleuse. Son ouverture surtout est moins longue et 
moins étroite que dans l'Auricule de Midas. 

Nous devons la communication de cette belle espèce à 
M. Scheepmaker, d'Amsterdam, à qui nous nous faisons 
un plaisir de la dédier. 


D 


DE LA rAcuLTÉ attribuée à certaines espèces de Porce- 
laines (cyprœa) de reconstruire leur coquille. 


A l’occasion de l’emploi fait par quelques Mollusques 
d’une sécrétion acide pour se loger dans l’intérieur des 
corps calcaires, nous croyons utile de rappeler qu'on a 
attribué à d’autres animaux de la même classe la faculté 
de se servir de cette sécrétion dans un t6ut autre but. 

En 1845, M. Lowell Reeve fit connaître dans les procee- 
dings de la Société zoologique de Londres le résultat des 
observations faites par un officier de la marine anglaise, 
relativement à un procédé que l'animal des Porcelaines 
employait assez souvent pour reconstruire sa coquille. 
Avant de mettre ces observations sous les yeux de nos 
lecteurs, nous devons dire quelques mots des faits qui 
avaient appelé l'attention des conchyliologues sur cette 
même question. 


— 407 — 

Il n'est point de collecteur qui n'ait remarqué que dans 
le genre Porcelaine (cypræa), et notamment dans quel- 
ques espèces, telles, par exemple, que la Cypr. tigris, on 
trouve souvent : 1° les coquilles dans l'état parfait et com- 
plet à différentes tailles; 2° des coquilles très volumineu- 
ses, ayant cependant le test très mince et l'apparence de 
coquilles jeunes ou plutôt à l'état imparfait. 

Bruguière en tira cette conclusion que le Mollusque, 
après avoir formé une coquille complète, et ayant encore 
la faculté de grandir, se trouvait trop à l’étroit dans sa 
demeure, et qu'il la quittait pour en former une nouvelle 
plus en harmonie avec le nouveau volume de son corps. 
Lamark admit cette opinion dans son Histoire des Ani- 
maux sans vertèbres. 

M. Deshayes combattit cette hypothèse, dans son arti- 
cle Porcelaine (Encyclopédie méthodique), en faisant re- 
marquer que l'animal est lié à la coquille d’une manière 
invincible, que ce sont des causes locales qui agissent sur 
le développement des individus, et que ce développement 
ne dépasse pas certain âge et certaines limites. Le savant 
conchyliologue ajoutait que, dans le genre Porcelaine, le 
terme de l'accroissement pouvait être d'autant plus voisin 
du jeune âge que l'animal a un puissant moyen de reje- 
ter au dehors de la coquille, par la sécrétion de son man- 
teau, toute la matière calcaire, qu'à l'exemple de presque 
tous les autres Mollusques, il ne peut déposer à l'intérieur 
ou sur le bord droit. 

M. Deshayes a regardé avec raison l'hypothèse présen- 
tée par Bruguière et admise par Lamark comme étant en 
opposition avec les lois qui président à l'organisation des 
Mollusques; mais il n'a pas expliqué les causes de ce fait 
assez singulier qu'on rencontre souvent dans la famille 
des Cypræa des coquilles ayant en même temps un vo- 
lume très considérable, et la contexture mince et fragile d'un 
individu jeune : c'est ce point qui a éte traité par M, Lo- 


— 408 — 


well Reeve, et voici ce qu'il dit dans l'ouvrage que nous 
avons cité plus haut. 


« 


« 
« 


« 
« 
« 
« 
« 
« 
« 


« Il est certain que l'animal de la Porcelaiue peut effec- 
tuer un changement très important dans sa coquille, 
durant une ou plusieurs périodes de sa vie, Ce fait est 
prouvé par les observations d’un officier de marine,. 
dont le récit rapporté ci-dessous, constate le phéno- 
mène dont il a été lui-même témoin oculaire : voici 
la lettre de cet officier : 


« Mon cher Monsieur, 


« Veuillez me permettre de vous adresser quelques 
observations sur les habitudes de la Cypræa, relative- 
ment à la manière dont elle refait elle-même sa coquille 
à un âge avancé, ce dont j'ai été personnellement témoin 
oculaire dans plus d'une circonstance. J'ai vu la Porce- 
laine se traîner dans quelque trou, à l'abri de la lumière, 
évidemment dans un but particulier. La grosseur de 
l'animal semblait être devenue trop considérable pour 
sa demeure ; il s’enflait graduellement et faisait fendre 
sa coquille : je pense que quelque puissant dissolvant 
ou fluide décomposant devait être répandu sur la sur- 
face extérieure de celle-ci parle manteau du Moïlusque, 
car le test semblait être d'une substance plus mince et 
d'une couleur plus sombre; la coquille ensuite dispa- 
raissait entièrement, la Cyprœæa prenait toute l'appa- 


rence d’un Mollusque nu sans autre couverture que 


son manteau membraneux, eten peu de temps elle sé- 
crétait une mince couche de matière glutineuse, qui, 
peu de jours après, prenait la consistance de la laque 
en écaille. À partir de ce moment, la croissance était 
plus rapide, elle se consolidait de plus en plus et deve- 
nait coquille adulte. Lorsque, pendant la première pé- 
riode de renouvellement , la coquille est mince et fra- 
gile, elle a toujours la forme de la Cymba, maïs je n'ai 


&« 


«€ 


— 409 — 


jamais réussi à conserver aucun individu dans cet état, 
à cause de son extrême fragilité. » 
A ce récit, M. Lovell Reeve ajoute les réflexions sui- 


vantes : 


« Il'est évident, d’après les observations du lieutenant 
Hawkey, que c'est seulement la partie extérieure de la 
coquille qui est détruite et reconstruite par l'animal, et 
que la partie columellaire reste intacte. L'animal ne 
refait pas complètement sa coquille, comme Lamark l’a 
pensé, mais il dissout la partie extérieure au moyen 
d'une sécrétion acide : toute trace visible de la coquille 
peut ainsi disparaître, sans que ce fait affaiblisse la 
proposition de M. Deshayes fondée sur l'opinion que 
le manteau est le seul organe sécréteur. Le manteau est 
toujours susceptible d'extension sur la coquille, et la 
même faculté, qui fournit à l'adulte Ja dernière couche 
d'émail, peut servir à la formation d'autant de couches 
superposées qu'il est nécessaire pour remplacer tout ce 
qui a été décomposé. Qu'il y ait une dissolution, cela 
ne fait aucun doute. L'animal s’enfle graduellement, dit 
le lieutenant Hankey, la coguille se fend, devient plus 
mince, se ternit el disparaït, ce qu'on peut admettre faci- 
lement, quand on se rappelle que le Murex possède la 
faculté de détruire les épines ou autres obstacles qui 
s'opposent à sa croissance, et que les Pholades et autres 
Mollusques térébrants ont le pouvoir de pénétrer dans 
les roches calcaires les plus dures. 

« Il est an autre point du récit de M. Hankev auquel 
il importe de prêter attention et qui se rapporte à la 
formation de la nouvelle coquille. La matière gluti- 
neuse, qui a l'apparence de la laque en écaille, est si 
fragile qu’elle cède au toucher, ne prend pas la forme 
étroite et cylindrique des Bulles ; elle ne suit pas le plan 
originaire, en tournant autour de l’axe columellaire, 
mais elle prend la forme large et ventrue d'une Cymba : 

97 


— 410 — 


« elle se consolide rapidement, pour devenir coquille 
“ M id 


« On peut conclure de ce qi précède que la Porcelaine 
« M à diverses époques de son existence, la fa- 
« culté de décomposer une certaine partie de la coquille 
« qui pourrait empêcher son développement, que le re- 
« nouvellement de cette portion du test s'accomplit dans 
« un espace de temps comparativement court, et que Ja 
« partie intérieure de la columelle reste intacte : on peut 
« supposer toutefois que ce travail n’a lieu que rarement, 
« et dans des conditions particulières. » 
Bien que les observations qui précèdent remontent déjà 
à quelques années, nous avons cru néanmoins qu'il ne 
serait pas sans intérêt de les reproduire dans le journal, 
d'abord parce que beaucoup de nos souscripteurs n'ont 
pas sous la maïn les proceedings de la Société zoologique 
de Londres, et, en second lieu, parce que les circons- 
tances rapportées par le lieutenant Hankey et les con- 
séquences qu'il en tire tendent à prouver qu'à côté de Ja 
sécrétion calcaire il y aurait aussi chez les Mollusques une 
sécrétion acide, fait important et qui mérite d’être étudié 
désormais avec un grand soin. C’est donc pour provo- 
quer de nouvelles observations que nous apppelons sur 
cet objet l'attention des personnes qui seront en position 
de se livrer à ce genre de recherches. 


S. P: 


Osservarion sur la Verita scabricosta, Lamark. 


M. Recluz avait fait, il y a déjà un certain nombre 
d'années, la description de la Ver. seubricosta, Lam., sur 


—" 411 — 


l'exemplaire unique de la collection du prince Masséna, 
et c'est cette description qui a été reproduite dans le 
Journal de Conchyliologie, page 287. M. Recluz n'ayant 
pas eu le temps d'examiner de nouveau l’exemplaire d’a- 
près lequel nous avons représenté cette coquille, planche 
11, 6g. 1-2, n’a pu la comparer alors avec les espèces voi- 
sines, et il l’a inscrite dans son catalogue synonymique 
(pag. 284), à la suite de la Verita ornata, Sow.;, mais il a 
reconnu depuis que ces deux espèces n'en font réellement 
qu'une, et que le nom donné par M. Sowerby doit dé- 
sormais Venir en synonymie, celui de Lamark ayant la 
priorité. L’exemplaire d'après lequel cet auteur a fait sa 
description, et qui est figuré dans le journal. pl. 11, fig. 
{ et 2, n’a point cette teinte rougeâtre qu'on retrouve 
presque toujours sur les exemplaires rapportés des côtes 
Quest de l'Amérique septentrionnale. 
S.1P: 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


MorLusques MÉDirERRANÉENS observés, décrits, figurés, 
cromolithographiés d’après nature, sur des modèles 
vivants, par J. B. Véranv, membre correspondant 
de l’Académie royale des sciences de Turin, etc. 


Malgré toutes les observations recueillies depuis un 
certain nombre d'années sur les animaux mollusques, la 
malacologie est encore aujourd'hui, on peut le dire, une 
des parties les moins avancées de la zoologie. Combien 
de ces animaux, en effet, dont on ne connaît que l'en- 
veloppe solide? combien d’autres sur lesquels on n'a 
que des notions vagues, incomplètes ou inexactes? Cet 


— 412 — 


état d'imperfection de nos connaissances sur cette partie 
de la science, doit être attribué en grande partie à la dif- 
ficulté réelle du sujet. Les Mollusques, en effet, se pré - 
tent bien moins à l'observation que la plupart des ani- 
maux appartenant aux aulres groupes du règne animal; 
chez les animaux vertébrés et même dans le plus grand 
nombre desanimaux sans vertèbres, les caractères qui ser- 
vent à la distinction et, par suite, à la classification des es- 
pèces, sont généralement fixes, invariables ; il n’en est pas 
ainsi chez les Mollusques; les parties, sur lesquelles reposent 
ces caractères, sont ici, comme on le sait, essentiellement 
variables dans leur forme; elles s’altèrent toujours plus ou 
moins complètement après Ja mort; il en résulte, pour 
l'étude, des difficultés souvent très grandes qui n'ont pas 
permis jusqu'à présent de caractériser d’une manière 
suffisante la plupart des êtres qui composent cet embran- 
chement, et d'apporter par conséquent tous les perfec- 
tionnements nécessaires à leur disposition méthodique. Il 
est donc bien à désirer que de nouvelles observations, 
faites avec exactitude et précision, viennent remplir les 
lacunes que la science présente encore à cet égard, et 
mettent ainsi un terme aux doutes et aux incertitudes des 
zoologistes. 

L'ouvrage dont nous avons à parler nous semble avoir 
été conçu dans ce but. L'auteur, M. Vérany, à qui la 
science doit déjà d'importants travaux, a réuni sur les 
Mollusques de la Méditerranée qu il explore, sous ce rap- 
port, depuis plusieurs années, un nombre considérable 
d'observations dont on peut apprécier tout l'intérêt par 
celles qu’il a déjà publiées et dont nous allons rendre un 
compte succinct dans cetarticle. 

M. Vérany a consacré la première partie de son travail 
aux Céphalopodes; dans une seconde partie, il doit faire 
connaître les Ptéropodes et les Gastéropodes appartenant 
aux ordres des Nucléobranches, des Nudibranches et 


==408 2 


des Scutibranches. Quoique l'auteur n'ait encore an- 
noncé que ces deux parties, nous avons tout lieu de 
croire qu'il étendra aussi son œuvre aux autres grou- 
pes du type des Mollusques ou, tout au moins, de 
la classe des Gastéropodes. 

La première partie consacrée, comme nous venons de 
le dire, à la classe des Céphalopodes, se compose de 40 
planches in-4°, dans lesquelles sont représentées près de 
cinquante espèces appartenant à la plupart des divisions 
génériques élablies dans cette classe, et dont la plupart 
sont dues aux recherches de M. Vérany. 

Le genre ELÉDON, qui commence cette série, est repré- 
senté par trois espèces qui sont: l'Æledon moschatus 
(Leach), l'£ledon aldrovandi (Delle-Chiaje), et une troi- 
sième espèce que M. Vérany a ajoutée à ce genre, sous le 
nom d'£ledon Genet. 

Le genre Pourr, octopus, qui vient ensuite, comprend 
onze espèces qui, à l'exception des ©. vulgaris (Lamk.), 
tetracirrhus (Delle-Chiaje), macropus (Risso) et tuberculatus 
(Blainv.), sont encore toutes dues aux recherches de 
l’auteur. Parmi celles-ci, se trouvent les deux espèces re- 
marquables que Férussac, à qui M. Vérany les avait gé- 
néreusement communiquées, a fait connaître sous les 
noms d'O. catenulatus et velifer, et une autre espèce 
qui nous a paru aussi fort curieuse par la longueur et la 
gracilité des bras, et qui est désignée sous le nom d’O. 
L'ilippi. 

Après le genre Poulpe, se trouve placé le genre Tremoc 
ropus, établi par M. Delle-Chiaje pour une espèce de 
Poulpe qui a la plus grande analogie avec l'O. velifer, et 
qui sembie même n'en différer extérieurement que par 
l'existence de quatre grands pores aquifères situés, deux 
en dessus, et deux en dessous de la tête. M. Vérany pa- 
raîtavoir adopté ce genre qu'il a reproduit d'après ses 
propres observations. 


= &iù — 


Deux planches consacrées au genre ARGONAUTE, mon- 
trent le Céphalopode que la plupart dés naturalistes dési- 
gnent sous ce nom, sorti de sa coquille, et dans ses diffé- 
rens rapports avec celle-ci, pendant la natation. 

Le genre Hisrioreurue, établi par M. d'Orbigny pour 
une autre espèce remarquable de Céphalopode que Férus- 
sac avait rapportée au genre Cranchie, sous le nom de 
C. Bonelliana, et dont la découverte est encore due à 
M. Vérany, renferme maintenant une seconde ‘espèce 
qui se rapproche beaucoup de la première ou de l'espèce 
type par l'ensemble de ses caractères , maïs qui s'en dis- 
tingue cependant d'une manière assez tranchée par les 
proportions des bras qui sont tout à fait différentes. Cette 
espèce appartient également à M. Vérany, qui l’a dési- 
gnée sous le nom d'A. Ruppelii. 

Après le genre SérioLe, qui ne contient qu'une seule 
espèce, la S. rondelettis (Gesner) , vient le genre Rossia, 
établi pour des Céphalopodes qui offrent la plupart 
des caractères des Sépioles, mais en différent par la 
forme de l’osselet intérieur, qui est un peu différente, et 
surtout par la disposition du bord antérieur du sac, qui 
est distinct tout autour du corps, comme dans la plupart 
des Céphalopodes décapodes ; ce dernier géitre contient 
deux espèces : la À. Macrosoma (Delle Ghiaje), et une au- 
tre espèce découverte par Ruppel à Messine, et nommée 
R. dispar par ce naturaliste. 

Le genre SEICHE n'est représenté dans la Méditerranée 
que par un petit nombre d'espèces ; nous n’en trouvons, 
dans l'ouvrage de M. Vérany, que trois, qui sont : la S. 
oficinalis (Linné), la S. elegans (Blainv.) et la S. bisseria- 
lis (Montfort). 

Jl en est de même du genre SePloTEuTRE, qui n’est 
même représenté que par une seule espèce, la S. sicula, 
recueillie par Ruppel à Messine. 

Vient ensuite le genre VeraniA, établi par M, Krohn 


SVG 


pour un Céphalopode recueilli à Messine par ce natura- 
liste, et qui est fort remarquable sous plusieurs rapports, 
entre autres par la présence de crochets sur tous les bras, 
à l’exception des bras pédonculés ou tentaculaires qui 
sont armés de ventouses seulement, et qui, contruire- 
ment à ce qui a lieu d'ordinaire dans les Céphalopodes 
décapodes, sont beaucoup moins développés que les bras 
ordinaires. Les Céphalopodes du genre ferania présen- 
tent donc l'inverse de ce qui existe dans les Onychoteu- 
thes ; ils diffèrent en outre de ces derniers par la forme 
de l’osselet qui est semblable à celui des Galmars, de la 
division des Calmars-plumes de M. de Blainville. 

Le genre Onvcuoreurne ne renferme que deux espè- 
ces : l'O. Lichtensteinit (Férussac) et une seconde espèce, 
qui appartient à M. Vérany, et quil a désignée sous le 
nom d'O, Arohni; c'est donc encore un genre quicompte 
peu d'espèces dans la Méditerranée. 

Le genre Exorcoreurue, formé par M. d'Orbigny pour 
des Céphalopodes qui ressemblent beaucoup à ceux des 
deux genres précédents, mais qui en diflèrent surtout par 
la présence de crochets sur tous les bras, :se trouve repré- 
senté par trois espèces, dont deux, les Æ. margaritifera et 
verantii, sant dues à Ruppel, et la troisième, VE. owent, 
à M. Verany. 

Le genre Carmar (Loligo) est, avec le genre Poulpe, le 
plus nombreux en espèces; il comprend également onze 
espèces, dont sept ont encore été trouvées et dénommées 
par l’auteur; les autres sont le Z. sagittata (Lamark), le 
L. todarus (Delle Chiaje), le L. Fulgaris (Lamark) et une 
espèce décrite par Ruppe! sous le nom de Z. œquipodu. 

Une des découvertes les plus intéressantes de M. Vé- 
rauy dans la casse des Céphalopodes, est, sans contredit, 
célle du Mollusque de ce groupe, que Férussac a rap- 
porté au genre Loricorsis sous le nom de L, veranir, et 
dont M. d'Orbigny a fait depuis, peut-être avec raison, 


— 


un genre nouveau sous le nom de Cmiroreurms; cette es- 
pèce, une des plus curieuses de la classe , est reproduite 
par l’auteur avec des détails qui la font connaître de la 
manière la plus complète. Deux autres espèces, également 
fort remarquables, sont encore placées dans ce genre, 
l'une, découverte par Ruppel et désignée par ce natu- 
raliste sous le nom de ZL. vermicularis, autre, appelée 
L. zygæna par M. Vérany ; mais ces deux espèces appar - 
tiennent-elles réellement au genre Loligopsis ou Chiro- 
theuthis? {1 nous paraît possible d'avoir quelques doutes à 
ee sujet. 

Dans l'analyse très succincte que nous venons de don- 
ner de cette première partie de l'ouvrage de M. Vérany, 
nous nous sommes presque borné à une simple énumé- 
ration des espèces qui s'y trouvent mentionnées ; l’auteur 
n'ayant pas encore publié le texte de cette partie, nous 
renvoyons à plus tard un examen plus approfondi de ses 
observations et lorsqu'elles nous seront mieux connues 
par leur publication. 

Nous n'apprécierons donc guère ici que la partie ico- 
nographique du travail de M. Vérany , la plus impor- 
tante, à notre avis, car les descriptions les plus longues et 
les plus détaillées ne peuvent jamais suppléer de bonnes 
figures; notre auteur paraît avoir parfaitement compris 
tout ce que les ouvrages de malacologie laissent générale - 
ment à désirer sous ce rapport, et par conséquent tout 
ce qu’il y avait à faire pour répondre aux besoins de la 
science. Dessinateur habile autant qu'observateur exact 
et consciencieux, M. Vérany a donné, de toutes les es- 
pèces de Céphalopodes qu'il a pu étudier, des figures 
représentant ces espèces sous les aspects les plus divers, 
dans leur ensemble comme dans leurs détails; les chan- 
sements si remarquables qui, chez ces animaux, se mani - 
festent dans la coloration et dans l’état de la peau, chan- 
zements que des observateurs inattentifs ont pu prendre 


== 47 = 


pour des caractères spécifiques ; les différences qui tien - 
nent au sexe, et d'autres particularités ont été indiquées 
par lui avec un soin et une vérité que nous ne saurions 
trop louer. Nous ajouterons que les procédés de la cro- 
molythographie employés par ce naturaliste paraissent 
lavoir très bien servi pour rendre l’aspect et, si l'on 
peut ainsi dire, la physionomie de ces animaux. 

Nous avons dit qu'à la suite des Céphalopodes, 
M. Vérany devait, dans une seconde partie, faire connai- 
tre les Ptéropodes et les Gastéropodes appartenant aux 
ordres des Nucléobranches, des Nudibranches et des 
Tectibranches. Cent espèces au moins, dont plus de la 
moitié nouvelles, doivent être représentées dans cette se- 
conde partie. L'ordre des Nudibranches, devenu aujour- 
d'hui un des plus remarquables par le nombre et la 
varicté des espèces, est, d’après ce que nous croyons sa- 
voir, celui qui se trouve surtout enrichi par les découver- 
tes de l’auteur. Ainsi, dans la famille des Eolidiens seu- 
lement, M. Vérany a pu recueillir une admirable série 
d'espèces dont plusieurs formeront probablement des divi- 
sions génériques nouvelles. Les recherches de ce natura- 
liste viendront donc compléter celles qui ont été faites, 
dans ces dernières années, sur les Mollusques de ce groupe, 
par un assez grand nombre de zoologistes , mais surtout 
par MM. Alder et Hancock, qui en ont publié récemment, 
en Angleterre, une si belle monographie. Ses observa- 
tions forn:eront également un complément nécessaire de 
celles que la science doit déjà à MM. Risso, Delle-Chiaje. 
Deshayes, Cantraine, etc., sur les Mollusques de la Mé- 
diterrauée. 


L. SouLeyer. 


Hi 


Norss, on an examination of Lamarck’s species of fossil 
terebratulw by 1h. Davinson. (Aunals and magaz. 
of jardine, juin 1850.) 

Revue critique des espèces de Térébratules fossiles de 
Lamarck, par M. Davidson, accompagnée de trois 
planches. 


Ce serait mal servir les intérêts de Ja science, si nous 
négligions d'attirer l’attention des lecteurs du Journal de 
Conchyliologie sur un opuscule récemment publié par 
M. Davidson. Ge savant est déjà connu por les recherches 
assidues qu'il a entreprises sur toute la classe des Brachio- 
podes. Des matériaux immenses ont été rassemblés par 
lui avec une louable persévérance; il s’est attaché surtout 
à découvrir la structure intérieure des espèces fossiles, et 
il est parvenu à réunir sur ce sujet plusieurs milliers de 
dessins exécutés par lui-même sur les pièces originales. 

Dans le cours de ses investigations, M. Davidson à 
souvent éprouvé de l'embarras, pour reconnaître les es- 
pèces mentionnées par Lamarck, dans son Æistoire des 
animaux sans vertèbres. Dans la seconde édition de cet 
ouvrage, nous n'avons pu annoter, autant que nous l'au- 
rions voulu, cette parlie importante des travaux du célè- 
bre professeur, parce que nous n'avons pu avoir à notre 
disposition les matériaux qu'il possédait dans sa collection. 
Aussi nos remarques sur les Térébratules en particulier 
ont laissé bien des espèces incertaines, puisque, pour elles, 
Lamark n'avait ni figures ni synonymie à citer. 

M. Davidson, profitant des bonnes dispositions des 
détenteurs actuels des espèces de Lamarck, obtint la com- 
munication des types eux-mêmes, nommés par lui, 
tant dans Ja collection du Muséum que dans la sienne 
propre. Aïdé de cette communication aussi généreuse 
qu'éclairée, à laquelle nous -ne-saurions trop applaudir, 
M. Davidson à publié récemment un travail plein d'in- 
térêt sur les Térébratules inscrites dans l’ÆHist. nat. des 
animaux sans vertèbres. La concordance synonymique est 


= #fet 


établie d'une manière certaine; des notes critiques sont 
ajoutées à presque toutes les espèces, et quand on en a 
reconnu la justesse ct l’apropos, on éprouve le regret de 
trouver si-peu d'espèces dans l'ouvrage de Lamark. On ai- 
merait à voir passer sous les yeux de M. Davidson toutes 
ces espèces obscures et contestées qui encombrent l'his- 
toire des Brachiopodes : on sent qu'il est en état de ré- 
pandre sur elles de vives lumières. 

A son texte si intéressant par lui-même, l’auteur à joint 
la figure dés types de Lamarck ; toutes ces figures, dessi- 
nées par l’auteur ont une perfection qui les ferait envier 
des plus habiles artistes. 

Cet opuscule de M. Davidson sera consulté avec fruit, 
non-seulement par les conchyliologues, mais encore et 
surtout par les paléontologistes. qui y trouveront le moyen 
de classer avec certitude des espèces dont la nomencla- 
ture était restée incertaine, et souvent attribuée à d’autres 
naturalistes qu'à celui auquel elle appartient de droit. 

A la suite de cette revue des Térébratules de Lamarck, 
M. Davidson a ajouté une note sur la structure intérieure 
de plusieurs espèces intéressantes de Térébratules fossiles, 
et il a fait connaître un genre nouveau, sous le nom de 
W'altonia, pour la Terébratula sanguinea, dans laquelle les 
osselets intérieurs prennent une disposition comparable à 
celle du Magas pumnilus. Nous ne voulons pas actuellement 
discuter la valeur du genre nouveau : seulement, nous 
témoignerons Île regret de voir un observateur aussi 
consciencieux que M. Davidson se soustraire à la règle im- 
prescriptible de la zoologie, d’après laquelle toutes les 
espèces ét tous les genres nouveaux doivent être caracté- 
risés dans la langue latine, langue la plus universelle, et 
par conséquent la seule scientifique. Espérons que dans 
les travaux plus considérables qu'il prépare, M. Davidson 
corrigera ce léger défaut, qui est un obstacle sérieux à 
d'introduction des travaux des paléontologistes dans le 
cœur même de la zoologie. DESHAYESs. 


+ AE 


Inpicis GENERUM MALACOZOORUM PRIMORDIA. Autore À. 
N. Herrmannsen, D. M. 2 vol. in-8°. Cassel. 

Inpex des genres adoptés dans la classification des 
Mollusques, par M. A. N. Herrmannsen, D. M. 
Cassel. 1846-1847. 


Bien que l'ouvrage dont il s’agit soit publié depuis trois 
ans, nous avons pensé qu'il serait cependant utile de le 
signaler à l'attention de nos iecteurs, parce que nous le 
croyons encore peu connu, du moins en France. 

Ï nest point de conchyliologue qui, ayant à s'occuper 
de l'étude d'une famille ou d’un genre de Mollusques, ne 
soit obligé de compulser les ouvrages dans lesquels il sait 
ou présume que Île même sujet a été traité; or, pour faci- 
liter ce genre de recherches, chacun a bien soin de pren- 
dre à l'avance des notes, et de les classer dans un ordre 
méthodique, de manière à pouvoir, au moment du besoin, 
retrouver la série des livres qu'il doit consulter : ce tra- 
vail, résultat de tant de labeurs et de peine, on le garde 
précieusement, sans le communiquer, et c'est chose assez 
naturelle. Un Allemand, M. Herrmannsen, a pensé que 
le moment était venu d'en faire le sujet d’une publication 
spéciale, pour ce qui concerne la Gonchyliologie ; il s'est 
inis à l’œuvre, et il a publié, sous le titre de Primordia 
indicis generum malocozoorum, un ouvrage dans lequel 
sont inscrits, par ordre alphabétique, les noms de clas- 
ses, d'ordres, de familles, de genre et de sous-genres 
connus. Pour chaque nom de famille, tribu, genre, etc., 
l’auteur donne par ordre chronologique la série des ou- 
vrages, annales, mémoires, dans lesquels la matière a été 
traitée scientifiquement; à la suite de chaque article se 
trouvent les synonymies. Les indications, présentées sous 
une forme abrégée, sont néanmoins très claires. 

Il suffira d’avoir lu ce peu de lignes pour reconnaître 
que M. Herrmannsen, en publiant son travail, a rendu 


_—hIp 


un très grand service aux amis de la science, et chacun 
d'eux s’empressera de placer dans sa bibliothèque un ou- 
vrage qu'il aura souvent à consulter, sauf à le rectifier ou 
à le compléter dans certaines parties. À cette occasion, 
et dans la vue d’être utile aux personnes qui achèteront 
l'ouvrage, nous les engagerons à faire intercaller entre 
chaque feuille du volume un feuillet blanc destiné à re- 
cevoir les corrections ou annotations qui pourront être 
signalées, car, sans en faire l’objet d'un reproche à 
M. Herrmannsen, nous devons dire que ses citations ne 
sont pas toujours exactes, et ses articles toujours coin- 
plets; ainsi, par exemple, nous ne nous expliquons pas 
comment il a attribué à M. Gray la création du G. Meri- 
topsis, qui a été établi en 1832 par M. de Grateloup, dans 
les Annales de la Société linnéenne de Bordeaux, ouvrage 
cité souvent cependant par M. Herrmannsen. 

Quoi qu'il en soit, et malgré les erreurs qui ne pouvaient 
manquer de se glisser dans un travail aussi considérable, 
nous n'en regardons pas moins le livre dont il est ques- 
tion comme une œuvre d’une haute utilité pour les hom- 
mes d'étude ; mais nous adresserons à l’auteur, ou plutôt 
à l'éditeur, un reproche, ou si l’on veut une observation 
qui n’est pas sans importance : il s'agit du prix de l’ou- 
vrage (33 fr.), prix réellement trop élevé eu égard du 
moins à la composition au point de vue matériel; c’est 
une chose fâcheuse, parce qu'on devrait faire en sorte de 
mettre des travaux aussi utiles à la portée du plus grand 
nombre possible de lecteurs. 

D'un autre côté, ce n'est pas sans danger pour l'éditeur 
lui-même, qui s'expose à voir refaire cet ouvrage pat 
quelque étranger, lequel mettant à profit l'œuvre de son 
devancier, pourrait le modifier, le rectifier et le complé- 
ter, et en même temps le livrer à moitié prix. L’opéra- 
tion, commercialement parlant, serait encore bonne, nous 
le croyons ; elle profiterait aussi à la science, et nous ne 


2. A 


serions pas surpris d'apprendre bientôt la prochaine pu- 
blication d’un nouvel /ndex generum malacozoorum. 


SE 


CaracoauE Des Coquirres DE L'ILE DE Conse, par 
M. Requien, administrateur du Museum d'Avignon. 
In-8°, 1548. 


En parlant dernièrement (page 324) des collections 
géographiques ; et des travaux publiés sur les coquilles 
propres aux côles de la France, nous émettions le vœu 
de voir les conchyliologues se livrer à de nouvelles re- 
cherches, dont le résultat serait probablement d’augmen- 
ter d’une manière notable la série de nos espèces. Nous 
ignorions alors que M. Requien, administrateur du Mu- 
seum d'Avignon, avait fait paraître, à la fin de 1848, un 
catalogue des coquilles recueillies par lui dans l'intérieur 
et sur les côtes de l'Ile de Corse. Ge savant ayant bien 
voulu nous envoyer dernièrement un exemplaire de son 
travail, nous nous empressons de réparer une omission 
involontaire. 

M. Requien donne, dans ce catalogue, la liste de six 
cent vingt-quatre espèces de Mollusques, parmi lesquelles 
il y en a environ cinquante qu'il considère comme iné- 
dites, et dont il donne la caractéristique en termes clairs, 
mais parfois sous une forme un peu trop concise; ces 
cinquante espèces sont réparties dans vingt-six genres, 
dont sept appartiennent aux bivalves, et dix-neuf aux 
univalves. 

M. Payraudeau, son devancier, n'ayant trouvé dans 
les mêmes localités que trois cent vingt-quatre espèces, la 
liste des espèces particulières à la Corse se trouve presque 
doublée par le fait des recherches de M. Requien. Toute- 
fois, ce dernier fait remarquer, tout en les citant, qu'il n’a 


= 4 — 


pas rencontré soixante-quatre des espèces indiquées par 
Payraudeau. 

L'auteur du nouveau catalogue reconnait, au surplus, 
qu'il n'a pas exploré toutes les parties de la Corse, et que 
son intention est d'y revenir pour compléter ses recher- 
ches, afin de pouvoir publier plus tard une histoire natu- 
relle des Mollusques de cette île, avec la description dé- 
taillée et la figure de toutes les espèces nouvelles. 

Nous exprimerons ici notre vif désir de voir réaliser 
cet excellent projet, dont l'exécution ne pourrait tomber 
en meilleures mains, car M. Requien est aussi bon obser- 
vateur qu'habile collecteur. 


9: P: 


CATALOGUE DES COLLECTIONS du Museum d'histoire na- 
turelle de Paris, par MM. les professeurs de cet cta- 
blissement. 


La maison de librairie de Gide et Baudry annonce sous 
ce titre la prochaine publication du catalogue général des 
collections du Museum de Paris. Elle a déjà même misen 
vente : Une première livraison du catalogue entomologt- 
que, catalogue des Coléoptères, dressé par MM. Miixe- 
Epwarps, BLancuarp et Lucas. 

On annonce, comme étant sous presse : le calalogue 
des Mammifères et celui des Reptiles. 

Il est probable, bien que les éditeurs n'en parlent pas, 
que nous verrons paraître aussi bientôt le catalogue des 
collections conchyliologiques de cet établissement natio- 
nal, dont on ne connaît les richesses que bien imparfai- 
tement. 

La publication dont il s’agit était vivement réclamée 
depuis longtemps, et les noms des honorables profes- 
seurs du Jardin des Plantes ne nous laissent aucun doute 
sur l'exactitude d’un travail qui prendra, sous leur plume, 


= 


un caractère scientifique. Toutefois, nous ferons dés à 
présent une observation que voici : 

Le catalogue général des collections du Museum n'est 
pas seulement une œuvre de science, destinée à prouver 
les connaissances étendues de nos savants professeurs ; 
c'est aussi, et peut-être avant tout, une opération d'ordre; 
c'est un inventaire des richesses renfermées dans l'établis- 
sement, et il nous semble qu'à ce titre le travail aurait 
dû être entrepris sous les auspices de l'administration su- 
périeure, et exécuté, sous sa direction, soit aux frais de 
l'Etat, soit au moyen d'un traité, en vertu duquel les 
catalogues auraient pu être livrés à un prix raisonnable. 

Il est évident qu'au prix de cinq francs, fixé par les 
éditeurs pour chaque livraison, le catalogue des col- 
lections nationales du Jardin des Plantes coûtera fort 
cher (1). Dès lors, cette publication prend, selon nous, 
un tout autre caractère que celui qu'elle devrait avoir. 

Au surplus, nous tiendrons nos souscripteurs au cou- 
rant de la publication du catalogue des mollusques et des 
coquilles vivantes et fossiles. Nous nous bornerons au- 
jourd'hui à exprimer le vœu que la personne chargée de 
diriger cet important travail, adopte le plan tracé par 
M. Milne-Edwards pour le catalogue de la collection 
entomologique. 


Se 


Tue zooLoeyx of the voyage of Samaranc under the 
command of capit. Belcher 1843-46. Morzusca. by, 
Lowezz Reeve et Arru. Apams 

ZooLocir du voyage du bâtiment le Samarane, sous le 


{14) La première livraison contient le catalogue des Cétoineset d’une 
partie des Mélolonthes, environ {,000 espèces : on peut, d’après cela, 
éstimer que le catalogue seul des Coléoptères exigera au moins 25 à 30 
livraisons. 


= 4% — 


commandement du capitaine Belcher, pendant Îles 
années 1843-46 — Partie Mozzusques. in-4°, avec 
24 planches coloriées. 


Cette publication, entreprise en 1848 et terminée en 
1850, prouve de nouveau avec quel soin le capitaine 
Belcher s'est attaché, pendant la campagne du Samarang, 
à enrichir le domaine de la conchyliologie. On trouve, 
en effet, dans cet ouvrage, la description et la figure de 
plus de 260 espèces nouvelles recueillies, pour la plu- 
part, dans les mers qui baïgnent les côtes de Borneo et de 
la Chine. Pour un certain nombre de ces espèces, 
MM. Reeve et Adams ont fait représenter les organes ex- 
térieurs des animaux; mais, ce qui intéressera le plus les 
anatomistes, ce sera le travail donné par M. le profes- 


seur Owen, sur l'animal de la Spirule, quoique les figu- 
res laissent à désirer. 


Die senceen nach naturlicher Verwandtschaft systema- 
tisch geordnet von. J3.-Ch. Arsers. 1 vol. in -8°. Ber 
lin, 1850. 

Les Hérices classées systématiquement d'après leurs 
rapports naturels, par M. J.-Ch. Azsers, docteur- 
médecin. Berlin, 1850. 1 vol. in-8° de 262 pages. 


M. Albers a fait paraître, dans le courant de cette an- 
née, l'ouvrage dont le titre, qui précède, promet plus 
qu'il ne pouvait tenir. Tout le monde sait qu’on a divisé 
à J'infini la famille des Hélices, à ce point que l'on compte 
aujourd hui près de 300 noms attribués par divers au- 
teurs à des groupes soi-disant distincts, et toujours éta- 
blis d’après leurs rapports naturels. Un bon nombre de 
ces conchyliologues se sont contentés, le plus souvent, de 
réunir les noms de quelques Hélices ayant entre elles 


28 


— is 


quelque analogie, et de dire : Voici mon genre A, voila 
mon genre B; tâchez, si vous le pouvez, d'en découvrir 
la caractéristique. M. Albers y a mis plus deconscience, 
car il donne, pour chacun des groupes qu'il établit à son 
tour, une indication des caractères qui doivent servir au 
classement des espèces. 

L'auteur admet, dans la famille des Hélicidées, 23 gen- 
res qu'il sous-divise en 158 sous-genres, auxquels il ap- 
plique des noms particuliers, parmi lesquels il en est 87 
nouveaux qu’il est parvenu à trouver, ce qui aujour- 
d'hui nest pas chose facile. Il n’y a pas moins de 50 
noms de sous-genres dans le genre Bulimus. 

Parmi les 158 groupes admis par M. Albers, il en est 
beaucoup qui ne comptent qu’un petit noinbre d'espèces : 
il yen a 30 qui semblent ne devoir se composer que 
d’une seule, du moins quant à présent. 

Les caractéristiques sont en général un peu vagues, et 
l'on y rencontre trop fréquemment les mots sæpius, plus 
minus-ve, etc. 

Enfin, c’est sur la forme de la coquille seule que l’au- 
teur a établi ses nombreuses divisions, la coquille devant, 
d’après lui, être considérée comme l'empreinte de l'ani- 
mal lui-même, avec lequel elle a une conformité organique 
constante. 

On peut pressentir, d’après ce rapide exposé, que nous 
ne regardons point le nouvel essai tenté par le savant 
docteur de Berlin comme devant être d'une grande utilité 
pour le progrès de la science, dont la nomenclature va se 
trouver surchargée de près d’une centaine de noms nou- 
veaux ; néanmoins, nous devons rendre cette justice à 
l'auteur, qu'il a mis dans son travail plus de soin qu'au- 
cun de ses prédécesseurs, qu'il y a joint de très bonnes 
observations sur la distribution géographique des espè- 
ces, et que les divisions qu’il a établies pourront souvent 
mettre le zoologiste sur la voie à suivre dans l'étude des 
animaux. 


— 4927 — 
En résumé, l'ouvrage de M. Albers, s’il laisse à dési- 
cer, sera cependant indispensable à tous ceux qui vou- 
dront s'occuper spécialement de la famille des Hélicidées. 


L'auteur décrit aussi un petit nombre d'espèces nou- 
velles. S: P. 


Die LEBENDEN SCHNECKEN up MuscueLn der umgegend 
Berlins , beschrieben von. Fried. Sren. Berlin, 
1850. 

Carazoeue descriptif des Mollusques et coquilles vi- 
vantes des environs de Berlin, par M. Fr. Srein. 1 
vol. in-12. Berlin, 1850. 


M. Stein a donné dans ce petit ouvrage la série proba- 
blement complète des Mollusques qui se trouvent aux en- 
virons de Berlin, à la distance d’une dixaine de lieues. 

73 espèces sont représentées sur trois planches. 


CHARARTERISTIK DER SCHICHTEN UND PETREFACTEN, des 
Sachsisch-bomischen Kreidegebirges sowie der Vers- 
teinerungen von Kieslingswalda, von D' Hanns 
Bruno Geinirz. 

DECRIPTION DES TERRAINS CRÉTACÉS ET DES FOSSILES DES 
MONTAGNES DE LA BOHÈME SAXONNE, ET DES FOSSILES 
ou KiesciNG@swALDA, par le docteur H. Bruno Geinrrz, 
professeur de minéralogie à l'École royale des sciences 
de Drespe; un vol. in-4°, avec 31 planches noires. 
Leirzic, 1850. 


M. le docteur Geinitz a réuni dans ce volume divers 
travaux qu'il a fait paraître en 1839, en 1840, 1842 
et 1843, en y apportant quelques modifications ou correc- 
tions qui devaient être la conséquence des découvertes 
nouvelles, ou d'ouvrages publiés postérieurement. 


— 428 — 


La publication dont il s’agit ici se recommande, en 
outre, par une baïsse considérable de prix : le volume ne 
coûtant aujourd’hui que 14 francs. 


PALOEONTOGRAPHICA : Beitrage zur naturgeschichte der 
Vorwelt. Von D' #ilh. Dunrker und HERMANN von 
Msver. 3. band., 1"° lieferung. Cassel 1850. 

PazéonrocrApnte. Mémoires pour faire suite aux tra- 
vaux de nos prédécesseurs sur l'Histoire naturelle, 
publiés par les soins de MM. les docteurs W. Dux- 
KER et Hermann DE Meyer; in-4°, 1850; 3° vol., 
1"° livraison, avec 10 planches. 


Cette premitre livraison du 3° volume de la publication 
entreprise par MM. H. de Meyer et W. Dunker contient 
deux Mémoires dont le plus important est l'œuvre de 
M. Ad. Romer, et a pour objet de faire connaître, au 
point de vue paléontologiqne, la constitution géologique 
des montagnes nord-ouest du Hartz. 

La livraison est accompagnée de cartes et de {0 plan- 
ches dont les figures sont dessinées avec soin. 


DAS QUADERSANDSTEINGEBIRGE ODER KREIDEGEBIRGE IN 
DeurscnLanD, von Æan. Bruno Gximrz. 

LES TERRAINS CRÉTACÉS DE L' ALLEMAGNE, par H.B. Gei- 
NITZ ; in-12. Freiberg, 1849-1850. 


M. Geinitz publie, sous le titre qui précède, un Cata- 
logue des fossiles qui se trouvent dans les terrains créta- 
cés des diverses parties de l'Allemagne. Deux livraisons 
ont déjà paru, et chacune d’elles est accompagnée de six 
planches lithographiées. 


See 


— 429 — 


AAA AAA LR AA AR ER AA LE LE ARLES LR LE UE LE LA LE RE LE RARE LL AE RAA QE LA LEA LE AE UE LE GA LA LE LA LATE 


LISTE DES SOUSCRIPTEURS-FONDATEURS. 


BoucHArD-CHANTEREAUX, 


MM. Anams, à Ambherst. 
AUCAPITAINE, La Rochelle. 
Bacçua, D.-M, Nantes. 
Bara (abbé), Lorient. 
BARTHÉLEMY, Marseille. 
Beau, Guadeloupe. 
Beraun, Angers. 
BERNARD, Paris. 
Biaxconi, Bologne. 
Bizneusr DE SainrT-GEorGEs, Lorient. 
Boissy (de), Nantes. 
Boivin, Paris. 
BonNEau, Marseille. 
BoucauLr, Semur. 


Boulogne-sur-Mer. 


CaicLiaup, Nantes. 
CaizLo, Le Croisic. 
CANTRAINE, Gand. 
CATELIN, Marseille. 
CHARPENTIER (de), Bex. 
Conpucné, Toulouse. 
Couperr, Bordeaux. 
Crosse, Paris. 
CrozET, Marseille. 
Cuminc, Londres. 


— 430 — 


Daniez, D.-M., 
Dannecy, 

Davipsow, 
Dezze-Cmayr, 
Desuayes, 

DE LaLan»E (abbé), 
DELESsERT, 

Dezsos, 

Desmarriz, D.-M.; 
Desmouins (Charles), 
D'Orrienx (Alcide), 
Doumer, 

Duvai, 

Dupuy (abbé), 


DurTEMPLE, 


Ecrezxamr, D.-M.. 
EnNoQuE, 


FavssE, 
Foxrenay (de), 
Former. 


GaASSIEs, 

Geszin (Bertrand), 
Grarezour (de), D.-M., 
GrarioLer, D.-M., 
GrezLots, D.-M., 
GouLp, 
Guérin-MÉNEVILLE, 
Guiaou, 

Guxor. 


UaAMiLLe, 


Brest. 
Bordeaux. 
Boulogne. 
Naples. 
Paris. 
Nantes. 
Paris. 
Bordeaux. 
Id. 

Id. 

Paris. 
Cette. 
Rennes. 
Auch. 
Pierry. 


Saint-Malo. 
Metz. 


Arles. 
Marseille. 


Rennes. 


Agen. 
Nantes. 
Bordeaux. 
Paris. 
Toulon. 
Boston. 
Paris. 
Toulon. 
Rennes. 


Paris, 


HErKkLOTrz, 


Jay. 
JEANGÉRARD, 


KaunoLrTz, 
KieENER, 


LARGILLIERT, 
LAURENT, 
LauriÈres (de), 
LAFRESNAYE (de), 
Lecoo. 

Lorois, 


Marre, D.-M., 
Mérian, 
Micuaun, 
MizLer, 
MirrRe, 
MoiTessier, 
Moquix-Tanpon, 
Morann, 
MorELET, 
Moricanp, 
Mousson, 


NorMann, 
NouLer, 


= At = 


Pincuinar, D.-M., 


PirONNEAU, 
Poucuer, 
Praro, 


Leide. 


New-York. 
Toulon. 


Montpellier. 


Paris. 


Rouen. 
Paris. 
Id. 
Falaise. 


Clermont-Ferrand: 


Nantes. 


Saint-Malo. 
Bâle. 

Lyon. 
Angers. 
Cayenne. 
Montpellier. 
Id. 

Vars. 

Dijon. 
Genève. 


Zurich. 


Valenciennes. 
Toulouse. 


Port-Vendres. 
Paris. 

Rouen. 
Marseille. 


— 43 — 
Reczuz (C.), 
Reczuz (J.), 
REEvE, 
REQ-Cazier, 
REQUIEN, 
Rernan Macaré (baronne), 
Rozanp pu Roquan. 
KycknozT (baron de), 


SauLcy (de), 
SCHEEPM AKER, 
SCHUTTLEWORTH, 
SAINT-OIMON (de), 
SOULEYET, 
SPINOLA, 


Tascé, 
TERVER, 
TmozLière, 
THORRENT, 


Vanvince (M°), 
VErANY, 
VERREAUX, 
Vesco, 


WALLAYS, 
WEBBE, 
Wi1zs0N, 


Paris. 

Id. 

Londres. 
Gand. 
Avignon. 
Utrecht. 
Carcassonne. 


Gand. 


Metz. 


. Amsterdam. 


Berne. 
Toulouse. 
Paris. 
Gênes. 


Vannes. 
Lyon. 

Id. 
Perpignan. 


Rouen. 
Gênes. 
Paris. 
Toulon. 


Courtray. 
Paris. 


Philadelphie. 


DD NE BRAVE LR NS LE AR BAR À A RARE A LR LS LAURE LE LRU LR LE RE LR LR LE LR LE LE LR LE LR LE LE LA UE VE LE UE DAS 


TABLE DES MATIÈRES. 


Articles généraux. 


Avant-Propos, par M. Perir DE LA SAUSSAYE. F. 

Mémoire sur le G. Æctéon, par M. Souceyer. 5-97-217. 
— sur la perforation des pierres, par M. Desnayes 22. 

Notice sur la position de l'organe de l'odorat, dans les 
Mollusques gastér. terrestres, par M. Desnayes. 34. 


Notice sur le G. Cyclostoma, par M. Perir. 36. 
Observation sur le ligament du Gnathodon , par 

M. DE SauLcy. FE 8 
TerminoLo@1E. Art. Columelle, par M. Reczuz. 14 
Notice sur les zoospermes des Hélices, par M. Gra- 

TIOLET. 116-236. 
Notice sur l'animal de la Cypricarde coralliophaga, 

par M. Mirrre. 125. 
Notice sur le G. Meritina, par M. Reczuz. EUR 
De la perforation des pierres, par M. THoRRENT. 171. 
Notice sur le périoste velouté des Trigona. 190. 
Sur le moyen de conserver les Mollusques. 215: 


Sur les G. Diplodonta et Scacchia, par M. Mirrre. 9238. 


Recherches sur l’organisation etles mœurs des Tarets, 


par M. le docteur LAURENT. 250-329. 
Notice sur le G. Mérite, par M. Reczuz. 209! 
TerminoLoeie. Article Tentacules, par M.Reczuz. 292. 
De la chasse aux Limaçons, par M. Morezer. 319: 


Des Collections en histoire naturelle, par M. Perir. 320. 
Nouvelles observations sur la perforation des pierres 

par les Mollusques, par M. Carziaun. 363. 
Notice sur le G. Navicelle, par M. Reczuz. 370. 


— 434 — 


Sur la faculté qu'ont certaines Porcelaines de dissoudre 
une partie de leur coquille. 406. 


Bibliographie. 


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Buzzerin de la Soc. impériale des natural. de Moscou. 86. 
T'EsrAcEA NovissimA insulæ cubanæ, etc., M. MoreLer 88. 
Die land und Suswasser Mollusken von Java, 


Albert Moussox. 89. 
Zeirscunirr für malakozoologie. 91. 
Taszeau des Mollusques de l'Agennais, M. Gassies. 326. 
MorLusquEs MÉDITERRANÉENS, par M. Vérany. 411. 
Nores, on an examination of Lamark’s species of 

fossil terebratulæ, by Tu. Davipson. 418. 
Ixpicis Generum malacozoorum primordia.auct. 

HERRMANNSEN. 420. 
Cararoeue des coquilles de l'Ile de Corse, par 

M. Requien. 4292. 
Cararoques des collections du Muséum de Paris. 423 
Tue zooLoey of the voyage of Samaranc. 424. 
Die HeuicEEN nach naturalicher Verwandtschaft 

systematisch geordnet, von Cu. ALErs. 425. 
Die LEBENDEN SCHNÉCKEN und Muscheln der umge - 

gend BErziws, von Stein. 427. 
CunaracrerisTicx der Schichten und Petrefacten , 

etc., von D' Bruno Geinitz. 427. 
PazoronToGrAPHICA Beitrage zur Naturgeschichte, 

etc., von Dunxer et Hermann von Meyer. 498. 
Das QUADERSANDSTEINGEBIRGE Oder Kreidegebirge 

in DeurscuLan», von H. B. Geinirz. 428. 


AR AA AR VDS AE ROLE AR BALE LED LEE VE LEE NE 4 LE UVRNE LA EE AD 


Acréon Oken (G). . . ARS UPS TON OUT, 
Ammonres camelinus, D’ Org Mt em 107. 
2.1; Faubertianus: 44 MON 20900. 
—_— Ricordeanus ;4 220 0RS SEINE: 22100, 


ANononra, Guillanis Recluz}9 à QENENES 2e 055. 
AnosromA Boysiü, Benson. : : +. . . . . 94. 
AURICULA a RON cet ADS, 
AvantT-ProPos. . . or EEE le 
BELLEROPHON bn à Fish. F. Re ce ei D, 
Poysra., Pie HG EMRNIPEIMAQN, 2e 06, 


—  PBensoni, Peiff, US A eOARAIODME «ie 05, 
Beccnum Guillaini,. Pet. 0), AB, ee 170. 
2 NNebben M s «a eo 204. 
Bonus :Callaadi, 422" 4 UNOMEN ONU 1 4OE, 
Sd Clones, 27, et 1e GAMES", 56, 
= iGuillain 24: 100080 2 RRPNOS SUSAUAIE TER, 
= MUSISNIS: 010. MERE) RE ONMENRSIRN PAPER 
en L ADETMETSUS 3e ire pe ui PN0/ A HNTRASENON 
GCALCARELEA  Souleyet (Os HERMANN. 9 
— Spanosa, wSouley. ‘+77. °] 1908980) 
Carychium indicum, Benson. . . . . . . 190. 
Catalogue des Gyclostomes. . . . . . . 40. 
_ des Navicelles: (0 Hosnod immo. 

— des} Nérites. col. lies LL + 982 


— des Néritines. AO ENT es TO 
Giconopsis;-Pisch (6). 14. M Rue cer. 
_— sulcatar,  Fischiif à tonte. 4187: 
Gläusiha Lerietu, Dup: EF. hot Job . 306. 


Criraon, Montfort (G).. Anal}, Sami. 146- 151. 
Grxrrozus, Recluz/(G). 4. subi .205D12008E. 


— 436 — 


Cocuserzztläneli., Pets. Lane ie ST, 
Cozumeze (Terminologie). . . . . . . . 77. 
CycLosroma CRIS NS NS SEA AN SE 
— DisincumaSomaisaus. van Deer vers 4 60e 
— Gratuin., PE US MR Rae 


— Gullaisiids cex be M: Hoi es at 
_— Tiers, Guérin ét sun. aber 40 
— modestum MPa er A As x D. 
— multilabre: amie ares "49. 
—— niveum, Pefilau s stp ne. 
— Paradozums BBA g - Lao stone 
— planorhula ; Lane: 14,241 0e.,148. 
— Sara Dorbetve, 10 Ge M'A R 
= semilatre,; dam. ARR Abe 2 AR 


_ Souleyetianum, Petit). na Le 
—— spectabile Pestnmqu ss en. "#9. 
_— séleatum, Lam. ge: je séces  AS 
— incolor,: Pete. Craie 29h 
_ Zanguebaricum, Petit. :1,,.11: 84. 


— Zonatum: Peutie Mondeon de ere, 60, 
Gylindrella concrsa, Morelet.)-: 41 mp. : 378. 
Cyprina piatigorskensis, Fisch. F. . . . . 88. 
COPRICABAMIGE En MON LR, OR Se. 126, 

— coralliophaga’; : Lame 8e 912126. 
Grenoe A G), 0 EL alor date = se 406: 


Diconorri,. Bronn. (G).1020ué" NET Aie ya: 


— Brasiliensis, Mittre:0.,:1 51 1501940. 
Dipcomarina, Benson {G). . . . . . . . 187. 
— costulatum ; : Bens. 64:73 Mb. 189: 


— Mfolliculus,' ide". "25 ne I86: 
Evenams, Recluz (QG)... aid amour 
—, | «elliptica,. RecluzisaiA) sm "168, 
—— quadrata, Hinds. . 4 «4 dent silieutés. 
Fusus)\branscombi, Clark. ..(:)) 110400 . 2onvraS4: 
GA THODON. cuneatum… . :. As) MIE Pa. 


— 437 — 


GunpzacmiaA, Pfeiff. (G}). . . 
— ancyliformis, Pfeifr. 
Hezix Guillaini, Petit. 

— sansanieusis, Dup. KE. 
Lamax Lartetü, Dupuy. F. 
Losiéer, Krohn (G). 

—  Philippü, Krohn. 

Loruocercus, Krohn (G). . . 

_ Sieboldit , Khron. 
Macroceramus, Guilding (G). 

— Guildingü, Reeve. 

2 signatus ; Guilding. 

Le Richaudi, en 
MacrocueiLus, Fish. (G). 

== ampullaceus, : “sh. E: 
Mirruza, Menke (G). : 
Mollusques perforants. x 
Myzzra, Recl. et D'Orb. (G). 


—  Deshayesii, Recl. et D'Orb. 


Nana yitrinoides, 
NaricA Bahiensis, Recluz. 
2— _ Bicincta, id. 
UE eCullhaudi,,7d. 
—  Cayennensis, id. 
— cincta, id. 
— columnaris, id. 
—  elegans, d. 
—  euzona, td. 
—  funiculata, id. 
—  gracilis, id. 
—  Gualteriana, id. 
EE, Hanekh, 24: : 
— Malabarica, id. 
—  ochrostoma, id. 
—  pallium, td. 


22 


“71: 


92. 

93. 
169. 
304. 
301. 
232. 
232. 
225. 
225. 
376. 
378. 
378. 
377. 

87. 

87. 
144. 
363. 
288. 
292. 
193: 
399. 
395. 
392. 
383. 
384. 
394. 
381. 
381. 
400. 
387. 
396. 
389. 
393: 
391: 
3974 


— 438 — 


—  perspicua, Recluz. 
—  puncticulata, id. 
—  Senegalensis, id. 
—  Souleyetiana , id. 
—  stercus muscarum, Gwmel. 
—  tenuis, Recluz. 
—  Tournefortii, td. 
—  Virginea, id. 
=, ,zonalis, id. 
NavicezLA (G). 
NeripreroN, Lesson (G). 
Nerira (G). : 
—  scabricosta, Lam. 
NeEriTina (QG). . . . . 
—  arata, Recluz. F. 
—  Bahiensis, id. 
—  Basterotii, id. F. 
—  Bougainvillei, id. 
=. eincta, id 
— cochinsinæ, id. 
—  crepidularia, Lam. 
—  Cumingiana, Recluz. 
—  Desmoulinsiana, td. 
=— |exaltata, 1d. 
=— Florida, 14. 
—  Jayana, id. 


—  Levesquei, id. F. 


— melanosioma, Troschel. 


—  Moquiniana, Recluz. 
— Nouleti, id. F. 

—  pileolus, td. 

—  Troschelii, id. 

—  turriüa, Chemn. 

—  Touranensis, Recluz. 
—  unidentata, id. 


377: 
391. 
382. 
385. 
Lie #40 
+! 5213881 
396. 
388. 
386. 
370. 
145. 


139. 279. 282° 


« 287. 410. 
08. 131. 141. 
278. 
154. 
277. 
157. 
158. 

.» 189 
60. 69. 
164. 
162. 
65. 
160. 
157. 
278. 
70. 
156. 
277. 
66. 
155. 
163. 
71: 
158. 


— 439 — 


= ouiolacen mel a Us 4", = 67! 

— NNallsarum  Becte 0e  …. : : ID. 
Organes de l’odorat chez les Gastéropodes. . . 34. 
Paléontologie de New-York. . . . . . 82. 201. 
Pense Reclusiana, Petit. OU Ce: umk70. 
Perforation desipierres.” 422% :%h6%mar 29. 171.:363. 
Périoste velouté des coquilles. . = . . . . ‘190. 
Pize00s 50m (C) OPA O Et AS 197.143. 
Prato ame (GORE EN UR HORS 
— .Lincoinu, ces UT na RSR UE 1: RD 
Pomarus.(G). . . OP SES ET 7 
Pupa Blainvilleana, Dane RSR 7 RUE 0 LR 
—#brevreostis Benson an Em. ST, er IOTS6. 
— huttoniana, id. . splits Mahé MAR ce FA 
— Jratiana, Dupuy. F. 5 Sms age AR RME E Tee + 17 A 
— Rare ES dun À cime ds Ne. +: #207. 
= Nouletianasnids (F6 oi 0) 2 at 2.1, 909. 
re plicidens , Bensous) TAN. PO EET JMS5. 
Te UTESTL, CENT PE Ms ot or ET 0 
PurpurA Grateloupiana, Petit. Ne Te MAD De 
—— @'ÉAUrTENUANA, 24. D AN 0 .#e:  .: ll. 
SescchlisPhilippt. (G). “ent - 0e Al: 4242. 
SRENEA CM era Clark 20 54 à A, A9 
STOÂSTOMR Adams (GMSPAR .. 7, 06 +, .4999, 
Lenricures (Feérmimolopie).".""," . 2°. 999. 
Leneno QU) "MN LEE OA OPEN ST À ARE 1 12 2 
TesracezcA Larteti, D F. A rl 0. P209: 
Tasopoxus, Menke (G}:aNimaeo.".. 4h 133.2149; 
Verres, Montfort (GPS NT AL 136.143. 


Loospermes. des MHéltees PNEU LT) TG: 


Page. Ligne. 

27, 

M, 110 — 

h2, Zi 29, FA 
455, — 925, — 
175, — 26, — 
178, — 29, — 
236, — 25, — 
242, — 16, — 
278, — 14, — 
id., — 26, — 
279, — 30, — 
282, — 
283, — 

id, — 
28h, — 10, — 
id, — 15, — 
984, — 22, — 
id, — 2», _ 
285, — 36, —— 
286, — 10, - 
287, — 29, = 
id, — 30, — 
299, — 9, — 
296. — 3. — 
296, — 10, — 
297, —: 5, — 
813, — 16, — 
324, — 18, — 
326. — 925, — 
927, — LH, — 
id, — 16, — 


ERRATA (1). 


15, au lieu de : encré, 


amélides, 
flavilabre, 
vicescente, 
mince, 
Pelat, 

fig. 18, 
Montagne, 
Soisons, 
camellatis, 


Erythrodoz, 
35, (N, georgina) ajouter : J. conch., pl. 11, fig. 40. 
1, supprimer J. Conch., pl. 11, fig. 10. 

27, au lieu de: fig. 5 (N. aurantia), lisez : fig. 411. 


— 


ancré. 
anélides. 
flexilabre. 
virescente. 
terne, 
Pilat. 

fig. 13. 
Montagu. 
Soissons. 
lamellatis. 
Erythrodon. 


fig. 7 (N. flammulata), lisez : fig. 6. 
fig. 6 (N. trifasciata), lisez : Î. 5, 8, 


Reall-lejos, 


Scabricostata, 


fig. 8 (N. putula), — 


ideun, 

et peu, 
épideme, 
et pl. 14, 
Raelles 
Pielens, 


Tormatelles, 


Spicaliter, 
un résultat, 


Grassiesianum, — 


mancillare, 
GRASSIES, 


lisez : Realejos. 


Scabricosta. 
fig. 7. 
idem. 

est peu. 
épiderme. 
et fig. 14, 
Ranelles. 
Pietins. 
Tornatelles, 
Spiraliter. 
un travail, 
Gassiesianum: 
mamillare. 
GASSIES. 


{1) ILimporte d’annoter dans le texte les rectifications indiquées ci- 


dessus. 


A RU LE AA LR US VAL LE LR VB LR LR LEE LR ER RUE LA LE AA VERRE VERRE RR RE VER RAR LE EN LU RAR LR UE ER AR UE 


EXPLICATION DES PLANCHES. 
PL: Det paire 
Anatomie de l'AcTEoN véridis. 


Voir pour l'explication de ces planches, les pages 112 
et suivantes. 


PIEPLIE 


T 
ua 


Burimus insignis, Petit. 
GycrosromA spectabile, Petit. 
Neririna exaltata, Recluz. 

. Coromeeccza Haneti, Petit, 
Cyczosroma Zanguebaricum, Petit. 
. Cyccosroma Souleyetianum, Petit. 
CyceLosromaA niveum, Petit, 
Nerimina turrita, Chemnitz. 
Neririna Cumingiana, Recluz. 
CyczosromA gratum, Petit. 


= 
SSDUAIDUR LS D — 


PIRE 


{. Bucimus Cleryi, Petit. 

2. Cvccosroma modestum, Petit. 
3. GyczosromA Guillaini, Petit. 

4-5. Buzimus Guillaini, Petit. 
6. CniLoxorsis sulcata, Fischer. 
7. CycrosromA zonatum, Petit. 


PheFretpeT. 


Anatomie de l’AcrEon viridis. 
Voir pour l'explication de ces deux planches les pages 
114 et 115. 
29 


PONEN 


. Animal de la Cypricardia coralliophaga. 
. Forme du pied de ce mollusque. 
. Heux Guillaini, Petit. 

. Buccicum Guillaini, Petit. 

. Parruza Recluziana, Petit. 

. Nertrina Worida, Recluz. 

. Nerrrina unidentata, Recluz. 

. NeriTinA moquiniana, Recluz. 

. NeniTinA Pahiensis, Recluz. 

. NeriTinA Wallisiarum, Recluz. 
. Neririna Jayana, Recluz. 


PI FAIT. 


. Ammonires camelinus, D'Orbigny. 
. Ammonires Ricordeanus, D'Orbigny. 
. Ammonires Jaubertianus, D'Orbigny. 


HCIX, 


Voir pour l'explication de cette planche, relative aux 
zoospermes des Hélices, à la page 236. 


Fig: 


PI. À. 


Loruocercus Sieboldit, Krohn, vu par des- 
sus. 


. Le même vu par dessous, ou par le pied. 
. Partie antérieure du même, vue du côté 


droit pour montrer l’orifice de la verge. 
P 


. La coquille du même, vue sous ses diffé- 


rentes faces. 
Détails anatomiques de l’animal. (Voir 
page 236). + 
Coquille du Lomcer Philippi, Krohn, 
CazcarezLA spinosa, Souleyet, grossie. 
La même de grandeur naturelle. 


Fig. 1-2. 
$. 

4. 
5-8. 

6. 

7 

9. 

10. 

11. 
19-13. 
14. 


Fig. 1. 


D. 
3. 
4. 


D. 


6. 
7, 


Fig. 1. 
DE 

5 À 

4, 

Se 

6-7, 


— [11 — 


PIX: 


NertrA scabricosta, Lamark. 
Nenrra atropurpurea, Recluz. 
NerrrA Longt, Recluz. 
Nenra trifasciata, Recluz. 
Nerira fammulata, Recluz. 
Nerira patula, Recluz. 
NenrA Essingtoni, Recluz. 
Nenira Georgina, Recluz. 
NerirA aurantia, Recluz. 
Myzura Dehayesii, D'Orbigny et Recluz. 
Détails de la charnière. 


Pl. AT. 


A. B. coquille du Dipcononra Prasiliensis, 
Mittre. 

À. valve droite. B. valve gauche. 

Charnière. 

Animal enveloppé de son manteau. 

Le même dépouillé du manteau, pour 
mettre à découvert la bouche et les ten- 
tacules labiaux, les branchies, la masse 
viscérale et le pied. 

Narica virginea, Recluz. 

Namica tenus, Recluz. 


PI. XIII. 


Purpura Grateloupiana, Petit. 
Purpura Laurentiana, Petit. 
Burimus Cailliaudi, Petit. 
Macroceranus Richaudi, Petit. 
Macroceramus Guildingü, Petit. 
Narica Haneti, Recluz. 


1 


8. Buccnum (nassa) Webber, Petit. 
9. Narica Cailliaudi, Recluz. 
10, Narica ochrostoma, Recluz. 


PLHAEFE 


Fig. 1-2. Narica perspicua, Recluz. 

3. Narica euzona, Recluz. 

4. Narica elegans, Recluz. 

5. Narica senegalensis, Recluz. 

6. Narica cayennensis, Recluz. 

7. Narica céncta, Recluz, 

8. Narica Souleyetiana, Recluz. 

9. Narica zonalis, Recluz. 

0. opercule de la N. zonalis, Recluz. 
1. Narica gracilis, Recluz. 


PL A 


. Lamax Lartetii, Dupuy. 

. TesracezLA Lartetit, Dupuy. 
. Hexx sansaniensis, Dupuy. 
. Crausiria ? Lartetit, Dupuy. 
. Pura Lartetit, Dupuy. 

. Pura Nouletiana, Dupuy. 

. Pupa iratiana, Dupuy. 

. Pura Plainvilleana, Dupuy. 


DONI D CR © NN == 


17 L « à 
|A, 23, 1864, 


larue rte Mont StCencvière, 6. 


De 


VAI CATA 


7m0 TitA, 


( 185 0) 


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Gbh. de Becquet frères à Parés 


Journal de Conch ë (1850) br: 


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| | 
| | 
| | 
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| 


Lithide Bicquat frères à Parts 


Æ 


Ja de Conch£i° (1850 ) PES I0. 


TnpLith J Dearue, rue Montagne SéGercviive, 6. 


JDuerue Lie. et dire 


Jelde Conch£® (1850) PDT 


T 7 
7 ?), Jmp. À Delarue. 


JDelarue, lit. £ du 


Ja de Conch$i° (1850) DA. 228 


702 T 
AJ Delarue, rue Mo 


JT Delarue, lith. et direz 1e. Lit] Dell 


SGerepiève, 6. 


Jde Conch£i® (1850) PL 1S: 


4 / ,, 7. 7 7 
JDudarue Lith. et direx! mp Lit} J Dlarue 


Jde Conch$! (1850) PI.14. 


Ie Conchée (1850) P1.15. 


b 


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Z Dularue, lit. ct direz Pr. Lith. Î Dularus 


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1 Z “ = 
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S = c a. 5 
— PA 
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