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JOURNAL
DE
CONCHYLIOLOGTE.
Paris, — Imprimerie FELIX MALTESTE et C°, Nue des Deux-Portes-St-Sauveur,
JOURNAL
DE
CONCHYLIOLOGEE,
COMPRENANT
L'Étude des Animaux, des Coquilles vivantes
et des Coquilles fossiles,
PUBLIÉ
Sous la direction de M. PETIT DE LA SAUSSAYE.
TOME PREMIER.
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À PARIS,
CHEZ M. PETIT DE LA SAUSSAYE,
Rue Neuve-des-Mathurins, 19,
4850,
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AVANT-PROPOS.
L'étude attrayante des diverses branches de l'histoire
naturelle s’est considérablement développée en France
depuis qu'un long état de paix a permis de visiter tous
les points du globe, d'y multiplier les recherches, et d'y
recueillir ces produits variés qui sont venus enrichir les
collections publiques et les cabinets particuliers.
La Conchyliologie surtout présentait trop d'intérêt
pour être négligée, car elle offrait un champ immense à
explorer, soit que l'on s'attachât seulement à l'étude des
coquilles, soit que l’on cherchät à connaître l’organisation
des animaux auxquels elles servent d’abri, soit enfin que
l'on demandât aux coquilles fossiles le secret de quelques-
uns de ces mystères qui couvrent encore l'histoire du
globe, Aussi a-t-on vu se multiplier depuis trente ans
les ouvrages spéciaux dans lesquels des hommes habiles
ont publié, ceux-ci le résultat de leurs explorations loin-
taines, ceux-là d'importants travaux entrepris dans un
esprit méthodique; on doit beaucoup à ces hommes qui
marchent à la tête de la science; mais à la suite de ces
maîtres viennent se grouper, en assez grand nombre,
des disciples studieux, des voyageurs intelligents, des
observateurs éclairés dont le concours, pour être plus
modeste, n'en a pas moins été d’une utilité incontestable
aux progrès de la Conchyliologie, 11 suffit pour prou-
l'E
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ver l'exactitude de cette allégation, de rappeler d'une
manière générale tout ce que l’on rencontre de vues in-
génieuses, de faits nouveaux , d'observations précieuses
dans les annales, revues, bulletins consacrés aux sciences
naturelles.
Toutefois, on doit reconnaître que la plupart du temps,
les journaux dont il s’agit, ne satisfont pas complètement
aux besoins des hommes d'étude, car ces recueils, dans
lesquels sont traités indistinctement des questions de
botanique, de minéralogie, de zoologie générale sont,
par cela même, très volumineux; ils coûtent fort cher, et
sont rarement à la portée des travailleurs, auxquels des
publications périodiques , consacrées exclusivement à
leur étude spéciale, présenteraient des avantages trop
évidents pour que nous croyions devoir entrer à cet
égard dans de plus amples détails.
Les réflexions qui précèdent ont déjà indiqué au
lecteur quelques-uns des motifs qui ont fait naître eu
nous la pensée d’entreprendre la publication d’un journai
spécial de Conchyliologie, comprenant l'étude des ani-
maux, et celle des coquilles vivantes et fossiles, journal
qui serait plus particulièrement destiné à faire connaître
les travaux des savants français, ct à tenir ceux-ci au
courant de ce qui peut favoriser leurs études; mais nous
avons pensé aussi qu'à cela seulement ne devait pas se
borner l'action d'un journal de ce genre, et qu'il con-
venait d'en faire un moyen de développer en France le
goût de cette branche de l'histoire naturelle, de resserrer
les liens qui existent entre la zoologie et la paléontologie,
d'éclairer les hommes laborieux sur les points encore
obcurs de la science, de guider les naturalistes et les
voyageurs dans leurs explorations, de donner de la publi-
cité au résultals de leurs recherches, d'aider au classement
des collections.
Le programme suivant indiquera la nomenclature des
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inatières qui nous sembleraient devoir être traitées dans
un journal de Conchyliologie.
1° Publication de mémoires spéciaux.
2° Description d'espèces nouvelles.
3° Articles critiques sur la synonymie des espèces.
4° Reproduction d'articles intéressants disséninés
dans les annales, bulletins et recueils étrangers.
5° Catalosues synomyniques des espèces propres à
certains genres.
Go Monographie de genres peu nombreux en espèces.
7° Observation sur la distribution géographique des
coquilles vivantes ou fossiles.
8° Indication des points sur lesquels il conviendra
d'appeler l'atlention des observateurs et des
voyageurs.
g Notice sur la recherche des coquilles.
10° Article de terminologie Conchyliologique.
11° Analyse des ouvrages nouveaux publiés soit en
France soit à l'étranger.
12° Compte-rendu du résultat des voyages scientifiques
et des découvertes faites par les collecteurs.
13° Articles de bibliographie Conchyliologique.
14° Observations diverses, notices biographiques ,
mélanges, etc.
L'énumération qui précède donnera une idée du plan,
peut-être un peu vaste, que nous nous proposons de
suivre dans la composition du journal; nous ne dissimu-
lerons même pas que nous aurions reculé devant unc
tâche aussi étendue, si nous n'avions l'espoir, disons la
certitude d'obtenir le concours des véritables amis de la
science et de ses plus habiles interprètes.
Nous ferons aussi avec confiance un loyal appel à ces
laborieux Conchyliologues que ne découragent point les
difficultés du travail, et qui, loin de la capitale, n'en
|
|
apportent pas moins un zèle infaligable à étudier les
productions qui les entourent.
Nous comptons encore sur la coopération des per-
sonnes qui, à d’autres titres, soccupent de Conchylio-
logie, et qui auraient à nous signaler des observations ou
des faits nouveaux. L'épi recueilli par le glaneur dans le
champ de la science ne doit point être dédaigné, et nous
accueillerons avec soin , comme avec reconnaissance ,
toutes les communications qui nous paraîtront offrir
quelque intérêt.
En essayant aujourd’hui de fonder un journal spécial
que nous considérons comme nécessaire aux progrès
d'une branche importante de l’histoire naturelle, nous
mettons de côté personnellement toute prétention à la
science, et notre rôle ne sera, en quelque sorte, que celui
d'éditeur; mais, à ce titre, nous reconnaissons qu'une
entreprise de ce genre impose des devoirs au nombre
desquels nous mettons en première ligne celui de n’ad-
mettre que des travaux sérieux et utiles au point de vue
scientifique, et rédigés, sous le rapport de la forme, avec
les égards que les hommes d'étude, sans renoncer aux
droits de la critique, peuvent et doivent toujours con-
server entre eux.
S. Perir.
Paris, 25 janvier 1850.
ls Février 18650.
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Ménoire sur le genre Acreon d'Oken, par M. Soureyer.
1°, — Hisrorique.
On sait que le genre Actéon a été établi par Oken
pour un petit mollusque nu découvert par Montagu sur
la côte du Devonshire , en Angleterre, et que ce natura-
liste avait rapporté aux Aplysies, sous le nom d'#plysie
verte (1).
Bosc, qui avait eu l'occasion d'observer le même mol-
Jusque dans la baie de Charleston, sur les côtes de l'Amé-
rique septentrionale, l'a décrit, à peu près à la même
époque, sous le même nom, bien quil eût remarqué,
comme Montagu, quelques-uns des caractères qui le dis-
tinguent des Aplysies (2).
Un peu plus tard, Risso, l'ayant aussi rencontré sur
la côte de Nice, le désigna sous le nom d’Ælysie (3); mais,
(4) Transactions de la Société linnéenne de Londres, Tom. VII, p. 76,
pl. 7, fig. 1. (1802.)
(2) Histoire naturelle des vers, Tom, 1, p. 64, pl. 2, fig. 4. (1802.)
(3) Mémoire publié en 1812.
NpA
quelques années après, ce naturaliste crut devoir le rap-
porter au genre Votarche de Cuvier (1), opinion qu'il
abandonna également par la suite, puisqu'il le décrivit
de nouveau sous le nom d'Elysie, dans son Histoire natu-
relle de l’Europe méridionale (2).
Oken, n'ayant probablement pas connaissance du genre
Elysie proposé par Risso, sépara l’A4plysie verte de Mon-
tagu et de Bosc des véritables A plysies et en fit, comme
nous l'avons dit en commençant, un genre nouveau sous
le nom d'Actéon, dans son Traité d'histoire naturelle pu-
blié en 1815 (3).
L'espèce sur laquelle ce genre était établi avait été dé-
crite d’une manière si incomplète, par les naturalistes
qui l’avaient fail connaître, qu'il n'est pas surprenant que
peu de zoologistes aient ensuite adopté l'innovation pro-
posée par Oken : aussi, à l'exception de Férussac (4) et de
Latreille (5), qui en firent mention dans leurs classifica-
tions, tous les auteurs systématistes, du moins en France,
passèrent le genre Actéon sous silence, ou le rapportèrent
provisoirement aux Aplysies (6). M. de Blainville cepen-
dant, croyant le genre Actéon d’Oken différent du genre
Elysie proposé par Risso, admit ce dernier genre dans
son Manuel de Malacologie (7).
Rang adopta le genre Actéon qu'il plaça dans sa famille
des Aplysiens (8); et plus tard, ayant pu examiner des
individus qui avaient été envoyés de la Méditerranée à
(1) Journal de physique, Tom. 87, p. 375. (1818.)
(2) Voir cet ouvrage, Tom. 1V, p. 45, pl. 1, fig. 3-4. (1826.)
(3) Lehrbuch der Zool. Tom. I, p. 307. (1815).
(4) Tableaux systématiques. (1819).
(5) Familles naturelles, p. 176. (1825).
(6) Voir le Règne animal de Cuvier, {:° édition (1817) et la 2° édition
(1850).— Voir Lamark, Hist. nat. des an. sans vertèbres, 1e édit. Tom.VI,
2e partie, p. 40. (1822).—Voir Blainville, Manuel de Malacologie, p. 472.
(1825).— Voir Deshayes, Encycl. méthodique, Tom. IE, p. 6 et &9. (1830).
(7) Voir cet ouvrage, p. 474.
(8) Manuel de l'Hist. nat. des Mollusques, p. 146. (1829).
7
Férussac, il reconnut que ce genre ne différait pas du
genre Élysie de Risso, et qu'il fallait changer les rapports
qu'il lui avait assignés et le placer à côté du genre Placo-
branche (1).
M. Delle Chiaje retrouva l'animal dont nous nous occu-
pons ici dans le golfe de Naples, et, ignorant ce qu'en
avaient déjà dit les auteurs que nous avons cités précé-
deinment, il le décrivit, en 1829, dans ses Mémotres sur
les animaux sans vertèbres du royaume de Naples, sous
une dénomination générique nouvelle, celle d’Æ4plysiop -
tère (2). Ce savant anatomiste donna, en outre, quelques
détails sur son organisation intérieure, mais malheureu-
sement si inexacts, qu'ils devaient plutôt augmenter que
faire cesser l'incertitude des zoologistes sur ses véritables
caractères et par conséquent sur ses affinités naturelles.
Depuis, MM. Quoy et Gaimard ont fait mention du
genre Actéon dans leur Voyage de l’Astrolabe (3), et ont
proposé d'y faire entrer une nouvelle espèce recueillie
dans les mers australes : malheureusement encore, n'ayant
eu à leur disposition qu'un seul individu de très petite
dimension , ils n'ont pu ajouter que peu de documents
nouveaux à son histoire.
Dans sa Malacologie méditerranéenne, publiée en 1840,
M. Cantraine a consigné le résultat des observations qu'il
a eu aussi occasion de foire sur l’Actéon, auquel il a resti-
tué avec raison le nom d'Elysie, qui lui avait été donné,
antérieurement à Oken, par Risso. Ce naturaliste a repré-
senté d'une manière assez exacte quelques-uns des carac-
tères extérieurs de ce mollusque, mais iln'a donné aucun
renseignement nouveau sur son organisation intérieure,
dont il paraît même s'être fait une idée fort erronée, puis-
qu'il l’a crue semblable à celle des Aplysies (4).
(4) Voir l'ouvrage cilé, p. 375.
(2) Voir cet ouvrage, Tom. LV, p. 16, pl. 51, fig. 5.6. (1820.)
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(3) Zoologie, Tom. 11, p. 317, pl. 24, fig. 18-20. (1833).
(4) Voir cet ouvrage, p. 65, pl. 5, fig. 8. (1810).
— 8 —
Plus récemment, en 1844, M. de Quatrefages a publié
sur l'organisation de l'Actéon des détails un peu plus
étendus que ceux qui avaient été donnés par ses prédé-
cesseurs {1}. Nous avons déjà, dans deux communications
faites à l'Académie des sciences, en août 1844 et en jan-
vier 1845, relevé les erreurs nombreuses contenues dans
ce travail, et nous aurons occasion d'y revenir dans le
courant de ce mémoire.
Nous avons présenté à la même époque, à l'appui de
nos observations sur le travail de M. de Quatrefages,
un mémoire contenant l’anatomie complète de l’Actéon,
mémoire dont les principaux faits seulement ont été
insérés dans les comptes-rendus de l’Académie (2) et que
nous reproduirons entièrement ici.
Presqu'en même temps que nous, M. Almann, profes-
seur d'anatomie à Dublin, présentait à la section de z00-
logie et de botanique de l'Association britannique, un
mémoire très détaillé sur l'anatomie de l'Actéon, qui a
été inséré plus tard dans le n° de septembre 1845 des
Annales et Magasin d'histoire naturelle (3). Nous avons
vu avec satisfaction que les observations de M. Almann
concordaient sur plusieurs points avec les nôtres, et que
cet anatomiste était arrivé à peu près aux mêmes conclu-
sions que nous sur les doctrines nouvelles que M. de
Quatrefages, d'après ses recherches sur l’Actéon et quel-
ques autres mollusques, avait cherché à introduire dans
Ja science.
Nous devons, d'avoir pu étudier complètement ce genre,
à nos collègues MM. Richaud et Leroy de Méricourt, chi-
rurgiens de la marine au port de Brest, ainsi qu'à M. Vé-
rany de Gênes, qui ont bien voulu nous en procurer de
(1) Annales des Scinces naturelles, Tom. L de la 3° série, p. 129, pl.
3-4-5-6. (1844).
(2) Comptes-rendus de l Académie des Sciences, du 13 janvier 1845, p. 93,
(3) Annal. and Magaz. of nat. Hist, N° 104, septembre 1845.
ee
nombrenx individus et nous ont donné en même temps,
sur ce curieux mollusque, des renseignements qui nous
ont été très ufiles.
IL°. —_ DescriPTION EXTÉRIEURE.
” Les Actéons présentent dans leur forme une assez
grande ressemblance avec les Aplysies, et c’est cette res-
semblance qui les à fait ranger parmi ces derniers mol-
lusques par la plupart des zoologistes. Aïnsi leur corps
se dilate sur les côtés, de manière à former deux expan-
sions membraneuses, et, en avant, il se prolonge en une
espèce de cou que termine la tête. Gelle-ci présente à sa
partie supérieure deux tentacules auriformes, en arrière
desquels se trouvent placés les yeux qui sont sessiles.
Mais les Actéons diflèrent extérieurement des Aplysies
1° par l'absence des tentacules postérieurs , ce qui les
avait déjà fait distinguer des Aplysies véritables par tous
les zoologistes qui avaient cru devoir les rapporter à ce
genre ; 20 par la forme de leur corps qui est très déprimé
et non bombé supérieurement comme dans les A plysies ;
3° par l’absence de l'appareil operculaire qui recouvre les
branchies dans ces derniers mollusques; 4° enfin par
d'autres caractères que les Actéons présentent et qui ne
se trouvent pas dans les Aplysies.
Ainsi, à la réunion de la partie cervicale avec le corps
proprement dit, on observe supérieurement une poche
légèrement saillante, recourbée, convexe en arrière, con-
cave en avant, et qui se distingue aussi, du moins dans
l'espèce que nous avons observée, par une coloration un
peu moins foncée. La cavité de cette poche communique
avec l'extérieur par un petit orifice arrondi, un peu pro-
éminent, qui se trouve placé à sa partie antérieure, du
côté droit Enfin, du bord postérieur ou convexe de cette
même poche, partent plusieurs canaux qui se dessinent en
relief à la face supérieure de l'animal et qui, après un court
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trajet, se divisent et se subdivisent successivement en un
grand nombre de branches qui couvrent de leurs ramifi-
cations les expansions latérales. Les deux ganaux les plus
rapprochés de la ligne médiane se dirigent 1ongitudinale-
ment en arrière, en fournissant, par leur bord externe,
les branches ramifiées dont nous venons de parler, et
par leur bord interne, deux ou trois autres branches qui
s'anastomosent entrelles sur la ligne médiane. Ces ca-
naux et les branches qui en émanent sont tout à fait
superficiels et paraissent tenir seulement à l'enveloppe
extérieure.
Ce système de canaux, que nous avons trouvé très
apparent sur tous les individus que nous avons examinés,
n'a été bien représenté que par M. Cantraine (1); iloffre,
dans la figure donnée par M. Delle Chiaje, une disposi-
tion un peu différente de celle que nous venons de décrire,
car toutes les branches qui vont couvrir de leurs ramifica-
tions les expansions latérales, partent d'un tronc central
qui est placé sur la ligne médiane. Nous ne saurions dire
si cette différence doit être attribuée à l'espèce observée
par M. Delle Chiaje ou à une erreur d'observation com-
mise par ce naturaliste, ce qui nous paraît plus probable,
comme nous le verrons par la suite.
Un peu en avant de l'orifice de la poche que nous ve-
nons de décrire et dont nous chercherons bientôt à don-
ner la détermination, l’on voit, du côté droit, un tuber-
cule saillant et percé, au centre, d'une ouverture qui est
l'ouverture anale. De ce tubercule part un sillon assez
profond qui descend vers la face inférieure de l'animal et
dans lequel se trouve latéralement une autre ouverture
qui est celle de l'oviducte. Enfin, du même côté, à la
base du tentacule , se trouve une quatrième ouverture
(1) M. Vérany l’a représenté aussi d’une manière très exacte dans une
figure qu’il a donnée récemment de l’Actéon : — Catalogue des Anim:
. , É 5 n A T°
invertébrés marins du golfe de Gères ot de Nice. — (1846).
PE ©
ss (tes
quelquefois saillante à l'extérieur et qui est celle de l'or-
gane mâle ou de la verge.
Tels sont les détails que présente la face supérieure du
corps. Quant à la face inférieure, elle est représentée,
comme dans les autres mollusques gastéropodes, par
le pied qui se confond, sans ligne de démarcation,
avec les expansions latérales et ne s’en distingue que par
sa coloration moins foncée. Cette forme du pied indique
déjà que cet organe sert peu à la reptation chez les Ac-
téons, ce qui s'accorde en effet, comme nous le verrons
plus tard, avec les habitudes de ces mollusques.
Le pied est séparé de la tête, en avant, par un enfon-
cement assez profond dans lequel celle-ci paraît pouvoir
s'enfoncer ou rentrer en partie. Le bord antérieur de ce
pied présente un indice de sillon marginal, comme dans
un grand nombre d’autres mollusques gastéropodes.
Nous avons encore trouvé , sur tous les individus que
nons avons examinés, un sillon profond divisant trans-
versalement le pied au niveau de la réunion de la partie
cervicale avec le corps proprement dit. Ce sillon nous a
paru déterminé par la contraction de la partie antérieure
de l’animal , contraction qui aurait pour but, comme
dans d’autres mollusques, de faire rentrer, jusqu’à un
certain point, cette partie antérieure dans la partie posté-
rieure.
HIT. —— DescriPTION ANATOMIQUE.
Si les Actéons s'éloignent d'une manière bien tranchée
des Aplysies par quelques-uns de leurs caractères exté-
rieurs , ainsi que nous venons de le voir, ils ne s'en
éloignent pas moins par les particularités de leur orga-
nisation intérieure , qui en font un des types les plus
curieux de l'embranchement des mollusques.
1° ORGANES DE LA RESPIRATION. — Ces organes nous
paraissent avoir été méconnus par tous les zoologistes
_e—
qui, jusqu'a ce jour, se sont occupés de l'organisation de
l'Actéon.
Risso qui, le premier, en a fait mention dans sa des-
cription, dit qu'ils sont situés à l'origine au dos et formés
par de petites lames disposées en demi-lune ou en fer à
cheval (1); mais, on ne voit rien de semblable à la place
qu'il indique, et l'on cherche également en vain ces pré-
tendues branchies sur la figure qu'il a donnée.
Après le naturaliste que nous venons de citer, presque
tous les autres ont pris pour des vaisseaux branchiaux les
canaux ramifiés que nous avons décrits à Ja face supé-
rieure de l'animal; telle nous paraît être l'opinion qu'ont
eue sur ces organes Férussac et Rang (2), MM. Quoy (3)et
Cantraine (4); telle est aussi la manière de voir de M.
Almann qui dit, en parlant des organes de la respiration,
que les ramifications vasculaires observées sur la surface
supérieure des expansions foliacées forment certainement
un système de vaisseaux branchiaux, et que ces expansions
elles-mêmes peuvent par conséquent être considérées comme
de véritables organes respiratoires (5). Il est facile de s’as-
surer directement que ces canaux ramifiés ne sont pas
des vaisseaux ; du reste, nous avons déjà vu que ces
mêmes canaux venaient tous aboutir à la poche que l’on
voit sur la face dorsale de l'animal, on les voit s’aboucher
d'une manière manifeste daus celte poche, et comme
celle-ci communique avec l'extérieur par l’ouverture que
nous avons indiquée , il est évident qu'on ne peut les
considérer comme faisant partie du système vasculaire.
L'erreur commise au sujet de ces canaux nous paraît
devoir être attribute en grande partie à ce que les auteurs
(1) Ouvrage cité, p. 45.
(2) Manuel de l'Hist. nat. des Mollusques, p. 375.
(3) Onvrage cité, p. 318.
(4) Malacologie méditerranéenne, p. 65.
(5) Annal. and Magaz. ofnat. Hist , loc, cit. p. 149.
— 13 —
que nous avons cités précédemment, et surtout M. Al-
mann, auraient pris la poche à laquelle ils aboutissent
pour l'oreillette du cœur, quoique celle-ci en soit bien
distincte, ainsi que nous le verrons par la suite.
M. Delle Ghiaje dit, en parlant des organes de la res-
piration, que ces organes consistent en une fine ramification
vasculaire cutanée (1); mais, comme il n'entre pas dans
d’autres détails à ce sujet, et comme il nous paraît avoir
pris pour le canal alimentaire le canal ramifié qu'il a
figuré sur la face supérieure du corps de l'animal , il est
assez difficile de comprendre ce que cet auteur a voulu
ainsi désigner, à moins qu'il n'ait simplement placé le
siége de la respiration dans l'enveloppe extérieure ou
cutanée.
Enfin M. de Quatrefages a rejeté, on le sait, l'exis-
tence d'organes de la respiration dans l’Actéon, et a pré-
tendu que cette fonction était exécutée par le tube
intestinal, ce mollusque étant un de ceux sur lesquels ce
naturaliste avait élabli sa théorie du phlébentérisme (2).
Toutes ces opinions nous paraissent plus ou moins
oin de la vérité; ainsi qu'Oken paraît l'avoir soupçonné,
l'Actéon est un mollusque pulmoné, et son appareil respi-
ratoire est tout à fait semblable à celui des mollusques
terrestres.
Cet appareil est constitué par la poche dorsale dont
nous avons déjà parlé dans la description extérieure de
l'animal. En effet, lorsqu'on ouvre cette poche, on voit
qu'elle est tapissée supérieurement par un lacis de vais-
seaux entièrement semblable à celni des hélices et des
limaces (3); nous avons déjà vu que sa cavité commu-
{) Voir l’ouvrage cité, p. 16.
(2) Voir le Mémoire cité de M. de Quatrefages et nos communica-
tions à l’Institut.
(3) La disposition réticulée de cette partie apparaît même à l'extérieur
et nous paraît avoir été bien vue par M. Almann qui seulement n’en a
pas reconnu la nature, (Loc, cit, p. 148.)
+: EE
niquait avec l'extérieur par une ouverture. arrondie qui
rappelle aussi tout à fait l'orifice pulmonaire de ces mol-
lusques; enfin, les connexions de cette poche avec l'oreil-
lette du cœur, par les vaisseaux qui rampent sur ses
parois, nous semblent mettre hors de doute la détermi-
nalion que nous en avons donnée, en la considérant
comme une poche pulmonaire (1); d'après une organi-
sation semblable, Cuvier n'a pas hésité à considérer
l'Onchidie comme un mollusque pulmoné , bien que
Péron lui eût affirmé l'avoir toujours trouvé dans l’eau,
etil a pensé seulement que le mollusque venait de temps
en temps à la surface, pour y respirer l’air en nature,
comme le font les Planorbes, les Physes, etc. (2); or, ce
mode de respiration concorde, tout à fait au contraire
avec les habitudes des Actéons qui vivent le plus sou-
vent à Ja surface de l’eau, à la manière des mollusques
pulmonés fluviatiles.
L'appareil respiratoire de l'Actéon offre cependant une
modification fort singulière qui le distingue de celui des
autres mollusques pulmonés ; elle consiste dans ces ca-
naux ramifiés qui partent de la poche pulmonaire et
qui recouvrent la face dorsale de l'animal. Quels peuvent
être les usages de ces canaux? Nous avons déjà fait voir
quon ne peut les considérer comme faisant partie du
système vasculaire, ainsi que l'ont pensé presque tous les
naturalistes qui ont étudié l'Actéon ; il nous paraît tout
aussi impossible de considérer ce système de canaux
comme une espèce d'appareil aquifère , car l’eau ne
pourrait pénétrer dans cet appareil qu'en traversant la
poche pulmonaire qui n'est pas organisée pour recevoir
de l'eau, et l’on ne conçoit pas en outre quelles seraient
les fonctions d'un appareil semblable , sans analogue
dans les autres mollusques. Il nous semble plus rationnel
(1) Voir notre communication faite à l’'Insitut le 13 janvier 1845.
(2) Mémoire sur l'Onchidie, p. 6.
d'admettre que ces canaux sont destinés à recevoir de
l'air, comme la cavité pulmonaire dans laquelle ils
s'ouvrent et dont ils ne sont pour ainsi dire qu'une dé-
pendance. Reste donc à expliquer leur usage comme
canaux aériens. Faut-il croire qu'ils servent à mettre en
contact avec l'air une plus grande surface du corps de
l'animal, ce qui rapprocherait un peu leurs fonctions de
celles des trachées des insectes? Ou bien, ont-ils seule-
ment pour usage de tenir en réserve l'air nécessaire à
l'exercice de la respiration , lorque l'animal se trouve
dans l'eau? Ou bien encore, forment-ils une espèce d’ap-
pareil hydrostatique analogue à celui de la Janthine, et
qui servirait à ce mollusque pour se maintenir à la sur-
face de ce liquide? 11 nous paraît difficile de décider cette
question, à la solution de laquelle on n'arrivera proba-
blement que par une étude suivie des mœurs et des
habitudes des Actéons.
2° ORGANES DE LA CIRCULATION. — M. de Quatrefages a
soutenu que l'appareil circulatoire n'existait pas dans
l'Actéon (1), et les autres zoologistes qui se sont occupés
de ce mollusque, n'ont donné sur cet appareil que des
détails assez vagues ou inexacts. L'extrême ténuité des
organes qui forment ce système, dans des animaux d'aussi
petites dimensions, en rend en effet l'étude d’une assez
grande difliculté.
Les vaisseaux qui forment le système veineux sont très
apparents, au moment où ils viennent se ramifier dans la
poche pulmonaire et former le réseau qui tapisse la paroi
supérieure de cette cavité; ces vaisseaux sont bien distincts
des canaux aériens que nous avons décrits précédemment
et avec lesquels ils ont été confondus, comme nous
l'avons dit, par plusieurs zoologistes. Après avoir cons-
(1) Voir le Mémoire cité de M. de Quatrefages et ses communicatiuns
à l’Institut, dans les comptes-rendus du mois d'octobre 1844 ct du mois de
janvier 1945.
CHLORE
titué le réseau vasculaire pulmonaire, ils se rendent dans
deux ou trois troncs principaux qui s'ouvrent directement
dans l'oreillette.
Celle-ci est située à la partie antérieure de la poche
pulmonaire, sur la ligne médiane, et se trouve appliquée
contre la paroi supérieure de cette poche; elle s'abouche
en avant dans un ventricule musculeux, pyriforme, tout
à fait analogue par conséquent à celui des autres mol-
lusques gastéropodes.
Le cœur entier est contenu dans un péricarde qui est
adhérent à la paroi supérieure du corps de l'animal,
comme dans les mollusques nudibranches ; aussi les
mouvemens de systole et de diastole de cet organe sont
très apparens dans ce point, pendant la vie, el ont été
bien reconnus par MM. Quoy, Vérany, Gantraine, etc.
M. Almann, qui a bien indiqué aussi la position du cœur,
nous parait cependant avoir confondu cet organe avec
la poche pulmonaire; c'est du moins ce que nous croyons
pouvoir induire du passage suivant extrait de son mé-
moire : après avoir décrit les ramifications qui recouvrent
les expansions latérales du corps de l'animal, comme des
rawmifications vasculaires branchiales, cet anatomiste dit
que « ces ramifications viennent se rendre dans deux
»troncs, un pour chaque moitié latérale, lesquels
» marchant à peu près parallèlement à la ligne médiane et
» à une courte distance de celle-ci, paraissent se terminer
» à un canal circulaire dans lequel les vaisseaux de la
» partie antérieure des expansions s'ouvrent aussi. Ce
» vaisseau circulaire, qui ne saurait être vu d'une ma-
» nière satisfaisante sans dissection, est placé immédia-
» tement sousles téguments du dos et embrasse un organe
» d’une figure irréguliérement circulaire, dans la struc-
» ture duquel entrent des fibres très fortes, offrant une
dispositiou réticulée ». — M. Almann ajoute que le
, ventricule doit être vu dans l'organe rétliculé qui vient
Ce
©
2
= yes
» d'être décrit, quoique, d'après les difficultés de l'inves-
» tigation, il n'ait pu découvrir ses connexions directes
» avec les vaisseaux ». — Il pense aussi « que le vais-
» seau circulaire peut être considéré comme exerçant les
» fonctions d'une oreillette, ce qui apparaît au micros-
» cope sous la forme d’un vaisseau circulaire, entourant
» le ventricule, étant probablement le bord d'une oreil-
» lette délicate, transparente, dont la partie centrale est
» renduc invisible par un ventricule plus fort et plus
» opaque ({) ».
M. Almann, qui fait remarquer très judicieusement
que M. de Quatrefages n'a pas reconnu l'appareil circula-
toire (ce qui l'a porté à en nier l'existence), à cause des
moyens défectueux qu’il a employés dans ses recherches,
M. Almann, disons-nous, nous paraît être tombé dans
une faute semblable, car si, au lieu d’avoir étudié l'appareil
circulatoire de la manière qu'il indique dans son mé-
moire, il avait ouvert la poche quil considère comme
l'oreillette et avait examiné attentivement ses parois, il
aurait probablement reconnu que cette poche est bien
distincte du cœur qui se trouve placé à sa partie anté-
rieure et supérieure, comme l'indiquent nos figures; il
aurait probablement reconnu aussi la nature véritable
des vaisseaux & disposition réticulée qui tapissent sa paroi
supérieure et qu il a pris pour les fibres du ventricule.
Ce ventricule donne naissance en avant à l'aorte qui
se porte vers la partie antérieure de l'animal, traverse le
collier nerveux et se perd dans la masse buccale, après
avoir fourni dans son trajet, une branche profonde pour
les viscères. La disposition du système artériel offre donc,
dans l’Actéon, beaucoup d'analosie avec la disposition da
même système dans les mollusques nudibranches.
3° ORGANES DE LA DIGESTION. — Les détails donnés sur
(1) Mémoire cité, p. 149.
he
ces organes par Risso, MM. Delle Chiaje et de Quatre-
fages sont tout à fait inexacls, et il nous paraît certain que
l'appareil digestif a entiérement échappé aux recherches
de ces zoologistes.
Risso, qui parle seulement de la términaison de Fin-
testin, dit que l'ouverture anale est placée dansun tubercule
creux situé à l'extrémité du pied (1), position singulière
que M. De Blainville avait déjà révoquée en doute (2).
M. Delle Chiaje a décrit et figuré un canal médian et
ramifié, qu'il a pris pour le canal alimentaire, ce qui l'a
porté sans doute à voir dans l’organisation de ces mol-
lusques de l'analogie avec celle des Planariées, Nous
croyons que cet anatomiste s'est mépris sur l'existence
d'un canal central et qu'il a été induit en erreur par une
différence de coloration que l'on observe souvent sur la
ligne médiane, surtout lorsqu'on examine l'animal par
transparence (3); quant aux ramifications qui partiraient
de ce prétendu canal central, il nous paraît évident que
M. Delle Chiaje a pris pour des ramifications intestinales
les canaux qui partent de la poche pulmonaire.
M. de Quatrefages a pris aussi la poche pulmonaire pour
l'estomac, et les canaux qui partent de cette poche ponr
des ramifications gastriques. Cet auteur a cru voir ensuite,
sur la ligne médiane, un intestin étroit et sinueux partant
de la poche stomacale et se rendant à une espèce de cloaque
situe à la partie postérieure du corps ; à exemple de Risso,
il place l'anus à la partie postérieure et médiane (4). Nous
(4) Voir l'ouvrage cité, p. 45.
(2) Manuel de Malacologie, p. 474.
(3) Cette différence de coloration tient à l’épaisseur moins considéra-
ble des tissus sur la ligne médiane, ainsi que le montrent nos figures. —
Nous sommes porté à croire, d’après la description de M. Delle Chiaje,
que cet auteur a aussi pris pour des ramifications intestinales quelques-
unes des parties de l’appareil reproducteur, que nous ferons connaître
par la suite.
(4) Mémoire cité, p. 138 et 142.
avons déjà eu occasion de dire et nous allons faire voir
que cette description de l'appareil digestif de l’Actéon est
entièrement inexacte.
M. Almann est le seul, des zoologistes qui ont étudié
l'Actéon, qui ait bien vu l'appareil digestif de ce mollus-
que. La description et la figure qu'il en a données s’ac-
cordent presque sur tous les points avec ce que nous
avions déjà vu et décrit nous-même (1).
La bouche est située à l'extrémité antérieure de l'ani-
mal et un peu inférieurement comme dans les Aplysies ;
elle a la forme d’une fente longitudinale qui se perd enar-
rière, dans l’enfoncement qui sépare la tête du pied. Les
bords de cette ouverture sont quelquefois légèrement pro-
éminents et forment comme deux petites lèvres. D'après
Risso, la bouche serait pourvue en outre de deux paires
de filets tentaculaires que ce naturaliste n'a cependant pas
figurés et qui n'existent certainement pas, ainsi qu'en a
déjà fait l'observation M. Cantraine. Nous devons dire
aussi que nous n'avons pas reconnu le voile échancré dans
son milieu et assez semblable à celui des Lymnéens qui,
d'après ce dernier naturaliste, recouvrirait l'ouverture buc-
cale (2). |
La masse buccale, qui vient immédiatement après , est
ovoïde et présente supérieurement des siries transver-
sales très fines ; ses parois, très épaisses, sont entièrement
musculaires et n'offrent aucune trace de pièces cornées.
Dans sa cavité, on remarque inférieurement une saillie
linguale très proéminente, allongée d'avant en arrière et
armée de crochets cornés, transparents et comme imbri-
qués, Nousavons figuré le renflement lingual et les crochets
dont il est armé, tels que nous les avons observés ; mais
il est probable que, dans les mouvements de la inasse
(1) Voir les Comptes-rendus de l Académie des Sciences, de janvier 1845,
P: 94.
(2) Ouvrage cité, p. 66.
buccale en avant et lorsque l'animal se sert de cette par-
tie, ces crochets s'écartent les uns des autres et affectent
alors la disposition que M. Almann a fiourée.
Le renflement lingual se continue avec un sac membra-
neux qui fait saillie en arrière de la masse buccale et qui
est rempli de crochets cornés tout à fait semblables à
ceux que nous venons de décrire , adhérant par leur base
à la paroi interne de ce sac. Nous ne saurions dire si ces
crochets deviennent extérieurs, par le renversement de
de la petite poche qui les contient, dans les mouvements
de la langue en avant, et si l’animal s’en sert dans cette
circonstance seulement, ou bien s'ils sont destinés à rem-
placer successivement ceux de la langue, ainsi que Cu-
vier l’a supposé pour les Turbots et comme cela paraît
avoir lieu en effet dans quelques mollusques.
L’œsophage, qui prend naissance en arrière et en des-
sous de la masse buccale, présente un calibre très peu
considérable. Après avoir traversé l'anneau nerveux, il
présente supérieurement une petite dilatation arrondie
qui forme comme un premier estomac. Presque immédia-
tement après, il se dilate de nouveau en une poche stoma-
cale plus considérable, profondément située au-dessous
de la partie antérieure de l’appareïil générateur, à peu
près au niveau du cœur.
De la partie supérieure de cette poche, et près du point
où aboutit l'œsophage, part l'intestin qui se porte d'abord
un peu en avant, contourne l'appareil de la génération et
se dirige ensuite en arrière et du côté droit, pour venir
s'ouvrir du même côté, non loin de la ligne médiane.
Cette ouverture, marquée par un petit tubercule saillant,
se trouve placée un peu en avant de l'orifice pulmonaire,
ainsi que nous l'avons déjà indiqué dans Ja description
extérieure (1). Le calibre de l'intestin est le même dans
(1) Cette onvertnie est bien indiquée dans la figure de M. Cantraine
Li
toule son étendue et un peu plus considérable que celui
de l’œsophage.
M. Almann a décrit et figuré deux paires de glandes
salivaires situées, l’une en avant et l’autre en arrière de la
masse buccale. Avant d’avoir lu le mémoire de cet anato-
miste, nous avions bien vu les petites granulations blan-
châtres qui sont situées sous la peau , autour de l'orifice
buccal , et nous les avions considérées aussi comme des
glandes salivaires ; maïs nous avons cherché inutilement
les glandes salivaires postérieures que M. Almann fait
aboutir en avant de l’origine de l'œsophage.
Le foie offre une disposition fort remarquable dans l'Ac-
téon. Lorsqu'on déchire l'enveloppe extérieure de ce mol-
lusque, on trouve partout, sous celte enveloppe et dans
l'interstice des organes, une matière verdâtre à laquelle
est due sa coloration. Si l’on étudie ensuite cette matière
à un faible grossissement , l’on voit qu'elle est formée de
petils cœcums ramifiés, présentant assez bien l'apparence
de certains végétaux inférieurs; ces cœcums viennent se
rendre dans des canaux qui, en se réunissant, donnent
successivement lieu à des canaux plus considérables, les-
quels viennent tous aboutir à deux troncs principaux qui,
de l’extrémité postérieure du corps de l'animal, se por-
tent en avant, de chaque côté de la ligne médiane, pour
s'ouvrir dans la poche stomacale. Le foie forme donc dans
l'Actéon comme un arbre immense dont les ramifica-
tions enveloppent tous les autres organes, et nous offre
ainsi un bel exemple d'un organe glanduleux rédnit à sa
forme la plus élémentaire.
Ce fait et le peu de développement qu'offre le tube
digestif dans un animal qui ne se nourrit pourtant que
de substances végétales, comme nous le verrons par
la suite, nous paraissent avoir un assez grand intérêt, au
qui nous paraît seulement avoir commis l’erreur de la prendre pour l'ori-
fice des organes de la génération.
RD res
point de vue de l'anatomie et de la physiologie com-
parées (1).
| (La suite au prochain N°.)
QUELQUES OBSERVATIONS AU SUJET DE LA PERFORATION DES
PIERRES PAR LES MorLusques; par M. Desnaves.
Quelle est la personne qui, réfléchissant avec quelque
soin sur ce phénomène remarquable de la perforation des
corps durs par les mollusques, pourra se persuader que
ces animaux emploient des moyens mécaniques pour par-
venir à leur but. Il faut se rappeler que tous les corps
perforés sont ou du bois ou des calcaires plus ou moins
durs, quelquefois des argiles durcis, ou plutôt des mar-
nes argileuses ou des grès cimentés par du calcaire, Quels
que soient ces corps, ils sont, dans le plus grand nombre
des circonstances beaucoup plus durs que les coquilles
des animaux qui les perforent. Il existe des mollusques
dont la coquille est mince et fragile et qui s'enfoncent
dans des calcaires très durs. La Modiole Lithophage, par
exemple, à Toulon, vit dans des masses calcaires aussi du-
res que les marbres les plus solides. Des marbres très durs
sont criblés de trous, par la même espèce, aux environs
de Bone. Dans ces mêmes calcaires, on trouve aussi des
Saxicaves, des Pétricoles : le Gastrochène se joint sou-
ventaux genres que nous venons de citer; souvent tous
ces animaux attaquent des coquilles d'une grande du-
reté qui présentent des parties suffisaminent épaisses,
telles que les grands Turbos, les Avicules à perles, les
Casques, les Patelles : enfin, sans exception, toutes
(1) Le tube digestif ne dépasse jamais la portion cervicale de l'animal,
ainsi que le représente notre figme (voir la pl. III): — Souvent lesto-
mac n'est formé que par un simple renflement cylindroïde, ainsi que l’a
figuré M. Almann; nous avons trouvé ectte forme sur plusieurs indivi-
dus.
— 23 —
les coquilles perforantes corrodent les masses madrépo-
riques qui jouissent, la plupart, d'une grande ténacité,
comme Je savent les naturalistes.
Les autres genres de mollusques perforateurs, tels que
les Pholades, pour le plus grand nombre, s'attaquent aux
argiles durcies; elles y creusent des loges profondes en
rapport avec leur propre volume. D'autres espèces du
même genre vivent comme le Taret enfoncées dans le bois,
On concevrait, jusqu'à un certain point, que les Pholades,
qui vivent dans l'argile, pourraient creuser cette sub-
stance molle par un moyen mécanique; mais ce qui prouve
qu'il n’en est rien c'est que la même espèce se rencon-
tre aussi bien dans des argiles très durs dont les parties
ne peuvent facilement se désagréger. Quant aux Tarets, ils
perforent les bois durs et neufs : il y a même des espèces,
des mers chaudes, qui vivent dans l'enveloppe si dure du
fruit du Cocotier; et ce sont ces espèces qui percent les
bois les plus durs qui possèdent la coquille la plus rudi-
mentaire et la plus fragile. Get examen rapide des faits,
tels que chacun peut les observer, nous conduit naturel
lement à établir qu'aucune coquille perforante n'aurait
assez de solidité pour produire, sans usure sur ses bords,
et sans altération des fines aspérités qu’elles portent, un
trou, si petit quil soit, nous ne dirons pas dans Îles corps
durs dont nousavons parlé, mais mêine dans ceux quiont
le moins de cohésion. Nous engagerions les personnes qui
voudraient soutenir l'opinion que nous combattons, celle
de la perforation mécanique, d'essayer de creuser, avec une
coquille perforante quelconque, en y meltant non-seule-
ment lLoutes les précautions convenables, mais encore tout
le temps nécessaire, un corps dur dela nature de ceux qui
sont habituellement attaqués: cette expérience prouvera
invinciblement qu'il n'est aucune coquille qui puisse résis-
ter longtemps à l'eflort nécessaire, soit pour gratter le bois
de manière à enlever de la poussière, soit pour userla pierre
= M2
à l'aide des fines aspérités de la coquille. Ces aspérités
disparaissent bientôt, avant même que l'on ait rayé Ja
surface d'un calcaire aussi dur que celui de Toulon, par
exemple, qui, pour le dire en passant , serait bien plus
propre à user des coquilles que d'être rayé par elles. D’ail-
leurs personne n'ignore que deux corps de la même na-
ture, quand même ils seraient d’une inégale ténacité, ont
de la peine à s’user par le frottement. Deux morceaux de
marbre peuvent être longtemps frottés sans s'user beau-
coup, et dans les faits que nous examinons les corps per-
forés sont presque toujours beaucoup plus durs que les
corps perforants. Ces seules considérations sont bien ca-
pables d’ébranler la conviction des personnes qui croient
à l'action mécanique des coquiiles.
On a toujours supposé au mollusque perforateur assez
de liberté dans le trou qu'il se creuse pour y produire à
volonté des mouvements de rotation à l’aide desquels il
use doucement la pierre par le frottement de ses valves,
comme le ferait un instrument à tarauder; mais on oublie
que l’une des conditions de la vie des mollusques acé-
phalés lithophages est une immobilité presque complète,
commandée au reste par l’organisation même de ces ani-
maux. Comment agit un instrument à tarauder? Il agit
sur un corps dur, parce qu'on l'y appuie avec force, parce
qu'il est fait d'un métal très dur auquel on a ménagé
des tranchants aigus ; enfin on lui imprime un mouve-
ment de rotation sur son axe.
Est-ce sérieusement que l'on a voulu comparer une
coquille mince et fragile à un instrument perforateur ?
Que l’on présente cette coquille au plus habile ouvrier,
en lui disant de creuser avec elle la pierre calcaire d’où
elle a été retirée, et cet homme regardera votre proposi-
tion comme dérisoire : car il pourrait se faire que votre
calcaire contint des grains de sable quartzeux capables
«d'ébrêcher les outils les plus durs. Mais, dira-t-on, l’ou-
onto tatin tatin And d'est sSDÉRR tn d
=. te
4
vrier voudra faire en quelques moments le trou auquel
l’auimal consacre toute sa vie, 3, 4, 10 années peut-être,
L'action de l’animal est faible, sans doute, mais elle est
incessante, il n'a que cela à faire. Encore faut-il que,
pour creuser, l'animal remplisse deux conditions : qu'il
dispose d’une force au moyen de laquelle il applique sa
coquille contre les parois de son trou, et qu'il imprime
à sa coquille tous les mouvements rotatoires de va et vient
sur son axe. Eh bien ! dans les animaux perforateurs dont
nous parlons la force n'existe pas, et le mouvement rota-
toire est impossible. L'examen rapide des genres Litho-
phages le prouvera invinciblement, à commencer par la
Clavagelle dont la coquille a une valve engagée dans le
tube. Voilà évidemment un animal perforateur parfaite-
ment immobile dont la loge est souvent aplatie, compri-
mée et beaucoup trop large dans la direction des valves,
pour que celle qui reste libre puisse frotter une partie
quelconque des parois de la cavité que l'animal habite.
Voilà donc un animal qui perfore la pierre, quoiqu'il soit
immobile et qu'il manque à la fois des deux conditions
pour accomplir une action mécanique sur la pierre qu'il
habite. Cet exemple seui est tellement coneluant qu'il
suffirait à la rigueur. Nous ne nous croyons pas dispensés
pour cela de passer en revue tous les autres genres per-
forateurs. Le Gastrochène a besoin , pour respirer et se
nourrir, d'avoir constamment ses siphons étendus au
dehors par les tuyaux calcaires qui terminent la cavité
qu'il habite. Dans cette position, l'animal manque de
point d'appui pour pousser la coquille contre les parois
de son tube, et bien plus, il est condamné à une im-
mobilité presque complète. S'il est vrai qu'il soit attaché
par un byssus, ce byssus ne lui permettrait aucun mou-
vement de rotation.
Ceque nous avons dit ailleurs du Taret nous dispense
&en parler ici : car ect animal, extrêmement mollasse, n'a
ss toit.
pas même de muscles dans toute l'étendue de ses longs si-
phons pour leur donner seulement un peu de rigidité, et
l'absence de muscles le met dans l'impossibilité d'exercer
avec sa coquille des mouvements de rotation; et quand
même il existerait des muscles dans les parois des siphons
et du manteau, les mouvements de rotation seraient
presque impossibles chez un animal très irrégulièrement
contourné sur lui-même.
Il suffit de constater le bel état de conservation des
moindres aspérités qui ornent les individus de diverses
espèces de Pholades connues , pour être convaincu que
jamais ces coquilles, minces et délicates, n’ont éprouvé le
moindre frottement.
Les Saxicaves perforantes, car toutes ne le sont pas,
les Pétricoles , les Vénérupes, sont souvent des coquilles
un peu aplaties; elles se creusent des trous qui ont leurs
formes, et dans lesquelles il leur est impossible de se tour-
ner : il y a même des espèces qui, en creusant leur loge,
ménagent une crète saillante de la pierre qui s'interpose
entre les crochets des valves ; et ces espèces sont comme
les Clavagelles dans l'impossibilité absolue de se mouvoir.
Il est à remarquer que, dans toutes les espèces de ces gen-
res, les coquilles sont liérissées d’aspérités qu couvertes
de stries fines sur lesquelles on n’aperçoit aucune trace de
froltement et d'usure. On ne peut donc supposer, chez
toutes ces espèces, un moyen mécanique de perforer la
pierre, souvent très dure, qu'elles habitent.
Dans le genre Cypricarde, Lamark a compris quelques
espèces perforatrices; elles sont minces, allongées ova-
laires. Dans leur section transverse, les loges qu’elles
se creusent dans les calcaires ou les coraux sont elles-
mêmes ovalaires, et si justes pour la coquille que celle-ci
ne peut y exercer des mouvements de rotation. Dans
les animaux de ce genre, les siphons sont extrêmement
courts, membraneux, assez semblables à ceux des Bucar-
+ 2% —
des, l'animal ne pourrait donc pas s'en servir comme
d’un point d'appui, quand même il aurait des mouvements
de rotation.
Enfin nous avons un dernier genre à examiner, et c'est
l'un des plus connus, pour la propriété dont jouissent
quelques-unes de ces espèces de perforer la pierre : nous
voulons parler des Modioles. Guvier a proposé le genre
Lithodome, pour les espèces perforantes. Nous connaissons
l'animal de l'espèce la plus vulgaire, la Modiole Litho-
phage; nous l'avons conservé vivant et nous en avons
étudié les manœuvres. Get animal se tient suspendu an
milieu du trou qu'il habite, au moyen d’un faible byssus
et de manière à ce que sa coquilie laisse entre elle et les
parois de la pierre un espace vide. Pour obtenir cette po-
sition, l'animal est pour ainsi dire encré à l’aide du petit
nombre de fils dont son byssus est composé; ces fils
sont tendus à droite et à gauche, en avant et en arrière
et fixés de telle manière que la coquille demeure immo-
bile. L'animal a un pied beaucoup plus long, beaucoup
plus grèle que les autres Modioles; il fait sortir cet organe
de ses valves entrouvertes et s'occupe constamment à
le promener doucement, en s’étalant un peu sur les pa-
rois de la cavité pierreuse, il profite, pour cela, de l’es-
pace qu'il a ménagé, en fixant les ‘ls de son byssus entre
la coquille et les parois de son trou. Quelle que soit son
extensibilité, le pied ne peut atteindre toutes les parties
de la cavité pierreuse : aussi, après un certain Lemps,
l'animal détache fil à fil son byssus, fait sur son axe longi-
tudinal un quart ou une demi-révolution et recommence à
promener son pied sur les parois de la cavité pierreuse. Il
n'ya rien là, comme on le voit, qui annonce une perfo-
ration mécanique de la pierre de la part des Modioles
Lithophages. Ilest bien à croire que les animaux des au-
tres genres agissent d'une manière analogue, soit par leur
pied, soit par leur manteau et, peut-être, par les deux
ON, ds
organes tout à la fois. Mais il est nécessaire de tenter
de nouvelles observations, pour changer enfin en un
fait certain et prouvé, ce que nous regardons seulement
comme probable, à un degré qui approche de la cer-
titude.
Mais ici ne se borne pas encore tout ce que nous avons
à dire sur cette question intéressante de la perforation de
la pierre par les mollusques ; nous avons encore à corro-
borer nos probabilités par l’examen de ce qui se passe dans
Je jeune âge. Comment les partisans de l’action mécanique
des coquilles ponrraïent-ils concevoir qu'un animal, au
sortir de l'œuf, ou peu de temps après, ayant un rudiment
de coquille tellement mince et flexible qu'il ressemble
plutôt à une membrane, peut cependant perforer la pierre
avec cette coquille. Car il n’en faut pas douter, à peine
sorti de l'œuf, l'animal commence son trou; nous avons
vu des coquilles de Gastrochène et de Pétricole ayant à
peine 2 ou 3 millimètres de longueur, déjà contenues
dans une cavité proportionnée à leur volume. Tous les
naturalistes le savent, l'accroissement des animaux est
d'autant plus rapide qu'ils sont plus jeunes; et les parti-
sans de l’action mécanique seraient forcés d'admettre que
c'est au moment où la coquille est la plus mince, la plus
fragile, par conséquent offre le moins de résistance, qu'elle
doit supporter les plus grands efforts, sans que cependant
elle subisse la moindre déviation dans son accroissement,
la moindre altération dans sa forme, la moindre usure
dans ses parties les plus délicates.
Si, malgré tous les faits que nous venons de mention-
ner, nos raisonnements qui s y appuient trouvaient des
incrédules, nous franchirions la limite des mollusques
acéphalés et nous montrerions le Magile perforant lente-
ment Ja masse madréporique dans laquelle il habite, quoi-
quil y soit dans la plus parfaite et la plus constante im-
mobilité. Si ce fait u'était pas encore assez convainquant,
nous ferions voir des Amélides molles , dépourvues de
tube ou d’autres parties dures, se creusant cependant
de longues et sinueuses galeries dans les calcaires tendres,
et pouvant toujours maintenir les longs canaux qu'elles
habitent d'un diamètre proportionné à celui de leur corps;
nous pourrions enfin descendre plus bas encore, jusqu'aux
derniers échelons du règne animal et montrer des Epon-
ges perforantes, criblant de trous irréguliers les calcaires
les plus durs, et produisant une véritable carie à leur sur-
face.
Le but de cette dissertation s'aperçoit facilement. Une
opinion, ancienne déjà, persiste dans la science ; d’après
elle, les mollusques perforateurs ne peuvent percer la
pierre qu'à l’aide de leur coquille agissant mécanique-
ment,
Nous croyons cette opinion erronée et nous la com-
battons par des faits et par les raisonnements que ces
faits nous suggèrent. Nous voyons d'abord, et sans excep-
tion authentique jnsqu'à ce jour, tous les animaux perfo-
rateurs s'attaquer à des calcaires plus ou moins durs ou
à du bois plongé dans l’eau. Nous remarquons aussi
lPimmobilité presque absolue de tous ces animaux et l'im-
puissance où ils se trouvent d'appliquer assez fortement
leur coquille contre les paroïs de la cavité habitée pour
l'user par le frottement. Nous sommes donc conduits,
malgré nous, à cette conclusion : les mollusques qui per-
cent la pierre ne la perforent pas par un moyen mécani-
que.
Quand même tout ceci n'aurait servi qu'à détruire une
erreur, sans pouvoir rien mettre à la place, nous n’aurions
pas hésité un moment : cer on est plus près de la vérité,
quand l'erreur n’existe plus. On voit les meilleurs esprits
s'attacher à des théories vicieuses sanctionnées par le
temps, uniquement parce qu'elles ont été admises par des
auteurs haut placés dans la science. Et puis, dit-on, voilà
— 30
une théorie qui paraît satisfaisante : si nous la rejelons,
par quelle autre la remplacerons-nous ? Pour nous, l'His-
toire naturelle, et la Zoologie en particulier, ne com-
porte point de théorie. Des faits sont observés, s'ils le sont
mal, la généralisation qui en résulte est fausse, s'ils le
sont bien, cette généralisation est bonne, et elle est re-
connue telle, parce qu'elle s'applique à tous les phénomé-
nes observés : et c’est ici justement que ces réflezions
trouvent leur application immédiate.
On a vu des coquilles dans la pierre. Commeni se perce
la pierre, s'est-on demandé? Par un moyen mécanique.
Doncles mollusques perforateurs , armés d'une seule par-
tie solide, de leur coquille, creusent les corps durs avec
elle et par un moyen mécanique : tel est le premier et le
plus vulgaire raisonnement, Mais si l'on examine les faits
plus attentivement, on voit que des animaux qui devraient
jouir d’une certaine force sont sans force; qui devraient
joindre le mouvement à la force sont sans mouvements;
qui devraient être armés de corps plus durs que ceux
qu ils creusent sont revêtus de pièces testacées, minces
et friables, de telle sorte, que l'on pourrait assez facilement
distinguer une coquille perforante par son peu d'épais-
seur. Que résulte -t-il de tous ces faits? Une opinion con-
traire à celle d'abord admise et qui peut s'énoncer d'une
manière bien simple que voici : aucun mollusque ne per-
fore la pierre à l’aide d'un moyen mécanique.
Quel moyen emploie l'animal, pour parvenir au but
que la nature lui impose? Quand même la science ne se-
rait pas encore assez avancée pour connaître avec certi-
tude l'agent mis en jeu, ce ne serait pas un motif
suffisant pour rejeter la proposition que nous venons d’é-
tablir. Nous poserons à notre tour cette question : Si le
mollusque ne peut perforer la pierre par un moyen mé-
canique, a-t-il à sa disposition autre chose qu'un agent
chimique préparé par des organes de sécrétion? De quelle
= 31 —
nature sont les agents chimiques qui dissolvent le bois ei
la pierre? Ce sont des acides; or le bois et la pierre sont
dissous, bien évidemment. Donc pourrions-nous con-
clure : les mollusques perforateurs sécrètent des acides
assez puissants pour attaquer la pierre dans laquelle ils
vivent. Ce raisonnement pourrait égarer, quoiqu'il pa-
raisse juste : car, malheureusement, il ne s'appuie sur
aucune observation directe. Il serait facile aux per-
sonnes qui habitent les bords de la mer d'éclairer la
science à ce sujet. Il suffirait peut-être des expériences
les plus simples, avec des papiers sensibles ou d’autres
réactifs de l'emploi le plus facile, pour décider si la sécré-
tion des mollusques dont il s’agit est acide; probable-
ment parviendrait-on,avec quelque patience, à découvrir
quelle est la nature exacte de l’agent dissolvant; la solu-
tion de cette question serait d’un grand intérêt pour la
physiologie des mollusques.
Une autre objection se présente encore. Si les mollus-
ques perforateurs se creusent leurs trous au moyen d'une
sécrétion aeide, comment étant eux-mêmes plongés dans
l'eau, ces animaux pourront-ils produire une assez
grande quantité de suc acide pour dissoudre la pierre
sans cependant corroder leur propre coquille. Il y
a en effet ceci de très remarquable, c'est que jamais
la coquille ne porte la moindre trace de dissolution :
elle est toujours dans l’état de la plus parfaite conser-
vation , au moment où elle est retirée de la loge qu'elle
habite.
Cette objection semble détruire l'opinion que nous dé-
fendons. Comment concevoir qu'un mollusque contenu
dans un trou, en communication directe avec l'Océan,
va sécréter une liqueur acide qui ne sera pas immédiate-
ment dissoute, dans une quantité suffisante de liquide
pour en détruire l'effet? Et dans le cas où l'animal, à
l’aide de ses siphons, boucherait l'entrée de sa cavité
225 00 da
pour sécréter sa liqueur acide, il arriverait nécessairement
la corrosion simultanée des paroïs de la cavité et de la
surface externe de la coquille. Or la coquille est toujours
préservée; la cavité s'agrandit sans cesse, à mesure que
l'animal s'accroît. Il faut donc que le mollusque ait une
action spéciale qui concilie ces deux phénomènes.
Pour bien comprendre ce qui va suivre, nous devons
rapporter quelques faits importants sur l'accroissement
des Arrosoirs, des Clavagelles et de ceux des Gastrochè-
nes, qui, tels que le Mumia, sont renfermés dans un tube
calcaire isolé.
Une Clavagelle, un Arrosoir, s’accroissent lentement
comme tous les autres mollusques; et l’on remarque que
les jeunes individus sont pourvus d'un tube aussi com-
plet que les grandes. Il semblerait donc que le tube de
ces animaux s’accroit à la fois par tous les points de son
étendue : ce qui supposerait chez lui un état de mollesse,
d’extensibilité qui n’existe jamais : il faudrait que ce tube
s'accrüt à la manière des os des vertébrés, et tout, dans
sa structure, prouve qu'il ne s'accroît pas ainsi. Pour avoir
un tube gn rapport avec son volume actuel, l'animal dis-
sout le tube ancien dans lequel il se trouve à l'étroit : ce
qui se passe chez les Clavagelles le démontre invincible-
ment.
L'animal de la Clavagelle est renfermé entre deux val-
ves très inégales : l'une, la plus petite, est comprise et
fixée dans la paroi du tube; l’autre, articulée en charnière
avec la première , joue librement dans la cavité du tube.
Si l'animal n'a pas la propriété de dissoudre son tube,
comment expliquer l’accroissement de la valve engagée ?
L'animal ne peut ajouter à cette valve que pendant le
moment assez court de la dissolution de son tube. Aussi-
tôt que ce tube est reconstruit, l'accroissement de cette
valve cesse, tandis qu'il continue toujours dans l’autre :
ce qui explique aussi l'inégalité des valves, l’une s’accrois-
de Sms trucs te Éd à OT RÉ SE SE SR S
sant sans discontinuité; l’autre ne pouvant le faire qué
périodiquement et pendant les courts moments de la dis-
solution du tube. Ge tube se reconstruit alors tout d’uné
pièce; et cette opération est prompte, ainsi que le témoi-
gnent les belles expériences de M. Laurent. Ge savant et
ingénieux observateur a vu un Taret, extrait de son tube,
en sécréter un nouveau, en quelques jours, aussi complet
que le premier.
La manière dont s'opère la dissolution du tube, chez
les Clavagelles et les Arrosoirs, prouve que ces mollus-
ques perforateurs ont un organe doué d’une action spé-
ciale : il accomplit le double phénomène de la dissolu-
tion du tube et de la parfaite conservation de la coquille.
Ce fait, qui paraît particulier aux mollusques tubuli-
coles , nous le généralisons , et nous croyons qu'il existe
chez tous les moliusques perforateurs, sans exception,
avec celte légère différence que, là où il n’y a point de
tube, l'organe sécréteur agit sans cesse sur les paroiïs
pierreuses de la cavité habitée par Panimal.
Deux organes peuvent concourir à augmenter la cavité
d’un mollusque perforateur : le pied et surtout le man-
teau. Ge dernier organe est très épais chez les mollusques
perforaieurs; il présente de grandes surfaces, soit dans le
baillement des valves, soit en se renversant au-dessus
d'elles, ainsi que nous l'avons observé dans les Clava-
gelles et les Pétricoles vivantes. Dans le manteau de ces
animaux, ainsi que dans celui des Gastrochènes, nous
avons découvert un Organe sécréteur spécial qui, pour
nous est indubitablement celui qui fournit à l'animal le
dissolvant qui lui est nécessaire.
Si l'animal laissait tomber dans l’eau le produit de la
sécrétion, il serait perdu et sans action, ainsi que nous le
disions tout à l'heure. Pour l’employer utilement, l'or-
gane sécréleur lui-même est appliqué longtemps sur la
paroï qu'il doit attaquer : le liquide ambiant est déplacé
3
ER
par cette application la liqueur sécrétée est mise en contact
avec le corps qu'elle doit dissoudre, sans être préalable-
nent délayée dans l’eau. Ghez les Clavagelles, les Arro-
soirs, la plupart des Pétricoles et des Vénérupes, l'organe
est assez grand pour se mettre en contact à la fois avec
toute la paroi du tube et de la cavité habitée. Chez les
Gastrochènes, les Pholades, les Lithodomes, etc., cet or-
gane est trop étroit, et le soin de l'animal consiste à lPap-
pliquer successivement sur tous les points de la cavité
qu'il habite.
Ainsi, il ne reste plus le moindre doute, les mollusques
perforateurs ne creusent pas leur habitation par un moyen
mécanique ; ils y parviennent par un agent chimique;
l'organe qui le sécrète existe, il est connu; nous savons
comment il s'applique pour agir sûrement, Un seul point
de la question reste à étudier : c’est ce qui a rapport à la
nature même de l’agent sécrété. Quelques observations
bien faites par un chimiste habitant nos côtes, sur un
point où les mollusques perforateurs abondent, suffiront
pour résoudre complétement le problème. Ge que nous
avons dit suffirait à la rigueur : car on peut déjà préju-
ger que les mollusques n'attaquant jamais que les sub-
stances calcaires, leur sécrétion est un acide, probable-
ment il est en partie neuiralisé par sa combinaison avec
les matières muqueuses; mais de quelle nature est cet
acide : l'observation directe seule peut répondre à cette
question.
NOTE SUR LA POSITION DE L'ORGANE DE L ODORAT Chez
les Mollusques gastéropodes terrcstres ; par M. Le-
py.— (Journal de l’Académie des Sciences natu-
relles de Philadelphie, 2° Série, T. 1, p. 69.)
Lorsque l'on observe les mollusques gastéropodes
terrestres, on s'aperçoit qu'ils se dirigent sans trop d'in-
OR" RUE
certitude vers les lieux où se trouvent des alimens de
leur choix. N'ayant point d'organes visuels assez parfaits
pour voir distinctement les objets de près ou de loin, ces.
animaux ne peuvent donc se guider par la vue des sub-
stances qu'ils recherchent. Les naturalistes ont supposé
l'existence d’un organe olfactif qui, jusqu'à présent, n'a pu
être découvert par les anatomistes. Guvier, à la suite de
ses recherches sur l'anatomie des limaces et des hélices,
en parlant du sens de l'odorat, si manifestement prouvé
par les mœurs de ces animaux, mais non démontré par
le scalpel, dit qu'il est très probable que la sensation
de l'odorat se produit par toute la surface cutanée qui,
par sa structure , ne manque pas d'analogie avec un
organe pituitaire. Mais pour admettre cette explication
du célèbre anatomiste, il faudrait d’abord renverser les
principes de physiologie par lesquels il est prouvé
qu'un organe de sensation ne peut fonctionner qu'au-
tant qu'il est localisé. Il faudrait supposer aussi une
double fonction aux nerfs cutanés des mollusques, qui
se trouveraient ainsi chargés des sens du toucher et de
l’odorat; ce serait assurément le seul exemple que l'on
pourrait citer de fonetions si diverses dans un appareil
nerveux dont la destination ne saurait être équivoque.
Un savant Américain, M. Leidy, annonce dans le
journal de l’Académie des sciences naturelles de Phila-
delphie, avoir découvert l'organe olfactif chez les gasté-
ropodes terrestres. Il a observé à l'extrémité antérieure
du pied une petite cavité tapissée d'une membrane vers
laquelle se rendent deux grosses branches nerveuses qui
partent de la portion inférieure et antérieure de l’anneau
æsophagien. Gette même cavité reçoit également des
vaisseaux qui proviennent de l'aorte céphalique. D'après
ses indications il sera facile aux anatomistes de s'assurer
de la réalité de la découverte de M. Leidy. Une série
d'expériences deviendra ensuile nécessaire pour cons-
ER
tater le fait anatomique. On sait avec quelle facilité les
mollusques terrestres supportent l’ablation de diverses
parties de leur corps. Il sera donc possible de faire la
section de l'organe olfactif et de voir ensuite si l'animal se
dirige avec autant de sûreté vers le lieu où est déposé
l'aliment de son choix. Si ces expériences réussisent,
comme nous le pensons , elles donneront la consécra-
tion la plus évidente à la découverte si intéressante de
M. Leidy. DEsHAYESs.
Norice sur le genre Cycrosroma , et GaraLocue
des espèces appartenant à ce genre; par M. Petit
de la Saussaye.
ms
C'est Lamark qui, en 1801, a le premier, établi le
genre Cyclostome, dans lequel il faisait entrer alors un
certain nombre de coquilles diverses, dont les caractères
principaux étaient: une ouverture ronde, régulière, avec
un péristome continu, et fermée par un opercule. Parmi
ces coquilles se trouvaient des espèces marines, fluviatiles
et terrestres.
Cet illustre conchyliologue ne tarda pas à reconnaître
Ja nécessité de retirer de ce groupe les coquilles marines,
puis les coquiiles fluviatiles, et, en 1819, dans son his-
toires des animaux sans vertèbres, il circonscrivit le genre
Cyclostoma, en n'y laissant que les espèces terrestres.
Les formes dela coquille des Cyclostomes varient consi-
dérablement depuis l'enroulement discoïdal jusqu’à l'al-
longement pupoïde.
En ce qui concerne l'animal, Lister a publié, en 1694,
une anatomie médiocre du C'ycl. elégant, travail qui a été
repris en 1829, avec plus de soin et de succès par M. Ber-
keley, dans le Zoological journal vol: IV p. 278.
DC Dee
Les Gyclostomes s’éloignent des autres pulmonifères en
ce qu'ils ont des sexes différents, sur des individus dis-
tincts; ils n’ont que deux tentacules, les yeux placés à la
base, et ils sont pourvus d’'opercule, caractères qui rap-
prochent beaucoup ce groupe de la famille des tur-
binacés, dans laquelle ils ont été placés par quelques
zoologistes. D'autres attachant plus d'importance à l'or-
ganisation du système respiratoire de ces mollusques,
essentiellement terrestres, les ont placés à la suite des
hélicidés; mais quelle que soit l'opinion à laquelle on
voudra s'arrêter, on sera touiours entraîné à former une
famille distincte des coquilles terrestresoperculées, famille
dans laquelle devraient être rangés, avec le genre Cyclos-
toma les genres Pupina et Helicina.
La caractéristique du genre Cyclostome peut être
formulée comme il suit:
Testa dextra, polymorpha; anfractibus plerumque
rotundatis ; apertura circinata, vel fere circulari, plus
minus-ve posticè angulata; marginibus orbiculatim con-
nexis, œlate refiexts.
Operculum vel calcareum, vel corneum, semper spirale.
Molluscum terrestre gasteropodum, pulmoniferum, sexibus
separatis ; tentaculis duobus, bast occulatis; capite probos-
cidi form.
Les différences notables qui existent dans la forme
des coquilles du genre Cyclostoma, et quelques accidents
particuliers à certaines espèces devaient naturellement
attirer l'attention des conchyliologistes; aussi quelques-
uns d'entre eux ont-ils songé à subdiviser ce genre.
Cest ainsi que dans les derniers temps M. Benson a
établi sous le nom de Pierocyclos, et après lui M. Tros-
chel, sous le nom de Steganotoma, un genre qui com-
prendrait un certain nombre de Gyclostomes planorpu-
D
laires présentant à l'angle supérieur du péristome une
sorte de dépression plus où moins profonde en forme de
gouttière, parfois relevée en forme de canal: il existe
même une espèce (le Cyclost : spiraculum, Sow.) dans
laquelle on remarque, indépendamment du earactère dont
il vient d'être question , et à quelque distance de l’ouver-
ture, un canal tubiforme saillant au-dessus de la suture.
M. Troschel s'appuyant, d'un autre côté, sur des carac-
tères pris principalement dans l’organisation des oper-
cules, a cru pouvoir établir plusieurs coupes, dont il a
donné la caractéristique dans le Zeitschrift für malaco-
zoologie, ann. 1847.
Peu après, M. Pfeiffer a étendu encore ces divisions,
en les modifiant, et dans le même journal il a fondé de
nouveaux genres.
D'après cet auteur le genre Cyclostoma se trouverait
divisé comme il suit :
G. Aperostoma, Troschel. iyp. Cycl. giganteum, Sow.
C. planorbulum, Lam.
G. Cyclostoma, Lam. emend. typ. CG. naticoides, Recl.
C. quaternatum, Lam.
C. Labeo, Mull.
C. calcareum, Sow.
G. Tropidophora, Troschel. typ. CG. Cuvicrianum, Petit.
C. tricarinatum, Muüll..
G. Chaonopoma, Pfeif. typ. C. Lincina, L.
G. Cyciophorus, Montf. typ. C. pernobile, Gould.
C. oculus capri, Gmel.
C. stenostoma, Sow.
G. Leptopoma, Pfeif: typ. C. luteum, Less.
C. perplexum, Sow.
G. Chondropoma, Pfeif. typ. C. Sagra, Dorb.
3. Megalostoma, Guilding. typ. C. altum, Sow:
C. tortum, Wood.
G. Aulopoma, Troschel. typ. CG. Itieri, Guérin
G. Craspedopoma, P/eif. iyp. G. lucidum, Lowe.
G. Myxostoma, Trosch. typ. C. Petiverianum, Sow.
1. Piterocyclos, Benson. typ. C. anguliferum, Souleyet
G- Geomelania, Pfeif. typ. C. Jamaicense, - Pf.
G. Hydrocena, Parr. typ. C. Rubens. Quoy.
Ur. Pomatias, Stud. typ. C. patulum, Drap.
“nec mt 0 T7
— 39 —
Nous n'avons pas cru devoir adopter, dans la rédaction
du catalogue ci-dessous, la classification de M. Pfeiffer,
parce qu’elle ne nous semble pas fondée sur des caractères
suffisants, ni même bien précis. Existe-t-il, comme le
croit ce savant conchyliologue, un rapport intime entre
les opéreules et les animaux des Gyclostomes, et les
différences que présentent les premiers en annoncent-
elles d’analogues dans l'organisation de ces mollusques?
C'est ce dont il est permis de douter. La nature plus ou
moins calcaire ou cornée des opercules résulte plutôt de
circonstances secondaires, telles que l'habitation de ces
animaux, leur nourriture, la nature du sol sur lequel ils
vivent, l’action du soleil etc... Quant à la forme variable
des tours de spire observée dans ces pièces accessoires,
elle provient sans doute des modifications que présente
l'organisation seule da muscle chargé de sécréter la
matière, modifications qui ne Lanbterotent pas devoir
suffire pour l'établissement de coupes génériques.
Quoi qu'il en soit, les travaux de MM. Troschel et
Pfeiffer n’en auront pas moins été très utiles en ce qu'ils
auront appelé l'attention des observateurs sur la nécessité
d'étudier avec plus de soin des animaux dont les coquilles
se présentent sous des formes si diverses.
Quant à nous, nous avons classé les Cyclostomes, en
les réunissant par groupes, et dans l'ordre de leurs
affinités : ce mode d'arrangement nous a paru d'autant
plus satisfaisant, qu'il place les espèces dans un ordre
qui s'accorde d’une manière assez remarquable avec
leur distribution géographique.
Nous n'inscrivons dans le catalogue que les espèces
réellement décrites, en indiquant, pour chacune d'elles,
le nom de l’auteur qui en a le premier donné la caracté-
ristique: nous citons, en synomynie seulement, les noms
attribués à ces espèces soit dans les recueils de figures
ET
comme l’Index testaceologicus de Wood, soit dans de
simples catalogues.
Indépendamment de l'habitat, et autant qu'il nous a
été possible de le faire, nous indiquons, pour chaque
espèce, la figure qui nous a paru donner l'idée la plus
exacte de sa forme et de sa coloration, l'objet de notre
travail étant de rendre plus faciles la détermination et le
classement, dans les collections, des Gyclostomes décrits
jusqu à présent. |
Nous avons probablement omis quelques espèces qui
auront échappé à nos recherches; il en est, en outre, |
quelques-unes que nous n'avons jamais vues, et que nous
n’aurons peut-être pas placées dans le rang qu'elles
doivent occuper, mais nous aurons soin par la suite de
rectifier nos erreurs et de compléter le catalogue et l’his-
toire d'un des genres les plus intéressants de la nom-
breuse famille des coquilles terrestres: aussi nous rece-
vrons avec reconnaissance la communication des espèces
qui ne figurent pas dans la liste qui va suivre,
CATALOGUE DES CYCLOSTOMES.
Oculus capri Gmel.
Rafflesii Sow. Lara: Mousson Coq. Java. P.6.f. 2.
Indicum. Philipp. L
Semisulcatum. Sow. I. Philipp. Thesaurus. f. 99.
Woodianum. Lea. } ; Mem. 1840. FI. 12. f. 19.
Luzonicum. Sow. | I Philipp.
Gironnieris. Souley.
C. Charpentieri. Mousson. Java. Coq. Java. PI. 6. f. 3.
Pernobile. Gould. | Inde Kuster. PI. 3. f. 15.
Aurantium. Schum. *
Speciosum. Philippi. Kuster. PI. 25. f. 1-5.
Eximium. Mousson. Java. Coq. Java. PI. 7. f. 1.
Volvulus. Hüll. Inde. Thes. f. 126.
Validum. Sow. L. Phitipp. Thes. f. 132-3.
Involvulus. Müll. Inde Thes. f. 114-16.
Polvulus. Chem. ) ;
Ceylanicum. Pfeif. Ceylan. Kuster. pl. 29. f. 1-3.
Indicum. Deshayes. Inde. Voy. Belanger.
Stencmphalum. Pfeif. À Inde Kuster. pl. 28. f. 5-6.
Indicum var.? Desh. ) ’
Meukeanurm. Philippi. Ceylan? Kust. pl. 23. f. 6-8.
PRET
Linguiferum. Soiy. 1. Philipp. Thes. f. 198.
Tigrinum. Id. Id. Thes. f. 201-4.
Zebra. Giatel. Id. Ann.S. L. Bord. p. 3.f. 9.
Canpaliferum. Sow. ld. Thes. f. 140-2.
Lingulatum. Id. Id. Thes. f. 208-110.
Turbo. Chem. } à
Maculosum ? Jay. ue lus
Santo par Singapoor. Thes. f. 131.
unetalum. ratel.
FÉES KES } Ceylan. Thes. f. 134 5.
Tuba. Sow. Malaca. Thes. f. 129. 130.
Perdix. Id. Tanasserim.Thes. f, 127-8.
Variegalum. Philippi. Java. Abilà. pl. 1. f. 3.
Lollingeri. Mousson. Id. Coq. Java. pl. 7.f. 2.
Albicans. S0w. Oc. Pacif.? Thes. f. 110-12.
ie Id. Thes. f. 1067.
aticoides. Recluz. Thes. f. 108-9.
Turbo foliaceus? Chem. [. Socotora.
Guiilaini. Petit. Mogadoxa. Journ. de Conch.
Clathratulum. Recluz. 1. Socotora. Thes. f. 15-16
Clausum. 0. Arabie. Thes. f. 266.-7.
Cuvierianum, Petit. Madagase. Thes.f. 28-9.
Dehayesianum. J4. ld. Mag. Zool. pl. 98.
Modestum. Id. Abd-el-Gou.Journ. de Conch.
Lamarkii. id. iMadagase. Delessert. pl. 29. f. 13.
Orbella. Sour. \ Kuster. pl. 20. f. 4-6.
Tricarinatum. Muüll. l . ! :
Ein Par (Le Maurice. Thes. f. 122.
Filosum. Sow. l
Terveriarum. Grat. Madagasce. Thes. f. 14.
Arliculatum. Gray. |
Michaudi. Gratel. ll
Carinatum. Sow. i Tbes. f. 117-6.
Abeillei. Gratel. Id. Ann. S. L. Bord p.9. f. 6.
SUEDE: Lam. I. Maurice? Delessert. pl. 29.
sewerbyi. Pfeif. |
Mega heilos. QE | I. Mayotte. Thes. f. 276.
Ortyx. Eydoux. |)
Multicarinatum. Jar. IL. Seychell. Thes. f. 27-28.
SRE Gratel. U
purcum. Sow. : es. f. 75-6.
Conoideum. Pfcif. {1 Maurice.
Cariniferum. Sow. Madagase. Thes. f. 98.
Spectabile. Petit. Nosse Faly. Journal de Conch.
iltatum. Sow. Madagase. Thes. f. 89-90.
Desmoulinsii, Gratel. Id: : Thes®1-97,
Cinctum. Soiv, Id. Thes. f. 199
ETS —
Fulvescens. Soi. Madagasc. Thes. f. 79-80.
Asperum. Mich. |! Id Cat. Douai. pl. 23. f. 15-16.
FE MA { S
alcareum. .
Pas Le E Id. Deless. pl. 29. f.
Ictericum. . Sow. Thes. f. 268-9.
co saint. de Madagasc. Thes. f. 105-6.
yrostoma. |
Hæœmastoma. Gratel. Id: Thes. f. 200.
Bicarinatum. ce Madagase. Thes. f. 121,
Unicarinalum, am.
nn en den TROIE ED.
Campanulatum. Pfeif. Hd. Kuster. pl. {8.f. 45.
Duisabonis. Grat. Id. Ann. S.L. Bord. p. 3. f. 2.
Hanleyi. Pfeif. Id. Kuster. pl. 8. f. 9-11.
Puichellum. Sow. Id. Thes. f. 236.
Obsoletum. Lam. | Id Thes. f. 124-5.
Madagascariense. Gray. ; Grif. Animal. Kingd.
Zonatum. Petit. ld. Journ. de Conch.
Mullifasciatum. Grat. Id. Ann. S. L. Bord. p. 3. f, 3.
Citrinum. Sow. Thes. f. 104.
Ligalum. Mill. Madagasc. Thes. f. 24.
Goodotianum. Sow. 1d. Thes. f. 193.
His He ld. Thes. f. 192.
ne ;
Ligatus. Wood. Thes. f. 25-6.
Ligatulnm. Gratel. Madagasc. Bull pl. 3. f. 20.
Cincinnus. Sow. Thes. f. 77-78.
Flavilabre. Sow. I. Maurice ? Thes. f. 258-9.
Listeri. 14. Thes. f. 22-3.
Fimbriatum. Lam.
Undulatum. $ow. fr Maurice. Thes.f. 29-30.
Philippi. Gratel. -
Hoœmastoma. Anton. Id. Kust. pl. 3. f. 3-4.
Zanguebaricum. Petit. I. Zanzibar. Journ. de Conch.
Gibbum. Eydoux. Teuranne. Thes. f. 247-8.
Parvum. Saw. 1. Philipp. Thes. f. 254-5.
Guimarasense. Sow. I. Philipp. Thes. f. 274-5.
Philippmarum. Id. Id. Thes. f. 205-7.
Immaculatum. Chem. ) Chem. f. 1063.
LϾve. So. Id. Thes. f. 220-2.
Maculosum. Souley. |
flaculatum. Lea. | jd Mem. f. 87.
DATE var ra ) ,
urbinatum eif. ! EE
Da Eee (1 Bohol. Thes. f. 2456.
Politum. Id. Thes. f. 17.
Atramentarium. 14. Thes. f. 236.
Nitidum. Id. L Philipp. Thes. f. 225-7
Multilineatum.
Perlucidum.
Concinnum.
Vitreum.
Lutceum.
Luteum.
Massenæ.
Melanostoma.
Luteostoma.
Multilabre.
Lave? var. monsir.
Novæ hibernice.
Insigne.
Ciliatum.
Ciliferum.
Fibula.
Perplexum.
Atricapillum.
Panayense.
Helicoide.
Staimforthii.
Acutimarginalum.
Goniostoma.
Acuminatum.
Pileus.
Petiveriarum.
Lituus Breve.
Spiraculum,
Princepsi.
Anguliferum.
Aibersi.
Bilabiatum.
Pictum.
Biciliatum.
Ilieri.
Hofimeisteri ?
Planorbulua.
Cornu Venatorium.
Annulalum.
Opalinum.
Stenostoma.
Mucronalum.
Discoideum.
Corniculum.
Pliebejum.
Pusillum.
Exiguum.
Substriatum.
Strangulatum.
Jay.
Grat.
Soir.
Lesson.
Quoy.
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V.d. Bus.
Souleyet.
Pfeif.
Sow
Troschel.
Mousson.
Guérin.
Pfeif.
Lam.
Chein.
Troschel.
Mousson.
Sow
Hutlon.
= hh =
}
I. Philipp.
| di Thes. f. 233-4.
Voy. Coquill. pl. 13.
Voy Coq. pl. 13. f 5.
Voy. Coq. pl. 13. f.7.
Id. Magas. Zool. 1841.
L. Philipp. Thes. f. 228.9.
| N. Guinée ? Delessert. pl. 29.
N. Irlande. Voy. Astr. pl. 12.
J. Mindoro. Thes. f. 132.
1. Philipp. Thes. f. 237-8.
Java. Coq. Java. pl. 6. f. 4.
Ï FREP: Thes. 240 2.
| N. Guinée.
Otaiti ?
N. Guinée.
Thes. 243-4.
I. Mindoro. Thes. 230-1.
1. Philipp. Thes. 239.
} Id. Thes. f. 215-17.
Id. Thes. f. 138-9.
L.Mindoro. Thes. f. 233-4.
Id. Thes.-f. 235.
I. Phlipp. Thes. f. 196-7.
! Pulocondor. Thes. f. 100-101.
Trle, Thes. f. 270-3.
Touranne. Voy. Bon. pl. 30. f. 6-11 -
Zeitschrift. 1847.
Madras. Thes. f. 81-2.
Bengal. Phil. Abild. pl. 1. f 5.
Java. Coq. Java. pl. 20. f. 9.
? Ceylan. Ris pl. 22. f. 1-3.
Java? Thes. f. 83.
Thes. f. 85, el 42?
Ceylan. Kuster. pl. 22. f. 17-9.
Java. Coq. Java. pl. 5. f. 12.
Neelgheries. Thes. f. 261.
I. Lucon. Thes. f. 91.
Java. Thes. f. 87-86.
Coq. Java. pl. 5. f. 11.
J. Lucon. Thes. f. 40.
1. Philipp. The. f. 5.
Thes f. 92.
LI Philipp. Thes. f. 95.
Bengale. Zeitschr. 1846.
Distomella.
Hebraicum.
Papua ?
Giganteum.
Cumingii.
Inca.
Blanchetianum.
Cumingii.
Striatum.
Cingulatum.
Maculosnm.
Popayanum.
Inconspicuum.
Translucidum.
Mexicanum.
Asperulum.
Duffianum.
Stramineum.
Semistrialum.
Semidecussatum.
Rugosum.
Brasiliense.
Prominulum.
Sulurale.
Rufescens.
Orbella.
Distinctum.
Jamaicense.
Corrugatnm.
Lithidion.
Niveum.
Souleyetianum.
Grotum.
Sulcatum.
Affine.
Polysulcatum.
Aurantium.
Siculum.
Sulcatuim var. ?
Glaucum.
Striatum.
Olivieri.
Multisulcatum.
Tenellum.
Lœvigatum.
Canariense.
Costulatum.
S'ulcatum.
Elegans.
Reflexzum.
Striatum.
LE
sa N. Guinée. Thes. f. 94.
,€ESSONt.
Quoy. | Id. Voy. Astr. pl. 12.
ns | Porto bello. x : 8-9. .
Dorb : oy. Am. pl. 46. f. 21-3.
Morts } Bresil. P
F4 I. Tumaco. Thes. f. 68-9.
Sow N. Grenade. Thes. f. 213-14.
F Id. Thes. f. 256-7.
ea. )
rs { Id. Thes. f. 73-74.
Id. Colomb. oc. Thes. f. 4.
Menke Mexique Phil. rat pl. 1.
Sow. Jamaïque. Thes, f. 3.
Adams ; Boston proceed. 1845.
Reeve Colombie. Thes f. 242.
Sow Thes. £ 6.
RÉ {EL Trinidad. Thes. f. 123.
Id. Brésil Thes. f. 7.
Dorb Id.
Sow. Demerari. Thes. f. 1-2.
1d. Martinique. Thes. f. 36-7.
Lam )
Sow \ Colomb. oc. Kuster., pl. 20. f. 7-9.
Chem Jamaïque. Thes. f. 12-13.
Sow. Id. Thes. f. 10-11.
Sow. Arabie. Thes. f. 262.
Petit. Id. Journ. de Conchyl.
Id. Abd-el-Gou. Id.
Id. Id. Id.
Drap.
HS NES France mér. Drap. pl. 13. f. 1.
Anton.
ri Îsi cile. Thes. f. 51-2.
PAS | Syrie. Thes. f. 39.
FE Id. Kuster. pl. 21. f. 20-21.
MG. Sicile. Thes. f. 50.
De LL Ténérife. Thes. f.623.
ÉOSSM. ] Banat. Thes. f. 31.
Müll. |
Olivi. : France. Thes. f. 32-3.
da Costa. |
Marmoreum. Brown.
Melitense. $ow.
Ferrugineum. Lam.
Productum. Turt.
Fulvum. Wood.
Dissectum. Sow
Volizianum. Mich
Mamillare. Lam.
Ventricosum. Dorb
Auriculatum. Id.
Bicolor. Gould
Alutaceum. Pfeif.
Tortum. Sow.
Croceum. Gmel
Flavulum. Lam
Flavidum . Wood
Gooldianum. Petit.
Croceum. S$ow.
Seclilabrum. Gould
Tortuosum. Chem
Altum. Sow
Pupiniforme. Id.
Simulacrum. Morellet.
Antillarum. Sow
Megalosioma brun-
nea. Guild
Minus. Soiw
Pulchrum. Sow
Fimbriatulum., Id.
Scabriculum. 14°
Ambisuum. Lam.
Lincina. Id.
Lincinella. Lam.
Turbo compressus. Wood.
Limbiferum. feif.
Catenatum. Gould.
Pretrei. Dorb.
Pudicum. " Dorb.
Radiosum. Morellet
Gruneri. Pfeif.
Ottonis. Id.
Lima, Adams
Lalilabre, Dorb.
Tenebrosum. Morellet.
Salebrosum. Id.
Articulatum. Sow.
Mirabile. Wooi
Saulicæ. Id.
Humphreyanum. Pfeif.
P.ctum $ow.
en 4 lee
Ecosse.
Malte.
Alger.
Alger.
I. Cuba.
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Id.
Id.
I. Porto-R.
Tavoy:
1. Negros.
1.Lucçon
Vera-Paz.
I. Tortola.
L. Phlipp.
Jamaïque.
1.
Id.
Jamaïque.
ve Ii
Cuba.
Amér. cent.
Honduras.
Cuba.
Jamaïque.
Cuba.
Id.
Demerari.
Antilles.
| Jamaïque.
Thes. f. 34-5.
Thes. f. 276.
Thes f. 55-7.
Thes. f. 58-9.
Thes. f. 45.
Thes. f. 183-1.
Thes. f. 277.
Thes. f. 181.
Kuster. pl. 17. f. 18-19
Thes. f. 182.
Thes. f. 66-7.
Thes. f. 190-1
Bost. J.Sc. n.1844.
Chem. f.1882-3.
Thes. f 187.
Thes. f.188.
Fhes. f. 180.
Tbes. f. 249.
Thes. f. 143-4.
Thes.f.145-6.
Thes. f 147.
Thes.f.152.
Thes. f. 148.
Thes. f. 150-1
Kuster. pl. 21.f.6G.
Coq. Cub. pl. 22. f, 9-11.
Coq. Cuba. pl. 22.
Kuster, pl. 10, f.28-9.
Zeitsch. 1846. pl. 45.
Bost.Pr. 1845. Th. f. 149.
Coq. Cub. pl. 21. f. 12.
Thes. f. 160-1.
Thes. f. 189.
Thes.f.157-8.
Thysanoraphe.
Mesacheilos.
Simile.
Album.
Mirabile.
Chemnilzii.
Subasperum.
Evolutum.
Labeo.
Dubium.
Majuseulum.
Quaternatum.
Piicatulum.
Semilabrum.
Sagra
Mahogani.
Pictum.
Poeyana.
Sagra ? var. min.
Pupiforme.
Obesum.
Elongalum.
Rufilabre.
Bilabre.
Solidum.
Xanthostoma.
Rubicundum.
Chlorostoma.
Binneyaoum.
Pulchrius.
Pupoides.
Morelletiana.
Disjuncitum
Maritimum.
Fascia.
Bronni.
Var.? Fuscolirea-
tum.
Banksianum.
Lineolatum.
Grayanum.
Obscurum.
Hillianum.
Dorbignyanum.
PBilabiatum.
Largitlierti.
Clathratum.
Rugulosum var.
Versicolor.
Aurantiacum.
Aurantium.
Carneum.
Columna.
$0w.
Michaud.
Gray.
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Id.
Id.
S0w.
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Sow.
Michaud.
Menke.
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Morellet.
Sow.
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Morellet.
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Morellet.
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Adams.
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Pfeif.
Sow.
Adams.
Nobis.
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Pfeif.
Pfeif.
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Wood.
Pfeif.
Id.
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Demerari ?
Curacao.
Jamaïque.
Demerari.
| Jamaïque.
Cuba.
Antilles.
Id.
Antilles.
Cuba.
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Nouv, Holl.
Jamaïque.
Vera-Paz.
Demerari
Ï Jamaïque.
L. des Pins.
lp
Jamaïque.
Antilles.
Jamaïque.
Id.
Antilles.
| Jamaïque.
Id.
| Cuba.
Yucatan
Cuba.
Jamaïque.
Thes.f.162-3.
Thes. f. 48-9.
Thes.f. 154.
Thes. f. 164.
Thes f.155-6.
Thes. f. 159.
Conc. Syst. pl.185.
Thes. {. 165.
Delessert. pl. 29.
Zeitsch. 1846.
Thes. f. 79-80.
Coq. Cuba. pl. 22.
Thes. f. 43-4.
Thes. f. 278.
Thes. f. 64.
Thes. f. 61.
Kuster. pl. 6. f. 22-3.
Kuster. pl. 14. f. 4-5.
Thes.f.195.
Mémoire.
Thes. f. 168.
Kuster. pl. 11.f.12-14.
Boston proc. 1845.
Thes. f.176-7.
Bost. proc. 1845.
Thes. f. 194.
Delessert. pl. 29. f.8.
Thes. f. 169.
Bost. proc. 1845.
Coq. Cuba. pl. 22.
Zeïtscbr. 1846. p.45.
Bost. proc. 1845.
Thes. f.46-7.
Kuster. pl.9.f. 11-12.
Kuster.pl.6.f.13-14.
core:
Thes. f.174-5,
Zeitschr. 1846. p.47.
Jamaïque,
I. Porto-R. Res .pl. a SA DAUR
at. Douai. p!.23. ;
|Guadel. Zéitschr. 1847.
| Cuba. Rossm. VI. f. 397.
Florides. J.Ann.s.Philad. vol. V.
Cuba. Thes. f.285.
Id. Coq Cuba. pl. 22.
(I. Madère. Thes.f. 20-21.
I.Opolu. Boston proc. 1846.
Id. ld.
ld. Id.
I.Feedjee. Bost. proc. 1846.
(I. Opara. Thes. f.18-19.
J. Aunaa. Thes.f.60.
1.Matea, Bost.proc. 1846.
1.Opara. Kuster.pl 30.f.4-6.
Nouv.Holl. Thes.f.253.
J. Pitcairn. Thes.f.251.
: Voy. Astr.pl. 12.
{1 Maurice. Cat. Douai. pl. 24. f. 18-19
Pondich. Voy.de Belanger.
LGuam. Voy.Astr. pi, ie
Nouv Irl. Tdpr.
1.Taiti. Bost. proc. 1846.
Tongataboo. Id.
L. Taiti. Id.
S.-G. POMATIAS.
Adamsi. Pfeif.
Crenulatum. Sow.
Costatum. Pfeif.
Decussatum. Lam.
Crenulatum. Michaud.
Guadelupense. Pfeif.
Truncaturm. Rossm.
Candeanum. Dorb.
Dentatum. SGy.
Auberreanum. Dorb.
Crenulatum. Pfeif.
Lineolatum. Anton.
Dutertreanum. Dorb.
Delatreanum. Id.
Lucidum. Loive.
Valv. Mucronata? Menke.
Thiara. Gould
Strigatum, Id.
Plicatum. Id,
Roseum. Gould.
Succineum. Sow
Australe. Anton.
Flavum. Brod.
Obligaturm. Gould.
Dubium. Pfeif.
Pygmœum. SOW .
Minutissimum. Id.
Rubens. Quor.
Var.m.Rangiana. Mich.
Aurautiacun. Deshaÿyes.
Belangeri. Pfeif.
Erosum. QuEr
Novœæ hiberni®æ. Id.
Terebrale. Gould.
Vallatum. Id.
Scitulum. 1d.
Obseurum. Drap.
Patulum. Sow.
Excissilabrum. Mich.
Auritum. Ziegl.
Tessellatum. Rossm.
Patulum. Drap.
Obscurum. Sow.
Drap. pl. 1.f.13.
Thes.f.169.
Cat. Douai. pl. 24. f.5-<6.
Kuster. pl. 26. f.7-9.
Ce LE 1.f.9-11.
2140.
France mér.
| Dalmatie.
I. Corfou.
| F D
{ France mér. The
En. À : re
Maculosum. Drap. TES Drap. pl.1.f.12:
Studeri. Harbte. \France méd. ds
Striolatum. Porro. Italie. Rev, Z. 1840. Kust. pl. 26.
Scalarinum. Villa. Dalmatie. Kuster pl.26.f. 19-24.
Gracile. Kuster. Id. Ed. f.28-30.
Cinerascens. Rossm. Id. Id. f.34-36.
Les recherches auxquelles nous avons été obligé de nous
livrer pour parvenir à rédiger noire catalogue, nous ont
conduit à constater certains faits, la plupart relatifs à des
espèces de Lamark que nous avons pu examiner dans la
riche collection de M. Delessert. M. Chenu nous a montré
à cet égard beaucoup d'obligeance, et nous l'en remer-
cions ici avec d'autant plus de plaisir et d'empressement
que nous espérons pouvoir, par la suite, éclaircir aussi
certains points douteux concernant d'autres coquilles dé-
crites par notre célèbre conchyliologue.
1° Nous avons reconnu, d'après l'individu type du
C. orbella Lam. (le carton portant ce nom écrit de la
main de Lamark), que cette espèce est le C. distinctum
de M. Sowerby, tel qu'il est figuré par M. Kuster, pl. 21,
fig. 7-9:
L'espèce figurée sous le nom d'orbella, dans le recueil
de M. Delessert, et par Kuster, pl. 20, fig. 4-6, devrait
donc porter un autre nom, et nous proposerions de lui
donner celui de Lamarkii.
2° Le type du C. planorbula Lam. a 42 millim. de
diamètre : c'est celui que M. Sowerby a figuré dans son
Thesaurus, sous le N° 83, et qui nous paraît-différer de
la coquille qu’il représente sous le N° 85. Cette derniére
représenterait alors le C. cornu venatorium Ch.
3° Le C. semilabrum de Lamark est bien réellement
l'espèce de l’île de Cuba, décrite depuis par M. Dorbigny
sous le nom de C. sagra, et par M. Gould sous le nom de
C. mahogani.
4 Le C. sulcatum de Lam., auquel M. Sowerby a
ne Me
donné avec raison un autre nom ( celui de calcareum ), à
cause de la priorité acquise à Draparuaud, est une espèce
propre à l'île de Madagascar et se rapproche du C. aspe-
rum de Michaud.
5° Le C. multilabre Lamark ne nous semble être qu’une
variété monstrueuse et accidentelle du €. læve Sow.;
mais, dans ce cas, ce dernier nom devrait être conservé à
cause de la signification tout impropre du nom donné
par Lamark.
6° Le Cyclostome Ztieri Guérin (C. homeïsteri ? Pfeif.)
est figuré par Kuster, pl. 22, fig. 1-3, sous le nom de
C. cornu venatorium Ch. Nous ne pensons pas que ce soit
l'espèce de Chemnitz, ni celle donnée sous le même nom
par Sowerby. Quantau C. Jieri, il a été recueilli à Ceylan
par M. Itier.
Nous avons inscrit dans le catalogue qui précède. sous
les roms de C. spectabile, zonatum, modestum, Souleye-
tianum, Guillaini, gratum , zanguebaricum, niveum, plu-
sieurs espèces que nous croyons inédites et dont voici la
caractéristique :
C. spectabile nobis (pl. HE, fig. 2).
T. orbiculari, conico-depressa, latè umbilicete sallide
aurantiaca ; anfractibus 4-5, convexo-depresss, .incato-
sulcatis, ultimo lineïs fusco fere articulatis aliquot subcari-
natis, zona fusca intensiore infra mediana cincto ; apertura
orbiculari, rubro-aurantia, margine reflexo.
Operculo calcareo, nucleo subcentrali, kyalino.
Diam. 36 mill. ; altit. 20 mul.
Coquille orbiculaire, déprimée, conique, d’une teinte
générale orangée , sillonnée ; les sillons du dernier tour
donnant naissance à des côtes assez saillantes pour présen-
ter l'apparence de petites carènes de couleur plus foncée :
ce dernier tour entouré, en outre, d'une zone brune, très
4
DO ==
âpparente à l’intérieur de la bouche : le bord de celle-ci
très réfléchi et d'une couleur orangée vive et brillante.
Cette espèce, que nous devons à l'obligeance de M. le
commandant Guillain, habite Nosse-Faly, petite île voi-
sine de Nosse-Be.
Elle se rapproche beaucoup du Cycl. cariniferum
Sow, mais elle est toujours plus petite et d’une couleur
orangée très remarquabie.
C. modestum nobis (pl. IV, fig. 2).
T. ordiculato-depressa, late umbilicata, pallidissime fusca,
spiraliter valde sulcata, subtricarinata, transversim tenue
et crebre striata ; anfractibus quinis, depresso-convexis, su-
tura profunda discretis; apertura suborbiculari, obliqua ;
labro reflexo, antice quadrangulato ; angulis medianis ma-
joribus.
Diam. 26 mill., altit. 12 mill.
Coquille déprimée, largement ombiliquée, profondé-
ment sillonnée, et en quelque sorte multicarénée ; le bord
de l'ouverture est très réfléchi, blanc, et présente exté-
rieurement des pointes anguleuses correspondant aux
principales carènes du dernier tour.
Je ne connais point l'opercule de cette coquille, que
M. Guillain n'a pas rencontrée à l’état vivant, et sur la
coloration de laquelle nous ne pouvons donner d’indi-
cation précise.
Elle vit sur les montagnes arides de l'île Abd-el-Goury.
C. zonatum nobis (pl. IV, fig. 7).
T. conico-pyramridata, subumbilicata, levis, albo-cineras-
cente ; spira conico-acuta ; anfractibus senis, rotundatis,
lineis longitudinaliter transversimque absolete notatis, ul-
timo fasciä nigrescente sub medium cincto; apertura sub-
rotunda, intus luteo-fulva, zonts decurrentibus duabus,
a dé.
ONE ——
superiore lineart, inferiore latiori ornata ; labro lacteo, late
reflexo ; umbilico concentricè tenue suleato.
Diam. 27 miil., altit. 32 mill.
Coquille d'un blanc cendré, pyramidale, lisse en appa-
rence, mais finement striée longitudinalement , et trans-
versalement. Elle est assez légère pour son volame, et
entourée d'une zone d'un noir-brun à l'extérieur. Dans
l'exemplaire de notre collection, il existe une autre fascie
visible à l'intérieur.
Cette espèce m'a été donnée par M. Goudot, qui l'avait
rapportée de Madagascar.
C. Guillaini nobis (pl. IV, fig. 3).
T. orbiculato-conica, perforata, albo-cærulescente , an-
fractibus 5-6, convexis, superne longitudinaliter sulcatis et
obsolete clathratis, ultimo ventricoso ; apertura circulari,
superne vix angulata, intus crocea; labro tncrassato, extus
marginato, postice valde calloso, callo umbilicum obtegente.
Operculo calcareo, 4 sptrali, anfractibus exterioribus
plune concavis ; nucleo subcentral,
Diam. 26 mill., altit. 25 mil).
Cette espèce est très voisine du C. naticoïdes Recl.,
mais celle-ci habite l’île Socora, tandis que l’autre habite
près de Mogadoxa, sur la côte N.-E. de l'Afrique (à 250
lieues de distance), où elle a été recueillie par le comman-
dant Guillain, à qui nous la dédions.
Notre Cyclostome est plus petit que le C. naticoides
dont il diffère aussi par une coloration plus blanche et
une ouverture plus circulaire ; la forme de l'opercule pré-
sente aussi un caractère tout différent de celui du Nati-
coide, qui est presque plane, un peu bombé, tandis que
dans le C. Guillaint il est concave.
— 52 —
C. niveum nobis (pl. IL, fig. 7).
T', suborbiculari-depressa, alba, late umbilicata, anfracti-
bus 4-5, depresso-convexis, superne spiraliter obsolete stria-
tis, ultimo medio subcarinato, subtus sublævigato ; apertura
suborbiculari, obliqua, intus sordide crocea, labro vix
reflexo.
Diam. {1 mill., altit. 5-6 mill.
Coquille déprimée , d'un beau blanc , d'une apparence
luisante, remarquable par une sorte de carène qui appa-
raît au milieu du dernier tour. Cette espèce est voisine du
C. Lithidion, et nous croyons qu'elle vient comme celle-ci
de la province d'Hyemen (Arabie); elle nous a été don-
née par M. Halna Dufretay : nous n'avons pas vu l'oper-
cule.
C. Souleyetianun nobis (pl. IE, fig. 6).
T'. orbiculart, conico depressa, profunde umbilicata, car-
neo-fuscescente, vel roseo tincta; anfractibus quinis, spira-
liter sulcatis, transversin subcancellatis, ultimo subtus lœvi-
gato, nitido; apertura obliqua, semilunarti, crocea; labra
albo vix reflexo; labio interno calloso.
Operculo testacev , subcentrali.
Diam. 8-10 mill., altit. 3-5 mill.
Coquille orbiculaire, déprimée , conique , d’une teinte
rose plus foncée en-dessus, beaucoup plus pâle en-dessous,
cette partie lisse et brillante. Ce Gyclostome est du petit
nombre de ceux qui sont loin d’avoir l'ouverture cireu-
laire, laquelle est un des premiers caractères du genre;
mais l'opercule dont il est pourvu ne peut laisser aucun
doute à cet égard.
Cette espèce a été trouvée par M. Guillain sur les
montagnes arides d'Ab-del-Gouri, île peu distante de
Socotora.
OU
C. gratum nobis (pl. IE, fig. 10).
T. conica, perforata, pallide rosea ; anfractibus 5-6, ro-
tundatis, spiraliter tenue sulcatis , transversim subtilissime
cancellatis; sutura distincta, apice fuscescente ; apertura ro-
tundata , hœmastoma ; labra simplict; umbilico angulo cir-
cumdato.
Diam. 5 mill. ; altit. 6 mill.
Coquille conique, perforée , d’une jolie couleur rose;
l'intérieur de la bouche d’une couleur plus intense; le
bord réfléchi, aigu ; l'entrée de l'ombilic subanguleux :
nous n'avons pas vu l’opercule.
Cette espèce vit, avec la précédente, sur les montagnes
d’Abd-el-Goury, et a été rapportée par le capitaine Guil-
lain.
C. zanguebaricum nobis (pl. IL, fig. 5).
T'. ventricoso-conica, umbilicata, albida vel lutescente;
anfractibus 4-5 , convexis , ultimo ventricoso, lineis fuscis
spiraliter picto, mediana majori ; apertura orbiculari superne
subangulata ; labro vix reflexo, umbilico mediocri, spirali-
ter sulcato.
Operculo calcareo, nucleo subcentralr.
Diam. 10-12 mill. , altit. 10-12 mill.
Coquille conique, ventrue; blanche , lorsqu'elle est
très adulte; est ordinairement jaunätre ; son dernier tour
est toujours orné de 4, 5, ou 6 linéoles brunes, dont une
plus large. Le bord de l'ouverture ne prend une certaine
épaisseur que dans les individus très adultes.
Cette coquille a été rapportée par M. Guillain, qui l’a
trouvée en grand nombre sur l'île de Zanzibar : elle a
quelques rapports avec des espèces propres à l'île Maurice.
Nous ne terminerons point cet article sur le G& cyclo-
stome, sans faire remarquer que, selon toute apparence,
uu certain nombre d'espèces, inscrites dans ce catalogue
MNT RE
ne sont réellement que des variétés, et que plusieurs de
celles- ci devront être réunies plus tard, lorsque l'on aura
un plus grand nombre d'individus sous les yeux, ét lors-
que l'on aura pu apprécier les causes qui ont pu influer
sur les formes de ces coquilles et les modifier dans cer-
tains caractères peu importants, mais considérés jusqu'à
présent comme suflisants pour servir à l'établissement
d'espé es distinctes : aussi regardons-nous le genre Cylo-
stome comme un de ceux sur lesquels il importe le plus
d'appeler l'attention des personnes qui se trouveront à
même d'en étudier les animaux.
Quant aux Cyclostomes fossiles, nous allons donner
Ja liste des coquilles qui ont été décrites comme ap-
partenant à ce genre, bien qu'il s'en trouve parmi elles
quelques-unes que l’on devrait peut-être placer ailleurs.
GC. Abbreviaturr, Mathieu... À: du Var.
Aquense. id. d'Eguille.
Arnouldi. Michaud. Mag.de Guér.1837.
Bulimoides. Mathieu. du Var.
Cancellatum. Gratel. de Dax.
Coquandi. Mathieu. »
Cornu-pastoris. Lam. de Grignon.
Crassilabrum. Mathieu. du Var.
Disjunctum. id. id.
Draparnaudi. id. des envir. d'Aix.
Elegans-antiquum. Brongn. de Fontainebleau.
Heliciforme. Mathieu. du Var.
Inflatum. Desk. de Maulette, près
Houdan.
Lcemani. Gratel. de Dax.
Macrostomum. Lam. de Grignon.
Microstomum. Desk. de Valmondois.
Mumia. Lam. de Grignon.
Pjanorbuloides. id. id.
= $S =
C. Serresianuru. Mathieu. de Rognes.
Solarium id. du Var.
Spiruloïdes. Lam. de Grignon.
Subearinatum. Michelotti. du Piémont.
SE.
Descripriox d'une nouvelle espèce d'Anodonte (décou-
verte par M. Guizzain); par M. Récluz.
Anod. Guillaint, Récluz.
T. oblongo-depressa, crassiuscula, olivaceo-castanea,
antice sulcata, postice concentrice striata interdum rugosa ;
natibus parvulis integerrümis ; valvis intùs margaritaceis car-
neo tinctis, antice tridescentibus.
Coquille oblongue déprimée, arrondie en avant, atté-
nuée et rétrécie en arrière, à marge dorsale rectiligne ct
coupée obliquement en arrière; elle est d’un brun oli-
vacé, un peu pâle; sculptée en avant de sillons assez ré-
guliers; le côté postérieur marqué de stries fines, serrées,
régulières, également concentriques, et, comme les sillons
antérieurs, dégénérant en rugosités avec l’âge.
Les sommets sont entiers, aigus, fléchis en avant; l'in-
térieur des vaives couleur de chair nacrée, un peu irisée
antérieurement; bord cardinal entier, faiblement mar-
qué en avant d'un sillon qui ne se continue pas sur le reste
de la lame : celle-ci, qui n'est qu'une nymphe profondé-
ment tronquée en arrière, porte un ligament épais, brun,
s'étendant depuis le côté postérieur des sommets jusqu’à
Ja hauteur du côté antérieur de l'impression musculaire
postérieure : ce ligament est cartilagineux.
Les impressions musculaires sont compliquées comme
dans toutes les espèces de cette farnille. Dans notre Ano-
donte, on en voit une petite transversale sous les sommets ;
une autre oblique, oblongue, gran de et postérieure , qui
LM
se relie par une ligule étroite et palléale à une autre anté-
rieure séparée en deux parties distinctes : les bords des
valves sont tranchants.
La coquille avec laquelle l'Anod. Guillaint a le plus
de rapports nous semble être l’Ænodonta Rubens, qui
appartient aussi aux eaux du continent africain.
Dimensions : long. 120 mill., haut. 56 mill., épaiss. 27
mill.
Cette coquille remarquable, qui appartient à la eollec-
tion de M. Petit de Saussaye, a été découverte par M. Guil-
lain, près de Brava, côte N. E. de l'Afrique, dans une
rivière à laquelle il a donné le nom de Denoy (lieu où elle
prend sa source ) et qui, située dans la partie N.-E. de la
côte d'Afrique, n'arrive pas jusqu à la mer et se perd dans
des lacs voisins du littoral. C. KR. j
Descriprion de Coquilles nouvelles; par M. Petit de
la Saussaye.
Bulunus Cleryi, nobis (pl. IV, fig. 1).
T. acuminaio-oblonga, perforata, subtenui, luteo-rufes-
cente; anfractibus senis, subplanis, irregulariter rugoso-
striatis, ultimo spira duplo longiore ; columella oblique late
uriplicata ; apertura oblonga, basi effuso-rotundata, labro
medio externe compressuisculo ; labio supra umbilicum com-
presso.
Long. 100 mill.
Coquille oblongue, perforée, assez mince, relativement
à son volume ; columeile oblique largement plissée ; ou-
verture oblongue , aiguë à la partie supérieure, s'élargis-
sant notablement vers la base. L’individu que nous pos-
sédons n'a pas été pris à l'état vivant, en sorte que nous
ne saurions rien dire de précis relativement à la colora-
tion de a coquille.
Elle vient des îles Salomon, d'après ce que nous a dit
notre ami le commandant Hanet Cléry, à qui nous devons
cette espèce que nous lui dédions avec un grand plaisir.
Bulimus insignis, nobis (pl. IL, fig. 1).
T. oblongo-ovata, solida, imperforata, rufo-fusca anfrac-
tibus 6-7, convexiusculis, perlongum rugostusculis, ultimo
spiram æquante; columella sinuosa, superne calloso uniden-
tata, inferne oblique plicata ; apertura subauriculata, intus
spadicea, vel spadiceo tincta; labro crasso, reflexo, superne
intus sinuato.
Var., t. perforata, apertura rufo-fusca.
Long. 65 mill.
Coquille ovale-oblongue, ordinairement assez solide,
stries d’accroissement irrégulièrement rugueuses ; ou-
verture d'un rouge-brun plus ou moins vif, columelle
ayant une dent et un pli; lèvre épaisse plus ou moins
réfléchie.
Cette espèce, que nous croyons appartenir à la Nouvelle
Calédonie, a quelque rapport avec le Bul. Shongir Lesson,
de la Nouvelle-Zélande : mais notre coquille est cons-
tamment plus petite, et les caractères propres à sa Colu-
melle nous la font regarder comme une espèce tout à fait
distincte.
Nous devons cette intéressante coquille au capitaine
Marceau, officier supérieur de la marine, qui comman-
dait l’4rche-d' Alliance.
Colombella haneti, nobis (pl. IL, fig. 4).
T. oblongo-acuta, imperforata, albida, maculis spadiceis
irregulariter variegata; spira pyramidata, apice subulato-
anfractibus 9, planis, lævigatis; ultimo ovato-convexo,
inferne spiraliter sulcato ; apertura angustata , intus viola-
mi des
cea; columella callosa; labro denticulato vel crenulato,
incrassato, supra sinuoso ; canali recurvo, emarginato.
Long. 20 mill.
Coquille oblongue-aiguë, ayant le tour inférieur ovale
convexe ; inais Ja spire pyramidale subulée; le bord droit,
sinué à la partie supérieure et crenulée au-dessous ; Colu-
melle calleuse, ouverture étroite avec un canal recourhé
en arrière.
Cette charmante espèce nous a été donnée par le com-
mandant Hanet Cléry à qui nous devons un si grand
nombre d'espèces nouvelles : nous croyons qu'elle se
trouve aux environs de Mazatlan.
SP:
Des Nérimines, section des CréPinirormes ( sandalifor-
mes ; Mitrulæ, Menke, Synop. moll. 1830), par C. 4,
Recluz.
Les Néritines que nous rassemblons sous ce titre doi-
vent former” une ‘section particulière du genre, par
rapport à leur forme générale , qui ne permet pas de les
confondre avec les espèces d'aucune autre section : leurs
caractères les placent après les Piléoles et les Nériptères
(sections plus voisines des Vavicelles), entre ces dernières
et les 7’élates de Montfort ; elles ont le péritrème (peris-
tome, Drap.) continu, circulaire et détaché de la spire des
Piléoles et des Nériptères. Toutefois, elles se distinguent
des premières en ce que leur cloison columellaire est
calleuse, convexe, et que la marge de celle-ci adhère avec
la partie interne da bord supérieur du labre. On sait que
les Piléoles ont cette même cloison plane, simple , et la
marge supérieure séparée de la partie interne et supé-
fé cé race nt tn ect nets «mdr
Le Re
rieure du labre par une échancrure, comme dans les Né-
riles marines.
Les N. crépidiformes diffèrent des V’élates, en ce que
leur plaque columellaire est détachée postérieurement de
l'avant-dernier tour par un bord circonscrit par un espace
vide en dessus ou touchant à peine, en un point seuleinent,
à l'avant-dernier tour. Dans les /’élates, cetle partie de
l'ouverture, beaucoup plus épaisse et convexe que celles
des N. crépidiformes, s'épaissit et remonte de plus en plus,
avec l’âge de la coquille, sur le tour qui précède louver-
ture, l'enveloppe et se confond avec lui. De plus, les
Vélates sont globuleuses dans le jeune âge, et les I. cré-
pidiformes toujours ovalaires. Chez les félates, la marge
supérieure de Ja cloison columellaire, qui n'est jamais
arquée dans le centre, comme dans l'autre groupe, porte
des dents fortes, inégales, dont la supérieure et l'infé-
rieure de la série marginale sont séparées intérieurement
du labre chacune par une forte échancrure. Dans nos
Crépidiformes les dents sont très petites, presque toutes
d'égale grosseur, et la marge de la cloison est toujours,
supérieurement comme inférieurement, soudée avec Île
bord intérieur du labre. Enfin, dans les f’élates, la spire
a une forme conique, enroulée plus haut et formée de
trois tours; elle s'enroule plus bas dans les W. crépidifor-
mes, et la coquille n’a jamais plus d'un tour et demi de
spirale, toujours situés plus postérieurement. Dans les
Piléoles, la spire est plus courte et dirigée plus directe-
ment en arrière vers le bord postérieur de la callosité co-
Jlumellaire.
Les caractères qui peuvent servir de diagnose à cette
section nous ont paru être les suivants :
T. solida, crepidiformis, subtus plana, dorso convexa ;
spira brevissima , lateralis, ad marginem posticam obli-
ET
que incurva, eique arcte depressu ; peristomale continuo,
soluto.
Les espèces connues qui appartiennent à ce groupe
sont peu nombreuses, et, avant de les décrire, nous
croyons utile d'entrer dans quelques explications sur
celles que l’on regarde comme typiques.
L’appréciation des types est fort nécessaire, quand il
s’agit de fixer irrévocablement les espèces, surtout lors-
qu'il est question de coquilles dont la description don-
née par les auteurs à une époque où les espèces voisines
étaient encore inconnues, peut s'appliquer indistincte-
ment à la plupart de ces dernières : c'est le cas dans
lequel se trouvent les M. auriculata Lam., crepidularia
Lam., Merita violacea Gmel., qui constituent un groupe
bien circonscrit par le facies, et par une certaine unifor-
mité dans les principaux caractères.
Nous avons mis tous nos soins à étudier ce groupe dont
nous allons faire en sorte de bien déterminer les espèces.
Neritina crepidularia, Lam. Lamark avait placé dans sa
collection deux petites Néritines, collées sur le même
carton, avec le nom de W. crepidularia, écrit de sa pro-
pre main. De ces deux coquilles, l’une était épidermée :
c'est celle qui avait servi à la description de l'espèce dans
ses An. sans vertèbres. On doit donc la considérer comme
le véritable type. Voici les caractères qu'elle nous a pré-
sentés :
NV. Testa ovata, subtus planulata, dorso convexa, striata ;
striis decurrentibus exiguis, creberrimis, strias transversas
majores decussantibus ; subepidermide fuscescente spadicea,
lineis latiusculis maculisque luteolis trregulariter picta; spira
brevissima, in margine postico incumbente, oblique incurva,
eique compressd ; apertura ovato-rotundata, crocea 5 peritre-
mate ovato-rotundato, continuo; labio incrassato, supra
DORE
Pa NZ]
AS ES
2 0 le et
Li Me
convexo, inferne ad marginem versus compresso, margine
tenue arcuato eique denticulato ; denticulis 10-12 armato.
LA
T
[2
« Coquille ovalaire, aplatie en dessous, convexe en des-
sus et striée ; les stries décurrentes très fines, très rap-
prochées, traversées, presque à angles droits, par des
lignes concentriques plus fortes et plus apparentes qui
rendent le test rude au toucher. Sous un épiderme bru-
nâtre, le test est peint de rouge-brun, laissant des éclair-
cies en forme de taches et de zones concentriques irré-
gulières d’un jaune paille,
» La coquille, qui ne forme qu’un tour et demi de
spire, a le côté postérieur du dernier tour abaissé jusque
sur la marge externe latéro-postérieure droite du péri-
stome qu'il touche; elle s’enroule en un sommet formé
d’un demi-tour comprimé. Sur des individus bien ré-
cents, On aperçoit encore le nucleus arrondi en bouton
convexe et hyalin, ce qui dénote deux tours à la co-
quille, dont un demi se perd par l'accroissement de
celle-ci.
» Ouverture ovale-arrondie, d'un rouge safrané pâle
en avant, et un peu plus foncé vers le centre de la cal-
losité columellaire sur la plupart des individus; péri-
trème continu où légèrement tronqué (lorsqu'il n'est
pas arrivé à un complet développement de ce côté).
Lèvre columellaire, un peu convexe, dans la moitié su-
périeure (quelquefois un peu gibbeuse) comprimée ou
aplatie et un peu en pente dans le centre de sa moitié
supérieure ; à marge peu ou presque pas arquée, et fi-
nement marquée de dix à douze dents aiguës, »
Le second des individus de la collection de Lamark
(absolument semblable à un exemplaire qui se trouve dans
notre collection) est privé d'épiderme; il présente les ca-
ractères suivans :
/
N. Testa ovata, lateraliter angustata (id est ovato-oblon-
— 62
ga), crassiore, subtus plana, dorso convexiore ac substriata;
striis decurrentibus obsoletis, concentricis irregularibus dis-
tantibusque (subepiderme fusca) ; violacea, zonis concen-
tricis albis notata, | ostice lineis reticulata alboque punctata; :
spira fere usque ad marginem incumbente, oblique incurva
vix minus arcle compressa; apertura ovato-oblonga (sæpius
carneo-fuscescente) ; 5 peritremate continuo, lateraliter rec-
tiusculo ; labio convexiusculo; margine in centro vix ar-
cuato eique denticulato; dentibus 8-9 sub'icutis.
« CGoquille ovale-oblongue, plane en dessous, à dos un
» peu plus convexe que sur la précédente, el strié ; les
» stries décurrentes presque usées, pressées, régulières ;
LA
» les concentriques espacées, rugiformes et inégales entre
» elles. L'épiderme, qui est d'un roux brun sur les nôtres,
» manque à l’exemplaire de Lamark, et les masses colo-
» rantes très variables sont, sur l'individu de la collection
» de Lamark, disposées par larges zones d'un rose violet,
» et par lignes blanches, étroites, excepté au côté posté-
» rieur, où l'on aperçoit un réseau de lignes violettes
» ponctuées de blanc Le bord postérieur * dernier tour
» s'incline presque sur Ja marge Jatéro-postérienre et ex-
» trême du périmètre sans la toucher, il s'arrondit ensuite
»en un demi-tour à peine un peu moins comprimé que
» sur l'espèce précédente.
» Ouverture ovale-oblongue (rarement ovale-arron-
» die), d'une couleur de chair brunâtre ou d'un rouge
» tou pâle ; péritrème continu, toujours un peu tron-
» qué POSTÉAENEe ment; bord columellaire un peu con-
» vexe, et à marge arquée dans le centr:, et là por-
» tant huit à neuf petites dents aiguës. L'intérieur de
» l'ouverture est blanchâtre. La callosité interne infé-
» rieure provenant du point d'attache du muscle colu-
» mellaire est triangulaire-aiguë ea arrière, s'effaçant en
» avant et peu en relief; elle est toutefois plus large et
— 63 —
» plus longue que sur la N. melanostoma, dont il va être
» question plus loin. »
Les deux Néritines dont nous venons de donner la des-
cription sont de localités différentes. Le type de Lamark,
ou l'individu épidermidé, vient de l'île Geylan, de la Jum -
nha-Malabar, et de Timor (M. le Guillou, Mus. P.).
L'autre, oblongue et privée d'épiderme, vient de Pondi-
chéry (M. Deshayes) et de Tranquebar (Mus. Paris.).
Le type de Lamark a des rapports de forme avec les
figures de Martini (Conch., pl. 13, fig. 133 et 13#), au
reste assez mauvaises, et l'oblongue se rapproche un peu
de celle que Lister a figurée{Conch. syn., pl. 603, fig.19),
et de celle de Wood (nd. test., Sup., pl. 8, fig. 6.), d'au-
tant que Lister dit : Mer. reticulatus, clavicula (spira)
adunca, plurimis dentibus 8 (in medio) ad columellam. »
Elle nous semble aussi être la même que la Ver. violacea
de Gmelin : ’iolacea albo punctata solida, lævi. ;» mais
il faut en exclure la synonymie, parce que les figures ei-
tées de Meuschen (/n naturforch.), que nous avons exami-
nées, représentent parfaitement bien la Wavicella elliptica
Lam. L'espèce de Gmelin et l'individu oblong de la col-
lection de Lamark sont solides et ornés d’un dessin en
réseau de mailles violettes, entre les mailles duquel res-
sortent des points blancs ou blanchätres. Leur surface pa-
raît lisse, comparativement à celle de l'autre espèce;, au-
cune autre, d'ailleurs, n’est réticulée ni ponctuée de
blanc,
C'est à la W. crepidularia de Lamark qu'il faut rappor-
ter la . plumata Menke, parce que les caractères que
l’auteur donne à cette coquille vont parfaitement aux va-
riétés à lignes fulgurantes des mêmes localités, tandis que
la V. concentrica du même auteur doit se rapporter à la
N. violacea de Gmelin, de même que la N, crepidularia de
M. 'i roschel : on sait que la N. creprdularia de M. Lesson
22 NB
appartient à la section des Clithons, ou Néritines épiueu-
ses.
CLASSIFICATION DICHOTOMIQUE.
Coquille tachetée de blanc ou de
jaunâtre sur un fond de colora-
tion rougeâtre, rouge-brun ou
violet e ne ete ld'ertiel le). it eifls We: Ver bre 16 CETTE 2
Coquille linéolée sur un fond
blanchâtre où vérdäfret.. tee ts
rouge, rougeâtre, de rosé ou
notre" 24 GARE MON RNB LION PRE TE
Coquille à ouverture blanche ou
JAHDAILE eee « D ere ea INC. I AleREs.
|
5 à ouverture teinte de
Côté postérieur du dernier tour
élevé de 3 à 4 millimètres au-
dessus du péritrème . . . . . MNer. exaltata.
Côté postérieur du dernier tour
abaissé jusque sur la marge
33e
extérieure du péritrème PAPERS PES AU RTC En
de taches jaunâtres quadran-
gulaires ; ouverture rougeûtre,
rarement toute noire ou plom-
bée ; cloison columellaire por-
tant de 10 à 22 dents à sa
marge. + . . Mer, crepidularia.
Coq. d’un beau Solet: posa ce
nement ponctué de blanc, ou
zonée de cette couleur: cloison
| portant 8 à 9 dents au plus à sa
\ marge, Le So ete ee nm V er Mi ot eE
É d’un rouge-brun , maculée
ER rs
Linéoles transverses continues ;
cloison columellaire tachée de
noirâtre et portant 19 à 25
dents à sa marge; labre le plus
souvent zoné d'orange à l’inté-
: FIGE. à ae cos octets 2e INeramelarostomü,
Linéoles transverses interrompues
par des fascies décurrentes et
couleur du test ; cloison brunä-
tre portant 15 dents à sa marge. Ner. Touranensis.
DESCRIPTION DES ESPÈCES.
N. Exazrara, nobis. (PI. IL, fig. 3.).
Testa ovata, crassa, valde convexa, dense striata ; striis
concentricis irregularibus, decurrentibusque obsoletis ; sub-
epidermide rufc-fusca, nigro-violacea reticu}ata, maculis z0-
nisque albis vel lutescentibus picta ; spira a margine valde
elata ; apice sæpius eroso ; aper tura crocea; labio depresso,
in medio convexo, margine in Centro subarcuato, dentibus
7-8 subacutis armato. — Operculo carneo-rubente , nigro
variegato.
N. Crepidularia var. maj. Recluz. Proceding. zool. Soc.
Londres.
Hab. : L'île Negros. (Cuming.)
Haut. 14-16. mill ; larg. 19 à 20 mill. — Long. 22-98
m.; ouverture, larg. 19 à 20 mill.
Cette espèce est la plus grande de la section, la plus
épaisse, et celle dont le bord postérieur du dernier tour
est le plus élevé au-dessus de la marge de l'ouverture:
car s'il l’est de 2 1/2 mill. sur la N. prileolus dans les in-
dividus les plus favorisés sous ce rapport, dans la N. exal-
tata ce même côté s'élève de 5 millimètres, c’est à dire du
double.
Lab
Le peritrème de cette espèce forme un bord continu
plus élevé que la cloison columellaire, ce qui fait paraître
celle-ci déprimée; mais son centre se montre néanmoins
convexe. Le bord de cette cloison ne porte que 7 à 8 dents
plus ou moins saillantes selon les individus ct toujours
circonscrites dans la portion arquée de sa marge, comme
dans les N. pileolus et N. violacea. Le sommet est entiè-
rement rongé ou usé. Tous les individus que j'ai observés
ne mont présenté qu'un tour et demi au plus.
N. Pizrozus robis.
Testa ovata, crassa, subtus planulata, dorso elevata
longitudinaliter, irrégulariter crebreque striata; sub epider-
mide griseo-fuscescente nigro-violacea, maculis lineisque
luteis sparsisque picta; lineis anterioribus nigro-violaceis
inæqualibus transversim radiatis , spira a margine remotius-
cula ; apertura rotundata alba, seu pallide flava; labio medio
arcualo eique dentibus 8-9 mirimis acutis armato : operculo
fusco-nigricante.
N. intermedia, Deshayes in Bellang. voy. aux Indes
orientales. part. zool. 1834, p. 240, pl. 1, fig. 7.
Haut. 10-11 mill. longueur 17-18 m.
Larg. 12 mill. larg. de l'ouverture 12-13 mill.
Nora. M. Sowerby ayant décrit, en 1882, dans les
Procedings de la Soc. zool. de Londres, une autre Neri-
tine sous le nom de N. intermedia, le nom donné par
M. Deshayes ne saurait être conservé.
Le N. pieolus diffère de l'espèce décrite plus haut par
ses dimensions, les caractères de son ouverture et la dis-
position de ses masses colorantes. Les dents de la cloison
sont très aiguës et profondément séparées entre elles. Elle
n’a pareillement qu'un tour et demi de spire, le premier
en forme de point convexe et hyalin. Les stries concen-
ee
triques du dernier tour sont inégales, serrées ct nullement
croisées par d’autres stries décurrentes.
Cette coquille porte souvent de petites balanes et de
petites huîtres sur son dernier tour, et, ce qui nous a
paru remarquable, c'est que les huîtres (du moins leur
valve libre) ont exactement la coloration de la MVeritine.
NErITA VIOLACEA (Gmelin).
Testa ovata vellateraliter angustata ac nuncovato-oblonga,
solida, crassiuscula ; subtus plana , dorso conveæa. regula-
riter ac tenue concentrice striata ; subepidermide fusca vio-
lacea seu violaceo reticulata, albo maculata et zonata ; spira
submarginali ; apertura aurantia; labio incrassato, margine
in medio vix arcuato, eique 8-9 denticulato.
Var. «. Testa ovata, violacea, albo punctata ; apertura
ovata. Nerita violacea, Gmelin, syst. nat. ; Linnei ed. 13,
p. 3686, n. 68., synonymis exclusis.
Var. 8. Testa ovata, lineis fulminatis violaceis et albis
picta; apertura ovata, an Neritina plumata, Menke, syn.
nuth. moll. ed. alt. 1830, p. 139.
Var. v. T'esta ovata, lineis angulato-flexuosis creberri-
mis, maculis zonisque albis picta ; apertura ovata.
Var. d. Testa ovato-oblonga, violacea, albo zonata et
postice lineis reticulata ; apertura lateraliter angustata. Ner.
concentrica, Meuke, catal. malsb. et synops. moll. 1830,
p- 48° Ù
Var. e. Testa ovato-oblonga , lineolis angulato-flexuosis
concentricis, remotiusculis, vel angulis confluentibus reticu-
lum albo-punctatum efformantibus apertura ovato-oblongd.
Lister., Conch., t. 601, f. 19.
Var. #. Testa ovato-oblonga, violacea, albo anguste
subzonata.
An Nerita purpurea, Budgin ?
Le Ce
Has. Pondichéry (M. Deshayes), Tranquebar (Mus.
Paris, mon cabinet).
Dimensions : long. 13-14 1/2 mill. ; larg. 20 1/2; épaiss.
ou haut. 13 mill.
Cette espèce n'a pas élé reconnue par les conchyliolo-
gues parce que sa forme et la disposition de ses masses
colorantes sont variables; tantôt elle ressemble, par sa
forme aux individus les plus élevés de la Ver. crepidula -
ria de Lamark , de Timor, par exemple; tantôt les côtés
de son ouverture , étant comprimés ou rétrécis , lui don-
nent une configuration oblongue et rendent la partie supé-
rieure de la coquille en forme de dos-d'âne, et son ouver-
ture prend alors la figure d'un ovale-oblong. Ces deux
races d’une même espèce ont les mêmes accidents de co-
loration ; on les rencontre rarement uniformément violet;
le plus souvent elles ont des zones concentriques blan-
ches plus ou moins larges et d'un ton bien décidé; d’au-
tres ont de larges zones reticulées de lignes violettes ac-
compagnées d’autres zones violet-uni et blanches; enfin,
il y en a chez lesquelles les lignes zigzaguées ou fulmi-
nantes sont bien dessinées ou distancées les unes des au-
tres, principalement dans la moitié ou les 2/3 antérieurs
du dernier tour et presque effacées sur le côté postérieur;
d'autres où ces lignes, devenues plus ou moins forte-
ment confluentes par leurs angles, produisent ainsi un ré-
seau de mailles tantôt régulier, laissant voir alors des
points blancs arrondis, tantôt irréouliers, au moins en
partie, et montrant des taches blanches de forme variée.
Dans la race oblongue, le côté postérieur du dernier
tour dépasse à peine parfois le bord externe du péristome
et se trouve ainsi au même niveau que lui; de telle sorte
qu’on aperçoit que la première couche du test, de ce côté
du tour, s’est usée pendantla marche de l'animal ; d'autres
sois il repose sur le côté externe ou supérieur de la marge
be EL
du péristome et est alors marginal. Dans le plus grand
nombre des cas, ce côté du dernier tour est séparé de la
marge du péritrème par une distance d’un tiers à uu
demi-millimètre; l'ouverture est d'un rouge-orange , un
peu plus foncé sur le plan columellaire; ce plan est con-
vexe dans Île centre, sa marge faiblement échancrée en
arc el là armée de 8 à 9 dents, petites et quelquefois ob-
solètes.
Opercule inconnu.
On ne counaît de cette espèce que des individus (8 à 9,
à Paris) ayant généralement souflert, au moins privés
en totalité ou en partie de leur épiderme, qui parait être
d’un olive-brunâtre ou jaune-brun.
NERITA CREPIDULARIA (Lam.).
Testa ovata vel ovato-hemisphaerica, subtus planulata,
dorso convexa, vel convexo-depressa; striata : striis decur-
rentibus tenuibus , creberrinuis, longitudinalibus robustiori-
bus acdecussentibus insculpta; subepidermide fuscescente-ru-
bra, lineis maculisque luteis picta ; spira fere usque ad mar-
ginem oblique incurva ; apertura ovata, crocea; labio con-
vexo, margine arcuato, eique rugoso-denticulato : denticu-
lis 10-20, acutis armato.
NERITINA CREPIDULARIA, Lamk., an. s. vert. 6, p. 186,
10, syn. ex cluso, Desh., in Lamark, an, s. v. ed. 2,
tome 8, p. 572, n° 10. /dem. Sowerby, Conch. illustr.,
f. 25, bonæ.
Var. 8. Testa rubra, postice maculis, lineis rubris et
albis picta.
Var. ». Testa depressa, lineis rubris et luteis anguste
fulminatis in postice picta, margine columellari 14-15 den-
ticulis acutis vel obsoletis notata.
Var. 9. Testa major, depressa, rubra, maculis luteis tes-
sellata; apertura fauceque nigris vel plumbeis; dentibus in
margine columellari 20-22 acutis.
OR? ES
Has. La Jumnha-Malabar (Mus. Paris), Timor (Le
Guillou), Trinquemalai à Ceylan (mon cabinet).
Dimensions : long. 15, haut. 8. — ouverture (en dehors) :
long. 11 173, long. 11 1/3, larg. 13 mill.
C'est à cette espèce qu'il faut rapporter les figures de
Martini Conch. s. t. 13 (f. 133 pessima, et 134 labio nimis
ex cavato), quoique généralement mauvaises, et non à la
Patella neriloidea de Linnée, qui est une vraie Crepidule
figurée par Favanne, Conch. t. 4, f. E 2, blanche et ren-
due rude en dessus par ses stries concentriques, à som-
met subspiral et à cloison rouge-terne ou sanguin. C’est
donc à tort que Martini et Dillwyn veulent faire de cette
espèce de Linnée le type d'une Néritine analogue à la
N. crepidularia de Lamark ou d’une des espèces de la
même section. La meilleure figure que nous connaissions
de cette espèce est celle publiée par M. Sowerby, elle se
rapporte à la var. d, pour la forme générale.
NERITINA MELANOsTOMA (T'roschel).
Testa ovata, subtus planulata, dorso convexa, striata :
strüs decurrentibus tenerrimis , obsoletis, longitudinalibus,
trregularibus ; subepidermide olivacea pallide luteo-virides-
cente, lineolis tenuibus nigris angulato-flexuosis continuis
vel punctis efformantibus picta ; spira submarginali, sæpius
rosea vel aurantia ; apertura ovali ; labio nigro aut auran-
tio et nigrescente picto, margine arcualo et denticulis acu-
tis 19-25 armato ; labro intus zona sordide aurantia notato
Neritina melanostoma. (Tr.), in Archiv. hist. nat. Ber-
lin 1837, cahier n° 2, p. 179, n° 2. Ver. indica, Soun-
leyet, Voy. de la Bonite. Zoologie 1845-46, pl. 34,
fig. 32-35 optime.
Var. 8. T'esta convexo-depressa lineis latiusculis angu-
lato- flexuosis picta ; dentibus columellæ 20-21.
Neritina melanostoma Philippi Abbildungen, pl. 1,
£. 11 bene.
I
Hab. Le Gange (Trosch.), Diamond's-Harbourg, Hoo-
gly river (M. Petit de la Saussaie.); l'île Luçon (Souleyet);
Merguy, pays des Birmans (Petit).
Dimensions : haut. 10 mill., long. 19 mill., larg. 13 mill.
— Ouverture : larg. 13 mill., long. 15 1/2.
Cette espèce, chez les individus adultes, a à peu près la
forme de la MVeritina violacea, si ce n'est qu’elle n’est pas
souvent comprimée latéralement : sa coloration d'ailleurs
l'en distingue suffisamment. Elle est scupltée de stries dé-
currentes, serrées, très fines et si peu marquées qu'on les
distingue à peine sous le triple foyer d'une bonne loupe,
et de stries concentriques un peu plus apparentes, égale-
ment rapprochées et irrégulières; son épiderme est d'un
brun-olivâtre, sous lequel le test est d’un blanc-bleuâtre
ou d’un jaune pâle un peu verdâtre; il est peint concentri-
quement de fines lignes noires fulminantes continues,
pressées, quelquefois rares et très écartées, et le plus
souvent formées par de très petits points rangés dans cette
disposition et zigzagués. Sa columelle est peu calleuse,
léocérement anguleuse transversalement vers le milieu,
teinte, dans le jeune âge, d’orangé pâle, noircissant de
plus en plus avec l’âge et devenant très noire chez les
adultes; sa marge est arquée dans le centre et crénelée
dans presque toute son étendue par de très petites dents
aiguës , moins saillantes que dans la Nér. piléole, et va-
riant entre 20 et 25. Le labre est orné intérieurement
d'une zone circulaire d’un orangé plus ou moins fauve,
qui s'étend parfois sur le contour de la columelle. M. Sou-
leyet, ignorant qu'elle eût été décrite avant lui, l'a nom-
mée ÎVer. indica.
NERITINA TOURANENSIS (Souleyet).
Testa ovata, subtus planulata, dorso-convexa, striata :
strüs concentricis irregularibus, decurrentibus, obsoletis
En 7 au
distantioribus ; subepidermide pallide olivacea, luteoviri-
descente vel rufescente, lineolis concentricis angulato-
flexuosis in medio dorsi bis fasctas duas efformantibus or-
nata; spira marginali; labio pallide fusco, margine ar-
cuato , dentibus 15 parum exsertis armato ; labro intus
albido ; operculo pallide fulvo.
Var. 8. Minor. Testa minor, columella flavicante,
margine dentibus 13-14; operculo pallide fulvo.
Meritina Touranensis, Souleyet, Voy. de la Bonite,
Zoologie, 1845-1846, pl. 34, fig. 28-31.
Hab. Tourane, en Cochinchine, d'où elle a été appor-
tée par MM. Souleyet et Eydoux.
Cette espèce est d’un roux-brunätre peu foncé sous un
épiderme olivâtre pâle ; ses linéoles noires en zigzags, sont
interrompues vers le dos de la coquille, principalement
dans ses deux tiers postérieurs : ce qui donne à la coquille
une apparence bifasciée dans le sens de la décurrence de
la spire qui s'incline sur la marge et semble même la dé-
passer; et fait que le côté postérieur du dernier tour
est quelquefois usé par la marche de l’animal. Gette es-
pèce qui paraît vivre dans les endroits vaseux, se recou-
vre souvent de terre qui, en durcissant, use la surface du
test. Son ouverture est d'un blanc brunâtre et devient
plus foncée sur la columelle : celle-ci n'a que 15 petites
dents peu saillantes à la marge qui est faiblement, mais
sensiblement ceintrée dans le milieu. La var. 8 n’en diffère
que par les dimensions.
Dimensions : haut, 9 mill., long. 15 172 m., larg. 11 172.
—{uverture : long. 10 à 11 172 mill., larg. 12 à
13 23. — Var. 8. Haut. 5 m:, long. 8 172, larg. 6.—
Ouverture : larg. 6 m., long. 6 172.
=
BR Peer
Osservarions sur le ligament du Gnathodon cuneatum
Conrad, Rangia cyrenoides Desm.
(Extrait d'une lettre qui nous à été adressée par
M. de Sauley, ancien officier de marine.
Un séjour de plusieurs semaines au mouillage de Sacri-
ficios (près de la Vera-Crux) me permit d'explorer le
récif qui cerne en grande partie cet îlot du côté du large,
et les plages de sable qu'il présente en regard de la côte
du Mexique: parmi les coquilles que je parvins à me
procurer, se trouva une multitude de valves de Gna-
thodon (Gnathod. cuneatun), mais toutes, sans exception,
étaient roulées et dépareillées.
J'avais déjà cette coquille provenunt de la Nouvelle-
Orléans. Pendant une station dans la baie de Pensacola
je retrouvai cette espèce par 3 ou 4 pieds de profondeur
à peu de distance de la ville,
Une première remarque que je fis d’ abord c’est que les
échantillons de la baie de Pensacola étaient beaucoup
plus grands, mais aussi plus excoriés vers les crochets
que ceux de la Nouvelle-Orléans; je _signalerai aussi la
différence d'aspect que présentait la nacre intérieure de
ces coquilles, selon quelles appartenaient à l'une ou à
l'autre localité ; celles de la Nouvelle-Orléans sont lisses
et brillantes surtout vers les bords; celles de Pensacola
sont ternes et presque mates; mais le fait qui me parut
le plus digne d'attention, c'est celui du prolongement ex-
térieur du ligament qui dans ce genre est intérieur. Le
ligament partant de la fossette qui le reçoit traverse
l'épaisseur du test en suivant un petit canal, et sort sous
le crochet de chaque valve, un tant soit peu en avant:
quelquefois même ce ligament forme une saillie qui, dans
quelques individus, n’atteint pas moins de deux milli-
mètres.
Cette expansion très remarquable à l'état de vie, l'est
a TR
beaucoup moins sur les échantillons conservés dans les
collections; toutefois vous trouverez des traces très sen-
sibles du fait que je mentionne, dans l’exemplaire que
je vous adresse, et qui, déposé dans votre collection,
servira à prouver l'exactitude de mon observation.
En considérant attentivement les valves roulées de
Gnathodon que j'ai recueillies à Sacrificios, j'ai reconnu sur
presque toutes le même caractère que je viens d'indiquer,
mais plus ou moins apparent selon que la valve examinée
avait appartenu à un sujet plus ou moins adulte. Chez les
plus adultes, le test est entièrement perforé; chez d’autres,
on ne voit sous le crochet qu'un petit trou visible seule-
ment à la loupe; chez les plus jeunes enfin, le canal
n'arrive pas jusqu’à l'extérieur, de telle sorte qu'on peut
dire que le ligament de chaque coquille est d'autant plus
robuste et plus saillant à l'extérieur que cette coquille
enveloppait elle-même un animal plus adulte et plus fort.
On peut encore inférer de là que cette saillie du li-
gament, si étrange, et si anormale au premier abord, peut
s'expliquer facilement en admettant qu'elle est, d'une part
l'effet de l'accroissement en épaisseur du test à mesure que
l'animal augmente son enveloppe , et d'autre part le
résultat de l'érosion de ce même test sous l’influence
d'agents extérieurs.
On comprend en effet que plus l'animal prend d’ac-
croissement, et plus la fossette, qui a reçu le premier
rudiment de son robuste ligament, augmente elle-même
en s'allongeant en entonnoir, mais avec cette disposition
particulière qu'elle ne s’oblitère point vers le fond au
fur et à mesure que la coquille devient plus grande. Cette
fossette prend ainsi la forme d'un canal partant d’un point
très voisin de la surface extérieure, sous les crochets,
canal qui se trouve constamment rempli par la substance
du ligament qui s'est allongé lui-même en proportion de
l'âge du sujet.
— /)D —:
En même temps que cet accroissement progressif
augmente la longueur du ligament, le test se dépouille
de son épiderme vers les rates, les agents extérieurs
l'excorient aux sommets, et ils rongent peu à peu sa
surface sans attaquer la substance du ligament. Celui-ci
se-trouve de la sorte mis partiellement à nu, et il finit
par faire en dehors une saillie proportionnelle à l’âge du
mollusque et à l’activité des substances qui ont agi chi-
miquement , peut-être aussi mécaniquement, sur les
parois extérieures de la coquille.
Que penser maintenant de cette multitude de valves
dépareillées, et roulées que j'ai trouvées sur la plage de
Sacrificios à 300 lieues des rivages où le Gnathodon s'en-
fonce à moitié dans la vase à la facon des Anodontes et
des Unios de nos rivières? Serait-ce peut-être que le
golfe du Mexique, tourmenté dans la partie supérieure
de ses eaux par le Gulf-Stream (ce grand courant qui les
entraîne comme un torrent, en contournant les côtes de
cette vaste Méditerranée depuis le cap Gatoche du
Yucatan, jusqu’à la pointe de la Floride en face de la
Havane), serait en même temps sillonné dans ses profon-
deurs par des contre-courants qui, des rivages de la Nou-
velle-Orléans et de Pensacola, rouleraient jusque dans
les brisants de la Vera-Cruz les dépouilles d'animaux qui
ont vécu sur les plages de la Louisiane et de la Floride? La
question que je viens de soulever, à propos de valves
roulées, conduirait forcément à un tout autre ordre
d'idées, et à l'examen de phénomènes étrangers au sujet
que je me suis proposé de traiter; aussi je marrête en
vous répétant que je m'estimerai très heureux si mes
observations ne vous paraissent pas tout à fait dépourvues
d'intérêt.
DE Sauzcy.
Jo —
Norice sur les coquilles rapportées par M. Goizzan,
officier supérieur de la marine, commandant le brick
le Du Couédic.
M. Guillain , aujourd'hui capitaine de vaisseau , avait
été chargé, dans ces dernières années, d’une importante
mission qui l’a conduit sur divers points de la côte Nord-
Est d'Afrique, encore peu explorés sous le rapport de
l’histoire naturelle. Ïl a, dans le cours de sa pénible cam-
pagne, trouvé encore assez de loisir pour recueillir un
certain nombre de coquilles dont il a eu l’obligeance de
nous donner des échantillons, et parmi lesquelles nous
avons découvert plusieurs espèces qui nous ont paru nou-
velles, notamment les Cyclostomnes décrits ci-dessus à la
suite de notre catalogue des espèces de ce genre.
Indépendamment de ces coquilles et de quelques-unes
dont on trouvera la description plus loin, nous avons pu
déterminer celles dont les noms suivent.
Cyclostoma. Naticoides. Recluz. I. Socotora.
— Clathratum Id. ld.
— Michaudi. Gratel. 1. Moheli, +
— Aspersum. Mich. Madagascar.
— Deshayesi. Petit. Id.
— Affine. Sow. ld.
Bulimus. Favani. Lam. S.-Augustin (Madagascar).
— Dussumieri. Recve. 1. Seychelles.
7. caicarus Brie, à Mer
— Pullus. 14. Abd-el-Goury.
— Socotorensis. Pfeif. {. Socotora.
— Mozambicensis. Recve. Moubaza.
Achatina. Fulica. Fer. Madagascar.
Pupa. Labiosa var. Brug. Haffoun.
Helix. Viridis. Desk. Madagascar.
— Labrella. var.: Carcollæ. Xisteræ. Pfeif Affinis.
Neritina. Brevi-Spina. Lam. Madagascar.
Melania. Faseiolata. Oliv.
Planorbis, Tranquebarieus ?
Pyramidella. Plicala. Lam. Haffoun.
Cancellaria. Crispala. Sow. Id.
Magilus. Autiquus. (Exemplaire entier, à moilié enchâssé dans un
: madrépore.) Bourbon.
Marginella. Sp. Nov.? Haffoun.
Bulimus. Sp. Nov.? Hd.
Buzimus GuizLaini mobis.
(PL, IV fig :4098)
T. oblonga, cylindrarea, crassiuscula, imperforata, fus-
cescente, albo variegata, interdum subfasciata , anfracti-
bus 8-9, plano-convextis, oblique et crebre striatis ; columella
profunde arcuata, inferne subplicata; apertura ovata ; labro
acuto, subreflexo ; labio in adultis consolidato.
Long. 6 mil}.
Le pli columellaire de cette coquille a quelques rapports
avec la truncature des Achatines : elle se trouve à Abd-
el-Goury.
Avant de terminer cette notice, nous offrirons ici nos
sincères remerciments à notre ami le capitaine du Du
Couëdie, pour l'obligeance qu'il nous a montrée et à laquelle
nous devons de pouvoir, cès aujourd'hui, remplir une
des promesses de notre programme. Nous ne mettrons
pas moins d'empréssement, par la suite, à porter à la
connaissance des conchyliologistes les coquilles nouvelles
recueillies par les personnes qui, à l'exemple du comman-
dant Guillain , voudront donner à leurs recherches une
direction et un résultat utiles aux progrès des Sciences
naturelles.
S. Perir.
Article de TerminoLocr, par M. RecLuz.
CozumeLze (columella, petite colonne), de columen,
dérivé lui-même de culmen, pièce verticale qui sou-
tient le faîte d'un édifice.
La Columelle est cette sorte de colonne centrale ou sub-
De, 7
centrale des coquilles spirivalves formée par l’enroule-
ment de la lévre intérieure de l'ouverture sur un axe fictif.
Selon que la lèvre est mince, épaisse ou trés épaisse, la
Columelle acquiert plus ou moins de solidité. Lorsqu'en
s'enroulant , le bord interne laisse entre ses parois inté-
rieures un vide plus ou moins grand , la Columelle est
ombiliquée (umbilicata)ou simplement perforée (perforata),
et, dans certains cas, subperforée. Si, au contraire , ces
mêmes parois se pressent tellement entre elles qu'elles se
confondent en une masse homogène, la Columelle est
alors pleine. Dans le premier comme dans le second cas,
quelques auteurs lui donnent le nom d'axe (axis, essieu,
pivot) tels que Draparnaud et M. Gray.
Pour nous, l'axe est la ligne droite, courbe ou brisée,
verticale ou oblique, fictive ou réelle, qui traverse la Colu-
melle dans toute sa longueur, et la columelle le cylindre
dans lequel passe cet axe : en d'autres termes, l'axe est la
partie centrale, et la Columelle la partie externe qui l'en-
vironne. L'un peut être représenté par la moelle d'une
tige , comme la Columelle peut l'être par le boïs ou étui
médullaire,.
Dans les coquilles du G. Viso, ou dans le Trochus umbil-
caris par exemple, l'axe est la partie creuse qui, du côté
antérieur de la coquille, remonte jusqu'au sommet de la
spire; et la columelle est le cylindre ou cône creux et py-
ramidal qui limite cette perforation.
Ainsi donc, la Columelle est cette colonne testacée
creuse ou pleine autour de laquelle la spire tourne. On
l’aperçoit facilement sur les coquilles qui ont été usées
longitudinalement ou sciées dans leur longueur. (Woy.
Eucyl. meth., pl. 348, fig. 3 et 5); et on juge ordinaire-
ment sa forme par ce qu'elle présente dans l'ouverture de
la coquille.
Les coquilles spirivalves ne sont pas toutes pourvues
d'une Columelle ; celles qui en manquent sont :
1° Les coquilles à enroulement horizontal dont les
tours sont séparés (Spirula), ou contigus comme les Vau-
tilus, Planorbis, etc.
2° Celles qui sont involvées (znvolutæ) ou roulées (con-
volutæ), comme les Bullæa, Bulla, Cypræa, Ovula, etc.
3° Enfin celles dont le cône spiral est très court et s’é-
largit subitement pour former son dernier tour, comme
les genres itrina, Sigaretus, Haliotis, etc.
La Columelle peut être considérée sous plusieurs rap-
ports.
I. Par rapport à son étendue, elle est dite :
1° INTERROMPUE (interrupta), lorsqu'elle s'arrête vers un
point correspondant à la partie inférieure , comme dans
beaucoup de Sigarets, à la partie médiane (les Matica en
général), ou à la partie supérieure (les £burnes).
2 Conrinue (continua), quand elle est terminée à la
partie supérieure de la coquille , comme dans le Trochus
conulus.
3° SaizLANTE (exserta, prolongata, caudata. Brug. Blv.),
quand elle se prolonge au-delà dn dernier tour ( Cerit.
telescopium, Janthina), ou lorsqu'elle se continue en
canal comme dans les Fusus, Pyrula : alors elle peut être
droite (recta), courbe (arcuata) ou repliée (replicata).
IT. Relativement à la manière dont la Columelle se
termine, on dit qu’elle est :
1° TroNQuÉE (truncata, abrasa), lorsque son extrémité
est terminée par un plan transversal. Ex. Æchatina, Me-
lanopsis , etc.
2° Aicur (acuta), quand elle se termine en pointe. Ex.
Janthina, Harpa, divers buccins, ete.
3° OmBiLiQuéE (umbilicata), quand elle a une ouverture
plus ou moins grande à la base. Ex. Vatica, Ampullaria,
Solarium.
me
Perrorée (perforata), quand l'ouverture a à peine le
diamètre d'une tête d'épingle, comme dans quelques
hélices.
5° ImPerrorée ( imperforata, integra), quand sa sub-
stance forme une masse compacte et sans aucune perfo-
ration, ni ombilic. Ex. Voluta, Mitra, etc.
6° Coxsorinée (consolidata), lorsque cette partie se
trouve épaissie par un dépôt de matière testacée qui, dans
certains cas, bouche le trou ombilical comme dans les
Rotella, Natica mamilla, etc.
“III. Par rapport à sa direction, la Columelle est :
1° Droire (recta),quand elle forme un plan rectiligne.
Ex. Mitra, Marginella, Harpa, etc.
2° Course (arcuata), quand elle est cintrée plus ou
moins fortement en arc, comme dans les Planaxis, Na-
ricas Murex.
8° OBLique (obliqua), lorsqu'elle est oblique par rap-
port à l'axe collumellaire, comme dans le Bul. ovatus.
IV. Sous le rapport de la forme, elle est dite :
1° CyzinpriQue (feres, cylindrica, subcylindrica), lors-
qu'elle présente la forme d'un cylindre plus ou moins
parfait, quoique, à la rigueur, elle s’atténue insensible-
ment jusqu'au sommet de la coquille. Ex. Fusus, Pyrulæ.
2° APLATIE, DÉPRIMÉE (depressa, compressa), lorsque sa
surface présente un plan uniformément plane. Ex. Pla-
naxis, Purpura hæmastoma, P. persica. etc.
3° Tonpus (torta, contorta, tortuosa Lam.), quand elle
porte un pli peu saillant, ou lorsque ce pli semble
u'être qu'une obliquité provenant de la torsion de la co-
lumelle. Ex. Physa, Limnæa, etc.
4° SinuEusE (sinuata), quand elle présente des dépres-
sions et des renflements, comme dans le Zuccinum unda-
um, Natica flava.
Sn Dia
5° SpiRALE (spiralis), lorsque la partie qui dépasse l’ou-
verture, est tordue comme une vrille. Ex. Cerithium teles-
copium.
V. Enfin par rapport à sa us der on dit que la Go-
lumelle est
1° Uxre (lævigata) quand sa surface ne présente aucune
inégalité, G. Achatina, Succinea, Sigaretus etc.
2° CawaricuLée (canaliculata), quand il existe un canal
dans son étendue, soit à la partie antérieure comme dans
les Vatices à opercule testacé, soit sur son trajet extérieur
comme dans les Lacuna, Eburna, et quelques Vatica, etc.
3° LamezLée, LAMeLLEusE (lamellata, lamellosa) quand
elle porte des lamelles transverses, obliques ou longitudi-
nales, régulières, comme dans certaines espèces des genres
Bulimus, Clausilia, etc.
4° Pussée (plicala), quand ce sont des plis transverses
et courant à l'intérieur de la cavité de la coquille comme
dans les G. Mitra, Voluta, Pyramidella, etc.
5° Srriée (striala), quand à la place des plis ce sont des
stries également spirales comme dans beaucoup de Z'u-
seaux, Ulives, etc.
6° Rinér (rugosa), quand ses plis sont irréguliers et res-
semblent à des rides. Ex. Ranella.
7° GRANULEUSE (granosa, granulata), quand ces inéga-
lités sont des granulations. Ex. G. Columbella.
8° Poxcruée (punctata, calloso-punctata) quand elle
porte des points calleux. Ex. Purpura neritordea.
9° Denrée (dentata, denticulata, crenulata), quand elle
porte des excroissances en forme de dents. Ex. G. Auri-
cula, Scarabœus, etc.
10° Renrzée (énflata, turgida), lorsque la partie anté-
rieure est augmentée en grosseur par un renflement.
6.
*
G. Terebra ; mais quand ce renflement simule une varice,
on la dit variqueuse (varicosa). Ex. Æncillaria; susvart-
QUEUSE (subuaricosa), G. Oliva.
CR:
BIBLIOGRAPHIE.
Naruraz msrory or New-York. Palæontology of New-
Fork ; by J. Hall. (Vol. 1.)
L'ouvrage de M. Hall est de ceux que doit étudier avec
soin le naturaliste philosophe. 11 nous fait connaître les
premiers êtres créés qui ont laissé des vestiges de leur
existence dans les premières couches déposées à ia surface
de la terre; il nous fait assister en quelque sorte à l'aurore
de la création; il nous montre les premières ébauches des
êtres vivants, de ceux du moins dont la structure assez
solide à permis la conservation plus où moins parfaite. Il
ne faut pas se le dissimuler, un nombre probablement
très considérable de chaînons dans les deux règnes ont
été à tout jamais détruits sans laisser la moindre trace de
leur passage sur cette terre. Ces chaïînons disparus nous
n'avons plus sous les yeux que les tronçons isolés de la
grande série des êtres alors existants. 11] ne faut point
nous étonner si ces tronçons n’ont plus entre eux que des
rapports éloignés. Pourrions-nous, par exemple, nous
faire la moindre idée de cette grande classe des Acalèphes,
de cette autre classe des Salpa, de celle non moins variée
des Ascidies d’après les vestiges que les couches de la terre
en conserveraient? Assurément non, puisque ces animaux
étant gélatineux ou charnus ne sont pas susceptibles de
laisser la moindre empreinte. Parmi les zoophites il en
est un trés grand nombre qui n'ont aucune partie con-
crète propre à être garantie de tonte destruction, les
ET
Actinies, par exemple, et tant d’autres races appartenant
> | p'e; ]
à la même classe. Si nous remontons vers des êtres plus
à o
de mous et dépourvus de parties solides conservables.
Pourrions-nous nous faire une juste idée de la classe
- . U) [1 .
entières des mollusiues d'après les coquilles seules ?
Quelle grande lacune ne laisseraient pas toutes ces fa-
milles de mollusques, nus dont la destruction a dû être
entière au moment où se sont produits les grands chan-
gements survenus à la surface de la terre! Dans la classe
des poissso ns n'avoBs-nous pas aussi tous ceux qui ont
le squelette cartilagineux, et pour lesquels une destruc-
truction complète est inévitable?
parfaits nous en trouverons excore une grande quantité
Il est donc permis de croire que dans les premiers
temps où la vie s’est manifestée à la surface de la terre,
les eaux de la mer étaient peuplées d'un plus grand
nombre d'êtres que ceux dont nous retrouvons les ves-
tiges dans les premiers sédiments. Des plantes molles,
vésiculaires, telles que nos mers en enfantent encore,
n'ont pu êlre conservées dans ces herbiers naturels dont
les feuillets pierreux constituent aujourd'hui une grande
partie de la surface de nos continents. Malgré toutes ces
lacunes à jamais regrettables, nous devons rechercher
avec un vif intérêt tout ce qui peut aider à reconstruire
cet ancien monde sur lequel nous marchons, et nous
devons convier les observateurs de tous les pays à une
œuvre sans laquelle l'histoire de notre planète resterait
toujours impartaite,
L'ouvrage de M. Hall vient confirmer ce que l’on
soupçonnait déjà, à savoir, que dans les premiers temps
où la vie s'est produite, les phénomènes en Amérique
out été semblables à ceux qui se passaient en Europe, et
on peut le dire aujourd'hui, ils ont été identiques en
même temps sur tous les points de la surface dela terre.
En Amérique et:en Europe, depuis les régions glacées
= ph
du Pôle jusqu'aux régions brüûlantes de l’Equateur, se
trouvent répandus dans les mêmes couches des êtres, non
seulement analogues, mais encore des espèces identiques,
qui passent d’un continent à l'autre, Il y a plus, cette
même analogie, ces identités franchissent l'Equateur et
se montrent dant l'hémisphère austral. Dans ces temps
reculés la terre n'offrait pas cette diversité de climats
et cette variété si considérables d'êtres de toutes les classes
appropriés pour ainsi dire et invinciblement enchaînés
aux conditions actuelles que leur a préparées la nature.
11 régnait alors une uniformité remarquable: partout les
mêmes plantes, partout les mêmes animaux. Cette con-
formité des créations trouvait sa cause dans une tempé-
rature également répartie: la surface de la terre jouissait
encore d'une portion considérable de sa température
sidérale, sous ce rapport, les régions polaires élaient
aussi favorisées que celle de l'Equateur. L'ardeur du soleil
était tempérée par une immense atmosphère remplie de
vapeurs: il n’est pas étonnant de retrouver sur toutes les
parties de la terre des plantes réfugiées aujourd'hui dans
la zône intertropicale. Gette température égale permettait
aussi aux animaux de se reproduire partout les mêmes.
Assurément ces phénomènes qui ont présidé aux pre-
mières créations sont bien faits pour exciter l'admiration
des hommes, et si aujourd'hui l'histoire de la terre s’est
enrichie de documents aussi précieux, on le doit à des
ouvrages tels que ceux de M. Hall. Ils ont en effet recueilli
un grand nombre de faits importants à l'aide desquels se
dévoilent pour ainsi dire d'elles-mêmes les grandes lois
de la nature.
Il est impossible à un seul homme d'aller visiter toutes
les régions de la terre, de les étudier profondément pour
arriver enfin à généraliser les phénomènes qu'il a ob-
servés. [Il faut la vie d'un savant pour explorer un coin
de notre demeure et soulever avec peine quelques lam-
2 ER
beaux du voile épais sous lequel la nature cherche à s'en-
sevelir. Pour reconstruire l’ancien monde , il faut le
concours d'un grand nombre d'ouvriers et nous devons
rendre hommage aux savants Américains qui, depuis un
demi-siècle, ont puissamment contribué à la générali-
sation de la science en apportant de nombreux matériaux
à la construction de l'édifice commun.
L'ouvrage paléontologique de M. Hall fait partie d’une
coilection unique jusqu'ici dans les fastes de la science.
L'état de New-Yock a compris toute lutilité que pouvait
avoir, pour le peuple américain en particulier, ainsi que
pour tous les autres peuples civilisés, la réunion dans un
seul ouvrage de tous les documens propres à faire con-
naître son sol et toutes ses productions. Au lieu de cher-
cher dans des expéditions lointaines souvent trop dispen-
dieuses des résultats de peu de valeur et la satisfaction
d'une vanité mal comprise, les hommes sages qui gou-
vernent l'état de New-Yorck ont voulu apprendre au
peuple à connaître toutes les ressources, toutes les ri-
chesses de la mère patrie, certains d'avance qu'ils agis-
saient ainsi dans le plus pressant intérêt de la nation. Nos
vieux pouvernements se sont laissés donner cette sage
leçon par une nation bien jeune encore, mais bien grande
par la sagesse de ses institutions. Espérons qu'un si bel
exemple ne sera pas perdu: nous avons des corps savants
richement dotés, des sinécures grassement stipendiées ;
pourquoi le gouvernement n'impose-t-il pas le devoir
d'explorer notre sol et d'en faire connaître les produc-
tions? Au lieu d'abandonner ces recherches à des efforts
particuliers souvent hostiles, sans ensemble, sans unité,
le gouvernement aurait dù charger une compagnie
savante de produire un ouvrage semblable à celui que
publie l'état de New-York. Alors du moins la science
prendrait une grandeur qu'elle n'a pu acquérir, par
l'ensemble et par l'unité qui devraient présider à toutes ses
ape
conceptions. Il serait bien temps cependant que les gou-
vernements de l'Europe consacrassent quelques parcelles
de l'impôt à ces entreprises scientifiques destinées à dis-
séminer chez les nations les connaissances utiles sur le sol
qu'elles habitent. Mais, dit-on, l'état de New-York à
dépensé des sommes considérables à la publication de ce
grand ouvrage. Eh! qu'importe, si le résultat répond à la
grandeur de l’entreprise; qu'importe, si vous obtenez à
ce prix la dispersion de connaissances matérielles utiles; …
qu importe, enfin, si de tels travaux ont pour résultats
de rendre populaires des idées justes sur l'histoire de la
terre que nous habitons, sur les admirables phénomènes
de la création et sur la puissance infinie du Créateur.
Dans un prochain article nous examinerons avec toute
l'attention qu'il mérite, l'ouvrage de M. Hall, et nous
ferons ressortir d'une manière toute spéciale Îles faits
nouveaux et importants qu'il renferme.
Desnayes.
Buzzerin de la Société impériale des naturalistes de
Moscou. Tome XXI, année 1848, N°1.
Le premier numéro du Bulletin de la Société impériale
des naturalistes de Moscou, pour l’année 1848, contient,
relativement à la conchyliologie , plusieurs articles dont
nous allons faire connaître l'objet.
Dans l’un de ces articles, M. Schrenk a donné une liste
des coquilles terrestres et fluviatiles de Livonie, en y joi-
gnant quelques notes sur les variétés que présentent les
espèces propres à cette province de l'Empire russe,
Ce travail ne fait connaître aucune espèce nouvelle, si
ce n’est une limace, Lima livonicus très voisine du Limax
cinereus.
no
Dans un autre article, M. Fischer de Waldheim a éta-
bli un nouveau genre pour une coquille terrestre qui lui
a paru pouvoir être détachée des Bulimes.
Ce genre, que l’auteur nomme (Chilonopsis xeirœv la-
brum crassum odis adspectus), est caractérisé par lui ainsi
quil suit :
T'. turrita, spiris septem convexis ; umbilicata ; apertura
elongata, angustata; inæqualis ; columella valde dilatata,
intus et infra sinuata, extus marginata, basicanalem cæcum
5
cum labio dextro intumido, extus triplicato formante.
Cmzoxorsis sulcata. Fisch.
T. turrita, septem spirata, spiris convexis, longitudina-
liter sulcata.
Alt. 50 mill., diam. : spiræ primæ 30 mill.
Habitat St- Yago Americæ meridionalis
La coquille dont il s'agit nous est inconnue ; mais nous
ne saurions y voir autre chose qu'un Bulime qui se rap-
proche du Bul. auris signata, et plus encore du Bul. au-
ris vulpina qu'on trouve à l'île Ste-Hélène.
Nous avons cru devoir reproduire (pl. 4, fig. 6) la
figure qui accompagne le Mémoire de M. Fischer de
Waldheim.
Le même auteur a décrit, en outre, dans le Bulletin
dont nous rendons compte plusieurs coquilles fossiles,
savoir :
1° Bellerophon macrostomus Fisch. — T. magna, ore
maximo ; unbilicalato, distante ; spira lata, depressa,
non nisi leviter decrescente versus apicem, subcarinata.
Haut. du bord de l’ouv. à l'extrém. de la spire 0,116 mill.
2° Macrocheilus ampullaceus Fisch. — T. subturnita, spi.
Le 88 —
ris 4-5, valde convexis, longitudinaliter subsuleatis,
pruma labiata ampla, reliquis duplo longiore.
Long. 0.078, diam. du 1°" tour 0,068.
3° Cyprina piatigorskensis Fisch. — T. magna, solida,
valvis lævibus, impressionibus muscularibus annula-
ribus, cardini adproximatis.
Haut. 0,110.
Enfin le volume des Annales contient trois planches
dans lesquelles sont représentées une série de coquilles
fossiles des environs de Moscou, précédemment décrites
ou citées dansles études progressives sur la paléontologie
des environs de Moscou, par MM. Bouiller et Vossinski
(année 1847).
Ces coquilles sont réparties comme il suit dans les
genres
Panopæa 1 sp.
Turbo 3 sp. Astarte 4
Buccinum à Lucina 1
Trochus Î Cyprina 2
Pleurotomaria !{ Cuculæa 5
Murex Î Pecten 1
Opis: Î Ostræa 3
Puschia 1 Terchratula 8
DU LE
TESTACEA NOVISSIMA INSULÆ CUBANÆ et Americæ cen-
tralis, auctore Arth. Morellet.
Description de coquilles nouvelles de l'ile de Cuba, et
de l'Amérique centrale. Fasci, in-8° 1649.
M. Arthur Morellet, déja connu par la publication
er GO ee.
qu'il a faite en 1845 d'un volume très intéressant sur les
coquilles terrestres et fluviatiles du Portugal, a fait depuis
cette époque, tant à Cuba que dans l'Amérique centrale,
un séjour, trop court pour la science, mais dont il a profité
pour réunir un bon nombre de coquilles terrestres et flu-
viatiles presque toutes nouvelles.
Dans l’opuscule que nous annonçons aujourd'hui,
M. Morellet a décrit, nous dit-il, la moitié seulement des
coquilles qui lui ont paru inédites, et il promet de revoir
et de compléter plus lard son travail. Il a donné, jusqu’à
présent , la description de 85 espèces appartenant aux
genres ci-après.
Helix 7 espèces. Cylostoma 7 espèces
Bulimus 3. — dmpullaria 1 —
Cylindrella 9 — Melania 8 —
Glandina 13 — Neritina Dpeie
Succinea 1 — Cerithium 1 —
Planorbis 7 — Anodonta Î —
Physa 2 . — Unio 12 —
Helicina 11
Nous devons à l'obligeance de M. Morellet la commu-
nication de plusieurs des espèces qu'il a rapportées, et
parmi lesquelles nous avons remarqué de très belles mela-
nies, ainsi qu’une coquille fort jolie qu'il a classée parmi
les Aélicines, sous le nom de f/el. constellata, mais qui
nous semblerait appartenir au genre Helix.
5 ES
Die Lanp unD SUSSWASSER MOLLUSKEN vON Java bes-
chrieben von Æ{bert Mousson.
Mollusques terrestres et d’eau douce de Java, décrits
par Albert Mousson. ‘Zurich, 1849 ; 1 vol. in-8°
avec 22 pl. coloriées.
M. Alb. Mousson a pul lié, sous ce titre, la liste d'un
EN
grand nombre de coquilles propres à l’île de Java, où
elles avaient été recueillies par M. Zollinger, directeur
du seminaire du canton de Zurich, ainsi que par
MM, Oberst Winter et Junghuhn. Quel jues-unes de ces
espèces étaient anciennement connues; un plus grand
nombre avaient été publiées, depuis peu d'années, par
MM. Pfeiffer, Philippi et van den Busch. M. A. Mousson
en à décrit beaucoup d'autres qui lui ont paru nouvelles,
savoir : dans les genres
Nanina 3 espèces. Melania 5 espèces.
Helix (pee Neritina 2 —
Bulimus 2 — Navicella DL
Clausilia li Cyrena 2, —
Limnæus UTP... Unio 4. —
Auricula "2 — Alasmodonta 2 —
Cyclostoma 7 — Anodonta. 1 —
Ambpullaria 1 =
Dans un appendice, M. A. Mousson a passé en revue
un groupe de Bulimes remarquables par ce caractère que,
dans chacune de ces espèces, on rencontre un grand nom-
bre d'individus senestres : c’est à ce groupe qu'appartien-
nent les Bul. inversus Mall., B. perversus L., B. sultanus
Lam., B. læœvus Mull., etc.
Séparer ces Bulimes et leur assigner des caractères dif-
férents a dû être assez diflicile, et nous devons croire que
l'auteur ne s'est déterminé à porter à 13 le nombre des
espèces de ce groupe qu'après avoir eu sous les yeux un
grand nombre d'individus : toutefois nous pensons que
le Bul. atricallosus, Gould est une espèce différente du
B. perversus, L. : M. Gould a aussi décrit en 1846 (Pro-
cedings of Boston), sous le nom de Zul. moniliferus , un
autre Bulime qui appartient au même groupe et que
M. Mousson ne cite pas.
==
M. Mousson, dans un article qui précède son travail
sur les coquilles de Java, a présenté quelques observations
sur le sens qu on doit attacher, en histoire naturelle, aux
mots £spèce, Variété, etc. Après avoir fait observer avec
raison que la détermination des espèces, d'après la forme
des coquilles, est sujette à de nombreuses erreurs, et qu'il
faut absolument recourir à l'examen des animaux, l'au-
teur résume son opinion en disant qu'il convient de re-
garder
Fr: L'espèce comme étant la réunion d'individus de même
origine et se reproduisant semblables, sous la con-
dition d’une complète faculté de propagation.
3 La varieèté comme une déviation simultanée produite
par une influence extérieure ou intérieure, mais de-
venue héréditaire.
3° La sous-variéte (Spielart) comme un changement peu
important de caractère qui ne se conserverait que
faiblement.
4° La déviation individuelle comme un caractère variable
propre à l'individu isolé et se développant dans le
même lieu,
S+ P:
Zerrsenrirr Fur MALAKOZOOLOG1E herausgegeben von
Karl. Theod. Menke D. M. und D: Louis Pfeiffer.
Journal de Malacozoologie, publié par MM. Menke,
d. m., et Louis Pfeiffer. (Cassel).
Plusieurs naturalistes allemands se sont réunis, dès
l'année 1843, pour fonder, sous le titre ci-dessus, un
journal spécial destiné à suivre et à faire progresser les
ET
études conchyliologiques. Ge recueil, à la rédaction du-
quel concourent MM. Menke, Pfeiffer et Philippi, déjà
connus par d'autres travaux fort intéressants, continue de
paraître, quoique avec un peu moins de régularité peut-
être que dans le principe. Nous n'avons pas besoin de
dire ici toute l'estime que nous faisons des savants distin-
gués que nous venons de désigner, et dont nous imitons je
louable exemple en essayant de fonder aussi en France
un Journal spécial de Conchyliologie. Le tribut de recon-
naissance que nous leur devons consistera à faire connaî-
tre le zèle et le soin qu'ils apportent à poursuivre leur
entreprise. Nous signalerons aussi à nos lecteurs les faits
les plus saillants d'une publication écrite dans une lan-
gue malheureusement encore Lien peu connue en France.
Nous ferons, dès aujourd'hui, une mention toute parti-
culiètre de la découverte faite, dans l'ile de Cuba, d’une
coquille que M. Pfeiffer considère comme devant consti-
tuer un genre nouveau auquel il donne le nom de Gund-
lachia.
La coquille dont il s'agit, découverte en 1848 par M. le
D' Gundlach, qui l’a envoyée à M. Pfeiffer, avait été d'a-
bord prise par celui-ci pour un nouvel Æncylus différent
de l4nc. havanensis, précédemment décrit par lui; mais
cette ressemblance trompeuse se bornait à la partie supé-
rieure de la coquille : car elle est, en dessous, presque
fermée par une lame horizontale laissant une ouverture
semi-circulaire à l’extrémité antérieure.
Cette espèce, que M. Gundlach a fait connaître comme
étant une coquille d’eau douce, ne peut être réunie, selon
M. Pfeiffer, à aucun des genres admis jusqu’à présent. Sa
ressemblance avec lAÆnceylus n'est que superficielle : elle
aurait plus de rapport avec les G. Vavicella et Neritina ;
mais On serait d'autant moins fondé à la rapporter à l'un
de ces genres qu elle ne paraît pas pourvue d’opercule.
La coquille nouvelle ressemble le plus, pour la forme,
en
à celle de lÆnc. lacustris d'Europe; imais, par rapport à la
longueur, elle est proportionnellement plus étroite. Les
mesures données de quelques-uns des plus grands indi-
vidus ne sont pas tout à fait constantes, parce que quel-
ques-uns sont plus comprimés des côtés, et par là sont
proporlionnellement plus élevés. Le sommet obtus de la
coquille en bon état (en tant que nous devons considérer
le côté de l'ouverture comme le côté antérieur ) est placé
environ après les 2/3 de toute la longueur et forme le
point le plus élevé du cône oblique déprimé. De là par-
tent des stries serrées rayonnantes, non interrompues par
une strie d'accroissement concentrique et se prolongeant
jusqu'à la circonférence qui, cependant, ne paraît pas
crénelée, et forme au bord un angle aigu avec la lame
intérieure de Ja coquille.
Cette lame est horizontale, très finement rayée, imper-
cepliblement voûlée, ettient, chez les jeunes individus,
plus des deux tiers, et dans les adultes à peine les deux
tiers de la longueur. L'ouverture est semi-circulaire , et
bordée à l'intérieur par un bourrelet blanc, étroit, en
lèvre.
La coquille est de couleur cornée claire ; mais la plu-
part des individus, comme beaucoup de coquilles d'eau
douce, sont revêtus d’un mince épiderme noirâire.
Voici la caractéristique de ce nouveau genre :
G. Gunpzacura Pfeiffer : Testa tenuis, ancyliformis,
non spirata. obliquè conica, vertice retrorsum inclinato ;
latere basali lamina plana, horisontali ad duos trientes
clauso ; apertura antica, horisontali, semicirculart.
Operculum nullum
Animal....?
Gundlachia. Æncyliformis : Pfeiff. ‘F. oblonga, con-
fertim radiato-striata, pallidè cornea , vertice retrorsum
2 Eee
ad 2/3 longitudinis posito, obtusiusculo ; apertura 1/3 pa-
ginæ inferioris subæquante , intus albo-labiata.
Long. 4 1/2, larg. 2.1/3, haut. 1 1/2-2/3 miil.
M. le professeur Troschel a fait, à l’aide du microsco/;e,
quelques observations sur des animaux desséchés des
Gundlachix envoyées de Guba, observations d’après les-
quelles ce genre semblerait devoir prendre place dans la
famille des Lymnéacées ; mais M. le D' Pfeiffer annonce
qu'il espère pouvoir bientôt donner à ce sujet des obser-
vations plus précises, et nous attendrons qu'il les publie
pour les faire connaître à nos lecteurs.
Dans le même numéro de son journal (pag. 113), M. le
D: Pfeiffer a émis l'opinion que la coquille décrite par
M. Benson, sous le nom de Ænostoma Boysii (Annals and
mag. of nat. hist. 1848, Ser. IT n° 9, p.164), ne pouvait
raisonnablement être conservée dans ce genre, opinion
dans laquelle il a été confirmé par l'étude qu'il a faite des
quatre espèces de Tomigerus connues jusqu à présent et
chez lesquels la disposition des dents constitue, non un
caractère spécilique, mais bien un véritable caractère
générique.
I arrive souvent, dit M. Pfeiffer, qu'en fait de classi-
fication, le même caractère à, dans différents groupes,
familles ou genres, ïine valeur et une importince très
différentes. On doit évidemment, dans certains genres,
comme parexemple dansles G.Cypræa, Conus, Oliva ete.,
considérer la couleur comme très utile pour la détermi-
nation des espèces, tandis que, dans d'autres familles,
elle ne peut suffire pour caractériser les variétés, ni même
les déviations individuelles. De inêine les dents de la
bouche, daus les G. helix et Bulimus, serviront très bien
pour l'établissement de groupes, mais non pour la forma-
LR LE
tion de genres, tandis que ces dents ont, d’après l’auteur,
une importance générique incontestable chez les Tomige-
rus etles Ænostoma.
Sous ce rapport encore, la structure de la coquille de
l'An. Boysi paraît très éloignée de celle des Tomigères
et de celle des Anostomes, et semblerait se rapprocher
davantage de celle des Pupa, ce qui a déterminé M. Pfeif-
fer à séparer cette espèce du genre dans lequel M. Benson
l'a placée pour en former, près des Pupa, un genre par-
ticulier quil caractérise de la manière suivante.
G. Boysia. Pfeiffer. Testa conico-globosa, rimata, an-
fractu ultimo arcuatim ascendente; apertu'a obliqua , sur-
sum reclènata, subrotundata, continua, edentula.
La seule espèce connue jusqu'à présent fut découverte
par le capitaine W. J. Boys, dont le noi fut donné par
M. Benson à l'espèce, nom que M. Pfeiffer donne main-
tenant au genre. Elle a été trouvée sous des pierres à
Hügelfort de Chittore dans le Rajpootana : un exemplaire
a été anssi trouvé à Ajmere. Le nom spécifique devant
être changé, M. Pfeiffer propose de nommer cette coquille
Boysia Bensont, Pf.
Nous regrettons de ne pouvoir donner, du moins quant
à présent, la figure des deux coquilles dont il vient d'être
question; mais nous ferons en sorte d'obtenir la com-
munication de ces espèces.
Les sept premiers numéros de 1849 qui nous sont par-
venus jusqu à présent du Zeitschrift Für Malakozoolosie,
contiennent un assez grand nombre d'espèces nouvelles
décrites avec le soin et l'exactitude qui caracté:isent les
travaux de MM. Philippi et Pfeiffer
SP:
OBSERVA'TION.
Ce premier cahier du Journal de Conchyliologie n'a pu
paraître aussitôt que nous l'aurions voulu : ce qui s'ex-
pliquera sans peine, si l'on réfléchit aux difficultés insé-
parables d'une publication de ce genre, surtout à sou dé-
but. Nous sommes les premiers à reconnaître que Îles
retards sont préjudiciables aux auteurs, en ce qu'ils peu-
vent compromettre l’antériorité de leurs travaux : aussi
ferons-nous dorénavant tous nos efforts pour qu'il s'écoule
le moins de temps possible entre le moment où les maté-
riaux nous seront remis et celui où ils seront livrés à Ja
publicité.
C'est aussi pour atteindre ce résultat que, dès à présent,
nous invitons avec instance ceux de nos collaborateurs
qui se proposent de nous donner des articles, ainsi que
ceux de nos souscripteurs qui auraient des communica-
tions à nous faire, à nous adresser leur manuscrit assez
tôt pour que le travail soit compris dans l'un de nos pre-
iniers cahiers.
Nous espérons pouvoir donner le second numéro du
journal dans le courant du mois d'avril.
S. Perir.
15 Avril 1850.
VAR OMENNAR LE LEA LE LS VE LEVE LE ARR LAS LE ARLES LELS PEL LOUE ELLE LI AA LUI VELS ALL LE SARUS LU LR
Méuoire sur le genre Acréon d'Oken, par M. Souever.
(Suite).
4° ORGANES DE LA GÉNÉRATION. — L'appareil repro-
ducteur est très compliqué dans l’Actéon et s'éloigne,
par sa disposition, des formes observées jusqu'à pré-
sent dans les divers types de la classe des Gastéropodes;
M. Almann nous paraît être encore le seul qui ait bien
reconnu quelques-unes de ses parties.
Cet appareil accupe presque tout le corps de l'animal
et se trouve recouvert de toutes parts par les ramifications
hépatiques qu'il faut enlever pour le mettre à découvert ;
il réunit les deux sexes comme dans bgaucoup d'autres
Mollusques.
L'ovaire est constitué par un grand nombre de petits
corps arrondis, vésiculeux, disposés de manière à former,
de chaque côté de la ligne médiane, une grappe ayant
tout à fait l'apparence d'une grappe de raisin. Les deux
oviductes qui partent de ces grappes se réunissent bien-
tôt en un seul oviducte qui, après avoir traversé un corps
ovoïde ou réniforme, se renfle d'une manière considéra-
ble pour former le second oviducte que l'on désigne gé-
néralement sous le nom de matrice. Celle-ci est peloton-
née, comme d'ordinaire, en une masse globuleuse qui
remplit, avec le tube digestif, presque toute sl portion
LL OUR
cervicale du corps de l'animal, et, après avoir reçu le ca-
nal de cette vésicule à long col qui est connue sous les
noms de vésicule de la pourpre, vésicule copulatri-
ce, etc. (1), elle s'ouvre à l'extérieur, du côté droit, à la
position que nous avons déjà indiquée.
Nous considérons la portion de l'appareil reproducteur
que nous venons de décrire, comme ja partie femelle, d'a-
près l'examen microscopique qui démontre d'une manière
manifeste la présence des œufs dans les petits corps glo-
buleux disposés en grappes, et d’après l’analogie qu’of-
frent les conduits que nous avons décrits comme l’ovi-
ducte et la matrice, avec ces parties de l'appareil générateur
dans les autres Gastéropodes.
M. Almann a bien vu les petits corps vésiculeux de
l’ovaire et même les œufs qui sont contenus dans leur in-
térieur, mais il n'a pas saisi leurs relations avec l'ovi-
ducte qu'il a cependant figuré d’une manière exacte, ainsi
que le renflement ovoïde que cet oviducte traverse sur
son trajet. Cet anatomiste a vu aussi la masse globuleuse
formée par la matrice qu'il a moins bien représentée et
qu’il a considérée à tort comme le testicule ; la conforma-
tion de cette partie, sa structure ét ses connexions avec
la vésicule à loñg col (2), que M. Almann a pourtant
bien figurée aussi, ne peuvent laisser dans le doute sur
sa nature et sur son véritable rôle.
La partie mâle est formée postérieurement, comme la
précédente, de deux portions semblables situées de cha-
(4) Voir, pour les fonctions de cet organe, l’article de M. Gratiolet,
contenu dans ce N° du Journal de Conchyliologie.
(2) La partie renflée de l’oviducte dans laquelle les œufs s’accumulent
et séjournent avant la ponte, et que l’on désigne pour cela sous le nom de
matrice, se reconnaît en effet assez facilement, dans la plupart des Mollus-
ques hermapbhrodites, aux circonvolutions qu’elle forme ordinairement, à
ses parois comme gélatineuses qui se gonflent et se boursouflent dans
l’eau, enfin à la présence de la vésicule à long col qui s’y abouche tou-
jours, non loin de son orifice.
se got <
que côté de la ligne médiane et offrant l'aspect de cœ-
eums qui se ramifient dans les expansions latérales du
corps de l'animal. Ces cœcums, dont les paroïs sont épais-
ses, blanchâtres, et qui sont parcourus par un canal ca-
pillaire à leur centre, aboutissent, des deux côtés, à un
conduit déférent qui, après avoir communiqué avec l'o-
viducte, vers le point où celui-ci se continue avec la ma-
trice, se dirige en avant, en décrivant quelques flexuosi-
tés, pour se rendre jusqu’à la verge.
Ce dernier organe, placé à l'extrémité antérieure de
l'animal, du côté droit, a la forme d’un cône creux, re-
courbé, dont l'axe est occupé par le conduit déférent qui
va souvrir à son extrémité et qui offre un petit renile-
ment ovoïde au niveau de sa base; quelques faisceaux
musculaires très déliés servent à le retirer dans la cavité
du corps ou à le faire saiïllir au dehors, par l'orifice que
nous avons indiqué et qui se trouve à la base du tentacule.
Nous regardons les cœcums ramifiés comme l'organe
sécréteur mâle, d’après les connexions du conduit excré-
teur qui naît de ces cœcums avec la verge et d’après l’exa-
men microscopique de leur tissu qui nous a montré d’une
manière non douteuse les capsules dans lesquelles se dé-
veloppent les zoospermes (1).
Outre les parties que nous venons de décrire, le sys-
tème reproducteur de l'Actéon se compose encore d’un
autre petit appareil qui offre quelque analogie avec l'o-
vaire et qui est constitué en effet par un grand nombre de
vésicules extrêmement petites, attachées par un court pé-
dicule à un conduit central dont les divisions et subdivi-
sions accompagnent rigoureusement les ramifications de
la partie mâle. Lorsqu'on examine avec soin ces dernières
(4) Nous n'avons pu faire cet examen que sur des individus conservés
depuis assez longtemps dans l’alcool ; pour bien constater la présence
des z0ospermes dans ces organes, il serait nécessaire d'examiner des iudi-
vidus frais et recueillis à l’époque de leur reproduction.
— 109 —
ramifications, on voit ramper à leur surface celles du petit
appareil dont nous parlons, ce qui peut faire confondre
d’abord ces deux parties, comme l'erreur en a été commise
par M. Almann ; mais on peut assez facilement les séparer
et s'assurer ainsi qu'elles sont tout à fait indépendantes
l’une de l’autre, comme le montrent nos figures. Ce nou-
vel appareil forme donc aussi, sur les côtés de la ligne
médiane, deux espèces de grappes dont les branches très
grêles sont partout accolées aux ramifications de la partie
mâle qu'elles accompagnent dans leur distribution, et
aboutissent également en avant à un canal excréteur uni-
que qui longe le conduit déférent et qui nous a paru s'ou-
vrir dans | oviducte.
Nous avons cherché, comme pour les autres parties de
l'appareil générateur, à déterminer les fonctions de cet
organe en examinant au microscope les petites vésicules
qui le constituent et les conduits dans lesquels ces vési-
cules versent leur produit; mais nous n'avons jamais
trouvé qu'une matière semi-fluide, contenant des globu-
les qui ne ressemblaient ni aux ovules ni aux cellules
spermatiques, ce qui nous porte à le considérer comme
un organe sécréteur particulier, annexé à l’appareil re-
producteur et probablement à la partie femelle de cet ap-
pareil, d’après ses connexions avec l'oviducte.
M. Almann a bien figuré la verge, le canal déférent et
la communication de ce canal avec la fin de l'oviducte (1);
mais il n'a pu suivre ce même canal au-delà de sa bifur-
ation postérieure et n'a pas vu par conséquent ses con-
nexions avec les cœcums ramifiés de la partie mâle, qu'il
a confondus, comme nous l'avons déjà dit, avec le petit
appareil sécréleur que nous venons de décrire et avec les
corps vésiculeux de l'ovaire.
(1) Nous n’avons jamais rencontré, sur le trajet de l’oviducte, le petit
renflement qui setrouverait au point où se fait cette communication, d’a-
près la figure donnée par M. Almann.
— O1 —
5° SxsTÈME MUSCULAIRE. — Ce système est fort peu dé-
veloppé dans les Actéons qui diflèrent surtout des autres
Gastéropodes par l'absence de ce disque musculaire qui
constitue le pied chez ces derniers, ainsi que nous l’a-
vons déjà fait remarquer en parlant des caractères exté-
rieurs de ces Mollusques ; cette partie n'est plus repré-
sentée que par quelques faisceaux musculaires qui, de
l'extrémité antérieure de l'animal, se prolongent jusqu'à
sa partie postérieure, et par une couche très fine de fibres
transverses qui doublent l'enveloppe extérieure.
Le système musculaire de l'Actéon comprend encore,
comme d'ordinaire, les petits faisceaux qui servent aux
mouvements de la masse buccale et de la verge.
6° OrGaANEs pes sens. — Nous avons déjà parlé, dans
la description extérieure de l'animal, des organes spé-
ciaux du toucher, c’est à dire des tentacules, et nousavons
indiqué leur position ainsi que leur forme qui est peut-
être un peu variable suivant les espèces. Ges organes ne
sont pas rétractiles comme dans la plupart des Mollusques
pulmonés, mais ils paraissent jouir d’une assez grande
contractilité,
Les yeux, placés en arrière des tentacules, se présen-
tent sous l'aspect de points noirs, entourés d’un cercle
blanchâtre. Lorsqu'on détache ces organes et qu'on les
examine à un grossissement. convenable, on voit qu'ils
sont formés par une capsule transparente dans laquelle
on distingue un cristallin sphérique, comme enchässé
dans une petite masse de pigment noiïrâtre qui se trouve
placée en arrière, et dans laquelle on voit pénétrer le nerf
optique; nous n'avons pu bien voir la disposition de ce
nerf à sa terminaison, au centre de la masse pigmen-
taire.
Les organes particuliers dont nous avons Îles premiers,
M. Eydoux et moi, signalé l'existence dans les Mollus-
— 108 =—
ques gastéropodes (1), qui ont été décrits depuis avec
beaucoup de précision, surtout par M. Siebold, dans un
grand nombre de ces animaux et que l’on considère gé-
néralement aujcurd'hui comme des organes d’audition
rudimentaires, existent chez l’Actéon comme ils parais-
sent exister du reste dans tous les Mollusques, même les
acéphalés. Ils sont constitués par une petite capsule trans-
parente, unie par un cordon de communication avec les
ganglions cérébraux et contenant un nucléus également
transparent et solide.
Nous n'avons rien à dire des organes du goût et de l’ol-
faction, dont on ne connaît pas encore exactement le siége
dans les animaux du type des Mollusques.
7° SysTÈME NERVEUX. — Le collier nerveux, situé en
arrière de la masse buccale, se compose de sept gan-
glions groupés autour de l’œsophage.
Deux de ces ganglions, les ganglions cérébraux , pla-
cés au-dessus de l’æsophage et accolés sur la ligne mé-
diane, fournissent, comme dans les autres Mollusques,
plusieurs paires de nerfs qui se rendent aux yeux, aux
tentacules, aux capsules auditives, aux lèvres et à la
bouche. Ces derniers nerfs, c'est-à-dire les nerfs buc-
caux , aboutissent à deux petils ganglions sphériques qui
sont situés à l’origine et sur les côtés de l'œsophage et qui
se trouvent réunis par une très fine commissure; de la
partie antérieure de ces ganglions naissent plusieurs filets
qui se distribuent à la langue et aux parois buccales, et de
leur partie postérieure partent deux autres filets récur-
rents qui accompagnent l'œsophage jusqu’à l'estomac, où
ils aboutissent à deux ganglions analogues fournissant
d’autres filets nerveux destinés à ce viscère.
En dessous des ganglions cérébraux se trouvent pla-
(1) Annales françaises et étrangères d’anatomie et de physiologie, Tom. Il,
P : 805.
LOS E
cés deux autres ganolions tout à fait semblables pour la
forme et pour le volume; ces ganglions sont également
réunis sur la ligne médiane par une commissure très
courte, et ils sont en outre unis supérieurement avec les
ganglions cérébraux de manière à circonscrire, avec ces
derniers, l'ouverture qui est traversée par l’œsophage; ils
fournissent deux paires de nerfs qui se rendent au pied
ou à la partie de l'enveloppe extérieure qui représente
cette partie.
Les trois autres ganglions qui entrent dans la compo-
sition du collier, placés en arrière des précédents, sont
beaucoup moins volumineux et ne sont plus dispo-
sés d'une manière aussi parfaitement symétrique. Deux
de ces ganglions sont latéraux; le troisième est inférieur
et médian. Des commissures très courtes paraissent les
unir entr eux et aux deux paires de ganglions précédem-
ment décrits; les nerfs qui en partent paraissent se ren-
dre exclusivement aux organes de la respiration, à ceux
de la génération et aux autres viscères.
IV°. — HisToirE NATURELLE.
Les Actéons vivent sur les bords de la mer, dans les
lieux abrités et tranquilles; on les trouve ordinairement
au milieu des plantes marines sur lesquelles ils rampent,
et quelquefois aussi, d’après les observations de Risso et
de Bosc, sous les pierres et sur les fonds vaseux; mais ces
différences dans l'habitation ne tiennent peut-être qu’à
quelque circonstance particulière, telle que l’accouple-
ment ou la ponte des œufs.
M. Leroy de Méricourt, qui a bien voulu nous trans-
mettre les observations qu'il a recueillies sur les Actéons,
aux environs de Brest, nous a dit avoir toujours cherché
inutilement ces Mollusques sur la côte, pendant les ma-
rées ordinaires, tandis qu’il les trouvait, au contraire, en
grande quantité dans certaines localités que la mer laisse
— 104 —
à découvert dans les grandes marées, et où se trouvent en
même temps des plantes marines, Ainsi, M. Leroy de
Méricourt les a surtout rencontrés sur le banc de St-Marc,
qui est ordinairement couvert par la mer, et où croît en
abondance le genre Spongodium. M. Almann dit aussi,
dans son mémoire, avoir recueilli un grand nombre de ces
Mollusques, en draguant surles plantes marines du genre
Zostera, qui poussent dans les havres de Glandore, de
Castletownsend, etc.
Les observateurs ne sont pas d'accord sur l’époque de
l’année à laqueile les Actéons se montrent sur les rivages.
M. Cantraine dit ne les avoir trouvés que pendant l'hi-
ver, depuis la fin de novembre jusqu'au mois de mars ;
d'après Risso, ils n'apparaîtraient qu'en mars et avril;
M. Delle-Chiaje ne les a également rencontrés qu'au
printemps; M. Almann les a recueillis en août et en sep-
tembre; M. Leroy de Méricourt les a trouvés en grande
quantité, aux environs de Brest, pendant les mois de juin
et de juillet, et ils sont devenus ensuite de plus en plus
rares dans les mois d'août et de septembre; enfin, d’après
M. Vérany, ils se montreraient quelquefois pendant toute
l'année. L'apparition de ces Mollusques sur les rivages
coïncide probablement, comme on l'a observé pour d’au-
tres Gastéropodes nus, avec l'époque de leur reproduc-
tion , ce qui pourrait expliquer peut-être les différences
que nous venons de signaler. L'on peut remarquer, en
effet, que cette apparition a lieu, d’après les observations
précédemment citées, à une époque d'autant plus avancée
de l’année que les lieux où ces observations ont été fai-
tes sont plus rapprochés du nord et que la température y
est par conséquent moins élevée.
Les Actéons vivent ordinairement en groupes plus ou
moins nombreux et, pour ainsi dire, en familles : M. Le-
roy de Méricourt en a trouvé quelquefois jusqu'à vingt
sur la mêine plante.
— 105 —
Ces Mollusques rampent très lentement sur les plantes
qu'ils habitent, quelquefois en étalant les expansions la-
térales de leur corps , mais le plus souvent en relevant
verticalement celles-ci qui forment alors une double crête
sur le dos, comme chez les Aplysies. Si l’on vient à les
toucher ou à les inquiéter, ils se contractent en rentrant
presque entièrement leur tête sous le manteau, comme l’a
observé notre ami M. Richaud, et ils donnent ainsi à
leur corps une forme presque globuleuse.
Tous les naturalistes qui ont étudié les mœurs et les
habitudes des Actéons ont aussi remarqué que ces Mol-
lusques aimaient à se tenir à la surface de l’eau, dans une
position renversée, à la manière de quelques autres Gas-
téropodes , et surtout des Pulmonés fluviatiles ; la forme
dilatée de leur corps et l'appareil aérien qui recouvre sa
face dorsale leur permettent sans doute de se maintenir
longtemps et sans eflorts dans cette position.
M. de Quatrefages dit avoir vu souvent les Actéons na-
ger et glisser pour ainsi dire dans l’eau, sans mouvement
apparent, à la manière des Pianaires , ce que ce natura-
liste explique par l’action des cils vibratiles qui tapis-
sent la surface de leur corps; mais si nous ne pouvons
révoquer en doute le fait que M. de Quatrefages dit avoir
observé, nous croyons fort contestable l'explication qu'il
en a donnée.
Les Actéons sont phytophages comme le sont en général
les Mollusques pulmonés ; M. Delle Chiaje les a vus faire
leur nourriture de l'Ulva porphyria et de l'Ulva intesti-
nalis ; M. Vérany, de l'épiderme de la Conferva linum ;
M. Leroy de Méricourt, du Spongodium bursa et du Spon-
godium adhærens. D'après ces observations, ces Mol-
Jusques paraïtraient se nourrir exclusivement des plantes
marines parmi lesquelles ils vivent. Leur cavité buccale
étant dépourvue de dents tranchantes, comme dans les
autres Mollusques phytophages, il faut croire que les Ac-
= 1406 =
téons se servent, pour déchirer les substances végétales
qui leur servent d’aliment, des crochets cornés dont leur
langue est armée.
M. Vérany s'est assuré que les Actéons ne produisent
point la liqueur pourprée qu'émettent les Aplysies, con-
trairement à ce qu'ont avancé Rang et Férussac (1) d’a-
près l’idée, sans doute, que l'organisation des Actéons
était semblable à celle de ces derniers Moilusques.
L'accouplement des Actéons a été observé par M. Vogt;
d’après la description que ce naturaliste en a donnée, il
ressemblerait beaucoup à celui des Limaces (2).
Les observations de MM. Vérany, Almann, Vogt,
ont bien fait connaître la forme sous laquelle ces Mol-
lusques déposent le produit de la génération ou leurs
œufs au dehors. Ces œufs, enveloppés par une subs-
tance albumineuse blanchâtre et un peu moins compacte
que dans les Aplysies, d'après M. Vérany à qui nous
empruntons surtout les détails que nous donnons ici,
sont disposés en cordons de 40 à 50 millimètres de lon-
gueur et de 1 millimètre et demi de diamètre; ces cordons
sont enroulés en spirales régulières de quatre à cinq tours
et forment ainsi des disques qui ont de 5 à 6 lignes de
diamètre. On trouve un grand nombre de ces disques sur
les feuilles des plantes marines qui servent d'habitation
aux Actéons, et l'on a vu ces Mollusques les déposer sur
les parois des vases dans lesquels on les tenait enfermés,
comme M. Almann en rapporte l'observation dans son
mémoire.
D'après M. Vérany, les œufs des Actéons ne contien-
draient ordinairement qu'un vitellus; mais cependant ce
naturaliste dit en avoir vu aussi dans lesquels se trouvaient
(1) Voir la Monographie des Aplysiens, par Rang, p. 80. — Voir le Dict.
classique d’Hist. natur., art. Actéon, par Férussac, Tom. I, p. 105.
(2) Mémoire sur le développement de l’Actéon : Annales des Scienees
naturelles, Tom. VI de la 3° série, pag. 18.
—"107 —
plusieurs vitellus, comme dans les œufs des Aplysies.
Le développement de ces œufs paraît se faire d’une ma-
nière assez rapide, car M. Almann a vu les jeunes Ac-
téons s’en échapper six jours après la ponte.
L'embryologie de l’Actéon a fait le sujet des recherches
de l’auteur que nous venons de citer, et plus récemment
de celles de M Vogt (1); ces deux observateurs ont cons-
taté le fait curieux, déjà signalé par M. Vérany et con-
forine à ce qu’avaient vu chez les Doris, les Tritonies, les
Aplysies, etc. MM. Sars et Van Beneden, savoir que ces
Mollusques sont, dans le premier âge, contenus dans
une coquille nautiloïde et operculée.
Le genre Actéon paraît répandu dans presque toutes
les mers; on le rencontre en effet sur plusieurs points du
littoral de la Méditerranée, sur les côtes de la Bretagne et
de la Manche, sur celles de l'Angleterre. Comme nous
l'avons vu précédemment, Bosc l’a trouvé dans la baie de
Charleston, dans l'Amérique septentrionale, et MM. Quoy
et Gaimard en ont fait connaître une espèce recueillie dans
la rade de Sidney, au port Jackson. Il est probable que
des recherches attentives feront constater l'existence de
ces Moliusques dans d’autres points, car MM. Quoy et
Gaimard ont aussi rencontré dans les iles de l'Océanie, à
Tonga-T'abou, le genre Placobranche qu'avait découvert
aux îles de la Sonde Van-Hasselt, et qui nous paraît très
voisin des Actéons, s’il ne doit même être réuni à ce der-
nier genre,
Vo. — CLASSIFICATION.
Les zoologistes ont classé très diversement l'Actéon,
suivant l'idée qu'ils se sont faite de l'organisation de ce
Mollusque : c’est ainsi qu’on l’a rapproché successivement
(1) Voir les Annales des Sciences naturelles, Tom. VI de la 3° série,
pP. 5.
— 108 —
des Aplysiens, des Pulmonés, des Placobranches, des Nu-
dibranches et même des Planariées.
M. Almann s'est rangé à l'opinion de M. de Quatre-
fages qui a placé les Actéons auprès des Eolides, en se
basant sur l’analogie qu'il a cru reconnaître dans les prin-
cipaux caractères anatomiques de ces deux genres de
Mollusques. Cette opinion serait très fondée en eflet, si,
comme l’a cru M. Almann, les ramifications qui recou-
vrent supérieurement les expansions latérales du corps de
l’Actéon étaient des ramifications vasculaires branchiales,
ce qui rendrait parfaitement exact l’ingénieux rapproche-
ment établi par cet anatomiste entre ces expansions folia-
cées, dans lesquelles pénètrent les ramifications hépati-
ques, et les papilles branchiales des Eolides. Mais nous
avons vu qu'il n'en est pas ainsi : M. Almann s'est mépris
sur Ja nature de ces ramifications et, par suite, sur celle
le l'appareil respiratoire de l'Actéon, ce qui doit faire as-
signer d’autres affinités à ce Mollusque.
Si nous accordons à ce dernier appareil l'importance
qui lui a été donnée par tous les classificateurs, puisque les
Gastéropodes ont été généralement distribués d’après la
forme et la disposition des organes respiratoires, nous de-
vons placer l'Actéon parmi les Mollusques pulmonés et
nous nous trouvons ainsi conduit à le rapprocher, comine
l'a fait Oken, de lOnchidie et en même temps des Pul-
monés fluviatiles, auxquels il ressemble encore plus par
les mœurs.
Cependant les Actéons tiennent aussi aux Nudibran-
ches par quelques-uns de leurs caractères anatomiques et
par les métamorphoses qu'ils subissent dans le premier
âge; nous avons vu, en effet, que le foie offrait chez ces
Mollusques, la disposition remarquable qu'il présente
dans tous les Eolidiens et qui paraît exister également,
d’après les belles observations de MAL. Alder et Hancock,
dans certaines espèces de l’ancien genre Tritonie; l'appa-
— 109% —
reil générateur, auquel les malacologistes ont encore ac-
cordé une grande importance dans les classifications, est
tout à fait semblable, comme nous le ferons voir dans
un autre travail, à celui des Calliopées qui s'unissent aux
Eolides par plusieurs points de leur organisation; enfin
nous avons cité les observations de MM. Vérany, Almann
et Vogt qui ont constaté que les Actéons, comme les Do-
ris, les Tritonies, les Eolides, etc., sont contenus, à leur
sortie de l'œuf, dans une coquille nautiliforme et oper-
culée.
D'après ces considérations, les Actéons nous semblent
devoir constituer une famille intermédiaire aux pulmonés
fluviatiles et marins et au groupe des Nudibranches dans
lequel on range aujourd'hui les Eolides, les Glaucus, les
Tergipes, etc ; la transition des Actéons à ces derniers se
ferait, d'après ce que nous avons dit ci-dessus, par les
Calliopées.
Nous partageons entièrement l'opinion des malacolo-
gistes qui ont rapproché le genre Placobranche de Van-
Hasselt du genre Actéon, et nous pensons aussi que ces
deux genres doivent être réunis dans une même famille;
nous sommes même très porté à croire, d’après les ren-
seignements qu'ont donnés sur les Placobranches MM.
Quoy et Gaimard, dans la zoologie du voyage de l_1stro-
labe (1), que ces Mollusques devront être confondus peut-
être dans un même genre avec les Actéons.
VI°. — Esrèces.
Nous avons, dans la description extérieure que ncus
avons donnée de l'Actéon, suffisamment indiqué les ca-
raclères zoologiques qui peuvent servir à caractériser ce
genre (2). Il nous reste, pour compléter son histoire, à
(4) Voir cet ouvrage, Tom. II, p. 319.
(2) M. Vérany est le seul zoologiste qui nous paraisse avoir donné d’une
manière exacte ces caractères.
— 110 —-
dire quelques mots des espèces qui ont été proposées ou
décrites, et des caractères sur lesquels la distinction de
ces espèces nous paraît devoir être établie.
Parmi ces caractères, celui qui nous semble devoir
servir surtout à la spécification, se trouve dans la forme
du corps de ces Mollusques : les Actéons présentent en
effet, sous ce rapport, des différences assez tranchées.
Dans les uns, les expansions latérales, larges en avant,
vont ensuite en se rétrécissant jusqu'à l'extrémité posté-
rieure , ce qui donne au corps de ces Actéons une forme
oi : c'est la forme qu'offre l'espèce que nous avons
figurée et que nous croyons être la même que celle qui a
servi aux observations de Montagu, de MM. Delle-
Chiaje et Cantraine, d’après les dessins qui en ont été
donnés par ces naturalistes. Cette espèce paraît apparte-
nir surtout à la Méditerranée (1).
Dans d’autres, ces expansions offrent leur plus grande
largeur à la partie moyenne et vont ensuite en se rétré-
cissant en avant et en arrière, de manière à représenter
un losange tronqué à sa partie antérieure qui se continue
avec la tête, et dont les angles latéraux sont plus ou
moins arrondis. Nous avons trouvé cette forme sur tous
les individus provenant des côtes de la Bretagne et nous
la considérons comme appartenant à une espèce distincte
de la précédente, avec laquelle elle nous paraît avoir été
confondue par M. Almann. Cette espèce se distinguerait
aussi par sa taille plus petite, car les plus grands indivi-
dus observés par M. Almann et par nous n'ont jamais
présenté plus de 15 à 16 millimètres, tandis que la taille
de l'espèce précédente est ordinairement de 2 à 3 centi-
mètres. Elle habite les côtes de la Bretagne, de la Man-
che et celles d'Angleterre; mais elle paraît appartenir
aussi à la Méditerranée, d'après la figure que Risso a don-
(1) Nous ne savons sur quoi s’est fondé M. Cantraine pour dire que
l'individu figuré par Montagu provenait de la Méditerranée.
— 11 —
née de son Ælysie timide, et c'est par conséquent sous
cette dénomination spécifique qu'il faudrait la désigner.
La figure que Bosc a donnée de son Æplysie verte nous
semble présenter une troisième forme différente des deux
précédentes. Sur l'individu représenté par cette figure,
les expansions latérales ne paraissent avoir ni la forme
lancéolée , ni la forme losangique que nous venons d'in-
diquer, mais ces expansions représenteraient un ovale
allongé, un peu acuminé à sa partie postérieure. On peut
donc le considérer comme constituant une troisième es-
pèce qui se distingue en outre d'une manière tranchée
par la forme de la tête; Férussac a déjà établi cette es-
pèce qu'il a désignée sous le nom d’Aplysiforme (1) : nous
avons dit que Bosc l’avait rencontrée dans la baie de
Charleston, sur les côtes de l'Amérique septentrionale.
Sa taille ne dépasserait pas 2 centimètres.
Enfin , l'espèce vroposée par MM. Quoy et Gaimard
sous le nom d’Æctéon austral nous paraît également diffé-
rer des précédentes, par la manière dont les expansions
latérales se prolongent sur la portion cervicale, ainsi
que par la forme et la longueur des tentacules. Cette es-
pèce, trouvée au port Jackson, aurait à peine un centimé-
tre de longueur.
On a encore établi quelques espèces d'après la colora-
tion. Les Actéons offrent généralement une couleur verte
qui est due, comme nous l'avons déjà fait remarquer, aux
ramifications hépatiques qui doublent partout l'enveloppe
extérieure; cette couleur est nuancée dans la plupart de
ces Mollusques par des taches bleues , roses, etc., ou par
de petites bandes d'un rouge pourpre, violacées ou noi-
râtres; mais ces particularités de coloration , très varia-
bles, ne nous paraissant pas offrir assez d’isportance pour
qu’on puisse les faire servir à des distinctions spécifiques.
(4) Dict. classique d’Hist. nat., art. Acræon, Tom. I, p. 105.
— 112 —
Nous n'admettons donc pas les espèces qui ont été pro-
posées, d'après ce caractère, par MM. de Quatrefages et
Cantraine.
Les espèces du genre Actéon se réduiraient donc, jus-
qu'à présent, aux quatre espèces que nous avons indi-
quées (1).
Explication des planches.
Plefe
Fig. 1. — L'Actéon vu par-dessus, les expansions laté-
rales du corps relevées. — à, orifice de l’anus.
Fig. 2. — Le même, vu par-dessous ou par le pied.
Fig. 3. — Le même, vu par le côté droit. — a, orifice
de l'anus; 0, orifice de la matrice ou par lequel sortent
les œufs; v’, orifice de la verge. (Dans ces trois figures,
l'Actéon est grossi deux fois).
Fig. 4. — Actéon grossi plusieurs fois, les expansions
latérales du corps abaissées pour montrer la poche pul-
monaire et les canaux ramifiés qui en partent. La poche
pulmonaire est ouverte dans presque toute son étendue,
de manière à faire voir les orifices de ces canaux dans sa
cavité. Deux de ces canaux, ceux qui se distribuent à la
partie postérieure du corps, sont aussi ouverts à leur ori-
gine pour montrer leur communication avec la poche.
En avant de la poche pulmonaire, la peau a été incisée
sur la ligne médiane, jusqu à l'extrémité antérieure de
l’animal. Cette coupe de la peau met à découvert, d’ar-
rière en avant, le cœur renfermé dans son péricarde qui
a été aussi ouvert; l'aorte qui en part et qui va se rendre
(1) Nous croyons, avec M. Gantraine, qu’il faudra substituer le nom
d’Elysie proposé par Risso à celui d’Actéon donné par Ocken à ce genre,
parce que cette dernière dénomination est postérieure à celle de Risso et
qu’elle offre en outre l’inconvénient d’avoir été appliquée par Montfort à
un autre genre de Mollusques, celui auquel Lamarck a donné depuis le
mom de Tornatelle. :
— 113 —
à la masse buccale, en traversant le collier nerveux ; ce
collier nerveux et les nerfs qui en partent; l'intestin, qui
s'en échappe en dessous et se dirige ensuite en arrière
pour venir s'ouvrir à la position indiquée; en avant du
collier nerveux, la masse buccale striée transversalement
et, à sa partie antérieure, les granulations blanchâtres que
nous avons considérées comme des glandes salivaires.
Eufin, plus profondément, en dessous de l'intestin et de
l'aorte, l'on voit les circonvolutions de la matrice et la
vésicule à long col.
Les lettres de cette figure indiquent : p’, l'orifice de la
poche pulmonaire ; a, l'anus; £, l'intestin.
PL.:46!
Fig. 1. — Cette figure donne l'aspect de l’animal, lors-
qu'on a enlevé presque toutes les parties que montre la
figure précédente, c’est-à-dire la poche pulmonaire, les
canaux ramifiés qui en partent, la peau à laquelle ils adhè-
rent, le cœur et l’aorte, l'intestin et le collier nerveux. On
met ainsi à découvert la couche superficielle du foie qu
recouvre toutes les autres parties ; cette couche a été en-
levée ici dans une certaine étendue pour montrer l’appa-
reil de la génération qui se trouve placé entre cette cou-
che superficielle du foie et la couche profonde du même
organe, — 0 , orifice de la matrice; v, la verge, en partie
saillante au dehors.
Fig. 2.—Paroi supérieure de la poche pulmonaire,
détachée par une coupe, pour montrer le réseau vascu-
laire du poumon, l'oreillette dans laquelle s'abouchent
ces vaisseaux, et le ventricule qui fait suite à l'oreillette.
— c, ventricule du cœur .
Fig. 3. — Animal étalé, d'après un dessin fait sur le
vivant par M. Vérany. On voit sur cette figure la poche
pulmonaire, son orifiee, les canaux aériens et le tuber-
eule de l'anus.
5
= HIMÉE =
PI... :V:
Fig. 1.— Cette ligure montre le tube digestif en place.
une couche du foie et les grands canaux biliaires auxquels
aboutissent toutes les ramifications hépatiques. Ces rami-
fications se rendent, en avant, dans deux petits troncs
principaux qui viennent se jeter dans les deux grands ca-
naux postérieurs, tout près de l'estomac. — e, l'estomac.
Fig. 2. — Le tube digestif grossi et détaché. On voit
sur cette figure les ganglions buccaux, les ganglions
gastriques, et une partie des nerfs qui partent de ces gan-
glions.
Fig. 3.— La masse buccale vue par le côté, et une par-
tie de l’œsophage ; en arrière de l’orifice buccal, on voit
les granulations blanchâtres qui ont été considérées comme
des glandes salivaires : nous n'avons jamais vu celles-ci
constituées par de petites vésicules, comme l'a figuré
M. Almann. — Î, la saillie formée par la langue, se ter-
minant en arrière par un petit sac rempli de crochets cor-
nés semblables à ceux de cet organe.
Fig. 4. — La masse buccale ouverte, pour montrer sa
cavité intérieure et la langue.
Fig. 5. — La langue, vue de côté, avec les crochets
cornés dont elle est armée.
Fig. 6. — Les crochets détachés, disposés comme ils le
sont dans la langue.
Fig. 7.— Le collier nerveux vu par sa partie posté-
rieure.
Fig. 8.— Le même, vu par sa partie antérieure. —
Dans ces deux figures, les ganglions cérébraux occupent
la partie supérieure du collier.
PE VT
Fig. 1. — L'appareil de la génération entièrement isolé
de tous les autres organes. Pour qu'il n'y eût pas de con-
— 115 —
fusion dans cette figure , nous avons coupé, du côté droit,
toute la partie droite de l'appareil sécréteur mâle consti-
tuée par les cæœcums ramifiés, et nous avons également
enlevé, du côté gauche, la grappe de l'ovaire qui appar-
tient à ce côté.— d’, l'oviducte; d, renflement ovoïde que
l’oviducte traverse sur son trajet; m, m, m, la matrice ;
æx, la vésicule à long col; 0’, l'orifice extérieur de la ma-
trice ; v, la verge ; @, le canal déférent.
Fig. 2. — Une partie de l'ovaire grossie.
Fig. 3. — Une vésicule de l'ovaire considérablement
grossie, avec les œufs contenus dans son intérieur.
Fig. 4. — Un des œufs contenus dans les corps vési-
culeux de l’ovaire, grossi pour montrer sa composition,
c'est-à-dire le Vitellus, la vésicule de Purkinje et la tache
de Wagner ou germinative.
Fig. 5. — Un des cœcums de l'appareil sécréteur mâle
grossi, pour montrer les ramifications du petit appareil
sécréteur qui se trouve annexé à ces cœcums et qui est
représenté détaché sur une partie de la figure.
Fig. 6. — Capsules spermatiques que l’on trouve dans
les cœcums, et qui contiennent les cellules granulées dans
lesquelles se développent les zoospermes.
Fig. 7. — Quelques-unes de ces cellules grossies.
Fig. 8. — Une vésicule de l'appareil sécréteur annexé
aux cæcums de l'organe mâle, grossie pour montrer les
globules contenus dans son intérieur.
Fig. 9.— Le cordon des œufs de l'Actéon , grossi deux
fois.
Fig. 10. —L'Actéon, dans le premier âge, d'après la
figure donnée par M. Almann.
— 116 —
OBSERVATIONS SUR LES ZOOSPERMES DES [léLicEs ; par M.
Pierre GRATIOLET.
6 L.
On sait aujourd'hui que l'organe en grappe des Gasté-
ropodes hermaphrodites est à la fois un ovaire etun tes-
ticule. MM. Wagner et de Siébold ont trouvé, dans la
même glande génitale, des zoospermes et des ovules; on
doit à M. Laurent des observations analogues ; j'ai répété
souvent ces observations qui ne permettent plus le doute.
Les zoospermes et les œufs paraissent contenus dans les
mêmes follicules, et ce fait soulève une grande difficulté,
puisque ces œufs, formés au contact des zoospermes, de-
meurent néanmoins stériles et réclament, pour se déve-
lopper, l'influence d’un sperme étranger déposé, pendant
laccouplement, dans les organes copulateurs.
M. H. Meckel a essayé de résoudre ce paradoxe. D’a-
près cet habile anatomiste, la confusion des éléments
dans l'organe hermaphrodite n’est qu’une apparence. En
réalité ils sont distincts et séparés. L'illusion dans laquelle
on était tombé tient à ce fait singulier que le follicule tes-
ticulaire est contenu dans l'intérieur du follicule ovari-
que. Cette manière de voir est aujourd'hui généralement
aeceptée par les meilleurs anatomistes.
C'est là en effet une manière ingénieuse de voir les
choses ; mais les faits anatomiques sur lesquels on s’ap-
puie sont-ils absolument démontrés ? N’a-t-on pas été
trop loin dans l'interprétation d’un fait peut-être incom-
plétement observé ? Je ne hasarde cette question qu'avec
toute la réserve que commande l'habileté bien connue de
M. Meckel. Mais je ne puis m'empêcher de le dire, après
de longues recherches, répétées avec obstination, la sépa-
ration de l'élément mâle et de l'élément femelle, dans l’or-
Mie
gane hermaphrodite, demeure à mes yeux un fait extré-
mement douteux.
M. Meckel admet que l’ovule, au moment de sa forma-
tion, est situé hors de la cavité qui contient les zoosper-
mes : je le reconnais avec lui. Les cellules spermatopho-
res se développent dans la cavité du cœcum de la glande :
ce fait encore m'a paru exact ; à cette époque, les zoosper-
nes et les œufs sont séparés : toutefois, il n’y a point deux
cæcums invaginés.
L'œuf, en effet, naît, suivant toutes les apparences,
d'un follicule temporaire dans l'épaisseur de la paroi du
cœcuin : c'est une vésicule de Graaf, Avant la déhis-
cence de cette vésicule, l'œuf est séparé des éléments z00-
spermiques; mais, après la déhiscence, il tombe dans la
cavité du cœcum et s'écoule, avec le sperme, par les mé-
mes conduits.
L'examen de cette question réclamant absolument l'ap-
plication du microscope, la préparation des objets qu'on
étudie est une cause fréquente d'illusions et d'erreurs. On
ne saurait donc aflirmer qu'avec de grandes précautions.
Les cæœcums de l'organe en grappe des Hélices sont très
délicats; les compressions les plus légères amènent sou-
vent leur déchirure; ceux qui se rapprochent du point
d'insertion du canal déférent dans la glande conviennent
mieux en ce qu'il est plus facile de les isoler.
Quand on a vu les faits dans les /elix, il est bon de
chercher des confirmations dans l'étude de l'organe en
grappe des Limaces. La Limace commune de nos caves
est un sujet d'observation plus facile. Les cœcums, assez
transparents, sont plus grands et plus résistants que ceux
des Hélices. J'ai fait tous mes eflorts, pour découvrir sur
cette espèce les faits qu'annonce M. Meckel, etje n'ai pu y
réussir. Toutefois, comme des résultats négatifs ne peuvent
détruire des résultats d'observations, dont un habile au-
teur accepte la responsabilité, je me bornerai à dire que
— 118 —
cette question nest point aussi clairement résolue que
quelques auteurs l'ont admis.
Quoi qu'il en soit, dans l'hypothèse même où se placent
les partisans de l'opinion de M. Meckel, le problème
subsiste encore. Aucun anatomiste, en effet, n'ignore
combien est incomplète la séparation de l'utérus et du
canal déférent dans les Hélices. Fréquemment on rencon-
tre des filaments zoospermiques dans l'utérus d’indivi-
dus qui ne se sont point accouplés. Il y à quelques années
que M. Laurent ma fait voir un œuf de Limax flavus,
dans l’albumen duquel était englobé un peloton de fila-
ments zoospermiques. Or ces zoospermes ne pouvaient
guère provenir d'un accouplement, ainsi que nous le
verrons tout à l’heure. Or, que le rapport des zoospermes
el des œufs ait lieu dans l'ovaire, qu'il ait lieu dans l'uté-
rus, peu importe : ce rapport a lieu nécessairement. Il
restera donc à expliquer comment les œufs demeurent
inféconds au contact de l'élément zoospermique.
$ HE. LS
Les filaments Z00spermiques des Hélices ont été vus et
décrits par tant d'observateurs qu'il est inutile d'insister
sur leur description : ils sont très grêles ; leur longueur
totale égale, à peu de chose près, 1 millimètre ; une de
leurs extrémités est terminée en pointe aiguë ; l’autre ex-
trémité est légèrement renflée ; elle se recourbe un peu et
se termine en pointe; la longueur de la partie renflée égale
0" 0065 : cette partie est la tête, ou mieux le corps du
filament zoospermique.
Ces filaments diffèrent singulièrement d'avec les z60-
spermes des animaux supérieurs : il sont en effet à peu prés,
et peut-être tout à fait immobiles. Toutefois, on peut
éveiller en eux des mouvements , à l’aide du liquide alca-
lin qui suinte du tissu de l'animal. L'eau distillée produit
— 119 —
le même eflet, si, à l’aide d'un peu de soude ou de potasse
on la rend légèrement alcaline. Les filaments excités par
ce liquide s'agitent avec une certaine force , se contour-
nent en tire-bouchon etse dissolvent. Les acides ne pro-
duisent rien de semblable. L'eau pure n’a aucune action
apparente sur eux : ils s'y conservent plusieurs jours sans
altération.
L’immobilité singulière de ces filaments organiques
soulève un soupçon naturel. Ne seraient-ils pas les élé-
ments d’an sperme encore imparfait et infécond comme
celui des sujets trop jeunes ou hybrides? Get état ne se-
rait-il pas l’état primitif d’un zoosperme appelé à se per-
fectionner ailleurs ?
Cette question n'a jamais été examinée, et peut-être
est-elle digne de quelque attention.
$ I.
Afin de procéder avec méthode, je me suis proposé de
résoudre deux questions qui se présentent naturellement
à l'esprit.
1'° Question.
Dans quelle partie de l'appareil générateur femelle le
sperme est-il déposé pendant l’accouplement ?
Cette question peut être résolue par induction, d'après
la considération des organes de la génération. Cuvier
soupçonnait que ce long canal qui fait suite au vagin et
se termine par ce renflement qu'il désigne sous le nom
de vessie, reçoit l'organe mâle, pendant l’accouplement :
cette détermination a élé formellement acceptée par
M. Deshayes et mise hors de doute par les observations
de M. de Siébold et Wagner : la vessie mérite done le
nom de bourse copulatrice, Jamais les zoospermes éjacu-
— 120 —
lés ne sont déposés dans l'utérus, mais toujours dans le
canal de cette vésicule, quoique à des hauteurs diverses.
C'est un fait que j'ai vérifié un grand nombre de fois :
au surplus, c'est là une conséquence nécessaire de l’orga-
nisation des parties. La question qui vient d’être posée se
résout donc ainsi :
Le sperme est déposé, pendant laccouplement, dans une
vésicule copulatrice.
2me Question.
Que devient Le sperme déposé dans la vésicule copulatrice ?
J'ai dû m'enquérir avec soin des modifications que le
sperme subit dans la vésicule copulatrice. Les faits qu’on
découvre ici étaient si peu prévus que je ne puis m’em-
pêcher d'appeler sur eux toute l'attention des observa-
teurs.
J'ai surpris, au moment de l'accouplement un grand
nombre d'Hélix. Les filaments du sperme déposé dans la
vésicule étaient immobiles et semblables à tous égards à
ceux du canal déférent. Au bout d'un nombre de jours
très variable, suivant l’âge des individus et suivant le
degré de la température ambiante, on constate des chan-
gements remarquables :
1° La partie caudale du filament s'est raccourcie ;
2° La partie céphalique grandit.
Ainsi, quinze jours après l’accouplement, les sperma-
tozoaires du canal déférent et ceux de la vésicule copula-
trice m'ont présenté les longueurs suivantes, dans leur
partie céphalique.
Spermatozoaires du canal déférent : 0", 0065.
Spermatozoaires de la bourse copulatrice : 0"", 0110.
Ces résultats sont assez tranchés : la longueur de la tête
avait presque doublé. Ge n’est pas tout: de l'extrémité
— 121 —
amiucie de cette tête se détachait un filament flagelliforme
d'une extrême finesse.
Dans cet état, le zoosperme avait perdu son immobi-
lité primitive et s'agitait avec force ; la tête surtout s’in
curvait avec vivacité et agitait son filament flagelliforme.
Ainsi, la queue du zoosperme primitif s'était rac-
courcie; la tête, au contraire, avait subi un accroissement
notable. Enfin, le zoosperme présentait des marques d’un
mouvement non équivoque.
Gette observaticn est importante, parce quelle établit
une transition entre l’état primitif et l'état ultime du z00-
sperme achevé.
Dans cet état, la queue a complétement disparu. Le
z00sperme, réduit à sa partie céphalique, se présente sous
l'apparence d'un ver fusiforme. Le filament flagelliforme
a grandi. 1] s’est donc opéré une métamorphose singu-
lière. L'extrémité caudale des filaments zoospermiques
primitifs ayant disparu , le filament grêle qui pousse de
l'extrémité opposée devient l'extrémité caudaie du z00-
sperme parfait. Dans cet état, l’animalcule s’agite avec
une extrême vivacité, il se contracte en tous sens ; ses
mouvements rappellent ceux des zoospermes des Buccins,
et particulièrement du Buccinum nudatum. Le liquide
dans lequel il s’agite est lactescent. Si l’on ajoute un peu
d’eau à ce liquide, l'animalcule se contracte, se contourne
et se dissout rapidement.
J'ai mesuré avec soin les dimensions du corps de ces
êtres singuliers.
La plus grande longueur du corps égale 0", 0200.
Sa largeur moyenne, dans l’état d’'exten-
sion, égale 0"®, 0033.
Je n'ai pu, jusqu'à présent , parvenir à déterminer l'é-
paisseur et la longueur du filament caudal, à cause de son
extrême finesse.
Les observations qui font le sujet de cette note sont
199
faciles à vérifier sur les différentes espèces d'Hélices qui
sont communes aux environs de Paris. Plusieurs des faîts
que je signale ont été constatés par M. le professeur de
Blainville, par MM. Deshayes et Laurent. Je crois donc
pouvoir répondre à la deuxième question qui a été posée :
Le sperme infécond déposé dans la vésicule copulatrice Y
subit des modifications, par suite desquelles il acquiert la
propriété fécondante, et ces modifications consistent essen -
tiellement dans une métamorphose du z00sperme primilif.
6 IV.
Afin de donner à ces interprétations le sceau d’une
confirmation rigoureuse, j'ai dû étendre mes observations
à d’autres genres également hermaphrodites. Ces obser-
vations. qui ne sont point achevées, ne m'ont point
encore donné des résultats dignes d’être publiés.
J'ai étudié plusieurs individus du Zimax flavus : le plus
souvent j'ai trouvé des zoospermes dans la vésicule copu-
latrice.
Chez tous ces individus, les zoospermes, comparés à
ceux du canal déférent, présentaient une diminution no-
table du filament caudal. Chez quelques-uns, le filament
caudal avait absolument disparu : mais les têtes isolées
conservaient leurs caractères primitifs; elles étaient abso-
lument immobiles; il n’y avait à leur extrémité antérieure
aucune trace de filament flagelliforme. Ces observations
n'infirment point les observations précédentes, mais elles
ne les confirment point dans toutes leurs parties : de nou-
velles recherches sont donc encore nécessaires.
Mes observations sur les Lymnées et les Planorbes sont
également trop incomplètes, pour qu'on en puisse tirer
parti.
Ces observations seront continuées avec d'autant plus
d'attention qu'ici il ne suffit pas de solliciter la nature : il
108 —
faut la surprendre, pour ainsi dire, et, le plus souvent,
attendre du hasard une occasion favorable.
Ç V.
Les faits qui viennent d'être signalés jettent, peut-être,
quelque jour sur le fait inexpliqué de l'existence simulta-
née de deux espèces de zoospermes, dans le liquide fécon-
dant de la Paludine vivipare.
On y rencontre, en effet, à Ja fois :
1° Des filaments rigides à peine mobiles, à tête con-
tournée en tire-bouchon, dont l’analogie avec les z00-
spermes du canal déférent ne peut être méconnue: l’eau
pure ne les altère en aucune façon.
2° De longs cylindres dont l'extrémité postérieure porte
un pinceau de fils très fins. Ces corps singuliers se meu-
vent avec une extrême vivacité : l'eau pure les tue instan-
tanément.
Le sperme de la Paludine a été étudié en 1836 par
M. deSiébold, qui ne s'explique point sur la nature de
ces corps; on les cousidère , ici, comme des parasites
(Ehremherg) ; ailleurs, comme des faisceaux de zoosper-
mes normaux, ou comme des cellules sperimatophores très
allongées (Paasch et Kallliker).
La première opinion ne peut être que bien dificile-
ment acceptée : l'existence constante de ces éléments est
un puissant argument contre l’idée de parasitisme. La
seconde opinion ne peut être soutenue, et je me fonde sur
les raisons suivantes.
1° Chez tous les animaux mollusques, comme chez les
anknaux supérieurs, l’immobilité est le caractère du z00-
sperme imparfait, le mouvement est le signe du z00-
sperme achevé; le contraire aurait lieu, dans cette hypo-
thèse, chez la Paludine vivipare , et cela par une excep-
tion unique qu'on ne saurait admettre à priort.
— HDi
2° Si le zoosperme à tête en tire-bouchon des Paludi-
nes est l'analooue du filament zoospermique du canal dé-
férent des Limacinés, il doit se développer de la même
manière : ce que Ja raison indique , l'observation le dé-
montre. J'ai vu nettement des faisceaux de zoospermes
à tête en tire-bouchon contenus dans des vésicules sper-
matophores pareilles à celles des Hélices. Dans les uns et
dans les autres, les faits se développent d’une façon paral-
lle. Ainsi, les éléments mobiles du sperme de la Palu-
dine vivipare ue peuvent, en aucune façon, être considé-
rés comme des faisceaux primitifs de zoospermes.
Je proposerai à mon tour une troisième Rise sui-
vant celte hypothèse,
1° Les filaments presque immobiles à tête en tire-bou-
chon de la Paludine représentent les filaments zoosper-
miques primitifs du canal déférent des Hélices.
2° Les zoospermes cylindriques à pinceau terminal des
Paludines répondent aux zoospermes métamorphosés de
la vésicule copulatrice des Hélices.
Cette hypothèse n'est point absolument gratuite.
Il est certain que, parmi les filaments zoospermiques
immobiles de la Paludine, les uns sont plus petits et les
autres plus grands : ceux-ci paraissent représenter un état
de développement plus avancé.
Je regarde comme probable que la partie contournée,
qu ‘on appelle la tête du filament, donne naissance au
pinceau caudal qui caractérise le zoosperme arrivé à l'état
parfait.
Je soumets cette hypothèse à la critique des observa-
tions qu'intéresse la solution d'un problème, quen-
toure une obscurité, peut-être à jamais mystérieuse, mais
qui, pour charmer les regards de l'homme, a la puissance
des abîmes.
Je serais heureux, si ces observations, incomplètes en-
core, engageaient cependant les observateurs à suivre le
= 195 —
développement des éléments zoospermiques, chez tous
les animaux qui ont une vésicule copulatrice.
Nous avons déjà sur les liquides des testicules et de la
vésicule copulatrice des Bdellinnes de belles remarques
de M. Heule. Plus la difficulté de l'observation est grande,
plus l'intérêt du problème se développe. On ne saurait, à
cet égard, trop solliciter le zèle des micrographes dont les
recherches ont déjà fourni tant de bases précieuses à l’in-
terprétation de la nature (1).
Nomice sur le genre Gyrricarpe, par M. H. Mirrre,
chirurgien-major de la marine.
Le genre Cypricardia, dont les espèces étaient rappor-
tées, par les anciens auteurs, aux genres Chama et Myti-
lus, a été créé, comme chacun sait, en 1819, par Lamarck,
et placé, dans son Aistoire des Animaux sans vertèbres,
dans la famille des Cardiacées, à côté des Cardites et des
Bucardes.
Cuvier, prenant en considération la manière de vivre
de ces coquilles, et supposant que les animaux qui les ha-
bitent filent un byssus au moyen duquel ils se fixent aux
masses madréporiques qu'ils creusent pour s’y établir,
rangea le genre Cypricarde dans la famille des Mytilacées,
et, à l'exemple de M. de Blainville , en sépara les espèces
en deux groupes distincts : les Cypricardes proprement
dites, comprenant les espèces de forme oblongue, à côtés
inégaux et à charnière composée de trois dents, et d'une
(1) Cet article doit être suivi d’une planche qui paraîtra, avec l’explica-
tion, dans le prochain numéro du Journal.
—196ÿ—
dent latérale postérieure sur chaque valve; et les Coral-
liophages, qui renferment celles qui sont perforantes, et
dont la coquille est mince, fragile, la dent latérale effacée.
M. Deshayes, dans ses annotations publiées dans la
dernière édition de l'ouvrage de Lamarck, et plus récem-
ment, dans son article Cypricarde du Dictionnaire univer-
sel d'histoire naturelle, conserve à ce genre les mêmes
rapports que ceux établis par l’auteur des Animaux sans
vertèbres, en émettant toutefois des doutes sur leur valeur
et leur précision.
La connaissance de l’animal de la Cypricarde datte et
de la Cyp. angulata, que nous avons eu l’occasion d'exa=
miner sur les côtes de la Méditerranée et à Madagascar, a
dissipé notre incertitude au sujet de ce genre d’acéphales,
et nous permet de lui assigner le rang qu'il doit occuper
dans la grande série des Conchyfères dimyaires.
Si, comme nous le pensons, les caractères du manteau,
qui sont le moins variables et de plus facile observation,
la disposition de ses lobes unis ou séparés, le défaut ou
la présence des syphons, sont le guide le plus rationel
et le plus sûr pour arriver à une division naturelle dans
cette classe où les modifications organiques sont si nom-
breuses et si inconstantes, les Cypricardes doivent être
détachées de la famille des Cardiacées, pour prendre place
dans celle des Lithophages, à côté des Pétricoles et des
Vénérupes.
On pou juger de la valeur de ces RE par
l'exposé des caractères zoologiques des deux espèces ci-
dessus mentionnées, et que nous venons de vérifier de
nouveau sur la Cypricarde coralliophage trouvée vivante
dans la rade de Toulon.
« Animal ovalaire aplati, enveloppé dans un manteau
mince et transparent, dont les lobes, unis dans les trois
quarts de leur circonférence , offrent trois ouvertures :
antéro-inférieure destinée au passage de l'organe locomo-
=
teur, les deux autres postérieures, plus petites, arrondies,
et munies de deux syphons; ces syphons contractiles,
d'égale longueur, et réunis dans toute leur étendue; leur
orifice extérieur est simple, dépourvu des appendices ci-.
liés que lon observe dans un grand nombre de Mollus-
ques acéphalés; à leur base vient s’insérer un petit muscle
rétracteur, de forme triangulaire et à fibres déliées et
rayonnantes.
» Le pied est petit, comprimé sur les côtés, falciforme ;
la disposition de cet organe exclut toute idée de la pré-
sence d’un byssus, et, en effet, dans les quatre individus
qui ont été soumis à notre examen nous n'avons rencontré
aucun indice de cette conformation. — Les branchies sont
composées de quatre feuillets inégaux, les extérieurs plus
étroits que les internes ; les uns et les autres se terminent
en pointe en arrière et se prolongent jusque dans l’ou-
verture de la trachée qui les met en rapport avec l'élément
ambiant. — Enfin la bouche se montre au-dessous du
muscle adducteur antérieur, sous la forme d’une fente
transversale, bordée d'un voile membraneux auquel s’in-
sèrent deux paires de palpes labiaux, larges, aplatis et de
médiocre étendue.
» Quant aux caractères de la coquille , ils ont été par-
faitement appréciés par Lamarck : seulement, nous avons
noté que, sur plusieurs individus de la Cypricarde datte,
la dent latérale postérieure manque complétement, et que
l'impression palléale est fortement sinueuse en arrière. »
(Voir la pl. VIT, fig. 1 et 2.)
Il résulte de ces simples faits d'organisation que les
Cypricardes s’éloignent essentiellement des Cardites et
des Bucardes par les caractères du manteau dont les
lobes, chez les Cardites, sont séparés d'une impression
musculaire à l’autre, et n'offrent en arrière ni ouverture
ni syphons; tandis que, chez les Bucardes, le manteau ne
présente dans ce sens que deux perforalions sans indice
PE
de trachée. C#s perforations sont bordées d'appendices
ciliés, et totalement dépourvues de muscle rétracteur.
Dans quelques espèces, le Cardium subangulatum entr'au-
tres, il n'existe même qu'un seul orifice dans lequel le
rectum vient aboutir, et les lobes du manteau, séparés
dans la plus grande partie de leur circonférence, se réu-
nissent seulement en arrière pour constituer cette ouver-
ture exclusivement destinée aux déjections excrémen-
tielles. Le pied des Bucardes offre d’ailleurs une disposi-
tion bien différente ; il est long, cylindroïde , coudé dans
son milieu, traversé par un canal qui s’élargit de la pointe
à la base, et qui se termine en se ramifiant dans des
lacunes de la masse viscérale. Ce canal nous paraît être
un annexe de l'appareil branchial, de sorte que le pied
de ces Mollusques remplirait à la fois l'office d'organe
locomoteur, et de trachée aquifère. — Enfin les Cardites
et les bucardes vivent dans la vase ou le sable vaseux,
tandis que la plupart des Cypricardes habitent dans l'in-
térieur des pierres et des masses de coraux qu’ils creu- |
sent à la manière des Lithophages.
Les A céphales avec lesquels les Cypricardes ont le plus
d'affinité sont sans contredit les Saxicaves, les Pétricoles
et les V’énérupes.
Ces derniere ont , en effet, le manteau fermé de toutes
partsetoffrant seulementtrois ouvertures, l'uneinférieure,
plus grande pour le pied, les autres postérieures plus pe-
tites, munies de trachées. Chez les Saxicaves et les Pé-
tricoles, ces trachées sont séparées et fort inégales, linfé-
rieure plus longue que la supérieure ; un muscle rétrac-
teur assez fort préside à leurs mouvements. — Dans les
Vénérupes, les trachées sont tantôt séparées (V’enerupis
trus) , tantôt unies dans toute leur longueur (#enerupis
perforans), de manière à constituer un seul tube percé de
‘deux canaux dont les orifices extérieurs sont couronnés
d'appendices ciliés : ces appendices manquent le plus
— 129 —
souvent, notamment dans la #. irus et la W. lajon-
kairir.
Chez les Lithophages, le pied varie beaucoup dans sa
forme : il est tantôt en languette, tantôt falciforme; mais
en général il s'éloigne peu de la disposition qu’affecte ce-
lui des Cypricardes. Néanmoins dans deux espèces de
Saxicaves, que nous avons observées vivantes, dans la
rade de Rio-Janeiro, cet organe nous offre une conforma-
tion singulière : il est petit, rudimentaire en quelque sorte,
et bilobé à son sommet. De ces deux lobes, l’un est co-
noïde, pointu, coudé en avant; l’autre cylindrique, dirigé
en bas, donne attache à un byssus qui sort par un orifice
formé, dans ce point, par la désunion des lobes du inan-
teau. — Les appendices buccaux, les branchies, et les
muscles adducteurs des valves offrent la a:ême disposition
dans les Petricolées que dans le genre qui nous occupe.
Enfin, la manière de vivre, et la faculté dont jouissent
les Cypricardes de creuser les calcaires et les madrépores
confirment ces rapprochements et rendent plus évidents
encore les liens de famille qui les unissent aux trois gen-
res indiqués plus haut.
En effet, à peu d’exceptions près, les Cypricardes sont
des coquilles perforantes ; la Cypricarde datte se rencon-
tre presque toujours dans l'intérieur des pierres calcaires
qui ont été envahies par la Peétricole ruperelle. — Parmi
les espèces libres, et qui vivent dans le sable, à la ma-
nière des Nymphacées tellinaires , nous citerons la Cyp.
angulata que nous avons trouvée sur le rivage de Nos-
si-bé, près de Madagascar, et dont l’animal nous a pré-
senté les mêmes caractères que celui de l'espèce méditer-
ranéenne., — Le genre Coralliophaga, formé par M. de
Blainville, pour les espèces perforantes, nous paraît donc
devoir être supprimé et réuni au genre Cypricardia qu'il
est utile de conserver, dans la méthode, tel que Lamarck
l'a établi, en le transportant seulement dans la famille des
9.
- fo
Lithophages où sa place est DUT entre les Pétricoles
et les F énérupes.
Il nous reste à examiner les caractères de la coquille
dont nous devons tenir compte, quoiqu'ils soient pour
nous d’une importance secondaire. Comme les Wéné-
rupes et les Pétricoles, les Cypricardes sont des co-
quilles oblongues, transversales, inéquilatérales , légère-
ment bâillantes en arrière dans quelques espèces ; les
trois dents de la charnière sont un peu divergentes, et
elquefois l’une d'elles avorte dans une valve ou dans
les deux à la fois. Quant à la dent latérale postérieure que
présentent les Cypricardes, nous savons que ce moyen
d'union n’a pas de fixité, et que l'absence ou la présence
des dents latérales dans les différentes espèces d’un même
genre n'apporte aucune modification dans les caractères
essentiels soit de l'animal, soit de la coquille elle-même.
— Le genre Lucine nous offre un exemple remarquable
de ce fait. — Enfin, comme les Vénérupes, l'impression
palléale est sinueuse au côté postérieur, et les impressions
des muscles adducteurs des valves ne diffèrent en rien,
par la forme et la disposition, de celles de ce dernier
genre.
C'est donc dans la famille des Zithophages de Lamarck,
et à côté des V’énérupes, que les Cypricardes doivent
prendre place dans une classification méthodique et fon-
dée sur les lois de l’organisation.
PI. VIE, f. 1. Animal de la Cypricardia Corallio-
phaga.
Id. f. 2. Forme du pied de ce Mollusque.
— oh
Norice sur le genre Néara et sur le S.-G. NeriTina,
avec le Cararocur synonymique des NÉRITINES, par
M. C. À. Recluz,
Le beau genre Nérite, tel qu’on le conçoit maintenant,
se compose d'espèces variées dans la forme et la colora-
tion, ainsi que par les habitudes de leurs animaux.
Ces différences ont tellement influé sur l'homogénéité
de ce genre, que les espèces en ont été successivement
groupées ou détachées en genres divers, selon la sagacité
ou le caprice de ceux qui s'en sont occupés.
Dans l’histoire rapide que nous allons exposer de cette
famille, on s’apercevra facilement du rôle qu'ont joué tour
à tour deux systèmes suivis dans l'étude des sciences d’ob-
servation, c'est-à-dire l'analyse et la synthèse. En effet, le
rôle de la synthèse a prédominé, dans l’origine de la clas-
sification des Nérites, et celui de l'analyse est venu un peu
plus tard la supplanter pour être remplacé définitivement
par la première. Il faliait d'abord commencer par rassem-
bler les races qui avaient entr'elles quelque conformité;
inais, après avoir posé ces bases préliminaires, des obser-
vateurs comprirent qu'il importait d'élaguer de ces pre-
mières associations les races ou espèces qui semblaient ne
pas devoir rester réunies. Ils analysèrent donc les carac-
tères acceptés d’abord, afin d'asseoir sur des données plus
homogènes les espèces qui montraient entr'elles plus
d’afinité pour en constituer de véritables genres. Toute-
fois, on ne s'entendit pas de suite sur la nature de ces
caractères, et bientôt on reconnut la nécessité de trouver
uu guide plus certain que celui qu'on cherchait dans l'é-
tude des coquilles : ce guide, on le trouva dans l’ensemble
de l'organisation de l'animal qui les construit.
Lister, qu'on regarde à juste titre comme le pére de la
Conchyliologie, est le fondateur du genre Nérite. C’est
fi
dans le 6° chapitre de son Synopsis sive historia.….. intitulé
de Neritis, qu'on trouve la classification des espèces de
cette famille qu'il divise en deux grandes sections ; l'une
comprenant les espèces dentées à la Columelle, l’autre
destinée aux espèces dépourvues de dents à l’un et à l'au-
tre bords. La première section est sous-divisée en deux
autres distinguées en celles qui ont le bord droit denté,
où le bord simplement uni à l'intérieur.
Rumpbius, qui vint après Lister, ne suivit pas ce sys-
tème. Ayant remarqué la forme générale et demi-ronde
de l'ouverture de certaines coquilles, il se servit de ce
caractère pour les réunir et pour former un groupe com-
prenant nos genres Natice et Nérite.
Gualtiéri rejeta une association aussi hétérogène , et
distribua ces espèces en trois groupes distincts correspon-
dant aux Vatices, Nérites et Néritines de Lamark.
Linné, qui établit les genres sur la forme générale de
l'ouverture pour les coquilles univalves, ne prit aucun
souci des différences d'habitation dans la classification des
vers testacés, et donnant trop d'extension à son système,
il établit des genres qui ne présentérent, pour la plupart,
que des groupes dans lesquels se confondaient des espèces
terrestres, fluviatiles et marines; ses Nérites sont une
réunion de Natices et de Nérites. Toutefois, il les sépara
en deux grandes sections sous- génériques : une pour les
espèces ombiliquées et à ouverture mutique, l'autre ne
contenant que celles qui, privées d’ombilic, ont des dents
à l'ouverture : dans ces dernières, il comprit les espèces
fluviatiles aussi bien que les marines.
Dans le même temps que Linné, Adanson jetait les
fondements de la méthode naturelle, en ce sens que,
comprenant toute l'importance des caractères zoologiques
dans la classification il fit intervenir à la fois ceux de
l'animal et de la coquille : il fit le premier connaître l’a-
nimal des Nérites, qu'il sépara génériquement des Natices.
— 133 —
Si Linné procéda par la synthèse à la composition de
ses genres, Montfort employa l'analyse pour sa classifica-
tion, et s'exagérant l'importance des moindres particula-
rités de l'ouverture et des formes extérieures des coquilles,
il en usa pour démembrer la plupart des genres bien cir-
conscrits, el pour les subdiviser. C'est ainsi qu'il sépara
les Nérites en quatre genres : en conservant ce nom aux
espèces marines à test épais et à ouverture dentée aux
deux bords ; il répartit les espèces réputées fluviatiles en
trois groupes : dans l’un, qu'il désigna sous le nom de
Clithon, 11 plaça certaines espèces, non pas comme on l'a
dit et répété souvent, parce qu'elles étaient armées d’ap-
pendices épineux, mais à cause d’un autre caractère
consistant en ce que leur bord externe était privé de
dents et de crénelures à l'intérieur. Montfort ayant aussi
remarqué que quelques espèces manquaient de dents et
de crénelures à l’un et l’autre bord, il les comprit dans un
genre particulier appelé theodoxis. Enfin , il forma un
troisième genre avec une coquille fossile trochiforme, sou-
vent enveloppée d'un dépôt testacé qui en masque les ca-
ractères extérieurs, dont la cloison presque demi-sphéri-
que a sa marge inégalement dentée et séparée de l’inté-
rieur du péritrème par une échancrure située aux deux
bords. Ce genre, mal caractérisé par son auteur, porte le
nom de Wélates. Get exposé des genres de Montfort dé-
montre qu'il a transformé ainsi les principales divisions
des Nérites de Lister et remplacé seulement une division
par les Vélates.
Lamark, dans son Système des Animaux sans nértabree
adopta le genre Nérite, tel qu'il avait été présenté par
Adanson; mais, dans son extrait du cours, il en sépara le
G. Neritina, formé des espèces fluviatiles, et qui se trouve
simplement mentionné dans la famille de Néritacés, di-
visé en deux sections ; l’une renfermant les fluviatiles
G. Neritina et Navicella, Yautre comprenant les espèces
ET EU
marines G. Merita et Natica. Toutefois, c'est plus parti-
culièrement dans son Âistoire des Animaux sans vertèbres
que Lamark fit connaître les motifs qui le déterminaient
à constituer le genre Néririne, lesquels consistaient dans
les différences d'habitation et les accidents du test.
On fait maintenant un reproche à Lamark, au sujet de
l'établissement du G. Nérinine, sans lui tenir compte des
difficultés qu'il a eu à surmonter à une époque où la con-
naissance des Mollusques était si peu avancée : à cette
époque c'était un progrès, et non une faute. D'un autre
côté, si ce célèbre naturaliste s’est trompé en accordant
une importance trop grande à l'habitat des Véritines, qu'il
considérait comme fluviatiles, s’il était porté à séparer,
en général, les coquilles d’eau douce des coquilles mari-
nes et des coquilles terrestres, il ne faut pas oublier qu'il
a réussi souvent, par ce moyen, à constituer de très bons
genres.
Aujourd’hui que la Conchyliologie s’est enrichie d'un
grand nombre d'espèces de Nérites et d'observations nou-
velles sur les mœurs de ces animaux, nous savons :
1° Que beaucoup de Wéritines (Lam.) fréquentent la
mer et y vivent continuellement : W. viridis, Rangiana,
meleagris, pupa, et que d’autres se trouvent dans les eaux
saumätres : {V. dilatata, tahitensis, etc.
2° Que la W. cornea L. se trouve souvent sur les arbres,
d’après MM. Lesson, Cuming, Le Guillou.
3° Que la . fluviatilis (Var. thermalis Boubée) se
trouve dans les eaux thermales des Pyrénées, et la N. Suc-
cinea dans celles de la Guadeloupe.
De nombreuses observations nous ont appris aussi :
1° Que de véritables Nérites ont les dents de la lèvre
septiforme aussi petites et aussi nombreuses que de vé-
ritables Néritines, V. Oryzarum, Forskali, etc.
2° Que dans d’autres Nérites les dents manquent aux
deux bords comme dans les V. Doreyana, Guamensis.
mn
3° Que les MVerita Patula et Nerita morio sont aussi
minces que la plupart des Néritines, et la première tou-
jours épidermée.
4° Que les Veritina cornea, morio, Guerint sont striées
spiralement comme la plupart des Nérites.
5° Que la Weritina Éeclusiana a son opercule aussi gra-
nuleux qu'aucune espèce de Nérite, tandis que les Merita
patula, Rumphit, Guamensis, antiquata ont le leur sim-
plement bordé au côté antérieur d'une bande de stries.
Cette série de faits inconnus à Lamark infirme la sé-
paration qu il avait faite, et prouve que le genre Méritine
ne peut scientifiquement être admis qu’à titre de sous-
genre.
Peu de temps après Lamark, M. Sowerby proposa,
dans son Genera of Shells l'établissement d'un g. nouveau,
pour deux coquilles fossiles d'Angleterre, découvertes par
M. Georges Cookson, qui le nomme Pileolus, en raison
de leur ressemblance avec un petit bonnet pointu.
M. Sowerby n'admit, dans ce nouveau genre, que deux
espèces à péristome circulaire et à sommet non spiré, et
rejeta la Ver. altavillensis, pour la reléguer avec les Né-
ritines, quoique sa face inférieure ou disque, comme il
l'appelle, ait les caractères de son genre.
M. Deshayes qui, presque dans le même temps, formait
de son côté un genre distinct avec la Ver. altavillensis et
une autre espèce découverte par M. Lambotin (Pil. né-
ritoides), reconnut, peu de temps après, les grands
rapports qui liaient celles-ci aux Piléoles, et les réunit
toutes les quatre, en adoptant les conclusions du savant
anglais. Il est de fait que, par ce rapprochement, il avait
mieux jugé de leurs affinités que M. Sowerby, en prou-
vant même ainsi qu'il y avait un véritable passage des
Piléoles aux Néritines : c'est en eflet ce qu'on peut dé-
montrer, en comparant les premiers avec les Mer. crépi-
— 136 —
diformes ainsi qu'avec la Ver. Schmideliana, comme on
va le voir.
Les Piléoles sont des coquilles calyptroïdes ou patelli-
formes : il en est de même des Wélates, parvenues à leur
plus grand développement.
Dans les unes comme dans les autres, le dernier tour
forme toute la coquille, et se dilate d'autant plus qu'elle
devient plus grande.
Le dos des Piléoles est vertical et occupe une position
généralement subcentrale. Dans le Pileolus lævis et plica-
tus, ce sommet n'est pas cependant tout à fait droit,
comme le dit M. Sowerby; il tend à s’incliner sur le
côté et conserve même une légère inclinaison, d’'a-
près les figures même du Genera of Shells. Celles-ci ne
montrent cependant qu’un tour, parce que leur nucleus est
caduc, c’est-à-dire que la coquille le perd en s'accrois-
sant comme dans les Emarginules, etc. Dans le Pil. alta-
villensis et Neritoides, le dos de la coquille se dirige en
arrière, et son sommet est, contrairement aux deux précé-
dentes, persistant à tous les âges et se contourne en un
tour dirigé sur le côté postérieur droit, représentant leur
nucleus. Dans les ’elates (Ner. Schmideliana, Chemnitz;
Ner. perversa, Gmel.), le dos de la coquille s'élève ver-
ticalement en un cône dont le sommet s'enroule, sur le
côté droit, en deux tours de spire proportionnellement
plus grands, par rapport au volume gigantesque de cette
coquille. On voit déjà s'établir un passage entre ces dé-
pouilles de Mollusques.
La face inférieure (disque, Sowerby) des Piléoles pré-
sente un péritrème (péristome, Drap.) continu et un peu
plus saillant que la cloison, particularité qui, toute remar-
quable qu'elle est, n’est pas sans exemple dans le MVeriti-
nes, parce qu'elle se retrouve dans les Ver. exactata, Pi-
leolus et semblables. Dans les J’élates adultes, cette même
face du test offre également un bord continu , mais dont
ce fl
le contour, à l'exception de la partie antérieure, se trouve
envahi par le dépôt testacé qui épaissit la cloison, la dé-
borde avec l’âge, s'étend sur le dos de la coquille, et finit
même assez souvent, par en masquer les caractères. Dans
le jeune âge, la coquille des Vélates est globuleuse, et
nous retrouvons cette même forme dans les jeunes du
Pileolus nerttoides : dès lors la saillie du péritrème ne
serait qu’un effet de l'accroissement de la coquille.
Dans les Pileoles, le bord interne et septiforme occupe
près des deux tiers de l'étendue de la face interne de la
coquille; sa marge est dentée et séparée de la partie in-
térieure du bord circulaire par une échancrure située aux
deux extrémités. Ces mêmes caractères appartiennent
aussi aux /’élates. Nous ferons remarquer que si, dans
ces dernières, comme dans les Pileolus lævis et plicatus,
la série dentaire forme une ligne plus ou moins droite,
daus le Pileolus neritoides cette même série se courbe
dans le centre à l'instar de beaucoup de Néritines.
Cette cloison a un peu de convexité dans les espèces de
M. Sowerby; elle se montre de même, proportion gar-
dée, dans les Nér, crépidiformes ; mais, dans les Félates,
son renflement est des plus considérable, et tel que ce
bord acquiert presque une forme demi-sphérique. Peut-
on tirer avantage de ce caractère, malgré les passages
nombreux que nous venons de faire connaître ? Nous ré-
pondrons : pas plus quon ne peut s'appuyer sur ce que
les Clithon émettent, sur le bord antérieur et submédian
du labre un lobe qui, se recouvrant de matière testacée,
constitue successivement des épines au point d’en armer
les tours. Ce n’est donc là qu'un caractère purement spé-
cifique, une faculté des bords du collier qui secrètent une
abondante provision de matière testacée.
Les Piléoles ont l'entrée de l'ouverture plus étroite,
relativement , que beaucoup d'autres espèces de Vérites
vivantes : c'est aussi ce que l’on voit dans la Ner. Schmi-
— 138 —
deliana, conséquence naturelle du prolongement du, bor
septiforme et denté sur le côté antérieur de la coquille.
Si on rapproche ce fait des Nérites grimaçantes (Ver.
costata, Ghem. ; scabricosta, Lam. ; plicata, Linné, etc.),
de la Ver. angistoma Desh., crepidularia, melanostoma
et semblables, on verra encore s'établir, par ce caractère,
un passage assez grand entre les unes et les autres.
Enfin, les Piléoles ont le bord intérieur de la lèvre
externe légèrement anguleux à l'intérieur : il en est de
même dans certains individus de la Ver. Schmideliana,
où cet angle devient parfois très prononcé.
La concordance qui s'établit entre la coquille des Pi-
léoles, celle des V’élates et Nér. crepidiformes est, comme
l'on voit, des plus frappante, et conduit naturellement à
faire entrer les Prléoles daus le sous-genre Wéritine.
M. de Blainville a aussi porté toute son attention sur le
G. Nérite, ainsi quon peut le voir en consultant son
manuel de. Malacologie. Ce savant, appréciant mieux
qu'on ne l'avait fait avant lui les affinités existant entre
les espèces qui en avaient élé distraites pour former dif-
férents groupes, proposa de les réunir toutes en un seul et
même genre, divisé en deux grandes sections représen-
tent les G. Nérites et Néritines de Lamark. La section des
Nérites est sous-divisée en petites tribus, ayant pour base
le nombre des dents de la lèvre septiforme, et celle des
Néritines en sous-divisions établies d’après les accidents
du test.
Nous avons dit que la diversité des formes, dans les
Néritines, est tellement grande qu'elle avait frappé beau-
coup d’observateurs : M. Lesson a été de ce nombre, et
il a proposé, dans la zoologie du Voyage de la Coquille
(1830), une nouvelle tribu des Néritines, dans laquelle il
rassemble toutes celles qui ont les côtés du bord externe
prolongés, soit en haut, soit des deux côtés, en forme
d’auricules ou d'ailes : il a donné à ce groupe le nom de
— 139 —
Nériptères, en faisant observer qu'il conduit aux Navi-
celles.
Jusqu'ici, on a pu remarquer que Lamark ne s'est pro-
noncé pour la réunion des genres de Montfort avec les
Néritines, et M. de Blainville, pour la fusion de ce dernier
genre avec les Nérites, que sur l’ensemble des’earacières
des coquilles, et sans faire intervenir les caractères pro-
pres aux animaux. [l importait donc d’étudier ceux-ci :
et c'est un soin qu'ont pris MM. Quoy et Gaymard, et
M. Souleyet qui, d’après l'examen d'un grand nombre
de ces animaux, choisis dans divers groupes, se sont assu-
rés que leur organisation est tout à fait la même, sanc-
tionnant par là les travaux de M. de Blainville.
CaracrTÉrisTiQue Du Cr. NERiTA.
AnimaL dioique, généralement #lobuleux, spiral, muni
d’une téte large, aplatie, échancrée légèrement en avant,
avec deux lobes arrondis sur les côtés; bouche large, plis-
sée et sans mâchoires, mais pouvue d’une langue ruban-
vée, qui se prolonge dans la cavité viscérale et garnie de
cinq à six rangées de plaques en crochets. Tentacules
tactaires allongés, grêles, flexibles, pointus, ayant à leur
base d’autres tentacules courts, cylindriques ordinaire-
ment, et oculés à leur sommet ; pied ovalaire, épais, ré-
tréci sur les côtés, terminé en pointe en arrière, large
en avant, avec un sillon et quelquefois une dépression
quille fait paraître légèrement lobé ; organe excitateur mâle
auriforme, situé au côté droit et en avant du tentacule de
ce côté. Cavité pulmonaire grande, sans siphon ni autres
appendices; contenant une seule grande branchie, allon-
gée, triangulaire, à lamelles paraissant doubles. Ænus,
dans cette cavité et à droite; lutérus, du même côté et
en dehors.
Coquicie semi-globuleuse, ovale ou conique, rarement
=" 140
eblongue ou calyptroïde, aplatie en dessous, non ombili-
quée ; à épiderme souvent persistant; ayant la spire peu
ou point saillante; ouverture demi-ronde à bord externe
denté. crenelé ou simplement uni à l'intérieur; à bord
interne septiforme, oblique, tranchant, denté, crenelé ou
uni en avant. /mpression musculaire double, imitant,
dans son ensemble, un fer à cheval incomplet, et lais-
sant à ses extrémités inférieures un petit appendice tes-
tacé et plus ou moins saillant.
OrPercuLe testacé, subspiré, à sommet marginal à son
extrémité gauche, portant deux apophyses sur la face in-
térieure de son bord postérieur; une de forme variable
derrière le sommet, l’autre un peu au-dessus du milieu
de ce côté et souvent un angle aigu un peu plus bas.
Impression musculaire longitudinale sur la face interne
postérieure, multiple.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES.
Les Néritines sont plus répandues dans les pays chauds
que partout ailleurs : principalement dans l'Océanie et
les diverses parties de l'Asie. Elles aiment à vivre en
famille, et l'on a fait l'observation que les familles de cha-
que race se réunissent pour frayer, ou du moins sur un
grand nombre d'individus ramassés sur un même point,
on n'y a découvert que des femelles. Ces animaux vivent
souvent à la manière des amphibies, suivant Denis de
Montfort. D’après MM. Quoy et Gaymard, ils peuvent
supporter l’action du soleil de l'équateur, sans paraître en
souffrir , faculté qu'ils doivent à ce qu’en se collant, ils
font provision de quelques gouttes d'eau qui rafraïchissent
suffisamment leurs branchies.
Certaines espèces aiment à s’exposer à la fureur des
flots ; et parmi celles qui recherchent les eaux douces, il
en est qui vivent dans le haut des rivières, au milieu des
courants les plus forts, tandis que d'autres se tiennent
th
dans la vase des marais, sur les plantes aquatiques, dans
les fontaines et même dans les eaux thermales d’une tem-
pérature assez élevée : tous ces animaux sont aquatiques.
Toutefois, ainsi que nous l'avons dit plus haut, la Veritina
cornea, L. se trouve sur des arbres à une assez grande
élévation au-dessus du sol, probablement dans les saisons
où des pluies fréquentes permettent aux animaux de re-
cueillir l’eau nécessaire pour baigner leurs branchies.
Quelques-unes des Néritines qui habitent les pays
chauds, telles que les V. Domingensis, Jordant, etc. recou-
vrent leur test d'une couche épaisse de limon, pour se
préserver, probablement, d'une trop grande action du
soleil.
On trouve certaines espèces de Méritines dont la spire
est plus ou moins corrodée, dans certaines localités, tan-
dis qu'elle est entière dans d’autres lieux; telles sont la
N. nutalli, la N. Brasiliana qui vit à Fernando-Po. On
n’a pu, jusqu'à présent, expliquer cette particularité :
nous l’avions d’abord attribuée à la couche terreuse qui
recouvre quelquefois ces coquilles ; mais ayant remarqué
que la partie rongée semble avoir été enlevée par un ins-
trument tranchant, nous croyons aujourd'hui que cette
corrosion pourrait être due à l’action perforante de Mol-
lusques carnassiers.
CaracTérisriQue du sous-genre NertrinA Lam.
Coe. globuleuse, ovale, turriculée ou conique, à test
mince, épidermé, bord externe uni à l’intérieur; bord in-
terne denticulé à la marge, rarement simple; opercule tes-
tacé, lisse à l'extérieur, portant deux apophyses d'adhé-
rence musculaire; la supérieure en bouton, parfois épa-
nouie et découpée en crête, la latérale en forme de côte
arquée et saillante en dehors.
— 142 —
AnimAL généralement fluviale, rarement marin, pou-
vant vivre parfois dans les eaux thermales, etsur les arbres
dans les lieux où il pleut fréquemment.
Le bord latéral des coquilles de certaines espèces de
Néritines prend un tel développement, lors de l’accrois-
sement de l'animal, que des coquilles généralement glo-
buleuses ou ovales acquièrent une forme demi-sphérique
ou losangée, et que des coquilles elliptiques passent à
la forme triangulaire; d’autres arment leurs tours d’une
couronne d'épines plus ou moins longues et nombreuses.
Les mutations de ces coquilles dans leur développe-
ment sont assez variées pour donner lieu à les grouper
par tribus; mais il ne faut pas attribuer à ces groupes des
caractères trop exclusifs, car certaines espèces d’une forme
constante dans une localité, en prennent une toute diffé-
rente sur un autre point : c’est ainsi que la VW. intermedia,
globuleuse, à Guyaquil, devient semi-sphérique et même
dilatée en aïle dans le golfe de Nicoya. Il en est de même
de la N. Jordani qui, globuleuse dans les eaux des envi:
rons de Smyrne , passe à l'état conique à spire saillante
dans les eaux du Jourdain. La NV. Danubialis globuleuse,
avec ses tours carénés, en Hongrie, devient ovale-trans-
verse, dans le lac de Côme. La N. Sardoa elliptique, dans
quelques parties de la Sardaigne, et semblable à la W. flu-
viatilis par la forme et par la coloration, devient globu-
leuse et épineuse dans d’autres parties de l’île,
Cette tendance des Néritines à se modifier par des cau-
ses accidentelles de localité semble indiquer que les tribus
qu'on a formées, et que nous acceptons dans le catalogue
qui suit pour faciliter les recherches et le classement des
espèces dans les collections, ne sont pas naturelles, mais
purement systématiques, et qu'il vaudrait mieux dispo-
ser les espèces plutôt en lignes rayonnantes qu’en série
linéaire.
— 143 —
CATALOGUE DES NÉRITINES.
a"° Tribu.
Coquille calyptroïde, conoïdale, solide, à spire sublatérale,
euroulée de deux tours à droite, face intérieure ovalaire et
à péritrème continu ; bord septiforme, très convexe, pres-
que demi-sphérique, occupant près des deux tiers de cette
même face, à marge grossièrement et irrégulièrement den-
tée ; la série dentaire limitée aux deux extrémités par une
échancrure profonde : ouverture étroite; bord externe
évasé.—G. VELATES, Montfort.
Perversa. Gmel.
| Schmideliana. Chem. Fos. de Soissons. Coq. Env. P. pl. 18.
Conoidea. Roissy.
2° Tribu.
Coquille patelliforme, à sommet subcentral ou postérieur ;
péritrême continu et plus élevé que la cloison; bord septi-
forme, subconvexe, occupant près des deux tiers de la face
inférieure, à marge denticulée ; la série dentaire séparée du
bord externe par une échancrure de chaque côté; ouver-
ture étroite, lèvre externe anguleuse à lintérieur.—G. Pr-
LEOLUS, Sowerby.
a.) Sommet subcentral, non spiré, péritrème cir-
culaire.
N. Plicata. Sow. Foss. d’Anglet. . Gen. of Shel.f. 1-4.
Lœvis. Id. ld. f. 5-8.
6.) Sammet postérieur, spiré, péritrème elliptique.
N. Altavillensis. Defr. Fos. d'Hauterive. Gen. of Shel. f. 4.
N. Gallicana. Recluz. Fos. d'Houdan:
Lou neritoideus. Desh. Ann. sc. nat. {. 1. pl. 12.
f. 3. a. b.
8e Tribu.
Coquille crépidiforme, solide, à sommet tout à fait posté-
— 144 —
rieur, enroulé d’un demi-tour sur le côté; péritrême con-
tinu et parfois détaché de l’avant-dernier tour ; bord septi-
forme à marge soudée avec la portion interne du péritrème,
légèrement arqué dans le centre et denticulé.—G. MirruLa,
Menke.
N. Exaltata. Recluz. 1. Philippines. J. Conch. 1850. pl. 3. f.3.
Crepidulav.Maj. Id.
Pileolus. Id. Bengale. Voy. Bell. pl. 1. f. 7.
Intermedia. Desh.
Violacea. Gmel. Pondichéry. Sow. Thesaur. f. 143.
Plumata. Menke.
Concentrica. Id.
Purpurea. Budgin.
Crepidularia. Lam. Malabar. Sow. Conc. ill. f. 25.
Plumata? Menke. Ceylan.
v. Melanostoma. Timor. Sow. Thes. f. 144.
Ovalis. Sow. Calcuta? Thes. f. 121-2.
Depressa. Benson. (Calcula. Id. f. 147-8.
Melanostoma. Trosch. Ougly. Voy.Bonit. pl.34.f.32-5.
Indica. Souley.
Tourannensis. Id. Touranne. Id. ill. 34. f. 28-31.
4e Tribu.
Coquille transverse, elliptique ou semisphérique, à spire
latérale ou nulle, le sommet assez souvent bordé d’une la-
melle saillante, bord septiforme plane, striolé, à marge fine-
ment denticulée, ouverture et opercule peints.—G. CLyreo-
LUM, Recluz.
a.) Elliptiques.
Pulligera. Lin. I. Mindauao. Sow. Thes.f 65-66.
Rubella. Müll.
var. Knori. Sow. Id. f.78. 1659.
Petitii. Recluz. Nouv. Calédonie. Id. f. 77.
Canalis. Sow. L Taïti. Id. f.75-6.
Bruguierii. Recluz. Nouv. Calédonie. Id. f.159.
Bicanalis. Philippi. 1. Taiti. Zeitschrift. 1848.
Sanguinea. Sow. Nouv. Irlande. Sow. Thes.f. 162.
Asperulata. Recluz. 1. Luçon. Id. f.160-1.
Knorri. Id. I. Mindanao.
Beckii, $ow. Id. f. 13.
Beckii.
: Squamæpicta.
Powisiana.
Rossmæsleriana.
Recluz. Revue Zool. 1841.
Id. 1. Luçon. Sow. Thes. f.79.
Id. Nouv. Irlande. ld. f. 149.
Id. Zool. proceed. 1845.
b.) Semisphériques.
Labiosa.
Punctulata.
Cassiculum.
Aperta.
Pennata.
Piperina.
. Sow. I. Luçon. Sow.Thes. f. 80.
Lam. I. Martiniqne. Id. f.194.
Sow. j.
Budgin.
Born. Malabar. Sow. Thes. f.166-7.
Chem.
5° Tribu.
Coquille navicelliforme ou suborbiculaire, avec les deux
extrémités du bord externe ou le supérieur seulement pro-
longés en auricules latérales ; spire subpostérieure et laté-
rale ; bord septiforme finement denticulé à la marge.
a.) Coq. navicelliforme, à spire courte formée d'un
tour très petit, cloison plane, striolée parfois
sur le plan.—NéRiPTÈRES, Lesson.
Tabhitensis.
Auriculata.
Verspertina.
Lamarkii.
Biauriculata.
Auriculata.
( Maurilicæ.
Sandwichensis.
Subaüriculata.
Lesson. 1I.Taïli. Sow. Thes.f. 129-134.
Sow. j.
Nuttal.
Desh.
Recluz. 1. Luçon. Id. f.135-7.
Lamark. Nouv. Hollande. Enc. met. pl. 455. f. 6.
Lesson. 1. Maurice. Thesaur. f. 127-8.
Desh.
Recl. I. Negros. Id. f.138.
6.) Coq. suborbiculaire ayant deux tours à la spire,
lèvre intérieure souvent calleuse :
Florida.
Dilatata.
| Navicellina.
Oweniana.
1° Coq. lisse.
Recluz. 1. Taïti. J.Conch.1850. p1.7.f.6 7.
Brod. L. Taiti ? Sow. Thes. f. 123-5.
Guillou.
Gray. Ava. Id. f.168. Jun.
10.
— 146 —
Nuttalli. Recluz. 1. Sandwich. Sow. Thes.f. 126.
Alata. $0w.
Cariosa. Gray. Conc. ill. f. 5.
Solidissima. Sow. j. Thes. f. 273.
Latissima. Brod. Real Lejos. f. 172-3.
/ Tutermedia. Sow. Id. f. 169-170.
\ var. Dilatata. G. Nicoya. f. 174-5.
{ Globosa. Brod. F
Fontaineana. D’Orb.
| Guayaquilensis. Sow. j.
OEquinoxialis. Morelet. 1. du Prince.
v. Ovato-conica. Fernando-Po. Thes.f. 193.
Afra. Gray.
Africana Y. Atra. Recluz. Conc. ill. f. 193.
Bahiensis. Id. Bahia. J.Conch.1850.pl.7. f. 10.
/ Jordani. Sow. le Jourdain. Thes. f. 204, 222.
| Macri. Id. le Scamandre. f. 213, 215.
Nitida. Par.
Anatolica. Recluz. Anatolie. f, 2256.
v. Conspurcata. Conc. ill. f, 56.
\ Lutescens. Meg.
20 Coq. granuleuse.
( Granosa. Sow. Catal. Tank.
Papillosa. Jay. I. Sandwich. Jay. Catal. pl. 4.
| Gigas. Lesson. Rev. Zool. 1842.
Ge Tribu.
Coquille subglobuleuse ou suborbiculaire, à tours cou-
ronnés d’épines ou mutiques; bord septiforme denticulé;
une des dents médianes toujours plus forte et plus saillante
que les autres, obtuse et formant une rampe spirale inté-
rieure.—G. Corona, Chem.; Cuiraon (Partim), Montfort.
a.) Suborbiculaire , sillonnée transversalement ;
bord septiforme large, plane, et à crénelures
marginales égales. Opercule ?
Aculeata. Chem. 1. Sumatra. Sow. Thes. f. 32-3.
Sulcata. Nyst.
var. $pinosa. Id. f. 34.
— 147 —
b.) Coq. globuleuse lisse ou rugueuse ; bord septi-
forme généralement étroit, crénelé ou rugueux
à la marge; une dent plus saillante que les
autres : opercule épais, divisé par un sillon
qui l'échancre au bord postérieur.
Longispiuis. Recluz. I. Maurice. Thes. f. 62-3.
Corona. Müll. Madagascar.
var. Mutica.
Spinosa. Sow. 1. Sandwich. f. 61-64,
Donovana. Recluz. 1.Negros. f. 39-40.
Diadema. Id. Nouv. Irlande. f. 41-42.
Michaudiana. Id 1. Luçon. f.108-9. f.217-8.
var. Spinosa Id.
Troschelit. Id. ?
Souleyetiana. Id. L. Marquises. f. 59-60.
Unidentala. Id. L. Oc. Pacif. J. Conch. 1850. pl. 7.f.8.
Keraudrenii. Guillou. K.Nouka-Hiva.
{ Recluziana. Id. I. Taïti. Thes. f.56-7-8,
| Armstrongiana. Hinds.
Aspersa. Recluz. I.Sandwich. & f. 43-4.
Australis. Chem. Nouv. Guinée. Deless. pl. 32, f. 1.
Brevispina. Lam.
Variabilis. Lesson.
Nigris-Spinis. Id. L Taiti. Voy. Coq. pl. 13.
Ruginosa. Recluz. I.Sandwich.=
Bougainvillei. Id. L. Hamoa. Jour. Conc. 1850.
Crepidularia. Lesson. I. Taïti.
Corona. Lin. L. Philippines. Thes. f. 46-50.
Montaguana. Recluz.
Sowerbiana. Id. ld. f. 5-8.
Avellana. Id. Id. f.9-10.
Domingensis. Lam. I. S.-Domingue. Conc.ill. f.42?
Subgranosa. Sow. I. Taïti. Î. 35-38.
Cardinalis. Guil.
Rugata. Recluz. 1. Negros. Thes. f. 3-4.
Squarrosa. Id. I. Lebouka. f. 26-27.
Hors Sow. j.
{ Menkeana. Recluz. I.Taiti.
| Rugosa ? V. de B. Java. Ph. Abild. pl. f. 4.
Fuliginosa. Philippi. Id. Id, f.5.
Spinifera. Recluz. 1.Guam.
Subpuncetalia. Id. L. Philippines. Thes. f. 206.
— 148 —
Enterrupta. Reclus. I.Philippines. Thes.f. 11-12.
Bicolor. Id. Id. f.204.
Olivacea. Id. Id. f.207.
Solium. Id. I. Sumatra. f.208.
Solida. Sow.
Circumvoluta. Recluz. 1.Philippines. f. 202-3.
Angulosa. Id. L. Mendanao. Zool. proceed. 1842.
Da Costæ. Id. I. Negros. Id. 1843.
Celata. Id. I. Oc. Pacif. Thes. f.205.
Obscurala. Id. I. Wallis. f. 28-29.
Sadalina. Id. Sandal-Bay. f. 199.
Cholerica. Gould.
Bengalensis. Chem. Madagascar. f. 30-31.
Barbabac. Fer.Coll.
Coronoïdes. Lesson. Neuv. Guinée.
Flavovirens. Philippi. Java. Ph. Abbild. pl.1.f.6.
Inconspicua. Id. Id. Id. f.7.
Pulchella. Recluz. Pangasinan. Thes. f. 209: 11.
Faba. Sow. Singapoor. f.219-221.
Tritoniensis. Guillou. Triton-Bay. f. 167-168.
Leachii. Recluz, I. Bohol. Zoo!. proc. 1843.
Gultata. Id. Triton-Bay. Id.
Dringii. Id. Hanover-Bay. Thes.f.197-8.
Doingii. Id. Zool. proceed.
Tritonensis var. Sow.
Cineta. Recluz. 1. Amsterdam ?
Triserialis. S0w. Ceyian. Thes. f. 195-6.
Chlorostoma. Brod. I.Taïiti. f.216.
Luctuosa. Recluz. Nouv.Guinée. f.231.
Parvula,. Guillou. 1.Lebouka.
Sidera. Gould.
.Pisiformis. Reclusz.
Lessonii. Id. Sicile ?
Sardoa. Menke. Sardaigne.
Rarispina. Recluz.
Bœtica vor. pus-
tulala. Villa.
2e Tribu.
Coquille transversale lisse ou presque lisse; spire laté-
rale, inclinée sur l’ouverture, peu ou point saillante; lèvre
interne ordinairement plane, à marge simple ou denticulée ;
— 149 —
opercule uni et sans zônes colorées permanentes.—G. Tueo-
poxus, Menke. 22% 4
a.) Bord septiforme denté à la marge. (G. Theo-
doxis, Monif.)
\ Peloponensis. Recluz. Morée. Voy.Mor. pl. 19.f. 1-3.
Bætica. Desh.
| var. Maculata. ld. f.2-4.
Numidica. Recluz. Oran. Thes. f. 179.
Prevostiana. Terver.
BϾlica. Lam. Andalousie. Deless. pi. 32. f.8.
Fluvialilis var. Sow.
Prevostiana. Pfeif. Conc. i!1. f. 46.
Nigrita. Ziegl. Sicile. Mol. Sic. pl. 24. f. 18.4
| Cœrulæa. Parr.
Baœlica? Phil.
Meridionalis. Id. Sicile. Thes. f. 188.
Tessellata. Zino.
Philippiana. Recluz.
Fluviatilis. Lin. Europe. Thes. f.178.181-4.
Ticinensis. Villa.
Villa. Sandri.
Rhodocolpa. Jan.
Dalmatica. Partsch. Conc.ill. f.57.
Vidowichit. Sandri.
Auranlia. Kutzig.
Rivalis. Parreys. Conc. ill. f.58.
Varida. Zino. Croatie.
ÆHildreichii.
Dendritica. Zeigl.
Mittreana. Recluz. Toulon. Thes. f. 183.
Zebrina. Id. Montpellier. f.178.
var. Marina.
Littoralis. Lin. Baltique.
Haloplhila. Klet.
var. Thermalis.
Lacustris. Lin. Pyrénées. Thes. f. 177.
Thermalis. Boubée. Toscane.
{ Trifasciata. Menke. le Wezer. f.189.
| Trizona. Meg.
Intexta. Villa. Italie. f. 189 mala.
Æransversalis. Zieg. Orient. f.151-2
Inquinata.
{ Serratilinea.
\ Violacea.
Danubialis.
Danubiensi..
Benacensis.
v. Subcarinata.
Stragulata.
Carinata.
Atra.
Elongatula.
Velascoi.
Analensis.
Guadianensis.
Valentina.
Elliptica.
Perotetiana.
Jayana.
Succinesa.
Callosa.
Panayana.
Morelet.
Sow.
Morelet.
Sadler.
Sow.
Stenz.
Meg.
Korh.
Parreys.
Morelet.
Graëls.
Recluz.
Morelet.
Graëls.
Guillou.
Recluz.
Id.
Id,
Desh.
Recluz.
— 150 —
Espagne.
Lombardie.
Portugal.
Hongrie.
Carinthie.
Carniole.
Espagne.
Portugal.
Espagne.
1. Marquises.
M. Neelgheries.
New-York.
Guadeloupe.
Grèce.
Ï. Panay.
Coq. Port. pl. 9.f.2.
Thes. f. 156.
Coq. Port. pl. 9.
Conc. ill. f. 47.
Thes. f. 155.
f.157-8.
Voy.Port.pl.9.f.4.
Voy. Port. pl.9.f.3.
Thes. f.200-1.
J.Conch.pl.7.f.13.
f.153-4.
f.191.
b.) Bord septiforme, crénelé à la base.
{ Bensoni.
| Reticulata.
Obtusa.
Reticularis.
Cornucopia.
Colombaria.
Siquijorensis.
Rangiana.
Virids. v. Maj.
y. Roscolineata.
Viridis.
Pallidula.
( Malonia.
| Miliacea.
Minima.
Coquille globuleuse, ovale ou turriculée, lisse ou striée
spiralement, souvent ornée de couleurs vives ou variées ;
Recluz.
Sow.
Benson.
Sow.
Benson.
Recluz.
Guillou.
I. Hood.
Calcuta.
Id.
Bengale.
Ceylan.
L.Philippines.
Madagascar.
Antilles.
Guadeloupe.
Méditerranée.
Nice.
Sicile.
Ï. Marquises.
s° Æribu.
Thes.f.74?
f.73-4.
f.264-G.
Asiat. Jour. 1836.
Conc.ill.f.24.
Thes. f.229-30.
— 151 —
bord septiforme crénelé, rarement uni.—G. Ciirnow, Mont-
fort. (Magna ex parte.)
Webbeiï. Recluz.
Glabrata. Sow,
Adansoniana. Recluz.
Sangarana. Morelet.
Turbida. Id.
Tigrina. Benson.
. Turricula. Menke.
Brasiliana. Recluz.
Virginea. Lam.
Tigris. Jan.
Fasciola. Christof.
Sumatrensis. Brod.
Coromandeliana. Sow.
Zigzag var. Id
Smithii. Gray.
Cuvieriana. Recluz.
Sayana. Id.
Wallisiarum. Id.
Variegala. Lesson.
Pulchra. Sow.
Gagates Part. Lam.
Atra. Lesson.
Zelandica. Recluz.
Turtoni. Id.
l Helvola. Gouid.
| Royssii. Recluz.
Cuprina. Id.
Chrysocolla. Gould.
{ Strigillata. Lam.
v. Lincol .creberr.
v. Flam. serrula-
lis.
\v. Minor.
Pfeifferi. Recluz
Nebulata. Id.
Nux. Brod.
Striolala. Recluz
Lillurata. Id.
Plumbea. Id.
Cazamance.
Sénégal.
Am. Centr.
Caleu!a.
Brésil.
Antilles.
Coromandel.
Inde.
I. Titi?
I. Philippines.
I. Wallis.
Nouv. Guinée.
IL. Witi.
Nouv. Guinée.
Ï. Salomon.
Sumatra.
I. Maurice.
Nouv. lrlande
1. Taïti.
L. Philippines.
Id.?
1. Bohol.
Thes. f. 256-63.
f.254-5.
Mém. 1849.
Asiat.Journ.1836.
Menk. Cat. 1830.
Thes.f.232-4.f. 236,297.
Conc. ill. f. 27.
Cone. ill. f, 4.
Thes.f.110.
f.117-8.
f.94-5.
J.C. 1850. pl.7.f.11-12.
Thes. f. 89-90.
Deless. pl.32.f.2.
Thes. f.92-3.
Thes. f. 105-7.
f.91.
Conc. ill. f. 32.
Zool. proceed. 1843.
Id.
Conc. ill. f, 29.
Thes. (.98-99.
f. 119-20.
Communis.
Elegantina.
Fimbria.
Semiconica.
Cumingiana.
| Turrita.
Epidermide ves-
lila.
Moquiniana.
Waigiensis.
Jovis.
Aterrima.
( Lugubris.
| Caffra.
Zigzag.
Gagates.
Zebra.
Striata.
Sobrina.
Gravis.
Cassiculum .
Lineolata.
Zigzag.
Clandestina.
Reclivata.
Microstorma.
\ Meleagris.
Mutabilis.
Virginea var.
Picla.
{ Rufilabris
Vestita.
Gaymardii.
Cochinsinæ.
Listeri.
Phasiana.
Oualaniensis.
Mortoniana.
Pupa (partim).
Pupa.
Venosa.
Delineata.
| Litiurata.
Quor.
Philippi.
Menke.
Lam.
Recluz.
Chem.
Recluz.
Lesson.
Recluz.
Philippi.
Lam.
Gray.
Lam.
Id.
Brug.
Besleri.
Recluz.
Morelet.
$0w.
Lam.
$0w.
Menke.
Say.
Dorb.
Lam.
Ziegl.
Sow.
Id.
M. Berl.
Souley.
Id.
Recluz.
Pfeif.
Recluz.
Lesson.
Recluz.
S0w.
Lin.
Menke.
Boubée.
Schultz.
— 152 —
Il, Philippines.
Madagascar.
I. Siquijor.
Madagascar.
I. Oc. Pac.
1. Waigiou.
?
Nouv. Irlande.
Madagascar.
Madagascar.
Cayenne.
Nouv.Orléans.
Chili.
Guatimala.
Id.
Cayenne.
Fiorides.
Mexic.
Pensacola.
Antilles.
Panama.
1. Lucon.
Tourane.
Cochinchine.
Nicaragua.
Nouv.lrlande
Cuba.
Thes.f.14-25.
Thes.f. 116.
.J.Conc. 1850. pl.3.f.9.
Chem. f. 1085.
J. Conc. 1850. pl. 3. f.8.
Id. pl.7.f.9.
Thes.f.111.
Zoo!.proceed. 1843.
Abbild. 1849.
Deless. pl. 32. f. 1.
Thes.f.111.
f.103-4.
En. meth. pl. 455. f.3-4.
Thes. f.101-2.
f.100.
f.238.
Conc. ill. f. 41.
Thes. f.240-1.
f.237.252-3.
f. 235.
f.267-9.
Voy.Bonit. pl. 34. f.1-4.
Id. f.16-19.
Thes. f.249.
Conc. ill. f.
Thes. f.242-46.
f.68.
f. 69.
Tristis. Dorb. Cuba. Thes. {. 112.
var. Migra. Sow. Conc. ill. f.30.
Arctilineata. Id. Thes. f.232-4.
Bella. Philippi. Abbild, pl.1.f.8.
Serrulala. Recluz. Sumatra. ‘Thes. f. 164.
Dubia, Chem. Java. Ch. f. 2019-20.
| Reticulata. Quoy. Nouv. Irlande. f. 1080.
Zebra. Chem. Thes. f.81-8.
| Zebroides. Lesson.
Pilippinarum. Sow. I. Philippines.
Apiata. Recluz. I. Negros. f.165.
b.) Test sillonné spiralement :
1. Animal sylvicole.
/ Cornea. Lin. Nouv.Irlande. Thes.f.67-70-1.
Amphibia. Lesson. Nouv.Guinée.
var. Olivacea. Sew. gen. f. 50.
Ampullaria. Id. 1. Mindoro. Voy. Coq. pl. 16.
Subsulcata. Sow.
Morio. Desh. Sumatra.
| Fasciata. Lam. I. Wii. En. meth. pl.455.f.5.
\ Sulcata. Anton.
2, Animal marin.
a. Columelle denticulée : ce bord non séparé in-
térieurement de la lèvre externe.
Guerinii. Recluz. Sumatra? Thes.f. 2727
Desmoulivsiana. Id. I. Nouka-Hiva.
Affinis. Id. 1. Sandwich. fo271:
Lugubris. Philippi.
b. Deux dents à la columelle : ce bord séparé inté-
rieurement de la lèvre externe par une échan-
crure.
Morio. Sow.
Haneti. Reclus, L. Marquises. Thes.f. 163.
ESPÈCES FOSSILES.
Aperta. Sow. d'Angleterre. Min. Conc. pl. 224.
{ Antoni. Recluz. d'Allemagne. Anton. conc.p. 29.
| Rugosa. Anton.
Concava. Sow. d'Angleterre. Min. Cone. pl. 385.
Consobrina. Fer. Epernay. Hist, Mol]. f. 12.
Duchastelli. Desh. Bass. de Paris. Coq. P. pl. 17.
Elegans. Id. Maulette. pl. 19.
Elongata. Philippi. Tarente. Moll. Sic. pl. 24.
Ferussaci. Recluz. Dax. Hist. Moll. 4. 4-7.
Picta. Fer.
Fluviatilis. L. Dax. Act. S. Lin. Bordeaux.
{ Globulus. Defr. Epernay. | Sow. Min. Conc. p.385.
Uniplicata. S0w.
( Callifera. Id. d'Angleterre. _ Sow.Gen.f.7.
Grateloupiana. Fer. Dax. Hist. Moll. f. 13.
Inequidentata. Recluz.
Lineolata. Desh. Moulette. Coq. P. pl. 29.
Liassina. Dunk. Allemagne. Zeiïtsch. 1845.
Lœvigata. Sow. Angleterre, Min. Corc. pl. 217.
Mammaria. Lam. Grignon. Coq. P. pl. 19.
Minula. S0w. Angleterre. Miu. Cone. pl.463.
Nucleus. Desh. Env. de Paris. pl. 25.
Pisiformis. Fer. Epernay. Hist. Moll. f. 11.
Podolina. Recluz. Podolie. Foss. Podol.
Planospira. Grat. Dax. An. Soc. Lin. Bord.
Polyzonalis. Id. Id. Id.
Aquensis var. Id. Id. Id.
Sinuosa. Sow. d'Angleterre. Min. Conc. pl. 217.
Vasconiensis. Recluz. Id. l.
Virginea. Grat. Id. Id.
Zonaria. Desh. Retheuil. Coq. Env. P.p1.25.
— 154 —
Descrirrion de Néritines nouvelles citées dans le Cata-
logue.
1. Neririna Bamensis, »obis (PI. VII, fig. 10).
Testa semi-globosa, ventricosa, postice angustata, nitida,
supernè depresso-planulata, lineolis nigris angulatis irre-
gularibus maculisque parvulis lutescentibus ac inæquali-
bus undique adspersa ; anfractibus quaternis planulatis ;
spira vix prominula ; apertura dilatata, cærulescente vel
— 159 —
pallida ; labio angusto, calloso, squalide rufeseente, tenue
recte emarginato et denticulato; labro superne et inferne
parum prolongato.
Var. 8. Testa nigrescente bifasciata ; labio planulato,
albido.
Var. y. Testa fuligineo obscurata ; labio calloso rufes-
centie.
Hab. : Bahia. (M. Janelle).
Haut. : 16-17; larg., 18; épaiss., 9-10 mill.
Cette espèce avoisine la Ver. œquinoxialis de M. More-
let, mais s’en distingue par le dessin de ses linéoles et
et de ses taches, toujours irrégulières et plus fortes; par
son brillant et par sa collumelle denticulée sur son centre
et non ruguleuse dans toute sa longueur; par ses tours
aplatis en dessus et non coniques; enfin par le côté supé-
rieur et inférieur de son labre, un peu dilatés latéralement
en aîle courte et arrondie : ce qu'on remarque à peine à
la partie supérieure de la Ver. æquinoxialis.
2. NeririnA (Clithon) Taoscu£zn, nobis.
Testa ovato-globosa , parum obliqua, tenui, olivacea,
maculis minimis longe triangularibus postice tuncatis et albo
marginatis per pelluciditatem perspicuis crebre adspersa;
anfractibus 1 1/2-2 ; supremo sepius eroso; apertura cœru-
lescente ; labio convexiusculo sæpius calloso, margine al-
bido-vicescente vix arcuato et tenue denticulato : dentibus
obtusis ; mediana majori ; labro tenui superne declivo.
Var. & T. major oblique ovata, pallide fusco-rubente,
antractu infimo ad suturam lineis latis nigris et luteis or-
nato, infra medium fascia obscura cincto.
Var 8. Testa subglobosa, obscure fusco- rubicunda, junc-
tis albis minimis obsita.
Var. >. T'esta oblique ovata, subglobosa, olivacea.
— 156 —
Var. à. Testa nigrata, punctis minimis albis ; maculis
triangularibus nigris albo marginatis externe perspicuis.
Haut. : 10 à 11 mill.; larg. : 12-13 mill.; épaiss. : 7
à 8 1/2 mill.
Il y a entre cette espèce et la Ver. michaudiana muti-
que une telle ressemblance de forme générale et d’ou-
verture, de ténuité du test et de ton de fond de coloration,
qu'on serait presque tenté de les réunir comme variétés
d'une même espèce.. Cependant la Ver. michaudiana est
toujours ornée de fines lignes noires en zigzags et se com-
pose de trois tours dont les deux premiers forment un
sommet arrondi; la Troscheli n'a qu'un tour et demi,
rarement deux, formant un sommet semblable à celui de
la Ver. zigzag globuleuse. Dans celle-ci l'ouverture est
bleuâtre et la callosité d'un blanc verdâtre; elle est au
contraire, blanchâtre dans l’autre. La Ver. Troschelit va-
rie dans le ton général de son fond de coloration ; la Ier.
michaudiana est invariable.-
3. NeriTina Moquiniana (Recluz). PI. VIE, fig. 9.)
Testa parva, oblique ovato-conica, tenuiscula, luteo-
Jfusca vel fusca, maculis nigris reticulata, seu transversim
Jfasciis 3-4 irregulariter concatenatis ; anfractibus 2-3 ven-
tricosis, subsutura depressis ; apice oculato vel eroso ; aper-
tura intus albido-cærulescente ; labio plus minusve incras-
sato, margine recto, in medio tenuiter denticulato.
Var. a T', tri aut quadrifasciata : fasciis e maculis conca-
tenalis.
Var. 8. T. infernè bifasciata, supernè reticulata.
Var. y. T. antice laxe reticulata, postice rufa.
Var. d. T. subglobosa, quadrifasciata : fasciis e lincolis
— 157 —
obliquis fulguratis, penultima linea nigra decurrente ; an-
fractibus duobus : supremo subacuto.
Habit. : les îles de la Mer du Sud.
Haut. : 10 mill.; larg. : 10 1/2; épaiss. : 7 mill.
Il n y a aucune espèce à laquelle on puisse comparer
celle-ci, si ce n’est avec la Ver. turrita dont elle approche
par la forme générale. Toutefois sa petite taille constante,
sa coloration variable, différente, et la ténuité de son test,
en font une espèce distincte. Par la disposition de l’en-
roulement très oblique de ses tours, et surtout du pre-
mier, qui ressemble à une feuille de papier roulée en cor-
net, comme dans les Clithons, la Ner. moquiniana appar-
tient à une petite tribu qui se compose des Ver. semico-
nica, turrita, waïgiensis, afra, gravis, zebra, zigzag et
sayana, tenant, d'un côté, aux Clithons et, de l’autre,
aux Néritines à sommet en bouton.
4. Neririna Javana nobis. (PI. VII fig. 13.)
Testa parvula, transversa ovata tenui, concentrice tenue
striata, subepidermide flavescente lineolis tenuissimis angu-
lato-flexuosis reticulatis, nigris, maculis minimis albis in-
termixtis picia : postice sæpius nigra et immaculata; an-
fractibus tribus superne fere conicis sutura anguste canali-
culata; spira laterali incumbente ; labio compresso, niveo,
nigro-maculato, edentulo et in medio vix arcuato : labro
intus flavovirente.
Habit. : l'Amérique du Nord?
Haut. : 4 1/2; larg. 6; épaiss. : 3 mill.
Nous devons cette petite espèce à M. le D' Jay, de
New-York, auquel nous en faisons hommage. Elle repré-
sente la Ver. fluviatilis, en Amérique. On ne peut con-
fondre la Ver, Jayana avec celle d'Europe, ron seule-
ment parce que sa coloration est constante, mais bien
— 158 —
encore parce que le sommet de ses tours a une disposition
conique et leur suture étroitement canaliculée.
5. Nerrrina (Clithon), cincra, mobs.
Testa globosa, tenui, nigerrima, albido-lutescente inæ-
qualiter fasciata; anfractibus 1-2 : infimo superme planu-
lato haut convexo; apertura subzonata; labio calloso, an-
gusto, cærulescente, margine denticulato et in medio vix
arcuatim emarginato : dente mediana et infera majoribus.
Habit. : nous l'avons rencontrée parmi des Coquilles
provenant des îles de la Mer du Sud.
Haut. : 8; larg. : 8; épaiss. : 6 mill.
Quelques variétés globuleuses , minces et colorées
comme la Ver. Brasiliana , semblent la représenter ;
mais les caractères de l'ouverture l'en différencient consi-
dérablement. Quelquefois le fond de sa coloration est ti-
queté de jaunâtre, ou d’une teinte pourpre uniforme.
6. Nenirina (Clithon) uminenraranobis. (PI. VIT, fig. 8.)
Testa semiglobosa, ventricosa, tenui, olivacea, maculis
oblongis punctisque lutescentibus variegata ; anfractibus
quaternis : infimo suprà medium an gulato et sursum depresso-
planiusculo; spira conico-depressa; apice hyalino rubi-
cundo; apertura magna ; labio angusto, albido, margine in
medio vix arcuato et supra unidentato ; labro tenui intus
luteo-virescente supra medium anguloso.
Var. 8. Testa ad angulum labri breve unispinosa.
Habit. : à Taïti (M. Petit de la Saussaie).
Haut. : 11-12; larg. : 12; épaiss. : 7 mill.
Ce Clithon a des rapports de culoration avec la Ver.
Souleyetiana; elle est toujours plus mince, plus dilatée et
ne porte qu'une seule dent à la columelle : un seul indi-
— 159 —
vidu sur vingt environ porte une seule épine à l'angle du
labre, épine qui est courte et robuste.
7. NeriTina Cocinsinzæ nobis.
Testa oblique subovata, glabra, nitida, fusca, nigro un-
dulatim flammulata ; anfractibus 3 172; spira rotundato-
obtusa, vix prominente, decorticata ; apertura pallidefusca ;
labio convexo, calloso, margine subarcuato, eique minute
denticulato ; dente suprema majori; operculo nigricante,
stria mediana œqualiter diviso.
Habit. : Tourane, en Gochinchine.
Haut. : 10; larg. : 12 1/2; épaiss. : 11 mill.
Nous ne trouvons aucune espèce avec laquelle on puisse
la comparer : un seul individu est notre seule fortune ;
cependant ses caractères nous ont paru assez tranchés
pour ne pas hésiter à la décrire comme espèce distincte :
ceux de sa lèvre intérieure nous font présumer que sa
place doit être au nombre des Glithons mutiques.
8. NErtTINA BoucaAiNviLLEt nobrs.
Testa subglobosa, longitudinaliter striato-rugosa, oliva-
cea, maculis luteis variis et nigris triangularibus pelluciditate
ostendentibus picta; anfractu infimo supr& medium com-
presso et subtus angulato, spinis nigris vel olivaceis inter-
dum maculatis coronato ; apice deroso ; apertura albido-cϾ-
rulescente ; labio plano, margine ruguloso-denticulato et in
medio armato.
Var. « T, spinosa : spinis nigris; valde rugosa : rugis
postice inœqualiter excavato-punctatis.
Var. 8. T. spinosa, spirula excavato-erosa, rugis striæ-
formibus.
Var. y. T. major, mutica valde rugosa; labio postice
fuscescente.
— 160 —
Habit. : l'Archipel de Bougainville ou des Navigateurs
à Hamoa.
Haut. : 11 mill. et plus; larg. 12 ; épaiss. 8 mill.; va-
riété mutique ; haut. : 17 1/2; larg. : 18; épaiss. : 1. m.
Cette nouvelle espèce appartient au Cabinet de M. Mo-
relet, auteur de l'Histoire naturelle des Mollusques fluvia-
tiles et terrestres du Portugal et d’autres productions con-
chylivlogiques d’un grand intérêt, qui a bien voulu nous
permettre de la décrire; elle a des rapports avec la
Mer. ruginosa, par sa coloration, mais non par ses stries
qui sont toujours plus étroites et nullement semblables à
celles de cette dernière. Son ouverture est proportionnel-
lement moins dilatée; ses tours moins anguleux, là où les
épines sont implantées; enfin elle manque de l'angle
transversal et saillant qui borde la partie inférieure du
dernier tour qui caractérise la Ver. ruginosa.
9. NeriTina FLoripA nobis. (PI. VIL, fig. 6, 7.)
Testa ventricosa, subglobosa, crassiuscula, concentrice
dense et spiraliter obsolete striata, violacea, albo vel lutes-
cente maculata, interdum zonis roseis pallidisve 1.2.3 fas-
ciata ; spira incumbente, lateraliter revoluta; apice subcen-
trali ; apertura albida seu luteo-virente, labio calloso plano
nigrescente, margine in medio vix arcuato eique dentibus 4-6
armato ; labro postice breviter auriculato.
Habit. : Tahiti (M. Petit de la Saussaie). Journal de
Conch.; Paris. (PI. VIL fig. 6, 7.)
Haut. :9 à 15 1/2 m.; lar.: 11 à 12 1/2; ép.: 6 1/2à 7 m.
Petite espèce, très élégante par sa coloration, ressemble
par là et ses deux sortes de stries à la Ver. dilatata de
M. Broderip : toutefois elle s’en distingue par sa forme
constante, par son test plus épais et opaque, l’autre étant
mince et transparent. Le dernier tour s'enroule largement
— 161 —
sur le côté en un tour et demi de spire , dont le sommet
s’avance plus ou moins fortement sur le centre latéral
droit du corps de la coquille ; il est marginal et presque
postérieur sur celui de la coquille de M. Broderip; sa
callosité est plus nourrie, autrement colorée et variable en
teinte, le plus souvent noire ou noirâtre; elle est moins
échancrée et ne porte que 4 à 5 dents assez robustes pour
sa taille; il y en a 11 à 15 très robustes et fort aiguës
dans la Ver. dilatata. Son labre, au lieu de s'étendre en
largeur, comme sur celle-ci, s'étend à peine en arrière
en petites auricules, dont la supérieure est souvent la seule
marquée : tous ces caractères nous la font considérer
comme une espèce fort différente.
10: Neririna Wazuisianum nobis, PI. VIL, fig. 11, 12.
Testa globoso-oblonga, subglabra, nigerrima, punctis
albis perluciditate perspicuis signata; anfractibus quaternis
ad suturam sptraliter depressis ; supremis sæpius corrosis ;
apertura albo-cærulescente ; labio calloso, planiusculo, au-
rantio maculato, margine in medio arcuato tenueque denti-
culato. — Operculo extus nigerrimo, apice albido.
Var. 8. Major, spira totaliter erosa. Journ. de Conch.;
Paris; pl. VIL fig. 12.
Cette variété vient de la Nouvelle Calédonie, et a été
donnée à M. Petit par le commandant Marceau.
Var. >. Testa nigerrima maculis parvis, fuscis, varis
perluciditate perspicuis notata.
Habit. : les îles Wallis, avec la Ver. Royssiana.
La Var. y : la Nouvelle Calédonie (M. Fabre-Ton-
nerre).
Haut. : 20 mill. et plus; larg. 20; épaiss. 15 mill.
Cette coquille, d’une couleur très noire à l'extérieur,
l'E
7e
laisse voir, par transparence, de très petits points blancs;
et dans la Var. >, des taches d'un jaune-brun, le plus
souvent arrondies, quelques-unes oblongues et d’autres
carré-long, mais d'un petit diamètre. Elle doit avoir,
dans son intégrité, cinq tours de spire coniques; mais sur
la majeure partie des individus, un à deux seulement sont
conservés, et tous les autres tellement corrodés qu’on les
dirait avoir été tranchés par un instrument coupant. Son
labre semi-ovale et bordé d’un filet noir tout autour pré-
sente, sur son tranchant supérieur, une pelite saillie ar-
rondie. — Elle présente de l’analogie avec la Wer. Sayana:
seulement, cette derrière n’a qu’un tour et demi de spire,
arrondis, comme certains Clithons mutiques, et la 7’alli-
siarum , dans les individus entiers, en a quatre à cinq, dont
les premiers forment une spire conique; sa teinte géné-
rale est le noir foncé et non l'olivâtre; ses taches ne s'a-
perçoivent bien que par transparence; outre que sa cal-
losité est tachée d'orangé; sa marge est légèrement cein-
trée eb non pas rectiligne, comme celle à laquelle nous la
comparons; elle a, de plus, une dent robuste au-dessus de
la courbure marginale plus visible en dedans, et qui man-
que à la Ver. Sayana. Elle a été apportée, pour la première
fois, en Europe, par M. Fabre-Tonnerre, chirurgien de
la marine militaire, il y a bientôt quatre ans.
11. Nerimiva Desmouzinsiana nobrs.
Testa transversa, ovata, solida, substriata, nigerrima,
maculis albis, triangularibus ornata ; anfractibus tribus ;
spira decorticata, convexo-rotundata; apertura lutea; la-
bio angusto, plano, subcompresso, medio vix emarginato,
ac tenue denticulato; labro semi-rotundato, nigro, margi-
nato. — Operculo afterrimo, extus lævigato.
Var. 8. Testa anfrartu infimo postice spiraliter tenue
sulcato.
— 163 —
Var. 7. T'esta subglobosa ; labro superne expanso, sub-
auriculato, infernè obtuse angulato.
Var. 2? Testa globosa, postice decorticata, antice macu-
lata ; apertura lactea ; labio medio valde emarginato , den-
tibus quaternis armato.
Habit. : lesîles Witi. Noukahiva.
Haut. : 10; larg. : 14 1/2; épaiss. : 7 1/2 mill.
La Var. d, haut. 13; larg. : 17, épaiss. 11 mill.
Coquille intermédiaire entre la Ver. Nuttalli, Var. glo-
bosa (mediæ magnitudinis), et la Ner. Guerini. Elle diffère
de la première par sa spire plus large, plus saillante, toujours
décortiquée, son ouverture jaune citron et son bord ex-
terne ne présentant jamais l'extension qu'il prend ordinai-
rement dans celui-ci. Elle diffère de la seconde en ce que,
quoique solide, elle est moins épaisse; son test, presque
toujours strié concentriquement, ne montre des stries
qu’au côté postérieur, et encore rarement ; de plus, son
opercule est noir et non blanc. Elle n'a jamais, comme
cette dernière, des fascies transverses en réseau ni au-
trement, et ses taches sont plus grandes, plus abondantes
et mieux dessinées que dans toutes les deux. L'ouverture
de la Ver. Guerinii est constamment blanchâtre et son test
rézulièrement couvert de petits sillons rapprochés et spi-
raux. Nous dédions cette intéressante espèce à M. Charles
Desmoulins, président de la Société linnéenne de Bor-
deaux.
12. NerimINA TurrirA (Chemnitz). PI, ILE, fig. 8.
Nous avons cru devoir faire figurer cette Coquille, parce
que Chemnitz l'a représentée sans épiderme , et que sa
figure ne donne pas une idée suffisante de l'espèce : c’est
par erreur que nous avons indiqué sur la couverture du
Journal la fig. VIIL de la pl. 3, comme représentant Ja
— 164 —
Mer. moquiniana. L'espèce portant ce nom est décrite plus
haut et représentée sur la PI. VIT, fig. 9.
13. NenTina Cuminciana (Recluz). PI. IL, fig. 9.
Testa oblongo-acuta, crassiuscula, nigra, lineolis lutes-
centibus picta; anfractibus quinis, convexiusculis ; spira
prominenti, conico-acuta ; apertura oblique obconica ; labio
vix convexo, supernè calloso, aurantio ; margine ruguloso,
in medio valde emarginato.
Nerir. Cumingiana, Recluz (Revue zoolog. 1842).
Habit. : les îles Philippines.
Dernier tour ovale un peu plus convexe que ceux de la
spire, mais non ventru; spire constamment entière, à
sommet blanchâtre et pointu. Il ne faut pas confondre
cette Coquille avec la Mer. turrita ou strigilata, parce
qu'elle est plus solide, plus allongée, à tours bien moins
convexes, non comprimés sous la suture et à spire tou-
jours entière.
C. Réczuz.
MoxocraPmiEe d'un nouveau Genre de Coquilles bival-
ves, G. Eucnans, par M. C. Réczuz.
Les personnes peu familiarisées avec l'étude de l'his-
toire naturelle s'étonnent quelquefois de l'émission de
genres nouveaux depuis l’époque où Lamark a publié son
grand ouvrage sur les animaux sans vertébres. Il est vrai
qu'on a établi, sans une nécessité absolue, un certain nom-
bre de genres fondés plutôt sur des caractères de peu de
1
valeur, quoique particuliers à certains groupes, que sur
L tee
des caractères réellement importants : c'est ainsi que des
coupes conslituant de simples sections ont été élevées au
rang de Genre parmi les Hélices, Bulimes, Troques, Vé-
aus, Lucines, etc.; mais ces divisions n'ont point été ad-
mises par les auteurs sérieux qui les ont trouvées trop
légèrement établies : sous ce rapport, l’hésitation des
conchyliologues à sanctionner ces travaux ne saurait être
blämée, et il serait préférable, lorsque les caractères sur
lesquels on base de semblables divisions ne sont pas suf-
fisamment nombreux et assez tranchés, il serait préféra-
ble, disons-nous, de grouper seulement ces espèces parti-
culières en sections du genre auquel elles appartiennent
réellement.
Toutefois il ne faudrait pas inférer de la sévérité qui
doit être apportée dans l'appréciation des coupes généri-
ques, qu'il n'ya plus rien à faire, sous ce rapport, en
conchyliologie. Parmi les genres nouvellement fondés il
en est qui présentent des caractères bien distincts, tels
que les G. Pholadomia, Gervilia, Gnathodon, Artemis,
Periploma , Mesodesma ; Ervilia, auxquels il nous sera
peut-être permis d'ajouter ceux que nous avons publiés
dans la Revue zoologique : G. Syndosmya, Ligula, Poro-
nia, Tugonia, Septifer ; et nous pensons que des études
analytiques et sérieuses ayant pour objet l’établissement
de bonnes coupes dans certaines familles ne peuvent
qu'être utiles au progrès de la science, et doivent être en-
couragées : la mise en relief de caractères jusque là moins
bien appréciés aura l'avantage d'appeler l'attention des
conchyliologues, et surtout celle du zoologiste qui cher-
chera dans l'observation des animaux sil y a définitive-
nent lieu d'admettre ou de rejeter le travail fondé sur
‘étude de la coquille.
Nous aimons à penser que l’on trouvera dans les obser-
vations qui précèdent la justi‘ication des motifs qui nous
ont déterminé à créer le genre qui fait l'objet de cet arti-
— 166 —
cle, parce qu'il nc nous paraît pas possible de le rattacher,
à titre même de section, à aucun autre genre de Bivalves
connu.
L'espèce type a été publiée par M. Hinds, dans les
Proceedings de la Société zovlogique de Londres (année
1843) et a reçu de cet auteur le nom de Corbula qua-
drata.
Bien que M. Hinds soit un bon observateur, il nous
paraît s'être trompé dans cette circonstance, car cette co-
quille s'éloigne en beaucoup de points du G. Corbula. En
effet, les Corbules sont des coquilles presque constam-
ment épidermées, subrostrées, très inéquivalves, ayant
sur chaque valve le ligament intérieur fixé dans une fos-
sette du bord cardinal contiguë à la dent sous-apiciale :
les impressions musculaires ovales-aiguës, et l'impression
palléale plus ou moins excavée, sont toujours très mar-
quées sur la face interne des valves.
La Corbula quadrata de M. Hinds n'est ni épidermée,
ni rostrée, ni inéquivalve : son ligament est extérieur,
porté sur des nymphes courtes et étroites; les impres-
sions sont à peine apparentes; les impressions musculai-
res sont orbiculaires, l’impression palléale tout à fait sim-
ple, c'est-à-dire sans excavation, arqüre, ni truncature
au côté postérieur.
Au premier aspect, nous avions pensé que cette co-
quille appartenait aux Saxicaves; mais une étude plus
attentive nous a démontré qu’il n’en était point ainsi, car
les espèces de ce genre sont perforantes, ont deux dents
cardinales le plus souvent avortées, ou du moins rudi-
mentaires et fort courtes : l'impression palléale est pro-
fondément excavée, horizontale. Dans notre coquille,
chaque valve n’a qu’une seule dent toujours constante,
très saillante, subulée et recourbée vers les sommets ; d’un
autre côté, elle manque d'excavation palléale, et la pré-
sence d'une carène constante, ainsi que la régularité qu'on
— 167 —
trouve dans la contexture des valves, démontrent qu'elle
n'est point perforante.
Ce n'est donc qu'à la suite d’un examen attentif de la
coquille dont il s’agit que nous nous sommes déterminé à
en faire le type d’un genre nouveau, que nous appelle-
rons Eucuanis, en le caractérisant comme il suit :
G. Eucranis.
Testa æquivalvis ? inæquilateralis, ovata seu subglobosa,
hians, apicibus antrorsüm flexis : cardo, in utraque valvula,
dentem unicum, productum, subulatum ascendentum, mutuo
latere junctos ferens ; ligamentum externum suprà nymphas
infixum ; impressiones musculares duæ, orbiculatæ, aproxi-
matæ, impressione musculari simplici conjunctæ.
Animal ignotum.
Genre £ucharide.
Coquille équivalve? inéquilatérale ovale ou subglobu-
leuse, bâillante, à sommets recourbés en avant. Charnière
portant sur chaque valve, une dent saillante, subulée, as-
cendante, se joignant côte à côte dans le rapprochement
des valves. Ligament extérieur, porté par de petites nym-
phes : deux impressions musculaires, similaires, orbicu-
laires, rapprochées par une impression palléale simple (1).
Les Eucharides sont des coquilles de petite taille,
blanches, un peu transparentes, elles sont convexes,
quelquefois ventrues, toujours marquées de stries d’ac-
croissement fines et inégales. Leurs sommets sont proé-
mineuts, recourbés en avant, avec le crochet aigu. Leurs
rapports sont difficiles à établir sans la connaissance de
l'animal; toutefois elles semblent le rapprocher des Saxi-
caves.
(1) Les valves ont un poli tel, que les impressions ne sont pas visibles
davs cet état; ce n’est donc que lorsqu'elles ont perdu leur brillant qu’on
peut les distinguer à leur aspect terne et crétacé,
— 168 —
Nous ne connaissons que deux espèces du G. £ucharis,
l’une fortement carénée des sommets à la base du côté
postérieur, et à valves renflées; l’autre convexe, ellipti-
que, et sans carène Voici le diagnose de ces deux es-
pèces :
1° Eucharis quadrata.
Testa ovata, vel subglobosa, inflata, alba, transversim
substriata, valvulis ab apice ad marginem posticam angulo
acuto valde carinatis : arca postica subcordata, depresso-
plana.
Coquille ovale ou globuleuse, enflée, blanche, striée
transversalement ; valves très carénées par un angle aigu
partant du sommet et aboutissant à la marge postérieure;
plan postérieur presque cordiforme déprimé et plane.
Corbula quadrata, Hinds. Proceed. zool. Soc. Lon-
dres, 1843.
Conchyl. Iconica, Revue monos. du G. Corbula, tab. 5,
fig. 4 (maxima).
Habit. : la Guadeloupe (M. le command. Beau).
Dim. : haut.:11 m.; long.:14 mill.; épaiss. : 8 1/2 mill.
Forme variable; tantôt ovale, globuleuse ou presque
carrée ; carène bien prononcée, mais quelquefois très éle-
vée et très déprimée sur tous les côtés.
2° Eucharis elliptica, nobis.
Testa elliptica, convexa, tenui, albo-hyalina; valvis
subangulatis, irregulariter ac tenue striato-rugosis, non ca-
rinatis.
Coquille elliptique, convexe, mince, d'un blanc hya-
lin, valves subanguleuses, non carénées, sculptées de
stries‘rugiformes fines et irrégulières.
Habit. : la Guadeloupe.
— 169 —
Dim. : haut. : 8-9 mill.; long. : 11-14 mill.; épais-
seur : 7-8 mill.
Les valves de cette espèce sont presque anguleuses,
sans êlre jamais pourvues d'une crête ou carène oblique
d'avant en arrière et de haut en bas Malgré ses grands
rapports avec l Eucharis quadrata, nous avons cru devoir
en faire une espèce distincte.
C. Réczuz.
Descrirriox de Coquilles nouvelles, par M. Perrr DE
LA SAUSSAYE.
ielix Guillaini, nobis. PI. VII, f. 3.
Testa solida, suborbiculari, glabra, depressa, olivaceo-lu-
tescente, anguste umbilicata, umbilico subangulato ; anfrac-
tibus 4, planis, ultimo basi convexiusculo, carinato, carina
obtusa ; apertura irregulart, quadrangulari; columella sub-
callosa ; peristomate albo-violacescente ; labro reflexo.
Diam. : 30 mill.
Coquille assez solide, presque orbiculaire, déprimée,
épiderme de couleur olivacée-jaunâtre ; quatre tours de
spire, dont le dernier présente une carène obtuse, ou an-
gle arrondi; les tours supérieurs très planes : les bords
de l'ouverture d’un blanc nuancé de violet, le bord ré-
fléchi.
Cette jolie espèce, que nous devons à l'obligeance du
commandant Guillain à qui nous la dédions, vient de l'île
de Sainte-Marie de Madagascar. Elle se-rappsoche par
— 170 —
quelques-uns des caractères de certaines variétés de 17.
labrella Linné (sepulchralis F.), et aussi de l'A. xystera
Pfeiffer, qui toutes les deux vivent à Madagascar.
Partula Recluziana, nobis. PI. VIF, f. 5.
Testa rimato-perforata, ovato-conica, luteo-fusca, macu-
lis albicantibus irregulariter ornata; spira brevi, obtusa ;
anfractibus 4, convexiusculis; ultimo spiram superante ;
opertura oblongo-ovali ; labro expanso, albo.
Long. : 20 mil].
{
Coquille à peine ombiliquée, ovale-conique, ayant un
épiderme brun ou jaunâtre, recouvert lui-même de taches
blanchâtres, irrégulières, quelquefois fulgurantes. Quatre
tours de spire : le bord droit blanc étalé.
Hab. une des îles Salomon ?
Cette jolie Partule, qui nous a été donnée par le capi-
taine de frégate Marceau, se rapproche de l’espèce décrite
et figurée par M. Reeve sous le nom de ?. inflata (Con-
chologia systematica), mais la nôtre est beaucoup moins
veutrue, et plus régulière dans la forme; elle se distingue
aussi par les accidents de coloration qui semblent dus à
la présence de deux épidermes.
Buccinum Guillaini, nobis. PI. VIH, f. 4.
Testa imperforata, ovato-conica. Pallide nebuloseque fus-
cescente, violaceo tincta, imperforata ; anfractibus 7-8, ul-
timo ventricoso, ad marginem sulcato, superne subtubercu-
lato, basi sulcato, superioribus nodosis, et spiraliter sulcatis ;
spira acuta; columella valde arcuata, ad basim plicata et
violacea ; apertura oblongo-ovali, intüs albido violacescente;
labro intus subcancellato , infernè emarginato; margine
acuto.
Operculum ?
és
171 —
Haut. : 24 mill. ; larg. : 12 mill.
Coquille dépourvue d'ombilic, d’un fauve pâle, nuancé
d'une légère teinte violette, ayant 7 ou 8 tours de spire,
et la spire aiguë, le dernier tour un peu ventru, avec des
côtes tuberculeuses en haut, et des sillons à la base; les
tours supérieurs noduleux et striés spiralement ; la colu-
melle très arquée presque angulaire, garnie de plis serrés
à la base et d’une belle couleur violette : ouverture d’un
blanc violacé, le bord droit échancré inférieurement.
Cette jolie espèce nous a été donnée par le comman-
dant Guillain qui l'a trouvée près de l’île Abd-el-Goury.
Elle se rapproche du 2. lyratum Lam., et ces deux espè-
ces semblent appartenir au même groupe.
De la PERFORATION DES Pierres par les MorLusques.
Les observations présentées par M. Deshayes , dans le
premier cahier du Journal de Conchyliclogie, au sujet de
la perforation des pierres par les Mollusques, devait né-
cessairement attirer de nonveau sur cet objet l'attention
des personnes qui se sont occupées de cette étude. Une
d'elles, M. Thorent, vient de nous adrésser à cet égard
une note intéressante que nous nous empressons d'insé-
rer textuellement comme pouvant aider à la solution de
la question.
Voici ce que nous écrit M. Thorent :
« M. Deshayes, dans son article Observations au sujet de
» la perforation des pierres par les Mollusques, prouve
» d'une manière claire et précise que ce n'est point à
l’aide de moyens mécaniques que ces anïinaux parvien-
nent à se loger dans la pierre et à y agrandir leur demere,
au fur et à mesure de leur développement. Il n’y à pas,
en effet, de Mollusque perforateur qui possède un ins-
trument quelconque assez puissant pour résister à un
corps plus ou moins dur, et moins encore pour le pé-
nétrer : ce que dit M. Deshayes, en parlant du taret,
est applicable à plusieurs autres genres de Mollusques,
et particulièrement aux Gastrochènes, aux Pholades et
à quelques Pétricoles. On sait combien les coquilles de
ces animaux sont minces et friables, et cependant elles
habitent toutes des calcaires souvent très durs. Com-
nent supposer encore que les élégantes et fragiles aspé-
rités qui ornent la surface de la coquille d’une Pholade
conserveraient leur ténuité et leur fraîcheur , si cette
coquille subissait le moindre frottewent sur un corps
éminemment plus dur qu'elle. Pour prévenir toute ob-
jection, nous ajouterons que les coquilles perforantes à
surface lisse, comme les Gastrochènes, et notamment
la Modiole lithophage, sont constamment revêtues d’un
épiderme, ou drap marin, formé, comme on le sait,
d'une matière muqueuse ou cornée : épiderme qui, par
sa nature, ne saurait résister, moins encore que la co-
quille, au plus léger frottement sur un corps qui aurait
la moindre cohésion.
» Les observations de M. Deshayes sont donc suffisam-
ment développées, et les conséquences qu'il en tire sont
assez concluantes pour qu'il soit nécessaire de chercher
de nouvelles preuves. Nous dirons donc avec lui qu'au-
cun Mollusque ne perfore la pierre à l'aide d’un moyen
mécanique.
» Il reste à découvrir le moyen fourni par la nalure au
Mollusque perforateur. Nous croyons, sinon avoir ré-
solu le problème d'une manière absolue, du moins être
arrivé sur Ja trace de Ja vérité.
— 173 —
» Il résulte d'expériences que nous avons faites, à l'aide
des lumières de notre ami M. Rivet, habile chimiste,
sur plusieurs individus de la Pholas crispata de nos
côtes, que la présence d'un acide libre, secrété par cet
animal, n'est pas douteuse, et que c’est dans les parties
intestinales que cet acide existe, ainsi que nous l’a fait
reconnaître l'application sur cette partie du papier de
tournesol.
» La nature de cet acide n'a pas été déterminée faute
des appareils et des réactifs nécessaires pour cette ex-
périence; mais il y a lieu de penser qu'il s’agit d'acide
chlorydrique, qui aura pu prendre naissance par la dé-
composition des chlorures que l’eau de mer tient en
dissolution. Quant à la quantité secrétée par l'animal,
si elle est en rapport, comme c’est probable, avec la
masse d’eau qu'il absorbe extérieurement et intérieure-
ment, elle doit être considérable et d'une action inces-
sante.
» Il nous paraît donc certain que le Mollusque perfo-
rateur n'emploie pas d’autre moyen pour creuser dans
la pierre la cavité dans laquelle il est enfermé, qu'en
y déposant successivement les acides qu’il secrète et
qu'il parvient aisément à étendre sur toute la paroi in-
térieure, à l’aide de son pied et de son manteau : ce
fait est confirmé par l'expérience suivante :
» Si lon recueille une certaine quantité de matière
secrélée par le Moilusque avec le liquide qui l’accom-
pagne, et si on le place sur une plaque de marbre poli,
on reconnaît bientôt l’action corrosive de l'acide sur
cette plaque.
» Il ne sagit plus maintenant que de découvrir le
moyen einployé par l'animal pour préserver la coquille
elle-même contre l'agent destructeur du calcaire : or
il est tout trouvé et connu. C'est évidemment cette
matière muqueuse ou cornée qui, lorsqu'elle recouvre
— 174 —
la coquille, se nomme drap marin , épiphose, ou sim-
plement mucosité lorsqu'elle est vue sortant du Mol-
Jusque. Gette substance animale étant insoluble dans
les acides et constamment existante et produite pen-
dant la durée de la vie, elle neutralise les effets de l’a-
cide sur le Mollusque et sur la coquille.
» Nous regrettons que nos expériences soient incom-
plètes, et qu’il ne nous ait pas été possible, jusqu à
présent, d'obtenir de résultats plus précis; mais nous y
reviendrons : la question présente trop d'intérêt pour
que nous l’abandonnions avant d’avoir essayé tous les
moyens de la résoudre »
Au moment même où nous recevions de M. Thorent la
note qui précède, M. Lovell-Reeve nous écrivait de Lon-
dres dans les termes suivants :
« Le mémoire de M. Deshayes sur la perforation des
pierres par les Mollusques m'a beaucoup intéressé,
d'autant qu'il confirme l'opinion que javais conçue
depuis longtemps, que cette perforation avait lieu par
une action chimique, et non par des moyens mécani-
ques : c'est seulement depuis peu que j'ai eu occasion
de soutenir cette opinion dans une discussion avec
M. Buckland (dans une séance de l'Institution des in-
génieurs civils), au sujet des ravages causés par le Taret
(Teredo navilis), dans les boïs de construction de nos
arsenaux, dommages qui, d'après ce savant, seraient
produits par l'action d’une rape siliceuse, by séliceous
rasping. »
11 s'agirait ainsi d'un troisième moyen, d’un nouvel
agent attribué aux Mollusques, pour pénétrer dans les
matières calcaires et dans les substances ligneuses. Nous
présumons qu'il est question, dans ce système, des grains
siliceux que M. Hancok a trouvés dans le pied ou le man-
— 175 —
teau de certains Mollusques et dont il prétend que ceux-
ci peuvent se servir pour corroder la surface des corps qui
se trouvent dans la mer. M. Récluz pense, sur ce point,
que ces grains siliceux pourraient bien n'être que des
cristaux calcaires.
S: P:
Osservarions sur quelques Mollusques du G. Hélix
composant le groupe des espèces luisantes de France
(indiquées par M. l'abbé Dupuy, dans son 3° fasci-
cule de l'Histoire naturelle des Mollusques de France),
par M. Terver de Lyon.
Herx Vitida, Müll.; Lucida, Drap.
M. Dupuy se contente de citer, dans la Synonymie, la
Pi. VIII de Drapanaud, sans indiquer le nom donné par
cet auteur, ce qui pourrait induire en erreur les person-
nes qui ne possèdent pas son ouvrage.
H. Olivetorum, Gmel.
Cette espèce est très distincte, et elle présente toujours
en France les mêmes caractères quelle que soit la localité
qu'elle habite. Il serait donc utile d'appeler l’attention
des naturalistes sur l’espèce que l’on trouve à Gênes et en
Sicile, et à laquelle M. de Charpentier a donné le nom
de H. Zeopoldiana.
Nous avons eu bon nombre d'exemplaires de cette
espèce à notre disposition, et nous l'avons toujours trou-
vée plus volumineuse que notre H. Olivetorum : elle nous
a paru relativement plus mince; son test est mince et
n'offre jamais cet éclat vitreux de l'espèce de France.
— 176 —
Il serait bon d'étudier les animaux de ces deux espèces,
avant de se prononcer sur leur réunion en une seule.
H. Nitidula, Drap.
Cette espèce a été généralement confondue avec l’Hé-
lix Vitens Mich. Cependant , en l'examinant avec soin,
on voit qu'elle en diffère essentiellement. Indépendam-
ment de l’écartement de l'ouverture plus prononcée dans
V'H. Nitens, VH. Nitidula est plus solide, plus brune et
les animaux ne se ressemblent pas.
En outre des localités indiquées par M. Dupuy, nous
retrouvons l'espèce dont il s’agit aux environs de Lyon,
en Loraine, en Alsace, à Valenciennes, .en Belgique, en
Saxe et probablement dans tout le nord de la France.
Elle habite les bois, dans les lieux élevés, sous les feuilles
mortes : on la rencontre aussi dans les vallons boisés.
H. Glabra, Müll.
Cette espèce existe dans les Alpes suisses , ainsi que je
l'ai signalé à M. Dupuy; elle se trouve aussi en Allema-
gne; mais ce qui nous intéresse davantage c'est qu'elle a
été trouvée dans les montagnes du Bugey, au Colombier
où elle est fort belle et très développée. Il est probable
qu’elle devra se rencontrer dans toute la chaîne du Bugey,
du Jura et des Vosges, peut-être même dans le nord de la
France : on la trouve parmi les pierres.
L'ombilic est trop grand, dans la fig. 6, pl. X, de
M. Dupuy.
H. Alliacea, Jeffries;, Alliaria, Müli. ; fætida, Brown.
Voici encore une espèce à ajouter à celles de France. -
Elle habite dans les bois , au mont Pelat, près Lyon,
dans le Bugey. Lorsque nos montagnes auront été mieux
— 177 —
explorées, il est probable qu'on la trouvera sur d'autres
points : car entre l'Angleterre où elle vit et où elle est
connue depuis longtemps, et le département du Rhône;
il existe bien des points intermédiaires qui doivent lui
convenir.
H. Cellaria, Müll.
M. Dupuy a séparé avec raison cette espèce de la sui-
vante, car les animaux diffèrent essentiellement.
Elle se rencontre dans presque tous les boïs aux envi-
rons de Lyon : elle habite également près de Valencien-
nes, la Belgique, et probablement tout le nord de la
France.
H. Lucida, Drap.; Mitida, Drap.
Commune à Lyon, dans les lieux frais, mais on la
trouve rarement avec la précédente : celle-ci recherche
davantage les lieux humides ; elle existe dans Je Jura, les
Alpes et une grande partie de nos provinces septentrio-
nales.
H. Mitens, Michaud.
Cette espèce se trouve à peu près dans toute la France,
en Suisse, en Allemagne. J'appellerai néanmoins l’atten-
tion des naturalistes sur ce Mollusque qui offre certaines
variétés remarquables.
À Grenoble, par exemple, la plupart des échantillons
sont d'un blanc. azuré, sans cependant tenir de l’albi-
nisme.
H. Radiatula, Dupuy.
Cette jolie espèce a été confondue avec | Helix Vitidosa,
dont la taille est à peu près égale.
Elle existe aux environs de Lyon ; je l'ai reçue du dé-
12
— 178 —
département de l'Oise, et sans aucun doute elle se re-
trouve dans d'autres localités.
H. Mitidosa, Fer. ; Nitidulu Drap.
Habite Lyon, l'Auvergne.
H. Hydatina , Dupuy.
Nous avons trouvé cette espèce à Lyon, mais dans le
Lemmer, ou terrain d’alluvion : j'ignore si elle existe en-
core à l’état vivant.
Je la connais comme venant du Portugal.
Il y a donc lieu de croire qu'on finira par la rencon-
trer sur quelqu autre point de la France.
H. Cristallina, et H. Hyalina, Dupuy.
Ces deux espèces terminent le groupe des Hélices lui-
santes de France, indiquées par M. l'abbé Dupuy.
Nous croyons qu’il y aurait d’autres additions à faire,
car déjà M. Foudras, jeune naturaliste de cette ville et
excellent observateur, croit avoir remarqué cinq à six
espèces de Crystallines, dont M. Dupuy ne signale que
trois espèces. De nouvelles observations sont indispensa-
bles pour être fixé d’une manière précise ; mais dès à pré-
sent nous pouvons avancer qu'il existe des Crystallines :
{° A péristome simple, ombilic étroit ou à peine
visible.
2° A péristome simple et à ombilic très ouvert.
3° A péristome bordé, avec l’ombilic très ouvert.
Nous croyons donc devoir appeler l'attention des natu-
ralistes sur la recherche et sur l'étude de toutes les espèces
de ce groupe si intéressant et si peu connu. Il faut les
chercher un peu partout : car ces espèces n'ont pas toutes
— 179 —
la même manière de vivre, et telle exposition qui con-
vient à l’une ne vaut rien pour uné autre.
Les Crystallines, ainsi que les petites espèces, préfé-
rent en général les mousses ou à défaut les feuilles mor-
tes; et c'est en secouant ces mousses au-dessus d'un linge
ou d'un parapluie ouvert, cemme font les entomologistes,
que l’on peut espérer de faire quelques découvertes, ou
tout au moins recueillir quelques faits nouveaux pour
arriver à éclaircir les points douteux.
TErver.
Norice sur un nouveau genre de Moilusques terrestres
nommé SToasroMA, par M. C. B. Adams.
Dans un mémoire qui a paru à Amherst (Massachussett)
en septembre 1849, M. C. B. Adams a fait connaître un
nouveau genre de coquilles terrestres operculées, dont il
a décrit en même temps onze espèces provenant toutes de
l’île de la Jamaïque. Voici la caractéristique de ce genre :
G. Stoastoma Adams. — o70 Porticus et roux , aper-
lura,
Testa, apertura accurate semictrculari, ora crassa ; labro
producto, regulariter curvato, haud reflexo ; labio vix cur-
vato ; operculo calcareo, perconcavo, exile et irregulariter
lamellifero.
Coquille à ouverture exactement semi-circulaire ; bord
épais ; labre prolongé, régulièrement recourbé ou réflé-
chi; bord gauche à peine recourbé ; opercule calcaire,
très concave, mince, portant des lamelles irrégulières.
— 180 —
M. Pfeiffer, parlant de ce genre dans le Zeitschrift für
Malakozoologie (année 1849, pag. 113), a fait remar-
quer que le Cyclostoma succineum, Sow. devait être rap-
porté à ce groupe qu'ilest disposé à placer dans la famille
des Hélicinacées. Il avait été, dit-il, frappé, depuis long-
temps de la forme toute particulière de cette espèce (1), et
il en aurait fait lui-même le type d'un genre nouveau
dans la famille des Cyclostomacés, s'il en eût connu l’o-
percule. Depuis, ce conchyliologue a trouvé au fond d'un
exemplaire de ce Cyclostome un opercule dans lequel il
a reconnu les caractères de l’opercule des Stoastoma, très
profondément concave, et sans spire réellement visible.
En outre de ce caractère, une disposition propre à ce
genre consiste dans la direction du bord gauche qui, à sa
réunion avec le bord droit, est linguiforme et présente un
tuyau caréné retournant en arrière sur l'ouverture ombi-
licale.
Toutes les espèces connues jusqu'à présent sont très
petites. La plus grosse de celles décrites par Adams, le
St. Pisum, est encore plus petit que je St. Succineum de
l'île Opara. Elles sont sphériques, coniques ou discoïdes :
les espèces propres à la Jamaïque sont loutes striées spi-
ralement. Voici lés noms sous lesquels elles ont été dési-
gnées par cet auteur. Stoastoma Gouldianum, Blandianum,
Fadyanianum, Pfifférianum, Cumingianum, Chittianum,
Pisum, Lyndsleyanum, Redfieldianum, Jayanum, Leanum,
auxquelles il faudrait ajouter comme douzième espèce,
suivant M. Pfeiffer, le Staostoma Succineum.
Nous terminerons, en faisant remarquer que cette der-
nière espèce vient d’une île isolée au milieu de l'Océan
Pacifique, tandis que les onze autres semblent se trouver
(4) M. Pfeiffer reconnaît au surplus que la figure qui représente le Cycl.
suecineum dans le Thesaurus de Sowerby, n’est pas exacte, et que l’ou-
verture est trop ronde.
— 181 —
parquées dans l'île de la J amaïque. La distance qui sépare
ces deux points du globe nous laisse, nous devons l'avouer,
quelque incertitude sur l'exactitude du rapprochement
fait par le savant conchyliologue de Cassel.
LOUE
NOTE.
Nous avons annoncé dans notre avant-propos que nous reprodui-
rions dans le Journal de Conchyliologie quelques-uns des articles les
plus intéressants publiés à l'étranger dans certains recueils qui trai-
tent des différentes branches des sciences naturelles : le cadre du
journal ne nous permettrait pas de faire remonter trop haut ce genre
de recherches, à moins qu’il ne s’agît de quelques observations im-
portantes ; mais nous croyons entrer dans une voie convenable en
mettant sous les yeux de nos souscripteurs quelques-uns des travaux
publiés hors de France dans le courant de l’année dernière : nous
allons commencer, dans ce cahier, cette sorte de revue rétrospective
en reproduisant plusieurs articles extraits du recueil qui paraît an-
nuellement à Londres sous le titre : Annals and Magazine of natu-
ral history including Zoology, Botany and Geology by Jardine,
Selby, etc.
S. PETIT.
Nornice sur les espèces appartenant au G. Placenta de
Retzius; G. Placuna de Lamark , par J. E. Gray.
(Extrait du Magasin de Jardine, août 1849.)
Lamark a décrit trois espèces de ce genre, d’après la
forme extérieure, ondulée ou plate de la coquille, earac-
tère sujet à des variations considérables, comme on peut
le reconnaître à l'inspection d’un grand nombre d'exem-
plaires.
J'ai observé, dit M. Gray, que la charnière présente
un caractère plus permanent et qu'il donne les moyens de
— 182 —
diviser les espèces en deux sections, en donnant aussi la
possibilité de séparer les espèces elles-mêmes. Dans les
deux divisions la valve droite est la plus plate, et porte
les dents en forme de côtes de la charnière.
Sect. 1°. Coquille rougeâtre, les dents de la charnière
divergentes et s’éloignant rapidement l’une de l’autre, en
formant un angle d'environ 45 degrés ; l'impression mus-
culaire sous le centre de la charnière ; les dents de lon-
gueur presque égale.
PL. Sella. Gmel. — Coquille flexueuse, plutôt rhom-
boïde, étant droite par devant. Les dents cardinales éga-
les en longueur à la distance qui les sépare à la base.
Habit. : l'Océan Indien.
Var. : Presque plate, subquadrangulaire.
Habit. : la Nouvelle-Hollande.
PL. Papyracea, Lam.—Coquille subtétragone, plus pe-
tite que la précédente; très mince, papyracée, blanchä-
tre, nuée de rouge-brun , présentant des stries très fines
onduleuses.
PL. Lincolnii, Gray.— Coquille plate, de forme presque
orbiculaire, arrondie devant et derrière ; les dents de la
charnière prolongées , ayant une longueur plus considé-
rable que la distance qui les sépare à la base.
Habit. : la Nouvelle-Hollande.
Secr. 2°. Coquille semi-transparente, plate, suborbi-
culaire ; les dents cardinales s'éloignant très graduelle-
ment l’une de l’autre; la dent postérieure plus longue ;
lPimpression musculaire en avant du centre de la char-
nière.
PL. Placenta, Lam.
Placenta, orbicularis, Retz. -— Anomia, Placenta,
Linn.
Coquille blanche, demi-transparente, très aplatie, rou-
—.i83 —
geâtre quand elle est jeune. Ges coquilles varient un peu
dans l'inégalité des dents de la charnière , mais la posté-
rieure est toujours plus longue.
Habit. : la Nouvelle-Hollande.
Nous ferons remarquer que Chemnitz donne la meil-
leure caractéristique pour les espèces, et qu'il a tenu
compte des caractères fournis par la charnière qui n'a-
vaient été vus ni par Lamark, ni, autant que j'en puis
juger, par aucun des auteurs récents (1).
Descriprion de quatre espèces de Pur, par M. H. Bx-
son. Esq.
(Jardine’s Magazine, août 1849.)
M. Benson décrit quatre nouvelles espèces de Pupa de
Chine et de l'Inde, en faisant remarquer qu'elles appar-
tiennent bien à ce genre, tandis que d’autres provenant
des mêmes localités, et décrits comme tels, seraïent plus
convenablement placés dans le G. Bulimus. Voici la ca-
ractéristique des espèces décrites par M. Benson.
1° Pupa regia, Bens.
Testa profundissime umbilicita, elongato-conica, subcy-
(1) M. Gray commet ici une erreur ; en effet voilà ce qu’on lit dans l’En-
cyclopédie méthodique à l’article Placune.
« La forme des dents cardinales, leur longueur, leur divergence sont de
» bons caractères pour distinguer sûrement les espèces, en les joignant
+ àvec d’autres différences extérieures, »
Plus loin, M. Desbayes dit à l’article Placuna placenta :
« Les dents cardinales sont très grandes, mais très inégales ; l’une d’el.
» les, la plus grande, qui est aussi la postérieure, est tout à fait droite :
+ l’autre est légèrement arquée dans sa longueur, »
HE 5
— 184 —
lindrica, solida, alba, lævigata, nitidiuscula, oblique et
remote obsoleteque plicato-striata; spira supernè sensim
attenuata, apice obtusiusculo , umbilico pervio; anfractibus
undecim subplanulatis, ultimo anticè antecedente, validius
plicato, ad basin compresso ; sutura lincarë, irregulariter cre-
nata; apertura oblique truncato-ovata, sublaterali ab axe
deviante, intüs fulvida; plica columellari profunda, dupli-
cata, parietali elongata, remotiuscula; peristomate valde
incrassato, reflexo, subtus latiori, marginibus callo junctis,
collumelart expanso, supernè sinuato, extus angulum effor-
mante, dextro medio antrorsum arcuato.
Coquille profondément ombiliquée, allongée-conique,
subcylindrique, solide, blanche, lisse, luisante, munie de
stries obliques, éloignées et peu marquées; pointe de la
spire obtuse ; onze tours de spire presque planes; le der-
nier tour plus fortement plissé, comprimé à la base ; su-
ture irrégulièrement crénulée, ouverture ovale tronquée,
fauve intérieurement; un pli columellaire profond , dou-
ble ; le pli supérieur allongé; péristome très épais, réflé-
chi; les bords joints par une callosité ; le bord columel-
laire étendu, sinué à la partie supérieure , le bord droit
arqué au milieu.
Long.: 43 mill. ; aperturæ long. : perist., incl. ; 18 m.;
lat. : 9 mil].
Habit. : la Chine, près Nankin.
Cette espèce est une des plus grandes du genre Pupa;
l'ombilic est si profond qu'en y introduisant un fil d’ar-
chal, celui-ci pénètre presque jusqu'au sommet de la co-
quille.
2° Pupa huttoniana, Bens.
Test. rimata, ovato-oblonga, subcylindracea, hyalina,
glabra, apice obtuso ; anfractibus 5, convexis ; apertura
ovato-rotundata, quinque-plicata, peristomate expansius-
— 185 —
culo, marginibus callo tenu junctis ; plica unica irregulart,
sinuata, parietali, columellaribus duobus, palatalibus duo-
bus profundis.
Coquille à peine perforée, ovale-oblongue, subcylin-
drique, hyaline, glabre ; ayant 5 tours de spire convexes;
ouverture ovale-arrondie:; péristome étendu, les bords
réunis par une callosité mince; deux plis à la columelle,
un pli au-dessus irrégulier, sinueux, deux autres plis en
haut de l'ouverture.
Long. : 1 1/2 mill.; Lat. x : { mill.
Habit. : Simla, et jusqu'ici n’a été trouvé sur aucun
autre point de la chaîne de l'Himalo ya.
3° Pupa plicidens, Bens.
Best. umbilicata, ovato-conica, subtrochiformi, glabrius-
cula, obscure striata, cornea; anfractibus quinque, con-
vexis, ultimo ventricoso, antice ascendente, ad basin tu-
mido ; sutura impressa; apice obtuso ; apertura irregulart,
subtriangulart, 9-plicata; peristomate continuo, sinuato,
exæpanso, marginibus callo appresso expänso junctis; dex-
tro medio extus impresso, intus tuberculato-incrassato ; pli-
cis parietalibus 3, quarum 2 superioribus elongatis, colu-
mellari dentiformi, unica, palatalibus 5, quarum 2 sub-ba-
salibus minutis, margine basali extus callo prœdito ; umbi-
lico angusto.
Coquille ombiliquée, ovale-conique, subtrochiforme,
un peu glabre, léoèrement striée, cornée; cinq tours de
spire convexes ; le dernier ventru; ouverture irrégulière,
subtriangulaire, ayant neuf plis ; le périsiome continu,
sinué, étalé ; le bord droit épais, comprimé vers le milieu ;
un pli columellaire unique , dentiforme; trois plis supé-
rieurs, dont deux allongés; cinq autres plis dans le haut
de l'ouverture dont deux petits; ombilic étroit.
Long. : 2 mill.; lat. : 1 1/2 mill.
— 186 —
Habit. : Landour et Mussoorie, montagnes de l'Hima-
laya.
Cette coquille, dit M. Benson, a une forme toute par-
ticulière et semble indiquer un passage des Pupa aux
Anostoma.
L'animal a quatre tentacules, la paire supérieure por=
tant les yeux, les inférieures très courts; le pied est hya-
lin ; les tentaculeset le mufle de couleur brune; la coquille
est traînée horizontalement. L'animal se trouve parmi les
mousses, sur les rochers humides et, en général, dans les
endroits peu ou point accessibles aux rayons du soleil.
4° Pupa brevicostis, Bens.
Test. rimato-perforata, cylindraceo-ovata, cornea, apice
obtuso; anfractibus 4 1/2, longitudine celeriter crescentibus;
ultimo antice non ascendente, 1/3 longitudinis teste æœquante,
superioribus convexis supernè remote semi-costulatis, ultimo
et penultimo subplanulatis, dimidioque in feriori cæterorum
sericeis, muticis ; apertura rotundato-ovata, 5-6 plicata ;
plica prima angulari, brevi; secunda parietali profundiore,
obliqua ; columellari unica; palatalibus 2-3 profundis ;
peristomate expanso, subrefleæo.
Coquille médiocrement perforée, ovale-cylindrique,
cornée; spire obtuse; quatre tours et demi; le dernier
égalant le tiers de la longueur de la coquille; les tours
supérieurs convexes, à moitié costulés; ouverture ovale-
arrondie, munie de cinq plis; le premier court, angulaire,
le second plus profond, oblique, un pli columellaire uni-
que ; deux ou trois plis profonds à la partie supérieure
de la coquille ; péristome étalé, un peu réfléchi.
iong. : 1 1/2 mill.; lat. : vi, 1 mill.
Habit. : à Barrackpore, près Calcutta.
Les tentacules inférieurs de l'animal manquent ou sont
— 187 —
invisibles comme dans les Vertigo ; les supérieurs portent
les yeux au sommet.
Sur quelques individus envoyés, par la voie de terre,
dans un tuyau de plume, deux arrivèrent vivants à
M. Benson, et se mirent à ramper, lorsqu'il les eut
exposés à l'humidité.
CaracrÈres du Ge DiPLOMMATiNA, genre nouveau de
Mollusques terrestres appartenant à la famille des
Carychidés, par W. H. Benson. Esq.
(Jardine’s Magazine, septembre 1849.)
Le capitaine Hutton a rapporté de l'Himalaya une petite
coquille qu'il regardait comme appartenant au G. Cary-
chium, mais que M. Pfeiffer à décrite sous le nom de Buli-
mus folliculus (Symb. 3, n° 370, p. 83). M. Hutton s'était
fondé, pour rapporter l'espèce au premier de ces genres,
sur la position des yeux qui ne sont point placés à l'ex-
trémité des tentacules. La coquille seulement, diflérant
par la forme de l’ouverture et par l'absence de plis ou de
dents, serait évidemment anormale dans ce genre : mais
celui-ci semblait être le seul auquel on püût rattacher la
coquille.
M. Benson ayant été à même de faire des observations
répétées sur l'animal de deux espèces de ce groupe, en
fait connaître le résultat de la manière suivante :
« Deux tentacules seulement, partant de la partie supé-
» rieure de la tête, longs, filiformes; les yeux situés à la
» partie postérieure et à la base des tentacules, composés
» de deux lobes; un lobe profondément placé dans le
» tentacule et plus grand que l’autre, qui est un petit
» point noir iuclinant sur le côté extérieur du grand lobe;
» pied court.
— 188 —
» Si l'animal eût été pourvu d’un opercule, il aurait pu
» être rapporté à la famille des Cyclostomacés, à cause
» de la position des yeux et de la forme de l'ouverture de
» la coquille. Les différences qu'on peut remarquer dans
» celle-ci, aussi bien que dans l'animal, permettent de
» les séparer du G. Carychium. »
M. Benson propose donc de former dans cette occasion
un nouveau genre, auquel il donne le nom de Diplomma-
tina, dérivé du caractère particulier des yeux, et il en
donne la caractéristique suivante :
G. Diplommatina, Benson.
Testa vix rimata, tenui, subovata; spira elongata ; an-
fractibus convexis, costatis, ultimo subascendente ; apertura
edentula, suborbiculari; peristomate duplicato, expanso ;
marginibus callo parietali appresso junctis.
Operculo nullo.
Coquille à peine perforée, mince, subovale; spire allon-
gée ; tours convexes, munies de côtes; ouverture non gar-
nie de dents, suborbiculaire; péristome double, renversé,
les bords réunis par une callosité pariétale.
Pas d'opercule.
DESCRIPTION DES ESPÈCES.
1° Dipl. folliculus, Pfeiff. — T. breviter rimata, ovato-
acuminata, tenut, distincte et oblique costata, pallide fus-
cescenti-albida ; spira conica, acutiuscula ; anfractus 7,
convexis, ultimo angustiori, antice subascendente, [3 lon-
gitudinis vix æquante; apertura subciculart ; peristomate
simplici, breviter expanso, marginibus approximatis, callo
junctis, dextro arcuato, columellari dilatato , patente.
Coquille brièvement perforée, ovale-acuminée, mince,
garnie de côtes obliques distinctes; d’un blanc tirant sur
— 189 —
le fauve pâle; spire conique, pointue; sept tours con-
vexes ; le dernier plus étroit, égalant à peine le tiers de la
longueur de la coquille; ouverture suborbiculaire; péris-
tome simple, à marge rebordée; le bord droit arqué; le
bord collumellaire étalé.
Long.: 3 1/2 mill.; diam. : medio, 2 mill.
Habit. : Simla, Landour, etc. (Inde).
2° Dipl. costulatum, Benson. — T. minima, subimper-
forata, cylindrico-ovata, minute costulata, costulis obliquis
regularibus, approximatis ; anfractibus quinis, superioribus
celeriter decrescentibus ; ultimo angustiori, antice subascen-
dente; sutura profunda ; apice obtuso; apertura rotundata,
continua ; peristomate tenui, expanso, duplicato, labro se-
cundo retromisso à costulis, satis distincto.
Coquille petite, presque imperforée, ovale cylindrique,
finement costulée, les côtes obliques, régulières, rappro-
chées; cinq tours de spire; les supérieurs décroissant
rapidement; le dernier plus étroit; suture profonde ; spire
obtuse; ouverture ronde, continue; péristome mince
étendu, double; le second labre distinct.
Long. : 2 mill.; diam. : vix 1 mill.
Habit. : in montibus sub-Himalayanis occidentalibus.
Cette espèce diffère notablement par la forme et les
dimensions du D. foll'culus, Pfeiff. ; elle est plus petite, et
ne présente pas la même longueur; spire conique décrois-
sant tout à coup vers la spire.
Dans les mêmes localités, habités par les Diplommatina,
M. Benson a rencontré, maïs moins abondaminent, une
nouvelle espèce de Carychiun , tout à fait distincte des
* a] . .
espèces d'Europe GC. minimum et G. spelæum, Rossm.,
— 190 —
ainsi que de l'espèce américaine C. exiguum, Say. Voici
la caractéristique qu'en donne ce conchyliologue :
Caryc. indicum, Benson.
T. minima, rimata, ovato-cylindracea, hyalina, nitida;
anfractibus quinis, superioribus convexis, ultimo et penul-
témo subplanulatis ; apice obtuso; sutura impressa ; apertura
ovata ; peristomate incrassato ; margine dextro intus medio
callo dentiformi prædito; plica parietali unica, columellari
obliqua. ,
Coquille petite, ovale-cylindrique, hyaline, brillante;
cinq tours de spire ; le dernier et l'avant dernier presque
planes; les supérieurs convexes; ouverture ovale; péris-
some épais; le bord droit garni intérieurement d'une
callosité dentiforme; un seul pli pariétal; pli columel-
laire oblique.
Long. : 1 1/2 mill.; diam. : 243 mill.
Habit. : Simla. Landour, etc.
Nonice sur le périoste velouté de certaines Gythérées,
S.-G. Trigona de Megerle, par J. E. Gray.
(Jardine’s Magazine, octobre 1849.)
« Dans mon travail sur les espèces du G. Zrigona de
» Megerle, j'ai mentionné que quelques espèces étaient
» revêtues d’une sorte de drap velouté, argenté, cachant
» la surface du périoste corné.
» Quand ce vêtement est examiné attentivement, on
» le trouve formé de nombreux spicules de même lon-
» gueur, placés côte à côte perpendiculairement à la
» surface du périoste, de manière à former une sorte de
» velours ou de peluche ; la longueur des spicules, et par
)
2
D
C4
— 191 —
conséquent l'épaisseur du vêtement, augmente vers les
bords de la coquille : ce vêtement disparaît générale-
ment dans la partie la plus convexe et la moins pré-
servée de la coquille.
» Le R. D" Fleming a dernièrement appelé mon at-
tention sur ce fait que ces spicules étaient siliceux et
semblables à ceux des Eponges siliceuses. Par suite, il
serait porté à regarder ce vêtement velouté comme
étant une espèce de ÆZalichondria, parasite sur la co-
quille, plutôt qu'une portion même du périoste, et le
D'G. Johnson, de Berwick, qui a examiné avec moi les
exemplaires de M. Fleming, a partagé cette opinion.
» En présence de semblables autorités, en opposition
avec ma manière de voir, j'ai dû examiner de nouveau
la question ; mais, jusqu'à présent, je crois être dans le
vrai, en considérant les spicules comme une partie de
la coquille formée par l'animal en même temps qu'il
produit le périoste. Voici les raisons sur lesquelles je
me fonde :
» 1° Cette sorte de vêtement se trouve sur plusieurs
espèces, connues pour habiter des parties différentes
du globe.
» 2° Le vêtement s'étend uniformément sur la surface
entière de la coquille. Sur tous les points, il est formé
de séries de spicules placés les uns à côté des autres,
et perpendiculairement à la surface de la coquille : ces
spicules accroissent en longueur, et conséquemment le
drap en épaisseur, à mesure que la coquille s'accroît
elle-même.
» 3° Ce drap ne ressemble en rien à aucun des exem-
plaires d'Eponge que j'ai examinés; les spicules ne sont
ni entrelacés, ni méêlés, mais placés parallèlement
d'une manière très uniforme : le vêtement présente
constamment une même surface, sur laquelle on n'’a-
perçoit rien qui ressemble à des proéminences ou à des
»
>
— 192 —
branches, ce que présentent toutes les Eponges que j'ai
vues soit enveloppant des coquilles, soit parasites sur
d'autres animaux marins.
» 4° La connaissance que nous avons de l’organisation
des Mollusques nous a disposé à croire qu'ils peuvent
sécréter des corps siliceux et accessoires sur la surface
du périoste distinct de la coquille. M. Hancock à mon-
tré que les dents de divers Mollusques gastéropodes
étaient siliceuses, et il a fait aussi connaître que la sur-
face du pied et différentes parties du manteau de divers
Acéphales et Gastéropodes étaient garnies de grains
siliceux , au moyen desquels ces animaux peuvent cor-
roder la surface des corps marins.
» Les exemplaires bien conservés de la Lucina Pensyl-
vanica ont chacun des sillons concentriques, qui ornent
la surface de la coquille, frangés par une expansion
membranacée ou semi-cartilagineuse, qui est bordée
d'une série de pièces belles, régulières, épaisses, con-
vexes, en forme de perles : de même aussi les sillons con-
centriques qui traversent les tours de la surface exté-
rieurede l'opercule du Ziopa(Delphinula, sp. Lam.)sont
frangés par des belles pièces régulières subglobuleuses.
» Je dois faire remarquer de plus que la surface exté-
térieure du périoste de quelques coquilles, univalves ou
bivalves, est souvent eouverte d'une sorte de poils
courts, serrés et formant un vêtement velu, comme
on le voit, dans diverses espèces de Pectunculus, Buc-
cinum, Triton, etc. s
» Je suis donc porté à croire que, dans les Trigona,
chaque couche ou portion de périoste qui est ajoutée au
bord, et avant d'être déposée, est fournie d'une série
de spicules siliceux droits, lesquels, réunis à celles
précédemment disposées, forment le vêtement velouté
du périoste, tel qu'on le trouve dans ce genre de Bival-
ves,
— 193 —
» Bien que je ne puisse adopter l'opinion émise à cet
» égard par mes amis les D'* St-Flemnig et Jo‘nson, je
» pense néanmoins que la découverte faite par le premier
» de spicules siliceux , formant l'enveloppe veloulée des
» Trigona, constitue un fait des plus intéressants pour
» l'étude des Mollusques. »
ObsenvaArTions sur l'animal vivant d'une /Vanina vitri-
noides (Desh.), par H. E. SrricxLanp.
(Magasin de Jardine, novembre 1849.)
Au mois de décembre 1847, le capitaine Boys m'offrit
trois individus du Mollusque terrestre nommé par
M. Gray Nanina vitrinoides (tiélix Deshayes), coquilles
que cet officier s'était procurées bien longtemps avant, au
moius un an, dans le district d'Ajmeer, dans l'Inde supé-
rieure. Les animaux étaient encore dans la coquille ;
mais par suite du long temps pendant lequel ils avaient
été gardés au sec, ils s'étaient considérablement réduits
de volume et s'étaient presque entièrement retirés du der-
nier tour, ainsi que la transparence de la coquille permet-
tait de le voir. De même que beaucoup d'Hélicidées des
climats chauds, surtout lorsqu'elles ont été exposées long-
temps à la sécheresse, la Vaninu vitrinoides sécrète une
cloison calcaire, un faux opercule, chaque fois qu'elle
se retire à l’état d'engourdissement. Les exemplaires dont
il s’agit avaient formé deux ou trois cloisons successives,
au fur et à mesure qu'elles se desséchaient.
Dans le but de les rappeler à la vie, je les plaçai sur de
la mousse humide, dans une chambre chaude : deux des
Mollusques ne présentèrent aucune ressource, mais je
vis le troisième, à travers la coquille, augmenter de vo-
13
lame par l'absorption de l'humidité, et avant la fin de la
semaine il atteignait la porte de sa demeure, se défaisait
de ses cloisons et commençait à ramper. I] dévora avide-
ment un morceau de carotte qui lui fut donné, et bientôt il
crut en santé et en vigueur : je conserve cet intéressant
animal depuis une année.
Depuis sa résurrection, ma ÜWanina à grandi, ct elle a
ajouté un tour de plus à sa coquille dont le diamètre est
maintenant d'environ 20 mill.; sa nourriture favorite se
compose de carottes bouillies et de feuilles de laitue crue.
L'animal reste généralement en repos pendant le jour;
mais il sort et prend une activité considérable vers le soir,
ne montrant jamais aucun penchant à rester engourdi
pendant longtemps.
La coquille de la VNanina vitrinoides est brune, brillante
et transparente, et par sa forme et sa couleur elle ressem-
ble beaucoup aux coquilles européennes du G. Zonites;
mais l'animal est très différent, et il serapproche davantage,
quoique bien distinct, du G. #itrina. Le pied, lorsqu'il
est contracté, est trop volumineux pour entrer dans la
coquille, à moius quil n'ait été, pendant quelque temps,
exposé à la dessication. Lorsqu'il est déployé et complé-
tement étendu, il est remarquablement long et étroit,
ayant environ deux pouces de longueur sur un 1/5 de
pouce en largeur ; s6n extrémité postérieure est brusque-
ment tronquée et surmontée d'un court appendice corné
semblable à celui qu'on remarque dans les larves de cer-
taius genres de Lépidoptères. ‘Toutefois le caractère le
plus particulier de l'animal des Van/na consiste dans les
deux lobes allongés pointus qui partent du bord du man-
teau, un de chaque côté de l'ouverture de la coquille ; ces
lobes possèdent une certaine faculté de mouvement laté-
ral, etont un granil pouvoir de rétraction et d'expansion;
mais ils se tiennent Loujours en contact avee la surface de
la coquille.
— 195 —
L'animal a l'habitude d'exécuter fréquemment l'opéra
tion ci-après, laquelle, autant que je puis en juger, n'avait
été jusqu à présent remarquée chez aucun Moïlusque ter-
restre, En rampant au sommet de sa prison (qui consiste
en un gobelet renversé avec une petite ouverture pour le
passage de l'air), il se suspend au verre par la moitié pos-
térieure de son pied, et il retourne en rond l'autre moitié
de manière à en mettre la surface inférieure en contact
avec la coquille. En raison de la grande longueur et de la
flexibilité de cette portion du pied, elle peut se tourner
dans diverses directions, et aiusi ramper vour ainsi dire
sur chaque partie de sa propre coquille, tandis que la
portion postérieure de l'animal reste fermement attachée
à la surface du verre. Pendant cette opération, les tenta -
cules sont en partie contractés, et la bouche de l'animal,
appliquée contre la coquille, s’étend et se contracte alter-
nativement comme accomplissant un acte de succion. En
fait, ce procédé ressemble à l’action d'un chat, quand il
lèche ses pattes et son corps, et il paraîtrait, en vérité, être
mu par le même motif, celui de nettoyer sa personne de
toute matière étrangère et de se donner cet aspect de
propreté et de beauté, qui est une des lois de la nature
organique dans son état normal : c'est à cette loi qu'il
faut rapporter ce lustre brillant qui distingue les coquilles
des Mollusques.
il serait bon de vérifier si les genres voisins J’itrina et
Zonites ont des labitudes analogues. Les coquilles des
espèces de Zonites, propres à la Grande-Bretagne (Z.
nitens, alliacea, cellaria, ete.), ressemblent beaucoup à la
Nanina vitrinoides par la forme, la couleur et le lustré de
leur surface, et il est probable que leur nature brillante
est due à la même faculté de polir qu'aureient les animaux
qui les habitent. D'un autre côté, il est difficile de com-
prendre comment les animaux des Vitrina et des Zoni-
tes, dont le pied est plus large et plus court que celui des
— 196 —
Nanina, pourrait frotter chaque partie de leur coquille
pour en nettoyer la surface.
L'animal de la ÂVanina vitrinoides est d’un cendré
foncé, le manteau jaunâtre, les lobes latéraux plus obs-
curs, la surface inférieure du pied d'un gris pâle, avec
une bande jaune le long de chaque côté.
Nore sur quelques nouvelles espèces remarquables
d'Ammomres des élages Néocomien et Aptien de
France, par ALGiDE D ORmeNY.
De tous les genres de Mollusques perdus dans les cou-
ches géologiques, le plus important, comme développe-
ment spécifique et comme caractère stratigraphique des
âges du monde, est sans contredit le genre Æmmonites.
Ge genre, en effet, après les nombreuses réductions que
nous avons fait subir aux espèces des auteurs, en y appli-
quant le fruit de nos recherches sur les variétés dues à
l'âge, au sexe et aux cas pathologiques (1) ; réductions
qui s'élèvent peut-être à un nombre égal à celui qui reste,
renferme encore cinq cent trente espèces bien positives.
La forme spéciale à chaque espèce est d’un double intérêt:
d'abord, parce qu'elle offre l'ensemble le plus gracieux,
le plus varié dans sa conformation et dans les ornements
qui la couvrent; puis par la distribution rigoureuse de ses
formes spécifiques dans les époques géologiques qui se
sont succédé à la surface de la terre. Les Ammonites ap-
paraissent, pour la première fois, avec l’état saliférien, le
sixième du monde animé, à la fin des terrains triasiques.
Elles sont nombreuses dans les dix étages successifs des
terrains jurassiques ; elles arrivent à leur maximum de dé-
(1) Voyez nos recherches spéciales sur les Ammonites, Paléontologie
française, Terrains crétacés, T. 1, p. 369.
=
veloppement d'espèces (au nombre de 86) avec l'étage
néocomien, le premier des terrains crétacés, et après avoir
successivement diminué de nombre dans les six étages
crétacés, elles finissent par s'éteindre tout à fait avec l’é-
tage sénonien , ou la craie blanche, sans qu'aucune soit
connue dans les âges supérieurs. Les Àmmonites sont done
nées à dix-huit époques successives, dans l'ordre chro-
nologique de l'Histoire du monde, et chacune de ces épo-
ques présente ses espèces différentes. On voit, en scrutant
la manière dont les espèces sont distribuées dans ces épo-
ques, qu'après l’anéantissement complet des espèces qui
existaient, une nouvelle série bien distincte de la première
arrive dans les mers et les repeuple de nouveau. C'est ainsi
que, dix-huit fois de suite, chaque série d'espèces d’Am-
monites se renouvelle à la surface de la terre, en donnant,
par leurs formes diverses, à toules ces époques, les ca-
ractères stratigraphiques les plus complets, les plus
tranchés.
Pour donner une idée de la diversité de formes qu'af-
fectent les Ammonites, nous allons en décrire trois espè-
ces nouvelles rencontrées sur le sol de France, toujours
inépuisable depuis que nous avons donné l'élan aux re-
cherches : ces espèces proviennent des étages néocomien
et aptien.
AMMONITES CAMELINUS, d'Orb.
(PI. 8, fig. 1, 4.)
À. testä compressa ; anfractibus rotundatis , transversim
oblique costatis, 6-9 sulcatis, sulcis externe tuberculatis ;
tuberculis elevatis, obtusis, transversim costatis.
Dimensions. Diamètre : 36 mill. par rapport au dia-
mètre ; largeur du dernier tour : 35/00 ; épaisseur du der-
nier tour : %5/100, recouvrement du dernier tour : 9/00 ;
largeur de l'ombilic : 35/4100.
— 198 —
Coquille comprimée dans son ensemble, non carénée ;
spire formée de tours réguliers, cylindriques, aussi larges
que hauts, également convexes partout, ornés en travers
par tours de six à neuf sillons transverses, très obliques
en avant et passant sur le dos : entre chacun de ces sillons
se remarque de trois à cinq côtes très aiguës, dont une
souvent bifurquée, les autres simples, occupant toute la
largeur des tours : on en voit en avant quelques autres
interrompues obliquement par le sillon. En arrière de
chacun des sillons, s'élève de chaque côté du dos un gros
tubercule gibbeux très obtus, sillonné en travers par trois
à cinq côtes aiguës semblables aux autres, seulement
plus faibles ; le dos est marqué d'une dépression longitu-
dinale, dans le jeune âge, mais régulier et entier chez les
adultes; ombilic ouvert, laissant paraître environ la moi-
tié des tours; bouche ronde, légèrement échancrée par le
retour de la sphère.
Observation. Les seuls changements produits par l’âge
consistent à avoir, dans les jeunes, les tubercules plus sail-
lants, le nombre des sillons de six : et ce nombre aug-
mente avec l’âge, jusqu'a neuf par tour de spire.
Rapports et différences. Par ses sillons transverses
et ses côtes, cette espèce rappelle FA. intermedius, dont
elle diffère néanmoins par les côtes moins nombreuses,
plus aiguës et surtout par les tubercules. Ges tubercules
rappellent ceux qui ornent l'A. mamillutus ; maïs à cette
différence près que l'A. cumelinus les a costulés en travers,
dans le sens des côtes, tandis que ces tubercules sont
costulés en long transversalementaux côtes, chez l'A. ma-
illatus.
Localité. Gette charmante espèce se trouve assez rare-
ment dans l'étage néocomien supérieur à Escragnolles
(Var.), où elle a été recueillie par M. Astier et par nous.
Nous en possédons six échantillons.
— 199 —
Explication des figures. PI. 8, fig. 1 : Coquille de
vrandeur naturelle, vue de côté.
Fig. 2. La même vue, du côté de la bouche.
Fig. 3. Jeune individu de grandeur naturelle.
Fig. 4. Un tubercule grossi, vu de profil.
De notre Collection.
Aumonires Ricorpeanus, d'Orb.
(PI. 8, fig. 5, 8.)
À. testa transversa, anfractibus depressis, transversim
undatis, externe 9-14 tuberculis obtusts ornatis : dorso lato,
complanato; aperturd transversd, depressd.
Dimensions. Diamètre : 25 mill. Par rapport au dia-
mètre, largeur du dernier tour : 36/00; épaisseur du
dernier tour, 136/190 ; recouvrement du dernier tour : 4/100;
largeur de l'ombilic : 30/160.
Coquille non comprimée, plus épaisse que large, non
carénée ; spire coissant très rapidement , formée de tours
réguliers, déprimés, plus épais que larges, marqués en
dehors de quelques côtes onduleuses incertaines parmi
lesquelles une plus forte de distance en distance, ornés au
pourtour de lombilic, suivant l'âge, de 9 à 14 tubercules
extrêmement saillants, gros etobtus, droits, un peu com-
primés ; dos très large presque plan, ou du moins à peine
convexe, bouche transrerse déprimée, formant de chaque
côté de fortes saillies latérales; cloisons symétriques,
cou posées, de chaque côté, de trois lobes formés de parties
impaires; le dos ne reçoit que le lobe latéral supérieur ;
les deux autres sont intérieurs,
Observation. Gette espèce varie, suivant l’âge. Au dia-
mètre de 6 millimètres elle à la même forme que l'adulte,
mais elle est pourvue de 14 tubercules au pourtour; ceux-
— 200 —
ci plus petits paraissent avoir formé des pointes. Le nom-
bre des tubercules diminue ensuite, à mesure que la co-
quille s'accroît : ils demeurent aussi plus gros, plus obtus,
à mesure qu'ils sont moins nombreux.
Rapports et différences. Munie de gros tubercules, au
pourtour de l’ombilic, comme l'A. coronatus , celle-ci en
diffère par sa grande largeur transverse, et la saillie
énorme de ses tubercules obtus.
Localité. Cette espèce, l'une des plus singulières du
genre, a été découverte dans l'étage aptien de Gurgy
(Yonne), par M. Ricordeau, savant modeste qui a exploré
cette contrée avec autant de sagacité que de patience.
Nous somines heureux de pouvoir la lui dédier comme un
faible souvenir de reconnaissance.
Explication des figures. PI. 8, fig. 5 : Jeune individu,
de grandeur naturelle, vu de côté.
Fig. 6. Le même, vu du côté de la bouche.
Fig. 7. Adulte, de grandeur naturelle, vu de côté.
Fig. 8. Le mêine, vu du côté de la bouche.
De notre Collection.
Ammonires Jauserrianus, d'Orb.
(PI. 8, fig. 9, 10.)
À. testä compressiuscula ; anfractibus depressis, lœvigatis,
lateribus carinatis ; dorso lato, complanato; aperturä trans-
versd, latertbus acutd.
Dimensions. Diamètre : 32 mill. Par rapport au dia-
mètre, largeur du dernier tour : 32/1603 épaisseur du der-
nier tour : 82/1909; recouvrement du dernier tour : 2/100;
largeur de l'ombilic : 33/100.
Coguille peu comprimée dans son ensemble, non ca-
rénée ; spire croissant rapidement , formée de tours ré-
A -—
guliers, déprimés, beaucoup plus épais que larges, en-
tiérement lisses, fortement anguleux de chaque côté à la
partie externe, où ils forment un angle saillant ; dos très
large, aplati ou à peine convexe, lisse; ombilie occupant
toute la largeur de la coquille et formant un vaste enton-
noir; bouche transverse, déprimnée, plus large en dessus,
terminée de chaque côté par un angle saillant; cloisons
symétriques, composées, de chaque côté, de cinq lobes
formés de parties impaires ; le lobe latéral-supérieur est
sur le dos; le lobe latéralinférieur sur l'angle saïllant :
les différents âges n'offrent point de différences.
Rapports et différences. Par sa forme singulière, cette
espèce se distingue nettement de toutes les Ainmonites
connues : c'est en effet la seule que nous connaissions,
ayant le dos si large et l'ombilic occupant tout le côté de
lombilic.
Localité. Elle est propre à l'étage aptien du midi de
la France , elle a été recueillie dans les inarnes noires, à
Barème, à Gévaudan, à Saint-André de Méouille, à Hyè-
ses, dans Île département des Basses-Alpes, par MM.
Astier, Jaubert, Charlavant et par nous. Elle est rare par-
tout : néanmoins nous en avons vu plus de dix exem-
plaires.
Explication des figures. PI. 8, fig. 9 : Coquille de
grandeur naturelle, vue de côté.
Fig. 10. La même, vue du côté de la bouche.
De notre Collection.
Naruraz misrory OF New-York, Palæontology of
New-York; by Hall. (2"° Article.)
Les travaux géologiques de M. fall ont contribué à
généraliser un fait important que M. Elie de Beaumont
— 202 —-
avait signalé à l'attention des savants de l'Europe. Au-
dessous «les plus anciennes couches fossilifères (Silurien
inférieur), là où la série des dépôts sédunentaires est la
plus complète, on observe une formation puissante, dans
l'épaisseur de laquelle on ne rencontre jamais la moindre
trace de corps organisés fossiles. Quoique ce fait soit pu-
rement négatif pour le paléontologiste, il doit acquérir
une grande valeur, aux yeux de ceux des naturalistes qui
veulent se rendre un compte exact des phénomènes qu'il
faut étudier, avant de tracer l’histoire de notre globe.
Ces premiers dépôts sans fossiles démontrent l'existence
d'une longue période, pendant laquelle de vastes amas
d'eau, ont agi sur les parties consolidées de la croûte terres -
tre, en ont arraché des inatériaux-meubles, et les ont dé-
posés sur de grandes surfaces à une époque où, selon tou-
tes probabilités, la température de la terre et des eaux ne
permettait pas encore l'existence des êtres vivants. Ainsi
avant toute création, se sont produits de grands phènomè-
nes géologiques, pendant lesquels la température sidérale
de la terre, a diminué d’une quantité suffisante, pour per-
mettre enfin lapparition dans des mers d'une tempéra-
Lure encore élevée, des premiers êtres dont les débris
ont été conservés dans des couches }lus récentes. Il était
difficile, en effet, de concevoir le contact presque iminé-
diat, des premières couches fossilifères, avec les roches
de cristallisation. Un intermédiaire était nécessaire, pen-
dant lequel la terre devait subir un refroidissement suffi-
sant, et son existence récemment révélée vient compléter
pour le géologue, la série des phénomènes dont il faut
tenir compte dans l’histoire de notre globe terrestre.
Les premiers vestiges d'êtres organisés que M. Hall si-
gnale dans son ouvrage, appartiennent à la fois aux deux
règnes, et l’on conçoit que les végétaux ont dû, si ce nest
précéder, du moins accompagner les animaux auxquels
ils devaient servir de nourriture. Ces premiers végétaux
— 203 —
ont appartenu à la grande classe des Algues, et, ce qui est
remarquable, les premiers animaux sont des Mollusques
de la classe des Brachiopodes, c'est-à-dire de l'organisa-
tion la plus simple. C'est le genre Lingule qui apparaît le
premier. Dans les couches immédiatement superposées
(Calciferous Sandstone), des plantes plus volumineuses
appartenant à la même «lasse et voisines sans doute des
: Spongodiun branchus que nourrissent encore nos mers,
ont laissé de nombreux vestiges. D'autres liollusques s’a-
joutent aux premiers : ce sont particulièrement des Gas-
téropodes se nourrissant de végétaux, des Evomphales,
des Turbos, d’autres coquilles spirales peu faciles à déter-
miner, el enfin les premiers vestiges de Moilusques cépha-
lopodes pourvus d’une coquille droite, connus sous le
nom d'Orthocères. C'est un peu plus baut que Fon ren-
contre quelques zoophytes, les uns de la famille des Rété-
pores, les autres reuirant dans la grande classe des ra yon-
nés et dépendants du genre Actinocrinus. Enfin la classe
des Crustacés commence en même temps par quelques
‘Trilobites des genres /ilænus, Æsaphus, Isotelus, etc.
La classe des Mollusques brachiopodes s'accroît assez
rapidement en espèces, et les Gastéropodes prennent aussi
plus de développement, lorsque lon remonte dans les
couches superposées à celles dont nous venons de parler.
Cependant, domine chez eux le genre Evomphale, qui
subit quelques modificatious intéressantes , pour les-
quelles Ni. Hall a créé plusieurs genres nouveaux, en-
tr'autres celui qu'il nomme Aaphistoma. À ces êtres s'a-
joute un type très intéressant, à cause du grand nombre
d'espèces qu'il renferme, et de leur dispersion sur pres-
que tous les points de la terre, où l'on observe les plus
anciens terrains fossiliféres : nous voulons parler du genre
Bellerophon. Lorsque Montfort a créé ce genre, il l’a placé
dans le voisinage des Nautiles, en annonçant chez lui,
l'existence de cloisons percées d’un siphon. M. Defrance a
== ff =
fait justice de ce mensonge scientifique: il s'agissait ensuite
de placer convenablement le genre dans la méthode na-
turelle, et à cet égard les opinions ont été très diver-
gentes. Certains zoologistes considérant ces coquilles par-
faitement symétriques, éroulées sur le même plan, ayant
une larse ouverture, les ont rapprochées des Argonautes
et entraînées dans la classe des Céphalopodes. M. de
Blainville, croyant trouver entre ces coquilles et certai-
nes Bulles, une analogie suffisante, a proposé de les intro-
duire dans la famille des Acères. M. D'Orbigny, dans
son tableau méthodique des Céphalopodes, persista à les
maintenir dans la famiile des Octopodes. Cuvier adopte
aussi cette classification, dans sa seconde édition du Règne
animal. Dès 1830, nous avons rejeté les opinions que nous
venons de rappeler. Nous fondant sur la ressemblance
des Bellérophes et des Atlantes , nous avons proposé le
rapprochement de ces deux genres, les considérant
comme très voisins de ceux pour lesquels M. de
Blainville a créé l'ordre des Nucléobranches. Nous ver-
rons bientôt les observations de M. Hall justifier notre
opinion à laquelle M. Benson et M. d'Orbigny lui-même
se sont rangés en la modifiant lévérement. Parti d'autres
considérations, tirées principalement de l'épaisseur du
test et de la grandeur des callosités développpées sur la
spire de certaines espèces, M. de Koninck a vu, dans les
Bellérophes, une modification du type des Emargi-
nules, et en conséquence il a proposé le rapprochement
des deux genres. De toutes ces opinions, celle qui nous
paraît la plus conforme aux faits connus, est celle que
nous avous défendue et qui est confirmée par les récentes
observations de M. Hall. Dans ce genre où sont rassem-
blées aujourd'hui un grand nombre d’espèces, il y en a
d’ombiliquées, et d'autres dont la spire est complétement
enveloppée. M. Hall a cru nécessaire de former un genre
nouveau, pour les espèces ombiliquées, mais il ne saurait
— 205 —
être admis dans une méthode naturelle, parce que le ca
ractère sur lequel il s'appuie, est variable à des degrés
infinis; il n'implique, du reste, aucun changement dans
l'organisation : c'est comme si l’on voulait faire un genre
pour les hélices ombiliquées ou pour toutes les autres co-
quilles chez lesquelles l'existence de l’ombilic est un ca-
ractère indifférent,
En poursuivant, dans l'ouvrage de M. Hall, le déve-
loppement des plantes et des animaux, nous voyons
dans des couches plus récentes que celles dont nous ve-
nons de parler (Birdsey limestone), d’autres espèces
de Mollusques, parmi lesquels se dessinent les genres
Murchisonia et Pleurotomaria. Les Orthocères se mul-
tiplient et prennent un volume déjà considérable. Les
zoophytes deviennent plus abondants et empruntent des
formes nouvelles; mais ce qui est le plus intéressant
c’est de voir se transformer le type de la famille des Nau-
tilacées qui, de droit qu'il était d'abord, se courbe peu à
peu et finit par s'enrouler. Maïs, par une tendance re-
marquable, après un enroulement partiel, l'animal se re-
dresse encore, voulant rappeler ainsi sa forine primitive.
À côté du genre Lituite, viennent se placer d’autres mo-
difications dans la série desquelles on compte les Phrag-
moceras, les Campulites, les Gyrthoceras, etc., genres
qui ne quittent pas les sédiments fossilifères inférieurs.
Le type des Orthocères, sans changer de forme, éprouve
de nombreuses variations dans sa constitut'on intérieure.
Les coquilles de ce genre se distinguent par leur forme
droite, en cône très allongé. La plus grande partie du
eône est divisée à l’intérieur, par un grand nombre de
cloisons transverses, concaves en avant, et percées d’un
siphon continu qui traverse, dans une même direction,
toutes les cloisons sans en excepter une seule. Ce siphon
est la partie la plus caractéristique des coquilles eloison-
nées des Céphalopodes. Dans un certain nombre d'es-
— 208 —
pèces d'Orthocères, il forme un canal continu et sim-
ple; il est ouvert dans toute son étendue et lui-même
reste dépourvu de cloisons ; chez d’autres espèces, le si-
phon devient plus grand, et il a des étranglements qui
correspondent aux cloisons. M. fall a cru nécessaire de
faire de ces espèces un genre particulier, sous le nom de
Ormoceras. Ce genre nous paraît peu utile, étant fondé
sur un caractère qui ne se traduit pas au dehors et
qui, d’ailleurs, se répète aussi dans le genre Nautile, à
un moindre degré de développement. 1l est une autre
modification, non moins intéressante que celle dont nous
venons de parler: elle doit nous entraîner dans une courte
digression, relative à la structure du siphon. Ce canal a
pour usage, de recevoir un ligament de l’animal, au moyen
duquel il conserve des rapjiorts avec toute la portion cloi-
sonnée de sa coquille ; dans tous les genres cloisonnés con-
nus jusqu ici, le siphon lui-même n’est jamais partagé par
des cloisons; il n'est jamais obstrué au sominet, ce qui
pourrait cependant avoir lieu, par suite de l'accroissement
de la coquille et de l'épaississement qui résulte d'une sé-
crétion qui, ordinairement, ne s arrête pas. Ge fait général
souffre actuellement quelques exceptions remarquables
dont l’une a été irrévocablement constatée par les nom-
breuses observations de M. Hall. Dans les terrains que
nous avons cités précédemment (Black River Limestone)
se trouvent d'énormes espèces d'Orthocères. Ün savant
paléontologiste français, du plus grand mérite, M. de
Verneuil, en a rapporté un individu qui devait avoir près
de deux mètres de longueur. Dans ces espèces, le siphon
devient énorme, et alors il présente une sorte de cloison-
nement qui résulte de l'engaînement de plusieurs couches
successives que l’animal produit en avant et abandonne
en arrière dans la période de ses accroïissements. Pour
se faire une idée plus juste de ce siphon, il faut le com-
parer à de très longs «ornets empilés les uns sur les autres,
MT —
et dont l'extrémité aiguë resterait à des distances inégales,
M. Hall a également cru nécessaire de créer un genre
nouveau, sous le nom de Endoceras, pour ces Ortho-
cères d’une structure si particulière. Pour nous, nous
y voyons un simple phénomène d'accroissement, très in-
téressant sans aucun doute, mais qui ne nécessite pas la
création d’un nouveau geure. Nous devons ajouter ce fait,
découvert par M. Hall, que les siphons emboités les uns
dans les autres ne persévèrent pas dans toute la longueur
d'une même coquille. Le premier s’arrête d'abord, un
secoud lui succède à son tour, tout en le revêtant dans
une partie de sa longueur; de sorte que, arrivé à la
dernière cloison, le siphon n’a pas l’épaisseur de tous les
engaînements quil a produits.
L'autre exception à la règle générale de la continuité
du siphon est bien plus remarquable et bien moins fa-
cile à expliquer. M. de Verneuil possède, dans sa belle et
riche collection des fossiles du terrain paléozoïque, un
échantillon d'Orthocère de la Suède, dans lequel an
large siphon à étranglements successifs est cloisonné avec
autant de régularité que la coquille dans laquelle il est
contenu. On ne peut se faire aucune illusion à ce sujet;
nous avons examiné cet échantillon unique avec le soin
le plus scrupuleux. Il y a des rapports tels entre le siphon
et les cloisons de la coquille d'un côté, et les cloisons du
siphon lui-même de l’autre, que l’on ne peut révoquer en
doute que le tout à appartenu à un même animal. On ne
peut supposer ni une blessure, ni une monstruosité, à
cause de la régularité de toutes les cloisons.
Comme on voit, l'ouvrage de M. Hall est une source
féconde dans laquelle le paléontologiste peut puiser de
très utiles renseignements. Continuons donc à l'explorer,
pour faire ressortir les richesses qu'il renferme.
Üne des séries de couches les plus riches en fossiles
intéressants est connue des géologues américains sous le
=,
nom de Trenton Limeston. Ce terrain dépendrait encore
du silurien inférieur et correspondrait à la partie moyenne
de cette formation. Ici les êtres organisés se multiplient
beaucoup plus; ils varient dans leurs formes, et les végé-
taux eux-mêmes sont. plus nombreux et appartiennent
toujours à la famille des Algues. La classe des zoophytes
a pris un développement considérable : ces êtres présen-
tent, pour le plus grand nombre, l'organisation la plus
simple, quoique l'on rencontre aussi un assez bon nom-
bre de Crinoïdes et que l’on voie apparaître pour la pre-
mière fois avec certitude le type des Astéries ou Etoiles de
mer.
Les Mollusques brachiopodes augmentent considéra-
blement dans le nombre de leurs espèces. À côté des Lin-
gules on voit naître les Orbicules ; le type des Térébra-
tules, qui s’est déjà manifesté précédemment, se continue
en affectant de nouvelles formes, pour lesquelles les au-
teurs ont créé les genres Spirifer, Orthis, Delthyris, ete.
A côté de ce type, celui des Productus se manifeste à son
tour, d'abord sous une forme particulière, pour laquelle
Dalman a fait le genre Leptæna. Quant aux Mollusques
lamellibranches, ils sont déjà assez nombreux, mais mal-
heureusement il n'est pas loujours facile de reconnaître à
quel genre ils appartiennent. Il faut en excepter cepen-
dant le type des Nucules, dont les formes varient à ce
point d'offrir parfois celle des Solens. Aussi ces formes
ont été pour M. Hall le sujet d’un genre nouveau auquel
il a donné le nom de Orthonota. 11 faudrait cependant
que les paléontologistes ne créassent pas un trop grand
nombre de genres, lorsqu'ils sont fondés uniquement sur
des changements de forme; ils n'atteignent pas le but
qu'ils se proposent; car au lieu d'éclairer la science, ils
en surchargent la nomenclature et en rendent ainsi l'ac-
cès plus difiicile. Les autres formes de Mollusques lamel-
libranches dépendent très vraisemblablement du type des
= Apt —
Cardium, de celui des Avicules et de celui des Moules.
Cependant, pour rapporter avec certitude les espèces à
leurs véritables genres il faudrait les soumettre à de nou-
velles études et n'admettre les nouveaux genres proposés
par M. Hall qu'ensuite de la constatation de caractères
constants autres que la modification de formes extérieu-
res dont M. Hall s'est servi trop exclusivement.
Aux Mollusques gastéropodes dont nous avons déjà
parlé, s’en ajoutent plusieurs des genres Pleurotomaire,
Murchisonie, Bellerophon, etc. Mais ici nous devons ci-
ter spécialement un genre Carinaropsis dont l’une des es-
pèces rattache évidemment les Bellerophons aux coquilles
des Nucléobranches. C'est en effet un Bellerophe à co-
quille extrêmement évasée, presque patelliforme, à spire
extrêmement courte et marginale, Les autres espèces du
même genre sont beaucoup plus patelloïdes, et peut-être
appartiennent-elles à un autre type d'organisation : ques-
tion délicate, qui ne peut être résolue que par l'examen
des pièces en nature. Quant aux Céphalopodes, nous y
retrouvons de nouvelles formes dans la famille des Nau-
tiles : le type des Orthocères prédomine toujours; il se
courbe plus ou moins; quelquefois la dernière loge se
gonfle, devient ventrue, l'ouverture se rétrécit : c'est
alors le genre Oncoceras de M. Hall.
Un autre type de Mollusques vient se joindre à tous
ceux que nous avons mentionnés jusqu ici; c’est celui des
Ptéropodes, représenté par de très grandes coquilles, ap-
partenant au genre Conularia de Sowerby. Si nous pas-
sons maintenant à la classe des Crustacés, nous trouvons
dans un développement considérable le grand type des
Trilobites, représenté par des Ogygies, des Calymènes,
des Illœnus et surtout des Isotelus d’une très grande taille,
puisqu'il y en a des individus qui atteignaient huit à neuf
pouces de longueur. M. Hall s’est trouvé dans la néces-
sité de créer quelques genres nouveaux dans cette classe
14.
— 210 —
trés intéressante dont les espèces s’accroissent avec une
rapidité vraiment effrayante.
L'ouvrage de M. Hall se termine par l'exposition des
fossiles découverts dans quelques autres régions de l'Etat
de New-York. C’est principalement dans le district de la
rivière de Hudson que ces fossiles intéressants ont été re-
cueillis. Ainsi que dans les groupes précédents, nous
trouvons des plantes dont le nombre s'augmente, dont les
forines varient, mais qui paraissent toujours appartenir à
la même classe, celle des algues marines. L'une d'elles
est vraiment trés singulière; elle a reçu le nom de Paléo-
phicus. Ce que M. Hall en a découvert consiste en des
tronçons cylindracés de la grosseur et de la longueur du
doigt, irrégulièrement disséminés dans la roche. Il est à
présumer que ces tronçons apparlenaient à une plante
dont l’ensemble n'est point encore connu et qui était
subarticulée. Il existe une singulière production pour
laquelle Linnée autrefois a créé le genre Grapto-
lithus. On a longtemps douté de la véritable nature
des corps appartenant à ce genre ; formé d'articula-
tions très étroites, empilées les unes sur les autres,
et armées d'un crochet latéral, on ne savait si l’on
devait rapporter ces Graptolithus au règne animal ou
au règne végétal. Il reste encore quelque chose de
problématique dans la structure de ces corps; on ne
peut néanmoins les rapporter au règne animal, ce que
viennent confirmer tous les faits rapportés par M. Hall,
dans son ouvrage. Il montre la base des tiges, leur
bifurcation et même la naissance de tiges de moindre
longueur sur une tige plus importante. Il est vrai que
des Zoophytes flexibles, tels que les Plumulaires, par
exemple ; pourraient ofirir des accidents semblables;
mais chez les Graptolithes on n'aperçoit aucun indice
des loges des animaux, et souvent on reconnaît dans la
malière conservée un véritable charbon qui, selon tou-
fe
tes les apparences, a été produit par une matière vége-
tale.
Dans le groupe de couches dont nous parlons, la classe
des Zoophytes s’est accrue de plusieurs types intéressants
de Crinoïdes. Les Moflusques brachiopodes se sont enri-
chis de plusieurs espèces dans des genres déjà connus. Îl
en est de même aussi pour les Lamellibranches; cepen-
daut il y en a quelques-uns pour lesquels M. Hall a cru
utile de créer encore des genres nouveaux : celui qu'il
nomme Lyrodesma, par exemple, nous paraît peu utile,
étant destiné à réunir des coquilles très voisines des Nu-
cules. Quant au genre Cleidophorus, il reste incertain
pour nous, parce qu'il est quelques coquilles chez les-
quelles se présente cette impression étroite et profonde
sur laquelle M. Hall a créé son nouveau genre. On peut
la rencontrer dans quelques espèces de Solen, dans les
Anatines, les Périplomes, de sorte que ce caractère est
réellement insuffisant. Il faudrait qu'il fût accompagné
de quelques autres modifications dans la charnière, par
exemple, pour justifier la création d’un genre.
Parmi les Moilusques gastéropodes, nous ne remar-
quons rien qui mérite une attention spéciale. Dans les
Céphalopodes se continue toujours le développement des
Orthocères, et nous trouvons dans la famille des Nouti-
lacés un genre trocholites qui ne nous paraît pas distinet
des Nautiles proprement dits. Dans ce genre, la position
du siphon est variable; ie plus souvent cet organe est
subcentral, quelquelois il se rapproche un peu plus du
bord ventral ou un peu plus du bord dorsal. Cette os-
cillation est d’une faible importance, et il faudrait que le
siphon devint complètement marginal ou ventral pour
rendre nécessaire la création d’un nouveau genre. Or, les
coquiiles nommées Trocholites par M. Hall n'ayant point
le siphon marginal et conservant les cloisons simples,
doït naturellement rentrer dans le genre des Nautiles.
“Be
Malgré l'étendue que nous venons de donner à l'exa-
men de l'ouvrage de M. iall, nous n'avons pu entrer
dans tous les détails minutieux qu’exigerait une critique
plus approfondie ; mais cela doit suffire pour faire appré-
cier l'importance du travail du savant Américain. Le vo-
lume dont nous venons de parler est le premier d'un ou-
vrage qui en comportera trois ou quatre : ils sont attendus
avec impatience du monde savant; toutes les sympathies
sont acquises à son auleur qui a l'avantage de faire con-
naître à notre vieille Europe les trésors cachés jusqu'ici
dans le sol de l'Amérique.
Que M. Hall nous permette quelques légères observa-
tions qui s adressent moins à lui qu'aux paléontologistes
en général. Elles touchent moins au fond de l'ouvrage en
lui-même qu'à la forme qui est actuellement préférée
pour des publications semblables.
Les paléontalogistes oublient trop que leur science est
une dépendance soit de la zoologie, soit de la botanique,
selon qu'ils ont à parler des végétaux ou des animaux
fossiles : ils négligent l'application de ces grands princi-
pes tracés par le génie de Linnée et auxquels on doit tout
ce qu'il y a de grand et de beau dans les fastes modernes
des sciences naturelles. Ce n’est pas en vain qu'un génie
comme le sien a posé des règles dont la sagesse a été dé-
montrée par une longue expérience. Si elles avaient été
repoussées, l'histoire naturelle serait encore aujourd’hui
dans l'enfance. Aussi a-t-on vu les homimes les plus émi-
nents adopter la forme des travaux de Linnée et favoriser
ainsi la dispersion des connaissances nouvellement ac-
quises : il faut bien s'en pénétrer, ce langage concis,
d'une admirable précision, dans une langue universelle,
qui ne souffre aucune amphibologie, est celui qui con-
vient pour caractériser les genres et les espèces. L'es-
prit de l'observateur est forcé de concentrer son atten-
tion sur l’ensemble des corps qui constituent un genre,
— 213 —
de découvrir chez eux les caractères communs qui les
rattachent entre eux; cette attention doit devenir plus
grande encore quand il faut distinguer les espèces ct re-
connaître dans chacune d'elles ce qui les distingue es-
sentiellement. Souvent alors il suffit de quelques mots
heureusement choisis, pour rendre toutes les espèces d’un
même genre comparables, Aussi lorsqu'il s’agit de cons-
tater ou d'adopter des espèces nouvelles ou seulement
de les discuter, l'attention n'est plus fatiguée de la lec-
ture de longues et quelquefois diffuses descriptions qui ne
sont pas faites avec l’art qui convient pour les rendre
comparables.
Nous trouvons un autre inconvénient non moins grave
à l'usage où sont actuellement tous les paléontologistes
d'écrire leurs travaux dans la langue usuelle, sans y ajou-
ter les phrases caractéristiques en latin des genres et des
espèces. Le monde savant, on l'a dit depuis longtemps,
est une véritable république : cest la république de l’in-
tel'igence. Pour que la chose soit vraie, il faut donc que
toutes les intelligences soient en communauté, et cette
communauté est surtout nécessaire pour les œuvres des
naiuralistes, parce qu'ils s’éclairent mutuellement par la
constatation des faits; or des faits qui, par une cause
quelconque, restent cachés dans l'ombre de l'incertitude,
ne sont pas encore définitivement acquis à la science : il
faudra donc qu'ils soient repris de nouveau pour être en-
fin admis ou rejetés. Eh bien! les différences de langage
sont des obstacles quelquefois invincibles à la propagation
des faits matériels que l'on veut introduire dans la science.
Un ouvrage entièrement écrit en anglais peut fort bien
n'être pas compris par un grand nombre de savants qui
appartiennent à des nations parlant une autre langue. Il
en est de même des ouvrages écrits en allemand ou en
français pour les savants anglais, car il faut le dire tout
d'abord, on ne peut pas exiger d'un naturaliste quil soit
— 214 —
polyglotte avant de devenir observateur. Le mal que nous
signalons serait évité avec une grande facilité si les pa-
léontologistes s'astreignaient aux règles de Linnée et ca-
raclérisaient en latin, cette langue encore universelle
Jeurs nouveaux genres et leurs espèces. Est-il nécessaire
de retracer l'embarras où se trouve le naturaliste qui, en-
touré d'un grand nombre d'ouvrages entièrement écrits
dans des langues qui lui sont étrangères, n'a plus d'autre
guide que des figures souvent mal faites et presque tou-
jours insuffisantes ? S'il veut faire reutrer de tels travaux
dans le cadre plus large d’une méthode générale, il est
arrêté à chaque instant et se trouve dans l'obligation de
passer sous silence ou de laisser dans une incertitude pro-
fonde une foule d'espèces qu'il aurait pu reconnaître et
utiliser si elles avaient été brièvement décrites se'on les
préceptes Linnéens. Par cette abstention malheureuse des
règles universellement adoptées par les zoologistes et les
botanistes de toutes les nations, les paléontologistes ont
plus nui qu'ils ne se l’imaginent à la dispersion de leurs
travaux et à leur introduction définitive dans le cœur
même de la science. Nous les conjurons donc de changer
cette méthode nuisible, et nous ne craignons pas d’adres-
ser nos vœux à des hommes qui, tels que M. Hall, se sont
placés assez haut parmi les observateurs pour comprendre
que nous exprimons ici un besoin bien senti de la science,
et qu'en améliorant à cet égard leurs travaux ils agiront
dans le meilleur intérêt de la réputation qu'ils méritent
si bien d'ailleurs à tant d'autres égards.
DeEsnayes.
— 215 —
Nore sur le moyen de conserver les Mocrusques.
On sait que les liqueurs alcooliques, dont on se sert
généralement pour conserver les animaux, présentent de
graves inconvénients, surtout en ce qui concerne les Mol-
lusques dont les tissus contractés, durcis et parfois racor-
nis ne peuvent plus se prêter aux préparations anatomi-
ques.
Quelques personnes ont employé avec succès une li-
queur conservatrice dont nous donnons ci-dessous la
composition :
gr. ec.
Chlorure de sodium (ou sel commun). . . . . . . 125,00
APP MAT RAR RÉSISTER MONTE 68,00
Deuto-chlurure de mercure (ou sublimé corrosif). 0,12
HART NE de cr un HP.
Il faut ensuite filtrer la liqueur.
S. P.
OBSERVATION.
Nous avons reçu, depuis peu de temps seulement, le
N° 8 (1849) du journal publié à Cassel, sous le titre Zeit-
schrifi fur Malakozoologie; nous y avons trouvé décrits,
sous le nom de Cyclostoma paradoxum et Cycl. tricolor,
Pfeiffer, deux espèces que nous venions de faire con-
naître dans le premier cahier du Journal de Conchyliolo-
gie, et que nous avions noinmées Cyel. Souleyetianum et
Cycl. gratum.
Nous avons éprouvé, au premier abord, quelque re-
gret de ne pas avoir reçu plus tôt ce N° du Journal alle-
mand, qui, d'après le millésime, nous semblait avoir été
publié au mois de septembre de l’année dernière ; mais
PR
en parcourant cette feuille, nous avons reconnu qu'elle
contenait une lettre de M. Reeve portant la date de Lon-
dres, 5 janvier 1850 ; nous avons vu aussi que cette lettre
étant parvenue à M. Pfeiffer, celui-ci avait répondu, dans
un article qui suivait la lettre de M. Reeve. Or, de ces cir-
constances , nous sommes en droit de conclure que la
feuille du journal publié à Cassel, et portant le N°8, an-
née 1849, n'a été composée et n'a paru réellement que
dans l’un des premiers mois de 1850.
Dans le principe, chaque N° du journal dont il s'agit
portait l'indication du mois de l’année auquel il apparte-
nait, et même une date précise était inscrite à la fin de la
feuille. De cette manière, les droits de l’antériorité n’é-
taient plus contestables, tandis qu’il sera peut-être diff-
cile de décider à qui devra appartenir la priorité pour les
noms donnés, à peu près en même temps, par M. Pfeiffer
et par moi aux deux Cyclostomes désignés plus haut.
Sans attacher à ce dernier point plus d'importance qu'il
n’en mérite, nous croyons cependant devoir consigner ici
une observation que nos confrères de Cassel ne prendront
point en mauvaise part, puisqu'elle n'a d'autre objet que
de prévenir des causes de confusion préjudiciables aux
intérêts scientifiques.
Nous profiterons aussi de cette occasion pour rectifier
l'habitat assigné, par M. Pfeiffer, aux deux Cyclostomes
dontil vient d'être question : ils ne proviennent point de
l'île Zanzibar, mais de l’île Abd-el-Goury, qui en est
fort éloignée.
S. Perir.
15 Août 1856.
RÈ DE VE Le LR LÉ RU LÉ Ve be DE LE LR RE LE LEUR LS LED VER EVE VENUS RE LEUERR SR RS LT LEA RES arr nemvys versie
SurrLÉMENT au Mémoire sur le genre Actéon d'Oken,
par M. Sourexer.
Dans les considérations historiques que nous avons
données sur le genre Actéon (1), nous avons involontai-
rement passé sous silence les observations de quelques
auteurs sur ce Mollusque ; nous allons réparer ici cette
omission.
MM. Audouin et Milne-Edwards en ont fait mention
dans leurs Recherches sur les animaux du littoral de la
France, publiées en 1832; voici ce qu'en disent ces natu-
ralistes : — « Nous avons rencontré aussi, dans les peti-
»
»
»
»
»
tes mares abandonnées par la mer, quelques individus
de l’Aplysie verte de Montagu. Ce petit Mollusque,
dont les formes et les couleurs sont très élégantes et
sur lequel les naturalistes ont eu les opinions les plus
différentes, n'était encore conuu que très superficielle-
» ment. Oken qui, le premier, en forma un genre dis-
» tinct, sous le nom d’Æctéon, le rapporta aux pulmonés
et le plaça à côté des Onchidies et des Limaces. M. de
» Férussac le rangea dans l’ordre des Tectibranches, à
» côté des Aplysies. Enfin, M. Rang, après avoir hésité
» pendant longtemps, a cru devoir le regarder, mais avec
»
)
=
»
»
doute, comme ne différant pas du geure Ælysie de
M. Risso. Vous verrons, en traitant spécialement des
Mollusques, quels sont les caractères extérieurs de
de ce curieux animal, et nous ferons conuaütre la place
» qu'il nous parait devoir occuper dans la classification
» naturelle. Quoi qu'il en soit, les Actéons se tiennent
» sur les fucus ou sur des pierres qui restent toujours
{4) Voir le {tr Ne du Journal de Conchylologie, page 5.
15
as 2F65 +
» baignées par l'eau. Ils ont la faculté de nager le dos en
» bas et en s'appuyant , pour ainsi dire, sur les lames
» les plus superficielles du liquide; mais, en général, ils
» rampent, à l'aide de la partie antérieure de leur pied,
» surles divers corps sous-marins et ne sortent pas de
» l'eau. Lorsqu'on les inquiète, ils répandent une matière
» mucilagineuse légèrement blanchâtre et se contractent
» au point de devenir presque sphériques (1). »
Les renseignements que MM. Audouin et Milne-
Edwards avaient promis, dans le passage que nous ve-
nons de citer, de donner plus tard sur l’organisation
des Actéons et sur leurs affinités naturelles , n'ont point
été publiés; mais si l’on doit en juger par le rapport fait
à l'Académie des sciences sur les recherches de ces deux
naturalistes, leurs découvertes se seraient bornées à une
simple hypothèse sur l'appareil respiratoire de ces Mol-
lusques ; c’est du moins le seul fait qui se trouve signalé
dans le passage de ce rapport qui est relatif au genre
Actéon et que nous allons transcrire. —« D'après les ob-
» servations de ces naturalistes (MM. Audouin et Milne-
» Edwards), dit Guvier, l'auteur de ce rapport, l'Aply-
» sie verte de Montagu, dont Oken a formé le genre Ac-
» téon, présente cela de particulier qu'ayant la forme
» générale des Aplysies, elle s'en éloigne par un des ca-
» ractères les plus importans de Porganisation, En effet,
» elle ne porte pas sur le dos de véritables branchies, et
» ce sont les téguments communs qui paraissent être les
» seuls organes de respiration (2). »
M. Sars a publié, en 1835, une assez longue description
de l'Actéon, d'après une espèce des mers de Norvège,
qu'il a désignée sous le nom d’Æctæon minutum (3). Les
(1) Recherches pour servir à l'Histoire naturelle du littoral de la France,
tom. 4, pag. 152 (1832).
(2) Annales des sciences naturelles, tom 21, pag. 325. (1830).
(5) Beshrivelser ogiagttegelser, pag. 52 (4855).
— 219 —
observations de ce naturaliste étant écrites en langue da-
noise, nous n'avons pu en juger que par les figures qui
les accompagnent et qui donnent une idée assez exacte de
la forme de l'animal ; mais nous n'avons pas vu indiqués
sur ces figures quelques caractères extérieurs importants,
tels que les orifices de l'intestin et des organes de la géné-
ration. M. Sars nous paraît avoir représenté, sur une de
ces figures, les canaux ramifiés qui partent de la poche
pulmonaire et qu'il a probablement pris pour des vais-
seaux branchiaux. Quant à l’organisation intérieure de
l'animal, il n'a donné, du moins dans ses dessins, aucun
détail à ce sujet.
L'espèce qui a servi aux observations de M. Sars nous
semble avoir beaucoup d’analogie avec celle qui se trouve
sur nos côtes du nord et sur celles de l'Angleterre; cepen-
dant les expansions latérales du corps de l'animal ont une
forme moins triangulaire et leur bord externe est plus
arrondi, comme dans l’Æctéon aplysiforme, ce qui devrait
la faire rapprocher plutôt de cette derniére espèce, si
elle n’en différait par la forme de la tête. Il serait possi-
ble qu'elle constituât réellement une espèce différente de
celles qui ont été décrites et à laquelle il faudrait conser-
ver dès lors la dénomination d’Actæon minutum qui lui a
été donnée par M. Sars. Sa taille est de 2 centimètres
enviren.
M. Philippi, dans son ouvrage sur les Mollusques de
Ja Sicile, a aussi parlé du genre Actéon ou Elysie , et en
a décrit trois esvèces : l’une qu'il a rapportée à l’£lysie
timide de Risso ; une autre, qui est la même que celle qui
a été décrite et figurée par M. Delle Chiaje, sous le nom
d'Aplysiopterus neopolitanus; enfin une troisième qu'il
a considérée comme une espèce nouvelle et qu'il a dési-
gnée sous le nom d’Ælysia fusca. Cette espèce se distin-
guerait surtout par l'étendue des expansions latérales du
corps de lantnal, par la forme anguleuse de ces expan-
— 220 —
sions à leur partie antérieure, et par sa couleur brunâtre,
tachetée de rouge. Elle a été recueillie aux environs de
Palerme; sa taille serait de 4 à 5 millimètres seulement.
M. Philippi relève avec raison, dans la description qu'il
donne de l’Ælysie timide, ce que Risso avait dit de la
position de l’anus, des branchies et de la verge; il criti-
que aussi très judicieusement la plupart des détails
anatomiques donnés par M. Delle Chiaje sur ce Mollus-
que (1).
Pour compléter l'exposé historique des observations
dont le genre Actéon a été l’objet, et des opinions diver-
ses qui ont été émises sur ses affinités naturelles, nous
croyons devoir ajouter que M, Fleming, dans son His-
toire des animaux d'Angleterre, publiée en 1828 (2), a
considéré l'espèce qui a servi de type à ce genre, c'est-à-
dire l’Æplysie verte de Montagu , comme un animal très
voisin des Planaires, mais sans étayer de ses observations
cette opinion qui a été reproduite peu de temps après
par M. Delle Chiaje , comme nous l'avons déjà vu, et qui
ne peut plus être soutenue aujourd'hui.
Nous ajouterons également ici, pour compléter ce que
nous avons dit de Ja distribution géographique des Mol-
lusques de ce genre, que M. E. Botta a trouvé des Actéons
sur des raisins du Fropique (Fucus natans) et en a aussi
observé dans les mers du Pérou. Nous devons ce rensei-
gnement à M de Blainville qui nous l'avait communiqué
peu de temps avant sa mort,
Enfin, nous profiterons encore de l’occasion que nous
fournit ce supplément à notre mémoire, pour répondre
au passage suivant, extrait d'un rapport fait à l’Académie
des sciences par M. Milne-Edwards, et dont nous n'avons
eu connaissance que depuis l'impression de notre travail.
En rendant compte des recherches faites par M. Vogt sur
(4) Enumeratio Molluscorum Siciliæ, vol. 11, pag. 100 et 101 (1840).
(1) History of britisch animals, pag. 291 (1828).
— 921 —
l'embryologie de l'Actéon , et en énumérant les opinions
très différentes qui ont été émises sur ce Mollusque,
M. Milne-Edwards s'exprime de la manière suivante , à
ce sujet : — « Guvier avoue qu'il ne sait quelle place assi-
» gner à ce gastéropode; M. de Blainville adoptant l'opi-
» nion de Montagu, en fait une Aplysie; M. Rang pense
» quecestun nudibranche, voisin des Doris, etsurtoutdes
» placobranches de van Hasselt; M. de Quatrefages le con-
» sidère comme se rapprochant davantage des Eolidiens;
» Enfin, si les observations de M. Souleyet venaient à être
» confirmées, il faudrait séparer l’Acteon de tous les autres
» Gastéropodes, car cet animal, au lieu de respirer par des
» branchies ou par la surface de la peau, comme les espèces
» aquatiques ordinaires, exercerait cette fonction à l'aide
» d'un système de vaisseaux aériens qui se ramifieraïent
» dans l'intérieur du corps, mode d'organisation que nous
» ne saurions comparer qu'à l'appareil trachéen des in-
» sectes (1). »
Les Mollusques aquatiques ordinaires respirent non
seulement par des branchies ou par la surface de la peau,
mais encore par une cavité pulmonaire semblable à celle
des Mollusques terrestres ; tel est l'appareil respiratoire
des Planorbes, des Limnées , des Physes, parmi les es-
pèces fluviatiles ; tel est celui des Onchidies, dans les es-
pèces inarines. M. Milne-Edwards sait cela sans doute
aussi bien que nous. En disant donc que l'Actéon était
un Mollusque pulmoné à la manière des Onchidies, des
Planorbes, des Physes, etc., nous ne croyons pas avoir
émis une opinion dont la confirmation devrait, comme le
dit ce savant académicien, faire séparer l'Actéon de tous
les autres Gastéropodes. N'est vrai que M. Milne-Edwards
nous fait dire que l'appareil respiratoire de l'Actéon se-
rait formé par un système de vaisseaux aériens se ramifrant
(1) Comptes-rendus de P Acad, des seicnces, tom. xx, p. 1012. Juin 846.
— 222 —
dans l'intérieur du corps et par conséquent tout à fuit com-
parable à Fappareil trachéen des insectes , ce qui justifie-
rait bien en effet, s'il en était ainsi, le jugement qui
porte sur notre prétendue manière de voir; mais nous
avous toujours distingué dans l'appareil respiratoire de
l’Actéon deux parties bien différentes ; la poche pulmo-
naïre proprement dite, tout à fait comparable à celle des
autres Mollusques pulmonés, et les canaux ramifiés qui
partent de cette poche, qui établissent en effet une mo-
dification fort remarquable, et sur les usages desquels nous
n'avons donné que des hypothèses (1). Nous sommes
d'autant plus surpris de l'interprétation que M. Milne-
Edwards a donnée sur ce point à nos observations, que
notre manière de voir se trouvait imprimée dans les comp-
tes-reudus de l'Académie (2) et que nous l'avions en ou-
tre longuement développée, en 1845, devant la eommis-
sion nommée par l'Académie des sciences pour examiner
notre travail et dont M. Milne-Edwards faisait partie,
Notre opinion sur l'appareil respiratoire de l’Actéon n’a
du reste pas été acceptée par tout le monde, à ce qu'il pa-
rait, et quelques zoologistes onL cru qu'il fallait plutôt voir,
dans ce que nous avons décrit comme tel, un système
aquifère. Nous lisons, en effet , dans le Traité d'anatomie
comparée de M. Siebold, à propos du système aquifère
dans les Moilusques, la note suivante relative à l’Actéon.
— «Selon Souleyet, chez l'Actéon, un système aquifère
» partant d'un réservoir d'eau situé derrière le cœur et
» quil nomme poche pulmonaire, se répand dans la tota-
» lité du corps. Vogt, à ce qu'il m'écrit, a distinctement
(4) Ces canaux ne se ramifient pas dans l’intérieur du corps, mais ce sont,
evmme nous lPavons dit dans notre Mémoire, des canaux superficiels et
qui tiennent seulement à la peau. Sous ce rapport donc, ils différent essen-
tivllement des cauaux trachéens des insectes.
(2) Comptes-rendus de l Acad, des sciences, tom, xx, pag. 93 et 243. Jan-
RiCL 1845.
do
» vu ce système avec un canal aboutissant à droite der-
» rière l'anus (1). » M. Sicbold qui n'a pas fait, que nous
sachions, des observations sur l’Actéon , ne donne pas les
raisons sur lesquelles il s'appuie pour changer la déter-
mination que nous avions donnée de ce prétendu système
aquifére ; aussi aurions-nous pu ne pas tenir compte de
son Opinion, s'il n'y avait quelque moralité à tirer de
ceci,
Lorsque nous annonçämes, devant l'Académie des
sciences, « que la poche dorsale que M. de Quatrefages
» ayait considérée, dans l'Actéon , comme l'estomac et
» de laquelle naissent les canaux ramifiés qui recouvrent
» supérieurement les expansions latérales de l'animal,
» n'avait aucune communication avec le tube digestif;
»._ que c'était un appareil particulier, s'ouvrant en dehors par
un orifice propre placé en arrière de celui de l'anus, et
paraissant servir & la respiration chez ce Mollusque (2), »
on nous répondit que cet appareil n'existait bien certaine-
ment pas chez les Actéons; que nous avions voulu parler
sans doute d'un appareil aquifère, maïs que, indépendam-
ment de l'observation directe, on démontrerait encore
facilement que l'analogie seule devait faire rejeter comme
inexacte cette observation d'un appareil destiné à porter de
l'eau dans l’intérieur du corps (3). Gependant cet appareil
est tellement apparent et facile à reconnaître, que ceux
même qui avaient d’abord rejeté son existence d’une ma-
nière si affirmative, furent bientôt forcés de l’admettre.
Mais au lieu d'en faire un système aquifère, ainsi qu'on
l'avait supposé un peu trop prématurément, nous l’avions
considéré comme un appareil respiratoire analogue à ce-
lui des Mollusques pulmonés , ce que nous fimes connai-
2
LA
2
LA
(1) Traité d’anat. comparée, par Siebold et Stannius , traduction de
Lacordaire et Spring, tom. 1, 2° partie, pag. 832, en note.
(2) Comptes-rendus de l Acad. des sciences, tom. x1x, p. 360, Août 1844.
(3) Comptes-rendus de l’ Acad. des sciences, tom, x1x, p, 815. Oct. 484%
ip
ire dans les communications que nous adressâmes peu
de temps après à l'Académie des sciences, en appuyant
notre manière de voir de toutes les raisons que nous avons
reproduites dans notre Mémoire. Alors, sans doute pour
n'être pas du même avis que nous, on n'a plus voulu voir
dans l'appareil en question qu'un système aquifère, sans
donner aucune raison à l’appui et quoïqu’on eût même re-
gardé déjà l'existence d'un semblable système comme con-
traire à l'observation et à l'analogie. Nous trouvons donc en
ceci un exemple de ce qui n'arrive malheureusement que
trop souvent, c'est qu’on commence par nier, et qu'on n'en
vient à accepter la vérité qu'après avoir passé par toutes
les hypothèses de l'erreur.
Nous regrettons toutefois que M. Siebold, sur ce point
comme sur quelques autres, ait cru devoir s’en rapporter
plutôt aux communications qui lui étaient adressées de
Paris, qu’à l'examen consciencieux des faits.
Onsscnvarionxs sur les genres Lophocercus et Lobiger,
par M. Souceyer.
M. Krohn a proposé dernièrement ces deux genres, dans
les Annales des sciences naturelles (1), pour deux Mollus-
ques gastéropodes testacés dont la forme et l'organisation
présentent des particularités assez curieuses, et qui n'a-
vaient pas encore été signalés par les naturalistes , bien
qu'ils ne soient pas rares dans quelques points de la Médi-
terranée.
Nous avions eu occasion nous-même, en 1846, d'ob-
{4} Voir ee Recueil, année 1847, tom. 7° de la 8 serie (Zoologie), p. 52.
— 225 —
server un de ces gasléropodes , celui dont M. Krohn a
fait le genre Lophocercus, et nous nous proposions de le
faire connaître, lorsque nous eùmes connaissance des ob-
servations que ce naturaliste venait de faire à Messine
sur le même Mollusque et qu'il était sur le point de pu-
blier. La description que M. Krohn en a donnée en effet
peu de temps après, ne laisse presque rien à désirer sous
le rapport des caractères extérieurs ou zoologiques; mais
les détails anatomiques, dans lesquels il est égalemententré,
offraient quelques lacunes que nous avons cherché à com-
bler. Nous aurons à présenter aussi quelques considérations
nouvelles sur les affinités naturelles de ces Mollusques ;
enfin, nous avons pensé que ces animaux étaient encore
assez peu connus pour qu'il ne fût même pas sans intérêt
de reproduire ici des détails déjà publiés.
Nous allons exposer d’abord le résultat de nos observa-
tions sur le genre Lophocercus ; nous terminerons ensuite
par quelques considérations sur le genre ZLobiger et sur
les rapports naturels de ces deux genres.
Du genre Lophocercus.
Les Mollusques qui appartiennent à ce genre ou plu-
tôt à l'espèce encore unique sur laquelle il a été établi,
sont d'assez petits gastéropodes testacés, ayant de trois à
quatre centimètres de longueur; ils se distinguent surtout,
dans leur forme, par le prolongement considérable du
pied en arrière du corps proprement dit, et par la ma-
nière dont ce pied se dilate sur les côtés et en avant, au
niveau de la coquille, de façon à former deux expansions
assez grandes, semi-discoïdes qui, en se recourbant sur
celle-ci, la recouvrent en grande partie. Ces expansions,
en effet, n'appartiennent pas au manteau comme celles
qui, dans quelques autres gastéropodes, les Vitrines par
— A6 —
exemple, recouvrent plus' ou moins la coquille (1); elles
prennent naissance sur les côtés du pied dont elles doi-
vent être considérées comme une dépendance. En avant,
elles sont séparées par toute la largeur de la tête; mais, en
arrière, elles se confondent sur la ligne médiane et for-
ment, par leur réunion, une arète saillante qui se pro-
longe en dessus du pied, jusqu'à son extrémité posté-
rieure (2).
La partie antérieure ou cervicale ressemble beaucoup
à cette même partie, dans le genre Actéon. Comme chez
ce dernier, les lentacules, au nombre de deux seulement,
sont auriformes, mais placés tout à fait en avant de la tête.
Les yeux, sessiles, se voient également, sous la forme de
petits points noirs, en arrière de ces tentacules. Enfin, à la
base du tentacule droit, se trouve encore, en dehors, un
orifice qui est celui de l'organe mâle ou de la verge. Les
autres ouvertures sont placées sur le bord de la cavité bran-
chiale, comme nous le verrons bientôt dans la description
des organes.
La tête présente inférieurement l’orifice de la bouche
qui s offre sous l'aspect d'une fente longitudinale, un peu
évasée sur les côtés; elle est bien distincte du pied, en
avant duquel elle s’avance et dont elle est séparée par une
rainure profonde.
Le pied est aussi bien distinct dans toute son étendue.
Il ne se confond pas, par ses bords latéraux, avec les ex-
pansions dont nous avons déjà parlé et qui s'implantent
seulement sur ses côtés; son bord antérieur est parcouru
par un sillon marginal que M. Krohn n'a pas indiqué.
La partie viscérale ou turbinée de l'animal est entière-
(1) Cette disposition du manteau existe anssi d’une manière très mar-
quée, comme on le sait, dans le Lymneus glatinosus.
(t) C’est de cette configuration particulière du pied, en forme de crele,
{ de x6go7 crête , et xsox67 queue), que M. Krohn a tiréle nom de ce genre,
_: Jin
ment recouverte par une coquille qui a Ja plus grande
analogie avec celle de certaines Bullées. Gette coquille,
cartilagineuse, très mince et d'une grande fragilité , est
ovale, convexe, courtement involvée, à sommet presque
aigu, non spiral ; son ouverture est grande, à lèvre externe
aiguë, très mince, séparée du sommet et prolongée vers
son extrémité supérieure; la lèvre interne est courtement
réfléchie sur l’avant-dernier tour.
Le manteau et la cavité branchiale qu'il circonscrit
sont disposés comme dans les Bulles, et nous ne pouvons
en donner une idée plus exacte qu'en comparant ces par-
ties aux mêmes parties dans la Bulle oublie (Bulla Lig-
naria). La cavité branchiale s'ouvre sous le bord droit de
la coquille, dans une étendue peu considérable et qui
correspond seulement à la moitié postérieure de ce bord;
M. Krohn parle d'un Siphon respiratoire qui serait formé
par les parties molles et qui aurait pour usage de conduire
l’eau aux branchies; mais cet auteur a probablement
voulu désigner aïnsi autre chose que ce que l’on entend
ordinairement sous le nom de Siphon, car le bord du man-
teau ne présente rien de semblable , ce qui concorde du
reste avec la forme de la coquille qui n’est ni échancrée,
ni canaliculée à son ouverture.
La cavité branchiale ne contient qu'une seule branchie
qui se porte obliquement d'avant en arrière et de droite
à gauche, vers le fond de cette cavité, La structure de
cette branchie est fort simple; M. Krohn en a donné
une description exacte, en disant qu’elle est formée par
une série transversale de feuillets simples, isolés, peu sail-
lants, attachés au plafond de la cavité respiratoire et se ra-
petissant progressivement vers l'extrémité gauche de la bran-
chie.
Le bord droit ou postérieur de cette branchie est pars
couru par l artère branchiale, tandis que la veine de même
nom en longe le bord gauche ou antérieur. Le cœur est
498
placé en avant, à peu près au niveau de sa partie moyenne,
et nous semble faire exception, sous ce rapport, à ce qui
a lieu ordinairement chez les Mollusques à coquille tur-
binée, dont le cœur est situé à l’extrémité postérieure de
la branchie, an fond de la cavité respiratoire; maïs cet
organe est également placé dans une poche particulière
qui l'isole des autres parties. Nous n’avons rien à dire des
autres parties de l'appareil circulatoire, qui sont disposées
comme dans les autres Mollusques de la même classe.
L'appareil digestif offre quelques particularités assez
singulières. La masse buccale est considérable et se com-
pose de deux parties distinctes; l’une antérieure, plus
volumineuse, est creusée d’une cavité à paroïs épaisses et
entièrement musculaires, que M. Krohn décrit comme la
cavité buccale; l'absence de pièces solides ou cornées
dans l'épaisseur de ses parois et les replis qu'elle forme,
nous portent à la considérer comme une espèce de trompe
susceptible de se développer à l'extérieur. Cette première
cavité communique, par une ouverture longitudinale
dont est percée sa paroi inférieure, avec une seconde ca-
vité plus petite ct que nous considérons comme la vérita-
ble cavité buccale : en effet, c'est dans cette dernière
cavité que se trouve la langue et que s'ouvre l'æsophage.
La langue est entièrement semblable, par sa forme et
par sa structure, à celle que nous avons décrite dans le
genre Actéon. Toute cette partie de la masse buccale, de
forme ovoïde et marquée de sillons transversaux, offre
elle-même une conformation identique à celle de ce der-
nier genre, comme on peut le voir par les figures que nous
en dounons : elle n’en diffère que par le renflement infé-
rieur dans lequel se prolonge la chaîne des crochets lin-
guaux et qui, dans le genre Lophocercus, se présente sous
la forme d'une espèce de disque débordant, en arrière et
sur les côtés, cette partie de la masse bucvale.
L'œsophage naît de la partie postérieure et inférieure
— 999 —
de la masse ovoïde que nous avons considérée comme la
masse buccale proprement dite; il est d’un très petit cali-
bre dans toute son étendue. Après avoir traversé l'anneau
nerveux, il se porte directement en arrière jusqu’au foie,
dans lequel il se continue avec l'estomac; maïs avant de
pénétrer dans cet organe, il fournit un long diverticulum
ou cœcum d’un calibre plus considérable et disposé comme
l’indiquent nos figures. La surface de cet appendice est,
comme l’a déja signalé M. Krohn, recouverte de petites
saillies tuberculeuses qui sont déterminées par autant de
dépressions ou de petits enfoncemens que présente sa
cavité intérieure (1). Nous ne connaissons pas d’exem-
ple d’une conformation semblable de cette partie du tube
digestif dans les autres Mollusques ; cependant, on peut
voir un analogue de ce diverticulum dans la petite dilata-
tion arrondie, en forme de gésier, que l'œsophage pré-
sente également à son extrémité postérieure, dans le genre
Actéon, et que nous avons aussi retrouvée dans les cal-
liopées.
Après avoir fourni ce diverticulum, l'œsophage, devenu
plus ample, s'enfonce dans le foie où il se continue pres-
que immédiatement avec la poche stomacale : celle-ci n’est
représentéeque par unrenflement presquecylindrique,d'un
diamètre un peu plus considérable que la dernière portion
de l'œsophage.L'estomac se continue, sans ligne de démar-
cation bien tranchée, avec l'intestin qui est court, comme
enchassé dans un sillon creusé sur la face supérieure du
foie, et qui vient s'ouvrir directement à l'entrée de la ca-
vité branchiale, vers l'extrémité postérieure de son bord
inférieur.
L’estomac et l'intestin ont leurs parois assez épaisses,
(1) On peut regarder ces petils enfoncements comme des follicules ru-
dimentaires, destinés à sécréter quelque liquide propre à agir sur les ali-
ments qui séjonrnent probablement dans cette espèce de gésier, avant de
parvenir dans l'estomac.
— 230 —
doublées de fibres musculaires longitudinales et très ap-
parentes; ils se distinguent, sous ce rapport, de l’œso-
phage et de son diverticulum, dont les parois sont assez
minces et transparentes.
Les glandes salivaires, au nombre de deux, offrent
encore une conformation très singulière. Elles sont for-
mées par des cœcums extrêmement fins, comme rameux,
qui viennent s'ouvrir dans un canal excréteur très volu-
mineux, ou plutôt dans une espèce de réservoir à parois
musculeuses et résistantes qui, après s'être renflé à sa
partie moyenne, se rétrécit insensiblement pour venir
s’'aboucher à la partie postérieure de la masse buccale, sur
les côtés de l'æsophage.
Le foie, de couleur verdâtre, forme presque toute la
partie postérieure de la masse viscérale; il enveloppe com-
plétement l'estomac, une partie de l'œsophage et de l'in-
testin. Les canaux hépatiqnes aboutissent à deux ou trois
troncs principaux qui s'ouvrent isolément dans la poche
stomacale.
L'appareil reproducteur nous a offert la disposition sui-
vante : l'ovaire, constitué par une petite masse granu-
leuse, blanchâtre, occupe, avec le foie qui l'enveloppe
presque entièrement, la partie postérieure de la masse
viscérale. L'oviducte, qui en naît par des ramifications,
est très grêle dans la première partie de son trajet; il pré-
sente ensuite un renflement considérable, infléchi plu-
sieurs fois sur lui-même, se rétrécit de nouveau et, après
avoir formé encore quelques inflexions, il aboutit à la
matrice qui occupe la partie antérieure et gauche de la
masse viscérale, Celle-ci, facile à reconnaîlre à son aspect
boursuuflé, dans l'eau, vient s'ouvrir à la partie anté-
rieure du bord inférieur de la cavité branchiale, à l'extré-
inité d’un tubercule saillant qui a été bien indiqué par
M. Krohr. Tout près de son orifice, cet utérus reçoit les
canaux de deux vésicules dont l'une correspond à la vési-
= Qùf =
cule à long col qui accompagne ordinairement cet orifice,
et dont l’autre, à col très court, est plus petite et paraît
avoir d'autres usages.
La verge occupe la partie antérieure ou cervicale de
l'animal ; elle a la forme d’un tube charnu qui vient s'ou-
vrir, comme nous l'avons dit, à la base du tentacule droit
et qui se continue en arrière avec un canal flexueux et très
grêle. M. Krohn a considéré ce canal comme un canal
déférent qu'il a supposé être en connexion avec la matrice;
mais nous n'avons pu nous assurer de cette communica-
tion qui devrait se faire, d'après l’analogie, non avec la ma-
trice, maisavec l’oviducte : nous n'avons, du reste, trouvé
aucun organe qui püût être regardé comme l'organe sécré-
teur mâle ou letesticule. Nous sommes done porté à croire
que ce même canal nest qu'un simple appendice cœvcal
de la verge, n'ayant aucune communication avec le reste
de l'appareil générateur, ainsi que cela a lieu dans les
Bulles, les Bullées, etc. Nous n'avons toutefois pas pu
pousser nos recherches assez loin pour aflirmer que cette
disposition, importante au point de vue de Ja classifica-
tion, est réellement celle de l'organe mâle; nous devons
dire, en outre, que nous n'avons pas trouvé, entre l'ou-
verture de la verge et celle de la partie postérieure de
l'appareil , le sillon qui joint ces deux orifices dans les
genres que nous avons cités précédemment (1).
Le système nerveux central se compose de sept gan-
glions formant un anneau très serré autour de l’œsophage.
Les deux ganglions cérébraux , assez volumineux, four-
nissent trois ou quatre nerfs qui se rendent à la bouche,
(1) Si la disposition de l'appareil générateur était, dans les genres Lo-
phocerus et Lobigcr, semblable à celle du même appareil dans les Bulles,
les Bullées, etc., comme nous le croyons, il faudrait regarder l’organe en
grappe ou l'ovaire comme étant à la fois l'ovaire et le testicule. (Voir, à ce
sujet, le Mémoire de M. Gratiolet, inséré dans le 2° N° de ce journal, page
446, sur les fonctions de cet organe dans les Gastéropodes hermaphro-
dites.)
— 232 —
aux yeux et aux tentacules : ces derniers nerfs ont un
volume considérable. En dessous des ganglions cérébraux,
sont deux autres ganglions un peu plus gros, dont les
nerfs se distribuent exclusivement au pied et à ses appen-
dices. Enfin, en arrière des ganglions précédents, se
trouvent trois petits ganglions qui envoient des filets ner-
veux aux viscères. Deux de ces ganglions sont placés à
auche; le troisième, extrêmement petit, est situé du
côté droit. À la partie postérieure de la masse bucccale
se voient encore, comme d'ordinaire, deux petits gan-
glions sphériques dont les filets se distribuent à cette par-
tie, aux glandes salivaires et à l'æsophage.
Les habitudes et les mœurs des Mollusques dont nous
nous occupons ici ont beaucoup C’analogie avec celles des
Actéons : on les trouve parmi les plantes marines dont
ils paraissent faire leur nourriture. M. Krohn a recueilli
les individus qu'il a observés, à Messine; ceux qui ont
servi à nos observations proviennent de Malte, où ils pa-
raissent être assez communs : nous les devons à notre Col-
lègue et ami M. H. Mitire, médecin de la marine.
Du genre Lomicer.
Nous n'avons pu avoir, de ce genre, que la coquille
dont la forme diffère un peu de celle du genre précédent.
Cette coquille est également cartilagineuse, très mince,
très fragile, d’un blanc transparent; elle est ovale-oblon-
gue, convexe, très finement striée en long, à sominet in-
volvé; l'ouverture est plus haute que le sommet, deux
fois plus longue que large, versante aux deux extré-
mités; la lèvre externe, étendue au-dessus du som-
met et arrondie supérieurement, se continue dans ce point
avec la lèvre interne qui est réfléchie sur l’avant-dernier
tour.
Quant à l'animal, il diffère extérieurement de celui du
genre Lophocercus par la longueur moins considérable de
je
la partie postérieure du pied et surtout par ses appendices
latéraux qui, au lieu de former une simple expansion
aliforme, représentent de chaque côté comme deux na-
geoires assez grandes, arrondies , pédiculées à leur
origine.
L'organisation intérieure est à peu près la même dans
les deux genres; d’après les détails donnés par M. Krohn,
les différences ne seraient que dans la masse buccale qui
est un peu plus développée dans le g. Lophocercus, si ce
n'est pourtant l'appendice lingual qui, dans le geure
Lobiger, se présente sous la forme d'un cœcum volumi-
neux, se prolongeant en arrière de la masse buccale en
formant plusieurs replis.
Nous ne savons si ces différences, tant extérieures qu'in-
térieures, sont assez importantes pour justifier l’établis-
sement des deux genres proposés par M. Krohn ; nous
serions plutôt porté à croire que ces Mollusques devront
être réunis dans un seul et même genre, car ils appartien-
nent évidemment à un type d'organisation identique :
leurs mœurs et leurs habitudes paraissent être aussi les
mêmes.
En eherchant à établir les aflinités zoologiques de ces
Mollusques, M. Krohn a très bien fait ressortir les anaio-
gies nombreuses qu'ils présentent avec les Aplysies, les
Balles, les Bullées, etc. . Parmi ces analogies, il en est une
sur laquelle nous croyons devoir insister. Chez les Aply-
siens et les Acères, le pied offre généralement cela de par-
ticulier qu'il est également disposé pour la reptation et
pour la natation ; ainsi, l'on sait que la plupart des Aply-
sies nagent fort bien au moyen des larges expansions
que leur pied forme sur ses parties latérales. Gette disposi-
tion de l’organe locomoteur existe aussi dans la plupart des
Bulles, etelle est tellement marquée dans le genre Grasté-
roptère qui appartient à la même famille, que ce Mollus-
16
que a été classé parmi les Ptéropodes par les premiers
zoologistes qui l'ont fait connaître. Or, nous trouvons la
même conformation dans les genres Lophocercus et Lo-
biger dont le pied forme, sur les côtés, de véritables na-
geoires qui servent, sans aucun doute aussi, à la natation
chez ces Mollusques. Un autre trait caractéristique de l'or-
ganisation des Aplysiens et des Acères, et qui est d'une
grande importance pour la classification , se trouve dans
la disposition de l'appareil générateur et dans la sépara-
tion des deux parties qui constituent le sexe mâle. Il est
vrai que ce point n’est pas encore complétement établi
pour les deux genres dont nous discütons en ce moment
les analogies; mais nos observations nous autorisent à l’ad-
mettre provisoirement, et M.Krohn n'a émis, du reste, con-
tre cette manière de voir, qu'une simple supposition.L’ab-
sence du sillon qui réunit les deux orifices génitaux dans
les Aplysies, les Bulles, etc., n'est pas une raison suff-
sante pour faire rejeter une disposition analogue des or-
ganes de la génération dans les g. Lophocercus et Lobiger,
car ce sillon extérieur manque aussi chez certains Ptéro-
podes qui offrent pourtant la disposition dont il est ici
question, dans leur appareil reproducteur. Enfin la struc-
ture de la branchie qui, d'après M. Krohn , devrait rap-
procher les genres Lophocercus et Lobiger plutôt des Pec-
tinibranches que des Tectibranches, ne nous paraît pas
devoir être prise en si grande considération. L'importance
de l'organe respiratoire, au point de vue de la classifica-
tion, réside bien plutôt dans sa disposition que dans sa
structure , à moins qu'il ne s'agisse de ces différences es-
sentielles qui séparent, par exemple , les Mollusques à
branchies des Mollusques pulmonés. Or, comme nous
l'avons déjà vu, la disposition de la cavité branchiale est
tout à fait semblable à celle que l’on trouve dans certains
Tectibranches et s éloigne par conséquent beaucoup de
celle qui existe chez les Pectinibranches; ct, si la bran-
52068
LE
Ce NOR ET
— 235 —
chie, par sa forme et par ses feuillets simples et non dé-
composés , se rapproche en eflet davantage de celle des
Mollusques de ce dernier groupe, nous croyons qu'on ne
peut accorder à ce caractère qu'une valeur tout à fait
secondaire.
Si nos observations sur l’appareil générateur des g. Lo-
phocercus etLobigervenaient à être confirmées, tous lescarac-
tères ordinairement employés pour la classification, savoir,
Ja forme de l'animal, la disposition de l'organe locomoteur,
celle de la branchie et de l'appareil générateur, les carac-
tères de la coquille (1), se réuniraient donc, pour faire
ranger ces deux genres à côté des Aplysiens et des Acè-
res. Dans le cas contraire, de grandes analogies n’en exis-
teraient pas moins entre les uns et les autres, et peut-être
faudrait-il les placer toujours dans le groupe des Tecti-
branches, pour lier ceux-ci aux Pectinibranches, de même
que les premiers lient les Gastéropodes aux Ptéropodes
qui tiennent en eflet aux Acères par tous les traits de
leur organisation, ainsi que l’avait pensé M. de Blainville
et comme nous croyons l'avoir démontré dans notre tra-
vail sur ce dernier groupe de Mollusques.
Explication des figures.
PI. X,
Fig. 1. Le Lophocercus Sieboldit (Krohn), vu par des-
sus.
Fig. 2. Le même vu par dessous ou par le pied.
Fig. 3. La partie antérieure du même, vue du côté
droit, pour montrer l’orifice de la verge, v’.
Fig. 4, 5, 6. La coquille du même , vue sous ses diffé-
rentes faces.
(4) Les coquilles des genres Lophocercus et Lobiger présentent une si
grande ressemblance avec celles de certaines Bullées, que les conchyliolo-
gistes les ont déjà inscrites parmi celles-ci. (Voir le Thesaurus conchylio-
rum de Sowerby; Monographie du genre Bulle, part. x1.)
2. 0860
Fig. 7. Gette figure montre la cavité branchiale ou-
verte et sa paroi supérieure, rejetée du côté gauche; à à, ex-
pansions latérales du pied ; g, partie postérieure de la
masse buccale; t, intestin, &, anus; f, foie; m, matrice;
b, branchie; c, cœur; p, pied; n n, bord droit du man-
teau.
Fig. 8. Cette figure montre tout le tube digestif :
t, partie antérieure de la masse buccale; k, parlie posté -
rieure, dans laquelle se trouve la langue ; «, renflement
lingual en forme de disque; s,s, glandes salivaires; e’, œso-
phage; y, diverticulum de ce dernier; e, estomac ; r, in-
testin ; a, anus. — La ligne qui entoure l’estomac et l’in-
testin indique la place occupée par le foie.
Fig. 9. Partie postérieure de la masse buccale ouverte,
pour montrer la langue.
Fig. 10. Appareil de la génération : o, ovaire ou or-
gane hermaphrodite; d,d', oviducte et son renflement ;
m,m, matrice ; 0, orifice extérieur de cette partie de
l'appareil; x, vésicule copulatrice ou à long col; 3, autre
vésicule annexée à cet office; v, verge ; g, son appendice
postérieur ou canal déférent; w’, orifice extérieur de cet
organe,
Fig. 11. Collier nerveux.
Fig. 12. Une coupe du pied pour indiquer sa forme.
Fig. 18 et 14. Coquille du Lobiger Philippui (Krohn).
OgservarTions sur les zoospermes des Hélices , par
M. Pierre GRATIOLET (1).
Explication de la planche relative a ces observations.
PIX:
Fig. 1. — Organes générateurs de l’'Aelix pomatia dé-
(4) Voir le N° II du Journal de Conchyliologie, page 116.
roulés et ouverts, de manière à faire concevoir
leurs relations réciproques et la composition
sénérale de l'appareil génital.
5 PPARERS
a. Vulve ou orifice commun;
b. Vestibule antérieur ou vagin ;
c,c. Vestibule postérieur dans lequel vienuent s'ou-
vrir plusieurs appareils accessoires;
d. Canal faisant suite au vagin;
e. Vésicule copulatrice terminant ce canal et dans
laquelle les zoospermes sont déposés pendant
l'accouplement.
Tous les organes de la génération s'ouvrent, dans
l’un ou l’autre vestibule.
z. Ouverture du fourreau de la verge qui se déve-
loppe en A.
6. Orifice de la bourse du dard B.
2. Orifices des appareils multifides, dont les troncs
ont été divisés en DD.
. Orifice de l'utérus, revêtu d'un bourrelet circulaire.
On voiten EEE, l'utérus intestiniforme, avec ses
plis formant des loges;
EE. Sommet de l'utérus, formant l'organe albumi-
nipare ;
FF. Portion utérine du canal déférent ;
F’. Portion terminale du canal déférent ;
K. Organe éjaculateur accessoire du canal déférent;
L. Parüe intestiniforme du canal déférent;
M. Racine du canal déférent.
N. Organe hermaphrodite (ovaire et testicule).
Fig. 2. — Un cœcum de l'organe hermaphrodite ,
montrant un œuf contenu dans sa vésicule de
Graaf.
a. OEuf.
b. etc. Paroi dédoublée du cœcum, formant une loge
qui contient l'œuf.
"Ji
Fig. 3. — Zoospermes du canal déférent.
Fig. 4 et 5. — Zoospermes de la vésicule copulatrice.
a. Loosperme en voie de développement.
b. Zoosperme métamorphosé.
Fig. 6. Zoosperme à tête en tire-bouchon de la Palu-
dine vivipare.
\
Fig. 7. Zoosperme à pinceau caudal de la Paludine
vivipare.
Norice sur les genres Diplodonta et Scacchia; par
M. H. Mirree, chirurgien-major de la marine.
Le genre Lucine, établi d'abord par Bruguière, et
adopté par Lamarck qui l'a compris dans sa famille des
Nymphacées, renferme des coquilles si variables dans
leurs caractères essentiels, que quelques auteurs ont cher-
ché, de nos jours, à le diviser en plusieurs groupes dis-
tincts : tels sont les genres Cryptodon de M. Thomson;
Bulnaria de; Hartmann; Lentillaria de Schumacher. Il
en est de même du genre Myritæa de M. Turton, qui a:
pour type la Vénus spinifera de Montagne, et du genre
Diplodonta proposé par M. Broÿn, en 1833, pour les es-
pèces à ligament extérieur, et dont la charnière, dépourvue
de dents latérales, offre deux dents, dont une bifide, sur
chaque valve. Enfin. plus récemment, M. Philippi, dans
le 2° volume de son Catalogue des Mollusques du royaume
des Deux-Siciles, a créé les deux genres Scacchia et Pty-
china, le premier, pour le Loripes elliptica de Scacchi;
le second, pour une petite coquille voisine des Lucines,
dont elle ne diffère que par le pli postérieur des Tellines.
Mais, de toutes ces coupes génériques, formées au dé-
pens du genre Lucine et fondées sur les modifications de
la charnière, que l’on sait être si nombreuses et si variées,
les seules qui méritent d'être conservées dans une méthode
Le se l'r' es,
239
naturelle, parce quelles sont confirmées par l'organisation
des animaux, sont les genres Diplodonta et Scacchia.
Une relâche dans la rade de Rio-Janeiro, dans le cours
d'un voyage à l'Ile de la Réunion et à Madagascar, m'a
permis de me livrer à l'étude des Mollusques qui vivent
dans cette partie du rivage américain, et, parmi les bival-
ves que la mer avait jetées sur la plage, à la suite d'un
coup de vent, je distinguai une coquille globuleuse, offrant
tous les caractères assignés par M. Broÿn à son genre
Diplodonte. Quelques jours après, dirigeant mes recher-
ches dans la baie de Bon-Foyage, je rencontrai la même
coquille, mais vivante et en assez grand nombre pour en
faire l'examen anatomique , et je notai les faits d’organi-
sation que cet acéphale me présenta , et qui l’éloignent
essentiellement des Lucines, comme on peut le voir par
le simple exposé de ses caractères extérieurs.
Animal, Ovoïde, globuleux, enveloppé dans un man-
teau épais, à lobes unis dans toute leur circonférence,
présentant seulement deux ouvertures; l'une antéro-in-
férieure, assez grande, ovalaire, qui sert à la fois aux mou-
vements du pied et à l'entrée de l'eau dans la cavité
branchiale; l'autre, postérieure, au-dessous du muscle
adducteur de ce côté, sorte de boutonnière à laquelle
l'intestin vient aboutir, et sans indice de trachée. Les
branchies sont composées de deux feuillets de chaque
côté du corps, inégaux, les supérieurs plus étroits que les
inférieurs, adhérentslesuns aux autres dans toute l'étendue
de leur bord supérieur, et se terminant en pointe en avant.
Pendant la vie, ces branchies recouvrent presque entiè-
rement la masse viscérale, et arrivent jusqu’au contact
de l'ouverture inférieure du manteau quiles met en rap-
port avec l'élément ambiant,
La bouche s'aperçoit au-dessous du muscle adducteur
antérieur, entourée d'un voile membraneux, sur les cotés
duquel s’attachent deux paires de palpes labiaux. Ces
?
f
AU
palpes offrent la même disposition et sont seulement un
peu moins étendus que dans la plupart des conchylifères
dimyaires, notamment dans les Tellines et les Donaces.
La masse viscérale est arrondie, globuleuse,et le pied,
qui lui fait suite, représente une cordelette douée d’une
grande contractilité et terminée par un renflement glan-
diforme, de couleur brune foncée. Ce gland, composé
d’une sorte de tissu érectile, est traversé par un pertuis qui
s'élargit à la base du renflement et qui parcourt, sous la
forme d'un véritable canal, toute la longueur du pied,
pour se terminer, en se ramifiant, dans les lacunes de la
masse viscérale.
Enfin les muscles adducteurs sont presque égaux et se
fixent très près du rebord des valves.
La coquille de ce Diplodonte nous paraît inconnue et
inédite, et je propose de l'inscrire dans les Catalogues sous
Je nom de Diplodonta Brasiliensis.
C'est une coquille libre, arrondie, globuleuse, équi-
valve, inéquilatérale , un peu tronquée sur le côté anté-
rieur. Le ligament est extérieur, proéminent et inséré sur
le rebord même des valves. La charnière est composée de
deux dents intrantes sur chaque valve, la postérieure de
la valve droite, l’antérieure de la valve gauche, bifides.
Absence complète de dents latérales. Les impressions
musculaires sont subégales, la postérieure arrondie,
l'antérieure ovalaire et jamais allongée comme celle des
Lucines; l’impressien palléale est simple, sans sinuosité ;
enfin le disque intérieur des valves est lisse, sans stries
ni ponctuations. Toute la coquille est d'un blanc jaunûtre,
et la surface extérieure des valves ornée de lignes d'ac-
croissement concentriques et régulièrement disposées.
Elle habite la rade de Ric-Janeiro , dans la baïe de
Bon-Foyage où elle vit dans le sable, à peu de profon-
deur, en compagnie de la Lucina divaricata, et de plu-
sieurs espèces de Tellines.
Les Diplodontes s'éloignent, comme on voit, des Luci-
nes, par des caractères importants de l'organisation exté-
rieure des animaux; car il est hors de doute aujourd’hui
que les vraies Lucines n'ont qu'un seul feuillet branchial
de chaque côté du corps, la bouchedépourvue de tentacules,
et le manteau percé, en arrière, de deux ouvertures dont
la supérieure est généralement munie d’une trachée, ainsi
que j'ai pu le constater moi-même sur onze espèces de ce
genre intéressant , sur lequel je me propose de publier
prochainement le résultat de mes recherches.
Les coquilles diffèrent aussi dans les deux genres, puis-
que, dans les Lucines, la charnière offre le plus souvent des
dents latérales, et jamais les deux dents bifides des Diplo-
dontes; le ligament, couvert par les bords du corselet ou
enfoncé profondément derrière les nymphes, n'est jamais
bombé et très saillant à l'extérieur ; enfin les impressions
musculaires sont très inégales, la postérieure arrondie,
l'antérieure étroite et très allongée.
Les Diplodontes ont avec les Ongulines les rapports
les plus intimes d'organisation ; mais encore elles s'en dis-
tinguent par les caractères de la coquille et par les habi-
tudes des animaux des Ongulines, dont la plupart des
espèces vivent dans les pierres et les madrépores, à la
manière des Ÿ’énérupes et des Saxicaves; je dis la plupart
des espèces, car j'ai sous les yeux l'animal du Félan d'A-
danson, qui est une véritable Onguline, et que j'ai trouvé
enfoncé dans le sable, sur le rivage de Dakar, près de
l'île de Gorée.
Les Diplodontes forment donc un genre très naturel
et distinct des Lucines, que l’on peut caractériser ainsi :
Æ4nimal, En veloppé d’un manteau fermé de toutes parts,
percé seulement de deux ouvertures; l’une inférieure ,
grande, pour l'organe locomoteur; l’autre postérieure, pe-
tite, pour'les déjections excrémentielles, et sans syphon ;
branchies composées de deux feuillets de chaque côté ;
de.
OUTRE
bouche entourée de quatre palpes membraneux, foliacés,
de médiocre étendue ; pied vermiforme, terminé par un
gland érectile, et canaliculé dans toute sa longueur; mus-
cles adducteurs des valves presque égaux, et insérés très
près du rebord de la coquille.
Coquille. Libre, équivalve, régulière , inéquilatérale,
fermée ; ligament externe, saillant;, deux dents cardinales
sur chaque valve; la postérieure de la valve droite et l’an-
térieure de la valve gauche, bifides; dents latérales, nulles;
impressions musculaires subarrondies, presque égales;
impression palléale sans sinuosité.
Les espèces qui appartiennent au genre Diplodonte
sont encore peu nombreuses ; les seules que j'aie à men-
tionner sont les suivantes :
1° DipLoponTA ROTUNDATA, Brofin. — Lucina rotundata ,
Montagne. — abitat : le golfe de Tarente, d'a-
près Philippi; l'Océan d'Europe, près de Vannes.
2° Dircononra TRiGONULA, Broÿn. — Lucina trigona,
Scacchi. — Æabitat. : golfe de Naples.
3° Dipconoxra apicazis, Philippi. — Habitat : Sicile, à
Palerme (Collection de M. Calcara); Corse, d'après
M. Requien.
4° DipcoponTA 8RASsILIENtS , Nobis. — Habitat : Rio-Ja-
neiro, baies de St-Domingue et de Bonvoyage.
5° DiproponrA niLATATA, Broÿn. — Espèce fossile des
terrains tertiaires de la Sicile, Altavilla près Pa-
lerme, et trouvée vivante dans la Mer Rouge, d'après
Philippi.
6° DirLobonTA LuPinus, Broÿn. — Espèce fossile d’Alta-
villa, près Palerme.
Quant au genre Scacchia qui a été créé par M. Phiippi,
dans le 2° volume de son Catalogue (1844), il a été ca-
ractérisé par cet auteur de la manière suivante :
— A
« Animal. Enveloppé d’un manteau à bords entiers,
finement ciselés, et dont les lobes, largement désunis en
bas, offrent en arrière une seule perforation anale? Pied
comprimé s Ninguiforme À séparé:par ‘un étranglement de
la masse viscérale; deux feuillets, branchiaux de chaque
côté; bouche munie de quatre appendices labiaux.
Coquille. Transverse, mince, légère, équivalve, inéqui-
latérale , légèrement tronquée au côté postérieur, et une
ou deux petites dents cardinales sur chaque valve; dents
latérales, obsolètes en forme de plis ; ligament double ,
l'externe plus petit, l'interne inséré dans une fossette
oblongue ; impressions musculaires petites, subégales,
arrondies ; impression palléale simple sans sinuosité. »
M. Philippi n'indique qu'avec doute l'ouverture pos-
térieure du manteau, chez la Scacchie elliptique, mais le
zoologiste napolitain l’a parfaitement observée, et j'ai pu
constater moi-même cette disposition sur plusieurs indi-
vidus de la même espèce que j'ai rencontrée l'année der-
nière, vivante, dans le golfe de Naples et la rade d'Ischia.
Cette perforation du manteau est une simple boutonnière
à laquelle l'intestin vient aboutir, totalement dépourvue
de siphon, semblable, en un mot, à l'ouverture anale des
Diplodontes et des Ongulines,
Les Scacchies se rapprochent donc de ces deux derniers
genres par l'organisation des animaux et par quelques
caractères essentiels de la coquille; les branchies, les pal-
pes labiaux, les ouvertures du manteau d'un côté; de
l’autre, les impressions musculaires égales, arrondies, et
l'impression palléale simple, sans sinuosité.
Elles avoisinent aussi les Amphidesmes, par la présence
des dents latérales et la disposition du ligament qui est
double en réalité; mais elles se distinguent de ces der-
nières par des caractères d'une plus grande importance,
puisque les Amphidesmes ont le manteau prolongé en
arrière en deux siphons allongés, contractiles et séparés
ep ee
dans toute leur étendue; et que ces siphons sont mus par
un muscle rétracteur qui laisse sur le test une impression
sinueuse assez profonde,
Les Scacchies vivent dans le sable, à la manitre des
Vénus et des Nymphacées; la Scacchia elliptica a été trouvée
par des pêcheurs en compagnie de la Lucine lactée, de la
Telline gentille, et de la Fénus vénitienne; rien n'indique
d’ailleurs , dans l’organisation de ces Mollusques, qu'ils
vivent comme les Ongulines, et qu'ils se logent dans les
pierres et les masses madréporiques.
M. Philippi ne mentionne, dans son Catalogue que
trois espèces de Scacchies, dont deux vivantes et une
fossile.
SCACCHIA ELLIPTICA, Philippi.— Loripes elliptica, Scac-
chi. — Habit : Naples, Treparci, Sicile.
ScaccaiA OvaTA, Philippi. — Habitat : Naples, Sicile,
Ajaccio (Corse), d'après M. Requien.
ScacciA INVERSA, Philippi.—Espèce fossile d’Altavilla,
près Palerme.
Il résulte pour mai, de tout ce qui précède :
1° Que le genre Lucine, tel que Lamarck l’a conservé
dans la méthode, renferme des coquilles qui lui sont étran-
gères, et qu'il a besoin d’être épuré.
2° Que les genres Diplodonta et Scacchia constituent
deux groupes distincts, parfaitement caractérisés et qui
ont entre eux de nombreux points de contact.
3° Que ces deux genres sont très voisins, le premier
surtout, des Ongulines dont ils diffèrent cependant par les
caractères de la coquille et la manière de vivre des ani-
maux qui l'habitent.
Aussi je proposerai d'établir avec ces trois genres, Dr-
plodonta, Scacchia et Ongulina, une petite famille à part,
que j'appellerai la Famille des Ongulines, pour consacrer
le nom du genre intéressant qui lui servira de type et qui
rappelera en même temps celuide Daudin, son fondateur.
T5
Quant au rang que celte famille doit occuper dans Îa
série des conchyfères, il est dificile de l’assigner aujour-
d’hui d'une manière rigoureuse et définitive, Toutefois,
je ne partage pas, sur ce point, l'opinion de MM. Sowerby
et Deshayes qui rangent les Ongulines dans le voi-
sinage des Lucines, parce que celles-ci présentent cons-
tamment un seul feuillet branchial de chaque côté du
corps, la bouche sans appendices labiaux , et les lobes
du manteau percés, en arrière, de deux ouvertures
dont la supérieure est munie d’un siphon contractile
et se repliant quelquefois, comme un doigt de gant, dans
la cavité palléale; tandis que les Ongulines ont évidem-
ment les quatre branchies, les appendices buccaux des
autres conchyfères et le manteau à une seule perforation
postérieure et sans indice de trachée; et ce n'est pas à un
simple caractère spécifique, car les animaux de l'Ongu-
lina rubra, du F'élan d’'Adanson et de l'Onguline blanche
m ont offert les mêmes traits d'organisation.
Je pencherais plutôt vers l'opinior de M. Duvernoy qui
place les Ongulines à côté des Mytilacées, si la disposition
du pied, celle des muscles adducteurs chez les Moules et
les Lithodomes, et la faculté qu'ont ces derniers Mollus-
ques de filer un bissus n'étaient des motifs suffisants pour
faire rejeter ces rapports.
Cette question de taxonomie , à l'égard du petit groupe
qui fait le sujet de cette Notice, comme du reste pour un
grand nombre de genres de la classe des conchyfères, est
donc encore subjudice, et la science a besoin de nouveaux
faits pour la résoudre. Ce n’est que lorsque les animaux
de cette division seront bien connus que l'on pourra for-
muler un arrangement méthodique des genres et des fa-
milles, dans l’ordre des affinités zoologiques, et relier les
uns aux autres tous les chaînons de cette longue série des
acéphales, qui se trouve sur bien des points interrompue.
Nota. Je regrette de ne pouvoir donner ici la figure de
946
l'animal de la Scacchra elliptica; mais les individus que j'ai
cherché à conserver dans une préparation alumineuse,
ont été tellement altérés par la liqueur, que je n'aurais pu
en retracer fidèlement les caractères.
Explication des Jigures.
PI. XII.
Fig. 1. 4 et B. Coquille du Diplodonta brasiliensis,
Mittre.
Fig. 2. 4. Valve droite; B. Valve gauche.
Fig. 3. Charnière.
Fig. 4. Animal enveloppé de son manteau.
Fig. 5. Le même dépouillé du manteau, pour mettre
à découvert la bouche et les tentacules labiaux,
les branchies, la masse viscérale et le pied (1).
Descrirrion d'un nouveau genre de coquilles unival-
ves, par M. Soucever.
Parmi les coquilles pélagiennes que nous avons recueil-
lies dans notre voyage autour du monde sur la corvette
la Bonite, nous en avons trouvé une qui s'éloigne d’une
manière assez tranchée, par ses caractères, de tous les gen-
res connus de coquilles univalves, pour que nous nous
croyions autorisé à la considérer comme le type d'un
genre nouveau. Nous désignerons, sous le nom de Calca-
rella (2), ce genre dont les caractères sont :
(1) La planche relative à ces figures paraîtra dans le prochain Numéro.
(2) De Calcar, éperon, à cause de la ressemblance de cette coquille
avec la molette d’un éperon.
e
[A
ge
G. CazcArELLA, nobis.
À NIMAL 18n0tum.
Tesra sub-globosa, cornea, pellucida, valdè tricarinata :
carinis distantibus, eristato-dentatis: dentibus triangulo-
acuiis, regularibus ; anfractibus tribus, supra planis; spira
bicarinata, apice mamillato ;
Apertura triangularis, intus semi-lunaris, incrassata ;
labro trispinoso : spinis triangularibus, acutis ; columella
incrassata, sinuosa, medio anticè convexa.
OpErcuLum ?
Genre Calcarelle.
ANIMAL inconnu.
Coquize sub-globuleuse, cornée, transparente, forte-
ment tricarénée ; à carènes séparées, dentées en crête,
avec les dents triangulaires, aiguës et régulièrement espa-
cées ; trois tours de spire, aplatis en dessus; spire à deux
carènes et à sommet mamelonné.
Ouverture triangulaire, semi-lunaire et épaissie à l’in-
térieur; lèvre externe portant trois épines triangulaires,
aiguës; lèvre interne calleuse, formant un bourrelet sail-
Jant en dehors, sinueuse, avec le centre convexe en avant.
OPERCULE ?
Observations. — Ge genre, que nous proposons d’après
la coquille seulement, n'ayant malheureusement pas pu
en observer l'animal, nous paraît devoir être caractérisé
surtout par la nature cornée de cette coquille, par sa trans-
parence, par les carènes très prononcées dont elle est ar-
mée, par la forme de l'ouverture et par celle de la colu-
melle. Des genres connus jusqu'à présent, le genre Tri-
chotropis de M. Sowerby est celui dont notre nouveau
genre paraît se rapprocher le plus; mais il en diffère
par des différences importantes que nous allons faire
ressortir :
348
La coquille du g: Calcarella est cornée, sans épiderme ;
celle du g. Trichotropis est calcaire et épidermée ;
Le g. Calcarella à Va spire à peine saillante; dans le
g. Trichotropis la spire est presque aussi grande que l’ou-
verture;
Le g. Calcarella à les carènes régulièrement distancées
etau nombre de trois; dans le g. Trichotropis, elles sont
irrégulièrement disposées et au nombre de deux (T°. uni-
carinata, Sowerby), ou au nombre de trois (T°. bicari-
nata, Sowerby);
Dans le g. Calcarella , les divisions ou dents des carè-
nes sont de même nature que le test; dans le g. Tricho-
tropis , ces dents sont formées surtout par des prolonge-
ments épidermiques ;
L'ouverture du g. Calcarella est semi-lunaire intérieu -
rement et entière ; celle du g. Trichotropis est ovale ou
trigone et canaliculée à la base;
La Columelle est large, calleuse, sinueuse et renflée
en bourrelet dans le g. Calcarella ; elle est arquée ou
sinueuse dans leg. Trichotropis, mais mince et réfléchie;
Dans le g. Trichotropis, la Columelle est obliquement
tronquée à la base; rien de semblable n'existe dans le
g. Calcarella;
Dans le g. Calcarella, la coquille n'est ni ombiliquée, ni
perforée ; celle du g. Trichotropis est, au contraire, large-
ment ombiliquée ou perforée.
Telles sont les différences qui séparent ces deux genres,
en n'ayant égard qu'à la coquille; mais il est plus que
probable que des différences bien plus grandes encore les
éloignent sous le rapport des animaux, car les espèces du
g. Trichotropis sont littorales et paraissent se rapprocher
beaucoup des Pourpres, tandis que la coquille du g. Cal-
carella est, comme nous l'avons déjà dit, une coquille
pélagienne dont l'animal doit offrir par conséquent une
organisalion analogue à celle des Mollusques qui vivent
— 1900 =
loin des rivages. Nous ne pourrions émettre ici que des
hypothèses sur la forme de cet animal, la coquille n'ayant
de rapports bien évidents avec aucun des genres connus,
parmi les coquilles pélagiennes. Il est donc nécessaire qué
des observations nouvelles viennent nous éclairer à cé
sujet , car ce n’est que par la connaissance de l'animal
que la valeur du genre que nous proposons pourra être
définitivement établie, ct qu'il sera surtout possible de le
placer dans ses rapports naturels. C'est pour provoquer
de nouvélles recherchés de la part des naturalistes qui se
trouveront placés dans des circonstances favorables pour
les faire, que nous avons cru devoir signaler cette coquille
curieuse à leur attention.
Calcarella Spinosa, nobis.
Nous désignons sous ce nom l'espèce unique sur la-
quelle nous établissons ce genre.
Quoique transparente, cette coquille a une assez grande
épaisseur ; très apparente à l'ouverture, cette épaisseur
se continue dans les tours de spire, comme le montrent
les dessins que nous en donnons. Sa surface externe est
très lisse, dans l'intervalle des carènes. Les angles épi-
neux de la lèvre externe sont séparés par des échancrures
assez profondes.
Dimensions.— Largeur de la coquille au dernier tour,
5 millimètres; hauteur, 4 millimètres.
Habit. — Cette espèce provient des mers du Sud :
nous en avons recueilli trois exemplaires absolument
semblables pour les caractères et pour le volume. Au-
cune de ces trois coquilles ne contenait son animal,
Explication des figures.
Pl Xe
N°15, 16 et 17. — Coquille vue sous ses différents
faces.
N° 18. — Grandeur naturelle.
17
— 250 —
RecnencHes sur les mœurs des Turets, par M. L. Lau-
renT, docteur ès-sciences, en philosophie et en mé-
decine ; ancien professeur d'anatomie, de physiologie
et chirurgien en chef de la marine, en retraite ;
ancien suppléant de M. de Blainville à la Faculté
des sciences et membre des Sociétés Philomatique
et Biologique de Paris, etc. , etc.
Si nous parvenons à prouver que les
Tarets ne pondent pas des œufs et n’éja-
culent pas de sperme, à quoi peut servir
le projet de tuer dans l’eau les sperma-
tozoïdes qui doivent féconder les œufs
desquels doivent naître les Tarets ?
Les études faites sur le genre Taret, depuis Aristote et
Théophraste, jusque vers la fin du xvin siècle, n'ont pu
avoir un caractère vraiment scientifique, en raison du peu
de progrès de la Malacologie, et ce n'est que depuis les
grands travaux systématiques faits en zoologie, par Adan-
son, G. Guvier, Lamarck, de Blainville, qu'on commence
à faire surgir de toutes ces études, la caractérisation nette
de ce genre, de ses rapports avec les Pholades, et de son
rang dans la classe des Mollusques acéphalés.
On conçoit facilement toutes les difficultés qu'il a fallu
vaincre, pour arriver au point où nous sommes actuelle
ment, par suite des études anatomiques de plus en plus
soignées, depuis Swammerdam, Lister, Poli, G. Cuvier
et surtout depuis que M. de Blainville, résumant les
travaux de ses prédécesseurs, a proposé de faire marcher
de pair l'anatomie des Mollusques avec la Conchyliologie.
Nonobstant tous ces travaux si utiles et si fructueux, dont
la science s'est enrichie, on ne peut s'empêcher de recon-
naître toutes les difficultés qu’il faut encore vaincre, pour
perfectionner l'anatomie et la physiologie des Mollusques,
etsurtout de ceux de la classe des acéphalés, parmi lesquels
— 201 —
se range le genre Taret, dont les aflinités avec les genres
voisins, sont suffisamnent bien déterminées. Mais comme
on le verra dans le cours de ce Mémoire, les études ana-
tomiques et physiologiques fournies par les naturalistes
français, anglais, allemands et italiens sont non seulement
incomplètes, mais encore poursuivies suivant une direc-
tion qui ne permet guère d'espérer d'arriver à une con-
naissance exacte de l'organisation de ces animaux. Ce sont
les obstacles contre lesquels nous nous sommes heurtés,
en étudiant l'anatomie , l’ovologie, et l'embryologie de
plusieurs genres de gastéropodes et de quelques acéphalés
qui nous ont suggéré l'idée de trouver les moyens d’apla-
nir des difficultés que je crois insurmontables pour les
observateurs les plus habiles ét les plus patients; et l’on
reconnaîtra, je l'espère, qu'on ne pourra les vaincre qu'en
poursuivant, avec persévérance, des recherches expéri-
mentales sur les mœurs de ces animaux, pour frayer une
voie sûre à des études anatomiques et physiologiques
aussi exactes que possible.
Quand on a été dans l’obligation de lire attentivement
en première ligne les Mémoires originaux publiés succes-
sivement sur les Tarets par Valisnieri (1715), Sellius
(1733 et 1753), par Adanson (1756 1759), par Delle
Chiaje (1830), et les recherches les plus modernes de
M. Deshayes, dans son Traité élémentaire de Gonchylio-
logie et dans ses notes à la deuxième édition des Animaux
sans vertèbres de Lamarck; lorsqu on a dû examiner en-
suite les publications successives de Deslandes 1720, de
Rousset et de Massnet, on arrive à constater que tous ces
auteurs ou gardent prudemment le silence, au sujet de Ja
sexualité des Tarets, ou les considèrent comme étant her-
maphodites et n'ayant pas besoin de s’accoupler, et que
tous s'accordent à dire que les Tarets sont ovipares et
pondent des œufs. Ces œufs et les embryons des Tarets
ont été même si mal figurés par Sellius qu'on ne peut en
— 252 —
tirer aucun parti avantageux; et M. Delle Chiaje a donné
aussi une figure de l'embryon du Taret, qu'il donne pour
celle de l'œuf de cet animal.
C'est ici le moment de faire observer que M. Deshayes,
auquel on doit des recherches anatomiques sur les Ta-
rets(1}, avoue avoir rencontré des difficultés fort grandes,
à l'égard du système nerveux et des organes de la re-
production de ces animaux. Il est beaucoup à regretter
que M. Deshayes, dont les études ont porté sur le Faret à
palettes ovales, n'ait point trouvé les individus en état de
reproduction : ce qui lui aurait permis d'en décrire les
œufs et le développement des embryons.
Tous les auteurs que nous venons de citer s'accordent
donc à regarder, en général, les Tarets comme se repro-
duisant par des œufs qui se développeraient au dehors et
comme étant hermaphrodites. Tous s'accordent également
à parler des ravages qu'ils produisent dans les bois, au
moyen de leur tarière ou coquille bivalve (Adanson) ou
d’un suc acide (Turton, Deshayes). Valisnieri, Rousset,
Massuet ajoutent à leurs observations sur les Tarets l’in-
dication des moyens de remédier à leurs ravages. Dans
cette énumération rapide des Mémoires publiés sur ces
animaux nuisibles, nous avons négligé, à dessein de men-
tionner les Mémoires de plusieurs naturalistes anglais,
soit parce que ces études n’ont pas élé faites sur les ani-
maux vivants (Everard Home), soit parce que nous au-
rons souvent l’occasion de eiter l'excellent travail sur le
Teredo navalis et le Limnoria terebrans publié par M. Wil-
liams Thompson en 1835 (dans le nouveau journal phi-
losophiqne d'Edimbourg (2).
(1) Voyage scientifique en Algérie.
(2) Ce travail de M. Williams Thompson et un mémoire du docteur
Coldstram sur le Limnoria terebrans (New Philosophical Edin burgh Jour-
nal) ont été traduits de l’anglais, sur ma demande, par l’ordre du Minis-
tre de la marine, M. le baron de Mackau, et cette traduction fait partie
des pièces du dossier relatif à notre mission scientifique.
— 253 —
Pour compléter celaperçu historique des travaux faits sur
les Tarets, il ne nous reste plus qu’à mentionner les études
de M. Quatrefages, sur ce genre de Mollusques, qui ontété
publiées dans les Annales des sciences naturelles, en 1849.
M. de Quatrefages, dont je suis ici dans la nécessilé
d'examiner, au double point de vue zoologique et écono-
mique, les recherches sur les Tarets, en a donné de pre-
mières notes insérées dans le Bulletin de la Société philo-
matique. Ces communications donnaient prise à des re-
marques critiques de ma part, en raison de ce que ses
assertions étaient contradictoires des résultats de mes ob-
servations sur les Tarets; résultats que j'avais consignes
dans quatre rapports que j'avais adressés au Ministre de la
marine, à la suite de mes voyages dans les grands ports
militaires et au Havre.
M. de Quatrefages ayant développé, in extenso, dans
les Annales des sciences naturelles, la substance de ses
notes, je me trouverai ainsi en mesure de mieux dis-
cuter Ja valeur scientifique de ses résultats comparés aux
miens. En l’état actuel, il me paraît très probable que les
matériaux recueillis par M. de Quatrefages, pendant envi-
ron quatre mois au port des Passages (Guipuscoa, en Es-
pagne), ne sont pas en nombre suflisant, ni élaborés avec
toutes les précautions convenables, pour éviter l'erreur ;
et c’est ce qu'il me sera facile de démontrer en opposant
des observations et des remarques très judicieuses de
M. Quatrefages lui-même, à ses propres assertions que je
crois hasardées, ou du moins prématurées.
Les considérations que nous venons de présenter suffi-
sent déjà pour faire pressentir tout l'intérêt qui s'attache
au genre Taret, soit au point de vue zoologique, soil au
point de vue économique, afin de pouvoir se garantir des
ravages que ces animaux produisent dans les bois em-
ployés dans les constructions navales et et hydrauliques,
et surtout dans les grands approvisionnements de bois de
= JR
marine conservés dans l’eau. Nous nous proposons main-
tenant d'exposer, dans ce Mémoire, les résultats de nos
observations sur les mœurs des Tarets et d'indiquer l’ordre
dans lequel on devra utiliser ces résultats, afin de les appli-
quer à la conservation des bois. Maïs avant d'aborder cet
exposé, il ne sera pas inutile de faire connaître ce qui nous
a déterminé à entreprendre et à poursuivre ces recherches.
Nous avions terminé, en 1841, nos recherches sur l’Hy-
dre et l’Eponge d’eau douce, nous les avions adressées à
l'Académie des sciences , pour le concours des prix Mon-
tyon 1842, et les résultats importants au point de vue
zoologique, et surtout à celui de la zoogénie, résultats
qui nous avaient coûté trois années d'observations expéri-
mentales, nous suggérèrent l’idée que, si de semblables
études étaient poursuivies à l'égard des animaux nuisibles
ou utiles au matériel d'un grand service public, elles
pourraient être d’une très grande opportunité : c'est là
le motif qui nous détermina à soumettreà M. le Ministre de
la marine (M. l'Amiral de Mackau) une demande de
vouloir bien prendre en considération nos vues, dans
l'intérêt du département qu'il dirigeait. Ma proposition
présentée, sur la fin de 1843, fut soumise au directeur des
travaux maritimes des ports ; il me fut prescrit d'indiquer
les espèces d'animaux sur lesquelles il serait plus urgent
de faire des recherches. Mon attention dut se porter de
suite sur les Tarets et le Termite lucifage. L’administra-
tion de la marine agréa ce choix et y joignit le Lyméxy-
lon naval, et il fut décidé, sur la fin de 1844, que je rece- |
vrais la mission d'aller étudierles mœurs de ces animaux,
dès le printemps, dans les deux ports que j'avais désignés
comme plus favorables à ce genre d'études.
Après avoir reçu de l’Amiral-Ministre l’ordre d'aller
remplir cette mission scientifique telle que je l'avais con-
çue, m'étant muni de documents et d'objets que j'avais
obtenus de l'administration, je partis, en avril 1845, pour
ne
le port de Toulon, dans lequel je me livrai aux études pré-
paratoires, et surtout à la connaissance pratique de toutes
les opérations qu’exige l'approvisionnement et la conserva-
tion, pendant le séjour des bois dans les lieux et les mi-
lieux choisis pour leur dépôt. Cette connaissance préli-
minaire m'était indispensable, afin de pouvoir bien dis-
cerner dans mes études de mœurs, la partie de ces études
qui pouvait être la seule applicable ou la plus impor-
tante, à l'égard de l'application qu’il convenait d’en faire.
Je ne me dissimulai pas les difficultés de divers genres
que je devais rencontrer dans mon travail scientifique; :
mais ce travail devant confirmer des vues qui m'avaient
été suggérées, par mes recherches sur les Mollusques gas-
téropodes, devant servir surtout à éclairer MM. les Ingé-
nieurs, les oMciers militaires et les administrateurs de la
marine, dans les questions diverses de la conservation
des bois, si débattues de nos jours chez toutes les nations
maritimes, principalement en France et en Angleterre ;
ce travail, disons-nous, devait avoir un caractère en même
temps théorique, pratique et critique.
Les données théoriques devaient être fournies par les
Sciences naturelles, physiques et chimiques. L'examen
de nombreux documents et de faits recueillis par les
hommes du métier, en constituait la partie pratique ; enfin
l'énorme importance d’arriver au but proposé, en em-
ployant les moyens, les procédés et les méthodes les meil-
leurs et les plus économiques, devait servir de poirt
de départ et de fondement dans les études critiques.
Nous insisterons plus particulièrement, dans ce Mé-
moire, sur le choix à faire à l'égard des données théori-
ques qu'il nous faut maintenant caractériser. Voici quelles
sont ces données auxquelles nous avons été conduits dans
nos recherches :
L'observation et l'histoire naturelle exactes, autant que
possible, des mœurs des animaux, sont, avec juste raison,
56 —
susceptibles d'être considérés comme les fondements
d'une science en quelque sorte nouvelle, puisqu'elle est
l'étude scientifique du développement complet des êtres
vivants. Or cette étude, que nous avons proposé, le pre-
nier en France, d'instituer, sous le non d’Ethicologe,
après nos cours faits pendant quatre années sucessives à
l’ancien Athénée-Royal de Paris, n'est et ne doit être que
l'histoire de la série complète des phases de l'existence
des êtres vivants, en les examinant d’abord dans leur état
constitutif, c’est-à-dire adulte ou parfait et en état de
reproduction, ensuite pendant la série des états suc-
cessifs et alternatifs des nouveaux individus, depuis l'ori-
gine de l'œuf jusqu'à la mort; enfin dans leurs états des-
titutifs, c’est-à-dire de cadavre ou de fossile, ou de vesti-
ges, dont l'étude permet d'arriver à la restitution des
espèces perdues, plus ou moins voisines des espèces vi-
vantes auxquelles il est nécessaire de les comparer.
Tel est le cadre zoologique que tout observateur un
peu sévère doit adopter, et nous aurons à en démontrer
l'utilité, à l'égard des diverses questions que soulève l’é-
tude des Tarets et celle de tous les autres animaux nuisi-
bles aux bois de marine.
Nos premières recherches, faites dans cette direction et
en insistant plus particulièrement sur l’ovologie et l'em-
bryologie comparée, nous permirent d'en appliquer les
données acquises et celles que nous recueillions nous-même,
à la classification méthodique du règne animal (1). Nous
(4) Voir le tableau de cette classification présenté dans nos considérations
postliminaires, à la suite de nos recherches sur l’'Hydre et l’Eponge d’eau
douce. Ce travail, couronné par l’Académie des sciences de Paris, en 1844,
pour le prix Mon'yon, de Physiologie expérimentale de 1842, fait partie du
Voyage decircumnavigation de la Bonite, publié par Arthus-Bertrand.
Cet essai, d’une nouvelle classification-méthodique des animaux, fondée
sur les données de leur embryologie comparée, a paru, pour la première
fois, dans nos recherches sur les Marsupiaux en 1838 et 1839 (Voyage de
ciicumnavigation de la Favorite, par le capitaine de vaisseau Laplace),
el se trouve antérieur de quelques années aux classifications nouvelles du
règne animal, publiées par M. Milne Edwars en 1844 et M. Vanbeneden
en 1846.
— 257 —
avions reconu préalablement que la déterminalion des di-
vers genres et degrés d'individualité des animaux coïnci-
dant avec les études de leur sexualité apparente, cachée
ou nulle constituaient un ordre d'études très importantes,
sur lesquelles des expériences relatives aux mœurs des
animaux fournissaient des éléments essentiels que l'ana-
tomie et la physiologie comparées n’ont pu donner, jus-
qu’à ce jour. Les résultats de ces expériences sont en eflet
et doivent être des arguments péremptoires , et ces faits
manquent encore à la science.
Ce sont des études de ce genre qui, déjà appliquées
par nous pour la détermination des organes génitaux des
Limaces et des Helix trouveront leur application dans les
recherches à faire sur la sexualité des Tarets.
On doit voir par cet exposé succinct des principes que
nous professons, etque nous avons mis en pratique, depuis
plus de dix ans, combien il est intéressant de faire des
observations expérimentales de mœurs des animaux nuisi-
bles ou utiles, toutes les fois qu'il y a moyen de résoudre
ainsi complétement, à leur égard, des questions que l’em-
ploidesmoyensanatomiquesetphysiologiquesles plus puis-
santslaisse encore indécises. C’est donc la connaissance spé-
ciale des mœurs decesanimaux qui doitguider l'observateur
dans le choix et l'opportunité des moments pour faire les
dissections anatomiques, et les expériences physiologiques
qui dévoiïleront alors les particularités de structure et de
fonctions des organes, correspondantes aux particularités
de mœurs. Nous devons donc prévoir, pour répondre à
toute objection qui pourrait nous être faite, qu'en faisant
préalablement des recherches éthicologiques ou de mœurs,
nous ne nous croyons dispensé, dans aucun cas, de faire
ensuite les études anatomiques et physiologiques confir-
malives et complétives.
Ces objections étant prévues, on voit clairement que
nous ne népgligeons aueunc des données scientifiques,
en
nécessaires, et que si nous nous sommes décidé à mettreen
première ligne les observations de mœurs, ça été parce que
nous nous sommes trouvé en présence de questions anato-
miques et physiologiques non résolues par les zoologistes
etles malacologistes les plus recommandables, et que, ren-
contrant les mêmes obstacles insurmontables , par la voie
anatomique, nous avons dû essayer de les tourner et d’ar-
river à la solution desirée par des expériences éthicologi-
ques ou de mœurs, que nous répétions en nombre sufk-
sant, dans des conditions grandes, moyennes et petites,
afin de nous procurer un très grand nombre de faits.
Cette partie de nos recherches, qui est en train d’exé-
cution, est donc toute nouvelle, et elle nous servira à cons-
tater la prédominance de la science des mœurs sur l'ana-
tomie et la physiologie, dans tous les cas où l'insuffisance
de ces deux sciences, agissant isolément , sera bien dé-
montrée.
Nous avons dû prendre ici toutes nos précautions ora-
toires, pour être à l’abri de toute imputation imméritée,
pendant la polémique déjà engagée, au sujet des Tarets,
au sein de la Société philomatique de Paris, entre M. de
Quatrefages et nous.
Après avoir exposé les principes qui nous ont guidé
dans nos recherches, après avoir prévu, autant que pos-
sible, les principales objections qui pouvaient nous être
faites, nous en avons réservé une seule qui se présente de
prime-abord aux naturalistes habitués à publier de suite
leurs recherches, pour en recueillir plus promptement le
fruit. Cette objection sera présentée, lorsque nous aurons
développé la série des faits qui semblent la justifier ; mais
un examen altentif en fera promptement justice.
Cette objection, (nous devons l'indiquer seulement ici),
consiste en ceque le travail qu'exigent les recherches demæurs
est, dit-on, trop long. Nous espérons pouvoir démontrer le
contraire , et dans ce but nous n’aurons qu'à laisser parler
— 259 —
les faits qui ont toujours la puissance de prouver la réa-
lité cachée sous des apparences souvent trompeuses.
E xposé des recherches sur les mœurs des Tuarets.
Quoique nous ayions suivi, dans nos études scientifi-
ques l’ordre théorique indiqué ci-dessus, pour donner
plus d'exactitude à nos recherches, nous ne devons point,
cependant, entrer ici dans des détails étrangers au but
principal de notre mission; c'est pourquoi nous passons,
à dessein, sous silence, les résultats de nos études ovolo-
giques et embryologiques, parce que, évidemment, les
produits de la génération (œufs, spermatozoïdes et em-
bryons très jeunes) ne peuvent exercer aucune action
nuisible sur les bois; mais nous avons pris soin de coor-
donner les données de ces recherches dont la connais-
sance est applicable à la conservation des bois, en les
rattachant à cinq chefs principaux pour en simplifier l’é-
tude et en rendre l'application facile.
Ces cinq chefs de coordination des données scientifi-
ques les plus importantes sont les suivants :
1° L'introduction des Tarets dans les bois ;
2° Leur nutrition;
3° Leur propagation ;
4 Leur viabilité;
5° La connexité de leurs dégâts avec les autres causes
de destruction.
Introduction des Tarets dans les bois.
Toute la partie des mœurs de ces animaux qui a trait
à leur pénétration dans les bois doit être étudiée en pre-
mière ligne, parce que c’est évidemment celle dout la con-
naissance doit contribuer le plus au perfectionnement
et au choix des méthodes de préservation et de conserva-
— 260 —
tion des bois considérés dans les trois états dits d’avéne-
ment, d'approvisionnement et de rendement.
Voici quels sont les résultats de nos observations sur ce
sujet :
I. Les Tarets jeunes ou adultes, extraits des bois dans
lesquels il ont établi leur habitat et qu'on place dans des
vases remplis d'eau de mer très propre, près desquels on
place des morceaux de bois, ne peuvent plus y rentrer en
perforant de nouveau le bois. La térébration leur est im-
possible, en raison de ce qu'ils manquent d’un point d’ap-
pui et de ce qu'ils ne peuvent exercer une pression suf-
fisante pour faire agir leur tarière ou coquille en forme
de rape, ou leur suc acide. Mais lorsque les individus
extraits des bois sont très vigoureux, ils peuvent repro-
duire complétement leur tube calcaire complet et même s y
renfermer du côté de la tête, en bouchant l'orifice cor-
respondant au moyen d'une cloison transversale, convexe
en avant. Un fait semblable a été recueilli par M. Ey-
doux, médecin de la marine, notre délégué, pour conti-
nuer nos études au port de Toulon. Ce fait, que nous
avons communiqué à la Société philomatique, dans sa
séance du 9 juillet 1848, m'a été attribué, par inadver-
tance, par M. Deshayes (1), puisque, depuis près de deux
ans, la publication de ma communication à la Société
philomatique fait connaître que cette observation et cette
expérience ont été faites, pour la première fois , par le
médecin de la marine, notre ancien élève, qui a bien
voulu nous suppléer, depuis notre départ de Toulon, et
auquel il nous est agréable de témoigner ici notre recon-
naissance, en faisant cette rectification. Si l'expérience de
M. Eydoux eût réussi, et nous l’avons prié de la répéter
encore plusieurs fois, on aurait pu se procurer fréquem-
(4) Voyez au n° 4 du Journal de Conchyliologie les observations très
intéressantes de M. Deshayes, au sujet de la perforation des pierres par
les Mollusques, page 33, et la Note à la fin de cette 1° partie de ceMémoire.
— 261 —:
ment l'occasion d'observer directement le mécanisme de
la perforation des bois par les Tarets. Mais cette expé-
rience nous l'avons tentée sous trois autres formes :
1° Nous avons renfermé le Taret, bien vivant, extrait
du bois, dans un tube de verre très transparent, ouvert à
ses deux extrémités, fermé, du côté de la tête du Taret,
par un bouchon en bois de sapin dont la surface, en con-
tact avec la bouche de l'animal , était concave , et nous
espérions voir le Taret faire quelques tentatives de per-
foration , mais nous ne l'avons jamais vu en donner le
moindre indice , ce que nous avons attribué au défaut
de point d'appui nécessaire pour quil pût exercer une
pression sufhisante contre la surface du bouchon en bois.
2° Nous avons enlevé avec précaution, au moyen d’une
gouge, la moitié inférieure d'une portion de la circonfé-
rence du canal creusé par le Taret dans le bois, et nous
avons remplacé le segment ligneux enlevé, par une lame
de verre transparent, afin de voir encore directement le
Taret ronger le bois pour prolonger son canal ligneux.
Quelque patience que nous ayions mise à surprendre
l'animal daus ce travail, nous n'avons pu encore réussir.
3° Enfin nous n'avons pu voir, que quelquefois, le
Taret bipalmulé de la Méditerranée, dont nous avions pu
nous procurer quelques individus, mouvoir les valves de
leur coquille contre le fond du canal ligneux, lorsque
nous soulevions l'écorce d'une branche, du diamètre d’un
centimètre, dont l'animal avait rongé une grande partie
de l'épaisseur de la tige.
Ces observations directes sur des Tarets adultes, jointes
à celles que nous avons pu multiplier sur les très jeunes
Tarets, me portent à admettre l’action térébrante , au
moyen des deux valves de la coquille agissant chacune
comme une rape et une lime très fines et demi-circulai-
res, sur les parois et sur le cul-de-sac du canal ligneux
du ‘Faret. Cette manière de raper et de limer le bois,
2 969
sans cesse ramolli par l’eau, coïncide-t-elle avec l'action
dissolvante d’un suc acide; je n’ai nulle raison de nier son
concours; mais il m'eût été impossible de recueillir ce suc
et d'en démontrer l'acidité, au moyen du papier de tour-
nesol. Je n'ai donc pas tenté de le faire, et j'ignore encore
si les naturalistes, qui admettent la corrosion du bois par
un suc acide, fourni par une glande ou par la peau du
pied du Mollusque, sont parvenus à démontrer par l'ex-
périence leur interprétation du fait de la térébration des
bois.
Quel que soit le mécanisme de la perforation (1), ou
plutôt de l'agrandissement et de la prolongation du canal
ligneux qui sert d'habitat aux Tarets, il nous a été bien
démontré que les adultes et les jeunes, extraits de leur
loge ligneuse, n y peuvent plus rentrer. Pour assister à
l'entrée des Tarets dans l’habitat ligneux qu'ils doivent
se pratiquer, il nous a fallu assister au premier moment
de cette introduction. Nous n'avons jamais vu d'œufs
non embryonés, ni isolés, ni sous forme d'amas, ni sous
forme d’une nappe glaireuse sur la surface des bois; et
nous avons pris tant de soins pour tâcher de confirmer à
cet égard l'opinion des anciens naturalistes et celle pro-
fessée par Duhamel du Monceau , que nous aurions dû
parvenir à découvrir ces œufs et le frai des mâles, si,
comme M. de Quatrefages l'a avancé et soutenu, ces deux
produits de la génération de ces animaux étaient expul-
sés par des femelles et par des mâles, ce qui d'après mes
observations, très nombreuses à cet égard, ne nous pa-
rait nullement probable.
Sur les trois espèces (Taret naval, Taret d'Adanson et
Taret bipalmulé de la Méditerranée) que nous observions,
le Taret naval est et a élé, à Toulon et à Brest, la seule
sur laquelle nous avons pu multiplier nos observations
(1) Nous reviendrons sur ce point, en étudiant les mœurs des jennes
T
arets.
— 263 —
dans le but de déterminer le véritable état dans lequel
un jeune Taret pénètre, pour la première fois, dans le
bois.
N'ayant jamais vu des œufs pondus ni du sperme éja-
culé par les Tarets, il m'eût été impossible de les voir
éclore au dehors et d'en voir sortir les jeunes Tarets pour
s'acheminer vers les bois. Mais ce que nous avons observé
constamment, c’est l'expulsion rapide et fréquente des pe-
tits qui sortent par l’un des deux siphons de leur mère{1),
sous forme d’un globule jaune à peine visible à l'œil nu et
se mouvant de suite au moyen de cils natatoires.
C'est l'observation des habitudes et des manœuvres
qu'exécute le jeune Taret, à partir du moment de son
expulsion hors du corps de sa mère, jusqu’à ce qu'il soit
définitivement niché et logé dans le bois, qui constitue le
point le plus intéressant et le plus curieux de l’histoire
des mœurs de ces animaux, parce que ce doit être sur cette
connaissance que devront être fondées les méthodes de
préservation et de conservation des boïs placés dans l’eau,
considérés dans les deux états dits d'approvisionnement
et de rendement; car ce n’est que très rarement que des
bois, encore dans leur état d'avénement, se trouvent, par
hasard, au moment de l'exploitation , après l’abattage,
jetés dans la mer, en raison de ce que la forêt d’où on les
tire est sur le rivage, comme nous en avons observé un
cas sur une pièce de chêne venant de Sardaigne.
Cette connaissance des mœurs et habitudes du trés
jeune Taret nous semble donc, au point de vue pratique,
devoir former le point de départ de son histoire, puis-
que c’est le seul moment où il est possible de l’observer
directement au dehors et de le voir débuter dans son
action nuisible; aussi croyons-nous devoir insister plus
particulièrement sur ce point important.
(4) D’après les observations de M. Eydoux, mon délégué, ce serait par
le siphon excréteur ou supérieur que se fait l'expulsion des petits.
904 —
L'importance réelle de ce fait est très facile à coinpreri-
dre, puisque, nonobstant les observations de Sellius, qui
avait observé l'embryon et la larve de cet animal, et en
avait donné de très mauvaises figures, dès 1733, l’ovovi-
viparité des Tarets n'était connue ni d'Adanson, ni de
Duhamel du Monceau, ni même de Delle Chiaje, qui,
en 1830, donnait une figure peu exacte de cette larve,
dont les mœurs étaient ignorées jusqu'en 1845, époque
à laquelle je les ai décrites dans mon premier rapport au
Ministre daté du 19 novembre même année. J'ai ensuite
décrit, avec beaucoup plus de détails, les particularités
des mœurs de ces jeunes Tarets, en 1848, dans une note
déposée au secrétariat de l'Académie des sciences, afin
d'établir mes droits de priorité, du moment où un autre
observateur pouvait se croire en mesure de publier très
prochainement des observations semblables ou identiques
aux miennes; et c’est ce qui a eu lieu en effet, puisque
M. de Quatrefages, dans une première communication
faite à la Société philomatique, dans la séance du 6
mai 1848, était conduit, par ses études sur l'ovologie et
l’embryologie des Tarets, à parler de cette larve dont, à
la vérité, 1l n'a point décrit les mœurs avec détails.
D'après le grand nombre de faits recueillis par nous et
par notre délégué, au port de Touion (M. Eydoux, mé-
decin de la marine), d’après des communications de figu-
res prises sur des individus vivants, du Taret bipalmulé
de la Méditerranée, par M. de Blainville, et en rappro-
chant nos observations et celles de M. de Blainville, des
figures données parBruguières, dans l'Encyclopédie métho-
dique, du Taret nucivore, je me crois autorisé à considé-
rer la majorité des espèces de Tarets comme étant ovovi-
vipares et hermaphrodites suffisants, et il ne me reste de
doute qu’à l'égard du Taret du Sénégal ou d’Adanson
dont j'ai trouvé l'ovaire rempli d'ovules bivésiculaires
dans tous les individus que jai ouverts, et n'ayant
— 265 —
point eu l'occasion de rencontrer des individus dont la
glande génitale ne contint que des capsules pleines de
zoospermoïdes , ne les ayant jamais vu pondre des œufs
ni éjaculer du sperme, ni produire des petits vivants, ni
contenir des embryons à divers degrés de développement,
je suis fondé à suspendre mon jugement sur le mode de
reproduction de cette espèce, qui doit finir pourtant par
être connu, quel qu'il soit.
D'après l'examen sérieux des opinions des anciens z00-
logistes que nous avons dû faire, l'ovoviviparité de la
majorité des espèces de Taret était un fait ignoré des
naturalistes jusqu'en 1845. Nous l'avons constaté et
signalé le premier, contradictoirement aux traditions de
Duhamel du Monceau dont l'opinion sur le frai (œufs et
zoospermes des Tarets déposés sur les bois) était encore
en grand crédit chez tous les ingénieurs de la marine qui,
cependant, n'avaient jamais pu le recueillir. Comment
a-t-il pu se faire que M. de Quatrefages ait pu être en-
trainé à penser et à écrire, dans sa Note sur les Tarets,
publiée dans le bulletin de la Société philomatique,
séance du 10 juin 1848:« Ge fuit... peut expliquer l'er-
reur dans laquelle sont tombés les anciens zoologistes qui
ont cru que les Tarets étaient ovovivipares, opinion que
M. Laurent est porté à partager. Ayant proposé à M. de
Quatrefages de lui prouver, par la citation des textes que
les anciens zoologistes croyaient au contraire que les
Tarets étaient ovipares, il a fini par convenir verbalement
qu'il avait fait erreur à cet égard.
Mais le fait de l’ovoviviparité pourrait très bien exister
avec la bisexualité ou la séparation de sexes comme on
en voit des exemples chez les Mollusques acéphalés, quoi-
que, pour plusieurs raisons que nous exposerons plus
tard, nous persistions toujours à croire que les Tarets
sont en même temps ovovivipares et hermaphrodites.
Comine on le voit, l'expulsion des jeunes Farets sous
15
— 266 —
forme de larve se présente naturellement comme une
preuve non équivoque de l’ovoviviparité à l'occasion de
laquelle nous avons fait une digression nécessaire pour
relever une imputation erronée et une erreur commises
par M. de Quatrefages à ce sujet, et nous aurons, plus
tard, en uous occupant de l’ovologie des Tarets, occasion
de lui soumettre des remarques critiques, au sujet des
observations très judicieuses qu'il a faites sur les œufs de
ces Mollusques, qu'il a comparés aux œufs des Mammi-
fères. Nonobstant ce rapprochement fort judicieux, M. de
Quatrefages partage l'opinion des anciens zoologistes, et
croit, comme eux, que toutes les espèces de Tarets sont
ovipares et n'en différent qu'en ce qu'il pense (sans en
avoir donné la démonstration dans les figures de son tra-
vail) que les sexes sont séparés chez les Tarets, et quoi-
qu'il ait avancé qu'il a pu rencontrer seulement cinq à six
mâles, sur environ une centaine d'individus : il a néoligé
à tort de figurer un de ces mâles dont l'organe testicu-
laire aurait offert quelque caractère diflérentiel pour le
bien distinguer de l'ovaire. On sait, en effet que, soit
chez les Pecten, soit chez les Mytilus, la couleur et la
ranulation de l'organe testiculaire ne sont pas les mêmes
que celles de l'ovaire,
Nous revenons à l'étude des mœurs du jeune Taret,
depuis le moment de son expulsion jusqu'à celui de sa
pénétration définitive dans le bois. Nous compléterons
ici la description succincte que nous en avons donnée, d’a-
bord en novembre 1845, et ensuite celle plus étendue
donnée en février 1848, dans la note déposée en paquet
cacheté au secrétariat de l'Académie des sciences, dans le
but d'établir, au besoin, nos droits de priorité.
Le très jeune Taret, qu'on a considéré avec quelque
raison comme la larve de ce Mollusque, n’est autre chose
que l'embryon parvenu à son état parfait comme tel, ou
au dernier âge de la vie embryonnaire, Au moment de
21907
son expulsion ou de son apparition au dehors, il se pré-
sente, avons-nous dit, sous forme d’un globule jaunâtre
qui se meut de suite et ne tarde pas à se mouvoir et à na:
ger dans l'eau, au moyen d'une collerette de cils vibra-
tiles. Porté sous le microscope, où même observé à la
loupe, on lui reconnaît une forme de coquille sphérique
et bivalve, semblable à celle desémbryons des Mollusques
acéphalésen général, Ce premier caractère , le peu de dé-
veloppement des deux siphons, la présence d'une cou-
ronne de cils vibratoires et enfin celle d’un long pied qu'il
fait bientôt sortir pour marcher sur les corps solides, sont
autant de traits distinctifs qui ont dû nous suggérer l'idée
de considérer ces très jeunes Tarets encore libres, comme
une sorte de larve : ce qui a été interprêté depuis de la
même manière par les observateurs qui nous ont succédé
dans nos recherches (MM. Eydoux et de Quatrefages),
Mais lorsque nous publierons nos études ovologiques et
embryologiques sur les Tarets, nous verrons quelles doi-
vent être les restrictions qu'il convient de faire dans cette
interprétation Le jeune ‘Taret, sous cette forme larvée,
en raison de celle qu’il ne tardera pas à prendre, est très
petit, puisque sa taille n’est que d'un demi à deux tiers de
millimètre. Il est pourtant visible à l'œil nu, surtout lors-
qu’on l'observe sous des incidences de lumière qui réflé-
chissent la couleur jaunâtre de la coquille et la font con-
traster avec la blancheur étincelante de la collerette pour
vue des cils natatoires. Lorsque cette larve cesse de nager
et se promène sur les corps solides, on la voit entr'ouvrir
et fermer, de temps en temps, les deux valves hémisphé-
riques de sa coquille et exécuter ce deuxième mode de
locomotion, au moyen d'un très long pied linguiforme
qui est développé de très bonne heure, chez les embryons,
longtemps avant leur expulsion. On voit dans les belles
journées des quatre saisons de l'année les nombreux indi-
vidus de l'espèce Taret naval à palettes bicornes qui four-
— 268 —
millent dans les bois, expulser fréquemment leurs petits
et ceux-ci vaguer dans l’eau, s'élever jusqu'à la surface de
de la mer, s'y mouvoir quelquefois circulairement en
formant des groupes de deux ou trois individus qui sem-
blent se jouer et prendre leurs ébats. D'autres fois on les
voit fermer leur coquille, la faire saillir à la surface, la
mouiller d'air et rester ainsi adhérents et immobiles à
cette surface, puis plonger, revenir de nouveau à la sur-
face pour se précipiter encore au fond de l’eau et y remon-
ter de nouveau, exécuter ces manœuvres pendant envi-
ron vingt-quatre heures, et enfin se décider à aller mar-
cher sur les bois immergés. Nous pensons que, pendant
tout le temps que dure la locomotion natatoire, le jeune
Taret, dont la respiration doit être très active, augmente
ses forces et se prépare à déployer loute son énergie vitale
pour perforer le bois et y creuser son habitat. Il est impos-
sible de distinguer si, pendant la nage, le jeune Taret
peut avaler des substances nutrilives et les digérer. Nous
eussions pu cependant essayer de nous en assurer expé-
rimentalement, en mettant dans l’eau des vases où ils
nagent, des substances colorantes, comme on le pratique
à l'égard des animaux infusoires, eten ayant soin de ne
mettre aucun fragment de bois dans les vases. Il ne serait
pas impossible que le jeune Taret püt avaler et digérer et
même excréter ces substances colorantes avant de s'être
fixé. C’est donc une expérience que nous nous proposons
de faire nous-même ou de faire tenter par notre délégué,
dont nous aurons occasion de citer les observations impor-
tantes qui lui sont propres ou confirmatives et complétives
de celles que nous avons faites nous-imême.
A ce premier mode de locomotion (la nage), on voit au
bout d'un jour, et rarement de deux, succéder la marche
d'abord sur le fond et sur les parois latérales des vases,
enfin le jeune Taret arrive sur les bois, les reconnait au
moyen de la sensibilité tactile, probablement très délicate
— 269 —
de son pied, et finit par s'arrêter sur le point qu'il choisit
pour s'y fixer.
Voici comment se fait la marche de la larve sur les
corps solides. Elle allonge son pied linguiforme , autant
qu'elle le peut, puis elle en applique l'extrémité sur le
plan solide, s’y fixe, y prend son point d'appui et rappro-
che de suite le corps renfermé sous la coquille, en recour-
bant en haut et raccourcissant un peu toute Ja portion du
pied intermédiaire à l'extrémité et au corps, comme le
font les chenilles arpenteuses. Les observations de
M. Eydoux sont conformes aux miennes.
Après s'être promené ainsi pendant quelques temps
sur le sol et sur les bois, le jeune Taret finit enfin par
choisir le point par lequel il veut pénétrer : ce choix ne
porte point sur telle ou telle autre essence de bois plus ou
moins neuf ou vieux, plus ou moins dur ou mou, plus ou
moins sain, ou pourri même, tous lui sont bons pourvu
qu'il puisse y pénétrer. Mais son choix nous a paru être
dirigé sur le nombre plus ou moins grand de pores, c'est-
à-dire d'orifices des cellules des rayons médullaires pla-
cés entre les couches formées par les faisceaux fibreux,
ou bien sur les orifices des vaisseaux placés dans les cou-
ches ligneuses ; aussi trouve-t-on, en général, un plus
grand nombre de Tarets sur les surfaces des tranches de
section des bois tronçonnés et autour de l’origine des
branches et des nœuds. On peut se convaincre très facile-
ment, en observant la surface des bois écarris, tronçonnés
et à l’alentour des nœuds, de la facilité que les larves de
Taret, en raison de leur petitesse , trouvent à se nicher
dans ces petits pertuis de la surface des bois, surtout lors-
que le séjour plus ou moins prolongé de ces bois dans
l'eau en a altéré et ramolli, à partir de la surface, une épais-
seur plus ou moins grande de couches ligneuses et médul-
laires. Il est très important de constater cet état de ramol-
lissement et de porosité des bois qui donne aux larves des
TM +.
Farets les plus grandes facilités pour y établir leur premier
domicile. Si, à cette époque la larve des Tarets peut déjà
employer des moyens chimiques où mécaniques pour for-
iner la première dépression, qui est l’origine du trou de
perforation, il est certain qu’en raison de l'extrême peti-
tesse de ces animaux, les premiers (moyens chimiques
sucs acides) seraient insaisissables et inappréciables. Mais
les moyens mécaniques, quelques faibles qu'ils puissent
paraître, peuvent tomber sous le sens et sont visibles
et appréciables. En effet, le jeune Taret, dont la co-
quille embryonnaire est bivalve, sphéroïde, ‘très lisse
et jaunâtre, se niche sans peine dans l'un des pertuis du
bois, et par la pression qu'il exerce en se mouvant de
droite à gauche, et vice vers, produit facilement sur ce
point de la surface du Lois, plus ou moins ramolli par l'eau,
un petit godet pour y loger la moitié de son corps. Il
éprouve encore plus de facilité, lorsque les bois sont
encore recouverts de leur écorce et de leur aubier.
Le godet est le premier commencement du trou et du ca-
nal qu'il doit creuser dans l'épaisseur du bois. Aussitôt
niché dans ce godet, le jeune Taret se recouvre d’une cou-
che de substance muqueuse qui se condense, brunit un
peu et offre au centre un et quelquefois deux trous pour
le passage des deux siphons. Cette première couche mu-
queuse qui, le lendemain et surtout le troisième jour,
devient calcaire, est le commencement du tube calcaire
de l'animal. On ne peut voir ce qui se passe au-dessous
à cause de son opacité; mais en sacrifiant et détachant des
bois les jeunes Tarets, le deuxième, le troisième et les
jours suivants on reconnaît que l'animal sécrète, avec
une très grande promptitude, une nouvelle coquille blan-
che sous une forme tout à fait semblable à celle de l’a-
dulte. Cette nouvelle coquille offre déjà deux premières
zônes ( l’antérieure et la moyenne) qui se rencontrent à
angle presque droit, et sont recouvertes de stries plus
— 9271 —
espacées et à dentelures très aiguës , dans la zône anté-
rieure, et plus serrées et à dentelures mousses dans Ja
deuxième zône. Son accroissement est si rapide qu'elle
déborde promptement, dans tous les sens,excepté en haut
la coquille embryonnaire.
L'apparition de la nouvelle coquille coïncide si exacte-
ment avec la térébration du bois et la formation d'un
trou relativement profond qu'on doit la considérer comme
étant évidemment l'instrument principal de la perfora-
ration. D'ailleurs le jeune Taret mange les molécules du
bois rapé et en rend les feces.
Pendant que la nouvelle coquille fonctionne et grandit
très rapidement, la coquille embryonnaire adhérente à la
face externe et postérieure de la nouvelle semble de plus
en plus rejetée vers le dos, s'use et disparaît graduelle-
ment de haut en bas ou du dos vers le ventre, soit par
absorption, soit par l'effet des frottements réitérés contre
les paroïs du canal creusé dans le bois, frottements qui
résultent des mouvements des deux valves qui agissent
chacune comme une rape et une lime très fines sur Ja
périférie du bois sans cesse ramolli par l'eau.
A cette époque, il serait encore plus impossible que
dans l'âge adulte de recueillir un suc acide fourni par
l'animal, pour produire ou faciliter la perforation. On ne
pourrait également pas constater la présence du drap ma-
rin qui recouvre la jeune coquille térébrante.
Le petit tube calcaire a la forme d'un cône à sommet
mousse et percé d’un ou de deux trous pour l'accès de
l'eau et le passage des deux siphons. Au milieu de ce
trou du sommet du tube calcaire se voit l'extrémité alors
blanche de chaque palette qui n'existe que très rudimen-
tairement et qu'il est très difficile de recueillir.
Les jeunes Tarets, surtout ceux de l'espèce Teredo ra-
valis, que nous avons observés, étant une fois introduits
dans le bois, et en même temps qu'ils sécrètent leur nou-
— 279 —
velle coquille s accroissent rapidement et passent de la
forme sphéroïde qu'ils avaient primitivement à la forme
conique de plus en plus allongée, ce qui fait que le corps
ne pouvant plus être contenu dans la coquille serait à nu,
s'il n’était recouvert et protégée par le tube calcaire adhé-
rent à la paroï du canal ligneux qui sert d'habitat à l’ani-
mal. Non seulement l'accroissement de ces jeunes Tarets
est très rapide, après leur introduction dans le bois; mais
il paraît encore que les jeunes individus de l'espèce Te-
redo navalis à palettes bicornes et noires au bout sont de
très bonne heure en état de se reproduire, puisque, chose
qui nous a paru extraordinaire, nous en avons observé
plusieurs qui, quoique encore très petits, contenaient
cléjà quelques embryons assez bien développés. M. Ey-
doux a observé et étudié avec soin le même fait, sur lequel
nous reviendrons, lorsque nous parlerons de la propaga-
tion des T'arets.
Il est très probable que les deux autres espèces de Ta-
rets (le T°. bipalmulé de la Méditerranée et le Térédo nu-
civorus), dont on a déjà figuré des individus pleins d’em-
bryons à divers degrés de développement , sont aussi
ovovivipares et expulsent aussi des larves qui doivent se
comporter de la même manière que celles du Teredo na-
valis. Il est permis de croire qu'il doit en être de même à
l'égard des larves du Teredo senegalensis et probable-
ment de toutes les autres espèces des Tarets plus ou moins
connues. Mais l'observation directe n'ayant point encore
fourni les faits qui doivent confirmer ces inductions, il
convient d'attendre et de ne point juger par anticipation.
Tels sont les faits les plus saillants, relativement à l'in-
troduction de Tarets dans les bois, sous forme d’une larve
dont nous avons le premier assigné le véritable caractère
et que nous n'avons point prise pour l’œuf des Tarets,
ainsi que l'ont fait Sellius et Delle Chiaje. Nous le répé-
tons ici à dessein, cette larve des Tarets avait déjà été
— 273 —
vue et mal figurée par Sellius et Delle Ghiaje, mais elle
avait toujours été regardée comme un œuf. Ce n’est donc
que depuis 1845 que ce fait, maintenant bien constaté
par nos recherches, par les observations subséquentes de
M. Eydoux, peut être considéré comme définitivement
acquis à la science.
Nous avons dit que le point le plus intéressant et le plus
curieux de l'histoire des mœurs du Taret naval nous pa-
raissait être l'étude des formes, de la taille et des mœurs
de la larve, nous les avons décrites avec tous les détails
convenables, non seulement parce que les faits relatifs à
ses mœurs nous ont paru être entièrement nouveaux, mais
encore parce que la connaissance de ces faits nous semble
devoir être la seule dont l'application, qui en a déjà été
faite d'aprés nos indications à Brest, doit servir au perfec-
tionnement des diverses méthodes de préservation et de
conservation des bois de marine, considérés dans tous
leurs états successifs d'avénement, d'approvisionnement
et de rendement.
La constatation de ce fait servira à apprécier à sa juste
valeur l'opinion des anciens naturalistes qui croyaient que
les petits Tarets sortaient d’un œuf fécondé , déposé à la
surface des bois et s’y introduisaient sous forme d'un ver.
Adanson, qui avait combattu cette opinion erronée, ne
connaissait point cependant les larves des Tarets.
Faudra-t-il, maintenant, croire , avec M. de Quatre-
fages, que toutes les espèces de Tarets sont ovipares, et à
sexes séparés, qu'elles pondent réellement des œufs et
qu'elles éjaculent du sperme, et qu il est facile de faire des
fécondations artificielles et d’avoir , en dehors des mères
des couvées de ces œufs ?
Faudra-t-il admettre sans vérification l’une des deux
hypothèses qu'il propose pour expliquer l’oviparité et la
ponte des 'arets.
Mais M. de Quatrefages n'est pas certain lui-même de
— 274 —
J'oviparitéet de la pontedes œufsdes Tarets. Voici les preu-
ves de son incertitude : 1°Aprèsavoirdit(Ann.sc.nat., 3%*
série) (Cah. de janv. 1849 et T. x1, p.36): Les œufs porrdus
par les femelles s'arrêtent dans le canal branchial où ils sont
fécondés par l’eau chargée de spermatozoïdes qu'y introduit
l'acte de la respiration ; c'est dans ce canal que j'ai trouvé
des amas de larves à diverses périodes de croissance.
M. de Quatrefages ne s'aperçoit pas que si les œufs, une
fois sortis de l'ovaire de la femelle (ce qui est l'expression
plus exacte du fait) s'arrêtent dans le canal branchial de
cette femelle où ils sont fécondés par l’eau chargée de
spermalozoïdes qu introduit l'acte de la respiration ; ils ne
peuvent être considérés comme étant pondus, c'est-à-
dire expulsés du corps de la femelle. Il est par trop évi-
dent que des œufs pondus au dehors ne peuvent que ren-
trer et non s'arrêter dans le canal branchial, où il a trouvé
des amas de ces œufs embryonnés qu’il nomme des lar-
ves. Il n'y a donc pas lieu d'admettre dans ce fait une vé-
ritable ponte,et il n'y a pas réellement de ponte; et M. de
Quatrefages est si peu salisfait de cette première expli-
cation, que, pour qu'il y ait réellement ponte, il s'exprime
ainsi (p. 36) : « Cependant on pourrait expliquer d’une
» autre manière leur présence, dans ce lieu, c'est-à-dire
» celle des larves à divers degrés de croissance dans le
» canal branchial.
» Î se pourrait faire que les œufs fussent d'abord chas-
» sés au dehors où ils se féconderaient et se changeraient
» en larves; puis ces dernières, entraînées par les courants
« respiraloires, pourraient revenir se loger dans le lieu
» où elles doivent habiter pendant cette première pé-
» riode de leur vie (p. 36). »
Dans ce cas , il y aurait vraiment ponte d'œufs, mais
cette expression, 1} se pourrait faire que, etc., prouve bien
que M. de Quatrefages, dans le moment de sa rédaction,
n'était pas sûr d'un fait qu'il n’a point encore observé.
#5
Mais avant d'écrire ce paragraphe de son Mémoire,
M. de Quatrefages croyait à la réalité de a ponte, lors-
qu'il écrivait celui-ci (Ann. sc. nat., 3"° série, Cahier de
janvier 1849. T. x, p.35) : « La ponte des Tarets doit
être successive et durer un temps assez considérable, si
j'en juge par ceux que je gardais dans mes vases et qui
me donnaient des œufs pendant plusieurs jours de suite,
bien que les ovaires fussent loin d’être vides.» M.de Qua-
trefages ne dit point : j'ai vu les Tarets expulser, dans mes
vases, de petits corps que j'ai reconnu être de véritables
œufs, après les avoir étudiés sous le microscope, et cest
là ce quil aurait dû faire.
D'après le très grand nombre d'observations très atten-
tives que nous avons faites sur le Taret naval, à palettes
bicornes qui, de même que le Taret pédicellé, étudié par
M. de Quatrefages contient, dans son canal branchial nn
très grand nombre d'embryons à divers degrés de crois-
sance, nous nous croyons fondé à proposer à M. de
Quatrefages de lui prouver que les ‘Farets qu'il gardait
dans ces vases lui ont donné non des œufs, mais bien de
véritables embryons parfaits qu'on peut appeler des lar-
ves qu'il a prises pour des œufs, lui-même. Dans ce cas
à, un examen attentif Jui aurait démontré qu'il n’y avait
pas de ponte. Et ce qui me porte à croire que M. de Qua-
trefages a négligé de s’en assurer, c'est la forme du doute
sous laquelle il admet la possibilité de la ponte des œufs,
de leur fécondation et de leur développement au dehors, et
puis la rentrée de ces mêmes œufs devenus des larves, au
moyen des courants respiratoires qui les placent de nou-
veau dans le canal branchial.
Ce sont ces variantes et ces doubles explications, sous
des formes dubitatives, à l'égard de faits faciles à consta-
ter pourtant, et les vérifications que nous en avons faites,
qui nous donnent d'avance la conviction de l’erreur com-
mise par M. de Quatrefages qui, lui aussi, comme Sel-
0e
lius, a pris des embryons, qu'il nomme des larves, pour
des œufs. L'erreur de Sellius , en 1733, et celle de Delle
Chiaje, en 1830, me paraissent fort excusables ; mais celle
de M. de Quatrefages, en 1847 et 1848, en raison des
progrès de l'ovologie et de l’embryologie comparées, ne
me paraît pas mériter la même indulgence.
Nous avons à produire encore d’autres arguments con-
tre l'oviparité des T'arets et à examiner ensuite les faits sur
lesquels M. de Quatrefiges fonde son opinion, sur la
séparation des sexes, dans toutes les espèces de ce genre de
Mollusques.
Si nous parvenons à prouver que les Tarets ne pondent
pas des œufs et n éjaculent pas de sperme, à quoi peut servir
son projet de tuer dans l'eau les spermatozoïdes qui doi-
vent féconder les œufs desquels doivent naître les Tarets?
(La suite au prochain Numéro.)
M. Eydoux vient de m'informer que, depuis qu il a ob-
tenu pour la première fois d'un Taret extrait du bois un
nouveau tube calcaire complet, il a répété plusieurs fois
cette expérience avec le même succès, seulement avec
quelques, variations dans la densité des tubes calcaires, dont
il conserve les échantillons depuis l’état mucoso-calcaire
jusqu’à l’état concret très solide. Les renseignements que
ne fournit à ce sujet M. Eydoux me font connaître qu'il
a toujours expérimenté sur le Taret d’Adanson ou du Sé-
négal. Nous le prierons de répéter ces mêmes expé-
riences sur les deux autres espèces de Taret qu'on trouve
dans la rade de Toulon.
— 277 —
SuirE du Mémoire sur le genre Nénire, par M. Reczuz.
Nerimiwa Basreroru. Testæ ovata, transversa, ven-
tricosa, crassiuscula, sublævigata; spira semi-globosa ;
sutura obliterata; apertura extüs sub-ovata; labio an-
gusto, compresso, margine arcuato , suprà vix unidentato ;
labro crassiusculo, lateraliter margine depresso.
Habit. Fossile de Gunandilose, près Dax.
Haut. 11, larg. 13, épaiss. 7 172 mill.
Coquille ovale, transverse, assez épaisse, sans aucune
trace de stries et presque lisse ; spire demi-globuleuse , à
sommet obtusément arrondi et à sutures fondues. Péri-
trème presque ovale à l'extérieur, à peine tronqué posté-
rieurement. Lèvre interne très étroite, comprimée, légè-
rement concave, à marge ceintrée dans le centre et pour-
vue, au-dessus de cette excavation, d’une très petite dent
aiguë ; lèvre externe solide et plus saillante en avant, sur
son tranchant , que sur les côtés qui sont comme échan-
crés. L’avant-dernier tour a une légère apparence angu-
leuse au-dessus de son milieu.
Nenirina Noureri. T'esta oblonga, limneiformis, anfrac-
libus convexis, quaternis, lœviusculis : infimo maximo, spi-
ram superante; spira conico-subacuta ; apertura obliquis-
sima ; labio angusto, calloso, margine tridentato : dentibus
inferioribus minoribus ; labro margine acuto, supernè, in-
Jernè extusque compresso, basim versus subangulato, intüs
parum incrassalo.
Habit. Fossile de Soissons.
Haut. 12, larg. 9, épaiss. 6 1/2 mill.
Coquille oblongue, limnéiforme, à quatre tours con-
vexes et un peu lisses, le dernier plus grand que la spire ;
celle-ci conique et presque aiguë. Ouverture très oblique,
descendante ; lëvre externe étroite, épaisse, convexe, por-
— 278 —
tant à la marge trois petites dents graduellement dimi-
nuées en volume vers la base de l’ouverture; lèvre exté-
rieure à marge tranchante , comprimée extérieurement à
la base et au sommet, anguleuse vers la compression su-
périeure et inférieure : à cette dernière place, elle tend à
devenir versante, et sa marge intérieure présente un peu
d'épaississement.
NemriNa LEevesquet. T'esta globosa, subovata, sublævi-
gata, convexa; anfractibus tribus ; infimo maximo ; spira
minima, rotundato-obtusa, interdum depresso-planiuscula ;
apertura exlus semi-ovata ; labio convexo, basi transversim
canaliculato, margine tridentato : dentibus gradatim mino-
ribus ; labro dilatato, acuto.
Habit. Fossile à Soisons (M. Lévesque.)
Haut. 8, larg. 7, épaiss. 5 mill.
Coquille globuleuse, presque ovalaire, dans le sens de
de l'axe spiral, convexe, presque lisse, à trois tours
de spire dont le dernier est très grand, relativement aux
deux autres qui forment un sommet tantôt convexe et
arrondi, tantôt déprimé et plane. Ouverture demi-ovale
à l'extérieur; lèvre intérieure convexe, traversée infé-
rieurement par un sillon canaliforme, portant à sa marge
antérieure trois dents graduellement plus petites de haut
en bas; lèvre extérieure évasée et tranchante.
NeriTina ARATA. T'esta ovata, transversa, temiuscula ;
anfractibus tribus regulariter striato aratis et minute &amel-
latis : infimo fusco-nigricante trifasciato ; spira conico-de-
pressa, acuta; apertura ampla, externe ovata ; labio largo;
plano, marginé acuto ac vix emarginato ; labro dilatato,
tenut, aculo.
Habit. Fossile de Dax. (M. Mathieu)
Haut, 7 1/2, larg. 9, épaiss. 5 mill,
_— DA.
Coquille ovale, transverse, ventrue, mince, formée de
trois tours labourés de stries régulières , décurrentes sur
la spire, coupées en long par d’autres stries plus menues,
trés serrées, donnant lieu à un treillis très fin : le dernier
tour ceint de trois facies d’un brun-noirâtre , situées à
égale distance; spire conique, déprimée, à sominet pointu.
Ouverture grande, ayant le péritrème ovalaire; lèvre in-
terne large, plane, inclinée, à marge tranchante et pres-
que ceintrée; lèvre extérieure évasée, à bord mince et
tranchant.
2e Sous-genre Nérire. (Werita Lamarck)
Coquille généralement solide, épaisse, demi-globuleuse,
le plus souvent sillonnée spiralement, le bord externe
denté, crénelé ousillonné à l’intérieur : l'interne pourvu,
à sa marge antérieure, de dents assez fortes et peu nom-
breuses. — Opercule solide, chargé en dehors de granu-
lations, ou quand il est lisse, de sillons circulaires ombrés
de stries au côté antérieur. — Animal essentiellement
marin, ayant le manteau festonné sur les bords.
OBSERVATIONS.
Les Nérites, proprement dites, ne présentent pas les
modifications de forme que l’on observe dans les Néri-
tines ; on ne les voit jamais dilater les extrémités de leur
bord extérieur en auricules latérales, ni le centre de ce
bord s'échancrer et se prolonger en épines : c’est là ur
caractère qui leur est propre. Quelques-unes, néanmoins,
offrent des accidents assez singuliers. C’est ainsi qu'une
variété de la Nerita plexa, qui vit aux Seychelles dans læ
vase, revêt ses côtés d'appendices lamelleux larges et
courts; d’autres, telles que la MWertta erÿthrodo3 (Ner.
peloronta, Lk.) a une variété, d'une localité qui nous est
inconnue, qui se recouvre aussi d’un limon épais perma-
— 280 —
nent qui rend la surface des tours dépolie, comme corro-
dée par un acide. Gette enveloppe doit être assez épaisse,
car, dans l'accroissement de la coquille, l'animal en dépo-
sant de nouvelles couches sur le plan columellaire l'élève
postérieurement de plusieurs millimètres au-dessus de
l'avant-dernier tour. Nous avons remarqué aussi que la
Ner. Senegalensis, au Sénégal; la Ner. Antillarum, de
FIle Rodrigues; la Ver. Albicella, de la Mer Rouge, ont
la surface de leurs tours plus ou moins corrodés; et cette
dernière modifie assez les caractères de son ouverture
pour montrer le plan columellaire privé de granulations
et parfois de dents. La Mer. senegalensis est sujette à
changer de forme au point que sa spire, ordinairement
presque pas saillante, s'élève assez pour donner à l'espèce
une figure conique. Schroëter, Æinl. in Conch. 2, pl. 4,
fig. 16, fait connaître une variété d'une espèce qui se
rapporte à la Ver. Squamulata , Le Guillou , dont le bord
droit semble bordé d'un bourrelet externe, ce qui u'ar-
rive jamais aux Nérites et ne paraît être que le résultat
d'une cassure réparée par l'animal.
On a essayé de grouper les Nérites par sections, et
c'est Lister le premier qui s’est occupé de ce soin; il les
divisait en celles qui ont les denis fortes et en celles qui
les ont exiguës. 1] sous-divisait ces dernières selon qu'elles
ont le sommet un peu saillant ou comprimé.
M. de Blainville a proposé de les classer d’après le nom-
bre des dents de la marge de la cloison. La première sec-
tion est formée des Nérites à une seule dent; la seconde
à deux dents ; la troisième à deux ou quatre dents. Mais
ce caractère est si variable, dans certaines espèces, qu'on
ne peut l’employer avec avantage. En effet, dans la pre-
mière section, M. de Blainville admet pour type la Ver.
Peloronta Lamk. qui, le plus souvent en a deux, tandis
que sa variété à une dent est peu commune; de sorte que
l'exception ferait ici la règle.
— 281 —
Nous avons essayé, à notre tour, de les grouper d'après
la sculpture du plan septiforme, parce que les caractères
que présente ce plan à l'observation sont moins sujets
à varier. Lorsqu'on observe ce plan de la cloison, on re-
connaît qu'il est lisse, granuleux ou ridé et que, dans cé
dernier cas, les deux bords sont simplement dentés ou
rendent l'ouverture grimaçante. Les anomalies qu'on y
remarque quelquefois ne détruisent pas la règle et sont
faciles à corriger, par rapport à l'ensemble des autres
caractères.
Une circonstance heureuse nous a fait découvrir que
les Nerita histrio Gmelin et N. maura nobis ne sont que
des variétés de la Verita maxima de Ghemnitz. Un de nos
individus du type de Ghemnitz représente, dans sa moitié
postérieure, la Ver. maxtima, et dans sa moitié antérieure
la Mer. histrio de Gmelin. Cette anomalie, en dévoilant
leur origine, nous a conduit à les réunir sous le premier
nom connu.
Parmi les Nérites de Linné, :l en est quelques-uns
qu'on n’a pu ramener aux espèces qui nous sont connues :
telles sont, 1°sa ÂVerita histrio, que nous croyons être la
Mer. squamulata de M. Le Guillon ; 2° sa Verita peloronta;,
qui nous paraît être la même que notre Verita patula ;
3° sa Merita bidens, tantôt noire, tantôt jaune, à deux
dents à cloison et de la grosseur d'un pois, que nous ne
pouvons rapporter, quant à présent, qu'à des jeunes de
la Ver. Rumphii, 4° sa Nerita virginea, que Linné com-
pare à la figure P, pl. 10, de D'Argenville, laquelle re-
présente la Mer. strigilata Lamk, et à la figure 204 de
Bonanni, Âecreatio mentis et oculi, qui appartient à
notre Ver. brasiliana. Si sa Ner. virginea était notre NWer.
brasiliana, Linné aurait trouvé dans Bonanni et Lister
un certain nombre de figures propres à représenter son
espèce et y aurait renvoyé. Nous croyons que sa Ver.
virginea est un mélange des Ner. zebra et zigzag de Lamk:
19
— 282 —
En attendant que nous puissions donner des preuves suf-
fisantes de ces assertions, nous pensons qu'il convient de
laisser ces noms en synonymie avec un point de doute.
CATALOGUE DES NÉRITES.
a'e Eribus
Plan septiforme lisse ou presque lisse.
A. Opercule bordé d'une bandelette de stries au
côté antérieur.
N. polita. Linné. La Malaisie. Chemn. C.5.t.193. f.2001
var. rubro-trifasc. Vawao. Regenf. Rec. c. 1.4.f.43.
v.nigro-bifasciala. I. Gambier. Chem. 5.t.193. f.2015.
N. nigra. Chemnilz.l.des Amis.
N bifasciala. Gmelin.
v.omnino alba Sandal bay,Lebouka.
N.hyerogliphica. Chemn. Iles Viti. Chem. C. 5.t. 193. f. 2016.
N.litterata. Gmelin.
N. larva. Id. Le Havre Carteret.Chem.5.t.193.f.2017.
N. flavescens. Chemn. Mindanao? 1d.10.t.165.f. 1594-95.
N. bidens var. B. Gmelin.
Ner.Rumphii. Récluz. Philipp., N. Holl. Petiver,Gaz. pl. 11.f.22?
v.apert. crocea. : Île Warior. Chemn.C.5°1.193.f.2013.
N. polita O.austr. Chemn. Détr. de Torres.
N. Orbignyana. Récluz. Mer Rouge.
N. Umlaasia. Krauss. Emb. de la Knysna.Sudafricanischen.t.4.f.24
N. Olivaria. Guillou. Wavao,l. d. Amis.
N. Guamensis. Quoy et G.lle Guam. V. Astrol.3.pl. 65.f.45.
N. Doreyana. Id. H.de Dorey,N.G. Id.pl. 65.f.43.44.
B. Opercule privé de bandelette striée au bord an-
térieur.
N.tenebrosa. Récluz. 1.Solo, N. de Borneo.
pe Kiset. Adanson.Sénégai olim. Adans.Sén.C.t.13f.5.j".
N. magdalenœ. Gmelin. Antille., Madag. Chemn.5. 1.192. f 1987.
N. antillarum. Gmel. Desh.
N. picea. Recluz. Nes Sandwich. Souleyet.V.Bonite.t.34.
N. radiala. Id. Mer Rouge. f.8-11.
N. insculpta. Id. Tourane, 1. Sandw.
N. Georgina. Id. Port roi Georges. Souleyet.l.c.t.34.f.5-7.
…
114
a
{ N. Pacifica. id. Océan Pacifique. Y. Conch. pl. 41, fig. 16 7
tn. Listeri. Id. LD _—— hs
N. Lineata. Linnée. Sincapour, Malac. Chemn. C. 5.t. 191. }-
v.pallide fasciata. Baie Rafflès. 1958-59.
v.cosiis albo mac. Pula-Pinang, Tim.
N. erythrodon. Récluz. Antilles. Chemn. Conch. 5.t. 192.
N. sanguidens. Id. Mer Rouge. f.1977-81.
N. dens-sanguin.Chemn.
N. Peloronta. Lamarck.
var. unidens. Blainv.Malacol. t. 36 bis.
N. Peloronta. Biainville f. G.
Gen. Peloronta. Oken.
V. Superf. COTTU£. Hab.?
5 Forskaolii. Récluz. Mer Rouge.
. COTREG. Forskaol.
2 Tribu.
Plan septiforme rugueux.
A. Bord externe faiblement denté.
N, antiquata. Récluz. Trit.-Bay, Ne-Gui.Klein,Méth.Ostr. t.1.f.29
N. undata, Linné. 1. Salomon. Chemn.5.t.190.f.1950-51.
v. maculis confl. Sandal-Bay,l, Witi.
{ N. undulala. Gmelin. Amboine. Chemn.5.t.191,f.1970-71
Ë N. striata. Burow. Timor. Burow.Conch.1.20 f.8.
N. undata. Quorumd.
N. Lagar. Andans. C.Vert,C.Manuel.Adans.Sénég. Coq. t.13.
dé promontori. Gmelin. Gaine:
N. aurantia Recluz Philippines. J. Conch. pl. 11,f.8. !
N. novæ-Hiberniæ. Lesson. P.-Praslin, N°-Irl.
N. novæ-Guineæ. Id. H. Dorey, N.-Guin.
N. quadricolor. Chemn. Java, mer Bouge. Chemn 5.1.191 f.1974-.5
N. striata. Mariyn.
N. Chrysostoma. Récluz. Nouv. Guinée.
N. grossa. Linné. Port-Praslin. Cheran. 5. 1. 191.f. 1968.
N. ascensionis. Lamarck.
N. textilis. Valencien.B. des Chiens mar. Val. in Obs. z007z. Hub.
N. papilionacea. Id. Acapulco. Idem.
N.semirugosa. Récluz Timora, Ne-Holl. Argenv.Conch. t.7.f.,8.
N. elegans. Sorverbr. Gêve Conch. t. 22. f. 218.
? v. fasciata. a. b
— 284 —
N. Chemnitziü. Récluz. Port du R. Georg. Chemn. 5.t.191.f.1960-1.
N. histrio. Quorumd.
v. flammulata,
{r maxima. Chemnilz.Ne-Hollande. Chemn.5.t.190.1.1942-43.
N.maura. Récluz. Amboine, Madag.?Chemn.5.t.190.f.1948-49.
N. histrio. Gmel. non L.
var.nigra. Ne-Hoïlande.
N. atrata. Lamk. St-Pierre, St-Fra.
N. papuara. Récluz. Triton-Bay, N°-H. L
N. flammulala. Id. Hab.? ... J.Conch. pl. ff, fig.\7.
N. asceusionis. Gmelin. I. de l’Ascension. Chemn. 5.t.191.f.1956-7.
var. nigTA, Brésil. Argenv.c.t.7.f,1.
v. apertura chlor.
N. chlorostoma. Lamarck.Cayenne, Bahia. :
N. trifasciata Le Guill. Triton-Bay. : J, Conch. pl. 11, fig XS 1%
N. Essingtoni. Récluz. Port Essinglon. J.Conch. pl. 11, fig. 9.
N. maculifera. Le Guill. Wavoo, Tunga.
an v. priori?
N. corrosula. Récluz. Triton-Bay.
N. Le Guillouana. Id. Tervate.
v. trifasciala. Iles Salomon.
N. ornala. Sowerby. Reall-Lejos. Sembl. Sow. Gen. of shiüls. f.3.
v. ovala.
N. Deshayesii. ÆRécluz. Californie.
N. scabricostata. Zamarck.Timor (Mus.Paris).J. Conch. pl. 11, f. 1-2.
N.multijugis. Menke. Mexique à Mazatl. Zeilchrist 1847.
B. Bord externe fortement denté : ouverture gri-
maçante.
costala. Gmelin. Bourou. Chemn.5.1.191.f.1966-7
e fi grossa. Born.
N. scabricosla. Chenu. Ceylan. Deless.R. C. Lamk, pl. f.
N. Selot. Adanson.Sénégal, Antilles. Adans.Sén.C.pl. 13.f. 4.
N. flammea. Gmelin. Cheran.5. pl. 172. f. 1992.
N. tricolor. ld. Tunga-Tabou. Id.1.191.f. 1952-63.
N. striata. Chem. Q.et G.,V.Ast.3.1 65.125
N. pica. Chemn. Ile Ticopia. Chem. 5. 1.191.f. 1964-65
N. versicolor. Gmelin. Cuba, Martinique.
N. plicata. Linné. N°-Hollande. Chemn. 5.t. 190. f. 1952-3
v.nigro-maculata. Le havre Carteret.
v. pallide-vinosa. Madagascar, Guam.
N. plicata. Lamarck.
v. lactea.
N. lactaria. Linné. Iles Gambier.
v. labio-lævi, min. Sandal-Bay,Tahili.
\ W.O-Tahileusis. Lesson. Borabora.
A
\Lk À
N
î
— 285 —
3e Tribu.
Plan de la cloison granuleux ou tuberculeux.
N. plexa.
Y. major.
N. exuvia.
Y. Minor.
N. textilis.
Lamarck. Idem.
Gm. Lam.Bombay.
v.costis appendic. Seychelles.
N.exuvia Linné.
N.malaccensis. Lam. Mindanao.
.chlorostoma. Sowerby.
N.gemmifera. Quoy.
N. fulgurans. Gmelin. Mexique.
v. albo-nigroque.
N. Bernhardi. Récluz. Panama.
N. Tadin. Adans. Sénégal.
N. tessellata. Gmel.
Adans. Sénégal.
N. atrata. Deshayes.
N. Senegalensis. Gmel.
N. Largillierti. Philippi. Le Gabon.
an var.n. Dun.?
. nigerrima, Chemn. Ile Bourbon.
N aterrima. Gmel.
N. punctala. Quoy G.
v.coslis macul.
majoribus.
N, Mascareignar. Récluz. Ile Rodrigue.
N.Mauriliæ. Id.
N. atrata. Chemn. Timor.
N.nigerrima. Desh. I.St.-Pierre.
e atropurpurea. Récluz.
À planospira.
|
à
|
| N. Dunar.
|
|
N.reticulata. Karslen. Amboine.
NV. signata. Lamk. I. Salomon.
N. rudis. Wood. Portdur. George.
N. palula. Récluz. Amboine.
| Jun. semiglobosa.
N.Peloronta. Linné.
N. Dombeyi. Récluz. Bombay.
Guillou, Sandal.
Récluz. Rio-Janeiro.
N. Ocellata.
N. Argus.
Chemnitz. Madagascar.
Apia, L Witi.
Anton. Port du r. George.
E. méth. pl. 454. f.1.a. b.
Argenv.C. pl.7.f.B.
Chem. 5.1.190.f. 1944-45
Bourou D. de Mal. Chem. 5. t. 491. f, 1970-71.
Seba Mus.t. 56.
Sow. Gen. of Schells. f. 3.
Chemn. 5.t.192. f. 1996.
Ch. 5. t, 102. f. 1998-99.
Adans.Sén.C, 1.13.f 1.
Zeitchrist. 1848.
Chemn.C.5. t. 192. f. 4985
Q.et G, V.Astr. 3. 1.65.
f. 41-42.
Chem. 5. t.180.f. 1954.
J. Conch. pi. 11.f.3.
Karst. Mus. Lesk. pl.3.f.8
J. Conch.pl.11.f.8. 7
986
\N. Yoldii. Id. Philippines. Souley. V.Bon. 1.34. f. 1,
lv, Quori. Guillou. Mindanao.
N. Chamæleon. ZLinné. I.Sandwich, Chemn. 5. t.193.f.1988.
Le stella. Chemn. Reg.R.Coq.t.3.f.26.
N.bizonalis. Lam. Encyel.méth. t.454.f.3.
N. squamulala. Guillou, 1. Arrow. :
Jm Chamaæleon. Lamk.
! N.marginata. Gmel. Sehroët. Cini. 2.1. 4. f. 16
N. oryzarum. Récluz. Bombay. Fab. Coïumna, p. 20.
N. Longii. Id. Ideun, Nieobar. J. Conch.pl. 11. f. 4.
/N albicilla. Linné. Tougatabou. Chemn. 5. t.193. f.2000.
| v nigra albo bifas. Lebouka. Q.G. V.Ast. 3.t.68.f.17.
v.rubro maculala.
; Mer Rouge.
sepio lævissimo.
| N.erythrea. Mus. Paris.
\ 0. sanguinolenta.Menke ?
Desh. Lab. V. m.Rouge,
ESPÈCES FOSSILES.
.N. angistoma. Desh. Valmondoïs. Desh. C.foss.Paris.2.t.19.
N. asperala. Dujard. Touraine. Duj. Tour.t.19.f.15-16.
N.Basterolii. Récluz. Dax. Gratel. Soc. Lin. Bord.
N. plicata. Gratel. t.11.1.7..27-28.
N.Burdigalensis. Récluz. Dax. Grat.id. t.7.f. 31-32.
N.intermedia. Gratel.
var. «.flavescens. id.f.31.
\ var. B.trifasciala. ld. f. 32.
(N. costulata. Desh. Angleterre. Sow.Min. C. t. 463. f.5-6
N.costata. S0w.
N. Caronis. Brongn. Castelgomberto. Brong. Vicent3 t.2.f.14.
N.crenala. Anton. Allemagne. Ant. Conch. p.30.n.1155
(N. Eburnea. Hoœning. Dax. Grat.1.c.t.11.f.34. 35.
N.cornea. Gratel.
N. funata. Dujard. Touraine. Duj.l.c.t.19.f.14.
N. granulosa. Desh. Valmondois. Desh. I. c.t.19.f.13-14.
N. globosa. S0w. Angleterre. Sow.l.c.pl.424.f.1.
N.plutonis. Past. Bordelais. Bast.S.O. France.i.2.f.1.
N. plicatula. Antou. Allemagne. Ant. Conch. p. 30. n. 1167
N. spirata. Sow. Angleterre. Sow. 1. c. pl. 463. f. 1-2.
N. striata. Flem. Id. Flem. Brit. an.p. 391.
N. sulcosa. Gratel. Dax. Grat. 1. c. t. 7. f. 33.
N. subalpina. Risso. Niee à la FrinHé. Risso, Eur. mér. v.4.f.14.
— 287 —
Ce Catalogue comprend 294 espèces de Nérites, dont
187 Néritines vivantes et 24 fossiles, 66 Neérites vivantes
et 17 fossiles; mais nous ne croyons pas que ce nombre
soit définitif, parce que nous en connaissons encore d'au-
tres vivantes non décrites, et un certain nombre de fos-
siles que nous n'avons pu examiner. De sorte que l'on
peut avancer avec certitude que ce genre, qui ne comptait
guère que 65 espèces, connues en 1830, en possède plus
de 300 aujourd'hui.
NÉRITE A CÔTES RUDES. — NERITA scABricOsTA Lamarck.
N. Testa subglobosa, transversim costata ; costis ele-
vais, angustis, 24-25 nigris, interstétiis albis; spira bre-
vissima, obtusa ; apertura alba; labio convexo, supra rugo-
sissimo granulosoque, margine dentibus 3-4 armato ; labro
aculo, intus sulcato, spiram versus bidentato : dente secundo
ma Ort.
NeriTA scAgricosTA Lamarck, Ænim. sans vertèbres 6,
pag. 194, n° 4. Journal de Conch., pl. 11, fig. 1 et 2.
Habit. l'Ile de ‘Timor. Très rare. (Cab. du Muséum et
pas ailleurs.)
Coquizce subglobuleuse, d'un brun-noirâtre mat, trans-
versalement ornée de petites côtes saillantes et étroites,
au nombre de 24 à 25, d’une dimension égale, décur-
rentes sur la spire et rendues rudes au toucher par des
stries longitudinales. Les petits sillons qui les séparent
sont d'une couleur blanchitre et plusieurs conservent la
couleur noirâtre des côtes. L'individu de Lamarck a la
côte du milieu du dernier tour d’un jaune doré. Sa spire
et peu saillante, obtuse et arrondie, rendue blanchätre
par la perte de son épideme. Ouverture blanche, d’un
moyen diamètre, nullement grimaçante, bien que La-
imarck ait fait un caractère essentiel de cette particularité
— 288 —
qui n'existe pas, car sa forme est analogue à celle de la
Nérite ondée. Son bord interne est convexe, très ridé,
semé de quelques granulations et porte trois à quatre
dents à sa marge; son bord droit est entier et tranchant à
sa marge, sillonné intérieurement de quatorze à quinze
rides comprimées, étroites, avec deux dents saillantes,
du côté la spire, dont la seconde est plus robuste.
Cette espèce se rapproche beaucoup de quelques varié-
tés de la Mérite ondée; elle en diffère par sa forme plus
arrondie, par sa spire moins saillante, arrondie et cbtuse;
par ses côtes transversales plus petites, mieux circonscri-
tes, striées d’une façon plus serrée, ce qui rend ses côtes
beaucoup plus rudes; par le ton mat de sa couleur brun-
noirâtre, par l'absence constante des dents bifides de sa
marge columellaire et de cette compression qu'on remar-
que au-dessus du milieu de la callosité de ce même bord
dans la Vérite ondee.
Je ne puis donner les proportions diamétriques de cette
coquille, parce qu'elle n'a été mise, autrefois, à ma dis-
position que le temps nécessaire pour l’observer et tracer,
subito, sa description. Les figures publiées dans ce Jour-
nal en tiendront lieu suffisamment.
Descrirrion d'un nouveau genre de Coquilles bivalves,
nommé Myllite (Myllita), par MM. A. D'Onsieny et
C. Réczuz.
Le Mollusque qui fait le sujet de cet article a été pri-
mitivement classé par l’un de nous, en tête d'un catalo-
gue monographique des Érycines, dont il représentait
exactement les caractères généraux conchyliologiques; et,
sans une circonstance particulière qui est venue infirmer
\ fe
sa place au milieu des coquilles de ce genre, il est indubi-
table qu'il en aurait fait partie pendant longtemps. Cette
circonstance se rapporte à ce fait que l’un de nous ayant
recu de M. l'amiral Cécile une valve de cette même espèce,
nous y observâmes parfaitement l'empreinte bien mar-
quée d’une excavation palléale qui ne se montre jamais
sur Ja portion intérieure des valves des véritables Ery-
cines. Ce caractère essentiel et de première valeur, nous a
déterminés à faire de cette coquille le type d’un nouveau
genre que nous avons nommé WMyllite, de l’un des surnoms
attribués à Vénus.
Quand on étudie un groupe d’Érycines, tant vivantes
que fossiles, on y voit des coquilles qui passent insensi-
blement de la forme suborbiculaire et subovale à la forme
elliptique (ovale ou oblongue); toutes sont minces, lisses
ou à peine marquées de stries concentriques; leur limbe
est entier; leurs valves plus ou moins translucides dans
l'état récent passent, après la mort de l'habitant, à l’état
opaque, et toutes manquent d’excavation palléale.
La coquille qui nous occupe (ou Ærycina Deshayesit)
est suborbiculaire, mais solide, opaque, fortement rayon-
née de plis dont ceux du centre convergent vers les som-
mets et à limbe fortement crénelé. Elle porte à l'intérieur
de ses valves et au côté postérieur l’empreinte d’une exca-
vation palléale exactement triangulaire, comme dans les
Artheémides de Poli : ces différences nous ont conduit à
séparer cette coquille des Erycines.
Reste à savoir si elle ne cadrerait point avec tout autre
senre de Bivalves , les Ærthémides, par exemple. Après
une comparaison minutieuse, On arrive à reconnaître que
deux caractères tranchés ne permettent pas de con-
fondre l'Erycine de Deshayes avec aucune espèce d’'4r-
thémis connue, quant à la caractéristique générique. Dans
ces dernières, on remarque que la charnière se compose
de quatre dents sur la valve gruche, dont deux saus-api-
— 290 —
cales, divergentes, une latérale lunulaire, rudimentaire
et deux autres latérales, obliques, parallèles, situées sous
le ligament. Dans la valve droite, il y a deux dents sous-
apiciales rapprochées, peu divergentes; une dent lunulaire
bifide, souvent représentée par une fossette , par rapport
à ses parois peu élevées, et une dent latérale postérieure
canaliculée. Le ligament cartilagineux repose dans un
canal margino-dorsal (souvent précédé d'une lacune pos-
térieure aux crochets, comme dans les Cyprines de La-
marck), recouvert par un autre ligament fibreux souvent
en partie détruit. Les impressions musculaires sont gran-
des, ovales et verticales; l'excavation palléale subcentrale,
oblique et triangulaire ou pyramidale. —Cette combinai-
son de caractères génériques tient, d'un côté, par la char-
nière, aux Cythérées de Lamarck, et, de l’autre côté, par
la situation des ligaments, aux Lucines Au même auteur.
Nous allons voir qu'ils n'ont rien de commun avec
l'£rycine de Deshayes. Dans cette dernière, la valve gau-
che a deux petites dents verticales sous-apiciales et deux
dents latérales simples, triangnlaires, transversales aux
crochets; la valve droiîte a une petite dent sous-apiciale et
verticale qui se loge entre les deux opposées de l'autre
valve; plus, deux dents latérales bifides, horizontales,
dont la cavité est destinée à recevoir les dents latérales
simples de la valve gauche. Les ligaments n'ont pas la
même situation : l'externe, très étroit , se trouve en tra-
vers des crochets et est partagé par eux en deux parties
égales, et non en arrière d'eux, comme daus les Arthémis;
et le cartilagineux, au lieu d'être placé dans un canal pa-
rallèle au limbe dorsal des valves , se trouve, au con-
traire, partir du dessous des crochets et courir presque
verticalement à ceux-ci, mais un peu obliquement en
dessous de la dent latérale postérieure , dans un canal
étroit. Dans l’EÆrycine de Deshayes on voit la charnière
des Erycines un peu exagérée et l'excavation palléale des
— 291 —
Arihémides, mais plus latérale : il n'y a donc aucune pari-
té entre les deux genres.
En présence de toutes ces dissemblances, nous nous
croyons suffisammentautorisés à former, avec cette espèce,
un nouveau genre deBivalves, dont voici la caractéristique :
CaARACTÈRES GÉNÉRIQUES.
ANIMAL inconnu.
Coquizre. Équivalve, équilatérale, libre, presque orbi-
culaire, solide , à sommets très petits et opposés. Char-
nière formée sur la valve gauche de deux petites dents
courtes, inégales, parallèles et deux dents latérales fortes,
obliques , simples et triangulaires; sur la valve droite,
d'une petite dent centrale et de deux latérales bitides,
pour recevoir les deux dents simples de l’autre valve.
Deux ligaments : l'un externe, fibreux, très étroit, fili-
forme, partagé par les sommets ; l'autre, cartilagineux,
fixé dans une fossette linéaire, courant obliquement des
crochets jusqu à la base et en dessous de la dent latérale
postérieure. /mpressions musculaires similaires, arrondies,
Impression palléale excavée en triangle, au côté posté-
rieur des valves, avec l'angle palléal de même forme.
CHARACTERES GENERI,
ANIMAL Lan oLu .
esta æquivalvis, æquilateralis , libera , suborbicularis.
Apices minimi, oppositi. Cardo in valvula sinistra denti-
bus cardinalibus binis parvulis, inæqualibus, parallelis, cum
lateralibus friangularibus simplicibus, validis; in dextra
cardinali unico , lateralibusque medio bifidis pro appositis.
Ligamenta duo, externum fébrosum, lineare, centrale, bre-
viusculum; internum cartilagineum , robustum , in fossula
lineari ab apice ad anticam partem dentis lateralis postici
— 292 —
oblique excurrente affixum. Impresiones musculares æqua-
les, orbiculares. Excavatio palliaris postica cumaue sinu
, q
palliari exacte triangularibus.
Mxcerra Desnayesu (nobis).Testa suborbicularis, radian-
ter plicata : plicis validis , medianis superne convergenti-
bus, lateralibus basim versus sensim elevatis , superioribus
spiniformibus ; umbonibus lævigatis, corrosulis ; margint-
bus valvarum inciso-crenatis, interstitiis rotundatis.
Journal conchyl., pl. 11, fig. 12-13, et pi. 14 pour le
grossissement de la charnière.
Hab. La Nouvelle-Hollande, sur les plages sablon-
neuses (M. l'amiral Cécile).
Dimensions. Hauteur 11, longueur 13, épaisseur 7 à 8
millimètres.
Coquille singulière par sa forme, imitant celle d’une
boîte, dont on ne connaît guère que trois individus à
Paris, appartenant aux Cabinets de MM. Deshayes et
D'Orbigny.
Article de TEerminozocie, par M. Reczuz.
Tenracuzes (T'entacula, pl. de Tentaculum, à, s. m.,
dérivé de Tendo, je tends, parce qu'ils sont ordinai-
rement tendus.)
En général, les Mollusques portent, sur la partie an-
téro-supérieure de la tête, des appendices charnus, espèce
de cornes mobiles, comme les nomme Adanson, qu'on
avait voulu comparer aux antennes des insectes et qui en
différent parce qu'ils ne sont point articulés. Si, parfois,
— 293 —
on en trouve d'une apparence annelée, tels que ceux des
Littorines, Planaxes, Cérithes, etc., ils ne le sont jamais
que par des lignes circulaires colorées.
On distingue deux sortes de tentacules par rapport à
l'usage qu’en font ces animaux. Les premiers sont desti-
nés à supporter les yeux de la plupart des Mollusques
gastéropodes, quelles qu’en soient la forme et l'étendue ;
les seconds n’en portent jamais ; et comme ils sont doués
d'un sentiment très fin et plus délicat que celui d'aucune
autre partie du corps de ces animaux, on les considère
comme le siége du toucher. En raison de ces usages, on
appelle les premiers tentacules oculés, oculaires ou oculi-
fères; quant aux seconds, nous les nommerons tenta-
cules absisaires où mieux tentacules factaires, pour les
distinguer dorénavant des autres.
Selon M. de Blainville, les tentacules tactaires seraient
aussi le siége de l’olfaction; mais cette propriété leur est
contestée par ce fait quon vient tout récemment d'en
attribuer l'usage à un organe situé vers le centre de la
partie antérieure du pied des Mollusques.
Des expériences répétées ont fait connaître que ces deux
sortes de tentacules, peuvent être coupés et néanmoins
repousser au bout de quelque temps sans perdre de leurs
facultés.
La structure des tentacules présente quelques particu-
larités distinctes : ainsi les uns sont simplement exsertiles,
et quand on les touche, ils fléchissent simplement à droite
et à gauche, en avant et en arrière; les autres sont con-
tractiles, peuvent également se diriger en tout sens, et
encore s’'allonger et se raccourcir, selon la volonté de
l'animal; il en est cependant chez lesquels cette faculté
est plus ou moins restreinte. Enfin il yen a d'autres qui
sont rétractiles, ont les mêmes usages et de plus peuvent
rentrer complétement en eux-mêmes, jusque dans l'inté-
rieur de la tête.
— 294 —
Ces facultés proviennent de ce que les premiers sont
formés de fibres longitudinales assez puissantes pour les
tenir constamment tendus; que les seconds, ont leurs
muscles composés de fibres longitudinales entrecoupées
de fibres annulaires qui leur permettent de raccourcir les
tentacules à leur gré sans les faire rentrer ; que chez les
troisièmes, ce sont des sortes de tuyaux creux, contraire-
ment aux deux autres qui sont pleins, pourvus d’un mus-
cle qui, passant en dedans, va s'attacher à leur sommet
et dont les fonctions consistent 1° à le faire rentrer, par
sa contraction, jusque dans l'intérieur de la tête, en les
retournant sur eux-mêmes, comme nous le faisons quel-
quefois avec le doigt d'un gant; 2° à les faire sortir, par
son relâchement.
On classe dans les Tentacules :
1° ExserTiLEs, ou toujours permanents au dehors ét
et non rétrécibles, ceux des Ombrelles, etc.
2° Coxrracrires, ou susceptibles de se rétrécir sur eux-
mêmes, sans rentrer en dedans; ceux des Mollus-
ques suivants, en considérant que les uns le sont
fort peu, tels que ceux des Janthines, Crépidules,
Cyclostomes, etc. : les autres davantage, comme
ceux des Onchidies Coriocelles, Limnées, Paludi-
nes, Troques, Planaxes, etc.
3° RérrAcTiLes, ou rentrants, ceux des Péronies, Li-
maces, Arions et des Colimaces.
Tous les Mollusques n'en sont pas également pourvus;
ceux qui en portent, et ce sont les plus nombreux, n'en
ont jamais moins de deux et toujours disposés par paires.
Parmi les premiers, nous citerons les Siphonaires, Acères,
Bullées, Gastéroptères, Ancillaires, Ampullacères, Osca-
brions, Dentales, etc.
On s’est servi du nombre des Tentacules pour établir
— 295 —
des divisions dans les familles et dans les ordres, telles
que celles des Dicères, Tétracères ; Octo et Décacères, et
Polycères pour les genres de Mollusques qui portent sur
la tête deux, quatre, huit, dix, ou un plus grand nombre
de tentacules.
On classe au nombre :
1° Des Dicères, les Limnées, Physes, Planorbes, Ancy-
les, Placobranches, Nucléobranches, etc.
2° Des Surnicères, ou dont les tactaires sont soudés
avec les Oculaires, les Strombes, Cônes, Rochers,
Pourpres, Cérites, etc.
3° Des Térracires, les Glaucus, Eolides, Aplysies,
les Limaciens, Colimacés, Janthines, etc.
4 Des Susrérracères, les Ampullaires, Paludines,
Néritacés, Trochoïdes, Mélanopsides, Calyptrées,
Emarginules, Porcelaines, Raelles, etc.
Quant aux Octocères, Décacères et Polycères, nous en
dirons un mot plus bas.
Chez les Molusques terrestres , les tentacules tactaires
servent, comme leur nom l'indique, à täter le terrain sur
lequel ils progressent, à en écarter les obstacles, et lors-
qu'ils sont operculés à rejeter au dehors les corps étran-
gers, quand ils veulent se renfermer dans leur coquille:
c'est du moins ce que l’on a remarqué chez les Cyclosto-
mes. Dans les Mollusques aquatiques , ils servent quel-
quefois à la natation, concurremment avec les expansions
du manteau, par exemple, chez les Phylliroës, les Glau-
cus et autres.
Leur situation sur la têle varie assez, ils sont :
{° Réunis par LA BASE, dans le fuseau austral, les Euli-
mes, Fossars, Pyramidelles, etc.
_— 996 —
2° RaPPROCHÉS MAIS NON CONTIGUS, dans les Cyprées ou
Porcelaines, Pourpres, Murex, etc.
3° RaPPROCHÉS ET DIVERGENTS, dans les tritons, Ra-
elles, Trochus nassaviensis, Buccinum maculosum ,
Orbignyi, Linner, etc.
4° Ecantés (situés sur les côtés de la tête), dans les
Cônes, Vis polie, Cérithes, Vélutines , Calyptrées,
Eolides, etc.
Il ÿ en a qui les ont implantés verticalement sur la tête,
comme dans les Piétens; ou énclinés vers la terre, dans la
marche, dans les Colimaces, Gyclostomes, etc. ; ou enrou-
lés soit dans le repos, comme dans la Berthelle poreuse,
soit dans le mouvement, comme dans la Phylliroës; ou
enfin simplement recourbés, dans le Phos. senticosus.
Leur forme présente encore beaucoup de variétés ; il y
en a de :
1° TriancuLaiRes, dans les Bryarces, Volutes, Natices,
Littorine pagode, Limnées, Vis, etc.
2° Prismariques, dans les Varica, Chemnitzies, etc.
3o Cyczinpriques, chez les Atlantes, Janthines, Auri-
cules, Marginelles, Porcelaines, etc.
4 Cyrinpracés, chez les Eulimes, Valvées, Cyclos-
tomes, Elysies, Cabochons, etc.
5° Cyrinprico-coniQques, chez les Aporrhaïs.
6° Coniques, chez les Callyopés, Palludines, Ver:
mets, Navicelles, Phasianelles, Fissurelles, Emar-
oinules, elc., etc,
7° SueuLés, chez les Olives, Cerithinum lima, etc.
8° Séracés (filiformes ou linéaires), dans les Nérites;
Physes, Hélicines, Mélanies, Troques, etc., etc.
9°
10°
— 997 —
Onconiques, chez les Vertigo et Vélutines.
CLavirorMes (er massue), dans les Polycères, Vil:
liersies, Doris, Onchidores, Idalies, etc.
11° Aurirormes, dans les Pleurobranchées et les Atlas ?
190 LancéoLés, dans les Tormatelles, la Bulle striée.
D'autres sont :
1°
3°
4°
5°
6°
7°
RenrFLés Au $OMMET 1° en bouton, chez les Limaciens,
les Colimacés ; ou 2° en forme de gland, chez les
Cyclostomes, Auricules, Conovules, Cassidules et
Pneumodermeés.
Encaïînés (ou situés au centre d’une gaîne), qui est
cylindrique, dans les Tritonies , Hyales, Doris,
Onchidores; infundibuliforme, dans les Scyllées et
Tergipèdes ; comprimée, dans les Téthys ; en forme
de petite cavité, dans les Clios et Phyllidies.
DascicuLés ET TERMINÉS EN POINTE, dans les Clios,
ou en bouton , dans les Pneumodermes,
PROFONDÉMENT BIFIDES, dans les Janthines.
Fenpus £r TroNQuÉs, chez les Ombrelles ; comiques,
chez les Aplysies; tubuleux, chez les Pleurobran-
ches; en cornet, chez les Pyramidelles; ramifiés,
chez les Bursatelles.
Courts dans les Littorines exotiques, fuseaux, Tri-
ton pilcare, Murex zélandique ét octogogne, etc.
Lowcs, chez le Solarium variegatum, Stomatelle
tachetée, Paludine noire, etc.
Les Tentacules oculaires présentent plusieurs des ca-
ractères de ceux dont nous venons de parler. Ils sont
tantôt allongés, tantôt courts ou réduits à l’état de tuber-
cule et quelquefois seulement à celui de simple renfle-
20
— 298 —
ment, plus ou moins apparent. Dans les deux premiers
cas, on dit que les yeux qu'ils supportent sont pedicellés
ou pédiculés et même pédonculés. Ils sont avortés chez
quelques Mollusques, et l'on exprime alors leur dispa-
rition, en disant que les yeux sont sessiles, bien entendu
quand ils sont apparents , car ils peuvent ne pas paraître
et cependant être présents, enfoncés qu'ils sont alors au-
dessous de la peau, comme dans l’Æuricule Midus.
[l y a des tentacules qui, situés à la place des tenta-
cules occulaires, sont néanmoiïns aveugles, tels que ceux
des Janthines.
Il arrive assez souvent que les tentacules occulaires sont
adhérents avec la base des tentacules tactaires ou greffés,
en tout ou en partie, avec ces derniers. S'il est aisé de
reconnaître l'adhérence du premier, il l’est beaucoup
moins d’apercevoir la suture des seconds, quand les deux
tentacules sont soudés tout le long les uns des autres. On
peut néanmoins la suivre dans une sorte de renflement
que fait le tentacule oculaire, ou le reconnaître par le
moyen du point sur lequel l'œil est fixé, soit par la bifur-
cation que ce tentacule fait à une certaine distance, en se
détachant de lui; soit encore par le prolongement du ten-
tacule tactaire, alors qu'il est plus long et plus étroit que
l'oculaire. Ce dernier exemple de la connexion des deux
sortes de tentacules est des plus remarquables en ce qu'il
figure un tronc oculaire surmonté d'un appendice fili-
forme.
Dans les Céphalopodes, la situation des tentacules n'est
pas tout à fait de même que celle des Gastéropodes ; dans
les premiers, ces organes forment une sorte de couronne
autour de la bouche de l'animal, et selon l'usage qu'ils en
font, on ne les considère pas de la même manière. En
effet, ils sont oculifères ou simplement tactaires dans les
Gastéropodes ; ils sont, au contraire, toujours aveugles,
plus nombreux et agissent comme organes de préhension
— 299 —
et même de mouvement, chez les Céphalopodes : ceux-ci
les ont tantôt simples, tantôt garnis de ventouses cupuli=
formes, ou suçoirs pour retenir les corps qu'ils saisissent,
ou de grifles pour les appréhender, = Dans les Céphalo-
podes à coquille extérieure , tels que les Nautiles, les
Tentacules sont revêtus d’une gaîne, et leur nombre est
de quarante. Dans ceux qui manquent de coquille exté-
rieure on remarque que les uns ont des expansions mem-
braneuses à leur base pour faciliter la natation, et qui leur
donnent une apparence palmée, et d’autres les portent à
l'extrémité de deux longs appendices, dont l'usage est
tout à fait différent. Les auteurs veulent, d'après Aristote
et Pline, qu'ils fonctionnent comme des voiles ; mais on
prétend aujourd'hui qu'il servent 1° à sécréter la coquille,
et à la réparer, quand elle a éprouvé quelques dommages,
ce qui ne nous paraît pas probable ; et 2° à la soutenir dans
les mouvements de l'animal. Ces organes ne sont donc pas
de vrais tentacules, parce qu'ils agissent à l'instar des pieds
et des bras; et c'est probablement pour ce motif qu'on
leur donne le plus souvent le nom de bras. M. de Blain-
ville a proposé dernièrement de les appeler Brachiocères
pour les différencier de ceux-ci et des véritables tenta-
cules.
On désigne encore par le mot Tentacule, d'autres ap-
pendices de Mollusques. C'est ainsi que les uns appellent
1° Tentacules labiaux, les palpes des Mollusques acépha-
les; 2° T'entacules du manteau et des Siphons les filets qui
bordent les lobes du manteau et l’orifice extérieur des
tubes destinés à la respiration et aux déjections des mêmes
animaux : ces derniers sont des processus appelés généra-
lement Cirrhes, etc.
— 300 —
Descriprion de quelques espèces de coquilles terrestres
fossiles de Sansan, par l'abbé D. Duruy.
Le côteau de Sansan, si connu par les belles découver-
tes de M. Edouard Lartet, n'avait guère été signalé jus-
qu'à présent que pour les ossements fossiles qu'il ren-
ferme. Ces ossements ont été, comme tout le monde le
sait, acquis par le Muséum d'histoire naturelle, où l’on en
voit un grand nombre déposés soit aux galeries de géolo-
gies, soit au Cabinet d'anatomie comparée.
Mais, jusqu à ce jour, en présence des espèces nom-
breuses el nouvelles d'animaux vertébrés de presque tous
les ordres , on avait peu signalé les restes d'animaux in-
vertébrés qui sont néanmoins assez intéressants sous bien
des rapports, pour mériter d'être mentionnés.
Toutes les coquilles dont je donne la description ont
été trouvées dans une marne argileuse friable , sise entre
deux bancs de roche calcareo-marneuse, dure, sous-jacente
à la terre végétale assez maigre du sommet du coteau.
Depuis assez longues années, mon ami M. Lartet avait
fait prendre une quantité considérable de cette marne, en
lui faisant subir plusieurs lavages successifs, afin de re-
tirer les ossements de petits vertébrés qui abondent dans
cette couche; il eut soin de me réserver les petites co-
quiiles qu'il rencontrait en même temps. Il ne tarda pas
à s'apercevoir que plusieurs des genres et des espèces pou-
vaient offrir de l'intérêt : aussi saisirai-je avec empresse-
ment cette occasion de le remercier d’avoir bien voulu
me confier le soin de les faire connaître.
Ce qu'il y a de fort remarquable dans ces fossiles, c’est
que l’on y voit plusieurs espèces qui vivent encore dans
nos contrées mêlées à un plus grand nombre d'espèces
entièrement nouvelles, mais dont la forme, sauf quelque
rares exceptions, a la plus grande analogie avec les co-
quilles de Mollusques de France.
— 301 —
‘Un fait qui me paraît nouveau dans les observations
paléontologiques faites jusqu'à ce jour, c'est la présence,
dans ce terrain, de deux espèces appartenant à deux
genres qu'on n'avait pas encore trouvés à l’état fossile,
savoir : les genres Limace et TEsrACELLE ; ce sont deux
nouveaux anneaux qui viennent rattacher les espè-
ces vivantes et montrer une analogie plus intime entre les
espèces paléontologiques et celles qui vivent encore.
Ainsi le côteau de Sansan, qui avait fourni dès 1837 le
premier singe fossile connu , fournit aujourd'hui à la
Conchyliologie paléontologique les premières Limaces
et les premières Testacelles fossiles.
1° Genre. LIMAX. — LIMACE.
1. Lamax Larrern. Tab. XV, fig. 1.
LimacE DE LARTET.
Testa ovato-oblonga , anticè fat profundè emarginata,
suprà convexa, concentricè validè ovato et irregulariter
striata; centro anteriüs sito; subtus irregulariter rugosa
et in medio subconcava; margine sinistro in medio retu-
siusculo, dextrorso obtuso.
Coquille ovale un peu allongée, avec une échancrure
assez profonde au bord antérieur, tandis que le bord pos-
térieur est assez bien arrondi ou à peine légèrement angu-
leux; surface supérieure convexe, avec de fortes stries
irrégulières , ovales et concentriques, à l'exception de la
plus intérieure qui est spirescente; le point central est
assez rapproché de l'extrémité antérieure et légèrement
courbé vers le bord droit; celui-ci est très obtus, tandis
que le bord gauche est, au contraire, sensiblement rétus;
la surface inférieure est obscurément rugueuse et légère-
ment concave vers le milieu.
Long. 4-6 mill. ; larg. 2-4; épaiss. 1 114 — 1 p2.
= ne
Habit. Fossile du eôteau de Sansan, dans la marne ar.
gileuse et friable ci-dessus mentionnée.
Discussion de l'espèce, rapports et différences. — Cette
Limace, la première indiquée à l’état fossile, est très re-
marquable par l'échancrure de son bord antérieur, et ce
caractère suflit pour la distinguer, du premier abord, de
de toutes les autres Limaces qu'il nous a été possible
d'examiner. Elle est incontestablement différente de tou-
tes les espèces de France; elle nous a paru distincte aussi
des autres espèces publiées dans les divers ouvrages.
Toutefois, nous ne pouvons pas aflirmer avec une entière
certitude qu'elle soit complétement différente de toutes,
parce qu'il en est plusieurs qu’il ne nous a pas été
donné de voir en nature, et qu'il est souvent impossible
de juger en dernier ressort de l'identité d'une espèce
sans en avoir eu des échantillons authentiques. Si cette
observation est exacte pour les espèces en général, elle
est à coup sûr incontestable, lorsqu'il s'agit du test inté-
rieur d'une Limace.
L'espèce de France dont le Limax Lartetit se rappro-
che le plus est le Zimax Gagates Drap.; mais elle en dif-
Ière essentiellement par son échancrure antérieure, par
son test un peu moins épais, par sa forme plus allongée
et par son bord gauche rétus.
Si l'on juge par analogie de la forme de l’animal de
notre espèce fossile, on doit penser qu’il a été plus allongé
que celui des espèces qui vivent aujourd’hui sur notre sol,
2° genre. TESTACELLA. — TESTACELLE.
1. Tesracezza Larrern. Tab. XV, f£. 2.
TEsrAcEezLE pE LARTET.
+
Testa ovato-auriformis, anticè latior, posticè angustior,
suprà convexa, irregulariter et sat profundè striata; spiræ
— 303 —
rudimento exserto et reliquà testulà sensim separato,
apice acutiusculo aperturà amplissimä , profundà , coch-
leata antennis rotundata, posterius angustalä et quasi an-
gulatà, margine externo vix subacuto, columellari rotun-
dato nec depresso.
Coguille ovale-auriforme, un peu allongée, plus élargie
antérieurement que dans sa partie postérieure, très con-
vexe en dessus, avec des stries irrégulières et assez pro-
fondes; rudiment de spire saillant en dehors, quoiqu'il
soit plus bas que le reste de la coquille et sensiblement
séparé du bord columellaire; sommet presque aigu; ou-
verture très ample, formant à elle seule la presque tota-
lité de la coquille, profonde et creusée en dessous presque
jusqu'au sommet du rudiment de la spire, arrondie en
avant et presque anguleuse à son extrémité postérieure ;
bord externe à peine un peu tranchant; bord columellaire
arrondi, sans être déprimé comme dans nos espèces
françaises.
Long. 6; larg. 3; haut. 2.
Habit. Fossile de la marne argileuse et friable du cô-
teau de Sansan.
Cette espèce, dont M. Lartet n’a trouvé encore qu'un
seul exemplaire, diffère entièrement des espèces qui vi-
vent en France par la profondeur de l'ouverture qui lui
donne un aspect beaucoup plus convexe en dessus. Elle
est, en outre, assez profondément excavée : ce qui lui
donne un facies tout particulier. Les Testacelles exotiques,
beaucoup plus creusées que celles de l'Europe, diffèrent
néanmoins de la nôtre par leur spire moins exserte et
leur ouverture plus régulière.
’ Parmi les espèces européennes, la Testacelle de Maugé,
trouvée en Portugal, par M. Morelet est celle qui s'en
rapproche le plus, mais sa forme régulière et sa surface
— 304 —
régulièrement et finement striée la séparent du premier
coup d'œil de notre coquille fossile,
3° genre HELIX. — HÉLICE.
1. Herix Sansaniensis, tab. XV, fig. 3.
Hézice DE SANSAN.
Testa globoso-subconoïdea, imperforata, vix tenuissimè
striatula, nitida ; aperturâ obliquè subovato-lunata, angus-
tata, peristomate reflexiusculo et acuto, marginibus sub-
approximatis, callo nitido unitis; anfractibus quinis vel
sextis convexiusculis suturä sat perspicuà unilis; apice
obtuso.
Coquille globuleuse , légèrement conoïde, imperforée,
couverte de stries peu régulières et tellement déliées qu'el-
les ne paraïssent guère qu à la loupe ; luisante; ouverture
oblique ovale, échancrée par l’avant-dernier tour et rétré-
cie; péristôme légèrement réfléchi au bord externe, réflé-
chi et calleux au bord columellaire, la callosité se pro-
longe d’un bord à l’autre; cinq à six tours de spire légère-
rement convexes et séparés par une suture assez marquée,
le dernier, fort grand, comparativement aux autres, est
obtusément subcarène à sa naissance, mais cet indice de
carène disparaît complétement, dès le milieu du tour, L
sommet est obtus.
Haut. 15, diam. 29 mill.
Habit. avecles précédentes. Cette Hélice, extrêmement
commune à l'état de débris dans cette couche, yest excessi-
vement rarement bien conservée; nousn'avons puenavoir
, . Q ! , [RC]
qu'un seul échantillon parfaitement conservé : c'est celui
dont nous donnons la figure.
Voisine de l’Æ. Larteti Boissy (1), notre espèce en dif-
(4) Magaz. Zool.
— 305 —
fère par sa forme un peu moins globuleuse , par son ou-
verture proportionnellement moins arrondie et par son
péristéme plus tranchant et moins réfléchi.
Elle à de grands rapports avec l'A. nemoralis, mais
elle en diflère par son ouverture moins arrondie et plus
rétrécie, comme aussi par son péristome plus étendu et
plus réfléchi.
Sa coloration paraît avoir été entièrement analogue à
celle de l'A. nemoralis, car nous en avons vu quelques
fragments qui présentaient des restes de bandes colorées
en brun, tandis que d’autres échantillons comme celui
que nous avons fait figurer n’en présentent pas le moin-
dre vestige.
2. Hezix puLCHELLA (1).
HÉLICE MIGNONNE.
Entièrement semblable à l'espèce qui vit encore aujour-
d'hui et que nous trouvons si abondante dans presque
toute l’Europe et dans l'Amérique du Nord; cette espèce
paraît avoir été plus rare dans le dépôt de Sansan : ôn
en trouve néanmoins de temps en temps, mais la plu-
part sont cassées.
3. Hezix cosrarTa (2).
HÉLICE COTTELLÉE.
Très rare à Sansan; nous n'en avons rencontré que
trois ou quatre échantillons, mais ils ne présentent pas la
plus légère différence, lorsqu'on les compare avec les
H. costata vivantes.
Les côles assez profondément imprimées dans la co-
quille fossile, dépourvue de son épiderme, sont une
(4) Voir pour la Synonymie notre ouvrage sur les Mollusques de
France.
(2} Id.
— 306 —
bonne et nouvelle raison de séparer comme espèces les
H. pulchella et costata.
Observation. On rencontre à Sansan plusieurs autres
espèces du genre {elix, mais elles sont tellement brisées
qu'il n'est guère possible de les déterminer d'une manière
certaine; aussi aimons-nous mieux les omettre, pour le
moment, et attendre que de nouvelles recherches les aient
fait suffisamment connaître.
4®* genre CLAUSILIA.— CLAUSILIE.
5. CLausizi1A? Larreru, tab. XV, fig. 4.
Czausiz1E pe LARTET.
Testa sinistrorsa, subeylindrica, subimperforata ; apice
truncata, tenuiter et sat regulariter striata; aperturä
ovalo-pyriformis, lamella superiore mediocri margini
exteriori parüm approximata, lamella inferiore parum
exsertà, plicis nullis anfractibus in adultis truncatis sub-
quinis , paulatim accrescentibus planiusculis et suturä
distinct separatis.
Coquille sénestre, subcylindrique, presque imperforée,
tronquée au sommet, dans l’âge adulte, finement et assez
régulièrement striée; ouverture ovale-pyriforme; lame
supérieure médiocre et assez éloignée de l'angle du bord
extérieur, lame inférieure peu saillante et s’enfonçant en
spirale dans l’intérieur de l'ouverture; plis du palais etlu-
nulé nuls, ou du moins nous n'avons pas pu en découvrir
de trace; cinq tours de spire, dans les individus adultes et
ironqués ; la troncature me paraît, dans cette espèce, ne
supprimer qu'un pelit nombre de tours, les tours supé-
rieurs avant la troncature présentent une forme conique à
sommet très obtus, lorsque la coquille est définitivement
tronquée, les tours sont aplatis, s'accroissent assez insen-
siblement et sont séparés par une suture bien distincte.
— 307 —
Habit. avec les espèces précédentes. Elle est rare; on
n’en trouve avec le test que des fragments rapprochés du
sommet de la spire; nous n'avons jamais vu les tours in-
férieurs dans cet état : ce n’est qu’à l’état de moules qu'ils
ont été rencontrés.
Aussi n'est-ce qu'avec doute que nous rapportons cette
espèce au genre Clausilie, puisqu'il nous a été impossible
de vérifier si le Clausiliun y existe. Une autre raison qui
nous fait douter aussi c'est que la lame supérieure est as-
sez éloignée du bord externe : aussi serais-je assez porté
à rapporter cette espèce au genre Megaspira Spinx.
Quoi qu'il en soit, je la crois entièrement nouvelle, et
si le genre est douteux, ilest, ce me semble, hors de doute
que l'espèce ne soit bonne.
On peut la rapprocher, par sa taille, des deux Clausi-
lies décrites par M. Grateloup (1) et M. de Boïssy (2);
mais il suffit de jeter un coup d'œil sur les figures de ces
antennes pour voir qu'il y a une énorme différence entre
Jeurs espèces et la nôtre.
5"° genre. PUPA.— MAILLOT.
1. Pura Larreru, tabl. XV, fig. 5.
Maizzor DE LarTer.
Testa dextrorsa, parva, ovata, ventricosissima, obtusa
rimata, vix striatula, striis minutissimis sublente valido
tanlüm perspicuis et irregulariter dispositis; aperturä
transversèé subovatä, coarctatà, subquadridentatâ, dente
altero lamelliformi in pariete aperturati obliquè e margi-
ais externi angulo ad intüs provecto , altero columellari
et binis palatalibus marginem externum attengentibus,
quorum inferior superiore major, denticulis duobus inter.
(1) Gonch. foss, du bassin de l’Adour.
(2) Coq. de Billy, Mém. Soc, geol,
— 308 —
dentes palatales validos et dentem columellarem sitis ;
peristomate subincrassato et rectiusculo, marginibus sub-
approximatis; anfractibus 4-5 convexis, suturâ valdè
perspicuâ separatis, inferiore maximo cateris omnibus
subduplo majore.
Coquille dextre, petite, ovale, très ventrue , obtuse,
munie d'une fente ombilicale bien marquée, à peine
striée; stries irrégulières et si fines qu'elles ne sont guère
apparentes que par une forte loupe ; ouverture transver-
salement subovalaire, resserrée, subquadridentée; une
dent lamelliforme obliquement étendue de l'angle supé-
rieur du bord externe vers l'intérieur de l'ouverture, où
elle s'enfonce ; une autre assez avancée sur la columelle,
et deux autres palatales arrivant jusqu’au bord externe et
dont l'inférieure est plus grande que la supérieure; on
voit, en outre, deux autres petites dents placées, l’une,
entre la dent columellaire et la dent palatale inférieure,
et l’autre, entre les deux dents palatales ; péristome droit
et légèrement épaissi; bords assez rapprochés; l'extérieur
brusquement coudé vers l’intérieur ; à sa partie supérieure,
4-5 lours de spire bien convexes, séparés par une suture
très marquée ; l'inférieur deux fois plus grand que tous
les autres ensemble.
Haut. 2 1/2, 3, diam. 2 mill.
Habit. avec les espèces précédentes.
Discussion de l'espèce. Le maillot que nous décrivons et
qui doit, comme ia plupart des espèces suivantes, rentrer
dans la section des ’ertigo, est certainement bien distinct
de tous ceux qui vivent ajourd hui. Il est assez abondant
à Sansan, pour que noùs ayons pu en avoir une cinquan-
taine d'échantillons qui nous ont tous présenté la même
forme générale et les mêmes détails dans l'ouverture. La
forme et les dents lui donnent quelque ressemblance avec
— 309 —
le Pupa anglica (4), mais il en diflère par sa dent lamel-
liforme très oblique, tandis que celle du Maillot an glais
est presque perpendiculaire ; dans celui-ci, on voit aussi
une seconde lame plus petite à côté de la première , ce
qui n’a jamais lieu dans notre espèce; en outre, le Maïil-
lot de Lartet est toujours beaucoup plus ventru; et enfin
le dernier tour qui, dans le P. anglica atteint à peine la
moitié de la hauteur totale de la coquille dépasse souvent
les deux tiers dans le P. Lartetir.
I] se rapproche aussi du P. Moulinsiana Dup. (2), mais
il s'en distingue par sa dent lamelliforme oblique, tandis
qu'elle est perpendiculaire dans le M. de des Moulins, dans
ce dernier, d’ailleurs, la dent columellaire est plus petite
que dans notre espèce.
9. PupA ANTIVERTIGO.
MAILLOT ANTIVERTIGO,
Assez abondante à Sansan et entièrement identique
avec l'espèce vivante.
3. Pura Noureriana, tab. XV, fr. 6.
Muizror pe Nourer.
Testa ovato-elongata, dextrorsa, obtusa , rimata, vix
striatula ; aperturâ subrotundatä, sub 5 dendata, dente
altero lamelliformi vix obliquo in pariete aperturali ad
angulum superiorem sito, binis columellaribus et binis
palatalibus marginem externum subattingentibus, peri-
stomate tenui, acuto et reflexo; marginibus sub approxi-
matis ; anfractibus 5-6 convexiusculis; suturâ perspicuä
separatis ultimo maximo, testæ mediam partem sub ef-
formante.
(4) Voir notre Hist. nat. Moll, de France, pl. XX, f, 7.
(2) Idem, pl XX, f, 14.
— 310 —
Coquille ovale-allongée, dextre, obluse, munie d'une
fente ombilicale presque recouverte par le bord columel-
laire, à peine légèrement striée; ouverture à cinq dents
lus ou moins lamelliformes bien marquées, dont une
Jamelliforme, peu oblique, très saillante, striée vers l’an-
gle supérieur de la paroi operturale; deux sur la colu-
melle et deux autres palatales arrivant jusqu'au bord ex-
terne. Outre ces dents, on voit souvent un nombre con-
sidérable d’autres petites, placées entre les premières.
Péristome mince, tranchant et réfléchi; bords assez in-
clinés l'un vers l’autre; 5-6 tours de spire convexes et
séparés par une suture assez bien marquée; le dernier
très grand, formant à lui seul au moins la moitié de la co:
quille.
Hauteur, 2 2 172 mill.; diamètre, 1 1 174.
Habit. avec les précédents,
Cette espèce na de rapports avec aucune de celles qui
vivent aujourd'hui.
4 Pupa Irariana, Tab. XV, f. 7.
Muirzor pIrar.
Testa dextrorsa ovato-elongata, cylindrica, apice ob-
tusa, vix rimata, et sublente tenuissimè et regulariter
striatula ; aperturà semirotundatà , quadridentata, dente
altero in parietis aperturalis medio, altero columellari
superiüs sito et binis palatalibus immersis nec ad margi-
nem exteriorem provectis; peristomate incrassato, subre-
flexiusculo, acuto, externe validè marginato, marginibus
callo lamelloso subunitis; anfractibus 6 paulatim accre-
scentibus, suturâ perspicua separatis.
Coquille dextre, ovale-allongée, cylindrique, obtuse
au sommet , avec une fente ombilicale à peine marquée,
très finement striée; stries régulières à peine visibles à
— II —
la loupe ; ouverture demi-ronde, quadridentée; une dent
sur le milieu de la paroi aperturale, une autre vers le
haut de la columelle, et deux autres palatales profondé-
ment situées dans l'intérieur de l'ouverture, et réduites à
deux callosités qui ne se prolongent jamais vers le bord
externe ; péristome épaissi, subréfléchi, tranchant au
bord, avec un fort bourrelet extérieur; les deux bords
unis par une lame de callosité ; 6 tours de spire augmen-
tant graduellement, presque aplatis et séparés par une su-
ture bien marquée.
Hauteur, 2 172 mill.; diamètre, 1 174.
Habit. avec les précédentes ; mais il y est fort rare,
car M. Lartet n’en a trouvé que deux échantillons.
Cette espèce a des rapports avec le P. triplicata
Stud. (1); mais, outre sa forme beaucoup plus cylin-
drique, ses deux dents palatales s'en séparent de prime
abord, puisque l'espèce du naturaliste de Berne n'en z
qu'une seule.
Pupa BLainvizzeana , Tab. XV, f. 8.
MaizLzor DE BLAINVILLE.
Testa sinistrorsa, ovata, subyentricosa, apice obtusa
rimata, sublente irregulariter et oblique striatula aper-
turâ rotundata, triplicata, dente altero in medio parietis
aperturalis et binis palatalibus immersi et callosis; peri-
stomate reflexiusculo incrassato, marginibus approxima=
tis lamellä callosä unitis ; anfractibus 5 convexis, ultimo
maximo testæ mediam partem efformante.
Coquille sénestre, ovale, un peu ventrue, obluse au
sommet, avec une fente ombilicale assez marquée, fine-
ment et obliquement striée ; stries irrégulières et visibles
(4) Icon. hist, Moll, de France, Tab, XX, f, 8,
— 312 —
seulement à la loupe; ouverture arrondie, tridentée ;
une dent sur le milieu de la paroi aperturale, et deux au
tres palatales réduites à des callosités profondément si-
tuées dans l'intérieur ; péristome réfléchi , épaissi; bords
rapprochés, inclinés l’un vers l'autre ; l'extérieur brus-
quement coudé à sa partie supérieure, unis entre eux par
une lame de callosité ; cinq tours de spire convexes et sé-
parés par une suture bien marquée, le dernier très grand
formant à lui seul plus de la moitié de la coquille entière.
Haut. 2, diam. 1 1/4 mill.
Habit. avec les précédentes, mais extrêmement rare
P ; ,
puisque, jusqu'ici, nous n'en avons eu qu'un seul exem-
plaire.
Il ne peut être rapproché que du précédent, dont il dif-
fère et par sa forme et par son ouverture.
6° genre. GARYCHIUM. — CARYCHIE.
1. CARYCHIUM MINIMUM.
CARYCHIE PYGMÉE.
Habit. avec les précédents, mais assez commun. Entié-
tement semblable à l'espèce qui vit encore abondamment
dans nos contrées.
En résumé les coquilles fossiles trouvées à Sansan sont
réparties entre six genres divers de la manière suivante :
Une Limace,
Trois Hélices,
Une Clausilie ou Mégaspire,
Cinq Maillots,
Une Carychie.
Parmi ces douze espèces observées, trois seulement vi<
vent encore dans le voisinage de Sansan.
— 313 —
Onze présentent des formes analogues à nos formcs
européennes.
Une seule paraît devoir se rapprocher d’un genre de
l'Amérique méridionale (1).
Sur deux nouvelles espèces de coquilles trouvées par
M. W. Crank. ( Magazine of natural history de
M. JarD:xE (décembre 1849).
M. William Clark trouva, dans le courant de l'été 1849,
à Exmouth, sur la côte de Devou, deux espèces dé co-
quilles nouvelles dont il a donné la description suivante,
dans le Magazine of natural history de Jardine, numéro
du mois de décembre 1849, Ces deux coquilles appartien:
nent : l’une au G. Skenea et l'autre au G. F'usus:
Skenea Cutleriana, Clark.
Testa süborbicularis, albida aliquantulum producta, an:
fractibus tribus spicaliter exaratis ; striis subtilibus, nudatrs,
transversis, hic et illic sparsis, notata; sutura simplez ;
apertura subrotundata, integra supernè in canalem brevis-
simam desineus ; umbilicus inconspicuus ; margine columel-
lari paululum obtectus.
Animal et operculuim àd liuc latent.
Long. et larg. circa 3 will.
& Au premier abord, dit M. Clark , je pensai que cette
» jolie petite espèce pouvait être l'hélix Serpuloides de
(4) La planche relative à ces coquilles fossiles paraîtra dans le prochain
Numéro:
21
EE À
— 314 —
Montagu, enveloppée d'obscurité jusqu'à présent, mais
l'existence des tours, complètement striés , ne permet
pas d'admettre cette opinion. Quant au Skenea divisa,
que quelques conchyliologues regardent comme étant
l'hélice Serpuloides, notre espèce en diffère par la forme
plus globuleuse et par ses tours de spire distinctement
striés; elle ne peut non plus être confondue avec la
Margarita pusilla nouvellement découverte.
« L'animal et l’opercule de la coquille que nous décri-
vons n'ayant point été observés, elle peut être une
Margarita, où une Ædeorbis, ou être rapportée au
G. Skenea ou au Trochus subcarinatus.
« Je préfére la placer provisoirement avec les Skenca,
parce que le caractère de ce petit groupe, quoique ar-
tificiel, consiste dans l’ouverture suborbiculaire, et
dont l’ensemble est à peine interrompu à la partie
supérieure par ün canal court et très petit.
« Par ces mêmes raisons, je considère la Margarita
pusilla et le Trochus subcarinatus, comme étant des
Skenea ou des Adeorbis, ou tout autre nom qu’on vou-
dra leur donner. Les ‘Trochidés ont toujours l’ouver-
ture plus ou moins angulaire; et dans cette famille,
aussi bien que dans les Margarita, elle n’est jamais en-
tière et n’a point de trace de canal. Je ne connais point
les Adeorbis, que je crois être un genre de TFrochidés :
S'ils ont, comme ceux-ci, l'ouverture angulaire ; ee
genre n’a point de rapport avec notre espèce.
« Les Margarita vulgaris, pusilla, Skenea divisa, de-
pressa, bicolor, ontun opercule corné mince, composé de
trois tours larges, qui n'ont en rien l'aspect des tours
nombreux, compactes et serrés de ceux des Trochidés.
Fusus branscombi, Clark.
Vesta elongata, pallide lutca, anfractibus octo repente
315 —
attenuatis ; varicibus validis novem striis spiralibus confer-
tis perspicue cælata; sutura simplici; apertura subovalis,
in canalem branchialem subrectam producta, superne vix
emarainata.
Animal ignotum ; operculum ?
Long. 10 mill. larg. 3-4 mill.
Cette espèce a, jusqu'à présent, été trouvée sur les
mêmes fonds que la Skenea cutleriana : je ne saurais la
comparer à aucune de ses congénères.
De la Cuasse Aux Limacons sous les Tropiques, par M:
Arraur Morecer (1).
Les renseignements qui vont suivre sont adressés ex-
clusivement aux voyageurs et aux marins qui manquent
de direction ou d'expérience dans la recherche des Co-
quilles. On a décrit des chasses plus piquantes et plus
dramatiques, mais aucune assurément qui convienrnie
mieux à l'esprit et au but de ce Recueil.
Ce n’est pas que la chasse aux Limaçons manque pré-
cisément du caractère d'aventure, dans les circonstances
où nous l'envisageons ; je pourrais conduire le lecteur au
sein des forêts primitives où la nature sauvage s'enveloppe
d’une mystérieuse horreur; le conduire à travers les vas-
(1) Si une abondance de matières d’un plus gränd intérêt n’y met obs:
tacle, nous donnerons, dans le prochain numéro du Journal de conthy-
liologie, une notice spéciale sur la recherche des coquilles marines ; fluvii-
tiles et terrestres. S; P:
— 316 —
tes marécages où le soleil ardent pompe des germes de
mort; lui montrer la trace récente des animaux féroces ou
les anneaux du Trigonocéphale roulé dans les hautes her-
bes; je pourrais , en un mot, lui peindre les hasards qui
accompagnent, dans les pays lointains , tous les pas du
naturaliste , surtout celui que de minutieuses recherches
courbent plus assidûment vers le sol; mais je perdrais
de vue le véritable objet de cet article, qui n’a d'autre pré-
tention que celle de résumer un petit nombre d'observa-
tions pratiques dans l'intérêt des Sciences naturelles.
Les Mollusques terrestres sont des animaux nocturnès
à divers degrés; la fraîcheur et l'humidité conviennent à
la mollesse de leur structure et favorisent le jeu de leurs
organes. La nuit, si l'obscurité le permettait, serait le
moment propice pour leur donner la chasse. Pendant le
jour, il faut les découvrir dans les retraites variées qui les
abritent : sous les pierres, les feuilles mortes, sous les
troncs ren versés, à l'ombre des rochers et dans leurs cre-
vasses, à moins que l'humidité de l'atmosphère ne les
invite à rester au dehors. En général, la retraite diurne
de ces animaux est celle que le hasard leur offre. C’est
sinsi que les feuilles imbriquées des Aloës ou des Agaves,
cachent souvent des hélices qui s’y arrêtent pendant l’ar-
deur du jour ; que le bois de Campêche recèle habituelle-
ment des Bulimesetdes Achatines, dans les cavités innom-
brables qui accidentent son tronc, etc. On peut faire naï-
tre de nouvelles chances de succès, en créant soi-même
des abris temporaires dans les localités que l’on veut ex-
plorer à fond; par exemple, en y abandonuant des plan-
ches , des fagots; en y semant de grosses pierres, en ÿ
roulant un tronc d'arbre, etc. : ce sont de véritables pié-
ges, surtout dans les prairies et dans les savanes, où la
multiplicité des graminées permet difficilement d'aperce-
voir les petites espèces.
Certains Mollusques, mais en petit nombre, montrent,
— 317 —
dans le choix de leur retraite, un instinct particulier qu'il
n'est pas inutile de signaler. Aïnsi, les dunes mouvantes
de la Casse, en Algérie, sont fréquentées par une petite
Hélice assez voisine de lZ. Turbinata, qui s'enfonce, pen-
dant le jour, à une profondeur de plusieurs centimètres,
jusqu'à ce qu'elle ait rencontré humidité saline absor-
bée par la capillarité du sable.
Il y a néanmoins une petite quantité de Mollusques
terrestres dont l’organisation semble moins délicate, et
qui supportent sans inconvénient les rayons ardents du
soleil, Je ne m'y arrête que pour faire remarquer l’enve-
loppe épaisse, mate et blanchâtre dont la nature les a
pourvus. Les grands Pupas des Antilles, les Hélices Can-
didissima, irregularis, ete., sont dans ces conditions. Au
contraire, les Fee qui se dérobent soigneusement à la
lumière du jour sont minces, souvent diaphanes, et parti-
cipent à cette loi générale qui revêt les animaux noctur-
nes de couleurs tristes et uniformes. Les nuances les plus
brillantes appartiennent à celles qui vivent dans les fo-
rêts splendides où l'éclat de la lumière est tempéré par
de magnifiques ombrages, et où l'humidité constante de
l'atmosphère permet à ces animaux de remplir leurs fonc-
tions au grand jour, Cependant je dois avouer que ces
observations ne sont point absolues, et que la nature
échappe encore ici, par plus d'une exception, aux règles
que nous croyons avoir surprises.
La majeure partie des Mollusques terrestres s'enfouit
profondément pendant une partie de l’année, et les recher-
ches alors deviennent extrêmement difficiles. Dans les
pays où la température est inégale, comme l'Europe
et les Etats-Unis, c'est le froid qui suspend chez eux
l'activité vitale; sous les Tropiques, c’est la sécheresse
qui produit ce phénomène. Ils s'enfoncent alors isolément
ou en famille, selon leur genre et parfois selon leur espèce,
dans les profondeurs du sol, en profitant des accidents et
— 318 —
en choisissant les terres légères dont la résistance leu&
offre moins d’obstacle. C'est à la racine des arbres ou des
haies, à la base des rochers, où s’accumule la terre végé-
tale, sous les décombres, au pied des plantes marines
qu'ils cherchent un asile. Néanmoins l'action du froid est
plus complète que celle de la chaleur; car, partout où le
thermomètre ne s'abaïsse pas au-dessous de zéro, on voit
un certain nombre d'espèces persister, pendant toute
l’année, dans ses habitudes : c'est ce qui a lieu sous les
Tropiques.
Après avoir puisé ces généralités dans la nature même
du sujet, j'en déduirai quelques autres des circonstances
qui accompagnent son existence.
L'observation m'a prouvé que les Mollusques terrestres
préfèrent un sol calcaire à tout autre terrain. Je n'en cher-
cherai pas la cause : c'est une question que j'ai traitée
ailleurs (1). Je me borne à constater un fait que j'ai véri-
fié en Europe , en Afrique eten Amérique. C'est au sein
des montagnes calcaires que le chasseur rencontrera les
espèces les plus diversifiées et le plus grand nombre d'in-
dividus. En général, larégion montagneuse, quelle quesoit
la constitution minéralogique du sol, nourrit plus de co-
quillages que la plaine ; les espèces, en outre, se modifient
souvent, comme les végétaux , à diverses hauteurs. C’est
donc droit aux montagnes que le naturaliste doit mar-
cher, s’il veut être dédommagé de ses peines ; l'explora-
tion commencera avec les premières ondulations du sol.
Partout où le rocher se montre, le regard doit se prome-
ner avec attention; les pierres qui gisent sans adhérence
doivent être retournées : c'est là surtout, sur la face
inférieure, que se cachent, pendant le jour, les petites
espèces. Les mousses, lorsque le terrain en produit, doi-
vent être visitées minutieusement; les vieilles écorces
Q) Descript, des Moll. du Portugal.
— 319 —
doivent être soulevées ; les feuilles sèches dispersées, etc,
Dans la saison pluvieuse, la tâche est beaucoup plus facile:
les Mollusques jouissent alors de la plénitude de leurs fa-
cultés; on les voit, surtout le matin, fixés aux feuilles
des arbres, suspendus à leurs troncs ou rampant sur le
sol humide.
Il est une autre région qu'aflectionne particulièrement
un nombre limité de Mollusques terrestres : je veux par-
ler de la zône maritime. Est-ce l'huinidité saline qui fixe
ces animaux sur un rivage souvent dénué: d'abri? Je le
crois d'autant plus volontiers que, dans les pays chauds,
la période de sécheresse n'apporte aucun changement à
leur manière de vivre. Gest ainsi que les grands Papas
jonchent, par milliers, le littoral des Antilles, à l'époque
Ja moins favorable de l'année. Cette influence incontesta-
ble exerce son action partout où l’abaissement de la tem-
pérature ne vient pas la paralyser, Nous pouvons lob-
server en Europe où les conchyliologues ont classé, dans
une tribu méditerranéenne les espèces qui y étaient sou-
mises. La qualification plus large de tribu maritime expri-
merait mieux, peut-être, ce genre de relation. Quoi qu'il
en soit, les bords de la mer, surtout dans les parties ro-
cheuses, doivent fixer l’attention du voyageur qui débar-
que : cette première exploration le conduira à des résul-
tats qui diffèreront sensiblement de ceux qu'il obtiendra
dans la montagne.
Les savanes intermédiaires ne sauraient étre absolu-
ment négligées, surtout dans la saison pluvieuse ; les gen-
res y sont peu variés, excepté à l'approche des montagnes;
ou y trouve, le plus habituellement des Bulimes qui se
distinguent de loin, sur les hautes tiges des graminées.
Les forêts présentent plus de ressources dans les clai-
rières accessibles à la lumière que dans les taillis trop ser-
rés, où l'air ne circule pas et où règne un crépuscule éter-
nel, Lorsquelles sont entrecoupées de marécages, les
Mollusques s'en écartent et n'y multiplient pas : ils se
réunissent au contraire en grand nombre, partout où la
végétation est entremélée de rochers. La configuration
du sol joue encore ici un rôle important, et les bois acci-
dentés l’emportent de beaucoup sar ceux qui s'étendent
uniformément dans la plaine.
_‘Telles sont les données principales qu'une observation
répétée sur divers points du globe m'a permis de recueillir
et que joffre à la méditation du chasseur : il peut être
certain, en appliquant ces règles, d'économiser un temps
précieux et d'obtenir des résultats nouveaux sur un grand
aombre de points qui ont été explorés à l'aventure.
Des cozzecrions en histoire naturelle, et notamment
en CONCHYLIOLOGIE, par M. Perir DE LA SAUSSAYE.
Ce n’est point dans un journal spécialement consacré
aux études conchyliologiques qu 1] sera nécessaire de com-
battre sérieusement cette sorte de défaveur, dont quel-
ques personnes frivoles ont parfois voulu frapper ce
qu'elles appellent la manie des collections : cet anathème
innocent, ridicule, lorsqu'il cache une certaine prétention
à la supériorité de l'esprit, n’a point empêché la maladie
de se répandre partout, et toujours en raison du progrès
intellectuel des sociétés modernes. Nos lecteurs, atteints
comme nous de la contagion, ne trouveront donc pas
mauvais que nous nous abstenions d'énumérer ici les
avantages qu offrent pour l'étude de l’histoire naturelle,
non pas seulement les vastes établissements des capitales,
mais les cabinets plus modestes des villes secondaires, et
se
+
plus encore peut-être les collections des simples parlicu-
liers: quand à ceux-ci, on ne rend pas loujours justice
entière à leurs eflorts, ou plutôt, dirons-nous, il arrive
parfois que nos amateurs n'apprécient pas complétement
la nature des services qu'ils pourraient rendre à la
science, s'ils donnaient à leurs efforts une bonne direc-
tion, et s'ils cherchaient les moyens d'atteindre le but en
limitant leurs sacrifices saus diminuer Ja source de leurs
jouissances.
Il nous a semblé que, sans sortir des conditions que
nous nous sommes imposées en fondant le Journal de
Conchyliologie, nous pourrions y prendre une petite place
pour soumettre à nos souscripteurs quelques réflexions
que nous 6nt suggérées sur cette matière notre opinion
de collecteur et nos relations avec des personnes plus
versées que nous dans la science.
La Conchyliologie comprenant l'étude des mollusques,
des coquilles vivantes et des coquilles fossiles présente au-
jourd'hui un champ sans bornes à explorer : le nombre
des espèces connues est déjà très considérable, et il s'ac-
croît sans cesse, à ce point que le savant le mieux placé
et le plus infatigable n’embrasse qu'avec une sorte d'ef-
froi l’ensemble des matières qui se rattachent à cette bran-
che del'histoire naturelle, dont aucune partie, cependant,
ue doit lui rester étrangère: la tâche qu'il a entreprise
lui devient chaque jour plus épineuse et plus lourde, car,
chaque jour, abondent de nouveaux matériaux à étudier,
et aussi de nouveaux ouvrages à compulser : il lui faudrait,
pour tenir sa collection au courant et sa bibliothèque au
complet, une fortune princière, qu'il n’a pas, et il ne
peut y suppléer, même imparfaitement, qu'en sacrifiant
une portion du temps qu'il destinait à ses travaux.
Si telle est la situation trop réelle du conchyliologue
entouré des richesses scientifiques qu'on trouve dans une
grande capitale, combien sera plus défavorable encore ka
— 322 —
position de l'amateur qui aura eu la pensée de chercher,
dans la formation d'une collection générale de coquilles,
un moyen d'occuper agréablement ses loisirs, en donnant
à ses sacrifices un résultat utile : Il ne se sera pas livré
longtemps à ce plaisir sans y trouver un altrait assez
puissant pour lui faire acquérir bientôt des connaissances
assez élendues ; or, celles-ci feront naître en lui le désir
d'accroître le nombre de ses espèces, et bientôt le besoin
de les étudier dans des ouvrages en général d'un prix très
élevé: cependant, plus il réunira d'espèces dans ses ti-
roirs, plus, par ses études, il y remarquera de vides à
combler; et, en même temps que les dépenses s’accroï-
tront, arriveront les regrets d'avoir voulu trop entrepren-
dre, puis les dégoûts, et enfin l'abandon à vil prix d'une
collection incomplète qui aura néanmoins été payée bien
cher.
Si nous traçons un tableau aussi sombre des désap-
pointements qui peuvent atteindre un collecteur impru-
dent, ce n'est pas à dire que nous veuillions détourner nos
confrères d'une étude favorite, qui, restreinte dans cer-
taines limites, leur procurerait des jouissances non moins
vives, et leur permettrait de se rendre utiles à la science
sans se voir entraînés dans des dépenses exagérées :
Beaucoup d'amateurs, au surplus, n'ont point attendu
ces avertissements pour entrer dans la voie que nous al-
lons indiquer, et nous aurions de nombreux exemples,
des autorités notables à citer à l'appui de conseils que
nous n'adressons évidemment qu'à des collecteurs jeunes
ou inexpérimentés. À ceux-ci nous dirons :
» Mesurez vos forces, consultez vos ressources avant
» d'entreprendre de former une collection générale de-
» vant comprendre Jes coquilles vivantes, les coquilles
» fossiles, les espèces marines, les fluviatiles et les ter-
» restres; remarquez que s'il doit vous être très utile de
» connaître les rapports qui lient les grandes divisions,
_—388f—
les familles et même les genres, il ne vous est pas aussi
indispensable d'avoir sous les yeux cette multitude
d'espèces qui entrent aujourd'hui dans le domaine de
la Conchyliologie. 11 vous suffira de posséder d'abord
une collection de genres, que vous ne parviendrez
même pas à former si promptement que vous n'ayez
pendant longtemps quelque chose à trouver : Lorsque
vous aurez obtenu ce résultat, vous vous sentirez tout
naturellement porté à donner la préférence à quelqu’une
des familles que vous aurez observées soit en raison de
la richesse des couleurs des espèces de celle-ci, soit à
cause des variétés de formes qu'on rencontre dans tel
autre groupe. Saisissez avec empressement cette indi-
cation, et, vous mettant à l’œuvre, attachez-vous uni-
quement à réunir les espèces propres à la famille que
vous aurez adoptée : Vous éprouverez bientôt un vif
plaisir à augmenter le nombre de ces espèces, que
vous pourrez vous procurer sans être obligé à de
trop grandes dépenses : avec du zèle et de la persé-
vérance, vous parviendrez à compléter ainsi une col-
lection spéciale, que l’on consultera avec un véritable
intérêt ; enfin, vous pourrez vous-même en faire un
objet d'études sérieuses, en vous procurant à peu de
frais un petit nombre de monographies. »
C'est en suivant cette marche prudente et rationnelle
que M. G. Récluz est parvenu à former dans quelques
genres, et notamment dans les g. Nerita et Neritina, des
collections importantes qui l'ont mis à même de publier
sur cette famille des travaux dont nos lecteurs peuvent
aujourd'hui apprécier toute la valeur. Si nous ne crai-
gnions d’être indiscrets, nous pourrions multiplier nos
exemples; mais nous croyons avoir signalé d’une manière
suffisante les avantages qu'un amateur intelligent trou-
vera à restreindre dans certaines limites les collections
conchyliologiques qu'il entreprendra de composer.
—
il est une autre méthode adoptée aussi par un assez
grand nombre de personnes qui ont sagement subor-
donné leur zèle pour la science aux ressources bornées
dont elles pouvaient disposer : nous voulons parler des
collections contenant seulement les coquilles particu-
lières à une contrée plus ou moins circonscrite, collec-
lions que nous appellerons géographiques. Il est inutile
de faire remarquer que l'attrait que l'amateur trouve à les
former n'entraïîne pour ainsi dire ni peine ni dépense,
lorsqu'il habite Ja localité : Aussi voyons-nous se multi-
plier en France ce genre de collections, qui offrent l'in-
contestable avantage de faire connaître successivement
nos richesses conchyliologiques, surtout en ce qui con-
cerne les fossiles, les coquilles terrestres et les coquilles
fluviatiles, qui ont fait l'objet de travaux spéciaux d'un
vrai mérite. À cet égard , nous n'aurons pas besoin de
stimuler un zèle dont les résultats seront signalés dans
un résultat bibliographique, que M. l'abbé Dupuy a eu
la bonté de nous promettre; mais nous profiterons de
l'occasion pour appeler l'attention de ceux de nos jeunes
conchyliologues qui habitent le littoral de notre pays sur
les services qu'ils pourraient rendre en s’occupant plus
particulièrement des coquilles marines propres à nos
côtes.
MM. de Gerville, Bouchard-Chantereaux , Collard
Descherres, Payraudeau, etc., ont donné, il est vrai, des
catalogues des mollusques marins observés par eux sur
les côtes de la Manche, à Brest, en Corse ; mais ces tra-
vaux remontent déjà à des époques un peu éloignées, et
ils ne sont pas complets : On a trouvé, depuis, beaucoup
d'espèces qu'ils n'ont pas mentionnées, et, si nous en ju-
geons par les découvertes que les Anglais ont faites chez
eux, nos côtes de la Manche doivent être plus riches
qu'on ne le pense. Nous n'avons presque rien sur les
mollusques des côtes de l'ouest de la France, depuis
— 395 —
Brest jusqu à Bayoune, et nous pourrions en dire autant
de notre littoral méditerranéen : Il y a donc là de très
ütiles recherches à faire, et c'est tout à fait rentrer dans
le sujet que nous voulions traiter, que d'engager noscon-
frères des ports à combler de fâcheuses lacunes en s’atta-
chant à réunir avec soin les mollusques marins qu'ils ont
en quelque sorte sous la main. Les petites espèces et les
bivalves sont principalement celles dont on s’est peu oë-
cupé jusqu à présent, et parmi lesquelles un collecteur aë-
tif trouverait certainement des objets d'étude d'un grand
intérêt. En réunissant ainsi toutes les espèces (avec leurs
variétés) propres à une localité, à l'exclusion de celles de
toute autre provenance, un simple amateur serait bientôt
possesseur d'une coilection précieuse, qui serait consul-
iée avec d'autant plus d'empressement, que les conchylio-
logues savent aujourd'hui à quel point des notions exactes
sur la distribution géographique des mollusques facili-
tent la classification et la détermination des espèces.
Nous ferons à ce sujet un semblable appel aux conser-
valeurs des cabinets d'histoire naturelle de nos villes ma-
rilimes, et nous inviterons chacun d'eux à former, en
dehors de leur collection générale, une collection spéciale
des espèces propres au littoral avoisinant : ils groupe-
raient, de cette manière, sur différents points, des maté-
riaux importants, qui rendraient facile l'exécution d'un
grand travail vivement désiré : l'histoire des productions
des côtes de la France.
S. Perir.
— 326 —
Tasceau méthodique et descriptif des Mollusques ter-
restres et d'eau douce de l’Agenais, par M. J.B.
Gassiss ; 1 vol. in-8° (1849).
M. Gassies a publié, l’année dernière , sous le titre ci-
dessus, la description des Mollusques terrestres fluviatiles
qui se trouvent dans les environs de la ville d'Agen qu'il
habite. L'auteur, à qui ce travail a demandé neuf années
d'études, ne s’est pas borné à présenter une simple nomen-
clature des espèces ; il a fait connaître les caractères exté-
rieurs des animaux, en même temps qu'il donnait la des-
cription de la coquille; il y a aussi ajouté le résultat de
ses observations personnelles, au nombre desquelles il en
est de fort intéressantes, notamment celles quil a faites
sur le Bulimus decollatus; sur ses habitudes, son mode
d’accroissement et sur les moyens que l'animal emploie
pour se débarrasser des tours supérieurs de la spire de sa
coquille. :
On trouve représentées sur quatie planches coloriées
avec soin, plusieurs espèces nouvelles ou peu connues;
‘lu moins comme variétés.
Les premières sont :
Limnæa Trencaleonis, Gassies.
Limnæa Mouletiana, id.
Anodonta Gratelupeana, id.
Pisidium Grassiesianum, Dupuy.
Les secondes sont les suivantes.
Arion Empiricorum, Fer.
Limnæa Opata. Var. Pellucida, etvar. Crassa:
A DNS
Paludina’ Diaphana, Mich.
Valvata Minuta, Drap.
Unio Requienui, Mich.
Cyclas Caliculata. Var. Mancillare.
L'intéressant travail de M. Gassies est précédé d’une
note sur les mots techniques en usage en conchyliologie,
d'observations sur la recherche et la conservation des
Mollusques et de considérations sur l'anatomie, l'embryo-
génie et les maladies de cette classe d'animaux. Ce petit
volume, qui contient cependant plus de 200 pages, estun
de ces ouvrages qu'if est bon de faire connaître : car il sera
utile à tous ceux qui se livrent à l'étude de la Conchylio-
logie, et il sera indispensable à ceux qui s'occupent plus
particulièrement des coquilles propres à la France.
On ne saurait trop louer les personnes qui, comme
M. Grassies, consacrent quelques loisirs à l'étude sérieuse
des productions naturelles de leur pays; et nous engage-
rons vivement ce laborieux conchyliologue à poursuivre
ses recherches : car il est très probable qu'avec sa persé-
vérance et avec l’expérience qu'il a déjà acquise, il trou-
vera de nouvelles occasions d'étendre le domaine de lx
science.
D: -P;
A M. le Rédacteur du Journal de Conchyliologie:
Monsieur le Rédaeteur,
M. Deshayes m'ayant attribué, par inadvertance, d'a-
voir fait l'observation d'un Taret vivant extrait du bois
— 328 —
qui est parvenu à sécréter un nouveau tube calcaire com-
plet (1), je dois, pour rendre hommage à la vérité, rap-
porter à l'auteur véritable, M. Eydoux, médecin de la
marine et mon délégué, au port de Toulon, ce fait qui a
une double importance , que j'ai cherché à établir, dans
une communication faite à la Société philomatique de
Paris. En outre de cette réclamation , j'ai encore rectifié
cette erreur involontaire de M, Deshayes, dans mon Mé-
moire sur les Tarets , inséré dans ce même numéro de
votre journal. (7oir la page 250.)
Veuiliez agréer, etc.
L. Laurenr.
(4) Voir la pag. 33 du n° #+° du Journal de Conchyliologi-.
— GT Q Re — +
ERRATA.
Pag. 236, ligne 6, ajoutez : o’, orifice postérieur de Pappareill:
Même pag., ligne 25, lisez: fig. 43 et 14;
i5 Décembre 1850,
A NE AO ER OR OR AO OA DNA OR AO AA AR OR AR AT RAR AR ON AU AN MON AA A PR A AR AA EE A A EN AN EN On fm
Recuerces sur les mœurs des Tarets, par M. L. Lau-
nenr, docteur ès-sciences, en philosophie et en mé-
decine ; ancien professeur d'anatomie, etc. (1).
(2° et dernier article.)
Etudes de mœurs des T'arets relatives à leur nutrition et à
la conservation de leur vie comme individus.
En exposant les faits relatifs aux particularités des mœurs
des Tarets concernant leur première introduction dans
les bois, nous avons déjà indiqué qu'en perforant et en
creusant les bois, ils en avalent les molécules, qui consti-
tuent la plus grande partie de leurs excréments. Nous
aurons donc à examiner pour quelle part les molécules
ligneuses contribuent à leur nourriture. Mais devant ex-
poser les signes extérieurs au moyen desquels on peut
saisir les particularités des mœurs de ces animaux relati-
ves à toutes leurs fonctions nutritives, nous aurons à exami-
ner successivement ce qui a trait {°à l'absorption de l’eau et
à leurs diverses excrétions, 2° à leur respiration aquatique,
3° à leurs fonctions digestives. On doit prévoir d'avance
que nous ne pouvons et ne devons point entrer ici dans
une description particulière des phénomènes physiolo-
ques de toutes ces fonctions. Nous nous proposons seule-
ment d'exposer succinctement les résultats de nos obser-
vations, corroborées par celies de M. Eydoux, sur ce point
de l'histoire des mœurs des Tarets.
Dans l'exposé succinet de ces observations, il importe
(4) Voir pages 250-276,
22
— 330 —
de faire connaître 1° les circonstances dans lesquelles sont
placés les animaux qui en sont le sujet ; 2° les signes éthi-
cologiques ou des particularités de mœurs qu'elles nous
ont fournis, 3° comment on peut en tirer des consé-
quences scientifiques, en les rattachant aux principes po-
sés ci-dessus. (77. p. 255-258.)
A. Circonstances. Gelles dans lesquelles les Tarets sont
placés natureilement sont très variables. C'est, en géné-
ral sur le littoral de la mer, plus ou moins tourmenté
par les mouvements des marées, par des courants et par
les chocs des lames ou des flots qui remuent plus ou moins
profondément les galets, la vase et le sable, qu'on peut
observer ces Mollusques, qui peuvent même vivre et se
reproduire dans des circonstances défavorables, pourvu
au'ils puissent y trouver des bois pour s’y établir.
Pendant le cours de nos voyages sur mer, ayant eu
l’occasion de visiter des bois recueillis sous voile à une
très grande distance de la terre, nous n'avons jamais ob-
servé que ces bois, quiétaientdes pièces de mâture, fussent
piqués par des Tarets. Nous n’y trouvions que des bala-
nes et des fucus. Tout ce qu'on connaît des mœurs des
Tarets porte donc à croire que, dans aucun cas, ces ani-
maux ne peuventêtre considérés comme pélagiens, en rai-
son de ce que, lors même qu'on trouverait en pleine mer
divers bois piqués par des Tarets (portions d'arbres entraî-
nés par des fleuves, épaves et pièces de mâture neuves),
on devrait les considérer comme ayant pu être transpor-
tés plus ou moins au large par les grands mouvements et
les courants des grands fleuves et de la mer, soit norma-
lement, soit à la suite d’ouragans ou de tempêtes et de
grandes inondations. On ne doit donc point s'attendre
à faire des observations sur les T'arets en mer: il serait
possible de faire quelquesrecherches sur les rades foraines;
mais c’est particulièrement dans les rades et les ports, plus
ou moins bien fermés (lorsque les aflluences d’eau douce
— 331 —
plus cu moins pure ou fétide ne se mélangent pas en très
grande proportion à l'eau de mer, de manière à tuer ces
Mollusques), qu'on peut se livrer à des études fructueuses.
L'étude particulière des localités dans lesquelles les
Tarets peuvent vivre a semblé, à quelques ingénieurs de
la marine française, pouvoir permettre la distinction en
deux catégories, savoir :
1° Les localités dans lesquelles les Tarets peuvent con-
tinuer de vivre, mais sans se reproduire.
2° Celles dans lesquelles ïis peuvent en même temps
vivre et se propager.
Nous aurons occasion de prouver que, dans aucun cas,
si ce n'est très exceptionnellement, cette distinction pour-
rait être admise.
Les études de quelques points du littoral de la France,
que les instructions relatives à notre mission scientifique
nous prescrivaient d'explorer, et celles que nous avons
avons cru devoir y ajouter, proprio motu, nous ont con-
duit naturellement à constater les résultats suivants :
Ie Il convient, dans l'étude des mœurs des Tarets sur
les lieux dans lesquels ils exercent leurs ravages, d'établir
d'abord la distinction des rades, ports et darses en ceux
à marée et ceux sans marée, et d'avoir égard en même
temps à la situation de ces ports, soit sur le littoral de la
mer, soit sur un fleuve à une distance plus ou moins
grande de son embouchure, soit enfin en même temps
sur le littoral de la mer ct à l'embouchure d’un ou de
plusieurs fleuves.
II° Au moyen de ces premières distinctions, auxquelles
on doit joindre une étude topographique détaillée, on
on peut facilement apprécier trois ordres de circonstan-
ces qui sont les suivantes :
1° Les affluences des eaux de la mer, en ayant égard
aux mouvements de la marée, aux vents régnants et aux
saisons, selon les climats.
— 332 —
3° Les afiluences des divers cours d'eau douce, depuis
les plus grands jusqu'aux plus petits, soit permanents, soit
temporaires, en ne négligeant point la qualité de l’eau, soit
pure, soit plus ou moins putride.
30 La conformation des lieux (relief du sol et sinuosi-
tés du rivage) et surtout les divers établissements formés
dans ces lieux pour les besoins de la marine militaire, et
pour ceux de la marine commerciale et pour les pêches.
HI Enfin toutes les données qu'on recueille, en étu-
diant avec soin les distinctions et les circonstances que
ous venons d'indiquer, fournissent les moyens d’appré-
cier les circonstances biologiques dans lesquelles les Ta-
rets peuvent ou ne peuvent pas vivre ou se reproduire.
Il nous suffit, ici, de distinguer ces circonstances en
favorables, en mixtes et en défavorables. Les détails sub-
séquents qui nous seront fournis par l'étude des signes
éthicologiques nous permettront bientôt de les apprécier
expérimentalement.
B. Signes éthicologiques. Les malacologistes, familiarisés
avec les connaissances acquises en anatomie et en physio-
logie des Mollusques en général, avec les mêmes notions à
l'égard des Mollusques acéphalés et avec celles de la famille
des Tubicolés de Lamarck, sont ainsi mis sur la voie des
déterminations nécessaires pour apprécier le genre d’exis-
tence et les habitudes des animaux de cette dernière fa-
mille, parmi lesquels les Tarets occupent un rang assez
remarquable entre les Gastrochènes et les Pholades. Mais
lors même que les données fournies par l'anatomie et la
physiologie comparée des Mollusques ne seraient point
acquises, tout observateur judicieux reconnaîtrait facile-
ment que Îles eaux de la mer et l'intérieur des bois doi-
vent fournir aux Tarets et aux autres Mollusques Xylo-
phages, tout ce qui est nécessaire à leur vie nutritive. On
sait que le bois creusé en une seule galerie par chaque
individu sert d'habitat étroit dans lequel l'animal se
ZA EE
trouve néanmoins à l'aise pour y remplir et exécuter tou-
tes ses fonctions. Il peut, en effet, s’y mouvoir en s’allon-
geant pour appliquer ses deux coquilles, en forme de ta-
rière, contre le fond de la galerie, et s’en servir pour creu-
ser sur ce point et enlever, en l’avalant, la rapure : et c’est
ainsi que la galerie, toujours plus grande dans cette por-
tion correspondante à l'extrémité orale de l'animal, se
trouve prolongée et se prête ainsi à l’accroissement pro-
gressif du Taret. La plupart des malacologistes et des
observateurs sont tous d'accord sur ce point. Le Taret ne
sort pas et ne pourrait même sortir de son habitat ligneux,
pour aller chercher sa nourriture; aussi est-il entièrement
dépourvu de moyens de locomotion générale et transla-
tive, et il ne peut qu'exécuter sur place les mouvements
d'élongation et de rétraction de son corps, pour s’appli-
quer contre le fond de sa loge, ou s'en éloigner dans cer-
tains cas, qui constituent une particularité de ses mœurs
encore peu conrues.
Ces réflexions sur le lieu dans lequel chaque individu
du genre Taret et de plusieurs espèces de la famille des
Tubicolés de Lamarck est emprisonné fatalement, étaient
convenables pour faire mieux sentir la nécessité indispen-
sable de toutes les conditions d'existence que les eaux de
la mer fournissent à ces animaux. Nous avons étudié les
Farets sous le point de vue de leurs fonctions nutritives
dans trois états ou situations, afin d'avoir à cet égard des
résultats positifs et négatifs confirmatifs les uns des autres.
: Ges trois états ou situations sont : 1° l’état naturel, 2° l'ani-
mal extrait du bois et placé dans l’eau de mer, 3° l’ani-
mal dans le bois ou hors du bois et placé dans l'air.
Observations sur les signes extérieurs des fonctions
nutritives des Tarets dans leur état naturel; c'est-à-dire
laissés dans les bois et dans l’eau de mer pure et renouve-
lée soigneusement. On sait que ces animaux, étudiés par
un très gran] nombre d'observateurs, font sortir près
SAS
de l’orifice extérieur, en général petit, de leur loge, deux
longs tubes ou siphons qui sont absolument semblables à
ceux d’un très grand nombre d'espèces de Mollusques acé-
phalés. Ces siphons, qui sont très longs et très saillants
en dehors de l'orifice du bois, lorsque l’animal est tran-
quille, et pendant le beau temps, rentrent et ressortent
fréquemment, lorsqu'on l'inquiète, ou bien ne saillent
que très peu en dehors de l’orifice du bois, ou même res-
tent béans au niveau de cet orifice. De toutes les parties du
corps du Taret, il ne paraît donc à l'extérieur que les deux
siphons qui, de même que dans tous les Mollusques acé-
phalés, remplissent les fonctions, l’un (l’inférieur) de tube
afférent, et l’autre (le supérieur, plus petit,) de tube eflé-
rent. Le premier introduit dans le corps de l'animal les
matériaux nutritifs, et le deuxième rejette tout ce qui doit
sortir de leur organisme. Il arrive aussi, quelquefois, que
ces deux siphons, rapprochés ou écartés, sécrètent une
sueur mucoso-calcaire qui forme alors une tube calcaire
extérieur simple ou double et saillant au-delà de l'orifice
ou trou du bois.
Ces trois faits (introduction de l'eau par le tube afférent,
rejet des matériaux excrétés par le tube efférent, et quel-
quefois formation d’un tube calcaire, fonctionnant comme
étui protecteur des siphons) peuvent être considérés
comme trois signes éthicologiques extérieurs qui peuvent
très bien servir à la détermination des fonctions nutriti-
ves qui s’accomplissent dans toute la partie du corps de
l'animal plus ou moins profondément cachée dans le bois.
1° L'eau introduite par le tube afférent parcourt tout
le canal cutané, constitué par le manteau fermé en des-
sous du corps de l'animal, et arrive jusqu'au fond ligneux
de la galerie.
Cette eau étant aérée est le véhicule de l'air qui sert
à une respiration brarchiale aquatique; elle tient cons-
— 335 —
animent en suspension les molécules provenant du dé-
tritus des corps organisés marins et des animaux ou des
végétaux microscopiques ; et ces molécules, provenant de
l'extérieur, se joignent aux molécules ligneuses de la ra-
pure du bois sans cesse ramolli ou macéré par l'eau pour
constituer aliment habituel des Tarets. Cette déglutition
des molécules alibiles venant du dehors ou provenant du
fond de la galerie ligneuse n'est point observable directe-
ment, mais il devient facile de la constater, en étudiant
les phénomènes subséquents que nous allons bientôt
exposer. On peut préalablement déterminer, par l'obser-
vation microscopique, l'existence des molécules organi-
ques et celle des animaux et des végétaux microscopiques
que l’eau de mer contient, et étudier également, sous
le microscope, les molécules des bois dans lesquels vivent
les Tarets, après avoir détaché ces molécules au moyen
d'uue lime très fine. Cette étude préalable des matériaux
présumés nutritifs des Tarets aura bientôt son application.
Si l’eau de mer introduite par le tube afférent fournit à
l'animal les matériaux nécessaires pour la respiration et
pour la digestion, on est en droit de penser qu’en outre
de la portion de cette eau mêlée aux substances alibiles,
une autre portion de celle qui baigne toute la périférie
des siphons, du canal des branchies, et de la cavité du
manteau qui enveloppe la masse des viscères digestifs
et reproducteurs, est absorbée par les tissus périfériques
de ce canal, et pénètre dans l'intérieur de l'organisme pour
entretenir, dans tous les autres tissus vivants, leurs pro-
priétés vitales.
Lrois grands phénomènes physiologiques (respiration,
digestion et imbibition des tissus vivants), nonobstant
l'impossibilité de voir les Tarets respirer, digérer et ab-
sorber de l’eau, sont cependant indiqués à l'extérieur par
le besoin plus où moins vif qu'éprouve le Taret de faire
pénétrer l'eau de mer dans son corps, au moyeu de son
==.330
tube aflérent dont l'orifice, garni de papilles, s'épanouit
pour l'aspiration de l’eau et se resserre pour fermer le
passage aux corps étrangers non imoléculaires. Ce qu'on
est en droit de soupçonner à cet égard peut, au reste, être
confirmé en étudiant les matériaux expulsés par le tube
efférent ou le siphon supérieur plus petit.
2° L'étude de ce qui sort par ce siphon en fournit l'énu-
mération suivante savoir : d'abord l’eau, qui après avoir
servi à la respiration, a besoin d’être renouvelée, puis-
qu'elle contient de l’air vicié par cette fonction, ensuite
les matières fécales, résidu de la digestion stomacale et
intestinale; quelquefois des mucosités excrétées par le
canal du manteau , et enfin les produits de la génération
que nous étudierons en traitant de la propagation des
Tarets.
L'excrément de la respiration ou l'eau viciée ne peut
être démontré que par l'expérience, en asphyxiant ces
animaux au moyen d’une nappe d'huile à la surface de
l'eau de mer contenue dans les vases où sont placés les
bois remplis de Farets vivants.
Mais l'excrément de la digestion étant solide et sous
forme d'un bol fécal cylindroïde, on peut en recueillir
une très grande quantité, On y distingue d'abord, à la vue
simple, ensuile à la loupe, et enfin au microscope, les
molécules ligneuses des bois ravagés par ces animaux, et
ces molécules qui constituent la plus grande partie de ces
excréments sont mélés aux résidus des autres substances
organiques apportées par l’eau venue de l'extérieur. Les
résultats de ces observatisns confirment donc ce que l’é-
tude préalable de l’eau de mer et des bois limés et non
ingérés a dà fournir à ces résultats d'observations micro-
graphiques comparatives; il faut encore joindre ceux que
peut fournir l’analyse chimique comparative des substan-
ces alibiles avant et après leur ingestion et leur rejet;
mais ces données fournies par l'observation microsCOpi-
— 337 —
que et par l'analyse chimique appartiennent plutôt à la
physiologie comparée et peuvent être négligées dans des
études de mœurs.
Attendu que ce n’est qu'éventuellement et dans des
cas de maladie que les deux tubes ou siphons des Tarets
peuvent rejeter des flocons ou des amas de mucosités plus
ou moins abondantes, il n’y a point lieu de s'arrêter à la
considération de ce phénomène exceptionnel; mais toute
la peau externe des Mollusques, en général, sécrélant un
suc mucosocalcaire qui, dans les Acéphalés, en forme les
coquilles et leurs annexes, il importe beaucoup d'avoir
égard à la formation du tube calcaire, simple ou double,
qui, se prolongeant au-delà de l'orifice du bois, sert d’étui
aux deux siphons.
3° Quoique ce fait soit exceptionnel, attendu qu'il se
produit, à l'extérieur du bois, dans des Tarets parfaite-
ment sains, nous pensons qu'on peut et qu'on doit même
le considérer comme un signe éthicologique qui indique
à l'extérieur ce qui s'effectue dans les autres régions de la
peau qui sont cachées dans le bois. On sait, en eflet,
qu'en outre de l’excrétion mucosocalcaire du rebord anté-
rieur de la portion du manteau qui entoure la bouche et
le pied tronqué des Tarets, il se fait dans tous les Mol-
lusques de ce genre, une autre excrétion mucosocalcaire
sur toutes les autres parties de leur peau externe. C'est à
l’excrétion du rebord antérieur du manteau qu'est due la
formation de la coquille bivalve, relativement si petite et
si courte dans toutes les espèces de Tarets; tandis que
l'excrétion mucoso-calcaire fournie par toute la peau, au-
delà, et en arrière de la coquille, forme le tube calcaire
adhérent au canal ligneux qui nous a paru devoir étre
considéré comme représentant simplement la lame in-
terne et blanche des coquilles de tous les Mollusques en
général, Nous reviendons , au reste , bientôt sur ce sujet
et nous bornons là l'étude des signes éthicologiques four-
pan
nis par l'observation des Tarets dans leur état naturel,
c'est-à-dire vivant en pleine santé dans les bois, placés
dans des vases contenant de l’eau de mer renouvelée fré-
quemment et ne montrant à l'extérieur que leurs siphons.
Nous passons maintenant à l'étude des Tarets extraits
du bois et susceptibles de vivre quelques mois dans des
vases contenant de l’eau de mer très propre et renouvelée.
Observations sur les signes extérie rs des fonctions nutri-
tives des Tarets extraits du bois et placés dans l'eau de
de mer fréquemment renouvelée.
Il ne paraîtra pas inutile d'indiquer ici les précautions
que nous avons dû prendre pour extraire les Tarets des
bois sans les blesser.
Attendu qu'on détruit et qu'on déchire un très grand
nombre de ces Mollusques, lorsqu'on fend les bois qui en
sont remplis, d'abord avec la hache, ensuite avec des coins
en fer ou en bois qu'on enfonce avec des marteaux, nous
avons été conduits à éviter une très grande partie de ces
inconvénients, en formant des pièces de bois de quinze
centimètres d'épaisseur, avec des planchettes très minces
(chacune de trois millimètres et un mètre de longueur). Ces
planchettes étaient fasciculées et fortement pressées Îles
unes contre les autres; et lorsque les pièces de bois,
préalablement divisées en planchettes très minces, ontété
exposées à l'action des Tarets, il a été possible, en écar-
tant les planchettes, après avoir enlevé l'appareil qui les
pressait l’une contre l'autre; il a été possible, disons-nous,
d'obtenir ainsi un très grand nombre de ‘Farets entiers,
bien vivants et très sains, en raison de ce que ces animaux
avaient le plus généralement travaillé dans la Jongueur du
bois entre deux planchettes, de manière à ce que cha-
cune d'elles portait la moitié de l'empreinte de la galerie.
Quelques Tarets pourtant avaient percé le bois perpendi-
culairement à la longueur de ses fibres,
— 339 —
On voit que, par ce procédé expérimental, on peut
ouvrir les bois piqués par des Tarets vivants comme on
ouvre, en les séparant, les feuillets d’un livre. Ce résultat,
que nous avions prévu, et qui permet d'obtenir des Tarets
dans les conditions les plus favorables pour les observer
après leur extraction du bois, a été confirmé par la véri-
fication qui en a été faite par M. Eydoux , en novem-
bre 1848.
Les Tarets extraits avec soin du bois et placés dans des
vases contenant de l’eau de mer propre et renouvelée, en
sont toujours retirés nus et dépouillés de la totalité de
leur tube calcaire, qui reste adhérent au bois. Dans quel-
ques cas seulement ces animaux entraînent avec eux quel-
ques portions de leur tuyau calcaire, soit du milieu, soit
celle qui recouvre les siphons.
Ces animaux, soit complétement nus, soit recouverts
de quelques fragments ou segments de leur tube, nonobs-
tant la pureté de l’eau de mer etla température favorable de
la belle saison, ou celle d’un appartement non froid, n'en
sont pas moins dans des circonstances insolites qui, sans
nuire à leur existence et à leur santé, ralentissent au
moins tous les phénomènes de leur vie.
Il convient de distinguer ces individus extraits du bois
en ceux d'une vitalité moindre, ceux assez vigoureux
et ceux qui ont le plus d'énergie vitale.
A l’époque où nous faisions ces observations (1845
et 1847), c'était sur des individus de l'espèce Teredo
senegalensis, ou d'Adanson, que nous opérions; et les
individus que nous recueillimes étaient de la première
catégorie, c'est-à-dire les moins forts ; aussi les trois faits
que nous avons constatés à l'extérieur, sur Îles T'arets
vivant dans le bois, ont été modifiés ainsi qu'il suit :
{° Le courant de Peau entrant par le siphon afférent,
moins rapide et moins fréquent, porte bien dans l'animal
l'eau aérée pour la respiration et les molécules alibiles
— 340 —
pour la digestion, en outre de l'eau nécessaire pour l'im-
bibition des tissus, mais, comme nous allons le voir, le
Faret est privé de la substance nutritive fournie par des
molécules ligneuses et imprégnées d’eau, et mêlées à d’au-
tres substances organiques.
2 Le courant de l’eau sortant par le siphon efférent
porte bien au dehors de l'animal l'eau viciée par la respi-
ration et des molécules imperceptibles, résidu des feces
de la digestion, mais on ne recueille aucun bol fécal for-
mé par les molécules ligneuses, surtout lorsque le Taret
est depuis quelques jours extrait du bois ; aussi l'animal
diminue de volume et de taille graduellement, mais len-
tement.
3° Toute la peau externe laisse suinter une couche de
mucosité plus ou moins abondante, et l'on voit à travers
cette peau translucide le cœur (ventricule et ses deux
oreillettes), dont les pulsations semblent être ralenties,
de même que les autres fonctions : ce qui est indiqué par
les mouvements lents et peu fréquents des deux siphons
que le Taret n’allonge et n'épanouit que très rarement.
Dans les individus extraits du bois et moyennement
vigoureux, toujours placés dans les mêmes circonstances;
le ralentissement de tous ces phénomènes physiologiques
est moindre; mais d'après les observations propres à
M. Eydoux, la sueur ou l'excrétion cutanée plus abon-
dante, fournit une mucosité calcaire suffisante qui se mou-
lant sur le corps de l’animal, devient un tube calcaire très
mince et plus ou moins incomplet. Mais dans un certain
nombre d'autres Tarets, appartenant à l'espèce Teredo
senegalensis , ou d'Adanson, chez lesquels le ralentisse-
ment des fonctions vitales était moindre, et qui ont sem-
blé à M. Eydoux tenter de ronger les morceaux de bois
qu'il mettait auprès d'eux, la sécrétion de la peau fournit
une matière mucoso-calcaire assez abondante pour former
un nouveau tube calcaire complet dans lequel l'animal
MUR Den
se retire, se renferme complétement, du côté de la bouche,
au moyen d'une cloison épiphragmaire complète, et se
relire aussi du côté des siphons, en y formant des cloisons
incomplètes, pour laisser sortir, au besoin, ses deux tu-
bes charnus. Nous avons constaté que le même phéno-
mène doit se passer chez les Tarets vivant dans les bois, et
que, dans certains cas, dont les conditions sont ignorées,
ces animaux semblent être dans un état d’hibernation, puis.
qu'on voit, dans des morceaux de bois criblés de Tarets,
leur tube calcaire, fermé du côté de la bouche par plusieurs
cloisons épiphragmaires, ce qui indique le retrait succes-
sif du corps de l'animal de ce côté, puisqu'on trouve éga-
lement un très grand nombre de cloisons calcaires incom-
plètes du côté des siphons.
Les observations de M. Eydoux, jointes à celles que
nous avons faites sur les tubes calcaires cloisonnés des
Tarets, renfermés dans le bois, nous semblent suffisantes
pour admettre que les Tarets, plus ou moins âgés, sont
sujets à l'hibernation.
Il ÿ aura lieu de déterminer ultérieurement les circons-
tances qui président à cette particularité de mœurs de
ces animaux, et den constater la durée, si cela est possible.
Observations sur les signes négatifs des fonctions nutritives
des T'arets retirés de l'eau de mer.
Ces animaux, retirés du milieu ambiant où ils vivent,
doivent être distingués en ceux qui sont dans le bois,
ceux qui en ont été retirés, et enfin ceux qu'on peut alter.
nativement retirer du bois et y replacer.
Lorsqu'ils sont hors de la mer, ces animaux, encore
dans le bois, ou en ayant été retirés, peuvent être recou-
verts de sable ou de vase qui, dans le second cas (animal
hors du bois), comprime et aplatit le corps du Taret, qui
ne tarde pas à mourir. Mais dans le premier cas (animal
dans le bois), toutes les fonctions nutritives sont suspen-
dues ou trés ralenties , surtout si l’humidité du sol y fait
pénétrer l'aliment de la respiration (un peu d’eau aérée).
Hors de l’eau de la mer, le Taret adulte, placé dans sa
loge dans un boïs plus ou moins humide et sur un sol plus
ou moins impréoné d'eau, et en contactavec l'air, dans les
climats divers et pendant les différentes saisons, n éprouve
qu'un ralentissement de ces fonctions nutritives les plus
nécessaires à la vie, et il est probable que la manducation
et la digestion sont suspendues, soit pendant l'intervalle
des marées, soit pendant tout le temps du séjour des bois
humides qui renferment des ‘Farets vivants, sur un sol
et dans un air plus ou moins humide. Dans ces cas, l’ani-
mal, quoique vivant, même pendant plusieurs jours, ne
sort point des siphons et ne donne aucun signe extérieur
de vie.
Lorsque les bois, soit nus, soit recouverts d'algues ma-
rines, ne sont plus recouverts d'eau de mer, pendant le
jusant, ou lorsqu'on les a retirés de l’eau, les très jeunes
Farets à l’état de larve peuvent encore vivre pendant plu-
sieurs heures, et même pendant plusieurs jours, si la su-
perficie des bois dans lesquels ils se sont nichés conserve
son humidité entretenue par celle des fucus et des algues
marines, surtout pendant les saisons et dans les climats
pluvieux. Mais dans tous ces cas, lorsqu'une nappe d'eau
de mer ne recouvre pas les bois, les fonctions nutritives
sont au moins ralenties, sinon complétement suspendues.
Enfin, lorsque les Tarets adultes et les três jeunes à
‘état de larves sont extraits du bois et placés dans l'air, la
partie du corps des premiers qui est à uu et sans tube
calcaire s affaisse, s'aplatit, laisse suinter l’eau qui imprè-
gneses Lissus vivants, et la dessiccation qui s'opère plus ou
moins rapidement, dans un air plus où moins sec, sus-
pend ou détruit toute l'activité vitale de l'animal. Nous
a'avons point encore expérimenté si, de même que cer-
— 343 —
tains Mollusques, les Tarets, desséchés lenteinent, sont
susceptibles d'être rappelés à la vie : ce qui ne serait pas
impossible, en prenant certaines précautions.
On concoit très facilement que les larves de Tarets
extraites du bois et placées dans un air plus ou moins
humide ou sec, se cachent complétement sous leur co-
quille embryonnaire qui recouvre entièrement leur corps,
et que l'action desséchante de l'air a d'abord moins de
prise sur eux. En se cachant sous cette coquille, pour se
dérober à l’action nuisible pour eux de l'air, ils suspen-
dent toutes leurs fonctions nutritives, qu’on peut alterna-
tivement ranimer et raviver ou ralentir, en leur rendant,
ou leurretirant l’eau de mer; etdans ce cas, ce sonttoujours
les deux siphons, lafférent surtout, qui donnent à l’exté-
rieur les signes positifs ou négatifs de ces fonctions plus
ou moins nécessaires à la vie de ces animaux.
Les phénomènes de l'hibernation et de la possibilité
de résurrection des Tarets adultes et de ceux à l’état de
larve nous semblent, en l’état actuel de la physiologie et
de l'éthicologie comparées, mériter de fixer l'attention des
observateurs et des expérimentateurs, en raison de Fim-
portance de lapplication des connaissances qu'il serait
urgent d'acquérir, sur ces deux points, aux sciences z0olo-
giques ét aux arts industriels.
Conséquences qu'on peut tirer des études qui précèdent.
En rattachant nos observations sur les mœurs des Ta-
rets relatives à leurs fonctions nutritives, aux circons-
tances diverses dans lesquelles ces animaux peuvent vivre,
il devient maintenant facile d'apprécier la nécessité de
la distinction de ces circonstances en favorables, en mixtes
et en défavorables à la vie de ces animaux.
Les premières sont évidemment : 1° l'abondance de
l'eau de mer, dont la pureté est entretenue par les
mouvements des marées, ceux des courants et ceux des
7e
flots, ete.; 2° la présence des bois, quelles que soient leur
essence , leur dureté ou leur mollesse , leur fraîcheur ou
leur vétusté et même leur décomposition ; 3° l’absence de
leurs ennemis, qui sont très nombreux el parmi lesquels
figurent surtout les Annélides, un grand nombre d'es-
pèces de crustacés, parmi lesquelles figure au premier
rang la Limnoria terebrans.
Les circonstances défavorables ou contraires à la vie
des Tarets sont toutes les causes qui altèrent la pureté de
l'eau de mer (affluences d’eau douce pure ou putride),
les fonds vaseux , la stagnation et le retrait permanent
de la mer, le manque de bois pour s’y micher et la pullu-
lation des animaux qui les attaquent et s'en nourrissent.
Les circonstances mixtes sont nécessairement les alter-
nances périodiques ou irrégulières de ces influences, les
unes favorables , les autres défavorables , auxquelles il
faut joindre les tempêtes, les ouragans qui détruisent une
portion des constructions hydrauliques fixes, qui, en dis-
persant les débris de navires, en tuent d’une part un
très grand nombre, et, d'autre part, disséminent ceux
qui vont pulluler dans d'autres localités (1).
Une autre conséquence de ces études nous semble de-
voir être, dans un avenir plus ou moins éloigné, l'insti-
tution d’un système d’'expérimentation sur les Tarets et
les autres animaux nuisibles aux bois et aux matériaux
employés dans les constructions hydrauliques et navales.
Ce système d'expériences scientifiques , relatives aux
mœurs de ces animaux et aux applications qui devraient
en être faites au perfectionnement de la malacologie et
des autres branches de la zoologie, ainsi qu’à l'économie
du matériel des grands services publics, pourrait être ex-
posé et développé dans des cours en même temps théo-
(1) Voyez , au sujet de l'apparition et de la disparition des Tarets
dans quelques parties des côtes de l'Angleterre , le Mémoire de Wil-
liams 1 hompson, inséré dans le nouveau Journal philosophique d’Edin-
burg, 1835, 18° vol.
LE —
riques, pratiques et critiques chez les nations maritimes
de l'Europe, quien reconnaîtront plus ou moins prochai-
nement la nécessité,
Enfin, la conséquence scientifique qu'on peut en tirer
le plus immédiatement doit être, sans contredit, de com-
parer les données fournies par ces études de mœurs avec
celles de l'anatomie et de la physiologie comparées des
Mollusques en général, et principalement des Mollusques
acéphalés et surtout de la famille des Tubicolés de La-
marck. Mais, si la comparaison des études de mœurs des
Tarets relatives à leurs fonctions nutritives avec celles
qu'on peut faire sur le même sujet dans d’autres familles
malacologiques, doit être d’une utilité incontestable,
cette utilité se fait encore plus vivement sentir, lorsqu'il
s agit de l'étude des mœurs des Tarets relatives à leur re-
production ou à leur propagation.
Etudes de mœurs des Tarets relatives à leur propagation ou
à la conservation de leur vie comme espèce.
Nous avons déjà constaté que les Tarets qui appartien-
uent au groupe des animaux dont l'individualité isolée
est bien distincte, et qui sont fixés dans un lieu et un ha-
bitat duquel ïls ne doivent et ne peuvent plus sortir,
n offrent à l'observateur qui étudie leurs mœurs relatives
à leurs fonctions nutritives, qu'un petit nombre de phé-
nomènes extérieurs, qui sont cependant des signes éthi-
cologiques suffisants pour, à l’aide de ce qu'on sait en
anatomie et en physiologie comparées des Mollusques acé-
phalés, en déduire des notions assez positives à l'égard
de toutes les fonctions relatives à la conservation de la
vie comme individu; et l’on doit déjà présumer qu'il en
sera de même à l'égard des fonctions relatives à la vie
comme espèce, c'est-à-dire à tous les phénomènes dont
la succession constitue l'acte de la reproduction et de la
pro pagation à
23
— 346 —
Voici à quoi se réduit le petit nombre de signes éthico-
logiques des fonctions de la reproduction, dont les unes
s'effectuent dans la portion du corps de l’animal cachée
dans le bois, et dont les autres se passent à l'extérieur et
dans l'eau de mer placée autour des pièces de bois plus
où moins ravagées par les Tarets.
Ces signes, dont l'interprétation doit être faite avec
prudence, sont : 1° les mouvements de deux siphons qui
saillent du bois, et surtout ceux du siphon supérieur où
le plus petit (1); 2 l'expulsion de petits corps sphériques
jaunes entraînés par le courant qui sort du siphon supé--
rieur et cflérent (2); 3° les mouvemens qu'exécutent bien-
tôt ces corps jaunes, que nous avons déjà fait connaître
comme étant les très jeunes Tarets à l’état d'embryons par-
faits et naissants, qu'on a pu considérer comme des sor-
tes de larves de ces animaux, ce que nous avons dit en
traitant Ja question de leur introduction dans les bois.
1 Eur. Mouvements des siphons. Parmi les premiers
observateurs qui ont étudié les mœurs des Tarets, il s'en
est trouvé (V, le mémoire de Rousset sur les Tarets, 1733)
qui, croyant que les sexes étaient séparés chez ces Moilus-
ques, avaient pensé que les individus mâles etles individus
femelles, rapprochés dans l'intérieur des bois qui en sont
remplis, se inettaient en reiation pour l’acte générateur ,
(4) Pour justifier la dénomination de siphon supérieur donnée au
siphon excréteur, qui est aussi le plus petit, il faut, quelle que soit la
position des bois dans la mer et celle d’un Taret dans l’intérieur de ces
bois, il faut, disons-nous, supposer que l’animal extrait du bois, ou laissé
dans son habitat, est placé horizontalement devant l’observateur et que,
dans cette position, toute ia partie du corps où se trouve la charnière de
la coquille et le cœur, partie considérée comme le dos de l’animal, soit
dirigée èn haut ou vers le ciel.
(4) Nous n’avons jamais vu sortir par ce siphon un liquide blanchôtre
contenant des zoospermes. Il nous estarrivé, deux ou trois fois seulement,
de recueillir pres du corps des Tarets, extraits du bois et placés dans des
vases contenant de l’eau de mer, une petite quantité d’un liquide vis-
queux blanchâtre qui, étudié sous le microscope, ne nous a présenté que
des globules et des granules très petits.
— 347 —
etqu'en rapprochant jusqu'au coutact leur siphon, ils exé-
cutaient une sorte de copulation, et qu’ils pouvaient même
s’exciter réciproquement soit à la sécrétion, soit à l’ex-
pulsion des produits reproducteurs (œufs et zoospermes),
ce qui pouvait bien être ; mais ce n'était là qu'une hypo-
thèse dont la vérification n’a pu être faite.
Si l'on pouvait parvenir à démontrer que les sexes sont
réellement séparés dans toutes les espèces du genre Ta-
ret, les mouvements et le contact de ces siphons ne se-
raient même pas une condition sine qui non , pour l'ex-
pulsion des deux produits générateurs (œufs et zoosper-
mes), en admettant que les Tarets soient ovipares et que
Ja fécondation des œufs se fasse à l'extérieur, ce qui a
lieu, en effet, chez un assez grand nombre d'espèces de
Mollusques acéphalés, dont la dioïcité ou séparation des
sexes est maintenant bien constatée.
D'après nos observations fréquemment répétées, les
mouvements des deux siphons, et surtout ceux du siphon
excréteur, n'auraient aucune signification relative au phé-
nomène de la reproduction, et il y aurait lieu seulement
de s'enquérir de la position et des degrés d'allongement
et peut-être de quelques mouvements du siphon excré-
teur, pendant qu’il expulse les corps jaunes sphériques
en les rejetant à une distance plus ou moins grande de
l'extrémité de ce siphon.
2° Far. Æxpulsion des produits nécessaires à la re=
production. Nous venons de constater que les siphons,
qui sont les seules parties des Tarets visibles à l’exté-
rieur, ne donnent aucun signe qui puisse faire croire à
une véritable copulation, et nous avons fait remarquer
qu'un véritable accouplement n'est pas nécessaire chez
les Mollusques acéphalés dioïques, chez lesquels, en gé-
néral, on ne peut reconnaître les sexes et différencier
les mâles des femelles au moyen de quelques signes ex
térieurs (différences de taille, de forme extérieure et dé
— 348 —
celle des siphons). Il re reste donc que le deuxième fait,
c'est-à-dire l'expulsion des produits reproducteurs, qui
puisse guider d'une manière certaine un observateur dans
la recherche des particularités de mœurs relatives à ce
fait. Mais, si les T'arets renfermés dans le bois ne four-
nissent aucune autre indication , pourrait-il en être diffé-
remment à l'égard des Tarets extraits du bois et pouvant
vivre dans des vases contenant de l’eau de mer , en ad-
meéltant que ces animaux ne se recouvrent point d'un
rouveau tube calcaire , qui cacherait de nouveau toute
la partie de leur corps dans laquelle se passent les prin-
cipaux actes de la reproduction.
Tout le corps de ces Farets, assez vigoureux pour vi-
vre hors du bois un temps plus ou moins long dans l'eau
de mer, restant toujours nu, ne nous a offert, dans les
nombreux individus de l'espèce Teredo Senegalensis ou
d'Adanson, que nous avons observés, d'autre signe exté-
rieur, c'est-à-dire visible à travers la peau, plus ou moins
transparente , autre chose que l'existence d'un organe
qui nous a toujours semblé devoir être considéré comme
un véritable ovaire ou, mieux encore, comme une glande
hermaphroditesemblable à celle des Hélix etdes Limaces,
etM. Deshayes, toutensignalant les nombreuses particula-
rités qui constituent des différences assez remarquables
dans l'anatomie des Tarets, qu'il a publiée dans la partie
zoologique de l'expédition scientifique de l'Algérie, s’est
aussi cru fondé à considérer le seul organe glandulaire
annexé au foie comme un ovaire (1).
Les recherches anatomiques de M. Deshayes , et l’im-
possibilité où il s’est trouvé d'observer des individus pré-
tendus mâles, et de trouver, en Algérie, en état de repro-
duction, l'espèce qu'il nomme Teredo navalis (2), ne lui
(4) Voyez Exploration scientifique de l'Algérie (Zoologie, classe des
Mollusques, p. 6{ et 62).
(2) Cette espèce, dont les palettes sont ovales, est celle décrite par la
— 349 —
ont pas permis d'en étudier les produits reproducteurs
ailleurs que dans l'ovaire ; mais, dans tous les individus
de cette espèce , qu'il a disséqués et observés, au besoin,
sous le microscope, il n'a vu que les œufs, et il ne dit
rien des zoospermes.
Quant à nous, il nous a été possible de trouver en
imême temps les ovules et les spermatozoïdes, quoique ra-
rement, et, si nous n'avons pas insisté sur la nécessité de
bien mettre en lumière ce fait de la co-existence des ovu-
les et des zoospermes chez tous les individus que nous
observions, c'est que notre croyance à l'hermaphrodisme,
non de tousles Mollusques acéphalés, mais bien sur un
assez grand nombre de genres et d'espèces des animaux
de cette classe, nous paraissait fondée non-seulement sur
quelques observations directes qui nous avaient paru suf-
fisantes, mais encore sur l'indispensable nécessité où se
trouvent les œufs d'être fécondés chez les T'arets, peut-
être dans l’ovaire même, par un mécanisme physiologi-
que encore ignoré. Cette opinion repose sur des faits très
nombreux et facilement vérifiables, que nous avons ob-
servés sur la véritable espèce Teredo navalis, qui pullule
dans les rades de Brest et de Toulon. Voici quels sont les
faits très nombreux qui nous semblent, jusqu'à présent,
devoir légitimer l'opinion ou, mieux , l'interprétation
scientifique que nous avons cru pouvoir en donner.
Nous ferons d'abord remarquer que ces faits n'ont pu
encore être observés sur l'espèce Teredo Senegalensis
(Teredo navalis de Deshayes et Teredo Deshaïesii de Qua-
plupart des malacologistes et par M. de Blainville, sous le nom de Tered
Senegalensis, Tarct du Sén‘gal ou d’Adanson, qui en a donné une très
bonne figure, et par M. Dellechiàje, sous la dénomination de Taret de
Brugnière (Voyez Mémoire d’Adanson, lu à l’Acad. des sciences, en 1756,
et inséré dans le Recueil des mémoires de l’Académie royale des sciences,
année 1759, p. 249 et suiv. ; du même auteur, voyage au Sénégal, arti-
cle ConQues MuLtiVALVES, p. 260-268, publié en 1759. Voyez, en outre,
Dellechiaje, Animali sensa vertebra, Vol, 4, p. 21-28.)
— 300 —.
trefages) par aucun observateur, n1 même par MM. Des-
hayes et de Quatrefages, qui ont cependant eu l'occasion
de l'étudier, le premier en Algérie, et le deuxième au
port du Passage ; car l'espèce que M. de Quatrefages
nomme Taret fatal, qu'il a trouvé au port du Passage,
en Espagne, semble être toujours la même que le Taret
d'Adanson ou du Sénégal ou n’en être qu’une variété;
c’est du moins ce qui nous a paru ressortir de sa descrip-
tion. Ainsi, M. de Quatrefages aurait non-seulement
commis la même erreur que M. Deshayes, en prenant
le Taret d'Adanson pour le Taret naval de la majorité
des auteurs et de M. de Blainville, mais il aurait encore
considéré à tort comme une espèce distincte son Taret
dit fatal du port du Passage, qui n’est tout au plus
qu'une variété du Taret du Sénégal. On reconnaîtra en
l'état actuel de la malacologie combien il peut être im-
portant de bien caractériser cette espèce, le Teredo Sene-
galensis, que nous avons étudiée à Toulon, à Hières, à
Bandols, à Lorient et à Brest, parce que, quoique nous
l’'ayons observée avec soin pendant plusieurs mois de
l’année sur le littoral de la Méditerranée et sur celui de
l'Océan, nous ne l'avons jamais trouvée en état de repro-
duction, c’est-à-dire contenant des embryons de Tarets
plus ou moins avancés dans leur développement et ex-
pulsant ceux en état de passer à la vie indépendante. Et
c’est précisément celte même espèce, sur laquelle
MM. Deshayes et de Quatrelages n'ont jamais observé,
dans l’intérieur du corps, les embryons plus ou moins dé-
veloppés et surtout à l'état de larves. M. Deshayes n’a vu
que des œufs dans l'ovaire des T'arets de celte espèce;
mais M. de Quatrefages, qui croit que, sinon toutes, du
moins la plupart des espèces du genre Taret sont ovipa-
res et à sexes séparés, a vu non-seulement Îles œufs et les
z00spermes dans les organes génitaux, mais encore ayant
eu occasion d'observer les embryons qu'il nomme des
— 391 —
larves et qu'il dit séjourner dans le canal branchial du
Taret pédicellé du port du Passage ; il dit à ce sujet :
« Je rai constaté ce que je viens de dire du sejour des
» larves dans le canal branchial que chez le Taret pé-
» dicellé, ont la PoNTE se fait évidemment à une autre
» époque que celle du Taret fatal (Teredo Senagalen-
» sis); » et il ajoute : « Celui-ci ne n'a montré pendant
» tout l'hiver des œufs et des zoospermes que dans lin-
» térieur de l’organe reproducteur (7. Ann. des Sc.
» Natur., 3° sér., T. XI, p, 36.—1849). » Nous avons
cependant remarqué qu’en s’occupant des études em-
bryogéniques des Tarets, M. de Quatrefages semble
avoir eu occasion d'observer les embryons ou les larves
de son Taret fatal, puisqu'après avoir établi, dans le dé-
veloppement des embryons des Tarets, plusieurs pério-
des dont la quatrième, est celle qu'il nomme Wie intra
branchiale, dont la durée lui est inconnue, il dit : « Les
» observations précédentes (celles faites sur les larves) ont
» été recueillies sur des larves provenant d'œufs de Taret
» fatal; je n'ai pu les continuer au-delà ; mais, comme à
» l'époque de mes recherches les branchies du Taret
» pédicellé étaient remplies de larves, j'ai pu recueillir
» sur le développement ultérieur de ces Mollusques quel-
» ques observations qui complètent les précédentes (7.
» Ann. des Sc. Natur., 3° sér., cahier d'avril 1849,
» p.215 et 216). »
Il semble évidemment, lorsqu on rapproche ces deux
passages des recherches sur les Tarets par M. de Quatre-
fages, que, s'il n’y a pas contradiction, cet auteur n’au-
rait point vu les larves dans le canal branchial de son
Taret fatal en hiver, et qu'il aurait cependant eu l’occa-
sion de les observer en automne ou dars toute autre sai-
son sur cette espèce, qui, nous le répétons à dessein, nous
semble être le Teredo Senegalensis ou d'Adanson.
Nous sommes très porté à croire que M. de Quatrefa-
-3E9 02
ges aura pu observer les larves sur cette espèce ; et ce
fait, qui mérite d’être confirmé et qui sera probablement
vérifié plus ou moins prochainement, doit avoir une très
grande importance , que nous prendrons soin de faire
ressortir en réunissant tous les documents que nous
avons recueillis.
Ces documents contiennent trois catégories de faits,
savoir :
{° Ceux soupçonnés ou pressentis, mais ne reposant
nullement sur l'observation directe; c'est dans cette pre-
mière catégorie qu'il convient de ranger ce qui a été dit
successivement par Valisnieri (1715), par Deslandes
(1720), par Rousset et par Massuet (1733), à l'égard de
la question des sexes et du mode de reproduction des Ta-
rets qu'ils croient être hermaphrodites et ovipares, c'est-
à dire devant pondre des œufs fécondés avant ou après la
ponte ;
2 Les faits incomplètement observés et mal interprè-
tés par des naturalistes qui avaient cependant sous leurs
yeux, et en nombre suffisant, des Tarets de diverses es-
pèces en état de reproduction.
Ges observateurs ont pu errer à l'égard de la question
du sexe ou bien au sujet du mode de reproduction.
Eneflet, Sellius, dès 1733 eten 1753, croit les Taretsan-
drogynes ou hermaphrodites et ovipares. Les faits qu'il a
observés, et qu'on peutaccepter comme preuves suffisantes
del'hermaphrodisme,quoique développés troplonguement
et sans précision, devront être revus et vérifiés de nou-
veau, et convergent avec les résultats de nos observations
propres. Mais, évidemment, Sellius s’est trompé en con-
fondant les ovules avec les embryons et en méconnais-
sant l’ovoviviparité réelle et effective de l’espèce Teredo
marina, qu'il a observée sur les côtes de la Belgique,
quoiqu'il ait vu distinctement les mouvements de ces em-
bryons, qu'on peut considérer comme les larves, lorsque
— 393 —
les mères les ont expulsés de leur corps. On peut facile-
ment constater, dans l'ouvrage de Sellius ; limperfection
des figures destinées à représenter de véritables embryons
pourvus d'organes locomoteurs; et cette imperfection
nous paraît tenir à la préoccupation de cet observateur,
qui croyait n'avoir sous les yeux que des ovules ou des
œufs non embryonés. Ceci, nous le répétons à dessein,
me paraît fort pardonnable en 1733 et en 1753, à cause
de l'imperfection de l'anatomie et de la physiologie com-
parées dont les progrés n'avaient point encore permis
d’instituer les deux sciences nouvelles (l’ovologie et l'em-
bryologie comparées des animaux), qui, jointes à l'étude
des mœurs, sont indispensables pour le perfectionnement
de la zoologie.
C'est à cette imperfection des études anatomiques qu'il
faut attribuer le silence et la réserve d'Adanson, dans
son Mémoire original sur le Taret du Sénégal, publié
en 1759, au sujet du sexe, et de la reproduction de ce
Mollusque. C’est à cette même cause quest due certaine-
ment l’insuflisance des assertions de Ev. Home, en 1806,
et de celles de Dellechiaje qui, en 1830, a encore consi-
déré comme un œuf, l'embryon du Taret, dont il donne
pourtant le premier une figure passable, en raison de ce
qu'il a représenté les cils vibratiles et locomoteurs dont
est pourvu cet embryon.
Nous devons faire remarquer que Sellius et Dellechiaje,
qui professent avec fondement, selon nous, l’hermaphro-
disme, croient encore que les Tarets sont ovipares, quoi-
qu'ayant eu sous les yeux toutes les preuves de leur ovo-
viviparité.
Ce mode de reproduction, qui ne peut et ne doit point
être considéré, dans aucun cas, comme une ponte d'œufs
et qui consiste dans l'expulsion de petits vivants, a été déjà
soupçonné par M. de Blainville (7, son article Taret
Diction. de Levrault.), lorsqu'il dit : « Mais par quel pro-
— 304 —
« cédé cet animal qui, très probablement, est ovovivipare et
« rejette le produit de la génération déjà pourvu de sa co-
« quille, creuse-t-il ainsi les bois les plus durs et d’une
« manière tout à fait prompte ? »
On a pu voir, par la description que nous avons don-
née des mœurs de l'embryon expulsé ou de la larve des
Tarets, combien était fandé le soupçon émis par M. de
Blainville.
La démonstration de l’ovoviviparité des Tarets me sem-
ble donc être un fait acquis à la science et aurait pu être
déduite des observations de Sellius, de Dellechiaje (non-
obstant l'inexactilude de leur interprétation), si l'on avait
su distinguer à leur époque les ovules ou œufs des em-
bryons plus ou moins avancés dans leur développement.
3° La troisième catégorie de documents doit compren-
dre les faits, sinon complétement du moins suffisamment
bien observés, interprétés exactement et exprimés conve-
nablement. Je crois avoir, le premier, constaté exactement
sur l'espèce Teredo navalis, que le produit nécessaire à la
reproduction des Tarets qui est expulsé, sous forme d’un
globule jaune, n’est pas un œuf, mais bien un embryon à
l'état parfait, qu’on peut appeler une larve, et ayant cons-
taté également que les œufs passentàla vie embryonnaire
dans l'ovaire et en sortent pour continuer leur développe-
ment dans le canal branchial, j'ai été porté à croire que les
ovules sent fécondés sur place, c'est-à-dire dans l'ovaire
même, et que cette fécondation s opérait dans les cœcums
ovariques, au moyen des spermatozoïdes sortis des capsules
spermatiques qui se développent dans le parenchyme des
cœæcums de l'ovaire : ce qui, comme on le sait très bien
de nos jours, a été déjà constaté sur tous les Mollusques
céphalés ou acéphalés, dont l'organe générateur est
hermaphrodite, c'est-à-dire produit en même temps des
ovules et des capsules spermatiques.
Je crois donc que les Tarets n'éjaculent jamais de
399 —
sperme, pour féconder des œufs à l'extérieur; je crois que
le fluide fécondant, après avoir exercé son action sur les
ovules dans l'ovaire, doit être résorbé, et qu'il ne pourrait
être expulsé au dehors que dans des cas très rares que je
n'ai pas eu occasion d'observer ; et, dans ce cas, l'expul-
sion du sperme n'aurait aucune utilité, puisque les œufs
ne sont jamais pondus au dehors, et qu'après être sortis
de l’ovaire à l’état d'embryon, plus ou moins avancés
dans leur développement, ils s'arrêtent dans le canal bran-
chial où ils séjournent un temps plus où moins long, qui
nous a paru être subordonné à la volonté de l'individu,
mère et père, qui ne les expulse que dans les jours de
beau temps, pendant les quatre saisons de l'année, dans
les localités favorables : c'est ce qui nous a été démontré
par la constatalion de ce qui suit.
3° Fair. Mouvement du globule jaune. Lorsque l'indi-
vidu que nous avons dit être père et mère, puisqu'il fé-
conde lui-même les ovules qu'il a produits et qu’il incube
dans son corps, expulse par le siphon supérieur ou efférent
des corpuscules sphériques et jaunes, on pourrait, au pre-
mier aspect, les prendre pour des œufs, et on serait pres-
que en droit de le faire, si ces corpuscules restaient com-
plètement immobiles, après être tombés au fond du vase
dans lequel sont placés les bois immergés pleins de Tarets.
Cependant on ne peut être dispensé de constater, sous le
microscope, deux faits importants, savoir : 1° Si ces co-
puscules jaunes sont vraiment des ovules sains ou altérés,
lorsqu'on est habitué à les reconnaître ; 20 si ces mêmes
corpuscules sont déjà des ovules embryonnés ou des em-
bryons morts ou vivants, mais non encore pourvus de leurs
cils vibratiles : ce que savent faire maintenant les embryo-
logistes exercés.
Lorsqu'on a eu soin de se prémunir contre des erreurs
possibles, assez fréquentes dans les recherches microsco-
piques, relatives aux études ovologiques et embryologi-
ques, on est ainsi en mesure d'apprécier exactement les
causes de l'immobilité des corpuscules jaunes et sphéri-
ques expulsés par le T'eredo navalis, pendant les jours de
beau temps.
Attendu qu'il est bien prouvé, par tous les faits acquis
à la science, qu'aucun œuf, avant d’être embryonné , ne
jouit d'aucun mouvement de locomotion translative , at-
tendu qu'un œuf embryonné, ou pour parler plus exacte-
ment, l'embryon qu'il contient peut exécuter 1° des mou-
vemenis giratoires, 2° des mouvements partiels de ses di-
vers organes, et 3° enfin, lorsqu'il est à l'état parfait, des
mouvements de translation en se dégageant de ses enve-
loppes ; attendu, disons-nous, que tous ces phénomènes
physiologiques sont bien connus et bien distincts, on se
trouve , par là même, en état d'apprécier les causes des
mouvements du globule ou du corpuscule jaune, expulsé
par le Taret, qui, soit avant de tomber au fond du vase,
soit après y être arrivé, ne tarde pas à se mouvoir, au
moyen de sa collerette de cils vibratiles, et à exécuter tou-
tes les manœuvres que nous avons déjà décrites, en trai-
tant de l'introduction des Tarets dans les boïs (7. pa-
ges 263 et 266 el suivante, dans notre premier article.)
L'expulsion de ces globules jaunes, qui sont des em-
bryons parfaits passant à la vie indépendante, n'est pas
une ponte, elle est une véritable parturition ou le genre
d'accouchement auquel les zoologistes ont donné le nom
d'ovoviviparité, lorsqu'on ignoraitque les mammifères ou
les vertébrés, dits vivipares, proviennent demême d’un œuf
ou ovule. Et ce qu'il y a de très remarquable, c'est que
l'ovule des Tarets ressemble tellement à l’ovule des Mam-
mifères (qui sont tout aussi ovovivipares que ces Mollus-
ques acéphalés), que M. de Quatrefages, qui croit cepen-
dant toutes les espèces de Tarets ovipares, a cru pouvoir
comparer cet ovule (celui des Tarets) à celui des Mammi-
fères. Voici ce qu'il dit à ce sujet : « Je pourrai repro-
— 357 —
« duire ici tous les raisonnements (au sujet de l'œuf des
« Hermelles).... en faisant observer seulement que, en
« comparant de la même manière l’œuf des Tarets à celur
« des Mammifères, on est amené à regarder le vitellus
« comme jouant le rôle de blastoderme, etc., etc. (1) An-
« nales des Sciences naturelles 1848.»
Nonobstant ce rapprochement très judicieux et très
exact, qui confirme les résultats déjà publiés depuis long-
temps, de nos recherches sur lembryogénie comparée des
animaux ; nonobstant ce rapprochement, disons-nous,
M. de Quatrefages n’en persiste pas moins à croire les
Tarets ovipares, et dit en avoir recueilli les œufs à l’exté-
rieur, avoir opéré des fécondations artificielles, et cela sur
l'espèce qu'il a nommée Taret pedicellé, espèce qui, d’a-
près l'examen de la figure qu'il en a donnée (Annales
des Sc. nat. 1849), et d'après les doutes qu'il a émis sur
la manière dont les œufs sont pondus (Ÿ. notre premier
article, pag. 273, au bas et suiv.) ne doit point être ovi-
pare.
Ge sont ces doutes sur le mode de la prétendue ponte
des œufs du Taret pédicellé, émis par M. de Quatrefages, et
la ressemblance frappante de la figure qu'il a donnée d’un
individu de cette espèce, qui était rempli d'embryons
à divers degrés de développements, ressemblance fra-
(1) Cette remarque de M. de Quatrefages, et ce rapprochement très
judicieux de l’ovule des Tarets et de celui des Mammifères qui sont des
vertébrés vivipares, auraient dû faire soupçconner à ce naturaliste que les
Tarets pouvaient et devaient même être considérés comme ovovivipares,
d’après le soupçon déjà indiqué de M. de Blainville à cet égard.
Quant au rôle physiologique que fait jouer M. de Quatrefages an vitel-
lus de l’ovule des Tarets, c’est pour nous un fait que nous avons déjà cons-
taté, sur un grand nombre d'animaux invertébrés, et on peut dire en
général sur tous ceux dont le vitellus, entouré ou non enveloppé d’albu-
men ou blancd’œuf, est très petit. (Voyez nos recherches sur les Helix et
Limaces, les Arions, in Ann. d’anat. et de physiol., année 1838 et surtout
notre Note sur les résultats de nos recherches sur la zoogénie, dans les
comptes-rendus des séances de l’Acad, des scienc. Institut, année {840.)
— 358 —
pante, disons-nous, avec les nombreux individus pleins
d'embryons vivants de lespèce Teredo navalis, dont
nous avons constalé l'ovoviviparité, ce sont ces doutes
el cette ressemblance qui ncus semblent devoir légitimer
notre conviction à l'égard de l'ovoviviparité des Tarets,
et qui nous portent à croire qu'il y aerreur d'observation
et d'interprétation dans les études de M. de Quatrefages
sur les ‘Forets. 1] ÿ a également erreur de dénomination,
lorsque ce naturaliste donne à tort, selon nous, le nom
de larve à tous les embryons de Tarets plus ou moins dé-
veloppés. Si cette erreur ne résidait que dans l’acception
plus ou moins arbitraire d'un mot, elle n'aurait aucune
conséquence fâcheuse; mais M. de Quatrefages , confon-
dant les métamorphoses de la vice embryonnaire avec cel-
les qui ont lieu pendant la vie indépendante ou téleion-
uaire, a été entraîné par l'effet de cette confusion , à ad-
mettre que les Farets présentent des métamorphoses bien
distinctes , comparables à celles de plusieurs espèces
d'invertébrés.
Nos études et les faits très nombreux que nous avons
recueiilis à ce sujet nous ont démontré le contraire, et
nous nous sommes assuré que les très jeunes Tarets pas-
sent si rapidement de la forme d’embryon parfait, sous
laquelle ils sont expulsés, à la forme de plus en plus al-
longée des Tarets adultes, quil n'y a point lieu d'admet-
tre de véritables métamorphoses au-delà de la vie em-
bryonnaire de ces Mollusques.
Nous ninsistons pas davantage sur la question du vé-
ritable mode de reproduction, question que nous croyons
avoir résolue à l'égard de l'espèce la plus vulgaire, et
dont la solution doit faciliter celle que la science réclame
encore à l'égard des diverses espèces du genre Taret.
Nous eussions désiré pouvoir traiter avec le même
succès la question des sexes ; mais celle-ci nous entraîne-
rait dans des détails trop étendus, et doit être abordée
dE g ie
avec beaucoup plus de circonspection, en raison de l'im-
perfection réelle de l'anatomie et de la physiologie com-
parées des Mollusques acéphalés. Nous avons toujours la
conviction que les deux sexes sont réunis dans un même
individu. I n'ya, ni dans les organes extérieurs, ni dans
ceux de l'intérieur aucun trail distinctif qui puisse per-
mettre de caractériser des mâles et des femelles. Ceci ré-
sulte de l'aveu même de ceux qui ont admis la séparation
des sexes. Mais nous devons prévenir d'avance nos lec-
teurs qu'en prenant en considération l'ensemble de don-
nées simples mais exactes que nous possédons , savoir :
1° l'absence de traits distinctifs ds sexes; 2° la non-éja-
culation à l'extérieur d'un produit fécondant; 3° la dé-
monstration qu'il n'y a pas ponte d'œufs ; 4° l'incubation
de ces œufs et le développement embryonnaire dans leur
corps des individus en état de reproduction; et 5° enfin
l'expulsion de petits vivants en état d'attaquer les bois,
on est fondé à admettre la réunion des sexes, ce qui nous
semble déjà démontré par les observations directes
de Sellius et par les nôtres, puisque nous avons trouvé
dans une glande hermaphrodite les ovules et les capsules
spermatiques. On voit nettement que nous n'avons point
négligé de confirmer les premières observations du natu-
raliste belge ; mais nous devons y joindre un autre genre
de confirmation, qui consiste à se procurer des individus
de Tarets complètement seuls et isolés dans un morceau
de bois, et à les faire vivre sous les yeux de l'observateur
dans cet état d'isolement complet. Nous espérons pouvoir
démontrer ainsi complètement, et par de simples obser-
vations de mœurs, que les ‘Tarets sont hermaphrodites.
La propagation des Tarets, c'est-à-dire leur introduc-
tion dans toutes les sinuosités du littoral des mers et des
fleuves à marées, leur dissémination, leur pullulation,
leur disparition, leur réapparition sont nécessairement
subordonnées aux circonstances favorables ou défavora-
— 360 —
bles à leur existence, au nombre plus ou moins considéra-
ble de constructions fixes ou flottantes établies par les
nations inaritimes et commerciales, et surtout à l’arri-
vage des navires, dont les bois sont plus ou moins atta-
qués par ces Mollusques , qu'on pourrait utiliser cepen-
dant dans !es cas où l’on voudrait faire détruire la partie
des carcasses de navires naufragés, placée au-dessus du
niveau du sol sous-marin ou sous-fluviatile.
Nos observations nous ont permis de constater l'exis-
tence de divers foyers de propagation des Tarets dans les
rades d'Hières, de Bandols et de Toulon sur la Médi-
terranée , et dans celles de Lorient, de Brest et du Ha-
vre sur l'Océan. On sait que Duhamel du Monceau a fait
et publié sur le même sujet des études très importantes,
surtout en ce qui concerne la propagation des Tarets
dans les eaux de la Charente. Mais, par propagation, on
ne doit entendre ici que ce qui a trait à la présence de ces
animaux, qui remontent plus ou moins avec la marée
dans le fleuve et à leur dissémination sur les diverses lo-
calités des deux rives. Duhamel ignorait, en effet, en
1776, tout ce qui a trait à la reproduction des Tarets, et,
nonobstant la publication des mémoires de Sellius et d’A-
danson, il s’est exprimé à ce sujet en termes si vagues,
qu’on peut dire qu'il croyait seulement à l'oviparité et à
l'hermaphrodisme des ‘Farets.
Nous bornons là, pour le moment, ce que nous avions
à dire de plus saillant sur la reproduction et la propaga-
tion des Tarets.
De la viabilité des Tarets.
Sous ce nom, qui signifie pour nous force vitale et sus-
ceptihbilité de vivre dans des circonstances les unes favo-
rables, les autres plus ou moins défavorables, il convient
de grouper les études de mœurs qui ont trait à ce sujet,
— 361 —
en observant ces animaux 1° dans leurs sites naturels;
2° dans des conditions artificielles et expérimentales ;
3° sous le point de vue de la durée de la vie dans les dif-
férentes espèces de ce genre.
Vie des Tarets dans leurs sites naturels. À Ja notion des
diverses localités du littoral des mers et des fleuves, dont
les eaux sont plus ou moins agitées ou tranquilles, il faut
joindre celle de la qualité de ces eaux, en général salées,
saumâtres ou plus ou moins douces, mais pures. Nous
avons constaté aux salines d'Hfières que, lorsque la salure
de l'eau de mer est trop forte, les Tarets ne peuvent plus
y vivre. Les eaux salées de la mer, les eaux plus ou moins
saumâtres du littoral leur permettent d'y vivre. Ils meu-
rent en général dans l’eau douce, et Adanson est le seul
naturaliste qui ait dit que les Tarets peuvent y vivre
dans le fleuve Niger au Sénégal, ce qui mériterait con-
firmation.
Wie des Tarets dans des conditions expérimentales. Les
études que nous avons faites sur ce sujet, jointes aux ob-
servations de Duhamel du Monceau, à celles de quelques
ingénieurs de la marine consignées dans les archives du
ministère, auxquelles il convient d’annexer celles répé-
tées par M. Eydoux, notre délégué au port de Toulon,
constituent une catégorie de documents qui ne sont
qu’accessoires à la malacologie, ce qui nous dispense
d'en parler ici.
Durée de la vie des diverses espèces de Tarets. 1 n’est
guère possible de la déterminer d'une manière exacte en
l'observant sur les individus qui pourraient devenir très
vieux. En négligeant ici tous les cas éventuels qui font
périr un très grand nombre de Tarets dévorés par des
annélides et des crustacés ou déchirés et lacérés dans les
bois brisés par la mer ou par la main des hommes, nous
avons été conduit à penser que la vie moyenne de ces
Mollusques ne peut être que d’un nombre peu considéra-
24
— 362 -
ble d'années (2 3, 5 et rarement plus), que la durée de
cette vie est plus courte dans l'espèce Teredo navalis qui
se reproduit de très bonne heure, et en toute saison, que
dans l'espèce T'eredo Senegalensis, ou d'Adanson, qui at-
teint une taille plus grande et dont le mode de reproduc-
tion n’a point encore été constaté. Nous avons aussi re-
connu queles individus de l'espèce Teredo marina de Sel-
lius qui, sur le littoral du Havre résistent, aux circonstan-
ces défavorables dans lesquelles ils sont placés, peuvent
vivre quelques années.
Nous ne pouvons rien dire sur ce même sujet, à l'égard
du Taret bipalmulé de la Méditerranée dont nous n'avons
observé qu'un petit nombre d'individus.
Connexité des dégäts produits dans les bois par les Tarets,
avec les dégäts produits par d'autres causes.
Les causes, qui joignent leur action destructive des bois
à celle des Tarets, sont toutes les altérations des circons-
tances atmosphériques et marines ou fluviatiles qui macé-
rent et pourrissent les substances ligneuses; 2° toutes les
circonstances éventuelles produites par des agents méca-
niques, et 3° la corrosion des boïs par diverses espèces
d'animaux invertébrés, parmi lesquelles la Zimnoria tere-
brans (Crustacé isopode) doit figurer au premier rang.
Nous ne vivons plus dans un temps où il serait permis
de croire que la pourriture du bois a pu engendrer les
Tarets. Il y a donc possibiité de coïncidence, mais jamais
connexité. Mais les bois ramollis à leur surface sont re-
cherchés en même temps par la Zimnoria terebrans qui
s'en nourrit et se niche dans les rugosités et les petites
excavations de cette surface, et par les Tarets qui, comme
on le sait, y pénètrent très profondément. Il y aura lieu
plus tard, de constater plus exactement la coïncidence de
tous ces dégâts ; ce qui n'intéresse nullement la Malaco-
logie.
— 363 —
En terminant cet exposé rapide des résultats de nos
recherches sur les mœurs des Tarets, nous devons faire
remarquer que nous avons dû en traiter les points les
plus saillants, et que si nous nous sommes en quelque
sorte borné à indiquer ce qui a trait au mécanisme de la
perforation des bois par les Tarets, c'est que notre travail
sur ce point, qui exige un exposé accompagné de figures,
n'est point encore terminé.
LAURENT.
NouvELLES OBSERVATIONS au sujet de la perforation des
pierres par les Mollusques ; par M. F. Caizziaup.
Dans le premier numéro du Journalde Conchyliologie,
M. Deshayes a présenté de très judicieuses observations
sur la perforation des pierres par les Mollusques à J'aide
d’un acide qui leur est propre, ce qui, selon cet auteur,
serait le seul moyen employé par eux pour pénétrer dans
les corps durs.
Tout en reconnaissant l'importance des faits et des ar-
guments présentés à l'appui de cette opinion, nous ferons
remarquer que M. Deshayes s'est peut-être trop avancé,
en disant d'une manière absolue qu'il n'est point de Mol-
lusque qui puisse s'introduire dans la pierre par un moyen
mécanique , c'est-à-dire par le frottement de sa coquille.
L'auteur de l’article paraît si convaincu à cet égard,
qu'il a cru devoir engager les personnes qui ne partage-
raient pas son opinion, à essayer de creuser, avec une ce-
— 364 —
quille perforante quelconque, un corps dur de la nature de
ceux qui sont attaques.
« Cette expérience prouvera, ajoute-t-il, qu'il n’est
» aucune coquille qui puisse résister longtemps à l'effet
» nécessaire pour user la pierre à l'aide des fines aspérités
» de la coquille, ces aspérités disparaissant bientôt, avant
» même quon ait rayé la surface d'un calcaire aussi dur
» que celui de Toulon, qui serait bien plus propre à
» user des coquilles qu'à être rayé par elles. »
Nous nous permettrons de combattre l'opinion du sa-
vaut conchyliologue, du moins en ce qu'elle a de trop
absolu.
Dans notre notice sur Je genre Gastrochæna, publiée en
1843 (1), nous disions avoir reconnu un mouvement de
rotation dans les excavations des Pholades qui habitent
les calcaires de Mazre, et dont les trous sont souvent
empreints de stries très prononcées, formées, selon nous,
par les parties anguleuses de la coquille. Nous avons été
confirmé dans cette opinion par de nouvelles observa-
uns faites sur divers points des côtes de la Méditerranée,
ainsi que sur celles de Lx RocnELLE, où nous avons sou-
vent trouvé ces trous striés ou hachés par les aspérités
mêmes des valves.
Pour nous assurer de la réalité du fait, nous avons
cherché à obtenir le même résultat au moyen des valves
d'une Pholade, en nous en servant comue d’une lime, et
nous avons creusé, dans l’eau, sur la pierre même d’où
elles étaient sorties, des cannelures assez profondes pour
être certain que la coquille usait bien réellement la
pierre.
Donnant suite à ce premier essai, nous avons pris une
jeune Pholade (PA. Collosa) de 22 mill. de longueur,
ayant même les pièces accessoires : nous avons sensible-
(1) Magasin de zoologie 4845.
— 36 —
ment ouvert la coquille en écartant les deux valves de 2
mill. 1/2, au moyen d'un bout de côte de plume que
nous y avons enfoncé d’un centimètre, et qui a été en-
suite mastiqué avec de la cire à cacheter, de manière à
nous servir de poignée.
Nous avons pris un fragment de calcaire déjà rempli
de trous de Pholades, provenant, ainsi que la coquille,
des environs de La Rochelle, Nous avons laissé séjourner
l'un et l’autre dans l’eau pendant vingt-quatre heures, et
nous avons procédé à la perforation en prenant la co-
quille à son extrémité supérieure, en Pinclinant, pour ne
faire porter qu'une valve sur la surface lisse de la pierre.
Nous opérions toujours dans l’eau, et par un léger mouve:
ment de rotation. Nous avons vu presque aussitôt la
pierre se délayer et se creuser assez vite. Le trou étant
devenu assez évasé nous à permis de faire porter per-
pendiculairement les deux valves à la fois. Après cin-
quante minutes de travail, nous avons mesuré les dimen-
sions du trou, qui avait {1 millim. de profondeur sur
10 millim, 1/2 de diamètre.
Nous ferons remarquer que nous nous servions alors
de deux Pholades de même dimension, l'une les valves
fermées, et l’autre les valves ouvertes, pour augmenter la
circonférence du trou, et ménager ainsi le plastron qui
couvre les crochets. En cela ,nous agissions comme peut
et doit le faire l'animal lui-même, puisqu'avec sa seule
coquille il peut opèrer ces changements, c'est-à-dire ou-
vrir ou fermer ses valves à volonté.
. Nous avons continué notre travail par intervalles, et à
huit reprises, et au bout de quatre-vingts minutes, nous
avions introduit encore dans la pierre 7 mill. de la co-
quille; de sorte quen moins d’une heure et demie, nous
avions un trou de 1{ mill. 1/2 de diamètre et de 18 mil].
de profondeur. Le trou communiquant à un autre, nous
—- 366 —
nous sommes arrêté. 4 millimètres seulement manquaient
pour qu'on pût y introduire la coquille en entier.
Remarquons d'abord que les deux coquilles étaient,
après le travail, encore en état d'entreprendre le même
service, et que nous agissions, comparativement, avec
plus de force que n’en peut employer l'animal, ce qui
explique la rapidité de l'opération. Quant au Mntioqie
il doit mettre évidemment plus de temps pour exécuter la
perforation de la pierre; son action est moins puissante :
mais il emploie la durée de son existence à parfaire le
travail opéré presque entièrement par nous en une heure
et demie, et encore dirons-nous qu'il possède une res-
source qui nous manquait : en effet, le Mollusque peut
élever par accroissement, sur le bord de ses valves, de
nouvelles séries de dents continues, plus fortes dans la
partie inférieure et échancrée de ces valves. Ces sortes de
rapes, il les renouvelle non seulement pour l'accroisse-
ment de sa coquille, mais évidemmeut aussi pour servir à
l'agrandissement de sa demeure.
Passant maintenant à un autre ordre de faits, nous fe-
rons connaîlre le résultat de nos remarques, d’abord, sur
l'état des coquilles de Pholades que nous avons observées,
puis sur l’état des trous que nous avons examinés.
Sur 350 Pholades (Pnor. Callosa et P. Dactylus) que
nous avons sous les yeux, nous en remarquons un bon
nombre dont les coquilles présentent une usure très mar-
quée de leurs aspérités, comme si elles appartenaient à
des animaux qui viennent d'achever un long travail de
perforation; dans d’autres, quoique l’usure de leurs plus
fines aspérités soit encore visible, les échancrures, ainsi
que la partie la plus ventrue des valves, sont garnies de
nouvelles lamelles dentées, saillantes, au-dessus des pré-
cédentes déjà émoussées par un travail antérieur.
En ce qui concerne les trous pratiqués par les Pholades,
nous apercevons :
— 367 —
{° Au fond des trous, des cercles ondulés ou pointillés,
qui doivent être produits par le choc des extrémités des
valves, non par un mouvement de rotation, mais par un
mouvement de va et vient de haut en bas, le Mollusque
se servant alors de sa coquille comme d'un pilon.
2 Des lignes obliques guillochées, produites par l'é-
chancrure des valves, dont les aspérités sont obliquement
placées, comparativement aux aspérités supérieures de la
coquille, tandis qu'avec la partie ventrue de sa coquille,
le Mollusque creuse des cercles pointillés très réguliers,
en portant son travail de droite à gauche.
3° D’autres hachures plus prolongées, en lignes hori-
zontales, et de 6 à 10 mill. de longueur, le plus souvent
sans ordre, et qui doivent provenir d'un mouvement de
rotation partiel donné par saccades. La partie ventrue
de la coquille s’ouvrant à volonté, élargit l’excavation,
adoucit les fortes hachures du calcaire, lesquelles dispa-
raissent dans Îa partie supérieure de la coquille, dont les
aspérités sont plus fines; plus haut, les siphons achèvent
par leur frottement d’unir ces surfaces, en laissant ce-
pendant parfois, ça et là, d’assez fortes hachures circu-
laires, comme imperfection du travail.
Nous ajouterons aux observations qui précèdent, que
nous n'avons jamais vu de Pholades, soit sur les côtes de
Gênes, soit sur les côtes de Toulon, ou dans la darse de
Ville-Franche, près de Nice, où les calcaires durs sont au
contraire remplis de Modioles lithophages, et souvent de
Pétricoles qui y pénétrent sans doute par le moyen de
la sécrétion d’un acide. Toutefois, nous dirons ici qu’à
la rigueur, certaines Pholades pourraient encore s'intro-
duire dans ces calcaires, car nous les avons parfaitement
limés avec la Pholas Dactylus,
Quant à la question de savoir comment le Mollusque
procède à la perforation de la pierre, nous pensons qu'il
— 3685 —
se sert de son pied, lequel sortant par l'échancrure des
valves, happeraït la pierre, en s’y attachant comme un
suceur, de manière à opérer une pression de sa coquille.
C'est dans cette position que l'animal dirige le mouve-
ment qu'il a besoin d'imprimer à sa coquille, à moins
encore qu'il ne trouve son point d'appui dans l'excavation
même, par un gonflement de ses syphons au-dessus de sa
coquille. D'ailleurs, ces animaux ont-ils besoin d'employer
une forte pression pour parvenir à user, dans le cours d’un
long espace de temps, les calcaires où ils veulent péné-
trer, et qui sont constamment immergés dans l'eau de la
mer, dont la composition contient peut-être des substan-
ces propres à faciliter le travail dont il s’agit?
Le jeune âge des Mollusques ne pourrait nous être op-
posé comme une difliculté. En effet, les plus jeunes Pho-
lades que nous avons pu observer, avaient 5 millimètres
de longueur, et déjà elles avaient pénétré dans la pierre
au-delà de leur longueur. Le diamètre de leur trou, à la
surface du calcaire, était de 2 millimètres, Après avoir
enlevé la coquille et scié longitudinalement la pierre,
nous avons reconnu, à l'aide de la loupe, la présence des
mêmes cercles rotatoires et des hachures proportionnés
aux coquilles, comme dans les adultes.
Nous reconnaissons que le mode de perforation em-
ployé, selon nous, par les animaux des Pholades, n'est
pas celui dont se servent d'autres Mollusques perforants,
qui nous paraissent se servir de l’action d'un acide, Ainsi,
nous avons comparé attentivement les trous des Modioles
lithophages avec ceux des Pholades, et nous avons re-
connu que les premiers, en partie oblongs, ne sont point
d'une forme assez régulière pour avoir été produits par
une action mécanique, mais qu'ils ont été formés par
l'emploi d’un acide qui n’a pu être distribué sur tous les
points dans une même proportion, il en résulte naturelle-
enent des irrégularités fréquentes, tandis qu'au contraire
— 369 —
les trous des Pholades sont circulaires, et, dans leur lon-
gueur, d’une régularité qui ne peut être obtenue que par
un mouvement de rotation.
D'un autre côté, les hachures et les stries diverses que
l'on remarque dans le pourtour de la demeure des Pho-
lades, on ne les retrouve pas dans les trous que certains
Mollusques parviennent à faire au moyen d’une liqueur
acidulée, qui doit corroder le calcaire sans laisser de tra-
ces. Il y a donc deux modes d'action différents.
En résumé, l'examen minutieux que nous avons fait
d'un grand nombre de coquilles appartenant au G. Pho-
lade, et des trous creusés par leurs animaux dans des
pierres de différentes natures, nous a convaincu que ceux-
ci n'emploient point pour s’y loger l’action chimique d’un
acide, mais l’action mécanique du frottement de leur co-
quille. Nous avons, en outre, été confirmé dans cette
Opinion par les essais auxquels nous nous sommes livré
avec succès pour perforer nous-même avec ces coquilles
les calcaires qu'elles habitent.
Nous en conclurons donc, qu’on ne saurait dire d’une
manière absolue :
« Qu'aucun Mollusque ne perfore la pierre à l’aide d'un
» moyen mécanique (1). »
F. Caizztaup.
(4) M, Caiïlliaud, en nous adressant ses observations, a bien voulu nous
envoyer en même temps les fragments de pierre et les coquilles qui ont
servi à ses expériences, en nous autorisant à garder ces objets pendant
quelque temps, pour pouvoir les mettre sous les yeux des personnes qui
desireraient constater l'exactitude de ses assertions. Sans prétendre juger
ici la question, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaitre que l’état
des pièces s’accorde parfaitement avec les conclusions posées par l’auteur
de l’article.
S, Perir.
== #70
Nornice sur le genre Naviceze (Navicella Lam.) et
Cararoeue des espèces appartenant à ce genre, par
M. Reczuz.
Les Navicelles sont des coquilles fluviatiles qui ont été
figurées, pour la première fois, par M. Neh. Grew,
en 1681, et par Rumphius, en 1705. Linné classa l’es-
pèce qu'il connut parmi les Patelles labiées ; Chemnitz,
avec plus de raison, plaça cette espèce parmi les Nérites,
avec lesquelles elle a des rapports naturels.
Malgré les affinités qui existent entre ces coquilles, des
observateurs remarquant des différences notables dans
leurs caractères essentiels proposèrent de retirer du groupe
des Nérites, les Navicelles, dont ils constituèrent un nou-
veau genre. En effet, la forme patelloïde de ces coquilles,
l'absence de spire, la direction tout à fait postérieure de
leur sommet, l'étendue considérable de leur ouverture, la
dépression de leur lèvre interne, toujours dépourvue de
dents et de crénelures justifiaient la séparation dont il
s'agit.
Ce nouveau genre fut indiqué dans un catalogue sous
le nom de Catillus, par Humphrey, en 1797 (selon M.Gray),
puis sous celui de Septaria, par Férussac, en 1807 ; sous
le nom de Cimber, par Denis de Montfort en 1810; de
Nacelle, en 1809, et ensuite de Vavicella, par Lamarck,
en 1812; enfin, en 1817, sous la désignation deSandaliura,
par Schumaker qui, cependant, confondait ce genre avec
des Crépidules.
La priorité du nom donné par Humphrey, dans un livre
qui ne présente point un caractère scientifique, ne saurait
raisonnablement être consacrée, d'autant que ce même
non a été adopté pour un genre de Bivalves : il en est de
même du nom de Septaria. D'un autre côté, celui de ÂVa-
— 371 —
vicella est si généralement reçu aujourd’hui qu'il y aurait
plus d’inconvénients que d'avantages à ne pas l’adopter
dans la nomenclature conchyliologique : c'esta ce parti
que nous croyons devoir nous arrêter.
Les Navicelles sont des coquilles patelliformes , subhé-
misphériques ou elliptiques, variant entre la forme sub-
orbiculaire et l’oblongue, plus convexe que déprimée,
d'une texture analogue à celle des Néritines, plus mince
qu'épaisse, et ordinairement {ranslucide. Leur sommet,
plus solide que le reste du test, est court, couché sur le
bord postérieur, tantôt médian, symétrique et prolongé
au-delà de ce bord, tantôt placé un peu avant la termi-
naison de ce bord, obliquant légèrement à droite et re-
courbé.
La surface extérieure de ces coquilles est revêtue,
comme dans les autres genres de la famille, d’un épiderme
corné, olivâtre, plus persistant, mais se dissolvant parfai-
tement dans une solution alcaline faible en ébullition.
Cet épiderme, assez mince, laisse apercevoir à l'œil nu,
ou par transparence des taches et linéoles formant des
dessins variés comme des réseaux, des rayons, une sorte
de marquetterie, etc..., de couleur noire, brune, rouge-
brun, pourpre ou rose violacé. Cette même surface n'est
jamais parfaitement lisse, quoiqu’elle présente parfois un
aspect très uni : on y aperçoit toujours, à l'aide de la
loupe, des stries d'accroissement très fines. Dans beau-
coup de d'espèces ces lignes sont visibles à l'œil nu : il
en est dans lesquelles on remarque des lignes longitudi-
nales, exiguës, rapprochées.
La face inférieure présente un péritrème circulaire et
tranchant ; elle porte au côté postérieur et un peu au-des-
sous de la marge, une lèvre intérieure simulant une de-
mi-cloison ordinairement semi-lunaire , cintrée et rectili-
gne. Dans quelques espèces, cette lèvre s’avance comme
une sorte de languette qui donne une figure cordiforme
— 372 —
à la cavité intérieure de la coquille. La surface de cette
lèvre plane ou un peu convexe, rarement anguleuse à son
centre, plane ou inclinée sur les côtés, présente une ap-
parence ridée, comme dans certaines Néritines à cloison
plane.
La cavité, unie à l'intérieur et d'une couleur blanchà-
tre ou d'un rouge-gris bleuâtre, est, dans certaines espè-
ces, tachée de jaune, d'orangé, de safrané, de noir ou de
brun, plus particulièrement vers le côté postérieur et sous
le sommet. Des taches noires se montrent aussi, parfois,
sur la lèvre qui est également, selon les espèces, teinte de
jaune ou d'orangé.
Ces Mollusques vivent dans les eaux douces et claires:
ils sont tous exotiques : on les trouve principalement dans
les îles de l'Océan pacifique, en Asie et dans les îles si-
tuées sur la côte orientale de l'Afrique. On n’en a trouvé
aucune jusqu à présent en Europe, sur le continent afri-
cain ou en Amérique. Les Navicelles habitent les rivières,
les ruisseaux, les lacs et les étangs, soit sur les bords, soit
sur les pierres immergées. Elles paraissent se plaire au
milieu des cascades : quelques-unes, la MN. lineata et la
N. ambigua se trouvent à l’île Bourbon dans les étangs
d’eau salée, en compagnie de Kéritines, et d'Aplysies :
aucune espèce n'a été signalée encore à l’état fossile.
Quelques espèces Lacustres ont souvent leur face exté-
rieure recouverte d'une couche épaisse de limon pour la
préserver sans doute de l’action d’une trop grande cha-
leur : telles sont, par exemple, les W. suborbicularis, Frey-
cineli, Bougainvillei, Luzonica, etc.
La Navicelle porcelaine (Nav. Porcellana.) sert, à Ile
de France, concurreniment avec les Néritines, à la nour-
riture de la classe pauvre, et à la préparation de bouil-.
lons pour les malades.
Avant que l’auimal de la Navicelle fût connu , on était
fort incertain sur la place qu'il devait occuper. De Roissy,
she
Cuvier, Férussac rapprochaient, avec Linné, les Navicelles
des Crépidules. Lamark, se rangeant à l'opinion de Chem-
nitz, les comprit d’abord dans la première section de la
famille des Neritines (extraits de son cours). Ferussac
contesta longtemps cette opinion, qui fut vivement ap-
puyée par M. Deshayes, qui trouvait une grande affinité
dans les caractères de la coquille et des opercules des Ne-
rites et des Navicelles. Quelques personnes conservaient
encore quelques dontes sur ce point , lorsque MM. Quoy
et Gaymard rapportèrent l'animal de la Navicelle. M. de
Blainville vint démontrer alors les affinités qui existaient
entre cet animal et celui des Néritines, ct prouva que
l'opinion émise par Chemnitz, Lamark, soutenue par
M. Deshayes, était seule admissible.
Les Navicelles sont donc des Mollusques gastéropodes
pectinibranches, de la famille des Néritacés. En voici la
caractéristique :
Caractères génériques.
AnimAL Oval, non spiral, ayant une féte très large, se-
milunaire, portant des tentacules voniques, contractiles,
très distants, à la racine desquels sont des yeux courte-
ment pédiculés. Bouche grande, longitudinale, sans dent
supérieure, ayant une langue à plusieurs rangées de cro-
chets, prolongée dans la cavité viscérale, et fendue à son
origine ultérieure, simulant ainsi deux lèvres longitudi-
nales ; anus à l'extrémité &d'un tube flottant à droite au
plafond de la cavité branchiale; une seule grande branchée
pectinée et oblique; orifice de l’oviducte dans la cavité
branchiale; celui du canal déférent à la racine, et en-des.
sous de l'organe excitateur situé en avant du tentacule
droit. Pied fort grand, elliptique, à bord mince, subpa-
pillaire, assez avancé antérieurement, sans sillon margi-
nal, réellement trachélien, mais attaché de chaque côté
dans toute sa partie postérieure à la masse viscérale, de
— 374 —
manière à former entre elle et Jui une sorte de cavité ou-
verte transversalement en arrière.
Coquice épidermée, patelloïde, à sommet non spiré,
presque symétrique, abaissé sur le côté postérieur; péri-
trème continu; point de columelle, et, à la place, une
demi-cloison, à bord tranchant et uni. Impression mus-
culaire en fer à cheval interrompu en arrière, ouvert en
avant avec les extrémités prolongées et visibles sur les cô-
tés de la cavité.
Opercule testacé, mince, quadrilatère, radié à sa sur-
face, portant une dent subulée et latérale au bord posté-
rieur adhérent, aminci et tranchant sur les autres bords,
appliqué à la face dorsale du pied et caché dans la cavité
que celui-ci forme avec la masse viscérale.
Un arrangement purement linéaire des espèces de Na-
vicelles ne serait guère scientifique : les coupes en sec-
tions servent beaucoup mieux pour la détermination ;
néanmoins , il n'est pas toujours facile de rencontrer un
caractère propre à ce classement. En l'absence d’un meil-
leur, nous avons fait choix, dans notre prodrôme d'une
monographie du genre (Revue zoologique, année 1841),
d'un caractère qui nous a paru constant et qui repose sur
la place qu'occupe le sommet.
Dans la première section, nous avons rangé les Navi-
celles à sommet tout à fait postérieur, prolongé au-delà
du bord toujours usé par la marche de l'animal, ou rongé,
nous le supposons, par d'autres animaux.
Dans la seconde section entrent les espèces dont le
sommet est submarginal et entier.
Dans la troisième, nous avons placé celles dont le som-
met s'arrête bien avant d'arriver à la marge, ou dont
celle-ci forme une saillie au-delà du sommet, lequel est
alors entier et recourbé latéralement à droite en une
sorte de crochet.
Toutes nos espèces ont été décrites dans la Revue z00-
— 379 —
logique, année 1841, et dans les Proceedings de la So-
ciété zoologique de Londres, dans les années 1842 et 1843,
à l’exeeption de la N. Cærulescens.
GararocuE des espèces du G. NAviICELLA.
J, Sommet saillant au-delà de la marge, souvent corrodé.
Voy.Uranie.pl.71.f.3.6
Voy.il. afr. pl. 37.f.2.
Buffon Moll. pl. 5.p. 239.
Encyel. méth, pl. 456. f. {
Rev. Conc. Syst. f.5.8.11.
Thes. Sow.f.1 et 2.
Sow. Thes. f.8 ot 10.
Sow. Thes.f.1 et 2?
Id. f,6 et 7.
Coq. Java. pl.22. f. 6.
Sow.Thes.f.11-13.
Id. ::1:19:20.
Hd 139:
As Fi0c18.
Rev. Zool. 1841.
Sow.Thes.f. 4.5.
Rev. Zool. 1841.
Sow. Thes. f. 40-42.
Enc. méth. pl. 456.f,3.
ld, f.4.
Sow.Thes. f.26.27.
Id. f. 45-47.
Id. f.48?
Ent, méth. pl. 456. f.2.
Sow.Thes.f. 21-24.
/ Porcellana (Pat.) Linné. Madagascar.
Borbonica. Bory S.V.
Borbonica (Crép.)deRoissy.1. Bourbon.
Elliptica. Lam.
Sandal. Pictum. Schum.
Perousi. Sow. j
{ Depressa. Lesson. Nouv.Guinée.
{ Zebra Id. I.Tahiti?
Macrocephala. Guillou. Nes Viti.
Luzonica. Souleyet. Nes Philippines.
Parva. Mousson. Java.
Luzonica jun?
Javellei. Recluz. Iles Philippines.
Freycineti. Id. Madagascar.
Apiala. Guillou. I.Noukahiva.
Cumingiana. Recluz. 1.Mindanao.
Bougainvillei. Id. I. Vili.
| Var.major. Nouv. Calédonie.
.Macrocephala. Sow j.
Sufreni. Recluz. 1.Lebouka.
Variabilis. Id. I. Mindanac.
IT. À sommet submarginal entier.
Tessellata. Lam. IL. Philippines.
Tessellaria. Id,
Entrecastreauxi. Sow. j.
Cookii Recluz. 1.Commores.
Enirecasteauxi. Id. Nouv.-Holl,
Lineata, Lam. Madagascar.
Sept.navicula. Fer. I. Philippines.
_Var.minor. Ceylan. Calcuta.
Id. f.25.
— 376 —
III. A sommet situé un peu avant le bord postérieur.
/ Clypeolum. Recluz. 1.Phiippines. Sow.Thes.f.32.35.
Atra. Reeve Id. Id. f. 34.
Radiata. Id. Id. Id. f.35.
Recluzit. Id. Id. Conch. Syst. f. 6.
Maculifera. Mousson. Java. Coq. Java. pl. 12.f.13,
Ambigua. Recluz. Sumatra. Sow. Thes. f. 32. 33.
Tessellata var. E. Id. Rev. Zool. 1841.
Cœrulescens. Id. Beugale. Sow.Thes. f. 29.36-38.
Compressa. Benson Id. Asialic.Journ.v. 5. p. 479.
Laperousei. Recluz. I. Viti. Sow.Thes. f.3.
Suborbicularis. Sow. Amboine. Rumphius. PI. 40. f. 0.
var. L. Philipp. Sow. Thes. f. 30-31.
Durvillei. Recluz. Amboine? Rev. Zool. 1841.
Suborbicularis var?
C. R.
DescriPr10x d’une coquille appartenant à la famille des
Bulimes , Genre Macroceramus, de Guilding, par
M. Petit de la Saussaye,
M. le docteur Guilding {1) a établi, sur une petite co-
quille terrestre des Antilles, qui lui semblait appartenir
au groupe des Pupa ou à celui des Bulimus, un nouveau
genre qu il désigna sous le nom de MacrocerAmus.
Voici la caractéristique qu'il donnait :
Animaz héliciforme, terrestre, caput subbilobatum ;
tentacula quatuor, duobus superioribus capitatis, ocu-
ligeris ; pes brevis, posticè attenuatus, simplex.
(4) Zoological journal, octobre 1828, tom. 4, p. 168.
ER ÇA
Tesra cylindrico-conica, crassa, opaca, umbilicata; an-
fractibus sensim decrescentibus ; apertura regularis, se-
miovata; labro subito reflexo ; columella Iævis, simplex.
M. Guilding donnait en même temps la description
d'une espèce de l’île Tortola. Macroc. signatus.
Plusieurs auteurs ont cru devoir faire rentrer les espè-
ces de ce geure dans la famille des Bulimes, et M. Reeve
les a comprises dans sa monographie du genre Bulimus.
Toutefois, bien que nous ne soyons pas partisan de la
multiplicité des coupes introduites dans la famille des
Hélicidés, nous ne pouvons cependant nous empêcher de
reconnaître, dans le groupe des Macroceramus (1), des
caractères assez constants, et assez distincts pour être
fondé à admettre provisoirement le genre établi par l'au-
teur anglais.
Voici la description d'une nouvelle espèce de Macro-
ceramus, qui nous a été rapportée de Saint-Domingue par
M. le docteur Richaud, chirurgien de la marine, à qui
nous nous faisons un plaisir de la dédier.
Macroceramus, Richaudi nobis (Notre collection).
(PL XII, fig. 4.)
Testa pyramidali-turrita, albido -fuscescens, nitens, vix
umbilicata; anfractibus 13-14, subplanis, longitudinaliter
costulato-striatis , et strigis purpureo-nigrescentibus pictrs,
ultimo anfractu zona fusca cincto. Apertura rotundata.
Coquille pyramidale, turriculée , d'un blanc légère-
ment teinté de brun, brillante, ayant environ treize
tours de spire élégamment et finement costulés dans leur
longueur-et ornés de fascies longitudinales d'un brun
(1) M. Albers, de Berlin, dans un ouvrage que nous annoncçons plus loin
(Bulletin bibliographique), a formé, pour ce même groupe, un sous-genre,
auquel il donne le nom de Colobus, sans tenir compte, nous ne savons
pourquoi, du travail de M. le docteur Guilding.
SH
0
foncé, le dernier tour ceint inférieurement d'une petite
bande de même couleur.
Longueur, 15 millimètres.
Habite l’île Saint-Domingue (Gonaïves).
Cette jolie petite espèce et ses congénères viennent
des Antilles ou des parties du continent américain qui
avoisinent ces îles.
M. Reeve a donné la description et la figure de plu-
sieurs espèces dans sa monographie du genre Bulimus ;
mais nous croyons qu'il a commis une erreur dans la dé-
termination d'une de ces espèces. Ainsi, celle qu’il figure
sous le n° 444 ne nous paraît point être le Macr. signatus
de Guilding, si nous nous en rapportons du moins aux
figures que Turton, dans son Manual, fig. 68, et M. So-
werby (Conch. illust., fig. 57) avaient déjà données de
cette dernière espèce : celle-ci serait alors le P. Guildin-
gù de M. Reeve, n° 445. Nous serions en outre confir-
mé dans notre opinion par cette considération que le
B. Guildingii est de l'île Tortola, Labitat indiqué par
M. Guilding pour le M. signatus; tandis que l'espèce
que M. Reeve décrit sous le n° 444 est de St-Domingue,
où elle a été trouvée avec la nôtre par M. le docteur Ri-
chaud. Nous donnons la fig. de cette coquille (pl. XIII,
fig. 5) : cette figure, et celle de notre espèce (pl. XII,
fig. 4), sufliront pour faire reconnaître les coquilles qui
appartiennent à ce groupe, car elles ont, dans leur en-
semble, des rapports faciles à saisir.
Nous pensons que M. Morelet aurait dû rattacher à ce
groupe une coquille qu'il a classée parmi les Cylindrelles
sous le nom de Cylindrella concisa.
Nous donnons ci-dessous la liste des coquilles, décrites
jusqu’à présent, qui nous semblent appartenir au groupe
dont il est question, petite famille qui semble parquée,
— 379 —
comme nous l'avons fait remarquer plus haut, dans une
partie assez circonscrite du globe.
G. Macroceramus Guilding.
{ Signatus. Guilding.I.S.-Domingue. Conc.ill.Sow.f. 57.
Cylindricus. Turton. Conc. Mannal. f. 68.
Guildingi. Recve. Monog. Bul. f.445.
Guildingii. Nobis. I. S.-Domingue. as D ie 5.
Kieneri. Pfeiffer. Horduras. Reev. Mon. Bul. f. 463.
Formosus. Reeve. I. St.-Thomas. ld. Id. f. 448.
Unicarinatus? Lam. Delessert. pl. 27. f. 4
Canimarensis. Pfeif Cuba. Reev. Mon. Bul. f. 468.
Richaudi. Nobis. I.S.-Domingue. Journ.Conchyl.pl.13. f.4.
Gossei. Pfeif. Jamaïque. Rev. Mon. Bul. f. 462.
Turricula. Id Cuba Id. ld. f.497.
Concisus. Morelet. Yucatan.
Cylindrella concisa. Id.
Nous terminerons, au surplus, ce petit article en ap-
pelant l'attention des conchyliologues qui se trouveraient
aux Antilles, sur la nécessité d'examiner de plus près les
animaux de ce groupe intéressant, afin de s'assurer de la
place qu'ils doivent réellement occuper dans la nomen-
clature.
see
Descriprion de Narices nouvelles ; par M. C. Reccuz.
Narica perspicua, Recluz.
(PI. XIV, f. 1 et 2.)
N. Testa ovata, exalbida, glabra, nitida ; anfractibu.
septenis,quinis superioribus angustis ; suturis superficialibus;
— 380 —
spira laterali, conico-depressa, acuta, extrorsum parum
erecta ; infimo oblique ovato, supernè spiratim parum de-
presso et fascia albo-lutescente late cincto ; apertura obli-
qua, albida; labio obliquo, medio convexiusculo ; umbilico,
extus fusco late cincto, intus callo magno fusco inferne
sptraliter partim occultante, superne pervio. Operculo carti-
lagineo.
Hab. Les Philippines.
(Collection Recluz).
Coquille ovale, légèrement oblique, dépourvue d'épi-
derme, d’un blanc pur, lisse et luisante malgré ses stries
longitudinales usées. Elle est formée de sept tours, les
cinq supérieurs très petits, le sixième cinq à six fois plus
grand que les premiers, faisant ensemble une spire laté-
rale, cônique et déprimée, aiguë et relevée un peu en ar-
rière, au-dessus de l'ouverture. Le dernier est ovale,
oblique, légèrement déprimé à sa partie supérieure, où
règne une large fascie d'un blanc opaque, à peine lavée
de jaunâtre; ouverture oblique, brillante, blanchâtre,
semi-lunaire, rétrécie et arrondie en haut par la callo-
sité du sommet de la lèvre interne. Bord interne convexe
vers le centre antérieur, épais et réfléchi sur l'avant der-
nier tour en une callosité un peu convexe, et portant vers
le centre un sillon transversal peu marqué. Ombilie
moyen, bordé à l'extérieur par une large zone roux-
brunätre, occupé, à l'intérieur et à sa partie inférieure, par
un funicule spiral, roux-brunâtre, à sommet aplati, lon-
gitudinal; laissant voir, au-dessus et postérieurement, un
trou ombilical profond. Opercule corné.
Dimension : hauteur, 36 mill.; largeur, 29 mil].
Ouverture : hauteur, 22 mill.; largeur, 13 mill.
— 381 —
Narica Euzona, Recluz. (Proceedings Zoological
Society 1843.)
(PLAINES 3)
N. Testa subglobosa, tenut, lœvigata, lœviter albido-
cærulescente, lineis longitudinalibus luteo-rubris et fascis
tribus angustis albis tranversis maculis luteo-rubis articu-
latis ornata ; spira semi-globosa, supernè acuta ; infimo
transverso, ventricos0, supernè convexo-depresso ; suturis
angustis; apertura obliqua, intus fusca; labio arcuato;
umbilico pervio, callo inferne angustante.
Hab. Les Philippines.
(Collection Recluz).
Coq. subglobuleuse, mince, légère, lisse, ayant un
fond d’un blanc légèrement bleuâtre, orné de lignes fines
arquées, d’un jaune-rouge, formant de distance en dis-
tance, sur les fascies blanches et transverses, au nombre
de trois, sur le dernier tour, des articulations assez lar.-
ges, d'un bel effet. Spire subglobuleuse. Dernier tour
transverse, ventru ; ouverture aussi large que haute, d’un
roux-brun dans le fond. Bord interne arqué en avant,
portant une callosité étroite et peu épaisse, réfléchie sur
l’avant-dernier tour, au-dessus de lombilic. Ombilic pro-
fond, au-dessus d’un fanicule spiral à sommet convexe et
arrondi.
Dimension : hauteur, 28 mill.; largeur, 22 mill.
Ouverture : hauteur, 18 mill.; largeur, 12 mill.
Narica elegans, Recluz.
(PL:XEV E 4.)
N. Testa subglobosa, ventricosa, lævigata, albo anguste
fasciata ; fasciis maculis spadiceis arcuatis ærticulatis, inters-
— 382 —
tüiis fasciarum longitudinaliter lineolis luteis creberrimis
pictis orndta; spira convexo-depressa, subacuta, unifas-
ciata ; infimo anfraclu ventricoso, parum transverso , su-
pernè depresso, glaberrimo ; apertura semi-circulari. intus
violacea ; labio obliquo, subrecto, supernè reflexo ; umbili-
cum callo maximo, albo fere occultante.
Hab. :...
(Collection Recluz).
Coq. subglobuleuse. ventrue, très lisse, fasciée de
rubans étroits, blancs, articulés de taches arquées rouge-
brunes. Entre ces fascies, des lignes très étroites, lon-
gitudinales et très rapprochées garnissent les espaces.
Spire conique, déprimée, presque aiguë et ornée d’une
seule fascie. Dernier tour ventru, déprimé près de la su-
ture et dépourvu de stries rayonnantes. Ouverture demi-
circulaire, teinte de violet en dedans. Lèvre interne obli-
que, presque droite, réfléchie supérieurement sur l'avant-
dernier tour en une plaque mince et étroite. Ombilic
semi luraire, et en très grande partie obstrué par une
callosité épaisse et blanche. Opercule calcaire ?
Dimension : hauteur, 24 mill.; longueur, 24 mill.
Ouverture : hauteur, 16 mill.; longueur, 11 mil].
Narica Senegalensis, Recluz.
(PILLXREV 4,5)
N. Testa subovata, ternuissime striata, albido-lutescente,
maculis lineisque fusco purpureis angulato-flexuosis vel
confluentibus picta ; spira conico-acuta ; infractibus ventri-
cosis; infimo anfractu subgloboso; apertura obliqua semi
circulari, albida; labio oblique recto ; umbilico callo cras-
siusculo modificato.
Hab. Le Sénégal.
— 383 —
(Collection Petit).
Coq. presque ovale, plus solide que mince, très fine-
ment striée, d’un blanc jaunâtre , peinte de lignes ou de
taches d’un brun-rouge, fulgurantes, dont la plupart se
mélent et donnent lieu à des dessins informes. Spire coni-
que, aiguë, maculée. Tours ventrus, le dernier subglobu-
leux et plus particulièrement orné de taches. Sutures très
étroites. Ouverture oblique, blanchâtre en dedans. Lèvre
interne oblique, droite, légèrement refléchie sur l’avant-
dernier tour, et peu calleuse. Ombilic demi-rond et en
partie obstrué par un funicule proportionnellement assez
gros, à sommet arrondi, convexe, blanc et luisant. Oper-
cule corné ?
Dimension : hauteur, 25 mill.; largeur, 19 mill.
Ouverture : hauteur, 14 mill ; largeur, 10 mill.
Narica Cayennensis, Recluz.
(PI. XIV, f. 6.)
N. Testa globoso-acuta, pallide luteo-fuscescente, medio
versus anguste pallide fasciata maculis spadiceis angulatis
fere obsoletis, medio interruptis picta; spira conico de-
pressa, acuta; anfractu infimo globoso, superne radiatim
striato ; apertura lata, semi-circulari intus pallide violacea;
labio medio arcuato, superne reflexo et parum calloso ; um-
bilico superne pervio, profundo, medio callo largo spirali
partim angustante.
Hab. Cayenne.
e
(Collection Recluz).
Coq. globuleuse aiguë, d'une couleur jaune-brun très
pale, ornée de lignes formant des taches anguleuses de
distance en distance, interrompues au-dessous du milieu
— 384 —
du dernier tour par une fascie étroite, de la couleur du
test, au-dessous de laquelle les taches se prolongent. Ces
taches semblent gazées de telle sorte, que sur d’autres in-
dividus elles sont presque effacées. Spire en cône dé-
primé, et aiguë au sommel. Dernier tour globuleux,
rayonné de stries à sa partie supérieure qui est convexe.
Ouverture assez grande, semi-circulaire, blanchâtre, teinte
de violet dans le fond. Bord interne arqué dans le centre,
réfléchi supérieurement sur l’avant-dernier tour en une
plaque peu épaisse et médiocrement étendue. Ombilic
semi-circulaire, ouvert, profond supérieurement, et
garni dans ses deux tiers inférieurs d’une large callosité
funiculaire déprimée. L’opercule est testacé, très épais
et muni dans le centre et en long d’une callosité de même
matière, dont la surface est dépolie.
Dimension : hauteur, 29 mill.; largeur, 23 mil].
Ouverture : hauteur, 20 mill.; largeur, 12 mill.
NaricA cincta, Recluz.
(PI. XIV, f. 7.)
N. Testa parva, subglobosa, ventricosa, alba, punctis
innumerts, fascits que albis quaternis fusco maculatis picta ;
anfractibus quinis, superne depressis, fascia lutea cinctis ;
spira conico-depressa, apice acuta; apertura semi-lunari ,
intus pallide fusca ; labio obliquo, recto; umbilico callo
maximo convexo, albo obtegente.
Hab. la côte de Malabar.
(Collection Recluz).
Petite coquille subglobuleuse, ventrue, blanche, peinte
d'un nombre considérable de points, etornée de quatre fas-
cies blanches, étroites, tachées de brun. Elle a cinq tours
— 385 —
de spire déprimés supérieurement et ornés d'une large
fascie jaune décurrente. Spire coniquement déprimée, à
sommet aigu. Ouverture demi-ronde, d'un brun très pâle
en dedans. Bord interne oblique et droit; ombilic entiè-
rement fermé par une callosité épaisse, blanche et con-
vexe.
Dimension : hauteur, 17 mill.; largeur, 15 mill.
Ouverture : hauteur, 10 mill.; largeur, 7 mill,
Narica Souleyetiana, Recluz.
(PI. XIV, f£. 8.)
N. Testa parva, subglobosa, ventricosa, albido-cinerea
quadrifasciata : fasciis angustis albis punctis spadiceis qua-
dratis articulatis, in infimo maculis majoribus ; anfractibus
quaternis superne sulcis crebcrrimis, arcuatis ; spira conico-
depressa, apice nigra; infimo anfractu ventricoso, transver-
sal ; apertura dilatata, semx ctreulari, intus purpureo trizo-
nata; umbilico superne parvo, pervio, medio callo lato
modificato ; labio obliquo subrecto.
Hab. Océan Pacifique?
(Collection Petit).
Petite espèce assez mince, presque globuleuse, ventrue,
d'un blanc-cendré légèrement bleuâtre, formée de quatre
tours rayonnés supérieurement de sillons profonds,
arqués et dirigés d'avant en arrière. Spire courte, en
cône surbaïissé et à sommet noir et pointu. Le dernier
tour est transverse, ventru, et orné de quatre fascies
blanches circulaires, très étroites, articulées de points
carrés rouge-bruns, dont ceux de la fascie inférieure sont
plus grands. Les trois inférieures sont plus rapprochées
entre elles que la seconde de la première : celle-ci re-
monte sur le troisième tour de spire. Ouverture proportion-
— 386 —
nellement assez grande, oblique, blanchätre, et peinte de
trois zones décurrentes pourprées. Lévre interne oblique,
presque rectiligne. Ombilic profond, ouvert supérieu-
rement, et obstrué dans le reste par une large callosité
épaisse et convexe. Bord externe mince et tranchant.
L’opercule doit être testacé.
Dimension : hauteur, 17 mill.; largeur, 15 mill.
Ouverture : hauteur, 12 mill.; largeur, 8 mill.
Narica zonalis, Recluz.
(PI. XIV, fig. 9-10.)
N. Testa subglobosa, ventricosa, sub epidermide fusces-
cente tenuissima alba, fasetis binis et maculis spadiceis pic-
lis ornatv; anfractibus quaternis suprà convexiusculis ; spira
brevi, conico depressa, acuta ; anfractu infimo subgloboso;
apertura obliqua, intus albida ; labio obliquè recto; umbilico
callo albo, crassiusculo inferne partim occultante; labro
tenur.
Operculo testaceo supra spiraliter sulcato, subtus radiatim
striolato. Fig. 10.
Hab. Iles Witi ou Fidji.
(Collect. de M. Recluz.)
Petite coquille subglobuleuse, ventrue, formée de qua-
tre tours de spire convexes, arrondis, revêtus d'un épi-
derme très mince, brunâtre, au-dessous duquel on aper-
coit deux fascies de taches longitudinales rouge-brunes,
parfois confluentes, sur un fond blanchâtre; spire courte,
en cône déprimé et aigu; dernier tour subglobuleux.Ou-
verture oblique, demi-ronde, blanchâtre en dedans; lèvre
interne oblique et droite ; ombilic en partie obstrué in-
férieurement par un funicule épais ayant son sommet ar-
rondi et blanc. Bord externe mince.
L'opercule ressemble assez à celui de la . canrena : N
— 3837 —
est testacé, blanc, sillonné concentriquement en dessus
et finement strié en rayonnant en dessous. (#7. la f. 10.)
Haut. -: 17 oulls lacs. : {€ mil.
Ouverture : Haut. : 12 mili.; larg. : 8 mill.
Namica gracilis, Recluz.
(PL XIV Me 11.)
N. Testa minima, globoso-acuta, crassiuscula, alba, lin-
eolis obliquis luteo-rufis picta; anfractibus quaternis con-
vexis; spira conico-depressa; apice acuta, nigra; infimo an-
fractu superne breviter et radiatim striato, apertura obli-
qua, semi-circulart, intus dilute violacea; labio oblique rec-
to; umbilico reniformi, callo mediano, supra plano angu-
starite.
Hab. les Philippines.
(Collect. de M. Petit.)
Coquille très petite, d’une forme globuleuse aiguë, as-
sez solide pour sa petite taille, blanche, ornée de lignes
jaune-rougeâtre et obliques. Elle a quatre tours de spire
convexes}, nullement déprimés en dessus, mais rayon-
nés, à cette place, par des stries profondes et courtes;
spire conique, déprimée, assez saillante, à sommet aigu
et noir. Ouverture oblique, demi-ronde, légèrement
teinte de violet à l’intérieur; bord interne obliquement
droit. Ombilic réniforme, contenant un funicule médian
et à sommet aplati. L'opercule doit être testacé.
Cette coquille semble n'être qu’un jeune de la Wat.
lineata; cependant elle a toujours la même taille, un
test plus épais et un ombilie autrement conformé. Sa forme
est plutôt ovale que globuleuse.
Dimensions : Haut. : 10 mill.; larg. : 9 mill.
— 388 —-
NaricaA tenus, Recluz.
(PI. XIE, fig. 7.)
N. T'esta ovata, parva, tenu, albida, glabra ; anfractibus
senis convextis, supernè rotundatis ; suturis angustis ; spira
conico-acuta; anfractu infimo ventricoso, antice dilalato;
apertura subovali; labio valde obliquo, subrecto, postice in
lamina tenu reflexo ; umbilico rimali.
Var. 8. Testa globosa, ventricosa ; spira breviore; um-
bilico parum aperto.
Hab. Valparaiso.
(Gollect. Recluz. )
Coquille ovalaire, mince, fragile, d'un blanc sale,
presque transparente, glabre, peu brillante ou plutôt
presque terne; formée desix tours arrondis et séparés par
une suture étroite; spire conique, aiguë; dernier tour un
peu transverse, dilaté antérieurement. Ouverture subo-
vale ; bord interne très oblique, presque rectiligne, réflé-
chi supérieurement en une lame très mince, étendue in-
férieurement sur lombilic qu'il masque tellement, que
celui-ci est réduit à une simple fente oblique.
La var. £, qui en est peut-être la femelle, est globu-
leuse, à spire plus courte, à dernier tour plus ventru et à
ombilic un peu ouvert et profond.
L'opercule doit être corné.
Haut. : 24 mill.; larg. : 19 mill.
Ouverture : Haut. : 14 mill.; larg. : 9 mill.
N arica virginea, Recluz.
(PI. XII, fig. 6:)
N. Testa parva, subovata, convexa, exalbida, subpellu-
cida, glabra, nitida; anfractibus quinis, convexo-depres-
— 389 —
sis; suturis superficialibus ; spira conico-depresso acuta; ani-
fractu infimo fascia lactea opaca superne ornato; apertura
obliqua, alba; labio oblique recto, callo elongato, postice
reflexo, crasso et convexo ad umbilicum sulco parvo tran-
sverso notato et transversim truncato ; umbilico parvo, in-
fero, pervio, profundo; labro tenur.
Hab. Realejos.
(Collect. Petit et Recluz.)
Petite coquille subovale, convexe, d’un blanc transpa-
rent, glabre, brillante, à cinq tours de spire convexes et
déprimés, sutures superficielles; spire conique et dé-
primée, terminée en pointe. Dernier tour orné supé-
rieurement d’une fascie d’un blane de lait, opaque et re-
montant sur les tours de spire. Ouverture oblique, blan-
che; bord interne oblique droit, épaissi supérieurement
et postérieurement par une callosité allongée, épaisse et
convexe, prolongée sur le trou ombilical qu’elle recou-
vre en partie, et où elle présente une troncature hori-
zontale ; néanmoins, celui-ci est ouvert, profond et ponc-
tiforme. Près de l'ombilic, et à la partie supérieure de
celui-ci, on remarque un sillon transversal, peu profond,
qu'on retrouve dans toutes les espèces mamilliformes,
comme les N. mamillaris, mamilla, macrostoma, uber,
uberina et semblables.
Cette espèce diffère de celles de sa section par sa spire
courte et exactement conique.
Haut. : 22 mill.; larg. : 18 mill.
Ouverture : Haut. : 13 mill.; larg. : 8 mill.
Namica Haneti, Reciuz.
(PI. XIII, fig. 6, 7.)
N. Testa subglobosa, longitudinaliter supernè sulçata:
— 390 —
sulcis creberrimis, transversis, tenue striata, lutescente, li-
neolis longitudinalibus subundulatis spadiceis ornata; an-
fractibus quinis, convexis, supernè depressis ; spira conico-
depressa, apice acuta; apertura magna, basi angulata, albi-
do-lutescente in fundo violacea ; labio interno obliquo, me-
dio parum arcuato ; umbilico largo, superne pervio, inferne
callo maximo spirali partim occultante; operculo testaceo?
Habit. la côte de Bahia, d’où elle a été rapportée par
M. Hanet-Clery.
Coq. globuleuse, peu épaisse, formée de cinq tours de
spire d’un jaune blanchâtre, rayés longitudinalement de
lignes rouge-brunes légèrement ondulées et très rappro-
chées. La surface des tours paraît finement striée par des
lignes creuses, très rapprochées et spirales , croisées par
des sillons longitudinaux un peu obliques, rapprochés,
colorés et s'étendant jusque sur la moitié du dernier tour
et occupant toute la surface des tours supérieurs. La par-
tie supérieure des tours est déprimée , presque plane, et
cet espace est limité inférieurement par un angle assez
apparent. Spire latérale, conique et déprimée, à sommet
aigu ; dernier tour ventru et plus large que haut. Ouver-
ture oblique, semi-cireulaire, d'un blanc-jaunâtre et d'un
beau violet dans le fond; lèvre interne très oblique, réflé-
chie sur l'avant dernier tour et formant là une plaque cal-
leuse, transverse et presque carrée au-dessus du trou om-
bilical. Sa marge antérieure est un peu concave dans le
centre et porte en avant cette dépression longitudinale et
linéaire qui indique un opercule testacé. Ombilic très
grand, occupé inférieurement par une grosse callosité,
lorge et coupée obliquement à sa surface, contournée
postérieurement en une spirale intérieure et ascendante
qui laisse vers la partie supérieure et antérieure un trou
assez grand et profond.
— 391 —
Hauteur : 38 mill, Largeur : 34 mil].
Ouverture : Hauteur : 30 mill. Largeur : 18 mill.
L'exemplaire figuré appartient à Collection de M. Petit.
Narica ochrostoma, Recluz.
(PI. XIII, fig. 10.)
N. Testa parva, ovata, albida, perlongum substriata ;
anfractibus quinis, superioribus convexo- depressis, angus-
ts, infimo subovato; apertura obliqua, subquadrata, intus
ochracea; labio vix convexo, valde obliquo, supernè reflexo,
calloso, umbilicum pervium, angustatum, inferum partim
occultante.
Habit...
(Collection Recluz.)
Petite coquille ovale, blanchâtre, substriée en long,
formée de cinq tours de spire dont les supérieurs sont très
étroits, d'un violet pâle et sale, faciés de blanc près des
sutures, et le dernier presque ovale, convexe et unicolore;
spire courte peu saillante en cône surbaissé et aigu ; ou-
verture oblique, presque carrée, d'une couleur d’ochre
pâle à l'intérieur. Bord interne très oblique, un peu ven-
tru en avant, réfléchi supérieurement en une callosité peu
épaisse et de couleur ochracée pâle. Cette callosité s'étend
sur l'ombilic, qui est inférieur, et en masque une grande
partie. L'opercule doit être cartilagineux.
Dimension : Hauteur : 20 mill. Largeur 16 mill.
Ouverture : Hauteur : 11 mill. Largeur 7 mill,
Narica puncticulaia, Recluz.
N. parva, subglobosa , ventricosa, albido-cinerascente,
punctis innumeris spadiceis adspersa, fasciis tribus albis
PTT
angusus cum maculis luteo-rufis articulatis vel inordinatis
picta; spira brevissima, depresso-planiuscula; sutura an-
guste canaliculata ; apertura valde obliqua, angustata, semi-
circulari, intus purpurea ; labio oblique recto, supernè et
postice reflexo, calloso, albido ; umbilico infero, angusto,
rotundato, pervio, externe rufo late cincto.
Hab..:.…
(Collection Recluz.)
Petite coquille subglobuleuse, à quatre tours déprimés
supérieurement et séparés par une suture étroite, pro-
fonde et subcanaliculée. Elle a un fond blanc sur lequel
règne un nombre considérable de points bruns très pe-
tits. Le dernier tour est ornéde trois fascies blanches,
étroites,articulées de taches jaunes roussâtres régulières ou
inégalement disposées; la fascie supérieure a des taches
plus grandes qui se montrent sur les tours de spire. Spire
très courte, déprimée et presque plane. Ouverture très
oblique, étroite, pourprée dans le fond. Lèvre interne
très oblique, rectiligne , réfléchie supérieurement en une
lame calleuse,blanchâtre,ombilic inférieur,étroit, arrondi,
profond, entouré à l’extérieur d’une large zone rousse.
Opercule cartilagineux.
Dimension : Hauteur : 17 mill.; Largeur : 15 mill.
Narica Cailliaudi, Recluz.
(PI. XI, fig. 9.)
N. Testa minima, subglobosa, alba, supernè lactea, ma-
culs luteo-fuscis, superioribus ovatis, radiatis, alteris qua-
dratis;, spira brevissima , vix convexa; apertura oblique ,
semi-circulart, intus alba; labio obliquè recto ; umbilico
parvo callo omnin occultante.
— 393 —
lab. la côte d Amboine.
(Collection Recluz.)
Coq. très petite, subglobuleuse, blanche ou d'un blanc
transparent ; elle a trois tours de spire dont les deux pre-
iniers forment un sommet à peine saillant et convexe ; le
dernier est ventru, globuleux d’un blanc lacté supérieu-
rement et inférieurement, et orné de quatre rangs de ta-
ches : le premier rang a les siennes ovales, rayonnées et
espacées, le second et le quatrième ont les leurs carrées et le
troisième carré-long et un peu plus séparées. Ouverture
oblique, demi-ronde et blanchâtre. Le bord interne est
obliquement droit, épaissi en arrière avec une callosité
qui recouvre tout à fait l'ombilic. Opercule..…
Cette petite espèce, constante dans ses dimensions, dif-
fère de la Nat. pavée par sa taille, sa coloration et son
ombilic.
Dimension : Hauteur : 8 1[2 mil]. Largeur 7 mill.
Narica Malabarica (Nobis).
N. Testa subglobosa, parvula, glabra, subepidermide
olivacea punctis maculisque albis et rufis minutis undique
adspersa, superne ac ad umbilicum maculis lacteis et spa-
diceis majoribus cincta; spira conico-depressa ; apertura
semi-rotundi, intus violacescente; labio oblique recto, fusco,
postice reflexo, tenut, callo umbilicum parvum partim vel
omnimÔ obtegente.
Hab. Mahé, sur la côte de Malabar.
Petite coquille presque globuleuse, lisse, recouverte,
dans l'état frais, d'un épiderme olivâtre, sous lequel sa
robe est criblée de taches et de points très petits, bruns
et blancs. Elle à quatre tours convexes et arrondis, les
trois premiers formant une spire conique, déprimée, ob-
26
— 394 —
tuse : le dernier très ventru, déprimé autour de la suture
et portant là une fascie formée de taches lactées et rouge-
brun, qui se répète tout autour de l'ombilic. Ouverture
oblique, demi-ronde. Bord interne obliquement droit,
brun, réfléchi sur l’avant-dernier tour en une plaque
mince. Ombilic étroit, garni d'une callosité spirale qui
en bouche une partie ou la totalité. Bord externe, mince,
tranchant. Opercule testacé, mince, lisse, ayant une côte
subspirale autour du nucleus.
Dimensions : hauteur, 14 mill.; largeur, 15 mill;
épaisseur, {{ mill.
Narica Columnaris(Nobis).
gs ÊT
N. Testa subglobosa, transversa, glabra, alba, aurantio-
fuscescente interdum latè fasciata; anfractibus quinis, con-
vexiusculis : infimo transverso, ventricoso; spira valde
depressa, acuta ; apertura obliqua, angustata, arcuaia; labio
crasso, antice ventricoso, supra calloso, angusto. Umbilico
largo, callo maximo, prolongato ; operculo corneo.
Hab. Les Iles Philippines, à Manille.
Coq. presque globuleuse, transverse, glabre, toute
blanche (les jeunes sont hyalins), ou, par fois, ornée
d'une fascie orangée-brunâtre, tellement large, que le
dernier tour paraît presque tout à fait peint de cette cou-
leur, à l'exception d'une zone blanche près de la suture.
Sa spire est semi-globuleuse, à sommet aigu. Dernier tour
ovale, transverse, ventru, un peu déprimé près de la su-
ture. Ouverture très oblique, rétrécie, arquée. Bord in-
terne ventru en avant, épais, réfléchi sur l’avant-dernier
tour, et là, portant une callosité convexe. Ombilic très
grand, continué en un canal arqué, large et profond. Un
funicule large et épais, aplati en dessus, se contourne dans
cet ombilic, et montre une grande partie de sa substance
— 399 —
aù déhors. La forme transversale de cetté coquille, son
épaisseur et son poids, non moins que la figure de son
ouverture et les caractères de son ombilic, ne permettent
pas de la confondre avec la Vatica (Nerita) pes-elephantis
de Chemnitz.
Dimensions : hauteur, 34 mill.; largeur, 40 mill.;
épaisseur, 23 mil].
Nawica bicincta (Nobis).
N. Testa ovato-subglobosa, ventricosa, longitudinaliter
striata, albida, maculis oblongis spadiceis, bis-cincta; an-
fractibus quinis ; infimo maximo; apertura ovata, dilatata,
basi angulata; labio arcuato, superne fusco, subtus albido;
umbilico rimali, ad periphæriam albido.
Hab. Les Philippines,
Coq. ovale, presque globuleuse, mince, ventrue, striée
fortement en long, blanchâtre, et ceinte, sur le dernier
tour, de deux rangs de taches oblongues, obliques, dis-
posées à égale distance, et de couleur brun-rouge. Spire
en cône surbaïssé, à sommet pointu. Le dernier tour est
très grand et forme presque à lui seul toute la coquille.
Ouverture ovale, dilatée, anguleuse en haut et en bas,
blanchâtre. Bord interne concave, réfléchi sur l'avant-
dernier tour en une lame si mince, qu'on n’en aperçoit
presque pas la trace. Près de l'ombilic, on aperçoit une
zone brune, décurrente à l'intérieur, et qui colore seule-
ment la partie supérieure de ce bord : le reste est blan-
châtre. Ombilic en forme de fente, de la même couleur
que le test, ainsi que le canal et son pourtour. Opercule
corné.
La forme etla couleur de son intérieur, de même que la
figure de son ouverture, différencient cette espèce des
Natica sœbæ et melanostoma.
— 396 —
Dimensions : hauteur, 39 mill.; largeur, 33 mill.;
épaissseur, 22 mil].
Namca Tournefortit (Nobis).
N. Testa subovata, nitida, albida vix cinerascente ; an-
fractibus supernè radianter striatis, convexis : infimo su-
pernè ascendente; spira prominula ; conico-depressa ,
acuta wmbilicum callo maximo occultante ; apertura obli-
qua, semi-rotunda; labio oblique recto, superne reflexo,
valde calloso ; callo transversim anguloso.
Hab. Les Seycheiles. #
Coquille ovale, lisse, brillante, d’un blanc un peu
cendré dans l’état récent, et très légèrement fauve quand
elle a séjourné sur la grève. Elle a quatre à cinq tours
convexes, dont les premiers forment une spire en cône
déprimé et aigu. Le dernier, de forme ovalaire est ascen-
dant à sa partie supérieure, et est marqué, près de la su-
ture, de strias imprimées et rayonnantes, qui remontent
sur les tours supérieurs. L'ouverture est très oblique,
demi-ronde, peinte d’une large zone brun pâle en dedans.
Bord interne obliquement, droiten avant, aplati en dessus,
très calleux dans tout son trajet, et principalement à sa
partie supérieure qui est réfléchie sur l’avant-dernier tour.
La callosité, très épaisse et rebombante, est anguleuse
transversalement. L'ombilic se trouve rempli par un fu-
nicule épais, ne laissant qu'une fente pour en dessiner le
contour. L'opercule doit être calcaire.
Dimensions : hauteur, 25 mill.; largeur, 21 mill.;
épaisseur, 17 mill.
Narica gualteriana (Nobis).
N. Testa minima, subglobosa , levigata, lactea, liners
spadiceis anguste bifasciata, interstitiis fasciarum lineis
— 397 —
concoloribus per longum picta; anfractibus quaternis ; su-
pernè strüs radiantibus impressis, infimo ventricoso; spira
brevi, conico-depressa, acuta, alba; umbilico angusto, funi-
culo depresso modificato.
Hab. Les Philippines, à la Jacna (Ile Bohol).
Petite coquille subglobuleuse, lisse, d’un blanc de lait.
formée de quatre tours de spire imprimés de stries creuses
et rayonnantes. Spire surbaissée, conoïdale, aiguë et tout
à fait blanche. Dernier tour très grand, orné d’une fascie
linéaire, rouge-brun, près de la suture, et d'une autre
plus päle sur le centre, avec les espaces intermédiaires
peints de lignes rouge-brun, espacées, courtes et rayon-
nantes. Ombilic étroit, profond, modifié par une callosité
spirale interne, dont le sommet est aplati d'avant en ar-
rière. Ouverture oblique, demi-ronde. Bord interne
droit, réfléchi sur l’avant-dernier tour en une plaque
mince et très courte. Bord externe mince et tranchant.
Dimensions : hauteur, 7 mill.; largeur, 6 mill.; épais-
seur, 4 1/2 mill.
Les caractères de cette espèce de Natice ne permettent
pas de la confondre avec aucune autre.
Narica pallium. (Nobis.)
N. Testa magna, ovalo-conica, ventricosa, ponderosa, in-
ferne fulvo rubente pallido, medio late et intense rufo-fus-
ca, superne fascia lutea larga picta ; spira brevi, conico-de-
pressa, acuta, lutea vel alba; apertura semi-circularë, intus
albido-fulvescente ; labio albo, crasso, antice convexo, su-
perne incrassato, calloso : callo suprà umbilicum sulco
transverso notato ; umbilico pervio, extus semi-lunari, ef-
Juso, lutescente, angulo nullo spirali, funiculo ovato, albo,
intus valde depresso umbilicum modificante.
Hab. Poulo-Pinang (Souleyet).
— 398 —
Belle et grande espèce rapportée par M. Souleyet , as-
sez semblable à la Vatica mamillaris Lamark (laquelle n’a
pas de rapport avec l’Æelix mumillaris de Linné, qui est
un Sigaret), en différant par sa coloration, son bord in-
terne moins convexe en avant et son ouverture plus lar-
ge , semi-circulaire et non point presque réniforme. Le
sillon qui se voit à la base de sa callosité columellaire est
moins large que dans la N. mamillaire; son canal ombi-
Jical est plus étroit, sans trace d'angle saïllant; mais la
callosité funiculaire a plus de largeur à la surface et plus
le saillie à l'intérieur. La nôtre vient de Poulo-Pinang en
Cochinchine, et celle de Lamark des Antilles.
Cette Natice est ovale, conique, épaisse, pesante, à
tours convexes horizontalement et déprimés près de la
suture ; les trois premiers sont jaunes ou blancs, selon les
variétés ; le quatrième a sa base rouge-brun, et le cin-
quième ou dernier présente trois zones différemment co-
loriées. La zone supérieure est jaune, parfois bordée de
blanc inférieurement ; la médiane, rouge-brun ; peu in-
tense, et l'inférieure d'un fauve-rongeâtre : c'est la plus
large de toutes. La spire, assez courte et saïllante , forme
un cône surbaissé et aigu ; le dernier tour, ovale-oblique,
est très-ventru et marqué de stries obliques d'avant en ar-
rière, assez bien marquées pour ne rien Ôter du poli que
montre la surface de cette coquille. La suture est superti-
cielle. Ouverture oblique demi-ronde , plus haute que
large, d'un blanc légèrement lavé de fauve. Lèvre in-
terne épaisse, un peu ventrue en avant, blanche, et très
calleuse au-dessus ; cette callosité est marquée au-dessus
de l’ombilic d'un sillon transverse et superficiel, comme
sur les V, mamillaris, mamilla et autres du même groupe.
Ombilic profond, étendu en dehors en un canal semi-lu-
naire blanc, dont la forme est occasionnée par un funi-
cule ovale à la surface et très déprimé en dedans. Oper-
cule cartilagineux. Bord externe tranchant.
— 399 —
Dimension : Haut. : 55 mill.; larg. : 47 mill.
Ouverture : Haut. : 39 mill.; larg. : 22 mill.
Narica bahiensis. (Nobis.)
N. Testa ovata, ventricosa, solida, supernè cervina, in-
fernè albido-cinerascente; spira vix exserta, conico-de-
pressa, albida; anfractu infimo versus suturam compressius-
culo; apertura obliqua, semi-circulari, intus rufo-fusca; la-
bio oblique-subrecto, superne et extus callo, incrassato, me-
dio sulco diviso; umbilico pervio, canali lato, intense luteo
rufo , medio spiraliter anguloso.
Hab. la côte de Bahia.
Coquille ovale, ventrue, solide, à quatre tours de
spire séparés par une suture superficielle; les trois pre-
miers forment une spire très courte, en cône très dépri-
mé, pointu et d'une couleur plus blanchätre. Dernier
tour ovale, oblique, de couleur fauve-bleuâtre dans sa
moitié supérieure et d'un gris-blanc dans l’inférieure,
avec le sommet de ce tour légèrement étranglé sous la
suture. Ouverture oblique, demi-ronde, d'un rouge-brun
intense en dedans ; bord interne obliquement droit, ré-
fléchi et calleux sur lavant-dernier tour ; la callosité di-
visée dans son milieu par un sillon transversal peu pro-
fond. Ombilic profond et étroit en dedans, élargi en de-
hors en un canal large d’un roux-bran intense, avec un
angle étroit et spiral dans le milieu; funicule effacé.
Opercule cartilagineux.
Cette coquille a des rapports avec les individus moyens
de la N. mamillaris Lamark ; elle en diffère par sa colu-
melle non ventrue en avant, par son ouverture plus
grande, et surtout par son canal ombilical constam-
ment roux-brun intense, ayant l’angle interne de son ca-
nal moins saillant , et par son funicule non apparent ni
— 400 —
en dehors ni en dedans. La coloration de sa robe n'est
pas la même, ni celle de l’intérieur de l'ouverture.
Dimension : Haut. : 28 mill.; larg. : 26 mill.
Ouverture : Haut. : 20 mill.; larg. : 12 mill.
Obs. Cette espèce et la précédente ne sont peut-être
que des variétés locales de la N. mamillaris Lamark; ce-
pendant, elles sont constantes dans leurs caractères.
Narica funiculata. (Nobis.)
N. Testa orbiculata vel transversim ovata, ventricosa,
alba, polita, nitida ; anfractibus quinis, superioribus spiram
brevissimam vix exsertam efformantibus; sutura suboblitte-
rata; infimo anfractu ovato-rotundato, oblique transversal;
apertura obliqua , semi-rotundata, lactea; labio obliquo,
crasso, supra calloso , superne anguloso: callo maximo;
extus rotundato, umbilicum valde occultante.
Hab. les Philippines ou la côte du Coromandel.
Coquille demi-ronde dans le jeune âge et ovale trans-
verse dans l’état adulte, d'un blanc.de lait uniforme, lisse
et luisante, composée de cinq tours, dont les quatre pre-
miers donnent lieu à une spire à peine saïllante, en cône
très surbaiïssé et aigu au sommet. Tours séparés par une
suture superficielle : le dernier, ovale transverse et très
ventru. Ouverture oblique d’un bianc de lait, demi-ronde,
ayant le bord externe tranchant, arrondi dans le haut et
avançant fortement sur l'ouverture dans cette portion de
la lèvre. Bord interne obliqué, convexe en avant, épais
et réfléchi au-dessus de l’ombilic, sur l’avant-dernier
tour en une lèvre épaisse, calleuse et anguleuse vers la
jonction des deux bords; un sillon léger se remarque
vers l'ombilic dans le jeune âge et s'efface de plus en plus
dans l’état adulte, Ombilic tout à fait recouvert par une
callosité épaisse, en forme de bouton convexe dans le
— 401 —
jeune âge, mais ouvert postérieurement en arc, parce que
la callosité en laisse une partie non occupée par elle; cet
ombilic est alors bifide, comme Linné le nomme dans sa
Ner. {Natica) canrena.
Par la forme constante du contour de son ombilic, par
celle de sa callosité toujours plus robuste en dedans, par
son bord interne moins ventru en avant, cette espèce se
différencie de la W. pes-elephantis de Chemnitz.
Dimensions : Jeunes : Haut. : 22 1/2 mill.; largeur :
22 1/2 mill. Ouverture : Haut. : 18 mill.; larg. : 10 mill.
—Adultes : Haut. : 33 mill.; larg. : 37 mill. Ouverture:
Haut. 26 1/2 mill.; larg. : 15 mill.
Navwica stercus muscarum. Gwmelin.
N. Testa ovato-globosa, pallide lutescente glabra, cras-
siuseula, punctis spadiceis undique adspersa; anfractibus
senis, ventricosis, supra depresso-planis ; suturis angustis ;
infimo subrotundo, parum transverso, superne spadiceo
pallido late zonato et punctis in adultis per series zigzag-
formibus, interdum confluentibus , inferne luteo , punctis
rarioribus ornato; spira valde exserta, conico-acuta; um-
bilico parvo, callo spirali depresso modificato ; apertura
valde obliqua, albida, in fundo fusco tincto ; labio interno
oblique recto, superne postice parum reflexo ; operculo tes-
taceo.
Hab. la côte du Goromandel et Java.
Dimensions : Haut. : 35 mill.; largeur : 32 1/2 mill.
Ouverture : Haut. : 22 1/2 mill.; larg. : 10 mill.
Les jeunes individus sont presque globuleux.
Obs. Chemnitz n'a figuré que le jeune âge de cette es-
pèce, et nous l'avons décrite dans l’état adulte. La N. ja-
vanica de Lamark en est une variété plus étroite, moins
ventrue et à ombilie moins ouvert. Quant à la robe et au
— 402 —
nombre des tours, elle ne diffère point de la coquille de
Chemnitz ; elle est moins allongée que la N. pellis tigrina
(W. maculosa Lamark), et en diffère encore par sa robe à
tours fasciés de rouge-brun pâle dans la moitié supé-
rieure.
C. KR.
Descriprion de coquilles nouvelles, par M. Perir 5
LA SAUSSAYE.
(Purpura GRATELOuPIANA nobis. (PI. VIIL, fig. 1.)
(Notre collect.)
Testa ovata, biconica, crassa, imperforata, transversim
? 2 9
sulcata; anfractibus supernè angulatis ; columella subcallo-
ù $ . . \ .
sa, fusco-lutescente ; labro margine crenato, intüs costulis
4-5, fuscis ornato.
Long. : 29 mill.; larg.; 18 mil].
Hab. les Moluques.
Coquille ovale, biconique, épaisse, pesante , sillonnée
transversalement, les tours de spire anguleux à la partie
supérieure, columelle calleuse, d'un jaune nuancé de
brun ; le bord du labre crénelé, le bord droit ayant in-
térieurement quatre ou cinq côtes brunes, linéaires, mais
qui s’élargissent en approchant de la marge.
Cette espèce est très voisine du ?. Gradata , Jonas,
mais elle nous a paru en différer par sa forme générale,
l'élévation de sa spire et les côtes brunes qui se trouvent
constamment à l'intérieur. D'un autre côté, M. Jonas
au APS >
donne pour synonymie à son espèce la Purpura trigona
de M. Reeve, qui est évidemment différente de la nôtre.
Enfin celle-ci, qui n'habite pas les mêmes localités, pré-
sente toujours les mêmes caractères, ou du moins nous
avons vu entre les mains de M. le docteur Grateloup,
à qui nous dédions cette espèce, un certain nombre
d'exemplaires absolument semblables pour la dimension,
la forme et la coloration.
Purpura Laurentiana nobis. (Notre collect.)
(PI. XII, fig. 2.)
Testa abreviata, globosa, crassa, imperforata; spira de-
pressa, brevissima; 3-4 anfractibus, squamatis, squamis
angustatis s@pè subcanaliculatis, ultimo anfractu transver-
sim quadriseriatim tuberculato; apertura semi-ovata; fauce
quinque dentata, roseo vel aurantiaco-lutea.
Long. : 20 mill.; larg. : 16 mill.
Hab. Océan-Pacifique.
Coquille courte, globuleuse, épaisse, dépourvue d'om-
bilic, à spire déprimée ; trois ou quatre tours, dont le
dernier présente quatre rangs de tubercules placés en sé-
ries transversales; ouverture semi-ovale d’un jaune vifet
brillant , légèrement teint de rose ou d'orangé, comme
dans la Aicinula digitata; quatre ou cinq dents sur le
bord intérieur du labre.
Cette coquille est remarquable par la forme déprimée
de sa spire et par les espèces de squamules dontelle est
couverte, lesquelles, au premier aspect, ressemblent à
des épines obtuses ; en les examinant avec attention , on
reconnait que ces écailles sont en partie canaliculées,
comme dans certains Spondyles.
Nous dédions cette espèce à M. le docteur Laurent.
— 404 —
Burimus Cailliaudi, Nobis: (notr. Collec.)
(PI. XIIE, fig. 3.)
Testa elongato-ovata, albida, epidermide luteo-cornea
induta, subperforata ; anfractibus senis, subplano-convexis;
columella obliqua; apertura subeffusa, intus albido-rosas-
cente, labro expanso, vix reflexo, margine rosaceo-fulves-
cente.
Long. : 60 imill. Larg. : 30 mill.
Habite les îles Philippines. (I. Lucon.)
Coq. ovale oblongue, assez légère, d'un blanc nuancé
de rose à l’intérieur, et couverte à l'extérieur d’un épiderme
jaunâtre, plus intense sur le dernier tour; ouverture assez
large, le bord droit épanoui, peu réfléchi, la marge d'un
fauve rosacé, tirant sur la couleur lie de vin.
Gette espèce, qui se rapproche un peu des Bul. Dacty-
lus, Sylvanus et Dryas, s'en éloigne cependant par divers
caractères qui lui sont propres, tels que la présence d’un
ombilic, sa contexture moins solide, le nombre de ses
tours de spire, sa coloration et son ouverture plus évasée.
Nous dédions cette espèce à notre collaborateur M. Cail-
liaud, comme une preuve de notre gratitude pour l'inté-
rêt quil porte à la publication que nous avons fondée.
Bucaxum (nassa) Webbei, Nobis. (notr. Collec.)
(PI. XIE, Gg. 8.)
Testa oblongo-conica, crassiuscula, sordidè albida, can-
cellato-granosa; spira turrita, conico-acuta; anfractibus
septenis, subconvexis, gradatis, sutura profunda discretis ;
apertura ovali; labio sinuato, quadriplicato;, labro supra
reflexo , intus calloso et sulcato, sulcis inferis dentiformi-
bus.
0 —
Long. : 18 mill. Larg. : 11 mill.
Habite la côte occidentale d'Afrique.
Coq. conique-oblongue, épaisse, blanchâtre, garnie de
côtes longitudinales qui, traversées par des sillons assez
profonds, présentent de fortes granulations ; spire conique
aiouë ; les tours, au nombre de sept étages, avec une su-
ture assez profonde; le bord columellaire sinué, garni de
quatre plis ou dents, le pli supérieur bifide; le bord droit
calleux, sillonné, les sillons inférieurs dentliformes.
Ce Buccin est remarquable par la forme etles accidents
de l’ouverture qui la rapprochent de celle du Buc. retusum,
Lam., que M. Gray a pris pour type d’un genre qu'il a
nommé Demoulia. dans le Magazin of natural History de
Charlesworth, ann. 1838.
Nous dédions cette espèce à M. Webbe, à qui nous
devons de précieux renseignements sur la faune conchy-
liologique des côtes occidentales d'Afrique.
AuxicuLA Scheepmakerr, Petit.
Testa oblonga , ponderosa, alba, epidermide olivaceo-
virescente induta ; anfractibus octonis convexo-depressts,
rugosis, supernè granulosis ; columella vix callosa, infernè
crassa et biplicata; apertura elongata, obliqua, spiram
œquante, intus cærulescente; labio incrassato, albo, infernè
posticè subreflexo.
Hab. I. Sumatra.
Coquille oblongue, épaisse, blanche. couverte d’un
épiderme d'un vert olivacé un peu clair; huit tours de
spire, convexes-déprimés, rugueux, granuleux à la partie
supérieure ; la collumelle peu calleuse, et ayant deux plis
vers la partie inférieure ; ouverture oblongue, oblique,
ayant à peu près la longueur de la spire, bleuâtre inté-
rieurement, avec le bord marginal plus blanc; le bord
épais.
— 406 —
Longueur, 84 mill.; largeur, 38 mill.
Longueur intérieure de l'ouverture, 39 mull.
Cette belle coquille appartient au genre Auricula, et se
rapproche de l'Auricula midæ, mais elle en diflère par des
caractères essentiels; ainsi, elle est plus oblongue; sa
couleur est d’un vert olivacé assez clair, elle est moins
granuleuse. Son ouverture surtout est moins longue et
moins étroite que dans l'Auricule de Midas.
Nous devons la communication de cette belle espèce à
M. Scheepmaker, d'Amsterdam, à qui nous nous faisons
un plaisir de la dédier.
D
DE LA rAcuLTÉ attribuée à certaines espèces de Porce-
laines (cyprœa) de reconstruire leur coquille.
A l’occasion de l’emploi fait par quelques Mollusques
d’une sécrétion acide pour se loger dans l’intérieur des
corps calcaires, nous croyons utile de rappeler qu'on a
attribué à d’autres animaux de la même classe la faculté
de se servir de cette sécrétion dans un t6ut autre but.
En 1845, M. Lowell Reeve fit connaître dans les procee-
dings de la Société zoologique de Londres le résultat des
observations faites par un officier de la marine anglaise,
relativement à un procédé que l'animal des Porcelaines
employait assez souvent pour reconstruire sa coquille.
Avant de mettre ces observations sous les yeux de nos
lecteurs, nous devons dire quelques mots des faits qui
avaient appelé l'attention des conchyliologues sur cette
même question.
— 407 —
Il n'est point de collecteur qui n'ait remarqué que dans
le genre Porcelaine (cypræa), et notamment dans quel-
ques espèces, telles, par exemple, que la Cypr. tigris, on
trouve souvent : 1° les coquilles dans l'état parfait et com-
plet à différentes tailles; 2° des coquilles très volumineu-
ses, ayant cependant le test très mince et l'apparence de
coquilles jeunes ou plutôt à l'état imparfait.
Bruguière en tira cette conclusion que le Mollusque,
après avoir formé une coquille complète, et ayant encore
la faculté de grandir, se trouvait trop à l’étroit dans sa
demeure, et qu'il la quittait pour en former une nouvelle
plus en harmonie avec le nouveau volume de son corps.
Lamark admit cette opinion dans son Histoire des Ani-
maux sans vertèbres.
M. Deshayes combattit cette hypothèse, dans son arti-
cle Porcelaine (Encyclopédie méthodique), en faisant re-
marquer que l'animal est lié à la coquille d’une manière
invincible, que ce sont des causes locales qui agissent sur
le développement des individus, et que ce développement
ne dépasse pas certain âge et certaines limites. Le savant
conchyliologue ajoutait que, dans le genre Porcelaine, le
terme de l'accroissement pouvait être d'autant plus voisin
du jeune âge que l'animal a un puissant moyen de reje-
ter au dehors de la coquille, par la sécrétion de son man-
teau, toute la matière calcaire, qu'à l'exemple de presque
tous les autres Mollusques, il ne peut déposer à l'intérieur
ou sur le bord droit.
M. Deshayes a regardé avec raison l'hypothèse présen-
tée par Bruguière et admise par Lamark comme étant en
opposition avec les lois qui président à l'organisation des
Mollusques; mais il n'a pas expliqué les causes de ce fait
assez singulier qu'on rencontre souvent dans la famille
des Cypræa des coquilles ayant en même temps un vo-
lume très considérable, et la contexture mince et fragile d'un
individu jeune : c'est ce point qui a éte traité par M, Lo-
— 408 —
well Reeve, et voici ce qu'il dit dans l'ouvrage que nous
avons cité plus haut.
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
« Il est certain que l'animal de la Porcelaiue peut effec-
tuer un changement très important dans sa coquille,
durant une ou plusieurs périodes de sa vie, Ce fait est
prouvé par les observations d’un officier de marine,.
dont le récit rapporté ci-dessous, constate le phéno-
mène dont il a été lui-même témoin oculaire : voici
la lettre de cet officier :
« Mon cher Monsieur,
« Veuillez me permettre de vous adresser quelques
observations sur les habitudes de la Cypræa, relative-
ment à la manière dont elle refait elle-même sa coquille
à un âge avancé, ce dont j'ai été personnellement témoin
oculaire dans plus d'une circonstance. J'ai vu la Porce-
laine se traîner dans quelque trou, à l'abri de la lumière,
évidemment dans un but particulier. La grosseur de
l'animal semblait être devenue trop considérable pour
sa demeure ; il s’enflait graduellement et faisait fendre
sa coquille : je pense que quelque puissant dissolvant
ou fluide décomposant devait être répandu sur la sur-
face extérieure de celle-ci parle manteau du Moïlusque,
car le test semblait être d'une substance plus mince et
d'une couleur plus sombre; la coquille ensuite dispa-
raissait entièrement, la Cyprœæa prenait toute l'appa-
rence d’un Mollusque nu sans autre couverture que
son manteau membraneux, eten peu de temps elle sé-
crétait une mince couche de matière glutineuse, qui,
peu de jours après, prenait la consistance de la laque
en écaille. À partir de ce moment, la croissance était
plus rapide, elle se consolidait de plus en plus et deve-
nait coquille adulte. Lorsque, pendant la première pé-
riode de renouvellement , la coquille est mince et fra-
gile, elle a toujours la forme de la Cymba, maïs je n'ai
&«
«€
— 409 —
jamais réussi à conserver aucun individu dans cet état,
à cause de son extrême fragilité. »
A ce récit, M. Lovell Reeve ajoute les réflexions sui-
vantes :
« Il'est évident, d’après les observations du lieutenant
Hawkey, que c'est seulement la partie extérieure de la
coquille qui est détruite et reconstruite par l'animal, et
que la partie columellaire reste intacte. L'animal ne
refait pas complètement sa coquille, comme Lamark l’a
pensé, mais il dissout la partie extérieure au moyen
d'une sécrétion acide : toute trace visible de la coquille
peut ainsi disparaître, sans que ce fait affaiblisse la
proposition de M. Deshayes fondée sur l'opinion que
le manteau est le seul organe sécréteur. Le manteau est
toujours susceptible d'extension sur la coquille, et la
même faculté, qui fournit à l'adulte Ja dernière couche
d'émail, peut servir à la formation d'autant de couches
superposées qu'il est nécessaire pour remplacer tout ce
qui a été décomposé. Qu'il y ait une dissolution, cela
ne fait aucun doute. L'animal s’enfle graduellement, dit
le lieutenant Hankey, la coguille se fend, devient plus
mince, se ternit el disparaït, ce qu'on peut admettre faci-
lement, quand on se rappelle que le Murex possède la
faculté de détruire les épines ou autres obstacles qui
s'opposent à sa croissance, et que les Pholades et autres
Mollusques térébrants ont le pouvoir de pénétrer dans
les roches calcaires les plus dures.
« Il est an autre point du récit de M. Hankev auquel
il importe de prêter attention et qui se rapporte à la
formation de la nouvelle coquille. La matière gluti-
neuse, qui a l'apparence de la laque en écaille, est si
fragile qu’elle cède au toucher, ne prend pas la forme
étroite et cylindrique des Bulles ; elle ne suit pas le plan
originaire, en tournant autour de l’axe columellaire,
mais elle prend la forme large et ventrue d'une Cymba :
97
— 410 —
« elle se consolide rapidement, pour devenir coquille
“ M id
« On peut conclure de ce qi précède que la Porcelaine
« M à diverses époques de son existence, la fa-
« culté de décomposer une certaine partie de la coquille
« qui pourrait empêcher son développement, que le re-
« nouvellement de cette portion du test s'accomplit dans
« un espace de temps comparativement court, et que Ja
« partie intérieure de la columelle reste intacte : on peut
« supposer toutefois que ce travail n’a lieu que rarement,
« et dans des conditions particulières. »
Bien que les observations qui précèdent remontent déjà
à quelques années, nous avons cru néanmoins qu'il ne
serait pas sans intérêt de les reproduire dans le journal,
d'abord parce que beaucoup de nos souscripteurs n'ont
pas sous la maïn les proceedings de la Société zoologique
de Londres, et, en second lieu, parce que les circons-
tances rapportées par le lieutenant Hankey et les con-
séquences qu'il en tire tendent à prouver qu'à côté de Ja
sécrétion calcaire il y aurait aussi chez les Mollusques une
sécrétion acide, fait important et qui mérite d’être étudié
désormais avec un grand soin. C’est donc pour provo-
quer de nouvelles observations que nous apppelons sur
cet objet l'attention des personnes qui seront en position
de se livrer à ce genre de recherches.
S. P:
Osservarion sur la Verita scabricosta, Lamark.
M. Recluz avait fait, il y a déjà un certain nombre
d'années, la description de la Ver. seubricosta, Lam., sur
—" 411 —
l'exemplaire unique de la collection du prince Masséna,
et c'est cette description qui a été reproduite dans le
Journal de Conchyliologie, page 287. M. Recluz n'ayant
pas eu le temps d'examiner de nouveau l’exemplaire d’a-
près lequel nous avons représenté cette coquille, planche
11, 6g. 1-2, n’a pu la comparer alors avec les espèces voi-
sines, et il l’a inscrite dans son catalogue synonymique
(pag. 284), à la suite de la Verita ornata, Sow.;, mais il a
reconnu depuis que ces deux espèces n'en font réellement
qu'une, et que le nom donné par M. Sowerby doit dé-
sormais Venir en synonymie, celui de Lamark ayant la
priorité. L’exemplaire d'après lequel cet auteur a fait sa
description, et qui est figuré dans le journal. pl. 11, fig.
{ et 2, n’a point cette teinte rougeâtre qu'on retrouve
presque toujours sur les exemplaires rapportés des côtes
Quest de l'Amérique septentrionnale.
S.1P:
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
MorLusques MÉDirERRANÉENS observés, décrits, figurés,
cromolithographiés d’après nature, sur des modèles
vivants, par J. B. Véranv, membre correspondant
de l’Académie royale des sciences de Turin, etc.
Malgré toutes les observations recueillies depuis un
certain nombre d'années sur les animaux mollusques, la
malacologie est encore aujourd'hui, on peut le dire, une
des parties les moins avancées de la zoologie. Combien
de ces animaux, en effet, dont on ne connaît que l'en-
veloppe solide? combien d’autres sur lesquels on n'a
que des notions vagues, incomplètes ou inexactes? Cet
— 412 —
état d'imperfection de nos connaissances sur cette partie
de la science, doit être attribué en grande partie à la dif-
ficulté réelle du sujet. Les Mollusques, en effet, se pré -
tent bien moins à l'observation que la plupart des ani-
maux appartenant aux aulres groupes du règne animal;
chez les animaux vertébrés et même dans le plus grand
nombre desanimaux sans vertèbres, les caractères qui ser-
vent à la distinction et, par suite, à la classification des es-
pèces, sont généralement fixes, invariables ; il n’en est pas
ainsi chez les Mollusques; les parties, sur lesquelles reposent
ces caractères, sont ici, comme on le sait, essentiellement
variables dans leur forme; elles s’altèrent toujours plus ou
moins complètement après Ja mort; il en résulte, pour
l'étude, des difficultés souvent très grandes qui n'ont pas
permis jusqu'à présent de caractériser d’une manière
suffisante la plupart des êtres qui composent cet embran-
chement, et d'apporter par conséquent tous les perfec-
tionnements nécessaires à leur disposition méthodique. Il
est donc bien à désirer que de nouvelles observations,
faites avec exactitude et précision, viennent remplir les
lacunes que la science présente encore à cet égard, et
mettent ainsi un terme aux doutes et aux incertitudes des
zoologistes.
L'ouvrage dont nous avons à parler nous semble avoir
été conçu dans ce but. L'auteur, M. Vérany, à qui la
science doit déjà d'importants travaux, a réuni sur les
Mollusques de la Méditerranée qu il explore, sous ce rap-
port, depuis plusieurs années, un nombre considérable
d'observations dont on peut apprécier tout l'intérêt par
celles qu’il a déjà publiées et dont nous allons rendre un
compte succinct dans cetarticle.
M. Vérany a consacré la première partie de son travail
aux Céphalopodes; dans une seconde partie, il doit faire
connaître les Ptéropodes et les Gastéropodes appartenant
aux ordres des Nucléobranches, des Nudibranches et
==408 2
des Scutibranches. Quoique l'auteur n'ait encore an-
noncé que ces deux parties, nous avons tout lieu de
croire qu'il étendra aussi son œuvre aux autres grou-
pes du type des Mollusques ou, tout au moins, de
la classe des Gastéropodes.
La première partie consacrée, comme nous venons de
le dire, à la classe des Céphalopodes, se compose de 40
planches in-4°, dans lesquelles sont représentées près de
cinquante espèces appartenant à la plupart des divisions
génériques élablies dans cette classe, et dont la plupart
sont dues aux recherches de M. Vérany.
Le genre ELÉDON, qui commence cette série, est repré-
senté par trois espèces qui sont: l'Æledon moschatus
(Leach), l'£ledon aldrovandi (Delle-Chiaje), et une troi-
sième espèce que M. Vérany a ajoutée à ce genre, sous le
nom d'£ledon Genet.
Le genre Pourr, octopus, qui vient ensuite, comprend
onze espèces qui, à l'exception des ©. vulgaris (Lamk.),
tetracirrhus (Delle-Chiaje), macropus (Risso) et tuberculatus
(Blainv.), sont encore toutes dues aux recherches de
l’auteur. Parmi celles-ci, se trouvent les deux espèces re-
marquables que Férussac, à qui M. Vérany les avait gé-
néreusement communiquées, a fait connaître sous les
noms d'O. catenulatus et velifer, et une autre espèce
qui nous a paru aussi fort curieuse par la longueur et la
gracilité des bras, et qui est désignée sous le nom d’O.
L'ilippi.
Après le genre Poulpe, se trouve placé le genre Tremoc
ropus, établi par M. Delle-Chiaje pour une espèce de
Poulpe qui a la plus grande analogie avec l'O. velifer, et
qui sembie même n'en différer extérieurement que par
l'existence de quatre grands pores aquifères situés, deux
en dessus, et deux en dessous de la tête. M. Vérany pa-
raîtavoir adopté ce genre qu'il a reproduit d'après ses
propres observations.
= &iù —
Deux planches consacrées au genre ARGONAUTE, mon-
trent le Céphalopode que la plupart dés naturalistes dési-
gnent sous ce nom, sorti de sa coquille, et dans ses diffé-
rens rapports avec celle-ci, pendant la natation.
Le genre Hisrioreurue, établi par M. d'Orbigny pour
une autre espèce remarquable de Céphalopode que Férus-
sac avait rapportée au genre Cranchie, sous le nom de
C. Bonelliana, et dont la découverte est encore due à
M. Vérany, renferme maintenant une seconde ‘espèce
qui se rapproche beaucoup de la première ou de l'espèce
type par l'ensemble de ses caractères , maïs qui s'en dis-
tingue cependant d'une manière assez tranchée par les
proportions des bras qui sont tout à fait différentes. Cette
espèce appartient également à M. Vérany, qui l’a dési-
gnée sous le nom d'A. Ruppelii.
Après le genre SérioLe, qui ne contient qu'une seule
espèce, la S. rondelettis (Gesner) , vient le genre Rossia,
établi pour des Céphalopodes qui offrent la plupart
des caractères des Sépioles, mais en différent par la
forme de l’osselet intérieur, qui est un peu différente, et
surtout par la disposition du bord antérieur du sac, qui
est distinct tout autour du corps, comme dans la plupart
des Céphalopodes décapodes ; ce dernier géitre contient
deux espèces : la À. Macrosoma (Delle Ghiaje), et une au-
tre espèce découverte par Ruppel à Messine, et nommée
R. dispar par ce naturaliste.
Le genre SEICHE n'est représenté dans la Méditerranée
que par un petit nombre d'espèces ; nous n’en trouvons,
dans l'ouvrage de M. Vérany, que trois, qui sont : la S.
oficinalis (Linné), la S. elegans (Blainv.) et la S. bisseria-
lis (Montfort).
Jl en est de même du genre SePloTEuTRE, qui n’est
même représenté que par une seule espèce, la S. sicula,
recueillie par Ruppel à Messine.
Vient ensuite le genre VeraniA, établi par M, Krohn
SVG
pour un Céphalopode recueilli à Messine par ce natura-
liste, et qui est fort remarquable sous plusieurs rapports,
entre autres par la présence de crochets sur tous les bras,
à l’exception des bras pédonculés ou tentaculaires qui
sont armés de ventouses seulement, et qui, contruire-
ment à ce qui a lieu d'ordinaire dans les Céphalopodes
décapodes, sont beaucoup moins développés que les bras
ordinaires. Les Céphalopodes du genre ferania présen-
tent donc l'inverse de ce qui existe dans les Onychoteu-
thes ; ils diffèrent en outre de ces derniers par la forme
de l’osselet qui est semblable à celui des Galmars, de la
division des Calmars-plumes de M. de Blainville.
Le genre Onvcuoreurne ne renferme que deux espè-
ces : l'O. Lichtensteinit (Férussac) et une seconde espèce,
qui appartient à M. Vérany, et quil a désignée sous le
nom d'O, Arohni; c'est donc encore un genre quicompte
peu d'espèces dans la Méditerranée.
Le genre Exorcoreurue, formé par M. d'Orbigny pour
des Céphalopodes qui ressemblent beaucoup à ceux des
deux genres précédents, mais qui en diflèrent surtout par
la présence de crochets sur tous les bras, :se trouve repré-
senté par trois espèces, dont deux, les Æ. margaritifera et
verantii, sant dues à Ruppel, et la troisième, VE. owent,
à M. Verany.
Le genre Carmar (Loligo) est, avec le genre Poulpe, le
plus nombreux en espèces; il comprend également onze
espèces, dont sept ont encore été trouvées et dénommées
par l’auteur; les autres sont le Z. sagittata (Lamark), le
L. todarus (Delle Chiaje), le L. Fulgaris (Lamark) et une
espèce décrite par Ruppe! sous le nom de Z. œquipodu.
Une des découvertes les plus intéressantes de M. Vé-
rauy dans la casse des Céphalopodes, est, sans contredit,
célle du Mollusque de ce groupe, que Férussac a rap-
porté au genre Loricorsis sous le nom de L, veranir, et
dont M. d'Orbigny a fait depuis, peut-être avec raison,
—
un genre nouveau sous le nom de Cmiroreurms; cette es-
pèce, une des plus curieuses de la classe , est reproduite
par l’auteur avec des détails qui la font connaître de la
manière la plus complète. Deux autres espèces, également
fort remarquables, sont encore placées dans ce genre,
l'une, découverte par Ruppel et désignée par ce natu-
raliste sous le nom de ZL. vermicularis, autre, appelée
L. zygæna par M. Vérany ; mais ces deux espèces appar -
tiennent-elles réellement au genre Loligopsis ou Chiro-
theuthis? {1 nous paraît possible d'avoir quelques doutes à
ee sujet.
Dans l'analyse très succincte que nous venons de don-
ner de cette première partie de l'ouvrage de M. Vérany,
nous nous sommes presque borné à une simple énumé-
ration des espèces qui s'y trouvent mentionnées ; l’auteur
n'ayant pas encore publié le texte de cette partie, nous
renvoyons à plus tard un examen plus approfondi de ses
observations et lorsqu'elles nous seront mieux connues
par leur publication.
Nous n'apprécierons donc guère ici que la partie ico-
nographique du travail de M. Vérany , la plus impor-
tante, à notre avis, car les descriptions les plus longues et
les plus détaillées ne peuvent jamais suppléer de bonnes
figures; notre auteur paraît avoir parfaitement compris
tout ce que les ouvrages de malacologie laissent générale -
ment à désirer sous ce rapport, et par conséquent tout
ce qu’il y avait à faire pour répondre aux besoins de la
science. Dessinateur habile autant qu'observateur exact
et consciencieux, M. Vérany a donné, de toutes les es-
pèces de Céphalopodes qu'il a pu étudier, des figures
représentant ces espèces sous les aspects les plus divers,
dans leur ensemble comme dans leurs détails; les chan-
sements si remarquables qui, chez ces animaux, se mani -
festent dans la coloration et dans l’état de la peau, chan-
zements que des observateurs inattentifs ont pu prendre
== 47 =
pour des caractères spécifiques ; les différences qui tien -
nent au sexe, et d'autres particularités ont été indiquées
par lui avec un soin et une vérité que nous ne saurions
trop louer. Nous ajouterons que les procédés de la cro-
molythographie employés par ce naturaliste paraissent
lavoir très bien servi pour rendre l’aspect et, si l'on
peut ainsi dire, la physionomie de ces animaux.
Nous avons dit qu'à la suite des Céphalopodes,
M. Vérany devait, dans une seconde partie, faire connai-
tre les Ptéropodes et les Gastéropodes appartenant aux
ordres des Nucléobranches, des Nudibranches et des
Tectibranches. Cent espèces au moins, dont plus de la
moitié nouvelles, doivent être représentées dans cette se-
conde partie. L'ordre des Nudibranches, devenu aujour-
d'hui un des plus remarquables par le nombre et la
varicté des espèces, est, d’après ce que nous croyons sa-
voir, celui qui se trouve surtout enrichi par les découver-
tes de l’auteur. Ainsi, dans la famille des Eolidiens seu-
lement, M. Vérany a pu recueillir une admirable série
d'espèces dont plusieurs formeront probablement des divi-
sions génériques nouvelles. Les recherches de ce natura-
liste viendront donc compléter celles qui ont été faites,
dans ces dernières années, sur les Mollusques de ce groupe,
par un assez grand nombre de zoologistes , mais surtout
par MM. Alder et Hancock, qui en ont publié récemment,
en Angleterre, une si belle monographie. Ses observa-
tions forn:eront également un complément nécessaire de
celles que la science doit déjà à MM. Risso, Delle-Chiaje.
Deshayes, Cantraine, etc., sur les Mollusques de la Mé-
diterrauée.
L. SouLeyer.
Hi
Norss, on an examination of Lamarck’s species of fossil
terebratulw by 1h. Davinson. (Aunals and magaz.
of jardine, juin 1850.)
Revue critique des espèces de Térébratules fossiles de
Lamarck, par M. Davidson, accompagnée de trois
planches.
Ce serait mal servir les intérêts de Ja science, si nous
négligions d'attirer l’attention des lecteurs du Journal de
Conchyliologie sur un opuscule récemment publié par
M. Davidson. Ge savant est déjà connu por les recherches
assidues qu'il a entreprises sur toute la classe des Brachio-
podes. Des matériaux immenses ont été rassemblés par
lui avec une louable persévérance; il s’est attaché surtout
à découvrir la structure intérieure des espèces fossiles, et
il est parvenu à réunir sur ce sujet plusieurs milliers de
dessins exécutés par lui-même sur les pièces originales.
Dans le cours de ses investigations, M. Davidson à
souvent éprouvé de l'embarras, pour reconnaître les es-
pèces mentionnées par Lamarck, dans son Æistoire des
animaux sans vertèbres. Dans la seconde édition de cet
ouvrage, nous n'avons pu annoter, autant que nous l'au-
rions voulu, cette parlie importante des travaux du célè-
bre professeur, parce que nous n'avons pu avoir à notre
disposition les matériaux qu'il possédait dans sa collection.
Aussi nos remarques sur les Térébratules en particulier
ont laissé bien des espèces incertaines, puisque, pour elles,
Lamark n'avait ni figures ni synonymie à citer.
M. Davidson, profitant des bonnes dispositions des
détenteurs actuels des espèces de Lamarck, obtint la com-
munication des types eux-mêmes, nommés par lui,
tant dans Ja collection du Muséum que dans la sienne
propre. Aïdé de cette communication aussi généreuse
qu'éclairée, à laquelle nous -ne-saurions trop applaudir,
M. Davidson à publié récemment un travail plein d'in-
térêt sur les Térébratules inscrites dans l’ÆHist. nat. des
animaux sans vertèbres. La concordance synonymique est
= #fet
établie d'une manière certaine; des notes critiques sont
ajoutées à presque toutes les espèces, et quand on en a
reconnu la justesse ct l’apropos, on éprouve le regret de
trouver si-peu d'espèces dans l'ouvrage de Lamark. On ai-
merait à voir passer sous les yeux de M. Davidson toutes
ces espèces obscures et contestées qui encombrent l'his-
toire des Brachiopodes : on sent qu'il est en état de ré-
pandre sur elles de vives lumières.
A son texte si intéressant par lui-même, l’auteur à joint
la figure dés types de Lamarck ; toutes ces figures, dessi-
nées par l’auteur ont une perfection qui les ferait envier
des plus habiles artistes.
Cet opuscule de M. Davidson sera consulté avec fruit,
non-seulement par les conchyliologues, mais encore et
surtout par les paléontologistes. qui y trouveront le moyen
de classer avec certitude des espèces dont la nomencla-
ture était restée incertaine, et souvent attribuée à d’autres
naturalistes qu'à celui auquel elle appartient de droit.
A la suite de cette revue des Térébratules de Lamarck,
M. Davidson a ajouté une note sur la structure intérieure
de plusieurs espèces intéressantes de Térébratules fossiles,
et il a fait connaître un genre nouveau, sous le nom de
W'altonia, pour la Terébratula sanguinea, dans laquelle les
osselets intérieurs prennent une disposition comparable à
celle du Magas pumnilus. Nous ne voulons pas actuellement
discuter la valeur du genre nouveau : seulement, nous
témoignerons Île regret de voir un observateur aussi
consciencieux que M. Davidson se soustraire à la règle im-
prescriptible de la zoologie, d’après laquelle toutes les
espèces ét tous les genres nouveaux doivent être caracté-
risés dans la langue latine, langue la plus universelle, et
par conséquent la seule scientifique. Espérons que dans
les travaux plus considérables qu'il prépare, M. Davidson
corrigera ce léger défaut, qui est un obstacle sérieux à
d'introduction des travaux des paléontologistes dans le
cœur même de la zoologie. DESHAYESs.
+ AE
Inpicis GENERUM MALACOZOORUM PRIMORDIA. Autore À.
N. Herrmannsen, D. M. 2 vol. in-8°. Cassel.
Inpex des genres adoptés dans la classification des
Mollusques, par M. A. N. Herrmannsen, D. M.
Cassel. 1846-1847.
Bien que l'ouvrage dont il s’agit soit publié depuis trois
ans, nous avons pensé qu'il serait cependant utile de le
signaler à l'attention de nos iecteurs, parce que nous le
croyons encore peu connu, du moins en France.
Ï nest point de conchyliologue qui, ayant à s'occuper
de l'étude d'une famille ou d’un genre de Mollusques, ne
soit obligé de compulser les ouvrages dans lesquels il sait
ou présume que Île même sujet a été traité; or, pour faci-
liter ce genre de recherches, chacun a bien soin de pren-
dre à l'avance des notes, et de les classer dans un ordre
méthodique, de manière à pouvoir, au moment du besoin,
retrouver la série des livres qu'il doit consulter : ce tra-
vail, résultat de tant de labeurs et de peine, on le garde
précieusement, sans le communiquer, et c'est chose assez
naturelle. Un Allemand, M. Herrmannsen, a pensé que
le moment était venu d'en faire le sujet d’une publication
spéciale, pour ce qui concerne la Gonchyliologie ; il s'est
inis à l’œuvre, et il a publié, sous le titre de Primordia
indicis generum malocozoorum, un ouvrage dans lequel
sont inscrits, par ordre alphabétique, les noms de clas-
ses, d'ordres, de familles, de genre et de sous-genres
connus. Pour chaque nom de famille, tribu, genre, etc.,
l’auteur donne par ordre chronologique la série des ou-
vrages, annales, mémoires, dans lesquels la matière a été
traitée scientifiquement; à la suite de chaque article se
trouvent les synonymies. Les indications, présentées sous
une forme abrégée, sont néanmoins très claires.
Il suffira d’avoir lu ce peu de lignes pour reconnaître
que M. Herrmannsen, en publiant son travail, a rendu
_—hIp
un très grand service aux amis de la science, et chacun
d'eux s’empressera de placer dans sa bibliothèque un ou-
vrage qu'il aura souvent à consulter, sauf à le rectifier ou
à le compléter dans certaines parties. À cette occasion,
et dans la vue d’être utile aux personnes qui achèteront
l'ouvrage, nous les engagerons à faire intercaller entre
chaque feuille du volume un feuillet blanc destiné à re-
cevoir les corrections ou annotations qui pourront être
signalées, car, sans en faire l’objet d'un reproche à
M. Herrmannsen, nous devons dire que ses citations ne
sont pas toujours exactes, et ses articles toujours coin-
plets; ainsi, par exemple, nous ne nous expliquons pas
comment il a attribué à M. Gray la création du G. Meri-
topsis, qui a été établi en 1832 par M. de Grateloup, dans
les Annales de la Société linnéenne de Bordeaux, ouvrage
cité souvent cependant par M. Herrmannsen.
Quoi qu'il en soit, et malgré les erreurs qui ne pouvaient
manquer de se glisser dans un travail aussi considérable,
nous n'en regardons pas moins le livre dont il est ques-
tion comme une œuvre d’une haute utilité pour les hom-
mes d'étude ; mais nous adresserons à l’auteur, ou plutôt
à l'éditeur, un reproche, ou si l’on veut une observation
qui n’est pas sans importance : il s'agit du prix de l’ou-
vrage (33 fr.), prix réellement trop élevé eu égard du
moins à la composition au point de vue matériel; c’est
une chose fâcheuse, parce qu'on devrait faire en sorte de
mettre des travaux aussi utiles à la portée du plus grand
nombre possible de lecteurs.
D'un autre côté, ce n'est pas sans danger pour l'éditeur
lui-même, qui s'expose à voir refaire cet ouvrage pat
quelque étranger, lequel mettant à profit l'œuvre de son
devancier, pourrait le modifier, le rectifier et le complé-
ter, et en même temps le livrer à moitié prix. L’opéra-
tion, commercialement parlant, serait encore bonne, nous
le croyons ; elle profiterait aussi à la science, et nous ne
2. A
serions pas surpris d'apprendre bientôt la prochaine pu-
blication d’un nouvel /ndex generum malacozoorum.
SE
CaracoauE Des Coquirres DE L'ILE DE Conse, par
M. Requien, administrateur du Museum d'Avignon.
In-8°, 1548.
En parlant dernièrement (page 324) des collections
géographiques ; et des travaux publiés sur les coquilles
propres aux côles de la France, nous émettions le vœu
de voir les conchyliologues se livrer à de nouvelles re-
cherches, dont le résultat serait probablement d’augmen-
ter d’une manière notable la série de nos espèces. Nous
ignorions alors que M. Requien, administrateur du Mu-
seum d'Avignon, avait fait paraître, à la fin de 1848, un
catalogue des coquilles recueillies par lui dans l'intérieur
et sur les côtes de l'Ile de Corse. Ge savant ayant bien
voulu nous envoyer dernièrement un exemplaire de son
travail, nous nous empressons de réparer une omission
involontaire.
M. Requien donne, dans ce catalogue, la liste de six
cent vingt-quatre espèces de Mollusques, parmi lesquelles
il y en a environ cinquante qu'il considère comme iné-
dites, et dont il donne la caractéristique en termes clairs,
mais parfois sous une forme un peu trop concise; ces
cinquante espèces sont réparties dans vingt-six genres,
dont sept appartiennent aux bivalves, et dix-neuf aux
univalves.
M. Payraudeau, son devancier, n'ayant trouvé dans
les mêmes localités que trois cent vingt-quatre espèces, la
liste des espèces particulières à la Corse se trouve presque
doublée par le fait des recherches de M. Requien. Toute-
fois, ce dernier fait remarquer, tout en les citant, qu'il n’a
= 4 —
pas rencontré soixante-quatre des espèces indiquées par
Payraudeau.
L'auteur du nouveau catalogue reconnait, au surplus,
qu'il n'a pas exploré toutes les parties de la Corse, et que
son intention est d'y revenir pour compléter ses recher-
ches, afin de pouvoir publier plus tard une histoire natu-
relle des Mollusques de cette île, avec la description dé-
taillée et la figure de toutes les espèces nouvelles.
Nous exprimerons ici notre vif désir de voir réaliser
cet excellent projet, dont l'exécution ne pourrait tomber
en meilleures mains, car M. Requien est aussi bon obser-
vateur qu'habile collecteur.
9: P:
CATALOGUE DES COLLECTIONS du Museum d'histoire na-
turelle de Paris, par MM. les professeurs de cet cta-
blissement.
La maison de librairie de Gide et Baudry annonce sous
ce titre la prochaine publication du catalogue général des
collections du Museum de Paris. Elle a déjà même misen
vente : Une première livraison du catalogue entomologt-
que, catalogue des Coléoptères, dressé par MM. Miixe-
Epwarps, BLancuarp et Lucas.
On annonce, comme étant sous presse : le calalogue
des Mammifères et celui des Reptiles.
Il est probable, bien que les éditeurs n'en parlent pas,
que nous verrons paraître aussi bientôt le catalogue des
collections conchyliologiques de cet établissement natio-
nal, dont on ne connaît les richesses que bien imparfai-
tement.
La publication dont il s’agit était vivement réclamée
depuis longtemps, et les noms des honorables profes-
seurs du Jardin des Plantes ne nous laissent aucun doute
sur l'exactitude d’un travail qui prendra, sous leur plume,
=
un caractère scientifique. Toutefois, nous ferons dés à
présent une observation que voici :
Le catalogue général des collections du Museum n'est
pas seulement une œuvre de science, destinée à prouver
les connaissances étendues de nos savants professeurs ;
c'est aussi, et peut-être avant tout, une opération d'ordre;
c'est un inventaire des richesses renfermées dans l'établis-
sement, et il nous semble qu'à ce titre le travail aurait
dû être entrepris sous les auspices de l'administration su-
périeure, et exécuté, sous sa direction, soit aux frais de
l'Etat, soit au moyen d'un traité, en vertu duquel les
catalogues auraient pu être livrés à un prix raisonnable.
Il est évident qu'au prix de cinq francs, fixé par les
éditeurs pour chaque livraison, le catalogue des col-
lections nationales du Jardin des Plantes coûtera fort
cher (1). Dès lors, cette publication prend, selon nous,
un tout autre caractère que celui qu'elle devrait avoir.
Au surplus, nous tiendrons nos souscripteurs au cou-
rant de la publication du catalogue des mollusques et des
coquilles vivantes et fossiles. Nous nous bornerons au-
jourd'hui à exprimer le vœu que la personne chargée de
diriger cet important travail, adopte le plan tracé par
M. Milne-Edwards pour le catalogue de la collection
entomologique.
Se
Tue zooLoeyx of the voyage of Samaranc under the
command of capit. Belcher 1843-46. Morzusca. by,
Lowezz Reeve et Arru. Apams
ZooLocir du voyage du bâtiment le Samarane, sous le
{14) La première livraison contient le catalogue des Cétoineset d’une
partie des Mélolonthes, environ {,000 espèces : on peut, d’après cela,
éstimer que le catalogue seul des Coléoptères exigera au moins 25 à 30
livraisons.
= 4% —
commandement du capitaine Belcher, pendant Îles
années 1843-46 — Partie Mozzusques. in-4°, avec
24 planches coloriées.
Cette publication, entreprise en 1848 et terminée en
1850, prouve de nouveau avec quel soin le capitaine
Belcher s'est attaché, pendant la campagne du Samarang,
à enrichir le domaine de la conchyliologie. On trouve,
en effet, dans cet ouvrage, la description et la figure de
plus de 260 espèces nouvelles recueillies, pour la plu-
part, dans les mers qui baïgnent les côtes de Borneo et de
la Chine. Pour un certain nombre de ces espèces,
MM. Reeve et Adams ont fait représenter les organes ex-
térieurs des animaux; mais, ce qui intéressera le plus les
anatomistes, ce sera le travail donné par M. le profes-
seur Owen, sur l'animal de la Spirule, quoique les figu-
res laissent à désirer.
Die senceen nach naturlicher Verwandtschaft systema-
tisch geordnet von. J3.-Ch. Arsers. 1 vol. in -8°. Ber
lin, 1850.
Les Hérices classées systématiquement d'après leurs
rapports naturels, par M. J.-Ch. Azsers, docteur-
médecin. Berlin, 1850. 1 vol. in-8° de 262 pages.
M. Albers a fait paraître, dans le courant de cette an-
née, l'ouvrage dont le titre, qui précède, promet plus
qu'il ne pouvait tenir. Tout le monde sait qu’on a divisé
à J'infini la famille des Hélices, à ce point que l'on compte
aujourd hui près de 300 noms attribués par divers au-
teurs à des groupes soi-disant distincts, et toujours éta-
blis d’après leurs rapports naturels. Un bon nombre de
ces conchyliologues se sont contentés, le plus souvent, de
réunir les noms de quelques Hélices ayant entre elles
28
— is
quelque analogie, et de dire : Voici mon genre A, voila
mon genre B; tâchez, si vous le pouvez, d'en découvrir
la caractéristique. M. Albers y a mis plus deconscience,
car il donne, pour chacun des groupes qu'il établit à son
tour, une indication des caractères qui doivent servir au
classement des espèces.
L'auteur admet, dans la famille des Hélicidées, 23 gen-
res qu'il sous-divise en 158 sous-genres, auxquels il ap-
plique des noms particuliers, parmi lesquels il en est 87
nouveaux qu’il est parvenu à trouver, ce qui aujour-
d'hui nest pas chose facile. Il n’y a pas moins de 50
noms de sous-genres dans le genre Bulimus.
Parmi les 158 groupes admis par M. Albers, il en est
beaucoup qui ne comptent qu’un petit noinbre d'espèces :
il yen a 30 qui semblent ne devoir se composer que
d’une seule, du moins quant à présent.
Les caractéristiques sont en général un peu vagues, et
l'on y rencontre trop fréquemment les mots sæpius, plus
minus-ve, etc.
Enfin, c’est sur la forme de la coquille seule que l’au-
teur a établi ses nombreuses divisions, la coquille devant,
d’après lui, être considérée comme l'empreinte de l'ani-
mal lui-même, avec lequel elle a une conformité organique
constante.
On peut pressentir, d’après ce rapide exposé, que nous
ne regardons point le nouvel essai tenté par le savant
docteur de Berlin comme devant être d'une grande utilité
pour le progrès de la science, dont la nomenclature va se
trouver surchargée de près d’une centaine de noms nou-
veaux ; néanmoins, nous devons rendre cette justice à
l'auteur, qu'il a mis dans son travail plus de soin qu'au-
cun de ses prédécesseurs, qu'il y a joint de très bonnes
observations sur la distribution géographique des espè-
ces, et que les divisions qu’il a établies pourront souvent
mettre le zoologiste sur la voie à suivre dans l'étude des
animaux.
— 4927 —
En résumé, l'ouvrage de M. Albers, s’il laisse à dési-
cer, sera cependant indispensable à tous ceux qui vou-
dront s'occuper spécialement de la famille des Hélicidées.
L'auteur décrit aussi un petit nombre d'espèces nou-
velles. S: P.
Die LEBENDEN SCHNECKEN up MuscueLn der umgegend
Berlins , beschrieben von. Fried. Sren. Berlin,
1850.
Carazoeue descriptif des Mollusques et coquilles vi-
vantes des environs de Berlin, par M. Fr. Srein. 1
vol. in-12. Berlin, 1850.
M. Stein a donné dans ce petit ouvrage la série proba-
blement complète des Mollusques qui se trouvent aux en-
virons de Berlin, à la distance d’une dixaine de lieues.
73 espèces sont représentées sur trois planches.
CHARARTERISTIK DER SCHICHTEN UND PETREFACTEN, des
Sachsisch-bomischen Kreidegebirges sowie der Vers-
teinerungen von Kieslingswalda, von D' Hanns
Bruno Geinirz.
DECRIPTION DES TERRAINS CRÉTACÉS ET DES FOSSILES DES
MONTAGNES DE LA BOHÈME SAXONNE, ET DES FOSSILES
ou KiesciNG@swALDA, par le docteur H. Bruno Geinrrz,
professeur de minéralogie à l'École royale des sciences
de Drespe; un vol. in-4°, avec 31 planches noires.
Leirzic, 1850.
M. le docteur Geinitz a réuni dans ce volume divers
travaux qu'il a fait paraître en 1839, en 1840, 1842
et 1843, en y apportant quelques modifications ou correc-
tions qui devaient être la conséquence des découvertes
nouvelles, ou d'ouvrages publiés postérieurement.
— 428 —
La publication dont il s’agit ici se recommande, en
outre, par une baïsse considérable de prix : le volume ne
coûtant aujourd’hui que 14 francs.
PALOEONTOGRAPHICA : Beitrage zur naturgeschichte der
Vorwelt. Von D' #ilh. Dunrker und HERMANN von
Msver. 3. band., 1"° lieferung. Cassel 1850.
PazéonrocrApnte. Mémoires pour faire suite aux tra-
vaux de nos prédécesseurs sur l'Histoire naturelle,
publiés par les soins de MM. les docteurs W. Dux-
KER et Hermann DE Meyer; in-4°, 1850; 3° vol.,
1"° livraison, avec 10 planches.
Cette premitre livraison du 3° volume de la publication
entreprise par MM. H. de Meyer et W. Dunker contient
deux Mémoires dont le plus important est l'œuvre de
M. Ad. Romer, et a pour objet de faire connaître, au
point de vue paléontologiqne, la constitution géologique
des montagnes nord-ouest du Hartz.
La livraison est accompagnée de cartes et de {0 plan-
ches dont les figures sont dessinées avec soin.
DAS QUADERSANDSTEINGEBIRGE ODER KREIDEGEBIRGE IN
DeurscnLanD, von Æan. Bruno Gximrz.
LES TERRAINS CRÉTACÉS DE L' ALLEMAGNE, par H.B. Gei-
NITZ ; in-12. Freiberg, 1849-1850.
M. Geinitz publie, sous le titre qui précède, un Cata-
logue des fossiles qui se trouvent dans les terrains créta-
cés des diverses parties de l'Allemagne. Deux livraisons
ont déjà paru, et chacune d’elles est accompagnée de six
planches lithographiées.
See
— 429 —
AAA AAA LR AA AR ER AA LE LE ARLES LR LE UE LE LA LE RE LE RARE LL AE RAA QE LA LEA LE AE UE LE GA LA LE LA LATE
LISTE DES SOUSCRIPTEURS-FONDATEURS.
BoucHArD-CHANTEREAUX,
MM. Anams, à Ambherst.
AUCAPITAINE, La Rochelle.
Bacçua, D.-M, Nantes.
Bara (abbé), Lorient.
BARTHÉLEMY, Marseille.
Beau, Guadeloupe.
Beraun, Angers.
BERNARD, Paris.
Biaxconi, Bologne.
Bizneusr DE SainrT-GEorGEs, Lorient.
Boissy (de), Nantes.
Boivin, Paris.
BonNEau, Marseille.
BoucauLr, Semur.
Boulogne-sur-Mer.
CaicLiaup, Nantes.
CaizLo, Le Croisic.
CANTRAINE, Gand.
CATELIN, Marseille.
CHARPENTIER (de), Bex.
Conpucné, Toulouse.
Couperr, Bordeaux.
Crosse, Paris.
CrozET, Marseille.
Cuminc, Londres.
— 430 —
Daniez, D.-M.,
Dannecy,
Davipsow,
Dezze-Cmayr,
Desuayes,
DE LaLan»E (abbé),
DELESsERT,
Dezsos,
Desmarriz, D.-M.;
Desmouins (Charles),
D'Orrienx (Alcide),
Doumer,
Duvai,
Dupuy (abbé),
DurTEMPLE,
Ecrezxamr, D.-M..
EnNoQuE,
FavssE,
Foxrenay (de),
Former.
GaASSIEs,
Geszin (Bertrand),
Grarezour (de), D.-M.,
GrarioLer, D.-M.,
GrezLots, D.-M.,
GouLp,
Guérin-MÉNEVILLE,
Guiaou,
Guxor.
UaAMiLLe,
Brest.
Bordeaux.
Boulogne.
Naples.
Paris.
Nantes.
Paris.
Bordeaux.
Id.
Id.
Paris.
Cette.
Rennes.
Auch.
Pierry.
Saint-Malo.
Metz.
Arles.
Marseille.
Rennes.
Agen.
Nantes.
Bordeaux.
Paris.
Toulon.
Boston.
Paris.
Toulon.
Rennes.
Paris,
HErKkLOTrz,
Jay.
JEANGÉRARD,
KaunoLrTz,
KieENER,
LARGILLIERT,
LAURENT,
LauriÈres (de),
LAFRESNAYE (de),
Lecoo.
Lorois,
Marre, D.-M.,
Mérian,
Micuaun,
MizLer,
MirrRe,
MoiTessier,
Moquix-Tanpon,
Morann,
MorELET,
Moricanp,
Mousson,
NorMann,
NouLer,
= At =
Pincuinar, D.-M.,
PirONNEAU,
Poucuer,
Praro,
Leide.
New-York.
Toulon.
Montpellier.
Paris.
Rouen.
Paris.
Id.
Falaise.
Clermont-Ferrand:
Nantes.
Saint-Malo.
Bâle.
Lyon.
Angers.
Cayenne.
Montpellier.
Id.
Vars.
Dijon.
Genève.
Zurich.
Valenciennes.
Toulouse.
Port-Vendres.
Paris.
Rouen.
Marseille.
— 43 —
Reczuz (C.),
Reczuz (J.),
REEvE,
REQ-Cazier,
REQUIEN,
Rernan Macaré (baronne),
Rozanp pu Roquan.
KycknozT (baron de),
SauLcy (de),
SCHEEPM AKER,
SCHUTTLEWORTH,
SAINT-OIMON (de),
SOULEYET,
SPINOLA,
Tascé,
TERVER,
TmozLière,
THORRENT,
Vanvince (M°),
VErANY,
VERREAUX,
Vesco,
WALLAYS,
WEBBE,
Wi1zs0N,
Paris.
Id.
Londres.
Gand.
Avignon.
Utrecht.
Carcassonne.
Gand.
Metz.
. Amsterdam.
Berne.
Toulouse.
Paris.
Gênes.
Vannes.
Lyon.
Id.
Perpignan.
Rouen.
Gênes.
Paris.
Toulon.
Courtray.
Paris.
Philadelphie.
DD NE BRAVE LR NS LE AR BAR À A RARE A LR LS LAURE LE LRU LR LE RE LR LR LE LR LE LE LR LE LR LE LE LA UE VE LE UE DAS
TABLE DES MATIÈRES.
Articles généraux.
Avant-Propos, par M. Perir DE LA SAUSSAYE. F.
Mémoire sur le G. Æctéon, par M. Souceyer. 5-97-217.
— sur la perforation des pierres, par M. Desnayes 22.
Notice sur la position de l'organe de l'odorat, dans les
Mollusques gastér. terrestres, par M. Desnayes. 34.
Notice sur le G. Cyclostoma, par M. Perir. 36.
Observation sur le ligament du Gnathodon , par
M. DE SauLcy. FE 8
TerminoLo@1E. Art. Columelle, par M. Reczuz. 14
Notice sur les zoospermes des Hélices, par M. Gra-
TIOLET. 116-236.
Notice sur l'animal de la Cypricarde coralliophaga,
par M. Mirrre. 125.
Notice sur le G. Meritina, par M. Reczuz. EUR
De la perforation des pierres, par M. THoRRENT. 171.
Notice sur le périoste velouté des Trigona. 190.
Sur le moyen de conserver les Mollusques. 215:
Sur les G. Diplodonta et Scacchia, par M. Mirrre. 9238.
Recherches sur l’organisation etles mœurs des Tarets,
par M. le docteur LAURENT. 250-329.
Notice sur le G. Mérite, par M. Reczuz. 209!
TerminoLoeie. Article Tentacules, par M.Reczuz. 292.
De la chasse aux Limaçons, par M. Morezer. 319:
Des Collections en histoire naturelle, par M. Perir. 320.
Nouvelles observations sur la perforation des pierres
par les Mollusques, par M. Carziaun. 363.
Notice sur le G. Navicelle, par M. Reczuz. 370.
— 434 —
Sur la faculté qu'ont certaines Porcelaines de dissoudre
une partie de leur coquille. 406.
Bibliographie.
ParronroLocy of New-York, by M. Hazz. 82-201.
Buzzerin de la Soc. impériale des natural. de Moscou. 86.
T'EsrAcEA NovissimA insulæ cubanæ, etc., M. MoreLer 88.
Die land und Suswasser Mollusken von Java,
Albert Moussox. 89.
Zeirscunirr für malakozoologie. 91.
Taszeau des Mollusques de l'Agennais, M. Gassies. 326.
MorLusquEs MÉDITERRANÉENS, par M. Vérany. 411.
Nores, on an examination of Lamark’s species of
fossil terebratulæ, by Tu. Davipson. 418.
Ixpicis Generum malacozoorum primordia.auct.
HERRMANNSEN. 420.
Cararoeue des coquilles de l'Ile de Corse, par
M. Requien. 4292.
Cararoques des collections du Muséum de Paris. 423
Tue zooLoey of the voyage of Samaranc. 424.
Die HeuicEEN nach naturalicher Verwandtschaft
systematisch geordnet, von Cu. ALErs. 425.
Die LEBENDEN SCHNÉCKEN und Muscheln der umge -
gend BErziws, von Stein. 427.
CunaracrerisTicx der Schichten und Petrefacten ,
etc., von D' Bruno Geinitz. 427.
PazoronToGrAPHICA Beitrage zur Naturgeschichte,
etc., von Dunxer et Hermann von Meyer. 498.
Das QUADERSANDSTEINGEBIRGE Oder Kreidegebirge
in DeurscuLan», von H. B. Geinirz. 428.
AR AA AR VDS AE ROLE AR BALE LED LEE VE LEE NE 4 LE UVRNE LA EE AD
Acréon Oken (G). . . ARS UPS TON OUT,
Ammonres camelinus, D’ Org Mt em 107.
2.1; Faubertianus: 44 MON 20900.
—_— Ricordeanus ;4 220 0RS SEINE: 22100,
ANononra, Guillanis Recluz}9 à QENENES 2e 055.
AnosromA Boysiü, Benson. : : +. . . . . 94.
AURICULA a RON cet ADS,
AvantT-ProPos. . . or EEE le
BELLEROPHON bn à Fish. F. Re ce ei D,
Poysra., Pie HG EMRNIPEIMAQN, 2e 06,
— PBensoni, Peiff, US A eOARAIODME «ie 05,
Beccnum Guillaini,. Pet. 0), AB, ee 170.
2 NNebben M s «a eo 204.
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Sd Clones, 27, et 1e GAMES", 56,
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= MUSISNIS: 010. MERE) RE ONMENRSIRN PAPER
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GCALCARELEA Souleyet (Os HERMANN. 9
— Spanosa, wSouley. ‘+77. °] 1908980)
Carychium indicum, Benson. . . . . . . 190.
Catalogue des Gyclostomes. . . . . . . 40.
_ des Navicelles: (0 Hosnod immo.
— des} Nérites. col. lies LL + 982
— des Néritines. AO ENT es TO
Giconopsis;-Pisch (6). 14. M Rue cer.
_— sulcatar, Fischiif à tonte. 4187:
Gläusiha Lerietu, Dup: EF. hot Job . 306.
Criraon, Montfort (G).. Anal}, Sami. 146- 151.
Grxrrozus, Recluz/(G). 4. subi .205D12008E.
— 436 —
Cocuserzztläneli., Pets. Lane ie ST,
Cozumeze (Terminologie). . . . . . . . 77.
CycLosroma CRIS NS NS SEA AN SE
— DisincumaSomaisaus. van Deer vers 4 60e
— Gratuin., PE US MR Rae
— Gullaisiids cex be M: Hoi es at
_— Tiers, Guérin ét sun. aber 40
— modestum MPa er A As x D.
— multilabre: amie ares "49.
—— niveum, Pefilau s stp ne.
— Paradozums BBA g - Lao stone
— planorhula ; Lane: 14,241 0e.,148.
— Sara Dorbetve, 10 Ge M'A R
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_ Souleyetianum, Petit). na Le
—— spectabile Pestnmqu ss en. "#9.
_— séleatum, Lam. ge: je séces AS
— incolor,: Pete. Craie 29h
_ Zanguebaricum, Petit. :1,,.11: 84.
— Zonatum: Peutie Mondeon de ere, 60,
Gylindrella concrsa, Morelet.)-: 41 mp. : 378.
Cyprina piatigorskensis, Fisch. F. . . . . 88.
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— coralliophaga’; : Lame 8e 912126.
Grenoe A G), 0 EL alor date = se 406:
Diconorri,. Bronn. (G).1020ué" NET Aie ya:
— Brasiliensis, Mittre:0.,:1 51 1501940.
Dipcomarina, Benson {G). . . . . . . . 187.
— costulatum ; : Bens. 64:73 Mb. 189:
— Mfolliculus,' ide". "25 ne I86:
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— 437 —
GunpzacmiaA, Pfeiff. (G}). . .
— ancyliformis, Pfeifr.
Hezix Guillaini, Petit.
— sansanieusis, Dup. KE.
Lamax Lartetü, Dupuy. F.
Losiéer, Krohn (G).
— Philippü, Krohn.
Loruocercus, Krohn (G). . .
_ Sieboldit , Khron.
Macroceramus, Guilding (G).
— Guildingü, Reeve.
2 signatus ; Guilding.
Le Richaudi, en
MacrocueiLus, Fish. (G).
== ampullaceus, : “sh. E:
Mirruza, Menke (G). :
Mollusques perforants. x
Myzzra, Recl. et D'Orb. (G).
— Deshayesii, Recl. et D'Orb.
Nana yitrinoides,
NaricA Bahiensis, Recluz.
2— _ Bicincta, id.
UE eCullhaudi,,7d.
— Cayennensis, id.
— cincta, id.
— columnaris, id.
— elegans, d.
— euzona, td.
— funiculata, id.
— gracilis, id.
— Gualteriana, id.
EE, Hanekh, 24: :
— Malabarica, id.
— ochrostoma, id.
— pallium, td.
22
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92.
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381.
400.
387.
396.
389.
393:
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3974
— 438 —
— perspicua, Recluz.
— puncticulata, id.
— Senegalensis, id.
— Souleyetiana , id.
— stercus muscarum, Gwmel.
— tenuis, Recluz.
— Tournefortii, td.
— Virginea, id.
=, ,zonalis, id.
NavicezLA (G).
NeripreroN, Lesson (G).
Nerira (G). :
— scabricosta, Lam.
NeEriTina (QG). . . . .
— arata, Recluz. F.
— Bahiensis, id.
— Basterotii, id. F.
— Bougainvillei, id.
=. eincta, id
— cochinsinæ, id.
— crepidularia, Lam.
— Cumingiana, Recluz.
— Desmoulinsiana, td.
=— |exaltata, 1d.
=— Florida, 14.
— Jayana, id.
— Levesquei, id. F.
— melanosioma, Troschel.
— Moquiniana, Recluz.
— Nouleti, id. F.
— pileolus, td.
— Troschelii, id.
— turriüa, Chemn.
— Touranensis, Recluz.
— unidentata, id.
377:
391.
382.
385.
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396.
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71:
158.
— 439 —
= ouiolacen mel a Us 4", = 67!
— NNallsarum Becte 0e …. : : ID.
Organes de l’odorat chez les Gastéropodes. . . 34.
Paléontologie de New-York. . . . . . 82. 201.
Pense Reclusiana, Petit. OU Ce: umk70.
Perforation desipierres.” 422% :%h6%mar 29. 171.:363.
Périoste velouté des coquilles. . = . . . . ‘190.
Pize00s 50m (C) OPA O Et AS 197.143.
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PurpurA Grateloupiana, Petit. Ne Te MAD De
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h2, Zi 29, FA
455, — 925, —
175, — 26, —
178, — 29, —
236, — 25, —
242, — 16, —
278, — 14, —
id., — 26, —
279, — 30, —
282, —
283, —
id, —
28h, — 10, —
id, — 15, —
984, — 22, —
id, — 2», _
285, — 36, ——
286, — 10, -
287, — 29, =
id, — 30, —
299, — 9, —
296. — 3. —
296, — 10, —
297, —: 5, —
813, — 16, —
324, — 18, —
326. — 925, —
927, — LH, —
id, — 16, —
ERRATA (1).
15, au lieu de : encré,
amélides,
flavilabre,
vicescente,
mince,
Pelat,
fig. 18,
Montagne,
Soisons,
camellatis,
Erythrodoz,
35, (N, georgina) ajouter : J. conch., pl. 11, fig. 40.
1, supprimer J. Conch., pl. 11, fig. 10.
27, au lieu de: fig. 5 (N. aurantia), lisez : fig. 411.
—
ancré.
anélides.
flexilabre.
virescente.
terne,
Pilat.
fig. 13.
Montagu.
Soissons.
lamellatis.
Erythrodon.
fig. 7 (N. flammulata), lisez : fig. 6.
fig. 6 (N. trifasciata), lisez : Î. 5, 8,
Reall-lejos,
Scabricostata,
fig. 8 (N. putula), —
ideun,
et peu,
épideme,
et pl. 14,
Raelles
Pielens,
Tormatelles,
Spicaliter,
un résultat,
Grassiesianum, —
mancillare,
GRASSIES,
lisez : Realejos.
Scabricosta.
fig. 7.
idem.
est peu.
épiderme.
et fig. 14,
Ranelles.
Pietins.
Tornatelles,
Spiraliter.
un travail,
Gassiesianum:
mamillare.
GASSIES.
{1) ILimporte d’annoter dans le texte les rectifications indiquées ci-
dessus.
A RU LE AA LR US VAL LE LR VB LR LR LEE LR ER RUE LA LE AA VERRE VERRE RR RE VER RAR LE EN LU RAR LR UE ER AR UE
EXPLICATION DES PLANCHES.
PL: Det paire
Anatomie de l'AcTEoN véridis.
Voir pour l'explication de ces planches, les pages 112
et suivantes.
PIEPLIE
T
ua
Burimus insignis, Petit.
GycrosromA spectabile, Petit.
Neririna exaltata, Recluz.
. Coromeeccza Haneti, Petit,
Cyczosroma Zanguebaricum, Petit.
. Cyccosroma Souleyetianum, Petit.
CyceLosromaA niveum, Petit,
Nerimina turrita, Chemnitz.
Neririna Cumingiana, Recluz.
CyczosromA gratum, Petit.
=
SSDUAIDUR LS D —
PIRE
{. Bucimus Cleryi, Petit.
2. Cvccosroma modestum, Petit.
3. GyczosromA Guillaini, Petit.
4-5. Buzimus Guillaini, Petit.
6. CniLoxorsis sulcata, Fischer.
7. CycrosromA zonatum, Petit.
PheFretpeT.
Anatomie de l’AcrEon viridis.
Voir pour l'explication de ces deux planches les pages
114 et 115.
29
PONEN
. Animal de la Cypricardia coralliophaga.
. Forme du pied de ce mollusque.
. Heux Guillaini, Petit.
. Buccicum Guillaini, Petit.
. Parruza Recluziana, Petit.
. Nertrina Worida, Recluz.
. Nerrrina unidentata, Recluz.
. NeriTinA moquiniana, Recluz.
. NeniTinA Pahiensis, Recluz.
. NeriTinA Wallisiarum, Recluz.
. Neririna Jayana, Recluz.
PI FAIT.
. Ammonires camelinus, D'Orbigny.
. Ammonires Ricordeanus, D'Orbigny.
. Ammonires Jaubertianus, D'Orbigny.
HCIX,
Voir pour l'explication de cette planche, relative aux
zoospermes des Hélices, à la page 236.
Fig:
PI. À.
Loruocercus Sieboldit, Krohn, vu par des-
sus.
. Le même vu par dessous, ou par le pied.
. Partie antérieure du même, vue du côté
droit pour montrer l’orifice de la verge.
P
. La coquille du même, vue sous ses diffé-
rentes faces.
Détails anatomiques de l’animal. (Voir
page 236). +
Coquille du Lomcer Philippi, Krohn,
CazcarezLA spinosa, Souleyet, grossie.
La même de grandeur naturelle.
Fig. 1-2.
$.
4.
5-8.
6.
7
9.
10.
11.
19-13.
14.
Fig. 1.
D.
3.
4.
D.
6.
7,
Fig. 1.
DE
5 À
4,
Se
6-7,
— [11 —
PIX:
NertrA scabricosta, Lamark.
Nenrra atropurpurea, Recluz.
NerrrA Longt, Recluz.
Nenra trifasciata, Recluz.
Nerira fammulata, Recluz.
Nerira patula, Recluz.
NenrA Essingtoni, Recluz.
Nenira Georgina, Recluz.
NerirA aurantia, Recluz.
Myzura Dehayesii, D'Orbigny et Recluz.
Détails de la charnière.
Pl. AT.
A. B. coquille du Dipcononra Prasiliensis,
Mittre.
À. valve droite. B. valve gauche.
Charnière.
Animal enveloppé de son manteau.
Le même dépouillé du manteau, pour
mettre à découvert la bouche et les ten-
tacules labiaux, les branchies, la masse
viscérale et le pied.
Narica virginea, Recluz.
Namica tenus, Recluz.
PI. XIII.
Purpura Grateloupiana, Petit.
Purpura Laurentiana, Petit.
Burimus Cailliaudi, Petit.
Macroceranus Richaudi, Petit.
Macroceramus Guildingü, Petit.
Narica Haneti, Recluz.
1
8. Buccnum (nassa) Webber, Petit.
9. Narica Cailliaudi, Recluz.
10, Narica ochrostoma, Recluz.
PLHAEFE
Fig. 1-2. Narica perspicua, Recluz.
3. Narica euzona, Recluz.
4. Narica elegans, Recluz.
5. Narica senegalensis, Recluz.
6. Narica cayennensis, Recluz.
7. Narica céncta, Recluz,
8. Narica Souleyetiana, Recluz.
9. Narica zonalis, Recluz.
0. opercule de la N. zonalis, Recluz.
1. Narica gracilis, Recluz.
PL A
. Lamax Lartetii, Dupuy.
. TesracezLA Lartetit, Dupuy.
. Hexx sansaniensis, Dupuy.
. Crausiria ? Lartetit, Dupuy.
. Pura Lartetit, Dupuy.
. Pura Nouletiana, Dupuy.
. Pupa iratiana, Dupuy.
. Pura Plainvilleana, Dupuy.
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